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DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
FRANÇOIS ET LATIN,
VULGAIRE ME NT APPE LÉ
DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX.
TOME CINQUIEME
JAN=MIS
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DICTIONNAIRE
UNIVE R SE L
FRANÇOIS ET LATIN,
VULGAIREMENT APPELÉ
DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX,
Contenant la Signification & la Définition des mots de l'une & de l'autre l ano-ue '
avec leurs difFérens ufages; les termes propres de chaque Etat & de chaque Profeflion :
La Defcription de toutes les chofes naturelles & artificielles ; leurs figures , leurs efpèces •
leurs propriétés : L'Explication de tout ce que renferment les Sciences de les Arts loir
Libéraux , foit Méchaniques , ôCc.
AVEC DES REMARQUES D'ÉRUDITION ET DE CRITIQUE i
Le tout tiré des plus excelle ns Auteurs , des meilleurs Lexicographes , Etymoloeifles
ML Se Glojffaires , ^ui ont paru jufqu'ici en différentes Langues,
NOUVELLE ÉDITION.
Corrigée et coNsiDâRABLEMENT augmentée.
TOME CINQUIEME.
A PARIS,
PAR LA COMPAGNIE DES LIBRAIRES ASSOCIÉS.
M. DCC LXXI.
AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI.
AOAMSi//
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d J: . h 4.
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À i-.
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL,
CONTENANT TOUS LES MOTS
.-- DELA
LANGUE FRANÇOISE,
DES SCIENCES ET DES ARTS,
y4vec les Termes Latins qui peuvent y convenir.
JAN JAN
A N. Terminaifôn des noms
propres qui en Litin finil-
lent par Janus. Nos an-
ciens tenninoient autrefois
en jan, tous les noms Latins
terminés en janus , Se di-
foient Vefpahan , Julian ,
&c. & quelques uns le font
encore. Mais il faut diftin-
guer ces noms en deux es-
pèces , lavoir ceux où 1'/ eft confonne , & ceux où il
eft voyelle. Dans les premiers on conferve l'a du Latin :
ainll l'on dit Trajan , Séjan , &c. Dans les autres il fe
change en e. Ainfî l'on dit Odavien. Vefpafien , &c.
JAN & JANIN. Voyez JEAN & JANNIN.
Marot écrit Jan,
Et ne fallolc , Sire j tant feulement
Qu'effacer Jan & écrire Clément ; ■
Or en eft Jan par fon trépas hors mis ,
Et puis Clément par fon malheur omis. Marot.
Tomi F,
Jan. Terme du jeu de Triârac. Plein. L'une ou l'au-
tre des deux tables du Triârac remplie , en forte que
toutes les cafés de la table foient faites , c'eft à-dke ,
qu'il y ait au moins deux dames fur chaque Hèche. Il y
a plufieurs jans au Trictrac. Le jan de trois coups , le
jan de deux tables , le contre] an de deux tables , kjan
de mézéaSjle petit ;<j«, le %iznàjan ,\e. jan àe. re-
tour : outre qu'il y a une infinité de jan de recom-
penfe , & àcjan qui ne peut. Autrefois il y avoit encore
en ce jeu au nombre des jans , kjan de rencontre. Faire
[on jan , c'eft remphr une des râbles du Triârac ,
de torte qu'il y ait au moins deux dames fur chaque
flèche de cette table. Conferver Con /an , ou fimple-
ment Conferver , c'eft jouer fins défaire aucune des
cafés de la table qui eft pleine , de iorte qu'il refte
toujours deux dames au moins fur chaque flèche. Rom-
pre fon jan , c'eft ôter des dames de la table qui etoit
pleine , en forte qu'il y ait au moins une flèche qui n'ait
plus qu'une dame , ou qui n'en ait point du tout. On dit
communément : Je remplis , je confei-ye , je romps , lans
ajouter le nom àejan. Quand onfait fon jan , on gagne
quatre points. Quand on conferve fon jan , on gagne
aulli quatre points.
Quoi qu'il en foit de l'origine de ce mot , & de la
manière dont il faut l'écrire , le Traité du Triftrac
écrit toujours jan.
Grand Jan ou Grand plein. Terme de Tridrac. C'eft
quand on a douze dames couvertes dans la table du coin
de repos , c'eft-à dire , dans la féconde table. Ce grand
jan quand on le fait , vaut autant que le petit /a/z , c'eft-
à-dire , quatre points par hmple &c fix par doublet. Il
faut prendre garde quand on tait fon grand jan de ne pas
tenir mal à-propos , principalement lorsqu'on donne
beaucoup de points à fon homme , ou que le jeu eft
pallé de forte qu'on ne peut jouer qu'un coup fans
rompre , ou tout au plus deux , à moins que le jeu de
l'adverlaire ne fut beaucoup plus pallé. Le grand jan
demande beaucoup plus de conduite que le petit yan.
Traitu du Trictrac.
On appelle Grand jan par rapport à chaque joueur
en particulier , la partie du tablier où n'eft pas le talon.
Il ell compofc de lix flèches, c'eft-à-dire , deprus la
charnière julqu'au coin. L. S.
Petit Jan ou Petit plein , eft au Tridrac lorfque l'on a
douze dames toutes couvertes dans la première table ,
où eft le tas du bois ou des dames , lorfque toutes les
flèches de cette première table font toutes couvertes de
deux dames au moins chacune. Le petit jan , quand on
le fiit , fi c'eft par iîmple , vaut quatre points , par
doublet fix , par deux moyens fimples , ou quand on
le fait en deux manières fimples , il vaut huit ; par
trois moyens , douze , c'eft-à-dire , quatre par cha-
que moyen ; par doublet, par deux moyens il vaut
douze. Tant que vous pouvez entretenir ce petit jan ,
vous gagnez quatre par iîmple , & fix par doublet ; mais
il faut bien prendre garde de ne pas tenir mal-à-propos
ce petit jan , car fouvent il arrive que l'on eft obligé de
palfer fes dames dans la table au. petit jan de Ion adver-
faire , ce qui eft capable de faire perdre beaucoup. Ainfi
il eft plus à propos après une Iîmple partie ou bredouil-
le de s'en aller. Si cependant vous aviez votre coin , &
que votre homme n'eût pas le fien , ou du moins que
(on grand jan ne hit pas avancé , Vous pourriez tenir ,
parce que du débris de votre petit jan vous auriez bien-
tôt fait votre grand jan.
On appelle petit jan par rapport à chaque joueur,
la partie du tablier où le trouve le talon. Il eft compo-
fédefix flèches, c'eft-a dire , depuis le talon juf qu'à
la charnière. L. S.
Jan de deux tables. Terme du jeu de Tridlrac. Le jan de
deux tables fefait lorlqu'au commencement d'une par-
tie , vous n'avez que deux dames abattues qui font pla-
cées de manière que de votre dé vous pouvez met-
tre une de ces deux dames dans votie coin de re-
pos, &: l'autre dans le coin de votre adverlaire. Ce
jan par fimple vaut quatre points, & iix par dou-
blet , que vous marquez , quoiqu'en eftet vous ne pub-
liez pas mettre ces dames dans l'un ni dans l'autre de
ces coins , ne pouvant être pris que par deux dames
à la fois.
Jan de trois coups, ou de Iix tables. Terme du jeu de
Triétrac. Le jan de trois coups fe lait quand au com-
mencement d'une partie l'on abat en trois coups fix
dames toutes de fuite , c'eft-à-dire , depuis le tas jul
ques & compris la café de faunes ou de fix. Ce jan vaut
quatre points à celui qui le tait. Il ne fauroit valoir da-
vantage 3 ne pouvant être fiit par doublet. Pour pro-
fiter ànjan de trois coups , l'on n'eft pas obligé de
jouer le dernier coup ; mais l'on peut marquer quatre
points pour fon jan , Se faire une café dans fon grand
/an , avec le bois qui eft abattu dans le petit jan.
Jan de courtes chauffes. Quand dans le jan de retour un
joueur a ton jeu tellement difpofé que le coup de dez
qu'il amené le met prefque hors d'état de remplir , la h
tuation de fon jan s'appelle pour badiner , jan de cour-
tes chauffes. L. S.
J Ali qu: ne peut. C'eft lorfque l'on bat une dame décou-
verte , ou des damei découvertes en paflantpar une cale
pleine. Par exemple : Vous amenez cinq oC quatre ; la
cinquième ôc la quatrième café de votre advêrlaire par
JAN
laquelle il faut que vous paillez pour aller battre la neu-
vième qui ell découverte , font remphes de deux da-
mesi vous ne (auriez donc battre cette dame de la neu-
vième café , quoiqu'elle ne foit point couverte , ni
rien compter pour cela. C'eft au contraire votre ad-
verfaire qui compte & qui gagne. C'eft ce qui s'ap-
pelle jan qui ne peut. Ce mot ne fe dit plus. Battre
par impuillance , ou jan qui ne peut. Traité du Tric-
trac.
Jan de mc\éas. C'eft le coup que fait un joueur , qui
n'ayant que deux dames abattues , qui occupent fon
coin , tait un as ou ambezas ; alors le coin de l'adver-
faire étant vide , le coin plein le bat ; c'eft quatre points
pour un feul as , 6c fix pour ambezas que doit marquer
celui qui l'a amené. L. S.
Contre jan de mé\éas. Quand le coin de l'adver-
faire fe trouve également garni , celui qui amené l'as bat
l'autre coin à faux , & l'adverfiire doit le marquer.
C'eft-là ce qu'on appelle contre jan de mé'^éas.
Jan de récompenfe. C'eft lé contraire au jan qui ne peut,
c'eft - à - dire , lorique le paftage eft ouvert , &
qu'il y a une café vide pour pafler à une dame feule
& la battre. Si votre advêrlaire ayant jette le dé
joue ce qu'il a amené avant que de marquer ce qu'il
gagne par jan de récompenfe , c'eft-à-dire , par des paf-
fages ouverts , vous l'envoyez à l'école. Traité du
Trictrac.
Jan de rencontre , fe fait lorfqu'en commençant une
partie , le tecond coup ell icmblable au premier , com-
me fi ayant le dé vous taillez quine , & que votre
homme en fît autant. Ce jan vaut quatre par fimple
& fix par doublet. L'Auteur du "traité du Tridrac dit
que ce jan ne te fait plus.
Jan de retour. Le jan de retour fe fait lorfque le grand
jan de l'un & de l'autre joueur étant rompu , l'on
palîe dans la table du petit jan de fon adverfaire ;
mais pour palfer il faut trouver des pallages ouverts
entièrement, c'eft-à-dire, que la café ou flèche fur la-
quelle vous prenez pallage foit ablolument vide :
car s'il y a une dame , c'eft un paftage pour baare
cette dame & même une qui fera plus loin , mais non
pas pour pafier. Ce jan de retour, quand on le fait,
vaut autant que le grand ou le pexk jan, mais pour
le faire il eft diftérent des autres ; car au lieu qu'en
failant les autres, l'on fait tant que l'on peut des cafés ,
dans le jan de retour l'on ne fait d'abord que des demi-
cales , que l'on couvre après tout à loifir , parce que
l'on n'appréhende plus d'être battu. Il faut prendre
garde en couvrant , quand votre jeu eft preftc , &: que
vous avez beaucoup de bois tur les tept & lîxième
cafés du grand jan de votre homme , de ne pas cou-
vrir les plus éloignées les premières ; parce que fi après
vous taillez gros jeu , vous ne pourriez plus taire votre
jan , Se vous feriez obligé de pafler vos dames.
(fÙ" JANA. 1. f. Nom qui fut changé en celui de Diana.
Fc
oye~
Jane,
JANÂCA. i. m. Animal terreftre qui fe trouve dansl'A-
frique au pays des Noirs. Il eft de la grolfeur d'un
cheval , mais il n'eft ni fi long ni fi maigre. Son cou
eft long &: roufleâtre , & moucheté de blanc. Il fait
de grands (auts , 8c a des cornes qui lont aullî lon-
gues que celles des bœufs , avec des veflies au côté.
Ces veflîes font d'un grand ulage pour les devins &
les fiifeurs de prodiges , qui les enflent , ôc qui mu-
gilîant par leur moyen , font pafléi leurs paroles pour
des oracles.
JANACI. f. m. Terme de Relation. Les Janaci font de
jeunes hommes fort vaillans Se courageux , que les
Turcs nomment ainfi à caule de leur vertu guerrière.
VigénÈre. Continuation del'hijî. des Turcs ,L. III ,
P-3I3-
JANAGAR. Nom d'une ville de l'Empire du Mogol ,
en Afic. Janagara. Elle eft dans la province de Sorer,
vers le fond du golfe de l'Inde. On conjeélrure que
c'eft l'ancienne Aftacapra , ville de l'Inde deçà le
Gnnge.
JANCAM. f m. Il y a un bouilli d'argent pour chauf-
fer l'eau pour le thé , & cuire le jancam. Chev. de
Chaum. Préfens de M. Confiance au Roi j p. lo.
J A N
Un petit fourneau de terre de la Chine pour faire
bouillir l'eau pour le thé , &c pour cuire le janiam ,
p. 1 1 . I 2.
^' JANCOMA ou JANGOMA. Contrée d'Alic ,
dans ks Etats du Roi de Pé^^u , vers les frontitres des
Royaumes de Siam & de Tonquin , le long du Meton.
11 y a une ville de même nom.
Sur cet Art. de Baudrand , on obfei-ve dans le Grand
Didionnaire Géographique que cela ne s'accorde
point avec les bonnes Cartes & les Relations tidcks.
Car il y a entre le Pégu & le Tonquin toute la lar-
geur des Royaumes de Laos & de Siam. Anili une
ville ni un pays de Pégu ne fauroit être la frontière
du Tonquin. Outre cela la rivière de Mecon qui coule
aux Royaumes de Meng , de Laos & de Comboge , ne
peut avoir rien de commun avec les Etats du Roi de Pégu.
JANDIROBA. f. f. Plante du Brelîl qui enibralle les
arbres à la manière du lierre. Elle eft grollé comme le
doigt , & porte un fruit rond , temblable au coin. Il
eft rempli d'une chair blanche , & a au dedans trois
fèves qui donnent une huile jaune , dont on fe fert
pour les douleurs qui proviennent de froid.
JANE, ou JANA. f. f Nom que portoit d'abord Dia-
ne, & dont l'on fit enfuice celui ci en ajoutant un D
au commencement du premier. Jana. Il paroît ma-
nifelkment par Varron , de Re Ruft. L. I, c. j/ ,
que la Lune a porté ce nom ; puifqu'il l'appelle Jane
croillante & décroilfante. Quelques-uns difent que
Diana a été fait de Diva Jana , Dca Jana , ou plu-
tôt , Dia Jana , ce qui eft plus vraifemblable que ce
qu'on a dit d'abord. Varron dit auHI Jane nouvelle ,
pour Nouvelle Lune. C'eft ainfi que le Soleil a été
appelé Divos Janos , Dieu Janus. Volîîus , de IdoloL
L. II, c. i6 & 2s.
JANEIRO. Rio Janeiro ou Ganabara. Janvarius Fluvius.
C'efl: une grande rivière du Brcfil. Elle fe décharge
dans la mer du Brefil après avoir traverfé la Capita-
nic de Rio Janeiro , qui prend fon nom de cette ri-
vière , &: qui eft fituée entre les Capitanies de S. Vin-
cent , & de Spiritu Sanfto. Ses lieux principaux font S.
Sébaftien capitale, & Angra dos Reyes. Maty.
^ Rio Janeiro. Ville de l'Amérique , au Brefil ,
fur le golfe nommé Rio Janeiro. C'eft la même que
Si Sébaftien du nom de Sébaftien , Roi de Portugal ;
mais quelques Auteurs la nomment du nom de la ri-
vière.
JANÈS. C m. C'eft le même que Janus.
JANGLE. i. f. Vieux mot. Cri. Il a fignifié encore mé-
difance. On a dit auftî jongler., pour crier , blà-'
mei;. Se jangleur & jangkrejje , pour caufeur &
caufeufe .
JANGLOUR. Voyei Jongledr.
JANGOMAS. f. m. Arbre des Indes , grand comme un
prunier j-hérilfé d'épines. Sa feuille eft femblable à
celle du prunier. Sa fleur eft blanche : fon fruit eft
femblable à celui du lorbier , de couleur jaune quand
il eft mûr , d'un goût de pruneaux , aftringent &c âpre.
Cet arbre croît fans culture dans les champs & dans
les jardins à Bazain , Chaul & Batequala. On em-
ploie fon fruit dans les remèdes aftringens , pour ar-
rêter le cours de ventre & pour les inflammations de
la gorge. Aubius arbor pruno Jlmdis ^ fpinofa. C. B.
JANICULE. Janiculum. C'étoit un bourg , ou une pe
tite ville que Janus bâtit fur ime colline près de l'en-
droit où Rome fut bâtie. _
JANICULE. f m. Nom d'une des fept coUines de Ro-
me. Janiculum. C'eft Ancus Martius qui le renferma
dans la ville , & fit faire de ce coté la un pont fur le
Tibre pour la communication de ce quartier avec les
autres. Il prit ce nom d'une ville que Janus y avoir
autrefois bâtie. Aujourd'hui on le nomme Montorio ,
Mans aureus , montagne d'or , à caufe de la couleur
de fon terroir , qui n'eft qu'un lable jaune. C'eft l'en-
droit le plus haut de Rome , & d'où l'on voit mieux
la ville -, mais l'air n'y eft pas bon , fi l'on en croit
Martial , L. IF, Epigr. (f^.
Ce nom vient de celui de Janus. D'autres difent
de Janua , porte , parce que c'étoit par-là que les Ro-
Tome y.
J A N
mains foitoient pour aller en Étrurie ; c'étoit pour
eux la porte«le l'Ltrurie.
JANIPABA. f m. Arbre qui cil un des plus grands du
Brehl , &c qui rellemble au hêtre. C eft une efpèce de
Geiupar ou Junipart. Jcnipa fruclu ovaco. Son
écorce eft grile ou blanche. Son bois eft moel-
leux & fragile. Ses rameaux font revêtus de feuilles
longues d'un pied ou d'un pied de demi , ayant la
figure d une langue de bœuf, de couleur verte luifante.
Sa rieur eft petite , Icmblable à celle du narcilie , blan-
che , avcc,des taches jaunes dedans. Son huit eft plus
gros qu'une orange , rond , couvert d'une écorce ten-
dre & cendrée; fa chair eft iolide, jaunâtre , vifqueufe
remplie de fus aigre , d'une odeur agréable ; on trou-
ve au miUeu de ce fruit une cavité remplie de lemen-
ces entourées d une pulpe molle ; il devient mou en
mûrillant comme la nêiie , &C alors il eft bon à man-
ger ; il eft cftimé aftringent , & propre contre les cours
de ventre , appaile les ardeurs de la bouche tk de l'ef-
tomac. Le lue de ce fruit eft blanc d'abord , & quand
on s'en eft frotté le corps , il noircit en peu de temps ,
de telle lorte que les Sauvages s'en fervent au lieu
d'encre .pour paroîrre plus terribles à leurs ennemis ;
il faut pour cela que ce fruit ne loit pas mûr. Cette
couleur noire a coutume de durer neuf jours, après
quoi elle s'ef&ce.
JANIRE. f. f Nom d'une Nymphe Océanide. Janira.
Elle étoit fille de l'Océan &c de Thctys. C'étoit auffi
le nom d'une Néréide.
JANISARKI. L m. On nomme ainfi à Conftantinople
le bazart couvert où fe vendent les drogues & les
toiles.
JANISQUE. f. m. Nom propre d'un fils d'EfcuIape & de
Lampetié. Janifcus. C'eft le Scholiafte d'Ariftophane
qui le dit, fur le Plurus de cet Auteur ,v. joi.
JANISSAIRE, f. m. Soldat de l'Infanterie Turque , qui
fert à la garde du Grand Seigneur. Prdtcorianus , ou
Sclopetarius Imperii Turcici miles j JaniJJarius , Ja-
ni\erus , Janiy^arius j Jenni-^erus , Gemierus ^ Genit-
■[arus \ car je trouve tous ces noms Latins dans nos Au-
teurs. Pedes Turcicus. Comme on diftingue dans les
armées du Turc les troupes d'Europe & les rroupes
d'Afie, les JaniJJaires le divifent aulli en Janijfaires de
Conftantinople & en JaniJJaires de Damas. La paye
des Janijfaires eft depuis deux afpres jufqu'à douze ;
car quand ils rendent quelque (ervice particulier , ou
qu'ils ont quelque enfant , on augmente leur paye.
L'habit des Janijfaires eft un doliman , que le Grand-
Seigneur leur donne tous les ans le premier jour du
Ramazan : c'eft une longue robe à manches courtes ^
qu'ils ferrent vers le milieu du corps d'une ceinture de
toile rayée de plufieurs couleurs , & ornée aux deux
bouts d'une frange d'or , ou d'argent. Sous le doli-
man ils ont une fur-vefte de drap bleu , nommée Spa-
hi. Ils ne portent point le turban, mais un bonnet
de feutre qu'ils appellent un Zarçola , ds^ un long
chaperon de même étoffe qui leur pend fur les épau-
les. Les jours de cérémonie ils l'ornent de plumes
longues , qu'ils font entrer par le bout dans un petit
tuyau qui eft fur le devant du bonnet. Les armes des
Janijfaires en Europe font en temps de guerre, un
fabre , un fufil, ou un moulquer , & un fourniment
qui leur pend du côté gauche. En temps de paix , ils
ne portent à Conftantinople qu'un baron eii main.
En Afie , où la poudre &c les armes à feu lont plus
rares , ils ont un arc , des flèches , & un poignard
qu'ils appellent haniare.
Les Janijfaires ézoient autrefois un corps formidable
aux Grands Seigneurs eux mêmes. Ofman régna en-
viron trois ans , au bout defquels les JaniJJaires lui
ôterent l'Empire & la vie. Racine. En 1648 , les
Jan'-jfaires dépofèrent le Sultan Ibrahim , & l'étran-
glèrent dans le château des fept tours. On les a de-
puis avilis , pour en être plus maître. Leur nombre
n'eft point fixe.
Beaucoup de Dgébedgis , de Mekteclers , de Za-
gardgis, & de Samfondgis font Janijfaires , &: leur
Chef relève eu quelque façon de l'autorité de l'Aga
Aï]
4
J A N
des Janiffaires , qui n'eft pas plus avant dans l'intrigue
du Scnail; mais qui eft pourtant un des plus redouta
blés & des plus puillahs Oliicicrs de l'Empu-e Ottoman,
conune les exemples nous le témoignent allez. C'eft le
Colonel Général de l'Infanterie du Grand Seigneur ,
&■ il a lous fa charge quarante mille JumJJ'aires j dont
il y en a enviroji huit mille rélidens dans Conftantino-
ple , tant morte-payes , qu'ils appellent Otourak , qui
lignifie proprement Ajjis , c'eft à dire , Gens de repos ,
qu'autres dans les Provinces ; le refte étant difperfé en
divers lieux , quand ils ne font point à 1,'armée. Du-
toiR, p. çj.
Les Janillaires font des enfàns de tribut que les Turcs
lèvent fur les Cliréciens, &: qu'on élève pour iervir à
l'armée. On les prend à l'càge de douze ans , afin qu'où
bliant leur Patrie , Se leur Religion , ils ne reconnoil
fent d'autre père que le Sultan. Mais aujourd'hui ce
ne font plus généralement parlant des enfàns de tri-
but; car le carach , ou ttibut que le Turc exige des
Chrétiens pour leur l.ailler la liberté de leur Religion ,
ne le paye plus qu'en argent , excepté dans quelques
endroits , où l'argent étant plus rare , on ne le peut
payer en elpèces, comme en Mingrélie . ..'r dans les
provinces qui iont aux environs de la mer Noire.
Autrefois même il n'y avoir ailleurs que les pauvres ,
qui ne pouvant payer le carach en argent, doiuiaf-
(cnt leurs enlans.
L'Officier qui commande tout le corps des Janïf-
faires s'appelle Jamjfar Agaji , ou Jen-ycenles Aghajl ,
ou comme nous difons en François , l' Aga des Janlf-
faires. Quoiqu'il ne foit point défendu aux Janijfaires
de fe marier, ils ne le font pourtant que rarement ,
8c avec la pcrmiiîîon de leurs Officiers , parce que
l'on croit qu'un homme marié eft moins boji foldat
qu'un autre. Le Janillar Agafi , ou Clief des Janijjai-
rcs , eft un des premiers Officiers de l'Empire. Toute
la puillance du Turc dépend des Janiffaires.
C'ell Olman , ou Ottoman , qui , félon quelques Au-
teurs, & entre autres lelon Léunclavius, inftitua les
Janiffaires. Jovius Geufrœus , & d'autres difent que ce
fut Amurat II, en 1562. Léunclavius croit qu'il en
augmenta feulement le nombre. Plufieurs autres Hiftcv-
riens Turcs croient que ce fut Orkan , fils d'Oth-
man , & père d'Amutat I , qui les établit , & qu'ils fu-
rent d'abord appelés en langue Turquelque Jaja , c'eft-
à-dire , fantallîns , piétons , pour les diftinguer des au-
tiTS Turcs , dont les troupes conliftoient prefque tou-
tes en cavalerie. Le premier Icntiment me paroît plus
vrailemblable , d'autant plus que cette milice confer-
ve encore aujourd'hui le nom de Jénicchiri , & porte
le bonnet de feutre , cocflure fort différente de celle des
antres Turcs.
Ménage , après Vofllus , dérive ce mot de geni\en ,
qui fignifie en Turc novi homines ou milites ■■, tk non
pas de janua. Selon êLHcthelot Jénitchéri lignifie , Nou-
velle Jlfende , nouvelle troupe. Morad Gazi , c'eft-à-
dire Amurat I du nom, dit le Conquérant , Sultan
des Tufcs Othmanides , ayant pris la cinquième par-
tie des jeunes prilonniers Chrétiens qu'il avoir faits
fur les Grecs, les fit élever Se inftruire dans la difci-
çhnc militaire , Se dans la Religion. Il les envoya en-
luite à Hagi Bektafche , perfonnage eftimé & révéré des
Turcs pour ta prétendue lainteté , afin qu'il leur don-
nât fa bénédiiffion , & en même temps quelque mar-
que qui'les diftinguât de fes autres troupes. Bektafche ,
après les avoir bénits à ia mode, coupa une des man-
ches de la robe de feutre qu'il portoit , Se en coëiîa le
Chef de cette nouvelle milice , à laquelle le nom de
Jénitchéri & le bonnet de feutre font toujours demeurés
depuis ce rcmps-là ,qui fut l'an 76? , del'Egire , Se de
J. C. I 361. Tel eft le fentiment d'Ebn , Jofeph Se de
Gianabi touchant l'inftitution des Janiffaires. D'Her-
BELOT. On pourroit dire cependant encore que cette
jiouvelle milice ayant été preniièrement allemblée à
Jénifchéher, ville neuve qui fur bâtie par Othman , a(-
fez près de Nicée en Bithynie , pour être le lîége de
l'Empire Ottoman , elle auroit tiré Ion nom de celui
de cette même ville; la ditîérence de Sckéhéri à Tehéri
J A N
n'étant pas fort grande. Je m'en tiens cependant tou-
jours au premier fentiment. Idem.
D'autres , dir Vigénere , tirent ce mot d'une ville
appelée Sar dont le Sultan Aladin , environ l'an de
grâce 1 180 fit prélent à un Turc de la race des Ogu-
iéens , pour avoir défait en champ clos un brave Che-
valier Grec, qui lui avoir tué beaucoup d'hommes; de
forte que Gianud^-^ari , en langue 1 urquelque , fig-
nine Enfans de Sar , ou procrées de Sar. La vraie dé-
rivarion de ce mor, félon Vigénere, ILlujlr.fur Chal-
cond. p. 36 p , vient de la langue Tartarcfque , ainli
qu'il parle ; dans laquelle Cliam lignifie Seigneur , ou
Prince , mais les Turcs le prononcenr Tham , Se de Je-
fer , clclave , comme qui diroit efclave du Seigneur.
Rien n'eft plus extravagant que de tirer le mot Ja-
niffaire , avec Reineccius , de Janua , porte , comme
Il les Turcs l'avoient formé du Latin , ou que janua
fe dît en leur langue pour fignifier porte : c'eft Capi ,
ainli il faudroit dire Capifaire , ou Capilîlaire, plu-
tôt que Janijj'aire. Spanduginus prétend , mais lans
fondement , que ce nom vient du nom de Sari , bcurg
dont s'empara un cerrain Delus , de qui Olman def-
cendoit. La véritable lignification de ce nom eff celle
que rapporte Léunclavius j Pandecl. luft. Turc. C.
J f , & au commencement , JaniJJaire veut dire un
nouveau loldat. Ainfi il vient d'un mot Turcî^qui s'é-
cnt Jekyceri , & fe prononce Jen-yceri^ Se qui efî com-
pofé de deux mots , jek-y que l'on prononce Jen-y , Se
qui lignifie nouveau Se ceri , qui veut dire en Turc
milice , foldat. f^oyei^ Ménenski au mot ceri , Se zu.
ïwoz jek-y i ou jen-y J Tom. IV. p. s S 9^ .
On peut voir fur les JaniJJaires Léunclavius, Pan-
decla J hijl. Turc, au commencement , au titre de Ori-
gine Sultanorum Turcicorum , Se plus bas , C. jj. Et
encore , Ai/?. Aluful. Turc. L. F, p. 228 ., &c. Cbal-
condyle J L. I. Se les lUuftrat. de Vigénere lur cet Au-
teur, p. j6 p &fuiv.
Vigénere dit Jennit':^aire. Les Jennit^aires fe con-
forment en beaucoup de choies à la difcipline de»
Légionnaires Romains. Vi&énÈre.
Le Cap des JaniJJ aires, ou de Janf^ari. Janïfariorum
Promontorium. Ce cap eft dans l'Anatolie , à l'entrée
du golfe de Gallipoli , vis à-vis la pointe de laprefqu'ilc
de la Romanîb. On l'appeloit anciennement Sigttum
promontorium , à caufe de la ville de Sigée qui y-étoic
conftruite. Se qui eft maintenant ruinée. On y voit
maintenant le village de Troj.ilvi , c'eft à-dire , de
petite Troyc , qui n'eft habité que par des Chrétiens
Grecs. Maty. •
Janissaire à Rome , Officier ou penllonnairc diiPape ,
qu'on appelle auilî Participant , à caufe de certains
droits aille nés fur les Annates, Bulles , ou expéditions
de la Chancellerie Romaine , comme il paroît dans les
Mémoires de taxe que donnent les Banquiets pour les
frais des levées des Bulles. Claude Vaure , qui a bien
écrit d'ailleurs de la Cour Romaine, dit que ces Janif
/aires font des Solliciteurs des Banquiers Expédition-
naires , qui font louvent à la porte du Pape ; mais
il le trompe. Du Cange dit bien la même choie , &
cite Octavius Veftrius , de judiciis AuU Romane ;
mais la vérité eft que ce font des Officiers du troifiè-
me banc au Collège de la Chancellerie Romaine , dont
le premier banc e(f des Scripteurs , le fécond des Abré-
viateurs , Se le ttoifième des JaniJJaires , qui font des
efjjèces de Correélaurs & de Révileurs de Bulles , à
qui pour cela on paye un certain droit fur les Anna-
tes. Il y en a qui écrivent Jani\erc.
JANISSAR AGHASL Foyei Jen - Yceriier
Aghasi.
JANISSÉROT. f. m. Terme de Relation. Enfant de tri-
but dans l'Empire Turc, petit Janillaire. Janiffario-
lus , Janifferotus. Ces enfàns , ( de rribut ) que les Chré-
tiens nomment ordinairement Janifferots , aptes deux ,
trois , quatre , Se fix ans dans cette laborieufe école , en
font tirés par celui qui les y a mis , (^' l'Aga des Janif-
faires en .ayant fait de nouveau la revue , les remet
fous la difcipline d'un autre Aga , qui leur eft infé-
rieur, & qui les emploie aux bâtimcns , aux bois , Se
J A N
aux jardins , comme aides à maçons , bocherons &
jardiniers. Ce glorieux emploi leur donne la qualité
à.'AJgiamy Oglan , qu'on dit par abus Azamoglans ,
c'eftà dire, En/ans buj'cs. DO Loir , f^oyagc de Le-
vant^ p. lOO.
JANIZl , ou TISBE , ou THISBE. C'étoit ancienne-
ment une petite ville de Béotie , en Grèce. Januia ,
Tisha , autrefois, Ogygia. Ce n'eft maintenant qu'un
village de la Livadic , htué près du golfe de Lépante ,
& de l'iflhme de Coriiithc. Maty.
jfCF JANIZZA. Ville de la Turquie , en Europe , dans
la Macédoine. M. de Lifle , Carte de la Grèce , la nom
me Jenizzar dans le Comenolitari. Son nom annon
ce qu'elle ell nouvelle.
JANNA. Foyc:[ Thessalie.
JANNA , ou JANNINA. Nom d'une ville de la Grè-
ce. Joanna. Elle eft fituée fur un petit lac , qui porte
fon nom , vers les fources du Penée , environ à trente
lieues de Larillà, vers le couchant. Elle donne, Iclon
quelques Géographes, le nom de Janna à toute la
Thellâlic , où elle eft maintenant renfermée. On la
prend pour l'ancienne Caffiope des Dolopcs, qui étoit
dans lÉpire. Elle eft affez confidérablc ; c'eft le liége
d'un Gouverneur , & celui d'un Archevêque Grec.
Maty.
|3- JANNANINS. f. m. pi. C'eft le nom que quelques
Nègres de l'Afrique donnent à certains elprits , qu'Us
regardent comme les mânes de leurs ancêtres , &
qu'ils vont conlulter dans leurs tombeaux. Ils ne font
rien qu'après avoir coniulté leur Jannaiùn, qui eft
comme l'Ange Turélaire de chaque Nègre. Chaque
village a auftî fon Jannanin. Protedteur , auquel on
rend un culte public.
JANNEQUIN , ou GÉNEQUIN. f. m. Coton filé d'u-
ne médiocre qualité , qui fe tire du Levant par la voie
de Smyrne.
JANNET. f. m. Nom d'une monnoie qui a été en ufage
dans l'Ordre des Chevaliers de S. Jean de Jérulalem ,
tandis qu'ils étoient maîtres de Rhodes. Jannetus ,
Joannecus.LcsJannets étaient des deniers d'argent qui
tiroicnt leur nom de Jean , Roi de Chypre , dont la fi-
gure y étoit imprimée. Vertot.
JANNICE. C f. Vieux mot. Jaunilfe. Ce mot eft ve-
nu de jannir , qui fe difoit pour jaunir.
JANNIZARL Cap. rôye^ Janissaire.
JANO , ou JANOÉ. Nom d'une ville de la Terre-Sainte.
Jano , Jànoe , Janum. C'eft une ville de la Tribu d'E-
phraïm , à l'orient , & près du Jourdain. Au temps
d'Eusèbe Si de S. Jérôme ce n'étoit qu'un bourg qu'ils
appellent Jano. II étoit à douze milles de Naploufc
dans l'Acrabatène, & à l'eft de Taanathfchilo. P. Lu-
bin , Reland.
gCTJANOUARE. f. m. Animal du Biéfil , très léger à
la courfe , &c très vorace. Il eft de la grandeur d'un
chien, la p-eau tachetée comme celle du Tigre.
JANOWITS. Nom d'un bourg du Cercle de Caurzim ,
en Bohême. Janovitium. Il eft à neuf lieues de Pra-
gue , vers le midi , &: il eft connu par la viiStoire que
les Suédois y remportèrent fur les Impériaux l'an
1645. Maty.
JANSÉNI^, ENNE. adj. m. & f. Dodrine Janfénïm-
ne , dogme Janfénien.
JANSÉNISME, f. m. Dodrine extraite du livre de
Janfénius , Évêque d'Ypies , iur la grâce <!<.: la prédefti
nation. Janfénifmus. Corneille Janfen , que nous nom
mons communément du nom Latin Janfimus , Auteur
du Janfénifme , étoit d'un village de Hollande , fitué
près de Léerdam , &c nomrné Accoy , où il naquit en
I jSj le 28 d'Oftobre , de païens pauvres , mais ca
tholiques & gens de bien. Il fit les premières clalfes à
Utrecht, puis fa Philofophie &• fa Théologie à Lou-
vain. Delà il vint à Paris en 1604 , où Jean Du Verger
de Haurane , depuis Abbé de S. Cyran , qui l'avoit con-
nu à Louvaia, le plaça chez un Confeiller pour être
précepteur de fes enfans. Enfuire il l'appela à Rayon-
ne , où il le fit choifir Principal du Collège qu'on ve
noit d'y fonder. Après douze ans de féjour en France ,
ij retourna à Louvain , où en 1617 , il fut fait Princi-
pal du nouveau Collège de Sainte Pulchérie , & Pro-
J A N
fcfteur de l'Écriture Sainte. En i6j|, il fut fait Évê-
que d'Ypres. On dit que ce fut -ion Livre contre !a
France &: injurieux à noi Rois , intitulé Mars Galli-
cus , qui lui mérita cet tvêçhé. Il ne le polléda qu'en
viron deux ans, étant mort de pelle le iixicme jour de
Mai 1638. Le Janfcnifmc ne ht de bruit qu'après fi
mort , que Fromonci & Calénuv , fes exécuteurs tcfta-
mentaires , firent imprimer (on Livre , intitulé Aiiguf-
tïnus. Les opinions de Baïus furent le berceau du ]an-
fdnifne , & on dit que ce fut Jacques Janlon , Ptpkf-
Icur de Théologie à Louvain , qui les infpira à Janfé-
nius. Le Janfcnifme , ou la Doctrine de l'Auguftin de
Janlénius , fut réduite par les Évêques de France à
cinq propolitions , que voici. Première Propolitron.
Quelques commandemens de Dieu font impolhbles
aux hommes juftes, lors même qu'ils veulent & s'ctior-
cent de les accomplir félon les forces qu ils ont pré-
fentes , & la grâce leur manque par laquelle ils loient
rendus pollibles. Seconde Propofition. Dans l'état
de la nature cori'ompuc 011 ne réhfte jamais à la grâce
intérieure. Troifième Propofition. Pour mériter &c
démériter dans l'état de la nature corrompue , la li-
berté qui exclut la nécellité , n'eft pas requile en l'hom-
me, mais la liberté qui exclut la contrainte luffit. Qua-
trième Propofition. Les Sémipélagiens admettoient
la néccllité de la grâce intérieure prévenante pour cha-
que aéte en particulier , même pour le commence-
ment de la foi , & ils étoient hérétiques en ce qu'ils
vouloient que cette grâce fût telle que la volonté hu-
maine pût lui réfifter , ou lui obéir. Cinquième Pro-
pofition. C'eft Sémipélagianifme de dire que Jéfus-
Chrift eft mort, ou qu'il a répandu fon (ang généra-
lement pour tous les hommes. Le Janfinijme confifte
à foutenir cette do6trine , en allurant que ces propo-
fitions font (aines & orthodoxes. Le Janfénifme a été
condamné par les Papes Urbain VIII , Innocent X ,
Alexandre VII & Clément XI. Il ne paroit pas qu'il
y ait beaucoup à gagner de penfer avec les Janfcnif-
tes que Dieu commande des chofes impollîbles , que
J. C. n'eft mon que pour le falut des feuls prédefti-
nés ,<S'c.|K7' Cela n'eft, dit Voltaire, ni philofophe ni
confolanti mais le plaifir lecret d'être d un parti, la
haine contre les Jéluites , l'envie de fe diftinguer , &
l'inquiétude d'efprit formèrent une Sede.
ÇCr Telles font les cinq fameules Propofitions qui don--
lièrent lieu à la Bulle d'Innocent X , à laquelle 011
objeda que les cinq Propoiitions n'étoient pas dans
le Livre de Janfénius , lîç qu'elles n'avoient pas été
condamnées dans le fens de l'Auteur. Alors on vit
naître la fameufe diftindion du fait & du droit : en-
fuite la diftintfion du double fens des Propoiitions de
Janfénius , l'un qui eft le fens vrai , naturel & pro-
pre de l'Auteur , & l'autre imaginé par le Souverain-
Pontife , & qui n'eft point le fens vrai , propre Se na-
turel. On fait trop les détails de cette malheureufe af-
fnire ,qui a allumé dans l'Églife un incendie que rien
ne peut éteindre , pour s'y arrêter plus long-temps.
JANSÉNISTE, f. m. & f. Nom de fede. Celui qui
fui: le parti , & la dodrine de Janfénius. Janfenianus.
On dit aulîî Janfemfla ; mais l'analogie de la langue
Latine demande qu'on dits Janfenianus. Les Janfé-
niftes font nés dans les Pays Bas , où ils fe font fort
multipliés; de là ils fe font répandus en Hollande ,
en France , en Angleterre & en Italie. Il n y en apoint ,
ou prefque point dans le refte de l'Europe.
Janséniste , fe dit de ceux quiatFedent une grande févé-
rité dans leur manière de vivre , & une grande auftéri-
té dans leurs mœurs , Se dans leur dodrine. Mais il ne
fe dit en ce fens que dans le ftyle familier , & le plus fou-
vent en raillmt , Se fans prétendre attribuer les fenti-
mens de Janfénius & de fes difciples à ceux qu'on ap-
pelle Janfénïfles en ce lèns. Il emporte cependant lUi
reproche d'affedarion de réforme , Se de trop grande
févérité. Mais on le dit fouvent, en plaifantant, de
gens vertueux , Se qu'on n'eftime pour cela nullement
Janfénifles.
Janséniste , fedit enc'ore d'un homme oppofé -"ux Jéfui-
tes , ennemi des Jéfuites , parce que les Janfénifles
leur font fort oppolés.
6
J AN
J A N
Dans les deux derniers feus le mot de Janfénljle n'eft
point un terme propre , ni icricux. On n'appelera
jamais Janjlmjles dans un Ouvrage grave &c {crieux ,
ni ceux qui arteiitent de la fcvéntc , ni ceux qui n'ai-
ment pas les J:;iLiites , il d'ailleurs ils ne lont point dans
les (entimcns des Janfenijles. Mais on le fait louvent
dans la converlation , dans le llyle familier , &c en
plail'antant. Le leul premier lens eft le lens propre ,
& celui qu'on donne à ce nom dans l'Hiftoire ,
daçs les Mandemens des Prélats , dans les tdits , dans
les Ouvrages Théologiques , &c.
Janséniste. Les femmes ont appelé JanféniJlcs , des
poignets qu'elles mertoient par modeif ie pour cacher
leurs bras. Le mot de JanféniJlc en ce lens n'cft plus
en ulage depuis quelque temps.
Janséniste. Se dit d'une force de Juppé , ou de panier
pour les femmes modcftes. Il ^_ a des panieis qui ont
des baleines depuis le haut juiqu'cn bas , ce ne font
pas ceux qu'on nomme Janfenijles. Un Janfenijîe cil
un panier qui n'a des baleines que julqu'à la moitié ,
& qui n'en a point dans la partie balFe ; mais qui eft pi-
qué. Madame , voulez-vous acheter un Janfénljle ?
Srupparum cïrculïs fupernè d'ijlentum , infernè ïnter-
punclionibus Jlipatum.
Janséniste, eft aulfi un adjeétif. Efprit JanféniJle. Ce
coup eft parti d'une main JanféniJle. Cette propoli-
tion eft Janfénïfle. Livre JanféniJle. Des heures Jan-
fenijles.
A la Janséniste. Phrafe adverbiale , qui fe ditauflîde
pluiieurs choies fûtes avec une propreté afteélée.
Habillé à la JanféniJle. Meublé à la JanféniJle. Re-
liure à la JanféniJle.
JANTE. 1. f Terme de Charron. Pièce de bois de char-
ronage courbée qui fait une partie du cercle de la
roue d'un moulin , d'un carrelle , ou d'une charrette.
Canthus. Les jantes lont débitées de deux à trois
pieds de long , & doivent être bien chantournées.
Ce mot vient de xo:»9ij, qui lignifie le fer appliqué
fur les roues des chariots. Nicod.
JANTHE. f. f. Nom de femme. Janthe. Elle étoit de
Crète; elle époufalphide, & le jour même de l'es no-
ces elle fut changée en homme. Ovide, Mec. L. IX ,
V. S [ y ,Sû 0 , 8 ç6.
JANTILLE. f. f. Mouillez les deux //. Gros ais qu'on
applique autour des jantes & des aubes de la roue d'un
moulin, pour recevoir la chute de l'eau, & la faire
mouvoir plus vite. h3.jantille fert aulli pour élever les
eaux par le moyen des roues dilpolées à cet effet.
JANTILLER. v. a. Mettre de la jantille autour de la
roue d'un moulin , ou d'une roue deftinée à lever des
eaux. Il m'a coûté tant pour jantiller cette roue.
JANTRA. Nom d'une rivière de la Bulgarie. Jatrus ,
Jeterus. Elle prend la fource au mont Argentaro,
baigne Ternovo , & va (e décharger dans le Danube ,
à quatre ou cinq lieues audclîous de Nicopoli.
Maty.
JANUAL. f. m. Non d'une fête de Janus. Januale. Fcf-
tus dit qu'on faifoit ce jour-là à Janus des oftrandes
de g.âteaux , & d'une efpèce de pâte fiite de farine
d'orge , &: allailonnée de fel , d'encens tic de vin.
Ovide, Fajl. L. î ,v. ij2. Onappeloit aullî J^j/zi^a/tf,
Te gâteau qu'on oftroit.
JAN-VANGENTEN. Foyei Mouette.
JANUBISTUH. f. m. Terme de Calendrier. Nom du
fixième mois des Géorgiens. Il répond au mois de
Juin de l'année Julienne.
JANVIER, f. m. Nom du premier mois de l'année, fé-
lon la fupputation dont on le fert aujourd'hui en Oc-
cident. Januarius. Le Roi Charles IX , ordonna par un
Édit de l'année 1565, qu'on commenceroit à compter
l'année par le premier de Janvier. Auparavant on la
commençoit à Pâques , ou à Noël , comme témoigne
le Père Pétau en fon Racionarlum.
Cette renrarque eft importance pour entendre la
date des anciennes Ordonnances , & celle des Aétes
qui nous viennent de Rome, où l'année commence
encore à Pâques.
Cette Ordonnance de Charles IX ne fut enregif-
rrée au Parlemear que le 15? Décembre 1^64. Le i
premier Janvier qui fuivit l'enregiftrement , le Roi
& la grande Chancellerie comptèrent i j6j. Le pre-
mier Janvier fuivant on compta i j66 en la Chancel-
lerie de Paris. Mais au Parlement on ne commença à
compter 1566 qu'au 14 Avril, jour de Pâques. Au
mois de Janvier fuivant, on compta IJ67 dans toute
la France.
Ce mot vient du Latin Januarius. Les Romains lui
ont donné ce nom, à caufe Ac Janus ^ Divinité à qui
ils attribuoient deux têtes, parce que d'un côté le pre-
mier jour de /t!«v;t'r regarde l'année précédente. Se
de l'autre celle qui vient. Le mot de Januarius peut
auin venir de janua j porte , &c. Ce mois étant le pre-
mier de tous eft comme la porte des années. Il fut
ajouté à l'année par Numa Pompilius : l'année de
Romulus commençoit par le mois de Mars. Les Chré-
tiens jeùnoient autrefois le premier jour de Janvier^
pour abolir les fuperftitioiis des Païens, qui en 1 hon-
neur de Janus faifoient des feftins , des danfes & des
déguilemens , comme des malcarades. Voye-^ le Ser-
mon de l'Évêque Fauftin fait en ce jour , & imprime
par le P. ChiHet Jéfuite, & cnfuite par BoUandus dans
les Acla Sancl. Januar. T. J , p. 2. ôc les Notes de
Baronius fur le Martyrologe Romain , au premier
Janv. Not. i-
On dit proverbialement, que Janvier z trois bon-
nets , pour dire qu'il fait froid en ce temps là , & qu'il
fe faur bien couvrir la tête. On dit aullî, c'eft un foleil
de Janvier qui n'i ni force , ni vertu ; pour dire, quune
perfonne n'a guère de pouvoir.
Janvier, f. m. Eft aufti un nom d'homme. Januarius.
Saint Janvier J Evêque de Bénévent, aflifta au Concile
de Sardique , en 347. Janvier Évtque de Caillari du
temps du Pape S. Grégoire, étant peu zélé pour la
converfion des Barbaricins de Sardaigne encore idolâ-
tres, S. Grégoire y envoya un Evêque & un Abbé
fiour travailler à leur converfion. S. Janvier Evêque de
Malaca en Elpagne ayant été dépolé par injuftice ôc
par violence , fut rétabli par S. Grégoire Pape en 60 j.
JANVILLE. Nom d'une petite ville de France. Janvilla^
Heinvilla. Elle eft daiis l'Orléanois , entre Orléans &:
Chartres, environ à moitié chemin de l'une à l'autre.
JANUM. Ville de la Tribu de Juda. Janum. Les Sep-
tante l'appellent Jémain^ Jof. XV, 53.
JANUS. f. m. Nom d'un homme , dont les Anciens
firent un Dieu. Janus. C'eft le plus ancien Roi d'Ita-
lie , dont la mémoire fe foie coniervée , & peut-être le
premier. Les fables difent qu'il étoit fils d'Apollon &
de Créiife fille d'Érichchéc. Quelques Auteurs difenc
qu'il fut feulement adopté par Xiphéi' , mari de Créiifè.
Quoi qu'il en foit , il régnoit en Italie i yo ans avant
l'arrivée d'Enée , & par conféquent près de 1400 avant
Jes us-Christ. Il y aborda avec une grande Hotte , Se
y reçut Saturne chalfé de Crète par Jupiter fon lîls j
Si. ayant appris de Ion hôte l'art de cultiver la terre,
il partagea le gouvernement de fon Royaume avec
lui , <& l'y alFocia. Ils régnèrent avec beaucoup d'u-
nion , & bâtirent deux villes, Janicule & Sacurnium.
Ils introduiiirenc aulli l'ulage de la monnoie de cuivre j
Se y firent graver d'un côté la tête de Janus , Se de
l'autre la proue du vaifteau de Satiurne , Rour confer-
ver la mémoire de fon arrivée en Italie. On voit
encore aujourd'hui ces figures fur les anciens as
Romains qui font dans les Cabinets des Curieux.
Plutarque , dans fes Queilions Romaines , Se Ovide
dans lés Faftes , L. I ,v. 22 p, nous ont expliqué ces
figures.
Janus étoit le Roi de ces temps le plus fage Se le plus
prudent. Il favoit le pallé , il prévoyoit l'avenir ; Se
pour marc]uer ces talens on le dépeignit avec une tête à
deux vitages , l'un devant, l'autre derrière. Nous en
rapporterons encore dans la fuite d'autres raifons. On
le peignit encore tenant une clef d'une main , & une
baguette de l'autre. Après fa mort Ja^ti^s fut mis entre
les Dieux. Macrobe & Ovide, FaJl. L. /, v. 6 s > di-
fent qu'il étoit le Dieu de l'année.
Numa lui bâtit un temple à Rome. Il avoit deux
portes , que l'on n'ouvroit qu'en temps de guerre , &
que l'on cenoit fermées en temps de paix. Delà cette
J A N
infcription qui fe voir au revers de plufieuis médailles
deNéiou, avec le temple de Janus , Pace t^rra ma-
H.IQ.UE PARTA Janum clusit. Et cette inlcriprioii
rrouvée à Mérida en Elpagne , Imp. Caes.Divi. f- Av-
cusTus Pont. Max. cos. XI. Tribvnic. Pot. X.
Imp. VIIII. orbe mari et terra pacato templo
Jani clavso , &c. Delà aulll les funionis de Patulcius
& de Clufius qu'on donna à Janus ^ comme qui di
roit, V Ouvert &c le Fermé. On remarque que ce tem-
ple ne fut pas fort fouvent fermé lous 1 Empire de Ro-
me ; une fois lous Numa , l'inftitutcur de cette céré-
monie; la féconde fois après la leconde guerre Puni-
que , l'an J19 , de Rome ; la troificme après la guerre
d'Augufte (& d'Antoine , &c la bataille d'Adium, l'an
71$, de Rome, au cinquième Consulat d'Augufte ;
deux fois encore fous Auguftc : premièrement , pen-
dant fon neuvième Conlulat , l'an 719 , de Rome, fe-
condement , vers la nailfance de J. C. une fois (ous
Néron l'an 811; fous Velpafien l'an S24; tous Gor-
dien le jeune avant l'an 99 j. Ammien Marcellin pré-
tend que la coutume s'en conferva quelque temps ,
même fous les Empereurs Chrétiens , & que Conftan-
rius , après fes viéioires fur Magnence & fur tous les
tyrans, ferma le temple de Janus , l'an de Rome 1 1 o j.
Aurefte , on rapporte différemment l'origine & l'infti-
tution de cette coutume de l'ouverture ôc de la clôture
de ce temple. Les uns difent que dans un combat que
Romulus livra aux Sabins , la vicioire penchant du cô-
té de ceux-ci , il forcit du champ de bataille de l'eau
chaude , ce qui fit prendre la fuite aux Sabins; qu'en
mémoire de ce prodige on bâtit un temple en ce lieu ,
que l'on ouvroit en temps de guerre , afin de tirer en-
core de là du fecours. D'autres difent que Tatius &
Romulus ayant fait alliance , bâtirent un temple à frais
communs , ôc que la coutume de l'ouvrir en temps de
guerre , 8c les deux vifages du Dieu qu'on y adoroit ,
marquoient , ou bien l'union des deux Rois, ou qu'en
faifant la guerre il faut penfer à la paix , ou qu'en al
iant au combat on doit toujours avoir fes derrières li-
bres , pour Elire {a retraite en cas d'accident.
Quelques uns croient que Janus eft le loleil , Se ils
lui donnent non pas deux vifages , mais quatre , à caufe
des quatre parties du monde qu'il parcourt , ou des
quatre faifons de l'année qu'il fait. C'ell: pour cela
qu'on le faifoit Dieu de l'année, & qu'on le repré-
lentoit tenant d'une main le nombre de CGC , Se de
l'autre celui de LX'V ; ce qui fait le nombre des jours
de l'année. Janus eft Noé , qui fut encore appelé
Xifufius , ou plutôt c'eft Javari , fils de Japheth , &
père des Ioniens. Vossius, de Idol. L. I, c. 1 8 ■, L.
VU , c. 9. Sous ce nom on adoroit toute la nature. Ib.
c. 4. D'autres difent que Janus eft le même que
Gygès. Le fentiment de-ceux qui difent que c'eft Noé,
eft le plus vraifemblable. Tout ce qu'on dit de Janus
convient à ce Patriarche. Le vaiilçau qu'on lui don-
noit , & qu'on marquoit fur la monnoie , n'eft point
le vailfeau de Saturne. Les Anciens eux-mêmes, com-
me Plutarquc , rejettent ce fentiment. Combien d'autres
s'étoient retirés par mer & iur des vailfeaux î Qu'y a t-il
qui foit particuher à Saturne , & qui ne déligne que
lui î Ce vaiifeau eft bien plutôt l'Arche de Noé. Ja-
nus eft formé de l'Hébreu pi ,}ain , du vin , parce
que Noé planta la vigne , & fît du vin. On le dépei
gnoit avec deux faces , pour marquer les deux âges ,
& les deux mondes , qu'il avoir vus devant Se après le
déluge. Il écoit le Dieu de l'an , & le premier mois de
l'année portoit fon nom , parce qu'il avoit commencé
le nouvel âge après le déluge.
Janus étoit l'un des Grands Dieux, & on le nommoit le
premier dans les invocations des facrifices. Dans les
vers des Saliens , il étoit qualifié de Dieu des Dieux.
O nlui donnoit aullî le nom de père par excellence ,
parce qu'il palfoit pour le premier des Dieux. On at-
tribuoit d, Janus l'invention deplufieurs chofes. Il avoit
appris aux hommes à conftruire des autels, & on le
reprefentoit avec douze autels lous les pieds II leur
apprit aulTi à faire des facrifîces , & des fx-tts à l'hon-
neur des Dieux. Il inventa les vergers , ou les jardins
fruitiers. Il donna aulli aux chefs des Colonies les ver-
J A P 7
gcs & les faifccaux , pour contenir les peuples dans le
devoir. Pour mettre les biens Se la pudeur des particu-
liers en lureté , il inventa les portes , qui pour cela fu-
rent appelées Jtf««« , &c les clefs. Aulii portoit -il une
verge d'une main , Se une clef de l'autre. 'Vossius , de
Idol. L , IX c. 2S. Il palloit encore pour l'inventeur
des couronnes , des vailîèaux pour la navigation , Se
des ponts volans. Janus étoit pris pour le inonde. Vos-
sius , de Idoll. L. FUI , c. 2. Il piéfidoit encore aux
portes , qu'on appelle en Latin Januéi.. 'Vossius , de
Idol.L. VIII, c. ij.
Les Auteurschez qui l'on peut apprendre ce qui re-
garde/i7««j, lont Rofin , Antiq. Korn. L. II ^ c. 3.
Dempfter fur Rofin , Lilius Giraldus , Sync. Deor.
Ca(p. Barthius , Comment, fuperjl. 'VolL de Idol. L.
I ,c. 22. 18. L. II , c. 16.
Janus a été aulîl le nom de plulîeurs hommes. Baïf s'ap-
peloit Janus. Le fameux Gruter , dont nous citons
louvent le recueil d'Infcriptions antiques , s'appeloic
auflî Janus. Ce nom Latin eft demeuré dans notre lan-
gue fans aucun changement.
JANUTL Voyei Gianuti.
JANZ MAYEN EYLAND. Voye-^ Jean M^y.
J A O.
JAO. f. m. Nom propre de Dieu. Jao j Jeova. C'eft le
même nom que Jéhova , que les Grecs prononçoienc
Jao , comme on le voit dans Diodore de Sicile , L. I.
Se dans un Oracle de l'Apollon de Claie , rapporté
par Macrobe , Z. /, c. /7. Le P. Soucier, Jéluite ,
dans fa Dillertation fur le nom de Dieu o{-[C\'> , Jehovah ,
prétend que c'eft l'ancienne Se première prononcia-
tion du nom propre de Dieu parmi les Hébreux , Sc
qu'elle vient du verbe n^n , ou m~l , conjugué félon
la forme des verbes Hébreux , dont la féconde radica-
le eft un : , ou un 5 , qui n'a point de voyelle propre.
QulefcentuL ain vau.
JAOCHEU. Joacheum. Belle Se grande ville de la Chi-
ne , féconde Métropole de la province de Kiangfi ,
fur le bord leptenuional du Heuve Po. On y fait de
belle porcelaine. Elle elf plus occidentale que Pé-
kingde 31 m. & à 29 d. 40 m. delat. Atlas. Chi.
J A P.
JAPAR A , ou JAPARE. Nom d'une ville des Indes orien-
tales. Japara. Elle eft fur la côte léptentiionale de l'île
de Java , à l'embouchure de la rivière de Japara , envi-
ron à foixante dix lieues de Batavia , vers le levant.
Cette ville eft capitale d'un royaume qui porte Ion
nom , Se qui ell une des plus conlidérables de l'île de
Java. Maty. Long. 128°. 40'. lat. mérid. G°. 4j'.
JAPARANDIBA. f. m. Arbre du Biéfil , dont l'écorce
cil cendrée , comme celle de l'aune. Son bois eft dur,
moelleux. Ses fleurs lont abondantes , & attachées
lans ordre autour des rameaux par des queues. El-
les font femblables à celles du janipaba , oblon-
gues , pointues , nerveules ; fes fleurs lont grandes
Se belles , compofécs de huit grolfes feuilles , fou-
tenues trois à trois par un même pédicule. Elles font
femblables en figure , en grandeur , en couleur Se en
odeur à celles de la rofe. Elles ont en leur milieu plu-
lîeurs petites étamines dilpofées en rond , avec un petit
fommet jaune Se tremblant. Il leur fuccède des fruits
faits comme des pommes , mais plats en leur partie fii-
périeure , gris en dehors , jaunes en dedans , contenant
chacun un noyau gros comme une aveline , anguleux ,
ayant la figure d'un cœur , de couleur de foie , luilanr.
On applique fes feuilles fur les duretés du foie & des
hypocondres. Elles proJuifcnt le même effet quand on
les donne en forme d'apozême : ce qui fait qu'onpeut
les mettre au nombre des remèdes apéritifs. Ray , Rifi.
Plant.
JAPET. f. m. Nom d'homme. Japetus. Les Poëtes di-
fent que Japet étoit fils du Ciel , ou deTitan, Se de
la Terre ; qu'il époula la Nymphe Aile , qu'il en
eut quatre fils, Hefpérus , ou 'Velpérus, Atlas , Epi-
méthée Se Prométhce ; que c'étoit un Géant d'une taille
8 J A P
énorme. Les Grecs le recoraioinbient pour l'Auteur
& le chef de leur race , & ne reconiioillent rien de
plus ancien que lui , au delFus duquel ni leur hilloire ,
ni leur tradition , ne remontent point. C'eft pour cela
<ju'il avoit paire en une elpcce de proverbe chez eux
d'appeler un vieillard décrépit & radoteux , un Japet ,
comme on le voit dans Héiychius , & dans Suidas.
Le Japec des fableseft le Japhetde l'Ecriture , fils de
Noé. C'étoit le père des Grecs , parce que dans le par-
tage de la Terre , cent ans après le déluge , Japhet eut
ce que nous appelons l'Europe qu'il commença à peu-
pler par les Iles de l'Archipel , que l'Ecriture , Gen.
X j-. appelle ks lies des Nations , Se enfuite par la Grè-
ce, en allant toujours de proche en proche. Ils ne re-
montoient point plus haut, parce qu'ils n'avoient nul-
le connoillànce de tout ce qui avoit précédé le déluge
univerfel. Japhet , qui a peuplé la plus grande partie
de l'Occident , y e(l demeuré célèbre fous le nom fa-
meux de Japet. Bossuet.
JAPHE. M. Féîibien appelé Jiiphe cette ville de Pa-
leftine qu'on nomme ordinairement Ja£a. Eudes de
Montcreau accompagna Saint Louis dans le voyage
de la Terre-Sainte , il fortifia le port & la ville de Ja-
pke. FÉLiB.
APHET. ù m. Nom d'homme. Japhet j Japhetus.
C'eft l'aîné des trois fils de Noé, Gen. V, ji. X,2t.I\
eft pourtant des Auteurs qui après S. Jérôme & S. Au-
guftin foutiennent que Sem étoit l'aîné. L'expreffion
eft douteufe dans le Texte Hébreu , mais le premier
fentiment paroît néanmoins plus conforme au génie de
la langue. Dieu le bénit, Gen. IX, /i. Il eut fept fils,
GcK. X, 2. &c peupla l'Europe , qui lui échut dans la
diftiibution de la Terre , qui fe fit cent ans après le dé-
luge. Japhet eft manifeftement le Japet des Poètes
Grecs & Latins. Voyez ce mot. Il n'y a pas fur cela
deux fentimens.
Le pays que l'on dit être aux confins de Japhet y
•dans Judith , I, i y. félon quelques interprètes , eft
Joppe , ou Jafa , & fon territoire lelon le P. Lubin ,
c'eft une contrée de l'Arabie. L'un eft auili probable
que l'autre. Ce font les côtes occidentales de l'Afie
mineure.
Le nom de Japhet vient de l'Hébreu n£i , qui figni-
fie e'tendu y on heau, ou quipcrfuade , félon différentes
i-acines dont on le dérive. Le nom de Japet , fi connu
dans la fable , vient lans doute de celui de Japhet ;
mais l'Etymologifte Grec ne lui donne qu'une origine
Grecque; i'utuI®-, dit cet Auteur, vient de iml'Sf ■ ayà
eft dérivé à'i'mu^ i^;'» vient de r.;, oudci>-^(,de forte
<)ue fuiv.ant ces étymologies Japet veut A^nc jaculator ,
ou Venator ; c'cft-à-dire, lanceur de dards ^ chajfeur.
JAPHIÉ, Nom d'une ville de la Tribu de Zabulon.
Japhie, Japhia. Elle étoit du côté que les limites du
■ midi fe joignent à celles de l'orient. Jof. XIX, 12.
P. Lubin. Au contraire M. Reland dit qu'elle étoit
fur la Méditerranée, près du mont Carmel , entre Cé-
farce & Ptolémaïde ; qu'on l'a nommée Oppidum Syca-
minum , & Hépha , félon Eusèbe , qu'aujourd'hm les
Arabes appellent Epha, ou Ipha; & que c'eft peut-
être la Jehba de Pline, L. V, c. iS. Il falloir dire, c i g.
^APHO. Foye-{ Jafa. C'eft la même chofe.
JAPIS. f m. fils d'Iafus : il fut aimé d'Apollon, qui lui
fit connoître les verms falutaites des plantes , & lui ap-
prit à guérir les maladies des hommes.
JAPODES. f m. pi. C'étoit une Nation mêlée d'Illyriens
& de Gaulois , qui occupoit à peu près le pays que nous
appelons maintenant Croatie , entre la Save éc la mer
Adriatique. Ce peuple ayant caufé quelques r.ivages
fur les terres de l'Empire, furent attaqués & vaincus
par le Coiiful C. Sempronius Tuditanus , l'an de
Rome 625 , & on accorda au vainqueur l'homieur du
triomphe. Appien , Illyr.
JAPON. Nom d'un grand Empire de l'Ahe. Japonia ,
JappnicA InfuU. Il confifte en plufieursîles, dont il y
en a trois qui font beaucoup plus confidérables que les
■ autres , Niphon , beaucoup plus grande que toutes les
autres enfcmble , Ximo , ou Saicock , Xicoco , ou
Tokoefi. Ces îles ont la Chine au couchant-, la Tarta-
ïie Orientale, & le pays de Jefto au noidi l'Océan
J A P
oriental les baigne au levant &: au midi. Elles s'éten-
dent depuis le 171"= degré de longitude jufqu'au 188"^ ,
& depuis le 3 l'de latitude jufqu'au 40'=. L'air y eft tem-
péré &: fain , &: le terroir , quoique montagneux , très-
fertile en orge , en ris , en maïs , & en pluiicurs fruits.
Mais ce qui les rend plus conlidérables, ce font les
mines d'or & d'argent. On y trouve aufti quantité de
grofles perles, qui font rouges, & aulli eftimées que
les blanches. Toutes ces îles étoient gouvernées par
un Dayro, qui étoit tout enlcmble chef de la Reli-
gion , & de l'État i mais il y a long-temps que les guerres
civiles détruifirent cet Etat , &C le divifercnt en CG
Royaumes, dont l'île de Niphon, avec quelques unes
des petites qui font voifines, en contenoit j8 , celle de
Ximo 9 , & celle de Chicoco les quatre autres. L'an
I J50, il s'y éleva un nouvel Empereur, fous le nom
deCubo, qui réduiht tous ces Royaumes en Provin-
ces, S.C qui ne lailla aux fuccelfeurs des anciens Dayres
que l'autorité qu'ils avoient en qualité de chefs de la
Religion, &: quidivifa tout l'État en fept grandes con-
trées; l'île de Niphon en contient cinq, qui font Ja-
maïftero , Jetfengen , Jetfengo , Quanto & Ochio , les
deux autres (ont les deux îles de Ximo & de Chicoco.
Il y a quantité de belles villes dans cet État; les princi-
pales lont Mé.aco , anciennement capitale , & mainte-
nant réiidence du Dayro, &: Yendo nouvelle capitale,
& réhdence du Cubo. Maty. Un (oldat François , qui
étoit de l'expédition de M. de la Sale , & qui après la
inort de ce Commandant pénétra jufqu'aux Acaanibas
à l'occident du Canada , a rapporté qu'il avoit appris
d'eux qu'ils trafiquoient leur or avec une nation iituée
à douze journées au couchant, qui leur donnoit du
fer; & il juge que ce lont les Japonais.
Japon. ( île de ) f^oye^ Niphon.
^0°JAPON. f m. Terme de commerce. C'eft le nom
qu'on donne à la porcelaine qui nous vient du Japon»
Ces tades font d'ancien Japon.
JAPONNER. v. a. Les Marchands qui font commerce
de porcelaine , fe fervent de ce terme pour exprimer
une nouvelle cidiron qu'ils font donner en Hollande
ou en Angleterre aux porcelaines de la Cliine , donc
ils louhaitent augmenter le prix , en les lailant palier
pour porcelaines du Japon, /'^oy^? le Dict. de Com.
JAPONOIS , OISE. C m. & f. Nom propre de peuple.'
Qui eft du Japon. Habitant du Japon. Japo. Les Japo-
nais font originaires de la Chine ; ils font de grande
taille , robuftes , fiers , cruels , fermes dans l'adveriîté ,
guerriers, foutfrant facilement toutes les incommodi-
tés de la guerre. Ils ont l'ufage des armes à feu, du
fabre & de la pique : mais ils fe fervent encore de
l'arc & des flèches. Ils haïllènt les jeux de hafard, les
juremcns , la médifance , le menlonge iSc le larcin. lis
fe défient extrêmement des étrangers ; les (euls Hollan-
dois ont le droit d'aborder dans leurs ports, parce
qu'ils font les feuls qui veulent fouler un Crucifix aux
pieds. Quand leurs vailfeaux arrivent, on les def-
arme , Se des Commilûires ayant fiit l'inventaire de
la charge , ils les font décharger , & y ayant rechargé
de l'or , de l'argent , &: d'autres denrées , telles qu'il
leur plaît , ils leur rendent leurs munitions de guerre ,
& leur fixent un jour pour leur départ. Quoique dans
ce commerce ils loient juges Se parties , on alfure
pourtant qu'ils y fuivent exactement les loix de l'é-
quité. Ils font idolâtres, & leurs principaux Dieux
font Xaca Se Amida. Ils ont parmi eux un prodigieux
nombre de Religieux Se de Religieules qui le confi-
crent à leurs idoles , Se qu'on nomme Bonzes. Saint
François Xavier, de la Compagnie de Jésus, y prêcha
l'Évangile vers l'an i 549 , à la faveur des Portugais
qui commerçoient dans ce pays , & il y convertit un
très grand nombre de gens. Au commencement du
fiecle palfé un Flamand , natif de Bruxelles , contrefit
une lettre, qu'il prétendit avoir été trouvée dans un
vaifteau Portugais , qui contenoit un delîèin de le ren-
dre maître du pays par le fecours des Chrétiens qui y
étoient. Il la fit voir à l'Empereur , qui fit mallacrer
tous les Portugais fans diftinélion d'âge ni de lexe , (S.'
fcs fuccelfeurs n'ont point permis depuis qu'on parlât
duChriftianifme dansleurpays. PlulieursMiirionnaircs
Européens
I
J A P
Europcens Se une infinité de Chrétiens da pays y
ont lourtcit le niLUtyre & les tounnens les plus cruels ,
avec une conllaiice & un courage dignes des premiers
licclcs de rÉglilc. Les Japonais font une nation d'une
exade probité, noble, généreufe, & aimant l'hon-
neur fur toutes chofes; nulle autre nation barbare ne
les furpaiiè en bonté. Ils ont l'efprit aiié, nullement
tourné à la fraude &: à la tromperie. Xaver. LpiJI. L.
m, ep. s-
JAPONOIS , OISE. adj. Qui .appartient au Japon. Jcipo-
nicus. Il y a un Didfionnairc Japonais imprimé à
Nangazaki au Japon. Il y a une Grammaire Japonoifc
& un Ditlionnaire Japonais imprimés à Rome, /«-40.
en lôji , compoCs par le P. Didaque CoUado, Do-
minicain. Celui ci eft Japonais &c Latin, l'autre Por-
tugais & Japonais.
Il y a une Deicription Latine du Japon par Caron ,
Se une autre par Varenus, une hiftoirc du Royaume
du Japon par Buxéda en Efpagnol, une d'Anialdus
Montanus en Allemand. On trouve encore beaucoup
de chofes touchant ce pays & fcs peuples , dans les
Lettres de S. François Xavier , L. II , ép. G. L. III , L.
IF, dans l'hiftoire des Indes de Malîée, L XII , dans
celle de la Compagnie de Jésus en Latin, P. /,Z. IX ,
XI, & XF. P. II, L. IF. P. III, L. II, F, FI , Fil.
P. IF, L. III. P. F. L. III , IF, FI, IX, XI, Sec.
dans celle de Bartoli en Italien l'JJîa, P. I Se II ;
dans l'hiftoire des Millions de la Chine Se du Japon ,
par Louis Gufman, Jéfuite, en Efpagnol; dans l'Am-
balfade des Hollandois au Japon , dans la vie de S.
François Xavier par le P. Bouhours, I. F; l'hiftoire
de l'Églife du Japon, par le Père Cralîet; dans Alle-
gambe , Mortes illuftrcs ; dans Vollîus , de Idol. L. I ,
c. S Se 2 s-
JAPONOIS. f m. Langue du Japon. Japonica lingua.
Prêcher en Japonais. Bouh. Fie de Xav. L. F. Il n'y
a qu'une langue en tout le Japon; mais fi abondante &
fi mêlée , que c'eft en effet comme s'il y en avoit plu-
fieurs. On fe fert de certains iTiots Se de certaines phra-
fes dans le dilcours femilier : on emploie d'autres lo-
cutions dans les dilcours compofés. Les gens de qualité
ont un langage tout différent de celui du peuple. Les
Marchands & les loldats ont le leur ; les femmes fe fer-
vent de paroles Se d'expreiïïpns qui leur font propres.
Quand on traite un fujet (ubhme , & qui touche , par
exemple , la Religion ou l'État , on ufe de termes par-
ticuliers , Se ce feroit une irrégularité très-vicieuf e ,
que de confondre les différentes manières de parler.
Idem.
JAPPANT , ANTE. Madame Des Houlières fait dire à
Ion chien:
Souffre qu'un cœur de tes charmes épris
Te conte quelquefois de ia.ppa.ntesjleurettes.
Des Houl.
JAPPE. (. f Mot bas & du petit peuple , qui fe dit en
mauvaile part , & qui fignifie caquet. Garrulitas. Cet
homme , cette femme a bien de \x jappe.
JAPPEMENT, f m. Terme de Vénerie. Aftion de
japper. On le dit particulièrement des petits chiens.
Latratus. Leya/'jPc'/Tze/zr des chiens fait partir le gibier.
JAPPER , v. n. Aboyer. Latrare. Ces chiens ont jappé
toute la nuit. Les petits chiens jappent quand ils (en-
tent le gibier. Il le dit proprement des chiens qui
aboient fins néceffité, & fiu:-tout des petits.
Quand du chien qui jappe là-bas. Des-H.
Quelques-uns emploient auftî ce mot , quand il
s'agit du renard. Quand le renard Se le quincajou
chalfent enfemble , le quincajou monte fur un arbre ,
& le renard jappe pour détourner la bête , Se la faire
palfer fous l'arbre. I)e?jis , Hijl. de l'Amer.
JAPyCIE. Ancien nom d'une contrée d'Italie. Japygia.
C'étoit une prefqu'ile dont l'ifthme s'étendoit depuis
Tarente jufqu'à Otrante. On la nommoit Meffapie.
En fuppofant , comme on le dit communément , que
l'Italie a la forme d'une botte, la Japygie eil ce qui en
Tome F.
J A Q 9
fait le talon. Servjus dit que c'étoit une partie de la
Pouillc , dans laquelle eft le mont Gargan ; ainfi il
donne à la Japygie des bornes plus étendues que
Strabon , de qui la defcription que nous venons d'en
faire eft tirée ; car le mont Gargan eft loin de la pénin-
fule doiit nous avons parlé : on l'appelle aujourd hui
la Terre d'Otrante.
^CF JAPYX, fils de Dédale , donna fon nom à ce canton
de l'Italie méridionale.
JAPYGIE , étoit auîli un nom de ville. Il y avoit une
' Japygie en Italie , & une en Illyrie.
JAPYGIEN , ENNE , adj. Qui appartient à la Japygie. la-
pygius. Le promontoire Japygien étoit à la pointe de
terre la plus orientale de l'Italie , à l'extrémité de la
Japygie , Se .à l'entrée du golfe de Tarente. On le
nomme aujourd'hui le Cap de Sainte Marie.
J A Q.
JAQUE, f. f. Militare flragulum. Vieux mot , qui figni-
fioit une petite calaque que les Cavaliers portoient au-
trefois fur leurs armes & cuiralfes. Elle étoit foite de
• coton ou de foie , contrepointé entre deux étoffes lé-
gères. Elle s'appeloit aullî haubert , ou haubergeon y
comme prouve Jean le Maire , en fes Uluftrations des
Gaules. Il s'en faifoit aullI de drap d'or & d'argent ,
d'où font venus les Jaquettes Se grands pourpoints.
Du Cange croit que ce nom pourroit venir de ces
factieux qui ont paru autrefois fous le nom de Jac~
querie.
JAQ.UE de mailles. Armure fiite de plufieurs petits an-
neaux attaches enfemble en forme de maille , qu'on por-
toit lous les habits. Annulis conferta loricula. Les pol-
trons qui fe battoient en duel , niettoient une jaque de
maille fous leur pourpoint: ce qui obligea ceux qui fe
battoient fans fupercherie , de mettre pourpoint bas en
fe battant.
Ménage , après Pontanus , dérive ce mot de l'Alle-
mand joche , d'où on a fait depuis Jaquette.
Autrefois on a écrit Jaque pour Jaques , nom pro-
pre , en Latin Jacobus. Vers le milieu du quatrième
liècle Jaque Bd-homme étoit chef des factieux qui
parurent en ce temps-là. La prononciation diftingue
fort ces deux mots. Dans Jaque de Mailles Va eft bref.
Se il eft long dans Jaques , nom propre d'homme , Ja-
cabus. Quelques-uns cependant conjedlurent que le
nom de Jaque , vêtement, vient de Jaque Bon-hom-
me , Se de Jacquerie.
^ JAQUE, f. m. Fruit des Indes , dont l'Abbé de Choi-
dit qu'il ne le trouvoit pas trop bon. Foye-^ Jaca
dans le Diélionnaire des drogues de Lemery.
JAQUE , EE. Geftans annulis canfertam loriculam. Par-
ticipe du verbe Jaquer , qui n'eft point en ulage. Avoir
une jaque de mailles. Il étoit jaque. Ce mot eft vieux i
le Comte de BullI s'en ell pourtant fervi dans fes Mé-
moires.
JAQUEMAR. L'Académie écrit JAQUEMART , Se
M. Félibien JACQUEMART, f. m. Terme d'Hor-
loger. C'elf une figure de fer , ou de fonte , repréientant
un homme armé, qu'on met à côté des horloges , avec
un marteau à la main , pour frapper fur le timbre Se fon-
ner les heures. Appojîtum haris pulfandis Jlmulacrum.
On l'a ainli appelé du nem de l'ouvrier qui en a été
■ l'inventeur , qui s'appeloit Jacques Marc.
On appelle proverbialement Jacquematc un homme
mal-propre, en défordre , qui a quelque habit ,' quel-
que accoutrement ridicule , qui relfemble aux Jaque-
mars des horloges , qui onî ordinairement une figure
plaifante.
Quand on dit , Armé comme un Jaquemar , cela
vient de Jaquemaràe Bourbon , troifième fils de Jacques
de Bourbon, Connétable de France £ous le règne du Roi
Jean. C'étoit un Seigneur fort brave Se vaillant , qui fe
trouva dans toutes les occafions les plus dangereufes de
guerre & de tournois , mais qui pour donner bon exem-
ple , Se fe moquer des fanfarons, étoit toujours armé à
l'avantage , difant que les armes n'étoient faites que
pour cela , & dès-lors on appela Jaque-mars , tous ceux
qu'on voyoit armés de pié en cap. Ce qui même a don-
B
lo J A R
né lieu â ce proverbe : il efl: armé comme un Jaquemart ;
pour dire, il eft armé de cuiralFe <Sc embarrallé de Tes
armes. Ménage contefte cette origine ; il dit que ce mot
a été fait de Jaque de maille , qui étoit un habillement
de guerre.
|?3° Jaquemar. Ancien terme de Monnoyagp. C'étoit
un rellbrt placé au premier balancier pour faire relever
la vis du balancier quand elle fait fon eliort pour l'em
prcinte des efpcces. On le croyoit capable de produi-
re cet eftct: ce que l'expérience a démontré faux.
JaQ,uemar. Borel dit qu'on appelle aulîî Jaquemar , au-
trement Quintaine , un homme de bois planté en ter-
re , auquel on tire au blanc.
JAQUERIE. rojei Jacquerie.
JAQUES. Petite monnoie , qui a eu cours autrefois en
Galcogne , comme on a dit Jacobus en Angleterre , &
comme on dit maintenant Louis en France.
JAQUET ou JACQUET, f. m. Dimmutif de Jaques ou
Jacques. Son petit laquais , c'étoit Jaquet. Madame
DE Sévigné.
JAQUETTE, f. f. Robe de petits garçons qu'ils por-
tent jufqu'à ce qu'on leur donne la culotte. Toga. Cet
entant avoir appris mille gentillellés lorfqu'il n'avoit
encore que \x jaquette.
Borel dérive ce mot de auqueton , qu'il dérive du
Grec nûot. VoyeT^. Jacque.
Jaq,uette , eft aufli un habit de paylan fait en petites
cafiques {ans manches. Sagulum villatïcum.
|CF On appelle généralement jaquette tout vêtement
qui va jufqu'aux gejioux , & quelquefois plus bas.
On dit en plaifantant la Jaquette d'un Moine , d'un
Capucin.
On dit proverbialement qu'on a troulfé la jaquette
à quelqu'un ■■, qu'on lui a bien fecoué fa jaquette ; pour
dire , qu'on lui a donné le fouet , ou qu'on l'a battu.
On dit auili d'une chofe qu'on a tout-à-fiit oubliée
Je ne m'en fouviens non plus que de ma première y'^z-
quette.
J À R.
JAR, ou IJAR, r. m. Nom propre d'un mois des Hé-
breux. Ijar , jar. C'étoit le fécond mois de l'année Ec-
cléiîaftique , ou ficrée , qui commençoit par le mois
Nifan , Se le huitième de l'année civile , qui commen-
çoit par Titri. Il répondoit en partie à nonre mois
d'Avril. Selon Tornicllus, à l'an du monde 2/45, n.
iS, il avoir trente jours; & félon Bartolloci , dans fa
Bibliothèque Rabbinique, T. I , p. ^ qô , il n'en avoit
que 19. Il n'y avoit de fcte remarquable dans ce mois
que celle de la délivrance de la citadelle de Sion par
Judas Machabée, qui fe faifoit le ij du mois.
Ce nom vient du nom Chaldéen de ce mois Tiib>.
Torniellus, dit Jar, comme on dit Job , de iiiy ; mais
Bartolocci , Buxtorf , &c , difent Ijar. C'eft la pronon-
ciation Hébraïque. Jar paro'it mieux en nos langues à
caufe de l'analogie de Job _, Jé\abel^ J^W^ Jé:^rïta ^ &
même Jéabarïm , Se femblables , qui viennent de 511« ,
Vans, ~\\yi<, ■^-}\VA Se Dnapn-ip.
■|JCF On dit proverbialement en ftyle populaire qu'un
homme entend le Jar, pour dire qu'il eft iîn, qu'il
n'eft pas ailé de lui en frire accroire. L'origine de cette
façon de parler vient fans doute de ce qu'il n'y avoit
que les gens les plus inftruits qui entendilfent la ma-
tière du calendrier. Ainlî il faut écrire jar Se non pas
jars, comme on fait communément.
JAR. Rivière, f^oye^ Jecker.
JAR. f m. Voyei Jars.
JARACA. f. m. Nom d'un ferpent de l'Amérique méri-
dionale.
JARACAÉPÉBA. f. m. Autre forte de ferpent de l'Amé-
rique méridionale, aflez femblable à notre vipère, &
anlfi dangereux par fon venin.
JAR ACOAIPITIUGA. Nom d'une efpèce de ferpent qui
fe trouve dans l'Amérique méridionale.
JARAMOTH. Nom d'une Ville de la Tribu d'Ilfachar
dans la Terre Samte. Jaramoth. On la nomme aulfi
Jarmuth , félon l'Hébreu. Les Septante l'appellent
B-emmatk^ Remmas Se Ramoth. C'eft la même que
JAR
Rameth. C'étoit une ville Lévitique, un afile. P.
LuBIN, RÉLAND.
JARARACUCU. f. m. Nom d'un ferpent des Indes
occidentales , très venimeux. Il eft long de dix palmes;
il a des dents terribles , qui diftillent un poifon li dan-
gereux , que quand on en eft mordu , on meurr dans le
jour. Un 11 mauvais animal eft très fécond. Se l'on a
trouvé des femelles qui portoienr jufqu'à treize petits
Voiïms, de Mol. L. IF, c. f/.
S^FJARAVANA. Ville d'Afie , dans la Tartarie Mof-
covite , au pays des Daouri , fur la route de Sehnga à
Nipchou , aux frontières du royaume de Calka.
JARBAS, 1. m. Roi de Gétulie, étoit fils de Jupiter Am-
mon, félon Virgile, Se d'une Nymphe du pays des
Garamantes. Ce fut ce Prince , qui , irrité du refus que
Didon avoit fait de l'époufer, fit la guerre aux Cartha-
ginois.
JARCE , EE. adj. m. Se f. Vieux mot. Fendu, fêlé.
JARDAN. Le Cap Jardan. Jardanum promontorium ,■
anciennement , Jehty s promontorium. Ce Cap eft dans
le Belvédère , en Morée , entre le Golfe d'Arcadie ,
Se celui de Zonchio , .au couchant de l'embouchure
de la Longarola , Se au midi de celle de lAlphée.
Maty.
JARDAN. f m. Roi de Lydie, père d'Iole, MaîtrefTe
d'Hercule.
JAR DES. Foye\. Jardons.
ifT JARDIN, f. m. Efpace de terre renfermé de haies
ou de murailles , Se qu'on cultive avec foin pour y faire
croître des plantes utiles ou agréables , ou pour en fai-
re un lieu de promenade. C'eft pourquoi l'on diftin-
gue les Jardins en jardin de propreté , jardin fleurif-
te , jardin fruitier , jardin potager , Se jardm botanif-
te. /^oyej ces mots. Hortus. Les jardins font compo-
fés de parterres pour les fleurs , de potagers , de ver-
gers , de bois de haute futaie , & d'allées , félon leur
diverfe étendue,
Souffrei J Mufes , Jouffre^ , qu'à l'ombre du repos ,
Je chante des jardins le paifible Héros :
Ainjila Qumtinie apprit de la nature
Des utiles jardins l'agréable culture. Perr,
JxT^.Timfufpcndu. C'étoit chez les Anciens une terraftè
élevée fur les voûtes des édifices , où l'on plantoit en
pleine terre des arbres de toutes efpèces. Hortus penji-
lis. Ceux de Babylone ont été les plus conlidéra-
bles.
Ce mot vient de l'Allemand garten , ou gaart , qui
fignifîe la même chofe. Ménage. L'Italien àïtgiardino.
Du Cange dit qu'on a dit aulli dans la balfe Latinité
gardinum ,gardinus , Sejardinus ; mais il y a plus d'ap-
parence que ces mots Italiens Se Latins corrompus vien-
nent du mot de jardin , qui eft purement Bas-Breton
vu que cette langue étoit en ufageen France avant que
le Latin y lïit connu. Henri Poftel prérend que jardin j Se
en Efpagnol huerto , guerto , viennent du mot Punique
kartha , qui fignifie , dit-il , un lieu muni , entouré ■
d'où font venus les noms Canhago , Carthage , Se G&-
dio, Cadiz ; mais il fe trompe. Le Kartha Funiaue eft
IcKiriath Hébreu , Se lignifie dans l'une & l'autre lan-
gue non pas un jardin , mais une ville.
Goetzius , Surintendant de Lubec , imprima ea
1 706 , une Differtation fur les Savans qui onr aimé les
jardins , ou la Campagne ^ K,t<;^,A« , feu de Eruditis
hortorum cultoribus. Il met de ce nombre pour les An-
ciens Adam , Saint Grégoire de Nazianze , Saint Auguf-
tin , Pline Se Cicéron. Il ne devoir pas oublier le vieux
Caton , ni Platon & fon Académie.
Jardin , fe dit aufli d'un pays fertile , d'une terre agréa-
ble Se cultivée. La Touraine eft le jardin de la France.
Gouverneur de ces beaux climats y
Que du Ciel la douce influence y
Loin des hyvers & des frimats y
A fait le jardin de la France. N. ch. de vers.
Il n'y a point de fi beau jardin pour les fruits , que
la Halle ; on l'appelle /izrifi/2 pavé. Le Paradis terreftre
a été appelé \e jardin i'Eden,\e jardin de délices. Le
■J A R
jardin des Hefiaciides. Le jardin du Roi eft celui où l'on
cultive les plantes médicinales , tk où l'oa cnfeigne à
connoîtie les iunplcs.
Jardin, fe dit proverbialement en ccsphrafes. On dit de
celui qui dans un di(cours mêle quelques paroles qui
attaquent indu-ettement quelqu'un , qu'il jette des
pierres dans ion jardin. On dit aulli de celui qui dif-
pofc ablolument de l'clprit ou des biens d'un autre ,
qu'il en fait comme des choux de (on jardin. On dit
encore figurcmcnt de celui qui a lait quelque ouvrage ,
quand il le préfente , que ce font des fruits de fon
jardin.
Donner le jardin. Terme de Fauconnerie , qui fe
ditde certains oileau'x , comme des laniers , des ficres ;
& iîgnifie , les mettre au grand air , leur faire pren-
dre l'air.
Quelquefois on appelle fur mer les balcons d'un
vailleau qui font ouverts , du nom de jardin.
Jardin. Terme de Philo(ophie hermétique. Le jardin
où le foleil luit nuit o: jour; c'cftlc fourneau philolo-
phal , où il y a du feu qui prépare continuellemenc
l'œuf des Philolophes.
JARDINAGE, f. m. L'art de cultiver les jardins. Àrs
. hoici colendi j Ars honulani , res hortenjis. Cet Art
eft très-étendu , & erabralle tout ce qui concerne la
manière de planter , de décorer & de cultiver toutes
fortes de jardins. Le jardinage a été mis depuis peu
de tem^ en un haut point de perfection par le lieur
Le Noitre. La Qiùatinie eft encore allé plus loin , &
nous a donné une ample inftruétion fur le jardinage.
M. Fatio a donné au public un livre fur le jardinage ,
où il enfeigne hs moyens d'employer utilement les
réflexions du foleil. On ne fauroit allez louer les amu-
{emcns da jardinage , Se l'innocente occupation que
donne la culture des fleurs, «Se des fruits. f^oye:( le
beau Pocme Latin du P. Rapin liir \c jardinage. Hono-
rum lihri IV -, & fa Dillertation , de difciplina cultu-
re hortenjis.
Jardinage , eft aulll un terroir propre pour y faire un
jardin, il faut de la terre gralle & noire pour le jar-
dinage. Le fable , le terroir pierreux & de roche , ne
valent rien pour le jardinage.
fK? Jardinage , fignitie auili collectivement pluiîeurs
jardins mis enfemble qui (e trouvent dans un même lieu.
La moitié de c(me.\\\\ct{itn jardinage. On voit dans ce
quartier de beaux jardinages.
JARDINER, v. n. Travailler à fon jardin , & le cultiver
foi-même. Hortum colère. Il ne le dit point des ou-
vriers de mercenaires. Un curieux fleurifte fe plait à
jardiner , à planter , à cultiver (qs fleurs. Ce Terme
n'eft que de la converfation.
Jardinïïr. V. a. Terme de Fauconnerie , qui fe dit des
oifeaux qu'on expofe le matin au foleil , à l'air , à la
verdure , ou dans un jardin. Il fa.az jardine ries autours
fur la barre , ou fur la perche , & donner le jardin aux
laniers & aux facres fur la pierre froide.
JARDINET, l. m. diminutif. Petit jardin. Hortulus. Dans
le cœur de la ville il fe faut contenter d'un jardinet,
Ip- JARDINEUSE. adj. f. Terme de Joaillier. On ap-
pelle Emeraudes Jardineufes celles dont le vert n'eft
pas de fuite , qui ont quelque chofe de fombre & de
mal net , comme s'il y paroifl'oit des branches , des
veines , des brouillards.
JARDINIER , 1ÈRE. f m. & f. Qui travaille à cultiver
un jardin. Hortulaniis. Il yaàParis un corps, une mai
trife de Jardiniers , des ftatuts de Jardiniers. Le livre
du Jardinier François. On dit un Jardinier Fleurifte.
La Quintinie dit Jardinier 3. fruitier , Jardinier à pota-
ger , Jardinier Fleurifte , Jardinier Maréchais , c'eft-
à-dire, comme il l'explique lui-même. Jardinier de
marais delTéchés , Jardinier a. pépinières, qu'il appel-
le Pepiniérifte. Jardinier Botanifte , qui s'attache aux
plantes rares , médicinales , étrangères.
En voyant ces œillets qu'un illujlre guerrier
Arrofe d'une main qui gagne des batailles ,
Souviens-toi qu'Apollon bâtijfoit des murailles ,
Et ne t' étonne pas que Mars fait iaxdin'Kï.
RSC, DE VERS.
Tome V.
JAR II
§C?On appelle aullî Jardinier celui qui entend bien
l'ordonnance , la culture & l'cmbcllillémcnt des jar-
dins , &: qui en donne les defleins.
Jardinier , iÈre , fedit aulïi de celui ou de telle qui
vend les fruits , les Heurs , & les herbes d'un jardin.
On dit proverbialement par reproche à ceux qui ne
fe fervent point d'une choie , & qui en veulent empê-
cher l'ulage aux autres ; qu'ils font comnic le chien
du Jardinier , qui ne mange point de choux, & qui
ne veut pas que les auues y touchent.
Jardinier. I. m. En terme de Fauconnerie , on dit
il faut faire le matin l'Autour Jardinier , c'eft à dire ,
le mettre (ur une motte au jardin avec une longe , au
loleil, ou fur une perche à l'abri du vent. Faultrier.
Jardinière. L f. Les Lingères donnent ce nom à une
broderie qui n'eft pas en plein ; mais feulement au
bord des manchettes , des jabots & des coUfiés. Les
jardinières n'ont qu'un pouce de largeur , &z quelque-
fois moins. Je viens d'acheter une douzaine de" paires
de manchettes brodées. Elles ne font pas brodées en
plein : ce ne font que des jardinières. On a aulîi donné
ci devant le nom de jardinière à une efpête de petite
dentelle qui n'avoit qu'un tiers de pouce , que les fem-
mes mettoient au bord de leurs coëffes.
JARDONS. f. m. pi. ou JARDES. Terme de Manège.
Ce lont des tumeurs callcufes & dures qui viennent
aux jambes de derrière d'un cheval , & qui font il-
tuécs au dehors du jarret , au lieu que l'éparvin
eft en dedans. Calloji tumores in extremo equi
popltte. Les jardons eftropient le cheval , fi on n'y mer
pas le feu à propos. Le mot de jardon fignihe aulH
l'endroit du cheval où vient cette forte de maladie.
SoLElSEL.
JAREPHEL. Ville de la Tribu de Benjamin , dans la
Terre-Sainte. Jarcphel. Dans Saint Jérôme Jarephel.
Dans les Septante Selica. Jof. XVIII. 2j.
JARET. f. m. Voye-[ Jarret.
JARETTA. (la) C'eft le nom d'une des grandes rivières
de la Sicile. Jaretta. Elle a fa fource dans la vallée
de Démona , entre la montagne de Madonia , 8c le
mont Gibel ; & après avoir reçu le Dataino , elle coule
le long des confins de la vallée de Noto , & fe déchar-
ge dans le golfe de Catane. Ce font plufieurs petites
rivières qui , réunies dans un même lit , prennent le
nom de Jaretta. Quelques Géographes la prennent
pour le Sim^thus , ou Symdthus des Anciens ; que
d'autres eftiment être la rivière de S. Paolo , qui fe
décharge dans le même golfe à_ deux lieues de Jaret-
ta , du crité du midi. Maty.
JAREZ. ( le ) Petit pays de France dans le Lyon-
nois , aux confins du Forez , entre le mont Pila à
l'orient, & la Loire à l'occident, , au-delîôus de S.^
Etienne.
JARGAUDER. v. n. En Champagne , jargauder fe di
de l'action du Jars , lorlqu'il couvre l'oie femelle.
Ménage , Diclion. Etym. au mot Jar ou Jars.
JARGEAU. Voyei Gergeau.
JARGON, f. m. Langage vicieux & corrompu du peu-
ple , ou des payfans , qu'on a de la peine à entendre.
Plehéius ferma. Dans toutes les Provinces le peuple
parle un jargon diftérent de la langue des honnêtes
gens. A la vérité il parloit très-mal , & fon langage
n'étoit qu'un jargon mêlé d'Italien , de François &
d'Efpagnol. Boun.
0Cr Ce mot vient de l'Efpagnol gerigonça. Covarru-
ViAS. L'on difoit autrefois gergonner. Ménage le fait
venir de Barbaricus ; &c voici la généalogie en droite
ligne. Barbarus , Barbaricus , Baricus , 'Varicus , Uari-
cus , Guaricus , Guargus , Gargus , Gaigo Gargonis ,
Jargon & Gergon. Rifum teneatis j amici ?
Jargon , s'eft dit originairement du bruit que font les
oifeaux , d'où il a été transféré aux hommes. En ce
lens il vient de jar , oifon.
Jargon , fe dit aulfi abufivement , Se par extenfion ,
en parlant des langues mortes , ou étrangères , que
nous n'entendons pas. Il faut un truchement pour
entendic le jargon de ces étrangers. Il fe dit même de
la langue du pays , quand on la parle d'une manière
qui paffe la capacité des autres. Molière fait dire à
Bij-
r% J A R
uiie rei-yantc , en parlant de la langue Françoifc , &
de {es règles :
Toiu ce que vous prêche^ efl , je crois , bel & ion :
Mais je nefaurois , moi ^ parler votre jargon.
Jargon , ell: aulli une laiigue fadice , dont les gens
d'une même cabale conviennent , afin qu'on ne les
entende pas , tandis qu'ils s'entendent bien entre eux :
tel ell: la jargon, de l'Argot, donc fe fervent les cou-
peurs de bourle , les Bohémiens, &c. Je ne fais pour-
quoi l'on dit que ce jargon ell: compolc pour k plus
grande partie de mots tirés du Grec. Il y a beaucoup
moins de Grec dans l'Argot que dans le François or-
dinaire.
Jargon, fe dit aullI d'une certaine atfeélation dans le
langage , d'une certaine fingularité dans les manières
de parler. Quel diable de jargon entends-je là î Moi.
Les précieufes , pour fe diftinguer du commun , fe font
fait \m jargon particulier. Bouh. C'ell: à dire un ftyle
compofé de phrafes recherchées , & de mots choilîs
cV- atlèét».
Jargon , lignifie encore un ftyle général , une manière
de paijer qui n'einporce rien de réel dans le fond. La
civilité eft une efpèce de jargon que les hommes ont
établi entre eux pour fe cacher les mauvais fentimens
qu'ils ont les uns des autres. Bell. Ce j argon àc civi-
lité conlifte en des manières &c des paroles honnêtes
& obhgeantes , fuis qtie l'intention y réponde. Id.
Jargon. (. m. Terme de Joaillier. Diamant très jaune ,
moins dur que le vrai diamant.
Jargons, f m. pi. Petites pierres de la grolTeur d'une
tête d'épingle , d'un rouge brillant , que quelquefois
les Epiciers Droguiftes donnent pour de véritables hy.a-
cinthes. On en tire beaucoup du Puy en Auvergne.
JARGONELLE. (. i. Efpèce de poire du mois de Sep-
tembre. C'cft une poire de médiocre grollèur, lon-
guette , un peu pointue , rouge d'un côté , jaune par-
tout ailleurs , fèche & un peu calfante , qui a l'eau
fort fucrée. Elle a un goût rare & diftingué , qui la
feroit fort eftimer , fi elle n'étoit pas pierrcufe. Il y a
pourtant des terroirs qui lui font fi avantageux , qu'elle
y vient plus grolfe qu'à l'ordinaire, prefque fans pier-
res , avec beaucoup d'eau , & d'un goût merveilleux.
Lorfque cette poire n'a pas encore atteint fa pleine
maturité , &c qu'on lafeit cuire, elle eft excellente.
JARGONNER , v. n. Parler un langage corrompu, ou
qui n'eft pas intelhgible. P Icleïo fermone uti. gCF De-
puis deux heures ils font à jargonner enfemljle. 11 eft
quelquefois ad. Us jargonncntjcne fais quoi. Ce mot
n'eft que du ftyle familier.
Il lignifie quelquefois murmurer tout bas , parler
entre les dents , en lorte qu'on ne puillè pas être en-
tendu. MUSSARD.
Loret , a employé dans le ftyle burlcfque le mot
• àc jargonner , pour celui déparier, lorfqu'il dit :
Paffons dans cette île enchantée ,
Tant renommée & tant vantée j
Et jargonnons du grand cadeau
Qui fut fi loyal & fi beau.
Jargonner. Terme de Fauconnerie ou d'Oifelier. C'eft
le verbe dont on fe fert pour exprimer la manière de
crier des jars ou oifons. Quand les oiions jargonnent ,
ils etourdillent tout le canton.
JARGONNEUR. f m. Qui fe fert d'un langage inintel-
hgiblc , ou inufité. M. l'Abbé Trublet , après avoir
parlé en faveur des Écrivains , qui , pour faire mieux
fenrir la force de leurs penfées , hafaident des expref-
fions lini;ulières ; propofe l'exemple de Montagne ,
Auteur plus en vogue que jamais, malgré les défiuts,
qu'il met dans tout leur jour. Il faut rapporter le paf-
lage en Ion entier.
" A raifonncr fur les principes de quelques Écri-
» vains, on a grand tort de faire tant de cas du ftyle
» de Montagne , Se de le trouver fi agréable. Monta-
» gne eft un jargonneur pour le temps même dans le
>■> quel il a écrit ; fes contemporains le lui ont repro- I
J A R
» ché. H ne refpecT:e point la langue. Il ofc en difpo-
» fer comme de Ion propre bien. Il franchit fans
» krupule les bornes de l'ufage. C'eft un moyen bien
» facile de dire tout ce qu'on veut. Qui eft ce qui
» n'auroit pas de l'efprit a ces conditions la s'il en
>' vouloir avoir iEJJais de Littér. & de Mor. p. jS2.
de la 2' edit.
Jargonneur , fignific quelquefois fimplement , qui par-
le: comme dans cet exemple de Madame de Ville-
dieu , tom. I , p. j4j.
Un fanfonnet, jargonneur ^f^/z^z/ej
De captif qu'il étoit , devenu volontaire ^
De dcfirs amoureux fe trouva régalé -,
C eft de l' indépendance une fuite ordinaire.
On peut le dire de même en plaifantanr de ceux
qui afteétcnt ce ramage de fociété nommé jargon.
JARGUERIE. f. m. Vieux mot. Ivroie.
JARIM. Montagne de la Terre - Sainte. Jarim. Elle
étoit dans k Tribu de Juda , du côté du nord , fur
les confins de la Tribu de Benjamin. Les Septante
prennent ce lieu pour une ville. Jarim , ou Jearim ,
en Hébreu , fignifie des bois , des forets ; apparem-
ment que cette montagne en étoit couverte , & que
c'eft la caufe de fon nom.
JARIUNA. f m. C'eft un arbre qui croît dans l'île de
Jucaija , &z qui reftemble au figuier. Il poile un fruit
long d'une palme , mou comme la figue , favoneux
& vulnéraire. On allure que fes feuilles réduifcnt les
luxations. Ray, Hift. Plant.
JARLOT. f. m. Terme de Marine. Entaille que l'on
lait dans la quille d'un vailleau, dans l'étrave &c l'é-
tampbord , & où l'on fait entrer une petite partie du
bordage qui couvre les membres.
JARMOUTH. royei Vermouth.
JARMUTH. Foyei Jaramoth , & JÉrimoth.
JARNAC. Bourg de France , fitué dans l'Angoumois ,
fur la Charente , entre Angoulcme & Saintes. Jarna-
cum, Jarniacum. Ce lieu eft célèbre dans l'hiftraire par
la vidoire que Henri duc d'Anjou , frère de Charles
IX , 6c depuis Roi de Pologne , &c de France enfuite,
fous le nom d'Henri III , y remporta fur les Huguenots
l'an I j6c, , au mois de Mars. Le Prince de Condé ,
qui les commandoir , fut tué par Montefquiou à la
journée de Jamac. De Valois met Jamac entre Châ-
teauneuf & Cognac , & remarque que depuis 6oo
ans & plus on a commencé à l'appeler non feule-
ment Jarniacum , mais encore Ajarniacum. , Ajemia-
cum & Agerniacum. Kot. Gall. pag. 24.S.
Coup de Jarnac. Voye-:^ Coup.
JARNAGE , perite ville de France , dans la Haute-
Marche , Eledion de Gueret. Il y a une Juftice Royale.
JARNI. Mot corrompu , qui entre dans plulîcurs for-
tes de juremens , (S: qui fait un ferment déteftable ,
quand on y joint le nom de Dieu : car ce mot jarni eft:
une corruption de ceux ci : Je renie. Plulîeurs perfon-
nes , pour éviter cette impiété, y ajoutent d'autres
mots à la place du nom de Dieu , Se difent Jarnibleu ,
jarnicoton , &c. Ce derr.ier ne fe dit que parmi le
peuple II s'emploie aulîî fouvent comme une efpèce
d'interjedion : Jarnicoton , que vous êtes fin ! Paptt !
quàm callidus es!
JARNICOTON. Sorte de jurement burlefque. Jarni-
coton, iu me le payeras. Ah ! jarnicoton , je ferai bat-
tu comme plâtre. On prétend que l'origine de cette
façon de parler eft telle. Henri IV avoit contradé la
mauvaifc habitude de dire à tout moment , Je renie
Dieu. Le P. Coton j fon Confelfeur , lui fit fentir
l'indécence de cette exprclfion dans la bouche d'un
grand Prince. Le Roi lui répondit qu'il n'avoit pas de
nom qui lui fut plus familier que celui de Dieu , ex-
cepté peut-être celui du P. Coron. Eh bien , Sire', re-
partit le P. Coton , dites donc : Je renie Coton. D'où
eft venu jarnicoton.
JAROMITZ. Petite ville de Bohème , fituée fur l'Elbe ,
dans le Cercle de Koningingretz , Se à trois lieues au-
delfus de la ville de ce nom. Jaromitia , Jarorrùerfa.
Maty.
J A R
J AR
JARON , ou JARRON. Ville de Perfe , dans le Far-
iilfan , entre Sciias & Bjiidercongo.
MROSLAW. Nom d'une ville du Royaume de Polo-
gne. Jarojlavia. Elle a ujie bonne ciradclle , «îs: elle
ell litute dans le Palatinat de Lembourg , dans la Hul-
lie Rouge , fur la rivière de Sana , au-dellous de la
ville de Préniiflle. Maty. Long. 40" j8'. lat. 49"
58'.
JAROSLAW. Nom d'une ville de la Mofcovie. JcroJ-
lavia. Elle eft lituée fur le 'Wolga , à douze lieues
de Rofthov^ , & à cinqu.uite de Molcow , du côté du
nord. Cette ville eft défendue par un château de bois.
Elle eft grande, bien peuplée , tort marchande , «Se
Capitale d'un Duché qui porte l'on nom.
Jaroslaw. ( le duché de ) Jeroflavïcnfis Ducatus. C'eft
une province de la Mofcovie. Elle e(t bornée au
nord par le Duché de Wologda , au levant par celui
de Sufdal, elle a au midi celui de Roftùw , ^ au
couchant ceux de Novogorod WeJiki , &: de Bielo-
zero. On n'y remarque aucun lieu conlîdcrable que
Jarojlaw , la capitale. Nous prononçons Jarojlaw.
JAROUN. Ville d'Alîe, dans la Tarrarie, au pays de
Gété, au delà de Seiram.
JARRE ou GIARRE. f. f. Terme de Marine. Grande
cruche qui Icrt à mettre de l'eau douce , pour la con-
{èrver meilleure que dans les futailles. Nautica hy-
drid. C'eft auili une mefure de quarante jîinfes. Four-
NiER. On appelle aullî Jarres les fontaines de terre
cuite dont on fe fcrt dans les maiions.
Ce mot vient de Mrro , Elpagnol , qui fignific un
pot.
Jarre. Mefure , dont on fe fert dans quelques Échel-
les du Levant , particulièrement à I^Iétclin , pour
mefurer les huiles & les vins. Le jarre de Mételin
eft de /ix orques, qui font environ 40 pintes de
Paris.
ft? Dans les Manufaâures de Chapeaux on donne le
nom de Jarre au poil long , dur &: luiiant qui fe
trouve fur la fuperficie des peaux de Caftor , qui ne
peut pas entrer dans la fabrique des chapeaitx , n'é-
tant pas propre au feutrement. C'eft ce poil que les
Ârracheufes ou éplucheufes arrachent dans les manu-
factures avec des pincettes.
§3" JARRE, fe dit aulîî du poil de la Vigogne, /^ojeç
Vigogne.
JARRE. ( L'Ordre de la ) Ordre militaire , qui s'appelle
auiïï l'Ordre du Lis , & l'Ordre du Griffon , mais
communément , dit l'Abbé Juftiniani , Part. II , c.
(f ) , l'Ordre de la Jarre ; en Efpagnol de la Jarra ,
ou plutôt dei Jarro. Ordo mU'uaris à cantharo , ou ab
Amphora diclus. Jarra ou Jarro en Efpagnol lignifie
un pot, un valifeau à mettre de l'eau ou du vin.
Voye:^ au mot Lis.
JARRÉ, EE. adj. m. & f. Les laines jarrces ou piquées
de jarres , font de longs poils blancs , & aullî roides
que la foie de bléreaii.
JARRE BOSSE, f. f. Terme de Marine. Corde garnie
d'un crampon de fer , dont on le lert pour accrocher
l'anneau de l'ancre quand elle lort de l'eau. On l'ap-
pelle auilî candektte Se bojfe de hojfoir.
JARRET, f. m. C'eft dans le corps humain la partie
poftérieure & charnue où la jambe fe joint à la cuille ,
que les Latins appellent /jo/j/w , de pojl pUco j à caule
qu'elle fe plie en arrière -, car pour l'antérieure on
l'appelle ^enou , à caufe de l'angle qui s'y fait en le
ployant. Cet homme a le jarret foaple, il eft ferme
fur fes jarrets.
Du Cange dérive ce mot de garcclum ou garret-
tum , qu'on a dit dans la balle Latinité , ou de ga-
rcffo Italien. Il vient plutôt de ^arr , mot Celtique ou
Bas-Breton , qui fignifie jambe.
^3' On le dit aullî de l'endroit où fe plie la jainbe de der-
rière des animaux à quatre pieds. Un jarret de veau ,
un Jarret de bœuf.
En termes de Maréchalleric , le jarret d'un cheval
eft la jointure du train de derrière qui affcmble la
cuille avec la jambe. Il faut qu'un cheval ait les /ar-
rets grands , amples , bien vidés & fans enHure , qu'il
fâche bien plier les jarrets. Les courbes , les fouhn-
13
drcs, k'séparvins , &c. font les maladies de jarret.
On dit en termes de Vénerie , jarret droit eft mar-
que de vîtellè aux chiens. Salnovij.
On dit figiuémcnc &. balleinent d'un liomiuc qui
fe meurt , qu'il roidit le jarret.
JaRRkt, cil auili un terme de Jardinier , qui lignifie
une branche d'arbre tort longue & dépouillée d'au-
tres branches à droite & à gauche. Rarnus ramis ad-
vementihus fpoliatus J nudacus. Il n'y a rien de fi vi-
lain que de voir ces jaruts , tant dans un buiflon ,
que dans un efpalier. La Quintinie. On ne confcrve
les jarrets que pour garnir les arbres.
Jarret, en termes de Maçonnerie, fe dit des bofles ,
ou autre inégalité &c éminence fur les voûtes , ou
quelques autres ouvrages qui ôtcnt l'ég.ilité du con-
tour. Ancoii. Cette 'oiite Îaw. jarret : elle jarrctte dans
. la courbure de fa douelle. Jarret eft une imperfec-
tion d'une diredion de ligne ou furface , qui fait une
linuoflté ou un angle. Le jarret faillant s'appelle Cou-
de , le rentrant s'appelle Pli. Une ligne droite tait un
jarret avec une ligne courbe, lorfque leur jonétion
ne fe fait pas, au point d'attouchement , ou que la
ligne droite n'eft pas tangente à la courbe. Frezixr.
^3" On le dit auiîî en hydraulique du coude que fait
une conduite d'eau qu'on ne peut faire aller en ligne
droite à caufe de la lituation du terrein , ou de la
difpofition du jardin qui fait un angle.
JARRETER , v. n. Terme d'Architedure. Quand dans
une ligne droite ou courbe il y a un angle , ou une
onde , qui en ôte l'égahté du contour , on dit que
cette ligne jarrctte _, Se cela fe dit aullî des voûtes &
des arcades , qui ont ce détaut dans la courbure de
leur douelle.
Jarbjter; , V. a. Terme de jardinage. Faire des jar-
rets. Ramos ramo advenientes prAcïdere. Ramumfpo-
iiare ramis advenïentïbus. Ce Jardinier /ûrrerr.; la plus
grande partie de l'es arbres. Liger. Défaites-vous de
la méchante coutume que vous avez de jarreter vos
arbres. Id.
JaRReté , ÉE. adj. Il fe dit des chevaux & des mulets,
qui ont les jambes de derrière tournées en dedans ,
éc fî peu ouvertes que leius deux jarrets fe tournent'
prefque quand ils marchent. Cheval jarretté. Cavalle
jarretce. C'eft la même choie que crochu.
JARRETIER , eft un nom qu'on donne au cheval qui
a les jarrets trop proches l'un de l'autre. Compernis.
Ce nom vieillit , Si on dit plutôt maintenant lui che-
val crochu , ou un cheval jarreté.
Jarretier. f m. Terme d'Anatomie. C'eft le nom que
les Anatomiftes donnent à un mufcle qui eft placé
fous le jarret, &C que du nom Y-iam poplcs , qui fîgni-
fîe/arrtff, ils .appellent autrement i-*OjP/ire'.Pci/i/ir« /72 /^y^
culus. Le fécond mufcle desabdudeurs de la jambe eft
le jarretier , qui prend Ion origine du condile externe
Se inférieur du fémur , èc va s'inférer obliquement de
dehors en dedans à la partie fupérieurei?c intérieure du
tibia. Ce mufcle eft de figure carrée & conjointement
avec le membraneux , qui eft le premier abduéteur , il
fait l'abduétion de Li jambe, en la tirant en dehors.
DiONIS
JARRETIÈRE, adj. Terme d'Anatomie , qui fe dit
d'une veine faite de différens rameaux unis enfemble.
l^ena popiuica. Elle monte du talon , & pallant par le
jarret fe va terminer dans la crurale ; on l'appelle au-
ivemenz poplitique.
Jarretière, f. f. Lien avec lequel on attache fes bas
vers le jarret. Cruralis ligula , perifcelis. Autrefois on
mettoit les jarretières fous le jarret , maintenant on
les met fur le genou. Jarretière de foie. Jarretière de
boucles. _ji
Ménage dérive ce mot Ae V An%\ois gdfter , ou du
Bas-Breton garr , qui fignifie la jambe d'où l'on a fait
jarret.
On dit figurément & baffement , qu'un homme ne
va pas jufqu'à la jarretière d'un autre , pour dire ,
qu'il a moins de mérite , moins de capacité , moins
de fcience que lui.
On dit proverbialement , donner des jarretières à
quelqu'un ; pour dire , lui donner des coups de fangle
14 J A R
fur les jambes. On dit aulTi familièrement , je lui tail-
lerai hïen des jarretières , pour dire , je lui donnerai
bien de la peine , bien de l'exercice.
Jarretière , eft auflî un fameux Ordre de Chevalerie
d'Angleterre j inftitué par Edouard III j en 13J0. Or-
do Garterianus. Chevalier de la Jarretière. Eques Pe-
rifcelidis , Eques Garterianus. Il n'y a que vingt-cinq
Chevaliers , ils portent une jarretière bleue à la jambe
gauche j avec cette devife , Honni foit qui mal y pen/i :
on dit que c'cll en l'honneur d'une jarretière de la Com
telle de Salisburi qu'il avoit ramaiîée , & qu'elle avoir
■ laillé tomber en danlant. Quelques-uns en doutent.
Larrey dit que l'on tient pour une fable que la devite ,
Honni Joit qui mal y penfe , ait été priie des amours de
ce Prince avec la Comtelfe de Salisburi, & on prétend ,
dit il , qu'elle ne fut employée par le fondateur que
pour marquer la bonne intention qu'il avoit dans l'é-
tablillement d'un Ordre qui obligeoit ceux qui le re-
ccvoient à fe tenir inféparablement unis , &c qui de-
niandoit d'eux uji attachement inviolable à la vertu.
Selon les Hiftoriens les plus exadts , Edouard III inf
titua cet Ordre l'an 1 3 jo , ou 1 349. La victoire qu'il
remporta à Creci en tut , dit on , l'occafion. Quelques
Hiftoriens dilent qu'Edouard fit déployer la jarretière
pour le fîgnal de la bataille , & qu'à caule de cela il
voulut qu'une jarretière fût le principal ornement de
cet Ordre, qu'il établilloit pour monument de fa vic-
toire , &: un {ymbole de l'union indilloluble des Che-
valiers.
Il y a dans le Troifième tome des Acla Sanclorum
apr. des BoUandiftes , une Dillcrtation du P. Papé-
brock fur l'Ordre de la Jarretière. C'eft le Chapitre
X de fes Analecla fur faint George. Il y dit que cet
Ordre n'eft pas plus connu fous le nom de la Jarretiè~
re , que fous celui de S. George ; que quoiqu'il, n'ait
été inftitué que par Edouard III , il avoit pourtant été
projette avant lui , pat Richard I j dans fon expédition
de la Terre Sainte , h l'on en croit un Auteur qui écri
Voit fous Henri VIII; qu'au refte il ne (ait point lur
quoi fondé cet Auteur l'.-ivance ; que quelques Au-
' leurs placent l'époque de cette inllitution p.tr Edouard
III , à l'an 1550, mais qu'il aime mieux fuivre Froif-
fard qui la met à l'an 1344 j la dix-huitième du rè-
gne d'Edouard ; que cette époque convient mieux à
l'hiftoire de ce Prince , qui parle d'une grande aflèm-
blée de Chevaliers qu'il fit cette année-là. En i^ji,
Edouard VI fit du changement dans le cérémonial de
cet Ordre ; ce Prince le compola en Latin , & l'on en
conferve encore l'original écrit de fa main. Il ordon-
na premièrement que l'Ordre ne porteroit plus le nom
de S. George , mais celui d'Ordre de la Jarretière. Il
retint la devile, honni foit qui mal y penfe ,&c nuYicu
de l'effigie de S. George qui étoit gravée fur le collier
de l'Ordre , qui eft d'or fin entrelacé de rofes émaillécs
de rouge , il voulut qu'on repréfentât un Chevalier
portant un livre fur la pointe d'une épce , avec ce mot ,
Proteclio , gravé fur l'épée , & cet autre , Verbum Dei ,
gravé fur le livre ; que de l'autre main il tint un bou-
clier , avec ce mot ,fides. Il conierva les anciennes ar-
mes de S. George j qui (ont une croix de gueules dans
un champ d'argent , que les Chevaliers font obligés
de porter lur leurs manteaux ou lur leurs cafaques de
campagne , qiund ils n'ont point leur habit de céré-
monie. C'eft ce qui fut ordonné depuis par le règle-
ment de 1 ôirt , qui ajouta à ces armes une étoile bril-
lante de diamans. Larrev.
Les habits de cérémonie (ont la robe (5c le manteau
de velours bleu , avec le bonnet ou le chaperon de
velours noir. Edouard VI n'y changea rien. Les Che-
valiers portent au-dellous de l'épaule gauche fur le
juftaucoBjps, les armes de S. George, qui font une
croix rouge avec \z jarretière à l'entour, & une étoile.
Ils portent encore un large ruban bleu de l'épaule
gauche à la droite ,' d'où pend l'image de S. George à
cheval , qui cil le Patron de l'Ordre. Les Chevahers
n'étoient autrefois que vingt-quatre. Edouard ne les
augmenta pas. Le Gardien , Souverain de l'Ordre , eft
toujours le Roi d'Angleterre. Outre les vingt-cinq
Chevaliers , il y a trois Officiers. Le Prélat , c'eft l'Es ê-
J A S
que de Winchefter : le Chancelier, c'eft l'Évcque de
Salisburi , le Greffier , c'eft le Doyen de Windfor.
Depuis la première inftitution de cet Ordre, on
compte huit Empereurs, plus de trois cens RoiSp &
un grand nombre de Princes qui l'ont porté. Quand le
Chevalier meurt , on doit renvoyer les ornemens.
Les Chevaliers de l'Ordre de la Jarretière n'ont
point porté de collier avant Henri VIII, Roi d'Angle-
terre , n'y ayant que les ftatuts qui furent réformés par
ce Prince en 1521, qui en falfent mention. P. Hélyot,
T. FUI, C. 44.
On peut confulter fur l'Ordre de la Jarretière
Cambdcn , Ashmole , Lélan , Polydore Virgile , Sé-
gare, Glover, Favyn. Erhardus, Ccllius iSc le Prince
d'Orange , dit Papébrock , ont iait des defcriptions
des cérémonies ulitées à la réception des Chevaliers,
Un Moine de Cîteaux , nommé Mendocius Belvaletus,
ou Bcauvalet , a fait un Traité intitulé la Jarretière ,
ou Spéculum AngUcanum j que Philippe Bolquier a
imprimé fous le titre de Catéchilme de l'Ordre des
Chevaliers de la Jarretière j dans lequel cet Auteur
explique les allégories , vraies ou prétendues de ces
cérémonies , & ce qu'elles fignifient.
Jarretière , eft aulfi le nom du Roi d'armes d'Angle-
terre. Je vous envoie par le licur Chevalier de Wal-
ker , Jarretière-Roi d'armes , la médaille dite le Geor-
ge. Let^de Charl. II ,à l'Elecl. de Brapd. Le Héraut
appelé Jarre tière-Koi d'armes d'Angleterre , eft le
quatrième des cinq Officiers de l'Ordre de la Jarretière.
P. HÉLYOT, T. Fin, C. 4.4.
En termes de fortilège, on appelle la /arrm'èr(;, une
jarretière enchantée avec laquelle on prérend qu'on
fait beaucoup de chemin en peu de tems.
JARS, f m. Grofle Oie mâle. Arifer. Un bon Jars.
Ce mot s'eil: formé du Latin geni;a , qui s'eft dit pour
jars dans la baffe Latinité. Valois , Not, Gall. pag.
22 j , col. I .
LE JARS, f m. Il y a deux Abbayes en Fr.aiice qui por-
tent ce nom , l'une dans la Brie à une lieue de Me-
lun; l'autre en Poitou , à lix lieues de Lucon.
JARSEY. Foyei Gersey.
^S'JART. f m. Animal de la Laponie, d'un poil gris
brun , de la hauteur d'un chien. Gulo. Le Jart fiit une
guerre langlante aux Rennes. Il monte dans les ar-
bres pour voir &: pour n'être point vu , & lorfqu'il
vient à palier deffous une Renne, foit iauvage, foit
domeftique , il fe jette fur Ion dos , & mettant les pat-
tes de derrière fur le coil , & celles de devant fur la
queue , il s'étend &: fe roidit avec tant de force , qu'il
fend la Renne fur le dos , & enfonce (on mufeau qui
eft extrêmement pointu , dans le corps de la bcte , dont
il boit tout le (ang. La peau du Jart eft très-utile &
très belle ; on la compare même aiLx zibelines. Regn,
Voy. de Laponie.
J A S.
JAS, ou JOUAIL, ou Eiîîeu, jouet. Terme de Marine.
^nchor^ axis ligneus. C'eft un alfemblage de deux
pièces de bois qui (e met de travers au bout de l'ancre ,
pour l'empccher de ("e coucher (ur le fable , & faire
enforte qu'une des pattes (oit toujours à plomb , afin
qu'elle morde fur le terrein pour retenir le vailfeau.
jAS. f m. C'eft le nom qu'on donne dans les marais
lalans au premier rélervoirdeces marais. LeJas n'elHé-
paré que par une petite digue de terre , revêtue de pierre
fèche, & on y lailîe entrer l'eau par la varaigne , qui
eft une ouverture qui rellemble allez à la bonde d'un
étang , que l'on ouvre «Se que l'on ferme quand on veut.
On ouvre les varaignes aux grandes marées de Mars,
pour faire entrer l'eau de la mer dans \cjas.
JAS, ou JASSY. Nom d'une ville, avec une forte cita-
delle. Jajfium. Elle eft capitale de la Moldavie, &z
fituée fur la rivière de Prurh , environ à vingt lieues de
SoGzowa <?c de Targorod vers le levant. Maty.
JASA , ou JASS A. Ville des Amorrhéens orientaux. Jafa,
JaJJa. C'eft la même que Jazer, qui étoit à l'orient du
Jourdain , dans le Rovaume de Séhon , iur lequel on
la conquit. Elle (ut donnée à la Tribu de Ruben , &:
J A s
fut ville Lcvitiquc Se d'alîlc. On l'appelle auflî/j/zâj
&c Gcffa:, &c Jahdfah. P. Lubin.
■ JASAKKEN. r. m. Nom d'un peuple de la Grande Taica-
ric, cil A(ic. Jafahki. M. de VVitlcn, dans fa nouvelle
carre de cette contrée , le place à l'orient de la rivière
de Pilida, le long de l'Océan {eptentrional , dans une
partie du pays que les cartes ordinauxs appellent Mon-
gal.
JASARD, ARDE. f. m. & f. Vieux mot, qui veut dire
Jajeur. Blatero.
JASENITZ. Petite ville du Duché de Stétin, dans la Po-
méranie Royale. Jafcnuium. Elle ert à l'embouchure
de roder , dans le Groll - Haft , à trois lieues au dcllous
de la ville de Stétui. Quelques Géographes la prennent
pour l'ancienne Laciburgium , que d'autres mettent à
Roftock. Maty.
JASER, v. n. Parler beaucoup & fans néceflàté des cho-
fes frivoles. Garrlrc , deblatcmrc. Les femmes, les cn-
£;ns, font iujets à jafcr.
Ah , jamais les amans ne font las de jafcr.
M O L.
On le dit auflî des oifeaux babillards, comme les
pies, fanfonnets, &c.
Jaser, fignifie aullî, parler indifcrétement , révéler un
fecret , une chofe qu'on devoir tenir fecrète. Ce cri-
minel a jafé dans fon interrogatoire; à la queftion il
a découvert fes complices. Il but que quelqu'un de
nous ait iafé, puifqu'on a fu notre délibération. Il efl:
familier.
On dit proverbialement à un homme, vous jafc^^
vous caufez à votre aile , vous avez les pies chauds.
On dit : Jafer comme une flûte à neuf trous, pour
dire , parler beaucoup.
JASER. Foyei Jazer.
JASERAN. Lonca. Vieux mot, qui fignifioit autrefois
jaque de maille j corte de maille ; & on diloit un
homme armé de nobles /aferans^, un cheval couvert de
jaferans. Il fignifioit aullî une chaîne d'or tilllie de
mailles plates , & entrelacées comme une corte de
maille. On le difoit aullî d'un bracelet d'or, épais &
large , & d'un collier de femme. Tout cela cil hors
d'ufage & de mode. On écrivoit autrefoisyiz:j;era72.
JASERIE. f. f. L'aéHon de jafer , babil , caquet. NugA.
PoMEY. C'eft une jafcrie perpétuelle.
JASEUR , EUSE. f m. & f. Qui parle beaucoup , ou in-
difcrétement. Blatero. Ne dites rien devant cette
femme , c'eft une jafeufe qui ira tout redire. Du temps
de Nicod on difoit aullî , jafard pour l'homme ,&z ja-
farde pour la femme. Il y a des lieux en France , où le
périr peuple fe fert encore de ce mor.
JASIBLI. Rivière de la vallée de Noto , en Sicile. JafibVms
fluvius , anciennement Cacyparis. Elle baigne Calîàro
& Jafibli , où elle fe décharge dans la mer Ionienne ,
entre la ville de Noto , iSc celle de Syracufe. Maty.
JASIDES, autrement CËPHÉE. f m. Conftellation fep-
tentrionale.
JASIDIE. f. m. & f. Nom dépeuple, lafidius, a. Les
Jafidies iont des peuples de Syrie qui adorent le folcil ,
&: qui rendent un culte au démon , comme à l'auteur
du mal. Mém. des Mijf. du Levant ^ T. XIV, p. 4^.
JASION, ou JASIUS. f. m. Nom d'un demi Dieu des
Anciens. Jafion , Jafius. Car Diodore de Sicile lui
donne aullî ce nom, & celui A'Eétion. Jafion étoit
fils de Jupiter & d'Eledtre , frère de Dardanus &
d'Harmonie, femme de Cad mus. Il prit, dit-on,
Cybele pour femme, & en eut Corybantus , qui don-
na Ion nom auxCorybantes. Jafius fut fi aimé de Cé-
rès , qu'en fa conlîdération elle fournit une grande
quantité de blé & de pain pour les noces d'Hermione ,
ou Harmonie fa (œur. On dit même qu'elle en eut un
fils, qui futPlutus, Dieu des richelfes. Quelques uns
difent Pluton , mais ils fe trompent. Enlîn, on dit
que Jupiter le tua d'un coup de foudre , ou par envie ,
ou pour fe venger de ce qu'il l'avoir outragé dans une
de fes ftatues. Voye^ Diodore de Sicile , L. FI.
Ovide , Trift. Lib. Il , Eleg. I ,v. 300.
JASLOWIECZ. Petite VUlc de Pologne , au Palatinat de
JAS 15-
Podolic, fur le bord oriental d'une rivière qui tombe
dans le Nieller.
JASMÉLÉE. f. f JafmeUum. Efpèce d'huile médicinale,
appelée par les Perlans Jafme. On la préparc en faifmc
inhiler deux onces de Heurs blanches de violettes dans
une livre d'huile de féfame Les Perfans en ufent dans
les tellins, à caufe de la bonne odeur. Elle e(t très-
propre pour oindre le corps au (ortir du bain , fur-tout '
quand il ell quellion d'échaurler Hc de relâcher. Son
odeur ell lî forte , que plulieurs perlonnes ne peuvent
la luppcrter. AiÉtius, Tetrab. I , Serm. i.
JASMIN. 1. m. Jafminum. Sorte d'arbrilléau dont il y a
diverles efpèccs. hc jajmin qu'on appelle jafmin com-
mun, ou petit jafnun, cil un arbrifléau qui poulie
plulieurs tiges d'un vert brun , fort longues , découpées
lur leurs bords , pliantes , foiblcs , qui s'étendent beau-
coup, & qui ont befoin d'être fourenues. Ses feuilles
font oblongues, pointues, femblables à celles de \x
velcCj lilîes, de couleur verte obtcure. Ses Heurs naif-
(ent par bouquets , & en manière d'ombelles : elles
Iont blanches, petites, agréables, d'une odeur douce:
chaque fleur ell un tuyau évafe par le haut , & décou-
pé en étoile à cinq parties. Lorlque cette fleur ell paf-
fée , il y vient une baie molle , ronde , verdâtrc ,
contenant deux lemences rondes & plates. En Latin ,
jafminum vulgatius flore alho. C. Bauh. Pinac. ^çj.
Il y a une autre elpèce de jafmin qu'on appelle jafmin.
A'Efpagne , dont les fleurs Iont beaucoup plus gran-
des, plus larges, plus belles, plus odorantes que cel-
les du précédent, de couleur blanche en dedans, rou-
geârres en dehors. En Latin, jafminum Htjpanicum
flore externe rubente. J. Bauh. z. ici. On cultive plu-
lieurs efpèces de jafmin dans les jardins, leurs fleurs
lervcnt aux parlumeurs.
Les jafmins font des fleurs délicates qu'il faut cuiti-
ver très régulièrement , &: avec beaucoup de foin. ,
'Le jafmin des Açores a fes fleurs blanches plus peti-
tes que celles du jafmin commun, &c de bonne odeur.
Ses feuilles Iont larges, arrondies, & d'un beau vert
luilant. Jafminum Â^^oricum flore albo.
Le jafmin d'Amérique , appelé en ce pays là Qua-
moclit, & autrement le jafmin rouge d'Inde, le jaf-
min à mille feuilles. Cette plante porte à chacune de
fes branches une fleur ou deux de couleur de rofe fè-
che, mêlée de quelques lignes d'aunes couleurs, &
ayant cinq filets pâles. Ces fleurs s'étendent en tuyau.
Se puis à l'orifice, elles le partagent en cinq quartiers.
Elles flcuriflent au commencement du mois d'Août,
Se ne. finiflent qu'au mois de Septembre. Cette plante ^
ell pleine de nœuds , de branches Se de feuilles qui
reilemblent à des plumes; elle élève Se étend il bien
f:'s branches , qu'on en peut facilement couvrir quel-
que tonnelle que ce foit. Morin.
'Lejafm.in d'Amérique fe refeme tous les ans , parce
qu'il ne s'ente pas : Se comme la graine en ell trop
dure, il la taut lailfer infiiier dans l'eau, au loleil, jul-
qu'à ce qu'elle s'enfle, & en planter après deux ou
trois dans chaque pot, en bonne terre gralfe à la pro-
fondeur de deux doigts , ce qui fe doit faire au mois
de Mai Se Juip au commencement de la lune. Il la faut
conrinucUement arrofer lur le milieu du jour, pour
la faire lever par la chaleur du folcil , l'humidité de
l'eau , Se la bonté de la terre , en huit jours de temps.
Quand elle s'eft élevée de deux doigts , on lève la terre
en motte , qui y tient , Se l'on n'y en lalife qu'âne , &
celles qu'on a tirées fe replantent à part dans d'autres
pots, après quoi il les faut toujours arrofer, même il
eft bon de mettre les pots dans des (eaux. Se arrofer
encore la rerre par-defl'uS. Il faut lui dilpoler de; lup-
ports, afin qu'il fe puiHe facilement élever, & quand
il ell élevé, on coupe toutes les extrém.ités pour lui
donner plus de force Se lui faire jetter plus de fleurs.
AÎORÎN.
Le jafmin d'Arabie porte des fleurs blanches purpu-
rines en dehors , Se de très bonne odeur. Ses Veuilles
font entières , arrondies , oppofées deux à deux. Jaf-
minum Arabicum Lamhac. P. Alp. Cette elpèce ell
quelquefois à fleur double. Les Arabes l'appellent
Zaïnbac , Se d'autres Lilas d'Arabie, peut être, parce
i6
J A S
qu'il a les feuilles femblables à notre Lilas blanc , mais
fans tranche autour de l'ouverture. Il Heurit au piiu-
tcmps , & pendant toute l'automne , les Heurs en l'ont
d'un blanc pâle, qui jaunit dans le fond; elles naillciit
au haut des branches , & font délicates , attachées à
leurs petites queues. Elles ont deux tours de teuillcs,
au nombre de neuf ou douze tout au plus, avec un
petit tuyau, & exhalent une merveilleufe odeur , qui
approche beaucoup de celle de la Heur d'orange. Le
jafmin d'Arabie demande la même fituation, la même
culture, & les mêmes fujétionsque \e jafmin de Cata-
logne dont nous parlerons plus bas. Tous les ans on
lui coupe les brins, comme il tera dit du jdjhiin de
Catalogne; ces branches ainfi coupées le redoublent.
La féconde année on les taille , leur lailîixnt les bran-
ches un peu plus longues : on continus la troilîème &
la quatrième année à les tailler , on les laille toujours
plus longues , jufqu'à ce qu'elles paroilîent allez groHès
pour ne leur ôter que le bois fec & le mauvais.
Le jafmin d'Arabie à feuilles de Laurier , ell ce que
nous appelions à préfent Caher , arbre qui porte le
Café. V^oye'^ Café. Jafminum Arabicum Lauri folio ,
cujus femen apud nos Café dicicur, Acl. Ac. R. Par.
Le jafmin de Catalogne produit à l'extrémité de fes
branches une il grande nmltitude de Heurs , qu'il en a
abondamment pendant tout le printemps Se l'autom-
ne. Il efl: d'un blanc pâle , qui devient à la lin taché de
marques incarnates : chaque Heur a cinq ou lîx feuil
les en ovale , une fois aulîi grandes que celles du jaf
min comnjun ; il a très-bonne odeur.
Ley'ijyrai/z de Catalogne veut un grand foleil, l'af-
çed du levant , une terre gralle & détrempée , Se de
fréquens arrofemcns. Il fe conferve mieux dans des
pots qu'en pleine terre. Pour en perpétuer l'elpèce,
on en ente des brins fur des jafmins communs , qui
doivent erre plantés plus de lîx mois auparavant dans
des pots : on les plante au mois d'Ottobre, & les
meilleurs font ceux qui ont le plus de racines, qui
font plus unis , Se qui ont moins de nœuds : le brin
doit être de la groH'eur d'un doigt ; à la tîn de la lune
de Mars, il frut enter ceux d'en bas. Ceux qui font
plus proche du pied font les meilleurs ; après , en ayant
été tout le germe avec des ciléaux , on coupe l'œil de
tous les germes , Se faifant ainfi ils redoubleront , Se
porteront quantité de fleurs. On les replante tous les
ans dans la même terre à la fin de la lune de Mars : il
le faut arrofer quand il en a befoin. On le taille tout
près de la tête de Tente. On le peut enter en écullon
* au mois de Juin & au mois de Juillet : Ihiver il le faut
ferrer de peur du froid , & s'il ell en pleine terre , il
faut le couvrir avec des nattes , des planches , ou cou-
vertures propres à*cela.
Le z'^Tot/^ d'Efpagne efl: de la même efpèce que ce-
lui de Catalogne , & demande la même culture.
Le jafmin d'Efpagne double ell: de la même couleur
que le jafmin de Catalogne , Se a aulli cinq- ou lîx
feuilles partagées en étoiles , du milieu defquelles il
s'en élève encore trois ou quatre qui le reHerrent quel-
quefois comme une petite balle. Il fent aulli très-bon ,
mais il a l'odeur plus forte que le précédent. Cette
fleur fe maintient quatre ou cinq jours dans fa beauté
fur la plante , d'où elle ne tombe jamais , mais elle
sèche delîùs , & quelquefois les boutons le rouvrant ,
fleuriHent une leconde fois.
Le gràndjafmin d'Inde jette une grande abondance
de boutons à l'extrémité de les branches qui pendent
en bas , Icfquels le rellerrant enfemble font un bou-
quet tout rouge. Se lorlqu'ils lont parvenus à la gran-
deur d'un demi-doigt , ils s'ouvrent , Se de leur ouver-
ture fortent comme des tuyaux de la longueur d'un
doigt, de couleur jaunâtre, menus par en bas , plus
gros par le milieu , Se un peu plus ferrés par le cou
qui renverfe cinq feuilles découpées, & fait la figure
d'un lis : il fort du fond quelques brins jaunâtres , dont
celui du miheu qui eft blanchâtre, ell plus long que
les autres. Ceux qui ont de petites lignes de couleur
dorée , peu à-peu fe couvrent de rouge , Se fe chargent
tellement de cette couleur, qu'ils femblent du velours.
Cette plante tjeurit Tété.
J A S
La culture du grand jafmin d'Inde cil fcmblable à la
précédente ; c'eft pourquoi il lui but aufli préparer une
perche, ou quelque bois, pour le lier avec du fi! de
1er, dont les nœuds ne le pourrillent pas : il veut erre
en bonne terre : on Tanoie abondamment tous ks
loirs au printemps Se dans Té':é. Pour le perpétuer ,
avant que les boutons grofllHent dans le printemps ,
on en coupe un brin qui doit avoir trois yeux, on le j
ratilfe un peu avec le couteau par bas , puis on le plante
julqu'au deuxième œil, de lotte qu'il n'y a que le troi-
lîème qui ell hors de terre : avec cette précaution il
prend promptement racine. Se poulie du vert & des
rieurs en peu de temps.
Le jafmin jaune d'Inde, pour être perpétué, doit
être cultivé de cette manière. On clioihî une des bran-
ches les plus balfes , & lans le détacher de la plante ,
on le coupe proche du pied environ d'un doigt.
Cette entaillade faite en dehors doit aller jufqu'à la
moelle en travers , Se commencer en delliis , Se
l'ayant un peu entr'ouvert on y met une petite pier-
re , puis on recouvre la plaie avec un peu de craie
détrempée , ou de terre glaife. Il faut remettre au-
dcflus du pot des morceaux de tuile pour empêcher
que la terre que Ton met pour couvrir Tentaillade ne
tombe. Après l'avoir bien arrofée , on la met au fo-
leil, à l'abri de la bife : il faut le retirer du froid,
pour peu qu'il en fafle , parce qu'il le craint plus que
toute autre chofe. Au bout de Tan , la racine provi-
gnée ayant pris des racines du pié , fe replante promp-
tement en bonne terre dans des pots que Ton a pré-
parés exprès , Se par cette induHrie on fupplée au dé-
fuit de la nature de cette plante , qui ne graine
point.
Le jafmin jaune poulfe des branches dès le bas du
pié jufqu'à la racine , defquelles naillènr les Heurs at-
tachées à leurs queues comme \e jafmin commun , mais
arrangées d'une telle manière , que chaque ciine de
branche paroit comme un bouquet de Heurs. Quoi-
qu'il ait les Heurs plus petites que le jafmin de Ca-
talogne , elles durent pourtant plus long temps. Un
autre avantage, c'ell qu'à melure que la plante pro-
fite , les fleurs augmentent. Il lent bon , non feule-
ment trais , mais aulîi quand il efl ilccri & féché.
Ley<7/^2i/2 jonquille a fes fleurs jzunes j Jafminum lu-
teum vulgo diclum. J. B.
Le jafmin de Virginie eft une plante (àrmenteufe ,
qui porte fes feuilles rangées comme celles du Frê-
ne , d'un vert plus gai , & plus arrondies Se plus
dentelées. Ses fleurs font rouges , grandes , & de la
figure à peu près de celles de la Digitale ordinaire.
Ces rieurs lont luivies d'un fruit formé par le piftil ,
qui enfile la Heur. Ce fruit ell une lilique longue ,
étroite , qui renferme des femences plates , bordée à
fes deux bouts d'un feuillet membraneux. Cette plan-
te porte en Latin le nom de M. l'Abbé Bignon , Se
elle établit un nouveau genre , qui comprend plu-
fieurs elpèces qui lont étrangères. Bignonia America-
na fcandens , Fraxini folio j flore amplo pk^nicco ,
Inji. R. Herh.
Ce mot vient de l' Arabe gefmin , qui veut dire une
violette blanche , à caule que la Heur de cette plante
lui relfemble. On l'appelle en Orient Zamback, on
Sambach. D'autres dilent qu'il vient du Turc jasmin ,
qu'ils ont fait apparemment de \W\^revi famim , qui
fignifie toutes fortes de drogues aromatiques. M. Huet
dit que le mot de jafmin ell Perlan , & que nous l'a-
vons pris de cette langue.
On appelle pommade de jafmin, -de la poudre de
jafmin , des gants de jafmin , la préparation de ces
choies faites avec du jafmin pour les parfumer.
JASMIN. {. f Poire du mois d'Août , qu'on nomme au-
trement Vilaine de la Réale. Voye^ ce mot.
JASO ou JASON. f f Nom d'une fille d'Efculape &
de Lampétie , fille du Soleil j Déelfe de TAntiquiré
Payenne. Jaf s Jafo. Panacée Se Jafo devroient , ce
femble , n'être qu'une même Divinité , cependant
Hermippus , Pau&nias, Arillophane , les diflùnguenr.
Quoi qu'il en foit , Jafo étoit la Décile qui ren-
doit la fanté quand on Tavoit perdue. Les Latins
i'appelloienï
J A S
l'appeloiemMcdiuiiie. Woa^ivs ,deIdûlol.L. FUI,
C. 2. , . . , .
Ce mot vient de liap^i/, mcdcor ^Jano, je gucns ,
je lends la ûnté. ^ , ^, ^,. „ „.,
JASON f. m. Fils d'Elbn , Roi de Theflalie , &c d Al-
cimède , fut élevé par le Centaure Chiron comme
Achille , équipa le tameux navire nommé Argo ,
pafla en Colchide avec une cinquantaine d'autres
Héros ou Aventuriers , dont il fut le Chef, & qu'on
nomme Argonautes , pour conquérir la toiton dot ,
tua pat le lecours 'de Médee le dragon qui gardoit
ce trétbr , & l'enleva. Jafon célèbre dans la fable
par la conquête de la toifon dor, & par les Amours
de Médée. , ^ .- ,
Jafon, Juif, & frère d'Onias , Grand Pontite, acheta
d'Antiochus Épphanesle Ibuverain Pontificat, & ta-
cha d'introduire les couuimes des Gentils parmi les
Juifs , comme il e!t rapporté au /. L. des Machab ci.
& au //, c. IF, & F. Jafon d'Argos , Jajon ilc Ly-
zance,/.7/ù/2deCyiènp, font des Auteurs anciens dont
il ne nous refte rien. • n. r
Lc nom de Jafon vient du Latin Jafon , qui elt for-
mé du Grec ^f ■ .. „ j • j
JASON. Ville de la Paleftine , à deux lieues & demie de
Jaffa, vers l'Orient, dans la Tribu de Dan; pioche
du chemin qui conduit de Jafta à Jérutalem.
Jason , en termes du Grand Art, ligmhe l'Artide.
JASPACHATE. f. f. Pierre précieule compol.-e de jal-
pe vert & d'agathe. Elle eft adoucillante , & pri-
[c intérieuiement , elle elT: efficace dans l'hydropihe ,
les maladies du foie la péripneumonie &: la pleuré-
ûe. Elle rchaulle aulli la couleur du fang , & lui don-
ne une très belle apparence. Aétius , Taraè. I, Serm.
2 C ^7*
JASPE," f. m. Pierre fine peu différente de l'agathe ,
iî ce n'eft qu'elle eft plus molle , & qu'elle ne peut
pas être fi bien polie , Jafpis. La nature s'eft plue à
exprimer dans quelques unes de ces pierres des Meu-
ves, des bois, des animaux, des fruits, des paybgcs
& des figures , comme s'ils avoient été peints. Lejafpe
fioride on fleuri, c\m. fc trouve aux monts Pyrénées, eft
mêlé de plufieurs couleurs. Il y en a aulîî d'une Iculc
couleur , ou rouge , ou verte , mais il eft de moindre
prix. Le plus beau eft celui qui tire iur une couleur
de laque , ou de pourpre , enfuite l'incarnat , ou de
couleur de rofe , &: celui qu'on prife à prelent eft le
verî chargé de petites taches rouges.
Jafpe eft un nom Hébreu , que les Latins n'ont point
changé , non plus que nous. Quelques verhons Grc-
ques lui ont donné le nom de béril. Onkelos lui don-
ne le nom de Panthèn , à caufe qu'il a des taches
femblables à cet animal. Foyei fur le jafpe Boot, L.
2,c. 100 &c lor , de Lapid. Vollius , de Idolol. L.
VI, c. ç, 17 , 22 , 23.
Jaspe. Terme de Relieur. Vert & vermillon dont on le
fert pour marbrer la tranche des livres. Farlus color.
Faire \c jafpe.
JASPER. V. a. Jafpidis colore inficcre. Bigarrer de di-
verles couleurs, en forme de jafpe, ce qu'on fait fur
la tranche Se couverture des livres , fur le papier , fur
le bois , &c. n • r
IP" JASPÉ. ÉE. part. & adj. Qui eft peint en )afpe,
bigarré de différentes couleurs , loit naturellement ,
foit par art. Marbre jafpé. Livre relié en veau jafpe.
Poules jafpées.
IP^ Jaspé , en Botanique fe dit des Heurs dont les pa-
naches font petits. Les Fleuriftes défignent par ce ter-
me plufieurs fortes de tulipes.
Jafpée Angloife. Tulipe , qui eft triftamin , &: rouge &
jaune blanchiffant. ,
Jafpée harlan. Tulipe qui eft triftamin couvert , leme
de larmes rouges.
Jafpée morceau. Nom d'ime Tulipe , gris-lavande , co-
lombin, & blanc.
Jafpée première. TuUpe qui eft rouge - mort _, & cha-
mois.
Jafpée ravafcor. Tulipe rouge - pâle , gris de hn &
blanc.
Jafpée S. Jean. Tulipe colombin , mifùme & blanc.
To;ne F.
J A T
î7
Jafpée tiuder. Celle-ci eft triftamin, rouge -mort, &
jaune blanchiftànt. Morin.
JASPINER , V. n. Parler à tort «Se à travers. Il eft bas.
Il jalpinoit argot encor mieux que François. Poème
de Cartouche.
JASPURE. Terme de Relieur. Jafpe jette fur la tranche
d'un livre. Action de jafpcr , ou l'effet de cette ac-
tion. Voilà une belle jafpure.
gCrJ ASSA, ou JASA. Ville de la Paleftinc,dans la Tribu
de Ruben , au-delà du Jourdain , auprès de laquelle
le Roi Sehon fut défait par Mo)'fe. On la croit la
même que Jeflà , près d'Aar , Capitale des Mo.abitcs.
JASSEFAT. Sorte de vaiffe.iu Pcrfm qui navigue dans
la mer des Indes. Ordrïc de Fréjus. n. û.
JASQUE. Petite ville du Makcran , province d-.- !a
Perfe. Jafqua. Elle eft Capitale d'une Principauté ,
dont le Prince , Mahométan de Religion , étoit au-
trefois tributaire des Rois de Perfe , mais il s'eft af-
franchi de ce tribut , & il s'eft maintenu dans cette
liberté contre toutes les forces de la Perfe, par le
fecours de deux petits Princes Payens , dent les ter-
res s'étendent à l'Orient des fiennes , julqu'au cap
de Guadel. Maty.
JASSY. Foyer Jas.
J A T.
lATANG. f. m. Terme de Calendrier. Nom du (<tv-
tième mois des Tartares Orientaux , & de ceux donc
le pays fait partie de l'Empire de la Chine ; il répond
au mois de Juin. On l'appelle aulîi Yedlngi , Yétin-
gi , Yateng.
JATI. Nom d'une rivière de la Sicile. Jatius fluvius ,
anciennement Bcetkis. Elle prend Ca fource aux mon-
tagnes , où eft le bourg d'Iaro , qui lui donne fou
nom , elle coule dans la vallée de Mazara , Se fe aé-
charg'edans le golfe de ,Caftel-à mar. Maty.
JATO.Jatum , anciennement Jetas &c Jatx. C'étoit une
petite ville de la Sicile , fituée fur le haut d'une
montagne efcarpée , près du Belice dextro , entre la
ville de Mazara, & celle de Païenne. L'Empereur
Frédéric II , chalîà de ce Heu les Sarrafins , & le
ruina; mais' on y a depuis rebâti un petit bourg.
Matv. .
lATRALEPTE. f. m. On donnoit autrefois ce nom à
un Médecin qui prétendoit guérir les maladies par les
friîlions , les fomentations & les applications d'on-
guens. Tel fut Dictas , fuivant Galien. Ce mot vient
de ;«.W Médecin , & ^M?>y,^ , unclor, qui oint. Col de
Villars. , , ,
ÏATRALEPTIQUE. f. f. Nom que 1 on a donne a la
partie de la Médecine qui guérit par les fridions ,
par l'application des fomentations 6c des emplâtres.
latraleptice. Ce fut un nommé Prodique , Djfciple
d'Hippocrate , & natif de Corinthe , qui l'inftitua.
lATRIQUE. adj. C eft un nom que l'on donne à la Mé-
decine , ou à ce qui lui appartient ; en forte qu'on
dit la Faculté iatnque , l'Arc iatrique , les Plantes ia-
triques. Sec. M. de Guife eft mort fans autre fecours
iatrique, qu'un grand charlatan d'Apothicaire, nom-
mé Baurains. Patin, Lett. s 3^ ■ Tout le monde ne
fut pas d'avis que la Reine Auftrigilde eut péché en
ordonnant de taire exterminer toute la Faculté ia-
tnque. Faidit. George Skenka a intitulé fon Ouvrage
Bibliotheca latrica. Ce mot vient de /«.f'.f , Médecin,
ou de '«7» -■' Médecine.
lATROCHIMIE. f. f. L'art de guérir les maladies avec
des remèdes chimiques. ^ . 1 •
JATTE, f. f. Vaiffeau rond fait d'une pièce de bois tour-
née Se creufée au tour , qui fert à la cuilnie , à la ven-
dange , Se à difterens ufages dans les ateliers. Caba-
ta. Les vaifl'eaux où les Relieurs mettent leur colle
s'appellent auffi jattes, de même que le vaifteau ou
les Sculpteurs mettent le grès pilé.
On appelle cul de jatte , un pauvre eftropie qm
n'a ni cuiftes , ni jambes, dont il le puifie leryir , &
qui eft obligé de marcher fur les telles entermees
dans une jatte. Scarron s'appelloit cul de jatte ; car
il étoit tellement paralytique , qu'il ne pouvoir lor-
tir de fa chaife.
i8
J A T
On appelle encore jatte , un vailTc.iu d'argent ou
d'autre métal , ou de tayance, ou de porcelaine , ou
de terre , fervant à dirtérens utagcs domertiques.
Jatte , fe dit aulîi d'un plat, d'une écuelle de bois dans
laquelle on mange , ou dans laquelle on boit. Ca-
t'inus ligneus , vas lïgneum. '
On donne le nom de jatte à une efpèce de gran-
de febile de bois percée au milieu 6c polée fur un
pied , dont les ouvriers fe icrvent poiu' faire une cl-
pcce de cordons. Les cordons dont les Eccléliaftiques
ceignent leurs aubes font faits à la jatte.
Ce mot vient de gahata , Latin , qui (îgnihe une
grande écuelle. Du Cange le dérive de gâta , qui étoit
une ancienne efpèce de navire rond ; & prétend qu'on
a dit autrefois geatte. On dit encore gatte en Picar-
die ; pour dire , un vailfeau rond , & qui n'eif guè-
re profond.
Jatte d'eau. Terme d'Artificier. C'ell: un artifice aqua-
tique qui produit l'effet d'une girandole en tournant
fur fon centre à Heur d'eau. On peut auill le chan-
ger en foleil fixe & tournant.
Jattes , en termes de Mer , font des planches vers l'a-
vant du vailfeau , pour recevoir l'eau que les coups
de mer font entrer par les écubiers. Subiuntïum aqua-
rum ad proram receptaculum.
JATTÉE. (. f. Plein une jatte. Q^uod gahata continet.
Une jattéc ■ de foupe. Une jattée de lait.
J A V.
3AYA. Nom de l'une des îles de Sonde. Java. Elle
ell dans l'Océan Indien , au midi de file de Bornéo ,
& au levant de celle de Sumatra dont elle n'ell lé-
parée que par le détroit de la Sonde. Elle peut avoir
deux cents lieues d'orient en occident , trente ou qua-
rante du nord au fud. L'air ne peut y être que fort
chaud , à caufe de fa fituation fous le feptième degré
de latitude méridionale. Il eft cependant fort tem-
péré par la longueur des nuits , & par les vents frais ,
qui y fouHent de tous côtés. On y recueille quantité
de poivre , de fucre , de benjoin & de ris. Il y a de
fort bonnes mines d'or Ôc de cuivre , & une mon-
tagne de foufre , qui s'allume de temps en temps. On
trouve fur fes côtes des huîtres qui pefent jufqu'à
trois cents livres. Ses villes principales font Bantan ,
Batavia , ou Jaéatra , Materan , Jortan , Panarucan ,
Pallarvan , Balambuan , Japara , Tuban , qui font
Capitales d'autant de petits Royaumes , autrefois dé-
pendans les uns de autres ; mais maintenant tribu-
taires du Roi de Bantan , ou de celui de Materan ,
qui efl: plus puilfant que le premier , &: qui prend
le titre d'Empereur de Java. Maty.
Le P- Tachar a remarqué dans l'es Voyages que l'île de
Java étoit fur les cartes plus de loixante lieues trop
éloignée du cap de Bonne -Elpérance
JAVARCAÇAY. Gavarùacum. Au neuvième fiècle ce
lieu étoit du domaine de nos Rois. Il eft dans le Poitou.
Ce nom s'cft formé du Latin , par le changement dont
nous avons parlé au commencement de cette lettre /.
Valois , Nota. Gall.p. 115. col. 1.
JAVARE. f. m. &: f Nom d'un peuple de l'île du More.
Javarus, a. Les J avares font des gens farouches Se in-
humains , qui n'habitent que des cavernes , & ne vivent
que dans les forêts. Bouh. Xav. L. III. Xavier com-
pola en langue Malayoife une inftruélion allez ample
touchant la croyance de la morale du ChrilHanilme
Idem.
JAVARIN, GÉVl^ERou RAAB. Ville de la bafle Hon-
grie , lituée fur le conllucnt du Raab , avec le Danube ,
vis-à-vis de l'île de Raab & celle de Schut , à huit lieues
de Komore vers le couchant. Javarinum Arrabo. Cet-
te ville a un Évêque , fuffragant de Strigonie ; elle n'ell
pas grande , mais elle eft très-forte , & Capitale d'un
Comté qui porte fon nom , & où l'on ne trouve pohu
d'autre ville que celle de Tata. Maty.
JAVARIN. Foyei Navarin.
JAVARIS. £ m. Animal des Iles de l'Amérique. C'eftune
efpèce de fanglier, Il eft prefque imprenable , à caufe
J A V
d'un foupirail qu'il a fur le dos , Se par lequel il ra-
fraîchit les poumons en courant ; ce qui fait qu'il peut
courir long-temps lans le fatiguer. Il elt d'ailleurs ar-
mé de fortes détenfes. On voit des Javans fur-tout dans
1 île de l'Anguille.
JAVART, ou JAVAR. f m. Terme de Maréchallerie.
Maladie de cheval. C'eft une petite tumeur qui fe ré-
lout en apofteme , ou bourbillon , qui le forme au pa-
turon lous le boulet , Se quelquefois tous la corne. Tu-
morïn equi fuffragine. Un javart nerveux eft celui qui
vient lurlc nerf. ^x. javart encorné celui qui vient fous
la corne. Il faut delfoler le plus fouvent im cheval,
quand il a \xn javart encorné.
JAVE. f. m. Se f. Nom d'un peuple de l'Inde , dans la
prefqu'île , au-delà du Gange. Javus j a. Les Javes ^
peuple belliqueux & féroce.
JA VEAU. f. m. Terme des Eaux Se Forêts. Nom qu'on
donne à une île faite nouvellement au milieu d'une
rivière par alluvion , ou amas de limon Se de fable.
Alluvies. L'Ordonnance parle louvent des atterrilfe-
mens Se javeaux:
J A VELE. EE. p.art. On appelle Avoines y a ve/eV^j celles
dont le grain eft devenu noir & pelant par la pluie qui
les a mouillées , tandis qu'elles étoient en javelles. Ac.
Fr. Celles qui ne font point javclees ont le grain noir
Se blanc.
JAVELER. V. a. Mettre le blé fur terre , Se le difpofer en
javelles pour le faire lécher. Spicas in mergites cogère.
Il ell tems de javeler ce blé. Il eft aulfi neutre. Il faut
lailler /izvf /er le blé pendant trois ou quatre jours , c'eft-
à-dire , le lailfer fécher. Quand le temps eft humide ,
le blé eft long-tems a. javeler.
JAVELEUR. f. m. Celui qui javele. Qui fpicas in mer-
gîtes cûgit. Il n'y a pas allez de Javeleurs dans ce champ.
JAVELINE, f. f. Arme A'hajl, ou demi-pique, dont les
Anciens fe fervoient tant à pied qu'à cheval. Hajla. Elle
avoit cinq pieds & demi de long Se fon fer avoir trois
faces aboutillantes en pointe. Il lui fit donner une Ja-
veline qu'il prit de la main gauche. Vaug.
§cr JAVELLE. 1. £ Ce qu'un moill'onneur peut couper
de grain d'une feule fois : grolle poignée de froment
coupé qu'on lailfe lur le champ pour le deftecher , ou,
comme l'on dit, le javeler, avant qu'on le mette en
gerbes. Spicarum merges. Il faut trois ou quatre javelles
pour ftire une gerbe.
Ce mot vient de capella, diminutif fait de capus ^
qui Cipù'nt poignée, car c'eft enetfet une poignée d'épis
Men. D'autres qui prétendent qu'on difoit autrefois
havellc , le dérivent de hapfus , dont Celfus s'eft fervi
pour lignifier /'oi^wee.
Javelle , fe dit .auilî des petits faifccaux de {arment , Se
de quelques figots ou bottes d'échalas &: de lattes. Les
javelles doivent contenir jo cchalats. On dit parmi les
Tonneliers , qu'un baril eft tombé en javelle , lorlque
les douves & les fonds le leparent.
Javelle , eft auilî un coulant d'eau entre une petite île-
Se le bord de la rivière. Dans le Cartulaire de Saint
Maur près de Paris , eft porté qu'il y a à Saint Maur des
faullaies, des îles, des gorges Se des javelles. C'eft de-
là que le moulin de javelle a tiré fon nom.
JAVELOT, f. m. Javeline plus courte Se plus grolfe que
ne font les j.ivelines ordinaires , ou Hèche qu'on lance
(ans le fccours de l'arc contre l'ennemi. Spiculurn. Il
y avoit chez les Romains plulîeurs fortes de javelots ,
qui avoient tous leurs nomsdifférens, mais dont pour-
tant on ne dit rien ici , parce que ces noms ne le peu-
vent rendre en François. Lancer le javelot. Ablanc.
fer Dans les jeux agoniftiques les athlètes avoient une
efpèce de dard qu'ils lancoient contre un but , & celui
quiapprochoitle plus près du but, remportoit le prix
à cet égard.
Ce mot vient de capulottus, diminutif de capulus ^^
qui eft dit comme lî le javelot étoit tout m.mche ; à
caufe qu'on le darde en le tenant p.ar le milieu. Mé-
nage. D'autres le dérivent de jaculum à jaculando ,
comme Du Cange , qui témoigne qu'on diloit gave-
loces y pom fpicula J dans la balle Latinité.
Javelot, fs dit aulH d'un forte de ierpent qui s'cl.mcc
fur les hommes. Se qu'çn appelle çnLatiii Cenchrli.
J A U
J A U
Jaculus. On pictend que c'eft le Kippoi des Hébreux
ik de l'ilciituie. Agitharcliidcs , Diodt)re de Sicile,
inaboii & Pljiic , difciit que c'cll le plus m.uivais des
inieLlcsde l'Aiiiqiif, que les blelhues qu'il l'ait (ont
incurables, qu'on ne peut l'éviter, qu'il s'élance à plus
de vingt coudées. Ammicn Marcellin , & Lucain ,
Pharf. V. 677- Se L. IX. v. 720. dilent qu'il y en a
aulli dans l'idumée & dans l'Arabie. Lucain parle de
la rapidité avec laquelle il s'élance fur les palÏÏms ,
L. IX. V. S 22. L. VI. "Voyez Bochart,i/art):[ P. Il ,
L. III, C. / / , & ci dellus Acornias.
Javelot , clt .aulFi un terme de Moillbnneur, qui (lyni
lie une Erallee d'avoine fauchée , & anr^JÏ^avec le tau-
chct. Javelle eft le vrai mot. ^^
(C? JA VER. "Ville du royaume de Bohême , en Silcfie ,
dans la Principauté de même nom dont elle eft Capi-
tale. Elle eft à quatre milles de Schweidnitz, à huit
de Brellau, la Principauté de Javer , contrée du Royau-
me de Bohème , dans la balle Silélie , touche à la
haute Bohême au midi , & à la haute Lulace au cou
chant. Elle a les principautés de Sagan tv' de Glogaw
au nord ; celle de lignitz Se de Schweidnitz à l'orient.
JAUFFNDEIGR A , f. m. Ternie de Calendrier. Nom du
troiliéme mois des Illandois. Il répond au mois de
Mars. Ceft le mois de l'équinoxe du printemps, &
Jauffnddgra manudar lîgnihe Mois équmoÛial
JAUGE, f. f. Norma, index. Art de réduire à une melurc
connue ou cubique , la coniîftence ou capacité incon-
nue des vailllaux , particulièrement de ceux qui ont
quelque rondeur. La jauge enfeigne combien un ton-
neau de mer qui pe(e 2000 livres contient de pieds cu:
bes d'eau, combien un muid , une barrique, tiennent
de pintes. Plulieurs Auteurs ont écrit de la jauge Se
de l'arpentage.
Ce mot de jauge , Se les fuivans qui en font déri-
vés , s'écrivoient autrefois avec une l ^jaulge , jaul-
geur. Sec.
Ce mot vient du Latin galha, qui lignifie gros &
gras ; car jauge lignihc proprement la melure de la
pipe par l'endroit le plus gros. Ménage. Du Cange
le dérive de galo , qui eft une efpèce de melure chez
les Anglois ; ou de jalo, , d'où on a fait auiîi jale.
( Nous avons remarqué ci-deftus que galo , ni jalo y ne
l'ont point des mots Anglais, on dit galon. ) En un
autre endroit M. Du Cange le dérive Aç.gagga, qu'on
a dit dans la balle Latinité, dans le même (ens. Il té-
nioi^.ne aulli qu'il y avoit des jaugcurs de drips & de
pain , aufti-bien que des tonneaux , c'eft-à-dire , des
marqueurs &: des mctureurs.
Jauge , eil aulli un inftrument ou- broche de fer, qui eft
une clpcce de compas de proportion , (ur lequel loiit
marquées plulieurs lignes qui lervent à fl'.ire la réduc-
tion lur le champ de la capacité de tous les vailleam:
quelque irréguliers qu'ils (oient , à une melure commu-
ne Se connue. En Latin , Iwlis.
fer On s'en lert pour marquer la quantité de vin qui eft
dans un tonneau. On fait entrer la jauge par la bonde ,
on la poulfe perpendiculairement julqu'au fond du ton-
neau. La ligne de divilion entre le mouillé Se le l'ec
donne la hauteur du vin dans le tonneau. Se par con-
féquent la quantité à-peu-près qui rclte.
Jauge , eft encore la melure commune Se connue qu'un
vaiireau daitcontenir , félon le diftérent ufage des li eux.
Ce muid contient tant de pintes , il eft Ae jauge. Le-
gïtïmum doVium j probatum. On dit aulîi , quand on fert
une grande bouteille, un grand verre de vin, qu'ils
font Ac jauge; pour dire,, qu'ils contiennent la melure
&au delà.
JAUGE c\- COURTAGE. Droit d'Aide qui le levé avec le
gros& l'augmentation (ur les vins, eaux-de-vie, biè-
res, cidies Se autres boiirons , lorlqu'ils (ont vendus,
ou qu'ils changent de main. Le droit de Jauge ne fe paye
qu'une fois par an , lors de la première vente. Le droit
de Courtage (e pave autant de fois que le vin eft vendu ,
ou qu'il change de miiin. Les droits de Jauge Se Cour-
tage fc lèvent dans les Directions d'Angers , de Caen ,
de Lmgres, de la Rochelle, de Lavai Se de Lyon.
Jaucf. Les Fontainiers fe fen'ent aulîi de ce terme pour
ligiàliei une certaine mefure d'eau , dont on veut (a-
l'ome y.
ï9
voir la quantité de pouces. ^fJ" C'eft une petite boi-
te percée de plulieurs trous de ditférens diamètres.
On expole cette boite à une fource , tous les trous
bouchés. Elle s'emplit & le répand. On débouche
alors le plus petit trou , puis le luivant , & ainli
de (uite , julqu'à ce que la boîte laille échapper par
les trous ouverts autant d'eau qu'elle en reçoit de la
fource , en demeurant toujours pleine. Les trous dé-
bouchés donnent la quantité d'eau qu'on cherche à
connoitre.
Jauge , eft aulli un terme de Charpentier , qui figni-
he une petite règle de bois dont (e fervent les Char-
pentiers pour tracer leurs ouvrages , Se couper fur
le trait.
^fj" Plulieurs autres ouvriers ont leurs jauges qui fer-
vent à déterminer les différentes mcfures de leurs ou-
vrages.
Jauge , parmi les Jardiniers , lignifie un cl'pàce de terre
qu'on laille vide en failant un labour profond. Il ii-
gnitie aulîi une fouille de tranchée, afin que dans cet
elpace on ait la commodité d'y jerter des terres qui
(ont à labourer , faifant en (iarte qu'il refte une
]auge pareille à la première jufqu'à la fin de la tran-
chée , Se alors on rempht cette dernière jauge , fort
avec les terres qu'on a mifes hors de la tranchée
pour la première jauge , foit avec des terres priles
d'ailleurs. La Quint.
Jauge , lignifie encore , en termes de Jardinier, la mefu-
re de la profondeur qu'on veut donner à une tranchée ;
Se CQiie. jauge eft un bâton d'une longueur fembla-
ble à celle de cette profondeur. Il faut toujours ("uivre
cette mefure pour entretenir la même profondeur Se
la même luperficie fans y rien changer. Ainli l'on
dit , avoir (ans celle h jauge , pour ne ("c point trom-
per en faifant la tranchée. La Quint.
A vive jauge , en termes de Jardinage , (e dit de la ma-
nière de fumer un jardin , Se lignifie amplement ,
abondamment. Quelquefois il s'agit de fumer à vive
jauge , c'eft-à-dire , de fumer amplement , & un peu
avant dans le f*id de la terre, &■ quelquefois aulîi
il s'agit de ne fumer que légèrement la luperficie. La
Quint.
JAUGEAGE, f. m. L'aéfion de jauger. Doliaris vin!
modi inquijlcio. Il entend fort bien \c jaugeage. Il a fait
le jaugeage de tous ces vailleaux.
Jaugeage, fe dit aulîi du Droit que prennent les Jau-
geurs , les Officiers qui jaugent. Inquijîcoris menfo-
ris merces. Il y a tant pour le droit de jaugeage.
JAUGER, v. a. Mefurer avec la jauge la capacité d'un
vailleau , Se la réduire à une mefure commune Se
connue. Ad bolidem doliaris vini modum exigere.
On dit, aulîi en Maçonnerie , Jauger une pierre, pour
voir li elle eft d'épailleur. C'eft appliquer une mefu-
re d'épaillèur ou de largeur vers les bouts d'une pier-
re , pour en faire les arrêtes , ou les furfaces oppo-
(ées parallèles. Jauger une pierre lignifie fouvent la
même chofe que la retourner. Voye^ Retourner.
FrÉzier.
JAUGEUR. (". m. C'eft un Ofîîcier de ville qui fiit l'art
de jauger , ou qui a titre Se pouvoir de jauger.
Minfor doliarius. Un juré Jaugeur. Le Jaugeur doit
imprimer fa marque (ur le vailleau avec une roua-
nette , & y mettre la lettre B ^ fi la jauge eft bon-
ne -, la lettre M , li elle eft trop fbible ou moindre ;
Se la lettre P , (i elle eft plus forte , avec un chiffre
qui marquera le nombre de pintes qui y feront de
moins ou de plus. Chaque Jaugeur doit avoir (a mar-
que particulière.
JA'UÀIIERE. f f. Claviojliolum. Petite ouverture à la
poupe , par laquelle le timon répond au gouvernail
pour le faire jouer. Pomey.
JAUNÂTRE, adj. m. & f. Qui tire fur le jaune. Sub~
flavus.
JAUl^y. Nom de lieu. Gelnacus. Il eft fur le Clin,
aulflrappejle-t il Jaunay (ur Clin , Gelnacus ad Cle-
num , fiumen. "Valois ,Not. Gall. p. ^j/, col. T.
JAUNE, adj. m. Se f. Couleur éclatante qui réfféchii
le plus de lumière après le blanc. ^Xj" Flavus. C'eft la
troiliéme des couleurs pirmitives. Voye^ au mot Coo-
Cij
20
J A U
J A X
LEUR. Dvip jaune. Flenï jau/ic. Tcmt jaune. Les feuil-
les des arbres AexKnncnt jaunes , quand elles 'ne re-
çoivent plus l'eau de la lève. Il y a beaucoup de ma-
nières jaunes ^ ou oblcures , qui fe blanchillent lorf
qu'on les mouille , & qu'on les fait lécher au fokil
plulieurs fois , mais h elles lont blanches , Se demcu
rent long temps à l'air fans être mouillées , elles de-
viennent jaunes , ainll qu'il arrive à la toile & à la
cire. Le papier & l'ivoire approchés d'un grand feu
deviennent fucceilîvement jaunes , rouges ts: noirs.
La toile de foie étant devenue jaune le blanchit par
la fumée du foufre. On voit des arbres vigoureux ,
principalement des poiriers , qui ont le feuillage
jaune. Si l'arbre poulie de grands jets jaunes , ce qui
d'ordinaire arrive à quelques poiriers lur coignallîer,
qui étant plantés en terre un peu fèche & maigre fe
portent naturellement bien , ce défaut de feuilles /««-
nés vient de ce que les principales racines le trou-
vant à fleur de terre y fonr altérées par les chaleurs
de l'été. La Quint.
La toile jaune , eft une grolle toile de ménage , telle
qu'elle vient de del'us le métier , &c avant que d'avoir
été plufieurs fois blanchie.
Jaune. C. m. Couleur jaune. Flavum j flavus color. Les
Teinturiers font le jaune avec de la gaude. On en fait
auili avec le curcuma , ou terra mérita , qui eft une
racine i & pour les moindres étoffes, avec la farrettc
& la geneftrolle. La nuance du janne eft le jaune naif-
fant , le jaune citron , le jaune pâle , le jaune pail-
le Se le jaune doré. On compofe le vea jaune du bleu
& du jaune , & plufieurs autres verts. Avec le jau-
ne Se le rouge de garence & celui de bourre le font
le jaune d'or , l'aurore , la couleur de (ouci , l'oran-
gé , la nacarate , l'ifabelle , la couleur du chamois ,
qui font des nuances du jaune. De L nuance du jaune
& du fauve fe compofent toutes les nuances de feuil-
le morte Se de couleur de poil. Les Peintres Se Email-
leurs font du jaune avec du mallîcot , qui eft de la
cérufe poudée au feu , ou avec de l'ocre. Les Enlu-
mineurs en font avec du fafran , de la graine d'Avi-
gnon , de l'orcanette , &c. Après la mort de Char-
les de BourboHj on fit peindre de jaune la porte Se
le feuil de l'on hôtel à Paris , devant le Louvre. C'é-
toit la coutume du temps pallé j pour déclarer un
homme traître à fon Roi , de peindre fa porte
de jaune , Se de femer du fel dans la mailon , com-
me on fit dans celle de M. l'Amiral de Châtillon.
Brantôme.
Le jaune J'œuf, eft la partie du milieu de l'œuf qui
tert de nourriture au poulet avec le bianc , tandis que
la poule couve, f^oye^ (Euf.
Ce mot vient de l'Italien giallo , ou de l'Allemand
geel , ou du Latin galbinus , geune. On le dérive aulli
du Latin hyalïnus. MÉn.
Jaune de Naples. f. m. Sorte de pierre ou de tene jaune ,
qui prend fon nom du lieu où elle le trouve , Se d'où
nos Marchands la tirent.
Jaune de Naples . Efpèce de cralfe qui s'amallc autour
des mines de foufre. Quoique l'on s'en ferve à frcf
que , fa couleur n'eft pas ii bonne que celle qui fe
fait de terre , ou d'ocre jaune avec du blanc.
Xaune , fe dit proverbialement en ces phrafes. Ce beurre
eft jaune comme fil d'or , comme de l'or. Ce malade
eft jaune comme fafran , jaune comme un coin. On
dit aulli , qu'un homme feit des contes jaunes , quand
il dit des chofes incroyables. On dit aulli à quelqu'un ,
qu'on lui fera voir (on hé jaune ; pour dire , qu'on
lui fera voir qu'il s'eft trompé qu'il eft un ignorant.
Ce proverbe eft tiré de la Fauconnerie , &: des oi-
feaux niais qui ont le bec jaune.
Jaune à feuilles de Rue. f^oye^ Renoncule.
Grosse-jaune. Nom d'une elpèce de figue. CraJJa ficus
crocea. Les grojjes-j aunes font un peu teiiitcs , Se car-
nées dedans , elles rapportent peu de fruit auprin-
temps , Se rapportent aifez l'automne , mais fPes ne
font guère délicates , ni les premières , ni les fécon-
des. La Quint. P. III, c. S.
Grosse-jaune tardive , eft aulli une efpèce de pêche
qui quand le temps eft propre pour fa maturité vient
en Oftobre , mais elle mûrit difficilement , comme
toutes celles de ce temps -la. La Quint. F. III ,
c. fi.
Jaune d'Italie. F'oye^ Renoncule.
Jaune-lisse. 1. i. Elpèce de Pêche. Quand le temps eft
propre pour la maturité , la Jaune-iijje vient au mois
d'Oclobre. La Quint. Peu après il condamne Se re-
jette la jaune-lijj'e , parce qu'elle mûrit difficilement.
P. III, c. II.
Jaune-lisse. adj. m. & f. Qui fe dit des fruits dont la
couleur eft jaune Se la peau lillée. Croceus ou aureus
& levïs. Le Brugnon jaune-iijje ne doit point paroitre
au mois d'Ottobre , fi l'on a d'autres pêches. Les
nuits loiipics, fouvcnt humides , Se toujours froides,
ne lont guère propres à faire de bons fruits , fur-
tout des fruits à noyau. La Quint. Les pêches qu'on
nomme Jaune-Hfje viennent au mois d'Ottobre. Id. P.
III, p. 26 J. '
Jaune de Rome. Voye\ Renoncule.
Jaune tardive , Pêche. Voye':^^ Sandalie.
JAUNE. La Rivière jaune, yoye:^ Hoang.
JAUNET. 1. m. Nom que donnent les enfàns à toutes
les petites fleurs jaunes. Aureolus j luteolus. C'eft aulli
le nom que le petit peuple donne à toutes les pièces
d'or. Cet homme eft bien riche , il a bien des jaunets.
Jaunet. adj. Il y a des lieux où l'on appelle ^m\jaunet ,
une forte de pain qui tient le milieu entre le pain
blanc , Se le pain bis.
|tJ" JA.UNIR. v. a. rendre jaune , teindre en jaune. Fla-
vo inficcre. On jaunit un corps , un plancher. On jau-
niffoit autrefois les maifoiis des rebelles Se des ban-
queroutiers.
§CJ" Jaunir eft aulîî neutre. Se lignifie devenir jaune.
Flavefcere. Les blés , les fruits commencent à jau-
nir. Cet \\o\nmQ j aunit à vue d'œil. Près de fon teint
vermeil on voit jaunir les lis. La Suze.
Jaunir. Devenir jaune , fe dit des marchandifes blan-
ches qui deviennent jaunes pour être trop long-temps
expolées à l'air.
Jauni, ie. part. Se adj.
JAUNISSE, f. f. Maladie qui rend jaune, Se qui vient
d'un dégorgement de bile. Iclerus. J^oye^ Ictère. Les
Journaux ont parlé d'iuie fille malade de la jaunijè
qui communiquoit une couleur de citron à l'argent
qu'elle portoit dans la poche.
0CT JAUNISSE. En Botanique défigne une maladie des
plantes. C'eft la couleur jaune des feuilles avant la
lailon où elles doivent tomber. Cette couleur des
feuilles annonce que le tcrrein eft ufé , ou que quel-
que infede a attaqué les racines.
JAUNSTEIN. Bourg d'Allemagne dans la Baire-Carin-
thie, vers les confins de la C.arniole.
JAVOLS, ou JAVOULS. Nom d'un lieu du diocèfe de
Mendc , dans le Gcvaudan. Quelques uns croient que
c'eft le Gabali des Anciens. Valois , Not. Gall.p.
214, col. I. f^oyc^ci-dcffous Javoux.
JAVOTTE. f. f. Genovefa. Nom d'une petite fille , qui
veut dire petite Geneviève. Ce nom ne fe donne qu'à
des filles de bafte condition.
JAVOUX. Javoutium. Anciennement Gabalus , Gaba-
U, Gahalum , Anderitum j Anderidum. C'étoit au-
trefois une ville Épifcopale ; maintenant ce n'eft
qu'un village de France , ûtué dans les Cevennes ,
à quatre lieues de Mende , où eft aujourd'hui l'E-
vêché.
JAVRON. Nom d'un lieu fitué dans le Maine , provin-
ce de France. Gahro , Se plus récemment Gahronium.
Ce lieu étoit entre le Maine & la Sarte , & donnoit
fon nom à une petite contrée. Gahronenfis ager. V.\-
lois. Not. Gall. p. 21 f , col. i.
JAUSE. Lieu , que quelques-uns prennent pouf l'-incien
/iz/^tvi/OT , fort château dans leSonnois. Valois. Not.
Gall. p. 24S y col. I.
JAUSIR. V. n. Vieux mot. Jouir.
JAUTERAUX. Voyei Jouteraux.
JAWER. Voyei Javhr.
lAXARTES." Rivière d'Afie dans la Sogdiane , feloji
Ptolomée , dont les bords étoicnt habités pai- un grand
peuple de Sc} thie , appdc Iitxartes.
I B E
J A Y.
JAYCZA, ouJAICKS. Nom d'une petite ville avec
une citadelle très forte. Jcjc^a j Gaina , Jaicia. Elle
cil dans la Boliiie , vers les confins de la Croatie ,
liir la rivière de Wultrina , entre la ville de Bagnalu-
ka , Se celle de Wihitz. Jayc-^a a été la réhdence des
anciens Rois, ou Defpotes de Bofiiic , elle appar-
tient maintenant au Turc. Matv.
JAYET. Foyei Jais.
J A Z.
JAZER. Nom d'une ville de la Terre-Sainte , fituée à
l'orient du Jourdain dans le Royaume de Séhon. Ja-
içer. Elle étoit dans le pays de Galaad , occupée par
les Amorrliéens Orientaux , à qui Moïle l'enleva.
Ja\er lut donné à la Tribu de Gad , qui le rebâtit.
Elle étoit lur le torrent d'Arnon , qui en prit le nom
de lieuve de Ja^er , & il y avoit \i proche un petit
lac , qu'on appeloit la mer de Ja-^er. Ja'^er fiit donné
aux Lévites , & fut une ville d'afile. P. Lubin. Joféphe
l'appelle Jazore , Ja^orus , d'autres Gazer , & Ptolo-
mée Gazore. Réland. , T. II ^ p. 82j.
JAZERAN. Voye\ Jaserant.
JAZYGE. Nom de peuple de la Sarmatie Européenne.
Ja-{uingus j Ja^yfa. Les Ja-^yges Métanaftes j Ja-^ygcs
Mctanaflét, font d'anciens peuples , que les Rois de
Pologne défirent en Sarmatie , & qui fe retirèrent
au-deçà du mont Crapatz , entre la TéilIe & le Danu-
be, pays qui eil aujourd'hui une partie de la Haute-
Hongrie. Il y avoit d'autres Ja-^ges , qu'on appeloit
Méotes, parce qu'ils habitoicnt le long des Palus Méo-
tides, maintenant la mer de Zabache , du côté du cou-
chant. Les Ja^yges Méotes habitoient vers les Palus
Méotides , entre les Naubares &c Roxalans , & occu-
poient une partie de ce que nous appelions aujour-
d'hui la petite Tartarie. Pline Se Strabon en parlent ,
le premier , L. IV , c. I2\ & le fécond , Z. VII.
Gromerus dit en Latin Jafumgus.
I B A.
IBANOGOROD. Voye\ Ivanogorod.
IBA PARANGA. f. m. Efpèce de prunier du Brefil ,
dont le fruit eft doux , & renferme un noyau de la
^rolfeur & de la figure d'une amande , dans lequel font
renfermées trois amandes. Il eft bon à manger ; mais
on ne lui attribue aucune propriété , non plus qu'à
l'arbre qui le produit. Rayj Hijl. Plant.
IBAR. Rivière de la Servie. Ibarus , anciennement Mof-
chïus jluv'ius. Elle le joint à la petite Morawe , vis-à-
vis de la ville d'Ilar , & va le décharger dans la grande
Morawe, au delFous de Nillà. Maty.
IBAR. Petite ville de la Turquie en Europe. Ibara.
Elle eft dans la Servie , lur une petite rivière qui porte
Ion nom , vers les montagnes d'Argentaro , Se les
confins de l'Albanie. Matv.
IBA YC AVAL , ou NERVIO. Rivière de la Bifcaieen Ef-
pagne. Nerva j Nenius , Nanfa , Nefua. Elle a fa
îource vers les confins de la vieille Caftille , Se la
ville de Trevinno , palle près de McfFana , Se va
fe décharger dans la mer de Bifcaie , à Bilbao. Maty.
I B E.
IBE. Ville & principauté d'Efpagne , dont parle Tite-
Live à l'occalîon de Borbis & Orfua , deux Princes
coufins germains , qui fe la dilputèrent par un duel.
IBEIXUMA. f. m. Arbre fort commun dans le Brefil ,
qui porte un fruit fphéiique de la grolleur d'une
balle de paume , qui eft de couleur verte avant que
d'être mur, couvert de tubercules de couleur brune ,
& contient une matière femblable à de la glu. Il noir-
cit quand il a acquis fa maturité , Se fe partage en
cinq parties égales , dans chacune defquelles font en-
fermées des femences brunes , rondes Se oblongues ,
de la grolfeur de celles de moutarde. L'écorce de cet
arbre eil gluante , & fert aux mêmes ufages que le
IBE 21
lavon d'Elpagnc. Elle vaut beaucoup mieux que le^
huit Saboon ou Quity , dont l'acrimonie nuit aux
étort'es & au linge. Ray , Hiji. Plant..
IBHLIN. Voyei Geth.
IBÈRE , ou IBERIEN, ENNE. f. m. & f. Nom an-
cien de peuple. Ibcrus. On l'a donné aux anciens ha-
bitans de l'une Se de l'autre Ibérie , dont nous al-
lons parler.
Voit pourtant fous Jes loix & le Nil & Vlhhxc.
Voit l'Euphiate fournis & le Rhin tributaire.
Breb.
Nos Poètes fe fervent encore de ce mot pour fig-
nifier les Efpagnols d'aujourd'hui j & il a de la grâ-
ce dans les vers. |p
Ces deux nobles rivaux le François & /Ibère.
L'Abbé Genest.
On trouve aulîî le nom à'Ibérien dans le même
fens : ce mot n'cft bon que dans les vers , Se en
proie feulement j quand on parle des anciens Ef-
pagnols appelés en Latin Iberi , ou de certains peu-
ples de l'Afie.
Ibère. Nom d'un fleuve d'Efpagne , Iberus. Nous
l'appelons aujourd'hui l'Ébre ; mais on peut dire
l'Ibère quand on parle de l'antiquité , iur - tout
en Poëlie.
L'afpecl du Sicoris y & celui de /'Ibère ,
Rend leur foif plus ardente j & leur fort plus févère.
Brebeuf.
IBÉRIE. Nom de Contrée, Iberia. On a donné ancien-
nement ce nom à deux diftérens pays. Le premier
étoit une contrée de l'Aile , léparée vers le nord de
la Sarmatie Européenne par le mont Caucafe ; elle
avoit au couchant la Colchide , au levant l'Alba-
nie , Se au midi la grande Arménie. Ce pays eft ce-
lui qu'on nomme aujourd'hui la Géorgie propre ,
Se qui comprend les Principautés de Carduel Se de
Kacheti. Les Anciens ont aulîî donné le nom d'/-
bérie à l'Efpagne , à caufe apparemment de la ri-
vière d'Ebre , qu'ils nommoient Iberus. D'autres di-
fent qu'elle prit ce nom d'un ancien Roi de ce pays
nommé Iberus. Il y a de l'apparence qu'il n'y eut
d'abord que les environs du fleuve Ebro , Iberus ,
qui furent ainlî nommés. Arias Montanus prétend
que l'Efpagne tira ce nom de les premiers habitans ,
qui vinrent de Vlbe'rie d'Alie s'y établir fous la con-
duite de Tubal. Joféphe eft aulîî de ce fentiment ,
L. I. Varron , & après lui Pline , I. III j c. j. L.
VI , c. 4 y Sec. p , compte les Ibériens au nombre
des peuples qui occupèrent l'Efpagne avant la fon-
dation de Rome. Au contraire Mégaftène dans Eufé-
be , Prxp. Ev. I. IX , c. 4r , Se Strabon Z. 7, di-
fent que les Ibères Occidentaux fous la conduite de
Nabucodrofor , s'emparèrent de la Libye , Se de 1'/'
bérie Allatique. Denys le Géographe , Se Socrate ,
dans fon Hiftoire Ecclélîaftique , L. I ^ c. i6 , fui-
vent aulîî cette opinion , qui n'eft pourtant pas la
plus commune , ni la plus vrailemblable. C'eft de
l'Orient que font venues les Colonies qui ont peu-
plé l'Occident , & il n'eft guère croyable que des
habitans d'Efpagne aient été le confiner dans un pays
aulîî éloigné Se aulîî feptenrrional que VIbérie d'À-
\\c. D'autres foutiennen^vec encore plus de proba-
bilité que ces peuples iiPviennent point l'un de l'au-
tre. En effet , Appien dit qu'ils ne reflémbloienc
en rien , ni dans leurs mœurs , ni dans leur langue.
Bocliart , qui eft de ce fentiment dans Ion Chanaan ,
I. I y c. ss , tire avec raifcn de la langue Phéni-
cienne le nom des Ibères d'Efpagne. n^jy , Eber , en
Phénicien , fignifie tranfitus , pallàge , & tout ce qui
eft ultérieur ; car njj7 , eft aulîî trans , au delà : Ibrin
au pluriel fignifie termini , les termes , les fins. Ain-
fi les Phéniciens appelèrent les habitans d'Efpagne
Ibères , parce qu'ils étpient du côté de l'occident.
22 I B I
au bout du monde connu , & c'efl: apparemment pour
la mcme railbn qu'on a encore donne dans les pre-
miers temps le nom à'Ibcrie à la Gaule , (iv celui
A'Ibernie a l'Irlande.
IBÉRIEN , ENNE. f. m. & f. Foyçi Ibère. La con-
veriiondes Iheriens , peuples voiiins du Pont Euxin ,
fut merveiUeufe. Une femme Chrétienne étant capti
ve chez eux , attira leur admiration par l.i pureté de
fa vie , fa fobriété , fa fidélité , fon alliduité à l'oraifon ,
qui lui faifoit palfer les nuits entiàcs dans ce faint exer-
cice. Les barbares étonnés lui demandoient ce que cela
vouloit dire. Elle déclara limplcment qu'elle (ervoit
amû le Chrill fan Dieu. Ce nom étoit aulli nouveau que
le relie ; mais ta perfcvérance excitoit la curiofité natu-
relle des femmes , pour favoir fi ce grand zèle de reli-
gion étoit de queloue utilité. C'étoit leur coutume
quand quelque enfarff étoit malade , que la mère le por-
tât par les maifons , pour s'informer fi quelqu'un la-
voir un remède. L'ne Ihénenne ayant ainfi porté fon
enfmt par tout inutilement , vint aullî trouver la capti-
ve. Elle lui dit qu'elle ne (avoit aucun remède hu-
main ; mais que Jefus Chrift fon Dieu pouvoit don-
ner la fanté aux malades les plus détefpérés. Ayant
donc mis l'enfint fur le cilice , qui lui fervoit de cou-
che, & ayant tait fur lui (a prière, elle le rendit guéri
à fa merc. Elle guéiitde même la Reine des Ihérkns ,
qui fe fit porter à. elle fur le bruit du premier miracle.
Ces prodiges , expufés aux hommes par le Roi , &
par la Reine aux femmes, déterminèrent les Ibérlens
à embralfer la foi , & à bâtir des Églifes. C'eft ce que
rapporte Rufliu , Lih. I , cap. lO.
I B I.
IBIBIRABA. f. m. C'eft un Arbre du Brefil qui porte
des baies , une fleur en rofe , & un fruit gros com-
me une ceril'e , dans lequel on trouve plufieurs noyaux
que l'on mange avec fa chair. Ce fruit eft doux , &
tient un peu du goût de la réfme : mais lorfqu'on en
mange beaucoup , il irrite la gorge de même que le
poivre. On emploie les feuilles & les Heurs , mê-
lées avec le camara , dans les lotions des pieds , pour
appaifer les maux de tête. On tire de fes fleurs , cueil-
lies avant le lever du foleil , aufll bien que de fes
feuilles, par la diftillation , une eau rafraîchiflànte
& mondificativcj qui eft excellente pour les inflam-
mations des yeux. Ray., Hift. Plant.
IBIBOHOCA. f. m. Serpent du Brelil fort venimeux.
Son corps eft tacheté de rouge , de noir & de bleu.
IBIRACUA. f. m. Nom d'une efpcce de ferpent qui fe
trouve dans l'Amérique méridionale.
IBIRAPITANGA. f. m. Nom que les Indiens donnent
à un grand arbre du Brefil , qu'on appelle autrement
hois du Brefil ; ou arbre du Brefil. Le bois de cet ar-
bre fert pour teindre en rouge. Il rcfl'cmble aux chê
nés en grandeur.
IBIS , f m. ou CIGOGNE NOIRE. Ibis , ai;ogma
nigra. Oifeau d'Egypte , cfpèce de Cigogne qui le
nourrit de ferpens , & qui en détruit une grande
quantité. Tous les Auteurs conviennent que VIbis
eft une véritable efpèce de Cigogne -, les Egyptiens
après leur mort les embaumoicnt pour les conterver ,
leur rendoient de grands honneurs , & leur laiioient
des efpèces de funérailles. Pour ce qui eft de la fi-
gme èc des couleurs de fon pcnnage , de loin fon dos
paroît tout noir , mais à le regarder de près il eft
de la couleur d'un vanneau , ou d'un corbeau de
bois , dans le pcnnage j^qucls le noir paroît mcle
de vert , ou d'une couISk tirant fur le bleu , mêlé
d'un peu de couleur de pourpre ; fon ventre &c les
côtés fous les ailes font blancs ; cet oifeau eft fort
grand ; fon bec eft pareillement grand , robufte , &
de couleur d'écarlate aulfi-bien que les jambes (Se les
pieds; laiongueur du bec depuis la pointe qui eft un
peu courbée julqu'au commencement des plumes de
ici tête , eft de huit doigts , (on cou eft long d'im
pied , ou de quatorze doigts ; fon dos & la poitrine
font larges comme le corps d'une oie , les doigts de
fes pieds paroilfuiit fcparés , le commencement eft
I B R
joint d'une membrane comme celle des oifeaux à pied
plat , principalement entre les deux grands doigts ,
cxlui du milieu eft long de cinq doigts , fa langue
eft fort courte , les grandes pennes de les ailes font
plus noires que les autres : a l'endroit où les ailes
font jointes au corps de l'oifeau , il y a une grande
cavité qui s'étend en arrière , la partie de devant des
pennes eft renfermée de celle de derrière.
Ariftote, après Hérodote, a fait mention de deux
efpèces A' Ibis , l'une noire , l'autre blanche ; mais Bel-
Ion attribuoit à la cigogne ce qu'il dit de la blanche,
& que la noire étoit l'Ibis des Egyptiens. Dapper dit
que Vibis blanc fe trouve par toute l'Egypte , mais que
le noir ne fe trouve que vers Damiette ; que le blanc a
la tête comme le corbeau aquatique, le bec pointu &
plus épais que le pouce du ccité de la tête. Élien dit
qu'il a quatre- vingt feize coudées de boyaux. Quand
on le tranlporte d'Egypte il le laillc mourir de faim ;
on dit pourtant qu'on en trouve autour d'un lac d'eau
douce près de Licha dans l'extrémité de l'Afrique.
Les Ibis tirent leur nourriture des ferpens & de tou-
tes fortes d'infeétes, & quelquefois des herbes & grai-
nes qu'ils rencontrent-, ils font du bruit avec leur bec
comme la cigogne blanche.
Aldrovand rapporte que la chair de VIbis eft rouge
comme du faumon, & qu'elle efl douce; mais que la
peau Cil eft très-dure , & lent fort la fauvagine. VIbis
eft tort tujet à la vermine.
L'on croit que c'eft de lui que l'on a appris l'ufage
des lavcmens , & non pas de la cicogne. Appian &
Élien , rapportent que cet oifeau vit très long temps ,
& qu'il tait ton nid fur les palmiers. La plupart des
Anciens, du nombre detquels eft Ariftote, rapportent
que de leurs œufs naît le Bafilic. Ils dilent que les
Egyptiens adorèrent VIbis comme un Dieu , parce
qu'il mange les ferpens. C'étoit un crime capital de
tuer un Ibis y ou volontairement , ou par mégarde, de
même qu'un épervier. Leur fcrupule, ou plutôt leur
fuperftition fur cela alloit fi loin, que lorfque l'armée
Egyptienne fut fur le point de combattre Cambyfe,
près de Pélute, quelques /^/j ayant paru devant elle ,
aucun fbldat n'ofa tirer, de crainte de blefler les Ibis^
& Cambyfe prit Pélufe. Polum. L. VIL SoHn, C. 34^
dit que VIbis mange les œufs des ferpens, qu'il les
porte à fes petits qui en font fort friands ; que ce n'eft
pas feulement en Egypte , mais encore en Arabie qu'on
en voit , & qu'ils rendent ce fervice aux habitans de
dévorer toutes les troupes de ferpens ailés qui lortent
des marais & des eaux; qu'ils pondent leurs œuts par
le bec; que ceux des environs de Pélute font noirs, &
tous les autres bL;ncs. Saumaife réfute Solin, p. 41 S ,
fur ce qu'il dit qu'ils pondent par le bec , 6c il montre
fort au long que l'opinion des Anciens étoit feulement
qu'ils concevoient par le bec , comme les corbeaux.
Elien, Z. X,de Anim. C. ^^j dit que quand l'/^ij cache
fa tête & ton cou fous tes ailes , il a la figure d'un cœur;
que pour éviter les chats il tait fon nid fur les palmiers.
T^oye\ Hérodote*dans fon Euterpe ; Pline, L. X,c.
20. Voflius, de Idolol. L. III, c. 74, jS , S 2 & ç6 .
Dieu détendit aux Ifraélites de manger de VIbis. Entre
les oifeaux voici ceux que vous ne mangerez point, &
que vous aurez foin d'éviter le chathuant , le
plongeon, VIbis. Sacy, Levit. XI , 13, ij.
IB0RG\ ou IBURG. Petite ville du Cercle de Weftpha-
lie , en Allemagne. Iburgum. Ce lieu eft fur la rivière
de Colberk, dans l'Evêché d'Otnabrug , à trois lieues
de la ville de ce nom , du côté du midi. Les Évêques
d'Ofnabrug font touvent leur réfldcnce kiborg. Mat y.
Long. 2Ç°. 46'. lat. 5i°. 20'.
IBOS. Petite ville de France dans le Bigorre , à deux
lieues de Tarbes.
I B R.
IBRAHIM, f. m. C'eft en Arabe la même chofe qu'Abra-
ham en Hébreu & dans notre langue: Ibrahi— ^
Ibrahimus. Nous employons ce mot en parlant des
Arabes , ou des Turcs qui l'ont porté , & nous le re-
tenons d.ms notre langue; c'eft l'ulagc. Ibrahim Iman,
ICA
c'eft àdirc. Chef de Religion, ou de fedle, ctok fils
de Moh.iniincd , qui dckcncloit du fixrc aîné des deux
premiers Kaliks de la Mailoii des Abaliidcs. Aniui.u
avoitun frère qui fur depuis le Sultan Ihiahinj , ^ que
ce même Amunir négligea comme un l'nnte lluj.ide
qui ne lui donnoic point d'ombrage^
L'imbécilk Ibrahim ,fans craindre fa naijfunce ,
Traîne , exempt de péril , une éternelle enfance :
Indigne également de vivre & de mourir ^,
On l'abandonne aux mains qui daignent le nourrir.
Racini;.
Mais il ne faut point dire Ibrahim, en parlant des
autres Abrahams , quoique les Arabes les appellent
Ibrahims ; il ne faut point, dis je, le faire même en
rapportant ce qu'en difent les Arabes. Ainlije nedirois
point : Les Arabes prétendent dcfcendrc d'Ibra/iun ,
auili-bien que les Ifraélites, au lieu de dejcendre d'A-
braham j quoique les Arabes appellent ce Patriarche
Ibrahim al Nabi ; c'eft à-dire Abraham le Prophète. _
Quelques-uns écrivent Hibrahim avec une H ; ainfi
l'écrivent Vigénère , Continuation de l'Hiftoire des
Turcs , &c Du Loir dans fon Voyage du Levant , Lettre
IFj p. 114 & fuiv. où il parle de l'avènement à la
Couronne de Sultan Hibraim j frère de Sultan Mou-
rat, qui avoit ordonné qu'on l'étranglât. D'abord
Sultan Hibraim fut faifl de cette pâle frayeur que don-
ne aux plus hardis l'approche & la préfence de la
mort. Du Lom. Mais il faut écrire Ibrahim. Ce n'elf
qu'un élifen Arabe iSj en Turc , & un aleph en Hébreu.
IBRAMLMIAH. ^Tqycç Abrahamien.
IBRAHIMLIC. Lieu de Perfe , à vingt-fept lieues de
Bagdad , vers le Courdiifan. Il eft remarquable par le
maufolée d'un Santon , mort en odeiu- de fainteté dans
l'opinion des Mahométans.
ÏBROS. Ibcria. C'étoit anciennement une petite ville de
l'Efpagne Bétique. Ce n'eff maintenant qu'un petit
village , lîtiié dans l'Andaloufie , à une lieue de Barca ,
du côté du nord. Maty.
IBS. Foyei IPS.
fCFIBUM. f. m. Nom que les Rabbins donnent à la
cérémonie d'un frère qui époute fa belle-lœur , veuve
de fon frère , mort fans enfins , comme il étoit permis
de le faire luivant la Loi Mofaïque. Deuter. c. 2 y.
IBYARA. f m. Nom d'un ferpent du Brelil. Ibiara, £.
On prétend que Vibyara produit le même effet que
l'hémorroïs ; c'eft-à-dire , qu'il diilbut tellement le
tiflu du fang , par le venin que fa morfure inf mue ,
que cette liqueur fort en forme de f'ueur par tous les
pores de la peau. M. Alhot de Muflcy, dit dans fa
Diifertation fur la lueur de fang de Jéfus-Chriff, que
ceux qui font mordus de Vibyara , fuent le lang par
tous les pores de la peau.
J. C.
J. C. en abréviation fignifîe Jésus-Christ , ou Jurif-
confuke.
I C A.
ICACO. f. m. Prunier de l'Amérique. Il y en a quatre
efpèces qui ne pofledent aucune propriété médicinale.
ICADES. f f pi. Nom d'une ancienne fcte que les Phi-
lofophcs Épicuriens faiioient à l'honneur d'Épicure.
Icades. Les Icades le célébroient tous les mois. Pline,
L. XXXK , c. 2. Le jour des Icades éroit le io^ de
la Lune ou du mois qui étoit celui qu'Epicure vint au
monde. C'eft de là qu'ell pris le nom d'Icades ; car
iix.it; fignifie une vingtaine , de Uy-w , vingt. Ils or-
noient leurs chambres ce jour-là : ils portoient en
cérémonie dans leurs maifons, de chambre en cham-
bre, fes portraits, & faif oient des facnlîces. f^oye^
Athénée , L. ril,&: Pline déjà cité.
ICADISTE. f. m. Épicurien. Icadijla. On donna ce
nom aux Épicuriens , du nom de la fcte des Icades,
qu'ils célébroient tous les mois à l'hoiincur d'Epicure.
ICANA TE. f. m. Terme d'Hiftoire & de Milice. Icana-
tus. Les hanates étoicnt dans l'Einpite Grec des fol-
I C D
^3
dats qui faifoieiit la garde dans les dehors du Palais.
Ce corps de troupes avoit pour chef un Ollicicr qu'on
appeloit Doineihque.
IC'AQUE. f. m. Sorte de petit prunier qui croit aux An-
tilles en forme de buiilon. Ses branches font revêtues
en tout temps de petites feuilles longuettes, & ornées
deux fois l'an d'une infinité de belles Heurs blanches
ou violettes qui font fuivies d'un petit fruit rond, de
la groflcur d'une prune de Damas. Ce fruit étant inur
devient blanc ou violet , comme étoit la l^leur. Il cft
fort doux , & tellement aimé de certains peuples près
dug(;lfe d'Hondurcs , qui s'en nourriilent, qu'on les
appelle Icaques. Pour empêcher leurs voilins à qui
ces fruits manquent , d'y venir faire du dégât , lorf-
qu'ils ont atteint leur maturité, ils tiennent pendant ce
tems là, aux avenues de leur terre, des corps de gar-
des compofés de l'élite de leurs meilleurs loldats , qui
les repouflént vivement avec la Hèche cv' la malUie ,
quand ils le piéléntent,
ICARE, f. m. Nom d'un jeune homme fameux dans la
fable. Icarus. 11 étoit fils de Dédale , célèbre par fon
habileté dans les Méchaniques. Icare ayant été enfer ■
mé avec fon pcre dans le Labyrinthe que celui ci avoit
conftruit dans l'ifle de Crète , Dédale le fit à lui même
& à fbn fîls des ailes pour le lauver en volant dans les
airs. Mais Icare, contre l'avis de ion père, s'étant ap-
proché trop près du foleil , & la cire qui tenoit les plu-
mes de fes ailes s'étant fondue , il tomba dans la mer ,
Se cet endroit de la mer prit Ion nom.
ICARE, ou ICARIE. Eftauili dans l'Antiquité le nom
de l'une des Cyclades , iles de la mer Egée. Icarus ^
Icaria. Cette ile , dit Strabon , L. X, étoit fertile en pâ-
turages. Ainfi Bochard tire fon nom du Phénicien
131« ,Icar , c'eft-à-dire l'Ile du P.âturage. Mais cens
île s'apeloit d'abord Ickthyufe , ou IchthyoeJJe ; c'eft-
à dire, poijffonneuje. C'eft pourquoi d'autres aiment
mieux tirer Ion nom de ni3''iîj I-coure , qui lîgnilîc
l'ifle des PoifFons.
IcARiE, eft encore le nom d'une île de l'Océan fepten-
trional. Icaria. On dit qu'elle a pris ce nom d'Icare
fils de Dédale, Roi d'Écofle, qui y a régné, &: donna
des loix aux Infulaires. Il ne croît point de blé dans ces
îles ; les habitans n'y vivent que de poiflon. Ils ne
foufrrent point les étrangers parmi eux , & n'en reçoi-
vent tout au plus qu'un à la fois pour apprendre là
langue. En 1390, Zuchmin, Roi de quelques autres
îles feptentrionales , y fit defcente; mais il fut repouilc
par les Icariens.
ICARIE. Foye:ç_ Nicaria.
ICARIEN , ÈNNE. adj. Nom que les Anciens donnent
à la mer , dans laquelle Icare tomba. Icarius , a. La
mer Icarienne eff une partie de la mer Egée, qu'on
nomme aujourd'hui mare di Nicaria.
ICARIUS. f. m. Nom d'un fils d'Oébale , qui fut changé
en aftxe. Icarius. Bacchus ayant donné une outre plei-
ne de vin à Icarius pour en communiquer l'ufage aux
hommes, il en fit boire à des moiironneurs de l'Attique
fort altérés. Ils en burent trop , & s'enivrèrent. Après
avoir cuvé leur vin, &c êtm revenus de leur ivrelfe,
ils s'imaginèrent que c'étoi^u poilon qu'on leur avoit
donné, & tuèrent Icare, dont ils jetterent le corps
dans un puits. Une chienne qu'il avoit , appelée
Mocra , retourna à trigone fille d! Icarius , la prit de
fes dents par la robe , & la tira au heu où l'on avoir
jette le corpsde fon père. Erigone mourut de douleur,
Moëra la luivit, & Jupiter par pitié les tranlporta
tous au Ciel , & les changea en Aftres. Moëra eft la
Canicule , Icarius le Boores , &c Erigone la 'Vierge.
fCJlCASTIQUE. adj. m. c^' f Terme dogmatique. Doit-
on préférer le genre ictz/Zi^i^dau phantaflique, oupour
parler plus clairement , taut-il reprétenter les hommes
tels qu'ils font , ouïes repréfenter d'imagination, tels
qu'ils devroient être. Mém. de 1 rdv.
ICEST. Pronom. Vieux mot. Icelle, celle là. Po'éf. du
Roi de Nav.
I C D.
ICDIE. Soufcription ufitée par les Princes de Galles. On
dit en terme de Diplomatique Vicdie de ce Prince eft
24
I C H
bien confei-véc. Les Princes de Galles mettent Icdkn ,
ce qui lignifie en Saxon , lelon Spleman , je fuis le
Serviteur.
I C E.
ICELE. f. m. Nom propre d'un fils du Sommeil. Icelos ,
Icelus. Il avoir la propriété de le changer en toutes
fortes de formes. C'eit pour cela qu'on lappelloit
Jccle , Icelos j du verbe Grec tixw, qui lignifie, je fuis
fcmhlable , je rcffemhle. Les Dieux, dit Ovide, l'ap-
pelloient/c-e/Mj & les hommes Phoetor, c'elVà dire ,
qui épouvante. Cette fable étoit prife de dilîérentes
illulions qui font les fonges dans le fommeil. Voyc-^
Ovide , Métam. L. XI, v. 6 3 9
ICELUI, ICELLE. Pronom démonftratif &c relatif. Is.
Ce mot n'eft plus en ufage qu'en pratique, & lignifie
celui dont on a parlé auparavant. Icelui notre grand
Confeii : c'eft le commencement du difpofitif de tous
les arrêts de cette Jurifdiâion. On doit pourtant re-
gretter ce mot qui empccheroit les amphibologies.
I C H.
ICHAR , ou ISCHAR. Nom d'une rivière de la Bulgarie.
Ichara. Elle prend fa fource dans les montagnes d'Ar-
gentaro, & fe décharge dans le Danube, vis-à-vis de
l'embouchure ds l'Aluta. Quelques Géographes la
prennent pour la rivière qui léparoit anciennement
la Haute Mélie de la Baife , &: qui étoit nommée Cia-
bras j Ciambrus , Cebrus &z dus , que d'autres Géogra-
phes prennent pour la Morawe. Matv.
ICHAR A-MOULL f. m. C'eft une racine qui croît aux
Indes Orientales. Elle eft extrêmement chaude. On
en ule dans une cuillerée d'eau chaude que l'on fait
boire à ceux qui ont aéluellement une doulourcufe
indigeftion. Quelquefois elle caufe le vomillement.
On en ufe dans du fuc de limon , &: on la frotte fur les
frondes , maladies de la peau , enflures provenues de
la morfure des vipères. §3° On l'emploie avec d'aui
très ingrédiens contre la fièvre , &: je ne fais combien
d'autres maladies. On allure même qu'on fait fuir les
ferpens , en la leur prélentant fraîchement coupée.
ICHBOROUG , ICHBARAW. Nom d'un village du
Comté de Nortfolk en Angleterre. Ichborovia. Quel-
ques - uns le prennent pour l'ancienne Iciani , ou
Iciamos , que d'autres placent à Théoford. Maty.
ICHIEN , ou ICHIN. f m. C'eft l'.aune du Japon , avec
laquelle on mefure les étolfes de loie & les toiles
qui s'y fabriquent. Ulchien eft à peu près de trois
aunes de Hollande.
ICHMIAZIN. Nom d'un gros bourg de la Perfe , fi-
tué dans la province d'Érivan, à trois ou quatre lieues
au couchant de la ville de ce nom. IckrrAa'y.num. Il
y a dans ce bourg un Monaftcre , où le Patriarche
des Arméniens fait fa réfidencc , & dans lequel eft
fon Églife Patriarchale. On y voit encore deux autres
Egliles , &■ c'eft pour cette railon qu'on la nomme
quelquefois Tre Chicfe j ou Uck-lCiiffe , qui lignifie
'Trois-Églifes. *^ ^
ICHNÉE. adj. f. Epithère , ou furnom que les Anciens
ont donné à Thémis , Déellè de la Juftice , &: à Né-
méfis , Déelfe vengerelîe des crimes. Ichnita. Ce nom
vient d' i'j;»o? vefiigium , pas j trace ^ veftigc ; <?c il fut
apparemment donné à ces Déelfes , parce qu'elles lui-
vent les traces des coupables , qu'elles ne les aban-
donnent jamais , qu'elles font attachées à leurs pas.
Raro antecedentem fcelejlum
Déferait pede Pcena daudo.
ICHNEUMON. f m. C'eft un animal qui n'aît en
Egypte , qu'on appelle quelquefois Rat d'Inde. Rat
de Pharaon & Mangoufte. Il eft de la grandeur d'un
cha;t. Les Egyptiens l'ont adoré , parce qu il eft en-
nemi du crocodile , qu'il calle l'es œufs , «Se même le
tue quelquefois en lui rongeant les inceftins. Les
Naturaliftes remarquent que \ Ichntumon eft le feul
animal qui ait l'induftrie de fe fervir d'armes défen-
fives : car quand il veut attaquer un afpic , il fe roule
I C H
dans la bouc , qu'il laifte fécher pour lui fervir de
cuiralle. Les Héracléotes en Egypte adoroient \Ich-
neumon. Vossius , de Idolol. L. III t c. /j, 7^,
ç6. L. IF':, c. 16 & sP-
VIchneumon , que les Grecs appellent , l'wiof , c'eft-à-
dire , pourceau , parce qu'il fouille la terre avec le
grouin , comme cet animal , s'appelle maintenant
Rat d'Egypte , & dans Elien Rat des Indes ; quel-
ques uns le nomment aulli le Loutre Égyptien. Il eft
de la grolfcur d'un chat, & couvert d'un poil rude
comme celui du loup , moucheté de blanc , de jau-
nâtre & de cendré. Il a le grouin d'un pourceau , les
oreilles courtes & rondes , les jambes noires , &c cinq
griffes à celles de derrière , la queue longue & épaif-
le proche du corps. Du refte , il eft femblable à un
chat. Autour d'Alexandrie ou apprivoife les Ichneu-
mons comme les chats & les chaens. Vioye\ Dapper.
page SS.
Ce mot vient du Grec , 'iz'^h"' > "i" verbe ly.tvjtit , in-
vefligare , chercher. Le propre de cet animal eft de
chercher le crocodile & î'afpic pour le tuer , car il eft
leur ennemi irréconciliable.
#3=- ICHNEUMON. Nom d'un infeâe. Les Naturaliftes
appellent ainli certaines mouches voraces qui mangent
les araignées. Elles ont quatre ailes & un aiguilloa
comme les abeilles. On en diftingue plufieurs elpèces.
ICHNOGRAPHIE. f f. Terme de Géométrie. C'eft le
plan géométral , ou la defcription d'une forterelle ,
d'un bâtiment, ou d'une autre conftruélion. Ichnogra-
phia. Cette délinéation eft telle , que le bâtiment pa-
roîtroit au rez de chaullée , li on l'avoir rafé. C'eft
la vue d'une chofe coupée par fa bafe , ou fon pié ,
félon un plan parallèle à l'horifon. On l'appelle autre-
ment feclion horizontale. Cette defcription marque
feulement les longueurs &: les inclinations des li-
gnes , les angles &: les épailfeurs des ouvrages. Les
élévations ne font connues que par le profil ou lor-
tographie.
Ce mor vient du Grec , 'iKta, vefiigium, & ypi(pi.;fcri-
bo j parce que c'eft la defcription des veftiges ou tra-
ces d'un ouvrage.
ICHNOGRAPHIQUE. adj. Qui appartient à l'ichno-
graphie. Ichnographicus. Un plan ichnographique ,
c'eft la même chofe que l'ichnographie d'un bâtiment,
d'une citadelle. Voye\ Ichnographie , ces deux mots
ont la même origine.
ICHOGLAN , ICOGLAN. f. m. Terme de Relation.
Page du Grand Seigneur. Ephehus Imperatoris Tur-
cici. Jeune Eunuque blanc qui fert dans le Serrail.
On les élève avec une auftérité incroyable. Les Icko-
glans font des enfans de Chrétiens. Le Grand -Sei-
gneur élève fes Ichoglans à différentes charges , plus
ou moins conlidérables , félon qu'il les voit plus ou
moins afteétionnés à fon lervice ; mais ils ne font
pourvus de charges qu'à l'âge de 40 ans , à moins
qu'ils n'aient dilpenfe du Grand-Seigneur. Les Icho-
glans font élevés avec beaucoup de, foin dans le Ser-
rail de Pera , dans celui d'Andrinople , & dans le
Grand Serrail de Conftantinople. Ils ont là des Oda ,
ou des Salles dans lefquelles , félon les talens 3c les in-
clinations qu'on leur remarque , on les inftruit dans
les langues , dans la Religion , ou dans les exercices
du corps. Ils obéiilent à un Capi Aga , qui préfide
à tous leurs exercices , &c les traite avec beaucoup
de lévcrité.
Selon quelques Auteurs , ce mot eft compofé de
deux mots Turcs , ich , ou itch , qui veut dire de-
dans , (Se à'oglan, qui ii^mfit page , valet: de forte
qalchoglan lignifie , page du dedans , ou valet qui
fert au dedans du palais, eu du Serrail. D'autres dé-
rivent ce mot Ichoglan , d'un mot du Grec baib.>
re; c'eft 'fjKnXa.i , ou .-/koAss qui a été formé du Latin in-
cola ; &c qui a la même lignification. Ces deux écy-
mologies donnent à peu près le même fens au nom
à' Ichoglan j en prenant incola pour domûs incola.
ICHOR. f m. Prononcez Ikor. Terme de Médecine.
Ce mot eft purement Grec. Blanchard s'en eft 1er-
vi pour fignificr une humeur fulflireufe & aqueufe
qui découle des ulcères, Ichor j fanies ^ tabcs. Il
I C H
nous feivira à ciiccndrc le mot fuivant. En François
on dit fanïe.
ICHOREUX, EUSE. adj. [Vh ne fe prononce pas.)
Ichorofusya. On appelle pus ùAo^c^^.v , humeur it7?o-
rcufc , une cfpccc de lanie ou de pus féreux &c àcie
qui découle des ulcères , particulièrement de ceux qui
attaquent les articles, les liganiens , les membranes,
les nerfs. On donne encore cette épithète au fang ,
loriqu'il abonde en fèroiité ûléc & acre. Ce mot
vient du Grec i^cùft lanie ou léroiitc acre. Col de
VlLLARS.
ICHOROIDE. f. m. Terme dc^ Chirurgie &: de Méde-
cine. C'ell une moiteur , une humidité femblable à
la corruption , à la lanie qui lort d'une ulcère, hho-
roïdcs. Harris.
Ce mot cft formé de :^lif,fani£ j & ci^is > efpéce ,
■TcQemhlancc.
fCr'lCTHYODONTES. f. f. Nom donné par quelques
Naturaliftcs aux dents de poillons qu'on trouve dans
l'intérieur de la terre, comme les Gloiropetres, les
Crapaud i nés , &c.
ICHTHYITE. f. f. Pierre dans laquelle on trouve une
cavité qui a la figure d'un poilfon. James. §3" Toute
pierre qui renferme des poiiibns , ou quelqu'une de
leurs parties.
ICHTHYOLOGIE. f. f. Ickthyologia. Nom que l'on
donne aux ouvrages, aux traités qui font fur les poil
fons, où il eft parlé de leur nombre, de leurs noms,
leurs efpcces , leur nature , leurs propriétés , &£. Hil-
toire naturelle des poillons , Hijloria naturalls pïfdum.
Le Dodeur Ray, Anglois , a fait une Ichthyologïc qui
ell eftimée. Il y a ajouté & redifié ce qui y manquoit ,
dans un abrégé qui n'a été imprimé qu'après la mort.
On doit écrire Ichthyologïc , &: non Iclyologie.
Ce mot eft formé de deux mots Grecs, tx.ii's,pO!JJon^
& xiyjç , difcours.
fp- ICHTHYOLOGIQUE. adj. Qui concerne les poif-
fons. Ouvrage Ichthyologique. Bibliothèque Ichthyo-
logique.
|p- ICHTHYOLOGISTE. f. m. Naturalifte qui a écrit
fur les polirons , qui a donné quelque ouvrage fur les
poillons.
ICHTHYOMANCE , ou ICHTHYOMANTIE. f. f.
Divination qui fe fait en conlidérant les entrailles
des poillons. Ichthyomanûa. On faifoit fur les
poilfons à peu près les mêmes obfervations que
Ton avoit coutume de faire lur les autres victimes.
Athénée ,1. 2 ^ dit qu'il y avoit en Lycie , allez près
de la mer , une fontaine confacrée à Apollon , &
appelée Dina, où ceux qui vouloient conlulter l'ora-
cle du Dieu , otfroient aux poillons qui venoient de la
mer , les prémices des vidfimes attachées à des bro-
-ches de bois , 5; qu'un Prêtre alFis oblervoit attenti-
vement ce qui fe palîoit pour en tirer augure. Le mê-
me Auteur a écrit qu'on croyoit trouver des prélages
dans la nature , la forme , le mouvement & la nour-
riture des poilfons de la fontaine Phellus. Pline , /.
^z , c 2 y rapporte qu'à Myra en Lycie on jouoit de
la Hûte à trois repriles , pour faire approcher les poil-
fons de la fontaine d'Apollon appellée Curius; que ces
poillons ne manquoient pas de venir, & que tantôt
ils dévoroient la viande qu'on leur jettoit , ce que les
Conlultans prenoient en bonne part; que fouvent ils
la repoulloient avec leur queue , ce qu'on regardoit
comme un préfage funelle. Polydamas & Tiréfias à la
guerre de Troye eurent recours à Y Ichthyomanne. On
prétend qu'Aquilée en fit aulll ufage. Bullengerus ,
' de ratione Divinac. L. j , c. 20.
Ce mot vient d''';ïJÏ'f , poiffon , &: de foeneix , divi-
nation.
ICHTHYON. C. m. Terme de Calendrier. Quelques
anciens Aftronomes , appellent Ichthyon le troilième
mois de l'année , lequel répond , lelon eux , au figne
des poiirons. Ichthyon. Foye^ Scaliger , le P. Pétau ,
Ulférius, le Moine.
Les Achéens appeloient leur douzième mois du
nom d'ichthys , qui veut dire en Grec poiffon ; ce
.. mois , félon quelques-uns , répond à celui de Dé-
cembre.
Tome F.
I C I
îT
Le nom à'ichthys cft Grec , «'^«If , poijfon , Se celui
d'ichthyon en eft formé , ik lignihe mois des poillons.
Quelques Auteurs écrivent iclys Se iclyon , mais mal.
ICHTMYOPÈTHH. adj. Il le dit des pierres lur lef-
ciuclles on voit l'empreinte d'un poillon. Les ardoi-
fes Se les autres pierres ichchyopècres ne font pas des
jeux de la nature. On y reconnoit le genre de la
plante ; ce font la plupart des fougères &: des capil-
laires de l'Amérique, des feuilles de tillot , de poi-
rier , de charme , de peuplier lis: de laule , dont on
découvre le pédicule , les fibres & l'extenlion natu-
relle. On recojnioit aulîi les poiftons «Se les infedles ,
julqu'a les pouvoir nommer. Ces pierres viennent
ordinairement dans les mines de charbon de terre ,
à cent pieds de profondeur Se au dernier lit; la terre
s'eft durcie en pierre ou en ardoile , en recouvrant
la plante ou le poifton amenés par le déluge : car leur
fituation couchée dénote que ce lont les eaux qui les
ont châtiés.
ICHT.HYOPHAGE. f. m. Animal qui ne vit que de
poifton. Il fedit fur-tout de certains peuples ancien?).
IcHTHYOPHAGE , 1. m. & f Sz adj. Nom propre de
peuple. Ichthyophagus. Ce nom fignihe , mangeur de
poillon ,Se aété donné dans l'Antiquitéàplulieurs peu-
ples difterens. DansPtolomée , les Ichthyophages lont
des peuples qui habitoient les Provinces de Nanquin &
de Xantun , à ce que juge Sanfon. Dans Photius , Bi-
bliûth. Cod. 2 fO ,c. 12 , /j', I ^, I f , i6 , /7. Aga-
tharcnides appelle Ichthyophages , tous les peuples
qui habitoient depuis les Autéens Se l'Ethiopie jufques
a l'Inde , la Gédrolie , la Caramanie , la Perte , Se tou-
tes les nies de ce pays là , & décrit leurs mœurs, leur
vie , leur pêche , &c. Diodore de Sicile Se Pline ne
leur donnent pas moins d'étendue. Pline , L. VI , c.
2j, dit qu'Alexandre défendit à tous les Ichthyophages
de manger du poifton. Foye-{ encore Hérodote , L.
III,c.ipSe 20. Strabon , I. II, Se L. XV. Solin ,
C. s 4- Capella, L. VI. de India. Arrien, Indien, p.
S6s, (6(j.
On dit que ces peuples avoient pourtant des beftiaux ;
mais c'étoit pour en nourrir les poiftons , à qui ils en
donnoient les chairs ; qu'ils faifoient leurs maifons
des os ou des arrêtes des grands poillons , Se de coquil-
lages ; que les côtes des baleines leur fervoient de fo-
lives Se de poutres ; que des mâchoires de ces ani-
maux ils s'en faifoient des portes , & que les mortiers
dans lefquels ils broyoient le poifton , Se le faifoient
cuire au foleil , n'étoient autre choie que les vertè-
bres de ces monftres marins ; que de ces chairs de
poifton mêlées avec un peu de farine , ils en faifoient
du pain ; qu'ils mangoient aulîi du poillon ctud , qu'ils
le prenoient avec des filets faits d'écorce de palmier.
Les Perfans appellent les Ichthyophages , Mahijfer ,
c'eft-à dire , Tête de poilfon , Se leurs Romans dilent
que leur tête approchoit de celle des monftres marins.
Ces mêmes Romans orientaux placent les Ichthyo-
phages dans une île de la mer d'Omman , c'eft à dire,
de l'Océan oriental , qui comprend les deux golfes ,
l'Arabique Se le Perfîque D'Herbelot.
Ce mot eft Grec , & vient de 'x'^« ,p{fcis , poijfon ,
Se de 'pi.yopi.xi , edo , je mange.
^ ICHTHYPÉRIE. f. m. Nom qu'on a donné au pa-
lais oftéux des poillons, qu'on trouve fouvent en terre ,
dans des lits pierreux. Ils ont diftérentes figures , fui-
vant les différentes efpcces de poilfons. Ils relFem-
blent à des fftiques ou gouft'es de plantes légumineu-
les. D'où leur vient le nom de Siliquajlra que quel-
ques Naturaliftes leur ont donné.
I C I.
ICI. Hic. Adverbe de temps Se de lieu , qui marque le
lieu où l'on eft , le temps préfent , Se qui eft oppofé à
là , qui marque un lieu , ou un temps éloigné. Appro-
chez-vous d'ici , venez chez moi , ou dans mon voiû-
nage. Faites im tour jufques ici , jufqu'en ce pays,
en ce quartier. Sortez hors d'ici , il ne lait pas bon ici
pour vous. Hors d'ici mauvailes penlees , c'eft ici l'en-
droit du livre où notre queftion iera décidée. Ici je
D
z6
ICO
ferai mon parterre , & là mon potager. On dit en-
core. Cet liommeeft d'ici; pour dire , il eft né dans
ce village , d ms cette ville , dans cette province. On
n'avoir point connu jufqu'id la nature des comètes ,
la circulation du iang , la pclantcur de l'air , &c. pour
dire,julqu'à prêtent. D'ici à cent ans, à cent ans d'ici.
Las d'cfpcrer £' de nie. plaindre
Des Mufes , des Grands & du fort ,
C'ejl ici que j'c^f '<: la mort.
Sans la déjlrer ni la craindre. Mainard.
Ce mot vient du Latin hic.
^ ICI. Là. Ici eft le lieu même où eft la perfonne
qui parle. Là eft un lieu différent. Le premier mar-
que & fpécifie l'endroit. Le fécond eft plus vague ;
il a befoin , pour être entendu , d'être accompagné
de quelque ligne de l'œil ou de la main.
§C? Venez ici. Allez /lî. l'un eft plus près; l'autre eft
plus éloigné.
Ici , après un fubft. commence à vieillir. On ne dit
plus ce temps ici , cet homme ici ; mais ce temps-ci ,
cet homme-ci. L'ufage a changé depuis Vaugelas ,
qui approuve cet homme ici. M. T.
Ici ^ Ce terme eft fouvent employé dans les
Epitaphes. Ici repofe , ici gît , Sec. ^
ICI-BAS. adv. Qui fe dit de ce bas monde. Les Epicu-
riens tenoient t|ue Dieu ne fe mêle point des chofes
à'ici-bas , & qu'il ne fe met pas en peine que cha-
cun vive à fa fantaifie. Port Royal.
Des chofes d'icl-hzs la Fortune décide. Des Houl.
Le plaifir ici-bas eft interdit à un Mohie , c'eft un
homme de douleurs. Ab. delà Trap.
Comme Ji les forfaits les plus noirs d'ici bas
Etùienc unfacriflce à défarmer leurs bras.
BrÉbeuf.
Ici -SAS , eft aufli un fimple adverbe de lieu , qui fe
îiit par oppoUtion à ici-haut* Venez ici-bas. Il eft 'ici-
bas.
fer ICICARIBA. f m. Nom de l'arbre qui donne la
Réfine Élémi d'Amérique. Voye\ Élémi.
ICIDIEN. adj. m. Qui fe difoit des Dieux Lares ou Pé-
nates. Icidius. Servius dit que les Dieux Icidiens étoient
frères , ou du moins il les appelle frères.
Ce mot vient du Grec oiVidioî ^ qui Çi'gnAt domefli-
que , & qui eft dérivé de «'>'« , maïfon. Ainli il y a
une fiute dansSolin,c. 2. oîi on lit Ifidiorum pour
Icidiorum. Voye\ Arnobe & Saumaife fur Solin ,
page 64.
ICIL & ICEL. Vieux mots. Celui ci & cette. On a
dit aulîî Iccn pour Cela , &: Icefl pour Ce.
I C O.
ICOC. Voyei HUCUCA.
ICOGLAN. FoycT^ ICHOGLAN.
ICOLLO. Province d'Afrique au Royaume d'Angola.
ICONDRE. Petit Pays d'Afrique , dans l'île de Mada-
gafcar.
ICONE. Ancienne ville de Pifidic , Capitale de la Ly-
caonie. Iconium. Elle étoit vers les confins de la Cap-
padoce , du côté de la Cilicie. S. Paul y prêcha, Acl.
XlII. SI- & elle devint ville Archiépifcopale , fous
le Patriarchat de Conftantinople. Au refte, il faut
dite Icone , &• non pas /co;2ie , comme quelques Au-
teurs , non-feulement en Hollande , mais même en
France. Entre les Œuvres de Pierre de Blois on trouve
une Inftruftion fur la Foi Chrétienne pour le Sultan
à'Iconie. Fleury , HijL Eccl. Mais le Port Royal
dit, Acl. XIII. (-/.Alors Paul & Barnabe fecoué
renr contre eux la poullîére de leurs pieds , & vin-
rent à Icone. Et de même , XIF. i , iS , 20. XFI.
2. & L Timoth. ///. /. Le P. Amebt,leP. Bou
hours , & M. Simon, dilent aulïï Icone, Se l'on ne
peut douter que ce ne foit l'uiage.
ICO
Aujourd'hui elle fe nomme Cogni , elle eft capitale
de la Grande Caramanie en Natolie. C'eft une grande
ville bien peuplée , & le fiège d'un Archevêché &: du
Bégherbey , ou Gouverneur de Caramanie. Elle cit
au milieu de deux petits lacs , entre les villes de Sca-
lemeure , deSatalie & d'Angauri. Elle donne fon nom
à la Caramanie , que l'on appelle Béglerbélic de Co-
gni.
ICONOCLASTE, f. m. & £ Brifeur d'images. Qui
frangit imagines. L'Églife regarde les Iconoclajles com-
me des Hérétiques qui ont longtemps affligé l'Églife
d'Orient , parce que ces Iconoclajles vouloient dé-
truire la vénération des images de Dieu , & des Saints ,
& briler toutes les figures , & repréfcntations dans
les Égliles. Léon liaurique , Empereur d Orient , a
été le principal Chef des Iconoclajles. Maimbourg
a écrit amplement l'Hiftoire des Iconoclajles. Foyc^
encore l'HiJl. Eccl. de M. l'Abbé Fleury, L, 42. Se
les deux fuivans.
Ce mot vient du Grec àica;ox>,içy.ç ^ qui eft formé de
ei'xi» , imago j image , Se du verbe «>.«£(» , K/à» , rum~
père j rompre.
ICONOGRAPHIE, f. f. Dcfcription des images , des ta-
bleaux, &c. Iconogrophia. C'eft particubérement la
connoilfance des ftatues antiques de marbre & de bron-
ze , des buftes , des demi-buftcs , des Dieux Pénates ,
des peintures à frefque, des Mofaïques ce des minia-
tures anciennes. Pluheurs perfonncs de mérite fe Îqïi^
appliqués à l'iconographie. Les Modernes illuftrcs , dans
{'iconographie ■, font Michel Ange , Fulvius Urluius ,
Piétro Santé , & autres habiles Italiens. Svoii.
Ce mot vient du Grec , £'«»» imago ■, & yfa^t-Jlribo.
CCr ICONOGRAPFIIQUE. adj. de t. g. Qui appnrcicnc
à l'iconographie. \
ICONOLATRE. m. Qui veneratur imagir.es. C'eft- le
nom que les hérétiques Iconoclajles donnoient aux
Catholiques , qu'ils accufoient faullcment d'adorer les
images , & de leur rendre le culte de latrie qui n'cft
dû qu'à Dieu. C'eft à peu-près le même reproche que
quelques hérétiques font encore maintenant aux Ca-
tholiques. Quelque éclairciffemcnt qu'on leur air don-
né là-delfus , il y a encore des Prcdicans ignorans qui
ne ccirent de crier contre l'Idolâtrie de l'Églife Ro-
maine , &: d'accufcr les Catholiques d'être Iconolâtres.
Ce mot vient du Grec £"--«») &c àc>''^-f''''i> , colo.
ICONOLOGIE. f. f. Interprétation de pluheuis images,
ou monumens anciens Se emblèmes. Science qui re-
garde les figures & les reprélenrations , tant des hom-
mes que des dieux. Iconologia. Il y a pluheurs livres
intitulés ; Iconologics -, celle de Débie Chalcographe ,
de Ripa . &c. h Iconologie fait la peinture des chofes
purement morales lous la figure des perlonnes vivan-
tes. Elle perfonifie la Victoire , la Renommée , la
Vertu, la Nobleftè, l'Honneur, les Pallions, tfc. eft:
fort nécellaire aux Poètes , aux Peintres , & aux Fai-
feurs de ballets Se de repréfentations. Foye'^ le Père
Méncftrier en fes Tniites de la Philofophie des Ima-
ges , Devifes , Emblèmes , Armoiries , Énigmes , Bal-
lets , Repréfentations , Carroufels , Décorations fu-
nèbres , &c.
Ce mot vient du Grec , îi^à» , & de ^.=7» , dico , je
parle.
tp" ICONOLOGIQUE. adj. Qui appartient à l'icono-
logie. Il p.arut en 17 y6 un ouvrage fous ce titre. Dic-
tionnaire Iconologique , ou Introdudion à la con-
noiilànce des Peintures , SculpttUTS, Médailles , Ellam^
pes , &c.
ICONOMAQUE,adj. pris fubftintivement. Qui combat
contre les images , qui attaque , qui combat , qui blâ-
me le culte qu'on leur rend. Iconomachus. C'eft le
furnom qu'on donne dans l'Hiftoire à l'Empereur
Léon liàuricn , à caufe qu'il ordonna par un Édit
qu'on abattît les images. Iconoclaft-e & Iconomaque
font la même chofe; on donne ces deux nom.s aux
Protcftans , fur-tout Calviniftes , & autres qui imitent
la fiireur des anciens Iconomaques,
Ce nom eft Grec , il vient d'"'"" W<;»' , qui eft for-
mé d'"''"'» j qui veut dire image , Se de ««;i',««(, qui £-
gaiiie, je cotnbats.
I D A
ICOSAEDRE. r. m. Terme de Géonictne. Solide con-
tenu fous vingt triangles cquilatéraux , ôc cg.iux encre
eux. Icojacdron.
ICOSIPR(3TE. r. m. Nom de dignité, qui iignih'e Vingt
premier. Icojiprotos.
0\\ difoit un Icofiprote ^ comme nous dilons un
Cent-Suillc.
ICOMPROTIE. f. f. Dignité d'Icofiprote. Icofiprûtïa.
C'étoit une dignité chez les Grecs modernes ; il en
ell parle au Digeftc au titre de Muncrlh. & honor. l.
fin. V. myjl. f^oye^ les Notes de Budé.
Ces mots font ccunpofés de um^i^ vingt , & ^rç^ns ,
premier.
Ip ICREPOMONGA. f. m. Nom d'un fcrpcnt marin
des mers du Bréfil , qui a, dit on , la propriété d'en-
gourdir , comme la torpille. C'eft le même animal que
celui dont il eft parlé tous le nom de jerépémonga,
& que l'on décrit fous les deux noms dans l'ency-
clopédie.
I C T.
ICTÈRE, f. ni. Terme de Médecine. C'eft un déborde-
ment de bile par tout le corps , que les Latins appel-
lent Iclerus , aurigo , ou morhus regius. Il y en a trois
l'ortcs ; l'une qu'on appelle proprement la Jauniffc ,
qui eft caufee par la bile jaune trop exaltée , ou trop
abondante dans la malle du lang , ou lorfque les
conduits cholidoques font bouchés. La féconde el-
pécc cft noirâtre , engendrée de cette même bile jaune ,
mêlée avec des acides. La troilîcme tire lur le vert ,
provenant aullî du mélange de la bile & de quelques
acides : elle cil ordinaire aux filles qui ont les pâles
couleurs. Dans la jaunilfe le blanc des yeux & tout
le cuir eft jaune & travaillé de démangaifon. Dans
Xiclère noir la couleur naturelle fe perd , à caufe de
J'humeur atrabilaire qui eft répandue fous la peau.
Elle paroit d'abord brune , & enluite plombée & ba-
sanée. La jaunilfe eft la melîagèrede l'hydropilie. Deux
Médecins qui le difentDodleursdela Facultéde Mont-
pellier , pour ie diftinguer par quelque endroit , ap-
pellerent un ïcière jaune accompagné de douleurs pé-
riodiques , le premier du nom de rhumatilme du foie ,
& l'autre de fièvre quarte du loie. MÉAt. de Tr. On
ioutient dans le Journ.al de Leipfick 1 69 1 , p. 2^2 ,
•que robftruction n'ell point la caulc de \iclère. l3ans
le même Journal lôSi,/;. j?^j on rapporte du Coot-
pendiuin Medico chymïcumAz Nicolas Grim que l'el-
prit acide du lel ammoniaque eft un excellent remède
contre \ïclère.
Ce mot vient du Grec , ly-T-i^n', qui fignifie la mê-
me chofe , & qui , félon Gorrha'us , vient du
Grec \y.ù<; , qui lignifie une efpècede belette. Cet ani
mal ayant les yeux de couleur d'or , on a donné fon
nom à la maladie qui rend jaunes ceux qui en font
attaqués. Vivera , cujus oculï aurei funt colons.
ICTÉRlAS. f m. C'eft le nom d'une pierre , dont Pline
lait mention , L. XXVII, cap. 1 0 , 8c qu'il recom
mande luperftitieufement contre lajauniilc, à cauie
de fa couleur. Iclerius lapis.
ICTÉRICIE. f. f. Terme de Médecine. létère , maladie
qui vient d'un épanchement de bile. Iclerus , iclerkia.
Il y a l'icléricie blanche & Vicléricic noire. Journal
DES Sav. 1721 , p. 2J0. Les acidulés (ont bonnes
d.ins l'une & l'autre iclérkie.
ICTERIQUE. adj. Iclerkus. Terme de Médecine, qui
fe dit d'une perfonne malade qui a la jaunille , Se des
remèdes propres à la guérir. §CJ Femme iclérique.
Remède iclerique. Il eft aullî fubftantif. Pourquoi
croit-il que la neige eft blanche , encore que fix icléri-
ç««j la trouvent jaune î Pélisson.
ID E
ICY. Voye:^ Ici.
I C Y.
1 D A.
IDA. Il y a deux montagnes célèbres de ce nom, l'une
dans l'Afie mineure , près de la ville de Troie , célè-
bre par le jugement de Paris \ l'autre , qui porte au-
jourd'hui le nom de Monte-Giove , eft dans l'ile de
Tome r.
«
Candie , vers la ville de ce nom. On alfurc que les
forêts de cette montagne ayant été embi ilécs par k
feu du C^iel, l'an 73 , après le déluge de Dcui.alio/i ,
les Daétyles, habitans de cette montagne, apprirent
à cette occalion l'art de tondre'le 1er, inconnu julqu'a
ce temps-là. Maty.
Le nom à'Ida a paflé dans la langue Françoifc fans
aucun changement; on y joint ordin.iirement celui
de mont , le mont Ida.
IDANHAAVELHA , c'eft à dire , Idanha la Vieille.
Nom d'une petite ville du Portugal. Idanha vctus ,
Igadila. Elle eft fur la rivière de Ponlus , dans la Pro-
vince de Bcïra, vers les confins de l'Eihamadure d'El-
pagne , à leize lieues de Guarda du côté du midi. Elle
a unÉvêché, dont le liège a été transléré à Guarda.
On voit à quelques lieues de cette ville un bourg qui
porte le nom à' Idanha «oviî j c'eft-à dire la nouvelle
Idanha. Maty. D.xns Idanka à velha , il faut mouil-
ler /ih , & Ih.
IDE.
IDjÉAL , ALE. adj. Qui n'eft qu'en idée. Idéales.
Plus une Philofophic eftfubtile, & idéale., plus elle
eft vaine & inutile pour expliquer des chofcs qui ne
demandent qu'un fens droit pour être connues. La
Bruy.
IJCTOn doit entendre par Philolophie idéale , celle
qui eft cppofée à la Philolophie d'expérience & d'ob-
fervation.
IJCF Idéal , chimérique , par oppofition à réel. Pouvoir
idéal. Richelies idéales , qui n'ont d'exiftence que
dans l'imagination. Perlonnage idéal. Ce mot n'a
point de pluriel au mafculin.
IDÉALISME, f. m. Terme Dogmatique. Syftème des
Philofophes qui voient en Dieu les idées de toutes
chofes. Ceux qui regardent le Spinofifme comme un
matérialifine groftier , ne l'entendent pas , c'eft \'idéa-
lifme le plus pur.
IDÉE. f. f. Perception de l'amc par l'organe des fens :
image des objets qui te préfentent à l'entendement j
la notion que l'efprit fe forme de quelque chofe.
AcAD. Fr. Idea. Une idée eft la torme ious laquelle
nous repréfentons les objets. Log. "Lidée eft 1 objet
immédiat, ouïe plus proche de notre elprit, quand
il appercoit quelque chofe. Maleb. Les hommes font
convenus de certains fons , pour être les lignes des
idées que nous avons dans l'elprit , 6>: que 1 on a atta-
chées à ces lignes extérieurs. Maleb.
lDÉE,fe dit aulîi des vues, des opérations, des notions
de l'efprit, de la penfee, de la léilexion, par le rap-
port Hc l'allemblage de plufieurs choies qui ont paUé
par le fens. Quelques Philofophes appellent ces idées ^
des idées complexes , parce qu'elles font compolées
. de diverfes idées fimples, comme celles de larticle
précédent , & qui ne font autre chofe que les images
formées par les objets extérieurs qui frappent nos
Cens. Ces idées fimples font comme la matière de nos
connoillânces , &c forment nos idées complexes par
leur combinaifon. Connoître une chofe , c'eft en
avoir une idée claire , & en découvrir les rapports par
lumière & par évidence. Maleb. Les opérations de
l'efprit fur ces i^/etj fimples conliftent à les difcerner ,
les comparer, &c. LockE. Il ne faut pas s'étonner fi
nous n'avons point d'évidence des myftères de la foi,
puifque nous n'en avons 'las même A'idée. Maleb.
Les hommes tâchent d'affoiblir & d'oblcurcir^ l'idée
de la mort. Nie. Dieu n'agit pas félon les idées foi-
bles & bornées des hommes. Le Cl.
Selon que votre idée cft plus , ou moins ohfcurc ,
L'expreJJion la fuit , ou moins nette , ou plus pure ;
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairem.ent.
^ ' Boil.
Verhaque provifam rem non invita fequentur.
H O R A T.
Les idées fimples , ou complexes .peuvent être
claires & dillinéles , ou obfcures & coiifufes. Les idées
Dij
iy>
I D E
fimples font claires quand elles font fort vives dans
l'elprit par la bonne dilpolition des organes i & c'elt
cette clarté qui rend les idées diftiiictes. fPT Une
iJf'e eft claire lorfqu'elle eft telle qu'elle luflàt pour
nous lairc retonnoitre ce qu'elle reprclente, dès que
l'objet vient à s'otirir à nos yeux. Celle qui ne pro-
duit pas cet eftet , eft obicure. Nous avons une idc:'^
claire de la couleur rouge , lorlque , fins héhtcr , nous
la dilcernons de toute autre couleur. Les iddts com-
plexes foiu claires, non-leulement lorfque les idées
(Impies dont elles font compofces font claires, mais
encore lorlque leur nombre &c leur ordre cil claire-
ment fixé & réglé dans l'elprit. LocIvE.
Dans le chapitre des idées, M. Wolli'obferve judi-
ciculement qu'il ieroir luperHu , & même iouvent
impolîible, de faire l'analyie des idées claires & dif-
tinéles, juiqu'à en venir à des idées qui, à caule de
leur hmplicité, n'admillent plus aucune déc'ompoli-
tion. On peut être content, ajoute t il , Se s'arrêter
lorfqu'on a f ifHfaminent analylé une idée pour attein-
dre le but qu'on s'cll propoié. Il feroit à fouhaiter
que nos prétendus Métaphyiiciens Littérateurs , fe
conformallent à cette judicieute maxime. On les voit
fe morfondre pour développer les chofes les plus
claires qui deviennent obicures à force de les dilcu-
ter, & de leur donner un air fubtil ils: fin Ol^f.
fur les Ecr. mod. tom. 1 2 ,p. S S , S ç.
Ce mot le prend philoiopiiiquement , ou pour la
perception d'un objet , ou pour l'objet de la percep-
tion. Vidée prife poiu" la perception d'un objet eft
ce qu'on appelle Idée formelle, & l'objet de la per-
ception eft ce qu'on nomme Idée objective. Si l'objet
de Vidée formelle eft matériel. Vidée fera pure, ou
une perception pure.
L'idée formelle elf fimple ou complexe, claire ou
obfcure, diftinéle ou confule , vraie ou fauilc , di-
reéle ou réllechie. Uidée objedive eft innée ou lormée
dans le temps imprelle ou expreffe. Vidée fimple eft
celle qui n'a pour terme que l'objet précifément,
comme Dieu , homme , &c. Vidée complexe eft
celle qui ajoute quelque chofe à l'objet , comme Dieu
jufte , homme lavant. Les Philofophes conviennent
que Vidée complexe peut être faulîej elle l'eft lorf-
qu'un des termes détruit l'autre ; comme Dieu injufte ,
triangle rond , cercle quarré. {CFPour Vidée fimple,
il eft évident qu'elle ne peut être faulfe, parce qu'elle
eft néceftairement unii-orme à l'objet qu'elle repré-
fente.
ÇO'Les chofes que nous nous repréfenrons , font ou
ce qui fe palle en nous-mêmes , ou ce qui eft hors de
nous , foit que cet objet foit préfent ou abfent;
nous pouvons aulîî nous repréfenter nos perceptions
elles mêmes.
C'^La perception d'un objet à l'occafion del'impref-
fion qu'il tait fur nos organes, s'appeWzfenfation.
fCF" La perception d'un objet ablent qui le prélcnte fous
une image corporelle , s'appelle imaginacion.
f]0"La perception dune choie qui ne tombe pas fous
les fens , ou même dune chofe Icnlible qu'on ne fe
repréfente pas fous une image corporelle , s'appelle
proprement idée , idée intelleduelle.
tJCFOnadifputédins tous les temps lut l'origine de nos
idées. Jamais queftion n'a été plus difcutée , ni moins
éclaircie.
L'opinion la plus commune fur les idées en géné-
ral , étoit autrefois celle des Péripatéticiens. Ils préten-
dent que les objets de dehors envoient des efpèces qui
leur reilemblent , & que ces efpèces imprimées fur
les fcns extérieurs, font portées par eux jufqu'à l'en-
tendement. Ces efpèces étant matérielles &: feniîbles ,
font rendues intelligibles par l'inteileift agent , & re-
çues par l'intelleél: patient, ^oye^ Espèces impreffes
& exprejfes , & les articles rélatils. D'autres croyent
que nos âmes ont la puilfance de produire les idées
des chofes auxquelles elles veulent pcnfer ; & qu'ainfi
l'homme peut créer Se anéantir les idées de toutes les
choies qu'il lui plaît de le forger. D autres, comme
Delcartes, tiennent que toutes les idées font nées &
créées avec nous, /'ojytjj Malebranche. Quelques
I D E
Cartéliens diftinguent trois efpèces A'idees; les unes
innées , telles qu'ils prétendent qu'cft celle que nous
avons de Dieu , d'un être inhnnnent partait ; les fécon-
des nouvelles &: lenhbles , advencicia , que l'elprit re-
çoit à mtiure que de nouveaux objets corporels le
prclentent à nos fens. Telle eft Vidée du corps, du
Ion, de la figure, de la lumière, &c. Les troiliemes
idées , lelon ces Philofophes , font fadfices , faclitia ,
Se ce font celles que notre efprit fe forge en alfem-
blant les idées qu'il a déjà. Amfi , ces fortes d'idées
(ont toujours complexes.
ÎJCF Locke prétend auili que toutes nos idées tirent leur
origine des (ens. Il eft certain, dit -il, que notre ef-
prit n'a ablokunent aucunes idées que celles que nos
lens lui prélentent. Se les idées qu'il forme par fes
propres opérations fur celles quil a reçues par les
lens. Ainii , un homme deftitué d'un de fes lens , n'a
jamais aucune idée qui appartienne à ce lens; en
(orte que luppolant un homme deftitué de tous fes
(cns, il n'auroit aucune z(ic;t; , parce qu'il n'auroit ja-
mais eu d'idée de (enlations , les objets extérieurs
n'ayant aucune voie pour en produire en lui par le
moyen des lens. Il n'auroit point non plus d'idées de
rériexion , parce qu'il minqueroit de toute fenfation ,
qui eft ce qui excite en lui les opérations de l'on ef-
prit , qui (ont les objets de (a réHexion.
fjZtDe ce principe, il s enfuit qu'il n'y a point d'idée
innée dans notre efprit; c'eft-àdire, qui y foit avant
qu'il ait apperçu les objets par l'organe des lens ôc
réfléchi (ur cette perception. Il n'eft point vrai qu'il
y ait dans notre elprit des vérités générales qui foient
nées & créées avec lui. Ces idées qui lemblent in-
nées , parce qu'on les lent dès qu'on fait ufage de la
railon , ne viennent que des idées dont les fens ont
rempli l'efprit infenfiblement , & c'eft fur ces idées
qui viennent originairement des fens , que l'efprit
exerce fa faculté de raifonner.
|CFSi cela étoit, toutes nos idées feroient corporelles ,
& nous ne conce lions rien que par des images fem-
blables à celles qui fe forment dans le cerveau quand
nous voyons , ou quand nous imaginons des corps.
Cependant il y a un grand nombre d'idées qui , ne
tenant rien d'aucune image corporelle , ne peuvent,
fans ablurdité , être rapportées à nos fens. Suppofez
un homme deftitué de tous fes fens dès la naillance;
qui l'empêchera de penfer qu'il exifte , de reliéchii"
fur ies penfées, de dire avec Def cartes : Je penfe,
donc je fuis ? Or , dans ce cas , quelle part les lens
auroient-ils à ces idées? Il eff évident, d'ailleurs,
qu'il s'en faut beaucoup que nos idées foient dans
nos fens , telles qu'elles font dans notre efprit , Se
c'ell là la queftion.
0CFA l'égard des idées innées que Dieu a mifes ou qu'il
met dans notre efprit, la plupart des Philolophcs les
nient abf'olument, & regardent avec railon ce fenti-
ment comme dangereux. Il eft évident , difent-ils ,
que Vidée formelle vient de notre entendement qui
la forme. Dieu aura beau modifier mon ame , fi je
n'agis pas, jamais je ne concevrai, & i\ je conçois,
j'agis, & fi en concevant j'agis, mon ame forme fes
idées , Se (on entendement n'eft pas une puiftance pu-
rement pallîve ; il ne faut donc point chercher d'autre
origine de nos idées que notre efprit. D'ailleurs, il
n'y a pas plus de railon de refufcr à l'ame la puillance
de former fes idées , ou de fe modifier en penfant , que
de former fes volitions , ou de fe modifier en voulant;
de forte que fi l'on raifonne conléquemment, il faut
dire que la volonté n'agit point , fi l'entendement ne
le fait point , Se l'on détruit la liberté.
CfT'lDEE fe dit aulîi en parlant de Dieu pour les exem-
plaires , les modèles éternels de toutes les chofes créées
qui font en Dieu, le prototype fur lequel il a créé
toutes chofes. Nous difons en ce fens que les idées de
toutes chofes font en Dieu. Suivant Mallebranche ,
nous acquérons nos idées dans l'inftant que notre
ame les apperçoit en Dieu. Roman métaphyfique qui
paroît dégrader l'Etre fuprême.
ffJ" C'eft dans ce fens qu'on dit les idées de Platon.
^(CFIdée, fignifie aulîî dans l'utage ordinaire , le deffcin.
I D E
l'efquilTc d'un ouvrage. On dir jcrrcr une idcc fur !c
papier. Skammozzi a intiruli; (on livre , LUc de i'Ar-
chiuedhirc.
Juin , (c ditauflî d'une opinion , d'un fc-nriment qu'on a
dans rcf'prit. Je m'érois formé une li.iutc ulcc de la
vertu de cet homme. Les hommes reliaullent Vidce
qu'ils ont d'eux mêmes, en s'im.iijin.inc, par une ilin-
Iion grollière , qu'ils lont rc'cllement plus grands ,
parce qu'ils font d.ans une plus grande maifon , îk
qu'il y a plus de gens qui les admirent. Loc. Les fom -
h\:cs idics qu'on donne de la vertu, la rendent trilte
& ennuycute. Fen. Le plus grand plaifir d'un hom-
me orgueilleux , c'cft de contempler Vidée qu'il ic
forme de lui même : cette idée ell la fource de toutes
ks vaines latisfatlions , & rien ne lui plaît que ce qui
contribue à la rehauller , à l'agrandir , & à la rendre
plus vive. Nie. C'eft avoir une idée bien balle de
Dieu , que de fe figurer que la gloire a beloin que nous
lui prêtions nos crimes. La Pl. Jamais homme ne
lai lia une lî médiocre idée de la perlonne cV de Ion
mérite. H. S. de M. Les Stoïciens nous ont donné la
plus grande & la plus belle idée de la vertu que l'on ie
puilfc fonner, lans le loucicr que cette idée convienne
à la vertu humaine. M. Esp. L'eftime du public con-
firme l'amour propre dans \'idée Hatteule qu'il fe for-
me de lui-même. La Pl. Les hommes le forment
une faulle idée du vrai bien. Abadie.
^O" Idée, le dit aulll à peu-près dans le même fens , des
images qui lont dans la mémoire ou dans l'imagina-
tion. C'eft ainfi que l'on dit qfle l'on a quelque idée
d'avoir vu un homme : qu'on ne le fouvient point
d'une chofe, qu'on n'en a aucune idée. On le rap-
pelle (es idées. Le temps efface les idées d'une chofe ,
quelquefois en m'enrretenant avec votre idée , je la
tut.aie. Le ch. d'H.
^3° Idée, le dit plus improprement encore par oppo-
fition à réel & etleéfif, des imaginations faulles , des
vilions chimériques , des chofes qui ne lont point
efteclives. C'eft dans ce fens qu'on dit , ce ne lont là
que des idées , des idées creufcs. Se repaître A'idées.
Un homme qui n'eft riche , qui n'eft heureux qu'en
idée. Je cherche des fouvenirs agréables dans le paf-
fé , &c des idées plaifances dans l'avenir. S. Evr. Les
maximes enHées du Portique n'ont jamais fait de Sage
qu'en idée. La République de Platon étoit une idée
impraticable.
^^ Le dellein de Dinocrates , de faire une ftatue d'Ale-
xandre du mont Athos , ctoit une idée folle, qui ne
pouvoit s'exécuter.
|ÎC? Corneille dans Nicodèmc a dit dans ce fens : Le
Roi n'eft qu'une idée. On dit bien n'eft qu'un phantô-
me , mais on ne dir pas n'ejl qu'une idée. La raifon en
eft que phantôme exclut la réalité , &: <\\x'idée ne l'ex-
clut pas.
§3" Idée, penfée , imagination , fynonymes. L'idée re-
prclcnte l'objet : Li penfée le conlidère : V imagination
k tonne. La première peint : la féconde examine : la
troilîème féduic. Syno Fr. On eft liir de plaire dans la
converfation quand on a des idées juftes , des perifées
fines , & des imaginations brillantes. Il faut autant
qu'il eft poifible fimplifier les idées. On reproche aux
Anglois de trop creuler les penfees. Bien des gens
prennent les imaginations pour des réalités.
Idée en Mythologie. C'eft le nom que les Anciens avoient
donné à la nature , ou à la terre , qu'ils nommoient
Idea mater magna , dont ils firent une Divinité. On
voit plufieurs infcnptions avec ces trois lettres I. M.
M. Ide^t Alatri Magnx. D'autres prétendent qu'elle
ctoit ainfi nommée à caufe du mont Ida. L'idée eft
aulFi la mère de tous les arts : & l'on dit travailler
d'idée & de génie , quand on invente , Se que l'on ne
fe contente ni d'imiter , ni de copier.
IDcEN , ENNE. adj. Que l'on difoit anciennement des
Dadtyles, ou Corybantes , miniftres de la Déelfe Cy-
bèle. Id.tus. f-''oyei Dactyle. Jupiter eut aullî le fur-
nom A'Idéen , foit du mont Ida de Phrygie , ou plus
probablement du mont Ida de Crète , où il avoir été
élevé, où étoit fon tombeau. On le donnoit encore
à un promontoire , ou cap voifin du mont Ida en
IDE 29
Phrygie. La mcre Idécnne étoit Cybele , mère des
Dieux , honorée au mont Ida. Tanncguy Le Févrc rap-
porte ainfi l'étymologie de ce mom : i^ai , félon Hc-
iychius&: Euftathe , font des mont.ignes , de la ui.. s'cft
lait , pour lignifier du bois, îk les premiers hommes
vivoient du fruit des cliênes, ou de gland ; c'eft de-
là que la mère des Dieux fut appellée Idéenne. D où
vient que quand on eut trouvé l'art de faire du pain
en brûlant le blé , on commença à l'appellcr PhQ-
gia , de ^e,h»i ,torrere , brûler, rôtir.
IDEM. Terme Latin dont on fe fert au Palais, quand
on veut donner le même jugement , la même répon-
fe , la même taxe fur un article , qu'on a lait fur le
précédent. On a appelé Doéleurs Idémijles , ceux
qui dans les aflemblées fe contentoient d'opiner du
bonnet , & de dire , Idem cum , Ôc fans apporter de
railbn.
Idem. On s'en fert pour répéter les citations d'un mê-
me Auteur, Id. c'dl 'a due , Idem. gCT Ce mot eft
aulH d'un fréquent ulage dans les comptes , mémoi-
res , inventaires des Marchands, où il fait entendre
que plufieurs articles qui font de fuite marqués d'un
idem , font femblables au premier , par ce moyen on
évite de répéter ce qui vient d'être dit ou écrit.
IDENTIFIER, v. a. Terme de Philofophie. Confondre
une lubftance avec une autre , ou dans une autre ,
en comprendre plufieurs lous une même idée , Facere
idem , & barbarement dans l'Ecole , identijîcare. Sui-
vant les principes de Vanhelmont , les tranfplanta-
tions fe font en identifiant les chofes. Ce Philofophe ,
en expliquant les philtres , dit qu'en tenant une cer-
taine herbe échauffée, cela tranlplante l'amour à un
homme ou à une bête , parce que la chaleur n'étant
pas feule , mais animée par l'émanation des efprits ,
détermine l'herbe vers foi , & le l'identifie ; (5c ayant
reçu ce ferment , elle force l'objet de prendre un
mouvement amoureux. Vous identifie-^ mal à-propos
ces deux chofes , qui font très différentes & très dif-
tincles.
Identifier fe peur dire des perfonnes, quand on prend
l'une pour l'autre , qu'on ne les diftingue pas. Avant
le P. Sirmond & M. de Launoy , on identifiait allez
communément S. Denys l' Aréopagite , & S. Denys ,
premier Evêque de Paris. IKF On dit aullï s'identifier.
La définition s'identifie , ou eft identifiée avec le défini.
Identifié , ée , part. paif. In unum & idem redaclus. Ces
chofes font identifiées.
IDENTIQUE, adv. m. c^- f. Idem. Qui eft le même ,
qui ne fait qu'un avec un autre. Vous croyez me
faire deux diiférentes propolîtions , mais elles font
identiques , c'eft-à-dire , pariairement les mêmes j
l'une ne dit pas plus que l'autre. C'eft un délaut ,
une puérilité , que de faire des propolîtions identi-
ques.
IDENTIQUEMENT, adv. Terme d'Ecole. D'une ma-
nière identique. Une des propolîtions de Wiclef étoit
que JÉSUS -Christ n'eft point identiquement dans
l'Euchariftie , félon fa propre préfence corporelle.
Du PlN.^
IDENTITÉ, f. f. Ce qui fait que deux ou plufieurs cho-
ies ne font qu'une , font comprifes fous une même
idée. Quoiqu'il y ait trois perfonnes en Dieu, il y a
identité de nature, de divinité, c'eft à dire, une même
nature , une même divinité. Les comparaifons font
toiijours imparfaites , n'étant que comparaifons , &
non pas exemples Se identités , comme parle l'Ecole.
PÉLissoN. Il y a identité de raifon pour accorder cette
grâce , puifqu'on a accordé cette autre. On dit en
Scholaftique identitas ou paritas.
|ÎCr LTdentité d'une chofe eft ce qui fait dire qu'elle eft
la même , & non une autre : mais nous concevons dif-
féremment l'identité dans les diftérens êtres. Une ame
à raifon de fon indivilibilité , eft la même , malgré
les nouvelles modifications qui peuvent lui iurvenir ,
quoiqu'elle augmente ou diminue en penfées , en
fcntimens : au lieu qu'une portion de maiière n'cll
plus précifément la même quand elle éprouve con-
tinuellcmerit une augmentation ou une diminution
dans les modifications.
30
I D I
gcr Une chofe peut être la même quoiqu'elle ne foit
pas compolée des mêmes parties qui la conipofoient
auparavant. La rivière de Seine ell la même qu'elle
çtoit il y a cent ans , quoiqu'elle ne foit pas formée
des mêmes eaux , ni de la même quantité. Un arbre
qui a cent pieds de haut , efl le même qu'il ctoit lors
de Ion développement. Le corps humain ett dit le mê-
me à l'âge de I j, de 20 , de 50 & 40 ans, qu'à l'â-
ge de lix mois , quoiqu'il ne (oit plus compofé des
mêmes parties, ôc qu'il n'en conferve peut être plus
aucune de celles qui le formoient à lix mois. Pour
établir cette identité de relfemblance, il luint qu'il y
ait identité de forme. Ce n'eft point la grandeur ni
la quantité de matière qui coiiftirue le corps humain.
Un géant n'eft pas plus homme qu'un pygmée. C'eft
donc la forme , c'ell-à dire l'ame qui ell unie au corps
organifé. Or dans tous les âges de la vie le corps hu
main eft uni à la même ame. Ainli il ell toujours le
même corps humain , quoiqu'il n'y ait pas identité
de fubftance.
tf3° C'eflpar ces principes que quelques Géomètres le
font avifés d'expliquer comment le corps de J. C. ell
le même fous les efpcces Euciiariftiques , qu'il étoit
fur la terre , & fur l'arbre de la croix.
IDES. f. m. plur. Terme de Calendrier, dont on fe lert
pour compter & diftinguer certains jours du mois.
Jdus. Il y en a huit à chaque mois. Les Ides (ont d'or-
dinaire le treize de chaque mois , excepté aux mois
de Mars, Mai , Juillet & Oclobre , où elles font le
quinze ; parce que ces quatre mois avoient lix jours
devant les Nones , & les autres quatre. On comp-
toir autrefois chez les Romains huit jours pour les
Ides, Ainfi le huitième dans ces quatre mois , ik. le
fixième dans les huit autres , on comptoit le huitiè-
me avant les Ides \ Se de même en diminuant jul-
qu'au douze ou au quatorze , qu'on appeloit la veille
des Ides , & le treize ou le quinze ielon les difté-
rens mois , venoient les Ides. On le lert encore de
cette façon de compter les jours en la Chancellerie
Romaine , & dans le Calendrier du Bréviaire. Les
Ides de Mai étoieur conlacrées à Mercure , parce
qu'on croyoit qu'il étoit né ce jour-là. Les Ides de
Mars pallcrent pour un jour malheureux, depuis que
Célar eut été tué ce jour là. Le temps d'après les Ides
de Juin paroilloit propre pour les noces. Les Ides
d'Août étoient conlacrées à Diane. Les efclaves les
chômoient aulîî comme une fête. Aux Ides de Sep-
tembre on prcnoit les augures pour frire les Magif-
trats , qui entroient en charge autrefois aux Ides
de Mai , enfuite à celles de Mars. l^oYe:^ Rofin , &:
les autres Auteurs qui ont traité des Antiquités Ro-
maines.
Ce mot vient du Latin Idus , de l'ancien mot Tof
can iduare , qui h^i-Àfiok divifir , à caule qu'elles di-
vifcnt le mois en deux parties prefque égales. D'autres
le tirent à'idulïuni , qui étoit le nom de la viclime
qu'on oftroit à Jupiter le jour des Ides , li .ce n'eft
peut-être que l'on ait donné à la victime le nom du
jour qu'elle étoit immolée. D'autres tirent ce mot du
Tolcan Itis , qui lignihoit parmi ces peuples ce qu'/-
dus lignifioit parmi les Romains. D'autres difent qu'/-
tis en Tolcan lignifioit fiducia Jovis , la confiance
en Jupiter ; que ce jour n'avoit point de ténèbres ,
parce que tombant à la pleine lune , le jour (Sj la
nuit étoient éclairés ; que c'ell pour cela qu'on la
nommoit la confiance de Jupiter, qui étoit le Dieu
de la lumière , & qu'on nommoit Lueetius , & lyief-
piter. D'autres le font venir du Grec •^^(■^ , figure ,
parce que le jour des Ides étoit la pleine lune , &
on voyoit la figure entière de cette planète.
I D L
IDILE. Foyei Idyle.
IDIOCRASE. f f Terme de Phyfique &: de Médecine.
Idiocrafis. C'eft la difpofition ou le tempérament pro
pre d'une choie, d'un corps, d'un mixte. Marris.
Ce mot eft Grec , compofé d'tji»?, particulier, &:
Kjàiriî, mélange, tempérament.
I D I
ÎDIOME. C m. Dialeûe ; langue d'une Province par-
ticulière , qui eft diftérente de la langue générale de
la Nation , d'où elle eft dérivée. Idioma. Il n'y a
guère de langue qui n'ait quelque idiome. De quel
idiome vous lervez-vous pour expliquer vos penfées ?
MoL.
ifJ" On appelle proprement Idiome les variétés d'une
langue propres a chaque contrée. Dans ce fens on
dit l'idiome Provençal, l'idiome Gafcon. Alors il eli
lynonime de Dialeéte.
i^" Mais ce mot eft quelquefois employé pour défigner
la langue propre à une Nation. C'eft ainli qu'on dit
l'idiome François , l'idiome Allemand , l'idiome Ita-
lien. Dans ce lens il eft lynonime de langue.
Ce mot n'eft ulité que parmi les gens de Lettres.
Il vient du Grec iciV-a , qui lignifie Is. propriété , la na-
ture propre , de i'<J/ȍ , propnus , propre.
Celeftes truchemcns du myfiique idiome ,
François j Bernard j, Anfelme j Augufi.in , Chryfoftome ,
De vos pures clartés pour la troifième fois ,
Sanaifie:^ ma plume & parle:^ par ma voix ,
Le Duc DE Nevers.
Idiome , en ternies de Théologie , fignifie Propriété , ce
qui eft propre d'une nature , comme en Grammaire
il lignifie ce qui eft propre d'une langue. La commu-
nication des idiomes dans JÉsus-Christ , c'eft l'at-
tribution des propriétés & des actions d'une des na-
tures qui font en Jj^us-Christ à l'autre. Elle confif-
te en ce qu'à raifon de l'union hypoftatique de la na-
ture divine & de la nature humaine dans Notre-Sei-
gneur, on attribue à Dieu les aélions de l'homme,
& à l'homme des choies qui conviennent à Dieu , &
que l'on dit. Dieu eft né. Dieu a fouffert , Dieu eft
mort. Dieu eft reirufcitè , Dieu eft homme , l'homme
eft Dieu , Dieu eft mortel , l'homme eft immortel ,
le mortel eft immortel. Les Théologiens apportent
neuf règles principales qu'il faut obferver dans cette
communication d'idiomes , pour ne point errer , ôc
ne point faire de propofitions faulTes & contraires à
la Foi. Foiei-les dans Platel , P. IV. Traité de l'In-
carnat, chap. VI.
IDIOMELE. 1. m. Terme de Liturgie. Idiomclon. Dans
rOîBce divin qui fe récite félon le rit Grec , on ap-
pelle idoméles , certains verfets qui ne font point ti-
rés de la Sainte Écriture , Se qui le chantent lur un
ton particulier , mais grave.
Ce mot vient de i^'" , qui (ignifie propre , particu-
lier , (Se de ,«.Ao5 , qui veut dire chant.
IDIOPATHIE. f f. Idiopathia. Terme de médecine.
C'eft une maladie ou indifpolition qui eft propre à
quelque membre particulier , fans aucune dépendance
ni participation du relie du corps , telle qu'eft la ca-
taracte dans l'œil. Elle eft oppofée à la fympatkie ,
qui arrive quand l'indilpoiition eft caufée par le vice
d'une autre partie , comme la fluxion.
^fJ" Ce mot tranfporté dans la morale , lignifie l'affec-
tion particulière pour une choie. Il eft d'un ufage
allez rare.
Ce mot eft compofé du Grec '<^(«, proprius , par-
ticulier, Se de "iS'i , paffîo , affe cl us ^pajfion , affec-
tion.
IDIOPATHIQUE. adj. m. Se f Terme de Médecine ,
qui le dit des maladies propres à quelques membres ,
ou parties du corps , Se qui ne font point caufées
par quelque autre maladie , ou accident précédent.
Idiopatlûcus , proprius. Il eft oppolè à lympathique.
L'épileplle eft idiopathiquc , ou lympathique. Elle eft
idiopathique , lorfqu'ellc lurvicnt par le feul vice du
cerveau ; on la nomme fympathique , lorlqu'elle eft
précédée de quelque autre maladie. Il y a des caufes ,
loit idiopathiques , loit fyrapathiques , de la palpita-
tion du cœur.
IDIOSYNCRASE. f. f Terme de Phyfique & de Méde-
cine. Idiofyncrafis. C'eft le Tempérament propre d'un
corps animal particulier, en conléquence duquel, (oit
dans la maladie , (oit dans la fmté , il a averlîon , ou
penchant & inclinatioii pour certaines choies en parti-
I DO
culier , où certaines chofes font fur lui une imprcf
lion dirfcrcntc de celle qu'elles ont coutume de Iviirc ,
ou une impreilion plus grande qu'elles n'ont coutume
de faire lur les autres corps. Harkis. Ce mot eft
Grec , corapofi à' ^^ "^ , propre , de c'i", avec , & de
xf«<»K , crafe , mixtion , tempérament , mélange , dit-
pofinou qui réfulte du mélange de plufieurs chofes
ciifeniblc.
§CF IDIOT , OTE. adj. Idioca. Qui manque d'efprit
prcfqu'cn tout par détaut de connoillance. Ce n'ell
qu'avec beaucoup de peine qu'on peut venir à bout
d'inllruire un Idiot ; il lâut pour cet effet avoir l'art
de rendre les idées fenhbles, & fivoir fe proportion-
ner à fa façon de penier. Les Idiots font quelquefois
frappes des traits d'efprit ; mais à leur manière , par
une efpècc d'ébloudlemcnt & de furprifc qu'ils témoi-
gnent d'une façon iingulière , capable de réjouir ceux
qui favent fe taire des plaifus de tout. M. l'Abbé
Girard. Syn.
1^ On cil ttti: par défxut d'intelligence ; Jlupide par
défaut de fentiment ; Idiot par défaut de connoif
fance.
Ce mot vient du Grec lêtiT^s , qui fignifie propre-
ment homme particulier , homme qui mené une vie
privée , qui ne fe mêle point du gouvernement de la
République. $3" Il eft parlé d'un Auteur célèbre par-
mi les Aiyftiques , qui avoir pris par modeftie le nom
d'Idiot. Ne pourroit-on pas foupçonner que ce nom
convient allez bien à celui qui s'en pare?
Idiot. , s'cft dit originairement d'mi homme fort igno-
rant , qui ne favoit que fa langue maternelle. On ap-
pcloit auili idiots , les Frères Lais , ou Convers, qui
ne lavoientpas lire. Et enfin on a nommé idiots, les
imbécilles qui ne favoient pas compter jufqu'à 20 de-
niers , qui ne pouvoient retenir le nom de leur père
& de leur mère , leur âge , & autres chofes fembla-
bles. Du Cange.
50° Idiot s'employe comme fubftantif C'eft dans cette
acception qu'on dit ; c'eft un Idiot. Une pauvre Idiote.
Ac. Fr. f'^oyei Bête. Stupide.
IDIOTISME, f. m. Idiotifmus. Terme de Grammaire.
§CF C'ell: une façon de parler , une conftruûion &
un tour d'exprellîon qui s'éloigne un peu des loix
générales de la Grammaire , mais qui eft propre à
une langue. Idiotifme Grec. Idiotifme Latin , Fran-
çois ,Elpagnol & chaque langue a fes idiotifme s , c'eft-
à-dire , des façons de parler contraires aux ufages or-
dinaires du langage , mais adoptées à fon génie. Idio-
tifme eft le terme générique. À l'égard de certaines
langues , on dit Hébraïfme , Hellénifme , Arabifme ,
Latinilme , Gallicilme , Anglicifme, &c.
Ce mot vient du Grec '*"* , propre.
IDIS. f. m. Efpèce de perle de verre très-aplatie par les
bouts , qui fert au commerce que les Européens font
avec les Nègres fur les côres d'Afrique. Uidis eft jaune
avec quatre raies noires.
IDITIOT. f. m. Terme de Fleurifte. Nom d'un œillet.
C'eft celui qu'on appelle autrement Tertio violet. C'eft
un violet brun fort détaché , (ur un blanc de lait ,
médiocrement large , bien rond , fort hâtif; fa plante
eft allez délicate , iujene à la pourriture; elle graine.
C'eft une fleur très fine , trois ou quatre boutons
tout au plus fuffifent. L'iditiot fe trouve facilement
à Amiens. Mgr in.
IDMON. {. m. Célèbre Devin d'Argos , que l'on dit
pour cela être fils d'Apollon. Ayant prévu par les
principes de fon Arr qu'il périroit dans le voyage
de la Colchide , s'il fuivoit Jafon , il préféra au plai-
fir de vivre , la gloire de cette expédition. Il mou-
rut en effet d'une blefture qu'il reçut à la chafte
d'un fanglier dans la Thrace. Les Argonautes eu-
rent foin de lui faire en ce pays là de magnifiques
funérailles.
I D O.
IDOINE, adj. m. & f. Vieux mot, qui fe dit encore
quelquefois en Pratique , pour figiiifier propre à quel-
que chofe.
Ce mot eft formé du mot Latin idoneus , du Grec
IDO
3î
'"of, proptius. Etre idoine , être propre ^ convetuble,
fo'.t des lynonimes.
gCT IDOLÂTRE, adj. de t. g. du Grec ;<?«/«Aa7(;,ç , com-
pofé de Ui'i , image , figure , &: /«rfi'fi» , fei-vir ,
reconnoître pour Seigneur , adorer. Ainfi Idolâtre
fignifie proprement qui adore les idoles , Se leur rend
des honneurs qui n'appartiennent qu'à Dieu. Idolâtre.
Peuple idolâtre , Nation idolâtre. Les Gentils étoienc
Idolâtres.
CCr En nous conformant à l'ufage & aux idées reçues,
nous continuerons d'appeler Idolâtres ceux qui ren-
dent un culte divin à des créatures , & nous dirons que
les Perles qui adoroient le feu , que les Égyptiens qui
adoroicnt les crocodilles , croient Idolâtres.
Ce mot fe dit auili au fubftantif , ik. s'applique en
cette acception à ceux qui adorent les idoles , ou les
faudcs divinités. Il y a des Idolâtres dans les Indes.
Prêcher , convertir les Idolâtres.
Ce mot pris dans un fcns figuré, défigne celui qui
eft follement amoureux , qui aime excelîivement une
pcrfonne ou une chofe, qui en fait trop de cas, qui
y eft trop attaché. Les amans font idolâtres de leurs
maîtreffcs -, quelques maris de leurs femmes ; les pères
de leurs enians. Il y a des curieux qui font idolâtres
des tableaux. Les avares font idolâtres de leurs tré-
lors. Un Auteur eft idolâtre de fes ouvrages. Les plus
timides idolâtres de la fortune de Philippe , foupirent
après le moment de s'affranchir du joug qu'il leur
impole. Tour. Les Idolâtres de l'Antiquité chica-
nent tout aux modernes , & n'approuvent que ce
qu'ils ont trouvé dans un ancien. S. Évr. L'homme
n'oferoit fe montrer tel qu'il eft, c'eft-à-dire, idolâtre.
de lui-même. M. Esp. Quand on eft épris d'une belle
padion , on eft fi idolâtre de fes fers , qu'on ne peut
pas feulement concevoir la penlee de les rompre,
S, Évr.
J'ai vu le Sénat idolâtre î
Des crimes de Néron approuver les horreurs. Raone.'
Idolâtre, tant au propre qu'au figuré, fe dit quelque-
fois des chofes autli bien que des perfonnes. Ainiî on
dit , rendre des devoirs , des honneurs idolâtres. Dans
le ftyle dogmatique , on diroit mieux honneurs idola-
triques, culte idolatrique.
IDOLATRER, y. n. Adorer des idoles, de feufles divi-
nités , une créamre , une figure d'homme , on d'ani-
mal. Falfos deos colère. Les Juifs idolâtrèrent en
l'abfencc de Mo'ife , ils fe firent un veau d or & l'a-
dorerent. Les femmes de Salomon le firent idolâtrer ^
lui firent adorer Aftarthe & Moloch. ///, Reg. cap.
II.
tfTÇ.ç. verbe tranfporté au figuré eft aftif, & lignifie
aimer avec une palîion trop violente. Un ainant
idolâtre fa mairrelfe. Une mère idolâtre ks cnfans ;
elle en eft folle.
Mon cœur opiniâtre
Lui prête des raifons , l'excufe ^ /'idolâtre, Racins
On ne vous verrait point réduit
A la néceffité c/'idolatrer fans fruit ,
Une Maitrejffe égratignante. Des -H.
Idolâtré , ée. part, & adj. Numinis loco habitus. Il
n'eft en ufage qu'au figuré. Cette femme eft ravie de
ic voit idolâtrée. Acad. Fr.
Ce mot &: le fuivant ont la même ori^ne que celui
d'idolâtre. Voyez ce mot.
03" IDOLATRIE, f'. f. Adoration des idoles, cuire que
l'on rend à une llatue repréfentant des faux Dieux.
Idolatria. 11 y a encore des Peuples adonnés à ['idolâ-
trie. Pour définir l'idolâtrie, il faut dire, fuivant M.
Boulanger, que c'eft un culte ou une pohce qui re-
garde comme divin ce qui n'eft pas divin.
L'idolâtrie a régné long-temps fur toute la face de
la terre. L'idolâtrie a porté les Égyptiens à adorer des
crocodiles, des chats, des oignons, &c. Tertullien a
fait an Traité de V idolâtrie, où il traite divers cas de
3-2
I D O
I D O
confcicnce. La plupart croyoien: qu'on ne commet -
troit {'idolâtrie qu'en btûlant de l'encens , en immo-
lant desviclimcs, ou le tailant initier aux myftères ,
ou aux iacerdoccs protancs. Il n'importe de quelle
matière (bit l'idole , de plâtre , de couleurs , de pierre ,
d'or, d'argent, de hls, c'cll à-dire de broderie, ni
quelle en Ibit la figure, d'homme, ou de bcte. Dieu
ne défend pas leulement d'adorer des idoles, mais
d'en faire, même fous prétexte de gagner la vie, &:
quand on ne fauroit point d'autre métier , &c.
L'idolâtrie eii. une fuperlfition par laquelle on rend
à quelqu'autre choie que Dieu , l'iionneur & le culte
qui n'eftdù qu'à lui feul. On commet une idolâtrie
en brillant de l'encens à une hiulle divinité, en lui
faifant des facrifices , en l'invoquant , en Héchilîànt
le genou devant elle , en célébrant des fctes & des
jeux à fon honneur, en fe faifant initier à les myftè-
res profanes.
Les Théologiens diftinguent trois fortes d'idolâtrie,
la complète ou parfaite, l'imparfaite & la limulee.
L'idolâtrie complète eft celle dont on a parlé jufqu'ici.
Vidolatrie llmuléc eft quand par crainte ou par com-
plailance on rend extérieurement le culte (ouverain à
une idole, fans croire que ce foit une Divinité, &
fans aucun delfein de le foumettre à elle. C'ell un
menfonge pernicieux , par lequel on viole le com-
mandement que Dieu nous a fait de le confeller de-
vant les hommes. Tertullien, S. Cyprien, & les au-
nes Pères qui ont écrit durant les perfécutions des
Empereurs Payens , & après eux S. Auguftin , le iont
fort récriés contre ce crime , comme étant très-inju-
rieux à Dieu. Babin. Conf. d'Aug. Vidolatrie impar-
faite eft quand on fait un paâre exprès ou tacite avec
le démon , foit en invoquant fon nom , implorant fon
fecours , le coiifukant , lui promettant quelque choie
pour réulîlr en quelque dellein , portant quelque
image conjurée en fon nom , le lervant de fes ligatures.
Idem. Dire que cela ne foit pas une efpèce d'idolâtrie ,
c'eft une erreur félon le fenflment de la Faculté de
Théologie de Paris , dans la cenfure du 1 9 Septembre
Ï398. Quoique l'on ne croie pas que le démon loit
un Dieu, néanmoins en pratiquant ces choies, on
lui rend un honneur & un culte, &: l'on met fa con-
fiance en lui, comme fi oui le croyoit une Divinité.
Idem.
Bien des gens ont écrit des caufes & de l'origine de
Vidolatrie. On voit entre autres 'Volîlus, de Idolol.
Orig. & progr. principalement , L. I , c. ^ , c. 4,c. ^ ,
' c. I T ,&cc.22 ,L. Il ,c. I 3 &c. Godwin , Mofes^ and
Jaron , ou de Ritibus Hehr. L. IF , c. i. Gafpard
Barthius , Comm. fuperjlit. Seldenus , de Diis Syriis ,
Proleg. c, j. Le P. Tournemine , Jéluite, de l'Ori-
, £ine des fables , dans les Mémoires de Trévoux 1703.
M. l'Abbé Bannières, Hifi. des fables , 2 tom. in-i2.
De la Crequiniére , dans fon Voyage des Indes, Art.
III ip. 22 &fuiv. Le P. Spiridion Pouppart, dans les
Mém. de Trév. iji2, p. 16 1 s &fuiv. où il prétend
montrer que Vidolatrie a commencé par le culte des
aftres.
Les caufes principales de Vidolatrie font , 1". L'idée
ineffaçable que tout homme a d'une divinité , & le
témoignage qu'il s'en rend à lui-même. 1°. Trop d'at-
tache aux fens, &: une habitude trop forte de ne ju-
ger que par les fens. 5°. L'orgueil &: la vanité de l'el-
prit humain , qui ne s'eft pas contenté de la liinple vé-
rité , qui l'a néghgéc , altérée , mêlée de fables. 4°. L'i-
gnorance de l'Antiquité, ou des premiers temps &
des premiers hommes , dont on n'avoit conlerve
qu'une connoilfance & une tradition confule , parce
qu'on n'avoit point demonumens écrits, ou de li-
vres. $°. L'ignorance & le changement des langues.
G°. Le ftylc des langues orientales, hguré & poétique,
qui perfonnific tout. 7°. La fuperftition , les faupulcs
& la crainte qu'infpire la Religion. 8°. L'amour pour
les perfonnes qui étoient chères. 9". La tlatceric des
Écrivains. lo". Les faulfes relations des 'Voyageurs.
11°. Les fidions des Poëtcs. i i". Les imaginations
des Peintres & des Sculpteurs. 15°. Une connoillance
gronîèrc de la Pr.vfique; c'cftàdiredes corps Si. des
événemenS naturels , &: de leurs caufes. 14°. L'é-
tabliilement des Colonies , & l'invention des Arts
mal pris par des peuples grolliers &: barbares. 1 5°. Les
artihccs des Prêtres. 16". L'orgueil de certains hom-
mes qui ont aliedé de p.illcr pour des dieux. 17". L'cf-
timc & la reconnoillance des peuples pour certains
grands hommes portées trop loin. 18°. Enfin, l'Ecri-
ture-Samte elle même mal entendue.
On ne lait point quel eft le premier Auteur de Vido-
latrie ; on convient cependant allez généralement
qu'elle n'a commencé que depuis le déluge , &: Von
dit communément que Bèlus , que quelques-uns
croient être Nimrod , ou Nemrod , eft le premier
homme dont on ait fait un Dieu. Mais n'avoit 011
point déjà rendu quelque culte aux aftres "; C'eft ce
qu'on ne peut lavoir , parce qu'il ne nous eft prefque
rien refté de ces temps lî recvdés. Ce qui eft certain ,
c'eft que 426 ans .après le déluge, lortquc Dieu tira
Thâré &c la famille de la Chaldée , & qu'Abraham
parcourut la Mélopctamie, la Terre de Chanaan, le
Koyaume des Phihftins , iSc l'Egypte , quoiqu'on dif-
pute h Abraham n'a point été idolâtre , il ne paro'ic
pas qu'il y eût de l'idolâtrie , ou qu'elle fût beaucoup
répandue. La première fois qu'il en foit parlé , c'eft
au ch. XXXI de la Génèfe, v. /p, où il eft dit que
Rachel prit les idoles de fon père. Car quoiqu'on dif-
pute lui- la lignification du mot Hébreu oi^i,- , il ell
certain que c'éroient des idoles. Laban, v. jo, les
appelle fes dieux, & Jacob XXXV, z , des dieux
étrangers , & il les regarde comme des abominatioiis.
Cluvier, Germ. Antiq. L. /j c. 2f,p. 21 j , l. 26 if
fuiv. croit que Ca'i'n eft l'Auteur de Vidolatrie ^ &c le
premier idolâtre , &: que les faux dieux qu'il adora ,
font les aftres aulquels il crut que Dieu avoir lailfé le
foin de ce bas monde , du gouvernement duquel il lé
mectoit peu en peine ; mais ce ne font là que des ima-
ginations fans preuves.
Idolâtrie , fe dit figurément d'un amour violent &
démefuré. Il aime fa femme julquà Vidolatrie. Il v a
eu des Difciplcs li fort entêtés du mérite de leurs
maîtres , qu'ils les ont aimés jufqu'à Vidolatrie.
IDOLATRIQUE. adj. m. & f. Qui .ippanicnt à l'idolâ-
trie. Idolatricus j a, um. Un culte idolaùique , une
pratique , une cérémonie idolatrique.
IDOLE, f. f. Idolum. Staaie, image d'une f'.ulîe diyi-
nité, à laquelle on rend des honneurs divins, oti
brûle de l'encens , on fait des facrifices , on érige des
autels & des temples. Tous les Payens ont adoré des
idoles. Le Colelfe de Rhodes étoit une idole du So-
leil; le Palladium une ic/o/t de Minerve. Les Martyrs
ont renverfé les idoles , ont refulé de l'encens aux
idoles. Dieu n'a pas établi les Rois pour recevoir
comme des idoles l'encens & les vœux de leurs fu-
jcts, dans une oifîveté fliperbe.
Ce mot vient du Grec «c'ai^ia^v ^ idolum, image ,
nèai , figura j fpecies , repréfentation , figure.
gcr Idole, fe dit dans le iens h'guré , de ce qui fait le
f'ujet d'une palîion véhémente, d'une afteAion extra-
ordinaire , d'un aaachement qui va jufqu'à la folie.
L'or eft la brillante idole des avares. God. On crut
que tout ilcchiroit devant cette idole de la Cour. Pat.
Mes plaifirs ont été mes idoles. God. La vertu étoit
Vidole des Sages du P.iganifme. M. P. Le Cardinal de
Richelieu fut de fon tems Vidole des Po'etcs iSc des
Orateurs. Bouh. Un fenfucl brùlc avec plaiùr dans
fon cœur l'encens qu'il offre à fon idole. Fléch. Caton
efl le Héros des Stoïciens , é\: Sénéque en a fait une
idole. Nie. Soumiilion , baffeffes , voilà les qualités
nécelîaircs pour rendre notre culte agréable .aux ido-
les, à qui notre ambition nous tait facrilier. S. Real.
Une femme belle & vaine le repréfente à elle même
comme wni: idole qui charme tout par fa beauté-. Nie.
La gloire eft Vidole des ambitieux. Boss. Ch.acun de
vous, comme il fe le veut perfuader lui même, eft le
le feul éclairé , feul infpiré , &c. 'Voilà Vidole de votre
cœur à qui vous frites de fi grands facrifices. Péllsson.
|]KF Idole, fe dit encore figurément, dans le ftyle fa-
milier, d'une belle perloiine, mais qui n'a ni main-
tien , ni grâce , & ue parok point animée. Cette fem-
iûC
I D R
' me cft belle , m.iis c'cft une idole , une vr.iic Idole. On
dit la même choie d'un Itupide^ ou d'un homme qui
fe tient à rien faire , les bras croifés. Il fe tient là
comme une idole.
Fbyc^ ce ponnyt , qu'il ejl bien !
Il n'y manque i/ue la parole.
Dites donc qu'il n'y manque rien ,
Car c'e/i le portrait di'ttne idole.
Corneille a f!iit idole mafculin contre l'ufagc.
Et Pifon ne fera qu'un idole facré ,
Qu'ils tiendront fur l' autel pour répondre à leurgté.
Idole , s'eft dit poétiquement d'une vainc image , comme
celles qui paroillent en fonge. Orphée croyoit rame-
ner Euridice , & il ne trouva qu'une vaine idole. Cc-
rifi a dit dans la Métamorphole ,
Et que lefens charmé d'une trompeufe idole ,
Doute fi l'oifeau nage , ou fi le poijjon vole.
I D Y
35
L'idole des Maures, f. f. Nom que l'on donne à un
poillbn qui le pêche iur les côtes de l'île d'Amboi-
ne , dans la mer des Indes. Maurorum idolum. Ce poil-
fon a quelque rapport avec le Talelvilch , mais il
n'eft pas lî grand. Il n'cft bon à manger que rôti. Il
a un grouin comme un cochon. On l'appelle l'Idole
des Maures , parce que les gens du pays l'épargnent
par fuperftition , & le jettent dans la mer , lorfqu'ils
le trouvent dans leurs filets. Ce poiffon n'a point d'é-
cailles.
lîCFIDOLOTHYTE. f. m. S. Paul donne ce nom aux vian-
des offertes aux idoles , qui étoient cnluite diftribuces
avec cérémonie , Se mangées par les Prêtres & par les
affiftans. Idolochytum. L'idole n'eft rien , dit S. Paul ,
& l'on peut manger des idolotkytes , quand il n'y a
point de fcandale à craindre , mais pour peu qu'il y
ait de fcandale , on doit s'en abftenir. F'oyei Corné-
lius à Lapide, fur la i. aux Corinthiens , c. KIII.
Ce mot idolothyte n'eft pas dans l'ulage ; mais on
^ourroit s'en fervir dans des ouvrages d'érudition.
Nos Interprètes difent viande offerte ou immolée aux
. idoles. Le fécond Canon du Concile de Ganges ful-
mine contre ceux qui condamnent les perlonnes qui
mangent de la viande , à l'exception du lang des ido-
lotkytes & des viandes étouftées. Les Chinois parta-
gent enrr'eux les idolotkytes , comme nous diftribuons
le pain béni.
IDOMENÉE. f. m. Nom d'homme. Idomeneus. Les
habitans de Gortyne , ville de Crète , honorèrent Ido-
ménée comme un dieu. Volf de Idol. L. I, c. i j.
Idoménee étoit fils de Deucahon , & petit-fils de Mi-
nos. Il alla à la guerre de Troye. En revenant il fut
accueilli d'une furieule tempête pendant laquelle il
fit vœu , fi Neptune l'en délivroit , de lui immoler ce
qu'il rencontreroit le premier. Ce fut fon fils. Il fe
mit en devoir de l'immoler; mais fes fujets l'en em-
pêchèrent , & l'ayant chalfé , il vint en Calabre , Se
y bâtit Salente.
IDON MOULLI. f. m. Arbre des Indes qui croît à la
hauteur de 70 pieds , & produit une efpèce de prune.
Son écorce, fes Heurs & fon fruit Ion eftimés bons
pour la manie , la frénélie & les autres maladies de
la tête. James, §3" Prunus indica , fruàu umbilica-
to ,pyriformi ,fpinafa, racemofa.
iDOTHEE. f. f. Nom de femme. Idothea>. Elle étoit
fillo de l'Océan, ou félon d'autres j de MéHilus, &
fut nourrice de Jupiter. Ce fut aulîi le nom d'une fille
de Protée.
I D R.
IDRA. Petite ville , capit.ile de la Dalécarlie , en Suéde ,
<?c fituée fur la rivière d'Elfinam , environ à vingt-
cinq lieues au dellus de fon embouchure dans le lac
de Silcam. Maty. Idra.
IDRIA. Nom d'un bourg litué fur une petite rivière qui
porte Ion nom. Idria, 11 eft dans le Comté de Go- 1
1 orne y.
rice , aux confins de la Carniolc , dans laquelle quel-
ques Cartes le mettent. Il cft environ à cinq lieues
de la ville de Gorice ,^ vers le nord oriental.
IDRO. Petite ville de l'Ét.it de 'Venifc en Italie. Idri-
num. Elle cft dans le Brellan , fur le lac à'Idro ,
qui cft entre ceux dllco , &. de Garda ^ Se qui
étoit appelé par les Anciens , Briga/uinus Lacu:,.
Matv.
I D S.
IDSTEIN. Bourg des Etats de NalLiW , en Wétéravic.
Idfteinum. Ce lieu , chef d'une Seigneurie qui porte
fon nom , cft (itué à deux lieues de Wisbaden,, dvi
cê)té du nord. Maty. Le Comzc d'Idficin , oudeWif-
baden , commença comme celui de Dillenbourg à
la fin du douzième fiècle. La maifon d'Id/lein , ou de
Wisb.iden, comme on l'appeloit d'abord , a com-
mencé par Walrave , fécond fils d'Hemi le Riche ,
Se frère d'Othon le 'Vieux.
IDSU. roye:i Idzu.
I D U.
IDUBEDA. Montagne d'Efpagne , qui s'étend depuis les
Pyrénées jufqu'en Portugal , Se prend divers noms ,
félon les pays où elle cft.
IDUBERGE. f f. Nom de femme. Foye^ Itte.
IDULIE. i. f. Idulium. C'cft le nom de la viélime qu'on
olîroit à Jupiter le jour des Ides , d'où peut être elle
a pris fon nom.
IDUMÉE. C'étoit .autrefois un petit pays de l'Afie , qui
fut poftédé par Éfaii , fils du Patriarche Ifaac j & par
fes delcendans. Idumda , Idume , Edom. Il étoit en-
tre la Judée , l'Egypte & l'Arabie Pétréc. C'étoit un
pays plein de montagnes , dont la principale qui por-
toit le nom de Séïr, le léparoit de la Judée. Maty.
Ce mot eft originairement Hébreu. Il vient de "iizr^ï?,
Edom ^ lurnom d'Elaii , qui lignifie rouge, roux. Ce
pays prit ce nom de ce fils d'Ilaac , qui en challa les
Horréens , Se y établit fa poftérité. Elaii fut lurnom-
mé Edom , qui fignifie rouge , parce qu'il étoit roux ,
& d'Edom les Grecs formèrent le nom Idume. Le
nom-d'Edom fut donné à ce pays , parce qu'EIaii en
challa les Horréens , Se l'habita.
Les PoL'tes, lur-tout les Latins , donnent quelque-
fois à la Judée le nom à'Idumée.
Ailleurs qu'en Idumée il veut cueillir des palmes.
Bréeeuf.
La France en ce temps-là , d'un /eau ^èle animée ,
Entreprit de porter la guerre en Idumée.
P. LE IvIoiNE.
Ils font même Idumée adjeftif ; & le dilent pour
Idiunéen , du Latin Idunmus.
Et que femblahle à toi , foudroyant les armées ,
Il cueille avec le fer les palmes Idumées. Régnier.
IDUMÉEN , ENNE. f. m.^ Se f. Norn de peuple. Def-
cendant d'Edom , c'eft-à-dire , d'Élâii ; habitant de
l'Idumée Idum^us. a. David lubjugua les Iduméens
Philon , L. de Monarch. dit que les Iduméens joui.f-
loient de tous les droits Se privilèges des Juils , ex-
cepté qu'ils ne poiivoient être du Sanhédrin.
Z'Iduméen n'a plus de momens qui f oient calmes ,
Ailleurs qu'en Idumée il veut cueillir des palmes.
Bréeeuf.
I D Y.
IDYJA. f. f. Nom de femme. Idyja. Cicéron appelle
Idyja la mère de Médée , qu'Ovide nomme Iplée.
La Nymphe Idyja étoit fille de l'Océan & de Thé-
tys. Se fut femme d'y£ére.
"P" IDYLLE. IDYLLYON. De bons Auteurs ont fait
ce mot mafculin; d'autres , en plus grand nombre,
le font féminin ; & l'on peut regarder ce genre com-
me décidé par l'ulage. C'eft un petit Poëme champê-
34 ^ E
trequiconrientdes defcripdons ou narrations cle quel-
ques aventures agréables. Il tient de la nature de l'é-
glogue : il peut rouler iur routes iorres de matières ,
mais il roule plus ordinairement Iur quelque lujet
paftoral ou amoureux. Théocrite a fait des Idylles.
Les Italiens ont ramené l'ulage des idylles. Rampale
a fait d'excellentes idylles de la Nymphe Salmacis ,
d'Europe ravie , tx. qui font imitées du Préti Italien.
Les idylles de Théocrite , fous une lîmplické toute
naïve , Se toute champêtre , renlerment des agrémcns
inexprimables : elles paroillènt puilées dans le lein
de la nature , Se diétées par les grâces elles - mêmes.
LoNGE-P. ify On ne s'en tient plus dans les idylles
à la fîmplicité originale de Théocrite : notre fiécle ne
foutfriroit pas une fiélion amoureule qui rellcmble-
roit aux galanteries groilièrcs de nos payfans. Boi-
leau , qui oblers'C que les idylles les plus fmiples font
ordinairement les meilleures , nous trace ainiî le ca-
raâèrc de l'idylle.
^^ Telle qu'une Bergère au plus beau jour de fue
De fuperhes rubis ne charge point fa cête ;
Et Jans mêler à l'or l'éclat des diamans ,
Cueille en un champ voijînfes plus beaux ornemens :
Telle aimable enfin air , mais humble dansfonflyle j
Doit éclater fins pompe une élégante idylle ;
Son tour fimple & natj n'a rien defajlucux j
Et n'aime point l'orgueil d'un vers préfomptueuK.
C'efl: une Poëfie qui peint naturellement les objets
qu'elle décrit , au lieu que le Poëme Epique les ra-
conte, & le Dramatique les met en acftion. Ainll ce
font trois efpèces de Pocfies différentes , dont la Ly-
rique eft la quatrième. Elle eft pour le chant, & pour
être accompagnée des inftrumens. P, Menest.
Ce mot vient du Grec îk? i*.». , ^i.K^ , figure , re-
préfientation. Le propre de la Poëlîe eft de rep»''fen-
rer vivement les chofes. D'autres difent que ce mot
vient à'ùêrs , en tant qu'il fignifie efipece\ Se qu'on
appelle tJ-,».i'4 des Poèmes de différente forte. Foyer
Scapula fur ce mot.
I D Z.
IDZU. Id-^uum. Il y a deux petites villes de ce nom ,
capitales de deux Royaumes, ou Provinces, dans l'ile
de Niphon. L'une eft près de la côte occidentale du
Jamaïftero ; Se l'autre près de la côte méridionale du
Quanto. Maty.
IDZUMI. Nom d'une ville capitale d'un Royaume de
même nom. Id^unum. Elle eft dans le Jamaïftero ,
contrée de l'île de Niphon , près du golfe de Méaco.
Matv.
J E.
JE. Ego. Pronom pcrfonnel fmgulier , de la première
perlonne , Se qui veut dire la même chofe que moi.
Il fe met ordinairement devant les verbes : /e vais /e
fais , je lis , je luis , je cours ; Se quand le verbe com-
mence par une voyelle , il fe fait une élilîon ; /'ai-
me , /'entends , /'implore , /'occupe. Il le met aulîi
quelquefois après les verbes , comme dans les inter-
rogations; Que ferai /e ? De quel côté me tourne-
rai y'e ? Où fuis je i Que vois-je ; Que vous dirai-ye ?
La même chofe arrive , quand le verbe le met com-
me en parenthèfe dans le difcours : il faut , lui dis-
je , que vous falliez cela. Mais , lui répondis-y'e , il
me femble que cela n'eft pas bien. Vous ne penfez
pas , lui répliquai/'e , à ce que vous dites. Lorfque
je fe met après un verbe , on ne met rien entre deux :
parlerai /e , Urai-ye , &c. Mais lorfqu'on le met de-
vant , on peut mettre entre-deux les pronoms per-
fonncis , &: les particules relatives , & la négative.
Je lui fis comprendre. Je m'en penfai tuer. Je me fis
fort grand tort. Je ne lui en dirai rien davantage. Je
ne l'en puerai pas. Cependant quand il s'agit de cé-
du'es , ou de quelques autres aftes de juftice , on dit
fmiplemcnt. Je ibufiigr.é confeire. Je foulfigné pro-
mets , &c.
JE A
Il faut encore remarquer fur ce pronom /« , que ;
quand il (e met après un verbe , il la première pcr-
fonne de ce verbe finit par un e féminin , cet e fé-
minin fe change en e malculin. Ainii il faut dire pen-
Cé-je , Se non pas pcnlé-/Ê , aimé/e, &: non pas ai-
me /e. Que 11 la première perfonne du verbe ne finit
pas par un e féminin , on n'y tait aucun clungcment,
luis/tf , fais je , dis/e, à moins que cela ne produi-
sît une prononciation vicieule & rude. Ainh il ne faut
pas diic lens-je , dors-/e , romps je , mais lente -/e ,
dormé-yV , rompe /e. Et même ceux qui parlent bien j
& qui ont de la délicatelle pour la langue , condam-
nent aulîî ces façons de parler. Voye\^ Ménage , Se la
Grammaire railonnée. Il vaut mieux fe fer\ir d'un
autre tour; Se dire , ejl ce que je fins ^ ejl-ce que je
dors ; au lieu definté-jc _, dormé-je. Sec. qui font trop
direéfement contre les régies de la Grammaire , félon
laquelle il faudroit à'nc fins-je , dors-je. Mais l'ufage
fait céder la Grammaire à la douceur de la pronon-
ciation. Bertaud a dit , oï fins-je, combien les plai-
fîrs font amers à la fouvenance. Cependant on trou-
ve dans le Diétionnairc de l'Académie Prançoile , &
ailleurs j plulieurs exemples de ce pronom perfonnei
mis après diftércns temps des vcibes. Je luis perfuadc
que il on l'eût placé enluite du prélent de l'indicatif
du veibc paroitre , on auroit dit parois/e , qui ne
choque pas plus l'oreille que d'auties exemples pro-
pofés pour bons : cependant M. Deftouches , dans
ion Curieux impertinent , Acl. 2. Scène 10.3. préféré
Paroijfé-jc.
C R I S P I N.
Nérine , que dis-tu de mon ajufiement?
N É R I N E.
ydlà ce qui s'appelle un homme tout charmant.
C R I S P I N.
Te paroiffé-je ainfi? Me dis-tu vrai j coquine ?
Il auroit pu mettre : Oui , te parois je ainfi ?
Je ne sais qui. Voye'^ Qui.
Je ne sais quoi, f^oye-^ Quoi.
iE. i. m. Mefure des liqueurs j dont on fe ferr en quel-
ques lieux d'Allemagne , particulièrement à Augs-
bourg. Le je eft de deux muids ou de douze bcfons ,
le béton de douze malFcs. Huit jés font un féoder.
On dit aulli Gé.
J E A.
JÉABARIM. Nom de lieu. Jeabarim. C'étoit un lieu
fitué aux contins du pays des Moabites. Ce tut le tren-
te huitième campement des Ifraëlites dans le défcrt ,
Nomb. XXI. II. XXXIII. 4^. Il étoit aux confins
de la Tribu de Ruben , du côté du midi.
JEAN. f. m. Joannes. Prononcez JAN. Nom d'hom-
me. Le nom de Jean ne fe trouve que dans le Nou-
veau Teftament , dans l'ancien on dit Johanan. S.
/fi7«-Baptifte eft le premier de qui on le dite. Elifa-
bcth votre femme vous donnera un tîls , que vous
appellerez Jean. Bouh. En ce temps là parut /ea/î-Bap-
tifte , qui prêchoit dans le défert de Judée. Id. Matt.
III. I. Le Chef de S. /ei?/2-Baptifte fut trouvé à Conf
tantinople en 1 204. par Galon de Sarton , Chanoine
de S. Martin de Pequigni , Se cniuite de S. George de
Mangane à Conftantinople : il tranfporta la relique à
Amiens, Se Richard de Gerberoy Evcque d'Amiens
écrivit l'hiftoire de cette tranfladon fur le récit de
Galon lui même.
La Saint Jean , locution abrégée pour dire la fête
de Saint Jean. Il y avoit autrefois un Carême de la S.
Jean , qui étoit de trois femaines. Foye:^ Pierre Da-
mien , Opufi. XLI. c. i. C'eft de la fête de S. Jean-
Baptifte , c|ue cette phrafe fe dit , Se non de celle de
S. Jean l'Evangélifte , parce que celle ci venant aux
Fêtes de Noël, ce temps fe défigne plutôt par la Fcro
de Noël , que par ccilcs qui fuivenc , & qui fonr
J E A
mollis célî-brcs. La S. Jean cil en bien des endroits
un terme de louage de mailons , &: des vnlerv Hz fcr-
vantes qu'on prend à l'on lervice. La Saint Jean cd le
vingt-quatre de Juin , & l'on le fcrr de ce nom pour
fîgnifier un temps ciiaud. Un chaud de la S. Jean. Il
taifoit chaud comme à la S. Jean.
S. Jean j Apôtre &: Lvangéliltc , étoit fils de Zebédée , &
fut appelé par Jésus Christ avec (on frère Jacques^
que nous iurnommons le Majeur. Nous le nommons
communément S. Jean l'Évangéhlte. Les Anciens l'ont
(urnommé Jean le Théologien. Quelques Auteurs par
lent d'un autre Difciple de Jésus Christ , qu ils dif-
tinguent de S. Jean , & qu'ils nomment S. Jean l'An-
cien. Il y a encore un S. Jean lurnommé Marc , dirfé-
rent de l'Évangclille S. Marc. S. Jean Climaque ou
de l'Echelle. FoyeiCuuAQVX-. S, /ciz/z Chryfollôme.
yoye:^ Chrysostome. S. Jean Damafccne. /'byfj
DamascÈne. Le Bienheureux Jean de la Croix étoit
un Efpagnoljde la lamille des Yepes , qui tut Réfor-
mateur des Carmes. S. Jean de Dieu étoit de Mon-
témor cl novo , en Portugal , & hir Fondateur de
l'Ordre de la Chariré. Jean de Capiftran , ainii (ur
nommé du lieu de la naillance , proche d'Aquila dans
l'Abruzze , étoit fils d'un Gentilhomme Angevin ,
qui fuivir Louis d'Anjou en Italie. Il entra dans l'Or-
dre de S. François , dont il fut Général. Il mourut
en i4y<5.
S. Jean Porte-Latine ell: le nom d'une fête de S. Jean l'É-
vangélifte , où l'on célèbre fa délivrance miratuleule ,
lorlqu'ayant été jeté dans une chaudière d'huile bouil-
lante , (ous Trajan , il en lortit plus lain qu'il n'y étoit
entré, ainfi que le rapporte S. Jérôme. On dit S. Jean
Pone-Ladne , par corruption , pour S. Jean devant
la Porcc-Lanne , en Latin , fejlum Sancli Joannis an-
le Ponant Laùnam , parce que ce miracle (e fit à Ro-
me devant la porte appellée la Porte Latine. M. l'Ab-
bé de Creicimbeni donna en 1716, par ordre du Pa-
pe Clément XI l'hiftoire de S. Jean à la Pone-Ladne.
Elle efl: en Italien.
Le Roi Jean, c'eft le cinquantième de nos Rois , fameux
par la bataille qu'il perdit près de Poitiers en 13J6 ,
contte le Prince de Galles , & par fa prifon en An-
glettere , d'où il revint en 1361 , & où il retourna ,
& mourut en 1365.
Jean Hus , hérétique. F'oye'i Hussite.
Autrefois on écrivoit Jehan , & en Latin Johan-
nes , comme font encore bien des gens , mais il ne
faut point mettre A'h aujourd'hui , cela ieroit contre
l'ulage.
Ce mot s'efl: fait de Joannes , en ôtant la termi-
naifon es , êc changeant l'o en <; , & Joannes s'eiï fait
de l'Hébreu Johanan , en ajoutant la terminaifon es ,
Se changeant le dernier a en e muet qui s'efl: retran-
ché. Pour le mot Hébreu Johanan , ou Johhanan , il
s'eft dit pour Jehohhanan , comme Jofué , de Jehofua,
& Jofaphac de Jehofaphat , & il eft compolé de /n.T» ,
Jehova , nom propre de Dieu , Se ;3n , hhanan , gra-
tïfieams ejl , Se lignifie , Dieu accorde'. Don de Dieu,
Grâce de Dieu. Le peuple a mis ce nom en ufage
dans la langue , en le joignant abulîvement à plu-
lîeurs mots injurieux. Jean Logne. Jean des Vignes.
Jean Doucet. Jean Sucre. Jean tout adroit. Jean fa-
rine. Jean fait tout , &c. Tous ces mots ne font en
ufage que chez le peuple.
Jean ! Que dire fur Jean ? C'eft un terrible nom _,
Que jamais n accompagne une épithéte honnête.
Jean des vignes , Jean logne . . . . Où vais-je ? trou-
J E A
3)"
vez
bon
Qu'en fi beau chemin je m'arrête. Des-H.
Jean , le dit populai -ement de ceux qui ont des femmes
infidèles , & qui fouflrent leurs défoidres. Sa femme
l'a fait Jean.
On appelle aufli le haut mal , ou l'épileplîe , le mal
de S. Jean. Les poires de MelTire Jean ont été mi-
les en vogue par un Curé de Lorraine qui portoit ce
nom. Foyei Me j sire
Jean au Trictrac. F'oy. Jan>
Tome K.
On donne le nom de Jean au lapin , comme on
donne celui de Martin à l'ane , celui de Colas à un
corbeau , tk. celui de Margot à une pie.
Jean Lapin allégua la coutume & l' ufage.
La Fontaine.
Jean I^apin pour juge l'agrée. Idem.
Jean , fe dit proverbialement en ces phrafes. Quand on
voit quelque rieur iricommode j on lui dit , Ri t'en
Jean, on te frit des œufs. On dit aullî d'un mal qu'on
ne peut guérir par les remèdes , qu'on y a appliqué
toutes les herbes de la S. Jean. On dit aulll de celui
qui ne fauroit garder un fecret , ou qui dit tout ce
qu'il penfe, c'eft S. /eiî/z bouche d'or. On dit encore,
c'eft: comme le Bréviaire de Mcllire Jean, cela s'en
va lans dire. On appelle aulîi le Jeu de la S. Jean ,
celui qu'on fait la veille de la S. Jean en réjouillan-
ce de la nativité.
Régnier a dit en manière de proverbe ,
Parler comme à S. Jean parlent les Crocheteurs.
Ne veut-il point dire, comme parlent les croche-
teurs dans la place de Grève à Paris , qui eft près de
la Parollfe de S. Jean?
Il a dit encore.
Moi , qui n'ai pas le ne^ d'être Jean qui ne peut.
On dit encore en proverbe j il fait comme le chien
de Jean de Nivelle , qui s'enfuit quand on l'appelle.
Il vient de Jean de Montmorenci , Seigneur de Ni-
velle, qui ayant donné un foufîlct à fon père y fut cité
au Parlement , proclamé Se fommé à fon de trompe
pour comparoir en juftice. Mais plus on l'appeloit ,
plus il (e hàtoit de courir & de fuir du côté de Flai>-
dres. On le traitoit de chien , à caufe de l'horreur
qu'on avoir de ("on crime & de fon impieté. On dit
encore , c'efl le mariage de Jean des Vignes , tant
tenuj tant payé. Ce proverbe s'eft fait par corrup-
tion des gens des vignes , parce que les Vendangeurs
qui fe ramalîent enfemble de plufieurs endroits ,
font ordinairement de petites alliances , qui ne du-
rent qu'autant que la vendange dure , Se (e rom-
pent lorfqu'cllc finir. Quelques-uns , mais mal à-
propos , l'ont attribué à un certain Jean des Vignes ,
Gentilhomme dont la famille (ubdfte encore au pays
de Nivernois.
Jean-Abad. p^oy. Delly. C'eft- k même chofe.
j£AN-BAPTisTE.'Nom duS. Précurfeur de Jé(u£-Chrift,
ainlî appelé à caule qu'il baptiloit en fignc de péni-
tence ceux qui venoient l'écouter. Joannes Baptifta.
S. Jean Baptiste de Conventri. Nom d'un Ordre de
Chanoines Hofpitaliérs établi à Conventri en Angle-
terre. Dodfworc Se Dugdale , qui font mention de
cet Ordre dans le 7". Il du Monafticon-AngUcanum ,
ne marquent point le temps de leur établillemenr.
Hor.orius III les approuva, Se leur accorda des pri-
vilèges l'an Il 21. Ils portent une croix noire (ur leiu's
robes Se fur leurs manteaux , qui les a fait nommer
Porte-croix. Les Chanoines Hofpitaliérs de S. Jean^
Baptifte de Conventri font dilîérens des Moines de
Conventri. Il y avoit aullî des ("œurs Hofpiralières de
S. Jean-Baptifte de Conventri. Les xms Se les autres
portoicnt une robe, un fcapulaire par-dellous , un
mantc^tu brun , Se fur la robe Se le manteau une
croix noire. Outre cela les Religieufes avoient un
voile blanc. Le Supérieur des frères Se des fœurs s'ap-
pelloit Maître , ou Redeur. Il y avoir un grand nom-
bre de ces Hofpitaliérs en Angleterre, Se quoique le
Monaflicon Jnglicanum les mette au nombre de ceux
qui fuivoient la règle de S. Auguftin , il paroit qu'ils
avoient des règles particulières , Se qu'ils dépendoienc
des Evcqucs.
Saint Jean-Baptiste de Dottingam. Nom d'Hofpita"
liers &: d'Hofjjiralières ferablibks à ceux de S.
Jean-Baptifte de Conventri. Vautier de Grey leur
Eij
36 J E A
drclîa une règle l'an 1241. Ils portoient des tuniques
grifes tirant tur le roux , ik des manteaux noirs , (Sj ne
mingeoient gras que trois fois la lemainc. f^oye:^ le
Monaftkon Anglic. T. IL ëc le P. Hélyot , P. II ,
c. sS.
Ermites de Saint Jean-Baptiste de la Pénitence. Re-
ligieux d'un ordre établi en Navarre lous l'obéiilancc
de l'Évêque de Pampelune , & confirme par Grégoi-
re XIII. P. Hélyot, T. IV , c. 40. Il y avoit auill
en France au XIIP". liècle des Ermites de S. Jean. Id.
Voy. encore Ermite.
Saint Jean-Baptiste. Ermites de S. Jean-Baptijle. Nom
d'une Congrégation dont le f . Michel de Sainte Sa
bine jeta les fondemens en France vers l'an 1630 ,
pour réformer les abus qui s etoient glillés parmi les
Ermites. Il fit des Statuts qui furent approuvés par le
Suftragant de l'Évêque de Metz en 1 6 3 3 , & par l'Ar-
chevêque de Cambray en 1634 , & enfuite par l'Evê-
que du Puy en 1653. Leur habit étoit une tunique ,
une cucule ou chaperon , & un manteau de couleur
tannée, avec un (capulaire noir, & une ceinture de
cuir. P. HÉLYOT. T. FUI , c. /j.
Jean-le-blanc. f. m. C'ell: une elpèce de petit oifeau
de proie qui chaiîe aux alouettes , ainfi appelé à caulc
de la blancheur de fa queue. On l'appelle aullI oi-
feau S. Martin. C'eft une aigle appelée Pyrargus , en
Grec (Se en Latin. Le Jean-le-blanc eft de grandeur
médiocre , & environ de la taille d'un grand coq : il
a le bec entièrement jaune , bien crochu , & qui va
fe courbant infenfiblement jufqu'aubout; ilell: un peu
plus long que ceux des autres aigles , eu égard à la
grandeur de fon corps ; la prunelle de (on œil eft
très noire , l'iris en ell: jaune , le delfus de fa tête &c
tout fon cou font d'un châtain clair cendré , le bout
de les pennes eft néanmoins un peu plus noir ; Ion
dos , <Sc le haut de fes manteaux lont de couleur de
rouille tirant lur le noir , de même que fes cuilles
&C fon ventre •, fa queue depuis le croupion jufqu'à
la fin eft entièrement blanche , c'eft pour cela que
quelques uns l'ont appelé , queue blanche : il y a pour-
tant deux pennes noires par l'extrémité qui font aux
deux ccjtés de la queue , appelées les plumes du coin ,
qui font plus petites que les autres ; fes jambes font
dénuées de plumes , Se font toutes jaunes , ainfi que
fes pieds qui lont couverts de petites tablettes ; fes
ferres font fort aigucs.
S. Jean-le-Blanc lez-Orléans. Bourg de France , près
d'Orléans.
Jean Bonite, f. m. Nom des Ermites d'une Congréga-
tion fondée par le B. Jean Bon , né à Mantoue vers
l'an II 68, qui fe retira dans une tolitude en 1109,
& qui mourut l'an 1 149. D'autres ditent qu'il naquit
en 1130 , qu'il fe retira dans la folitude en iijc),
qu'il mourut en i 221 , & qu'il fut maître de S. Fran-
çois. Mais le premier fentiment eft plus vrai. Joanni-
Boniu. hes Je an- Bonite s turent la plus ancienne des
Congrégations d'Ermites qui formèrent l'Ordre des
Auguftins , ou Ermites de S. Auguftin , par ordre
d'Alexandre IV. Les Jcan-Bon'ues n'étoient pourtant
pas dcfcendus des Moines établis en Afrique par S.
Auguftin ; ils n'avoient pas même fa règle , & en
1252, ils n'i^n avoient encore aucune , comme il pa-
roîtparune Bulle d'Innocent IV, de l'an 1252, où il
confirme les réglemens que fit pour cette Congrégation
le Cardinal Guillaume du titre de Saint Euftache. Voy.
GuiLLELMITE.
Frère de S. Jean de la Cité , nom prétendu des Religieux
d un Ordre fuppolé , dont parlent pour-tant Abraham
Bruin & Arien Dauman, Michel Colin, Jolie Am-
manus, Schoonebcck, & dont ils donnent des figu-
res. P. HÉLYOT. Pref. page IX.
Danse de S. Jean. Maladie qui fit beaucoup de ravages
en France fous Charles V , en 1373. Les pauvres gens
entroient tour d'un coup en frénéfie , fe dépouilloient
tour nuds , fe mettoient une couronne de fleurs fur la
tête , & fe tenant par les mains , couroient les rues, &
même entroient dans les Églifes chantant & danfant
en tournoyant avec tant de violence, qu'ils tomboient
enfin par terre fans connoilbncc. Cette grande agita
J E A
tion les faifoit enfler , & il leur falloir ferrer le ventre
avec des bandes pour les empêcher de crever. Il étok
dangereux de les regarder fixement , le mal fe commu-
niquoit par les yeux , &: l'on ne s'en garantiftbit que
par la fuite. Le peuple nommoit cette maladie ,
Danfe de S. Jean ; on l'a depuis appelée Mal de fein ,
ou mal caduc. Abbé de Choisy. Vie de Charles V,
p. J 16,31-/.
S. Jean l'Évangéliste. Nom d'une Congrégation de
Chanoines féculiers établis en Portugal , par D. Jean
Vicenze , d'abord fameux Médecin & Profellbur des
belles Lettres , puis Évêque de Lamégo, & enfuite de
Vifeu. Ils fuivent l'inftitut de la Congrégation de S.
Juftinien pour leur Patriarche. Us turent inftitués en
1420. En 142 V, ils prirent polîcftion de leur pre-
mière maifon , qui fut le Monaftère de S. Sauveur de
V illa de Fradès de l'Ordre de S. Benoit que l'Évêque
de Brague leur donna. Martin V _, confirma leur
Congrégation fous le titre de Bonshommes de Villar
de Frades. Dans la fuite Kabelle , femme d'Alphonfe
V , Roi de Portugal , leur ayant fait bâtir un Monaftère
près des murs de Lisbonne, fous le titre de S. Jean
i'Evangelilte , elle obtint d'Eugène IV , qu'ils s'ap-
pellaftcnt Congrégation de S. Jean l'ÉvangéHfte ,
Ciianoines de S. Jean l'ÉvangéliJle. Il y en a aufti en
Italie que Pie V obligea de faire des vœux; mais ceux
de Portugal n'en font que pour le temps qu'ils de-
meureront dans la Congrégation , d'où ils peuvent
fortir quand bon leur fcmble, & d'où on les renvoie
de même. Leur vie eft très-auftère. Jean III leur
donna le foin de tous les hôpitaux de fondation royale.
Il y a auiîî des Chanoincllès de cet Inftitut, lef-
quelles ne lont point fournîtes aux Chanoines, à qui
il eft défendu par leurs conftitutions de prendre la di-
reélion des Religieufes. Voye':^ le P. Hclyot , T. II ^
c. yâ.
Jean le Fèvre , en termes de Fleurifte, eft une Tulipe
rouge iSc jaune. Morin.
Gros Jean. Terme populaire , qui fe dit par raillerie
& par mépris , & fîgnifie un lot , un lourdaut. Craf-
funi caput , ingenium pingue.
Jean Guéret. Nom d'une Tulipe qui eft d'un beau
violet Se blanc. Id.
Ordre de S. Jean de Jérusalem. /^oye|; Malte ,
car c'eft aujourd'hui l'ufage ordinaire. Ordre de
Malte, & non pas Ordre de S. Jean ds JérufalerUy
Chevalier de S. Jean de Jérufalem. Commandeur de
Malte , Grand Maître de Malte , Se non pas Comman-
deur ou Grand-Maître de S. Jean de Jérufalem , lî ce
n'eft dans des difcours oratoires, ou hiftoriques. Se
dans les chartres.
Chanoines Réguliers de S. Jean dé Latran , ou
Congrégation de Latran j ou de S. Sauveur de Latran.
Dom Gabriel Pennot , Chanoine Régulier de cette
Congrégation , & qui en a fait l'hiftoire , prétend
qu'ils ont été inftitués , ou plutôt mis à S. Jean de
Latran par S. Sylveftre , qui les prit de ces Clercs qui
vix'oient en communauté depuis le temps des Apôtres.
Mais ce qu'il ajoute eft plus probable ; favoir que S.
Léon I fe fervit vers l'an 440 de Gélaie , qui lut Pape
dans la fuite. Se qui étoit difciple de_ S. Auguftin ,
pour réformer les Clercs de cette Églife , &: les faire
vivre félon les règles du S. Évêque d'Hippone. En
1061, Alexandre II, qui avoit été Chanoine de la
Congrégation de S. Frigdien de Luques , fit venir des
Chanoines de cette Congrégation pour réformer ceux
de Latran, & en 1065, on traita de cettre réforme
dans un Concile qu'il tint à Rome. Boniface VIII ,
élu en 1294, y mit des Séculiers à la place des Régu-
liers , qu'Eugène IV y rétabUt ijo ans après, en
1442 , (Se qu'il tira de la Congrégation Frigdionienne ,
ou de Sainte Marie de Frifonnaire de Luques , qui
avoit été réformée par Barthélémy Colomne , de l'il-
luftre maifon des Colomnes. Calixte III lôta encore
aux Réguliers l'an 14/5 , ou 1456. En 1464 , Paul II
les y rémiit. En 1 47 1 , immédiatement après la mort
de ce Pape , les Séculiers les chaft'erenr. Sixte IV Ion
fuccelîeur n'ofi les rétablir; mais en 1472 , il leur
conlèiva par une Bulle le titre de Chanoines Régu-
J EA
lurs de S. Sauveur de Lacrari , Se en 1495 , voy.iin
l'Italie en paix , il lit bàrir au milieu tic Rome l']i[;life
de Notre Dame de la Paix , fuivant le vœu qu'il en
avoit fait. Se û y mit ces Chanoiijes qui, juCqu'ici,
V font rcftés , les Sc'culiers demeurant pailibles pof
iellcurs de l'Eglife de 5. Jean de Latran.
Ji;AN May, ou Jean moyen Eyland. Joannis Mail In-
fula. C'eft une île des terres Arctiques. Elle cft vers
Jes côtes de la Groënlande , au Icptcntrion de la
Norv/égc, fous le 74^ degré de latitude. Elle a ctc
découverte par les Hollandois, l'an 1614., &c clic
porte auiîî le nom de Montagne-Haute , & d'îllc
Maurice.
Messire Jean, forte de poire, f-^oy. au mot Messire.
Petit Jean. Nom qui le donne à des gejis du peuple
Se à des valets , qui s'appellent Jea/i. C'ell pour cela
que Racine l'a donné au Portier du Juge , dans la
Comédie des Plaideurs.
Tout Picard que j'étais , j'étais un bon Apôtre ,
Et je faifois claquer mon fouet tout comme un autre.
Tous les plus gros Monfieurs me parlaient chapeau
bas ,
Monficur de Petit- Jean , ah ! gros comme le bras.
Racine.
Prêtre Jean î ou Prête Jean. Quelques-uns préten-
dent qu'un Prêtre Neftorien , nommé Jean , qui vivoit
au XIF lîècle , fonda un Empire dans les Indes , tic
s'acquit une li grande réputation , que fes fuccef-
feurs furent nommés , Prêtre- Jean ; que les Portugais
cherchant les Indes, & ayant trouvé que l'Empereur
d'Ethiopie étoit fort puiilànt &: Chrétien , ils s'ima -
ginèrenr que c'étoit l'Empire du Prêtre-Jean- VoycT^
Prêtre, ou Prête Jean.
Jean de Nivelle. La Fontaine avoit hérité de Voitu-
re le don de relever la halîèile des Proverbes , par
quelque trait ingénieux dont il les allaiionnoir. On
dit communément , c'eft le chien de Jean de Ni-
velle , qui s'enfuit quand on l'appelle. Cela lui a
donné occalîon de commencer ainli la fable du Fau-
con 8c du Chapon.
Une traurejfe voix bien fouvent vous appelle ,
2Ve vous prejfe\ donc nullement.
Ce n'était pas un fot , non , non j & croyez-m'en ,
Que le chien de Jean de Nivelle.
Jean de Vert. Le monde n'eft rempli que de ces
preneurs d'intérêt , qui dans le fond ne fe foucient
non plus de nous que de Jean de Vert. Comédie du
Grondeur.
Jean de Fert , fameux Commandant des troupes Im-
périales, pris au mois de Mars 1638 , par le Duc
de Veymar , dans une bataille près de Rhinfeld , &
de-là mené prifonnier au bois de Vincennes. C'eft ce
qu'à entendu Voiture en cet endroit de fa réponfe
pour Mademoifelle de Rambouillet à M. de Mon-
taufier.
Soit que nous allions aux campagnes y
De ce beau parc , ou Jean de Vert
Pour quelque temps ejl à couvert.
M. de la Monnoie j Glojf. fur fes Noël s , au mot
Jan de Var.
Saint Jean. Nom d'une petite ville fortifiée. Fanum S.
Jocnnis. Elle eft dans le Comté de Sarbruck , fur le
coté droit de la Sare , vis-à-vis de la ville de Sarbruck,
oc au-de!lus de Sarlouis.
Saint Jean. Nom d'une Ile. Infula S. Joannis. Elle eft
de la Nouvelle France , dans le golfe de S. Laurent ,
près des côtes du Canada propre , & de l'Acadie.
Cette île de l'Amérique feptentrionale eft à huit ou
dix lieues des Iles de Buion & de la Magdelaine ,
allant de-là à l'Ile percée.
Saint Jean. Non de rivière Fluvius S. Joannis. Ri-
vière de la Nouvelle France, qui a fa fource dans
l'.n peric lac , prl-s du fleuve Saint Laurent Se du
J E A
37
Canada propre; elle coule vers le midi , &: (c dé-
charge par une grande embouchure dans la baie
Françoile , au nord de la ville de Port Royal. Matv.
L'entrée de la rivière de S. Jean eft de diflicilc abord *
rangeant la terre des deux côtés ; le meilleur endroit
cft du côté de flribord ou mnin droite , fins trop ap-
procher la terre : cette entrée eft étroite , à caufe d'une
petite île qui eft à bas bord , ou côté gauche , la-
quelle palîée , la rivière eft bien plus large. Du mê-
me côté de l'île il y a de grands marais ou prairies ,
qui fojit couvertes de pleine mer , le rivage eft cou-
vert d'un fiblc vafeux , qui fiit une pointe , laquelle
palîée , il y a une anfc qui entre dans lefdits marais ,
doht l'entrée cft étroite, où l'on pêche un grand nom-
bre de gafparots ; on y trouve aufll quelquefois des
laumons , des alofes 8c du bar. Un peu plus avant il
y a une petite butte , où l'on avoit bâti un fort , mal
placé pour être commandé d'une île qui cft tout
proche, plus élevée, & derrière laquelle tous navires
le peuvent mettre à couvert du fort , dans lequel
il n'y a que de l'eau de puits , qui n'eftpas bien bonne ,
non plus que celle qui eft hors du fort. Palfé l'île
il^ n'y a qu'une bonne portée de canon jufqu'au faut ,
où ils ne peuvent palfcr ; mais bien des chaloupes &
de petites barques , de pleine mer feulement. A la
chute du faut , il y a une grande folîé d'environ trois
ou quatre cens pas de tour , qui eft faite par la chu-
te de l'eau , qui pafîe entre deux rochers , qui for-
ment un détroit à la rivière , ce qui la rend plus ra-
pide en cet endroit. Maty.
Saint Jean. Nom d'un lac. Lacus S. Joannis. Ce lac
eft- dans le Seguenay , en la Nouvelle France, aux
confins de l'Eftotilande. C'eft la fource de la rivière
de Seguenay. Maty.
Saint Jean. Nom d'une ville de l'Amérique méridio-
nale. S. Joannis oppidum. Elle cft fituée au confluent
du Paraguai & du Parana , à cent cinquante lieues
phis haut que Buenos- Ayres. Hifi. Parag. L. IV ,
c. 3.
Saint Jean d'AcRE. Voy. Acre.
Saint Jean d'ANcELi. Nom d'une ville de la Sainton-
ge , en France. Angeriacum , Engeriacum. Fanum S.
Angeriaci. Elle eft fur la Boutonne , à neuf lieues de
la Rochelle , vers le couchant. S. Jean d'Angeli a
une Abba)'e , & elle étoit autrefois fortifiée , mais
elle fut démantelée l'an i<5ii , par les ordres de Louis
XIII. Maty.
Saint Jean de Laune. Nom d'une petite ville autre-
fois forte. Fanum S. Joannis Laudanenf.s , Laudona.
Elle eft dans le Duché de Bourgogne en France , fur
la Saône , à quelques lieues de Dijon vers le midi.
Saint Jean de Luz. Nom d'une ville de la Gafcognc
en France. Luifium , Fanum S. Joannis Lufii. Elle eft
dans la terre de Labour , à l'embouchure de l'Ur-
dacuri , dans la mer de Gafcogne , à deux lieues de
Fontarabie , &à quatre ou cinq de Bayonne. On con-
ftruit des navires dans cette ville : fes habitans font
fort habiles dans la pêche des baleines , & de la mo-
rue. Louis XIV , époufa Marie-Thérefe , Infante d'Ef-
pagne , l'an 1660, à Saint Jean de Lu:;^. Maty.
Saint Jean de Maurienne. Nom d'une petite ville
aflez jolie , mais toute ouverte. Mauriana , Fanum S.
Joannis. Elle eft capitale du Comté de Maurienne ,
en Savoye , & fituée fur la rivière d'Arc , à fîx lieues
de Mouftier , vers le midi. Saint Jean eft le fiège d'un
Evêché , fuffragant de Vienne. Maty.
Saint Jean Pié de Port. Nom d'une ville de la Gaf-
cogne , en France. Fanum S. Joannis pede portucn-
fs , anciennement , Imus Pyrcmus , Imi Pyrendi.
Elle eft fur la Nêve; à neuf lieues au deilus de Bayon-
ne , au pié d'un palTàge des Pyrénées , dont elle a
pris fon nom. Elle eft forre par la fituation fur une
montagne , & par fes travaux. Maty.
Saint Jean de Portric. Voy. San Juan de Porto-
nco.
Ordre de S. Jean & de S. Thomas. Ordre militaire éta-
bli autrefois dans la ville d'Acre en Paleftine^ & non
pas à Ancône en Italie , comme a dit M. Hermant :
il fut confirmé d'abord par Alexandre IV , qui lui donna
38
JE A
la règle de S. Auguftin ; & enfuite par Jean XXII.
P. Helyot , T. ir, c. sS-
Saint Jean des Vignes. Abbatïa fancli Joannis npud
Flneas. C'eft le nom d'une Abbaye fondée à Soii-
fonsl'an 1076, par Hugues , Seigneur de Château
Thierry. Urbain II en approuva les Conftitutions l'an
1089. Les Reliijieux de Saint /ea/z des Vignes , font
des Chanoines Réguliers. Les Chanoines Réguliers de
S. Jean des Vignes ont eu la direétion d'un Collè-
ge à Soillbns. L'an 1566, la menfe Abbatiale fut lé-
parée de la menfe conventuelle. L'Abbé de S. Jean
des Vignes el\ premier Chanoine de l'Églile Cathé-
drale de S. Gervais de Soldons. L'Abbaye de S. Jean
des Vignes a toujours regardé les Evèques de Soil-
fons comme fes fupérieurs , elle n'a jamais ete unie
à aucune Congrégation , ni fouftert de rétorme étran-
gère. Voyei VHiJioirc des Ordres Religieux du Père
Hélyot , Part. II, c. /j.
JEANNE, f. f Nom de femme. Prononcez Jâne , ou
Janne. Joanna. Les douze étoient avec lui ( J. C. }
<Sc quelques femmes qui avoient été délivrées des ma-
lins efprits , & de maladies : Marie appelée Magde-
laine , de laquelle il étoit forti fept Démons; Jeanne
femme de Chaza, Intendant d'Hérode j Suzanne Se
plufieurs autres , qui de leur bien fournillbienrà leurs
befoins. Bouh. Luc. VIII, 1,2,3. Sainte /eawziTj
Q A Jeanne de France, Reine de France , Duchelle
de Bcrri , & fondatrice de l'Ordre de l'Annonciade
& des dix Vertus de la Sainte Vierge. Louis XI fon
père la fit époufer à Louis Duc d'Orléans , qui fut
depuis Louis XII. Ce prince prétendit que ce maria-
ge avoir été forcé , &: le fit déclarer nul par Alexan-
dre VI , en 1498. Jeanne fe retira à Bourges, où elle
vécut , & mourut en odeur de lainteté , le quatrième
Février i jo ;. Elle a été béatifiée. Lorlque le Comte
de Montgomeri furprit Bourges en 1562 , les héré-
tiques brûlèrent Ion corps. Jeanne la folle ^ ou la
Loca , comme difent les Elpagnols , étoit fille de Fer-
dinand &: d'Kabelle , & fut merc de Charles-Quint.
C'eft elle qui porta les couronnes d'Efpagne à la mai-
fon d'Autriche , ayant époulé Philippe Archiduc d'Au-
triche J dont la perte la rendit folle par la douleur
extrême qu'elle en conçut. La Reine Jeanne avoir été
durant fa vie un grand exemple de la vanité des cho-
fes humaines. P. Verjus. Voy. cet Auteur, vie de
S. François de Borgia, L. II , p. 224 & fuiv.
Le Roi Jean époula en fécondes noces Jeanne veuve
du Duc de Bourgogne. Jeanne d'Albret , Reine de
Navarre j mère de Henri IV , fur empoifonnée à Pa-
ris quelques jours avant l'horrible malTacre de la S.
Barthélemi.
Jeanne d'Arc , c'eft la Pucelle d'Orléans , pauvre Ber-
gère qui délivra Orléans , reconquit la Champagne
lur les Anglois , fit facrer le Roi à Rheims , & fut
prife & brûlée à Rouen par les Anglois. Quelques-
uns ont fauflement prétendu que l'on luppola une
femme criminelle à la place.
Dame Jeanne , ou Grosse Jeanne. On .appelle ainfi
populairement une groffe bouteille de vin. Vint am-
phora craffior , major.
Religicufe de Sainte Jeanne. On appelle ainfi à Bour-
ges & en Berri les Religieufes de l'Aimonciade j qui
y ont été fondées par Sainte Jeanne , Se y ont leur
premier monaftère , où elle ell morte ; i^c cette mai-
Ion s'y appelle Sainte Jeanne. Allons à Sainte Jean-
ne. Qui prêche aujourdhui à Sainte Jeanne ? Les Da-
mes de Sainte Jeanne de Bourges.
Jeanne. C'eft le nom qu'on donne à une chèvre , com-
me on donne celui de Simon au dauphin , celui de
Godard au cygne , Se celui de Robin au mouton.
JEANNELLE. f. f. Nom de femme , diminutif de 7t'a«-
ne , qui ne le dit que de Jeanne II , Reine de Jéru-
filem , de Naples Se de Sicile , Duchelle de la Ponil-
le Se de Calabre , ComtelFe de Provence , &c. qui le
^ deshonora par des galanteries continuelles Se publi-
ques ; Se s'étant brouillée avec le Pape Martin V ,
adopta Alphonfe V , Roi d'Arragon , pour lui frire
paflèr fes Royaumes , Se les ô:er .à Louis , Duc d'Aii-
jou , à qui Martin en avoit donné l'inveftiture. Jeanne
J E B
II , ou Jeannelle , Reine de Naples , que Louis III ,
Duc d'Anjou , tâcha inutilement de dépoiléder. Jean-
nelle rappela dans la fuite ce Duc , & le fit déclarer
Roi. Elle mourut en 1495. P. Hélyot, T. VIII ,
p. 2S1 & fuiv. Joanna ,Joanella.
JEANNETON. (. f. Prononcez Janneton, ou Jâneton.
Nom de fille, diminutif qui fe dit des filles qui ont
nom Jeanne ; Jeanne , petite Jeanne. Joanna.
Il ne fe dit que des perfonnes du peuple , ou popu-
lairement.
JEANNIN, ou JANNIN. f. m. C'eft la même chofe
que Jean , fignifiant celui qui fouffre les infidélités de
la femme. Il eft burlefque.
JEANNINE. i. f r'rononcez Janine. Décrétale de Jean
XXII. Joannina. C'eft Cujas qui a fait ce mot. In C.
Ad audient. 4. de Sponf. Se Mar. Il appelle Jeanni-
nes J ou ioannines , les Décrétales de Jean XXII ,
que l'on appelle communément Extravagantes de
Jean XXII. Il a fait ce mot à l'imitation des Clémen-
tines , dont nous avons parlé en leur place. Pour
les Jeannines , ou Décrétales de Jean. Voye^ Extra-
vagante.
JEANNOT. f., m. Prononcez Janot , ou Jannot. Di-
minutif de Jean , qui fe dit des petits garçons iqui ont
reçu le nom de Jean au baptême. Joannes , Joa7i-
nottus. Ce mot ne le dit que des enfans du peuple ,
Se parmi le peuple.
Ce nom autrefois fe donnoit même aux gens de
diftindfion. Jeannot de Caftillon fut Grand-Maitre de
l'Ordre de S. Lazare vers le milieu du feizième liè-
cle , fous le pontificat de Pie IV. Voyei^ le P. Hé-
lyot , T. I , chap. J2.
J E B.
JEBA. Nom d'une ville , dont perfonne ne parle que
Pline , L. V. c. i (>. félon la remarque du P. Har-
douin. Jebba. M. Réland conjeéture que c'eft Japha ,
ou Japhia dans la Galilée.
JEBILEE. Ville maritime de la Paleftine , la même que
l'Ecriture appelle Cabala. Quelques Voyageurs Fran-
^çois la nomment Jabli.
JEBLAAN. Nom d'une ville forte Se puilfante de h
Terre-S.ainte. Jchlaan. Elle étoit dans la demi-Tribu
de Manalfé d'en-deçà du Jourdain. Jof. XVII. 11.
Jud. I. 2j. Elle étoit près de Gaver.
lEBLE. f. f. Efpèce de plante qui croit à la hauteur d'en-
viron trois pies , Se qui porte des baies rondes , noi-
res, (Se pleines de liic. Ebulum. Du Grec ibu>.cç , en
Lmnjambucus hum'ilis j five ebulus. C. Bauh. Voy.
Yeble.
JEBNAEL. Nom d'une ville de la Terre-Sainte. Jebnael.
Elle étoit de la Tribu de Nepthah , & fur its con-
fins./o/: XIX. 33.
JEBNÉEL. Nom d'une ville de la Terre-Sainte. Jeb-
nael. Elle étoit dans la Tribu de Juda. Jof. XV. 1 1.
fur le bord de la mer. Enfuite elle fut donnée à la
Tribu de Dan. Le P. Lubin croir que c'eft la même
que Jaumia. Il femble que Ziéglérus ait été du mê-
me lentiment.
JÉBOC. Voy. Jaboc.
JÉBUS. Ancien nom de la ville de Jérulalem. Jebus.
Elle avoir pris ce nom de Jébus , ou Jébufl , fils de
Chanaan. Gen. X. 16. Jebus ,c^\t'x la mêine cho-
fe que Jérufilem. Saci. Jof. XVIII. 2S. Du refte
Voye\ JÉRUSALEM.
JÉBUSÉEN, ENNE. f. m. & f. Nom d'un peuple
Chananéen. Jebuf&us , a. Les Jébuféens étoient def-
cendans de Jébus , ou Jébulî , fils de Chanaan , pe-
tit fils de Cham , & arrière petit-fils de Noé. Gen. X.
16. Ils occupoient Jérulalem, dont on ne les challa
point tout-à- fait d'abord. Ce ne fut que D.iyid , qui ,
quatre cens ans après l'entrée du peuple d'Ilracl dans
la rerre de Chanaan , & la huitième année de Ton
règne , prit la citadelle de Sion qu'ils avoient occu-
pée jufques-là. Jofué , XL 3. dit qu'ils habitoient
dans les montagnes. Quelques-uns croient que le nom
de Jéhufeen s'eft confervé dans celui d'Ebus , Ebufus ,
qui etok une petite île fur la cote d'Efpagne , aujour-
J E D
d'hui Ikijfa i Yvice j ou Yviça, Elle ctoit peupk'c d'une
Colonie de i'hcniciens. Boehait, Phalcg. L. //•'. c.
36. Cet Auteur dit Jehujius ^ Jcbufien , contre l'ulage
conftaiit & ancien.
^JC?" JEBUSES. C f. pi. C'cil ainfi que quelques-uns ap
pellent les Prêcrelïès de l'Ile Formola. Le vrai nom
cft ]ucbus. Voy<:\ ce mot.
J E C.
JÉCHIEN. Ville capitale du Royaume de même nom.
Jechienum. Elle eft lut la côte leptentrionale du Jet-
/engen, dans l'ile de Niphon, qui ell une de celles
du Japon.
JECKER , ou JAR. Nom d'une rivière du pays de
Liège. Jccora. Elle baigne Borchwora , Tongres &
Maelhiclit 5 où elle le décharge dans la Meufe. Maty.
JECMAAN. Nom d'une ville de la Terre-Sainte. Jcc-
inaan. Elle étoit, félon quelques-uns , dans la Tribu
d'Ephraïm; félon d'autres , dans celle de Zabulon. Ce
fut une ville Lévitiquc ^ iSc une ville de retuge. Elle
fe nommoit autrement Ciblaïm. Adrichomius dit
qu'autrefois elle fe nommoit aulfi Jeblàn. f^oy. Jof.
XXI y 22. 1. L. des Rois , IF y 12. Du reflc je ne
fais pourquoi quelques Auteurs la placent dans la
Tribu de Zabulon i car Jolué , XXI , J2 , dit qu'elle
ctoit de celle d'Ephraïm.
JECNAM. Nom d'une ville de la Terre- Sainte, jcc-
nam. Quelques uns croient que c'eft la même que Ja-
chanan , du mont Carmcl , dont il cft parlé en Jof.
XII , XI. C'étoit fous les Chananéens une ville Roya-
le. Elle tomba en partage à la Tribu de Zabulon ,
qui la rendit aux Lévites. Elle étoit fur le torrent de
Cillbn , vers fon embouchure dans la Méditerranée
au pie du mont Carmel. Elle le nomme Jecnan dans
Jofué , XXI y 34. Se Jéconam y XIX J 11.
lÉÇO. ICr Voy. Jesso.
JÉCORAIRE. adj. f. Qui appartient au foie. Jecoraria.
C'eft un nom que les Médecins donnent à la veine
qu'ils nomment autrement bafilïque. Vena Bafilica.
Voy. BASIUQ.UE.
Ce mot eft formé du Latin Jccur , le foie.
JECT. f m. Autrefois on a écrit ainll le mot qui s'é-
crit aujourd'hui y'df. Il y a des Coutumes , où jech li-
gnifie la terre qu'on tire d'un folié. Le folle étant en-
tre deux héritages , appartient au Seigneur de l'héri-
tage du côté duquel eft le jcci dudit folTé. CouT.
DE Berri, t'a. II , art. i jf..
JECTEHEL. Nom d'un rocher ou d'une colline de la
Terre-Sainte. Jeclehel. Amafias prit d'aflaut cette for-
terelfe , après avoir battu dix mille Iduméens , & la
nomma Jeclehel , IF des Rois ^ XIV , 7. Elle étoit
aux frontières de la Tribu de Juda , du côté du mi-
di , en tirant vers l'orient , proche l'extrémité méri-
dionale de la mer morte.
JECTHEL. Nom d'une ville de la Terre-Sainte. Jec-
thel. Elle étoit de la Tribu de Juda Jof. XV. En Hé-
breu c'eft le même nom que Jeclhel , ^ '-Tty ^ Jac-
thecl. Et c'eft peut-être aulfi la même place.
JECTIGATION. f f. Terme de Médecine , qui fe dit
d'un tremblottement , ou trellàillement qu'on fent
au pouls du malade , qui montre que le cerveau j qui
cft l'origine des nerfs , eft attaqué &: menacé de con-
vulfions. Jecligatio.
JECTISSE. adj. f qui ne fe dit guère qu'en cette phra-
fe , des terres je&ijfes : ce font des terres remuées
qu'on a tirées d'un endroit pour jeter en un autre.
Projeclitius , ejecl'u'ius , comportatus. Il ne faut pas
bâtir fur cç terrain ; il n'eft pas ferme, il n'eft fait que
de terres /«i.7i//t'j.
JECUIBA. (. m. Arbre qui croît au Bréfil , dont le bois
eft d'un rouge brun avec des ondes noires : il cft ex-
cellent pour les ouvrages de Sculpture •■, mais il n'eft
d'aucun ufage dans la Médecine.
J E D.
JÉDALA. Nom d'une ville de la Terre- Sainte. Jedda:
Elle étoit dans la Tribu de Zabulon. Jof XIX , ly.
J E H
39
Adrichomius dit qu'elle fe nommoit auucmeiu Jé-
daba.
JÉDBHUK, ou JÉDBURG. Nom d'im lieu, que quel-
ques Cartes nomment Mydbruck. Jcdohurgum. l-eri-
te ville de l'Écolïc méridionale , capitale de la Pro-
vince de Tivcdale , c^- iituée a huit lieues au couclunc
de Barwick.
JÉDO. Voyci YïNDo.
JEDSO. Voyei Jtsso.
J E G.
JEGKAA. Nom d'une ville de la Terre-Sainte. Jegbaa,
C'étoit fous les Clwnanécns une ville forte. Elle fut
prile par Moïfe , & rétablie par la Tribu de Gatl , à
qui elle fut domiée. Nomb. XXXII, jy. Jug. VIII ^
/ 1. Quelques-uns difent Jecbaa.
JEGUN. Bourg de France , dans le Haut-Armagnac ,
fur une petite rivière qui peu après fe jette dansl'Au-
loux , avec laquelle elle va fe perdre à Clarancc dans
la Blaife.
|f3"JÉGUR. C'eft ainll qu'on appelle en Tanarie , la
graine d'une plante dont la tige rcilèmble' allez à la
canne de fucre. C'eft une efpèce de ris qui vient en
grappes au haut de la tige. Les habitaiis du pays
s'en fervent pour aliment.
J E H.
JÉHOVA , ou plutôt JÉHOVAH. f. m. Nom de Dieu
dans la langue Hébraïque , Jehova , nVT. Jéhovak
eft le nom propre de Dieu , parce que c'eft le nom
qiii ne convient qu'à lui feul , félon ces paroles de
l'Ecriture, 7/d/6\, XIII ^ S. Je fuis Jékovah , & c'eft-
là mon nom. PJ] LXVII , j. Jéhovak eft fon nom :
ce qui ne fe dit nulle part , ni de ?b; El, ni de ::::: rhA
Eloh'im ; ni de 1 vi , Schaddai , ni d'aucun autre nom
de Dieu , parce qu'il exprime non pas quelqu'un de
fes attributs , mais fon être même Se fa fubftance. P.
SovciLT. ,Di£crt. fur le nomjehovah. nin\ Jéhovak ,
eft le nom que Dieu lui-même fe c}onne dans l'Éxode ,
///, 14 , pour fe foire connoître & fe diftinguer de
tous les autres êtres. Car quoique niHiî , Ehjch ne
foit pas tout-à-fait pour les lettres & pour le fon le
même nom que Jéhovak , on convient cependant que
c'eft au fond la même chofe , la même lignification ,
la même origine ; que route la différence coniîfte er»
ce que Dieu parlant lui-même de lui nicaie , parle
à la première perfonne nns: , au lieu que m-n eft
formé de la troifième perfonne du même Verbe &:
du même temps. Id. Il y a plufieurs difputes parmi
les Hébraïlans fur ce nom de Ditu. Les principales
regardent fon ctymologie , ou fon origine , fa force
& fi lignification, fes voyelles, ou la manière donc
il faut le prononcer , & dont on le prononçoit au-
trefois. Tout cela eft traité fort au long dans la Dilfcr-
tation que nous venons de citer ; nous allons en ti-
rer ce qui convient à notre ouvrage.
Tous ceux qui ont écrit fur cette matière font ve-
nir mni , Jéhovak, de T[in , être , hormis Olcafter ,
Dominiciin Portugais , qui le tire de nin , hovak ,
qui iignifîe brfement, fraction , événement fâcheux.
Sa raifon eft , que Jéhovak rellcmble bien plus à
hovah qu'à hajah : d'où il conclut que Jéhovak , lîg- .
nihe celui qui brife , qui détruit j qui envoie des mal-
heurs. On rejette avec raifon ce fentiment , & plus
encore la raifon fur laquelle il eft fondé ; de plus elle
rend ce nom indigne de Dieu , ou du moins peu con-
venable; & Dieu lui-même donne un autre fens à
_ fon nom. Il faut donc s'en tenir au fentiment coith
mun , & le faire venir de nTi , hajah , mais tous
ne le font pas de la même manière. Quelques-uns le
font venir de la conjugaifon piel ou à'kiphil : d'où U
s'en fuivroit qu'il lîgnifieroit non pas celui qui eft,
mais celui qui donne l'être. Mais 1°. Le verbe nn,
n'a point ces conjugailcns tranluives, & l'on n'en
trouve aucun exemple dans l'Écriture. 2°. Jéhovak
n'a point de forme de ces conjugaifons , m.ais celle
de la p»:niicre conjugaifon appelée Kal, i'^. Dieu dit.
/
40
J E H
Exod. m, 14. qu'il eft celui qui ejl , S: non point
celui qui donne l'tcre , on ne peut actiibucr la ponc-
tiution de cet endioit aux Maliorèthes. Les Inrci'prc-
tes anciens , rÉglife & la Synagogue ont lu avant la
Mailore, comme nous lifons encore; & nul n'a pus
ce nom dans une lignification aâive ou tranfîtive.
Déplus , l'Auteur dont nous tirons tour ceci j moji
tre que la ponduation des Malknvches nini , Jcho-
vah eft l'ancienne & véritable prononciation de ce
lîom; &: que s'il y en a eu une plus ancienne , c'cft
Jao , à laquelle la nôtre revient. Il prétend que cette
prononciation n'a pii fe perdre , que quand elle fe le-
roit perdue , elle le pourroit aifémcnt retrouver ,
par les noms propres Hébreux, dans la compolition
defquels entre le nom de Dieu ; que Jéhovah n'a
point les voiles de ijni^ , Adonai , comme on le dit
communément-, qucc'eft au contraire Adonaï, quand
il (c dit de Dieu, qui a les points de Jehovah ; que la
manière dont les Phéniciens , les Samaritains , les
Grecs & les Latins ont prononcé ce nom dans leurs
langues , en font encore autant de preuves ; que le
Jovis des Latins n'eft autre cliofe que le Jéhovah des
Hébreux avec une terminaifon Latine , que jéhovah
étant la prononciation véritable , il s'eniuit que ce
nom N'ient de la conjugaifon neutre iifcî/, & qu'il li-
gnifie fimplement Cduï qui ejl , & non point Cflui
qui donne l'être. Et c'eft en eftet le lentiment de tous
les Rabbins , &: de tous les plus habiles Hébra'iians.
Voye\ la Dilî'ertation dont nous avons tiré ceci , &
celles de Génébrard , de FuUérus dans fes Mïfcella-
nea, de Drufius, de Sixtimus Amama, de Louis Ca-
pelle , de Buxtorfle fils, de Gakaker, 'Volîlus , de
Jdolol. L. l, c. 32. a: L. II , c. 14.
Du refte , pour ce qui eft de l'ulage de notre lan-
gue , il faut y mettre de la dillindion. Quoique plu-
freurs Interprètes Latins aient retenu le nom Jéhovah,
chacun a la manière dans leurs verlions , les traduc-
tions Françoiles que je connois ne l'ont point fait.
Toutes celles qui loin Catholiqties , & même plu-
Tieurs Protcftans , à l'imitation des Grecs & des La-
tins , mettent le Seigneur au lieu de Jéhovah. Il Eiut
les fuivre qitand on cite , ou qu'on traduit l'Écritu-
re. Les veriîons de Genève l'ont traduit par YEcer-
nd , nom qui n'exprime point proprement & par-
ticulièrement le fens Jéhovah , & qui même n'y re-
vient pas plus qu'au nom inn , hahhai , c'eft à-dirc,
celui qui vu , iSc qui par conléquent ne marque point
allez le lens particulier du nom Jéhovah. Quant à des
Dillertations , ou autres dilcours d'érudition , on peut
& l'on doit même dire Jéhovah dans notre langue ,
comme l'obfervent en effet plulieurs de nos Auteurs ,
& tous les Journaliftes.
Enfin , l'Auteur de la Diirertation que nous avons
citée j a fait , comme il le remarque dans la Préftce ,
deux choies dans l'orthographe de ce nom qu'on ne
pratique point communément ; car en premier lieu
il ajoute à la fin une H qu'on n'y met pas , Se en le-
cond lieu il a fait mettre les lettres I , H , V , H ,
■ -en caradtère initial , 8c les voyelles e , o , a, en petit
■ caraftère. le Ho Va H. Il en ute de la lotte pour
■ marquer quelles font les lettres dont on écrit ce nom
en Hébreu , pour diftinguer les radicales , ou les con-
sonnes des pohits voyelles qu'on lui donne , & pour
faire fentir julque dans notre langue pourquoi on l'ap-
pelle un nom de quatre lettres. Quant à l'A qu'il ajou-
te à la fin , il lui (emble qu'on ne devroit jamais la
retrancher : fans cette lettre ce nom de Dieu n'eft
point entier , notre voyelle a par laquelle on le ter-
mine , ne repréfcnte que le Kainets de la dernière
radicale Hébraïque n , He ; ainli l'on n'en fiit qu'un
nom de trois lettres , au lieu ilun nom de quatre
lettres.
JÉHUD , ou JEHOUD. f. m. Nom d'un prétendu fils
de Saturne , & de la Nymphe Anobret. Jehud. Por-
phyre raconte dans Eufébe , Prsp. Ev. L. I. que
Saturne qui fut nommé par les Phéniciens Ifiai'l , 3c
qu'ils mirent dans les aftres après la mort , régnant
en leurs quartiers , eut un fils unique d'une Nym-
phe nommée Anobret, auquel il donna le nom A-
I E L
hud, qui en Phénicien fignifie unique ; que dans une
guerre trcs-dangereufcj que ce pays eut à foutenir ,
Saturne ayant couvert fon fils des ornemens royaux
l'immola fur un autel , qu'il éleva tout exprès. Il cfl
clair que cette fable eft copiée fur l'hiftoire d'Abra-
ham ; Saturne eft Abraham , on le confond avec Ja-
cob fon petit fils j& on lui donne fon nom d'Ilraél,
ce qui n'eft pas rare. Dans les 'Vers d'Onomacrite at-
tribuas à Orphée on le confond avec fon fils Ifaac ,
& on l'appelle fils unique , f.a-ayiw , c'eft-à-dire , Je-
hud. Le hls de Saturne Jchud eft Ilaac fils unique , eil
Hébreu Gen. XXII. -i--. Jchhid , qui eft la même
chofe que le Phénicien Jéhud, ^^^"|. On fait qu'il fe
mit en devoir de le facrifier , comme il eft décrit dans
le Chapitre de la Genèle que l'on vient de cirer. Voy.
Vollius, de Idol. L. I ,c. iS.
Ce mot vient d'trrî? , ehhad , un , d'où fe forme
'Wrx'y , jehhid ,cn Hébreu ,& en Phénicien : dialeclc
de. la langue Hébraïque Tin'' , Jéhud, unique.
JLHUDA. f. m. Nom d'homme. C'eft la prononcia-
tion Hébraïque du nom Juda. Nos Hébra'ïlar.s le
fervent quelquefois de ce mot en parlant des Rab-
bins. Rabbi Jéhuda Hakkadofch, ou le Saint , eft
l'Auteur ou le Compilateur de la Mifchne. R. Jéhu-
da Levi , Auteur du Sépher Cozri , vivoit au XII'
liècle. Juda , Jchuda.
J E I,
JEISTAM. f. m. Terme de Calendrier. Nom du troi-
fîcme mois de l'année des Indiens qui font dans les
États du Grand Mogol : elle eft compolée de douze
mois ; celui de Jeijlam répond au mois de Juin , on
l'appelle aulll Jejlain.
JEJUNUM, f". m. Terme d'Anatomie , qui le dit du fé-
cond des inteftins grêles , qui eft entre le duodénum
& l'iléon. Il eft ainfi appelé , parce qu'on le trouve
toujours moins plein que les autres ; ce qui vient de
la grande quantité des vailTeaux ladtés qui fortent de
cet inteftin , & qui reçoivent fans celle le chyle ; Se
du mélange de la bile , Se du lue pancréatique qui
fe fait au commencement de ce boyau , ou à la fin du
duodéniun. On le nomme aulIi le jeûneur _, ou \'af--
famé. On le diftingue de ï' iléon , parce qu'il a bien
plus de vailfeaux , qu'il eft un peu plus rouge , Se fe
trouve plus vuide. Ce boyau occupe prefque toute la
région du nombril.
I E L.
lEL , lEN , 1ER , lEZ. Dernières fyllabes de quelques
mots. Les remarques fuivantes ne regardent que les
Poctes.
lel ne fait qu'une fyllabe avec la lettre qui le précède :
ciel J /lel , îniel , Sec,
Le vrai bien n'ejl qu'au Ciel , il le faut acquérir.
GOD.
Comme on volt au printemps la diligente abeille y
Qui du butin des fleurs va compojer fon miel ,
Des fottifes du temps je compofe mon fiel.
Despr.
len ne compofe qu'une fyllabe : bien , tien j mien , rieri,
chien:, &'■'• On en excepte ordinairement la dernière
partie de l'adjcélif qui fc termine en ien , fur-tout lorf-
que l'adjcétif marque qu'on eft d'une profeffion , ou
d'une lociétéj ou d'un pays: Mulicie;2, Académicien j
Siciiic-n ; alors ien eft de deux lyllabes. De bons Poè-
tes font d'avis qu'on le falle de deux fyllabes autant
qu'il eft pollîble , parce que cela rend le veis plus
cloux & plus coulant.
L'Académie ejl comme un vrai Chapitre j
Chacun à pan promet d'y faire bien;
Mais tous enfemble ils ne ûeansnt plus rien.
Bois-KoB.
Ccir:bieii
I EL
Combien coût ce qu'on dit , ejl loin de ce qu'on pcnfc.
Rac.
Deux heures de ton cntreûcn
fiaient deux fiecles de vie. Mainard.
Ouï , je t'achèterai le Praticien François. Rac.
Ne point mentir , être content du iîcn ,
Cejl le plus fur :, Sec. Mainard.
Des 5/-ri-ciis ravis emportent tous les vœux. Cor.
Que le fameux Balzac â mon gré jugeait bien
D'un indigne confrère Acadcmi-cï-cn. Scar.
Voudrais tu bien chanter pour moi ^ cher Licidas _,
Quelque airSiciAi en, doux, tendre , & plein d'appas ?
De Longepierre.
Suis-ie le gar-d'i en , pour employer ce fiyle ,
De la virginité des files de la ville ? Molihre.
La foi , ce nœud facré , ce li-en précieux. Breb.
Les uns Bergers , moi Nymphe, & vous Magi-ci en.
// ejl de fâcheux entre-ùen.
Saturne ejl moins Satur-m-en. Voit.
En général , il cft plus doux de ne faire qu'une fyl-
iabe des lettres ien , cependant l'ulage de la Poche a
établi d'en faire deux dans les mots dont il y a ici
des exemples.
Jer ne forme aulll qu'un? fyllabe,_/fer, emier ; mais il
y en a deux dans un adjedif au féminin ; altière , (Mé-
nage dans ce mot n'en fait qu'une , ) ou dans un fub-
ftantif qui finit en e , carrière , il y a cependant des
exemples contraires. On excepte encore , baudrier ,
bouclier j calendrier, étrit;rj Geôlier, levier, meur-
trier, ouvrier, fanglier , peuplier , où il eft de deux
fvUabes. Il eft aulll de deux fyllabes dans les verbes ,
loit en Profe , foit en Poëfie , Fier , rectifier , ou-
blier j &c. La terminaifon ier étoit autrefois toujours
dipbthongue , & ne faifoit qu'une lyllabe. Ainli fan-
glier. Templier , étoient diUyllabes.
Alnjî quand le Veneur lâche fur un fan-glier ,
Acculé dans fon fort y deux chiens à grand col-lier.
P. Le Moine.
Le Cour-Cicv qu'il montait fuperbement paré.
P. Le Moine.
Oui , tout ce que je defire
C'efi qu'en tier de corps & de fens
Tu puiffes chanter y boire , & rire
L'an de grâce mil fept cents. Mainard.
Fier des défauts qu'en lui chacun reconnoiffoit.
De Villi.
Dans fes façons d'agir il efl trop fingu-\\et ,
• Mais f en fais jje l'avoue , un cas particu-liei:. Mol.
Et quand il eut acquis de parfaites lu-mièi'es ,
Il luifttfubjuguer des nations e/z tières. Des-H.
Suivre che^ l'Epi-ciei: Amelot &ia Serre. Despr.
Ceux qui verfent le fang d'une main meur-tn-i:i:e ,
N' ont point encore vu qu'une longue car-rière
Ait mejuré leurs jours. God.
// charge encor capot qui perd les etri-ers ,
Et tombe entre les Rais qui font faits prifonniers.
Sar.
Ilejljufle ,grand Roi , qu'un mcurtn eïpérijfe. Cor.
Tome y.
I E L 41
Cette affreufc mcur-rûete.
Qui loin de notre Jron-ûc-re ,
Pour jamais fe voit bannir. . . Perraut.
// a faifi ce qui me grève ,
Et plus que moi mes ou-\n-CTS ,
Ce qui rejloit de nos t/e-niers. Bois-RoB.
Mais le goût ejl bien différent
De l'auwn er & de l'ouvrage. CoR. Imit.
Le me û-ct de Virgile ejl Jl beau
Mais Augujle ejl fous le tombeau. Mainard-
.... Exauce ma pri-he ,
Punis le de: orgueil d'une amctrop al-tï-ère MiN.
Et Moron C/iera-lier de vieillejje avancée. Idem.
//■ infulte au lion terrible ,
Du Jan-^W-cï au crin horrible
Il brave l'ivoire tranchant. N. CH. DE VERS.
Qu'un fier fan-^W-a dans fa rage
Des chiens , des filets fe dégage ,
■L'acier tonne; il fcait l'arrêter. Ibid.
On voit par ces exemples quels font les mots où
nos Poctes n'ont fait qu une fyllabe des lettres ier ,
& ceux où ils en ont fait deux. Dans le mot /zier quel-
quefois elles en font deux , & quelquefois elles n'en
font qu'une , mais alorr la prononciation de ce mot
eft rude , puifque même dans la profe elle eft plus
longue qu'elle ne l'eft alors dans les vers : ce qui les
rend durs & défagréables.
Mais à propos hier au Parnaffe
Des Sonnets Phebus Je mêla. Sarasin.
Hier fêtais che\ des gens de vertu finguUère. . . ".
Mais hi er il m'aborde , & me ferrant la main.
Desp.
Dans les verbes ces lettres ier font deux fyllabes.
Ceur. qui fans fe fi-er à leur propre prudence.
Godeau.
Il faut bien une fois jufii-R-evfa haine. Racine,
C'efi trop vous </e-fi-er du pouvoir de vos charmes.
Cor.
. . . . Il efi une ficience
D'étendre les liens de notre confidence ^
Et de reJZi-tî-er le mal de l'aclion. Mol.
Un bienfait perd fa grâce à le trop puhYi-ex ;
Qui veut qu'on s'en fiouvienne j il le doit ou-hW er.
Corn.
Nos Poètes ne faifoient point autrefois cette ex-
ception : mais ier ne failant qu'une leule fyllabcdans
ces mots eft bien dur -, par exemple ,
Le fanglier que la meute entoure en clabaudant ,
Fait un dégât pareil de fon affreufie dent.
P. LE Moine.
Il faut encore obferver , qu'aux fubftantifs termi-
nés en ier , on ne prononce point l'r finale ; on pro-
nonce quartié; &c non pas quartier. Pour les adjeétirs,
comme fier, altier, entier, on le prononce infailli-
blement. Mais on ne convient pas pour tous. Bien
des gens pmnoncem fingulié , familie , Se même com-
munément on dit entiéj Se non pas fingulicr, fami-
lier, entier. En général on doit prononcer l'r: mais
l'adoucir félon qu'il choque l'oreille.
41
J E M
/c'î , àxns les verbes ne fait qu'une fyllabc ; Faiszd:^ , al-
Jzfj , &c. Il en faut excepter la féconde perfonne de
1 indicatif, & de ri.npcritif des verbes de la première
conjugaifon , qui ont un / a la pénultième ■■, en ce cas
ici ^^ '^'^ '^'^"^ fyilabes-, envic:j; , rie^ ^ &c. Il faut lut
tout cela confulcer l'oreille. En général , lorfquecet
i ell: précédé d'une muette , & d'une liquide , &. fuivi
d'un e , il faut fiire ier ou ou ie^ de deux (yllabes.
Foye^l Ménage & Segrais qui font de cet avis.
Amïnte , vous cro-ycz ma fureur chimérique.
Des-Houl.
Et quoi que vous /j/fiez , les jeux 6" les appas
Marchent à votre fuite, &c. Voit.
Que /tri fi-ez-vous au temps chaud?
Vous chan ti-ez ^ j'en fuis fort aife. La Font.
Je crains que fatisfait d' avoir conquis un monde
Vous ne l'abandonniez Racine.
Hélas ! m'en vi cz-vous , dans l'état ou je fuis ,
La trijle liberté de pleurer mes ennuis ? Racine.
Hé bien l ri-ez tout votre faou j
Je veux rire aufjl comme un fou. ''ScAa.
Alors vous de-vri ez mourir de pure honte.
Molière.
Vous per dû. cz le temps en difcours fuperfius.
FONTENELLE.
Ahl mon fils , à ce prix vouàn-ez-vous régner i*
Racine.
JELOUCHTÉ. Nom d'un détroit que M. de Lifle a
mis dans fa dernière carte du Chili. Les Mémoires
Anglois fur Icfquels il l'a placé , le mettent au fud
du cap Frouvart. Frézier.
J E M.
JEN. Voyei Jam.
lEMEN. Nom d'une Province de l'Arabie , qui fait la
troifième & la plus grande partie de ce vafte pays.
Nous l'appelons l'Arabie heureufe , Arabia felix , à
caufe des drogues précicufes & aromatiques qu'elle
produit. L'Iémen ell: une péninfule, qui a la mer Rou-
ge à l'occident, l'Océan Indien au midi, le même
Océan & le golfe Perlîque au levant , & au nord les
autres parties de l'Arabie. D'Herbelot l'appelle Jaman
ou Jémen, mais quoi qu'il en foit de la prononciation
Arabe , nous difons toujours lémen en notre langue ,
quand nous nous lervons de ce mot ; car on dit plus
ordinairement Arabie heureule qu'Iémen. Quelques-
uns écrivent Yémen , pour marquer la prononciation
de r/, comme une voyelle.
La mer èé lémen ell: une partie de l'Océan, qui bai-
gne la côte méridionale de \' lémen.
Plufieurs Arabes ont écrit l'hilloire de X'Iémen.
D'Herbelot parle des principaux", p. 477.
JÉMINI. La terre de Jémini. Terra Jemini. C'étoit une
petite contrée fur les conàns des Tribus d Ephraïni iSc
de Benjamin, I. des Rois , XI. 4. Le P. Lubin conjec
ture que c'étoit une terre , un héritage de la famille de
Jemini.
JEMPLLÉou JEMPTERLAND. Province , de la Suéde
lîtuée entre l'Angcrmanie , la Médelpadie , l'Heliingie
& la Norvège , dont elle dependoit autrefois. Jcmptia.
Elle fut cédée à la Suéde l'an 1645 , par le Traité de
Bronsbroe. Elle peut avoir 40 lieues de long, &: vingt
de large. Ce n'eft prefque que montagnes : fes lieux
principaux font les bourgs de Rellungdt , de Lith &
de Docre. Maty.
JEN.
lÉNA , lÉNE ou DESNE. Nom d'une ville de la Hau^c
Hongrie. Icna , Defna. Elle ell vers les conlins de
J E M
la Tranfvlvanie , à l'orient de Giula , au fud-efl: da
Grand Waradin. léne eft fortifiée à l'antique par une
muraille Hanquéede tours , &: environnée d'un foiTé;
& elle eft défendue par un château, dont les for-
^tihcations ne (ont pas meilleures que celles de la ville.
lÉNA , lÉNE. Autre petite ville du Cercle de la
Haute Saxe. lena: Elle eft dans le Duché de Wcimar
en Thuringe , (ur la rivière de Sala , au levant de Wei-
mar , & au midi de Naumbourg. La ville A' léne eft
fituée au 51^ degré deux minutes de latitude lepten-
trionalc. Son terroir eft aride & fablonneux en quel-
ques endroits , plus humide & plus gras en d'autres. Il
eft entrecoupé par diverks montagnes tlcarpces, &: ar-
rolc par la rivière de Sale , Ik par quantité de ruilTeaux
qui s y jettent. Il eft couvert de forets de pins , qui ren-
dent beaucoup de poix, d'où fe forme l'encens de Thu-
ringe , comme on l'a dit en fon lieu. Voye-[ l'Oryc-
tographie de Schut. léne eft dans une vallée. léne a
une Univerlité, érigée par Jean-Fridéric, Eletleur de
Saxe , l'an i 5 3 8 , & un fort beau château , qui eft la
rélidence des Ducs de Saxe-Iéna. Maty.
lENDE , ou PAIENDE. Nom d'un grand lac de la Fin-
lande , en Suéde. lendus , ou Panjendus Lacus. Il eft
dans la Tavafthie , aux confins du Savolax & de la
Carelie. Maty.
lENDO. Voyei Yendo.
JÉNEKOPING, ou JONEKOPING. Voye^, Jenko-
PING.
JENGAN. Nom d'une ville delà Chine. Jenganum. Elle
eft la huitième de la Province de Xanfi , &c elle a dix-
huit autres villes lous la juridiction , qui eft un pays
fort montagneux. Maty.
JENGAPOUR. Ville de l'Indoftan , dans les Etats du
Grand Mogol , capitale d'une contrée du même nom,
fur la rivière de Chaul ; c'eft la même que M. Bau-
drand appelle Genupa'. Long. 49. d. lat. 50. d. 50'.
JENGOU , ou JANgOU. f. m. Nom d'homme. Gen-
gulphus. Valois. Not. Gall. p. 223. Gengou feroic
peut être mieux , ou du moins Jengou. Valois & Pa-
radin écrivent Jangou.
JEiMGREURE. f. f. Vieux mot. Les gcnitoires.
JENIN. f. m. Sot , idiot. C'eft en ce iens qu'il eft em-
ployé drns Coquillart. Notes fur Marot.
JEWISCtA , ou JENISESKOI. Jemfiea. Ville forte de
conlidérable de l'Empire de RuUîe , dans la Tartarie , en
Sibérie , fur la rive gauche de la rivière dont elle prend
le nom , aux confins des Oftiaques, & des Tongufes.
Long. 100. d. 41'. 45". lat. J5.
JÉNISCEY. Nom d'une grande rivière de la grande Tar-
tarie. Jenifcia. Elle a fa fource au levant de l'Oby ,
coule entre certe rivière Scelle de Léna.iSc fe décharge
dans l'Océan feptentrional , après .avoir baigné la ville
qui porte fon nom , & reçu la rivière d'Anagara , celle
de Tungulka, & plufieurs autres. Son embouchure eft
prefque toujours embarcallée par les glaces , Se ion
cours par pluiieurs fauts qui la rendent inutile pour
^la navigation. Maty.
JÉNIZAR. Petite ville, ou bourg de la ThelFalie , en
Grèce. Jeni^ara , anciennenaent Phene. Ce lieu eft
vers le golfe de Salonichi , entre la ville de Larilîa &c
celle de Démétriade. Maty.
JENI2ER-ÉFENDI, f. m. Charge qui chez les Turcs,
dans les Janillaires , revient à celle de Prévôt dans
nos armées. Cet Officier n'a d'autre emploi que ce-
lui de Juge de la Compagnie. Il alligne certains jours
aux foldits pour leur donner audience, & juger leurs
dirlérends. S'il arrive quelque chofe d'important , il
en fait le rapport à l'Aga, qui juge enluite en dernier
relfort.
JÉNIZZAR. Ville de Grèce , fituée dans la Macédoine,
environ à neuf lieues de la ville de Salonichi , vers l'o-
rient méridional. Jeniz:;^aria. Quelques Géographes
croient qu'elle a été bâtie fur les ruines de l'ancienne
Pella , lieu de la naiftance d'Alexandre le Grand.
Maty.
JENKOPING. XT JENECOPIA. Ville de Suéde , tonte
bârie de bois , dans la Smaiande ou dans la Province
de Smaland , fur le bord méridional du lac Weter ou
V/atcr. Long. 31 d. ;;'. lat, /7. d. 22'.
JE R
JENNE. adj. Vieux fnot. Jeune. On a die aulTî Jo'ène
dans le même fens
lÉNOIS, OISE. r. m. &c f. Qui cft d'Icne. IcncnJ^s.
lÉNOis, OISE, f. m. & f. Nom de fetle. Icncnjis. Les
lénois font une fcdle Luiliéricnne. /^oy.Lindinus d.ins
fes Doutes. MARctL. Apparemment que cette iccte
prit le nom de la ville où elle s'éleva , ou bien dans
laquelle elle s'établit.
|C?JENPING. Ville de la Chine, cinquième Métro-
pole la Province de Fokicn. Son territoire qui efl fort
montagneux , renferme lix iiutres villes. Elle eil: plus
orientale que Peking de 57', lous les 26 d. 34' de lat.
JÉNUPAR. Ville du Mogol, la même que Jengapour
ou Jcnjapour.
JENYCEKILER AGHASI, f. m. Terme de Relation.
Chef, ou Commandant Général , Colonel Général
des Janidaires. Legionis apud Turcas préitonanti prs.-
feclus: Jantjariorum ZJux. Nous dilons communément
dans notre langue l'Aga des Janidaires. C'cft l'uligc,
il eft mieux de le luivre que de dire Jen YccrUr 4-gafi'i
car c'eft amfi qu'il faut dire, plutôt que Janifar Agajl,
avec Moréri. Voye\ Meninsky,
J E P.
JEPHLETI. Jephleû. Ce lieu étoit de la Tribu d'ÉphraVm
& furfesconfins, du cêité de l'ocidcnt. }ùf. XVI. }.
Saci le nomme Jéphlct , parce qu il a pris Jephltti dans
la Vulgate pour un génitif. Il s'eli: trompé, il y a in îin
dans le Texte Hébreu. Quelques uns croient pourtant
que ce nom vient de Jephlat , un des defccndans d'A-
fer, dont il cft parle, i. Parai. Fil. jj. Les Septante
l'appellent Aptalim.
JEPHTA. Nom d'une ville de la Terre Sainte. Jephta.
Elle étoit dans la Tribu de Juda. Jof. XF. ^j.
JEPHTAHEL. Nom d'une vallée & d un Torrent de la
Terre Sainte. Jephcahel. Ce torrent féparoit les Tri-
bus d'Afer & de Zabulon.
J E Q.
JÉQUITINGUACU. f. m. Arbre du Brefil qui porte
un fruit femblable à une fraife , dans lequel au lieu de
femence , eft enfermée une fève dure , ronde , noire ,
reluifante comme du jais. On en tait des chapelets.
Elle a l'écorce fort amère, & nettoie mieux que ne
pouroit faire le meilleur favon.
J E R.
J£RAMEEL. Nom d'homme & de contrée. Jerameel. Jé-
raméel tut fils d Efron , de la Tribu de Juda. i . Pa-
rai. II. 6 . La contrée que fes delcendans eurent en par-
tage porta Ion nom. i. Lïv. des Rois ,XXFI, / 0. ëc
XXX. 2ç.
JERBEY ou IREBEY. Jerbeia. Jrbeia. C'étoit ancienne-
ment une petite ville de la grande Bretagne , mainte-
nant ce n'eft qu'un village , litué d ms le Comté de
Cumberland , à cinq lieues de la ville de Carlile , vers
le couchant méridional. Maty.
JERCON. C'eft , félon quelques uns , le nom propre
d'une ville de la Terre-Sainte, que la Vulgate appelle
^Méjarcon. Foye^ ce mot.
1ERE. Nom d'une rivière que quelques-uns appellent
Jéves , mais mal. Eara , & non pas lera , comme dit
le P. Fournier. C'eft une rivière du pays de Caux ,
en Normandie, h' 1ère , ou la rivière à' 1ère a la fomxe
près d'Aubermefnil. Elle palle à Foucarmonr , à Au-
noy, à Betencourt, à Pierre Pont, à Grandcourt, à
la Pièvre , à Val-le Roy, à Sept-meules , à Tilly ,
à Auberville , à S. Soupli , & à Criel , & deux lieues
au-delfous elle fe jette dans la mer. Valois , Notic.
Gall.
JÉRÉMIADE, f. f. Ton plaintif , comme celui de Jé-
rémiedans fes Lamentations. IjCT Plaintes fréquentes
& importunes. Ce mot n'eft que du ftyle familier.
Il faut finir cette Jérémiade. Abbé de Choisy.
Tome F.
J E R
4?
Roridon dit à Euphémon dans la nouvelle Comédie
de l'Enfant prodigue ,
Foilà-t-il pas de vos Jérémiades.
De vos regrets , de vos complaintes fades ?
JÉRÉAIIE. (. m. Nom propre d'un Prophète du peuple
de Dieu. Jeremias. Il étoit tils d'un Prêtre nomme
Hclcias Jer. L. i . Il commença tout jeune à prophé-
ti(er,la douzième année du règne de Jolias , Roi de
Juda, ^64 ans .avant Jésus -Christ. Après la def-
truétion de Jérulalcm il fe retira en Egypte , 61: fut ,
dit-on, lapidé à Taphnis. Nous avons deux Livres
de lui , ia Prophétie & les Lamentations , qui néan-
moins dans le Canon ne pallent que pour un feul
Livre. On dit aux Ténèbres les Lamentations du Pro-
phète Jèrémie.
On dit populairement d'un homme qui pleure tou-
jours , qui (e plaint toujours, qui prévoit toujours des
malheurs, ou qui pleure ceux qui (ont pallés , que
c'eft un Jèrémie ; parce que ce Prophète prédit les
malheurs de Jérulalem , &: enluitc les déplora de
la manière la plus pathétique dans (es Lamentations.
Faire le Jcrcmie , c'eft annoncer , prédire quelque mal-
heur,
A m' entendre prêcher d'un ton de Jécémie,
Qu'il n efi aucun plaifir fur lajin de fa vie ,
Qiie celui d'avoir bien veVa. Pavillon.
JérÉmie , fe dit auilî de la Prophétie de ce Prophète ,
du Livre canonique de l'Écriture qui la contient. On
lit en Jèrémie. Ce pallage eft tiré de Jéremie. Ghide-
rius a fiit une chaîne (ur Jèrémie , qui a été imprimée
en trois volumes in fol. en 1 6z 3 , à Lyon. Nous avons
un Commentaire de Maldonat fur Jèrémie.
JÉRÉPÉMONGA. f. m. Serpent marin du Brefil , qui
fe tient (ouvent fous l'eau (ans faire aucun mouve-
ment. Tous les animaux qui le touchent , fe collent
h fortement à (a peau , qu'à peine les en peut on
détacher. Il en fait fa nouriture. Il fort quelquefois
de la mer (ur le rivage , où il s'entortille. S'il arrive
que quelqu un y porte la main pour le prendre ; elle
s'y attache ; <Sc s'il en approche 1 autre , croyant stxï.
dcbarrader , elle y demeure pareillement attachée.
Alors ce (erper.t s'étend de fa longeur, (e jette dans
^ la mer , & emporte fa proie.
JÉRICHO. Prononcez Jériko. Ville ancienne & con-
fidérable du pays de Chanaan. Jéricho , Hiericho , Hieri-
cus. Elle étoit dans la Tribu de Benjamin. Jof. XFIII.
2 /.à. cinq lieues du Jourdain, & à neuf de la ville
de Jérulalem. Cette ville fut prife miraculeufemcnt
par Joiué, qui la ruina, prononça des imprécations
contre celui qui la rcbâtiioit , lelquelles tombèrent
lur Hicl qui viola cette défenle. Jof. FI. :6 . XX. 2^.
III. Rois , XFI. 34. Hérode le Grand fît b.îtir près
de cette ville un ch.îteau extrêmement fort , qu'il
nomma Cyprus , pour honorer la mémoire de (à mère ,
qui portoit ce nom. JÉsus Christ y guérit un aveu-
gle , (Se y convertit Zachée le Publicain. Elle fur Épil^
copalc du temps des Croifades ., maintenant ce n'eft
qu'un village nommé Rihha, & habité par des Ara-
bes. Joféphe lappelle encore Oza , &:!e Géographe
appelé communément Kuhienfis l'appelle Eriha.
Jéricho cft célèbre dans l'Antiquité par la beauté de fes
palmiers , qui la firent appeler la ville des Palmiers.'
Deut. XXXI F , 3 , & par fes jardins de baume. Il
paroît auilî par 1 Ecclélîaftique , XXI F , iS , qu'il y
venoit des rofes en abondance , &: l'on dit qu'encore
aujourd'hui la campagne en eft pleine au printemps.
Elle étoit près des limites de la Tiibu de Benjamin,
du côté que celles du feptentrion touchoient celles de
l'occident. Joféphe dit qu'elle étoit à foixante ftades
du Jourdain , ce qui ne fait que deux lieues & de-
mie , vingt-quarre ftades ét.mt pris pour une lieue ;
que fon territoire étoit le plus fertile de la Judée ;
que c'étoit un des onze gcuvernemens de la Judée ;
qu'il y avoit un hippodrome dans la ville j qu'elle
étoit dans une plaine , mais dominée par une mon-
Fij
44 J E R
ragnc toute nue & ftérile , qui s'étendoit au nord juf-
qu'à Scythopolis , &c au midi jufqu'à la mer Morte ;
que fes environs croient arroks par une fontaine tort
abondante ; qu elle étoit à cent cinquante ftades de
Jérufalem ^ ce qui tait lix lieues & un quart , en don-
nant cent-vingt-cinq de nos pas au Itide. S. Epipha
ne dit qu'elle avoit plus de vingt ftades de tour. Il
en faudroit vingt-quatre pour une lieue, f^ojei M.
Réhnd, PaUJl. T. II, p. S 2 g & fuiv.
JÉRICQN , ou JERCON , ou plutôt JARKON. Ville
de la Paleftine j dans la Tribu de Dan.
JÉRIMOTH. Ville de la Terre-Sainte. Jcrimodi. Ce-
toit (ous les Chananéens une ville Royale ; elle fut
donnée à la Tribu de Juda ; elle étoit à quatre mil-
les d'Eleuthéropolis. C'efb Jérimoth que le / L. des
Rois J XXX , J 0 . appelle Arama , Efdras , X. I ,c.
XI J V. 2Q. Jérïmuth , au(iî-bien que les Septante ,
Jof. X. & Jérïmuth , Jof. XF, 3 S.
JERNEj ou JERNIE. Nom qui le donnoit autrefois à
l'Irlande , iSc d'où quelques uns prétendent que s'ell:
fait celui d'Hibernie. /dr/ze , /ewia. Quelciues uns ti-
rent ce nom du Grec Aoç»»? , Averna , c'eft-à dire, qui
n'a point d'oifeaux ; parce qu'elle eft pleine de lacs ,
Icfquels , difent-ils , engloutirent les animaux & les
font palier à l'Avcrne. D'autres le tirent d'iÉpii , in-
fruclueufe , de tfos , plante. Cambden le tire de Erin ,
nom Irlandois, qui lignilie l'occident. Orphée dans
fes Argonautes, l'.ippelle l'île /t'r«i^ei&: Claudien ,
de Conful. Honor'd Carm. VIII j v. 33. gladalïs
lerne.
JÉRÔME, f. m. Nom d'homme. Hieronymus. S. Jé-
rôme , fils d'Eusèbe , étoit Dalmate , originaire de la
ville de Stre'i'don , iituée fur les confins de la Dalma-
tie & de la Pannonie. S. Jérôme eft un Doéleur de
l'Eglife. Le Grammairien Donat , connu par fes Com-
mentaires fur Térence & fur Virgile , fut maître de
S. Jérôme. S. Jérôme étant palîé dans la Paleftine y
apprit d'un Juif l'Hébreu & le Chaldéen , & fe don-
na tout entier à l'étude de l'Écriture Sainte. S. Jérô-
me étant revenu à Rome l'an 382 , fut Secrétaire du
Pape Damafe. S. Jérôme eut de grands démêlés avec
Ruffin , & quelques uns avec S. Auguftin. La traduc-
tion de l'Écriture que nous appelons Vulgate , que le
Concile de Trente a déclaré authentique , eft l'ou-
vrage de S. Jérôme _, aux Pfeaumes près , qui font
l'ancienne verfion Vulgate appelée Italique , & faite
fur le Grec. S. Jérôme traduifit de nouveau l'Ancien
Teftament fur l'Hébreu ; & (ur le Grec les livres
que l'on n'a point en Hébreu. Quant au Nouveau
Teftament, il ne fit que retoucher & corriger l'an-
cienne verfion. Nous avons eu jufqu'ici trois édi-
tions des ouvrages de S. Jérôme. Érafme les donna
en 1516, 1526, 1553 , 1580. Marianus Viftorius
à Rome en 1566 & 1572. On les a imprimés à An-
vers en I 578 , à Cologne en 1616 , à Paris en 1533 ,
1546^ IJ79 , 1602 , & 1623 , & à Francfort en
1684. Lj dernière édition s'eft faite à Paris par les
foins du P. Martianay. Le premier tome , qui n'eft
autre choie que la verlion de l'Écriture faite par S.
Jérôme :, parut en 1693 , & le dernier en 1706.
Ze févère Docteur, rigoureux foUtaire ,
Qui depuis tant de temps , par tant d'écrits divers j
Enfermé dans fa grotte , éclairoit l'univers ,
Jérôme y vieux alors , ranima /on courage.
Racine le fils.
On écrivoit autrefois Hiérôme,&c quelques-uns le
font encore ; mais l'ulage eft pour Jérôme. Au refte ,
de quelle manière qu'on écrive , il faut prononcer
Jérôme. Ce nom demande pourtant une h , félon Ion
origine ; car il vient de .«^^ ; faint , facré , & lepU ,
nom J de forte que Jérôme fignifie , qui a un nom
facré : mais l'ufage eft le maître de l'ortographe com-
me de la prononciation.
JÉRONYMITEou HIÉRONYMITE. Car on écrit &
on prononce l'un & l'autre. Ermite de S. Jérôme.
Nom d'un Ordre Religieux. Hicronyma j Hicrony-
mianus Monachus j Ercmita à S. Hieronymo dicius.
J E R
Il y a quatre Ordres d'Ermites de S. Jérôme tous
diftérens , les Jéronymites d'Efpagnc , les Ermites
de S. Jérôme de l'Obfervance uu de Lombardie , les
Ermites de S. Jérôme de la Congrégation du Bien-
heureux Pierre de Pife , & ceux de la Congrégation
de Fiéfoli.
Les Ermites de S. Jérôme d'Efpagne , appelés plus com-
muncment Jéronymites , doivent leur naillance au
1 iers Ordre de S. François , dont les premiers Jé-
ronymites croient membres , & difciples du Bien-
heureux Thomas de Sienne , ou Thomafuccio , Pro-
fès de cet Ordre. Grégoire XI approuva cet Ordre
fous le nom de S. Jérôme , qu'ils avoient choifi pour
leur modèle ; &: leur donna les conftitutions du Cou-
vent de Sainte Marie du Sépulchre , avec la rè-gle de
S. Auguftin , & pour habit une tunique de drap blanc ,
un fcapulaire de couleur rannée , un petit capuce ,
& un manteau de même couleur , le tout de couleiu"
naturelle & lans teinture , & d'un prix vil. Les Jé-
ronymites ont le Couvent de S. Laurent de i'Eku-
rial , où les Rois d'Efpagne ont leur fépulture. Il y
a une hiftoire Elpagnole de cer Ordre commencée par
Jofeph de Siguença & Francifco de los Sanros , tic
continuée par Hermcngilde de S. Paul.
Il y a auftî en Elpagne des Religieufes Jéronymites
ou Ermites de S. Jérôme. Leur Fondatrice fut une
fiintc fille nommée Marie Garcias , vers la fin du
XV^ (lècle. Elle acheta a Tolède une grande maifon j
s'y retira avec quelques compagnes ; elles y prirent
l'habit des Religieux Jéronymites , une robe blanche ,
&C un fcapulaire de couleur tannée _, & élurent Ma-
rie Garcias pour Supérieure. Tel fut le commence-
ment du célèbre Monaftère de S. Paul de Tolède ,
& de l'Ordre des Religieufes Jéronymites. Elles ne
firent pourtant des vœux que long -temps après. Sixte
IV , en permettant en i 47 5 , la fondation de leur
fécond monaftère j les mit fous la juridiction des
Religieux Jéronymites , Se leur donna les Conftitu-
tions d'un mor.aftère de Sainte Marthe de Cordoue;
mais Léon X les en difpenfa en 1514 , &c leur or-
donna de prendre celles de l'Ordre de Saint Jérôme.
P. HÉLYOT. P. IL! , c. sp-
Les Ermites de Saint Jérôme de l'Observance ,
ou de Lombardie , ont pour Fondateur Loup d'Ol-
médo , c'eft un bourg du Diocèfe d'Avila en Efpa-
gne , où il naquit l'an 1370. En 1424, étant venu
à Rome , Martin V lui accorda par une Bulle la per-
million de fonder une Congrégation , fous le titre
de Moines Ermites de laint Jérôme dans les monta-
gnes de Cazalla, au Diocèfe de Séville, l'en étabhf-
fant Général. Il y a dans cet Ordre , outre les Frè-
res Convers , des Frères Commis & des Donnés.
Leurs Conftitutions furent approuvées par Paul V ,
l'an 161 1. Leur habit confifte en une tunique blan-
che , une ceinture de cuir , un fcapulaire de cou-
leur tannée , auquel eft attaché un petit capuce ,
dont ils ne (e couvrent point la tête ; car lorfqu'ils
n'ont que la robe & le fcapulaire ; ils ont un bon-
net carré; mais lorlqu'ils font au chœur , ils mettent
par-delfus la robe une coule de couleur tannée , ex-
cepté à Sexte , à None & à Compiles. Ils la portent
auilî quand ils forrent en ville. Au heu de coule les
Frères Convers ont un manteau. Les Frères Commis
ont une tunique de couleur tannée , &: un manteau
de même ; les Donnés , ou Oblats , qui font dans les
Monaftères , une petite tunique de couleur tannée
qiri ne defcend que jufqu'aux genoux ; hors des Mo-
naftères ils ont l'habit féculier. Cette Congrégation ,
pour armes , porte d'azur à des nues en chef, un
bras illant du côté gauche de l'écu , en partie revêtu
d'une manche de couleur tannée , tenant à la main
une pierre , une croix de bois brochant fur le tout ,
&c un lien couché au pied de la croix fur une ter-
raft'e de Sinople , l'écu timbré d'un chapeau de Car-
dinal. P. HÉLYOT.
Le B. Pierre Gainbacorti j né à Pife le 1 6 Février
1355, fonda la troihème Congrégation Acs Jérony-
mites vers l'an 1 575 , ou 1 377. Us ne firent que des
vœux Amples jufqu'en 1 568 , que Pie V leur ordonna
J E R
d'en f.iire de folcnncls. Us ont dts miifons en Ira-
lie, dans le Tirol & 1.1 Bavière. L'habilkintiu Je ceux
d'Italie conlifte en une robe ik un capuce de cou
leur tannée, une ceinture de cuir , la mozetcc du
capuce étant en pointe par derrière. Se delcendant
jufqu'à la ceinture. Ils ne fe couvrent point la tête
du capuce , ils ont un bonnet carré dans la maifon ;
quand ils fortent ils mettent une chape plillée par
le haut, & qui a un collet ailez élevé , ik portent
un chapeau noir. Leurs armes (ont d'azur à /îx pe
rites montagnes furmontées d'ime croix , le tout d'or ,
& accompagné de quatre étoiles aulYi d'or , 1 écu
timbré d'une couronne. P^oye^ les lîoUandillcs au
17 de Juin , &: le P. Hélyot, T. IF, c. i. Deux ou
trois autres Congrégations ont été unies à celle du
B. Pierre de PiCe.
La quatrième Congrégation àcs Jéronym'ues , dire
des Ermites de Saint Jérôme de Fiéfoli , commenc,a
l'an 1360 , que le B. Charles de Montégranéli de la
famille des Comtes de Montégranéli , k retira dans
la folitude , & s'établit d'abord à Vérone. Elle tut ap-
prouvée par Innocent VII , l'an 1046 , tous une rè-
gle & des Conftitutions dites de S. Jérôme , appa-
remment parce qu'elles étoient tirées des écrits de
ce Père , & confirmées par Grégoire XII ; mais Eu-
gène IV , en 1441 , leur donna la règle de Sainr Au-
guftin. Comme le Fondareur éroit du Tiers Ordre de
S. François , il en garda l'habir. En 146a Pie II pcr-
mir de le quitter à ceux qui voudroienr. D'aurres le
voulurent garder , ce qui ht deux Congrégations qui
fe réunirent enfuite. Une tunique grife ceinte d'une
ceinture de cuir , un capuce arraché à une grande
mozerre , ôc une chape plillée par le cou , & grife
aullî , fur l'habit nouveau qu'ils prirenr. Ils avoient
des fandales de bois , qu'ils quittèrent vers la fin du
feizième liècle. Clemenr XI fupprima cer Ordre en
1668. Foy. le P. Hélyor, T. IF, c. 3.
Les Jéluares s'appellenr aulîî Jéfuares de S. Jérôme Foy.
^JÉSUATES.
JÉRON. Nom d'un ancien lieu de Bithynie , dans l'A-
ile mineure. Jerona , Jovis Urii Fanum. Maintenant
c'eft une petite fortereLlê de la Narolie , firuée fur
le détroit de Conftantmople , près de la ville de Scu-
tari.
JÉRON. Ville de la Tribu de Nepthali dans la Terre
Sainre. Jéron. Jof. XIX j ji'. C étoit une ville puif
fanre , qui s'appelle aulïi quelquetois Giron , de l'Hé-
breu i"i:<Ti , Iran.
JÉRON ROMÉLIAS. Nom d'un bourg de la Turquie ,
en Europe. Jérona RomdU , anciennement , Poly-
chnium. Il eft dans la Romanie , près de la ville de
Conftantinople. Maty.
lÉROPHORE , ou JÉROPHORE. f. m. Qui porte les
chofes (acrées , qui a la charge de les porter , qui eft
deftiné à cela. lerophorus. C'étoit un office chez les
Grecs. C'éroient ceux qui dans les cérémonies de re-
ligion porroicnt les ftatues des Dieux , & autres cho-
fes facrées. On donna un jour à M. Gronovius une
ftatue qui repréfentoit un de ces Payfans de Saxe ,
qui tirent des métaux de la terre , & qui les empor-
tent dans les villes. Il prir cette ftatue pour une an-
tique relpettable , il prétendit que c'étoit un Prêtre
des Anciens Germains ; qui portoit le vaifteau d'I-
fis, & du nombre de ceux que les Grecs appeloient
lérophores. C'eft ce qui l'engagea à en donner la de(-
cription dans fon Tréfor des Antiquités Grecques.
lÉROPHYLAX , ou JÉROPHYLAX. f. m. Nom d'Of
fice dans l'Églife Grecque. Hierophylax. Ce riom lig-
nifie Garde des chofes facrées. L'Iéropkylax étoit
chez les Grecs ce qu'eft le Sacriftain chez nous.
lÉROSCOPIE, ou JÉROSCOPIE. f f. Infpedion des
chofes facrées. Divination par l'infpedion des cho-
fes qu'on ofFroit aux Dieux , des viétimes , de leurs
entrailles , &c. Hierofcopia. C'eft l'art des Aruf-
pices.
JEROSLAW , Foye:^ Jaroslaw. C'eft ainfi que nous
prononçons.
JEROViLÎA , ou ANFILOCA. Nom d'une ville de Grè-
ce. Argos Amphilochium j Amplidochia. Elle eft dans
J E R 4j
l'Épire fur l'Afp; i , au levant de la ville de Larta. Jé-
rovilia eft allez giandc , &c conferve plulieurs vcftiges
.. de fon antiquité. Maty.
lEKRE , ou,. félon quelques uns , YER. Nom d'une
petite rivière de France. lerra j Edcra. Elle coule
dans la Bric , où elle a fa fource , Ik fe décharge
dans la Seine , à Ville neuve-Saint George , environ
à quatre lieues au dclllis de Paris. Valois , Noc.
.. Gall. p. I S (.
Ierrk. Autre rivière dans le Dunois , contrée de Fran-
ce. Edera. Elle palîé à Fontaines , à S. Hilairc , &
le jette dans le Loir. Valois , au même endroit. Il
écrit Yerre.
JERSER. V. n. Foye\ Gercer.
JERSEY. Foyei Gersey.
JERVENLAND , ou JERVENLANDE. Nom d'un pe-
tit pays de l'Eftonie , partie de la Livonie. Jervolan-
diuj Jcrvia. Il n'a rien de conlidérable que VViten-
ftein , qui en eft la capitale. Maty.
JÉRUN-CROCHEN. f m. Monnoie qui fe fabrique
dans les États du Grand Seigneur , & qui y a cours
pour un demi ducat.
JÉRUSALEM. Nom d'une ancienne ville , autrefois
de la Terre Sainte. Hicrofolyma , JerufaUm , Jerofo-
.lyma , Solyma. Elle eft capitale de la Paleftine , ii-
tuée vers le milieu de ce pays , à huit lieues de Jal-
fa , & de la mer Méditerranée , & à dix de la mer
Morte. On croir que cette ville eft Salem , dont Mel-
chilédech étoit Roi ; ainfi elle feroit une des plus
anciennes villes du monde. Joféphe dir qu'elle fut
bâtie par Melchifédech. M. Réland n'en convient pas.
Il avoue cependant qu'au Ffeaume LXXVI , 5 , le
texte Hébreu l'appelle Salem j mais il prétend que
c'eft le nom Jérujalem , abrégé , de même que les
Poëtes Latins ont dit Solyma pour Hierofolyma. Elle
s'appella Jébus fous les Chananéens , du nom de Jé-
bus fils de Chanaan. Genef. Xj 16 . Jofué , XF , 6 j.
XFIII y 2S. Jofué l'ayant prife , l'aftigna à la Tri-
bu de Benjamin. C'eft pourrant une queftion de fa-
voir lî Jérufalem étoit de la Tribu de Benjamin , ou
de celle de Juda. Dans quelques endroirs de l'Écri-
ture il eft dir qu'elle éroit de la première , & en
d'autres elle eft donnée à la féconde. C'eft qu'elle étoit
aux confins de l'une & de l'autre , partie fur l'une ,
partie fur l'autre. C'eft ainfi que nous avons des
villes de deux Provinces , ou de deux Diocèfes. Foy.
M. Réland , Palejl. T. II , p. 13c &fuiv. où il rraite
cette queftion fort exaâement. Quoi qu'il en loit ,
David en ayant pris la fortcrelfe , que les Jébuféens
renoient encore , il en fit la capitale de toute la Ter-
re-Sainte j tk elle fut le liége de tous fes fucelleurs
Rois de Juda. Salomon y fit b.àtir un magnifique tem-
ple, qui méritoit d'avoir rang entre les merveilles du
monde , & qui étoit le liége de la Religion des Juifs.
Elle fut une des plus grandes villes , des plus magni-
fiques , des plus tortes & des plus peuplées de tout
l'Orient ; mais elle louftrir aulîî divers malheurs, &
fut deux fois entièrement ruinée ; premièrement par
Nabuchodonofor Roi de Babylone , fous le règne de
Sédécias. Ayant été rebâtie par permillion de Cyrus
Roi de Peifc , &c par les foins de Zorobabel ôc de
Néhémie , elle fut détruite une (econde fois par Tire ,
fils de l'Empereur Vefpaùen , l'an foixante-dix de
Jésus Christ. L'Empereur Hadrien la fit bâtir l'an
131. Comme il s'appeloit ytlius ^ il lui donna le nom
d'^lia J qu'elle a fouvenr dans les anciens Géogra- '
phes , &c que les Arabes lui donnent encore. On y
joignit le furnom de CapitoUna , parce qu'il avoir
fait mettre une ftatue de Jupiter Capitolin à l'en-
droir où éroir le temple i Conftantin le Grand s'é-
tant Elit Chrétien , la répara & l'embellit. Il y fit
bâtir le magnifique remplc de S. Sauveur près du Sé-
pukhre de Jesus-Chriît. Elle reprit fous lui fon an-
cien nom , & fur enfuire honorée de la dignité Pa-
triarchale. Cette ville tomba depuis entre les mains
des Mahométans. Godefioi de Bouillon la prit aux
Sarrazins l'an 1099 , & il en fit le fiéj-.e du Royau-
me de Jérufalem ; mais Saladin la reprit l'an 1 187 j
& elle eft demeurée depuis ce temps-là au pouvoir
4^' J E R
(les Infidèles. Les Turcs la nomment aujourd'hui P.l-
kods , ou Elkodes , c'ell:-à dire , la Ville Sainte.' Elle
eil aujourd'hui de médiocre grandeur , liége d'un
Sangiac & d un Cadiz. Elle ell: habitée par des Turcs ,
des Arabes , des Juifs , Se des Chrétiens Grecs
Schilmatiques. L'Ordre de Saint François y tient le
Saint Sépulchrc , &c l'Eglife de Saint Sauveur.
Jérufalcm n'a pas toujours été de même grandeur. Loil-
que Tite la prit elle avoir trente-trois iladesde tour,
à ce que dit Joféphe , de Bcllo , Lih , VI , c. û . Cela
ne fait que deux lieues moins un quart. Quelques
Uns veulent que Joléphe n'ait point parlé de toute
l'enceinte de la ville. AL Reland les a rchités. Il y
avoit quatre montagnes renfermées dans Jérufalcm ,
Sion , Acra , Moria & Bézétha. Réland , T. II , p.
Sso &fuLV, On y en ajoute une cinquième nommée
Ophel -, M. Réland doute li l'on a raifon , & fon dou-
te eft fondé fur ce qu 'Ophel ne iignitie pas toujours
une colline.
Quelques-uns , comme Euscbe , ont tiré ce nom
du Grec i!p«f , facré , & ^i^cfici , Salomon , de forte
que Hicrufdlem (oit la même'chofc que lepo» To^f/t*»»?,
Temple de Salomon ; mais elle s'appeloic Jérufalem
avant que Salomon fut au monde. Dans Jolué X , i ,
il efl fait mention d'Adonitedek Roi de Jérufalem.
On trouve encore ce nom pluiieurs autres fois , auill
bien que dans le Livre des Juges &: dans les deux
premiers Livres des Rois. Quand ce feroit des pro-
leples , il eft toujours certain que fous David & avant
le temple de Salomon , elle n'avoir que le nom de
Jérufalem. D'ailleurs les Hébreux ont-ils pu donner
un nom Grec à cette ville ? D'autres le tirent de
nsi , raah , voir , & cnVx- , fchalem , paix , & veu-
lent qu'il fignifie vif on de paix. D'autres de b«"i"i ,
7i2ra , craindre, Jérujalem , craignez Salem : c'étoit
une place fi forte qu'elle devoit faire craindre fes en-
nemis ; GU bien fi fainte , qu'elle devoit imprimer
une crainte relpectueule en la voyant ; car ^: ■ , lig-
nifie une crainte relpectueule. D'autres prennent
fchalem dans le fens de parjaic , ôc Jérufalem pour
yifon parfaite , ou crainte parfaite.
M. Réland rejette toutes cesétymologies, & pré-
tend que ce mot vient de -^v j Jarafch , qui veut
dire pqféder à titre d'héritage , on par fuccefjion , Se
de CD , paix. Ainli Jérufalem eft la même chofe que
PoffeJJlon héritage de paix , héréditaire de paix.
Nom, dit-il, qui lui convient parfaitement j puil-
que David l'ayant prile fur les Jébuféens , Salomon
y ayant enfuite bâti le temple , Se la paix générale
ayant été donnée non-feulement aux habitans de cette
ville , mais encore à toute la Terre Sainte , Se Jéru-
falem étant devenue le llége des Rois j elle fut véri-
tablement une poderùon , un héritage de paix. Mais
eft il bien fur qu'elle n'eût point dès auparavant le
nom de Jérufalem ?
En Hébreu , elle s'appelle Jérufalem , &: Jérufha-
laim. On dit communément , comme Sextinus Ama-
ma J Kottinger j Se beaucoup d'autres , que le fécond
eft la forme du duel , Se qu'on la prit parce que
cette ville étoit divifée en deux parties , la ville haute
& la ville balle. M. Réland rélute folidement ce (en-
timent , parce qu'on ne peut trouver que cette di
vifion de deux villes (oit aullî ancienne que le nom
Jérufchalaim ; mais fur-tout parce qu'une terminaifon
de duel n'eft pas toujours la marque de divifion dans
la chofe lignifiée ; Se que :~sh<SJ , fchalaim , n'eft point
le duel de ^7,^' , fchalem. Le P. Soucier , Jéfuite, dans
fa Diirertation (ur les Médailles Hébraïques (car ces
deux noms le trouvent aulîl (ur ces médailles ) avoit
déjà rejette cette diftiniftion. Il aime beaucoup mieux
dire avec GoulFet , que c'cft une ponâuation nouvelle
& défedueule , que r^Vui/iT" , ne ditfére de □■ 'a^n- _,
que comme une didion pleine j d'une qui eft dé-
fcéfueufe , que le i ne (ignifie autre chofe qu'un
tléré , que les Septante , les Apôtres , Se l'Auteur de
la Vulgate ont toujours lu Jérufalem ; Se qu'il paroît
par là que la prononciation nouvelle n'étoit point en-
core introduite de leur temps. Foye^ cette D'fjcn.
pag. 40.
J ES
Le Royaume de Jérufalem. Hierofolymitanum Regnum.
C'elc un Royaume que les Chrétiens occidentaux for-
mèrent dans l'Aile , au temps des Croiiades. Il fut fon-
dé 1 an 1099 , par Godelroy de Bouillon , qui prit
la Ville de Jérufalem , Se qui en fut le premier Roi.
Il renf-ermoit le Royaume propre de Jérufalem , qu'on
appela la Terre-Sainte , Se qui comprenoit la Palcf-
tine &: la Phénicie , avec les Comtés de Tripoli &
d'Edelle ,& la Principauté d'Antioche , qui en étoient
des fiefs. Ce Royaume fut ruiné l'an 1 187 , par Sa-
ladin , qui prit la ville de Jerujalem. Les Chrétiens
d'Occident conlervèrent encore quelques places dans
la Palelf ine , Se le titre de Roi de Jérufalcm , pendant
quelque temps, ^oye:» l'hiftoire des Croifades par
Maimbourg. Le Royaume de Jérufalcm commencoir
au fleuve Adonis , aujourd'hui Thamiras ; Se il éten-
dit bientôt (es frontières jufqu'au délert qui (épare
la Palelfine de l'Egypte. 'Vertot , Hijl. de Malt. L.
I , p.64.
JÉRUSALEM. Ce mot pris figurcaient (îgnifie quelque-
fois l'Eglife. On dira de Jérufalem , mille Se mille
lerviteurs de Dieu y font nés Port-R.
Il (ignifie aullî quelquefois le Ciel , le Paradis. La
Jérufalem d'enhaut , la (ainte Jérufalcm.
La Jérufalem Célefte , ou la Céielle Jérufalem. Cette ex-
prertion en ce (ens vient de Saint Jean , qui dans l'on
Apocalyp(e, c. XXI , fait la delcription du Paradis
fous l'idée d'une ville qu'il appelle la Nouvelle Jéru-
falem.
JÉRUSALEM, entérines de fpiritualité , eft oppofée au
monde Se aux mondains lignifiés par l'Egypte , Se
fe prend pour l'Allemblée , le parti des gens de bien
Se des (pirituels. Le Père ( François de Borgia ) re-,
grettoit extrêmement le temps que ces ("ortes de gens
lui faifoient perdre ( dans leurs vifites ) & il avoit
coutume de dire avec beaucoup de douleur : Ah 1
qu'il y a peu de gens entre ceux qui nous recherchent ,
qui viennent de Jérufalem , mais qu'il y en a au con-
traire qui viennent d'Egypte ! En quoi il faifoit al-
ludon à ce que Palladius rapporte de Saint Antoine ,
qui demandoit ordinairement au fortir de (es longues
orailons, à fon di(ciple Macaire , lorlque quelques
perlonnes étoient venues pour lui parler , (I c'étoient
des gens venus de Jérufalem , ou d'Egypte ; marquant
par les uns ceux qui n'avoient dans leurs vifites que
des intérêts humains & des prétentions temporelles j
& par les autres , ceux qui comme des citoyens de
la Jcrufalcm célefte , n'avoient en vue que des biens
(blides & éternels. P. Verjus.
JÉRUSALEM, f. f. Nom d'une elpèce de pomme bonne
à manger , foit crue , foit cuite , mais qui n'eft: pas
des meilleures. Pomum. J crofolymitanum , ou diclum
Jérufalem. Les Jérufalem (ont prefque rouges partout ,
ont la chair ferme Se de peu de goût quoiqu'aftèz fu-
crée, &: n'ayant rien de la mauvaife odeur qui fuit
la plupart des pommes , elles fe gardent longtemps.
La Quint.
J E S.
JESANA. Nom d'une ville de la Terre -Sainte. Jefana.
Elle étoit du Royaume d'Kraël , foumife à Jéroboam.
II , Parai. XIII , i p. C'eft tout ce qu'on en fait.
Le P. Lubin croit qu'elle étoit dans la Tribu d'E-
phra'im. M. Réland croit très-vrahemblablement que
c'eft la Jéthaba de Saint Jérôme , &: qu'il faut cor-
riger Jéfana ; parce qu'il l'interprète ville ancienne ,
Se qu'en eft'et Jéfana lignifie vieille , ancienne. Jofé-
phe dit Ifana.
JESCHUA , ou Jzfua. f. m. Jcfchua , Jefua , Jefus. C'eft
le nom de Jelus prononcé à la manière des Hé-
breux. On le dit ainli des Rabbins qui portent ce nom.
R. Jéfua , le Lévite , Juif Elpagnol qui vivoit dans le
XV^ liècle, eft l'Auteur du Livre intitulé , Halichor
Olam , Les Chemins de l'Éternité, ou éternels; c'eft
une clef du Thalmud : Conftantin l'Empereur l'im-
prima en 1654 , avec une Dillertation préliminaire
& une traduction Latine. On l'a depuis imprime à
Hanovre avec d'autres Traités femblables , fous le
titre de Clavis Thalmudica Maxima.
J E S
JÉSI. Ville de l'État de l'Églire en Italie. jEfium ,
^Jîs. Elle c(t fur le riumélino , dans la Marche
d'Ancone , au fud oucft de la ville de ce nom. Jdfi
n'eft pas fort grand , mais il a un Evêché , qui eil
fuHragant du l-'apc.
fîCF' JÉSI, ville du japon, dans l'Ile de Niphon , dans
le voi/înage de Meaco. Elle cft environnée de bons
remparts.
JÉMDtHN, ENNE. Foyei Jézide.
JÉSILBASCH. f. m.. Terme de la Relation. Tête verte.
C'ell le nom que les Perlans donnent aux Turcs ,
parce que leurs timirs portent le turban vert.
Ce mot vient de jcjchil , qui lignifie vert , <?v; bafch ,
tête.
JÉSIMA. Petite lie d'Aiic, l'une des îles du Japon.
JÉSIMON. Nom d'une ville dont il ell: parlé au /. I.
dus Rois ^ XXIII. 24. Jcfimon. Elle étoit dans le dé-
fert de Maon, /. des Rois XXIII. 24. Le P. Lubin
en conclut qu'elle étoit dans la Tribu de Juda. M.
Réland .ajoute qu'Eulebe la place à dix milles de Jéri-
cho.
JÉSOLO. Nom que portent les ruines de l'ancienne
Equ'dium ,o\.\Àiquiuum , ville épilcopale de l'Italie ,
qui hit détruite par les Huns. Jefolum. Elles font
dans la Marche 'I réviianne , .à cinq lieues de Venile
du côté du nord , 1^ à une de Citta nuova, qui a iuc-
cédé à l'ancienne EquUium. Matv.
JESRAB. Ancien nom de Médine , ville d'Arabie , pa-
trie de Mahomet , félon Poftel , dans fon Hifloirc
oricnralc , citée par Ortélius.
JESSA. f. m. Nom d'un faux Dieu. JeJJa. C'étoit autre-
fois le Jupiter des peuples de la Sarm.irie Européenne.
f^oyei Lissa.
JESSÈ. La Terre de Jelfé , dans Judith, /. ç. Le P. Lu-
bin croit que c'ell la terre de Gellen en Egypte.
JESSED. Foyei Yesd.
JESSEINS Nom d'un ancien bourg de la Gaule Lyon-
noife. Jc[fanx. Ce n'eft maintenant qu'un village de
la Champagne , fitué fur l'Aube , à deux lieues .au
dclfous de Bar-fur-Aube. Maty.
JESSELMÈRE , ou GISLEMÈRE. Ville de lEmpire du
Mogol , en Afie , fituée environ à cent trente litucs
de Cambaye , du côté du nord. Jcjjclm-cra j C'ijlemcra.
Elle eft grande, & capitale du Royaume de ]ejjcl-
mere , qui eft au nord de celui de Guzarate, & qui ,
outre fa capitale , a encore la ville de Radinporc , &
quelques autres moins confidcrables. AL^ty. Long.
90 , d. 15, lat. 16 , d. 40'.
JESSENEK. f. m. Terme de Calendrier. Nom du neu-
vième mois des Efclavons. Il répond au mois de
Septembre. Les D.ilmates prononcent Jeffenïk.
JESSEY. Bourg de France en Bretagne , à fix lieues de
Rennes, du côté du midi occidental.
JESSIR. V. n. Vieux mot. Sortir. On dit aulli Ijfir, du
Latin Exire.
JESSO. Le détroit de Jejfo. Fretum Efonis. On donne
ce nom à un gr.ind canal , qui eft entre la terre de
JeJfo, ôc la partie orientale de la grande Tartarie, «Se
qui joint la mer de Tartarie avec l'Océan oriental. On
appelle autrement ce canal la mer des Kaimachites ,
ou la mer d'Y.amour. Maty.
JESSO , JÉÇO , JEDSO ^ ou ÉSO. Nom dua grand
pays de l'Afie. Jefonia , Efonia, Terra Efonis. Il eft
au nord des îles du Japon, & au levant de la grande
Tartarie , dont il eft léparé par le détroit de Wrics ,
le canal de Piecko , & l'île qu'on .appelle la Terre
des Et.ats , lituée entre ces deux détroits. Les Hollan
dois parcoururent une partie de fes côtes l'an 1 648 ,
& y ont trouvé des peuples Idolâtres qui adorent le
ciel & les aftres, & qui s'habillent de peau, & font
robuftes & féroces : on ne fait pas au refte fi ce pays
eft une île , ou un continent qui foit joint avec les
terres Arftiques, &: avec l'Amérique leptentrionale.
Maty.
?(^ JESSOIS , ou JEÇOIS. Habitant du pavs de Jcffo.
JETTAM. f m. Terme de Calen.drier. Voye:^ Jhistam.
JESUAT. Nom d'im Royaume , dépendant de l'Empire
du grand Mogol. Jefuatum Regnum. Il eft dans l'In
de de delà le Gange , entre les Royaumes de Patna ,
J E S
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d'Udeftii t\- de Mcrat. Rajapour en eft la ville capi-
tale. Maty.
î'jGf' Thevenot ne confidere Jcfuat que comme un fim-
ple pays compris dar.s la Province de Ik-car. Il met
Rageapour entre les bonnes villes de la Province.
JÉSUAIE. f. m. Nom d une forte de Religieux. Jcfua-
u , Jcfuatus. Les Jefuaccs s'appellent Clercs Apofto-
liques , ou Jéfuates de S. Jérôme. Le fondateur des
Jéjudtes eft Saint Jean Colombin. Urbain V approuva
cet Inftitut en 1367 à Virerbe, & donna lui mc'nie à
ceux qui étoient préieiis l'habit qu'il kur oidonr.a de
porter , condft.mt en une tunique blanche , ferrée
d'une ceinture de cuir, avec une chaulle , ou chape-
ron blanc pour couvrir leur tête , & qu ils portoient
fur l'épaule quand ils .avoient la tête découverte. Il
ordonna de plus qu'ils porteroicnt des fandales de
bois , & le Cardinal Anglic Grimoard , frère du
P.rpe , leur fît faire des manteaux de couleur tannée ,
qu'ils ont toujours portés depuis. Un Religieux de
l'Ordre leur écrivit une régie ; dans la fuite ils ont
fuivi celle de S. Auguftin , & elle eft à la tcte de leurs
dernières Conftitutions imprimées a Ferrare en 1641 ,
&z approuvées l'an 1 640 , par une Bulle d'Urbain
VIII, où il les appelle la Congrégation des Jéfuates
de S. Jérôme. Le nom de Jéfuates leur fut donné ,
parce que leurs premiers fondateur? avoient toujours
le nom de Jéfus à la bouche. Ils y ajoutèrent celui de
S. Jérôme , parce qu ils le prirent pour kur protec-
teur. PieV les mit au nombre des Ordres Mendians.
Pendant plus de deux fiécles , les Jéfuates n'ont été
que frères lais. Paul V en i6c6 leur permit de rece-
voir les Ordres facrés. Urb.iin VIII , en 1624, chan-
gea leur ch.aperon en un petit capuce de la couleui:
de leurs manteaux. Ils s'occupoient dans la plupart
de leurs maifons à la pharmacie. D'autres faifcient le
métier de diftillateurs, &: vendoient de l'eau-de vie ,
ce qui les fit appeller en quelques endroits Pères de
r eau-de-vie Comme ils étoient aftez riches dans l'État
de Venife , la République demanda leur fupprcftîoii
à Clément IX , pour employer leurs biens aux frais
de la guerre de Candie, ce que le Pape accorda en
1668. Les armoiries des Jéfuates étoient un nom de
Jefus nayonné d'or en champ d'azur, & audellous
une colombe blanche , par allulion au r,om de S.
Colombin leur fondateur. P. Hélyot , Part. III ,
f- Sf-
JÉsuATE. f. f. Religieufe Jéfuate àe. S. Jérôme. Les Je'-
fuates de S. Jérôme furent inftituées par S. Jean Co-
lombin comme les Religieux Jéfuates. Elles ont com-
me les hommes une tunique de drap blanc , une
ceinture de cuir, un manreau de couleur tannée , &:
un voile blanc. P. Hélyot , Part. III , c. su . Il n'y
a point de ces fortes de Religieux ni de Religieufes en
^France.
JÉSUE. Nom d'une ville de la Terre Sainte. /e/ie. Il
n'en eft parlé que dans le // Efdras , XI j 26 . Les
lieux auxquels celui-ci elt joint font conjecturer qu'il
^ étoit dans la Tribu de Juda. P. Lubin , Réland.
JÉSUITE, f m. Jefuita. Ordre de Religieux fondé par
Saint Ignace de Loyola, qu'on appelle autrement ia
Compagnie de Jefus. Cet Ordre s'eft rendu très confi-
dérable par les millions aux Iiîdes, & par les autres
emplois qui regardent le falut du prochain, l'inftruc-
tion de la jeunefle & l'étude des fciences. Les Jéfuites_
font une profellion particulière de travailler au faluc
du prochain par l'inftruécion de la jeunefle, la prédi-
cation , l'adminiftration des Sacremens , les millions
chez les Hérétiques & les idolâtres. Le Concile de
Trente les appelle les Clercs Réguliers de la Com-
pagnie de Jefus.
Ce fut fur la fin du Carême de l'année i f 58 , que
Saint Ign.ace avant alfemblé 3. Rome les dix Com-
pagnons choifis principalement dans l'Univerfiré de
Paris , leur propota de faire avec eux un nouvel
Ordre. Il préfenta enfuite le projet de fon Inftitut à
Paul III , qui noinma trois Commiffaircs pour l'exa-
miner. Après leur rapport , ce fouver.ain Pontife ,
frappé d'ailleurs d'un grand nombre de chofes écla-
tantes cjtic faiioient les compagnons d'Ignace en dif-
48 J E S
férens endroits , confirma leur Inftituc fous le nom
tle la Compagnie de Jclus , par la Bulle Regimini mili-
tantis EcclcJU, qui hit expédiée le 27 de Septembre
de l'année i J40. Il eft vrai qu'il limita le nombre des
Profès , Se le reftreignit à foixante. Mais il ôta cette
reftridion deux ans après par une autre Bulle, & ce
fut l'intérêt de la Chrétienté, qui lobligea d'en ufer
ainfi , comme il le déclare lui-même. Elle a été con-
firmée encore par d'autres Papes , qui lui ont aulîl
communiqué ou donné beaucoup de privilèges. C'eft
S. Ignace qiri, l'an i ^S étant allé à Rome pour oftrir
fes (ervices & ceux de fes compagnons au Pape, dé-
clara ce nom à ces dix Pères, ik leur dit, comme le
raconte le Père Bouhours dans la vie de S. Ignace au
commencement du IIP Livre, que s'étant tous joints
enfemble pour combattre les hérélies & les vices lous
la bannière de J. C. leur (ociété n'avoir point d'autre
nom à prendre que celui de la Compagnie de Jelus.
Il avoir ce nom à l'cfprit depuis la retraite de Mau-
rèze , continue cet Hilîorien , & on croit que Dieu le
lui révéla. Ce qui lui arriva en allant à Rome le coii-
lîrma dans la penlée que ce nom venoit du Ciel , &c
qu'ils n'en pouvoicnt avoir qui leur convînt mieux :
.car fur le chemin ne Sienne à Rome , J. C. lui étant
apparu chargé d'une pelante croix, lui dit: Je vous
ferai propice à Rome. Ce nom & l'Inftitut d'Ignace
fut conhrmé au Concile de Trente , où les Pères dé-
£jai-ent, Sejfion XXF , c. 16 , de Réf. qu'ils ne pré-
tendent rien changer dans le pieux Inftitut de la Re-
ligion des Clercs de la Compagnie de Jefus. S. Ignace
écrivit des conftitutions qui lurent aullî approuvées
par le S. Siège Apoflolique , après la difcullion cxaète
qu'en firent quatre Cardinaux , fans y changer un feul
mot i mais cela n'arriva qu'après fa mort , fous le
Gcnéralat de Laynez fon fucceil'eur.
Les Jefultcs font Clercs RéguHers. La fin de cet
Ordre clt non leulement de vaquer , avec la grâce de
Dieu, au lalut èv' à la perfection de fon ame, mais
encore de s'employer de toutes les forces, avec la mê-
me grâce , au lalut & à la perfedHon du prochain.
Les Jcfuues n'ont point d'habit particulier. Ils ont
gardé celui que portoient les Prêtres du temps de S.
Ignace, c'eft-à-dirc une loutanne noire avec une robe
de même couleur dans la mailon ; & un bonnet carré ,
& quand ils vont en ville , un chapeau & un manteau
noir. Ils quittent cet habit & en prennent un autre en
pluficurs pays où ils ont des millions, lelon que la
liberté d'exercer leurs fonèl:ions le demande. Saint
Jgnace n'a point mis de chœur dans fon Ordre , parce
que le chœur eft incompatible avec les fondtions
qu'on y fait , &: que dans les autres Ordres on en dif-
penle ceux qui font appliqués à ces fondions. Cet
Ordre ell compolé de cinq fortes ditlérentes de per-
fonncs, de Profès, de Coadjutcurs fpirituels, d'Eco-
liers approuvés, de Frères lais qui s'appellent Coadju-
leurs temporels , & de Novices. ffT On peut ajouter
à ces cinq dalles celle des Aftiliés ou Adjoints , ou
Jéluites de robe courte, qui eft, dit on, très nom-
brcuie , & incorporée dans tous les états de la Société ,
Ipus toutes fortes d'habits. Les Profès, qui font l'cf
ientiel de la Compagnie , font publiquement les trois
vœux folemnels de Rehgion, & y ajoutent celui
d'une obéiilance fpéciale au Chef de l'Églife , pour
les millions parmi les Infidèles & les Idolâtres.
Les Coadjuteuis fpirituels font aullî en public
les vœux de chafteté , de pauvreté &z d'obéillànce;
mais ils ne font pas le quatrième qui regarde les mif
fions. Les Ecoliers approuvés font ceux qui , après
deux ans de Noviciat ont été reçus, &c ont fait en
particulier trois vœux non folemnels , mais déclarés
vœux de Religion, & qui emportent empêchement
dirimant. Ils font dans la voie pour arriver au degré
de Profès , ou à celui de Coadjuteur Ipiricuel , félon
que le Général en jugera. Ces degrés , fur tout celui
.de Profès J ne fé confèrent qu'après deux ans de No
viciât , fcpt d'études , qu'il n'eftpas toujours néccirai'e
d'avoir fait dans la Compagnie, fept de régence,
:nne troifième année de Noviciat, & trente -trois ans
.d'âge. Les vœux de^ LcoUers de leur côcé»lbnt abfo
J E S
lus, «SvT conditionnels feulement du côté de l'Ordre,
le Général en difpent'e. C'ell pour cela que S. Ignace
voulut que les Écoliers 'ne fe défiflent point de leurs
biens. Cet article de Tlriftitut des Jéfuites , qui avoit
fouflert de grandes oppofitions en France , Se dont ils
ne jouifloient point dans tous les Farlemens , quoique
Henri IV le leur eût permis, leur a été accordé de
nouveau , ou confirmé & rendu par Louis XIV , avec
quelque reftrièlion , en 1715-
Cet Ordre eft divifé en Aillftances, les Aflîftnnccs
en Provinces , les Provinces en diftérentes Maifons II
eft gouverné par un Général qui eft perpétuel & ab-
folu. Se qui réfide à Rome. Il eft élu par la Con-
grégation générale de l'Ordre. Il a auprès de lui cinq
perfonnes qui font comme fes Miniftres ,on les nom-
me Affiftans , & ils portent le nom des Royaumes ,
ou des pays dont ils font originaires , & dont ils ont
le département , d'Italie _, d Efpagne , d'Allemagne ,
de France ik de Portugal. Chacun d'eux a foin de
préparer les affaires de fon ailîftance , ou de fon dé-
partement , & de les mettre dans un ordre qui en
facilite l'expédition. C'eft par eux que les inférieurs
& les fupérieurs vont régulièrement au Général ; je
dis régulièrement, car dès que les Alliftans font un
peu fufpeéfs , on s'adrcflc immédiatement à lui feul.
Les Alîîftans font choifis par la Congrégation géné-
rale , & ne font pas feulement établis pour être fes
Confeillers , & pour le foulager dans fa charge ; mais
encore pour obferver fa conduite ; Se fuppofé qu'il
y eût fujct , ils pourroient, malgré lui , convoquer
une Congrégation générale , qui le dépoferoit dans
les formes i ou fi le mal preffe, ils ont droit de le dé-
pofer eux-mêmes , après avoir pris par lettres les fuf-
fragcs des Provinces.
Chaque Province a quatre fortes de maifons , des
maifons profefles , qui ne peuvent avoir de fonds ,
des Collèges , où l'on enfeigne les Sciences , des Ré-
fidences , où font un petit nombre d'ouvriers occu-
pés feulement des fonélions qui regardent immédia-
tement le lalut du prochain , prédication , confeflîon ,
millions , &c. Se des maifons de Noviciat. Parmi les
Collèges J il y en a qui fe nomment fimplement Col-
lèges , Se d'autres que les Jéfuites appellent Sémi-
naires. Ceux ci font ceux où les jeunes Jéfuites font
leurs études de Philofophie & de Théologie -, les au-
tres ne font que pour les étrangers , ou externes. Ils
ont aulli en plufieurs Diocèfes des Séminaires des
Évêques pour les Eccléfiaftiques. Il eft dit dans l'hif-
toire de cette Compagnie, P. III, L. I , N. i ç ,
qu'après que le Concile de Trente eut ordonné l'éta-
bliflement de ces Séminaires , il fut décidé alors que
le foin de ces Séminaires étoit une des fonftions qui
leur convenoient ; que Pic IV leur donna le fien ,
Se qu'il écrivit à Charles XI , qu'il l'avoir fait. Cha-
que Province eft gouvernée par un Provincial , Se
chaque Maifon'par un Supérieur , qu'on nomme Rec-
teur dans les Collèges , Se Supérieur dans les autres
Maifons. S. Ignace a réglé la dilciplinc régulière de
ces Maifons , Se furtout des Collèges , à peu près
fur celle qu'il avoit vu établie dans la mailon de Sor-
bonne pendant qu'il étudioit à Paris. C'eft le Général
qui nomme tous les Supérieurs , excepté ceux des Ré-
fidences Se des Séminaires d'Eccléliaftiques , qui font
à la dilpoiition des Provinciaux.
Les Profès de la Compagnie de Jéfus renoncent
par vœu à route dignité j ou prélature, &: ne peu-
\'ent en recevoir fi le pape ne le leur commande fous
peine de péché. Il l'a fait quelquefois , & ils ont
eu fept ou huit Cardinaux. Ils ont eu aullî des Pa-
triarches d'Ethiopie (Se des Évêques , mais feulement
dans les millions , où ces dignités n'apportent guère
que des travaux immenfes.
Les Je fuit es ont été Confeileurs de nos Rois depuis
I-lcnri III , jufqu'cà Louis XV, Se le font encore de
pluficurs Princes &: Princelles en diftérentes Cours
de l'Europe. Voye\^ fur l'Iuftitut des Jéfuites le P.
Bouhours dans la vie de Saint Ignace j L. III. Il y
a une hiftoire de la Compagnie de Jéfus qui n'a été
continuée t]ue jufqu'cnvirûii i6io , comprenant fl^
Gcnérau.*
J E S
Gcnéraux jafqli'à Aquaviyainclufivement. Ellccft bien
écrite. , ,, , t
ÔCJ- En lyf)! , lafTaiic du P. de la Valette avec lev
Lioncy , clans laquelle la fociété tut dcclarcc loli^
dairc , nue les Pailcmens dans le cas de prendre con-
noill"ance des conltitutions de cet Ordre. On les trou-
va abufivts , incompatibles avec les loix fondamen-
tales de la Monarchie. La Société hit éteinte ,_ anéan-
tie. On peut voir les cailles d'une chute aulli mopi
née que' rapide j dans les comptes rendus par les
Procureurs Généraux de nos Cours Souveraines.
JÉSUITESSE. f. £ Nom d'une cl'pèce de Religieufes
qui s'étoicnt établies en Italie & en Flandres. Jcfui-
à(fa. Cet Ordre , dit WiUon , avoit commencé en
I-iandres par deux femmes Angloifcs , l'une nommée
W.irde, c-c 1 autre Tuittia , fous la conduite d'un
Père Gérard Keéteur du Collège des Jéluites de Liè;;e,
&: de deux autres. Leur deliein étoit de pailer en
Angleterre , & d'y travailler à la converfion des fem-
mes. Foyei dans cet Auteur la vie de Jacques l.
Urbain VÏll , les abolit par une Bulle du 1 5 de Jan-
vier 1630.
Il y a en France quelques maifons de filles qui ont
les mêmes Conftitutions que les Jéfuitcs , qu'elles ont
reçues d'un Jéfuite de Bordeaux , ëc qui font profel-
lion d'eni'eisntt: gratis les filles; mais elles ne por-
tent point le nom de Jcfuiteffes.
|30=' JESUITIQUE, adj. De Jéfuite , qui concerne les Jé-
fuitcs. Zèle Jcfuitiquej eLpni Jcfultique , artipce Jé-
fuicique. Ce mot ne le prend qu'en miuvaile part ,
& donne à entendre de la politique , de l'intiigue ,
&c.
JESUPOL. Nom d'une petite ville , ou bourg fortifié
& défendu par un château. Jejupolis. Ce lieu cfi; dins
]a Porkutic , en Pologne , à l'embouchure du Bif-
triczdans le Nieller, au deflbus de la ville d'Haliez.
Maty.
JESUS, f. m. Nom augufle de notre S.iuveur JÉsus-
Christ. Jcjlis. Les miracles de JéJus-C\-\n[\ , &c la
réfurredion arrivée comme il l'avoit prédite , font
de* faits lî certains , qu'il faut être fou pour en dou-
■ ter. Si les miracles & la réfurredtion de Jefus-Chï'A
font vrais , Jéfus-CVsïi efl: un vrai Prophète , un
homme véritablement envoyé de Dieu , & parlant en
fon nom èc de fa part. Si Jéfus-C\\v'A eft vrai Pro
phète , Jéfiis-Q\\ïA eft Dieu , &c fils de-Dieu , car il
l'aiïure fouvent & trcs-clairemenr.
/ç/ij-ChriftelT: le Verbe incarné , ouie ['erte fait chair ,
comme parle S. Jean , /, /4. Jefus-Chï'A naquit le
2j de Décembre en Bethléem de Judée , ious le rè-
gne d'Hérodc , &■ fous l'Empire d' Augulk , l'an 47 1 5 ,
de la Période Julienne , la 42* année d'Auguftc , à
compter depuis qu'il comm.ença d'entrer dans le Gou-
vernement, &: qu'il fur fait Proprétcur , l'année qui
fuivit la mort de Jules Céfar. Je/us-Cl\n(h tut bapti-
fé par S. Jean , le 6 Janvier au commencement de
fa XXX"^ année , la i f de Tibère. J<{fus-Chïiil fut
crucifié pour le ialut de tous les hommes dans la tren-
te troifième de Ion âge , l'an 4746 , de la Période Ju-
lienne j la 1 8*^ de l'Empire de Tibère , la première
année de la 153^ Olympiade, 487 ans depuis la 20"^
année d'Arraxerxès Longuemain , régnant avec fon
Père , Se par conféquent au milieu de la (oixante Se
dixième femaine depuis cette époque , comme il avoit
été prédit par Daniel , C. IX, 24 , 2j. Les Bollandif-
tes ont donné une Diirertation lur la Généalogie de
J. C. dans le PropyUum Alan , p. jt , & fuiv. Il y
en a aulïï une dans la Chronologie du P. Hardouin.
C'ell: dommage qu'on y diie que Johanan , ou Jo-
chartjri , en Hébreu eft la même choie que Jécho-
nias , & qu'on y falfe un même homme de Jécho-
niasde S. Matthieu, /, // , &: du Jahanan du i
L. des Paralipomènes, ///, /J. Il y a aulli dans le
PropyUum Mail des Dillercations du P. Poullînes &
du P. Papébroch iur les années de J. C. par rap-
port à la Chronologie.
Ce nom eft Hébreu , & le même que celui de Jo-
~ lue. En Hébreu c'eft uuv: , Jéfua , formé par contrac-
tion de vviw , qui fignifie Sauveur, &i proprement
Tome F.
JE S
49
. /ii/uc dt Dieu. On pourroit aullî le tirer (împlemenr
j de pw ,\Sihua, Sauver , au futur VWi , Jajijj , qui
prenant la forme de Jcfia , fignifie Sauveur. De Je-
J'ua les Grecs en ajoutant a , terminaifon propre de
leur langue, ont fait \';,<)iat , tk par conrraétion iV.»? ,
d'où les Latins ont fait JcJ'us. Les Étymologies inven-
tées par Ofiander , tk Chafteillon, qui tirent ce nom
de u/it?mni J Jchovaifch ^ Dieu homme j &c qui pré-
tendent montrer par là que J. C. efl Dieu Se hom-
me J lont faullès. Ce n'clt pas par ce nom , c'eft
par les témoignages cL'.irs de l'Evangile qu'on prouve
invinciblement que Jcfus fils de îvlaric cft homme
&: Dieu tout cnfemble.
Le nom de Jésus eft devenu en ufage dans la langue
en ces Phrafes. On dit par .admiration , & exclama-
tion , Bon Jéfus , doux Jcfus , JJfus j Jéfus Maria.
On crie aux agonilans Jcfus Maria.
Quand ce nom de Jéfus eft joint à celui de Chrîjl ,
on ne prononce point la dernière* du nom de Jéfus.
Jefus-Chr'A , prononcez Jéfu-C\\n\\. ; mais quand le
nom de Jéfus eft fcul , on tait entendre la dernière
s dans une prononciation foutenue; ailleurs , com-
me dans le difcours familier , on ne la fait pas tou-
jours (eiitir.
Jésus. On a fait un chiffre de ce facré nom par le moyen
de trois lettres IHS, dont la féconde eft I'h Grec,
parce que c'eft fur le nom insus , que ce chiffre
fut formé ; on met ordinairement une petite croix fur
la lettre du milieu , dont ceux de Genève l'ont ôtéc
en leurs monnoies , ce qui l'a fait nommer le nom
de Jefus dévaliié. Ce chiftre fert d'enfeigne à des Mar-
chands , à des Libraires ; Se l'on dit , il demeure au
nom de Jéfus. Ce livre fe vend au nom de Jéfus ,
vis à-vis le nom de Jéfus , &c.
On dit aulïï , la dévotion de l'enfant Jéfus , des
images. La dévotion au cœur de Jéfus.
JÉSUS ,eftaufll un terme de Papetier j qui fignifie une
forte de papier dont la marque eft un nom de Jé-
fus. Voilà de bon Jéfus. Donnez- moi une main de
Jéfus.
Société de Jésus, f. f. Nom d'un Ordre de Chevale--
rie , inftitué par le Pape Pie II ^ en 1459 j pour s'op-
poferaux Turcs. P. Hélyot, T. VIII y c. /i'.
Chevaliers de Jésus & Marie. Nom d'un Ordre de
Chevalerie j inftitué à Rome fous le Pontificat de
Paul V , l'an 161 j. Ils portoient une croix émail-
lée de bleu , orlée d'or , & au mijieu il y avoit un
nom de Jéfus d'or. Ils la portoient attachée à la bou-
tonnière , & dans les cérémonies ils avoient des man-
teaux de camelot blanc , «Se fur le côté gauche du
manteau la croix de l'Ordre de fatin bleu , le bord
Se le nom de Jéfus brodés d'or. VoycT^ l'Abbé Juf-
riniani &: le P. Bonnani. Il y a de l'apparence que
cet Ordre n'a été qu'en idée , Se qu'en projet , ou
que s'il a été véritablement inftitué j il n'a pas fub-
fifté long temps. P. Hélyot, T. FUI , c. sS.
Filles de l'Enfant Jésus. Société de filles établie à Ro-
me en 1661 J par AnneMoroni de la ville de Lac-
ques. Ces filles ne doivent pas être plus de trente-
trois , enl'honneur des trente trois années que Jésus-
Christ a vécu fur la terre. A l'âge de vingt-un ans ,
Se après trois ans de probation , elles font publique-
ment vœu de perfévérerjufqu'à la mort dans la Con-
grégation J & un ferme propos de garder la pauvreté
la chafteté & l'obéiflânce. Leur habillement eft de
ferge de couleur tannée , Se confifte en une robe ceinte
d'une ceinture de laine. Quand elles fortent j elles
mettent fur leur tête un grand voile noir qui leur
defcend jufqu'aux talons.
Une autre' Congrégation de filles , établie en France
par Madame de Mondonville , a porté le nom de Fil-
les de l'Enfance de Notre Seigneur Jésus - Christ.
C'eft vers l'an iCCi , qu'elle fut établie à Touloufe.
Elle a peu fubfifté.
JÉSUS-CHRIST. Communément on joint au nom fa-
cré de Jifus , celui de Chrijl^ qui fignifie Mejfie ; ôc
l'on dit Jéfus-Chrift ; Notre Seigneur Jéfus -Chrift.
Jéfus - Chrijl eft mort pour tous les hommes. Jéfus-
Chrijl eft alîîi à la droite de Dieu fon Père , &c.
5û
J £ T
Jéftis fils de Mni-ie eft en ctfcc k CImJl , c'cft-à dire ,
le Mcllle promis aux anciens Pauirachcs , comme le
dcmoncrenc tant de prophéties , c\: lur-tout celle de
Jacob mourant, Gcn. XLIX , lo de Duud. , IX ,
2^, 2Si 2S ^ zjy d'Aggeé, II 3 S.
Compagnie de Jésus. Foyei Jésuite.
Ordre de la Croix de Jesus-Christ, .Chevaliers de la
Crolv de Jéfus-Chnft, quelques mis ajoutent de b.
Pominiouc & de S. Pierre Martyr. C'eft un Ordre
que des înquilucursDonuniquains donnoient autre-
lois. Les Statuts de cet Ordre ont pom' 1 itie Règle
& Statuts des Chevaliers du laint Empire de la Croix
de J-élfus. Il y eft marqué que les frères lervans de
cet Ordre porteront fur le manteau la croix noire ik
blanche fleurdelilee , & au cou une croix d'argent
ém.iillée , moitié de noir ^" moitié de blanc , avec
un ruban no-r , à la dilférencc des Chcvahers No-
bles , Doreurs & Commandeurs Grand Croix , qui
k porteront d'or*émaillée de blanc , avec cette de-
\ik , In hocfigno vïnccs. Il n eft point non plus mar-
qué dans ces Statuts que cet Ordre portera le nom
de S. Dominique & de S.Pierre. Le Père Helyot croit
c,u'il y a beaucoup d'apparence que ces Ordres n'e-
toient autre chofe que celui de la Milice de jejus-
Chrijl. Foyci cet Auteur , Hyi. des Ordr. Rdig. III ,
P. c. ""-.
Ordre de'Tafoi de Jesus-Christ. Chevaliers de la foi
de Jefus-Chnf?. Le P. Jean-Marie Canepano , dans
Ion Livre intitulé Scudo inefpugnabile de Cavaglieri
difantafè, &c. dit qu'il y a dans les Diocéles de
Milan , d'Yvrée & de Verccil , des Chevaliers de la
foi de Jéfus-Chrîft & de la croix de S. Pierre Mar-
■ tyri mais ce n'eft qu'une Compagnie de Gcntilhom-
mes , qui s'obligent au fervice de l'mquihtion.
lis en faifoient autrefois un vœu ; ils en font au-
jourd'hui ferment. Foyei le P. Hélyot , P. III , c.
Mihcé de Jésus-Christ. Ordre militaire. Foyei Mi-
JÉs^'is Christ , L'Ordre Àc Jéfus-Chr}Jl , les Chevaliers
de l'Ordre de Jéfus-Chriji. Ordre de Chevalerie in(-
titué par Jean XII ^ Souverain Pontife. Ordo Jeju-
Çhrljliy Equités Jefu Chrijji. Cet Ordre fut établi en
1510, à Avie;non, où rélidoient alors les Papes. Les
Chevaliers de l'Ordre de hfus-Chrlfi , portoicnt une
croix d'or pleine émaillée de rouge , & enlermée dans
une autre croix pâtée d'or , femblable à celle de l'Or-
dre de Ckrl/Î en Portugal , mais avec des émaux dit-
férens. Favyn en parle dans fon Théâtre d'honneur &
de Che\alerie. ^ , ^ , , t^ 1
Quelcues-uns appellent aulïï l'Ordre de_ Portugal
l'Ordre de /<-/I/5-C/î;7/? , mais maL Nous dilons l'Or-
dre de C/iriJl , (ans y mettre le nom de Je/us. Voy.
Christ. .
Il y a aulli un Ordre de Chrïjl en Livonie, dont
nous avons parlé au même endroit. Il y en a encore un
inilicué en Pritlfe , vers l'an 1130 dont nous n'avons
point parlé. La Religion Chrétienne s'étant établie en
Prulfe , les Pruffiens idolâtres firent une guerre cruelle
aux nouveaux convertis. Le Duc Conrad ayant en vain
cfiayé d'appaifer ces Barbares par des préicns , inftitua
par le confeil de Chriftien , auparavant Moine de Ci-
teaux, & alors Évêque de Prulle , un Ordre mihtaue
à l'exei-nple des Chevaliers deC/r;v/Zde Livonie , por-
tant un manteau blanc chargé d'une épée rouge & d'u-
ne étoile. L'Évéque revêtit de cet habit un homme de
mérite nommé Brunon , avec treize autres; &: le Duc
leur bâtit le château de Dobrin , dont on leur donna
le nom. Mais tous ces Ordres fe nomment limplement
Ordres de ChnJL, Chevaliers de Chnfi , (Se non point
de Jcfus Chiifi. .
JÉSUS. L'Ile de Jéfus. Infula Jcfu. C'eft une petue île
de la nouvelle 'France. Elle eft dans la rivière de S.
Laurent , au deffcus de l'île de Mont-Royal , dont elle
n ell: féparée que par l'embouchure de la rivière des
prairies. Maty.
JET.
ffT JET. f m. Jacltis. Ce terme eft employé dans l'a-
J E T
fige ordinaire , Zc dans les arts & métiers , dans des
acceptions tout à-fait diftércntcs. Pris dans la figni-
fication qui approche le plus du verbe jeter , il de-
ligne le mouvement d'un corps lancj , loit .ivec la
inain , foit avec un inftrument. Le jet d'une pierre
avec la fronde eft plus violent qu'avec le bras.
Ip" On le dit de même de l'efpace que parcourt le corps
lancé. Un jet de pierre figniiie autant d'efpace qu'en
peut parcourir une pierre qu'un homme jette de
toute fa foi-ce. Cette maifon eft fituée à deux jets
de pierre delà ville.
|p=- Jet , en termes de guerre. Efpèce de machjne de
guerre , en forme de pierriers , avec laquelle les
Anciens jetoient pluficurs Hèches à la fois , & des
pierres. C'eft ce que les Latins appeloient Balijla, qui
vient du Grec , Ba'aa , jetter.
IXT Jet des bombes , en Artillerie , c'eft la partie des
Mathématiques , qui explique les loixdu mouvement
des bombes , la ligne qu'elles décrivent en l'air , la
manière de difpofcr le mortier ^ pour les faire tomber
à une diftance domiée. Voyer^ Bombe.
Jet, en Hydraulique , fc dit du mouvement des eaux
qui font élancées , &c élevées en l'air. Jet deau. C'eft
une lance ou lame d'eau qui jaillit hors d'un tuyau ,
Ov- s'élève en l'air. Jqua Juliens. On a fl'.it plulieurs
beaux jets d'eau dans ce jardin. Cette gerbe d'eau eft
compofte de 50 jets. Il conduilit les amis dans de
fuperbcs allées , au bruit d'une infinité de jets d'eau
qui ne ic taifoient ni nuit ni jour. ^L de M. Pour
bien conduire les jets d'eau, il faut bien lavoir les
principes de l'Hydroftatique. Fluiieurs bons Mathé-
maticiens ont travaillé depuis quelques années fur le
mouvement des eaux , & la dépenle des eaux par
rapport aux jets d'eaux. M. Mariotte , dans Ion Traite
du mouvement des eaux , dit qu'un ;fZ d'eau ne peut
jamais monter aulll haut qu'eft l'eau dans fon refer-
voir , & qu'il s'en faut toujours un efpace qui eft en
raifon fous doublée de fa hauteur , ce qu'il prouve
par plulieurs expériences. Ip- En effet, la réliftance
de l'air , les frottemens des tuyaux font que l'eau
perd iiécellâirement une partie de fon mouvement ,
& par conféquent elle ne peut pas monter auffi haut.
I^oye:^ Frottement.
Les Fonteniers mefurent l'eau courante par pouces
& par lignes d'eau. Les pouces & les lignes d'eau fe
prennent des pouces & des lignes circulaires que con-
tiennent les léclions ou les furfaces des ouvertures ron-
des par où l'eau ccule fans avoir d'autre charge , ou
d'autre hauteur , que celle qui lui eft néceflaire pour
remplir prccilémcnt toute l'ouvertureen coulant : c eft
un pouce d'eau , loifque l'ouverture ronde eft d'un
pouce de diamètre. La ligne d'eau eft la 144*^ partie
d'un pouce d'eau.
On a trouvé par plufieurs expériences que ce qu on
appelle un pouce d'eau , donne ou dépenle en trois
jours zoo muids mefure de Paris de 2S0 pintes cha-
cun , ou 1600 pieds cubes. En 24 heures 166 miuds
& T de muid , qui font 186 pintes , ou_;3 5 pieds
& 4 cubes: en une heure deux muids Si i de muid,
Foyei les livres de M. Morland , de M. Mariotte ,
£'C". Voy. FONTENIER & EaU.
içj- Jet de filet. Terme de pêche , qui dchgne l'adion
'' de jeter le filet en mer , ou dans une rivière , pour
prendre du poillbn. lacius retis. Le coup de filet. S.
Pierre en un feul jet de filet lâché aunom du Sei-
gneur , prit tant de poiilbns, qu'il penia faire enfon-
cer la barque.
?(CJ" On dit acheter ley'erdu filet, c'eft-adire j acheter
tout le poill'on qu'on prendra par le coup de filet
qu'on va jeter. , , ., . 1 -
0Cr On appelle Jet de lumière, un rayon ae lumière
qui paroit fubifcmcnt.
fc? Jet , en Botanique , fvnonyme de pouffe , &: non
pas vouffee comme on le dit dans l'Encyclopédie.
Pouffée d'une branche ne fe dit point. Le ;<;f eft la
dernière production d'une plante ; ainli c'eft le bour-
geon développé , la branche qui fort , loit du tronc ,
loit d'une autre branche. On dit qu'un arbre jette
beaucoup de bois , que les jets d'un arbre loin beaux,
JET
Se annoncent f.i vigucui". On dcfcnd l'cntrcc des bef-
tiaux dans les taillis fraîchement coupés , de peur
qu'ils ne mangent le bourgeon , ou le nouveau ;6f.
§Cr (;n dit qu'une canne cft d'un fcul /ec , pour dire
qu'elle n'a point de nœuds. On dit aulli ablolumcnt
un /tr pour lignifier une canne. Voilà un beau /if ^
un jet bien droit , un jet ion cher.
^fT Jet d'.abeillcs. Terme déconomie ruflriquc , (ynony
me d'efiaim. C'cft le nouvel clLiini qui (ort de l.i ru-
che , & qu'on met dans une autre ruche. Novum
examen , fœtus emijfnius.
ne? Jet, en Arithmétique. C'cft le calcul fait par les
jetcoiîs. Le calcul au jet (avec les jcttons) cft moins
fur que celui qui fe tait à la plume.
Jet , en termes de Fauconnerie , eft une petite entrave
ou courroie qu'on met aux pics de l'oifeau , pour
l'empêcher de fe donner trop de mouvement , ou
l'attache d'envoi ou de retenue d'un oifeau de proie.
On attache les vcrvelles à un touret qui tient aux
jets. Ce mot s'écrit aulli get^ , Se vient de gie^ , vieux
mot François , qui fignilîoit lien 6c attache. Voye^
Ménage. En Latin on les appelle jacli, comme on
voit dans le Livre de la 'Vénerie de l'Empereur Fré-
déric IL
Jet. Terme d'Exécuteur. C'cft une petite corde qu'on
met au cou du patient. Mets lui le jet.
Jet , chez les Fondeurs & les Potiers d'étain , fe dit de
l'ouverture du moule, ou des tuyaux qu'ils font pour
fiire couler le métal dans leurs moules. Il y avoit tant
de jets pour fondre cette figure. On dit aulli , qu'une
figure eft d'un beau jet , quand elle eft bien venue ,
quand la fonte a bien réuffi : qu'elle eft d'un itxAjet,
pour dire qu'elle a été fondue tout à la fois. Chez
les Fondeurs en bronze jet fignifie les tuyaux de cire
qu'on fait d'une certame grolleur , & qu'on applique
dans les moules tk contre les ouvrages qu'on veut
jeter en métal.
Jet fignifie aullî , en termes de Plombier , un petit en-
tonnoir de cuivre , qui eft à un des bouts du moule
à fondre les tuyaux fans foudure , par lequel on verfe
le métal fondu dans le moule.
Jet. Terme de Peinture. Le jet des Draperies , Drape-
ries d'un beau/er, c'eft- à-dire qui font dans une dif-
pofition heureufe. §3° Le jet d'une Draperie lignifie
en général la manière plus ou moins naturelle dont
les plis font rendus dans le tableau.
Jet , en termes de Marine , fignifie l'appareil complet
de toutes les voiles d'un vaiilcau. Un vaiireau bien
équipé doit avoir du moins deux jets de voiles, & de
la toile pour en faire.
On dit aullî , faire le jet des marchandifes , quand
dans de gros temps on eft obligé de jeter une partie
de la charge du vailleau dans la mer pour le Soula-
ger. Dans la mer du Levant la coutume eft,que le Mar-
chand le premier faife le jet de quelque choie du
fien. Le Guidon règle l'ordre des choies dont on doit
faire le jet, au titre des Avaries. Les Pilotes croient
que l'huile calme & adoucit la tourmente : ce qui
les porte à en faire le jet plutôt que des autres mar-
chandifes. Ce terme fe trouve fouvent dans l'Ordon-
nance de la Marine de i6Si. Le Titre huitième eft
du jet 8c de la contribution. Au premier port. . . .
le Maître déclarera. ... la caufe pour laquelle il aura
fait le jet Ordon. de Marine, ^n. V. Les muni-
tions de guerre & de bouche, ni les loyers, & har-
des des Matelots, ne contribueront point au /«. Ibid.
Art. XI. Ne fera fait aucune contribution pour raifon
du dommage arrivé au bâtiment , s'il n'a été fait ex-
près pour faciliter le jet. Ibid. Art. XIV. Si le jet ne
fauve le navire , il n'y aura lieu à aucune contribu-
tion. Ibid. Art. XV. Si le navire ayant été lauvé par le
jet&c continuant fa route vient à fe perdre , les eftets
fauves du naufrage contribueront au /efj è/c. Ibid. Art.
XVI. Les dommages arrivés depuis \zjet aux marchan-
difes fauvées , &c. Ibid.
Jet &c contribution font deux termes qui font fort en
ufage parmi les Marchands &z ceux qui trafiquent lur
mer; ils fignifient que tous cetix qui ont mis fur le
vailfeau doivent contribuer à payer le prix des chofes
Tome V.
J E T
51
qu'on a été obligé de jeter pour foulagcr le vailleau.
Jet de feti. Terme d'Artihcier. On .ippcUc ainfi cer-
taines fufées fixes, dont les étincelles font d'un feu
clair comme les gouttes d'eau jaillillàntcs , éclairées
le jour par le iolcil , eu la nuit par une grande lu-
mière.
CD' Jet d'eau , en iv.énuiferic. C'cft une traverfc des
bas des dormans aux chailis de verre , pour rejeter
l'eau lorlqu'il pleur.
JETA. Ville de la 1 ribu de Juda , dans la Terre- Sainte.
Jeta. Ce fut une ville Lévitique, &: quelques uns croient
que c'cft la même que celle que Jofué appelle Jota ,
c. XV. V. //.D'autres en plus grand nombre les dif-
tinguent. Hoffman l'appelle aulli Jet/ian , ëc dit qi.c
c'cft encore un grand bourg à fix heues d'Éleuthéro-
polis, vers le midi.
JETCHEU. Ville de la contrée de Jetfengcn , dans l'île
de Niphon. Jetchuum. Elle eft d'un Royaume qui porte
fon nom, & dans lequel on voit la montage de Jet-
cheu, qui vomit des Hammcs. Maty.
JÉTEBA. Jetba. C'étoit la patrie de la mère d'Amon ,
fils de Manafsèsj 4. des Rois , XXI. 19. Le texte Hé-
breu dit n:2r'^ , Jotpah. Dans Jofephc il y a une tranf-
polition, il la nomme Jabaté. Antiq. X. 4. On la
prend ^owk Jétébatha. /-"byt-ç ce mot.'
JETÉBATHA. Jetebatha. Les Septante la nomment Ete-
batha. Deut X. 7. I] y avoit beaucoup d'eaux & de
torrcns ,8c c'eft apparemment ce qui invita les Ifraéli-
tcs à y faire leur trentième campement. Ce lieu ctoit
voilîn du mont Gadgad.
JETÉE ou JETTÉE. f. f. Digue ou muraille qu'on fait
dans la mer à force d'y jeter une grande quantité de
gros quartiers de pierre , pour fervir d'entré<; , de mole
& d'abri , ou de couverture à un port , IJCT ou pour
le rellcrrer à fon entrée. Moles. Ces matériaux entaf-
fés, ordinairement foutenus de pilotis, fervent auili
à rompre l'impétuolite des vagues.
IJCr On le dit encore des digues ou chauffées qui avan-
cent dans la mer , à l'extrémité defquelles on conf-
truit des forts pour défendre l'entrée du port.
Jetée. Se dit aulli des am.as de pierres , de làble & de
cailloux , jetés dans la longeur d'un mauvais chemin ,
pour le rendre plus praticable. Ce chemm-là eft de-
venu très- commode depuis la jetée qu'on y a faite.
AcAD. Fr.
Jetée. Terme de Chandelier. On appelle /eree de chan-
delles , le nombre de chandelles qu'on peut mouler
d'une feule fonte de fuif.
Jetée. C'eft le nom que l'on donne au nouvel effaim
que font les Abeilles une ou deux fois par an, & que
l'on met dans une nouvelle ruche. Voilà une des plus
fortes jetées de mouches qu'on ait jamais vue.
JETENG. {. m. Terme de Calendrier. Nom du fcptième
mois dans le Calendrier des peuples de l'Igur &: du
Turkeftan_, qui eft le même que celui de Cathaïens.
D'Herbelot.
JETÉLA. Nom d'une ville de la Terre Sainte. Jethela.
Elle étoit de la Tribu de Dan, Jof. XIX , ^2. Les
^Septante la nomment Silatha.
JETHER. Il y avoit autrelois dans la Terre- Sainte une
ville de ce nom ; elle étoit dans la Tribu de- Juda ;
il en eft parlé dans le liv. de Jcfiu XV, 4S & XXI ^
14 &: au I , liv. des Rois , XXX , 2j. D.ivid étant
arrivé à Sicéleg, envoya du butin qu'il avoit pris
aux Anciens de Juda , qui ctoient fes proches en leur
faifant dire , recevez cette bénédiction des dépouil-
les des ennemis du Seigneur. Il en envoya à ceux qui
croient à Béthel , à ceux de Ramoth , vers le midi ,
à ceux de Jether. Saci , /. des Rois. XXX , zj. Jé-
ther tut une ville Lévitique , & un alyle pour les ho-
micides involontaires. Les habitans s'appellent Jé-
thrécns ou Jéthrites.
JETHETH. Nom d'une ville de l'Idumée. Jetheth. Il
eft parlé Gen. XXXVI , ./.o ,&c i. Parai. /^ //. du
Gouverneur de Jétheth , &: il eft dit que cette ville ,
(J: les autres de l'Idumée , n'eurent plus de Rois de-
puis la moH d'Adad , mais feulement des Ducs , eu
Gouverneurs. Quelques uns prétendent néanmoins
que Jcthcthj 8c les autres noms propres oui fe trou-
Gij
J E T
vent dans les endroits ci-dciliis:, lunt les noms ce ces
Gouverneurs ; c'ell le icntiment de Liranus , que 5aci
a tuivi dans Ci verilon de l'Ecriture. Mais il elt bien
plus naturel de les prendre pour des noms de lieu,
avec Toltat , Mcnochius , & d'autres plus anciens in-
diquées par Liranus. Carde même que dans -irjs £1?!:?,
ALloup Edom , le premier mot eil au régime , & Edom
cft un nom de peuple , ou de contrée , &z que cela
fignitie les Gouverneurs d'Édom ^ ou de l'Idumée , de
même nni-n^.-J Allouph Jctheth , doit être pris pour
le régime , & par conlequent le fécond mot n'eft point
le nom propre du Gouverneur. D'ailleurs , les hom-
mes qui portèrent les premiers noms , Se les donnè-
rent aux diftérentes peuplades qu'ils firent dans l'Idu-
ïrAe j font bien avant ces Gouverneurs ; aind ces noms
croient déjà des noms de villes , au lieu que nous ne
favons point s'il y eut depuis des chels de peuples qui
les portallent. De plus , quelques-uns de ces noms ne
femblent pas pouvoir être des noms d'hommes , com
me Alva, Oolibama, Ela, &c. Enfin h c'écoient des
chefs , qui le fullenr luccédé les uns aux autres , com-
me les Rois , dont l'Écriture parloir auparavant , elle
le diroit, comme elle l'a dit des Rois. Puis donc qu'elle
change la manière de s'exprimer , & qu'elle rapporte
tous ces chefs en gros , & fans marquer leur fuite &
leur fuccelîîon , on ne peut prefquc douter qu'elle ne
veuille nous fiire entendre qu'après la mort d'Adad
toutes ces villes formèrent autant de petites Républi-
ques qui (e firent chacune leur chef.
JETHNAN. Nom d'une ville de la Terre Sainte. Jeck-
nam. Elle étoit de la Tribu de Juda. ]of. XF, 2j. Le
Texte Hébreu l'appelle Jethnam.
JETHRÉEN, ENNE. i. m. Habitant de Jéther. Jethr^us.
On dit Jéchrite.
JÉTHRITE. f. m. & f. Habitant de Jéther , Jéthréen.
Jcthrjiiis j Jithrïtes.
JETHSON. Nom d'une ville de la Terre-Sainte , Jof.
XXL 3û.
JÉTICUCU. f. m. C'eft le nom que les Habitans du
Brehl donnent à une plante qui croît en plufieurs en-
droits de l'Amérique. On l'appelle d'ordinaire iWcAoa-
can , du nom d'une Province de la nouvelle Elpagne ,
d'où elle a été premièrement apportée. Foyez ME-
CHOACAN.
JETISSE. adj. f. Laines jetiffes , ou de rebut.
JETON , ou JETTON. f. m. Petite pièce ronde Se plate ,
ordinairement de métal , dont on le lerr pour calculer
pludeuis iommes , ou pour marquer Ion jeu, ou au-
tre choie. Calculas. On fait àzs jetons d'or , d'argent,
de cuivre. Les villes & pluhcurs corps font battre des
jetons chacun avec leurs deviles pour faire despréfens.
Une bourfe de jetons en contient un cent. Charron
dit que les Rois font de leurs lujets comme des /£ro;2j j
ils les font valoir ce qu'ils veulent , félon l'endroit où
ils les placent. C'eft ce que Plante a dit de les dieux j
nos ut pilas habent. On fait aullî des jetons d'ivoire
Se tout unis , qui fervent au Trictrac à marquer le
jeu. Quand on avance trop le jeton , on envoie à l'E-
cole.
^^3" Le mot cakuli , que nous exprimons par jetons j
s'cntendoit originairement de tout ce qui lervoit à fai-
re des calculs lans écrire , comme de petites pierres,
des coquillages , &c. Nos jetons fabriqués comme des
pièces de monnoie ne font pas à beaucoup près aullî
anciens.
Jeton vient de jaclo , qu'on a dit pour jaclus. Ménage
& Saumaise.
On appelle aulîî jeton , ou jet d'abeilles , l'eiraim
des jeunes abeilles qui le renouvellent Se fortent des
ruches. En Latin emijjltius apum fœtus.
Jeton. Les Fondeurs de caraètères d'Imprimerie appel-
lent jeton, nnc petite plaque de cuivre ou de laiton
très-mince , avec laquelle ils font la juftification de
leurs Lettres nouvellement fondues.
Jetons qu'on nommoit autrefois ycwinf, jetouers, get-
teurs J goets jgets & gietons. Ce nom doit Ion origine à
l'aèlion de compter ou de jeter , parce que l'on s'en
fcrt pour comoter , &c.
'JETONIERS , ou JETTONIERS. Ou a appelé .ainlî
J E T
ceux de l'Académie Françoife, qui alloient réguliè-
rement aux Alicmblées pour avoir leur jeton. Se
qui ne failoient pas autrement honneur à cette cé-
lèbre Se favante Compagnie. Les jetons deftinés aux
abkns font partagés entre ceux qui alîîftent à la
léance. M. l'Abbé Furetière a étendu ce terme trop
loin. Se a traité de Jetoniers de fort bons Auteurs,
Se de fort illuftres Académiciens.
JETSENGEN , ou JETSÉSEN. Nom d'une Région du
Japon. Jctfangena , ou Jetfengena Regio. Elle eft
une des cniq principales de l'île de Niphon. Elle
s'étend dans toute la largeur de l'île , du nord au
lud , ayant au levant le Quanto , & au couchant le
Jetiengo. Ou y compte dix Royaumes ou Provinces.
Maty.
JETSENGO , ou JETSEN. Nom de l'une des cinq Ré-
gions de l'île de Niphon , la principale de celles du
Japon. Jetfenga , Jctfena. Elle a le Jetfengen au le-
vant , & le Jamailoit au couchant : on y compte
douze Royaumes , ou Provinces , Se l'on y voit la
ville de Méaco , autrefois capitale de tout le Japon.
Maty.
§3° JETTER. v. a£l. Jacere , Jaclare , projicere. L'A-
cadémie écrit jeter i je jette j je jetais , j'ai jeté , je
jetcrai. C'eft lancer avec la main ou avec quelque
machine, pouller au loin avec effort de bras ou
de machines. On jette des grenades , des bombes ,
des carcalles avec la main , avec des mortiers. On
jetcc une pierre avec la main , avec une fronde. Les
Anciens jettoient des pierres Se des dards avec des
machines qu'ils appeloienc halifles Se catapultes. Les
cendres de ceux qu'on brûle font jettées au vent. La
tempête a jette ce navire courre les rochers.
^fT On jette quelque chofe au feu. On jette des mar-
chandifes à la mer. On jette de l'eau par la fenê-
tre.
Jetter, fignifie fimplemcnt , poufler , ou remuer fans
faire un grand eltort. M'utere j emittere , jaclare j
conjicere. Jetter les dés hors du cornet. Jetter les car-
tes fur la table. Jetter une pièce en l'air en jouant
à croix - pile. Il faut jetter la terre de fon côté ,
quand on le retranche. Il s'eft jette fur le lit pour fe
repoler.
Jetter , fignifie aulîl , abattre , renverfer. Projlernere.
Ce luteur a jette fon homme par terre à force de
corps. On l'a jette fur le carreau d'un coup d'épée.
Il iii\i.x. jetter par terre, abattre ce bâtiment.
|tcr Corneille a dit dans les Horaces , jetter à bas. Trop
foibles pour jetter un des partis à bas. Expreflîon
familière qui ne ieroit pas même admife dans la Pro-
fe. C'eft une de ces négligences qu'il le permettoit
quelquefois dans les petites chofes.
Jetter , fignifie aullî , poufter quelque chofe hors de
loi. Le mont Gibel jette des feux, des flammes, de
la cendre, des pierres ponces. Cette fource, cette fon-
taine jette de l'eau gros comme le bras. La triftelie
fait jetter àes larmes , des loupirs. Les flots agités
les feuilles de laurier, les poils d'un chat jettent des
étincelles de leu. Ce diamant jette un grand éclat.
Un ver luifant jette la nuit de la lumière.
Jetter , fe dit aullî en parlant de quelque mouvement
de fa perfonne. Un enfant fe jette au cou de fa mère
pour la carefler. Ce brave ie jette à corps perdu dans
le péril J dans la mêlée. Ils le jctterent dans une cha-
loupe. Vaug. Un loldat fe jette fur le butin ; un
homme .iftamé lur le premier plat qu'il trouve , s'y
porte avidement. Ce jeune homme s'eft jette dans un
couvent , dans la dévotion : cet autre s'eft jette dans
la débauche , dans le jeu. On fe jette dans un parti.
Exprellîon en ufage en fait d'opinion Se de ^nti-
mens, comme en fait de guerre.
^fT On dit familièrement jetter une chofe à la tête de
quelqu'un , dans le fens propre , c'eft la lancer ; dans
le figuré, c'eft la lui donner fans qu'il la demande:
Se fe jetter ï la tête de quelqu'un, s'offrir à lui avec
emprciremenc , & fans en être recherché. On dit
aullî , fe/'t"fff raux genoux , aux pies de quelqu'un , pour
en obtenir quelque grâce, pour implorer la clémence i
fe jetter entre fes bras , pour obteiiir fa proteftion.
JET
IP" Jetter , fc dit dans un Cens figuré , dans des ac-
ceptions diflrcicntes.
§0 Jetter les fondemcns d'une Monarcliic, d'un Em-
pire , d'un Édifice. C'cll: être le premier à les créer,
à les former.
^{Cr Jetter les jeux fur quelqu'un , c'cft le dcfliner à
quelque choie.
%C} Jetter des hommes , des vivres dans une place ,
les faire entrer promptemcnt , dans le hc(oin , mal-
gré les ennemis qui la bloquent ou l'adiégcnt. Jcttcr
de la poudre aux yeux , exprcllion familière, éblouir ,
furprendrc par de faux brillans.
On dit qu'un homme jetce feu & flamme ; pour
dire, qu'il eft fort animé: qu'il a /erre tout (on tcu ,
fon venin , lorfqu'il a déchargé (a colère , qu'il a dit
tout le mal qu'il lavoit de fon ennemi : quand il a
jette la divifion , la difcorde dans une famille , dans
l'État ; pour dire , qu'il y a excité des querelles , des
dill'entions. On dit aulli, qu'on jette des regards de
piété , de tendrelle, d'amour , de bienveillance ; pour
dire qu'on témoigne par fes regards qu'on eft touché
de quelqu'ivi de ces fenrimens.
ffF Jetter fes foupçons fur quelqu'un , c'cft le loup-
çonncr.
^^' Jetter des foupçons contre quelqu'un , c'eft le faire
foupçonner.
ffl' Jetter des foupçons dans l'efprit de quelqu'un ,
c'cft les frire naître.
^3" On dit aulïï jetter de l'opprobre, de l'infamie , du
ridicule. Dans ce cas pour que cette métaphore ne
manque point de juftciîe , il faut que le mot jetter
rappelle l'idée de quelque fouillure dont on peut
phyflquement couvrir quelqu'un.
En ternies de Marine , on dit jetter l'ancre , quand
on aborde à un port , à une rade ; c'eft lailfer Tom-
ber l'.ancre lorfqu'on veut arrêter le vaillcau. Jetterla.
fonde ou le plomb , quand on veut lavoir la hauteur
de l'eau, ou s'il y a fond. On dit aufll , jetter le fi-
let , quand on veut prendre du poifton. On dit auili ,
qu'un cap , une pointe de terre fe jette bien avant
en mer; pour dire , qu'elle y avance beaucoup. Jet-
ter un vaifteau fur un banc , fur un rocher , à la
côte , c'eft l'y conduire ,1'y porter exprès , l'y échouer.
Jetter du blé ou d'autres chofes à la bande , c'eft met-
tre tout le blé ou autres femblables chofes d'un côté
du vaifteau , au lieu qu'elles étoient placées égale-
ment par-tout : cela fe pratique pour faire un con-
trebalancement à caufe d'une tempête , ou de quel-
que autre accident. Jette dehors le fonds du humier,.
c'eft le commandement qui fe fait à ceux qui font
à la hune de poufter dehors la voile du mat de
hune.
Jetter. Terme d'ouvriers en dentelles. Jetter une bri-
de , fîire uiie bride. Une bride bien jettée , bien
faite.
En termes d'Arithmétique , /errer fîgnifie, calcu-
ler, fupputer. Ce Marchand fait fort bien jetter à
la plume & aux jetons. On dit jetter , plutôt du cal-
cul qu'on fait avec les jetons , que de celui qu'on fait
à la plume.
En Médecine , jetter fe dit des plaies , des ulcères
qui fuppurem, qui font fortir de mauvaifes humeurs.
Cette plaie jette du pus. On dit encore , il jette du
fable par la verge. Il a jette des vers par le fon-
dement , par la bouche.
tP^ Jetter , terme de Maréchallcrie , fe dit d'un che-
val qui a un écoulement par les nafaux , d'une hu-
meur plus ou moins épaifle , noirâtre ou languino-
lente. Ce cheval jette la gourme. Ce cheval jette
beaucoup , il eft morfondu. Dans les chevaux qui
jettent . la dépuration du fang fe fait par la membra-
ne pituitairc.
En Juiifprudence , on dit jetter un dévoIut;pour
dire, impétrer en Cour de Rome la provilîon d'un
Bénéfice qu'on prétend vaquer par l'incapacité de la
perfonne, ou la nullité du titre du Titulaire. Jetter
une excommunication : pour dire , la publier , la
fulminer. Jetter des bans d'un mariage ; pour dire ,
en faire les anno.nces au prône. Jetter des lots ; con-
JET
13
/icere fortes in urnam , pour dire, voir par le foit à
qui chacun des lots d'un partage qu'on a lait pouria
échoir.
En termes de Peinture 6c de Sculpture , on dit
jetter les draperies , pour dire , les bien acconuiio-
dcr , en dilpofer bien la htuation, les pli';, &c. les
repréfenter , les dellincr d'une manière r.oble &c gra-
cicufe ; de façon qu ils annoncent fans équivoque
les objets qu'ils couvrent. Ce Pcirjtre entend bien à
jetter une draperie. Voilà des draperies bien jettées.
En termes de Géographie on dit que des terres ,
des côtes , des ilcs , des rochers , des bans j des caps,
&c. font bien ou mal jettes fur les Cartes , lorfqu'el-
Ics (ont bien ou mal htuées, placées ou non , à l'en-
droit ou du côté qu elles doivent être. Les îles du
Cap vert font mal jettees fur les cartes. Elles font
plus au (cptentrion qu'on ne les marque.
En Agriculture , on dit que les Mhïes jettent , lorf-
qu'ils poulicnt des bourgeons, des dons ; qu'ils jet-
tent beaucoup de bois. Les blés ont déjà beaucoup
jette , c'cft a dire, déjà beaucoup donné de fanne. Cet
arbre ne jette guère. Nos melons ont déjà jette de
grands bras. Liger.
On dit auili que les abeilles jettent, quand elles
donnent de nouveaux efîains. ^f3' En hydraulique, on
le dit de l'eau qui jaillit avec impéruofité. Cette fon-
taine jette gros , jette tant de pieds de haut, f^oye'^
Jet.
En termes de Vénerie, on dit qu'un cevi jette fa
tctCj lorfqu'il mue , que (on bois tombe : ce qui ar-
rive en Février , ou en Mars.
En Fauconnerie on dit , jet:er un oifeau du poing ,
quand on donne l'oifeau après la proie qui fuit : ce
qu'on appelle aulli voler à la toïfe. A l'égard des
autours , on dit les lâcher. Jetter , fe dit en parti-
culier du faucon ; jetter le faucon & lâcher l'autour.
Faultrier. Jetter -nnii. pieds la perdrix , c'eft voler
droit delfus & la lier. Idem.
En Fonderie , ou Moulure , on appelle jetter ,
faire couler le métal , ou autre chofe liquéfiée dans
le moule qui eft préparé pour cela. On dit jetter
en or , en argent, en bronze , en plomb , félon qu'on
fe fert de l'un de ces métaux pour l'ouvrage ou la
figure que l'on veut fondre. Il a. jette' cette ftatue en
bronze , en fable. On jette le fer fondu en des lin-
gotières pour faire la gueufe. Cet ouvrier jette fort
bien en cire , fait bien relfembler les perfonnes. Et
on dit en général d'une chofe dont le travail eft long,
qu'elle ne fe jette pas en moule.
Jetter en sable ou en terre , c'eft faire couler du mé-
tal entre deux tables couvertes de fable ou de terre
des fondeurs , dans Icfquelles on a imprimé la figu-
re qu'on veut qui y foit rcpréfentée. La Bruyère a fait
une phrafe figurée de ces termes , quand il a dit , qu'il
y a un Tigiilin qui foufFie , ou qui jette en fable un
verre d'eau de vie.
Jetter du plomb fur toile. C'cft fe fervir d'un moule
ou table, couverte de drap ou d'érofe de laine , &: par-
dellus le drap , d'une toile ou treillis bien tendu, pour
y couler du plomb en lames très minces.
Jetter de la chandelle. Terme de Chandelier. Il ne fc
dit que dans la fabrique des chandelles moulées , &
figniiie remplir de fuif les moules qui font dreffes &
arrangés fur la table à moule. Dans la fabrique des
chandelles communes , on dit , plonger la chandelle ,■
ou fimplcment, faire de la chandelle.
%f3' Jetter , terme de Cirier. C'eft verfer la cire fur
les mèches imprimées , y mettre la féconde couche
de cire.
Jetter , fc dit proverbialement en ces phrafes. Il a
jette le froc aux orties , pour dire , il a quitté le
Couvent , il a apoftafié. On le dit auffi d'un novice
qui a quitté l'habit avant la profelîion , & par ex-
tenlion d'un jeune homme qui quitte l'Etat ecclé-
fiaftique , ou toute autre profelîion. On lui a jette le
ci at aux jaHibcs; pour dire , on l'aaccufé, on l'a ren-
du rctponfable d'une faute que les autres avoient fai-
te. On dit auflîyiTfcr des n:arguerites , ou des pier-
rci piccieufcs devant les j-curceaux : pour dire, faire
54
J EU
voir de belles chofes à ceux qui ne s'y connoillenr
point , <ini ne s'en loucient point. Ce proverbe cA
pris de l'ÉvAngile. Match. Fil , 6. C'étoit un pro-
verbe chez les Juifs. On dit aulTi jettcr de la pou-
dre aux yeux de quelqu'un : pour dire , l'éblouir , lui
faire paroitre une choie plus belle qu'elle n'eft en
■effet. On dit aulll d'un bon ménager , qu'il ne jene
pas Ion bien par les fenêtres , qu'il ne jette pas les
épaules de mouton toutes rôties. On dit/etterie man-
che après la coignée , lorfqu'on délefpère d'une af-
faire , & qu'on abandonne tout. On dit aulli jetter
de l'huile Cur le feu -, pour dire , animer encore ceux
qui font déjà en colère. On dit d'une chofe où l'on
a quelques prétentions , qu'on n'en jetieroit pas la
part aux chiens. On dit , fe jetter (ur la friperie de
quelqu'un ; pour dire , l'outrager , ou de fait, ou de
parolo-s. On dit aulfi d'un miférable , d'un homme qui
n'a point de fupport , que tout le monde lui jette
la pierre , l'accule , le maltraite. On dit aulli , qu'il
faux, jetter un os à quelqu'un , quand on lui fait part
de quelque profit dans une affaire à laquelle il peut
faire quelque obftacle. On dit , qu'on a jette Ion
couffinet fur une choie-, pour dire j qu'on a regardé
qu'une choie convient (Si qu'on fait les eftorts pour
l'obtenir. Je ne fuis pas de ces gens qui jettent leur
amitié à la tête -, pour inutile que Ibit la mienne , j'en
fuis avare. R.
JETTE j ÉE. Part. Il a les fignincations du verbe.
Pas JErrij oulîmplement .^£rr£jl. m. Terme de
danfe. Le pàs jette le tait en lautant. Le demi y'^ffc-fc fait
en fautant à demi. Rameau. Ce pas ne fait que la
partie d'un autre pas j aind un jette leul ne peut rem-
plir une mefure j il en faut faire deux de fuite pour
faire l'équivalent d'un autre pas ; mais il fe lie aifé-
ment dans la conftruélion des autres pas. Comme ce
n'eft que par le plus ou le moins de force dans le
cou du pied j qu'on s'élève , ainli ce pas dépend du
cou de pied pour le faire avec légèreté. Pour le faire
en avant J je fuppofe que vous ayez le pied gauche
devant & le corps polé dellus , la jambe droite prête
à partir dans le moment que vous pliez lur la jambe
gauche , la droite s'approche auprès , & lorfque vous
vous élevez _, ce qui le fait par la force du pied gau-
che, qui s'étendant avec force , vous rejette lur la
droite, parce qu'elle achève de fe palier devant ,
lorque vous vous relevez en tombant lur la pointe
du pied droit , il ne faut poler Ion talon qu'après ;
ce qui termine ce pas. Ils fe font en arrière &c de côté
également. On les tait encore d'une autre manière ,
en ce qu'il faut prendre plus de force pour les lau-
ter , ce qui le fait en le relevant plus vire , Se étendre
fort les jambes en les battant fort l'une contre l'au-
tre, en retombant lur le pied contraire à celui qui
a plié ; pour lors il change de nom , & on l'appelle
demi cabriole. C'eft un pas de ballet. Rameau.
JEU.
Ces lettres i«M, dans les mots Dieux , lieux , deux,
mieux , ne font qu'une lyllabe , on en trouve p.ir-
tout des exemples ; dans les autres mots , comme pre'-
cieux , ambitieux , &c. elles en font deux.
|CrJEU. f.ra. Du Latin. Jocus. Men. Du Cange dit que
le mot de jeu de dés ne vient pas de Jocus , mais
de Juis de Dieu , vieux mot François qui lignifioit
Jugement de Dieu , parce qu'on mcttoit les jeux de
halard au nombre des Jugemens de Dieu.
03" Le mot de jeu , Jocus , lufus , le dit en général de
tout amufement , d'une occupation légère , & qui
plaît , de tout palle temps , pour diftraire l'efprit de
les fatie;ues , ou pour éviter l'ennui , de tout ce qui
fe fait d'agréable ou de badin par efprit de gaieté ,
ou par amufement. Jeu innocent. Jeu d'enfant. S'a-
mufer à de jjetits jeux. On dit familièrement d'une
affaire lérieufe , que ce n'eft pas wnjeu d'enfant. Pren-
dre une chofe en jeu , en plailanterie.
^^ Jeu fe prend plus particulièrement pour un exer-
cice de récréation , alïujetti à de certaines règles , &:
auquel on hafarde de l'argent. Dans cette acception
JEU
générale , il comprend les jeux de hafard , comme
les jeux de cartes ou de dés , où le hafard leul dé-
cide prelque toujours de la perte ou du gain , les
jeux d adrelle , comme la paume , la mail , où l'a-
drelfc a plus de part que le halard ; Ik les jeux de
pur efprit , comme les échecs , les dames , dans lel-
quels l'habileté feule a part. C'eft principalement des
jeux de halard qu'on dit aimer le jeu , être adonne
Wi jeu. La pallion à\xjcu , a proprement parler , n'eft
pas une paftion naturelle ; mais elle a été inventée
par l'elprit , & par l'induftrie des hommes. Scud.
La paftion du jeu en particulier , eft la pallion du plai-
fir en général , qui fe varie lelon les divers génies &
les divers tempéramens. Id. Un honnête homme ne
doit s'engager au jeu que pour le délafter : il ne doit
pas jouer avec la même ardeur que ceux dont le jeu
eft la paftion dominante. Bell. Le jeu eft une manie
dont il faut fe corriger de bonne heure , de peur de
ne devenir lage que quand il n'eft plus temps de l'ê-
tre. La fureur du jeu a gâté les converfations. Le jeu
eft un amulement innocent , pourvu qu'on ne s'en
falfe pas une palfion , ni une occupation continuelle.
Le jeu , dans mon fenriment , ne convient nulle-
ment à un homme qui fait protcllion de piété ; il
ne peut s'en faire un amufement , ni une affaire ,
ni un plaifir, laiis oublier ce qu'il eft. Un Chrétien,
mais particulièrement un Eccléfiaftique & un Prê-
tre , doit lavoir qu'il n'a point de moment à per-
dre , & qu'il n'y a rien qu'il faille ménager davan-
tage que le temps , piùfque c'eft le prix avec lequel
il doit acheter l'éternité. On alléguera beaucoup de
raifons encore contre ma penlée j on dira qu'il y a
quelques règles de l'Églife , qui parlent des jeux per-
mis aux Ecclélîaftiques ■, mais cela n'a été accorde j
qu'à la dureté des cœurs , & on peut dire , Ab initia I
non fuit fie. On ne verra point que S. Polycarpe , S.
Cyprien , S. Bafile , S. Grégoire , S. Ambroife , S.
Auguftin , ic une infinité d'autres aient accordé ou
approuvé ces fortes de récréations. Cependant c'eft
fur les fentimens de ces grands Saints que les Prê- |
très de Jésus-Christ doivent former leur conduite. '
Ab. de la Tr. Il n'y a rien fur la terre qui puille
égaler ni le temps qu'on emploie inutilement au jeu ,
ni l'elprit de piété qui fe diftipe entièrement dans
cette agitation véhémente des paillons dont il eft tou-
jours accompagné , ni enfin le repos de la confcieii-
ce qui y eft intéreffée en tant de manières. P. Ver-
jus. La féconde partie du fermon du P. Bourdaloue ,
Jéfuite , fur les divertllfemens du monde , eft une
excellente inftrudlion lur le jeu , ôc contre les défauts
du jeu.
Il ejl bon de jouer un peu ,
Mais il faut feulement que le jeu nous amufe.
Des-H.
A la Chine le jeu eft également défendu au peu-
ple &■ aux Mandarins. Cela n'empêche pas qu'on ne
joue , & qu'on ne perde fouvent tout fon bien , d
maifon, l'es enfans , fa femme même , qu'on met
quelquefois fur une carte ; car il n'eft point d'excès
où la paftion de gagner & de s'enrichir ne porte un
Chinois. Mais outre que c'eft un dérèglement où les
Tartares les ont engagés , depuis qu'ils font les Maî-
tres , il faut encore prendre beaucoup de mefures
pour fe cacher ; &: par conféquent la loi qui le dé-
fend , eft toujours en la vigueur , & ne laille pas
d'empêcher de grands déloidres. P. le Comte. 11 y
a un Traité du jeu par M. Du Tremblai.
Il y a plufîeurs autres traités du jeu. Celui de M.
Barbcyrac , imprimé à Amfterdam en 1709 , où il
examine les principales quelHons de droit naturel &
de morale , qui ont du rapport à cette matière , eft
curieux &c inftrudtif.
Dans les mains du joueur nul bien qui ne chancelle.
On gagne en s'abfienant du jeu.
// efi tout comme l'étincelle :
.Aux plus riches palais il peut mettre le feu.
Tcmoin lliôtel de Sully que le fameux joueur Gal-
let hit oblige de vendre pour payer Tes créancicrî. M.
BroiLttc iuL ka vers 8 1 de de la huitième Satyre de
Defpréaux.
IP Jtu Ce dit aulî) de l'argent qu'on joue. Jouer beau
jeu, gros /Ci: , petit /eu. Jouer un jeu à le ruiner.
':!rer k jeu , y aller du jeu. J'en fuis du jeu. Ter-
mes ulitcs aux jeux de renvi.
|0-^ On le dit encore des règles du jeu , de l'art de
conduire fon jeu. On dit dans ce fens jouer le jeu ;
c'eft le /eu , le vrai jeu.
le jeu d échecs rcjfanl^le au jeu des vers.
Savoir la marche ejl choje très-unie ,
Jouer le jeu^ cefi le fruit du génie'.
tfT Aux jeux de cartes on le dit encore pour celles
qui viennent C'elldans ce fens qu'on dit , tenir , jouer
le ]cu de quelqu'unr Je n'ai point de jeu. J'ai un beau
jeu , un vilain jeu. Ruiner fon jeu ert écartant. Ca-
cher, montrer fon jeu.
J£UDE Paume. Ces mots fignificnt deux chofes en
hrançois, le lieu où l'on joue à la paume, & l'exer-
cice même de la paume. Un gvmd jeu de paume ,
un jeu de paume commode, obfcur, clair j &c. c'efl
Je heu. Le jeu de paume contribue à la fanté par les
lueurs qu'il caule, c'eft l'exercice. Jeu de longue pau-
me a les deux mêmes lignifications.
On appelle abfolument /eu de paume , un jeu de
courte paume; /t-a de dedans , celui qui outre la ga-
lerie ordinaire en a une appelée dedans , qui occu-
pe le fond du cote où ks autres ont le trou ; de
l'autre cote , qui eft celui de la grille ^, il y a un
taméour à quelque diftancc de la grille , dans le
inur fuppofe a la grande gallerie. Jeu carré, celui où
Il n y a m dedans , ni tarnéour. Il y en a de couverts ,
& de découverts.
On appelle auih le jeu , une partie du jeu qui efl vers
r f "^^^./"''^"■^" 'i^^^i':'-. Il ne fe fait point de chafî'e ,
Il la balle ne va jufqu'à deux ou trois carreaux de la
marque qui eft du côté du jeu.
On dit aulfi, que les parties fe font de quatre ou
<leiix jeux, dont chacun eft compofé de quatre coups
qu on gagne : qu'on a l'avantage des jeux , quand on
a un jeu leulement (ur fon adverfiirc ; à deux de jeu
quand on en a autant l'un que l'autre.
ffr Al égard des autres jeux , comme les cartes , le
l"^:'T 1 ' r'' ^'- '" '"°^ ^= i'" ''S»'h> l'exer-
ôuer '"'^'-umens , les chofes qui fervent à
Le Jeu DE cannes chez les Turcs , eft un exercice qui
le fait par des Cavahers da.is l'Améïdan , ou place
Royale de Conftantinople. Il fe fait avec'des bran-
ches de palmiers taillées en traits , que des hommes
à cheval fe lancent les uns aux autres , pour s'en-
tretenir dans les exercices delà lance, delà pique,
& du javelot. Ils appellent ce jeu Gind Omi, c'eft-
feuilfeL^' """ '" "*' P"'"''"' '•^P""^^'^ ^^ ^"
Jeux de main. Le, jeux de main, font k^jcux où l'on
louche des mams à ceux avec qui l'on joue. On ap
^€ik jeux demain les badineries , qui conhftent ou
qm vont a fe donner des coups, à le frapper , ou
à le faire quelque mal avec les mams. Et qufnd quel-
qu un en t.ni le un autre , qu'il le touche , qu'il le
Wal;^''. • ' ^""'^' ^'^ ' ^'^^"^ " dit , arrêJez vous;
je n aime point tous ces jeux de main
On appelle Académie de jeu , les lieux publics où
ion donne ajouer a tous venans , où l'on tiem plu-
fieurs jeux, où il y a pluheurs tables de jeu
Z-usieT7'"T°'' ' ^■'■°'; ^PP^ll- --autrement
don^n ' ^"^'"■'' ™°'"<^ ^'^^P'i^ ' '"oi"^ d'ac-
tion , quon invente pour divenir une com^-aenic
comm^ ce ui des Heurs , d.s proverbes du ïl ^.^
oes tchecs. Ces jeux font trilles, & férieux , c^ di
JEU
JS
:c";'l2^it:^^!;x,r'^"'^°"^"^'™"^"p-
On.ipj,elle au(1i;c7« d^frit, certains /.«;.oùJ'on
■^roui c^f '"■ ''"'" " ^^ """-'^ de Chr'olo
g.. qu. d hu comme un /eu d'oie, où Ion apprend
en jouant les principales époques des temps. Defma-
T{^!nl 'V" ''' "'r" P^""" =iPPi-^-»dre l'Hiftoire
de hance. Buxenus a fait un jeu pour apprendre
toutes les propriétés des nombres , qu'il appelle Ri-
thmomachie. M. l'Abbé Dangeau & le 1\ Buflicr en
ont fait pour l'Hiiloirc & la Chronologie
Jeux D'ESPRIT, font aulli des compolitions agréables,
qu, font faites plutôt pour divertir que pourinftrui-
re comme le Combat des Rats cV des Grenouilles
d Homère le Panégyrique de Bufiiis & celui d Hé-
lène par llocrate ; la plupart des ouvra .es de Lu-
cien les dialogues, les vraies hiftoires, Ibn combat
&: eelm de d Ab ancourt , la Guerre Grammaticale ,
a Nouvelle Allégorie , la défaite des Bouts-rimés \
es jeux de Inconnu , du Comte de Cramai , là
louange de la fohe par Erafme , & la louange du
pou adrellce aux gueux par Daniel Hemfius , %c.
On le dit abuiivement des Anagrammes , des Acrof-
tiches, & aux travaux pédantefques , & des Turlu-
pinades de plufieurs gens de la Cour.
On:,'ç^e\k jeux de paroles, ou jm,x de mots , les
a lul.ons , les équivoques ; & les pointes , qui ne con-
lilbntoue dans les mots , ij^ une certaine allufion
fondée iur la rellemblance des mots : C'eft une poin-
te d elprit qui porte fur l'emploi de deux mots qui
s accordent pour le fon , mais qui diffèrent à l'égard
du lens. Ludus in yerbis. Les jeux de mots font tou-
jours d un petit elprit. roy. Pointe.
Les jeux de mots quand ils font fpirituels , ont lieu
dans la converfation , dans les lettres , dans les épi-
grammes , les madrigaux , & femblables ouvraees
encore faut-il en ufer fobrement , & les donner pour-
ce qu ils valent pour un f.mple badinage ; mais on
doit les bannir du ftyle grave , férieux & fubhme :
ils enaftoibblfentlaforce , & en diminuent la beauté,
qui conhftc dans quelque chofe de grand & d'élevé.
Les Grecs &c les Latins, ont fiit quelquefois des jeux
de mots un ornement des difcours les plus férieux :
le caradere fage & raifonnable de notre nation & de
notre langue ne fouftre point cet ufage, qui devient
infupportable , même dans les Grecs &c les Latins ,
quana il eft trop fréquent. Les panégyriques doivent
être d un ftyle plus brillant que les autres ouvrages
d éloquence; mais il faut prendre garde qu'au lieu de
penlees ingenieufes, on ne les remplilîé de pointes
oc opcuxàe mots. Les cris de guerre , les devifes ,
les lymboles , lonr prefque les feuls ouvrages d'ef-
prit ou ks /eux de mots ont une grâce particulière ,
cV dans leiquels ils font proprement à leur place.
Jeu le dit de la chofe qui fert à jouer. Un jeu d'É-
checs, de Dames, de Trou-madame, de Quilles, &
lur-tout d un jsu de carres.
Jeu , fe dit figurémcnt de phificnrs chofes par relation
au ,eu. Ami, on dit d'une chofe que quelqu'un fait
lacilement , ;qu'on s'en fait uny.^« , que cette affaire
nelt quun /eu pour lui , que les plus grandes fati-
gues ne lui font que jeu. On dit à la Guerre , qu'un
tel Capitaine commença le jeu ; pour dire , qu'il
commença l'attaque, la bataille : que le jeu fut fort
lang ant; pour dire, qu'on y tua bien du monde ;
que le jeu de la mine, du fourneau, fit une grande
brèche. On dit auili qu'un homme donne beau /« à
on ennemi ; pour dire , lui donne des facihtés de
J^ attaquer, qcs occafions de le critiquer.
M' On dit qu'un homme joue un jeu à fe perdre à
le laire mettre à la Baftiilc , à fe faire pendre : qu'il
joue bien ton jeu , pour dire qu'il eft di.'Iîmulé, qu'il
cacne bien (es dclleins : qu'il fiit jouer le jeu par
un autre, quand il agit par une tierce pcrfonne : que
Ion connoit ion jeu , pour diic fes rufes , les finef-
les. La (cience de dilhmuler eft d'un grand ufage;
on ne montre fon jeu que quand il eil: lûr. Ameu
Si un honnête homme raille, fa gaieté ne tend qu'à
divercir ceux qu'il met en jeu. Les impics croient
r 6
I E U
que la vie n'eft qu'un /ta où règne le lulard. Bo.îs.
Aller à une aftaire de bon jeu ,_ c'cft-à dire , de l.i
bonne manière, y donner tous les ibins. Les gens de
bien , quand ils difputent de bon jeu , c'eft-à-dire ,
tout de bon , peuvent quelquefois reikmbler aux au-
tres hommes.
gC? On dit encore par manière de menace , vous verrez
beau jeu , pour dire , je vous en ferai repentir.
En Phyiique, on appelle jeux de la nature , Na-
ture ludenûs opéra , ces agréables diveriîtés que la
nature nous montre dans les produdions, lans qu on
en puilfc découvrir la caufe , tant dans les minéraux,
que dans les végétaux & les animaux , comme les
coquilles , Heurs , pierres , inlcéies , & autres qui font
les raretés dont les curieux emplilicnt leurs cabinets.
Il y a des Philofophes qui ont cru que les coquilla-
ges foHîles étoient des jeux de la nature. La réfuta-
tion de leur (entiment le trouve dans le Traité de Li-
thologie & de Conchyliologie de M. d'Argcnville.
Cet Auteur avoue qu'il y a des pierres qui font véri-
tablement des jeux de la nature. Les Agathes arbo-
rifées , ou herborifées , appelées Dcntrkes , les pier-
res de Florence qui reprélentcnt des Villes , des pay-
fages , d'autres des arbres & des feuillages , ne doi-
vent point s'attribuer au déluge ; elles (ont crues
depuis , &c criiiirent encore naturellement tous les
jours.
ifT Les fuigularités des jeux de la nature dans le corps
humain , confiftent dans une conformation particu-
lière d'une ou de plufieurs de les parties , ditlérente
de celle <\n\ le prélente ordinairement.
^CF Dans le règne minéral ils confiftent dans une for-
me paiticulière des pierres : forme qui eft abfolu-
. inent étrangère au règne minéral , & qui les fiit rel-
icmbler à des parties des végétaux ou des animaux ,
uns qu'on puille indiquer la caufe qui a pu leur don-
ner cette figure. Car fi la caufe en elt connue , com-
me de celles qui ont été moulées dans des coquilles,
ou qui ont reçu l'empreinte de quelque corps , on
ne peur plus les appeler des jeux de la nature. En
un mot il faut que le hafard les produifc. Les corps
que la nature produit lous une forme conftante &:
déterminée, quelques finguliers qu'ils foient , com-
me les criftallilations , ne font point non plus des
jeux de la nature.
En Jurifprudence , on appelle yV/i , la coUulîon ,
l'intelligence qui eft°entre quelques parties au préju-
dice d'un autre. Cette intervention , ce dévolut lont
des jeux joués par la partie.
Jfu. Terme de Fauconnerie. Donner \z jeu aux Autours,
c'eft leur laillbr plumer la proie.
Jed-parti. Vieux mot inulité , qui lignifioit autrefois
la liberté que l'on donnoit à une perfonne de choi-
fir de deux chofes l'une. Partir le jeu , donner le
choix. Joinville dit qu'un chev.ilier ayant été pris
dans un mauvais lieu , on lui partit le jeu , d'être me-
né dans le camp en chcmile par celle avec laquelle
on l'avuit furpris , ou de perdre les armes & Ion
•cheval.
En termes de Marine, on appelle, feire jeu parti,
quand une des deux perlonnes qui ont part à un vail-
fcau , veut rompre la fociété , ik demande en juge-
ment que le tout demeure à celui qui fera la condi-
tion de l'autre meilleure , ou bien qu'on falle elli-
ncr les parts de chacun des Allociés.
Ce mot vient de jus parnum , droit des parties.
En Méch.uiique , on appelle jeu , une certaine ou-
verture convenable qui donne facilité de mouvoir les
parties d'une machine , ou de toutes autres choies
mobiles , comme d'une manivelle , d'une poulie ,
d'un rcùort , d'une porte , d'une fenêtre. Far exem-
ple , jeu du gouvernail d'un vaill'eau , eft l'ouvertu-
re qui lui donne facilité pour tourner , &z la facili-
té qu'il a à fe mouvoir. Cette porte , ce pifton , ce
contrevent a du jeu , &c C'eft à-nire , de la facili
té , de l'aiLince à exécuter les mouvcmcns qu ils
doivent avoir.
gO' En Peinture , on dit qu'il y a du jeu dans une
compofiîion , lorfque lesdifl'éreus objets ne font point
J E U
cntafTcs , (S: laiffent entre eux allez d'elpace pour la
facilité de leur mouvement.
Jeux d'eau. On appelle ainll tous les jets qui par la
différente forme de leurs ajutages imitent diverles fi-
gures , comme le verre , la coupe , la fleur de lis ,
&c. On appelle aufli jeux d'eau , ceux qui parle mou-
vement de l'eau font jouer des orgues , & autres
inftrumens.
Jeu , en termes de Charpenterie , fe dit d'une pièce
de bois d'environ treize pieds de long j & de quin-
ze pouces de grofteur , où pofe & tourne l'arbre
d'un moulin à vent du côté de la tête où font les
volans.
En Efcrime , &: chez les Maîtres d'armes on ap-
pelle jeu , tant pour le fleuret que pour les autres
armes , la manière de les manier , & d'en faire l'exer-
cice. Son jeu eft de f e couvrir , de parer. On appelle
]eu fimple , celui qui fe fait avec vîtefle lur une li-
gne , qui dans l'oftenfive doit avoir pour objet prin-
cipal tout ce qui fe peut entreprendre , en poullànt
ou paliant d'un point à l'autre dans un feul temps à
la partie la plus découverte de l'ennemi , en quelque
forte de grade que ce foit. La defenllve lîmple con-
iiftc à parer & repouffer les coups qui lont portés
par l'ennemi.
Le jeu compop. dans l'oflenfive comprend toutes in-
ventions polllbles pour tromper l'ennemi , en lui fai-
larit découvrir la partie qu'on a delfein de lurpren-
dre par finelle, ne l'ayant pu faire par la force _, ni.
par la vîtelle du jeu fimple , dont les principaux
moyens font les feintes , les appels , les engagemens
& battemens de l'épée , les demi-coups , 6'c. Et dans
la défenfive , c'eft de porter en parant.
Le jeu coulant , eft quand on gagne la mefure , en cou-
lant ou traînant le pied gauche après le droit contre
celui qui recule , ou qui pare , ou qui a une épéc J
plus courte. Toutes lortcs de icintes , engagemens , '
battemens & autres (ortes de coups , fe peuvent pra-
tiquer dans le jeu coulant contre ceux qui n'ofent en-
trer en mefure. |
On appelle le jeu de la pointe de l'épe'e , quand 1
on l'élève au delîus de celle de l'ennemi , en baïf- j
lant le poignet & le pommeau , foit en poullànt ,
paliant, failant feinte ou appel, &c.
En termes de Mulîque , on appelle un jeu de vio-
les , de hautbois , de mufettesj les inftrumens qui
font les quatre parties qui font néceifaires pour un
concert. Un jeu d'orgues , la machine qui compolc
l'orgue , tant le grand buftét que le pofitif. Les jeux
de l'orgue font des rangées de tuyaux qui font des
tons ditiérens , qui lont quelquefois au nombre de
cinquante , comme le preftant , le cromorne , le bour-
don , qui feront expliqués à leur ordre. Il y a auilî
les jeux d'anche, lesyV//.v bouchés, les pédales , &c.
Le plein jeu eft compofé de l'alFemblagc de plulîeurs
autres. C'eft le huitième diapafon de la Mufette ,
qu'on appelle aulîl le huit. Le quatre , le lîx , le lept
«iv le neuf J font des diapalons très-agréables ; mais ils
ne font pas iî naturels au chalumeau que le cinq ,
nommé l'entre main , & le huit , qu'ordinairement oii
appelle le plein jeu.
Jeu a couvert. /Vye:^ Jouer a couvert.
Jeu a découvert. Voyer^ Jower a découvert.
Jeu , fe dit aufli de la m.anière de toucher tant les or-
gues , que les autres inftrumens. L'un a un jeu trif-
te , l'autre gai. Un tel a le jeu de G.autier pour le
luth , de Hotteman pour la viole , de Baptifte pour
le violon , c'eft à-dire , il tâche d'imiter ces Maîtres ■
de l'Art. ^ _ "
Jeu ou Gieu-tarti. f. m. Pièce de Poëlle en dialogue,
Gloj]: des Po'éf. du Roi de Nav.
Jeu j en terme de Mvthologie , eft une Divinité qui
prélide à tous les agrémens du corps & de l'elprit,
mais fur tout à ceux de l'efprit , & on lui attribue
tous les agrémens qui le trouvent , loit dans les pcr-
fonnes & leurs m.anières , loit dans les ouvrages d'el-
prit. L'on ne dit guère ce mot en ce lens qu'au
pluriel. Jocus. On repréfente les jeux comme de
jeunes enfans , nus , rians , & badinans toujours ,
mais
JE U
J EU
mais avec grâce. Ramirez de Prado a donne dans
(es Notes lur Martial , une figure ancienne de ce
Dieu trouvée en Allemagne , il y a deux à trois cens
ans.
En Poëfie, on dit que Vénus a à fa fuite les jeux ,
les ris , les amours ; pour dire , toutes les clioles agréa-
bles. Les Jeux, les Ris , Se les Grâces luivoicnt par-
tout les innocentes Bergcrcs. Fén.
Les jeux & les appas
Marchent à votre fuite j .
Et naijjcric fous vos pas. Des-Houl.
Les anciens appeloient jeux , des vers amoureux ,
ou badins , ou hiits iur de petits (ujets. Dac.
fjCr On appelle jeu de Théâtre , certaines actions des
AAeurs qui coniiitent ordinairement dans des mi-
nes & dans des gelles. Il y a des jeux de théâtre qui
font plailir.
On appelle encore jeu la manière dont un Comé-
dien reprélente , rend Ion rôle. On dit au(lî qu'un
Comédien a le jeu beau , quand il a bonne mine ,
qu'il a le gefle beau , l'aétion belle , la parole li-
bre ; enhn quand il joue bien Ion rôle.
Jeux , au pluriel Ce dit des fpedacles , des repréfenta-
tions publiques qui le hilbient chez les Anciens ,
comme les jeux Olympiques , & Pythiques chez les
Grecs ; les jeux du Cirque chez les Romains. Home
te & Virgile ont décrit des jeux célèbres, des com-
bats de prix , faits à l'honneur de Patrocle & d'An-
chife. Les principaux jeux des Anciens iont les jeux
Acliaques , jeux Aponinaires , jeux Capitolins , jeux
de Ccrès, jeux an Cirque , jeux Équeii:res,yei^A; flo
raux , jeux ifélaftiques , jeux lithmiens , jeux Ju-
venaux , jeux Funèbres , jeux Hiéroniques , jeux
Je la Jeuneire , jeux de Mars , jeux Mégaléiîens ,
jeux Néroniens , jeux Olympiques , jeux Plébéiens ,
jeux Pyrriqucs j /c^^.v Pythiens jyci/.v Romains , jeux
Scéniqucs , jeux Séculaires j jeux Troyens. f^oye-^ les
noms particuliers de ces jeux en leur place , par
exemple ; Actiaques , Apollinaires , i-c.
Il y avoir un ancien décret du Sénat de Rome , qui
VOuloK que les jeux publics fullent conlacrés & unis
avec le culte des Dieux. Aulone a obiervé cette dif-
férence entre les quatre jeux célèbres de la Grèce ,
qu'il n'y en avoir que deux dédiés aux Dieux , S>z deux
au< Héros. Les Auteurs anciens reconnohîent trois
fortes de leurs jeux , qu'ils nommoient courfes y com-
bats ôc fpeciacles. J^oye-^ dans l'Iliade d'Homère les
jeux que fit Achille à la moit de fon ami Patrocle,
& dans -l'Odyllée les jeux dillérens chez les Phéa-
ciens , à la Cour d'Alcinoijs , & à Ithaque , &c. &
dans Virgile , les jeux d'Énée au tombeau de fon
• père Anchife. Les premiers s'appeloient Ludi equef
tresfve curules , qui étoient des courfes qui fe fai-
foient dans le Cirque dédié au Soleil & à Neptune.
Les féconds s'appeloient Agonales feu gymnici , qui
étoient les combats & les luttes , tant des hommes
que des bctes _, qui ie fiiioient dans l'amphithéâtre
dédié à Mars Se à Diane. Les rroifièmes s'appeloient
ScenicL , Poëtici Se Muficï. C'étoient les Tragédies ,
Comédies & Ballets , qui fe repréfentoient iur les
théâtres dédiés à Vénus , à Bacchus , à Apollon , &
à Minerve. Tcrtullien , Clément d^ Alexandrie , S. Cy-
prien , & S. Auguftin ont écrit de ces jeux après les
Grecs.
En Efpagne , il y a encore des jeux de cannes ,
i<. des courles de taureaux , qui font des efpèces de
jeux publics , comme étoient autrefois les joutes &
les tournois. Conftantin fut le premier qui défendit
les jeux fanglans de l'amphithéâtre après fon baptême ,
comme Sozomène & Eusèbe l'ont remarqué , & com-
me on voit au titre 1 2 du livre i ; du Code Théo-
dofien.
En France , on n'appelle jeux , que les Tragédies
des Collèges j les jeux des prix d'arquebufe , &c d'ar-
balètes , que font quelques corps de bourgeois , ou
de méricrs , en plufieurs villes de France.
A Touioufe, on appelle Jeux Floraux, ^ ou
Tome V,
T7
Académie des Jeux Floraux, une afTemblée qui le
tient à Touloulc , dans laquelle on diitiibue des i-iix
à ceux qui ont le mieux réuin a faiie des vers, ou
un dilcours d'éloquence lur les fujcts qui ont été pro-
polcs. Ce nom leur vient de ce que les prix qu on
diltnbue , reprélentent des Heurs en or & en argent ,
comme une églantine , un fouci , 6'c.
I^Jeu de Fief.'l'cinK de Jurifprudence, A^oyeç Fief ,
DÉMEMBREMENT. Sc jOUCr dc foll hcf.
Jeu , le dit proverbialement en ces phrafcs. On dit jeu
de main , /eu de vilain ; pour dire , qu'il ne faut point
fe divertir en frappant , ou en le mettant en danger
de blellcr. On dit auill , on verra beau jeu Ci la cor-
de ne rompt J par âllufion aux Danfeurs de corde,
quand on promet de faire voir des choies extraordi-
naires. On dit aullî , ce n'eft pas un jeu d enfant i
pour dire , qu'il s'agit d'une chofe Itrieulc , impor-
tante , à laquelle il faut bien penfer , i\: dont il n'eft
pas permis de fe dédire. Il fe dit auill des pcrfon-
nes d'âge qui fe divertillentj qui raillent, qui lé que-
rellent. On dit aulli , cela eft plus fort que jeu , quand
on oflenlej ou qu'on blelfc quelqu'un , quand on
croit fimplement fe divertir. On dit aulli , faire bon-
ne mine & mauvais jeu , ou à mauvais jeu j quand
on diillmule, quand on cache le mauvais état de fes
affaires par une grande dépcnfe _, ou un témoignage
extérieur de fatisfaélion. On dit aullî qu'on joue à
jeu lûr, quand on a de bons gages, de bonne fiire- /
tés des aftaires qu'on entreprend. On dit aulII d'une
affaire qui n'apporte guère dc profit , que le jeu iie
vaut pas la chandelle. Oi\ dit aulU , à beau jeu beau
retour j quand on menace de rendre le change à ce-
lui qui nous a fait quelque injure. On dit aufîî que
deux hommes (ont à deux de jeu , quand on a re-
pris fa revanche de l'autre , iorlqu'ils n'ont point
d'avantage l'un fur l'autre. On appelle aulli jeux de
Prince , ceux qui ne plaifent qu'à ceux qui les font ,
quand quelqu'un fe met en danger , pour leur don-
ner du divertiflement. On dit auffi , tirer fon épin-
gle du jeu^ , lorfqu'on fe dégage d'iuie affaire dont on
a mauvaiie opinion j qu'on en retire ce qu'on y a
mis. On dir, c'eft le vieux /ck, on n'en rit plus, à
ceux qui apportent de vieilles pièces , qui font de
vieux contes qu'ils font palier pour nouveaux. On
dit qu'un homme qui eîl heureux au jeu , fera mal-
heureux en femme, qu'il a fur lui de la corde de
pendu. On dit d'une choie perdue ou égarée , je ne
fais à quel jeu j'ai perdu cela. On le dit auiîi de ceux
qu'on avoit coutume de voir , &: qu'on ne voit plus.
On dit de ce qu'on fait avec jullice & raifon , que
c'ell le droit du jeu. On dit aulli qu'on met une
perlonne en jeu , lorfqu'on la cire , ou qu'on l'in-
térelîe dans une affaire. On dit à quel jeu jouez-
vous ? quand une perfonne ne va pas droit , ou fait
quelque aélion à fe faire maltraiter _, vous jouez un
jeudi vous faire pendre. On dit , c'eft un jeu jouéj
pour dire , c'eft une feinte concertée entre des per-
lonnes qui s'entendent. Acad. Fr.
lEU (Ille d') Nom d'une petite ile de l'Océan. Aia ou
Oïa infula. Elle eft fur les côtes de Poitou , à treize
lieues environ de la contrée qu'on nomme l'Arbau-
ge. On trouve en Latin Ogia , ce qui a fait que
quelques-uns l'appellent en François l'île de YOie ,
mais mal. Beaucoup moins faut-il l'appeler l'ile des
CEufs , infula ovorum , comme a fait Mallon. Quel-
ques uns l'appellent l'Ile de Dieu. Ils le trompent
aulli. D'autres file-Dieu \ mal encore. Il faut dire
Vile d'Ieu. Voyc-^ Valois. Notit. Gall. p. 390.
JEUDI, f m. Jour de la femaine qui eft entre le Mer-
credi & le Vendredi , qu'à l'Eglile on appelle la
cinquième Férié. C'eft le cinquième jour de notre
femaine. Dies Jovis. On célèbre les Fêtes du Saint
Sacrement &: de l'Afcenhon le Jeudi. Le Jeudi ahfo-
lu eft le Jeudi de la Semaine-Sainte , qu'on appelle
plus communément le Jeudi-Saint , auquel on célè-
bre l'inftiturion de la très frinte Euchariftie. Autre-
fois on diloit deux Méfies le Jeudi-Saint , l'une le
matin , &: l'autre le foir , comme il paroît par le
facramentaire du Pape S. Gélafe. On le réjouit le
H
5S
J E U
J E U
Jeudi gras , & le Jeudi de la Mi - Caicmc. I
On dit proverbialement , en parlant d'une chofe
impoiFible , qu'elle le fera la leniaine des trois Jeu-
dis , trois jours après jauiiiis ; quoiqu'en parlant en
Aftronome elle pût arriver à l'égard de deux hom-
mes , dont l'un auroit fait le tour de la terre en al-
lant par l'Orient , & l'autre par l'Occident , & qui
en rencontreroient un troilième qui n'aïuoit bougé
du lieu. Car alors chacun pourroit compter un Jeu-
di en trois jours diftérens.
Ce mot vient de Jovedi , ou Jovis dics , jour de
Jupiter. Chez les Payens , ce jour étoit conlacré à
Jupiter; d'où lui vient fon nom. Jovis dies. On ccri-
voit autrefois Jœudi , & les Italiens dilent encore
^giovedi.
JÉVER. Petite ville du Cercle de Weftphalie Jeveria.
Elle eft dans le Comté d'Oldenbourg , au couchant
du Golfe de Jade , & aux contins du Comté d'Embde ,
dont elle dépendoit autrefois.
JEVERLAND. Contrée d'Allemagne , dans la Weft-
phalie : elle renferme trois petits pays , le Wanger-
land , l'Oftringen & le Ruftringen.
|fc? JEUN. Terme qui n'eft ufité que dans cette fa-
çon de parler adverbiale. Être à jeun , n'avoir rien
mangé de la journée. Qui eft à jeun. Jejunus. On
doit recevoir l'Euchariftie à jeun.
IJO" Et la moindre difgrace ,
Lorfque je fuis a jeun , me faijit , me terrajfe ;
Mais quand j'ai bien mangé , mon ame eft ferme à tout.
Mal.
fer Boilf.au a employé ce mot au figuré, en parlant
d'un Orateur froid , fec & languillant. Cet Orateur
paroît , pour ainfi dire , toujours à jeun , il a une
langueur d'efprit qui n'échauffe , & qui ne remue
point l'ame. Les Latins ont dit de même , Jejunus
animus , efprit maigre , ftérile. Jejuna oratio , dif-
cours fec , décharné. Jejuna terra , terre maigre ,
avide.
§Cr JEUNE, adj. de t. g. Qui n'eft pas avancé en âge.
Juvenis. Ce terme eft relatif , ôc s'étend à plus ou
moins d'années, fuivant la qualité des perfonnes ou
des chofes. Il fe dit des hommes , des animaux &
des plantes. IJn jeune enfant. Un /eù/ze_ garçon. Une
jeune fi\k. Un jeune homme.Vn jeune fou. Un jeune
étourdi.
Un jeune homme toujours touillant dans /es ca-
prices J
EJl prompt â recevoir l'imprejjion des vices ,
Eft vain dans /es difcours , volage en fes defirs ,
Rétif à la cenfure , & fou dans Jcs plaifirs. Boil.
Ce mot vient du Latin juvenis , qui fe tire du ver-
be juvare , aider. La jeuneffe eft l'âge où l'homme
eft devenu capable de s'aider lui-même , & de 1er-
vir les autres. C'eft en ce (ens que parmi les Latins
on appelle juvenci , les jeunes bœufs , quand ils
commencent à pouvoir fervir au labourage.
|Cr Jeune , fe dit aulfi de celui qui conferve encore la
vigueur &c l'agrément de la jeunelle. Dans un âge
avancé. Il a le vilage aufti jeune que s'il n'avoit que
vingt ans. Il a la voix jeune , l'humeur jeune. Juve-
nilis.
ffT Jeune , dans la fignification de cadet. Natu minor.
En parlant de deux frères , on dit , un tel le jeune ,
pour le diftinguer de fon aîné.
.|)Cr Jeune , fe dit encore par rapport aux emplois ,
aux dignités qu'on ne confie ordinairement qu'à des
perfonnes avancées en âge. Il eft encore bien jeune
pour poUéder un tel emploi. Id <ctatis cjl. Il a été
fait Maréchal de France bien jeune.
Jeune , fe dit de l'elprit , quand il n'eft pas mûr , fige
& pote. C'elf un jeune étourdi , un jeune évaporé.
Cet homme fera jeune toute fa vie. Il a fait là un
tour de jeune homme. Il y a des gens plus long-
temps jeunes que d'autres. B. Rab. Vous avez des
manières jeunes qui ne vous conviennent paS. M.
SCUD.
Jeune. On dit , dans mon jeune âge , dans fon jeûna
temps : & poétiquement , dans mz jeune faifbn , pour
dire , lorfque j'étois jeune. Et on dit aulfi poétique-
ment, jeunes AéÇixs , jeune ardeur , jeune courage ,
en parlant des délirs , de l'ardeur , tk. du courage d'une
jeune perfonne. On dit d'un homme qui eft déjà dans
l'âge, qu'il a encore le goût jeune , pour dire , qu'il
aime les plaifirs , les divertillemens de la jeunelle.
Ac. Fr.
0Cr On le dit auflî de ce qui eft dans fa vigueur j dans
fa force. Dans la jeune faifon. Les Poètes fur tout
l'emploient pour iîgnifier violent , ardent. 'Malherbe
a dit de jeunes défirs -, Bertaut , brûler d'une jeune
envie ; Mad. des Houlières a dit une jeune prairie ,
pour une prairie naillante.
Ip° Ni le naijfant émail d'une]tm\C prairie.
1^3" Corneille a employé ce mot d.ins le Cid, en fai-
fant dire à Elvire ;
Entre tous ces amans dont la jeune ferveur
adore votre fille , & brigue ma faveur.
ffT L'Académie en réprouvant le mot de ferveur , qui
n'eft admis que dans la langue de la dévotion , ap-
prouve l'épithète jeune.
§CF M. de Voltaire obferve que le mot de jeune con-
vient très bien aux pallions de la jeunelfe. On dira
bien leurs jeunes amours , mais non pas leur jeune
colère , ma jeune haine. Pourquoi ? Parce que la co-
lère, la haine appartiennent autant à l'âge mur y ôc
que l'amour eft plus le partage de la jeunelfe.
Jeune. Epithète, ou Surnom pour diftinguer deux per-
fonnes. Plulieurs Rois de France font furnommés le
Jeune. La Chronique de S. Vandrille nomme Thier-
ry le jeune en 723 i & Dagobert le Jeune en 715.
Charles le Chauve eft furnommé le Jeune dans le
Cartulaire de Perfy. Louis VII a été furnommé le Jeu-
ne , pour le diftinguer de fon Père. Le furnom lui a
été donné de fon vivant dans une chartre de l'an
II 43 , &C dans un monument du ij Juillet 115J,
qui fe trouve dans Marlot. Saint Louis eft appelé
le Jeune dans la Chronique de Rouen du P. Labbe ;
Se dans l'Épitaphe du Prince Jean fon fils qui mou-
rut de fon vivant l'an 1 147. On dit , Pline le Jeune ,
Corneille le Jeune.
fJCF Jeune , fe dit de même des animaux , par rapport
à l'âge qu'ils ont accoutumé de vivre. Un jeune chien.
Un jeune oifeau.
Jeune, fe dit aullî des plantes. Novellus , recens. Ces
laitues font encore trop jeunes poux être replantées.
LiGER. Cet arbre , quoique jeune , a donné de beaux
jets. Idem.
Jeune, fe dit proverbialement en ces phrafes. Aulîîtôt
meurent /6-««« que vieux. On dit , que le diable étoit
beau , quand il étoit jeune. On dit faire la part au
plus jeune , quand un plus puillant en partage un au-
tre, tk prend la meilleure part pour lui. On dit quand
on a confommé la meilleure partie de quelque cho-
fe , que le refte en fera bien jeune. On dit aulîi jeune
chair & vieux poillon. On dit encore d'un homme
qui mange beaucoup , qu'il eft aftamé comme un
jeune levron , & de celui qui eft folâtre , qu'il eft
fou comme un jeune chien. On dit aullI à celui qui
veut reprendre un plus vieux que lui , vous .avez la
barbe trop jeune -, <Sc en parlant d'un ignorant , il
eft encore jeune , il en apprendra. On dit au Palais ,
jeune Procureur &c vieux Avocat. L'n jeune Médecin
vit moins qu'un vieux ivrogne y dit Régnier.
Jeunes. On appeloit autrefois les jeunes d'un Duc ou
d'un Comte , les Officiers lubalterncs qui dépendoient
d'eux. Les Châtelains , Viguiers , Centeniers , Fo-
reftiers , & autres , étoient les jeunes des Comtes.
Dans l'Églife ceux qui avoient les Ordres mineurs
étoient appelés jeunes. Cette expretlîon s'étendoit
jufques dans les plus viles profelllons. Les appreu».
J E U
tifs croienr appelas les jeunes d'un tel ouvrier. On
difoit le jeune d'un niouiin , pour un gardon meu-
nier.
JEÛNE. La prcinicre fyllabc s'alongc. f. m. Jcjunïum.
Ce mot, d.ins une ligniiication générale, iii/nilic la
même chofc qu'abllmence d'alimcns , privation de
nourriture. C'cft dans ce fens qu'on dit d'un hom-
me qui a été long-temps ■Tans manger , qu'il a fait
un Jong jeune. Les ennemis ont fait faire un long
jeûne à la garnilon de cette ville allîégée. Les Mé-
decins ont hiit hirc un long jeune à ce malade , à ce
convalefcent , ils lui ont défendu de manger. Un peu
de jeûne prévient bien des maladies.
tfT Jeune , fc dit plus ordinairement & plus parti-
culièrement d'une ablfinence longue &: volontaire
de toutes fortes d'alimcns , comme quand on dit ,
le jeûne àc Moyfe , le jeûne de J. C. &e. & de l'ab-
ftincnce de vimde , ordonnée par l'Églife, en ne fiii-
fant qu'un repas dans la journée , avec une légère
collation. Le jeûne eft de pratique eccléfiaftique. Le
vrai jeûne conhile à ne faire qu'un repas par jour
en 24 heure?. C'eft par indulgence qu'on foutire une
collation les jours de jeûne. Les Vigiles , les Quatre-
remps & le Carême , font des jeûnes de commande-
ment. Le Peie ThomalTîn dit qu'anciennement le
jeûne étoit foupcr Ims dîner , & conhlloit en un re-
pas qu'on taitoit après None ; & que dîner lans lou-
per étoit ablolument rompre le jeûne. L'ancien u(a-
ge de l'Eiiife Latine étoit de faire un jeûne de 36
jours , qui éroit comme la dîme de l'année , qu'elle
confacroic à Dieu. Les Auteurs Eccléhaftiques diftin-
guent pour l'aullérité les jeûnes du Carême des au-
tres. Autrefois il n'étoit permis de manger en Carê-
me qu'après Vêpres , & les .autres joiu-s àz jeûnes feu-
lement après None ; & c'eft pour cela qu'aujour-
d'hui , depuis le famedi après les Cendres jufques à
la fin du Carême , on dit encore Vêpres avant le
repas , mais on prend aujourd'hui le repas à la mê-
me heure , en Carême , & les autres jours de jeûne.
Dans le Livre d'Hermas appelé Pafteur , l'Ange lui
dit : Le jour que tu jeûneras , tu ne prendras rien que
du pain &: de l'eau , & .ayanr fupputé ce que tu as
accoutumé de dépenfer par jour pour ta nourriture ,
tu le mettras à part & le donner.is à la veuve ^ à
l'orphelin & au pauvre. Le jeune y eft nommé fta-
tion : & celui qui jeûnoit, commençoit dès le matin
à fe retirer pour prier. Saint Fructueux allant au
fupplice, pluheurs, par un mouvement de charité, lui
ottroient un breuvaç;e pour le fortifier ; mais il dir :
il n'eft pas encore l'heure de rompre le jeûne ;. car
il n'étoit que dix heures du matin, & c'étoit le ven-
dredi, jour de ftation. On voit ici l'exaftitude des
Saints à garder ces pratiques ; & qu'ils croyoicnt que
boire rompoit h jeûne. Fieury. Tertullien écrivit'un
Traité des jeûnes , pour iouteiiir les nouvelles loix
que les montaniftes vouloient inipofer en cette ma-
tière. Les Catholiques reconnoilîoient pour ;£//«(? j d'o-
bligation dans la Loi nouvelle ceux qui précédoient
la Pàque , en mémoircde la patîîon de Jesus-Christ,
&: que Ton a nommés depuis le Carême. Fleury.
Ce jeûne de la Pâque durcit jufques à l'heure de Vê-
pres , c'eft à-dire , jufqu'au foir. Il y avoir d'autres
jeûnes , qui n'étoicnt que de dévotion ; favoir , toutes
les femaines la quatrième & la fixième Férié , c'eft-
àdire;, le Mercredi & le Vendredi: ce jeûne s'ap-
peloit la Station. Il y avoit àt-i jeûnes commandés par
les Évêques , pour les bcfoins des Éghfcs ; & ceux
que chacun s'impofoit par fa dévotion particulière.
Ces jeûnes de dévotion neduroient que jufqu à None.
Quelques uns ajoutoient au jeûne la Xérophagie ; c'eft-
à-dire , l'ufage des viandes sèches , s'abftenant non-
feulement de la chair & du vin , mais des fruits vi-
neux & fuccuiens; & quelques uns fe réduifoient au
pain &: à l'eau; mais ces auflérités étoient de dévo
tion. Tels étoient les jeûnes des Catholiques , félon
Tertullien même , que l'on ne foupçonnera pas de
les avoir ftatrés en ce traité. Id.
ff3' Il y aufll des jeûnes parmi les Proteftans , & les
Calvimftes^, qui ne diffèrent des nôtres que parce-
Tçme P^.
JEU J9
qu'ils peuvent manger de la viande , &: qu'ils ne font
qu'un repas après le folcil couché.
fO' Jeuni; , le dit encore de l'.abftinencc qui eft prati-
quée par les Mahométans , dans leur Ramad.m , ain-
h que de celle qui eft en ufage parmi les idolâtres.
f^oye^ Ramadan.
§3 Du Loir dit que les Turcs font fi fcrupuleux fur
l'article du jeûne , qu'ils ne veulent pas même rece-
voir par le nez la hmiée d'un parfum; perfuadés que
les odeurs rompent le /tv/rte. S'ils fe baignent, ils n'o-
fcnt mettre la tête dans l'eau , de peur d'en avaler
quelques gouttes; 6c les femmes ne le baignent point
du tout.
U^' Les Jeûnes des Caloyers font fi rudes , fuivant les
différentes relations , qu'il y en a qui demeurent fcpt
jours lans manger.
33" Les Grecs appellent le Carême fimplcment li: Jeû-
ne. Sur les jeûnes des Grecs, P^oye^ les Voyagis de
Spon. p. II.
^fJ' Hérodote rapporte que la Fête d'Ilis étoit accompa-
gnée d'un jeûne folemnel en Egypte.
^fJ" Cet ufage s'établit de même chez les Romains. Nu-
ma Pompilius obfervoit des jeûnes avant les facrifi-
ces qu'il offroit chaque année pour les biens de la
terre. On ordonnoit auill quelquefois des jeûnes pu-
blics dans la vue de détourner les malheurs dont on
croyoit la République menacée.
L'ulage & la coutume du jeûne eft plus ancienne
que le Chriftisnilme. Les Ifraclites jeûnoient fouvenc
& avoient des jeûnes réglés. Le jour de l'expiation j
qu'ils appeloient Kippurim , étoit un jour de jeûne
ordonné au Lévit. XXIII. 27 & Jûiv. Quelques uns
croient que c'eft celui dont parle S. Paul , Acl.
XXVII , p. Les Ifraclites eurent aulî! des jeûnes éta-
blis par un précepte de la Synagogue. Tels étoient
celui du quatrième , du cinquième & du dixiè-
me mois , dont parle Zacharie , VU , /. & VIII
I ç. Les Gentils prirent .luffi cet ufage , & apparem-
ment ce tut du peuple de Dieu qu'ils le prirent.
Ils jeûnoient aux Éleuiniies , comme il paroît par
Arnobe & par Clément Alexandrin. Voye-[ Sau-
MAisE iur Solin,^. i jO. & Scaliger , Poèt.L. I ,
Jeûne , le dit aufli de l'abftinence d'autres chofes que de
la nourriture. Saint Auguftin dit que le plus grand
jeûne eft de s'abftenir des vices.
On dit proverbialement , double jeûne , double
morceau. On ditaulli d'une chofe qui ennuie, qu'elle
eft longue comme un jour de jeûne , ou un jour fans
pain.
JEUNEMENT. adv. Nouvellement. Terme de chaf-
le , qui n'a d'ufage que dans cette phrafe. Un cerf
de dix cors jcuncment : c'eft à dire, qui a pris depuis
peu un cors de dix andouillers de chaque ccité.
^fs JEUNER, v. n. Oblerver \es jeûnes ordonnés par l'E-
glile. Je/unare , jejunium fervare. Jeûner régulière-
ment. On a be.iu jeûner, c'eft ne rien faire , h on ne
ferme les avenues de fon cœur à la vaniré. Jeûner âU
pain Se à l'eau , c'eft vivre feulement de pain Se ne
boire que de l'eau.
On dit proverbialement : yêz2/2e bien qui ne man-
ge rien.
On dit aulî, jeûner à feu 8c à fang , jeûnera, fer
émoulu , pour dire , jeûner avec une extrême exac-
titude, & dans toute la rigueur du jeûne.
ifl Jeûner , fignifie aufll manger peu , ou moins qu'il
ne hiut , ioit par une abftinence volontaire , foit par
une abftinence forcée. Ahjiinere cïho. Les gens re-
plets doivent fouvent jeûner pour fe bien porter. Les
Médecins font tellement jeûner leurs malades , qu'ils
leur citent (ouvcnt toutes leurs forces. Les Bramines
ne font jamais laigner leurs malades , mais ils les
font jeûner.
U3" Faire jeûner un arbre. Terme de Jardinage. C'eft
lui retrancher une partie des fucs de la terre. Quand
un arbre poulie plus vigoureufement d'un côté que
de l'autre , il faut le faire jeûner. Pour cela on le dé-
couvre jufqu'aux racines , & l'on met de la terre mai-
gre , ou du fable à la place de la gralfe qui y étoit.
Hij
6o
J E U
On fouille de même du côté maigre , on fu'oftitue de
bonne terre à celle qui y étoit , ou bien on l'ainc-
liore par des engrais convenables. Cette opération
jointe a quelques autres que l'on peut pratiquer pour
arrêter la sève dans les parties trop vigourcufes ( foy.
Goiirmand), produit le changement qu'on atten-
doit en augmentant d'un côté la quantité des lues
nourriciers , &c en la dnninuant de l'autre.
tfr JEUNESSE, f. f. Partie^ de la vie de l'homme
qui eft entre l'entance & l'âge viril. Juventus. Il ne
ie dit guère que des perfonnes. Elle s'étend jufqu'à
30 ou 35 ans.
Les Jurikonfultes ne font qu'un fcul âge de la
jeuneffe , & de la virilité. La jcunejj'e a plulieurs de-
grés , comme il a été dit au mot de jeune. On com-
pare la jeuneffe à l'été , parce que la chaleur de la
jeuneffe efl véhémente. Le Prince étoit encore dans
û plus tendre , dans fa plus verte jeunejj'e. Je foup-
çonne ceux -qui condamnent tous les plaifirs dans la
pïemiè'ie /euneff'e , de n'être chagrins , que parce qu'ils
n'en jouillent plus. M. Scud. Celles qui avoient pat-
fé la premiiie jeuneffe , & qui {-aifoient profellîon du
ne vertu plus aullèrej étoient attachées a la Reiijc.
P. DE Cl. La grande jeunejje cfl incapable de réfle-
xions. B. Rab.
Les hommes prennent plailîr à voir les chofes qui
leur donnent des idées de jcunejje , & de vie ; au lieu
qu'ils ne regardent pas volontiers celles dont la dé-
cadence leur remet devant les yeux la nécclîîté ir.évi-
table de mourir. Bouh. Il laut iailîer à la Jeunejje le
mérite de plaire : c'eft un privilège qu'on ne peut
lui difputer impunément. Bell. La jeunejfe fe laifle
toujours prendre aux premières apparences. Le P. leB.
La jeunelfe en fa fleur hrïlle fur fon vifige. Boil.
Jeunesse , lignifie encore , manque d'expérience j em-
portement de l'âge , rolies , imprudences de la jeu-
neffe. C'ell un trait de jeunejfe qu'il lui £iut pardon-
ner. Le Favori étoit audacieux , indocile & préfomp-
tueux ; défauts ordinaires de la jeuneffe Se de la for-
tune. J'ai été trompé par la vanité , & par l'aveu-
glement de la jeunejfe.
Jeunesse, (éprend aulîl colledlivement , de ceux qui
font dans la jeunejfe , & même de ceux qui font dans
l'cnlance. En ce Collège , en cette Académie , on
inllruit bien la jeunefe. Ce Précepteur lait bien l'art
de conduire la jeunejfe. Toute la jeunefe de la ville
fut en armes à l'entrée du Prince. Ancicjinement à
Rome les jeunes gens laitoient des courles de che-
vaux fous la conduite d'un chef, qu'on appeloit Prin-
ce de la jeunefe. Princeps juventuds. Les Empereurs
ont donné ce titre depuis à celui qir'ils dcliinoient
pour leur fuccéder à 1 Empire. Suétone rapporte que
Caliyula , après avoir adopté Tibère Ion Irerc , le fit
appeler le Prince de la jeunefe.
Jeunesse. Ce mot le dit aufli quelquefois des chofes ,
lefquelles ont quelque rapport aux pcrlonnes. L'an-
tiquité des fiècles eft: la jeuneffe du monde , & à
bien compter nous lommes proprement les Anciens.
Bouh.
On appelle dans le ftyle familier jeuneffe , une
aétion , une chofe telle qu'il n'y a que les jeunes
gens qui la fallent ordinairement , comme certains
excès de vivacité , de galanterie , de bonne chère. Il
ne faut pas qu'il y ait de grands excès , ni de grands
délordres , pour que ces actions s'appellent du nom
à.e.jeune[fes. Peut-être pourroiton agrandir les objets
à qui ne lauroit pas auili bien que moi la manière
dont on vit à Rome , &z l'indulgence qu'ont toujours
eu les Papes pour les jeunffes des Étrangers. M. De
Lionne. Il a bien fait des jeuneffes.
Jeunesse, fe dit aullldes plantes. Il n'eft rien tel que
de bien conduire un arbre dans fa jeunefe. Liger.
Dum adhuc tener , ou recens ejl.
Jeunesse , fe dit proverbialement en ces phrafes. Jeu-
neffe eft forte à palier ; pour dire , il eil bien diffi-
cile qu'on ne fall'e quelque folie quand on eft jeune.
J E U
On dit aufll , fi jeuneffe favoit Se vieillelTe pouvoit ;
pour dire , qu'on ne rencontre pas l'expérience , la
fagelfe , avec la force Se la vigueur. On du encore
il faut que jeuneffe fe pafle , cela lignifie qu on doit
pardonner Se permettre quelque choie aux jcui:es
gens.
On dit en certaines phrafes , de jeuneffe , pour
dire , des la jeuneffe. Il eft accoutuiiii a CL-ia de jeu-
nejfe. Je fais cela de jeuneffe. Ac. Fr.
Jeunesse ou Juventas. f. f. Terme de Mythologie.
Nom dune Divinité payenne. Juventas. La Déellê
Juventas, ou Jeuneffe , prélidoit chez les Romains
à l'âge de la jeunefe , depuis que les enfans avoient
pris la robe appelée Pntcexta. La jeunefe fut ho-
norée long-temps dans le Capitole. Enfuite au temps
de la féconde guerre de Carthase M. Livius Salina-
tor lui voua un temple , il le bâtit étant Cenfeur ,
Sz ij ou 16 ans après le Buumvir C. Licii.ius Lu-
cullus le dédia. Foye^ Tite - Livc , Liv. XXXFl ,
c. 36 . Les Grecs appeloient la Décile de la Jeunefe
Hebé. Voye-[ ce mot. La Juventas des Romains n é-
toit pourtant pas l'Hébé des Grecs. Liiez Voflius , de
Idolol. L. VIII, c. J Se s-
Uniffe^-vous en leur faveur ;
Re^^ne:^ toujours , Jupiter vous l'ordonne,
Fous ^ Jeunelfe ,fur leur pcrfonne ,
Et vous Sageffe j dans leur cxur.
NOUV. CHOIX DE VERS.
Les Jeux de la Jeunesse. M. Livius Salinator , qui fut
Conful avec Cl. Néron pendant la féconde guerre
Punique , fit vœu dans un combat d établir des
Jeux de la Jeuneffe , Ludi Juventutis. Ils font difté-
rens des Jeux Juvénaux , dont nous parlerons à
leur place. Je ne fais pourtant s'ils fe célébrèrent
plus d'une fois, c'eft -à-dire, à la dédi>;ace du
lemple de la Jeuneffe que Salinator avoit auiH
voué. Foyei Tite - Live , Liv. XXXFI , c. 46.
Prince de la Jeunesse j c'eft un titre qui fe trouve fou-
vent fur les revers des médailles. Princeps Juventu-
tis. Foyei au mot Prince. GonCilve de Cordoue ,
furnommé le Grand Capitaine , avoit tant d'adrelîe
aux exercices du corps Se des armes , & il y parue
toujours avec tant de fupériorité , qu'on lui donna
le furnom de Prince de la Jeuneffe. P. Du Poncet
Jef. dans fa vie.
JEUNET , ETTE. adj. Diminutif de Jeune. Juvencu-
lus. Il cft encore trop jeunet. IJCT On ne le dit que
dans le ftyle familier & badin.
Elle eft jeunette J elle eft fleurie ,
Elle ne manque point d'appas. La Suse.
Filles cannois qui ne font pas jeunettes,
A qui cette eau de jouvence viendrait
Bien à propos , Sec.
JEÛNEUR , EUSE. f. qui n'a guère d'ufage que quand
on le joint au mot grand. Qui jeûne beaucoup. Mul-
ti jejunii tûlerans. Jejunator. Les Chrétiens Armé-
niens font de grands jeûneurs. Il r.e fe dit commu-
nément que de l'habitude , ou de ceux qui jeiincnt
fouvent. Jejunator , jejunii amans ^ jcjuniis deditus.
Cet homme eft bien mortifié , c'eft un grand jeû-
neur. Jean le Jeûneur , Patriarche de Conftantino-
ple , mourut en réputation de lainteté, l'an 5515, de
3. C Se l'Eglife Grecque honore encore fa mémoi-
re le 2*^ jour de Septembre. L'auftérité de fa vie lui
fit donner le furnom de Jeûneur. Il étoit fî pauvre
que l'Empereur Maurice lui ayant prêté plulîeuis
talens , & en ayant tiré une obligation portant hy-
pothèque lut tout fon bien , il ne fe trouva autre
choie après fa mort , qu'une couchette de bois ,
une méchante couverture de Lvine , Se un méchant
manteau.
Jeûneur , en termes d'Anatomie , eft le nom qu'on
donne au fécond des inteftins grêles , qui eft entre
le duodénum & l'ileum. On l'.appellc dulli jéjunum ,
J E Z
ou affamé , parce qu'on le trouve toujoiu-s prcfque
vide , ou bien moins ])lein que les autres , P^oyc\ Je-
JUNUM.
JEUSE. Fovf? Yeuse.
JEUVAISON. f. f. Vieux mot. Jeunellc.
JEZ. f. m. plur. Vieux mot. Yeux.
J E Z.
JEZD , ou IZED. f. m. qui cCi le nom du Dieu tout-
puid.uu en langue ancienne de Perle. On lui donne
aujourd'hui plus ordinairement celui d'Iezdan dans
h langue moderne. D'HtREtLox.
JEZER. f^ayt-'i Jazer.
JÉZIDE , JëZIDÉEN, ENNE. f. m. Se f. Terme de
Relation. Ce mot fignirie hérétique chez les Alaho-
métans. Jc^idius , a. Les Mahométans dilHnguent
parmi eux , aulli bien que les Chrétiens , des Ca-
tholiques, ou Orthodoxes , &des Hérétiques. Ils ap-
pellent les Orthodoxes Mujulmans , & les Hérétiques
Jé^idécns. LéuncLivius dit que ce nom vient d'un Émir
nommé J timide , qui tua les deux fils d'Ali , Ha-
fan & Huilèin , neveux de Mahomet par leur
mère , & qui perfécuta la poftérité de ce Prophète.
Les Agarénicns , dont il étoit Emir , ou Prince , le
regardèrent comme un impie &: un hérétique ; &
de là vint la coutume d'appeler Jé-^idcens les héré-
tiques. J'\iyc:i Léunclavius , Eijlor. Mufulm. L. I.
Quelques-uns parlent des j£\ides comme d'un peu-
ple particulier , qui parle une langue différente du
Turc & du Pci£in, quoiqu'elle approche de la der-
nière. C'eft celle du peuple du Curdilbn. Ils difent
qu'il y a deux fortes de Je^ides ; les blancs Se les
noirs. Les blancs n'ont point le collet de leur che-
mife fendu, il n'a qu'une ouverture ronde pour p,if-
fer la tête , & cela en mémoire d'un cercle d'or ,
& de lumière delcendu du Ciel dans le cou de leur
grand Scheik , ou Chef de leur feâe. Du relie ,
leur extérieur & leur iiabit ne diffère point de ce-
lui des Turcs. Les Jé\idcs noirs font Fakirs , ou Re-
ligieux. Les Turcs & les Jc;\ides fe haViîcnt fort les
uns les autres. La plus graride injure qu'on puilïe
dire à un homme en Turquie , c'ed de l'.ippeler Je-
\ide. Au contraire , les Jé^idcs aiment fort les Chré-
tiens parce qu'ils font perfuadés que Jé'^id leur chef
eft Jésus-Christ , ou par une de leurs traditions qui
porte que Jé-^id fit autrefois alliance avec les Chré-
tiens contre les Mufulmans. Ils boivent du vin même
avec excès quand ils en peuvent avoir , Se mangent
du porc. Ils ne prennent la Circoncilîon que quand
ils y font forcés par les Turcs. Leur ignorance eft
extrême ■■, ils n'ont aucun livre. Ils croient à l'Evan-
gile &c aux livres facrés des Juifs , quelques- uns mê
me y joignent l'Alcoran , fans hre ni fms .avoir les
uns ni les autres. Ils font des vœux & des pèlerina-
ges , mais ils n'ont ni mofquées , ni temples , ni ora-
toires, ni fêtes, ni cérémonies : tout leur culte reli-
gieux fe réduit à chanter des cantiques ipiritutls à
l'honneur de Jésus Christ , de fa îainte Mère, de
MoYfe , de Zacharie , & quelquefois de Mahomet.
Quand ils prient ils fe tournent du côté de l'Orient ,
à l'exemple des Chrétiens , au lieu que les Turcs re
gardent le Midi. Us croient qu'il fe pourra faire que
le diable rentre en grâce avec Dieu ; ils croient
auilî qu'il eft l'exécuteur de la Juftice de Dieu dans
l'autre vie. Pour ces deux raifons ils fe font un point
de religion de ne le point maudire , de peur qu'il
ne fe venge. Les Je\iJcs noirs font réputés Saints ,
& il n'eft pas permis de pleurer leur mort ; on s'en
rejouit. Les Jé^idcs noirs ne iont pourtant que des
bergers la plupart. Il ne leur eft pas permis de tuer
eux-mêmes les animaux , dont ils mangent la viande.
Ce font les blancs qui les tuent.
Les Je\ides vont en troupes comme les Arabes , chan-
gent fouvent d'habitation , & habitent fous des pa-
villons noirs, faits de poil de chèvre , Se entourés
de gros rofeaux & d'épines, liés enfemble. Ils difpo-
fent leurs tentes en rond , Se mettent leurs troupeaux
au milieu. L'été ils campent dans les plaines ; l'hiver
ils fe retirent dans les montagnes. Us font armés
I F
6i
d'arcs, de (lèches , de frondes Se de fabrcs. Us achcc-
tent leurs femmes ; le prix ordinaire ell deux cens
écus , quelles qu'elles loient. Us les traitent en ef-
claves. Le divorce leur ell permis , pourvii que ce
foit pour fe (aire hermitcs , ou i'upéricurs des noirs.
C'eft parmi eux un crime de rafer ou de couocr fa
barbe. Ils ont quelques coutumes qui fcniblcnt mon-
trer qu'ils delcendent de quelque fccte hérétique des
Chrétiens ; par exemple , dans leurs feftins , l'un
d'eux prélente une talle pleine de vin à un autre ,
Se lui dit : Prenez le calice du fmg de Chrift. Ce-
lui ci baife la main de celui qui lui préfente la tallc ,
& la boit.
JÉZKAEL. Ville , dans la Tcrrc-Saintc. Jefrac/. Elle
étoit dans la Tribu de Juda , &e il en eft parlé dans
jof. xr, j<f. xm, [6. XIX, is. juge n, 33.
I , L. des Rois XXV , 43. Elle avoir pris fon nom
de Jefy-acl , fils d'Éphrata.
Saint Jérôme parle d'un autre Je:^ra'él , qu'il dit avoir
été une ville royale , Se la métropole des dix Tri-
bus. Elle étoit dans la Tribu de Manalîc , au'5c con-
fins de celle d'Illachar , & au pié du Mont Gelboé
du côte du couchant. Le P. Lubin la met dans la
Tribu d'Illachar, lur les confins de la demi Tribu
de Manallé. Sanuthus dit qu'elle s'appeloit de fon
temps Carethi. Le P. Lubin dit qu'aujourd'hui on la
nomme Zéréchin, ou Zérézin. Gerïnum Magnum. La
fontaine de Je^raël, la vallée de /e^raè/ , étoient prés
de cette Ville.
JÉZRAELITE. f. m. &: f Habitant de Jezr.iël Jcirac-
lïta.
I F.
IF. f. m. Grand arbre qui eft toujours vert. Se dont on
ornoir autretois les Maulolées Se pompes funèbres ,
aulli bien qu'avec le cyprès. Taxus. L'ij rellemble au
fapin , Se au picéa. Son bois eft fort dur , rougeâ-
tre. Ses feuilles font très étroites , longues d'enviroii
un pouce , rangées des deux côtés des branches ,
elles reilemblent a celles du fapin. Ses Heurs font
de petits bouquets ou chatons de couleur vert p.'de ,
compofés de quelques lommets remplis de pouillère
très-fine , taillés en champignon , & recoupés en qua-
tre ou cinq crenelures. Ces chatons ne laillent au-
cune graine après eux , car les fruits naiilènt fur le
même pied , mais en des endroits féparés. Ces fruits
font des baies molles , rougeâtres , pleines de fuc ,
creufées lur le devant en grelot , Se rcmphes chacu-
ne d'une femence. Ses racines font courtes , grêles ,
Se pref que à Heur de terre. Cet arbre eft venimeux ,
& le parfum de l'es feuilles fait mourir les rats. Il
rend malades ceux qui dorment à Ion ombre ^ ou
qui y prennent le frais , principalement vers Narbon-
ne. On lait des paiillades d'ifs , parce qu'ils lonr tou-
jours verts; on les taille pour orner des parterres Se
des allées. Diokoride dit que les oileaux qui man-
gent Vif en Italie deviennent noirs. Et Pline dit que
l'i/^dans lequel on aura mis un clou d'airain ne fe-
ra aucun mal. On a vu en Efpagne que le vin qu'on
amenoit en France dans des tonneaux A'ij étoit fort
dangereux. Pline dit la même choie des bouteilles
A'if D'habiles Médecins afturent que ce que Diof-
coride Se Pline dilbnt de Vif eft faux;mais ils onr tort.
On l'appelle en Latin Taxus , ou Smilax , du nom
que les Grecs lui ont donné. Strabon dit que les
Gaulois empoifonnoient leurs flèches avec du fuc de
Vif. Quelques uns croient que ces venins , dont les
peuples barbares empoifonnoient leurs flèches, qu'on
a appelé Toxica , ont pris leur nom de taxus. Plu-
tarque dit qu'il eft feulement venimeux, iorfqu'il
commence a fleurir , parce qu'il eft en fève. Mat-
thiole alfure que Vif fait mourir non feulement les
bêtes qui ne ruminent pas , n^.ais auiîî celles qui ru-
minent ; il aflure aulfi que les baies donnent la fiè-
vre Se le flux de ventre à ceux qui en mangent ; mais
Théophrafte , Se après lui Lobel & Gérard difent qu'il
y a des gens qui en mangent , fans qu'ils en loient
incommodés.
^C?' Comme les obfervations des Naturaliftes modernes
62
I GL
font bic^iuconp plus exaâes que celles des anciens ,
on peut bien croire que l'ij n'a. pas toute la mali-
gnité qu'on lui attribuoit autrefois. Je crois qu'oi-
dormiioit impunément à fon ombre : plulieurs oi-
feaux mangent de fon fruit (ans inconvénient. Mais
quelques faits bien avérés paroiiîcnt démontrer que
{es rameaux garnis de Feuilles font très pernicieux ,
même mortels pour les animaux qui en mangent.
Ce mot vient à'iw , mot de la langue de Galles qui
fîgnihe la même chofe ; c'efi: à-dirc , que c'eft un nom
^Celtique.
L'île d'If. Hypœa , Hypata. C'eft une petite ile qui cft
llir la coït de Provence , à une petite lieue de
Marlcille. Il y a dans cette île le Château à! If ,
qui e(l alfez bon , & deftiné à la garde du port de
Marleille. Maty. Ce nom s'eft formé du Latin en
changeant le p en /^ comme dans Chef. Valois ,
Not. GiilL p. s '-,2.
IFVETEAU. Diminutif. Petit if. Taxas m'inor.
Ifveteau eil encore un nom de terre , ou de Sci-
gnairie , qui a la même origine. Huet. C'eft - à-
dire , que ce nom a été donné à certains lieux où
il y avoit beaucoup d'ih.
I G A.
ÏG AL. adj. Vieux mot , qui s'elT: dit autrefois pour égal.
.Mqualis.
I G B.
IGBUCAML f. m. Arbre qui croît au Brefil , & qui
eft fort commun dans le Gouvernement de Saint
Vincent. Son huit rellcmbie à une petite pomme ; il
eft remph de petits grains , qu'on allure être un re-
mède excellent pour la dyllénterie.
I G C.
IGCIGA. f. m. Arbre du Brefil qui produit une efpèce
de malKc d'une odeur fort agréable. Son écorce pi-
lée rend une liqueur blanche , qui étant congelée fert
d'encens , & que l'on applique heureufcment en
forme d'emplâtre contres les atteélions froides. Il y
en a une autre efpèce qu'on nomme ïgtaigclca , c^eft-
à dire, maftic dur comme une pierre. Sa réfine eft
tranfparente comme le verre. Les Sauvages s'en fer-
vent oommunément pour blanchir les vailleaux de
terre.
I G E.
IGE. La Roche d*7^e. Nom d'un ancien château fort,
dans le Sonnois. Jalgeium , Rupcs de Jalgeio. D'au-
tres croient que ce nom Latin eil le Mont - Jallu ou
Jaufe.
I G G.
IGG. Nom d'une petite ville d'Allemagne. Igga. Elle eft
dans la baile Carniolc, fur la rivière d'Igg , à quatre
lieues de Laubach , vers l'orient méridional.
I G H.
fCr IGHUCAMICI. f. m. Nom d'un arbre du Brefil ,
dont le fruit cft alfez fcmblable au coing, mais rem-
pli de pépins. C'eft , dit on , un excellent remède con-
tre le Huxde fang & les diarrhées.
I G I.
IGIS. j^monïa. Bourg du pays des Grifons , dans la
Caddée , avec un magnifique château , où il y a un
cabinet de raretés , & une belle bibliothèque.
I G L.
IGLA. Rivière du Royaume de Bohême : on l'appelle
aullî Giglava. Elle a fa fource dans le Cercle de Bc-
chin , & le joint avec la rivière d'Oilawa.
IGLAW , ou GIHLOWA. Nom d'une petite ville de
ÎGN
la Moravie. Iglovla , Cïhlov'ia. Elle eft fur la riviè-
re d'igla , aux confins de la Bohême , & à dix tept
lieues de la ville de Btim , du côté du couchant.
Maty. Iglaw eft connu par les Conventions qiu y
furent faites en 143 S , le j de Juillet , entre Its
Députés du Concile de Bâle & les Ambafiadeurs de
Bohême.
IGLESIAS. Ville de la Sardaigne. Ecdefu , ou villa
EccUfiA. Elle eft près de la côte mériaionale , à dix-
fept lieues de Cagliari. Elle a été bâtie des ruines de
l'ancienne Sulcis , & elle en a le Siège Épilcopal ,
futfragant de Cagliari. Elle a auill une Citadelle-, la
ville eft peu de chofe.
IGLIACO. Foyei Pénée.
I G N.
IGNACE, f m. Nom d'homme. Ignatius. S. Ignace ,
Évêque d Antioche, & Martyr, telon quelques Au-
teurs , étoit Juif de naillance, & cet enfant de 1 £-
vangile que Jésus Christ prit entre fes bras pour
donner un modèle de 1 innocence &c de 1 humilité
Chrétienne. Il rut expoL- aux lions, & confomma fon
martyre le 20 de Décembre de l'an 107 de J. C. le
1 G^ de l'Empire de 1 rajin. Nous avons encore fept
lettres de ce Saint écrites en Grec. Uftérius , Péar-
fon , & d autres j en: l,. rit pour en foutenir la vé-
rité. Ces fept épitics lont adreùées aux Ephehcns ,
aux Magnéuens , aux Tralliens , aux Romains , aux
PhiladclphienSj â ceux de Smyrne & à S. Polycar-
pe ; huit autres font fuppofées , ce font celles qui
font adreftces à Marie Calîobolire , à ceux de Tarie ,
à ceux d'Antioche , aux Philippiens , à Héron , à la
Sainte Vierte Iviarie , &: deux à S. Jean l'Apôtre,
/^oje^ Cave , p. 2j de l'édition de Genève ; S>i le
P. Alexandre , Ssc. 1 , 2 om. II , Dijj'. 22 ^ pag.
jos , de l'édit. in-à°.
Saint Ign<ice né à Conftantinople l'an 799 , étoit
fils de Michel I du nom , lurnommé Rangabé , &
de Procopie hlle de l'Empereur Nicéphore , & fc
nommoit Nicétas dans le monde. Il fut élu & facré
Patriarche de CP en 846, & mourut après bien des
perfécutions l'an 877 , le 14 d'Ocfobre.
Saint Ignace de Loyola s'appcloit Inigo en là
langue. La vie de Saint Ignace de Loyola a été
écrite en Latin par Maftée , en Efpagnol par Riba-
déncira , en Italien par le P. Bartoli , Jéluitc , en
François par le P. Bouhours. L ouvrage du P. Bou-
hours a été traduit en Anglois par le fameux Dry-
dcn. F^oye-^ Jésuite. Il lut le fondateur de cet Or-
dre.
Les enfims , les Difciplcs à' Ignace , pour dire les
Jéfuites , qui reconnoilioient S. Ignace de Loyola
pour leur père & Fondateur.
Ignace. Terme de Fleurifte. Nom d'une Tulipe j qui eft
rouge mort fur un fond chamois , 3c très fin pana-
ché. MORIN.
S. Ignace. Ville du Paraguay bâtie l'an i6io,à une
lieue environ du confluent du Perape & du Para-
guay , ou de la ville de Notre - Dame de Lorette.
Ignadanum , Ignatiopolis. Hijl. Paraq. L.III, c.^2.
IP" IGNAMA CONA. f m. Fruit des Indes orienta-
les , qui croit en terre , comme nos pommes de terre ,
mais qui ne rcllemble ni par le goiit , ni par la fi-
gure à celui dont nous alleMis parler. La chair en eft
extrêmement blanche, & a un goût de châtaigne ;
au lieu que l'autre eft inlipide.
IGNAME. 1. m. Plante qui croît en plufieurs endroits
de l'Amérique , & qui eft une elpèce de patate, ou
plutôt de couleuvrée. On ne feme point l'igname ;
mais on plante feulement un morceau de la racine ,
& pourvu qu'il y ait une petite fibre , elle poufle
immanquablement, & grollît. Ses tiges font carrées,
&: rampent non-feulement fur la terre , où elles pro-
duilent des racirics , mais aulli fur les haies. Ses feuil-
les lont plus grandes iSc plus fortes que celles de la
patate , d'un vert plus brun , «Se plus luilant , en for-
me de cœur ; elles viennent deux à deux fur de pe-
tites queues carrées , laillant toujours une grande
I G N
diftance entre elles. Ses Heurs font jaunâtres , ra-
inallccs en manière d épi. ies racines font groiles ,
longues , couvertes d'une petite peau de couleur cen-
drée oblcurc , garnies de beaucoup de petites libres :
elles ont une chair blanche, lucculcnte ii\: larineu-
fe , quelquefois vineufc. On les mange au lieu de
pain quand elles font cuites. Vi^na/ne croit aulli en
Afrique , comme en Guinée , au Royaume d lliini ,
lur la côte d'Or. f^oje:( la Relation de ce Royau
me par le P. Loyer , Dominicain. L'igname croit
encore en Orient. Les Iniulaircs des Iles de Nicobar
s'en nourrillènt ; c'ell une racine fort inlipide. Let-
tres Cur. & Bdif. T. X, p.-ûH.
IGNAN. f m. Nom d'homme. C'cft le même qu'Ai
gnan. Anianus. En Languedoc on dit Saint Chignan ,
pour S. Ignan. C'eft l'ancien idiome Languedocien
de S.iinche pour Saint, ou Sainte, qui a formé les
noms de S. Chelirs , pour Sainche Élirs ; de S. Cha
mans , pour Sainche Amans ; de S. Chignan , pour
Sainche /^«tî« , 6>: tant d'autres. Chastelain, Man.
T. I , p. J3p.
IGNARE, adj. m. & f. Qui n'eft point Lettré. Igna-
rus. Il n'ed guère d'ulage que dans ces phrafes du
difcours familier. Gens ignares ik non lettrés. L'hom-
me du monde le plus ignare. Il le dit par oppoh
tien à gradué. Les Élus ont été quahfiés en quel-
ques Édits , gens ignares & non lettrés.
Ce mot eft tiré du Latin ignarus , Se du Grec
i!y»»;oî , du verbe y.sir.ai, cognofco , je connais.
IGNEE, adj. m. & f. Terme didadique. Qui s'eft dit
de la nature du feu. Lgneus. Il y a des parties ig-
nées dans tous les corps. Matière ignée , corpufcu-
les ignées. Foye^ Feu.
IGNEL. adj. Vieux mot. On dit, parler ignel , pour
dire langage coulant.
IGNICOLE. f m. &: f ( Prononcez le g dur , ainfi que
dans ignée j éc ignition qui luit j. C'eft le nom qu'où
donne à ceux qui adorent le feu. C'étoit l'ancienne
religion des Perfans , & il s'en eft confervé au mi-
lieu du Mahométifme que l'on appelle encore au-
jourd'hui Ignicoles ou Guebres , pour les dillingucr
des Perfans Mufulmans. On voit beaucoup à' Ignico-
les proche les villes de Kerman & d'Yesd ; c'efl de-
là qu'Abbas le Grand en avoir fait venir à Ifpahan ,
où ils font aujourd'hui établis au Fauxbourg de Tul-
■ fà , & réduits à trois cens maifons , de plus de quin-
ze cens familles que ce grand Roi y avoir fair venir
pour favorifer le commerce. Ce mot vient des deux
mots latins colo , j'adore , oC ignis , feu. Voy. GuÉ-
BRE. Jetons un regard fur toutes les religions de
tous les temps. Ici les Temples d'Ifls & d'Ofiris re-
tentiilent du fon des cilîres de Canope. Là , dès
l'aube du jour , les Mages de la Perfe & «les Igni-
coles prennent leurs harpes d'argent , pour recevoir
le Soleil prêt à fortir du fein de l'onde, pour obte
nir fes premiers regards , &c pour adorer dans cet
Aftre le feu éternel , le radieux Oromaze , Dieu de
leurs pères... Difcours fur l'Harmonie.
IGNITION. f f. terme de Chimie. Etat d'un métal
rougi au feu avant que d'être en fufion. Un métal eft
dans cet état lorfqu'il eft rouge &: pénétré par le
feu , fans être en fufion : ce qui arrive à l'or 6c à
l'argent , &: principalement au fer. Le plomb , ni
l'étain , ne foutfient pas l'ignition , étant de trop fa-
cile fufion. Le cuivre foutire aufll l'ignition. L'ig-
nition exclut la Hamme.
IGNOBLE, adj. de tout genre. Qui eft bas ; qui
fent le roturier , l'homme de balle extraélion. Ig-
nobilis , vilis. On le dit de l'air , des manières,
du maintien , des fentimens , du ftyle ^ &c. Cet
homme a je ne fais quel air ignoble. Il eft d'une
taille , d'une mine ignoble. Son procédé eft tout-
à-fait ignoble. J'interdis la leâure à toute perfonne
qui a le fon de la voix ignoble : les termes , les ex-
prefTions perdent de leur noblel^e dans fa bouche ;
& l'auditeur répugne à l'écouter. Une voix ignoble
ne peut infpiier de noble» fentimens. Grimarest.
Traité du récitatif.
ION
6?
Je fuis ait défeffoir quand on met en ufage
Tous ces termes communs qui fentent le tour^feois'.
Bt moi lorfue fentcus cet igr.oble lan,:age y
J'ai l'oreille eCurchee, & jej'uis aux abois.
S. EvKtM.
11 eft des Panégyriftes , dit Cicéron , qui à la fa-
veur d une équivoque ou d une relîemblance de nom ,
annoblilknt un homme nouveau , & greilent une
branche ignoble fur un tronc illuftre. Idée des Orai-
fons funèbres.
IGNOMINIE. Lf.ffJ' Ignominia,dedecus. Ce terme dé-
ligne une chofe qui dégrade l'homme , une
action ou un châtiment qui ell une tache hontcufc
dans la vie , qui attire le mépris , ik fait perdre
l'honneur. Il vaut mieux mourir avec honneur que
de vivre avec ignominie. Le fupplicc d un criminel
couvre coure fa famille d'ignominie. Le temps n'ef-
facera point l'ignominie d'une fi Lâche acStion S.
EvREM. L'amour propre nous cache j &: nous em-
pêche d'appercevoir l'ignominie des pallions qui nous
font chères. Bell.
Ennemi des Romains ^ & de la tyrannie ,
Je n'ai point de leur joug fubi /ignominie. Rac.
Ce mot vient du Latin ignominia , compofé de
la particule privative in; & de nomen , renommée ^
gloire. Ignominie j aftront fanglant qui nuit a Ix
réputation d'une perfonne , qui fait perdre l'hon-
neur.
IGNOMINIEUSEMENT, adv. D'une manière igno-
minieufe. Ignominiofè. On a fait réi;aration à cet hom-
me pour l'avoir traîné en prifon tcandaleufement ,
& ignominieufement.
IGNOMINIEUX , EUSE. adj. Qui apporte , qui caufe
de l'ignominie. Ignominiofus. L'amende honorable
eft mife au rang des fupplices ignominieux. Il n'y
a rien de plus ignominieux qu'une trahifbn. M.
Esp.
IGNORAMMENT. adv. ^ Avec ignorance. Il parle
de cela fort ignoramment. Le Miniftre Jurieu ne fait
allurément ce qu'il veut dire... Il confond ignoram-
ment le vrai & le faiLX. Bossuet. Ce mot fe die
peu.
ga- IGNORANCE, f. f. Privation de l'idée d'une cho-
fe. Défaut de connoillance , qui vient du défaut d'in-
ftrudion. Ignorantia. L'ânerie dit M. l'Abbé Girard,
eft un défaut qni vient de la nature du f'ujet. Voy.
ce mot. L'ignorance eft un défaut que la parellè en-
tretient. Celle-ci eft moins pardonnable; mais celle-
là rend plus méprifable. Ignorance cralîe. Ignorance
grollière , profonde.
Ce n'eft que depuis i jo ans que l'ignorance a été
bannie de France ; il regnoit une ignorance crafle
dans l'Occident. Les Eccléiiaftiques la fomentoient.
L'ignorance vaut vieux qu'un favoir aftetté. Boil.
L'homme ne connoît pas même fon ignorance : &
cette fcience eft la plus rare de toutes. Nie. De l'i-
gnorance de foi-même découlent tous les vices. M.
P. Comme l'ignorance eft un état paifible , &: qui
ne coûte aucune peine , l'on s'y range en foule , &c
elle a un nombreux parti qui l'emporte fur celui
des Savans. La Br. La tranquille ignorance vaut ■
mieux que les inquiétudes des Savans. S. EvR. Il y
a une manière d'ignorance très-dan?ereufe , qui con-
fifte à croire favoir ee qu'on ne fait point. Ar. de
S. R.
X'ignorance toujours efl prête à s'admirer. Bon.
Pour être fage , une heureufe ignorance
Vaut fouvent mieux qu'une joible vertu. Des-H.
Ignorance du Droit , ignorantia juris, eft celle où
l'on eft du droit de la loi : par exemple , celui qui
ignore que ceux qui frappent un Prêtre font excom-
muniés , a fur ce point une ignorance du droit.
^4
IGN
Ignorance du fait , Ignorantia facli , cil celle qui re-
garde le fait , l'aclioii ; par exemple , celui qui ne
lait s'il a payé une dette , a lur cela une ignorance
du fait , car il n'ignore pas le droit , il {ait qu'on
eft obligé de payer fes dettes , qu'il y a une loi qui
y oblige ; mais il ignore le fait , favoir , s'il a fitU-
fait à cette obligation. tfT On dit au Palais , que
l'ignorance du frit excufe ; mais que celle du droit
ii'excule point ; car chacun doit lavoir la loi du
pays. On publie les loix , les réglemens ; on fait
ligner des attes , afin qu'on n'en puille prétendre
caule ^'ignorance.
Ïgnorance grodière , ou crafle , crajfa, eft celle qui
vient d'une extrême négligence à s'inftruire de fes
devoirs : cette efpcce ^'ignorance n'excule point celui
en qui elle eft.
Ïgnorance invincible , invincihUis , eft celle qu'on ne
peut vaincre par les loins , fes eftbrts , parce qu'on
n'a pas même les premières idées qui peuvent faire
naître le doute. Les infidèles auxquels on n'a point
annoncé l'Evangile lont dans une ignorance invinci-
ble de l'Incarnation du Verbe , de la mort de JÉ-
sus-Christ , du nombre des Sacremcns de l'Églife
Catholique. Il n'y a point d'ignorance invincible des
principes de la loi naturelle , ni des premières con-
clulions qui fe tirent de ces principes. Comme l'i-
gnorance invincible eft celle qu'on ne peut (urmon-
ter , ni par les feules forces de la raifon naturelle ,
ni par les fecours de l'art , ni par l'ailiduité du
travail , fi l'on néglige quelque tentative pollîble ,
l'ignorance n'eft plus invincible. Il eft difticile de fi-
xer , & de définir la nature de ['ignorance invinci-
hlc. On diftinguc deux lortes d'ignorance ; l'une de
négligence, & l'autre de nécelîîté, ou d'impuilfance
morale , qui fait que l'on ne peut éviter de le pré-
cipiter dans l'erreur. On ne doute pas que l'igno-
rance , qui ne veut point s'inftruire , de peur de
s'impofer des devoirs dont on eft bien ai/e de le dé-
livrer, ne loir inexculablc. Celui qui néglige d'ac-
quérir des connoillances , eft coupable des fautes
qu'il commet par une ignorance qu'il pouvoir lurmon-
ter par fa diligence , &: par fon artention. Mais on
ne convient pas de ce qui forme l'ignorance invin-
cible , laquelle excuie le péché. Les préjugés de la
nailfance , & de l'éducation , forment quelquefois
une impolllbilité morale auiîi difficile à vaincre ,
qu'une incapacité , & une impuillance naturelle.
Pour l'ignorance du fait , il y en a une invincible.
Telle eft celle dont on a parlé. L'ignorance involon-
taire du fait n'eft point criminelle devant Dieu.
Pour l'ignorance volontaire , elle eft plus ou moins
inexculable , félon les divers degrés de négligence ,
êc d'inapplication. On appelle péché d'ignorance , un
péché dont on ignore la malice quand on le com-
met. Si l'ignorance eft affeftée , c'eft lut nouveau de-
gré de malice.
IfCT Ignorance Se erreur, ^'ignorance n'eft qu'une pri
vation d idées ou de connoillances ; mais l'erreur eft
la non conformité , ou l'oppofition de nos idées avec
la nature ou l'état des chofcs. f^oye^ ces mots. Ain-
li l'erreur étant le renverfement de h vérité , elle lui
eft beaucoup plus contraire que l'ignorance qui eft
comme un milieu entre la vérité & l'erreur.
On dit , qu'un livre eft plein d'ignorances grof-
fières , pour dire , qu'il eft rempli de fautes qui mar-
quent une ignorance e;rolTicre dans l'Auteur. Ac. Fr.
^ IGNORANT , ANTE. adj. Ignarus. Qui n'a point
de favoir , qui ne lait rien. On eft ignorant par dé-
faut d'inftruCfion. On eft âne par difpofition d'cf-
prit. A quoi bon parler fcience devant des ânes ;
leurs oreilles ne font pas faites pour ce langage. Ce
n'eft pas toujours inutilement qu'on en parle devant
des ignorans \ ils peuvent profiter de ce qu'on dit.
M. l'Abbé Girard. Syn. /''byt-^ Âne.
^fT Les ignorans font d'ordinaire les plus décifils : ils
n'ont point de doutes , parce qu'ils ne fentent ou
n'apperçoivent pas les difficultés.
Un foc /avant, ejî fot plus qu'un Jot'iinoïwx. Mol.
IGN
|tT Les Frères de la Charité ont pris b qualité de Frere«
Ignorans, ou Ignorantins.
ifT Ignorant fe dit auiîi de celui qui n'a pas la con-
noiftance de certains faits qu'on lui demande. Il a
été interrogé lur ce meurtre dont on l'accule , mais
il en eft ignorant , il en a fait l'ignorant. Quand ce
mot a un régime , c'eft ordinairement le génitif,
c'eft à-dire , qu'il eft luivi de h prépolition de , qui
en François indique le génitif. Il n'étoit pas ignorant
des Belles Lettres. Bussy Rab. Ignorant du fait , fty-
ledu Palais. Proverbialement, pour marquer qu'on ne.
fait rien de quelque chofc qui eft arrivé : on dit j'er»
fuis aulîî ignorant que l'enfant qui eft à naître. Ac.
Fr.
IGNORANTIFIANT , IGNORANTIFIÉ. Tous ces
mots ne peuvent avoir d'ulage que dans le Burlef-
que. On ne les trouve que dans Molière , pour li-
gnifier un homme très ignorant , ignorantijfime , igno- ■
rantifiant & ignoramïfié par tous les cas & modes fl
imaginables.
IGNORANTIN. adj. m. Ignorant. Ignarus , indoclus.
Un Frère ignorantin. Les Frères ignorantins. Ce mot
ne fe dit qu'avec celui de Frère, f^oyei au mot Frè-
re de la Sale.
IGNORANTISSIME. adj. Très-ignorant. Rickeletfeul.
Ce terme a été fort ingénieufement appliqué dans la
Satyre Ménippée au Cardinal de Pellcvé , qui étoit
d'une ignorance cralfe , & de plus Protettreur des Ca- ~
pucins , appelés en Italie , Fratelli ignoranii.
Les Frères ignorans ont eu grande raifon
De vous faire leur Chef , Monjieur l' Illujlrijfime j
Car ceux qui ont ouï votre belle Oraifon j
F'ous ont bien reconnu pour ignorantillîme.
Page 6s & -2 01 , de l'édition in-oclav.
Ce mot n'eft point ufité.
IGNORER, v. a. Ne favoir pas quelque chofe. Ignorare.
On ignore plus de choies qu'on n'en connoît. On
ignore la vraie caule du flux 6c du reflux de la
mer. L'homme veut connoître les aftres ,_ & il s'i-
gnore lui-même. Tous les méchans ignorent ce qu'ils
doivent faire, & ce qu'ils doivent fuir. Pasc.
Je lui vendrai fl cher ce bonheur qu'il ignore.
Qu'il vaudrait mieux pour lui qu'il /'ignorât encore.
Rac.
Ignorer , fignifie anfti , ne vouloir pas connoître quel-
que chofe. La nation Polonoife méprife les périls
que la férocité lui fait fouvent ignorer. Sar. Pa,rmi
des dcfirs trop curieux de lavoir tout , nous fom-
mes réduits à la néceflité de ne favoir prefque rien ,
<?c de nous ignorernous mêmes. S. EvR. On ne peut
pas toujours s'ignorer foi-même. M. Se. Je veux igno- ,
rer tout ce qu'on dit contre moi. Il faut ignorer les 1
querelles des valets , & ne s'en point mêler. On dit
au Palais, je lui ai fiit lignifier cet ade , cet avenir ,
à ce qu'il n'en ignore.
On dit fimilicrement , c'eft un homme qui n'i-
gnore de rien. Ac. Fr.
Ignorer quelqu'un , ne le pas connoître. Les Pièces
de Molière repréfentées fur tant de théâtres , tra-
duites en tant de langues , le feront admirer autant
de fiècles que la fcène durera. Cependant on igno-
re ce grand homme , & les foibles crayons qu'on
nous en a donné font tous manques , ou li peu re-
cherchés, qu'ils ne fuffifent pas pour le faire con^
noltre tel qu'il étoit. f^ie de Molière. Pourquoi vou-
lez-vous faire briller vos vertus fur le Théâtre ? El-
les porolifent allez dans le monde , perlbnne ne vous
ignore. Ib. _ ^
Ignoré, ée. part. Avec beaucoup de mérite , (?c en-
core plus de modeftie , l'on peut être long temps igno-
ré. La Br. quheuroix
I G U
Qu'heureux ejl le mortel qui du monde ignoré ,
Vu coiiceiu de Joi-mcme cii un coin retiré l BoiL.
IGNY. Nom d'un Bourg où il y a une Abbaye. Ig-
nuKum. Il fit en Champagne , à cinq litues de
lîluims , du côte du couchant.
IGHANDE. Bourg de France, dans le Bourboiinois ,
Licclion de Moulins.
I G U.
IGUANA. r. m. Animal amphibie qui fe trouve en
Amérique. Il cft de la forme d'un lézard. Les Me-
xicains les appellent Aquaquet^ pallln , les Haitins ,
Ignona , ik d'autres Liana. Ils l'ont horribles à voir ,
ils ont les pics év' la tète Icmblables à un lézard.
Leur corps ell de deux palmes & demie de long ,
& gros d'une palme , & davantage. Leur queue a
tiuatre ou cinq palmes de longueur. Quand on les
prend ils montrent les dents, mais lans mordre. C'cll
un mets très délicat , & c'étoit la nourriture ordi-
n-àiic des Rois de la Cuba, f^'oye^ Nierenberg ,
liijl. nat. L. XII , c. 6. Gonzales Fernando , Ovie-
do &: Scaliger. Adverf. Cardan. Excrcit. CLXXXIII ,
fecl. S.
IGUAftAZU. Voyc^ Garazu.
IGUARUCU. f. m. Animal amphibie du Brefil. Il cft
de la grandeur d'un bœuf. On le trouve aulli au Me-
xique -, il vit fous l'eau comme les poillbns , & com-
me les animaux terreftres à quatre pics, il le retire
dans les broullàilies &c les builïbns , grimpe même
fur les arbres. Il a la forme d'un crocodile, mais il
ell: d'une couleur qui tire fur le noir , &• n'a point
d'écaillés dures comme le crocodile ; fon corps ell
uni &: tacheté comme la peau d'un ferpent. Il a
tout le long du dos des arêtes en forme de peigne ,
qui defcendent jufqu'à (i. queue. L'ouverture de la
gueule efl grande , les dents d'une grandeur médio-
cre , & menues. Ses ongles rcilemblent aux lerres
des oilenux, mais ils n'en ont pas la force , & ne
font point de mal. Il a des œufs , & en fait ime
grande quar.tiré qui font d'un fort bon goût. Il vit
dix jours , & même jufqu'à vingt , lans boire , ni
manger. Sa cliair ell: très douce , &c c'eft un mets
délicieux en Amérique. Les Elpagnols en avoient
horreur , & n'en mangeoient point. Les Américains
leur ont appris depuis le cas qu'ils en font , & ils
en mangent, à leur exemple.
IGUIDI , ou Lcmpta. Nom d'une Province , ou defert
de Libye. Iguidi , Iguidlum defertum. Maty le nom-
me Lcmpta , mais Lempta ell le nom des peuples
qui l'habitent , &z Iguldi celui de la principale ha-
bitation, n a au couchant Hayr , & s étend au le-
vant jufqu'à Berdoa. Il elt borné au feptentrion par
les deicïts de Tecon , de Guerquéla & de Gadc-
mis ; & au midi par ceux qui lont vis-à-vis de Ca-
no , au pays des Nègres. Ce pays ell: extrêmement
fec , & dangereux pour les Marchands , qui vont
trafiquer de Conllantine au pays des Nègres , parce
qu'il efl: habité par des Africains brutaux , qui les
volent i ils tuent même tous ceux de la Guerquéla ,
parce qu'ils ont des prétentions lut cet Etat , &; font
en guerre perpétuelle. Les Arabes de Hemrum , de
Sayd & d'Yahya errent aujourd'hui par ces quartiers ,
& (ont mêlés avec les Nègres. Voye\ de la Croix ,
Elfl. d'Af. T. II.
IGUR. f. m. Terme de Relation. Breuvage des Turcs ;
c'eft du lait aigre. Oxygala. f^oy. 'VigenÈre fur Chal-
condylc , p. ^^o.
Igur , ou Aigur. Nom d'une Tribu des Turcs Orien-
taux. Igur. La nation , ou la Tribu A' igur. D'Her-
BELOT.
IGURIEN , ENNE. Qui eft de la Tribu Turque ,
nommée Igur. Igurianus , a. Les Igurlens ont une
langue & ur. Calendrier , qui leur font communs
avec les Cathaïens. Ils ont été Chrétiens , & ils
avoient des Evêques du temps de Ginhiskan. Aujour-
d'hui ils font idolâtres , ou Mahométans. D'Her.
Tome K.
I L
I H O.
6%
IHOR. Ville des Indes. Ihora. Elle eft fur le cap de
Sincapura , qui elt à la pointe de la prefqu'ile de
delà le Gange : Ihor eft à cinquante lieues de
Malaca. Elle cft capitale du Royaume à' Ihor , en
Latin Ihorlum Regnum , dont le Roi eft un des
plus puiflàns de cette prefqu'ile. Les Portugais pri-
rent la ville à' Ihor l'an i6oj , tk. la ruinèrent après
en avoir enlevé i j-qo pièces de canon : mais elle
a été rétablie. Maty.
I J A.
IJAR, f. m, Teflnc de Calendrier. Foy. IarJ
J I T.
JITO. 1. m. Efpèce de pommier du BrefiI. tfT Les
baies de cet arbre lont difpofées en forme de grap-
pes de railin. Elles font ligneufes en dedans , & ne
donnent aucun fuc. L'écorce de fa racine eft un
violent purgatif, même prife en petite dofe.
I K E.
%fT IKEGUO. f. m. Général d'un Ordre monaftique chez
les Éthiopiens & les Abylfms. Il eft choifi par les
Supérieurs des diftérens monaftères.
I K I.
IKINDI. f. m. Terme de Calendrier. Nom du fécond
mois des Tartares Orientaux , & de ceux qui font
partie de l'Empire des Chinois : il répond au mois
de Janvier. On l'appelle aulTi Alcandl.
IKINDIN. f. m. Terme de Relation. Midi chez les
Turcs. Mendies , Médius dies. Or avoit-on déjà paf-
fé la plus grande partie du jour , comme environ
trois heures après midi , que les Turcs appellent
Iklndln. VigenÈre , Contln. de Chalcond. p. 4^4.
IKKERY. Royaume d'Afie dans la prefqu'ile de deçà
le Gange.
IKOVIRINIOUCKS. Peuple de l'Amérique Septentrio-
nale dans la Baie d'Fiudion.
I L.
IL , m. ELLE , fem. ILS , ELLES , au pluriel. Pronom
démonftratif , &c rclatil de la troilième perfonne. //
va. fZ/fi, vient. Ils aiment. Ce pronom ne fe mec
jamais qu'immédiatement devant le verbe j fans fouf->
frir rien entre deux , 11 ce n'eft des particules , &
des pronoms perfonnels , comme , il nous dit , il
nous parle , Il nous ordonne. Dans les interrogations
il le met immédiatement après le verbe ; comme ,
Que fait//? Que dit i/? Que fait-e//e? Que dit-elle i
Il y a encore une autre occallon où ce Pronom fe
met après le verbe ; Se c'eft lorfque ce verbe eft pré-
cédé de quelque adverbe j ou de quelque interjeétion ,
comme , aufti dirent-i/j , aufll diient-elles.
Il , le met aulli devant les verbes impeiionnels. //faut ,
Il eft néccllaire , Il pleut , Il fait beau.
Il , le met quelquefois pour on , & en a la lignifica-
tion ; il fe peut dire , cela lignifie , on peut dire.
Dans quelques autres phrafes il fe met devant des
verbes qui ne font pas imperfonnels ; mais dans ces
occalions ils en ont la conftruélion , alors il n'a
point la lignification d'on. Il fe peut faire que , &c.
Il y aura bientôt deux ans , &c. Il n'eft pas polîible
que, &c. A tout cela il faut ajouter, que elle eft auf-
li le féminin du pronom lui. On a ditputé long-
temps à l'Académie s'il faut prononcer ils ont dit ,
ou is on dit , ou il ont dit. Dans le ftyle foutenu ,
& dans les vers on ne balance pas ; il faut pronon-
cer toutes les lettres ils : mais dans le difcours ordi-
naire il eft plus régulier , &c is ont dit plus en ufage,
M..L. T.
4>G
I L E
Ce mot vient du Latin ïlk.
Il, Pronom. On dilbit autrefois il pour lui , comme
devant il, pour devant lui.
Compagnons fommes il et gie.
C'eft à-dire, lui Se moi.
ILACK. Ville capitale d'un petit pays de même nom.
Ilaca. Elle el\ dans l'Usheck , en la Grande Tarta-
rie , au nord de la rivière de Chélel , & à vingt lieues
de la ville d'Alshash. Maty.
Sp- ILACK , ou JALAK. Ville d'Afrique , dans la
Nubie j entre deux bras du Nil , à dix journées de
Galowah.
|0" ILAMBA. Province d'Afrique , dans la B-Ufe-Ethio-
picj au Royaume d'Angola, elle eildivilce enplulîeur-s
Seigneuries fort peuplées , dont chacune a ton Sova
qui commande au village de ion rellort.
ILANTZ. Petite ville du pays des Grifons. Ilantium.
Elle eft dans la Ligue Grile , fur le haut Riiin , à
cinq lieues de Coire , vers le midi occidental. fO"
Elle a à fon tour les Etats Généraux des trois Li-
gues , «Se les Allemblées de la Ligue Gnle s'y tien-
nent fouvent. Long. 26. d. 45'. lat. 46. d. 38'.
ILAPINASTE. r. m. Surnom que l'on donnoit à Ju-
piter dans l'île de Chypre. Ilapinafies. Les Cy-
priots i'appeloient ainfi , parce qu'on l'honoroit par
de grands &c magnifiques teftins. Du Grec «A«;i.»Mf,
célébrer par des îeftins.
II. AR. f. m. Nom d'homme. E'darus , Hillarus , II-
larus , & dans un Martyrologe qui étoit à Chril-
ùae. Reine de Suède , Hc qui portoit le nom d'U-
fu.ud , Hilanus.. Saint liar , ou HiUar naquit en
Tofcane , l'an 476, lous AuguAulc. Vers l'an 496,
étant âgé d'environ 20 ans , il commença à obier-
ver les loix de la vie monalHque , Se à former les
monaftères de Galliata , dont il fut Abbé. 11 mou-
rut faintement en J58 , le i. Mai.
ir ARCURIS. Ancienne ville de l'Efpagne TarragcMiiioi-
fe , au pavs des Carpétaniens.
JICHESTER. Nom d'un bourg d'Angleterre. Ilchef-
■^ria , IJchalis, Il eft dans le Comté de Somerfet ,
lur la rivière d'il , à cinq lieues de la ville de Wels,
vers le midi. Ikhefter a féaiice Se voix dans le Parle-
ment d'Angleterre.
JLDEFONSE. 1". m. Nom d'homme. Ildefonfus , IJle-
fonjus j Alphonfus. Saint lldcjonfe , célèbre dans l'É-
gliïe par le zèle qu'il a fait paroitre pour l'honneur
jde la Sainte Vierge , naquit a Tolède , vers le com-
ii.ci eeraeiit du VII*^ fiècle. Maillet, 11 fut Abbé d'A-
gali après Adeodatj & en 655 &: 6^6, il foul'cii-
vit en cette qualité aux réijlenicns des IX Se X^ Con-
ciles de Tolède. S. Eui,ène , Evcque de cette ville ,
étant mort lur la fin de l'année 6}j, ou au com-
mencement de la fuivanre , perfonne ne fe trouva
digne de lui luccéder qu Ildejonfe. Il mourut âgé d'en-
viron 62 ans j le 25 de Février de l'an 667. Fbye'^
Bollandus à ce jour , Mabillon , Acl. SS. Bemd.
fdc. II. p- //^. Bulteau, X. ///, c. 4S.
Dans la fuite , A'Jldefonfe on a fait Ildefons , Se
jilpkonfe , ou Aljonfe. f^oye:(ce. mot. Quelques-uns
écûvent aulVi Hddcjonji , Se diient encore Ijlejonfe;
mais tout cela n'eft point l'ufage en notre langue. Il
jie faut pas même dire indiftéremment Ildefonfe Si
Alfonfe i quoique ce foit la même choie. En parlant
de rÉvêque de Tolède , il fmt dire Ildcjonfe ; en
parlant des Princes, & autres pcrfonnages célèbres
qui ont porté ce nom en Efpagne , en Portugal , Se
en Italie , on dit Alfonfe. En parlant du Comte de
Provence , qui fuccéda à Raimond Bérenger fon
coufin , oii dit Alfonfe Se Ildcjons. foye^ encore
Alphonse.
ï L E.
^CF ILE. f. f. Quelques-uns écrivent Tfle : l'ufage eft pour
lie. Infula. Efpacc de terre entourée d'eau de tous
côtés. Ce mot eft oppofé au continent , &c.
Ce mot eft oppofé au continent , ou la terre ferme.
C'eft le nom que l'oii donne à ces parties de la
terre qui lont environnées d'eau , Se qui (ont moin-
I L E
dres que les deux grandes parties du monde que
nous appelons Continents , Se que nous connoif-
fons fous les noms de Vieux & Nouveau monde. Il
y a de ces lies dans les lacs , & les rivières , mais
principaleiBcnt dans la mer. Il y a plulieurs lies dans
la mer Egée , dans les Indes , aux Ihilippines , à
l'Archipelague de Saint Lazare. On tient que les
Maldives lont au nombre de douze mille Iles. Les
Canaries lont celles que les A.nciens appeloient les
Iles Fortunées. L'Ile de Schut fur le Danube. L'Ile
des cygnes lur la Seine au-dellous de Paris. Dans
Paris même il y a l'Ile du Palais , l'Ile Notre-Da-
me , Se l'Ile Louvier.
Quelques uns concluent de la Genèfe. X f , & de
l'Eccléliaftique , XIIII ,zs , que les lies font aui-
li anciennes que le monde, & qu'il y en a eu dès le
commencement. Quoiqu'il en loit de cette preuve ,
il n'eft certainement pas probable que les grandes
lies fort éloignées du continent loient nouvelles ,
& qu'elles loient forties de la mer , ou qu'elles aient
été léparées du continent.
Il n'eft pas moins vrai pourtant qu'il s'eft forme
des Iles nouvelles non feulement par des attcrrilié-
mens , comme celle de Tlongming à la Chine ,
dans la province de Nankin , ou par des coups de
mer , qui ont Icparé des morceaux de terre du con-
tinent , comme les Anciens ont prétendu que la Si-
cile Se même la grande Bretagne ont été formées ;
mais il en eft même qui font lortics de deilous les
flots comme autrefois Santorin , Se depuis , les deux
qui le lont formées près de Santorin , Se tout ré-
cemment une troilième qui s'eft élevée tout proche
encore de la même Ile , comme on le peut voir
dans les Mémoires de Trévoux , Se dans les Mé-
moires des Millions du Levant , imprimés en 171/.
foyei aulFiFUne, I. II, c. Sj Se çs , & L. IF,
c. 12. Kirker , Mund. fubterr. L. 11 , c. 12 Se
2é.
D'autres Naturaliftes prétendent qu'elles ont été
formées au déluge. D'autres enfin , qu'elles ont été
réparées du continent par des inondations , des orages
violens , des tremblemens de terre. Ceux-ci font re-
marquer que la mer des Indes , où il y a une in-
finité d'Iles , eft l'endroit du monde où l'on voit plus
de Volcans , Se où les ouragans , & les tremble-
mens de terre , les éclairs , les tonnerres , les tem-
pêtes font plus fréquentes. Gryphiander a fait un
Traité des Iles en Latin , de Infulis.
Iles , au pluriel fe dit en particulier de celles qui
font dans l'Archipelague du Mexique , c'eft à-dire ,
dans le grand golte de la mer du Sud , qui eft vis-
à-vis le Mexique. Ainiî quand on dit que l'on va
voyager aux Iles , on entend celles de ce golfe de
l'Amérique. Et celles de ce même golfe , ou Archi-
pel , qui appartient à la France , nous les appelons
nos Iles. C'eft un gros Commerçant de nos Iles. Il
s'eft fort enrichi à nos Iles. Le principal commerce
de nos Iles eft celui du lucre & de l'indigo.
Ile , fe dit au(ll dans les villes , d'un canton entouré de
quatre rues , ou d'une maifon qui ne tient pas à
•une autre. L'Hôtel de Scneterre à Paris formoit uns
Ile. On en a fait la Place des ViCl:oires. En l'ancien-
ne Rome les maifons écoient détachées les imcs des
autres. C'étoit autant d'Iles. Il y tant de mailons
dans cette Ile , entre ces qu.xtre rues. Les Latins fe
font fervi du mot à'InJula pour lignifier la même
choie.
Ile , fe dit aufli quelquefois des pays qui ne font pas
entièrement ilulés. L'Ile de France , c'eft un pays
borné par la Seine , l'Oife Se la Marne , qui font
uiVe Ile parfaite. Voye:^ aa met France. L'Ile de
Mety elf un des quatie petits pays qui compolent
le Pays Meflîn. Ce nom ne doit pas être pris à la
itigucur , puifque la Mofelle Se la Seille n'en for-
ment pas une Ile parfaite. L'Ile de Ruys en Bre-
tagne eft de cette nature. On dit le Gouvernement
de l'Ile de France , mais fon Gouvernement ne ré-
pond pas au Pays de l'Ile de France. Le Prévôt de
l'Ile de France eft lîmplemcnt appelé Prévôt de l'Ile.
I L E
Ite. roye-{ l'Ile.
IiH. Nom d'un bourg ou petite ville de Franche-Com-
té. Infula. Il cft en partie dans une île formée par
le Doux , ôc en partie hors de l'île à cinq lieues
au dclfous de la ville de MontbcUiard. Maty.
Les Iles. Nom d'une petite ville du Brclil dans l'Amé-
rique méridionale. InJ'uU. Elle a un bon jjort , tk
cil: à trente lieues au lud de la baie de tous les
Saints.
Ile-Adam. Bourg de l'île de France. Infula Àd,t. Il cd
iitué fur l'Oife , environ à une lieue au-dcllus de
Pontoife. Maty. Le ChMczu. àcV Ile-Adam tire fon
nom d'Adam furnommé de l'Ille , Seigneur de 'Vil-
liers , village litué à une lieue de l'Ile Adam : c'clt
ce Seigneur qui a fondé Vile-Adam. Il y a à Vile-
Adam un Prieuré de Bénédiélins.
Il£ en Albigeois. Infula Albïorum. Bourg de France,
lîtué dans le Languedoc , iur le Tarn , à cinq lieues
audellous de la ville d'Aiby. Maty. M. Corneille
dit Ile d'Albigeois.
L'Ile d'Atlas. Foye'^ Atlantide.
L'Ile d'Aumont , dans la Champagne , Dioccfe de
Troyes , à deux lieues de la ville épifcopale.
Ile Barbe. 'Village fitué dans une petite Ile de Saône ,
à une dcmi-heue au dcllus de la ville de Lyon. In-
fula Barbara. Il y a kl' Ile-Barbe un Monaftèrede Bé-
nédictins fondé par Charlemagne j mais qui a été
ifécularifé.
L'Ile Belle. Petite ùe de France au milieu de la Sei-
ne 5 dans le Vexin , au-delîous des ponts de Meu-
lan. C'efl: un lieu charmant que M. l'Abbé Bignon
a extrêmement embelli , &: qu'on a quelquefois
nommé l'Ile de Delos , dans les ouvrages des Beaux-
Efprits.
L'Ile de Bisteaux. Ile d'Afrique , dans l'Océan , fur
Ja côte de Nigritie , proche du village de Cazelut ,
&: de la rivière de S. Domingue.
Ile Blanche. Nom d'une Ile de l'Amérique dans la mer
du Nord. Infula candida j alba. Elle cfl; vers la côte
de 'Venezuela.
L'Ile aux Bœufs. Ile de l'Amérique , au golfe du Me-
xique , dans la baie de Campêche , à l'embouchure
du lac de Trift.
L'Ile-Bonne. Ville capitale des anciens peuples du Pays
de Caux , dont parle Ptolémée fous le nom de ]u-
iiobona. f^oye-^ la Defcript. Géogr. & Hijlor. de la
Haute-Norm.T. I , p. j. & fuiv.
Ile Bouchard. Petite ville de la Touraine , en Fran-
ce. Infula Bockardi. Elle eft dans une petite Ile
formée par la Vienne , à fept lieues de Tours , du
côté du midi. Maty. Cette ville s'appelle ainll par-
ce que ce tut l'ancien patrimoine d'une famille nom-
mée Bouchard , &c dont le nom eft palfé dans celle
de la Tremouille par le iTiariage d'une Catherine de
l'inc.
Ile Bourbon. Voye'^ Bourbon.
Ile au Comtat. Nom d'un bon bourg de la Proven-
ce , en France. Infula^ Il eft dans le Comté Venaif-
lîn , en une petite Ile que forme la Sargue , à
trois ou quatre lieues d'Avignon , du côté du levant.
Maty.
Ile aux Coudres. Ile de la grande rivière de Cana-
da , entre le Cap Dauphin & le Cap à l'Aigle. In-
. fuU Cordorum. Voyc\ Lact , Defcript. des Indes Oc-
cident. L. II J c. g. & Champlain , /. Partie , L.
III, c. 4.
L'Ile-Dieu , Abbaye d'Hommes de l'Ordre de Prémon-
tré , fondée dans le Diocèfe de Rouen vers l'an 1 187.
Voye\^ la Defcript. Géogr. & Hifl. de la Haute-Nor-
mandie, T. II , p. ^28.
Ile en Do-don. Infula Dodonis. Petite ville dans
le Cominges , à deux lieues de Lombez , à douze
lieues de Touloufe. Il y a un Couvent de Domini-
cains.
Ile de France. C'eft un petit pays de la France. Infu-
la Francim. Il s'étend le long du bord feptentrional
de la Seine , entre la Marne & rOifc.- S. Denys ,
Montmorenci & Paris , capitale de la France , en
font lesjieux principaux. On étend quelquefois ce
Tomi y.
I LE
«7
pays jufqu'à la rivière d'Aifne , & ainfi on y ren-
terme le Valois. Foye^ France.
Le Gouvernement de L'Ile de France. Pr^fcclura In-
JuU Francis. C'eft un des douze Gouveniemcns Gé-
néraux de la France. Il eft borné au nord par la Pi-
cardie, au couchant par la Normandie , au midi par
le Gouvernement de l'Orléanois , 6c au levant par
la Champagne. Ce pays peut avoir trente fix lieues
de long , a-c autant de large. Il eft arrofé par plu-
heurs rivières , dont la Seine., la Marne , 1 Oile &
l'Ailne , font les plus conhdérables ; l'air y eft tem-
péré, (Se le terroir fertile en grains & en fruits , &
même en vin. On divife ce gouvernement en 'dix
petits pays, qui font l'Ile de France particuhère , la
Bue Françoife, une partie duGâtinois, le Hurepoix,
le Mantois, le Vexm François , le Beauvaihs , it
Valois , le Sollfonnois & le Laonnois. Ses principa-
les Villes font Paiis , Archiépifcopale , & capitale
du Royaume, Beauvais , Senhs , Laon & Noyon ,
qui font toutes Lpifcopales.
L'Ile de France , en Afrique. Ceft la même que les
Hollandois avoicnt nommée Ile-Maurice ■■, mais en.
1711 , les François s'en font mis en poirellion , &
l'ont nommée. Ile de France.
Ile de Grâce. Nom d'une petite contrée de Norman-
die. Infula Gratis. Elle eft entre les rivières de Sei-
ne & d'Eure , & s'étend depuis Paci & Verdun juf-
ques auprès du Pont de l'Arche.
Ile Jourdain. Nom d'une petite ville du Comté d'Ar-
magnac, en Galcogne. Infula Jordani , ancieimement
Caftrum Getrum. Elle eft fur la rivière de Save , à
cinq heues de Touloufe , du côté du couchant. Maty.
Ile aux Lièvres. île de la grande rivière de Canada.
Infula leporum , Leporina , lagoa. Elle eft à fix lieues
du port de Madoullàc. On l'a appelée ainfi d un
lièvre. Foyei Laët , Defcript. des Indes Occidenta-
les j, L. II , c. p. & les Voyages de Champlain , /.
Part. L. III, c. 4.
L'Ile Longue. Ile de la Baie Françoife en la nouvel-
le France Elle eft ainfi nommée , parce qu'elle a fix
ou fept lieues de long. Infula longa. Foye^ Aca-
DIE.
Iles Nouvelles. Ce font des Iles nouvelles , décou-
vertes par les Maloins , qui ont été à la mer du Sud
depuis 1700. Elles font htuées par le cinquantième
degré de latitude Sud , dans la mer dii Nord. FoycT^
la carte réduite de l'extrémité de l'Amérique faite
par M. Frézier,z7. 26 1 , de fon Voyage. Il les a pla-
cées fur les Mémoires du Maurcpas iSc du S. Louis,
vailîeaux de la Compagnie des Indes , qui les ont
vues de près , & même le dernier y ht de l'eau dans
un étang. C'eft la même fuite à' Iles que M. Fouquet
de S. Malo découvrit , & qu'il appela du nom
d'Anican fon armateur. Celui qui les a côtoyées de
plus près a été le Saint Jean-Baptifte commandé par
Doublet du Havre. Quant à leur latitude , M. Fré-
zier les met à peu près entre le 317= & le 311"=
degré.
Ile aux Oiseaux. Nom d'une île de l'Amérique fep-
tentrionale , ainfi appelée , à caufe du grand nombre
d'oifeaux que l'on y trouve. Avium Infula. C'eft l'une
des Cannibales. Elle eft a la hauteur de quinze de-
gj'és , & fort balle. On n'y peut aborder fans rifque.
Foyey^ Laët , Defcript. des Indes Occident. L. I ,
c. /7.
Ile d'Or. Nom d'une ile fituée dans le centre des mi-
nes d'or , occupée par la Compagnie Écoiroife. Ma-
ty.
Ile d'Orléans. Nom d'une île de la grande rivière
de Canada. Irfula Aurelianenfis. Elle eft à deux
lieues du cap de Tourmente , & à une de Québec.
Quartier la nomma autrefois Ile de Bacchus, à caufe
de la quantité de vignes fauvages que l'on y trouve.
Sa longueur eft de fix lieues , & fa largeur eft d'u-
ne lieue. Foye'^ les Voyages de Champlain. P. I
I. III, c. 4.
L'Ile-Royale. Ile de l'Amérique feprcntrionale , dans
la nouvelle France , appelée aulfi Cap Breton , ou
Ile des Bretons. ^CT Elle eft à l'entrée du golfe S.
6%
I L E
Laurent, entre l'Acadie &- l'Ile de Terre Neuve , à'
dix lieues du cap de Camplcaux. Pendant que ^ la
France occupoit 1 Acadie avec Port Royal^ &c leséta
blillemensde Terre Neuve, elle fur fort négligée. On
y donna de l'attention après le traité d'Utrecht qui
alluroit aux Anglois la pleine & entil-re poireliion.
de ces pays , parce qu'elle devint nécellaire pour la
pèche de la morue , &C plus encore pour la coji-nmu
nication avec le Canada. Elle a deux bons ports ,
Louis Bourg & le port Dauphin i Louis Bourg fur-
tout qui en eft la Capitale j avec de bonnes forti-
fications. Dans la dernière guerre , les Anglois la
prirent pour la leconde fois en ly;^ , &C rirent la
garnifon pnlonnière de guerre.
^CT Le Cap Breton ell proprement un cap de l'île ,
*\nï regarde le lud-clt , qui a doimé fou nom à toute
Plie.
Les SEPT Iles. Ce font fept ilcs lituécs environ à deux
lieues de la côte feptentrionale de Bretagne , à cinq
ou lîx lieues de Tréguier par 49 dégrés de latitude.
SeptemînfuU , anciennement 6 itzt/* ouBiadtu. Voya-
ge Mf. IJ17.
It£ A LA Vache. Nom d'une petite île de l'Améri-
que dans la mer du Nord. Injula vaccu. Elle ell fur
la côte méridionale de l'île de Saint Domingue vers
l'occident.
Ile du Vent. En termes de Marine , on appelle ainfi
les I/es Antilles.
Iles d'avau le vent. En termes de Marine , cela fi-
gniae les I/es de d^JJous le vent , ce font_ celles qui
font oppoiies aux lies du vent , & qui lont plus a
l'oueft. Rochefort en compte neuf , qui font i). Eu(-
rache , S. Barthelemi, Saba , S. Martin j Languille ,
Sombrère , Anegade , les Vierges, fainte Croix.
L'Ile Verte. Voyei l'Ile du Cap Breton.
L'Ile de Wist. Il y a deux Iles de ce nom entre les
Wefternes. On les dillingue par leur iiruation. La
plus feptentrionale s'appelle Nortli VVill: , & la plus
méridionale South Wiif.
|Cr ILET. f. m, ILETTE. f. f. ILOT. f. m. Diminutifs
d'Ile. Petite île. Parva Injula , mïnïma Injula. Les
mors d'//er &<. d'ileue l'ont moins uiités que celui
d':loc.
ILE , rivière. Foye^ Ille.
ILÉON , ou ILEON, f. m. Terme d'Anatomie , efl le
nom qu'on donne au troilième & dernier des intef-
tins grêles , qui elt le plus long de tous, il eil lîtué
entre le jéjunum 8c le cœcum , au delious du nom-
bril vers les hanches de part & d'autre. Il eit fujer
à defcendre dans les bourfes. Il y a dans le Zodia-
cus Medico-Gdllkus , p. 123 > une manière de gué-
rir une plaie reçue dans Xïléon , en laitant rendre les
cxcrémens par cet endroit. Il efl ainii nommé, à caufc
qu'il ell entortillé en plufieurs tours & retours , (de-
vient du verbe Grec 'au» , qui figniHe tourner.
On appelle auffi iléon , une partie de l'os anony-
me qui efl au bas-ventre j parce qu'il fouticnt 1 in-
teilin qui porte ce nom. Il forme la hanche. C'cll
la première partie & la partie fupérieure des os larges
placés fur les côtés de l'os facrum. Leur circonfé-
rence eft ronde , un peu convexe néanmoins , &
inégale fur leur côté extérieur. Cet os efl: large , &
attaché aux côtés des trois vertèbres fupéricures de
l'os facrum. Sa partie fupérieure , qui efl leur tran-
chant , ou leur circonférence , s'appelle Epine. Le
côté concave & interne s'appelle Cote , & l'externe ,
ou extérieur , Dos. Cet os efl: joint à l'os facrum ,
par une future propre , & il ell plus large dans les
femmes que dans les hommes. Harris. Cet Auteur
^'ai^pelle 05 illïum -, en François nous difons iléon.
ILEK , ILÉRUS. Rivière d'Allemagne. Ilarus , Hilara.
Elle prend fa fource dans les montagnes du Tirol ,
travcrtc une partie de la Souabe , où elle baigne
Kempten , & Mcnningen^ & après elle fe décharge
dans le Danube , vis-à-vis de la ville d'Ulm.
ILERDA. Voye^i Lérida. On peut encore dire Ilerda
en parlant de l'Antiquité , & il eft mieux.
// qukte ^'Ilerda les fupcrhss remparts. BrÉb.
I L I
ÎLERGETES. f. m. Ancien peuple de l'Efpagne Tat-
ragonnoife, fur la Segre.
ILESSI. Foye\ Ilmitz.
î/3" ILES. 1'. m. pi. Terme d'Anatomie. On nomme
os des îles , un os large &c plat , fitué aux parties
latérales du ballîn. On 1 appelle plus communément
iléon. ( Foye^ ce mot. ) tt l'on donne le nom à'î~
les aux côtes de la région hypogaflrique , plus con-
nus fous le nom de flancs. lUa.
'^fT Ilet , Ilette. Foyei a la Hn de l'art. Ile.
'îfJ ILEUSUGAGUEN ou LEUSUGAGUEN. Ville d'A-
frique j au royaume de Maroc , dans la Province de
Hea, à trois heues de Uadequis.
I L H.
ILHÉOS. Nom d'une ville de l'Amérique méridiona-
le. InfuU. Elle elt fur la côte du Brelil , à trente
lieues de la Baie de tous les Saints , 6i de la ville
de S. Salvador , vers le midi. Ilhéos efl capitale d'une
Capitainerie , qui porte fon nom , &: qui ell entre
celles de Bahia , «Si de Porto Seguro.
I L I.
ILIA. f. f. Nom de la mcre de Roraulus & de Rémus;
nomm£Pj.utrement Rhéa. Ilia.
ILIAI5>Ë. f. f. Nom du premier des Poëmcs d'Homère,
le plus parfait de tous ceux qu'il a compoles. Ce moi
vient du mot Grec im«s, qui efl formt d'----«' , ilium,
nom de cette tameufe ville que les Grecs tinrent al-
liégée pendant dix ans , & qu ils ruinèrent enfin à
caufe de l'enlèvement d'Hélène , & qui fait l'occa-
f ion de l'ouvrage , dont le véritable fujet efl la colère
d'Achille. Ilias. h' Iliade efl: un poé'nie ou Homère ,
pour faire concevoir aux Grecs divil^;s en pluliturs pe-
tits États, combien il leur importoit dette unis &C
de conferver la bonne intelligence entre eux, leur re-
met devant les yeux les maux que caufa a leius an-
cêtres la colère d'Achille, & fa méiintelligence avec
Agamemnon; & les avantages qu'ils retiierent de leur
réunion. U Iliade ell en vingt quatre livres, que l'on
dèligne par les vingt quatre lettres de l'Alphabet. Mi-
ne, I. Fil , c. 21. parle d'une Iliade écrite fur une
membrane fi petite & fi déliée , qu'elle pouvoit te-
nir dans une coque de noix. V Iliade a été de nos
jours un grand fujet de dilpute entre Madame Da-
cier (Se Monfieur de la Motte. Qu'on life Vlliade ;
ces temps qualifiés d'héro'i'ques paroîtront le règne
des paillons les plus injulles , & les plus balles. De
LA Motte.
La petite Iliade étoit un Poëmc de Lefches , Foëte
de 1 lie de Lesbos, dans lequel il dJcrivoit la prife de
Troye. On appeloit encore ainfi une Tragédie donc
le fujet étoit tiré de ce Poëmc.
Il y avoir encore une petite Iliade compofée par
Homère ; Hérodote en rapporte les deux premiers
vers dans la vie d'Homère , & il dit que ce Poëtc
l'avoir ainfi nommée par comparaifbn aveo fa grande
Iliade.
ILIADE, fignifie aufîi j femme d'Ilion , Troyenne , fem-
me de Troye que l'on nommoit Ihon. ÏHas. Cepen-
dmt on dit Troyenne en notre langue , & non pas
Iliade.
ILIAQUE, adj f. Terme de Médecine , qui fe dit d'une
maladie violente &: dangereufe , qu'on appelle paf-
Jion Iliaque , ou mijerere. Ce dernier nom vient fans
doute de la compallîon qu'arrache l'état affreux des per-
fonnesquien font attaquées, //iacaj. C'efl uneexpul-
fion des matières fécales par la bouche, accompagnée
de l'enHurcdu bas ventre , d'une douleur vive , (îï^ d'u-
ne conflipation totale. La caufe immédiate de lipaffion
Iliaque , efl: le mouvement périllaltique des boyaux
renverfcs ; c'efl à dire, qui commmence par les boyaux
inférieurs', & qui fe conrinue aux fupérieurs. Les
autres caufes font les excrémens endurcis , Pinflam-
maticn des inteftins , leur engagement dans 1 aine ,
IL I
ou le fcrocum , comme il arrive fouvcnt dans les her-
nies, leur ciitorrillcmcnr, & leur entrée de l'un dans
l'autre. On a vii des perl'onnes attaquées de h pajjîon
Iliaque , qui rendoitnt les lavemcns & les fuppoli-
toires par la bouche. Il y en a auili qui ont été gué-
ries en avalant une grande quantité d'argent vif , ou
une balle de moulquct. Lorlque les boyaux (ont entor-
tillés , ou qu'ils entrent l'un dans l'autre , ces corps les
remettent quelquefois en état par leur pcGnteur.
h^fiijjîon diaque tire Ion nom del'intcftin iteon, parce
qu'il ell le plus fouvent aiieclé dans cette maladie ;
ou bien du verbe i:MÎt , tourner , envelopper ; d'où vient
que les Latins l'appellent Volvulus.
Iliaque, cfl: aulll un nom qu'on donne à deux groflcs
artères qui font les divilîonsde l'aorte, lorlqu'cUe eft
parvenue à l'os (acrum. Il y en a une de chaque côté ,
qui fe divife encore en interne, &: en externe : l'une
Ik. l'autre jette plulieurs rameaux. On appelle auiîl
■veines iVuiques , de groHes veines qui accompagnent
les artères iliaques , Se qui i"e joignant à l'endroit de
l'os fdcrum forment la veine cave. Il y en a deux
de chaque côté , une interne & l'autre externe qui
reçoivent plufieurs petites veines des parties voiiines.
Iliaque interne. Terme d'Anatomie ; c'ell un mulcle
de la jambe qui part de deilus la motié de la région
lupérieure, & de la concavité interne de Vos iléon.
En defcendant fur la partie inférieure de ce même os ,
il fe joint au grand ploas , &c s'infère avec lui fous
l'extrémité dnpeclineus. L'iliaque interne avec le grand
pfoas , lert à mouvoir la caille en devant , Se à faire
le mouvement de progrellion. Harris.
ILINOIS. Peuples de la nouvelle France , en l'Améri-
que feptentrionale. Ilini. Ils habitent au midi & au
couchant du lac qui porte leur no.n. Ils vivent en
fociété dans de grands villages , cultivent du blé din-
de, recueillent quelques fruits des arbres qui croilîent
dans leurs pays , fans qu'ils en prennent aucun loin ,
Se pourvoient au refte de leur entretien par la pê-
che & par la chaiFe des bœufs , & des autres bêtes
fauvages , dont ils fçavent fort bien conierver la chair,
(ans la laler , Se accommoder les peaux pour en faire
des habits.
Le lac des Iluiois. limorum lacus. Ce lac eft dans 1;
Canada , en l'Amérique feptentrionale. Il eft au mi-
di du lac lupéricur , & au couchant de celui des Hu
rons , dans lequel il le décharge par un grand ca-
nal. Il a environ lix-vingt lieues du nord au fud , cv
quarante du couchant au levant. Ce lac , navigable
partout , & fort poillonneux , forme en la Côte oc
cidentale , du côté du nord , un grand Golfe qu'on
nomme la Baie des Puants , parce que les peuples qui
font lur (es bords habitoient autrefois un pays ma-
récageux , qu'ils ont abondonné à caufe de la puanteur
de fes eaux.
ILION. f. m. Terme d'Anatomie. Nom que les Chirur-
giens donnent à un os des hanches. Ilion. L'os Ilion
eft ainn appelé , parce qu'il foutient le boyau iléon.
C'eft celui qui fe préfente le premier , quand on exa-
mine les os des hanches , parce qu'il eft le plus grand.
Il eft litué auffi au-dellus des autres \ il fait l'articu-
lation avec l'os facrum par ginglime. Cette articu-
lation eft fortitîée par un cartilage Se par un liga-
ment membraneux qui eft très-fort. Dionis. F'oyer
IlEON.
ILION , ou ILIUM. Ilium , Ilion. Euftachc , dans Ces
Notes fur Denys le Géographe , l'appelle lUos. C'eft
la fameufe Troye bâtie par Neptune & Apollon ,
&: détruite par Minerve & Janon. Elle étoit dans
la Phrygie , entre le mont Ida &: la mer. ^ ^oyeij
EusTATiiEj/'.'î^. /^/. del'Édit. de Robert Étieiine.
Troye avoit pris le nom d' Ilion , d'Ilus le IV^ de
fes Rois , Hls de Caliirhoë , Se père de Laomédon.
Lambin , dans fes Notes fur la neuvième Ode du
iy'_ Livre d'Horace, diftingue Ilios à' Ilion. Ilios ,
dit-il , eft la ville , Se Ilion k citadelle de cette vil-
le. Il avout néanmoins que fouvent on confond ces
r.oms.
On dit auflî Ilium, reteuint le mot Latin dans no-
tre lantjue.
I L L
é9
Tout le choix d'Wium fe joignant aux Latins ,
Dans (.e champ malheureux parte fes noirs dejjeins.
Brébeuf.
O combien rougit le Scamandre '.
Que de palais réduits en cendre !
Ilion n'ejl plus qu'un bûcher. Pelegrin.
ILIONE. f f. Une des filles de Priam , qui fut mariée
par Ion père au cruel Polymneftor , Roi de Thracc.
ILIPULA, monte Ilipula, ou Ihpulitano. liipula. C'eft
une montagne du Royaume de Grenade , en Efpa-
gne , à deux lieues de la vijle de Grenade , vers l'orienc.
On voit lur cette montagne de grandes mafures , qu'on
croit être celles de la ville qu'on uommoit ancien-
nement Ilipula minor.
ILlSbiIDES, ou Ilissiades. adj. f. pi. Terme de My-
thologie. Surnom des Mufes , pris du Hcuve Ililfus ,
dans l'Attique , dont les eaux étoient réputées facrées
chez les Grecs par un ftatut de religion , Sacro inf-
tituto , dit Maxime de Tyr.
§0° ILISSUS. Il y avoit en Grèce , dans l'Attique , une
ville détruite depuis long temps, Se une rivière de
même nom , fur le bord de laquelle les Athéniens
avoient confacré un autel aux mufes. Il n'eft pas juf-
qu'au fleuve Ilijfus , qui ne le relfente du dommage
du temps & dé la tyrannie de l'Ottoman ; les Turcs
en ont détourné les eaux pour arrofer leurs jardins ,
Se on n'en voit plus que le lit. Du Loir , p. ^i().
ILITHYE. f f. Divitéde la Fable. Ilithya. C'étoitla Déef-
le qui préfidoit aux accouchemens ; Se la même que
Lucine , ou Junon Lucine. Les femmes grolfes , ou
dans les douleurs de l'enfantement , ou en couche ,
lui fail'jient des vœux , qui confiftoient ordinaire-
ment àlui confacrer des haftes, & à lui promettre
de lui (acrifier des vaches , fi elles étoient heureufe-
ment délivrées. On trouve cette Déellè fur les mé-
dailles & dans des Infcriptions antiques , fous le ti-
tre de luNO LuciNA , ou de Lucina. Cette DéelIe
avoit à Rome un Temple dans lequel on ponoit
une pièce de monnoie à la nailfance &: à la more
de chaque perlonne , Se lorfqu'on prenoit la robe
virile. Servius Tullius avoit établi cet ufage , pour
avoir un exaél dénombrement de tous les Citoyens
& Habitans de Rome. F"oyc\ Lucine.
Ilithye , à ce que l'on prétend allez vraifemblablement,
vient de l'Hébreu -.Vi , Jalad , qui lignifie enfanter,
le T, û', le change aifément en t. Foye:^ Volïïus ,
de Idolol. L. II j c. i^.
ILIUM. L'os ilium. Terme d'Anatomie. Voy. Ileon.
I L K.
ILKELCY , ou ILKLEY. C'étoit anciennement une pe-
tite ville de Brigantes. Ilkelceia j Olicana. Ce n'eft
maintenant qu'un village du Comté d'Yorck, en An-
gleterre. Il eft au couchant delà ville d'Yorck, près
du bourg d'Otley.
ILKUSCH , ILCUSSIA. Petite ville de la Haute Polo-
gne. Ilcuffum. Elle eft dans le Palatinat de la CracO"-
vie , à huit lieues de la ville de ce nom. Elle eft
confidérable par fes mines dont on tire du plomb &
de l'argent tout enfemble.
I L L.
ILL. C'eft une rivière d'Allemagne. Eilus , Helellus.
Elle prend fa fource aux confins de l'Évéché de Ba-
ie en Suillê , traverfe le Sundgaw , & la plus grande
partie de l'Alface , Se après avoir baigné plulîeurs
villes , dont les principales font Enfisheim, Mulhau-
fen , Scheleftat , Bénefelt , Se Strasbourg , elle le dé-
charge dans le Rhin.
ILLAPS, f m. Terme de Myftique , qui fignifie une
efpèce d'extafe contemplative , où l'on tombe par
des degrés infenfibles. Les dévots myftiques ne goû-
tent pas toujours ces Illaps Se ces fuavités ineftà-
blcs que vous avez lues dans leurs écrits. Bavle > c.
70
I L L
34. du premier tome des Réponfes aux queftions d'un
Provintial.
tfT -ÎLLATION. f. f. Terme barbare de l'école , du
LdiCm infene ^ conclure. Ainfi illation Se conféquence
font termes fynonimes.
liLATioN. Terme de Liturgie. On appelle illation dans
la Melfe Mozarabique , illatio , ce que nous appe-
lons Préface -, c'eft à dire , la prière que le Prêtre dit
à voix haute après les Secrettes, &c immédiatement
avant le Canon. P^oyei Du Gange & les Macri.
Quelques uns écrivent que c'étoit dans la Litur-
gie Gallicane que l'on nommoit Illation , ce que
nous appelons aujourd'hui Préface. Mais les Bollan-
diftes , 7tf/2. T. F:, p. 220. F. montrent que c'é-
toit dans le rit Mozarabique qu'on nommoit la Pré-
face Illation. Foyei Préface. On la nommoit en-
core Contejiation & Immolation.
Illation lé dit encore d'une Fcte dans l'Ordre de S.
Benoît. Dies Illationis Feftus. C'ell la Fête du tranl-
port ou du retour des Reliques de Saint Benoit. Die-
dorie , Moine d'Hersfeld en Allemagne , qui avoir
demeuré long temps à Fleury , rendant compte à
Richard , Abbé d'Amersbac , de ce qui avoir donné
lieu de célébrer le 4 Décembre la Fête de \ Illation
ou du retour de Saint Benoît, dit que ce fut fur le
retour folemnel de lés Reliques qui furent appor-
tées à Fleury , après avoir été quelque temps dans
l'Églife de Saint Aignan à Orléans , pour les met-
tre à couvert de la fureur des Normans. P. Hélvot.
T. F. c. 10.
ILLÉ _, ou ILE. Ville , ôc en Gafcogne la Ille , nom
d'une rivière de France. Ella. Scaliger Se Vinet difent
lila, mais mal i ils ont pris l'article pour une partie
du nom propre. Elle palle à Mazières, à haute Ve-
zère , à S. Chaftier , à Mucidan , à Vauclerc , re-
çoit la Drone , & fe jette dans la Durance , au-def-
Ibus de Fronfac. Valois, Not. Gai. p. i8j.
Le mot Ile , félon Dom Duplellis , Dcfcript. Géogr.
& hift. de la Haute-Norm. 7. I , p. 44 , ell im mot
Celtique , qui doit lignifier un mijfeau , une petite
rivière , un courant d'eau.
ILLEC. Vieux mot , qui fignifioit autrefois , en ce lieu
Jà. Ui. Il eft hors d'ulage.
Et quelque part où fût la terre , illec
Etait le feu , l'air ^ & la mer avec. Marot.
Les payfans le difent encore en quelques Provin-
ces.
Ce vieux mot s'emploie avec grâce dans le llyle
Marotique.
Retcne:^ bien ^«'illcc ejl fin manoir.
VotTAIRE.
Ce mot vient du Latin illic , qui fignific la même
chofe.
ILLEC. Ville d'Afrique , au Royaume de Maroc , dans
la Province de Sus , vers la côte de l'Occan , au pays
de Schel.
ILLÉGAL , ALE. adj. Ce qui eft contre les Loix. L'ac-
tion qui fit périr Charles I fut illégale.
ILLÉGALITÉ. C f. Illégitimité , ce qui efl; contre les
Loix , &c. Les Bons Auteurs ne fe fervent pas de ce
mot.
ILLÉGITIME, adj. m. & f. Qui eft contre les loix di-
vines , ou humaines. Non legitimus. Cette épithète
s'applique en général à tout ce qui eft fait conrre la
difpolîcion des loix , ou qui n'y ell pas coulorme :
qui n'a pas les conditions requifes par la loi pour
être légitime. Convention illégale. La tyrannie eft
une puilfance ufurpée & illégitime. Un enfant ell
illégitime, quand il n'ell pas né dans un mariage
fait félon les loix du pays. Celui qui prend le bien
d'autrui fait une adtion illégitim.e. Le prêt ufuraire
eft illégitime-
.0^ Corneille a employé ce mot dans un autre fens ,
dans les Horaces , en parlant ds ceux qu'on choilif-
foit pour combattre les Curiaces.
I L L
Elle eût cru faire ailleurs un choix illégitime.
^fT Illégitime pourroit n'être pas le mot propre en
Proie ; on diroit un mauvais choix , un choix dan-
gereux , &c. Mais , dit Voltaire , illégitime non feu-
lement ell pardonné à la rime, il devient même une
exprellion forte , & lignifie qu'il y auroit de rinjuf-
tice à ne point choilir les trois plus braves.
ILLÉGITIMEMENT, adv. D'une manière illégitime.
Non légitime. Celui qui polféde illégitimement un
héritage , ne fauroit le prefcrire.
ILLÉGITIMITÉ, f. f. début de légitimité. L'illégiti-
mité d'un titre. Comment la Demoifelle de S.ainr
Cyr peut-elle d'un titre confiant d'illégitimité en faire
un de légitimité ; Comment pendant qu'il crie le
vice de la naillance , pourra-t il à la faveur d'une pré-
lomption légale , annoncer une naillance honnête i
Par quel prodige réunira- 1- elle la légitimité &
l'illégitimité } . .. Caujés célèbres , T. FI, p. //<f ,
jip.
ILLEQUES. Vieux adverbe. En ce lieu là. Illic , ib'u
C'eft la même choie qu'illec , que nos anciens Poè-
tes alongoient ainfi pour gagner une fyllabe , & pour
la mcfure de leurs vers.
ILLER. Rivière d'Allemagne : elle a fa fourcedans les
montagnes qui terminent l'Évcché d'Augsbourg au
Midi , &: le jette dans le' Danube , au Midi de la
ville d'Ulme.
^fJ" ILLESCAS. Petite ville d'Elpagne , dans la nouvel-
le Caftille , à lix lieues de Madrid.
ILLÉTRÉ. adj. Qui n'a aucune connoillàncc des Bel-
les-Lettres. Avant ces derniers temps , ce n'étoit que
par une étude pénible , & par un travail dégoûtant
qu'on pouvoit parvenir à n'être pas tout à fait illé~
tré. Desfontaines. Dans le V*^ liècle , la plus petite
lumière éblouill'oit ; & l'on regardoit un homme qui
n'étoit pas tout-à fait illétré , comme un prodige.
Id. Ce mot n ell pas encore bien accrédité ; mais
il exprime bien ce que l'on veut dire.
ILLIAS TE. Terme du Grand art. C'eft la matière des
Philolophes.
ILLIBÉRAL , ALE. adj. Du Latin Illiberalis. Servi! ;
bas , méchanique. Beaucoup de fciences , telle que
la Logique , pleines d'entraves Se de tortures d'cl-
prit , doivent être réputées illibérales ; parce qu'el-
les l'embarraircnt , Se lui font tant de peine , qu'il
perd ce qu'il avoir de plus généreux & de plus éle-
vé. La Mûthe le Faytr , T. XIII , p. jsj- Il libéral
n'a pas allez de cette autorité , pour être employé
par ceux qui aiment la pureté du llyle.
ILLICÉTO. Illicetum. Ce lieu eft dans la Tofcane , à
un quart de lieue ou environ de la ville de Sienne ^
fur une coUine que l'art & le travail ont rendu un
féjour alFez agréable. On y monte par le nord ouell ,
& l'on y trouve de fort belles vues du côté du lep-
tentrioii , iSc du côté de l'orient. Les Augullins y ont
un Couvent.
La Congrégation A'IlUcéto eft une réforme des
Hermites de S. Auguftin qui commença par le Cou-
vent A'IlUcéto, (Se* qui y fut_ établie vers l'an ijSj,
par le P. Ptolomée de Venife , élu Général cette an-
née là dans le Chapitre général tenu à Strigonie en
Hongrie. On dit Herinite d'Illiceto , Augullin d'Illi-
céto , en Latin Eremita ou Augujlinianus Illiceta~
nus.
Ce lieu fe nommoit d'abord l'FIermitage de Fulti-
gnauo , parce que c'étoit un lieu inaccellîble à caufe
de répaille forêt de ronces & d'épines dont il étoit
couvert. Il porta ce nom julqu'en 12.20. Enluite la
République de Sienne ayant ordonné qu'on coupât
ces épines , &: qu'on éclaircît le bois , on le nomma
l'Hermitage de la Forêt , nom qu'il conferva julqu'en
I joo. Alors il commença à s'appeler Illicéto , à cau-
fe de la quantité d'yeufes qu'on y voyoit. Se qu'on ap-
pelle en Latin Ilices , Se Ilicéto du lac j parce qu'il y a
un lac peu éloigné de l'Eglife. Le Couvent d'Auguftins
s'appelle Saint d'Iliceto far le lac. Ilicetum (îgnihe un
lieu planté d'yeufes ou de chcneî. Foye^ le P. Am-
I LL
broife Lmdud'i , Hermitc A'Ilkào, dans fon livre in-
titule : Sacra ILiàtana fylva , &: impnmc en latiii i
Sienne en 16^}, Se en Italien à Rome en i (5 j-
ILLICITE, actj. m. & h Ce mot s'applique a tour ce qui
e/t détendu par l.i loi. I/nciùis. Une chofe n/iMi
n'eit pas toujouri mauvaiiè en loi; n-.ais elle devient
niauviife, parce qu elle eft prohibée. Le concubinage
cit iNmci ams le Chiiilianifine. Le trafic d-s anves
aux pays étrangers eli inkùc. Il ne faur pas dc-FendVe
fon droit par des voies obliques cS: i//u-ues. On dt
oblige a rellituer le bien mal acquis par des moyen.
iHiates. PrarK]ue H/idte. Pat. Doctrme i/ncuJ. S'
pernicieule. Pasc.
^^P.*^\p^'^^''''ï"- •'"^^'- paiTiculièrement afFedc au Pa-
lais. Dune manière illicite, imdù: On n-approuve
guère es mariages qui ont conmiencé il/kaement.
Cela s eit tait iliLcïument.
ILLICO. Terme de Chancellerie qu'on raettoit autre-
fois dans les reliefs d'appel. ICT Selon l'ancienne pra-
tique on etoit obligé d'interjeccer appel, auliîtôt que
la kntcncc dont on fe plaignoit avok été (ignifiée.
Quand on ne l'avoir pas fait , on éroir obligé de pren-
dre des lertres de chancellerie, pour être relevé de
V illico , c'eft à dire , de n'avoir pas appelé fur le
champ. Ce mot c[\ le même en Latin , & jl elt dit
pour m loco , lur le cliamp , fur le heu
ILLIMITÉ LE. adj m. & F. Qui n'apoinr de bornes
poinr de limites. Abfquc limitibus. \}n pouvoir Wl-
tnïté &c fans bornes.
Grand Roi , que dans ma foUtude
3' admire & rcvère en fecret ^
Et de qui le divin portrait
EJl le fujet de mon étude ;
Grand Hcros , dont l'acîivite
Et le pouvoir illimire
ne tant de beaux écrits ejl la féconde fource ^
Irouve bon que mon cœur, de tes vertus épris
le protefte en ce jour qu'enfaifant cette courfè .
J ai plus envifage ta gloire que le prix.
Ode iur les duels, prcfentée à i'Académie
francoife.
1^ Ce terme elt aulfi relatif au temps &: à l'ef-
Pace. Temps illimité. Efpace illimité.
iTTÂ^^J'^?''"' '^" ISTINOIS. Foye^ Ilinois.
FM <; ^'f '''"' '^= '^ BalIe-Hongrie. Illochium.
tiie elt iur k Danube, à deai lieues au-deifus de
Petri Waraaii:. M«.ty
ILLUMiNATEUfi. f m. Qui illumine, qui inftruit,
qui éclaire, lllumuiator. On donne ce furnom à un
baint Grégoire Arménien, Inllituteur d'une Congré-
gation de Moines Arméniens, qu'on appelle Frères
unis de S . Grégoire \' llluminatcur. Ils furent convertis
par k P Dominique de Boulogne. Ils ont été lorg-
tems de l'Ordre de S. Baille , cV palferent en Europe
lur la fin duXIIF. heck, challés par k Soudan d'E-
gypte. Ils changèrent dans la fuite leut habillement
qui conliftoit en une robe tannée &: un fcapulairè
noir, aulîî-bkn que la chape c\- lecapuce, quittèrent
la regk de S. Balile, & prirent les conlliturions des
Dominicains & la règk de S. Auguftin : ce oui fut
confirme parle Pape Innocent VI, l'an ijjg ils fu-
rent enfrure incorporés dans l'Ordre de S. Dominique
P. Helyot. t. I^C. jo.
ILLUMINATIF, IHr. adj. Terme de l'École, fe dit
de ce qui a la propriété d'éclairer. Le feu a une qualité
iLluminativc.
ILLUMINATIF, eftaulïï un ternie de dévotion myllique
qui diftingue trois lortes de vks, la y\z pur^iative \x
vie illuminative , la vie univv
ILLUMINATION f f. Adion du corps lumhrcux qui
éclaire i ou état du corps opaque qui eft éclairé. Illu-
?rft iv/ P''""""f ^""''-^ ^^" ^"'^^' ^^ l'^ «amme,
c^ydlumination. La Lune ne nous éclaire que nar
\ illumination du Soleil. Les Altronomes diftingr.,„
trois fortes de mois que la Lune forme par fonmou
vement l'un defquels s appelle mois illunù^^o^ ■
il le mefure depuis qu'on commence à voir la Lune
I L L
71
apies ù conjonOaon, julqu'à ce qu'elle difparoiflc.
^^ 1.LUMINAT10N , le dit aulii de la manière dont L
cgJifes font éclairées dans certain, jours iolemndV &
eft obi: !"T""" '■■"'?^'-" ^'' '^'""^'^■" ^1"^ 1^- P^"Plc
e/t oblige d entretenir la nuit fur /es fenêtres d.ui<-
que que kte ou rejouillance publique; & de celles qui
mu o 'W 1""" ^y'"^-"-"'- '- t-^*^^'^ des grandes
inailons dans les mêmes caconllances, ou dan. une
rcrc particulière.
Belle illununation dans la maifon , dans une place publi-
que. I y avGit des illuminations à toutes les feirêtres
Les illuminations de Verliiljes ont été un des plus
beaux (peéhcles qu'ait f:iir von la magnifice'ncc royale
Elles etoient faites de papier peint, c\: éclairées par
derrière de pluheurs lunnéres. Les Religieux les jours
^c leurs Kres ont foin défaire des Uluminarions dans
leurs eglilcs.
Illumination en peinture defîgures. Les illumimxtions
pittorçfqiies, font un très-bel effet furie théâtre, ou
dans les décorations des fêtes publiques. Elles coniif-
tent a éclairer par des lumières qu'on n'apperçoic
poinr , des reprclentarions peintes fur des mariéres
tran (parentes comme le verre, \.x luie, la toile le
papier, &c. '
Illumination, fe dit fîgurément en termes de dévotion
des lumières d'enhaur qui éclairent nos âmes. La foi
elt un don &c une illummation du Saint Elnrit. Les
profanes le moquent àit^illuminations , &c de ces dou-
ceurs intérieures dont fe vantent les mylfiques. Fen.
La 1 nncelle fe fentit éclairée par une UlumiLtion lou-
daine. Boss.
Illumination. Terme d'Hiftoire Ecclélîallique. Dans
les premiers iiecles de PÉglife on donnoit ce nom au
Sacrement de Baptême. M. Fleury faifant un précis
de la première apologie que Saint Juftin Martyr pré-
lenta a 1 Empereur Anronin, Pie, k faitainfi parler -
NoLis amenons ceux qui croient à notre Dodrine "
au heu ou elf l'eau, & ils font régénérés; car ik
font laves aii nom du Seigneur. Nous appelons cette
ablution. Illumination i parce que les âmes y font
éclairées. •'
Ce mot eft pris de S. Paul , qui dans fon Épître aux
Hébreux \\. ^.y^z ceux qui ont été illumines , en-
tend félon pluheurs Interprètes, ceux qui ont été
bapnks.
ILLUMINATOIRE. f. m. Baptiftère. Illumiruuonum.
l' oye:^ Illumine.
ILLUMINÉE ÉE. f m. & f. Dans l'Antiquité Eecléfiaf-
tique , c elt k nom que l'on donnoit à ceux qui
avoient reçu le Baptême. Illuminatus , a. Ce nom
leur yenoit dune cérémonie du Baptême, qui confif-
toit a mettre en la m.nn d un Néophyte qui venoit
d être baptik, un cierge allumé, f-ymbok de la fbi Se
de la grâce quil avoit reçue par ce Sacrement. On
lui donnoit ce cierge après qu'on l'avoir revêtu de la
rabe blanche Foye:^ Grégoire de Tours , Hift. Z.
r -" "•/ ^ ' ^ V" ^^^' '^-^ '^^"s fon Glollaire, C'eft pour
la même caufe que le Baptiftère eft appelé Illumina-
toire é^ns la vie de S. Marc Prêtre, comme l'ont ob-
lerve l'es Macri.
Illumivé, Éh. Nom de feéte. Illuminaïus , a. Us Il-
lumines , que les Efpagnois appellent Alumbrados ,
lont des Hérétiques qui s'éjevêrent en Efpagne vers
'■■'1. IJ7J- Les auteurs de cette Sefte fureur pris &•
fsunis de raorr à Cordoue , & la vigilance de l'Inquili-
tion ctoufta cette Sede dès fes commencemens. On les
vit pourranr reparoîrre quelque remps après à Séville.
Ce fur, félon quelques Aiireurs, l'an 1615 , &: félon
D. Diego Orriz de Zuniga , Chevalier de POrdre de
Sainr Jacques, dans fes Annales de Sévillc, l'an 1627.
Lem-s Chefs éroient Jean de ViiLilpando, Prêtre ori-
ginaire de Garachico, dans l'jle de Ténéiif, & une
Carmélite appelée Catherine de Jéfus , & communé-
ment la Mère Catherine. Ils avoient beaucoup de
compagnons & dedifcipks, dont l'Inquihtion fe fri-
hr; cV dans un afte particulier qui fe fit l'an 1617 , le
fécond Dimanche de Carême , qui éroir k dernier
jour de Février, ils rérradèrent leurs erreu is, coinpri-
Ics en vingt-deux propofitions, c\- cbns la fuite Vil-
7^
I L L
Lilpando montra toujours un vcritable repentir. C'ed:
ce qu'en dit D. Diego de Ortiz à l'an 1 627 ; il ajoute
que les Inquiliteurs ctoicnt le Licencié Dom Juan
Ortiz de Sotoni.ijor , le Licencié Dom Juin Dionylio
Portocarréio , le Docteur Fernando de Andrade Soto-
major, & le fitcal le Docteur Dom Antonio de Fi
guéroa. Je trouve ailleurs que ce fut l'Evcque D. An-
dré Pachéco , Inquiiiteur Général d'Eipagne qui ,
ayant l'urpris fept des auteurs , les fit brûler, &; con-
traignit leurs dikiples d'abjurer leurs erreurs j ou de
lortir du Royame; mais Dom Diego de Ortiz ne dit
rien de lemblable. Les principales erreurs de ces II/u-
minés , étoicnt que par le moyen de l'orailon lublime
à laquelle ils parvenoient^ ils entroient dans un état
fi parfait, qu'ils n'avoient plus beloin ni de l'ufage
desSacremens, ni de la pratique des bonnes œuvres,
& qu'ils pouvoient même fe laillcr aller aux actions
les plus infâmes fans péché. C'étoient des prédécef-
feurs de nos Quiétilfes de France & d'Italie.
A peine ces Illuminés d Elpagne avoient ils été dif-
fipés, qu'en 1654 on en découvrir en France une
Sedfe qui infettoit la Picardie. Les Guérinets, difci-
ples de Pierre Guérin, Curé de S. Georges de Roye ,
s'étanr joints à ces Illuminés , répandirent leurs er-
reurs dans toute la Flandre , &C ne firent qu'une feule
Seilc fous le nom A' Illuminés. Louis XIII les fit pour-
fuivre li vivement , qu'en 1635 cette Scéfe fut détruite.
Leurs erreurs étoient de s'imaginer que Dieu avoir
révélé à frère Anroine Bucquet une pratique de foi
•de vie furéminente, inconnue jufqu'alors dans l'É
glife, que la lainte 'Vierge elle-même n'avoir eu
qu'une vertu fort commune, que S. Pierre & S. Paul
éc tous les Docteurs de l'Eglile , n'avoient fu ce que
c'étoit que fpirirualité , mais que par leur méthode on
pouvoir acquérir en peu de temps le même degré de
perfeétion & de gloire que les Saints & la Sainte
■Vierge ; qu'on pouvoir faire licitement tout ce que
diétoit la confcience; que Dieu n'aimoit que lui mê-
me ; que dans l'elpace de dix ans leur doctrine prévau-
droit dans l'ÉgliIe , & qu'alors on n'auroit plus befoin
de Prêtres , de Religieux , de Curés, &:c. /^oye^ Gau-
tier dans fa Chronique du Xyii"^ iiécle.
Les Frères de la Role-Croix ont aullî été appelés //
Iwninés , &c étoient en eltet une Secte d Illuminés.
Voyez Rose-Croix.
Ce nom vient de ce que ces Seétaires prétendent
être illuminés ëc éclairés de Dieu d'une manière parti-
culière.
^fT Nous donnons encore le nom d'illuminé à un vifion-
naire en matière de religion. C'eft un homme qui a
des vifions ridicules fur la religion, c'eft un illuminé.
ILLUMINER. V. a. Difiiper les ténèbres & l'obfcurité
par une effufion de lumière; répandre de la lumière
fur un corps. Illuminare. Le ioleil n'illumine à la
fois que la moitié de la terre. La lune ne paroît que
quand le foleil illumine la partie qui nous regarde. La
lune eft illuminée par le Ioleil.
Lune, qui de l'ohfcure nuit
Illumines les fçmbres voiles. Godeait.
|C?Illuminer. Faire des illuminations. ^oy£^ ce mot.
On avoit ordonné d'illuminer dans toutes les rues.
Toute la face du Palais étoit illuminée.
It.Lur.nNER. Dans un fens figuré, en matière de religion,
éclairer l'ame , l'entendement. J. C. elt venu éclairer
l'univers plongé dans les ténèbres. C'eft lui qui illumi-
ne tout homme qui vient au monde. Seigneur , illu-
7«i«î^ mon ame, mon entendement.
Illuminer , fe dit aulli des Iciences humaines. L'étude
de la Philofophie ouvre l'efprit &: {'illumine. L'elprit
eft illuminé par la doétrine comme l'œil par l'air qui
l'environne. Abl. Quand vous ferez plus illuminé ,
vous connoîrrez mieux le prix des choies. Le Ch. de
M. Cela fait voir que vous avez l'elprit extrêmement
illuminé. Bon. Dans cette acception il eft mauvais.
Illuminer, v. a. s'eft dit autrefois pour baptifer. P^oje]'
Illumination.
Illuminé , éh , part. & adj.
I L L
ILLUSION, f. f. Fauffe apparence , artifice pour faire
paroitre ce qui n'eft pas , ou autrement qu il n'eft en
ertet. Inane Jpecirum. L'optique fait paroitre aux
yeux mille agréables illufions dans les lunettes polyè-
dres ou à facettes , dans la lanterne magique. |p^ Nos
lens nous font illufion en nous préfentant des objets
où il n'y en a point , ou en nous les montrant autre-
ment qu'ils ne font. Un bâton paroît rompu dans
l'eau , c'eft une illufion. Quand nous fommes dans
un bateau , c'eft le rivage qui nous paroît en mouve-
ment ; c'eft une illufion des fens. Ce mot vient du
Latin illudere , tromper.
Illusion , le dit aullî en morale & fignific auftî apparen-
ce trompeuf;, imaginations, penlces chimériques. Fai-
re illufon , c'eit tromper par les apparences. Tout ce
qui nous en impofe par fon éclat , fi faulfe impor-
tance , nous fait illufion. Error. Les hommes fe re-
paillént de chimères , de vifions , d'illufon. Le dé-
mon procure quelquefois d'heureux fuccès aux mé-
chans , pour les entretenir dans \illufon. Nie. Il y
a une illufion très abfurde , &: qui eft cependant très-
ordinaire : c'eit de croire qu'un liomme dit vrai , par-
ce qu'il eft de condition, ou qu'il eft élevé en dignité.
Il faut fonger d abord à guérir le cœur comme la
fource la plus ordinaire des illufions de l'efprit. Nic.
La voie de 1 examen des controverfes elt propre à
précipiter 1 homme dans toutes fortes d'illufions. Id.
Il y a de la dureté a arr.icher aux gens des imaginations
qui leur plaif eut , & à leur envier le charme de leurs
illufions. S. LvR. Douces illufions qui fiduifez mes
fens ! Vill. Il eft ridicule de combattre férieufement
les illufions Se les raftinemens d'une dévotion mélan-
colique. Boss. L'amour propre eft la fource féconde
des illufions du cœur Aba. Combien la vanité fe fait-
elle deriatteufes illufions ; Nie.
Illusion, fe dit aulli $/3^ des prcftiges du démon qui
préfentent aux fens intérieurs ou extérieurs , les cho-
ies autrement qu'elles ne font. Illufion magique,
diabolique. Le démon a tenté les Hermites fjus diver-
fes formes qui n'étoient que des illufions.
ILLUSOIRE, adj. m. & f. Captieux , qui tend à trom-
per fous une faulfe apparence. ifT On le dit en général
au Palais des actes fimulés, des jugcmens inutiles,
des conventions conçues de façon qu'on peut éluder ,
& qui demeurent uns exécution. Propoiition , de-
mande illufoire , contrat illufoire.
On dit qu'une telle procédure rendroit un juge-
ment , un arrêt illufoire , c'eft-à dire , qu'il feroit inu-
tile, quil demeureroit fans exécution, que la partie
auroit raifon de s en moquer, de s'en jouer.
ILLUSOIREMENT, adv. D'une façon illufoire. Il ne
fe dit guère que dans le ftvle de pratique.
ILLUSTRATION, f. f. Action, ou ouvrage qui rend
une; choie illultre. Illufirado. Jean le Maire a fait un
volume qui porte le titre dllluflration des Gaules.
Ce mot n a pas en ce lens un ulaiC fort étendu. Il a été
formé du Latin illufiratio , & veut dire explication ,
difcOurs qui mer en fon jour ce qu'il y a de beau ëc
de particulier en un lieu , ou fur un fujet. Le Poète du
Bellay qui étoit d'Anjou, &c qui florilîbit fous Hen-
ri II , a compofé un Livre qui porte pour titre : Dé-
fenfe & iiluftration de lu Langue Francoife. Richelet,
Il eft imprime à la tête de fes Œuvres Françoifes , &
dédié au Cardinal du Bellay. L'Auteur avertit à la fin
que ce petit ouvrage qu'il appelle dans l'on Épître les
premiers fruits, ou pour mieux dire, les premières
fleurs de Ion printemps , n'eft que le dcffein de quel-
que grand & laborieux édifice qu'il entreprendra peut-
être , croiilant fon loiiir & fon fwoir. Mais c'eft tout
ce que nous avons de lui fur cette matière, & c'en a
été aflez pour que le P. Bouhours l'ait placé entre
Amyot Se Ronfard , dcf quels il a parlé comme des
trois principaux reltaurateurs de la Langue fous Fran-
çois I, & Henri II. Entretiens d'Ar.&d' Eu^. p. 14S
& 1 4.() de la quat. édition in-i 2.
iJCF Illustration 5 fe dit plus ordinairement pour dé-
figner 1 -s marques d'honneur, les emplois dent une
famille eft décorée. On dit qu'une famille eft ancien-
ne , mais fans illufiration.
< ■ Illustration.
I L L
Illustration. Ce mot fc dit audî quelquefois en ma-
tière de dévotion , & on y joint ordinairement quel
que épitlicte pour en dctenniner la lîgnirication. Il
fiyniHe donc une forte de lumière que Dieu répand
dans l'efprit, Se devient iynonymc avec ïllum'inanon.
Ces ïlluminatiuns divines ne l'empcchoient pas de
conlLilter les Religieux de S. Dominique. Boun.
ILLUSTRE, adj. m. & f. &<. f. Qui eft élevé au-dellus des
autres par fon mérite, par quelque qualité excellen
te : Illujlris. Plutarque a écrit les vies des ïllujlrcs
Capitaines Grecs & Romains. La Mailon de Bourbon
clt la plus Ulujlrc de l'Europe. Bocage a écrit les vies
des Dames ïllujlrcs. Cicéron a été le plus illujlrc des
Orateurs, & Virgile le plus illufire des l'oëtes. Ce
Peintre éc cet Ouvrier lont ïllujlrcs dans leur Art.
Villufirc Corfaire eft un Héros dans le Polcxandre.
Les Rois d'Egypte ont été ceux qui ont laillé de plus
illnlîrcs marques de leur grandeur. On trouve àilluf-
tres fcélérats ; mais il ne fut jamais à'illujlrcs avares.
S. EvR.
Pardonne^ a l'éclat d'une illuftre fortune.
Ce rcjie de fierté qui craint d'être importune.
Racine.
I L L
11
' Corneille dans la Tragédie de Pompée , voulant
traduire {cfcqu: prohat moricns de Lucain , il prouve
en mourant qu il eft Pompée ( exprcllion limple &
noble ) dit que fon dernier foupir eft un loupir illuf-
tre : exprcllion qui n'clt pas tolérable.
M. de Voltaire obierve que cette épithète à'illuflre
gâte prefque tous les vers où elle entre , parce qu elle
ne fert qu'a remplir les vers , qu'elle eft vague, qu'elle
n'ajoute rien au lens.
Le mot A' illujlrc , aind que ceux Iz fameux , célè-
bre , renommé , marque la réputation : mais ils ont
tous leurs nuances particulières qui les dilhnguent.
■ Le mot à' illujlrc , dit M. l'Abbé Girard , exprime la
léputation qui eft fondée fur un mérite appuyé de
dignité & d'éclat , qui fait non-feulement connoître ,
mais qui fait encore eftimer le (ujet & le place dans le
grand. Les Princes brillent pendant leur vie , mais ils
ne fjnt lUuftres dans la poftérité que par les monu-
mens de grandeur , de (agelïe &z de bonté qu'ils lail-
'feiit après çux. l'^oye-^ les autres mots. D'après cela ,
on voit que ce n'eft pas parler avec beaucoup de pu-
reté , que de dire que Cicéron étoit le plus illujlrc des
Orateurs , ôc Virgile le plus illujlrc des Po'étes. L'un
était grand Poëte , l'autre grand Orateur : ils étoient
des Auteurs célèbres , non pas des Auteurs illufircs.
On voit encore que le mot A'illuftre ne peut fe
prendre qu'en bonne part. Ainii l'on ne doit pas dire
avec quelques écrivains , illujlrc fcélérat; mais fameux
Icélérat. F'oYe:^ Fameux.
M. l'Abbé Girard obferve encore que fameux j cé-
lèbre Se renommé, le difent des perlonnes &c des
chofes; mais qiiillujlre ne s'applique qu'aux per-
fonneSj du moins quand on veut être tcrupuleux fur
Je choix des termes. Ainfi, cette plirale que nous
avons lailfé (ubfifter dans le premier article , de même
que les autres que nous condamnons , n'eft pas exaflc.
Les Rois d'Egypte ont été ceux qui ont laijjé de plus
illufire s marques de leur grandeur. Je lais bien qu'on
en trouve des exemples dans de bons Auteurs , prin-
l^ipalement en Poéhe ; mais c'ell: toujours un abus du
terme. Le mot de marque , d'ailleurs , eft mauvais en
cet endroit On ne laille point de marques de la gran
deur après foi, on laiife des monumens.
It.lustre , étoit autrefois dans l'Empire Romain un titre
que l'on donnoit aux gens d'un certain rang. Illujlris ,
inlujlris. On donna d'abord le titre à'illujlre aux Che-
valiers les plus diftingués qui avoient droit de porter
le latus clavus. Enfuite on appela illufircs ceux qui
tenoient le premier rang entre ceux que l'on appeloit
konorati ; c'eftàdire , aux Préfets du Prétoire, aux
Préfets de Rome , aux Tréforiers , aux Maîtres des
•■ foldats, aux Maîtres des Offices, aux Comtes des af
faites privées, aux Comtes des domeftiques , &c. com-
me l'ont fouvent montré Brillbiinet, Pancirolle, le
Tome V,
P. Sirmond &: Jean Selden, De titul. honor.
H yavoit de diftérens degrés aux ordres j>armi les
ïllujlrcs. Se comme on diftingue en Elpagne des
Grands de la première , de la féconde clalle , il y avoit
audi des ïllujlrcs qu'on nommoit Grands, Ma/ores
Ïllujlrcs ; Se d'autres qu'on nommoit petits , ïllujlrcs
Minores ; par exemple , le Préfet du Prétoire étoit
d'un rang au-dellus du Maître des Offices , quoiqu'ils
tullènt tous deux Illufircs. I^oye^ M. Cujas, L. ult.
de Dignitat. C. L. 12. La Novelle de Valentinien,
tit. de honoraùs , diftingua jufqu'à cinq degrés à'illuj-
cres , entre lelquels les premiers de tous lont appelés
Illufircs adminijlratcurs. Voyez encore M. Cujas, L.
I. de Pnmicerio & Sccundiccrio è" Notanis , CL. 10.
aulli bien que le Lcxicon de Droit de Calvin. Les
Grecs ont aulfi dit lAAajf/os , comme on le peut voir
dans Suicer.
i^Nos Rois de la première , & même de la féconde
race , fe trouvoient honores du titre A' Illufire. Vir il-
lujlris ou illuftcr : c'étoit le titre qu'ils prenoient dans
leurs Chartres , Se celui qu'ils regardoient comme le
plus diftingue. /''oyf^ les Diplômes rapportés par
Doublet dans fon Hift. de S. Denis , par le P. Mabil-
lon dans la Diplomatique, & Ducange. Ce titre ne
commença que depuis tiue Clovis I reçut de l'Empe-
reur Anartale les honneurs confulaires , auxquels le
titre A'illujlre étoit attaché. Dans la luire les Maires
du Palais qui avoient uiurpé l'autorité royale , s'arro-
gèrent auill la même qualiiication , qui fut dédaignée
par Chailemagne devenu Empereur , 6c abandonnée,
aux grands Seigneuts. Enfin elle a celle d'être en
ufige.
Illustre. Titre porté par quelques Eglifes diftinguées.
On dit \' illujlrc Églife & Abbaye des Dames Cha-
noinelies de Pourfay en Lorraine,
ILLUSTRE PONTIFE. Foye^ Pontife.
ILLUSTRER, v. a. Rendre une chofe illuftre, lui don-
ner du luftre & de l'éclat. Illufirare. Il ne faut qu'un
grand homme pour 'dlufirer une mailon. Illufirer une
hiftoire par des médailles. Spon. UCT Les grandes
charges illuftrent les frmilles.
C'efi par-là que Molière illuftrantyê^ écrits y
Peut-être defion art eût emporté le prix. BoiL.
CtCF ILLUSTRÉ, ÉE. part. Maifon, Famille illufirée.
Ville illufirée par le fang des Martyrs.
ILLUSTRISSIME, adj. m. & f. Qui eft très illuftre. C'eft
un titre d'honneur qu'on donne aux Evêques. Illuf-
trifihnus. Vlllitfirifilme Se Révérendilîîme Archevê-
que de Paris. Il eft tiré de l'Italien illufirijfimo. L-orl-
que le Cardinal du Perron revint de Rome après la
négociation de Vcnife , il en apporta Villujlrifiïme
Cardiiialj Se la Seigneurie illufiriffime ; mais perlon-
ne n'en voulut. Balzac Ce que dit là Balzac étoit
vrai de fon temps , mais le mot A'illufirijfimc a été re-
çu depuis. Coftar écrivant à M. de Lingendes , nom-
mé à l'Évécbé de Sarlat , lui dit : J'avois dépit de ne
vous pouvoir traiter A'Illufirifiime.
§C?" A la Cour de Rome , on donne le titre de Sei-
gneurie illufir'jjlme aux Nonces , aux Evêques Se prin-
cipaux Prélats Romains. Le Décret des Papes j par
lequel il fut ordonné qu'à l'avenir les Cardinaux fe-
roient traités A'Eminence , eft feulement du 10 Janvier •
1650. Ce qui obligea les Cardinaux de rejetter alors
unanimement la qualité èé Illufiaiffime , dont ils s'c-
toient contentés julques là. Remarques J'ur la Satyre
Ménippée.
ILLUTATION. f. f. Illutatio. C'eft l'aéfion d'enduire
quelque partie du corps de boue que l'on a foin de
renouveilcr iorfqu'elle eft fcche, à delîein d'échauf-
fer, de delfécher Se de difcutcr. On fe fert pour cet
effet du limon que l'on trouve au fond des fources
minérales. Diélionnaire de James.
ILLYRICAINS. f m. pi. Hérétiques qui fuivent les er-
reurs qui ont été publiées dans le fcizième lîécle, par
Mat-cliias Francov/itz , que l'on furnomma Illyricus ,
à caufe qu'il étoit d'Albone en Ulyrie. Ce Matthias
embrafîa la Doctrine de Luther. Il rcjetroit entiére-
K
^4 1 L L
ment la néceflîré des bonnes œuvres , & fut accufc de
renouvelle!- rArianifme. Il s'oppofa a Mclanchthon
& autres qui avoicnt changé quelque chofe à la Con
fellîon d'Augsbourg. On appela fes Sedateurs Rigi-
• des Luthériens. Us furent encore nommés Fiacdcns j
à caufe du lurnom de Flaccus ou Flaccïus qu'il avoit
aullL
ILLYRIE. Nom d'une grande Province d'Europe, llly-
rïcum Se lllyrïs dans Ptolomée , dans Mêla & dans
Lucain , L. IF, v. 433 , & ^i^y^^ <^ans Etienne de
Bylance. Vl/fyrie s'étendoit le long de la côte fepten-
trionale de la mer Adriatique j vis à vis de l'Italie. Les
Auteurs ne conviennent pas de les limites. Pline, L.
III, c. 21 , & Florus, L. II:, c. j\, la renferment
entre l'Arfa , Arfia , & la Kerka , Tuïus , &c marquent
qu'elle s'appeloit Illyrlc ou Liburnie. Le P. Hardoum
dit dans (es Notes fur Pline , que c'ell ce qu'on nom-
me aujourd'hui la Morlaquie. Au contr.xire Ptolomée
l'étend depuis l'Iftrie jufques aux contins de Macé-
doine , le long de la côte , & dans le dedans des terres
jufques à la Pannonie & laMœfie. Mêla lui donne
toute l'étendue de la côte feptentrionale de la mer
Adriatique depuis la Grèce, i. I,c. 3 , &c Denys de-
puis Tcrgelle jufqu'aux monts Cérauniens. Strabon la
fait limitrophe de la Macédoine & de la Thrace. Ap-
pien lui donne encore plus d étendue que tout cela au
commencement de fon Livre de la Guerre d'Illyne.
Euftathe dit que Vlllyrie prit ce nom de les habi-
tans, & fes habitans dlilynus, hls de Cadmus.
Vlllyrie fc divifoit en deux parties , dont l'une qui fe
nommoit Liburnie , étoit du côté de l'orient ; & l'au-
tre, qui étoit la Dalmatie, occupoit l'occident. On
appelé aujourd'hui Vlllync en général Efclavonie.
Sous les Romains l'Illyne comprenoit Vlllyrie pro-
pre , la Dalmatie , la Liburnie , les trois Japidies , les
Carnes Se l'Iftrie. Ils la divifoient en orientale & en
occidentale. L'Illyne occidentale comprenoit les
deux Noriques , le méditerranée & le maritime , les
deuxPannonieSj la fupérieure Se l'inférieure, la Sa-
vie , la 'Valérie Se les Dalmatics. L'orientale renfer-
moit la Macédoine & la Dace.
Godcau a dit Illyric. Les peuples de la Scythie d'Eu-
rope, appelés Slaves, & en leur langue Velatabes ,
pallcrent le Danube & fe divifcrent pour rav.ager 1'//-
/yric Se la Thrace. Godeau. Il ne faut plus parler
ainfi. Foyei Joannes Lucius Tragurinus dans fon Li-
vre de Recrio Dalmatlt , Baudrand & les Auteurs ci-
tés. Foyel aulli ESCLAVON & ESCLAVONIE.
ILLYRIEN , ENNE. f. m. Se f. Habitant de l'Illyne.
Illynus, a. Euftathe, dans fes Notes iur Denys le
Géographe, v. 3S s , p. 6 i de l'édition de Robert
Etienne, dit, que les Illy riens avoicnt pris leur nom
A'Illyrlus fils de Cadmus Se d'Harmonie , parce que
vers le Golfe qrù eft près des monts Cérauniens, on
voyoit le tombeau de Cadmus Se d'Harmonie. Les
Iliyrlens avoient parmi eux une fable qui diloit que
des gens venus de Thèbes en cette contrée , après une
grande vieillellc , furent changés en ferpens , parce
que Cadmus avoit tué un dragon qui gardoit une fon-
taine. Euftathe qui rapporte cette fable, en conclut
que les Iliyrlens étoient originairement Grecs , que
c'étoit une Colonievenue de Grèce qui s'étoit établie-
là , mais qui avoit perdu la politelfe Grecque , & y
étoit devenue barbare. Euftathe dit ailleurs, p. So ,
qu'on les appeloit Illyres , Illyres. , ,, .
ILLYRIQUE, adj. m. & f. Qui appartient a l'Illyne. II-
lyrlcus , a. Le Détroit, ou le Golfe Illyrique. On ap-
peloit ainfi d'abord ce qu'on appela après Golfe Li-
burnique , Se enfin Mer Adriatique , aujourd'hui le
Golfe de Venife. On a encore appelé Golfe Illyriquc ,
une petite partie de la mer Adriatique ^ que les Italiens
appellent aujourd'hui Golfo del Drino , Se nous Golre
du Drin , ou de Drin , comme dit Santon , parce que
c'eft l'embouchure de ce Heuve qui le forme. La poix
Illyrique, ou d'iUyrie. Ovide en parle comme d'une
poix remarquable par fa noirceur.
I L M
l L M.
ILMEN. Nom d'un lac de la Mofcovie. llmenus Lacus.
Il elf dans la Principauté de Nowogrod Weliki , & d
décharge les eaux qu U reçoit de plulieurs rivières ,
dans le lac de Ladoga , par le moyen de la rivière de
Wolchowa. Maty.
ILMENT. Grande rivière de la Perle. Ilmetus , ancien-
nement Arahlus Fluvius. Elle coule dans le Sigiftan
Se dans le M.ackeran, reçoit le Gui, le dur Se l'Il-
mental , & va fe décharger dans l'océan, entre l'em-
bouchure de l'Inde Se le Cap de Gu.adel. Matv.
ILMITZ. Nom d'un village de 1 Autriche. Ilminum. Il
eft aux contins de la Hongrie , Iur le bord du lac de
Newlidler. On croit qu'il eft l'ancienne Tjlmi , petite
ville de la haute Pannonie. Maty.
I L O.
ILO. Foyei Ylo.
ILOIRE.'f. f. Terme de Marine. Foyel HiLOiRE.
ICT ÎLOT f. m. Foyei à la fin de l'art. Île.
ILOTE, f. m. Terme d'antiquité. Efclave. Nom que l'on
donnoit à Lacédémone aux elclaves Ilotes.
§3° Quand les Lacédénioniens s'emparèrent du Pclo-
ponefe , ils trouvèrent beaucoup de réhftance , lur-
tout de la part des habitans d'Élos. Pour s'en venger ,
ils les réduifirent en efclavage eux& tous leurs delcen-
dans. Ces Ilotes ou Hélotcs étoient donc efclaves pu-
blics à Lacédémone. Les loix de Licurgue autorifoient
les Maîtres à les traiter avec beaucoup d'inhumanité.
Les Lacédémoniens- craignant que cette race d'Ilotes,
en fe multipliant, ne devînt redoutable , en faitoicat
mourir plulieurs , ou les accabloient de travaux. Sou-
vent , afin de donner aux enfans de l'averfion pour
l'intempérance & l'ivrelle, ils enivroient ces Ilotes,
Se en cet état ils leur failbient foutfrir mille indignités.
De S. Aubin.
ILS.
ILS. Rivière du Duché de Bavière , en Allemagne. IliJ^
fus. Elle a fi lource aux confins de la Boh'-me , Se le
décharge dans le Danube , à Ilftat , qui eft une partie
de la ville de Palfaw. On afiùie qu'on pèche dans
cette rivière des huîtres où il fe trouve quelquefois
des perles. Matt'.
ILST. Petite ville des Provinces-Unies , dans la Frifc , au
Werftergoo , près de Suce.
ILSTADT. Ilftadlum. Ville d'Allemagne en Bavière, au
conHucnt du Danube & de l'Ills, vis à vis de Pallaw.
long. 31. d. 15'. lat. 48. d. 28'.
I L V.
ILVATES. f. m. Ancien peuple de la Ligurie dans la
Gaule Cilpadane. L'Hiiloire Romaine en parle plus
d'une fois.
ILVERT. f. m. Nom d'une et'pèce de prune, dont la fi-
gure eft longue, «Se la couleur verte. L'ilven. La
Quint. P. III, c. 14.
ILUL. Quelques uns difent ce mot Ilul , pour Elul.
Terme de Calendrier. Nom du douzième mois des
Syro-Chaldéens. On prétend qu'il répond au mois de
Septembre. Il faut dire Elul, c'eft le véritable nom de
ce mois.
ILUN. l". m. Terme de Calendrier. Nom du douzième
mois des Curdiftans. Foye^ Steph. le Moine. Fana
facra ,p.46j. < ■ c\ 1
ILUS. f. m. Quatrième Roi de Troye , etoit hls de
Tros Se de la Nymphe Callirhoë. C'eft lui qui fit bâtir
la Citadelle d'ilion , Se qui châtia Tantale de foji
Royaume. , ^
Ilus. Le jeune Afcagne, fils d'Enee , porta autli le nom
à'Ilus , tant qu'Ilion f'ubhtH ; mais après qu'elle eue
été ruinée, il changea le nom à'Ilus en celui de Jules.
I
I M A
I L Z.
ILZ. Nom d'un bourg &: d'une citadelle, //^j. Il eft
dans le Pal.uinac de Sciidomir, en la petite l'ulognc ,
& a dix lieues de la ville de Sendomir. Maty.
I M.
IM. Eft une prépcfuion qui entre dans la compolltion
de plulieurs mots. Elle nous vient de la prépolition
des Latins in j dont \'n l'échange en m devant le i> ,
l'm ^ le p. Dclk im6il>erj imbccille , immeuble, im-
monde ^ impitoyable ^ impcfflble ^ pouiinbiber, inbc-
cille , tkc. Im a deux l'eus dans la compolltion , com-
me in. Voye\ In.
I M A.
IMACHARE. Voyei Traîna.
IMAGE, r. i. Peinture naturelle & trcs-rKiremblante qui
fe fait des objets quand ils font oppolés à une lurface
bien polie , fCT ou la repréfentation d'un objet qu'on
voit par réHexion ou par réfradlion. Imago. On voit
l'image de tous les objets dans les miroirs. Narcillc
devint amoureux de lui en voyant Ion image dans une
fontaine. Les images des objets fe peignent au fond
de notre œil, comme fur une toile ou une glace.
F'oye:^ RÉriNE.
Ce mot vient du Latin imago , A'imitari , du Grec
Image, fe dit auffi de ces repréfentations artificielles
qu; font les hommes , foit en peinture , ou fculpture.
Il frut remarquer que le mot d'image ne fe dit pas
des periônnes vivantes ; on ne diroit pas bien l'image
du Roi , il faut dire le portrait du Roi , ou la ftatue du
Eoi; maison emploie le mot d'image en parlant des
Saints ; on le dit aullî de la repréfentation des Anciens
. & des faux Dieux. Les images des Célars. Les Ro-
mains confervoientles images de leurs Ancêtres , pour
s'exciter à la vertu en les voyant. Les images font les
livres des ignorans. Maim. Les Romains faifoient
porter dans leurs pompes funèbres les images enfu-
mées &c tronquées de leurs Ancêtres. S. ÉvR. Ce n'eft
qu'en parlant des ftatues que les Romains étaloient
dans leurs veftibules , ou dans les cérémonies d'éclat ,
qi;'on fe fert du mot d'image. Fel,
Même l'on dit que l'ouvrier
Eut à peine achevé /'image ,
Qu'on le vit frémir le premier,
L't redouter fon propre ouvrage. La Font.
Le mot d'image dans ce fens eft confacrc aux cho-
fcs faintes , ou regardées comme faintes.
L'honneur qu'on rend aux images des Saints, eft
reçu généralement dans toutes les Eglifes du monde.
On objedoit aux Chrétiens dans le IIP fiècle, qu'ils
n'avoient aucune image connue , & qu'ils adoroient
la figure de la croix. Cette objeârion ne leur fût pas
venue dans l'efprit, s'ils n'avoient vu les Chrétiens
rendre quelque refpeâ: à la figure de la croix-, & il les
Chrétiens n'avoient eu aucune forte d'image ■,Ctcïl'ms
Natalis ne diroit pas dans Minutius FéUx qu'ils n'en
ont point de connues , mais ablolument qu'ils n'en
ont point. TertuUien , qui vécut dans le lecond fiècle
& mourut au commencement du IIP , témoigne que
fur les calices , dont on fe fervoit dans les Eglifes , on
repréfentoit l'image du bon Pafteur. Le Concile de
Tours tenu l'un ^66 , porte, can. 3 , que le corps de
Notre Seigneur fur l'Aultel , ne doit point être mis au
rang des images , mais lous la croix. Il y avoit donc
des croix & des images fur les autels , & l'Eucharif-
tie y étoit gardée en réferve. Fleuky.
Les Protcftans même de la confeiîîon d'Ausbourg ,
ont traité de furieux les Calviniftes qui ont brifé les
images dans les Eglifes des Catholiques. Les Grecs
rendent aux ima^ej un culte fi excelîîf, que quelques-
uns d'entr'eux ont reproché aux Latins de ne point
Tome V.
I M A 75"
porter de refpeâ: aux images. Ils condamnent iiéan-
inoiiis les kulpturcs , ou images taillées qu'ils regar-
dent comme des repréfentations des faux Dieux du
Paganifme. C'cft lur te pied là que S. Jean de Da-
mas, qui a été un grand défenfeur des images , en
parle dans fon livre 4 de la Foi orthodoxe. Les l^vc-
ques alleniblés dans le 2." Concile de Nicée, firent ce
décret en hiveur des images , que quiconque ne l,es
honoroit point , n'étoit point ortliodoxe^ que l'hon-
neur qu'on rendoit à une image j avoit relation à
celui qui étoit repréfenté par l'image ; enforteque ce
culte étoit relatih Les Grecs appellent le culte des
images , itfsmy.mi Se non pas Latria , cette dernière
adoration n'étant due qu'a Dieu feul.
Les Latins ne font point devant leurs images une
infinité de cérémonies qui font obfervces par les
Grecs. Néanmoins Métrophane Critopule, Grec de
nation , dans un livre qui a été imprimé chez les Pro-
tcftans d'Allemagne, en parle d'une manière qui ne
marque rien d'exceffif dansées cérémonicï. Quand on
célèbre, dit-il, la fête d'un Saint, l'on place fon ima-
ge au milieu de l'Églife , Se cette image ou peinture ,
repréfenté l'Hiftoire de la fête qu'on célèbre ; par
exemple, de la Nativité, de la Rélurreécion de Notre
Seigneur. Alors ceux qui font préfens baifent l'image,
ce qu'ils appellent ca leur langage 3fo<rx.uù<r.> qu'on tra-
duit en Latin par adorare. Si c'eft une image de Notre
Seigneur, on lui baife ordinairement les pieds; fi c'eft:
une image de la Vierge, on lui baile les mains; &
enfin , fi c'eft une image de quelque Saint , on la baife
à la face, f^oye-^ lur le culte des images la lettre de
Germain , Patriarche de Conftantinople , à Thomas ,
Évêque de Claudiopolis , T. VII des Conciles du
P. Labbe, p. 2çS.
Les Juiis condamnent abfolument les images ; ils
ne iouftrent aucunes ftatues , ni figures dans leurs mai-
Ions, & encore moins dans leurs Synagogues & dans
les autres lieux confacrés à leurs dévotions. Il y a ce-
pendant beaucoup de Juifs en Italie qui s'émancipent.
Ils ont chez eux des portraits &: des tableaux. Conful-
tez Léon de Modène , dans ion traité des Cérémonies
Se Coutumes des Juifs , part, i , c. 2. Les Mahomé-
tans ne peuvent louftrir les images , & c'eft en partie
pour cela qu'ils ont détruit la plupart des beaux mo-
numens d'antiquité facrée & profane qui croient à
Conftantinople.
La réception des images étoit la forme ordinaire de
recevoir les nouveaux Princes. Bossuet. Il parle des
Romains.
Image , lignifie plus particulièrement & parmi le peuple ,
une eftampe d'une planche gravée , imprimée fur du
papier, du vélin, du facin , dont on tire plufieurs co-
pies. Ce livre eft tout plein d'images , de figures. On
donne des images aux entans qui ont bien dit leur
catéchifme.
On appelle image en taille-douce j celle qui eft tirée
d'une planche gravée avec le burin, laquelle marque
par les parties enfoncées. Une image en taille de bois ,
celle dont la planche cil de bois j laquelle marque par
fcs parties élevées.
On entend proprement par le mot Image quelque
chofe delacré, comme. la repréfentation de Dieu, de
la Vierge , & des Saints. On dit l'image d'un Saint ,
l'image d'une Divinité & le portrait d'un Roi. Foye:^
Estampe. Dicl. de Peint. & d' Arch,
^3" Image. Effigie, figure^ portrait. L'e^^ie eft pour tenir
la place de la chofe même. On pend en effigie les cri-
minels fugitifs. L'image eft pour en reprélenter lim-
plement l'idée. On peint des images de nos myftères.
La figure eft pour en montrer l'attitude & le deikin.
On fait des figures équeftres de nos Rois. Le portrait
eft uniquement pour la relfemblance. On grave les
portraits des hommes illuftres. Image fe dit de toutes
fortes de choies Synfr.
Image , le dit aullî des defcriptions qui fe font par le
difcours. Les images dans la Rhétorique ont tout un
autre ufage que parmi les Poëtes : le but qu'on fe
propofe dans la Poëfie, c'eft l'étonnement & la fur-
prilc ; au lieu oue dans la Proie , c'eft de bien peindre
Kij
J&
I M A
les ciiofes, & de les faire voir cliiiement. Il y a pour-
tant cela de commun , qu'elles tendent à émouvoir
•dans l'un & l'autre genre. Ces images ou ces pein-
tures , (ont d'un grand artitice pour donner du poids ,
■de la magnihcence & de la force au difcours. l-'ar-là ,
il femble qu'on met les choies dont on parle devant
les yeux de ceux qui écoutent. Boa. Les images ont
cela, quelles animent &: échauflent le difcours; en
forte qu'étant ménagées avec art , elles domptent ,
pour ainli dire , & loumettent l'auditeur. Idem. Cet
Orateur a fait une image du combat lî vive , que cha-
que auditeur fe croyoit prefque tranfporté fur le
champ de bataille. Le Prédicateur a fait une image de
l'enter fi aftreufe, qu'il a épouvanté tout fon audi-
toire. ÇCJ" C'eft en éloquence , ainii qu'en Poëlie ,
une dekription courte & vive qui préteiite les objets
autant à l'elprit qu'au yeux.
^CTDans un difcours, il faut non feulement dire la
vérité pour contenter l'elprit, il faut la revêtir d ima-
ges pour m.ettre l'imagination dans fes intérêts. C'eft
un agrément nécellaire dans tout dilcours d'Éloquence
ou de Poélie : elles nous mettent lous les yeux les ob-
jets dont on parle ; elles y arrêtent la vue de l'elprit;
elles iouticnnent l'attention; elles préviennent le dé-
goût , & c'eft avec raiion qu'on a dit que tout Auteur
doit être Peintte.
En conlultant le goût général , on apperçoit facile-
ment en quoi coniille la véritable beauté de ces ima-
ees. Nous aimons tous dans les peintures le grand &
le gracieux ; le grand qui nous enlève , & le gracieux
qui nous attache. Notre imagination eft naturelle-
ment vaftc : il faut donc lui prélenter de grandes ima-
ges. Elle ne peut fouftrir des portraits (ecs & durs ;
préfentez lui des images gracieufcs ; que du moins l'un
ou l'autre , le grand ou le gracieux , pareille toujours
dans vos tableaux. Mais li vous trouvez le iecret de
les y rallembler quelquefois tous deux, le grand dans
le gracieux , & le gracieux dans le grand , voilà le
beau complet des images, l^oy. encore Imagination.
Image , le dit encore des idées , des peintures qui (e for-
ment dans l'elprit , par l'imprellion des choies qui ont
palïé par les (ens. Un criminel a toujours l'/'/77i2^e de fon
crime devant les yeux. Il voit l'image d'une mort
honteule qu'on lui prépare. Un amant a toujours l'i-
mage de fa ma'itrefle gravée dans le cœur ; il eft tout
plein de Ion image. Par tout du délefpoir je rencon-
tre l'image. Rac. L'image de l'atiront qu'il a reçu ne
s'eftacera point de fi mémoite. L'image de la mort ,
quand elle eft proche , ébranle les plus fennes. Nie.
Quand la populace eft frappée d'une vaine image de
- religion , elle obéira plutôt à des devins qu'à fes
chefs. Vaug. Mourir eft h peu de chofe pour les An-
gloisj qu'il faut pour les toucher des i/wa^T^cj plus fu-
ncftes que la mort même. S. EvR. On a beau s'occu-
per de loi même dans la lolitude, les images que l'on
s'en forme (ont infiniment plus fombres que celles
qui lont aidées par les objets extérieurs. Nie.
Dans le fond des forets votre image me fuit.
Racine.
Image , fc dit figurément de la rciremblance. Dieu a
fait l'homme à fon image. Les Rois font les vivantes
images de la Divinité. Cet entant eft la vive image de
fon père.
Je me perds , & plus j'cnvifage
La fo'd'lejje de l'homme & fa malignité ^
Et moins de la Divinité ^
En lui je reconnais /'image. Des-H.
Les Aftronomes difeiit l'image du folcil , ou autre-
ent le type.
On dit aulll que l'écriture eft l'image de la penfée ;
que la Comédie eft l'image de la vie civile. Nous cm-
braiions l'erreur fous l'image de la vérité. La Pi.
C'eft-à-dirc, fous l'apparence. Les Grecs appeloient
l'écho j l'image de la voix. Dac.
Image , en termes d'Optique , figniiîe la trace que les
I M A
objets impriment dans le cerveau par l'oigane des
Icns.
Image, en terme d'Optique, fe dit encore d'un objet
iur la baie d'un miroir convexe. Harris. Comme la
diftance de lobjet au miroir eft à la diftance de l'ima-
ge à la glace; ainfi la diftance de la grandeur de l'ob-
jet , eft au diamètre de l'image. C'eft la règle que M.
Molineux a donnée pour trouver la grandeur du dia-
mètre d'une image Iur la bafe d'un miroir convexe.
Idem.
Image, fe dir proverbialement en ces phrafes. On dit
qu'une femme eft fage comme une image. On dit auili
de celle qui ne parle guère , qui eft fans aftion , (ans
efprit , que c'eft une belle image. On dit aulFi qu'on
amule les enfans avec des images , en fe moquant de
ceux qui nous veulent entretjenit , ou payer de baga-
telles. On dit aufti par raillerie , vous avez bien fait,
vous aurez une belle image. Les enfeignes qu'on
nomme , A la belle image , (ont des images de Notre^
Dame.
IMAGER j ÈRE. f. m. &c f. Celui ou celle qui vend des
eftampes , des images , en papier ou en vélin. Tabel-
larum propola : on trouve dans quelques Auteurs de
la bafte Latinité Imaginarius. Les Sculpteurs ont été
aulli appelés Imagers , on Tailleurs d'images par leurs
ftatuts qui leur défendent de tailler aucune image
de bois vert , ni mort bois , ni tilleul.
Un Imager tira l'image d'un vifage j
Et le tira fi bien en fa perfeclioa ,
Que /'Imager devint amoureux de l'image. Voit.
IMAGINABLE, adj. m. & f. Ce qifi peut être imaginé.
Quod cogitatione fingi potejl. Cet homme a toutes
les vertus imaginables. Cet Auteur a une force d'ef^
prit qui n'eft pas imaginable pour fervir fes amis.
|Cr IMAGINAIRE, adj. m. & f. Qui n'exifte que dans
l'imagination , qui n'a rien de réel hors de là. C'elt
dans ce fens qu'on dit un malade imaginaire , des
biens, des maux imaginaires. Imaginarius. Un ma-
lade imaginaire , eft celui dont l'imagination eft tel-
lement bleflée , qu'il (e croit malade j & l'eft vrai-
ment , lînon de corps , au moins d'cfprit. La fenlk-
tion elf réelle , quoique la caule ne le (bit pas. Il
en eft de même des biens imaginaires. Ce fou qui
croyoit que tous les vailleaux richement chargés qui
entroient dans le port de Pirée , lui appartenoient ,
ne jouilîoit-il pas d'un bonheur réel ? La plupart des
biens dont nous jouiflons , font de cette nature. Qui
ôteroit à l'homme les biens que lui fait fon ima^ji-
nation , le rendroit la plupart du temps miférable.
En Philolophie , on appelle elpaces imaginaires ,
fpatia imaginaria , L'efpace vide que nous concevons
au delà du monde. Voy. efpace.
IMAGINAIRE , en Algèbre j fignifie impoflîble. Toute
puillance paire doit toujours être une grandeur poli-
tive , ("oit que la racine foit polîtive , ("oit qu'elle foie
négative. Aind quand par le réfultat d'un calcid l'in-
connue élevée à une puiiîance paire le trouve égale
à une grandeur négative , la valeur de 1 inconnue eft
impolliblc ou imaginaire.
Il fe prend aulli lubftantivement. Faire évanouir
l'imaginaire. Il fe dit des racines paires des quantités
négatives. Acad. Fr.
On a donné le nom ^'imaginaire à des Lettres
de Nicole , dans lefquelles il prouve que le J
Janfénilme eft une hérélie imaginaire. Je remar- ]
quois que vous prétendiez prendre la place de l'Au-
teur des petites lettres , mais je remarquois en mê-
me temps que vous étiez beaucoup au delFous de lui,
& qu'il y avoir une grande différence entre une Pro-
vinciale & une Imaginaire. Racine.
IMAGINATIF , IVE. adj. Qui imagine aifément , qui
a l'imagination vive & fertile. Formandis imaginibus
idoneus. Il faut qu'un Machinifte foie fort Imagina-
tif, pour trouver de belles inventions. La bonne
qualité d'un Poctc. eft d'être Imaginatif. Quelquefois
ce mot fe prend en mauvaife part , & (igniSe iim-
plcmeiK, Vilionnaite, qui pcnfe polFéder plufieurs
I M A
qualités qu'il n'a pas, qui croit avoir trouve de biel-
les inventions qui ne lauroicnt râilHr.
La puiiiàncc, la faculté iina^:;inative , c'cft la puif-
fancc, la taculté par laquelle on imagine.
On dit audi (iniplcnicnt Vunaginativc , pour expri-
mer la même choie ; l.i qualité qu'on attribue à une
partie de l'ame qui lui tait concevoir les choies , &
s'en former une vraie idée. Cet homme fe jnque
d'avoir une belle maginative , mais le jugement lui
manque.
J'ai /'Imaginative
Aujfi bonne en e£ct que perfonne qui vive. Mol.
On appelle fubftantivement un imaginatif , un
homme fujet à des idées extraordinaires , à des ima-
ginations. Un imaginatif débite une penfée , un autre
la reçoit & la dit comme une vérité confiante : en-
rin , elle fe multiplie à l'intiiii. C'cll ce qui tait qu'on
le trompe ii louvcnt, & que dans ceux qui vivent
Iclon le monde, il n'y a qu'incertitude & que men-
fonge. Ab de la Tr.
CCF IMAGINATION, f. f. .Imaginado. L'ame fpiri-
tuelle a le pouvoir de le repréienter fous des images
fcnlibles & corporelles les objets abfens , comme
s'ils étoient réellement prélens ; c'eftlà ce qu'on ap-
pelle imagination ou phantailie. Cette puilLince de
l'ame , ce lens interne a fon organe , dit-on , dans
la partie calleufe du cerveau qui fe trouve au-dellus
du centre ovale. Cette partie , ferme & folide , a
paru à quelques-uns plus propre que la (ubftance
cendrée à recevoir 8c à confer\'er les images que les
cfprits animaux vont y graver
Sans nous arrêter à ce détail anatomique qui n'of-
fre rien de latisfaifant , nous nous contenterons d'ob-
ferver que l'ame apperçoit les chofes de trois maniè-
re , par l'entendement pur , par le fens , & par l 'ima-
gination. Par l'entendement pur , elle apperçoit les
chofes fpirituellcs &■ univerfelles. Par les fens , on
apperçoit les objets fenfiblcs , qui étant préfens , font
imprclllon fur les organes extérieurs de notre corps ,
comme quand on voit des plaines, des arbres , &c.
Par l'imagination , on apperçoit les êtres matériels,
lorfqu'étant dans l'ame, on fe les rend prélens, en
s'en formant une efpece d'image dans le cerveau ,
comme quand on imagine des figures , des villes , des
campagnes , &c. qui ont fait auparavant imprellîon
fui les fens.
Cette faculté dépend donc de la mémoire , &z n'a
pour objet que les chofes fenfibles &: corporelles.
Ainli on peut la définir une manière de concevoir
par des images tracées dans le cerveau. Plus les vef-
tiges des efprits animaux , qui font les traces de ces
images, leront grands & diftinéls, plus l'ame ima-
ginera fortement & diftinélement ces objets.
Non leulemcnt l'ame imagine , c'eft - à - dire , fe
trace des images des choies fenfibles, ou fi l'on veut,
retient & fe rappelle les idées qui lui font venues
par les fens ■■, mais encore elles les arrange, elles les
■compare, elle les compolc & décompole, elle les
combine en mille manières différentes , pour en con-
aïoître les diflérens rapports. C'eft ainll qu'elle in-
vente & paroît créer. Cell proprement cette com-
binaifon infinie des différentes idées , qui fait & ca-
raélérifc les grands Poctes , les grands Orateurs , les
grands Peintres , en un mot les hommes de génie.
C'eft plus un don de la nature, qu'un ouvrage de
l'éducation. Mais quand on a foin de le cultiver , on
eft tcujcurs récompenfé par le fuccès.
Ce qu'on appelle imagination dans le monde , n'efl:
proprement qu'une imagination de détail , cet heu
reux talent de (aifir les objets les plus frappans &:
les plus agréables , d'en préfenter toujours de nou-
veaux , ou d'une façon toujours nouvelle, dépein-
dre vivement, mais en fe renfermant dans dejuftcs
bornes, &: de mettre du caractère & du goût dans
zovt. Imagination forte. Imagination fertile , féconde.
Imagination heureufe. Urie imagination forte fiir
trouver des chofes difnciles à concevoir ; une belle
I M A 77
imagination en conçoit d'agréabltfs. Les imaginations
fortes, dit Malebranche, font contagicufes , Ik do-
minent fur les ioibles. Elles leur donnent peu à peu
leurs mêmes tours , {k leur impriment leurs mêmes
caradteres. Dans la jeunelle nous n'aimoris que le
joli & l'agréable ; nous ne courons qu'après ce qui
rit à l'imagination. Tour. Il eft ridicule de faire
l'agréable ik l'enjoué avec une imagination fonibre
ik pcfmte. Sénéquc infcde aifément l'imagination
bouillante des jeunes gens par quantité d'idées faullcs
Se outrées. MÉm. S. Lvr. dit que les pointes ik les
imaginations de cet auteur Icntent un peu la cha-
leur de l'Afrique. Eichyle a quelquefois des ima-
ginations tout-à-Eiit nobles &: héroïques. L'imagina-
tion forte approfondit , faillt les rapports les plus éloi-
gnés , la fbible ne fait qu'effleurer les objets , la fauiïê
rapproche des choies qui ne font pas faites pour aller
cnlemble.
Les hommes étant compofcs d'efprir ik de corps ,
le commerce qu'ils ont cnfemble par la parole n'elî
pas un commerce purement fpiritucl , mais un com-
merce d'efprit, où il entre du fenfible pour donner
du corps à leurs penfécs. Ainll toute compofitiondoit
être une peinture , & une peinture animée , pour fou-
tenir l'attention du ledeur iScde l'auditeur. C'eft une
peinture : il y faut donc des images. C'eft une pein-
ture animée : il y faut donc des fentimens. L'auteur de
la Nature a mis ces images ik ces fentimens dans
nous-mêmes, en nous donnant deux facultés toutes
propres pour les répandre dans nos peintures , je
veux dire l'imagination Se le cœur : l'imagination ,
pour tenir le pinceau , & le cœur pour le conduire.
L'imagination eft la mère des images , & des tours
qu'on appelle ingénieux ; c'eft elle qui fournit aux
Orateurs & aux Poctes lems plus belles figures : c'eft
par elle , dit Boileau ,
^ Que l'Efprit orné , élevé ^ embellit toutes chofes ,
& trouve fous fa main des fleurs toujours éclofes'.
En vain un grand Philofophe de nos jours , dans
fes ouvrages, a fait la guerre à l'imagination, com-
me à une empoifonncufe publique. S'il a remporté
fur elle quelques viétoires, c'eft à elle même autant
qu'à ks raifons qu'il en eft redevable. Car on peut
dire que l'imagination ne l'a jamais mieux fervi que
loïfqu'il la combattoit. C'étoit un ingrat , dit M. de
Fontenclle , pour qui elle travailloic malgré lui , &
ornoit fa r.iifon en lé cachant d'elle. Ainfi plus per-
fuadés par fon exemple que par fes difcours , nou3
ne Laillcronspas de reconnoitre l'imagination pour
la première fource des agrémeiis du difcours. Foy.
auftî Sentiment , Cœur , &c.
Il furvient diftérens changemens à l'imagination
pendant le cours de la vie, changemens qui viennent
de ceux qui fe font dans les efprits animaux , dans
les parties organiques deftinées à tranfmetcre les idées ,
ik dans les fibres du cerveau.
■ Le fang mêlé avec le chile étant bien différent
d'un autre fang qui a déjà circulé , les efprits ani-
maux qui ne font que les parties les plus fines, les
plus déliées & les plus fubtiles , doivent être fort dif-
férens dans les perfonnes qui font à jeun ik dans les
perfonnes qui viennent de manger. Auffi ceux qui
iortent de table, fentent dans leur imagination une
grande variété de changemens. Les vieillards & les
enfans après le repas s'affoupiirent , leur imagination
devient languillante , plus de vivacité, plus de promp-
titude. Les hommes les plus fains ik les plus robuftes
n'ont qu'à examiner ce qu'ils fentent eux mêmes
après un repas où ils ont un peu bu. Le vin eft plein
d'elprits animaux prefque tous formés : il donne à
pluf leurs une imagination vivCj agréable, enjouée,
quelquefois vagabonde &: peu fage, qui paroît tenir
de la nature des efprits libertins & indociles, dont
elle eft le fruit. Fœcundi calices quem non fecere di-
fertum , dit Horace qui s'y connoilloit. Il y a de quoi
s'humilier , dit Voltaire , mais de quoi admirer. Com-
ment fe peut il qu'un peu d'une certaine liqueur qui
7«
I M A
empêchera de faire un calcul , donnera des idées bril-
l.mtes ;
L'air même que nous refpirons , apporte par fes
diftcremes qualités , de grands changemens dans la
fermentation du fing , & par coaléquent dans les
cfprirs animaux. Ne leroit ce point de-là que vien-
nent les diverk's humeurs, les diSérens caradiercs
des perfonnes de ditlcrens pays?
Dans l'enfance les libres du cerveau font molles,
flexibles , capables de recevoir , mais incapables de
retenir les images des objets. Avec l'âge elles devien-
nent plus kches & plus fortes. Dans la vieillellc elles
font roides &: inliexibles, parce que les elprits ani-
maux qui les agitent fans celle , les rendent peu à
peu plus fcches Se plus folides. C'elt ainfi que les
vents féchent la terre fur laquelle ils fouftlent.
Comme la délicatelfe des libres fe rencontre or-
dinairement dans les femmes , elles ont une grande
intelligence pour tout ce qui trappe les fens. C'eft
à elles à décider des modes , à juger de la langue ,
à diicerner le bon air &c les belles manières : mais
elles ne peuvent le fervir de leur imagination pour
dév elopper des queftions compofécs. L'éducation qu'on
leur donne , ne fait qu'augmenter le mal. On voit
pourtant des femmes lortes Se confiantes, comme
on voit des hommes foibles & inconftans. On en
voit de lavantes , comme on voit des hommes inca-
pables de rien pénétrer.
Le temps de la plus grande perfeiflion de l'ima-
gination eft pour l'ordinaire depuis 2j ans jufqu'à
jo. Les fibres ont alors une coniiftance médiocre.
Dans un âge plus avancé , elles font plus inflexibles,
& les vieillards n'ayant prelque plus d'efprits ani-
maux, leut imagination eft prefque toujours lan-
guillànte. Ils perdent la mémoire , & avec elle Vima-
gination.
Dans l'ufage ordinaire, imagination Çc prend fou-
vent pour l'opinion qu'on a d'une choie fans beau-
coup de fondement. On ne peut lui ôter cette ima-
gination de l'efprit. Quelquefois aulll pour des idées
folles j extravagantes. Imaginations vaines, creufes,
extravagantes. Se repaître d'imaginations.
Imagination, idée , peniée. L'id'ee repréfente l'objet:
. la penfee le coniidére : l'imagination le forme. La pre-
mière peint : la léconde examine : la troillème féduit
Syn. Fr.
On eft fur de plaire dans la converfation , quand
on a des idées juftes , Atspenfiss fines, & des ima-
ginations brillantes.
IMAGINATIVE, f. f. La faculté d'imaginer.
Evertuons un peu notre Imaginative. R.
IMAGINER. V. a. Se former l'image, ou l'idée d'une
choie. Rei fveciem anima injormare. Nos organes
font compotes de filets qui d'un côté fe terminent
aux parties extérieures du corps , & de l'autre abou-
tiflent au cerveau. Si ces petits filets font remués
rar l'imprefiion que font les objets au-dehors , alors
ame fent : mais fi l'agitation ne fe fait qu'au-dedans
parle cours des elprits animaux , alors l'zmeimagine.
Et voilà la diflérence qu'il y a entre fentir Se ima-
giner. De forte que la raculté à' imaginer neconiiftc
que dans la puilîance qu'a l'ame de fc former les
images des objets. Mal.
Imaginer , penfer , concevoir , inventer j afTcmbler plu-
ficurs idées dans ton clprit , dans fon imagination.
Excogitare. La principale qualité d'un Peintre , d'un
PoUte , c'efl de bien imaginer un deilcin , avant que
de l'exécuter. Peut-on rien imaginer de plus extra-
vagant; C'eft des anciens qu'on peut apprendre cette
jullelTe , qui donne à l'efprit un tour agréable , &:
que l'efprit donne à tout ce qu'il penfc , & à tout
ce cju'il imagine. Le P. Ra. Les opinions que vous
formez , font des chofes plus fortement imaginées ,
que fblidemcnt conij-ucs. S. Évr. Foyei. Imagina-
tion.
Imaginer a\ec le pronom ncrfonnel , fignifie quelque-
lois Croire, ^r/^irrari. Une faut pas .s '/OTi'^ini.T qu'un
I M A
homme réuirifTe également bien en toutes chofes. On
s'imagine toujours qu'on a plus de mérite Se de per-
fedions, qu'on en a en eîict. Je ne puis m'imagl-
ner que cela toit ainfî.
Imaginer , avec le pronom perfonnel , fignifie aulli. Se
perfuader fans fondement. Sibi fingere. Il s'eft ima-
giné que vous l'aimiez. Il s'imagine être le premier
homme du monde. Il s'imagine être un grand doc-
teur.
Imaginer, fignifie auffi, fe repréfenter dans l'etprit.
Animo fingere. //TZû^'inf^-vous les plus grands tour-
mens du monde , ce n'eft qu'une légère idée de l'En-
fer. Imagine:^ - vous Alexandre au milieu d'une ba-
taille , 6'c.
Imaginé , ée. part. Ce n'eft pas le tout qu'une ma-
chine toit bien imaginée , il faut encore qu'elle foii
bien exécutée. Des chofes heure utement imaginées.
IM AL. t. m. Mefure de grains dont on fe fert à Nancy.
La carte fait deux imaux , Se quatre canes le réal ,
qui contient quinze boifleaux , mefure de Paris ; ce
qui s entend de l'avoine.
IMAM , ou IMAN. C m. Terme de Relation & d'Hif-
toire Mahométane. Miniftre de la Religion Maho-
métane qui répond à un Curé parmi nous , Curé des
Mutulmans. Imam , mis. Iman j nis. Antijîes j Dux-,
pnfeclus , Prdatus j Parockus. Ce mot lignifie pro-
prement Prélat , Chef, Antifies qucm alù fequuntur ,
Prspofitus J Pnlatus , Dux , &c. dit Méninskii mais
les Mahométans le dilent en particulier pour celui
qui a le foin , l'intendance d'une Mofqaée , qui s'y
trouve toujours le premier , Se qui fait la Prière au
peuple , qui la répète après lui , Parockus qui prsit
populo oraturo. Curé. Méninski. Proche delà ( du
Kebleh de S. Sophie ) il y a quelques Alcoraiis Se
d'autres livres qui contiennent les prières que cliante
l'Irnan , & une tribune fur laquelle il monte quel-
quefois avec certains Clercs Se Officiers qui ont dans
la Mofquée une fonélion pareille à celle des Prêtres
habitués dans les Paroifles. Id. Let. II. p. 4/}.
Ce mot vient de l'Arabe DXj Umm^ qui fignifie
mère , Se vienr de l'Hébreu Ds? , em ^ qui veut dite
la même chofe. D'Herbelot écrit Imam , comme on
le voit dans ce que nous avons rapporte de lui; &
c'eft ainfi qu'il faut écrire : car Iman fignifie la toi ,
Se eft tout différent à' Imam. Imam, fignifie propre-
ment en Arabe , ce que les Latins appellent Antifii-
tes , celui qui précède Se qui marche devant les au-
tres. Cette lignification eft générale -, mais les Mutul-
mans appliquent en particulier ce mot à celui qui ell
à la tête de leur aflemblée dans les Mofcuées , 8c
par excellence à celui qui eft reconnu pour le Chef
fouverain du Mufulmanilme , tant au fpirituel qu'au
temporel. Il y a cependant des Imams particuHers
dans les villes , qui tiennent la place de ce premier
Imam; mais quant au fpirituel feulement : car ce
font les Gouverneurs & les Officiers du Prince, qui
ont toute l'autorité temporelle, & pour ainfi parler,
le bras féculier. D'Herbelot.
Lorfque l'on parle abfblument de l'Imam de la
Religion Mahométane , l'on entend toujours le véri-
rableiSc légitime fuccefteur de Mahomet j lequel pof-
féde en fa perlonne la fourcc de l'une & de l'autte
jurifdiction ; parce que toute l'autoiité , foit dans la
Religion , foit dans l'État , réfide en fa feule perfon-
ne. D'Herbelot. Les Kalifes prenoient donc le titre
à' Imam , Se en faifoient les fonctions. Idem. Les
Schia'ites ou Schi'ites , Sedateurs d'Ali , foutiennenc
que le principal point de leur Religion^ qui eft com-
me le fondement de tous les autres , conlîfte dans la
foi Se dans la foumiiTIon entière & parfaite que l'on
doit avoir en toutes choies à l'Imam.
L'Imam eft le dépolitaire de l'autorité prophétique
parmi les Mufulmans. 'Voyage de i' Arabie Heur. p.
//2. Le Roi d'Yémen prend la qualité d'Imam par
excelleace , qualité très diftinguée dans le Mahomé-
tifme, que les premiers Califes ont portée, &: qui
les conftituoit Chers Se Pontifes foiiverains de la Re-
ligion Mufulmane. La qualité d'/^w/j eft inféparable
de celle de Calife. Voyage de l'Arabie Heur. p. 2jù.
I M A
Imam ou Lman , fc dit auiîî abfoliiment <?j par ex-
cellence des Chefs, des iniHtuteuis , des Fondateurs
des quatre principales l'edtes de ht Religion Ma-
homécane, qui font pcrmiCes. Imam, lman, An-
tlfies pmcipuus intcr quatuor Frïmarios , qui influue-
runt quatuor fccias quorum quemllbct fiqui cuivis Ma-
homctano licct. Mhninski. Princeps , Dux , Aucior
fccU. Ali ell Vlman des Pcrfes , ou de la feéle des
SciiiaVens; (S: Abubaker , Vlman des Sunnicns,qui
eft la ledte que liiivent les Turcs. Sapliii ou Safi y ,
cft Vlman d'une autre fede , &c. A'oyeij encore d'Her-
belot dans l'article précédent.
IMAMAT , ou IMAiNlAT. f. m. Dignité d'Imam ou
d'Iman. Pr^latura apud Mahometanos , Imamï dï-
gnitas, munus. Les Mahométans ne font pas d'ac-
cord entr'eux fur V Imamat , qui ell la dignité d'Imam;
les uns la croient de droit divin , &: attachée a une
feule famille, comme le Pontificat d'Aaron; les au-
tres foutiennent d'un côté qu'il ell de droit divin j
mais de l'autre ils ne le croient pas tellement atta-
ché à une famille, qu'il ne puille palier dans une
autre; & ils avancent de plus que l'Imam devant
être, félon eux, exempt non-feulement des péchés
griefs, comme l'infidélité, mais encore des autres
moi^s énormes , il peut être dépofé s'il y tombe , &
fa dignité transférée à un autre. Quoi qu'il en foit ,
de cette quclfion , il eft confiant parmi ceux qui paf
fent pour orthodoxes dans le Mufulmanifme , qu'a-
près qu'un Imam a été reconnu pour tel par les Mu-
lulmans , celui qui nie que fon autorité vienne im-
médiatement de Dieu j eli un impie ; celui qui ne lui
obéit pas eft lui rebelle , & celui qui s'ingère de le
contredire, doit palfer pour un ignorant. D'Herbe-
LOT. On voie par là ce que c'eft que V Imamat , &
quelle eft l'autorité qu'il donne.
IMAMIE. f f. Nom d'une fede de Mahométans. Ima-
mia. Ceft le nom de la feéle d'Ali que les Perfes
fuivent. Ce nom vient de l'Arabe JSQ.-* , lman,
qui fignifie un Chef de Religion , & qui fe dit en
particulier des Miniftres de la Religion Mahomé-
tane qui ont foin d'une Mof'quée , & qui font parmi
les Mufulmans ce que font parmi nous nos Curés ,
ainfi que nous l'expliquons au mot Imam. De-là ils
appellent en particulier Imamï Saphii le principal
des Chefs & Inftituteurs des quatre feétes de leur
Religion. Ainfi les Perlans , qui regardent Ali com-
me le premier & le plus coniîdérable de ces qua-
tre perfonnages , & comme le feul orthodoxe , l'ap-
pelent Imamï Saphïï , ou fîmplement & par excel-
lence Imam, comme dit Léunclavius , Lïv.I. hïft.
Mufulm. de de-là il donne à fa fecte le nom A'Ima-
mïe y qui , félon cet Auteur iignifie proprement doc-
trine. Pour DOis , Imam , ou lman, il vient de i^ ■' ,
mère ^ qui a paffé de la langue Hébraïque dans l'A-
rabe.
IMAMIEN, ENNE.^ f. m. & f. & adj. Noni de fcéfe
parmi les Mahométans. Qui eft de la fette d'Ali.
Imamïus , a. Léunclavius , dans fon hilloire Muiul-
mane , S. I. dit que la fette Imamïenne eft celle que
fuivent les Perles , qu elle tire fon origine & fon
nom d'Ali, neveu de Mahomet, que les Mufulmans
nomment /wir/72 , ou lman par excellence. Comme
l'ufage de notre langue a changé Vm en n dans lman,
il femble qu'on pourroit dire aulîî Imanïen au lieu
A'Imamien.
IMARAT, oQ Imarath , ou IMARET, f. in. Terme
de Relation. Hôpital des Turcs. Xenodochïum. Les
Turcs 'admettent les prières pour les trépallés , &
ceci eft ordinairement compris es fondations de leurs
Mofquées & de leurs hôpitaux dits Imarats. 'Vige-
tH-Kt. , furChalcond. p. }6 j. Il écrit aulH Immaraths.
D'autres difent Imaret , & il paroit mieux.' Dans
toute la Turquie il y a des hôpitaux appelés Ima-
rsrs , où les pauvres, de quelque Religion qu'ils
foicnt,font aftiftés, félon leur néceiîîté. Les 'Voya-
geurs y font indiflércmment reçus , Se peuvent y fé-
journer trois jours. Cependant on leur donne gratui-
tement à chaque repas un plat de riz , qui eft or-
donne par le fondateur. Ces hôpitaux ont de grandes
IMA 79
écuries pour les chevaux , Se ils font embellis de plu-
lieurs fontaines , dont quelquefois on a fait venir
l'eau de fort loin avec de grands fraii. Du Loir.
l^oyagc de Lev. p. i S p.
IMAUS. Nom d'uiic montagne de l'Atie. Imaïïs. On
la regarde comme la partie orientale du Mont Tau-
rus. Elle a été toit célèbre parmi les anciens Géogra-
phes qui la mettent dans la Scythie, & la partagent en
deux branches principales : l'une qui s'.avançoit du
couchant à l'orient, & qui léparoit la Scythie cité-
rieure de l'Inde ; & l'autre, qui remontoir du midi
oriental au nord occidental , depuis la Chine juf-
qu'aux f'ources de l'Oby , 6c qui divifoit'la Scythie
en citérieure , qui eft au deçà de cette montagne , &c
qui portoit au(li le nom de Scythie au - dedans de
Vlniaùs. La partie méridionale de cette montagne
porte aujourd'hui le nom de Caucalc, & fépare l'Em-
pire du Mogol delà Grande Tartarie ; l'autre eft ap-
pelée Altay , & fépare les T artares Kalmoucs , de
ceux qu'on nomme Monguls. Maty. Les anciens
Géographes ne conviennent pas de la partie du mont
T.aurus qui a porté le nom A'Imaùs. Ptolomée dit
que c'eft celle qui fe féparant du mont Taurus s'é-
tend du côté de la mer Glaciale , c'eft-à dire la bran-
che qui va au nord. Pline au contraire , X. V^. c.
2j. 8c Strabon le prennent pour la partie de cette
montagne qui touche à la mer Orientale. Il y a dif-
férens noms dans les diftérens pays qu'il parcourt.
On l'appelle dans la Tartarie propre , BeUfian & Al-
thaï ; dans la Tartarie déferte , Moréghar ; dans le
Mogoliftan , Dalanguer ; & Navagrot , ou Naugra-
cut, vers les fources du Gange.
I M B.
IMBAN GALLES. Foyei GALLES.
IMBARE. Nom ancien d'une montagne. Imbarus. C'eft
une partie du mont Taurus. Strabon , L. XI. la mec
dans la grande Arménie , & Pline, L. V. c. 2j. dans
la Cilicie.
IP" IMBÉCILLE. adj. m. & f Du Latin Imhccillus.
Ce mot défigne proprement ce qui eft foible & fans
vigueur , & ne fc dit jamais que par rapport à l'ef-
prit. On voit àcs gens que le grand âge & les infir-
mités rendent imbecdles. On appelle également l'ex-
trême vieilleile & 1 enfance , l'âge imbécïlle. On dit
en ftyle de jurifprudcnce , imbécïlle de corps & d'ef-
prit , un homme à cjui l'âge ou les indifpohtions ont
ôté les forces & atioibli la raifon. Acad. Fr.
Imbécïlle , fe dit particulièrement de ceux qui , par le
défaut des organes , font incapables de difcerner dif-
férentes idées , de les comparer , de les combiner ,
& font par-là incapables de penfer & de raifonner.
Mentit inops. On donne des curateurs aux imbecilles
aulîî bien qu'aux furieux. L'homme ïmbécïlfc n'eft
pas abfolument privé de la droite raifon; mais il en
a dans un degré de médiocrité qui approche de la
foiblelfe de l'enfance. Au refte il y a diftérens de-
grés d'imbécillité , fuivant que le manque d'idées &
le vice des organes eft plus ou moins coniîdérable.
Childeric III , Roi de France , étoit imbécïlle. Les
perfonnes qui ont peu d'efprit , écoutent ce qu'on
dit dans une converfation avec une attention imbé-.
cille qui marque ce qu'ils font. Bell. Nos tragiques ,
à force de faire foupirer les Héros , les rendent im-
becilles. S. EvR. Donner aveuglément dans le caprice
de tout le monde , c'eft être adulateur ou imbécïlle.
Z''Imbécille Ibrahim , fans craindre fa naiffance ,
Trame, exempt de péril , une éternelle enfance.
Racine.
Imbécïlle, fe prend auflî fubftantivement. C'eft un imbé-
cïlle, un grand imbécïlle.
Le fou, dit M. l'Abbé Girard, manque par la
raifon , & fe conduit par la feule imprelîîon mécha-
nique. \J extravagant manque par la réjle , il' fuir
fcs caprices. V ïnfenfé manque par l'efprit & maichc
8o
I M B
i'.uis kimicrc. VimbécUle manque par les organes , &
v.i par le mouvement d'aurrui.
Les fous ont 1 imj.!;mation hntc : les extravagans
ont les idées ûnguliercs: les infcnfcs les ont bornées:
les imhédlUs n'en ont point de leur propre fond.
IMBÉCILLITÉ , 1'. h Foiblelle ,^ en pariant de Telprit
Imbcullïtas. L'imhéàliué àt l'âge Se du (exe attire la
compallîon des plus fiers Tyrans. Dieu a égard à
l'imbécillité de notre nature. J'aime une dévotion
éloignée de cette imbéciUité qui fe forge des miracles
fur tout. S. Eva. L'imbecilliu d'elprit elt un principe
fort ordinaire de malice. As. de S. R. Mener une vie
obfcure avec une elpèce d'imbécillité. Bussi-Rab.
f^oye^ LviBÉciLLE.
|tCF L'iMEÉciLLiii eft roppofé de l'entendement.
§3" IMBIBER. V. a. Abcuver uns choie de quelqiUe li-
queur, en forte qu'elle en ioit pénétrée. La pluie i/^z-
iibe les terres. On imbibe une compreile d'eau-de-vie
ou d'autre chofe. On imbibe une mèche d'huile.
î'Imbiber. v. récip. Devenir imbibé , abreuvé par les
parties de quelque liqueur qui pénétrent, qui s'infi-
nuent. Imbui. L'éponge s'imbibe de toutes les li-
queurs. La terre s'imbibe d'eau.
On le dit aufîi des choies liquides lorfqu'cUes s'in-
fmuent dans les corps. L'huile s'imbibe dans les toiles
des tableaux , dans le drap.
Imbiblr. Terme de Philolbphie hermétique , fignihe
hrireles imbibitions. Foyei ce mot. Il veut dire aulli
cuire la nature jufqu à ce qu elle toit partaite.
Imbibé, ée, le dit au(li tîgurément. Plenus. Cet hom-
me paroit tout pénétré, & il on l'oie dire, tout imbi-
bé de la bonne opinion de lui même. S. ÉvR. C^" Ce
correftiFétoit nécellàire , de l'exprelîîon auroit encore
bien de la peine à paiFer.
IMBIBITION. L £ Terme du Grand Art. Il fignitie,
1°. Les multiplications qui fe font avec le mercure
hermétique propre pour ôter la noirceur en cuifant. Il
faut du mercure rouge ou citrin , qu'on appelle bain
du foleil , pour Vimbibition qui fait la multiplication
Su rouge , & du mercure blanc au bain de la lune ,
pour Vimbibition qui fiit la multiplication au blanc.
1°. Ce mot hgnifie une opération par laquelle l'humi-
de qui eft monté au haut du vailleau , retombe douce-
ment fur la matière qui eit dans le bas du vailleau.
Cette féconde imbibition eft une efpèce de circulation ;
la première eft une efpèce de multiplication.
|t?lMBîBinoN , en Botanique , eft la faculté de s'imbi-
ber ou de fe charger de l'humidité qui environne. Les
plantes fe nourrilîcnt en partie par {'imbibition de leurs
fcuùies.
Il eft prouvé par les expériences de M" Mariette ,
Haies , Miller, Bonnet Duhamel, &c. que les feuilles
des plantes font garnies d'organes abforbans ou de fii-
çoirs qui pompent l'humidité des pluies, des roiées ,
& même de celle qui eft répandue dans l'air d'une la-
çon moins lenfiblc. Ainfi elles concourent avec les
racines pour fournir de la nourriture aux plantes , 6c
ce fecours leur eft très utile en bien des occahons.
Dans le cas , par exemple , où les racines le trouvent
dans une terre fort feche, les plantes ne laiflent pas
quelquefois d'être vigoureufes quand les roiées font
abondantes.
Si l'on voit, dit M. Duhamel, les arbres poulfer
beaucoup en bois '&: en feuilles à l'expofition du nord
& du couchant, lans doute cette vigueur des plantes
peut être attribuée à ce qu'elles y traiifpirent moins
qu'à l'expofition du midi : mais il paroît auflî que
Vimbibition des feuilles peut y avoir bonne part, d'au-
tant qu'il eft d'expérience qu'à ces expofitions la rolée
lubdfte julqu'à dix heures du matin, pendant qu'elle
le diilipc de bonne heure aux autres expohtions.
Si les arrofemcns en forme de pluie lont plus utiles
au plantes, que ceux où l'on ne répand l'eau que fur
les racines : & fi en été les arrofemens du foir font
plus avantageux que ceux que l'on lait pendant le
jour , il paro'it qu'on en peut aulîi légitimement attri
buer la caule à Vimbibition des feuilles , qu'à la dimi-
nution que les arrolemens opèrent fur la tranfpi ration.
5i l'on rcma'-que qu'il eft avanta^^cux de garantir
I M B
du foleil les jeunes plantes & les boutures, c'eft parce
qu'en même tems qu'on diminue la tranlpiration , on
arrêxe aulli la* prompte ditfipation des vapeurs, qui,
en s'infinuant dans les plantes , leur fournit une nour-
riture qui ne peut leur venir des racines , puifqu'elles
en font mal pourvues dans les arbres qu'on tranl-
plante , & qu'elles en font entièrement privées lorf-
que ce font des boutures.
Cette imbibition peut agir de concert avec l'inter-
ception de la tranlpiration, pour maintenir en bon
état les plantes que l'on tient cLins la moufte humide ,
lorlqu'on les tranfporte au printtms ou en été d un
lieu dans un autre.
Il eft aife de voir par ce qu'on vient de dire , que le
retranchement des feuilles doit ctie iiuihble aux plan-
tes qui font pourvues de racines , non leulement par-
ce qu'on les prive d'un organe qui lert à la tranlpira-
tion, mais encore parce quon retranche des luçoirs
qui contribuent a leur fournir de la nourriture.
Cependant dans certaines circunftances , cette im-
bibition peut être nuiuble aux plantes : par exemple ,
quand les années font iraiches & pluvieufes , les plan-
tes qui lont a 1 abri du loleil &: du vent , fouftrent plus
que les autres, parce que leurs vallfeaux fontj pour
ainfi dirCj gorgés d'une humidité qui fe corrompt j &C
alors certaines plantes tombent en poutriture.
Par la même raifon , certaines plantes qu'on élevé
fous des cloches ou fous des chaOis de verre , fe trou-
vant toujours dans une athmolphère humido, peuvciit
tomber en pourriture , fi on n'a pas le foin de leur
donner de l'air de tems en tems , pour dillîper les va-
peurs.
On voit encore qu'on peut , fuivant la remarque
de M. Bonnet, adoiolir un arbre trop vigoureux, en
lui retranchant une partie de fes feuilles. Par ce mê-
me moyen , on peut empêcher les branches gourman-
des d'épuiler un arbre, & prévenir que les Heurs ne
coulent par une trop grande abondance de levé.
Enfin , l'on voit qu'on doit au contraire ménager les
feuilles des ar'ores foiblesi car, comme la tranlpira-
tion elt le principal agent de la fcve, les feuilles con-
tribuent à la faire mouvoir ; & il y a apparence que
cette caufe prédomine dans certaines circonftances lur
Vimbibition , qui , dans d'autres cas lubvient à leurs
beloins , en leur tournillant de la nourriture.
IJCTIMBLOCAIIOiM. f. f. Du mot bloc. Jmas. Ce
terme exprime la manière d'enterrer les corps morts
des excommuniés , en élevant un monceau de terre
ou de pierres fur Lurs cadavres , dans un champ ,
parce quil étoit dciendu de les enterrer en terre
laiiite.
IMBRIAQUE. adj. de t. g. Mot tout à fait basj & qui
ne peut trouver place qu' ux halles. Il fignihe , qui
a perdu fa railon à force de boire. Quem vinum de
janitate mentis dejecic. Il eft tout imbnaque. ^
IMBRICLE, LE. adj. Tuiles iinbricées. C'eft l'épithète
qu on donne aux tuiles concaves , pour les diftinguer
des tuiles plates. Dai.s pluueurs Provinces on fe fert
de tuiles imbricées pour couvrir les mailbns. On en
voit en Provence, dans le Forez, en Auvergne, en
Poitou, &c. La couverture faite avec des tuiles i/Tz-
bricees , dure plus long temps qu'avec des tuiles droi-
tes; mais par Ç.3. trop grande pelanteur elle écrafe le
comble où elle eft polcc. Si la couverture d'un toit
avec des tuiles droites, péfe mille livres, celle qui
fera faite avec des tuiles imbricées on péfera plus
du douisle. Le paifté folitaire ou lérin de Canarie
le rerire fous des toits de maifcns , couvertes de tui-
les concaves que l'on nomme imbricées , dont on
couvre les Châteaux litués dans les Montagnes. Ce
mot vient à'imbricatus , qui eft fait en gouttière.
Ip'IMBROILLE. f. m. Mot tiré de l'Italien. Imbro-
glis. Embrouillement. Il y a de Vimbroille dans cette
afiàire , dans cette pièce de Théâtre. Acad. Fr.
IMBROORBASSI. f. m. Nom d'Office à la Cour du
Grand Seigneur. Grand Ecuyer. Magnus Jlabuli prd-
fcclus j ou magijîcr. Il y a dans la mailbn du Grand-
Seigiieur un Clief & Surintendant fur tout ce qui
dépend des écuiùcs , appelle Imbroorbajfi , ou Grand-
Ëcuvcr
I M E
Écuycr, lequel a trois ducats_ d'état pai' jour, outre
trente mille .ifprcs, qui font fix cents écus de tïmar ,
ou revenu annuel qu il tire des prairies de l'Anato
lie. Il a fous lui mille Saracilcrs , dont 400 des pKr;
adroits font deftincs pour les écuries du Serrail de
Confbntinople. Il y a plus de 45 mille chameaux ,
douze cents Voinglers ou Tauchcurs ; 500 Maréchaux,
tant maîtres que valets ; deux ou trois cents Selliers
& Épcronnicrs. V Imhroorbaffi ell: donc l'une des plus
belltis charges &■ des plus lucratives de tout le Serrail ,
parce qu'outre qu'il ordonne de tout ce qui dépend
du fait des écuries tk haras , tant à la guerre que pen-
dant la paix , i<c qu'il a de fort gros profits, c'ell lui qui
monte le Grand Seigneur & le foulcvc de la main iur
(on cheval , ce qui n'ell pas une petite faveur. C'ell:
ce qu'en écrivoit , il y a plus de cent ans , Vigcnere j
dans les lUuftrations llu l'Hilloire de Chakondylc,
p. 347 Se 34 S.
IMBUjUE, adj. Qui cft imbibe. Imhibutus. (CF Ce
mot ne le dit point en propre ; au figuré , en parlant
des choies Iprirituelles & morales , il lignifie ^ Pré-
venu , rempli , pénétré. Efprit imhu d'une faullé doc-
trine. Son ame étoit imbue des principes de cette
fcience. Son imagination étoit imbue & frappée de
cet objet. Tout le monde eft imbu de cette nouvelle.
On ne trouvoit pcrlbnne qui ne fût imbu de ces nou-
veautés. Maucroix.
■ I M E.
IMÉRÉTI , ou IMIRETE. Nom d'un petit État de la
Géorgie, en Alîe. Imerctia , Imirena. Il eftdans une
partie de-l'ancienne Colchide.Ses bornes ront,au levant
le Carduel , au nord le mont Caucale, qui le lépare des
Tartares Circalles , au couchant la Mingrelie , & le Gu-
riel , Se au midi le Royaume de Baratralu, ou la Samfée,
laquelle Sanlon y renlerme. Ce pays ell: fort monta-
gneux, il ne laille pas d'avoir de bonnes vallées, & quel-
ques belles plaines abondantescn vin, en grains, & en
pâturages. Les habitans lonr Chrétiens Grecs , mais ex-
trêmement ignoransiSc vicieux. Leur prince porte le ti-
tre de roi, & il étoit autrefois maître de la Mingrehe&:
du Guriel ; mais maintenant ces deux pays ont leurs
Princes particuliers , tributaires du Turc , de même
que lui. Cotatis , la capitale de cet Etat , eft entre les
mains des Turcs , & le Roi à'Iméréti tient les châteaux
de Scander , de Régia &: de Scorgia.
IMiiROS , f. m. ou le Defir , tut divinifé chez les Grecs.
Du verbe . ■.d.a , cupio. On trouve Ion nom avec ceux
d'Eros tk de Pothos , qui lignifient Amour & louhait :
tous les trois fous la figure de trois Cupidons ou trois
Amours.
I M I.
IMISIMIS. Ville ancienne d'Afrique au Roy.aumc de
Maroc j & cLins la Province particulière de Maroc.
IMITABLE, adj. m. & £ Qui peut être imité , ou qui
mérite de l'être. Imitabilis. Cette .aéiion n'eft pas imi-
table. La vie de S. Siméon Styljte eft plus adminiblc
qu'i/wifa/'/f.
IMITATEUR , ATRICE. f. Qui imite. Imkator. Samr
Paul nous exhorte à être fes imitateurs , comme il
rétoit lui-même de JÉsus-Chîiist. Les imitateurs font
bien moins eftimables que les inventeurs. Les imi-
tateurs tombent plutôt dans les défauts de leurs modè-
les, qu'ils n'atteignent leurs perfections. CaïusSévé
rus compare les imitateurs à des voleurs qui chan-
gent les armes de la vailfelle d'argent qu'ils ont volée
pour la vendre , comme li elle leur appartenoit. Elles
entraînèrent .après elles plufieurs imitatrices de leur
zèle.
Îp-IMITATIF, IVE. adj. m. Se f. Qui imite. L'harmo-
nie imitative cft une convenance , une proportion que
le fon des mots doit avoir avec les penfées pour con-
tenter l'amc. Virgile ne la manque point , Claudien
ne l'attrappe jamais. Il contente l'oreille , mais il fâ-
che l'efprit. Racine.
|p=- IMITATION, f. f. C'eft en général la repréfentation
artificielle d'un objet. Imitatio. On dit qu'un tableau
Tome V.
I M I
81
ï\<.^ qu'une imitation de Raphaël j du Poullin. Si
1 art imite parles couleurs, cette imitation s'appelle
peinture ; s'il imite avec le bois , la pierre , 6c. cette
imitation s'.ippellc fculpturc j dir.
Imitation fe dic aulii de l'action par laquelle on
le conforme a un modèle. L'imitation des vices , des
vertus. Ceux qui ne le conduileiu pas par raifon , le
laillent d'ordinaire conduire par limitation. M. Scvd.
Loin d ici cette piété d'imitation oc de complailance
qui, lous un teint amour de Dieu, couvre lesdelii's
ôc les cfpéiances du liécle. Fl. Se propofcr pour la
conduite de la vie l'imitation des grands hommes.
Dans les productions de l'Art , comme dans la pein-
ture, Iculpture, &c. c'eft la manière de fe former
fur un modèle , d'en prendre le goût , le caractère.
Dans les ouvrages d'efprit , en Po'c'.ie , eu Rhétorique,
c'eft un emprunt des penfées d'un auteur qu'on s ap-
proprie par l'ulage qu'on en fait , par la tournure
qu'on leur donne. C'eft dans ce fens qu'on dit que
les plus beaux endroits de Virgile font des imitations
d'Homère. Combien de gens affûiblillènt leurs talens
naturels par une mauvaile imitation. La Bk. Tout ce
qui lent l'imitation dégoûte ; parce que rien ne fau-
roit plaire qui ne loit naturel , ou qui ne le paroiflè.
Le Ch. de M. L'imitation en général n'eft point blâ-
mable : on ne doit condamner qu'une imitation balTe
Se fcrvile , qui n'ajoute, ou n invente rien. Dac.
L'imitation acheva de former le goût des Romains. Et
voilà pourquoi t^orace recommandoit avec tant de
foin d'étudier nuit & jour les écrits des Grecs, qui
étoient li utiles. Mad. Dacier.. Le P. Edmont Cam-
pien , Jéfuite , a fait un' petit Traité de l'imitation de
Cicéron ; Se Cafaubon , à la fin de fon Perle , en a
donné un intitulé, Perjîana Horatii im'itatio.
Mon imitation «Vy? point un efdavage. La Fon.
Il fait allufion à ce paiîàge d'Horace. O imitatores ,
fervum pecus.
A l'imitation. Façon de parler adverbiale : A l'exem-
ple de, fur le modèle, (yc. Ac. Fr.
On dit d'une chofe qu'on ne lauroit imiter , qu'elle
eft au dellus de toute imitation.
Imitation , fe dit en Muiique lorfqu'une partie imite
le chant d'une autre partie , ou pendant toute une 43iè-
ce , ce qui eft une des efpèces du canon , ou bien feule-
ment pendant quelques m>:fures , qui eft une imita-
tion fimple. fj^En un mot elle conlifte a taire répétera
fon gré Se dans telle partie que l'on veut , une certaine
luire de ch.int , lans autre régulante. Quelquefois
on imite feulement le mouvement ou la figure des no-
tes , & cela ou par un mouvement contraire , ce qui
fait l'imitation renverfée^ ou en rétrogradant , &c.
L'imitation difterc de la figure en ce que dans l'imi-
tation il faut que la répétition le faile , ou une i^,
ou une 3^, ou une 6^, ou une 7*, ou une 9%
&c. au-delfus ou au deilous de la première voix ; Se fi
la répétition fe taifoit à l'uniiron, à la 4^, àla/^,
ou à la 8*^ , plus haut , ce feroit une fugue.
§3" L'imitation de J. C. c'eft le titre d'un livre de dé-
votion^ communément attribué à Thomas à Kempis.
Ce livre , le plus beau qui foit parti de la main d'un
homme , puilque l'évangile n'en vient pas , n'iroit
pas droit au cœur , comme il fait , & ne s'en faifiroit'
pas avec tant de force , s'il n'avoit un air naturel Ôc
tendre , à quoi la négligence même du ftyle aide beau-
coup. FONTEN.
IMITATRICE, f. f. Les auftérités qu'elle a pratiquées
(Sainte Thérèfc ) & qu'elle a fait pratiquer dans le
Chriftianilme à tant d'imitateurs Se d'imitatrices de
fa pénitence. Bourdaloue , Exhort. T. I.p. 30S.
IMITER. V. a. Copier quelque chofe tur une autre qu'on
a choiiie pour modèle. Imitari. Un tel Peintre imite
bien, mais il deffine mal. Le perroquet i/Tzite la voix
de l'homme , le finge , fes .aâions. Tout le monde
vous imite J madamCj mais perfonne ne vous relfemble.
S. ÉvR. Pour exceller en quelque chofe , il ne faut pas
imiter. Le Ch. de M.
Imiter , foit en Sculpture , foit en Peinture , en Poëfie ,
L
82
I M M
en Éloquence, en Mulîque, foit dans quelqu'autie
Arc , ne lignine pas toujours copier trait pour tr.iit :
c'cll fe former une idée feniblable, & fuivre la même
manière, /.'.-zirt-r l'Antique, c'cll en prendre la manière,
le goût , le caractère.
ÇCTUn Auteur qui ïmue , prend dans fes écrits l'eiprit ,
leftyle de celui qu il prend pour modèle. Le Pcmtre
fuit dans (es tableaux les manières , le goût & l'ordon-
nance d'un autre peintre.
La beauté de Xïmitaûon j tant en Poëlie qu'en Pein-
ture , conliice dans deux fortes de vrai , le vrai limple
& l'idéal. Le premiej: peint la nature telle qu'elle eft ;
le fécond lembeliit en rallemblant lur le même ob-
jet plulieurs traits bien rendus & bien aflortis qu'elle
a dilperiés lur des objets diliérens.
Imiter , fe dit au'.îî en Morale. Se conformer à un mo-
dèle. Ce jeune homme marche fur les pas de fes Ancê-
tres , il ïmïtt leurs vertus. îl faut Imiter les hommes
illulhcs de l'antiquité. Nous devons avoir pour la
vertu une admiration animée , qui faile naître en no-
tre ame comme un amoureux dein^ de l'imiter. S. £vR .
fCFOn dit très bien & très- élégamment imiter .des
exemples , quand il s'agit d'iiloquence , de Poclle , de
Peinture, û'c. Bouii. On le dit de même à l'égard des
mcEurs & des aftions. Pour nous , qui voyons en ce
lieu de 11 grands exemples à imiter, dit M. l'Avocat
Général de Lamoignon. Les Latins ont dit de même :
: Imitari exemplum. Domefticum te habere exemplum
dixi ad imitandum. CiCER. Orat. pro Mar.
Les Grecs dilenten proverbe, qu'il eft plus aiféde
fe moquer de quelqu'un j que à'^n faire autant que
lui, & de l'imiter^ .-.««.«*•!' pà^^ict .' |(.-<joft' C'eft à
peu près ce que Ronfird difoit,ileft ailé de repren-
dre, diiacile de faire mieux.
On dit proverbialement , que l'art imite la nature.
On dit d'une chofe qu elle eft bien imitée , quand
elle eft bien tirée d'après nature.
Imité j ée, part.
I M M.
Il eft à propos de remarquer ici d'abord fur tous
les noms qui commencent par IMM, que la pre-
mière m ne s'y pronou.e point de la même manière
que dans lesmoti tiui après /Mont une autre lettre
qu'une M; par e.vcmpie -, imbiber, imparjait , impair,
impanateur , impatunt, impojjible , àx. Cardans ceux-
ci ïm ne iait qu un ion limple avec l'i ; ces deux let-
tres n'expriment qu'une véritable voyelle , de celles
que M. l'Abbé Dangeau appelle voyelles nazales <5c
Efclavones. Elle fc prononce comme i«, thns i/ifini ,
indompté , inconcevable , ù'c. Mais dans les mots où
l'/eft fuivi de deux MM , comme immacule , & tous
les autres qui fuivcnt , la première A/retient Ion Ion
propre & particulier de confonne ; ainli l'on prononce
les deux MM \ mais on fait peu lentir la première ,
& on ne la prononce point rudement , mais douce-
ment & légèrement.
IMM A , f. m. Efpèce de bol ou de terre rouge, dont
fe fervent en Perfe les Teinturiers & les Peintres pour
leurs peintures & teintures. Les lemmes Perlanes ,
particulièrement les Danfeufes publiques, en ufent
aulli pour relever leur beauté, comme on fait en France
de Carmin ou de rouge d'Efpagne. Le meilleur ^otot^^
eft celui que l'on tire de la montagne de Chiampa
près de Bander Congo.
IMMACULE , ÉE. adj. Terme de Théologie. Qui eft
lans tache , fans péché. Tabis expers. Ce mot n'eft
. guère ufité qu'en cette phrafe. On dit que la vierge a
eu le privilège de la Conception immaculée , 8c d'avoir
été préfervée du péché originel. Quand on donne le bon-
net à un dotteur deSorbonne,on lui fait jurer qu'il fou-
ticndra {'Immaculée Conception de la Sainte Vierge.
. Il y a un décret de l'Univerfité qui ordonne ce ler-
ment. Il fut fait par la Sorbonne dans le XW^. iiécle ,
& quatre vingts autres univerlirés l'ont fait depuis à
fon imitation. |?3°On ne regarde pourtant pasl'/m-
macidéc Conception comme un article de toi , mais ,
î M M
comme une opinion : c'eft dans ce- fens qu'on
la loutient dans \t% écoles. On dit que divers États ',
entre autres ceux de Caftille , d'Arragon , de Na-
varre &: de Napk's , ont fait aulli des Réglemcns
publics fur cela. Les Ordres militaires d'Efpagne
ie {ont . aulli engagés iolennellement à foutenir
cette prérogative de la Sainte 'Vierge. 'Voyez Con-
ception.
Congrégation de l'ImmaculÉe Conception de la
Sainte 'Vierge. Prefque dans tous les Wonaltères des
Keligieufes de la Congrégation, il y a une (ociétéde
hiles lecuiières , qui ont pour fin , d'honorer l'Imma-
culée Conception de la Sainte Vierge. Elles en font
tous les ans une proteftation en public , & tous les
jours en particulier. Elles portent un petit fcapulaire
qu'elles appellent un collier , qui eft d'étoffe de couleur
bleu céleftc , fur lequel d'un côté eft l'image de Y Im-
maculée Conception , & de l'autre ces mots en lettres
d'or ou d'argent : Marie a été conçue fans péché. Ce
Icapulaire peut être aulli de couleur blanche , & la de-
vile en loie bleue. Elles tont leur proteftation publi-
que , un cierge de cire blanche à la main , auquel eft
attaché un petit écufton contenant la même devife.
Elles ont des Conftitutions drellées par le P. Fourier ,
& approuvées par Innocent X. qui accorda beaucoup
d indulgences a cette Congrégation de V Immaculés
Conception. P. HÉlyot , T. II c. 64.
IMMANENT ,ENTE. adj. fCF Qm demeure dans laper-
foiine & n'a point d'ciîet au dehors. Immanens. Ter-
me de Logique. Les PhilofophesdiftinguentlesaÛions
en tranlitoires & immanentes. Les Théologiens ont
adopté cette diftinèlion. Lesattions de Dieu immanen-
tes lont celles dont le terme eft dansDicu. Les actions
tranlitoires lont celles dont le terme eft hors de Dieu.
Les perfonnes du Fils & du Saint-Elprit font produites
par des opérations immanentes , des acîes immanens ;
au contraire la création du monde & des autres créatu-
res , font des actions ou des opérations tranlitoires.
ip- IMMANGEABLE, adj. Qui ne peut fe manger. On
trouve ce mot clans le théâtre d'agriculture d'Olivier
de Serre. On ne le trouve point ailleurs.
IMMANQUABLE , adj. m. iSc f. Qui ne peut manquer
d'arriver. Certus; fixus ,fiatutus.hc foleil fe levé &
fe couche tous les jours , cela eft immanquable. Nous
devons mourir tôt ou tard , cela eft immanquable. Vo-
tre procès eit li clair & li net , que c'eft une affaire im-
manquable. Pïomcîic immanquable. Promelle dont l'ef-
kt eft immanquable.
IMMANQUABLEMENT, adv. Infailliblement, /ans
manquer. Ccrtb. Si vous allez dîner à cette table , vous
y trouverez des écorni Heurs immanquablement.
IMMANUEL. Foyei EMMANUEL. C'eft ainfi qu'il
faut dire en notre langue.
tfr^ IMMARCESSIBLE.adj.de tout genre. Terme didac-
• tique , qui ligniiie incorruptible , qui ne le flétrit point.
Im^marceJJlbilis.
IMMARTYROLOGISER. v. a. Inférer au Maityrologe.
In Martyroiogio infcribere ;in Martylorogium referre,
injerre. M. Chaftelain a fait ce mot , que nous ne met-
tons que pour avertir qu'il n'eft point François , &
qu'il ne s'en faut point lervir.
Ip- IMMATÉRIALISME, f. m. Dodrine , fyfteme des
Immatérialiiles. Quelques Philolophes bizarres ont
ofé avancer qu'il ne peut y avoir que des elprits , d'où
ils concluent que le monde ienlible n'eft qu'une fuite
d'apparences j d'idées rapides & momentanées, qu'un
Etre lupérieur met dans ces elprits , fans qu'il y ait au
dehors riendcréel ni d'cfteètif. f^oy. l'art, luivant.
IMMATÊRIALISTE. 1. Nom que l'on donne à de nou-
veaux Athées , qui prétendent que tout eft elprit , iSc
que le monde n'eft compolé que d'Êtres penlans. Se-
lon eux tout ce que nous croyons voir & fentir de cor-
porel , n'a rien de réel ; ce font de vaines idées , des
fantômes que notre elprit fabrique , ou plutôt qui naif-
fent en nous par la nécellîté naturelle , qui nous a fait
naître. Ces prétendus Philofophes n'admettent aucune
liaifon entre les Êties penlans : chacun eft un monde
indépendant des autres. Ce fyftême eft tout à-fait per-
nicieux : il renverfe de fond en comble la Rehgion S:
î M M
laTodcic; ixnis tout pcmickux qu'il tfi:,.'d ne fera pas
beaucoup de mal Lei hommes legaideioiit les Imma-
terïaLïjlcs , comme' cet homme qui s'imaginoit ctretie
verre , & craignoit a tuu: moment d'être calïe ; & fran-
chement la, folie àa Immaunilifics ne diriere de la io
lie de cetliûmrae, quen ce quelle ell plus extrava-
gaïue. Il ne faut pas craindre que ces Ipéculatiuns va-
gues & chimériques l'emportait lur le lens commun.
Réfuter en forme ces vilions, ce leroit le délier trop de-
là niilbn humaine & leur faire trop d honneur. P.
ToDRNEMiNE, DiQircanon. Jur L' Atiiiijme. Ce nom
vient dulariii matcria , manèrc, & de la propolition
in , lignifiant nég^ition. Im;?iarcna/ijl£ , qui ne con-
noît point de matière daiis le monde.
IMMA f ERIALirÉ. f. f. Qu^ilité de ce qui n'a point de
matière. Immate nalitas. Ce mot elf en ulage dans le
dogmatique. L'immatcnaliti de l'amc elf invincible-
ment démontrée. Ce terme ell lynonyme à fpuitua-
litc.
IMMATÉRIEL, ELLE. adj. Qui ell: fins aucun mé-
lange de matière , qui ell pur etpiit. Abf^ue materlà.
Dieu, les Anges, l'ame railonnable , ïbnt des êtres
unmatérlels , & purement Ipirituels.
IMMATÉRIELLEMENT. adj. D'une manière imma-
térielle, fpirituellement. immatenalïter , fpïntuaiuu:
IMMATRICULATION, f. f. Terme de Junlprudence.
C'efl l'infcription de quelqu'un dans quelque regillre
public. In album relacio. C'eft auili l'état de ce qui ell
immauiculé.
IMMATRICULE. C. i. ^ Terme de Jurifprudence.
Ade qui contient l'infcription , l'enregillrement de
quelqu'un dans quelque regillre public , comme celui
d'un renrier de l'Hôtel de ville fur le regiftre des
Payeurs, quand la rente change de propriètdre. In
albumrdatïo. On paie un écu au Commis des Paycuis
pour le droit àUmmatricuU pour chaque rente. On
le dit anili de l'enregillrement qu'on fait du nom d'un
Avocat , ou OlHcier , quand il ell re^u , ou lorf'-.u'il
fait le ferment, dans les regillrcs de la Compagnie où
on le reçoit. Cet Avocat a levé Ion immatricule,
l'atte de fi preftation de ferment.
IMMATRICULER, v. a. Mettre le nom d'un rentier
dans le regillre d'un Payeur , en faire 1 immatricule.
In Alhum referre. On met les qmttance au rebut ,
iofqu'à ce qu'on le foit fait ïmmatncuUr.
On le dit aulïï en quelques profeilîons où l'on doit
faire écrire fon nom dans les rcgiltres. Les Avocats
font immatriculés dans les regiflres de la Cour , les
Notaires au grerfe de la jurifdiclion , èic.
Immatriculer , fe trouve dit métaphoriquement pour
mettre dans un certain état, dans un certain rang.
Conjlituere. Ici le Négociateur voudroit, que comme
il vient à' immatriculer la déleélation viélorieufe des
Augufliniens , dans notre état, ces Meilleurs natura
lifallent aulfi la grâce etticace par elle-même dans
l'état d'innocence. Ainfi parloient les Jéfuites. Mém.
DE Trév.
Immatriculé , ée. part. In alhum relatas. Le dix fep-
tième article ou canon des Capitules d'Hincmar porte
que les pauvres immatriculés , c'efl - à - dire , infcrits
au catalogue de l'Églife , doivent être des invalides
du même domaine , ou lesparens du Curé, s'ils font
vraiment pauvres.
IP" IMMAUM. f. m. Terme de relation. C'efl: le nom
que l'on donne en Perfe à des efpèces de faux Pro-
phètes , ou plutôt à de prétendus Saints qui vivent
dans la retraite &: dans l'auftérité. Si ce que les Chré-
tiens difent de Paul , d'Antoine & de Pacôme ell
vrai, leurs vies font aulli pleines de prodiges que
celles de nos plus ûcrés Immaums. Lettres Pers
IMMEDIAT, ATE. adj. Qui fuit ou précède un autre
lans aucune interpofition. Alicui proximus. L'animal
eft le genre iOTOT.j'd'iar de l'homme j fuccell'eur iOT;«/-
diat y piédécefleur immédiat.
Immédiat , ate , fignitîe auifi , qui agit fans moyen ,
lans milieu. Caufe immédiate. Grâce immédiate. Tou
tes les créatures font dans une perpétuelle dépen-
dance du concours immédiat de Dieu. Ju. On a vu
depuis quelques années de grandes difputes fur la
Tome V.
I M M
83
grâce immédcatt: entre les Théologiens Protcilans il
s'agilloit de lavoir li la grâce agit fur k- ca:ur,'cS:
lurl'clpnt, par une elHcace immédiate, indépendam-
ment des circunliaiiccs externes , ou li un ctrtaiu
alltinblige , ou certain ménagement de circonlbnces
jointes au nmiilk-rc de la parole, peuvent produire
la convcrlion des .unes. Je conçois que qu.uid je
rejette Ion infpiration , ( du premier ctre ) peur le
bien , j'ai le vrai ik. adluel pouvoir de ne la ujttter
pas; comme j'ai le pouvoir actuel & immédiat de
me lever, quand je dememe aiiiSj ik. de krmcr les
yeux , quand je ks ai ouverts, i e,mel.
On appelle en Allemagne Nobles Immédiats de
l'Empire , ceux qui font fournis imincdiatement à
1 Empereur j fans leconnoxtre d'autre Souverain que
lui. Les i,i:v^nQ[ini:sLmmedLdtcs rel/'ottiflent a L; Ciiain-
bre Impérrilc de Vetzlar. La Nobklle immédiate fait
un corps alkz conlidcrablc en forme de x.cpuolique
Arillocratiquc. Elle fe divile en quatre , celle de Soua-
be, de Francome , du l^.hin, & de la Ballè-Alfice j
&c fe lubdivife en pluiieurs quartiers. Cliaque quar-
tiera un cher, que i on nomme diretteur en Scuabe,
& dans la Balîé Aiface; & Capitaine de la Noblelfé
en Franconie , Se dans le Cercle du Rhin.
UCT La Noblellè médiate ell celle qm pollcde des fiefs
qui relèvent des princes & des états particuhers de
l'Empire; liefs que l'on nomme médiats.
Il y a dans l'Urdie de Citeaux un Supérieur , qui
fe nomme le Père Immédiat. Le quatrièi.:e Chapitre
de la Carte de Chanté, réôle les biedions des Ab-
bés , l'autorité du Fere Immeaiat , au temps de la va-
cance , & de feietaon,ia ^^uahte des peJonnesqui
doiventêtrccjuesj e»e. P. r^ÉLvor, l.p.C. jj.
IMMiiDlA 1 EiViLiVi r. adv. i^'une manière immédiate j
tout de fuite, fins aucune inteipolition ,Gns moyen.
Prjximè. Le Sous Doyen cil celui qui fuit immedia-
tement le Doyen. Ce Lei rekve imniddiutement de la
Couionne. Les appellations des Juffi:es des Lucnés-
Pairies fe relèvent au lariement immeaiatement.
DicH concourt immédiatement à toutes nos actions.
Ju.
On dit , Immédiatement z'pihs ; pour dire , Aulîî tôt
après , incontinent après. Aca. f r.
IMMiiDIA 1 E X É , f. f. guahtc de ce qui eft immédiat ,
dépendance immédiate. Il n'y a point de terme latin
pour exprimer ce mot; li j etois dai.s la nécellité de
le faire , j aurois recours à la langue Greque , & je
dirois «/<fj„> ou '-y-i • «î, immédiateté n'efl pas reçu
par l'ulage en François. Heis feul l'a employé dans
fon hilloire de l'Empire, T. II. p. jS6. où en par-
iant de Hagu^nau cV des neuf autres villes d Ai-
face , il dit : Cette ville reconnoilfoit , ainfi que les
neuf autres , le roi pour protecteur , aux mêmes con-
ditions qu'elles reconnoilioient l'Empereur & les
Princes d'Autriche en cette quahté , fans déroger à
V immédiateté 3 en vertu de laquelle ces dix villes pré-
tendoient demeurer Etats libres de l'Empire. Mais
comme elles ont été convaincues du droit de Sou-
veraineté , dont le Roi de France a été revêtu , elles
ont lenoncé à cette immediatcté , & fe font foumi-
fes entièrement à Sa Majefté Très-Chrétienne.
IMMEMORABLE , pour immémorial ^ fe trouve dans
cette Épigrarame du Chevaiher de Cailly.
Depuis un tems immémorable ,
Le monde a vu jouir quelques gens du Palais
D'un privilège incomparable :
Ces gens volent toujours , on ne les pend jamais.
IMMÉMORIAL , ALE. adj. Épithére qu'on donne au
temps , à la durée d'une chofe dont on ne peut dire
le commencement. Memorlam excedens. C'ell une
obfer>'ation qu'on a faite de temps immémorial. La
polîéllîon centenaire ell une poileffion immémoriale^
3c vaut un titre, parce qu'on préfume que l'origine
en eft inconnue. fC^Pour qu'une polfelfion foit im-
mémoriale J il faut non-feulement qu'elle foit très-
aucienne, mais que l'origine en foit inconnue. Se
palle la mémoire des hoirimes aéluellement vivans.
84
I M M
IMMENSE adj. m. & f. Infini. Immcnfus. Dieu fcul
immenfe : fon pouvoir , fa bonté (onr immenfes , ("ans
bornes, fans mckues.
Immense, fe dit auilî d'une très-grande étendue. Les
Aftronomcs mettent une elpace immsnfe entre Sa-
turne &: les étoiles fixes. C^? On dit de même des
defirs immenfes , une ambition immenfe , une iomnie
immenfe. Les temmes ont undelir immenfe de plaire,
Bell. , c'cft à-dire démefuré. Il m'en a coûté des fem-
mes immenfes , très grandes.
0CF IMMENSEMENT, adv. D'une manière immenfe.
Il eft ïmmenfement riche.
IMMENSITÉ, f f. Infinité -, étendue fans bornes. Im-
menfitas. Vimmenfité Ac la miféricorde de Dieu , de
fa clémence, de îd. [x2,ciXe. L'immenficé de Dieu, la
fubftance même comme répandue par-tout , & par-
tout toute entière, remplillant tous les lieux ians cx-
tention locale. Maleb. L'éternité de Dieu s'avance, &
ce peu de momens qui nous relient iont tout prêts de
fe perdre dans cette immenfué li redoutable. Ab. de
tA Tr.
ifT Ce terme eft particulièrement relatif à l'étendue.
Immenfué , & cfpace ians bornes, termes Synony-
mes. Vimmenfué de Dieu , n'eft autre choie que Li
préfence en tous lieux. Il eft par tout par fa Icicn-
ce, parce que rien ne lui eft caché ; par Li puilLancc,,
parce qu'il produit & conferve tout ; par fon clîence,
parce qu'il pénétre tout.
Immensité , fc dit auilI de ce qui eft d'une grande éten-
due. Vimmenfàé des cieux pallé notre imagination,,
Uimmenfité de l'Univers.
IMMENSURABLE. adj. Qu'on ne peut mefurer. On
ne connoît point la hauteur d'une étoille fixe : elle
eft, fi j'ofc ainfi parler , immenfurable j il n'y a plus
ni angles , ni fmus , ni parallaxes dont on puille
s'aider. La Bruyère , pa^. 644. Ce mot eft bien
inventé , & propofé avec modeftie. C'eft quelquefois
le moyen de mieux faire palier les mots de nouvelle
création , fur-tout , lorfqu'à l'exemple de celui - ci ,
ils ne s'éloignent pas de l'utage de la Langue.
JMMÉRE , & non pas Immirenien , comme on a dit
dans le Moréri. Nom ancien d'un peuple. Immer ,
immeris. Nicéphore , qui rapporte la converllon des
Imméres, dans fon XFP. L. c. 37. dit qu'ils étoient
de Perfe, qu'ils en habitoient la partie la plus mé-
ridionale , & que c'étoit une nation belliqueufe. Du
refte, il les appelle 'if--,Kjçs;, & je ne fais pourquoi
l'on a changé ce nom en Immirenien.
IMMERSEUR. f m. Nom que l'on donnoit autrefois
à l'un des miniftres du baptême. Celui qui plongeoir
dans l'eau le catéchumène qui rccevoit le baptême.
Immerfor. Les Grecs l'appeloient Bapcijla j qui ligni-
fie la même choie. VImmerfeur n'étoit que le troi-
fiènie des miniftres du baptême; car le premier &
le plus honorable bénilloit l'eau, le fécond faifoit
les exorcifmes , & le troilièmc étoit VImmerfeur, qui
devoit être prêtre. Macri.
IMMERSIF, IVE. adj. Qui fe dit de ce qui fe plonge
dans l'eau. Immerfivus , immergens. L'or s'éprouve
par la calcination immerfive qu'on en fait dans de
l'eau forte , lorfqu'on le purifie par l'incaft.
IMMERSION, f f. Adion par laquelle on plonge dans
l'eau ou dans quelqu'autre Huide. Immerfio. Le lou-
verain remède contre la rage , c'eft l'immerfon dans
la mer. Dans les premiers lièclcs du Chrillianilme
on baptiloit par immerfwn , pat trois ïmmerfions. On
ne fe fert plus de Yimmerfion dans l'Occident , Se
l'on baptife par effulion. Le Cl. Dans l'Eglife Grec-
que on baptife encore par immerfion.
Immersion, en terme de Pharmacie, eft la prépara-
tian d'un médicament , qu'on fait tremper dans de
l'eau pour lui ôter quelque qualité nuilîble , ou quel-
que mauvais goût , comme on fait à la rhubarbe pour
modérer fa force, à la chaux pour lui ôter fon lel ,
ou aux olives qu'on conferve dans de la faumure.
Immersion. Terme d'Aftronomie , fc dit quelquefois
lorfqu'une étoile ou une planète eft fi proche du fo-
leil , par rapport à no5 obferv.ations , qu'on ne la
peut voir , parce qu'elle eft comme enveloppée dans
I M M
iz^ rayons. Immerfion (e dit plus ordinairement poiu'
lignifier le commencement d'une éclipfe de lune ,
c'eft-à dire , le moment où la lune commence à être
obfcurcie , & à entrer dans l'ombre de la terre. On
dit la même choie de l'éclipfe du loleil , lorfque le
dilque de la lune commence à le couvrir, &: à le
dérobera nos yeux. ifT C'eft en général l'inftantoù
un aftre le cache par rapport à nous. Emerfion eft
le terme oppofé a immerfion , & c'eft le moment
dans lequel la lune commence à fortir de l'ombre
de la terre ,.où le foleil commence à montrer les
parties de Ion difque que la lune nous cachoit. On
dit en particulier les immerfions Se émerlions des fa-
tellites de Jupiter , & fut-tout du premier fatellite ,
dont l'obfcrvation eft d'une grande utilité pour la dé-
couverte des longitudes. On appelle immerfion du
premier latellite, le moment auquel cette petite pla-
nète nous paroît entrer dans le difque de Jupiter ;
& emerfion , le moment auquel elle nous paroît en
lortir. On obfervc les immerfions depuis la conjonc-
tion de Jupiter avec le foleil julqu'a fon oppolition ,
& les émetfions depuis Ion oppolition jufqu'à la con-
jonèlion. C'eft à 1 illuftre M. Callîni que nous de-
vons la perfection de la théorie j &c toute la prati-
que de ces obfervations. La commodité de ces obfer-
vations eft que pendant onze mois de l'année on
peut les faire de deux jours l'un au moins.
IMMEUBLE, f m. Bien fixe, qui a une alnettCjUne
lituation fixe & allurée , & qu'on ne peut tranfpor-
ter , cacher ni détourner. Res immohilis , res foli.
|CF Les immeubles le divilent en immeubles vérita-
bles & en immeubles par fiftion. Les premiers font
ceux qu'on vient de définir , comme les fonds des
héritages , les moulins , les bois , &€.
Les immeubles par fiètion , Iont ceux qui ont pris
la qualité d'immeubles : 1°. Quand le meuble eft uni
& incorporé à Vimmeuble. 1°. Quand le meuble re-
prélente Vimmeuble. C'eft ainli que les matériaux d'un
édifice démoli font réputés immeubles. 5". Quand par
la difpolition de la coutume certaines choies mobi-
liaires de leur nature font cenlées immeubles :, com-
me les rentes conftituées à prix d'argent j fuivant
la coutume de P.iris , où les deniers provenans du
rachat des rentes qui appartiennent à des mineurs..
4°. Lorlque par la deltination de l'homme , confir-
mée par la coutume ou par les arrêts j une chofe
mobiliaire, par exemple une fomme de deniers , meu-
bles meublans, marchandites , (S-c. prennent la qua-
lité à' immeubles : ftipulations qui ont lieu dans les
contrats de mariage.
Immeubles réputés meubles. De même que quelque-
fois les meubles font réputés immeubles , de même
aullî les immeubles font quelquefois réputés meubles,
par une claule particulière , qui porte qu'une partie
des immeubles qui compofent la dot, lera ameublie
pour entrer dans la communauté : Vimmeuble ainlî
ameubli devient en la dilpoiîtion du mari, comme
un autre cllet mobiher.
;53° Les fixions de meubles , d'immeubles ne s'étendent
jamais d'un cas à un autre. Ainlî rameublilTèment
ne change la nature de l'héritage qu'à l'égard de la
communauté j envers laquelle il fert de caution de
la fomme que l'on a promis d'y apporter -, mais à
l'égard des luccelïïons, l'héritage demeure toujours
en fa nature d'immeubles ncnobltant i'ameubliire-
ment.
Autrefois les Gaulois établis en Italie dans l'Infu-
brie , appeloient Immeubles , Immobilia , des ftatues
d'or qu'ils avoient dans le temple de Minen'e, &
ils les nommoient ainlî , parce qu'on ne les en tiroir
que dans les guerres les plus périlleufcs.
fCr IMMINENT , ENTE. adj. du Latin imminere , être
fur le point d'arriver , être prêt à tomber : ce mot
fïgnifie littéralement qui eft prêt à tomber fur quel-
qu'un ou fur quelque cliofe. Il n'eft ulîté que dans
un très-petit nombre de phrales. Dilgrace iOTOTi/if.'jirf.
Péril, danger imminent , par corruption, émincnt.
Il eft évident j principalement pour ceux qui fa-
veur la langue La:i.".e, que péril f'/7:«e/:r eft pris du
I M M
Latin perkulum imm'mcns ; Ik. maigre cela nous ne
di(o!i'; paj pcril imm'mtnt , mais tnniient , q^\\\\z\\-
gniàc nullement cda, & ne peut (èrvir d'epithètc
au péril ; au lieu (\\i' imminent exprime une choie
pràe à tomber fur une autre , & convient très bien au
péril qui ell fur le point d'accabler une perionne.
Mais il leroit ridicule de s'opiniâtrer pour la railbn
contre l'uligc en matière de langues vivantes. Dif-
grace imminente, péril imminent. Dans l'Encyclopé-
die on entend par péril imminent , celui qui eft pro-
che ; émincnt marque qu'il e(t grand. Il elt bien vrai
qu cminent hgnilie quelquefois grand , mais dans un
fens fiii,urc , qui ne peut convenir au péril.
IMA4)'!.ÈNIENS. f. m. pi. Ancien peuple d'Afic ^ à
l'extrémité de l'Arabie , &: tributaire de la Perfe.
fO" IMMISCER. Terme de pratique , qui neledi!; qu'a-
vec le pronom perlonncl. S'immijcer,v. récip. Prendre,
en qualité de propriétaire , les biens d une fuccef-
fion, à laquelle on eft appelé; entrer dans le ma-
niement des effets d'une luccellîon en qualité d hé-
ritier. Se imm'ifccre. Quand on s'ell immifcé dans
une fucceliion , quand on a tait adiré d'héritier, on
ell obligé de payer les dettes. Voy. Immixtion.
IG^IMMISCIBILITÉ. f. f. Terme didadique. Qualité
de ce qui eft immifcible , qui ne peut le mélanger,
s'allier. Imïfcihilitas.
|Cr IMMISCIBLE. adj. qui ne peut Te mêler, s'allier^
s'unir. M. R. fonde la dillolution des lels fur \imif-
cil>iineA.is mcnftiues ; & c'en e!r là en effet une con-
dition ^ comme l'on êàx. , fine quâ non, c'eil à dire,
fans laquelle un corps ne peut en dilloudre un autre
qu'il ne peut pénétrer, s'il lui eft immifcible & dif-
fociablc. MÉM. de Trév.
IMMISKRICORDIEUX , EUSE. adj.^ Qui n'a point de
miféricorde , qui eft fans compaiîîon. Immifericors.
Ce mot le trouve dans Danet au rang des mots nou-
veaux. Dieu jugera les immifericordieux lans miféri-
corde.
IMMIXTION, f f. Terme de Droit. Addition d'héré-
dité j ou maniement des eftéts de l'hérédité. Immix-
tio. ^fT Ce terme fe dit proprement d'un prélomp-
tif héritier , de celui qui eft habile à le porter héri-
tier quand il a pris des biens de la lucceflion , com-
me en étant propriétaire. Dans le Droit Romain ,
Adidon d'hérédité &c immixtion font deux choies
diiiérentes. S'immifcer fe dit Iculemcnt des héritiers
Jîcns j des defcendans en la puillànce du défimt , dont
ils font héritiers au jour de fon décès. Chez nous
immixtion & adition d'hérédité fe prennent dans la
même lignification , ou du moins opèrent le même
e.Tet.
IMMOBILE, ad. m. &z f. Qui ne s'émeut point. Im-
mobiUs. Cet arbre a beau être agité , fon tronc de-
meure toujours immobile. On a cru long temps que
la terre étoit immobile. ;
Mais la rame inutile
Fatiguait vainement une mer immobile. Rac,
Immobile, fe dit aulU figurément d'un homme ferme
conftant&r inébranlable. L'apathie des Stoïciens étoit
une immobile 8c continuelle tranquillité. Boss. Quand
cet homme a pris une fois fa réfolution , il demeure
ferme & immobile , on ne le peut hire changer. Les
penfées les plus heureufes lallfent 1 auditeur immo-
bile, Ç\ l'Orateur les prononce d'un ton frcid & lan-
gmlfant. Boss. Peut-on exiger une patience immobile
d'un homme infulté î Le Mai. Les poètes ont feint
■ que Niobc fut changée en rocher, pour exprimer
cette morne ftupidité qui rend immobile par l'aeca-
blement de la douleur. Mont.
On dit aufl^ de celui qui eft furpris d'apprendre
quelque mauvaife nouvelle , qu'il eft demeuré froid
ik. immobile.
Tout le camp immohik écoute avec frayeur. Rac.
§CrCe terme n'a & ne peut avoir de rés^ime. Ainfi
c'eft une faute de dire avec Corneille dans Pompée ,
immobile à des coups. Dans toute Langue on'^i'cft
I M M
8r
immobile ni à quelque choie , ni en quelque chofc.
Les immobiles j ceft le nom dune Accidémic
d'Alexandrie de la Paille en Italie. Gli immobile.
IMMOBILIAIRE. adj. Qui conlifte en innntul>ies foit
réels foit hètits de tout genre. Immobdis. La lu:ctf-
fion immobiliaire appartient aux plus proches parens
du côté dont les immeubles lont venus. Dettes immo-
biliaircs , qui (ont de la nature des immeubles.
On appelle action immobiliaire, l'action intentée
pour entrer en pollellion d un immeuble. L'aèlion
en retrait eft une action immobiliaire. Ac. Fr.
IMMOBILIER , 1ÈRE. adj. fp^ C'tlt la mcine chofe
qu'immobiliaire. Etrets im.mobiliers . Héritier immo-
bilier. L'Acad. ne met que ce dernier mot. L'autre
eft plus ufité.
On le dit aufti fubft. comme mobilier. Héritier
de tout ['immobilier d une lueceftion , de tous les im-
meubles. Ce mot fe trouve dans la Déclaration du
roi concernant les Jufticiables de la Chambre de Juf-
tice. /'oyeç Immobiliaire.
IMMOBILITÉ, f f. Etat de ce qui eft immobile. Im'
mobilitas. On a foutcnu pendant long temps V immo-
bilité de la terre.
Immobilité , fe dit aulïï ^CT d'un homme qui ne Ce
donne aucun mouvement fur rien. Le voila dans l'inac-
tion , dans une immobilité étonnante.
IMMODÉRATION, f f. Ce mot n'efl: point encore
reçu ; mais il mérite de l'être. C'eft le vice oppofc
à la modération. Immoderatio. \J immodération mê-
me dans le bien eft à condamner. Mont. Par une
immodération invincible , il a ruiné rous les avanta-
ges que la fortune avoit joints en fa perfonne. M.
DE la Rochefoucault. Voye:{^ Modération.
IMMODÉRÉ , ÉE. adj. Qui fignihe exceliifs , fuis me-
fure. Immoderatus , nimius. Dépenfe immodérée, Ses
pallions font immodérées. On lui a fait payer des
taxes excellîves & immodérées. Alexandre avoit un
defir de gloire immodéré , & une ambition li valte ,
qu'elle ne lui lailfoit point de repos. S. ÉVR. Nef-
tprius avoit prévenu les elprits par la chaleur d'un
zele immodéré. Le P. Doucin,
IMMODÉRÉMENT, adv. D'une manière immodérée,
excellîve. Immoderatè. Cet homme eft exccllit en
tout , il étudie , il travaille , il boit immodérément.
Cet amant aime cette femme immodérément.
IfT IMMODESTE, adj. m. &c f. En parlant des perfon-
nes , qui manquent de modeftie, & en parlant des cho-
ks , qui eft contraire à la modeftie. Femme immodcfe.
Aétion , pofture immodefe. Attitude forcée & im-
modefle. Immodcflus , indecens.
Il faut remarquer que comme il y a trois genres
de modeftie , par rapport au cœur , à l'elinit &z au
corps , tous les vices qui font oppofés à la modeftie ,
ne font pas exp"imés par le mot A'immodeftie qui
ne délîgne que ceux qui regardent le corps , pro-
venans de l'indécence des poftures & des habits.
f'^oye^ Modeste & Modestie.
IMMODESTEMENT. adv. D'un mai-.ière immodefte.
Parler , s'habiller immodeftement. Immodefte.
IMMODESTIE, f. f. Manque de modeftie. Foy. ce mot
& immodefte. Immodejtia. C'elt une grande immo-
deflie , de n'être pas à genoux devant le Saint Sacre-
ment. On doit punir un Religieux pour la moindre
immodejlie qu'il commet. Immodeflie dans la ma-
nière de s'habiller.
IMMOLATION, f f. Sacrifice fanglant d'une viélime.
Immolatio. Calchas fit accroire aux Grecs qu'ils ne
partiroient point fans Ximmolation d Iphigénie. Les
anciens Juifs ne s'unllfcient pas feulement en elprit
à Ximmolation des vidimes qui étoient offertes pour
eux , mais ils en mangeoient la chair facrifiée. Boss.
On a appelé autrefois immolation , en termes de
Liturgie , la partie de la melle que nous nommons
Préfice. Dans le Milfel Gothique, ou Galhcan, il
y a une immolation particulière pour le jour de la
Nativité de Saint Jean ; c'eft-à-di;e , une prétace par-
ticulière. C'étoit dans le rit Gothique ou Gallican,
qu'on X xçi-çAo\x.immolation. Voye':^ Préface &; Con-
testation.
8^
I M M
i;-? Ce terme avoit une iiutre figniScation chez les
Latins, & délignok non un lacrifice fanglaiit , mais
la confccratiou qu'on taiibir aux dicu.K d'une vidtimc ,
en émiant tut la tête un gâteau aliailbiiné de fel.
f'oy. Immoler.
IMMOLER. V. a. Faite un afte de Religion, en l'icri-
iîant une victime à quelque Divinité. OlVrit eu la-
crifîce. ImmoLan. Les Juits ïmmololent des taureaux
au vrai Dieu. Les Idolâtres ont Immalc des hommes
à leurs faulles Divinités. Au Mexique on a compté
jufqu'à I 3 o mille têtes d'hommes immolés en un f cul
temple. Que vous fert à' immoler des animaux ? vo-
tre CŒur eft le fcul {■icriîîce qui ibit digne des dieux.
Ce mot vient du Latin ïmmolare.. Fellus dit qu'//;2-
molarc n'cft autre chofe que firrc molico & fale hoj-
tiam pcTfperfam facrare ^ qii'otinr aux Dieux en fa-
crifice une viâime fur laquelle on a mis de la pâte
falée, laquelle fe dit en Latin mola falfa.
Immoler , le dit aulîi de Jésus-Christ , qui a été la
feule victime qui ait pu s'immoler pour les péchés
des hommes.
Au figuré , immoler quelqu'un à Çx haine , à fon
ambition , le lacrifier , le perdre pour fatisfaire la
paillon. Le Tytaii immolait les plus innocens à Ci
vengeance & à fes foupçons. Bizot. Dans les gran-
des maifons on immole les plus jeunes enfans à la
fortune des aines. Boss.
On l'immole à ma haine , & non pas à l'Etat.
Racine.
On dit encore figurément s'immoler pour la Pa-
trie , s'immoler pour quelqu'un , te lacriHer pour Ion
fervice , s'expoler à tout. Cet homme s'eil immolé
pour fa Patrie , pour fa temme , pour tes entans.
Les Stoïciens s'immoloient aux maximes d'un faux
hoHiieur.
Ah ! qne mon cxurn'eji-il de ces cœurs ifolés ,
Qui par aucun endroit ne tiennent à la terre ;
Qui font à leurs devoirs fans réfcrve immolés-
Des H.
On dit encore ce mot des auftérités , des morti-
fications, des travaux de la vie apoftolique. Des âmes
limpies ik. qui s'immolent inceilaniment à Dieu dans
la pénitence pour le fxlut du monde. L'As, de
Rangé.
On dit aulîl s'immoler à la ritée publique ; pour
dire , s'expofer à être moqué , & liHé de tout le monde.
'Vaug. Rem. Cet Auteur s'ell immolé à la rifée pu-
blique , en taitant jouer cette méci.ante pièce : l'cx-
prellion eil; nn peu forte. fCT Immoler &c tacriher
lont des termes trop tragiques pour les joindre avec
rifée. M. de Vaugclasa beau dire qu'à la vérité, la rifée
efl comique pour ceux qui la font , mais qu'elle
peut être tragique à l'égard de ceux qui la louitrent,
puilque l'honneur, plus précieux que la vie, en de-
meure quelquefois blellé &c perdu pour jamais -, il
n'en ell pas moins vrai qa immoler & facrifier ne pa-
rollfent pas fiits pour figurer avec rifée.
Auili M. de Vaugelas convient que s'expofer à la
rifée de tout le monde , feroit beaucoup mieux que
s'immoler , lorlquc l'aélion que l'on tait , ell lim-
plemcnt , ou médiocrement ridicule : mais li elle va
jufqu'à l'excès , li elle ell ridicule ou impertinente
au dernier degré; alors , s'e.v/jq/tr feroit, dit-il, trop
foible , &: ^immoler rendroit mieux cette idée.
IMMONDE, adj. m. Se f. Terme contacré qui ne fe
dit qu'en matière de Religion j & quon n'emploie
pas dans l'ufage ordinaire. Qui ell impur , qui a con-
traâé quclciue faleté , quelque impureté. Immundus.
Il écoit défendu aux Juits de manger des bêtes im-
mondes , comme le Pourceau. On étoir immonde ,
quand on avoit touché un corps mort. Les Indiens
font fort fuperftiticux en cette matière. Si un hom-
me d'un autre Rehgion que la leur boit dans un de
leurs vailfeaux , ils le callent comme le croyant im-
monde. Si on touche leur habit , ils le lavent , parce
I M M
qu'ils le tiennent immonde. Si on fe baigne dans uii
de leurs étangs , ils en font écouler toute l'eau-, parce
qu'ils la croient immonde.
On appelle le diable , en terme de dévotion, l'£/^
prit immonde. Voye\ Diable & D£;vIon.
IMMONDiCE. f. f. En termes de l'Ecriture. Immon-
dice légale te dit de l'impureté légale, dans laquelle
les Juits tomboient, lortqu'ii leur étoit arrivé de tou-
cher quelque chofe d'immonde. Acad. Fr.
IMMONDICES, f. f. pi. Grolles ordures , boues, t^tletés.
Sordes. Quand les rivières débordent , elles empor-
tent toutes les immondices de la campagne. Les
Boueurs font établis pour ôter les immondices des
rues. Les Seigneurs font obligés de fournir de la terre
pour faire une voirie où on porte les immondices de
la ville.
Immondices. C'ctl aulîî un terme de Chatleur, qui 11-
gnihe les excrémens des chiens. Salnove.
IMMORTALISER, v. a Étermter , rendre immortel ,
^fJ" donner une elpèce de vie qui ne finira point dans
la mémoire des hommes. Immortaiitati confecrare ,
mternan. Les Conquérans ne vertent tant de lang que
pour immortalifcr lem* nom. Les Savans prétendenc
s'immortalifcr par leurs veilles , par leurs écrits. Il
faut s'immortalifer foi-même pour immortalifer les
autres : car il n'eft point de plus courte vie que celle
d'mi mauvais livre. 'Vaug. La vanité des hommes
leur fait croire qu'ils s'immortalifent par les ir.lcrip-
tions lur le marbre îs: le bronze. Les grands crimes
immortalifent autam que les grandes vertus. Des- H.
Immortaliser le dit improprement pour trainei en
longueur. Les chicaneurs immortalifent les procès,
les artaires.
IMMORTALISÉ , ÉE, part.
IMMORTALITÉ, f. f. Eternité , petpétuité , qualité de
ce qui ne peut mourir. Immortalnas. Les lubftances
fpiritucUes tout les teules qui jouiirent de \immorta~
lite , comme les Anges. Les âmes des julles jouiront
d'une immortalité bienheiireufe. Un ditcours fur
l'immortalité de l'ame en a poiilTé quelques uns k
braver les horreurs de la mort , pour aller jouir plutôt
des télicités de l'autre vie. S. ÉvR. Mettez vos plus
beaux jours à méditer lur l'immortalité de l'ame, vous
trouverez qu'il n'appartient qu'à la Religion d'en déci-
der. Id. La démonllration de Detcartes lur l'immorta-
lité de l'ame a plus de vrailemblance que de vérité.
Idem. Notre immortalité ne iert qu'à éternifer nos
malheurs. Ablanc.
Immortalité, fe dit aulîi abufivement de |tT cette
elpèce de vie perpétuelle que nous acquérons dans
le fouvenit des hommes. Il n'y a li petit auteur qui
ne croie travailler pour V immortalité ; point de Pocte
qui ne promette l'immortalité à celui qui le vou-
dra payer.
Nulla dies unquam mcmorï vos eximetavo. Vin..
Et ton nom du midi jufqu'à l'OurJe vanté j
Ne devra qu'à leurs vers fon immortalité. Boil.
En terme de Blâfon, ce mot lignifie le bûcher
du Phénix. Un Phénix fur fon immortalité. Le P.
Menés.
IMA'IORTEL , ELLE. adj. Qui doit duter dans toute
l'éternité, qui n'a point en loi de principe de dillo-
lution. Immortalis. Dieu ell leul immortel par ta na-
ture. Épicute a fait des dieux qui jouillent de leur
nzmvc immortelle A3.ns un bienheureux repos. S. ÉvR.
Immortali xvo fumma cum pace jruatur , &c. Lucr.
Les Anges lont immortels. Vous craignez toutes cho-
ies comme étant mortels , & vous dehrcz toutes cho-
fes comme 11 vous étiez immortels. Nie. De tout ce
que vous admitez ici-bas, il n'y a rien d'immortel,
ni qui doive vous accomp.agner après cette vie. Abl.
Les payons ont aulîî appelé leurs taux dieux im-
mortels , ou les immortels. Et nous le dilbns de mê-
me fubllantivement , fur-tout en Poclïc. Immort.tles,
Dii Immortales. Virgile nous laille une médiocre
idée des Immortels : il les a revêtu de toutes nos foi-
' I M M
blefîès. S. ÉvR. Les Payens ont mis leurs Héros &:
leurs Empereurs au rang des Immortels.
Pwfqui d'une Immorcclle il doit être l'époux ,
Jupuer a parlé , je n'ai plus de courroux. Cok.n.
Ou quand:, pour t'affurer un temple & des autels,
La mort viendra te mettre au rang des Immortels.
Pourquoi des IiTimortcls attejlerlapuijfance? Rac.
Immortei., fc dit abufivement des chofcs dont la mé-
inoirc cil: fuppoféc devoir toujours durer. Les Rois
d'Egypte ont laillé des monumcns immortels de leur
puillance. Alexandre s'eft acquis une gloire immor-
telle par la valeur : Homère par la Poclie. Lucrèce
a acquis u'i nom immortel par fa vertu.
Immortel, le dit auilî des choies que Ton fuppofc
devoir être d'une longue durée. La chicanne rend
aujourd'hui les procès immortels. Il y a une haine
inveterce 6z immortelle entre ces deux Einiilles.
Immortel. L ni. On donnoit ce nom à des loldats
qui compoloicnt autrefois un corps coniîdérable de
lit milice des anciens Perles. Immortalis. Quinte-
Curce qui en parle , I. ///. c. 3. dit que les Im-
mortels étoient au nombre de dix mille qui luivoient
un corps de cavalerie compofé de douze nations; que
ces Immortels étoient ceux de toute l'armée qui
croient le plus magnifiquement ornés & vêtus, qu'ils
avoientdes colliers d or , un habita Heurs d'or, des
tuniques à manches ornées de pierres précicufes. On
les appeloit Immortels, parce qu'ils n'étoient jamais
moins de dix mille, & qu'auflltôt qu'il en manciuoit
quelqu'un il étoi: remplacé par un autre qu'on y mct-
toit, enforte qu'il lénibloit qu'ils ne mouroient poinr.
Oi\a. auliî domié le nom àC Immortels aux frères de
la Rôle Croix en Allemagne, /^oyef Rose Croix.
IMMORTELLE, f. i. Plante qui poulie plulieurs tiges
ligneuiés à la hauteur d'un pied, ou d'un pied & de-
mi, Hnugineufesj blanches. Elichryfum. i>es feuilles
font étroites, velues ^ blanchâtres. Ses Heurs, qui
• naiflent à la cime des tiges , font des bouquets à Heu-
rons , évafés fur le haut , découpés en étoile , de cou-
leur jaune, fpurenus par un calice dont les écailles
font luilantes & dorées. Ces Heurs peuvent être gar-
dées pluheurs années fins qu'elles le Hétrillént, d'où
vient qu'on a appelé cette plante Immortelle : elles
ont une odeur forte c^ agréable. Sa graine elloblon-
giie, rouiie, garnie d'une aigrette, odorante, acre.
i)a racine eft grolle, lîniple, ligneufe, dune odeur
approchant de celle de la gomme élemi. Cette plante
eftinciiive, apéntive, vulnéraire. En Latin ^'/ic-^ry-
Jumfeujlœchas citrina angujlifolia , C. B. Il y a plu-
lieurs autres efpèces à'immortelle. 'Voyez Gnapha-
LIUM.
IMMORTIFICATION, f. f. Ce mot fe dit en matière
de dévotion, 8c lignifie l'état d'une perfonne qui n'ell
pas moruiice. Ammifibi blandientis ftudium immode-
ratius. Les mondains conlidèrent toute vivacité dans
les gens de bien, comme une immortification & com-
me un excès. Ab. de la Tr. \: immort fication ëc le
relacncment qui s'eft introduit, &c. Id. Vimmortin-
cation , la dillipaiion , la curiolité. Bourdal
IMMORTIHE, ÉE. adj. Qui neft point mortifié. In
domuus. Elprit immortifie. Adions immortfiees. Des
âmes parelleules & négligentes, des âmes immortifiiees
& indociles, des âmes ennemies de toute contrainte
BouRDAL. Exh. T. I.pag. 222. Des pallions immor-
tijiees. Les excès d une langue immortifiée. Madame
DE LA Val.
ïP'Ce mot déplaifoit beaucoup à Ménage. Pour
moi dit le P. Bouhours , je confefl-c qnimmonific ne
me dïplait pas nint qu'à M. Ménage. C'eft un mot
uhtc dans tous les livres fpirituels; c^- les Prédicateurs
qm parlent le mieux, s'en fervent fouvcnt. Un efprit
. '"l'n^'-LLJie , des affaires immortfiees. Hors de là il
; n elt point d'ulage
IMMUABLE, adj.de t. g. Qui ne peut changer. Dieu
I M O 87
fcul eft par fa natiue immuable. Immtaahdis Dru
c(t immuable, parée qu'il n'y a point de changement
ans caulci or il n'y a point d'autre caufe cHicace que
J:)ieu. Mal£3. Ce que Dieu écrit fur la pouHicie cil
immuable i ce que les hommes écrivent fur le marbre
c\: lurle bronze, ne Icft pas. Bou. C'eli: une loi im-
muable de la nature , que celui qui a donné la vie à un
autre , la lui doit conlerver. Le Mait
IMMUABLEMENT, adv. d'une manière immuable
immutabiluer. Jesus-Christ a donné une nouvelle
forme au mariage, en réduilànt cette fainte fociété à
deux pcrlonnts immuablement & indiliblublemciit
unies. Boss.
IMMUNUÉ. Ç f. Exemption de qiiclaue charge, de-
voir , ou impolition. Immumtas. Il le dit particulic-
jrcTOent de ce qui eft accordé aux Villes !<c Commu-
nautés. L'Eghle a plufieurs fraiichifes & immunités.
Les 1 rinces accordèrent autrefois aux Éccleliaftiques
toutes lortes d'immunités , en les exemptant de tous
impôts ; mais alors les Ecclélialliqucs n'étoient point
Il riches qu'ils lont, & donnoient tout aux pauvres.
F. P. Ce Chapitre entre lés immunités à celle de
l'exemption de la jurifdiCtion de l'Évêquc. Dans les
provilions d'une charge, on en donne la jouillance
avec tous les privilèges, franchifes , immunités, ga-
ges , droits j & émolumens qui font attribués.
Il y a un privilège de Vim.munité dont on jouit en
certains lieux, lur tout en Italie : il regarde les -lerfon-
nes tk les chofes Eccieliaftiques , lefquelies font
exempter de certaines fujétions ; par exemple, de
payer certains droits, d'être à couverr des pourfuites
de la Juftice , &c. Le privilège de V immunité empêche
qu'on ne prenne un criminel qiiLs'elt retiré dans une
Eghle. Il y a certains crimes pour kfquels on ne jouit
point du privilège de V immunité , comme Palîàllinat
prémédité, tfc. Le privilège de l'i/n/Tz^i^/iiK n"a pas en
France la même étendue qu'il a en Italie. François I
déclare dans Ion Ordonnance de i;39, art. 166
qu'il n'y aura Xiew d'immunité pour dette, ni autre
matière civile , & le pourront toutes peiibnnes pren-
dre en franchiié , & laut à les réintégrer , &c. Libei^
tes , onfranchifies , exemptions ou immunités , privi-
lèges; termes que l'on ne doit pas employer comme
parfaitement fynonymes. Libertés ou franchifes con-
liftent à n'être pas fujet à certaines charges ou devoirs.
Foyei Franc, Franchise. L'exemption ou immunité,
vacatio à munerlhus , ab oneribus , conllfte à en être
déchargé par une concellîon particulière , fans la-
quelle on y Icroit fujet. Fuye^ auiîi PRivirècE.
Immunité. Congrégation dtt l'Immunité ou de l'Immu-
nité Ecclélialfique. Congregatio Immunitatis Eccle-
fiiaftic£. C'elt une Congrégation établie à Rome pour
juger les cas qui regardent l'Immunité Ecclélîaiiique ,
c'eft à-dire , pour décider li un homme ell en droit
de jouir de l'Immunité Eccléliaftique , fi Ion délit ell
ou n'ell pas de ceux pour lefqucls on en peut jouir.
La Congrégation de l'Immunité a été inllituée par le
Pape Urbain VIII. Elle ell compofée de plulieurs Car-
dinaux, d'un Auditeur de Rote , d'un Clerc de la
Chambre , d'un Votant de la lignature , du Secrétaire
de cette Congrégation , qui ell communément un
Référendaire de lune & de l'autre lignature, & du
Cardinal Préfet de la Congrégation qui tient le fceau.
La Congrégation de l'Immunité fe tient tous les Mar-
dis chez le plus ancien Cardinal. Lunadoro.
IMMUTABILITÉ, f. f. État de ce qui ell immualile.
Immutabilitas. V Immutabilité ell un des attributs
de Dieu. Il y a dans Dieu Une immutabilité phylîque
& une immutabilité morale : l'immutabilité phyiique
confille en ce que la fuftance de Dieu ne reçoir & ne
peut recevoir de changement j ni d'altération : T//;/-
mutabilité \-s\QvAt conÇi^ç. en ce que Dieu ne change
poinr de fentiment , de delîeins , & qu'il a voulu de
toute éternité ce qu'il veut.
t I M O,
IMOLA. 'Ville de l'État de l'Églife en Italie. ImoU an-
ciennement Forum Comelium , Forum. Cornelu , . &
\
88
I MP
Forum SylU. Elle cft dans la Romagne , en une petite
■,1e formée par la riviàe de Sauterno. entre Ravenne
& Boulogne , à il-F ou huit leucs de 1 une & de 1 au-
tre Inwla eft une ville bien batie & bien peuplée , &
elle a un Evcché fuftbgant de Kaveniie. Maty.
I M P.
IMPAIR, adj. Nombre qui ne Ce peut divifer en deux
. portions égales ans fraction, qui turpalk le nom-
bre pair d'une unité. 5 , J, 7 > ^9 i^^- }°'^\ '^f
nombres unpaus , In^pars. Si le carre eft unpa^r [z
racine fera Lfuirc. De la Hire. Je des Se. 1704.
Mém. p. ifi'. Une racine impaire. 1d. Un dit en
Algèbre les puiUances pair.s Se les puilFances im-
paires. Ac. D. Se. 704- m p- ^^- ^1 y. "" ^'' "°'":
bres impairement pairs, & pairement ./tz/^cz./-. , qui
lont expliqués à Pair , ou à Nombre.
Les anciens regardoient comme myfteneux les nom-
bres impairs, fur-tout le ternaire , qm etoit toujours
employé dans les opérations magiques. On croyoït
que les nombres pairs étoient de mauvais augure.
Ceft pourquoi Numa en corrigeant l'.innee de Ro-
.mulus , ajouta un jour , aHn de rendre impair le
nombre des jours qu'elle contenoit. Censorain. Les
fedateurs de Pythagore penfoicnt autrement lur les
nombres, & croyoient le nombre carre le plus par-
ImpaÎ'r. Pié impair. Terme de Poche. VoyeiVd.
IMPALPABLE, adj. de tout genre. Ce dont on ne peut
diftingucr les petites parties par les kns , & parucu-
lièrement par celui du toucher. Qui elb ii hn , li dé-
lié , h menu, quà?n ne le peut toucher m marner.
Taaumfusiens.Xzs fubftances Ipirituelles (ont ;ot-
palpahks.^Lz metcure le divife en parties h menues,
qu'elles font impalpables. Les métaux redmts en chaux
font une poudre impalpable. ,
Ce mot vient du verbe Latm Palpare, qui ligni-
fie manier, toucher. , , , , . ^ 1 •
IMPANATEUR. f. m. Nom d'heretique. Celui qui
croît aue dans l'Euchariftie la fubftance du pain &
du vin' relie avec le corps de Jésus-Chr.st après la
confecration , de n'admet point la tranllubftantiation.
Impanacor. Rupert, Moine de S Laurent d Oesbro-
vic , près de Liège, & puis Abbe d un monaftcre
fitué dans le fauxbourg de Cologne appelé Duitz ,
Tuinum étoit Impanateur. Les Luthériens lont Im-
panatcurs. Le Concile de Trente dit anatheme aux
Impanatcurs. Sell". XIIL can. i- r • 1
IMPANATION. f. f. Terme dont fe font (eivis les
Théologiens pour expliquer l'opinion des Luthériens,
qui croient qu'après la confecration , e Corps de
Notre Seigneur Jesus-Christ demeure dans l Eucha
riftie, avec la fubllance du pain, au lieu qu il n v
a que les efpèccs qui y demeurent. Impanatio.Lt.-
glife a condamné la doèfrine de Vimpanation. f^oy.
le Journal de Leipf.ck 1681. p. 1 3^ ■ o" l'on exph
que ce que c'eft que Vimpanation.
IMPANÉ. adj. Terme dont on fe fert pour expliquer
un des articles de la religion Luthérienne , & qui
veut dire , qui eft dans le pain. Impanatus.^ Les Lu-
thériens difent que Jésus-Christ eft impane , & non
pas tranlTubftantié . r i ■
IMPARDONABLE. adj. m. & f. Qui ne fe doit pas
pardonner. Femâ indignus. On ne pourra pas obte-
nir de grâce pour cet accufe.fon crinie eft impar-
donnable. M. de Segrais a fait ce mot. Quoiqu .1 fou
hardi , il n'a point été condamne. L'endroit ou il 1 a
placé contribue à l'autoriler :
Sa beauté méprifee ; impardonnable outrage.
C'eft une incivilité impardonnable d'mterronipre
celui qui fait un récit. Beil. Faute, adion impardon-
nable. Foy. Pardon. • . - j-
IMPARFAIT , AITE. adj. Qui n eft pas achevé. Im-
perfeclus. Les grands bitimens demeurent iouvcnt
imparfaits. , t'c .
^ On le dit auffi des chofes qui ont quelque ddaut.
I M P
ffT Imparfait. A qui il manque quelque chofc. Un
livre eft imparfait:, lorfqu'il manque quelque feuille.
ipr Imparfait. A qui il manque quelque choie pour
être parfait. Guénion imparjaite^ joie imparfaite.
ifT On le dit aufli fubitantivement. Le mélange du
parfait ôc de l'imparfait qu'on voit dans une ame
toute nue , qui n'a m détours ni replis , eft un con-
traftc qui relevé fa beauté , ôc qui furpalle une lu-
mière tans ombre. Fénel. Dans le commerce, on le
dit des marchandifcs mal fabriquées, qui n'ont pas
reçu toutes leurs façons , tous leurs apprêts. Un drap
imparfait , mal travaillé , mal frappe lur le meuer ,
mal tondu.
Imparfait , en terme de Grammaire , elt un temps in-
défini entre le préfent & le prétérit. J'aimois , /e
lifois , ce font des temps imparfaits de ces verbes ou
limplement des imparfaits. Foyei au mot Signifier ,
la règle pour les verbes où il faut un double U à
l'imparfait. Dans le fameux Poème de la Magde-
lene , on a fait entrer tout les termes de la Gram-
maire : c'eft-là qu'on voit la Magdelenc
Détefler fin parfait qui ne fut ç^'imparfait.
C'eft à dire détefter fa vie paftee , qui ne fut que
vice & imperfetlion. ?fT Froides alluhons dans lef-
quelles on faifoit confifter l'efprit.
Imparfait , fe dit de plulîeurs choies dans la Man-
que i accord, mode, ton imparfait, cadence, con-
fonnance imparfaite , &c.
En termes d'Arithmétique , les nombres impar-
faits font ceux dont les parties aliquotes prifes en-
tièrement ne font jamais ce nombre jufte , mais ou
le furpafte , ou n'y arrivent pas , ce qui tait deux ef-
pèces de nombres imparfaits , dont l'un te nomme
abondant ou excédent : & l'autre déficient. Harris,
En termes de Fleuriftes , les Heurs imparfaites font
celles qui ont des défauts , auxquelles il manque des
pétales , qui ont les feuilles trop petites.
En termes de Botanique , les plantes imparfaites
font celles qui ne produifent point de Heurs, ou de
femences, ou plutôt celles qui ne produifent ni l'un
m l'autre ; car on a découvert , dit M. Harris , que
la plus grande partie de ces plantes ne produiient
en effet ni l'un ni l'autre. Foye^ l'ouvrage de M.
Ray. D'autre part d'habiles Botaniftes prétendent qu'il
n'y a point de Heurs imparfaites.
On ne peut légitimement appeler fleurs imparfai-
tes que celles qui manquent des parties eftentielles
à la fruCfiHcation, comme celles de l'Opulus , Flore^
Globofo , qui n'ont ni étamines ni piftils. Il ne con-
vient pas d'appeler ain.fi celles dont nous ne con^
nollfonspas bien les parties de la fructification Néan-
moins Rivinus a nommé Heurs imparfaites , celles qm
manquent de pétales ou de cahce. ^
IMPARFAITEMENT, adv. d'une manière imparfaite.
/OTDfr/eJZ^. Quand on change fouvent de profeflion,
on ne fait jamais les chofes o^n' imparfaitement. ^ons
ne fommes partails qa imparfaitement. Fl. Il n elt
&wki(\\ximparfaitemcmcnt. ^
IMPART ABLE. adj. C'eft la mcme chote qu imparta-
peable , expliqué plus bas. Indivifible. Yy'impertin ,
Communiquer , faire part. Les Duchés , Comtes , Mar-
quitats, Baronnies, & autres Fiefs de dignité rele-
vant nuement de la Couronne , tont indivilibles Sc
impartables : ils appartiennent pour le tout a lame,
en récompenfant fes cadets. Pocquet de Livon-
NiâRE , Règles du droit François ,p. 2 s s-
Telle eft la nature des grands fiefs revertibles à
la Couronne , qui étant par leur qualité indivilibles &
impartageables, font toujours défères aux maies dai-
ne en aîné , l'ordre de primogéniture toujours garde,
de même que les apanages qui t'ont les plus grands
Fiefs du Royaume, qui font reverlibles a k Cou-
ronne; & qui par cette raifon font indivilibles &
' impartageablcs. Le Roy , I. Mém. pour M. le Duc
de Sully.
IMPARTAGEABLE, adj. Qu on ne peut partager, ni
démembrer. Les Fiefs de dignité comme Duchés,
Marqmlats ,
I M P
M.irquJfits , Comtés, Baronnics, font indivifiblc; S:
imranageailes fans Lettres patentes. Pocquet d:;
LivoNNiÉRE , Re!;Ics du Droit François y p. 14.J.
Ce mot vaut mieux, cerne (emble, c^n'inipardiblc ,
qui a la même lignification.
IMPARTIAL , ALE. adj. Exempt de partialité, |0" Qui
ne prend point les intérêts d'une perlonne par pré-
férence à ceux d'un autre. Un Juge ïmparda.1. \i\\
Hi-T^orien impartial. In omnes aquus. Le Juge im-
partial examine les raifons pour & contre (ans au-
cune acception des perfonncs & des choies. Un Hil-
toricn impartial leroit celui qui n'auroit ni prévcn-
rion, ni préjugés, qui Icroir abfolument indiSérent
& délintéreUé , c'cft-à dire un homme (ans pallions,
fms inclinations , fans patrie , (ans liailbns , ilblé ,
ne tenant à rien dans la fociété. Un examen impar-
tial, ell celui qui ell fait par un \\om.vi\z impartial.
LMPARTL\LEMENT. adv. (ans partialité. On vous
demande CJi grâce , Monlieur , d'inlerer ce petit dé-
tail dans votre feuille. On ne (e choquera point quand
vous accorderez la même faveur aux adverfaires.
C'eft le droit que vous donne votre titre & lapro-
fellîon que vous avez renouvellée pludcurs fois de
rendre compte impartialement des démêlés littéraires.
Lettre à l' Auteur du Pour 6' Contre.
LMPA RTI ALITÉ. 1^. f. Caractère , qmlité de celui qui
eft: tans paitialité. f-''oY. es mot. ^tjuitas in omnes ,
Nullius faclionis fludium. V impartialité t(i up.e qua-
lité eifentielle dans une Critique & dans un Hillo-
rien. . Le Pour & Contre. Nous nous piquons d'uiîe
exafte impartialité. Mercure de Sept. i/if. L'hif-
' toire du concile de Pii.e , par M. L'eriant cil: écrite
avec (oui, & même avec allez à' impartialité pour
Uii Proteilant. Méw.. de Trev. Dec. IJ2).
Qu'il m'ejl doux de pouvoir leur rendre un témoi-
gnagey
Dont l'intérêt , la crainte , <s V cfpoir font exclus l
A leur fort le mien ne tient plus ,
L'impartialité va tracer leur image. . . .
M. Grellèt dans une Lettre fur fa fordc des Jé-
fuites.
IMPARTIBILITÉ. f. £ Terme de Juri(]Drudcnce féo-
diic. L'union de ces deux tîefs n'en fait pas un feu!
& unique fief: c'eft (culemcnt une union que l'on
appelle d'impartHilité; c'ell-à-dire que les deux fiefs
ne peuvent plus être défunis, pour palier fur deux
têtes différentes ; ce qui n'empêche pas que ce ne
fpient deux fiefs diftindts, dont l'un relevé du Roi
nuement , & l'autre de Defcr. Géogr. & Hifl.
de la Haut. Norm. T. II. p. JSS-
IMPARTIBLE. Terme de Philofophie hermétique. Ce
mot, qui a la terminaifoa & la torme d'un adjeflif ,
s'emploie comme un (ubftantif dans le langage des
Sages , qui appellent le Mercure philofophal le (tul
impartihle.
IMPARTIR, vieux v. a. Donner, départir. Ce mot eft
pris ou fait du Latin impartin j impertiri , qui fignific
la même choie.
Or veuille Dieu le mettre en haute effence ,
Et tant de paix au ciel lui impartir ,
Que fur la terre enpuijfe départir. AL^rot.
IMPASSIBILITÉ, f. f. Qualité de ce qui eft impaiTi-
ble. ImpaJfibiUtas , ildi flatus dolori minime obnoxid.
l-'impaJJiMlité c[\ propre aux bons Anges, aux corps
glorieux. Les Philofophes prêchent Vimpajfibilité ,
& veulent que l'ame du Sage foit l'écueil de toutes
les pallions. Vill. Les anciens Chrétiens tranfpor-
terent dans l'Eglifc les fentimens de Vimpajfibilité ,
& de l'imperturbabilité des Stoïciens. Boss.
J.MPASSIBLE. adj. de tout genre. Qui ne peut fouft'rir
de douleur ni de c\ïM-\gtnv:ni. Mutationi vel dolori
minime obnoxius. Le corps de JÉstjs Christ après
fa rélurreftion a été impajfible , il eft impajjible dans
l'Euchariftie. Les efprits &: les corps glorieux font
Tomii V.
I M P 89
impafjlbks. Je n'aimerai rien de ce qui eft fajet à
la lièvre j & je ne donnerai mon cœur qu'a des
beautés im.pajjibles , tk immortelles. Costar. Les
Stoïciens prétendent conftituer l'ame de leur Sage
dans un état impajfible , & imperturbable, lioss.
IMi'ASTATION. f f. Prononcez l'j. Ouvrage de Ma-
çonnerie fait de ftuc, ou de pierre broyée, rcjoijite
en manière îk. forme de pâte. Quelques uns croient
que les obélifques, &c ces grolles colonnes qui rcf-
tent des anciens , étoicnt faites les unes par impaf
tation, les autres par lulion.
Çfl'' Ce terme eft employé en Pharmacie où il détîgne
la rédudion d'une poudre en forme de pâte , parle
moyen de quelque liquide convenable.
En termes du grand Art , impaftation fignifie la
putréi-adion de lahiatière , & la couleur noire qu'elle
prend lorlque la matière devient opaque , & qu'elle
prend une couleiu' noire & obfcure comme celle de
la terre.
IMPATIEMMENT, adv. Avec impatience , inquiétude,
chagrin. Impatienter. Il a fouflert fort impatiemment
l'aftront qu'on lui a fait. On vous a attendu impa-
tiemment tout le jour Néron foatfrit impatiemment
lamortdeNarcilfe. RAc.PolîIdonius fouft'rit les dou-
leurs de la goutte auHI impatiemment qu'auroit fait
un homme du Vulgaire. S. Évr. Je porte impatiem-
ment le joug d'une cruelle maîtrellc. Corn. Suppor-
ter impatiemment. PÉiissON.
IMPATIENCE, f f. ffJ- C'eft proprement l'inquiétu-
de de celui qui fouffre , ou qui atxend avec agita-
tion l'accomplillèment de fes vœux. C'eft un mou-
vement impétueux de l'ame qui s'irrite contre les
maux qu'elle endure , i^' qui s'agite pour les repouf-
fer par des eftorts violens dont elle fent en même
temps l'impuillance. Impatientia, defideriumincenfum^
Elle vient d'une humeur vive & inquiète, facile à
s'enHammer. On a de l'impatience de voir accomplir
(a defirs. Les impatiences amoureufes font les plus
violentes. Il brûle à' impatience de voir ion livre im-
prime. On (ouftre avec impatience la préféreiice d'un
rival. \J impatience qui nous porte à contredire les
autres avec chaleur j ne vient que de ce que nous
ne pouvons foulFrir qu'ils aient des fentimens diffé-
rens des nôtres. Nie. Je faifjis effort fur moi même
pour renfermer nies chagrins , &: contenir mon im-
patience. M. ScuD. Pourquoi me tant préparer à mou-
rir courageufement? Il n'y a pas grand mal que
deux ou trois perlonnes loienr témoins de mon im-
patience. Nie.
Vous ne réponde^ point, & ce morne fdence
Redouble encore ma peine , & mon impatience. Mol.
IMPATIENT , ENTE. adj. |tcr Qui manque de pa-
tience (oit dans la (ouiîrance d'un mal prélent, (oit
dans l'attente d'un bien à venir. Voy. Patience. Im-
patiens. Les efprits impatiens Se inquiets font peu
propres aux négociations. L'amour eft impatient. Les
goutteux impatiens (ouftrent davantage que les au-
tres. Ils connoiilcnt la noblellc de leur naturel j qui
eft impatient du joug & de la contrainte. Bal. pour
dire qui ne peut fouftrir le joug ni la contrainte. Il
(e nble qu'impatient eft de ces mots qui n'ont point
de fuite , & qui vont tout feuls. Bou. Du moins il '
ne régit point de (ubftantif : mais on dit impatient
de fe venger.
IJCTImpatientant. part. iSj adj. Qui caufe de l'impa-
tience. Rien n'eft li impatientant que cette orgueil-
leule impuillance , qui voudroit palier pour amour
de la paix; que cette fouife douceur , &c.... Tru-
BLET.
IMPATIENTER. fCT v. a. Cau(er de l'impatience ;
faire perdre patience. Moleftare. Rien n'impatiente
plus que d'attendre. Les mauvais propos impatientent
ceux qui les entendent.
Il eft aulfi récip. S'impatienter, perdre patience ,
avoir de l'impatience. iV/o/ç/?è /erre. Cet homme eft
prompt : il s'impatiente tellement que cela redouble
là fièvre. Ne vous impatientes pas , je reviens tout-
M
90
1 M P
à-l'heure. La vie eft trop courte pour fe mer; ce
n'ell pas la peine de s' impatienter. M. de S.
ÎMPATRONISER. Cf^ Qui ne fe dit qu'avec le pro-
nom perfonnel , dans le dileours familier feulement,
ëc prcique toujours en mauvaife part. S'impatronifcr
dan; une maifon , c'tft y acquérir tant d'autorité
& de pouvoir , qu'on y gouverne tout. Depuis qu'il
s'efl: impatronifé dans cette maifon , tout a changé de
face.
Certes j c'ejl une chofe aujjl qui fcandalifc ,
De voir qu'un inconnu céans i'impatronile. Mol.
IMPAYABLE, adj. de tout genre. Qu'on ne peut trop
payer. Il s'emploie également au propre & au figuré ,
mais toujours dans le ftyle tamilicr.
Parmi les Curieux riches en Tableaux , il en eil
peu qui ne s'imaginent en avoir ^'impayables. Quel-
que décriés que foient les Ana , il s'y trouve des mor-
ceaux impayables , qui compenicnt les endroits foi-
blcs. iu as des l.iillies impayables. Théâtre Italien,
Je. du Banquefoucier.
Je goûte à ce commerce un plaifa ir croyable ,
Et vous ne trouver pas l'aventure impayable.
La Metromanie , Corn, de M. Piron.
L'excellent naturel de cette femme me parut im-
payable dans ce moment. La Payfanne parvenue ^
é'.ht. de Lie[;c , part. I o , p. 2j.
Dans les Femmes Savantes de Molière , acl. ^ , fc.
2 , t. 6.pag. 234.. Philamintc le récrie au lujet du
fonnet de Trllforin :
Ah ! que ce quoi qu'on die efl d'un goût admirable !
C'cjl , à monfentiment , un endroit impayable.
ÎMPECCABÎLITÉ. f. f. État de celui qui ne peut pé-
cher. Status nulli peccato obnoxius.
C'ell aulli la grâce , le privilège , le principe qui fait
qu'on ne peut pécher. Gn dit dans l'École impeccabi-
litas. Vimpeccahilité ii'eft propre qu'aux Bienheureux.
Les Théologiens dillinguent diiférentes lortcs & com-
me diftérens degrés A'impeccabilité. Celle de Dieu lui
convient par nature. Celle de Jéfus-Chrill en Dint
qu'homme lui convient à caule de l'union hypollati-
quc. Celle des Bienheureux ell une luite de leur état.
Celle des hommes eft l'eliet de la confirmation en
grâce, & s'appelle plutôt impcccance , afi.'impeccabi-
lité : aulU les Théologiens dillinguent ils ces deux
chofes , ce qui eft fur-tout nécellaire dans les difpuces
contre les Pélagiens , pour expliquer certains termes
qu'il eft aifé de confondre dans les Pères Grecs , &:
même dans les Latins. Foyei les notes du Pcre Gar-
nier lur Marius Mercator.
IMPECCABLE, adj. de t. g. Qui ne peut plus pécher.
Nulli peccato obnoxius. J. C. s'elt dit a bon droit
impeccable ; il a déiié les Phariiiens de lui reprocher
quelque péch.é. La foiblelle de l'homme cil telle ,
qu'il ne peut fe vanter d'être impeccable. Les Bien-
heureux confirmés en grâce lont impeccables.
Impeccable , figniiîe aulC qui eft incapable de faillir.
J'ai pu manquer , je ne luis pas impeccable.
Forbez, dans (on Inftru<îl. hiJlorico-Theol. L. XII.
C. p , appelle impeccables les hérétiques qui ne
croyoient pas pouvoir pécher, comme les Gnoftiques
qui enfeignoient qu'en pratiquant toutes les abomi-
nations les plus défendues , ils ne poiivoient (c fouil-
ler, parce qu'ils étoient fpirituels &: parfaits. Tels
ont été après eux les Prilcihanillcs , les Mellaliens ,
& d'autres parmi les Anciens; &" de nos jours la feéle
d'Anabapti'fes qu'on nomme les Libertins, les Illu-
minés , Se les Quiétiftes.
IMFECCANCE. f. f Terme Dogmatique. Les Péla-
giens fe peifuadoient qu'il étoic au pouvoir de l hom-
me, non-feulement de refufer fon coiifentement au
péché , mais encore de ne rien éprouver en loi de
déréglé, de ne fenrir aucune répugnance au devoir ,
aucune révolte intérieure contre la Loi, de fe d;faire
I M P
de tout principe de cupidité; en un mot, d'éteindre
ablolument toute (emeiice de vice , tout fentiment
indélibéré de la concupifcence que la raifoii défap-
prouve. Se qui la prévient. C'eft là ce qu'on appelle
l'impeccance Pélagienne. L'impeccance n'eft pas une
luite ou un rejetton des erreurs Pélagiennes, elle en
eif plutôt la fource & l'origine Critique de M. Bayle.
S. Jérôme ne délîgne cette hérélie que par le dogme
de l'impeccance. Ihid. L'impeccance des Pélagiens eft
l'apathie des Stoïciens. Ibid. L'impeccance eft con-
tenue dans l'impeccabilité. L' impeccance Pélagienne
eft la clef des ouvrages de S. Auguftin contre les Péla-
giens. Itid.
IMPÉCUNIEUX , EUSE. adj. Ce mot veut dire qui n'a
point d'argent; mais n'étant point encore reçu, on ne
le peut dire qu'en riant. Minime pecuniofus , cui
quod det nihil ejl , cujas plenus facculus eji aranearum.
Catul. Danet dit pourtant qu'on le trouve dans les
Ellais de Morale de M. Nicole , aulli bien que celui
A' Lmpécuniojïté j qui figniiie difcîte d'argent. Pecunite
penuria.
IJCF Ménage aflurc qu'on commençoit à dire de-
puis quelques années impécunieux & unpécuniojlté.
Ces mots , dit il , peuvent être bons félon l'endroit où
ils font placés. Il ne paroît pas qu'ils aient fait for-
tune.
IMPÉCUNIOSITÉ. f. f. Manque d'argent. Pecunitt
inopia. M. Ménage appeloit fi maiton l'Hôtel de
Y Impccuniofné. Un jour M. le Cardinal de Retz , qui
n'étoit alors que Coadjuteur, y entrant, lui dit : Je
viens d'apprendre le nom que vous avez donné à vo-
tre mailon , je vous prie de m'y retenir un appan&-
ment. Menagiana.
IMPÉNÉTRABILITÉ, f f. Qualité de ce qui ne fe peut
pénétrer , propriété des corps qui occupent tellement
un certain elpace, que d'autres corps ne peuvent y
trouver de place. Impenetrabilitas. Il le dit tant au
propre des corps folides, qu'au figuré, des myftères
de la Foi , il^c des kcrets profonds tk cachés. On de-
mande fi {'impénétrabilité eft de l'eilence de la ma-
tière. Ce terme eft Dogmatique en ce iens. ^L Har-
ris définit Y impénétrabilité la diftinélrion d'une lubl-
tance étendue d'avec un autre , par laquelle l'exten-
lion d'une choie eft diftérente de celle d'une autre ,
enforte que deux chofes étendues ne peuvent être en
même lieu , mais doivent nécellairement s'exclure
l'une l'autre. _
IP" IMPÉNÉTRABLE, adj. de t. g. Ce mot , en Phy- I
fique , lignifie ce qui ne peut être pénétré, impenetra-
bilis. Les corps font naturellement impénétrables.
Voyez Impénétrabilité & Pénétration.
Les Cartéliens prétendent que l'étendue eft impéné-
trable. Quelques Philotophes diftinguent l'étendue
des parties pénétrables & immobiles des corps qui
conlîituent l'efpace , &: des parties pénétrables &
mobiles qui conlîituent les corps.
Les Épicuréilles & les Gallendilles admettent de
petits corps hmples , indivilibles , durs, lolideSj in-
corruptibles & impéné:rables. C'eft ce qu'ils appel-
lent atomes.
Impénétrable fe dit de diiférentes choies dans les diffé-
rentes acceptions du verbe pénétrer. On dit qu'une
cuiralfe eft d'une li bonne trempe, qu'elle eR: impéné-
trable aux coups de moufquet , pour dire que les baies
ne lauroient l'enfoncer , la traverfer : qu'un cuir eft
impénétrable à l'eau , que les parties d'eau ne lauroient
s'y infmuer ; qu'une forêt eft li cpailîe, qu'elle eft
impénétrable , pour dire inacceîlible. Inacccjjus , im~
pervius.
Dans un fens figuré, on le dit des chofes qui font
d'une nature fi relevée, qu'elles lont au-dellus de la
portée de l'efprit humain. Rationi impervius j Jupra
humanl ingenii captum pqfitus.
La prédeftinanon elt un abyme impénétrable. Les
myftères de la Foi , les Iccrets de la Providence font
impénétrables à l'efprit humain. Nous fouîmes envi-
ronnés de ténèbres ép.iilles Se prelquc imçénétrabus.
Nie.
On dit auifi d'un hoinme qui eft cxtrèmenïcnt
I M P
fecret &: caché , dont on ne peut pénétrer les penfées,
qu'il cli impénétrable. Il clî: d'.iur.mt plus impénétra-
ble , que tout le monde cioyoit ic pcnctrer. Ab. de
S. R. Le Chancelier impénétrable pénétroit tout.
Boss.
IMPENÉTRABLEMENT. adv. D'une manière impé-
nétrable. ImpenctrabUem in modum. Ce mot tfl;
d'un uliigc allez rare.
IMPÉNITENCE. ('. £ Endurcilfcment de cœur qui fait
demeurer dans le vice , qui empêche de fc repentir.
Peccati vel peccandi objiinatio. h'impénitence finale
eft un pèche contre le Saint Elprit , qui ne fe par-
donne ni en ce monde , ni en l'autre. Cette miléri-
cordicule conduite ne toucha point leur impénitence.
Mauc. Par votre dureté , par V impenitence de votre
ca-ur vous amallèz un tréfor de colère pour le juge-
ment de Dieu. PoKT-R. Au dernier jour Dieu con-
fondra votre iWjPtf'/j/re/îce & vos vaines excufes. Boss.
IMPÉNITENT, ENTE. adj. Qui eft endurci dans le
péché , & n'a aucun regret d'avoir oftenfé Dieu. In
delicio contiimax. Celui qui meait impénitent eft
damné. Ville impénitente. Port Royal. Selon le
cours ordinaire de la Providence, les Chrétiens cha-
ritables ne tombent jamais dans cet aft'reux malheur
d'une mort criarinelle & impénitente. Bourdal.
Exil j. r. p. s 2.
IMPENSE, f. h %T Terme de Pratique , ordinairement
employé au pluriel, & prefque toujours au mot amé-
liorations. On entend par là la dépenfe ou les frais
qu'on a fiits pour améliorer ou entretenir une chofe
qui appartient à autrui , ou qui ne nous appartient pas
incommucablement , comme les héritages de la fem-
me , dans lefquels le mari a fait des impcnfes pendant
le mariage. Impenfa. Un acquéreur de bonne foi doit
être rembourlo des impenfes & améUorations qu'il a
faites fur un fonds où l'on demande à rentrer. On ré-
pète les imvenfes Se améliorations faites , conftant le
, mariage , fur les propres héritages de l'un ou de l'au-
tre. Le donataire doit être rembourfé par Ces cohéri-
tiers des iOT/'e/2_/tfi' utiles Se nécellaires. Cour, de Pa-
ris. Jrc. jo f. L'héritier du mari peut demander à
■fa veuve les impenfes Se améliorations faites in jundo
uxorio durant le mariage , & non à un tiers déten-
teur. Levest. An. ji . Pour les impenfes Se amélio-
rations faites par le mari (ur l'héritige de la femme ,
la répétition du prix ne viejit qu'à die foluti matrimo-
nii. Il y a des impenfes nécellaires , il y en a d'utiles ,
il y en a de voluptueufes : les nécellaires , font celles
fans lefquelles la chofe deviendroit moins bonne Se
dépériroit; lesurilcsj font celles qui rendent la chofe
meilleure , de plus grand revenu ; les voluptueufes ,
font celles qui ne fervent qu'à rembellilïement de
la chofe. fCTCes dernières tombent toujours fur
celui qui les a frites, parce qu'elles n'apportent au-
cune utilité à l'héritige. La Juftice ne tient pas
compte des fupertluités.
Owà'Kdéperfe dans le langage ordinaire. Se non
pas impenfe.
I^lPÉRATÉUR. f. m. Vieux mot. Commandant en
guerre.
IMPÉRATIF. Terme de Grammaire, f. m. ou plutôt
adj. pris fubftantivement en fous-entendant mode.
Tmperativus modus. C'cft une des modes ou manières
de conjuguer un verbe qui tert à défigner le comman-
dement. fPTC'eft à dire qui ajoure à la fignification
principale du verbe l'idée accelloire de la volonté de
celui qui parle. C'eft celui qui fuit l'indicatif. Fais ce
que je te dis. AIU\, marche^, Scq.
V Impératif en François n'a point ordinairement
A' s à la fin , mais il la prend quelquetois devant une
voyelle. V^ien-cà , viens-tn à bout il tu peux , croi-
moi, &c. M. l'Abbé de Dangeau, dans fcs tables des
verbes, donne une s au verbe de la féconde perfonne
du préfent de Vimpératif- de forte que c'eft le même
mot pour l'indicatif Se pour Vimpératif, cancas , tu
chantes , ca/2M , chantes. Quelques Auteurs fe difpen-
fent depuis peu de mettre une s à la fin de la féconde
perfonne du préfent de ri/72/)£r^r// en des verbes qui
demandent cette lettre. Defee.i , appren , &:c.
Tome V.
I M P 91
Defccn de la double colline ,
Nymphe , dont le fis amoureux ,
Du fombre époux de Proferpine
Sut fléchir le cœur rigoureux. R.
Aimable paix , f^ierge facréc j
Delcen de la voute a\uiée. Idem.
Fai tête au malheur qui t'opprime. Idem.
Prévien un fort pareil , £• par d'heureux efforts ,
Diffipe cette humeur pefantc & léthargique. Idem.
Cela eft très mal , il faut defcens ^ fais , Sec. La
preuve en eft bien claire; s'il iuivoit une voyelle, on
(■eroit lonncr Vs de ces impératifs. Defcens innocente
viclime. Il faut prononcer defcen-s-innocente vicîime ,
& non pas defce-n innocente viclime. Fai-s-en la moi-
tié ^ je ferai l'autre , Se non pas fai en la moitié.
Pren-s-en beaucoup , Se non pas pre-n en beaucoup.
De plus on prononce /ijà- , & non pas /ai j defcens.
Se non pas defccn. Et ces Auteurs-là même écrivent ,
Seigneur, combats pour notre gloire. Viens ici.
Impératif ,ive. adj. Terine d'Hiftoirc. Iinperativus , a.
La forme impérative. Une lignification impérative.
Dans l'Hébreu Se les autres langues Orientales, le fu-
tur a fouvent une fignification impérative.
En termes de Pratique on appelle Difpofition im-
pérative , celle qui ordonne abfolument de faire quel-
que chofe. AcAD. Fr.
Les fénes impératives ou indiéf ibles , étoient celles
que le Coniul ou le Préteur ordonnoit, félon le pou-
voir de (a charge. Quelques uns le rapportent aux
conceptivcs, ou celles que l'on recevoir par vœu.
yoye-^ FÉaiE.
Impératif fignifie aullî Impérieux. Il ne fe dit guère
que dans le dilcours familier , Se par manière de plai-
(anterie. Vous prenez là un ton bien impératif. Il
parle d'un air impératif.
Ce mot vient d'imperare, qui veut dire commander ,
parce qu'on fe fert de ce mot pour commander.
IMPÉRATIVEMENT, adv. En commandant, ou d'un
ton abfolu Se impérieux. Regnard , dans fa Comédie
de Démocrite , fait dire par Strabon à ce Philofophe
amoureux de Criféis :
Quoi , vous qui raifonne:[ philofophiquement j
Qui parle^ à vos fens impérativement.
Qui voye'^ jace à face étoiles & planètes ,
Une fille vous met en l'état où vous êtes !
IMPÉRATOIRE. f. f. Sorte de plante qui eft ainfi ap-
pelée à caufe des grandes propriétés que l'on attribue
à Vimpératoire ordinaire, comme qui diroit, plante
digne d'un Empereur. Imperatoria. Il y en a plu-
fieurs efpèces. L'impératoire ordinaire a fa racine
grolFe quelquefois comme le pouce , ridée , garnie de
quelques fibres , remplie d'une chair blanche , aroma-
tique , d'un goiit acre , piquant la langue Se échauftant
toute la bouche. Ses feuilles font alfez grandes , ran-
gées à trois fur une côte branchue, terminée par une
feule feuille j roides , divifèes chacune en trois par-
ties ^ découpées les unes légèrement, les autres pro-
fondément. Ses tiges croilfent jufqu'à la hauteur
d'environ deux pieds; elles font cannelées, creufes,
divifèes en ailes , foutenant en leurs fommités des
fleurs en paralol , dont chacune eft à cinq pétales
blancs, difpofésen ro'fe. Lorfque fes fleurs font paf-
fées, il paroît un fruit compofé de deuxgraines apla-
ties, prefque ovales, un peu plus grollès que celles
de l'anetj rayées légèrement fur le dos, de couleur
blanche. En Latin Imperatoria major. C. B. pin. i j(J.
On ne fe fert en Médecine que de la racine qui eft
propre peur la colique venteufe, pour l'apoplexie,
pour la paralyfie , pour la fièvre quarte , Se elle entre
dans la thèriaquc.
IMPÉRATRICE, f. f. La femme d'un Empereur , ou la
Princefle qui de fbn chef pofsède un Empire. Ac. Fr.
Mij
C,2 I M P
1740, Imperatrix. \.' Impératncc douairière. rjuPiine
& Lucille l'ont les leules Impiratrkcs qui foient nées
de pères Empereurs , & qui , en quelque manière ,
ont été caufcs que leurs maris font montés fur le
trône. P. Chamillart. tlig.-ibale en monis de qua-
tre .ans f"e maria julqu'à quatre ou cinq fois i il efl im-
pollible que les médailles des Impcrathccs qu il épou-
la , ne loient très rares. Ces Impératrices étoient lî
peu fur le trône , qu'on avoir à peine le tems de leur
frapper des médailles. Id. Combien de fois les plus
habiles fe font- ils trouvés embarralfés pour ranger
quelques médailles hngulières d'Empereurs oud'/ra-
^e'nzmcw , dont on ne connoit ni le tems, ni les ac-
tions , & dont les noms font le plus louvent ou cor-
rompus, ou omis dans l'hifloire. Genebrier. On
voyoit autrefois parmi les Impératrices une Barbia
Orbiana, une Cornélia Supera , aulli bien que Sévé
rius, (ans époux véritables, & l'hiftoire qui nous ref-
loit de leur tems , ne nous en marquoit rien de cer-
tain. Id.
Impératrice, f. f Nom d'une efpèce de prunes. Prunï
fpecies. |Cr C'elf une elpèce de perdrigon violet , tar-
dif, qui ne mûrit qu'en Septembre.
IMPERCEPTIBLE, adj. de t.g. !)3° Ce terme, dans fi
plus grande généralité efl: l'ynomime d'inlcnlible, &
déligne ce qui ne peut être apperçu par les fens. Seri-
fus juliens. Ainli l'on dit que le mouvement de la
terre eft imperceptible ; qu'une odeur efl: li délicate ,
qu'elle efl: prelque imperceptible ; que le frémillemcnt
des parties d un corps fonore , fur la fin devient im-
perceptible. Mais ce terme s'applique particulière-
ment à tout ce qui , par fon extrême pctitellc , échap-
pe à notre vue. Il y a non leulement des parties élé-
mentaires des corps , mais même des corps organifés ,
des animaux qui font imperceptibles. Le plus gros
des arôme^ , félon Épicure , eft imperceptible. Le mi-
crofcope nous a fait découvrir dans les corps naturels
des parties auparavant imperceptibles.
Imperceptible, ledit au figuré des chofes fîO" qui agif-
fent fur nous d'une manière fi fecrette , que nous ne
pouvons nous en appercevoir. Les fcrupules font
des doutes , & des confidérations prefque impercepti-
bles. La Pl. L'amour propre lait fi bien fc déguifer,
qu'il efl pTeL\u imperceptible dans le fond de notre
cœur. S. ÉvR. L'opération de la grâce eft impercepti-
ble. Dos s. Par combien d'imperceptibles liens fom-
mes nous attachés au monde ? Idem.
JD'un aveugle penchant le charme imperceptible ,
Frappe ifaifit y entraîne j & rend un coeur fcnjible.
Corn.
IMPERCEPTIBLEMENT, adv. D'une manière infen-
iible , peu à peu, par Az% degrés infenfiblcs. Sinefen
fu. L'elprit de vin s'évapore imperceptiblement. Les
aftres, les horloges le meuvent imperceptiblement.
Que l'homme connoùpeu la mon qu'il appréhende ,
Quand il du qu'elle le furprend!
Elle naît avec lui _, fans cejjè lui demande
Un tribut dont envain fon orgueil fe défend.
Il commence à mourir long-tcms avant qu'il meure ;
Il périt en détail imperceptiblement :
Le nom de mort qu'on donne à notre dernière heure ,
N'en efl que l'accomplijfement. Des-H.
IMPERDABLE, adj. de t. g. Qui ne fe peut perdre.
C'eft un terme familier qu'on emploie fur tout au jeu
en parlant d'un coup , d'une partie qui ne fe peut per-
dre. Un jeu imperdable. On dit encore un procès
imperdable.
IMPERFECTION. f.f. Défiiut, ce qui manque à une
chofe pour la rendre parfaite. Dcfeclus. Il fvjc Ibuf
frir les imperfecîions de fon prochain. Il y a des im-
perfeclions qui ne font pas des vices. M. Se.
gCTEn Librairie on aupelle imperfecîions ^ toutes les
feuilles qui ne fuffifent pas pour faire un volume
complet. On met les imperfections au rebar. Faure ,
défaut., défc^uoilté , vice,imperfc:1;ion, fynoniaies.
I M P
Imperfection , dit M. l'Abbé Girard , défigne quelque
chok de moins de conlequcnce que ce que tous les
autres mots font entendre , &z il elt plus d ufage dans
la Morale que dans la Phyliquc &z dans la Méchani-
que. Les pcrlonncs Icrupuleulcs regardent les imper-
f celions comme de vrais péchés , dont Dieu doit les
punir ; mais les Chrétiens railonnables ne les regar-
dent que comme des luîtes nécellaires de Thumanité ,
dont Dieu le fert limplement pour les humilier , &
non pour les rendre criminels. I^oye^ les autres
mots.
UCr IMPERFORATION, f. f. Terme de Chirurgie qui
déligne le défaut d ouverture dans une partie qui doit
être ouverte. Imperjoratwn de l'anus. Impcrjoration
du vagin. On dit aulli anus , vagin impcrjore. On re-
médie à ce vice de conlormation , en tailant une in-
cilion à la partie.
IMPÉRIAL, ÂLE. adj. Ce qui appanient à l'Empereur
ou à 1 Empire. Imperatonus. 6a M.rjefl:é Impériale.
Trône Impérial. Couronne Impériale. Autorité Im-
périale, Ablanc. Atm^ic Impériale. Voit. Et au plu-
riel on dit les Impériaux , les Mmiftres de l'Empire.
Dans une aftemblée , les Impériaux ont fait telle pro-
polition. Les Impériaux le dit aullî de l'armée Im-
périale. Les Impériaux ont été battus. Les Impériaux
ont pallé le Rhin. Dans ces occafions ce mot ell
lubftantif, & ne fc dit qu'au pluriel.
Quelques-uns ont dit Impériale , &c Impériaux de
ceux que nous nommons communément Mclchites.
Voyez ce mot ; car c'eft ainli qu il faut parler lelon
l'ulàge.
On appelle en Allemagne villes Impériales , celles
qui ne reconnoilient que l'Empereur pour fupé-
rieur. Ce font autant de Républiques; le Magiitrai
fait hommage à l'Empereur , & lui paie le mois Ro-
main; mais d'ailleurs il eft Souverain pour la Juf-
tice. Les villes Impériales ont droit de faire battre
monnoie, &c d avoir des troupes & des places. Leurs
Députés allîftent aux Diètes Impériales , où elles font .
divilees en deux bancs , du Rhin & de Souabe. Il I
y en avoit vingt-deux dans le banc du Rhin , i<c
trente lept dans celui de Souabe ; m.ais le Roi pof-
fcde aujourdhui, Strasbourg, &: les dix villes Im-
périales d Allace ; ainfi il n'y a plus que quarante-
huit villes Impériales. Les plus conlidérables font
Hambourg , Lubeck , Nuremberg, Fr.rncfort, Ulm,
Augsbourg & Ratisbone.
On appelle en Allemagne Chambre Impériale y m
une Juftice louveraine établie pour les affaires des \
États immédiats de 1 Empire. La Chambre Impériale
de Spire rélide à prélent à Wezlar , dans la Helfe.
Il y a aulli à Rotvreil une Chambre Impériale , qui
eft une décharge de celle de Spire.
On appelle en Allemagne Diètes Impériales , l'af-
femblée des Etats de l'Enipire. Elles le tiennent or-
dinairement à Ratisbone. l?£mpereur , ou Ion Com-
miflaire , les Éleveurs , les Princes Ecclélîailiques &:
Séculiers, les Prélats, les Princelles, les Comtes de
l'Empire & les députés des villes Impériales y ailil^
tent. La Diète eft divilée en trois Collèges, qui font
ceux des Éleéleurs, des Princes & des Villes. Les
feuls Éledcurs forment le Collège des Éleéfeurs , &
même le roi de Bohême , qui eft Éleéieur , n'entroit
avant 1707. que dans les Diètes d'Eledfion : depuis
ce temps-là , il entre comme les .autres. Les prin-
ces , Prélats , Princelles & Comtes, forment le Col-
lège des Princes : celui des villes eft compofé des
Députés des villes Impériales. Chaque Collège a fon
Diredreur qui propole, & prèlide aux délibérations.
L'èledleur de Mayence l'eft du Collège des Élec-
teurs , l'Archevêque de Saltzbourg l'eft de celui des
Princes , &: le Député de la ville de Cologne de
celui des villes. Dans les Diètes Impériales chaque
Principauté a fi voix ; mais les Prélats ( c'eft ainlî
qu'on appelle les Abbés Se Prévôts de l'Empire )
n'ont que deux voix , & tous les Comtes n'en ont
que quatre. Quand les trois Collèges font d'accord ,
il faut encore le confentement de l'Empereur, Se
fans cela les relolurions font nulles; s'il confent , ou
I MF
drelïc le reccs ou rcfultat des rcfolurioiis , & tout
ce qu'il porte „ ell une loi qui obliyc tous les États
médiats (!s: immédiats de l'Empire,
(lu*" Les Antiquaires appellent médailles Impériales , l'es
médailles des Empereurs Romains à commeacer de-
puis Jules Célar. Celles qui onr été frappées aupa-
ravant , dans le temps de la RépuMique j on les
nomme Confulaires. Quelquefois on dit fubftaiîtivc-
ment , les Impériales.
CouRONNL Impériale j cfl: une forte de plante,
dont les Heurs lont difpofées comme en couronne ,
furmontéc d'un bouquet de feuilles , ce qui a fait
donner le nom de Couronne Impériale à cette plante.
Foyc-^ Couronne Impériale au mot Couronne. La
Couronne Impériale &[\ le Lis Periique, c'eft le \^>J
des Hébreux , & le Tufiï des Perfms ; c'ell: le Lis
royal des Grecs. , Lilium hafilictim. Voye-[ la Dif-
iêrtation du P. Souciée fur un revers de médailles
d'Hérode.
On l'appelle quelqueFois impériale , fans ajouter le
mot de couronne.
p''ous très Rnfe , & moi , je fuis Impériale :
Je crois que pour ladignité ,
Dans l'empire des fleurs il n'ejl rien qui m'égale.
Rec. de vers.
0tF Aigle impériale , dans le blafon , c'ell une Aigle
qu'on répréfente avec deux têtes , &z avec les ailes
cployees.
Poudre Impériale. F'oye\ Poudre.
bierge impériale. Elle le fabrique particulièrement
dans le bas Languedoc. On l'appelle xniïxfemptteme
onperpécuante , & elle eft prelquc toujours deftmée
pour l'Italie &: pour l'Elpagne.
Eau Impériale, /"oj'f^ Eau.
IMPERIALE, f. f. Ou prune impériale : efpèce de
prune qui le mange au mois d'Août. L'impériale eft
une prune longue , violette tirant au rouge ; c'eft
la plus grolle de toutes les prunes. Il y a une impé-
riale blanche Se une rouge , une hâtive & une car
dive. Elles font toutes fort grolfes. La Quint P. III.
c. 14.. U Impériale h\y.nc\\ç. eft une efpèce de prune
qu'on appelle autrement grolfe Datte. Elle eft blan
che ou jaunâtre. Idem. P. III. c. 14.
Impériale , en ternies de Fleurifte , eft le nom d'une
tuiipe qui eft d'un pourpre brun , un peu de rou^^e
& blanc de lait. Morin.
Impériale. Monnoie des Empereurs qui a eu cours en
Italie depuis l'an 11 87. jufques dans le quatorzième
llècle. L'an 123(5. on frappa en Italie de nouvelles
impériales. Matthieu Paris dit que les Impériales
éroient de la même valeur que les fterlings.
Il y a aulîî un jeu de cartes appelé impériale , dont
le principal avaiîtage eft d'avoir des féquences de
cartes. L'As , le Roi ., la Dame & le ValeÉ*d'une
mcme couleur, font une impériale, quatre Rois,
quatre Dames , quatre Valets , quatre As , font
une impériale de même que quatre Sept , fi l'on
joue deux , ou quatre Six , lî l'on joue trois. Carte
blanche fait auili une impériale.
§3" Le nombre des impériales dont une partie eft
compofée j eft ordinairement de cinq; mais ce jeu
varie fuivant les endroits ou la hmtailie des joueurs.
Impériale, f. f. Le haut ou la couverture d'un ca-
rofle , le delFus de la cailfe qui eft plat, &c un peu
élevé par le milieu. On le dit aulÏÏ du fond des lits
d'ange & en houfle. Faftigium , culmen.
Impériale, eftauffi un terme d'Architetlure ; & c'eft
une efpèce de dôme ou de couverture , dont le dos
eft en poime , & qui en s'élargiilant par en bas re-
préfence la figure de deux S qui fe joignent en haut ,
& s'éloignent en bas. FÉlibien.
On fait auffi une pierre impériale pour les dents
avec du falpctre , de l'alun de roche , & un peu de
foufre bien pulvérifés, & cuits dans un creufet , donc
on fait après un gargaiifme avec une décodtion
d'orge & de fenouil.
iMr|jUAL£. Nom d'iinc ville de Chili , en l'Améri-
I M P 93
que méridionale. Imperialis. Elle eft capitale d'une
province qui porte fon nom , &c fituée (ur la rivière
de Cauten , à quelques lieues de fon cmbouciiure
dans la mer Pacirique. Cette ville avoit été ruinée par
les Arauqucs ; mais les Efpagnols l'ont réparée.
Maty.
IMPÉRIAUX. Foyci impérial.
IMPÉRIEUSEMENT, adv. Dune manière impérieufc.
Superbiùs. On hait ce Gouverneur j parce qu'il
commande trop impérieufement : il en ufe impérieufe-
ment.
IMPÉRIEUX , EUSE. adj. ^fT imperiofus. Terme qui
fe die égalemenc des perfonncs , du caractère , du
con , du gefte. Homme impérieux. Efprit impérieux.
Humeur impérieufe. Air , ton , port , gefte impé-
rieux.
L'homme impérieux eft celui qui veut comman-
der par-couc où il eft , qui veuc couc loumetcre à fes
propres idées , & donc les voloncés lont toujours
annoncées par un ton haut , fouvent par un gefte
inlolent. C'eft une elpèce de delpote , qui ne vou-
droit voir autour de lui que des efclaves. Les amis
impérieux nous tyrannifent ; il faut haïr tout ce
qu'ils hailfent : on s'en détache bientôt.. Un bienfai-
teur impérieux perd tout le mérite de les bienfaits ,
&c prelque toujours le fruit qu'il en attend. Il les
met à tfop haut prix. Le moyen de vivre avec un
homme qui rend la reconnoillance trop onéreufe, &
qui ne fut pas refpeder la liberté naturelle de fon
femblable ? Il eft plus aifé d'êrre ingrac ; & c'eft le
parci qu'on prend. L'amour eft une pallion trop im-
périeufe pour céder à nos devoirs. Cail. Les Romains
avoient une politique bien impérieufe à l'égard des
Rois qui leur étoient fulpeéts. S. Real.
Ce torrent arrêté devint plus furieux ,
Son cours fut plus rapide & plus impérieux.
Brébeuf.
IMPÉRISSABLE, adj. Qui ne peut périr , qui ne doit
point périr. Non periturus. Nous verrons ci-delîous
li Anaxagoras auroit pu fuppofer que les principes
étant éternels & incréés , doivent être imperijfables.
DicT. DE Bayle. ^1-3 Ce mot n'eft pas d'un fer-
vice bien fréquent. Cependant nos bons Auteurs
ne ront point de difficulté de remployer. L'ame eft
une fubftance fimple j immatérielle , impérifable.
Volt. La terre , tout impérijfahle qu'elle eft , en
grand , eft fujette à bien des vicilîîtudes dans le dé-
tail. MÉ;,i. de Trév.
Si je vois luire ces beaux jours ,
Je le devrai j Fagon , à ton art fecourahle ,
Trop heureux f le mien par les fidèles traits
D'une louange impériftable ,
T'en peut rendre grâce à jamais.
|t3* IMPÉRIT. adj. Imperitus. Ce terme exprime le
défaut d habileté dans l'état qu'on prolelfe. On diroit
d'un Médecin , d'un Chirurgien , d'un Avocat,
&c. qui n'ont pas les connoiiîances relacives à leur
prolelîion , qu'ils fonc imperits : mais cet adjedif
eft beaucoup moins uiîté que le fubftantif impéritie.
Le bon prélat Salcédius fut tellement pénétré de l'eC
prit de N'épotifme , que quoique fon neveu j uès im-
périt en toutes chofes , eût une femme vivante Se
des enfans , il trouva le moyen de le faire Prêtre ,
Chanoine, Officiai, Grand- Vicaire , Se Sur-Inten-
dant du temporel Se du fpirituel de fon Evêché. . .
Ecole du Monde.
IMPÉRITIE. f f Imperitia. Ignorance de l'art qu'on
prokllé. Défaut des connoiiîances néceftaires à une
perfonnc qui a une fondion publique : on le dit des
Juges , des Avocats , des Notaires , Se autres per-
fonnes femblables. On fc fert plus ordinairement
du mot A' ignorance ; cependant celui à'impéritie fc
trouve dans les Auteurs qui ont écrit de nos jours fur
les matières de Droit. Je ne fais pourquoi on veuc
qu'un Notaire ne foie pas tenu des dommages Se inté-
rêts qu'il caufe par (es impérities. Bruneau. En Juf-
cice on condamne un Chirurgien qui aura eftropié un
94 I M P
homme par fon impéricie, à des dommages & inté-
rêts.
|Kr Les Loix Romaines vouloicnt que les Médecins
.pullênt être cond:imnés pour leur négligence ou pour
leur impéritie. Montesq. Cralkis ne blâme point les
écoles des Rhéteurs Latins , il ne s'en prend qu'à
Vimpcntie de ces nouveaux Maîtres. Rollin.
IMPERSONNEL, ELLE. adj. Terme de Grammaire ,
qui fe dit d'un verbe qui ne le conjugue qu'a la troi-
iième perl'onne. PerJ'onâ carens. Ce verbe ne le dit
qu'a Vtmpcrfonnel , il n'a qu'une lîgniiication impcr-
formelle ; c ell à dire, qu'il déilgne une choie indéti-
«iment, lans nombre & Lins perlonne. Il faut; il
pleut ; on parle. Quelques uns foutiennent que la
langue Françoile n'a point proprement à'imperjon-
nels y Se cet 'il ou cet on qui les piécéde , le peut ré-
ibudrepar un relatif qui leur tient lieu de nominatih.
Quoiqu il en foit de cette quelHon grammaticale , il
faut feulement oblerver que ces imperfonnels ne le
prennent pas toujours dans une lignification générale
& indét?rminée , cela n'eft propre ^ à la rigueur,
qu'à l'infinitif;- car ces imperfonnels ne font pas ab-
folumcnt lans perfonne , puilqu ils ont la troiiième.
IMPERSONNELLEMENT, adv. Qui fe dit d'une ma-
nière impeiionnclle. Imperfonainer. Ce verbe ne
fe conjugue point ; il ne le dit (\\.i' imperjonnellement.
IMPER TL^EMMENT. adv. Mal à propos , d'une ma-
nière fotte , extravagante. Inepte. Il vaut mieux fe
taire , que de parler impertmemment. Il a chailé
fon valet, parce quil lui lépondoit impeitinemment.
On peut placer impertmemment le mot d'impertinent.
M. Se.
|p= IMPERTINENCE f. f. Ce motTignilie quelquefois
des aârions , des dilcours contraires au tens commun
& aux bienfeances. Ineptu. C'efi: la lignification pri-
mitive de ce mot. Les grands parleurs font fujets à
dire beaucoup dimpertinenees. L'ulage parolt avoir
Teflreint ce mot à caradtérifer une fatuité outrée.
F'oyei Impertinent.
IMPERTINENT, ENTE. adj. ^Qui fe prend aulli
fublfantivement. Ineptus. Ce terme s'applique égale-
. ment aux perlonnes èc aux actions. Dans la première
iignilication , il déligne un homme qui agit contre h
raifon Se contre les bientéances , S< une action qui y
cft oppofee. Homme impertinent. Difcours imperti-
nent. Conduite impertinente. Un homme impertinent
parle beaucoup & lans réflexion; il agit de même.
Bell. L'ulage a joint à cette idée principale une idée
acceiFoire qui re-nd ce caraftère plus odieux. L'hom-
me impertinent elT: celui qui affiche (ans pudeur une
vanité dédaigneule , qui rebute Se qui ofîenle. Il n'a
ni jugement , ni déhcateire ; il confond l'air libre avec
une familiarité exceliive, & a d'ordinaire plus d'ima
gination que d'efprit. Se il dit des impertinences .avec
une hardieile infolente qui le rend ridicule. M. Scud.
Un impertinent , dit la Bruyère , eft un fat outré. Le
fat lallèj ennuie , dégoûte, rebute. L'impertinent re-
bute, aigrit, irrite, ofFenfe; il commence ou l'autre
rinit. Le lot eft embarrallé de la perlonne; le fat a l'air
libre & alfuré ; l'impertinent palle à l'eflroiiterie.
On dit ablolument c'elt un impertinent.
Impertinent , en termes de Palais , fe dit de ce qui n'ap-
partient pas à la queftion, qui ne fcrt de rien à la dé-
cilion du procès. Aliénas. On a déclaré ces moyens
de fait impertinens Se inadmillibles. Il n'a voulu ré-
pondre fur ces faits Se articles , parce qu'il a foutcnu
qu'ils ézoient impertinens , qu'ils étoient étrangers au
procès. On appelle aulli en Logique des termes imper-
tinens , ceux qui n'ont aucun rapport ciifemble.
IMPERTURBABILITÉ. f. f. État de ce qui eft imper-
turbable. Status perturbationi minime obnoxius. Ce
terme n'ell guère ulité que dans les matières philolo
phiques. 'L'imperturbabilité àt l'amc, état de l'ame
tranquille , Se qui ne peut erre émue , ébranlée. Saint
Clément vouloir élever les parfaits julqu'à l'apathie ,
c'elt à di: c , à Vimpcrrurbabilité. Boss.
IMPERTURBABLE, adj. m. Se f. Tranquille , qui ne
peut erre ému , ébranlé. Pcrturbationi minime oh-
nnxius. Il le dit aulli d'un homme ferme dans ce qu'il
I M P
fait, qui ne peut être troublé dans la difpute , ferme
lur les principes , qui les luit Se ne les abandonne ja-
mais, qu'on ne lauroit obliger de changer de fenti-
ment. On dit qu'un homme eft imperturbable dans
les principes, dans fes rélolutions , dans fes defleins.
On le dit aulli de la mémoire. Ce Prédicateur a une
mémoire imperturbable qui ne le trouble jamais , qui
ne manque jamais.
M. Bolluet l'a pris dans un fens plus étendu. Se le
fait lynonymc d immuable Se d'inaltérable. Qu'on
me montre ce que veut dire ce mot AnuU^j i\ ce n'eft
inaltérable , immuable , imperturbable , incapable de
rien recevoir de nouveau eu lui même , ni d'être ja-
mais autre chofe que ce qu'il a été une fois. Ecssuet.
/. Avert. n. 2 f.
IMPERTURBABLEMENT, adv. D'une manière im-
perturbable , lans pouvoir être troublé. Impenurbatè.
Je fais cette queltion imperturbablement.
IMPÉTRABLE.'adj. m. & f. Terme de Droit , qui fe
peut impétrer , obtenir. Impetrabilis. Les crimes
énoncés dans ces lettres font h énormes , que l'aboli-
tion n en eft pas impétrable. La Cour a ordonné à cet
Officier de le défaire dans lix mois de la charge , Se à
faute de ce , elle eft déclarée vacante & impétrable.
^f3' On le dit de même en matière bénéticiale. Un bé-
néfice eft impétrable , quand il cft vacant de fait, ou
de droit, quand il v.aque par mort, ou qu'on peut
l'obtenir par dévolu. Il y a des crimes qui rendent les
bénéhces vacans Se impétrables. Un bénéfice cft tm-
pétrable , quand il y a nullité de titres, ou incapacité
en la perlonne du titulaire.
IMPÉTRANT, ANTE. adj. m. & f. Terme de Droit. Ce- .
lui qui a obtenu ou impetré quelque grâce j quelque
bénéhce. Ç^ui impetravit. Il n eft dit impétrant ,
qu'après avoir obtenu les lettres. Avant ce tems là il
eft qualifié expofant. Un impétrant de lettres -de grâce
les doit préfenter lui-même à la Cour , & les faire lire
à l'audience à genoux. Cet arrêt a maintenu l'impé-
trant de cette charge, de ce bénéfice , de ces lettres de
refcihon. Un impétrant de deux commillions , de
deux Juges ditiérens, contre une même perfonne,
dans une même caufe , perd les avantages de chacune _
des deux commillions, ielon le ck. i6. de Refc. ■
IMPÉTRAIION. f. f. Terme de Droit. Obtention de *
grâce , de privilèges , de lettres , de charges , d'un bé-
nénéfice. Impetratio. L'impetration du bénéfice d'un
homme vivant, porte incapacité en la perfonne de
l'impétrant de le poftéder jamais. Il y a des impétror
lions qu'on caife pour être obrcptices , ou tubreprices.
L'impetration d'une charge vacante qui eft déclarée
impétrable , eft un bon titre.
IMPÉTRER. v. a. Obtenir quelque grâce , faveur j don
eu privilège. Impetrare. Les bénéfices vacans par dé-
volut & par rélignation , fe peuvent impétrer en Cour
de Rome. Il a impétré enfin la grâce qu il a tant folli-
citée auprès du Roi. O Marie 1 Sainte mère de Jésus,
impétre^-nous de votre lils la grâce d'obferver fidèle-
ment ce premier précepte. Bouh.
Ce mot a vieilli «Se neft plus guère en ufage qu'en
matière bénéticiale , en ftyle de Chancellerie , ou
dans des matières de dévotion, comme le dit le P.
Eouhours dans l'exemple qu'on vient de citer.
Impetré, ée. part. & adj.
IMPÉTUEUSEMENT, adv. Avec impétuofité. Cum
impetu , facio impeiu. La mer fe jette impetueufement
dans ce détroit, dans cette rivière, dans ce gouffre.
Cet Avocat a plaidé fort impetueufement. La colère
coule impetueufement à la ruine d'autrui. M. Esp.
IMPÉTUEUX , EUSE. adj. Violent rapide dans fon
mouvement. P^iolentus. Les fiots de la mer font fort
impétueux veïs le cap de Bonne Elpérance , dans le
détroit de Magellan. Le vent du nord eft le plus im-
pétueux de tous les vents. Le Rhône, la Duiance,
ont un cours rapide & impétueux.
Impétueux , le dit iigurcment en Morale §3°d'un hom-
me cui n'eft pas allez maître de fes mouvemens, &
qui fe laiire emporter au delà de fes bornes, & géné-
ralement des chofes qui peuvent pécher par excès. La
jeuneiîè cft d'ordinaire iwpétueufe. La colère cft un
I M P
tori-nt impttueux.. Vn Orateur a des figures a des )
mouvcmcns fort impcrucux ; c'cll un clpnt tougucux '
& impeiuiux. On ruine les meilleures al+^in-es par un
zèle trop impétueux. Bhi.l. Les impétueux ne peuvent
approuver une amitié tranquille. M. Lsp. Le naturel
ardent de M. le Prince l'a fait croire impcLucux dans
ies combats. S. ÉvR. La colère cil une paliion vio-
lente & impctueufe. M. Esp. Le zèle des bonnes âmes
elt impétueux. H. S. de M. Il n'avoit pas dompté de
bonne heure ce naturel impétueux qui le gouvernoit
en tout. BouH.
La vérité n'a point un air impétueux. Boil.
Sonjlyle \mç(il\ic\x\fûuvent marche au hafard. Id.
IMPÉTUOSIT^. f. f. Terme également employé au
propre & au hguré. Adion impétueufe , mouvement
violent. Impetus. Ce vaiiieau a reliltc à \impétuoJité
des vents &: de la tempête. Vimpétuojite d'un tor-
rent. Appelez - vous vaillant celui qui aura tait une
belle action par une impétuofué de hardielîé ? M.
Esp. Ce qu'on apellc vertu héroïque n'clè bien fou-
vent qu'une impétuofué , qui emporte notre admi-
ration lans h mériter. S. EvR. On gîte le (ublimej
Il on l'abandonne a Vunpetuqfité d'une nature igno-
rante & téméraire. Boil. Dieu arrête quelquefois par
fes châtimens V impétuofué de nos pallions. Fléch.
Le lublime & le pathétique , par leur violence &
par leur impétuofité, emportent &: entraînent avec
■eux. Bon.. Un mouvement de colère ell une (ou-
dame impétuofité de l'eiprit qui l'empêche de déli-
bérer. Le Mai. Je tichois d'arrêter Vimpétuofité de
majeuneiïe. Fen.
ItT On dit dans ce fens Vimpétuofité de l'humeur ,
l'extrême vivacité. \!impétuofite des François. Les
ennemis redoutent la première impétuofité des Fran-
çois.
Stace, dans fa Thébaïde , Liv. iTII , v. .r/ j fait
une fort belle detcription de la demeure de Mars.
11 y perl'onifie Vimpétuofité , 8c en tait un des com-
pagnons de Mars. Je disdes coir.pagnons , parce
qu. impetus en Latin eft matculin.
IMPIE, adj. m. & f. fouvent employé fubft. Qui
a du mépris pour les chofes de la Religion , qui fait
& dit des choies contraires à la vertu de piété, la-
quelle règle nos devoirs envers Dieu & les chofes
faintes. Impius. L'impie a dit dans ion cœur , Il n'y
a point de Dieu , Pfcaume i j. Il taut fuir la com-
pagnie des Athées & des impies. Les impics eux
mêmes font émus à la vue de la mort , & n'ofent le
hafirder à mourir comme ils ont vécu. Nie. Épicure
a plus fait d'impies que tous les autres Philofophes.
Al. Se. Vingt cinq ans de guerre ne m'avoient pas
rendu fort délicat fur la dévotion , mais perfonne
n'étoit moins impie que moi. Bussi - Rab.
DCF Impie, fe ditaullides chofes qui font contraires au
Nrefpeél qu'on doit avoir pour les chofes de la reli-
gion. Une doctrine impie. Des fentimens impies.
Des mœurs impies. Il s'eft converti après avoir mené
la vie la plus impie. Il m'a tenu des dilcours, des pro-
pos impies. Un livre des plus impies. Une maxime
impie.
Voule:^-vous mériter les faveurs populaires ,
Soye\ Auteur impie & digne da galères.
Erreur, qui vois toujours /'impie opiniâtre
Offrir fur tes autels un encens idolâtre ,
Par tes menfons,es vains dont fon cœur eft féduit ^
A quel aveuglement a-t-il été réduit ?
Nouveau choix de Vers.
Sourds à la voix de la Nature ,
Monftres dans la Société ,
Que coûte à votre cœur parjure
La plus noire infidélité?
Si tout périt avec la vie ,
Quel droit eft f acre pour /'impie 3 Ie.
I M P 9r
Dans le flyle de la laintc Écriture on appelle impie ,
celui qui ne fe met point en peine d'obferver la loi
de Dieu : ainfi les impies & les pécheurs font la
même choie allez (ouvent. Le mot à.' impie a fou-
vent aulli dans la fiintc Écriture la première (ignitî-
cation de ce mot , par laquelle il marque ce qui eft:
contraire à la piété , a la religion.
IMPILTE. f f. Action d'un homme impie j mépris
pour les chofes de la religion. Impietas. Les facri-
léges , les blafphemes lont des impiétés. On ne
refpire que la licence & Vimpiété dans le commerce
des Poërcs. S. Evr. Saint Louis réprima Vimpiété.
Flecii. Les richelfes font des trélors à' impiété. Id.
Quincconccvroit de l'horreur pour l'/w/'iere d'Hé-
rode , de Denys le Tyran , &c.
Impiété , fe dit aulH du manque de rcipett &: du de-
voir envers fes père &c mère. C'eft une grande im-
piété de lever la main fur fon père , ou fur la mère ,
de leur refufer les alimens dans leur vieillelfc.
IMPITEUX , EUSE. adj. Qui eft; fans pitié , Lmmi-
fericors j fvus , airox. Vimpitcufe main du Bour-
reau. Thloph. L'impaeuJ'e Canicule. S. Amant. Ce
mot eft: vieux Se luranné.
IMPITOYABLE , adj. m. & f. Qui eft fans pitié,
infenfible à la pitié. Foye^ ce mot. Lmmifericors ,
inexorahilis , durus. Les Schytes> les Sauvages, font
des hommes impitoyables. Hérode fut un 1 yran im-
pitoyable. Ceux qui s'imaginent être au deiîus des
maux qui arrivent aux autres , lont d'ordinaire impi-
toyables ■■, parce qu'ils ne font pas eux mêmes les ré-
flexions qui attendriffent le cœur à la vue des maux
d'aurrui. Nic. Adrien extermina les Juifs , & ils
trouvèrent en lui un impitoyable vengeur. Boss.
Tigre altéré de fang , Décie impitoyable ,
Ce Dieu c'a trop long-temps abandonné les fiens.
Corn.
Impitoyable, fignifîeaulîî févère , inflexible. Durus.
\Jn Juge doit avoir un cœur impitoyable à l'égard
des fcélérats. Je fuis foumis aux loix d'un impitoya-
ble àt^m. Les pécheurs impénitens trouveront un
Juge impitoyable. Nous nous érigeons ^ en Juges
ilniftres &: impitoyables d'autrui. Nie. L'Évangile a
adouci la rigueur impitoyable de la loi Mofaïque.
Cl. Un mélancolique ne manque pas de s'ériger
en pédagogue impitoyable du genre humain. Bell.
Impitoyable , fe dit aulÏÏ des chofes inanimées. La
mer eft impitoyable. L'enter & la mort font impi-
toyables , ne pardonnent à qui que ce ioit. Scilicet
omne facrum mors importuna profanât , ôcc. Ovid.
On dit aulîI en parlant des batailles , que le fer im-
pitoyable ne pardonnoit à rien.
IMPIiOYABLEMENT. adv. Sans pitié, fans miféri-
corde Lmmifericorditer , dure , duriter. Ce barbare
le traite impitoyablement. Il a donné à revoir ieS
vers à fon ami , avec pouvoir d'y couper & retran-
cher impitoyablement , c'eft à dire , fans indulgence.
IMPLACABLE, adj. m. & f. Qui ne fe peut adoucir ,
ni appaifer. Implacabilis. C'eft un efprit implacable.
Cet artront eft fi grand , qu'il en a conçu une haine
implacable contre fon ennemi. On feroit moins
implacable , fi la fierté naturelle pouvoit rabattre
quelque chofe de ce qu'elle prétend lui être dij. M. P.
Dieu n'a celfé d'être implacable que par la mort
de Jesus-Christ. Amilcar pafl'a dans cette pro-
vince , ( l'Efpagne ) avec fon fils Annibal , âgé de
neuf ans j êc y mourut dans une bataille. Durant
neuf ans qu'il fit la guerre avec autant d'adrelfe
que de valeur , fon fils fe formoit fous un lî grand
Capitaine , &: tout enfemble il concevoir une haine
implacable contre les Romains. Bossuet.
Fui d'Augufte irrité /'implacable colère. Corn.
Implacable ennemi de P^ome & du repos. Rac.
Forbez , dans fon Inftrucl. hiftor. Théol. L. XIL
CIO. donne le nom d'implacables à tous les héré-
^6
IM P
tiques qui ont foutcnu que le péché éioit irrémiiri-
ble , comme les Montuiniftes , les Novaticns , les
Mélétiens , les Apotadiqucs , ou Apoftoliques ,
& les Lucifériens. Quelques uns de ces hérétiques
ne le foutenoient iircmillibie que pour les Clercs.
On peut encore appeler implacables les Luthériens ,
les Calviniftes rigides. Se tous ceux qui foutiennent
la réprobation politive.
IMPLANTATION. 1". f. C'cft le nom qu'on donne
à uiie des cinq- elpices de tranl'planration , dont
quelques uns (e {ervent pour la cure de certaines
maladies. Implantatlo. \! implantation fe fait en
mettant des plantes avec les racines , ou les raci-
nes ieulement dans une terre préparée pour cela ,
& arrolje des lavuces de la partie malade. On pré-
tend faire palier par ce moyen le mal dans ces plan-
tes. Si avant que la guérilon foit parfaite , les plan
tes viennent à mourir par la mauvaife qualité qu'elles
ont contractée , il faut en planter d'autres dans la
même terre , ou dans une femblable.
^fT IMPLAN TER. Terme d'Anatomie qui s'emploie
avec le pronom pcrfonncl. S'implanc^r , v. recip.
Avoir fon oria,ine & Ion attache en quelque en-
droit. Inferi. La lîgure du cœur de la grande tortue
eft demi Iphérique , fa partie inférieure étant conve
xe , & la lupéiieure plane , mais un peu enfoncée
au milieu , qui eft l'endroit où s'implantent les oreil-
lettes & les artères. Duverney, Je. des Se. i6pp.
p. 22p. Une portion de fubllance dure & fquir-
rheufe s'implantoit dans le méfentère. Bremond ,
ii3i , P- 7S-
fG' Ce terme eft fouvent employé en Botanique. Four
déiigner la naillance & l'attache de certaines parties.
C'eft ainfi que l'on dit que les feuilles font implan-
tées fur les branches : que les plantes parafites font
implantées fur d'autres plantes dont elles tirent les
fucs : que les poils ou les petits filets qui s'obfer
vent fur les parties de quelques plantes , l'ont im-
plantes fur de petits corps femblables aux oignons
qui donnent naillance aux poils des animaux.
IMPLANTÉ , ÉE. part. Infcié , pofé fur. Infertus ,
aj um. On a trouvé an fœtus humain dont le cœur
avoir trois cavités , comme celui de la tortue. Le
ventricule droit recevoit à l'ordinaire la veine cave ,
mais fans recevoir l'artère pulmonaire v le gauche
recevoir aulîî la veine pulmonaire , mais fans rece-
voir l'aorte , & ces deux vailfeaux , l'artère pulmo-
naire & l'aorte étoient implantés dans le troifième
ventricule lurnumérairc. Ac. des Se. 16 pp. Hijl.
F- 37-
Des fermens ou des levains implantés dans les
vifcères , pour imprimer à la liqueur qui y palle ^ un
caraétère particulier , qui lui donne la forme de
bile dans le foie, d'urine dans les reins. Jour, des
Se. 1719. p.^ S97-
tf^ C'eft auiîl un terme de Botanique. Voyei^ Im-
planter.
Le P. Cartel Parlant du manche ou de la verge
du pifton , dit que la verge eft implantée dans le
pifton.
IMFLEXE. adj. C'cft une épithète que l'on donne aux
Pocmes Épiques &: aux pèces de théâtre où il arrive
des chaneemens de fortune extraordinaires au héros
de la pièce. M. Adilfon dit dans les remarques fin-
ie pocme du Paradis perdu de MilroUj que la fable
eft funple ou implexe. On la nomme lunplc , quand
il n'y a point de changement de fortune ; implexe
quand la fortune du principal aéteur change de
bien en mal , ou de mal en bien. La fable implexe.
continue t- il, eft eftimée la plus parfaite, parce
qu'elle eft plus propre à émouvoir les pallions.
Corneille l'aîné dit dans l'examen de Cinna , qu'il
eft des pièces implexes ; telles font , dit il , Rcdo-
gune & Héraclius. M. Roulfcau a fait voir à AL
Ricoboni , dtns la lercre qu'il lui a écire , qu'il
n'y a point duplicité d'adion dans l'Andromacue
de Racine, & que ce n'eft qu'une aélion im-
plexe.
IMPLICATION , t f. Terme du Palais. Engagement
I MP
dans une affaire criminelle. Implicatio. L'implica-
tion dans une affaire criminelle rend incapable de
pcffctler un bénéfice.
Il l;gnitîe encore en termes d'école , contradic-
tion , êc on ne s'en fert qu'en parlant de propofl-
tions contradidoires. Il y a de l'implication dans ces
deux propolîtions.
§3° M. l'Abbé Girard obferve que compliqué a un
fubfbntif qui efl d'ufage , & qu'impliqué n'en a point;
qu'on dit complication , mais qu'on ne dit point im-
plication. Il eif bien vrai que ce n'eft qu'un terme
barbare , réfervé au palais & aux écoles.
IMPLIClfE. adj. m. & f. |p° Terme didadiqae , qui
ligniSe proprement non développé , par oppoli-
tion à explicite, développé. Volonté implicite , qui
n'eff pas exprimée par des paroles , mais fe manifeftc
par les circonltanccs. C'eft en général ce qui cil
compris tacitement, fous-entendu , qui eft contenu
dans un dif cours j dans une claufe, dans une pro-
poiition , non pas en termes clairs , exprès & for-
mels , mais feulement par induftion , par confé-
quence , impiicitus. C elt une condition implicite &
fi^us entendue par le tcftatcur, quand il a fait ce
legs. On dit aulii une foi implicite ; pour dire un
acLjUiefcement général & fincère à tout ce que
1 Lj^hle croit , fans avoir une connoiflance diftindfc
Se formelle de chaque article. La foi explicite eft
un acquiefcement formel à une chofe révélée dont
on a connoillance. L eghfe Catholique n'exige qu'une
foi impLcite de cei tains articles , pour être fanvé.
La toi clu Charbonnier, qui croit ce que l'Églife
croit, fans pouvoir dire tout ce qu'elle croit, éft
une foi implicue. Une préférence même implicite ,
qui fait marcher Dieu avant nos propres intérêts ,
peut mériter le filut. Fen.
IMi^lICIiEMENT. adv. D'une manière implicite.
Inphcité. Le fens de ce texte contient implicitement
uri tel myltère, une telle vérité. Toute la dodtrine
C u-cticnne eft contenue ou explicitement, ou im-
pLcitement , dans le fymbole. Cl.
IMi^Llv^-'UER. V. a. Engager dans une affaire, dans
une accufition. Implicare. Cet acculé a impUquéhïtn
des gens dans fon affaire. Les plus braves Romains
fe trouvoient impliques dans les conjurations contre
lesopprefteursdc leur liberté. ifJ II n elt pas gracieux
d'avoir pour amis des perfom-ies qui vous im^pliquent
toujours mal a propos dans les fautes qu'elles coin-
n ettent.
Ce mot vient du Latin implicare.
On dit en termes de l'école qu une propofîtion
implique contradiclion , peur dire qu'elle renferme
coiitradidion.
On dit de deux idées incompatibles , qui s'ex-
cluent réciproquement j dont 1 une détruit etlèntiel-
lemcnt 1 autre, qu elles impliquent contradidlion. Le
feu froid, cch implique contradicfion.
Impliqué , complique Syn. Les aif aires ouïes faits , die
M. l'Abbé Girard, iowx. complique s. |k? Les uns avec
les autres , par leur mélange & par leur dépendan-
ce. Les perfonnei font impliquées dans les faits ou
dans les aitaires , lorfqu'elles y trempent ou qu'elles
y ont part, f^oye'^ compliqué
Quand on eft fouvent dans la compagnie des
étourdis , on eft expofé de fe voir impliqué dans
qu^'lque fàclicufe aventure. Il eft dangereux de fe
trouver impliqué , même innocemment dans les cri-
mes des grands ; on en eft toujours la dupe ■■, ils
l;crih"enf à leurs intérêts leurs meilleurs lerviteurs.
IMPLORATION, f. f: Adion par laquelle on implore.
Imploratio. Les Juges d Eglife ont fouvent befoindc
Vimploration du bras féculier. Les Latins appeloienc
l'imploration. Quiritatio à Quiritiius. Ce terme n'efl
point en ufage.
IMPLORER, v. a. Demander avec ardeur , avec hu-
milité , avec toutes les marques de l'inftance. Implo-
rare. Le pécheur doit implorer la miféricorde de
Dieu avec larmes & contrition. Cette veuve va im-
plorer le fccours de la Jufiice pour venger la mort
de (on mari,
Oa
a
i
I M P
On dit aufli que la Jiifticc Cccefiaftiquc implore le
hras fcculicr , pour avoir main forte dans l'exécution
de les jugcmens , ou pour certaines proccciures qu'elle
lie peut pas faire, comme une vente de n.Knililes ou
d immeubles pour laquelle on obtient une lentcnce
du Juge Laïque.
IwPLOKÉ, £E. part.
lAlPOLI, lE. adj. Ce mot cft nouveau ; l'Abbé de Bel-
Icgardc s'en eft iervi , Se l'ufage l'a confirmé. Impoli-
cus. Ce mot exprime leul ce qu'on ne pourroit dire
que par un circuit de paroles. i^G^H liynjlie qui efl
ians pohtellc, qui manque de belles manières, par
Ignorance ou par mépris des bienléances de conven-
tion dans la vie civile.
C'eft un plus grand dé&ut, dit M. l'Abbé Girard,
d'are grqffkr, que d'être iîmplement impo/i , ik c'en
efl: encore un plus grand d'être rujlique. L'impoli
manque de belles manières ; il ne plaît pas. I.e grof-
Jiertm de défagréables ; il déplaît. Le rujlique en a
de choquantes; il rebute.
On foutfre l'impoli dans le commerce du monde;
on cvm le grojjïerj on ne fe lie point du tout avec le
rujlique.
IMPOLITESSE, f. f. Ce qui eft contraire à la polited'e.
Impolitia , inconcinnitas , inurbanuas. ^ Vimpoli-
ttil/en'ed pas proprement une ignorance grollîère des
bicnfcances : c'elFainlî que M. de la Bruj^cre caradé-
nie la rufticité. L'impohtejj'e ne va pas julque-là ; c'eft
un manque d'attention à ie conformer au cérémonial
de convention établi parmi les hommes, pour le té-
moigner les uns aux autres de la conlîdération , des
égards. L'école du monde eft bien propre pour guérir
de l'impolitejfc. Si la fierté & les manières hautames
font les lources les plus naturelles de VimpoluefTe
elle eft encore plus fouvent le défaut des gens qui ont
eu une médiocre éducation, comme la grolîîércté eft
le défaut de ceux qui en ont eu une mauvaife , &: la
rulbcite, le detiut de ceux qui n'en ont point eu.
/^oj'ej Politesse.
IMPOLLU, UE. Vieux, adj. Pur, net, fans tache. Im-
pollucus, a, um. fCT Corneille a employé ce mot
dans fa Tragédie de Théodore. De l'époux flans ma-
cule, une époufe impollue. Szns macule Se impollue
ne font pas des mots faits pour entrer dans un vers,
IMPORV.ITOR, f f. Nom que les anciens Romains
donnozent a un dieu de la campagne Se de l'agricul-
ture. Imporcuor. C'etoit celui qui préfidoit à la troi-
lieme façon, ou au troillème labour que l'on donnoit
aux champs, c'eft à dire au labour qu'on leur don-
noit après avoir femé le grain, parce qu'alors on la-
bouroit la terre en Liions élevés , qu'on appeloit vor-
c^. on luidonnoit le nom à' Imporcitor. Le Flamine
''^Vf'V"™'^^°"; ^^ ^*''" Imporcitor dans le ficrifice
quil faifoit a Ceres cV' à la Terre. Foye^^ Saumaife
lui Solin , ;;. J24 & fuiv. ^
IMPORTABLE, ad;. Vieux mot. que Nicot dit avoir
ete employé pour , Qui r.e fe peut porter ou tolé-
s^kur;:;::;^^"^'"'^^^^^''^"-^^'-'^
i^lPORTAMMENT. adv. D'une manière importante.
Maxime.Qei homme m'a (ervi imponamment , en
des occafions d'importance. Ce mot n'eft pas Fra-i-
cois , quoi qu'il fe trouve dans quelques livrr^
rr IMPORTANCE, f. f. Terme'qtS nT h va-
eur réelle ou imaginaire d'une chofe. Momentum
O importance Se important fignifient la même chofe'
^e qui a , ou ce a quoi nous attachons une grande
^i) V.'l '"'P°'\T' °" à-importance. Magni prc-
tu Voila un meuble, u<i tableau d'importanL C'eft
un pro^s ^importance , ot\ il y va de tout mon
bien. Magm momemi. Mne af&ire eft de grande
^Wonance , foit par elle même , foit pï les cÎ
confiances qui l'accompagnent, foit par les ui, es
e bitn commencer. Homme A' importance, faire
homme à-importance. Foyc^ Important
Sr nt- d"" '^■^^-^^^'^-fignihe. Beaucoup,
^ ^ P 97
d importance. Mot. Je vous ilTiii - n,,-. • 1 j- /. '
IMPORTANT, ANTE ad^ n„; a ^
tr-:^ r^ ,, . , ■^"i- Qui cit de conféniidir
:cnce
t
par les ûrconilances qiu hi coinn. ""T" ^"'
les fuites qu'il peut avoii />, ' r ' '' ^"
=^^^.^S r^r^i—'^-'-
^^^l'^rcât""^^^^'— ^^'^?-
la Morale io ""' """-"^ "■^^"«--'^ ^ toute
réelle C'eft a^'n; j -P'"" / '^^^"' 1^ ^ U"c valeur
f on cl ni "^ " ^"' ^"" ^"="" '•'^'^•"te pcr-
aZ q -rarc?"d,r"T r" '^^^^ ^^""•'^'-
de h camciré rvft ' ^ ■> ^"to-i^é , du lavoir,
dette mitoyen entre le lufhfinte^' l'arrogam FolTr
onceS£.^^^^^^.^"-^^^'SSr^2
Pendant qu'on ne'fait q^c^lS K'^^ . rrX a
K;r""°"^ = '"^"'--»p'-:c';ft
IMPORTANT. C m. Qn donna ie nom ^im.,r.ans
au commencement de h minorité de Louis xîv
Be^ " t" '^'-\^^'S"-"« q"' avoient le duc dé
Beaufou a leur tête , qui avoient été attachés à la
R .ne Anne d'Autriche, Se qui aftec^oient de il gra-
vite Se du myftere dans toutes leurs démarchef t
toutes leurs .actions. Le Cardinal de Rt'pa.e S &
uiv. du premier tome de Tes Mémoires .la fle^po^
nait &: nomme plusieurs de ces i;.;>.r^„r Le Du^
de Beaufort ne put fournir que la Reine eût donn^
fa confiance au Cardinal Mazarin : il s'en plaigmf
^ fc mit oontre lui à la tête d'une cabale a nneée
L^ cabale des importuns. Abrégé chronol. de 'l'Hift
de France fous le règne de Louis X I V. Le Duc d'En-:
-Anglojs gratifient aux frais de l'Etat les exLràteurl
dcsgrams. Ne feroit-il pas auftî raifonnabîe de ,u'
'^ner l'importateur^ "'c ae gia-
r? IMPORTATION, f. f. L'adion de faire venir
iX^rv''^' r'I. "" '^y' ' '^' --chanïfer du
aenois. L oppofe eft exportation. L'objet du com
merce eft l'exportation & l'importation cï fat u° "^
niïïa,?7^'''- 't^"T ^"«"^-rc-e. Faire ve-
nir dans fonpavsiesprodudions étrangères. Impor-
tare. Son oppofe eft exponer. "^
pnel,qui fîgmfiectre de conféquence. Interelfe.
Le luccx-3^ de cette négociation importé à toute l'Eu-
rope. Qu ,;77wr.-L--^il à un homme de gagner tout le
monde si! perd fon ameî Les chofes indifférentes
lont celles qui n'importent à perfonne. Vous ne vou-
lez pas croire cela , que m'importe ? m
Qu'Importe , fe dit auilî d'une chofe dont on ne fc
ouvientpas. & du nom de laquelle il n'eft pas abfo-
lument iieceifaite de fe fouvenir : on dit après avoir
un peu rêve, Monfieur (qu'importe?
L'illujlre Chevalier, qu'importe. Chap.
êO^ IMPORTUN, UNE. adj. fouvent employé fubft.
N
,8
I MP
C'eft celui qui non kulement embarmlTe & incom-
mode, mais qui devient acliarge a foixe d alliduitc
par des ditcours liors de i.ulon, en gênerai par des
adions déplacées qui durent trop long-tems ou re-
viennent trop louvent. On le dit des choies qui pro-
duUent (ur nous le même eftet , toit par leur durée,
fou par leur fréquence. Molcfius Ceft un rolc bien
tnfte que celui d';/7./.or«/2. C'eft le rôle d un lot, du
la Bruyère. Un homme habile lent bien s il ennuie.
Le bruit eft importun aux malades. Des cris impor-
tuns, une iovi\c importune. Les,amis importuns ront
fouhaiter d'être indiftérent. S. EvR. On rejette lans
celle ridée importune de la mort, & Ion eft lurpns
avant que d'y avoir bien penfé. Les longs compli-
mcns lont importuns. Sa modeftie cachoit une gloire
importune. FlÉch. Un dilcernement trop de icat ell
importun à:ins la foc.cté. Bell. Les vieillards le don-
nent une autorité importune de cenfurer tout. i.. LvR.
La vérité eil louvent importune. Boss.
Lui dont l'ame inquiète , à foi-même importune ,
fc fait un embarras de fa bonne fortune. Boil.
f ois-tu cet importun , que tout le monde évite ,
Cet homme à tou/ ours fuir, qui jamais ne vous quitte f
Idem.
Ce mot vient du Latin importunus. Fellus dit que
importunum illud efl in auo nullus efi portus nullum
auxilium ; qu'on appelle importune , une cirole ou
une perfonne qui eft fàeheule, ou qui ne peut appor-
ter aucun foulagement. Servius dit -qu' importunus
eft dit , tanquam fine portu , fine quiète : ce qui re-
vient à la précédente étymologie.
IMPORTUNÉMEN I. adv. D'une manière miportune.
Importuné , molefè. Il y a des gueux qui deman-
dent Cl importunement , qu'on eft contraint de leur
donner quelque chofe. «v-^ t>,
IMPORTUNER, v. aft. Se rendre importun. Hhf De-
vemrà charge par les alllduités , par des difcours,
■par des adions hors de lailon. Moleftum cjje. Les
Poètes &: les Plaideurs importunent le monde du ré-
cit de leurs ouvrages^ ou de leurs procès. Si l'hom-
me n'avoit point péché , l'ame & le corpsne le le-
roicnt point importunés par des delirs derailonnablcs.
PoRT-R. Le mérite dautrui nous importune , &
bielle notre jaloufie. La Pl. Urit enim ju/gorc Juo
qui prœgravat artes infrà fe pofitas. HoR. Les Rois
trouvent eux mêmes quelquefois que leur grandeur
les importune. S. ÉvR. Les Amans ne vont plus
importuner les forêts de leurs plaintes , & de leurs
• foupirs. CoRN. On ledit aulîi par civilité. J'ai peur
de vous importuner par mes lettres , par mes vilites.
Ces malheureux guerriers , que leur honte iniportune.
Porter jient dans ton camp leur mauvaije fortune.
Breb.
Impotuné ée. part, palf, & adj. Moleftiâ affeclus.
IMPORTUN ITÉ. f. f. Adion îfT d'importuner par
[es alllduités , par des difcours déplacés , par des inl-
tances réitérées. Importunitas , feduiitas pertinax.
Je fuis las de tant d'importunités. Les Princes ont beau-
coup à foutfrir des importunités des demandeurs.
Combien de gens font des aumônes que Vimportumté
des pauvres arrache de la main , &c non pas du cœur.
FlÉch. La vieilleife évite la foule par une humeur
rétirée, qui ne peut fouffrir Vimportunité , m l'em-
■ barras. S. ÉvR. On ne voit que trop louvent Vim-
portumté d'un Courtifan que rien ne rebute , l'cm
porter fur le mérite. M. Scud. On accorde tous les
jours à ['importunité opiniâtre, ce qu'on retule à la
vertu. Boil. Les emprellcmcns d'un Amant hai
font regardés comme de fàcheufes importunités
Bell. -n h ut
IMPOSABLE, adj. m. & f. Terme des Aides. TaïUable ,
qui peut être mis à la taille , fur qui la taille peut être
impofée. Vecligalis , e. Un Arrêt de la Cour des
Aides du ; Mai 1724, déclare que tous IcsEcclélial-
I M P _
tiques &: toutes les Communautés féculières & régu-
lières feront impofables , &c pourront êtf e compris
au rôle des tailles pour raifon de nouvelles açquill-
lions par eux faites , & pour railon des hrimeubles
qui leur échéront par fuccelîîon & donation collaté-
rale.
IMPOSANT , ANTE. adj. v. Qui impofe, qui eft pro-
pre à s'attirer de l'attention, des égards, du refped.
Un air impofmt , un ton impofant , une gravité im-
pofante.
IMPOSER. V. a. &: n. Mettre une chofe fur une autre.
Imponere. Il n'elc prcfque pas en utage en cefens^
au propre.
Imposer , en termes d'Imprimerie , fe dit des caradères
ranges & difpofés par pages, lorfqu'on les enferme
dans un chaÙis, & qu'on les ferre avec des coins pour
en laire des formes entières. §3° C'eft mettre les pa-
ges fur un marbre félon la fituation où elles doivent
étrCj pour être miles enfuite lous la prelîe. Toute
cette feuille eft compofée , il ne refte qu'à Vimpoftr
& à la tirer.
Imposer les mains, fe dit de la cérémonie qui fe fait
en donnant les Ordres , quand l'Évêque confère^ le
caractère facré , en impofant les mains lur l'Eccléfiaf-
tiquc qui le re(^oit. Les Apôtres ont commencé à im-
poj'er les mains fur les Diacres qu'ils élurent. Actes,
chap. 6 . verf 6 . C'eft delà que x^W"»'» , ou impofi-
tion des mains , lignifie chez les Grecs le Sacrement
de l'Ordre.
On dit ironiquement , qu'on a impofé les mains fur
quelqu'un , pour dire qu'on l'a banu & frappé.
Imposer, lignifie auili Charger , ordonner, prefcrire,
aftlijcttir à quelque peine , fatigue ou dépenfe. Il eft
fâcheux de nous voir impofer un joug que n'ont point
porté nos pères. C'eft au vainqueur à impofer des
loix, des conditions. Pourquoi vous êtes-vous impofé
cette contrainte? Corn. La nature nous a impofé la
nécelilté de mourir. Impofer filence à la raifon. J'ai
impofé lîlencc à ces Batteufes penfées qui fe préfen-
tent fans celle pour entier nos cœurs. Boss. Dans les
lettres d'abolition le Roi dit qu'il impofe un filence
perpétuel au Procureur Général , pour l'empêcher de
pourfuivre une aftaire.
Imposer , lignitie aulli , Faire une taxe .charger d'un tri-^
but les perfonnes ou les marchandiles. On a impofé
le fou pour livre fur les denrées ; ce qui s'eft appelé
fubvention. La taille s impofe dans les Paroiftès par
les Aftéeurs & CoUedeurs.
Imposer un nom à quelqu'un, c'eft lui donner un
nom. Adam impofa le nom à tous les animaux. Plu-
fieurs Conquérans ont impofe leur nom à des villes.
Imposer, lîgnihe aulli Charger, accufer. Cet homme
s'eft bien juftitîé des crimes qu'on lui avoir impofes.
ffT Imposer j lignifie aulli infpirer , imprimer un fenti-
ment de crainte , de refpeCt , de conlîdération , &c.
par des qualités réelles ou apparentes. On le dit des
perfonnes & des choies. L'air , le ton , les rnanières ,
la naillance impofent. La grandeur , la beauté , l'éclat,
la dépenfe, impofent de même. La préfence du Sou-
verain impofe du refpcd , infpire , imprime. La mine
d'un homme impofe , fait naître une opinion plus
avantageufe qu'il ne mérite. Nos pallions nous
trompent & nous impofent en nous propofant pour
un vrai bien celui qui n'eft qu'apparent. La Poélîe
impofe à nos oreilles-, la pertpedive impofe à nos
yeux. Il faut avoir bien mauvaile opinion des hom-
mes, que de croire leur impofer pa.T des carelfes étu-
diées , <Sc par de longs «Se Itériles embrallemens. La
Bruyère. Je n'ai prefque vu jufqu'ici perfonne de
bon fensj à qui le monde ait impofe au point de le
trouver plus beau & plus aimable dans la luite , qu'il
ne lui avoir paru lorlqu'il avoit commencé de le con-
noître. Idem.
Et fcs roulemens d'yeux, & fon ton radouci,
iV'impofcnt qu'à des gens qui ne font point d'ici.
Mol.
Imposer , en ce dernier fens, fe dit quelquefois abfolu-
I M P'
meiît. Sa mine, fou .\h\ fis manicfcs anpofcnt. La
prononciation de cet A.itur, de ce i'icdh.ateur im-
pofc.
Quand on mer la particule en devant le verbe ïm-
pofcr, il fe prend en mauvaile parc : vous m'en impo-
fer, veut dire, vous rn'cu iaices accroire, vous me
trompez : mais quar.tl le verbe ïmpofcr ne!]: point
précédé de cette particule , (a iignilîcation ell déter-
minée en bonne ou en mauvaile part par la fuite du
difcours , & par les choies qui iont ejîoncées. Cet
homme ïmpoj'e par fa retenue , par fa modeftic , par
fes belles quilités. Cet homme a quelque chofe de
grand qui ïmpoj'e. Dans ces phrafes , le verbe impofcr
fe prend cii bonne part, ik. lignine gagner, attirer
rcllime , railcdtion, lerelpeet, la vénération.
tfJ' Pour dire tromper , abuf;;r , il faut toujours dire en
impoj'cr , ik non impofer. Acad. Fr.
En hnpofer à quelqu'un , c'eli: le furprendre , lui
en taire accroire. Vous m'en impofe'^ ; vous voulez
m'en impofcr. Quclqueiois il ell fynouimc de men-
tir. Ne le croyez pas il en impofc.
Imposer. M. l'Abbé de la Trape dit impojer des pfeau-
mes , impojer des ancicr.nes , ce qui ne lignifie pas les
chanter avec les autres qui font au chccur, mais les
chanter feul comme on chante les antiennes devant
les pfeaumes ; & à l'égard des pfeaumes , c'eîl les
commencer, ce qui ie fait lorfqu'un leul chante la
moitié du premier verfet qui eft continué par les au-
tres qui (ont au chœur. D. Jofeph Mége , dans fon
commentaire fur la règle de S. Benoît ., le lert du mot
d'entonner, au heu de celui d'impojer.
Ce mot d'/OT^o/tvdans le lens qui vient d'être ex-
pliqué, vient du mot Latin imponere , dont S. Benoit
s'eit lervi dans la règle. Le P. Martene , dans fon
commentaire en Latin fur la règle de S. Benoît , ex-
plique le mot à' imponere par celui d'incipere ^ com-
mencer , (Se il cite fur cela Bernard du Mont-Callîn ,
&■ Bohérius, puis il ajoute que le P. Ménard & le P.
Le Ceinte expliquent le mot d'imponere par celui de
pronunciare , prononcer , foie en chantant , foit en
récitant.
Imposé , ée. part. palf. & adj.
IMPOSEUR. (. m. Qui impofc. Imponens. Parmi les
quarante & une feetes qui font forties du Luthéranif-
me , il y en a une que Jovet appelle les Impofeurs
de mains. P^oye^ (on /. Tome ^ p. 4y s-
IMPOSITION, f. f Adion par laquelle on impofc.
Impofiûo. La million Évangélique, la puinance d'ab-
fpudrc , fe fait par Vimpojîdon des mains du Supérieur
Éccléiîaftique. Vimpofiàon des mains étoit une céré-
- monic Judaïque qui s'étoit introduite j non par quel-
que loi divine, mais par la coutume : toutes les fois
que l'on prioit Dieu pour quclquun, on mettoit ks
mains fur la tête en priant Dieu qu'il l'accompagnât.
Jésus-Christ afuivicette coutume, foie qu'il fallut
bénir des enians , ou guérir des malades , en joignant
la prière à cette cérémonie. Les Apôtres de même
impofoient les mains à ceux à qui ils conféroient le
S. Elprit. Les Prêtres en ufoient ainfi lorfqu ils intro-
duifoient quelqu'un dans leur corps , & les Apôtres
eux-mêmes recevoiem de nouveau \'im*ofnion des
mains , lorlqu'ils s'engageoienc à quelque nouveau
delfein. L'ancienne Églile donnoit Vimpofaion des
mains à ceux qui fe marioienr. Les Abyliîns le font
encore. Mais ce nom qui eft général dans fa première
fignification , a été reftreint par l'ufage à Vunpofuïon
des mains par laquelle on confère les Ordres. Parmi
les Proteftans, Fridéric Spanheim a fait unedillcrtation
de impofitione manirnm ejufque ufu anciquo , & abufu
moderno, qui fe trouve dans le IL Tome de fcs ouvra-
ges. Tribenhorius en a fait aullî une de Impofitione
rnanuum. J. Braunius a fait un difcours fur le même
fujet.
Imposition, en termes d'Imprimerie, fe dit Ct7de l'ar-
rangement & de la comparaifon des pages que le
Compolîieur a faites , & de l'adtion de les garnir de
leurs bois. Voyeii Imposer.
Imposition , fignifie figurément l'aftion d'impoferqucl
que charge onéreufc. Vimpofition de la taille. Vim-
Tome y.
I M P
99
poftlcn à h taille. L'impofuion d'un nouveau droit,
d'un nouveau l'uiilidc. L'unpoftion d une peine, dune
pénitence. Pris abfolumeiit, ce mot lignine auiii le
droit impofc fur les choies tk. i'ur les peri'onnes. Im-
pofition nouvelle, cxceilîve, de iaire payer les impo-
fitions.
Il lignifie l'impôt & la répartition qui en eft faite
fur les contribuables.
Imposition, le dit auiii d'une efpèce de tranfplantatioii
qui fe fait pour la cure de certaines maladies. On
prend le plus que l'on peut de la niumie ou de l'excré-
inent de la partie malade , ou de tous les deux cnfem-
ble; on les place dans un arbre, ou dans une plante-
entre l'écorce & le bois, & on recouvre le tout avec
du limon. Au lieu de cela^ il y en a qui font un trou
de tarriére dans le bois pour y placer cette muniic ,
ou cet excrément ; après quoi ils bouchent le trca
avec un tampon du même bois, & mettent du limon
par deliiis. Si l'on fouhaite un etïet durable, on doit
choifir un arbre de longue durée , comme le chêne.
Si oii le veut prompt , il faut un arbre qui croiffe
promprcment; &c en ce dernier cas on doit retirer ce
qui icrt de milieu à la traidplantation , fitotqucl'cKec
s'eft enfuivij à cauil- qu: la trop grande altération de
l'efpric pourroit apporter du préjudice au malade. Ce
que l'on .appelle ici Mutuie , eft la portion de l'efpric
vital qui fait l'es effets.
IMPOSSIBILITÉ, f. f. Négation de polfibilité , ce qui
convient à tout ce qui renferme contradidion. Les
Hérétiques oppofent contre les myftères de la Foi
de prétendues impojjîhilites qu'ils tirent de la rai-
fon , en prétendant pouvoir comprendre par leur
efprit l'étendue infinie de la puillànce de Dieu. Log.
Il eft bien difficile de juger de la polîîbilicé, & de
VimpoffibiUté des ciiofes. Abl. On dit par exagéra-
tion , cela m'eft impolfiblc de toute impoffûilïté.
C'eft le propre du zèle Apoftohque de compter
pour rien les ïrnpoffibdites qui paroiilent dans la
grande entreprile. Bouh.
§3' On diftingue trois fortes d'impoffibilités , la méta-
phyiique , la phyfique & la morale. \J impoQibiUté
métjphyfîque vient de la nature, de l'eftence de la
chofe , lorfqu'on lie les idées qui impliquent con-
tradiction , qui répugnent , comme cercle quarréj
bâton fans les deux bouts. Vïmpoffibilïté phyfique
eft fondée fur le cours ordinaire de la nature. Il eft
phyllquement impoiîible que le foieil s'arrête dans
la courfe. V impojfibiUté morale lignifie feulemeiît
une grande difficulté. Elle fe tire de l'iîfage , de
l'habitude , du train ordinaire de la vie. Il eft mo-
ralement impoiîible que des femmes foient long tcms
enfenible fans babiller.
On diftingue encore une impcJ/IMlite' zhfoluc , &:
une autre qui n'eft que relative , eu égard aux cir-
conftanccs où l'on fe trouve. Un homme fortement
lie & garctté eft dans limpoffibilite' relative de cou-
rir à toutes jambes ; mais iî n'eft pas dans une im-
poftibilité abfolue de le faire. Car il pourroit cou-
rir , s'il étoit débarrafté de fcs liens. La délectation
viclorieufe des Auguftiniens ne lie point le pou-
voir phyfique qu'à la volonté d'y réfifter : ainlî fous
cette dèleétation on conferve la liberté î
IMPOSSIBLE, adj. m. & f. & fubft. Qui ne fe peut
faire. Impojfibdis , qui fieri nequit. Une chofe eft
impojfille J quand elle renferme deux idées qui fe
détruilent mutuellement , & que l'on ne peut ni
concevoir , ni réunir enfemble par la penfte. Ainlî
il eft impoffible qu'un cercle foit quatre , parce que
nous concevons clairement que la quadrature & la
rotondité fe détruilent par leur figure diredement
contraire. Le Cl. Il efT: impoffdle de faire un bâton
fans deux bouts. Une chofe moralement, phyfique-
ment, métaphyfîquement impojfible. f'^cyei Impos-
sibilité.
Alléguer /'impolTible aux P^ois j c'cft un abus.
N ij
La Font,
loo I M P
Ji vols bien que mon cœur afplrc iî /'impoflible ,
Et que tous fes d'jjjeins ofcnt plus qu'il nefauL
GoM.
Ce qui eft contraire au devoir & au bon fcns s'ap-
pelle impojjîûle entre ceux qui railonnent , comme
parmi les Jurifconlulces on appelle conditions im-
pojfibles , celles que le devoir &c la railon ne per-
mettent pas d'accomplir , encore qu'elles Ibicnt très-
poUîblcs en elles mêmes à qui ne voudra écouter ni
le devoir ni la raifon. Pélisson. Nous foutenons
que dans l'occalion & les circonftanccs , dont il
s'agit , ces paroles , ceci ejl mon corps , ne le peu-
vent entendre au fens Calvinille , parce qu'en ma-
tière d'explication^ ce qui cCt contraire au bon lens
& à la droite raifon, s'appelle ImpoJJlbU. Id.
On le die aulîi par cxtenllon de ce qui n'eft que
diiïïcile. Il m'elt Impojjlhle de me lever marin , de
<lormir. Pour vous lervir je tenterai \'lmpoJ]ihle , je
ferai VlmpoJJïbk. Ces mots faire & tenter Vimpojfi-
llc, ilgniiient faire toutes fortes d'efforts , employer
toutes fortes de moyens pour faire une choie dont
on ne peut venir à bout , du moins qu'avec beau
coup de peine. Je viens de commencer à apprendre
le Siamois j'avois peur de n'avoir pas allez de
tems , & peut-être de tenter Vimpojfihlc. De Choisi.
On dit 5 réduire un homme à Vlmpojfible , po'^r
dire , exiger d'an homme ce qu'il ne peut faire.
En Logique on dit , réduire quelqu'un à VlmpoJJi-
ble , pour dire , le réduire' à ne pouvoir répondre
fans tomber en contradiction.
Par Impossible. Formule qu'on emploie dans le
difcours , quand on (uppole une choie qu'on lait
bien être InipoJJlblc. Si par impojjible on redevenoit
jeune. Ac. Fn..
On dit proverbialement , à l'impojjlble nul n'eft
tenu.
IMPOSTE. C. f. du Latin Impofuum , mis delfus. Ter-
me d'ArchiteiiuiC. C'eilune petite faillie, ou avan-
ce j & eliDCce de corniche , fur laquelle pote une
voàce ou arcade. Incomba. Ce bâtiment eic demeuré
imparnir , il n'eft élevé qu'à hauteur à'im.pjjlc. On
l'appelle .autrement le coufjlnet , pour recevoir la
retombée de l'arcade. Uimpojle eic li eifentielle dans
Li compofition des ordonnances , que lorfqu'il n'y
en a point , il arrive qu'à l'endroit où la ligne courbe
de l'arc fe joint à la ligne à plomb de l'alerte j il
fembk qu'il y ait un coude. Dans l'architcclure an-
cienne les impojies ont trop de faillie, h'impoj'te
eft difiéreme lelon les diftérens ordres. . La Tolcanc
n'eu: qu'une plinthe. La Dorique a deux faces cou-
ronnées. L'Ionique a un larmier au-delfus de les
deux faces , & les moulures peuvent être taillées.
• La Corinthienne &c la Compofite ont un larmier ,
une frife s & d'autres moulures qui peuvent au!Îi
être taillées. L'imp,oJie coupée , eif celle qui ell in
terrompue par des corps , comme par des colonnes
& des pilaltres , dont elle excède de beaucoup le
nu. Vlmpofte cintrée , eO: celle qui ne fe profile pas
fur le piédroit d'une arcxide ; mais lert de bandeau
à cerre arcade , & retourne en archivolte. L'impojh
mutilée , eft celle dont la faillie eil diminuée , pour
ne pas excéder le nu d'un dollerct , ou d'un pi-
lailre.
Imposte lignifie aulli cet ornement de moulures , qui
couronne un pied droit fous la naillancc d'une ar-
cade , lequel lert de bafe à un autre ornement cin-
t-ré appelle Archivolte. Frézier..
IMPOSTEUR, f. m. 1^ Dcccptor. Ce mot fignific
littéralement celui qui en impofe aux autres hom-
ines, qui les trompe, qui les léduic par d-s acirions
ou par des paroles , qui abufe de leur confiance ou
de leur foiblelfe , de quelque manière que ce l'oit.
Celui qui impure fiulfement à un autre ' quelque
choie d'odieux , elt un impofteur. Celui qui invente
ou qui débite une frulfe doétrine pour léJuire k
peuple , eft un impojleur. Celui qui cherche à fur-
prendrc les autres par de fau;l;s apparences depro-
I M P
bité , de vertu , &c. cft un Impojleur. Les Prêtres
des faux Dieux étoient des Impojleurs. Mahomet a
été un grand ImpoJUur. Les faux Prophètes étoient
des impojleurs. Ceux qui débitent de taux miracles,
les Alchimiftcs , les Charlatans , hoc genus omne , lonc
autant A'impojleurs. Molière a intitulé une de les
comédies , î'artuiic ou V impojleur. De tous les trom-
peurs il n'y en a point dont on le défende moins
que des impojleurs ëc des fourbes en matière de
Religion. Bell. Un impojl.ur adroit réuffit mieux
dans le monde qu'un honnête homme rullique Hc
fauvage. S. Évr. Nous qui fommes hommes , ne
fivons nous pas jufqu'à quel point d'autres hommes
ont pu être impojleurs ou dupes ; Fonten.
Ces lieux de mon amour Jl long-tcms les témoins ,
Qui J'embloient pour jamais me répondre du vôtre ^
Sont autant û'^impoftcurs que je ne puis foujjrir.
Imposteur fe dit dans un fens plus étroit de ces té-
méraires qui ont voulu palier pour d'autres que ce
qu'ils étoient. On a vu de ces impojleurs dans tous
les hècles qui ont tâché de ravir des couronnes ou
des fucceilions ; mais ils ont prefque tous fait des
fins malheurcufes. Sraerdis qui s'étoit emparé du
Royaume de ferle , comme étant le frère de Cam-
bile , dont il avoir beaucoup de reflemblince , fut
maflacré par lept Seigneurs Periiens. Quatre faux
Démétrius périrent fuccellivement en voulant s'em-
parer de l'Empire de Moicovie. Nous avons vu en
France un François de la Ramée , qui eut l'audace
fous le règne de Henry IV. de fe dire fils de Charles
IX. & d iiliiabeth d'Autriche la femme , qui fut
exécuté à Paris , &: tout le monde fçait la tin fu-
neîte du faux Martin Guerre , [ Arnaud du Thi ]
qui s'étoit emparé de la fucceilion & de la femme
de Martin. Enfin il s'eft trouvé une li grande quan-
tité de ces forces a'impojleurs , que M. Rocoles les
a recueillis, & en a tait un livre.
En termes de littérature , on donne le nom
A'impojleurs à ceux qui veulent faire palier un ou-
vrage de leur compofition pour celui d'un ancien,
ou celui d'un ancien pour le leur. Annius de Vjterbe
a été le plus infignc de tous les impojleurs. Il en
coûta la vie à Charles Sigonius ._ pour s'être mij au
rang des impojleurs. Il publia un Traité de la con-
f.)lation , comme étant celui de Cicéron qu'il avoir
recouvré ; en reconnut qu'il étoit lui même l'auteur
de cet ouvrage , &: il eu mourut de chagrin.
rO" Imposteur eft aulli adjedtif. Air impofteur. Dif-
cours impojleur. Il n'y a point de prudence à l'é-
preuve des fourberies d'un homme qui vous dit d'un
air unpofleur, que vous pouvez compter fur lui :
On dit adjeétivemcnt un difcours impojleur , un
ton , un air Impojleur. Voile Impojleur.
Env.iln dans l'Univers , mieux cncor dans lui-
même ,
Touf lui peint du Très-haut la JageJJe fupréme ,•
Comment y vetrolt-ll les traits de fon Auteur?
Tu tiens fes yeux couverts fous un voile impofteur.
Ode à l'erreur. Nouv. Choix de vers.
ifJ' IMPOSTURE, f f. Du Latin impofura , Impo-
nere , tromper', en impofer , abufer delà contiance
ou de la fimplicité de quelqu'un. C'eft le crime de
celui qui en impofe aux hommes par des adlions ou
par des difcours.
Ce mot eft quelquefois fynonime de calomnie,
&: défigne l'imputation de quelque chofe d'odieux ,
fautlcment faite à quelqu'un , dans le deiicin de
lui nuire. Caluninla. C'clf une Impofure horrible.
L'impofture eft trop groflîère. On rélute , on dé-
truit une Impofv.ivc. On le juîtihe d'une impofiure.
Quelquefois .aufii impofure lignifie la même chofe
qu'hvpocrifie , tromperie dans les meeurs , dans la
î M P
cor.Juitc. Simulado. Il y a des gens ..Ion: I.i vie cfl:
une impof.urc continuelle. J'ai reconnu ïi'ripojlure
de vos proiîieires.
L'ambition, l'honneur, l'ïntéra , /'impoRure.
Qui font tant de maux parmi nous ^
Ne fe rencontrent point chc^ vous. Des. I-I.
Envain du fard au luxe ajoutant /'impoftiirc ,
Tu veux de tes vieux ans nous deguifer l'injure.
Corneille.
Cet injlant malheureux corrompant la nature ,
Fit que l'homme connut & chérit /'impoRiire ;
C'efl elle , cher ami , qui toujours met le prix
Aux livres réprouves qui courent dans Paris.
tfT Imposture fe dit aulFi de rillufiondcs fens. Vim-
pojlure des fens féduit fouvent la niilon. Blandus
error. Cérilî a dit dans L\ métamorphole en parlant
d'une eau claire :
C'ejl-là que l'œil foujfrant de douces impoflurcs ;,
Confond tous les objets avecque leurs figures.
iMPOT. f. m. Charge impoféc par le Souverain fur
le peuple , & fur les denrées pour lubvcnir aux né-
cellités de l'État. {fT Trihutum. C'efl: proprement
une contribution que les particuliers (ont cenfcs
payer à l'Etat pour l.i conlervation de leurs per-
fonnes & de leurs biens. Impôt lur le vin , far le
tabac j fur le papier , &c. établir , auijmentcr , dimi-
nuer, lever les impôts.
Klz mot efl: pris du Latin Impofituni , îk non pas
à'impqfitio. Impojitum , impoite , impôt.
Impôts et Billots de Bretagne. Droits qui f; lèvent
fur les vins , eaU-de-vie , cidre , bière qui le yen-
dent (ïc diRribuent dans la Province ce Bretagne.
L'Impôt eil un ancien droit établi dans Li province de
Bretagne du tems des Ducs de Bretagne. Il cil ré-
glé à 45 fols par muid de vin crû hors de la Pro-
vince , & à i 1 fols 6 d. fur celui du crû de la Pro-
vince , lorfqu'il fe débite en détail dans les ca-
barets.
Le Billot efl un autre droit qui cor-fiilc dans la quan-
tité de douze pots par pipe de via , cidre ou bicre
de quelque crû que ce foit. Il fe paye a proportion
de la vente & du prix, que chaque pot e(t vendu en
détail par le Cabaretier.
Les Droits des Impôts & billots de Bretagne font com-
pris dans les Fermes générales j éL' iront partie des
Aides.
IMPOTENT , ENTE. adj. qui eft perclus , ou privé
du mouvement , ou de l'ufage de quelqu'un de les
membres _, d'un bras ou d'une jambe , de quelque
manière que ce loir , foie par accident , foit par
un vice de cQnformation des organes. Mutilus ,
membrorum ufu privatus , captus. Un rhumatiilne ] a
rendu impotent, il ne peut marcher qu'avec des
potences. Théobalde devint impotent, Se perclus de
fes membres. Mézerai.
A L'IMPOURVÛ. adv. Avec furprife. Ex improvifo.
Les ennemis font venus à Vimpourvà , Se ont furpris
la ville. Une fortie à l'impourvù. Durier. Foye^
improviste.
IMPRATICABLE, adj. de t. g. Qui ne peut être pra-
tiqué. On le dit des chofes qu'on ne peut faire , &
des perfonnes avec lefquclles on ne peut vivre. Ce
que vous me propofez-ià , efl; tout-à-fait impratica-
ble. Cet homme efl; impraticable : il efl d'un efprit ,
d'une humeur impraticable , on ne fauroit vivre avec
lui.
îiM praticable. Il fe dit auflTi des chemins, où l'on ne
fiuroit pafler. Invius. Ce font des chemins imprati-
cables. C'eft un lieu impraticable. Rendre un paflàge
impr.uicahU\
I M P loi
Impraticable, fe dit aulil d'une maifon , d'un ap-
partciiicnt où 1 on ne peut habiter en certahie fai-
ion , à caufe de quelques incommodités. Inhabita
bilis. Cette maitbn eli jolie , mais elle elt imprati-
cable en hiver. Voilà une belle chambre, mais la
fumée la rend impraticable la moitié de l'année.
iMl-RtCATION. 1. f. M.-.ledicaon , fouhait qu'on fait
contre quelqu'un afin qu 'il lui arrive quelqiie mal. //;;-
precaiio,malediciio, diva deprecctio. Didon tait de gran-
des imvrécations contre Énée & contre Rome, avant
de mourir. On en fait quelqu?foJs par manière de jure-
ment, & pour contirniation de ce qu'on dit.Que je ne
puifl'e jamais entrer en Par.idis, il cela efl: vrai. Saint-
Amant fait une imprécation contre la ville d'Lvreu.x ,
parce que de fon tems il y .avoir plus de trente iiglifcs
&: pas un pauvre cabaret. On dit , pouilcr des impré-
cations. Tasc. Donner des imprécations. Roch.
Charger quelqu'un à' imprécations.^ I.'Acad. Jcfus-
Chrill a domié cette règle aux Chrétiens, de pardon-
ner toute injure, ik. de bénir ceux qui les clmrgcut d';;vj-
précations. Bourd. l'xh. II. p. i6.
UCF Imprécation. Terme de Keuhorique. C'efl: une fi-
gure par laquelle l'or.iteiir f.iit des louhaits coiiirc
ceux à qui il adrelfe la parole : Vœux dictés quel-
quefois par l'horreur pour le crime , quelquclois
par l'indignation , la colère , &c.
Les Anciens avoient de prétendues Déelfes qu'ils
nommoient imprécations, en Latin, Dirx. , comme
qui diroit Deotun int. 1res , ou Colères des Dieux. ^
Ils les faifoient rilles de l'Achéron ik de la Nuit , "
^c elles étoiént les bourreaux des conlciences cri-
minelles. On les confond fouvent avec les Eumé-
nides , ou les Furies , & en elfet c'étoit les mêmes
que l'on .ippeloit Dira , Imprécations dans le Ciel ,
Furies fur la terre , &: Euménides aux enfers , à ce
que dit Servius fur le IV^. Liv. de lÉnéide , p. 34Q.
de \'éd. de Piob. Etienne. Virgile fembie dire, Enéide,
X. XII. V. Sj-s. qu'il n'y a que deux imprécations ,
Se que Mégère ne pcrtoit point ce nom , quoiqu'elle
fût leur Iceur, &: que h Nuit l'eût mife au inonde
avec elles. En effet , les Latins ne reconnoiilent que
deux Imprécations , & les Grecs trois. On les évo-
quoit par des prières & des pièces de vers, pour
la perte des ennemis qu'on avoit. Foye^ Scalxger
dans fa Poétique , L. X. c. s S- ^ Saumaile fur So-
lin , p. 411. .On croit que leur nom Latin Diris,
vient du Grec Aot^ï; qui lignifie Terribles.
IMPRÉCATOIRE, adj. de t. g. Qui fe fait avec im-
précation. Imprecatcrius , a, um. jurement impréca-
toire. P'oye-:^ Jurement. Ce mot le trouve dans les
Livres de Théologie morale écrits en François, &
efl: en ufage dans ces matières.
IMPRÉCIABLE. adj. de t. g. Qui efl hors de prix ,
qu'on ne peut allez prifer. Pafquier s'eft iervi de ce
mot pour inappréciable.
IMPREGNATION, f f. Terme de Chimie. AcT.ion
par laquelle une liqueur s'imbibe du lue ou des pe-
tites parties d'un autre corps , IfT qui par ce moyen
lui communique fes propriétés. Les tiianes devien-
nent capables de produire tels ou tels effets par
Vimpreanation des diflérens funples dont elles iont
compolécs.
En termes du Grand Art^ imprégnation figri.tîe la
génération qui fe fait lorfque la matière étant noi-
re , il y a putréfaéticn.
Ip^ Imprégnation , dans l'économie animale , lyno-
nime de fécondation. _
IMPREGNER, v. a. |Cr charger une chofe de quel-
ques particules étrangères , de manière qu'il y en
ait également partout. Imhuere. Imprégner une li-
queur de fels de parties ferrugineulcs. Imprégner
une étoffe d'une liqueur colorante. On le dit aufli
avec le pronom peiîonnel. Les fels fe fondent dans
l'eau ; mais elle ne pcut^ s'en imprégner que juf-
qu'à une certaine quaritité. L'eau peut_ être en mê-
me tems imprégnée de divers fels qui leront de dir-
férente figure.
Ce mot vient du Latin impngnare , àc pr^gnans ,
une fem.me grojje.
I02 I M P
Imprégné , ée. part, pail Se adj. Imbutns.
ÎMPRENABLE , adj. m. cs: f. Qui ne peut être pris.
inexpugnabilis. L'art de la guerre a été porte ii loin ,
qu'il n'y a phis de pl.ice imprenable;, §3" furtout
depuis linvention de la poudre à canon. On ne le
dit que des villes Se des places de guerre. Au figu-
ré , une femme imprenable ,ell une expreillon dont
on ne peut le l'crvir qu'en riint
IMPRESCRIBILITÉ. f. £ Terme de Droit. Qualité
d'une choie qui ne ^eut être prcfcrite. Vimprefcn-
hilïté des droits du Souverain , du cens , &c.
■IMPRESCRIPTIBLE, adj. de t. g. Qui n'elt point fu-
jet à prcfcription. Ufucapioni non obno.xlus. Le Cens
dû au Seigneur eft ïmprefcnptïble. Les fervitudes
font imprejlripibles par le tems; elles ne s'acquiè-
rent jamais (ans titre. Les droits de la vérité (ont
imprcfcripùbUs. C'eft aulli une maxime du Droit ,
que les Droits de fouverainetc font impreferiptibUs.
F'oyei Prescription.
IMPRESSEUR. f. m. vieux mot. Imprimeur.
IMPRESSE, adj. ImpreJJus. Terme dogmatique , qui fe
dit en cette phralé : Des efpèces imprejjes , ou qui ont
fait quelque marque, quelque imprellion fur nos
îens, fur notre efprit, fur notre mémoire. Les Pé-
riparéticiens prétendent que les objets de dehors
-envoient des efpèces qui leur rellemblent, & que
ces efpèces font portées par les fens extérieui-s jul-
qumfenfonum commune. Ils appellent ces efpèces-
■là imprejjes , parce que les objets les impriment dans
ïes fens" extérieurs. Ces efpèces imprejjes étant ma-
térielles Se fenfibles, font rendues intelligibles par
l'intelled: agent : Se ces efpèces font appelées Ex-
prejjes , parce qu'elles font exprimées des imprejfes.
Mâle. y''oyei elpèces.
IMPRESSION, f f. Marque qui demeure fur quelque
chofe prcilce par une autre. Imprefflo. L'impreJJion
d'un fceauj d'un cachet fur la cire y marque la
ligure, le chiifre qui y eft gravé. Les pieds des ani-
maux laillent leur imprejjion , leurs vertiges lirr la
terre molle & gralîe. Le coin par la force du ba
lancier laiiîe fon imprellion fur la monnoie , fur la
médaille. On fait dans l'Églife une fête dcVimpreffion
des fcigmates de S. François.
Impression , fe dit aulîi des qualités qu'une chofe com-
munique à une autre, quand elle a^^it (ur elle. Les
aftres font , dit-on , des imprejjions lur les corps
fublunaires par leurs influences. Les fortes teintures
laillent toujours quelque imprejfion fur les étoifcs ,
quoiqu'on les lave.
ifT On le dit de même de ce qui refte , pendant
quelque temps , de l'adion d'une chofe fur une au-
tre. L'alanibic lailfe une imprejfion de feu dans les
eaux diftillées. Après la fièvre , il refte quelquefois
une légère imprejjion de chaleur.
fC Impression , en termes d'Imprimerie, de Gravu-
re & autres arts , fe prend dans des lignifications
diuére'.rtes.
Quelquefois on entend par ce mot , en imprime-
rie , l'empreinte que les caraclèrcs lailfcnt fur le
papier. P'oye^ plus bas imprejjion en gravure , iSc
imprimer.
Tel écrit récité fe fouûent à l'oreille ,
Qui, dans /'imprellion , au grand jourfe montrant.
Nefoutientpas des yeux le regard pénétrant. Bon.
Dès que /'imprellion _/àir éclore un Poète,
Il ejl efclave né de quiconque Vachette. Boil.
Impression, fe dit aulfi des éditions d'un livre, dn
nombre des fois qu'on l'imprime , & du nombre de
feuilles ou d'exemplaires qu'on en tire. Ce livre eft
de la première , de la féconde imprejjion , ou édi
tion. Cette imprejjion a été de mille exemplaires. M.
Arnaud témoigne qu'on a fait plus ds deux cens
imprcjfions de la Verfion de la Dible de Louvain
I M P
dans l'efpacc d'un liècle. "Voilà luie belle imprejjion ,
une impre_lflon magnifique.
iMPRESsroN cit diftércnt d'édition. Imprejfion ne com-
prend proprement que ce qui cil de l'an de l'Im-
primerie , les caradèrcs , le papier , la grandeur
des marges , la grandeur des pages , la proportion
de leur longueur , Se de leur largeur , les diftan-
ces des mots & des lignes , Se la difpofition de tout
cela , qui fait un bel ou mauvais œil. Edition com-
prend avec tout cela le foin de l'homme de lettres
qui a eu foin de la copie , de la revoir fur les itu-
nulctits , de la corriger , augmenter, d'y mettre des
notes , des tables , & tout ce qu'il a jugé néceflàire
pour rendre le livre plus corred: Se plus utile -, &
louvent même le mot d'édition ne comprend que
ce lecond chei- , comme quand en parlant des ou-
vrages de S. Auguftin , on cite l'édition d'Érafme,
l'édition d;s Lovaniftes , l'édition des PP. Béné-
dictins , on fiit ablfradtion de ce qui regarde l'Im-
primerie , & Ion n'entend parler que des foins &
des travaux d'Érafme , des Docteurs de Louvain ,
ou des Bénédictins, pour ran.aller, revoir, corri-
ger , ùx. les ouvrages de ce Père.
Impression, le dit pour 1 Imprimerie j Art d'imprimer.
Typographta. L imprejjion tut trouvée il y a envi-
ron trois liècles ; ptulque Jean Fuft nous donna en
14151 1^ Durandus de ivitibus tcclejl& , le Catholicon
Januenjis , qui étoit le Calepin de ce temps-là ,
en i^ûo,^ la Bible en 1461 , qui font les pre-
miers livres imprimés que 1 on ait vus juf..^uici en
Europe. Mascur.
Impression. Chez les Graveurs, Imagers Se Impri-
meurs en taille -douce, c'eft: l'empreinte que les
planches de cuivre ou de bois, gravées au burin, ou
à l'eau-fbrte , laiftent fur le papier ou vélin , après
qu'elles ont été Irotées d'un noir ou d'un rouge pré-
parés , & qu'elles ont pallé entre les rouleaux d'une
prelfc. :,C? C'eft 1 art dé tirer des empreintes d'une fur-
f-ace plitte, mais qui a des creux propres a fe char-
ger d Uiie couleur qui eft portée par le moyen de la
comprclîion fur une autre lurface propre à la
prendre.
Im:'R£ssion. C'eft encore l'arr d'imprimer des fatins,
d.s tatletas ou des toiles de coton à la manière des
Indes.
0C? Les Peintres de bâtimens appellent leur ouvrage ,
peinture d imprejfion pour le diftinguer de la peinture
en table.ni. Acad. Fr. Les peintres en tableau ap-
pellent imprejfion , la couleur qui (c met fur la toile,
' qui fert de première couche à l'ouvrage.
^fT Impression, dans un lens figuré, ledit de l'effet
que les choies (pirituelles Se morales font fur l'ef-
prit , des traces qu'elles y laillent , des opinions ,
des fcntimens qu'elles y font naître. Aff-ecîus j affec-
tio animi. Nous fommes portés au bien , ou au mal ,
Iclon les premières imprejfions que nous recevons.
S. ÉvR. Les imprcjjions défavantagcufes que l'on
conçoit du prochain artoiblilfent la charité. Nie.
Quoique les (oupçons fuilent etlacés , ils ne laifte-
rcnt pas de lui ouvrir les yeux lur le hafard d'être
trompée , & de lui donner des imprejfions de dé-
fiance & de jaloulie. P. de Cl. Les hommes ne
confidéranr guère les chofes en détail , ils ne jugent
guère que iclon leur plus forte imprejfion , Se ne
fentent que ce qui les frappe davantage. Ainfi le
fort emportant le toible , Vimprejfion la plus vive
étouMe celle qui eft plus obfcure. Log. Vimprejfon.
qui naît iunplemcnt de la cadence Se de l'arrange-
ment des périodes eft li peu durable. Se tellement
fuperficicUe , qu'elle s'évanouit prefque aulîi tôt
qu'on les a entendues. Log. Quoiqu'il foit rrès-
aifé de perfuader à tout le monde qu'il n'y a rien de
plus ridicule que les jugemens qu'on forme fur les
apparences extérieures , il eft pourtant très-diflicile
de fe garantir er.ticrement de l'imprejjion fecrette
qu'elles font dans l'elptit. Id. Il eft difficile de dimi-
nuer Vimprejfon que fait la force de l'exemple. Boss.
Les imprejfions de la coutume Se de l'éducation ,
cjitraîneiit l.i plupart des hommes , qui ne dogma-
I M P
tifent que fur ces vains foiukracns. Cliaque vice ,
ou chaque vertu , prend une imprcjjion particulière ,
léloii les efpnts où elle (e trouve. S. Évr. Les Athées
ne ûuroicnt obfcurcir , ni eiiacer entièrement 1 un
prejjion ci une divinité que Li vue de ce grand monde
forme en eux. Nie. Les imprcjjions de l'éducation
font comme les lettres qu'on grave lur lécorce des
arbres, ik qui croillent, &c fe fortihent comme eux.
M. Esp. Dès que nos fens ne font plus touchés
. des objets , & que l'ame n'ell plus mue par \'inv
prcjfion qu'ils font lur elle , ce n'ell plus qu'mdo
ience. S. £vR. Il y a de toibles , & de légères im-
prcjjions qui ne font qu'effleurer l'ame, & éveiller
fcs fentimens. Id. On dit proverbialement , Un no-
ble de nouvelle imprcjfion ; pour dire qui a été depuis
peu anobli. C'ell ce que Cicéron appeloit Novus
homo.
IMPRÉVU, Ûe. adf. Qui n'a point été prévu. Improvi-
fus. Xiw coup de tortune imprévu. On ftipule dans
un bail , qu'il n'y aura point de diminution pour tous
les cas prévus & imprévus. Les grandes fortunes
fe ruinent par des malheurs imprévus. Mort im-
prévue. ^
IMPRIMÉ, f. m. Mémoire , Écrit qui a paffé fous
la prelfe. Il court un imprimé fcandaleux con-
tre un tel. Il s'oppofe quelquefois à Manujcrit.
■Voilà 1 endroit où font les Manufcrits , & là celui
où (ont les Imprimés.
IMPRIMER, v. ad. Faire une empreinte fur un corps
par le moyen d'un plus dur qu'on prelîe deilus. Im-
prlmcn. Imprimer m\ fceau , un cachet, une mar
que lur une monnoic. Imprimer la figure de fes pas
lur la neige , lur la terre glaife.
0Cr I vrpai>i£R. Dans les Arts j iîgnilîe généralement
porter i empreinte d'un objet lur un autre. C'elt arnli
qu on porte l'empreinte des lettres lur du papier ou
fur du parchemin , & l'empreinte d une planche
gravée fur quelque furface propre à la recevoir.
Imprimer ^ le dit particulièrement des livres ou des
feuilles de papier ou de parchemin , qu on appli-
que fur une planche ou fur des caractères rangés,
pour en tirer la figure par le moyen de l'encre &
de la rofette dont on les enduit. Typis edere. Cet
Auteur s'eft fait imprimer , a imprime pluiieurs Ou-
vrages. Ce livre a été imprimé en grand , en petit
in-folio , in-quarto , en gros Romain , en S. Au-
gulHn , en Cicéro.
En ce fens , imprimer fe dit abfolumcnt , & lans
ajouter , & lignine imprimer un livre , un ouvrage.
Un tel veut être Auteur, il va imprimer. Notre
Cenfeur ell: applaudi , .... il imprime , Se malheu-
reufement les fuites ne répondent pas à des com-
mencemens fi ilateurs. Madame Dacier.
En vérité , vous ne faurieç comprendre quel cft
l'embarras d'un homme qui imprime ; car quoiqu'on
vous ait imprimé , c'a été malgré vous : il s'ell trouvé
des gens charitables qui vous ont délivre de cette
fatigue. Le P. Bouhours au Comte de Bujfy. Ce
que le Comte de Bulfy a répondu à cet article eft
trop curieux pour ne pas le rapporter. Je comprens
bien , dit-il j l'embarras des gens qui font imprimer:
mais le mal que l'on fait à ceux que l'on imprime
malgré eux elt bien pire. La charité de ceux qui
ont pris ce foin-là pour moi , m'a coûté ma fortune ;
car pour me rendre plus plaifant , ils m'ont fait
offeiifer mille gens auxquels je ne fongeois pas ,
& que j'aurois loués fi j'en avois parlé. On entend
allez quil s'agit -là de l'Hiftoire amoureufe des
Gaules , que M. de Bulfy prétendoit n'être point
du tout conforme au manufcrit qu'il avoit prêté,
où l'on avoit fourré quantité de morceaux injurieux ,
auxquels , félon lui , il n'avoir aucune part. Mais
comme on eft toujours enchn à la fatyre , le Public
n'a eu aucun égard à fes proteftations , & l'a crû
Auteur de tout l'Ouvrage.
Quel hefoin fi prejfant ave'^-vous de rimer ,
Et qui diantre y eus poujfe à vous faire imprimer ?
Mol.
I M P
103
Imprimer, j fedit aulfi des eftampcs que l'on imprime
en pallànt la planche encrée & couverte de fa
feuille, fur la table de la prelic entre les deux rou-
leaux. Imprimer des eftampcs.
If3 Imprimer une elbmpe ôc imprimer un livre, cfl
à peu près la même chofè ; toute la différence qui
s'y trouve , c'eft que les Imprimeurs en taille douce
ne fe fervent point du barreau , & que les planches
lur iel'quclles on tire les images & les eftampes font
gravées en creux ; au lieu que les caraftères d'im-
primerie le font en relief : c'eft pourquoi on n'ef-
luic point ceux-ci après qu'on y a mis le noir avec
les balles ; au heu que celles - là fe nettoyent avec
un hnge, afin qu'il ne refte d'encre que dans les
traits de la gravure.
On le dit aulli des étoffes , des toiles , qu'on
imprime avec les planches de différentes figures ou
dellcins. Cette étoffe paroît de lointilFue en brocard ,
quoiqu'elle ne l'oit qu'imprimée.
Imprimer , en peinture , hgnific mettre une ou deux
couches de colle ou de peinture fur une toile , pour
la rendre propre à être peinte , à y faire delIus quel-
que tableau. TabelU aream pr&vïis colorïbus imbueTe.
Ce Peintre n''a pu faire aujourd'hui mon portrait ,
parce qu'il n'avoir pas de toile imprimée. Les Doreurs
doivent imprimer leurs ouvrages deux ou trois fois
de couleur à l'huile , pour dorer d'or couleur ; Se
il leur eft défendu d'y mettre de l'étain doré , parce
que c'eft faufi'e befogne.
Imprimer, c'eft dans l'art de bâtir, peindre d'une
ou de plufieurs couches à l'huile , ou à détrempe,
les ouvrages de charpenterie , de menuifcrie , de
ferrurerie qui font au-dtdans, ou au dehors des
bâtimens , pour les confervcr.
Imprimer , lignifie aullî faire l'empreinte d'une
médaille. Félib.
Imprimer, fe dit aullî des bonnes ou mauvaifes qua-
lités que les corps fe communiquent. Un fût gâté
imprime fa mauvaife qualité au vin qu'on y met.
ifl' En Phyfique imprimer ôc communiquer du mou-
vement , font termes fynonymcs. Un corps mu im-
prime de fon mouvement à un autre qu'il trouve en
chemin. Dieu feul a imprimé le mouvement à la
matière. Movere , motum imprimere.
Imprimer le dit figurémcnt en chofes morales & fpi-
rituelles §3° des fentimens , des images qui font im-
prelfion dans l'efprit , dans l'ame , dans le cœur.
C'eft les infpirer, les faire naître, de manière qu'ils
ne s'effacent pas aifément. Il faut imprimer dans k
cœur des jeunes gens l'amour de la vertu, la crainte
de l'infamie. La vue d'une bataille imprime de l'hor-
reur. Cet affront lui demeurera long-tems imprimé
dans la mémoire. Les objets impriment leurs ima-
ges dans les organes. Roh. L'Eglife a foin que les
cérémonies qu'elle expofe aux yeux des Fidèles aient
quelque chofe qui imprime du relpedr. Port. R.
Son vifage animé d'une colère majeftueufe , qui im-
prime la terreur & le refpeCt. S. Évr. Il faut im-
primer de bonne heure les vérités de la Religion ,
& avant que la raifon foit en état de les combat-
tre. L. Cl. La Poëfie eft propre à imprimer les belles
chofes, & dans la mémoire, & dans le cœur àz%
jeunes gens. Abl. imprimer dans l'ame des fentimens
élevés. Idem.
Tous ces mots viennent du Latin imprimere , im-
prejfus , Se imprejfio.
Imprimé, ée. part.
On dit proverbialement qu'un homme eft bien
imprimé , quand il eft ivre. Mero imbutus j prolutus.
On dit enluminé , dans le même fens.
IMPRIMERIE, f. f. L'art d'imprimer , de tirer
l'empreinte des caraélères qui fervent de moule. Ars
typographica. Au commencement les Prêtres , les
fuperrtitieux , & les ignorans , faifoient palier T/w
primerie pour un art dangereux. Le Cl. L'Imprime-
rie n'a poinr été mile au rang des arts méchaniques.
Il y a des Lettres-patentes de Louis VII. de l'an
1J13. qui exemptent de toutes tailles, aides, ga-
belles Se autres fubfides , Se des charges de ville ,
104 I M P
24 Libraires , 1 Relieurs , 2 Enlumineurs , &: i Écri-
vains jurés, élus pir l'Univerlicé, qui font réputés
•du corps d'icelle. Comme aulli tous les livres lont
déclarés exempts de tous péages Se impositions ,
tranfportés par eau ou par terre , dedans Se hors le
Royaume.
V Imprimene efl: un art ancien dans la Chine. Le
P. Couplet allure qu'elle ell: en uiage de l'an 950.
mais elle ell bien diftérente de celle de l'Europe ;
car les Chinois ne fe fervent que de tables gr.rvces
■& taillées , enlbrte qu'il faut autant de planches que
de pages , &c elles ne peuvent fervir que pour un
même livre. 'V^oici ce qu'en dit le P. le Comte dans
fes mémoires.
L'Imprimerie , qui cft un art nailîant en Europe ,
a prefque de tout temps été en ufige à la Chine. Elle
eft néanmoins un peu diftérente de la nôtre. Comme
nous avons très-peu de lettres , &comme on peut en
les allémblant former de gros volumes , peu de
caraétères nous fuftifcnt ; parce que ceux qui ont fervi
aux premières feuilles , font encore employés à tou-
tes les autres. Le prodigieux nombre des caradcres
Chinois , empêche qu'on en uie de la lorte j lî ce
n'eft en certaines occalions où très- peu de lettres
peuvent fuffire, dans toutes les autres occafions ils
trouvent plus de facilité à graver leurs lenres fur
des planches de bois ; & la dépenfe en ell beaucoup
-moindre.
Voici comme ils s'y prennent. Celui qui veut
imprimer un livre , le tait premièrement écrire par
un excellent Maître. Le Graveur en colle chaque
feuille fur luie table bien unie , & en fuit les traits
■avec le burin li fidèlement , que les caraétères mar-
■,qués ont une reilemblance p.arbite avec l'original ;
de forte que l'imprellion elt bonne ou mauvaile ,
félon qu'on a employé un bon ou mauvais écrivain.
Cette adreife des Graveurs elï li grande , qu'on ne
fauroit diftinguer ce qui ell imprimé d'avec ce qui
cft éait à la main , quand on s'eil: fervi du même
papier , & <ie la même encre. Il ell vrai que cette
manière d'imprimer a quelque choie d'incommode ,
en ce qu'il faut multiplier les planches autant que
les feuilles ; de forte qu'une chambre médiocre ne
fuffira pas pour contenir toutes les petites tables
■qui auront lervi à l'imprellion d'un gros volume :
■mais aulli qu.and la gravure ell finie, on n'ell point
obligé de tirer en memc-temps tout les exemplaires ,
au laafard de n'en vendre que la moitié , Se de fe
ruiner par une dépenfe intiriie. Les Chinois impri-
ment leurs feuilles à mefure qu'ils les débitent ; de
les planches qu'on retouche facilement après en
avoir tiié deux ou trois mille exemplaires, fervent
■à plufieurs autres imprelllons diflérentes. Outre qu'on
n'a pas befoin de Correèleurs d'Imprimerie ; car
pourvu que la feuille foit exaètcment écrite , il c(t
■très-rare que le Graveur fallt des fautes i ce qui
n'ell pas un médiocre avantage.
Les premiers Imprimeurs de l'Europe ont com-
mencé par la méthode Chinoile , qui a pu donner
une idte de l'invention que l'on apoullée plus loin.
Il y a deux lottes A' Imprimerie , l'une en lettres ,
l'autre en taille -douce. Elles diftérent , en ce que
celle àçs caraétères eft de relief ^ &c ne s'elluie point \
& celle de taille-douce cfl gravée en creux , & s'el-
fkie fur Ion cuivre. On eft en doute de celui qui a
commmencé {'Imprimerie en Europe. Mentel , Mé-
decin de Paris, dans une lettre écrite à M. Naudé,
prétend que ce fut Jean Mentel , Bourgeois de Straf-
tourg , qui l'inventa en 1442 , du temps de Frédé-
ric III , Empereur 5 que Jean Guttcmberg , un de
fes compagnons , la tranfporta à Mayence , où les
premiers ellais en ont été laits , ik. où il s'allocia
avec Fuft. Quelques uns même leur tn artribucnt
l'invention , comme Muniler , Polydore 'Virgile ,
& Pafquier après eux. On l'attribue auffi à Jean
Coder , habitant de Harlem. L'Empereur Frédé-
ric III, en l'an 1446, en faveur de cette inven-
tion , donna à Jean Mentel pour armes un champ
de gueules de lion couroj;nc d'or , accolé d'un rou-
I M P
leau voltigeant d'azur. Naudé dans fon MafcUraC ,
p. 172, & fuLV. croit que Fuit ou Faullus , &c
Schofter , font les premiers Imprimeurs de l'Eu-
rope , ou pour mieux dire du monde , puitque
l'imprellion des Chinois n'a rien de commun avec
la nôtre , & n'a pas même été connue que long-
temps après l'établillemcnt d'une infinité de prellcs
par toutes les bonnes villes. Sa railon , pour mettre
Fuft en poUéHîon du droit d'être l'inventeur de
\' Imprimerie , eft que les premiers livres qui ont été
imprimés font tous de Ion imprellîon. Il y a bien
<le r.ipparence que fi d'autres euilent eu meilleure
part que lui à une 11 belle invention , ils ne lui
auroient pas permis de fe l'attribuer a lui feul , Se
à (on gendre Schoeffer ^ comme il a fait , lans que
perfonne ait ofé faire de même , ou le contredire.
Ces éditions, font 1°. le Catholicon Januenfis de
l'an 1460 , où à la vérité le nom de Fuft ne le trouve
pas, mais qui eft toute femblable aux luivantes où il
le trouve. 2°. la Bible de 1462. 3°. d'autres Bibles
toutes pareilles de 1471. 4". Saint Auguftin de la
Cité de Dieu avec les Commentaires de Thomas de
Valois de 1 47 3 . f. Mercure Trifmégifte , de Potef-
•tate & Sapientia Dei in-4°. ( Car tous les autres nom-
més ci-dellus lont in-folio.) de 1503, le Tite Livc
de 1 5 1 8. Il y a encore des Offices de Cicéion ,in 4° ,
<le 14..^.. Déplus , au commencement du Tite-
Live le privilège de l'Empereur Maximilicn eft ac-
•cordé pour dix ans à Schoefter , iSc de fix ans pour
tous les autres livres qu'il imprimera , & ce en re-
connoillance de ce que ton ayeul Jean Fuft avoir
•trouvé l'invention d'imprimer. Ce privilège eft en
date de I J18 , Se foufcrit de Jac. Spiegel. Érafme ,
dans l'Épître qui cft après ce privilège , ne l'ailurc
pourtant pas polit^vement ; il écrit feulement , qu'on
dit que l'Inventeur de cet Art , eft Jean Fuft. Dans l'a-
vertillcment du même livre C. Nicolaus Carbachius
dit la même choie que le privilège , & qu'Erafme.
D'autres attribuent cette invention à Guttem-
bergh , d'autres à Mentel , quelques-uns à un cer-
tain Lamens Joannes de Harlem; mais , dit Naudé, ■
perfonne ne peut dire avoir vu des livres imprimés fl
par Guttembergh , ou par Mentel , auparavant ou
au même temps que ceux de Jean Fuft. Tout ce
que l'on dit des autres inventeurs de {'imprimerie ,
n'eft fondé que fur des rapports , des conjedlures ,
des vraifemblances , des autorités formées , des
jaloufies de villes les unes contre les autres. En-
fin , Salmuth , en fon addition fur le Chapitre de
Typographia de Pancirolle, cite un aéle public , par
lequel il paroit que Fuft , après avoir trouvé {'impri-
merie , & foutcnu long-temps lui feul cette dépenfe ,
affocia G-attembergh , pour contribuer à une partie
de tant de frais qu'il lui f.iUoit faire , à caufe prin-
cipalement du parchemin fur lequel il tiroit la plu-
part de fes livres. Quelques - uns prétendent que
Guttembergh ■&: Mentel la trouvèrent à-peu-près en
même-temps à Strasbourg , que Mditel s'y enrichit
en peu de temps ; qu'Adolphe Rufchius & Adolphe
Martin Flarhus , aufli de Strasbourg , lui fuccéderent j
■que Jean Fuft -ne fit que la pcrfeûionner à Mayence
veis l'an 1452.
Les premiers Imprimeurs taillèrent d'abord des
■lettres fur des tables de bois , & commencèrent leurs
premières épreuves par un vocabulaire. Ils s'apger-
•cureiK bientôt que leur travail n'étoit pas d'un ufage
allez étendu , puifque chaque table ne pouvoit 1er-
\'ir qu'à un feul ouvrage. C'eft pourquoi ils s'avisè-
rent de fabriquer des lettres mobiles , Se féparées les
unes des autres : Se enluite ils forgèrent des moules
ou àcs matrices, pour avoir des lettres de métal fon-
du. Ainfi ils n'en vinrent là que par degrés. Car l'im-
preflion de leur vocabulaire n'ctoit qu'une perfec-
tion de la gravure , \k de la fculpture; (3j à parler
précifément la Bible fut le premier livre imprimé vers
l'an i4fo. Enfiiite la Cité de Dieu de laint Auguf
tin , Se les Offices de Cicéion vers l'an 1461. Quoi-
qu'il en foit , il eft conftant qu'Ulric Gering , Alle-
maud né à Confiance , imprima l,e premier à Paris
du
I M-P
î M P
au temps de LouisXI. Comme l'Arc ne fai foie que
de n.iicie , il reftoic encore bien des impcrtedtions
dans les premiers livres qu'on débita. Par exemple ,
il n'y avoir point des lettres capitales ; c'eil pour cela
qu'on lailloit vide la place des lettres initiales , &
on les peignoir en or , ou en azur. D'autres dilent
qu'on en ufoit ainli pour imiter les manul:;rits , &
faire palier les livres imprimés pour des inaimlcrits.
Les François ont beaucoup contribué a pertection-
ner la rudelTe de la première invention , ôc il ell
certain que les Étiennes peuvent entrer en partage
de la gloire avec les inventeurs de cet Arc. Sixte
Ruiingerde Strasbourg porta l'/w/in/ncrii; à Naples ,
& commença d'y exercer cet Art en 1471. Dans
le même temps iJdalnc Han en ht autant a Rome.
L'Imprimerie ii'cll guère en uûge hors des limites
de 1 Lurope. Dans tout THnipire Ottoman, il ell
ligoureulcmcnt détendu d'imprimer des livres. Les
Turcs appréhendent que la communication trop facile
<les livres n'apporte quelque changement dans la
Reli^jion , tk ne caule des troubles dans l'Empire. Ils
croient que tenant les peuples dans 1 ignorance , il
ell plus ailé de les gouverner. Les Juiis ont pour-
tant des éditions de leurs livres faites à Conltanti-
nople , à Thellalonique , &: en d'autres lieux de 1 Em-
pire Ottoman. fCF Le grand Vihr Ibrahim , Bâcha,
employa tout fon crédit auprès d'Achmet III , pour
établir une Imprimerie à Conftantinoplc , tk en
vint à bout. Cet étabhllement lubfilte toujours,
quoiqu'il foit contraire aux maximes du gouverne-
nement & aux préceptes de l'Alcoran. Sur l'art.
de l'Imprimerie, ^'oye^ Chevillier , Online de
L'Imprimerie de Paris. Malinkrot , doyen de Munl-
ter , a écrit de VArt de V Imprimerie. Biblander , de
Rat. communi Lingg. p. Si. Jacob Wuymphelin-
gius, c. 6 u Bonornius , Pancirolle , C. de Typo-
graphia ; Salmuth , dans fon Addition à ce Cha-
pitre de Pancirolle. D'autres ont aullî écrit lur les
inventeurs de \ Imprimene. Burchard , Goithellius ,
Struvius , Supplementa ad Notidam Rei Litterariz ,
Cap. XI , de Germania Miraculo Opt. iMjx. Typis
litterarum , earumque di^erenciis Dijjertatio j à Leip-
fic 17 10. On y donne l'honneur de cette invention
à un Mathématicien de Konigsberg.
ImpriviERie , efl aulïï tout l'attirail , les outils &
inftrumens qui fervent à imprimer , comme les
preiles , les caffes , le plomb , les chaflls , &c. Un
tel Imprimeur ell mort , fon Imprimerie efl à
vendre.
Imprimerie , ell aulîl le lieu où l'on imprime. Typo-
graphium. Il efl allé à l'Imprimerie du Louvre.
On a mis bas en rel Imprimerie , faute d'ouvrage.
On dit auliî , que l'Imprimerie ne va plus ; pour dire
que le tralic des livres diminue. L'Imprimerie du
Louvre ell l'une des plus rélèbres & des plus confi-
dérablcs , pour les excellens ouvrages qui en font
forcis en beau papier , &c de très-beaux caraclères.
Le feu Roi la plaça dans les galeries du Louvre.
L'Imprimerie Royale coiamença fous François pre-
mier, & fut portée à la plus grande perfeélion fous
Louis XIII , par les foins du Cardinal de Riche-
lieu.
lOj
L'imprimerie de la Chambre Apoftolique eft lo-
gée au Vatican. C'efl-là que s'impriment les Bulles
& Décrets Apolloliques. L'Imprimerie du Vatican
eft l'Imprimerie des Papes , c'ell pour cela qu'on
l'appelle aulli l'Imprimerie Apollolique. Elle fut com-
mencée par Pie IV , & bâtie avec beaucoup de
magniiicence par Sixte V. Il en ell forti de fort belles
éditions. L'Imprimerie du Vatican ell la première
qui ait eu des caraétères Arabes.
Il y a eu auiîl une Imprimerie Royale en Angleterre ,
dont nous avons quelques éditions -, par exemple ,
celle de Théophylacle; mais il y en a peu , & cette
Imprimerie ne paroit^pas avoir duré longtemps.
On appelle Corrcflcur d'Imprimerie , celui qui
ell chargé de revoir les épreuves.
Direileur de l' Imprimerie du Louvre. C'ell le
Librairt; qui a l'infpedion fur les Ouvriers qui y
Tome V,
travaillent , é\: la conduite des imprcfiioiis qui s'y
font. Paul Maiiuce fut fous Pie IV , le premier
Dircétcur de \ Imprimerie du Vatican.
Imrimerie de PeinhjRe. m. le Bien , Inventeur ds
cet Art , l'a porté en Angleterre &: puis en France.
Cet Arc le réduic à lix arcicles. I. Repréfencer un
objcc avec trois couleurs , & par le moyen de trois
planches. II. Faire les delleins fur chacune des
trois planches , & faire accorder cxa6temcnt les
trois dclicins. III. Graver les trois planches de fa-
çon qu'elles ne puiiîent manquer de fe rapporter
enlemble. IV. Graver ces planches fuivant une mé-
thode particulière , pour en pouvoir tirer trois
nulle bonnes épreuves &c plus, V. Trouver les crois
vraies couleurs matérielles primitives , ik les pré-
parer de façon qu'elles puiiîent s'imprimer , être belles
6c durer long temps. VI. Tirer les trois planches
avec allez d'adrelle, pour qu'on ne s'apperçoivc point
après l'impreillon de la manière dont elles font
tirées.
Les trois couleurs matérielles primirives font celles
dont on fe fert dans cet Art. Car les couleurs primitives
de Nev/con , fonc des couleurs primitives impal-
pables -, ces trois couleiTis , dis je , font le rou^e ,
le jaune «Se le bleu , avec lefquelles M. Blon prétend
que 1 on peut taire toutes les couleurs, f'^oyei fon
i'raité intitulé Colorico , tk les Tranf. Philof. /73 / ,
p. 137 , &fuiv.
Au commencement du XVI' fièclc on imagina en
Italie & même en Allemagne l'Art d'imiter en ef-
tampes les delleins lavés , ou l'elpèce de peinture
à une feule couleur nommée Chiarofcu.ro:, .ou camayeu.
Avec le fecours de cet Art , on exprima le palîa^e
des ombres aux lumières , & les diftérentes teintes
du lavis.
Le lieur le Blon n'a fait que perfeélionner cet
Art, &■ l'étendre à la peinture, puifque fa méthode
a pour objet d'imiter le coloris des tableaux , & les
diliérentes teintes que le Peintre forme fur fa pa-
lette. Celui qui trouva en Italie l'Art dont nous
parlons , fe nommoir Ugo de Carpi , & nous voyons
de lui de très belles choies , qu'il a exécutées d'après
les delleins de Raphaël & du Parmefan. Ibii.
IMPRIMEUR, f. m. Celui qui imprime. Typograph.us.
Les Imprimeurs font du corps de la Librairie. U y
a des Imprimeurs de livres , d'autres d'eilampes ,
& d'autres de mulîque , d'autres qui impriment du
papier de diverfes hgures, qu'on appelle Domino-
tiers. Les Imprimeurs 3c les Fondeurs ont été ex-
ceptés de l'Édit de la création des métiers par Arrêt
du Confeil du dernier Avril 1583. Les premiers
Imprimeurs font Fufl , Guttembergh , Mer.tel , ou
Mentelin , Schoeflér , Gering à Paris , Udalric Han
à Rome , Sixte Rulmger à Naples , Jeari Coller.
Les Grands Imprimeurs font Aide Manuce, les deux:
Radius , Conrard Néobard , Louis Tilétan , Guil-
laume Morel , Jean Oporin , Jean Froben , Robert
Etienne , Séballien Gryphe , Adrien Turnébe , ou
Tournebœuf , Paul Manuçe , Frédéric Morel *
Geofroy Tory , Etienne Dolet , Daniel Bomber-
gue , Hiérôme Coramelin , Henri Etienne , Jean
Amerbach, François Raphelinge , Michel Vafcofan,
Simon Millange, Antoine & Charles Etienne, Ni- _
vel , Sonnius, Séjjaflien Cramoify , ôc Séballien Ma-
bre Cramoify j Crifpin , les Elzéviers , &c. Il y avoin
autrefois de fivans hommes qui étoicnt Imprimeurs ,
comme les Robert , Henri tk Charles Etienne , les
Badius , les Manuces , Turnébe , Dolet , 'VVcchel ,
Morel , &c. Les noms hc les éloges des illullres Impri-
meurs fe trouvent écrits dans le fécond livre des Ju-
gemens des Auteurs. Chrillophe Plantin de Tours
porta en titre la qualité à'Jrchi-Imprimeur , Archi-
typographus , que le Roi d'Efpagne lui donna de
fon propre mouvement , après qu'il eut imprime
la Bible Polyglotte d'Anvers, qu'on appelle la grands
Bible de Philippe II.
')Cr On donne aullî le nom ^'Imprimeur à l'ouvrier
qui tire les feuilles. Celui qui drelfe les formes,
s'appelle Compofitcur,
O
ÎO^
I M P
IMPRIMURE. f. f. Enduit d'une toile pour fervir aux
Peintres. Aied pigmciuanafuhacius. Une bonne im-
primure doit être de deux ou trois couches. On ap-
pelle aulll ïmpnmurc , les figures qui (ont lur les toiles
peintes.
IMPROBABLE, adj. de t. g. ifTQm n'a point de proba-
bilité. Parum confentaneus vero , improbabUïs. Ce que
vous dites e!l ïmprùbahle. Il ne le dit point de ce qui
ne peut pas être prouvé. On ne dit ponit une vérité
improbable , pour délîgner une vérité qui elT: au dcllus
de la raifonj qui ne peut pas être prouvée par le rai-
fonncment.
ÎMPROBATION. f. f. Improbado. C'eft Tadion d'im-
prouver une chofe. îfT Ce mot ell nouveau , mais
employé par les meilleurs Auteurs. M. Nicole , dans
fon f^ vol. des Ellàis de Mor. dit qu'il faut peu (e
foucier de Viruprobacion des hommes. M. l'Abbé du
Guet dit qu'un Prince qui commence à être amolli
jparla Harterie , ne coniidère la retenue de ceux qui
n'imitent pas Tes flatteurs, que comme une Iccrette
improbation , comme une efpèce de malignité «5,: d'en
vie , Se comme un delir de diminuer la gloire. Il dit
ailleurs : Après l'amour des louanges , vient la crainte
de Vimprohacion, Se l'extrême lenlibilité ù l'égard de
la cenlure & du blâme. Il dit encore ailleurs en par-
lant de certains édits qu'on apporte aux Parlemeus
pour les enregiftrer , qu'un morne lilence ell; fouvent
la feule manière dont opinent les Juges, Se que l'en-
regillrement eil: plutôt une marque dî improbation que
de confentement. J'ai lieu d'être tranquille lur la ré-
gularité de mes démarches , que Vimprobation des Su-
périeurs ne peur rendre criminelles , quand elles lont
réglées fur les loix de la vérité & de la prudence. Le
P. COURAYER.
fS' IMPROBITK. f. f. Du Latin improbitas , méchan-
ceté. J'ai vu ce mot employé quelque part. Siu quoi
les Journaliftes de Trévoux ont dit qu'il n'étoit pas
inhabile à devenir regnicole , mais qu'il n'étoit pas
naturaiifé.
IKTIM-PROMPTU. C'eft ainfi qu'écrit l'Académie.
Vaye~{ In Promptu.
IMPKOPÈRE. f. m. "Vieux mot. Deshonneur , afflic-
tion. Il eft aulli adj. & lignifie fâcheux, déshono-
rant. Gloff. fur Maroc.
UcJImproplre, en termes d'Eglife , fe dit de certains
vcrfets de l'écriture qu'on chante le Vendredi Saint,
qui contiennent des reproches que J. C. fait aux
Juifs. Popule meus quidjeci dbi , Sec. De-là il le dit
par extenùon de tout reproche injurieux Le C. Nor-
ris a recueilli 15 j Impropères vomis par les Jéluites
contre S. Auguftin. Nouv. Eccléf.
La quatrième & dernière Chapelle que l'on trouve
dans rÉglifc du S. Sépulcre à Jérufalem , cil celle
qu'on nomme la Chapelle de VImpropire. On la
trouve après avoir monté quelques degrés au-dellus
du lieu où la croix de Jélus Chrill fut trouvée du tems
de Conftantin. Elle eft aux Abiifins. L'on y voit fous
l'autel le bouc de la colonne fur laquelle on fit alleoir
le Sauveur lorfqu'i! fut couronné d'épines : ce mor-
ceau eft d'un marbre grisâtre, de dix palmes de cir-
cuit, &: de trois de hauteur ou environ. Mém. des
Miss, du Lev. T. V , p. ^.f, ^j. Impropère n'eil
plus ullté.
Ce mot vient du La.tiu Improperium , qui, dans la
baffe Latinité , lignifie reproche , acculation.
IMPROPÉRER, v. a. Du Latin improperare, repro-
cher. Quant à la pelade , dit le Duc de Mayenne ,
que certains politiques m'ont voulu i/Tz/To^^rcT, ils en
ont menti , les méchans ; ce n'eil que certaine cha-
leur de foie que les Médecins appellent alopécie , à
laquelle moi & les miens fommes fujets. Sat. Mén.
t. r^ p. 4p.
Le verbe impropérer commençoit à vieillir d's
le temps de Nico , puifqu'il conlcille de ne pas s'en
fervir. Il eft aujourd'hui entièrement hors d'ulâge ,
à moins que ce ne foit dans le ftyle burlefque.
IMPROPRE, adj. de t. g. Mot qui ne convient pas
à une chofe , qui ne l'explique pas allez. Improprius.
I M P
Un ftyle devient obfcur, quand on fe fcrt de mots
impropres
ifT Ce terme n'eft relatif qu'au langage, pour défî-
gner un mo: qui rend à la vérité une idée , mais
impartaitem.nt , Se de façon qu'il manque quelque
chofe a la juffellc ou à la vérité de l'exprellion. 'I
Ce que les Grammairiens appellent diplitongue im- *
propre, c'eft-à dire , un allemblage de voyelles qui
ne font point entendre plulieurs fons confccutits ,
mais un Ion unique Se Umple , ai dans mais , ne
pejt être appelé diphtongue m proprement.ni impro-
prement. Ce n'ell une diphtongue que pour les yeux.
IMPROPkEMENT. adv. D'une manière qui n'eit pas
propre , convenable j impropric. La. toute-puillance
ne le dit proprement que de Dieu : quand on l'attri-
bue aux hommes , c'eil parler ïmpropremenc.
IMPROPRETii. 1. f. Inhabileté. Son père jugea par ce
coup d'efiai de Vtmproprcté qu il avoit à la finance.
Ecole du monde. Ce mot n'elt pas françois , Se on
ne doit pas scn fervir.
IM P R O l' R 1 E T £. f. f. Qualité de ce qui n'eft pas
propre. Impropnum. Les Grammairiens remarquent
trois fortes de fautes dans le langage , le folécilrae ,
le barbarifme Se V impropriété , qui fe commet quand
on ne s'eft pas Icrvi d un mot propre , Se qui ait
une lignification convenable. Ce terme ne fe dit
qu'en parlant du langage, h' impropriété de l'es ex-
prellions rend Ion ftyle oblur.
IMPROVISEE, avec la particule à\ Se l'article fe dit
adverbialement de ce qui arrive lubitement j Se fans
qu'on s'y attende. Ex improvifo. Cet homme efl
furvenu a ïimprovijie. On a attaqué les ennemis à
Vimprovijle , ils n'ont pas eu le loihr de fe mettre
en défenfe. Quoique ce mot foit pris de l'Italien ,
il eft tellement naturahfé François, qu'il eft plus
élégant qu'à l'impourvû. "Vau Rem.
IMPROU'VER. V. ach défipprouver. Improbare. L'É-
ghfe improuve les bals , Se les affemblces nocturnes,
qui font des occafions de péché. Les délicats improu-
vent plulieurs mots par caprice , qui font bien Fran-
çois , Se néceiîaires dans la langue. On le laiife al-
ler par complailance à taire plulieurs chofes qu'on
improuve, que l'on condanme foi-même. F'oyc:^ dif-_
approuver.
Improuvé j ée. part.
IMPRUDEAIMENT. adv. Avec imprudence, Impru-
denter. Il a découvert imprudemment le fêcret de ion.
ami. Se conduire imprudemment , parler imprudem-
ment. Il elt tombé imprudemment dans cette em-
bufcade. Il a marché imprudemment fur un ferpent.
IMPRUDENCE, f. f. Manque de précaution, de ré-
flexion , de délibération , de prévoyance , c'eft-à-
dire de cette vertu qui éclaire 1 intelligence Se rè-
gle la volonté : de cette lage circonlpection qui rè-
gle les lentimens , les paroles Se les aétions. f^oyer
PRUDENCE. Imprudentia. C'eft une imprudence de pro-
duire un titre qui d;truit la prétention. On accufe
A'imprudence celui qui met une arme entre les mains
d'un lurieux. L'imprudence ne s'excule point dans
un Amballadeur. Wicq,.
îC? Imprudence lignifie aulîl une aéfion contraire à
la prudence. Faire une grande , une légère impru-
dence, de grandes imprudences.
IMPRUDENT, ENTE. adj. Qui manque de pruden-
ce , qui n'apporte pas les précautions néceflàires j
pour examiner l'événement , les confequences des I
chofes. Imprudens. Ne vous confiez point aux gens 1
imprudens. Il y a des extrémités où il laur donner "
beaucoup à la fortune , & où l'on peut être impru-
dent du confentement même de la prudence. Bal.
IMPUBÈRE, f. Terme de Droit, fe dit des entants
qui n'ont pas atteint l'âge de puberté , c'eft à-dire ,
l'âge de 14 ans pour les garçons, év' de li pour
les filles. Impuber. Un Impubère ne peut être éman-
cipé , il eft toujours tous la puillan^e d'un tuteur,
il ne peut faire Teltament. Un impubère ne peut être
accufé , ni puni en Jullice.Les impubères ne font point
admis à dépofer en Juftice. ^CT Quand il eft dans
i
I M P
. l'enlâiicc , ou proche de l'enfance , parce qu'alors
il li'dl pis capable d'cmc-mlciucnt. Mais les .:;/2L;a^e ■
rds qui l'ont piochçs de la liberté , peuvent ètie pu-
nis des crimes qu'ils commettent , parce qu ils (ont
fuppofcs capables d'entendement, 6c doll capaces.
Nou) fuivons en cela la difpoiition des Loix Uo-
main.-s, de façon pourtant que les Juges doivent
toujours avoir égard à la foiblcile de leur âge , &
en coiiléquence adoucir la rigueur de la peine. Jcà
tamcn pxns, acrocicas mïdgetur Ataùs commifcraùonc.
Un Oriicial ne Içauroit connoître du mariage de>
impubères , li l'un d'eux eft mort avant la puberté.
Voye^ FÉvRKT de l'abus, L. V. C. I. an. i.
IMPUDEMMEInIT. adv. D une manière impudente.
Jinpudenter , confidenter. Ce chicaneur a produit
impudemment un faux titre de Noblelle. Parler im-
pudiminent.
IMPUDENCE, f. f, |Cr Manque de pudeur pour foi-
même, &c de relpett pour les autres. C'eil, dit La
Bruyère, une profeillon ouverte d'une plaifanterie
outrée, comme de ce qu'il y a de plus contraire à la
bientéance. C'eft une eifronterie exceilive qui hit
qu'on brave toutes les loix de la bieniéance , &
qu'on fe porte de gaieté de cœur à des actions qui
offenfent l'honnêteté publique. Impudentïa. Voyez
Pudeur. Parler, mentir avec Impudence. C'eft une
inligne Impudence. Le vice , quoique triomphant
dans le monde, efc encore réduit à fe déguifer l'jus le
mafque de Thypocrilie, ou de la faulle probité , pour
s'attirer une ellime qu'il n'oie elpérer en le montrant
à découvert. Ainli j malgré toute Ion Impudence , il
rend un hommage forcé à la vertu , en voulant fe
parer de ce qu'elle a de plus beau , pour recevoir les
honneurs qu'elle fe hit rendre. FÉnel. Uimpudence
d'un Anglois ell fière Se chagrine ; celle d'un £collois
cil intraitable & avide ^ celle d'un Irlandois elè ridi-
cule & riatteule. Le Spectateur. L'impudence d un
Breton du midi , ou du nord , n'a prefque jamais rien
de divertillant ; mais celle d'un Irlandois eft toujours
grotelque. Id.
Impudence fe dit aulïï des adions & des paroles impu-
dentes. Il mérite d'êtte châtié pour les impudences.
Ac. Fr.
|C?' Impudence , en Mythologie. Les Athéniens en
avoient fait une Décile , &: lui avoient bàii un tem-
ple. On lui conlacroit la perdrix , comme le lymboie
de l'impudicité. Ce n'étoit pas j lans doute , pour Ho-
norer ce vice , qu'on lui batilloit un temple a Athè-
nes. On conlacre les vertus & non pas les vices.
Quand les-Romains lacrihoient à la Fièvre , à la
Peur, c-'c. c'étoit moins pour les honorer que pour
les détourner de leur être nuilibles.
03- IMPUDENT , ENTE. adj. Qui manque de pudeur,
qui commet avec une hardiefle inlolente des aifcions
dont il devroit rougir. Jmpudens. Homme impudent.
Femme impudente.
On le dit de même des aâions & des ditcours qui
'blellent la pudeur. Achon impudente. Dilcours im-
pudent.
Il s'emploie aulïï quelquefois fubftantivement.
C'eft un grand impudent. Ac. Fr.
IMPUDICITÉ. f. f. Vice oppofé à la chafteté , à la pu-
deur, f^oye-^ ces mots. Impudicitia. L'Lgiile de tout
tems a eu en horreur ï Impudicité. Hélène par fon
impudicité a mis en feu toute l'Alie.
^ IMPUDIQUE, adj. de t. g. Qui fait des chofes con-
traires à la chafteté , à la pudeur. Impudicus. Homme
impudique. Femme impudique. On le dit de même de
tout ce qui bielle la chafteté. Dilcours , regards j
geftes impudiques. Pofture , chanlons impudiques.
iMPUDiCiUE, eftaulli lubft. C'eft \x\\ impudique. Les im-
pudiques étoient inhmcs lelon les loix Grecques &
Romaines. FoyciVlpien , L. I ,§.(>. de pojlul. Dé-
mofthène nous apprend qu'il ne leur étoit point per-
mis de parler en public , ni d'approcher des temples.
f^G' Ce mot impudique ne le dit plus guère dans le
ftyle noble , parce qu'il préfente une idée qui ne l'eft
cas. ' *
ÎMPUDIQUEMENT. adr. D'une manière impudique.
Tome V,
I M P 107
Impudicc. Cette femme a été authentiquée & enfer-
nue dans un Monaftère pour avoir vécu impudique-
ment pendant Ion mariat,c.
IMPUGNEH. V. a. Attaquer, combattre une doftrine ,
un Icntimcntj une propofition. CO'On ne le dit
guère que dans les dilpures en matières de doctrine ,
ou en ft)(le de Palais. Impuipiare. Quand on propofe
des thèics, il eft permis a tout le monde de les im-
pugner. Quand on impugne une vérité que vous fou-
tcnez, plus on vous allègue de raifons pour la com-
battre , plus vous vous ciTorcez d'en chercher pour la
défendre. Régnier. Impugner an titre , unaéte.
Lmpugné, ée. part.
IMPUISSANCE, i; f. Manque de force , défaut de pou-
voir ou de moyens pour faire une chofe. Impotentia.
Vous voyez mafoiblelle, ou p\\itot mon impuijfance
à tenir contre tant de charmes. S. ÉvR. Je fuis dans
iimpuijjance de m'acquitter de tant de bienfaits. Ce
plaideur s'eft accommodé , dans ïimpuiJJ'ance où il
s'eft trouvé de pouiiuivre. Chacun cherche à excufer
u parelle dans la pratique de la vertu , par un pré-
texte À'impui£ance. Flech. La colère d'un Auteur eft
un loupçon de fon impuijfance à répondre : il ne vo-
mit des injures que pour luppléer aux défauts de fes
railons. S. ÉvR.
On diftingue dans l'Ecole une impuijfance abfolue
de une impuijfance relative. La première eft celle par
laquelle on ne peut faire une chofe en quelque état
&c en quelques circonftances que l'en fè trouve. La
féconde eft celle qui dépend de l'état &c des circonf-
tances où l'on eft. Un homme ne peut s'élever en
l'air Se voler comme un oifeau : c'eft pour lui une
impuijjance abfolue. Un homme lié &: garotté ne
peut courir , ce n'eft qu'une impuijjance relative.
05° Sous la grâce, l'homme n'eft jamais dans l'impuillàn-
ce , ni ablolue , ni relative d'y rélîfter : fans la grâce , il
n'eft jamais dans l'impuiirancCj ni abfolue, ni rela-
tive de faire le bien , parce qu'après le péché d'Adam ,
le libre arbitre de l'homme n'a point été éteint. Mais
fans la grâce il ne voudra jamais faire le bien , parce
que c'eft elle qui donne le vouloir & le faire. Ainli
l'homme elt toujours libre pour faiie le bien , fous les
mouvcmens de la concupilcence; &z pour ne pas le
faire , lous les mouvemens de la grâce ; parce que fous
l'une & fous l'autre il a toujours le libre arbitre ,
c'eft à-dire la faculté d'agir ou de ne pas agir.
Impuissance en Jurilprudence, fignihe Défaut naturel
qui rend inhafile à la génération. Les Décrétales
marquent trois caufes d'impuijjànce , la frigidité , le
maléfice, & ïim.puijfance à l'aClie. L'impuijfance eft
une caufe de nullité d un mariage §Cr quand elle eft
perpétuelle, & fans aucune efpérance de guérifon,
telle que celle des Eunuques. Mais l'impuijfance tem-
porelle ou momentanée , n'eft pas un empêchement
dirimant , parce qu'elle n'empêche pas abfolumenc
que le mariage n'ait la fin pour laquelle il a été infti-
tué , puifqu'ii y a efpérance qu'elle finira. On prou-
voit ci devant V impuijjance par le congrès, qui a été
très fagement aboli. Quand l'impuijfance du mari eft
notoire , pourquoi obliger une femme à confumer
de triftes années auprès d'un mari qui a trompé l'on
innocence , &c l'cxpofer aux bilarreries que lui inlpire
la confufion de fa foilblelîé? C. B.
Jamais la biche en rut n'a, pourfaic d'impuillance.
Tiré du fond des bois un cerj à l'audience. Bon.
IMPUISSANT, ANTE. adj. iO- Impotens. Qui n'a
point de pouvoir, qui eft fans force, qui n'en a pas
alFez. Un ennemi foible & impuifjant. Il fe dit plus
ordinairement des chofes qui ncpeuvent produire
aucun effet. Ceux qui emploient la force à la conver-
fion des hommes, avouent par cette conduite que
leurs raifons font impuijfantes à perluader. Le Cl.
Faire des eftorts impuifjans. Tous les efforts que vous
m'ofaez font impuijjans. Malgré l'union de l'ame &
du corps, l'on demeureroit immobile , fi Dieu n'ac-
cordoir ins volontés toujours efîicaces avec nos ef-
forts toujours irnpuijfans. Maleb.
Et que peut contre nous une impuilTànte haine? Rac.
Oij
o8
ï M P
Quoi! je fuis réduite à ne me venger que par une
haine obfcure Se des vœux impuijfans. Corn.
Ce qu'on appelle fagejfe,
N'ejl que l'effet de la foibleffe
Qui rend nos dejirs impuiUans. Pav.
Impuissant, fe die en Jurifprudence de ceux qui font
inhabiles CCFpour la gcnL-ranon , qui n'ont jamais
les fcnfations néceifaires pour remphr le devoir con-
jugal, ^oyeç Impuissance en Juritprudence.
Il y a'des femmes impuijjanccs auili bien que des
hommes. Cette femme a rait calfer fon mariage, à
caule que fon m-xns'e'A.uonYèimputffant.Le. Magiftrat
interpole fon autorité pour empêcher qu'un ïmpmj-
fant n'abufe du mariage, fous prétexte d'une faculté
naturelle qui ne lui appartient pas. G. G. Le Pape
Alexandre III a décide que li la iemme cil: impuif-
fante , & incapable des actes du mariage , propcer
ivxlitudïnem ^ on peut procéder à la dillolution.
Ce mot vient du Latin impotens.
IMPULSIF, IVE. adj. Qui agit par impulfion. Impel-
lens. M. Newton exphque tous les phénomènes de
la Nature par des forces attradives in: Lmpulfives.
J\'>ye\ Impulsion. _^
IMPULSION, f f. §3" Adion d'un corps qui en poulfe
nn autre; mouvement qu'un corps communique , ou
tend à communiquer à un autre par le choc. Impul-
fio. Les ailes d'un moulin ne tournent que par i im-
pulfion du vent, de l'eau , ^c. Le mouvement n étant
point ellentiel à la matière , elle n'y peut être déter-
minée d'elle-même j &■ lans une /ot^p/^^/li/z qui vienne
du dehors. Val. L'eau écoit pouilce fort haut par la
force de Vimpulfion des pillons. Perrault.
Impulsion , fe dit aullî au figuré , pour iollicitation prel-
fante. Il a fait cette méchante action par Vimpulfion
de lEfprit malin. Les tranfports d'une ame qui fe
lent mue par des impulfions divines , ne peuvent être
compris que par l'expérience. Bo s s. La même Pro-
vidence qui faifoit écrire les Evangéliftes divinement
& par Wmpulfwn de l'Efprit de Dieu, a voulu qu'ils
écrivilfent en hommes , &: comme on écrit parmi les
hommes. Pélisson.
IMPUNÉMENT, adv. Avec impunité. Impune. Les
grands crimes ne le commettent guère impunément.
Sera t-il permis .à l'héréhe de ravager \''É'^\ifi Impuné-
ment? S. EvR. Vous êtes en pays de liberté, vous
pouvez dire tout impunément. On ne fe met point
impunément au-deOus des difcours & des jugemens du
monde. La Pl. Perfonne ne veut être olfenfé impuné-
ment. FlÉch. On f.iit (ouvent du bien pour pouvoir
impunément faire du mal. La Roch. Comme il n'y a
rien de plus délicat que l'clprit humain , on ne lui
déplaît pas impunément. Cl. Il ne faut pas faire tout
ce qu'on peut faire impunément. S. EvR. On peut
Hientir impunément dans une épître dédicatoire. G. G.
La Médecine eft l'art de tuer les hommes impuné-
ment. Abl. Il y a bien des chofes qu'on peut faire
impunément , & que la bicnféance ne permet pas.
Bell.
Horace à la fatyre ajouta l'enjouement ',
On ne Jutplus ni fat , ni_/ôf impunément. Bon.
LupuNÉMENT s'applique auffi à diverfes chofes, pour
dire fans qu'il en arrive aucun inconvénient. Ainfi
en parlant d'un homme d'une famé délicate , qui ne
peut faire le moindre excès fans qu'il s'en trouve in-
commodé , on dit que c'eft un homme qui ne fauroit
faite impunément le moindre excès. Ac. pR. ifT Le
vulgaire peut pécher impunément ; fes fautes ne tirent
point à conféquence -, mais les défauts des grands
hommes font contagieux ; c'cll une mal.adie qui
gagne.
IMPUNI, lE. adj. Qui demeure fans punition, fins ven-
geance. Impunitus. La Juftice divine ne lailfe pas
toujours le vice impuni, ni la vertu toujours malheu-
rcufe. S. EvR. sl^ Cette aétion eft trop noire pour
demeurer impunie. On ne le dit que des fautes , des
crimes.
I M P
IMPUNITÉ, f f. Manque de punition de la part de
ceux qui ont le pouvoir en main. Impunitas. C'eft
l'eipérance de {'impunité qui excite les méchans à
faire -des crimes. On promet {'impunité à un coupa-
ble , pour lui faire révéler ies complices. Il gagna l'a-
m'me àesiolàdxs ç?x\' impunité. Abl. On peut quel-
quefois chercher un tempérament judicieux entre
l'entière impunité , ôc la févéritc tom-à-fait exaéle.
Herman. L'impunité des crimes alkmbla les pre-
miers habitans de Rome. S. Évr. Combien de gens
à qui l'impunité tient lieu de juftice Se de raifon !
Mont. L'impunité &c la licence de tout croire, jet-
tent la confulion dans la fociété. S. ÉvR.
Tous les jours à la Cour un fit de qualité ,
Peut juger de travers avec impunité. Boil.
IMPUR, IMPURE, adj. Qui n'eft pas net & féparé de
ies ordures, ou du mélange d'autres corps. Impurus.
Tous les métaux font impurs au iortir de la mine,
avant qu'ils aient été affinés &c épurés.
Impur, fe dit encore en Médecine des corps chargés
de mauvailes humeurs qui caufent ies maladies. Ce
corps étoit bien impur, il fa fallu purger plufieurs
fois pour le nettoyer.
Impur , le dit hgurément en chofes fpirituellcs & mora-
les. Une vie impure. Le péché rend une ame impure
ik fouillée. Une bouche impure , qui dit des chofes
obfcènes. Amour impur, impudique.
On dit aullî pour vanter une ancienne Noblefte
qui ne s'eft point méfalliée , qu'il n'eft point entré de
lang impur dans cette Maiion.
îfT IMPURETÉ. 1. f. Impuritas. Ce qu'il y a d'impur ,
d'étranger dans une chofe. Le but des opérations chi-
miques , eft de purger les corps phyiiques de leurs
impuretés , d'en tirer ce qu'ils ont de bon & d'eifen-
tiel, en le féparant d'avec leurs fèces & leurs impure-
tés. L'impureté des métaux le corrige par le feu. En
filtrant les liqueurs on en ôte les impuretés. Ce mot
eft fouvent employé en Médecine, pour délîgner les
fucs de mauvaife qualité qui font le produit des mau-
vailes digeftions , ou qui dépendent d'ime altération
générale des humeurs.
§Cr Impureté , en morale, fynonime d'impudicité , le
dit en général de tout ce qui eft contraire à la chafteté.
La fornication, l'adultère, l'incefte , les regards laf-
cifs, les attouchemens déshonnêtes , les peniées fales ,
les dilcours oblcènes , &c , font des diftérentes efpèccs
A'impureté, Le péché d'impureté eft celui qui eft op-
pofc à la chafteté. Les Payens ne croyoient pas que
l'impureté déplut à leurs dieux qui s'y abandonnoient
eux mêmes. Port- Royal. L'impureté du ftyle déf-
lionore l'Orateur.
On appeloit Impureté légale , celle que l'on con-
tradoit en faifant certaines chofes défendues par la
Loi des Juifs. Acad. Fr.
t^-IMPUTABILITÉ. f. f. Terme dogmatique, qui
fignifie la qualité d'une adion qui eft imputable en
bien ou en mal f'oye^ les art. fuiv. &: Imputer.
§3° IMPUTATIF, IVE. adj. Juftice imputative. Terme
uhté parmi les Théologiens Proteftans , qui enfei-
gnent que nous ne fommes juftifiés que par une fim-
ple imputation des mérites de J. C. au lieu que les
Catholiques dilent que nous le fommes par la charité
que le S. Eiprit répand dans nos âmes. Calvin établit
les mêmes principes que Luther , lùr la juftice impu-
tative.
IP" IMPUTATION, f f. Terme de Finance & de Pra-
tique. Compenlation d'une fomme avec une autre,
déduction d'une fomme iur une autre. Compenfitio ^
deduclio. On fait l'imputation de ce qu'on a payé de
trop d'arrérages fur le principal. L'imputation de ce
qu'on a payé pour les intérêts d'une fomme qui n'en
produit point , le fait fur le capital.
Imputation , hgnihe aufti l'accuiation qu'on fait par
foupçon, lans preuves. Imputatio. L'imputation qu'on
avoit faite à cet acculé, s'eft trouvée faulle & mal
fondée. Il n'y a point d'imputation odieufe dont il ne
i les charge. Dissekt. fur l'^-^bb. de S. Bénin, p. 2} y.
i
î M P
Imputation , cftauiH un renne dogmatique, fort ufitc
clicz les Théologiens l'ictciidiis Rétormés , &: donc les
Théologiens Catholiques le (ei-vcnt loifqu'ils réfutent
leur hérélie. Vbiei comme les Hérétiques expliquent
Jcais^cntimens llir ce terme. Ils dilent qu'il (é prend
en bonne ik en mauvaiic part. Loilqu'il le piead eu
mauvaife part, Vinipuuuion eft: l'attribution d'un pé-
ciié qu'un autre a commis. L'imputiicio/i du jiéclié
d'Adam a été faite à la pofterité , parce que par l\
chute tous fcs delcendans font devenus criminels dj-
vantDieUj comme s'ils étoient tombés eux-mêmes,
Se qu'ils portent la peine de ce premier crime. L'im-
putacion , lorlqu'on la prend eu bonne part, ell; l'ap-
plication d'une juflice étrangère. La julHce de J. C.
nous eft imputée, parce qu'on s'applique les mérites
Se le prix de (es iouilrances : ainh les Mérétiques en-
tendent par cette imputation de la juilice de JÉsus-
Christ , une juftice extrinlequc. Se qui ne nous rend
pas véritablement juftes, mais qui nous fait feulement
paroître tels , qui cache nos péchés , mais qui ne les
ertace pas. C'ell pour cela que les Catholiques ne le
fervent point du terme ^'imputation. Ils diknt avec
l'Éghle, & félon les exprcllioiis même de l'Écriture ,
que la grâce juftifiante qui nous applique les mérites
de JÉSUS Christ , non feulement couvre nos péchés ,
mais qu'elle les eftace; que cette grâce eft intrinfeque
& inhérente, qu'elle renouvelle entièrement l'inté-
rieur de l'homme , ilx: qu'elle le rend pur & jufte , Se
lans tache devant Dieu , Se que cette juftice inhérente
lui eft donnée à caufe de la juftice de Jésus-Christ ,
c'eft-à-dire par \ei mérites de la mort & de la palHon.
Ce n'eft qu'en ce l'cns que les Catholiques pourroicnt
fouffrir le terme d'imputation , s'ils étoient obliges de
s'en fcrvir. En un mot , il eft vrai que c'eft l'obéif-
fance de JÉsus-Ciip.ist qui nous a mérité la grâce
julli.'iante ; mais ce n'eft pas l'obéiftànce de Jésus-
Christ qui nous rend lormcUemeiu juftes : Sz de la
même manière , ce n'eft point la délobéiftince d'A-
dam qui nous rend formellement pécheurs , quoique
ce loit cette défobéillânce qui nous a mérité, qui nous
a attiré. Se le péché , Se les peines du péché.
IMPUTER. V. a. Terme de finance , déduire (S: pré-
compter une fomme qu'on paie , fur une autre qu'on
doit. Appliquer un paiement à une certaine fomme.
forti attrihucre , deducere ex fumma. C'eft au débi-
teur de plufieurs obligations , qu'il eft permis d'im-
puter les menus payemens qu'il fait fur telle des det-
tes qu'il veut choilir. On impute les ufures fur le
principal de la dette.
lifPUTER , fignifie auftî Attribuer à quelqu'un quelque
chcfe digne de blâme. Imputare. Néron fit imputer
aux Chrétiens l'incendie de Rome , qu'il avoit fait
iâire lui même. Une aétion ne peut être imputez à
blâme, lorfqu'elle eft involontaire. Pasc. Les Payens
imputaient aux Chrétiens les calamités publicijues.
LoMBERT.
La faute à votre amant doit-elle être imputée .'* Moi.
Les fautes d'ignorance de fait ne doivent point être
imputées. Avant la Loi le péché n'étoit point imputé.
Imputhr , s'emploie aulli quelquefois en bonne part.
Les fupplices honteux qu'on a fait fouftrir aux Mar-
tyrs leur lont imputés à gloire , à mérite devant
Dieu.
fer Le terme imputer pris de l'arithemétique , où il
fignifie proprement mettre une fomme fur le compte
de quelqu'un , conferve la même lignification en
morale. Imputer une aûion à quelqu'un , c'eft la
lui attribuer comme à fon véritable auteur, la met-
tre, pour ainfi parler , fur Ion compte, & l'en ren-
dre rcfponfable. Or il eft manifcfte que c'eft une
qualité elfenticUc des aélions humaines , en tant que
produites & diiigées par l'entendement Se par la
volonté , d'être fufceptiblcs d'imputation ; c'eft- à-
dirc que l'homme puiftc en être légitimement re-
gardé comme l'auteur , ou comme la caufe produc
trice , & que par cette raifon , on foit en droit de
lui en faire rendre .compte , &; de rcjettcr fur lui
I N 109
les effets qui en font les fuites naturelles. En effet ,
la véritable railbn pourquoi un homme ne fauroit fe
plaindre qu'on le rende rcfponfable d'une adtion ,
c'eft qu'il l'a produite lui même , le {achant Se le
voulant. Prefque tout ce qui fe dit ik fc fait entre
les hommes, fuppolc ce principe communément
rei,u , Se chacun y acquicfce par un fentiment inté-
rieur. Burlam.
On peut donc étabhr comme un principe incon-
teftablc fur Ymiputabiiité des adlions humaines , que
toute adion volontaire eft fufccptible à' imputation \
ou ce qui revient au même , que toute aétion ou
omiiiion foumife à la direétion de l'homme , peut-
être mife fur le compte de celui au ptnivoir du-
quel il étoit qu'elle il- fit , ou qu'elle ne fe fit pas;
c\; qu'au contiaire toute adlion dont i'exiftence ou
la iion-exiftence n'a point dépendu de nous, ne
fauroit nous être ï/pputée.
Mais il faut remarquer que de cela feul qu'une
adtion eft imputable ^ A ne s'enfuit pas qu'elle mé-
rite d'être actuellement imputée. L'imputation Se
VimputabHité font deux chofes qu'il faut bien dif-
linguer. La première j outre Vimputabdité , fuppofe
quelque néceflité morale d'agir ou de ne pas agir
dans une certaine manière , ou ce qui revient au mê-
me , quelque obligation qui demande qu'on fafîè
ou qu'on ne faffe pas ce que l'on peut fiiire ou ne
pas taire. C'eft un jugement qui met fur le compte
de quelqu'un une .attion qui peut lui être imputée ,
Se le rend rcfponfable des bons ou mauvais effets
qui en réfultent. Voye^ encore au mot Obligation.
Imputer , en Théologie c'eft attribuer à quelqu'un
une aétion qu'il n'a pas faite. Se la mettre fur fon
compte. On le dit en bien Se en mal. En mal , en
parlant de l'attribution d'une adfion qu'un autre a
commife; en bien, en parlant de l'application dup.e
juftice étrangère. Les Pioteftans difent que le péché
du premier homme eft imputé à les dcfcendans ,
parce qu ils font regardés & punis comme coupa-
bles à caufe du péché d'Adam. Ce n'eft pas en dire
aftez : non feulement nous Ibmmes regardés év' pu-
nis comme coupables , mais nous le fommes en eft'et
par le péché originel. Les Prptcftans difent aufli que
la juftice de J. C. nous eft imputée , que la juftifi-
cation fe fait par l'imputation de la juftice de J. C.
parce que fes foutlrances nous tiennent lieu de fa-
tisfaétion , Se que Dieu accepte fa mort comme fî
nous l'avions fbufterte. Mais la foi Catholique en-
leigne, comme l'exphque M. de Meaux dans fon ex-
pofîtion de la doétrine de l'Églife Catholique , que
la juftice de J. C. eft non feulement imputée j mais
artuellement communiquée à fes fidèles par l'opé-
ration du Saint Efprit , eiiforte que non feulement
ils font réputés , mais faits juftes par ù grâce. J'a-
joute que ce que les Proteftans difent fur la foi im-
putée , n'eft qu'un verbiage qui ne fignifie rien.
Imputé , Ée. part.
I N.
IN. Remarquez que les Parifîens riment volontiers in
Se inte avec ain Se ainte : c'eft pourquoi on appelle
ces fortes de rimes des rimes Panjiennes. Je ne les
blàmc pas. Mais je ne voudrois pas les employer.
Men. Tout le monde n'eft pas fl délicat là - deffus
que M. Ménage.
In eft une prépofition Latine que nous avons retenue
au commencement de plufîeuts mots fans la chan-
ger en en , comme on l'a fait en plufieurs autres.
In dans la compofition à deux fens. 1°. elle figni-
fie dedans , comme inclufe , incamérer , incorporer ,
Se femblables. x°. Elle a un fens négatif, comme
dans ceux-ci , inaccejjible , inaction , indigejle , &
quantité d'autres qui fontautorifés par l'ufage , ou que
les Écriv.ainsfe;permettent avec plus ou moins de fuc-
cès. Devant un b , une m Se un p , elle fe change en
m : imbu J immédiat , impoli , Sec.
Le P. Bouhouis fc déclare ouvertement contre la
plupart des mots nouveaux ou renouvelles , qui com-
I N A
IIO
mencent par m , im , ou ir , dont quelques-uns néan
moins ont fait fbitune depuis. Voyez les Doutes &:
fes Remarques Jur la Langue Francoife.
Cette prepohtion Latine elt aulh demeurée fans au-
cun chanijCnient , & fans compodtion dans quelqu^-S
exprellions Latines que Tuiage a reçues &: établies
dans notre Lingue , comme ïn-gLobo , in-folio j in-
quarto j in-oclavo.
On \x met quelquetois même avec un mot Fran-
çois. Ainli l'on dit en termes de Librairie in-dou'^e ,
m-feb^e , in-vingt quatre. Informa duodecima, ded-
ma-Jextay vigejima-quarta , pour marquer des livres
qui font dans ces formes. Tous les in- 12 de ma Bi-
bliothèque font dans ce cabinet. Ce n'cll: qu'un petit
in-fei^e. Le nouveau Teftament Grec , Virgile , Ho-
race , ont été imprimés à Sedan in-vingt- quatre. Les
livres imprimes en caractères qu'on appelle la Séda-
noile & la Nonipareille , lont ordinairement des in
vingt quatre. On voit par-la que des lix lormes que
l'on donne aux livres dans l'Imprimerie , il y en a
trois où in le joint à un mot Latin , & trois où elle le
joint à un mot François. Voye^ encore ces mots ci-
dellous en leurs places.
I N A.
INABA. Ville de l'île de Niphon , une de celles du Ja-
pon. Inaba. Elle e(l dans la partie leptcntnonale de
Jamaiftéro , & elle ell Capitale d'un Royaume qui
porte Ion nom. Maty.
INABORDABLE, adj. Qu'on ne peut aborder. Une
côte , une plage inabordable. Cette place eft inaborda-
ble par terre. On dit fîgurément qu'un homme eft
inabordable, quand il §3" ne le laille pas aborder,
quand l'abord en eft difficile. Affatu difficdis. Les
grands lont louvent inabordables. Voyez Abord ,
Accès, Accueil & les termes relatifs.
IN ACCESSIBILITÉ. 1". f. ImpoOlbiUté , ou grande
difficulté d'approcher, d'aborder.
A peine Clémentine fe vit elle en liberté , qu'elle
ne fongea plus qu'aux moyens de quitter un léjour
qui lui reprochoit lans cefte Ion crime. Ils n'étoient
pas faciles, h'inaccejflbdité de cette île lui en devoit
faire perdre la penlée Hijl. de Don Ranucio
d' Alétes , t. 2 j p. I oé , I oj.
INACCESSIBLE, adj. m. & f. Dont on ne peut ap-
\-;:)C\\t:..Inaccejjus. Il le dit également au propre &
au figuré,. Cette place eft inaccejjîble de ce côté-la ;
elle ell environnée de marais, de rochers. Il y a des
iv.oritagnes inacceJjicUs. L'Auteur de Polexandre lut
l'ilc d'Alcidiane inauejfibis. On donne à ce mot un_
ducii pour régime. Une montagne inaccejjîble à tout
aurre qua vous. Bossi Rab.
^G' Inaccessible en Géométrie. Hauteur inaccejfible ,
qu'on ne peut mefurer immédiatement à caule de
quelque obilacle. Un Géomea-e niclure de loin tou-
tes les hauteuts inaccefjibles.
^CTIkaccessible , le dit aulli d;s perfonnes auprès def-
quelles on ne peut trouver d'accès. J^oye^ ce mot.
Cet homme eft inaccejflble à les amis. Les grands l'ont
ordinairement inacceffibles.
Au figuré on le dit de ceux dont l'accès eft difficile ,
impoffible. Depuis qu'on a fait de ce Commis un
perlomiage important , il eft devenu inaccejfible.
Voyez Accès
On le dit encore de ceux fur lefquels certaines cho-
fes ne peuvent rien , ne peuvent faire aucune impref-
lîon. C'eft dans ce lens qu'on dit qu'il y a des gens
■ qui par ftupidité font inaccejftbles à la vérité. Le Cl.
On trouve peu de cœurs inaccejftbles à la flatterie.
Bel. Son grand coeur étoit inaccejjîble aux frayeurs de-
là mort. Boss. Cet augufte Tribunal lera toujours
inaccejjiole à l'erreur. Pat. Son fuperbe cœur eft
inaccejjîble à l'amour. Des-H.
La montagne inaccejfible , autrement I'Aiguille.
P^oye:^ ce mor.
INACCOMMODABLE. adj. de t. g. Qui ne fe peur
accommoder. C'eft une querelle inaccommodablc. Il
n'eft d'uiage que dans le ftyle familier. Ac. Pr.
I N A
INACCOSTABLE. adj. m. Se f. Qu'on ne peut accof-
ter , avec qui il eft difficile de faire connodlance , ou
de lier converlation. Ad quem non ejt aditus. Ce met
eft nouveau.
INACCOUTUMÉ^ ÉE. adj. Qu'on n'a pas Coutume
de faire. Injolitus. Ce mot eft iiouveau, Ôc a pris la
place à'inJoUte , qu'on diloit autrefois en même fens ,
ik. qui n'eft plus en ulagc qu'au Palais. Ni l'un ni l'au-
tre n'clt dutage dans le langage ordinaire. Je fens de
certains mouvemens inaccoutumes qui me menacent
de quelque maladie. Les clprits fins feroient Géome-
metres , s ils pouvoient plier leur vue vers les princi-
pes inaccoutumés de Géométrie. Pasc.
INÀCHIDE. f. Nom d'un^ fam:Ue Greque. Les Inachi-
des ont régné à Argos avec une puiilance abfolue.
Tel étoit anciennement dans la Grèce le règne des
Inachides à Argos. De Courtin. Inachides. Ils s'ap-
peloient ainli d'Inachus premier Roi d'Argos &: des
Argiensj que plulieurs Chronologiftes font contem-
porain de IviùVie.
INACHO. Nom d'une petite rivière de la Grèce. Ina-
chus, Molojforum Fluvius. Elle coule dans l'Épire,
& le décharge dans le fond du Golfe de Larta, au
midi de la ville de ce nom. Maty.
INACHORI. C'étoit anciennement une petite ville de
lile de Candie. Inachorium. Ce n'eft maintenant
qu'un village fitué fur la côte occidentale de l'île.
Maty.
INACHUS. f. m. Fils de l'Océan , c'eft-à-dire , venu
par mer, de Phénicie dans la Grèce, y fonda le Royau-
me d'Argos, lïc fut le chef de la race des Inachides j
dont huit régnèrent après lui.
Ip^ INACTIF, IVE. adj. Qui eft fans aélion. Subi- .
tance inaclive. Iners. Mém. de Trév. C'eft un terme
dogmatique.
1^ INACTION, f. f. Terme compofé de la particule
négative in , Jans , & du mot adfion. Ainii ce mot
lignifie proprement ceilation de toute action^ de tout
mouveniint. Inertia. Les troupes font aujourd'hui
dans l inaction. Cet homme eft dans ïinaciion, rien
ne le peut tirer de ïinaciion.
^CT L'Inaction, en Morale, eft tantôt l'indolence qui
émoulle le goût , tantôt la nonchalance , qiu craint la
fatigue , tantôt la parelle , qui fuit la peine. C'eft un
défaut de lenlibilité , un dehut d'ardeur , un défaut
d'action. Il aime tellement le repos , que les plus
grands intérêt ne fauroient le tirer de Vinaclion. Le
dogme de la prédeftination ablolue ne jette dansl'i^ûc-
tion que ceux qui ne l'entendent pas. Sous prétexte
d extirper tous les defirs , Se de dépouiller l'homme de
toute volonté , il ne faut pas le conftituer dans l'in-
dolence & dans Vinaclion. Boss.
Les Mylliques appellent inaction une privation de
mouvemens , un aneantiflement de toutes les facultés,
par lequel on ferme la porte à tous les objets exté-
rieurs, & l'on le procure une elpèce d'extale du-
rant laquelle Dieu parle immédiatement au cœur.
Cet état d'inaclion eft le plus propre à recevoir le
Saint tlprit.^ C'eft dans ce repos & dans cet aifoupil-
lement, que Dieu communique à l'ame des fentimens
& des grâces lublimes & ineftables. C'eft à-peu-près
le lentiment des Quiétiftes. Quelques uns ne la font
pas conliftet dans cette elpèce d'indolence ftupide,
ou cette lulpenlîon générale de tous fentimens. Ils
difcnt que par cette ceftacion de délits , ils entendent
feulement que l'ame ne fe détermine point à cert.ains
aétes politifs , & qu'elle ne s'abandonne point à des
méditations ftérilcs , ou aux v.iines Ipéculations de la
railon ; mais qu'elle demande en général tout ce qui
peut être agréable à Dieu , fins lui rien prelcrire.
Dans tout cela il y a quelque choie de bon , <Sc c'eft
ce qu'on trouve dans les bons <Sc anciens Myftiques;
mais les nouveaux Myftiques y ont ajouté du leur , Se
ont même abulé des exprellîons , qui avant eux
étoicnt fort bonnes & fort innocentes. Ce font leurs
erreurs qui ont décrié les mots d'inaclion, de quié-
tude , &c. parce qu'ils y ont attaché un mauvais lens,
qui avant eux n'y étoit pas. Il eft vrai cependant, à
parler en général , que Vinaclion n'eft pas un fort bon
I N A
moyen pour Kul]ir auprès de Dieu. Dieu veut que
noui agiliions, que nous taillons le bien, ëc nocie
hhidion ne peut lui être agréable.
|3- INACTIVITÉ, f. f. L'oppolé d 'activité , inertie.
Le propre lyHènic du corps cil d'aller toujours en
avant , làns pouvoir fe détourner lui ineuie , rii sarré-
rer, ni reprendre Ton train. Ion mouvement lui vc-
.jiant de dehors, à caule de l'iriizctivué de la matière,
Mém. de Trév. Ce mot ne diitérc guère d'inadion.
INADMIbSIBLE. adj. m. &c f. Qui ne peut être admis ,
ni reçu en Juftice. QuoJ non admktuur. Ces moyens
de taux ont été déclarés impercinens & inadruijjlhlcs.
La preuve par témoins d un prêt au dellus de cent li-
vres , elt inadmijfihlc depuis l'Ordonnance.
INADVERTANCE, f. f. CKfDeiaut d'attention ; ad-ion
commik Tans attention aux fuites qu'elle peut avoir.
Imprudcnna. On fait des fottifes par inadvertance.
\Jïnadvenanci ell le partage des cnfans , des hommes
vifs ou dill:r.iits , de tous ceux qui font plus prellés
d'agir que de penfer , &: dont la raifon n'éclaire jamais
que le tautes. Un tirux rapport , une inadvertance ,
une mauvaife humeur effacera toute l'cftime qu'on a
de nous. Nie.
INAFFECTATION, f f. Ce mot n'eft point reçu.
Bourlault ne s'en efl; fervi que pour fe moquer des
exprelllons d'une Précieule,
Des mots pleins d'énergie & d'érudition ,
Comme inintelligible , inaffedation.
INALIÉNABILITJÉ. f. f. Qualité de ce qid ne peut pas
s'aliéner , de ce qui efi: inaliénable, h'inaliénabdité
du domaine n'ell que de droit politih DelaHous-
SAiE, Mémoires.
INALIÉNABLE, adj de t. g. Qui ne peut s'aliéner.
Quod alienari non potejl. Les Domaines du Roi ,
de TÉglifc , des Mineurs , font inaliénables , Imon
à rachat perpétuel. Foye-{^ Aliéner
INALLIABLE. adj. de t. g. Qui ne peut s'allier Quod
coalefcere non potejl. Il fe dit principalement des
métaux qui ne peuvent s'allier les uns avec les autres.
f^oye\ Allier. L'Académie en donne cet exemple
au tiguré : Les intérêts des Dieux & ceux du monde
font inalliables.
INALPIN , INALPINE, adj. Mot qui fe dit parmi les
Géographes , & qui vient du Latin inalpinis ; c'eft-
à dire, qui ell engagé dans les montagnes des Al-
pes. Lieu inalpin. Place inalpine. Les Latins ont dit
alpini ëc fubalpini , pour ligniiier la même chofe ,
comme s'ils diloient cifalpini Se tranfalpini , pour
iîgnilîer ceux qui à l'égard de Rome étoienten de ça,
ou au de là des Alpes. Au relte, le mot d' Inalpin
n'eft pas François , & il n'elt pas allez nécellaire à
la Géographie pour être un terme d'art.
ÎNALTLRABLE. |p° adj. de t. g. Qui ne peut être
altéré : également ufité au propre & au figiu-é. Les
clémens font inaltérables. L'ame d'un Stoïcien eft
inaltérable. Neque mutationi , neque corruptioni ob-
noxius. D'où vient que l'ame étant incorruptible ,
«Se inatérabln de la nature , une vapeur qui monte au
cerveau altère l'elprit , Se ôte quelquefois la railbn.
Bou.
INAMISSIBILITÉ. f f. Qualité de ce qui efl; inamiflî-
ble. Il ne fe dit qu'en cette phrafe , L'inamiJJibilité
de la grâce. Les Proteflians foutiennent l'inamijjibi-
bilité de la grâce.
^3" Ce terme contre lequel le P. Bouhours s'étoit
déclaré , en le regardant comme un étranger habillé
à la Françoife , eft d'un ulage fréquent parmi les
Théologiens. Les Sedateurs de Calvin prétendent ,
que lorfqu'un homme efl: une fois jufiifié , il ne
celle jamais d'être jufle , quelque mal qu'il falîè
entuite : de fjrte que , dans les plus grands crimes ,
danb le plus grand endurcilfemerit de coeur , dans
le plus grand oubli de Dieu , il conferve cette juftifi-
caàon, & ne peut jamais la perdre. Pour faire en-
tendre toutes ces chofes dans un feul mot , M. Ni-
cole s'efc fervi du mot à'inamijjibilité , qui ell: devenu
I N A III
un terme conlacré. L'inamiJJlbilité de la grâce,
l'inaintjjihilité de la juflification.
INAMISsiBILE. adj. de t. g. Qui ne fe peut perdre.
Quod amitti non potejl. Il n'ell en ulage qu'en cette
phrafe , Grâce maniijjlble.
INANIME, LE. adj. Qui n'a point d'ame. Inanima-
tus. Corps inanimé. Les nu^.iux font des corps /«i7/;i-
mes. Les Payens ont porté lidolatrie Se la iolie à
adorer les chofes inanimées.
On appelle hgurément un corps inanimé , celui
qui n'a pas cet air vif tjUi donne un mouvemci.t
ajréable a ce c]u'il dit , ou à ce qu il tiit. C eft: une
beauté inanimée. Chant inanimé, figure inanimée ,
qui ne marque aucun (entiment.
iNANirÉ. f. t. Ce mot le trouve dans la tradudion
envers de limitation de JélusChriftj mais l'ulage
ne l'a point reçu ; Se on ne doit pas s'en fervir.
Inanc.
Inanité. Nom que les Chronologues donnent à la
durée du monde julqu'à la loi de Mofle. On compte
ordinairement i^ ^o -ans d'inanité , mais d'autres n'en
comptent que 2000. Les Chronologues ne convien-
nent point du temps d'inanité , ni de celui qui s'ell
écoulé fous la Loi julqu'au Mellle. Du Pin. Ce mot
vient d'inanitas , Vide , parce que pour-lors il n'y
avoir point de loi.
INANITION, f f. Terme de Médecine. Épuifement ;
état d'un eflomac vide , Se qui a beicin d'alimens ;
extrême degré de foiblclle provenant du défaut de
nourriture. Exinanitio. Il y a des tiatuofités qui
viennent de réplétion , & d'aiitres d'inanition , qui
font les plus dangereufes. Il eft: moit d'inanition.
INAPERCEVABLE. adj. de t. g. Que l'on ne peut ap-
percevoir , ou que l'on apperçoit dinM;ilcmcnt. Le
Galcon Fontignac dit dans la Comédie des Petits
Hommes j ou de l'Ile de la Railon ; que des huit[Eu-
ropéens la taille du Philofophe efl: la plus inapperce-
vahle .... Mais ce mot n'eft point admis dans l'u-
fige ordinaire.
INAPPPÉTENCE. f. f. ou Anorexie Inappetentia.
Détaut d'appétit. J^oye^ Anorexie.
INAPPLICATION. ff. Manque d'application à quel-
que chofe. Levis autnulla atttentio. Son inapplication
eft: caufe qu'il ne réullit pas à l'étude, quoiqu'il ait
de l'efprit. Le changement trop fréquent de dif cours
eft l'edet d'une inapplication defprit qui ne fait point
d'honneur. Bail. Si les hommes s'adrellcient à Dieu
dans leurs befoins , ils en recevroient des fecours ,
dont leur défiance , leur parelîe , & leur inapplication
les prive , Se les rend indignes. As. de la T râpe.
INAPPLIQUÉ , ÉE. adj. Qui n'eft: point appliqué , qui
n'a point d'application. Parum attcntus. Le défaut
d'un Prince trop facile Se inappliqué , efl: de fe livrer
avec une aveugle confiance à des Miniftres artificieux.
Fén. Les efprits tiiperficiels Se inappliqués n'appro-
fondiftent rien. Bell.
INAPPRÉCIABLE, adj. Qui ne peut être apprécié.
V^oye^ ce mot
gCr' INaPPRENABLE. adj. de t. g. Qu'on ne fauroir
apprendre. Plufieurs enviLageant la multitude des
caradères Chinois , croient que cette langue eft inap-
prenable. MÉM. de TrÉv. An. 1744.
iG' INAPTITUDE, f f. Défaut d'aptitude à quelque
chofe. On ne fait à quoi l'employer par fon inapti-
tude à tout. Ce mot qui fe trouve dans le Did. de
l'Acad. Fr. ne paroît pas être d'un ufage bien fré-
quent.
INARIME. Petite île de la merTyrrhénienne , aujour-
d'hui Ifchia, dans la mer de Tofcane , vis-à-vis de
dîmes. Virgile dit que les rochers d'Iranime (ont
entaftés , par l'ordre de Jupiter , fur le corps du Géanc
Tiphoée ; c'eft que la foudre tombe fouvent fur cette
île.
INARTICULÉ, ÉE. adj._ Il le dit des fyllables_, des
mots , des fons qui ne font pas prononcés diftinde-
ment. Des mots inarticulés, des fons inarticulés.
Inarticulé , fe dit aulîl des êtr?s mal formés , fans or-
ganes. Jnformis , e. La graine d'une plante n'eft pas
un être informe , purement matériel ^ inarticulé ;
îix I N A '
mais au contraire elle efl: d'une ftriiAure tant interne
qu'externe , arrêtée , précife & unitorme dans cha-
que efpèceen tout ce qui eftelîentiel à l'efpèce. Do-
DART. Acad. des Se. 1701 , Mém. p. 24S' Les
Muficiens n'ont jamais été de grands Écrivains. On
les trouve L'cs, obkurs , mal, digérés, inarticulés ,
mintclligiblcs. Le P. Gastel.
ÎNATTAgUABLE. adj. de t. g. Qui ne peut être atta-
qué. Qui oppugnarinon poceji. Cette viWe el\ inana-
qu. ble , excepté du côté du midi. Cette t'ortercire cil
inatcaquable , on ne peut la prendre que par tamine.
Ma caufe ell: inattaquable. Mon droit ell inattaquable.
Ce titre n'a point été attaquéj parce qu'il elt inattaqua-
ble. NORMANT.
liNlATTENDU , UE ad}. A quoi on ne s'attend pas.
Une épithète bien choilîe tient lieu prciquc toujours
d'une phrale entière ; elle tait une impreliion vive &
inattendue M. De LA Motte , Dif. fur la
Pocfîe. Dii'gracc inattendue. Bonheur inattendu.
IfJ- INATTENTIF , IVE. adj. Qui n'a point d'atten-
tion. Minime attentus. Un enfant inattentif. Foye\
Attemtif.
INATTENTION, f. f. Défaut d'attention. Attentionis
defeclus , inadvenentia. Ce mot , quoique nouveau ,
commence à être ulité. /^oy^t Attention.
INAUGURATION, f. f. Inauguratio. Cérémonie qu'on
fait au Sacre d'un Empereur , d'un Roi j d'un Prélat ,
qu'on appelle ainii à l'imitaton des cérémonies que
faifoient les Romains , quand ils entroient dans le
Collège des Augures.
Ce mot vient du Latin , inauguratio , inaugurare ,
qui iîgnifîe. Dédier quelque Temple , élever quel-
qu'un au Sacerdoce , ayant pris auparavant les au-
gures. On dit plus communément Sacre ôc couron-
nement.
INAUGURER, v. a. & INAUGURÉ , part. Ce terme
iîgniiioit chez les Romains Prendre les augures ,
conllilter le vol des oifeaux , avant que d'entrepren-
dre quelque choie. Se il iigiùtîe encore la même
chofe dans notre langue , quand on parle de la cou-
tume fuperftirieufe de ces peuples; mais dans l'ulage
préfent il figniîie Dédier , initier , tacrer. Les Tal-
mudilfes appellent le Pontihe lur lequel les cérémo-
nies ont été faites , inauguré par l'habit & par l'onc-
tion. GoerÉe. Après que Johas eut caché l'huile la-
ctée , l'inauguration des Pontites ne fe falloir plus par
Tonéfion , il leur f ulfiloit d'être inaugurés par l'ha-
bit. Id. Herman Witlms fut inauguré à Leyde le i 6
Od'obre i69S,par une harangue où il fit le portrait
d'un Théoloiien modclle, dont on trouvoit l'original
en lui-même. Moréri , Dici.
INBAB. f. f. Terme de commerce. On vend des toiles
au Caire qu'on nomme grandes inbal>s , dont les piè-
ces ne font que de 3 o pics. Elles fe vendent i jo mei-
dins la pièce.
I N C.
INCA , ou INGA. Quelques - uns écrivent par un y
Ynca , ou Ynga , f. m. C'eft le nom que les natu-
rels du Pérou donnoient à leurs Rois &c aux Princes
de leur lang. Inc(^ , Dynajies , Dynafta , Rex , Do-
minus. Pedro de Ciéçj'a de Léon , dans la première
partie de la Chronique du Pérou , c. jS , rapporte
l'origine des Incas , Se dit que le Pérou tut long-
temps un théâtre de toutes fortes de crimes , de
guerres, de dillentions&dedélordres les plus abomi-
nables j julqu'à ce qu'enfin parurent deux frères ,
dont l'un fe nommoit Mangocapa , & dont les In-
diens racontent de grandes merveilles ; Mangocapa
bâtit la ville de Cufco , il fit des loix & des règle-
mens, & lui& fesdelcendans prirent le nomà' Inca,
qui lignifie Roi ou Grand-Seigneur. Ils devinrent 11
puillans qu'ils fe rendirent maîtres de tout le pays qui
s'étend depuis Pafto jufqu'au Chili ; ou depuis la ri-
vière de Maule du côté du fud julqu'à la rivière
d'Angafmayo , du côté du nord. Les deux rivières
firent les bornesde leur Empire, qui comprenoit plus
de 1300 lieues de long. Il dura juf-iu'aux diviùous
I NC
de VInca Guafcar unique héritier du Pérou, Scd'Ata,-
balipa , car les Elpagiwls en ayant profité , le ren-
dirent maures du pays , 8c détruilircnt 1 Empire des
Incas. f^oye:^ Pedro de Ciéça , Part. I , c. jS ,60
& 1 16. Ils demeuroient dans les moiitagnes. VInca
Yupangue , aïeul de Guaynacapa Se père de Topayn-
ga , fut le premier qui dckci.dit dans la plaine &
vilita la côte. C'eft VInca Mancocapac londatcur de
l'Empire des Incas, qui a introduit l'adoration du
loleil au Pérou. Avant les Incas les habitans du Pé-
rou étoient divilés par villages , & c'étoit le pre-
mier des Caciques qui les gouvernoit. On n'a mé-
moire que de douze Incas , entre lelquels Guaypa-
cana elt celui qui a étendu plus loin les bornes de
fon Empire. Il les poulla julqu'à Quito. Atabalipa ,
le dernier des Incas , qui avoir uturpé l'Empire fur
Gualcar , tut vaincu par Pizaro , Capitaine Elpagnol.
On dit que les plus conildérables des Nobles du pays
portent encore aujoutd'hui ce nom. f^. Fédro de
Ciéça cité , l'hilloire de la Compagnie de Jésus ,
Part III. Liv. Fil , n. 204, &c. Garcilallb , Her-
réra , Acolla ^ Linfchot, &c. Pedro de Ciéça avoit
écrit un livre particuher des Incas , qui n'étoit point
encore public lorlqu'il imprimoit fa Chronique du
Pérou.
Ce mot en langue du Pérou , fignifie Roi , Sei-
gneur. Mém. de Tr. 1706 , p. 20 jS. Pedro de
Ciéça cité ci dellus. Il ne faut pas confondre Inca
avec Yunca , ou Yunga. Voye-^ ce dernier mot , &
Pedro de Ciéça , P. I , c. 6 0.
INCAGADE. {. h Bravade , rodomontade , mauvais
fuccès d'une entreprife où l'on fe vantoit de réulllr.
■Vous favez , dit le Duc de Mayenne aux États de la
LiàUe , qu à mon retour de mon expédition de
G'uienne , ( que les politiques appellent incagade )
je n'efteduai pas en cette ville ce que je ptnfois , à
caule des traitres qui advertilloient le tyran leur
mairtre , Sr ne tiray autre fruit de mon voyage que
la prife de l'héritière de Caumont , que je deftinois
pour femme à mon fils. . . . Sat. Mén. t. i :, p,
31 , 32>
Voye-^ l'Hiftoire de la Ligue par Maimboarg ,
in-f^, Paris i68},p.p/ ,j)2.
INCAGUER. V. a. Défier quelqu'un , fe moquer de
lui en témoignant qu'on ne le craint point. Provo-
care j laccjfere. C'eft un homme qui me menace beau-
coup , mais je Vincaguc. Il elt vieux , 6c ne fe die
qu'en plailantant.
On dit en ftyle comique , incagusr le deftin , in~
caguer la fortune.
INCAMÉRATION. f. f. Terme de la Chancellerie
Apoftolique. C'eft l'union de quelque teire , droit,
ou revenu 3 au Domaine du Pape. Incameratio.
L'incamération du Duché de Caftro a caufé un guerre
entre la Mailon des Barbarins, & celle du Duc de
Parme. Ces railons le réduloieni à deux chefs , donc ■
l'uri regardoit le droit & rimpoliihilité de rom-'^-
pre cette incamération. Ab. Regn. ïfy Ce mot paroic
venir de Chambre, qui fignihoit autrefois le Domaine
d'un Prince.
INCAMÈRER. V, a. Unir au Domaine EccJéfîaftique
quelque terre , droit , ou revenu. Incamerare , ca-
rners. apofloHc£ addicere. Ces railons le réduit oient à
deux chefs , dont l'un regardoit le droir que le Pape
avoit eu d'incamérer cet Etat ( de Caftro ). As. Regn.
INCANTATION, f. f. Enchantement , cérémonies
que font les prétendus Magiciens pour évoquer les
Démons , ou pour tromper la limplicité du peuple.
Incantatio , carmen magicum. Après que ce lorcier
eut fait plufieurs grimaces & incantations.
|Cr INCAPABLE, adj. de t. g. Inhabilis. Il fe dit de
celui qui eft dans une dilpolition , dans une lituation
qui ne lui permet pas de faire certaines choies : &:
de ce qui n'a pas les conditions ou les qualités requi-
fes. Homme incapable d'attention. Terre incapable
de rien produire. Ce babillard parle tans celle , moins
parce qu'il eft capable de bien parler j que parce
qu'il eft incapable de le taire. Ablan. Nous lommes
incapables de goûter une douceur pure 3c véritable.
S. ÉvR.
I N C
s. Éyr. La vieilleire rend les gens incapables àc
travailler, d'acquérir. Cet liouime elt li groilier , Il
flupide, qu'il e(t incapahtc <.\ ,\ûàïïcs, tl'étiidcs. Cette
digue cil Incapable de réliftcr à une li violente inon-
dation.
§^' On dit abfolumcnt ^ c'cft un homme incapable ,
l'homme du monde le plus incapable , en parlant
d'un homme qui manque de talent.
ftS" iNCAPAisLi; de connoillance. En Jutilprudcncc, eft
celui qui n'a pas les qualités >!n; les dilpolitions néccl-
f^iires pour laire ou pour recevoir quelque choie.
\i\\ bâtard elt Incapable de tefter , de pollédcr des
bénéfices làns difpenle. Les Tuteurs , les Curateurs ,
les Médecins , les Chirurgiens , &c. font incapables
de recevoir des dons & des legs , les premiers de ceux
qui font fous leur conduite ; les ler.onds , des mala-
des dont ils prennent foin.
LvcAPABLE, lîgniiîe aulH , Indigne. Un homme noté
d'infamie eli incapable de pollédcr Ollices ni Bénéfi-
ces. Incapable , dans ces phrales lignifie incapacité
proprement dite , mais fondée lur l'infamie.
Incapable, fe dit aulfi en bonne part, & lignifie, qui
a trop de coeur , trop de probité , pour faire une
chofe qui ne fe doit pas faire. C'ell un homme , qui
eft incapable de faire une ballelfe , une lâcheté , une
trahifon , une injuftice. Incapable fe prend ici dans
un fens moral. À^'on isejl in quem cadere pojjic fraus ,
dolus j &c.
Ip- INCAPACITÉ, f. f. Danslafignifîcation d'infuffifan-
cc. C'eft un manque de qualités , de connoillances , de
talent. C'eft l'oppolé de l'intelligence qui rend les
hommes propres aux divers emplois de la fociété.
Iniperitia. On ne le dit que desperlonnes. Quand on
parle d'aftaires avec un tel homme , on reconnoit
bien-tôt fon incapacité. Un Juge eft refponûble de
toutes les iniquités qu'il commet par incapacité.
La Pl.
|iCr Incapacité , en Jurifprudence. Défaut de pouvoir.
Il y a incapacité de s'obliger , de contracter entre
vifs & par teftament , de donner à de certaines per-
fonnes, de recevoir d'elles ^ &c. La bâtardile em-
porte incapacité de tefter. Voye-i^^ Incapable.
Incapacité , en matière bénéhciale. Il y en a de deux
fortes. Les unes rendent nulle la provifion du béné-
fice dans fori principe ; les autres lurvicnnent , iSc
annuUent les proviUons qui étoient valables dans
leur commencement. Les incapacités qui animllent
les provihonsdans leur origine (ont , le défaut de dif-
penfe d'âge pour un mineur , de légitimation pour
un bâtard , de naturalitatioii pour un étranger , (S'c.
Les incapacités , & inhabilités qui arrivent au pof-
felîeur d'un bénéfice depuis fes provilions , font les
délits , ou crimes atroces qui rendent le bénéfice im-
pétrable, ou qui le font vaquer de plein droit, ou
qui le font tomber dans l'irrégularité.
fCriNCARNADIN y INE. adj. Synonyme d'incarnat,
* mais défignant une couleur un peu plus foible.
Rofei coloris. Ruban incarnadin. Moire incarnadine.
Rofe incarnadine. L'aurore aux doigts incarnadins.
Desh. Il eft aulli lubftantif Rofcus color. Incar-
nadin d'Efpagne. Voilà qui eft d'un bel incarnadin-
Il y a des anémones qu'on appelle incarnadïncs
à caufe de leur couleur.
INCARNAT , ATE. adj. Qui fignifie la même chofe
qu'Incarnadin. Elpèce de couleur entre le couleur
de cérife &: le couleur de rôle. Couleur de chair
fraîche & vermeille. Rofei coloris. Une bouche
incarnate Se vermeille.
Ce mot vient du Latin incarnatum j qui lignifie
couleur de chair.
Incarnat , eft aulH fubft. mafc. qui veut dire , couleur
incarnate. Rofeus color. Cet incarnat ed beau.
Jouvencelle au teint délicat ,
Mêlé de blanc & cf'incarnat. Scar.
l'incarnat de la rofe , & la blancheur du lis.
Senecé
Tome V.
INC iij
Les Fleuriftes donnent ce nom à pluficurs œillets.
Les teillets Incarnate font le Ikau Daumont, le iien-
j.imin , le Duc de l'iorenec , le feu de Ligni , le feu
& bl.uic , le Grand Incarnat , le Grand Cyrus , le
Grand Albardicr , le Grand Turc , l'Hyppolyte
\' Incarnat \m^h\^\ , Y Incarnat Caron , \ Incarnat
Cézillcj \ Incarnat de lùemnes , X Incarnat Railli ,
\ Incarnat JUonne , Ylncarnat d'Ath , l'Incompara-
ble , le Monftre pâle , le Polyphilc , le Sauvat;e , le
Tertio de Paris, le Victorieux appelé aulli le Flam-
boyant, &: par d'autres l'Incarnat ii. doubles feuil-
les , ou le petit Sauvage.
Incarnat d'Ath. (Eillet incarnadin fur un fin blanc.
Il porte une très large Heur , fort détachée Ik tran-
chée de gros panaches.
Incarnat Blonne. Nom d'un œillet. C'eft un I ne ar-
nat pâle , mais le blanc en eft très [in. Ce qu'il a
de particulier, c'eft d être un très gros œillet , garni
de teuillcs, & d'avoir un panache fort détaché.
Incarnat Caron. CEilIet dont le véritable nom eft
Incarnat Jancille , autrement le Grand Étendard.
Son blanc eft fort fin , & fes panaches allez gros ;
mais il eft petit & fort rond. Sa plante vigoureufe
eft d'un beau verd.
Incarnat Cezille , eft un gros œillet d'une incarnat
pâle garni de feuilles , fujet à crever : fon blanc eft
allez fin j la plante forte ,. & abondante en marcottes ,
la Heur eft, hâtive.
Incarnat des Fremnes. C'eft un incarnat dont le
panache eft régulier , mais il eft fuivi de quelques
mouchetures qui en diminuent la beauté.
Grand Incarnat. (Eillet qu'on nomme autrement.
Incarnat Royalj Incarnat Impérial : c'eft un Incarnat
pâle dont les panaches ne font pas gros , mais il
n'eft pas fourni de feuilles ; il eft tardif «Se porte
graine ; fa plante eft fi vigoureufe , que les fanes
font prelque lemblables à celles de poireau , elles
font quelquefois atteintes de taches roufsâtres , il ne
calle point en lui laill'ant cinq ou hx boutons fur fon
principal dard ; il fe trouve à Lille. Morin.
Incarnat Impérial f^oye:^ Grand Incarnat.
Incarnat Railli. C'eft un gros incarnat fur un fift
blanc , large , qui ne crevé pas en lui lailfint cinq
boutons. Sa Heur eft allez bien tranchée , fa plante
eft allez vigoureufe. Tout ceci eft pris du Traité de
la Culture des ficurs.
INCARNATIF^ IVE. Terme de Chirurgie. Qui fait
revenir les chairs; qui les fait croître, qui les unit,
les rejoint. On le dit des remèdes , des bandages ,
des lutures. Remède incarnatif , eft un remède pro-
pre à faire croître les chairs , i^: à les unir. Bandage
incarnatif J eft une bande à deux chefs fendue pro-
che l'un des bouts , afin de palier l'autre bout pax"
cette fente. Quand on fe fert du bandage incarnatif,
il fiut_ appliquer le milieu de ce bandage fur le côté
oppofé à la plaie j en forte que l'endroit oîi le ban-
dage eft pafté par la fente foit fur la plaie , & qu'en
tirant les deux bouts on approche les lèvres de la
plaie pour les rejoindre & les unir. Suture incarna-
tive , eft une future laquelle rejoignant les bords
d'une plaie , «Se les tenant unis par le moyen des filt
dont on les a traverfés , avec une aiguille , fait qu'ils
le collent & fe reprennent. Dionis. La future incar-
native eft de cmq efpèces , qui font l'entrecoupée ,'
l'entortillée , l'enchevillée j ou emplumée , la future
avec agraftès , & la future sèche. Voye\ M. Dionis
dans Jon Traité des Opérations.
Le mot A'incarnatif eft aulli fubftantif , Se figni-
fie remède incarnatif , & on dit fort bien un incar-
natif, comme on dit un aftringent.
INCARNATION, f. £ Terme de Théologie. Union
du Fils de Dieu avec la nature humaine ; myftère par
lequel le Verbe éternel s'eft tait homme , afin de
pouvoir opérer notre rédemption. Incarnatio. Il s'en
faut infiniment que le dogme de Y Incarnation foit
aufti difficile à comprendre que le dogme de la Tri-
nité des Perfonnes en une feule & même Elfence di-
vine. La communion n'eft rien autre chofe , félon
les Pères , qu'une exteniîon ou une fuite de Ylncar^
P
114 INC
nation. Bourdal. Exhon. II , p. 4J4-
Ou appelle l'Epoque des Chrétiens , fuivant la-
quelle ils comptent leurs années , les ans de Vlncar-
nation. y£ra Chiiftiana. Il y a long-temps que l'u-
fage s'ell introduit de compter les années depuis \'In
carnation, f^ojt:^ ce que nous en avons dit au mot
AN j Tome / j & les BoUandiftes cités au même
endroit , & dans le PropyUum Maii , P. I , p.
SI 4 * , & 71 S *• C'eft Denys le Petit qui en chan-
geant la manière de compter les années par Icrc
de Dioclétien qu'on avoit luivie jufqu'à lui , intro-
duilît , un peu après le commencement du VI" iiècle ,
l'ère de l'Incarnation , ou l'ufage de compter les an-
nées depuis l'Incarnation de notre Seigneur ; mais
quelque temps après , on fit réflexion que l'on ne
comptoir point les années des hommes du temps de
leur conception , mais de celui de leur nailîance ,
& on retarda d'un an le commencement de cette
ère, en gardant dans tout le refte le cycle Diony-
fîen en l'on entier. P^oye^ le P. Pétau , de Docir.
Temp. L. XII , c. 2 & j , &c. Le P. Grandamy ,
de din Nativit. Chrijii j &c Gallendi yl^r /e Calendrier
Romain^ c. /.
A Rome on compte les années de l'Incarnation ,
ou de la nailîance de Jésus -Christ , c'eft à-dire,
du 25 de Décembre. C'eft le Pape Eugène IV qui
le premier en 1431 , a daté fcs bulles de l'Incar-
nation. En France fous la première & la féconde
race , & au commencement de la troihèmc on
commençoit aulli l'année du jour de l'Incarnation.
Mais on a compté différemment le jour de l'Incar-
nation. On le prenoit quelquefois de la conception
de Jésus-Christ j c'ert-à-dire du 25 de Mars. Les
Florentins le pratiquent encore j mais on l'a compté
le plus ordinairement du jour de la nailîance de
Jésus-Christ , & on commençoit l'année à Noël ,
au 25 de Décembre.
Incarnation. Terme de Liturgie. Corporatio. C'eft
la première partie de celles dans lelquelles on di-
vife l'hoftie à la meile Iclon le rit Mozarabique.
f^oye^ l'HiJîoirc Ecclcfiajlique de M. Flcury , la
MejJ'e de S. Jacques dans la vie du Card. Ximéncz ,
en Efpagnolj àc.
§Cr Incarnation, f f Terme de Chirurgie. Nou-
velle produétion des chairs, régénération de la chair
dans les plaies &c les ulcères. Quand une fois la plaie
eft bien nettoyée par l'ulage des déterhh , la cure
s'achève par la régénération des chairs & par la réu-
nion des parties divilées. C'eft ce qu'on appelle
Incarnation.
INCARNER. Qui fe dit avec le pronom perfonncl
du Verbe éternel quand il a pris chair humaine.
Humanam carnem induere. Il a fillu que le Verbe
fe foit incarné pour latisfaire la juftice divine , de
racheter les hommes. Les Indiens rcconnoiftent
une efpèce de Trinité en Dieu , 5c ils croient que la
féconde perfonne de cette Trinité s'eff déjà incarnée
neuf fois , & qu'elle s'incarnera encore une dixième.
En ch.icune de ces dix incarnations ils lui donnent
un nom particulier. /^t)ye^ Kirker , China Illujl. p.
I s6 & fuiv. C'eft apparemment un refte de la con-
noillance qu ils ont eue autrefois de la Religion
Chrétienne , qu'ils ont mêlée de fables.
Incarner fe dit figurément de la trantubftantiation
qui fe fait dans l'Euchariftie. Pouvez - vous ignorer
que les Prêtres font les tabernacles Se les autels
vivans de ce Dieu de gloire , que c'eft dans leurs
mains qu'il s'incarne tout de nouveau î Bourdal.
Exh. T. I. p. 140.
On dit en termes de Chirurgie , qu'un os , qu'une
plaie s'incarne ; pour dire , qu'il y vient de nouvelles
chairs ^ que les lèvres d'une plaie étant rapprochées
l'une de l'autre, elles s'unilfent & fe joignent enfem-
ble , alors on die que la plaie , ou les lèvres de la
plaie s'incarnent. Carne indui. On le dit auilî aéli-
vement. Il y a des remèdes qui ont la vertu à'in-
carner une plaie. Incarner lignifie procurer l'incar-
n,ition. On déterge , on incarne , & on procure
iine. bonne & folide cicatrice. Dionis. On mondi-
I N C
fiera l'ulcère , on l'incarnera , & on le confolidera ,
&c. Id.
Incarné , ée. part. &: adj. Carne indutus. La SagcHc
incarnée , le Verbe incarné , lont des attributs qu'on
donne a l'humanité de Jésus Christ. Il faut fc cou-
fieren Dieu Icul par fon Fils incarné , crucifié, &
reîlulcité pour nous. Bossuet. Dieu ne peut rien
mettre au monde de plus grand- que le Verbe in-
carné. GoDEAU.
On dit figurément d'une grande plaideufe , que
c'eft la chicane incarnée ; d'un fort méchant hom-
me , que c'eft un diable incarne. C'eft: la vertu, la
malice incarnée.
:=C? INCARTADE, f. f. Efpèce d'infulte qu'on fait
inconlîdérément à quelqu'un. Infultatio , provoca-
tio. Voilà une étrange incartade. Il me fait tous les
jours de nouvelles incartades. Il eft du ftyle fimple
& familier. J
Incartade , fe dit auffi pour brufquerie , extravagance , \
manière étourdie & précipitée. Frdcipitantia. Vos
façons d'agir lont autant à' incartades qu'il nous faut
eliiiyer.
Mon importun & lui, courans à l' cmbrajfade ,
Ont furpris les pjjjans de leur bru] que incartade.
Mo L,
INCARTATION. f f ou INCART. f. m. Terme
de Chymie. C'eft une purification de l'or qui fe fait
par le moyen de l'argent <?c de l'eau forte. On mêle
de l'or avec de l'argent en grenaille , & on les jette
tous deux dans de l'eau forte , laquelle dilfout l'ar-
gent , & l'or demeure au fond en poudre noire. On
lave la chaux d'or , &: on la fait rougir dans un creu-
fet , qui donne un or fort épuré &z fort haut en
couleur. On l'appelle ainll , à caufe qu'on mêle trois
fois autant pelant d'argent de coupelle j enforte
que l'or ne fait que le quart du mélange. Incartation
n'eft guère d'ufage.
INCASSAN. Petite contrée d'Afrique , fur la Côte d'or
de Guinée , que l'on diftingue en grand & petit
Incajfan.
INCENDIAIRE, f. m. Auteur volontaire d'un incen-
die. Celui qui par malice , ou pour faire tort , met
le feu à des édifices. Incendiarius. Les grands Ca-
pitaines ne font point la guerre en incendiaires. Les
incendiaires font dignes des plus rigoureux fuppli-
ccs.
INCENDIE, f m. Grand feu qui confume les bâtimens,
les villes , les moifions , les forêts. Inccndium. Les
villes de l'Orient font lujcttcs à de grands incendies,
ffT Vaugelas obferve que du temps du Cardinal du
Perron & de Coefteteau , tous ceux qui (e piquoient
de bien écrire , ne fe fervoicnt point de ce mot , &
difoitnt toujours embrafement , &: que de fon temps
on difoit indiftéremment l'un iSc l'autre : & que les
plus exadrs obiervoicnt cependant encore de dire'
plutôt embralement qa incendie. Il obferve de plus
qu'il a appris d'un oracle de la langue qu'il y a une
différence très - délicate , mais très-vraie entre ces
deux mots. Il dit qu'incendie le dit d'un feu mis à
dellein , & embrafement d'un feu qui a été mis par
cas fortuit. Mais prélentement incendie eft ufité dans
le même fens qa'embrafement , foit que le feu ait
été mis à dellein ou par halard. Bou. C'étoit une
chofc de mauvais augure chez les Romains que de
prononcer feulement le nom d'incendie dans un
repas.
|)3° Incendie , en Jurifprudencc, eft un embrafement
caufé par la malice, ou par la faute de quelqu'un, '
ou par cas fortuit. Au premier cas les incendiaires
fon punis de mort. Au fécond cas , celui qui
a caufé l'incendie par fa faute , eft puni de peine pé-
cuniaire ôc condamné à la réparation du dommage
qu'il a caufé , cette peine pécuniaire eft plus ou
moins grande fuivant les circonftances , & fuiv.ant
que la faute qui a caufé l'incendie , a été lourde ou
légère. Au troilième cas , où l'incendie eft arrivé par
cas fortuit, comme par le feu du Ciel , res/ùr Do-
I >^
c
mino perte; pcrfonnc n'en cft tenu , & h perte des
choies conlliniécs ou endommagées tornbc :ur ceux
à qui elles appanienncnr.
Incendie , le dit fîgurément des fc-ditions , desquelles
civiles j des dillenlioiis dans un ttat , de l.i coni-
buftion excitée par les factions àc par les héréfies.
Les héréijes cauient ordinairement de grands /«arz-
dies dans les Royaumes. Il avoic arrête lui leui i'im-
pétuolîré de cet incendie. Flech.
On dit proverbi.ilemciir , qu il ne faut qu'une érin-
cellc pour caufcr un grand incendie j ce qui eli:
vrai tant au propre qu'au figuré.
Incendie , eji termes de Philofophie hermétique , li-
gnifie le grand feu du fourneau : c'eft une maxime
parmi les Artiftes , qu'il faut prendre garde aux in-
cendies , c'eft à dire, qu'il faut prendre garde de faire
trop grand feu.
|a- INCÉKATION. f. f. Terme de Pharmacie. C'eft
l'aélion dincorporer de la cire avec quelqu'autre
fubftance , ou l'aftion de réduire une fubftancc fè-
che j par un mélange ienfîble d'un liquide appro-
prié à la cunfiftance d'une cire molle.
IncÉration. Terme de Piiilolophie hermétique. Adlion
par laquelle , pour multiplier la matière , on met
du mercure delFus , parce qu'elle n'a point d'ingrès.
ce mot lignilie aulli la réduction à fuhon ou à fon-
te , d'une chofe qui ne peut fe fondre. Incéradon
fe prend encore pour une opération par laquelle on
met la pierre dans un creuiet d'adaptation , c'eft à-
dire , qui eft couvert d'uii autre ,ïc lutté, qu'on met
enfuite dans un feu de réverbère.
INCERTAIN , AINE. adj. Ce qui n'eft pas afiTuré ,
conftant; ce qui eft: douteux. Incenus. Son vilage
inquiet, «S: fes regards incertains , ir.arquoient le
trouble de fon efprit. Boss. Les faveurs de la Cour
font incertaines & variables. Pourquoi tant d'elpé-
rances inquiètes pour des biens incertains ? M. Se.
La témérité des libertins n'a que des principes fri-
voles S<. incertains. Nie, Rien n'eft plus incertain que
notre dernière heure. On dit , le temps eft incertain ,
tantôt il pleut , tantôt il fait foleil , c'eftà-dire, va-
riable.
^J' Incertain , fynonime d'indéterminé. On prend
quelquefois un nombre certain pour déligner un
incertain.
Incertain , fe dit aulfi d'un homme qui eft dans l'in-
décillon. V^oye-^ Incertitude. Incenus. Je fuis incer-
tain quel parti je dois prendre , je dois fuivre. Et on
appelle abfolument un erprit incertain , celui qui
n'eft pas ferme , qui change à tous momens de vo-
lonté.
In'certain , fe dit auftî des chevaux, lorfqu'ils ne font
pas fermes dans le manège qu'on leur demande ,
ou qu'ils ne le favent pas bien encore. Un cheval
incertain eft inquiet &: turbulent : il faut le confir-
mer dans le manège.
Dans la Maçonnerie on appelle joints incertains ,
les joints qui n'ont point entr'eux d'ordre réglé , de
proportion déterminée. La fortereflc de Gufco ( au
Pérou ) éroit faite de pierres d'une énorme groftcur ,
entaifées à joints incertains avec beaucoup d'art.
FrÉzier.
Incertain , fe dit quelquefois fubftantivement. Il ne
laut pas qidtter le certain pour l'incertain.
INCERTAINEMENT. adv. D'une manière incertai-
ne. Il court un bruit de cette nouvelle , mais on
en parle encore incertainement. Quand on n'eft hon-
nête homme que pour les autres , on nel'eftque fort
mcertainernent. Bell.
INCERTITUDE, f. £f^ C'eft proprement l'indéci.Gon
de l'amc qui balance les laiions pour S.<. contre , &
qui demeure dans une efpèce d'équilibre , parce que
ces raifons font (ur elle des impreffions égales. C'eft
l'état d'un hçmnie indécis fur ce qu'il doit faire , ou
fur ce qui doit arriver. Incertum , dulntatio. Une
dcmonftration géométrique ne laille point l'efprit
dans l'incertitude. On ne termine rien avec les gens
oui tout toujours dans l'incertitude. Comment con-
fcïver route fa tranquilhté parmi ies incertitudes des
Tome f^.
INC iij
émotions populaires, ik d'une Cour agitée ? Boss,
■ Tant que l'efprit eft dans l'incertitude ,'][ eft poulli
çà &c la fans frvoir a quoi fe fixer. S. Evr. Le
picn-,icr pas vers l'athéifme, c'eft l'incertitude'. M.
Se. Entre deux partis il vaudroit mieux prendre le
plus mauvais que de n'en prendre point; l'incerti-
tude gâte tout. S. ÉVR. Bien des gens blâment une
certaine prudence excelîive , qui tient l'efprit en fuf-
pcns & dans une continuelle incertitude. La Pl.
Rien n'eft plus incertain que notre dernière heure :
Heureufc incertitude , aimable obfcurité ,
Par où la divine bonté
A veiller, à prier fans ccffe nous convie.
L'Abbé Têtu.
I^TTncertitude , doute , irréfolution , fynonimes. Dans
le lens où ces mots font fynonimes, dit M. l'Abbé
Girard , ils marquent tous les trois une indécifion ;
mais_ l'incertitude vient de ce que l'événement des
chofes eft inconnu , le doute de ce que l'efprit ne
fait pas faire un choix ; & l'irréfolution de ce que
Ja volonté a de la peine à fe déterminer.
On eft dans l'incertitude fur le fuccès de fes dé-
marches. L'homme fage ne fort guère de l'incertitude
iur l'avenir. Foye-^ les autres mots.
On dit ablolument , il y a beaucoup ^'incertitude
dans la Médecine, dans' la Phyfique , dans rfi,if-
toire, &c.
On dit aullî l'incertitude du temps ; pour dire ,
l'inconftance du temps. Acad. Fr.
INCESSAMMENT, adv. Sans difcontinuation , fans
délai. Indejinenter , quamprimùrn. Les Fidèles doi-
vent prier incejfamment. Qiioi ! voir incejfammenc
ce que l'on n'aime pas ? S. ÉvR. Le fage eft incej-
famment fur fes gardes pour fe garantir des furprilès
de l'amour - propre. M. Esp. On a ordonné qu'on
travail kroit incejfamment à ce procès , que le Juge
fe tranfporteroit incejfamment fur les lieux.
§Cr Incessamment , lignifiant yT.vzj ceJJ'e , eft un peu
vieux. Dans Icfens d'au-plutôt , fins délai , il déligne
toujours un tutur. Il arrivera inceffamment.
INCESSIBLE, adj. Quod cedi j concedi non potefl. Qui
ne peut être cédé. Ce terme eft de Junfprudence,
& ne doit point fortir du Palais. On a dit , dans la .
Requête de AL le Prince de Soubife contre M. le
Duc de Rohan , que les noms , les armes , le rang ,
la noblelfe , ne tombent point dans le commerce ,
ils font inaliénables &: incejp.bles ; c'eft -à-dire,
que perfonne n'a droit de les céder fans le confen-
tement exprès de ceux de la famille , qui ont droit
exclulir à leur nom , leurs armes , &c.
INCESTE, f. m. Crime qui fe commet par la conjonc-
tion entre les perlonnes qui font parentes dans un
degré prohibé par l'Eglife. Incejlus. Quelques - uns
ont cru que l'on devoir permettre le mariage entre
parens , aîin que la tendrelîe , il néceflàire dans le
mariage , augmentât par ce double hen : cependant
les règles de l'Eglife ont étendu la prohibition jufqu'au
feptième degré. Le II. Concile de Latran j Sellîon
II. a réduit au quatrième degré de parenté la pro-
hibition de contraéfer mariage. Les mots d'adultère ,
ou à'incefte , ne font pas iniames , quoiqu ils ligni-
fient des adiions infâmes , parce qu'ils ne les repré- .
fentent couvertes que d'un voile d'horreur qui fait
qu'on ne les regarde que comme des crimes ; de
forte que ce mots lignifient plutôt le crime de ces
adfions, que les aAions mêmes. Log.
On trouve fouvent dans l'ancienne Hiftoire des
Rois de Perfe , que le hère épouie la fœur , parce
qu'iis ne vouloient point s'allier avec leurs propres
fajets , &c encore moins avec des Princes étrangers.
Hors de là les nations un peu polies , dont nous
avons connoilîance , ont regardé l'incejle avec hor-
reur. Le Parlement de Paris a déclaré par arrêt , que
les entans nés d'un incejle ne peuvent être légitimés
par le mariage fubféquent, quoiqu'on obtienne dif-
penfe du Pape.
■Ifl" Le mot incefe vient du Latin Inceftus , au lieu de
Pij
1 16
I N C
I N
C
non cafius. Quelques uns cependant le font venir du
Jiiot ciflus , qui chez ks Romains étoit ia ceintùie
de Vénus , qu'on donnoit aux mariés , ëc qu on re-
fufoità ceux qui lé manoicnt, quand il y avoit quel
que empêchement au mariaj^e : de lorte qu un tel
in,.riii,L étoit appelé incejlueux , c'cft-à dire , làiis
ceinture.
ÏNChsiE , ié dit aulîî de la perfonne qui commet Vin-
cejie. Incejius. Il y a peine de mort cojitre les ïn-
CijtCS.
Ikclste spirituel, efl un crime qui fe commet de la
même manière entre des perfonncs qui ont une al
liance Ipiiituclle par le iacrement de Baptême & de
Confirmation j comme le pêrc ou la m;re de_ l'en
fant bjptifcj & celui ou celle qui l'ont tenu lur les
fonts.
|CFOn appelé ïncejlc Jpïntusl , le crime que commet
un homme avec une Rcli^ieule, ou un Conrelltur
avec ia péniccnte.
Inceste swRiroEL, fe ditaulll ei\ parlant du Bénéficier
qui poliède la mère ic la hlle , c'ell: à-dire , deux
Bénétijes dont l'un dépend de la collation de l'autre,
comme l'Abbaye de (Jlugni & le Prieuré de la Cha
:rité. Un incifte /pintuel rend l'un & 1 autre des Bé-
néùces vacans &: impétrables.
Inceste, eii aulli un terme du Grand Art qui ne fi-
gnirie rien d'inramCj & quand dans le langage des
iagcs on parle de Vincejld du frère & de la fœur,
du père & de la fille , de la mère & du fils , on
•n'entend que 1 union qui fc fait dans le mercure
philofophal des élémens & des principes de la natu-
re , Ici 3 foulre , mercure.
INCES TUEUSEMENT. adv. d'une manière incef-
tueule. Inccjlè.
ifT INCES rUEUX, EUSE. adj. Terme qui fe dit éga-
lement des perfonncs & des chofes. Qui efl: coupable
à'incejh , qui provient de Vinccjle , qui appartient à
Vuicèjle. InccJlus. Un homme ïncefiucux. Un amour ,
un mariage , un commerce incejlueux. une conjonc-
tion inujluîufe. Un bâtard incejluiux. La loi qua-
trième du Code Théod. déclare incejlueux le mariage
entre des pefonnes qui font au premier dejj'ré d'atiî-
nicé. G. G.
Un jourfiul ne fait pas d'un mortel vertueux ,
U,i perjïde ajfdjjln j un lâche inceftaeux. Rac.
On dit fubft. un incejlueux.
On appelle V incejlueux de Corinthe , cçt incejlueux
dor.t Saint Paul parle dans ù première hpitre aux
Corinthiens, C. f^. v. i.
Incestueux , eose. f. m. & f. Nom de fede. Vers
l'an io6j. il s'éleva en Italie un héréfie qu'on ap-
pelle l'hérélîe des Incejlueux. Elle commença à Ra-
vcnnc. Les Savans de la ville contultés par \cs Flo-
re^ins fur lesdeirrés de confmguinité qui empêchent
le mariage , leur répondirent que la Icptième géné-
ration marquée par les Canons , devoit fe prendre
des deux côtés joints enfemblcj enlorte qu'on comp-
tât quatre générations d'un côté & trois de l'autre.
Ils prou/oient cette opinion par un endroit des Inf-
tituts de Juftinien, L. L'tit. jo. de Nupt. $. ^.
où il eft dit qu'on peut époufer la petite lîiie de Ion
frère, ou de fa fœur, quoiqu'elle loir au quatrième
degré ; d'où ils concluoient : Il la petite fille de mon
frère efl à mon égard au quatrième degré , elle eft
au cinquième pour mon fils , au lixième pour mon
petit-fils , Se au fepiième pour mon arrière-petit fils.
Pierre Damien écrivit contre l'erreur des Incejlueux,
Se Alexandre II. la condamna dans un Concile tenu
à Rome , !k par une Décréralc adrellce à tous les
Évêques, Clercs Se Juges d'ItaUe.
iNCHÀRirADLE , adj. De t. g. Ce mot eft nouveau,
&: n'eO: pas encore bien établi. Il îignifie qui n'eft
pas charitable. Minime benejîcus. Danet. On a mê-
me hafardé incharité , & il y a des efpèces de pré-
cieufes en fait de dévotion , qui affeélent de fe fer-
vir de ces termes à'inch.irité & inçha.n:ablc ; mais
ces perfonnes-ià n'ont pas alfez d'autorité pour éta-
blir de nouveaux mots.
INCri GALLES. îles. Foyei WESTERNES.
IiNlCHOAlIEj IVE. adj. Vieux mot pris du Latin
inchoare.CommcncQt. Inchoatij , qui commence, qui
donne commencement a quelque choie, inchoans ,
mchoativus j a^ uni.
O douce langue ! ô langue inchoative
Du vrai falut de l'ame , étant captive ,
Ai.'is que la Vierge ijjue de JeJJe
Eût profère ce tant beau mot Ecce. Marot.
Inchoatiî, IVE. Terme de Grammaire. Qui fignifie
le coiumencement d une aiiion, d une choie. Inckoa-
tivus , a. L'abbé d Aubignac , dans Ion 1 érence juf-
tihê. Disert II. c. XVI. traite de l'ulage des ver-
bes Latins dits inchoatijs. Ces verbes de lignification
inchoative , lelon les règles étroites de la langue La-
tine , lont iudiitérerament employés par ks bons
Auteurs pour leurs primitifs , avec lelquels ils ont
prel que tous les temps communs : voire même d'or-
dinaire expriment ils nos Icntimens avec plus de vio-
lence, & lesadions dans un état plus parrait. D'Au-
BIGKAC. Varron voulant expliquer le temps des pre-
mières ileurs qui paroilfent dans ks prairies , ne s'eft
pas contenté d'employer un verbe inchoatij ■ mais
il en ajoute un autre qui lignine précifément com-
mencer. iyZT C eil ainli que Céfar dit : cum jrumenta
maturejcere incperent. Ces exemples font Iréquens
dans nos meilleurs Auteurs Latins. D'où il cil évi-
dent que le verbe maturcfcere ne déhgne point le
commencement de la maturité, mais plutôt de nou-
veaux degtés de mp.turité. Il en eft de même des au-
tres verbes qualifiés inchoatijs , qui expriment ks
uns une augmentation gr.idaclle d'une qualité , com-
me calejcere j ahfolvcre , jervejcerc , &c. Les autres
une progrellion graduelle de diminution , comme
decrefcen , dejionfcere , defervcfcere j iScc. ainh ce
qui caraûérik ces verbes, c'eft non 1 idée acceiibire
du commencement , mais bien celle d'iuie progref-
lion.
INCICATRISABLE, adj. Terme de Chirurgie. Qui ne
peut être cicatrile. Si ces ulcères ( ks cancers ) font
incicatrijabks , c'eft que ks fibres de la peau ne peu-
vent plus fe lier & s'unir à celles de la malle de nou-
velle transformation. Dionis, rapportant le fenti-
ment de 'vl. Gendron. Nous n'avons point trouvé
ce mot ailleurs que dans cet Auteur : mais il eft très-
propre & néceliaire pour éviter la périphrafe.
INCIDEMMENT, adv. Terme de P.alais. Par
liiite, pir connexité, par incident. Pcr acccjjionem.
Cet ho.nme eft délendcur au principal , & incidem-
ment demandeur par les défenles d'un tel jour. On
a obtenu incidemment une requête civile contre l'ar-
rêt qui a été objecté.
INCIDENCE, f. f. Terme de Géométrie. Chute d'une
ligne, d'un rayon , d'un corps lur un autre, c"eft-à-
dire , la direélion luivant laquelle un corps en frappe
un autre. Incidcntia. C'eft un axiome inlaillibk ea
Optique , que les angles A' incidence font égaux
à ceux de réllexion : ce qui eft vrai non feulement
pour ks rayons , mais auili pour les corps comme
les balles d'un tripot , &c. L'incidence perpendicu-
laire d'une ligne lur une autre fait deux angles droits:
quand elle eft oblique, elle en lait un aigu <1\: l'au-
tre obtus , qui joints eniemble font égaux à deux
droits. M. Molineux, dans fi Dioptrique, prend
incidence Se inclination l'un pour l'autre , &c dit in-
diifëremment angle d'incidence , ou angle d'ioclina-
tion. Harris.
Le point d'incidence en Optique eft le point d'un
miroir fur lequel on fuppole que tombe un ravon
de lumière. Id,
Le finus de l'incidence eft le finus d'm^s,\s d' incidence.
L'angle d'incidence eft l'ansie que la ligne décrite
par le rayon d'incidence ik la ligne perpendiculaire
à la furlace réiléchilïante ou rélringente , forment
entre elles au point d'incidence. Newton. Opt. trad
INC
Le finus d'incidence clt ou cxademcnt , ou fort ap-
prochant en r.iiloii iloniicc au iiiius de léfiaclion.
1d. J6.
Incielkce. Terme d'Aftronomie. f^oye:^ IMMERiiiON;
c cit la même chute.
INCIDENT j ENiE. adj. Qui a de la conncxité ,
qui e(t dépendaur de la quei'tion principale. Quod
perciriec ad aliquid , acccjjio. Les Savans dans leurs
di/putes s'arrêtent trop d'ordinaire aux queftions
incidences. S. Évr. ^fT En jurilprudente ce terme
s'applique à des choies accelioircs à la conteihition
priiicipale. Demande incidente, qucdion incidente ,
qni lurvient à roccallon de la queicion principale.
Toutes les demandes incidences d'un procès doivent
être comprifes dans une même requête , & rt'glécs par
un même appointement luivant l'Ordonnance de
i66/. Enibarraller l'elprit de difricultés incidentes.
PÉLISSON.
Incident, ente. Terme d'optique qui fe dit d'un rayon
qui tombe lur une face rérléchillante ou réfringente ,
& de la ligne félon laquelle il tombe. Incidens. Si
un rayon rompu eft envoyé directement au point
à' incidence , il lera rompu dajis la ligne déjà décrite
parle rayon iwtv^ewf. Newton. Opt. trad.
§3° Propolition incidente , en Grammaire &: en Lo-
gique, eil une propolition particulière j qui fait partie
d'une propolltion principale , & qui eft liée à un
mot dont elle iert à développer ou à déterminer
la fignification. Dieu qui efi jufte recompenfera les
bons , & punira les méchans. Voilà une propolltion
totale : qui efi jufie , eft la propolltion particulière
&: incidente.
Incident f. m. Circonftance particulière , événement
qui fui'vient dans le cours d'une aftaire. Eventas. Un
incident imprévu fut le prétexte de la guerre. Miz.
Nous allons vous régaler d'un incidcnc tout frais ,
qui vous furprendra fort. Mol.
Incident dans un Pocme , eft un épifode , ou aiffion
particulière liée à l'aétion principale j ou qui en eft
dépendante. Cette Comédie eft pleine d'agréables
incidens , qui divertilfent les fpectateurs , & qui en
forment l'intrigue. Le Po'ètc doit faire choix des
incidens fukeptibles des ornemens convenables à la
majefté du Poème. Dac. La variété à'incidens bien
amenés Se bien ménagés , fait la beauté du Po'cme
héro'iquc. Pont. Le Po'cme épique doit embraller
une certaine quantité A'madens , pour fufpendre le
. dénouement , qui (ans cela iroic trop vite à fi hn.
AIen.
N'off're\ point un fujec ^/'incidens crop chaque.
V. BoiL.
•y
Quel bonheur &: quel goût dans la difpofition
des incidens , qui n'eft pas cependant arbitraire dans
une Hiftoire comme dans un Roman, & qu'on
jdoit toujours faire céder à la vérité. Le P. Dan.
§^Incident , en Jurifprudence , eft une contcftarion
qui furvient entie les parties pendant la pourfuite de
la caufe principale. Caufi accej/lo. Toute requête
contenant une nouvelle demande , après que la
contcftation principale eft liée , eft une demande
incidence. Les demandes ou appellations incidentes
ne font jamais reçues favorablement , parce qu'elles
ne fervent qu'à retarder le jugement des affaires , ou
à les emb.irrairer. On a disjoint cet incident du prin-
cipal. On a condamné le demandeur aux dépens de
l'incident. On appelle aulîî incident àe lettres , la pro-
dudion des lettres que l'on obtient en Chancellerie
à quelque occafion , dans un procès déjà inftruir.
€^ Incident fe dit encore des conteftations qu'on fait
naître dans les difputes , dans une partie de plaiiu-;
Difhcultés qui furviennent. Vous clierchez à faire
des incidens au lieu de répondie à la queftion. Di
vertere ab aliquâ re. Un incident a rompu notre
parne.
INCIDENTAIRE. Terme hafxrdé pour exprimer celui
qui forme des incidens, qui fe plait à chicaner.
î NC
î 17
^u jeu je fuis muet comme en toute autre ajfaire t
Je m fuis point incidentaire. Merc. d' Avril i y 21.
INCIDENTER. V. n. Terme de Palais. Faire naître des
incidens pour retarder le jugement d'une atfaire. Di-
veracula qu&rere. Ce procès eût été jugé il y a long-
temps , fi vous n'aviez point tant incidente. On dit
dans une dilpute : Vous incid^nte:( toujours ; venons
à I4 queftion. On incidente au jeu.
INCINtRAf ION. f. £ Terme de Cnimie. C'eft la ré-
duction des végétaux en cendres , en les faifant brû-
ler doucement. Ainfi on réduit la fougère en cen-
dres pour en faire la matière du verre. A l'égard de?
métaux, on appelle cela calciner. On le dit aullî des
végétaux.
INCIKCONCIS , ISE. ad;. Quelquefois employé fubf-
tantivement. Qui n'eft point circoncis. Kon circum-
cifus. Le mâle incirconcis , dont le prépuce n'aura
point été circoncis , fera retranché d'entre le peuple.
Genèfe. XVII. 1 4, Nation incirconcife. Les Hébreux
appeloient incirconcis , tous ceux qui n'étoient pas
de leur nation. Je tomberai entre les mains de ces
Incirconcis. Saci. Juff. XV. 18. Pallons jufqu'au camp
de ces Incirconcis. Id. i. des Rois XIV. '(5. C'étoic
un terme de mépris, comme celui de Barbare chez
les Grecs.
Il le dit auflî figurément. Incirconcis de cœur j in-
circoncis^ de lèvres. Incirconcis d'oreilles. Ce terme
eft conficré par les termes des langues originales de
la Sainte Lcnture , que l'on a traduit httéraleraent
autant qu'il a été poflible, & ces expreillons font
priles de l'Éxode. chap. VI. 12. jo. oc des Acles
des Apôtres, chap. Fil. v. //.
INCIRCONCISION, f f. État d un homme qui n'eft
pas circoncis. Il ne ù dit que dans le figuié. Incir-
concijîon de cceur.
ifT INCISE, f. m. Terme de Grammaire Latine. In-
cifum. Partie d'une période. La période eft compo-
fce de membres Hc d'incifes. Le membre eft compris
dans une certaine quantité de paroles dont le nom-
bre eft complet. Vincïfe ne diftere du membre qu'en
ce qu'il n'a pas tant d'étendue , c\: qu'en ce que le
nombre n'en eft pas fi complet. Le membre détache
eft femblable à une période lîmple , comme dans
cet exemple de Cicéron. Nulla caufa jufca unqu.vn
ejje potejl contra patriam arma capiendu L'incifen't9L
compolé que de deux ou trois mots , comme , furor
arma minfirat. Quelquefois il eft rerfermé dans ua
feul mot. Turenne eft mort ; la viétoire s'arrête ; k
fortune chancelle. Voila un exemple d'incifes en
François. Il convient fouvent de s'exprimer en ftylc
coupéj c'eft-à-dire par des membres Ssi des incifes.
INCISER. V. a. Incidcre. Terme de Chirurgie. Faire
une taillade, une ouverture en long fur la peau,
ou dans une plaie avec un inftrument tranchant,
comme rafoir , biftouri , &c. Il a fallu incîfer cette
plaie qui étoit trop étroite, de peur qu'il ne s'y
formât du pus.
Ce mot vient du Latin incido , incidi j incifum y
couper j trancher, incifer.
Inciser j fe dit aullides arbres. Incidere , putare. Il les
faut incifer , couper un peu l'écorce quand on les
greffe.
Inciser , fignifie ^fT en Médecine la même chofe que
divifer j brifer , atténuer. On le dit en ce iens de cer-
tains remèdes qui produifent cet effet fur les humeurs
épailfes, vilqueuies , tenaces. On dit de même que
les fucs qui font dans l'eftomac, fervent à incifer les
alimens. L'eau de Bourbon parcourant les premières
voies, incife ik. enlevé les tartres (alins qui revctoienc
les membranes des vifcères. Mém. de Tr.
fCF Incisé j ée. part, voye^ le verbe.
INCISIF , IVE. adj. ^fT Terme de Médecine. In-
cidens , quod incidit. On fe Iert de cette épithète
pour déligner certains remèdes auxquels on attribue
la propriété de diviier, d'atténuer, de brifer. La di-
geftion fe fait par l'adion incifve de l'acide de no-
tre eftomac. Le thé eft incifif. Les eaux minérales iCul-
ii8
I N C
phureufes font incljîves , elles incifent , elles divi-
Icnt , elles diilolvenr les glanes, les humeurs épai'lcs
qui font des obltrudlions.
Incisif , ive , le dit eti Aiucomie Ai quelque: dents ,
d'un double mufcle & de certains trous qui ont rap
port à ces dents. Inàfivus. Les dents ïncifLves , que
d'autres nomment Knufcs , parce qu'elles le dccou
vrent quand on rit , l'ont au nombre de huit , qua-
tre à chaque mâchoire , lîtuées à la partie antérieure
& au milieu des autres. Leur luperhcie extérieure
eft: fîiite en forme de voûte , & l'intérieure eft cave :
elles font plus aiguës, plus tranchantes, & plus cour-
tes que les autres ; elles font plantées dans leurs al-
véoles par des racines lîmples qui le terminent en
pointes; c'eil pourquoi elles tombent aifémentj fur-
tout celles d'en haut. Elles fe nomment incïfivcs ,
parce qu'elles tranchent, qu'elles coupent j qu'elles
incifent les viandes. Les conduits incififs de Stenon ,
ou conduits nafo-palatins , font deux conduits qui
vont du fond des narines internes au travers de la
voûte du palais , & s'ouvrent derrière les premières
ou grofl'es dents inàjîves. Winslov/.
Le premier niufcle propre de la lèvre fupérieure
eft Vincijif, ainli nommé , parce qu'il prend fon cri
gine de l'os de la mâchoire fupérieure à l'endroit
des dents incifives ; de là il va s'inlérer à la lèvre lu-
périeure qu'il tire en haut. Les os maxillaires ont
quatre trousinternes, dont deux font appelés hicïfifs ^
parce qu'ils Ibnt directement fous les àtx\x.%indfives.
M. Winilow diftingue les incififs latéraux , les in-
cififs mitoyens , &: les incififs inférieurs. Chacun
des incififs latéraux ell comme biceps , ayant deux
portions en haut qui fe réunilfent en bas. L'une de
ces portions ou extrémités eft: plus grande que l'au-
tre. La grande ell attachée à l'os maxillaire fous le
tendon mitoyen du niulcle orbiculaire des paupiè-
res , & paroît communiquer par quelques fibres
vsilines de ce même mufcle. De là elle defcend un
peu obliquement vers la joue le long de l'apophyfe
natale ; en fe confondant avec le mulcle pyramidal
du nez , Se en donnant quelques fibres aux narines.
Enfuire elle palîe avec adhérence par-dellus le muf
cle myrtiforme ou tranfverlal du nez , «S: s'unit à
l'autre portion. Cette portion ell large en haut où
elle efl attachée obliquement lous le bord de l'orbi-
te , a l'os maxillaire , près l'union de cet os avec
l'os pommette , ik un peu aulli à l'os pommette.
Elle ell même en cet endroit couverte de la por-
tion infériïiire du • mulcle orbiculaire des paupiè-
res , avec laquelle elle a quelquefois une elpèce
de communication. De là elle defcend obliquement
vers le nez , & s'unit avec la première portion. Les
deux portions ainfi réunies vont enfemble par une
extrémité plus étroite derrière le mufcle dcmi-orbi-
culaire de la lèvre fupérieure , Hc s'attachent à ce
mufcle vis à-vis la dent canine latérale. Quelquefois il
jette un petit paquet de fibres au mufcle canin , lequel
paquet pourroit être regardé comme un accefloire ou
affocié du mufcle canin , & être nommé le petit ca-
nin. WiNSLOW.
Les incififs mitovens , qu'on appelle communément
les petits incifijs de Cov/pcr , ou petits incififs in-
férieurs , font deux petits mufcles très-courts, lltués
l'un à côté de l'autre au - defîous de la cloifon du
nez. Ils font attachés par une extrémité à l'os ma-
xillaire fur les alvéoles des premières dents incifives,
derrière le demi-orbiculaire de la lèvre fupérieure,
& par l'autre extrémité à la partie moyenne & fupé-
rieure de l'épailfeur de la lèvre , attenant les narines
auxquelles ils font aulli attachés. Ils jettent quelquehois
latéralement des fibres au demi orbiculaire. Winslow.
Les incififs inférieurs font deux petits mufcles ,
qu'on appelle aulîî incififs inférieuts de Cowper. Ils
font attachés chacun pat leur extrémité fupérieure
fur les alvéoles des dents i?!c//?vt.'j- latérales de la mâ-
choire inférieure. De là ils def'cendcnt en s'appro-
chant l'un de l'autre , &■ s'attachent enfemble au
bas du milieu du mufcle derai-orbiculaire de la lè-
vre inférieure, Winslow.
I N C
INCISION, f. f, Aclion d'incifer ^ de divifer avec un
inllrument tranchant la continuité des parties. In-
cifiû. Les Chirurgiens font fouvcnt obligés de faire
des incifions en panfant les plaies. Les Jardiniers ,
dans l'opération de la greffe , font des incifions
aux arbres. L'incifion cruciale eft , en termes de Chi-
rurgie , une double incifion , dont les taillades ie
croifent.
INCISOIRE. adj. C'eft une épithète que les Méde-
cins donnent aux dents tranchantes qui font fur le
devant de la bouche. Quoi incidit. On dit plus or-
dinaireinent dent incifive.
INCITATION, f. f. Inftigation , adion de celui qui
pouffe un autre à faire quelque chofe. Incitatio,
ffT incitatus , impulfius. On le dit ordinairement en
mauvaife part. Il a fait cela à fon incitation. L'inci-
tation du malin efprit. Il eft peu ufité.
INCITEMENT. Vieux, f m. du latin Incitamentum .
Incitamcn, Attrait qui porte , qui excite à quel-
chofe.
Comme métaux j 6* pierres de valeurs ,
Incitemens à tous maux & malheurs. Marot.
ffT Effodiuntur opes , irritamenta malorum. Ovide.
INCITER, v. a. Pouiîer quelqu'un, l'exciter à faire
quelque chofe. Incitare. Les bons exemples , les
bonnes inftruflions incitent les jeunes gens à la
vertu : les mauvaifes incitent au vice. Cela nous incite
à l'amour de Dieu. Pélisson.
Incité , ée. part.
INCIVIL , ILE. adj. Qui manque de civilité. Voye-;^
ce mot. Inurbanus. Il n'y a rien de plus incivil qu'une
fincéritc ruilique qui dit tout fans détour. Bell. Pro-
cédé incivil , prière incivile , demande incivile con-
traire à la bienféance. Les Bourgeois difenr ordinai-
rement , qu'il vaut mieux être incivil qu'importun ;
pour dire qu'il vaut mieux commettre une incivili-
té , que de fatiguer les gens par trop de cérémo-
nies.
Incivil j île. adj. En termes de Juriljjrudence , on
appelle Claufe incivile , une claule faite contre la
difpofition des Loix. Acad. Fr.
INCIVILEMENT. adv. D'une manière incivile. In-
urbanè. Il ne faut jamais recevoir perfonne iacivile-
ment. On ne doit point aller troubler incivilement
un homme dans la bonne opinion qu'il a de lui-
même. Bail. Il ne faut pas montrer fes défauts grof-
fièreraent & incivilement. La Pl.
CCr INCIVILITÉ, f f. Inurbanitas. Manque de civi-
lité. Voye'^ ce mot. L'incivilité' confifte à ne pas
rendre les honneurs qui font dus à ceux qui fe trou-
vent à notre rencontre.
Ce mot lignifie aulli une aftion ou une parole
contraire à la civilité. Faire , commettre une incivi-
lité. Elle lui fit de petites incivilités , qui de la part
d'une perfonne railonnable , ne pouvoient être que
des marques de palîion. S. EvR.
0CF L'Incivilité , dit la Bruyère, n'efl pas un vice
de l'ame , elle efl l'effet de plufieurs vices ; de la
fotte vanité , de l'ignorance de fes^ devoirs , de la
parelîe j de la diftradion , du mépris des autres , de
la jaloufie. Pour ne fe répandre que fur les dehors ,
elle'n'en efl que plus haïiïàble , parce que c'eft tou-
jours un défaut vifible &c manifefte : il eft vrai ce-
pendant qu'il oftenfe plus ou moins fuivant la caufe
qui le produit.
Ip" INCLÉMENCE. C f. Terme fynonyme à" ri-
gueur dans les phrafes où il eft employé , qui font
en petit nombre. On dit l'inclémence de l'air , du
temps , de la faifon. Inclcmentia. Quelques-uns ne
l'admettent que dans la Pocfîe. Réfl. La Fontaine
s'efl fervi de ce mot dans fa Pfîché.
Sommes-nous , dit-il , en Provence ?
Quels amas d'arbres toujours vers
Triomphe ici de /'inclémence
Des aquilons & des hivers !
M. Ménage Se le P, Bouhours l'approuvent par
IN C
rapport aux Dieux 5 Racine s'en cft fcivi heure u-
Itaiciu.
Tandis que four fléchir /'inclémence des Dieux ,
Il faut du fang peut - ctre , & du plus précieux.
Rac.
Molit-rc emploie ce mot d'une manière prccieufc
dans une de ("es Comédies : Voudriez-vous , t^aquins ,
que j'cxpofalle l'embonpoint de mes plumes aux
inclémences de la faifon pluvicule ? Mol.
INCLINAISON.!", f. Terme de Géométrie. On appelle
inclinaifon de deux lignes , la rencontre de deux li-
gnes qui le coupent. Indinatio. Les Géomètres di-
Icnt inclinaifon en ce Icns , plutôt qu inclination ;
tout de même qu'ils dilent déclinaifon. L'inclinaîjbn
de deux plans clt l'angle aigu de deux lignes droites
tirées dans chaque plan par un même point de leur
commune l'eûion , & perpendiculaires à la même
fedlion commune. L'inclinaifon d'une ligne droite à
un plan , eft l'angle aigu que cette ligne droite fait
avec une autre hgne droite tirée dans ce plan par le
point où il fe trouve coupé par la ligne inclinée ,
Hc par le point 011 il fe trouve aulli coupé par une
perpendiculaire tirée de c]uelque point que ce loit
de la ligne inclinée. L'inclinaifon d'une planète eft
un arc compris entre l'écliptique j & le lieu de la
planète dans fon origine. Harris. L'inclinaifon A'nn
rayon en Diopaiquc eft l'angle que ce rayon fait
avec l'axe d'incidence dans le premier milieu , au
point où il rencontre le fécond milieu. M. Moli-
ncux , dans fa Dioptrique , prend incidence & in-
clinaifon indilîéremmeait l'un pour l'autre ; mais l'u-
fage ordinaire eft de dire angle de déclinaifon.
^jfS" L'inclinaifon de l'axe de la terre , eft l'angle com-
pris entre le plan de l'échptique , & celui de l'équa-
reur qui eft d'environ 23 degrés i M. Pluche a préten-
du qu'avant le Déluge l'axe de la terre n'avoit aucune
inclinaifon , & par confequent que la terre prélen-
toit toujours fon équateur au Soleil ; qu'ainli tous les
climats , à l'exception de la Torride , jouilloient
d'une douce température ; les jours étant par-tout
égaux. Mais quand Dieu voulut envoyer le déluge ,
il inclina l'axe de la terre vers les étoiles du nord ,
ce qui parut introduire un nouveau monde. C'eft
même par cexte inclinaifon de l'axe que cet Auteur
prétend expliquer le déluge. f^oye\ la réfutation de
ce fyftême dans les Mém. de Lrcv. Mars Se Avr.
1746.
INCLINANT , ANTE. Qui inchne , qui penche de
quelque côté. Propenfus , procUvis. §3" On ne dit
point un homme inclinant au bien , au mal. Ce
terme n'eft ulité qu'en Gnomonique j où il fe dit
d'un cadran lolaire qui n'ell pas perpendiculaire à
l'horifon , mais qui incline du côté du midi. Ca-
drans inclinans ou inclinés. Voyei^ Cadran.
INCLINATION, f. f. |p Adtion de pencher. Indi-
natio. Ce mot ne fe dit point pour marquer la fitua-
tion mutuelle de deux lignes , ou de deux plans
l'un par rapport à l'autre , enforte qu'ils forment
un angle au point de leurs concours. Dans ce fens
on dit inclinaifon. On ne dit point non plus incli-
nation de l'axe de la terre , mais inclinaifon.
Ce mot n'eft employé au propre que pour dé-
figner certains mouvemens du corps , comme l'ac-
tion de pencher la tête pour marquer fon aquiefce-
mcnt , ou le corps pour témoigner fon refped:.
Il lui a répondu par une inclination de tête. Nutu.
L'inclination du corps eft une marque de foumiflion.
Ceux qui difent la Melfe doivent faire une inclination
de tête au crucifix , quand ils prononcent le nom de
JÉSUS. Les Moines ne faluent que par inclination.
Ulric ou Udahic , Confuctud. Cluniac. L. III, c. 2.
dit qu'il^ faut apprendre aux Novices comment ['incli-
nation fe doit faire , puis l'expliquant lui même , il dit
qu'il but plier le corps enforte que le dos foit plus bas
que les reins , & la tête plus balTc que le dos. Les ru-
briques prefcrivent pluficurs inclinations ^ tantôt de
k tête Se tantôt du corps, dont fouvent on fe dij,-
INC 119
pcnfe, mais auxquelles ceux qui officient modeftc-
ment Se gravement ne manquent jamais.
IjCTOn dit auih en Chymie, veritr une liqueur par incli-
nation. C'eft pencher, incliner doucement uji vaif-
feau pour en faire couler la liqueur, fans tn.ublcr le
iédinient. Voye-^ décantation. Quand on a fait
quelques précipités de métaux diftous par 1 eau forte,
on dit quil fautverfer cette liqueur par inclination.
IJCT Inciination. L f. Propenfîo. En Metaphyiique on
entend généralement par te terme une imprelîion
que nous avons rc^ue de l'Aureur de la nature , qui
nous porte vers certaines choies. Si Dieu n'eut crée
qu une matière étendue , fans lui iuipiin.er aucun
mouvement , tous les corps n'auroient pas été difté-
rcns les uns des autres; tout le monde vilible ne feroit
qu'une maiïe de matière où il n'y auioit ni cette fuc-
ceilion de formes, ni cette variété de corps qui fait
toute la beauté de l'univers. Les inclinations des ef-
prits font au monde ipiritucl ce que le mouvement
eft au monde matériel. Il eft nécellaire qu'il y ait du
mouvement dans la matière, (Sj des inclinations dans
les efprits. Les inclinations des efprits & les mouve-
mens des corps , font toute la beauté des êtres créés.
Nous avons de {'inclination pour le bien en général ,
qui eft le principe de toutes nos inclinations naturel-
les & de toutes nos paflîons. Nous avons de 1 inclina-
tion pour la confervation de notre être , qui eft l'a-
mour de nous-même, deLctie Se du bien être. Nous
avons enfin de l'inclination pour les autres créatures
qui font utiles ou à nous mêmes , ou à ceux que nous
aimons, & cette inclination eft l'amour du prochain.
En Philofophie morale , on entend particulière-
ment par inclination une imprelîîon qui porte douce-
ment l'ame vers un objet plutôt que vers un autre :
c'eft une pente douce de l'ame vers certains objets qui
lui paroilfcnt plus agréables. Inclinations bonnes,
mauvaifes, vertueufes.
Nos inclinations dépendent du méchanifme parti-
culier de nos organes, en confequence duquel nous
fommes portés vers les choies qui ont plus de rapport
(Sj de convenance avec la conformation primitive de
nos fens. Ma.\eXé cela nos inclinations peuvent être
modifiées de mille façons différentes par l'éducation ,
par le commerce des hommes & par la réHexion.
Les uns ont de l'inclination aux armes , ou pour les
armes , les autres à l'étude , les uns à la vertu , les au-
tres à la débauche. On ne réuftit jamais bien quand
on force fon inclination. On eft fur de plaire aux
Grands quand on fe peut contraindre à époufer leurs
inclinations. Bell. Je fens en moi deux inclinations
contraires , & preifé d'un côté par la grâce qui m'ap-
pelle. Se de l'autre par la cupidité qui m'entraîne ; je
fais fouvent le mal que je voudrois éviter. FlÉch. On
n'eft point heureux, tant qu'on eft partagé par deux
inclinations qui fe combattent. Font. Cette hérefîe
s'eft répandue en peu de tems par l'intelligence qu elle
a trouvée dans les inclinations corrompues des hom-
mes qu'elle favorifoit. Nie. La corruption du cœur
peut unïï des inclinations criminelles j mais la conf^
cience ne le peut pas. Idem. Les tempéramens difté-
rens qui font les humeurs diflérentes, caulent cette
variété d'inclination dont le monde eft rempli. M.
ScuD. Les inclinations avec leiqucUes on eft né font
d'une grande importance dans la conduite de la vie.
La raifon eft il ailée à féduire , que les bonnes inclina-
tions vont toujours plus droit qu'elle. Idem. Je regar-
de les bonnes inclinations toutes feules , comme un
inftin£t heureux qui ne mérite pas grande louange.
S. ÉvR. Comme chacun a fa fantailie, je n'entie-
prcnds point de difputer jamais rien par raifon ; parce
que je fuis perfuadé que chacun à la llenne , pour fou-
tenir ce qui touche fon inclination. M. Se. Il faut
qu'une vérité foit bien claire pour être reçue d'un
confentcment unanime. Se pouv éiouffev l'inclinatioti
maligne que les hommes ont aie contredire. Nie .Les
hoir.mes , au lieu de redrelfer leurs inclinations cor-
rompues, félon la règle divine, ont tâché de cour-
ber la règle même pour l'ajufter avec leurs inclina-
tions. Idem. Les faveurs de la fortune valent-elles
I20 INC
bien la peine de contraindre fes inclinations & de fc
contrcf-an-e toute Ci vie; M. Esp. le loua des belles
qualités que la nature lui avoit données , lur tout de
cette inclination guerrière qui dès Ion bas âge lui avoit
fait embraller la profellion des armes. Bouhours.
^C? Il ne faut pas confondre les inclinations avec
les pallions qui lont ces dirtérentcs agitations caufées
dans lame à l'occalion des objets qui (e prélcntent
aux Icns ; au lieu que les inclinations font dans nous
avant que nous foyons atiectés par les icnlarions
qu'elles nous rendent agréables ou délagré.ibics.
Il eil: bien plus aifc de confondre Imciination avec
\c penchant. Ces deux mots ont pourtant leurs nuan-
ces particulières. Nous recevons de la nature nos in-
clinations &Z nos penckans. Mais, dit M. l"Abbé Gi-
rard , VincUnation dit quelque chofe de moins fort
que le penchant. La première nous porte vers un
objet , Se l'autre nous y entraîne. Inclination pour les
Arts, penchant vers le plailir. Trahit fua quemquc
voluptas. Il lemble aulll que VincUnation doive beau-
coup à l'éducation, & que le. penchant lï^nno: plus du
Tempérament. Les jeunes gens prennent ailément les
inclinations de ceux qu'ils fréquentent. V^oyc-:^ Pen-
chant.
On vient de voir par les exemples tirés des meil-
leurs Auteurs, que le mot à' inclination le prend,
ainli que celui de penchant , en bonne & en miuvailc
part , & qu'on dit inclinations nobles , vertucules ,
criminelles , corrompues , &c.
IVL l'Abbé Girard oblerve qu'on donne ordinaire-
ment à l'inclination un objet honnête , mais qu'on
fuppofe celui du penchant plus Icnluel , &c quelque-
fois même honteux : ainli 1 on dit qu'un homme a de
l'inclination pour les Arts & pour les Sciences , cv
qu'il a da penchant à la débauche & au libertinage,
f^oye^ encore Instinct & Passion.
Incunation. Il fe dit aulli de la choie pour laquelle on
a du penchant. La cha.\.lc el\ [on inclination , c'ellfon
inclination dominante. Acad. Fr.
Inclination, le dit audî pour amitié, cœur, affeèlion.
Studium , animas , voluntas. Il gagna l'inclination des
foldats. Vaug.
Inclination, fe dit aulli de l'amour, du penchant, de
l'attachement qu'on a pour quelqu'un. Ces deux amis
ont beaucoup d'inclination l'un pour l'autre , ils s'ai-
ment d'inclination. Elle s engagea infenliblement dans
une inclination qui donna à la vertu plus de peine
qu'elle ne croyoit. S. Real. J'aurois turmonté une
fi tendre inclination, fi la vertu ne l'auconloit pas.
H. S. DE M. Un honnête homme ne doit pas violen-
ter les inclinations d'une kmme. In. Les premières
inclinations font toujours les maitrelles. 'Voi.
Inclination, fe prend quelquefois pour la chofe aimée
Âmores. Cette femme ell l'inclination d'un tel. Il a
changé d'inclination. Il a une jolie inclination. Boire
aux inclinations de quelqu'un, veut dire boire à fa
maitrede.
Bonnes inclinations. Les Princes , mais plus ordinai-
rement ceux qui étoient jeunes, portoient ce titre. Le
Moine de S. Gai dans la vie de Charlemagne. Il écri-
vit à vos bonnes inclinations , Ep'ijlolam ad vejlram
indolcm dircxit. L'Archevêque Angilbert lïc le Pa-
triarche André traitèrent en 8jj l'Empereur Louis II
de bonnes inclinations y Vejlras indoles.
|CriNCLINER. V. a. Pencher,courber. Inclinerle corps,
la tête. Inclinare. Quand on incline la tête , c'eft
un ligne d'approbation , d'acquiefcement. Qui annu'it
prohat. Incliner le corps , s incliner devant quelqu'un,
c'eft témoigner fon relpeél. Voye'[ comme s'abaille
cet augufte Prince devant lequel s'incline tout l'uni-
vers. Boss.
On dit en Géométrie qu'un plan s^'inciine fur un
autre plan de plus en plus, pour dire que par fon
mouvement il vient à former avec l'autre plan un
angle plus aigu que celui qu'il tormoit auparavant.
Quand deux lignes n'inclinent l'une vers l'autre , elles
forment un angle. L'échptique s"incline vers l'équa-
teur d'un angle de 2 3 degrés &c demi.
§C? Incliner, au figuré , mouvoir , difpofer, Movsre,
I N C
ïmpelkre. La grâce 'incline la volonté à faire le bien.
Dans cette acception il n'efc pas ufité.
D^" Incliner, v. n. Pencher Fropendere. Ce mur w-
cl'ine de ce côté là. Il n'eft pas ufité au propre. En
Mathématique on dit qu'un plan incline ^ pour dire
qu'il va en penchant.
Au hgure j c'eil: avoir de l'inclination pour une chofe ,
y être porté. Incliner plus d'un côté que de l'autre.
Ce Prince 'incline à la clémence. Ce jeune hormne
'incline à la débauche. C'eft un nr.turel qui 'incline à
la vengeance. Ce Juge 'inclino'it ou penchoit de ce
côté la. Il i^ic/inoif à le renvoyer abfous. Le Maître.
En parlant d'une bataille où la viéloire commence
à pencher d'un côté : on dit que la viétoire incline de
ce côté-là. Acad. Fr.
Incliné , ée. part. La Iphère 'inclinée. On appelle en
horlogerie plan 'incline , ou talus j toutes iortes de
parties plates dont la direction ne tend pas au centre
de la pièce mue.
INCLUS, USE. adj. part, du verbe Inclurre qui n'eft
plus d'ufage. Il fe dit de ce qui eil; enfermé dans un
paquet. Inclufus. Le mémoire ci 'inclus. La lettre ci-
incliij'e. On dit quelquefois abfolument , V'inçlufe,
§3" Je vous adrelle V'inclufc , je vous prie de remettre
l'inclufe à un tel ; exprellion allez commode , mais
qui n'eft pas du bel uiage, &c connue feulement par-
mi les Marchands & les gens d'alaires. Lorfque dans
^ certaines élctlions on a rejette une partie des préten-
dans , on dit de ceux qui reftent , & lur qui l'éleûion
peut encore tomber , ou'ils font demeurés 'inclus.
Ac. Fr.
INCLUSIVE, f f. On dit que ceux qui écrivent des
conclaves, ou lur les conclaves , fe fervent des mots
d'i/2c//{/?ve& d'excluhve, & l'on apporte ces exemples.
Il faut une grande rélerve pour donner l'exclulive à
un Cardinal. Pour pouvoir donner l'exclulive , il
faut un peu plus du tiers des voix 5 pour V'mclujive il
faut les deux tiers. Qu'entend-on par-là? Eft- ce don-
ner à un Cardinal pour la Papauté ? On dit exclufion
& conlentement, & iJ ne faut point de tiers ou de
deux tiers de voix. L'Empereur , le Roi donnent fou-
vent 1 exclulion , &c. Il eft donc vrailemblable que
ces mots fe dilent par rapport aux Cardinaux , qui
arrivent à Rome après que le conclave eft fermé, &c
qui demandent d'y être reçus.
INCLUSIVEMENT, adv. IfrOyp^oCcaexclufivement.
Il lignifie la même chofe que en y comprenant , y
compris, c'eft-à-dire qu'il lert à déligner que la choie J
dont on parle, eft comprile dans la convention , dans 1
la dilpolition. Inclufive. Depuis le prenaier du mois
jufqu'au dix 'inclufiv ement , c'eft à-dire que le dix du .
mois eft compris dans le terme. La Cour a renvoyé I
ce criminel devant le Juge ordinaire pour lui faire fon
procès julqu'à lentence définitive inclufiv ement , fauf
l'exécution s'il en croit appelé , pour dire qu'elle a
renvoyé le jugement entier du procès.
INCOGNITO, adv. Terme tranfporté purement de
l'Italien. Il exprime qu'un homme eft dans un lieu
fans vouloir y être connu. Mais il fe dit particulière-
ment des Grands qui entrent dans une ville , qui mar-
chent dans les rues ians pompe , lans cérémonie , (ans
leur train ordinaire, & fans les marques de leur gran-
deur. Ce Prince a pafté par la France incognito. Les
Grands d'Italie ne lont pas bien aifes qu'on les falue ,
quand ils marchent incognito. Ce n'eft pas abfolu-
ment parce qu'ils ne veulent point être connus ;
c'eft qu'ils ne veulent point être traités avec le" céré-
monies , ni recevoir les honneurs dûs à leur rang.
Par ce moyen on exempte d'une importune obliga-
tion, 6c ceux qui doivent recevoir les honneurs, &
ceux qui les doivent rendre. Aujourd'hui toutes les
nations fe fervent d'une invention fi commode , Se
ont emprunté des Italiens & le nom ôc la chofe tout
enfemble. Vaug.
fC? Il faut remarquer que fi nous parlons d'une femme ,
d'une Princelle , on dira de même , elle eft venu»
incognito & non pas incognita : il en eft de même li
l'on parle de plulieurs perfonnes , parce que incognito
fe dit dans tous les cas adverbialement , comme qui
diroit
I N C
diroit incognltaniintc ; aiuli il cfl indJclia.i[)Ie.
On die d'un Auteur qui public un ouvnige Luis y
mettre fon nom , qu'il garde Vincognito.
Grellcc a dit des gros ouvrages injoiio, qu'ils ne
font louvcnt publiés qu'lncognuo.
Non j l'efprk des aimables Saçes
N'e/i point né pour /es gros ouvrages.
Souvent publies incognito.
Le Dieu du Goût & du Génie
A rarement eu la manie
des honneurs de /'in folio.
On dit llibftantivement garder ['incognito.
On dit dans le difcours familier , s'en aller de ce
monde incognito. Cette manière de parler a lieu
dans deux occailons; preniicremenr en parlant d'un
homme qui meurt fans que perfonne le voie mourir;
& en iecond lieu , de ceux qu'on fait périr à petit
bruit dans des priions d'État , ou comme l'on dit , de
ceux qu'on fait palier par les oubliettes. On ne fort
guère de cette tour, (la tour de la Chapelle dans la
Balfille ) qu'en fortant de la vie , & l'on prérend que
c'eft-là que (ont les oubliettes par où l'on fait palier
ceux qui font deftinés à mourir incognito. Mad. du
Noyer.
Quand les chevaux des carrolfes des Princes , des
Cardinaux & des Amballàdeurs , n'ont point de
houppes , qu'ils appellent fiocchi j & lorfque les ri-
deaux du carroiFc^ qu'ils nomment bandinelle , font
tirés , ils font cenlés être incognito, &: l'on n'eft point
obligé de s'arrêter quand ils palfent , ni de les faluer.
Les Cardinaux vont aulli fans calotte rouge quand ils
veulent être incognito.
On dit en termes de plaifmterie, rire incognito,
pour dire, doucement 6c fms être apperçu.
Je ris incognito àî abord que je le vois ,
Je ne puis m'en tenir. Bou?vSAult.
CCriNCOLAT. f m. C'eft aind qu'on appelle en
Bohème, ce qu'en Pologne on appdle iW^^'e^r, &:
en France naturalité. 'Voyez ces mots.
INCOMBUSTIBILITÉ. f f. Qualité d'une chofe qui
la met hors de l'atteinte du feu, & qui l'empêche de
brûler. La railbn phyfique de VincombuJlibUité de
l'amiante, eft la contexture des particules de cette
pierre , qui laillènt ghller les molécules de Hamme a
travers leurs pores. Bibliothéq.ue Italique. Ce
mot nouveau me paroît nécellàirc.
INCOMBUSTIBLE, adj. m. &z f. Qui ne peut être brû-
lé, ni le confumer au feu. Ab exuftione immunis ,
ardere nefcius , ignis patiens. Les métaux fe fondent ,
les pierres fe calcinent &: font pourtant incombuftibles.
La toile faite de la pierre d'amiante eft incombufiible ,
fe nettoie au feu &: ne brûle pas. Grégoire de Tours
parle de certaines marmites de bois qu'on faifoit de
fon tems , qui neduroient pas moins que des marmi-
tes de fer fur le feu. Sylla entreprit autrefois de brûler
une tour de bois que défendoit Archélaûs, un des
Lieutenans de Mithridatc , & il n'en put jamais venir
à bout à caufe qu'elle étoit enduite d'alun. C'eft Au-
lu-Gellequi nous a confervé cette hi (loi re, & il dit
qu'elle eft prife du 19«= livre des Annales de Q. Clau-
dius Quadrigarius , ancien Hiftorien Romain, du
quel Titc-Live a beaucoup profité. C'eft aulfi d'eau
d'alun que fe frotterij ceux qui manient hardiment
les charbons , les barres de fer rouge , '&: font fondre
de la cire d'Efpagne (ur leur langue. Richarfon ,
Chimifte Anglois , s'eft fait voir à Paris mangeant
des charbons ardens fans fe brûler. En 1655 , on
trouva à Pouzzole une pièce de toile incombufiible
qui fe con(erve dans le cabinet de la maifon Barbe-
rine. En 1701 on trouva près de Rome une urne en
laquelle il y avoir des os brûlés, enveloppés en un
JmceuUe toile incombufiible qm t[\ prefque auftî lâ-
che qu un releau , grolfe comme de la toile de chan-
vre, cS: d'une couleur brune, mife au feu elle fc rcf
lerre & devient blanche.
Tome V.
I N C
T2I
INCOMMENSUKAIiLlTÉ. f f. Terme d'Arirhméti^
que &: de Géométrie. Qualité de ce qui eft iuccm-
mcn(urable. Incommenjurahiiuas. La grande confor-
mité de la théorie avec les mouvcmens des corps
céleffcs, compcnfc les différences qui autrement ré-
(ulteroientdc Vincommcnfurabilué tk de l'cx-centricité
des mouvemensdu foki! & de la lune, & de l'apo-
gée. I'rans. PiiiLos. 1-3 1 ,p.:;fo
INCOMiMENSUHABLE'.,dj. ferme de Géométrie. Il
ledit de deux hgnes comparées l'une à l'autre, qui
n'ont point de incfure commune , quelque petite
qu'elle (bit , pour mcfurer l'une &: l'autre; de Ibrte
qu'après plufieurs répétitions & fouftiv.iiicns de par-
ties égales , il en relte toujours quelque partie dont
l'une elT: plus grande que l'autre. Et en général deux
quantités font incomnienfuralles , lorfqu'il n'eft pas
polliblc de trouver une troilième quantité qui nre-
lure lune & l'autre , ou lorfque ces quantités ne font
point comme nombre à nombre , ou ne peuvent pas
s'exprimer par des nombres. Car tout ce qui fe peut
exprimer par nombre , eft commenfurable. Le coté
d'un carré eft incommenfurablc avec fa diagonale ,
comme démontre Euclidc, L. 10. Et le P. Pardies ,
f^'^^i 3'- Mais il eft commenfurable en puillànce,
parce que le carré de la diagonale peut deux fois , ou
contient deux fois le carré fait fur le côté. Pappus, L.
IV , prohl. ly , parle auill des angles incommenjura-
hles.
Pour les furfaces qui ne peuvent pas être mefurées
par une furtace commune, on les appelle incommsn-
furables en puiftànce.
Rapport incommenfurablc. Quand il arrive qu'en
concevant^ l'un des termes d'un rapport partagé en tel
nombre fini & déterminé qu'on voudra de parties,
égales, l'autre terme ne contient jamais exaéVement
un nombre précis de fois une de ces parties égales ,
mais qu'il la contient un certain nombre de fois avec
un i'efte.5 on dit que ces grandeurs ont un rapporc
géométrique incommenfurablc. Reyneau. Il y a des
cas où les incommenfurables font commenfurables
eniT eux. Foye\ le P. Reyneau , Scienc. du cale. /2.
44S- , &c. Un incommenfurablc eft celui qui n'a
qu'un Cvgne radical.
INCOMMODE, adj. m. & f fe dit en général de
tout ce qui gène & embarrafté beaucoup , de ce qui
eft à charge, fâcheux. Moleflus. Un plaideur eft un
homme incommode* il rompt la tête à tout le monde
de fes procès. J'aime mieux des vices faciles , que des
vertus incommodes. Till. Mille gens avec de bonnes
qualités font fâcheux &iwoOTOTOi/Ê.j. Bell. Une ami-
tié tendre eft aftez incommode. M. Scud. Il y a
d'honnêtes fâcheux qui font d'autant plus incom-
modes, qu'ils ne croyent pas l'être. Bouh. Ce lo'^e-
ment ed incommode. Le froid, le grand chaud, fort
des tems incommodes pour voyager. 'Vous m'êtes ve-
nu voir à une heure incommode.
INCOMMODÉMENT. adv. D'mre manière incom-
mode. Incommodé 'Vous êtes logé incommodément.
Les Miquelets d'Efpagne m'elcarmouchèrent tou-
jours le plus incommodément du monde. Bussi Rae.
INCOMMODER, v. a. fCF Caufer quelque incom-
modité. Incommodare , molefîare. Tout vous incom-
mode. Cette mur.dlle bouche mes vues , elle min- .
commode. La bonne opinion que chacun a de fon
mérite l'aveugle , & l'empêche de fcntir qu'il in^_
commode. Bel. Il vaut mieux fouifrir l'ennui de la
(olitude chez foi , que d'aller incommoder les autres
toujours par des vifitcs à contre-temps. Id. On incom-
mode les autres , quand on croit ne les pouvoir
jamais aftéz incommoder. La Roch. Le mérite d'au-
trui incommode les gens vains. Nie. Un Dieu qu'on
fait à fa mode , & auill patient que nos pallions le
demandent, n'incomm.ode pas. Boss.
Incommoder , (ignihe aulli , Nuire , bleifer , offcnfer.
Nous étions logés dans un pofte où le canon des
ennemis nous incommodait fort. Ils faifoient des
courics qui incommodoient le Laboureur. Aelak.
Nos gens ne furent point incommodes àz l'artillerie.
Id. Luther avoue qu'il a fait tout ce qu'il a pu pour
Q
I N C
nier la préfence réelle , voyant , dic-il , combien
cela eût 'incommodé le Pape ; mais qu'il n'a pu s'y
refondre contre les paroles précifes de Notre Sei-
gneur. PÉLISSON.
Incommoder , lignifie aulll , Rendre plus pauvre. Les
banqueroutes que ce Marchand a Ibutlertes l'ont fort
incommode. Il s'eft fort incommodé pour marier les
enfans , pour les pourvoir décharges.
Incommode , É£ part. |p° f^oye^ le verbe. On dit
qu'un homme eft incommode , pour dire qu'il a quel-
que maladie légère : qu'il eft incommode d un bras ,
dune jambe , de la vue , &c. pour dire qu'il n'en a
pas l'ufage. Et dans le ftyle familier , qu'il eft in-
commodé dans Ces aftaires , pour dire qu'elles font
en mauvais état.
En Marine , on dit d'un vailleau qu'il eft incom-
■modé , quand la manœuvre eft en détordre par la
perte de quelque mât , ou de quelque autre pièce né-
celfaire à la navigation. Le vailfeau le trouva incom-
modé a.a milieu du combat.
Etre incommodé de la veine poétique ; c'eit une
pluafc burlefque de Molière j qui llgnitie , Etre mal
difpofé pour raire des vers.
INCOMMODITÉ, f f. Peine , fatigue qu'on foufce à
l'occafion de quelque choie. Incommodum. C'eft une
grande incommodité que d'être logé au bout d'une
ville 5 loin de (es aftaires , de les amis. On fouftre bien
des incommodués dans les voyages.
IP* L'Incommodité du vent^ de la pluie , des voya-
ges , &c. c'eft-à-dire , la peine que ces chofes-là
caufent.
Incommodité , lignifie auffi une manière de maladie
qui ne retient pas au lit , mais qui Irait foutfrir quelque
douleur , ou qui empêche d'agir. Incommoda vale-
tudo. Il n'a pu venir à l'alfcmblce , à caufe d'une petite
incommodité qui lui eft furvenue. L'âge apporte avec
foi beaucoup d'incommodités , d'infirmités. On dit
incommodité d'un vailfeau , quand il eft incommodé.
\ Voye-^ ce mot. Nous leur fîmes lignai àUncommo-
dité , Se ils mirent à la cape pour nous attendre.
Frézier.
i^ INCOMMUABLE. adj. de t. g. Qui ne peut être
commué , tranfmué. M. Pluche prétend que les mé-
taux font improduélibles j incommuables &Z indcf-
trudibles.
INCOMA'IUNICABLE. adj. m. 3c f Qui ne fe peut
communiquer. Quod commuhicari non poteft. La
Majefté des Rois eft incommunicable à leurs lujcts.
Il y a des beautés de langue qui lont incommunica-
bles , Se qui ne peuvent k traniporter dans une tra-
duélion. S. ÉvR. Il pourroit le taire que le corps le
plus folide ne pût jamais ébranler aucun autre corps ,
c'eft à-dire , que le mouvement fut incommunicable.
FÉNELON. Droits , biens , honneurs incommunica-
bles.
INCOMMUTABILITÉ. f. f. Terme de Pratique , que
l'on emploie en parlant d'une pollclllon où l'on ne
peut être légitimement troublé. VnouvevVincommu-
tahilité de fa poflcflîon.
INCOMMUTABLE. adj. de t. g. Terme de Palais.
C'eft-à-dire qu'on ne peut changer. Mutarionis cx-
pers. Il eft propriétaire incommutahle. Pollelleur in-
commutahlc , (CÎ^ qui ne peut être dépolfcdé légitime-
ment , ni évincé de quelque manière que ce foit. On
dit de même propriété , polieifion incommutahle.
INCOMMUTABLEMENT. adv. d'une manière incom-
murable , fins pouvoir être dépoifédé légitimement.
Pofléder une terre incommutahlement.
INCOMPARABLE, adj. de tout genre. ^Ce terme
déhgne une chofe qui eft au-dellus de tout ce qui cil
de la même efpèce , & qui exclut les pareils •, qui eft
Il parfaite que rien ne peut lui être comparé. Vertu ,
valeur, lagc 11 e , piété incomparable. Incomparabilis ,
eximius , fingularis. Cette beauté eft incomparable.
Le Poème de Virgile eft incomparable.
Cet homme incomparable ,
Ce Tyrfis , que mes yeux trouvoientfi redoutable.
La Suze.
Il fe prend quelquefois en mauvaifc part. Vous
I N C
êtes incomparable , j'admire votre opiniâtreté. Alors
il le dit ironiquement , &: n'eft que du ftyle familier.
INCOMPARABLEMENT, adv. fans comparaifon. Ci-
tra comparatïonem. Les Phyficiens modernes railon-
nent incomparablement mieux que les Anciens.
1^ On le )oint toujours à un autre adverbe de com-
parailon , plus ou mieux.
INCOMPATIBILITÉ, f f. Contrariété , oppofition de
deux choies qui ne peuvent ni demeurer , ni fubfil-
ter , ni s'accorder enfemble. Repagnantia. Il y a de
l'incompatibilité, entre le froid & le chaud; entre une
propolition vraie , &c une faulle. Incompatibilité
d'humeurs , d'efpritj de caractère. La contrariété
d'humeurs lait naître une telle incompatibilité znut le
mari , tk la lemme , qu'ils ne s'accorderont jamais. Il
y a trop d'incompatibilité entre les defirs d'un ambi-
tieux , & les préceptes d'humilité que prêche l'Evan-
gile. Le Cl.
Incompatibilité , fe dit aulîî ff^ en Jurifprudencc
du défaut de pouvoir réunir enfemble certaines fonc-
tions. Il y a i/zcoOT/^af/fo^/ft? entre certains otiices, foit
à ciule que l'un & l'autre exigent rélideiice ^ ou
parce que l'un eft au-delious de la dignité de l'autre,
ou d'un état touï-à-lait diirérent. On donne quelque-
fois en Chancellerie des dilpenfes , des lettres d'in-
compatibilité.
On le dit de même de certains bénéfices , qui , fé-
lon les loix ne peuvent être pollédés par une même
perlonne. Il y a incompatibilité entre ces deux bé-
néfices.
INCOMPATIBLE. r.dj. m. & f. Qui ne peut fiiblîfter ,
ou demeurer avec un autre fans le détruire. Infocia-
bilis. Le froid &: le chaud lont incompatibles
dans un même lujet. On le dit aulîî de deux pallions
contraires. L'amour de Dieu & celui de foi même,
ou des biens temporels , lont incompatibles. La
Majefté & l'amour , difoit Agélilaiis , lont incom-
patibles. Non'bcns conveniunt , nec in una fede mo-
rantur majejlas & arnor. La juftice & la miléuicorde
de Dieu ne font point incompatibles. Il comprit
que la lainteté n'étoit pas incompatible avec les ma-
nières agréables. Bouh.
Incompatible , le dit aulll des humeurs qui empê-
chent que deux perlonnes ne s'accordent enfemble.
§Cr II y a entre eux de V incompatibilité. Une grande
incompatibilité d'humeurs & d'efprits.
Incompatible , le dit aulll des charges & des bénéfices
qui ne peuvent pas être polfédés en même temps par
une même pcrfonne. \]n office de Conleilicr &z
de Procureur du Roi lont incompatibles. Les béné-
fices qui lont fous un même toit font incompatibles.
Deux bénéfices à charge d'ames , un Séculier & uii
Régulier , lont incompatibles. Un Abbaye , & un
Prieuré qui en dépend , lont incompatibles , cela
fait un incefte fpirituel. Rebutïe dit que les Cardi-
naux peuvent tenir tous les bénéfices Séculiers &
Réguliers , compatibles 6c incompatibles.
INCOMPÉTEMMENT. adv. Terme de Palais. D'une
manière incompétente. Non légitimé. La formule de
prononcer fur l'incompétence eft , Mal , nullement
ik incompétemment jugé.
INCOMPETENCE, f. f. Manque de pouvoir dans le
Juge , pour juger , ou de qualité dans la P.irtie pour
agir. Jur'ifdiclioms defeclus.
ffT L'Incompétence fe tire de la qualité de la per-
fonne ou de la nature de l'aftaire. L'incompétence
ratione perfon& , lorfqu'une perfonne allîgnée de-
vant le Juge ordinaire , peut demander Ion renvoi
devant le Juge de fon privilège. Le Défendeur doit
propofer ce moyen in limine litis , comme on dit ,
& avant que d'avoir lait aucun aCte. Car II les chofes
ne font plus entières , il eft cenfé avoir reconnu la
jurifdiûion , ôc ne peut plus demander fon renvoi.
ICF Quand ['incompétence eft ratione materu , c'eft-
à dire , quand le Juge eft incompétent pour con-
noîtrc de la matière dont il s'agit , il doit renvoyer
les Parties devant le Juge qui en doit connoitie;
ou 11 c'eft un Juge fupéricur , il doit ordonner que
les Parties fe pourvoiront.
I N C
INCOMPÉTENT , ïmte. adj. Juge qui n'a pas pou
voirdcjuijtr , ou Pairie qui n'a pas dcquiiuJ pour
agir. Non U^'uimus. Les appels conunc lIc Jli,^;cs
ïncompcuns doivent (uipcudie la pioccdurc ; ces
appels Te poicenc diieCteuient au Parlement , om'iffo
nicdio. \Jn Juge laïque cil incompctenc pour juijer
feul un Clerc toiiluré. Un peut réfuter de dc■^endre tant
qu'on a une Partie incompéunte. Un étranger e(l:
une Partie incompécane pour accufcr une femme
d'adultère. Un mineur eit uiçompcunt pour intenter
une adtion cnJultice.
Incompétent , fe dit auifi en parlant des chofcs où
l'on ne fe connoit point , & dont on ne peut juger.
Un aveugle cil un juge incompétent en matière de
tableaux. La raifon ell un guide infidèle , & un Juge
incompétent dans les choies divines. S. ÉvR. Jul-
qu'ici cet adjedtiFj quand il avoit après lui un infi-
nitif, étoit fuivi de la prèpoiîtion Pour; aujourd'hui
dans ce cas on met de. F.^it-on bien ; L'Ofiicial par
la qualité de la matière étoit incompétent d'en con-
noîtrc. Sarrazin. Pour en connoître ne feroitil
point mieux ?
IMCOMPLAISANCE. f. f. INCOMPLAISANT, adj.
La complaifmce ell une fouplcflè tk flexibilité d'à-
me , par laquelle nous nous accommodons aux af-
fedlions des autres , témoignons entrer dans leurs
fentimens, en approuvant iSc fécondant leurs actions.
Le défaut qui lui efl oppoféj c'efl la milantropie ou
incompla'JlvKC ; & Ion e\C!is ou abus dégénère en
flatterie balle & rompante . . . Ec. du monde. Il laut
être aulll fou que le Milanthrope pour aller fe brouil
1er avec un homme pour une chofc qui de loi-même
cft indiilérente. Four moi , (cmblaole à l'ami de ce
lâuvage incomplaifant , j'aurois tort naturellement
applaudi à la chute du Sonnet Le Perroquet,
le Singe , èc le Chat , font les figures de Vincomplai-
funt , de l'indifcret, Ik du traître. Ibid. Le P. Bou-
hours n'approuve pas ces deux mots, p. //^ , de la
fuite de fes remarques fur la langue Frani;oife; Se
tout lemonde efl de Ion avis.
tfJ- INCOMPLET , ETTE. adj. m. &f. Qui n'efl point
complet. Voye\ ce mot. Incompietus Nous n'avons
que des idées incomplettes &c fort imparfaites des
corps. Locke. Ce terme ell d'ulage en Librairie ,
pour défigner un exemplaire d un ouvrage auquel
il manque quelque chofc , un volume ou quelques
feuilles.
If? Incomplète ( Fleur ). Terme de Botanique. Flos
incompietus. C'efl , fuivant Vaillant une fleur qui
manque de cahce &c de pétales. Tournefort les a
nommées Apétales , & Rivimus les appelle Flos
incompietus.
IJC? Incompllt , fe dit aufîî fubflantivement. La France
n'avoir envoyé dans les Alpes que 42 bataillons , &
3 } efcadrons , qui , attendu l'incomplet ordinaire
des troupes , ne compofoient pas un corps de 2.6
mille hommes. Volt. Hifl. de la guerre de 1741.
INCOMPLEXE.^ adj. Terme de Logique. Qui n'efl
. point compolé , qui efl fimple. Incomplexus. Ce
mot fe trouve dans l'Art de pcr.fer. L'Auteur de cet
ouvrage , ôi les autres qui ont traité la même ma-
tière , appellent fyllogilmes incomplexes , ceux
dont les propolîtions font limples comme dans ce-
lui-ci.
Un Roi doit être obéi.
Louis XJ-'' eji Roi :
Donc Louis XF doit être obéi.
IP" Il y a aufîî des idées 8c des termes incomplexes.
Voye^ Complexe.
INCOMPOSITE. adj. m. Se f. Ce mot fe trouve dans
M. Perrault, qui diflingue dans la Mufique des An-
ciens des intervalles compoiites , & des inteivalles
incompqfitcs.
fCr INCOMPOSSIBLE. adj. de t. g. Qui fe dit de deux
choies , de deux idées qui fe détruifent mutuellement ;
que l'on ne peut réunir ni concevoir enfemblc. Dans
cette fuppofition on rcnfcrmeroit les termes les plus
Tome F,
INC 123
incompojjibks , la plus évidente contradidion. Mem,
DE Trev. C ell un terme dogmatique.
INCOMPRÉHENSIBILIFL. f f. État de ce qui eft
iiKompréhcnfible. Incomprehenfibditas. Ce qui fc
dit proprement de Dieu & de fes attributs , qui ne
font incompréhenlibles que parce qu'ils font trop
grands , &c trop au-def!us de notre portée. Il y a
infinité par tout , & par conféquent incompréhenfi-
bilité par tout. Nie. ïincompreherjLbiiné des myllè-
rcs de la foi nous doit orer la peiiféc de les appro-
fondir. Saint Chryfoilômc a fait fix difcoursde \'in-
compréhenfibilite de Dieu , ait,i xrMtuhiiiilx-
INCCJMPKEHENSIBLE. adj. m. & f. Ce que l'cf-
prit ne peut concevoir, ni comprendre. Incompre-
henjibilis. L'àélion de l'ame fur le corps , ou du corps
fur l'ame , efl incompréhenfibles. Les myflercs de
notre toi font incompréhenfibles. Les femmes tonc
incomprehenjibles. P. de Cl. Gracian etl parmi les
Etpagnols un de ces génies incompréhenfibles : fes
ouvrages ne femblent faits que pour n'être pas en-
tendus î Bou. S'il efl vrai que l'Évangile nous pro-
pofe à croire des dogmes incompréhenfibles , c'efl
que Dieu a voulu éprouver la foibleffe de notre
miférable raifon. S. Evr. Les incrédules , pour ne
pas croire des myllères incomprchcnfbles , tuivcnt
A: incompréhenfibles erreurs. Bossuet. On dit qu'un
homme ell incomprehenfble , pour dire que c'eft.
un_ homme inconcevable dans fa conduite , dans
fon rail'onnement , dans fes difcours , &c. Ac. Fr.
INCOMPRESSIBLE. Qui ne peut être comprimé.
Quod comprimi non poteft. §Cr Les corps liquides
font prcfque tous incomprejfibles , l'eau fur-tout ; car
plutôt que de te laiflèr condcnter , elle paffc au
travers des corps les moins fpongieux , comme les
métaux. L'air doit être excepté de la clafle des li-
quides incomprejfibles , puifque nul liquide n'efl plus
liquide, & que nul corps comprcjjîble n'efl plus
compreffible , la plupart même des fohdes les plus
comprejjîbles paroiliant lui devoir leur compreÛîbi-
lité. Nollet. La compreffibilité de l'eau qui avoic
échappé à nos plus célèbres Phyfîciens , a été dé-
couverte par le P. Belgrado , Jéf uite. On peut voir
fa Diflértation fur la caufe du Ricochet , imprimée
à Parme en 1743 , dont les Journalilles de Trévoux
ont rendu compte dans leur Jounal de Janv. 17J/.
Il fait voir que l'eau a du reflorr , & prouve par
des expériences bien choifies qu'elle efl capable
d'une comprefllon lentible. Voye-[ Compression ,
Condensation , &c.
INCONCEVABLE, adj. m.c\-f. Ceque l'efprit hu-
main ne tauroit s'imaginer , comprendre , ni con-
cevoir. Incomprehenfibilis. La grande étendue de
l'Univers, & la petitelle des atomes j font des cho-
fes inconcevables. La grandeur & la bonté de Dieu
font inconcevables. Les myflères de la foi font in-
concevables. On dit , Il eft inconcevable combien on
lui dit d'injures , pour dire , On ne fauroit s'iiTiagi-
ner combien on lui dit d'injures. Ac. Franc.
Inconcevable , fe dit auffi par exagération , de ce qui
etl grand, difficile. Ce Poète a une peine inconceva-
ble à faire des vers. C'eft un travail inconcevable de
faire un bon Diélionnaire. Ce n'eft pas le fentimcnt
de l'Auteur de la Préface du Diélionnaire Latin de .
Danet j il en jugeoit peut-être par celui en faveur
duquel il écrivoit : mais c'étoit le fentimcnt de Sca-
liger , aulîi bon Juge qu'un autre.
INCONCILIABLE, adj. m. & f. Qui ne peut fe con-
cilier avec quelqu'autre chofe. Qui nequit conciliari.
La qualité d'héritier d un défunt ne permet pas qu'on
lui falle l'injure de l'accuter d'un faux. Cette injure
eft inconciliable avec cette qualité , &c fuffiroit pour
rendre indigne de l'hérédité. Brousse. Ces motifs
refpedrablcs étoient inconciliables avec l'abiis que N.
voudroit fiire de leurs privilèges. Normant.
l INCONDUITE, f. f Défaut de conduite. Jgendl
ratio mala , imprudens. Ce mot eft très - nouveau
Ç3" mais reçu par l'ulage. Il y a des gens qui fe trou-
vent dans une fîtuation fâcheufe par leur inconduite.
f^cye:^ Conduite.
Qij
124 I N C
INCONGRU, UE. adj. Qui n'cft pas congin , qui cft"
conti-e les règles de la Grammaire. Incongruens.
Cela eft incongru. §CIF FatjOn de parler incongrue ,
contre les règles de la coiilhuAion. On le dit en
plailantant de ceux qui manquent aux bienléances
■du monde. C ell un homme fort incongru. Molière
fait dire par (es Préeieuks , Ces gens-là lont tout a-
fait incongrus en galanterie.
INCONGitUEMENT. adv. D'une manière incon-
grue , Se contraire aux loix de la Grammaire. Non
congruenur. Parler incongrue ment. On le dit aulli
au hguré. Il fait toutes chofes mcongrucment. Mais
cela ne fe peut dire que dans le ftyle comique & bur-
lefque.
INCONGRUITÉ, f. f. Faute contre la Grammaire ,
mauvaife fat^'on de parler. Barbanfmus.
Incongruité , le dit Hgurément &C plus fouvent des
fautes contre l'honncteté , contre la bieniéance ,
contre les manières d'agir reçues dans le monde. Inur-
banum. C'cll: une grande incongruité de ne pas (alucr
le premier le Maître de la maifon , de le (ervir le
dernier à table. Sa conduite , fon difcours , fon
raifonnement font pleins d'incongruités.
fer INCONNOISSABLE. adj. Ce mot le trouve dans le
Panégyrique de M. de Turennc , par M. l'Abbe de
Faveroles du Plelîis. Je ne lais fi on le trouve
ailleurs.
INCONNU, UE. adj. Qui n'elT: point connu , qui eft
ignoré. lyiotus. La providence agit par des rellorts
inconnus. La fource du Nil a été long tems inconnue.
Les myftèrcs ont des protondeurs qui nous lont in-
■connues. Marcher par des routes inconnues. Toute la
vertu des femmes conlifte à être inconnues , fans s'at-
tirer ni blâme , ni louange. FlÉch.
Que /'ai de mouvemens qui me font inconnus !
Des -Houl.
Le Dieu inconnu. Ignotus Deus. Lilius Gyraldus
écrit Syi;tagm. XV'II , que les Arabes le déliant de
leurs Dieux avoient érigé , ou dédié des autels au
Dieu inconnu. Les Athéniens avoient aullI un autel
dédié au Dieu inconnu. Non - leulement Paufanias
dans les Attiques , mais S. Luc dans les Aéles des
Apôtres , le témoignent e.xprcllément. On rapporte
diik'remrnent les railons que les Athéniens eurent
d'honoret ce Dieu inconnu. Les uns diient que Phi-
lippe ayant été envoyé vers les Lacédémoniens pour
traiter avec eux d un fecours contre les Perfes , il
lui apparut un fpectre qui le plaignit de n'avoir point
d'autel a Athènes , tanais qu'on y en érigeoit à tous
les autres Dieux \ il promit même que li on lui dé-
cernoir un culte & des honneurs divins , il lecour-
roit les Atliémcns : quelques temps après ils rem-
portèrent une victoire, on l'attribua au Dieu inconnu..
Se on lui bâtit un temple & un autel, dont l'inf-
cription étoit ^fcoii Ai.iA'z , K.vi ETioriHi t. aï ai-
BTHS, fciEû ArNosrn kai ïeno. C'eft - à - dire ,
u4ux Dieux d'Afie , d'Europe <Sc de Libye , au Dieu
inconnu & étranger. Tertulien contre Marcion ,
Liv. I , c. p , témoigne qu'il y avoir une (uperllition
Semblable à Rome. S. Martial dans Ion Epît. aux
Bourdelois , c. j. Aurélien dans la vie de S. Mar-
tial , diient la même choie de Bourdeaux , ajoutant
que l'autel du Dieu inconnu à Bourdeaux j fut dé
dié à Dieu fous le nom de S. Etienne. On peut
voir Franc. Ro&us j Archïol. Att. Liv. Il , c. i.
Rigault , Jean de Dalmenhorlt Wower , & fur
Minutius Félix , & Baronius , Annal, à l'année de
Jésus-Christ , 54, n. po , Se l'an 52 , n. ij.
Simon Balîlides Se d'autres hérétiques des pré-
iniers liècles , introduifoient aulîl un Dieu inconnu.
Voye-i^ Baronius à l'an izo , n. j Se 6.
U Inconnu lu;- les Pfeaumes , c'eft un A»uteur qui
a fait un Comraentaiie fur les Pleaumes , mais qui
a caché fon nom par humilité. Quelques uns croient
qu'il fe nommoit Michel Ayguan.
Inconnu , fe dit aullî de ce qui n'eft fu que de peu de
perfonnes. Le commerce des pierreries cft un tra-
I N C
fie inconnu. Ce Marchand cft allé voyager en des
pays inconnus. Il eft inconnu dans cette ville , il
n'y a point de connoiftance. Ce Chimifte a des fc-
crets inconnus à ceux de fi prokilion. On dit aullî ,
qu'un livre eft d'un Auteur inconnu , quand le livrL-
eft anonyme , ou quand l'Auteur eft lans réputa-
tion, ^fj' En Géographie on appelle terres incon-
nues , les pays où l'on n'a pas encore pénétré»
|Cr Inconnu, f. Cette lettre lui a été rendue par un
inconnu.
Inconnue, adj. f. pris lubftantivement. Terme d'Al-
gèbre. On loufentcnd lettre ou grandeur. Comme
l'Algèbre opère par des lettres qui réprélentcnt des
grandeurs , Se que pour réloudre les queftions pro-
pofées , on cherche la valeur de quelque grandeur
inconnue, en la comparant à celles qui font connues
par la queftion ; on appelle- l'Inconnue , la lettre
qui reprélente cette grandeur inconnue que l'on
cherche ; & quand après les opérations nécellaires ,
l'inconnue feule & dégagée de toute autre grandeur ,
le trouve égale a quelques grandeurs connues, le
problême eft réfolu. Il y a d'ordinaire plufieurs
inconnues dans la queftion , Se on les réduit à une
feule , quand cela eft poflîble , ce qui s'appelle Faire
évanouir Ijs autres. On obferve dans la pratique de
marquer les inconnues par les dernières lettres de
l'alpiiabet , &■ ks grandeurs connues par les premiè-
res , afin de ics pouvoir diitinguer les unes d'avec
les autres d'un leul coup-d'œil.
L'Inconnue de la Fare. f^oye^ S. GERMAIN ,
elpèce de poire \ Se la Quintinie , P. III ,c. 2 ,
p. 310.
INCONSEQUENCE, f. f. Défaut de conféquence.
y'oye'^ ce mot. h' Inconfequence le trouve dans les
idée> , dans les difcours , Se dans les actions. In -
confequentia , confequentia principio repugnans ; Con-
clufio ex principio haud fatis confequcns , Les Grecs
l'appellent st^'-ico^-^s Baïus & Janfénius conviennent
avec Luther fur l'elTence du péché originel ; mais ils
l'abandonnent dans les inconfequenccs qu'il en tire.
Lorlque parmi les Chrétiens on a vu des variations
dans l'expohtion de la foi , on les a toujours regar-
dées comme une marque de fauileté Se à'inconfé-
quence dans la doétrine expofée. Bossuet. Il n'y
a point A'inconfcquence dans leur conduite. Uin-
confequence eft un des principaux apanages de l'er-
reur.
On fe fort de ce mot hors des matières dog-
matiques ; &: dans l'ufige ordinaire , pour marquer
l'oppofition d.ans les conduites di.iérentes de la vie ;
par exemple , entre les jugemens de l'efprit Se les
adlions. C'eft une étrange inconféqucnce de croire
un enfer , Se de mener une vie déréglée. Ce fut
par un eftet de ce bon Icns qu'il ( M. le Dauphin
Duc de Bourgogne ) comprit dès lors combien il y
a a'inconfcquence à faire profeftion du Chriftianifme
fans fuivre les maximes dans la pratique. P. Marti-
NEAU , J.
INCONSÉQUENT , ente. adj. m. cV' f. gCT Qui agit
ou qui parle lans fe conformer à ffs propres princi-
pes. Celui qui conclut de ce qu il penlc , ou de ce
qu'il énonce le contraire de ce qu'il devroit faire,
eft inconfequent dans les dilcours & dans les idées.
Celui qui tient une conduite contraire à celle qu'il
a déjà tenue ^ ou contraire à fes propres intérêts , eft
inconfequent dans les aftions. Nos idées lont jufteSj
ou tnconféquentes , obfcures ou lumineules , lelon
que nos organes lont plus ou moins lolides , plus ou
moins délices , 6c lelon que nous lommes plus ou
moins pallionnés. XXK Lettre Philofophique. Tout ce
que M. de Sault , Médecin de Bourdeaux , dit contre
l'excellent livre , de morhis Veneris de M. Aftruc ,
m'a paru aullî foible o^'inconféquent. Obfervations
fur les Ecrits mod. Sylla étoit inconfequent , &: per-
péiucllement en contradiéfion avec lui même. Cre-
viER. Je n'ai rien vu de li inconfequent que cet hom-
me; il varie lans celle Se ne le toiuient en rien. C'eft
être bien inconfquent, que de railonner de la (orte.
iNCONSIDÉRÀTION. f. f. Imprudence dans le dif-
I N C
cours ou dans l'adion. Cet érourdi a perdu fi fortune
par l'on uiconjidtracïon. Votre inconjidenuion vous
fxcule-t tUc; Bourdal. Ir.conjîderaùo , inconjidtran-
tia.
INCONSIDÉRÉ, ÉE. adj. gO" Terme rcl.uiF aux per-
loiincs &C aux choies. Homme ïnconfidcré , qui ne
tunlidcre pas alkz les confcquencts de les aclioiis ou
de les dikours. Inconfidcrans , inconfid^ratus. C'cft
l'homme le plus //7tLi/j//û'<;r<f que je coiiiioilje. Il a l,î-
chc des paroles incoi:Jiderccs qui lui om tait une gran
tic artaire. l'aire des largelles uxonjiderces. Ablanc.
IncoksidÉrÉj le prend aulli quelquetois lubltantive-
r.icnt. Celt un étourdi, c'e!l \in incoajïdere. Je hais
la mort , car c'eit une inconjideree qui ne relpctte
rien , & qui vient toujours mal a propos. M. bcuD.
INCONMUhKl^MEN 1 . adv. Imprudemment , d'une
manière inconlidérée. Inconfidcmcè. Il s'eit jette in-
conjïdcrtimcnt dans les elcadrons ennemis. 11 s'enga-
gea cnconjidc: rd'.'nent da.ns un lieu étroit. Vaug.
INCONSOLABLE, adj. m. Se f. Qui ne peut êtrecori-
Iblé. Inconfolabdis ^ injolabdis. Il ié dit des choies
audi bien cjue des pertonncs. 'Vaug Rem. La perte
de l'honneur rend incjnfolahk. InconfolabU dans la
douleur. H ell dans une douleur inco«yi/ûi'/e. Aliiic-
tion ïnconfolalU.
INC0NS0LA13LEMENT. adv. D'une majiière incon
folable. Inconfolahiar, citra confolatïonem. La mou
de la femme l'a afi-ligé inconfolahlement.
INCONSTAMiMENT." adv. i^'une manière inconf-
tinte. Inconjlancer. Hylas dans l'Aftrée toutient le
parti de ceux .qui aiment uKonJlamment. A^ir , le
i.or.duire inconj'iammtinc.
INCONSTANCE, f. K îf3 C'efl: proprement un dé-
i-aut de perfcvcrance dans les goûts. Inconjiancia.
l.'mconjlance ell: un vice de l'amc qui la porte lucccl
livement à des choies différentes. La lortune ell chan-
f cante . e*!^ je (Darius) ne luis moi mcme qu un trop
illuftre exemple de l'on inconjiunce. 'Vaug. Comme
la iermeté rail'onnable n'eft pas mdexible , &c qu'au
contraiie elle fe rend a la vente des qu elle la voit pa-
roîrre, tout changement n'tll pas uiconflance , ainfi
que le vul;;aire le l'imagine. M. Esp. La vivacité des
femmes fait leur inconjiance. Bell. Les révolutions
continuelles de notre elprit, & Vinconjt^ince de nos
pafhons , ne nous lail'.ent pas dans" une alhette alîez
Ferme, pour établir le repos de notre vie. S. EvR.
Dieu feul ell exempt à' inconjiance. Ego Deus è- non
mutor. Le fymbole de X'ïnconjtance elt uric Fortune
peinte fur une boule & la variété des couleurs de li-
ris. La foiblelle de 1 elpri: humain ell la caule de Ion
inconjiance. C'ell une marque à' inconjiance Hc de lé-
gèreté d'efpritj que de ne le trouver bien nulle part.
Bell. Les amans appréhendent fans celle 1 inconf-
tance de la perionne aimée. Le tableau de VinconJ-
tance a été fait par Pierre de Lancre , en un gros vo-
lume.
^"Inconstance, le dit auili en parlant des choies lu-
jcttes à changer. ]J inconjiance du tcms , des vents ,
de la mer , de la fortune , tout nous inftruit de la fra-
gilité et de Y inconjiance des choies humaines. Fléch.
|TO- INCONSTANl' , ANIE. adj. Qui n'a point de
perfévérance dans fes goiits. On le dit également des
choies qui ne demeurent pas long tems dans le même
état. Inconflans. La fortune efl: inconjiante. Les
Amans lont d'ordinaire inconflans. Sénéque dit à un
inconjlant. Fais du moins qu'on te puille rceonnoitre
quelquefois.' On ne tait pas revenir les inconflans par
des plaintes &: par du fracas. B. Rab
Jet'aimois inconftant; qu'aurois-jefaitJldéU?
Racine.
Faifons des inconflans , des jaloux odieux.
De la Motte.
if? Le rems eft inconjlant. L'automne eft une faifon
inconltante.
'':^T\]nc femme inconjiante, dit la Bruyère, ell celle
qui n'aime plus; elle ne s'attache pas pour long-tems.
INC 12^
Une légère, celle qui en aime déjà un autre-, elle ne
s'attache pas tortenieiit. Une volage , celle qui ne
■ lait 11 elle aime, tk ce qu elle aime; elle ne s attache
pas à un leul. Une c/!a«^tt//;re , celle qui ne s'attache
pas au même, La légère, dit M. l'Abbé Girard, fe
donne à un autre , parce que le premier ne la retient
pas. V inconjiante j parce que Ion amour efl fini. La
■volage j parce qu elle veut goûter de plulieurs, (Se la
chan^^canie , parce qu elle en veut goûter dediilérens.
Les hommes lont ordmaireiiient plus légers &
plus inconjLans que les ten.mesi mais celles-ci font
plus volages 6c plus changeantes que les hommes.
Ainli les premiers pèchent par un excès d indillérence
qui lait celier leur attachemcntj & les fécondes par
un fond d'amour qui leur tau luuliaiter de nouveaux
attachemens. lar conlequent le mérite des hemn.es
paro.t être dans la perleveranee , tk. celui des femn.es
dans 1 1 rchltanee : le premier cil plus rare, le fécond
plus glorieux. Les uns doivent le munir contre les
dégoûts, iic les autres contre les attaques.
INCuNiEi FABLE, adj. Qui ne peut être conteflé.
Incontroverjus. Ce droit efl clair &: incontejlable.
litre mcohtcjtable. Fat. Vérité incontejable. Mol.
Ilrautdes d^iuontlrations d'une évidence incontejla-
ble , pour hal.irder l'éternité. M. P.
INCOiN i hS i ABLEMti'-J F. adv. D'une manière in-
contellablc. AiJ\ue conLoverJia. Cette terre lui ap-
pai tient incontijLablement.
INCOi^J I Es 1 i^ , LE. adj. Que l'on ne contelle point.
Mènerai dit, en parlant du Royaume de Navarre,
fousLouisl. bepuis Sance Abaria , premier du nom :
h fuite des Rujs de N avarie efl claire & incontejlée.
Abrégé de l HJl de trance.
INCON i INEiNCE. f. f. Viceoppofé à la continence.
Voye-:^ ce mot. Incontineutia. L incontinence feule fé-
para Henri VIII de l'iifclife Catholi ,ue. Maug. Il
faut des Eur.uqucs , de dculles giiiles pour biider
y incontinence a^% kniU.es. Le vice qui deciie le plus
efl Y incontinence.
En Médeeine on appelle Incontinence d'urine,
une écoulement inv^loi.taue qui le lait de luiine,
lorfque le relloit du Ij^nii.éler efl relâché. Uriiii in-
continentia. Ceux qui oi.téte t.iillés de la pierre, ont
allez fouvent une incontinchc-. au.n.e. M. Doudas
prétend que cette opération étant faite par le h..ut ap-
pareil, elle ne caule jamais d impuillarce, ni à' in-
continence d'urine, & quelle ell moins dangercufe
que les opérations ordinaires. Lorfe^ue la pierre ell
grolle , la méthode ordinaire de l'extiaiie peut c.ufer
ui.e incontinence d urine. De la Roche d'après Dou-
glas. Un des quatorze avantages de 1 extraction de la
pierre félon la méthode du haut appareil, c'ell qu elle
ne peut cauler à' incontinence d'uiine , puifqu'on ne
touche point le cou de la vefîîe. Cette incontinence
diffère de la ûrangurie dans laquelle on rend lutine
goutte à goutte iiivolontairement & fréqueirment,
mais avec douleur. Ce mot vient du Latin continere j
retenir , & de la prépolition in , négative en ce cas.
Col de Vihars.
INCONTINENT , ENTE. adj. Qui n'a pas la vertu de
continence , qui ne lait pas modérer les appétits de la
chair. Incontinens. S. 1 aul n.enace les incontinens de
l'exclulion du Faïadis. Il ne le dit guèie que dans les
mati-'res de piété.
Incontinent, adv. de tems. Sur l'heure j dans le mê-
me moment. Statim. Ce que vous m'oid^nnerez,
je le ferai incontinent , tout incontinent. J'irai-la in-
continent après dmé.
Ce mot vient du Latin in continenti , qui veut dire ,
fur l'heure.
INCONIRADICTION. f. f. Accord dans la manière
de penfej. Fluiieurs chofcs certaines font contredi-
tes , plulieurs taulles pallent lans contradiétion. Ni
la conrradiedon n'ell marque de faul1etc_, ni Y incon-
tradiction n'efl marque de vérité. Pascal. L'ufage de
ce mot n'efl point établi.
INCONVÉNIENT, f.m. =13" Difficulté qui fe trouve
dans une aflaire , qui en fufpei.d la déeillon , ou fuites
facheul'es qui rélulten: de fa conclulion ou du parti
i6
I N C
qu'on prend. Incommodum. Il voit les inconvcnkns
de cette aftaiie , & n'en voit point les expédiens. Il
n'y a point d'attaire qui n'ait tes avantages &: ks in-
ionveniens. Je ne vois ponit A.' uiconvenLins d'accep-
ter cette propolition. Engager quelqu'uA dans un
inconviinient. Boss,
ÏNCJNVÉNiENT , lîgniîîe aullî fuite, conlcqucnce fâ-
cheufe d'une opinion , dune déniarciie , ùc. Incom-
modum. L'inconveiucnc du maiiage pour les jtuncs
gens , c'ell qu ils lont charges d'une grande ianiiUe
avant que d'avoir établi leur tortune. Cette opinion ,
cette do-trine elt lujecte a beaucoup àintonvcnicns ,
de conléqurnces dangcreules.
INCONVERTIBLE, adj. de t. g. Qu'on ne peut con-
vertir. Un grand peuple que 1 intérêt &C 1 aveulie pré-
vention rendoient inconvemhle. Abbé de Pons.
Lettre fur l'Iliade de M. de la Motte. Avec une fauire
confcience, on e(l incorrigible tk. inconveniile. Avent
du P. Bourdaloue.
^CFOn le dit en Phyfique des chofes que l'on ne peut
tranfmuer. Les métaux font des fubilanccs funples
&■ inconvertibles.
ÎNCORPORALITÉ f. f. Ce mot fe dit proprement de
Dieu & des Efprits , en tant qu ils n'ont rien de cor-
porel , ni d'étendu. Spiritualités , incorporaiitas. Je
les entends crier tout le jour V parler d'idées & à'in-
corporalitc. Ablanc. C'ell un terme dogmatique.
INCORPORATION, f. f. Union mélange ^ joncbon
d un corps avec un autre. Permixtio , coagmentaùo.
^^ En Chymie , c'eft le mélange & l'union de quelques
matières dont ont fait un corps qui ait quelque con-
fiftance, en l'introduiiant peu-a peu dans un llrop,
ou conferve , ou autre choie. Il but pétrir ces dro-
gues enfemble , les lailler bien infuler julqu'a une
pleine incorporation.
fC? En Jurilprudence féodale , c'eft la même chofe que
réuiiion. L'incorporation d une terre au domaine.
On le dit de même en parlant d un régiment dont
on fupprime le nom, &: dont on fait entrer les loi-
dats dans un autre régiment. L'incorporation à un ré-
giment dans un autre.
^INCORPORÉITt. f. f. Terme dogmatique. Qua-
lité de ce qui eft incorporel.
Incorporéité des Anges. C'eft la même chofe qu'in-
corpoialité.
INCORPOREL. ELLE. adj. Subftance fpirituclle qui
n'a point de corps. Incorporais , incorporeus. Les
Anges font des créatures incorporelles. L'ame de
l'homme eft incorporelle , & peut iublifter indépen-
damment du corps. Ces idées indépendantes des
corps ne peuvent ni être corporelles, ni être reijUes
dans un fujet corporel. Elles me découvrent la nature
de mon ame , qui reçoit ce qui eit incorporel j & qui
le reçoit au dedans de loi d une manière incorporelle.
D'où me vient une idée li incorporelle des corps mê-
mes î Je ne puis la porter par ma propre n.ituie au-
dedans de moi , puiique ce qui connou en moi ks
corps eft incorporel , 6'c. Fenel.
En Droit on appelle chofe, ou polfeirion incorpo
relte , la potleilion des choies qu'on ne peut toucher,
& qui coniirtent en droits & attions, comme lont ks
droits Icigneuriaux.
INCORPORER. V. a. Mêler, ou joindre des chofcs
enfemble pour en laire un même corps. Conjiare.
Les acides & les alcalis s'incorporent fi bien enlemble ,
qu'ils ne font plus qu un corps. Le plomb réduit en
poudre s'incorpore facilement avec l'huile. Glaser.
Incori'orer , fe dit aulli figurément en morale. On a
incorpore les Officiers de ce Bailliage qu'on a luppn-
mé , avec ceux d'un Préddial qui avoir été créé aupa
ravant. ifs Les loldats d'une telle Compagnie ont
été incorpores dans telle autre. Le vice s'incorpore à
l'homme. Les richelles s'attachent, &: pour aiiifi dire
ellss s'incorporent à notre cœur. Boss. Incorporer
des terres au domaine , les réunir.
f!0° Incorporer , en Pharmacie, former un remède
qui ait quelque confiltance , en mêlant & unillant
diileieincs matières par le moyen de quelque lirop
ou autreinenr.
I N C
Incorporé, ée. part, paill S<. adj. Province unie &c in-
corporée a la couronne. Patru. Albe fut vaincue
ik. ruinée , les citoyens incorpores à la ville viCco-
ritute, l'aj^randiieiit & la lortiherent. Bossuet.
§Ci-ii'JCURKECT,ECTE. adj. Qui n'eft pas correcl.
I^oye^ ce mot. Le dcliein de l'Ecole 1 Lnnandc , quel
quetois né>,U5c , lourd & incorrecl. Gersaint. Là
te truuvou v^napelle , ce gcinc plus naturel que poli ,
tacii'c Uans les vers , incorrect dans fon ftyle , libre
daiiS les idc>.s. 'i tmple du goût. Le premier livre de
génie qu on vit en proie j rut le Recueil des Lettres
i rovin^i lies en 1654. Le bon goût qui règne d un
bout a i autre dans ce livre , ne corrigea pas d'abord
le ftyie laclie , dilius , incorrecl , qui depuis long-
temps etoit celui ae prct^jUe tous les Ecrivains. Siè-
cle de Louis Ai v . Ce luot , tout nouveau qu'il eft ^
fe trouve dans nos meilleurs Auteurs. Le ftyle incor-
recl eit celui qui s ccarte louvent des loix de la Gram-
maire. Une ii;,ute uicorrecle eft celle qui pèche con-
tre les propoitious reçues. Incorrecîus.
INUOiit-itCiluN. f. t. Défaut de correftion. Cet
ailemûiage de pièces rapportées formoit un tout
agréatJle , dont 1 incorrection de dellcin n'étoit fenfible
qua des yeux connoilleurs. Merc. de Sept. /73/.
lncorreài.on dans le Ityle, incorrection dans le deliein
d un tableau.
INCORRIOlblLlTÉ. f. f. gO^Caraftère de celui qui eft
incorrigible , qui ne peut être corrigé, l^oye-^ ce mot.
Il y a des gens dont 1 incorrigibilite elf inconcevable.
L'incorrigibilite des hommes vient de l'imbécillité ,
de i opiniâtreté ou des palhons. On s'eft detait de lui
à caule de ton incorngibdite. La malignité & Vincor-
ngibilite des peuples eivipcchent le huit de leyrs tra-
vaux. Ab. de la i R. Il arrive louvent que nous nous
perdons nous-mêmes en voulant tauver ceux que
nous ne lauvonspas-, foit que la complaifance empê-
che de faire pour cela autant que l'on doit ; ou bien
que le zèle qui s échauie contre Vincorrigibilité , nous
emporte au delà des bornes que la charité &c la fa-
gelie nous doit prel:rire. Id.
INCuRKlGIBLE adj m. & f. Qui ne peut être corri-
gé. Inemendabilis. Entant incorrigible. Elprit incor-
rigible. Il y a des hommes incorrigibles , qui ne fe
corrigent point , & des détauts incorrigibles , dont on
ne le corrige point.
INCORROMPU , UE. adj. Qui n'eft point corrompu ,
qui n'ell point gâté. Incorruptus. La nature incorrom-
pue. Pasc. Ce terme ne le peut employer tout au
plus que dans le llyle dogmatique pour éviter un
long détour de paroles.
INCORHUPTIBIi-ITE. f. f. Qualité par laquelle une
chots eil incorruptible. Incorruptibiluas. L mcorrup-
tibilïté elt une des propriétés des corps glorieux.
Incorrupticuite , le dit aulli au hturé , & lignifie ,
Intégrité , qualité qui empêche quelqu'un de le lait-
fer corronipre pour a^ir contre Ion devoir. L'incor-
ruptibilité dj n. on Juge me ralîure.
iNCuRRuPl IBLE. adj. m. «Se f. Qui ne fe peut cor-
rompre , qui n eft point tujet à corruption, foye:^
ce mot. Incorruptitilis. Les fubftances Ipirituelies
ijnt incorruptibles , comme ks Anges , lame rail'on-
nabk- , parce qu'elles n'ont point en elles la matière
de corruption. On regarde les elcn-.ens , ks tels , le
verre , le mercure , comme incorruptibles.
Incorruptible, te dit ligurément en chofes morales
de celui qui eft incapable de le Liiller corrompre
pour taire quelque chote contre fon devoir. Recti
pertinax. Il y a peu de gens dont la probité toit in-
corruptible. Jvl. EsP. Un bon Juge doit être incor-
ruptible. Un tujet doit avoir une fidélité incorrup-
tible.
Incop.ruptible, 1. Nom de fecle. Incorruptibilis. Les
Incorruptibles étoient un rejetton des Eutychiens.
Fleury. Le9 Incorruptibles difoicnt que le corps de
Jesl'S-Christ étoit incorruptible ; par-là ils cntcn-
djicnr que dès qu'il fut formé dans le lein de fa faintc
mère , il nétoit fukeptible d'aucun changement ,
ni d'aucune altération , pas même par les paillons
nacurellcs Se innocentes j comme la faim «S; la
INC
foifjcnforte qu'avant fa mort ilm.ingcoit uns bcfoin ,
comme après ili rciurrcctioii. On voit par-lu d'où
leur vient ce nom. On les apcloit aulli Incomqni
colcs. L'inquiétude de l'Empereur Julhnicn , Se (a
curiolicé fur la religion , aboutit à l'erreur des Incor-
ruptibles. Id.
INCOKHUPTION. f. f. Terme de Phyfiquc. État des
choies qui ne ii corrompent point. Incorruptio ,
inccgritas. Vtnconuption cil une des qualités des
corps glorifiés. Saint Paul dit que nous revêtirons
l'incorruption , lorlque nous Icrons relliilcités.
INCOUPAbLE. vieux adj. Qui h'cft pas coupable ,
innocent. Infons , innocens _, inculpab'dis j e.
iNCRASSANt , ANTE. adj. Terme de Médecine.
Qui épaillk le lang &: les humeurs. Craffum effi-
ciens , faciens crajjejcere , crti(jamen , crajjamentum ,
crajjicudinem induens. Il y a des remèdes alloupil-
fans & imrajfans , des plantes alfoupillantes & in-
trajjanus. Les choies incrajjantes , dit M. Harris
après Blanchard , font celles qui tout compofées de
parties épailles & gluantes , & qui , quand on les
mêle à une liqueur claire , la rèduifent à une con-
/îftance cpaille , en joignant & liant fes parties
cnfcmble. _
^ INCRASSATION. f f. Terme de Médecine , fyna-
nonyme d'épailillemcnt qui ell beaucoup plus uhté.
Craffameiuum j crajfuudo. On déligne par ce mot
l'état des humeurs du corps humain rendues plus
denfes , plus tenaces &c plus grollières , de trop
Huidcs & troplubtiles qu'elles étoient.
IP" INCRASSER. v. a. Terme de Médecine , rare-
ment ulité. C'ell la même choie qu'épailîir, rendre
d'une conlilhnce plus dénie , plus tenace , plus
grollicre les humeurs trop Huides ou trop lubtiles.
IN CRÉDIBILITÉ, f. f. Ce qui fait qu'on ne peut
croire une choie. IncredïbUicas Comme il y a des
motifs de crédibilité, il y a aulli des motifs A'incrédï-
biiué. La contradidion manifeftc ell un motif d'i/z
crédibilité Hors les difputes de l'école , ce mot
n'eft pas en ulage.
INCRÉDIBLE, vieux adj. Incroyable. Incredihilis .
INCRÉDULE, adj. ,=CF Relativement aux chofesde foi ,
c'eft; celui qui ne croit point, & ne veut point croire
aux myflètes. Dans cette lignification , il elf ordinai-
rement lubftantif. Incredulus. On a plus de peine à
convertir les incrédules que les Hérétiques. L'incré-
dule infulte dans fon cœur aux foibles efprits que la
Religion lait trembler.
Incrédule , fe dit aulïï de ceux qu'on a de la peine à
perfuader, qui ne fe rendent qu'à des raifons fupé-
ricures à celles qui les empêchent de croire. Il laut
être prudemment incrédule. S. ÉvR. Il faut avoir de
fortes railons pour convaincre cet homme- là , car
c'eft un incrédule. L'Apôtre S. Thomas a été incré-
dule.
INCRÉDULITÉ, f. f. Difpofition d'efprit qui fait
qu'on a peine à croire les chofes à moins qu'elles ne
foient bien prouvées. Incredulitas. L'incrédulué ell
utile en Phylique, mais elle eft dangereulc en mo-
rale. C'eft une fentence d'Épicure, qu'il n'y a rien
de plus utile aux mortels qu'une lage incrédulité Boil.
^incrédulité eft le commencement de la lage^é.
MÉNAGE.
Incrédulité j fe dit aulîi de la répugnance qu'on a à
croire les myftères de la Religion. L'incrédulité eft
une témérité qui hafardc tout, & un orgueil qui ne
peut fouftrir d'autorité légitime. Boss. Le peuples à
qui on a annoncé l'Évangile , &c qui ne l'ont pas reçu ,
leront punis févérement à caule de leur incrédulité.
La Princelle gémillôit dans fon incrédulité , qu'elle
n'avoit pas la force de vaincre. Boss. 03" L'homme
a un fond inépuifable de doutes & ^'incrédulité. Il ne
croit que ce qu'il a l'habitude de croire : oui , l'habi-
tude , &: une longue habitude qui lui rend la créance
comme machinale. Mém. de Trév.
INCRÉÉ, ÉE. adj. Qui n'a point eu de commence-
ment, &: qui n'a point été crée. Increatus. C'eft un
des attributs de Dieu que d'être incréé. La fagelfe in-
créée, c'eft le Verbe incréé &c éternel. Tous les an-
INC 127
ciens Philofophes ont cru la matière éternelle & fc-
creée.
INCRÉPER. V. a. Blâmer, gronder. Increparè.
Puis incrépez cette mort qui nous fraude ,
En lui prouvant par dicls philofophaux ,
Comme inutile ejt fon dard & fa) aux. Marot,
Ce Poëtc a fait ce mot, ou plutôt la pris du Latin ,
comme beaucoup d'autres , qui ne paroillent pas avoir
été en ulage , quoiqu'ils fe trouvent chez lui.
INCROYABLE, adj. m & f. C^^Ce terme ne fe dit
que des choies, &; déligne celles qui ne font ou ne
paroillent pas être dignes de foi. Incredibilis. Tous
les myftères des Payens , des Égyptiens , font fi exrra-
vagans, qu'ils lont tout-à-fait incroyables. Accident
incroyable à ceux qui ne l'ont pas vu. Volt.
Jamais au fp éclateur n'offre^ rien «/'incroyable.
Boil.
Alexandre fe plaifoit à entreprendre des chofeS
grandes & incroyables. Ablanc. On dit , il eft in-
croyable combien cet homme-là fait de chofes, pour
dire, on ne lauroit croire, il n'eft pas concevable
combien il fait de chofes. Ac. Fr.
Incroyable, le dit aulîi hyperboliquement de tout ce
qui eft grand, excelîif , qui palfe la croyance. Immen-
fus. Xercès fît pafter en Grèce un nombre incroyable
de loldats. Une joie incroyable ^ une peine incroyable ;
des plailirs, des maux incroyables.
ifJ" Incroyable , paradoxe , lynonymes. On le lert
^'incroyable en fait d'évenemens ; & de paradoxe en
fait d'opinions. On raconte des chofes incroyables ■■,
on propole des paradoxes. Syn. Fr. Les peuples &
les enfms ne trouvent rien d'incroyable , lorfque
c'eft leurs maîtres qui parlent.
Ce mot eft quelquefois employé fubftantivcment.
Il faut de /'incroyable, il faut du fabuleux ,
Pour les Héros & pour les belles. S. ÉvR.
INCRUSTATION, f. f. Incruftatio. Ornement d'Ar-
chiteclurc qui le fait de pierre dure & polie, ou au-
tres chofes brillantes qu'on applique dans des entail-
les faites exprès dans le corps d'un bâtiment. Les in-
cruflations du château de Madrid ne font que de pote-
rie : celles du Louvre font de marbre. On dit incruf-
tation de pierre ou de marbre , quand une muraille
en eft revêtue. Les Anciens nommoient les enduits
des incruflations. §C?'Mais incrufier, c'eft propre-
ment revêtir de marbre , de jafpe, &c. Au lieu qu'tvz-
duire , c'eft appliquer une couche de matière détrem-
pée, de plâtre, de chaux, &c. Incruftatio ,&c teclo^
rium.
fCF" On fait des efpèces de peintures par incruftation j en
infétant des couleurs propres à delliner les objets
dans les lillons préparés pour cet efl'et.
Incrustation, f. f. Terme d'Hiftoire naturelle.
ffJ'On déligne par ce mot l'elpèce de croûte ou de
fourreau pierreux qui le forme autour de quelques
corps qui ont féjourné pendant quelque tems dans
certaines eaux. Ces incruftations ne doivent point
être confondues avec les pétrifications ordinaires.
Ces incruftations ne changent point la nature de l'ob-
jet; elles ne peuvent^ par l'inégalité de leurs parties ,
pénétrer fes pores; elles l'entourent leulement & le
revêtilTent d'une humeur vifqueulè qui forme un
fourreau lapidifique & pierreux.
INCRUSTER. V. a. Orner un bâtiment de plufieurs
incruftations de plufieurs marbres , ou autres pier-
res brillantes appliquées dans les entailles des murs.
Revêtir une colomne , une muraille , &:c. de marbre ,
de jafpe ou de quelques pierres brillantes. Incruftare.
Incruster, lignifie encore former une croûte fur un
corps. Il eft des eaux qu'on pourroit nommer In-
cruftantes , parce que fi on y met quelque corps ,
il fe fait tout autour une incruftation de pierre fans
changer le corps qu'on y a mis.
îzS
ï N C
I N C
In'crustÉ , ÉE, part. Se adj. Colonne incruftée. C'efl: une
colonne taitc de pkihcurs côtes j ou branches min-
ces de mai'ore raie , maftiquées (ur un noyau de
pierre , de brique ou de tut : ce qui le fait autant pour
■épargner la matière précieule , comme le jalpe &:
Pagate , que pour en faire paroitre les morceaux
d'une grandeur extraordinaire par la propreté de
l'incruft.ition qui rend les joints imperceptibles avec
un malHc de même coidcur.
INCUBATION, f. f. Incubatio. C'eft l'adion des vo-
latiles qui le mettent j & demeurent lur leurs œufs
pour les couver.
tfJ" On a trouvé le fecret de fuppléer à V incubation
par la chaleur de certains fours. U incubation d'un
œuf ne commence qu'après que l'œut a été pondu ,
<?c le fœtus fe forme ians recevoir aucun aliment de
la mère. Il n'a befoin alors que du lecours d'une
chaleur convenable. Voyei couver , œut & géné-
ration.
INCUBE, f. m. Incuhus. .Démon qui , fuivant une er-
reur populaire , prend un corps phantalHque pour
avoir commerce avec, une femme. Les Philol'ophes
ont fait pluiieurs dilîértations fur la nature des In-
cubes ■ tk pour examiner s'il y en avoir etfective-
ment. Il y a bien de l'apparence que la fible des
Démons Incubes n'avoir d'autre fondement que la
maladie dont on parlera dans l'article fuivant , &
peut-être enfuice la débauche de certaines femmes,
/-'bye^ les Incubes Delrio , dans fon Commentaire
fur l'Hercule furieux de Sénéquc , Pan. III. &
dans fes Difquijltioties Magic d , L. IL quzjl. / r.
Incube , eif aiiili une maladie qui conhfte dans une op-
preilion de poitrine , Il grande , qu'on ne peut ref-
piter, |,(CT ni parler, ni remuer aucune partie. C'eft
ce qu'on appelle communément cauchemar , qui fur-
vient la nuit pendant le fommeil. Les fens font en-
gourdis ; l'imagination eft troublée •■, on croit fentir
fur la poitrine un pefant fardeau , qui lutFoque. Cet
accès finit dès qu'on a pu remuer quelque partie du
corps. Cet accident eft caulé par beaucoup de pi-
tuite & de mélancolie. Les gens qui s'appliquent
trop à l'étude ; ceux qui mènent une vie parelleufc
& lédentaire , fans faire d'exercice; plus encore ceux
qui boivent & mangent avec excès , ou plus qu'ils
ne peuvent digérer, font les plus fujets à cette ma-
ladie. Quand les accès font fréquens , il faut recou-
rir à la laignée , & employer enfuite les remèdes
indiqués relativement à la caulc qui produit le mal.
Ce mot vient du Latin incubare , qui iîgniiîe fe
mètre lur quelque chofe & la preller. Les Grecs l'ont
nommée t.j.-iàAi>is ^ c'eft-à-dire , \c fauteur , ou celui
qui fe rue iur quelqu'un. Le nom vulgaire eft cauche-
mar.
fCTINCUBER _, s'incuber , terme relatif .à l'incubation.
f^'oyei ce mot. On peut le dire des œufs dont l'incu-
bation ne commence qu'après qu'ils ont été pondus.
M. Duham.el l'a employé en parlant des pépins des
fruits. Le pépin d'une poire s'incube dans le lieu
oià il a été formé ^ c'eft à-dire dans l'intérieur de la
poire.
iNCULPA-piON. f. f. Terme de palais , qui s'em-
ploie lorlqu'on attribue quelque laute à quelqu'un,
que l'on acculé d'avoir lait quelque aéfion répié-
henhblc. Jamais inculpation ne fut plus téméraire.
fC? INCULPER, v. n. Terme de Palais. Attribuer une
faute à quelqu'un , l'acculer d'une faute. On dit in-
culper quelqu'un dans une affaire.
Inculpé, pée. part.
Ce pot vient du Latin culpa , faute , &: de la
prépohtion in , dans , dedans.
INCULQUER, v. a. inculcare. Faire entrer une chofe
dans l'elprit , dans la mémoire , à force de la répé-
ter &■ de la rabattre. On ne fauroit trop inculquer
dans l'elprit cette maxime. Il eft nécellaire de bien
inculquer ces vérités aux Chrétiens. Fleur v.
Ce mot vient du Latin inculcare , qui fignifîe ,
proprement, frire entrer à force de marcher dellus,
calcando immiuere. Ainfi ce mot eft toujours em-
ployé au figure.
INCULTE , adj. & m. f. Incultus. Qui eft en friche,
qui n'eft point cultivé. Terre qui eft abandonnée a
elle même j & qui ne produit que les herbes qui y
croillenc naturellement. Les terres d Efpagne font la
plupart incultes faute d'habitans. Terre inculte dSc
lauvage. ÇCF II eft à fouhaiter qu'on fallè revivre un
Édiî d'Henry IV , lî digne d'un Roi dont la mémoire
fera à jamais précieule à l'humanité , par lequel il
exempte de toutes charges , pour un certain nombre
d'années, les terrains incultes remis en valeur.
Inculte j le dit hgurément de l'elprit qui n'eft point
cultivé. Les lauvages ont de l'elprit ; mais ils lont
incultes & léroces. C'eft dommage de lailler l'elprit de
ce jeune homme inculte^W a beaucoup de génieiil réulîi-
roit s'il étoit cultivé.ffCF II n'étoit pas , lî j'ofe me fervir
de ce terme , de ces héros incultes , qui de la bravoure
& de la Icicnce de la guerre le lont un titre &c
un droit d'ignorance pour tout le refte ; avec le ma-
gnanime & l'héroïque il fut accorder tout le bril-
lant iSc tout le lublime des talens de l'elprit.BouRDAL.
or. tun. du Pr. de Condé. Les Dictateurs de Rome
fe riroient de la charrue , & la reprenoient après
l'exécution, moins par le choix d'une condition tran-
quille , que peur être accoutiynés a une forte de vie
Il inculte. S. £vr.
INCURABILITÉ , i'. f. Ce mot eft fort peu ufité , quoi-
que la choie qu'il lignifie loit fort commune. Nature,
état de ce qui ne peut être guéri. M. Dionis fe fcrt
de ce terme , quind il dit , M. Gendron ne rap-
porte nullement V incurabiUté des cancers , tant oc-
cultes qu'ulcérés , au caractère indomptable d'une
humeur acide, h'incurabiiite d'une plaie oblige fou-
vent de faire l'amputation.
INCURABLE, adj. m. & f. Il fe dit des chofes & des
perfonnes , & lignifie , Qui ne fauroit être guéri. Il
eft d'ufage au propre & au figuré. Infanabilis. La
folie , l'entêtement , la préoccupation des hommes ,
font les plus incurables de tous les maux. Les amans
difent que leur mal eft incurable , maladie incurable ,
pafiion incurable.
L'amour dont je me plains ejl un mal incurable.
Corn.
Il n'appartient pas à l'amitié de faire des incura-
bles : c'eft un des jDrodigieux eftets de l'amour. B.
Rab. Si l'aveuglement des peuples n'avoit pas été
incurable , la Reine auroit guéri les efprits. M. de M.
INCURABLES, f. m. plur. Infanabilium Nofodochium.
Maifon fondée pour les pauvres malades, dont la
guérilon eft délelpérée. Avoir une place aux Incu-
rables.
Il fe dit audî des malades mêmes. L'hôpital des
Incurables fut le partage de Xavier. Bouhours. C'eft
Un incurable.
INCURIE. 1. f. Défaut de foin. Incuria. État d'une
perlonne qui ne le donne aucun foin , & qui ne s'in-
quiète de rien. On fupporte l'incurie dans ceux qui
n'ont aucune aflaire , et dont la dépeiifc eft au dellous
de leur fortune ; mais elle n'eft pas pardonnable à
ceux qui dépenlént plus que leur revenu, & qui
cvec cela négligent encore leurs aftaires. Bien que
l'incurie & l'indolence loient les principales vertus
de votre tranquille profciîion. Pavillon. L'incurie
des anciens à conferver les pièces originales. Mém.
DE Trév.
Heureux qui voit couler Jes jours
Dans la mollcjje & /'incurie j
Sans intrigues ,.fans faux détours ,
Près de l'objet de fes Amours,
Et loin de la coquetterie.
M. Dubois , dans fa traduéfion de Ciçéron , de
l'Amitié, a mis à la marge de la page 190 de l'édi-
tion in-12. , ce qu'on doit juger de l'indolence &: de
l'incurie. Quoique ce mot loit écorché du Latin in-
curia , on le trouve dans de bons Auteurs.
LNCURSION.
I N D
INCURSION, f. 1-. Irruption , cntive briifquc de trou-
pes enntinjcs dans un p.iys qu'elles tnwcrleift en le
ravageant 6c en le dévalbnr. /rti:«//w. L'hnipu-e i{u-
maiii a beaucoup fouilert p.ir Vinairjion des Barba-
res. Les- r.artares l'ont des incurfions en Pologne , &
fe retirent au plutôt. , • i
tp Incursion senijjloie aulli au figuré. Dans l'article
d'iipicurc M. Guer fait une incurjhn très vive con
tre Defeartes. Les incurfions foi-.t lans conléquence
dans le pays des Lettres, On dit d un homme qui
s'applique à une fcience en parti-ailier , qu il hut
des incurfions dans d'autres leiences , lorlqu'il en par
le , ou qu il en traite.
On dit incurfion gaillarde & amoureuie. C'eit une
phrafe burlelque.
lNCai.E. adj. ^Quelquefois employé^ fubitantivement
C'ell le nom qu'on donne aux médiiUes qui n ont
point d'infcription au revers , ou qui portent creux
la tète qui eft en boiîe de 1 autre côté. Nummusin
cufus , numfma incufum. Les médailles incufes lont
rares. Cette médaille elc bonnes c'ett \x\\zmcuJe.SoïC\
comment le P. JouScrt , d'aprjs M. 1 AbDc Bizot ,
s'explique dans G Scicna dzs McdatlUs , iur celles
que l'on nomme Incufes. Il arrive quelqueiois que
le Monnoyeur oublie de mettre les deux carrés , lïc
laillé ainli les médailles lans revers. Cela elt fort
commun dans les monnoies modernes depuis Othoa
& Henri l'Oiieleur. Dans les antiques conlul.iires
il s'en trouve quelques uneSj dms les impériales de
bronze & d'argent. Nous les appebns Incufcs. . . .
Cela venoit de la précipitation du Aionnoyeur , qui
avant que de retirer une midaille quil venoit de
frapper , reinettoit une nouvelle pièce de métal , la-
quelle trouvant d'une part le carré , & de lautre la
médaille précédente , recevoir l'imprellion de la mè
me tcte, d'un côté en relief, & de l'autre en creux;
mais toujours plus imparfaitement d'uri côte que de
l'autre j l'efort de la médaille étant beaucoup plus
foible que celui du quatre. Joubert.
Ce mot vient du Latin incufus.
I N D.
INDAGUE, adj. 'Vieux mot , qui iîgniîîoit autrefois ,
homme mal mis &c mal vêtu , ou décontenance ■■,
parce que c'étoit alors la mode de porter la dague
au côte ; de forte que celui qui fortoit lans da5ue ,
étoit appelé indague j c'eft à dire , fans ajullement ,
lans grâce & tans contenance.
INDALE. Village ou bourg de la Suéde , fitué dans
la Médelpadie, dont il eft le lieu principal. Indalia.
Maty.
Indal. Rivière de Suéde : elle a fi fource dans les mon-
tagnes de Norwége, & fe perd dans le golte de
Bothnie.
INDE , ou INDUS. Nom d'une rivière qu'on appelle
aufll Send. Indus. C'eft une des plus célèbres rivières
de l'Aiie. Elle donne Ion nom à une très grande con-
trée de cette première partie du monde. Elle prend
fa lource aux montagnes du Caucale , dans le Royau-
me de Calllmère , ou Kachémire ■■, elle traverfe ceux
d'Attok , de Midtan , de Buckor & de Tatta , où
elle fe décharge dans la merde i'Inde , coulant du nord
au midi.
§3" Quelques uns lui donnent une terminaifon Fran-
çoife , & difent Vlndc. D'autres lui conlervent la ter
minailon Latine , & difent V Indus.
IndEj ou Indostan, ou plutôt Indoustan. Nom de
la plus grande &c la plus conlîdérable des lîx particv
qui compofent l'Afie. India. Elle prend Ion nom
de \'Inde , une de les fameufes rivières. Elle elf ren
fermée , félon les grandes cartes de Sanfon , entre le
105 & le 145 degrés de longitude , & entre le i*^
de latitude feptentnonale, & le 38. D autres l'avan
cent jufqu'au 41. Ses bornes font, au couchant la
Perfe ; au nord la grande Tartarie , au levant la
Chine , ôc au midi la mer de l'Inde. L'air y eft dif-
férent, mais généralement chaud. L'Inde ôc le Gan-
ge en lont les .principales rivières : & le terroir eft
Tome V.
I N D
129
très-fertile en riz, en millet, en fruits & en épi-
ceries. On y recueille quantité de cannes de lucre ,
quantité de coton , dont on fait ces belles toiles blan-
ches & peintes qu'on apporte en Europe , quantité
de foie i mais la principale plante de ce pays eft
cette elpècc de palmier qui porte la noix de cocos
dont nous parlerons en la place. Outre les animaux
de l'Europe , on trouve dans Vindouftan des éléphans ,
des chameaux , des iînges , & des perroquets verts
6c rouges. Il eil riche en mines , on y en trouve d'or ,
d argent , de diamant , de rubis , &c. Se on pêche de
lort belles perles le long de fes côtes.
Les Anciens ont divifé l'Inde en deux parties gé-
nérales , dont le Gange falloir la féparation ; VInde
au deçà du Gange , qu'ils nommoient India intra.
Gangcni, cil au couchant de cette rivière, 6c l'Inde
au delà du Gange , qui portoit le nom A' India extra
Gangein, elt a l'orient du Gange. On la divife au-
jourd hui en trois parties. 1°. L'7«^e Septentrionale ,
ou le Mogolillan , qui elf l'Empire du Mogol , donc
on parlera en Ion lieu. z''. La prefqu'île de l'Inde
deçà le Gange. 3°. La prefqu'île de l'Inde delà le
Gange. Maty. L'Inde Orientale , celle qui eft à
l'Orient du Heuve Indus; Occidentale, celle qui eft
à 1 Occident de ce Heuve.
Dans l'ulige ordinaire, on fe fert beaucoup plus
du plurier de ce mot que du lîngulier. Aller aux
Indes , revenir des Indes , faire un voyage aux In-
des , le voyage des Indes , les Indes orientales , les
Indes occidentales ; dans ces phrafes on ne diroit pas
Inde au iingulier. Les Indes entamées d'abord par
Tainerlank , avoient eu le temps de refpircr. P. Ca-
TRou J. Mirachaj qui caufa la mort de Tamcrlank
fon père , lui luccéda à 1 Empire des Indes. îd. Ulfum-
Callan le vit maître de la Perfe jufqu'aux Indes. In.Ce
Marchand a demeuré dix ans dans les Indes. Celui-
ci a été quinze ans Conlul aux Indes. Ce vailîcau.
fera bientôt voile pour les Indes. Le commerce des
Indes. Les marchandifes des Indes. Les toiles des In
des , une idole des Indes, Un port des Indes. Nous
allâmes attendre la moulfon dans un port des Indes.
Ville des Indes , Royaume des Indes, les épiceries
des Indes. Dans toutes ces phrafes & femblables ,
quoiqu on pût quelquefois mettre le iingulier,, le plu-
riel eft toujours mieux.
Le lîngulier eft lur-tout infupportable avec la pré-
pohtion à. Aller à l'Inde. Il eft demeuré à l'Inde ,
ne fe peuvent lourt"fir. Cependant le datif n'eft pas
Il défigréable ; combien donnez vous d'étendue , ou
de dégrés à Vinde ? On égale prelque la Chine à l'Inde
en grandeur. Ces exprelîîons 6c d'autres femblables
ne choquent point tant l'oreille. Le lîngulier palle
Iur tout, quand il y a un adjetfif avec l'Inde , ou
bien a l'Inde entière , excepté quand c'eft l'épithéte
d'orientale, ou d'occidentale , li ce n'eft pour mar-
quer deux parties des Indes , d'Alîe , comme on le
voit ci delïus, & comme on va l'expliquer encore
ci-après.
Enfîn, il y a des phrafes où ce mot fe doit tou-
jours dire au lîngulier , d'autres où il le faut niettre
au pluriel , 8c d'autres où il fe peut mettre à l'un
ou à l'autre , mais où généralement parlant il eft
mieux au pluriel qu'au lînguher.
Il but dire au lîngulier l'Inde en-deçà du Gange,
l'Inde au delà du Gange. La prelqu'ile occidentale
de l'Inde j la prefqu'île oiientale de l'Inde , une
poule d'Inde.
Il faut dire au pluriel, la Compagnie des In-
des , un vaiileau des Indes. Les Indes orientales ,
les Indes occidentales , pour fignilîer le pays
d'Afie 6c d'Amérique qui porte ce nom 5 car au
fmgulier l'Inde orientale & l'Inde occidentale
déhgneroit plutôt la partie orientale &c la partie oc-
cidentale de l'Inde, pays d'Alîe j que nous nom-
mons l'Inde en deçà du Gange , & l'Inde au delà
du Gange. J'ai dit plutôt ; car on ne laill'eroit pas de
le dire en l'autre fens. Le vainqueur de l'Inde , c'eft
Bacchus.
La prefqu'île de l'Inde deçà le Gange, Peninfula
R
xjo I N D
Jndia intrà Gangem. C'efl: une des trois parues gé-
nérales de l'Inde. Elle eft baignée par la mer au
couchant , au midi &c au levant : & bornée au nord
par l'Empire du Mogol. Les montagnes de Gâte ,
qui la traverfent du leptentrion au raidi , la divifent
en deux parties. L'occidentale , où font les pays de
Décan , de Balaguade , de Cuncan , de Canara &
le Malabar. L'orientale, où l'on trouve les RoyaU'
mes d'Orixa & de Golconde , & la côte de Coro-
mandel , qui renferme le Royaume de Narhngue ,
OU de Bifnagar , & les Principautés de Gingi , de
Tanjor & de Maduré. Maty.
La prefqu'ile de l'Inde delà le Gange. Peninfula
Indu extra Gangem. C'eft une des trois parties gé-
nérales d; VInde. On la nomme aulli le Zirbat, c'elf-
à dire , le pays fous le vent. Elle eft bornée vers le
nord par l'Empire du Mogol ,_la grande Tartarie ,
& les monts Damafiens j qui la féparent de la Chine ;
la mer de VInde l'environne vers le midi. On la di-
vife en trois parties. La Septentrionale , qui contient
plufieurs Royaumes , dont les plus connus iont ceux
d'Ava , de 1-égu , d'Arracan j de Brama & de Mar-
taban. La Méridionale , où eft le Royaume de Siam ,
eft la prefqu'ile de Malaca. L'Orientale , où l'on
trouve les Royaumes de Tunquin , de Cochinchine,
de Chiampa & de Cumboya. Maty.
Le Golfe de l'Inde. Ceft une partie de la mer de
l'Inde. Indicus finus. Ce Golfe eft formé par les eaux
de la rivière d'Inde , &c par celles du Padder , & il
eft renfermé entre les Provinces de Tatta , de So
ret , & de Guzarate. Maty.
La mer de l'Inde. Mare Indicum. C'eft la partie
de rOcéaa oriental , qui baigne les côtes de 1 Inde.
Elle s'étend depuis l'embouchure de l'Inde , jutqu aux
Confins de la Chine. Maty.
Inde orientale , ou plutôt Indes orientales _, ou
Grandes Indes. India orientalis , Indi& crlentales ,
ou Indu Majores. Sous ces noms on ne comprend
pas feulemer.t VInde propre, mais encore les îles
de l'Océan Indien, celle de Ceylan, les Maldives,
celle de la Sonde , les Philippines , & même le Japon
& la Chine , ainfi on entend par les Indes orien-
tales toute la partie de l'Afie , qui eft au levant de
la Perfe , év' au nridi de la grande Tartarie. Maty.
Le pluriel Indes orientales eft plus en ufage que le
lîngulier. Grandes Indes ne le dit guère.
Lmde occidentale, ou plutôt au pluriel, Indes occi-
dentales. India occidentalis. India occidentales. On
a donné ce nom à l'Amérique , 'parce_ qu'elle eft à
l'occident de notre continent , qu'elle fut découverte
peu de temps après que les Portugais eurent décou-
vert le chemin des vraies Indes , par le cap de Bonne
Efpérance, & parce que les Efpagnols s'emprelfe-
rent d'y aller chercher de l'or & de l'argent , &
d'autres richelfes , comme les Portugais en alioienr
chercher dans VInde propre. Maty. Il dit qu'on les
appelle auftî petites Indes ; mais ce n'eft point l'ufage
en notre langue. Lace a fait la defcription des Indes
occidentales.
|KT' - Compagnie des Indes. Foye^ Compagnie
iNDi;. f.'m. Indicum. Fécule bleue foncée qu'on nous
apporte en maft'e ou en pâte sèche des Indes occi-
dentales : elle eft tirée des feules feuilles d'une plante
que les Indiens & Efpagnols appellent anil , & les
François indigo , par le moyen de l'eau & d'un peu
d'huile d'olive. Il y a plulieurs efpèces à' Inde ou
indigo , car c'eft la même chofe; le meilleur eft ce
lui qu'en appelle inde de SerquiJJe où il (e tait :_on le
choil'.t en morceaux plats, d'une épaifteur railonna
ble , moyennement dur , net , nageant fur l'eau ,
inllamm^ble , de belle couleur bleue ou violette fon-
cée , parfemé en dedans de quelques paillettes ar-
gentées , paroilfant rougeâtre quand on le frotte lur
l'ongle. Vinde en marons eft encore d'une alfez bonne
qualité , on l'appelle indigo d'Jgra ; il eft en figure
de marons , d'où vient fou nom.
L'Inde eft employé dans la peinture , broyé &:
mêlé avec du blanc pour faire une couleur bleue -,
car fi l'on s'en fervoit fans mélange, il peindroit en
I N D
noirâtre -, on le broie aufll avec du jaune pour faire .
une couleur verte. Les Teinturiers s'en fervent
pour la teinture, & les Blanchitkufes en emploient
pour donner une couleur bleuâtre a leur linge. En
Latin Indicum , parce que cette drogue eft préparée
aux Indes.
Il y a une autre forte à' inde , qui fe fait de l'écume
du paftcl que tirent les Teinturiers. Foye^ INDIGO.
Inde fe dit aufll d'un bois fort rouge ^ qu'on ap-
pelle Bois d'Inde , Bois de la Jamaïque , ou Bois
de Campêche. On le tire du cœur d'un gros arbre aflez
commun dans les Iles de la Jamaïque, de Campê-
che , & de Sainte-Croix en Amérique. Son écorce
eft mince, unie, douce au toucher, grife , argentée,
ou jaune; fcs feuilles approchent en figure de celles
du Laurier , ayant un goût de giroHe : Ion fruit eft
gros comme un pois , orné d'une petite couronne de
couleur jaunâtre ; il eft .attaché à l'arbre par une pe-
tite queue ; fon goût eft acre &: piquant , allez agréa-
ble , tentant le girofle : il contient trois petites fe-
mences. On le nomme , à caufe de fon odeur &
de fon goût , Graine de Girofle , ou Poivre de la
Jamaïque , ou Amome \ il fortifie le cerveau & l'efto-
mac ; il aide à la digeftion , il excite la tranfpiration ,
il chatfe les vents. Le Bois d'Inde eft employé pour
la teinture \ ta décoéfion eft fort rouge : on a re-
marqué que fi l'on met cette décoéfion dans deux
petites bouteilles , & que l'on mêle dans l'une un
peu de poudre d'alun , celle ci deviendra d'un très-
beau rouge clair qu'elle confervera , & l'autre de-
viendra jaunâtre dans moins d'un jour , quoique les
deux bouteilles foient fermées de même ; & Il on
laiiîè à l'air une partie de cette décodion , elle de-
viendra noire comme de l'encre dans le même efpa-
ce de temps.
Co A d'Inde, Poule d'Inde. Voyez COQ, DINDON,
DINDONNEAU.
INDÉCEMMENT, adv. D'une manière indécente. In-
decenter. Les mauvais Chrétiens aflîftent au fervice
divin fort indécemment. Agir , fe comporter indécem-
ment.
INDÉCENCE, f f. Difcours, aéfion qui eft con-
tre le devoir , la bienléance &c l'honnêteté publique.
Indecorum. C'eft une indécence d'être debout , &
de cauter à la Melle. Un jour je demandois raifon
à M. Detpréaux de la bizarrerie & de Vindécence
des Dieux d'Homère. De la Motte. Quelle monf-
trueufe indécence , que le Saint des Saints fut repré~
fente par des pécheurs ! Bourdal. hxh. I. p. s S 2- F.
Décence & Décorum.
INDhCENT, ENTE. adj. Qui eft contre le devoir,
contre la bienléance & l'honnêteté. Indecorus. Ce
danteur fait plulieurs geftes , & poftures indécentes.
Il eft indécent à un Prélat de paroitre en public dans
un état qui ne convient point à la gravité de fon
caraétère. Ils recherchent la prééminence par des
voies & des ^t^nqazs .indécentes. Pat.
INDÉCHIFFRABLE, adj. m. & f. Qui ne fe peut
lire , déchiffrer, deviner. Inextricabilis , indeprehen-
fus. [Jn chid're bien fait , & à double clef, eft indé-
chiffrable. Les caraéfères des obélifques qui font
étrangers ou edacés , font indéchiffrables. Far exten-
iion on le dit d'une écriture mal formée , qu'on ne
lauroit hre. Un exploit de Sergent eft 11 griffonné
quil eîi indéchiffrable , qu'on ne le peut lire.
Indéchiffrable, tignifie .aulfi oblcur , embrouillé, qu'on
ne peut expliquer. Perplexus , obfcurus. Les anciens
Auteurs ont beaucoup de palfages qui ont été indé'
chiffrables à tous leurs Commentateurs. Les Oracles
des Payens étoient il oblcurs , qu'il étoient indé-
chiffrables , jufqu'à ce que le hafard ou l'événement
yeulfent fait trouver quelque fens.
On le dit aiilll figurément d'un homme dont on
ne laui'oit pénétrer les delleins , les vues. Sa conduite
eft indéchiffrable. Ac. Fr. C'eft un homme indéchif-
frable.
Éfope a l'efprit net , le corps indéchiffrable :
C'ejl d'une fort belle ame un fort vilain étui.
ÉsoP£ à la Cour.
I N D
INDÉCIS, ISE. adj. Qui n'eft point décidé^ ni dc-
tcnninc. Aon decifus , dubïus , pcndens.^ Il y a des
qucllions que les i3odeuis h\i{\cnt indccij es. Ce pro-
cès cil tncoïc pendant & mdicis.
Indécis , ise , le dit aulli dans la Chambre des Comp-
tes , éc lignifie , qui n'ell pas admis , à caule de quel-
que manque de t-oimalités. C'cll une recette indcci-
, Je. Il y a une partie de cette recette qui cft indcafc
On le dit aullI des pcrfonncs, & en ce fcns on
dit , quïui (iomnic eft indécis , pour dire qu'il e!l
irréroiu , & qu'il a peine à fc déterminer.
On dit aulH qu'un homme eft encore indécis , pour
dire qu il ne s'eft pas détcrmii>é , quil n'a pas en-
core pris la rélolution. Ac. Fr.
lND£ClSIOiV. f. f. Doute, de l'cfprit qui ne fait pas
ftire un choix., & irrélolution de la volonté qui a
de la peine à fe déterminer. Son indécifion eft caule
qu'on ne finit rien avec lui. Corneille prête aux dieux
Vindécijîon fur le mérite de Céfar & de Pompée, du
fortdelquelsdépendoit le (ort du monde. Voici com-
ment il commence la Tragédie de Pompée.
Le dejlin fe déclare , & nous venons d'entendre
Ce qu'il a réfolu du Beau père & du Gendre. '
Quand les dieux éconnés Jemhloien!: fe parca^^er ;,
Pharfalc a décidé ce qu'ils n'ofolint juger.
Indécision fe dit d'une partie qui refte indécifedans
un compte , & fur laquelle il y a quelque ditHculté
à lever avant que de la palier , & de l'allouer au
Comptable. On dit , c'eit une indcciflon.
INDÉCLINABLE , adj. m. & F. Terme de Grammaire.
Qui ne fe peut décliner. In IcclinabiUs. Il n y a point
de Langue qui n'.ut pluhcurs mots indéclinables.
§3- INDÉCOMPOSABLE, adj. de t. g. Qui ne peut
être décompofé. f^oye^ ce mot. M. de 'Voltaire aduiet
<ies élemens divers , toujours indécompofahles , &c
qu'on doit regarder comme les parties primitives de
ce que nous appelons or , argent , fcl , foufre, &c.
êc en confiqucnce il rejette la prétendue poiîîbilité
des tranlmucations chimiques. MÉm. de Tr£v. M.
Pluche croit pareillement les principes des corps in-
décompofalUs.
INDÉCROTTABLE, adj. de t. g. Qui ne fe peut dé-
crotter. C'eft un terme de mépris dont on ne le fert
qc'en badinant. Animal indécrottable. On ne le dit
guère que dans cette phralc. Balzac appelait Demfté-
rus , Ecolïôis & Profefteur à Paris , V indécrottable
Demftérus , vir indomittZ rufiicitatis. Qui ne peut le
pohr , fe défaire de (a rufticité.
On ne dit point d'un Auteur obfcur , qu'on ne
peur expliquer , qu'il eft indécrottable.
INDÉFECTIBILITÉ. f. f. Terme dogmatique. Qualité
■de ce qui ne peut manquer. C'clt un terme confi-
cré .à l'Églile , contre laquelle les portes de l'enfer
ne prévaudront jamais. Matth. XVI. i8. Les chefs
d'accufition , intentés contre le nouveau Bréviaire de
Paris , le réduiàrent à trois. Le premier concerne la
mort de Jesus-Christ pour tous les hommes ; le
fécond , le cuire de la lainte Vierge ; letroiliètae , la
primauté du Pape, L\ qualité de Vicaire de Jesus-
Chrîst, &de Chef vifible de l'Eglife , &c l'indéfecli-
bilité àz TÉgliie Romaine. Ghjcrvations fur les écrits
modernes. IndefcLlibilitas cPi le mot Latin confacré.
|?3° On le dit .auftî des Élémens. l.' indéfcclibilité du feu.
Pluche. Nous pouvons bien ramalîer les particules
du feu, ou les diiîiper; mais non pas les produire ou
les détruire. Son indéfeclibdité eft certaine.
INDÉFECTIBLE , adj. Ternie dogmatique. Qui ne
peut défaillir , qui ne peut cellér d'être. L'Égiife eft
indéfeclible. IndéfeclibÙis. Mot confacré
INDÉFENDU , UE. Du Latin indefenfus. Abandon-
né , qui eft fans défenfe. Place indéfendue. Pomey.
A l'occafion du fecours que les Romains prêtèrent
a des Indéfendus , ils prirent le prétexte de conqué-
Jir le pays des Belles. . . . Hift. Rom. des PP. Catrou &
Rouille. M. l'Abbé des Fontaines a relevé ce mot dans
Je premier tome de les Obfervations fur les Écrits mo-
dernes^.;;. 27S. Il n'çji p.5 le icui à ç,ui il cjéplaife. Ce-
Tome y.
I N D
13Î
pcndantlc Perrc Berruyer s'en eft fervi , /». i^y. d\x
premier tome de Ion Hift. du Peuple de Dieu irv
4". 1 72S. Voici comme Abraham y parle à Abfme-
lecli : « Je me luis dit à moi même : Peut être la
.' crainte du Seigneur n'habite-t elle pas dans ces
» contrées; & que n'ofjront pas des hommes qui
» n'ont pour Dieu que leurs palïî'j.s ou d'impuilîàn-
» tes idoles ? ils voudront s'emparer de nu femme ■■,
>'lk pour le fane lans oppoiition , ils mettront à
» mort un étranger indéjcndu , qu As regarderont
» comme un obicaclc à li. jufti.e de leuis dtliis. Gen.
"XX. II. .) Ce palîàge cft rapporté au long, afin
qu'on juge mieux de l'emploi d indéfendu , car fou-
vent la bonté des mots dépend de l'endroit où ils
font mis ; ik les meilleurs ne valent rien , quand ils
lont mal placés. On trouve encore un exemple d'in-
déjendu dans cette phrafe de la vie d'Épammondas ,
par M. l'Abbé Séran de la lour. " Le Roi Agélîlas
" prit en grand Général toutes ks mefures qui pou-
" voient lui alliirer l'honneur de cette campagne ;
» mais elle fe borna ^ malgré cela , au ravage de
» quelques terres indéfendues , de la Béotie. Obf fur
"les écr. mod. to. /7. p. ,ijS. \y p j>.
^ Dans quels dédales dillufions &c de preftiges l'hom-
me ne va t il pas s'engager , s'il marche indcfendu, ii la
raifon , comme une autre Ariadne , ne lui offre le
fil fecourable î Gresset. La vertu perfécutée & indé-
fendue ç.^ réduite à gémir dans le filence. Remont, du
pari, de Rouen. 17/3. Attila ravageoit les peuples i«-
défendus , pour donner de la terreur aux autres , &
tirer un tribut de leur épouvante. Corneille. Bien
des mots ont palfé avec moins de titres.
INDËFENSABLE. adj. fe trouve dans la critique des
femmes de Molière.
INDÉiTNI , lE. adj. Indéterminé, qui n'a point de
bornes certaines auquel l'elprit humain ne peut en
concevoir. Indefinitus. M. Defcartes a fubltitué ce
mot à celui d'infini dans la Pilofophie , foit pour
les nombres , foit pour les quantités , pour lignifier
un nombre qu'on ne peut concevoir , li grand qu'oa
n'y puilîe ajouter une unité; une quantité li grande
qu'elle ne fouftre aucune addition. Il a dit que les
artres vihbles & invifibles étoicnt en nombre indé-
fini , 3c non pas comme les Anciens , qu'ils étoienc
en nombre infini ; qu'une quantité fe pouvoir divi-
ler en plulieurs parties , & en nombre indéfini , & non
pas à l'infini, ij"^ N'olant pas dire que la matière eft
infinie , il fe retrancha à dire qu'elle n'eft ni finie , ni
infinie ; mais indéfinie. C'eft un vrai jeu de mots.
J'aimerois autant , lî je dcmandois à un Normand
le nombre d'écus qu'il a dans fa poche , qu'il me
répondit qu'ils ne lont ni pairs , ni impairs , mais
indépairs. Le monde eft fini ou infini : il n'y a pas
de milieu.
Indéfini, ie. Terme de Grammaire. Il fe dit des noms ,
des pronoms , des verbes , des particules , des arti-
cles , des dicl:ions mifes dans un fens vague & indé-
terminé. On appelle prétérit indéfini dans la langue
Françoile , ce que les Grecs appellent Âorifte , , r i' .
de la particule privative , 6c de ''e« > finis \ parce
qu'il a une fignification moins déterminée dans le
paOé. On s'en lert pour raconter ce qui eft arrivé ,
pourvu que ce ne foit pas dans le jour même que
l'on parle , f allai hier. Vaugelas & quelques
autres donnent à ce prétérit le nom de défini. Mais
les Grammairiens le nomment indéfini.
Pour les articles i«i^<^/2ijj ils s'emploient dans le
même fens. On met du devant un nom mafculin qui
commence par une confonnc , &: de la, devant un
fubftantif féminin qui commence aulli par une con-
fonne : j'ai du vin : de la viande : tf' excellens raifins.
Au pluriel le premier cas de l'article indéfini, ou fon
nominatif & Ion quatrième cas , ou fon accufatif ,
eft de , comme De faux Savans en font accroire ; Des^
par exemple , Des Savans errent quelquefois. Des
demi-Savans s'imaginent ne rien ignorer. D'excellens
vins furent fervis à ce repas. D'honnêtes femmes ne
fe donnent point ces libertés. Des matrones graves ne
paroillent jamais dans de pareilles alfemblées. Le
Rij
i^z I N D .
fécond & le fixième cas ont de : Une quantité de
bien j une pinte d'zMi , une tioupe de gens inconnus
m'aborda. Le troilième , c'eft à due , le d.itir , prend
à de , Se à des : aux. A de grands fervi^es , des
récompenfcs ordinaires ne l'urtilent pas. C'ell une
-extrême foiblelîc à des Savans , de ne pouvoir fouf
frir qu'on les contredife , &c qu'on les réfute. Il faut
aux grands hommes de grandes occal ions.
Le P. Buffier ne reconnoïc d articles Indéfinis que
de , pour le génitif, & à pour le datif a tous les nom-
bres j & à tous les genres. Tout le relie, félon cet
Auteur, efl une troilième el'pèce d'article , qu il nom-
me partitif, dont le premier cas eft du, de la, de
le , au lîngulier. Du bien, de la paille , de /'eau, de
la naillànce , de /'efprit , de /'argent. Au pluriel des ,
& de , dis Savans ont erré ; de faux Savans fe font
écouter. Le fécond cas de , pour les deux nombres :
une quantité de bien, une pinte d'au. Le troilième
cas à du , à de la -y pour le lingulicr ; & à des , à
de, pour le plurier. N'afpirer qu'à du bien; com-
parer à de la paille; J'ai oui dire à des Savans, à
de grands hommes.
Quoique le P. Bufifierait fins contredit traité ce qui
regarde les articles plus fivammeat & plus exacte-
ment qu'on ne fait d'ordin.lire, ceci ne nous paroît
point encore allez Julie; tâchons de le développer &
de le i'e>5li!ier. D'abord remarquons que ce qu'on
nous donne pour article ell quelquefois une diction
lîmple. Zd j la , les j de , des, & qu'il ell quelque-
fois compote de deux , ou même de trois diélions
monofyllabes ; comme de le , à du j à de la, à des,
à de. Et de même encore du j au, des , & aux. Je
dis & de même encore; car du ell la même chofe
que de le , dont il s'cil formé, & des la même chofe
que de les , îk. au la même choie que à le , Se aux
la même chofe que à les , comme nous en avons déjà
marqué quelque choie au mot AU.
II". De ces deux ou trois dictions qu'on joint en-
femble , il n'y en a jamais qu'une qui au vr.ii loit ar-
ticle , fivoir /e j la, ou les : De Se â ne font point
des articles , ni des parties d'articles , ce font des prc-
polltions. Eu eftet, de Se à mis devant le , la , les,
c'ell à dire , joints à l'article , ne deviennent pas plus
articles pour cela , qu'ils deviennent noms quand on
les joint à un nom : dans de Pierre , à Pierre j de
Rome J à Rome j ce n'efl point ces deux diClions
prifcs enfemble qui lont un nom ; c'ell Pierre tout
îeul , Rome tout feul , qui font nom j pour de Se à
ce lont des prépolitions , dont nous nous fervons pour
exprimer les didérens rapports que peut avoir un
nom. Car comme dans notre langue les noms , les
pronoms , & les articles ne fc varient pas par des
ditlérentes terminaifons qu'ils prennent Se qu'ils
changent pour marquer ces rapports , de même qu'en
tjrec , en Latin , & en quelques autres langues; nous
nous fervons pour cela des prépolitions de Se à. Ainli
comme dans de Pierre à Pierre , de Se à ne font
point nom, mais prépolitions, ils ne font donc pas
non plus article dans de le ,de la j du ^à le , à la , au,
à du, à de la , des , à des , aux , mais prépolitions;
car ces monolyllabes ne changent point de nature
pour changer de compagnie, lî je puis ainll parler; elles
^ont toujours la même chofe , loit avec un nom , foit
avec l'article , c'eiV-à dire , elles lont toujours ce
qu'elles lont en elles mêmes , des prépolitions.
Iir^. Il s'enluit de-Ià que ne donner pour article
indéfini que de Se à , c'ell n'en, point donner du
Tout. Car ce qui n'ell point article ne peut être arti-
cle indéfini , comme ce qui n'ell point animal ne
peut être animal raifonnable. Il ell bien vrai que
de Se à le trouvent fouvent fans autre article de-
vant des noms qui ont un Icns indéfini , comme ,
De grands fervices ne font fouvent que des ingrats ;
A de grands fervices les réconipenfes ordinaires ne
fufflfent pas. Mai; il ne s'enfuit pas que à Se de
foient là articles : il en faut feulement conclure , ce
qui efl très vrai , que le fens indéfini exclut fou-
vent l'article , & qu'il ne le demande pas toujours.
En un mot , ce font-là des phrafes, des locudons in
I N D
définies , mais il n'y a point là d'arti_les Indéfinis.
IV. Il s enfuit encore de- la qu'il ny a donc d'ar-
ticles que le Se la pour le lin^uber , Se les pour le
pluriel.
V. Voici toutes les combinaifons de ces trois arti-
cles , ou comme on parle en Grammaire , toute leur
déclinaifon.
SINGULIER.
Article Masculin.
Premier Cas : Le, de le, du.
Second Cas : De le , du.
Troifième Cas : A le , au , à de le , à du.
Article Féminin.
Premier Cas : La , de la.
Second Cas : De la.
Troifième Cas : A la , à de la.
PLURIEL.
Du Genre Commun.
Premier Cas : Les , des.
Second Cas : Des.
Troifième Cas : Aux , à des-
Il faut fe fouvenir toujours que du, au, des, aux y
valent autant que de le , à le , de les ,à les, ou plutôt
que c'ell de le , aie , de les j à les abiégés par ul'age
& par corruption.
VI°. Ces articles, non plus que les noms ne font
de foi ni définis , ni indéfinis ; ils ne le font l'un ou
l'autre que par le lens de la phrale où ils fe trou-
vent , de même que les noms. Ces articles comme les
noms peuvent donc avoir un lens défini , Se un lens
indéfini'. De plus , il faut reconnoitre avec le P.
Butlier, une troilième efpèce d'article , qu'il nomme
très proprement partitif , parce qu'il dcligne la partie
d'une chofe , ou d'un tout. La difliculté eft de démê-
ler , Se de déterminer dans ces articles quels font ceux
qui lont définis , ceux qui lont indéfinis , Se ceux
qui font partitifs. Pour le faire , il faut voir quelle
idée en attache à ces noms défini , indéfini ( car pour
celui de partitif, il ell clairement expliqué, & s'en-
tend allez ) & quelle notion , quelle étendue on
leur donne. Le P. Butficr entend par un nom pris
dans fon fens défini ^ celui lequel, foit par lui-même y
f oit par fies circonflances , défigne un objet particulier ^
ou une même efipèce d'objets ; ce qui jait , ajoute-t-il ,
deux fiorces de fens définis, l'un individuel , l'autre
fipécifique. Je crois que c'ell étendre trop loin la li-
gnification du fens défini ; car fouvent au moins cette
féconde forte de fens défini qu'il appelle fpécifique,
ell véritablement un lens indéfini. Par exemple, l' Ido-
lâtre à' le Mahométan eft plus fidèle obfervateur de
la Religion que le Chrétien. L'Idolâtre , le Maho-
métan , le Chrétien , ou au pluriel les Idolâtre? , les
Mahométans , les Chrétiens , font ici des termes dé-
finis. Ils renferment cependant de foi une totalité
fpécifique. Aulli cet Auteur ayant renfermé dans le
défini , non feulement 1 individuel , mais auiîî toutes
les totalités Ipécihques , il n'a plus trouvé pour arti-
cle indéfini , que des particules , qui ne font nulle-
ment articles, mais prépofitions, comme je l'ai mon-
tré ci-delfus. D'ailleurs il met dans fes articles parti-
tifs des articles qui font pour le moins autant indé-
finis que partitifs ; ceux-ci , par exemple , Du bien ■,
de la naifjiince , de l'cfprit , donnent de l'accès dans
le monde. Se peut-il dire que de la naijfance , de
l'ejpru , aient un fens partitit î II y a diiiérentes ef-
pèccs ou degrés de naillance & d'efprir , mais il n'y
a point de parties de naillànce. Cette phrafé a donc
un fens indéfini , parce qu'on ne dit point quelle ef-
pèce , &: quel degré de nailTancc, d'efprit, &c. donne
de l'accès dans k monde , mais elle n'a point de fens
I N D
partitif, parce qu'on n'entend ptisplus parler de partie
que de tour , ou de totalité , 6c qu'on ne prétend
point dire que ce (bit leulsment une partie de bien,
une partie de naillance , une partie d cfpnt qui donne
de 1 accès ; comme quand on dit , Jj/mc^-mji dupam ,
on ne veut pas que vous donniez tout le pain , mais
itulcment un morceau de pain.
VU". Si nous ne clierchons qu'une délînition de
nom , il n'cll pas diliicile de dire ce que c'eit que
défini & 'mdcpir-, le premier iignilie ce qui eft déter
miné Hc marque , déligné en particulier : l'autre ce
qui elt indéterminé, vague', gênerai, qui. Iigniiic
plulieurs choies , uns déligner l'une plutôt que l 'au
tre. Mais cela ne l'utiit pas , il laut une delimtion
des chole5 , c'eft-à due , qu'il faut déterminer quelles
font les chofcs renfermées lous ces noms dcfini & i/2
défia':. Et ccrt la diiiicuké. 'Voici ce que j'ai penlé
fur cela. 1°. Quand la choie dont on parle dans une
phrafe, l'objet dont on parle; ou pour parler en ter-
me de Dialedique , quand le lujct d'une propoiition
ell: marqué & dillingué de tout autre, en_ forte que
l'on peut dire, c'eftun tel , ou une telle chofe en parti-
culier; ou ce font telle & telle , telles & telles cho-
fes; la phrafe ou la propofition eil définie; elle a un
fcns dérini. Quand on ne peut point dire précitement ,
c'ell un tel , ou une telle choie , ou ce font tels &
tels , la propoiition eil ïndifinie. 2°. Le fujet d'une
propofition elT: toujours ou un être particulier qu'on
appelle individu , fuppôt, ou un alfemblage de plu-
fieurs chofcs parriculières, une totalité. 3°. Cette to-
talité elT: de deux fortes; une totalité métaphylique
( qu'il me Ibit permis d uler de ces termes ) & une
totalité phyiique. J appelle totalité métaphylique ,
l'alèmblige de plufieurs eipèces qui font un genre,
ou de plu.ieurs iadividas c^ui font une eipèce. J'ap-
pelle totalité phyiique , l'allemblage de plufieurs par-
ties qui font un tout. Et il taut remarquer que le
même terme & la même chofe peut quelquefois fi
gniher & être ou une totalité métaphylique , ou une
totalité phyiique , lelon qu'on les regarde , ou com
me des genres compoiés de plufieurs efpèces , ou des
eipèces cornpofées de plufieurs individus , ou comme
des touts compo£s de plulieurs parties phyfîques &
fubflftantes réellement, & non pas feulement par la
penfée , comme le genre & l'efpèce. 4°. Il ell évident
quequ\nd le fujet d'une propofition , ou l'objet d'une
phrafe ell individu , un oojet particulier , ou c^uand
ce font des objers particuliers , des individus mar-
qués précifément , le terme , la phrafe , la propoii-
tion , le fens , font définis. Car il marque que c'ell
telle , ou telle chofe , ou tels & tels précifément &
déterminément; & cette détermination fe fait & fe
connoit , oa par la nature même de la chofe , com
me P:err: , Jean, le Soleil, la Lune, le Ciel, le
monde , l'Enfer , la terre , Sec. ou par les circonf
ÇinceSj comme le Roi, le Pape , l'Empereur, l'État,
le Royaume efi en paix. Les circonftances du temps
& du lieu où je parle déterminent précifément &
individuellement , quel eft ce Roi , ce Pape , cet
Empereur, cet État, ce Royaume; car fi je fuis en
France , ou que je parle de la France , c'eft le Roi
de France , le Royaume de France , l'État de France.
Si je fuis en Elpagne , c'eft celui d'Efpagnc , &c. Si
je parle en Février 1718,1e Pape & l'Empereur ,
dont je parle , fonr Clément XI & Charles 'VI. Les
autres mors de la phrafe le dérerminenr aulli.ie Pape
qui gouverne aujourd'hui fi ^hfeufement l' Églife , le
Roi de France , l'État de Fenife , les Savans dont
je parle , la tafie de chocolat que j'ai prifie , Sec.
Ainfi en toutes ces phrafes , &: femblables , le fens
étant individuel , il eft auilî déterminé & défini , &
ne peut palier en aucun fens pour indfini. 5". Ilya
plus d'embarras dms les termes, les mots qui lî-
V gniiicnt totalité. Faut-il dire avec le P. BufHer qu'ils
fjnt touj jurs définis ? lu iaut il les mettre rous dans
les ini-Jivs \ L'un ou l'autre eft , à mon fens , éga-
le nen: une erreur en fait de la Grammaire. Quel-
qu-f)i; i': f-)nt dé'îni^ , & quelquefois ils font i/z-
définis. C'eft ce qu'il faut maintenant tâcher de dé-
IN D
133
brouiller. Un terme de toniité , c'eft à-dire , qui reii-
f-erme en ft iiguMcation pluaeurs efpèces , ou p.uties,
comme 1 homme , l' An^e , l' turjpéen , le rrançois ,
le Savant, Le bien ,i efprit , l'ar^,ent , bec. figiulie de
loi , ik. toutes les parties .jU il co,., prend , & chacune
d'cUi-s en particulier , fans exception. Mais fuuvent
il ne fe prend point dans cette ri.j,u:ur logique , je
veux dire , dans toute cette étendue &: A-im i.i tota-
lité. L ulage a introduit dans toutes les langues abu-
fivemeni, li l'on veut, mais pourtant rcellement &
véritablement , qu un terme général ik. de totalité
s employât louvciit , lors même que 1 ou ne prétend
pas marquer routes les parties , es: chacune en par-
ticulier , mais lorlqu'on parle feulement du plus grand
nombre , de ce qui eft plus commun & plus ordi-
naire , ou même lorlqu'on parle feulement d un pe-
tit nombre ; en un mot , lorflju'il y a exception à
faire. C eft ainli que dans Cicéron. Pufc. Qunjl. L.
IV. Les Stoïciens difent que quand ils av.ancent que
tous les gens qui n'ont pas la lagelle , font des rous ,
ils ne l'entendent point lans exception : Sic dicere
omnes ftultos infanire , aut malè olere omne coenum :
at non femper. Les interprètes reconnoillent dans
l'Écriture des propolitions univerfelles qu'il ne faut
pas prendre univerfcUemenr. De même quand je dis.
Le Savant efl fujet à l'orgueil. L'homme d'honneur
ne ment point. Le Roi donne défenfe 6" protecîion au
Sujet , & le Sujet rend foumijjion (y obéiffance au
Roi, je ne l'entends point, de forte que je veuille
dire qu'il n'y a nul Savant qui ne foit fujet à l'or-
gueil , nul homme d'honneur , qui ait quelquefois
menti, nul Roi qui n'ait toujours dcrcndu& protégé
les Sujets , & nul lujet qui ait défobéi & qui fe foit
révolté. Quand donc je prends un terme de rotalité
dans toute fon étendue , il eft défini , le fens efl dé-
fini ; parce que je puis marquer précifément la chofe
dont je parle , & que je puis dire du tout & de cha-
cune de les parties en particulier , depuis la première
jafqu'à la dernière, c'eft relie, & telle , Se telle, &c.
il n'y nulle exception j nulle reftriclion , Se par con-
féquent nulle indcterminarion. Mai; quand je prends
un terme de totahté au fécond fens , avec quelque
exception , fans que cette exception foit marquée ,
comme je ne dis point précifément quelles patries
du rour fo:ir figniriées , & quelles .autres font excep-
tées , que fouvent même je ne le puis point dire , c».
terme , tout terme de totalité qu'il ell , eff alors un
terme indéfini. 6°. Pour connoitre donc quand un
terme de totalité a un lens dé;ini , ou indéfini , il faut
lavoir quand il eft p.is dans toute Ion étendue, ou
feulement avec reffriclion Er comment le diftinguerî
Je répons en général que les circonftances le mar-
queur ordinairement allez ; en particulier, je dis que
quand j'allure du fujet de la propofition un attribut
ellenticl , ou comme ellentiel , nécellaire , ou com-
me nécelTàire , inféparable , ou que je regarde com-
me inféparable, &c. je prends alors le fujer dans
toute fon étendue , parce qu'il n'eft aucun de fes in-
dividus , ou de fes parties, auquel cet attribut ne con-
vienne , Se par conféquent il eft défini. Mais quand
l'attribut que je lui donne n'eft pas ellenticl , nécei-
faire, inféparable , comme il n''eft plus sûr qu'il con-
vienne à tous, que par conféquent cela peut ne tom-
ber que fur plufieurs , fans que je détermine quels
font ces fujcts aulquels cet attribut convient exclu-
fivement aux autres , le fens eft indéfini. De là dans
ces propofltions , l'homme efi mortel , le pécheur efl
ennemi de Dieu , les Saints feront éternellement
heureux , le fens eft défini. Et dans celle-ci au con-
traire. Le Roi donne défenfe & protection au Sujet,
& le Sujet rend obéifiance au Roi , Le Savant efi or-
gueilleux j L'Homme d'honneur ne ment point ; Le
Roi , le Sujet , le Savant , l'Homme d'honneur, font
indéfinis. Car un Roi peur manquer à protéger' un
Sujet fins perdre fes" droits à la royauté. Se un Su-
jer manquer à l'obéi'Iance fans acquérir un droit
d'iadépendance. Se un Savant être modefte , fans
ce'I'er d'êrre favant, à'c.
VIIF. Quand le nom indéfini eft mis flmplement
134 î N D
&: tans autre mot qui marque l'exception qu'on fait
à fa totalité,, c'eft un uidéjini iimplc ou propre; &
quand il elt accompagné de quelque particule , ou
dicl:ion qui marque 1 exception, & qui tait enten-
dre qu'on ne le prend pas dans fa totalité , ou dans
fon étendue toute entière , mais qu'on n'en prend
qu'une partie, c'eft le partitif du P. Buffier , qui n'ell
qu'une efpèce de Vindcfini , & que j'appelle pour
cela indéfini partitif. Donnons des exemples de l'un
& de l'autre. Le /avant efl orgueilkux , c'eil \m in-
défini fimple : mais des Savans ont pcnfe fiur cela
comme moi; c'eiilk un indéfini partitif Le P. Buftier
obferve que le partitif eft un indéfini qui tient du
défini-: cela eft judicieux & vrai aullî dans mon fen-
timent. Il eft indéfini , puifque c'en eft une efpece ;
& il dent du défini , en ce qu'il indique une partie
d'un objet , comme dit ce Perc ; j'ajoute que pour
reiiir du défini , il n'eft pas pour cela défini , parce
qu'il ne fuffit pas pour erre défini de défigner une
partie d'un objet , il faut que cette partie loic déter-
minée Se marquée précifément : or la partie iignihée
par le partitif eft vague & indéterminée , on ne mar-
que point l'une plutôt que l'autre , mais feulement
une partie de la totalité en général & indéfini-
ment.
IX°. Appliquons ceci aux articles. Un article défini
èft celui qu'on met devant un nom dont jle iens elt
défini, c'eft à dire, qui lignifie un individu, ou une
totalité générale , dans toute fon étendue. L'article
indéfini , eft celui qu'on emploie devant les noms
indéfinis ; c'eft à dire , les noms de totalité qui ne
font pas pris dans toute leur étendue.
X°. Suivons maintenant la déclinaifon de leur ar-
ticle , par tous fes genres j les nombres , les cas. Se
toutes fes diftérences , & déterminons lelquelles
font définies j Se lesquelles (ont indéfinies dans les
principes que nous avons établis. Le iingulier malcu-
lin au premier cas ie eft défini , Le Roi de France ,
V Écrivain que j'eflime le plus j YHifiorien dont je
parle i le Soleil, le Ciel , Venjer , V homme mortel,
le pécheur efi ennemi de Dieu. Dans Louis XIV.
/'homme étoit plus grand que le Roi. Le efl aulll
indéfini , le Savant efi orgueilleux , V homme d'hon-
neur ne manque point à fia parole, ['ennemi s'avan-
çait pour donner l'ajfaut, & femblables. Mais de le
Se du, font toujours indéfinis. De Vefiprit & de V agré-
ment fiont néceffaires pour plaire dans les compagnies;
Du bien & à\x fiavoir ne fie trouvent guère enfiemhle ;
Il faut à\i courage & àa fiens froid dans la guerre ;
Avec de Vefiprit & à\x fiavoir faire on ne manque guère
de réufiiir dans le monde.
Au fécond cas de le , Se du font définis. Les agré-
tncns de Vefiprit , iifiageJJ'e du Roi éclate dès fies plus
tendres années; Les vertus du Roi fiont la jufiice &
la bonté; celles du Sujet , l'amour , le refpecl , l'o-
iéiffance ; Le devoir du Général efi de commander ,
celui Au fioldat & àufiuhalteme d'exécuter les ordres ,
Sec. Tout cek marque , ou des individus , ou des
totalités entières , & par conféquent le fens tft défini.
De le Se du font aulli indéfinis ; La converfiation de
l'homme de lettres efi fiouvent plus utile qu'elle n'efi
agréable ; La crainte du châtiment l'a retenu ; Le
fruit & la récompenfie du fiavoir & de Vefiprit efi lu
gloire & la réputation.
Au troifièmecas à V Se au font définis. L'appli-
cation /ointe à Vefiprit fait faire de grands progrès
dans les ficiences ; Au génie pour l'éloquence il joi-
gnait beaucoup de talent pour la poéfie. A l' Se au
font aulll indéfinis ; paffer du blanc au noir; Aller
jufiquMX fiuperjlitieux ; Tendre au fiubiime ; La confi-
dence s'oppofe fiouvent à l' agrandiffement de la for-
tune ; Le fbldat par fia piété dans le tumulte & la vie
licencieufie dis armes , fait quelquefois honte au Prê-
tre dans le fiancluaire j 6" au Religieux dans le Cloître
& la retraite ; il ne fie laiffa point fiurprendre à V ar-
tifice ; Il ne fie laiffa point éblouir .i V éclat des gran-
deur. A de r , Se à du (ont toujours indéfinis. De
la piété eft préférable à de Vefprit Se à au fiavoir.
Quand la modeftie eft jointe à du mérite j elle en
I N D
rehauffe le prix ; A de l'entêtement pour la nouvelle
Pkilofiophie fiuccéda de l'irréligion , tf l'un & l'au-
tre le conduifirent bientôt à du dérèglement de mœurs,
G" même à Vatheifime.
Le fingulicr téminiii , au premier cas. La doit être
défini Se indejini , puifque le Ion mafculin l'eft ; il
n'elt pas beloin d'exemples paur le prouver. De
la au premier cas eft toujours indéfini , conime de le
mafculin i De la conduite efi néccjfaire pour s' avan-
cer dans le mande; Dî la camplmfiance ù de la /»o-
liteff^e tiennent fiouvent lieu d'un grand mérite.
Le fécond cas de la eft défini Cv' indéfini . comme
de le ; La bonté de la Reine ; la grâce aidée de la
nature , il eft défini. L'efipérance de la récom^ enfic
jau entreprendre les chofies les plus difficiles, il .il
indéfini. L'efiperance de .la recompenfir éternelle lefiuu~
tenait dans les taurmens , Il eft dchni.
Au troiiième cas ci la eftdéini & indéfini , comme
a le , Se au , dont il eft le fén.inin i m.us à ac la
eft toujours indéfini , comme à de le , Se à du , ,uf-
queis il répond ; N'accorder rien à 1 jm.tie , donner
tout a la paffion , fiuccamber a la tj.itatiou ; i-lL eft
défini ii 1 on individue , li l'on perlor.ni <i, u 1 ..»r»i-
tié Se la paftîon , la tentation; h noUj cela iit in-
défini. L'expérience dégoûte , Se après la jauifiaiice
des plaifirs qu'on a le plus recherches , la j.'.{^ .i le
plus fiouvent fait place à V indifférence Se au mépris ;
Crier à 1 aide ; avoir recours à Vindufirie ; En fait de
pudeur & de retenue , la Chrétienne cède fiouvent à la
payenne & à V infidèle ; cela eft indéfini. Il ajouta de
Vinfiulte à de Vindificrétion ; A de la vertu étaient
mêles bien des vices ; cela eft toujours indéfini.
Le pluriel , commun aux deux genres , au pre-
mier cas. Les eft défini; Les fiept Sages de la Grèce
fiont , &c. Les Confiuls Romains n'étaient qu'un an
en charge ; Les vertus pacifiques fiont plus efiimables
que les vertus guerrières ; Les actions d'éclat ne lui
plaifient pas ; Les faveurs du monde fiont bien fiujettes
à caution. Les e.i\ au(lî indéfini. Les ennemis s' avan-
çaient pour donner Tajfiaut. Les troupes Francoifies
enfoncèrent l'aile droite des Imper.c.x , & pilèrent
à la gauche. Des au premier cas eft l ^défini en ma-
tière contingente j& non ellènticlle , no;: i.ecellaire;
Des gens d' honneur me Ton dit ; Des Sava.i: de ré-
putation ont penfie comme mai ; Des femmes uieafies
vinrent de grand matin pour embaumer Jéfius-Chrift.
Il eft défini quand on donne au fujet de la pr.po-
iition un attribut eftentiel ou inl;parable ; Des pcr-
fionnes vertueufies ne fie donnent point ces libertés cri-
minelles ; Des hommes véritablement Ch'e tiens ne fie
vengent point. Car alors il emporte la totalité entière ,
Se ne tait point un autre fens que ii Ion mettait /fj-.
Il n'en eft pas de même dans les exemples piéccdens ;
Les gens d'honneur , les Savans de réputation , fe-
roit un autre Iens que des gens d'honneur Se de ré-
putation.
Troiiième cas. Aux eft défini en ces exemples ,'
La pudeur & la madefiie fiied bien .lux femmes , &
fiur-taut aux jeunes perfionnes. L'Evanfiile infipire aux
Chrétiens de lafioumiffian pour les Puijjances établies
de Dieu. Et indéfini en ceux-ci. Ll fit tête aux enne-
mis tandis que fan collègue en fut renverfie ; Il pouffa,
droit aux ennemis, & fe rendit aux Turcs, au aux
Infidèles dès le commencement du combat. A des eft
aulii défini Se indéfini , comme des au premier cas.
Les libertés criminelles ne conviennent point a Aesfem-
mes vertueufies , ni la vengeance à des Chrétiens;
cela eft défini. J'ai écrit à des Savans de mes amis
pour [avoir leur opinion ; J'ai demandé à des gens
d'honneur ce qu'ils en penfient ; lie^-vaus toujours à
des gens de bien , & vous leur reffemblere:[ : cela eft
indéfini.
Xl°. On voit m.aintenant ce qui eft défini, & ce
qui el\ indéfini dans la déclinaifon de l'article expo-
fé ci-dclfus , ce qui eft indéfini lim; Je , ou indéfijii
partitif; Se enfin ce qui eft indéfini ,^nr ou indéfini
mixte. On appelle ici pu- , ce oui cii toujours tel
fans être jamais autrement. Ainli Vindéfini pur^ eft
celui qui eft ti'ujours indéfijii , Si jamais défini, 6e
I
IND
tinfi des autres , s'il y en a. On appelle mixte ce qui
eft tantôt l'un tantôt l'autre.
Article tantôt fini tantôt indéfini.
SINGULIER..
Ç I. Le.
Mafculin.
Féminin.
J 2. De le, du.
/ 3. A Icj au.
Mafculin
' &
Féminin.
PLURIEL,
des.
C I . Les , des
< 2. des
C 3. Aux, à
ies.
Articles purement indéfinis & jamais définis y
SINGULIER.
Majcuhn. -^ 3. a de le, a du.
_, . . c I. De la.
Femmns. ^ ^. ^ de la.
Indéfini fimple.
SINGULIER.
I. Le.
Mafculin
r I. Le.
\ 2. De le,
d 3. A le,
r I. La
iminin. < 2. De, la.
^3. A la.
du.
au.
PLURIEL.
Maficulm.
&
Féminin.
Ç 1. Les.
< 2. Des.
C. 3. Aux.
Indéfini partitif.
SINGULIER.
C I. De le, du.
Mafculin. ^ 2. De le, du.
' 3. A de le, à du.
C I. De la.
'■■ < 2. De la.
C I. A de la.
Féminin
PLURIEL.
Mafculin
&
Féminin
:{\
Des.
Des.
5. A des.
Indéfini pur.
SINGULIER.
Mafculin. \ ^'^^, '^,' ^'^■
i 3 A de le, à du.
PLURIEL.
Féminin.
I. De la.
3. A de la.
I N D 13^
On voit donc, 1°. Qu'il n'y a aucun article dé-
fini pur, tout ce qui cil dcimi pouvant être cjucloue-
fois indéfini, tk 1 étant en cllct i'ouver.t. 2°. Qu'.iu
contraire il y a des indéfinis qui ne font qu'indéfi-
nis , ëc que j'appelle indéfinis purs , parce qu'ils ne
font jamais & ne peuvent être dérinisi ëC qu il y eu
a d'autres qui ne lont point indéfinis purs, pouvant
être tantôt dcHnis, & tantôt indéfinis. 3°. Qu'au plu-
riel nul n'ell purement /Wt/Z^i ; tout eft mixte, tan-
tôt défini , tantôt indéfini. 4°. Que l'indéfini pur eft
toujours partitif, quoique le panitif ne Ibit pas to'>
jours indéfini pur : qu'ainil le partitif eft campofc
de tout l'indéfini pur qui fait fon lingu'ier, & de
trois indéfinis mixtes , qui font fon pluriel , & qui
lont des , des , ik à des.
XU". Maintenant quant àl'ufige, il fautdiftinguer
la nutijie dont on parle , & il y en a de deux fartes ;
l'une que Ton nomme ellcntielle ôc néceifaire, l'au-
tre quon appelle accidentelle & contingente. La
matière eft elicnticlle ik néceilaire, lorfque l'attribut
de la propoiition cil ellenticl ix néceilaire au fujet ,
c'eft à dire, quand la chofe ne peut ccller d'être telle
qu'on le dit, lans celîer d'être ce qu'elle eft. La ma-
tière eft accidentelle &c contingente , lorfque ce que
l'on attribue au iujet ou à la chofe dont on parle, ne
lui eft pas elfenticl , qu il peut en être fcparé fans
qu'elle celle d'être ce qu'elle eft. L'homme eft animal
raifonnable y le bon Chrétien ne fie venge point, ce
font - là des matières elîéntielks Se nécellaircs : car
l'homme celle d'ctre homme , s'il n'eft pas animal
raifonnabie , & le Chrétien n'eft plus bon Clirétien
s'il fe venge. Des Savans difent comme moi : \J hom-
me d'épée vit plus chrétiennement que l'homme de
robe. Ce font des matières accidentelles &c contin-
gentes. Des Savans pourroient dire autrement que
moi , & être favans ; ëc un homme d'épée pourroir
ne vivre pas plus chrétiennement qu'on fait dans
d'autres conditions , ou même abfolument ne point
vivre chrétiennement , fans celfer d'être homme d'é-
pée. En lecond heu, il faut diftinguer des propoll-
tionsuniveifelles j des propolîtions particulières, &
des propoiitions lingulières. Les propolîtions univer-
felles lont celles qui parlent de toute .une efpèce,
de tout un genre. Les propolîtions particulières font
celles qui parlent de pluiieurs , mais non pas de tous ,
ëc qui pour cela ont toujours quelque marque d'excep-
tion & de partage. Les propolîtions lingulières font
celles qui n'ont qu'un individu pour objet , ou fujet.
De plus j dans l'ulage des langues , où l'on ne parle
pas toujours dans la riguirur logique & métaphyli-
que, il y a des propolîtions univerfelles qui font
univerfelles grammaticalement & logiquement tout à
la fois , c'ell à-dire , ëc quant aux termes & quant
au fens, comme celle-ci , L'homme efi defiiné à une
fin furnaturelle. Il y en a d'autres qui font univer-
lelles gramm.aticalementj & ne le font pas logique-
ment ; c'eft- à -dire, qui le font quant aux ter-
mes , & ne le foientpas quant au lens , comme celle-
ci , PaJJer du blanc au noir; on n'entend ni tout le
blanc , ni tout le noir en général , quoique les ter-
mes étant indéfinis ils foicnt généraux -.dans la ri^-.aeur
lp;!;ique. De même , il donne dans le fuperfiitieux , il
lutht qu'un homme donne dans quelque fuperfti-
tion pour que l'on puill'e parler ainli. Telle étoit
encore la propoiition des StûTciens , Tous ceux qui
n'ont pas la fai^efj'e font fous. Car ils l'entendoient
avec rertriction , at non femper. Ces propolîtions ,
quoique moins exadtes , lont très communes , non-
feulement dans le ftyle ordinaire ëc familier , mais
encore dans le ftyle élevé , oratoire, &c. La propo-
tion univericlle quant aux termes , & non quant au
lens , eft une propoiition univerlelle en matière con-
tingente ; car ce n'eft que par leur matière que l'une
eft générale quant aux termes & quant au fens , ëc
l'autre leulement qu.mt au lens; quant aux termes,
ëc grammaticalement elles font iemblables.
Tout cela fuppofé , je dis qu'il faut mettre l'arti-
cle dèii.ii quand le fens eft défini , l'article indéfini
quand le lens eft indéfini, ôc l'article partitif , quauJ
ï3
I N D
vous voulez faire un fens partitif. Or , i°. il n'y a
de fens défini que dans la propofition fingulièrc ,
lorfque l'on parle d'un indiviçl^i , d un être particu-
lier 5 ou dans la propolition univcrltUe quant aux
termes & quant au lens , ou ce qui revient au me
me, il n'y a de fens défini, que lorfque l'on parle
d'un individu , d'un être particulier, ou lorlque par-
lant de plulleurs , on fait une propoiltion univer-
(elle en matière nécellaire. Ainfi dans ces deux cas.
Quand le nom veut un article , donnez lui l'article
défini , au genre , au nombre , &c au cas qu'il con-
vient. 1°. Dans une propolîtion univerfclle en ma-
tière contingente , ou univerfclle quant aux termes j
& non quant au fens , le fens ell toujours indéfini :
dans une telle propolîtion fervez vous donc de l'ar-
ticle indéfini llmple. 3°. La propolîtion particulière
fait toujours un fens partitif ,_ il faut donc mettre
l'article partitif à une propofition particulière. 4°.
Vous me demanderez s'il y a de la didérence entre
une propolîtion univerfclle quand aux termes , &c
nullement quant au fens, ôc une propolîtion parti-
culière , puifque toutes deux lîgniiient feulement
plufieurs , ou une partie d'une totalité; ik comment
on doit les diftinguer pour leur donner un article
diftérent î Je réponds que la di:térence ell: que la pro-
pofition univerfclle feulement quant aux termes , Se
nullement quant au fens , n'a que des termes univer-
fels , ians aucune marque d'exception , ou de par-
ticularité , c'eft la matière feule qui fait connoitre
qu'elle n'eft pas univerfclle quant au fens , mais par-
culière : au lieu que la propolîtion particulière a dans
{es termes mêmes des marques d exception, & de
particularité. Donnons des exemples. Le Chrétien eji
moins fidèle à /es devoirs de religion que l' Idolâtre &
le Mahométan. C'eft- là une propolîtion univerlcUe
quant aux termes , &: non quant au lens , car tous
les Chrétiens ne font pas moins fidèles , £'c. il y en a
& en grand nombre qui le font plus ou pour le moins
autant. Que iî à cette même propofition j'ajoute quel
que marque d'exception ; par exemple ^ le Chrétien
fouvent , ejl quelquefois moins fidèle à /es devoirs
de religion que l'Idolâtre & le Mahométan ; ou bien,
Azs Chrétiens font moins fidèles à leur devoir de reli-
gion , que les Idolâtres ; ou , que de Chrétiens font
moins fidèles à leur devoir que les Idolâtres & lesMaho-
métans ! Dans toutes ces formes, & femblables, la pro •
pofition devient p.articulière ,&c celafe connoitparces
moxs fouvent, quelquefois, des j de , qui font des
marques d'exception & de particularité. ;". Il faut
remarquer que pour marque de particularité & d'ex-
ception la particule ou prépofirion de luffit dans tous
les cas, excepté au génitif j ou fécond cas. La raiion
cft que la particule de n'eft point la marque ou la
prépolîtion qui forme les autres cas , ainfi quand elle
s'y trouve elle a une autre force , qui eft la ligni-
fication partitive ; mais comme elle eft la marque
du génitif , que c'eft la prépolîtion dont il fe forme ,
elle n a point d'autre force à ce cas là ; ainlî pour
qu'un terme ait un fens partitif au génitif, il faut
y ajouter quelque autre terme qui le particularile.
Aa refte , il taut dire des termes généralement tout
ce que j'ai dit des propolitions ; car c'eft la même
choie. Il n'y a qu'à fubftitucr le mot de ternie\ celui
de propofition; il faut encore obferver que quoique
de le ôc du foient la même chofe , comme on l'a
remarqué ci • delfus , néanmoins il y a de la difté-
rence dans l'ulage ; car du fe met toujours devant
les noms qui commencent par une confonne , &
de le devant ceux qui commencent par une voyelle.
// a du goût^ il a de l'eforit. D'où vient^ que de
le ne fe met jamais qu'avec apoftrophe , de l' .
XIIP. Mais quand le nom ne veut point d'arti-
cle , comment marquer ces fens définis , indéfinis îk
partitifs ; On les exprime par deux propofitions de &
à , mifes ou féparément j ou routes deux enfemble à
devant i/e , ce qui fait trois différences, qui forment
trois cas , &: dont deux feulement fervent au fiiigu-
lier , & toutes les trois au pluriel , Se toutes égale
ment aux deux genres , tant au pluriel qu'au lîr-gulier.
IND
j4u (inguHer.
1 Cas De
2 De
3 A
Au pluriel.
1 De
1 De
3 A , à de
Voilà ce que nos Grammairiens appellent notre
article indéfini. J'ai montré ci-def us , que ce n'etoit
là rien moins que des articles , mais de vraies pro-
politions ; je vais montrer 'ici qu'elles ne s'emploient
pas leulement dans le fens indéfini , comme on le
veut; mais quelquefois dans le fens défini. En etfet ,
ils fe mettent , comme on le va voir , devant un
terme iîngulier ^ & devant des termes univerfels en
matière néceftaire , qui font les deux occalîons où le
lens eft défini.
Au iîngulier, i. cas, de eft indéfini partitif, ou
fîmple. De bon vin pris modérément ne fait point
de mal. De bon vin pour luiage ordinaire , c'eft
celui de Bourgogne. De bon pain & de bon vin ,
c'eft le principal pour la vie, on fe palfe ailément
du refte.
Pour le fécond cas , il eft indéfini ; titre à' honneur y
marque de confiiance , prudent & fage , Voilà une ré-
ponjè à' homme avife. Il eft aullî défini comme en ces
exemples. Ces dilcours ne conviennent point à fem-
me vertueufe ; on ne fe fie point à femme cauleule
&: babillardc. Et devant les noms propres qui ligni-
fient des individus. La Bibliothèque de Ptolomée
Phii.îdelphe. La haute lagelfe de Louis XIV. La gran-
deur de Paris.
Pour le troifième cas à eft défini j puifqu'il fe
met devant les noms propres. Le Roi donna les Sceaux
à M. d' Argenfion le 2 S Janvier 171 S. Il eft aulîi
indéfini en ces exemples; à bon chat , bon rat. Je m'en
rapporte à perfonne pieufe & intelligente. J'ai oui
dire à un Juge bien équitable , que , Sec. A de elt
toujours partitif, à de bon pain Se de bon vin ajoute-^
de bonnes viandes.
Au pluriel J pour le premier cas De "ft défini
en matière elîèntielle Se nécclfaire ; à' honnêtes fem-
mes ne fe permettent point àç. libertés criminelles. Il
eft clair que cette propofition renferme toutes les
honnêtes femmes ; car li je difois cela à une femme
pour la porter à ne fe point donner de ces libertés ,
& que ma propofition fût particulière j elle leroit
illulbire Se inutile , puifqu'elle pourroit me répon-
dre : d honnêtes femmes , ce n'eft à dire , que quel-
ques honnêtes femmes ; mais quelques autres s'en
donnent aullî , de ces libertés , on peut donc s'en doji-
ner Ians celfer d'être honnête femme. Je ne puis
donc vouloir pcrfuader par ce motir, fans que la pro-
polîtion foit univerfclle , & à moins qu'elle ne ren-
ferme la totalité entière dont je parle , Se par con-
féquent fins qu'elle foit définie. En matière contin-
gente de eft indéfini fimple , ou partitif; De grands
perfonnages ont fait de grandes fautes ; d'habiles gens
' ne laijfent pas de fe tromper i de bonnes gens m'ont
rapporté que , Sec.
Au génitif, il ed indéfini ou fimple , comme Oc-
cupations à'enfans ; ce J'ont des envies de femmes
groffes ; C'efi un entêtem.ent de Philofophes j &c. Ou
indéfini partitif, comme , j'ai appris de gens bien
inftruits que , Sec. Quand on efi en certains pofics ,
on a befoin de gens habiles auprès de foi pour les con-
fulter. Il peut fe trouver aulîî des phrafes où il fe-
roit défini , Se où il marqueroit une totalité entière;
par exemple , la conduite de femmes figes & vcr-
tueufes eft louable , Se leur attire de l'eftime Se de la
conlîdération ; mais cette conftruftion eft ou vieil'e,
ou extraordinaire. On met communément l'article;
La conduite des femmes figes & yenueufes. Sec.
Pour
IN D
Pour le troihcme cas à e(i dc/îni en nnticic né-
ceflàire , parce qu'il le met cievant des termes de
totalité. Cela ne fe refufe jjoint à gens de mente , à
gens de qualité ; Des Dijcours lihertins ne convien-
nent point à perfonnes pieufes. Et indéfini en matière
contingente. Je ne m'en rapporte qui bons Catholi-
ques, Je ne lui abandonne ce bien qu'à, bonnes enfci-
gnes. J'ai oui dire à gens bien injîruits. A de au njê-
me cas eft défini en matière néccllaire , comme , Les
fpeclacUs & les livres lafcifs & impurs font défendus
à tout le monde , mais plus encore à à' honnêtes fem-
mes. Et indéfini, ou iîmple, ou partitif en tout autre
cas ; On donne une récompenfe à de fidèles domefii-
quesj quand ils font trop vieux & qu'ils fe retirent. J'ai
oui dire à de favans hommes j à A' habiles gens. Je
ne m'en fie de l'éducation de mes enfans qu'a, de fi-
ges & hùhiles maîtres. En ces ph raies il eft indéfini
limple. J'ai oui dire à de favans hommes , à à' habi-
les gens. En celle ci il eft partitif. Voici donc la dif-
tribution de ces particules félon leur fens.
Au fens défini.
Au Singulier.
î De
5 A
Au Pluriel.
1 De
2 De vieilU ou extraordinaire.
5 A , à de
Au fens Indéfini fimpl.
Au Singulier.
I De
, 2 De
5 A
Au Pluriel
1 De
2 De
j A , à de
Au fens Partitif .
Au Singulier.
I De
3 A de
Au Pluriel.
1 De
2 De
3 A de
XIV. Après avoir expliqué le fens de ces particu-
les, il faut voir avec quels noms on les joint. Car ces
particules étant prépofitions font toujours devant un
nom ; ce nom ne peut être qu'un fubftantif ou un
adjeftif. Si ce nom eft feul , ce ne peut être un adjec-
tif; car un adjedif , ainfi que le nom même le lignifie,
ne fe met point feul , mais s'ajoute à un autre nom. Si
donc il eft feul c'eft un fubftantif, ou ce qui eft la
même chofe, un adjedif pris fubftantivement. Si ce
nom n'eft point feul , il y a un adjeftif & un fubftan-
tif: mais ou bien le fubftantif eft le premier, com-
me/e/7ZOTej^i<;:/yÊj & vertueufes , ou bien l'adjeftif va
devant, comme pieufes & venueufes femmes. Or, il
y a fur cela quelques règles à obferver par rapport
aux paniculcs dont nous parlons. Les voici.
Quand le nom fubftantif eft feul^ il n'y a pas de
difficulté i l'article , quel qu'il foit , eft immédiate-
ment devant. J'ai reçu de Pierre , j'ai donné p
Tome F. '
IND 137
Jean , &c. Mais quand le fubftantif ,-> un adjectif, il y
a de la diftérence. Nous Talions marquer.
Dans le fens défini.
Au fingulier.
1 Cas. De. Ou le (ubftantit eft un nom propre, ou
un nomappellatjr. Si c'eft un nom pvopre,ouladjtCtif
qu'on y joint clt une limple épuhetc , ou c'eft un lur-
nom; U c'ell un furnom. 1". Il ne le met jamais ile-
vant le nom propre; Alexandre le Grand, Louis le
Grand, Louis le Jujie _, Philippe le Bel , licuri l'Oifc-
Icur. Ainli nos prepolitions lont toujouii immédiate-
ment devant le nom propre. De Louis le Grand , à
Louis le Grand. 1°. On confcrve à tous les cas l'arti-
cle/c devant l'adjeftif qui eft iurnom; Louis \c Jujie,
de Pliilippe le Bel , à Philippe le Hardi. Il faut en
excepter les lurnoms de quelques anciens Grecs qui
ne prennent point cet article , Ptolomée Philadel-
phe , Antiochus hpiphanes , Sec. Se deux ou trois de
nos Rois , Charlemagne , Piiilippe Augufie j Se Louis
Hutin. Cependant li au lieu de magne on mettoit
grand, il taudroit dire Charle le Grandi mais en gar-
dant le nom Latin , parce qu'on n'en a fait qu'un ieul
mot avec le nom propre , on exclut l'article. Si de-
vant le nom propre on met ion Iurnom , ou une au-
tre épithète , il n eft plus Iurnom , Se on ne met point
la prépoiition leule , mais avec l'article , Du Grand
I^ouis , Du Victorieux Philippe ; Se non pas De Orand
Louis Se De Viàorieux Philippe. Si c'elt un nom
appellatif , l'adjeftif fe met également devant ou
après avec les prépolitions. Ces difcours ne convieri'
nent point à femme vertueufe , ou k vertueufe Jemme.
Le premier eft meilleur, le iecond tient du vieux
ftyle.
5. Cas. A ., devant les noms propres il en eft de
même que de la prépofition de. i". A Louis le Bel , à
Charles le Chauve. 1°. A Antiochus Philométor, à
Séleucus Nicanor, à Démétrlus Phaléréen , à Char-
lemagne, 2. Philippe Augufie , à Louis Hutin. 3°. Au
grand Louis , a.u. viclorieux Philippe , fuivant les rè-
gles du fécond cas. Quand le lubftantif eft un nom
appellatif, on met indiftcremment le fubitantif oïL
l'adjeftif le premier. Je m'en rapporte à perfonne
pieufe & intelligente , ou à pieufe û' intelligente per-
fonne ; mais le Iecond fent un peu le vieux ftyle.
Au Pluriel.
1 Cas. De. L'adjeftif doit toujours être le pre-
mier. "D'honnêtes gens ne fe difent point d'injures. Si
l'on mettoit le iubftantir le premier , il faudroit ajou-
ter l'article. Des gens honnêtes ne fe difent point
d'injures.
2 Cas. De. L'un ou r.autre peut être mis le pre-
mier. La conduite de femmes pieufes & vertueufes ,
ou de pieufes & vertueufes femmes , leur attire de l'ef-
time. Le Iecond eft un peu du vieux ftyle.
3 Cas. A. Comme au précédent. Des difcours liber-
tins ne plaifent point z. perfonnes fages il' vertueufes ^
ou kfages & venueufes perfonnes , il eft plus vieux.
A de. L'Adjedif doit toujours être devant. J'ai oui
dire à d'habiles gens , à de favans perjonnages ; je ne
me fie de l'éducation de mes enfans qu'à, de bons maî-
tres. Si le fubftantif étoit devant l'adjeftif, il faudroit
mettre des. Je ne me fie de l'éducation de mes enfans
qu'à des maures favans & bien vertueux.
Dans le fens indéfini fimple.
Au fingulier.
1 Cas. De. L'adjeftif doit toujours être le premier.
De bon pain & de bon vin , d'excellente viande.
2 Cas. De. L'un ou l'autre peut être le premier.
Homme de rare méiite. Conduite dt perfonnage pru-
S
138
I N D
dent&fa^e , ou àt fage & prudent perfonnage. Hom-
me de mente rare.
5 Cas. A. Le fubftantif devant l'adjedif eft mieux.
Je m' en rapporte iperfonne pieufe & intelligente. On
peut dire aulli à pieufe o* intelligente perfonne j mais il
eft un peu vieux.
Au Pluriel.
I Cas. De. L'adjectif toujours le premier. De
grands perfonnages ne font point àc petites fautes.
1 Cas. De. L'un ou l'autre peut être devant. En-
têtement de Philojophes nouveaux , ou de nouveaux
Philofophes.
3 Cas. A De même que le précédent. Je ne décou-
vre monfecret qui amisfages & dfcrets , ou qui fa-
ges u" difcrets amis.
A de. L'adjeClit doit toujours être le premier. Je
ne découvre mon fecret qu'a de fages & dfcrets amis ;
& jamais qu'à d'amis fages & difcrets. Il taudroit qu'a
des amis fages & dfcrets.
Dans l'Indéfini Partitif. ,
Au Singulier.
I Cas. JDt;. L'adjeftif toujours le premier. De ton
£■ 6! excellent cajje fait du bien après le repas.
3 Cas. A de 3 comme le précédent.
Au Pluriel.
1 Cas. Z)e. L'adjedif marche toujours devant. De
graves Auteurs ont écrit que , ôcc. bi l'on mectoit le
ïiibftantif le premier , il faudroit lui donner 1 article.
Des Auteurs graves ont écrit, &c.
2 Cas. De. On peut également placer le fubftantif
ou l'adjectif le premier, C'eft-là un galimatias d'an-
ciens Philofophes , ou de Philofophes anciens. J'ai
appris de graves Auteurs , ou d'Auteurs graves.
3 Cas. A de, comme au premier cas l'adjeclif tou-
jours le premier. Il faut ajouter foi à de bons témoins.
Si l'on mettoit le fubftantif le premier, il faudrait lui
donner l'article. On doit ajouter foi à des témoins
oculaires.
Il y a quelques adjectifs qui veulent être toujours
après le fubifantif, & d autres toujours devant; mais
cela n'a point de rapport aux particules dont nous
parlons, ni au fcns detini ou indéfini; ainfi ce n.'eft
point cela dont nous donnons ici des règles , ce n'en
eft pas le lieu.
XV°. Il refte à dire quels font les noms qui ne veu-
lent point d'article devant eux , &c avec lefquels il ne
faut mettre que les prépoiitions dont nous traitons
ici. Ces noms font, i°. Les pronoms perfonnels &
démonftratils, /72oij toi, foi, lui, ce, cet, cette, ce-
lui , celui-ci , celle , celle-ci , cettui , cettui-ci , 'icelui ;
ces trois derniers font vieux, ceux, celles , ceux-ci,
celles-ci, ceci, cela. 2°. Le relatif çai. 5°. Les inter-
rogatifs qui , quoi. 4°. Les pronoms ou adjeélifs indé-
terminés, ou indétinis, quelque, quelqu'un, chacun,
quiconque , je nefai qui , je ne fais quoi , pas un , au-
cun , nul, certain autre, plujieurs autres, tout, 6c
leurs féminins ; ;'e:/ô/2/2e j autrui, qui que ce fo'it. Je
dis pronoms ou noms 'indéfinis ; car il y a quelques
unes de ces didbions qui font quelquefois noms déter
minés , & alors ils prennent l'article, comme , le je ne
fai quoi , la perfonne. j°. Les noms propres pris com-
me propres , excepté quelques noms de Villes que
nous marquons en leur place , & les noms de Provin
ces& de Contrées , qui quelquefois prennent l'arti-
cle , Se quelquefois ne le prennent point. Quelques
noms cependant de Provinces , qui font tirés du nom
de leur Ville- capitale , comme Valence , Murcie ,
Grenade, ne prennent point d'article, oC quelques
noms d'ile aulîl , comme Candie , Ceylan , &cc. De
plus, les noms de Provinces & de Contrées ne pren-
nent point d'articles pour l'ordinaire quand on parle
de mouvement pour y aller, ou pour en venir. Aller
I N D
en France , venir d' Angleterre , l'entrée en Italie , fa
fort'ie d'Efpagne, départ d' Irlande , voyage d'Lcojj'e ,
arriver en Allemagne ; mais s il y avoir un verbe a_tif ,
ils prendroient l'article. Quitter le Portugal , laijjer
le Danemarck derrière foi , toucher à la Suéde, ou
toucher la Suéde. Qelques noms de- pays étrangers
prennent auiii Toujours l article, comme nous 1 avons
dit à la particule A. 6°. Les noms de nombre abfo-
lus , un, deux, trois, quatre, &c, ne veulent point
d'articl'-s, excepté quand il y a après eux un nom dé-
fini. L'un de ceux que je vous ai montré , les deux
Hiftonens les plus eftimes , les dou^e Apôtres , ôcc.
ou quand ils deviennent lubilantirs , comme aux
noms des cartes Se des jours , le deux de cœur, le fept
de pique, le huit du mois. Sec. 7°. Certains noms
d'honneur que l'on attache aux noms propres; Mon-
fieur , Madame, Monfe'igneur , Meffire , Maître, Sc
Saint, Sainte, qurnci il eft devant un nom propre,
& non point quar.d il eft leul & lubftantif Sire, en
ftyle burlclque, Junon dit àfire Jup'in;fire loup dit
àfire Lion; car autrement il prend 1 aiticle; le fire de
Joinv'iilc, du fire de Cpuci, au fire de Béthune. 8°. Il
ne taut point d'aiticle a tout nom fubftantif régi au
fécond cas, Sc pris dans un fer.s indéfini, hmpie Sc
non partii'if. V'ivrc d indufir'ie , ufer de fouplefie ,
avide de biens , de r'ichejfes , content de r'ien ou de peu ,
occupé de bagatelles, titre d'honneur, qualité de
Prince , caractère d'Amba fadeur , gens de mérite ,
procès de confie quenee , maladie de langueur, ra'ifons
de politique ou d'Etat, plein de van'ité , bouffi d'or-
gueil, mouvement de colère & d'indignat'ion ,fent'iment
de haine , de vengeance , tempérament de feu , entaché
d herefie.
Au refte , quoique la route qu'on a prife ici foit
di.-iérente de celle que tiennent les 'autres Grammai-
riens , elle aboutit cependant au même but , Sc ne
change rien dans l'ufage des articles qu elle fuppofe ;
c'eft toujours le même ufage , mais expliqué ditiérem-
ment.
Il y a encore l'article numéral 'indéfini , un : voilà
une charmante femme. Voye-^ le mot un Sc le mot
Article.
Il y a aulîi des pronoms indéfinis , Sc l'on en
compte douze.
Comme , les uns prétendent ; Quiconque eft riche ,
eft tout , Sc les autres dont nous parlons ci deilus ,
N. XV, 4.
Telle qu'une bergère au beau jour de fête ,
De fuperbes rubis ne pare point fa tête. Boil.
Indéfini, adj. En termes de Logique ce mot fe dit des
propofitions , au fujet defquelles on ne met aucune
marque d univerlsté , de particularité , ou de hulu-
lante. Les hommes font raitonnables , les François
font ingénieux Se adroits ; les Allemands font ro-
buftes , ce font-là des propolîtions indéfinies. Quand
les propolîtions 'indéfinies font dans une matière né-
ceftaire , comme la première de celles que l'on vient
de donner en exemple , elles équivalent à des propo-
lîtions univerfelles. Quand elles font dans une ma-
tière contingente , elles fe prennent louvenc pour des
propofitions particulières , & plus louvent pour mo-
ralement univerfelles. Cependant quand la propo-
fltion indéfinie concerne un fait hiftonque , comme ,
Titus donnant le dernier allant à Jerulalem , les Ro-
mains mirent le feu au Temple ,• il faut la réduire
à une propoiirion paiti-uli:re : un Romain ou quel-
ques Romains mirent le feu au Temple.
INDÉFINIMENT, adv. D'une manière indéfinie.
Indefiiiitè. On lui a donné pouvoir 'mdefin'iw.tnt
d'agir en cette négociation ; c'eft à dire , un pouvoir
général Sc fans reftrièiion. La loi porte indéfini-
ment.
INDÉFINISSABLE, adj. Qu'on ne fauroit définir. Il
eft du ftyle familier , Se ne fe dit guère que des
perfonnes. C'eft un caraélère , c'eft un homme in-
défîn! fable. Dans l'énigme qui eft dans le Mercure
d'Août 1732, on dit que la coquette eft un animal
I N D
IndefîniJJàhle. L'Auteur des Lettres Philofophiques
s'elt fervi du même mot. Voici le palîagc, tué de
la lettre f . Cet être indeJùiiJ]Lil'lt: , qui n'cll ni Ec-
clclialHquc ni Séculier j en un mot ce qu'on ap-
pelle un Abbé, eft une cfpece inconnue en Angk;-
tcrrc La fcnfation encore plus indd/ïnijjai/c.
Le p. Castel.
INDÉFINITIÈME. adj. m. âc f. Terme de Géomé
trie. Ce qui cil indéhni. Partie aliquote indéfinie.
Indcfuiuus , d , um. Le Huide qui environne le cen
tre d'un touibiiion elt infiniment pénétrablc à
l'éthcr , & la croûte qui enveloppe ce Huide , &
dont on démontre l'exccHîvc porolité , ne peut au
plus appuyer qu'une indefnitième partie des filets
de matière qui reHucnt de la circonférence vers le
centre. Gamaches. L'infinie porohtc des_ corps que
pénétre l'éther étant jullifiée par le raifonnemenr ,
tk conftatée par l'expérience , ce que leurs parties
intégrantes interceptent de filets de matière , ne
vaut au plus que Yindijirûcième partie de ceux aux-
quels ces corps laillènt un libre pallage. Idem.
INDÉLÉBILE, adj. m. & f. Qui ne peut être effacé.
IndcUbUis. Il ne fe dit guère qu'en parlant des
Sacremens. Le Baptême , l'Ordre de la Prêtriie im-
priment des caraclères Indélébiles , encore dit- on
beaucoup mieux , & plus ordinairement Ineffaçables.
Foyei ce mot. On dit indélébile par exteniion iro-
niquement en autres choies. Le Pédantilme ert un
caradèrc indélébile. Le P. Chardon détaille avec
beaucoup d'cxaditude tput ce qui regarde les Dia-
cres, les Diaconelîès , le caractère indélébile dzs Or-
dres.
Ce mot eft forme de delere j effacer , avec la
prépolîtion in prife dans fon fens négatif.
INDÉLIBÉRÉ, ÉE. adj. Se dit d'une aftion, ou d'un
mouvement fur lequel on n'a point délibéré , ni
réfléchi. Indcliberatus. Les premiers mouvemens
de la douleur & de l'indignation qui l'ont animé
en cette rencontre , lont prefqiie entièrement inno-
cens, parce qu'ils lont prefque entièrement indé-
lihérés. Le Mai. Quand la paillon emporte la rai-
fon , & ne lui laifle pas la liberté de réfléchir ,
c'eft une ade involontaire & indélibéré. Le
P. Dan.
§3" INDEMNE, adj. de t. g. Terme de Jurifpruden-
ce , qui déhgne celui qui eft garanti par un autre
des pertes qu'il pourroit faire , ou dédommagé de
celles qui lui font arrivées. Celui dont le garant
prend fait & caule , fort indemne de la conteftation.
Indemnis. Ce mot ainfi que les fuivans viennent du
Latin Damnum , dommage , tk. d'i/z j indemne ,
fine damno.
INDEMNISER, v. a. Prononcez indamnifer. Il faut
cependant remarquer que \'em n'eft point voyelle
nizale j ou Efclavone , & n'a point le même
fon que dans embaumer , emporter ^ &c. mais que \'m
retient fon fon propre de confonne, comme s'il y avoir
un e muet après , indamenifer. Promettre à quelqu'un
de le dédommager des pertes qu'il pourrok fouflrir ,
le dédommager en eftet de celles qui lui font arri-
vées. Prœfiare indemnem. Quand on fe rend caution
pom- un autre , le contrat porte toujours promefle
de garantir & indemnifer de toutes pertes , domma-
ges & intérêts. Il faut indemnifer le Seigneur, quand
un fief tombe en main-morte. Il s'eft indemnifé du
dommage qu'il avoir fouflert.
INDEMNITÉ. 1. m. Prononcez indamnité , comme
dans indemnifer. Dédommagement j ade par lequel
on promet de garantir , où l'on garantir en effet une
perfonne d'une perte qu'il fouffrc à notre occafion.
Darrjii prsjlatio , indemnitas. L' indemnité procède de
la ftipulation des contradans , ou elle eft acquile de
droit. L'indemnité que doit fournir un débiteur à fa
caution eft naturelle & de droit , ôc n'a pas befoin
d'être ftipulée. Je lui ai prêté mon nom pour faire
une affaire , mais il m'en a donné fon indemnité
par écrit.
IncemnitÉ , eft aulTi un droit qu'on paye au Seigneur
tuodal , quand un fief tombe en iirain- morte, c'eit-
Tomi F%
I N D
139
à-dire , qu'il cil: acquis par l'Éylife , ou par des
Communautés , pour le dédommager des pertes qu'il
loutire en ce qu'il n'y aura plus de changement de
vallal qui puille donner ouverture à des prolits de
fiets. On paye au Roi l'amortillèmcnt tk les francs-
fiefs , 6c aux Seigneurs particuliers le droit d'indem-
nité. Ce droit eft la cinquième partie des deniers
de la valeur des chofes acquiles , ou cinq années de
leur revenu. Hn quelques coutumes ce n'eft que
la lixièinc partie du prix , ou iix années de revenu.
En Normandie {'indemnité eft le quatrième denier.
On paye auill indemnité au Seigneur , quand un hom-
me mammortable , ou de condition fcrve , obtient
du Koi des Lettres d^'affranchiflemcnt , ou en cas de
formariage , qui fe taxe au tiers des biens meubles &:
héritages de l'homme de main-morte. On paye en-
core Vindcinnité lorfqu'une terre qui rclevoit d'un
Seigneur particulier eft érigée en Duché, ou autre
dignité ; ce qui la fait relever du Roi immédiate-
ment. Le Parlemejit de Paris, par un Arrêt du 16 de
Janvier 168; , a réglé au tiers du prix de la vente ,
l'indemnité de la terre de la Jvk-illeraye érigée en
Duché. Le droit d'indemnité eft fujet à prefcription
par trente ans contre le Seigneur temporel , & qua-
rante contre l'Eccléfiaftique.
Indemnité. Dédommagement qu'on accorde à un
particulier qui a perdu dans un traite, dans une fer-
me , &c.
%pT Indemnité , fe dit encore du recours que la fem-
me a fur les biens de fon mari , pour les dettes aux-
quelles elle s'eft obligée avec lui , pendant le maria-
ge , dont elle doit être entièrement indemnifée par
les héritiers de fôn mari , quand elle renonce à la
communauté ; mais quand elle l'accepte , elle n'a
fon recours que pour la moitié.
On appelle aulli Indemnité , l'ade par lequel on
promet d'indemnifer. Ac. Fr.
INDÉPENDAMMENT, adv. Sans dépendance, fans
fujétion , ffT ôc quelquefois , fans aucun égard , fans
aucune rcladon à une chofe. Sine ordine ad... j nullâ
habita ratione , &c. L'ame railonnable peut agir in-
dépendamment de fes organes. Une adion eft bonne
ou mauvaile indépendamment du confentement des
hommes. S. Evr. Indépendamment de ce qui pourra
en arriver.
INDÉPENDANCE, f. f. Etat d'un homme indépen-
dant. Liberté d'agir , de taire ce qu'on veut , fans
avoir beloin du lecoUrs d'autrui'. Omni fubjeclione
foluta ratio. Le Irane arbitre donne à notre volonté
une indépendance , une liberté d'agir comme il lui
plaît. Pelage jaloux de fa liberté, & de fon indépen-
dance , étoit bien capable de gagner la bienveillance
des hommes en flattant leur orgueil, & leur amour-
propre. Flec. L'homme aime naturellement l'indé-
- pendance , &: il ne s'en eft dépouillé que par la né-
cellité de vivre en fociété. Bay. |fCF Cet amour de
l'indépendance fe montre 6c fe développe dès l'âge
le plus tendre. L'imagination d'indépendance où les
Princes font nourris, leur' fait croire que tout ce
qui leur plaît eft permis. Flec. L'efprit d'indépen-
dance eft naturel aux grands Seigneurs. Il n'y a rien
de fi doux que l'indépendance. Patru. Les filles cher-
chent dans le mariage le bonheur de l'indépendance.
M. Esp. Il ne faut pas aftcder une indépendance
féroce & indocile. S. ÉvR. Le Sage eft le feul qui
vit dans l'indépendance.
Indépendance , fe dit aulîl de ce que l'on confidère
fans connexité , fans relation à autre chofe. Les rai-
lonnemens qu'on fait par abftradion fe font avec
indépendance : fans conlidérer la Uailon qui eft entre
les chofes j & leur matière.
INDÉPENDANT , ANTE. adj. Libre, qui eft maî-
tre de foi-même , qui ne dépend point d'un autre.
A nullo pendens , arbitri fui homo. Il eft indépendant
de qui que ce fait. Il eft beau qu'il le trouve dans
le Chriftianilme quelques âmes fi détachées de la
terre , & d'elles mêmes , qu'elles feir.blent être in-
dépendantes du corps auquel elles font attachées. L.
d'Ab. a ÉloÏse. L'cffence de la Divinité eft que tou:
Sij
I40 I N D
dépende d'elle , & d'être indépendante. Ad. de T.
iToye^^ DÉPENDANT & DÉPENDRE.
On a appelé autrefois Indépendans les Evcques
qui étoient exempts de la jurifdidion de leur Métro-
politain j& fournis immédiatement au Pape. On les
nommoit autrement Acéphales, comme nous l'a
vons dit à ce mot.
Indépendant , ante. Nom qu'on donne à quelques
Seftaires d'Angleterre & des Provinces Unies. Ils
ont été ainlî appelés , parce qu'Us font profeilion de
ne dépendre d'aucune autre allcmblée Ecclciiaftique.
Indipcndcntes. Ils prétendent que chaque Ej^lile , ou
Congrégation particuhère , comme ils parlent , a en
elle-même radicalement & eilentiellcment tout ce
qui eft nécellaire pour fa conduite & pour fon gou-
vernement i qu'elle a toute la puillance eccléhafti-
que & toute la Jurifdiclion , S>z qu'elle n'eft point
fujette à uneouplufieurs Églifes, ni à leurs Députés,
ni à leurs allémblées , ni à leurs Synodes , non plus
qu'à aucun Évêque. Bien que les Indépendans ne
croient pas qu'il foit nécciraire d'allembler des Sy-
nodes , ils difent que 11 l'on en tient , on doit
confidérer leurs réfolutions comme des confeils
d'hommes fages & prtidei-is , auxquels on peut défé-
rer , & non comme des décihons auxquelles on
foit obligé d'obéir. Ils conviennent qu'une ou plu-
fieurs Éghfes peuvent aider une autre Églife de leurs
confeils «Se de leurs fecours , la reprendre même
lorfqu elle pèche , pourvu qu'elle ne s'attribue point
le droit d'une autorité fupérieure qui ait le pouvoir
d'excommunier. M. Stoupp , qui parle de la forte
des Indépendans , ajoute , que leur nom les avoit
rendus fort odieux , même aux Protellans , mais
que la confellion de foi que ceux d'Angleterre pu-
bhèrenr en i6j8 , dans ime de leurs allémblées , fit
voir qu'ils n'avoient aucuns fentimens particuliers
touchant la Dodrine , & qu'à cet égard ils étoient
en tout d'accord avec les Réformés. Et en effet , cette
indépendance regarde plutôt la politique , & la dil-
cipline , que le fonds de la Religion. Les Indépen-
dans d'Hollande font fortis des Brouniftes. Robin-
fon, père de tous les Indépendans des Provinces-
Unies , ne lit' qu'en commencer la fedte. C'eft Jean
Cotton qui y mit la dernière main l'an 165J.
Ce font les Indépendans qui firent mourir le Roi
Jacques Ij & comme ils étoient devenus les plus puif^-
fans , prefque toutes les fedes contraires à l'Eglilè
Anglicanne fe joignirent à eux ^ ce qui fait qu'on
diflingue deux fedes à' Indépendans. Les premiers
font Presbytériens , & n'en diticrent qu'en ce qui
regarde le gouvernement de l'Églife. §3" Les Presby-
tétiens fournirent la haclie qui coupa la tête de Jac-
ques I , 6c livrèrent la vidime toute hée aux Indé-
pendans qui regorgèrent. Les autres que M. Span-
heim appelle _/tz:^.v Indépendans , pjcudo-independen-
tes , font un amas d'Anabaptiites , de Socinicns j de
Familiariftes , d' Antinomes , de Libertins , & de
mille autres hérétiques tous plus infenfés les uns que
les autres , qui le joignent aux Indépendans. Voye-^
Al. Spanheim , Elenehus controv. cum Anahapt.
Voici comme en parle le P. Dorléans dans les
Révolutions d'Angleterre , L. IX. Du fein même
de cette fede ( la cabale Presbytérienne ) étoit née
depuis quelque temps , fous prétexte d'une plus
grande réforme, une autre fede non- feulement en-
nemie du Roi , mais de la Royauté , qu'elle entre-
prit d'abolir tout-à-fait , pour former une Répu-
blique , au gouvernement de laquelle chacun pût
avoit part à fon tour. On ne peut dire précifément
quand cet étrange delfein fut formé par la fede des
Indépendans. C'eft le nom qu'on avoit donné à la
fede dont il s'agit j fur ce que faifant profeilion de
porter la liberté Evangélique encore plus loin que
les Puritains , non-feulement elle ne vouloit point
d'Évêques , mais elle rejettoit même les Synodes ,
prétendant que chaque affemblée devoit fe gouver
ner elle-même indépendamment de toute autre , &
faifant confifler en cela la liberté des enfans de
Dieu. D'abord , on n'avoit diflingue cette nouvelle
I N D
nature de Sedaires entre les Presbytériens , que
comme on diflingue les fervens des tièdes ^ & les
parfiits des relâchés , par un plus grand cloigne-
mcnt des pompes & des prééminences , foit dans
l'Eglife , foit dans l'Etat j par un plus grand zélé à
réduire la pratique de 1 Evangile à fa première pureté ,
par des prières, des entretiens , des difcours même
où il paroiffoit de l'enthoufiafme & de l'inlpiration.
Leur maxime fur l'indépendance les lit diftinguer
en leur faifant donner un nom , & les rendit fuf-
peds aux autres. Il y eut quelquefois des démêlés
entr'eux , malgré Icfqucls ceux-ci , joignant l'artifice ,
la flatterie , les prometles , les fervices même , aux
airs de réforme qu'ils fe donnoient , avancèrent
tant , qu'ils formèrent une fede nombreufe des du-
pes de leur hypocrifie , &c une fadion redoutable
des hommes ambitieux & intérellés que leur gagna
dans toutes les fedes leur adretle &c leur politique.
l'oyc^ auflî fur la fede des Indépendans , Georg. Hor-
nius , mjl. Ecdef. Nov. Tefi. Penod. III ^ An.
III , § 14 &fuiv.
En France , le Synode de Charenton condamna
les Indépendans , lur ce qu'ils difoient que chaque
Egliie devoit fe gouverner elle-même , fans aucune
dépendance de perfonnc en matières Eccléfiajïiques.
Cette propofition fut déclarée en ce Synode autant
préjudiciable à l'Etat qu'à l'Eglife. On y jugea c^\'elle
ouvroit la porte à toutes fortes d'irrégularités & d'ex-
travagances , en ôtoit tous les remèdes , & donnait
lieu de former autant de religions que de paroijfes.
D'où M. Boiluet conclut dans fa conférence avec
le Miniflre Claude , que fi , quelque Synode qu'on
tienne j on ne fe croit pas obligé à y foumettre fon
jugement , comme le difoit ce Minifhe avec les
Calvinifles , on n'évite pas les inconvéniens des In-
dépendans : & on laifle la porte ouverte à établir
autant de religions*, je ne dis pas qu'il y a de pa-
roiffes , mais qu'il y a de têtes. On en vient donc
par néceifité , ajouter il , à cette obligation de
foumettre fon jugement à ce que l'Eglife Catholique
enfeigne.
Indépendant , fe dit aufîi de ce qui n'a rien de com-
mun , qui n'a point de connexité avec un autre.
On a demandé la disjondion de ces deux atlaires ,
parce qu'elles font indépendantes l'une de l'autre ,
qu'elles n'ont rien de commun. Ce point eft indé-
pendant de la queftion.
INDÉPENDANTISME, f. m. Sede des Indépen-
dans , Independentium fecla , Independentifmus. Se-
lon Leidecker , V Indépendantifme efl une Démocratie
tendante à l'Anarchie , qui détruit toute fupériorité ,
& toute diftindion de rang dans l'Eglife^ & dans
fon gouvernement, h' Indépendantifme eft né parmi
les Anabaptiftes. Il ne fubfifle qu'en Angeleterre ,
&z dans les Colonies Angloifes de l'Amérique. Au
X'VF. fiècle un Calvinifle François , nommé Morel ,
voulut l'introduire ; mais le Synode de la Rochelle ,
où préfidoit Bèze ,& celui de Charenton en 1644,
condamnèrent cette erreur. On accufe Grotius d'a-
voir aulli donné dans \ Indépendantifme. Tout Pro-
teflanr qui luivra les principes de filéde y doit don-
ner. Voye\ le livre de la difcipline des Calviniftes
imprimé à Charenton en 1667. M. Boiluet, E.xpo-
Jit. de la Foi , p. J $2 & fuiv. Confer. avec M.
Claude, p- 44 ^ fuiv. S S & fuiv. Leidecker dans
fes Notes fur l'hift. Eccléf d'Honorius, Part. III,
. Art. j,'., § 14, &c Honorât. Reggius , ^e 7?t2f. Eccl.
in Britan, Cette fede à' Indépendantifme a fait d'é-
tranges ravages en Angleterre. Plufieurs Puritains
la préféroient à toutes les autres , parce qu'elle étoit
plus commode, plus libre, car ils rejettoient toute
forte de gouvernement Éccléfiafbque. Ils préten-
doient que pour prêcher on n'avoit bcfoin ni d'im-
pofition des mains, ni d'aucune autre marque exté-
rieure de députation ou de million , qu'il n'y
avoit qu'à fuivre le mouvement intérieur du Sainr-
Efprit , que chacun , de quelque condition qu'il
fiit , pouvoit faire les inftrudions publiques , félon
qu'il le fentoit infpiré de Dieu , parce que les dons
I N D
de Dieu fe dounoieiit à tout le monde.
INUEilK'JCllBILITË. L t'. Qualité de ce qui ne fc
peut dctruiic. Le Soleil , h Lune , tous ks AC
nxs a).mt été inalrénuiles dans leur gtandcur, ti-
guie , politioii , aiouvemciu , depuis iix mille ans ,
ou coacluc qu'ils font taits pour 1 être toujours ,
Se qu ils portent dans leur fubftance & dans leur
ftructurc les priiieipes , les railbns méthaniquts de
leur perpétuité , de leur indcjlruclibilué Mcm.
de Ircvoux, Avril, I737-
iNDESTKUCiIBLE. adj. Qui ne peut être détruit
Le mclange des efpèces peut bien perpétuer &: mul
tiplier certaines diverlltés dans la tonne extérieure ,
& dans les inclinations des animaux. Le paliaj;e des
poulllères de la Heur d'un poirier dans le piltil des
rieurs d'un autre poirier , peut bien foire un mélange
de qualité , &C nous enrichir d'une nouvelle elpèce
de huics: niais le genre de 1 animal ou de la plante
eil indcfimciihle ; & le mouvement des caulcs ac-
ceiîoiics , qui n'en change jamais le fond , n'a point
pu les f-'ormer. Spccl. de la Nat. t. 4, p. s^P-
f^oy^i LmgÉaÉrable. Mon fentiment eft que toutes
les aines des bctes (ont indejlruclibles , parce qu'elles
font incorporelles &: fans parties. Leibnitz.
INDLTERMLNATION. f. f. Irréfolurion. L'état , la
dilpofidon , la fituation d'un homme qui eft indé-
terminé j irrélolu. Inddtcrminatio. Cet homme ne
fait à quoi fe réioudre , il eft dans une indétermina-
tion coî.tinuelle. C'eft aufti l'état d'un homme avant
qu'il fe détermine. Ce jeune homme n'a pas en-
core pris fon parti pou: la robe ou pour la guerre.
Il eft encore dans ['indétermination.
Ce mot fe dit auili des chofes , & dans le dog-
matique on le dit des propohtions dont on n'af-
[igne pas en particulier la qualification. Les Ap-
pclans ont tiré leur principale objedion de ce que
les cent une propofitions y font cenlurées en gros ,
fans quelle marque quelle qualification chaque
propolition mérite. L'oblcurité qui rélulte de cette
indeterminatton empêche , di.entils, que la Bulle
ne puilîe être règle de Foi. J ai répondu à ce foi-
ble argument par l'exemple du Concile de Coni-
tance. Languet.
INDEXER ML\É , ÉE. adj. §3" Qui eft indilïerent , qui
n'eft pas plus détermine a une choie qu'a une autre.On
dit en l'hiiolophie que la matière elt indéterminée
au repos & au mouvement, pour dire qu'elle n'a
d'elle même ni l'une ni l'autre de ces deux qualités j
Se qu'elle peut également recevoir l'une ou l'autre.
Indetirmine , le dit aulh d un homme loible ôc incer-
tain j qui n'a point pris , ou qui a de la peine a pren-
dre la rélolution. Animi pendens. Il y a des gens
avec qui un ne peut nen conclure , parce qu'ils font
toujours irréfoJSs & indéterminés. Avoir une ten-
d.ciJe va^ue Sirindetermnee. Corn.
Indéterminé, en termes de Géométrie , fe dit d'une
quantité de temps ou de lieu , qui n'a point de
bornes certaines 6c prelcrites. On appelle une ligne
inlinie , celle qui eft indéterminée , celle qui eft II
grande qu'on veut , dont on ne limite point la lon-
gueur. Un problème indéterminé eft celui dont on
peut donner plulieurs folutions , comme fi on de-
mande un nombre qui foit multiple de 4 & de /.
Car ce fera zo , 46 , 60 , &c. à 1 infini. M. Preftet
appelle analyle indéterminée , celle oh les quelîions
peuvent recevoir une infinité de réfolutions dif-
férentes.
INDÉTERMINÉMENT. adv. D'une manière qui
n'eft point précile , ni déterminée. Il nous a entre-
tenu de cette aftaire en termes généraux & itidéter-
minément , fins aucune Ipécification.
INDÉVOT , OTE. adj. Qui n'a point de dévotion.
Minime plus. Homme indévot. Subft. Ceft un in-
dévot.
INDÉVOTEMENT. .adv. D'une manière indévote.
Parum pu.
INDÉVOTION , f. f. Manque de dévotion. Indevo-
tio. Il fcandiiife tout le monde par fon indévotion.
Voye-^ Dévotion.
1 N D 141
INDEX, f. m. Le fécond doigt de la main , celui d'a-
près le pouce , qui nous (ért à montrer quelque
choie avec le doigt. Les Grecs le noUimcnt /ix«»os,
qui iignific lechcur , par ce qu'on le met dans les
( tuces pour en goûter y Se tju'après on le lèche.
D'autres prétendent que c'eft ordinairement celui
du milieu qu'on trempe dans les L.ueeSj 6c que
l'index peut avoir acquis plutôt ce nom de ce que
c'eft celui dont les nourrices fc fervent>pour pren-
dre la bouille qu'elles donnent à leurs nouriilioi.s.
Se de ce qu'ordinairement elles le léeher.t pour
goûter fi elle n'eft. point trop'chaude. Les Anciens
portoient des bagues à l'index. Doigt index.
Index , en terme d'Aftrononiie , eft un itylcqui tourne
.avec le globe dans un petit cercle attache lut le Mé-
ridien vers le l'ôle Arclique. On l'appelle autic-
ment Gnomon. Quelques uns appellent aulli de ce
nom le ftyle des cadrans.
En terme d'Algèbre , Index , eft la même chofe
que le caraélériftique ou l'Expolant d un logarithme.
Harris.
Index. Terme d'Horlogerie. Petite aiguille fixe qui
marque fur un cercle mobile les divifions qui y font
gravées.
Index j dans le commerce. Les Négocians & Teneurs
de livres nomment ainfi un livre compofé de vingt-
quatre feuillets, quife tient par ordre alphabétique,
dont on le fert pour trouver lacilemeijt ce que l'on
veut chercher lut le grand livre , ou livre de rai-
fon. L'Index fe nomme auilî Alphabet , Table ou
Répertoire.
Index , eft auffi la table qu'on met à la fin des livres
. Latins. §C? Le mot de table eft plus ul.té , Se leul
en ulage en parlant des livres François. Un index
bien fait eft d un grand lecours dans un livre
On dit aullî en parlant des livres cenfuits , qu ils
font à l'index , c'eft à dire , dans le Catalogue des
livres défendus par le Concile de Trente. On dit
aulli dans l'indice.
Il y a à Rome une congrégation de l'indice , ou de
l'index , à laquelle appartient le droit d'examiner
les livres qui y doivent être inférés. Se dont la
lecture eft défendue abfolument à l'égard de quel-
ques-uns 3 & pour quelques autres , Donec corri-
gantur , c'eft à-dire , julqu à ce qu'ils foient cor-
rigés, yoye^ Indice.
INDIC. Foyei INDIGO.
INDICANl'. adj. Toy^? INDICATIF.
Indicant. Surnom donné à Hercule. ï'''oye\ fur ce
mot Cicéron , dans le premier Livre de la Divina-
tion.
Indicans. adj. m. pi. Indicantia. Ce font des circonf-
tances que l'on obkrvc dans un malade , relatives à
fon état pallé , préfent & tutur , lefquelles ir.diquent
ce qu'on doit faire pour le foulager. Dict. de
James.
INDICATEUR, f. m. Terme d'Anatomie. Mufcle
de l'index , c'eft-à dire , du fécond doigt qui luit le
pouce. Indicator. Le premier des mufcles propres
de l'index eft l'indicateur , ainfi appelé parce qu'il
nous fert à indiquer quelqu'un. Il prend origine de
la partie moyenne & poftérieure de 1 os du coude ,
Se va s'inlerer par un double tendon à la deuxième
phalange de 1 index , Se au tendon du grand exten-
leur , pour , conjointement avec lui , fervir à éten-
dre ce doigt. Dionis.
^ INDICATEUR , fe dit auffi dans le langage ordi-
naire de celui qui fait connoître , qui dénonce un
coupable. On ne doit rien négliger de ce qui mené
à la découverte d'un grand crime : ainli dans un État
où il y a des efclaves , il eft natuiel qu'ils puiffent
être Indicateurs ; mais ils ne fauroient être témoins.
INDICATIF , IVE. adj. Qui fait cohnoître , qui indi-
que quelque chofe. Quod indicat. La grande kicnce
d'un Médecin eft de bien connoître tous les lignes
indicatifs d'une maladie. ^
On appelle colonne indicative , une colonne qui
fert à marquer les marées le Jpng des côtes mari-
times de l'Qcém.
142^ ï N D
gcr Les Théologiens appellent indicative , h fornrc
d'un Sacremcii: qui cit abloliie , dans laquelle k-
Miniftie paile avec autorité , & comme en Ion
nom. Sa dénomination vient de ce que cette Ibrme eft
énoncée au temps prclent du mode que les Gram-
•mairiens appellent Indicatih Ego ce ahfolvo , je
vous abfous, eft une forme indicative. Que Dieu
vous abfolve , el\ une forme deprccative employée
chez les Grecs. La forme de l'Eucharillie & du
Baptême , de l'aveu de tout le monde , a toujours
été indicacive.
Indicatif. Terme de Grammaire. C'eft le premier
mode , ou manière de conjuguer les verbes , qui
marque le temps prélent , palîé , ou tutur. Indi-
■■cativus modus. J'aiim eft le temps prélent de \Iii-
■dicatif ; J'aimois ^ le temps imparj-ait ; J'ai aime ,
le prétérit ; J'aimerai , le futur de VIndkattj. C'clt
une. remarque de M. Ménage j que la (ecofide per-
fonne de l'Indicatif finit toujours par une J. Tu
allem^/ej , Tu obli^'t^; & non , tu zAtmhle , ou tu
ohWge. Les bons Poètes regardent comme un lolé^
cifme lorfqu'on pèche contre cette règle. Se M.
d'Haynaut fut obligé de corriger fo.n beau Sonnet
fur l'Avorton , parce qu'au fécond vers du premier
Tercet il étoit tombé dans cette faute , ayant mis tu
•rentre aujourd'hui (ans s. On ne trouvera pas de pa-
reilles licences dans Defpréaux-, & le P.Bouhours diloit
en parlant d'une f^tute de cette nature , qui ie trouve
'deux fois dans le fonnet du Miroir du Comte d'Eta-
lan , que cette faute de Grammaire ne te pardojuie-
roit pis aujourd'hui.
INDICATION, f f. §CF Ceft en général l'adion par
laquelle on indique, ^oje^ Indiquer. Indicatto.
Il fut arrêté (ur {'indication d'un tel.
§C? Ce terme eil (ouvent employé en Médecine pour
fîgnifier l'invention d'un remède propre pour gué-
rir une maladie par la connoillance qu'on a de la
qualité de ce remède. Ce qui conduit le Médecin a.
le trouver j s'appelle indicant. {fJ' L'indication eft
proprement le dellcin , l'objet à icmpViv. Vindicant ,
c'elt l'état du malade qui fournit des indications,
ôc qui détermine le Médecin à procéder d'une fa-
çon particulière , à employer certains fecours d'a-
prcs les indications. Ces (ecours font dits indiques,
^'indication tend ou à conlerver l'état lain &
naturel , ce qui la fait appeler indication v'italc ;
ou à éloigner ce qui eft contre nature. Cette féconde
indication regarde ou la maladie , & on la nomme
indication curative ; ou la caufe antécédente , & on
l'appelle indication préfervat'ive ; ou les l'ymptômes
preftans , &c celle-ci eft appelée indication fympto-
mat'ique.
Indication , en Jurifprudence lignifie auftl , Enfeigne-
ment. Déclaration. L'indication qu'on m'avoit faite
de ces héritages pour appartenir à mon débiteur ,
s'eft trouvée faulle. gCf Dans ce fens l'indication
eft 11 déclaration des biens d'un débiteur j que fait
au créancier celui qui eft pourluivi comme détemp-
teur d'un héritage , afin que ce créancier dilcute les
biens de ce débiteur. Il faut que la partie falle l'in-
dication de la pcrfonnc contre laquelle elle a fait
décréter fous le nom de quidam , avant que de le
faire arrêter.
INDICE, f. m. §CF Ceft en général un figne appa-
rent qui nous fait préfumer qu'une choie eft ; dei
conjectures defquellcs on tire des conféquences pour
établir un fait dont il s'agit. Indicium. J'ai de grands
indices , de violens indices que cela eft ainh. J'ai
quelques indices que cet intervenant ne fait que
prêter fon nom à ma partie. En matière criminelle
on appelle indices , certaines circonftances qui font
penler que l'accufé eft coupable du crime dont il
eft prévenu. Quelques violens que (oient les indi^
ces , ils ne forment jamais une preuve (ufHiante
pour condamner un acculé. Ils font feulement naî
tre des foupçuns , &: plulieurs qui concourent peu-
vent être conhdérés feulement comme un commen-
cement de preuve.
§3° LndicEj ie dit quelquefois pour index table d'im
I N D
livre. Mais dans ce fens on ne le dit guère que du
catalogue imprimé des livres défendus à Rome.
Mettre un livre à l'indice ou à l'index , c'eft le met-
tre dans ce catalogue.
Et l'on appelle Congrégation de ['indice ou de l'in-
de.x , celle qui eft chargée d'examiner ces fortes de
livres.
Quelques-uns fe (ont aulli fervis du mot indice
pour déligner le lecond doigt delà main, celui d a-
près le pouce , dont nous nous fervons pour mon-
trer quelque choie au doigt. Ind'ig'itare. Il faut dire
le doigt index , ou iimplement l'index. Index di-
gitus.
Indice. En termes d'Horlogerie , on donne le nom
d'indice à l'aiguille des cadrans , des montres & des
horloges. Le mouvement des planètes qu'on peut
ajouter à une horloge j conhfte à mettre une aijjUille
ou indice qui fille voir le lieu du zodiaque où eft
la planète. Le P. Alexandre. Ce Religieux (e ferc
prclque toujours du terme d'indice y préférablement
à celui d'aiguille. Chap. j , pag. 211 &fu'iv.
INDICE EXPURGATOIRE du Menagiana. Ceft le
titre que M. de la Monnoie a donné aux cartons
qu'on voulut lui faire mettre au Ménag'iana qu il
publia à Paris l'an 171 5, en quatre volumes in-12.
Ces cartons furent imprimés à Paris &: à la Haye,
Il n'étoir content ni de l'une ni de l'autre édition.
Son intention étoit de les partager en quatre pe-
tits cahiers (éparés , chacun delquels auroit pu être
placé commodément à la fin de chaque volume ,
(ans forcer la couverture , ainfi qu'il s'en étoit ex-
pliqué dans une lettre à M. de Sallengre , qui au
lieu de fc conformer à l'intention de M. de la
Monnoie , inféra de (ulte l'Indice Expurgatoire dans
les Mémoires de Littérature , qu'il avoit entrepris
depuis peu. M. de la Monnoie s''en plaignoit amè-
rement , quoique M. de Sallengre en eût détaché
pour lui quarante exemplaires. Au refte , le Me-
nagiana demeura comme il étoit , &c le Public eut
les cartons de plus.
INDICÉ. Terme Italien , qu'on emploie en quelques
phraies Françoiles pour indice ou index. 11 y a à
Rome une Congrégation de l'indicé, c'eft une con-
grégation qui examine les livres , &: met dans un
indice , ou catalogue, ceux dont elle défend la lec-
ture , le débit ; & alors on dit qu'un livre a été mis
à l'indice , c'eft à dire , au catalogue des livres dé-
fendus. Car on appelle Indices ou Ind'ices expur-
gatoires , les Catalogues des livres défendus, entre
lefquels il y a cette diftérence , que les premiers
condamnent les livres purement & iimplement ,
& les autres le font ieulement julqu'à ce qu'on les
ait corrigés. Cell Philippe II , Roi d'Efpagne qui
fit le premier imprimer un Indicé , ou Catalogue
des livres défendus par l'Inquilîtîon d'Efpagne. Le
Pape Paul IV à (on exemple en i jjj , fit que la
Congrégation du Saint Oince de Rome en imprimât
un ièmblable. Pie \Y envoya l'examen de l'index
au Concile de Trente , qui en a fait un. Depuis , le
Duc d'Albe en fit imprimer un à Anvers en 1J71.
Clément VIII en 1J96 en fit imprimer un , qu'on
appelle le Romain. Il y en i aulîl des Cardinaux
Guiroci Se Sandoval, imprimés en ijSj & 161 2,
Il y en a plulieurs autres des Inquiliteurs & des
Maîtres du Sacré Palais. Le plus confidérable des
Indices eft celui de Soto-mayor j qui a été fait pour
tous les États loumis au Roi d'Efpagne , qui com-
prend tous les autres , & va julqu'en 1667. Le mot
d'indicé en ce fens commence à vieillir.
Ceux qui emploient ce terme Italien , le pro-
noncent ordinairement comme les Italiens ind'iché ,
en failant (entir un h , comme dans la première lll-
labe du mot chérir.
INDICIBLE, adj. m. Se f. Inenarrab'ilis , 'ineffahilis.
Qui ne ie peut exprimer par des paroles. J'ai une
joie indicible de vous voir. Un plailir indicible. Il
n'eft guère d'ufage que dans ces phrafes.
Certes , je trouve
I N D
Facile chofe à faire un impojjlble ,
Et fort aifé à dire un iiîdicible. Marot.
INDICROSE, ou ROSE INDIQUE , terme de Fleu-
liflc , nom d'un (Eillcc. Rofa Indka. L'Indkrofc
e(t un des plus beaux œillets qui fe puilîc rencon-
tiei- dans les couleurs douces ; il cil tort large , ex-
trêmement rond , &c garni de feuilles. Son blanc
de lait, les panaches gros il.<: fort détachés , pareil-
fcnt d'abord de couleur de cerilc , cnl'uite de cou-
leur de rofe , &c fur la fin de couleur de chair. Il
ne crevé pas 11 on lui laiile cinq ou lîx boutons. Sa
plante porte un large feuillage vigoureux , &c fujet
pourtant aux taches , qui paroiliént fur le blanc
d'abord , mais qui n'ont rien de méchant. Ses mar-
cottes ont ptiiie à prendre racines , & font tujettes
à la pourriture ; la Heur elt printanière , ainfi on la
doit planter en Automne , 6c la préferver de trop
grandes pluies. Morin.
INDICTION, f. f. Eft une convocation d'une alfem-
blée Eccléiîaftique , comme d'un Concile , d'un
Synode , & même d'une Diète. Indictio. Vindlclion
de ce Concile avoit été faite à un tel jour , mais
elle fur remife à un autre. On le dit auOi des
dirtérentes felfions d'un même Concile. De-là vient
qu'à la fin du Concile de Trente, le Décret par
lequel le Concile ordonne le jour auquel la fef-
fion fuivante fe tiendra , ce Décret , dis-je , eft
intitulé Indiclion de la future fellîon. Vlndiclion
de la llxiè.ne feiiion fut fiirc à la hn de la cin-
quième, pour le Jeudi d'après la fête de S. Jac-
ques , & fut prorogée euluite julqu'au treize de
Janvier de l'an IJ47.
On appelle aulli Indiclion Romaine , l'Époque ,
ou manière de compter dont le fervoient les Ro-
mains, qui contient une révolution de quinze an-
nées, laquelle étant finie on revient à l'unité, &
on continue toujours de même. Cette lupputation
n'a aucune connexité avec les mouvemens céleftes.
Elle eft encore en ulage dans les Bulles &c Relcrits
Apoftoliques. On n'en fait pas -bien l'origine ; le
nom fignitîe l'impolîtion d'un tribut. Il eft allez
vraifsmblable que c'étoit ce que les Provinces dé-
voient fournir aux troupes pour leur lubhllance ;
que cette impoiuion le renouvelloit tous les ans
un peu avant l'hiver , comme la taille parmi nous ,
& que l'on en comptoir quinze de fuite , parce
que les foldats Romains étoient obligés de lervir
quinze campagnes. Fleury , Hifl. Eccléf. L. X ,
p. 4. Quelques Auteurs en rapportent longme au
tems de Conltantin à l'année 511, le premier,
ou le 4 ou le 24 de Septembre , ou lelon d'autres ,
le premier d'Oclrbre. L'indiciion eft une période
de I j ans accomplis , dans Lquelle le falloir le re-
couvrement des impôts de l'Empire , ^u<e indice-
bantur , d'où vient le mot indiÙio , indiclion. Se-
lon ces Auteurs l'année 3 1 j fut la première des
indiclions.
Au temps de la rétormation du Calendrier en
1582 , on comptoit la dixième année de {'indiclion
qui étoit- alors commencée ; de lorte qu'en recom-
mençant à compter par llx de l'indiciion depuis
cette année là ; & en divifant par quinze la fommc
entière qui refte , on aura Tannée de l'indiciion
courante. Sur ce pié - là en ajoutant les cinq qui
manquoient à l'indiciion en 1582, l'on comptoit
en 16S7 , 1 5 de l'indiciion. Or en divifanr par i 5 , les
112 années qui font écoulées depuis 1587 ^ jufqu^à
Tanné 1699, par exemple, il fe trouve 7 fois 15
qui font 105 ; après quoi reftent 7 qui lont le
nombre de l'indiciion de cette année. Or depuis
1699 exclufivement j julqu'en 171 8 , par exemple,
il y a 19 ans, qui joint à 7 que Ion comptoit
en 1699 , font 16 , dont fi l'on retranche 15,
reftera 11 ; d'où il s'enfuit qu'en Tannée 171 8, il
.•y en avoit n de l'indiciion.
On la trouve aulTi en ajoutant trois au nombre
•- des ans de grâce, & en retranchant quinze autant
I N D
143
de fois qu'on pourra de la lomme , le refte fera
l'indiciion. |0' Comme on luppole que k cycle de
1 indiclion Romaine a comnicncé 3 ans avant la
naillance de J. C. il faut ajouter 3 au nombre des
ans de grâce , diviler le total par 1 5 , &: le nom-
bre qui refte après la dernière divilion fera 1'^«-
dicUon. S il ne refte rien , l'indiciion eft i j , par
exemple, ajoutez 3 à 1767, divilcz 1770 par 15.
Le P. ï'etau dit qu'il n'y a rien de plus incertain
en Chronologie que l'indiciion liomaine ; c'cft à-
dire , que Ion origir.c Se fon commencement. Ceux
qui croient qu'elle a commencé en l'an 312 de
Jesus-Christ , ou trois ans après fous Conftan-
tin , devinent. Il y a eu quelques indiclions du
temps de l'Empereur Confiance , comme on voir
dans le Code Théodolien , dont Jacques Godefroy
a donné la table , & qui en fait trois ou quatre
tlpèccs. Les Savans tiennent que les indiclions n'é-
toicnt autre chofe que des tributs &: des prcftations
annuelles , dont on publioit tous les ahs le tarif j
mais ils ne lavent ni pourquoi on a enfermé cecy-
cledans l'elpace de quinze ans , ni pourquoi on lui
a donné ce nom , ni en quel temps , ni à quelle
occahon il a commencé. On trouve dans les Au-
teurs trois lortcs d indiaions ; l'indiciion de Conftan-
tinople , qui commençoit aux Calendes de Septem-
bre i l'indiciion Célancnne ou Impériale r.u 2 4 de
Septembre -, &z l'indiclon Romaine , qui eft celle
dont on fe lert dans les Bulles des Papes , com-
mence au premier de Janvier. 1^oyc\ Baronius ,
lur Tan 312, Godefroy , Du Cange , Iviacri , &c.
Les Papes ont connncncé à dater leurs attes par
l'année des indiclions , après que Charlemagne les
eut rendu Souverains. Auparavant ils les datoienc
par les années des Empereurs , Se enfin ils les ont
datés par les années de leur Pontificat : ce qui
paroît par le Synode de Rome tenu en 998 par le
Pape Jean XV.
Le nom d'indiclion vient de celui à'indiclio , qui
veut dire dénonciation , établijjement , ordre , ordon-
nance , impofition. Le temps de l'indiclon des Empe-
reurs étoit celui où l'on avertilloit le peuple de payer
une certain tribut, & c'eft pour cela que l'indiciion
Impériale commençoit vers la fin de Septembre ,
ou au commencement d'Oétobre , parce qu'alors
la récolte étant faite , il étoit ailé au peuple de
payer le tribut ordonné , trihutum , indicliim.
INDICTIVES. Épithète que l'on donne à certains
jours de Fêtes ciue les Magiftrats Romains , le Con-
lul , ou le Préteur ordonnoient , indiclivdL feri£.
Voyei^ Férié.
Ce mot vient à'indico , j'ordonne , j'annonce , je
commande.
INDICULE. f. m. Qui montre , qui enfeigne , qui
annonce. M. du Pin dit que le Calendrier JRomain ,
imprimé avec les notes du P. Fronteau , eft fort
utile , & que ce Calendrier eft un indicule des
Évangiles pour tous les Dimanches &c Fêtes de Tan-
née , li^vT des lieux où l'on faifoit les ftations à Rome.
INDICULUS. f. m. Terme de Collège. Nom d'un
petit livre à l'ufage des écoliers ; il contient les
noms de différentes chofes en Latin & en Fran-
çois ranges par clalfes. Son nom eft Indiculus uni-
verfalis , &c.
Le nom d'indiculus eft Latin , il veut dire petit
indice ; c'eft un diminutif d'index.
INDIEN , lENNE. C. & adj. Quand ce m.ot eft fubf-
tantif , c'eft un nom de peuple. Indus. Quand il
eft adjc(5tif , il fignifie ce qui appartient, ce qui
a rapport à ce peuple , ou au pays qu'il habite ,
qu'on appelle Inde. Indicus
Les Indiens font de belle taille , grands la plu-
part, forts, & de bonne conftitution , vivant long-
temps. La vie oilîve des Indiennes fiiit qu'elles font
fort enclines au plailu'. Tous les Indiens ont l'ef-
prit inconftant , l'on ne peut guère compter fur leurs
paroles. Les Indiens font mauvais foldats. Les Gym-
nofophiftes Indiens étoient autrefois les Saç;es , les
Savans , les Philolopiies des Indiens: A'bullarage,
î44 1 N D
qui au commencement de les Dynafties , dit que les
Indiens font mous ôk: Liclies , ajoute dans fon ftylc
aiabel'que , qu'ils lonc une mine de {agdle , & une
fontaine , ou Ibuixe de juftice. Les Indiens regar-
dent comme un honneur , & comme Tallurance
d'une félicité éternelle, de pouvoir mourir en te-
nant la queue d'une vache entre leurs mains. De
LA CRÉQUiNitRE , f^oyage des Indes , an. FIIl.
Les Indiens font vêtus comme les Maures , excepte
qu'ils portent au front une marque laite en croit-
fant , rouge , jaune ,• ou blanche. Ils fe frottent le
front , les uns de terre jaune , les autres de terre
blanche. Ils portent un turban , i^' ont une cabaie ,
qui leui' prend comme une robe de chambre , un
caleçon , des fandalcs aux pics , qui font toujouis
nus , les cheveux coupés , &c une grande barbe.
Pour marque d'honneur les Indiens portent une
rondache qui leur fcrt de bouclier , un fibre à la
main , & un poignard à leur ceinture. L'Huil-
Lis j Fbyage des Indes. Les Indiens- fe piquent de
gravité , comme tous les autres Orientaux. La
Caici-UiNiÈRE. Les Indiennes qui font blanches ^
pour relever l'éclat de leur teint ^ & rendre leurs
yeux plus languillans , mettent un peu de noir
tout autour. Cela fiit à-peu près ce que font les
mouches , dont fe fervent nos Dames en Europe.
Idem. Les Indiens , hommes Ik femmes lailîent
croître leurs ongles d'une longueur extraordinaire.
Ils abhorrent le vin ; cet Auteur croit que cela
vient apparemmciit de la vertu des Brahmcs , qui
ont inlpiré de l'horreur pour tout ce qui peut
<nivrer.
Les Indiennes s'oignent beaucoup. On n'y voit
prel'que jamais deveiiir ch.auvcs ceux qui ont loin
de fe frotter la tête d'huile. Les Indiennes lur tout
ont cette coutume , is: ce leroit pour elles une
grande peine , de n'avoir pas toujours la tête lui-
fante d'huile. Comme elles n'ont point d'huile
d'olive , elles fe fervent de celle de coco.
Idem. Jn. XXXFI. En général ils font très pro-
pres , & ils ont grand foin de fe laver. Id. An.
XXXVI. Le riz ell la nourriture ordinaire des In-
diens. Après qu'ils l'ont fait cuire, ils mettent du
beurre & du fifran delfus , avec quelques herbes ;
d'autres y mettent de la viande & du poillon , &
lis appellent cela des Caris , Se ont grand loin que
le por/re y ^ominc. A cela près ces ragoûts ne
laiiîènt pas d'avoir leur bonté. Idem. Après le riz ,
le béthcl eft ce qui ell le plus en ulage. Les In-
diens en ont toujours fur eux , & fe le prélentent
comme nous nous prélentons du tabac. Idem. ^
Les Indiens reconnoilfcnt tous un premier Etre.
Il y a des Religieux Indiens, qu'on nomme Faquirs.
Les Indiens adorent Priape fous des noms diftércns ,
& ils ont beaucoup renchéri fur les pollures infi-
mes fous lefquclles les Egyptiens , les Grecs & les
Romains le repréfentoient. Plulleurs en portent
une petite figure au cou , mais couverte d'un peu
d'argent. IL prétendent obtenir par- là la vigueur
& la fécondité. Outre les dieux que les Indiens
ont dans leurs pagodes , ils ont encore de peti
tes figures placées en différeiis endroits de leurs
maifons , Se qu'ils ont grand loin de frotter d'huile ,
& d'entourer de Heurs. La CrÉquinière , An.
FI& FIL Ils .adorent le Gange , Se lui offrent des
facrifices comme à un dieu. Phoc que les Chinois
appellent Fo , & Parmefer , font encore des el-
pèces de dieux des Indiens , le premier Philofo
phe , Se le fécond Bouvier. Idem. Le P. Boucher
Jéfuite a beaucoup mieux exphqué le {yftème de
la Religion des Indiens qu'aucun autre , dans une
lettre imprimée au neuvième recueil des lettres édi-
fiantes Se curieufcs des millions. La plupart des In-
diens ne donnent point dans l'Athéilme. Ils recon-
noillent un fouverain Etre infiniment parfait, qu'ils
appellent Pamharavaftou. Ce Dieu, trop élevé au-
dellus des créatures pour avoir aucun commerce avec
elles , a créé trois Divinités fubalternes pour gouver-
ner le monde. Ces dieux inférieurs font Bruma,
I N D
Vichnou Se Routrcn. Il a donné au preinicr la puif-
lance de créer j au fécond le pouvoir de conferver.
Se autroihèmc, le droit de détruire. Ces trois dieux
iont , au ientiment des favans Indiens , les cntans
d'une femme qu'ils appellent Parachatti, c'cft à dire ,
la puillance iuprême. Voye\ le reftc de cette lettre
du P. Boucher.
Les Indiens font différens à l'égard de la couleur.
Vers le Nord ils ne Iont que bafants , mais vers le
Midi ils Iont entièrement noirs. Ils Iont beaucoup
plus diiférens à l'égard de la Religion. Il y a quantité
de Mahométans Se encore plus de Payens , dont plu-
iieurs croient la Métempfychofe j Se ne tuent pour
cette raifon aucune bcte , non pas même les infettes
qui les incommodent. Ils brûlent les corps au lieu
de les enterrer , & les Icmmes ne peuvent pas le dif-
pcnfcr lans inlamie de le jercer dans le bûcher de
leurs maris, à moins qu'elles n'aient des entans. Se
qu'elles proteltent qu'elles ne le remarieront point.
Il y a beaucoup tie Juifs dans l'Inde, des Chrétiens
qui y Iont pallés de l'Europe , ou qui y ont été con-
vertis par les Européens i il y a auili des Chrétiens
originaires qui portent le nom de Chrétiens de S.
Thomas , Se qui prétendent que cet Apôtre a planté
le Chriftianilme dans leur pays.
On dit proverbialement, faire l'échange de V In-
dien, donner une chofe de petite valeur pour Une
autre de plus grand prix , ou comme dit Madame de
Scudery, donner de bon or j Se ne recevoir que du
verre, à la manière des Indiens. Lett. de Bussy. M.
de Bully a laiilé un recueil de les lettres iSc de celles
qu'il recevoir de les amis. Le mélange en eft agréable i
on y voit des gens d épée & des gens de robe, des
Évêquesj des Abbés Se des Moines, écrire à l'envi,
& faire l'échange de l'Indien , avec cet Écrivain in-
comparable Mélange de Vigneul-Marville.
lîjDiEN, ENNE. 1. m. & f. Natutcl de l'Amérique. Ame-
ricanas Indicus. Ce mot proprement ne devroit fe
dire que des peuples qui habitent le pays de l'Alîe ,
qu'on nomme l'Inde j ou les Indes; mais comme le
mot d'Indes s'ell attribué à l'Amérique méridionale,
on appelle aulli Indiens les peuples de l'Amérique,
les Américains naturels , au moins ceux du midi , Se
même jufqu'à la 'Virginie-, car pour ceux du Nord on
ne les appelle point communément Indiens en notre
langue J ou fi on le tait , c'eft très rarement.
Océan Indien. Voye\ Océan Oriental.
Indien. 1. m. Terme d'Aftronomie. Indus. Nom d'une
conftellation de l'hémilphère méridional , invidble
lur notre horiion. L'Indien eft entre la Grue , le
Toucan Se le Paon. Il eft compofé de douze étoiles
informes des Anciens , dont iix Iont de la quatrième
grandeur , trois de la cinquième , Se trois de la
lixième. /^. les cartes de Royer; Se VOlkm Indien ,
c'eft la même choie ; mais les Alhonomes dilent plu-
tôt l'Indien que l'Oileau Indien.
tfF INDIENNE, f f Toile peinte qui nous vient de*
Indes. Ce nom eft devenu générique , Se k dit de
toutes les toiles peintes, loit aux Indes , loir ailleurs.
■Voilà une belle Indienne.
Indienne. Les Maîtres Tabletiers-Peignicrs appellent
Peignes à l'Indienne j, des peignes à dents fines des
deux côtés, mais qui ne Iont pas également enfor-
cées.
Indienne. C'eft aufti une étoffe, partie foie Se partie
laine , qui le fabrique par les Hautclilieurs de la
Sayetteric d'Amiens.
yCr INDIFFÉREMMENT, adv. Avec indifférence. Cç
qui fignifie quelquefois j lans Faire de dillindian,
fins faire de différence -, Se quelquefois, avec froideur.
Nullo difcrimine , difcrimine omni remoto , indijcrimi-
natim , promifcuè , indiffcrenrcr. Les Barbares ont fiiic
un maftacre de tous les habitans de cette ville indiffé-
remmenCy fins diftinétion de lexe, ni d'.ige. Bien des
gens s'imaginent que pour être poli , il fuffit de faire
de vaines civilités indifféremment à tout le monde.
Bell. Il m'a reçu fort indifféremment , fans me té-
moisïncr ni haine, ni amitié.
INDIFFÉRENCE, f. f. Qualité d'une chofe^ difpofée
éiralemcnc
I N D
également à ctie bonne on mauvaife. Indifferentla.
Vindifférence Ibmblc cteindre cuutc ioitc de volonté.
Boss. 1. /- • 1
iNDiFrÉaENct^ fe dit aiilfi de la diipolitïon defpnt de
celui qui ^Cr n'elt touché d'aucun objet, qui n'a ni
penchant, ni éloignemcnt pouï un objet, qui n'cll
pas plus affefté par (a jouiHànce, qu'il ne le ieroit
par ia privation, qui n'cll pas plus porté pour une
chofe que pour une autre , pour un parti que pour
un autre, Jmons , ftud'd , propenjion'is vacuitas. Un
Philcfophe doit regarder avec indifférence la vie &
la mort ; mais il fout que cette indtjference foit tran-
quille. S. ÉvR.
D'un homme dégoûté des douceurs de l'amour ^
J'affeclûis en tous lieux l'heureuje indiftérence.
Font.
V amour eft mal guéri quand il l'cjl parla haine ;
L'indirtcrence ejl plus certaine.
On revient tous les jours de la haine à l'amour j
Mais de /indiftérence on n'y revient qu'à peine.
Corn.
L'indifférence d'un homme libre , &: détaché de tout ,
n'eft pas fort fouhaitable. S. ÉvR. L'indifférence ell
honteule dans la difgrace de nos amis. S. ÉvR. Pour
réulîir à la Cour il faut être né avec un grand tonds
A' indifférence pour la juftice, ou pour la vérité, ahn
de les voir violer & de les violer fans peine quand
cela eft utile. Ab. de S. R. Bien des gens ne pouvant
plus reconnoître la Religion déchirée par tant de lec-
tes , font allés chercher un hinefte repos dans l'indif-
férence des Religions. Fl. Il importe aux jeunes gens
d'éviter cette indifférence générale qui eft ordinaire-
menrfuivie de l'ignorance & de la fainéantife. M. Se.
Les pallions peuvent produire de bons effets, mais
l'indifférence univerfclle , jamais. Id. Un cœur qui a
<°té bien touché ne fe détermine pas aifément à l'in-
différence., il aime Se il hait bien des fois avant que
d'être tranquille, Let. d'El. a Ab. L'indifférence de
Pétrone pour la mort eft une indifférence molle <Sc
nonchalante, qui ne lailfe aucun accès dans fon ame
aux funeftes penfées de la mort. S. Evr. On s'ennuie
étrangement quand on n'a que de l'indifférence. Le
Ch. de m. Si l'on vit fans peines dans l'indifférence ^
l'on vit aulli fans plaifvrs. M. Se.
A l'abri d'une longue & sûre indifférence j
Je jouis d'une paix plus douce qu'on ne penfe.
Des-Houl.
Je n'ai pu furmonter la froide indifférence.
Que cet ingrat oppofe à mes tendres dejîrs.
La Suze.
Les Myftiques appellent fainte indifférence , l'état
dans lequel l'ame ne veut plus rien pour foi, & ne
veut que ce que Dieu lui fait vouloir par fon attrait :
•elle n'a plus de delu's pour Ion propre intérêt, & elle
n'aime que Dieu dans tout ce qu'elle aime. Elle veut
tout pour Dieu & rien pour elle. Elle ne veut pas
même fon falut comme récompenfe , mais feulement
comme le bon plailîr de Dieu. Fén. Cependant la
fainte indifférence n'eft point une indolence ftupide,
ni une lufpenfion générale des mouvemens de l'ame :
c'eft au contraire une détermination conftante & po-
fitiye de vouloir tout pour Dieu. Elle n'exclut point
ablolument tous les defirs , ni toute volonté, & elle
ne condfte point non plus à ne fouhaiter pas même
les biens fpirituels pour lailfer faire Dieu , fans que
nous y mêlions de notre part aucun acte de volonté
réelle & pofitive. Une indfférence fi inîenfée tendroit
plutôt à l'extinclrion du Chriftianifme , qu'à la per-
fection chrétienne. Id. Les fpéculatifs qui abufcnt de
\z fainte indifférence , prétendent qu'elle va jufqu'à
ne point s'oppofer au péché; car les permiffions de
Dieu étant la même chofe que fes volontés, il faut
permettre le péché en nous ^ quand nous nous ap-
percevons que Dieu va le permettre; autrement c'eft
Tome V.
î N D
145-
réfiftcr à 0 volonté. Id. L'i/2n'(^L'rc«re univcrfelle des
plus parfaits Myftiques , eft l'anéantillcment de toutes
ibrtes de délits , en forte que l'ame doit fe borner a
demander à IJ.cu que (a volonté foit faite. Toute au-
tre demande Cii intérellée, & fuppofe que l'ame fou-
pire & gémit encore , ce qui ne compatit point avec
\i. fainte indifférejice. Boss.
Indifierence. f. f. Terme de Pilofophic & de Théo-
logie. Indétermination; Indtffcrentia. On diftiiigue
deux fortes iK indifférence. L'indifférence aâive & \in-
dijjercnce pallivc. L'indifférence pailive eft le pou-
voir dctrc mu, agité, déterminé. Les cliofes inani-
mées ou privées de raifon font indiftcrentes d'une
indifférence pailive. L'indifférence aétive eft le pou-
voir , la faculté de fe déterminer foi-même. Cette
indifférence fictive fe diftinguc en trois elpèces. L'indif-
jerence de contradiétion , l'indifférence de contrarié-
té, &c l'indfference de diverlité. L'indifférence de
contradiction eft la faculté de faire ou de'ne pas faire
une chofe. Elle s'appelle indifférence de contradic-
tion , parce que faire U ne pas faire font deux contra-
dictions. L'indifférence de contrariété eft la faculté de
faire une choie, ou de faire la chofe contraire; par
exemple , d'aimer ou de haïr , de parler ou de le
taire. L'indifférence de diverlité eft la puilîance de
faire une chofe ou une autre , comme de s'entrete-
nir , ou de fe promener. La liberté nécellàire pour
mériter ou démériter, même dans l'état préfent oii
nous fommes , demande néceftkirement l'indifférence
adive , & au moins l'indifférence adivc d* contra-
diction, f^oy. LiBERtÉ.
INDIFFJ£RENr, ENTE. ajd. Indéterminé, qui n'ell
ni bon ni mauvais. Indifferens. Là malignité humaine
empoilonne tout , & les démarches les plus indifféren-
tes font fouvent mal interprétées. La Pl. Au lieu d'ê-
tre réduits à corriger nos inclinations,- il vaut mieux
travaillera les rendre bonnes, pendanr qu'elles font
encore indirtérentes au bien & au mal. La Font
Les pallions indifférentes font celJes dont les ofcicts
. n'étant pas mauvais d'eux-mêmes, pourroient être
recherchés par la raifon. Nie. OnditenPhylique, que
la matière première eft indifférente à toute forte de
formes. 0Cr On appelle actions indifférentes , celles
qui tiennent , pour ainli dire , le milieu entre les ac-
tions juftes oc injuftes. Ce font celles qui ne font ni
ordonnées ni défendues; mais que la Loi nous laifle
en liberté de faire ou de ne pas faire , félon qu'on
le trouve à propos. C'eft-à-dire que ces aûions fe
rapportent à une loi de lîmple permilîîon , & non
à une loi obligatoire.
Or qu'il y ait en effet des aftions de cette efpèce,
c'ell de quoi l'on ne peut deuter raifonnablemenr!
Combien y a-t-il decholesqui ne font ni commandées
ni défendues par aucune loi, foit divine, foit hu-
maine; & qui par conféquent n'ayant rien d'obli-
gatoire , font laillées à la liberté, & peuvent être fai-
tes ou omifes, ainli qu'on le juge à propos?
Mais s'il y a des attions de cette efpèce , lorfqu'on
les confidère par abftraélion, & comme détachées
de toutes les circonftances particulières de la per-
fonne , du temps , du lieu , de l'intention & de
la manière ; §CT il n'y en a point de telles dans la pra-
tique , parce que quand on les fait , elles font nécef-
fairement revêtues de toutes ces circonftances, &
qu'elles doivent être conformes à la loi de Dieu ,
qui ordonne de faire tout pour fa gloire : loi qui,
félon S. Thomas , renferme le précepte nég.atif de
ne rien faire qui ne le rapporte à Dieu comme notre
dernière fin.
On dit , Parler de choies indifférentes , quand elles
ne lont pas importantes, quand ablolument elles ne
font tort à perfonnc. On dit, tout cela m'eH indiffé-
rent. Nihil hic ad me.
jO° Indifférent ligniiîe aullî celui dont l'ame eft dans
cet état tranquille qui fait qu'elle ne fe porte point
• vers un objet, qu'elle ne le délire ni ne s'en éloi-
gne , de forte qu'elle ne fcroit pas plus affedée de la
jouillance que de fa privation. Une indifférence gé-
nérale eft une elpèce de ftupidité.
1^6 ^ I N D
Ce mot lignitîe auffi celui qui n';i pas plus de pen
chant pour une choie que pour une autre. On le dit
encore des choies qui touchent peu, dont on ne ie
foucie point. C'cft dans ce tens qu'on dit , tout cela
m'eft indiffèrent. Un Phiiolbphe , pour bien juger ,
doit être indifférent , & n'êtt e attaché à aucune lédre ,
NuUius addiclus jurarc in verba Magijlri , in^ neutram
partem propenjior. Un bon Juge cil indifférent , il
n'époufe aucun parti. Les MylHques veulent qu'on
foit indifférent à toutes ces choies , qu'on laillc le
palfé dans l'oubli , & l'avenir à la Providence. Boss.
Il y a troD de dureté à voir les maux d'autrui_ d'un
œil indiff^érent. S. EvR. C'efl: un homme indifférent,
qui ne ié foucie de rien. C'eft nier indirectement une
Providence, que delà conftituer dans une fituation
indifférente pour tout ce qui fe palle ici bas. S. EvR.
Une femme indifférente , cfl: celle qui n'aime rien.
La Br. Tandis que vous brûlez d'une fecrette Ham-
me , vous copiezr le perfonnagc d'un indifférent. Vill.
Il vaudroit mieux s'égarer un peu , en s'attachant à
quelque chofe , que de ne pencher de nul côté , d'ê-
tre indifférent à tout, & de n'avoir ni occupations,
ni plaihrs qui touchent Al. Scud. Quand on dit à
une femme j ce Cavalier ne vous eft pas indifférent ,
c'eil lui dire , vous l'aimez.
Indifférent, ente. Terme de Philofophie. Indétermi-
né j qui a le pouvoir d'être indéterminé ou de fe dé-
terminer foi-même. Qui a l'indiftérence ou adlive ou
paOIve. voye-^ Indifférence.
Indifférent, ente, s'emploie aufll quelquefois tom-
me fubftantif C'efl un indifférent que rien n'émeut.
Il n'y a que les indifférens qui puillént juger fainement
des chofes.
Indifférent , ente , f. m. & f C'efl le nom de Scvflaires
Luthériens, autres que les inditrérentiaires. Ce font
les mêmes que les Adiaphorijles. Voyez ce mot. On
donne encore ce nom à ceux qui difent qu'on peur
fe fauver dans toutes les Religions. On les appelle plus
communément Tolérans.
INDIFFÉRENTISTE , f m. Les Luthériens d'Alle-
magne appellent ainlî ceux d'entr'cux qui approuvent
& reçoivent indilléremment toutes les Confeilîons
de foi , ou fymboles , qui ne s'attachent à aucune ,
à qui elles font toutes inditîérentes. IndifferentiJIx.
C'efl à peu près ce qu'on nomme Tolérant en Angle-
terre & en Hollande. Les Indifférentijles ont pour
maxime le 3*^. v. du II. Pfeaume. Otons leurs liens ,
& jettons loin de nous le joug dont ils nous char-
gent. Ils font en horreur aux autres Luthériens. On
voit que ce nom leur vient de l'indifférence où ils
font à l'égard des articles de foi , & de toutes les
feéles.
INDIGÉNAT. f m. Ce m,ot fe trouve dans les Anec-
dotes de Pologne , & fignifîe naturalite. Donner Xln-
dïgénat à quelqu'un , c'efl lui donner des lettres de
naturalite dans un pays. Ces deux aftaires furent les
feules épincufes qu'il y eut dans cette Diète , avec
celle des prétendans à Yindigénat. d'AlhÉrac. Le
Roi obligea M. le Grand Général de la Couronne
'Vabloaouski de me mettre le premier des fix qu'il
. devoir propofer pour ïindigénat. Id. On dit en Bo-
hème. Incolat.
^fT INDIGENCE, f. f. Indigentia. Situation de for-
tune dans laquelle on manque des chofes nécelTaires.
Elle eft dans l'état de fortune, l'extrémité la plus baf-
fe. Le contraire de l'indigence c'eft la fuperlluité que
fournillent les biens immenfes. Il n'y a point d'hom-
me qui ne puille f étirer de ['indigence , à moins qu'il
ne foit ht)rs d'état de travailler. M. l'Abbé Girard.
Le plus noble & le plus doux plaifîr que procu-
rent les grands biens à ceux qui les poflcdent , eft
de pouvoir répandre un fuperflu qui fournille le
nécellaire à ceux qui font dans ['indigence. S'ils pen-
^ fent & ufcnt .autrement de leur fortune, ils en font
indignes. P'o;)e~ les moi:s fynonimes pauvreté, difet-
' re , befoin , ncceirité.
fO" INDIGÈNE. C m. Indigena. On défigne par ce
mot les naturels d'un pays , ceux qui y font nés ,
peur les diftinguer de ceux qui viennent enfuitc s'v
I N D
établir. Ce mot vient d'indu employé anciennement
pour in, ôc ds genitus , engendré, indigena, quiefî
engendré là.
Indigène ( Plante ). Teime de Botanique qui s'applique
aux plantes qui font naturelles au pays dont on parle.
Planta indigens.. On apppellc les autres étrangères
ou exotiques.
INDIGENT, ENTE. adj. Ce mot défigne proprement
celui qui manque des chofes néceflaires à la vie.
Indtgens. L'homme pauvre manque des commodités
de la vie ; ['indigent du néccflaire. Nous goûtons
avec peine les nouveaux avantages qui tirent un ami
indigent de notre fujétion. La Br. La dévotion eft
une rcfîource pour ceux que la mauvaife fortune a
rendus indigens. Des-H.
Indigent , ente , fe prend auilî fubftantivement. Ren-
dez juflice au pauvre & à ['indigent. Port-R. Ou-
vrez la main à [indigent. Id.
INDIGESTE, adj. m. & f. Aliment qui eft difficile à
digérer. Crudus , indigefius. Les fruits crus font
indigejîes. On le dit autli abfblument. Cela eft indi- \
gejle.
f?? Comme il n'y a point d'aliment généralement &
abfblument indigejle , parce que tel aliment feroit cer-
tainement exclus de la clatfe des alimens ordinaires ,
on ne doit entendre par aliment indigejle que celui
dont la digeftion eft difficile pour le plus grand nom-
bre des tujets fains.
§3° Indigeste fe dit auffi de ce qui n'eft pas digéré. C'eft
dans ce fens qu'on dit qu'un malade rend les vian-
des crues & indigejîes. Nous remarquerons que c'eft-»
là la propre lignification du mot indigejle , ëc qu'ch
parlant des alimens de difficile digejlion , on devroic
dire indigejlible , ou autre mot équivalent.
Indigeste fe dit auilî figurément en Morale, des ou-
vrages d'efprit qui font imparfaits , qui ne font pas
affez digérés , des penfées qui ne font pas bien mi-
fcs dans leur jour. Ce livre eil demeuré indigejle ,
l'Auteur n'a pas eu le loifir de le bien digérer. Ru-
diis indigejlaque moles , comme Ovide a dit du
Chaos. Penfées indigejîes , qui ne font pas bien pré-
fentées , bien expliquées. Voye-^ digéré.
INDIGESTION, f f Digeftion mal faite. Cruditas.
Ces alimens Laiiîent des crudités dans l'eftomac qui
caufent Vindigejlion. Dans le fyftême de la tritura-
tion , Vindigejlion qui eft crudité , peut s'exphquer
aflez vraifemblablement par le relâchement des fi-
bres. Uindigejlion bilieule, dans le fentiment de M.
Hecquct , partitan de la digeflion par trituration ,
vient de ce que trop de force dans l'eftomac , trop
de vivacité dans fes okillations, gâtent la digeflion ,
en faifant une trituration imparfaite ; mais cela ne fa-
tisfiit pas. Au contraire , la digeftion feroit plus
prompte & plus parfaite , à mefure que les forces de
l'eflomac augmcnteroient. f^oye-^ Digestion.
Itr Ce mot ne lignifie pas feulement le vice de la di-
geftion , c'efl-à dire , la digeftion vicieufe ou léfée ,
mais encore la maladie qui en provient. Certains ali-
mens donnent, caufent des indigejtions. Il eft mort
dune indigejlion. Il vient du Latin digejlio Se de la
particule privative in.
INDIGÉTE. f. m. & f. Nom que les Anciens don-
noieni à leurs dieux , ou pour le moins à quelques-
uns de leurs dieux. Indiges. Il y a diftérens fenti-
mens fur la lignification & fur l'origine de ce mot :
quelques-uns prérendent qu'on le donnoit en géné-
ral à tous les dieux , d'autres difent qu on ne le
donnoit qu'aux grands hommes que Ton déiiioit. Les
Auteurs du troifième fentiment veulent qu'Jndigétes
foit dit pour Indicétes j & qu'Indicétes vienne d'in-
dicare, auquel ilsdonnent le fens d'indiquer d'une ma-
nière particulière , indiquer , déclarer dieu , conla-
crer, mettre au nombre des dieux. D'autres foutien-
nent que c'étoit à ceux qui étoienr originaires du
paysj ou plutôt qui étoient dieux du pays où on
les appeloit ainfi. Quelques autres penfent que ce
nom fe donnoit aux dieux , patrons & proteéleurs
des villes.
Ceux qui font dans la première opinion, difent
à
que
î N D
les dieux ctoiem ainfi appelés, par antipluafc.
parce qu'ils ne manquoient de rien, ce nom venant
du verbe ïndigeo, je manque, j'ai befoin. Si cela
ctoir vrai , le nom A'indigéu Teroit à peu près la mê-
me cholè en Latin que le nom "i"}"^ > fchaddaï , que
lEcricure doinie fouvcnt à Dieu, & qui veut dire,
celui qui te (liHit à lui même. Se qui n'a befoin
de rien. Ceux qui tiennent la féconde opinion, dé-
rivent ce nom d'indiglmre , appeler, invoquer, parce
que c'étoient les dieux qu'on invoquoit le plus ordi-
nairement , & qui prêtaient le plus l'oreille aux vœux
ëc aux pricies , qui s'y rendoicnt les plus faciles. On
cite à ce propos Macrobe, Saturn. L. I. C. /7. où
il prend iitdi'^ican dans le fens que nous venons de
dire. Les Velbles , dit-il , fontaulH leur invocation ,
Apollon Médecin , AppoUon Pxan. Fcftales ità in-
digkant, Ayollo Medice , Apollo Pdan. On ajoute
qu'on appeloit indigitamenta les livres de prières,
les livres qui contenoicnt les formules d'invocation
&c les cérémonies avec lefquelles on les invoquoit.
Foyei Vodlus, de Idolol. L. I. C. 12. Enfin, d'au-
tres avancent que ce nom vient de ïnde genïtus , ou
ïn loco digcns ; ou bien de ïnde ôc d'ago , pris pour
dego , je vis , je demeure. Ce fentiment paroit le
plus vraifcmblablc. En eliet , on appeloit aullî ces
dieux , dieux locaux , Dii locales , ou comme dit
Servius , dieux topiques , ce qui eft la même choie.
2'\ Les dieux Indigetes éroient communément des
hommes divinifés , qui étoient en effet des dieux du
lieu , & cenfés les protecl:eurs des lieux où on les
faifoit dieux, ainli la leconde & troillème opinion
ne font poiin contraires à celle-ci. 3°. Virgile joint
yatrii avec Indigetes , comme étant la même choie ,
Georg. I. V. 49^- Dlipami Indigetes. 4°. Les dieux
auxquels les Romains doanoient ce nom , (ont Fau-
ne, Velb, Enée , Romulus , ou Quirinus, tous dieux
d'Italie ; à Athènes Minerve , dit Servius , & Didon
à Carthage. Il elf vrai que l'on trouve Jupiter indiges ,
hiais ce Jupiter Indigéte eft Énée , & non le Grand
Jupiter ; comme on voit dans Tite-Live, L. I. C. s-
L. VI. C. 12. &c comme Servius l'allure lur le pre-
mier livre de l'Énéïde , v. J (> 0. Servius dit que dans
ce fens Indiges vient de inDiis ago , je luis parmi les
dieux.
Indigéte. f. m. & f. Nom de peuples. Indiges ,
Indigcta. Les Indigetes font appelés Endigétes par
Ptolomée j ik Indicètes par Strabon. C'étoit un peu-
ple d'Elpagne , (ur la trontière des Gaulois , on croit
qu'ils habitoient ce que nous appelons aujourd'hui le
Lampourdm.
INDIGITAMENT. f. m. Livre des Pontifes où étoient
écrits le nom de leurs dieux & les cérémonies qui
leur étoient propres. Indigitamenta , orum. Ces livres
répondent à nos Rituels , Millels , Procciîîonnaux ,
&: autres livres rubricaires. M. du Rondel j Profel
feur à Maeftrichtj dit que les éloges d'Apollon con-
tenus en 2j Dilcours , ont été perdus avec plufiears
autres hidigitamens de l'antiquité.
^ INDIGNATION, f. f. Indignatio. Ce n'efl: pas pro-
prement une agitation impatiente contre ce qui nous
obftine ou nous oftenie , ni ce mouvement extérieur
qui éclate & fait beaucoup de bruit , mais qui dure
peu ; ce n'eft point un mouvement purement mécha-
nique , occalîonné par ■'la chaleur du lang & la pé-
tulantce de l'imagination ; ni une agitation provenant
uniquement d'humeur &z de fenfibilité. V indignation
enferme dans fou idée quelque chofe de plus réflé-
chi , de moins extérieur , & qui palIe moins vite.
Elle affecte plus l'ame , &: inlpne de l'averfion pour
l'objet qui la fait naître. C'eft un fentiment mêlé de
colère & de mépris , rarement iniufte , qu'excite dans
l'ame une mauvaife action , une injuftice inattendue.
Nous ne fommes pas toujours l'objet des chofe^ qui
font naître ce fentiment en nous. Nous voyons avec in-
dignation je ne fais combien de choies qui ne nous
concernent pas. La profpérits des méchans , la fâf-
tueufe opulence d'un Financier , l'infolence d'un
Commis , &c. nous donnent de Vuidi ^nation. Con-
cevoir de {'indignation coiirre quelqu'un. Pat.
TotJie V.
I N D 147
Chez les vieillards le chagrin de leur humeur tient
lieu d'indignation contre le vice. S. Évrem. Par-
donnez cet emportement à une jufte indignation. El.
Indignation, eft aullI une figure de Réthoriquc, par
laquelle un Orateur invedlivc & s'écrie contre quel-
que adtion ou quelque perlonnage indigne.
INDIGNE , adj. m. & f. Qui ne mérite pas quelque
chofe. Indignas. C'eft la honte de l'Églile , d'être
gouvernée par des Prélats indignes du rang où ils font
élevés. Un clprit vain le figure qu'il eft indigne de
lui de parler comme la multitude. Le Cl. Œdipe fe
creva les yeux , fe jugeant lui même indigne de voir
la lumière après tant de crimes. Dacier. Un crime
indigne de pardon. Il eft indigne de vos bienfaits,
des grâces que vous lai faites.
Un noble orgueil m'apprend qu'étant fille de Roi ,
Tout autre qu'un Monarque efi indigne de moi.
Corn.
Indigne , eff quelquefois un terme d'humilité. Un Ca-
pucin ligne Capucin indigne. Les Prêtres lignent
aulli quelquefois de même Prêtre indigne. Nous lom-
mes tous férviteurs indignes & inutiles , dit JÉs us-
Christ en S. Mathieu. Servi inutiles fumus.
Indigne, fe dit aulH des ^CT aéfions capables de don-
ner de l'indignation , qui ne conviennent pas au rang ,
au caraCT:ère , à la qualité de celui qui les lait. Il a fait
une aélion bien indigne. Indignum facinus. Le peu-
ple s'étant foulevé , fit des traitemens indignes à ces
graves Magiftrats. Mez,
Pardonne d mon amour cette indigne foiblejfe. CoRN.
Oui , par nos indignes manières ,
Pan a droit de nous méprifer. Des-H.
Rougis de te charger de ces indignes chaînes.
S. ÉVR.
On dit qu'une aftion eft indigne de quelqu'un,
quand elle le déshonore , qu'elle eft trop au-deiîous
de lui. Cette balfelfe eft indigne d'un grand courage.
La fraude & le déguifement font indignes d'un hon-
nête homme. On appelle Communion i/2i3'i£'/2e , une
Communion qui n'eft pas faite avec les dilpofitions
requiles. Ac. Fr.
ffF On dit lubftantivement, mais dans le ftyle fami-
lier Iculement , c'efl un indigne.
Indigne. Terme de Droit. Ce mot lignifie autre choie
qu'incapable , quoique ces deux qualités aient à peu
près les mêmes efters. ^fJ' On appelle indignes , ceux
qui , pour avoir manqué à quelque devoir envers un
défunt , de fon vivant , ou après fa mort , ont dé-
mérité à l'on égard. La loi les prive de la fuccelïîoii
ou des libéralités particulières qu'il avoir exercées
envers eux par dernière volonté. Les cauies qui ren-
dent un homme incapable de fuccéder ou de rece-
voir un legs , ne font pas des manques de qualité.
L'incapacité eft un vice réel dans la perfonne , une
prohibition qui émane de la loi. L'indignité eft un
défaut accidentel , provenant des mœurs & de la
conduite. L'indigne a bien la capacité naturelle de
fucccéder , mais , par fon fait , il a rais un obftacle
à l'exercice de cette capacité.
Un fils qui ne pourfuit pas en Jufticc la punition
de ceux qui ont attenté à la vie de fon père , ou
qui y attente , eft indigne de fa fucceiîion ; un bâ-
tard en eft incapable , mais n'en eft pas indigne^ : le
bâtard obtient les alimens , l'indigne en eft privé.
INDIGNEMENT, adv. D'une manière indigne. Indi-
gne. Communier indignement.Notic Sauveur fut traité
indignement par les Juifs. S'acquitter indignement de
fa charge.
INDIGNÉ, ÉE. adj. Qui eft frappé d'indignation. //2-
disnatus j iratus , inifuccenfus j arie/zj. C'eft injufte-
ment qu'il eft indigné contre lui. Elle paroît extiê-
mement indignée de fon procédé.
Tij
148
I N D
Et venger de Crajfus les Mânes indignes. Bréb. I
INDIGNER. V. a. Ip" Exciter, donner de l'indigna-
tion, ^tiy. ce mat. Cecce adion a i/zt/i^/zc^'tout le mon-
de contre lui.
SlNDiGMEa. V. récip. Indignari. Concevoir de l'indigna-
tion. S'indigner contre quelqu un. On ne taurolt trop
s'indigner contre l'injulHcc du lièclc. Je vous ai luivi
jul'qu'ici , pour vous apprendre que vous avez un
Rival dynt la vanité s'indigne d'avoir un cœur à dil-
puter avec vous. Le Sage.
§3° On dit aulli être indigné. Je fuis indigné que vous
ayez manqué à votre ami. Nous lommes indignes
des mauvais procédés ^ des obibcles qii on nous op-
pole , quelquefois même des louanges dont on nous
accable.
INDIGNI rÉ. f. f. Qualité odieufe par laquelle on eft
réputé indigne dune grâce ,_ d'une faveur , d'un em-
ploi, 6x. On l'a privé de l'on bénéfice, à caufe de
Vindignué de û perfonne. Vous ne (auriez trop avoir
de mépris pour les chofes de ce monde , leur indi-
snité ell au delà de toutes nos penlées ,_ ic nous ne
les connoitrons jamais fi petites , ni li mitérables
qu'elles font , que quand nous les verrons auprès de
rétemicé de Dieu. As. de la Tr. Les Saints difent
que nous craignons de mounr , parce que nos âmes
ne font pas alfez pures pour paroitrc aux yeux de ce-
lui qui les doit juger, & qu'ordinairement notre indi-
gnité eltla véritable caufede nos frayeurs. Ab.de la i R.
Indignité fignitie aullî la grandeur d un crime, noir-
ceur d'une a;^ion. Atrocités , immanitas. L'indignité
de Ion crime ôte toute apparence de le pouvoir
fauver. L'i«rfi^«irc-' de cette aclionfouleva tout le mon-
de contre lui.
Indignité, fignitie encore. Affront, outrage, excès
fait à quelqu'un. Probrum , dedecus , infamia. Après
l'avoir allalfiné , on l'a traîné par les rues , & on
lui a fiit mille indignités. Ils Voudroient être morts
pour fe délivrer de ces indignités qu'on leur fait fouf-
frir. Ablanc.
INDIGO, f. m. Plante que les Anciens n'ont pas bien
connue , comme Pline l'avoue. Il croit que c'cll
une écume de rofeaux qui s'attache avec un limon ,
qui e.l noir quand on le broie , & fait un beau oLu
mêlé de pourpre quind on le délaye. Il le nomme
indicum. liidjre i?c Diolcoride difent lamêmechofe;
& celui ci nomme l'indigo une pierre , en quoi il
fe trompe. C'elt en eXet une pâte qui vient d;s In-
des , qui fe tait d une herbe qu on feme tous L-s ans ,
après que les pluies font pallées , ik qui relfemble
fort a du chanvre. Sa tleur eft femblable à celle des
cardes , & fa racine a quelque rapport à celle du fenu-
grec. Elle croît comme le genêt , ayant (emblables
racines longues & étroites , la feuille plus large ,
approchant de celle du [iné. Elle a de petites mem-
branes , qui fortant du milieu du hlct, tirent par
ondes au bord. Sa tige ell de la hauteur d une au-
nCj & de la grolfeur d'un pouce. On la coupe trois
fois l'année, La couleur qui le fait de la première
herbe ell dun violet bleuâtre, plus brillant & plus
vif que les deux autres. On la jette dans des étangs
dont le fond eft fait avec de la chaux dure comme
du marbre. On la bralfe tous les jours, julqu'à ce
que la feuille fe réduife comme en vaie, ou terre grallc.
Quand elle eft ralfife, on laiilé couler l'eau, ik de
cette pâte féchée on fait des petits pains de la grof-
feui d'un œuf coupé. Celui d'Am.idabat fe fait en
forme de gâteau.Les Portugais l'appellent herva d'anir.
Tavernier.
La plante qu'on appelle en Grec (""!•'!, en Latin
glafium , C<c en François gucde ou pjftd , en Italien ^
euado , eft celle qui feiT à contrefaire ['indigo chez
les Teinturiers -, & elle a cette propriété , que quand
les laines en font teintes d'abord , les couleurs qu'on
y ajoute ne s'en vont jamais. Elle (ert aulli en Pein
ture, & même en Médecine-, car elle eft féche
& déterfive , 8c guérit les ulcères malins , les tumeurs
& les moiHircs de Icrpeas. La marque du vrai paftei.
I N D
ou gucde , eft , quand il eft fec , léger , violet 8c re-
luiiant ; ëc quand il eft mis au tcu , il faut qu il falîe
une lumée violette , Se qu'il laille peu de cendres.
f^oyei f allope , Matthiole , &c. Vinuve dit qu'on
fait de l'indigo avec de la lie de vin cuite dans les
fourneaux. Foye^ PASTEL.
La plante d où l'on tire cette couleur en tablettes,
qu'on appelle vulgairement indigo , eft un petit ar-
brilfeau de trois à quatre pies de hauteur , quand on
le laille croître , il jette dès ù racine pluheurs tiges li-
gneules & noueufes. Ces tiges poullent de petites bran-
ches ligneules & noueufes auUi , Se à chaque nœud il
lort une petite côte longue d'environ deux à uois
pouces. Si garnie en toute fa longueur de quatre à
cinq paires de feuilles , S< d'une ieule feuille à fon
extrémité. Ces feuilles font ovales, pointues, lon-
gues de neut à dix lignes , & larges de cinq à fix.
Elles font unies , un peu charnues , d'un allez beau
vert , mais d'un goa: &: d'une odeur défagréables. Il |
liait dans les ailielles de ces côtes garnies de feuil- 1
les , une petite branche longue d'environ deux pou-
ces , & chargée comme en pyramide de pluliturs
petites ileurs purpurines très iemblables à celles de
nos genêts. Le piftile de chaque lleur devient enfuite
une petite filique ou cornichon courbe long d'envi-
ron un pou.;e , aulîi épais que le bout d'une éguil-
lette émoullée par le bout , arrondi , mais comme
noueux , ou articulé par plulieurs cellules, dans cha-
cune defquelles il y a une femence pâle & cylin-
drique. On terne plulieurs de ces lemences cnfemble
dans de petites rigoles tirées au cordeau, dans la
laifon pluvieufe Se dms une terre bien cultivée ôc
nettoyée de toute méchante herbe. Quand la plante
a atteint une certaine hauteur, & que les feuilles
font en bon état , Se avant qu'elle Heurilîe , on la
coupe par faif;eau , dont on re.nplit une grande cu-
ve. Quand la cuve eft bien remplie, on couvre l'her-
be avec de grolles branches de boisj quon arrête
avec de gros traverliers , Se avec de gros coins de
bois. On verfe enluite de l'eau lur ces herbes jus-
qu'à ce que la cuve foit bien remplie Se fubinergée.
Bientôt après li plante séchaure coniidérablemenc
par l'action de f eau, aidée de la chaleur de l'air. Se
l'on voie bouillir 1 eau. L'eau fe charge de la partie
colorante , Se acquiert une belle couleur bleue fon-
cée. L'eau ayant bouilli durant près de 24 heures,
lorfqu'elie commence à s'abaillcr , on débouche la
cuve ,quon appelle trenipoire , iSc toute l'eau coule
dans une autre plus balle , mus allez grande pour
pouvoir contenir la moitié de l'eau. C'eft dans cette
ieconde cuve , appellée la baterie , que 1 on agite
enluite fortement cette eau , avec quatre ou cinq
longues perches garnies à leur bout d'une manière
de petite auge lans Ibnd. On ne celle de battre cette
eau , que lorlqu'elle devient d un vert noir , & que
le grain , comme on dit , commence à fe former ,
ce qu'on connoit en prenant dans un vafe un peu
de cette eau , on crache dedans : ce crachement
eft un leurre dont quelque Indigotier s'eft fervi
pour abuler de la crédulité du P. Plumier. Le P.
Labat relevé cette erreur, p. 28 j. du i. tom. de fes
Voyages. Et fi dans ce temps on voir précipiter une
fécule bleue au fond du vate , on celfe de battre ou
d'agiter l'eau. Alors toute' la fécule fe précipite, Sc
quand elle eft entièrement précipitée , on débouche
la cuve j toute l'eau en fort , & laille la fécule dans
le fond de la cuve. On remplit enluite de cette fé-
cule de petits facs de toile un peu forte , faits en
chauffe d hippocras , afin que toute l'eau s'écoule en-
tièrement. Quand toute l'eau eft écoulée , on met
cette fécule ou marc dans de grandes cailles de bois,
dont les bord n'ont pas plus de deux doigts de haut ,
Sc lorfqu'elie commence à lécher on la coupe par
taT^lcttes carrées , qu'on laille enluite bien fécher &
durcir au foleil.
• Il eft parlé de cette plante dans Hortus AIrdaharicus ,
part. I ifig. S4- ious le nom à'Ameri , où il eft rap-
porté que la décoéfion de la racine eft excellente
contre les coliques néphréiiqucî ; que cette même
I N D
dccO(fîioii prife avec l'eau qu'on trouve dans les jcu-
iKs cocos rciille à la force du venin & du poiton;
que les feuilles pilées avec de l'eau & appliquées liir
le bas ventre font uriner, &c qu'enfin les tablettes
qu'on appelle proprement l'indigo font fort bonnes
puur delléeher les tumeurs.
La plaiite ci-delllis décrite eft celle là même dont
on cire h couleur que nous appelons indigo , d ins
l'ile 1). Domingo. Je crois qu'autrefois on le fcrvoic
pour' ce mcme lujet dans la Guadeloupe d'une au-
tre forte de plante que M. de Tournefort appelle
Ano/iis , fûùo Iddorlfiéroctindo. Injl. R. Rcrb. 40 q.
Dans mon premier voyage à la Martinique, je de-
mandai à un vieux habitant la plante doùon tire \ïn
d'igo , & il m'apporta jullement cette plante. En effet.
Meilleurs de l'Académie l'avoicnt nommée Anil j
Jiu indigo GuadalupcnJIs. Je ne doute pas qu'il n'y
ait d'autres genres de plante doiU on peut le lervir
pour le même eifet , car je découvris une plante au
port de Paix de S. Domingue qui teint fort bien
l'eau en beau bleu quelque temps après qu'elle y a
macéré, tk. cependant c'ell une elpèce de ricinoïdes.
Le P. Plumier, Minime.
D'f^erbelot , dans fa Bihliot. orient, au mot NU ,
p, 162. 6 . dit que les Perfiens & les Turcs ap-
pellent Nil la plante que les Grecs & les Latins nom-
ment Ifalis & Glaftrum , dont le fuc fait la couleur
bleue j ou violette , Se que nous appelons vulgaire-
ment l'Indic , ou l'Indigo j ôc par corruption Annil ,
au lieu d'Alnil, qui elt le mot Turc avec l'article
Arabe , ai ; que nOus appelons aulH en France du
nom de Paitel , & les Italiens Guado ; que cette
plante croît efi grande quantité aux environs de la
ville d'Agra , capitale des États du Mogol. Quoi
qu'il en ioit des noms de pallel &: d'annil , on peut
alliirer qu'on ne dit point indic , mais toujours indi-
go. Pour annil , qu'o.n a pu dire lorique l'on tiroit
ce fuc de l'Orient , il puroit qu'il s'efl aboli depuis
qu'il nous vient 4Ê^l'Amérique.
Dapper appelle la plante dont on tire l'indigo
Banquets, &c il dit qu il y en a dans les Îles d'Afri-
que , Se que les Indiens l'appellent Anil ^ Anger.
Voyez cet Auteur , p. ^.jï.
§CT L'Indigo elt la fixième des couleurs primitives.
f^oy. couleur. C'ell un violet bleuâtre très - vif 8c
très brillant.
INDIGO lERIE. f. f. Lieu où l'on préparc & où l'on
fait l'indigo.
1^ INDIGOTIER, f. m. Plante , efpèce d'arbriffeau
étranger dont on tire la fécule bleue connue fous le
nom d'indigo. F'oy. ce mot.
On donne auili ce nom .uim îles au principal ar-
tifte ou ouvrier qui préiide dans une indigoterie.
INDIMION. f. m. Terme de Llcurilte. Nom d'un
œillet qui eft un piqueté de brun fur un fin blanc ,
large , S-c ne calle point ; fa plante eft d'un beau vert ,
qui n'eft point lujette aux maladies : il fc trouve à
Lille : quatre boutons lui lufHfent. Morin.
INDIQUE, f f. Terme de Fleurifte. Nom d'une ané-
mone. Ses grandes feuilles font de couleur de chair
mêlée d incarnat ; fa peluche céladon blanchillànc ,
mêlée de rouge.
INDIQUER. V. a. Indicare. Montrer , enfeigner où
eft une chofe dont on a befoin. Indiquez-moi la mai-
fon de M. un tel. indiquez-moi , je vous prie , un
bon Médecin j un bon Avocat. Les tables font faites
pour indiquer l'endroit du livre où l'on trouvera le
paflage qu'on cherche. Le Bureau d'adrelîe eft établi
pour indiquer à chacun les chofes dont il a befoin.
Indiq,uer , lignifie aulTi , Alligner un certain jour pour
commencer une Aifemblée Ecclélîaftique. Indicere.
Le Concile a été indiqué à un tel jour. Il indiqua
l'Aflemblé au troifième de Novembre Mauc.
Ct7 Indiq^uer une perfonne , une cb-ofe, c'eft la faire
connoître Se la défigner. //2i^i^;isr un temps j un lieu
c'eft le donner Se le fixer.
Ménage prétend qu'on devroi: dire , indire un Con-
cile j & non pas indiquer, parce qu'on dit indicere ^
Se non pas indicare Concilium.
I ND
149
C'eft ainfi que parle toujours M. Dupuy dans foii
Traité de la Pnigm. Sandt. ôc Mczcray dans Ion abré-
gé de iMift. de l'r. dans la vie de Charles VU. L'ufage
qui l'emporte fur la raiion , eft pour indiquer.
Indique, ee. part. & adj. Indtcatus ^ indicèus.
INDIKE AUX QUATRE CAS. En Terme de fief.
Le Droit d'indire aux quacre cas eft le privilège que
certains grands Seigneurs ont de doubler les rentes
que leurs vaillcaux leur doivent en quatre cas. Les
quatre cas , fuivant la coutume de Bourgogne , font
1°. Le voyage d'Outremer. 1". Nouvelle Chevalerie'.
3°. Le Seigneur prifonnicr de guerre. 4°. Le mariage
d'une fille. Le 24 Janvier 1693. M. le Prince ht le-
ver pour l'année fuivante le droit d'indire dans fon
Comté de Charolois pour le mariage de Madame la
Duchellcdu Maine fa hile. On appelle ce droit lîm-
plement le droit d'indire. Ce droit étoit autrefois fort
en ulage j mais aujourd'hui il y a peu de terres qui
•en jouillent.
r? INDIRECT. ECTE. adj. Indireclus. C'eft l'oppofé
de direcL Foy. ce mot. On décide mal dans le dift
de l'Acad. Fr. qu'il n'a point d'ufige au propre. On dit
enphylique mouvement direct Se mouvememindirecl.
Voy. ces mots. Au -figuré, il ne fe prend point
nécellàirement en mauvaife part : ainfi il n'elt pas
fynonime d'oblique qui ne fe prend que dans un
lens odieux. Toutes les voies indirectes ne font pas
illicites ; toutes les voies obliques le font. Cependant
cette exprellion fe prend fouvent en mal , pour de
mauv.iis moyens adroitement employés , contraires
aux loix Se a j'ufige , peur des actes iîmulés , &c.
C'eft dans ce lens qu'on dit qu'un homme a gagné
fon bien par des voies indirectes , qu'il eft entré'^dans
un Bénéfice par des voies indireclcs Se obliques. On
dit de même un avantage indirect , pour déligner ce-
lui qu'on fait à quelqu'un contre la loi ou la coutu-
me , par le moyen d'une perfonne interpolée , ou de
quelque acte lîmulé ; & des vues indirectes pour dé-
ligner des delfeins inrérelfcs, que l'on cache fous l'ap-
parence de quelque autre dellein.
Mais on dit auliî des louanges indirectes pour dé-
figner celles qu'on donne adroitement, fans qu'on
témoigne avoir dellèin de les donner. C'eft ainll
qu'on loue quelqu'un par quelque trait en p.alîànt ,
ou en faifant l'éloge de quelque qualité que poftcde
vifiblement celui qu'on veut louer , fans le nommer.
On peut dire la même choie des Satyres & des re-
proches.
On appelle aulîî harangues indirectes , celles que
font les Hilforiens quand ils récitent les principaux
points d'une harangue qu'un Capitaine fait à les fol-
dats , au lieu de le faire parler lui-même.
On le ditaulîi des avis qu'on donne, mais qu'on
fut palfer fourdement &• par une tierce perfonne.
Ce juge n'a pas oié avertir fon ami qu'il avoit dé-
crété contre lui , mais le lui a fait favoir par voie
indirecte.
On appelle , en termes de Logique j modes indi-
rects de fyllogifmes , les cinq derniers modes de la
première figure exprimés par ces mots barbares. Ba-
ralipton. Celantes , Dabitis , Fapefmo , Frifefomo-
rum. C'eft la converfion de la conclulion qui rend
les modes indirects. Par exemple , un fyllogifme en
Darii , ik. en Dabitis , feroient parfaitement lem-
blables fans cette converiion , puifque les propofi-
tions oiu la même quantité & la même qualité. Se
que le moyen terme eft lujet dans la majeure , Se
attribut dans la mineure \ relie donc pour mettre
quelque différence, que ce qui eft fujet de la con-
clufion dans Darii, foit attribut de la conclufion dans
Dabitis , Se que ce qui eft attribut dans le premier,
foie lujet dans le fécond.
DA- Tout ce qui fert au falut efl avantageux j
RI- il y d- <i<^^ afflictions qui fervent au falut ^
I. Donc il y a des afflictions qui font avantagiufes.
DA- Tout ce quifrt aufalut eft avantageux j
BI- It y a des afflictions qui fervent au flut,.
ÎJO
I N D
TIS. Donc quelque chofé qui fin au falut eji affiiclion ,
ou affiigcanc.
Aujourd'hui il y a des Philofoplies qui n'admet-
tent point de modes indirecls dans la pi-emière figure
du lyllogiime.Leur principe efl: i°. que le grand ter-
me ell toujours l'atcnbut de la conclulion , & le pe-
tit terme le lujet. 2". Que la propolition qui con-
tient le grand terme efl: nécellairement la majeure ,
en quelque endroit qu'elle Ibit placée; & la mineure,
•celle qui contient le petit terme : d'où ils concluent
que les modes que les Anciens appeloient Indirects ,
doivent être rapportés à une quatrième figure , en
changeant les mots Barallpton , Celantes , Dah'uïs ,
Fapefmo , Fnfifimorum ^ en ceux-ci , Bamalïpton ,
Camentes , DimaCis , Fefapon _, Frefifimorum.
Tous les Philolophes conviennent qu'il y a des
modes indirecls en ce lens , qu'il y en a qui ne con-
cluent pas aulîl évidemment que d'autres. Tous les
modes de la féconde, de la troifième & de la qua-
trième figure font indirects , parce qu'ils ne concluent
pas aulîî évidemment que ceux de la première. I] y
a encore des modes indirects , h par mode indireCl
on entend un fyllogifme ^ dans lequel le grand terme
& le petit ne gardent pas la même railon de lujet
& d'attribut dans les prémilfes & dans la conclu-
lion.
INDIRECTEMENT, adv. D'une manière indireCle.
Indirecte. Il ell défendu d'avoir commerce avec les
ennemis de l'État , indirectement. Il ne lui a pas vou-
lu reprocher en fice (on ingratitude , mais il la lui a
l'ait fentir indirectement. On aime, ou on hait par rap-
port à foi-même, l'on le retrouve indirectement d.ms les
îoiiis que l'on rend a la peiionne aimée. S. EvR. Cette
aflàire vous ret;arde indirectement.
fer INDISCERNABLE, adj. de t. g. Ce qu'on ne
fauroit difcerner ni diftinguer d'un autre, à caufe de
la rellemblance. M. ae Leibnirz prétend qu'il ne peut
pas y avoir deux choies parfaitement iemblables ,
qu'autrement elles feroicnt indijcernables , même par
rapport à Dieu. Le principe des indifiernables luit
celui de la raifon fuftilante ; mais ell - il un prin-
cipe , &c non pas plutôt un lyftême , une hypothè-
fe ? MÉM. DE TrÉv. Voy. individuer.
ÎNDISCIPLINABLE , adj. m & f. Qui n'efl pas capa-
ble de difcipline. Voy. ce mot. DifiiplinA impatiens ,
nionitoribus afper, indocUis , intraciabilis. Ce jeune
homme eft d'un naturel li farouche, qu'il ell: indif-
ciplinable.
|p° INDISCIPLINE, f. f. Manque de difcipline. Ce
mot auroit dû être admis comme indifiipUnahle &
indifiipimé. Cependant il n'ell pas en uiage , & on
ne trouve que dans quelques gazettes , Yindifcipline
■des troupes; & dans le Dicl:. de l'Acad. Viadifiiplins
d'un Régiment.
INDISCIPLINÉ , ÉE. ^ ad). Qui n'a pas été. fournis
à la difcipline , ou qui n'en a pas profité. Chaque
Officier en particulier doit faire obferver à fon loi-
dat une cxaéle dilcipline : &: c'eil le tondement de
•foutes chofes , car le loldat indifiipline perd Ion Offi-
. cier par fa délobéiirancc , par la débauche , & par
la défertion ; m.iis pour mettre un fondement à cette
difcipline j il faiit que l'Officier fe faflé tout à la fois
aimer & craindre de fon foldat. Ecole du monde.
L'ufage qui a reçu difiipliné , ne refulera peut-être
pas indifiipline. Il a bien admis dificiplinable & in-
dïficiplinahlc.
•INDISCRET , ETTE. adj. CCF Qui manque de difcré -
tion. Voy. ce mot. Imprudens , inconfideratus. Ce mot
.peut être pris relativement à la coiijiance , ou re-
lativement à d'autres objets.
Dans la première acception Vindificret efl: celui qui
ne lait pas garder le lecret de Ion ami ou de tout
autre , qui le révèle. Un homme prudent & circoiif-
pecl fait le taire , & n'eft jamais un indificret : Un fo:
ne fait pas l'être. Les enfans font indifirets par inex-
périence, les amans par vanité.
ï)^A\s ce fens or, le die des chofes qui découvrent
I N D
par notre imprudence ce que nous avons dans le
cœur. Un regard , un mot, le filence même eft in-
dificret.
Dans la féconde acception indificret fignifie celui
qui manque par imprudence , & par étourderie. C'effc
un indificret , une indificrete. Alors ce terme s'appli-
que aux chofes & aux atlions qui ne font pas ac-
compagnées de prudence ; dans lelquclles nous man-
quons par étourderie , ou par faux jugement. C'eft
dans ce fens qu'on dit paroles indificretes , zèle in-
dificret, prière, demande imûficretce. Voy. dans les
exemples fuivans l'emploi de ce mot dans fes ditlë-
rentes lignifications.
L'Amour dans fia prudence efi toujours indifcrctj
A force de fie taire il trahit fion fiecret. Corn.
L'homme indilcret dont la bouche imprudente
Dépofie d'un fiecret la charge trop pefiante ,
Voit bientôt fion fiecret follement confié.
Par ^'indilcrets amis à d'autres publié. Vill.
Saint Bernard punilToit fur lui-même la curiofité
indificrette de les regards. Fléch. Il faut contenir les
penlèes d'une imagination indificrette. Id. On allume
dans les enlans , par des carelfes & des approba-
tions indificrettes , les premiers feus de leurs cupi-
dités naillantes. Id. La lîncérité ne doit être ni in-
dificrette ,ni étourdie : elle n'oblige pointa dire niai-
fement tout ce qu'on lait. Bell. Il faut garder le
fecret à ceux mêmes qui l'ont violé par des rapports
indificrets. Nie. Le deiir de le conlacrer à la vie Re-
ligieufe n'ell quelquefois qu'une ferveur palfagère,
& une faille indificrette de dévotion. C. B.
Souvent nous trahijfions nos plus chers intérêts ,
En fatiguant le ciel par des vœux indifcrets. Quint.
Quelle verve indifâpte
Sans l'aveu des neuf Sœurs vous a rendu Poëte ?
Boii,
Indiscret , ette , fc prend aullî quelquefois fubftan-
tivement. Un indificret s'ingère dans les aftaires d'au-
trui mal - à - propos. Bell. Il n'y point d'atîaire
qu'un indificret ne gâte , ni de converfition qu'il
ne trouble. Bouh. Un indificret fe fait fouvent de
grandes atfaires pour une parole lâchée mal-à-pro-
pos.
INDISCRÉTION, f. f. IfT Manque de difcrétion.
Imprudentia. Elle clt relative , comme nous l'a-
vons dit , à la confiance , ou à d'autres objets , &
à toutes les circonllancas où nous manquons par
étourderie ou par Lmx jugement. Voye^ Indis-
cret. L'indificretion eft un crime où l'injuftice fe
joint à l'imprudence. Révéler le (ecret d'un ami ou
de tout autre , c'eft ditpofer d'un bian dont on
n'éfoit pas le maître , c'eft abufer d'un dépôt : &
cet abus eft d'autant plus criminel , qu'il eft toujours
irrémédiable. Il ell des faveurs de nature à demeu-
rer toujours fecrètes ; d'autres que la reconnoif-
fance oblige à publier. Celles qu'on devroit pu-
blier , on s'en tait par ingratitude ; & celles qu'on
devroit taire , on les publie par vanité. Appréhen-
dez tout de l'indificretion d'un amant heureux. L'in-
dificretion fait qu'on ne mérite aucune confiance.
Les faux dévots fe^ font un honneur de l'indificretion
de leur zèle. S. Évr. Cette indificrétion n'eft pas
pardonnable à un vieux courtilan. On n'a vu que trop
de ces malheureufes entretenir l'audience des indifi-
crétions de leur vie. Patru. C'eft la feule indificré-
tion qu'il a faite en fa vie.
INDISCRETTEMENT. adv. D'une manière indif-
crette. Inconfideraiè. Agir indificrettement , parler in-
difcrettement.
INDISPENSABLE, adj. m. & f. tfT Ce dont on ne peut
ni s'excufer , ni fe difpenfer. On le dit des devoirs
& des cngagemens qu'on ne peut ni omettre j ni
oublier uns être coupable ; & des loix -auxquelles on
1 N D
ne peut Ce fouftrairc iluis crime. Al'foliuè neccjfurius.
Le ftcours qu'on doit à ion pàe cfl un devoir in-
dïfpcnfahlc. Tout ce qui eft de droit diviii & naturel
elt indijj'cnfiibk. Les loix de la iiécellué forit tndif-
pcnja!<lcs.
lNDlPENi)/\BLEMENT. adv. D'une manière indif-
penf'ablc , par une loi , par un devoir mdi(peii(,ible.
Neccfjdrio. Tous les hommes lont iujets à la mort
indijpcnfMemcnt. Il étoit engagé indifpenfubUmcnc
à la guerre. Ablanc. La Clcricature étoit indi/pen-
fablcmcnt attachée à leur niiniftére. Patru.
INDISPONIBLE, adj. m. cV K Terme de Palais , qui
fe dit des biens dont on ne peut pas diipofer partel-
tamcnt , félon les loix. On dit aulH No7i d'ifponi-
hle. Quod leginmè dari aut legan non potefi.
INDISPOSÉ , ÉE. adj. m. & f. fJCFQuieftunpeu ma-
lade i qui a quelque altération dans la (anté. Alalè
affccius , itgcr. Je me lens ïndifpofé depuis quelque
temps. Les gens qui ne lont o^xindlfpofcs , devien-
nent fouvcnt malades , parce qu'ils écoutent trop
leurs iudilpolitions.
ffT Ce mot ell employé au moral dans une acception
tout-à-fait ditlérentc , pour lignifier celui qui ell
dans une dilpohtion d'efprit peu favorable , dans
laquelle nous répugnons à faire ce qu'on délire de
nous. T'oye\ VAn.Juiv.
ffT Indisposé, dit le P. 15ouhours, Signifie -t-U au-
tre choj'c en notre langue , que malade? Le Jleur de
Beuil lui donne une Jignijicadon toute nouvelle ,
dans l'Imitation de J. C. A'mli vous pourriez , dit-il ,
c'iiférerlong temps de communier , & vous y trouver
^\\is indifpofé AmsLi luire. Il fait là indifpofé parti-
cipe , comme vous voycq ; 6' a/in qu'on n'en doute
pas , il fait un verbe (f 'indilpoler.
INDISPOSER- V. a. Mettre quelqu'un dans une dif-
pofition peu fivorabk. Alienare , irritare. S'il y a
àz^ fiutes qu'on ne peut s'empêcher de punir , il y
en a d'autres fur lefquelles il faut fermer les yeux ;
c'efl: lorlque les châtimens au lieu de rendre les
perfonnes meilleures , ne lervent qu'à les indifpofcr
Se les aigrir. As. de la Tr. Le monde eft rempli
de gens qui sindifpofent , Se qui le lentent impor-
tunés , aulli tôt qu'on leur touche ces fortes de ma-
tières. Id. §3" Cette démarche indifpofera tout le
monde contre vous , donnera de l'éloignement.
tfT Ce mot paroilloit intolérable au P. Bouhours ,
& quelque chofe de monftrueux dans notre langue.
A la vérité, dit-il, in joint avec les noms, marque
une négation en François ; mais in joint avec les
verbes , ne marque point de négation ni en Latin ,
ni en François : & je ne vois qa'injimio Se improbo
qui foienr irréguliers. De l'un nous avons fait in-
firmer en ftyle de Palais : Se de l'autre nous avons
fait improuver , pour dire défapprouver , qui elt
félon le génie de la Langue Car au lieu d'i/z , qui
étant joint avec un verbe , fignihe dans , comme
infcrire , imprimer , &c. Nous avons mis de à la tête
des verbes llmples , afin d'en faire des verbes néga-
tifs : & nous avons dit dérégler, déplaire, détrom-
per. Se voilà notre ufage.
tfJ' Mais in ne marque pas moins une négation dans
les verbes que dans les noms. Outre infirmare Se
improbare , il y a invalidare dont nous avons fait
invalider , incommodare Se inquietare , dont nous
avons fait incommoder Se inquiéter. Il y a inficiari ,
infiteri , impiare , inobedire , & beaucoup d'autres.
INDISPOSITION, f. f Légère altération de la fanté.
Mala affeclio , valetudo ■■, affecla valetudo. Il s'elt
tenu au lit quinze jours pour une légère indifpofition.
D3"Une indifpofition négligée devient quelquefois
une maladie lérieufe. Il eft plus dangereux encore de
recourir au Médecin pour des indifpofition s que la
nature guériroit d'elle-même. Jacques le Févre mou-
rut a cent Se un an fans aucune indifpofition , Se Mar-
guerite de Navarre le fit enterrer magnifiquement.
CoLOM.
Indisposition , fc dit %fT au moral pour fignifier
une dilpofition peu favorable , un certain éloigne-
ment qu'on fent pour une perfonne ou pour une
JND
tyi
choie , une réiiugnance à faire ce qu'on dehre de
nous. Alienatio animorum. Tout le monde elt dans
une grande indifpofition contre lui. On peut guâir
des indifpofitions , quand elles font légères , par
quelques exercices particuliers de piété; mais qu.uid
les plaies font protondes , a moins que d aller juf-
qu'au fond du mal «Se de lé fervir des moyens puif-
fans , les guérilbns ne font pas poilibles. Ab. de
LA Tr. Aper , à qui vous ne cherchiez point que-
relle , Se auquel vous n'aviez pas témoigné la moin-
dre indifpofition contre l'éloquence moderne , s'cft
avifé de vous attaquer dans la pcrlbniic de vos an-
cêtres. MoRABIN , p. lOy.
INDISPUTABLE. adj. Inconteftable. L'Auteur des
Lettres Philofophiques fur le fyllème de l'attrac-
tion , fait ainfi parler M. Newton , qui en eft l'in-
venteur : Je ne me lers du mot d'attraétion que
pour exprimer un effet que j'ai découvert dans la
nature , effet certain Se indifputuble d'un principe
inconnu , qualité inhérente dans la matière , dont de
plus_ habiles que moi trouveront , s'ils peuvent, la
caulé . . . Ménage auroit fans doute approuvé Indif-
putable en cet endroit , comme il a fait en ce paf-
fage de la Réplique de Girac à Collar pour confir-
mer cette vérité indifputable. Obf. fur la Lang. Fr.
INDISSOLUBILITÉ. L f. fCT Terme didaéfique.
Qualité de ce qui eft indilfoluble , qui ne peut être
ni dillous , ni rompu. Status rei indifjolubilis. Au
propre on dit en Chyniie , Vindiffolubilité de l'or
dans l'eaii-forte. Au figuré , Vindijfolubilité du ma-
riage. Le Concile de Trente a prononcé Vindiffolu-
bilité du mariage. G. G. L'Églilé a toujours cru \'in-
difj'olubilité du mariage dans la nouvelle loi. En par-
lant d'une qiiellion , d'un problême de Géométrie ,
d'Algèbre , Sec. je ne voudrois pas dire indiffolubilité
niais iiifolubilité , quoique ce dernier mot ne foit pas
en ulage. On ne dit pas dilîoudre une queftion de
Droit , de Phylîque , on dit , Soudre , ou réfoudre
une queftion. Mais on dit , Diffoudre un mariage ,
c'eft- à-dire, lecalfer, féparer les conjoints; Dif-
foudre un compolé comme on fait en Chymie ; pour
dire , Séparer fes élémens & fcs principes , en faire
l'analyfe.
INDISSOLUBLE, adj. de t. g. Dans ce mot Se fes dé-
rivés on fait peu fentir la première s , dans le dil-
cours ordinaire. |KF Qui ne peut être dillous , rom-
pu, IndijJ'olubUis. Au propre on dit que l'or eft in-
diffoluble dans l'eau régale. Au figuré , mariage ,
nœud , engagemens indiffoluiles. Le mariage eft
un nœud ficré Se indiffoluble parmi les Chrétiens,
Je frémis à la feule idée d'un engagement indiffolu-
ble. S. ÉvR. Il y a des Auteurs qui ont propolé des
quellions indiffolubles , qu'on ne pouvoir réfoudre ,
comme Hentisberus , de Alliaco , Jacques Suider ,
dit le Calculateur , &:c. Il vaut mieux dire, infolublcs
en parlant de queftions Se de problêmes , & indijjo-
lubles , en parlant de mariage Se des autres engage-
mens.
INDISSOLUBLEMENT, adv. D'une manière indilîb-
luble. Indijfolubili ne.xu. Les Ordres Sacrés lient une
perfonne à l'Égliie indiffolublement. Dans la Comé-
die de l'Irréfolu de M. Deftouches , Acl. ^ , Se. S ,
le jeune Chevalier , qui vouloir époufer la vieille
Argante poiîr fes richelfes , lui dit :
Nous nous laiffons aller au poids qui nous emporte ;
Et par ce mutuel & doux emportement ,
Nous nous trouvons liés indlifolublement.
Madame Argantb,
Indilîolublement ! L'exprefp.on efl belle.
Le Chevalier.
Oui.
Madame Argante.
Mais à mon oreille elle efl un peu nouvelle.
tst
I N D
Le Chevalier.
Je le crois tien , ma foi. Je viens de l'inventer
Exprès pourvousfurprendre & pour vous enchanter.
INDISTINCT , INCTE. adj. §3° Qui n'cft pas bien
diftiiid ; n'elî ni dilbngué , ni {cparé. Indijlinclus.
Ce terme qui d'ailleurs eft d'un Icr^-ice allez rare ,
ne fe dit guère que des fons qu'on ne dillingue pas
bien , & des idées confufes. Dans ce défordre géné-
ral on entendoit des voix confutes & indiftincles ,
qui ne faitbient pas l'éparément une fenfation claire
& nette. Souvent la mémoire ne conferve que des
notions indiftincles d'une chofe éloignée, parce que
quelques-unes des idées qui marquoient la liailon
& le' rapport de toutes tes parties , étant effacées ,
l'image qui en refte , eft imparfaite & indijlincle.
On pourroit dire la même chofe d'un objet que
nous voyons dans un trop grand éloignement. Cha-
que partie ne faifant pas une imprelîion alFez vive
& allez nette , l'image qui fe trace du tout , eft in-
diftincle. Par la même raifon les images que nous
préfente le fommeil , (ont indiftincles.
INDISTINCTEMENT. adv.fXDune manière indif
tinéle. Indijlincle. En parlant des chofes dont les
parties ne font pas bien diftinguées ni iéparées les
unes des autres , pour hiire une fenfation claire &
nette. On n'entend (\\iindiftinclement les voix d'une
multitude éloignée. On voit indïftinclement les ob-
jets trop éloignés. Certaines idées s'oftrent indiftinc-
temenc à notre eiprit.
fdT Indistinctement , fignifie aulîî fins diftinélion ,
fans faire différence d'une perfonne ou d'une chofe
à une autre. Indifcriminatim , nullâ hahiiâ ratione ,
nullo difcrimine jacîo. Dans certaines allemblées on
reçoit indftinclcment tous ceux qui le prélentent. La
peine eft tombée indïftinclement fur tous les coupa-
bles. On a pallé tous les habitans au fil de l'épée in-
dïftinclement , fans diftinélion de lexe , ni d'âge.
INDISTINCTION, i. f. Terme de Philofophie. In-
■djftinclio. Qualité de ce qui n'eft point diftingué
d'un autre. Foye\ les ait. piécédens.
INDIVIDU, f m. Terme de Philofophie. Être par-
ticulier de chaque efpèce j ou ce qui ne peut être
divifé en deux ou plulieurs autres êtres fcmblables ,
ou égaux. Individuum. La divifion ordinaire de la
Logique fe fait en genres , ?r de genres en efpèces ,
& des efpèces en individus. Ce n'eft pas les pre-
miers principes qui déterminent les êtres , c'eft le
véfultat de leur mélange , qui fait que la chofe eft
ce qu'elle eft; qui fait les individus. |,CFOn ne le dit
que des êtres organilés , animaux & végétaux.
On dit auflî en badinant , d'un homme qui s'aime
bien , qu'il a bien foin de fon individu. L'hiver eft
l'ennemi particulier de mon milérable individu , &
il n'y a pas moyen que nous nous accommodions
lui & moi. Balz.
On dit à l'adjcétif féminin en termes de Théolo-
gie, La très - fainte &c individue Trinité. Individua
Trinitas , & indivifa Unitas.
ifT INDIVIDU ATION. f f. Terme de Métaphyfique.
Ce que l'on appelle principe A'indiyiduation , en
Latin également barbare, principium individuationis ,
c'eft une détermination complctte de laquelle naît
la différence numérique. Pierre & Paul appartien-
nent à la même elpèce , mais ils différent numéri-
quement par des différences qui leur font propres ;
par la beauté, par la grandeur, par la fcience , &c.
l'aircmbiage de ces différences prifes enfemble , fait
tel ou tel individu.
INDIVIDUEL , ELLE. adj. Terme de Logique. Indi^
vidualis. Plulieurs Philolophes .admettent des dif-
férences individuelles , c'eft- à-dirc entre les indi
vidus.
INDIVIDUELLEMENT, adv. A ne regarder précifé-
ment que l'individu. Individualiter. Pierre , en tant
que Pierre , eft individuellement , &c.
|Cr INDIVIDUER. v. a. Terme de l'École. Confti-
I N D
tuer un individu , lui donner une forme individuelle ,"
faire qu'il ioit un tel individu , non pas un autre, il
eft injurieux à la divinité de croire que Dieu fe
mcprendroit dans la connoiffance de fes créatures,
comme le difoit M. de Leibnitz , fi elles n'avoienc
julqu'à la dernière monade des traits de diverfité
qui les Ipécitient & les individuent , comme on le
dit dans l'École avec beaucoup de force & d'expref-
iîon pour ceux qui s'y entendent. Mém. de Trév.
INDIVIS , ISE. adj. Qui n'eft pas partagé, ou divifc.
Indivifus. Ces terres font communes & indivi/èi:
Notre lubftitution eft conçue en un article indivis.
Pal. La caule eft une & indivife. Id.
Par indivis, adv. Terme de Palais. En commun. In
folidum , indivise. Pollédcr un héritage ^(7r indivis,
^fT n'eft autre chofe que jouir d'une même choie
non téparée entre les copropriétaires. Il eft oppofé
à divis. Polféder par divis , fe dit quand les parties
&■ portions d'une chofe , qui étoit commune , ont
écé faites pour en jouir chacun féparément. Les
promelfes générales fiites à tous leur appartien-
nent en commun & par indivis , comme on parlej
chacun y a le même droit. Pélisson.
Indivis, adj. Les terres de Dounezan & d'Andorre
dans les Pyrénées font par indivis de la Souveraineté
de France ôc d'Efpagne. On y met alternativement un
Viguier François & un Viguier Efpagnol. C'eft aulîî
une Souveraineté poflédée par indivis , que le Con-
dominium qui eft établi en certaines terres d'Allema-
gne entre les Princes de même maifon.
INDIVISIBILITÉ, f. f. Terme dogmatique , État de
ce qui ne peut être divilé. h'indiviftbilité d'un atome.
indivifibilité du point mathématique. IndiviftbiUtas ,
individuitas.
INDIVISIBLE, adj. Qui ne fe peut divifer. Indivifibi-
lis. IfT Le point mathématique eft réputé indivijlble ,
parce qu'on le regarde comme n'ayant aucune éten-
due. Dans le fyftème des Épicuriens, les atomes,
qui font les parties élémentaires des corps , font eC-
fentiellement indivifibles , individua corpora j non
pas à caufe de leur petitelTe , mais à caufe de leur
dureté & de la cohérence de leurs parties.
INDIVISIBLEMENT. adv. D'une manière indivifible.'
Indivifihditer. Les conjoints par mariage font unis
indivifiblement. Le ciel & la terre les ont joints in-
diviftblement. Pat.
^ INDIVISION. C. f. Non divifion. La matière eft
toujours divifible , fans être jamais divifée à l'infini.
Il y a donc dans la matière des particules fi minces ,
qu'elles s'éciiappent à toutes les divilions que l'art
& la nature opèrent. Ces particules jouilfent , finon
d'une vraie indivifibilité , au moins d'une vraie in-
divifion , qu'on nous palfe ce terme. Mém. de Trév.
Mai IJSP-
|Cr Ce terme qui n'eft pas de l'ufage ordinaire , peut
être employé dans le dogmatique , même fans cor-
rectif. Il eft énergique , même néceffaire , puifque
nous n'en avons point d'autre à lui (ubftituer.
INDOCILE, adj. m. & f Qui ne veut recevoir aucune
inftruélion, ni céder , ni obéir. tfT C'eft dans la
fignification la plus générale , celui que l'amour de
la liberté naturelle à l'homme , empêche d'obéir.
Indocilis , férus , ajper. Les peuples barbares font
d'un naturel indocile. Les dévots (ont d'ordinaire
indociles Se vifionnaires. Boss. Rien ne porte plus
à la révolte des elprits opiniâtres & indociles , que
de reconnoître peu de vigueur dans celui qui les gou-
verne. BouH. Xav. L. VI.
INDOCILITÉ, f. f. IfT Manque de docilité. Indocili-
M:f. C'eft un vice provenant de l'opiniâtreté ou de
l'orgueil j qui nous empêche de fcntir l'avantage de
l'inftrudion , & le mérite de l'obéiilance , & qui
nous fait rejettcr l'un &c l'aujre. L'indocilité d'un
écolier. L'indocilité des Sauvages.
INDOCTE, adj. de t g. Ignorant. Indocîus. Ce mot
fe trouve dans la Comédie des Vifionnaires.
Ce n'eft pas pour toi que j'écris^
Indoclc 6" /lapide Fulgaire. Des-M.
INDOLENCE.
I N D
INDOLENCE, f. f. 03" Indoknûa. Défaut de rciifi-
bilitc morale : ccac d'une pcrioniic qui n'efl point
touchée des cliofcs qui touchent les autres hommes ,
comme la gloire , la réputation , la fortune , les
plailirs, <Sic. C'eft une elpèce d'impailibiiité ou d'a-
pathie , chimère après laquelle eouroient des Phi-
lofophes extravagans , dans laquelle l'ame placée hors
des atteintes que donnent les pallions, vit dans une
tranquillité inaltérable. Il vaudroit beaucoup mieux
être quelquefois en querelle avec les paiiions, que
de jouir de cette paix honteule que {'indolence donne.
L'amour ell de toutes les pallions la plus propre à
vaincre l'indolence. Un loin exccilîf de cacher fes
défauts, vaut mieux que l'indolence de ceux qui ne
fe donnent pas la peine de les cléguifer. Bell.
^CT Ce mot s'emploie aulll poiu' déligncr l'état de
l'ame qui, ians être troublée pat les pallions qu'elle
éprouve , eft dans une elpèce d'indiiiérence parel-
feulè ; mais qui n'exclut ni la douleur j ni le plai-
iîr : il y a , dit S. Evremont , une .indolence de mol-
lelTe , plus exculable qu'une indolence ftupide , que
rien ne peut exciter. Cette heureufe- indolence n'ell
pas , comme s'imagine le vulgaire , un état uns
douleur & fans plailir : c'ed le lentiment d'une joie
délicate , que donne la tranquillité de Telprit.
Là , parmi les douceurs d'un cranqwlie Jllencc ,
Règne fur le duvec une heureufe indolence. Boil.
§CrOn s'en fcrt encore pour déligner l'indifférence
de certaines peiionnes qui ne prennent point départ
à la converfation , & qui ne (entent point ce qu'on
dit. Ces alicdations d'ennui , ces indolences perpé-
tuelles & ces airs de négligence que fe donnent cer-
taines femmes , ne piailent nullement aux geiiî de
bon goût. Fen.
^S'Mais ce mot eft confacré en quelque façon popr
déiigner un des dogia-s des aucicnj Philofophes Cy-
niques, & d'Abhncourt s'en eil fcrvi dans le dialo-
gue de Lucien , intitule Nigrinas. Il n'approuvoit pas
ce que quelques-up.s prennent pour un grand exercice
de vertu, de fe fouetter, ou de fe déchirer la peau,
pour s'accoutumer à la douleutj & difoit que c'é-
toit dans l'ame qu'il falloit placer l'indolence. Les
Stoïciens mcttoient la douleur entre les chofes indif-
férentes ; & comme ils ne croyoicnt pas que la vo-
lupté fût un bien , ils ne croyoient pas non plus que
la douleur fût un mal. Mais pour les Cyniques ,
comme ils failoient profeilion d être ennemis de la
volupté ( que je devienne infenfé plutôt que volup-
tueux , dilbit Antifthène leur fondateur) ils tour-
mentoient leur corps pour l'accoutumer à la dou-
leur , l'ennemi de la volupté; & ce que dit Lucien du
Philofophe Nigiicus , doit être entendu des Cyni-
ques 8c non pas des Stoïciens , comme l'explique le
P. Bouhours.
INDOLENT, ENTE, adj. Indiiférent; qui n'eft tou-
ché de rien. Qui nulld re commovetur. Il fe dit auiîi
d'un homme parellèux , nonchalant, quieli: infenlî-
ble, qui n'a aucun loin de fa fortune. On s'ennuie
fort avec ces perfonnes indolentes , qui ne prennent
point de part à la converfation , & qui ne fentent
point ce qu'on dit. Bell. Challèz des cœurs un indo-
lent repos. S. EvR. La meilleure éducation échoue
fur un naturel indolent & infenl'ible. Fen.
Jeunes beautés en vain tendent filets ;
D'être indolent chacun fe félicite ^
Nul en amour ne daigne être hypocrite. Des -H.
Les mots d'indolent 8c d'indolence ne font pas fort
anciens dans la Langue. Quand ils commencèrent à
s UKiT.duu-e dans ^e monde , M. Scarron dans une épî-
tre chagrine en parla de cette forte :
Mille â la Cour fe fervent û''indolenee.
Pour exprimer langueur & nonchalance:
rame F.
IND ijg
Et vous diront d'un ton trifte & dolent j
Depuis huit jours je fuis bien indolent.
Aujourd'hui indolent 8c 'indolence ont des lettres
de Noblelle. De Vign. Mar.
IP* Indolent cft aullî fubllantif. C'eft un 'indolent qui
ne le met en peine de rien.
M. Dionis appelle tumeur indolente , une tumeur
qui ne caufe aucune douleur. C'ell la force gramma-
ticale du met. On dit auiiidans le même féns une hu-
meur indolente.
U^^^Indolent, nonchalant, parellèux j négligent, fyno-
nimes. Indolent par défaut de fcnfibilité ; nonchalant
par défrut d'ardeur ; parellèux par défaut d'action ;
négligent par défaut de foin. Syn. Fr. Rien ne pique
l'indolent; il vit dans la tranquillité &: hors des at-
teintes que donnent les fortes pallions. Foye^ les
autres mots.
Cf3 Indolent, mou. Un homme mou ne foutient pas
(es entreprifès. Un indolent ne veut rien entrepren-
dre ; il manque de volonté 8c d'émulation ; on ne peut
le piquer ni le rendre (enlible.
INDOMTABLE,ou INDOMPTABLE, adj. m. & f.Qu'il
eft impollible de donii' r. Indomitus. Il le dit au pro-
pre des animauxqiu :efufent abfolument d'obéir à
l'homme , 8c au figuré, d: refpiit&: des pallions qui
ne (ont point foumilès à la raifon. Achille doit tou-
jours paroitre fougiicux , pétulant & indomuble. Le
P. LE B. Tout ell fournis dans le monde hors l'ame
fîcre &: 'indomtable de Caton. Bouh. Et cuncla terra-
rum fubacla , prêter atrocem an'imum Catonis. M. de
Segrais avoir traduit : Equùm domitor, qui eft l'épi-
thète que 'Virgile donne à Mellape , par ce vers Fran-
çois.
Le domteur 'mdomté d'un cheval indomtable.
INDOMTÉ, ou INDOMPTÉ, ÉE. adj. Qui n'a point
encore été domté. Indomitus. On lacrifioit autrefois
des taureaux indomtés qui n'avoient point été mis
fous le joug. On appelle auffi |ÎCr un cheval indomté ,
un cheval fougueux , furieux, fauvage. Au moral un
courage 'mdomté ^ un homme courageux, bouillant,
fougueux.
Brébeuf a dit d'Alexandre :
// fuit en indomté des ardeurs 'indifcrettes :
Et de Célar:
Ce farouche héros , ce courage indomté ,
Prit aux yeux des foldats toute fa majeflé.
Tous c&s cœurs imlomtés où préfide la glo'ire.
Bréb.
INDOSCYTHE. f. m. Ancien peuple d'Afie^ aux con-
fins de la Scythie &c de l'Inde , vers le confluent du
Cophène & de l'Indus.
INDOSTAN. Pays d'Alîe. Foyei Indoustan.
INDOTEE. adj. f. Qui n'a pas eu de dot. Du Latin Indo-
tata. Par Arrêt du mois de Février 1579, du Parle-,
ment de Touloufe , rendu au rapport de M. May-
nard , il fut jugé que la femme fe remariant dans l'an
du deuil, perdoit la quarte que l'Empereur Juftiniea
accorde à la femme indotée 8c pauvre , fur les biens
de fon mari décédé opulent , non extant'ibus liberis
Gaer. Gveket, rem. furie chap. ^.p. de la i Cent, de
M. le Prejire, p. rs4, col i.
INDOU. f. m. C'eft le nom d'une efpèee de Payens de
l'Inde qui habitent en deçà du Gange. Ils croient un
Dieu Souverain (5c l'immortalité de l'ame. Ils font
prefque tous profeilion de porter les armes , 8c le
Grand-Mogol leur confie la ^arde de fes meilleures
places. Maty.
INDOUSTAN. Terme de Relations 8c de Géographie.
Pays d'Alie , lîtué entre l'Indus & le Gange _, Se arro-
fé d'une infinité de rivières & de canaux que la nature
V
ÎT4 IND
<Sc r.irt ont crculcs pour tranfporcci- les immcnfcs
richelles qu'on y recueille. Quoiqu'on ait tranfportc
le nom d'Inde Se des Indes à l'Amérique , & celui
d'Indien aux peuples qui l'habitent, il n'en eftpas de
même de celui ci. Indoujiaji ne fe dit que des Indes
propres , qui font les Indes Orientales.
îN DOUZE, i". m. Terme d'imprimeur i<c de Libraire.
Sorte de livre dont chaque feuille pliée en douze com
pofe 24 pages. In duodecimo. In duodccïma forma.
C'efl: un grand, c'eft un petit in dou^a. On lappelle
-in-dou-^e, parce que ce nom eft pris des formes d Im-
primerie fur lefquclles ce livre eft tiré; & que cha
cune des formes de ces fortes de livres , a douze com-
partimens de caradères qui font les douze pages qui
s'impriment de chaque côté dune feuille, & qi-ii^en
font 14 , en prenant les deux formes ou les deux côtés
enfemble.
ÏNDRE. Nom d une rivière de France. Anger. Elle
prend (x fource dans le Berry où elle baigne la Châtre
& Château Roux. Elle entre enfuite en Touiaine,
& y ayant baigné Châtillon lur V Indre _, Loches , tx.
clic fe décharge dans la Loire , entre les embouchures
de la 'Vienne (Se du Cher. Matv. Grégoire de Tours
l'appelle Anger, Théodulphe d'Orléans Angera y
Guill. le Breton dans fa Philippide , I. FUI. Endria ,
les GeJIa Amhacenjîurn Dommorum, Anger, Anina
& Endria ; c'eit de ce dernier que s'efl: formé le nom
Indre. On trouve aulîî dans des tni:cs_ Agner, par
tranfpoiîtion , & Andra fans i ; mais ce (ont apparem-
ment des fautes de Copiftes. Foyei 'Valois, Noc.
G ail. p. 22.
INDROIS. Nom d'une petite rivière de France , com
me qui diroit la petite Indre. Andrijius , Andrijïa.
VIndrois palîe à Villeloin , Se fe jette dans l'indre.
Valois, Not. Gall. p. 22.
INDU, UE. adj. Aliénas. Ce mot a un ufige fort bor-
né. Il fignihe ce qui eft contre la railon , contre la
règle , contre l'ulage. Tems indu. Venir à une heure
indue , c'eft-à dire , venir trop tard , venir à une
heure où l'on ne dcvroit pas venir.
f3°On dit au Palais Indue vexation, pour dire injufte.
Indebica , iniqua , prêter aquuni & bonum.
IP" INDUBITABLE, adj. de t. g. Dont on ne peut dou-
ter , hors de doute. Indubitabdis , extra dubium pojl-
tus. Affaire, nouvelle indubitable. Le luccès de ce
procès eft indubitable. Mon droit ell indubitable.
Principe indubitable. Il y a bien peu de choies indubi-
tables.
INDUBITABLEMENT, adv. Sans aucun doute. Indu-
bitanter. Tout homme doit mourir , & cela indubi-
tablement. Une telle loi les expoleroit indubitable-
ment au péril. Fasc.
INDUCTION, f. f. Conféquence qu'on tire en raifon-
nant de quelques principes avancés. Induclio j illatio.
La conclufion d'un lyilogifme eft une induction qu'on
fait des deux prémilles.
Ïneuction, eft aiiftlun argument particulier à laRhé-
lorique , qui le tire d'un dénombrement qu'on fait de
plufieurs choies, dont on tue une conicquence gé-
nérale. Foyi\ le premier livre de la Rhétorique d'A-
riftote. Il y a proprement trois iortes d induclions j
& c'eft ainii que Suidas les diftingue : Vinduclion dia-
leélique qui lert à conclure une choie générale , par
rénumération de toutes les particulières d'un genre i
Vinduclion qui le lait par inrerroi-.arion , & dans la-
quelle on conclut par la rcllcmblancc. C'eft cette
hiduclion que les Grecs appellent 1.« «y»-/..:. Se qui
ctoit la manière la plus ordinaire dont Socrate fe fer-
voir, à ce que témoigne Cicéron dans fes Topiques ,
& Quintilien. La troifième lorte à' inducîion eft pro-
prement celle des Rhéteurs , qui eft une elpèce
d'exemple , d'où vient qu'Ariftote confond fouvent
l'une &c l'autre. '^ZTL'induclion eft fondée lur ce
principe de Logiciue , que ce qui le peut affirmer ou
nier de chaque individu d'une elpèce , ou de chaque
efpèce d'un genre , peut être affirmé ou nié de toute
l'clpèce on de tout le genre. Elle ne prouve guère
que pour le peuple & pour les ignorans , & en géné-
ral on doit le défier de ces fortes d'argumens, qui ne
I N D
font concluans qu'autant que Vinduclion eft com-
plette , c tft à'dire , qu'elle s'étend à tous les individus
lans exception, & quelle embralle tous les cas poili-
bles , (ans en omettre un feul : conditions qui fe ttou-
vcnt rarement dans une induclion.
Induction , en termes du Palais , fe dit des preuves &
avantages qu'on tire des pièces à mefure qu'on les
produit dans un inventaire. Les contredits le four-
nillcnt pour débattre non llulement les pièces , mais
aulli les induclions qu'on en tire. Pour confirmer tou-
tes ces inductions j on m'a fourni deux pièces.
Patru.
Induction j eft aufli une inftigation , une impulfion
qu'on fait à quelqu'un pour le pouffer à faire, ou à
dire quelque choie de mauvais. C'eft par votre in-
duction que cette femme a été lubornée , qu'elle a
abandonné fon mari. Ce fut par Vinduciion de lou
conieil, qu'elle jugea que, G'f. Mauc.
Induction. En termes de Pharmacie , c'eft l'adion d'é-
tendre un emplâtre, ou d'appliquer quelque chofe
(ur telle partie du corps que ce (oit. Dicx. de James.
INDUEMENT, adv. Terme du Palais, Injuftement.
Indehitt. On a emprifonné cet homme inducment y
c'eft- à dire , contre les règles de la jultice. On lui a
fait un procès induement Se (ans iujet. Le premier e
de ce nom ne ie fait (entir qu'en alongeant 1'« qui le
précède. Il vaut mieux écrire indûment avec l'A-
CAD. Fr;
INDUIRE. V. a. Inférer , tirer une conféquence de
quelques principes, de quelques propolitions qu'on
a avancées. Induccre , injerre unum ex alio. Vous ne
(auriez rien induire à votre avantage de la loi que
vous avez citée. Quelle que (oit cette aventure, on n'en
peut rien induire contre l'accufé. D'AucouR. On
auroit tort d'induire que l'on fît en cela quelque choie
qui fût contte la vérité. As. de ia Tr. Ma joie auroit
été entière , lî j'avois pu induire par quelque endroit
de votre lettre , que votre réfolution eft de commen-
cer cette grande œuvre par la réformation de vos per-
fonnes. Id. Terme barbare.
Ce mot vient du Latin induccre.
Induire, lignifie aullî , porter, exciter à faire quelque
chofe par des difcours , ou par des exemples. On e(-
timoit qu'il pourroit être induit à (e rendre par le
bruit de la renommée. Vaug. Ce mot s'emploie par-
ticulièrement quand il s'agit de porter quelqu'un à
quelque chofe de mauv.ais. C'eft un fuborneur qui l'a
induit à dépol'er le faux. Induire à mal faire. Ad ma-
lum pellicere. Induire à oppofer l'injure à l'injure ,
la violence à la violence. Ab. delaTrape.
On dit auili. Seigneur, ne nous induifc\ point en
tentation , c'eft à dire , ne permettez pas que nous
(oyons tentés au defliis de nos forces. Si les hommes
doivent à Dieu du refpeâ , Dieu doit aux hommes de
ne les pas induire en erreur. Pasc. Induire en erreur ,
c'eft mettre les hommes dans la néceilîté de conclure
& de (liivre une faulleté. Id. Le mot d'induire en ce
(tns , n'a guère d'ufage que dans ces (ortcs de phra-
fes.
INDUISSES. (". f. pi. Vieux mot. liiductions à faire
quelque chofe.
INDULGENCE, f. f. Difpofition à pardonner les
fautes &c à fupporter les défauts des autres hommes.
Indulgcntia. Les mères gâtent fouvent leurs enfans
par trop d'indulgence. Ce qui tait que nous avons
tant d'indulgence pour nos pallions, c'eft que nous
les regardons dans im certain point de vue qui nous
empêche d'en appercevoir le ridicule. Bell. Pour-
quoi regarder avec tant d'indignation la chute des
autres, & les juger fi rigoureufement, puifque nous
avons tant de beloin de leur indulgence? M. Esp.
D'où vient que nous n'avons pas pour les autres la
même indulgence que nous voulons que l'on ait pour
nous? Bell. Nous reg.ardons nç(S défauts avec beau-
coup d'indulgence. S. Evr. Parcourez les priions &:
les hôpitaux , & vous avouerez que la Providence
n'a pas une indulgence aveugle pour les pécheurs. Id.
U indulgence chrétienne eft plus excellente que l'in-
dulgence humaine. Vindulgençe humaine n'cfî qu'une
I N D
péliriqUc & une faillie vertu. M. EsP.
iNDULctNtE , en termes de Théologie, cft la rémillîon
de Ici peine due aux péchés , accordée p.ir l'Eglife.
Les liiduli;c lices (onr fondées lur le nélor infini des
méiites de Jésus ChrIst ôc (m ceux de la fainte
Vierge & de tous les Saints, qui peuvent nous être
appliqués en vertu de la communion des Saints, &
que l'i^glirc a droit de nous appliquer. Le Jubilé porte
Indulgence plénièrc ; il y a auHi des bulles à'indulgcn-
«^plcnières accordées à plulieurs Lgliles, à pluijeurs
Confréries , pour certaines fêtes. §0' Les indulgences
n'étôient autre choie que la relaxation des peines ca-
noniques. Si l'on en a une autre idée, il feraimpoilï-
ble de les prouver ppir la tradition contre les Héréti-
ques qui les rejettent. Le Concile de Latran ne donne
point une autre idée des indulgences que M. Fleury
après les plus habiles Théologiens , (avoir qu'elles
confiftcnt à remettre quelque partie de la pénitence
enjointe par les Canons à ceux qui le confelleuc. On
n'accordoic point A' indulgences plénicres dans l'anti-
quité. La première de ce genre-là eft celle que le
Concile de Clermont crut devoir accorder. Inft. de
M. Fleury.
Il y a dans l'Eglife de S. Jean de Latran à Rome ,
un tableau attaché au fécond piher du côté droit,
duquel on a prétendu conclure que les indulgences
pour ceux qui vifiteroient une Èglife , étoient en
ufage dès les premiers fiècles de l'Éghle , comme elles
l'ont été depuis le XIIF, parce qu'il eft dit dans ce
tableau que S. Sylveftre en accorda une pour ceux
qui vifiteroient l'Eglife de Latran ; mais les BoUandif-
tes ont montré la faulfeté manifefte de ce que dit ce
■ tableau. Foyei le PropyUum Manis , Dijjert. FIII^
p. 4S. ■" &Juiv. Voyez encore au même endroit,
n. iji, leur diil'crtation fur les indulgences accordées
• par Sergius II à l'Eglife de S. Sylveftre & de S. Mar-
tin.
On dit , il y a aujourd'hui indulgence en telle
Eglife. Accorder une indulgence. Il y a indulgence
plénière aux principales têtes de l'année dans
cette Pareille. Gagner Vindulgence. Les Théologiens
difent qu'on ne gagne pas toujours plénièremcnt une
indulgence plénière , faUte de difpolition , ou de foin
à accomplir les conditions auxquelles elle eft donnée.
Le Cardinal Bellarmin dans les Controverles , tom.
III y &c Maldonat, ont traité des indulgences.
^fTOn dit dans le ftyle familier, il y -a. indulgence plé-
nière à faire telle chofe , pour hgnilîer qu'il eft bien
de la faire, ou qu'on le croit ainli. '
Tout domejlique , en trompant un mari,
Pcnfe gagner indulgence plénière.
Indulgence , fe dit pour concelîîon d'indulgence. Il
faut faire renouveller cette indulgence ; elle n'étoit
que pour neuf ans , & ils font écoulés.
Indulgence, s'eft dit dans le civil pour amniftie. Indul-
gentia , remijjio , condonaiio. Cette vidloire fut un
prétexte à Maxence de faire piller l'Afrique & de
triompher à Rome. Ce fut alors apparemment qu'il
envoya une indulgence , c'eft-à-dirc , des lettres d'am-
niftie. Fleury.
Indulgence, en Mythologie. Cette vertu eft repréfen-
tée dans une médaille de Gordien , par une femme
alîlle entre un bœuf & un taureau , peur être pour
marquer que Vindulgence adoucit Içs elprits les plus
brutaux. Dans une autre médaille , Vindulgence d'Au-
gufte eft marquée par une femme alîile qui tend la
main droite , & qui tient un Iceptre de la Ebauche.
INDULGENT, ENTE. adj. Bon, facile, qui ufe d'in-
dulgence j §^qui eft difpofé à fuppoiTer les défauts
des hommes. Se à pardonner leurs fautes. Indulge-ns.
Un père indulgent; un maître, uii Prince indulgent.
Ce n'eft pas l'homme bénin qui a de la diipofinon,
de l'inclination à faire du bien , ni l'homme humain
dont lafenfibiUté fympatife aux maux ou à l'état d'au-
trui-, ni même l'homme doux que le caraélère d'hu-
meur rend fociable. L'homme doux Se l'homme in-
dulgent , ont pourtant quelque chofe de commun ,
Tome y.
IND ij^
qui cft de ne rebuter pcrfonne. Mais l'homme indul-
gent lait cxculer Se pardonner ce qui tient de la foi-
blcdc humaine. Plus on a le difcernciVient exquis,
plus on fe fait honneur d'être indulgent. Lt Ch. de
M. Il ne faut être dans le mouJc , ni trop indulienc ,
ni trop auftèrc. BtLi.. On ne fe repicfentc Dieu que
fous l'idée d'un Dieu indulgent Se pitoyable. Se là-
dellus on fe promet le pardon avec une lécurité fatale.
La Pl. a mefure cjue nos connoillànces au^mentciit ,
nous devenons plus indulgcns Se plus équitables pour
les autres. M. Esi>. Chacun pour loi - même eft
toujours indulgent. Boil.
INDULT. f. m. Terme de Jurifprudence canonique , du
Latin indulgcre , accorder. C'eft en général une grâce
accordée par lettres du Pape à quelque Corps ou
Communauté, ou à quelque perfonne , par un pri-
vilège particulier , pour faire ou obtenir quelque
choie contre la dilpolition du Droit commun. Ponti-
Jiciaria, gratia , indultum. C'eft une cfpèce de tranf-
port des grâces expeétativcs que le Pape étoit autre-
fois en droit d'accorder. Il y a deux fortes d'induits.
Les uns lontaelifs, &: conliftent dans le pouvoir de
nommer , conférer t<c préleiuer librement aux béné-
fices établis par les rélerves & les règles de la Chan-
cellerie Apoftolique. Les Papes en accordent ordi-
nairement aux Princes (éculiers, Cardinaux, Evêques
& autres Prélats. Xes induits palîifs confiftenr dans le
pouvoir de recevoir des bénéfices & grâces expefta-
tives , comme ceux du Parlement , des Gradués Se des
Mandataires.
h'indult des Rois eft le pouvoir qui leur eft donné
de nommer aux bénéfices Conliftoriaux , loir par un
traité ou concordat , foit par une grâce ou un
privilège particulier. Le Pape Léon X donna au Roi
François I , un nouvel induit de nommer aux Bénéfi-
ces Conliftoriaux des pays de Bretagne Se de Pro-
vence qui n'étôient point compris dans le concordat.
Ils en ont aulli accordé pour les pays conquis , com-
me celui de Clément IX accoidé au Roi (Louis XIV)
pour le Roullillon.
L'induit des Cardinaux eft un privilège de pouvoir
tenir des bénéfices réguliers, aufli-bien que des fécu-
liers, de pouvoir conférer en commande ou la conti-
nuer ; de ne pouvoir être prévenus dans les lix mois
pour la collation des bénéfices qui dépendent d'eux.
Quelques autres Collateurs ont aulll un induit pour
continuer la commande , pour conférer de com-
mande en commande. L'induit des Cardinaux s'ap-
pelle V induit de compaét , parce qu'il leiu' a été donné
par une bulle du 19 Mai IJJJ , qu'on appelle la
Bulle du compad:. Voye-^ Blondeau dans la Biblio-
thèque Canonique.
Indult de Meilleurs du Parlement. C'eft un droit ou
privilège accordé à M. le Chancelier , Meilleurs les
Préfidens Se les Confeillers du Parlement, les Maî-
tres des Requêtes, les Grefîiers Se Secrétaires du Par-
lement , pour requérir fur un Évêché ou fur un
Abbaye, le premier bénéfice vacant, foit pour eux-
mêmes , foie pour un autre. C'eft une efpèce de Pa-
tronage du Roi. Cet induit eft un mandat ou une
grâce par laquelle le Pape permet au Roi de nommer
à tel CoUateur qu'il lui plaît j un Conleiller ou autre
Officier du Parlement à qui le Collateur fera obligé
de conférer un Bénéfice. Ainti le droit d'induit
rélide radicalement en la perlonne du Roi. Les Offir
ciers n'en font que l'objet & n'en ont que l'ulage &
l'utilité. Le Roi eft le canal par lequel cette grâce leur
eft communiquée. Chaque Officier ne peut exercer
ce droit qu'une fois dans fa vie , éJc chaque Collareur
ne peut en être chargé qu'une fois en la viCj ou pen-
dant la vie du Roi fi c'eft une communauté. Si l'Offi-
cier eft Clerc , comme ils l'ctoient la plupart au com-
mencement de laconcellionde Yindultj il peut être
nommé lui même-, s'il eft LaVque, il peur nommer
une autre perfonne pour être préfentée en fa place
par le Roi. L'induit s'étend aux Bénéfices réguliers
aufli-bien qu'aux fcculiers. Les dignités des Cathédra-
les & Collégiales , font fujetres à V induit , & l'indul-
taire les peut requérir, quoique les gradués ne puit-
Vij
i$6
I N D
fent pas y prctendre. Celui qiii a droit à'induU , doit
obtenir des lettres de la Chancellerie adrellées à un
Patron ou Collateur à qui il faut notifier ces lettres &
en lailler copie, afin qu'il confère le premier Bénc-
hce vacant. L'indultaire le peut requérir dans les iix
mois, & le Collateur ou Patron eli oblige de le con-
férer à l'impétrant. Les lettres du Roi obtenues par
l'indultaire doivent aulll être enregillrées au Parle-
ment. Les Cardinaux pollédans en France des Évê-
chés. Abbayes, ou autres Bénéfices, ne font point
fujers au droit à'induU. Voyez Indultaire. Paf-
quier dit que ce privilège fut accordé au Parlement
afin qu'il ne s'opposât plus fi fortement aux entrepri-
fes de la Cour de Rome. Quelques-uns croient que
le Pape Eugène IV a été le premier auteur de ce privi-
lège par une bulle de 1454. On trouve de ces mande-
mens dès le tems du Pape Benoît XII , iéant a. Avignon
dès l'an 13 34-, mais l'ufage de ces droits ne fut vérita-
blement artermi qu'en i j 3 8 par la bulle Pauline , de
Paul III, à la recommandation de François I , à la
conférence qu'ils eurent dans la ville de Nice. Le
Pape Clément IX en accorda une bulle en 1 668 , par
laquelle les indultaires font déchargés d'accepter des
Cures ou Bénéfices au dellous de 600 livres de revenu ;
auparavant ils étoient obligés d'accepter un bénéfice
de 200 livres, pour remplir l'induU. Déplus, il don-
na le pouvoir aux Collateurs ordinaires & aux exécu-
teurs de l'induit , de conférer des bénéfices réguliers
de commande en commande , pourvu que le dernier
titulaire l'ait polfédé en commande libre, & ce titre
s'eft appelé Ampliation d'induit. Le Pape Benoît
XIII envoya une forme A'indult à l'Univerfité dé Pa-
ris en l'an 1556, par lequel il lui permettoit de fe
nommer fur les Bénéfices des Diocéiains \ mais
elle en négligea l'exécution. Meilleurs de la Chambre
des Comptes ont auilî prétendu avoir des induits à
l'exemple du Parlement , ils ne l'ont pu obtenir. M.
le Prélident Cochet de S. Vallier a fait un Traité de
cet induit, imprimé à Paris en 1703. Il y en a encore
un de M. Regnaudin,
Indult , fe dit aulli de la permiilîon qu'on donne à
quelqu'un d'exercer la Médecine fins donner lieu à
la vacance àtz Bénéfices. Il fe dit aulll de plufieurs
grâces femblables; comme pour l'ufage des viandes
défendues, pour être difpenfé de montrer fa lettre de
confure , pour un Religieux qui veut entrer dans un
autre Ordre ; pour prendre les Ordres en trois jours
de tems , pour pouvoir tenir la calotte en célébrant
la Melfe, &c. Ils font taxés à ij livres quand ils
s'expédient par une fimplefignature, & à 60 livres,
^uand ih s'expédient par un Bref.
Les Marchands appellent aulli induit Se bonpajfa-
ge , les droits Se péages §3° que le Roi d'Elpagne
prend fur les marchandifes des particuliers qui arri-
vent de l'Amérique par la flotte & les gallions.
INDULTAIRE. f m. Celui qui a un induit, ou qui a
droit à un bénéfice en vertu d'un induit d'un Con-
feiller du Parlement de Paris, ou d'un Maître des
Requêtes, t^oye-^ Indult. Les Indultaires font pré-
férés aux Gradués, h' Indultaire peut être prévenu par
le Pape avant fa réquifition. Un Indultaire peut fe
nommer lui même s'il cft Clerc ; ce que ne peut faire
le Patron , ni le Collateur. La nomination d'un In-
dultaire fur un Prélat qui a déjà été grevé, c'eft à
dire, qui a déjà acquitté l'induit, eft neuve , fuivant
hpauline, ou bulle de Paul III. Si l'Ordinaire refufe
la proviiionj l'indultaire peut s'adrelfer aux exécu-
teurs du mandat .ipoftoliquc- , ou de l'induit. Ces
exécuteurs nommés par la bulle de Paul III , étoient
l'Abbé de Saint Magloire & de Saint Vièlor , & le
Chancelier de l'Églife de Paris ; mais par la bulle
ampliative de Clément IX , ce font les Abbés de Saint
Denis <Sj de Saint Germain des-Prés , avec le grand
Arcliidiacre de Paris.
INDUS, f. m. Nom d'un fleuve d'Afie. f^oje^ Inde.
INDUSTRIAL , ALE. adj. Qui vient de l'induftrie.
Ex indujlria proveniens. Pontas a dit , Des fruits in-
dujlriaux. Ce mot n'cft en ufage qu'en Droit, «Se en
ce feul cas.
I N D
INDUSTRIE, f. f. ^Indujina. Ce mot pris dans un
fens métaphyiique , eft une fa.ulté de l'ame qui
s'exerce lur les productions Se fur les opérations raé-
chaniques qu elle invente , ou qu'elle imite. Il faut
beaucoup à'indujlne pour découvrir Se repréfenter les
opérations méchaniques de la nature , pour trouver
des machines utiles, pour en inventer de curieufes
Se d'intérellantes.
UCT Ce mot fignifie quelquefois le fimple travail des
mains, l'art d'augmenter Ion revenu par différentes
inventions relativement aux arts, aux métiers, au
commerce , à la fociété. Les hommes fe font allem-
blés en fociété afin de jouir des fecours de leur induf-
trie mutuelle , dont les befoins de la vie ont rendu le
commerce nécedaire. S. ÉvR. Un père laborieux
fait fublifter fa famille par fon travail , par fon ïnduf;
trie.
ISirC'ell dans ce fens que le mot indujlrie eft employé
en finance , par oppolition à fonds réels. On taxe
Vindujirie, c'eft-à-dire , le travail , le favoir faire. Les
Marchands, les Fermiers font taxés non feulement
pour leur bien, mais encore à proportion de leur
indujlrie.
^fT Dans l'ufage ordinaire , ce mot eft fouvent em-
ployé pour déiigncr un tour ou une adrelfe de la con-
duite. Il a eu l'indujirie de faire, allez A'indujlrie
pour venir à bout de ce qu'il avoir entrepris. Les
conquérans illuihes qui ont laillé un grand nom a la
poftérité, n'approchoient pas de Vindujlrie d Annibal
à maintenir des années. S. ÉvR. Sa fortune étoit G.
médiocre , qu'il chercha à s'en faire une meilleure par
fon indujlrie. FlÉch. Tirons des hommes ce que Vin-
dujlrie nous en peut faire tirer honnêtement. Par-là,
l'indujirie eft diftinguée du iavoir-faire , qui eft un
avantage d'art ou de talent. Dans la nécellité la ref-
fource de l'indujirie eft plus prompte; celle dujîzvoir-
faire eft plus sûre.
§3° On dit vivre à' indujlrie, fublifter A'indujlrie , trou-
ver des moyens de lubfifter bons ou mauvais : on le
dit ordinairement en mauvaife part. On nomme , en
plaifantant. Chevaliers d'i/2(^zi/?riej oxx Azl' indujlrie y
ceux qui, ians biens, fans emplois, fans métier, vi-
vent néanmoins dans le monde d'une façon honnête,
quoiqu'aux dépens d'autrui. Cette explication eft de
M. l'Abbé Girard. Il femble pourtant que ce mot ne
peut fe prendre que dans un lens odieux; Se l'on na
peut guère regarder comme honnête , la façon d'un
homme qui vit d'adrell'e Se aux dépens d'autrui. Il
fait au moins des dupes.
Ce mot eft tiré du Latin indujlria , A'indujirius, qui
eft dit, ielon Feftus, ab imrojlruendo. Selon cet Au-
teur, celui là proprement eft induftrieux, qui intrh
flruit , qui travaille pour le dedans , c'eft- à-dire , pour
la famille , Se qui ne perd aucune occaiion pour cela.
Industrie, fe dit quelquefois des animaux. Les oifeaux
font leur nid avec une merveilleuie indujlrie. Ceux
qui ont vu les caftors qui bâtillent leurs maifons, ad-
mirent leur indujlrie.
§CF Industrie , dans les Arts méchaniques C'eft un
goût particulier qui a pour objet les opérations mé-
chaniques qui font le fruit de l'invention, qui tend
à découvrir, à reprcfentcr les opérations méchani-
ques de la nature. Elle eft diftércnte du goût Se du
génie qui font d'un ordre bien lupérieur. Voye-:^ ces
mots.
CK? Industrie, d.ans le droit politique. On entend par-
là le travail des mains, ou les inventions utiles, re-
latives aux arts & aux métiers, ou ces deux chofes
prifès enfemble. On taxe ï indujlrie qu'on devroit ré-
compenfer.
INDUSTRIEUSEMENT. adv. D'une manière induf-
trieufe. Indujlrie. Cet ouvrier applique l'émail fort
indujlrieufement. C'eli dans l'Hiftoire que les Princes
découvrent que le luftre de la flatterie eft fuperficiel.
Se que les faulles couleurs, quelque indujlrieuj'ement
qu'on les applique, ne tiennent pas. Boss. Les mains
de la Princelîe indujlrieuj'ement occupées , s'exerçoient
à des ouvrages dont la piété avoit donné le delfein.
Id.
I N D
INDUSTRIEUX, EUSE. adj. Qui a de l'indurtrie , ou
qui eft fait avec induftiic. Indujlnus. Cette machine
eft faite d'une manière fort ïndujliïeufe ; elle part d'un
cfprit fort ïndufineux. Le linge eit un animal ïnduf
tneux , il imite l'induftrie des hommes. 'Vous êtes
aulli indtiflrkux à cacher vos bonnev adtions , que les
autres à les montrer. Boss. Rome a voulu perfuader
qu'une Providence indtijlricuje' ayoït ajufté les divers
génies de fis Rois aux dittérens befoins de ion peuple.
S. ÉvR. Les violens delirs (ont indujlrïeux. Le Ch.
DE M. La fraude efl plus ïndujlrlcufc que la bonne
foi. S. ÉvR.
INDUT. f. m. Terme de Liturgie &: de Rubriques. Il
cft en ufagc dans l'Églife de Paris , où l'on appelle in-
i iuts les Clercs, les Eccléliaftiques qui alliftenc à la
melFe revêtus d'une aube & d'une tunique pour fer-
vir le Diacre & le Soildiacre. Indutus.
Ce nom d'Indut vient du participe Latin indutus ,
qui veut dire revêtu,
I N E.
^INÉBRANLABLE, adj. m. & f. Qui ne peut être
ébranlé. StubUis. Les vagues frappent en vain les ro-
chers , ils lont inébranlables.
Au moral, il préfente la même idée; il défignc un
homme ferme qui réfifte à toutes les attaques qu'on
lui porte. Firmus. Ce Magiftrat eft inébranlable dans
ion intégrité. Le zélé du Prélat fut inébranlable. M.
DE M. Les principes de la Géométrie font inébranla-
bles. Le Sage des Sto'i'ciens fe vante que les ruines du
monde , en l'accablant , le trouveroient ferme &
inébranlable. M. Esp. Si fraclus illabatur orbis , im-
pavidum ferient ruime. Horat.
§C?' On dit d.ins le même fens qu'un homme eft inébran-
lable dans fes réfolutions , pour dire qu'on ne peut
le faire changer de réfolution. Il eft inébranlable dans
(es réfolutions. Propojlti tenax , pertinax.
INÉBRANLABLEMENT. adv. Fermement, d'une
inanière inébranlable. Pertinacitcr. Etre inébranla-
blement attaché à fon devoir. Etre inébranlahlemem
aheuité à une opinion.
INÉDIE. f. f. Abftinence de nourriture; diète. Une
fois S. Etienne .troifième Abbé de Cîteaux , 6c fes Re-
ligieux , fe trouvèrent courts à la veille de la Pente-
côte , & en danger de mourir de faim pendant les Fê-
tes, s'ils n'y pourvoyoient. Cette confidération ne
put les faire départir de ce qu'ils croyoient devoir à
la faintcté des Fêtes. Ils allèrent à l'ofhce du chœur
avec autant de joie que s'ils cullent dû faire un grand
repas après la mefte , quoiqu'étant déjà épuifés &
prefque abattus par Vinédie , ils ne vilfent aucune
refTource humaine à leurs befoins. Baillet^ Vie de
S. Etienne de Cite.^ux. Ce mot a été forgé du Latin
incdia. S'A ne s'agillbit que de donner une terminai
fon Fr.ançoife à ces lortes de mots pour les faire paf-
ler, notre langue feroit bientôt enrichie des dépouil-
les des autres. Inédie eft d'autant moins recevable,
que nous avons inanition que l'Académie explique
par foiblellc , manque de forces , cauféc par défaut
de nourriture.
INEFFABILITÉ. f. f. Terme de Théologie. Impofll-
bilité d'expreftlon. Ineffabilitas. Il ne fe dit que
des attributs de Dieu, des Myftères de la ReJigion ,
qu'il eft impolhble d'exprhner , de faire comprendre
aux hommes par le dilcours. L'ineffabilité des myf-
tères , des attributs de Dieu.
Ce mot Se le fuivant (e font formés du verbe La-
tin effari , parler , exprimer , & de la prépofition
in prifedans fon fens privatif, ou négatif.
INEFFABLE, adj. m. &: f. Qui ne le peut exprimer ,
ni comprendre. Incffabilis , inenarrabilis , infandus.
Le myftère i/zt^aWe du très-augufte Saint Sacrement
de l'Autel. L'homme eft uni au 'Verbe d'une manière
ineffable. Le P. Doucin. Grandeur ineffable. Gon.
Adorer la grandeur ineffable du 'Verbe. Boss. Dieu
communique à l'ame des grâces fublimes &c ineffa-
bles. Id.
Ineffable , fignifîe aulîî , Ce qu'on ne doit point pro-
I N E 1^7
nonccr par relpeâ:. Les Hébreux renoient le nom
de Dieu Jehovah pour ineffable , pas un ne lofoit
proférer, cela n'appartenoit qu'au Grand Prêtre. Le
P. Soucier , Jéfuitc , dans fa Diftertation fur ce
nom , Chap. IV, montre que bien d'autres que le
Grand Prêtre le prononi,oient ; ainli il n'étoit inef-
fable qu'en ce qu'il n'étoit pas permis à tout le
monde indiftéremmcnt de le prononcer en toute
occalion.
Nombre ineffable , en Arithmétique , eft la mê-
me chofe que le nombre fourd. Harris.
INEFFAÇABLE, adj. m. &: f. Qui ne peut être effacé.
Nullo modo dolendus. L'eau forte qui tombe fur des
étortes , y fait des taches ineffaçables.
Ineffaçable , fe dit figurémcnt en Morale. Qi^and
on a fait une amende honorable en Juftice , c'eftjUnc
tache à l'honneur qui eft ineffaçable. Le Baptême
imprime un caraûère ineffaçable. D'autres difent in-
délébile. Les grandes imprelHons du cœur font in-
effaçables. AL ScuD. Foye\ Effacer.
INÈFFECTIF , IVE. adj. Je n'ai trouvé ce mot que
dans l'Abbé de la Trape ; & l'ufage ne l'a point
adopté. Il le prend pour inefficace , qui n'a point
d'ertèt , qui demeure fans effet. Sterilis ^ effeclu ca-
rens , inefficax. Dieu veut des œuvres, & il ne fe
paye ni de lîmples delirs , ni de volontés ineffeclives.
Abbé de la trappe. Il arrive fouvent que les in-
tentions que Dieu a infpirées demeurent ineffec-
tives , Se pour - lors les volontés (ont comptées pour
des œuvres. Idem.
INEFFICACE, adj. m. & f. Qui ne produit point fon
eftet ; qui n'eft pas alFez fort pour faire quelque
chofe. Inefficax. La nature corrompue rend louvent
les grâces de Dieu inefficaces. La promelle des ré-
compcnfes leroit inefficace pour obliger les hommes
à faire leur devoir , il a fallu y ajouter la crainte des
fuppliccs. Voy. Efficace & Grâce.
INEFFICACITÉ, f. f. Manque défficacité. Inefficacitas.
L'inefficacité d'un moyen , d'un fecoutSj d'un re-
mède. Voye^ Efficacité.
|Cr INÉGAL, ALE. adj. Qui n'eft pas égal, qui eft
plus grand ou plus petit , qui ne va pas d'une manière
uniforme, qui eft haut & bas, raboteux. On le dit
au propre &: au moral. In^qualis , impar , p.T.rùmJibi
conjlans , iniquus , ofper , luivant l'emploi qu'on en
fait. Inégal en condition , en âge j en biens. Des
lignes, des grandeurs inégales. On dit auili un che
mm inégal 3 pour dire qu'il eft raboteux , qu''il n'eft
pas plein & uni. Combat inégal , où les forces font
plus grandes d'un côté que de l'autre. On a dit de-
î'aftaire de la Hogue ,
Dans ce combat trop inégal.
Où nul des combattans n'a gagné la vicloire ,
Notre efcadre a beaucoup de mal j
L'ennemi plus nombreux n'en a pas plus de gloire.
1^ Marcher d'un pas inégal, tantôt vite j tantôt lente-
ment. Au moral on dit d'un homme qui ne fe con-
duit pas d'une manière uniforme, qu'il a une con-
duite inégale. Efprit inégal, HommAnégal j celui
qui fe conduit ainfi. Les perfonnes inégales reflem-
blenr à ces climats difgraciés, où l'on ne palfe jamais
' deux jours fans pluies ou fans orages. L. D|. Les per-
fonnes d'une humeur inégale Se un peu capricieufe ,
ont d'ordinaire beaucoup d'elprit. M. Scud. Un
homme inégal n'eft pas un feul homme', ce font plu-
fieurs : il (e multiplie autant de fois qu'il a de mau-
vais goûts & de manières différentes. Il eft à chaque
moment ce qu'il n'étoit point , & il va être bientôt
ce qu'il n'a jamais été ; il fe fuccéde lui même. §CF Ne
demandez point de quelle complexion il eft , mais
quelles font fes complexions , ni de quelle humeur,
mais combien il a de fortes d'humeurs. La Br. Un
ftyle, undif'cours inégal ^ eft un ftyle qui ne fe fou-
tient pas , qui s'élève trop haut ôc qui tombe trop
bas.
On le dit aulli en Médecine d'un pouls inégal ,
quand il ne bat pas également.
ïj8
î N E
I NE
îNÉGALEMENT. ù.àv. D'une manijve inégale. 7/2^-
quaiiur. Se conduire inégalcmenc. Partagei: inc'gaic-
ment.
INÉGALITÉ, f. f. Défauc d'égalité. On le dk dans tous
les kns d'inégal, t^oyc^ ce mot. Inuqualius. Il y a
entre ces deux pcrlbnaes une grande Inigaliu. Une
certaine inégditc entre les hommes qui entretient
l'ordre & la tiibordination , cft l'ouvrage de Dieu :
une trop grande lubordinanon ell la loi des plus
foi-ts. La Br. L'inégalicé de deux lignes , de deux
figures. Vinégalhi du chemin fatigue les chevaux.
Vinc'galué des humeurs, du pouls; Y ineg al ics des lai
Ions ; Vinégalité de l'air , c'eltà dire , les changemens
qui y arrivent.
Inégalité , fe dit aullî des inconftances &_ des bilarre
ries de l'elprit. La complailance kii à lupporter les
caprices & les inégalités de nos amis, & a ne prendre
pas garde à quelques légères rudeiles , pourvu qu'elles
ne foicnt pas trop fréquentes. M. Scun. Les inégalués
bifarres de cert.unes gens qui ruinent la douceur du
commerce. Bell. Je trouve quelque chofe de pi-
quant dans les inégalités de cette femme. S. ÉvR.
Notre efprit a fes inégalités caufées par le dérèglement
des fens. Idem. L'inégalité de l'humeur vient bien
. Ibuvent de la conftitution du tempérament , ou des
fréquens changemens de l'air.
^3" Inégalité d'humeur, inquiétude d'efprit, inconf-
tance du cœur, incertitude de conduite; tous vices de
l'ame, mais diftcrens , &c quï, avec tout le rapport
qui paroît entr'eux , ne fe fuppolent pas toujours l'un
l'autre dans un même lujet.
INÉLÉGANT ^ ANTE. .adj. m. & f. Qui manque d'é-
légance. Cette tradudion , quoiqa inélégante , m'a
donné une très-haute idée de l'original. Abèé de
Pons , Lettre fur l'Iliade de M. de la Motte. Voy.
Élégant.
INÉLIGIBLE, adj. Qui ne peut être élu. Les Chanoi-
nes d'York préfentèrent en 1115. Au P.ape Inno-
- cent m. Simon de Langton , frère de l'Archevêque
de Cantorbéri , qu'ils avoient élu pour le leur , le
priant de confirmer l'éledion , mais le Pape le retîi-
ia , calla l'éledion comme faite contre fa défenfe ,
déclara Simon inéligible , & ordonna aux Chanoines
de procéder aulli tôt à une autre éleftion. Fleury ,
Hift. Eccl.
INÉNARRABLE, adj. Qui ne peut être raconté. Ine-
nanrahiUs. Saint Paul étant tranlporté au troificmc
Ciel, vit des choies inénarrables , qu'il n'a pu ra-
conter. Gémilfement inénarrable. God. Saint Pierre
dit que les véritables Fidelles le réjouiflbnt d une
)o\e inénarrable , ik. gloiieufe. A l'exemple^ de cette
hlle de Lunebourg , on a vu naître je ne fais com-
bien de Prophètes , qui fe glorifioient d'avoir lenti
des extafes & des ravilfemens de joie topt-à-fait iné-
narrables. Beauval. Il n'eft guère d'ufage que dans
les phrafes tirées de l'Ecriture.
INEPTE, adj m. & f. Qui n'eft point propre à quel-
que chofe ; & quelquefois qui cft ridicule , for , im-
pertine^p. Ineptus. Ce mot fent un peu le Collège.
On peut dire dans la converiation , cet homme a du
talqit pour les fciences-, mais il n'y eut jamais pei-
fon^ plus inepte pour les affaires. Bou. Un auteur
férieux n'eft pas obligé de remplir fon efprit de tou-
tes les ineptes applications que l'on peut iaire au fu-
jet de quelques endroits de Ion Ouvrage. La Bruy.
L'envie eft la ^Insinepte de toutes les paillons. Mont.
Le Cardinal d'Amboife ne s'aheurtoit point à loute-
nir un fujet inepte. M. L'ab. Le Gendre.
Ce mot eft tiré du Latin ineptus qui eft dit tan-
quam non aptus , qui n'eft pas propre, convenable ^
qui eft inutile. Ineptire. Parler îottement , d'une ma-
nière extravagante.
IN'EPTIE. f. f. Prononcez Inepcie. Impertinence j fot-
fifc , ablurdité. Ineptia. Cet homme cft fécond en
inepties. On étoit alors pénétré de cet;e maxime ,
que ce qui eft dans les grands fplendeur , fomptuo-
fité , magnificence , eft dilîlpation , folie , ineptie dans
ks particuliers. La Bruy.
^ INÉPUISABLE, adj. m. &c f. Terme rclarif aux
fluides. Il fignifie ce qu'on ne peut épuifer^ mètre
à fec. Incxhauftus. Source d'eau inépuifable. Étang
inépuifable.
On dit aiiill au figuré , qu'un Doâeur a un fonds
de fcience inépuifable. La miléricorde de Dieu elf un
fonds inépuisable. J'ai pour vous un fonds de tcn-
drclfe inépuifable. La morale cft un fujer inépuifable.
Foy. Épuiser.
gC? INERTIE, f. f. Inenia. Ce terme , fouvent em-
ployé en Phyfique , déligne la diipolition du corps à
perfévércr dans fon état , julqu'a ce qu'une caufe
étrangère l'en tire. C'eft un état pallif par lequel k
corps tend à fe conlerver ioit dans fon repos, foit
dans la direcfion de fon mouvement , parce que le
corps j de lui-même, ne peut fe donner ni mouve-
ment , ni nouvelle diredion.
Tout corps conhdéré précifémem comme corps ,
eft ellentiellement indiftérent au repos ou au mou-
vement. L'eftet néceftaire de cette inditlérence eft de
faire perfévérer le corps dans l'état où il le trouve.
En ettet h un corps en repos exigeoit le mouve-
ment , ou fi un corps en mouvement exigeoit le re-
pos , il ne fcroit plus indiftérent au repos ou au
mouvement. On a donc raifon de luppoier dans la
nature une vr.aie force qui exige que les corps coii-
ftrvent l'état où ils fe trouvent. C'eft cette force que
les Phyliciens nomment force d'inertie. Fis inenia.
Cette force eft toujours proportionnelle à la malTe
ou a la quantité de matière propre de chaque corps ,
de même que la pclanteur ; & l'expérience nous ap-
prend que la réfiftance qu'oppofe au mouvement un
corps de 20 livres , eft double de celle qu'oppofe
un cops de 10 livres, lorfque ces deux corps lont
en mouvement.
Ce mot eft nouveau -, mais il a fait fortune tout
d'un coup. On l'a tranlporté du phyfique au moral ,
où il eft fynonime d'inadtion. L'amutement occupe
notre efprit feul , & lailfe le cœur dans un état d'in-
différence & d'inertie : le plaihr faifit le cœur &c
l'occupe , Se l'efprit eft bientôt fubjugué. Amuf. du
cœur & de l'efpru.
INESCATION. t". f. Sorte de tranfplantation qui fe fait
pour la ciue de certaines maladies. Inefcatio. Elle
confifte à faire manger à un auimal de l'aiman
qui foit imprégné de la mumie , c'eft-à-dire, de
l'efprit vital de la pcrfonne malade. On prétend que
l'animal unit avec foi cette muniie, qu'il la corrige,
s'appropriant fa qualité vicieufe, «Se par ce moyen
la fanté de celui duquel la mumie a été tirée , fe réta-
blit. Si l'animal meurt avant que cela arrive , il faut
choifir un autre animal , &: lui donner ce qu'on
avoit donné au ptcmier. En ce cas on doit prendre
du tangbien putréfié, ou bien fermenté du malade,
qui vaut mieux pour cela qu'aucune autre panie.
Ce qu'on appelle ici aiman eft le milieu qu'on choi-
fît pour fei%'ir de véhicule à l'afprit vital.
INESPÉRÉ, ÉE. adj. A quoi on ne s'attendoit point.
Infpiracus. Cette llicceilion eft un bonheur inefpéré.
Voit. Joie inefpérée. Abl. Le hafard , la fortune,
font des coups inefpérés , font reullir des choies qui
n'avoient aucune apparence de fuccès. On voit allez
que ce mot ne peut fe dire qu'en bien.
INESPÉRÉMENT. adv. Dune manière inefpérée &
contre notre attente. Ex infperato. Il eft venu inef-
pérément un fecours qui a iauvé cette place. Cet ad-
verbe n'eft pas approuvé de tout le monde. Comme
inefpéré , il ne fe dit que des bons cvénemens.
INESSE. Ancien nom d'une ville de Sicile, que l'on
nomma cnfuite Ethna./nf//à, Inefum.Le Père Brier dit
"que c'eft celle que l'on nomme aujourd'hui le Mo"
naftère de S. Jean des Arènes , dansla vallée de Dé-
mona, au pié du mont Gibcl , au fud , entre Ader-
no à l'oueft , &c Catane à l'eft.
INESTIMABLE, adj. m. & f. Qui eft de grande va-
leur -, qu'on ne peut allez eftimer. Insflimabilis , ul-
tra omne pretium. Anfi il ne lignifie pas le contraire
de fon hmple , ejlimable , qui veut dire , digne d'être
eftimc. C'eft pourquoi il ne s'applique point aux per-
fonnes, & l'on ne dit point, c'eft un homme ;,-;tf/J-
î NE
ï N E
tnahle. Mrùs on di: en p.irlant des cliofcSj ce dia-
mant elt d'un prix ïnjiunal'le. Corn. Le I-ioi dans
l'on êardc-mcuble a des liclielîcs inejlimailes.
Inestimable, fc dit aiilli en choies (puituclles &: mo
raies. Injinitï valons ac prct'd. Le (ang que Jnsus-
CiiRisT a veifc pour nous eft d'unptix .iv d un nie-
rite uiejlïmdhlc. La vertu & l'innocence des mœurs ,
lont des chofes uicjUmabUs.
INLTENDU, UH. adj. Qui n'eft point étendu ^ qui
n'a point d'exteniîon. Inexunfus , a uni. C'eft un
terme de Phylique & de Théologie. Les points zé-
noniques font des points inctcndus. Le corps de notre
Seigneur ell ineccndu dans l'Luchariilie , au moins
par rapport au lieu. F'oy. étendu , cxtcn/ion.
INÉVIDENT , ENTE. adj. m. Qui n'ell pas évident.
Non cvidens , okfcurus. Voy. évident.
INÉVITABLE, adj. m. tk. f. Qui ne peut être évite ..
dont on nefe peut garantir. Indeclinabdis. Tout
fuit , tout di(paroit à mes yeux , tk je luis emporté
par une force inév'uahU. Boss. Les crimes lemblent
aux Hérétiques &; aux libertins des fuites Inév'uahlcs
àcs décrets éternels de Dieu. La mort ik les juge-
mens de Dieu font inévitables. Il eft difîicile que les
Rois ne tombent dans les dériglemens ordinaires tk
inévitables à.une conditon éclatante. El. Le C. Ma-
zarin étoit intnuiant, & avoit des charmes i/aeVi-
tabks pour fc taire aimer. B. Rab. L'homme eft en-
traîné par la loi inévitable du Deftin. S. ÉvR. L'er-
reur eft inévitable à la fragilité humaine. La Pl. peut-
on appuyer quelque grand delîein flir le débris iné-
vicables des chofes humaines ? Boss.
^3" Ce mot s'applique proprement aux loix générales
de la nature , auxquelles nous ne fautions nous fouf-
traire , Se par exagération à d'autres chofes qui arri-
vent ordinairement , quoiqu'elles ne foient pas éga-
lement néceflaires.
INÉVITABLEMENT, adv. D'une manière inévitable.
Il y en a qui fouriennent que les hommes naiflènt
inévitablement déterminés au mal S. ÉvR. On a com-
paré à la voix melodieule des Sirènes , tout ce qui
flatte , & tout ce qui eiitrame inévitablement les
cœurs. Ab. Nicaise. Il s'expoloit à être inévitable-
ment dérait , fi les troupes eullcnt été droit à lui. La
ROCHEF.
fO- INEXACT, ACTE. adj. Peu exaét, qui manque
d'exactitude. Negligens , incuriofus. Copiftc inexact.
Voy. Exact. & Exactitude.
fO^lNEXACTiTUDE. f. f.Défaut d'cxaftitudciVeç/ije/zf iû,
incuria. Il yaderi/ze.vaffiMi/edanscetouvragè. InexaC"t
tk inexacïitude^ font des mots nouveaux , mais au-
torifés par l'ufàge. i'
INEXCUSABLE, adj. m. & f. Qui ne peut être ex-
cufé. On le dit des chofes & des perfonnes. Ine.x-
cujabilis. V ingratitude en quelque perfonne que ce
loit eft inexcufable. Dieu ayant fait connoitre fa di-
vinité , ceux qui ne l'adorent pas font inexcufables
PortR. -^
INEXÉCUTION, f f. Terme de Palais. Défaut d'exé^
cution. Inobfervantid. On obtient des dommages &:
intérêts pour l'inexécution d'un contrat contre celui
qui en eft la caufe. Le Roi Louis le Grand , par un
Arrêt du Confeil du 25 Octobre 1668, ordonna
que les Bulles d'Innocent X , 8c d'Alexandre VII ,
continueroient d'être inviolablement obfervées dans
tout le Royaume , que les contraventions & inexé-
cutions faites auxditcs Bulles demeureroient comme
non avenues. L'inexécution d'un traité & d'un tefta-
ment.
INEXERCITÉ , ÉE. adj. Qui n'eft point exercé. Ine-
xercitatus. Ce mot eli vieux &: hors d'ufige.
Mais tout rural , & inexercité ,
-Â peine a vu la prochaine cité. S. Gelais.
On difoit aulll exerciter pour exercer. Il y a dans
les Quatrains de Pibrac ,
Un art fans plus, en lui /cul j'exercite ,
^S9
Et du métier d' autrui ne t' empêchant ,
J^ a dans le tien , le parlait recherchant ;
Car exceller n'ejl pas chofe petite.
INEXISTENCE, f. f. Défaut d'exiftcncc. Lorfque les
Regiftrcs publics exiftcnt, c'eft la feuie preuve de
l'état des hommes qu'autorife l'Ordonnance de 16^57^
tit 20. art. 14. Ce n'eft que dans deux cas de 1 iw-
.\7//c'we , ou de la perte des Regiftrcs ^ qu'elle admet
une autre preuve. Caiifes célébr. to. 6. p. 4-; 2. 4S 0.
INEXORABLE, adj. m. &: f. Qu'on ne fjuroii flé-
chir. On ledit des chofes Oc des perfonnes. Inexora-
bilis. Le public eft un juge inexorable. Pell. Ma
gloire inexorable à toute heure me fuit. Rac. S. Louis
fe rendit i/zt'A.-ortzZ'/e aux larmes tic au repentir cUi blaf-
phématcur. El. Un Juge doit cxxcine.xorable, quai:d on
le follitite contre la Jufticc.Lucrèce a eu l'honneur d'ê-
tre inexorable, &c\e plaifir de ne l'avoir pas été. Ablanc.
Penfei-vous quHermion à Sparte inexorable ,
rous prépare en Epire un fort plus favorablel Rac.
INEXORABLEMENT, adv. D'une manière inexora-
ble. Ne lui demandez point cette grâce , il vous re-
fuferoit inexorablement. Acad. Fr.
INEXPERIENCE, f. f. Manque d'experifncc. Foy. ce
mot.' Experienti& defeclus , imperitia. Un Chirurgiea
qui par inexpérience eftropie quelqu'un, eft con-
damné a des dommages & intérêts.
Le neveu du Pape^ Si'xte V. malgré fa jeuneffe &r
fon inexpérience , pénétroit jufques à la fource des
aftaires les plus cachées M. Le Pelletier, Fie.
du Pape Sixte F.
Tel qu'on nous vante dans l'Hifloire ,
Doit peut-être toute fa gloire ,
y^ la honte de fon rival :
X'inexpérience indocile
Du ■*= Compagnon de Pau! Emile ,
Fit tout le fuccès d'Annibal. Rousseau.
* Terentius Varron.
INEXPÉRIMENTÉ, ÈE adj. Qui n'a point d'expe'-
rience. Imperitus. Il eft dangereux de tomber entre
les mains d'un Chirurgien inexpérimenté. C'étoient
des gens inexpérimentés. Ablanc. Général inexpéri-
menté. On ne le dit que des perfonnes.
INEXPIABLE, adj. m. & f. Qui ne fe peut expier.
Inexpiabilis. §3° Il y avoit chez les Romains des
crimes inexpiables. La religion Chrétienne n'a point
de crimes inexpiables. Montesq,. Voy. expier, ex-
piation.
INEXPLICABLE, adj. m. & f. Qu'on lie peut expli-
quer. InexpUcabiiis. Difficulté inexplicable. Les myf-
tères de la Trinité & de l'Incarnation font zweA-^^^ca-
bles. L'Lvangile n'auroit pas apporté la lumière au
monde , s'il avoit propofé des dogmes inexplicables.
S. EvR. Le S. Efprit prie en nous par des gcmifle-
mens inexplicables. Le verbe s'eft joint d'une ma-
nière inexplicable à un homme femblable à nous.
Le P. DouciN. L'amour répand fur-tout un charme
inexplicable. Des Houl.
INEXPRESSIBLE. adj. C'eft la même chofe qu'inex-
primable , qui fe trouve par-tout , au lieu que je n'ai
trouvé incxpreffible que dans cet exemple, où M.
Swilt parle à tés confédérés : Je reçois. Meilleurs,
avec une reconnoilTance inexprefjible cç.% marques
admirables de l'intérêt que vous prenez à ma con-
fervation Le Pour & Contre.
INEXPRIMABLE, aclj. m. & f. Qui ne fe peut expri-
mer. Quod e.xprimi non potejl. Les joies des Bicn'-
heureux font inexprimables. Cicéron a un artifice ,
& un agrément inexprimable. Mauc.
INEXPUGNABLE , adj. m. &: f. Prononcez fortement.
Qu'il çÙ. impoillble de forcer, d'emporter de force.
Inexpugnab'ilis. Maintenant il n'y a plus de place
inexpugnable , Se qu'on ne prenne fi elle n'eft l'e-
couxue. Le pays ctoit à couvert de les montagnes
j6o
INF
comme d'un rempart inexpugnable. Abï-ANC. On dit
plutôt une place imprenable , un rempart imprena-
ble , qu'inexpugnable , qui n'eft guère que du Itylc
foutenu.
iNEjiPUGNABLE , fe dit figurément en Morale. La chai
teté de cette Dame eft un fort inexpugnable. La
confiance d'un Stoïcien eft inexpugnable. Il eft peu
ulîté au moral.
INEXTINGUIBILITÉ. f. f. Terme dogmatique. Qua-
lité de ce qui eft inextinguible.
INEXTINGUIBLE, adj. m. & f. Qu'on ne peut étein-
dre. Inexûnclus. Les Volcans enferment des feux
inextinguibles. On fait des feux artificiels avec de
l'huile de pétrole , d'afpic , de foufre , &c. qui font
inextinguibles , qui brûlent dans l'eau, tels que font
ceux des brûlots. Lampe inextinguible.
InextilIguible , fe dit figurément en Morale des ar-
deurs amoureufes qu'on ne peut guérir. On dit aulli
la foif inextinguible des tréfors , de la gloire , &c.
On le dit aulli en Médecine des ardeurs de la fièvre
qu'on ne peut éteindre par les remèdes.
INEXTRICABLE, adj. m. & f. Qui ne peut être dé-
mêlé. Inextricabilis. Un labyrinthe inextricable de
procédures. Mîzhrai, C'eft du Latin tout pur. I
I N F.
ifT INFAILLIBILISTE. f. m. Quelques uns emploient
ce mot pour déiigner ceux qui loutiennent l'infail-
libilité du Pape.
INFAILLIBILITÉ, f. f. Don qui fait qu'on ne peut
errer , ni le tromper , ni être trompé. InfalUbiiitas.
VinfaLliibilité ne fe doit attribuer proprement qu'à
DieUj &c à ceux à qui il l'a bien voulu commimi-
quer, comme aux Prophètes, aux Evangéliftes, aux
Apôtres &c à fon Églife. On a écrit pour & contre
l'infaillibilité du Pape. Du Pin , Dodteur de Sorbon-
ne , dans fon livre , de Antiqua EcclefiA difciplina ,
nie ['infaillibilité du Pape. C'eft le fentiment de
l'iiglife Gallicane. Sur quoi fonder cette certi-
tude infaillible par les principes de nos frères ; Sur
l'Écriture lainte , nous dilent-ils ; mais nous avons
l'Écriture lainte comme eux , & néanmoins nous
dilputons eniemble de Ion explication. Qui ne voit
donc qu'il n'eft plus qucftion d'une infaillibilité dt
révélation & d'Écriture que nous avons tous , mais
d'une infaillibilité d'interprétation Se d'explication
dont nous avons befoin. PÉlisson. L'examen de la
religion , tel que nos frères veulent prendre lur eux ,
&c tel qu'il feroit nécellaire par leurs principes , eft
impolîible aux uns , diSicile aux autres : inutile à
tous , s'ils n'établiirent une infaillibilité avec laquelle
il ne lera plus bcloin d'examen. Id.
§Cr S'il n'y a pas une autorité infaillible qui nous dife
à tous , voilà le vtai lens de l'Ecriture , comment
veut on que le paylan le plus grollîcr & l'artifan le
plus fimple s'engagent dans un examen où les Savans
même ne peuvent s'accorder? Dieu auroit manqué au
fecours de prelque tous les hommes , en leur don-
nant une Ici écrite , s'il ne leur avoit pas donné en
même temps un interprète sûr,, pour leur épargner
une rechcrrhe dont ils font incapables. Tout hom
me fimple & Imcère n'a befoin que de fon igno-
rance bien fenfée pour voir l'ablurdité de toutes les
feèfes qui fondent leur féparation de l'Églife , lut
l'oftre de le rendre juge des matières qui furpallent
la qualité naturelle de Ion cfprit. Doit-on croire la
nouvelle réforme qui demande l'impollible , ou l'an
cienne Égliie qui pourvoit à l'impuillance humaine;
FÉnÉlgn.
Dans l'ufage ordinaire le mot d'infaillibilité figni-
fie certitude entière. L'infaillibilité d'une règle. L'in-
faiUibilité des Mathématiques. Ccrtitudo omnimoda.
0- INFAILLIBLE, adj. de t. g. Du Latin Fallo , je trom
pe & de la particule privative in. Infaillible , qui
ne peut errer , qui ne peut fe tromper , ni être trom
pi;. Infaillibi/is j errori minime obnoxius. Les grands-
hommes ne font pas infaillibles , mais ils ne laillem
I N F
pas d'inftruire lors même qu'ils font des fautes. MitN.
Il arrive fouvent que ceux qui ont acquis quelque
autorité par leur lavoir , fe croient infaillibles , parce
qu'on eft accoutumé à les écouter avec reipecl. Mal.
L'infaillibilité ne convient qu'à Dieu , Se a. ceux
à qui il en a accordé le privilège. Dieu eft infaillible
par nature , parce qu'il eft fouverainement parfait.
L'Églife eft infaillible par privilège.
Tous les Catholiques loutiennent que l'Églife
jouit du privilège de l'infaillibilité dans les matières
de foi , fcit qu'elle foit alfemblée dans un Concile
Génénéral. ( P^oy. Concile ) foit qu'elle loit dilpcr-
fée. F'oy. Églife difperfée. La promefte de J. C. eft
formelle. Il a promis d'être avec elle jufqu'à la con-
fommation des fiècles ; 8c les portes d'enfer ne pré-
vaudront jamais contre elle. Portie inferi non pmva-
lebunt adverfus eam. Les proteftairs nient l'infaillibilité
de l'Églife J^oy. l'art précédent.
Parmi les Dodeurs Catholiques , quelques Ultra-
montains prétendent que le Pape , quand il pro-
nonce ex Cathedra, c'eft-à-dire , après avoir aftem-
blé & confulté le Conclave , jouit du privilège de
l'infiillibilité : quelques-uns même ont ofé avancer,
qu'en prononçant comme Dotfteur particulier , pro-
prio motu , il ne pouvoit fe tromper. Cette opi-
nion eft rejcttée par l'Eglife Gallicane qui l'a fouvent
profcrite.
Quelques uns ont imaginé un fyftême mitoyen.
Ils ont diftingué le fiège de Rome , du Pape. Les
jugemens du Pape, difent-ils, ne font pas infailli-
bles ; mais le fîège ne peut errer. Diftindion qui ne
fait rien à l'infaillibilité perfonnelle du Pape. Le liège
de Saint Pierre , le fiège de Rome ne peut errer ,
parce que c'eft le centre d'unité , centre avec lequel
toutes les autres Égliles communiquent. Mais le Pon-
tife qui occupe ce liège peut errer , & a louvent erré
dans les matières de foi , même après avoir aircmblé
fon Conclave. Ses jugemens ne font irréformables ,
qu'autant qu'ils font appuyés du futFrage , du confen-
tement de l'Églife.
Infaillible fe dit aullî de ce qui eft abfolument cer-
tain. Certus. Les règles d'arithmétique font infailli-
bles. Il n'y a que la Géométrie qui foit infaillible
entre les fcicnces humaines.
Infaillible , lignifie auill , qui eft immanquable. Les
paroles que donne un honnête homme font infail-
libles. Le fuccès de ce procès eft infaillible.
INFAILLIBLEMENT, adv. D'une manière infaillible.
Certb. La conclufion d'un argument en forme s'en-
fuit infailliblement des deux prémilles. Avec un air
complaifant &: flcttcur, on ç\mi infailliblement dxn%
le monde. Bell. Sans être un peu hypocrite , l'on
échoue infailliblement à la Cour. Id. L'homme em-
bralle infailliblement le bien que la raifon lui pré-
fente fous l'idée du bien. M. Esp.
INFAISABLE, .adj. de t. g. Qui n'eft pas faifable , qui
ne le peut faire. Quod jieri nequit. C'eft une chofc
infaifable.
INFAMANT, ANTE. ,adj. Ce qui emporte contre
quelqu'un une note d'infamie. Injamans. Une fen-
tcnce infamante efl un valable reproche contre un
témoin. Il faut couvrir le vice des noms les plus in-
famans pour en infpirer de l'horreur. S. Évr. Ce
mot vient du Latin infamans , infamare ; compofé
de la particule privative in , Se de fama , renommée.
IJCF Infamant , difîamant , diftamatoire , fynonimes.
Le mot de di^amatoire s'appliciue aux difcours ou
aux écrits qui attaquent la réputation d'autrui. Ainfi
l'on dit un libelle diffamatoire ; famofus libellas ,
Se non pas un libelle di^amant ou infamant ; parce
que ces deux mots inarquent l'effet des aeliions qui
nuifent à la réputation de ceux qui en font les au-
teurs , chacun avec des nuances particulières. Infa-
mant exprime proprement ce qui eft une tache hon-
tcufe dans la vie , fait perdre l'honneur , & attire
l'averlîon des gens de probité. Voy. diffamatoire Se
diffamant. Quand on a fur fon compte quelque chofe
d'infamant , il faut le cacher entièrement aux yeux
du monde. Il n'ell; pour toutes lortes de perfonnes
rien
I N F
rien de fi infamant que les chitimens ordonnés par
la Juftice publique. . r ■ t f ■ ar^ t „.
INF AMATION. i. i. Note d'infamie. Injamia. ^^ Les
jugemens qui condamnent à l'aumône, en mancrc
civ.ie , & ceux qui condamnent a 1 amende ou a
peine afflidive , en matièie criminelle , emportent
infamation, notent d'infamie celui qui ell con-
damné. /- . ^ , i-
INFAME, adj. m. &c f. ^ Infarms. Ce mot s applique
aux pcifonnes qui ont perdu la réputation d'fion-
neur & de probité , & aux adions qui la font per-
dre. L'homme tnfame eft celui qui ell Hctn par la
loi ou p.ir l'opinion publique; l'adHon uifame,cit
celle qui fait perdre l'honneur. Se attire 1 avedion
des honnêtes gens. Aâion infâme. Avarice infâme.
Infime débauche; péché infâme.
ffT Un lieu infâme , eft une mailon ou les hlles de
débauche fe proftituent. , ^ , . , ,t-
KT Un livre infâme , où il y a des obfcenites groilie-
res. On die dans le même fens un tableau i^ame.
ar Infâme en Droite a la même fignilîcation. C'eft cc'lui
qui eft déclru non - feulement des dignités & des
charges , mais^ncore de tout ce qui eft fonde fur la
réputation d'honneur & de probité. Il y a des in-
fâmes de droit , tels que font ceux qui font notes
parles loix , ou par des jugemens publics ; d autres
qui font infâmes de fait, qui exercent une protei-
fion honteufe , ou qui n'eft point pratiquée par les
honnêtes gens , comme celle de Charlatan , de Co-
médien , de Bourreau , de Queftionnaire. En Fran-
ce, tous ceux qui font condamnés I.Cr au fouet j au
bannilfement , à la lieur de Lis , à l'amende hono-
rable , au blâme , à' une amend'; pécuniaire en ma-
tière criminelle , à une aumône en matière civile ,
&c. font infâmes. ,
■Infâme fe dit par exagération de ce qui eft limplement
mal propre ou mal téant , dégoûtant. Une clrambre
infiime , un habit infâme.
. fp- Infâme feditaulîi fubftantivement. C eft un infâme.
Les infâmes ne font pas reijUs en témoignage.
IP" Aulu-gelle appelle en Latin infâmes maienas ^ ce
que nous appelons paradoxes. I. /7. c. 12 ; c'eft-
à dire , des fujets de difcours éloignés du lentimcnt
ordinaire , des propofitions contre la vrailemblance ^
contre l'opinion de toute la terre.
ClCr Infâme vient de /ûwa , réputation ,& d'i« particule
privative , infamis jjuie fama.
INFAMER. V. a. Rendre quelqu'un infâme, Infamarc.
Le Mait. Infamojic qui vient de ce verbe, eft en
ulage : Infamer ne fe dit point , ou fe dit peu.
INFAMIE. 1". f. Perte de Ihonneur & de la réputation.
Infamia. Couvrir quelqu'un d'infumie. Toutes les
fentences données au grand criminel qui portent
condamnation , portent en même temps note d infa-
mie. Quand on ne cherche la vertu que par crainte
de l'infamie qui eft attachée au vice , l'on agit en
efclave. S. ÉvR. Il y a infamie de fait , & infamie de
droit : la première fC provient d'une adion qui, dans
l'opinion de tous les gens d'honneur , perd de répu-
tation celui qui en eft l'auteur , quoiqu'il n'y ait
aucune loi qui y attache la peine d'infamie. Telle eft
l'infamie des ufuriiers publics , de ceux qui mènent
une vie fcandaleufe , &c. L'infamie de droit eft celle
qui provient d'un jugement, f^oyei Infâme. Quel-
quefois les Cours fouveraines en prononçant une
peine , ajoutent , fans note d'infamie : les Prélîdiaux
ne peuvent ufer de cette manière de prononcer. On
donnoit autrefois une couronne d'infamie par puni-
tion. Elle étoit de laine. Voyez Pafckalius de Coro-
nis , L. V. au dernier Chapitre.
Infamie , fe dit aufil de toute action vilaine , & qui
ne fe fait point par d'honnêtes gens. Un avare frit
mille infamies pour gagner du bien. C'eft une infa-
mie de plaider contre fapromelle.
Infamie, fe dit aulîl de paroles injurieufes à l'honneur,
à la réputation. Il lui a dit mille infamies. Contume-
lioja verba.
On le dit aufti des paroles ridicules & impertinentes
qui déshonorent ceux qui les difent.
Tome y.
I N F
161
Ciio vint l'autre jour fe plaindre au Dieu des vers j
Qu'en certain lieu de l'Univers
On traitait d' Auteurs froids , de Poètes JlérUes^
Les Homères O les Vir^iles.
Cela ne fauroit être, on s'ejl mocqué de vous y
Reprit Apollon en courroux ;
Où peut-on avancer une telle infamie ? Desp.
INFANT, ANTE. f C'eft le titre d'honneur qu'on
donne aux enfans de quelques Princes, comme en
Elpagne , en Portugal. Infans. Le Roi a époufé l'/zz-
fante d'Efpagne; l'Infante de Portugal. Le Cardinal
Infant. Le Prince ik les Infans, c'elt-à dire , le fils
aine du Roi d'Efpagne , Prince des Afturies , tk. les
Princes fes frères j fils puînés du même Monarque.
On dit ordinairement que ce titre a palfé en Elpa-
gne par le mariage d'Éléonor d'Angleterre avec Fer-
dinand II , Roi de Caftille & de Léon , & que ce
Prince le donna pour la première fois au Prince
Sanche fon fils : mais Pelage , Evêque d'Ovicdo qui
vivoit l'an iioo, dans une de les lettres , nous ap-
prend que dès le règne d'Lvremond II. le titre d'/«-
fant & d'Infante étoit déjà ulité en Efpagne.
On a appelé autrefois les enfans des Chevaliers,
Infantiones. Dans une Chartre de l'an 1 1 74. Alfonle ,
Roi de Caftille , appelle la hlle Infantijfa. Voyez
MANRIQ.UE , Annal. Cijlcrc. ad annum. 1174- C.
6. & les Bollandiftes, AUa Sancl. Maii. T. VII. p.
Il fe dit aufll fîgurément , Se dans le ftyle comi-
que & burlefque , de toutes fortes d'entans. L'Infant
du Lude. Scar.
Voici les Gouvernantes
Qu'on choidt pour nos Infantes. Gon.
C'eft ainfi que Dauphin fe dit en badinant des en-
fans des particuliers , comme on l'a dit en fa place.
On donne le nom d'Infantes aux filles de moyen-
ne vertu. Il m'eft expreilément ordonné d'arrêter
ces Infantes : M. le Corrégidor en veut faire un
exemple. Le Sage. Sur ce pied-là , lui dis je, mon
Infante , je puis accepter la place que vous me defti-
nez. Id. Dépenfant de ville en ville l'argent qui me
reftoit de l'enlèvement de mon Infante j car nous
avions tous deux fait notre main en partant d'Oviédo.
Id. ce terme ne s'emploie que dans le comique , le
ftyle romanelque & dans la converfation.
INFANTADO, f. m. Contrée d'Efpagne avec le ti-
tre de Duché , compofée des villes d'Alcozer , Salmé-
ron, Valdéolivas & de pluiieurs bourgades.
INFANTE. Terme de Fleurifte. C'eil une tulipe ifà-
belle fouettée de blanc. Morin.
INFANTE. Nom d'un Cap de la Côte des Cafres,
en Afrique. Caput Infantis. Capo Infante. Il eft en-
viron à dix lieues de celui des Aiguilles , & quarante-
cinq de celui de Bonne Efpérance, du côté du le-
vant. Il y a près du Cap d'Infante une bonne Baie,
qui porte fon nom. Maty. On le prononce à l'Ef-
pagnole : c'eft pour cela que nous mettons un accent
fur l'e final.
Infante, eft auflî le nom d'une grande rivière de la
Baife Ethiopie , en Afrique. Fluvius Infamis , Rio
Infante. Elle a fa fource dans le Monoinotapa , où
elle porte le nom de Cumiffa. Elle prend celui d'In-
fante dans la Cafrerie j & fe jette dans la mer des
Cafres , du côté du couchant , entre la terre Déferre ,
& celle de NataL Maty.
INFANTERIE, f. f. Troupe de gens de guerre qui
marchent & combattent à pied. Peditatus. Voilà de
l'infanterie bien lefte. Une compagnie , un régiment
d'infanterie. L'infanterie Efpagnole a été en grande
réputation. On dit aulIi fantallîns ôc piétons.
^T Ce mot tire fon origine , dit on , d'une Infante
d'Efpagne qui battit les Maures avec une armée de
gens de pied. Pour en confacrer la mémoire , les
I piétons Efpagnols fe nommèrent infanterie , nora
X
I N F
qui a pa(Té depuis aux piJtons des autres nations.
JN-FAN'I ICIDE. C. m. Terme de Junl'prudeiice. Meur-
tre d'un entant. Jnfantis occiflo , injanCicLdium. L'in-
fanticide ert puiiiilàble de mort par une loi de Va
Jeritinien. De Laun. On accufoit les premiers Chré-
tiens à'infanticide. On diioit qu ils man^eoicnt un
cuiant dans leurs alfemblées. C'étoit une fable fon-
dée furie myllcre de l'Euchariftie , Ik 1 ufage de la
•communion, & c'eft une preuve évidente, que la
préfence réelle étoit crue dés les temps Apoftoli
qucs , comme elle l'cil aujourdhui par les Catho
liques.
Infanticide lignifie auflî. Meurtrier d'un enfant, celui
qui tue un enhmtj comme fratricide , meurtrier de
fon frère; Parricide qui tue fon père, &c. Infanti-
cida. On appelle Hérode infanticide , parce qu'il fit
mourir les Saints Innoccns.
Ces mots viennent de infans , un enfant j Se csdo ,
Je happe , je tue.
3NFAN i IS. Nom d'un fleuve d'Afrique. Infannais. Il
eft dans la Cafrerie, & il ariofe la terre de Natal.
PuKRY.
INFATIGABILITÉ. f. f. Qualité qui rend infatigable.
Seduiitas ad opus. J^oye\ la tourmi , quelle prévoyan-
ce , quelle infatigabihte f S. ÉvR.
INFATIGi^BLE. adj. m. & f. Qui ne fe peut lairer.
Injdtigabdis , Jedulus , acer. Les chevaux de poil
ale-ian brûlé lont infatigables. C'efl: un efprit infa-
tijable , qui invente perpétuellement. Il a une pa-
tience j une charité injatigable. Le Roi raffermit fon
autorité ébranlée par la y igihnce infatigable. S. EvR.
f^oy Fatigue & Fatiguer.
Sur tout /'admire en vous ce cxur infatigable ,
Qid femble s'affermir fous le faix qui l'accable.
Racine.
INFATIGABLEMENT, adv. D'une manière infatiga-
ble. Citra jatigauonem. Depuis trois ans qu il cil at
taché injatigablanent à taire des expériences, il a
fait pluncurs belles découvertes
INFAi'UAlION. f. f. Ip^lnévention excellive & ri-
dicule en faveur de quelqu'un ou de quelque choie.
yoy. Infatuer &c Prévention. Il n'y a rien de il
commun que Vinjatuation des hommes (ur leur ori-
gine. Rousseau. Lettre de M. l'Akbé d Oiivct.
INFATUER. V. a. Préoccuper , prévenir tellement
quelqu'un en faveur d'une perfonne, ou d'une choie
qui ne le mérite pas , qu'on ait de la peine à l'en
délabufer. Injatuare. Un Auteur eft encore plus dupe
que ceux qui ï' infatué nt- de leur encens. Bell. Les
nouvelles opinions lont propres à infatuer les Igno-
vans. Il le dit iouvent avec le prono\n perfonnel.
S'injatuerde quelque choie , de quelqu'un ; s'en lailVer
infatuer.
Ce mot vient du Latin infatuare , qui figni-
fie Rendre fou , mettre une perfonne hors de Ion
bon fens. Ce verbe vient de jatuus , fou , dérivé
du verbe _/iW , qui eft; tiré du Grec ^â.^.»;, d'où vient
<?<'i.' , qui iignific le même que J^atcs en Latin , De-
vin en François. Les devins étoient iaiiis d une el-
pèce de fureur , ou de folie , quand ils alloient pro-
TCioncer leurs prédirions ik. leurs oracles. On peut
encore remarquer que parmi les Latins ceux-là
ctoienr appelés infatuati , qui croy oient avoir des
vifîons , qui s'imaginoient avoir vu le dieu Faune ,
qui étoit autrement appelé Fatuus.
Infatué _, éh. Participe. Prévenu, préoccupé. Les per-
lonncs infatuées de leur mérite le eend.irment pour
la moindre parole qui échappe (ans dcllein. Bell.
Quoi ! toujours infatués de livres &z d'Auteurs ? P.
<IoM. Le peuple eft li infatué d'eux ( des Brachma-
nes aux Indes) qu'il penle être fiint en participant
à leurs crimes , ou en recevant des outrages de leur
part. BouHOURs. Une fille infatués d'opinions étran-
gères & de doèliine réprouvéesde rÉghfe. Bourdal.
Exh. I. j}. ^^4.
Int\tué , iigniiîoit autrefois _/ô«. Charles de France ^
Duc de Lorraine , frère du Roi Lotaire , étoit fur-
INF
nomme l'infatué , félon Uétiman , & eft nomme
Charles le Fou par l'Auteur de la Chronique de
Vézelai.
gCr INFÉCOND, ONDE. Infœcundus , ou infecundus
Qui ne produit rien. On le dit particulièrement des ter-
res. Terre inféconde. Ce champ eft infécond. Stérile ,
en parlant des femmes.
On dit au figuré , génie infécond , efprit infécond ,
veine inféconde. F^oy. Fécond.
IfT LNFÉCONDITÉ. f. f. Manque de fécondité. Sterili-
tas , infecunditas. On ne le dit proprement que des ter-
res.
tt?lNFECT,ECTE.adj.P«rw/w.Puant;quibleftel'or-
gane de l'odorat par une odeur de putrétaction. Lieu '
infect. Air infect. Haleine infecte. Foy. l'article fui-
vant.
§3° INFECTER. V, z.putore inficere. Communiquer fa
puanteur, (a corruption; corrompre par communica-
tion de quelque chofe de puant , de contagieux ou de
vémineux. Il y a des brouillards qui infectent l'air.
La pefte infeàe tout un pays. Il y a des gens qui in-
fectant avec leur haleine , de leur haleine. Infecter ^^
les eaux, les puits. j^^^
Ce mot vient du Latin inficere. Teindre. Inficere ,
c'eft facere ut aliquid intus fit , faire qu'une chofe
s'imprègne , s'imbibe. Nous avons tranfporté ce mot
aux odeurs. Une mauvaife odeur tortement attachée
à un corps le rend infect.
UCT Infect ne fe dit qu au phyfique , mais infecter fe dit
encore au figuré des chofes c^ui corrompent l'efprit
& les mœurs. Infecter le genre humain de mille er-
reurs. S. ÉvR. /ra/fcZtfrlcs ignorans de luperftition ,
de mauvaife opinion , d'hércfies mortelles. Prenez
bien garde qu'on ne vous injecte l'elprit de certaines
phrafes inventées en dépit du bon lens. Com. Les
faux jugemens que nous portons des choies n'infec-
tent pas feulement Telprit , ils corrompent le cœur.
Nic. L'air du monde eft infecté, & fait prefque tou-
jours des imprellions malignes fur les perfonnes d'une
profelllon retirée , aulll tôt qu'elles le refpirent. Ab,
DE la Tr.
Le vil amour du gain infeda les efprits. Boîl.
§3- INFECTÉ, ÉE. part.
iNFEC riON. f. f. Puanteur. Putor. L'infection de ce
cloaque eft infupportable. Il figniîîe aulïï, corrup-
tion . contagion. La maladie le mit dans le camp
par l'infection des corps moits. Vaug.
INFÉLICITE. f. f. Qualité qui fait que l'on n'eft point
heureux , que l'on ne réuiîk pas à faire quelque
choie. Infclicitas. Il fe fent gêné par ïinfélicité de
fon natuiel. S. Évr. L'ufige n'a pas adopté ce mot.
INFÉODAI ION. f. f. Acl:ion par laquelle on donne
quelque chofe en fief. Traditio pojfejfionis bencficiarii
pr.tdii. Inféodation hgnifie encore la poileftion d'un
lief qui elt acquife au valurl par la réception à loi &
hommdge par le Seigneur. §Cr Le Seigneur recevant
en foi fon vaftàl , par l'afte qu il lui en donne , le
met en pollellion du fief qui relevé de lui : c'eft ce
qu'on appelle , invefliture.
Dans les rotures , la prile de polfcirion eft appelée
Saifme, ou enfaifinement ; d'où vient que (ailine ligni-
fie polfcirion. Foye\ l'art. 130 de la Coutume de
Paris. Itter , Avocat à Francfort , a fait un Traité
des fiefs où il traite de Vinfeodation des fiefs dans
l'Empire. On trouve dans les formules de Marculte
des actes d'infeodation fous le titre de bénéfice ;
Du Moulin aflure dans fon Commentaire lur la
Coutume de Paris, qu il a vu des a.â:es d'infeodation
faits par Childebert I , en faveur du Monaftère de S.
Germain des Prés.
fKT Inféodation de rentes, charges ou hypo-
thèques. C'eft une reccnnoillance que le Seigneur
féodal fait des rentes , charges ou hypothèques , que
le vallal a impofees fur les fiefs qu'il pollede , & qui
relevé du Seigneur fuzerain.
INFÉODÉ , ÉE. Donné en fief, ou uni au fief. Dix-
meî inféodées. Jean du Luc , en fon Recueil d'Ar-
IN F
I N F
rêts , attribue la première invention des dixmcs in-
féodccs à Philippe Augultc , mais Palquier prouve
qu'il le trompe , parte que tleux ans avant qu'il
régnât , elles avoient été condamnées comme des
usurpations au Concile de Latran jtemi fous Alexan-
dre III j en 1179. Elles furent introduites lorfqu'on
entreprit le premier voyage d'outre mer , car alors
les Curés rirent préfent à leurs Seigneurs de partie
de leurs dixmcs pour leur aider à faire le voyage.
Elles n'étoienc d'abord que viagères , mais depuis
les Seigneurs le les approprièrent tout à- fait, /'iryej
DIXMES.
INFÉODER. V. a. Donner en fief j à foi & hommage.
Jn bcncjiciani prddu pojjejfionem mïttcre. Inféoder
des hériciges , c eft les unir à fon fief.
Inféodhr , lignifie aulll donner , ou prendre rinvcfti-
ture d'un fief; il fe dit encore pour polléderun fief,
dont la pollelfion elt aequiic au valial par la récep-
tion à foi & hommage par le Seigneur. Par un règle-
ment tait par les électeurs à la Diète où Charles-
Quint fut élu , l'Empereur ne peut inféoder At nou-
veau les fiers qui retournent à l'Empire par le décès
du pollèlîeur lans héritiers , ou autrement il doit
être réuni au domaine Impérial.
INFER. f. m. Vieux mot. En Latin Infernus , enfer.
INFÉRAIN , AINE. f. m. Se f. Nomdefede. Infera-
nus. C'eft une des quarante Se une fedes qui font for-
ties du Luthéranilme. Jovet , T. I ,p. 47 S-
iNïÉRElx. v. a. Terme de Logique. Induire , conclure ,
tirer une conléquenee d'une propohtion. Inferre. On
infère de là qu il n'a rien donné qu'après la mort.
Pat. Quand le tems eft fort couvert , on en infère
qu'il pleuvra bientôt , qu'il viendra quelque orage.
De ce que Dieu ell jufte , on en infère qu'il punira
les inéchans en ce monde , ou en l'autre. Tout le
railonnement conlifte en ce point , d'un principe
connu en inférer une chofe inconnue. Infère-^ de
tout cela , mes Frères , combien ceux-là le trom
pent &: s'abulent , qui dans une profellion toute
célefte & toute angélique , confervent encore des
inclinations , des vues , & des penfées toutes hu-
maines. Ab. de la Tr. Vous pouvez z/z/è'rer de tout
cela quelle doit être l'exaditude des Reliegieux. Id.
INFÉRIEUR , EURE. adj. relatif. Ce qui eft au-def-
fous d'un autre. Inferior. La veffie eft placée dans
la partie inférieure du bas ventre. Les brouillards
fe forment dans la partie inférieure de l'air. On appelle
les planètes inférieures , celles qui le meuvent au-
delfous du Soleil , par rapport à la terre , c'eft-à-
dire , entre la terre & le Soleil , comme Vénus ,
Mercure Se la Lune.
Inférieur , le dit en chofes morales. Ceux qui font
d'un ordre inférieur doivent céder à ceux d'un ordre
Supérieur. Ce Prince eft inférieur en force à fon enne-
mi. Ce Docteur eft inférieur en doftrine à fon con-
current. Ce cadet eft d'un âge beaucoup inférieur à
fon aîné. On appelle ifT Juges inférieurs , ceux
dont il y a apjjcl. On appelle l'appétit fenfitif,
la partie inférieure de l'ame , par oppolltion à la rai-
fon j qu'on appelle la partie fupérieure. Le Sage
n'cft point dans la partie inférieure de l'ame où fe for-
ment les palfions ; il eft au lommet , comme dans
un lieu élevé j & hors de leur atteinte. S. Évr.
Inférieur , en terme de Géographie ancienne , fe
dit des pays qui font vers les mers , ou fur le cours
des rivières , par oppofition à ceux qui font fur les
montagnes , ou en des lieux éloignés de la mer.
L'Inde inférieure , l'Arménie inférieure. On dit aulîî
bas 8c bafje en ce fens. ^oyfç ce mot.
En termes de Chiromance , la partie inférieure
de la main eft celle qu'on appelle dans l'Anatoinie le
catpe , Se dans l'ufage ordinaire le poignet. On ap-
pelle auiTi partie inférieure de la main celle où eft le
petit doigt. Pars inferior.
|k?' Inférieur , pris fubftantivement ne fe dit propre-
ment que de ceux qui font au-delfous d'un autre par
le rang , par la dignité. Alors il renferme ordinai-
rement l'idée de dépendance Se de fubordination.
Les Inférieurs doivent être civils ewvers les Supé-
'Tom. V.
1^3
rieurs : les Supérieurs doivent être affiibles envers
li'S Inférieurs.
INFÉRIEUREMENT. adv. D'une manière inférieure.
hrjeriori modo, CC? Ces deux Auteurs ont traité la mê-
me matière , mais l'un bien injeneuremcnc a l'autre,
INFÉRIORITÉ. Cf. Qualité de ce qui eft inférieur,
qui eft d'un moindre prix. Les Grands ne regardent
les hommes que par le degré à'inférioricé où ils
font à leur égard. Nie. Cette fuptrbe nation à été
contrainte de rcconnoitre Ion injtrionié. Rac. Il y a
de l'injeriorité même dans le Paradis , ou plufieurs
dégrés de gloire , même entre les Anges.
(fJ" Dans les chofes morales , on dit infériorité de
génie , de mérite. Un homme de mérite peut fentii fa
lupériorité du côté de l'cfprit é!j des talens fans or-
gueil , & fans mépriler les inférieurs. Car laconnoil-
lance de l'infériorité des autres à notre égard , n'eft
pas mépris.
INFERNALE , ALE. adj. Qui tient de l'Enfer. Infer-
nus. Monftre infernal. Furie injcrnale. Puilfance in-
fernale. Les dieux infernaux. Vaug. Rem. Rive in-
Jernale. Rac. Se dit poétiquement pour l'Enfer.
Holà Caron , Caron , nautonier infernal Magni.
On appelle figurément le Diable, le Serpent i/2-
fernal. Dragon infernal , fe dit figurément d'une
méchante femme. Les elprits infernaux. Bouhours.
Les Furies infernales , en parlant de la fable.
Malgré la puîjfance infernale ,
Malgré vous même , il faut vous détromper.
QUINAOT.
La pierre infernale , en termes de Chirurgie , eft
une pierre cauftique. yoye::^ Pierre.
Infernal , ale. f. m. Se f. Nom de feéle. Infernales.
Nicolas Gallus & Jacques Smidelin enfeignèrent
dans le XVF. liècle que quand il eft dit que J. C.
defcendit aux enfers , cela s'entend de l'enfer des
damnés , Se qu'il y fut tourmenté comme eux. C'eft
ce qui fit donner à leurs fcdtateurs le nom A' Infer-
naux.
INFERTILE, adj. m. &: f Stérile , qui ne rapporte
rien. Foyei Fertile. Sterilis. L'Efpagne eft infer-
tile en plulieurs endroits. La ville de Garciluin au
Royaume de Fez n'eft plus habitée que de pauvres
gens, qui ont peu de bétail. Se cultivent quelques
terres du côté du Nord , le refte n'étant que rochers
Se terres infertiles. D'Ablanc. Marmolj L. IV,
c. I iS. On voit des terres noires , foit fur le haut
de quelques montagnes , foit dans de certains val-
lons , Iclquelles font trop infertiles. La Quint.
Infertile _, le dit aulli au figuré. Un efprit w/enci/e , eft
celui qui n'a point d'invention , qui n'a point de
penfées. Un fujet infertile , qui fournit peu de cho-,
les à dire.
Et comme mes foupirs , mapeine ejl infertile.
Régnier.
INFERTILITÉ, f. f Stérilité. L'infertilité des terres eft
caufe qu'on ne les cultive point. Sterilitas.
INFESTER. V. a. Incommoder J tourmenter, ravager.
Infejlare. Il ne fe dit guère qu'en parlant de guerre ,
de vermine , Se des malins elprits , des démons. On
dit que les malins efprits infejlcnt cette maifon. Les
ennemis infejloient les frontières. Les Pirates ont
long temps i«/Ê/?e' nos côtes. Les fauterelles in/è/?e«r
fouvent de grandes Provinces en Orient , les défo-
lent entièrement.
Infesté , ée. part. Il ale fens & les ufages de fon ver-
be. Infejlus. Une maifon infejlée de malins efprits.
BouH. Mers infeftées de pirates. Forêt infejlée de vo-
leurs.
^ INFESTUCATION. f f. Terme de Coutume. Voy.
Saisine , Ensaisinement.
INFEUDATION. ? rr s InfÉodation.
INFEUDER. s -^ ^ \ Inféoder.
Ces mots fe trouvent écrits avec la diphthongue
X ij
I <^4 I N F
dans hi Coutumes. Quelques Auteurs ditent en
Latin beneficiarc pour inj<:udcr.
CCT INFIBULATION. t. f. La circoncifiou paroît
avoir chez les Orientaux pour objet la propreté -, mais
Vinjîbulation & la calkation ue l'ont pas tbiidées lur
des motifs aullî raiionnables. IJinfibulation pour les
garçons fe fait en tirant le prépuce en avant : on le
perce et on le travcrfe par une anneau. Du Latin
fihula , agrafte , boucle. Les Anciens pratiquoicnt
cette opération fur de je\ines garçons pour les empê-
cher d'avoir commerce avec les femmes.
INFIDÉLITÉ, f. f. Trahifon j manquement à ce qu'on
a promis , ou juré. Iiifidclhas. Cette femme a fait
une Infidélité à fon mari. L'infidéiké eft le plus gros
des vices chez cette bonne nation. S. Évr. Le dé-
goût qui fuit la poUelïïon produit les premiers lenti-
mens d'une Infidéliu. Bell. On fe détruit beaucoup
plus auprès de nous par les moindres infidclués
qu''on nous fait , que par les plus grandes qu'on
fait aux autres. La Roch. Le chaingement d'un
amant ne doit pas être attribué au dellein d'une infi-
délhé préméditée ; c'eft qu'on fe dégoûte avec le
temps. S. Evr. Il eft permis aux hommes de com-
pter les ïnfiddïtés qu'on leur fiit , la modeftie dé-
tend aux temmes de faire de même. Id. L'infidélité
carellànte efl: la marque d'un bon courtilan. Id.
Ij^fidélité , fe dit aulîi tfT du dctaut de loi dans ceux
qui ne font pas dans la religion chrétienne , qui
n'ont jamais fait profelîlon des vérités de notre reli-
gion. C'eft le Baptême qui diftingue un Hérétique
d-'un Infidelle ; ainil Infidelle ne le dit pas propre-
ment des Hérétiques qiii lont baptifés , &Z qui
croient en Jéfus-Chrift , quoique d'ailleurs ils rejet-
tent les articles eifentiels. On dit fort bien que les
Mahométans j les Juifs , les payens j font dans Vin-
. fidélité , mais on ne le diroit pas bien des Calvinit-
tes , des Luthériens , &c. Ignoratio Chrifiiand fidii ,
alienatio à. fide. Il y a des peuples qui languillcnt
dans Vinfidélité , faute de gens qui leur annoncent
l'Evangile.
Infidélité, fe -dit encore de la légèreté, «Se de l'inconl-
rance de la fortune. Un i\ fâge Général fçut pro-
fiter des infidélités même de la fortune. Boss.
On appelle Infidélité de la mémoire , le défaut de
mémoire. Ac. Fr.
i^' INFIDELLE. adj. de t. g. Quelquefois employé
fubftaiîtivement. Plulicurs écrivent infidèle. Infide-
iis , infidus. Celui qui manque de foi, qui trahit,
qui n'exécute point les choies qu'il a promifes ou
jurées. Un amant infidelle . C'eft un infidelle. J'aime
une infidelle. Si un ami léger & infidelle ne mérite
pas qu'on le ménage par fon état préfent , il le mérite
par fon, état palTé. Nie. Une femme infidelle connue
pour telle par laperionneintérellée, n'eft (\n'infidelle ;
Il on la croit fidelle , elle eiT: pcrlide. La Br. L'a-
'fage des mariages intéreftés fait que l'on compte de
devenir infidelle dès qu'on fera marié. Bell. Il frut
fe croire aimé pour fe croire infiAelle. Racine,
ÎN5IDELLE , fe dit aullî des choies incertaines , fur Icf-
quelles on ne peut pas compter. Incertus. La fociété
des hommes -cil une mer plus infidelle tk plus ora-
geufe que la mer même. M. Esp. Dans ce Icns on
appelle mémoire infidelle , celle qui manque an
befoin. La raifon eft un guide infidelle. Ci.
Pompée à cet échec n'ayant que tropfienti
Que la Fortune enfin dégénère en cruelle ,
iVe fie réfiout qu'à peine à la croire infidelle.
Brébeuf.
Infidelle , le dit encore en Morale , de ce qui n'eft
pas conforme à la vérité. Une copie infidelle , qui
ne reiremble point à l'original. Un portrait infidelle.
XJn. récit , un rapport infidelle , où l'on déguile la
vérité.
Imfidelle , fe dit de ceux qui ne lont pas baptifés , qui
ne croient point les vérités 'de la religion Catho-
lique -, des Mahométans , des Juifs , des Idolâtres :
ce nom eft en ufage dans ce fens dans l'hiftoire &
1 N F
dans le ftyle ordinaire, &: fouvent i! eft employé
lubft. Infideiis , alienus à fiide. Les Portugais voyant
l'armée infidelle toute ramalléce , & qui ne pouvoir
le dégager , l'environnent & la battent à coups de
canon. Bouh. Il parle des Achénois. Ce vailfeau
a été pris par les Infidelles. On a fait plufieurs
croiiades pour délivrer les Lieux faims de l'oppref-
lîon des Infidelles.
ffT On appelle Infidelles négatifs , ceux qui n'ont
"jamais entendu , ni refuté d'entendre la prédication de
l'Evangile : &: Infidelles politiis , ceux qui ont re-
fulé de l'entendre , ou qui l'ayant entendue, n'eu,
ont pas profité.
'Ouvre les yeux , homme ïnddclie ,
Sur le Dieu pu'Jfant qui t'appelle;
Mais tu te plais à l'ignorer ,
.Affermi dans l'ingratitude ,
Tu voudrois que l'incertitude
Te dipenfiât de l' adorer. N. ch. de vers.
INFÎDÉLLEMENT. adv. D'une manière infidelle.
Infidelitcr.
INFIERNO. Petite île d'Afrique , l'une des Canaries,
entre Lancerotte & Sainte Claire , ik. la Gracieufe.
INFILTRATION, f. f. Infiltratio. Terme nouveaa
-dont quelques-unsfe fer-vent pour exprimer l'adion
par Liquelle une humeur s'infinue infenliblement
dans le tilîu cellulaire des parties folides. L'anafar-
que eft une hydropiilc par infiiltration Ce mot vient
de i^z/rrer , palier au travers des nls d'un filtre , & de
la prépofition in , dans. <Iol de Villars.
§5° Il eft clair qu'on ne doit pas confondre l'infiltra-
tion avec i'épanchement des fiuides. Dans l'cpan-
chement, les Huides font une malle. Dans Xinfiltia-
don , ils ne font point raftemblés ; ils ne font qu'a-
breuver les tililts cellulaires.
S'IN.PILTRER. V. récipr. Palier , couler comme par
un filtre. Les gencives font allez fouvent relâchées
par des fluxions , ou par des taches fcorbutiques ,
ou par d'autres humeurs acres Se acides, qui s'y font
infiltrées.... Chirurgien Dentiste.
Infiltré , Ée. part. Infinué , coulé , paifé par une cf-
pèce de filtration. Infinuatus , delapfius , a , um. Le
ventre doit être d'une prcdigieufe grolleur j tant par
les eaux contenues dans là capacité, que par celles
qu! croient ufidtrées dans toutes les enveloppes ex -
térieures. Du Vernev fils , Ac. des Se. 170 ^ ,
Mém. p. 174.
INFIME. Vieux adj. Dernier j ce qui eft le plus bas.
I Infimus , a. Glojfi. fiur Marot.
INFINI , lE. adj. Qui n'a ni commencement ni fin,
qui eft -fans limites & fans bornes. Infinitus. Dieu
feul elt en être incréé & infini. On le dit auilî de fes
attributs. Sa juftice , fa fageile , fa cléiiîence font
infinies. Il n'eft point incompatible a'S'ec la bonté
infinie àç. Dieu, qu'ayant prévu la chute du premier
homme , il ne l'ait pas empêchée. Ab. de la Tr.
Le Juge miféricordieux de l'Univers répandra juf-
qncs fur nous fes comp.ai]îons infinies. Cl. On ne
peut imaginer trois pouvoirs & trois être infinu ,
dont l'un ieroit par nécelîlté la borne de l'autre.
Péiisson.
Infini , fe dit auffi de ce qui a eu commencement , mais
qui n'aura point de fin. Ce que les Théologiens âp~
peWem infinitum à parte ante j eft ce qui n'a point
eu de commencement; & ce qu'ils appellent infi-
nitum à parte pofi , eft ce qui n'aura point de
fin , comme les élus auront une gloire infime , dans
une éternité infinie.
Infini , fe dit encore aulîî de ce qui n'eft point terminé.
Plufieurs Philofophcs Payensle font trompés , quand
ils ont cru que le monde étoit infini ; qu'il y avoir
des mondes infinis.
On dit en Géométrie, Tirer une ligne infinie,
pour dire , indéterminée , dont on n'aflîgne point
les bornes , fur laquelle on fait après fes opérations.
iZt On appelle Géométrie des infinis , la noi^velle
I N F
Gconiétiic des infiniment petits, contenant les rc
gles du calcul ditrâcntial & intégral, ^oyfçccs mors.
L'Arithnictiquc des infinis clt la mctliodc de lom-
met Its luitts qui ont un nombre infini de termes.
Voyc-:^ Suite &z iiiRii;.
Infini, iigniiîe aulli , Innombrable, & fe dit hyper-
boliqucment d'un nombre qu'on veut exagérer , ou
qu'on ne s'amufe point à compter. Le monde eft
compolé d'atomes infinis. Comme les railonncmens
font infinis , les controVcrics dureront autant que
Je genre humain qui les fait. S. Évr. Ce Régent a
un nombre infini d'écoliers : ce Médecin a guéri un
nombre infini de malades. Je vous ai des obligations
infinies. Voit. Des peines infinies. Id. Remplir le
cccur d'une douceur infinie. M. Se.
Il cil aulli fubftantiF. Les Philofophes prouvent
qu'il n'y point d'infini d.xns la nature. Non ducur
infinicum accu.
|Cr En Géométrie j on appelle infiniment petit , une
quantité qu'on regarde comme plus petite que
toute grandeur a/îîgnable. P^oye:^ Infinitesime.
A l'inpinl Phrafe adverbiale. Sans fin , fans niefurc.
Les damnés doivent iourtrir à l'infini- & fe dit tant
de l'excès de leurs peines, que de leur durée.
H fignifie aulli , Qui dure i\ long temps , qu'on
n'en peut découvrir la fin. Si on les laille toujours
difputer Se répliquer , cela ira à l'infini. Les remites
que vous me faites , vos promelfes vont à l'infini ,
le progrès à l'infini eft abfurde en Philofophie. Pro-
greffus in infinitum.
INFINIMENT, adv. D'une manière infinie. Infinité.
Le Seigneur ell grand ,& i/z/i>ii/7?e«r louable. Por-R.
La gloire éternelle rend les Saints &: les Anges infi-
niment heureux,
§Cr On emploie ce mot dans le même fens qu'extrême-
ment, & comme enchérilîànt encore fur très , fort
& beaucoup , qui marquent déjà le plus haut degré.
Cet Auteur eft infiniment favant. Les idées du bon
fens font infiniment plus connues des Modernes que
des Anciens. Le Cl. Les paroles même avec lef-
quellesvous me mettez au-delFus des autres, me font
voir que je_ fuis infiniment au-delîous de vous. Vor.
Il a de \ c{>^nt infiniment , il a infiniment d'cfprit,
il a infiniment de l'efprit. De ces trois façons de
parler j la première eft la plus sûre, & la dernière
la moins bonne. Rich. Tout le monde ne la blâ-
me pourtant pas. M. Scudéri a dit , Cet homme a
infiniment de Tcfprit quand il veut fe donner la
peine de le montrer. Réfl. '^ J'aimerois mieux
dire avec nos meilleurs Auteurs , Il a infiniment
d'efprir.
Les infiniment petits , en terme de Géométrie, foy.
Infini & Infinitesime.
INFINITAIRE. f. m. Partifan de l'Arithmétique des
infinis.
INFINITÉ, f. f. Qualité de ce qui eft infini.^ Infimtas.
L'infinité àe Dieu eft incompréhenfible. L'Éternité de
Dieu s'avance , & ce peu d'inftans de vie qui vous
reftent , font prêts de fe perdre dans cette infinité fi
redoutable. Ab. de la Tr.
Infinité , fe dit aufli de ce qui eft innombrable en
eftet : comme , il y a une infinité de grains de fable
dans la mer.
Infinité , fe dit auflî hyperboliquement pour fignifier
un très-grand nombre. Il y avoit une infinité de
mafques au bal. Il m'a dit une infinité de raifons
pour m'obliger à lui accorder fa demande. Cet hom-
me eft embarrairéj il a une i/;/z«ife d'affaires furies
bras. C'eft une irrégularité de la Langue de faire
régir le verbe non par le nominatif^ mais par le gé-
nitif. On dit une infinité de gens croient : & non pas
croit. Vav. 'IW C'eft n'eft point à caufe que le mot
d'injinité eft coUeftif , & fignifie beaucoup plus
encore que la pluralité des perfonnes , mais parce aue
le génitif eft pluriel ; & donne en cet endroit la 'loi
au verbe contre la règle générale de la Grammaire ,
qui veut que ce foitle nominatif qui régllfele verbe.
Car h vous dites une infinité de monde , parce que
ce gcnitif eft au fingulier , vous direz une infinité de
I N F
i6r
monde croie tk non pas croient : ce qui prouve cvi-
dcnnnent que c cit le génitif pluriel qui foie dire
croient diiis la première phrafe, ôc non pas la force
collective du mot injimté. l-our un petit nombre
d hommes éclaires qui leroicnt au-deHiis de ia fui-
prile , il y en auroit une infinité d'autres qui fe laif-
leroicnt tromper. Mad. Dacier
INfJNITLSIMAL, ALE. adj. m. & f. Terme de 1.,
Gc-ometne des infiniment petits. Infinitefimalis.
Qui appartient a l'infinitélime. Le calcul infinkéfi-
mal , ceft le calcul des infinitélimes , ou des in.^i-
niment petits, çp Le calcul qu'on appelle Infimté-
fiinal comprend deux parties ; l'une eft le cal' ul
dirtcrcnucl , qui defccnd des grandeurs entières à
leurs différences qu'on fuppoie inhnimeiît petites :
1 autre eft le cak'ul intégral , qui remonte de ces
inhniment petits aux grandeurs dont ils font les dif-
krences. Le premier de ces calculs décompofe en
quelque iortc les grandeurs. Le fécond les rétablir
c.ans leur mtégrité , &c c'eft pour cela qu'on l'appelle
Intégral. -i rr
INFINITESIME. f. f. ou adj. en loufentendant partie.
Ferme de Géométrie. Partie infiniment petite d'une
grandeur quelconque. Infinitcfima. C'elt la mêm^
choie qu'un infiniment petit. Une infmitéfime ei\ me
quantité inhniment petite. C'eft une partie d'une
quantité ou d'une grandeur ; mais partie fi petite ,
qu elle ne le peut comparer avec la grandeur dont elle
eft partie; c'eft une quantité ou une partie de quan-
tité pjus petite qu'aucune autre qui le puillc alïîgner.
Ltnfinitefime par rapport à la quantité à laquelle
elle ne peut fe comparer , eft égale à zéro , & fe peut
négliger lans crainte d'erreur notable. Il s'enfuit de-
là que deux infinétifunts différentes font égales ; car ,
puilque Vinfmitéfime peut être néghgée fins erreur
dmsles grandeurs^ une de ces infinitéfimes peut
être lublhtuée à l'autre , & par confcquent elles font
égales. Four bien comprendre la nature des infinité-
finies , fuppolez que je veux prendre la hauteur d'une
montagne , & que pendant que j'oblérve , le vent
emporte le petit grain de poulfière qui eft le plus
élevé de la montagne, la hauteur de cette monta-
gne fera diminuée du diamètre de ce petit grain de
poullière., la montagne ne laiffera pas d'être cenfée
de la même hauteur qu'auparavant. Le diamètre de
ce petit grain de poulîlère eft donc regardé pour rien i
c'eft une infinitefime „ un infiniment petit. Pareille-
ment dans l'Aftronomie, le diamètre de la terre eft
une infinitéfime , eu égard aux étoiles fixes; car fi la
terre étoit un point , le mouvement des cieux pa-
roîtfoit le même qu'il paroît. De même dans les
eclipfes de lune , h terre eft regardée comme une
Iphere parfaite, on n'a point d'égard aux montagnes
beaucoup moins à l'élévation des maifons &: des
tours. Ce font donc des infinitéfimes. Les Démonf-
trateurs les plus exadts & les plus riaides; Euclides
Elém L. X,prop. 1. Archiméde ,''dans fa Préface'
fur la quadrature de la Parabole , & dans tous les
Ecrits j reconnoiffent que cela a heu dans les quan-
tités abftraites. Ainfi , lî d'une ligne donnée on en
retranche la moitié, 8c que du reftant on retranche
encore la moitié , & ainii de fuite^ on parviendra
enfin à une quantité plus petite que quelque partie
que ce foit que l'onpuilfe alligner, c'eft-à-dire , à une
infmitéfime. Il paroît par-là que le terme d'infinité-
fime eft relatif; & que ce qui eft infinltéfimc , ou
un^ infiniment petit par rapport à une certaine quan-
tité j eft un infiniment grand par rapporta une autre ;
par exemple , le diamètre de la terre dans les ecli-
pfes de la lune eft infiniment grand par rapport à la
hauteur des montagnes , (ïc infiniment petit eu égard
à la diftance des étoiles fixes.
Newton , & les Anglois après lui , donnent le
nom de Fluxion aux infinitéfimes , parce qu'ils les
coniidèrent comme des augmentations momentanée*
des quantités ; de la ligne , par exemple , par la fluxion
du point , delà fuperficie par la fluxion de la ligne, &:
du fohde par la fluxion de la fuperficie. Pour nous ,
nous difons infiniment petit.
j66
I N F
iNflNîTIF. (. m. Infink'ivus. 1 eniie de Grammaire.
C'eft un des modei qui llic a l.i conjugaitoa des vci-
, bes , qui ne maïque aumu temps précis , «Si ne dé
tei'mine ni li noaiure, m iapeiloane, en exprimant
■les cnoùsdaasua l'eus natcuni. iCJ Ceil pour cela
quon i'appcile injiaïuj j \2uod nec pcrjbnas ncc nu-
mcros dijinu. Aumr j eiifcL^ntr , tout l^s uiJuuCljs
des verocs j'aime j / cnjcL^m. Qu-^lquetou Xuijiiiuij
adif fe met pour le paUii : ces hiuts lont buns a
m-inger , c eft a dire , à être mmjjés. Trois inpiiujs
de luite ne lont pas toujours vicieux , &c n ont pas
toujours mauvailé grâce ; mais quitte auroitnt vcri-
tabiement dt la peine a palier. La voici un exemple
tolérable. Il s'etoit vante de vouloir aller j aire j mur
à ces peuples la puiilance des armes I-tomames. '/au.
Mais cela n'eil que tolérable j & le mieux ett de raue
enlorte qu'on n'ait pas bcfoin d indult,ence. Bien
loin d'employer quatre infinitijs tout de l'uitej il iaut
éviter autant qu'on le peut d en employer trois. Ce-
pendant quand ces injinuijs ne tont point ré^is les
uns p'-C les autres, Us l'ont moins dcla^réables ; ou
bien loii'qu ils ne l'ont joints par aucune conjonc-
tion. Malnerbeadit j Ihilis me voit pâlir, cranjîr,
languir, pour elle.
INFIRMA i IF , VH. adj. Terme de Palais , qui le dit
en parlant des jugemens des lupérieurs qui callent
ceux des intérieurs, -^uod ïnjirmat. Il y a eu arrêt
ïnjirmaàf d'une telle l'entence du Chàtekt. Le Pré-
fidiil a donné Uiie fentence nijimiaùvc de celle de
Juge à quo.
f3=INFIi^ME. adj. de t. g. infirmas. Suivant la force
grammaticale du mot , c'eft la même choie que toi-
ble. Corps infirme , qui eft d'une conftitution loi-
ble ; que quelque indilpolition rend languilîant.
Mais l'ufige paroit avoir atteclé ce mot à déiigner
celui qui éprouve une ptivation entière , ou au moins
une diiiUaudon conlidérable d une fonction parti-
culi --re , par un dérangement habituel dans quelqu'un
de les organes ; dér mgement qui n intérelle pourtant
pas le fyllème génér-il de la vie. Un Religieux infirme
eft difpenfé de la règle. Les fourds , les aveugles,
ceux qui l'ont perclus de quelque membre , les vieil-
lards font proprement appelés infirmes.
fCF Dans le Moral , on 1 emploie quelquefois com-
me fynonime de foible , qui manque de iorce pour
faire le bien. Le péché a rendu l'homme infirme ,
En terme de Jardinage , on le dit des plantes.
Arbres vigoureux , arbres infirmes : entretenir des
arbres vigoureux , rétablir des arbres infirmes. La
Quint. Un poirier infirme n'eft pas toujours celui
qui pouiîe jaune jon en voit de tort vigoureux , qui
ont le feuillage de cette coulcur-la ; c'eft leuiement
celui dont il meurt quelques groffes branches vieil-
les , ou celui dont l'extrémité des jets lèche, ou ce-
lui qui n'en lait aucuns ; & demeure galeux , plrin
«le chancres , & de mou.-e j & cependant donne
beaucoup de Heurs, mais où peu de fruits nouent,
ou ce qui en noue , demeure petit , pierreux ëc
mauvais. La Quint.
INFIRMER. V a. Terme de Palais. Cafter j annullcr
une fentence , un contrat. Injirmare. Le Parlement
a infirmé la fentence rendue au Châtelet. On injir-
m: les acles o5 il y a des nullités.
IJtF Dan; le ftyle dida lique , infirmer une preuve ,
un témoignage , c'eft en raire voir le foible.
INFIRMERIE, f. f. Lieu où l'on met les malades
d'une com.nunauté. Valetudinar'.um. On ne peut
voir un tel Père , il eft à ['infirmerie. Aller à {'infir-
merie , le mettre à \ infirmerie , fortir de [infirme-
rie. Garder ['infirmerie , comme garder la cliambre ,
c'eft y demeurer.
Dans les hôpitaux on ajoute au foulagement du
corps la conduite de l'ame : mais après tout , la fin
immédiate & direfte de ces mailons de charité , &c ,
fî j'ofe ainli m'exprimer , de ces infirmeries publi-
ques, c'eft la famé du corps. Bourdal. Exh. c. i.
p. iSr.
Infirmerie, fe dit d'un grand bâtiment ou l'on dé-
pofe les marchandiles infedlées de la perte , pour
I
les délînfeder. Les Portefaix , commis dans {'In-
firmerie à la purge des marciiandifes tk. du vaideau^
moururent prelque tous. As truc, Dijf. fiur ia pejle.
Infirmerie , eft auiii un Oihce clauftral dans les an-
ciennes Abbayes, qui étoit un vrai titre de Béné.ice,
mais qui a été réuni en la plupart des lieux aux Meu-
les conventuelles. ;;fCr Le revenu de cet o»rice eltdcf-
tiné à l'entretien des rchgieux malades.
Infirmerie , au figuré. La lolitude eft ['infirmerie de
l'ame , dit D. Lamy.
INFIRMIER j INFIRMIÈRE, f. m.&f. Celui ou celle
qui a le foin des malades dans les Inhrmerics, ou
Communautés. On le dit auilî de celui qui eft "1 uu-
laire du Bcnéîice de i Li.irmerie. Valetudinario pr&-
feclus , Infir.narius. l^oye\ Haeften , Difquifit. Mo-
nafi. L, XI j Iracl.
Les Frères Infirmiers Mirâmes. Nom d'une Con-
grégation du tiers urdre de S. François , que 1 on
nomme autrement Obregons. Foye^ Gbregon.
INFIkMI FÉ. f. f. ICT Gramniaticaiement , loiolclle :
dans 1 uldge ordinaire , indiljjoiition habituelle , 6c
vice icniiL'ie dans les tondions de quelque organe.
Dans le Moral , toiblelîe , deraut , fragilité pour le
bien. Infirmitas. h'infamité humaine , 1 injirmité
de la nature caulée par le péché. Ilraut lupporter &
excuer [infirmité du lexe , de l'âge, compatir aux
injirmués du prochain. J'ai perdii tous les lentiniens
du vice ; mais plus par injirmicé , que par vertu. S.
Lvr. La VKiiicile trame après elle la itérihté & les
infirmités. Lt Bret. Il ne le trouve guère dans le
tempérament des Princes de ces honnêtes infirmi-
tés , de ces toiblelles Romaiiies , & de bons exem-
ples. Bal. Il eft honteux de tramer à la Cour les
infirmités de la viciilelle S. EvR. Sa mort fut pré-
parée par des infirmités fenfibles S<. hu.niliantes. Fl.
Accablée fous le poids de fes infirmités j elle s'appli-
qua à les louiirir chrétiennement. Id. L'infirm/a de
Ion elprit a contraint les parens à lui donner un
Cutateur. On dit en général , Chacun a fes infir-
mités , c'eft-à dire ^ chacun a fes fciblelles.
Infirmifé , ledit auili des plantes. C'eft une infirmité
pour un pécher, lorlquil eft atteint de la gomme.
La galle eft une infirmité dangereufe pour les arbres.
LiGER.
INFLAMMABILITÉ. f. f. Terme de Chimie & de
Phylique. Quilité de ce qui peut s'enllammer , dif-
pontion à prendre teu. Infiammabilitas. C'eft lans
doute l'élaiUcité de 1 air qui eft la caufe principale
de [' infiammabilLté du loutre artificiel. Le falpctre
nullement intlammable par lui même , augmente
extrêmement ['infiammahilite du foutre commun &
des autres matières analogues. Leaiery le cadet.
Acad. des Se. 17TJ.
^' Le mot d inflammabilité ne devroit lignifier que
la propriété d un corps qui peut s'enllammer. Mais
on s'en fert ordin.ùreinent pour déiigner la propriété
de brûler foit avec llamme , foit lans tlamme. Ainll
on le fut quelquefois fynonyme de combuftible.
INFLAMMABLE, adj. m. & f. Qui fe peut enflammer.
Quod infiammari potefl. Dans les corps il y a I3 par-
tie inflammable-, qui eft la partie lui. urée & oléagi-
neufe. ïfJ" Il y a des fubftances que les Naturaliftes
appellent inflammables , comme les bitumes , le
naphte , l'afphalte , l'ambre , le camphre , le fou-
fre , ëcc.
INFLAMMATION, f. f. Airion d'enflammer ; ét.u d'un
corps qui brûle avec Hamme. Inflammatio. L'in-
flammation de la poudre à canon eft prompte , à
caufe du foutre dont elle eft compofée.
Inflammation , fe dit figurément de l'ardeur év de
1 âcreté qui furvient aux parties du corps. Inflamma-
tio. Celte l'appelle ainli. Il faut craindre que ce
rhume ne caule une inflammation de poumon. Il y
a encore de ['inflammation dans cette plaie. L'in-
flammation des vilcères.
Inflammation , fe dit encore d'une tumeur produire
par le fang, qui abordant incellitmment lans s'écou-
ler à proportion , s'arrête dans quelque partie où il
le ramalle, & caule de la tenlîon , de la lougeui'.
IN F
{le !a chaleur , (Se de la douleur. Inflammaûo. Ainlî
l:i c.iufe proch.iiiic de toutes les infiammauons eft le
fang qui s'épanche , patcc que Ibii letout cil empê-
che. Les aunes caulbs les plus ordinaires lont Tc-
paillcur , la coagulation du (ang j ou le relâchement
^' la contufion des hbres. On a donne des noms
particuliers à l7///?rt/72/7Mr/w de quelques parties. Celle
des yeux cil appelée Ophthalmïc : celle des pou-
mons , Péripneumonie : celle du toie , Htipadu.
INFLAMMAIOIIŒ. adj. m. & i. Terme de Médc^
cine. Qui caufe des inflammations , ((CT c'cft-à dire ,
une cliaicur vive dans une partie , jointe^ à une
douleur plus ou moins forte , avec un fîévre ai-
guë. Inflammaûones excïtans. M. Harris , qui re-
garde la pefte comme la plus inflammatoire de tou-
tes les miladies, ne lauioit donner l'on lurtrage à
des remèdes brûlans , tels que la plupart de ceux
qu'on vante fous le nom de Cordiaux. Il n'admet
de cette clalle que les abforbans. Journ. des Sa.
i-jn,p. 42. Convient -il que dans le temps que
la nature eft toute occupée à défcmpoilonner la
malle du fmg du venin de la petite vérole , on rem
phllè le (ang de matières ignées , expioiîves , brû-
lantes (ïc inflammatoires elles mêmes ; Brigandage
de la Médecine.
On dit que le fang eft inflammatoire , lorfqu'il eft
extrêmement échauttc , bilieux , d'un rouge vif ou
couenneux , c'eft a due , que la lurtace dans les pa
lettes elt dure , coriace &: de couleur de couenne de
lard, comme il arrive dans la pleurélie & la périp
neumonie ■■, ce qui prouve que la partie lîbreulc eft
très battue & ferrée. Col de Villars.
INFLAIEUR. f. m. C'eft le nom que Ion donne par
dérilion aux Philofophes qui difent que le continu
eft compofé de points enrics. Infiator.
INFLEXIBILITE, f. f. Qualité de ce qui eft inflexible ,
dilpoiition qui fait qu'une choie ne plie point , qu'on
jie la peut fléchir , plier. Firnutas , rigor. L'infltXL-
bilité eft contraire à la vertu elaftique , ou de reliort-
Ce mot ne te dit guère au propre , mais plus au
figuré -, & il figniiîe une qualité de i'efprit qui tait
qu'on ne cède point , qu'on ne le lailie toucher a
rien. Sevciitas , rigor , acerhuas , duritia , duritas.
'L'inflexibilité étoit le caractère des vertus Sto'i'ques.
Ce Juv.e eft d'une inflexibilité furprenante , &C qui
va juf-,u'à l'inhumanité. La juftice de Dieu a Ion
temps <£ inflexibilité. Ab. ce la Tr.
^C? INFLEXIBLE, adj de t. g. Littéralement , qu'on
ne peut flécMr. On le dit au propre îk. au figuré. In-
flexibilis , firmus , rigidus. Au Pliyfique on le dit
des bois j des métaux 6c autres choies qu'on ne peut
plier ians les rompre. Le ter aigre & inflexible. Le
P. Bouhours prétend qu'on ne peut le dire au propre
<lans ce f'ens. Il elf pourtant d'ulage enPhynque,
principalement en parlant des corps qui ne chan-
gent point de figure par la comprellion.
Au Moral , il déiignc un caractère que rien ne
peut fléchir , qui ne fe laiflc ébranler par aucune
confidération. Ainfi ce n'eft ni une bonne , ni une
màuvaife qualité. L'Inflexibilité eft vice ou vertu fui
vant les circonftances. Firmus , conflans. Ce Juge
eft inflexible. Caton fe piquoit d'une termeté inflexi-
ble dans fcs devoirs. S. Evr. L'exemple de Ion in
flexible régularité fut la cenf ure de tous les mauvais
deffeins. Boss. La nature avoir fait le Prince bien-
faifant , & la raifon le rendoit inflexible. Id. S. Be
noit paroit inflexible dans Fobfervation du fdence.
Ab. de la Tr. Il ne fe trouve point de ces âmes
inflexibles , qu'on ne peut plier, bourdal. Exh.
T. l,p.272.
Vn fage ami toujours rigoureux , inflexible ,
Sur vos fautes /amais ne vous iaijjé paifible.
BoiL.
Inflexible, En màuvaife part , Dur , cruel , inexora-
ble. Durus , immifericors , inexorahilis. Les Martyrs
ont bravé les tyrans les plus inflexibles. On fait de
, mon deftin la rigueur inflexible. Rac. ^fT Quelque-
INF 167
fois les Princes dans la crainte d'être trop faciles ,
fe rendent irflexibles à la raifon. Boss.
INFLEXIBLEMENT, adv. D'une manière inflexible ,
&: lévère. Rigide. Quand ce Prince a réfolu quel-
que chofe, il l'exécute inflexiblement, fans fe laif-
1er fléchir , ni adoucir. Cette phrafe eft dure. In-
flexiblement attaché a fon opinion.
INFLEXION, f. f. Action de ce qui fe fléchit , de ce
qui fe détourne de la ligne droite. Inflexio , deflexio.
C)ù les Épicuriens prennent-ils cette petite inflexion
des atomes , qui vient fi à propos pour fauver leur
fyrtême ; fénelon. Pour entendre ceci, il tautfavoir
que les Épicuriens croient que tout fe forme par le
concours, le mouvement, 1 union des atomes : mais
h les atonies n'ont qu un mouvement en droite li-
gne & toujours uniforme , ils ne peuvent s'entre-
choquer , ni par conféquent s'accrocher &c fe join-
dre pour la compofition des corps. Afin donc qu ils
puiilcnt le choquer <!<<: fe rencontrer , ils feignent
qu'ils le détournent de la ligne droite j c'eft ce mou-
vement que feu M. de Cainbray appelle inflexion.
Clinamen. liCF On dit plus communément décimai-
fon , mouvement par lequel les atomes s'éloignent
infenfiblement de la direétion qui provient de la pe-
lanteur. Clinamen efl principiorum.
IJCTInflexion , en Optique. Propriété des rayons de
lumière plus communément appelée dijfraciion.
Voye\^ Diffraction.
§0° Point d Inflexion d'une courbe, en Géomérrie.
C'eft l'endroit où une courbe commence à fe re-
plier dans un fens contraire à celui dans lequel elle
le courboit d'abord , où de concave qu'elle étoit
vers Ion axe , elle devient convexe , ou réciproque-
ment , de convexe , concave. Encïc.
Inflexion , en ternie de Grammaire , c'ell la variation
des noms , & des veroes , en des cas , en des temps ,
ou en des modes diiTereiis : La première partie de la
Grammaire eft linfleclion des noms & des verbes ,
c'efl-à dire , la declinaifon & la conjugaifon.
1^ Inflexion de voix. Inflexio vocis. Changement
de la voix lorfqu'on pafle d un ton à un autre. Il y
a des inflexions de voix très agréables.
On le dit aulli de la facilité qu on a à exécuter ces
changemens j a pafler d'un ton a un autre , en chan-
tant ou en parlant. Un homme qui n'a point Ain-
flexion dans la voix ne fauroit bien chanter , ni dé-
clamer avec grâce.
On dit encore inflexion du corps , difpofition na-
turelle à plier , à incliner le corps. Acad. Fr.
INFLICTION. f. f. Terme du Palais. Condamnation
à une peine aftli^tive ik. corporelle. InfUàio. Ce
crime eft confiant , il ne s'agit que de l'infliciion de
la peine qu il mérite.
INFLIC riVE. adj. f. Quod infligitur. Qui eft ou qui
doit être infligé. Ce mot n'a d ufage qu au I alais , Se
ne fe dit qu'avec celui de peine. L'arrêt décerne des
peines infliclives contre ceux , &c.
INFLIGER. V. a. Infligere. Terme de Palais , qui ne le
dît que des peines que les loix , ou que les Juges or-
donnent, auxquelles ils condamnent les cliiniiels.
L'ordonnance inflige la peine de mort contre les
meurtriers & les aflaflins.
INFLUANT, f. m. C'eft ainll que M. l'Abbé Soumille
appelle ceux qui croient fuperftirieufement aux in-
fluences de la Lune , & qui lui attribuent mille e.cts
auxquels elle n a aucune part. Ce mot eft en italique
au Merc. de Mars- 1735.
INFLUENCE, f. f. Jflrorum influxus. Qualité qu'on
dit s'écouler du corps des aftres fur les corps fublu-
naires , ou 1 ertet de leur chaleur & de leur iunuère ^
à laquelle les Aftrologues attribuent tous les événe-
mens qui arrivent fur la terre. :-]Cr Les hommes bien
convaincus de l'influence générale du Soleil fur no-
tre globe , & de je ne fais combien de phénomènes
qu'on ne peut s'empêcher d'attribuer à fa lumière &
à fa chaleur , étendirent bientôt cette adion à la
Lune & aux autres corps céleftes ; auxquels on attri-
bua d'.ibord la propriété de produire les maladies &
deconferver lafantéj fuivam leurs diftérens mouve-
368
I N F
mens , & leurs difFcrens afpedts ; & bientôt après
on leur attribua le pouvoir de régler les adions mo-
rales , de changer les mœurs , la fortune des hom-
mes 3 & de prélider enhn à tous les événemens ,
qu'on crut pouvoir prédire par la connoillànce de
leurs mouvemens. f'^oyc:^ Astrologie.
Ip" Le vulgaire , toujours ignorant & fupcrllitieux , s'i-
magine que la lune inHue iur la crue des cheveux j
la plénitude des huitres ôc des écrevilfes ^ la réuirite
de ce qu'on feme & de ce qu'on plante , &c. Cette
erreur ne doit être réfutée que par un éclat de rire.
L'expérience nous apprend que la lumière de la Lune
ralFemblée au toyer du meilleur concave, ne donne
pas le moindre degré de chaleur.
Pour les autres planètes &c les étoiles fixes , la lu-
mière qu'elles nous envoient eft trop foible pour
faire quelque imprellion fenfible , & ii elles inlluent
iur notre globe , cette influence ne peut être que
l'etiét mécanique de la gravitation.
Les Chimilles qui cherchent la pierre philofo-
phale , difcnt que tout ell produit dans la nature par
les influences des aftres , lefquelles en pallant au tra-
vers de l'air (e rempliilcnt de parties humides , dont
elles dépofent les plus grollières dans les lables&: les
terres où elles Tont remues; qu'en le filtrant ainh dans
les pores de la terre , elles defcendent jutqu'à Ton
centre , d'où elles font repoullces par le feu central
jufquà la (uperficie de la terre ; & lorlque dans cette
afcenlion , ou fublimation naturelle , elles rencon-
trent des terres bien difpofées , elles forment les
corps naturels j comme les métaux , l'or , l'argent j
&c. les plantes, &c. Ainli les Chimiftes en imitant
par art ces opérations de la nature , & en appliquant
les principes atlifs aux principes palîifs, prétendent
former des corps natur Is , faire de l'or , &:c.
^CTOn fe fertaulîi de ce terme en Métaphyhque pour
expliquer le commerce qu'il y a entre lame & le
corps , commerce quiconfifte dans la correfpondance
des mouvemens excités dans le corps avec les idées
excitées dans l'ame, & vice versa. Les anciens Phi-
lofophes rendoient facilement raiion de cette influen-
ce j en fuppofant que l'ame agit phyliquement fur
le corps j 6c le corps fur lame. Mais peut-on admet-
tre une communication réelle & phylique entre deux
fubftances dont lune a des parties , & l'autre n'en a
point. Tangcre eniin & tangi , nijî corpus y nulla po-
tejl res. LucR.
Ce mot a ététranfporté au figure pour exprimer les
imprellîons que font dans les elprits le commerce
&c la fréquentation du monde. C'eft ainlî qu'on dit
que les premières démarches qu'on fait dans le
monde ont beaucoup A' influence fur le refte de la vie.
On dit de même qu'un homme a eu beaucoup à! in-
fluence dans une affaire , pour dire qu'il en a été le
principal auteur par l'on crédit , par les follicita-
tions , &c.
INFLUER, v. a. Communiquer infenfiblement &c par
une efficace fecrète , {"es qualités bonnes ou mauvailes
à un autre iujet. Influere. C'eft ainfî qu'on dit que
les aftres influent fur les corps (ublunaires ; leur
chaleur , leur froideur , ou autres qualités favora-
bles , ou malignes. Il n'a guère d'autre ufage en ce
fens.
Il fe dit d'ordinaire abfolument ffT des imprellîons
qui fe font fur les efprits par le commerce du monde.
La bonne ou mauvaife éducation d'un jeune homme
influe fur tout le refte de fa vie.
Il fe dit aulîi en terme de PaUtis , & veut dire ,
Porter fon eftet. La claufe influe fur rout l'adfe.
Patru.
Ce mot vient de in &cfîuere, fe glilfer , s'infinuer
■dans
ÎNFOLIATURE. f. f. Nos pères fe fervoient de ce mot
au lieu de celui d'incrujlanon : il mériroit d'être con-
fervé. DicT. de Peint, et d'Archit. f^oye~ Incrus-
tation.
INF0RN4ATEUR. f. m. En Allemagne on appelle In-
formatiur ce que nous appelons en France Précep-
teur., Ce mot vient d'informare j Former , façonner j
I N F
inftruire. On m'a alFuré que V Informateur d'un
Prince, après lui avoir fait apprendre par cœur un
abrégé Latin de Rhétorique & de Logique, en voulut
faire de même fur la Métaphyfique. Crousaz. Vit-
on jamais de fou aux Petites Maifbns plus digne d'y
entrer que cet Informateur!' Idem. \\
INFORMATION, f. f. Terme de Jurifprudence. Aûe
par lequel un Juge fait rédiger par écrit les dépofi-
tions des témoins qui font allignés par devant lui ,
pour certifier la vérité de quelque fait. Ceft l'acte qui
contient la déçofition des témoins , &c la procédure
de juftice qui le fait pour avoir cette dépofition. Dans
ce fens on ne le dit qu'en matière criminelle. Inqui-
Jnio. Une information iur une plainte criminelle.
Décréter iur une information ^ une addition d'infor-
mation. Les informations ne font preuve qu'après le
recollement & la confrontation. On apporte au
Greffe les charges & informations ; elles doivent être
écrites de la main du GrefHer , éc lignées du Juge,
du Greffier & des témoins.
tjC?" Information par addition. C'eft celle qui fe fait
iur de nouvelles preuves qui font furvenues après
ï information faite. Il faut pour cela préfentcr une
requête dans laquelle on expofe le frit & les nouvel-
les preuves qui font furvenues depuis V information.
On du aullî en matière civile , information de vie
«Se de mœurs , ce font des recherches qu'on tait de la
vie , de la conduite de ceux qui font reçus dans une
charge. Les informations de vie & de mœuri de ceux
qui font pourvus par le Roi de charges de judicature,
fe font à la requête de M. le Procureur Général.
(0° Information iSc Enquête lignifient la même cho-
fe; mais le premier de ces mots fe dit en matière cri-
minelle, & le fécond en matière civile. Quand on
civilité une aflaire criminelle, les informations font
converties en enquête.
On dit dans le ftyle familier, aller a.ux inform.a-
tions , pour dire fimplement , faire des recherches
afin de découvrir la vérité de quelque fait j de quel-
que bruit qui court. Acad. Fr.
§C7 IiMFORME. adj. de t. g. Du Latin forma , forme ,
& d'in particule négative ou privative. Informe , qui
n'a pas la forme qu'il doit avoir. Informis. Ou le dit
des ouvrages de l'arr & des productions de la nature.
Les produdions naturelles qui n'ont pas la forme
qu'exigent les loix de la nature , font informes. Les
productions artihciellts, qui n'ont pas la forme pres-
crite par les règles de l'art , font informes. Voyez
Forme. On le dit également au propre & au figuré,
au phylique &c au moral. Le cahos des anciens n'é-
toit qu une malle informe de matière. Rudis indi-
gejiaque moles. Un monlfrre eft une produélion in-
forme. Parmi les ouvrages de l'art, il y en a beau-
coup d'informes. Tout ce qu'a écrit cet Auteur, n'eft
qu'un ellai informe. La Tragédie informe & groifièrc
en nailfant. Bon.
INFORME , fe dit de même en Jurifprudence des ades
qui n'ont pas la forme prefcrite par les ordonnances
&c les règlemens. Un aéle non figné eft informe &c
ne fait point de foi en juflice. Un teftament informe
n'a point d'exécution.
Informe, en Aftronomie. Les anciens Aftronomes ap-
peloient informes , les étoiles qu'ils ne faifoient point
entrer dans les conftellations ou figures du ciel. Ils
les nommoient aulli tporades , comme qui diroit fe-
mées ou répandues çà &c là. Les nouveaux Aftrono-
mes ont fait entrer plufieurs de ces étoiles dans les
conftellations. Informes JlelU , /parades. Outte les
étoiles comprifes dans chaque conftellation, Ptolc-
mée a marqué celles qui les environnent , qu'on
nomme informes à caufe qu'elles ne font comprifes
fous aucune figure. Cassini. Tycho a ajouté aux
conftellations qui avoicnt été décrites par Ptolémée,
la chevelure de Bérénice, qui comprend 1rs étoiles
informes qui font près de la queue du lion, & Anti-
nous qui eft compofé de celles qui font près de
l'aigle. Idem. Auguftin Royer a formé des étoiles
qu'on nomme informes , onze nouvelles conftella-
tions, dont cinq fout du côté du feptentrionj favoir,
la
I N F
la cirafTe.le fleuve Jourdain, le fleuve du Tigre ^ le
fccptiL- & la rieur de lis , Se les (îx autres du côrô du
midi font la colombe , la licorne ^ la croix, le grand
nuage, le petit nuage S<. le rhomboïde. Idhm. Hcvc-
Husa encore ciichcii (iîr ceux qui l'avoient précédé ,
ayant rallcuiblé plulieurs étoiles i/z/c'.'W^j- pour en for-
mer de nouvelles conllcilations, telles que le mono-
ceros , le canielopard qui avoient été décrites par
liartcchius , le Icxtanor d'Uranie , les chiens de
chade , le petit lion, le lynx , le renard avec l'oie,
l'écu de Sobieski, le lézard, le petit triangle & le
cerbère. Grét'.ori ajoute l'anneau de l'armille. Quel
ques unes de ces conlk-llarions répondent à celles de
Royer, comme le camélopard à la giratlc, les chiens
de cli.ilie au Jourdain , «b^- le renard au llcuve du Ti-
gre. lotM.
INFORMÉ, r. m. Terme du Palais. Information. In-
quifitio. Trois Juges ont conclu à un plus ample in-
joriné. Daucour. On dit aulîî conclure à un plus
ample informe ; c'eft ce que les anciens Romains appe-
loicnt ampliart. Dans 1 érence , Ego ampliùs dciibe-
randum cenfco. A Rome, lorfque le droit des parties
ne paroilfoir pas clair .à un Juge , il mettoit dans
l'urne ces deux lettres N. L. c'cft à-dire , non Viquet ,
je ne fuis pas allez injorme ^ je ne vois pas clair dans
cette alïiire , je ne puis me déterminer à abfoudre , ni
à condamner, &c. |Cr C'eft chez nous une manière
de prononcer en matière criminelle quand il y a de
violens ioupcons que l'acculé eft coupable , mais
qu'il n'y a pas allez de preuves pour aileoir une con-
damnation, on condar ÎL an plus amplirncnc informé,
ou l'on ordonne qu'il en fera plus amplement informé
pendant un tems déterminé, comme lix mois, un an ,
ou ufqucqub , pendant un tems indéfini. Pendant ce
plus amplement informé l'accule jouit de la liberté , ou
garde prifon, fuivant la gravité des foupçons. ^m-
pliare reum ou caufam.
INFORMER. V. a. Donner la forme. Informare. Il ne
fe dit guère dans Ion propre lens qu'en cette phrafe
philofophique. L'ame informe le corps , c'eft la for-
me lubllantielle du corps, f'^oyei Forme.
Informer, en langage ordinaire j lîgnifie liCTavertir
quelqu'un des évènemens qui peuvent être de quelque
conléquence. Jnftruire & faire /avoir , ont leurs
nuances particulières. Certiorem facere. Un Prince
doit être informé des moindres chofes qui le palïènt
dans Ion État. C'cft un tel qui Ta informé de toutes
les circonftanccs de cette aftion. Il fiut fe bien infor-
rner de la vérité avant que d'alleoir Ion jugement.
Etre informé lie. l'état de la Cour. La Rochef.
^3" S'Informer, v. récip. S'informer de la véiité d'un
fait avant que d'alfcoir fon jugement. Je m'en furs
informé à tout le monde.
|;3° Informer, dit M. l'Abbé Girard , renferme parti-
culicrem.cnt , dans l'étendue de ion lens j une idée
d'autorité à l'égard des perionnes qu'on informe , Se
une idée de dépendance à l'égard de celles dont les
f-aits lont l'objet de l'information.
|13" C'cft par cette railon que ce mot eft à merveille ,
lorfqu'il eft queftion des lervices ou des malverfa-
tions des gens employés par d'autres, & de 4a ma-
nière dont fe comportent les enfans , les domeftiques ,
les fujets; enfin tous ceux qui ont à rendre railon à
quelqu'un de leur conduire & de leurs actions.
^Cr L'Intendant informe la Cour de ce qui (c palfe dans
la Province; le furveillant informe les Supérieurs de
la bonne ou mauvaife conduite de ceux qui leur font
fournis. Bien des gens prennent la peine , (ans qu'on
les en prie. A' informer les gens de tout ce qui peut
leur être délàgréable. Il faut de la prudence & de la
fincérité pour informera propos & au vrai. Voye:^^
les fynonimes Apprendre^ ENSEiGt^ERj instruire,
faire savoir.
Informer, v. n. En termes de Palais, fignifie rédiger
par écrit les dcDofitions des témoins qui peuvent allu-
rer de la vérité d'un fait qu'on veut éclaircir. Inqui-
rere. En matière civile on informe des vies & mœurs
clés Officiers qu'on reçoit en quelques charges. En
matière- criminelle, on informe fur les plaintes 6c dé-
Tome V.
î N F
\6<)
nonciations contre les accufés. Il a obtenu permillion
d'informer Ac ce fait. On informe contre les ufuriers.
Un Juge doit informer uni à charge qu'à décharge.
Informe, f.e. part.
INFORTIAT. f m. Terme de Jurifprudence. C'eft la
féconde partie ou le lecond volume du Digcftc com-
pilé du tems de Juftiriicn. Infortiatum.
Je fais le Code entier avec /'Inforciat. Corn.
Doujat tire l'étymologie de ce mot d'un terme
Chaldaïque qu'on peut lire porthita ; oufoniatha,
qui veut dire tejlament , ou dernière volonté de
l'Iiommc, dont traite tout ce volume. D'autres ont cru
qu'il étoit ainli nommé , à caule qu'il traite de matiè-
res tortcs &: élevées, qu'ils appellent de pane lucran-
do. Du Cange dit que la divilion du Digefte en trois
parties , le vieux Digefte , Xlnfortiat &c le nouveau ,
n'a été connue que du tems d'Azon , vers l'an iioo ,
& qu'il n'en eft point fait mention auparavant. Pat-
quier dit que la véritable origine de ce mot eft in-
connue.
ter INFORTUNE, f f M.alheur, accident, défaftre,
délignent tous un événement fâcheux , mais tous avec
des nuances qui leur font propres. Infortune dit plus
qu'accident 6c malheur, & approche davantage de la
lignification de défajire. Voyez ces mots. C'eft une
fuite d'évènemens malheureux qui lont moins notre
ouvrage que celui de la fortune , au milieu delquels
nous n'avons rien à nous reprocher. Nous pouvons
mériter une difgrace , attirer lur nous un mal heur \
nous tombons dans l'infortune , fans qu'ij y ait de no-
tre fiute. Infortunium. Il tft tombé dans une grande
infortune. Ce pauvre homme a toujours vécu dans
l'infortune. Les Perfes n'ont rien de plus lacré que la
Majefté du Prince j & dans fon infortune même ils
adorent encore les traces & lornbie de la grandeur
palfée. Vaug. J'aime à voir pleurer l'infortune dua
grand homme malheureux. S. ÉvR. La conftance
que les Philofophes afteclent dans les infortunes ^ eft
un mafque de fermeté qu'ils prennent pour tromper
les autres. M. Esp. La véritable vertu éclatre dans
V infortune. M. Scud. On appelle en Aftrologie Sa-
turne, la grande Infortune , & Mars, la petite Infor-
tune.
INFORTUNÉ , ÉE : Malheureux , qui eft tombé dans
l'infortune. Infelix. C'eft un Prince infortuné Cjui a
été chalfé de les États. Sa doftinée eft de vivre tou-
jours infortuné. J'eus pitié de cette amante infortunée.
H. S. DE M. Ces hommes infortunes qui vous par-
lent, ont vu mourir leur Maître. Pat. Saint Cyr eft
un alyle facré pour d'illuftres infortunées. Des Houl. .
Exemple infortuné d'une longue confiance. Rac.
Qualle^'Vous devenir, belles Infortunées,
Mufes qu'il protégea dès /es jeunes années ?
Des-Houl.
INFORTUNER. 'Vieux v. a. Affliger , rendre malheu-
reux. /Iffiigere , vexare.
INFRACt EUR. f m. Celui qui enfreint , qui rompt un
traité, qui viole une loi, une coutume , un privilège.
Violator. Vinfracieur d'un traité eft coupable de tous
les maux qui arrivent dans la guerre dont il eft caule.
Il eft mort comme un parjure & comme un infrac-
teurdt la paix. Ablanc. Je veux le faire faifir comme
défcrteur de la Médecine, &: comme infracleur de
mes Ordonnances. Mol. Si un aune Evêcue reçoit
celui qui aura été dépofé ^ il fera puiù par ie Concile ,
comme infracleur des loix de l'Ég-life. Concile de Ni-
cee , Canon 1 1 . Flevky . Infracleur de la. paix. MÉM.
DE Tr. ïji^ , p. S6.^.
INFRACTION, f. f Violement d'un traité, d'une loi ,
d'une ordonnance, d'une coutume, d'un privilège.
Violctio. Le fecours qu'on donne aux ennemis de
nos alliés eft une infrrclion du traité de paix. Nous
avons vu les aventures de l'armée depuis l'infracHon
du traité. Aeianc. Faire une infraclion an traité ou
Y
lyo INF
contre le traité. InfraElion de vœu. Pat. L'infraction
des loixdu Royaume aliéna les efprits. S. Évr. h'in-
fraclion de lauvegarde eft un cas royal & prevôtal.
On appeloit autrefois infraclwn de chemin , un meur-
tre, un vol de grand chemin. ^fJ'Vinjraction eft la
tranfgrellîon d'une loi civile , ou le violcment d'un
traité. Voilà pourquoi c'eit particulièrement un ter-
me de Junfprudence Hc de droit public.
INFRALAPSAIRE. f. m. & f. Nom de fedte. Infralap-
farius , a. Soutenir que Dieu n'a créé un ccrtam
nombre d'hommes que pour les damner, fans leur
donner les fecours néceiîaires pour {e lauver s'ils le
veulent; c'eft une héréfie : foit qu'on dife que Dieu
antécédemment à toute prévillon de la chute du pre-
mier homme , a réfolu de manifefter fa miléricorde
en créant un certain nombre d'hommes pour les
rendre heureux dans toute l'éternité , &c fa juftice en
créant un certain nombre d'autres hommes pour les
punir éternellement dans l'enfer : gCTfoit que l'on
convienne qu'il n'a fait ce choix également polîtif
des uns comme des autres ^ qu'après la prévifion du
pèche d'Adam. On appelle les partilans du premier
lentiment, Supralapfaires j parce qu'ils mettent ce
choix de Tiïeufupru lapfum avant la chute d'Adam.
On appelle les Sénateurs du fécond fcntiment lnfra~
lapfaires i parce qu'ils placent le choix de Dieu après
la chute d'Adam, i///Vj lapfum. Mais il faut bien fe
donner de garde de confondre cette dernière erreur
avec le dogme de la Prédeftination gratuite & .avant
toute prévilîon de mérite ; qui conliile à croire que
l'homme par le péché d'Adam ayant perdu la juftice
originelle &: la grâce , ne mérite plus que des châti-
mens , tout le genre humain n'eft plus qu'une malTe
de corruption que Dieu pouvoir punir & abandon-
ner aux fupplices éternels-, que cependant, par un-
effet de (a miféricorde, il a réfolu d'en tirer un cer-
tain nombre de cette malle pour les ianétitier & les
béatifier en Jéfus-Chrift & par Jéfus-Chrift, & à
qui il a préparé des grâces qui les fanâifient & les
conduifent infailliblement à la béatitude éternelle.
S. Paul enfeigne clairement ce dogme dans fon
Épitre aux Romains. S. Auguftin l'a défendu contre
les Péiagiens. Suarez avoue qu'on doit le reconno'itre
& le (auver dans tous les fyftèmes & dans toutes les
Ecoles.
INFRUCTUEUSEMENT, adv. D'une manière infruc-
tueufe. Infrucluosè. Cet homme eft malheureux , il
travaille toujours infruclueulement.
FRUCTUEUX , EUSE. adj. Qui ne rapporte point de
fruit, ou qui en rapporte très peu. Injruciuofus. Ce
terroir eft ftérile &c infruclueux. Année infruclueufe.
Infructueux, fe ditaulli figurémentde ce qui|JC7"n'ap-
porte aucun profit , aucune utilité , qui ne produit
aucun eftet. Travail infructueux. Veilles injruÙueufes.
Dieu , par une conduite toute jufte , ne manque point
d'être avare de lés dons , lorfque tes largefles ont été
infruclueufes. Ab. de la Tr. Il y a une pénitence
qui eft infruclueufe , parce qu'elle eft tardive. Les
Anagrammes , les Acroftiches font des travaux péni-
bles & infruclueux. La guerre eft rude & infruclueufe.
Ablanc. Sans l'opération de la grâce , les préceptes
de l'Évangile demeurcroient comme une femence in-
fruclueufe dans le cœur. Ju. L'humilité qui n'auroit
pas en elle la fource du mérite , demeureroit injruc-
tueufe. Ab. de la Trape.
INFULE. f. £ Infula. On donnoit ce nom aux orne-
mens des Pontifes. Danet. Feftus dit que les infuies
étoient des filamens de laine , des franges de laine
dontonornoit les Prêtres & les viétimes, même les
temples. Plulîeurs confondent les injules avec la mi-
tre , la tiare ou le bonnet que portoicnt les Prêtres. Il
y avoir cependant beaucoup de diftérence. Vinfulc
étoit proprement une bandelette , ou bande de laine
blanche qui couvroit la partie de la tête où il y a des
cheveux jufqu'aux tempes , &C de laquelle tomboient
de chaque côté deux cordons vitt/t , pour la lier , ce
qui fait que l'on confond fouvent le nom virrx, cor-
dons j avec infuU. L'infule ézoh aux Prêtres ce qu'é-
toit le diadème aux Rois , la marque de leur dignité
I N F
Se de leur autorité. La difléience entre le diadème
& ['infuie , éft que le diadème étoit plat & large , &c
l'infule étoit entortillée & ronde. Foye^ fur les inju-
les Pafchal , de Coronis ^ chap. dernier du IV L. Bai-
thius fur Stace, Theh. L. Il, p- 319 à fuiv. Sau-
maile fur Solin, 370.^
Dans les Auteurs Eccléliaftiques on donne quel-
quefois le nom A'infuk à l'habit des Prêtres que nous
nommons chafuble. Foye\ Du Cange dans fon Glof-
faire au mot infula.
ICTINFUNDIBULIFORME. Infundibuliformis. Ter-
me de Botanique par lequel on déligne une plante
dont la Heur eft faite à-peu près en entonnoir. Foye-^
Entonnoir. Ces fortes de Heurs ont un leul pétale,
dont la partie fupérieure forme un tuyau aHez menu ,
dont le haut eft évafé , fouvent terminé par des dé-
coupures renverfées en dehors comme les Heurs du
lilas.
INFUNDIBULUM. f. m. & mot Latin de genre neu-
tre , dont les Anatomiftes fe fervent quelquefois ,
c'eft la même chofe qu'entonnoir, l^oye:^ ce mot. Les
artères carotides & l'infundibulutn j font entre les mo-
teurs des yeux. Dionis. Il y a Vinfundibulum du cer-
veau; c'eft; celui dont on vient de parler, & Vinjun-
dibulum des reins, qui eft un ballin au travers duquel
l'urine palIc dans l'uretère & dans la vcllie. Harris.
INFUS, INFUSE, adj. Ce mot n'eft guère en ufage que
dans ces phrafes. Science infufe, grâce infufe, fageiie
infufe j qui fe difent de la fcience , de la grâce &i de la
fagelle qu'il à plu à Dieu de verfer par un privilège
fpécial, dans l'ame de quelques perfonnes. On pré-
tend qu'Adam avoir toutes les fciences injufes. La la-
gelFe infufe de Salomon. Les Myftiques appellent
Oraifon infufe , l'Oraifon furnaturellc qui fe fait en
nous, fans nous, par la fupprellion de toutcftort &
de toute propre induftrie. C'eft la même choie que
\Oraifon paffive. On ne conçoit pas comment une
Orailon qui loit nôtre, fe peut faire en nous, fans
nous.
|Cr INFUSER. V. a. Terme de Chymie & de Phar-
macie. Mettre tremper quelque lublfance, quelque
drogue dans quelque liqueur , dans quelque menf-»
true , chaud ou hoid , pour en Icparer quelques lues ,
quelque extrait , les parties les plus lubtiles & les plus
ellèntielles qui font communiquées au menftrue. In-^
fundere. Faire infufer du l'ené. Injufcr de la rhubarbe
dans delà tifannc , du quinqtùna dans du vin. On fait
infufer, à froid , à chaud par le moyen d un feu arti-
ficiel , au bain marie , &c.
CKT INFUSION, f. f. Opération qui conlifte à lailfcr
fejoarner , pendant un tcms convenable , quelque
fubftance dans un menftrue , pour en extraire les
fucs , les huiles , les parties folubles dans ce menftrue.
Injuflo. Les infujïons fe font pour k'parer , par le
moyen du menftrue, les fucs, les extraits, les huiles
dont on a befoin , .& les communiquer au menftrue
dans lequel elles fe font.
On fait des infufions avec de l'eau commune; d'au-
tres avec du vin , du vinaigre , du petit lait , du bouil-
lon, de l'efprit de vin, (Se.
§3° Les infufions le font à chaud &" à froid. \.'infuflon
qui le fait dans un menftrue bouillant, s'appelle dé-
coUion : dans un menftrue froid , macération : celle
qui fe fait au loleil , infolation : une longue infufion
s'appelle di^^eflion. Voyez ces mous.
Infusion, fe dit aulfi de la liqueur où l'on a mis infufer
quelque médicament. Une infuflûn de fené , de rhu-
barbe. Prendre une i/i////«i/z de capillaire. Infufum.
Infusion , fe dit encore de l'atlion par laquelle on fait
entrer une liqueur dans le corps par les veines. On a
trouvé en Angleterre une nouvelle manière de pur-
ger par Yinfufîon du purgatif qu'on fait entrer dans
les veines de la même manière que les lavemens dans
les inteftins. M. Smith , Médecin de Dantzic , en â
fait plufieurs expériences qui lui ont fort bien réulîî.
Infusion, le dit hgurément en choies Ipirituelles, de la
manière furnaturelle dont Dieu verle fes grâces fur
quelqu'un. Les Apôtres avoient le don des langues
par infufton. Le Saint Efprit eft un maître inviliblc
I N G
I N G
Se ffcrct qui (c communique à lame pjr i'infujîon
de il vciicc. I-léch.
I N G,
•
ÎNGA. roye^ '^nca.
Inga. (". lû. li.iy Kiir mention de quatre aibrcs difFérens
qui portent te nom.
INGADINE. royci ENGADINE.
INGAMBE, adj. m. & f. Gaillard, agile, dirpos,
§CFalcrrc. Jeune homme ingambe. Danleur ingambe.
\\ elt du ftyle très familier. Il vient de l'Italien , gam-
ba , jambe.
INGELHEIM. Petite ville d'Allemagne. Ingellieimum ,
Ingclkcinum. Elle cil dans le Pal.itinat du Rhin , lur
la riviè-re deSelts, pics de Ion embouchure dans le
Rhin , entre Maycnce & Biiigen. Ce lieu étoit autre-
fois ville Impériale,Charlemagne étoit né à Ingclheim.
On a tenu a Ingelheim quelques Conciles dans le
VIII'^ & le X* liecle. Quelques uns écrivent Ingel-
hein. Ingelheim s'eft appelé Ingelenhaim , Ingilin-
halm , Ingelinhaim , IngeLhaim ^ & enlm Ingelheim ;
on trouve encore Engulenheim. En Latin on trouve
Engilenhemium , Engilenheimum. Voyez Valois j
Non. G ail. p. iS'S.
INGÉNÉRABLE. adj. Terme de Phylîque. Qui ne peut
pas être engendré. IngenerabUcs.
Pour donner le développement & l'accroiirement
aux elpèces pallagcres qui entretiennent la Icène du
monde dans la diuée des iiccles , Dieu a préparé une
multitude de natures /impies qui ne font jamais (or-
ties d'une matière première diierente d'elles mêmes.
Ces natures n'ont d'autre caule immédiate de leur
formation que Dieu même : elles n'ont point pallé
d'un premier état à un (econd; elles font invariables
comme celui qui leur a donné 1 être , nul mouvement
ne peut jamais les altérer, ni les changer, ni les con-
vertir en d'autres natures, ni les réloudre en d'autres
chofes que ce qu'elles lont. Elles (ont également in-
dcftrudibles & ingénérables Specl. de la Nac.
T. IF^ p. S4^ j f4P-
^INGÉNIER (S') V. recip. L'Auteur des Poëfies di-
verles dit que c'eft acquérir de l'elprit , trouver des
expédiens. Ni l'un, ni l'autre. S'ingénier, c'eft cher-
cher , tâcher de trouver des moyens pour réulllr ,
pour venir à bout de quelque chofe. Quand on ell:
dans une fituation facheufe , on s'ingénie pour fortir
d'embarras. Contendere , nid j eniti.
En cas pareil, force ejl qu'on ^'ingénie.
^3° Ce vers du P. du Cerceau fut critiqué dans le Diét.
Néologique. La rime nous attire j beaucoup de ter-
mes dont ceux qui en font les Auteurs, ne s'avife-
roient jamais lans cela. S'il eût fallu au P. Du C. une
rime en ue, il auroit dit inmanquablement, force eft
qu'on s'évertue ; & par-là il auroit fermé la bouche à
la critique. S'évertuer eft un mot véritablement Fran-
çois, pour dire prendre courage, chercher les moyens
de fortir d'embarras , &c. Sa lignification a pour le
moins autant d'étendue qu'en pourroit avoir le verbe
i/2^eni«r qui eft inconnu dans notre langue. Il eft vrai
qu'ingénier étoit alors un terme nouveau ; mais nous
nous fommes familiarifés avec lui , Se il trouve place
aujourd'hui dans le ftyle familier.
INGÉNIEUR, f m. Officier qui fert à la guerre pour
l'attaque , la défenfe &c la fortification des places.
Machinarius , Machinarum arcifex. Mechanicus eft
dans Suétone fubftantivcmenr en ce fens. C'eft un
Mathématicien habile ^ expert & hardi, qui lait l'art
de l'Architeéfure militaire , qui va reconnoitre la
place que l'on veut attaquer , & qui en marque au
Général l'endroit le plus foible -, qui trace les tran-
chées , les places d'armes , les galeries , les logemens
fur la contrefcarpe & fur la demi lune , & conduit les
travaux jufqu'au près de la muraille , marquant aux
travailleurs ce qu'ils doivent faire durant cette nuit.
V Ingénieur marque aulH les lignes de circonvallation
Tomi K,
îyî
avec des tedoutes de diftaixce en diftancc. Cet Ingc
nieur a inventé une nouvelle forte de bombes, une
nouvelle manière de camper, de faire des ponts , &c.
En général Ingénieur fe dit de tous ceux qui enten-
dent l'art d'attaquer & de défendre les places, ^ qui
connoillent 1 ulage des machines Se de tous les ini-
trumens néceltaires pour cela. Philippcs de Mouf-
kes appelle en Ion vieux langage Engignours , ceux
que nous appelons aujourd'hui Ingénieurs.
Ingénieur de feu. Terme d'Artillerie. Les Ingénieurs
de feu chargent les bombes , grenades , pots à feu ,
Se généralement tout ce qui le peut pour la poudre.
De la Fontaine. Bombardarum & aliarum ejufmodi
machinarum fartor. On A'ii Ingénieur àe. WdLï'mc; ce-
pendant le mot À' Ingénieur n'eft attaché qu'a l'Offi-
cier qui conduit les travaux de la guerre, foit pour
fortifier les places, foit pour les attaquer.
Ce mot vient du Latin ingenium , d'où nos pères
avoient fait engin , qui veut dire machine , inftru-
ment , invention trouvée avec efprit : à' engin , on a
formé engignour y Se enfuite Ingénieur. Voyez Engin.
D'autres donnent à ce mot d'Ingénieur une étymolo-
gie qui eft prefque la même , ils le font venir à'inge-
niofus J qui lignifie ingénieux, dont on a fait Ingé~-
nieur, en changeant Vx en r : fur quoi on peut ajou-
ter que les Machiniftes Se ceux que nous nommons
aujourd'hui Ingénieurs , font appelés Ingenioji par
les Auteurs du moyen âge.
Ingénieur, fe dit au 11] par rapport à l'Architefture ci-
vile, d'un homme intelligent en Méchanique qui,
par les machines qu'il invente , augmente les forces
mouvantes , autant pour traîner Se enlever les far-
deaux , que pour conduire & ékver les eaux. Davi-
LER. Les Maîtres Ouvriers qui travaillent les inftru-
mens de Mathématiques , prennent aufti le nom
A' Ingénieurs en inftrumens de Mathématiques.
INGÉNIEUSEMENT, adv. D'une manière ingénieufe.
Ingeniosc. Cet Auteur raifonne plus ingénieufemenc
que folidement; cette fable eft ingénieufcment trou-
vée. Il faut fe détourner de la connoillancc ds les
maux pour les moins fentir S. Évr.
INGÉNIEUX, EUSE. adj. Qui eft plein d'efprit, d'in-
vention , d'adrelfe. Ingeniofus. On le dit égale-
ment des chofes qui marquent de l'efprit dans celui
qui en eft l'Auteur. Ce garçon eft fort ingénieux.
Une pentée ingénieufe. Cette Épigramme eft fort in-
génieufe. La pendule elf une invention fort ingé-
nieufe. C'eft le Machinifte du monde le plus ingé-
nieux. Il n'y a rien de h ordinaire que de faire des
récits des fautes ingénieufes que l'on fait , pour en
faire conclure que l'on a de l'efprit. Nie. Dans les
lettres de Voiture , il y a je ne fais quoi de fi ingénieux
& de lî poli, qu'il (urpalfe les urbanités Romaines.
S. Évr. Les Poètes s'imaginent qu'un trait ingénieux
exculc leurs libertés les plus audacieufes. S. Évr. Les
efprits délicats, fi ingénieux pour les plailîrs des autres ,
ont trop de goût pour eux-mêmes. Id.
C'ef de-là que nous vient cet art ingénieux
De peindre la parole & de parler aux yeux,
Brébeuf.
Le Père Bouhours a donné un traité & un ramâs
de penfées ingénieufes en général , & un autre dés
penlées ingénieufes des Pères. Les Grecs onnèrent
le nomd'Apohphtegmesaux réparties ingéàeufes , Se
celui d'Enthymèmes aux penfées ingénieunifes.
1/3" On dit qu'un homme eft ingénieux à le tourmen-
ter , pour dire qu'il cherche &: trouve dans fon e(-
prit des réHexions , des penfées qui ne fervent qu'à
augmenter fa peine. Sois moins ingénieux à te trom-
per toi même. Com.
IgÉnieux va plus à la faculté de l'invention que le
mot fpirituel , qui ne marque que de la pénétration
& du difcernement. Bouhours.
Ingénieux eft particulièrement relatif au mérite de
l'invention Si aux produélions vives Se brillantes.
Les choies ingénieufes marquent un efprit fin &; dé-
Y ij
172 I N G^
licat , mais plus fiiperficiel que prolond , qui faific
ce GU il y a de plus agréable dans le rapport des ob-
jets, & qui lait donner du tour, de la grâce atout
• ce qu'il dit. Elles ne caraclérilent pas le grand hom
■me , le grand Pocte , le grand Orateur , l'homme
-de génie. On dira bien que les Mémoires du Comte
•de Grammont font un ouvrage ingénieux: mais on
ne le dira pas de l'Enéide ; & on ne dira pas que
VirL,ile étoit\m Pocte ingénieux , ni Fléchier un Ora-
teur ingénieux. L'homme ingénieux amufe : s'il court
après les traits ingénieux , il ennuie.
|p° INGÉNU , UE , adj. Qui a de l'ingénuité ; qui ne fait
rien cacher. Voy. Ingénuité. Ingenuus. Homme in-
génu. Efprit ingénu. Air ingénu. Aveu ingénu. Dé-
claration ingénue. Il a quelque chofe à'ingénu dans
■ia phyiionomie.
Une bouche ingénue ,
Qui découvre toujours un urne coure nue. Vill.
On abufe de ce mot, lorfqu'on le détourne en
■mauvaife part , lorlqu'on qualifie de fot & de niais
celui qui eil ingénu, qui dit les choies comme il les
penle.
IJCF On fe fert de ce mot en parlant d'Antiquités Ro-
maines pour déiigner ceux qui étoient nés de pa-
rens libres , honnêtes , nobles , ingénus. Rien n'em-
pêchoit les affranchis de s'unir par le mariage avec
les familles ingénues ; mais il ne leur ctoi-t pas per-
mis de s'allier avec celles des Sénateurs. Montesq,.
^fT Chez les Romains les hommes croient libres ou
efclaves. Les hommes libres étoient ingénus , ou af-
franchis. Les ingénus étoient ceux qui n'avoient ja-
mais été dans une jufte & légitime fervitude. Les
affranchis étoient ceux qui avoient été tirés de cette
fcvitude par leur maître.
^fT Cette diftintlion n'a pas lieu chez nous où tous
les hommes font libres aujourd'hui.
|tcr Ingénu iîgnifioit encore celui qui étoit originaire
d'un pays , comme on peut le voir par l'art, luivant.
Ce mot vient du Latin ingenuus , du verbe in-
gigno. On difoit autrefois geno pour gigno. Inge-
nuus parmi les Latins étoit celui qui n'étoit point
étranger, qui étoit de condition libre, qui étoit ori-
ginaire du pays. C'eil en ce fens que Lucrèce ap-
pelle fonces inger.uos , des fources qui ne viennent
point d'un pays étranger. Ilidore dit que ceux-là di-
cuncur ingenui , qui hahenc libercacem in génère , non
in facio. Il appelle ingénus , ceux qui naillent libres ,
&z qui n'ont que faire d'acquérir la liberté ; nous
nous fervons de ce mot pour marquer une personne
candide , qui dit rondement ce qu'elle penfe dans
les diftérentes occaiions de la vie. f^oye:^ l'article
fuivant.
ItCT INGÉNUITÉ, f. î.Ingenuitas. Qualité de l'ame qui
fe montre telle qu'elle eft , parce qu'elle croit n'a-
voir rien à diilîmuler ni à feindre. La limplicité qui
prend fa fource dans la pureté des mœurs , eft can-
deur. Si à la candeur le joint une innocence peu
éclairée , qui croit que tout ce qui eft n.uurel eft
bien ; c'eft ingénuicé. L'ingénuicé plaît dans les en-
fans : elle lait elpérer de la candeur , de la vérité
dans le caraélère. L'ingénuicé fait avouer jufqu'aux
fautes que l'on commet , & rend fouvent exculable.
§0" Ingénuité , franchilc, iîncérité, naïveté, lynonimcs.
L'ingénuicé fait avouer tout ce qu'on fait , (S.'
ce qu'on fent. Comme elle eft peu éclairée , elle
fait fouvent manquer à la prudence , au fecret , fe
trahit elle-même , & dégénère en bétife. On ne peut
au moins douter qu'il n'en entre un peu dans Vin
génuicé à un certain <âge. Les choies vous échappent
fans que vous y entendiez aucun mal : mais après tout,
avec votre ingénuicé 'pKtznànz , ou plutôt avec cette
ingénuicé précipitée & trop aveugle , vous faites fur
ceux qui vous écoutent, de très vives imprellîons,
& vous leur portez des coups trèsdouloureux. Bourd.
Foy. Franchise 8-c les aunes mots.
Ingénuité. Terme de Droit. Liberté ; état de celui qui
efl né libre. Foy. Ingénu.
I N G
Ingénuité. Titre honoraire que le Pape Grégoire VII.
accorda à la Reine d'Angleterre. Ce titre ligniiîoit
alors la même choie que nobleile. On appcloit un
fief libre , fief ingénu , les immunités , ttanchiles ,
privilèges , prérogatives ; tout cela le nommoit ingé-
nuité.
INGÉNUMENT, adv. D'une manière ingénue. Ingénue.
0CJ" Parler ingénûmenc , trop ingénûmenc. Quelque-
fois il lignifie avec lincérité & franchile. Je vous
avouerai ingénûmenc que .... Pour vous dire ingé~
nùmenc ce que je pcnle.
INGÉRER. Qui ne fe dit qu'avec le pronom perfonncl
S'ingérer, v. récip. Se mêler d'une aliaire qui ne nous
legarde point, & fans qu'on nous en prie. Se in~
cerponere , immifcere. Il ne faut pas s'ingérer de don-
ner des avis à ceux qui ne nous en demandent point.
Il ne ftut pas s'ingérer des aftaircs d'autrui. Je ne
m'ingère point dans vos affaires. Pline le jeune a dit
iiigererefe alicui négocia.
INGERMALANDIE. C'eft la même chofe que llngrie.
f^oyei INGRIE.
INGÉVON , ONE. Nom propre d'un ancien peupIe^
de l'Europe. Ingavon. On mettoit quelquefois les
Ingcvons entre les peuples de la Germanie , &c ils
habitoient au bord de la vraie Germanie , dont ils
étoient féparés par le golfe Vénédique , qu on ap-
pelle maintenant la mer Baltique. Ils occupoient la
Scandie avec les îles , & la Finningie. On leur don-
iioit aulli la Cherionncfe Cimbiique , qui eil la Ju-
tlande d'aujourd'hui. Ainfi leurs terres auroient ren-
fermé tout ce qui eft compris maintenant fous les
trois Royaumes du Nord. Maty.
INGLEVERT. f. m. Nom d'homme. Angilbercus.
Saint Ingleverc fut Abbé de S. Riquier d.ms le Pon-
thieu ; il rit de grands préfens à cette Abb-aye , &
il y fit venir une grande quantité de divers marbres
pour l'embellir. On voit par la vie écrite, à ce qu'on
croit, par le moine Ariulf, Auteur de la Cluoni-
que de S. Riquier, qu'il avoir été Silentiaire de Charle-
magne , c'eft à-dire , Secrétaire de Ion Cabinet. Chast.
Marcyr. T. I. p. 6 Sj. On l'a nommé S. Ingleverc
durant plufieurs fiècles ; mais dans la Congrégation
de S. Maur, ils aiment mieux l'appeler S. AngiLlerc ,
pour approcher plus du nom Latin , quoiqu ils ne
lailîent pas de dire encore à prélent .ivec tout le mon-
de, les monts S. Ingleverc ik. l'hôpital S. Ingleverc.
Id.
ffT IN GLOBO. Exprclîîon Latine , qui fignifie en
globe. Cette exprelllon eft lurtout d'ulage dans le
dogmatique , lorlque l'on condamne plufieurs pro-
pohtions enfemble , fuis aftlgner à chaque propofl-
tion la note qui lui convient en particulier. Il y a
plufieurs exemples de cenfures de propofitions in
gloho. Le Concile de Confiance condamna ainfi 4j'
propofitions de Viclef & de 30 de Jean Hus, Léon
X. jj. de Luther, Pie V. 79. de Baïus , Innocent
XI. 68. de Molinos : les Evêques emploient
fouvent ces fortes de cenfures. Quand le Par-
lement condamne un ouviMge , c'ell prefque tou-
jours in gloho , comme contenant des maximes fé-
ditieufcs , dangereules , contr.iires aux libertés , aux
maximes du Royaume. Les ici. propofitions du P.
Quefnel ont été ainh condamnées par la Bulle Uni-
genicus , c'eft-à-dire qu'elles, ont été condamnées
comme refpeélivement faulks , erronées , hérétiques,
&e. mais fans aftedrer à chacune nommément la qua-
lification qui lui convient. L'on ne fait pas par ces
fortes de jugemens les qualifications qui convien-
nent à chaque propofition ; ainfi ces lortes de ju-
gemens ne peuvent jamais régler notre foi.
INGO. Nom d'une ville du pays de Jetfengen , dans
l'île de Niphon. Ingum. Cette ville eif capitale d'un
Royaume ou d'une Province qui porte fon nom.
INGÔLSTAD , OM INGOLSTAT. Ville du Duché de
Bavière en Allemagne. Ingolfiadium. Elle eft fitutc
fur le Danube, environ à quatorze lieues de Mu-
uick , du côté du nord , à trois environ au nord de
Ncubourg , &: à 7 environ à l'oueft de Ratisboniie.
Ingoljlad eft prefque tout bâti de bois. Il y a ur.e
I N G
Univerficc , fondcc en 141 o. La ville cft fortifiée ,
& dcfciitluc p.u- un chàtc-au. Gulbvc Adolphe , Iloi
de Suéde , fur oblio'é d'ui lever le liège l'an 173Z.
Maty. Inijo/Jiud s'appcloir aunetbis Inghcljïud ou
Ingheljluc, mot qui lignihc vdlc des Jnolois. l'Ile
prit ce nom des Anglois Suévcs qui s'en emparèrent.
Ce n'étoit d'abord qu'un village. L'Empereur Louis
de Bavière lui donna le titre de ville j ik y rit conC-
truirc un pont (ur le Danube. Ingoljlad a donné
fon nom à une branche de la mailon dj Bavière, qui
commença en 1592. par Etienne, qui caz Jngo(J/ud
ôc les dépendances en partage.
INGRANDE. Petite ville de France en Bretagne j
§C?au bord delà Loire , aux' confins de l'Anjou,
dans lequel elle d\ mile par quelques - uns. Com-
me elle elt fur les limites de l'Anjou Se de la Bre-
tagne j quelques uns ont cru que le nom à'Ingrande
avoir été Fait du Latin ingrejjus Andium. Ménage
le dérive du Latin Igorandis , de même que le nom
d' Ingrande de Poitou, long. 18. d. 45' lat. 46 d.
H- , ^ .
Ingrande, autre ville de France, dans le Poitou,
fur les contins de la Touraine, entre Chatelleraud
& leconHuent de la Creulc & de la Vienne. Valois ,
Noc. Gai. p. 2SI . 11 y a une autre Igorandïs en
Berri , mais on l'appelle en François Aigurande.
INGRAT , ATE. adj. Celui qui n'a point de recon-
nollfancc , qui eft méconnoillànt des bienfaits qu'il
a reçus. Ingratus , benejlc'd bnmemor. Les loix ne pu-
nillé'nt point les ingrats. Car on ne doit point pu-
nir les vices , ou les adlions contraires aux vertus , a la
pratique delquellcs on ne peut contraindre. Nefcroit-
ce pas perdre le mérite d un bienfait , ^ue de pouvoir
pourfuivrc un ingrat ^ comme on po'jriuit un débi-
teur; il vaut mieux s'expoler à trouver djs ingrats,
que de manquer aux miicrablcs. La bru y. Les in-
grats Ce trouvent gênés par la prélence de ceux qui
les ont comblés de bienfaits. Bell. Il y a des hom-
mes que la nature a formés purement ingrats : 1 in-
gratitude a fait le fonds de leur naturel. Tout ell
ingrat en eux. Le cœur ingrat , l'ame ingrate. S. Evr.
Il y a des gens qui fe font un art de te plaindre fans
celle des ingrats , afin de le taire un prétexte fpé-
ckux de n'obliger perlbnne. Id.
On ne Je fouvient que du mal ,
On ne voit ^«'ingrats dans le monde ;
L'injure fe grave en métal ,
Et le bienfait s'écrit fur l'onde.
N. CH. DE VERS.
Ingrat , fe dit aullî de celui qui reconnoît mal les
faveurs qu'il a reçues d'une femme : qui repond mal
à tes bontés &: a ta tendreiie. C'efl trop pour un
ingrat prodiguer vos bontés. Rac. Je l'aime tout in-
grat qu'il ell , & ma colère ne peut empêcher que cet
ingrat ne foit le plus aimable de tous les hommes,
& que mes yeux ne le trouvent tel. Vill. Vous ne
m'accufez d'être ingrat que par un excès de déli-
catelle.
Et même en ce moment ou ta bouche cruelle
Vient fi tranquillement m' annoncer le trépas j
Ingrat, /e doute encore fi je ne t'aime pas. Rac
// me coûte affe\ cher , /'i;igrat , pour être à moi,
tfT CoPvNFILLE dit dans Pompée : Ingrat à fes méri-
tes. On dit ingrat envers quelqu'un , & non pas in-
grat à quelqu'un. Aujourd'hui , dit Voltaire , que la
langue lemble commencer à fe corrompre , & qu'on
. s'étudie à parler un jargon ridicule , on te tert du
mot impropre vis à-vis. Pluiiears gens de lettres ont
cté ingrats vis-à-vis de moi. Cette compagnie s'elî:
rendue difficile vis- à- vis du Roi , au lieu d'envers
le Roi.y ous ne trouverez ce mot vis à-vis employé
en ce fe lens dans aucun Auteur du iiècle de Louis
XIV.
I N G
^73
Ingrat, fe dit aulli tigurémcnt de terres tlériles, qui
maigre une borine culture ne donnent que de mé-
diocres produdtions, ou des travaux ennuyeux, &
peu utiles. Les terres fabloneufes font ingrates. Si
ne réeompentent pas la peine du Laboureur. Étude
ingrate , travail fec & ingrat.
0;? Ingrat fe dit encore des ehofes qui ne fourniirent
rien ou prefque rien à Ictprit , malgié la peine qu'on
fe donne. Sujet ingrat , matière ingrate , qui l'ouiiiit
peu de choies à dire.
INGRATE. Indirtcrcnte ; celle qui n'a que de la froi-
deur pour Ion amant. J'adore une ingrate.
En vain je veux contre elle écouter ma colère ,
Toute ingrate quelle efl , je crains de lui déplaire..
INGRATISSIME. adj. m. & f. Superlatif formé à la
manière des Latins, & pris du Latin ingratiffimus ,
a j um.
J'abandonnai j fans avoir commis crime ,
L'ingrate France j ingrate ingratilîîme. Marot.
Ces fortes de fuperlatifs ne font bons que dans le
badin & le familier.
INGRATITUDE, f f, MéconnoiiTancc des bienfaits
reçus. Ingrati animi vitium. Voilà une noire ingra-
titude. XJ ingratitude de l'efprit eft une ditpolitioa
naturelle à ne reconnoitre aucun bienfait ; &: à ne
point répondre aux obligations que l'on a aux au-
tres. S. É-VR. \J ingratitude du cœur eil celle de n'ai-
mer point , & de toutes les ingratitudes c'efl la plus
contraire à Thumanité. Id. En amitié V ingratitude
elt à fe taire des bienfaits ; en amour elle eft à ea
parler. S. EvR. Les grands bienfaits conduifent quel-
quefois à l'ingratitude ; c'clt un joug qui paroit in-
commode. Bell. L'ingratitude eft lin vice lî bas ,
que rien ne peut laver d'une tache tl infâme. Id. Il
y a une efpèce d'ingratitude allez commune : elle
efl fondée fur l'opinion de notre mérite : nous nous
[ imaginons qu'une grâce qu'on nous feit eft une
juftice qu'on nous rend. S. Evr. Il vaut mieux
s'expoter à l'ingratitude , que de manquer aux mi-
térablcs. La Br. On dit payer d'ingratitude , pour
dire avoir de l'ingratitude , & il fe dit des perfon-
ncs Se des ehofes : Payer ton bienfaicleur d'ingrati-
tude , Se payer d'ingratitude un bienfait. Balzac n'aura
pas voulu payer d'ingratitude celui qui lui faif'oir
tous les ans acquiter une pention de mille livres.
Mascur.
IJCT En droit l'ingratitude nous rend indignes du bien-
fiit , Se quoiqu'une donation entre vifs toit de ta
nature irrévocable, l'ingratitude eft une jufte caule
pour laquelle le donateur peur révoquer la donation
qu'il a faite au donataire.
^3" L'ingratitude du vaftal envers fon Seigneur, eft
l'unique caufe de la commife des fiefs au profit des
Seigneurs. Nos coutumes en ont réduit les caufes à
deux , le défaveu Se la félonie. Voy. ces mots.
INGREDIENT, f. m. Ce qui entre dans la compofi-
tion d'une médecine , d'un onguent ; matière qui
fait partie d'une compofition pharmaceutique. L'or-
viétan J le catholicon double , font compotes de plu-
fieurs ingrédiens. Les ingrédiens qui entrent dans la
thériaque font très-chauds,
ce? On le dit dans le dit cours familier d'une fauce ,
d'un ragoût , qu'il y entre beaucoup de ingrédiens.
INGRES, f m. Terme de Philofophie hermétique. En-
trée. Ingreffus. Les corps ne fe mêlent & ne s'unillént
jamais parfaitement , il n'y a que les efprits qui ont
in':;rès entemble.
iNGiRESSION. f f. Terme de Philofophie herméti-
que ; c'eft la même choté qu'Ingres. Voyez ce mot.
Ingrejfion lignifie l'état de la matière , lortque la cou-
leur noire paroît , que les natures fe mêlent , en-
trant l'une dans l'autre , Se retiennent les qualités
l'une de l'autre.
174 I N H _
JNGRESSION cfl: auffi un terme d'Aftrolosie judiciaiie
par rapport à la figure radicale &: à celle de la ré-
volution : c'crt-à-dire, l'entrée d'une Planète dans la
révolution au même lieu où elleétoit dans la figure
•de nativité, ou dans le lieu d'une autre Planète j la-
quelle opère fuivant fa bénignité ou malignité radi-
cale.
ÎNGRIE. Province du Royaume de Suéde. Ingria ,
Jcera. Elle eft bornée au nord par le lac de Ladoga ,
&C par la rivière de Niéva , qui la fépare de la Ca-
rélie ; le golfe de Finlande la baigne au couchant ,
& la Mofcovie l'environne vers le midi «Se vers le
levant. Cette Province étoit autrefois de la Molco-
vie , elle fut cédée à la Suéde par un traité fait l'an
1 6 1 8. &c confirmé en 1 66 1 . elle peut avoir cinquante
lieues du couchant au levantj &z lo du nord au fud. On
la divife en trois parties. i°. L'/«^n£ propre , où ell
Notembourg , capitale de toute la Provinc. x°. L'în-
germanic , où l'on voit les villes de Copario & de
Jamadgorod. 3°. La Sulushie , dont la fortereffe de
Juanogorod eft le lieu principal. Les Suédois \'2.-p-
peWcnt InçerLt/ide , ôc d'autres Isère.
INGRIN, 1. m. Terme d'Hiftoire. Les Ingrins font
des faélieux qui parurent en Flandre dans le pays
de Furnes, &c du côté d'Ypres ^ & qui étoient fort
redoutés à caufe de leur valeur. Ils firent beaucoup
de bruit fous le règne de Philippe Augufte. ï\^yei
Ripor , Guillaume le Breton , Philippe Mouskes ,
Muer, & Buzelin.
INGROSSATION. f f. Terme de Philofophie hermé-
tique. VlnofoJJluion des Philolophes eft la fublima
tion philofophale, ou la converfion des eiémens bas
& grolliers, qui font la terre & l'eau j en ceux qui
font hauts Se légers, (avoir l'air &c le feu.
INGTE. Ville de la Chine dans la Province de Can-
ton , entre cette ville & celle de Xaocheu , féconde
Métropole de la Province de Canton. gCT L'Atlas
■Chinois fait cette ville de 5 d. 46' plus occidentale
que Péking , & lui donne 24 d. i' de lat.
INGUÉRISSABLE, adj. Qui ne peut être guéri.
Malade en état fi pieux ,
Dire^-vous , eji inguériflable.
Et puis , que faire d'un goutteux?
la goûte eJi un mal incurable.
Ab. de Chaulieu.
Ce mot feroit utile dans notre langue : il fe diroit ,
comme ici , des malades de la guérifon defquels
on deleipère : &: Incurable refteroit aux maladies où
il n'y a point de remède.
^ INGUINAL , ALE. adj. Terme de Chirurgie par
lequel on défigne ce qui a rapport à l'aîncj ce qui
concerne l'aine : en Latin inguen. Inguinalis. Her-
nie inguinale , ou la defcente qui fe borne au pli de
l'aine. Bandage inguinal , ou fimpleraent inguinal ,
l. m. C'eft un bandage qu'on emploie après avoir remis
une defcente : on l'applique fur l'aîne aft]igée , & il
fait pluiicurs tours , ioit autour du corps , foit au-
tour de la cuilfe Se de l'aîne. Le double inguinal
eft un bandage fort long, à deux chefs feulement:
on s'en f'ert quand une perfonne a une defcente de
chaque côté; on l'applique par le milieu au bas de
l'épine du dos , puis on rabat chacun des chers flir
une des aines , Se on fait plufieurs tours , tant au-
tour de l'aîne que de la cuillé.
I
I N H.
INHABILE, adj. de t. g. Terme de Jurifprudencc. Qui
n'eft pas propre , qui n'eft pas capable , qui n'a pas
les qualités , les dilpofitions néccftaires pour faire
ou recevoir quelque chofe. Inhahilis , ineptus. Un
eunuque , un impuilfant font inhabiles au mariage.
Vn bâtard eft inhabile à tefter j à hériter, à rece-
voir des Bénéfices fans ditpenfe. Un mineur de qua-
torze ans eft inhabile à gouverner fon bien. Le terme
4.' inhabile ne doit pas être confondu avec celui d'ia-
I N H
capable. Un homme qui eft irrégulier n'eft pas in-
capable de recevoir les ordres , Se d'en exercer les
fonctions. Son ordination eft valide , les fonctions
qu'il exerce font aufli valides , mais tout cela eft il-
licite. Ainli un inhabile parlant en général , eft celui
à qui il eft défendu de faire ou recevoir des chofes
qu'il pourroit fane ou recevoir , fans cette dé-
fenfe. L'incapable n'a. pas les qualités requifes par la
loi.
INHABILITÉ, f f. Terme de Jurifprudcnce. Qualité
qui rend un hoînme inhabile. Celui qui coininec
une fimonie , contradte une inhabilité perpétuelle à
polfédcr des Bénéfices.
INHABITABLE, f. m. & f Lieu qui ne peut être ha-
bité. Inhabiiabilis. Cette chambre eft inhabitable j il
y fume trop.
Inhabitable , fe dit auflî des pays , où les habitans ne
peuvent demeurer ni fublifter. Les Anciens fe lonc
fort trompés, quand ils ont cru que la Zone torride
étoit inhabitable. Les fables brûlans de la Libye font
inhabitables. ^
INHABITÉ , ÉE. adj. Lieu qui n'eft point habité.
Defertus. Ce château eft inhabité , on dit qu'il y re-
vient des efprits. La grande partie de l'Amérique
eft inhabitée , parce qu'on a transféré les habitans à
Zulpha.
INHAMBANE , ou INHAMBANO. Inhambanum Re-
gnum. Ce Royaume eft dans le Monoéinugi, partie
de la batle Ethiopie , aux confins de la côte de Zangue-
bar j & de celle des Catires. Sa capitale porte le noin
de Tonge. Sanson, dans les petites Cartes.
iNHAMIOR. Inhamiorum Kegnum. Ce Royaume eft
placé au midi de celui à' Inhamhane , & aux confins
de la côte des Cafres , du Monoémugi Se du Mo-
nomotapa, dont on dit qu'il dépend. Sanson.
Ip- INHÉRENCE, f f Terme de Philofophie, par le-
quel on défigne l'union des chofes qui ne vont point
l'une fins l'autre , qui font inléparables par leur na-
ture , & ne peuvent être féparées que par l'opération
de l'entendement, par abftradion. L'inhérence de
l'accident à la fubftance. Du verbe h&rere être atta-
ché , & de la particule in , dans. Inhîrentia j inhxfio.
IJCriNHÉRENTj ENTE. adj. Terme de Philofopliiequi
fe dit de ce qui eft infeparablement attaché à un
fujet. L'accident efl inhérent à la matière. Inlurens.
On le dit de même en Phylique des qualités qui font
dans un corps. Se qui ne proviennent point d'une
caufe étrangère. C'eft dans ce fens qu'on demande
Il la pefanreur eft une qualité inhérente au corps gra-
ve , ou fi elle dépend de l'aéiion d'un Huide ambiant ,
comme le difent les Carthetiens. Molière a emprunté
ce terme. Philofophique , quand il a dit que la beauté
de l'elprit eft inhérente Se ferme. Ces Collations
étoient inhérentes aux Prébendes de S. Germain :
elles fiifoient une partie des plus importantes des
droits du Chapitre. Manorry.
INHIBER. V. a. Défendre par autorité de Juftice qu'une
chofe ne fe fafle. Inhïbere. Il eft exprellément dé-
fendu Se inhibé par l'Ordonnance , de donner des
fpedracles pendant le fervice divin. iÇj' i! n'ell: d'ufage
qu'en termes de Pratique &: de Chancellerie.
INHIBITION, f. f. Defcnfe faite par la loi ou par le
Juge , de faire quelque chofe. Inhilitïo. Ce privi-
lège porte inhibition Se déienfe à tous les Libraires
& Imprimeurs de contrefaire un tel livre. Qs^% tieux
mots de défenfes Se inhibitions ne vont guère l'un
fans l'autre en ftyle de Palais; car dans le flyle or-
dinaire on dit détcnle , & jamais inhibition.
INHOSPIT ALITÉ, f f. Défaut d'hofpitalité. Foy. ce
mot. Inhojpitaiuas. L'inhojhitalité ne règne pas mê-
me chez les .peuples les plus barbares.
INHUMAIN , AINE. adj. fans humai-àté. Foy. ce
mot. Les Tyrans , les Sauvages , les Soldats font
inhumains. Les Corfaires t'ont des maîtres inhumains.
Ces Barbares réduilent toute l'humanité à n'être pas
inhumains. BouhouRs.
Inhumain, fe dit aulli des loix , des coutumes, deS
mœurs , des actions. Les Scytes ont des loix y des
coutumes inhumaines, L'ai5t.ion d' Agamemnon , qui
I N J
vouloit facrifier fa fille ctoit inhumaine. La morale
4e l'Évangile n'efl: ni cruelle ni inhumaine. La Vl.
Le fane qui coule dans nos veines
Ne nous a pas été donné
Pour être , au moindre mal, par nous abandonné
Aux effujions nihumaincs
D'un Docteur ignorant , à faigner ohjliné.
N. CH. DE Vers.
En Poëfie amourcufe on appelle une beauté in-
humaine, celle c]ui ne répond pas à la paillon qu'elle
a feit naître. On peut être fage , fans être inhuinai-
ue ; il y a bien des chofes que l'amour infpirc , &
que la raifon ne condamne pas. G. G. Le coeur de
l'inhumaine fe tailbit obllinément. Des -H. On ne
voit plus de ces tendres tlégies qui triomphent de
Ja fierté des plus inhumaines. Villiers. Belle inhu-
maine , expreilion devenue triviale , à caute de tant
de ifades vers de galanterie où elle fe trouve.
INHUMAINEMENT, adv. D'une manière inhumaine.
Inhumanè. Tous les prifonniers de guerre furent trai-
tés fort inhumainemem. Tramer inhumainement au
lupplice. S. ÉVREMONT.
INHUMANITÉ, f. f. Cruauté , dureté du cœur qui
nous fait oublier que nous fommcs hommes. Inhu
manicas. Les Japonois ont exercé piulleurs inhuma-
nités fur ceux qui leur ont voulu annoncer la Foi.
Ce créancier a traité fon débiteur avec beaucoup
d'inhumanité. Ils ont eu l'inhumanité de faire mou-
rir un innocent. Dauc. Ceux qui prêtent un con-
fentementp.îilible à la damnation des hommes , nour-
nlfent dans le cœur des Chrétiens la fechereilè &
\ inhumanité. Boss. Ceux qui fe gênent tant pour
contrefaire \ts vertueux , exercent de véritables in-
humanités contre leur propre cœur. M. Esp.
INHUMATION, f h Acàon par laquelle on met un
corps dans la fcpulture. Humatio , fepultura. Sans un
ade exprès de la volonté d'un teftateur, on ne peut
pas fiire l'inhumation d'un corps hors de fon Églile
Paroillîale. Il a fondé une mellè à perpétuité , pour
dire le jour de fon inhumation j pour dire à pareil
jour qu il a été enterré.
fCF Les inhumations dans les églifes , fiu-tout les inhu-
mations fréquentes , (ont lujettesa bien des inconvé-
niens. Elles infpirent une certaine horreur pour le
lieu faint : bien peu de perlonnes voudroient y être
enfermés pendant la nuit. Elles lont préjudiciables à
la fanté : ces éghfes transformées en cimetières fen-
tent toujours mauvais. C'eft la vanité des ridelles ,
& l'avarice des Prêtres qui ont introduit ces inhuma-
tions. Les Canons les ont dérendues ; mais la bar-
rière a été trop foible contre des pallions auffi vives.
Les Romains ne lourtroient point d'inhumations dans
l'intérieur des villes.
Inhumation. C'eft en Chymie une manière de faire
digérer , en plaçant le vailfeau qui contient ks ingré
diens mis en digelHon , foit dms du crorin de che-
val , foit dans de la terre. Inhumatio. Dict. de Ja-
mes.
INHUMER. V. a. Mettre en fépulture , & avec quel-
ques cérémonies Eccléiîaftiques. Humare. Ce Prince
a été inhumé dans le fépulcre de fes pères dans une
telle églife. Il fut inhumé en grande pompe & ce
rémonie un tel jour. On n'a commencé que vers l'an
1 ioo. d'inhumer dans les églifes les fondateurs &
Jirincipaux bienfafteurs. Ils n'avoicnt rien en plus
grande recommandation, que d'inhumer leurs morts.
Vaug.
Ce motVient du Latin humus , terre , &: d'in , en ,
inhumer, mettre en terre.
I N J.
INJECTER. V. a. Terme de Médecine. Infinuer , fe-
ringuer quelque liqueur colorée dans les vailleaux des
animaux, afin qu'on en puilfe obferver plus exaète-
rnent la difttibution , la fituation , les ramificarions.
Injicere. Si l'on injccle des acides dans les veines d'un I
I N J
I7T
animal, ils le tuent j quoiqu'ils ne lui faflent aucun
mal , s'il les avale, t^' On injecte aullî des liqueurs
dans une plaie pour la nettoyer , pour la rafraîchir.
Injecter une pl.iie. Ce terme cft aullî d'ulage en Bo-
tanique. Voy. Injectioi-..
Injecté , ée. part. Les acides injeclés dans les veines
d'un chien. La bile injciiéc Maugue. Journal des
Savaiis , p. 6 J û , 6 J j.
INJEC I KjW. f f Liqueur qu'on lait entrer en quel-
que corps par le moyen d'une leriiigne. Injeclio. Les
Anatomiltes font voir clairemer.t les veines 6c les
artères par le moyen des in/cclions de quelques li-
queurs colorées qu ils y font entrer. On fait des in-
jcciions dans les plaies , dans les fiftulcSi Se dans
plulieuis parties du corps , pour les guérir, les net-
toyer , 6c.
Injection , eft auflî l'aftion par laquelle on fait entrer
ces liqueurs dms le corps. Il laut répéter ces injec-
tions deux ou trois lois par jour.
fj^ Ce terme eft aullî em])loyé en Botanique , pour
défigner l'introduction d un fuc coloré dans 1 inté-
rieur des vailfeaux. M. Bonnet a remarqué que l'ex-
trémité de la radicule eft conftamment ce qui fe colore
le plus : ce qui peut faire conjecturer que c'eft par
cet endroit que la sève entre principalement dans
les plantes. Il a encore rapporté des expériences qui
prouvent que la petite partie colorante qui pénétre
î'écorce, ne communique point immédiatement avec
les fibres ligncufes : d'où il conclut que ce n'eft pas
par là que les vailleaux ligneux s'abouchent avec les
vailleaux de I'écorce,
Injection , eft encore le nom d'un impôt que mi: au-
trefois Jultinisn pour ceux qui mouroient de pefte ,
ou de him , dans un tems de contagion ou de di-
fette. Injeclio. Ceux qui n'étoient pas attaqués du
mal , ou qui n'en mouroient point , & qui reftoient
après qu'il avoir celle , payoient Vinjeclion yout les
morts. Foy. les Anecdotes , ou hiftoire fecrète de
Procope , ëc du Cange dans Ion Gloilaire.
INIESTA. Bourg d'Efpagne dans la Nouvelle Caftille.
INIGISTE. f. m. Jéfuite , RcHiieux de la Compagnie
de Jéfus. Ignatianus. On donna ce nom au commen-
cement aux Jéfuites en Efpagne. Le peuple les ap-
pelait Inigiftes , du nom inigo , qui en Efpagnol li-
gnifie Ignace. Bouhours. Fie d'Ignace , L. IF.
INIMAGINABLE, adj.de t. g. Qui ne fe peut imagi-
ner. Quod concipi non potcjî. Un amour monftrueux
& inimaginalle. Ablanc.
INIMH AELE. adj. m. & f Qui ne peut être imité.
InimitahUis. L'Enéide eft un 1-ocme inimitabe. Il faut
imiter au commencement pour devenir inimitable.
Costard. Cette pièce t& inimitable. L'Alexandre de
Q. Curce eft invincible , & celui de 'Vauc.elas , ini-^
mitahle. Pel. Meiîîeurs de l'Académie ont propofé
(i cette phrafe eft bonne. La nature a des beautés
inimitables à l'art. Elle a paru d'abord un peu fa-
rouche. Ces négatives il décifives ne régift'ent rien
ordinairement , comme incomparable , ikc. car ce
qu'on peut y ajouter eft inutile & luperHu , en di-
fant qu'ur.e chofe ne peut être imitée , c'eft tout
dire. Cependant inimitable avec un régime fe peut
hafarder , fur tout dans le ftyle fublime, & foutenu ,
Se loifqu'il y a quelque comparaifon.
INIMITIÉ, f. f. Haine* ouverte &: déclarée. Se qui,
pour l'ordinaire, dure long- temps. Inimicitia. C'eft
un grand malheur quand {'inimitié fe met entre les
frères. Il n'y a que les efprits fupcrficiels qui char-
gent d'injures les Anciens, pour fe lîgnalcr par d'il-
iuftres inimitiés. Lohg. Ut magnis inimicitiis claref-
cant. Pourquoi nourrir des inimitics immortelles;
'Vieille inimitié , enracinée , héréditaire. Concevoir
de l'inimitié contre quelqu'un.
De mes inimitiés le cours eft achevé' ,
VF.pbi fauvcra ce que Troye a fauve. Racine.
|p° Inimitié , rancune , fynonimes. L'inimitié , dit M.
l'Abbé Girard , eft plus déclarée ; elle paro'ir toujours
ouvertement. La rancune eft plus cachée ; elle diin-
176 ' INI
mule. Les mauvais fervices ôi les difcoursdérobligeans
•entretiennent l'inimitié; elle ne finit que loiiqiic
fatigué de cliercher à nuire , on le raccommode , ou
que perluadé par des amis communs , on fe récon-
cilie.
De? L'inimitié n'empêche pas toujours d'eftimer fon
ennemi , ni de lui rendre juftice ; mais elle empê-
che de le careller , & de lui faire du bien autrement
que par certains mouvemens d'honneur &: de gran-
deur dame, auxquels on facritie quelquefois la ven-
geance. Il y a quelquefois de la noblelle dans l'ini-
mitié, &c il feroit honteux de n'en point avoir pour
certaines perfonnes. Mais la rancune a toujours quel-
que chbfe de bas. /-^fj. Rancune. On a vu les ten-
timens être héréditaires, ëcl' inimitié (e. perpétuer dans
les familles. Les mœurs (ont changées ; le fils ne veut
plus du père que la (uccellion des biens.
Inimitié , le dit aulli des animaux & des choies ina-
nimées. Pour liyniHer toute lorte d'antipathie. Dif-
cordia. Il y a une inim'uté naturelle entre les chats
&■ les louris. Les pôles oppolés de l'aimant ont
une telle inimitié , qu'ils le repouHent l'un l'autre. Il
y a de l'inimitié entre telle & telle plante.
iNiNrELLIGIBlLITÉ. f. f. Quahté de ce qui n'eft
pas intelligible, loit par la nature même de la choie ,
foit par la manière dont elle elt prélentée. L'inintelli-
gibilité efi: le plus grand délaut d'un ouvrage . . . Ob-
ferv. fur les Écrits mod. Si un autre que M. l'Abbé
des Fontaines fe fût fervi de ce mot , il a y lieu de
croire qu'il l'auroit mis dans Ion Diâionnaire Néo-
logique , & peut être n'elVil ici qu'à titre de raille-
rie ; de même que perfonnes illétrées & contempteurs
du livre _, conjecfure d'autant mieux fondée ^ qu'il
fait l'extrait d'un ouvrage où l'on donne de grands
éloges au ftyle fin & énigmatique. Aujourd'hui ce
terme eil autorilé &c reçu par l'ulage.
INIMTELLIGIBLE, adj.'ra. & f. Qui n'eft pas intel-
ligible , qui ne fe peut entendre. Qui intelligi ne-
quit. Cet Auteur prétend que fans le fecours des
accens le fens de l'Écriture lainte leroit fouvent obl-
cur, quelquefois même inintelligible. Jour, dis Sav.
Je cio'is qu inintelligible ■penixvon un régime _, aulH
bien qu'inimitable , & qu'on pourroit dire qu'une
chofe cft inintelligible aux hommes , mais non pas
aux Anges, ou inintelligible aux Anges même.
lO'iNJONCTION.f f Terme de Jurifprudence.Ordre
ou commandement fait à quelqu'un par la loi ou
par le Juge, de hiire quelque choie. Cet arrêt porte
injonction à un tel de garder fon ban lous peine de....
Le Roi a fait injonction à tous les OtKciers de
Jujfum. Commandement , ordre , précepte , in-
jonction, jaiVion , fynonimes. Le zeime d'injonction
délîgne plus proprement le pouvoir djns le Gouver-
ment ; on s'en fert loilqu'il eil quellion de ftatuer ,
à l'égard de quelque objet particulier , une règle in-
dilpenfible de conduire. /-Vy. les autres mors. Il laut
attendre le commandement. On demande quelque-
fois l'ordre. On donne louvent au précepte un inter-
prétation contraire à l'intention du Légillateur. Il
eft bon j quelque formelle que foit l'injonction , de
ne pas s'arrêter à la lettre lorlque les circonftances
particulières rendent abufive la règle générale.
INIQUE, adj. m. & f. ^ Ce mot n'eft point fyno
nime d'injufte dans toute la rigueur d'une parfaite
relîemblance. Injujle a une lignification beaucoup
plus étendue. L'homme peut être injujle de mille
façons différentes, f^oy. injufte &: jufte. L'homme
inique eft celui qui agit contre les loix & contre
l'équité. On dit un homme injufie&c un Juge inique.
Jniquus. Aélion inique , jugement inique. C'eft être
un Ju-^c inique, que de n'entendre qu'une partie.
INIQUEMENT, adv. D'une manière -inique , contre
l'équité. Inique. Pilate condamna Notre-Seigneur fort
iniquement.
INIQUIDENCE. f. f. Vieux mot. Iniquité. ■
INiQUI 1 É. f. f. fer Ce terme défigne proprement ;
une aflion contraire aux loix & à l'équité. Iniquitas. :
Ainh l'on dit l'iniquité d'un Juge , l'iniquité d'un
jugement, d'un arrêt. La pallion de J. C. fut l'ou- ,
INI
vrage de l'iniquité des Juifs. L'iniquité fortoit du lieu
où elle devoit être. Boss.
Iniq,uité , en termes de l'Ecriture , fe dit de toutes for-
tes de crimes , de péchés , de méchancetés. J i s u s-
Christ a porté toutes nos iniquités. Les enfans por-
tent louvent la peine des iniquités de leurs pères. Le
déluge tut envoyé du ciel pour punir les iniquités
des hommes. Heureux eft celui dont les iniquités font
pardonnées. Port R. Le myftère de l'iniquité. Boire
l'iniquité comme l'eau. Ac. Fr.
Oui , Seigneur , la grandeur de mon iniquité
Ne laijje à ton pouvoir que le choix du fuppUce .: ■;
Ton intérêt s'oppoje à ma félicité ,
Et ta clémence même attend que je périjje.
Des BarA
03^ On s'en fert de même dans le ftyle foutenu pouf
lignifier la corruption des mœurs, le débordement
des vices. L'iniquité hyoïi couvert la face de la terre,
li avoit une ame pure de l'iniquité Aes liècles. Boss.
INICOR FHY. Foyei ÉNISCORF.
INIS - OWEN. Avalonia. Petit pays d'Irlande dans la
Province d'Ulfter , au Comté de Lodonderi.
INITALES , oulnitaux. l. m. pi. nom que l'on donnoit
autrefois aux myftères deCérès. Initalia , Initia. Ce
mot le trouve dans la vie de M.uc-Auréle par Ca-
pitolin. Peuc être feroit-il mieux de lire Initiaiut , Se
de dire Initiales ; car ce mot vient d'initiari , ini-
tium. Cependant Saumaife ne condamne pas Inita-
lia. Les Initales ou Initiales ^ lont la même chofe
que les Céréales, f^oye^ ce mot.
Ce mot vient d'initiari., initier , dédier, confacrer,
introduire , parce que pour aftifter aux myftères de
Cerès il falloit y être auparavant initié , introduit ,
conlacré par des cérémonies particulières.
INITIAL, ALE. Terme d'Imprimerie , qui le dit des
lettres capitales ou majufcules , & fignifie , qui com-
mence le mot. Initialis , majufculus , grandior. Les
Lettres initiales des noms propres , ou des articles
Se des périodes, doivent être capitales ou majulcules.
Les lettres initiales des livres & des chapitres le font
ordinairement en lettres griles. Si j'avois voulu ha-
farder mes conjedfures , & donner à chaque lettre
initiale telle interprétation que bon m'auroit feniblé.
La Monnoie.
^fT Les lettres initiales , chez les Antiquaires , font les
premières lettres d'un mot qui lont miles pour le
mot entier ou dans des inlcriptions ou lur des mé-
dailles. PP. Pater Patris. P. F. A. Pius , Félix,
Augujlus. On dirtingue les lettres initiales des abré-
viations , où l'on joint plulleurs lettres. Tr. pot. qui
exprime tribunitiâ potejîate. Aug. qui exprime Au-
giijîus.
^fT Si l'on avoit toujours ponétué les lettres initiales ,
il feroit aile de les connoitre , & de diftinguer quand
il en faut joindre quelques-unes pour le même mot ;
mais parce qu'on a négligé louvent de le fiire, par-
ticulièrement dans le bas Empire Se dans les petites
médailles , on n'y trouve pas la même facilité , Se
il entre louvent bien de l'arbitraire dans le déchiffre-
ment de ces lettres.
Les Antiquaires difent aulîi lubft. les initia/es.
'Voilà les deux initiales parfaitement expliquées.
JOBERT.
Initiales, f^oye^ INITALES.
|c3° INITIATION, f. f Cérémonie par laquelle on étpit
initié à la connoillance «Se à la participation de cer-
tains myftères. Initiatio.
^pr En matière de Iciences , ce mot fe dit au figuré
pour introduétion j premières connoillances. La
Statique du P. Pardies eft un petit chef- d'œuvre ;
ce n'eft pourtant qu'une initiation à cette fcience.
MÉM. DE Trév.
^pr INITIÉ , EE. adj. Qui ne fe dit proprement qu'en
parlant de la Religion des anciens Payens, lîgnilîc
celui qui étoit reçu au nombre de ceux qui hifoient
profellîon de quelque culte paruculier , & qui étoir
admis à la connoillance & à la participation de cetr
taincs
I
IN J
taincs câcmonies fecrctcs qui rcgardoicnt le culte de
qu.-lquc diviniré. Init'iMus. Les p.iyciis ne l.iilîoiciu
entrer dans leurs Temples que ceux qui étoient ini-
tiés dms leurs m)'ftcres & cérémonies.
Ce mot vient du Latin initiacus , initiare , i/iidan.
Ce mot initiare fignifie proprement commencer
les û;rihccx , ou recevoir quelqu'un, l'admettre au
commencement des myllcres, aux Céréiuonies de
moindre iuiportancc. Cafaubon fur Athénée rcmar
que que l'on ne communiquoit pas d abord tous les
myftères à ceux qui le preientoicnt pour être Prê-
tres , mais que premièrement on les purifioit , &
(ju'enluite on les admettoit aux cliofes moins confî
dérables , pour les dilpofer aux plus grandes , îk
qu'après tout celaj on leur hiiioit part de ce qu'il
y avoit de plus iacré ék: de plus myllérieux dans la
Religion. Apulée dit qu'il avoit été wir^c à tous les
myllèrcs.
|Cr On le dit par extcnlîon dans plufieurs autres chofes.
f^oy. l'article luivant.
INITIER, v. a. Ce mot ne fe dit proprement qu'en
pariant de la Religion des anciens Payens. Initiare.
Il lignifie. Admettre quelqu'un à la participation
des cérémonies lecrètes de la Religion. Il fe fit inicicr
aux myftères de Cérès. Ablanc.
On le dit par extenlîon de quelque Religion que
ce foit , & même de la vraie. Etre initié aux plus
auguftes myrtèrcs de la Religion.
On le dit encore en parlant de fcience. Il n'eft
pas encore initie à la Philolophie , il n'en a pas les
premières teintures.
On dit aulli riguréinent , Etre initié dans quelque
fociété. Nous l'avons initie parmi nous. Adlegimus.
Nous l'avons admis.
INJUDICIEUX. adj. Qui n'a point de jugement. Ména-
ge ayant avancé qu'il .rvoit oui dire injudicieux kun
un homme très-judicieux. Le P. Bouhoursl'en rail-
la, p. I p. de les doutes : & Ménage, au lieu de
prendre le même ton , rcpoulHi la raillerie par les
injures , dont le fécond toms de les oblervations ell;
rempli. En voici un petit échantillon. " Cet homme
3J très-judicieux à qui j'ai oui dire injudicieux , c'eft
3> M. Chapelain. Je ne m'étonne pas au refte que le
3> P. Bouhours n'aune pas ce mot. Ce mot ayant été
» hiit pour lui. L'injudicieux P. Bouhours, c'eil fon
» epithcte perpétuelle. Injudicieux y.
§3° INJURE, f. f. Injuria. Ce terme eft compofé de
JUS jjuris , qui veut dire droit , & de la prépolition
in qui a la lorce de nier. C'eil: en général tout ce qui
cA contraire au droit. Quod Jît citrà jus , injuria ejl.
Injuria dicitur omne quod non fit jure. 1. i. ft. de
injur. Dans ce fens les bctcs qui ne (ont pas capables
du droit j ne le font pas non plus de ce qui eft op-
pofé au droit , & qui eft appelé injure ; ik le dom-
mage qu'elles peuvent caufer, eft appelé en droit,
pauperics. Dommage fiit fins qu'il puilfe y avoir
de l'injure ou de l'injuftice de la part de celui qui l'a
caufé.
1^ Dans une lignification plus étroite, ira/are fignifie
le mépris que l'on fait de quelqu'un , à delfein de
l'ortenfer Se de donner atteinte à la réputation. Les
injures le commettent par paroles, ou par écrit, ou
par des voies de fait. Injure atroce , langlante , ir-
réparable. Faire , endurer , (ouiirir , oublier, pardon
ner , repoullcr, réparer, verger une injure. Les hon-
nêtes gens ne fe difent jamais d injures. Une injure
qu'on méprife tombe d'elle même , & fi on la re
levé , on la lait valoir. Ablanc. Comme il y a des
injures de colère : il y en a d'enjouement & de fa-
niiliariré. Bell. La fagelîe de la loi ne commet la
réparation des injures qu'à ceux qui ne les ont point
reçues. M. Es p.
|Cî° Injure fe prend particulièrement pour parole of-
fcnfante. Verba contumehofa. Dire des injures a quel-
qu un. Le charger d'injures atroces. Projciadere con-
tumcHis. Dans fa colère il vomiffoit des injures contre
lui. Iram , virus acerbitatis evomere. Mcmnon , Gé-
néral de Darius , f.appa.it un foidat qui parloir mal
d'Alexandre , Je t'ai pris pour lui fau'e la guerre ,
Tome V.
I N J 177
dit- il , & non pas pour lui dire des injures. Ablanc.
Les injures bien loin de pcrfu.adcr , atioiblillent les
raifbns , en les rendant lufpcèLes de pallion. Bail.
L'injure d\ plus pardonnable que la raillerie, l'une
marque de la colère, qui n'clt point incompatible
avec de l'eftime; l'autre, du mépris. S. Evr. Jamais
on n'a pcrfuadé quelqu'un en lui difant des injures.
Phlisson.
Sa fureur contre lui fe répand en injures. Racine.
N'attende\pas ici que j'éclate en injures. Id.
CKFOn dit dans le ftyle familier fe chanter mille in-
jures , dire de grofics injures.
iNjuRts compenfées. Les injures verbales fe peuvent
compenicr, &: le Juge peut enjoindre aux Parties de
ic les remettre mutuellement ; ce qu'il fait en les
inettant hors de cour &: de procès , avec défenfes de
récidiver.
Il eft défendu d'informer pour des injures légères
ou verbales , fi elles ne font atroces & dites à des
gens de condition. On vient fouvent des injures aux
coups. A verbis ad verbera. L'adtion des injures eft
annale, c'eft à-dire , qu'on ne peut en demander ré-
paration , quand il y a plus d'un an qu'elles ont été
faites ou dites.
Injure, fe dit aulïï des afîronts, des torts & dommages
qu'on fait à une perfonne par des voies de fait. Con-
tumelia. On fait injure à un Officier quand on ne le
fait pas monter à la place vacante d'un fupérieur. Les
foufflets, les baftonadcs, les coups, les geftes fculs,
lans frapper, ni toucher, {onx.dç.% injures. On donne
des dommages & intérêts à des filles violées, pour
réparation de l'injure qui leur a été faite. Il ell permis
par le droit naturel de repoutfer l'injure. Un Chrétien
doit fouffrir , doit pardonner toutes fortes d'injures &c
d'atîronts.
Injure , le dit aullî ^CT figurément des incommodités
du tems , de l'effet même du tems, des accidens ii^fé-
parables de fa durée , & des m.iuvais rraitemens de la
fortune. L'homme a befoin d'habits , de logement
pour fe garantir des injures du tems , du chaud , du
froid J de la pluie. La plupart des beaux ouvrages des
bons Auteurs, lont péris par l'injure du tems, par
l'ignorance & la négligence des hommes durant plu-
fieurs hècles. Le bon azur fourtre toutes les injures de
l'air lans s'altérer. Un vrai Philofophc fouflre conf-
tamment toutes les injures de la fortune.
En vain du fard au luxe ajoutant l'impoflure y
Tu veux de tes vieux ans nous déguifer /'injure.
Corn.
§3° Injure. Tort, fynonimes. Le tort regarde particu-
lièrement les biens & la réputation; il ravit ce qui ell:
dêi. U injure regarde proprement les qualités perlon-
nclles; elle impute, des dclauts. Le premier nuit en
attaquant la propriété : le fécond offenfe en attaquanc
la perlonne. La plus grande injure qu'on puilfe fiire
à un honnête homme , eft de fe défier de fa probité.
Sym. Fr.
Injure , en Mythologie. Les Anciens en firent une
Déelle. Injuria. Ate. Les Grecs la nommoient Aie y
de ài«4i , ar J , noceo , Ltdo ; Héfiods dans la Théo-
gonie , V. 2jo , la fait hlle d'Éride , c'eft-à dire , de la
querelle ou de la chicane , & dit qu'elle étoit fœur
de la Dyfnoniie , c'eft à dire , la défobéillance aux
loix , & de même génie , de mêmes mœurs qu'elle.
Komère , Iliad V, ou L. XX, v. pi , dit qu'elle étoit
lille de Jupiter; qu'elle nuiloit à tous les hommes,
qu'elle avoit nui à Ion propre père , le grand Jupiter;
qu'elle avoit les pieds fort tendres , fort légers; qu'elle
marchoit lur la tête des hommes lans toucher jamais
la terre.
INJURIER, v. a. ^fTCc verbe n'a pas une fignification
aulli étendue que le fubftantif ; elle eft reftreinte à
l'eipèce d'injure qui fc lait par paroles. Injurier ^
c'eft oft'enfer quelqu'un par des paroles injuiieufes
qui attaquent fa pertonnc par des imputations odieu,-*
Z
lyS ^ IN ]
Ces , &c. Conviciarl y conviais infectar'i , com'iàa m-
gerere , fundere in aliquem , conviais os alicujus vcr-
berare. Quand on a été injurié, on peut hke appeler
en réparation d'injures. Homère n'a pas allez ménagé
la gloire d'Achille Ion Héros , il lui fait injurier Aya-
mennon d'une manière indigne , même d'un hom-
me qui ne lèroit que médiocrement honnête hom-
me. M. Esp.
3NJURIEUSEMENT. adv. D'une manière oftenlante
Se injurieufe. Injuriosè. Il a été traité fort injurieufe-
mcnt par l'Avocat de fa partie. Parler injurieufement
contre quelqu'un.
ÏNJURIEUX , EUSE. adj. Offenfant , ce qui fait injure
à quelqu'un. Injuriofus. Il fe dit desperjonnes & des
chofes. C'eft un homme injurieux qui fe fert de ter-
mes injurieux. C'eft un livre , un ditcours injurieux ,
lin libelle dirfamatoire. Famofus , contumeliofus. On
déclare une faihe , un emprifonnement i^yi/nea.Vj
tortionnaire Se déraifonnable. On a drellé une pyra-
mide injurieufe à la mémoire d'un tel.
A peine , loin de Rome , il apprend dans fa fuite j
JDu Sénat contre vous l'Arrêt injurieux ,
Que pour vous fecourir il revient dans ces lieux.
De la Fosse.
On dit figurément & poétiquement, la fortune in-
jurieufe. Le fort , le delHn injurieux, pour dire, la
fortune, le fort, le deftin injulle. Ac. pR.
INJUSTE, adj. m. Se f. f^T Qui n'a point de juftice,
en parlant des perfonnes ; en parlant des chofes , qui
ell: contre Li juftice. f^oyei Justice. Injufus. Hom-
me injufle. Jugement injujlc.^ Procès iniujle. Une
..guerre injujle eft celle qui fe fait contre le bon droit
& fans aucune caufe légitime. L'ufure eft un pront
injufle , illégitime.
%3- On dît fubftantivement ['injufle. Le jufe Se Vinjufie.
Voyez Juste.
INJUSTEMENT, adv. D'une manière injufte. Injuftè.
Il y a des voies de droit poiu: fe pourvoir quand on
a été condamné injujlement.
|Cr INJUSTICE, f. f. Injuftitia, du Latin jus, droit.
Se de la particule négative in , aètion contraire à la
juitice. La juftice conliftc à rendre à un homme ce
qui lui eft dû. Foye\ Justice. Vinjujlice coniifte à
violer les droits d'autrui de quelque manière que ce
foit. Le Roi s'appliquoit à réprimer l'iniufiice. Fl.
On calfe les arrêts quand Vinjujlice en eft vifible. Les
foldats font mille injujlices fur leui' paftage. De tout
tems les Poètes fe font plaints de Vinjujlice Se de lin-
gratitude de leur fiècle. Quand vous aurez fenti com-
bien il eft dur de fouffrir une injuJUce , vous com-
prendrez mieux combien il eft défendude la faire.
Fi. Les extrémités font tellement vicieufes en toutes
chofes, qu'il y a même de Vinjujlice à vouloir être
trop jufte. S. ÉvR. Elle lalfa Vinjujlice par fa pa-
tience. Fl. La profpérité qui dcvroit être le privilège
de la vertu , eft ordinairement le partage de Vinjujlice.
Id. Ce n'eft pas Vinjuflice en foi qui nous bielle ,
c'eft d'en être l'objet : qu'on lui en donne un autre ,
nous nous contenterons de délapprouver tranquille-
ment cette même injujlice qui nous donnoit tant d'in-
dignation. Nie.
On dit auftl par compliment , ne me faites pas Vin-
jujlice de croire que je vous aie oublié.
I N M.
'IN MANUS. Exprefllon Latine qu'on emploie dans le
ftyle burlefque Se familier. C'eft le commencement
d'une prière eccléfiaftique qu'on récite à Complics.
Jn manus tuas , Domine, commendo fpiritum mcum.
Seigneur , je vous recommande mon ame , je la mets
entre vos mains. Dites votre In manus.
Malgré f on in manus, la vieille fera nôtre,
CiiUain répondit là-deffus :
I NN
La vieille a dit fon in manus ,'
Ht meurt en bonne Pénitente.
I N N.
INN , ou INS. f. m. Rivière d'Allemagne. Enu.s\
u¥.nus. L'Inn prend fa fource au mont Bermina, dans
le pays des Grifons , baigne Infpruck , Hall , Schwat ,
Se KufFftain dans le .Tirol , Vafterbourg, Braunaw,
&c. dans la Bavière , & il fe décharge dans le Danube
à Palfaw.
INNASCIBILITÉ. f. f. Qualité de ce qui ne peut être
produit , ni engendré. M. l'Abbé d'Olivet s'cft fervi
de ce mot. Innajcibiiuas.
INNASCIBLE. adj. m. cV f. Terme de Théologie. Qui
ne peut être produit ni engendré. On dit que le Père
Éternel eft innajlible , parce qu'il ne peut être produit
ni engendré par une autre perfonne.
^IN NATURALIBUS. Expreftion qui a pafté du
jargon de l'École dans le ftylc badin Se comique. Il
la vit in naturalibus , nue, ou fimplement en chemife.
Voudrois tu voir mon maître in naturalihus , dit Hec-
tor à Nérine qui vouloir entrer dans la chambre de
Valere qu'il diloit être encore au lit.
INNAVIGABLE, adj. m. Se f. Qui n'eft pas navigable.
Innavigabilis , e. Ces premières glaces rendent le
fleuve quelquefois long-rems innavigable. Maupert.
Ce mot n'eft point en ufage.
INNÉ , EE. adj. m. c^c f. Terme Philofophique qui eft
formé de né , ou créé avec quelque choie. Innéj qui
naît avec nous. Innatus , infitus. Idée innée. Voyez
Idée.
INNER EYRA, ou INNERRÉRA. Bourg de l'Écoflè
méridionale. Innerrera. Ce lieu , qui a Icance & voij^
dans le Parlement d'Écoife , eft fitué dans le Comcé
d'Argyle, fur le Golfe de Finn, à cinq lieues de k
ville de Kilmore vers le couchant. Maty.
Ce nom & les luivans font compofés èi'inner qui ,
en Anglois , fignitîe dedans , Se qui dans la compofî-
tion marque l'embouchure du ilem e ; & de plus , du
nom de la rivière à l'embouchure de laquelle ils font.
Eyra, Nejf, Ourie.
INNERNESSE , ou INVERNÈS. Pe-ite ville d'EcolTe.
Innernium , Invervium. Elle eft dans le Comté de
Muray , à l'embouchure de la rivière de Neft , dans le
Golfe de Muray. Invernès eft fort Se défendu par une
bonne citadelle que Cromvel y fit conftruire. Inver-
nès eft plus ordinaire qu'Innernefe.
INNLR-OURIE. Bourg de l'Écollè feptentrionale. In-
ncrouria. Ce heu a féance Se voix dans le Parlement ,
Se il eft fitué dans le Comté de Buchan , à l'embou-
chure de l'Ouric dans le Dom, & à cinq lieues au-
deftiis de la vieille Aberdonne.
INNICHEN , ou INNEKEN. Bourg du Tirol en Alle-
magne. Innichenum. Il eft dans l'Évêché de Brixen,
à la fource de la Drave. Quelques Géographes pren-
nent Inmchen pour l'ancienne Aguntum , petite ville
de la Rhofie que d'autres mettent à Doblachj bourg
qui eft à trois lieues à'Innichen, vers le couchant.
Maty
INNOCEMMENT, adv. Avec innocence, fansdeftein
de nuire. Innocenter. C'eft une parole qu'il a dite in-
nocemment , il ne croyoit pas vous fâcher. Il a tue cet
homme, mais c'étoit innocemment , par un malheur
iSc lànsdeftèin. Il faut préférer la hmplicité d'une vie
particulière où l'on goûte doucement Se innocemment
le peu de biens que la nature nous donne , aux loucis
des avares. M. de M. Je me réduis innocemment à ce
qui m'accommode davantage. S. ÉvR. Comme il ne
faut jamais mentir, il y a des chofes qu'il faut tenil
cachées Se que l'on peut couvrir innocemment par des
manières de parler & de répondre qui font innocen-
tes Abbé de la Trape.
Innocemment. Sottement, niaifcmcnt. Il vint tout
innocemment raconter la fottile qu'il avoit laite. Acad.
Fr.
INNOCENCE, f. f. Pureté de l'ame qui n'eft point
fouillée de péchés. Innocentia. Ad-uii fut crés en
INN
l'ct.it d'innocence j outre l'innocence cet état comprc-
noit dis dons (urnaturcls. Une parfaite conforniiré de
l'extérieur de l'homme avec ("on intérieur , étoit le ta
ra(ilère<S(: le privilège de (on étCLr: a innocence. M. Es p.
L'innocence baptifnialc nous remet dans la première
pureté de l'homme. Un enfant cft dans l'état A'inno
cence , jufqu'à ce qu'il ait atteint l'ulagc de raifon. Les
Paycns avoient aulli leur âge d'innocence qu'ils ont
appelé l'<i^'f d'or. L'agneau eft le fymbole de Vinno
cence. ^ ^ ^
Innocence, /îgnifie aulli intégrité Je mœurs, pureté de
vie , l'état d un homme de bien qui vit conlormu
ment à la lieligion. Sanctitas morum. Cet homm.c
vit dans une grande innocence de mœurs. Cette inno-
cence extérieure qui ne conlirtc que dans l'obtervation
des devoirs extérieurs de la Religion , cil un ligne
fort équivoque de {'innocence intérieure-, ce peut être
le pur ertet d'une conlîdération humaine. Nie. La
feule précaution contre les attaques de la mort, c'elt
l'innocence de la vie. M. de M. L'idée d'une beauté
mortelle avoit allumé dans fon jeune cœur un feu fa-
tal à fon innocence. Ft. L'innocence de la vie ote la
haycur de la mort , C< quanS on n'a point de plaifirs
criminels à quitter, on va ftns crainte vers l'autre vie.
S. ÉvR. C'cft à la Cour que les pallions s'excitent
& confpirent toutes contre l'innocence. Fl.
Dans les tems bienheureux du monde en fon enfance ,
Chacun mettoit fi gloire en fa feule innocence.
BoiL.
Mais jamais on n'a vu la timide innocence
Paljerfubitement à l'extrême filence. Rac.
Innocence, fignifie encore exemption de crime, état
d'une perlonne qui n'efl: point coupable des chofes dont
elle ell acculée ou foupçonnée. Votre innocence a été
hautement reconnue , & vos accufatcurs n'ont empor-
té que de la confuhon. Le Chancelier pourfuivoit le
crime, armé du glaive de lajullice, &: couvroit l'in^
nocence du bouclier des loix & de l'autorité royale.
Fl. J'ai trop d'intérêt moi-même à votre innocence
pour en douter ; & lî je vous avois trouvée coupable ,
j'en ferois bien puni le premier. Voi.
De l'afpecl dufupplice effraya l'infolence ,
Et fous l'appui des loix mu Lafoible innocence.
BOIL.
Innocence. Il lignifie aulîi , Trop grande fimplicité.
Admirez l'innocence de cet homme. Ac. Fr.
|CF INNOCENT , ENTE. adj. Souvent employé fubf-
tantivement. Terme relatif à la pureté de l'arae qui
ralfemble toutes les vertus , ians aucun mélange de
vices. Exempt de toute malice, pur &c candide. Inte-
ger vitA , fcelerifque purus. Les Pères dans le defert
ont mené une vie fort innnocente. Cet homme dans
fa fombre mélancolie interprète tour mal , & il y a
peu d'aèlions allez innocentes pour échapper à la
cenfure. Bell. Le Paradis eft plus rempli de péni-
tens &: de convertis que d'innocens. S. EvR. L'amour
des Heurs , du jardinage, eft une pallion fort inno
cente. Ses mœurs font innocentes. Les plailîrs les
plus innocens parolifent des crimes impardonnables
aux gens de mauvaife humeur. Ikn.. Je me tais èîin-
nocentes douceurs de ce qui convient au repos de
la vieiilelle. S. Evr. La malice des hommes a per-
verti les pratiques les plus innocentes. Cl.
La vertu réglera nos plaifirs innocens.
N'avoir que des defirs innocens.
Un Auteur vertueux dans fes vers innocens,
Ne corrompt point le cœur en chamou'dlant les fins.
■ ■ BoiL.
Innocent , fe dit au Palais , de celui qui eft prévenu
de quelque crime dont il n'cft point coupable. In-
Tome y.
I N N
179
fans. On a découvert la calomnie , il s'eft trouvé
innocent. On l'a renvoyé abfous avec réparation. Il
vaut mieux dans le doute fauvei cent criminels que
de faire mourir un innocent. \J\\ coupable pu)ii eft
un exemple pour la canaille; un innocent condamné
eft l'afeire de tous les hoimétes gens. La Br.
In'nocent j fe dit aulli de celui qui n'eft pas en état
de pécher, qui n'a pas atteint l'âge de raifon. L'É-
glite célèbre la fête des Saints Innoctns martyrifés
par Hérode.
On appelle ces Saints , les Innocens. Les Innocens ,
lignifie aulli leur fête , le jour qu'on la célèbre , 1»
28 de Décembre. Les Innocens tomberont cette
année le Mercredi. On faifoit autrefois des danfes
dans les Égliles le jour de la fête des Innocens , &c
l'on y reprélentoit des Évêques , en dérilion de la
dignité Epilcopale , comme on l'apprend par le
fécond canon du Concile de Cognac tenu en 12.70,
qui le défend. Il faut avoir pitié des pauvres inno-
cens , c'eft à dire des jeunes orphelins , de tous les
enfans qui ne fe peuvent pas défendre. Cela eft fa-
milier.
(fT Innocent , fe dit encore d'un homme qui a l'ef-
prit foibje. C'eft un innocent , un pauvre , un franc
innocent.
Il fignifie aulîî , un homme ou un enfant qui a
l'elprit imbécille , & qui eft prefque hébété. Ce
garçon eft innocent dès fon enfance. Ac. Fr,
|}3° En ftyle de Cuifine , on appelle innocens , des
pigeons nouveaux nés.
Innocent , fe dit aulli des chofes inanimées , de ce
qui ne fait aucun mal. Innocuus. Ne craignez point
de prendre ce remède , il eft innocent , il ne vous
fauroit faire aucun mal. Action innocente , qui ne
nuit à perfonne.
D'un fleuve officieux /'innocente liqueur
L'arrache à fes tourntens , à lui rend fit vigueur.
Bréb.
Innocent, fe dit proverbialement en ces phrafes. Les
innocens patillcnt pour les coupables ; pour dire ,
que dans la confulion publique on punit fouvent
ceux qui ont fait le moins de mal , tandis que les
plus criminels en échappent. On appelle un inno-.
cent fourré de malice , celui qui paroit doux & lim-
ple au dehors , & qui eft malicieux dans l'ame.
Quand un homme fait tort à un autre fans fujet,
le peuple dit proverbialement : Il eft des païens
d'Hérode ; il s'en prend aux innocens. On appelle
en proverbe les. (impies j les foibles, les imbécilles
& les idiots , d'is échappés d'Hérode j pour dire
que ce Tyran ne fit pas mourir tous les Innocens.
Le proverbe , aux innocens les mains pleines , figni-
fie que la fortune favorife des gens Ians efprit & {ans
mérite. Il s'applique particulièrement à des joueurs
mal habiles , mais heureux , à qui le jeu vient à
pleines mains.
INNOCENT, f. m. Nom d'hoirune. Innocentius.
Treize Souverains Pontifes ont porté le nom d'In-
nocent
On croit que le Pape Innocent IX , eft mort em-
poilonné , deux mois après fa création. InnocentXl
étant mort au mois d'Août 1689 , on croyoit qu'A-
lexandre VIII , qui lui fuccéda prendroit le nom
d'Innocent XII , parce qu'il avoit été élevé au Car-
dinalat par Innocent X j mais il ne le fit pas.
Innocente. Nom que l'on a donné à un certain habit
de femme , frit en robe de chambre.
INNOCENTER, v. a. Ahfolvere. C'eft proprement dé-
clarer un homme innocent , le décharger d'une ac-
cufation de crime. On arrêta le Comte de Sout-
hampton , qui fut mené à la Tour. Il fe défendit bien ;
&c allégua de bonnes raifons , mais qui ne furent
pas alfez fortes pour l'innocenter devant les Juges....
f^ie d'Eifahcth R. d'Anglet. On le dit auffi au -fi-
guré , &■ dans le ftyle burlefquc, pour donner les
innocens. C'eft une coutume , ou une plaifanterie
en quelques Provinces , que les plus diligens vont
Zij
i8o I N N
furprendre les plus paiclkux au lie , pour les fouet
rer. Pour exprimer cette badinerie. Marot a fait in-
nocenter.
Belle Philis , Jî je favois où couche
F'ocre peij'onne au jour des Innocens ,
De bon matin j' irais à votre couche , &:c.
Semblant ferais de vous innocenter.
Innocenter , fe dit non- feulement des perfonnes que
■ l'on déclare innocentes ; mais encore des chofcs. Ou
vous innocente^ le Molinifme par la profeiîion que
vous en faites , ou vous vous en rendez coupables.
MÉM. de Trev.
INNOMBRABLE, adj. m. &: f Qui ne fe peut nom-
brer. Innumerahilis , innumcrus. Saint Jean dans 1 A-
pocalypfe dit , qu'il vit une quantité de gens que
perionne ne pouvoit compter. Turbam magnam, quam
dinumerare nemo poterat. C'eft-à-dire , qu'elle étoit
innombrable. Troupes innombrables. A b l A n c. La
crainte qui a fantliné une multitude innombrable
d'hommes de toute qualité /iScc. Ab. de la T. L'Au
tcur n'exclut point la charité ; car il ajoute : Ainli
je vous dis que vous craigniez , & que vous aimiez
tout enlemble.
|p° INNOMÉ. adj. Terme de Droit. Foyei Inno-
MINÉ.
INNOMINATI. f. f. pi. Les Anonymes. Ceux qui
n'ont point de nom. GIl Innominati , Les Inno-
minati font les Académiciens de Parme. Prelque
toutes les villes d'Italie ont une Académie ; & cha-
que Académie a un nom particulier , comme on le
peut voir ci-dell'us au mot Académie. Celle de Par-
me a pris pour le fien Gli Innominati , comme II
elle vouloir dire que (on nom ell de n'en avoir ponit.
Quoique ce nom loit Italien , il fiut le retenir dans
notre langue. Car quoique les Anonymes loient la
même chofe à-peu-près que Gli Innominati ^ cepen-
dant , comme c'eft un nom propre , il ne faut point
le changer en un autre quoique fynonyme. Ces Aca-
démiciens ne s'appellent point Gli Anonymi ^ mais
Gli Innominati.
INNOMINÉ. adj. m. Qui n'a point de nom. Anony-
mus , a , um. Terme d'Anatomie qui le dit de cer-
tains os du corps humain , auxquels les Anato-
miftes n'avoient point donné de nom. Les os inno-
minés font les os des hanches. Quoique les os inno-
minés appartiennent au tronc , lelon la divifion or-
dinaire du Iquelete ; on peut néanmoins les conlîdé
rer par rapport aux extrémités inférieures,, à-peu-près
de la même manière que l'on regarde les omoplates
par rapport aux extrémités fupérieures. Winslow.
f^oyei Hanches, Iles.
^fj" Innominé. Terme de Droit. Contrat innominé.
Do ut facias. Une convention réciproque & lynal-
lagmatique entre le Donateur & les Donataires. Ce
font des actes où l'un promet de faire , Se l'autre de
donner. On les appelle innommés , parce qu'ils n'ont
point de nom particulier. L'engagement d'un domef
tique eft un contrat innominé'.
L'Académie dit innome'. Innonimé nous paroît
plus nfiré.
INNOVATEUR, f. m. Qui aime à innover. Novator.
Ce mot le trouve dans quelques diftionnaires ; mais
il vaut mieux dire Novateur.
INNO'V^ATION. (. f. Changement d'une coutume ,
d'une chofe établie depuis long-temps. ^fT Intro-
duélion d'une nouveauté dans un ufage établi depuis
long-temps. En bonne politique toutes les innova-
tions font dangereufes. Les innovations , en matière
■ de Religion , aboutilfent à des (chilmes , à des guer-
res civiles. Tous ceux qui ne le jettent pas comme le
peuple , dans les excès oppofés aux innovations , paf-
fent pour des monftres à fes yeux. S. Real. Il ap-
prouva toutes fes innovations. Mauc. L'innovation
«lans le culte & dans les cérémonies. Accufé d'in-
novation dans la dodrine. S. EvR.
INNO'VER. V. a. |t? Introduire quelque nouveauté
dans une coutume établie , dans un ulage reçu. No-
I N O
vare. Pour vivre en paix , il nç faut rien innover j
ni dans l'État , m dans Li Reli^iwii. Quand il y a des
défenles de palier outre en une affaire ^ il ne faut
rien innover pendant le procès '
îj3" On le dit aulîi neurralement. Il eft dangereux d'in-
nover dans les chofes de la Religion.
Innové , ée. part.
INNUMÉRABLE. adj. m. Se f. Innombrable. Innume-
rabilis. 'Vaugelas approuve ce mot dans le genre
lublimc , comme plus majeftueux qu'innombrable.
Mais Ion autorité ne l'a point fait palfcr , & perfonne
ne s'en fert. Réfl.
I N O.
INO. f. f Terme de Mythologie. Nom de femme.
Ino. Elle étoit hlle de Cadmus & d'Hermoine.
ou Harmonie. Après que Nephelé , emportée par
la tureur de Bacchus , fe fut entoncée dans les fo-
rets , Athamas Roi de Thébes , fon ir.ari , épouCi
Ino en iecondes noces. Ino traita les enfans du pre-
mier lit , Phrynus Se Hellé , en vraie marâtre , &
les obligea de s'enluir. Junon irritée de ce procédé ,
inlpira une telle fureur à Athamas j qu'il mit en
pièces Léarque , qu'il avoir eu d'Ino , à qui il étoit
prêt d'en faire autant , h elle ne s'étoit jettée dans la
mer avec fon fils Mélicerne. Les dieux les y chan-
gèrent en divinités marines Ino s'appela Leucothea
en Grèce , & Matuta en Italie ; Se fon Hls Portu-
iius. l'^oyei Ovide. Fajl. L. FI , v. f^i , &c. Voy.
lur Ino. Voir, de Idol.l. /. c. 13.
INOBSERVANCE, f f. Détaut d'obfervance. Neglec-
tus , contemptus , violatio. Le Concile de Trente ré-
forma la di(ciplinc& les mœurs des Eccléllaftiques,
par les Canons les plus fùnts Se les plus prudens ,
qu'on ait jamais faits , Se qui ne manquent que par
leur inohfervance . De S. Real. L'inohfervance des
loix Elit la ruine des États.
I?3" Ce mot déhgne particulièrement rinfraîtion des
loix ou règles préfentes , des conftitutions d'un
Etat. Le mot à'inobfervation a. fon ufage particulier ,
& fouvenr on les fait fynonymes.
INOBSERVATION. C f. Manque d'obéiffance envers
les loix , d'exécution des promeifes qu'on a laites.
Legum contemptus. L'inobJ'ervation des commande-
mens de Dieu. L'ordre monaftique eft déchu par
Vinobfervation des règles. Mabillon. On reproche
aux Princes infidelles l'inobfervation des Traités. Le
P. Bouhours n'approuve point qu'on dife l'inobfer-
vation des règles de l'Art. ?fT Ce mot eft bien placé,
dit-il , dans les manifeftes des Princes : \'inohferva~
tion des Traités : mais c'eft un terme prefque confa-
cré en cet endroit , Se l'on diroit mal l'inobfervation
des commandemens de Dieu , l'inobfervation des
règles de l'Art. Le mot d'inolfervation convient
mieux, à la vérité, quand il eft queftion de loix,
de conftitutions ; mais nos meilleurs Écrivains n'y
regardent pas de h près , Se dilent l'inobfervation
d'une loi , l'inobfervation des commandemens de
Dieu , de l'Esliie.
Ip=- IN OCTAVO. Terme de Libr.iirie. C'eft le nom
que l'on donne à un volume dont la feuille eft pliée
en 8 feuillets reprélcntans 16 pages. lJin-oclavot9c.
entre rin-4''. & i'in douze. Grand in oclavo , moyen ,
petit in oclavo. Tout cela dépend de la forme ou de
la grandeur du papier.
INOCULATEUR , TRICE. f. m. & f. Celui ou celle
qui donne la petite vérole par inoculation , c'eft-à-
dire , en la greiïànt d'un corps attaqué de cette ma-
ladie (ur im corps lain.
IJCFInoculateur, le dit auffi d'un fîmple partifrn de
l'inoculation , quoiqu'il ne la pratique pas , qu'il
n'opère point. AL de la Condamine eft un des plus
zélés inoculateurs. Quelques-uti'; ont hafardé le mot
d'inoculifte pour déligner la même choie. Foy. Ino-
culiste. M. Timoni s'eft fondé fur le rapport d'une
vieille Grequc , qui avoir été Inoculatrice pendant
plulieurs années. Foye^ Inoculer- & Inoculation. -
INOCULATION, f. f. Ce mot eft pris du Latin. Ino-
culatio , 1^ qui figniiic une manière de grefter qu'on
I N O
appelle en ccuiTon. Foyc^ Greffe. Nous ne
le difons pjint au propre; mais ce moc eft en uG.gc
pour cxprnner l'optratioii p.ir laquelle on commu
nique airilîciellemenc la petite vérole, parce que
cette opération a beaucoup d'analogie avec l'crpecc
degreflcdont nous parlons. On a êi\t cnin/plancacton ,
Ik. ïnlhtlon de la petite vérole. Le mot d'inocula-
tion a prévalu. Inoculation de la petite vérole , ou
ilmplenient inoculation.
ClCJ" Cette pratique nous vient des Anglois qui l'avoicnt
prifc des Turcs. Ce fut M'=. de Wortley Montaigu ,
qui , à Ton retour de Con.n:antinople , où elle avoir
' accompaiyié fon mari , Ambailuleur à la Porte , en
apporta la mode en Anykterre , au coamrjnce
ment du règne de George I. Les Turcs tenoient cette
méthode des Circalîicns , qui l'ont pratiquée les
premiers. J'apprcns , dit M. de Voltaire , que
depuis cent ans les Chinois font dans cet uiagc , mais
ils s'y prennent d'une façon ditiérente : ils ne font
point d'incifion ; ils font prendre la petite vérole par le
nez j comme du tabac en poudre. L'Auteur de l'hK-
toire moderne des Chinois nouvellement publiée,
détaille la pratique de ces peuples. On coupe , dit il,
une puftule à une perfonne atteinte de la petite vé-
role : on la fait fécher , on la pulvérile , on la con-
ferve. Quand on veut communiquer cette maladie
à un enfant , on lui foutîle cette poudre dans les
narines avec un cornet. On obferve de choilir une
belle laifon , & de préparer le corps de l'enfant par
quelques lemédcs. Quand on prend bien ks mefu-
les , cette opération réullît prcfque toujours.
Cette opération, qui ell: très-commune en Angle-
terre, fe f lit vers le Printemps ou l'Automne. On fait
de légères fcanfications aux mulcles des bras de
l'enfant , jufqu'à en tirer quelques gouttes de lang.
Puis avec un cure oreille ou un inflrument iembla-
ble , on porte dans chacune des plaies une goutte du
pus tout chaud qu'on a tiré des pullules des jambes
ou des jarrets d'un jeune homme qui a cette mala-
die : ou bien on y met , en guife de tente , un peu
de coton ou de charpie imbibée de ce pus. On cou
vre chaque fcarification d'une coque de noix pen-
dant quelques heures , pour que ce pus ait le temps
de communiquer fjn venin avant que d'être eluiyé.
Voilà ce qu'on appelle l'inoculation de la petite vé-
role. Cela fait ton etfet au bout de tept jours , pen-
dant lelquels on doit s'abftenir de viande , &: même
de bouillons où elle ait entré , ainli que de vin &: de
toute liqueur (piritueufe. Le fruit qu'on retire de
l'inoculation de la petite vérole , c'ell que de cette
manière on eft sûr d'être quitte de cette maladie pour
toute (à vie , qu'on en elt quitte pour trois ou
quatre puftules pour quelques lujets , quinze ou
vingt pour d'autres , &: qu'il eft très-rare de les voir
aller jutqu'à cent, & auili rare de voir mourir ceux
qui ont gagné cette maladie par cette voie. Tous les
Princes & Seigneurs d'Angleterre procurent la pe-
tite vérole à leurs enfants de cette manière. Cepen-
dant un zélé compola en 1712 un Traité intitulé :
Très humbles remontrances au Parlement , pour em-
pêcher la dangereufe expérience de l inoculation de la
petite vérole. L'Auteur prétend qu'on tente Dieu par
cette opération , & par cor.féquent qu'elle eft témé-
raire. M. Wagftaftc écrivit aulîl conzïzl' inoculation
en 1712 ; fon livre fut réfuté la même année.
fj3* Au-refte l'infertion de la petite vérole le fait de
différentes manières dans diftérens pays. Le point
capital de l'opération confifte à mêler avec le fang
un peu de virus. On fe contente fouvent d'entamer
la peau , & de placer fur la plaie un fil qui a traverfé
un bouton mûr de petite vérole.
On a beaucoup écrit en France pour &c contre
l'inoculation. Les expériences multipliées , & bien
avérées , nous apprendront ce qu'on doit penfer
de cette pratique. C'eft ce qu'attend la Faculté de
Médecine pour en porter fon jugement.
INOCULER. V. a. Donner la petite vérole fCTparin-
fertion ^ la greffei fur un corps fain , en incifant la
peau , &c y mettant du pus qu'on a tiré des puftules
I N O
181
d'une autre perfonne qui a cette maladie. La Prin-
celic de Galles , depuis Reine d Angleterre , cpoufc
de George II , allurée de l'utilité de cette épreuve ,
dit Voltaire-, fit inoculer fcs cnfans. iur loo pcr-
lonnes , 60 au moins ont la petite vérole : de tes
60 , 20 en meurent dans les années les plus fjvor.i-
bles , & 20 en confervent pour toujours de r.icheux
reftes. Voilà donc la cinquième partie des homiiles
que cette maladie tue , ou enlaidit sûrement. De tous
ceux qui font inoculés en lurquic ou en Angle-
terre j aucun ne meurt, s il n eft infirme ou con-
damné à mort d'ailleurs ; perljnne n'eft marqué ,
aucun n'a la petite vérole un féconde fois. 20 n-.iile
hommes moururent à Paris de la petite vérole en
1725. On les auroit fauves, s'ils avoient été inocu-
lés. Quoi donc ! eft ce que les François n'.iimenc
point la vie ? Eft ce que leurs femmes ne fc fou-
viennent point de leur beauté .'' En vérité , nous
(ommes d étranges gens ! Peut être dans dix ans
prendra t,-on cette méthode Angloife, h les Médecins
le permettent , ou bien les François dans trois mois
le ferviront de l'inoculation , par fantaifie , fi les
Anglois s'en dégoûtent par inconftance. Cependant
il refte toujours quelque fcrupule fur cette opéra-
tion , &: les gens lenltrs ne fe détermineront jamais
que lur un nombre futrilant d'expériences, f^oyc^
dans les nouvelles brochures ce que Ton a dit con-
tre Vinoculatuion.
ipr On a tenté en FloUande l'inoculation fur les bêtes
à corne , pour les garantir de la contagion. Elle a
reulll , dit on. Les bêtes inoculées n'ont pas pris le
mal , quoiqu'on les ait miles dans les endroits les
plus contagieux. Ann. de 175J.
§3" L'inoculation de la petite vérole a fait naître l'idée
d'inoculer la rougeole. Que n'inoculera -t on pas ?
On nous annonçoit il y a quelques années qu'on
écrivoit en Allemagne fur l'inoculation de la pefte.
|J3° Inoculé , ée. part. On le dit des perlonnes qui
fubllfent l'opération , & de la petite vérole qui eft
communiquée par cette opération. Enfant inoculé.
Petite vérole inoculée. On prétend que la petite vé-
role inoculée eft plus bénigne que la naturelle. Petite
vérole inoculée par afpiration , comme à la Chine j
par friilion , comme au pays de Galles, par piqûre ,
comme en Turquie , par incifion ik par véllcatoireî
comme en Angleterre & en France.
ifJ- INOCULISTE. f. m. C'eft la même chofe qu'lNO-
CULATEUR dans le fécond lens. Parcifan de l'inocu-
larion. On pourroir dire Inoculateur, de celui qui
fait l'opération de l'inoculation ; 8c InocuUJie , de
celui qui approuve cette méthode. On dit aulïï An-
ti-inoculifte , pour défigner les adveiiaires de cette
méthode.
>ip- INODORE, adj. C'eft l'oppofë d'odorant. Inodo- .
rus. On appelle en Chimie Subftance inodore , celle
qui eft naturellement dépourvue de principe odo-
rant.
iNOFnCIEUX. adj. m. Terme de Jurifprudence.
Inojj,.ciofus. 'iï? Tout ce qui eft fait contre le devoir.
Inofficiofum d'icitur id omne quod contra pietatis of-
Jîcium jacluni ejl. Un reftament eft inofficieux , quand
le teftateur a exhérédé ou pallé fous filencc , fans
caufe légitime , ceux à qui il eft obligé de lailfer fa
fuccelTion. Une donation eft inofficieufe quand le
Donateur a fait une donation fi excelîive à un de ks
enfans , que les autres ne trouvent pas dans ce qui
lui eft refté de biens y-f^ quoi remplir leur légi-
time. •' ■' —
'jp" Une dot eft inofficieufe quand elle eft fi excefîiye ,
qu'elle empêche les autres, enfans d'avoir leur légi-
time dans la fucceftîon de leurs père &: mère.
IjCr L'épirhète d'inofficieux s'applique particulière-
ment aux teftamens.
INOFFICIOSITÉ. f. f. Terme de Jurifprudence. Qua-
lité , difpofition d'une chofe qui eft contraire aux
intérêts d'une perfonne, qui, nuit aux droits qu'elle
avoir à efpérer. Ce mot fe dit des teftamens. L'aéfion
d'inofficiojïté , eft une plainte que forme un fils contre
le reftament de fon père , par lequel il prétend être
82
I N O
déshérité fans caufe légitime. Inoffutojîtas. La qaz-
ïcWe à' inojficiojitc n'A cic introduite par aucune loi
exprcilc ; mais elle fut inventée par une judrcicuic
interprétation des Jurifconfuitcs. On remarqua tant
de dureté dans l'efprit de quelques pères ,qui pouf-
fes d'animohté contre leur propre fang , exhérédoient
leurs entans fans lujet ; que par un principe d'cquite
on chercha an remède à cet inconvénient. On per-
mit donc aux entans de te plaindre de l'injure qui
Icurétoit faite par le tctbteur qui les .avoit deshérité
injullement ; enlbrte que c'étoit à l'iaéritier inltitue
par le tellament à prouver que l'exhéréditation étoit
jufte & légitime. On accorda aulîi la plamte à'inoj
fidofné aux pères (."t aux mères contre le teftamcnt de
leurs enfms ; & aux confmguins , quand on Icuravok
préféré des perfonnes infâmes. On n'a d'abord donn.-
que deux ans aux entans pour intenter l'action d'i/z-
o^fficiojiti ; on leur en a enfuitc accordé cinq , peut-
être parce que les loix Romaines ne permettent point
après cinq ans de contcfter l'état d'un défunt. Voyei
Van Water , Obfervatïonum Juris Rom. L. I , c. Xi.
INONDATION. L f. Débordement fÇT d'eaux qui
couvrent un terrain , un pays. Inondatïo. Nous avons
déjà dit au mot débordement , que ce dernier mot
marquoit l'ettution des eaux par-deiTus les bords de
leur lit ; & que le mot A'inondation ajoutoit à cette
idée celle d'une étendue de' pays couvert par ces eaux
débordées. L'inondation du déluge fut générale par
toute la terre. Il n'y eut que l'Arche de Noé^ qui
fut fiuvée de cette inondation. Le Nil engraillc les
terres d'tgypte par fon inondation. Stagnans cjfufo
flumine Ndus.
On dit , faire des inondations autour d'une place ,
pour dire , Lâcher les eaux pour en empêcher les
approches. Ac. Fr.
^Cr Inondation , fe dit encore des eaux qui couvrent
le terrein. Palier à travers l'inondation pour entrer dans
une place.
Inondation j fc dit figurément de l'irruption fou-
daine des ennemis dans un pays avec dégât (Se rava-
ge. Irruptio. On ne voit plus de ces grandes inonda-
tions de Barbares qu'on voyoit du temps des Goths ,
des Huns , des Vandales. Pour lauver fon pays de
l'inondation des François , il ne lait point d'autre
moyen que de l'inonder des eaux de la mer. Hist.
DE Louis XIV.
tfJ" On le dit encore par mépris d'une multitude d'au-
tres chofes. Une inondation de brochures , de mau-
vais livres.
Il fe dit encore de l'abondance des grâces que
Dieu verfe; & en matière de fpiritualité;, de l'etlutlon,
de l'abondance des délices que Dieu répand d.ins les
âmes faintes. Effujlo , Profujio. h' inondation des
délices célettes dont ton ame fut remplie étoit fi
grande , qu'il ne la pouvoir foutenir. M. Claude fc
déguife dans fes écrits , Ik pare ton opinion , telle
qu'elle eft , d'une inondation de grâce , qu'il dit fe
faire en l'Euchariltic , & de plufieurs autres paroles
magnifiques , qu'on pourroit appeler en une matière
moins férieufe , paroles de compliment. Si cette
inondation de grâces vient de la propre fubfliance du
corps de notre Seigneur, (Se fi c'eft la vertu vivifiante
attachée à fa chair, quipalfe jufqu'à vous, c'eft l'o-
pinion de Calvin. Si cette inondation de grâce n'eft
qu'une application des mérites de notre Seigneur ,
& un eflet que fon efprit feul talle iur nos âmes j
c'eft l'opinion de Zuingle. PÉlisson.
INONDER, v. a. Couvrir un terrain , un pays, une
Province par un débordement d'eaux. Inundare. La
mer a inondé plufieurs lieux de pays en Hollande ;
fans les digues &c les levées , la mer inonderoit tout
le refte di ce pays-là.
|fcT On dit proverbialement , un vifage mondé de
larmes.
Et vous , mes trijies yeux ,
Pour laver la noirceur d' un forfait odieux ,
De deux ruijfeaux de fang inondez mon vifage.
Inonder , fe dit figurénjenc des peuples , des armées
I N P
nombreufes qui font une irruption foudainc dans
un pays pour le ravager. Irrumpere , grajfari. Les
Barbares ont inondé toutes les Provinces de l'Empire
Romain , 6c l'ont démembré. Xerxès avoit inondé
le pays d'un ti grand nombre d'hommes & d'animaux,
qu'ils en avoient tari les fontaines. Vaug.
Ils favent que fur eux prêt à fe déborder ,
Ce torrent , s'il m'entraîne , ira tout inonder.
Racine.
On le dit aullî des erreurs , des vices , & de beau-
coup d'autres chofes. Plulieurs héréiîes ont de totft
temps inondé l'Allemagne. Un torrent de faulles
opinons inonda toute l'Angleterre. Fl. Sous les Em-
pereufs les vices' inondèrent Home , on y vit d,e
grands débordemcns de mœurs. Le public ell
inondé d'une multitude de mauvais livres.
// va nous inonder des torrens de fa plume. Boil.
Inonder j avec le pronom perlonnel , fe dit pour , S'a-
breuver , s'humcéter , ie remplir. Se proluere. S'inon-
der du jus de Bacchus. Boil.
INOPINE , EE. adj. Qui vient fans qu'on s'y attende.
IJCJ" Terme relatif aux événemens qui arrivent tout d'un
coup , & auxquels on ii'avoit pas tongé. Inopinatus.
Un accident inopiné 8c imprévu ett capable de rui-
ner les plus belles entreprîtes. Il faut toujours avoit
quelque tonds de rétcrve pour les cas inopinés. Il lui
cil venu une tucceifion inopinée à laquelle il ne s'at-
tcndoit pas. Fortune inopinée. Affaire inopinée.
INOPINEMENT, adv. 4-^ fans qu'on y ait fongé
.auparav.mt. Jnopinatè , ou inopinato. Il eft arrivé ino-
pinément. Les Danois furent mallacrés inopinément.
MÉz. Dieu viendra inopinément juger le genre hu-
main.
INORTHODOXIE, f f C'eft le contraire d'Orthodoxie,
& la même chofe qu'Hétérodoxie. On l'a accufé
à' inorthodoxie : cela le rend lutiject à' inorthodoxie ,
c'ell-à dire de mauvaife dodrine. Il faut éviter la
iufpicion à' inorthodoxie.
Madame Du Noyer a hafardé ce terme. Il n'eft
point en ufige. Hétérodoxie ell ufité.
inouï , IE. adj. |iXJ" Dont on n'a point encore en-
tendu parler ; qui eft tel qu'on n'a encore oui parler
de rien de femblable. Inauditus. La railon que vous
alléguez eft une choie inouie. Il eft inoui qu'on pu-
nille deux fois une même perfonne pour un même
crime. Crime inoui. Cruautés inouies.
INOWLADISLAW , ou INOWLOCZ. Ville de la
Cujavie , en Pologne. Juniuladiflavium. Elle eft ca-
pitale d'un Palatinat , qui porte ton nom , & tituée
fur la rivière de Netec , à deux lieues de Krufwickj
&c à dix d'UlafdilIaw. Maty. Long. 37 d. \$' lat.
52 d. 38'.
Le Palatinat de Inowladifaw. Juniuladifavienfs ,
Inouladiflavienfs Pclatinatus. Province de la Cuja-
vie en Pologne. Elle eft bornée au Nord par la Prulîc
Royale , tk ailleurs par les Palitinats de Kalifch,
de Brcft &c de Piozhow. Ses villes principales font
Inowladifaw , Uladillaw & Bedgoshy , ou Bidgots.
Quelques Géographes y mettent aullî Dobrezin ,
l'on territoire. Maty.
INOWLOCZ. Autre petite ville qui a Châtellenie,
Inoulada. Elle eft dans le Palatinat de Lencici , en
Pologne , tur la rivière de Pilcza , à dix lieues de la
ville de Rava , du côté du Midi. Maty.
I N P.
IN PACE. Mot Latin , qui fe dit chez les Moines ,
d'une prifon où l'on enferme ceux qui ont commis
quelque grande faute. On faifoit autrefois plufieurs
cérémonies pour mettre un Religieux i/2 /Jiza-. Main-
tenant cela n'ell plus en ulage. On dit aulli de ceux
qu'on a mis dans une prifon perpétuelle, qu'on les
a mis inpacc. On dit aulli quelquefois , requiefcat in
pace J qui font des mots Latins, dont l'Églile le fert
Q
I N
pour prier Dieu que les aines des fidcllcs défunts
lepofent en paix. On met aiilll ces inuts au bas des
Épitaplies. Les Payciis mettoiciit autrefois S. T. T. L.
C'eft à-dire , Sii^ibi. terra Icvis , que la terre vous
loit légère. Et : ^t humus cineri non onerofa tuo.
On dit aullî d'un mort , qu'il eft in pacc , à cnufe
qu'on dit de chaque mort en l'Églile , liequicfcac in
yiace.
%s- INPARTIBUS Voy. au mot Partibus.
|p° IN PETTO. Exprellion Italienne qui a palfé dans
notre langue. On s en lert quand il ell queltion de
fujetsque le Pape deftine au Cardinalat, mais qu'il
ne nomme pas Axws la promotion où il fait des Car-
dinaux , déclarant feulement qu'il les nommera dans
un autre temps. On cherche à deviner les fujets créés
Cardinaux in petto. In petto , dans le cœur _, qu'on
ne manitclle pas.
03" Nous avons étendu l'exprellion à d'autres fujets.
Un tel elt deftiné in petto à l'Amballade de Venife.
J'ai tracé tous mes tableaux d'après nature ; j'eulfe
rifqué lans cela de peindre des êtres idéaux ; mais je
n'ai déiîgné dilHnttement aucun de mes originaux ,
dont les noms (ont un myftère impénétrable que je
me réicrve in petto. Les mœurs.
INPROMPTU. f. m. Terme Latin qui a pallé tout
pur en François , pour lignifier un ouvrage fait Lans
préparation , & fur le champ , par la vivacité de
l'elprit. Opus extempora/e. Il y a bien des gens qui
font palier pour des inpromptu , des ouvrages mé-
dités; & c'ellpour cela qu'on dit en raillant , un in-
promptu fait à loiiir. M. Sarazin (5c le P. Bouhours
ont dit des inpromptus , Se je ne les bl.îme point : je
dis pourtant toujours des inpromptu , 8c je vois que
plu/ieurs perfoniw;s qui parlent bien parlent de la
îbrre. MÉn. Il eft favorable à la Poéfie qu'on puilfe
ajouter une s au pluriel.
Je mets tous les matins Jlx inpromptus au net.
BoiL.
Louis plus digne du thrône
Qu'aucun Roi qu'on ait vu',
Enfeigne l'art à Bellone
De faire des inpromptu :
C'ejl une chofe facile
Aux Difciples d'Apollon ■■,
Mais ce Conquérant habile
A plutôt pris un Ville ,
Qu'ils n'ont fait une chanfon.
Rec. de vers.
On voit par ces exemples que les Poètes mettent une
s au pluriel de ce mot , ou la retranchent , félon que
les vers l'exigent. La Poélie a commencé par les i/z-
promptu groliiers des Laboureurs dans la débauche,
& ces inpromptu forit nés dans la nature feule. Dac.
\]\\ h joli inpromptu vaut une pièce méditée , &: peut^
être qu'en rêvant beaucoup , on ne pourroit rien
trouver de plus heureux , ni de plus jufte. Bouh.
Molière fait dire à fcs Précieules , que Vinpromptu eft:
juft:ement la pierre de touche du bel efprit. Je ne
dis point cela pour me piquer d'un inpromptu. Mol.
Je fuis terriblement fort fur Vinpromptu. Id.
D'un mariage inpromptu /a hurle f que f allie.
Au refte , on peut écrire impromptu , ou inprom-
ptu ; ma\s inpromptu eft meilleur.
T On le dit généralement de tout ce qui fc fait fans
préparation. Le dîner qu'il nous a donné j étoit un
inpromptu. Ce couvert étoit inpromptu.
I N Q.
INQUANT. f. m. Vieux mot , qui fîgnifioit , 'Vente
faite en pubhc & avec autorité de Juftice , au lieu
duquel on dit maintenant encan. Auclio , auclhonis
forum. Ondifoit aulîi Inquanter ; pout dire , vendre
à. l'encan , csc\\.n\kntdaLmii in quantum , comme
IN Q 183
qui diroit , A combien portez-vous la chofe ? Ces
mots font encore en ufigc en plulieurs Provinces ,
& on les trouve dans les Coutumes , Se dans les
Auteurs qui ont écrit fur les matières de Droit. ■
Dans ce mot inquant la première fyllabc fe pro-
nonce comme la première du mot infulte. On trouve
aulli ancan , & encan , le premier s'écrit plus ordi-
nairement , mais on prononce ces deux mots de la
iniinc manière , Se l'e dans le mot encan prend le
Ion de l'a , comme dans d'autres mots ; enfant ,
entrer , &c.
INQUANTER. v. a. Ce mot fe trouve d.ins la Cou-
tume de Bretagne, Se fignifie vendre à l'inquant.
INQUART, f. m. Terme de Chimie : il fe dit d'une
clpèce de purification de l'or. La purification de l'or
par Xinquan le tait ainli. On prend une partie d'or ,
& trois ou quatre parties d'argent de coupelle , on
les fait fondre enlemble dans un creufet , puis on
les verfe dans un vailleau de cuivre , protond il^
rempli d'eau , l'or Se l'argent fe trouveront au fond
en forme de grenailles; on fait fécher IcsgrenaUles ,
qu'on met enluite dans un matras , dans lequel on
verte de très-bonne eau forte taite de l'alpêtre Se de
vitriol , & avec un feu de fable on fait dillbudrc à
l'eau-fortc tout l'argent , qui lailfe l'or en forme de
poudre noire au fond du vailleau. On répète cette
opération avec de nouvelle eau-forte , pour achever
de dilloudre l'argent qui peut être relié. Il faut en-
fin édulcorer la chaud d'or avec de Icau , puis la
fécher , & la faire rougir, doucement dans un creu-
fet, il refte imc poudre très-haute en couleur, on
peut réduire cette poudre en lingot par la fuiion
avec un peu de borax. C'efl là ce qu'on appelle la
purification de l'or par l'inquart. Voy. la Chimie de
Glafer. Ce mot cil tynonyme de quartation.
IN-QUARTO, f. m. Terme de Librairie , qui
défigne une des formes qu'on donne aux livres.
C'efl la feuille pliée en quatre , qui fournit huit
pages.
INQUES. Prépofition. Vieux mot. Jufque.
INQUIET , lÈTE. adj. gCT Terme relatif au mou-
vement & à l'agitation , du Latin quietus , quies ^
repos (?c de la particule privative, in^ Inquiet ,y?/2t;
quiète. C'ell l'oppofe de i^aidfj qu'on a dit autrefois.
Se qui nous a donné quiétude. Ainh ce mot fignifie
littéralement celui qui eft dans quelque agitation
d'efprit , de quelque caule que provienne cette agi-
tation, de la crainte , de l'incertitude , de l'irréfolu-
tion , &c. SoUicitus. Une chofe que nous craignons
nous rend inquiets. Nous fommes inquiets de ne
point recevoir de nouvelles des perfonnes pour
qui nous nous intérellons. L'incertitude de l'événe-
ment nous rend inquiets fur une affaire.
§3" Ce mot s'applique encore à ceux qui , toujours
mécontens de l'état où ils fe trouvent , Se des chofes
qu'ils polfedent , tentent le befoinde f.iire autre chofe
que ce qu'ils font , courent après les nouveautés. Se
ne fauroient jamais demeurer en repos. Irrequietus.
Un efprit brouillon Se inquiet. Cet homme ell fi in-
quiet , qu'il change à tout moment de propos , de
place , de delleins. Ce font les cfprits inquiets , am-
bitieux Se remuans qui troublent la tranquillité pu-
blique. Il fiut fe guérir de l'ennui Se de l'humeur
inquiète. Voy. Inquiétude & Inquiéter.
|J3° On dit qu'un malade etl inquiet , lorfque ton mal
le met dans une agitation continuelle. Voy. Inquié-
tude. Et l'on appelle fommeil inquiet celui qui e!l
fouvent interrompu , troublé , foit par quelque peine
d'efprit , foit par la mauVaife contlitution de celui
qui dort.
INQUIET ATION. f. f. Aélion qui trouble , qui in-
quiète. Inquietatio. Quand on a joui trente ans d'un
héritage fans trouble iSc inquiétation , on a acquis la
pretcription. Cet ancien terme de pratique fe trouve
dans la Coutume de Paris aux art. 113 , 114, 11 S.
C'ell la même chofe que trouble Se interruption.
INQUIÉTER. V. a. Rendre inquiet Inquletarc , folli-
citare , angere , vexare. Ce marchand n'a point de
nouvelle de Ion vaiflèau , cela l'inquiete. Les clpé-
î84 I N Q
lances da premiei: homme n'écoient point combat-
tues par des craintes , & Tes pallions n'inquiécolent
point fa confcicnce. FlÉc. il faut arrêter chez nous
tantôt une crainte imaginaire qui nous trouble , ran-
taz une tauHe joie qui nous emporte , & tantôt ré-
gler un delir violent qui nous inquiète. Id. Nous
iommes plus inquiets que peiiuadés. La confcience
nous inquiète à tous momcns par fes importuns re-
mords. Nie. Les icrupules tont des coniidcrations
qui inquiètent la contcience , enlorte qu'elle Ji'agit
qa'en tremblant , &C toujours avec appréhenliou.
La Pl.
Inquiéter. Il fignilîe aulli généralement. Troubler,
faire de la peine en quelque choie que ce loit. Dès
•qu'il eli dans fon cabinet , il ne veut point qu'on
l'importune, qu'on Vinquicte. Il inquiéioii les aifié-
geans par de continuelles lorries.
Il elt aulh quelquefois récip. C'eft un homme qui
s'inquiète ailcment. Ac. Fr. Il ne sinquitte de
rien.
ÏNQ.UIÉTER , fignifîe aulîi en termes d-c Palais fJCT Trou-
bler quelqu'un dans la polleilion de quelque bien ,
faire un procès. Litem movere. J étois tranquille pof-
■felîeur de cette terre , quand on eft venu iw' inquiéter.
Quand on elt inquiété dans la polîellion de quelque
acquihtion, oniait alîîgner fon vendeur en garantie.
Cet homme ell inquiété pour les dettes de (on père.
Inquiété , ée. part. & adj.
f^F INQUIÉTUDE, f. i. Pour l'Étymologie , Voy.
Inquiet. Inquietudo. Ce mot déligne proprement
l'agitation de l'ame , quel qu'en foit le principe ,
l'ennui , le befoin , le dégoût , la paillon , &c. Il y
a des gens qui agiilent pour agir , & par eiprit à' in-
quiétude. S. ÉVR. Il feut délu-er (ans inquiétude. Flec.
Notre vie n'eft qu'une tuite de folies inquiétudes.
Bess. Dieu feul peut fixer ['inquiétude dt nos fou-
haits. Nic. L'inclination que nous avons pour le
bien en général , eft le principe de l'inquiétude de
notre volonté. Ce mouvement ne cédant jamais ,
donne nécellairement à l'eiprit une agitation con-
tinuelle. La volonté qui cherche ce qu'c-lle délire ,
•oblige l'efprit de (e repréfenter toutes (ortes d'objets.
L'eiprit fe les réprélente ; l'amie ne les goûte pas ^
ou (i elle les goûte , elle ne s'en contente pas. L'ame
ne les goûte pas , parce que fouvent la vue de Tob-
jct n'eft pas accompagnée de plailîr : or c'eft par le
plailir qu'elle goûte (on bien. L'ame ne s'en con-
tente pas , parce que tout ce que l'eiprit (e repré-
fente pour (on bien , eft fini ; & tout ce qui eft fini
peut bien détourner pour un moment notre amour ,
•mais il ne peut le fixer. L'ame eft donc toujours
inquiète , parce qu'elle eft toujours portée à cher-
cher cequ'ellc ne peut jamais trouver , & ce qu'elle
eipère toujours de trouver. Cette inquiétude de la
"volonté eft la fource de l'inconftance & de la légèreté
•de l'efprit , parce que toujours agitée de de(irs &
d'emprellemens , ce n'eft que dans la multiplicité
des plailus qu'elle eipère trouver (on bonheur :
ainîi elle promené fans celfe l'eiprit d'objets en ob-
jets qu'elle croit capables de la rendre heureufe.
Ce motfignifie quelquetoisyôaci , peine d'efprit;
impatience caulée par quelque pallîoji. Cura j fbni-
citudo. Rien ne peut calmer l'inquiétude mortelle
que lui donne la maladie de fon frère. Tirez moi de
la fombre inquiétude où je luis. S. EvR. La douleur
a t elle jamais tiré de fon cœur un feul mouvement
d'impatience Se d'inquiétude : Flec. On dit aulli
l'inquiétude des remords, f^oye^ Remords.
Inquiétude , fe dit aulli de certaines petites douleurs
qui caufentde l'agitation 8c de l'impatience ^ & qui
fe font fentir ordinairement aux jambes. Il a de
. grandes inquiétudes aux jambes.
^CF Ce fymptome des maladies connu fous le nom
vulgaire d'inquiétude , efl: défigné en terme de l'art j
par anxiété , & jactation. Foye\ ces mots.
INQUINER. v. a. Du Latin inquinarc. Salir , gâter.
Il eft du ftyle burlefque.
Et plujlcurs Troyens des plus beaux ,
INQ
En inquinèrent leurs how^eaux.
Scarron , Virg. trav.
Vous avez , dit Rofe au Duc de Mayenne , fi in-
quiné &c diftamé cette belle fille aînée ( l'Univerfité )
cette pudique Vierge , cette lleuriilante pucelle ,
perle unique du monde, diamant de la France,
eicarboucle du Royaume , & une des Heurs de Us
de Paris la plus blanche ; que les Univerlités étran-
gères en font des (omettes Grecques & Latines , &
■yerfa ejl in opprobnum gentium. Satire Menippée ,
T. I. pag. Si.
INQUISITEUR, f. m. Officier du Tribunal de l'Inqui-
fnion. J^ay. ce mot. Fidei Inquijitor. En 1198,
Innocent III envoya dans les Provinces Méridio-
nales de la France deux Moines de Citeaux , Ramier
& Gui, pour convertir les Manichéens dont elles
croient pleines , & excommunier les opiniâtres ,
avec ordre aux Seigneurs de confilquer les biens des
excommuniés , les bannir , les punir févérement ;
8c pouvoir à Rainier d'y contraindre les Seigneurs ,
par excommunication &: par interdit fur leurs ter-
res. Or ces Commillaires envoyés contre les Héré-
tiques éroient ce que depuis on nomm.a Inquijîteurs,
Fleury , Hijî. EccL L. 7/. Le Concile de Nar-
bonne de l'an 123J , Se celui de Béziers de 1246,
donnèrent aux Frères Prêcheurs , Inquijïteurs dans
les Provinces d'Arles , d'Aix , d'Embrun , & de
Vienne , un règlement de 37 articles, qui ont été
les fondemens de la procédure obfervée depuis dans
les Tribunaux de llnquilidon. Du Cange dit qu'il
y a eu en France des înquifiteurs établis vers l'an 1 119.
contre les Vaudois , par le Concile de Touloufe ,
qui furent choilis de l'Ordre des Frères Prêcheurs ;
Se qu'il y en a eu aulîi (ous François I contre les
Luthériens , établis par une Bulle de Clément VII ,
en 1525. Quoique le Tribunal de l'Inquihtion n'ait
jamais été établi en France de la manière qu'il l'eft
en Eipagne & en Italie , il y a eu parmi nous du-
rant plufieufs liècles des Inquifiteurs délégués du
Pape pour y conferver la piueté de la foi , Se tenir
les peuples dans l'obéitfance de l'Éghfe. Douze ans
après la mort de S. Dominique , qui fut le premier
Inquifiteur général commis par Innocent III Se par
I-lonoré III contre les F4érétiqucs Albigeois , Gré-
goire IX nomiTia deux Religieux du même Ordre
l'an I23J' pour exercer le même emploi ; Se cette
commiliion Apoftohc;iue ne fe perpétua pas (eule-
ment dans le Couvent de Touloufe , elle s'étendit
encore en plulieurs autres Monaftères du Royau-
me. Un des Ccmmilîaires nommés en la caufe des
Templiers , étoit l'Inquifiteur Général en France :
un des Cenleurs de la doctrine de Jean Petit , Doc-
teur de l Univerlîté de Paris , l'éroit aulli. Et l'hil-
toire de la Pucelle d'Orléans nous apprend que l'an
1430, Jean Magiltri , Vicc-gérent de Jean Grove-
rant , Inquifiteur de la foi , fut un de (es Juges ■■,
que 3 5 ans après Jean Bréhal , Inqufiteur lui-même ,
la déclara innocente , avec des Prélats députés du
Pape Califte. Depuis ce temps-là julqu'au règne de
François I , il ne paroît pas qu'il y ait eu en France
de ces (ortes d'Inqufiteurs , (oit que les Papes ne .
les jugeailent pas néceftaires , dans un (lèclc oii les
erreurs croient comme éteintes , (oit que les Princes
qui regnoient , plus jaloux de l'autorité Royale que
leurs prédécefleurs , ne voululfent point louiirir ce
qui (cmbloit choquer les libertés de l'Églife GalliGa-
ue. P. BouHOURS. p^ie de S. Ignace , L. IL Souî
François I , Marthieu Ori reçut du Pape Clément VII
la qualité d' Inqufiteur , à l'occalion des hétélies d'Al-
lemagne. Id. Mais i! ne refte plus aujourd'hui au-
cuns veftiges d'inquifition en France , ieulement il v
a encore à Touloufe rin Inquifiteur ; c'eft un Jaco-
bin : mais toute (a fonction elt réduite à examiner les
livres de doétiine. Le Grand Inquifiteur d'Elpagne
eft nommé par le Roi , il juge en dernier rellort , Se
fans appel à Rome. Le Pape confirme l'Inquifiteur
Général qui c(t nommé p^^r le Roi d'Elpagne.
Les
IN Q
Les Frères Prcchcurs prétendent que S. Domini-
que aétc le pïcmki: In^/uijitcur , & l'Ordre de Cîtciux
Soutient que ce fut l'icue de Cadelnau M.irryr. Le
P. Ecliard & le P. Cuj-'e ■ (outieunent que le premier
qui a porte cette qualitc eft Coiirard de Maipurg ,
Francifeain , fclon celm ci , & Pre-trc Séculier, félon
celui-là.
■ Les Inqu:Jjtcurs Généraux de Rome font les Car-
dinaux qui (ont de li Con;.;régation de l'Inquilition.
Ils preiuicjit le titre 6. Inquijitcurs Généraux dans toute
la République Chrérieiinc, mais ils n'ont point de
Juriididiion en France, &: leurs décrets n'y font point
exécutés. Ils peuvent deititucr , révoquer les Inqwfi-
teurs particuliers, du moins ceux qui font en Italie.
En terme du Grand Arc on appelle Inau'ifitcurs ,
ceux qui cherchent la pierre philolophale.
INQUISLFIOiM. 1. f. Terme de Junfprudence. Re-
cherche qu'un Juge fait d'ollice des crimes (lU* la
commune renommée. Dans ce (eus il n'a guère d'u-
fage. Inqu'ifido. Il n'y a point d'inquifiiion en France ,
& on n'y lait point d'informations qu'il n'y ait
un dénonciateur , une partie , ou que le Procureur
du Roi ne loir l'acculatcur. En Italie, en EfpagnCj
en Pottugal , Yliiqu'fidon a lieu pour les matières de
la Religion , c'ell ce qui a bit donner le nom à'inquifi-
tion au tribunal où ces lortcs d'alfaires iont portées.
Inquisition, f. f. Fide'i quxfuorum Collegium. Inquifitïo.
Jurifdidion Eccléiiallique étabhe en Eipagne , en
Portugal , &c en Italie, |Cr pour rechercher ôc pu-
nir ceux qui ont des ientimens contraires a la ioi.
Quelques uns croient voir les commencemens ,&
l'origine de Vlnqulfîdon dans une Conlfitution que
fit le Pape Lucius au Concile de Vérone en 1 184,
en ce qu'il y ordonna aux Évcques de s informer par
eux mêmes ., ou par Commillaires , des perlonnes
lufpeiles d'héielie \ qu'il y diftingue les degrés de
fliipeds , de convaincus , de pénitens &c de relaps ,
Suivant Icfquels les peines font ditlérentes ; 8c qu'a-
près que l'Èglue a employé contre les coupables les
peines Ipirituelles , elle les abandonne au bras fécu-
lier , pour les punir des peines corpoielles, l'expé-
rience ayant montré que plulieurs Chrétiens , & par-
ticulièrement les nouveaux Hérétiques , le raettoient
peu en peine des cenfures Eccléliaftiques , Se mépri-
foiem ces punitions fpirituelles.
L'héréfie des Albigeois donna occafion à l'établif-
fement de \' Inquifuion. Je ne fais ii la première idée
. en vint ou au Pape Innocent III , ou a S. Domini
que. Ce dernier en lit Touverture à Arnaud, Abbé
de Cîteaux , & Légat du S. Siège qui l'approuva ; ôc
jugeant que rien ne pouvait être plus utrie pour l'ex-
tirpation de l'héréfie , il ordonna iur le champ à S.
Dominique d'exercer par commilùon , & jufqu'à
nouvel ordre, les ibndtions d'une charge qu'il avoir
fi bien imaginée. Les Cardinaux Pierre Se Bernard,
qui fuccédèrent à Arnaud dans la Légation , le con-
firmèrent dans cet emploi , dont il remplit les fonc-
tions pendant trois ans. Et le Pape ayant appris
avec quel iuccès il s'en acquittoit , lui ordonna de con-
tinuer jufqu'au Concile de Lacran qu'il .avoit convo-
qué. Il propcla cet établilfcment aux Pères du Con-
cile , Se après l'avoir concerté avec eux , il expédia à
S. Dominique un Bref par lequel il lui donna le mê-
me pouvoir que tes lucceileurs dans le Siège Romain ,
ont depuis accordé aux Inquiiiteurs. Prévoyant même
que S. Dominique ne pouvoir pas, fans le fecours
du bras féculier , remplix les fonctions de cette char
ge , il accorda aux la'ics , qui s'allbcieroient avec lui
les mêmes privilèges que les Papes fes prédécelleurs
avoient accordés dans les Croifades aux Che\'aliers
du Temple & de l'i^ôpital de S. Jean de Jérufalem.
Ce qui donna lieu à S. Dominique d'établir une fo
cietéde Chevaliers , qu'il nomma les Frères de la
Milice de Jesus-Christ. Grégoire IX les fit nommer
depuis la Milice de S. Dominique. On appelle à pré
icnt en Italie , ceux qui s'engagent dans cette focié-
le, les Chevaliers de r//2^i/i/?;io/î ,&cnEfpagnc, les
Domeftiques du S. Office. Familiares & Domcflia
Toms V,
INQ i8f
L'Inquisixion ne fut pas né.iiinioiris tellement attachée
à l'C^rdrc de S. Dominique , qu'il n'y ait eu en divers
temps pluiieurs Inquiliuuis d'autres Ordres , Se mê-
me des EccléfiajHques , des Lvcquesi?*: des Cardinaux ,
avec cf.ttc dirtércncc , que ces derniers ont ordinai-
rement été créés Inquifiteurs Généraux , ou de toute
l'Églile ou d'un Royaume , Se que les autres ne 1 ont
été & ne le font que d'imc province , ou d'un pays
particulier.
Quelques rMoriens de l'Ordre de Cîteaux , ûtant
à S. Dominique la gloire d'avoir été premier Inqui-
siteur , l'ont donnée à Radulphc , Pierre Se Arnaud ,
tous trois abbés de leur Ordre j & Légats du S. Siè-
ge -, nwis comme il cft certain qu'en qualité de Légats
ils avoient l'autorité des Inquiiiteurs, il ne l'eft pas
moins qu'ils n'en portoient pas le nom , qu'ils n'en
avoient pas de coniniiirion particulière , qu'ils n'en
avoient point érigé le Tribunal, Se que les fomalités
qui s'y oblcrvent , ne commencèrent qu'en la per-
fonnedeS. Dominique, qui le premier fut nommé
Inquihtcur, & qui préfida le premier au Tribunal
de \' Inquifuion , fous l'autorité du Pape Innocent III ,
«^' de Philippe Augude , qui commanda au Comte
Simon de Montfort de le maintenir dans les fondions
de la charge.
Ces Inquifiteurs rendoient compte au Pape dit
nombre des Hérétiques , Se de la conduite des Prin-
ces Se des Prélats , &c de-la eil venu le nom d'Iaqui-
fucur , mais ils n'avoient d'abord aucun tribunal ,
ni aucune autorité. Ils taifoient feulement des Enquê-
tes pour en faire leur rapport à Rome. L'Empereur
Frédéric II, au commencement du treizième fiècle,
étendit beaucoup leur pouvoir , & attribua à des
Juges Clercs la connoiilànce du crime d'héréfie : Se
comme la peine du feu étoit ordonnée contre les opi-
niâtres , les Inquifiteurs décidoient indireélement de
la perfonne , aulH bien que du crime ; enfortc que
les Laïcs étoient par là foultraits à leur propre jurif-
dittion , Se abandonnés au zèle des Bccléliaftiques.
Après la mort de Frédéric II , qui s'étoit repenti du
pouvoir qu'il avoit donné aux EccléfialHques , le
Pape Innocent IV érigea un tribunal perpétuel aux:
Inquifiteurs , Se priva les Évêques , Se les Juges fp-
cuhers du refte du pouvoir que Frédéric leur avoit
laiffé. Il planta cette Jurifdiétion relevant de lui im-
médiatement , prefque dans tous les États de la Chré-
tienté. Les Inquiiiteurs par le carnage qu'ils firent
des Hérétiques foulevèrent les efprits contre eux.
Leur règne ne fut pas long en Allemagne, ni en
France. L'Efpagne même n'y fut entièrement fou-
mile que du temps de Ferdinand & d'Ifabelle en
1448 , lous prétexte de purger le Royaume du Maho-
métifmc & du Juda'i'fme. Ainfi l'Inqui/îàon fe trouve
aujourd'hui renfermée dans l'Italie , excepté le Royau-
me de Naples , Se dans les Royaumes d'Efpagne Se
de Portugal. En Portugal elle fut dreiîee fur le mo^
dèle de celle d'Efp.agne , Se érigée en i jjj. M. de
la Neuvilledit,dansfon hiftoirede Portugal ^ T.I,
F; Ji>^> que ce fut fous le rcgne de Jean III, & en
l'année i j J7 j que les Tribunaux de {'Inquifuion fu-
reur établis dans les villes de Lisbonne , de Coïmbre
(Se d'Évora. f^oy. cet Auteur.
On y a même apporté quelques reftriélions , fur-
tout à Venife , \' Inquifuion n'y a été reçue qu'aveu
des modifications qui en bornent extrêmement le
pouvoir. Les appellations des Jurifdidtions fubalter-
nes de \ Inquifuion d'Italie reirortillènt à la Congré-
gation du S. Office qui réfide à Rome, C'eft la maxi-
me de \ Inquifuion d'atieéler dans fes procédures
tout ce qui peut infpirer la terreur Se l'eitroi. Ceux
que ï Inquiftion lailit , font abandonnés de tout le
monde , fins exception , S: pcrionne n'ofc parler
pour l'accufé : cela feul palferoit pour un foupçon
d'héréiie. Le temps ne prelcrit point en fait d'héré»-
fie , &: la mort elle même ne fouftrait pas les cou-
pables aux pourfuites de ï Inquiftion. On y fait le
procès aux cadavres des acculés. Les exécutions ne
fe font que quand les criminels font en grand nom-
bre, afin que la multitude des fupplices falfe une
Aa
86
I N S
plus vive imprcflîon , & donne v.n exemple plus
etîrayant. On les appelle accès de joï. Le Pape
Paul IV appeloit Xlnquifiûon , le grand rejjon du
Pontificat. Voy. Hijloire Ecclcfiaftique.
CeTi'ibunal établi prcmicremciir en Fr.ince , le kit
bieiitôi: dans les autres Koyauuics de la Chrétienté ,
&:. lur-tout dans ceux que les Albigeois &: Vaudois
avoient infedtés de leurs hérélies. Ce que le Roi
Louis VIII , Se S. Louis prefcrivirent pour régler la
manière dont on dcvoit rendre la Juftice dans ce
Tribunal j ne permet pas de douter que la Juridic-
tion ne fût en même temps Ecclélîalliquc & Pioyale :
Eccléiiaftique , en ce que les Inqiiihteurs connoil-
loient des choies de la Foi ; Pioyale , en ce qu'ils
avoient l'autorité de condamner les Hérétiques à des
peines pécuniaires & perlonnelles ; tic qu'ils n'exer-
çoient leurs fonctions qu'en vertu des Lettres Patentes
du Roi , auquel ils répondoient immédiatement
comme les autres Jurifdiccions Royales.
L'exercice de ce Tribunal établi par toute la Fran-
ce j y a celle par les Édits de Pacification , qui tolé-
rant la liberté de conkicnce , ôtèrcnt aux Inquih-
teurs la matière de leur Jugement. Julqu'à Louis
XIV, il en reftoit encore deux, l'un à Touloule &
l'autre à Carcalfonnc , qui étoient autorifés par Let-
tres Patentes du Roi.
T.C.P. Benoît, DominkabuYoy. INQUISITEUR.
L'Inquistion de Rome , ell une Congrégation de lept
Cardinaux , d'autres dilent douze , & de quelques au-
tres OîKciers. Le Pape y préiide enperlonne. Ce Tri-
bunal de \ Inquifuïon , ell le premier Tribunal de
Rome. Il a commencé fous Paul III à l'occailon de
l'hérélîe de Luther : ce Pape nomma d'abord neuf
favans hommes pour travailler à la réformation des
mœurs ; cette Congrégation fut nommée dans la
fuite Inquifition. Sixte V la confirma par une bulle,
& lui donna le premier rang entre quinze Congré-
gations qu'il établit à Rome. La Congrégation de V In-
quifition hit érigée en i ^45 , à prélent elle ell: com-
polée de douze Cardinaux, f^oy. du Chefne , Hijl. des
Papes , Jean Delloix , dans ion Inquiliteur de la Foi.
LTnquisition ell très levèrc aux Indes. Il ell vrai
qu'il but fept témoins qui dépofent contre un hom-
me pour le faire condamner , mais on reçoit les dé^
polîtions d'un elclave , ou d'un enfant. Il fiut s'ac-
culer foi-même, & on ne confronte ,ni on ne voit
jamais les témoins ; on cil accule pour la moindre
chofe qui foit échappée contre l'Églife , ou pour n'a-
voir pas parlé avec allez de révérence de X Inqufition.
. On appelle aulH V Inquifition , le Saint Office. L'é-
tendard de \' Inquifitton ell un damas rouge fur lequel
ell peinte une croix , accompagnée d'un côté d'une
branche d'olivier , & de l'autre d'une épéc , & au-
. tour ces paroles du Pfcaume , Exurge , Domine j
& judica caufam tuam.
INRAMO. f. m. Coton. Sorte de coton en malTe &
non filé , qui fe tire du Levant & d'Egypte par la
voie du Caire.
I N S.
INSABATÉ, ÉE. f. m. & f. C'eft un des noms que
l'on donna aux dilcipies de Pierre Valdo , eu Vaudois.
Infabatus jL^avatus. Ils furent ainll nommés à caufe
des iandalcs qu'ils portoicnt , & qui en Efpagnol
s'appellent encore Sapados. Quelques - uns écrivent
. Iniapacé. Voy. ce mot, & VAUDOIS.
ISO" liNSANDA. f. m. Nom d'un arbre fort commun
dans le Royaume de Congo , qui relfemblc allez à
notre laurier. On fait de Ion écorce macérée une étoile
nngnilique.
§Cr INSATIABILITÉ. f. f. Faim violente qu'on ne peut
ralîafier. Infitiabilitas. Il a une mfatiabiiué que rien
ne peut affouvir.
§CJ"On le dit aulTi au figuré. L'infitiabilite d'un avare.
Uinjatiabilité des honneurs , des richelfes. Aurifiera
faines.
^fT INSATIABLE, ac'j. de t. g. Qu'on ne peut alfouvir.
On le dit particulièrement de la faim. Faim, appétit
/.nfitiable. InfitiahUis.
I N S
f;-^ Un auteur , qui ea cela n'ell pas à imiter , l'a dit
de la foif qu'on ne peut défaltérer.
De l hydropique enflé /a yôz/ infatiablc
Cherche en vain dans les eaux àfe déj altérer:
Plus il boit , plus il enfle , & lafiij qui l'accable
Ne peut fe tempérer.
Traduélion d'Horace, L. II. Od.,2,
Insatiable fe dit plus ordinairement au figuré , des
pallions , des delirs. Avarice infaiiable. Ambitieux in-
fatiable de gloire.
CCf" Le P. Bouilours remarque c^vCinfatiable ell de ces mots
qui ne régilîent rien. On ne dit point infatiable de man-
ger. On peut bien dire , un denr infatLable d'appren-
dre, mais alors apprendre ell régi par dehr. Cependant
on dit très-bien qu'un ambitieux ell infatiable de gloi-
re j d'honneur-, qu'un avare ell infatiable de richellès.
Ainli ce mot peut fe mettre avec régime , contre la dé-
cilion du P. Bouhours.
On dit que l'enter & b mort lont des gouffres , des
monllres infatiahles.
INiA flABLEMENT.adv. D'une manière infatiable. In-
fiiturabiliter , infatiabiliter. L'avare amaile infatiable -
OTe/2rdcs tréfors. Ucft infatiablemcntuvïAc d'honneur.
iNSCihMMENT. adv. 5ans favoir, fans connoitre.
Imprudintcr. Si cet homme vous a blellé , c'ell inf-
cierr.ment , ce n'efl pas par malice
INSCIENCE. L f. Négation de fcience, défaut de con-
noillance , le non favoir. Infcientia. L'Abbé de S.
Pvéal s'ell lervi de ce mot daiîs la Lettre lur la Vérité
de la Religion ■, mais c'efl le fcul endroit où on l'ait
trouvé. Car, dit il, pour ces gens llupides & igno-
rans, qui vivent dans une infcience univerfelle , fans
avoir jamais eu les moyens d'être inllruits ni infor-
més de quoi que ce foit, nous devons lailfer a la
Providence le loin de leur fort , fans nous embarral-
fer d'en juger.
INSCIENT , ENTE, vieux adj. m. & f. Ignorant. Igna-
rus , infciens. Ces trois mots ne font point ufités.
lîCr INSCRIPTION, f. f. Caradères gravés furie cui-
vre , ou fur le marbre pour conierver la mémoire de
quelque perfonne ou cle quelque événement conii-
dérabie. Infcriptio. Ainfi l'infcription dilfcre de l'Epi-
graphe qui fert à donner quelque connoillânce d uiie
chofe. On met des infcriptions aux édifices pubhcs,
aux arcs de 'triomphe , é'c. On met des Epigraphes
fur les bàtimcns particuliers , pour en marquer l'u-
fage &C le temps de la conllrudion : on en met au
frontiipiced'un ouvrage , pour en indiquer l'objet, iSc
au bas d'une ellampe pour en faciliter l'intelligence.
Les Antiquaires iont curieux des vieilles infcrip-
tions qui fe trouvent fur les pierres , fur les monu-
mens de l'antiquité. Sanchoniate, contemporain de
Gédéon , à ce qu'ont prétendu quelques SavanSj tira
la plupart des mémoires , dont il compofa l'on li-
vre , des infcriptions qui fe trouvoient dans les tem-
ples Se fur les colonnes , tant chez les Payens que
chez les Hébreux. Les Grecs Se les Romains étoient
de grands fiifeurs à' infcriptions , Se briguoient l'hon-
neur d'y être placés avec beaucoup d'ardeur. C'efl
pourquoi l'on en trouve un li grand nombre dans
le pays de l'ancienne érudition , que l'on en a com-
polé de gros volumes; tel ell le recueil de Gruterus.
Bay. La courrilane Phryné otlrit de lelever les mu-
railles des Thébes , à condition qu'on y mit cette
infcription : Alexandi-e a démoli les murailles de
Thébes , Se la courrilane J'hryné les a rebâties. Il
fxilloit que le métier de courtifane fût bien lucratif
en ce temps là. Depuis le recueil de Giuter , Th.
Reinélius a fait encore un gros volume d' infcriptions.
M. Fabietti en a publié un autre volume à Rome en
1699. Il y corrige beaucoup de fautes qui s'éroient
glilfécs dans les infcriptions de Gruter, de Reinélius,
de M. Spon , Se de plufieurs autres Antiquaires , &
donne plulieurs infcr.ptions qai n'avoientpas encoie
paru. Monlèigncur Philippe Délia Torie , £vèque
d'Adrii , a a.'lli publié quelques infcriptions en 1700.
dans l'es monunienta veteris Antii. Il y a lonp-teaips
qu'on dit qu'on travaille ( eh 1702. ) en Hollande à
I N s
un recueil complet de toutes les infcnpdons quiont
paru jurqu'à prélciu. Ce dellciii clt digne des foins
de l'illiilùe M. Gra-vius j qui veut bien s'en donner
la peine. Cetomavge l;i ci:et ell exécuté,, &: le dé-
bite depuis quelques années en trois volumes in jol.
^fT Les infiripùons doivent être comtes, lîniples &'
familières. La poivipe &c la multitude des paroles ne
valent rien. Boil. La lanuuc Latine paroit plus pro-
pre pour les Lnjcripdons , à caufc de les ablatils ab-
îolus. La Langue Françoifc languit p.ir les gérondih &
par les verbes auxiii.ures. Llle e!l d ailleurs moins lui-
ceptible de la lîmplicité majertueufedu Grec^ duLatin.
Le P. Jobert veut avec allez de raifon , qu'en ma-
tière de médailles on mette de la diftérence entre
infcription & légende , & qu'on n'appelle propre-
ment injcrïpiion que les lettres qui tiennent lieu de
revers , ik. qui chargent le champ de la médaille ,
au lieu de hgure ; & qu'on n'appelle légende que
les paroles qui font autour de la médaille , & qui
fervent à expliquer les figures gravées dans le champ.
Le Roi a formé depuis quelques années une Aca-
démie A'infcripdons êc de médailles j qui doit être
compofée de dix honoraires, de dix penlîonnaires ,
de dix allociés , & de dix élevés ; s'allembler deux
fois la femaine , le mardi 8c le vendredi après midi j
& s'occuper aux médailles &: monumens antiques ,
& à toutes fortes de points d'érudition Grecque &
Latine , & taire l'hiftoire des Rois de France par
médailles. Telle fut cette Académie à fon InlH ■
tution , ou plutôt à fon renouvellement au com-
mencement de ce /îèclc. Depuis , comme les infcnp-
tions ôc les médailles ne l'occupent point toute en-
tière ; elle a changé fon nom , lie s'appelle aujour-
d'hui d'un nom plus général , L'Académie des Belles-
Lettres. £lle s'alFemble trois fois la femaine. Et parce
que le titre d'élevé par où il falloit commencer ,
rebutoit bien âxs gens , &: les empêchoit d'y entrei-,
elle l'a changé en celui à'AjJocié.
Inscription , en termes de Géométrie , fe dit d'une
figure tracée au-dedans d'une autre. Infcription d'un
triangle dans un cercle, d'un cercle dans un carré.
Voy. infcriic.
Inscription , en termes de Palais , fe dit lorfqu'une
partie écrit fon nom fur un regiftre , fe foumettant
de hire ou de prouver quelque choie lous les peines
de droit. Pour faire une dénonciation , il faut aller
faire une infcription fur le regillre de Monfieur le
Procureur Général.
ffCr Autrefois pavï'infription , l'accufatcur fe foumct-
toit à lubir la peine due aux crimes , taute d'en pou-
voir conva-tîcre l'accufé par des preuves (uftilantes.
mais cette nécelîîté de fe foumettre à la peine due
au crime , a été abolie par une railon contraire de
rintérct public , qui veut que les crimes ne demeu-
rent pas impunis , & que perfonne n'oleroit fe ren-
dre acculateur , dans la crainte de n'avoir pas de
preuves fuffifintes pour convaincre ceux qui auroient
délinqué.
^O' Inscription de faux, eft une voie dont on fefert pour
détruire & laire déclarer hulfe une pièce que la par-
tie adverfe a produite , ou communiquée en Juftice.
Cette procédure s'appelle infcription de faux ou inf-
cription en faux , parce que celui qui fe fert de cette
voie , eft obligé de palier un aéle au Greffe , con-
tenant qu'il s'infcrit en faux.
Inscription en faux , fe dit aulîî de toute réclamation
contre un titre faux , contre une allégation faulle.
Mais où eft l'équité de prononcer fur de pareils cxpo-
fés , (ans égard à des infcriptions en faux , munies
de bonnes preuves. Le P. De Laubrussel.
Dans les Univerfités & dans les Écoles de Droit,
Vinfcription confifte à mettre fon nom fur un Re-
giftre. Sans cela , on n'a pas droit de prendre des
kçons dans l'École , & on n'eft pas compté pré-
lent. Vinfcripnon fe fait tous les trois mois. On dit ,
prendre une infcription , avoir fes infcriptions ■ je
n'ai manqué aucune infcription cette année.
§3" Le moz d' infcription fe dit non-feulement de l'ac-
tion de s'infcrite fur les legiftres de la Faculté où
Tom. y.
I N S 1R7
l'on étudie, mais encore du certificat que l'on donne
de cette infcription aux Etudians , pour pouvoir pren-
dre des degrés.
CO' INSCRIRE. V. a. Infcribere. Écrire le nom deqnel-
quun dans un rcgiitre public, Infcrtre fur le livre
de la Noblellc. Injcrire dans la matricule.
S'Inscrire, v. rccip. faire infcrire fon nom dans un
rcfîiftrc public. Infcrire en Géométrie. Infcrire une
figure dans une autre, c'elt la tracer au dedans dune
autre. Infcrire un triangle dans un cercle , un cercle
dans un carré. On dit qu'une figure eft mfrlte dans
une autre quand tous les angles de li figure infcrite.
touchent la circontércnce de l'autre. Pour infcrire un
triangle équilatcre dans un cercle, il faut preridre
les arcs de 120 degrés. Il n'y a point de triangles
qu'on ne puille infcrire dans un cercle.
s/O" En termes de Pratique , s' infcrire en faux , c'eftfou-
tenir en Juftice qu'une pièce produite par la partie ,
eft faulle. Foy. Inscription de faux.
On dit encore dans la converfation , quand on
veut combatre un fait , une autorité alléguée , je m'inf
cris en faux , je foutiens que cela n'eft pas véritable.
Inscrit , ite. part. Figure infcrite , polygone infcric
dans un cercle. Infcriptus.
On appclloit autrefois infcript , au fingulier , Se
infcripts au pluriel , un efciave , ou des efclavcs aux-
quels on avoir imprimé quelques marques fur le corps
pour les reconnoitre , s'ils s'enfuyoient. On le faifoit
fur tout à ceux qu'on reprenoit , quand ils s'étoient
enfuis. Infcriptus, infcripti.
INSCRUTABLE. adj. m. & f. Terme de Théologie ,
qui ne fe dit guère que des fecrets de la Providence,
des jugemcns de Dieu , qu'on ne peut connoître ,
dans lefquels l'etprit humain ne peut pénétrer. Per-
vcjliganti occultus , infcrutahilis. C'eft un fecret inf
crutable de Dieu , qu'il envoie des maux aux gens de
bien , & des biens temporels aux médians. Nie.
INSÇU. f m. ne fe dit qu'adverbialement j & tou''
jours avec la particule à. A mon infcu , fans que
j'en fâche rien. A votre infcu , à Vinfcu de tout le
monde. Infciente me , infciente te. Les mariages des
mineurs faits à \'infçu des père & mère, ou d'un
tuteur J font nuls & clandeftins. Les Banqueroutiers,
s'enfuient à Vinfcu de tout le monde.
§3° INSECTE, f. m. Infecium. Les Infectes font des
animaux dont le corps eft comme coupé par des ef-
pèces d'anneaux qui en divifent la longueur. Les
Chenilles par exemple, &z les Vers à foie font de
vrais infectes , qui fe changent en chryfalides, & qui
deviennent enfin Papillons. Le nom de chryf'alide leur
vient fans doute de la couleur d'or dont quelques
endroits de leur corps brillent dans ce nouvel état.
Le vers à foie métamorphofé en chryf'alide ( on peut
dire à-peu près la même chofe de la Chenille ) n'a
prctque plus aucune apparence d'animal , nul mou-
vement, nul befoin de nourriture, nul figne dévie,.
Pour fe garantir des accidens qui pourroient lui ar-
river , il fe file une coque dont la matière eft une
richelfe pour nous. Quelque temps après il perce fa
coque, il fort en forme de papillon ; & voilà la
troilième métamorphofé. Ainfi les vrais infecles paf-
fent leur vie dans trois états bien différens , dans l'état
à'infecle , dans l'état de Chryfalide , & dans l'état
de Papillon. I^oy. M. de Reaumur.
L'Insecte J dit M. Ray après Ariftote , eft un animal,
dont le corps a des incihons ; les uns ont des inci-
fions dans toute la longueur de leur corps, comme
les vers de terre, les chenilles, les vers à foie, &c.
Les autres ont ou la tête , ou la poitrine féparée du
ventre par une fimple membrane , &c quelques pe-
tits conduits , comme les mouches , les araignées ,
les fourmis. M. Ray divile les infecles en général ,
en ceux qui changent de forme , &z ceux qui n'en
changent pas; & ceux qui ne changent point de
forme en ceux qui ont des pieds , & ceux qui n'en
ont point. Il trouve quarante différens genres à'in-
fecles , qu'il divife chacun en un nombre encore plus
grand d'efpèces.
Il y en a qui définillent Vinfecle , un animal qui n'a
point de fang. Aa ij
88
I N S
Les Anciens ont cru que ces animaux viennent de
génération équivoque , a caule de la mcrveillcule
quantité qui s'en forme quelquetois (ubitement j com-
me font les vers, les papillons j les chenilles, les
fourmis, mouches, hannetons, cirons, poux , pu
ces, punaifes , bc. M. Rédi a prouvé tris-lblidc
ment , qu'aucun animal ne s'engendre de corruption.
Malpighi , Médecin de Boulogne , & Swammerdam ,
ont été les premiers après André Libavius , qui ojit
rejette la transformation chimérique de la chenille
en papillon j &i des infecles femblables , & ils ont
montré que tous les membres du papillon étoient
enfermés fous la peau^ ou nymphe de la chenille.
Le principe de tous les changemeiis qui arrivent
aux infecies , n'eft autre chofe qu'une nymphe. Ce
qui n'eft pas plus étonnant que le changement des
plantes & des Heurs; car l'animal foit ver, foit pa-
pillon , eft enfermé dans la nymphe , comme une
fleur dans fon bouton. Ainh c'eft une erreur popu-
laire , que les infecies foient des animaux imparfaits.
Car au contraire , ils font fournis de plus de parties
que les autres: comme l'araignée qui a huit yeux;
la mouche qui a une trompe comme un éléphant ;
la puce , qui a un relFort qui l'élevé cent fois plus
haut que fon corps. Il lemble que Boilcau ait afFecl:é
de s'en tenir a l'opinion vulgaire , qui veut que les
infecies foient des animaux imparfaits, quand il a
dit.
Un infecfle rempant qui ne vit qu'à dcnù.
On a obfervé que chaque plante , chaque herbe ,
avoit fes infecies particuliers & diftérens , (on ver ,
{a chenille , fon papillon. Les plus grands infecies
font le fpondilis & le grillo talpa. L'huile tue indif-
féremment toutes fortes d'infecles , quand ils y ont
été plongés un moment , parce qu'elle bouche les
ouvertures que leurs bronches ont en dehors, qui
leur fervent d'un petit poumon pour relpirer. Les
infcles ne connoillént prefque les objets que par le
fens du toucher qu'ils ont excellent.
On a aulli appelé infecies , les animaux qui vivent
après qu'ils font coupés en pluficurs parties, comme
la grenouille , qui vit fans cœur &c lans tête , les
lézards , ferpens , vipères , &c.
Les infecies ne s'accouplent jamais pendant qu'ils
font fous la forme de ver ou de chenille , & alors
on ne peut ditfinguer le mâle d'avec la temelle.
Ce nom infecium , qui lîgnihe en Latin entrecou-
pé , a été donné par les Anciens aux petits animaux
'dont le corps paroît coupé , comme aux fourmis ,
dont le ventre paroît féparé en deux ; ou bien parce
que le corps des infecies eft compofé de piuUeurs
cercles, ou anneaux , comme on voit dans les vers j
che.iilles, &c. qui font des efpèces d'inciiions, d'où
eft venu le nom. Cette dernière étymologie eft plus
vraifemblable.
Les Modernes ont bien raffiné fur la connoilTance
des infecies , à caufe de l'avantage qu'ils ont eu du
microfcope , qui en a fait voir les plus petites par-
ties , dont ils ont donné la figure au public ; en-
tr'autres M. Hook , Anglais , dans un grand volume
qu'il a fait dans la Micrographie ; f rancifco Rédi
de Florence , qui a fait graver pluiieurs figures avec
ks expériences ; Malpighi , Profeiléur Bolonnois ,
Bartholin , les Journaux d'Angleterre , qui ont écrit
plufieurs chofescurieufes; ceux de Leyphck & ceux
de Paris. Jean Swammerdam a écrit en Flamand une
hiftoire générale des infe?lcs , qui a été traduite en
Latin par Hennin , Médecin^ à Utrechr. Swammer-
dam dit qu'il y a plus de 400 Écrivains qui en ont écrit
outre les précédens , & entr'autres Wotton , Gelner
Pennius , Aldrovandus , Mouiet , Harvé , Fabricius
ab Aquapendente , Goedard , &c. Jacob Hoeftnagel ,
Peintre de 1 Empereur Rodolphe , les a fort bien
peints , & en a fait les figures de plus de 300 efpè-
cc. Goedird en décrit plus de 400. M. Ray , mem-
bre de la Société Royale de Londres , a fait une hif-
toire des infecies en Latin , qui fut imprimée en 1 7 1 o.
I N S
par ordre de la Société Royale. Il a fait auftî Metho-
dus infeclorum. 'Voyez encore Wollius , de Idolol. i.
IF. C. 20 , 61^64,66, 76.
%T INSECTEOLOGIE ouINSECTOLOGIE. f. f. Ter-
me dogmatique , qui lignifie proprement difcours
lur les inlectes. On le dit auili de la fcience des in-
ledes.
iÇJ- INSECTOLOGISTE. f. m. Qui parle des infec-
tes , qui écrit fur les infedes.
icriNSECTOGRAPHIE. f. f. Defcription des infec-
tes. Infecfographe , qui les décrit.
03; INSECTOGRAPHIQLE. adj. Qui concerne lln-
leéfographie. Difcours infeclOf^raphique.
IN - SEIZE, f. m. Terme d Imprimeur & de Libraire.
In dccimo-fexto. 'Voyez SEIZE ( IN -)
INSÉMINAI ION. f. f. C'eft une des cinq fortes de
tranlplantarion qui fe font pour la cure de certaines
maladies. înfeminatio. Elle le fait quand l'aimant im-
prégné de la niuniie détachée du corps du malade ,
eft mêlé avec de la terre gralle , dans laquelle on
ieme la graine de quelque plante appropriée à la ma-
ladie. Il laut avoir loin de l'arroler de temps en
temps avec l'eau dont on a lavé le membre malade ,
&c même tout le coips. On prétend que par ce moyen
la maladie diminuera , à melure qu'on verra croître
la plante. On entend ici par mumie , une portion de
l'elpiit vital du malade; & par aimant , le milieu
qu'on choilit pour fervir de véhicule à cet efprir.
INSENSÉ, ÉE. adj. m. & f. fouvenr employé fubf-
tantivement. Qui a perdu le fens & la railon Infa-
nus. C'cft un homme inf.nfé , un infenfe. On donne
des curateurs aux ïnfenfs.
On donne cette éoitnète non feulement à Ceux qui
ont perdu le lens , mais encore à ceux qui le con-
duifent comme s'ils Tavoient réellement perdu. Alors
on s'en fert pour marquer les emporteinens & les
égaremens des pallions, l'aveuglement de l'efprit. Une
paillon folle &C infnfee. Ah ! fall.iit il en croLe une
amante infenfee ? Rac. Que d'ames infjnfees qui cher-
chent leur repos dans le naufrage de la foi î Boss.
Aélion, entreprife infenfee.
Maudit foit le premier dont la verve infenfee
Dans les bornes d'un vers renferma fa penfce.
Boit.
^3° Insensé, fou, extravagant, imbécille. Vinfcnfs,
dit M. l'Abbé Girard, manque par Itfprir, & u.ar-
chc fans lumière, ^oy. les autres mots. Lesjous ont
l'imagination forte ; les extravagaris ont les idées lîn-
guhères ; les inferfes les ont bornées; les imhécilUs
n'en ont point dans leur propre tond.
Ip- INSENSIBILITÉ, f. f. Défaut de lenfibilité. Nul-
lias rci fcnfus , fupor. Le froid excelîii- caufe Vin-
fenflilite dans ks parties organiques du corps. Plii-
lieuis maladies cauient de Vinfenfihdité dans quel-
ques parties du corps, & les rendent incapables de
recevoir les irnprellionsdes objets extérieurs.
^;CF Insensibilité fe dit au moral pour défaut, man-
que de fentiment , efpèce de léthargie , endurciire- i
ment dans l'ame qui fait qu'elle n'eft plus émue, ni
ébranlée par les imprelîlons des objets extérieurs , &
que les fentimens les plus légitimes & les plus na-
turels n'y trouvent plus accès : chez les Stoïciens ,
apathie. Apathia , animi flupor. L'indif^érerce &
Vmftnfibilité , dit M. Nicole , eft un état de feche-
relfe ôc de froideur , qui lait perdre cette afteÛioia
humaiiie, qui fait le lien de la fociété civile. Le mot
de froideur ne dit pas alfez. V infenfhdité eft une
vraie glace , qui pénétre , s'il eft permis de parler
ainii , route la fubftance de l'ame , fait de l'homme
un être ifolé, au milieu de la nature, un être qui
ne rient à rien , un mcnftre. La fermeté à la vue de
la mort , ne doit pas aller jufqu'à Vinfmfibilité. Au-
trement c'eft une fécurité fatale. Boss.
Cette oigueilicufe fede qui fe paroit de l'infen'
Jlbiiué , fut" blâmée de toutes les autres , de vouloir
INS
rsictamorphofcL- tous jcs hommes en ftatucs. Que le
Stoïciens v.mttnt une quils voudront \"tnjcnjibdu<:
de leur fede, qui ie nucquc de l.i douleur i lorl
I N S
189
quils vjLiincnt a
fou:rr
dit S. LvRfiMONT, ils
liouvcnc que leur cipiit n'cll pn.s de leur opinion.
Hn etfetilitrouvoient, comme les autres hommes, que
h douleur ctoit Uiie chofe trille, importune, Facheule j
nuis ils fbutenoient qu elle n etoit pas un mal , parce
que rien neil un mal que ce qui déshonore , c'cll-
à-dire , ce qui elt crime. Miférable fubtilité à la fa-
veur de laquelle cette fede prctcndoit s'élever au-
dellùs de toutes les .lutres.
Ce qu'on doit appeler i nfenjibi lice à.\ns\'\\ommc ,
n'cft pas une privation ablolue de lenlîbilité : c'ell:
Viie dureté de c^m relative aux autres hommes : nous
n'avons que trop de fejilibilitc pour les choies qui nous
touchent perlonnellemcnt.
53- INSENSIBLE, adj. de t. g_. Au propre , qui ne fent
rien , dont les organes ne font point attectés par les
impreflions que les objets extérieurs doivent faire fur
jeslens. Le hoiJ cngoiirdit quelquefois les parties du
corps alfc/c pour les rendre infinfibUs. Les métaux ,
les minéraux font des êtres infeiifihles. Senja privatus ,
orhaïus.
Insensible , fe dit aulii de ce qui efl: imperceptible ;
de ce qui écliippe à nos fens. Infcnfibilis , fenfum
fu^iens. Les atomes font fi petits , qu'ils font injcn-
'fikes. Quoique les plantes croilicnt a tout moment ,
!"< en chacune de leurs parties, cela eil pourtant ;«-
fenfible. Les Comércs, en s'approchant , ou en le re-
culant de nous , deviennent fenhbles ou infenjîbles.
Le mouvement de la terre ell: infinfiblc , on ne s'en
appercoit point par les fens.
*lNSENSiBiE fe dit au moral de celui qui n'eft emu
par aucune paQîon de l'ame , dont le cœur ell inac-
ceiîîble aux fen.timens qui font le lien de la fociétc
civile. Foy. Insensibilité. Les Sto'i'cicns fe vantoienc
d'être infcnfibks à la douleur , au^: injures , au:: ailauts
de k fortune. Les gens grolfiers lont infcnfibks aux
argumens les plus démonihanfs. Le Cl. Les Tyrans
Qnt un cœur dur & infcnfible. On devient ïnfcnfiblc
à force de foufrir , on s'accoutume à être milérable.
La, plupart des gens de travail penfent à boire & à
manger , ils font comme injhifibks à toutes les aii-
tres chofes. Nie. Les Amans appellent leur Maî-
n-elfe cruelle & ïnfcnfibk , qu.rnd elle ne veut pas
répondre à leur paffion. La foibleife d'.aimer eft pré-
férable à la vanité d'être infinfihk. S. ÈvR. Tout
aime où vous êtes , excepté vous, qui demeurez leule
infiinfibk. Id.
Ah ! pour être Héros , doh-on être infenfible ?
QuiN.
Il s'emploie quelquefois fubftantivement. C'ell: un
infenfibk. Et alors il fe dit plus ordinairement d'une
perfonne qui n'clf point fenlible à l'amour. Ac.
INSENSIBLEMENT, adv. D'une manière infenfible ,
d'une manière peu fenlible, dont on ne s'appcrçoit
point par le fens. Peu-à peu. Senfiin , fine finfu.
X'aiguille d'une montre avance ïnfenfibkment. L'or-
gueil ell un poifon fubtil'qui fe glilie infcnfibkmenc
dans l'ame des Grands. Flech. Une fecrece langueur
me confume inferfibkment. Idem.
L'amour entre infcnfittemcnt dans les cœurs. On
tomba infaijlbkment fur cette queilion. Il pcrdoit
ïnfenfibkment la raifon. Abl. La nature fe conduit
infenfibkmcnt , Se par des progrès imperceptibles. Le
Ch. de m. Il eft très-important de ne lier commerce
qu'avec des perfonnes de mérite , on prend infinfi-
bkmenc \tms manières. Bell. Notre vie s'écoule i«-
Jcnfihkmcnt. BouH. On vient ïnfnfibkmznt à bouc
de les pallions, en s'appliquant à les dompter. S.
■EvR. L'amour dans le mariage dégénère infenfibk-
mtnt en amitié ou en indiiférence. Id.
INSENSIF. adj. "vieux mot. Infenfible.
i; ÎSÉPARABLE. adj. in & f. Qui ne fe peut féparer.
Quoi fep.irarï non potcfl ^ ïnfcparabdïs. L'accident
eft naturellement infJparabk de la fubftancc. L'eau
Hc le vin mêles ne lont pas 11 infparabus , que l'arc
ne vienne à bout de les leparcr. i.a jalouUe ufpa-
nj/;/fd un tendre amour. 5. t,vR. Ces ucux aiiii^ lont
infcparabks , ils ne (e quittent jamais. Le ixmoras cft
infcparubk du crime. lo. L'orgueil ell prclque infé-
parabk de la faveur. Ilecii.
iNSEl'AKABLEMENr. adv. Sans pouvoir être fcparé.
Infeparabiiucr. Le mariage unit les conjoints i'if-
parabkmcnt. Être ïnfcparabkment attache aux inic-
rêts de quelqu'un. La Kochef. La nature humahie
tiè unie ïnfcparabkment d. la nature divine en la per-
fonne de JÉSUS Christ. Le P. DouciN.
INSÉRER. V. a. Faire entrer une choie dans une au-
tre. Infcrerc. Quand les Jardiniers entent un arbre ,
ils infrrent doucement l'œil de leur ente dans la fente
de l'arbre. Les Chirurgiens infèrent doucement leur
fonde dans la plaie. Quand on fait la transfufion
du fang , on infère délicatement un petit tuyau d'un
bout dans une artère, & de 1 autre dans une veine.
03° Dans cette acception inférer n'efl pas d'ulage.
IJCT Insérer ledit beaucoup mieux des chofes nouvelles,
des feuillets, des cahiers qu'on ajoute à un livre, de
quelque mot, de quelque claufe qu'on fait entrer
dans un difcours ou dans un contrat. Attexere , in-
texere. Un Orateur doit quelquefois inférer dans fon
difcours quelque hilloirc , quelque conte agréable ,
pour réveiller Tattention de fon auditeur. C'eft à
peu près ce que Cicéron appelle mendaciuncuUs af-
pergere. Cette partie a voulu qu on i«/^'râr cxprellé-
ment une telle claufe, un tel article dans fi tranf-
adion. On a impugné de faux le regillre de ce
Banquier, parce qu'il y avoir plulieurs feuillets in-
fères qui n'étoient point compris fous le paraphe du
Juge. On fit inférer ce jugement dans les cahiers.
Patru. Il y a bien des Auteurs anciens , où l'on a
inféré des vers , des pallàges &c des traités entiers qui
ne font point d'eux j qui font apocryphes.
Inséré j ée. part.
INSERTION, f £ AdiŒi par laquelle on insère. In-
ficio. Un Chirurgien doit être bien adroit pour fiire
Vinfertion d'une fonde , d'une canule dans une plaie.
§Cr Dans cette acception le fubftantif infertion , quoi-
qu'alfez commode & énergique , n'eft pas plus ufité
que le verbe inférer.
On dit en Grammaire , Vinfertion d'une lettre dans
un mot, Vinfertion d'un mot dans un difcours , d'une
note marginale dans le texte.
§3" On peut dire de même Vinfertion d'une claufe dans
un ade , dans un contrat.
Insertion. Terme d'Anatomie. On appelle i/z/êmo/z ,
l'endroit où s'emmanchent & s'infèrent les membres
& les autres parties du corps. Vinfertion des os , des
mufcles il' des nerfs dans les membres de l'animal ,
eft merveilleiife. La veine cave a Ion infertion dans
le ventricule droit du cœur.
llCr Insertion fe dit dans le même fens en peinture.
Il eft de la fcience &c de l'agrément de marquer les
infertions.
Insertion de la petite vérole , par une métaphore prife
des entes. Voy. Inoculation.
IJCf Insertion en Jardinage & en Botanique. Infertio.
Infertion d'une ente entre Técorce & le corps ligneux.
Voy. Greffe.
Insertion des fibres ligneufes. M. Grew , dans
fon Anarornie des plantes , ai:pcllc infertions , plu-
fieurs lignes ou fibres qui vont de la circonférence
vers le centre, & qui font des entrclaccmens dans
les fibres perpendiculaires du corps ligneux , qui for-
ment comme un réfcau ou une toile en fe croifant
mutuellement. Ces parties commencent dans la ra-
dicule de la graine , & leur fubfcance n'eft point dif-
férente de celle du parenchyme.
INSESSION, f. f. Infijjus. Terme de Médecine. C'eft
un nom qu'on donne au demi bain , parce qu'on le
prépare quelquefois avec la décodion de plulicurs
herbes fur Icfquelles on fait alfeoir le malade. En La-
tin infcjjhs , ou femicupium.
Insession , fe dit aulfi du bain vaporeux , que le ma-
j^o I N s
lade prend étanr affis fur une chaile percce, au dcf
fous ae laquelle on a mis une dccodhon chaude
de quelques herbes, dont on lui fait recevoir lava-
peur.
IfT IN5IDIATEUR , INSIDIATRICE. Un des plus
célèbres Tradudeais de notre temps , dit le P. Bou-
hours , fcmble avoir entreptis d'établir ces deux mots.
Les démons , ces injidiaceurs de nos âmes. Cette en-
nemie domeftique, qui eft fon injîdiatrke perpétuel-
le. Ménage trouve tout cela très bien dit. Peut-être
haiiloit il trop le P. Bouhours, pour penfer comme
lui. Voy. Insidieux.
INSIDIEUSEMENT, .-idv. D'une manière infîdieufe &
qui tend à furprendre. Injldwsè. Il n'ell d'ulage que
dans le ftyle foutenu. L'Acad.
ifJ' INSIDIEUX, EUSE adj. Qui tend à furprendre , qui
eft fuggéré par le dellein fecret de tromper. Infid'io-
fus. Difcours ïnfidkux , carelfes injidieufcs. Le che-
val de Troye étoit un prélent ïnfiduux que les Grecs
tirent aux Troyens.
Ce mot vient du Latin infidiofus , à'LnfidU , em-
bûches , d'infidere ,fe placer, fe pojler en quelque lieu ,
ce qu'on a coutume de faire, quand on drelle des
embûches pour avoir enfuite l'avantage fur l'enne-
mi. Malherbe l'avoit pris dans le Nicod, &a voulu
l'établir , il a dit : Il ne fe faut pas fier aux_ carcllés
du monde , elles (ont trompeufes , & s il faut ulcr
de ce mot , infidicufes. Je voudrois l'adoucir avec ce
corredif , ou bien l'expliquer par quelque fynony-
me qui l'appuie & qui lui ferve d'introducteur. Vaug.
Si ïnfidieux avoir palfé , il auroit frayé le chemin à
infidiateur ; mais comme on a rebuté injidieux , je
crains qu'on ne reçoive pas infidiateur. Bou. Corn.
Cependant l'Académie a adopté ïnfidïcux , avec cette
reftriétion , qu'il n'eft d'ufrge que dans le llyle lou-
tenu &: dans la Poëfic. ^fT Un vers , dit Vaugelas ,
qui commenceroit ainlî : ïnfidieux amour
n'auroit pas mauvaife grâce. Ce mot feroit bien
placé. D'ailleurs il eft beau, fonore, doux à l'o-
reille.
IJCJ" Les Médecins caradérifent par cette épithcte les
fièvres malignes ou de mauvaite efpèce. Mali moris.
Elles cachent au Médecin ignorant ou peu attentif
leur marche & leur nature fous l'apparence d'une
maladie légère.
ICF INSIGNE, adj. de t. g. Qui eft remarquable par
quelque qualité peu commune , foit que cette dii-
tindtion fe prenne en bonne ou en mauvaile part.
Infignis. On dit également un bonheur & un mal-
heur infigne, une valeur infigne , une infigne lâche-
té. Vous me rendrez un ferviee infigne , fi Sec. Infi-
gne calomnie, infigne faulfeté, infiigne voleur, infi-
gne faulïïrire. Je crois pourtant que ce terme appli-
qué aux perfonnes ne doit fe prendre que dans un
fens odieux. Je ne voudrois pas dire que Célar s'eft
rendu infi.gne par fa valeur , Socrate par fa vertu ,
mais qu'ils fe font fignalés : ou je me lérvirois d'un
autre tour.
Insigne eft auffi un titre que l'on donne aux Egli-
fes Cathédrales. Infignis Ecclefiut Parifienfis Decanus,
Canonicus.
^CF Insigne , célèbre , illuftre , fimeux , renommé. Tous
ces mots font relatifs à la réputation , chacun avec
fes nuances particulières. Infigne ne marque qu'une
fimple diftindion fondée fur une qualité peu com-
mune , bonne ou mauvaile.
INSINE. yoye^ Ensi. Vieux mot.
INSINUANT , ANTE. adj. Qui entre doucement dans
■ l'cfprit de quelqu'un , qui a l'adrelfe & le don de s'in-
(inuer. Qui fe infinuat , mollis , Uandus. On le dit
également des perfonnes &: des chofes. C'eft un
homme infinuant. Il faut que la civilité foit revêtue
d'un air agréable & infinuant qui fe répande fur tout
ce qu'on dit. Bell. Les manières polies & infinuan-
tes , font de grands progrès fur les cœurs. S. Ev.
C'eft un homme fort infinuant. Femme infinuante.
INSINUATIF. f m. Infinuativum. Les Clercs failoient
autrefois un préfent à leur Évcque à fon inftailation ,
& ce préfent s'appeloit infinuatif, parce qu'ils le lui
IN S
ftifoient pour s'infinuer dans fes bannes grâces, yoy.
LES Macri.
INSINUATION, f. f. Adion par laquelle quelque
chote entre doucement 6c inlenliblement dans une
autre, bifinuatio.
§3" On ne le dit point au propre. L'ufage ne veut pas
qu'on dife X'infinuation de la chaleur dans un corps,
Vinfinuation de la (onde dans une plaie. On dit incro-
diiclion. C'eft une bifarrerie de l'ulage qui adir.et lou-
vcnt le fens figuré d'un mot , & en rejette le fens pro -
pre. D'ailleurs introdud.ion &c infinuation ne font pas
îynonimes. Introduction tft un terme générique. In-
finuation ne déhgne qu une introduction douce. Ce
terme conviendroit particulièrement aux Huides oui
pénètrent doucement les corps , & je voudrois qu'on
dît , Vinfinuation de l'air , Vinfinuation de la lumière ,
I &c. De même qu'on dit que l'air & la lumière s'infi-
nuent.
Insinuation, en morale. C'eft une certaine adreffe
dans le ftyle , dans l'élocution par le moyen de la-
quelle on lait entrer dans les elprits & on leur fait
agréer ce qu'on leur propoic, qualité dangereufe II
elle fe trouve dans un mal honnête homme. La plu-
part de ces gens d'honneur ont je ne lais quoi de ri-
gide qui feroit préférer les infiinuations d'un fourbe à
une fidélité (i auftère. M. de Fen. en parlant de 1 Hift.
de l'Acad. Fr. par M. Pélillon , dit que l'Auteur y
montra ion caradère, qui étoit la facilité , l'invention,
l'élégance , Vinfinuation , la juftelle, le tour ingé-
nieux.
En Rhétorique on entend de même ps.t: infinuation
tout ce c[ue dit l'Orateur pour s'iniinuer dans les ef-
prits des auditeurs, pour gagner leur bienveillancrj
c'eft une des grandes parties de l'Orateur.
Insinuation , en Jurilprudence, eft parmi nous la
tranlcription ou l'entegiftrement fur un regiftrc
public , des aétcs qui doivent être rendus pu-
blics. Vinfinuation de certains ades fe fait pour éviter
toute furprife au préjudice de ceux qui n'auroient pas
connoillance de ces ades. Relatio in acla. Le Greife
des Infinuations du Châtelet eft établi pour les affaires
leculières , les donations & les lubftitutions. Toutes
donations , excepté les donations à caule de mort ,
font lujettes à infinuation. Par l'Ordonnance de Mou-
lins , Vinfinuation doit être faite dans le quatrième
mois du jour de la donation , aux Greftes des Bajilages
ou Sénéchaullécs où ks biens donnés font Inués.
Voye\ l'Ord. de \G\i. Après Vinfinuation ^ les dona-
tions font irrévocables, h' infinuation n'eft pourtant
pas nécelfaire à l'égard du donateur, mais elle eft
eilentielle à l'égard des créanciers ou des héritiers du
donateur.
Insinuation, en matière bénéficiale, eft l'enregiftre-
ment des collations , préfentations , procurations,
prilcs de pofleftion , &c. aux Greftes des Infinuations
Ecclélîaftiques qui lont établis dans chaque Diocèfe
pour éviter les taulletés qui le pourroient commettre
dans les aéles concernant les Bénéfices. Voye-^ l'Édit
de I J53 , Se ceux de 1646 Se 1691. Le Greffe des In-
finuations Ecclélîaftiques eft à l'Officialité pour les
affaires bénéficiales. Les Gradués limples, ou nom-
més , les Indultaircs , & .autres porteurs de grâces ex •
pedativcs , (ont obligés de faire infmuer leurs lettres
dans le mois de leur date , dans le Greffe des Infinua-
tions de chaque Diocèle , en conféquence de l'Or-
donnance de 1646. Les Infinuations doivent être re-
nouvellées rous les ans au téms de carême , fous peine
de nullité. Il faut aiiifi faire faire Vinfinuation des pro-
curations ad rcfignandum , ou pour permutation des
provifions de Cour de Rome, ou de l'Ordinaire, des
piiles de poireftion. On ne tient pourtant pas ti-
gueur fur les prîtes de pollelîlon , ni pour les procu-
rations ad rcfignandum , à moins qu'il n'y ait pré-
fomption de fraude. Les expéditions qui concetnent
les Bénéfices à la nomination ou collation du Roi , ne
("ont point (ujettes à infinuation. Il faut auilî faire inlî-
nuer la publication des bans du mariage , i!s: les dil-
penfes. /^oyeij les Déclarations du Roi de iCpi , por-
tant création d'Offices de Greffier des Infinuations
I N s
Ecclcfiaftiques, Se une autre Déclaration de 1692 iiir
cette iiiatiL-re.
Insinuation, fe dit auill de la nomination des Gradués.
Par la l'ragruatique banCiion , &: parle Contord.u ,
les Gradues font obligés une fois ae s'inlinuer & de
donner copie'de leurs degrés aux Collateurs; ils font
eiifuite ol)li[;és tous les a.ns au tems de carême , d'inii-
nueraux mêmes Collateurs leurs noms & lurnonis ,
cela s'appelle réitération, ik ces réitérations doivent
être iniiiuié-.s aux Grellcs des li(finuanons cctleliafti-
ques. Ceux des Gradués qui manquent à iaire ces In-
finuadons , perdent leur droit pour 1 année courante ,
mais non pas pour les Ibivantcs, pourvu qu'ils fallent
les irijinuiiùons requiies.
Insinuation, dans 1 Hiiloirc Eccléliallique des pre-
miers tems , lignilie l'application qui (e biloit d'un
Clerc à une Eglife, pour y exercer les fonctions de
fon ordre. Autrefois on ne donnoit point d'ordre à
un Clerc iàns lappliquer à quelque lia'i'Cj ^ cette
application s'appeloit Injlnuadon.
Ip- INSINUER. V. a. Au propre c'cfl; introduire douce-
ment, couler,, taire entrer une choie avec adrelle.
On dit infimia- le doigt , la fonde dans une plaie. On
dit que le baume injinue doucement la qualité balfa-
mique dans les veines. Injinuare. Il cft fouvent em-
ployé avec le pronom perlonnel. L'air s'injinue dans
les corps i les rayons de lumière s'injinuent par une
petite ouverture faite à un volet. L'humidité, les
vapeurs s'infirment par les pores. Le froid & le chaud
s'injinuent dans les corps pour les cuire qu pour les
glacer.
§CJ" Insinuer, au figuré, c'eft faire entendre, faire entrer
dans l'efprit /inement & avec adrelle. Injinuare , inf-
tillare. lnJinue\-\\.\\ doucement quil doit fe déraire
de là charge. Infïnuer de bons , de mauvais conleils.
hes gens vains cherchent par tout à injïnuer qu ils ont
de l'efprit. Plutarque inJinue doucement la vertu , &
veut la rendre fimilière dans les plailirs mêmes. S.
ÉvR.
^CrOn le dit de mcme avec le pronom perfonnel S'in-
finuer dans lelprit de quelqu'un , dans les bonnes grâ-
ces , dans (a bienveillance. Un Orateur doit s'injinuer
dans l'efprit de fes auditeurs, gagner adroitement leur
bienveillance. On a beioin d'attention lur loi même ,
pour parer les coups d'un homme qui s'injïnue hnc-
ment , & qui Hatte d'une manière délicate & enve-
loppée. Bell. Les pallions s'uifinuent quand on mar-
che fans crainte & ians précaution. Fl. Il n'eil point
de forme feus laquelle l'amour ne fe déguile pour
s'injînuer dans un cœur , pas même celle de la raifon
& de la vertu. S. Real. La volupté s'injinue dans le
cœur Se le tourne à elle , (ans attendre que la raifon
dife fon avis. M. Es p. La vanité s'injinue dans les ac-
tions même où elle femble avoir le moins de part, &z
elle entre jufque dans les mortifications. Nie.
On dit à peu près d.-'ns le même fens , s'inJinucr
dans les compagnies. Cethommc eft adroit , il s'eft z>;-
_/?/2ue doucement dans la maifon de ce Prince. Il s'elf
injînué à la Cour je ne lais comment.
Sa grimace ejl par tout bien venue ,
On l'accueille , on lui rit , par tout il j'infinue.
Mol.
^CTOn trouve ce mot employé dans une lignification
particulière dans un des contes de la Fontaine , la
Servante juPcifiée.
Le bouquet fait j il commence à louer
L'ajfonimentj tâche à j-'infinuer.
5'infmuer ^ en fait de chambrière ,
C'eji proprement couler fa main au fein
I N S
191
injinuatis ma-'
Quelque bouffonne que paroilTè cette explication ,
elle ne laiife pas d'être fort jufte & conforme à ce
que Volïïus dit dans fon étymoloque de la langue
Latine à la fin du mot Sinus :
A finu ejl infinuo : quo propriè ufus Apuleius , lib.
«>. (p. m. T^jj Un. 22.) cian
nibus y id cjl , in Jinu tondicis.
'JCtIksinuer , Pcrlinder , fuggércr , lynoninus. On
inJinue lineineiit cn: avec adrelle, dit M. l'Abbé Gi-
rard. On pcrjuade fortement & avec éloquence. On
yirr^ère par crédit & avec artifice. Pour infirmer ^ il
fuit ménager le tems, loccalion, 1 air & la manière
de dire les chofcs. • /^o) t'^ les deux autres mots.
0Cr Insinuer, dit quelque cholé de plus délicat Pcr'
fuader y dit quelque choie d^ plus patnetique. Suggé-
rer j emporte quelquefois dans û valeui quelque
chofe de frauduleux. On couvre habilement ce
qu'on veut infinutr. On propofe nettement ce qu'on
y^ni pcrfuader. On fait valon ce quoxwcwz fw gérer.
Insinuer, en termes de Jurilprudence , figr.iiie enrc-
giftrer j décrite un aéte dans un regiùre deflinc pour
cet effet j afin qu'il devienne public &c qu'il ne puilfe
être changé , ni altéré. In acla referre. L'ordonnance
veut qu'on infinue les donations entre vils dans les
quatre mois, à peine de nullité. Toutes les fubftitu-
tions doivent être infinuées ^, foit qu'elles foient foites
par contrat, foit par tellament. Il faut infinuer xova
les adtes en matières bénéficiales , fur-tout les procura-
tions pour réfigner, les prifes de polfellion, les nomi-
nations des Gradués, &c. ^oj'er Insinuation.
ft^" INSINUÉ, LE, part.
INSIPIDE, adj. m. & i. |p=-En Phyfique on défigne par
cette épithète un corps qui n'a point de faveur, qui
ne fditaucunc imprellion fur l'organe du goût. C'eft le
manque de lels qui rend un corps infipide. Voyez
Sels , Saveurs. Sapons expcrs. Injipidus. Viande
infipide. Mets infipides. La terre dont on a tiré le fal-
petre efti/^/f/'/f/tf. La meilleure qualité de l'eau, c'eft
d'être injipide. La poire de beurré cft peu fujctte à
être pâteufe , infipide Se farincufe. La Quint.
|Kr Insipide & Fade ne doivent pas être regardés coin-
rae deux mots fynonimes. Ce qui ed: fade ne pique
pa le gotlt. Ce qui eft infipide ne le touche point du
tout. Il ne manque à 1 un qu'un degré d allaifonne-
ment , & tout manque à l'autre. Ce qui eft infipide
eft fans faveur ; ce qui eft fade en a une désagréable.
La bonne eau doit être infipide Se non pas Jade. Ce
mot eft aulll employé au figuré. Au Phyfique , ce qui
eft infipide ne touche point du tout l'organe du goût ,
Se n'a pas ce qu il faut pour cela. Au moral j ce qui
eft infipide manque de tout ce qui eft néceffaire pour
toucher l'efprit. Sine arte , fine f aie. Inficetus. Ou-
vrage , Auteur infipides. Épigramme , raillerie infipi-
' des. Rien n'eft plus infipide. Infipidius nihil eft. Les
Savans ne goûtent que les exemples tirés des Anciens ,
Se Ihiftoire du lîécle préfent leur eft infipide. La Br,
Les femmes qui ont du difcernenient n'ont que du
dégoût pour ces infipides adorateurs qui prodiguent
leur encens indifféremment à tous les beaux vifages.
Bell. Un homme qui a un grand fonds de complai-
ftnce, eft d'un commerce fade & infipide , à moins
qu'il n'y lupplée par beaucoup d'efprit. Id. Il faut
prendre garde qu'en voulant rendre une penfée na-
turelle, on ne la rende plate Se infipide. Bouhours.
Les agrémens forcés font quelque chofe de bien infi-
pide. Bell. L'amour n'eft plus qu'un infipide amufe-
ment. Saint Evr.
Je ne faurois fouffrir qu'une phrafe infipide
Vienne à la fin d'un vers remplir la place vide.
Boil.
Un peu plus bas fur le penchant du mont 3
Ejl le Je jour de ces cfprits timides ,
De la raifon parti] ans inlipides,
Çlui compaffes dans leurs vers languijfans ,
A leur leâeur font haïr le bon fens. Voltaire.
lî^" Insipide , Fade, fynonimes. Dans les ouvrages
d'efprit , ils font tous les deux très-éloignés du beau j
mais le /izc/j parodiant en affedler & en chercher les
grâces, déplaît &: choque : V infipide ne paroidant pas
même le connoînje, ennuie & rebute. Syn. Fr.
IJC? A l'égard de la beauté du fexe, je ne crois pas qu'il
ïfjl
I N' S
y en ait à'injîpide qu'à ceux qui font d'un tempira
ment tout à fait infeniibie. Mais il y a des beautés /a-
dcs. Voyez Fade.
ÏNSIPIDITÉ. f. f. Ip- Qualité de ce qui eft indpide.
Saporis defeclus. Au propre, c'cll la qualité de ce
qui ne fciit aucune miprclllon -{'ur l'organe du goût.
Au hguré, de ce qui eft dellitué de tout «grcment , &
ne touche nullement l'efprit. Infipidicc d'un mets.
Injlpiditi d'un fruit. Infipiditc d'un ouvrage, d'un
éloge.
ÎNSISTER. V. n. Demander avec inftance , ne fe point
relâcher d'une prétention. Injlare, ïnfifteri , urgere.
Cet Agent a ordre A'injijïer lur cet article , A'ïnfifter
Tur l'exécution d'un tel traité. La capitulation eft
faite , on ninjîjîe plus que lur une condition. Elle
infijla fort pour me faire avoir le gouvernement du
Havre de Grâce. La Roc. Il infjla julqu'à ce cju'il
eût obtenu ce qu'il fouhaitoit. A^bl.
Insister , lignilîe aulli , s'appuyer fur quelque rai-
fonnement , lur quelque pièce fondamentale. Injif-
tere. Je ne veux répondre qu'à cette railon , à ce titre
fur lequel vous injijle\ particulica;ment. Infijlcr î\iï
une preuve, lur une claule.
INSITOR. i. m. Ce nom , qui eft purement Latin
&■ qui vient à'infcrere , grcfler, croit le nom d'un dieu
de la campigne chez les Romains. Infuor. Le dieu
Jnjuor préfidoït aux femailles. Le Flamcn Dialls , ou
Fiamjne de Jupiter, faitoit mention du dieu Injitor ,
dans l'hymne qui! chantoit ou récitoit dans le facri-
fice qu'il lailoit à Cércs & à la Terre. Foyei Sau-
iTiaife lurSolin, p. 714. L'Académie des Belles Let-
tres a décidé qu'il falloir retenir ces fortes de noms
Latins dans notre Langue, & ne les point traduire,
& fes Académiciens le pratiquent dans leurs diftèrta-
tions,
ÎNSLACH. f. m. Terme Flamand, qui fignifie les fils
d'or, d'argent, de foie ou de laine dont on fiit la
trame des tapiireries de haute-lille. On fe ferr du
terme à'Afsùre dans les Manufaûures Françoifes,
pour fignifier la même choie.
INSOCIABILITÉ. f. f. Caraftère de celui qui eft in-
fociable, qui fe refuie à tout ce qui lie les hommes
entr'eux. On compta pour rien les dégoilts, les ca-
prices &c VinfociabU'ué des humeurs CXII.
Lettre Perfanne. Voyez Sociabilité.
^ INSOCIABLE adj.de t. g. InfociabUis. On ne le
dit point au Phyfique des corps qui ne peuvent être
mêlés ni joints les uns avec les autres. On le dir au
moral de celui qui a des qualités oppofees à la focicté ,
qui fe refufe à tout ce qui lie les hommes entr'eux.
Les hommes fantafques, bifarres, capricieux, quin-
reux , bourrus , font infociables S. ÊvR. dit que les
cérémonies & les égards trop médités, rendent les
hommes infociables dans la fociété même.
INSOLATION, f. i; Infolatio. Terme de Pharmacie ,
eft une préparation de remèdes ou de fruits qui fe fait
en les expofant aux rayons les plus ardensdu foleil,
foit pour les fécher , loir pour les cuire, foit pour les
aigrir, comme on fait le vinaigre rolat, les figues,
les pruneaux , &c.
Ce m-ot vient de info l are , dont Pline & Columelle
fe font fcrvi , & qui veut dire , Expofcr au foleil,
INSOLEMMENT, adv. Avec infolence , (a'.\s refpeét.
Irifolenter , protervè , illiberaliter. Cet homme parle ,
répond infole/nmcnt. Il (S. François Xavier) excom-
munia aulfi tous ces gens qui , par une lâche complai-
lance j Hattoient la paillon de leur Maître , Se qui par
loient infokmment du S. Siège. Bouhours.
|Cr INSOLENCE, f.f. Infolentia. C'eft en général un
manque de refpeéf pour les autres hommes , une ef
fronterie excelTive qui bit qu'on manque aux bien
(eances & aux égards qu'on doit aux autres.
§3" Souvent l'^/z/û/tv/ceeft la vanité qui s'annonce d'une
manière outrageante pour les autres; elle eft difté
rente dans tous les états. V infolence à' an homme or-
dinaire ne redèmblc point à Vinfolcnce de la robe,
ni celle-ci à V infolence financière; mais par tout elle
confifte à montrer la bonne opinion qu'on a de loi-
même, & à faire fcntir la fupériorité que l'on prétend
I N S
avoir fur les autres d'une façon plus ou moins offen-
fante , luivant la qualité &: le caractère des perfonnes.
'KT INSOLENT, ENTE. adj. m. & f. Infolens. Qui
parle , qui agit avec infolence , fans refpeét , fans
égards pour les autres hommes. Cet homme eft fi
u f oient qu'on ne peut le louftrir dans aucune com-
pagnie. Valet infolent. Cet homme eft infolent avec
les femmes ; il tient des difcours infolens.
IJC? L'Insolent eft encore celui qui , par des airs de
hauteur &c des manières orgueilleules , afiiche fans
pudeur la bonne opinion qu'il a de lui même, è'j le
peu de cas qu'il fait des autres, pour lefquels les avan-
tages de Ion état ne lui permettent d'avoir aucuns
des égards que la bienféance prelcrit. La bonne for-
tune eft ordinairement infolente. La plupart des hom-
mes font infolens dans la profpérité. Tel qui n'étoit
pas même ambitieux dans une médiocre fortune , de-
vient infolent dans une grande élévation. Fléch.
|CrOn dit fubftantivcment , c'eft un infolent y une info-
lente.
INSOLER. v. a. Du verbe Latin infolare. Expofer au
lolcil. On trouve dans Furetiére iufolation. Ces mots
font particulièrement confacrés à la Chymie.
EnÎSOLITE. adj. m. & f. Infolïtus. Vieux mot qui n'eft
plus en ulage qu'au Palais, où l'on dit encore c'eft
une procédure info lue , une demande infolue ; pour
dire qu'on n'a pas coutume de taire, qui eft contre .
l'ulage &z les règles.
§3° On appelle dixme infolite , celle qui, fuivant l'u-
lage ordinaire, n'eft point due , comme la dixme des
agneaux , des cochons , des veaux , Ik. qui ne te per-
çoit que dans certains endroits.
Je luis fâché que ce mot ne foit prefque plus ulité.
Nous le remplaçons par le mot extraordinaire dont il
n'eft point fynonime. Il fignifie limplement ce qui
n'eft point accoutumé , du Latinyù/ifi^^ , accoutumé ,
& de la particule négative. Infolite , infolïtus non
accoutumé.
INSOLVABILITÉ, f. f. Impuillance de payer fes det-
tes. Solvendi alieni dris inopia. Les banqueroutes ont
été caufe de Vinfolvabilité de ce Marchand. Il faut
dilcuter les biens d'un homme j pour taire voir fon
infolvabilité.
INSOLVABLE, adj. de t. g. Qui n'a pas de quoi payer.
Qui folvendo non efl. On a introduit le béijéhce de
celîîon en faveur de ceux qui deviennent infolvahles.
Les trop violentes pourluites rendent fouvent les
hommes infolvahles. On a préfenté pour caution un
homme infolvable.
Ip- INSOLUBILITÉ, f. f. Terme de Chymie. Propriété
d'un corps qui ne peut être dillous.
CfCT INSOLUBLE, adj. m. 6c f. Qui ne fe peut réfoudre ,
expliquer Infolubdis. Jean de Alliaco a tait un Trai-
té des argumens, des difficultés infoluhles .-Hentisbe-
rus, un autre des difticultés invincibles & infoluhles.
En Algèbre , il y a des problêmes infoluhles.
|0° Insoluble , fe dit auilî en Chymie de ce qui ne
peut fe didoudre. Voye\ Dissoudre.
INSOMNE f m. & f. Quelques Auteurs de Diction-
naire ont mis ce mot pour celui d'Acœmttes ; fC? mais
infomne n'eft pas François; & pour défigiier les Reli-
gieux qui chantoient toute la nuit les louanges de
Dieu , il faut conferver le nom d'Acœmétes. f^oyei
ce mot.
INSOMNIE, f. f. Indifpofition qui confifte a ne pou-
voir dormir. Infomnia. h'tnfomme eft caufée par le
mouvement continuel & excellîf des elprits animaux
dans les organes internes & externes du corps, qui
frit que les efprits reçoivent promptement les imprel-
fions des objets feniîbles , & que fuivant l'elpèce
du mouvement reçu dans l'organe, ils le continuent
dans le cerveau , & fournillent à l'ame difîérentes oc-
calions de penfer. Ce Hux exceffit & contiiîuel des
efprits a deux caules ; l'une eft l'obiet lenlîble qui
frappe l'organe avec trop de force. Alors Izs elpnts
animaux font nècellaiiement agités & émuspuinàm-
inent; Se comme ces émotions qui fe continuent ju(-
qu'au cerveau par les nerfs , donnent le même mou-
vement au cerveau, û. faut de nécelîîté que l'aniinnl
veille.
I N S
'Vcillc. Ainfi un gland cri, les douleurs, !c'> imw: de
tcte, les tranchées du ventre & la toux, caufcnt 1'/«-
Jomnïe. L'amc , quand elle cil occupée de (oins & de
méditations , y a aulli quelque part , puilqu'agillànt
par le minirtère des efprits animaux , les foins & les
méditations qui agitent ces efprits , ne peuvent man-
quer de produire Vinfotnnic. Les veilles opiniâtres
<dcs mélancoliques l'ont de ce nombre. On en a vu
■qui ojitpal'ic jufqu'à quatorze jours & même trois ou
quatre lemaines lans pouvoir dormir.
L'autre caufe ell le vice même de ces efprits ani-
maux qui les difpofe à des mouvemens précipités ou
opiniâtres , comme leur trop grande chaleur , &
celles du cerveau dans les fièvres ardentes. Les efprits
étant alors agites rapidement dans le cerveau , cau-
fcnt Vinfomnie. Delà vient que l'on s'y trouve beau-
coup plus fujet en été & dans la jcuneile. Outre les
pallions de l'ame , telles que l'amour , la crainte , la
terreur & la colère , pendant IcfqucUes les efprits
agités par un mouvement continuel , entretiennent
les veilles , les longs jeûnes Font la même chofe , à
caufeque le défaut d'alimens fubtilife les efprits ani-
maux & dellécheie cerveau. Enfin , Vuifomme cft un
îymptôme fort ordinaire aux vieillards. Les pores du
cerveau ayant été ouverts , ou trop élargis par le paf-
fage continuel des efprits depuis un fort grand nombre
•d'années qu'ils y pallènt & repalTent trop facilement,
cela eft caufe que quoique ces efprits foient d'ailleurs
tranquilles , ils ne laillcnt pas de tenir les vieillards
éveillés par leur mouvement perpétuel. Les infomn'us
ibnt plus dangereufes dans l'âge de confiftance , &
aux femmes, qu'elles ne le font dans la jeunelle &
aux hommes. On en a vu de quarante-cinq nuits de
fuite & on parle de Vinfomnie d'un mélancholique
qui fut quatorze mois fans dormir. Ces fortes de veil-
les dégénèrent fouvent en démence. Dans les enfans
les infomnïes font d'ordinaire la (uite de quelqu'autre
maladie; elles furviennent à l'éruption difficile des
dents, aux vers ou aux tranchées, ou fuccédent aux
cnidités de l'eftomac qui rendent la nuit inquiète &
qui interrompent le fommcil.
INSONDABLE, adj. Qu'on ne peut fonder , dont on
ne fauroit trouver le fond. De détourner ni à droite
ni à gauche , cela ne fe pouvoit nullement , car de
chaque côté il n'y avoit que des fondrières Infonda-
blcs.... Roman Comique. Je ne crois pas que ce mot
fe trouve ailleurs.
INSOUTENABLE, adj. m. &: f. Qui ne fepeut foute
jiir. Qui defendi non poteft. Cette opinion eft infou
lenable. Cette caufe , cette procédure , cette fentence
eft contre les loix, contre les formes, & tout à -fait
infûutcnablc en Juftice. Il n'y a rien de f) infoutenahk
que les Sophifles n'entreprennent de prouver.
^3' Un homme infoutenabU eft celui qu'on ne peut
fupporter à caufe de fcS manières & de les propos.
INSPECTEUR, f. m. Celui qu'on met pour avoir foin
de la conduite de quelque ouvrage. Infpeclor. Il y
avoit un infpecleur des ouvrages qu'on faifoit pour la
jonftion des deux mers.
Les Juifs ont dans leurs Synagogues un Officier
qu'ils nomment infpecleur, "(in , Hhaian. Son office
confifte principalement à avoir l'inlpcélion des lec-
tures & des prières qui fe font , à les préparer &
les donner , ou les montrer au leéteur \ à fe tenir au-
près de lui , prendre garde s'il lit bien , le repren-
dre s'il manque. Il s'appelle aullî quelquefois Mi-
niflre ou Nonce , Envoyé de la Synagogue. Buxtorf
dit que c'efi: une efpèce de Sacriftain. ^dïtuiis.
Il y avoit des Infpecleurs chez les Romains , qu'on
• nommoit autrement Peraquatores , Égaleurs , félon
Cujas. On leur donnoit ces noms, parce qu'ils con-
fidéroient , examinoient la qualité , & la valeur des
biens & des effets de chaque citoyen , qu'enfuite ils
répartiffoient également fur chaque particulier les
impcits , à raifon de la quantité &: de la qualité des
fonds qu'il pofTédoit ; & qu'ils rendoient les impôts
• proportionnels. C'en étoit les alTéeurs ou alfayeurs.
Foy. le Code Juflinien , L, II , tom, jS , de
Ccnf. &c.
Tome V,
I N S 193
Inspecteur, des Constructions. C'efl un Officier
commis pour avoir l'iiifpedtion fur la conftruttion ,
le r.adoub , & fur toutes les chofes qui concerhcnt
les vaiflèaux du Roi.
Inspecteur , eft aulli en termes d'Architcélure civile ,
un homme capable , prépofè de la part de celui qui
fait bâtir , pour veiller autant aux bonnes qualités des
matériaux , qu'à la prompte exécution , & à la pro-
pre conftruétion des ouvrages , conformément aux
devis. Daviler.
En général , dans les grands ateliers où il y a
beaucoup d'ouvriers qui travaillent , il y a des Inf-
pecteurs prépofés pour la conduite de l'ouvrage.
^' Dans l'art Militaire on appelle Infpecleurs , des
Officiers dont les fonèfions font de faire la revue
di:s troupes. Infpecleurs de Cavalcdc. Infpecleurs
d'Infanterie. Il y a aufli des Infpecleurs des Fortifi-
cations.
INSPECTION, f. f. Attache de la vue fur quelque
chofe ; aétion par laquelle on regarde , on confidère
quelque chofe. Infpeciio. Ce titre fera jugé faux paf
la feule ïnfpeclicn de la pièce. Les Aflrologues ju-
geoient par Vinfpeclion des aftres. Les Chiromanciens
ne jugent que par Vinfpeclion de la main. Les Aruf-
pices prédiloient l'avenir par Vinfpeclion des entrailles
des viCbimes. Faire Vinfpeclion d'un cadavre. Roh.
Inspection , fe dit auiîi du foin qu'on a de veiller
à la conduite des perfonnes , ou des ouvrages. On
donne des Précepteurs aux jeunes gens pour avoir
infpeclion fur leurs mœurs , fur leurs études. Les
Magiftrats de Police ont infpeclion fur les marchan-
difes , fur ceux qui contreviennent aux ordres pu-
blics. Les Jurés des métiers ont vifite & infpeclion
fur lesartifans de leurs corps. Le Contrôleur d'une
maif'on , des bâtimens , a infpeclion fur les dépen-
fes domeftiques, fur les ouvriers fur lefqucls il eft
prépofé,
§Cr Inspection , fe dit aufTi des fondions des Infpec-
tcurs chargés de faire la revue des troupes. On dit
qu'un Infpecleur eft parti pour fon Infpeclion , qu'il
tait aétuellement fou infpeciio?!.
^ INSPIRATEUR, adj. tk f. Terme d'Anatomie. Les
mufcles infpirateurs font les mufcles qui fervent à
l'infpiration. La contraftion feule des mufcles infpi-
rateurs eft caufe de l'infpiration. L'élévation des cô-
tes eft produite par l'aftiou des mufcles infpirateur,.
INSPIRATION, f: f. Se dit de l'adlion d'infpirer , &
de la chofe infpirée. Infpiratio. Quand il s'agit de
Dieu , ou du Saint Eiprit , c'cft une grâce célefte qui
éclaire notre ame , qui lui donne des connoiffances
& des mouvemens extraordiuaires & furnarurels.
Après la defcente &: Vinfpiraûon du Saint Efprit , les
Apôtres parloi'^nt diverfes langues. Les Prophètes
ne parloient que par Vinfpiration divine. Le pécheur
fe convertit , quand il ne réfifte point aux infpiradons
de la grâce.
§CF On le dit particulièrement en parlant des livres de
l'Écriture-Sainte. Dans ce fens, c'eft un mouvement
intérieur du Saint Efprit qui détermine un homme
à écrire ce que la révélation lui a appris , ou ce qu'il
fait par lui-même , &c qui lui fuggere le choix des
chofes qu'il doit écrire. Les Auteurs facrés ont écrit
par Vinfpiration du Saint Efprit.
Quelques Théologiens réduifent Vinfpiration des
Auteurs facrés à un foin particulier de la Providen-
ce , pour empêcher qu'ils ne foient trompés , fans
leur infpirer ni les mots j ni les expreflîons. Le Cl.
L'infpiration n'eft autre chofe qu'une direétion du
Saint Efprit , qui n'a pas permis que les Ecrivains
facrés fe foient trompés. M. Simon. C'eft l'opinion
commune , que Vinfpiration du Saint Efprit ne re-
garde que les chofes , &c non pas le ftyle , 5c les
termes : c'eft feulement une infpiration de diredion.
La Mothe. fCJ" Ces fentimens font erronnés. Les
Théologiens Orthodoxes enfeignent que le S. Efprit
a dicSté aux Ecrivains facrés toutes les chofes dont ils
ont parlé , & qu'il leur a même fuggéré les termes
dont ils fe font fervis. Cependant quelques Catholi-
aues enfeignent que le S. Efprit a infpiré les Écrivain»
Sb
394 I N S
lacrcs quant aux Prophéties , aux points d'iiilloire , & j
aux doctrines relatives à b Religion j & que quant
au choix & à l'arangcment des termes, il les a Liillc
à la (.htpohtion de chaque Écrivain.
Inspiration , le dit aulli de toutes les grâces de Dieu ,
quoiqu'elles n'aient rien au-delius des règles ordi-
Uiiires de ia providence. Suivre V'mfpiracion de la
grâce , la repouller , y réhller.
Inspiration, le dit aulli en parlant des hommes, &
fignilîe Ibllicitation ^ luggeftion. C'ell par votre
infpiraùon que j'ai agi. Impulfu tuo. Nous croirions
être gouvernés , lî nous lailions du bien par Vinfpi-
ration des autres. S. ÉvR.
Inspiration , fe dit de l'élection du Pape , 6c lignifie
la manière dont elle s'eft faite , quand tous les vœux ,
tous les fufrages lans exception le font réunis en fa-
veur du mcme fujet , principalement quand cela
. s'efi: fait d'abord , & au premier Icrutin. Grégoire IX
en fait mention dans lés Décrétales, L. I y T. FI,
c. 4.2.
Inspiration , enfermes de Médecine, fe dit de l'aftion
de la poitrine par laquelle l'air entre dans les pou-
mons. Cette entrée de r.xir dépend immédiatement
<le fon propre rellortj qui produit cet eftct dans le
même temps que la cavité de la poitrine s'élargit
par l'élévation du thorax, &c de l'abdomen , & fur-
tout par le mouvement du diaphragme en bas. Ainfi
l'air n'entre point dans les poumons , parce qu'ils fe
dilatent; mais au contraire les poumons fe dilatent,
parce que l'air y entre. Ce n'eft point non plus la
dilatation de la poitrine qui poulie l'air dans les
poumons , comme on le croit d'ordinaire , le relTort
de l'air fuflit pour cela. Cependant cette dilatation
•cil ur.e condition abfolunient nécellaire , lans la-
quelle Vinfpiraûon ne lauroit fe faire. L'ufage de
Vinjpiradon ei\ pour animer le fang 3 & lui donner
le mouvement particulier qu'il doit avoir pour entre-
tenir la vie.
iNiPlRER. V. a. Introduire quelque liquide dans le
corps j en dilatant la poitrine & ouvrant les lèvres
appliquées à ce liquide. Attraherc. La manière de
pomper la boiflon en dilatant la poitrine , fe fait
en infpirant , ou le liquide feul , ce qui s'appelle
fu:er ; eu le liquide & l'air tout enlemble j ce qui
s'appelle humer. Petit. Mcm. de l'Acad.
|lCT Inspirer. En termes Az Théologie , fe dit d: la
grâce céleile qui éclaire l'ame , &: lui donne des con-
noillànccs et des mouvemens (urnaturels qui la
font agir. In/pirure , afflare. Jonas fut inlpiré de
Dieu pour aller prêcher à Ninive. Les Évangélilies
ont été 'infp'trcs du S. Efprit quand ils ont écrit l'É-
van-;ile. Prions Dieu qu'il infpirc le Cardinal du Per-
ron , difoit le Pape Paul V , car il nous pcrluadcra
tout ce qu'il voudra. Le Prince, comme un homme
- infpiré dès la première bataille , s'égala aux maîtres
les plus confommés. Boss. Les vertus lemblcient être
infpirics à D. D. & Ion heureux naturel ne lailFoit
p^clque rien à fau'C à l'éducation. FlÉc.
InspirePv , s'eft dit aullî abulivcment parmi les Payens.
Ceux qui rendoient les oracles le diloient divinement
infpiris. Àfflaîa eft num'mc quando jam propiore Dci.
I 'ViRG. yEn. 6 . Les Poètes invoquent Apollon & les
Mules , pour être infpiris , quand ils veulent faire
quelque grand Ouvrage. On dit parmi les Chré-
tiens, quec'ePc le Diable qui infpire la Adïein des
grands crimes ; &c chez les Payens on diloit que c'é-
toir les Furies.
Inspirer , llgnifîe aul]i , |i^ fuggérer , £iire naître
dans le cœur quelque mouvement , dans i'clprit quel-
que penfée. Infii'^are , inducere j ingercrc. L'Opéra
il/pire de la molleire. S. Évr. Les forêts ont je ne
fliis quoi qui infpire de la tendrelîc. Corn. La fom-
bre oblcurité des Egliles i/ijpire une lainte horreur
dans l'ame. Injpirer une lainte horreur pour le vice.
Boss. La Majcfté des Rois infpire plus de relpeéf
que de tendicHe. FlÉc. 'Vous m'avez infpirc des
fentimens , qui me donnèrent d'abord une lurprife ,
qui augmentoit encore le trouble qui les fuit tou-
jours, Id, L'Évangile ne doit infpinr que de la don-
I N S
ccur. Cl. La piété adoucit tout ce qu'elle Infpire,
Id. La feule penfée qu'il faut hnir , eft bien propre
à infpircr le degoiit du moi.de. M. P.
Le vin , & le hafard
Inlpirent quelquefois une Mufe ^rofficre. Bojl,
On a agité à l'Académie une queflion , favoir , ft
infpirer une perfuafion , n'eft pas une phrafe vicitufc.
La railon de douter eft, que l'infpiratiqn le fait en
un moment : ainli il eft vrai de dire qu'on infpirs un
fentimcnt , une penlée \ mais pour perluader il faut
du temps; c'eft à force de railons qucn le laiiie per-
fuader , & il faut du temps pout fe déterminer. On (
demeura d'accord que cette phrale eft peu réguhère^
& qu'elle n'eft tolérable que parce qu'elle accourait
le dilcours.
On dit aulli , qu'il fiut qu'un Orateur infpire.
dans l'ame des Juges , la .compallion , la haine , la
vengeance ; pour dire , qu'il faut qu'il fal'e naitre
ces pallions dans leur elprit. Il faut émouvoir l'Au-;'
diteur par une vive exprellion des lentimens qu'on
lui veut infpirer. S. ÉvR.
Inspirer. Terme de Phyhque & de Médecine. Rece-
voir l'air dans les poumons, pour le repouller en-
luite , ces deux mouvemens pris enlemble font ce
qu'on appelle relpirer. Infpirer eft oppofé a expirer.
l^vyc'^ Inspiration.
Inspiré , Ée. part. Ç3* Il a les fignifications de foa
verbe. L'air infpiré rafraîchit le lang tSc aide la cir-
culation. Les livres infpirés ne lont que des idées
divines rendues en langage humain. Mûntesq. [xs
perlonnes mfpirées pour les autres , ne le lont pas
toujours pour elhs- mêmes. Bouh.
INSPRUCK. Que nous prononçons communément
Infprug. Nom d'une ville d Allemagne. Oeni-
pons. Elle eft capitale du Tirol , &: a un beau pont
lurl'//2/z, d'où elle a pris fon nom, qui ligiiihc le
Ponc de l'Inn. Cette ville n'a point de murailles.
Elle ne lailfe pas d'être aftez grande , i!n: bien bâtie.
Le Gouverneur du Tirol , & la Chambre de la
Régence de la Province , y font leur réfideiice , &
on y voit; deux magnifiques Châteaux , lun dans la
ville , & l'autre fur une colline voilîne. Maty.
Ce nom eft Allemand , il eft compclé du mot
Inn , qui eft le nom de la rivière fur laquelle cette
ville c;t lituée , en Latin Oeno Se du mot Lruck, qui
veut dire, pont , pons ^ en Latin , en changeant le b
en ^ on a tait Irîfpruc , ou Infpruk j en Latin Oeni-
pons , c'eft-à-dire , pont fur l'Inn.
gC/ INSTABILITÉ, f. f . Défaut de Habilité ; caraftère
de ce qui n'eft pas ftable. On le dit rarement au
propre. Infalilicas. Au figuré , on dit Xinjîahd'ué
de la fortune , de nos deiirs j de l'tlprit. Combien
arrive t-il de changemens tous les jours dans nos
âmes par ri«/ii2Ô//ir<;' de nos defirs î FlÉc. Nous avons
beloinde ditgraces qui nous falfent fouvoiir de X'inf-
tabdité des choies humaines , à quoi l'on peiilc lî
peu dans la prolpérité. Port R. Pour punir les Aii-
glois de leur irreligieulc inftahilitc , Dieu les aban-
donna à l'intempérance de leur curiolité. Fl. Il faut
fe guérir de l'humeur inquiète, &: penfer fèaeule-
ment que VinftabUité de l'elprir le peut communi-
quer au cœur. M. Scud. Défiez-vous toujours de
Vinjîabiiué de b fortune. 'Votre volonté eft une vo-
lonté éternelle , Se je luis Vinjlabilité même : mais
il faut que mon inflabllité foit fixée par une crernité ,
&• qu'en tout ce qui lera de votre bon pLiifir , ma
volonté foit immuable par vertu , comme la vôtre
eft immuable par nature. Bourdal. Exh. I.p. 41 j.
Toute votre félicite' j
Sujette à /'inftabilité.
En un moment tombe par terre. Corn.
INSTABLE. Vieux adj. m. & f. Qui n'eft pas ftabJc.
Injlabilis.
INSTÀD. Oenoftadium. C'eft imc ville d'Allemagne ,
I N s
on plutôt une partie de la ville de Paiïaw. l'oyci
PASSA.W.
INSTALLATION, f. f. Mifc en polîedîon d'une
Charge , d'un BéncHce ; action par laquelle oji cl^
mis folemnellement dai-.s la place , dans le iicge qui
convient à celui qui doit exercer une Chari;e , ou
delfervir un Bénéfice. Ininunus introducHo. Ceux qui
font pourvus de Charges en furvivancc , de Bénéfices
par cxpccîtative , ne peuvent demander leur injlal-
iadon qu'après la mort de l'ancien Titulaire. V."mf
tallatton doit être faite dans les formes. Pat. Le
Concile de Latran tenu en 1179 , dcFend dans fon
feptième Canon de rien exiger pour X'ïnjldhaïon
des Eccléfialliques , ou pour la prile de pollellîon
des Curés. t^'T Vïnfiallatïon eft proprement la vraie
prill' de poilelllon. La réception ne donne que la
polléfilon du droit ; Vïnjlallation mer en exercice.
Ce mot a la même origine que celui tï'inftaller.
foye-^ ci-dellous.
IMJIALLER. V. a. Mettre en polfeffion publique
d'une Charge , d'un Bénéfice , placer l'Olflcier ou
le Bénéficierdans la place qui lui appartient. In mu
nus incroducere. On a ordonné à l'Intendant d'inf
ciUerlcs Olliciers d'un tel Piélidial de nouvelle crea-
lioii. Un tel r)énéficier vient d'être ïnftalU.
Ce mot vient du Latin inflallarc ;pa.ïce.<\ne Stallus
r. été dit des fiéges du chœur d'une Eglife , ou des
Jiéires ou bureaux des autres Juges & Officiers _,
comme ii l'on 'WÇoii ponere Infiallo. Volîms croit
que ce mat eft pur Allemand.
S'iNSTALLtR, ligriifieaudi. Se placer en quelque lieu,
en quelque emploi dont on ne puillè être renvoyé
que dirticilemcnt. Je lui avois prêté ma maifon pour
quelque temps, il s'y eft fi bien inftallé , que je
ne l'en puis faire fortir. Il eft du ftyle familier en
ce fens. On a mis un Commilîàire à ces biens faifis ,
&• il y eft tellement inflallé , qu'il fait mille chicanes
pour s'y maintenir. On a ïnjlallexxw Commis dans
un tel Bureau. Ce Provincial eft bien Inflallé à la
Cour , il s'eft injlallé dans la maifon de ce Prince,
il y gouverne tout.
Installé , ée. part.
INSTAMMEN r. adv. Avec inftance. Inftamer , vehe-
menter. Il pourfuit inftamment cette aftaire. Je prie
Dieu injlamment qu'il me falFe une telle grâce,
fia INSTANCE, f. f. Dans l'ufage ordmaire ligmfie la
même chofe que follicitation vive & preftànte. Il
vient du Latin Injlanûa , injlare , piclfer vivement ,
pourfuivre de près. Inftanda , contendo. Faire inflan-
ce , de grandes injlanees , des injlances vives , pref-
lantes auprès de quelqu'un. Il a prié fon Rappor-
teur avec toutes les injcances pollibles de le juger
prorapreiTient. EnixiJJiniè rogavit , omni opéra enixus
eft. Cet Odicier follicite avec grande injlanee au-
j-rès des Miniftrcs le payement de fes penlions.
ffF Instance , En terme de Jurifprudence , lignifie
en général la pourluite d'une aélion en Juftice.
Aci'io. Injlanee pour raifon d'injures , ou en répa-
ration d'honneur j aclio injuriarum. On appelle pre-
mière ïnflance , la pourluite d'une action devant
le premier Juge. Çn doit plaider en première mj-
tance pardevant les Juges naturels du domicile , &
par appel aux Prélldiaux , & aux Cours fouverai-
nes. Il a été condamné aux dépens , tant de la pre-
mière inftance , que de la -caule d'appel. Il a été
ordonné que ces deux infiances demeureroient join-
tes ; pour dire , ces deux conteftations. Il eft défendu
en jugeant l'appel d'évoquer Vinftance principale j
que du confentement des parties. On dit une inf-
tance de criées , une inftance d'ordre , de compte ,
une inftance de faux , inftance de préférence , de
faifie (Se arrêt , inftance appointée au Confeil , en
droit & à mettre,
f;^ Instance de Licitation , qui a pour objet la licita-
tion d'un immeuble individis entre plufieurs copro-
piictaires. Voy. Licitation.
jJCTInstance d'Ordre, qui a pour objet l'ordre & la
diftribution du prix d'un immeuble vendu par dé-
cret entre les créanciers oppofants. l'oy. Ordre.
Tome V.
I N S
ï9r
Cela fuffit pour taire connoître les autres cfpèces
à'inftances.
Une péremption A'inftance , eft une fin de non
recevoir , qu'on propole contre celui qui a manqué
pendant trois ans de pourfuivre une aflairc. On ap-
pelle reprife àinftance , l'adc par lequel un héri-
tier , ou autre ayant droit , fc préfente pour conti-
nuer la pourluite de Vinftance commencée par un
déiuntj par un prédécelleur. On dit aulli inftance
périe ou périmée.
Instance , fignifie proprement c!<c en un fens plus
étroit, les caufes d'appel qui n'ont pu être jugées à
l'Autlience des Cours louveraines , foit par la dif-
ficulté qui s'y eft trouvée lors de la plaidoirie , foit
pour n'avoir pas eu le temps de les faire plaider ,
enforte qu'elles aient été appointées fur le rôle.
Toutes les inftances ne peuvent être jugées qu'à la
Grand-Chambre. Les procès par écrit font tous dif-
tribués aux Enquêtes. IJCT Dans ce fens inflarue ,
<!x' aftaire appointée , foit fur une demande , (oit fur
un appel verbal, fignifient la même chofe.
tpF On appelle /;z/?j/2Cd appointée , celle où les parties
doivent écrire tk produire. Inftance d'appointé à
mettre , lorlque le Juge ordonne que les parties
remettront leurs pièces, l^oy. Appointement.
Instances lommaires , ou Inftruélions à la barre de
la Cour , étoient des inftances appelées Parlemens
fommaues ^ qui s'inffruiloient par écrit en fix jours ,
en conlequence d'une Requête préfentée à la Cour.
Ces inftruétions avoicnt lieu dans les aftaires de peu
de conlequence , ou qui requéroient célérité ; mais
ces inftruiîions à la barre de la Cour j ont été abro-
gées par l'article II , du titre des délais & procédu-
res , &c. de l'Ordonnance de i G6j.
Instance , en termes d'École , eft une nouvelle ob-
jedion qu'on fait dans les difputcs de l'École , pour
détruire lafolution qu'un répondant a faite à un pre-
mier argument. Objeclio , inftantia , fe dit commu-
nément dans les Écoles.
INSTANT , ANTE. adj. Prefî^mt. Urgens. Vous de-
vez le (uccès de cette aftaire à Vinflante pourfuite , &c
à Vinftante follicitation d'un tel. Le Roi a accordé
cette grâce à Vinftante prière de fa mère.
INSTANT, f. m. La plus petite partie du temps ; un
moment , un clin d'œil. Momentum. On diltingue
en Philofophie un inftant de temps , un infant de
nature , & un infant de raifon : Vinflant de temps
eft une partie de temps qui en précède immédiate-
ment un autre , ainlî le dernier irfant d'un jour
précède réellement &c immédiatement le premier
inftant du jour fuivant : V inftant de nature , eft ce
qu'on appelle autrement Priorité' de nature : il fe
trouve dans les chofes qui font fubordonnées pour
agir , comme les caufes premières &: les caufes fé-
condes , les caufes & les effets , car la nature des
chofes demande qu'il y ait une caufe première , s'il
y a des caulcs fécondes ; qu'il y ait une caut'e , s'il y
a un eftet ; Yinfant de raifon , eft un infant qui
n'eft point réel , mais que la raifon j l'entendement ,
l'cfprit conçoit avant un autre inftant, avec un fon-
dement de la part des chofes qui donnent occalion
de le concevoir ; par exemple , parce que Dieu a
fait plulieurs chofes librement , &z qu'il pouvoir ne
pas faire ; il y a un fondement raiionnable de conce-
voir Dieu tel qu'il eft en lui-même , deva'ir que de
concevoir les décrets libres qu'il a faits ; mais parce
qu'il n'y a jamais eu en eftet de temps , ou d'i/fanc
réel où Dieu n'eût formé aucun décret , cet infant
s'appelle infant de raifon , & non pas irfant de
temps. Toutes les fois qu'il y a infant de natu-
re , il y a infant de raifon ; parce qu'il y a fonde-
ment de concevoir l'un devant l'autre. La caufe pré-
cède toujours Ion effet d'un irfant de nature. Quand
Dieu commanda que la lumière fe fît , elle fut faite
en un infant. La mort , qui nous menace à chaque
infant , nous doit mettre peut-être en peu de jours
dans un état éternel de bonheur , ou de malheur.
Pac. Chaque irfant nous retranche une partie de
nous-mêmes. Flech.
Bb i;
ip6
1 N S
Un redoutable inftant nous détruit fans réfetvc ,
On ne voit au-delà qu'un ohfcur avenir. Dts-H.
Instant , fe dit auffi pour exprimer une durée courte j
ou incertaine , quoique l'clpace du temps fou allez
coulidérable. Le Roi eft bien obéi , il ne lui faut
quurt injlant pour faire allembler , pour faire mar-
cher fes troupes. La gloire de ce monde paile en un
injlant. La fortune change à chaque injlant. Cette vie
n'ell qu'un inftant , qui ne mérite pas qu'on eu dé-
libère. Nie.
En termes d'Aftronomie , de compute , de Calen-
drier , il y en a qui appellent inftant , ce que d'autres
nomment fécondes ; c'eft-à-dire , la foixantième par-
tie d'une minute.
A l'instant, adv. Au même temps , incontinent , fur
l'heuie. Statim. Si vous ne voye^ à ['inftant le bel
objet qui a fait naître mon amour. Voit. Je reviens
à {'inftant , tout à l'heure.
|Kr Instant. Moment , fynonymes. Un moment
n'ell pas long : un inftant elf encore plus coiut. C'elt
la plus petite durée du temps. Syn. Fr.
Le mot de moment eft d'ulage dans le fens figuré,
l''oy. Moment. Celui d'injlant n'efl jamais employé
que dans le fens littéral. Il ne fiut louvcnt qu'un inf-
tant pour changer la face entière des choies qu'on
croyoit le mieux établies. Chaque inftant de la vie
eft un pas vers la mort.
INSTANTANÉE, adj. m. & f. Terme de Phyfique ,
qui lignifie , Qui fefaitoufe palle dans un moment,
qui ne dure qu'un moment ou un inftant. Si la pro-
pagation de la lumière n'eft p.is inftantanée , comme
dilent les Phydciens , il eft du moins conftant qu'elle
fe tait dans une elpace immenlc avec une vîtelfe in-
croyable. Observations Physiques. Les feux vo-
lans lont toujours en mouvemens , très-rares & inf
tantanées. DiJJ'ert. fur les Lumières Boréales de AI.
de Mairan , Journal des Savans , Avril i j 34.
Mouvement inftantanée , douleur injlantanée.
Instantanée doit s'écrire avec deux e , même au
makulin ; ainli que tous les adjedtifs qui viennent
d'adjeftifs latins en neus : comme momentanée , fpon-
tanee.
INSTAR. Terme Latin qui , joint à la particule à ,
fe dit adverbialement pour lignifier , à l'imitation j
à la relTemblance d'une choie. On a créé de nouveaux
Olficiers pour exercer leur charge à Vinftar des An-
ciens , de la même manière qu'ils l'ont exercée. On
a fait un tel traité , un renouvellement d'alliance à
Vinftar de ceux qui avoient été faits anciennement ;
c'eft à-dire , avec les mêmes conditions.
INSTAURATION, f. f. Rétabliirement d'un Temple,
d'une Religion. Inftauratio. Le courage de Judas
M.ichabée parut à Vinftauration du Temple de Jéru-
fileni , au rétablillement de la Religion Juive, f'oy.
Restauration.
Ce mot vienzd' infaurum , Latin , qui fignifie pro^
premcnt tout ce qui eft nécellaire pour l'exploita-
tion d'une terre , d'une terme j comme les beftiaux ,
les harnois J les valets. Dc-la il a été tranfportéà tous
les vailleaux & ornemens nécellaires pour orner une
Eglile , pour garnir une Sacriftie. Et enfin , on s'en
eft fervi pour lignifier le rétablillement de l'Églife
même. $3° D'autres le font venir à'injlar , Sembla
ble , parce que la choie rétablie reprend la première
apparence. Cette étymologie paroît préférable à
l'autre , parce que le mot infauratio eft plus ancien
qu'inflaurum , qui n'eft que de la balle latinité.
INSTIGATEUR ; ATRICE. f. m. Celui qui pouire ,
qui excite un autre à faire quelque chofe de mauvais.
Tnfti^ator. Uinjli^ateur d'un crime eft complice de
l'acculé qui l'a commis , & mérite pareille punition.
Il étoit inftif^.jteur de la perlécution. Mauc. Inftiga-
tcur d'un mauvais delîèin.
Instigateur , lignifie quelquefois fimplement , Un
dénonciateur. Un acculé pourfuivi à la requête du
Procureur du Roi , quand il eft abfous j i. droit de
l'obliger à nommer (on injligateur , pour le faire
I N S
condamner en fes dommages & intérêts.
INSTIGATION, f. f. Sollicitation fourde & fecrète ,
par laquelle on excite , &: on poulie quelqu'un à
taire quelque chofe ^J^ de mauvais. Inftigatio. Ce jeu-
ne homme a maltraité un tel a Yinftigation d'une tcm-
me vindicative dont il eft amoureux. Ce procès ne
m'a été tait que par Yinftigation d'un coquin de Sol-
liciteur. Le Procureur du Roi pourluit un tel crinii-
ntllemcnt à l'injiigation de quelque ennemi , qui eft
la partie lecrète.
INSTIGUER. v. a. Exciter quelqu'un à faire quelque
adion. Inftigare. Les Nobles , les Payfans , les gens
qui ignorent le Droit , ne pourluivent leurs procès
qu'autant qu ils lont injligues par leurs gens d'affai-
res , par leurs Procureurs & leurs Solliciteurs.
Instigue , ée. part. gCT Ce verbe eft peu ulité, &c ne
le dit qu'en mauvaile part.
CK? INSTILLATION, f. f. Inftillatio. Terme de Mé-
decine & de Pharmacie. C'eft l'application d'un re-
mède liquide par gouttes. Voy. le mot fuivant.
INSTILLER, v. a. Laift'er tomber goutte à goutte
quelque liqueur. Inftillare. On guérit des furdités
par des remèdes qu'on inftille dans l'oreille.
Instller , le dit aulli figurément des mauvaifes opi-
nions , des erreurs qu on tait entrer infenliblement
dans l'clprit. ?)Cf Inftiller une mauvaile doctrine
dans l'clprit des jeunes gens. Horace a dit Prscep-
tum inftillare. Je n'aimerois pas inftiller au figuré,
|Cr INSriNCT. 1. m. Terme par lequel on exprime?
le principe qui dirige les bêtes dans leurs actions j
un certain mouvement j unceitain fentiment j c]uel-
que choie enfin que leur a donné la nature pour
leur faire connoître & chercher ce qui leur eft bon ,
& éviter ce qui leur eft mauvais. Inftinclus. Le chien
par un inftinci naturel s'attache à Ion maître qui lui
fait du bien. Les éléphanSj les fmges , &c quelques
autres animaux font des choies fi furprenantes , qu'on
a de la peine aies expliquer par cet injiincl naturel.
Les animaux font guidés par un aveugle injiincl. S,
EvR. L'/«/?//2cZ de bien des animaux vaut mieux que
la raifon de la plupart des hommes.
Un âne pour le moins infiruit par la nature ^
A /'inftinél qui le guide j obéit fans murmure,
BoiL.
Envain notre orgueil nous tngâge
A ravaler /'inftindt qui dans chaque faifon ^
A la honte de la raifon ,
Pour tous les animau.x ejl un guide fi fage.
Des-H.
^f3' Instinct , fe die aulTî de l'homme , pour défî-
gner des fentimens excités dans l'ame par les befoins
du corps , qui la déterminenr à y pourvoir lans délai.
Tels font la faim, la foif, l'averfion pour tout ce
qui eft nuilible. Les inclinations lont une pente de
la volonté qui la porte vers certains objets plutôt
que vers d'autres , mais d'une manière égale , tran-
quille , & li proportionnée à toutes fes opérations ^
que bien loin de les troubler , pour l'ordinaire elle
les facilite. Les pallions fontj comme les inclina-
tions , des mouvemens de la volonté vers certains
objets ; mais ce font des mouvemens plus impétueux
& plus turbulens , qui tirent l'ame de fon alliette
naturelle , & qui l'empêchent fouvent de bien diri-
ger fes opérations. Burlam.
Ainli les inclinations , les pallions & les inftincls
ont beaucoup d'affinité cnfemble. Ce font toujours
des penchans ou des mouvemens de l'ame qui onr
fouvent les mêmes objets ; mais il y a cette dittérence
entre ces trois efpèces de mouvemens , que les inf-
tincls fe trouvent nécelTàirement les mêmes dans
tous les hommes , par une fuite naturelle de la conf-
titurion de leur corps , & de l'union de ce corps
avec l'ame ; au lieu que les inclinations & les paf-
fions prifes en particulier J n'ont rien de néceiïaire,
de que d'un homme à l'autre, elles varient beau-
coup.
Instinct , fe dit aufli tl.ans le même Ç^m d'un premier
i N s
jnouvement qui fait ayir l'homme natiircUcnicnt ,
tins raifonner & (ans rcIlLchir. La nature, p.ir un
leciet injlmcl, nous porte a ramener tout à noirs-uiê-
mcs. S. EvR. Je regarde les bonnes inclinations
toutes Icules comme un inftinci heureux qui ne mérite
pas grande louange. M. Scud. Un amour violent de
la gloire, vioknKV injimci 0<c nous rranlporte hors
de nous mêmes. S. Évr. Le Prince , par un injlmct
admirahlc dont les hommes ne connoilïcnt pas le le-
crct, fembla né pour entraîner la fortune &c forcer
Jcs deftinécs. Boss. La railbn n'a qu'à fuivre ("on inj-
tïnct naturel pour ("e periuader qu'il y a un i3ieu.
Nic.C'cll: Uicu qui fait diCcerncr le bien &c le mai
par (es injlincls ("ecrcts qu'il a gravés dans nos conC-
Ciences. fLÉcH. 03° Le Prince de Condé étoit né
Général; l'art de la guerre fcmbloit en lui un lujlln'd
naturel.
^O^Burlamaqui appelle ïnftincl moral ce pencliant ou
cette inclination naturelle qui nous porte à approu-
ver certaines choies comme bonnes & louables, &c
à en condaniner d'autres comme mauvaifcs & blâ-
mables , indépendamment de toute réHexion ; ou (î
i'on veut donner à cet Inftïncl \it wornàz fins moral ,
comme fait Hurchinlbn , (avant Écollbis, c'eft une
faculté de notre ame qui dilcerne tout d'un coup en
certains cas le bien & le mal moral j par une Ibrte
de (eiilation ,Sc par goût, indépendamment du railbn-
nemcnt & de la réllexion.
^'Ced ainii qu'à la vue d'un homme qui folifFre ,
nous avons d'abord un fentiment de compalîîon qui
nous fait trouver beau &<. .agréable de le (ecourir. Le
|;;remier mouvement en recevant un bienfait , eif d'en
iavoir gré & de remercier notre bienfaiteur.' Le pre-
mier cV- le plus pur mouvement d'un homme envers
Un autre, en faiiant abllraftion de toute railbn parti-
culière de haine ou de crainte qu'il pourroit avoir
e/f cerrainement un (entiment de bienveillance com-
me envers (on (emblable, avec qui la conformité de
nature & de beloins le lient. On voit de même que
(ans y penfer beaucoup , & avant aucun railbnne-
ment au iiApins développé, un enfant, un homme
groliier , (ent que l'ingratitude eft un vice , & il fe
recrie lur une perfidie comme fur une aft'ion noire
& mjulfe qui le choque, & pour laquelle il a natu-
rellement de la répugnance. Au contraire , tenir fa
parole, rendre à chacun ce qui lui eft dû, honorer
lesparens, (oulager ceux qui (butfrent, &c , ce font
autant d'achons qu'on ne peut s'empêcher d'approu
ver & d'eftimer , comme étant bonnes , juftcs hon-
nêtes , bient^antes c\' utiles au genre humain. '
^^Qz mouvement du cœur qui le porte à aimer cer-
tanies actions S>z à en dételfer d'autres, prefque fins
r.u(onnement c^- (ans examen, vient de l'auteur de
notre être , qui a voulu que notre n.ature ou notre
Gonftitution fut telle , que la différence du bien &
du mal moral nous atfectât en certains cas, ni plus
m moins que celle du bien & du mal phylique Ceft
donc là une jorte A'inftmcl comme la nature nous en
a donne pludeurs autres , afin de nous déterminer plus
vite & plus fortement dans les cas où la réHexion fe
roir trop lente. C'eft ainli que nous (bmmes avertis
par une len(ation intérieure de nos be(bins corporels
& que nos (ens extérieurs nous font connoîrre tout
d un coup les quahtés à<z% objets qui peuvent nous
être utiles ou nuilibles , pour nous porter à faire
promptement c\' machinalement tout ce que de
mande notre conférvation. , Tel c(f auill cet mfiïncl
qm nous attache à la vie, &c ce defir d'être heureux
qu, e(f le grand mobile de nos adtions. Les befoins
prelians & indiipenfiblcs dcmandoient que l'homme
hit conduit par la voie du fentiment, toujours plus
vit_& plus prompt que n'cft le railbnnemenc.
^ Uieu a employé la même voie à l'égard de la con-
duite morale de l'homme, en imprimant en nous un
(entiment ou un goût de vertu c^ de juftice qui pré-
vient en quelque forte le raifonnement , qui décide
de nos premiers mouvemens cS. qui fupplée heureu-
fement chez la plupart des hommes au défaut d'at-
tention ou d; rcl^.exion. Bien des gens négligcroient
I NS
19**
de refléchir; beaucoup d'autres favcnt à peine dévc
lopper troiv ou quatre idées pour former ce qu'on
appelle un railonnement. Il étoit donc utile que le
createui- nous donnât un difcerncmcnt du bien\ du
mai, avec l'amour de l'un &c l'averfion de l'mtrc
par une forte de faculté prompte & vive qui n'eû^
pas be(om d attendre les Ipéculations de l'cfprit
:3a' S, parmi les (auvages il fe trouve des êtres qui pa-
roillent n'.ivoir aucuns de ces fentimcns ; (i même
parmi les Nations policées on trouve des cœurs (î
pervers qu'ils lemblcnt n'avoir aucune notion ni
aucun (entiment de vertus, cela vient ou de ce que
nous ne connoiilons pas allez les mœurs de ces Sauva-
ges, ou de ce qu'ils (ont tout-à-fait abrutis, & qu'ils
ont etourte la plupart des léntimens de l'humanité
ou enhn de ce qu'à certains égards ils donnent dans
im abus contraire à ces principes, non en les rejet-
rant podtivement, mais par l'effet de quelque préjugé
qui a prévalu fur leur droiture naturelle cV qui les
porte a appliquer mal ces principes. Ces Sauvages
qui mangent leurs ennemis quand Us les ont pris,
croient que c clf le droit de la guerre, & que puif-
qu ils peuvent es tuer, rie» n'empêche qu'ils ne pro-
htent de leur chair comme de leurs autres dépouilles.
Mais ces mêmes Sauvages ne traiteroient pas aind
leurs amis , m leurs compatriotes ; Us ont entr'eux
un droit cV des régies; la bonne foi eft eftimée là
comme ailleurs, & un cœur reconnoiftànt ne reçoit
pas moins d'éloges parmi eux que parmi nous.
Î.O- A l'égard de ceux qui, dans les pays même les plus
éclaires (emblent n'avoir aucun ("entiment d'huma-
nitc nidejuftice, il fiut bien diftinguer l'état naturel
de l'homme d'avec l'abatardilfement où il peut tom-
ber par abus ik par une fuite de dérèglement. Rien de
plus naturel que la tendrelfc paternelle : cependant
on a vu des hommes qui ("embloient l'avoir étouffée ,
ou par la violence d'une paillon , ou par la force d'une
tentation prelente qui ("u("pendoit pour un tems cette
afedion naturelle. Rien de plus fort que l'amour de
nous mêmes !k de notre con("ervation. On voit néan-
moins des gens qui , emportés par des mouvemens
qm mettent Famé hors de fon ailîette , fe déchirent les
membres &z (e portent un très-grand préjudice comme
s ils cherchoient leur malheur.
CtT Enfîn ces fortes de monftres ne (bnt pas moins rares
dans l'ordre moral, que les monftres dans l'ordre
phylique, & ne deviennent tels que par une déprava-
tion rafinee &c invétérée. L'intérêt qu'ils ont à couvrir
leurs vices ,J'habi:ude qu'ils en ont contraéfé^ cer-
tains (ophifmes auxquels ils ont recours , étouft"cnt en-
hn ou corrompent en eux le/^/zj moral dont nous
parlons, tout comme on voit que toute autre faculté
du corps ou de lame peut s'altérer ou fe corrompre
par un long abus.
INSTITOIRE. f m. Terme de Juril'prudence. Adion
qui eft donnée contre le Maître pour raifon de ce
qui s'eft fait en fon nom par le Commis. Ce mot
vient du Latin infiuor , Fadeur, c'eft-a-dire celui qui
elt prepole pour aider un Marchand dans Ibn com-
merce. Comme celui qui en commet un autre pour
les ahaires, repond de l'adminiftiarion, cela 'a fait
nommer .,^,wi;ï , l'aftion qui eft permifc contre
lui. C eft par la même raifbn que l'on appelle Injlï-
tnx, la femme d'iui Marchand, parce qu'elle ne lui
lert que de Commis, quand elle n'eft point Mar-
chande publique.
^'^^^J.^UER. V. a. Etablir quelque chofe de nouveau.
Inftuucre. Moyfe a injlitué toutes les cérémonies de
l'ancienne loi. Jésus-Christ a infi'uui le Baptême,
la Pénitence , l'Euchariftie &c les autres Sacremens.
L'Eglife a ïnjlitué la célébration des Fêtes, la manière
cle faire l'Office. Les Payens ont inflicué des jeux à
l'honneur de leurs fiuflcs Divinités.
Lnstituer, fignifie aullî établir une compagnie, une
fociété , un ordre. Conden , auclorem eJJ'e. Romulus
injîitua le Sénat. Henri IIFa ïnftitué l'Ordre des Che-
valiers du S. E("prit. S. Benoît a inftuué l'Ordre qui
porte Ion nom. S. François celui des Cordeliers. La
Confrérie du Scapulaire a été injlnuéc par Simon
loS IN S
Srock, fur laquelle le Dodeur Launoi a fait une Dif-
InIti^ubT, fe ait auffi des Officiers & de ceux qaon
' établit en des charges ou fondions Cr..;« , propo-
mre , pr.ficcrc. Le Pape a ère injtuue par J. C.
commeVn premier Vicaire. Un Seigneur peut wfu
tuer ou deititiier les Officiers comme illui pLnt,
, quand lis ne fbnt point pourvus à titre """f^^^" L«
Magiftrats font injncués pour avoir loin de la 1 ohce
pour rendre la jullice au peuple. i , j,
iKs'xiTt^HR, fe dit dans le Droit Civil, en parlan d
ttlbmens, de ceux qu'on y "«'"'f '/"'^ .f'T^
pour héritiers. Facer, , appellarc h^redcm.Vniciï^-
ment ne vaut rien par le Droit civil , h on n y tnfcuue
un ou plufieurs héritiers. On injutuc & on lublhtuc
fes héritiers les uns aux autres. Augufte infatua Ti-
bère &c livra fes héritiers. Aelanc.
Instituer, dans le Droit canonique, fe dit des Colla-
teurs qui confèrent les Bénchces a ceux qui leur lont
nommés Se préfentés par les Patrons. Foyei Insti-
tution. . ■ n ■ r r-
Instituer , fignific aulfi enfeigner , inftmire. Inju-
tuere, doccre , educare. On a bâti un Noviciat pour
inftuucr les Novices, pour leur apprendre les règles
de rOrdre. Eft-il plus important qu'un cheval loit
bien dreilc, qu'un entant bien rnftuue?^ Patru. On
rie croit pourtant pas qu'il loit tort ulite en ce der-
nier fens.
Tout cela vient du Latin Infcuuere.
go- Instituer. Fonder , établir, ériger, fynonimes.
Injumer, c'eft créer & former les choies ; il en de-
(îgne l'auteur ou celui qui les a le premier imaginées
& miles au monde. Foyei les autres mots. ^
Institué , Ée. part. & adj. Infdtutus. Il a les hgnihca-
tions de fon verbe dans tous les lens. Celui qui elt tait
hétitieir par un telbteur en premier lieu , comme le
fubftitué eft celui qui left frit en fécond ou troihèpe
lieu , &c. Infdtutus. Le fubllitué qui vient au défaut
de rî«/f/we,ell véritablement héritier du défunt com-
me l'auroit été Vinftitué , s'il ."vvoit accepté l'hérédité.
De Perrière. ,v r i ^ ■
Ces fortes d'adjeftifs fe prennent .aulli lubftantivc-
ïnent par une figure grammaticale qui s'appelle ellip-
fe , que Tufraie introduit fouvenr pour abréger , en re-
tranchant le fnbîlantif qui s'entend allez , & mettant
l'adjectif fublbntivement. Ainfi de l'héritier lufthué ,
l'hcnder fubftirué; on dit lîmplemenc l';«/f/f^c-', le
fubftitué. L'Inilitution Canonique enipcche le Patron
de pouvoir deftituer Vinftitué.
INSTITUT, f. m. Règle qui prelcrit un certain genre
de vie. ffT Conftitutions données à une Société lors
de fon étabhlfement , auxquelles on content de s'aflu-
jettir. Inftïcutum. Tous les Ordres religieux ont cha-
cun leur mftltut particulier. Les Ordres de Chevale-
rie ont aullî chacun leur Inftitut. Un Rchgieux qui vu
fous Vinftitut de S. Benoît , eft obligé par ta proteilion
de pratiquer , autant qu'il peut , tout ce qu'il y a de
fuirituel dans fa règle. Ab de la Tr. ^
^'Institut de Boulogne. C'eft le nom d'une Acadé-
mie littéraire établie à Boulogne en Italie par le
Comte de Marligli en 1712, fous l'autorité de Clc
ment XI. ,, . ,.
§3" Institut de Levde. C'eft une forte d'Acadcinie lit-
téraire dont la morale eft l'objet, & dont M. Stolpen
eft l'Auteur.
Instituts." /^ove? Institutes.
INSTITUTAlUE. l"". m. Terme d'Ecole de Droir. Infti-
lutanus. C'eft le Profefteur en Droit Civil & Cano
nique, qui explique les Inftltutes. M. tel eft wjtuu-
tain cène année. ,
INSl ITUTES. f f pi. Livre contenant les clemens &
les principes du Droit Romain , il tait la dernière par-
tie du Corps du Droit. Inftitutci. Les quatre livres
des inftltutes ont été commentés parAccuife, Thco
phile , Borcolten , Mvfmger , Haiirefcrre , ALtajcrm .
Profelfeur à Touloulè , & plulieais autres. On les
appelle Inftitute.s de Jnftinicn , parce qu'elles ont é'é
rédigéespar les ordres de cet Empereur & par les loins
de Tribonien. Après la mort de Juftinien, un Jûrii-
I N S
confulte , nommé Théophile , f^t une paraphrafe Gre-
nue des Inftltutes. Il n'eft point d'homme cm tienne
quelque rang dans le monde, qui ne doive avoir lu
avec .ittcntion , du moins une fois en fa vie , e Code
& les infututis de Juftinien. On le doit cela a toi-
même & à l'utilite publique. De Vign. Marv. îvi
lélnlon a traduit le premier livre des Injtituics de Jul-
tinien. , - 1
Instituts & Institutes , font tous deux également
bons. L'ancien ufage eft pour injtitutes. Il tcmble
pourtant qainftituts loit le plus naturel; mais h l'on
veut prétlicr inftltutes , il faut fe touvenir qu il eft fé-
minin , & qu'il doit toujours être exprimé au pluriel.
Rabelais a dit inftitute au lingHilicr : c'étoit comme on
parloit de ton tems. MÉn. Loiicl a fait un livre inti-
tule, Injiuuces Coutumières. M. de Launay oblerve
que l'ulage le plus général eft pour inftitutwns. Ob-
tervation faulfe. • ' ui-
INSTITUTEUR, f m. Celui qui inftitue , qui établit
une fociété avec une certaine règle & manière de vie.
Jrftitutor. S. Bruno eft le Fondateur & Injlitutturas
l'Ordre des Chartreux. S. Auguftin ne fut jamais m
ReUgieux, ni Inftituteur d'aucun Ordre. Pat. Les
Saints que Dieu nous a donnés pour Inflitutcurs Se
pour Pères , ont tenu des voies bien contraires à
celles que nous fuivons. Ab. de la Tr.
§Cr On le dit de même en parlant des jeux des An-
ciens.//:/?/«Ki/r des jeux Olympiques.
On appelle aulll , Injlituteur , celui qui eft clurge
de donner les premières inftruftions a un Prince.
Ac. Fr. , ,
INSTITUTS, f m. Infttituta , orum. Nom qu on donne
à quelques livres. Les Inftituts de Juftinien. Foyei
Institutes, ci-delfus. Dom Armand de Rance ,
Abbé de la Trape , appelle les Inftituts de Caiîien ,
l'ouvrage que cet Auteur a intitule de cxnobiorum
injlitutis. , tir
INSTITUTION, f. f. Etablitlement. Inftitutio. L mj-
titution des cérémonies, des fêtes, des jeux , des
compagnies , des Confréries. C'eft François I. a qui
on attribue \' inftltution des Maitrites & Jurandes.
Elle a vu les fuites heureutes d'une inftitutwn II
faec. Pat. Pendant que tant de circonftances de la
vie & de la mort du Sauveur ne le lilent qu'en un
fcul Évangélifte , que X'inftitutïon du Baptême au nom
du Père , du Fils c^ du Saint Efprit , n'eft rapportée
que par un léul , feroit-ce tans delieinj & par bâ-
tard , que y inftltution de l'Euchariftie n'a pas feule-
ment quatre Évangeliftes , mais cinq; ce qui n'eft
arrivé à pas une autre de fes actions. PÉlisson.
ce? On le dit auiii de la choie inihtuee. Les hôpitaux
font des inftitutions utiles pour le pubhc.
Institution , fe dit plus Eénéralement de tout ce qui
eft inventé & établi par les hommes. 11 eft op^pole
à la nature. Tout ce qui vient de la nature eft ue
même en tous lieux. & en tout temps : ce qui eft
A-inflitution eft fujet au changement. Les cérémonies
prophanes lb,it d inftltution humaine. Les paroles ont
reçu de Vinllitution des hommes la force qu'elles
ont de hgnirier. Ferba ftgnifkant ex infatuto.
Institution, fe dit aulîl des Ofnciers & nés Juges
qu'on établit. Les Apanages & En^agiftes ont le
droit d'inftitution & deflitution des Officiers. Cette
charge a été fupprimée trois ans après ton inftltu-
Institution, dans le Droit Civil, fe dit de la no-
mination d'unheutieruniverlcl, faite dans un i eUa-
ment. A Paris , l'inftitution d'héritier n'a pcintlieu
par le 299'. article de la Coutume, c'eft à-dire,
qu'un teftament ne lailfe pas d'être bon ,^ quoiqu il
n'y ait point d'héritier nommé & inftitue. ^.kT La
nature & le fang nous y donnent des héritiers mai-
gré nous , à qui nous ne pouvons pas ôrer cette
portion de nos biens que nous appelons^ légitime
coutumière : mais dans les Provinces qui te gouver-
nent par le Droit Romain, par le moyen de cette
inil'tution, l'on fait héritier qui l'on veut , c^ ce:
hentier fuccède univcrfcUemcnt à tous les biens ,
fans aucune diftindion de propres ou d'acquêts . qui
I N S
eft inconnue dmi ces Provinces. Vinflitution
t'A J.i b.ifc (Si: le f-oiidemciir de tous les rclbineus qui
•s'y loiu , cil ioitc que toutes les autres dilpolitioiis
•d'un acte portant le nom de rcftainent ne iéroient
p.is valables ,sil ny avoit point d'héritici inlHtui ,
ou 11 \' injiuuûon. Iv.itc par le Teft.itcur n'avoit pas
ion exécution.
^ Institution contracluellc e(l un don irrévocable
de iuecelîion ou dunepaitie de lliccellion , fait par
contrat de mariage , par des pères iSj mères , ou mc-
inc par des étrangers , au proht de l'un Ats deux con-
joints, ou des enians qui doivent naitrc de leur iu
tur mariage.
Institution. Terme de Droit Canonique. Ce terme
fe ]irend dans un fens générique j ou dans un iens
ipéeilique. Dans le génériqua, il iigaifie toutes fortes
de provilions , de quelque nature quelles loient, ,Sc
de quelque Eénéiice que ce loit , Icfquellcs tout le
titre par où on l'acquiert , lîc par où l'on s'y mnin-
titnt. C'eft donc ce que l'on nomme collation libre
dans les Bénélîces indepcndans &: vacans par mort ;
ce que l'on nomme Conhîrmation dans les Bénéfi-
ces eiedifs, &c ainfi des autres. Dans le fpécirique ,
il ne iîgnihe autre chofe que la conceilion d'un Bé
néfiee de Patronage par le lupérieur Collatcm-j fiir
la prélenrarioii du Patron. lujikutio ejl Prxkendan
Juris ad pr.^fcncadonan Facroniper Supcriorem facla
i:onccJJij. Il y a donc de la dirférence entre la colla-
tion conlidérée en général. Se Vïnjl'uutïon en parti-
culier , en ce que la collation en général font les pro-
vilions données par Je Supérieur d'un Bénéfice libre
en faveur de celui qu'il veut bien choilir. Vinfiï-
tutlon en particulier eft à la vérité un aClc par le-
quel on confère un Bénéfice; mais indépendamment
d'un autre aéle , qui e(l la préfentation iaiie par le
l'atron : car le Supérieur ne peut refufer celui qui
Ji;i cft piclenté , pourvu qu'il Ibit capable déporter le
Bciiehce Dantoine.
Institution , fe dit aullî de plufieurs Maifons ou
Collèges , où l'on inftruit des Novices & la jeu-
neLe particulièrement ceux qu'on deiline à l'état
iicclcfialliquc. Les Pères de l'Oratoire ont fait b.îtir
a 1 ans une mnlan qu'ils nowmcmV uijîit'ution. C'ell
en .e Iens que M. l'Abbé du Guet a donné à fon
beau Traite des qualités & des devoirs d'un Souve-
rain Je litre A' inftitunon d'un Prince.
Institution fe prend quelquefois pour Éducation ,
mjtivucion d'un Prince. Ac. Fr.
Le mot à'ïnjluutlon pour fignifier une cfpcce de
i .oviciat eft particulier aux Fères de l'Oratoire , qui
lie lont point Reluieux. C'eft pourquoi ils ont c^'ité
le mot de Noviciat qui eft a.'i'eclé à tous les Re
Irueux.
Institutions. L f. pi. Livre contenant l'Abrégé de la
..unlprudence Romaine. Voyc-^ Institutes. Il eft
nu.His uiiré qu'inftitutes & inftiruts
INSTI rUTRICE. i: f. Celle qui établit une Société
ou Congrégation avec une certrine règle & forme
de vie. Inflïtumx. Dieu difpofoit cette Sainte Infli -
tutrice à les combattre ( les Hérétiques ) par la force
de 1 exemple , & par une auftérité de vie , dont
toute 1 Eglile fut édifiée. Bourdal. Exhort. T. I.
p. 3iâ.
INSTRUCTIF, IVE. adj. Qui inftruit. Difcours i/z/-
fucuj: converfation injlmclive. Les Romans font di-
vertilîans , mais ils ne font point inflruclifs. Les
I-adum font des Mémoires inflmaLfs pour apprendre
aux Juges de quoi il s'agit dans un procès.
l'^STRUCTION. f £ ff? Se dit en général de tout
ce qui peut donner quelque connoilfance d'une chofe
que l'on i,j;ipre; de tout ce qui peut nous donner
des cclaircilîemens fur quelque objet que ce foit. On
donne àzsinftruaions pair les dif cours , par les rai-
Ions parles écrits , par les faits, par le. exemples,
• Sf'^i''^"^ <=^ ^C"'* q"'«" àok faire un mémoire
pour 1 Lnftruaion de Ion Rapporteur , de les Juges.
|f--_ Instruction f; dit aullî des préceptes & des en-
leignemens relatifs à la morale & a la conduite. Dans
ce feus on le ait du fom que l'on prend de former
IN S loo
I 1.-1 jeunclTe. Jnftuutio , difclpllna. On fait des Cate-
cJiilmes pour V uifiruciion de la jeimclJe. On prut
tirer de bonnes mjlruclions des moralités, des la-
biés, de la Comédie. Il y a une mJlruiTwn de pa-
voïcs ëc uncinfljuclion d'épreuve cV de corred>ioii
qui réveille les conicicnccs endormies. Flécii. L'excm*
pie dune bonne vie eft une injlmclion pour le genre
humain. Boss. Documenium. Il n'y a que l'hiftoire
qui joigne naturellement le plaiiir à VinJlrucLion.
Vmjlrucèion de la jeuncllèj des enfans.
Instruction , lé dit aullî des ordres qu'on donne à
un Amballadenr, à un Agent, à un Procureur, à
un Commis , de la manière dont ils fe doivent con-
duire j de ce qu'ils doivent propofer, demander,
confentir dans une affaire importante commife à kuis
foins. Manducum. Celui qui n'agit pas confbnnémci.t
a fon pouvoir , à les Infimctlons , peut être défavoué.
Le Trefor Politique & autres livres femblabks fout
pleins à'injlructwns données à des Ambalfadeurs.
Le Roi difant à un Ambalfadcur qu'il cnvoyoit : la
principale injlruclion que j'ai à vous donner , eft que
vous obferviez une conduite toute oppofée à celle
de votre piédécell'eur. Sire, lui répartit le nouvel Am-
balladenr , je vais faire enforte que votre Majefté ne
donne pas une pareille injhuiiion à celui qui me fuc-
cedera. Bons mots.
Instruction, en Jurifprudence, c'eft la procédure qu'on
fait pour mettre un 'procès en état d'être jugé. Vinf-
trucllon A'uw procès criminel fe f^iit par information ,
interrogatoire, recollement & corirontaàon. Les
Juges qui font V inJhucVwn font les maîtres d'une af-
faire. L'InJlrucHon d'un procès civil fe fait par l'ap-
pointement & les forclulions bien acquifes. Les Pro-
cureurs font contraints de rendre les titres des par-
ties , mais ils peuvent garder les pièces à: injlruclion
pour fe faire payer de leurs frais.
§3° INSTRUIRE, v. a. Donner des préceptes relatifs
aux mœurs , à la manière de fe conduire , au fuccès
des affaires. Infiltaerc , erudire , formare. Les Collè-
ges font fondés pour injiruire la jeuneiîè. On inflruit
par les difcours , par les raifons , par les écrits , &c.
On inflruit les jeunes gens aux lettres , aux armes ,
aux ati.aires. Cepend.ant quand il eft queftion des
Sciences & des Arts , il vaudroit mieux di.-e cvSd-
gner (^- apprendre. On infirult à faire une chofe.
Je /'inftruirai moi-mane à venger les Troyens. Ra.c.
O^J" Instruire d'exemple , expreilîon condamnée par
quelques-uns dans Corneille , approuvée par l'Acadé-
mie dans la critique du Cidj parolt taire un très-
bel effet en Poëlic. Elle fcmble même y être deve-
nue d'ufage.
// /72'inftruifbit d'exemple au grand Arc des Héros.
Instruire fe dit par exteiilîon de quelques animaux
capables de difciphne , comme des chiens, qu'on
infiruit a la chafte ; des finges , qu'on inflruit à danfer ;
ces cléphans , qu'on injlruit à fe mettre à genoux
Instruire, lignihe encore , Apprendre à quelqu'un,'
lui faire connoitre quelque chofe. Cenioremfacere.
Ce Prince eft bien infimlt de fes intérêts, des affai-
res étrangères ; il a été injlruit de ce qui s'eft paflé
:t une telle conjuration. Un bon Juge doit être bien
mjlruit ; fe faire bien injiruire d'un procès avant que
de le rapporter. Il faut bien inllruire ceux qu'on en-
voie pour commander , ou négocier , de toutes les
démarches qu'ils doivent faire.
i;C? Instruire, enléigner, apprendre, informer, faire
favoir , fynonimes. Injiruire ^ c'eft matre au fait des
choies par des mémoires détaillés. Syn. Fr. Ce
mot a plus de rapport à ce qui eft utile à la con-
duite de la vie & au fiiccès des afiàires; ainfi il eft à
fa place , lorfqu'il s'agit de quelque chpfé qui regarde
ou notre devoir, ou nos intérêts.
CfJ" Le Prince infiruit fes AmbalTadcurs de ce qu'ils
ont à négocier ; le père injlruit aullî fes enfans de
la manière dont ils doivent vivre dans le monde.
Peu de gens font capables à'injlruire. Il fmt pour
bien infiruire , de l'expérience Ik de l'habileté. Foy.
les autres mots.
\
20O I N s
InstruirBj en termes de Palais, Te dit de toutes les
foLmalités qu'il faut faire pour éclaircir une aAaire ,
& la mettre en état d'être jugée. Les Procureurs font
-établis pour infiruire les procès civils , pour obtenir
les régfemcns & les forcluCions. Les procès crimi-
nels font ordinairement injlruits par les premiers Ju-
ges -, il faut les infiruire fur les lieux jufqu'à Sentence
définitive.
•^On dit infiriàrc le procès à quelqu'un, lui faire
fon procès en matière criminelle.
^ S'instruire, v. récip. C'ell acquérir des connoH-
lances par foi-mcme , par fon travail , en faifant
des recherches. Svn. Fr.
|p° I:«TRuiT , iTï. Part. Homme in/7rair d'une affaire.
Procès injiruic Voy. le verbe.
$Cr On dit qu'un Général d'armée , qu'un Ambaffa-
deur eft bien injlruit , pour dire qu'il elf bien infor-
mé j bien .iverti de tout ce qui le palVe. Acad. Fr.
Inftruit n'efl: pas la à G place. Le vrai mot t& in-
formé, c'ell-a-dire, averti de tout ce qui peut être
de quelque conféquence. Inftruire ne convient que
pour figmficr, mettre quelqu'un au fait des chofcs
par des mémoires détailles.
iQ'INSlRaMENT. f. m. Du Latin, injlrumentum.
Cclt en général tout ce qui fert à une caufe pour
produire fon eftet. La main A\'inftrument des inf-
trumens. Les infirumens dont la nature lé fert dans
la plupart de fes opérations , nous font inconnus.
Instrumens des Sacrifices. Terme d'Hilloirc ancien-
ne. Ce font des ornemens de l'Architedure anti-
que , tels que font les vafes , parères , candélabres ,
couteaux dont on égorgeoit les viélimeSj comme
il s'en voit à une frife d'ordre Corinthien de relie
dun temple derrière le Capitolc à Rome , & aux
Métopes Doriques de l'Hôtel de Touloufc à Paris.
Ce font auili des pièces de cabinet où l'on range des
Antiques. On voit plufieurs injlrumens de facritices
aa cabinet de la Bibliothèque de Sainte Geneviève.
|KJ" Instrument ledit aulli des moyens auxihaires dont
les ouvriers & les artifans le fervent pour fiirc les
oiivragesde leur art, Injlrumentum.. Infirument de Ma-
çon, de Charpentier, de Serrurier, &c. Dans ce
fens il elt fynonime d'outil. On oblérvera feulement
que le terme à'inflrument eft comme le genre ^ &
celui d'outil comme l'cfpèce.
ÇCF On obfervera encore que le mot A'injirument eft
plus noble , au lieu cjue celui d'outil dit quelque
chofe de bas. C'eft pour cela que le premier con-
vient quand il eft queftion des Arts libéraux. Inf
trumcns de Géométrie, &c. Et le fécond quand il
s'agit d'Arts méchaniques. Outils de Charpenterie ,
d'Agriculture. On peu dire de tout cutU que c'eft
un injlrumenf. mais on diroit mal de certains injlrumens
que ce lont des outils.
ffT ÏNSTRUMENS de Chirurgie. On comprend fous ce
nom tout ce qui fert aux Chirurgiens dans les opé-
rations Chirurgicales.
ffT En Chymie , on appelle injlrumens , fujppellex Chy-
mica , l'attirail Chymique > tout ce qui fert aux ope
rations Chymiqucs ; les fourneaux , les vaiileaux , àx.
Instrument , par excellence , fe dit de ce qui fert à
feire des opérations de Géométrie , des obfervations
c'Aftronomie , comme le compas , la -ègle , le ni-
veau, le comp.as de proportion, le graphomètre.,
le pamomètre j &c. pour la Géométrie , les pland-
phcres; les quarts de, cercle pour l'Aftronomie ■■, lal-
trolabe , le bkon de Jacob , ou l'arbalète pour h
Marine. Et en général , il fe dir_ de tout ce qui fert
en Mathématique. Fabricateur à'infirumens. Ce mot
À'injlrumens eft le feul dont on lé fert en ces occa-
lîons , & en parlant de ces Arts là.
InS^îrument , fe dit auffi de ce qui fert à produire
quelque harmonie fans le fecours de la voix. Les
infirumens de Mufique fe diviicnt en trois genres,
dont le premier eft des injlrumens à cordes , qui
font le monocorde , la trompette marine , le colan-
chon , le rebec , les violons, les violes , la lyre , la
mandoïc , la pandore , le luth , le tuorbe , la harpe ,
Je ciftre , le plaltérion , la guittare , l'épinettc , le
î N S
clavecin , le manicordion , la vielle.
^fF Parmi les injlrumens à cordes , Jidcs , il y en a dont
on exprime le fons avec les doigts, comme le luth,
la guittare , &c. dont en pince les cordes ; d autres
qu'on fait réfonner avec un archet j comme le vio-
lon ; d'autres pat le moyen des lautereaux , comme le
clavecin.
La féconde clalTe comprend les injlrumens à vent
que l'on fait parler avec la bouche ou avec des fouf-
tiets , comme les orgues , les Hûtcs , les hautbois , la
cornemuleouchalémie, la mulette, les chalumeaux
de Pan , le flageolet , les cors , trompes , trompettes ,
faquebutes , le ferpent , le cornet a bouche , les la-
gots , baftons , courtaux , ccrvelats , tournebouts ,
&c. La troilième contient les infirumens de percuf-
lion, comme font les tambouiSj les cloches, ca-
rillons, cymbales, claquebois , rebubes ou trompes
d'acier , qui feront tous expUqués a leur ordre.
§3" On appelle Mulique inftrumentale , celle qui eft
exécutée fur les injlrumens de MuUque. Par oppoiition
à Mulique vocale.
|C?Intsrum£nt , terme de ]\iû(^r:\kàtncc.lrjlrumentum.
Titre par écrit qui fert a établir le droit & la pro-
tection qu'on peut avoir. Il a prouvé la noblelle par
bons injlrumens , par des titres anciens &C authenti-
tiques. Les Secrétaires d'État dreilént & gardent les
injlrumens , les Traités de paix. Vinjlrument de la
paix de 'Weftphalie , pour dire ce traité de paix ré-
digé par écrit.
tfJ' On ne dit plus guère injlrument dans ce fens , quoi-
que le mot Latin propre pour exprimer ces fortes de
titres l'oit injlrumentum. On dit titre, monument,
pièce ancienne.
^- On diftingue deux fortes A'injlrumens , les publics
&: les privés. Vinftrument public eft un adte , un con-
trat .authentique , ou reçu par une perfonne publique,
par le moyen duquel on prouve en Juftice quelque
vérité , on établit un droit , tels font les actes reçus
par les Notaires, Tabellions, Greffiers qui font toi
quand ils font en forme.
|CÏ" L'Instrument privé, ou écritures privées, font
des cédules ou promelfes, livres de comptes, ou let-
tres miiîîves. ^
Le mot d' infirument , dans le fens qui vient d'être
expliqué , n eft pas aujourd'hui fort en ufage , on
s'en fervoit autrefois-, m.ris à prélént on emploie plus
ordinairement les mots de titre , acle, tk autres fera-
blables. Quand on s'en fert , il déligne particulière-
ment les actes publics.
C'eft en ce fens que plufieurs Pères & autres Au-
teurs Eccléfiaftiques , tant anciens que modernes,
on dit le vieux injlrument, le nouvel injlrument, au
lieu d'Ancien Teftament , Nouveau Telbment, en
parlant des livres Canoniques de l'Ecriture - Sainte.
Mais ce mot n'a pas été reçu par Tufage de notre
langue , quoiqu'il fe trouve dans quelques-uns de nos
vieux Auteurs.
Instrument , fe dit auffi figurément en chofes mora-
les, & lignifie le moyen, l'organe, les chofes ou les
perfonnes. Les pécheurs font les injlrumens dont la
Providence fe fert pour exercer les juftes , dit Saint
Auguftin. Son orgueil a été Vinjlrument de ù pêne.
Les' hommes peuvent bien être les injlrumens de la
vengeance de Dieu; mais elle ne leur appartient pas.
Nie. Quand Dieu a choifi qu-elqu'un pour être Vinf-
crûment de les delleins , rien n'en arrête le cours ;
il enchaîne , ou il dompte tout ce qui eft capable
de réfiftance. Fléc. Il a fervi A'injirument 'poui ruiner
la République. Ablanc. Il avoir été Vinjlrument de
leur rage. Vaug. Les richeffes font les injlrumens
des paffions. FlÉc.
On dit proveibialement , que c'eft un bel injlru-^
ment que la langue , pour dire , qu'il eft plus aifc
de parler que d'exécuter.
INSTRUMENTAL , ALE. adj. Qui fert dinftrument.
Injlrunientalis , or:mnicus. Aux quatre caufcs que les
Phibfophes admettent ordinairement, on doit a;ou-
tcr la caufe injlrumentale. 'Voy. Instrument.
C'eft auffi un terme de Muiique. La Muhque inf-
trumentale
vor.
[nsulaires. f. m. pi. Terme de dinfe. Oti donne ce
nom à'Infulaires à une des efpèccs de Contredan-
fes. On danfa plufieurs Contredaafcs , comme le
Corillon , la Chalfe , les Rars , les Ir.Maircs , dcc.
INSULE, f. f. Vieux mot. île ^ da Larin 'infula ^ d'où
Tom; F.
INS ^
trumetitaU cft celle qui cft compoféc pour être cxe'-
cutcc fur les inftrumens. La vocale clt celle qiu fc
chante.
INSTRUMENTER, v. a. Terme de Pratique. Faire des
adlcs publics, palier des contrats. Injlrununta conji-
- cen. Oïl a interdit ce Grefiier, ce iNotaire , ce Ser-
gent , avec dcfinfc à eux à'infirumcriter. Un Officier
ne peut pas infimmeattr en une atlaire où il a inté-
rêt, ni liors de fa Jurildidlion. Comme on n'aime
guère à fc charger d'une inimitié pcrlonnelle , ni à
injlrumcntcr contre foi même de trente Cardi
naux, qui le trouvèrent au Conlilloire , il y en eut
ving-quatre qui furent d'avis , qu'on ne pouvoit exi-
ler le Cardinal , &c. Ab. Regn.
INSU. Voyci INSÇU.
JNSUBRE. f. m. Nom de peuple. Habitant de l'Infu-
brie. Infubcr. Les Infubrcs étoient un peuple de la
Gaule Tranfpadane. On pourroit dire aulli Infu-
brienne.
INSUBRIE. Ancien nom d'une contrée d'Italie. Infu-
èria. L'Infuhrie étoit une partie de la Gaule Cilalpi-
nc, dans la Tranfpadane i c'ell le pays qui ell en-
tre la Séfia & l'Adda , dans le Duché de Milan. Les
villes de Vinfubrk étoient Côme , Crémone , Lodi ,
Milan , Navarre , Pavic , Vigcran.
INSUI5RIEN, , f. m. Peuple habitant de l'Infubrie.
Leur Capitale étoit Milan.
INSUFfISAxMMENT. adv. D'une manière qui n'efl:
pas fulïifinte. Non. idoneè. Il n'a prouvé fes alléga-
tions qu'infulfifamment, & il a perdu la caule.
INSUFFISANCE, f. f. Incapacité. FacuUatïs inopia.
On a ordonné à czt Officier de fe défaire de Ci charge
à caufe de fon infuffifance. Il a été examiné pour
les Ordres , & il n'a pas eu Ion adrniuatur , à caufe
de fon mfu^funce. Leur infuffifance peut apporter
beaucoup de confuiion. Patru. Tybère crut qu'il
y avoir de V infuffifance , ou de la foiblelîe , à garder
les loix. S. EvR.
IJCT On le dit des perfonnes & des chofes. L'infffi
fance de l'homme ; Vinfuffifance des moyens qu'il
emploie. Ce mot marque proprement la diipropor
rion du talent , des forces , ou des moyens avec l'etiet
qu'on fe propofe, ou qu'on attend de nous. Vin-
fuffifance de la rai(on humaine le reconnoît dans
les matières de la foi.
INSUFFISANT , ANTE. adj. Qui ne fuffit pas. Foy.
Insuffisance. Non fufficiens. La penfion qu'on don-
ne à cet Officier eft infuffifance pour le fiire fubiifter
avec fon équipage. Quand on a voulu traiter avec
cet Ambaiïadeur , fon pouvoir s'ell: trouvé infuffi-
fant. Nos forces feules font infuffifantes pour mériter
le Ciel.
îNSULA , ou Infulafii-MS mcd'il. Terme d'Aftronomie
purement Latin , f-rancité par l'ufrge. C'cft le nom
d'une des taches de la Lune , qu'il a plu aux Aftro-
nomes de nommer ainfi. Cette tache eft la dix neu-
vième du Catalogue que le P. Riccioli en a fiit.
INSULAIRE, f m. & f. Qui habite dans une ile. In-
fularis. Les Infulaires de l'Amérique étoient plus
barbares &c plus difficiles à dompter que ceux du
continent. Six ou fcpt de ces Infulaires donnèrent
leur fang pour Jésus-Christ. Bouhours.
pCril eft auffi adj. Les peuples Infulaires font plus
propres à la navigation que les autres.
Les Romains appclloicnt Infulaires les efclaves qui
gardoient les maifons iiolées qui faifoient une ile.
On appeloit auffi Infulaires ceux qui faifoient payer
les loyers des maifons. V. Cafaubon fur Suétone ,
Jul. Citf C. 41. On appelait encore Infulaires de
miférables efclaves , tranfportcs dans quelque ile , &:
qu on employoit pour toujours aux ouvrages publics,
1^oye\ la loi 17, ff. de pœnis , Se Laurent Pignorius ,
Comment, de fervis teft. Popma , Lib. de operis Ser-
NS
201
l'on a fait Infulaires habitant d'une île.
INSULTABLE. adj. m. & f. Expofé à l'infulte , qui
peut être infulté. Il fe dit des polies à la guerre , àc
des lieux que l'on délend. Qui oppugnari potcjl. Sou-
vent on fc trouve poilé dans des Cnnetieres, Châ-
teaux tk. Mailons , où il faut faire des réparations
aux endroits infultables. Bompellen. On peut In-
fultcr une place quand elle eft infultablc. Mais il eft
trop tard pour commencer le liège d'une place com-
me Carmagnolles. Pour des combats , on en donne
en tout temps , quand les deux parties veulent ....
Bussv.
^INSULTANT, ANTE. adj. m. ôc f. Quiinfultc.
Les dilcours , les procédés, les manières j tout ce
qui marque le mépris que nous avons pour les au-
tres , eft infultanc. Infultatonus , contumcUofus.
^3' INSULTE. Infultatio. Ce mot étoit autrefois maf-
culin; aujourd'hui il eft féminin, & il n'eft plus per-
mis de dire , un grand , un cruel infulte. C'eft en
général une attaque faite avec infolence 5 un mau-
vais traitement de fait ou de paroles, avec dellcin
d'ortenfer. Faire, recevoir une infulte. L'infulte eft
une des eipèces de l'injure.
§3° Insulte , ati'rcnt , outrage , avanie , fynonimes. L'in-
fulte , dit M. l'Abbé Girard , eft une attaque faite avec
infolence ; on la repoulle ordinairement avec viva-
cité. Les honnêtes gens ne font jamais à'infulte à
perfonne. Foy. aux autres articles les nuances qui
diftinguent ces mots.
§CJ" Insulte , dans l'Art Militaire , fe dit d'une attaque
vive, brufque & à découvert, d'une place, d un
fort ou de quelque autre ouvrage. Repentinus im-
petus , ajfultus j oppugnatio , aggreffw. Foye^ In-
sulter.
§3° On dit qu'une place eft hors à'infulte, pour dire
qu'elle eft hors d'état d'être forcée ou prife d'emblée.
Mettre une place hors à'infulte. Cette place n'eft pas
encore achevée , mais elle eft hors à'infulte.
UCT INSULTER, v. a. Attaquer quelqu'un avec info-
lence, le maltraiter de propos délibéré, par ime
aélion , par un diicours , par un écrit &c. Infultare y
contumeliam facere. Cet ivrogne infulte tous les paf-,
fans. Il eft venu \-n'infulter]\i((\ut chez moi.
M. Pasc. adit, injiilterconuc quelqu'un. Il infulta.
contre le premier qui s'oppoloit à fon avis. C'eft une
faute.
Insulter, fignifîe auffi j prendre avantage de la mi-
sère de quelqu'un, de fon malheur, pour lui faire
quelque olîenle , pour lui témoigner du mépris.
Increpare , aggravare miferiam verbis. Mais en ce
lens il régit plus ordinairement le datif. C'eft une
grande cruauté à'infulter aux miférables. N'infulter
jamais les misères d'autrui. On infulte à la misère par
loftentation des richeftes. Combien voit-on de fem-
mes , parce qu'elles ne tombent pas dans des pé-
chés grolîîers , infulte r fans compallîon à la fragilité
& à la foibleire ! Fléch. On le trouve aulîî quelque-
fois conftruit avec l'accufatif , en ce fens.
Ami , n'infulte point un malheureux qui t'aime.
Racine.
Insulter j fignifie auffi dans l'Art Militaire, Attaquer
une place , ou un pofte bruiquement à découvert.
Aggredi , oppugnare. Les François ont infulté la con-
trefcarpe de Dole , ils s'y font logés en arrivant. On
a infulté les dehors j &: on les a enlevés. Les trou-
pes du Roi infultèrent en 1677. avec tant décourage
& de bonheur la contrefcarpe de Valenciennes , qu'el-
les emportèrent la ville même.
Insulté , ée. part. pall". & adj.
INSUPPORTABLE, adj. m. 8c f. Intolérable , qu'on ne
peut lupportcr. Intolerabilis. Les damnés fouffiiront
éternellement des peines infupportables. Le joug de
la tyrannie des Infidèles eft mfupportable.
On le dit auffi par exagération de ce qui choque,
de ce qui eft fâcheux & incommode. Molefus , non.
ferendus. C'eft un homme infupportable avec fcs mau-
vais contes & l'es plaitanceries. Cet auteur a fait des
Ce
%oz I N T
fautes infupponahks dans fon livre. Ce valet efl In-
fupponabU par la lenteur. Ce mot elt infupponable.
Vaug. Rem. Ceux qui ont plus de calens que les au-
tres pour la convcrfation , Ibnt infupponubks , parce
qu'ils veulent toujours briller. Btu.On ell plus in-
Jupponable par les bonnes qualités qu'on atlede ,
que par fes défauts naturels. Tout ce qui s'élève au-
delfus des hommes leur devient odieux & infuppor-
table, FlÉc.
INSUPPORTABLEMFNT. adv. D'une itianière infup-
portable. Intokranter. Cet Auteur écrit infuppona-
bhment y on ne le peut Ibuflrir.
INSUPPORTANT , ANTE. vieux adj. ra. & f. In-
lupportable. Importunas.
INSURGENS. f. m. pi. Terme de Relations & de
Gazettes. Il Te dit dans certaines troupes de Hongrie
qu'on lève extraordmairement pour les bel'oins prel-
fans de l'ÉtaC Les Infurgens de Hongrie fe font avan
ces pour couvrir les frontières du Royaume. Les In-
furgens font en mouvement. Ce mot vient lans doute
du Latin infurgens , participe d'infurgere , fe lever ,
s'avancer, aller au-devant de l'ennemi pour le re-
pouller. ^
INSURMONTABLE, adj. m. & f. Qui ne peut être
furmonté. Infuperabiiïs. On a tenté fouvent le paf-
fage en Orient par le Nord : mais on y a trouvé des
dillicultés ïnfurmontables. Dieu permet quelquefois
que ceux qu'il aime rencontrent en leur chemin des
tribulations qui femblent ïnfurmontables ; c'ell ahn
d'en tirer fa gloire. Ab. de la Tr. Foye^ Surmon-
ter.
fO" INSURRECTION, f. f. Adtion de s'élever contre
quelqu'un ,. foulevement. Les Cretois , pour tenir les
Magiltrats dans la dépendance des Loix, employoienc
tin moyen bien fingulier ; c'étoit celui de ï'infurrec-
tion. Une partie des Citoyens (e foulevoir, mettoit
en fuite les Magiftrats j &c les obligeoit de rentrer
dans la condition privée. Montesq.. Minos avoir
extrêmement recommandé le relped & les égards
qui font dus aux Magiftrats. V infurreciion ne pou-
voir être qu'un etfet de la décadence & de la corrup-
tion des principes des mœurs.
fcTLes Loix de Pologne ont aulîl leur infurreciion.
MoNTESQ.. Mais cette prérogative , qui efl: le liberum
veto n'appartient qu'aux Nobles dans les diètes.
gCF On appelle Infurreciion en Hongrie ^ l'armement
qui fe fait pour la défenfe du pays , & par extenfion
on donne ce nom aux grandes levées qui s'y font ,
quoiqu'elles n'aient pas pour objet la défenfe du pays.
■ L'Impératrice Reine follicite les Hongrois de prendre
les armes & de marcher contre la France, & en
aulli grand nombre que s'il s'agillbit de la défenfe
■de la Hongrie : bien entendu que cette infurreciion ,
comme on l'appelle en ce pays là , &c.
INT.
I N
T
ÎNTABULER. v. a. Mettre le nom de quelqu'un fur
le tableau , ou la lille des membres d'un Corps de
Communauté. Les Chanoines, dits à l'Autel de No-
tre ■ Dame de l'Églife Cathédrale de Sens , jouillent
■des prérogatives des autres Chanoines capitulans , en
forte qu'ils ont toujours été intabulés , tant pour la
nomination des Bénéfices du Patronage du Chapitre
de Sens , que pour les autres OHîccs qui appartien-
nent en tout aux Chanoines Journ. du Palais ,
corn, i.pag. So. soi. 2.
Ce verlie eft en ufage dans les Chapitres , ou du
moins dans quelques Chapitres; pour dire , Mar-
quer , mettre dans le tableau où te marquent ceux
qui doivent , chaque femaine ou aux fctes , exercer
quelque office au chœur. Intabulare , adofficium ali-
quod denotare. A toutes les fêtes à\x premier rang
l'Archevcque eft intabulé pour y officier.
ÎNTACTILE. adj. m. &: f. Qui tangi non potefi. Qui
ne peur tomber fous le fens du tadl. La matière fub
tile de Defcartes eft corporelle , les atomes de Gaf-
fendi font aulli corporels : cependant tout cela eft
intaclUe. Ce mot n'eft pas ufité.
INTAKER. f. m, Nom que l'on donna autrefois a des
brigands , des bandits en Angleterre. Latro. Les
Intakers occupoient une partie du nord d'Angleterre
appellée Ridefdade. Ces mauvais voihns faifoient
fouvent des courfcs dans le midi de l'Ecolfe , & erj
pilloient les habitans. Ceux qui failoient ces expédi-
tions s'appelloient Outparters , ou comme on a pro-
noncé depuis Outputers , qui lignihe des gens qui
vont faire leur coup hors de leurs pays. Ceux - ci
apportoient leur butin à ceux qui étoient reliés , Se
qu'on nommoit pour cela Intakers, c'eftàdire,
ceux qui reçoivent le butin au dedans du pays.
INTARISSABLE, adj. m. ik f. Inexhaujlus. Ce mot
n'eft point approuvé de quelques gens qui parlent
bien. Beaucoup d'autres le trouvent bon , & même
nécelfaire. L'Académie l'ayant adopté dans Ion nou-
veau Dicf ionnaire , il femble que fon autorité doit
lui donner cours , & que l'on peut s'en fervir. Il
lignifie qui ne peut tarir. Les iources des grands Heu-
ves lont intarifj'ables , elles donnent toujours de l'eau.
Fûye:ç_ Tarir.
Intarissable, fe dit fîgurément en chofes fpirituelles
& morales. Les tréfors de l'Églife d'où fe tirent les
indulgences font intarijfables. Ce Docteur a une il
profonde dodirine , une 11 grande fécondité de gé-
nie, quec'eft une (ouîce intarijfable. Une érudition,
une imagination gC? intarijjable , qui ne s'épuile point,
La veine intarijjable d'un Pocte , qui fiit beaucoup
de vers lur toutes fortes de matières.
INTÉGRAL , ALE. adj. Integralis. Le calcul intégral
eft la méthode de trouver la fomme des quantités
dirtérentielles , c'eft-à dire , une quantité diftérentielle
donnée , nrouver celle de la diftérencc de laquelle
rétulte le diftérentiel donné. Les Anglois l'appellent
la méthode inverte des Huxions. ifT Le calcul inté-
gral eft l'inverfe du calcul différentiel , le calcul par
lequel on trouve une quantité finie dont on con-
noit la partie infiniment petite. Le calcul différentiel
eft parfaitement expliqué dans l'analyfe des infini-
ment petits de M. le Marquis de l'Hôpital & dans
quelques autres livres. Nous avons peu de chofe juf-
qu'à prêtent lur le calcul intégral.
§Cr Intégrale, f f. Terme de Géométrie. L'intégrale
d'une quantité différentielle. C'eft la quantité finie
dont cette diftérentielle eft la partie infiniment pe-
tite.
INTÉGRALEMENT. Adverbe peu en ufage, qui li-
gnifie entièrement Si la fociété de Paul Duhalde avec
Dieu s'exécute, dit M^. Pillon , Avocat du tuteur
de la veuve ôc du fils, il faut donner la moitié aux
pauvres, l'autre moitié àok a.ppa.neniv intégralement
à la veuve , d'où il s'enluivroit que le fils leroit ex-
clus des profits. Or comme reprétentant fon père , il
doit avoir fa part dans les profits de la fociété
Caufes célèbres , com. 4. p. 2p4.
INTÉGRANT , ANTE. adj. Terme dogmatique , qui
fe dit des parties qui entrent en la compofition d'un
tour. Integrans. Les bras , les jambes , font des parties
intégrantes du corps humain ; c'eft -à -dire , qui
compofent fon intégrité. IKî" On les appelle ainfi
pour les diftinguer des parties elfentielles , fans lef-
quelles le tout ne fauroit fublîfter ; au lieu que les
parties intégrantes ne font nécelfaires que pour l'in-
tégrité, pour le complément de la choie. L'on ne
dillout l'or qu'en les parties intégrantes.
INTÉGRATION, f. f. Terme de Géométrie nouvelle,
ou du calcul diiférentiel. Integratio. Acl:ion d'inté-
grer, ou par laquelle on fomme , on réduit en fom-
me les qualités diftérentielles , ou par laquelle d'une
quantité diftérentielle donnée , on trouve celle de 11
diftérence de laquelle rétulte le difterentiel donné. Par
exemple :
S> d X = d X
S d X -^ d y =x -+- y -
Sxdy ydx = xy
S m X '"' dx = X "• • -m
S n : m x "■"• m d x
"^ y d X — X d y : y
x:y.
1 N T
De (cpt couibcs , les cqu.itions des deux quelcon-
ques pnlès à difcrâioii étant données, l'on pourra
toujours trouver les cinq autres , fuppolé les inté-
grations requifes, & la réfolution des égalités qui s'y
pourroicnt rencontrer. 'Varignon , Acud. ijoo.
Mcin. p. sa.
INTEGRE, adj. m. & f. ^ Qui pratique l.i jufticc
dans toute l'on étemUie. Dans ce fens être vertueux
ou être intégre ne lojit qu'une même choie, liitcgcr.
La principale qualité d'un Magillrat , d'un Juge ,
d'un Arbitre , d'un Souverain , c'eft d'être intégre.
Voy. iNrÉGRiTÉ. Il faut bien diftinguer intégre ëc
entier. Intégre ne le prend jamais qu'en bonne part,
& ne fe dit guère que des Juges , des lupéricurs ,
&;c. Entier (i: dit d'un homme opiniâtre, attaché à
{on fens , qui ni:n veut point démordre. Ainfi c'cfl:
prelque toujours un détaut que d'être entier , &
c'ert toujours une vertu que d'être intégre , incorrup-
tible , irréprochable.
Ce mot vient du Latin, integer , entier.
INTÉGRER. V. a. Terme de Géométrie nouvelle.
Trouver l'intégral d'une quantité diftérentielle. C'cll:
de la différentielle ou de la partie infiniment petite
d'une grandeur , remonter à la grandeur entière ou
intégrale , dont cette partie inhniment petite efl: la
différentielle ; c'eff rallèmbler les touts que le calcul
diflérentiel a lu réloudre en leurs parties inhniment
petites. Intcgrare. Les méthodes générales pour in-
tégrer font prélénrement l'objet des recherches &
de l'ambition d'un petit nombre d'excellens Géomè-
tres. FoNTENELLE. A'I. Bcmoully de Grouinguc
a donné une nouvelle méthode pour intégrer. ICEiM.
pT INTÉGRITÉ. C. f. En morale , c'eft la qualité de
l'homme intègre , c'eft à dire de celui qui pratique
Ja juftice avec l'exrilitude 'a plus fcrupuleule ; qui
lis va jamais au-delà des limites qui léparent le jufte
de l'injufte. Integritas. On ne fauroit compter Vin-
tégrité de les mœurs. Ce Religieux vit dans une
grande intégrité , une grande puieté de mœurs. Ce
JiKe a fait voir fon intégrité en condamnant un cri-
mmel qui étoit puilîant. Ce Magiftrat fe figure que
c'eft un aéle à'intégrité héroïque j que de renoncer
à toutes fes amitiés. Bal. Caton alloit droit au bien
public , mais d'un air ferouche : l'auftérité de fes
mœurs étoit inféparable de {'intégrité de la vie. S.
EvR, L'intégrité de bien des Magiftrats n'eft qu'un
dc!u- de s'élever aux premières charges. M. Esp. Les
brigues iSc les partialités corrompent l'intégrité de la
Juftice. Boss.
Ce mot d'intégrité , joint avec celui de corps,
fîgnific pureté , chafteté. Que fert à une Vierge d'a-
voir confervé l'intégrité de fon corps. Il elle néglige
celle de l'ame ? Ab. de la Tr.
IJO" Au Phyfique intégrité Ce dit de l'état d'un tout qui
a toutes fes parties , auquel il ne manque rien , qui
a tout ce qui lui convient. L'intégrité d'un tout.
§CirOn s'en fert aullî pour défigner l'état d'une chofe
qui n''eft point corrompue , changée , altérée. L'in-
tégrité du foie , de la rate , &c. On confervé un em-
bryon dans fon intégrité, en le mettant dans un vafe
plein d'efprit de vin : les Juifs prétendent avoir con-
lervé leur Religion , leurs cérémonies , dans leur in-
tégrité. Le ConfelTeur lui doit impoferune pénitence
légère pour l'intégrité du Sacrement. Pasc.
Intégrité. Terme de Poétique. C'eft la fin &c l'ache
vement d'un Poëme Épique , qui doit avoir un
■ commencement , un milieu , & une fin. L'intégrité
de l'adion eft une des règles de la Poëfie. Le P.
lE B.
INTELLECT. C. m. Terme dont fe fervent les Philo
fophes , pour nommer cette faculté de l'ame qu'on
appelle d'ordinaire l'entendement ^ c'eft-à-dire l'ame
en tant qu'elle conçoit. Intellecius. Les anciens Pé
ripatéticiens diftinguent V intellect agent d'avec le pa-
tient. L'intellect agent eft celui qui reçoit les efpè
CCS impreffes , que les obiecs de dehors envoient dans
les fens extérieurs , & de là jufqu'aux fens commun.
Ces cfpèces imprelfes étant mitéricUes & fenîlbles ,
font rendues intelligibles par ïintdlecl agent, ou agif-
Tome V.
INT_ 203
fant, &: font propres pour être reçus daas l'intellect
patient. Les elpcces fpnitualifécs (ont appelées efpè-
ccs exprelles , parce qu'elles font exprimées des inv
prellès, & c'eft par elle que l'intellect connoit tou-
tes les cliofcs matérielles. Malébr. ïf3' f^oy. cfpècc
imprelle, exprelle, & les .articles relatifs, f^oy.d.uiïi
ciuendement.
INTELLECTIF, IVE. adj. Qui a la puilTiince d'en-
tendre , de comprendre les choies par le raifonne-
ment. Intelligens. La. démence eft l'état d'un homme
privé de fa faculté intellcctivc. Il n'cfl: guère en ufaga
qu'en cette phrafe.
INTELLECTION. f f. Adion par laquelle l'entende-
ment comprend , conçoit une choie. Intellecius ^
perceptio. Les Philofophcs diftinguent r//2rf//fc?io«,
qui eft l'aftion de l'entendement , d'avec lavolition,
qui eft celle de la volonté.,
INTELLECriVE. f. f. Intelligence, compi^éhenfion.
Intellecius.
INTELLECTUEL , ELLE. adj. Qui appartient à l'in-
telleél, qui eft dans l'entendement. Intelligens. Ain-
fi , on dit. Faculté intellecluelle , objet intclleclucl y
vertus intellectuelles y puiflance intel Usuelle , objets
intellectuels , tout ce qui fe pafte au dedans de nous \
objets fenhbles , tout ce qui le pafte au dehors.
Intellectuel, etle, lignifie aufti. Qui eft purement
fpirituel, qui n'a point de corps. Spiritalis :, fecretus
à corpore. Les Anges lont des fubftances purement
intellectuelles. L'ame eft une fubftantce intelled.uclle,
un être intellectuel. Dans l'oraifon palTIve toutes les
puilîances intellectuelles de l'ame font liées & fuf-
penducs. Dans ce fens il eft oppofé à m.itériel.
INTELLIGEMMENT, adv. Avec intelligence. Intellï-
genter. Cet Avocat eft verfé dans ces iTiatières , il en
parle fort intelligemment.
INTELLIGENCE, f. f. Erre fpirituel. Intelligentia.
Dieu eft la première, la Souveraine intelligence; c'eft:
cette intelligence incréée , ou la Providence, qui gou-
verne tout le monde. L'ordre invariable qui fe re-
marque dans la machine de l'Univers ^ eft l'ouvrage
d'une intelligence infinie & toute-puiflante. Ab. de
la Tr. Les Anges font de pures intelligences , ils
ont été créés fans corps. On les appelle ordinaire-
ment les intelligences céleftes, Arillote avait imaginé
de certaines intelligences attachées aux Cieux pouE
les mouvoir , ne pouvant autrement expliquer leur
mouvement.
Intelligence, fe dit auflî à l'égard de l'ame raifon-
nablc , de la connoillance. Intellecius. Dieu a bien
borné l'intelligence des hommes , leur intelligence
ne va pas fort avant dans les lecrets de k nature.
C'eft par une pure grâce qu'il lui a donné l'intelli-
gence de fes myflères. Le Saint Efprit donna aux
Apôtres l'intelligence de toutes les langues. Il y à
bien des endroits dans l'Écriture dont on cherche
l'explication. Un Commentaire oblcurcit fouvent un
Auteur, au lieu d'en donner l'intelligence. Jésus-
Christ accufoit fes difciples d'être de dure , de tar-
dive intelligence. C'eft un bon ligne d'intelligence ,
de ne point entendre ce qui n'cfl pas intelligible.
Le Chev. de m. Vous avez l'intelligence fine. S.
ÉvR. Avoir une vafte intelligence. Boss.
^fT Dans le dogmatique , c'eft la faculté qui nous fait
pénétrer le principe , & connoitre les premières véri-
tés des f ciences.
|Cr En Peinture , ce mot fe dit des parties qui ont plus
de rapport au goût de l'Artifte qu'à l'étude du tra-
vail. On dit la fcience du Defîéin j cS: l'inteiligence
du clair obfcur. Acad. Fr>
Intelligence , fignihe aullî , concorde , union de fenti-
mens , amitié réciproque. Concordia. L'Églife a in-
térêt de maintenir la bonne intelligence entre les
Princes Chrétiens. C'eft un grand bonheur dans
une famillcj quand il y règne une parfaite intelligence.
|3° Intelligence fé dit encore de la correfpondance
qui fe trouve entre des perfonnes qui s'entendent l'un
avec l'autre , du rapport que certaines chofcs peuvent
avoir entr'elles. Ils lont d'intelligence , ils ont intel-
ligence l'un avec l'autre pour vous tromper. Cette er-
Gc ij
#
ao4 î N T
reiii- s'eft répandue en peu de temps par Vintdii-
gence qu'elle a trouvée dans les inclinations cor-
rompues des hommes. Nie.
Mais hélas à la Cour ,
Combien tout ce qu'on du ejl loin de ce qu'on penfe !
Que la bouche & le cœur font peu i/'inteiligence !
Rac.
Intelligence , fe dit auflî de la Correfpondance qu'on a
avec des allociés en des pays étrangers pour^ faire un
commerce. Ce Banquier a des intelligences à Rome ,
à Ham.bourg & à Amfterdam , il peut faire tenir
de l'argent pat-tout. Ce Marchand a des intelligences
à Venilcj à Gennes , à Lyon, à Tours, pour y
faire manufadurer des étoffes , y fiire des achats de
marchandiles. Correfpondance ell plus ufité en ce
fens.
Intelligence, fe dit auflî en matières de négociations.
Ce Prince a des intelligences dans toutes les Cours
de l'Europe. Ce Gouverneur a des intelligences dans
une telle place , il trouvera l'occafion de s'en em-
parer.
Intelligence 3 fe dit auflî en mauvaife part, dune ca-
bale fecrete, d'une coUuhon de parties qui tend à
nuire à autrui. Les Larrons , les coupeurs de bour-
fes , font tous à' intelligence. Cet arrêt n'efl: intervenu
que par la coUufion & intelligence entre les parties.
Philis s'efi rendue à ma foi :
Qu'eût elle fait pour fa défenfe !
Nous n'étions que nous trois , elle , l'amour & moi ,
Et l'amour fut (/'intelligence. L'Abbé Cotin.
0Cr iNTELLiGENce, cfptit, boH fcns, jugement: ^ entende-
ment , conception , génie , fynonimes.
§CF L'Intelligence , elt habile Se pénétrante ; elle lailît
les chofes abftraites & difficiles selle rend les hommes
propres aux divers emplois de la fociété civile ; fut
qu'on s'énonce en termes correûsj & qu'on exécute
régulièrement. Syn. Fr.
|Cr L'incapacité eft l'oppofé de V intelligence. Elle efl:
uùle avec les ouvriers & dans les affaires. Il faut fe
procurer en toutes chofes le plus d'intelligence qu'on
peut. Foy. les autres mots.
fC? INTELLIGENT, ENTE, Qui efl: pourvu de la
faculté intelleclive , qui eft capable de concevoir ,
de raifonner. L'homme eft un être intelligent. Il n'y
a que les êtres fpirituels qui puiflent être intclligens.
IP" Intelligent hgnilie plus ordinairement celui qui
fiifit avec facilité les chofes les plus difficiles ; qui
eft habile & verfé dans une_ fcience , dans les af-
fcires , qui eft propre aux diftérens emplois. C'eft eu
ce fens que Térence a dit , homini homo quid prsflat ?
Stulto intelltgens quid interefl ? Ce Pilote eft fort in-
telligent pour la marine. Cet Avocat eft fort intel-
ligent, & fort verfé dans les matières bénéiîciales.
On ne pouvoit pas choilîr pour cette Amballade
un homme plus intelligent. Cet homme eft intelli-
gent ; il démêlera bien toute l'intrigue. Loin d'ici ces
maximes flatteufes , que les âmes iortent des mains
de Dieu toutes lages & intelligentes. Je chargerai
undemes gens, homme i«fe//i^<;/zr, s'il enfùtjamais,
fur ces fortes de chofes. La Comt. de M.
INTELLIGIBILITÉ, f. f. Netteté du difcours, qui le
rend facile à comprendre. Qualité de ce qui eft in-
telligible.
Il règne dans l'Arithmétique des Géomètres de M.
l'Abbé Deidier , une clarté , une intelligibilité , une
méthode peu commune; auflî l'Auteur prétend -il
que fon Ouvrage peut mettre quiconque Ictudiera,
en état de fe palier du fecours des maîtres . ...Ob
ferv. fur les Ecrits mad. tom. iS.p. loj. loS.
0- INTELLIGIBLE, adj. de t. g. Terme didadique ,
qui fe dit par cppofirion à fenfible , des êtres qui
four l'objet de l'entendement. Intelligibilis, Salomon
I N T
Connoifloit tous les êtres intelligiblts depuis le cè-
dre julqu'à l'hylfope.
^fj" On le dit encore , par oppofition à réel , des êtres
qui ne (ubhftent que dans l'entendement. Les Phi-
lolophes ont inventé des êtres purement intelligibles ,
qui ne fubliftcnt que dans l'entendement, comme
les êtres de railon , les univcrfaux & autres fembla-
bles chimères. Les Philofophes appellent auflî ^
Monde intelligible , l'idée du monde dans l'enten-
dement divin j c'eft-à dire , l'idée éternelle de Dieu
lur laquelle le monde a été créé. Il en eft fouvent
parlé dans la Recherche de la vérité du P. Malebran-
che. Ils entendent aulîl quelquefois par cette ex-
prelîîon , les natures intelligentes (épatées de la ma-
tière.
Intelligible , fe dit auflî de ce qui eft aifi à com-
prendre. Perfpicuus. Il faut qu'un Orateur ait un ftyle
net &: intelligible. Les Anciens ne lont pas intelligi-
bles en plulieius endroits lans Commentaire. Les
Chymiftes , les Cabaliftes , cachent leur Icience fous
des mots mylî:érieux , ils ne veulent pas être intelli-
gibles. Ayons plus de loin de nous rendre intelligi-
bles , que de paroîtie dodes. S. ÉvR.
Intelligible , le dit encore de ce qui peut être en-
tendu facilement. Le Juré Cricur a bit cette publi-
cation à haute & intelligible voix. Des Ions diftinds
& intelligibles.
INTELLIGIBLEMENT, adv. D'une manière intelligi-
• ble. Perfpicuè. Les Prophètes ont louvent parlé fort
intelligiblement. Celui-ci le glorifiera de ce qu'il ht
fort intelligiblement. Un autre j &c. Cela eft écrit
fort intelligiblement.
Que tout fait dans ta bouche expliqué nettement ,
Et que l'École parle inteUigiblement. Vill.
INTEMPÉR AMMENT. adv. Avec intempérance , fans
bornes j lans melure, fans retenue. Intemp cranter.
Les peuples du Nord boivent intempéramment , dé-
mcfurément. On ne s'en lert guère. »,
INTEMPÉRANCE, f. f. jfT Intemperantia. Ce terme
dans une acception générale déligne un excès vicieux ,
un vice contraire à la modération & à la tempé-
rance , plus particulièrement un vice contraire à la
fobriété , ou un excès dans le boire & dans le man-
ger. L'intempérance ruine la fanté. L'expérience feule
nous apprend que l'intempérance des plailirs nous
eft nuifible. M. Se. Rachetez vos intempérances , en
alîîftant ceux qui n'ont pas de quoi fatishire aux
lîmples néceffités de la nature. Fl. L'intempérance de
la langue chez les Perles eft plus févérement punie
que tout autre crime , & ils eftiment que celui qui ne
fait pas fe taire , eft incapable de rien taire de grand.
Vau. Intempérance de langue , trop grande liberté
qu'on fe donne de parler. Une avidité de lavoir , ôc
une intempérance de ledure , ont été les paflîons de
fajeunefle. Fl. Ondoitfairepeuraux médifansdelafîa
tragique de Zoïle , qui paya de la vie fon intempé-
rance de langue. Bal. On devroit châtier l'intempé-
rance de plume qu'on remarque à tant d'Auteurs.
S. ÉvR. Pour punir l'irréligieute inftabilité des An-
glois , Dieu les a livrés à l'intempérance de leur cu-
rioilté. Fl. Ne croyez pas que l'homme ne foie em-
porté que par l'intempérance des fens : l'intempérance
de l'efprit n'eft pas moijis flatteufe. Boss.
INTEMPÉRANT , ANTE. adj. Qui a le vice de l'in-
tempérance. Intemperans. C'eft le plus intempérant
de tous les hommes.
Il fe dit auflî rigurément de l'efprit, & lignifie.
Qui ne connoït point de bornes j qui donne dans
des excès vicieux , même dans les chofes louables.
L'efprit intempérant dans le delir de tout lavoir , va
chercher ce qu'il y a de plus fecret dans la natute.
S. ÉVR.
Intempérant, ante. Se prend aufli quelquefois fubf-
tantivement. C'eft un intempérant, c'eft une intem-
pérante.
%3- INTEMPÉRÉ , ÉE. adj. Déréglé dans les paflîons
& dans 'iz% appétits. Intemperé dans fou boire &
f
I NT
d'iiis Ion iivingcr. Intempéré en toutes chofes.
IN ri^MTElUI-,. V. i. Dctcgk-ment j imiivaife conflitu-
tioii , (.IlKuu d'un jultc tcinpéniinent ,^ des qualircs
rcquifes en ccit.iines choies , particulicicmcnt l'ail'
is; les luimeuis du corps humain. Inuniperïes. On
dit Vïntcmpme de l'air, de ce cUmat, le rend dé-
lert. L'intempérie des humeurs , c'ell à-dire l'excès
de quelqu'une des quilités , ell la fource des mala-
dies. \J intempérie du cerveau caufe de grands déré-
glemens, tant dans relpric,que dans le corps. L'i/z-
tempérie des lailons avoit laille dans r.iir une mali-
gne impreliion. Fl. On attribue les révolutions qui
arrivent dans l'Univers, tantôt aux caprices d'une
aveugle Fortune, & tantôt aux intempéries d'une na-
ture délordonnéc. Id.
INTENDANCE. L f. Commillîon ^ d'Intendant i
adminillration d'affaires importantes confiées à fes
foins j dans un certain dilMct. Les Maîtres des Re-
quêtes font ceux qui ont ordinairement des Inten-
dances. Le rellort d'une Intendance de Province eft
l'étendue d'une Généralité. Il y a diverles Inten-
dances pour l'armée , pour la Marine , pour les bâ-
timens, pour les Finances. Il avoit l'Intendance des
provilions de 1 armée navale.
DO" Intendance s'entend auili du diftrid où s'étend le
pouvoir d'un Intendant. On dit que tel endroit , telle
Élcélion eft ou n'eft pas de telle Intendance.
IntendancEj le dit aulli dans les Provinces , au moins
en quelques-unes , pour l'hôtel , la maifon de l'In-
tendant de Jultice & de Finance. MiJJi.^ Dominici
Ades. Je m'en vais à l'Intendance. Monheur n'y eft
pas , il eft à l'Intendance.
Intendance , /fgtiihe encore le temps que dure l'admi-
niftration de 1 Intendant. Pendant Ion Intendance on
en ufoir ain/i. Acad. Fr.
Intendance j le dit aulfi de la commiftîon qui donne
ie pouvoir d'ordonner toutes chofes dans la maifon
d'un Prince , d'un grand Seigneur. Les meilleures
Intendances font celles des grands Seigneurs dont leî
affaires lont en défordre.
INTENDANT, f m. Qui a l'infpeaion, la conduite,
la direction de certaines aftaires. Prs.feclus , adminif-
ter. ifJ' Intendant à l'armée , ou Intendant de telle
armée , Intendant de Marine. Les Intendant des Fi-
nances font ceux qui en ont la diteétion , chacun
dans fon département. Ils ont été établis par François
I. Leur charge fe falloir dès auparavant par les l'ré-
foriers de France. V Intendant des Bâtimens eft l'Or-
donnateur général des bitimens du Roi , des arts &'
manutaèlures de France. Il y a dans la maifon du
Roi des Intendans & Contrôleurs de l'argenterie ,
& des menus. Ils font pour toutes les dépendan-
ces de la Chambre, de la Garderobe , & autres em-
ployées fur les états de l'argenterie des menus. Il
y a aulîî un Intendant & Cojitrôleur des meubles des
édifices royaux.
Les Intendans des Finances , ont fous le Con-
trôleur des Finances , ou celui qui en fait les
fbnétions , la direftion & l'adminiftration d'une
certaine partie des Finances. Intendant de Marine ,
eft un Officier prépofé &: commis dans les ports ,
pour faire obferver les ordonnances , les réglemens ,
la police de la Marine. Les Intendans de la Marine
font pour la Marine , ce que les autres Intendans
des Provinces font pour la Police èc les finances.
^-'Intendant général de la Marine eft au-delîus de
tous les autres Intendans de la Marine j & a inf-
pedion fur tous les ports & tout ce qui concerne
la Marine. Dans les ports moins confidérables , au
lieu è: Intendant de Marine , il y a des Commilfaires
de la Marine.
Intendans du Commerce. C'étoicnt des CommilT^ires
crées par Lettres Patentes du Roi en 1708. pour
avoir l'infpeftion des aftaires du coiîimerce. Cet éta-
blidement ne dura guère qu'environ fept ans , les
Intendans du Commerce ayant été fupprimés fur la
fin de 171 5 peu après la mort de Louis XVL
§^ Par Edit du mois de Juin 1724. ces Intendans ont
ete rétablis. Us ont chacun dans leur département
I N T 205-
ini ccrt.iîn nombre de Provinces, «Se outre cela linf-
peclion fur quelques objets particuliers du commerce
dans toute l'étendue du Royaume.
CfcJ'Lcs Intendans de Provinces font des Magiftrats>
pour l'ordinaire Maîtres des Requêtes j que le Roi
envoie dans les Provinces , pour y avoir l'inrpeclion
& ladiredionde la Juftice , de la Police & des Fi-
nances j & pour y donner ordre aux aftaires extraor-
dinaires. Il y en a un dans chaque Généralité. Ou
les appelle aulli Commijjaires départis en telle Gé-
néralité pour l'exécution des ordres du Roi. C'eft
l'Intendant de chaque Généralité qui reçoit de la
Cour l'état de ce qui doit être impofé fur chaque
Éledion.
Les Intendans de Province répondent aux anciens
Mis, que les Rois déléguoient dans les Provinces
pour la réformation de Juftice , Police & Finance.
Dans les Capitulaires donnés à Sauvois au mois de
Novembre 8/3. Charles le Chauve, Roi de France,
nomma des Mis , ou Intendans dans les douze Gé-
néralités ou Miftis de fon Royaume. On les appeloir
en Latin Mijp Dominici.
ffT Intendant dans une armée , c'eft celui que le Roi
nomme pour veiller à l'obfervation de la police de
l'armée, au payement des troupes, à la fourniture
des vivres &: des fourages, &c.
Intendant des armées navales , eft un Officier ordonné
pour la Juftice, la Police , & les Finances dans une
armée navale.
'îfT Intendant de la fonte à la monnoie. Officier char-
gé de l'alliage.
Intendant , fignifie auftî dans la maifon d'un Prince ,
d'un grand Seigneur, Ion premier Officier, qui a le
foin &: la conduite de fa maiton , de fon revenu & de
fes aftaires. Adminiftrator. Intendant de la Maifon de
la Reine, de Moniicur. Le mot à' Intendant eft de-
venu il commun , qu'il n'y a point de li petit Marquis
qui ne dil'e mon Intendant. Les Intendans ruinent
fouvent leurs Maîtres. Par ma foi , Monlleur l'Inten-
dant, vous nous obligerez de nous taire voir le fecrec
de fiire 'Donne chère avec peu d'argent. Mol.
INTENDANTE, f f. C'eft la femme d'un Intendant
de Finances , ou de Juftice.
Intendante. Cfe nom s'eft donné dans l'Ordre du Col-
lier célelle du Rofaire à la Supérieure dg»cet Ordre.
Pnfecla , prapo/ita. L'Ordre devoir être compofé de
cinquante filles dévotes, fous une Intendante ou Su-
périeure. P. HÉLYOT, T. Jj c. jo.
Intendante J fc dit encore en d'autres Congrégations.
Celle des Filles de S. Jofeph eft gouvernée par une
Prieure , une Intendante , une Coadjutrice. Il y a
auftî une Intendante des pauvres.
Intendante. Au figuré.
Z 'Intendante des eaux , /a Lune au front humide.
P. LE MoiNt.
INTENDIT. f. m. Intention. Glojf.fur Marot.
Intendit. 1. m. Ancien terme de Juril'prudence j qui le
dit des écritures qu'on fournit en des procès où il n'eft
queftion que des faits qu'on articule & dont on offre
de faire preuve. Les parties ont été appointées à écrire
par intendits & faits contraires. Le demandeur a déjà
fourni fes intendits. L'ufage des intendits fubfifte en-
core dans le Confeil d'Artois. Ce mot vient du Latin
intendere ^ tendre, parce que ces écritures tendoient
à faire preuve de quelques faits.
INTENS. adj. 'Vieux mot. Attentif.
INTENSE, INTENSIF, adj. m. 6t f. Terme dePhyfi-
que. Qui a des qualités , ou une , à un haut degré.
Intenfus. Une chaleur intsnfe. Un feu léger &: qui
échauffe peu n'eft pas intenfe , n'a pas une chaleur
wrc'/z/J; maisun feu vif, ardent, violent, eft un feu
intenfe y a une chaleur intenfe. Pour certaines opéra-
tions chymiques, il faut un feu intenfe , une chaleur
intenfe.
Ce mot fe dit aulli des aftes & des habitudes de
l'ame, & lîgnifîe fort , vif, ardent. Intenfus, a,um.
Un amour intenfe , une charité intenfe. L'amour in-
tenfe eft différent de l'amour appréciatif , c'cft-à-dire.
■^cé
INT
de celui qui ciifpofe à préférer une chofe à tour. L'a-
mour appréti.ûit eft néceilaire. Il nous cft commandé
de tendre à un amour de Dieu toujours plus intenfe.
INTENSION. 1". f. Terme de Phyhque. Le haut degré
d'une qualité phyiiqiie. Intaifio. Il ne faut pas piu-
ger lorlque la hèvre cit dans la plus grande intenjion ;
c'eft à dire au dernier point.
Il fe dit auili en Théologie. L'intenjîon de la cha-
rité, de l'amour de Dieu. C'eft la qualité de ce qui eft
intenle. |tTCes mots d' intenfe -, à'inccnjlj & A'inccn-
fion ne font point d'ulage.
INTENSITÉ, f f. Terme didaûique. C'eft le degré de
puillance, de force ou d'aétivité, &c. La puiftance
conlerve toute fon ïntcnjîté. M. l'Abbé Nolet.
^C? La véhémence du fon fait Ion ïntenfité. La force du
fon varie lelon la diftance au corps tonore. On voit
qu'il en cft du fon comme de Vincenjîté de la lu-
mière : plus la diftance à laquelle le Ion eft parvenu
eft grand, plus il s'aftoiblit.
Le ton ne dépend pas de V intcnjîu an fon, &: une
corde mue rend le même fon , loit qu'elle aille & re-
vienne par un plus grand ou plus petit cfpace.
INTENSIVEMENT, adv. en ufrge dans le didaftiquc.
Avec intenlion, avec véhémence, d'un haut degré de
perleélion. Intenfive. il nous eft commandé de ten-
dre à aimer Dieu au dellus de toutes choies ïntenfive-
ment, c'eft à-dire , avec le plus grand eftort, avec la
.plus grande ardeur, avec la plus grande véhémence
qu'il eft pollïble d'aimer.
On pourroit le dire auftl en Phylîque , comme l'on
dit Intenfe.
INTENTER, v. a. Faire, commencer un procès, une
aftion , uneacculation. Intcntare. Ce parent a i/i/cvwe
une aûion en retrait lignager contre un adjudicataire.
Le procès a été intenta d'abord contre moi, mais j'ai
intenté mon aélion en garantie.
En termes de Palais, Intenter \xnz aftion &■ former
une demande, lignifient la même choie.
Intenté , Ée. part.
INTENTION, f f. ConJlHuni, animas , mens. Fin
qu'on le propolc en quelque attion , mouvement de
l'ame par lequel on tend à quelque fin. Pour bien ju-
ger des adlions des hommes , il faudroit remonter à
l'intention & retourner juiqu'au cœur où elles pren-
nent naijlance. Id. Les Caiuiftes dilputcnt fortement
fur l'eificacc d'une bonne intention j è'c il elle ne peut
reclificr une mauvaile adlion. Id. Soit qu'un Auteur
réuilifte ou ne réuftifte pas, on lui doit tenir compte
de la bonne intention k lervir le public. S. Evr. La
'civihté du monde conlîfte en proteftations de fer-vice,
lans que l'intention y réponde ; mais dans l'amitié
elles doivent être foutenucs de l'intention. Bell. Il
ne faut pas pouftèr à bout des gens dont les intentions
ont été meilleures que leurs cxprellîons n'ont été
exaétes. Ross. Dieu eft le feul juge des intentions , il
voit le lecret de nos cœurs.
On dit aulli faire des prières à l'intention de quel-
qu'un , prier Dieu pour lui afin qu'il le converrille j
qu'il profpère , afin qu'elles lui fervent devant Dieu.
On appelle direction d'intention, l'application de
fa volonté à une bonne fin , en fiiftnt une chofe
inauvaife ou dout£uie. On a inventé des biens pour
tout faire, fous le prétexte fpécieux d'une pieufe in~
tention. Pasc. La bonne intention ne peut jamais
redifier une raauvaife adtionj & perfonne ne peut
excufer fon faux zèle par la pureté de fes intentions.
La Pl.
Intention, fignifie auffi l'efprit dans lequel on a tait
quelque chofe. Mens , fentcntia. Il faut regarder le
ddîein, l'intention d'un Fondateur, d'un Teftateur ,
pour bien exécuter fa volonté. Il faut regarder plutôt
l'ctprit & l'intention de la loi , que de s'arrêter fcru-
puleulemcnt à les paroles.
^3' On dit proverbialement, ce n'eft pas l'intention du
Fondateur, pour dire que cela fe fait contre la vo-
lonté de ceux qui en ont l'adminiftr.ation ou h direc-
tion. AcAD. Fr.
^CT" Intention , delïein , volonté, fynonimes. L'inten-
tion , dit M. l'Abbé Girard , eft un mouvemç;-it ou un
I N T
penchant de l'ame qui envifage quelque chofe d'é-
loigné ; elle y foit tendre. Foye^ les autres mots.
Quand la volonté de lervir Dieu vint à l'Abbé de la
Trape , fes premières intentions furent de faire une
auftere pénitence , & il forma pour cela le dejfein de
le retirer dans fon Abbaye , & d'y établir la rél-orme.
^^Les volontés lont plus connues & plus précifes. Les
intentions font plus cachées & plus vagues. Les def-
feins lont plus vaftes & plus raifonnés.
tpr L'intention eft l'ame de l'attion & la fourcc de fon
vrai mérite; mais i! eft difficile d'en juger bien laine-
mcnt. Il n'y a rien de moins fuivi que l'intention de
la plupart des Fondateurs de bénéfices. On dit hiire
une choie de bonne volonté , avec une intention pure
& de dejfein prémédité. Ferme dans les volontés,
droit dans les intentions, railonnable dans fes def~
feins.
Intention. Terme de Logique. Ce terme fe prend
fort diftéremment en Logique ^:^: en Morale. En Mo-
rale, c'eft la vue, le delïein, la fin que l'on fe pro-
pole. En Logique , c'eft ou la connoillance d'une
chofe , ou la choie même connue. De-là vient qu'en
Logique on diftingue deux fortes d'intentions , l'inten-
tion formelle & l'intention objective. L'intention for-
melle eft la connoillance de la chofe , l'intention ob-
jeftive eft la choie que l'on connoîr. L'une & l'autre
de ces intentions fe divilent encore en première , &
leconde intention. L'intention formelle première , eft
la connoiftance d'une chofe par fes attributs eftenriels
qui ne dépendent point de la volonté des hommes,
tv" l'intention lormelle féconde eft la conlidérarioa
d'une choie lelon certaines propriétés qui lont d'inlH-
turion humaine, & qui lui conviennent par la vo-
lonté arbitraire des liçuimes. Par exemple, la con-
noillance que l'on a de ce terme , Homme , en tant
qu'il lignifie un animal railonnable , c'eft une inten-
tion formelle première : mais en tant que le même
terme eft ae genre mafculin ou de la troifième décli-
nailon , c'eft une intention formelle féconde. De mê-
me l'intention objective première c'eft la choie con-
nue en elle-même , & fuivant les attributs qui lui con-
viennent, indépendamment de la volonté ou de l'inf-
titution des hommes. Ainli , l'homme connu félon
Ion animalité &c la rationalité , c'eft une intention
objedlive première. L'intention objective féconde,
c'eft la chofe même connue lelon certaines propriétés
qui ne lui conviennent c|ue parce qu'il a plù aux
hommes de les lui attribuer , comme l'homme en tant
qu'il cft de genre malculin, ou de la troifième décli-
nailon. On voit par-là ce que c'eft que termes de la
première &z termes de la féconde intention. Pitoyable
jars,on de l'ancienne Philolophie.
iNTENTIONNEL,ELLE.//2f.'«rw/2a/w. Terme de Phi-
lofophie, qui fe dit en cette phrafe. Les elpèces inten-
tionnelles, lont , à ce qu'ont prétendu les Anciens, de
petits atomes qui fortent des objets pour frapper les
fens. C'eft ce qu'on appcloit autrement efpèces im-
prelles.
Intentionné , ée. part, du verbe intentionner , qui n'ell
pas en ufigc. Qui a quelque intention, quelque but,
quelque delfein. ^ffecîus. Il ne le conftruit jamais
qu'avec ces mots , èien , mal , mieux. &c. Il y »
toujours des gens bien intentionnés , d'autres mal in-
tentionnés pour le fervice de l'État. Bien intentionné'
fe dit quelquefois en loulentcndant le lubftantif au-
quel il le rapporte. Les bien intentionnés pour l'État
& pour la Religion. P. d'orlÉans. f-^ie de C. p. ji(f.
INTER- ARTICULAIRE, adj m. &: f. Terme d'Ana-
tomie qui le dit des cartilages qui font entre les
articulations des os. Inter-articularis , e. Il y a un
cartilage mobile ou inter - articulaire dans l'une &
l'autre articulation de la mâchoire inférieure avec
les os des tempes. Ce cartilage inter -articulaire eft
épais vers la circonférence , fort mince & tranfparent
dans le milieu, où on le trouve quelquefois tout à-
fait percé. Winslow. Il décrit l'artifice des cartila-
ges inter-articulaires dans fon Traité des mutcles ,
n. I2j6.
INTERCADANT, ou plutôt INTERCADExNT ,
I N T
ENTE. adj. m. ôc f. Terme de Mcdccine , qui ne
ù dit que du pouls , quand ion mouvement ell fort
déréglé , Se paroît tantôt plus fort , tantôt plus foi-
blc. MuUihUis , varias. Il s'emploie aulli Hgurémcnt.
L'humeur bi-carre a quelque choie de 11 bucrcadent ,
inégal, 6c peu concerté, qu'elle approche fort de la
folie. PoMEV. îpT Ce mot vient du Latin inCcry &
cadcrc. Intercadent , qui tombe entre deux.
INTERCADENCE, f. i. Se dit aulH en Médecine
dans le même fens qu'on dit intercadent , du pouls
dont les battemens font tantôt plus forts , tantôt plus
foiblcs , fe font fentir , &c dliparoilTcnt alternative-
ment. V intercadence du pouls de ce malade ne pro-
noftique rien de bon. Voilà une grande intercadence
de pouls.
On fait fignilîer à ce terme plufieurs chofes difFc-
rentes , comme inégalité d'humeur , Laulle démarche,
révolution fàcheufe , & autres irrégularités. Le Duc
de Grammont reprochoit à Madame fon époule les
intercadences de Ion humeur. Mad. du Noyhr,
Lettre sj-
LTntercadence de la Fortune -, pour dire , la vicillî-
tude , l'inconltancc de la loitune. Perlonne n'eft à
l'abri de V intercadence de la Fortune. Les Condés ,
les Turenncs ont éprouvé \' intercadence de la For-
tune. Mad. du Noyer, Lettre /j». Ce terme ex-
prime bien les contrariétés & fàullcs démarches,
mais il n'efl: pas aduellement du bel ulage.
INTERCALAIRE, .idj. m. &c {. Qui eft niléré dans un
autre. Intercalaris. |KF Un nombre intercalaire eft
un nombre que l'oji insère périodiquement entre deux
autres. Le 29^. jour du mois de Février , par exem-
ple , eft un jour intercalaire , parce que chaque qua-
trième année, on ajoute un jour à ce mois , qui pour
l'ordinaire n'en a que iS , ce qui forme l'année biilex-
tile , à caule des 6 heures moir.s 1 1 minutes , que
Je foleil emploie à faire fon cours au-delà de 36/
jours qui compofent les années ordinaires. En 1 an-
née 1 700 , il n'y eut point de jour intercalaire , à
caufe des 1 1 minutes qui manquent aux lix heures qui
qui font au-delà de 56/ jours , & qui avoient fait une
erreur de dix jours depuis le Concile de Nicée julqu'a
Grégoire XIII. Voyei Calendrier. On appelle lune
intercalaire la treizième lune qui fe trouve dans une
année de trois ans en trois ans. Ac. Fr. Il y a dans les
Anciens Poètes des vcïs intercalaires -, àdins les anciens
Auteurs des pallages intercalaires & apocryphes, qui
y ont été ajoutés & inicrés , c'cft: ce que les Grecs
appellent ,>-foAiii«,<jc. Ces fortes de pallages apocryphes
s'appellent plutôt interpoles que intercalaires. Voyez
Interpoles & Interpolations. On appelle encore
aujourd'hui vers intercalaires le refrain du Chant-
Royal & de la Balade. Dans les Rondeaux redou-
blés l'intercalaire étoit toujours varié , car il étoit
compolé de iix quatrains, &: il falloit que les qua
tre vers du premier terminalFent par ordre les quatre
fiances fuivantcs , chacun la fienne par forme d'in-
tercalaire , & le refrain n'étoir placé qu'à la fin de
la dernière. Aujourd'hui perfonne ne va guère fe pei-
ner à cela. P. MouRGUEs.
Ce mot Se celui qui fuit , viennent du Latin in-
tercalaris , intercalare , intercalatio. Calo , calare ,
fignifioient anciennement , appeler en hauffant la voix.
Un jour intercalaire eft un jour qui eft mis entre
deux aunes, lequel pour ce (ujet étoit publié à haute
voix. C'étoient les Pontifes qui faifoient cette céré-
monie.
ifT Ces fortes d'intercalations étoient néceflaires , à
caufe du peu d'accord de l'année Romaine , avec
l'année iolaire. La négligence des Prêtres à faire ces
intercalations obligea Céfar à réformer le Calen-
drier.
INTERCALATION. f. f. Adion par laquelle on in-
scre une chofe dans un autre. Intercalatio. Il ne fe
dit guère qu'en ces phrafes. L'intercalation d'un jour
dans l'année biflextile , fe fait le 14 du mois de
Février , que les Romains appeioient fexto Calen-
das Martias.^ Numa Pompilius ordonna que pour
faire convenir fou année avec l'année folaire, de
I N T 107
deux ans en deux ans , on ajoutcroit un mois qui
avoit alternativement iz 6c 25 jours, & cette in~
tercalaxion le faifoit entre le 23 & 24 Février. Des-
places.
INTERCALER, v. a. Inférer une chofe dans une autre ,
fe dit particulièrement du jour ^CJ' qu'o« ajoute de
quatre ans en quatre ans au mois de Février , afin
que la manière de compter cadre plus exadtement
avec le mouvement du Soleil. Dans les années bit
Icxtiles on intercale un jour. Intercalere.
ifj' Intercalé , ée. part.
INTERCÉDER, v. n. Prier pour quelqu'un , em-
ployer fa faveur pour lui procurer quelque grâce,
quelque avantage , ou pour le garantir de quelque
mal. Orare , ohfecrare , alicui fe intermittere. Les
Bienheureux intercèdent pour les honnncs. Tous
les amis ont intercède pour le faire revenir à la Cour.
INTERCEPTÉE, adj. f. On foufentend ligne. Terme
de Géométrie. C'eft la même chofe qu'AbfilTe.
INTERCEPTER, v. a. Surprendre quelque lettre , ou
paquet d'im ennemi , par où l'on découvre fes def-
leins , en général furprendre une chofe en allant
à fi deftination. Intercipere. On fait maintenant
l'art de déchiftrer les lettres qui ont été interceptées ,
que les Anciens ont ignoré.
1^ Larrey a employé ce terme dans une acception
particuhère, mais pourtant analogue, pour dire,
interrompre le cours direél d'une chofe. Le Soleil
fe couvrit de nuages qui interceptèrent fes rayons.
Du Latin , intercipere. On peut s'en fervir comme
d'un terme didactique , de même qu'on dit inter-
ception.
Intercepté , ée. part.
INTERCEPTION, f. f. Surprife , arrêt d'une le-tre ,
ou d'un paquet. Interceptio. On a découvert le fecrcc
de vos intrigues par l'interception de vos lettres.
Interception. Terme didadtique , qui fe dit en par-
lant de quelque chofe , dont le cours direél eft inter-
rompu. Interception des efprits. Interception des
rayons. Acad. Fr.
INTERCESSEUR, f. m. Celui qui prie , qui intercède.
Dcprecatùr. L'Églife enfeigne qu'on peut prier les
Saints d'être nos intercejfeurs auprès de Dieu. Il eft
lintercejjeur des Mufes affligées auprès des favoris
de la tortune.
Dans le Droit Romain , InterceJJeur fignifîe autre
ohofe. C eft le nom d'un Officier que les Gouver-
neurs de Provinces donnoient , ou envoyoient prin-
cipalement pour lever les deniers du Fifo , & exi-
ger les corvées qui étoient dues, f^oye^ la troilîème
loi du Code Théodolien de Pignorib. & le Commen-
taire de Godefroi fur cette loi.
On appeloit autrefois Intercejfeurs les Évêques qui
pendant la vacance d'un fiégc adminiftroient l'Évê-
ché jufqu'à ce qu'on eût élu un lucceifeur à l'Évêquc
mort. C'étoit ce qu'on appeleroit aujourd hui admi-
niftrateur. Le Concile V^ de Carthage les appelle
Interventeurs , Can. 8 , s'il eft permis de fe fervir de
ce terme.
Quelques-uns croient qu'on les appelloic ainfî ,
parce qu'ils prenoient poireiîion de l'Évêché & de
fon revenu , & qa'interceffor en Latin lignifie celui
qui le rend maître , qui prend poiTelîion d'un bien ;
êiliSox'i rts tv/sM : mais lans tant rafiner , il femblc
qu'ils forent ainfi nommés , parce que intercedebant „
ils étoient entre l'Evêque mort & fon fuccelTeur.
C'eft pour cela que dans les Canons de l'Égliie d'A'
frique , can. y 4 ; ils font appelés en Grec "'1"' "•
INTERCESSION, f. f. Du Latin intercejfus.^ Média-
tion , prière , attion par laquelle on intercède. De-
precatio. Il a obtenu une telle grâce par l'intercejfon
d'un tel Seigneur qui eft fon patron. Ce confente-
ment ii général de tous ceux qui fervent Jésus-
Chris t , fur l'interceffion de la Vierge , doit fermer
la bouche à tous ceux qui ont l'audace de s'élever
contre une créance li lainte & (i établie. Ab. de
La tr.
^CFLe mot Latin interccjfio, chez les Romains, lîgni-
fioit précifcment le contraire dç notre mot François
so8 1 N T
■ iiicercejjion y Se marquait roppofition des Tribuns
aux propolitions faites par le Sénat ou p;u: d'autres
Magillrats , en mettant leulement au bas du décret
ie mot f^cco. Je rempeciie.
INTERCIDONE. 1". f. l'erme de Mythologie. Nom
d'une divinité des Romains , Décile qui prenoit loin
de conferver les femmes pendant leur groUclle. Jn
tercidona. C etoit une Déelle des forets. Les Anciens
. croient que cette Déelle , avec Pilummis & Dé-
"verra , confervoient les femmes grolles, & les ds-
fendoient des infulces du dieu Sylvain.
Ce nom vient du Latin intcrcido , Je coiupe , Se
cette Déclic étoit ainll appelée , dit-on , ab inter-
■cïjlonc fccuris , peut-être aulli de la coupe des
bois.
INTERCIS. adj. m. Surnom d'homme. Intercifas. S.
Jacques X'Intercis, Martyr en Perle au V^ iiècle , a
été ainll furnommé par les Latins, & p.ir les Grecs
E-cmeliJh , du genre de .(upplice Auquel il tut con-
flamné , & parce qu'on lui coupa les bras , & puis
les pies peu à peu , & morceaux à morceaux , pour
le faire louftrir davantage , commençant aux extré-
mités des doigts , & continuant par intervalles juf-
qu'aux épaules , pour les bras , & jusqu'aux tronc
au corps pour les pies.
INTERCOSTAL , ALE, adj. Terme d'Anatomie.
Ce qui eft entre les côtes. Intcrcojlalis. Il y a deux
nerfs intercoJlauK , un de cliaque côté , qui font ainlî
• appelés, parce qu'en defcendant ils pallent pr/:s les
racines des côtes. Ils l'ont formés dans le cerveau
par trois rameaux de nerts , dont deux viennent de
la lixième paire , & l'autre de la cinquième. Les
nerfs intercojlaux ont une grande communication
avec ceux de la huitième paire , & fournillèm beau-
coup de branches à la poitrine , Se à tout le bas-
ventre. Il y a aulîl deux artères intercofiaUs , la
fupéricure , qui vient de la fouclavière , Se qui fe
diîlribue dans les quatre elpaces des côtes lupérieu-
res ; Se l'Inférieure qui vient du tronc inférieur de
la grolfc artère j & qui fe répand dans ks elpaces des
huit côtes inférieures , & dans les mulcles voifins.
Il y a une veine qu'on appelle ïntercojlale , qui vient
des quatre efpaces des côtes fupérieurcs , Se qui fe
xerinine à la fouclavière. On nomme encore mufclcs
Imercojîaux , ceux qui occupent les elpaces qui lont
entre les côtes : il y en a quarante quatre j vingt-
deux de ch.ique côté , lavoir , onze internes , &
autant d'externes.
INTERCURREÎ^JT , ENTE. adj. m. Se f. Intercur-
rcns. Eièvre intercurrente. Outre les fièvres ftation-
naires dominantes, il y en a d'autres qui font tîn-
tôt plus , tantôt moins violentes , mais qui le mê-
lant avec toutes les elpèces de fièvres llationnaires ,
.& avec chaque clpèce des autres fièvres indillindte-
ment , Se dans la même année , peuvent être ap-
pelées fièvres intercurrentes. Telles font la fièvre
pourpreufe, la pleurélie , la faulle péripncumoniCj
.le rhumatilme j la fièvre crélipélatcufc , l'elquinan-
cie , & peut-être beaucoup d'autres. l^oye\ le Dict.
de James. On appelle pouls intercurrent , un pouls
inégal qui biceiure deux pallations , dansle temps que
l'artcfe devroit être en repos ou relâchée. Il ne pa-
roît point différent de l'intercade/it. Ce mot vient du
verbe Latin Intercurro , Je cours .entre deux. Col.
DE ViLLARS.
2NTERCURSI0N. f. f.Ce mot fe trouve dans iHif
toire du marquis de Saint-André Monbrun , en par-
lant des courks , des incurlions que ks ennemis
font de temps en temps dans .an pays. Intercurfus.
Le marquis de Saint-André avoit défendu le Man-
touan Se le Montferrat pendant toutes les guerres
d'Italie , des intercurjlons des Efpagnols & des Fran-
çois. On dit plutôt incurjlons. Mais ces deux mots
jie font point fynonymes.
îNTERCUTANÉE. adj. m. Se f. Qui eft entre ia
chair Se la peau. Quod ejl carnem inter & cutem ,
intercus , intercutis. Aqua intercus. M. Buffon , de
l'Académie des Sciences , a employé ce terme. Il
faur l'écrire avec. deux e à la fin, même au maf-
ï N T
culin : Vcy. la remarque fur le mot Inflantame.
INTERDICl ION. f. f. InterduTio. |p" C'elf en général
une défenfe de faire quelque chofe. Vinterdiclion
d'un Officier eft la f ufpenlion de fes fonctions. C'eft
la detenle faite à un Officier par icntence ou par ar-
rêt de taire aucune fonêfion de fa charge. Il y a une
interdiclwn de droit , qui eft une fuite d'un décret de
prife de corps ou d'un ajournement perfonnel. On
dit aulli l'interdicîion d'une compagnie , la défenfe-
Laite a une Cour de juger.
IJO' En parlant des Officiers de Juftice , on dit interdic-
tion j en parlant des choies Saintes , Interdit.
^C3" Interdiction , fe dit encore relativement au ma^
inment des aftaires ^ &: au commerce. Interdiciion
d'un prodigue , d'un vieillard , d'un furieux , ^c.
C'elf la défenfe qui eft faite par Juftice de contrac-
ter, de difpofer de fon bien. Les interdits ne peu-
vent procéder en Juftice , qu'ils n'aient fait lever ï in-
terdiciion.
^^L'interdiction du commerce -, c'eft une défenfe
faite par le Souverain de faire le commerce avec
telle ou telle nation , pour des raifons particulières.
Il y a interdiciion de commerce pendant la guerre ,
à moins qu'il n'y ait une trêve marchande, f^oy-ei
ce mot.
1/^ Interdiction du feu Se de l'ean. Formule de
condamnation chez ks Romains. En ordonnant
de réfuter au criminel le feu Se l'eau , on ne le
condamnoit pas direclemerrt au banillement j mais
à une elpèce de mort civile. P^oy. Bannissement.
lî-CF Interdiction , pour trouble , étonnement , ne
fe dit point , quoiqu'on dite un homme interdit^
Se interdire quelqu'un.
INTERDIRE, v. a. Défendre quelque chofe. Interdi-
cere. Il le conjugue ainii : j'interdis , ta interdis , il
interdit , nous interdifons , vous interdifei , ( Se non
pas_ vous interdites ) , ils interdifent. J'ai interdit.
Jufque là il n'y a p.as de difficulté ; mais la queffion
eft de favoir fi au prétérit indéfini , il faut dire,
i'interdijis , ou ]' interdis. Richekt eff pour le pce-
mier ; Ménage eft pour le dernier , & c'ell: conftam-
ment le meilleur. Réf. Théodofe interdit les fêtes
payennes , (.Sj fit dépouiller tous les temples. FlÉch.
Il les interdit tous, & fulmina une fentence d'ex-
communication. BouH. On ninterdit tout commerce
avec les étrangers , à caufê de la guerre , de la pefte.
C'etoit un genre de punition chez les Romains,
d'interdire le feu Se l'eau. Ce jaloux a interdit .l'en-
trée de la maifon à tousks jeunes gens. Les Médecins
interdifent le vin à tous ks malades de la fièvre. M,
de Lionne fe fert d'interdijît dans une lettre qu'il
écrit à la Reine de Suéde. Le prétexte ne méritoit
guère ce me femble qu'on interdisît aux Marchands
tout commerce avec ks François. De Lionne.
Interdire , fignifie aulli , fulpendre des Officiers de
la fbnétion de leurs charges , ou des emplois de leurs
profelîions ou de leur caraètère , tant en matière |>ro-
fane que fpirituelk. Le Parkment a interdit un tel
Procureur , un tel Juge. Le Préfidial a été interdit
par arrêt du Confeil d'enhaut II eft venu des cen-
lures Eccléfiaftiques qui ont interdit ce Chapitre,
cette .Eglife , cette ville ; qui leur ont interdit l'ulàge
des Sacremens. On a interdit la Melk à ce Prêtre.
Autrefois fur la feule accufation un Officier étoit
interdit de plein droit , mais aujourd'hui il faut une
fentence de condamnation , ou un ajournement per-
fonnel , ou un décret de prile de corps , pour qu'ils
foient interdits.
Interdire, fignifie aullî , Troubler , ffTçnioTK qu'on
ne tache ni ce qu'on dit , ni ce qu'on fait. Percellere,
turbare.W n'eft guère d'ufage qu'au participe Se dans
ks temps qui en font formés. Le voilà tout in-
terdit , la peur l'a interdit.
Interdire , en termes de Juril'prudence , fignifie , Oter
à quelqu'un le maniement de fon bien , comme
on tait aux fous , aux furieux , aux prodigues , Sc à
ceux qui ne font pas capables de gouverner leurs
flaires.
§Cr Interdire le feu & l'eau. Formule de condamna-
tion
I N T
tion chez Les Romains , quand ils b;inni!roi'jnt
quelqu'un. Aquù & igiie initrdici. S'ctrc rcti'ank;hc di
la fociécé civûc. Oidonncr ds rcfulci' le k'U oc l'eau
à quelqu'un, c'étoit le nietcic dans la nécelllté d'en
aller chercher ailleurs, le bannir. C'eil ce qu'on
appelûi: kf^uimiim cx'dium.
Interdit ,iTE. part. \J\\ii marchandife imcrJ'uc , c'ell-
à-dire, dcicndue. ïntcrdLcius , prohib'uus.
ïJCTInterdit j ell: aufli celui auquel le Juge a faic dé
fl'iifè de l'aire les touchons de la charge , ou qui eii:
Literdit de droit a caule d'un décret de prile de corps ,
ou d'un ajournement perfonnel. On le dit éi;alcment
des Eccléualhques & des OlHciers de Juftice.
ifJ' Interdit , eft encore celui auquel le Joge a ôté
l'adminiftration de les biens , pour cauie de fureur ,
imbécillité ou prodii^alité , ix à qui, en conléquence ,
il a créé un curateur pour gérer fes aftaiics 6c avoir
l'adminiftration de les biens.
Interdit , fignifie encore Troublé , déconcerté , em
barrallé. Elle rougit , & parut toute intcrdïu a la pré
fence de la rivale. S. Evr.
INTERDIT, f". m. Ccnfiire eccléfiaftique qui fufpend
les Prêtres de leurs lonctions , & c^ui prive le peu-
ple de Tulage des Sacrcmens &c de la Sépulture
Eccléhaftique , du Service divin. Interdiclio , Inter
diclum. Ceux qui croient que l'uûge de Vlntcrd'n
n'eft pas plus ancien que le Foiitihcat d'Alexan
drc m qui fut élu Pape en 1 1 jT? , le trompent
m.aiiifeilcnient. A la vérité , Graticn n'en Kiit point
mention dans fon Décret ; mais cette cenfare ett
clairement marquée dans la cinquantième iSc la
fbixante-deu.\ieme lettres d'Yves de Chartres , mort
en II 14 , dans h troilième &. quatre-vingt-treizième
lettres de S. Fulbert , Évéque de Chartres en 1007 j
dans le Concile de Limoges en 105 i ou 1032, dans
Grégoire de Tours , Z. nil , de l'hilloire de Fran-
ce, c. ji , au Livre des Miracles des Martyrs,
c. 7_j? & au Livre de la Gloire des Confeflêurs ,
c. y t.
Interdit , le dit proprement d'une excommunication
générale contre une province ou une ville , comme
on voitdans le chapitre 17, de verb.Jlgn.sxiyi Diicré-
tales. ^'oyer^ les formules de Vhitcfdic dans du Can-
ge. Il y a un interdit local , Se un interdit perfonnel.
Si l'un & l'autre ell joint , on l'appelle interdit mixte.
Cette peine eft rare , & peu connue dans les pre
miers liècleSj aulll-bien que les excommunications
générales.^ Ce n'eft que depuis le Pape Grégoire 'Vli
qu'on a Ibuvent vu des excommunications généra-
les. Se des interdits pour les crimes des Souverains.
En excommuniant les Princes, l'on excomm.unioit
audî leurs fauteurs & adherens , c'clL à-dire, leurs
fujcts qui demeuroient dans leur obéiliance , ik on
mettoit totitleur pays en interdit , pour exciter ceux
mêmes qui ne tenoient pas pour eux , à le Ibulever.
L'ulage de ces interdits devint dans la fuite très-fré
qiicnt , & à Texemple des Papes , les Evcques
ufoicnt aulll de ces peines, & ils mettoient Ibuvent
les viUes en interdit _, pour la défobéillànce de quel-
que Partlcuher , dont la ville ou la communauté
prenoit la protection. L expérience a fait voir que
ces rigueurs , qui enveloppoient les innocens .avec
les coupables _, nuilbient a la Religion , c^- la ren-
doicnt méprilablc. Les peuples s'endurciiroicnt , Se
ne le foucioient plus de la Religion j c'eft pourquoi
l'on a été obligé de modérer cette févérité. L'inter-
dit doit être prononcé avec les mêmes formalités que
l'excommunication. V interdit don être levé de mê-
me. Les P.apes n'en ufent plus. François premier
ordonna à l'Archevêque de Bourdeaux de lever {in-
terdit du Pape , dont il avoit été l'exécuteur , con-
tre les Religieux de S. François.
On ditj jetter Vinterditoa un interdit fur une Ville ,
fur un Royaume , fur une Province. Mettic ta in-
terdit. Pubher l'interdit , prononcer interdit ou l'in-
terdit. Garder ou obferver Vintcrdu. Lever l'in-
terdit.
Interdit. Terme de Droit. Défcnfe faite par le Pré-
teur. Interdiclum. Il y avoit trois fortes d'interdits
Tome V.
I N T 209
en ufagc parmi les Romains ; les prohibitoiies , les
lelfitutoires , & les exhibitoires. Prohihuoriu , rejli-
tutoriu ik. e.xhihitoria. L.:s prohibitoires , font ceux par
Iclqujls le Juge déh-nd à quelqu'un de vexer un autre
dans la pollellion d un bien qui lui appartiendra
légitimement. Les Rejlitutoires , font ceux par lef-
qucls le Ju^e ordonne que celui qui a été challé de
Ion fonds loit rétabli , avant que tie faire droit fur
la propriété-, Se c'ell ce qu on appelle R-intégrandc.
Les Exhibitoires , lont ceux par lefquels le Juge or-
donne que celui qui a des meubles qui lui font cou-
teilés , les reprélente , avant auill que faire droit fur
la propriété. Il y a aulli un féconde divilîon d'/«-
terdit , Içavoir AdipifcendA , Rctinendit , Recupe-
randx : a l'interdit Adipi/cend<ie icpoi.d l'interdit a.p-
pek- en droit quorum bonorum : à celui de Retinend^e
repond celui d'Wti pojjidetis , & Uti ubi ; & à celui
de Recuperandî répond celui d'Unde vi j dont on
peu^ voir l'explication , Tit. de interdiclis Inftit.
INTERDIFS , ell un vieux terme de Palais qui n'eft
plus en ufage. On appcloit autrefois Interdits, les
écritures qui le failbient en conféquence d'un ap-
pointement fur faits contraires j & dont on oftroic
de taire preuve. Et alors les parties étoient appoin-
tées à écrire par interdits , & faits contraires. Cha-
rondas lur le Code Henri, Liv. j ,titjj. Ce terme
ell encore en ufage au Confcil Provincial d'Artois.
INTERDOCO ou Antrodoco. Bourg du Royaume
de Naples.^ Interocrea , Interocrium. Il eft dans l'A-
bruzze ultérieure , fur le Vélino , entre Aquila &
Riéti.
INTERDUQUE. f. f. Terme de Mythologie. Nom ou
furnom que les anciens Romains donnoient autre-
fois à Junon. Interduca. Junon prélîdoit aux noces
& aux mariages, comme on le lait j & parce qu'en
cette qualité elle étoit cenfée conduire l'époufe à
Ion époux le jour des noces, on l'appeloit Interdu-
que , comme qui diroit conduélrice.
Ce mot vient d'i/iterduco , je conduis.
INTÉRESSANT , ANTE. adj. verbal. Qui intérelTe.
ifJ" On dit un homme intérejfant. Une phylîonomie
intérejjante. Une pièce intérejfante. Un jeu , un
objet intérejjant. Un événement intérejfant. Ainfi ce
terme eft quelquefois relatif au mérite &: à la valeur ,
quelquefois aux événemens , quelquefois aux fen-
rimens & aux pallions que les choies excitent. Quel-
ques uns prétendent que dans les Opéra la danfc
rompt la fuite de l'imprellion que peut faire une
adrion intérejfante, Foyei Intéresser.
INTERESSER, v. a. Engager quelqu'un par fon inté-
rêt à foutenir , à faire quelque airaire. Conciliare ,
allicere , jacere fuuni. On a corrompu ce Juge , on
l'a intéreffé par plufieurs préfents. Les gens puillans
font louvcnt intéreffés fous main à maintenir un
parti , un établillement.
Intéresser , lîgniHe aullî Engager , attirer à fon
parti , rendre quelqu'un favorable à une affaire,
à une entreprife.^ Cette République a intérelîé tous
les Princes voilîns dans fa défeiife , les uns par
gloire , les autres par jaloulîe. Vous prétendez inté-
refj'er ma gloire à vous lailler périr. Rac.
IjCr On dit qu'une affaire intérefe toute une ville, toute
une province, poiir dire que toute la ville, toute
la province y a intérêt.
§C? On dit encore s'intérejfer dans une entrcprife , dans
une ferme , y prendre part.
Intéresser , avec le pronom perfonnel , lîgnifie.
Entrer dans les intérêts de quelqu'un ; prendre part
à quelque chofe. Curare. De bon cœur je m'intéreffe
dans tous vos maux Se tous vos biens. Volt. Il s'in-
térejjbit aux affaires de l'État. Abl. Je lens que mon
cœur s'intérefe pour vous. Tous les Princes s'inté-
rejfent dans cette guerre.
«}Cr Corneille dans Nicomcde a dit, s'intérejfer contre
quelqu'un.
Etjî Rome une fois contre nous j'intérelTe.
sjC? On fe ligue , on entreprend , on agit , on conf-
Dd
210 ■ I N T^
pire contre quelqu'un ; mais on s'ïntércjfc pour
îui. On peut dite , Rome eft uuérejjce d.ins un
rmjtc contre' nous. Contre , tombe alors lur le tijitc.
Cependant M. de Volt.iire croit qu'on peut dire en
vers s'uuérejje contt'e nous. Celt une efpcce d'eliipfc.
Intéresser , le dit .'Luîri en Morale , pour émouvoir ,
toucher de quelque pallîon. Commovcrc , ajjiccrc.
Un bon Orateur doit intércjjer les Juges , les émou
voir à colère , a conipafiion. On s'intdrejji: dms les
Tpeftacles j dans des reprcfentations hibuleulcs ,
quand l'Auteur fait bien émouvoir les pallions. Quand
on ne s'intirejfe à rien , Se qu'on n'a ni ambition m
amour , on vit dans une négligence qui rend inca-
pable d'aucuns plailirs. M. ScuD. Les grandes allem-
blées ennuient prelque toujours : on n'y parle que
de chofes générales qui n'intércjjent perfonne. Bell.
f'^ouIe:^-vous longtemps plaire , & jamais ne lajfer?
Faites choix d'un héros propre à ^'intéreller.
BoiL.
$0" On dit que le gros jeu inte'reffe , pour dire qu'il
pique , qu'il attache ; & interejjer le jeu , le rendre
plus interellant en jouant plus gros jeu.
Intéresser, fignilie aulii , 1-orter quelque dcLwanra-
ge , ou quelque préjudice à quelqu'un ; bleller Tes
intérêts. Incommodare. Cette nouvelle conllruCtion
n'intcrcjfe perloniie ; elle ne bielle point le droit
d'autrui. Ethgurémcnt, cela, n mcércjj'e ni mon hon-
neur , ni ma coniciencc.
^CT Intéressé, Ée. part. Etre intcrejfé à une chofe , à
faire une choie , y être engagé par le motiF de
Ion intérêt. Nous iommes tous intérejjes au bon-
heur, à la tranquillité de l'État.
^3° Un homme interejfé , eft celui qui aime le gain ,
Se ne fait rien gratuitement, ^d rem attentas , corn-
modorum fuorum fludiopjfimus. L'homme avare eft
celui qui aime la poUellion , Se ne fait aucun uiige
de ce qu'il a. L'avare Te prive de tout ■■, l'inte'rejfe
ne s'arrête guère à ce qui ne produit rien. Il y a
des perfonnes qui pour être inte'rejfées n'en font
pas moins prodigues ; elles donnent librement à
leurs plailirs ce que l'avidité du gain leur a fait ac
quérir. Syn. Fr.
|f3" On le dit auilî des fentimens Se des aftions.
Amour interejj'e. 'Vues interejjecs. Motif interejfé.
L'amour des Juits pour Dieu n'ctoit qu'une crainte
fervile & intérejfée.
§Cr Les Myftiques appellent amour intércjfé , l'amour
de Dieu qui a pour objet la réLompcnfe ex la béati-
tude , parce que c'eft un amour mercenaire , Se qui
a l'intérêt propre pour motif" principil.
■ Ceux qui raiHnent encore plus lur l'amour par-
fait , appellent amour intércjjé , celui où l'amour
de Dieu prévaut , & où l'ame ne cherche la félicité
propre que comme un moyen (ubordonné à la fin
principale , qui eft la p.loire du Créateur. Le motif
même de notre propre excellence , qui le mêle à l'a
mour interejj'e , eft ce que les Myftiques appellent
popriece , avarice, ambition fpirituelle. L'amour en-
tièrement delintérellé doit donc être j dileiK ils , fans
aucun mélange & lans aucun motif d'intérêt propre.
La crainte des chltimens , ni le defir des récompeiifes
. n'y doivent avoir aucune part. L'amour delintérellé
implique : il eft impolîîblc d'aimer Dieu, &: de ne
pas délirer de le pollédcr. Dans cette vie il faut
toujours propofer , même aux âmes les plus parfai
tes , des motifs intérejfés , pour les animer , pour les
foutetiir.
§C? Intéressé , Ée. f. celui ou celle qui a intérêt .à
quelque choie •■, qui a intérêt dans une affaire , dans
une enrreprife , dans une fociété. C'eft la même
chofe qu'alfocié. On appelle i«rcTt;//;5 dans les Fer-
mes du Roi , ceux qui ont un intérêt dans les Sou
■ - fermes , Se intérejjés aux Fermes-Générales , les Fer
miers Généraux.
On dit en Juftice , que les aftes (ont nuls, ou
défc(5hicux , quand on n'y appelle pas tous les in-
terejjes , Gmncs quorum intcrcjl , quorum res ejl ,
I N T
tous les oppofms , tous les légitimes contradideurs.
Les intérejjés lui avoient remis leurs diilérends. La
ROCHEF.
iNTiiRET. f. m. Commodum j res. §3° Ce terme a dans
notre langue pluiieurs acceptions tout à fait difté- ■
rentes. Dans un lens ablolu ^ c'eft ce penchant qui
nous lait chercher nos avantages au mépris même
de la juftice &: de la vertu. C'eft dans ce lens qu'on dit
que l'intérêt eft le roi de la terre. Lorfque ce mot
marque un rapport à une perlonne , à une fociété,
à un Etat , &c. c'eft ce qui importe , ce qui con-
vient en quelque manière que ce loit à la perfonne ,
à la fociété , à l'État , lans examiner ce qui con-
vient aux autres. C'eft ainli que l'on dit intérêt per-
lonnel , particulier , public , général. Sacrifier (es
intérêts au bien de l'État. Le premier de nos in-
térêts , c'eft notre conlervation. L'intérêt marche
toujours le premier. Les Philofophes font dé-
tachés de tous les intérêts du monde.
Non levis am.ritio , perfufaque glorïa fuco ,
Magnarumque James follicuavit opum. Ovid.
L'intérêt parle toutes fortes de langages , &: joue
toutes fortes de pcrlonnages , même celui de déhn-
térell'é. La Roch. Quelque dilproportion qu'il y ait
entre Dieu , & les intérêts du monde , on ne laiilc pas
de préférer tous les jours ces intérêts , parce qu'on
les fent plus vivement. Nie. L'intérêt fait du plus
fier&: du plus orgueilleux, un adorateur. Se un vil *
efclave de ceux qui lont en fortune. M. Esp. Il n'y
a guère de probité à l'épreuve de ['intérêt , lur-tout
lorfqu'on eft né dans l'indigence. Bell. Il n'y a rien
de moins raifonnable que de prendre notre intérêt
pour motif de croire une choie. Il devroit tout au
plus nous porter à conhdérer avec plus d'attention
les raifons qui nous peuvent faire découvrir la vérité
de ce que nous délirons être vrai. Loc. L'intérêt
fait pour l'ordinaire tous les mariages , plutôt que
la raifon , ni l'amour. M. Scud. Notre i/zf«'rê/ par-
ticulier va toujours devant l'intérêt général , Se ces
zélés pour la patrie ne le lont bien louvent que pour
leur propre bien. Id. Chacun conlulte toujours
Ion propre intérêt quand il s'agit de celui d'autrui.
"Vaug. L'intérêt eft la véritable caule des aftliclions
vives Se fenlîbles. M. Esp. C'eft l'intérêt feul qui
nous fait agir , dans les chofes mêmes où nous pa-
roiilons les moins intérellés. S. Evr. Quand tu con-
ferverois ta vertu , ceux qui approcheront de toi
perdront la leur. La flaterie prendra la place de la
vérité , l intérêt celle de l'aftedion ^ dont il eft le
poifon & le venin. Nous parlons l'un à l'autre à
cœur ouvert, mais nos Courtilans ne parlent pas tant
à nous qu'à notre fortune. D'Ablanc. hiji. de Tac.
L. i.
Méprifakle intérêt j opprobre de nos jours ,
Tyran des plus tendres amours.
Souffrirons - nous toujours ta puiffance fatale ?
La Font.
Souvent nous trahijfons nos plus chers intérêts ,
En fatiguant le Ciel par des vœux indifcrets. Qui.
Perfonne n'eft reçu à plaider fans intérêt. On re-
çoit les intervenans en une caule pour y déduire
leurs intérêts. On lui a tait des offres qui le met-
tent hors d'intérêt , qui font qu'il ne peut recevoir
aucun préjudice.
Intérêt , le dit plus généralement de tout ce qui re-
garde le bien , la gloire, le repos, l'.avantase , tant
de l'État , que des particuliers. C'eft entre les
mains des Gens du Roi que réhde l'intérêt public j
c'eft-à dire , la vengeance publique , l'intérêt de
l'Églife J des Communautés, des Mineurs. Les Am-
ballàdeurs doivent bien connoïtre les intérêts des
Princes ; leur principal intérêt c'eft d'empêcher
ragrandllfcmcnt de leurs voilms. Chaque particu-
lier 3. intérêt ï 11 gloire de fa nation, a intérêt ï la
I N T
fureté publique , à lobll-rvation de l.i police. Rien
n-cftplus puiUiiiit lui rclpnt des femmes que Vuitcnc
de leur beauté & de leuis app.is. i). iivu.
iNTÉRÉr , f.'dJtaulli de l.i part qu'on prend en quel
que cbolc , &c au bieii ou mal de quelqu un ; de la
protcdion qu'on lui donne. Je prends part , je
prends incerà à tout ce qui vous touche. J'ai mis
dans mes biuWcs tous les lioimcres gens. Ce Pnnce
a pris ï'uucrà , la protcclion de fes alliés. Ce pa-
rent entre bien dans tous les inicràs de la lamille.
De /'intérêt du ciel pourquoi vous charnel vous ?
Pour punir U coupable a t il bejhin de nous ? Mol.
Qui doit prendre ù vos jours plus ^''intérêt que moi ?
^ Kac.
iNTÉRÊr , fignifie quelquefois en Morale , Pairion.
Un Jut;e, un médiateur , doivent être (ans incéret ,
fans p.inioii. Il y a des incertts damoui , de haine ,
de vengeance.
On dit d'une pièce de théâtre qui attache , qui in-
téreflè le, fpedateur par les fituations & par les len-
^ timens , qu'il y a beaucoup ô^intérà. \\ y a des
pièces bien verllfiees qui tombent par le défaut à'in-
téret. ÀcAD. Fr.
IP" Intérêt , fe dit quelquefois abfoluir.cnt de ce
qui concerne la feule utilité. On dit qu'un homme
eft au-delfus de l'intérêt ; que l'intérêt eft la pierre
de touche de l'amitié ; qu'un honnête homme ne
tait rien par intérêt. ,
Intérêt , lignilie- aullî l'accipiirement du fort princi- j
pal , qui fe hiit par la femme que paye le débiteur j
pour l'ufage de la fomme engagée ■■, ou la fomme |
qu'on paye chaque année à celui dont on a pris de |
l'argent , pour le dédommager du profit , ou du re-
venu qu'il en auroit tiré , s'il l'avoit mis en fonds j
d'héritages; ou dans le négoce. Fœnus , ufurA pecu- j
.niaris. Les intérêts ne font licites que quand on les '
paye au taux du Roi fixé par l'Ordonnance. Les !
intérêts en Normandie ont été autrefois fixés au de- i
nier 14. Les anciennes rentes étoient au denier 16, |
on les a réduites au denier 18 en 1 6 3 4 , & depuis au |
denier 20 , c'elf- à-dire , à cinq pour cent chaque j
année. On ne peut Ifipuler les intérêts d'un argent
prêté par un limple billet , ou obligation. Les intérêts
ufuraires doivent être imputés fur le principal. On
adjuge les intérêts en Julbce du jour de la demande ,
depuis qu'on ell en demeure de payer. Un tuteur eft
comptable à fes mineurs des intérêts d'intérêts ; hors
ce cas les intérêts ne portent jamais d'intérêts.
^CTLes fruits que produit l'argent , lont appelés in-
térêts , quand il n'y a point d'aliénation du londs ; ou
arerages , quand le fonds eif aliéné ; ce qui fe fait par
un contrat de conftitution.
§3" Les intérêts qui proviennent d'une caufe qui n'en
doit point produire , font ufuraires j & par confé-
quent défendus parmi nous.
fO" Le mot d'ujure dans le droit Romain a le même
fens que le mot d'intérêt chez nous. Mais en France
nous ne prenons le mot d'ulure que dans un fens
odieux, f^oye-^ Usure.
Intérêts lunaires. On nomme ainfidans les Échel
les du Levant , les intérêts ufuraires que les Juits
exijcnt des Nations Chrétiennes qui ont beloin
de leur argent , foit pour leur commerce, foi't pour
p.ayer les avanies que les Officiers Turcs de ces Échel-
les ne leur font que trop fouvent. On les appelle
Lunaires , parce qu'ils fe payent à tant pour cent par
Lune , & que les mois des Turcs ne font pas lolai-
res comme ceux des Chrétiens j ce qui en augmente
encore l'intérêt de plus d'un tiers.
Intérêts Civils. IJ^ On appelle ainfi les fommes qui
lont adjugées à la partie civile , qui a pouriuivi la
vengeance de la mort d'un de (es proches pour
tenir lieu de dédommagement de la perte qu'il a
faite. Si la femme & les enfans pourluivent con-
jointement J on leur adjuge également les intérêts
civils. Voy. Brodeau. Quand une partie a tranfigé
pour les intérêts civils , on ne lui en adjuge point.
Tome V.
INT 211
On peut demander l'intérêt civil même après vingt
ans que le crime a été commis , quoiqu'il leprefcrive
par cet cipatc de temps. L'intérêt civil ne peut être
deiiiandé après que le procès elt jugé , Se 1 arrêt exé-
cuté 3 il on ne la pas demandé pendant le cours du
procès. Les intérêts civils le prennent fur le bien de
celui qui ell condamné prétérabicment à l'airendcqui
elldikau Roi.
On appelle aulIi intérêts civils , ceux qui tiennent
lieu de dédommagement d'un tort , ou d'une in-
jure cjui nous a été injullemcnt faite. On adjuge des
intercts civils a ceux qui ont (ouiicrt quelque dom-
mage dans leurs biens par la faute ou la malice des
autres, qui ont reçu quelque injure, qu'on empêche
d'exercer leur charge , qui lont emprilunnés fans
caule légitime.
On dit proverbialement que l'intérêt nous aveugle ;
que chacun ell aveugle dans (es intérêts; pour dire
que notre amour-propre nous Hatte , ne nous fait pas
cunnoitte nosdél-auts, le foible de notre caufe. C'eft
ce que Térence exprime .admirablement bien.
DU veftram fîdem !
Itan' comparatam ejfe hominum naturam omnium ,
Aliéna ut melius videant & dijudicent
Quêimfua? an eojit , quia in re nojlra aut gaudio
Hiinius pnepediti nimio , aut agritudine ?
Hic inihi nunc quanto plus fapit , quam egomet mihi?
0Cr Intérêt, en termes de Banque & de Commerce,
(c prend aulîi pour ce qu'on appelle ordinairement
action. C'eif une des parties intégrantes du fonds
capital d une Compagnie de commerce. Un tel a un
intérêt conlidér.able dans telle aifaire , dans relie en-
treprilé, dans telle manufacture. Cependant quand
les fonds fe font par actions , on dit plutôt action
c^\i intérêt , & actionnaire plutôt qu'intérelfé.
iNiTRJEClION. f. f. InterjeHio. Terme de Gram-
maiie. C'elt une des parties qui compofent le dil-
cours Se d'ordinaire une particule qui exprime les
pallions. Ak ! que cela ell beau ! Hélas ! le pauvre
homme! O la belle fufce ! Ce font des inter/eêlicns
qui n'ont aucun régim.e. Il y en a de joie j de douleur,
de triltelTe , de compalîion , d'exhort.ition , de colère ,
d'admiration , à'c. Les interj celions ne ngnifient rien
hors de nous ; ce lont (culement des voix plus natu-
relles c^u'artifieielles qui marquent les mouvemens de
notre aine. Les Grecs confondoient les interj eclions
avec les adverbes , & les F^ébreux les confondent
avec les prépohtions &c les adverbes , & appellent
tout cela du mot général de particule.
Interjection d'appel, etl l'.adion par laquelle on dé-
clare qu'on elf appellant de quelque ("entence.
INTERJETTER. v. a. Appellare fupremum judicem :
provocare ad fuperius tribunal. Terme de Palais qui
ne le dit qu'en cette phrafe : Interj etter un appel,
pour dire appeler d'une (entence. On a anticipé un
tel (ur l'appel par lui interjette. .
Interjette, ée. part.
INTÉRIEUR, E'JRE, adj. Terme relatif &c oppofé à
extérieur. Qui ne paroit point au-dehors. Interior ,
internusj inrimus. D'un globe creufé , la furfice inté-
rieure s'appelle concave, & l'extérieure co/îVcav. La
partie intérieure d'un bâtiment doit être plus ornée ,
plus riche que la face extérieure. Les Médecins ne
connoilfent les maladies intérieures que par les lignes
extérieurs. Il y a des fens intérieurs aullî bien que des
extérieurs.
Intérieur , fe dit figurément en choies fpirituelles , en
parlant de l'ame & de h confciencc. Un homme de
bien ne demande à Dieu que la paix intérieure de fon
ame. Rien ne caule tant d'iUulion dans la vie inté-
rieure , que le choix indifcret des livres. FÉn. La vertu
a pour elle l'eftime des hommes & le calme intérieur
que produit l'innocence. S. ÉvR. Je réprime jufqu^'à
mes defirs intérieurs. On dit un homme intérieur,
pour dire un dévot recueilli & détaché des chofes
(enfibles ; l'homme fpirituel qui ell oppofé à l'homme
charnel. Bouh. Se faire une folitude intérieure. Fléçh.
Ddij
I N T
212
Le for Intérieur eft le jugement de la confcience ou
le tïibunal de la confellïon : k for extiJrieur , celui
des Magilh'ats.
^INTÉKIHUR. Interne, intrinfeque , fynonim.'s.
intérieur Te dit plus particulièrement des choies Ipin-
ruelles. Intcrm a plus de rapport aux parties du corps.
Intrinfeque s'applique à h valeur ou à la quilitc qui
réfulte de l'cllence des choies mêmes. DL-votioii Ince-
rleure. Maladies Internes. Valeur Intrinfeque des mon-
noies. Syn. Fr. Foyeiç_ Interne & iNTRiNSE-auE.
Intérieur, eft aulH Tubftantif , tant au propre qu'au
Hgurc §3° & fignihe la partie du dedans , les parties
les plus cachées , les penlces les plus iccrcttcs. V^lnté-
rleur d'un b.itiment , {'Intérieur de la terre. Cet nom-
me avoit {'ultérieur tout gâté , tout gangrené ,^ il ne,
pouvait pas vivre. V Intérieur Acs hypocrites eic tout
autre que l'extérieur. Il n'y a que Dieu qui connoine
{'intérieur des hommes , qui fonde leur intérieur. Sa
grâce pénétre {'Intérieur àc nos amcs.
^C? Intérieur, dedans, lynonymes. L'Intérieur eft
caché par l'extérieur. Le dedans eft renfermé par les
dehors. Il faut lavoir pénétrer dans {'intérieur des
hommes pour n'être pas la dupe de leur extérieur. Un
bâtiment doit être commode en dedans & régulier en
dehors. Les Politiques ne montrent jamais {'Intérieur
de leur ame; ils retiennent au dedans d'eux mêmes
tous les mouvemens de leurs pallions.
Intérieur. Dans les Séminaires de S. Sulpice, on ce
lèbre par an deux fêtes de {'Intérieur, l'une de 1'/«-
térleur de Notre Seigneur , & l'autre de \ Intérieur
de la Sainte Vierge , pour honorer les tréfors de grâ-
ces dont {'Intérieur, c'eft à~dire , l'efpiit & le cœur
de JÉSUS Christ, & celui de fa lainte Mère étoicnt
ornés. Ou y fait aulll toutes les femaines l'Olnce de
{'Intérieur de Notre Seigneur , excepté quand il le
rencontre quelque Fête de Notre Seigneur , &c dans
le temps Pifchai. Le Livre qui contient ces Offices
s'appelle auill limplement {'Intérieur. Ils donnent
encore le même nom à, deux eftampes qu'ils ont
fait graver.
Dans la Théologie myftique , on appelle voies In^
térleures , les dilpolidons internes de lame pour par-
venir à lapcrfedion, & à la contemplation palilve.
Toutes {■e.s \ oies Intérieures tendoient à l'amour pur
& dérmtérclîc. FÉn. Les principales voies ^ Intérieu-
res font le pur amour , ou l'amour défintérelîé ; la
fainte indiîfèrence , le lacrifîce de route volonté pro-
pre , la délapprobation , le lîlencc Intérieur, îkc. fJCF
Ce langage eft dangereux, (Se peut entraîner dans de
grandes iiludons.
INTERIEUREMENT, adv. Intus. au dedans. Ces chê-
nes font fur le retour -, ils font gâtés Intérieurement.
On le dit de même en parlant de la conlcience Se
de l'état de l'ame. Le remords de confcience tour-
mente les criminels Intérieurement. La grâce agit en
nous Intérieurement.
INTÉRIM. Ce mot eft devenu unccfpcccde fubftantif
dans notre langue. Il lignifie provilion , un efpace
de temps qui dure jufqu'à un certain terme. L'inté-
rim daïeï.i-z-i\ long-temps î Voilà un Intérim fâcheux.
Par intérim eft une efpèce de phrafe adverbiale re
çue dans l'ufage. Il faut fe foumettre par intérim,
il faut obéir par intérim, c'eft à dire , En .ittcr.dant
que l'ordre loit changé ou révoqué, que la (entence
foie calTee. On dit quelquefois Intérim tout leul. Ce
jeune débauché a des principes de Religion , il re-
viendra de fes égaremens , mais Intérim il dillipe tout
fon bien. Les temps ne feront pas toujours li mau
vais , mais Intérim on louftrc beaucoup , c'eft-à-di-
re , en attendant. On fit un Traité d'Intérim , c'cft-
à-dire, Provilionnel , en attendant un règlement
final.
Intérim. Terme d'Hiftoire eccléfiaftique. C'eft Charles
Quint qui en IJ48. mit en ulage {Intérim, pour
pacifier l'Allemagne ; c'étoit une efpèce de Règle-
ment pour l'Empire fur les articles qui concernent
la Religion, en attendant la décihon du Concile. Ce
décret fut nommé {'Intérim ; parce que l'Empereur
çrdonnoit qu'en attendant que le Concile de Trente
I N T ^
eût pris fes feftîons , tous les Etats de l'Empire fc-
roient obligés de s'y loumcttre. Il fut drellé par Jules
Phlug , Evèque de Naumbourg , Michel Fielding,
Évêque titulaire de Sidon , &c Jean Agricola d Ille-
be. On dit que ce dernier étoit Luthérien. Comme
cet édit retenoit les dogmes & les cérémonies des
Catholiques , à la rélerve du mariage qu'on permet-
toit aux Prêtres , & de la Communion lous les deux
elpèces , qu'on accordoit au peuple , prelque tous
les Luthériens refusèrent de le recevoir. Quelques-
uns cependant des principaux y toulcrivirent , en-
tr'autres , Joachim , Életleur de Brandebourg , 6c
l'Éleclreur Palatin. Les deux partis , c'eft-à dire , les
Catholiques &: les Luthériens, furent également mé-
contens de {'Intérim. Il n'y eut que peu de Luthé»
riens qui s'y loumirent , 6c qui furent appelés Inté-
rlmlfies ik. Adiapkorljles. Cet Intérim contenait les
cérémonies de l'Eglife , quelques points de l'ancienne
dilcipline tirés des Conciles , la permillion de com-
munier fous les deux cfpèces pour tout le monde ,
& celle de fe marier pour les Prêtres. Il y eut en-
core deux autres Intérim , l'un qu'on appelle {'Inté-
rim de Lcypiick , ou le nouvel Intérim ., don on croi:
quePfertinger, Surintendannt de Leiplick , eft l'au-
teur j & le troilième fut tait par les Théologiens de
Franconie , fujets du Marquis Albert de Brandebourg ,
qui ne voulurent point accepter les deux premiers
Intérim, & s'en firent un autre.
En Efpagne , il y a des Gouverneurs par intérim,
en attendant que le Hoi ait nommé un Gouverneur.
Il a envoyé quérir un Confelîeur a l'extrémité : mais
dans {'Intérim, ou dans l'entre-temps il eft mort.
INTÉRIMISTE. f. m. Se f. Nom de parti qui fut don-
né dans le XVF. (lècle aux Luthériens qui obéirent
à l'intérinv de Charles-Quint , Se qui luivircnt les
26 articles que ce Décret Impérial contenoit; Se
que Charles avoit accordé aux Luthériens en atten-
dant un Concile général. Les Intérimljles le parta-
gèrent en trois fecles. La première fut de ceux jijui
s'attachèrent inviolablement à l'intérim , parce qu'ils
croyoient qu'il ne contenoit rien & n'omettoit rien
que d'indidérent, Se que tout l'ellentiel de la doc-
trine de Luther étoit à couvert. On nomma ceux-ci
Politiques, ou Impériaux, parce cju 'ils luivoient la
volonté de l'Empereur ; Melanchton rut leur chef.
La leconde , à la tête de laquelle étoit le Doéteur
Pacius , & tous ceux de l'Univerlité de Leypfick qui
firent un fécond Intérim. La troihèine fut celle des
Tliéolo^iens de Franconie , auteurs du troilième
Intérim , dont nous avons parié. Les Intérimljles fu-
rent auili appelés Luthériens Relâchés.
INTERLIGNE, f. f. C'eft l'efpace de blanc qui eft en-
tre les lignes. Il eft défendu aux Notaires & Gref-
fiers d'écrire en interlignes , il faut qu'ils falfent des
renvois Se des apoftilles paraphés.
tfJ" On appelle interlignes , en Imprimerie , des parties
minces de bois ou plutôt de métal , qu'on met entre
chaque ligne pour leur donner plus de blanc.
INTERLINAIRE. adj. m. Se f. Ce qu'on met entre
des interlignes. InterVmcarls. Il eft défendu aux No-
taires de mettre dans leurs minutes des mots Interli-
naires , il les faut mettre aux marges par apoftilles,
& les faire parapher. La glofe ordinaire de la Bible
de Nicolas de Lyra eft Intérimaire. Les écoliers onc
des livres clallîques avec des glofes Intérimaires. Il y
a dans la Polyglotte de Londres une interprétation
intcrlinalre du Texte Hébreu , qui n'eft point dans la
Polyglotte de Paris. Simon. C'eft celle d'Arias Mon-
tanus , qui avoit déjà été imprimée de même par Plan-
tin j (5c qui parut en un volume in-fullo , avec une
interprétation du Grec auiîî 'intérimaire pour le Nou-
veau Teftament , (Se pour les Livres de l'Ancien qui
ne font qu'en Grec.
INTERUNÉAIRE. adj. m. &: f. C'eft la même_ chofe
qu'intcrlinaire , mais il eft meilleur ^ & le leul en
ulage aujourd'hui.
iO- INTERLINÉATION. f. f. Ce qui eft écrit encre
deux lignes dans les interlignes.
INTERLÔBULAIRE. adj. m. & f. Terme d'Anatpmie,
I N T
qoi fc dit d'un tiflu du poumon. Jncedohularis , e.
Les lobules (du pouir.on) paroilkiu tas fciiliblc-
iiicnt Icpaivs par une autre lublLuice cellul.iiic qui
les enviionne , propoitioiiiiéir.ent à leur étendue p.ir
ticulicrc , &: qui en remplit les intcrlHees. Cette
fublbiice forme aulfi une elinèce de cellules meni-
braneul'es irrcgulières , plus minées ,_ plus lâches 6:
plus larges que les cellules ou vélLules brouciii-
ques. WiNSLow. C'elt ce que cet habile Anatomillc
appelle tilUi ïntcrlohulaire. Ce tillu le répand par tout
le volume de chaque poumon.
INTERLOCUTEUR. 1. m. C'elt le nom qu'on donne
.aux dittérens perfonnages qui s'entretiennent enleni-
ble dans un Dialoô'ue M. Perr.uilt le cadet a re-
proche à M. Defpréaux , que dans Tes Satyres on ne
Liit la plupart du temps lequel parle des deux inter-
locuteurs. Il lui reproche encore ailleurs qu'il tait
parler un de les interlocuteurs , comme h la coiiver-
lation s'ctoit liite en vers. M. Sarreau a cru que l'hcp-
taplomères de Bodin étoit divilé en icpt livres : il
s'ell: trompé , dit M. Bayle , il n'y en a que lix , &
Te mot hcptaplomères ne tombe pas fur le nombre
des livres , mais fur les interlocuteurs qui font au
nombre de lept. Les interlocuteurs de M. Muys, dans
ion L'ialogue fur la Chirurgie , font Podahre , an-
cien Médecin , & un jeune Docteur élevé dans la
nouvelle Philofophie. Idem. Quir.tus Mucius , fils
de Publius , étoit gendre de Lélius , & il eft un des
Interlocutciirs du Livre que Cicéron a faitde l'Ami-
tié IvL DU Bois , Offi- de Cic. Les fupplémens
de du Verdier nous donnent lin Dialogue de Tran
quillus Andronicus. Il a pour titre Sylla : les Intei-
locuceurs (ont Célar , Sylla , Pompée , Minos : il eft
imprimé à Leiplick , in-ociavo. L'année de l'impref
lîon n'ed point marquée dans ces Supplémens de
du Verdier. Dict. de Bail. Tranq. Andronicus j
rem. S.
INTERLOCUTION, f f. Jugement préparatoire avant
Je définitif. Interlocutio. On ordonne une interlocu-
tion , une ir.[lru:;l:ion préalable pour parvenir au ju-
gement dw.ininr. Interlocutio.
Ce mot fe dit aulH de tout difcours que fe font
les unes aux autres , les perlonnes qu'on introduit
dans une même pièce. Les circonitmces du dialogue j
les car.iétcres des perlonnages , les mterlocutionsùc les
bienféances s'y rencontrent dans un haut degré. Mau-
cRoix 6z LA Font.
INTERLOCUTOIRE, .adj. m. & f. C'eft la fentence
ou l'arrêt qui prononcent qu'il fera fait quelque chofe
avant que de faire droit au tond. Interlocutorius , a.
Interlocutoria fententia. Il y a des procès lur lefquels
on rend pluiieurs arrêts interlocutoires. Les jugemens
interlocutoires {ont toujours donnés fans préjudice du
droit des parties au principal.
Il eft aulh fubftantif. Il y a eu un interlocutoire.
Inftruire un interlocutoire.
Je plaide fur de bons Mémoires ,
Mon droit eft établi , je n'ai plus qu'à vuider
Une évocation j deux interlocutoires j
j4 relever quelque défaut ^ Sec. SenecÉ.
INTERLOPE, f. m. Terme de Marine. Bâtiment , vaif-
lêau qui entre en cachette dans les ports , pour ne
point payer les droits des marchandiles.
§3" C'eft proprement un vaifteau qui trafique en frau-
de dans le pays de la conceftion d'une compagnie
de commerce , ou dans les colonies d une autre na
tion qiie la fienne ; qui emplette (ur les privilèges
d'une compagnie de Alarchands , en faifant le mê-
me commerce qu'eux. On les appelle aullî avantu-
ricrs.
INTERLOQUER, v. a. Interloqui. Donner jugement
préparatoire quand on ne peut pas juger définitive-
ment à caule de quelque difficulté qu'il faut aupara-
vant eclaircir. On interloque un procès en pluiieurs
rencontres , quand on ordonne qu'il fera fait une
nouvelle éleûion, une nouvelle allcmblée de chapi-
tre , de parens , de créaaacicrs ; que des garans ou au-
I N T 213
très intérelTés feront appelés; qu'il fera fait dcfcentc
fur les lieux, vilite &: eltimation , arpentage; qu'on
rapportera des bulles , des titres, des minutes; qu'on
approfondira des iiikriptions en taux; quand on or-
donne qu il lera rait enquête ^ intormation de la
commodité ou incommodité d'un nouvel établillc-
inent ; quand on décrète contre des coii:pliccs;
quand on ordonne qu'il fera plus amplement inror-
mé; quand on reçoit en procès ordinaire, & en mille
autres occalions.
|?Cf On l'emploie audi abfolumcnr. Les Juges ne pou-
vant donner un jugement définitif, ont interloqué.
INTER-MAXILLAIRE. adj. m. & f. Qui eft entre les
deux mâciioires. Inter-maxiUaris , e. Les ligamens
inter-maxilldires. Il y en a deux , un à chaque côté.
Ce ligament eft attaché par un bout à la face externe de
la mâchoire iupéricure , air deflusde la dernière dent
molaire J & à côté de l'apophyfc ptérygoTde , où il eft
comme collé contre le nnitcle ptérygo'idien inférieur.
Il elf attaché par l'autre bout à l'extrémité poftérieurc
ou Iupéricure de la ligne faillante oblique de la tace
externe de la mâchoire inférieure au-deilbus de la
dernière dent molaire. Winslow.
INTERMLDE. f. m. Ddudium. Ce qu'on donne eii
fj)ecT;acIe entre les aéles d'une pièce de théâtre pour
amuler le peuple , tandis que les Adeurs reprennem
haleine ou changent d'habits, ou pour donner loilîr de
changer les décorations. Les intermèdes font des
ballets, facéties, chœurs de mufique , di'i:. Dans l'an-
cienne Tragédie le chœur chantoit dans les intermè-
des , pour marquer les intervalles entre les aétcs.
Ariftote & Horace donnent pour règle de chanter
pendant ces intermèdes des chanfons qui foient tirées
du fujet principal. î.lais dès qu'on eut ôté les chœurs ,
l'on introduilît des mimes, des danfeurs, &c. pour
amufer ou délalîèr les fpedateurs. C>3"Les François
y ont fubftitué une fymphonie de violons & d'autres
ir.ftrumens.
Intermède. Terme de Chymie & de Médecine. In-
grédient que l'on ajoute 3. quelque préparation pour
^.CFdéfunir, décompofer les principes dont ces ma-
tières lont compolces. Intermedium. On décompofe
le nitre par V intermède du vitriol , le vitriol , par V in-
termède de l'alcali fixe. Dans ce fens, intermède &
moyen ou agent de décompofition , font termes fyno-
nimes. Pour remettre les teintures métalliques en
corps , M Georfroy emploie des intermèdes qui,
n'ayant rien de nuifible ni de déCigréable , permettent
de hiire ulage de ces teintures en Médecine , telle eft
la terre foliée de tartre , c'eft à- dire l'alcali de ce
mixte imprégné d'cfprit de vinaigre & d'efprit de
vin , ce qui forme un dilFolvant fahn & fulfureux
propre à étendre les foufres de l'or & des autres mé-
taux. AcAD. DES Se. 1715.
Intermède, fe trouve bien ou mal en termes de Chi-
mie , pour fignifier ce qui fcrt à lier , à unir enfemble
les principes d'un mixte. Intermedium. Ces fels difté-
rens ne ie joignent jamais fi bien enfemble que par
un intermède terreux. Homberg , Acad. iyo2,
Mém.p. 4S. Il fe trouve dans l'alun & dans le borax
une matière urineufe , c'eft à dire , une odetn d'urine
qui fe manifclte dans le feu lorfqu'on les diftille .avec
un intermède terreux. Idem, p. ^ç.
|C?~ Enfin , on appelle intermède :, dans les opérations
chimiques, un corps interpolé entre le feu & la ma-
tière fur laquelle on tait l'opération. Ainfi l'on dit
appliquer le feu à une cornue chargée de quelque
matière que ce foit , par V intermède des cendres , de
la limaille , de l'eau , &c , c'eft à dire , expofer ce
vailfe.au à la chaleur du bain de cendres, du bain de
lable , du bain marie , &c.
Cf3=- INTERMÉDIAIRE, adj. de t. g. Qui eft entr^
deux ou pluiieurs autres choies. Intermedius , inter^
. jeclus. Tems intermédiaire , ^(ç'iQt intermédiaire. Le
Ion ne fait impreflîon fur l'organe que par le moyen
d'un Huide intermédiaire. Placez plufieurs globules
lur la même ligne de manière qu'ils fe touchent tous.
Si vous poullcz le premier , le mouvement fe commu-
niquera au dernier après avoir palIé par tous les gior
u
I N T
bules buermedialres. En maticre de délais il y a deux
chofes à coniidéier : les deux extrémités & les jouis
intermédiaires. Les deux extrémités (ont le jout de
l'alligiiarion & celui de réchéancc. On ne compte
point les jouts que le délai commence ts: qu'il finit.
Si le jour de l'échéance le trouve un jour de Dimiii-
chc ou de Fête, il doit être remis au jour ouvrable
fuivanr; mais à l'égard des jours intermédiaires qui
font entre le commencement & la îin du délai , tous
les jours de Dimanche , de Fête & des vacations ,
font continus & utiles. Bornier , fur l'art, y du ta. j
deVOrd. de i66j.
On appelle gages intermédiaires _, les gages d'un
office échus depuis la mort du titulaire julqu'à ce que
le (uccelleur loir pourvu.
INfERMEDIAT, ATE. adj. m. & f. Ce qui eil entre
deux. Intermedius. Il le dit du tems qui a couru de-
puis unxertain point julqu'à un autre , & particuliè-
rement des Lettres de Chancellerie ou des arrêts qu'on
donne à des Officiers pour jouir des gages de leurs
offices qui (ont échus depuis la vacance ou la mort
de leur prédécelleur jufqu'à leur prife de pollclîion. Il
faut obtenir des lettres à'intermédiat' -powi: jouir des
gages qui ont couru dans le tems intermed^at de la
mort &■ de la prife de polleillon , linon on ell fujec à
en être recherché. Dans les Sociétés Religieuies, on
appelle congrégations intermédiaires ^ les allemblées
qui le tiennent entre deux Chipitres, luit généraux,
foit provinciaux.§C70nvoit par lexcmole qu'on vient
de citer, qa intermédiat eft aulli (ublutntir dans cette
phrafe feule , lettres d'intermédiat. Au reflcj ce terme
ell: de peu dulagc.On dit communément intermédiaire.
INTERMLMABLE. adj. de t. g. Quodconfid non potejl.
Ç)n ne peut être terminé, qui ne peut avoir de fin.
Sans r.Mtotité de l'Eglife , toutes les difputes de Re-
ligion tout interminables.
INTERMISSION, f. f. Interruption , difcontinuation.
IntermiJJio , quies y paufa. Une fièvre continue eft
celle qui eft lans intermijjion. Il n'y a point de goutte
fi violente qui n'ait quelque intermijjion. On travaille
à ce b.itimenc lans intermifflon , jour & nuit , Fêtes é^
Dimanches. On a déclaré Hérétiques les, Euchires ,
qui difoient qu'il falloit prier Dieu fans intermijjion ,
ne point vaquer à autre chofe.
INTERMITTENCE, f f Terme de Médecine. Inter-
ruption . difcontinuation. Interruptio , intermijjlo ,
cejfatio , quies. Toutes les fois que le ventricule fera
fort tendu par des vents , le nerf ou plexus cardiaque
qu'il a à fon orifice, doit fouftrir une contradùon,
qui , fe continuant julqu'au cœur , y fera un tiraille-
ment, qui, félon qu'il fera plus léger, ou plus vio-
lent , fera tantôt une lîmple intermittence de pouls ,
& tantôt une véritable palpitation de cœur. Mem. de
Trev. On ne le dit que dans cette phrale.
INTERMIITENr, ENTE. adj. Intermittens. Ter-
me de Médecine , tfT qui difcontinue & reprend par
intervalles. Pouls intermittent j, qui ne bat pas égale-
ment. Fièvre , maladies intermittentes qui viennent
par accès & à diverfes reprifes. L'enthoulialme , ou
folie intermittente de Cromwel. Mascur.
INTERNE, adj. m. & f Qui ne paroît point au dehors ,
qui eft au-dedans. Intenor. Tous les animaux ont un
principe interne de corruption. Une fièvre interne.
Mal interne. On a recours aux caufes internes & oc
cultes quand on ne peut pas expliquer les effets ex-
traordinaires de la nature. Nous ne connoitTbns la
plupart des corps que par certains attributs , mais nous
n'en connoilfons pas la compolîtion interne. S. ÉvR.
Les contemplatifs iont l'objet de la raillerie de ceux
qui ne fentent pas les opérations internes du Saint Ef-
prit. Fen. Les profanes fe mo :iuent de ces douceurs
internes dont fe vantent les Myftiques. Id. Il y a dans
ces parties internes (de l'homme) une proportion,
un ordre &: une induftrie qui charment encore plus
l'elprit attentif que la beauté extérieure ne lanroit
plaire aux yeux du corps. Id.
^C? Interne , a particulièrement rapport aux parties du
corps. Les maladies internes (ont les plus dangereu-
fes. Ou doit dire les opérations intérieures du S. El-
I jN T
prit , les douceurs intérieures , &c non pas les opéra-
tions internes du S.'Efprit , les douceurs internes. In-
térieur fe dit de l'elprit. Interne, du corps. Son op-
polé eft externe.
^Cj^InternEj en Géométrie. Les Angles incernes font
tous ceux que forment les côtés d une figure recti-
lignc , pris au dedans de cette figure.
INTtRNHL, ELLE. adj. Vieux mot. interne.
INTERNER, v. a. On a voulu introduire depuis peu
ce terme , & un des plus grands Magiitrats du Royau-
me , pour dire qu'il s'etoïc lié d'amitié avec une per-
foiinc en qui il avoir pris une confiance fmguliere,
difoic que lon^ cœur s eroit interné avec celui de cet
ami. L'expreilîon fcrorc énergique , (i elle étoit re-
çue. Conglutinata erat anima David anims. Jona-
thdL.
INfERNONCE. f m. Envoyé extraordinaire du Ta-
pe , Agent de la Cour Romaine , qui fait les aSàires
du Pape en une Cour étrangère , pendant qu il n'y
a point de Nonce exprès & en titre. înternuntms.
\}n tel Abbé a été internonce en El'pagne. Les Inter-
nonces ne font aucune fonction de Juridiction ec-
cléfiaftique en France i comme pretque par-tout ail-
leurs. WlCQ,.
IJCF II y a des Cours où les affaires fe font toujours par
un Internonce , c'eft-a dire où le Pape n'envoie que
des Internonces , & jamais des Nonces. Il y a toujours
un Internonce à Bruxelles.
INTERNONCIALURE. f. f. Charge eu dignité J'im
Internonce. Intcrnuntù d'gnitas, ou munus. V inter-
nonciature de N. n'a duré que deux ans.
INTEROSSEUX, adj. Terme d Anatomie , qui fe dit
dclix mulcles , ainli apppclés , parce qu'ils occupent
les trois elpaces qui fort entre les os du métacarpe,
Interûjjeus. Il y en a trois internes qui amènent les
doigts de la main vers le pouce , & trois externes
qui les en éloignent. Il y a aulîi huit mufcles inte-
rojjiux qui rempliilent les quatre efpaces qui font en-
tre les cinq os du métatarfe , quatre incernes , iSc
quatre externes. Les internes amènent les quatre doigts
du pié vers le pouce , les externes les en éloignent.
INTERPELLATION, f. f. Terme de Pratique. Som-
mation , commandement de répondre fur ce dont
on eft interpellé. Interpellatio. Il faut qu'un -Juge
fade trois interpellations à un accufé qui ne veut
pas répondre , avant que de lui pouvoir faire fon
procès comme à un muer. On lui a fait plufîeurs
interpellations de déclarer le domicile de fa partie,
de cottcr le regiftre où ces criées font enrcgilfrées ,
(ans qu'il y ait (arislait.
INTERPELLER, v. a. Sommer quelqu'un de faire une
déclaration , une reconnoiflance , ou de rendre
obéiiîance à la Juftice. Interpellare. On l'a fommé
& interpellé de fe trouver chez le Notaire , chez le
Commilïàire , pour être préfenr à un tel acfte , à
une telle alTcmblée, à la levée d'un (celle. On l'a i/z-
teruellé de vider les lieux , luivant l'arrêt qui l'y
condamne.
INTERPOLATEUR. f m. Celui qui ajoute quelque
chofe à un écrit ancien. Interpolator.
INTERPOLATION, f f. Terme de Belles- lettres.
Choies ajoutées poftérieurement à un ancien manuf-
crit. Interpolatio. Les Copifles ont défiguré plufieurs
pièces anciennes , & les ont interpolées j en y ajou-
tant des chofes de leur temps. Four établir une in-
terpolation, le P. Ruinart donne ces cinq règles. Il
faut premièrement que la pièce que l'on veut don-
ner pour ancienne , ait l'air de l'Antiquité qu'on
prétend lui attribuer. 2. Que l'on ait de bonnes
preuves que cette pièce a été interpolée ou retou-
chée. 3. Que les interpolations , on changemens que
l'on prétend y avoir été laits , conviennent au temps
de l'interpolateur. 4. Que ces interpolations j, ou chan-
gemens, ne touchent point au fond de la pièce, 8c
ne foient point (1 fréquens , qu'elle en loir toiKe de-
figurée. Il taur que les reftitutions que l'en fait , re-
viennent parraitement au refte de la pièce. Apologie
de la Miff'. de S. Maur. p. p/. Quelques modernes ap-
pellent ri/!re;^o/i:fjo;2,fourriite,CHASTEL.*.i.NS.iWa:ryr.
1 N T
INTERPOLER, v. a. Incsrpolare. Les critiques ont in
tioduit ce terme peur marquer des écritures &: des
l;ièces fufpeClcs , auxqutllL-s on a inféré des chofes
bulles, altéré ou traiifpoié quelques mots.
Ce terme eltLr.iin, 6c u'eft pas en ulage d.uis les
djkours ordinaires.
IMERPOS. r. K Vieux mot. Relâché.
îïIi'ERPOSER. V. a. Mettre entre deux. Interponere.
il n'a guère d'uf'ige dans le propre que dans le llyle
didaélique. Quand une nuée dente &: opaque s'i/z-
tcrpofc entre nous &c le foleil , cela caute de l'obi
curicé. Mars , Jupiter & Saturne , l'ont rétrogades ,
quand la terre elt interpafée cntr'eux &c le foleil.
ROH.
Interposep. , fc dit auffi des perfonnes le plus fouvent
inconnues, qu'on emploie pour cacher ou pour dé-
couvrir quelqu'artaire. Mais alors on s'en lert princi-
palement au participe. Cette homme a mis tout fon
bien fous des noms empruntés & interpofcs pour
huftrer l'es créanciers. Il a fu tout le fecret de cette
aiiaire par des elpions lik: des gens qu'il a incerpo-
fis.
Interposer, fe dit aulli d'une autorité fupérieure_ qui
intervient pour régler & terminer quelque chofe. Il
a fallu que le Roi ait interpofé fon autorité pour
régler le ditlérend de ces Princes. Il faut qu'un Juge
intirpofc fon décret pour rendre une adjudication
valable. L'Empereur interpofa Ion autorité. Ablanc.
03" On dit de même ïnterpojcr le nom, l'autorité, le
• crédit , la faveur, la mcdiarion de quelqu'un , em-
ployer. Dans ces deux cas le verbe ïnterpofer ell pris
dans une acccpdon figurée.
Interposé j ée. part. Tout cela fut arrêté par des per-
fonnes inrerpojecs. Négocier par perlonnes interpo-
fces , 03° c'eli: le fervir de la médiation de quelques
perfonne pour la négociation d'un attaire.
INTERPOSITION f f. Situation d'un corps entre
deux autres , qui les cache , qui empêche leur ac-
tion. Intcrpojino. L'éclipfe du loleil ne fe fait que
par \' intctprjuion de la lune entre le foleil &c nous ,
celle delà lune par V interpqfidon de la terre entre le
foleil & la lune.
iNrtRPOsiTioN , le dit auiïi d'une autorité fupérieure
qui intervient, h' interpq/idon de l'autorité du Pape
eft ce qui confirme les Conciles.
Interposition de décret, en Jurifprudence , eft une
formalité dans les décrets , qui le fait après la certi-
fication ; on y fait les enchères de l'héritage faifi ,
& à l'aliife fuivante le fait l'adjudication tinale. C'cft
proprement le jugement qui ordonne que le bien
laili lera vendu & adjugé par décret.
INTERPRÉTATIF, IVE. adj. Qui interprète. Décla-
ration interprétative. Ce terme eft employé en mora-
le, en parlant des intentions, & le dit des inten-
tions Se permiflîons que l'on préfume avec raifon.
Interpretativus , a , um. Un homme qui n'eft pas en
lieu ni en état de conlulter fon Supérieur , & de
lui demander la permifiion de faire quelque chofe ,
la fiit en préfumant avec railon que s'il étoit en lieu
de demander la permiiîion , on la lui accorderoit ;
c'eft là une permiffion interprétative , parce qu'il in-
terprète la volonté de fon Supérieur, Se préfume qu'il
lui donneroit la permiiîion dont il a befoin. Un OfK-
cier fubalrerne fe trouve à portée de charger avec
avantage un corps d'ennemis, qu'il rencontre. Il n'a
pas le temps de demander ou d'envoyer demander
la permiiîion de l'attaquer ; mais il préfume que s'il
jîouvoit la demander , on ne la lui refuleroit pas , Se
fur cela il l'attaque , c'eft une permiiîion interpréta-
tive. Une intention interprétative eft l'intention que
Ion auroit fi l'on y l'aifoit réflexion.
11 y a aulîi une bigamie que les Canoniftes appel-
lent interprétative , car ils diftinguent la bigamie en
trois etpèces. La bigamie réelle, la bigamie interpré-
tative. Se la bigamie limilitudinaire. Conf. d'An-
gers. La bigamie interprétative confifte en ce qu'un
homme qui n'a pas deux fois contraété mariage , &
n'clt pas conféquen-.mcnt véritablement Se réelle-
ment bigame, néanmoins par une fiâion de droit
I N T lis
eft ccnfé bigame. C'eft de-là que cette bigamie a pris
le nom d'interprétative. Id. Ainli celui la eft cenfc
bigame par interpictaiion , qui a fuccellivement con-
u.icic mari.igc avec deux femmes , dont l'une a été fa
femme de droit , c'eft à dire , légitime , Se l'autre a
été feulement la femme de tait, parce qu'il ne pou-
voir y avoir de mariage valable entre lui Se elle , a
caule de quelque empccheincnt dirimant. Id. La bi-
gamie interprétative comprend aulli ceux qui ont
époulé des veuves , ou des hlles qui avoient été cor-'
rompues par d'autres. Id.
INTERPRÉTATION , f f. Explication , déclaration
d'une chofe douteute. La glofc & le commentaire
font des interprétations. Interpretatio. Ce pallage eft
obicur, il en faut chercher V interprétation dans le
Commentaire. Les uns donnent \' interprétation litté-
rale , les autres l'allégorique. Il faut tempérer par de
faintes interprétations les excellîves exagérations des
A'Iyftiques. Boss. Il n'y a prefquc rien qui ne puiftc
recevoir une interprétation favorable , & une liniftre.
interprétation. Les interprétations des préfages , des
fonges, des figues du Ciel, font vaines Se fans au-
cun fondement alfuré.
IJCT Interprétation desloix.C'efl un fens que l'on tire
de la loi , pour lui donner des extenfiqns & des ref-
trittions que la railon Se l'équité requièrent. Quand
une loi a beloin d'être interprétée , il faut s'attacher
à en découvrir le leiis dans la raifon qui a fervi de
fondement à cette loi. Quand l'interprétation d'une
loi ne peut le tirer d'elle-même, des termes, du
fens de la loi , il faut avoir recours au Souverain ,
qui a feul droit de l'interpréter. Ejus ejl legem in-
terpretari , eu/ us ejl legem condere.
ifT Interprétation d'arrêt. C'eft une explication que
donnent les Cours Souveraines à un arrêt , fans y
donner atteinte, fans le rétraéler , mais en rendant
certain ce qui peut être équivoque j & en expliquant
clairement ce qui paroît douteux ou ambigu.
tfT Quand on ne peut pas fe pourvoir contre un ar-
rêt , ni par oppofition , ni par requête civile , ni pat
calîation j on forme fouvent une demande en inter-
prétation d'arrêt.
tfJ° L'Interprétation de la volonté d'un teftateur
doit toujours te faire d'une manière qui contribue à
lui donner une pleine & entière exécution.
INTERPRÉTATIVEMENT. adv. D'une manière in-
terprétative. Interprétative. Les Canoniftes fe fervent
de ce terme dans la matière de la bigamie, f^oye:^
Interprétatif. Diux mariages contraétés ou véri-
tablement, ou interpretativement. Conf. d'Angers.
%T INTERPRÈTE, f m. Se i. C'eft eii général celui
qui explique j qui fait entendre les fentimens , les
paroles , les écrits de quelqu'un. Interpres. Il eft
quelquefois fynonyme de Tradufteur , quelquefois
de truchement. Bon, habile, fîdelle interprète. Se
parler par interprète. Interprète du Roi. Les Truche-
mens font les interprètes des langues étrangères pour
les Voyageurs Se les AmbalTadeurs. Les Traducteurs
font les interprètes des érrits compotes en une langue -
inconnue à ceux qui les lifent. Les Septante interprè-
tes de la Bible. Quelle beauté ne fe tiendroit pas
heureule , d'infpirer à ton Amant une pallion aulH
tendre que celle qu'un Auteur Grec ou Latin inlpire
à fon refpeélueux interprète ; Font. Les Commen-
tateurs font les interprètes des Auteurs obfcurs , foit
qu ils aient voulu cacher leurs penfées , foit qu'ils
n'aient pas eu l'adrelfe de les expliquer j foit que l'é-
loia:nement des lieux ou des temps y ait apporté
de l'obfcurité. Les déchitfreurs des lettres en chiffre
fe qualiScnt aulli Secrétaires , Se interprètes de Sa Ma-
jefté. Les interprètes Se truchemens de navires font
I des officiers qui doivent être reçus en l'Amirauté.
I Ce mot vient du Latin interpres , interpretari. Ifidore
dit , <\\x interpres eft compof; de la prépolition inter ,
Se de partes. L'interprète tient le milieu entre deux
parties , ou deux perfonnes , pour leur faire enten-
dre mutuellement leurs penfées. D'autres le font ve-
nir d' inter Se de pr^s ^ id eft , fidi j ujfor , eelui qui
fe porte pour caution. L'inîerprète fert en quelque
2l6
I NT
façon de caution à deux perfonnes qui ne s'enten-
dent pas.
Interprète fe dit encore de celui qui foie con
noître, qui fixe & détermine le Cens d'un Auteur,
d'un dillours. L'tglile cft la leule ïnurpreu uihiili-
ble des livres laints. Les Apôtres étoient les mur-
prêtes de la parole de Dieu.
fÔ" Ce mot s'applique de même à celui qui eft chargé
de déclarer de Faire connoitre les volontés de quel-
qu'un. Le Chincelier eft {'inccrprèce du Roi , c'ell
lui qui déclare , qui fait connoitre les volontés. Lc«
Miniftres d'État font les dépohtaires & les interprè-
tes des volontés du Prince. Les Prophètes font les ïn-
ttrprètes des volontés de Dieu.
^IfT On le dit encore des Phyficiens qui nous dévoi-
lent les myftéres de la nature, des Prêtres du Pa
ganilme qui annonçoient ou prétendoient annoncer
la volonté des dieux ; des dittérens devins qui pré-
tendoient tirer des prélages de ditférentes chofes. Les
Phyficiens font les interprètes de la nature, ils dé
couvrent le fecret de les opérations. Les Prêtres
payens, &: ceux qui rendoient les oracles, fe van-
toient d'être les interprètes des dieux , des deftinées.
Les interprètes des longes , des prélages , du vol des
oifeaux , & tous les autres qui le lont mêlés de di
vination , ont pris la même qualité.
On dit dans le difcours familier à celui qui juge
des penfées , des paroles j ou des aftions d autrui y
qui fe mêle de les expliquer à fa fantailie : Vous êtes
un bon ou mauvais interprète de mes Icntimens.
Bien n'eft plus gênant dans la converlation que ces
fubtils interprètes des penftcs d autrui , qui donnent
à toutes chofes un fens myllérieux. Bal. Je ne pré-
tends point m'ériger en i/jrt^rtre téméraire des fecrets
de l'Etat. Boss.
Interprète, fe dit en Morale de quelques lignes qui
découvrent les pallions , les fecrets mouvemens de
l'ame. Les yeux lont les interprètes des defirs d un
cœur amoureux & dilcret. Les loupirs font les in
terprètes d'une grande douleur. Cette aiiaire parle
toute feule , elle n'a pas beloin d'interprète. La
voix Se la langue ont été données à l'homme pour
être les interprètes de fes penfées. La Cham. tjfert
animi motus interprète linguâ. HoR. Le peuple prend
les événemens pour les interprètes de la volonté du
ciel. Fl. La parole eft l'interprète de l'elprit & du
cœur. Bell.
IN FERPRÉTER. V. a.Expliquer, faire entendre. /«e/yr?
tari. ffT II eft quelquefois lynonyme de triduire. Les
Septanteontwrt^rfrert; l'Ancien 1 ellament.CetAmbal
fadeur fit un difcours qui lue interprète en François.
Plus ordinairement il lignine exphquer ce qui eA
obfcur , difficile à entendre. J. C. fut trouvé à douze
ans dans le Temple qui interprétait les Écritures. Il
les interpréta aulli aux Pèlerins d'Emmaiis. S. Luc ,
chap. 2^. Jofeph interpréta le longe de Pharaon.
Daniel interpréta le fonge de Nabuchodonofor , &
même lui déclara ce qu il avoit longé, Daiiicl , chap.
2. Il x/ oiz interprète ceLx d une grande famine qui de
voit arriver. Abl. '|,J° Autrefois on fe bornok dans
les Ecoles à interpréter Ariftote , le maître des Sen
tences, S. Thomas.
ÇCJ" Les Proteftans prétendent que c'eft à la raifon à
iiterpréterl'EcùmK, & à en chercher le véritable
fens. Les Catholiques foutiennent au contraire que
cette interprétation n'appartient qu'à l'É^lile. La rai
fon peut bien chercher le Icns de l'Écriture dans Ic'î
chofes fur lelquelles cette Interprète établi de Dieu
n'a encore rien prononcé; mais dès qu'il a parlé, li
raifon doit fe taire , V fe foumettre à fes interpré
rations ; parce que c'eft Dieu lui même qui parle pai
cet Interprète. Les Proteftans eux mêmes n'abandon
nent point à la raifon 1 interpiétatioii de l'Écrituie.
Quelques uns difent que c'eft l'Églife primitive qui
eft l'interprète de l'Écriture", & daarres que c'eft L
S. Elprit qui l'i/zKr/irère à chacun au fond du cceur
C'eft ce que Bochart appelle «injf.^ii!- t. anifixot, i<c
qu'on nomme communément l'Efprit particuliei
des Calviniftes , Il bien réiuté par nos Controverlil-
I NT
tes , que M. Pélilfon dit que les Calviniftes en ont
eu honte eux-mêmes.
En termes de Pratique , on dit interpréter un ar-
rêt, quand on l'explique par un fécond arrêt. La
Cour en interprétant l'arrêt d'un tel jour , a oiJor.né
que , <j c.
Inthp-preter , fc dit auiîî pour , Prendre une chofe ,
une action , un difcours , en bonne ou mauvaife part.
Accipere in bonam , in malam partem. Je ne fais
comment cette conduite lera interprétée à la Cour.
Cela peut être diverfeinent interprété. Ses ennemis
['interprètent tout autrement. Interpréter favorable-
ment une Bulle. Pasc. Les gens de mauvailé humeur
interprètent mal tout ce qu'on leur dit. Bell.
Imterprete, Et. part.
LM FERREG.Nlt. l. m. Femps pendant lequel un Royau-
me eft f-.ns Roi. lnterre:^num. Dans les Royaumes hé-
réditaires il n y a point d'interrègne , ou du moins
ils font rares. Après la mort de Childeric , il y eut
un interrègne de quure ou cinq mois. Après celle de
Thierii IL il y eut un interrègne qui dura cinq ou
fix ans. CoRDEMoi. D'ms les Royaumes éledifs c'eft
le temps qui s écoule de^juis 1 1 mort du Roi jufqu'à
1 élection de fjn fuccelîeur. Les intenemes font lu-
jets au;c tr-jubles & aux factions. En Allemagne les
Empereur ont perdu la plus grande partie de leurs
domaines penimt les interrègnes. |p° Ce mot eft
auiii employé dans des cas où les États font gouver-
nes par d autres que par des Rois , pour délïgner le
temps pendant lequel ils font fans Chef. Lcrfque les
Romains ne convenoient pas pour l'éledtion d'un
Conlul , il y avoir un interrègne. Du temps des Juges
d'Ifraël il y eut de longs interrègnes. A Venife l'in-
terrègne eft fort court après la mort du Doge.
INlEHREX. f. m. Ce nom eft purement Latin , mais
il faut bien s'en fervir dans notre langue , puifque
nous ne 1 avons point interprété , ni habillé à la-
Françoife , lïc que nous n en avons point qui lui ré-
ponde. iféT Celui même d Entre roi ne rend point
1 jnterrex des Romains, attendu la difiirence de nos
Gouvernemens avec celui de Rome. Voye^ Inter-
Roi (Se Entre-Roi.
C'eft un Magiftr.it qui gouvernoit pendant un in-
terrègne , ou dans l'efpace qu'il y a encre la mort du
Roi dans un Etat Monarchique , iSi Féleclrion , ou la
prife de pollcllion de l'on fucc? Ueur. Interrex. Cette
Magiftrature étoit établie dans l'ancienne Rome , Se
prelque aulii ancienne que la ville même. A la more
de Romulus , il y eut un interrègne d'un an , pen-
dant lequel les Sénateurs furent Interrex tour à tour ,
chacun Cinq jours. Après l'ctabliilement des Conluis
& de la République , quoiqu il n'y eût point de
Rois, on garda le nom & la fondion d' interrex:
car lorfque les Maaiftrats étoient ablens , Ik qu'ils
ne poLivoient tenir les Comices , ou qu il y avoir eu
du dei-'aut dans leur élection , i^' qu'ils avoient ab-
diqué , ii on ne vouloit point créer de Diclratcurj
on falloir un Interrex , dont la fondtion & l'autorité
ne duroit que cinq jours , après lelquels on en fal-
loir un autre. L'Interrex étoit dépoiltaire de route
1 autorité loyale , ou Confulaire , ik il en falloir tou-
tes les fonctions. Il ailembloit le Sénat. Il tenoit les
Comices , ou allemblées du peuple ; il avoit loin que
léledion des Magi:hats fe ht dans les régies, &c.
Ce n'étoit point la coutuine que le premier Interrex
tint les Comices ■, du mcir.s on n'en trouve point
d'exemple dans 1 hiftoire Romaine. Il n'y avoit que
les P.rtrices qui euilcnt droit d'élire Vlnterrex. On
difoit déclarer Vlnterrex , plurôt qu'élire. Le met con-
frère étoit proiere Interregem , & non pas creare ,
ou eiigere , ou dejîgnare. La charge d' Interrex tom-
ba avec 1 1 République , quand les Empereurs fe ren-
dirent maîtres de tout.
iNi'ERRJGANF. adj. Terme de Grammaire d'ufage
en cette phrale feule. Point interrogent ou interroga"
tiF. C eft une ponèluation qui fert à marquer les
endroits où l'Auteur parle en interrogeant, a;in que
le Lecteur varie , & élève alors un peu fa voix /«'
terro'ans. Un point interrogent lie marque d'un poiot
I N T
Se d'une pctirc i reiivcrfL-c au-deffus, en cette force;
INïERKOGAT. f. m. ïcnne de Palais. Quellion ,
demande , qu'on fait en Jullice^ & dont on attend
rcponfe. J/ucrro^auo. On lui a Fait cent interrogats
fur klqiiels il n cil point préparé. Il a répondu a un
tel MCdiro^at , que ce tak ne rcgardoit point le pro-
cès. Se quil n'etoit pas oblige d'y répondre. On dit
communément à un homme qui f-ari^ue par des
queltions continuelles , qu'on n'a que htire de tous
les intcnvgats.
JN FERHOGA 1 EUR. f. m. Terme odieux dont on lé
ilrt pour déligvier ces importuns qui t'ont des quel-
tions continuelles. Incarogacor. Il huit éviter la com-
pagnie de cet homme-là ■, car c'ell un interrogateur
perpétuel. Il ne le dit qu'en riant.
11 lé prend aulîi quelqueiois en bonne part pour
celui qui interroge , propolé des queltions. Le i 3
M à 171J. îe Chevalier Ûignon , neveu de 1 Abbé
Biyiion, Intendant de l'aris, fit dans la Bibliothèque
du Roi, un Exercice lur l'Eliftoire , lur la Chrono-
logie. Il eut pour interrogateurs , M. de Lagny , de
l'Académie des Sciences ^ Mrs Burette j Hardion, Si
Salliery de 1 Académie des Belles - Lettres ; l'Abbé
Al.u-i de l'Académie FranijOilc; M. Secoulfe de celle
des Belles-Lettres i & Mis deBoze , Danchet , & Boi-
vin , de l'Académie des Belles-Lettres & de l'Acadé-
mie Françoilc .... Merc. de Juin /7.:/.
Ce mot le trouve dans Nicoc ik. dans Cotgrave.
INTERROGATIF , IVE. adj. Terme qui marque une
interrogation. Interrogans. Quoi ? Comment ? Quejl-
ce ? font des particules intcrrogatives. Que dites-
vous? Que faites-vous ? font des phralcs i/zrtrro^t^r/-
vcs , c'ell à dire qu'elles marquent une queltion de
la part de celui qui parle. Quand la croiùème perton-
ne du verbe interrogatif finie en a ou en e , on in-
fère un r entre deux petites barres: Parla- r -;/ hier
à vous > aime t il ?
INTERROGALIOW. f. f. Demande que l'on fait à
quelqu'un fur une chofe dont on veut être éciairci.
Interrogatio. Il y a des impertinens qui briguent par
le nombre à' interrogations qu'ils font à ceux qui veu-
lent bien les écouter. Il faut répondre aux interroga-
tions qu on nous fait-
Interrogation , eil aullî une figure de Rhétorique.
C'eft une ctpèce d'apoftrophe que celui qui parle fe
fe fait à lui même , ou aux autres. On ne peut nier
que ces fortes de figures ne donnent beaucoup plus
de mouvement , d accion & de force au dilcours.
Il n'y a rien qui imite mieux la pallion que cette
manière vive & violente de fe faire des interroga-
tions , &C de fe répondre fur le champ à foi-même.
BoiL. On le peut remarquer dans ces vers de Ra-
cine :
Hé bien , Titus , que viens tu faire ?
Bérénice t'attend , où vas-tu _, téméraire ?
Tes adieux font-ils prêts ? T'es tu bien confulté?
Ton cœur te promet-il afje:^ de cruauté?
Car enfin au combat qui pour toi fe prépare ,
C'ejl peu d'être confiant , il faut être barbare,
INTERROGATOIRE, f. m. Aéle judiciaire qui con-
tient les demandes que fait un Juge ou un Com-
milTaire délégué pour interroger une partie fur cer-
tains faits, 6c les réponles qui y font faites par la
partie , pour tirer de la bouche de celui qui elT: in-
terrogé l'éclairciflement de la vérité , ôc fervir de
preuve dans la caule. Qutfiio.
^^Ondiftinguedeux lortes d'interrogatoires; ceux qui
fe font en matière civile , qui fe nomment interro-
gatoires fur faits & articles -, & ceux qui le font en
matière criminelle , qui s'appellent interrogatoires fur
faits réfultans de l'information. Dans ce fens c'eft la
même choie que procès verbal contenant les quel-
tions du Juge & les réponles de la partie ou de
1 l'accvifé. On a lu fon interrogatoire,
KJ Interrogatoire fignine aulTi la queftion que fait
le Juge fur des faits civils ou criminels, & les ré-
ponfcs que fait celui qui eft interrogé. Se couper dans
Tome K,
INT 2T7
fun interrogatoire. En matière civile on dit prétet
l'interrogatoire lur faits & articles ; en matière cri-
minelle , fubir V interrogatoire. Cette partie a prc'tc
interrogatoire fur les hits & articles qui lui ont été
communiqués. Ce criminel s eft c(Aipé dans le fécond
interrogatoire qu'il a lubi. Le dernier inrerrogatoire
le prête lur la léllette, ou en préfence du Confcil..
Le Chancelier Poyet voulut par L'Ordonnance de
I J39 , que tout homme fût tenu de icpcndre par fi
bouche , &: après ferment prêté fubir V interrogatoire
lur les laits qui lui krcient f gnihés par la partie .ad-
veilc. Auparavant nul n'étoit tenu de le condan-.ner
par la bouche , & même dans la lulmination des Mo-
nitoircs on ajoutoit cette claule , de mp ta parte & con-
filio.
i^* Interrogatoire, Enquête, & Information ne fi-
gniheiit pas la même choie. Dans Vcnquite Se dans
V information , ce font les témoins qui lont interrogés
& qui répondent. Dans \ interrogatoire j c'eft la partie
même.
INTERROGER, v. a. F.iire une demande à quelqu'un.
Interrogare. Un Catéchifte, un Examinateur inter-
roge un enfant , un Récipiendaire , lur les points de
la croyance, fur la doCbij.e, pour connoitre la capa-
cité. Un Juge interroge un acculé après avoir pris 1er-
mcnt de lui fur des hits dont il veut être éciairci.
On interroge les courriers , les voyageurs , pour la-
voir des nouvelles , pour fivoir ce qu'ils ont vu de
nouveau , d'extraordinaire. (fJ II eft évidei^t que
queftionner conviendroit mieux dans cette dernière
phrale.
|&" Interroger , demander , queftionner, fynonymes.
On interroge , on demande , on quefiionne pour fa-
voir. Mais interroger luppole de 1 autorité. Qucfiion-
ncr luppofe de la curiolité. Demander paroit avoir
quclcjUc choie de plus civil & de plus relpeflueux.
Le Juge interroge un criminel. Un elpion quefiionne
\c.s gens. On demande l'ordre au Général. Syn. Fr.
|f3' On voit , par ces exemples , qa interroger Se quef-
tionner, font leuls un tens \ mais qu'il hut un cas à
demander, c'eft-àdire, que pour hire un lens par-
fait , il hut exprimer la choie qu'on demande.
Interroger, feditaulli des Orateurs, qui, par une li-
gure de Rhétorique , font des queftions à leurs par-
tics. Se fouvcnc à des choies inanimées dont ils n'at-
tendent point de réponfe. l^oye^ Interrogation.
Interroger, fe dit figurément pour examiner. Inter-
roge-[ le bon fens ^ voyez ce qu'il vous dira. Inter-
rogeons fur cela notre Foi ; interrogeons l'Evangile &
n'en croyons point la corruption de notre cœur. Il
ne faut qu interroger la conlcience Se hire atcentiou
à ce qu'elle nous crie.
Interrogeant nos goûts , confultant nos humeurs y
La molleffe a changé les règles de nos mœurs.
Rec. de Vers.
Interr.ogÉ , Ée. part. C'eft par ce mot que commen-
cent tous les articles d'un interrogatoire criminel.
Interrogé , s'il a fait , 6c.
03° INTER ROI. f. m. Inter Rex. Titre qu'on donne
en Pologne au Primat du Royaume , c'eft à dire,
à l'Archevêque de Grefne , pendant que le trône eft
vacant. C'eft lui qui eft chargé de notifier la vacance
du trcine aux Cours Étrangères , de convocuer la
diète pour l'cleclion du Roi , d'expofer à la dicte aA
femblée la qualité & le mérite des Candidats, éf/
& après que les Nonces ont procédé à l'éledion, il
recueille les fufti'ages, monte à cheval, demande par
trois fois lî tout le monde eft content, & alors il
proclame le Roi. Foye^ encore Entre-Roi Se In-
ter Rex.
INTERROMPRE, v. a. Interrumpere ^ imerpellare^
J'interromps, j'interrompais , j'interrompis , j'ai inter-
rompu, j'interromprai, que j'interrompe, que j'inter-
rompiffe, ou j'interromprais. Couper la parole à quel-
qu'un au milieu d'un dilcours, l'empêcher de conti-
nuer. Les Avocats ont la mauvaife coutume de s'in-
terrompre. On peut interrompre une partie quand elle
£e
i8
I N T
allègue une chofe faulfe. Il cfl: tics incivil A'interrom-^
pre celui qui fait un rccit. Bell. Ce Prédicateur a été
interrompu au milieu de Ton diCcours. Les parentliè(es
trop longues interrompent le fil d'un ditcours , d'une
narration. En interrompant celui qui parle , c'cll lui
dire tacitement que ce qu'on va dire, vaut mieux que
ce qu'il difoit. S. EvR.
ItCT On dit dans le dikours familier , fans vous interrom-
pre, pour faire une forte d'cxcufc de ce qu'on inter-
rompt le difcours.
fer INTERROMPRE , fe dit dans le même fens de
' plufieurs autres chofes. Interrompre un travail , une
affaue, une négociation, &c^ c'eft en empêcher la
continuation. Ce bâtiment royal a été interrompu par
la guerre qui eft furvenue. Le jugement de ce procès
a été interrompu par les Fêtes. Cet Auteur a été obligé
d'interrompre fon Ouvrage pour aller chercher du
pain. Interrompre [es occupations. AblAnc.
gCT On dit de même interrompre le cours d'une rivière
par une digue, par une chaulfée, & qu'une allée eft
interrompue par un folfé qui la traverfe. ^
fO" En Jiuifprudence , interrompre la poUèiHon , inier-
rompre la prefcnption , c'eft faire quelque ade qui
trouble la pollellion de quelqu'un , ou qui arrête le
cours de la prefcription. Des protcftations fuffifem
pour interrompre une prefcription.
Interrompu , ue. part.
INTERRUPTEUR, f. m. Qui interrompt , qui coupe
la parole à une perfonne qui parle. Quelqu'un fe ha-
farde de le contredire , & lui prouve nettement qu'il
dit des chofes qui ne font pas vraies. Arrias ne fe
trouble point, prend feu au contraire contre l'inter-
rupteur : Je n'avance , lui dit-il , je ne raconte rien
que je ne fâche d'original La Bruyère ,p. ijS,
ijp de la nouv. édit.
INTERRUPTION, f. f. Aélion qui interrompt, <5c état
de ce qui eft interrompu. Interruptio. Un Orateur a
de la peine à fe remettre après de fréquentes interrup-
tions. Un homme de lettres ne doit point avoir d'af-
faires qui apportent de {'interruption à fes études. In-
terruption de travail, du commerce.
Dans le droit , interruption fe dit en matière de
prefcription & en matière de poircOIon. Il y a inter-
ruption de prefcription quand on fait quelques procé-
dures , ou aûes authentiques de pollellion contre ce-
lui qui prétendoit prefcrire. En matière de prefcrip-
tion , il y a interruption quand on fait quelque afte
contraire, ou qu'on préfente un titre nouvel. En ma-
tière de polleffion , il faut aullî un ade judiciaire
pour interrompre la polleffion. On appelle aulFi in-
terruption ou adtion d'interruption , la déclaration
d'hypothèque ; lorfqu'un créancier fait ailîgner le
tiers détenteur d'un héritage , pour voir déclarer l'hé-
ritage affefté & hypothéqué à fa dette à J'eftet d'être
paye fur le même héritage après la dilcullion du prin-
cipal débiteur.
Interruption. Terme de Géométrie. Quelques uns
nomment interruption ce que d'autres appellent dil
jondion de proportion ; elle fe marque ainli : Et c'eft
l'interruption de la raifon qui eft entre quatre termes
proportionnels. Cette interruption fc fait au milieu
de ces quatre termes. Par exemple , comme A : B : :
C : D i c'eft-à dire , comme A eft à B , ainfî C eft à
D. Harris.
Interruption , eft auftî une figure de Rhétorique par
laquelle on interrompt foi-même brulquement ion
difcours, pour marquer quelques pallions. Exem
pies.
Comment hr'ifer les fers où je fuis retenue?
M'en croira-t'on d'ailleurs ? fugitive , inconnue ,
Comment Mais quel objet! Arfanne dans ces
lieux. Crébillon.
Rien ne peut ébranler fon devoir, ni fa foi ,
Et toujours plus fournis quel exemple pour moi !
Dieux , de tant de vertus n'orne^-vous donc mon frère,
(^ue pour me rendre feul trop femblable à mon père?
Idem.
I N T
Le traître l.c'en efl trop. Qu'il paroijfe à mesyeiut.
Il faut Mais je le vois. Idem.
Mais je devrois parler, le nom de fils , peut-être... ^
Hélas ! que m'eût fervi de le faire connaître?
Loin que ce nom fi doux eût fléchi le cruel ,
Il n'eût fait que le rendre encor plus criminel. Idem.
INTERSECTION, f. f. Terme de Géométrie. Point, ou
d<t\x\ lignes , ou deux cercles fe coupent l'un l'autre.
InterfieU.io. L'angle fe fait dans V iiuerfeclion de deux
lignes inclinées. Le centre d'un cercle eft dans Vm-
terfeclion de deux diamètres. Le point central, ou
point miheu d'une figure régulière , ou irrégulière des
quatre côtés , eft le point à'interfeclion de fes deux
diagonales. L'équinoxe arrive , quand le foleil eft
dans ï'interfecîion de l'Equateur & du Zodiaque, ou
de la ligne Écliptique.
INTERSTICE, f. m. Terme de Droit , qui fe dit des
intervalles de tems qui font réglés ou marqués par
la loi entre une chofe & une autre. Interfiitium.
^fTOn le dit particulièrement en matière eccléfiafti-
que , pour défigner les intervalles qui doivent être
gardés entre chaque ordre par ceux qui font promus
aux Ordres lacrés. Interfiitium, garder les ïnterfiices.
Difpenfer des ïnterfiices.
Le mot Latin interfiitium vient de la prépofition
inter, qui veut dire entre , 6c du veihe fiare qui ligni-
fie être : ainfi le mot interfiice veut dire le tems qui
eft entre deux termes marqués.
On appelle en Anatomie interfiices ciliaires , de pe-
tits filamens faits comme les cils , ou le poil des pau-
pières, qui fervent à foutenir le criftalhn de l'œil, &
félon quelques-uns , à le dilater & à le relîcrrer.
^CT Interstice. Terme de Phyhque , fe dit des petits
intervalles qui font dans tous les corps , qui en em-
pêchent la continuité , des petits vides , des pores.
Dans le fyftême des Cartéfiens , les plus petits ïnterfii-
ces font remplis d'air , de matière éthérée ou de ma-
tière fubtile : félon les Épicuriens & les GalTendiftes,
la plupart font tout-à-fait vides. Foyt-^ Vide , Plein.
INTERVALLE, f. m. Diftance , efpace qui eft entre
deux extrémités. Intervdlum. Il fc dit des lieux &
des tems. L'inégalité des intervajles des fenêtres ,
ôte la fymétrie d'on bâtiment. Il faut lailler de Vinter-
valle entre les lignes de ce texte pour y mettre de la
glofe. Toute l'Aftronomie n'a pu encore définir Vin-
tervalle qui eft entre Saturne & les étoiles fixes. Ke-
pler le met de 60 millions de lieues. §3° Il y a tant
d'années d'intervalle entre le règne d'un tel Prince
& le règne d'un tel. Sa maladie le prend & le quitte
par intervalles. Les vibrations d'un pendule le font
par des intervalles égaux. On le figure d'ordinaire un
intertialle de pénitence entre la vie &: la mort.
Ce mot \nent du Latin intervallum, qui ne lîgnifîc
autre chofe , félon IfiJore, que fpatium interfofiam &
murum. ^fT Selon quelques-uns , les pieux que les
Romains plantoient fur leurs boulevards , s'appeloient
\alla , &c les efpaces entre deux pieux , uitervalla.
gC? Dans l'Art mihtaire , on appelle inten-alle , la dif-
tance qu'on met entre les troupes placées en ligne ou
à coté les unes des autres. On s'en Icrt aulli pour dé-
figner l'efpace qui eft entre deux lignes de troupes,
foit en bataille, foit dans le camp. En rangeant une
armée en bataille, il faut toujours lailfer certains in-
tervalles entre les bataillons.
Intervalle, en termes de Mufique, eft la diftance
qu'il y a d'un fon grave à un fon aigu , tout l'elpace .
que l'un des deux auroit à parcourir pour arriver-
à l'uniftbn de l'autre. Des diftérentes diftances qui
peuvent fe trouver entre un Ion & un autre, (e
forment difterens intervalles , dont les degrés tirent
leur dénomination des nombres de l'Arithmétique :
ainfi le premier degré ne peut être dénommé que
par l'unité , d'où l'on appelle unilFon deux ions en
même degré ; par conféquent le fécond degré s'ap-
pelle féconde , le troifième tierce , le quatrième
quarte , le cinquième quinte , le lîxième fexte , le
•>
I N T
fcptième feptlcme , le huiticme odave , Ôcc. en Cup-
pofaiit que k- pivjinier dc-rc cil toujours k plus gta
ve , Se que ks aunes ie foniiciu en élcvaiu la voix luc-
ceUivcmem fclon les degrés naturels. Rameau. Jntcr-
vdle rcnverié. Si nous faifoiis rétlcxion Ilir la manière
de trouver ks railbns des intervalles engendrés de la
tranfpolition des deux Ions de l'oCtave , ou de ceux
qui proviennent de la diltmce qu'il y a d'un intervalle
à un autre 5 fans y comprendre l'oiilave , nous verrons
que pour avoir un intervalle ïciwciié , il n'y a qu'à
doubler k plus petit terme d'une railoii donnée , ou
en divikr le plus grand par la moitié , ce qui efl: la
iTiênie chofe , comme, par exemple, la tierce mineure ,
f. 6. nous donne la îexte majeure , en doublant ;
ou en divilant 6. Mais poin avoir l'intervalle qui fait
la dittérencc des deux autres , il faut avoir recours à
une régie de louftraéHon. Id.
INTERVENV^NT, ANTE, adj. Terme de Palais. Ce-
lui qui le rend partie en un procès pour y conkrver
fes intérêts. Interventor. Les parties intervenantes
doivent faite apparoir de leurs intérêts avant que
d'être reçues en caufc. On appelle aulll partie inter-
venante, celui qui furvient dans une caule, foit pour
foutenir le demandeur , foit pour conlcrvei ks inté-
lêts du dc^endeur.
Il elt aulli fubftintif. L'Intervenant a été con-
damné.
INTERVENIR., v. n. Tntervenire. J'interviens, j'inter-
venais , y intervins j je luis inten'enu , j'interviendrai ,
que j'intervienne j que j'intervinjj'e , ou j'interviendrois.
iZz mot efl de pratique ; & veut dire. Se rendre par-
tie incidemment en un procès pendant entre un de-
mandeur & un défendeur ou entre un appelant &
un intimé. Les acheteurs lont intervenir en caule
leurs vendeurs pour ks garantir. Il eft intervenu un
dévolutaire qui a emporté k bénéfice que deux autres
conteftoient.
Intervenir , fignifieauflî , entrer dans une affaire par
quelque intérêt que ce foit. A ce faire efl: intervenu
un tel , qui s'eiî rendu pkige & caution , & s'cft
obligé lolidairement au contenu du prélent contrat.
Le mari eft intervenu , qui a autorité (a femme. Sont
intervenus les parens du mineur , qui ont approuvé ,
ratifié fon mariage.
Intervenir , lignifie auffi , Survenir , & fe dit en par-
lant des choies qui arrivent dans une aflaire , qui
en ch:.ngent la face , ou qui l'interrompent. Le ma-
riage feroit déjà fait , fans la guerre qui eif intervenue ,
fans un procès qui a divifc la famille.
Intervenir j fe dit aulli de tous ks arrêts , jugemens &
régkmens qui fe rendent durant un procès. Il eft
intervenu fentcnce adjudicative des concluîions du
demandeur , intervenu arrêt conlirmatit de la fentence.
Il eft intervenu décret de prile de corps contre lui.
|K? Intervenir , interpofer Ion autorités L'autorité
royale intervint dans cette afuire ^ & fit cefter les
troubles.
§C? Intervenir. Se rendre médiateur. Le Pape inter-
vint dans ce différend , & accorda les Princes. In-
terponere fe.
Intervenu , ue.
INTERVENTEUR. Terme de l'Antiquité Eccléfiafti-
que. Voye^ Intercesseur.
INTERVENTION , f. f. Terme du Palais. Adion
par laqueHe on fe rend incidemment partie en une
. aftair'e. Interventio. Il faut faire recevoir & régler fa
requête d'intervention , avant que d'y faire prononcer.
Fournir des moyens d'intervention , mettre en état
fon inftance d'intervention. Picquêtc d'intervention,
f^oye^ Requête.
Intervention , fe dit aufli |KJ" en fliit de contrats , de
l'approbation de ceux qui n'étant pas les principaux
contraclans , y foufcrivcnt pour les ratifier ou pour
fe rendre caution de la promeife que l'une des par-
ties y a faites. Il n'.auroit pas prêté fon argent à un
tel , fans l'intervention de fon pcre qui s efl rendu
caution.
INTERVERSION, f.^ f. Renverfement d'ordre. Inter-
verfura. On doit décharger ceux qui ont été fpoliés
Tome V.
I N T 2Î9
du revenu ik leurs Bénéfices. On a égard à toutes
fortes d'hoftilirés & aux interverjions des deniers
des décimes , faites par ks Gouverneurs des Provin-
ces ou autrement. Abbé Fleur y , inftit. au Droit
Eccl.
lO" INTER-VERTEBRAUX. (mufcks) Terme d'ana-
tomie. Nom donné à certains mufcks (itués entre les
vertèbres. Ils viennent de la partie latérale du corps
d'une vertèbre , & s'insèrent obliquement à la par-
tie pofféricure de la vertèbre lupérieure voiline.
INTERVERTIR, v. a. Détourner ^ divertir ^ fourrrairc.
Intervertir les deniers d'une fuccelïion. Il fignifie
plus communément déranger, confondre, & on dit
Intervenir l'ordre des dates , des temps , des pièces ,
tk.c. Intcrverterc.
L'Etre Jiiprême en fes loix adorables ,
Par des rejjorts toujours impénétrables ,
Fait quand il veut des maux les plus outrés ,
Naître les biens les plus inefpércs.
A quel propos vouloir donc par caprice
InteiTcrtir l'ordre de fa jufiice ?
Rousseau , Ep. IX.
jp= INTERVERTI, IE. Part.
INTESTABLE. adj. m. & f. Intcflahilis , e. Théodofe
fit une loi datée du 1 1 de Mai 591. qui déclaroit les
Apoftats infâmes, & fclon le terme Latin, intefla-
bles. Fleury. Ce mot fignifioit chez les anciens La-
tins j félon Budé, & après lui Kalh ou Jean Calvm ,
dans fon Lexicon Juridicum , ceux que les Grecs ap-
peloient «jiV'; , c'eft-adire , pr&fidio hegum exortes.
Inteflable , dit encore Kalh , étoit celui qui n'avoir
pas droit de porter témoignage , dont le témoignage
n'étoit pas recevable. Enfin Théophile , dit le même
Auteur, définit intejlable , celui C;ui ayant été témoin
dans un tcftament , & l'ayant ligné , refule de l'accep-
ter après la mort du teittteur , le rejette pour l'in-
firmer. Inteftahle n'effdonc pas celui qui n'a pas droit
de faire de teftament , &c M. Fleury ne l'a point ainli
entendu. Ulpicn le prend pourtant dans cette ligni-
fication.
?fT INTESTAT. Terme de Jurisprudence. //2fe/?^faj. Il
n'a d'ufage qu'en ces deux phrafeSj mourir intejlat y
tk héritier ab intcflat. Décéder intejlat ledit de celui
qui meurt fans avoir fait de teftament , ou qui en a fait
un j mais qui n'eft pas valable j & qui a été infirmé
dans la fuite. Intejlato , ablatif ablolu , ou ab inteflato ,
fans avoir refté. La fuccetlion ab inteflat eft celle
qui eft ouverte fans que le défunt ait fait de tefta»
ment. L'héritier ah intejlat eft celui qui recueille la
lucceflion en vertu de la loi , & non pas en vertu
d'un teftament. Les biens délailfés par les bâtards
inteflats appartiennent au Roi.
Selon quelques Auteurs , le fils héritier ab inteflat
fe trouvant chargé de reftituet l'hérédité à l'héritier
écrit , retiendra outre fa légitime la quarte trébellia-
nique fur les biens qu'il fera obligé de reftituet. Cette
diltradfion de la quarte trébellianique & de la légiti-
me en même-temps , efl fondée fur 1 ulage du Parle-
ment de Provence , qui a été tiré du Droit canoni-
que , & du Icntiment des Interprètes. Il y a plulieurs
autres Parlemens du Droit écrit , où Pon juge qu'en
ce cas la légitime oc la quarte trébellianique fe détrui-
fent par un concours mutuel ; de foite que l'on ne
peut les prendre toutes deux en même temps. C'eft
l'avis de Cujas , qui prétend que cette opinioneft con-
forme aux véritables principes du droit. Aurrefois
ceux qui mouroient inteflats ctoient tenus pour dam-
nés , & pour infimes. Car comme par les Canons des
Conciles on étoittcnu d'appliquer en œuvres pics une
partie de les biens , que Matthieu Paris dit être du
moins la dixième pour le falut de fon ame, celui-là
étoit réputé en avoir abandonné le foin , qui avoir
manqué à faire un teftament , & des legs pieux. On
a commandé en quelques Conciles aux Prêtres , d'ex-
horter les moribonds à donner une partie de leurs
biens à l'Eglile , ou aux pauvres : ce qui fut porte
fi loin , qu'on rcfufoit l'abfolution , & le Viatique ,
Ee ij
m
220 î N T
à ceux qui ne dcicroient pas à leui's exhoitations ,
de forte qu'ils ne mettoicnt point de diiiéicnce entre
ces intcjlats , & les dékfpérés qui s'ctoient procure
la mort , & on les privoit de fépukurc. Cela donna
lieu à un arrêt du 19 Mars 1409 rapporté par Tal
quier , qui tait dotenlcs a l'Evêquc d Amiens d em-
pêcher , comme il failoit , la fépukurc des décédés
ai> intejlat. Voyez Du Cange , qui traite amplement
cette matière, &: qui témoigne que tous les biens
meubles de ceux qui étoient morts fans contellion ,
. fans avoir reçu le Viatique , tk fans avoir fait des
aumônes par leur tellament , quoiqu'ils tullent morts
de mort lubite , étoient confifqués au profit des Sei-
gneurs , &C en quelques lieux au profit des Evcques.
On en voit encore quelques veftio'cs dans les ancien-
nes Coutumes de Normandie.
Cette expreilîon , ab intejlat, veut dire , fans te/
tament ; elle marque qu'une choie arrive lans qu il
y ait eu de tellament tait , ou à caule qu'il n'y a
point eu de tellament fait. Mort ah intejlat. Héritier
ab intejlat. On dillingue intejlat de fait , & de droit :
de fait , lorfqu'une perfonne meurt lans faire ertec-
tivement de tellament : de droit , lorfqu'clle fait un
reflament qui eft nul &c calTé , alors les héritiers lé
gitimes fucccdent al intejlat.
INTESTIN, INE, adj. Ce mot efl Latin , & fîgnifie,
Qui efl intérieur , qui ell en dedans. Intejlinus , inter
nus , intimas. La terre a àc$ feux , des vents intejlins
qui caulént les tremblemens de terre. C'ell la chaleur
intejlinc qui produit les vapeurs , qui fond les métaux
& les minéraux , &c qui les cuit. Il y a d.ans le fang
un mouvement intejlin , ou de fermentation, qui loin
d'être incompatible avec la fermentation , en ell une
luite néceflaire.
En parlant de la légère fermentation qui fe fait
dans le vin ou dans la bière en certains temps de
l'année , M. l'Abbé NoUec dit que ces mouvemcns
intejlins ne manquent point de donner lieu aux par-
ticules d'air defe dégager , & de monter à la luiface.
tom. j. pa^. 32 j.
Intestin j fe dit aulîî en parlant des maux dont les
caufes font cachées. Il a une ÇibiïC intefùne , qui le
mine, qui le fait mourir. Il a une. àonlsnt: intejline ,
dont on ne voit aucune caufe apparente.
Intestin , fe dit aulli figurément en chofes morales. On
appelle guerre intejline , ditcorde intejtine , la guerre
civile , parce qu'elle fe fait dans l'intérieur de l'Etat.
Nos troubles inte/lins avoient long-temps déiolé le
Royaume. On le dit aulli desdiilenfions domtldques.
La jalouhc avoit allumé une guerre uitejiine entre les
époux. On le dit encore de la guerre que nouj font
les paillons. Tant que l'on a des pallions à vaincre ,
& que l'on éprouve des guerres intejlines. Abbe de
LA Trate.
Intestin, f m. Terme d'Anatomie. C'ell ce qu'on ap-
pelle boyau , qui efl un corps long , rond & creux ,
qui va depuis le ventricule jufqu'à l'anus , qui efl tor-
tillé en divers plis, tours oc ïtioms. Intejlinum. Les
intejlins fervent à digérer, à purifier, à diftribuer le
chyle , & à vider les excrémens. C'cft une lubllance
charnue en-dedans j & membraneufe par- dehors ,
compofée de trois tuniques , qui a une infinité d ar-
tères , de veines , de nerfs , de fibres , de veines lac
tées. Les intefdns retiennent quelque-temps les ali
mens qui achèvent de s'y perfectionner , & de fe
convertir en une liqueur blanche qu'on appelle
chyle. Ce chyle ell enluite exprimé à pluficurs re-
prîtes dans les vaiffeaux laclés par la propre con-
traélion des inteftins, &: par la prelîion du diaphrag
me & des mufcles de l'abdomen. Les intcjiir.s ont
fept fois la hauteur de l'homme , ou , félon Mippo-
crate , treize coudées. C'eft une erreur de croire que
les intejlins ont une longueur déterminée par rapport
à la hauteur de l'homme ; l'expérience montre le
contraire. Vimeftin j quoique continu , fe divife en
fîx , duodénum , jéjunum , iléon , cœcum , colon &:
reclum , qui feront expliqués à leur ordre. Lestroi:
premiers s'appellent les intejlins grè/es , Se les na'r-
derniers ks^ros intefibis. Les Médecins les appellent
î N T
en Latin Intejlina j & en Grec i'ncf»» , & vulgaire-
ment chordx ; dc-là vient qu'on appelle de ce nom
les cordes de luth; parce qu'elles font faites de boyaux
delléchés.
Il y en a qui appellent du nom à'intejlins toutes
les parties conter.ucs dans les trois ventres, & qfi
dif'ent , par exemple , que le cerveau efl un pacutc
A'intefttns qui remplit le crâne. Nehemias Grcw a
donné en Anglois l'Anatomie comparative des ven-
tricules & des inteftins,
INTESTINAIRE. f. m. Nom que l'on a donné dans
l'Antiquité à certains Ouvriers , ou Artifans. Intefti-
narius. Les Inttftinaires étoient ceux qui faifoient des
ouvrages pour le dedans des mailons & des apparts-
mens , & qu''on .appelle Opus intej'tinum.'&ui^ié ik. d'au-
tres Savans ont cru que ces ouvrages étoient ce que
nous appelons delà boiferie , de la menuiferie. Ainfi
les Intcjlinaires croient des menuifiers. Saumaile eft
du même fentiment que Budé. Voyez-le fur Solin ,
p. 1034. (Se /04O , & la 2*^. loi duCodeTheodofien,
de Excuf. ^rtij. Gcdcfroi fur cette loi, Vitru\'e , Z,
/;-'. c. 4. L. V. c. L. FI. c. 2. 8. Pline , Z. XFI. c.
42. où il efl parlé des ouvrages de ces artifans &: de
leurs diflérentes cfpeces.
INTESTINAL , ALE , adj. Terme d'Anatomie. Qui
efl dans les inteftins , qui leurfert , qui y a rapport. On
le dit d'une veine qu'on appelle Intejtinale. La veine
intcjunale , ou V Intcftinale j va fe joindre à la veine
porte , avant qu'elle fe perde , & qu'elle entre dans
la partie cave du toie. Dionis. Une colique intijtinale.
Un enfant à la fbrtie des dents , ou à l'occafion d'une
colique intefdnale ,e(\: agité de mouvemcns ccnvullifs.
Le canal intejtina/ efl cette loni-ue luite de boyaux
qui commence au pilote , & finit à l'anus , après avoir
pris iix noms difterens, qui font les fuivanscn com-
mençant par le pilore , duodénum , jéjunum , ilcum ^
ou iléon, cœcum , colum , ou colon & reclum.
INTHAL ^ ou INTAL. Qui lignifie la Valk-e d'Inn;
Intalia , Oeni vallis. C'ell cette partie du Tirol qui
efl le long de la rivière dTnn , dont elle prend loa
nom. Infpruck de fiall , en font les lieux principaux.
Maty.
INTHRONISATION , ou plutôt INTRONISATION,
f. f. L'entrée d'un Prélat en poifellion de ton Siège
Epitcopal, la prile de poflelîion. In Epifcopalc mw,
nus introduclio. On a fait quelquefois des oppolitions,
des prpteflations à V intronijation de quelques Evc-
ques. Il y avoir autrefois , du moins en Orient, des
droits à' intronijation , appelés inthroniftica ; c'étoic
une fomnie d'argent cui le donnoit par le Patriarche
à ceux qui l.-^voient élu , & par les Evéques à celui
qui les avoit fàcrés , lequel la dillribuoit à (es autres
Olficiers. Le Concile de Latran (tenu en 1 179.) dé-
fend, can. 7. comme des abus horribles de rien exi-
ger pour V intronifation des Evêques ou des Abbés.
Freury, HiJ't. EccléJ'.
Ce mot à' intronifation efl peu en ufage en Fran-
çois ; on ne le dit qu'en parlant de la prife de poi-
fefîion d'un fiége par un Evêque.
Inthronisation fe dit aulii d'une partie de la cérémonie
du Couronnement d'un Roi de d'une Reine , com-
me dans cet exemple : Au ficre de l'Empereur j com-
me Roi de Bohême , fait à Prague le 5 Septembre
1723. la Couronne ayant été bénite , l'Archevêque
de Prague la mit fur la tête de l'Empereur , qui re-
tourna à fbn trône , & l'Officiant prononça les pa-
roles de V intronifation. Gaz. 1723. p. 472. Ainfî
\' intronifation IJCT efl proprement le moment où le
Souverain couronné fe place fur fon trône. La prière
qui le foit alors efl appelée dilcours de l' intronifation.
Ce mot vient de ;» , dans, & fc^.o^, trône.
INTHRONISER, & mieux INTRONISER, v. a. Met-
tie en poflelîion d'une dignité j d'une Prélarure. /«
munus introducere. Cet Evêque a été intronijé avec
grande cérémonie , avec grande acclamation du peu-
ple.
rcr On le dit en parlant de la cérémonie qui fe fait,
quand on met un Evêque dans Ion Siège épifcop:'!,
loriqu'il prend poilelhon de fon Egiife. Après 1 avoir
I N T
intronifc on chanta le Te Deum.
INTIAQUaCQUI. f. m. Nom d'une Idole des Bar-
bares du Pcioii. Intiaquaquus. Ce liKJt iignilic dans
la langue du Pérou Holcil frère. Vliuiaquacqui ctoir
une desrrois flitues du Soleil , que les Ferouansado-
roient, & auxquelles ils Kiifoienc autrefois des faen-
fices le jour de K te , qui commeiiçoit leur .innée. Les
deux autres ctoient Apointi & Churiunti. Foyc-^
Linfchotanus , Hifc. Ind. Occident.
{CF INTIENGA. C m. Petit animal quadrupède d'Afri
que, particulièrement du Royaume de Congo. La
peau en eft fi belle, ornée de couleurs fi brillantes
&C Cl vives j qu'il n'eft permis qu'au Roi , aux Prin-
ces de la famille Royale , &: aux Grands que le Roi
veut diftinguer, d'en porter des fourrures. Cet ani-
mai a cela de particulier qu'il vit toujours fur les
arbres , &c meurt aullitôt qu'il eft à terre.
INTIMATION, f f Signification ou déclaration qu'on
fait à quelqu'un par un acle judiciaire. Dcnuntiano.
On a fîit Vinthnatlon de la vente des meubles d'un
tel à un tel jour. On a fait de furtifantes ïntïmacions
à tous les oppofans de fe trouver à ralfemblée des
créanciers pour la vente d'une terre. Suivant l'ancien
ftyie, encore ufiré en quelques Provinces , les ex-
ploits d'aflîgnation finilîoient par cette formule , o
intimation^ qui veut dire avec intimation , avec de-
claration qu'on fait du deflcin qu'on a de pourlui-
vre incelFamment l'atlairc, (Sj d'obtenir ics avantages.
Ce mot vient du Latin indmatio , du verbe uiti-
mare ; qui fignifie , Faire entrer une chofe fort avant,
faire connoître, déclarer quelque choie dune ma-
nière qu'on n'en puifîe point prétendre caule d igno-
rance.
Intimation , Te dit plus ordinairement de l'exploit que
fait donner un appelant à celui qui a obtenu lentencc
à (on profit , pour la voir rétormer par un Juge fupé-
rieur. Les intimations en la Cour fe font d'ordinaire
en vertu d'un relief d'appel de Chancellerie. Quand
l'allignation fe donne par l'autre partie , on l'appelle
anticipation.
On appelle folle intimation ■, celle d'un Juge qu'on
a pris à partie en fon propre &: privé nom , quand
il n'y a pas lieu , & quand il n'a point prévariqué
en fa charge. En général quand on intime fur un
appel quelqu'un qui n'a pas été partie dans la fen-
lence. On condamne toujours aux dépens de Xifolle
intimation.
$^ L'Ordonnance de 1 66j. tir. 6. art. 4. ordonne que
les folles intimations (evont vuidées par un ancien
Avocat, dont les parties ou les Procureurs convien-
dront.
§3° Intimation d'un Concile'. Fqye:^^ Intimer.
INTIME, adj. m. de f. Ami particulier, & à qui l'on
découvre Ion cœur , & fes affaires , plus confidem-
ment qu'à tout autre. Intimas. Énée & Achates ,
Orelles oc Pilades , étoient des amis intimes. Je luis
joint ai une. intime amitié, d'une amitié très étroite,
avec cet homme là fCT Dans ce lens on dit quelque-
fois fubftantivement , mais dans le ftyle faiTiilier feu-
lement , c'eft mon intime , ion intime.
^fT Imtime , eft quelquefois un titre. Confeiller in-
time de l'Empereur.
Intime, en termes de Théologie, efl: relatifà l'intérieur.
Le but de la Théologie Myftique eft de former union
immédiate &c intime de l'ame dévote avec Dieu. Ju. S.
François a expliqué les opérations les plus intimes de
la vie contemplative. Boss.
|J3" Sens intime , en Métaphyfique. Senfus intimas.
Sentiment intérieur , ou confcience , termes fyno-
nymes , qui délignent la manière dont on connoît
les chofesqui ne font point diftinguées de loi. C'eft
ainli que nous connoillons notre ame , les penfées ,
la douleur, le plailir , en un mot tout ce qui fe paile
au- dedans de nous mêmes.
[NTIME ÉE. f. ou adj. employé fubftantivement. Se
dit proprement de ceux, ou celles qui font alignés
devant un Jugé fupérieur pour voir juger l'a-ppel d'ime
fentence rendue à leur profit. Défendeur en caufe d'ap-
pel. L'appelant & l'intimé font les deux parties prin-
INT 221
cipalcs en caufe d'appel. Anciennemcr.t on ajour-
noir diretfement les Juges en la Cour, pour venir
foutcnir leurs fenrences à leurs périls tk fortunes ;
& on faifoit fimpkment lignifier l'appel à la partie :
ce qu on appcloit proprement intimanon , qui n'étoic
autrechole qu'une dénonciation d'appel i <Sj on ajour-
noit aulîi bien les Juges Royaux , que les Juges guê-
tres & pédar.ées.
0C? On n'ajourne plus les Juges pour foutcnir le bien
jugé. On .ajourne feulenient celui qui a obtenu gain
de caufe en première inltancc ; S<. l'on a continué de
donner le nom d'i«f/OTe à celui qui eft ajourné ainfl
en caule d'appel.
INTIMEMENT, adv. Avec une afteâioii très-étroite.
Intime. Ces deux perlonnes font unies iKS-intime-
mcnt. Il n'y a rien de plus intimement \xm à Jesus-
CiiRisT que les Prêtres , ils le produifcnt , ils s'en
nourillent Flech. Nous pouvons avoir nos idées
intimement unies à notre elprit. Roch. S il n'y a
pas mojen , félon le fentimcnt des Saints , de con-
verler intimement .a% ec Dieu & avec les hommes ;
il eft encore bien moins polfible d'ouvrir fon cœur
avec utilité à Dieu & aux hommes tout enfemble.
Ab. de La Trape.
INTIMER. V. a. Signifier & déclarer à quelqu'un le
jour d'une allemblée , ou d'un adte judiciaire. De-
nunciare. Les Lettres de Chaiiccllerie portent com-
miilion à un lergcnt d'intimer un certain & com-
pétent jour , pour voir dire ou faire telle chofe. On
intime les oppofans à la vente des meubles , des
fonds , à certain jour .pour y aJfiftcr &: enchérir.
On les intime , pour allifter à une délibération de
créanciers j aftemblée de parens , occ. Le Pape, dès
le lendemain qu'il eut fait donner part aux Miniftres
des Princes de la refolution qu'il avoir prife.. . . fi:
intimer un Conhftoire. Ab. Recn.
On dit en ce fens, intimer un Synode j un Con-
cile, Indicere , pour dire , marquer le jour & le lieu
où fe doit tenir le Synode , ralfemblée , afin que
tous les intérellés s'y Trouvent.
Ce mot vient du Latin Intimare , qu'on trouve
fouvent en la lignification de /tz/rc connoître , Jlgni-
fer. Men.
Intimer , fignifie plus particulièrement , Allîgner un*
partie qui a gagné la caufe, pour voir faire réformer
la lentence par un Juge lupérieur. Ce n'eft pas allez
d'interjetter appel d'une lentencc , il faut relever
l'appel , & faire intimer la partie , la faire allîgner
pour cela. Intimer , aftigner pour procéder fur-
un appel.
On appelle intimer un Juge en fon propre &c
privé nom , quand on l'accule d'avoir prévariqué en
la charge , |KF quand on protelfe de répéter contre
lui toutes pertes , dommages & intérêts qu'il aura
caufés. Autrefois on intimait les juges fur toutes les
appellations , &z il falloit qu'ils vinlîem à la Cour
pour louteniiTeur lentence.
On dit figurément dans le difcours ordinaire.
Pourquoi m intime-^-v ous en mon nom ? pour dire ,
Pouquoi vous en prenez-vous à moi ? je n'ai point
été l'auteur de cette aiiaire.
Intimé , ée. part.
INTIMIDATION, f f. Aftion par laquelle on me-
nace , on fait peur à quelqu'un. Terroris injeciio.
Intimidation eft plus énergique , Se dit plus que
menace , mais il n'eft pas François.
INTIMIDER. V. a. Faire naître dans l'ame de
quelqu'un un mouvement vif& iubit de crainte par
l'image d'un danger réel ou fimulé. Terrorem injice-
re. L'arrivée des nouvelles troupes a intimidé les en-
nemis. Les efprits foibles lont ailes à intimider. On
a intimidé les témoins qui ont été ouïs en cette in-
foi marion. Il n'y a que l'horreur des fupplices qui
puillê intimiderles malfaicleurs. Intimider la popula-
ce. Ablanc. Iltîche d'intimider les conjurés. 'Vaug.
Implacable pudeur y règne fur mes defrs ,
Litimide ma voix , 'mes yeux & mesfoupirs.
La Suzb.
222 I N T
ÎMTiMioé, Ée. part.
INTIMITÉ, f. t. Liaifon inrime. On dit que deux
perfonnes vivent eniemble dans une grande indmnc.
ifT Concevons-nous 1 union de l'ame avec le corps ,
dont toute la nature nous prouve ïintimité. Meai.
DE Trev. Ce mot ligniiie encore. Fond, intérieur.
M. Haies j 4e la Sociitc Royale de Londres , tait
voir j avec la dernière évidence , que tous les corps ,
même les plus folides y contiennent de l'air , non
feulement dans leurs pores , mais dans ï'intimice
même de leurs parties conllitutives , enfortc que
cet air tait une portion de leur lubftance . . . Mey.
d'Avril IJ3S. Intimité ell en Italique : i! temble fait
exprès pour l'exemple allégué. Si tous les mots
nouveaux rellembloient à celui-là , ce feroit une
véiitable richellé pour la Langue Françoile.
INTINCTION. f. f. Terme de Liturgie. Mélange
qui le tait à la melfe entre la confécration & la
communion ^ d'une petite partie de l'hoftie con-
lacrée avec le lang de Jcl'us-Chrift. Le canon de la
melfe l'appelle commïxtio.
Ce mot à'intinciion vient, félon quelques-uns,
de ces paroles de l'Évangile que dit Jétus- Chrilt.
Qui iruinpit mecum manum fuam in paropjide. &c.
INTITULÀ'riON. f. f. Infcription qui ferr de titre.
InfcriptiO. Vintitulation d'un livre. fC? Ce mot n'efl:
pas François. On dit le titre d'un livre.
INTITULÉ, f. m. Titre qu'on met à un ade , &c. Il
paroît par l'intitulé de l'ade. Il n'a guère d'uiage
qu'en lèyle de Pratique. L'intitulé de l'inventaire ,
f3". "eft-à dire , les qualités ^es parties comparantes ,
le préambule qui pçécéde la defcription des eftets.
INTITULER. V. a. Mettre un titre à un livre , à un
difcours j à un acte judiciaire. Infiriben. Dans les
Privilèges d'imprimer des livres _, on marque com-
ment ils iont intitulés. Un tel ouvrage eft intitulé du
nom d'un tel Auteur. Montagne traite de toute autre
matière que celle dont il i intitulé fes Chapitres.
Intitulé , ée. part.
INTOLÉRABLE, adj. m. & f. Qui ne fc peut tolé-
rer. Intôkrabilis. La goutte cauié un douieur mto
lémhlc. Infupportable va mieux avec douleur. Cet
homme (é rend intolérahle à tout le monde. La mau-
•vaife humeur de cette Femme elt intoUrabU. Ceux
qui fe font rués eux mêmes regardoient leurs maux
comme intolémbles ; autrement ils n'auroient point
pris ces réfolutions défelpérées. Nie.
INTOLÉRABLEMENT. adv. N'efl: pas François.
CXF INTOLÉRANCE, f. f. întolerantia. Mot nou-
veau , mais qui fe trouve fouvent dans les livres des
Théologiens. C'cft le contraire de la tolérance. Foy.
ce mot. L'intolérance Eccléliaftique conlilk à regar-
der conune faulîe toute autre religion que celle que
l'on profelfe. L'intolérance civile confiile à ne vou
loir ni tolérer j ni fupporter , ni admettre à. la com-
munion des prières , ni à la participation des lacre-
mens , ceux qui profcircnt une autre religion que la
nôtre.
IP' INTOLÉRANT, f. m. Intolérans. C'eft l'oppofc
■ de tolérant. Foye^ ce mot. Celui qui ne veut ni
tolérer , ni fupporter ceux qui profellent un .autre
religion que la tienne. C'eft le nom que les Tolé-
lans donnent à ceux qui tont prorelîion de quelque
communion Chrétienne , &: par dellus tous aux
Catholiques , qu'ils regardent comme les plus intolé-
rans de toutes les fociétés Chrétiennes ; parce qu'ef-
fectivement les Catholiques gardent mieux que per
fonnele précepte de Jéfus Chriftj qui nous ordonne
de traiter comme Payen & comme Publicain celui
qui n'écoute point l'Églife. En ce lens il n'y a mê-
me , à proprement parler , que les Catholiques
dont les principes font intolérans , parce qu'il n'y a
qu'eux qui ont les vrais principes.
INTOLÉRANTISME. f m. Dodrinc , fentiment
de ceux qui ne veulent fourtrir aucune autre Religion
que la leur. Nous nous failons honneur de Vintolé-
rance que les Protcftans nous reprochent. La vérité
cft une, &: ne fiuroit rien ToufFrir qui lui loit con-
traire.
I N T
tfT INTONNATION. f. f. Intonatio. Manière d'en-
tonner un chant, de le commencer, &c l'attion de
donner le ton fur lequel il doit erre chanté. Man-
quer à \ intonnation. L intonnation de ce pfeaume eft
du premier ton.
^fj" On dit encore qu'un Muficien a l'intonnation jufte ,
lorlqu'il exécute avec préciiion les intervalle: de la
Mulique.
INTRADOS, f m. Terme d'Architecture. C'eft la
partie intérieure d'une voûte , ou la partie courbe
du dedans d'un voulîoir. On l'appelle auili Douelk
intérieure.
Quelques - uns écrivent intradcjje. L'Auteur du
Traité de la conlîrudion des cheiniiis propole cet-
te dilHculté à réfoudre , quelle doit être la portée
des vouiloires depuis leur intradojfe , à tciite forte
de grandeur d'arche j & d'arceau j à l'endroit de
la clet? JouRN. DES Sav.
M. Gautier, dans fon ouvrage l'ur l'épaifTeur des
culées des ponts , &c. dit intradojjé 8c cxtradojjé ,
Se il tait ce mot du genre féminin. Ce n'eit pas
l'uiage.
INTRADUISIBLE, adj. Qu'on ne peut traduire. Ce
mot , expoié d'abord à la cenlure du Dietionnaire
Néologique , a été employé avec luccès par l'Au-
teur des Lettres Philofophiques , au commencement
de la XXIF Lettre. Il y a , dit il , un Poëmc An-
glais qui s'appelle Hudibras. Le iujct eft la Guerre
Civile , &; la Secte des Puritains tournée en ridi-
cule. C'eft Don Quichotte , c'eft notre Satyre Mé-
nippée , fondus eniemble , c'eft de tous les livres
que j'ai jamais lus , celui où j'ai trouvé le plus d'ef-
prit : mais c'eft le plus intradwfible. . . .
tfT On trouve intraducîitle , dans les Mém. de Trév.
mais avec un correclit. Quoique cette dcicription
foit , pour ainll dire , intraduciible. Intraduifihle eft*
plus ulité.
go INI R AIT AELE. adj. m. & f. Intraclabilis. Homme
d'un efprit farouche tk: fauvage , d'un caractère dur ,
dune humeur inflexible , avec lequel on ne peut ni
traiter , ni agir , ni converfer. L'orgueil , la lierté
de ce favori, l'ont ïQnànmtraitablc. Les Poètes font
d'ordinaires intraitables lur l.-urs vers. Boi. Genus
irritahile vatum. Horat. Les gens qui fe piquent
d'un éminent lavoir , font intraitables de ce côté là ;
ils croient que tout le mérite eft renfermé en leur
perfonne. Bell. Les Allemands ont naturellement
ielprit dur & intraitable. Flech.
IN TRANSITIF , IVE. adj. L'Auteur de la Gr.ammaire
générale & railonnée appelle verbes i«m7/î/??i/i , ceux
dont l'adion ne palfe point hors de celui qui agit,
comme aller j partir , monter , defcendre , arriver ,
retourner & il dit que quelques uns de ces ver-
bes, êî intranjitifs deviennent tranjltifs & propre-
ment actifs J lorfqu'on y joint quelque mot qu'ils
doivent régir. . . Dans le premier cas ils prennent le
verbe auxiliaire être , Il eft ailé , il eft parti , il eft
monté , &c. & dans le fécond ils prennent le verbe
auxliaiie avoir , Se le participe étant gérondif, ne
change plus de genre ni de nombre. Ainlî l'on doit
dire , Cette femme a monté la montagne , & non
pas , eft monté ou eft montée , ou a montée.
ifj- INTRANSMUABLE, INTRANSMUTABLE.adj.
de t. g. Qu'on ne peut tranfmuer. Les- métaux font
inconvertibles , intranfmuables , impérillables. Plu-
CHE. Voye,-{ Transmuer.
îNTRANT. f. m. Tferme de l'Univerfité de Paris.
C'eft celui qui eft choifi par fa Nation pour nom-
mer le Recteur. Il y a quatre Intrans ■, parce qu'il
y a quatre Nations dans l'Univerlîté ; âc lorqu'il eft
queltiondc fiireun Redeur , chaque Nation nomme
fon Intrant. Enfuite cts Intrans fe retirent en par-
ticulier pour faire le Recteur -, & lorlqu'il y a par-
tage de voix, le Redeur qui eft encore en charge,
pourvu qu'il ne s'agilfc pas de lui-même, fait pen-
cher la balance du côté qu'il lui pl.iît.
Dans l'Univerhté d'Angers &.-iiJleurs, on appelle
Intrans ceux qui repréfentent le corps de 1 Univer-
lué J & qui compofent fes aifemblées communes.
I N T
&c qui y ont voix. C'cft à proprement parler les
Officiers de 1 Univcriité.
iNTRLriDE. adj. m. ik f. C'cft proprement celui
qui affronte &: voit de làng froid le péril le plus
évident , &: qui n'efl: pas même effrayé d'une mort
préfente. C'cft le caraéi:èrc du héros. Homme in-
trépide. Comagc imrcpide. foj)'. Intrei'iditÉ. Irnrc-
pidus. Le Miiuftrc alloit d'un pas intrépide où la
la raifon d'État le déterminoit. Boss. Le vaincu
lembJoit encore menacer le vainqueur par les triftes
& intrcpidcs regards. id. Un Général d'armée doit
avoir une armée intrépide \ être hoid & tranquille
dans un jour de bat.iille. Balzac a dit que le mot
intrépide lui plaifoit extrêmement , & que s'il avoit
du crédit , il l'employeroit pour foUiciter (a récep-
tion. S'il vivoit , il goiàteroit le plaillr de le voir
parfaitement bien établi.
Heureux trois fois heureux /'intrépide Turenne ,
D'avoir perdu la vie au milieu de la plaine
Danchet.
// fut fage au Confeil , au combat intrépide.
INTRÉPIDEMENT, adv. Avec intrépidité. Intré-
pide.
INTRÉriDITÉ. f. f. tfT Fermeté éprouvée par la
préfencedu danger, des peines & des fouffrances :
force extraordinaire de l'ame , qui l'élève au delFus des
troubles , tk des délordres que la vue des grands pé-
rils pourroit exciter en elle. Magnanimitas , au-
dacia y jortitudo. La Roch. La brutalité mène
quelquefois aulli avant dans le péril , que V intrépidité ;
« mais celle-ci marche avec connoillance , & l'autre
par un emportement aveugle & féroce. Le courage
du Maréchal de Chàtillon étoit une intrépidité
lente & pareffcufe. S. tvR.
|ÎCJ" Lntrepicite. Cœur , courage , valeur , bravoure ,
fynonymcs. L'intrépidité attronte Se voit de lang
froid le péril le plus évident. Elle n'eft point ef-
frayée d'une mort préknte. Syn. Fr. Les mots de
bravoure tk. iî intrépidité ont moins de rapport à
l'action que les trois autres -, mais ils renferment
dans leur idée particulière un certain rapport au dan-
ger que les autres n'ont pas. L'intrépidité lait qu'on
le facnhe : mais elle ne le montre que dans le cas
où le devoir & la nécelllté y engagent, /''oy. les
autres mots.
INTRER. V. n. En Latin intrare , entrer. Intrer n'eft
plus d'ufage , Intrus lublifte. GloJJ'. des Poéf. du
Roi de Navarre.
INTRIGANT , ANTE. adj. Qui fc mêle de beau-
coup d'intrigues. Pour faire fortune il faut être
fort intrigant. Cette femme vous pourra taire trou-
ver un bon parti, elle a l'efprit adroit 8c intrigant,
c'eft une femme fort intrigante. Il eft quelquefois
fubft. C'cft une intrigante. Ac. Fr.
UC?Il me femble que ce que nous appelions intri-
trigant , eft précifément ce qu'Horace appelle
Agilis.
Nunc agilis fio , & mergor civilibus undis.
§CT INTRIGUE, f. f. on le faifoit autrefois mafculin.
En Morale ce mot défigne des pratiques lourdes èc
fecrètes qu'on emploie pour faire réulllr une affaire _,
des voies détournées pour arriver à fes hns par la
cabale & par le manège. Artes. On dit en ce fens
fotmcr une intrigue. Démêler , débrouiller j dé
nouer, conduire , mener une intrigue. Intrigues de
la Cour j intrigues du cabinet.
Ne defcendons jamais dans de lâches intrigues.
N allons point à l'honneur par de homeufes brigues.
§3^ Intrigues , en matière de Belles Lettres. Affem-
biage de plufieurs circonftances ou événemens qui
fe rencontrent dans une affaire , iSc qui embarralfent
ceux qui y font intérelléi.
I N T
223
^fj Ce mot vient du Latin intricare , cmbarralTcr , &
celui-ci de iricd , cheveux , hlets que les oifeaux
s'entortillent autour des pieds j tk qui les empêchent
de marcher. Tripaut adopte cette conjetiure , 6c
allure que ce mot fe dit proprement des poulets qui
ont les pieds ainli empêtrés , tk qu'il vient du " tk
if.' , cheveux. f^oye^MiuAct.
Îf3' Intrigue , dans ce fens , fe dit des différens in-
cidensquitormcnt le nœud d'une pièce. C'eft len(L-ud
ou la conduite d'une pièce dramatique ou d'un Ro-
man , c'eft-à-dire le plus haut point d'embarras où
fe trouvent les principaux perfonnages j par l'arti-
fice ou la fourberie de quelques perlonnes, ou par
la rencontre de plufieurs événemens foituits qu'ils
ne peuvent débrouiller. Nodus Voy. Nceud. L'in-
trigue conlïftc à jetter les fped;ateurs dans l'incerti-
tude fur le fort des principaux perfonnages. Elle doit
être fimplc dans fon principe , féconde dans fes fuites ,
naturelle &c vrailemblale.
Intrigue , fignifîe auili , Ce qui fe fait par l'a-
drelle Se la pratique de certaines pcrfonnes qui em-
brouillent les chofes afin d'en profiter. Il s'eft fait de
grandes intrigues à la Cour pour détruire ce favori ,
pour en mettre un autre en fa place. On a fi bien dé-
guifé au Prince la vérité , qu'il n'a fu débrouiller , dé-
velopper cette intrigue^ pénétrer le fecret de cette in-
trigue. Aucun Auteur ne fut plus induftrieux que
Tacite à bien démêler Se à bien débrouiller les intri-
gues d'une Cour raffinée. Amelot.
%fT On dit dans ce fens , vivre à' intrigue , en parlant de
gens qui , par leurs avis , leurs connoillances , leur
adrelîc, favent embrouiller ou débrouiller les affaires
& en tirer du profit. C'eft un homme, une femme
à' intrigue , qui vit d'intrigue.
§3° Dans le ftyle familier, \c mot à' intrigue fe dit quel-
quefois d'un fimple embarras , d'un incident fâcheux.
On dit d'un homme qui relevé d'une maladie dangc-
reufe Se qui n'eft plus en danger, qu'il eft hors à'in-
trigue. On dit la même chofe d'un homme qui eft
forti d'une mauvaife affaire.
ifTLn matière de galanterie , intrigue fe dit d'un com-
merce fecret. Il a une intrigue qui l'empêche de par-
tir.
INTRIGUER, v. a. EmbarrafTer, ne fc dit que des per-
fonnes. Ce que vous me dites-là m'intrigue beau-
coup.
S'Intriguer, v. récip. Se immifcere , rnachinari.Se mê-
ler, fe fourrer par-tout, chercher à avoir accès. Cet
homme s'intrigue par- tout. Il s'eft fî bien intrigué
chez ce Miniftre , qu'il a obtenu la place qu'il demaii-
doit.
§3° S'Intriguer, fîgnifie aulfi fe donner beaucoup de
peine . mettre diftérens moyens en utage pour par-
venir , pour s'avancer , pour obtenir une grâce ,
pour faire réullîr une affaire. Il s'eft bien intrigué
pour obtenir ce qu'il demandoit.
ftCr Intriguer, v. n. Employer l'intrigue. Il ne fait
qu'intriguer Se cabaler. Les plus habiles intriguent
beaucoup J, parlent peu Se n'écrivent point.
Intrigué, ée. part, ce adj. ^fTOn dit qu'Un homme
eft bien intrigué ^ pour dire qu'il eft bien embarraffé.
Ac. Tr.
ÇCF II fe dit auflî en parlant d'une pièce de ;:héatre , Se
il fignifie, qui contient, qui renferme des intrigues.
Ce n'eft pas affez qu'une pièce foit intriguée , elle
doit l'être tragiquement. Voltaire.
r;:x INTRIGUEUR , EUSE. Qui mené, qui conduit
une intrigue. Clandejîinarum machinator artium.
Ce mot n'eft pas d'ufage , à moins qu'on ne s'en fer-
ve dans le difcours familier , toujours dans un fens
odieux.
Urr INTRINSÈQUE, adj. de t. g. Qui fe dit par op-
pofitioii à extiinfèque. Intrinfecus. Qui eft inté-
rieur , au-dedans d'une choie. Mais ce mot paroît
convenir feulement aux qualités des chofes qui leur
font propies Se elfentielles. Se qui en font la valeur,
à la différence des mots intérieur Se interne, qui ont
leur ufaee particulier. Ainfi l'on dit propriétés intrin-
sèques , bonté intrinsèque, V. Intérieur Se Interne.
a24 I N T
Cc?IntrimsÈq.ue , dir M. lAbbé Girard, s'applique à
la valeur ou à la qualité qui r;;(ulrc de l'cllcncc des
choies mêmes , indépendamment de l'ertimation des
hommes. Les dirlereutes mutations des monnoies ,
ont appris à faire attention à leur valeur intrinsèque.
La valeur intrinsèque d'une choie eil la choie même
conlîdérée relativement à fa matière j indépendam-
ment du travail & de la façon.
En parlant de la monnoie, on appelle valeur in
trinsèque , la valeur des efpèces par rapport à leur
poids j & valeur extrinsèque , celle que le Souverain
àonne aux monnoies , indépendamment du poids.
't^- INTRINSÈQUEMENT, adv. D'uiie manière in-
trinsèque. Imrinfecè. On dit qu'une chofe ell intrin-
sèquement bonne.
fa- INTRIQUE. Vieux mot dont s'eft fervi Corneille
dans le Menteur , pour intrigue , lignifiant un inci-
den>: i^cheux.
Vous peuvent engager en de fâcheux intriques.
^fTOn ne ledit plus. Thomas Corneille, dans l'édi-
tion qu'il fit des œuvres de Ion hère , lubftitua :
yous couvriront de honte en devenant publiques.
INTROCESSION. f f. VintroceJJIon d'une lame exté-
rieure que nous pouvons fouvent melurer-, efl: en
raifon foufdoublée de toute la force qui prelfe inté-
rieurement les parties. Les incrocejjlons des parties
font égales dans le concours de trois corps mous ,
quoique leurs adrions foient inégales. [Elémens Ala-
thematiqucs de Phyfique de s'Gravefande.
INTRODUCTEUR ,'TRICE. f m. &: f. Qui introducit.
Celui, celle qui introduit. Je vous fervirai é'intro-
duclcur , je ferai votre introducteur : votre feul mérite
pourroit vous lervir d'introducteur. La crainte de l'en-
fer cil V introductrice de la charité. Nie.
fiSTOn appelle /«fTOi/tti-^et'r des A mballadcurs, Legato-
rum admijjloni pntfcclus , admiffionalis ^ l'Olîieier qui
a charge de conduire les Princes Étrangers & les
Arabalfadeurs dans la chambre de leurs Majeftés &
des Enfans de Fiance. Il y a en Fiance deux Intro-
ducteurs des Ambalîadeurs qui fervent par lemellres.
Ils prêtent le ferment de fidélité entre les mains du
Grand-Maître. C'eft une charge alfcz moderne en
France &: de la fin du dernier fiècle. Il y a un Intro-
ducteur 3. la Cour d'Elpagne. Dans la plupart des au-
tres Cours , cette charge eft confondue avec celle de
Maître des Cérémonies.
Il y avoir des Introducteurs dans les jeux ou com-
bats des Anciens. C'éroient des gens qui introdui-
f jient dans l'arène ou dans la lice , les Athlètes. Foy.
Pafchahus , de Coron. I. FI, c. i r & 12.
INTRODUCTIF , IVE. adj. Terme de Palais , qui fe
dit en cette phrafe : Exploit introductif àt l'inftance ;
c'efl: à-dire , par lequel commence l'inlLince. Primus,
a. Suivant la requête introduciive , on s'ell propolé
trois objets. Gueau.
INTRODUCTION. C f. îp° Introduaio. Adion par
laquelle on introduit. L'introduction de la fonde dans
la vellîe. On dit au figuré ['introduction d'un uLige ,
d'une coutume, pour dire l'établillement; Se dans le
même fens, introduction à une Science, à la Phyfi-
que, à la Géométrie , &Cj, pour dire entrée, achemi-
nement. Il y a une introduàion à la vie dévote, de S.
François de Sales.
En termes de Palais , on appelle ex}iloit A' introduc-
tion , ce qu'on appelle autrement exploit mtroduétif
de l'inftance , par lequel on commence , on introduit
la conteftation.
INTRODUIRE. V. a. J'introduis, j'introduifois , ]'intro-
duifis , j'iji introduit , )' introduirai ; que 'fintroduife ,
} introduirons , on que i'introduijîjje. Faire entrer quel-
qu'un, lui faciliter l'entrée en quelque lieu. Introdu-
cere. On ne fait qui a introduit cet Ofhcier dans la
raaifon de ce Prince. Les Gafcons s'introduifent bien
tout feuls à la Cour , ils n'ont pas bcfoin que per-
fonne les introduife en quelque allemblce. Les Mérc-
î N T
tiques ont introduit fouvenc les ennemis jufques dans
le cœur du Royaume.
;j3"En Chirurgie, on introduit la fonde dans la vellîe,
dans une plaie. Au moral , introduire , c'eft donner
cours , donner commencement. Inducere. C'eft un
tel qui a introduit cette coutume & ulige. C'eit le
luxe qui a introduit la plupart des défordres. Les vices
s'introduifent intenliblement.
1^ D.U1S le dramatique , on dit introduire un perfon-
iiage iur la fcène.
Introduit , ite. part.
INTROÏT, f. m. Le commencement de la Mellè , le
premier motet que les Chantres entonnent pour com-
mencer une Melle haute , ou la première prière par-
ticulière de la Fête , que le Prêtre dit quand il eft
monté à l'autel. Introitus. Dans le Millel les Introïts
font diiîérens , félon les jours & les fêtes de l'année.
Requiem uernam clt l'Introït d une Melfe des Morts.
Quajimo.o e!t ï'Introà de Piques cloics. Remintfce-
re, Ocuti j Judica , Léttare , lont des Introïts qui
donnent leurs noms aux Dimanches de Carême. C'eft
le Pape Céleftin qui a introduit l'ufage de dire des
Anuennes pour V Introït de la Melk. Autretois l'An-
tienne pour Vlntroit étoit fuivie d'un I Icaume en-
tier , comme il paroit par le Sacramentaire de S.
Grégoire. A préfcnt on n'en dit plus qu un verfet.
Ce mot vient à'introïtus , qui veut dire entrée ,
parce que {'introït fe dit au commencement & à
l'entrée de la Melfe ; dans le rit Ambrolien 1 introït
eji appelé ingrejfus , ce mot veut dire la même cho-
fe. S. Grégoire le nomme antienne , parce qu on
chante ou qu'on récite alors des antiennes. Ancien-
iiement on a appelé l'Introït en Latin IngreJJa ; il
y en a plufieurs exemples dans les Bollandiites. Les ■
Alilfels du nt Ambrofien le nomment quelquefois
ainfi.
§Cr INTROMISSION. C. f. Terme de Phyfique. Adion
par laquelle un corps eil introduit dans un autre. In~
tromijjion de l'air dans les interllices de l'eau.
INTRONATI. f m. pi. Nom dune Académie de
Sienne en Italie. M. Pclilfon rapporte dans l'hiftoire
de l'Académie Françoife , que l'Académie de gl^ In-
tonati de Sienne fe contenta d'établir à la nailîancc
fix loix fondamentales fort courtes. 1°. Prier. 2°.
Étudier. 5°. Se réjouir. 4°. N'oienfer perfonne. f.
Ne pas croire légèrement. G°. Lailfer dire le monde.
INTRONISATION, /^oje^ Inthronisation.
INTRONISER. Voyei Inthroniser.
INTROUVABLE, adj. Qu'on ne lauroit trouver. Bon
pour le dikours familier.
Ce diable de banquier eft un homme introuvable.
Com. du Flateur, de M. Rousseau.
Un Gafcon diroit que vous êtes introuvable : pour
moi qui ne fuis pas fi hardi j je me contente de dire
qu'on ne fait où vous trouver. Balzac j Lettres choi-
Jîes. Doutes du P. Bouh.
On a beau vous chercher, vous êtes introuvable.
M. Dcftouches , acl. 3. fc. 4.
De la Com. de l'irrejolu.
INTRURE. On lit dans les nouvelles éditions de Ri-
chelet , à la hn du mot intrus , que Danct dit s'in-
trure à l'infinitif, mais qu'il n'cli point ailleurs. Il l'a
pris dans la méthode Latine de Lancelot , qui s'en
eft fervi , p. ^jS. & Gyz. de la 3^. édition. Intru-
dere, intrure : Ohrepere ad Magiftratum , s'intrure
dans une charge. Pomey l'a mis aulli dans Ion Dic-
tionnaire , intrure , s'intrure dans une charge, y en-
trer par force. Le verbe intrure n'eft "^oint en ufage.
Ac. Fr.
INTRUS , USE. adj. Souvent employé fubftantivemenr.
Qui s'eft mis en polfeinon d'un Bénéfice , d'une char-
ge , fans titre canonique , ou du moins colore.
fjCT Par voie de fait , & fans avoir obfené les formali-
tés requifes. Intrus dans un Bénéfice , dans une char-
ge ^ dans une tutelle , dans une geftion. Intrufus. Ce-
lui
I NT
lui qui reçoit quelques fruits d'un bénéfice avant que
d'en avoir k titre, ou eu avoir pris pollclîiou dans
les formes j eft: unimrus. Un Dcvolutairc qui jouit
avant que d'avoir obtenu un jugement de récréance ,
cfl: un incrus. Un oflicier quz fit pourvu lur de faux
. ccrtilicats d'âge, de faullés difpenles , elt un intrus.
l'iulleurs contendans peuvent prendre poUellion d'un
Bénéfice fiuis erre i/icrus. H leur fullit d'un titre co-
■ loré , quoique par l'événement il ne s'en trouve qu'un
. de canonique. Il lui ordonne de dépoilédcr les deuJ
- intrus, en les déclarant incapables d'exercer le reftc
• de leur vicaucune charge dans l'Églifc. Maimbourg.
INTRUSION, f. f. Terme de Jurifprudcnce canonique.
"Ad-ion de celui qui s'ell introduit dans un bénéfice
contre le droit ou contre la forme; qui s'efl: mis en
pollellion d'un bénéfice par voie de fait, lans inl-
titution légitime & canonique, ou fans avoir obfcr-
vé les formalités requiles. Par extenlion on le dit de
l'aétion de celui qui s'ell: emparé de. quelque bien
fans titre légitime , qui s'elt introduit dans quelque
charge, dans quelque emploi (ans aucun droit, &
fans y être légitimement appelé. Ufurpatio. h'intru-
Jlon emporte une incapacité perpétuelle à celui qui
eft intrus de polféder le Bénéfice. Toute violence ou
autorité privée , emporte intrujion.
Ces deux mots intrus ôc intrujiori viennent du La-
tin intrudere , qui veut dire , faire entrer par force.
INTSANT. Nom d'un village de la GnzUïc. Intcfantum.
On le prend pour l'ancien lieu des Ménapiens , qui
étoit appelé Sah/ones.
INTSI A. f. f. Nom d'un arbre très - grand & toujours
vcrd, qui croît dans le Malabar j ëc qu'on appelle
aulîi Acacia Malabarica globofa. Le fuc de fes feuil-
les & celui de fon écorce , pris avec un peu de Ici ,
calme les douleurs du ventre. On dit que la poudre
mife fur les ulcères , les rend moins douloureux. Ray.
Eift. Plant.
INTUITIF, IVE. adj. Terme de Théologie, qui fe
dit d'une vifion , ou connoilfance claue & certaine
de quelque choie. Intuitivus. Les Bienheureux dans
la gloire auront une connoillance intuitive de la Ma-
jefté de DieUj & des myftéres, ils en verront l'im-
mcnfité.
INTUITION, IKF Terme de Théologie , qui fe dit
de la viiîon claire & certaine des bienheureux dans
le Ciel. Voy. 'Vision. On a dit de Newton qu'il avoir
découv ert par une efpèce A' Intuition fimple , ce que les
autres ne démontrent que par une comparailon fuc-
celîive d'idées. Ici ce mot fîgnifie un iîmple coup
d'œil. Intuitus.
INTUITIVEMENT, adv. Terme de Théologie. Dune
manière intuitive. Intuitive. Voir Dieu intuitivement
IP" INTUMESCENCE, f. f. Terme de Phyfique. Gon-
flement , aftion par laquelle une chofe s'enfle , du
Lztin intumere j intumefcere , s'enner , le gonfler.
INTUS. Ce mot eft un adverbe Latin qui iignifie dedans.
On s'en fert en François dans le ftyle familier , pour
fignifier la prifon. On l'a mis intus. Prens garde qu'on
ne te tienne intus , &c.
INTUS -SUSCEPTION. f. f. |C? Terme de Phyfique.
Réception d'un fluide , d'un fuc dans l'intérieur d'un
corps organifé ,• aux parties duquel ce fluide s'atta-
che. On fe fert de ce terme pour expliquer l'ac-
croiflèment des corps organilés , des animaux Se des
plantes , qui fe fait par le moyen d'un nouveau fuc
introduit dans les vailfeaux , qui s'attache à leurs pa-
rois. Les plantes fe nourriilent & croiflent par intus-
fufception. Intus -fufceptio.
IP" Ce terme eft oppofé à ce qu'on appelle juxtà-
pqfition , dont on fe fert pour exphquer l'accroifre-
ment des autres corps, des pierres, des coquillages,
qui fe forment &: augmentent par juxtà -pojîtion ,
«'eft- à-dire , par l'application d'une nouvelle matière
fur leur furface. Foye^ ce mot & les articles relatifs.
Intus-susception. Terme de Médecine. C'cft l'entrée
contre nature d'une portion d'intcftin dans une au-
tre , ou le redoublement d'un inteftin. Iiuro fufceptio ^
intus-fufceptio. Dict. de James,
Tome V.
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INVAINCU, adj. Qui n'a jamais été vaincu. Inviclus.
Un courage invaincu. Corneille a dit dans le Cid ,
Ton bras eft invaincu y mais non pas invincible,
ï^ Corneille a encore employé ce terme dans les
Horaces. Ce bonheur a fuivi leur courage invaincu.
Ce mot , dit Voltaire , n'a été employé que par Cor-
neille j & devroit l'être , je crois , par tous nos Poè-
tes. Une expreflion il bie,n mifr; à fa place dans ces
deux endroits , ne doit jimais vieillir.
fjO' INVALIDE, adj. de r. g. Ce mot fîgnifie généra-
lement infirme, tiui ne peut plus travailler ni gagner
fa vie. Infmnus. Les mcndians , tant valides c\\.\ Inva-
lides. On le dit particulièrement d'un Oflicier ou.
d'un foldat qui ne peut plus fervir à caufe de fon
grand Tk^c ou de fes bleflures, & qui a été reçu x
l'Hôtel des Invalides. Le Roi a fait bâtir un Hôtel
magnifique pour loger les foldats invalides , elT:ro-
piés, qui ne peuvent plus fervir. Cet Hôtel eft ii-
tué au bout du Fauxbourg Saint-Germain à Paris. Il
fur fondé en ifiiSp, & commence en 1671. On ap-
pelle aullî cet Hôtel les Invalides tout courr. §Cr J'ai-
merois autant, dit M. de Montefquicu, avoir fait cet
établiffement , fi j'étois Prince , que d'avoir gagné
trois batailles. On y trouve partout la main d'un
grand Monarque ; je crois que c'cft le lieu le plus
refpeétablc de la terre.
Pour entrer aux Invalides , il faut que le foldat , ou
l'Ôftîcier eftropié ait des certificats de fervice , &; du
lieu où il a été blclîé.
Invalide, ifJ" en Jurifprudence , qui ne peut valoir ,
ni être mis à exécution. Invalidas , irritas. On dé-
fîgne par cette épithète tous les adtcs qui n'ayant pas
les conditions requifes par les loix , ne peuvent
produire leur.eflfer. Acle invalide. Donation nulle &
invalide. Le défaut d'une condition eilènticlle rend
le mariage invalide.
INVALIDEMENT. adv. Sans validité , d'une manière
invalide , nulle. In irritum. Toutes les perfonnes en
puiflance d'autrui qui contra(5i:ent fans leur autorité,
le fonr invalidement. Un Prêtre lufpens confacre ih.
licitement , mais non pas invalidement.
INVALIDER. V. a. Terme de pratique. Rendre nul,
déclarer , rendre invalide. Refcindere , irritum face re.
Il a fait un fécond teftament pour invalider le pre-
mier. Son mariage a invalidé la donation qu'il avoit
faite. Il y a des défauts de formalité , qui invalident
les a(ftes. Qu'avez vous à dire pour invalider cet ac-
te ? C'eft à-dire , pour en prouver la nullité.
INVALIDITÉ. {. f. Nullité d'un zâc , d'un contrat.
Nonobftant Vinvalidite de cet aéte , on n'a pas lailfé
de le vouloir mettre à exécution. Soutenir l'invalidité
d'un mariage. Maug. ^
INVARIABILITÉ, f f. État invariable , qui n'eft point
fujet au changement. La prédiclion des édipfes efl
le morceau brillant de l'Aftronomie &c de la tcience
en général. C'eft par-là que le peuple fait que nos
fciences font folides , réelles &: prefque divines. Or
elles font toutes fondées fur la fuppolition de Vinva»
riabilité An cours des Aftres Mém. de Trcv.
Avril lûjj. YS invariabilité 2k)io\\!£. convient à Dieu
feul. *^
%3- INVARIABLE; adj. de t. g. Qui n'efl: point fujet
au changement. Mutationi non obno.xius , mutationis
expers. On le dit au phyfique &: au moral. Le coiirs
des aftres éft invariable. Un homme invariable dans
fes promelTes , dans fes engagemens , dans fes réfolu-
tions , ftable , conftant. L'ordre invariable qui fe re-
marque dans la conduite du monde , eft l'ouvrage
d'une intelligence infinie &c toute-puillànte. Ab. de
lA T. La foi efl une &c invariable. Pasc. Dans la
nouvelle Analyfe des infiniment petits , ou calcul
ditFérenciel , on appelle quantités confiantes , ou in-
variables , celles qui font toujours les mêmes , com-
me le périmètre de la parabole , &c.
INVARIABLEMENT, adv. D'une manière invariable.
Abfque mutatione. S'attacher uniquement &: invaria-
blement à Dieu. Pasc.
Ff
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gcr INVASION, f. f. Aaion violente & fubite ; ir-
mptioii taJte dans un pays pour le piller , ou pour
l'envahir, f^'oy. ce mot. Occufaiio. L Lnvajion de la
Grèce par les Turcs, des Gaules par les barbaicb.
Les 'i'artares ont louvent tau des uivajions dans la
Pologne.
INVeCIIVE. f. f. Difcours injurieux & véhément
contre une perlonne ou contre une choie. Infccla-
tio. Faire une biveclive. S'emporter en inveclivcs , a
des inveclivcs. Se jetter dans ['invedive. Les invecii-
ves ne lont pcrmifes que contre les vices. Le Pré-
dicateur a fint une longue inveclive contre 1 hypo
criile. Les ouvrages critiques des Auteurs font de
perpétuelles inveclives , ils (ont féconds en invecli-
vcs. VinveclLve eil quelquefois une partie nécellaire
à un Orateur. Il ne taut pas faire pailer une invec-
tive fatyrique , pour une liniple raillerie. M. Scud.
INVECTIVER. V. n. Faire des invectives, infeclan.
Ce verbe s'ell établi contre le fentiment de Vauge-
las. On doit empêcher les Avocats à'invechver con-
' tre les abfens. On le dit aulîi des choies. On ne
fiuroit trop hivecllver contre le luxe.
INVENTAIRE, f. m. Defcription, état & dénombre-
ment qui fe fait par écrit des biens , meubles & pa-
piers qui font dans une mailon. liecenjïo. Un Mar-
chand doit tous les ans faire l'on inventaire , pour
voir lécac de les artaires -, tk de fon négoce. Les m-
Ventaircs en forme, fe font par des Notaires avec
un Huiliîer-Prifeur , qui fait la prilée des meubles
en préfence d'un légitime contridi.teur , d un lubru
gé tuteur ^ ou d'un fublHtut du Procureur du Roi ,
pour les mineurs ou pour les abiens. On doit taire
la clôture d'un Inventaire au Grel+e de la Jultice or-
dinaire. La communauté ell dulolue par la confec-
tion & la clôture de l'inventaire , qui doit être fait
trois mois après la dillolution de 11 communauté.
Ce mot vient du Latin Inventarium. L'Ordonnance
de 1677. veut que les Marchands aient un inven-
taire de tous leurs biens mobiliaires & immobiliai-
res , & de toutes leurs dettes actives «Se pallives , &
qu'il foit renouvelle &c récollé de deux ans en deux
ans. Il fuiHt qu'il foit fous leur king privé.
RECOLLEMENT d'Inventaire , cil Un a^ts de rcpréfeu-
tation fiit des meubles, pour voir s il ell: contorme
à l'Inventaire qui en a été tait. F-léritier par bénéfice
d'inventaire eil: celui qui obtient des Lettres de Chan-
cellerie , en vertu delquellcs il fait faire un tidelle
Inventaire, moyennant quoi il peut (e mettre en
poflefiion des biens d'un déiunt , fans être tenu de
(es dettes que jufqu'à la concurrence des edets conte
nus en cet inventaire , dont il ell chargé de rendre
compte.
Un jour que te Poëte falèrey
Payen peu fuperfl'itieux ,
Et qui ne croyait en Jes Dieux
Qu'à bénéfice t/'iiiventaire. SenecÉ.
Inventaire cft au!lî une vente publique , ou à l'encan,
des meubles contenus en un inventaire. Les Curieux,
les Fripiers courent les inventaires.
Inventaire gCFde produîlion. Terme 4e Palais. Inf
trumentorum recenfio, C'elf une pièce d'écriture con-
tenant une defcription de pièces rangées par ordre
alphabétique j avec l'indudfion qu'on en tire, pour
faire voir l'équité de l'es prétentions ou de (<ii dé
fenfes. Cet inventaire fe tait tant par le demaiideur
que par le défendeur, tant par l'tppelant que par
l'intimé , en conféquencc d'un règlement , qui ap-
pointe les parties à mettre , ou à écrire & produire.
Il y a des inventaires iervant d'avcrtillementj le-
quel eft compris dans le préambule de \inventaire
de produdion-fommaire fur un appointé à mettre.
On fait aulTi des inventaires de communication, c'elf
à dire , un mémoire des pi;ces dont on donne co-
pie à la partie adverfe. Il s'eft chargé d^ mes papiers
par un bref inventaire , fuivant un mémoire qu'on
en a retenu. Quand on rapporte un procès dans les
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formes , il y a un Evangélifle à côté du Rapporteur,
qui doit être chargé de 1 inventaire , pour vciiner les
pièces de l'inventaire.
On appelle l'inventaire du Tréfor des Chartres ,
les regiltrcs qui contiennent le mémoire , ou l'extrait
du Tréfor des Titres , & papiers du Roi , qui ell
d ordinaire diviléen huit volumes, 6c dont on trouve
des copies en pluheurs- Bibhothèques. Jean de Ca-
lais fit un inventaire luccinct des chartres du Roi.
Pierre d'Étampes , Clerc du Roi Philippe le Long,
fit en 13 10 un inventaire des chartres du Roi en
deux volumes. Pierre de Gonelle des Achillois com-
mença un autre inventaire des chartres en 1 567. Gé-
rard de Montaigu fit un inventaire des chartres du
Roi par ordre Chronologique, depuis Philippe Au-
gufle jutqu en 1381. Jean Budé commença un autre
inventaire le 12 Septembre 1481. Meilleurs Gode-
froy & Dupuy ont fait le dernier inventaire du
Trélor des Chartres , qui elt le meilleur, /'oje^ aulli
Trésor des Chartres. L'inventaire des meubles de la
Couronne , e'I celui dont le Garde-meuble du Roi
ell chargé. L'inventaire des Reliques d'une telle
Églife.
Inventaire, eft un terme qui a fei-vi aulfi de titre à
plulieurs livres. L'inventaire de de Serres, ou Abrégé
de l'i^itloire de France. Le P. Monet a intitule Ion
Dicl:ionnaire , l'inventaire des deux langues. La-
tine & Fiançoife. M. Régnier dans fon Virelay lur
les excès de la Fiance , le fert du mot à' inventaire
dans un fens figuré; pour dire lifte, dénombrement.
L'inventaire n'eft pas fini, il refte encore une autre po-
che , 6'c.
Inventaire, ou plutôt Eventaire. C'eft parmi le
peuple un panier plat attaché à la ceinture , qui lert
aux noguettes ou revendeutes de poillon ou de fruit ,
pour porter vendre par la ville leurs marchandifes.
INVENlER, v. a. Trouver, imaginer quelque chofc
de nouveau , trouver une chofe par la torce de fon
imagination. Invenire , excogitare. Il eft bien difficile
d'i/!venter. îk allez tacile d'imiter. On invente tous
les jours de nouvelles machines pour élever les eaux.
On ne fait point de cas d'un Mathématicien qui n'a
rien inventé de fon chet.OnditquelesBergers de Sicile
ont invente l'Églogue. Jubal eft celui qui a inventé le
chant 8c lesinftrumens de Muuque. Tubal-Caïn a. in-
venté l'ufage du fer , Gen. c. 4. ce que les Payens ont
attribué à AppoUon 6c à Vulcain. Celui qui a in-
venté la poudre à canon, les bombes, les carcalles,
&c. aurait mieux fait de n'y jamais penler. Il ne
Emdroit jamais appliquer fon efprit qu'à inventer
des choies utiles à la vie , & à la culture des mœurs.
Il faut peut être moins d'effort d'elprit pour inven-
ta: , que pour perfecl:ionner les choies ; la raifon eft ,
que ce qui refte à découvrir eft plus caché , & moins
expofé aux yeux. Font.
§C? On dit proverbialement qu'un homme n'a pas in-
venté la poudre à canon , pour faire entendre qu'il
a peu d'efprit.
§0° Inventer , trouver , fynonimes. On invente des
choies nouvelles par la force de l'imagination. On
trouve des chofes cachées par la recherche 8c par
l'étuJe. L'un marque la fécondité de l'efprit , &
l'autre la pénétration Syn. Fr. La méchanique in-
vente les outils , les machines , tout ce qu'il y a
d utile ou de curieux dans les arts , les fciences Se
les métiers. La phyfique trouve les caufes 8c les ef-
fets. Le Baron de Ville a invente la machine de Mar-
li. Harvée a trouvé la circulation du fang.
§3" Inventer , dans un fens odieux, fynonimede con-
trouver. Comminifci. Inventer une taulfeté , une ca-
lomnie pour nuire à quelqu'un, pour le perdre. Ce
fait cft inventé.
Inventé j ée. p^rt. Inventus ^ excogitatus,
INVENTEUR , TRICE. f. m. & f. Qui a trouvé le
premier quelque chofe, quelque art, quelque fcien-
ce, quelque machine. Inventor. Un inventeur de mots
nouveaux. Sappho a- été l'inventrice des vers Sap-
phiques. Il nous eft aifé de furpalfer le premier in-
venteur d'nn art, en ajoutant les vues qu'il nous fuiv-
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nie , à celles que nous avons de notre propre fondî.
Font. Les Lgypci^ns incrcoiAt au noaibic des dieux
■ les invenccurs des clioks nccelliiires, aàn d'excitcT
_.. la dili-cnce «Se l'induftue des hommes par cer hoii-
•' neur. Lu Cl. Polydore Virgile a faic un traité des li-
vcntjurs des choies, de ïnvcntonbus rerum , en huit
livres. AkxMdcr Sar.lus, ou Alexandre de Sard li-
gne ^ a fait la même ckofe en deux livres. Rabcliis
•dit que Mciîù'e Galter j qui cil le ventre , a été in-
vcnuur des arts : c'ell une exprelllon empruntée de
Perle :
Magljlcr artis , ingeniique largitor venter.
INVCr^TIF , IVE. ad;. Qui a le génie d'inventer. Qui
exL'j;;icar. Cce-artiiaii ell tort inventif. Les femmes
font inventives. Soyez Am.iiic , vous iercz inventif.
La Font. Etprit inventif.
INVLNTIOiN. 1. f. Certain génie particulier qui donne
1.1 l.icilité de trouver quelque chofe de nouveau. In-
ventio jjagucitas. Il n'y a point d'art pour l'im'cn'
tion , elle ne dépend point de nous , c'eil: un pré-
ùnt du ciel , & comme une peiilion qu'on ne tou-
che pas quand on veut. Le Ch. de M. Ce qui
nous paroit difficile , ou même impoillble , ne l'ell;
peut être qu'à caufe de notre peu d'adréire , & no-
tre peu d invention. Le Ch. de M. Pancirolle a hit
un traité des vieilles inventions perdues , & des in-
ventions nouvelles. Janfon d'Almcloveen a fait un
Onoaia licou des chofcs inventées , où l'on voit par
ordre alphabétique le nom des inventeurs, le rems
<S: le lieu des inventions , &c les témoins qui en par-
lent.
Invention, fe dit aullî Se de l'aélion d'inventer, &
de la choie même inventée. L'invention de la pou-
dre à canon e!î: une invention diabolique. L'alcove
e/l une invention moderne venue des Maures. La
gro.liéreté des premières inventions eft d'ordinaire
bien éloignée de la perfedion. Font. Il y a des gens
dont la baile jalouiie rejette la vérité , leulement
parce qu'elle n'ell pas de leur invention. Bal. L'or-
dre Doriqu; , l'Ionique & le Corinthien , font de
V invention des Grecs , c'cll pour cela qu'on les ap-
pelle les ordres Grecs. Le Toican ik le Compoiite font
de l'invention des Latins. D.aviler parle de l'inven-
tion d'un ordre François , qui n'a pas été exécuté ,
pour le troilième éta^e du Louvre.
ÇO" li-iVENTioN & découverte , confidérés comme fy-
noiiymes. ^'bj'. aumot df.couvér.tes les nuances qui
les dillin^uent.
§Cr Invention fe dit dans le difcours familier des dif-
fércns moyens qu'on imagine pour réullîr dans une
artaire. Ratio , modus. Il me faut tous les jours trou-
ver mille inventions pour jouir de mesMaatrelîes.ABL.
Invention, ligniHe auiîl , Découverte d'une chofe ca-
chée. L'invention de la lainte Croix ell une fête que
l'Ejhfe célèbre le 4 de Mai, en mémoire de ce qu'il
plu: à Dieu de faire trouver la Croix fur laquelle
Jésus-Christ mourut. Cette découverte, ou inven-
tion^ fe fit fous l'empire de Conftantin, & parles
foins & la piété de fa mère Hélène en 326. un peu
après que cet Empereur eut vaincu Maxence par la
vertu du figne de la Croix. 'Voyez fur cette inven-
tion , fur les faux Aétes qui en ont été faits , fur
l'inilitution de cette fcte^ &c. le Père Papebroch,
Jél. Sancl. Mdïi, T. I.p. ^<fr. &fuiv. On dit encore
ce terme de l'invention des reliques de Saint Etienne ,
Se de quelques autres.
Invention, fe dit en termes de Réthorique «Se de Po'c
tique. En Réthorique, c'eft la recherche ^' le choix
des argumens don: l'Orateur doit fe fervir , des lieux
qu'il doit traiter Vinvention elT: le premier des de
voirs de l'Orateur. Cicéron avoit fait quatre livrer
de l'invention, il ne nous en refle que deux. En Poe
^.Cj c'efl tout ce que le Poac ajoute au fujet hifuo-
.^'4"C qu'il a choifi , de le rour qu'il v donne,
.^ On dit qu'un Pocte, qu'un Orateur n'a point d'i«-
- .Vention-, qu'il a l'inventionhàh \ heurcufc , c'efl: à-
dire qu'il fiit choifir entre les penfées qui fe préfcn-
Tu'r.e V,
IN V
^7
tent, celles qui font les plus convenables au fujet
qu'il traite , relativement au temps , au Leu , aux
circondances S>c aux perfonnes.
On dit la même chofe d'un Peintre .
Dans la Peinture , l'invention cil le cii..j.^ <Ji.s
objets qui doivent entrer dans la compoîicion du
fujet que le Peintre veut traiter. De pi le s. Cet
Auteur remarque fort judicicufement que l'inven-
tion c!t di.férente de la difpolition , & que ces
deux chofes enlemble forment la compolltion ;
car après avoir bien choiiî les objets qui doivent
entrer dans la compbfition d'un fujet , on peut les
ma! difpofer , & alors l'invention fera belle , ik.
la dilpolition, où l'ordonnance fera mauvaife &
choquante. De toutes les parties de la Peinture,
celle qui fournit aux Peintres plus d'occafions de
foire voir ce qu'il a d'efprit, d'imagination & de
prudence j eft làns doute l'invention. Id. M, Félibiea
appelle invention dans la Peinture tout ce qui efi: de
l'elprit du Peintre j comme font l'ordonnance , la
difpolition du fujet , le fujet même, quand il eft nou-
veau. Ce terme d'invention pris en ce Cens n'ell pas
propre à la Peinture , il convient aux autres Arts.
Dans un autre endroit M. Félibien conlidère l'inven-
tion en deux manières ; fivoir , celle qui vient pure-
ment de l'elprit du Peintre , & celle qu'il emprunte
de quelqu'un. La première ell quand il invente lui-
même le fujet , & la féconde quand il le tire de l'hif-
toire , de la fable , &c. mais il attache toujours la
même idée au mot d'invention.
I On dit proverbialement que la néceffité efi: la mère
des inventions. Qu'un homme vit d'invention, pour
dire qu'il n'a point de bien , qu'il vit d'artifices ,
d'elcroqueries. On nomme bail'ement une invention,
une choie dont on ne lait pas le nom , ou dont on
ne fe fouvicnt pas. Comment nommez-vous cette
invention-Vi ? Apportez-moi cette invention qui ell llir
cette table î
INVENTORIER, v. a. Comprendre dans un Inventai-
re. Recenjionem faeere. On a inventorié tous les meu-
bles & papiers de cette maifon.
Ou appelle auîli un papier inventorié , quand
l'ofHcier a mis fur le dos un numéro avec fon pa-
raphe j pour montrer qu'il a été compris en un in-
ventaire , & en quel ordre. Ce contrat de mariage
eft corté au dos , 'inventorié trois.
iMVEMToaiÉ , ÉE. pirt. Recenfitus , adfer'iptus.
LWERLOGH. Ville d'Écoffe ^ autrefois conhdérable.
Inverlochea. Elle fut ruinée par les Danois , & n'el>
aujourd'hui qu'un bourg du comté de Locquabyr , lî-
tuéprès d'un golfe, à onze lieues de la ville de Dunf-
taSag, du côté du levant. Mat y.
INVERNÈS. l^oye-i Innern^s.
INVERSABLE. .idj. de tout genre. Mot nouveau , qui
fignifie, qui ne peut verfcr , qui ne verfe point. Quoi
everti nonpotejl. Une voiture 'inverfahle feroitde gran-
de utilité. On a fait pluilcurs mémoires fur la conf-
trudion des voitures 'inverfables.
INVERSE, adj. f. Qui fe dit d'une manière de faire h
règle de trois , ou de proportion , qui femble être
renverfée. i{ex'«/^ tr'ium 'inverfa, everf.i. Dans la rè-
gle de trois , droite ou directe , le premier terme efc
au lecond , comme le troifième eil au quatrième ,
c'eft-à dire , que iî le fécond ell plus grand que le
troilième dans la même proportion , ou il le lecond
ell plus petit que le premier , le quatrième eft aulli
plus petit que le troilième, dans la même propor-
tion. Mais dans la règle 'inverfe , le quatrième terme
efi: autant au-delfus du troifième , que le fécond efi:
au-de!ious du premier j ou bien autant au-delfous
du troii'.ème , que le lecond efi: au-de!îus du premier.
Et ainfi dans la règle 'inverfe la proportion n'ell pas du
premier au fécond , comme du troifième au qua-
trième ; mais du quatrième au premier comme du
fécond au troifième. Exemple , on dit en la directe ,
Si trois toifes de bâtiment coûtent vingt écus j com-
bien en coûteront lix î Q\i trouvera quarante écus ,
mais en Vmverfe. on dit.: Si vingt ouvriers font dix
toifes de bâtiment en quatre jours , en combien de
Ff ij
2Z8
I N V
emps quarante les feront-ils ? On trouvera en deux
jours.
fCJ- Ce terme cil encore ulitc en Logique , en Mathé-
matique & en Phyfique. On le dit dune propor-
tion , d'un théorème , d'un problème , d'un rapport
pris dans un ordre renverlc , relativement à la pro^
polîtion Se au rapport dont on vient de parler,
r Dans une propolîtion , c'eft l'attrihut de l.i direèlc
misa la place du fujet. Tous les fous font mechans
ell: Vinvetje de tous les méchans font jous. Voyez
CONVERSION 3 ,6::6, i i. c'eft-à-dire , trois eilàlix,
comme lîx ell à douze. 6 , 3 :: li, 6. c'cft-à-dirCj
llx eft à trois comme douze ell: à lix.
IJC? On fe lèrt en Phylique de ce mot pour exprimer
la loi de variation d'une choie qui augmente ou qui
diminue j à mcCure qu'une autre dont elle dépen-
doit , qui lui ell comparée, diminue ou augmente.
Ainli l'on dit que l'intenlitc de la lumière ell une
raifon inverfe des carrés de la dillance du corps lu
mineux, c'ell à-dire, qu'elle diminue dans le même
rapport que ces carrés croiirent.
IJ3" Méthode invafe des fluxions. C'ell la même chofe
que calcul intégral. I^oy. ce mot.
INVERSION, f. f. Adion par laquelle on renverfe , on
retourne une choie. Inverfîo. Les problèmes de Géo-
métrie & d'Arithmétique fe prouvent fouvent par
Vïnvcrfiûn.
Inversion. Terme de Grammaire. Manièrede ranger les
mots d'une phrafe dans un ordre qui n'eft pas le plus
naturel & le plus limple. 'ifT Notre langue n'aune
pas les inverjions ; la marche de chaque phrale ell
prefque toujours uniforme : c'ell un lubllantif qui
mène fon adjectif comme par la main ; l'on verbe
marche derrière, fuivi dan adverbe qui ne foutlre
rien entre deux , &: le régime .appelle aulîitôt un ac-
cufatif qui ne peut fe déplacer. Ne point déranger
cet ordre, c'eft ce qu'on appelle ne point taire d'//2-
verlîoii : ne point garder cet arrangement ; voilà \'in-
verjion. Par exemple , De tous les vices , le plus abo-
minable & le plus indigne de l'homme , c'ell l'im-
pureté , c'ell-là une inverjion : l'ordre naturel eft de
dire , Le plus abominable de tous les vices j & le
plus mdignc de 1 homme , c'eft 1 impureté : ou bien ,
l'impureté eft le plus abominable , &c. Cette inver-
jion n'eft pas déiagtéable , elle a même de l'élégan-
ce. Il y en a de plus rudes & de plus dures.
Mais pendant que Bourbon , la victoire preffant ,
ya les bandes j les corps y les efcadrons poujfant.
P. LE Moine.
La févérité de notre langue contre prefque toutes
les inverjions de phrafe augmente encore infiniment
la dilHculté des vers François. FiNEL. Il ne faut point
introduire tout-à coup dans notre langue un grand
nombre de ces inverjions. On n'y ell point .accoutumé,
elles paroîtroient dures j Se pleines d'oblcurité. Id.
Il taudroit choihr de proche en proche les inverjions
les plus douces , & les plus voifmes de celles que
notre langue permet déjà. Id.
INVESTIGATEUR, f. m. Qui cherche quelque cho-
fe , qui tâche de fliire quelque découverte. La ville
eft II ancienne ( S. Andcr ) que les Invefiigateurs de
l'Antiquité n'en pouvant découvrir l'origine, ni le
temps de la fondation , ne manquent pas de l'attri-
buer à Noé, L'Abbé De Va vrac. Ce mot eft peu
en ufage : cependant il eft fott fignificatif. L'Euripe
fut non-feulement l'occalîon , mais encore le trifte
exécuteur de la mort du grand Invejlig.-i! :ur de la
nature, c'eft-à-dire, d'Ariftote. Noiiv. fyft. duflux
& du reflux de la mer:, dans les Obferv. fur les Ecrits
mod. tom. 2 s. pag. 4(1 .
En termes du Grand Art, on appelle Invcftiga-
tcurs ceux qui cherchent la pierre philofophale.
INVESTIGATION, f. f. Terme de Grammaire & de
Collège , où l'on appelle invefligation du Thème ,
l'art, la fcience , la manière de trouver le thème dans
les verbes, c'eft à dire, le temps iJc le mode primitif
<i'un mœuf, d'un temps 8c d'une perloimc dérivée &:
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éloignée de fa fource. Inveftigatio. Pour expliquer
les Auteurs Grecs , ï\ faut bien lavoir 1 invefligation
du thème. Ce thème eft le préfent de l'indicatif dans
le Grec.
Ce mot a été pris de la Grammaire Grecque de
Clénard , qui a intitulé Invefligatio Thematis , la par-
tie où il enfcigne la manière de connoïtre d'où vient
quelque perlonne ou temps que ce loit d'un verbe,
& de le réduire à la diction primitive , ou de trou-
ver le prélcnt de fon indicatif.
INVESTIR, v. a. Conférer à quelqu'un le titre de qEel-
que fief, dignité j ou Bénélice, ou ratifier & approu-
ver celui qu'il peut avoir obtenu d'ailleurs. Inpof-
fejfionem inducere. L'Empereur prétend qu'il a droit
d"z/2Vty/ir plulieurs Princes , tant en Allemagne qu'en
Italie. Il y avoit autrefois une cérémonie pour in-
veflir les Prélats.
Ce mot vient du Latin invefiire , qui f'i3' fignifie
vêtir. C'eft pour cela qn'inveflir &c inféoder font fy-
nonymes , ôc lignifient l'un &c l'autre mettre en pof-
fellion , & revêtir du fief celui qui prête le ferment
de fidélité au Seigneur dominant. Ainli la réception
à foi & hommage ell Vinvefliture pour les fiets ; &
à l'égard des cenhves j la quittance des droits fei-
gneuriaux tient lieu d'invefliture; de forte que le
Seigneur ne peut plus après uler du retrait féodal
oa cenfuel dans les coutumes où il a lieu.
On dit aulîi , que les Archers ont invejîi une mai-
fon , pour dire , qu'ils fe (ont polies autour pour preu>
dre quelque prilonnier.
Investir, en termes de mer, fignifie. Attaquer un
vailleau.
Investir J fignifie auffi. Échouer, toucher à terre,
foit volontairement , loit par la tempête. Hdrerey
appellere. Cette galère a invelli un tel endroit de la
c6te d'Italie. Ce tetme n'eft d'ufage que fur la Mé-
diterranée.
Investir , fignifie auifi, environner uneperfonne, em-
pêcher que d'autres ne l'approchent. Circumdare , oc-
cupare. Ce malade n'a pu faire de tellament, il a
toujours été invefli d'un nombre de parens & d'hé-
ritiers.
^fT Mainard a dit , des yeux inveftis de cire , bordés,
challîcux.
Investi , ie. part. Il a les fignifications du verbe.
INVESTISSEMENT, f. m. Terme de guerre. Aélion
d'inveftir une place , |K? de l'entomer de troupes,
pour en fermer tous les palîagcs. Dans Vinvejlijfe-
ment on tait la même choie que dans le blocus. On
fait Vinveftifjcment à une place ] lour l'alfiéger dans
les formes, l^oye'^ SiÉge & Blocus.
INVESTITURE, f f II fe dit tant du droit d'inveftir
quelqu'un d'un fief, que de l'adte par lequel on l'en
inveftit. In poffijjlonem mduclio. C'eft la réception
à la foi "&: hommage , par laquelle le valfal eft faili
& inverti du fief par fon Seigneur dominant. Un tel
Prince donne Vinvejliture d'im tel Duché. Il a pris fon
invcftiture de l'Empereur. C'eft l'Empereur qui don»-
ne Vinvefliture de tous les fiefs relevans de l'Empi-
re. Les inveflitures fe renouvellent à la mort de
l'Empereur, ou de celui qui polfède le fief. Celui
qui reçoit l'invefliture tait hommage entre les m.ains
de l'Empereur , & prête fermer.t de fidélité , ou
par lui-même , ou par un Ambalfadeur. L'invefliture
le faifoir autrefois pour figne d'une pollellîon rians-
férée par la ttadition de plufieurs petites chofes ,
comme quand on mettoit en poiîciîîon d'un héri-
tage par un bâton , un gant ^ un couteau, un mor-
ceau de manteau , de bois , de courroie , de cein-
ture , par la piqûre du pouce , par des clefs , par une
broche , par une coupe , un anneau , un gazon ,
une branche, une paille, une étrille, & par tout
ce qu'on trouvoit lous fa main. Celle des Roy.au-
mes &: des Seigneuries le faifoit par un étendard,
gonfanon , ou bannière , par une épée , un arc , une
flèche J des éperons. Les iymboles fe gardoient quel-
quefois <;ians le tréfor des mailons, &: s'attachoient
.'iux titres. Il V a des preuves de toutes ces choies
dans les Hiftoires recueillies par Du Cange.
IN V
Investiture, fe dit .luilî à l'égard des Bénéfices , l.i-
qucllc lé t'.iic p,u- celui qui a le droir d'en iuvcllii-
un auiic. C'elt à-dirc , de le mettre en poiîcilion.
Elle (é hifoit autrefois par la tradition de laciolié,
de l'anneau Paltoral. L' mvcjiicurc ctoit le droit qu'a-
voient les Rois de France de conFérer les grans bé-
néhccs, en qualité de Patrons , & Dotatcurs des
Églilcs Cathédrales , & des principaux Monaftèrcs
du Royaume. Les Empereurs ont long-temps con
(ervé le même droit , &c dès qu'un prel.it étoit ex-
piré , ion Clergé renvoyoit à 1 Empereur ion an-
neau & ia croUe , & le Prince les donnoit eniuite
en cérémonie à celui qu'il avoit nommé pour iuc-
celleur. C 'étoit la forme des inveftitures. Le premier
qui conteila ce privilège aux Souverains, fot Gré-
goire VL Mais Grégoire VIL dans le onzième fiè-
ckj l'entreprit avec plus de hauteur &z de iuccès. Il
excommunia 1 Empereur Henri IV. & défondit à
tous Ecclélialliques , louspeme d'excommunication,
de recevoir V'tnvcjliture de la main des Princes tem-
porels. Parlai II. lut pourtant obligé de confirmer
à Henri V. le droit de donner les inveftitures , mais
s'étant rétraété depuis, il l'excommunia, & le ré-
duilit à lui venir demander l'abtolution. Enfin , cet
Empereur lut forcé par le Pape Gélale II. à renoncer
aux élections & aux bivejlkurcs. Le droit à'invejii-
ture a cauté bien des guerres & des troubles , fur-
tout en Allemagne & en Angleterre. On trouve
dans les anciens titres Se les anciens Auteurs près
de quatre-vingt manières de donner l'invertirure.
Aloniîeur Du Gange les a ramallées dans fon Glof~
faire.
INVETÉRER. v. n. Vieillir , devenir vieux , enraci-
ner. Feterafcere , invecerafcere. Il ne faut pas laillèr
invétérer une maladie , un ulcère. Les maux qui font
invétérés deviennent incurables.
Sero Medecina paratur,
Cum per longas evaluere moras. Ovid.
Invétérer , fe dit aulîi en Morale. Il ne faut pas lailTer
inyetirer une mauvaife habitude. Les péchés qui font
invétérés dans une ame font un grand obllacle a la
grâce. Il ell dangereux d'attaquer les erreurs Invété-
rées dans 1 efprit du peuple.
gC? S'iNvÉTÉRER. V. récip. fe dit dans le même fens
qu'invérerer , toujours en mauvaife part , au phylique
& au moral , en parlant des maladies , des mauvai-
(es coutumes , des mauvaifes habitudes contractées
depuis long-tems. Ce mal s'eft li fort invétéré que ,
éc. Du Latin vêtus , vieux.
iNvsTEiVE , ÉE. part.
INVINCIBLE, adj. & f m. & f. Qui ne peut être
vaincu. Infuperah'dis j invicius. Ce Prince a un cou-
rage invincible.^ L'armée de Xerxès étoit 11 nombreu-
fe j qu'elle fcmbloit invincible. L'Alexandre de
Quint - Curce étoit invincible , Se celui de Vaugelas
elt inimitable. Pel. La vanité Eipagnole donnoit le
nom d'invincible_ à la Hotte que Philippe II. avoit ;
préparée pour fubjuguer l'Angleterre. BizoT. Cet
invincible Héros n'a rien trouvé dimpoiTible à fa va-
leur. S. EvR. L'Empereur Commode donna l'épithéte
d'invincible au mois de Février.
fer Ce mot eft auill employé dans un fens figuré.
Obftacle invincible, qu'on ne peut furmonter. Opi-
niâtreté invincible. Ignorance invincible. Argument ,
railon invincible , qu'on ne peut renverfer, détruire.
Les Indiens Jht été long-temps dans une ignorance
invincible de nos myftères. La diîiérence des langues
neft pas une difficulté invincible. Cette imprudence
a mis un obftacle invincible à votre fortune. S. Évr.
Le Roi appréhendoit la roideur invincible de fa fille.
De Larrey.
Ç^Corneille a dit dans Pompée , un coup invincible.
Ces termes , dit Voltaire , ne paroîtront pas juftcs
a ceux qui exigent la pureté du langage , Se la juf
telle des figures. En effet, un coup n'eft pas invin
cible , parce qu'un coup ne combat pas.
Invincible. Terme de Mythologie. C'ePc un des fur-
noms de Jupiter. Les Romains célébroient une fête
I N V 229
aax Ides de Juin en l'honneur de Jupiter invinci-
ble.
INVINCIBLEMENT, adv. D'une manière invincible.
lSecej]ario. Cette raifon prouve invinciblement ce que
j'ai avancé.
INVIOLABLE, adj. m. Se f. Qui ne fera point violé,
ou qui ne le doit point être. Inviolatus. La liberté
de ia confcicnce eft un privilège inviolable. Bay.
Les promellcs de Dieu font inviolables. Le icrmcnt
doit être une chofe inviolable à un Chrétien. Ces
amis fe font juré une fidélité inviolable. L'afile de
l'Eglife doit être inviolable. Les droits facrés de l'a-
mitié iont inviolables. Boss. L'autorité Royale nous
fut toujours facrée Se inviolable. Bayl.
INVIOLABLEMENT. adv. Dune manière inviolable.
Inviolatè. Les Princes doivent être jaloux de garder
leurs paroles inviolablement. Je luis inviolablement
votre très humble icrviteur. God. Notre dernière
demeure eft inviolablement à notre choix. Pat.
INVISIBILITÉ, f f. Qualité qui rend les chofes invifi-
bles. Invijibilitas. Ce qui fait qu'on ne peut voir de
certaines chofes. Aelanc. Vinvifibilité de la nature
des cfprits.
INFISIBILIUM. On dit proverbialement qu'une
chofe a palfé par invijibilium , pour dire qu'elle eft
demeurée invilible , qu'elle a été perdue , volée.
Furet, à la fin du mot Invisible. Cela eft bas.
C'eft un terme Latin tiré du Credo.
INVISIBLE, adj. m. Se f. Qui ne tombe point fous le
iens de la vue , qui ne peut être vu. Invifibilis. Les
Anges , les Démons , toutes les fubftances incorporel-
les font invifibles. Yits Anciens nous ont fait accroire
que l'anneau de Gygès, la pierre Héliotrope, rendoicnt
les gens invifibles. Il y a quelque irrévérence à don-
ner des figures vilibles aux dieux qui font immortels
Se invifibles. Abl.
fer Ce terme s'applique auffî aux corps qui échappent
à notre vue à cauié de la finefte de leurs parties , ou à
caufe de leur éloignement. Afipeclum fugiens. Les
parties de l'air iont invifibles. Les Comètes en s'é-
loignant de nous, deviennent invifiibles.
tfS" On dit de même figurénient dun homme qui dif-
parok tout d'un coup & fans qu'on s'en apperçoive ,
qu'il eft devenu invifible. On le dit aulfi des chofes
qu'on ne retrouve plus. Je n'ai fait que détourner les
yeux, ma bouife eft devenue invfible. Fugic ex ocu-
lis.
Invisible, fe dit auiTi de ceux qui mènent une vie ca-
chée , qui ne veulent pas être vus. Le grand Turc
eft invifible à la plupart de fes iujets; il ne ie l.iille
voir que rarement. Il y a de certains Importans qui
mettent une partie de leur mérite Se de leur grandeur
à être invifibles. Bouh. Il n'approuvoit point ces Ma-
giftrats qui fe rendent invifiibUs , Si fe font de leurs
cabinets comme un rempart à leur oiliveté , ou à leurs
plaihrs. FlÉch.
Invisible , fe ditauftî des chofes fecrètes & cachées, dont
nous ne pouvons pénétrer la caufe. Arcanus , obficurus
nefcio quis. Il y a un certain charme invifible qui nous
attache à notre patrie , qui fait que nous y revenons
toujours. Dieu entraîne nos volontés par des chaînes
invifibles. FlÉch. Les Amans iont attachés par des
liens invifiibles. Les affurances d'un avenir invifible
font moins d imprelïïon que les chofes préiéntes qui
entrent dans l'elprit par les iens. S. Évr.
Invisible, f m. Se f. Nom de Seéle. Invifiihilis. On ap-
pela ainfi dans le XVF fiècle les Proteftans qui foute-
noient que l'Eglife n'étoit point vifible.
Invisible. Ce nom a été auftî donné aux Frères de la
Rofe-Croix. Voye\ au mot Rose.
INVISIBLEMENI'. adv. D'une manière invifible. Cl-
tra vifium. $3 Le corps de Jésus Christ eft réelle-
ment, mais invifiblement , fous les eipéces facramen-
telles.
INVITATEUR. f. m. C'étoit chez les Romains le
nom d'un domeftique dans les grandes maiibns.
Invitator , vocator. Il paroît par uneinicription r.ip-
portée par Gra-vius/». Dxcvni,«. «f, que cet office
n'étoit pas des moins confidérables , puifqu'on le
I N V
230
donnoit à des Affranchis; elle porte AGATOPUS
AUGG. LIB, INVIfATOR , ù-c. Les Imitateurs
écoient ceux qui alloienc inviter les conviés aux repas
que l'on donnoit. f'^oye-^i Pline , Liv. XXXV, c. 10,
où il parle àcs Invitatcurs de Ptolomce , qui! ap
pelle Vocdtores ; Se Laurent Pignorius, Comment,
de fcrv'ts , p. i 44 , <& fuïv.
ffO- INVITA nON. f. f. Aaion d'inviter , de prier ,
d'alîifter , de le, trouver à un repas, une ictc , une
cérémonie.' //zvirario/z à nn repas. Ad cœnam Invi-
tatio. Invitation à une noce. L'Invitation 'des Cours
Ibuverainespouralîîiler à un Te Dcum , fe fait par
les Ofiiciers des cérémonies.
Invitation, fe dit aullî au riguré, &c iignifîe , Sol-
licitation -, aclrion d'exciter. Invltatus. Il n'y a point
de plus forte invitation à l'amitié , que de prévenir
en aimant. Le Mai. Elle eut d'autant moins de
peine à fe rendre à V invitation qu'on lui failoitj
que M. le Duc de Savoye venoit de mourir poli-
tivemcnt dans ce temps-là. Des Mais aux. Et fe
rendant à une fi douce invitation , il alla enfeigner
les Mumanités &z enfuitc la Rhétorique dans le
Collège d'inarcourt. Huet.
INVITATOIRE. f m. Terme de Liturgie. C'eft un
verfet que l'on chante , ou que l'on récite à Ma-
tines avant le Pleaume Venue exultemus , & à la
fin dece Pfeaume , on le mêle aullî aux verfets de
ce Pfeaume , pour inviter le peuple à louer Dieu.
Tout cela s'appelle Vlnvltatolre. Inv'uatorlum. Ce
verfet fe change tuivant la qualité des jours & des
fêtes ; & ainfi on dit qu'il but prendre Vinvltatoirc
du commun ou du propre des Saints j en parlant de
ce verièc diftérent qu'on y ajoiite. Il n'y a point
à'invizatoire au commencement des Matines le jour
de l'Epiphanie , ni les trois derniers jours de la fe-
m.airiÉ Sainte. Voye^ les railoas de cet ulage dans
■Microl. & Amalar. c. ij.
Ce mot vient du Latin invitatorlum , qui fe trouve
dans les rubriques , ôc dans les Auteurs qui ont
écrit fur les Liturgies; &c qui vient du verbe invi-
tare , iiiviter : ce nom à'invitatoire a été donné à
cette partie de l'office divin , parce que le Pfeaume
Venue , exultanus , commence par une invitation
à chanter les louanges de Dieu.
îNVriATORIEN. f. m. Les Macri difent que c'eil:
un nom de l'Ordre de Citeaux , où l'on appelle
ainfi celui qui a la charge de commencer 1 olhce
divin , de commencer le chant , d'entonner le pre
mier. Invltatorlanus. Ils parlent aulîi d'un Soujln-
vitatorlen , qui faifoit PoiBce de l'invitatorien en
Ion abience.
INVITER, v. a. Prier , convier quelqu'un à quelque
fête , à quelque cérémonie. Invitare. Tous les Am-
baflàdeurs des Princes étrangers furent invités de fe
trouver à ce Te Deum , à ce felliin Royal j à cet en-
trée. CKF Inviter à fouper. Ad cxnam invitare. Il
m'invita à venir loger chez lui. Hofpltlo me invita^
vit , ou ad hofpitium.
Inviter , le dit ngurément en chofes morales ^ & figni-
fie , Exciter , ioUiciter , exhorter. L'efpoir de l'éccr-
■ nité qui nous eft promife , nous doit inviter , exci
ter à bien vivre. Cette eau claire invite les pal!ai:s
à s'en déi.-iltérer. La gloire invite les gens généreux à
s'expofer pour leur Prince. Le beau temps invite à
la prbmenaJc. Il plût à Dieu de ï'invmr à une
place plus coniidérablc dans ce banquet délicieux ,
& de l'élever comme par degrés à la plus haute
contemplation des perfections divines. P. 'Verjus.
Invité, Ér. part. & adj. Invltatus.
JNVQCJDIT. Terme de Bréviaire. C'eiT: le nom
que l'on donne au premier Dimanche de Carême,
parce qu'il eft marqué dans les Almanachs par ce
mot Latin , qui eft le premier mot de rintro'ù de la
Melfe de ce jour-là. Autretois le Carême ne com
mençoir que le Dimanche învocablt , & l'Églife
de Milan a revenu cet ufagc.
INVOCATION, f f. AAion par laquelle on appelle
Dieu à fon fecours. Prièie par laquelle on s'.a-
drelîe à Dieu pour lui demander fon fecours. Invoca-
I N V
tlo. Toutes les grandes cérémonies Chrétiennes com-
mencent par l'invocation du Saint-Efprit ; par le
Veni Creator.
Invocation , fe dit aulîî des Saints dont on demande
l'intcrcelTion auprès de Dieu. Toutes les Eglifes font
dédiées à Dieu tous \' Invocation d'un Saint particu-
lier. L'Invocation des Saints a été ^ & eft encore
pour les prétendus Réformés , un des grands fujets
de rupture avec l'Églife.
Invocation , fe dit aulii des faux dieux &c des démons.
Les Idolâtres ont fait des invocations à des dieux de
bois & de pierre, qui ne les pouvoicnt fecourir.
Un Poëte ne fait guère de grands ouvrages , laiis
une particulière Invocation des Mules. L'Invocation
eft propre au Pocme épique , elle eft d'ordinaire
adreliee à la divinité qui préfide à la Poëhe en géné-
ral. Ainii l'Invocation poétique eft une prière adrcf-
fee au Génie allégorique de la Poclie fous le nom
d'une Mufe ou de quelqu'autre divinité dont le
Poëte demande à être infpiré. Le P. le B. ffS" Cette
invocation eft nécefiaire , parce que le Poëte dit des
choies qu'il ne Laurcit pas , li elles ne lui .avoient
été infpirées.
INVOLONTAIRE, adj. m. & f. Qui fe fait contre
la volonté de celui qui agit. Non voluntarius. Tout
contrat ou teftament qui eft involontaire , ou forcé,
eft de nulle valeur. 1^ L'ignorance invincible rend
les aélions Involontaires. Pasc,
Involontaire , fe dit aulîi des mouvemens naturels
qui fe font indépendamment de notre volonté. La
digeftion cil: une aclion Involontaire qui ie frit dans
l'eftomac.
CCf' Involontaire j fe dit aullî lubft. Eurlamaqui
diftingue , comme on fait dans les Écoles ^ le vo-
lontaire & le libre , l'Involontaire & le nécelfaire.
L'involontaire Se le néceftaire excufent de tout
péché. Voy. les autres mots.
INVOLONTAIREMENT, adv. Contre la volonté, ou
ians la participation de la volonté. Non voluntariè..
Ce qui fe fait involontairement n'eft ni louable , ni
blâmable.
C^INVOLUTION. f_f. Terme de Palais qui défigne
un alfcmblage de diilîcultés , d'embarras. Intrlcatio.
Involution de procès , de procédures. Les laits qui
ont été les plus éclaircis , le trouvent dans une a
grande involution de circonftances , qu'on s'y perl
doit dans les momens mêmes qui en étoienr leS'
plus proches. Card de Retz. if3' Ce mot n'eft paé
d un ufage fréquent , même dans le jargon du Pa-
lais.
%fT liMVOQUER. V. a. Réclamer l'aide d une Puif-
fance lupèricure. L'appellcr à fon fecours. Invocarc.
Invoquer Dieu à fon aide. Invoquer le S. Efprii
L'Églife invoque la Vierge Se les Saints pour avoS
leur interceîlion. Les Orateurs invoquent ItVnnce^
les Juges J les auditeurs devant Icfqucls ils ha-"
rangueiit.'Les Prêtres des faux dieux les iavoquoiea^
fur tout quarid il failoit rendre des oracles. Les
Poëtes invoquent fouvent les Mules inutilement, il
eft de l'elîénce du Poëme Épique à' invoquer les
divinirés qui prélident à la Poél-.e ; ou aux aéticns
des hommes. Le P. le B. Lucrèce a invoqué Vénu^
qui préi'ide aux produclions de la nature , & en mê-
me temps il établit que les dieux ne fe mêlent de
rien.
tfl' Invoquer le nom du Seigneur, 'Lnis rÉcriture-
Sainte , c'eft l'adorer , & faire un a^ce de religion.
Ce fut Énoc , fils de Seth qui commença à invoquer
le nom du Seigneur. Gen. c. 4.
lNvoq.UER , fe dit aujourd'hui au Palais pour cirer un
Auteur , ou une pièce. S'autorifer, s'appuyer fur
cela, en tirer une preuve en la faveur. Advocare,
adhikere. C'eft ce qu'il faut examiner d'après &
fur les autorités mêmes que nous cirent nos advcr-
faires. . . .. Confukons donc & le Concile de Trente
Se ■ l'Ordonnance de Blois précifement dans les
mêmes ai'ticles que le Chapitre de N. D. invoque.
MANOR.n:Y. C'eft donc fur ces autorités que l'union
que lions a:tca'quons eft fondée , ce font les feules
1 N U
que réclame le V. ï>. dms fes requêtes , les feules
qu'invoque 1 Lj^lilc de Pans i votre audknce. lu.
C'eft ce qui refuke des titres mêmes qu'mvoque/u
les parties ad/erles. Gueau.
INVOQ.UÉ , ÉE. parc.
INUSI rÉ , EE. adj. Qui n'eft point en ufigc. Inufl-
zatus. Il y a plulieurs coutumes en Orient qui
■• font ïnufuécs parmi nous. On l'a battu , on lui a fait
un traitement barbare & ïnujité. Les Orateurs ne
ledoiveiU point fervir de vieux mots , de mots étran-
gers &C inujués fans grande précaution.
Inusité , ee. Extraordinaire , qui n'a pas coutume
d'arriver j qu'on n'a pas coutume de lentir, d'éprou-
ver. Infoiitus , injuctus , a j um.
Mais maintenant que je fuis en l'automne , ( de ma vie )
Ne fais quel foin iuulité m'étonne. Marot.
INUTILE, adj. m. & f. Qui ne Icrt à rien ; dont per-
lonne ne protite. InucUis , vanus. Il ne hut point
s'appliquer à des fciences vaines Se inutiles. Rien ,
d'ordinaire , n'eft plus inutile que les ellorts que fait
notre raifon pour furmontér nos paillons. Bell.
Quoi que nous fallions pour Dieu , nous ferons
toujours des (erviteurs inutiles. Le moindre mépris
peut iaire d'un ami très inutile , un ennemi très-dan-
gereux. S. ÉvR. Ne chargez point votre dilcours
de paroles inutiles. Id. Ce n'ell point vivre que de
vivre inutile. Des h. Il fi'y a rien de plus honteux
que d'être inutile au monde , & à foi même ; &c que
d''avoir de l'efprit pour n'en rien faire. P a s c.
11 faut une grande étendue d'efprit pour demeurer
inutile ; prefque perfonne n'a allez de mérite pour
jouer ce rôle avec dignité. La Br. Si l'on ne lait
fe palfer des chofes inutiLs & fuperHucs , elles de-
viennent néceiraires à force de s'y accoutumer.
p'ûus ne forme^ jamais d'inutiles dejîrs. Des-H.
On traite volontiers d'inutile ce qu'on ne fait
point : c'eft une efpèce de vengeance ; &c comme
les Mathématiques & la Phyfique font allez généra-
lement inconues , elles pallent alfez généralement
pour inutiles. Fonten- Hiji. de l'Acad. des Scienc.
Préface.
INUTILEMENT, adv. d'une manière inutile. Bien
des gens le tourmentent , travaillent inutilement.
Inutiliter. Vous me priez 'inutilement ; ce que vous
me demandez ne dépend pas de moi. Il eft peu de
douleur plus leniible que celle d'avoir commis un
grand crime 'inutilement. S» Real.
^3" Inutilement , Vainement, en vain. On a travaillé
'inutilement lorfque l'ouvrage qu'on a fait ne lert à
rien. On a travaillé vainement lorfqu'on n'ell pas
récompenfé de Ion travail , ou qu'il n'ell pas
agréé. On a travaillé en vain , loriqu'on n'clt pas venu
à bout de ce qu'on vouloit faire. Sync. Fr.
INUTILITÉ. (. £. Manque d'utilité. L'inutilité de
cette fcience m'a dégoûté de l'apprendre. Inutditas.
L'inutilité fait regarder un homme comme un fai-
néant méprifable. S. ÉvR. Il ne futht pas que l'hom-
me s'humilie par l'inutilité de fa fcience , il faut
qu'il confelle que ce qu'il en peut acquérir n'elf
prefque . rien. Nie. On ne doit point reprochera
Platon , ni à Socrate l'inutilité de leurs dialogues.
Maucroix. Une grande ville eft le théâtre de l'in-
utilité Se de la vanité tout enfemble. Ab. de
LA Tr.
■NUTiLiTÉ , fîgnifie aufH quelquefois à -peu -près la
même chofe qu'oifiveté , défaut d'emploi. Les Ef
pagnols s'abandonnent à l'amour dans l'inutilité de
Madrid , où rien ne donne du mouvement que
cette feule palfion. S. ÉvR. L'inutilité de la vie
des femmes eft la fource de la coquetterie ; elles ne
favent que faire de leur temps. Bell. Au lieu de
goûter la liberté dans la retraite , il eft à craindre
que l'i/zz^ri/ife du repos ne jette dans l'ennui. S. Évr.
KUTiLiTÉ , fîgnifie aulïï , Chofe inutile , chofe fu-
perflue. Et en ce fens, il n'a guère d'ufage qu'au
JOA 231
pluriel. Un difcours rempli d'inutilités. Ac. 1k.
INVULNÉKABILIlii. (. f. Lt.u de celui qui efl
invulnérable. Ce mot fe trouve en Italique dans
le Mercure d'Octobie 1732. On nous apprend,
dit on, que le cheveu qui etablilloit l'invulnérabiuté
de Nifus , étoit couleur de pourpre.
INVULNhllABj.E. adj. m. & f. Qui ne peut être
blellé. Vulnerinon obnox'ius. On le dit au propre t<
au figuré. Les Poètes ont feint qu'Achille etoit in-
vulnérable , excepté par le talon. Aujourd'hui que
les héros ne font plus invulnérables , il n'eft plus
permis de méprifer le danger , & la fortune qui vous
en a tiré eft un mauvais garant pour l'avenir. Voit.
On n'aime point à palier pour une perlonne que
l'on puillè aifémenc attaquer , &c qui ne lâche pas
fe défendre ; on s'applaudit au contraire de s être
rendu comme 'invulnérable , &c d'avoir accoutume
les gens à nous craindre &c à nous ménager. Bour-
DAL. Exh.I , p. ^ijj ^^Invulnérable aux traits
de la mcdifance. Une grande ame ell invulnérable.
La Bruy.
Il n'y a que les perfonnes que l'on puilfe dire
invulnérables , & point les corps inanimés. Ce f"c-
roit même parler improprement , que de dire d une
perfonne qu'elle eft invulnérable à toutes fortes de
maux. Invulnérable , ne regarde, que les blcflures,
& point les maladies Lett. de Buffy.
I N Z.
INZAPATE, Foyei Ensabate.
I 0.
10. f. f. Nom d'une femme, célèbre dans les fables.
10 , us. Elle étoit hlle du fleuve Inichus : c'eft
celui qu'on nomme aujourd'hui Planizza dans la
Alorée. Jupiter fut amoureux à la , Se elle en eue
Epaphus. Pour cacher Ces amours à Junon , & évi-
ter Ion reilc-ntimentj Jupiter la changea en géniffe.
ju.ion s'en étant doutée demanda cette géniffe à
Jupiter, qui la lui accorda , pour ne point augmen-
ter les foupij-ons. Elle la donna à la garde d'Al'gus.
Ce fuivcill tr.t L,ui avoit des yeux dans tout le corps,
dont une partie veiUoit pendant que l'autre étoit fer-
mée par le fommeil , c'etf à dire , qui avoit un foin
extrême de ion dépôt , &c le confervoit jour & nuit
avec une vigilance que rien ne pouvoir tromper ,
embarralioit Jupiter. Il le lit tuer par Mercure.
Junon indignée de ce meurtre , envoie à la vache
/0 une mouche , qui la piquant continuellement de
fon aiguillon , la fit errer jufqu'en Egypte ; là ,
elle implora le fecours de Jupiter qui lui rendit fa
première forme : elle époufà le Roi Oiiris , & fut
11 eftimée des Épyptiens , qu'après fa mort ils la
mirent au nombre de leurs divinités fous le nom
d'Ilis. Voyei Ovide, I.. I des Métamorp. v. s^4 , à
fu'iv. Le Chevalier Marsham , dans fon Canon JEgy-
pt'iacus , Sec. I , où il montre que l'Io des Grecs eft
formée fur l'ills des Égyptiens , ôc l'Afbrte des Phé-
niciens.
Comme Jupiter, pour fuifaire la brutale pafTion
■ qu'il avoit pour lo , la changea en vache , & la
couvroit de nuages épais : en terme de Philofophie
hermétique , cette nuée épaiife fignilie la petite peau
qui paroit au commencement de la congélation de
lélixir.
Il y a deux lo , l'une fille d'Inachus , & l'autre
fille de Jafus. Lifez Vollius, de Idol. L. I , c. 14.
JO , ou JOU. f m. Terme de Calendrier. Les Catha-
ïens appellent ainli le quatrième Tchagh de leur
cycle duodenaire. Ce mot fignilie une poule.
JOA.
JOAC , Bourg de France. Jocund'iacum. Il eft dans
le Limoulin. C'étoit au commencement de la fé-
conde race un palais de nos Rois j auquel la beauté
232 J O A
du lieu avoir donné fou nom ; de Jucundus , agiv'a-
bie , de même qu'à Jouay.
JOACHIM. 1". m. Nom d homme. Joachim. Joaclu-^
mus. Il l-aut prononcer la première iyllabe , d'un
fon nalal & obais , comme la première du moc in-
juftc , &c le ck comme dans chien , chr>/al , ù'c. & non
pas comme un k , quoiqu'on le traile dans les au
très noms Hébreux , comme Jéckomas , Achu-.s ,
Ochofias , AcKimélech , &cc. que nous prononçons
, iékonias , Jkias , Okofias , Akïmclech, Nicéphore
Cailixtc , hïfl. Ecd. L. I , c. 7 , & S. Jean Damat-
ccne , Orthod. fid. c. i j , ditént que le père de la
iainte Vierge s'appeloit Joachim. Il y a trois Electeurs
de Brandebourg qui ont porté le nom àz Joachim.
Joachim Duc de Poméranie.'ll y a aulli des Joa-
cAim^dansla maifon d'Annale, /oacAim de Calabre,
Abbé de l'Ordre de Citeaux, a lieuri au commen-
cement du Xlli''. liccle. Foyei Joachimite. Joa-
chim Au Bellay vécut fous Henri III, & lé fit de la
réputation par fon génie pour la Pol'iie.
Quelques uns écrivent aulfi par un ch le nom de
Joakim , Roi de Juda , que Pharaon Nécao mit à
la place de Jofias fon père. C'ell une ignorance de
la langue originale Ik de l'étymologie de ce nom j
qu'il faut écrire & prononcer par un k.
JOACHIMITE. f. m. & f. Prononcez chi :, comme ki ,
ou qui , & non pas comme Joachim. Nom de leCte.
Difciple de l'Abbé Joachim. Joachimita. L'Abbé
Joachim , Calabrois , Abbé de Flore , Ordre de
Cîteaux, mort en 1202 , palFa pour un Prophète
pendant ta vie , & lailïa beaucoup de livres après la
mort , des Commentaires fur UaVe , fur Jérémie ,
fur l'Apocalypfe j une concorde de l'ancien & du
nouveau Teilament , un livre de la Trinité contre
le Maître des Sentences j & beaucoup de prétendues
Prophéties. Tout cela étoit plein d'erreurs s & l'Au-
teur fut condamné en i 2 1 5 au Concile de Latran.
Cependant bien des gens ne iaiflérent pas de donti-
nuer fes erreurs , & peut être même y en ajoutèrent
de nouvelles. Du nom de cet Abbé on les appelle
Joachimites. Ils fe répandirent en France j & le
Concile d'Arles les condamna en 1260, ou 1261.
Ce Concile dit que mettant pour fondement de leurs
extravagances certains Ternaires , ils établillbient
dans leur Concordance une doékrine pernicieufe ;
que fous prétexte d'honorer le S. Efpnt , ils dimi-
nuoient l'eifet de la rédemption , & Je bornoient
à un certain efpace'de temps. Ils difoient que le
Père avoir opéré depuis le commencement du
monde jufqu'à l'avènement du Fils , que c'elt ce
qu'il dit en S. Jean , v. / 7 , que l'opér.ation du Fils
avoit duré jufqu'à leur temps pendant 1 260 ans , qu'a
près cela le S. Efpnt devoit opérer .aulîî à fon tour ;
& que c'ell ce que figniiîoient les 1260 jours mar-
qués dans l'Apocalypfe, de les mille ans après lelquels
Satan fera déchaîné , Apocal. XI j , XII â ,
XX J? , 7 , comme C\ d.ans le cours du llècle prélent
le Saint Efprit devoit être envoyé plus glorieiilc-
mcnt que quand il fe répandit fur les Apôtres.
Les Joachimites divifoient tout ce qui regardait
les hommes , les temps , la dodrine , la manière de
vivre en trois ordres , ou états , lelon les trois per-
fonnes de la Sainte Trinité; ain/î chacune de ces trois
perfonnes comprenoit trois états qui dévoient le
fucccder , ou s'étoient déjà fuccédé les uns aux au-
tres ; ce qui faifoit qu'ils nommoicnt ces divihons
Ternaires. Le premier Ternaire étoit celui des hom-
mes ; il comprenoit trois états , ou ordres d'hommes.
Le premier état étoit celui des gens mariés , qui avoit
duré , difoient-ils , du temps du Père éternel , c'ell:-
à-dire fous l'ancien Teilament. Le fécond , celui des
Clercs , qui a régné par le Fils du temps de la grâce.
Le troiiième , celui des Moines qui devoit régner
du temps de la plus grande grâce par le S. Elprit.
Le fécond Ternaire étoit celui de la doctrine , qu'ils
diviloient auOl en trois ; l'ancien teilament qu'il;
attribuoient au Père : le nouveau , qu'ils attribuoient
au Fils ; & l'Évangile éternel , qu'ils attribuoient au
S. Elorit. Dans le Ternaire des temos ils donnoient
J O A
au Père tout celui qui s'étoit écoulé depuis le com-
mencement du monde julqu'à Jélus Chrill , temps
auquel, difoient ils ,régnoit l'efpric de la loi Mofaïque.
Ils donnoient au Fils les i 260 ans depuis J. C. juf-
qu'à eux , pendant lefqucls avoit régné l'efprit de
grâce. Enfin , le troifième qui devoit f uivre , & qu'ils
nommoient le temps de la plus grande grâce, &: de
la vérité découverte , étoit pour le S. Elprit. Un
autre Ternaire conliftoit dans la manière de vivre.
Dans le premier temps , ious le Père , les hommes
ont vécu félon la chair & l'efprit -, dans le troifiè-
me , qui devoit dtuer julqu'a la fin du monde , ils
vivront lelon l'elprit. Les Joachimites prétcndoient
que dans le troilième temps les Sacremens & toutes
les figures , tous les lignes dévoient celler, Se qiiif
la vérité paroîtroit à découvert. Tout ceci eft-tire
du Concile d'Arles , qui ajoute qu!on appeloit cette
dodrine l'Evangile du S. Efprit, & que le S. fiége
l'avoit déjà condamné , & que la fource de cette
erreur étoit la Concorde , & les autres Livres de
l'Abbé Joachim. Dans le Propyl.'-um MaH.,p. 216,
les Bollandilles ont fait une dillertation fur le temps
& les Auteurs des Prophéties attribuées à l'abbé Joa-
chim & à S. Malachie. L'Auteur eft un Schifraati-
que , partifan de l'Antipape Clément VII ious Ur-
bain VI. Ils conjeclurent que ce pourroit être An-
lelme , Évcouc de Marlico.
JOACHIMS-STALL, (c'eil-àdire la vallée de S. Joa-
chim). Ville & vallée. de Bohème dans le cercle
d'Elnbogen : on y "découvrit de riches mines d'ar-
gent , au commencement du feiziéme fiècle.
JOAILLERIE, f. f. Quelques uns écrivent jouaillerie,
Marchandife de bijoux & de pierreries ; comme
aullI 1 art de les railler, & de les mettre en œuvre,
Gemmati operis ars , vel officina. ft? Le mot de
joaillerie elt un terme collectif qui com "end toutes
les pierreries , taillées ou brutes , montées ou nonj
& toutes lortes de bijoux précieux.
JOAILLIER , 1ÈRE. f. m. &c h Quelques uns écrivent
Jouadlier. Qui iait le commerce de joaillerie. Gem-
mati operis artifex , aut venditor , & dans la baflè
Latinité jocolarius. Les Orfèvres font Marchands
Joailliers. C'ell Louis de Berqucn qui a appris a^
Joailliers l'art de tailler les pierreries avec la poujEe
de diamant en 1476, & auparavant on les portoit
bruts, à ce qu'a écrit Robert de Berquen Joaillier,
fon petit fils. Les Joailliers ne peuvent tenir bouti-
que qu'ils ne foient examinés lut la touche , pour fa-i)
voir toucher ce qu'ils vendront ou recevront; &: ceU
examen fe doit faire en la Cour des monnoies.
SAN-JOAN DE PESQUARA. Bourg de la Provincej
de Tralofmontes , en Portugal. Fanum S. Joannis di\
Pijcaria. Il ell à cinq lieues de Lamégo du côté du le-
vant , fur le Douro, qui commence en cet endroitài
porter bateau. Maty.
JOANNÉEou JOUANNÉE. f. f. On appelle ainfi en
Touraine les feux de la S. Jean. De Joannata,
formé de Joamics j Se qui a été dit premièrement
des feu:çde la S. Jean, & enfuite de tous les autres
feux de joie. Ménage , Dicl. Etym.
JOANxNICE. f m. Nom dhomme. Joannicus. C'eft
la même chofe que Jean. Jean , ou Joannice , qui fe
qualifioit Empereur des Bulgares, & le dennoit les
mêmes titres que l'Empereur des Grecs , & avec le
même faftej pour affermir fi nouvelle domination,
defira recevoir la couronne de la part du Pape Inno-
cent III en 1199, & réunit à l'Églile Romiine fon
peuple qui en étoit féparé depuis long-teins, comme
les Grecs. Le Pape félicita Joannice fur l'heureux fuc-
cès de fes armes & Ion inclination pour l'Eglife Ro
maine, & lui envoya des No;ices &: des Légats.
Ce nom eil formé de Joannes j avec une terminai-l
fon Bulgare.
JOANNINA. Foyex JANNA.
JOANNINE. f f. Qui fe dit dans l'Eglife de Reimsj
d'une Sentence arbitrale r^endue par le Cardinal Jean
de Béarnais en i5~2, entre l'Archevêque de Reims
& fon Chapitre, au fujet des droits Se privilèges de
l'Eglife de Reims. Joannina, Joanr.ina femcntïa.
JOANNINE
J o c
JOANNINE. / oy^î JEANNINE.
JOANNITE. (. ni. D.uis le cinquicmc riùcle on appela
Joannacs , ceux qui Ibuniufiu les iiucrcts de S. Jean
Chryloltôme , cV qui lurent toujours unis de com-
munion avec lui , quoiqu'il eut été envoyé en exil
par lesartiliccs de 1 Inipéiatricc Eudoxic , & même
dépofé daui un Conciliabule par Théophile d'Alcxan-
dricj ik depuis encore par un autre Conciliabule de
Conihntiiioplc. Ih turent appelés Joannacs pur leurs
ennemis. Doi'iN.
JOANNOPOLI. royei PERETSLAW.
JOB.
JOB. f. m. C'efl: le nom d'un Saint du vieux Teftament ,
propolc ordinairement pour un exemple de tcrmcté
& de patience. Jobus. Ce nom a produit ces phrales
en notre langue : Il eil: pauvre comme Joh; il taudroit
avoir une patience de Joh pour louftrir ce valet. Le
peuple appelle une ptrlonne opiniâtre & querel-
leuié , la kinme à Job. Voyez fur Joh VotF. de Idolol.
L. Il, c. j.
Doué en biens , tel fut Créfus tenu j
Qui tout-à-coup un Job ejl devenu. Marot.
Ce mot lé dit aulTi du Livre de l'Écriture Sainte
qui contient l'hiftoire de Jol ; car on l'appelle le Li-
vre de job , ou limplement Job. Le Livre de Job ell
un Livre Protocanonique, qui a toujours été reconnu
pour divin par les Juifs Si les Chrétiens. Nous liions
dans Job , XIX y2s, 26 , 2j ^ un témoignage mani-
fefte de la foi de la rélurredion des corps i c'eft à
dire , dans le Livre de Job. S. Grégoire a fait des Ex-
polltions morales iur Job. D'excellens Commentaires
lur Job , font ceux de Codurc, de Cordier, de Bol-
duc , de Pinéd.1 , de SanCtius.
Job. Fontaine de l'Iduméc. Ilidore, cité par Orte-
lius ,dit qu'elle change de couleur quatre fois lan,
& qu'elle eil fucceilivement bourbeulc, de couleur
de lang, verte & limpide.
JOBELIN. f. m. Terme populaire. Sot , manière de
cocu. C'eft un Jobelin.
JoBELiNS. C'eft ainh qu'on appcloit par oppofition à
Uranins , les beaux elprits qui eftimoient plus le Son-
net de Job , fait par Benferade, que le Sonnet d'Ura-
nie fait par Voiture. Ce qui donna lieu à cette pointe :
Les femmes font Uranines ,
Et les mans Jobehns.
JOBER. V. n. Le petit peuple fe fert de ce mot, pour
dire, mocquer, railler , il itjohe de nous.
JOBET. f. m. Nom d'homme, diminutif de Job. Jobus,
Jobetus.
JOBITE. 1. m. (Se f. Nom d'une Dynaftie , qui a régné
en Egypte. Jobit,«. L'an ^67 de l'iigire, le Kalife
Adheb étant mort , SalaJin fe rendit maître du cliâ-
teau du Caire , & établit en Egypte une nouvelle
principauté des Aioubites ou Jobitcs : car c'eft ainfi
que la poftérité de Saladin a été nommée à caufe
d'Aiub ou de Job l'on aïtul. D'Hep belot. Au refte ,
il eft mieux de dire Job'ite <\\x'Aiouf'ite ; car quoique
les Arabes difent Aiub ^ Job , de l'Hébreu ^ S , Alob ;
nous difons Job a\ec les Grecs & Latins j d'où par
conféquent il faut former Jobite.
J O C.
JOCASTE. f. £ Fille de Créon, Roi de Thèbes , &
femme de Liïus , fut mère d'CEdipe qu'elle époufa
fans le connoître.
JOCELIN, ou JOSSELIN. Bourg ou petite ville de
Bretagne en France. Jocelinum , Jojjennum. Il eft fur
la nviere d'Ouft , à fept ou huit lieues de Vannes, du
cote du nord. long. 14. d. 56', lat. 48. d. 2'.
JOCONDITE. f f. Vieux mot. Joie, allégrelfe, du
. Latin ]!tcunditas.
JOCi\ISS£. (. m. Terme injurieux &: populaire , qui fe
J. orne F.
J O G 233
dit en cette phrafe proverbiale, c'eft un jocnjjc, en
fe nioqu.ant d'un homme qui samufcaux menus foins
du ménage , qui eft foible & qui fe laille gouverner.
J O D.
JOD. f. m. Terme de Grammaire Hébraïque. Jod. C'eft
la dixième lettre de l'Alphabet Mébraïquc. Il a cette
forme, 1 . Un jod 1 iébiaïque, un jod Samaritain. Le
;0(/ prend la place du n , he , fur-tout dans les verbes
quon appelle Qutcfcentia lamedhe , c'eft-à-dirc , qui
ont un 1,, Ae, pour dernière radicale. P. Souciet,
Dijjen.p. 20s. 1 rois /Wpofés en triangle, ou bien
deuxyoa' avec un kamets délions, expriment en Chal-
deen le nom propre de Dieu. Quelques-uns ont pré-
tendu que cela marquoit la Trinité des perfonnes en
Dieu, dont les anciens Rabins avoient eu counoif-
lance. Communément on prononce jod comme fi Vj
étoit conionne , 8c de même que dans Job; mais ce
n'eft pas la véritable prononciation. Car quoique le
jod Cou en effet confonne, il n'a pourtant pas le fou
de notre y confonne , qui de vrai n'eft point un l _,
mais un g ; le jod ou/ confonne Hébraïque, fe pro-
nonce à la manière de ['iota Grec , ou comme les
Allemands prononcent l'i.
Jod. Terme de commerce. C'eft en Angleterre le
quart du quintal.
Jod eft aullî une mefure des diftances Se longueurs dont
ont fe lert dans le Royaume de Siam. Vingt c'mqjods
font le roé-neug ou lieue Siamoifc d'environ deux
mille toiles Françoifes.
JODAME. f. f. Mère de Deucalion ; elle fut aimée de
Jupiter, qui la rendit mère de ce Prince.
JODELET. f m. Qui fait rire par les fottifes. C'eft le
jodelet de la compagnie. Terme populaire.
JODO. Ville du Japon , dans l'ile de Niphon, fur la
route d'OIacca à Méaco.
JODOCE. Foyei Josse.
JODOCAWA. Rivière du Japon , dans l'île de Ni-
phon -, elle a fon embouchure dans le golfe d'Ofacca.
JODOIGNE ou JUDOIGNE. Lieu qu on nomme ea
Flamand Geldernaken , en Latin Geldonia. C'eft une
ville du r.aoant , près de Huigarden & d'Orp le
Grand, Monaftère bâti par Alpaïde, mère de Charles
Martel. DbYai.qis , J^'otit. Gall.p. 22^.
JOE.
JOEE. f. f. Vieux mot. Soufflet. Ce mot a été fait de
Joéj qui a été dit pour Joué.
JOËL. f. m. Nom d'homme. Joël, is , au génitif. Joël
eft dans la Vulgate & dans le texte Hébreu , le fécond
des douze petits Prophètes j & le quatrième feule-
ment dans la verlion Grecque. Comme c'eft une
conrtante tradition parmi les Juifs , que les Prophètes ,
dont le tems n'eft pas marqué dans leur prophétie ,
font contemporains de celui qui les précède dans l'or-
dre des Livres ficrés , ou du Canon des Juifs , il y a
des Interprètes qui croient que Jo'él étoit contempo-
rain d'Ozée. D'autres , néanmoins , ont cru que Joël
n'a écrit que lous ÉzéchiaSj environ 700 ans avant
JÉSUS Christ. Leur raifon eft qu'il ne parle point
des Tribus que Salmanafar avoir déjà tranfportées.
/oë/ prophétife la captivité de Babylone, la defcentc
du S. Efprit & le jugement dernier.
Ce nom fe dit aulîi du Livre de la prophétie de ce
Prophète. Charles Etienne imprima /oé/ en 1/57,
avec le Commentaire Hébreu de R. D. Kimhhi, in-
quart. Livelejus a fait des Annotations fur Joël.
JOESDI ou JOHESDI. Vieux mot. Jeudi.
JOESVOE , on prononce Joufwou. Ville de la Chine ,
& la huitième du département de Péking.
J O G.
JOGGERY. f. m. Terme de Relation. Sucre groftîer ou
mélalfe épaill'e. Saccara/Tz impi^ra/ra. Bremond. 1732,
F- ' 3-
JOGHI ou JOGUE. f. m. Pénitent j Gentil , dans les
234 J ^ i
Indes. Pœnuens Indus , Afuta Indus , Joghius. A
up.e lieue d.e Tichéopaly , s'cleve une colline lut la-
quelle les Gentils ont conihuit un temple dont ils ont
confié la garde à un célèbre Joghi. Les dehors de la
vie auftère lui ont allocié un grand nombre d'autres
Joghis qui vivent Cous fa conduite Ce font de
Vrais briyans qui portent la défolation dans tous les
villages , Se qui senricliillent des extoriîons ik. du
pillage qu'ils font fur le peuple. Lett. cur. et édu.
Rec. IX, p. 2S1. On dit que les Joguts ne fe ma-
rient point , qu'ils ne polfédent rien en propre ,
«ï|u'ils vivent d'aumônes & qu'ils pratiquent de gran-
des auftérités. Ils voyagent Se parcourent toutes les
Indes en pèlerins iSc en prêchant. Ils ont un chef qui
les envoie. Quand ils ont gardé la continence pen-
dant un certain tems, ils fe regardent comme impec-
cables , fe croient tout permis &: le plongent dans les
plus honteufes débauches. Les Jogucs font Payens &
fournis à un Général qu'ils changent tous les ans dans
leurs alfcmblées. Us courent prefque toujours de
pays en pays fins porter le plus fouvent aucun habit,
ils ne vivent que d'aumônes & font profellion de
palfcr , fort fouvent, pluficurs jours de fuite fans
manger, & fms boire. On croit qu'ils font de la fecle
des anciens Gymnofophiftes. Les Joghis font une efpc-
cede pénitens qui s'occupent principalement aux Indes
à faire des pèlerinages dans les lieux les plus confacrés
par la dévotion du peuple. P. Catrou, Jefuite.
J O H.
JOHANSBERG ou JOHANSBOURG. Ville de Po-
icgne , dans la Sud.avie , canton de la Prulfe Du-
cale , fur la rivière de Pyfch , allez près du lac de
Spirding.
JOHNSTOWN ( SAINT) bourg de l'Ultonie, en Ir-
lande. Fanum S. Joannis. Il eft dans le Comté de
Donnégal , fur la rivière de Foyle , un peu au-delllis
de Londonderry.
JOHNSTOWN ou BALLANALIE. ( SAINT ) Nom
d'un autre bourg de la Lagénie, en Irlande. Fanum
S. Joannis. Il eft dans le Comté de Longfort , fur
la rivière de Camlin , un peu au delïus de la ville
de Longfort.
JOHNSTOWN. ( SAINT. ) Foye^ Perth.
JOHNSTPOINT. ( SAINT ) c'eil à-dire , le Cap de S.
Jean. Caput ou Promontarlum S. Joannis , ancien-
nement Ifamnium Promonconum.Cup. de l'Ultonie ,
en Irlande. Il ell dans le Comté de Downe , fort
près de la ville de ce nom. Maty.
J O I.
JOIANT, ANTE. adj. m. Vieux mot. Joyeux. Litus ,
gaudcns. Et il en fu niult liez es: joiant. Villehard.
n. 2S-}.. D'autres hfent joyant.
Charles en fut lie & joyans ,
Ec II Archevêque oians. Philippes Mouskes.
JOIE. f. f. Émotion de l'ame, mouvement vif &
agréable que l'ame relient dans la pollellion d'un
bien réel ou imaginaire. Gaudium. La. joie eft peinte
fur fon vifage. Le larmes de joie viennent d'un ex-
cès de tendrelfe. On p.imc de joie, ainfi que de tril-
telle. Corn, f^oye^ pâmer. Les gens férieux , &:
qui ne defcendent jamais de leur gravicé , font fort
incommodes à ceux qui veulent fe livrer à la joie.
Bell. Rien ne fait mieux fcntir la joie que le plailir
de la dire. S. ÉvR. Je penfai expirer de toutes les
■ diftérentes 'joies qui s'allèmblèrent alors tout à la
fois dans mon cœur. H. S. de M.
Faire enrager le monde , ejlmaplus grande joie. Moi.
Je fens unzjoie bien différente de cette /oie d'i-
vrcfTc & de palfion , de cette joie molle &: folâ-
tre , dont mes (ens ont été empoifonnés ; mais une
joie de raifon, toujours pure, toujours égale , &: qui |
J O I
ravit l'ame fans la troubler Fén. La /o/ê intérieure
des âmes dévotes vient d'une allurance lecrète qu'elles
penlenr avoir d'être agréables à Dieu. S. Évr. La
joie fuit loin de moi , & refufe d'entrer dans mon
cœur. L'intérêt des Courtifans fait cette ]oie luperfî-
cicUe, ou cette tnftelfe apparente qui paio'it fur kur
vifagc. Nie. Les aifes de la vie , & la profpérité ,
font que les Princes ont de la joie de refte pour
rire de tout. La Br. U ne faut pas que la joie d'un
repas relfcmble à la fureur ^ ni que le libertinage
prenne la place de la liberté. M. Scud. Il y a des
gens qui ont un fonds de mauvaife humeur capa-
ble d'empoifonner toutes les joies du monde. Beli..
Une joie forcée ne réjouit perfonne. Idem.
Enfin je me dérobe à la joie importune
De tant d'amis nouveaux que me fait la fortune.
Racine.
I
S'il ejl vrai que la joie ejl mère des amours.
Des HouL.
Ce mot vient du Latin jocus ; ou de joi , qui
en langue Celtique ou Bas -Breton fignitie joie,
où on dit aulfi jocus i pour dire, joyeux. Ménage le
fait venir du Latin gaudia. On trouve gioca dans la
balïe Latinité , pour fignilîer joie.
^ Il ne faut pas confondre les mots joie , contente-
ment, latisfaction Se plailirs qui ont chacun leurs
nuances particulières. Le contentement regarde pro-
prement l'intérieur du cœur. La joie regarde parti-
culièrement la démonllration extérieure : c'eft une
expreffion du cœur qui agite quelquefois l'elprit. La
fatisj'aclion regarde plus les pallions. Le plaihr re-
garde principalement le goiit. l'oye^ ces mots. Syn..
Fr.
^ Joie & gaieté , fynonymes. La joie eft dans le
cœur , la gaieté eft dans les manières. L'une coniîfte
dans un doux fentiment de l'ame ; l'autre dans une
agréable fituation d'efprit. Lo. gaieté nem plus au tem-
pérament , à l'humeur. Elle éclate toujours dans les
yeux &c fur le vilage. La /oie atfecl:e fouvent 1 ame
alfez vivement, fans paroitre au- dehors. U arrive
fouvent que la pofl'elfion d un bien , dont rcfpérancc.
nous avoit caufé beaucoup de joie , nous procure
beaucoup de chagrin.
La joie publique fe témoigne par des cris , des
feftins , des décharges de canon , des feux d'artifices ;
& généralement par tous les lignes àtjoie qui font
éclatans. §3" On fait des feux de ]OLe dans les ré-
jouiflànces publiques , pour la naiffànce d'un Prin-
ce , pour la prife d'une ville , &c. Ignés jejlivi.
Joie humaine, dans les livres fpirituels, lignifie /oie
mondaine , prophane , qui ne convient pas à 1 état
d'un Chrétien. Cette expreffion a plus de grâce au
pluriel. Jésus-Christ a condamné les joies humai-,
nés , Se a donné fa malédiftion à ceux qui rient.
AebÉ de la Trape.
On dit dans le ftyle familier , Qu'une perfonne
eft bien en joie ; qu elle a le cœur en joie ; qu'elle
eft à la joie de fon cœur, quand il arrive quelque
nouvelle „ quelque fortune qui la ravit de joie , qui
la fait trelfaillir de joie. On appelle maligne jok ,
une joie fecrette qu'on a du mal qui arrive à au-
trui, & qu'on n'ofe témoigner au dehors i Se faujfe
joie ou courte joie , quand on fe réjouit d'une nou-
velle qui peu après fe trouve faulle. On appelle
rahat-joic un homme rébarbatif, ou quelques acci-
dcns fâcheux qui viennent troubler la joie de ceux
qui font en humeur de fe réjouir. De tous les plai-
fus qui durent peu , on dit que ce font des joies
de mariage.
Montjoie. Voyez à fon ordre.
On dit proverbialement de celui qui n'eft pas d'un
divcrtillèment dont il entend le bruit , qu'il entend
les yoiej de Paradis, m.ais qu'il n'y peut pas entrer.
On appelle auflî les quinze joies de mariagt , le dé-
nombrement des incommodités du mariage dont oa
a fait un volume exprès. Les payfans fe laluent par
J OI
ce compliment , Iionncnr Se fou: On appelle aufli
filles de jok , des CourtilàiKS publiques.
Joie. Terme d'Aflrologie Judiciaire. Certaines iîrua-
tioiis des planètes. On dit des planètes qu'elles font
dans leurs /oks , lorlquc le Ibleil cfl dans la neu
vième mailon , la Imie dans la troiiième , Saturne
dar.s la douk:ièmC', Jupiter dans la onzième. Mars
dans la fi>;iènic , Vénusdans lacinijMiènie, ik. Mercure
dans la première.
Joie des l'Iiilol'ophes. Terme du Grand Art. C'eil la
pierre au blanc parEiit , ainli nommée j parce que
dans cet état elle fait la /oà' des l-hilolopiies , car elle
ne peut plus manquer de venir au rouge partait ,
Se que tous les clprirs volatils & délicats ("ont fixés ,
& peinent (outiVir le ku dans la luire.
Joie. Terme de Mytholoï,ic. C'étoit une Divinité chez
les Romains , au rapport de Clément Alexandrin.
. Gaudium. Voyez au(U Volllus , de Idolol. L. FUI.
c. IX. p. ipj-
JOIGNANT. Piépolîtion. Qui cft auprès ^ qui joint ,
fans qu'il y ait rien entre deux. Juxcù. Cet héritage
«ft joignant le grand chemin, zoiit /oignant L ri-
vière.
JoiGNANt , ANîE. aJj. Attenant , tout auprès. Sa mai-
fon efl: joignante à la miciine, il a acheté deux hé-
ritages qui lont joignans (on château. On ne le dit
que des mailons & autres polîefîions en terres.
JOIGNY. Petite ville avec (iège d'Elcdion , (!>c titre
de Comté. Joviniacum. Elle efi: dans la Champagne ,
province de France, fur l'Yonne, entre Auxerre
& Sens. Maty. Il y a un antre Joigny dar.s le Rhé-
mois. l^oye\ de Valois , Noùt. GalLp. 2 y 4. long.
. 21 d. lat. 47. d. jô'.
JOINDRE, v. a. Je joins ^ nom joignons , je joignais,
je /oignis, j'ai joint, je joindrai, que je joigne, que
je joigni/J'e , ou je joindrois. Allemblcr deux chofes,
Jcs approcher de manière qu'elles fe tiennent. Jun-
gere. Cette menuilerie eft faite , il n'y a plus qu^à ra(-
fembler , à en joindre les pièces enfembie. Les Ton-
neliers dilent joindre un rond de tonneau; pour di-
■ re , l'unir en le pa!lant fur le fer àz la colombe.
Les Cordonniers te fervent aulii du verbe Joindre ,
pour (igniher coudre une choie avec une autre. Join-
dre une paire d'empeignes. Quand on prie Dieu , on
joint les mains.C'eft les tenir étendueSj en forte qu'cl
les touchent l'une à l'autre par dedans.
Ce mot vient du Latin jungers.
gC? Joindre , fynonyme d'ajouter , faire un tout de
plufieurs parties , qu'on met l'une avec l'autre. Par
l'addirioi: on joint plufieurs fommes enfembie pour
en faire un tout. On joint deux tomes en un volu-
me , en les reliant enfembie. On joint deux jardins ,
un jardin à un autre. On joint un traité à un autre.
Addere Voy. Ajouter.
§3° Joindre, relatif à la marche ou à quelque mou-
vement : atteindre , fe trouver enfembie. AJj'cqui.
Les deux armées doivent le joindre en tel endroit.
Si notre Général peut joindre l'ennemi , il le défera
ians doute. Telle Efcadre a joint l'armée navale. Je
ferai grande diligence , & je le joindrai dans peu de
jours , quoiqu'il (oit parti long-temps avant moi.
^CF On ait /oindre quelqu'un, l'approcher de fi près
qu'on puilfe lui parler , en parlant de quelqu'un qui
en évite un autre. Malgré toutes les précautions qu'il
prend pour éviter ma rencontre, je faurai bien le
joindre.
fCFOn dit de même qu'une rivière fe joint à une au-
tre , que deux rivières fe joignent. La Seine &: l'Yonne
fe joignent à Montereau.
Joindre j en termes de Palais, fe dit de plufieurs inf-
tances , procès ou demandes c^u'on ordomie être mis
enfembie pour les inftruire & juger par un Arrêt.
Les appellations verbales font toujours jointes au
procès par écrit. Quand on évoque des inllances con-
nexes , c'eft pour les joindre. Quand on joint une
requête de provifion , au principal ^ ou en déboute
tacitement.
§ar On /■c.-.-2f quelquefois faufà disjoindre, c'eft à-dire
que fi l'on reconno'ir dans la fait^ qu'il v ait lieu
Tome F.
J O I 23;
de juger une afraire avant l'autre; on les disjoint pour
les juger féparément.
ifj Joindre , au moral , en parlant des liaifons
d'amitié , d'alliance , &c. fynonyme d'unir. Unire ,
Jhciare. Ils font joints enfeinble pour leur intérêt
commun. Ils iom joints d'amitié; tâchons de les
joindre encore d'intérêt.
Joignons d'un nœud facré ma famille à la vôtre.
CoR>v
c? On s'unit pour former des corps de fociété. On
fe joint pour fe rallembler , & n'être pas feuls.
Joindre, fe dit fort fouvent dans le fins d'Al-
lier, unir. Les Romains avoient^o/^r à la puilîàncc
Impériale la facerdotale. Il joignit le Gér.éralat à la
Vice-Royauté. Pat. Il faut joindre l'expéuence au
raifonnement., les vertus morales avec les intellec-
tuel les. Joigne^ vos prières aux ir.ienncs. Heureux
qui peut joindre l'utile iv l'honnête.
l/J^On dk joindre la prudence & la valeur j &: join-
dre la prudence à la valeur , ou avec la valeur.
Joignez , fe dit quelquelois abfolument par iorme de
tranfition. Adde quod ^, è'c. quid , quod. QuinUiam.
Joigne:^ à ces raifons l'ufage établi. Joigne:^ à cela
ces confidér.ations.
Joindre dans la première acception efl quelquefois neu-
tre. Ces ais , cette porte , ces fenêtres ne joignenÉ
pas bien. Ac. Fr.
Joint, ointe. part.-(Sv: adj. Foy. le verbe. Deux ar-
mées jointes. Cette cloifon efl bien jointe , bien af-
femblée. Il l'a prié à /oi/2re.f mains de cette grâce. Il
fe vante de fauter à pies joints fur cette table. Junc-
tus , unitus , collcclus.
Au Palais on dit un appointement en droit &: joint,
lorf qu'on appointe une caufc , S.C qu'on y joint quel-
ques accidens. Cette requête a été jointe au procès , .
pour , en jugeant , y avoir tel égard que de raifon.
Dans les qualités d'un jugement criminel , après celle
du complaignant, on met toujours, le Procureur du
Roi joint. Joint les moyens de nullité , & la pro-
duction nouvelle : ce font des claufes d un apointe-
ment de concluhon.
Joint , fe dit auili en Morale. Ils fjnt joints par ma-
riage , joints d'amitié , joints d intérêts.
En Mufique, des'notes jointes, font des notes unies,
liées par un trait , ou par plufieurs traits.
JOINT, f. iTii L'endroit ou deux chofes fe joignent,
CCF Jiinaura. Ce mot en terme d'AirchiteCture a
différentes lignifications. 1°. C'eft l'intervalle plein
ou vuide qui relie entre deux pierres contiguës , les
feparationj d'entre les pierres , qu'on remplit de
mortier , de plâtre ou de ciment , ou qu'on laille
à tec. Commijjurs. Dans ce lens on dit, petit /oi/zr ,
grand joint. z°. Il le prend pour la ligne de divi-
lion des cintres en voulloirs : ainlî l'on dit, /oint en
coupe J joint de tête , joint de lit , joint de doële ;
où il faut remarquer que quoique les joints de lit
loient des divilions longitudinales de la docle, on
n'entend par joints de doële que les joints tranl-
verlaux , autrement dits /oJ«M de tête. 3°. Le mot
de joint lignifie aulli quelquefois la furface d'une
pierre inclinée ou cachée dans une voûte; niais alors
au lieu de dire -joint en lit , il faut dire , lit en-
joint.
Les joints mcntans, font les intervalles qui font'
entre les pierres potées à plomb les unes lur les au--
très. Les joints de lit , font ceux qui font entre les
pierres pofées de niveau , ou faivant une pente don-
née. Les joints carrés ^ font ceux qui lont d'équfrre
en leur retour. Les joints de tête , ou de face , lont
ceux qui font en coupe ou en rayon .au parement ,
& féparcnt les voulloirs . ou claveaux. Le joint de
recouvrement fe fait par le recouvrement d'une mar-
che lur une autre. Le joint recouvert , ell le recoit-
vrement qui le fait de deux dalles de pierre, par le
moyen d'une efpèce d'ourlet , qui en cache le joint.
Le joint feuille ell le recouvrement de deux pierres
l'une lur l'autre par une entaille de leur demi-épailleur.
Gg ij
23^ JOI
Joints ferrés , font ceux qui font il étroits , qu'on eft
oblige de les ouvrir avec le couteau a Icie , à melurc
que le bâtiment talle & prend la charije. Joints ou-
verts , lont ceux qui à caulc de leurs cales épailles
font hauis & faciles à ficher. On appelle aulli;t)//2M
ouverts , ceux qui le lont écartés par mal taçon, ou
parce que le bâtiment s'eft attaillé plus d'un coté
que d'autre. Joints relaits, font ceux qu on eft obligé
de retailler de lit ou de joint lur le las , parce qu'ils
ne font ni à plomb , ni de niveau. Ce lont auili
les joints qu'on hiit en ragréant &: ravalant avec
mortier de mcine couleur que la pierre. Joint à on-
glet , eft celui qui fe lait de la diagonale d un retour
d équerre , comme il s'en voit dans les comparti-
mens de marbre & les incruftations. Daviler. Les
joints en coupe , font les joints en rayons tirés du
centre des arcs du plein cintre. Joints de doellc ,
ceux qui lont (ur la longueur du dedans d'une voû-
te , ou lur l'épaiileur d'un arc. Joint gras eft celui
qui eft plus ouvert que l'angle droit. Joint maigre
eft le contraire.
Joint , fe dit aulîî de la diverfe manière des allembh-
ges des pièces de menuiferie & de charpenteiie ,
comme joints carrés à onglets d'abouement , a queue
d'aronde ; joints perdus, lont ceux qui lont cachés,
& ne fe voient que loriqu'on examine l'ouvrage de
près. Joint à plat joint, quand on tient deux pièces
approchées fuis rainure ni languette. Il y a autant
d'cCphccsàt joints qu il y a de dinérentes fortes dal-
femblage. Commijjura.
fer JoiiMT , en An?.tomie. C'eft l'endroit où deux os fe
joignent. Articulation. Le joint de l'épaule. On dit
troUï'cr le joint. Vous n'entendez pas a couper Uii
chapon , vous ne lauiiez trouver le joint. On a de
la peine à trouver le joint des oifeaux de rivière.
JOINE. Foyei YoN.
JOINT-QUE. Particule conjonftive qui fert de tranfi-
tion. Aide qubd. Joint qui\ y avoir en lui de cer-
taines choies , 6'c. Vaug. Ce mot fe dit particuliè-
rement dans les écritures du Palais , & figniiie ,
Ajoutez à cela. Partout ailleurs il eft hors d ulage.
JOINTE, f £ Alfemblée , Confeil , union , focicté.
Confilium. Ce mot s'eft introduit dans notre langue,
depuis que Philippe V. eft devenu Roi d Elpagne.
Jointe eft un mot purement Efpagnol. Junta. Et on
ne s'en iert qu'en parlant desCofileils j ou alfemblees
d'Elpagne. Le Roi Charles II. établit une jointe par
fon teftament. La jointe députa au Roi '1res Chré-
tien. La jointe du commerce, la jointe des Finan-
ces. La jeune Reine aififtoit à la jointe pendant le
féjour de Philippe "V. en Italie. On écrit jointe &
junte.
Jointe, f f. Terme de Manège. C'eft la même chofe
que Paturon. /oi«fe plianre & flexible , c'eft-à dire.
Paturon , pliant & flexible. Flulieurs Auteurs qui ont
traité de 1 art de Cavalerie & de Manège , fe fervent
du mot de jointe au lieu de paturon , qui eft aujour-
d'hui le plus en ulage. Le détaut des chevaux long-
joiiitésj eft d avoir les jointes pliantes &c flexibles.
DicT. DE Manège.
IJCJ" Dans les Manufactures en foie , \i jointe eft une par-
tie d'Organhn dévidée fur des rochers, pour nouer les
fils qui caftent.
JOINTE , ÉE. adj. Terme de Manège. Un cheval long
jointe , eft celui qui a le paturon long, eftilé &
pliant •, & cour-jointe , celui qui a le paturon court.
JOINTEE. 1. f. Quantité de grain qu'on peut prendre
avec les deux mains, quand on les joint enfcmble
pour laite un creux. Quantum capere potefi juncla
manus utraque. On porte une juintée de blé à un
bourgeois , qui en veut acheter, pour fervir de mon-
tre.
On tient qu'une jointée de fèves ou de froment ,
mile parmi Pavoine des chevaux , les engraillè.
JOINTIS. adv. ou prép. vieux mot. Joignant.
JOINTI'VE. adj. f. Latte, jointive , en maçonnerie, font
des lattes clouées li près à près, qu'elles fe touchent,
pour faire les plats-fonds 8c lambris étant recou-
vertes de plâtre.
I O L
JOINTOYER, v. a Terme d'Architeaure. C'eft après
qu'un bâtiment a pris la charge , remplir les ou-
vertures des joints de pierre d'un mortier de la mê-
me couleur que la pierre. On appelle pierres join-
toyées , celles qui ont le dehors des joints bou-
ché , & ragréé de mortier ferré , de ciment ou de
plâtre. On dit aulii rejointoyer^ ou remplir d'un
mortier de chaux & de ciment les joints d un bâti-
ment qui eft vieux , ou conftruit dans l'eau.
JOINTURE, f f. L'endroit où fe lait un alfcmbb.ge, ■
particulièrement l'en.iroit où les os du corps fe joi-
gnent pour lexécution de certains mouvemens. Junc-
tura. Cet inftrument eft li bien fondé , fi bien limé,
qu'on ne voit pas la jointure des pièces. La goutte
le noue dans les articles, dans les jointures du corps.
Les Cordonniers appellent jointure , la couture qui
joint les deux quartiers du loulier.
Cf3° Dans les Arts méchaniques on appelle générale-
ment jointures les endroits où deux corps rappro-
' chés_ tè touchent , font aflemblés. C'eft la même
choie que joint.
I/Cr Jointure , en Manège , fynonyme de jointe ou
paturon. '
§3" Jointure, en Peinture, c'eft l'endroit où fe joi-
gnent deux parties de la mcine figure , comme la
jambe avec la cuiffe.
JOINVILLE. Petite ville de France. Jovifvllla , Jo-
nicvdla , Junvitla, Juinvdla. Elle eft drns la Cham- .
pagne , fur la Marne , entre Chaumont & S. Di-
zier, à huit lieues de la première, & à Ç\\ de la'
dernière. Joinviile tut érigée en Principauté l'an
I jji. par Henri II. en faveur des puînés de la Mai-
fon de Guile. P'oye-:^ 'Valois. Not. Gall. p. 2s4-
Maty &:c. Paradin, dans les annales de Bourgogne,
écrit Genville , fuivant apparemment la prononcia-
tion de fon temps & de fa province , qui feroit au-
jourd'hui très - mauvaile. long. '12. 45'. lat. 48. d.
20'.
JOIRE. f. m. Nom d'homme. Vieux mot pour dire
Georges. Dans plusieurs titres anciensl'Ab,bayc de
S. Georges , près de Rouen , porte le nom de S.
Joire de Bochciville. Dejcrlpt. Géogr. & hijl. de la
haute Norm. T. II. p. 444.
J O K.
JOKAITS. Ville du Japon dans Pile de Niphon , fur
la route de Méaco à Fammamatz.
J O L.
I
lOL. f m. Terme de Marine. Barque dont fe fer\'ent
les Danois & les Rulliens.
lOL. Nom d'une ancienne ville d'Afrique , fituée fur
la Mcditcrrannée. Jubal le jeune , Roi de Maurita-
nie , fortifia (Se refit le port à' loi , qu'il nonnna
Célarée, pour fiire la cour à Augufte. Aujourd'hui
cette ville s'appelle Alger.
lOLAS. f m. Parent d'Hercule, que ce Héros tua, fé-
lon Euripide , dans un excès de hireur qui lui prit
au retour des enfers.
lOLAUS. f m. Terme de Mythologie. Nom d'un
homme qui fut déifié. lolaits. Il etoit fils d'Iphicle,
(Se fut compagnon d'Hercule , & l'aida lur-tout dans
le combat de l'Hydre : il parvint à une extrême vieil-
lefle , après quoi Hercule obtint qu'il rajeunît. Ovid.
Métam. L. IX. LesThébainshonoroient lolaùs com-
me un Dieu. Ils célébroient des jeux le jour de là
fête ; il eut même un Autel à Athènes. Voss. de
Idol. L. I. C. 13.
lOLCHOS. lokhos. C'étoit une ville de la Thelfahe,
qu'on appela depuis Larllfe. Erienne de Byzancedit
qu'elle fut nommée lolchos , du nom d'Iolches , fils
d'Amvrus. D'autres prétendent qu'elle etoit fur la
côte, dans la Magnche; mais il paroit par Mêla,
L. II. c. 3. qu'elle étoit dans les terres.
lOLE. f f. Fille de Jardan, du Roi de Lydie, ou, fé-
lon Ovide, d'Eurytus , Roi d'Œchalie, fut cnlevcô
par Hercule, 'qui l'époufa. C'eft cette Iclt qui ex-
JO L
cita la j.iloLiiîc cic Dt'janirc , iSc dont l'amour fut la
preinicrc cauic de la mort dflerculc.
lOLtES. r. f. pi. Teruic de Mythologie. C'efi; le nom
dci[^tcTCs ou des jci* que les Athéniens avoient con-
lacrc à lolas , compagnon d'Mercule.
JOLI, lE. Qui plaît j qui cil agréable par la gcntillcl
fe , par Ces manières. Coiicimius. Quand on dit d'une
femme qu'elle eit jolie , on entend qu'elle ell bien
prife dans fa taille , & qu'elle a de l'agrément dans
Ui pccConne &: dans fes manières ; mais une jo/ic
femme exprime davantage, /^oyf^ plus bas. Ce mot
cftoppolcau grand; & qui tliruit dune fuperbe mai
fon, ou d'un poL'mc héroïque, c'eil une jolie mai-
fon, voilà un /tiA'pocme, ne parleroit pas propre-
ment. Aufti Boileau fait-il dire à fon campagnard
pour le rendre ridicule , A mon gré le Corneille eft
joli quelquefois. Quand ont dit, c'efl: un joli hom-
me, on ne devroit entendre par-là qu'un homme
propre & allez beau-, mais joli a pris la place de gen-
til , & s'étend plus loin. Il s'applique à tout , quoi-
qu'on ne le doive dire que des petites choies.
Un joli petit homme , eft celui qui fe pique
De chanter des premiers les airs de Du Boujfet ,
Qui n'a point d'or dans fon goufj'et _,
Mais des points ., des rubans , autant qu' une boutique,
■ Bien peigne j, bien chauffe' j qui j ait pas de ballets j
A décrajferfes dents met fon étude extrême , &c.
Senecé.
Un ]o\i petit homme, Aminthc ^ efl , entre nous.
Une fort grande bagatelle. Idem.
Joli , fe dit des perfonnes qui ont de bonnes qualités ,
lans qu'il (oit queftion de beauté. Vous êtes le plus
joli homme du monde. Bouhours, écrivant à une
perfonne qui lui avoit fait un plailîr de bonne gi-âcc.
Vous me parlez là d'un ton joli fujet. Le Sage. On
dit le mot de joli dans le même fens en beaucoup
d'autres occalîons. Le peu de Mufique que je fais me
facilite la prononciation Siamoife. Cela feroit bien
joli , li je pouvois entretenir le Roi de Siam à mon
aife. De Choisi, Nous apprenons mille /o/itfj choies.
Idem.
Joli , eft quelquefois fubftanrif On dit qu'une chofc
parte le joli , pour dire qu'elle eft belle. On aime
mieux,le joli que le beau.
Ménage tient que ce mot vient de julius dérivé du
Grec laXôs , qui (i^ni^e prima lanugo , ou plutôt de
jovialis, parce qu'on a dit autrefois yo^^/i. Il y a ap-
parence (\nejoli vient de jolis, qui , en bas Breton ,
fignifie la même cholf . C'eft le fentiment de M. Huet.
Joli, feditaulîî des animaux & des choies inanimées.
Voilà un joli rollîgnol , une ]olie chienne , un joli
cabinet, un /û/i meuble, un habit ion joli ^ une jolie
garniture.
Pour mériter un cachet fi joli ,
Si bien gravé , fi brillant, fi poli.
Il faudrait avoir, ce me femble ,
Quelque joli fecret enfemble ;
Car enfin les jolis cachets
Demandent de jolis fecrets. Scud.
Joli , fe dit aullî en Morale , de l'efprit &z de fes pro-
ductions , particulièrement des petits ouvrages. Ca-
tulle écoit un joli efprit. Voiture a fait quantité de
jolis rondeaux & fonnets , de jolies lettres. Les Fran-
çois excellent à faire de jolies chanfons, de jolis airs.
Ce n'cft guère que ces difeurs & ces faifeurs de jolies
chofes, qu'on appelle des beaux efprits. Bouh. On
ne fauroit avoir trop d'efprit dans une converfation
enjouée J il fe faut pourtant bien garder de paroître
toujours prêt à dire de bons mots & de jolies chofes.
Le Ch. de m. Quand l'efprit eft occupé aux befoins
de la vie, il ne fonge guère à dite de jolies chofes.
Je me lais bien fervir des jolies chofes que j'entends
du-e. Voit. Il fit un compliment à la Noblclfe , fort
joli, comme il favoit très bien faire. Bussi Rae.
J O L
23T
On dit ironiquement qu'un homme s'eft f.m~'joli
garçfon J lor^u'il s'eft enyvrc d.ms une débauche.
C'cll un joli ptrfonnage , pour dire de quelqu'un ,'
qu'il a tenu une conduite ridicule Se imprudente. On
dit par mépris , vous êtes un joli Monlieur. La jolie
choie qu'un amant de So ans. On le dit aulli en plu-
lieurs autres chofes qu'on ycut-méprifer. Voilà un
joli entretien , nn joli complimenta me faire.
IP' Le mot de joli , dit le P. Bouliours , eft plus piltc
que jamais : il fe met à tout. Les femmes ne trouvent
rien qui ne foit pour elles ou méchajir , ou joli.
On oppofe même quelquefois joli au beau. Elle
n'eft pas belle , dit-on , mais elle eil jolie. Mus joli
ii'cxciiid ni le grand , ni le beau, quand on le joint
avec femme. C'eft une jolie femme : & ce font
deux chofes dillérentcs de dire d'une femme , elle
eft jolie , & de dire , c'eft une jolie femme. Nous
ii'entendons guère par joli tout feul , qu'une taille
hne , un air agréable : nous entendons par jolie
femme, de la beauté, de l'agrément, de l'efprit ,
de la laiion , de la vertu , enfin un vrai mérite. ( Je
ne lais li ces deux dernières qualités entrent pour
quelque chofc dans le caractère de joli. El'c on joli
par la raifon & par la vertu); On ne dit pas , c'eft
un/(Vi homme dans le fens qu'on dit, c'eft une jolie
femme. L'un eft une louange , & l'autre une cf-
pcce de raillerie. Nous n'entendons par joli homme
tout au plus qu'un petit homme , propre , & afiez
bien fait en là taille. On ne laiflê pas de dite d un
jeune homme comme une louange , il eft joli; mais
on ne dit pas de même , c'eft un joli homme. Nous
dilons cela en nous mocquant ; comme vous êtes
un joli perlonnage : vous êtes joli.
IP' Le beau eft grand , noble & régulier : on l'ad-
mire , & il attache, royei Beau. Le joli eft fin ,
délicat ôc mignon ; on eft toujours porté à le louer,
& dès qu'on l'apperçoit , on le goûte , il plaît. Le
premier tend avec plus de force à la perfection , &
il doit être la règle du goiit. Le fécond cherche les
grâces avec plus de foin , & dépend du goût. Les
Dames lont belles dans les Romains. Les Bergères
lont jolies dans les Poètes.
i^ Le beau fait plus d'eSrct fur l'efprit; nous ne lui
refufons pas nos applaudiiremens. Le joli fait quel-
quefois plus d'imprellîon fur le cœur ; nous lui don-
nons nos fentimens.
|KF Souvent une belle perfonne brille j?c charme les
yeux , fins aller plus loin , tandis que la jolie for-
me les liens ôc fait de véritables pallions. Syn. Fr.
l)^ Le teint , la taille , la proportion & la régularité
des traits forment les belles perfonnes. Les jolies
le font par lesagrémcns, la vivacité des yeux, l'air
& la tournure gràcieufe du vifage , quoique moins
régulière. Une femme ne peut être belle que d'une
façon ; mais elle peut être jolie de cent mille.
f.C?Dans les ouvrages d'efprit, Foye^ au mot Beau,
ce qu'il faut pour les rendre beaux. La vraifemblan-
ce , la vivacité , la lîngularité & le brillant fuftifent
pour les rendre jolis.
U3" Quelqu'un a dit que les Anciens étoient beaux,
& que les Modernes font jolis. Je ne fais s'il a
bien rencontré , dit M. l'Abbé Girard ; mais cela
même eft du nombre des jolies chofes , & non des
belles.
'J^ Le beau eft plus férieux j &: il occupe. Le joli eft
plus gai , & il divertit. C'eft pourquoi l'on ne dit
pas une jolie tragédie , mais l'on peut dire , une
jolie comédie.
§3° On peut placer dans l'ordre de ce qui eft joli
les reparties Se les faillies Galconnes quand elles
ont du fel. Tel eft par exemple , la réponfe d'un
mauvais Peintre devenu Médecin j qui dit à ceux
qui lui demandoient la raifon de Ion changement
d'état , qu'il avoit voulu choifir un art dont la
terre couvrît les fautes qu'il y feroit.
tfJ' Le mot de beau le place fort bien à l'égard de
toutes fortes de chofes , quand elles en méritent
l'épithète. Celui de joli ne convient guère à l'égard
des choies qui ne fouftrent point de médiocrité. Telles
238 J O L
font la Peinture & la Pofciîc. On ne dit pas un joli
pocme , ni un joli tableau. Ces fortes douvr.iges
font beaux , ou s'ils ne le font pas , ils lont mau
vais.
Ip° Lorfque les épithctcs de beau &: de joli font don
nées à l'homme, leurs lignilîcations n'ont alors rien
de commun. Un Irel homme ell tout autre choie
qu'un joli homme. Le fens du premier tombe lar
la figure du corps & du vifage ; & le kns du fé-
cond tombe fur l'humeur & fur les manières d'agir.
Ceci ne s'accorde pas avec ce que dit le P. Bouhours
À'nn joli homme.
|3" Quelqu'un a dit que l'agrément eft comrri^ un vent
léger & à fleur de furface -, qui donne itux jaculcés
-intérieures une certaine mobUite , de la fouplejfe o'
de la vivacité. Mais cette déhnirion precieuie &
.pénible , donne-telle de fon objet une idée iatis-
failante î Le joli ne fe définit point ; c'eft le fecret
-de la nature riante. Littérature de M. B.
IJC? Les oraclesde la langue ont dit que le joli étoit
-un diminutif du beau. Mais où eft le_ rapport du
terme primitif avec fon dérivé î Ne font - ils pas
l'un & l'autre exademenr diftmfts? Leur efpèce ,
leurs loix & leurs eifecs ne lont-ils pas entièrement
-diftérens î On nous préfenre une tempête fortie des
mains d'un Peintre médiocre. A quel degré de di
minution ce tableau , qui n'a pas atteint le beau
1 qu'il cherchoitj pourroitil defcendre au /o/i ? Eft il
.de fon ellencc de pouvoir y arriver? Qu'on fe rap-
pelle le fer qui trouvoit la mer jolie , & le fat qui
traitoit le grand ïurenne de joli homme.
|KF Le joli a. donc fon empire féparé de celui du
beau. L'un étonne , éblouit , iubjugue ; l'autre oc-
cupe , amufe & fe borne à plaire. C'eft à l'ame que
le beau s'addrelle ; c'eft aux fens que parle le joli.
lis n'ont qu'une règle commune _, c'eft celle du
vrai. Si le joli s'en écarte , il fe détruit , & de-
vient maniéré , petit , raelquin ou grotelque. Nos
arts , nos ufages & nos modes fur tout , font au-
jourd'hui pleines de fa laulle image.
JOLICOUP.T. (. m. Terme de Flcurifte. Nom d'une
Tulipe , couleur de tuile & jaune. Morin.
JOLIER. v. n. 'Vieux mot. Etre de bonne humeur,
rii-e , fe divertir.
JOLïET, ETTE. adj. diminutif de joli. Fenujlulus. Il
n'a guère d'ufagc qu'au féminin & dans le diicours
familier.
Mon Dieu, quelle eft johctte!
dit nne»vieille chanfon.
JOLIETTE ou JOLIVETÉ des quatre couleurs, f f.
Terme de Flcurifte. Nom d'un Œillet. Quadrlcolor
vcellus. Il eft panaché d'un beau pourpre fort brun ,
d'un beau rouge 8c de couleur de roie , fur un fin
blanc ; toutes Tes couleurs (ont très-bien & égale-
ment di'ftinftes & détachées. Mohin.
JOLIMENT, adv. D'une manière jolie. Non invenuftc.
Ce cavalier fiit joliment des vers, chante joliment.
Cette fille danfc;o/w«e/2f, joue du luth tort /o/iwt'wr,
fort proprement Achille biloit la cuihnc tort joli-
ment. Mademoiselle l'Héritier.
Celui qui pour bouquet ne fait qu'un compliment ,
■ Doit le faire au moins joliment. Rec de 'Vers.
JOLIVETÉ. f. f. Gentilklfes que font les epfans. Fcjli-
vitas. Les pères ne le laileut point de iraire admirer
aux autres les 70/ivt'rej de leurs enfans, leurs gentil-
lelfes. Il eft vieux- & ne fe dit qu'au pluriel.
JqlivetÉs , fignifie aufli des bijoux, de certains petits
ouvrages artiftemcnt travailles ^ mais qui ne (ont pas
d'un grand fecvice. On fait en Orient un grand tra
fie des jolivetés d'Europe.
JOLIVEÎ'TE. f. f. Terme de Fleuriftc. Anémone , qui
eft de couleur de chair mêlée de rouge, fa peluche
couleur de brique AioE.iN.
J O N
J o M.
JOMADA. f m. Terme de Calendrier. Nom di^in-
quième mois des Agaréniens &c des Turcs , qui ré-
pond .à peu près au mois de Janvier. On l'appelle
aulli (uivant les diftcrentes manières de prononcer ,
Ciumad , Gumedi , Giumada , Giamadi , Giumadi ,
Giumediu j Giamadia.
Ce nom vient du verbe Giamada. , qui hgnifia
concrevit , & exprime la concrétion de l'eau qui de-
vient glace.
JOMBARBE. f^oyei Joubarbe,
I O N.
TON. A la fin du nom ne fait qu'une fyllabe en profe^,
mais en fait deux en vers. 'Vers/o« , dévotion , paf-
ùon. Mais ion^ à la première pfifjnne du pluriel de
l'imparfait de l'Indicatif, & la première du préfent,
& du premier imparf^iitdu Subjouétif, ne fait qu'une
fyllabe. Nqus devio/25, nous attendions. Nous au-
rons , &c. Remarquez encore qu'il ne faut pohit em-
ployer en vers des mots terminés en ion qui aient
plus de quatre fyllabes i autrement cela eft trop traî-
nant, & le mot abomination; par exemple, oc-
cupe trop languKfamment la moitié d'un vers. Mén,
«
Raffineurs de locuûons.
Entrepreneurs de verfions. MÉN.
ISfon , je ne hais rien tant que les contorfions
De tous ces grands faifeurs de proteftaûons.
Mol.
Cette fièrc raifon dont on fait tant de bruit ,
Contre les pafsions eft unipible remède. Des-H,
Mon cœur exempt de foin , hbre de pajsion ,
Sait donner une borne à fon ambiûon. Desp.
Nous devions fuir l'amour , & c'eût été le mieux.
Font.
Nous attendions un fon plus heureux que le notre.
Rac.
ION. f m. Nom d'homme. Ion. C'eft Ion , félon les
Grecs, qui donna (on nom aux Ioniens. Il étoit fils
de Xiftus, ou d'Apollon & Creiife , fille d'Éiechtée.
Il acquit tant de gloire dans la guerre qu'il fit à Eu-
molpe. Roi de ThracCj que les Athéniens & toutes
les Colonies d'Athènes prirent fon nom. C'eft - là
tout ce que la tradition oblcurcie , 8c mêlée de fa-
bles & de menfonges, avoir appris aux Grecs de
l'origine de ce nom; mais le vraî Ion étoit Javan ,
fils de Javet , dont il eft parlé dans la Genèfe , X. 2.
4. C'eft ce Javan qui peupla la Grèce , iSj c'eft de
lui que les Grecs prirent le nom d'Ioniens. Homère ,
Iliade , XXIII. v. 6 S y. les appcllb Jaones , noia
plus ancien, & qui approche plus du. Javan ou Jaouan
des Hébreux. I^oje^ Bochart dans (on Phalcg, Z.
///. c. s.
JONA f. m. Jona. 'Voyez Jonas.^
JONA , ou Chilca , Nom d'une île d'Écollc, qu'on
nomme autrement Cholmkil ou Cholumbkil , c'eft-
à dire. Ile de Saint Columban-, & encore Chilca ,
Jona , Chilca , Rona , Hiona , Hii , Infula fancîi Co-
lumbani. C'êft une dts Wefternes. Elle eft (ituée à
la pointe de la prefqu'ile de l'île de Mul , qui s'avance
le plus au midi. Cette île eft très petite , & n'eft re-
marquable qu? par le bourg de Sodore, réddence
ordinaire de l'Évêque de Wefternes, & par l'Abbaye
de S. Columban , où font les tombeaux des anciens
Rois d'Écolle. Mat-ï".
JONAS. f. m. Nom d'homme , dans lequel il faut tou-
jours faire fonner l'.f. Jonas. Quoique .Jonas Se Jona
(oient la même chofc , Se le même nom en Hébreu ,
nous y n.ettons cependant de la ditférencc dans no-
tre langue J comme en ont mis les Grecs & les La-
J O N
lins dans le rcxte , cV les verfions de la BiWe , d'où
cet uljge nous clt venu. Car quand il cli: dic d'un
homme dont il cil paiL- d.ins l'ancien c.ibiiicnt ,
nous dilons Jo/ias , & non pas Jona. Jo/ias , l'un
des douzes petits Prophètes, propliécifa Ibus Ama
lias Roi de Juda , Os: Joas Koi diiraël. roye? k
Jr L. des Rois , Xir 2 y. Jonas étoit de la vilL
de Gethceplier , ( ou plutôt Geth Hhéplu-r j d.ns la
tnbu de Z.ihulon. 11 laut qu'il ait commence au plu
tard a paroitre dms les premières années de Jéro-
boam II environ S 30 ans avant J. C. puilqu il pré-
dit les hciireux (uccès de fon règne. AinU il doit palier
pour le plus ancien de tous les Prophètes, dont nous
ayons les écrits. Sa Prophétie néanmoins n'eft pla
«ce qu après celle dOfce ôc des trois Prophètes liii
v.-ins, parce que l'hiltoirc qu'il a écrite n'cll arri-
vée qu environ l'an 770 avant J. C. Il elHe leul des
1 rophctes que Diea ait envoyé aux Gentils. Saci
Riberu , Rivec , Drufius. Comme Jonas fut trois
f " t-^^j''"'? ""'" ''•"'' '^ ^^""'^ '^'^ '^ '^^'^'»'= > ainli
le i-ils de 1 Homme lera trois jours & trois nuits
dans le cœur de la terre. Port R. Les Nmivites le
lèveront au jugement avec cette nation , & la con-
damneront : cardes que Jonas prêcha, ils firent pé-
nitence. BoUH.
Au contraire , quand il s'agit des hommes dont
r " V /'Y ^"^ '*'"" '^ nouveau Teftament , fuf-
lent ils de 1 ancien , il but dkc Jona , & non pas Jo
nas. ar exemple , Qui hit fils de Joleph , qui fut
Fils de Jona, qui fut lils d'Eliakim. Port-R. en S.
lue , III JO. Simon hls de Jona. Louv. en S
Matth.^ XFI /7. Et de même des Rabbms. R. Jona
ce Médecin de Cordoue , plus fameux encore par
Ion habileté dans la Grammaire Hébraïque , vivoit
vers lan iizi ^ & compofa une Grammaire Hé-
braïque que Ion appelle >0,^-^-.'3 ^fepherhankma ,
iSc unUiccionnairequi porte lenom de J-c-u^iD /^,
pher fcoajchim , Livre des Racines. Aben Ezra &
IJavid Kimhai , bons connoiiïèurs , louent fouvcnt
le Grammairien R. Jona. Il ell vrai qu'en S. Mat-
thieu ,.^^//;. , en S. Jean I. ^i , les traduc-
tions de Genève & de Mons traduifent Jean, m
lieu de Jona; anais c'eft qu'ils fuivent le cexte Grec
. ou il y a I . «. , & qu'ils prcniicit ce mot pour un
abrège de Jehohhanan , qu, i,g„,fie Jean; mais mal
a mon fens : 1 abrégé de Jehohhanan feroir Johha
«tf« outoutau plus Jchhan,Sc jamais l'-i- , com-
me il eft dans le Grec. D'ailleurs, quelles preuves
a t-on de cette abréviation ; D -us ces temps !à on
dilo.t Jelio!ihan.,n .:ouc au long , comme il paroit
par le nom des deux S. Jean , J cannes ; car jLnes
elt Jehohnananjivzc la termii.aifon Greque ,^ &
quiconque penlera le concraue ne faura point ' ou.
laura oien luperhciellemcnt les langues. Si l'on avoit
lait une abréviation , elle le leroit faite dans l'ulaae
ordinaire , comme elle fe trouve dans tous les noms
modernes ou du langage moderne , tels que ce-
lui de S. Jean-Baptiftc & de S. Jean l'Évanlelille
de même qi^ dans celui du prétendu Jean , père de
S. Pierre. Car 1 ufage ne fait pas dans u„ nom
commun une abréviation pour un homme feul Je
ne puis donc douter que le l'-^-iv du Grec ne foit
une faute , & qu',I ne fulle ôter le dernier.
L Edition que j'ai de la Tradudion de Louvain met
Jona en nn endroit , & Jonas à l'autre ; mais c'eft une
faute d imprelhon; les éditions de Plantin & les au-
tres bonnes mettent Jona à tous les deux endroits.
!" % ^f"^- ^P ^ '7.8c cnS.JeanI, .r , H
gpe le le p..e de S Pierre , Jonas. On ne voif poin
b alon de cette di&rcnce ; cV c'eft certainement
voulSr ■"'"'■' '"P""'^/:P«d" P- Bouhours, qui
r-ii.la diltindion que nous avons dite entre les per
onnes q,ii ont porté ce nom , c'eft un bit quffe
îssrfe--:rï^:^::^-^eu..
JON 239
1 eft pailc d'm, des Ancêtres de N. S. dont on /c
tiouve rien dans l'ancien Teftament, e^c du père de
i. iierre, dont il ne peut y avoir mention que dans
c Nouveau. Jacques dEtaples , ou la Bible d'Anvers
les Lovamftes , René Benoit Véron . Fruon , le P.'
Amciot , M. Simon ont fait la diftindion que j^
dis, ce qui montre que c'eft l'ufage, cV qu'il le fa 1-
bit fuivre II faut cependant convenir que la faute
du P. Bouhours eft une erreur lavante . li l'on peut
ainl. parler : car il n'a mis Jonas que parce qu'il a vu
q^iUonas,Ôc Jona croient le même nom, comme nous
I avons remarque d'abord. Voyant donc que le mot
W etoit eii ulage ,1 a cru qu'il falloir toujours
auc I P ?r' '"'-^ P^'"^«'^^voitil remarqué
que le p. Montreuil , dans fon excellente Vie de
^•1 ic re hls de Jonas , Se non pas de Jona. Chatillon
dit aulh toujours Jonas , & jamais Jona. Mais après
tour ces autorités ne prévalent pas à tous nos autres
IradLiacurs, depuis les premiers jufqu'aux derniers ;
^ 1. 1 on dit quelquefois Jonas , il ne s'enfuit pas
qu on le dile toujours. C'eft amfi que l'ufage veut
que Ion dile quelquefois Juda, & quelquefois Ju-
das, quoique ce loit toujours le même mot, ainfi
que ;e le remarquerai à fa place. Olivetan écrit
toujours Jonah , pour marquer les lettres Hébraï-
ques dont ce nom eft compofe. Cela feroit bon
dans une Dillertation d'érudition. Dans une verfion de
1 Ecriture , ,1 ne but pas l'imiter. Quant aux Chré-
nens qui onr porte ce nom , il faut écrire Jonas , 8c
prononcer Is , comme au.ind on parle du Pro-
phète : car c'eft en eftet le nom de ce Prophète
quon leur adonne & c'eft l'ufage. Jonas, Irlan-
dois, Abbe de Bobir, vivoit vers le commence-
ment & le milieu du leptième liècle. Jonas , Moine
de Fontenelles , a écrit la vie de Saint Wlfran Ar-
chevequc de Sens. Jonas , Évéque d'Orléans. '
Jonas, le dit aufti pour le Livre de Jonas. Acoftaa
bit un Commentaire; & Grynsus , des Prélevions
iui Jonas. Jonas na que quatre Chapitres.
/or^èe '"°' ''''"' "^^ ^^"^'^Jomh, qui fignifie co-
JONATHAN, ou JONATHAS. f. m. Nom d'hom-
me. Jorathan, anis ; Jonachas , a. Quoiqu'au fond
ce dans la langue originale ces deux noms foient la
memechofe, & que le fécond ne foit qu'une cor-
ruption du premier , l'ulage cependant y a mis de
la diltinclion dans notre langue, comme en Latin-
car en Grec on lit toujours Jonathan , comme en
Hemeu. La ditkrence qu'il y a dans notre langue,
ceit que n^Jtis appelons Jonathas , 1°. Le fils de
Saul , am. de David. La Hèche de Jonathas n'efi
jamiis retournée en arrière. Elle a toujours été teinte
du ang des morts, &c. Saci. 2 des Rois 1 , 22,
Saul Ix Jonathas , ces Princes fi dignes d'être ai-
mes Id. 23. Votre mort me perce de douleur , Jo-
nathas mon fiere , le plus beau des Princes, &c.
iD. i6 A,nli c eft une bute contre l'ubgc de dire
avec Ohvetan , & la Bible de Genève, Chafteil-
ion , & les Des-Marets , l'arc de Jonathan jamais
ne retourna en arrière. Olivetan. Saiil & Jona^
than amis &c plaibns en leur vie. Chasteillon.
Jonathan mon irère , je fuis en angoilTe pour l'a-
mour de toi. Des Mar.
1°. ^ Il fliut dire auin Jonathas quand on parle
du hcre de Judas Machabée , qui lui fuccéda au
Souverain Pontificat, & dans la conduite des armées.
Jonathas & Simon emportèrent le corps de Judas
eur frère , & l'enterrèrent dans le fépulchre de
leur père , dans la ville de Modin. Saci , /. des
Machab. IX , i p. Jonathas reçut alors le comman-
dement, & prit la place de Judas fon frère. Id. 5 1.
On dit de même Jonathas , fils de Joïdas II , Sou-
verain Pontife , alla au-devant d'Alexandre quand il
palla par Jérulalem. Et Jonathas fils d'Anne , qi-e
l'Empereur Virellius fit fouverain Pontife à la place
de Caïphe. Ce font les Grecs qui depuis leur éta-
bli! ement dans l'Orient, avoient fait Jonathas de
Jonathan.
240 J O N
Au contraire , on dit /onaMiZ/z , & non pas Jona-
thiis , de tous ceux qui ont porté ce nom dans l'An-
cien Tellament avant l'Empiie des Grecs , excepté
le ieul lîls de Saiil , ainli que nous venons de remar-
quer. On dit aulii Jonathan de tous les Rabbins qui
ont porté ce nom , même après Jésus-Christ. Ils
le dreilcrent l'idole taillée , &■ ils établirent Jonathan
hls de Gjrlam , qui étoit fils de Moyfc , & ics fils
en qualité de Prêtres dans la Tribu de Dan. Saci ,
Jug. XVIII , jo. Ne me renvoyez point dans la
priton de Jonathan , Secrétaire , de peur que je n'y
mcuce. Id. Jt-rémie XXXF'II , i g. Jonathan v\sA:'\3-
xiei , Auteur d'une partie de la Paraphrale Chaldaï-
que de l'Écriture. On attribue ordinairement à On-
kelos la paraphrale qui ell lur le Icntateuque , &
à Jonathan celle qui ell lur les textes Tjue les Juifs
'nomment Prophètes. Simon R. Jonathan , & R.
Élïézer , fils de Chalmaj lont deux célèbres Arith-
méticiens & Aftronomcs , lefquels , à ce que di-
fent les Rabbins , Tavoicnt compter les gouttes de
la mer.
JONC. f. m. Prononcez jon. Juncus acutus capituli
Sorghï. Bauh. Pin. ii. Genre de Plante. On en-
tend par ce mot toutes fortes d'herbe qui croît dans
les prés , & dans les marais , qui pouile beaucoup
de tiges à la hauteur de deux pieds , allez grolles ,
roidcs, pointues, compofées d'une écorce épaille ,
& d'une moelle un peu dure 6c blanche , envelop-
pée depuis la racine de graines feuillues, rougeâtres ,
qui s'élè-vent julqu'à près d'un pied. Juncus. Ses
rieurs font ordinairement compolecs chacune de iîx
pétales dilpolés en étoile fins calice : elles lont fui-
vies de caplules relevées de trois coins, & qui ren-
ferment des lemences fort menues. Cette ftrutiure
de Heur & de fruit lert à diftinguer le jonc de plu-
fieurs plantes , auxquelles on avoit attribué ce nom :
celles qui ont leurs fleurs à étamines font appelées
fcirpus. Il y a plulieurs autres efpèces de jonc. Les
près qui font trop humides font fouvent remplis de
jonc , on y tait des rigoles , des laignées , pour em-
pêcher qu'il n'y croille des joncs. On fait des balais
de jonc , des paniers de jonc. Les figues s'envoient
dans des cabas de jonc. Il vient des nattes de jonc de
Hollande j qui font fort propres. Les navires des
Chinois n'ont que des voiles de jonc.
Ce mot vient du Latin juncus , ainfi dit , quod
ipjius ufus fit ad junFturas potijjtmus _, parce qu'on
s'en lerr principalement pour lier , pour attacher
une chofe à uiie autre.
Jonc odorant , cft une autre forte de plante fort odo-
rante Se aromitique , qui croit en abondance dans
l'Arabie heureule ik. au pié du Mont Liban. On
l'appeJle autrement Sckœnance. l^oye^ Schœ-
N A NTE.
?ONC MARIN , eft: une forte de jonc qui a la tige dure ,
•boifeufe , &: les Heurs jaunes , il ne dirtère du
genct Ik du fparte qu'en ce qu'il eft épineux. Gcnijla,
fpartum.
On dit proverbialement d'une perfonne de belle
taille , & qui fe tient fort droite , qu'elle eft droite
comme un jonc. Tercncc a dit , juncca virgo , fille
menue & droite comme un jonc. On dit auHi d'un
glorieux qui ne fe baiHe point pour faire la révé-
rence , qu'il fe tient droit comme un jonc.
Jonc , en termes de Joaillier , eft une elpèce de ba-
gue qui n'a point de chaton , & dont le cercle eft
égal par-tout. Un jonc d'argent , un jonc d'or , un
jortc de diamans , de rubis , d'émeraudcs.
Jonc , ou Jonco. f. m. Eft le nom qu'on donne à
une cfpèce de vailfeau fort léger , dont on fe lert
dans les Indes Orientales , & lur tout le long des
côtes de la Chine. Myoparo. Sa leulc redource fut
un navire Chinois , qui alloit droit au Japon , & qui
étoit un de ces petits bâtimens qu'on appelle Joncs
à la Chine. Bouh. Le maître du navire , nommé
Nécéda 5 étoit un fameux Corfaire .... li connu par
les brigandages j, que fon vaiileau fe nommoit com-
munément le jonc du voleur. Idem.
Îp-JONCAIRE. f. f. Plante. Foye-^ Juncaria.
J O N
JONCHEE, f. f. Herbes , Heurs j joncs, ou branchages
verts dont on jonche les rues un jour de cérémonie.
Herharum fiorumque firatura. Les Juifs firent des
jonchées de palmes a l'entrée de Jésus-Christ en
Jerulalem. On lait des jonchées d'herbes odorantes
devant la procellion du Saint Sacrement.
Jonchée , eit aufll un fromage de lait fraîchement
caillé , & égoutté dans de petits paniers faits d'oiier,
ou de joncs. En Latin juncata , eo quod fit juncis
involuta.
A JONCHÉES, adv. Signifioit autrefois , A pleines
mains J abondamment. Plenis manibus , cumul at'e ,
ajjatïm.
Le bon Vieillard Inachus à jonchées
Lui prcj enta des herbes arrachées. M AKor.
JONCHER. V. a. Parleraer les rues , les paHages,
les Eglifes , de joncs, de Heurs, de feuillages , pour
quelque cérémonie au jour de quelque fcte folcnnelle.
Joncher les chemins de Heurs. Voit. Solum operire ,
fiernere.
Joncher , fe dit figurément pour couvrir , en parlant
de chofes femées & répandues ça &: la dans des plai- .
nés. Après cette déroute la campagne fut toute /0/2-
chee d'armes , de bagages , de morts.
// écarte , il ahat , il dijjlpe les rangs ,
£t jonche le terrain de morts & de mourans.
P. LE Moine.
On le dit auiïï quelquefois des fleurs parfemées
dans une chambre , fur un plancher. C'était des
jonquilles, &c de ces autres belles fleurs du prin-
tems , mon appartement en étoit tout jonché. La
COMT. DE M.
Jonché , ée. part. Il eft étrange de voir le théâtre
Anglois ;o«cAc;' de cadavres à la fin d'ime tragédie,
8c de trouver dans la Garderobe des Acteurs , nom-
bre de dagues , de poignards , de roues , de tafles
pour adminiftrer le poifon , avec quantité d'autres
inftrumens de la mort. Jour, des Sav.
JONChEl-ilE. f. f. Vieux mot. Tromperie.
JONCHEES. 1. m. Petits bâtons menus dont on fait
une forte de jeu , dont Ovide fait mention. Of-
cilla.
Ce mot vient de ce qu'on y jouoit autrefois avec
de petits brins de jonc , & depuis on s'eft fervi de
petits brins de paille , & maintenant d'ivoire.
JONCO. 1. m. Elpèce de vaiHcau fort léger , dont
on le lert dans les Indes Orientales , & le long des
côtes de la Chine. Foy. Jonc
JONCTION. 1. f. Action par laquelle on unit , on I
joint deux chofes enlemblc. Junclio. La jonclion '
des Mers , Océane &z Méditerranée , qu'on croyoit
impoHible , s'eft faite par le canal du Languedoc.
La jonction de la Seine à la Marne le fait vers Cha-
renton. La jonàion des armées le doit faire un
tel jour.
|C? Jonction , union , fynonimes. La jonclion re-
gudc proprement deux choies éloignées qui fe rap-
prochent l'une auprès de l'autre. Ainli ce mot fem-
ble luppoler une marche ou quelque mouvement ;
au lieu que le mot d'union entérine une idée d'ac-
cord ou de convenance. La jonclion des armées,
de deux rivières ; l'union des couleurs , l'union de
deux voilins.
§3" Le mot de jonclion ne s'emploie que d.ins le
fens littéral , au lieu que celui d'union s'emploie
fouvent au figuré. Vunion foutient les familles &
fait la puiftance des États. La jonclion des ruilleaux
forme les grands Heuves. Syn. Fr.
ifJ Jonction , terme de Jurilprudencc , le dit de
l'union d'une demande à une autre , pour y ene
fait droit conjointement. Quand un procès eft joint
à un autre , ou qu'il lurvient une demande inci-
dente ^ que le Juge ne peut pas juger à l'audience,
ou qu'il furvienr une partie intervenante , le Juge
trouvant la demande équitable , il prononce ap-
pointé
J O N
pclncé & joint. Dans ce cas il faut inflTuiic la de
inandc , ccriie &c produiie. Quand il pionouct
limplement joint , il n'y a point d'mltruccion à
faire , & eu jugeant j les Juges ftatucnt fur la ic
quête. Fhrr.
§^r Jonction du Procureur du Roi. C'ctl (ou inter-
vention dans les matières criminelles où il y a par
tic civile. La partie civile ell: le demandeur : M. le
Procureur Général joint eft l'acculateur. Hn l'rance
il n'appartient pas aux particuliers d'acculer , ils ne
peuvent que le plaindre , & conclure aux intérêts
civils. La peine &: la vengeance publique rélident
dans la pcrlonne de M", les Procureurs Généraux ,
&c dans leurs Subllituts. C'eft pourquoi le plaignant
requiert la jonction , l'intcrveiuion du minillère pu-
blic pour conclure à la punition du délit.
JONE. adj. Vieux mot. Jeuiie.
JONG, ou YONG, ou JOiNGiiE , ouJUNIUS. Nom
d'homme , qui fe dit de ces quatre manières. Junius.
Jacques Jonc , ou Tonc , hiuidois , Horilloit vers
le comniencement du XV^ liècle. Jonghe de Dor-
drechtj difciplc de Jufte Liple , entra enfuite dans
l'Ordre de S. François.
JONGLER, v. n. Vieux mot , qui figniiioit autre-
fois , Faire des fubtilités , des lauts périlleux , Se
des tours de palFe pallè pour amufcr & divertir le
peuple. Scurr.iri , mimos componerc.
Ce mot vient de Picardie , où il ert: encore en
ufage. En Latm jocari j Jouer. Autrefois on a dit
jongloyer , pour jongler, qu'on dit aujourd'hui.
JONGLERIE, f. f. Charlatanerie , tour de palîe-palîe,
Nug£ , mimi.
§3" JONGLEUR, f. m. Ce mot efl: aujourd'hui fynonime
de b.âteleur , joueur de tours de palVe-paire. Scurrci ,
mimus , circulator. Charlatan qui amufe le peuple
par des fubtilités , des lauts , Se des tours de main.
On donnoit .autrefois ce nom à des clpèces de
Ménétriçrs , qui alloient dans les maifons des grands
Seigneurs chantant des chanfons. Il y avoir j dit Paf-
quier , des Poètes qui ne failoient que de petits
poëmes , qu'on a appelés jongleurs ou joingleurs.
Ces Poètes fréquentoient particulièrement la Cour
des Comtes de Flandre. Mais on domia particulier
ment ce nom à des efpèces de Bateleurs ou Farceurs
quiavoient tuccédé aux Hiltoriens. La plupart étoient
Provençaux, iavoient la Mulique , Se jouoient des
inftrumens. Ils fe joignirent aux Troubadours ou
Trouveurs , Poètes Provençaux connus dès le XF
fîècle J pour débiter Se exécuter ce que ceux - ci
avoient inventé. Par ce moyen ils s'inttoduifirent
dans les Palais des Rois & des Princes dont ils ti-
roient de magnifiques préfens. On les appeloit aulîî
Jugkurs , Jongleours , Se les femmes Jonglerejj'es.
Ces mots viennent du Latin Joculator.
§3° Vers la fin du XIV*^ fièclc , les Trouveurs Se les
Jongleurs fe féparèrent en deux bandes ; les uns , fous
le nom de Jongleurs joignoient aux inftrumens le
chant Se le récit des vers ; les autres fous le nom
de Joueurs, Joculatores , amufoient le peuple par
des tours de pade-palfe , avec desfinges, 6'c. com-
me nos Bateleurs d'aujourd'hui. Vers le temps de
Philippe Augufte les Jongleurs tombèrent dans le
mépris , parce que la Poëfie déchut beaucoup en ce
temps-là , fur-tout après la mort du Comte de Cham-
pagne qui fit tant de vers amoureux pour la Reine
Blanche. Le nom de Jongleur étoit devenu fi mé-
piifable , qu'il ne fut plus .ipproprié qu'aux Bate-
leurs, deforte que n'ayant plus alors à dire que des
fottifes , on appela jonglerie une menterie , Se on
dit jongler ou jauglcr ,'pour dire , mentir. Fau-
CHET, Pasq.. C'eft pourquoi Philippe Augufte les
challa de fa Cour Se de fes États. Cependant ils
reparurent. Se furent tolérés dans la fuite du règne
de ce Prince Se des Rois (es fuccelîéurs. Ils prirent
tous le nom de Jongleurs comme le plus ancien,
ils demeuroient dans une feule rue , qu'on appe-
loit rue des Jongleurs , aujourd'hui de S. Julien des
Alénétricrs
Saint Julien des Ménétriers à Paris étoit autre
Tomç V.
JO N
241
fois Un hôpital fondé en faveur des Muficiens par
Julien, fameux Jongleur. Aulii voit-on au portail
des figures de trois fortes de Muficiens , des Trou-
vères ou Romamicos , des Chanterres ou Ménétrels ,
Se des Jongleurs ou Ménétriers , Se dans une fenê-
tre de l'Églile on voir la figure du Jongleur Julien
avec tous les attributs de la miifique. Bonnlt j Hijl.
de la Mujique.
Jonoleour, au (èns figuré , fignifioit un Parleur , Cau-
feur , que les Anciens appeloicnt des Encliantiéres
Se Multeplièrcs de paroles. Glojj] des Po'éf. du
Roi de Nav.
CtJ" Parmi les Sauvages d'Amérique on donne le nom
de Jongleurs à certains Magiciens ou Eiiciianteurs
qui font auilî profellion de la Médecine. Ces Char-
latans ie vantent d'.avoir commerce avec les génies
bienfîiifaiis , éc de caimoitre par leur moyen ce
qui ("c palîe dans les pays les plus éloignés , ce qui
doit arriver dans les temps les plus reculés; de dé-
couvrir la nature & la caule des maladies les plus
cachées j (Se d'avoir le lecrtt de les guérir ; de faire
réulhr les négociations les pluj; difficiles; de rendre
les dieux propices , &c. f^oye^ le détail de toutes
ces impoftures dans le P. Charlevoix.
ffJ'll eft certain que ces prétendus Devins ont des
fccrets finguhers , tels que celui , non d'enchanter
comme ils le difent , mais d'engourdi» les ferpens
les plus venimeux qu'ils manient , qu'ils mettent
dans leur iein , & dont ils fe font des bandeaux
&des ceintures lans qu'il leur en arrive aucun mal.
/''bjyeç PsYLLEs. Le Chevalier de Beauchêne dit
dans (es avantures, que les Jongleurs l'ont fouvenc
étonné , s'ils n'ont pu le perfuader. Ils appellent ,
dit'il , Ouahiche leur démon qui les inftruit de tout
ce qu'ils veulent i.ivoir.
Ce mot vient du Latin joculator.
lONIDES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Nymphes
près d'Héraclée en Élide. î! y avoir fur les bords d'une
fontaine qui fe jette dans le Heuve Cythérus, un tem-
ple qui leur étoit confacré.
lONIE. Ancien nom d'une contrée de la petite Afie.
lonia. Elle étoit le long de la côte de l'Archipel ,
ayant l'EoIie au nord Se la Carie au midi. Ses villes
principales étoient Milet, Éphèfe , Colophon , Lébé-
dus, Smyrne, Erythrée Se Clazoméne, Smyrne &
Éphèfe font encore confidérables dans ce pays qui
porte le nom de Sarchan en Natolie , Se qui eft bor-
né par le Bccfangil au nord , par le Germian au le-
vant, par TAidineUi au midi. Se par l'Archipel au
couchant.
IONIEN, lENNE. adj. Qui eft d'Ionie. Ion, lonicus.
C'eft un Ionien j c'eft une Ionienne. Le Dialecte
Ionien. Les Grecs Ioniens , qui avoient fecoué le joug
desPerfes, leur tuèrent 30C00 mille hommes dans la
bataille de Mycale, fous la conduite de Léotychides.
Boss. Les Ioniens ont pris leur nom de Ion , ou plu-
tôt Javan. Voye^ Ion. On entend communément
par Ioniens les habitans de l'Ionje fur la côte de l'Afie
mineure, ce ne fonr pourrant pas les premiers ni les
fculs Ioniens. Ce nom d'abord fut donné aux def cen-
dans de Javan ou Jon, qui occupèrent le terrein qui
s'étend depuis la Thrace jufqu'à l'Ifthme du Pélo-
ponnèfe,cN: ce pays s'appella l'Ionif; car Flutarque
dans la vie de Théfée , & Strabon , L. VII Se L.
VIII, nous apprennent que Théfée avoit éiigé un
cippcou colonne à l'entrée de l'Ifthme fur laquelle ,
du côté du nord, on lifoit en Grec, ceci n'eft point
le Péloponnèfe, mais l'Ionie; & de l'autre côté , ceci
eft le Péloponnèfe Se n'eft plus l'Ionie. Dans l'Anti-
quité on donne plus communéoient ce nom aux Athé-
niens Se à toutes leurs colonies. Mais Fiérodote nous
apprend, I. /, que les Athéniens étoient originaire-
ment venus d'Ioniens plus anciens. Il dit aulfi que
les /(P«ie/Z5 s'emparèrent du Péloponnèfe j m.ais qu'ils
en furent chalfés par les Achéens, & qu'ils bâtirent
douze villes fur la côte d'Afie , autant qu'ils en
avoient bâti dans le Péloponnèfe. Les Abdérites , les
Théiens étoient Ioniens. La plupart des autres Grecs ,
les Abantes dans l'Euboée , les Miniens, les Driopes ,
Hh
zAz ION
Us Phocéens, les MololFes, les Arcadiens, les Pélaf-
giens, les Doue as j tpiuiauricns , ctoic-iit mêlés
à' Ioniens. Ils octupoient auiii les îles de i Archipel ,
& c'étoit de-là quils étoicnt venus dans le conci
ncnr. Tout cela convient paiiaitement à javan & à la
poliérité. De plus , quoiqu Héiodote , Aiiitote , He-
raclide, Stiabon, Piutarque li^ d'autres cillent que les
Ioniens ne (ont que les Athéniens &c Icius colonies \
Bochard prétend e^ue d autres nations Grecques ont
aullî porté ce nom. Hélyciiius le donne aux Bertiens ,
Homère aUx Déliens , dans Ion Ode à l'honneur d A-
pollon, Arjftophane aux Acarnanes; enhn, il conclut
que les Macédoniens mêmes, ou poiu: le moins les
peuples de la côte de Macédoine, étoient /o«iÊ/2jj
parce que la mer qui la baigne s'appcUoit la mer
Ionienne. Tout cela, ou n'eii; point contraire à Hé-
rodote & aux autres Anciens, ou n eft pas lort con-
vainquant, âc l'on doit s'en tenir à ce qu ris nous ap-
prennent des Ioniens. Il eft au relie très-vrailembla-
hle quedouze villes aulîi conhdérables que celles-là,
ne furent pas fondées par les leuls Athéniens j mais
aufii par les Pyliens & les Thébains qui croient aulïi
Ioniens , comme il paroit par ce que nous avoris dit
d'abord des premiers Ioniens.
La mer Ionienne , ou la mer de Grèce. lonium
mûre. C'eCi une elpèce de ja'and golrc de la mer Mé-
diterranée, Il eft rcniermé entre la côte occidentale
de la Moréc & celle de lÉpire , qui la bornent du
côté dalevant, comme les côtes orieiualcs de 1 Italie
Se de la Sicile la bornent vers le couchantj elle a la
bouche du golle de Venile au nord. Les Anciens ren-
fermcient cette mer dans la mer Adriatique , qu ils
étendoient du moins juiqu'aux côtes de Malte, com-
me cela paroit par la navigation de S. Paul. ^cl.
XXFII. Maty. On dit aullî mode Ionien en termes
de Mulîque. C'eft l'onzihne des douze modes au-
thentiques des Anciens, il efl: gai & propre pour les
daiifes , les ballets, <St. Il commence en C , Sol,
Vt, Fa : Chez les Modernes, ceft le La D'Jj Mi,
La:, Re.
En parlant des perfonnes, des peuples, on dit tou-
jours lon'en & jamais Ionique.
Ionien, ell aulii lubilantit, & iignifîe la langue qu'on
paile dans l'ioiiie , ou le Dialecte Ionien. Savoir
l'Ionien. Entendre l'Ionien.
loNitN. 1". m. Terme de Pociîc & de Profodie. C'eft
un pied compole qui entroic dans les vers. Il y a le
grand & le petit Ionien. Le grand Ionien eft compofé
d un Ipondee «Se d un pyrrique; c'eft à dire, de deux
longues & de deux brèves, comme evinccre , ëc le
petit Ionien eft compole d'un pyrrique & d un ipon-
dee , comme diomedes ou lacry mantes.
IONIQUE, ajj. m. & f. Qui appartient à l'Ionie, ou
aux Ioniens. lonicus, a. Il y avoit une région dans la
grande Grèce en Italie , qu'on appeloit la région Io-
nique, ou lîmplemcnt l'Ionujue. La Muiique /0«;-
ijut , les d i.iilcs Ioniques , paiîoient autrehjis pour des
airs ou des exercices mous ^pcufeants, peuhonné
tes. Foye-{ Platon, L. III , de Kepub. Ik Horace, L.
III , Od. VI ,v. 2!. La tranimigration Ionique czo\z
autrefois une époque célèbre. C'eft la retraite des Co
lonies Athéniennes, qiù, après la mort de Codius,
s'en allèrent fous la conduite de iNlclée fon hls^ établir
les douze villes de l'Ionie d'Aiie. Ces Coloiiies le ti-
rent, félon Eratofthène , jo ans après le retour des
Héraclidesj &: lelon le Chevalier Marsham, 77 ans
après la prife de Troye, & 5-7 après le retour Àes Hé-
laclides. Les Marbres d'Arondel parlent de cette
tranimigration Ionique. La Sedle Ionique étoit la pre
mihe des trois plus anciennes Secles de Philolbphes.
Les deux auTei; étoient l'Iiali^ue 6c l'£léarique. Le
chef de la iiedte Ionique étoir Thaïes , l'un des lepc
Sages de la Grèce; il étoit de Milet en îonie , c'eft ce
qui fit appeler Tes difciples la Seéle Ionique. La Seélc
Ionique croyoit que l'eau étoit le principe de toutes
chofes. C'eft à quoi Pindarebit allufion au commen-
cement de la première ode de l'es Olympiennes. A
peu près dans le même tems (de Cyrus & de Cambyle)
Thaïes, Milélîen forma la Seéïe Ionique. Bossuet.
J O N
Ionique. Terme d'Architeéture. L'Ordre Ionique cH le.
tromèmc des cinq Ordres d'Archuc>.i.ure ; il en ûi.iin-
gué dvS autres particulièrement en ce qu li a des vo-
lutes , ou des cornes de bélier qui oruci.t Ion chapi-
teau, & que le fut des colonnes tlt leplus fouvi.nt
cannelé. Les colonnes Ioniques ionc oïdinaircmcnt
canneléesde 24 cannelures. 11 y en ac^uiue fontcrcu-
les ë<. concaves que jul^u a la t.oihcn.e parue du bas
de la colonne, cette tion^euie partie a les caiineiures
remplies de baguettes ou batui,s ronds, a la oiitcieiice
du lurplus du haut qui eft ftiié, cannelé en creux &
eniièremcnt vide. Sa corni.uc a des denti^uks ; il
tient le milieu entre la manière folide & la dclKate.
Sa colonne a neuf diamètres de la colonne prile de
haut en bas avec le chapiteau ts; la baie. Lorlque cet
ordre tut inventé , les colonnes nav oient que huit
modules ou diamètres de haut. Mais les nncicns
voulant rendre cet ordre plus agréable que le i^ori-
que , augmentèrent la hauteur des colonnes en y
ajoutant une bafe qui n etoit point en ulage dans
1 Ordre Dorique. L'Ordre Ionique eft un Ordre des
Grecs qui tire ton nom de ïionie. Province d'Alie.
Fel. Il y en a qui croient que l Ordre Ionique a été
formé lur le modèle du corps d une renime, ik. 1 Or-
dre Doii..ue fur le n:odele du corps d un nomme,
& que ces deux ordres Oiit entr'eux la même propor-
tion de folidité 6c de déli^ateire que le corps d'ui7
homme & celui d ur.e temme : ils ajoutent que les
volutes du chapiceâu /j«;^z/i^ rcprélentcnt les boucles
de cheveux que les teinmes portent de chaque côté
- du viiage quand elles lont coënées en cheveux.
On appelle aulli dans la Grammaire Grecque le
Dialede Ionique, une manière déparier parti. uli}rc
aux lumens. Il étoit d'abord le même que l'Attique
ancien-, mais lort'qu'il eut paftc dans l Aue , il ne re-
çut pas la pertection , Se ne parvint pas a la d^iicatellè
où arrivèrent les Athéniens. Il fe corrompit un peu
dans l'Aile mineure 8c y reçut comme une nouvelle
teinture. C'eft en cette langue qu'ont écrit Hippo-
crate Se Hérodote.
Ionique , en termes de Mufique, eft le nom d'un cer-
tain mode. A^oyt'^ loNiEi>i.
On ne dit jamais Ionique en parlant des perfonnes,
JONKERAD. Bourg du Cercle Llecl:oral du Rhin.
Jonkeradum. Il eft durs le Comté de Mandcrcheid,
lur la rivière de Kyll , entre Stadkyl & Hildeshcim.
Quelques Géographes ^ï^ww-nx. J onkerad pour le heu
de la nalFe Allemagne que les Anciens nommoient
Egorigium 6c Legio XII , que d'autres mettent à
Ruyt , village iitué a une lieue de ce bourg. Matvt.
IONinE. Nom d'une rivière de France. Jeauna. Voye^
Yonne. Valois écrit /t)/;«e. Aoc. Gall. pag. .3^j'.
JONQUE. Terme de Marine. Sorte de bâtiment dont
on fe lert fur les côte;, des Indes ôc de la Chine, i" oy.
Jonc.
JONQUÈRE. Nom d'un ancien Bourg de la Cata-
logne, en Efpagne. Juncana. Il eft dans le Lampour-
dan, entre Perpignan 6c Girone. J
JONQUIÉRES. Nom dun Bourg de Provence , en '!
France. Juncaria. C'eft un de ceux qui Ibrraent la
ville de Martigues. Voyc^ Martigues.
JONQUILLE, f. f. Fleur odoriférante , blanche ou
jaune J qui vient fur une tige comme les narcitles. Se
qui tleuiit en Mars. JonquiUa , narc.Jjus , juncifoUus.
On fait des pa.f-fums, des poudres, des pommades,
des eaux , des eftences de jonquille. Des gants de jon-
quille ; ce font des gants j; armmés avec des jonquilles.
Ses feuilles reftcmblent à du jonc. Quoiqu il y ait
grand nombre d'elpèces de /o/î^z^iZ/Wj elles fe rédui-
fent pourtant à douze , qui lont les plus finguhères
(Se les plus cftimces : elles le nomment la. jonquille d:
Lorraine , la jonquille recoquillée , la jonqudle au
grand godet , les jonquilles d'Etpagne , grande & pe-
tite, la (impie A; la double qui font toutes d'un jaune
ch^ir. Outre celle ci , i! y a encore la grande jonquille
blanche & la petite, la blanche à godet citronné, &
la blanche & la verte d'Automne.
'3" Toutes CCS prétendues variétés de jonquilles , font
des efpèces de narcille ainli dénommées par les Fleu-
J O N
rlftcs. Narclffus juncifolius luteus. Jonquille j.uiiie
ou lïini^ie. Narcig'us juncifolius , flore plcno. Jon^
quille doiihle. Narajfus juncijolius, petalis angujiif-
fimis, calice maxuno , tuhum rejcrcnte. Jonquille a
grand godet. Namjjus juncifolius , luteus , major,
ohlongo calice. GnnAc jonquille au godet citronne.^
Les jonquilles ne veulent avoir du ioleil que mé-
diocrement. Se demandent une terre qui ne foit ni
forte, ni légère, laprofondeur de trois doigts it au-
tant de dillance : oii les levé ordinairement tous les
trois ans pour en ôtcr le peuple. (G Mais il vaut
mieux les tranlplanter tous les ans, parce que lans
■cette précaution leurs racines s'alongent , s'aniincil-
fent ik ne donnent plus de belles Heurs dans la (uite.
La Jonquille blanche & la jaune double , font
mieux dans des pots que dans des planches. Elles
veulent un fond de terre gralle & détrempée, mais le
lit fur lequel on les plante doit être d'une terre mai-
gre , dans laquelle ayant couché les oignons , on les
recouvre de même terre légère &: maigre à la hauteur
d'un pié de terre bien graile. Quand la terre eft un
peufeche, ces /o«5w//tfJ veulent ùre légèrement ar-
rofées , parce que cela les fait merveillcufement pro-
fiter. Il ne les hut lever que pour en couper les fi-
lets &c les cheveux , & cela ié doit faire au mois de
Septembre. Il faut les replanter aulli tôt, parce que
ces petits oignons foutfrent beaucoup quand ils lont
hors de terre i néanmoins, iî on les veut garder quel
que tems hors de terre, on le peut faire, mais il les
faut envelopper dans du papier & les ferrer dans des
boëtes.
Grande Jonquille blanche. Elle efl: diiférente de la
"rande lîmple d'Elpagne pour la couleur & pour
l'odeur , parce que celle-ci ne knr rien.
Petite Jonquille blanche. Elle diftcre de celle d'Et-
pagne en ce qu'elle a la tleur étroite & qu'elle efl: fans
odeur.
Jonquille blanche d'Automne.' Elle jette trois fleurs
blanches qui n'ont pas grande odeur , elle poulfe fa
tige avant les feuilles.
Jonquille blanche au godet citronné. Elle ne dif-
fère de la grande blanche que parce qu'elle a le go-
det d'une autre couleur : cette même jonquille pro-
duit quatre ou cinq Heurs blanches qui tirent à une
couleur blanchâtre avec le godet au milieu, mais un
peu plus obfcure. On l'appelle encore jonquille de
mouton, p^axe qu'elle prend en bas &: rebrouH'e les
feuilles en haut, & ainfi tait la figure d'un mouton
qui cornaille.
Jonquille d'Espagne. On l'appelle ainfi parce qu'elle
a été apportée d'Elpagne. Elle eft infinie dans la di-
veriîté de l'es Heurs , parce qu'il y >en a qui les ont
grandes, d'autres petites, les unes claires, les autres
plus pleines ; elles tout pourtant toutes de la même
couleur qui eft un beau jaune clair, 6: ont une très-
agréable odeur.
Jonquille au grand godet. Elle eft ainfi nommée,
parce que fon godet , qui eft également rond &: beau ,
eft pourtant beaucoup plus long que celui des deux
autres efpèces ci-dellus , bien que les Heurs <Sc fes
feuilles , qui font découpées en étoile , foient plus
étroites.
Jonquille de Lorraine. Elle eft unie à fix feuilles
d'un beau jaune clair, qui portent les unes lur les au-
tres , & c'eft pour cette railon qu'elle eft appelée
unie : elle a le godet au milieu qui s'élève de la grof-
feur d'un demi doigt, & eft frilée par le bord : elle
* ne donne pas beaucoup de Heurs ; mais elle lupplée
bien à ce défaut par la vivacité de fa couleur. Se parce
que c'eft celle de toutes les jonquilles qui ell la plus
durable & la plus alfurée
Jonquille recoquillÉe. Elle eft ainfi appelée, parce
que le bord de fes feuilles fe renverfe. Elk eft diffé-
rente de la précédente dans (on godet qui eft plus
large & moins phHé , comme auîlî dans fa couleur
qui eft plus couverte; & outre cela elle eft bien plus
ouverte dans fa fleur.
Jonquille verte étoilÉe. Celle-ci vient auill en
Automne , elle a les feuilles découpées en étoile : elle
Tome V.
J O R
243
fleurit avant que de jetter aucufi vert du pié.
JONQUINES. f f. pi. Marchandilc dont U eft parle
dans le tarif de la Douane de ' ' '>n.
JONSAC, ou JONZAC. Petite v/i;.' de France en
Saintonge , auprès de la Sévio'Jie, qui lomb^ dans
la Charante.
JONTE. Foyei Junte.
JONTEREAUX. f m. V'oyei Joutereaux,
JONTHLASPI. f. m. Plante dont il y a ceux efpèces.
La première pouilé de petites tiges faimentcufes ,
couchées à terre , rondes , purpurines , couvertes
d'un poil blanc , rudes , garnies de petites feuilles
oblongucs, étroites, rudes, féches, d'un goût her-
beux. Ses fleurs nailîent aux fommités des braiiclics
en manière d'ombelles, ou plutcit de grappes alîéz
grandes, jaunes j odorantes, compofées de quatre
feuilles en croix. Il leur fuccèdc un huit grand
comme une lentille , preique rond , fort aplati , cou-
vert d'un poil blanc oC rude. Il contient une feule
fcmence ronde &c aplatie , rougeâtre. Cette plante
fleurit aux mois de Mai & de Juin , &: réfifte au
froid.
La féconde efpèce ne diffère guère de la première
que parce qu'elle eft plus petite dans fa tige , les feuil-
les & fes fleurs , & que fes petites tiges qui pouflènt
environ à la hauteur d'un pied, ne rampent pas
comme les autres, mais fe courbent feulement en
leurs extrémités. Les feuilles y font rangées alterna-
tivement. Toutes les deux efpèces tont déterfives ,
apéritives Se vulnéraires. Tournefort, après Fabius
Colomna , leur a donné le nom de Jonchlafpi , com-
me qui diroit efpèce de Thlafpi, couvert de poil.
De " c' ? , poil foie t.
JONTOYER. Il faut dire jointoyer. 'Voyez ce mot.
J O P.
JOPAS. f. m. Roi d'Afrique. Virgile en fait un des
Amans de Diuon , &: lui donne le mérite d'être mbile
dans la Mullque.
JOPPE. F'oyei Jafa.
JOPPE. f f. Ancien nom qu'on donnoit à une efpèce
de foulier en ufage chez les Hongrois. Joppa. Carlo-
mand défendit aux Clercs de porter cies Jappes. "Voyezv
Ion décret , X. I-
3 O Q.
JOQUES. f m. pi. Sefte de Br.amines qui fe trouvent
au Royaume de Narfingue. Ils vivent d'aumônes &
dans de grandes auftérités , voyageant dans les Indes
en faveur des Pèlerins , & s'abftenant de tous plaifirs
charnels, julqu'à im certain temps j après lequel étant
devenus abduls , c'eft-à-dire j exempts de toutes
loix Se incapables de tout péché , ils s'abandonnent
aux laletés les plus déteftables , Se ne fe refufent rien
de ce que leurs fens demandent. Ils ont un chef qui
jouit d un grand revenu qu'il diftribue , Se qui en-
voie plulieurs Jo^yi^c-^'^Drêcher leurs folies en certains
temps.
J O R.
JOR. C. m. 'Vieux mot. Jour. On le fervoit ancien-
nement d'un cornet pour avertir que le jour étoit
venu.
f^ous me vifles ainfi que la guette
Eut V aube du jor cornée.
On a dit aulTi Jornoyer ; pour dire, faire des jour-
nées dans un voyage.
JORJANIAH , ou Corgang. Nom d'une grande ville
que l'on mer dans le Chorafan , en Perfe , fur le
Jehun , à vingt lieues de fon embouchure. Corcanjia ,
Joxjania. On l'appelle Grand Corcang , pour la
diftinguer d'une autre qu'on appelle le petit Cor-
cang J & qui eft à trois heues du grand.
JORNÉE. i. f. On trouve ce mot dans les coutumes,
pour jour. Jornée fervante. Voye:^iovp..
Hh ij
2 44 J O S
JORTAN. Nom d'une ville d'Afic. Jonanum. Elle cft
d.ms l'île de Java , fur la côte Septentrionale , vers
le détroit de Balambuan, & vis-à-vis de la petite ilc
de Madurc. Jonan eft capitale d'un Royaume , qui
port^ ion nom ; il a un bon port , &c tort IréquentJ.
Maty.
J O S.
JOSAPHAT. f. m. Nom d'un homme. Jofaphat , Jo-
faphatus. Jofaphat y fils d'Aia , fut un pieux Roi
difraël.
La vallée àz Jofaphat. Il en efl: parlé dans le Pro-
phète Joël III. 2. & li. J'alfemblerai tous les peu-
ples J & je les amènerai dans la vallée de Jofaphat ,
où j'entrerai en jugement avec eux, touchant Ilraclj
mon peuple & mon héritage , &c. Saci. Jocl III. 2.
Que les peuples viennent fe rendre à la vallée de
Jofaphat ; j'y paroitrai aiîîs lur mon trône pour ju-
ger tous les peuples, qui y viendront de toutes parts.
Id. V. 12. La vallée as Jofaphat étoit entre la ville
de Jérufalem & la montagne des Olives , ainh que
l'ont remarqué Lyranus, Vatablej Arias Montanus,
& Adricliomius. On ne lait pourquoi elle portoit
le nom de Jofaphat. Le fentiment le plus probable
eft que ce fut en mémoire de la grande victoire
qu'y remporta /o/i/i/iizr, & qui eft rapportée au Liv.
II. des Paralip. ch. XIX. C'eft le fentiment de Live-
lejus. Le torrent de Cédron couloit dans cette val-
lée. Saint Jérôme a cru que ce leroit en ce lieu - là
que (e feroit le jugement dernier. Lyr.anus , Ribéra ,
Oiîander , au rapport de Tarnovius , & quelques
autres modernes dans (Ecolampade, ont fuivi ce fen-
timent, tous fondés, comme S. Jérôme, lur les pa-
roles de Joël que nous venons de citer. D'ailleurs ils
ont cru qu'il étoit alFez vrailembl.^ble que JÉsus-
Chrjst parût glorieux dans les airs au dernier jour ,
& vint juger les honunes, au dellus de la vallée, où
a commencé la paillon. D'autres prétendent que ce
ne peut être là le lens du Prophète , qui ne parle
point du lieu, mais de la manière du fécond avène-
ment du Sauveur ; que la vallée de Jofaphat cft trop
petite pour contenir tous les hommes ; que le relie
du chapitre ne cidre point à cette explication ; qu'ain-
fi il eft inutile de dire que ce jugement ne fera point
dans la vallée, mais dans les airs au delfus de cette
vallée. Ils prennent ces mots vallée de Jofaphat
pour des noms appeilatifs , qui lignifient la ■vallée du
jugement de Dieu. Car c'eft ce que lignifie /()/i^>/u7£,
ainli qu'on le verra par l'étymologie. Or quelque
part que le falle le jugement dernier , ce lieu fera
toujours en ce fens la vallée de Jofaphat. Voye-^
Mercérus , Tarnouvius , Chafteillon , Grotius ,
&c. D'autres prennent encore le mot de vallée dans
un fens moral , & veulent qu'on entende par la val-
lée de Jofaphat la profondeur du jugement de Dieu ;
mais cette interprétation eft moins probable.
Ce mot eft compofé de nini Jehovah , nom pro-
pre de Dieu , Se ViSfV , fcaphat , qui lignifie juger.
Jofaphat , jugement de Dieu. Le mot Hébreu eft
nStt'n"! , Jehofchaphat.
L'opinion t^ue ce lieu fera celui où fe fera le ju-
gement dernier a produit dans notre langue une ex-
prellîon populaire J mais lort hgnificative j & quia
fait une image vive de ce que l'on veut dire. Car
pour marquer une grande multitude de peuple alfcm-
blée en un même lieu , on dit , c'étoit , ou c'eft la
vallée de Jofaphat. Je viens du lermon, ou bien du
lalut; il y a^voit un monde infini-, c'étoit la vallée de
Jofaphat. Mais cette phrile ne doit point fottir de-
là converfation , ou du ftylç lamilicr.
LE JOSAS. Petit canton de l'Ile^ de France , entre la
Seine tk la Beaulle. Il eft difficile d'en maïqucr à
préicnt les bornes. On ne le iert de ce mot que dans
les aiiaires eccléliaftiques , & pour déligner la partie
du Diocèle de Paris , qui s'étend au midi julqu'au
Diocèle de Chartres.
JOSEPH, f. m. Nom d'homme. Jofephus. Le Patriar-
che Jq/ct'^ , fils de Jacob , premier Miniftre de Pha-
raonj Roi d'iigypre , eft un modèle parfait de pureté
J O S
&C de continence. Libenius & le P. le Jay, tous deux
lavansJéluites , l'un flamand Ik. l'autre franijOis, ont
fait fur Jofeph plulieurs Tragédies qui font imprimées.
S. Jofepli , époux de la lainte Vierge , étoit de la
race de David.
L'Hiftorien Jof'phe , qui nous a donné les Anti-
quités Judaïques , l'hiftoire de la guerre des Juifs
contre Velpahen , tk la dellruCtion de Jérulalem ,
deux livres contre un Grammairien nommé Apion ;
un Traité de 1 Empire de la raifon , qui eft un éloge
des Machabées ; & enfin fa propre vie; cet Hiftorien,
dis je, étoit Juif, fils de Âlathatias, homme conil-
déré également & des Juifs & des Romains. Jofephe
riroit fon origine , par fon père , des Grands Prêtres,
& par la mère des Afmonecns. Il naquit lous Cali-
gula. Se ne mourut que lous Domkien. C'eft une
hmtaifie d appeler cet Hiftorien Jofephe , & les au-
tres Jofeph ; comme il ce n'étoit p.*s toujours le mê-
me mot ; d'ailleurs , l'ufage condamne ablolument
cette innovation.
Joseph d'Arimathie eft ainh lurnommé dans l'Evangile ,
du nom d'un botlrg htué daos les montagnes d'E-
phraïm , èv qui tut la patrie.
L'Empereur Jofeph ; c'eft le frère & le prédécef-
leur de l'Empereur Charles , fils de Léopold I. Il
naquit le vingt fixième Juillet 1678 , tut déclaré Roi
héréditaire de Hongrie en 1687, élu Roi des Rom:iins
le ving quatre Janvier 1690 , marié l'an 1699. quin-
zième de Janvier , à WiUelmine Amélie , fille de Jean
Frédéric de Brunlvik , Duc d'Hannovre ; il prit pof-
fellion de l'Empire à la mort de Ion père l'Empe-
reur Léopold , arrivée au mois de Septembre 1 70J-.
Il mourut le dix leptième Avril 171 1.
Le Père Jofeph , c'eft un Capucin , fils de M. le
Clerc , Prélident au Parlement de Paris , illuftre par
ion habileté dans les Controvetfes & dans la Poli-
tique , dont le Cardinal de Richelieu fe lervit beau-
coup. Il mourut à Paris le 21 Décembre 1653, nom-
mé au Cardinalat par Louis XIII. Projettant un jour
avec le Cardinal de Richelieu une expédition de guerre
qu'il trouvoit fiicile , il marquoit lur la cai'te la mar-
che des troupes, leur failant palier des endroits où
il n'y avoit point de pont , le Cardinal , dit-on ,
l'arrêta , en lui difant , Cela ne va pas fi vue , Père
Jofeph : où pallcront ces troupes î Ces paroles pafte-
rent en proverbe , & l'on dit encore quelquefois
aux gens qui ne doutent de rien, qui ne voient point de
difticulté, à ce qu'ils propolent ou entreprennent :
cela ne va pas ji vue , Père Jofeph.
HospiTALiÈRh DE S. JosEPH , OU fille de S. Jofeph.
yoye-^ Hospitalière.
Frère du Purgatoire de S. Joseph. Nom prétendu
des Religieux d'un ordre fuppolé par Abraham Bruin,
Se Adrien Damman , par Jolie Ammanus j (?c par
Schoonebeck. P. Helyot. Pref. p. g.
Congrégation de S. Jofeph. C'eft une Congréga-
tion de Prêtres fécuhers , tondce à Rome l'an 1620. à
l'exemple de S. Philippe de Néri, par le 'V. L'in-
tention du P. Motta, fut de former des Eccléliaftiques,
qui lans oublier leur propre perfection , travaiUaf-
fcnt continuellement lous la direclion du Pape & de
Ion Vicaire dans Rome à édifier &: inftraiie les peu-
ples. Lins aucun intérêt humain. Les Prêtres de cette
Congrégation ne vivoient pas d'abord en commun ;
mais l'an 1646. lept d'entr'eux donnèrent commen-
cement à la vie commune, & donnèrent des rentes
à l'Églife de S. Pantaléon , & à un Moaaftèrc voi-
lin que les Baliliens avaient abandonné : ce qu'In-
nocent X. confirma en 1646. en approuvant leur Con-
grégation. En 1 6651. il ne reftoit plus que deux de
ces lept Prêtres , qui cédèrent leur maiion à la Con-
grégation. ClémentXI. approuva la cellion pour ceux
qui vivi*Dient en communauté. Le Père Marc Soccini
de l'Oratoire, leur ht àzi conftitutions qui furent ap-
prouvées en 16S4. par Innocent XI. P. Héliot. T.
FUI. Cs-
Congrégation de S. Joseph. Prêtres Miirionnaires
de la Congrégation de S. Jofeph , nommés aulli Cré-
teniftesj parce tiu'ils furent établis par Jacques Cre-
J o s
tcnct , l.xfc , & Ciiirurgien de profciîion ; mais qui
le lit lictic en 1666.
Sauis ou lilles de S. Joseph. Nom d'une Congré-
gation de tillts , qui a pris l'on origine dans la ville
du l'iiy en Vélay. lille lut criijée en 16 jo. par Hcaii
de IvLiupas du Tour, Evêque & Comte de cette
ville , à la {bliieitation du P. Jcan-I'jerre Médaille ,
de la Compagnie de Jélus. Ce l'réi.it la confirma
en 16 ji. & leur preicnvit des rèyles .iv' une forme
d'habillement. Il contirnia de nouveau (ïc approuva
leurs coiilticutions & réglcmens le zj Septembre
i66j. Le Uoij par Lettres Patentes de 1666, au-
torila tous leurs établiiiemens. Elles prennent la con-
duite des pauvres dans les hôpitaux, Se la dircdion
des mations de refuge. Elles tiennent des écoles , &
emhralient tous les exercices de charité & de mifé-
ricorde. P. Hélyot. T. FUI. C. 24.
On appelle Coton-Jofcph _, une force de cocon fi-
lé de médiocre qualité , & de peu de débit eu Frajjce.
Oji ditpopulairement d'une peribnne qui veut s'en-
gager dans le mariage , qu'elle veut être de l'Ordre
de S. Jofipk.
Joseph pluant , Jofcph collé ^ Jofiph à foie. Ce font
des noms que l'on donne à certaines efpèces de papier.
San - Joseph. Nom d'un bourg , ou petite ville de
l'Amérique Méridionale. Fanum S. JoJ'cphï. Ce lieu
eft dans l'ile de la Trinidad , ou de \x Trinité, fi-
cuéc dans le goire de Paria.
San-Josi.pk. /^oy^^ Sepan.
JosÉi'HE. t. h Terme de lleurifle. Nom d'une Tulipe
ilabclle, rougeatre, panachée de jaune, avec un peu
de rouge. Mokin.
JoSÉi'KiNE. f. f. Nom de femme qui a reçu le nom de
S. Jofeph au baptême. Jofepha , Jofiphina.
Joséphine , qui (e dit des hlles de l'iimpereur Jofeph.
Jopphina. la Cour de Vienne ne iauroit avoir ou
blié la teneui des Contrats de mariage & des Renor.-
ciations des Archiduchellcs Jqfephines. Ranarq. fur
un Refera de la ville de Vienne de 1 741.
JOSÉPIN , INE , ou JOi)LPHISTE. f. m. & f. Nom
de Seite. Jofephinus , Jofephijîa. 'iÇJ Les erreurs des
Jofepins furent condamnées par Luce III en 11 84.
& par Grégoire IX. en 1153. Rciner dans fon traité
contre les Hérétiques les nomme Jofeahiftes. Ils i
avoieiit apparemment ce nom de quelque Chef dont
ils fuivoieut les erreurs, & qui le nommoit Jofeph.
Il y a auiîi de l'apparence que ce n'étoit qu'une bran-
che des Vaudois. Nous ne frvoiis de leurs erreurs
que ce qu'en rapporte Reiner à l'endroit que j'ai ci-
_té ; lavoir , qu'ils conrraCtoicnt un mariage fpirituel
& qu'ils ne fe permcttoient point l'acte du mariage ,
mais que du relie ils s'abandonnoient à toutes fortes
d'autres impuretés.
M. l'Abbé Fleuri , Hift. Eccl. Liv. LXXIII. p.
S32, dit qu'il n'a rien trouvé de ces hérétiques.
Rciner Sachon , de Plailance , qui vivoit au mi-
lieu du XilP. iiècle,& qui fut Chef des 'Vaudois,
& enluitc Dominicain & Inquillteur Général , en
parle pourtant dans fon Traité contre les Vaudois.
JOSIDA. Ville du Japon, fur la route de Méaco à Fa-
maraatz, à trois lieues d'Alcafaka. On la nomme
aulïï Joffida. On entre dans fes fauxbcurgs par un
pont de trois cens cinquante pas de long. C'eft la
même qui eft nommée Jofnda dans l'Amballade des
Hollandois.
JOSSE. f. m. Nom d'homme. Jodocus , Judocus. Saint
Jojfe étoit fils du Comte de Juthaïl , que nous appe-
lons Juël , Roi d'une partie de la petite Bretagne en
France , & frère du Roi Judicacl , que nous appe-
lons vulgairement S. Gignel. Baillet au 1 3 de Dé-
cembre. S. Jojfe après avuir refufé la couronne que
fon frère quitta , & qu'il lui voulue mettre fur la
rete ^ fe retira dans le Ponthicu en Picardie , où il
vécut folitaire , &: où il mourut vers l'an 668. Joffe ,
Marquis de Moravie , fut créé Roi des Romains en
1410. MoR. Saint Jojfe aété un des plus remarqua-
bles Icrviteurs de Dieu en ce fiècle. Godeau. C'eft
au yil. fiècle. Saint /q//è vint dans une folitude ap-
pelée Brahic , ou Radie , iic maintenant c'eft le vil-
J O T 24r
lagc appelé Roye. lD.Florcr,tius a écrit la vif de S Jolli
SAINT JtjSSH sua MER. Nom d'un bourg avec
Abbaye. Cella S. Jodo^i , ou Judoci , anciennement.
Qiiencavicus. Il eft dans le Pontliieu en i ijardic à
deux lieues de Monrreuil , vers la côte. Maty. Ce
heu eft près de l'embouchure de la Candie. Valois ,
Nor. Giilt. p. 2)6.
JOSSELASSAK. f. m. c'eft une des fortes de cotons
filés qui lé tirent de Smvrne. Il eft moindre que ce-
lui qu on nomme Montaliln , quoique 1 un &c l'au-
tre le cultivent & fe recueillent dans le mcui'. can-
ton.
rr JOSSELIN. Foye:^ Joceun.
JOSTE. Prépofition. Vieux mot. Auprès : du Laiin
JuxCa.
JOSUE. f. m. Nom d'homme. Jofué , Jejus. Le con*
duèfeur du peuple de Dieu après Moyfe fut Jofué ,
fils de Nun. L'hiftoire de fon gouvernement e»: dé-
crite dans le Livre qui porte fon nom. Ce nom s'en-
tend aulli de ce livre. Ainfi l'on dit , Manlius a
fait un fort bon commentaire fur Jofué , c'eft à-
dire , fur le livre de Jofué.
ify Ce livre comprend l'hiftoire de l'entrée du Peuple
de Dieu , de fes premières conquêtes & de fon eta-
blillèment dans la terre promife , fous la conduite
Aq Jofué. C'eft un livre canonique. Ce nom eft en
Hébreu yv^'ini Jehofchua, comme de Hi 1 nom
propre de Dieu ,, & yu", qui lignifie falut. Jehofchua,
veut dire falut de Dieu.
I O T. J O T.
IOTA. f. m. C'eft au propre un petit i dont fe fervoienc
les Grecs, la neuvième lettre de leur alphabet. On
s en fért dans notre langue pour dire , la plus petite
chofe , un point , un rien. Je vous livre cet ouvrage
complet, il n'y manque pas a/2 iota. L'Écriture die
aulîî , que toutes les Prophéties s'accompliront , &
qu'il ne s'en manquera pas un iota. Je vous dis en
vérité , le ciel & la terre périront plutôt que tout ce
qui eft de la loi ne s'accomplillè jufqu'à un feul iota ,
ou un feul point. Bouhours.
JOTA. Foyei Jeta.
JOTAPAIE , ou JOTAPATA. Nom de lieu. Jotapata.
C'étoit anciennement une ville très-forte de la Pa-
leltine. Elle étoit dans la Galilée intérieure , près de
la mer de Galilée , fur des rochers extrêmement hauts
&: elcarpés , 6'c qui n'étoient acceilibles que d'un cô-
te. Joféphe l'Hiftorien, Juif, étant Gouverneur de
la Galilée , la défendit contre Vefpafien , qui 1 ayanc
prife, après quarante- fept jours de fiège , la fit en-
tièrement ruiner. Maty.
JOTA VILLA. 1. f. Nom d'une efpèce d'alouette. Ce
font les Italiens qui lui ont donné ce nom. Alauda,
Italis dicla Jotavilla. Cet oifeau a le chant très-
agréable , & n'eft pas connu de roue le monde , la
niaife eft la meilleure, la mangeaille eft du milice,
du chenevi, ou de la compohtion que l'on fait aux
aloueetcs. Le mâle a une peeite couronne fur le mi-
lieu de la tête , &z bien que la femelle ait la même
couronne , elle eft néanmoins plus blanchâtre. Ou-
tre cela le mâle a l'ongle de derrière , ou plutôt l'épe-
I ron fi long qu'il palle le genou. La Jotavilla a cou-
I tume de faire fon nid dans les vallées où il y a des
I arbres feuillus; il eft compofé de même, que celui
de l'alouette commune, elle fait quatre ou cinqœurs.
La bocagère eft très bonne , la niaile néanmoins ex-
celle pour le chant , elle chante la nuit , ainli que
le rollignol. Quand elle eft toute élevée, on lui don-
ne de la navette & du millet , elle vie environ huit
ou dix ans.
JOTTE. f. f. Herbe potagère , qu'on appelle autremene
Bette , ou poiréc. Foyc^^ Bette.
JOTTE. f. f. Terme de Marine. Les Jattes d'un vaif-
feau font les joues d'un vailfcau ; c'eft à -dite , les
deux côtés de l'avant depuis les épaules jufqu'à l'é-
trave.
JOTTEREAU. f. m. Terme de Marine. Jottereaux d'un
vailfeau. /^oyf^ Joutereau.
24^
J O U
J o u.
JOU. f. m. C'ccoic le véiitaîîle nom de Jupiter, dont
■Jovis ell le génitih Les Celtes appeloient ce Ditii
Jc).v,«:'efi:à-du-e, le jeune, pour marquer que Dieu
ne vieillit jamais. Le mont Jou , dans les Alpes , que
les Latins appeloient Mans Jovis j lui étoit confacré,
ik prouve que c'étoit le nom de Jupiter. Le jour de
la femaine qui portoit (on nom , dus Jovis , Jeudi,
le prononce encore dans toutes les Provinces méri-
dionales de la France , Di-jou. Enfin c'elT: lous ce nom
de jou que le louveraindes dieux étoit autrefois connu
& honoré dans les Gaules.
IKTJOUAIL. Terme de Marine. Fnyei Jas.
Ip-JOUAILLER. V. n. Jouer à perjt jeu, & feule-
ment pour s'amiifer. Il e(l: du Itvle familier.
JOUAILLERIE. Foyei Joaillerie.
JOUALLIER , ERE. F'oyei Joallier.
JOVANOT^ OTTE. adj. m. & i. Vieux mot. Jeunet ,
jeunette. Un Prince comparoir une de fes Maîtrelfe à
l'oifeau de Paradis , où il y a plus de plumes que de
chair, la taxant par là d'être maigre. Aulîl , dit Bran-
tôme, étoit elle tiop jovanotte pour être gralfe j n'y
ayant ordinairement que celles qui deviennent âgées
qui prennent de l'embonpoint. Dames Galantes ,
tom. r. p. m. 24.S. 2^p.
JOUARA. Petite île dcferte. Gyarus , ou Gyaros. Elle
efl dans l'Archipel , entre celle, d'Andry , de Ténos ,
& de Zéa. Maty.
JOUARRE. Nom d'un village avec Abbaye. Jotrum.
Il cil dans la Brie , Province de France, l'ur le petit
Morin , à demi - lieue de la Marne , &: de la Ferté
lous Jouarre, Maty.
U y a à Jouarre une fameufe Abbaye de Bénédic-
tines tondée vers l'an 630. par Adon , frère de S.
Ouen-, c'cft pour cela que Jouarre eft appelle juarre
les Nonnains , en Latin , Jotrum Nonnarum. On
trouve aulli en Lazlnjodorum , & Jodariu/n. D'abord
on a dit en François Juerre , & enluite Jouarre. Va-
jLOis. Not. Gall.p. 2 s 4-. Voyez fur cette Abbaye \Hift.
de l'Eglife de Meaux , T. I. p. ^j. &c fuiv.
JOUAN. Bourg de ¥t:a.na:. Jocondiacum. U eft dans la
Touraineprès de Tours, lurle bord du Cher. Valois.
iVV- Gdll. p. 2J-J.
JOUBARBE , ou JONBARDE. f. f. Plantç qui poulie
des feuilles oblongues , pointues, gralles , charnues,
toujours vertes , dilpolées en rond. Il s'élève de leur
milieu une tige à la hauteur d'environ un pied , ou
plus haute , droite , allez grollé , garnie de feuilles
femblables à celles d'en -bas; mais plus étroites &
plus pointues. Ses Beurs font portées à l'extrémité
de la tige , cjui ell divilée en quelques branches couiv
tes & fans teuilles. Chaque feuille eft compolce de
plufieurs pétales fort étroits, 8c de couleur purpu-
rine. A ces rieurs fuccédent des fruits formés par
plufieurs petites graines ramalfées en manière de tè-
te , Se remplies de (emences lort menues. Cette plan-
te , que l'on nomme grande joubarbe , Sedum rnajus
vulgare C. B. pour la dillinguer de plufieurs autres
efpèces de joubarbe qui lont plus petites , eft rafraî-
chiUante. Il y a une efpèce de joubarbe qui s'élevc
fort haut , & qui poulie des tiges & des branches
en manière d'arbre. Ses Heurs (ont jaunes , c'eft celle-
ci qu'on nommoit Sedum arbore/cens , J. B. Cette
plante croit lur les murailles & fur les toîts des mai-
fons. Elle eft fort rafraîchi 11 ante , propre pour les
inHammations, pour adoucir les douleurs de la brû-
lure , de la goutte , des cancers.
On la nomme en Latin Sedum majus vulgare. C.
Bauii. Pin. 18}. Sedum vient àe fédère , parce que
la plupart des elpèces de joubarbe lont comme ailî-
les lur les toits & fur les murailles , où elles croif-
fent , ou bien de fcdare , appaifer , parce que la
• joubarbe empêche les inriammations. On la nomme
aullî fempervivumk caule qu'elle conferve fa verdure
en hiver, aullî bien qu'en été. Autrefois on l'appc
loit jovis barba , ou Jovis herba, d'où eft venu le mo
de joubarbe.
JOU
Petite Joubarbe, f. f. p^'ermicularis. Petite plante
dont les tiges font à peu près de la longueur de la
main , dures , ligneules & rougeâtres. Ses feuilles
font longuettes , rondes , charnues ou fucculentes ,
ayant la ligure d'un petit ver , ce qui lait qu'elle s'ap-
pelle en Latin f^ermicularis. Ses Heurs naillent en les
lommités comme en bouquets , blanches , compo-
fées chacune de cinq feuilles dilpolées en rofe. Lorf-
quc cette fleur eft palfée , il lui luccèd^ un petit fruit
compole de pluheurs graines ramalfées en tète , ^
remplies de pluheurs lemences-fort menues. Sa ra-
cine eft menue & fibrée. Cette plante croit fur les
murailles. Son goût eft alfez iniipide. Elle contient
beaucoup d'huile & de Hegme , & peu de fel. Elle
entre dans la compohtion de J'onguent Populeum.
Elle eft humectante , rafraichilian.tc , réfolutive, con-
folidante , propre pour les maladies de la peau ,
pour les inriammations , pour les hémorrhoïdcs ,
écralée <S<r appliquée extérieurement. Lé.meri.
JOUE. 1. f. Partie du vilage qui s'étend dei deux cutés
du nez jufqu'aux oreilles , & depuis les tempes jul-
qu'au menton. Mala, gêna. Les Médecins divifem
la joue en deux parties , & appelle la pomme , ou
\c pommeau , la lupérieure qui eft un peu élevée en
bollette , entre le nez & l'oreille au-dcHous des yeux ,
& qui eft le liège de la pudeur, parce qu'elle rou-
git : ils appellent Bouffe , &c en Latin buaa , la par-
tie inférieure qui eft plus lâche, qu'on enfle de
vent quand on veut : c'ert la joue proprement dite.
Du Cange dérive ce vnoc de geuJiA , mot de k
bafle Latinité. Les Picards dilent encore aujourd'hui
jeues. Les lemmes le tardent les joues avec du rou-
ge. La pudeur lui a mis un beau vermillon fur les
joues. Il vient fouvent des fluxions fur les joues. Cou-
vrir la joue. Donner fur la joue , c'eft donner un
fourilet : l'Évangile en ce cas confcille de tendre l'au-
tre joue pour en recevoir un lecond.
Ce mot vient du Latin gêna, qui félon Ifidore,
vient du Grec -/6»f«" , qui lignihe ^ la barbe , parce
que les joues lont les parties du vilage où vient la
barbe. Les Grecs appellent le menton y£»uf ^ pour la
même raifon.
On dit, coucher en joue , pour dire, vifer à quel-
que but pour y atteindre avec une arme à Icu qu'on
approche de la joue. On dit aulîî au figuré _, coucher
en joue quelque choie , quand on la confidère bien
attentivement , qu'on la dehre , & qu'on fait les
etlorts pour l'obtenir. Cette exprelîîon _, au figuré , n'eft
que du ftyle lamilier.
1^ On dit auOi les joues d'un cheval. Ce cheval a
trop de joues.
^3" On le lert de ce mot dans les arts , pour défigner
les parties de certaines machines placées fur les cô- |
tés , correlpondantes lune à l'autre.
{iCTDans l'Artillerie On appelle joues les deux côtés
de l'épaulement d'une batterie, coupés lelon Ion épaif
leur , pour pratiquer l'embralure.
Joues de Peson. Terme de Balancier. Ce font des ma-
nières de petites plaques , qui lont de part &: d'au-
tre fur les broches du pefon.
JOUE. Terme de Marine. Joue de vaillèau. P^oyi\
JOTTE.
JOUE. Jocundiacum. Bourg de France en Touraine ,
dans l'Éleécorat de Tours.
JOUÉE, f. f En terme de Maçonnerie , fe dit des côtés
ou de l'épailleur du mur dans l'ouverture ou dans
la baie d'une porte, d'une fenêtre, d'une lucarne,
par où on tire du jour ; il fe dit aulli de l'ailance
avec laquelle jouent les po.rtes , les fenêtres , & quel-
ques machines. Lacera. Cette porte n'a pas aftezde
jouée ou de jeu , de facilité pour s'ouvrir. Jouées
d' abat-jour , ce font les côtés rampans d'un abat-
jour fuivant leur talus , ou glacis. On dit TM&jouees
de foupirail , pour lignifier la même chofe. Jouée
d'une lucarne, jouée d'une languette.
Ce mot de jouée vient de jouer , quand il figni-
fie avoir du mouvement : car la jouée des portes ,
des fenêtres, ell l'endroit où elles jouent, où elles
ont leur mouvement. M. Félibien dérive ce mot de
JO u
celui de jour, parce que c'cll par hs jouées que vient
le jour.
JOUELLE. f. f. Ce mot le trouve dans Pomcy, pour
iignihcr une forte de joug, compoL- de trois pièces, .
de deux droites , &c d'une qui traverfe , lequel jou;;
= {"ert à arranger, à dilpolcr les Icps, les larmtns de
vigne , d'une certaine manière. Jugum. Dreller une
vii'iie en jouelU. Relever la vigne lur UjouelU'. Ju-
gare vlneam.
JOVENTE. i. f. Vieux mot. Jcuneilè. On a dit aull'
Jouvantc &c Jouvance. On a dit encoxtjûueue , pour
/îgnificr la même choie.
JOUER. V. a. & n. Ludere. S'amufer, badiner, faire une
chofe agréable,qui donne du plaiiir, du divertillemcnt,
folâtrer , fe divertir. ^ Dans ce fcns on l'empluie
fouventavcc le pronom perfonnel. Les znia.\\s jouent
enfemble , ils jouent l'un avec l'autre. Les entans
jouent, (c jouent Avtc leurs hochets, avec leurs pou
pces. Les mères fe jouent avec leurs enfans. Ceux
du moyen âge jouent à de petits jeux, au fabot,
aux oli'elets , &c. Elle tcnoit un évantail don: elle
jouait. Bussi. Les jeunes chiens !k les petits chats
jouent avec leurs petits , avec une balle , &c.
IJC? On dit aulll fe jouer de quelque chofe , faire quel-
que chofe en (e jouant , iâns application , (ans pei
ne, en s'amufant. Vous croyez cela fort dilKcilei je
Tai fait en me jcmant.
Jouer, fe dit aulli en parlant des jeux qui ont des rè-
gles. Jouer à la Paume , au Billard, aux Échecs, aux
Dames , aux Cartes , au Hoc , à la Bailette , au Bre-
lan , &c. Jouer gros jeu. Jouer jeu de garniton , jouer
de fon relte, à quitte ou à double, c'eftà dire , met-
tre tout au halard, le piquer au jeu. Jouer de mai-
heur , c'ell, perdre continuellement. Donner à jouer;
c'eft tenir Brelan , Académie , &c tirer pour cela tri-
but des joueurs.
Jouer s'emploie auiïï à de certains jeux de cartes , avec
le nom de la couleur dans laquelle on joue. Jouer
en carreau , en cœur. Je joue en trèfle , ùc. Et Faire
jouer hgnifie. Nommer la couleur dans laquelle le
coup doit être joué. C'cft lui qui a fait jouer en
pique.
Jouer & Faire jouer , fignifient à de certains jeux de
cartes , jouer fans prendre , ëc Faire jouer lans pren-
«Ire , c'eft à-dire , fans écarter , & fans prendre de
nouvellercartes au talon.
Jouer un jeu , lignine , le favoir bien jouer , le jouer
par préférence , être dans l'ufage , dans l'habitude de
le jouer.
§3° Jouer le jeu , jouer félon les règles du jeu. Jouer
bien les cartes au Piquet , tirer tout le parti polîible
de les cartes peur faire plus de mains.
Jouer quelqu'un par delîous la jambe , lignifie tîguré-
ment dans le ftylc familier , déranger avec facilité les
projets de quelqu'un , & par fupériorité d'efprit ou de
conduite , l'amener à nos vues.
Ce mot vient du Latin Jocarl.
Jouer , fe dit fîgurément en morale d'un bon nombre
d'acl:ions de notre vie , à caufe des métaphores tuées
de plufieurs fortes de jeux. Ainfl on dit jouer a.u Roi
dépouillé, pour dire , qu'on vole , qu'on- pille , quon
ruine quelqu'un, qu'on emporte jufqu'à fes meubles,
fes habits. On dit , jouer aux barres , quand deux per-
fonnes'fe cherchent réciproquement , & en même-
temps , & ne le rencontrent point. On dit , qu'un
homme joue des gobelets , non feulement au propre ,
mais aulli quand il ufe de quantité de fouplelies Se
d'artifices pour tromper , & déguifer une a^faire. On
dit aulli , qu'il joue d'adrelfe , de fînelTe , qn'djoue au
plus fin , qu'il joue à jeu fur , quand il vient à bout
de fes delfeins par quelque voie que ce foit. On dit
aulli , qu'on va jouer des couteaux , quand on cft prêt
à fe battre , à avoir la guerre. On dit qu'un homme
a joué pièce à un autre , qu'il lui a joué quelque tour
pour dire qu'il lui a fait quelque affront , quelque ni -
.che , quelque fupercheric. f^oyei PiâcE. On dit en-
core d'un Capitaine , d'un homme d'État, qu'ils ont
joué à tout perdre ; pour dire , qu'ils ont mis lar
mée & l'état en grand danger. Et on dit d'un par
J O U 247
ticulier , qu'il joue à fe couper , à fe blelTcr , à fe faire
.pendre , quand il le met en danger de ces accidcns.
On dit d'une coquette , qu'elle joue de la prunelle ,
pour due qu'elle conduit fes yeux avec affeèt.ation ,
à dclléin de donner de l'amour. On dit aulli
qu'un homme fe joue de l'argent d'autrui , lorf-
qu'il fait profiter l'argent qu'il doit , ik qu'il paie le
plus tard qu'il peut. On dit , jouer du pouce , pour
dire j compter de l'argent pour payer. Il elf bas. AcAu.
Fr. fouies ces façons de parler approciicnt fort des
proverbiales ,• &c par conlequent on ne s'en peut fcr-
vir que dans le ftyle familier Se comique.
On dit aulU figurément : Jouer di: fon refte , pour
dire , Prendre un moyen extrême , après lequel il
n'y en a plus d'autre à prendre. Il lignifie aulll , Ache-
ver de coiifumer fon bien. Il a joué de fon refte avant
que de retourner dans (a Province.
Jouer , fe dit aulîi en matière de difcours Se d'ouvra-
ges , &' lignifie , S'égayer , badiner. Cet Auteur joue
fur les mots , fait des allufions , des équivoques , des
antithèfes , il fe joue fur toutes fortes de lujets. S.
Augulfin , & les Pères , jouent fouvciit lur les nom-
bres. C'eff dans une Lettre de galanterie que l'ima-
gination a toute la liberté de fe jouer. M. Scvd. Il
fe joue en defcription agréables pour charmer le lec-
teur. Abl.
Ce ncjlpas cependant qu'une Muje un peu fine ,
Sur un mot quelquefois ne joue , & ne b^d:ne.
BoiL.
Jouer, figniSe encore. Railler, plaifanter; rendre
ridicule. Ludificari. Molière a joué les faux dévots.
Les Saryriques jouent toutes fortes de gensi ils jouent
les vices de leur temps. C'ell un tel qu'ils ont joué
fous le nom de Licidas. On dit aufli , qu'on joue.
quelqu'un , lorfqu'on le fût courir inutilement ,
ou qu on le trompe , qu'on l'amule de belles paroles,
& de vaines promefîes. Les libertins fe jouent de l'É-
criture ik. des chofes les plus faintes , ils s'en mo-
quent , ils en font des profanations , ^c. Se jouer
fur le luxe des habits. Abl. Pour dire , s'en railler ,
s'en moquer , s'en divertir. U ne faut point le jouer
de l'amour. H. S. de M. Elle joue la dévote , la ca-
pable , la pcureufe , la petite poitrine , la meilleure
fille du monde. Mac. de Sev.
On dit fe jouer à quelqu'un ; pour dire l'attaquer
mal à-propos. Ne vous ]oue\ pas à lui. Ne vous
joue-[ point aux dévots , une querelle avec eux n'eft
point un fujct de rifée. H. S. de M. Ces canailles
s'ofent jouer à moi. Mol. On dit aufli , ne vous y
joue\ pas , ne vous joue-[ pas à cela ; pour dire ,
prenez garde à ce que vous allez faire , ne foyez
pa.": alfez fou , alTez téméraire pour faire cela , vous
vous en repentiriez.
En jouer à quelqu'un , c'ell lui faire un affaire ,
le jetter dans quelque embarras , le traverler en
quelque chofe. Cette exprellion eft balfe. On dit
au même fens , en jouer d'une , en jouer d'une
bonne.
Sire Appollon dépité contre moi ,
De ce quavois fait écorne à fa gloire ,
En le quittant pour fuivre une autre loi y
M'en joua d'une , £* par malice noire ,
Durant la nuit , de l'un à l'autre bout ,
Gâta l'ouvrage , & le boufilla tout. P. Du Cerc.
0Cr Jouer, ou fe Jouer de fon fief, en Jurifpru-
dence féodale , c'eft en aliéner une partie , qui n'ex-
cède pas les deux tiers , fuivant la coutume de Pa-
ris , ou autre partie du fief , fuivant la difpoiition de
la coutume du lieu; de manière que l'on retienne
la foi entière avec quelque droit Seisneurial '^Do-
manial fur la partie du fief que l'on aliène. Aliéner
ainfl partie de fon fief , fans le confentcment de
fon Seigneur , s'appelle St jouer de fon fief, parce
que cesYortes d aliénations faites par le vallal , avec
réfei-ve de porter toujours la foi &c hommage pour
248 J o u
les parties aliénées _, ne font qu'un jeu , puirque
ces portions de fief ainli aliénées ne cellcnt point
de faire partie du même fief , & font toujours ga-
ranties fous le même hommage , fans qu'il y ait chan-
gement de vallal, ^qyf^ aulfi Démembrement.
En termes de Marine , on dit qu'un vailieau joue
fur fon ancre , quand il eft agité par les vcntSj & en
même tems arrêté lur fon ancre.
En termes de Guerre , on dit , Faire /ouer la mine ,
le fourneau , le canon ; pour dire , y mettre le
feu , le tirer pour faire brèche.
On dit ; Jouer du drapeau ; pour dire , Faire vol-
tiger un drapeau .ivec adrelle.
I^En termes de Manège , on dit qu'un cheval joue
avec fon mors , lorfqu'il le mâche avec action , en
le lecouant dans (à bouche.
En termes de Méchanique c^' d'Hydraulique j on
. dit Faire jouer les machines , faire jouer les fontai-
nes ; pour dire Mettre les machines en mouvement ,
lâcher les eaux pour leur faire faire leur eftet.
^Cr On dit que les eaux , que les calcades jouent ,
pour dire j qu'elles ne font plus retenues , qu'on les
fait couler ou jaillir. On dit qu'une clef joue bien
dans une lerrure , qu'une porte joue bien fur tes
gonds , qu'un pifton joue bien dans un corps de
pompe j quand leur mouvement eft libre & aiié.
Dans un lens métaphorique , on dit faire /o/^er des
reilorts ; pour dire , agir , intriguer pour qu'une
choie réullllfe. Il fe mit en tête de venir à bout do
fes delfeins avant fon départ ; pour cet etîet il fit
jouer toutes fortes de relforts. Mil. l'Héritier.
Dans le Méchanique , on dit aulli jouer , de routes
les pièces des machines & des ouvrages; pour dire ,
avoir le mouvement libre , aifè , convenable à l'etïet
qu'on attend , à la fin qu'on s'eft propofèc.
En Mulique , Jouer des inftrumens , lignifie les
toucher avec art , enlorte qu'ils falfent un fon agréa-
ble à l'oreille. Jouer des orgues , du luth j du clave-
cin , du violon , de la vielle. |C? On dit aullî ,
Jouer de la trompette , jouer du cor , mais plus ré-
gulièrement fonner du cor , de la trompette. On
dit aulîl , Joue:^ une gavotte , un branle , une cou-
rante , quand on veut entendre une de ces fortes
d'airs.
Jouer à couvert. Terme de Mufique à inftrumens.
C'eft en Jouant d'un inftrument à vent , comme la
mufctte , le chalumeau , ne lever qu'un doigt à la
fois de defllis fon trou , 6c tenir tous les autres
trous de l'inftrument fermés avec les doigts qui les
couvrent. En jouant de la mufette il ne fiut jamais
lever qu'un doigt à la fois , fi ce n'eft lorfque l'on
tremble ; 8c c'eft ce qu'on appelle jouer à couvert.
Anonyme, Traite' de la Mufette , P. I, C. 7.
Jouer à découver. C'cft au contraire lever pluheurs
doigts enfemblc , découvrir plufieurs trous à la fois.
Le jeu à découvert eft plutôt celui de la mufette
èzs Bergers , que l'inftrument dont nous parlons
ici , du chalumeau fîmple. Idem.
En Pocfie on dit , que les amours jouent , folâtrent
fur le fein , dans les cheveux d'une belle ; que les
Zèphirs jouent fur les fleurs , fur les eaux ; que les
Tritons jouent lut la mer ; que la Fortune fe joue des
humains j pour dire , qu'elle renverfe les projets
des hommes. Luduni infolentem ludere peninax.
La fortune fe joua des ordres qu'il avoit donnés
Vaug.
Au Théâtre, on dit qu'on joue un Pocme Dra-
matique , pour dire , qu'on reprèl'ente une Tragédie j
une Comédie , une Paftorale. On joue Cinna , les
Horaces , Andromaque , le Tartuffe , &c. On dit
qu'un homme joue la Comédie , pour dire , qu'il
eft Comédien de profeftlon. On dit en ce fens ,
qu'il joue bien Ion perlonnage , qu'il joue bien fon
rôle ; pour dire qu'il fait bien l'Amant , le père ,
ou autre chofc , qu'il en prend les airs , les maniè-
res , le langage : qu'un Bouffon joue bien la farce ,
qu'un Charlatan joue bien des marionettes , &c.
De là , quantité de façons de parler figurées.
Cet homme joue la Comédie ; pour dire , ÇCf II
jo u
feint ce qu'il ne fent pas. Jouer l'affligé , jouet
l'homme d nnportance , feindre l'un te l'autre , cher-
cher à en impofer là-dcftus. Remarquez combien
de perfon nages ditférens/o«e un Courtifan. M. Esp.
Un honnête homme ne cherche point à monter (m
le théâtre du monde : mais la Fortune l'y place , il
y cwc- parfaitement bien fon rôle. S. EvR. Après que
l'AmbalIadeur a bien joué (on rôle dans les fondions
de (on caractère , il doit faire l'honnête homme
quand il ne joue plus la Comédie. Wicq. Une
feule bonne aâion ne fait pas un honnête homme :
ce n'eft bien fouvent qu'un perlonnage qu'on jouti
S. EvR. On dit aullî , qu'un homme joue un fot. j
perfonnage , quand il eft dans un pofte dcfavan-
ragcux , quand il n'y a ni honneur ni profit à acqiiç-
rir en une aftaire.
X^ue vous jouez au monde un petit perfonnagel
Moi.
Jouer. Terme de Joaillerie. Il fe dit de la feuille que
l'on met ious une pierre , pour lui donner de l'é-
clat.
Jouer , fe dit encore de deux chofes différentes qui
font un bon eftct , loriqu'elles font jointes enfem-
blc , & qui réjouiffent la vue. Ces deux étofes
jouent\)\zn enfemble. Cet alfortimemyo^e fort bien,
tic eft de bon goût.
Jouer -, fe dit proverbialement en ces phrafes : Jouer
de l'épèe à deux talons , c'eft-àdire, s'enfuir. On
dit qu'un homme eft parent du Roi David ; qu'il
joue de la harpe, ou qu'il jOue d-e la poche, qu'il
joue de la grifte , pour dire , qu'il eft lujet à déro-
ber ce qu'il trouve. On dit de celui à qui on fait
dèbouricr beaixcoup d'argent , qu'on lui a fait jouer
du pouce. On dit aufli d'un qui fe pique fort au
jeu , qu'il joueroit jul'qucs à fa chemile. On die
d'un homme qui de deux moyens , de deux expé-
diens , choifit celui où il y a le moins de rifque,
qu'il joue au plus sûr. On dit qu'un homme joue
à la faulle compagnie , quand il trompe , quand il
abandonne fes alfociés ; quand il joue au boute-hors ,
quand il tâche de débutquer Ion collègue , fon
compétiteur , fon rival. On dit aullî , qu U joue les
deux , quand il a intelligence avec les deux parties
contraires, & qu'il trompe l'un & l'autre. On dit,
d'un tour ufé , & quelquerois d'un vieux conte ,
Cela fut joue' à Loches. On dit auflî qu'il ne faut
pas Ce jouer a. {on Maître; pour dire , attaquer, cho-
quer uiï-plus puiilant que foi.
Jouer aux pots caftes. Façon de parler proverbiale,
pour dire , S'expofer au danger, à des pertes confi»
dérables , rifquer tour.
Un Roi feul demeure ;
Les fots font chajjes :
Fortune à cette heure j
Jotie aux .pots cajfe's.
Sat. Ménip. ïn-oCcÎLW.p. 2}.
On dit: Jouer z. quitteou à double j pour dire,
Mettre tout au hafard , rifquer le tout pour le
tout
Joui , ÉE. part. On dit proverbialement au jeu des
Dames , du Triètrac , & des Echecs , Dame tou-
chée , Dame jouée , pour dire , que quand on a
touché une pièce , on eft obligé de la jcuer.
JOUEREAU. f. m. on prononce joûreau. Celui qui
joue mal à quelque jeu que ce foit , ou de quelque
inftrument. In ludo ruais. On le dit auill de celui qui
joue trop petit jeu. Il eft familier.
JOUET, f. m. Ce mot {i:: dit de toutes les bagatelles
avec lefquellcs on amufe & on fait jouer les en-
fans. Crepundia. Une poupée , un cheval de bois ,
eft un jouet d'enfans. Les Déclamateurs ont avili
l'éloquence , & en ont fait un jouet , Se un amu-
(ement d'enfans. S. EvR. Les Bimblotiers ne trafi-
quent que des jouets d'enfans. Ariftote dit qu'Ar-
chitas de Tarente fut le premier qui inventa les
jouets
J o u
jouets qui font du bruir, pour amufer lesenTans.
JouLT j le die aiiili de ce qui fcit à anuifcr les gniidcs
pciibnncs. Cette femme a un petit chien qui lui lei\
de jouet. Ce Bourgeois fait danler , lauter Ion peut
eninnt , c'eft tout fbn jouet,
Jcurr, fe dit figurcmeiit des perfonncs dont on le
joue , dont on le moque , qui diveitillent les au-
res. Ludihnum ; litdus , fabula. Il clt le triltc jouet
de les ennemis. Sca!^.. C eit un folatic qui len de
jouet à tout le monde. Etre le jouet des lots. Abl.
Jouet, le dt encore de ceux qui lont allujctis a
leurs pallions , qui en l'ont les elclaves : ou de ceux
qui font en butte à la Fortune -, qui font l'objet de
fon inconllance , &c de les caprices , qui éprou-
vent les revers. Vous êtes le jouet à une folle pal
lion. Ce malheureux Prince étoit le jouet dune
femme fatis pudmr. Fén. Errant de pallion en paf-
fion nous devenons le jouet de la Fortune , & de
notre propre cupidité. FlÉc. Je fuis le monde pour
n'être plus le jouet as la Fortune , & n'éprouver
plus fon inconllance. S. £vR.
Miférables jouets ie notre vanité. Boit.
Vous femhloit- il croyable ,
Que le trijh jouet d un jhft impitoyable ,
Dût connaître l'amour , & /es Jolies douceurs?
Rac.
Mi/érable jouet de l'aveugle Fortune ,
F'iclime des maux (j" des loix ,
Homme , toi qui par mille endroits
Dois trouver la vie importune ,
D'où vient que de la mort tu crains tant le pouvoir?
Des-Houl.
^^ On dit aulîl figurément y qu'un vaiifeaii eft le
jouet des vents , des Ilots , de la tempête.
JOUET, f. m. Terme de Marine. On appelle jouets
des plaques de fer de diverfes longueurs , donc lu
fage ell diftérent , félon l'emploi qu'on en fait. On
appelle jouets de pompe , ceux qui font cloués aux
côtés des fourches de la potence d'une pompe , au
travers de laquelle on fait palier des chevilles qui
fcrventà tenir la bringuebale ou brinbale. Les jouets
qui empêchent l'eùleu des poulies d'entailler le fep ,
font appelés jouets de fep de dnjfe. Jouet eft aulli le
nom qu'on donne à une pièce de bois qui traverfe
la tige de l'ancre par le bout , & force l'ancre de
comber lur une de les pattes , & de mordre le
terrain. On l'appelle ordinairement Jas , Se EJJieu.
A.xis.
p3" Jouet , Terme de Manège. C'eft une petite
chaînette lulpendue à la brifure du canon qui forme
l'embouchure. Acad. Fr. On met un jouet dans
la bouche du cheval , pour en foUiciter l'aclion.
JOUEUR , EUSE. f Qui joue , ou qui fiit jouer ,
qui a l'inclination au jeu. Lufor. Rien n'eft fi grave ,
& Il férieux qu'une aifcinDlce de Joueurs ; une
tiiftc févérité rigne fur leurs viliges-, implacables
l'un pour l'autre , ik irréconciliables ennemis : tant
que la léance dure , ils ne reconnoilfent ni liai-
fons , ni diflindions : le halard leul , aveugle &
farouche divinité , prélldc au cercle , & y décide
fouverainement : en un mat toutes les puilfances
fulpendues cèdent à une leule : c'cil: celle du jeu.
La Br.
Un Joueur d'un commun aveu ,
N'a rien d'humain que l'apparence. Des H.
Les remontrances ne corrigent point un joueur
de profelilon j ce font les revers de la Fortune. S.
EvR. Un /o;<^ar toujours diftrait , toujours Ibufi
lant après le gain ■■, ëc toujours roulant dans fa tcte
quelque incident, néglige d'ordiMiie le foin d'ur,
ctabii!;emenc folide. Id. !l y a peu de diiérence
entre les joueurs ds profelliun ^ & ies voleurs. Thiers.
Il faut jouer pour le divenir , enforte qu'on ne voie
Tome p".
J O U 249
fur le vifigc des joueurs , ni la crainte de perdre ,
ni l.i douleur d'avoir pcrau. S. tvR. Il clt allez
ordinaire aux joueurs , & aux joueufes , de le re-
pc/itir inutilement, &: de retourner au jeu. M. icoD.
f^oyei le Virelay de M. l'Abbé Régnier fur les ex-
cès. Il y parle des joueurs & des joueujcs. 11 leur
diloit que les tromperies , les querelles , les cm-
portemens , ôc les blalphèmes , ctoient défendus
aux joueurs , mais que le jeu n étoit pas détendu
aux loldats. Boun.
$3" On appelle beau joueur , un homme qui a des
procédés honnêtes au jeu , foit qu il gagne , foit
qu'il perde. Vilain joueur ell Ion oppolé. Un bon
joueur eft un homme qui joue bien , polléde
bien le jeu. Théopliile Lucas a fait en Anglois une
hilloire des joueurs célèbres ik de leurs friponneries.
Beau joueur , bon joueur j aimable joueur , fage
joueur , grand joueur , fin jou:ur. 1 outes ces ex-
prelllons ont un lens ditiérent. Un beau joueur eft
un homme qui reçoit d'un vifage égal la bonne &
la mauvaile rortune. Un bon joueur eft un homme
qui fait bien les parties. Un aimable joueur eft un
homme qui donne facilement des revanches. KJw
fage joueur eft un homme qui ne k livre point trop
aux caprices de la fortune j qui ne le pique point
de la perte J & qui lait le prévaloir de l'on bon-
heur , enfin qui eft capable de faire de grands
gains, & qui ne peut faire que de médiocres per-
tes. \in grand joueur eft un homme qui entreprend
de grands coups , qui joue hardiment de grolfes
fommes. Un hn joueur eft un homme raffiné au
jeu „ qui dans les coups difficiles ou délicats, prend
bien Ion parti. C. De Rior. Grand joueur c& aulli
un homme qui joue beaucoup , qui joue continuel-
lement. C'eft encore un homme très-habile au jeu."
On appelle un grand joueur de Paume , un grand
joueur d Échecs j ceux qui jouent à ces jeux avec
grand avantage lur les autres , qui y excellent ; &
aux autres jeux , celui qui ne fait autre métier
que de jouer , ou qui joue gros jeu.
On dit figuréraent , qu'un homme eft un rude
joueur , pour dire , qu'il eft brave , qu'il fe bac
bien , qu'il eft dangereux , qu'il eft à craindre.
Que vous êtes une rude joueuje en critique ! Mol.
On le dit aulli de celui qui blelfe les autres en
jouant à des jeux de main.
^CT Joueur d'instrument. Celui qui joue d'un inf-
trument. Joueur de violon , ou violon. ï^oy. ce
mot. Joueur d'orgues. Organifte. l^oye:^ ce mot.
Joueur de harpe , de clavecin. &c.
On appelle auili joueurs de firces , joueurs de
gobelets j joueurs de marionnettes , des Cnarlat^ns ,
qui amulent le public par ces lortes de moyens ,
éc qui amallent le peuple pour vendre leurs drogues.
Alimi. agyrtA, circumforauei.
On dit proverbialement , Au bon joueur va la
balle , ou la balle cherche le joueur ; poui dire que
ceux qui excellent en une profellion , lont ceux qui
ont le plus depratiQue.
JOUFLU , ou JOUFFLU , UE. adj. Qui a de grolTes
joues. Bucculatus , hucculentus. On dépeint les ver-ts
avec des vilages jouflus , qui ont les joues enHces.
Il le prend aullî (ubllantivement. Deux gros joujlus.
Mol. Il eft familier, & ledit particulièrement des
petits enfans qui ont trop d'embonpoint. C'eft un
gros jouflu , c'eft une grolle joufiue.
Que d'une aimable mère
Naiffe un beau jour quelque petit jouflu,
Digne des vœux de l'aïeul ù" du père. R.
JOUG, f m. ( Faites un peu fenrir le g ). Pièce de bois
traverfant par-delfus la tcte des bœufs , avec la-
quelle ils font attelés pour labourer , ou pour ti-
rer quelque voiture. Jugum , Joug de chariot. Vaur.
Les chevaux commencèrent à fe cabrer ik à fecouer
le joug. Vaug.
On appelle auflî joug , le fommet ou le fléau de
la balance.
li
zyo
J O U
Ce mot vient du Lznn jugum , du Giec {^ly.; , qui
figmlie ia même choie.
Joug , le dit figurémeiit en Morale , en parlant des cho-
fes qui aHajctillent , qui contraignent la liberté , ou
qui nnpol'entune elpece de lervuuJe. Jesus-Christ
dit que l'on /oug eft doux-, c'ell-à-dir?, la domma-
tion, fl's comnianJcmens. Le yc;/^' de Jésus-Christ
cil léger, plus par lamour qui en loulage le poids ,
que par la nature des choies commandées qui ion;:
dures à la chair. S. ÉvR. On regarde d'ordinaire fon
devoir comme lui maître fâcheux , & on cherche à
fecouer un joug qu'on ne porte qu'à regret. S. EvR.
Les Chrétiens d'Alie languillent ious le joug inCup-
portable des Mahométansi ils n'en peuvent fecouer
le joug. U fiut qu'ils plient ious le joug. Celles
qu'on a mariées malgré elles , re^-oivent a la (în par
devoir , un joug qu'on leur a impoié par nécelllté. Id.
Je cherche à malfranchir dujoug des cérémonies.
S. ÉvR. Les Romains impoibient le joug de leur
langue aux Nations vaincuesj avec celui de la, lervi-
tude. Bou. L'ulage eft un joug pelant qu'il faut fe-
couer quelquefois, pour donner une honnête liberté
à l'ciprit. Id. La Reine Marie s'eft trop mal trouvée
du joug d'Efpagne , pour croire que la Reine Elita-
beth le veuille reprendre , & qu'elle le laille éblouir
à l'éclat de tant de couronnes jointes enlcmble. P.
de Cl. U y a des tilles qui ne fe mettent fous le joug
du mariage , que pour n'être plus ious le joug^ de
leurs parens. Div. Cu. Elle plia avec douceur Ibus
le joug de l'autorité maternelle. Fl. Les jeunes gens
regardent les devoirs de la vie comme un joug infup-
portable. S. Évr. Les vaincus portoient impatiem-
ment Icjoug de la fervitudc. Fén.
Heureux qui , facisfait de fon humble fortune ,
Libre du joug fuperbe où je fuis attaché ,
f^it dans l'état obfcur où les dieux l'ont caché.
Rac.
Le foin de notre gloire ,
Jette fur nos defirs un joug impérieux. Corn.
Les Romains faifoient palfer fous le joug , mitte-
hant fuh jugum , les ennemis qu ils avoient v.rincus ,
c'eft à-dire , qu'ils les faiioient palier ibus une ei-
pcce de fourches patibulaires. C'étoit une arme
comme une pique , ou une hallebarde pelée de Tra-
vers, & foutenue fur deux autres drelfces à plomb.
gCTCela formoit une efpèce de baie de porte^ plus
balfe que la hauteur d'un homme ordinaire. Les vam
eus qui y paifoient l'un après l'autre , prelquc nuds j
croient obligés de fe bailfer , ce qui marquoit l'en-
tière foumillîon. Après cela , ils traitoient humai-
nement leurs ennemis & les renvoyoient dans leius
maifons. Palfer fous \zjoug étoit le comble du dés-
honneur.
Régnier &: Brébeuf on dit , faire joug , pour fe fou-
niettre. On dit que tout fait joug devant un Prince ,
devant une armée j pour dire que tout cède , que rien
ne réfille. Cette exprellion n'ell plus en ufrge.
L'ajlre qui de naijfance à la Mufe me lie ,
Me fait rompre la tête après cette fotie
Que je reconnais bien : mais pourtant malgré moi ,
Il faut que mon humeur fajje joug à la loi.
Régnier.
L'Aufonien par-tout fait joug à fes efforts.
Brebeuf.
Régnier a dit proverbialement.
Le bœuf aime le joug , que toutefois il traîne ,
Pour marquer qu'on aime fouvent les chofcs mê-
mes qui nous tout de la peine.
En termes de Marine j on appelle jouq de poupe ,
l'extrémité de la galère , qui eft léparée du cou de la
poupe ; & joug de la proue , l'extrémité féparée du
cou de la proue.
J O V
Joug de terre , eft l'efpace que deux bcrufs accouplés
peuvent labourer en un jour. Ce mot ell encore en
utage dans l'Auvergne.
JOUGNE. Petite ville ou ancien bourg , avec un châ-
teau. Jugna. Elle eft dans la Franche Comté , près
du mont Jura, dans le Bailliage de Pontarlier, (ïc à
quelques licucs de la ville de .ce nom , vers le midi.
Matv.
JOUI. Jovis mons. Le mont Joui cil une montagne de
la CataloL,ne , en Eipagne. Elle cil près de Barcelone.
Il y avoir un fort pour la défenfe de la ville. Il n'eft
pas étonnant que NIaty appelle cette montagne IVI;
mais on ell ilirpris que NI. Corneille l'ait iuivi. Nous
difons & nous écrivons toujours Joui j &: le mont
Joui, ou en un mot Alontjoui. On peut voir toutes
nos Cartes , & en particulier celle de M. de Lifle ; &
nos gazettes de l'an 1697 , au iujet du ilége de Barce-
lone , & lur les deux autres lièges qu'on en a fait de-
puis , où il eft ibuvcnt parlé du Mont Joui. Quelques
Cartes rappellent iV/cwr Juing y mais mal.
JOUI. f. m. Liqueur alimentaire & rellaurante qu'on
fait au Japon , qu'on peut traniporter t<c garder dix
ou douze ans , fins qu'elle le corrompe. Elle ell
Huide comme du bouillon, noire , d'une odeur agréa-
Vile, d'un bon goût, ialé & favoureux. La baie du
joui eft du jus de bœuf exprimé quand il eft à demi-
rôti. Le relie n'eft connu que des leuls Japonois,
qui en font un myftcre aux autres Indiens , qui iont
obligés d'en acheter d'eux. Cette liqueur eft fort
chère : cependant quelques perionnes riches & ma-
lades en font venir, parce qu'elle répare les forces
abattues par de grandes maladies. Les peribnnes ri-
ches du pays en allàifonnent preique tout ce qu'ils
mangent , comme d'un ragoût délicieux. Tous les
Orientaux croient le joui fort propre à exciter la
luxTjrc.
JOVIAL , ALE. adj. Qui eft gai & joyeux naturelle-
menr. Gaudii amans. On aime dans les compagnies
les gens de complcxion joviale , qui n'aiment qu'à
rire & à fe; divertir. Il y a des allres de nature 7 ovia/tf,
d'autres de nature Saturnicni-ie.
Ce mot vient de Jovis , autrefois nominatif, & à
préfcnt génitif du mot Latin Jupiter. Jupiter , que les
Aftrologues dilent être cauie de joie 6c de bonheur
dans les horoicopes. On appelle une humeur jo-
viale J qui eft agréable , divertillantc , qui iemble avoir
et» communiquée par quelque heureufe planète.
JOVIALE, i". f. Allcmbléedu Jeudi. La Reine Chrilline
de Suéde avoir établi à Stockolm une Académie qui
s'alîembloit les Jeudis. Pour lors on s'allembloit chez
moi les Mercredis. Cela lui donna occahon , en
m^apprenant ce nouvel établillement , de m'écrire
en ces termes : Ma Joviale ell très humble i'ervante
de votre Mercuriale. J'ai toujours cru que ce tr.ait
n'étoit pas d'elle. Il eft trop François pour partir
d'une étrangère. Menagiana. Voyez les Origines de
M. Ménage, au mot ÀIercuriale, où il parle de
l'alîcmblée que M. l'Abbé de Dangeau renoit chez
lui les Mardis, appelée par cette raiion la Martiale.
On pourroir achever la iemaine, en allignant des
noms convenables à chacun des autres jours.
JOVIEN. f m. Nom de Milice. Garde de l'Empe-
reur. C'eft Dioclétien qui leur donna ce nom. Jo-
vianus. Depuis Dioclétien , il y .avoir certaines Com-
pagnies que l'on nommoit Joviens, de ion nom.
Fleur */. Valentinien commandoit la Compagnie des
Gardes que l'on nommoit Joviens. loEiM. Dioclétien
fut lurnommé Jovius , comme Maximien , Ion col-
lègue , Hcrculius.
JOUIERES. f. f. pi. Terme de Charpentier. Foye-{
Amarres.
JOUILLÈRES, ou JOUlÈRES. f f. Terme d'hydrau-
lique. Ce font dans une éciule , les deux murs à
plomb avancés dms l'eau, qui retiennent les berges,
Se où iont attachées les portes on coulillès des van-
nes.
JOVINIANISTE. (. m. c^- f. Nom de Seifle. Joviniani df-
cipulus , ajjecla. Jovinian^us , a. Jovet appelle ainii
les Seélateurs de Jovinien , qui fut diiciple d'Helvi-
JO u
dius , aux cricurs duquel il en ajoura d'autres, /"cjyc^
l'art, liiivant.
JOVINIEN. f. m. Nom propre d'homme. Jovinianus.
L'hérétique Jovinicn étoit un Mojiic d'un Monallèrc
de Milan , lequel ne voulant pas lupporter les aullc-
lités de l'on état, quitta l'a loliuudc. 11 diloit que ceux
qui étoient réscnérés par le Baptême, ne pouvoient
plus pécher; que l'abltnience n'ctoit d'aucun mérite \
que ceux qui conl'ervoicnt le Baptême avoient tous
une même récompenl'e dans le Ciel ; que la virginité
ji'étoit pas préférable au mariage ; que la (aiiirc Vierge
n'avoir pas coniervé la virgunté après qu'elle fut
mère de Jéfus Chriilj que la chair de Jélus-Chnll
n'étoit pas véritable Se Icmblable à celle des autres
hommes. Cet Hérétique hit condamné par le Pape
Silice j l'an trois cent quatre-vingt-dix, &C dans un
Concile de Milan, royc^ S. Jérôme , Liv. I. contre
Jovinien, Saint AmbroiCc , JIp. 2S. Baronius, &c.
JOUJOU, f". m. Terme familier, qui lignifie les baga-
telles que l'on donne aux pcrits enfans, pour les ré-
jouir 6c les empêcher de crier. Crcpundia. Un oif eau ,
un cheval de carton, des grelots, éf , lourdes jou-
joux.
Vrai fang des Condés , des Boulions j
Par la clarcé du jour f es ardeurs ecliaujfécs ,
Sitôt qu'il fera né , lauriers ^ atnies ^ trophées y
Vont être J'es joujoux , &c. D. De S.
JOUIR. V. n. Poiréder quelque chofcadluellement, en
être le maître , en avoir les fruits , les émolumens en
Cx difpolition. Frui. On jouit d'un héritage à iitrc de
propriété, à tiue de ferme ou de louage, à titre d'u-
ïufruit. On dit aulli de celui qui a donné le fonds de
Ion bien , qu'il n'en jouit plus qu à titre de précaire.
Ce Gentilhomme jouit de la terre par les mains , la
fair labourer par les gens , la fait valoir par lui-même.
On ne jouit des Bénéfices ou des penlions , que la vie
durant. Ce Seigneur jouit de tant de revenu en fonds ,
en rentes , charges , &c. Les Secrétaires du Roi
jouijfent de beaux privilèges. On ne peut jouir d'un
Bénélice fans titre. Il faut jouir paihblement pour
acquérir la prclcription. Un Fennier doit jouir d'un
héritage en bon père de famille , c'eft-à dire , comme
feroit un propriétaire, ne le point dégrader, le bien
fumer , cultiver Se enfemenccr. Son père jouirait
de plulîeurs beaux gouvernemens &: de quantité d'au-
tres bienfaits du Roi. Mlle L'Héritier.
Ce mot vient de gaudcre. En Picardie , on dit en-
core gouir pour jouir.
Jouir , ditfere de polléder, en ce que l'on peut polTe-
der par écrit , comme difent les Jurifconfultes , c'eft-
à dire, avoir un titre légitime pour poireder-, au lieu
que jouir , fe dit feulement de la perception aétuelle
des fruits. Ainli, celui dont la terre ell en décret , la
polléde toujours , en eft propriétaire jufqu'à l'adjudi
cation , quoique ce foient fes créanciers qui en jouif-
fent à l'égard des fruits.
On dit aulli jouir àe. la vie, pour dire en prendre
tous les plailirs , palfer le tems de la vie à le bien
divertir. Il faut /oair du préfent fans fe tourmenter de
l'avenir. Nous ne jouijjons de la vie qu'à mefure que
nous la perdons. M. P. On le dit encore par rapport
à toutes les commodités. Jouir d'une partaite famé ;
jouirai: la lumière, de la clarté. On a juftement blâ-
mé Montagne d'avoir employé jouir dans une lîgnitî
cation adive : Je reçois ma fmté à bras ouverts , &
aiguife mon goût à la jouir. C'eft un Gafconifmc.
Ménage.
JoDiR , fignifie aulli , difpofer de quelqu'un , l'avoir à fa
difpolition. On ne fauroit jouir de cet Avocat , tant il
eft employé. J'ai mené cet homme à la campagne
pour jouir de la converfition.
Jouir, lignifie aulli avoir commerce avec une femme.
On lui a fait épouler cette fille , parce qu'il en avoir
j^ij parce qu'il l'avoit abufée.
Jouir, feditaulîi en chofes fpirituelles & morales, &
lignifie , fentir les avantages de polféder , goûter le
plailîr que donne la polkllïon. Les Saints jouijfent
Tome V.
J o u
2yl
de la gloire éternelle, de la vifion béatifique. Il ell
doux de jouir du fruit de fa victoire, de fes travaux
de la lortune. Ce Royaume /ou/r d une profonde paix.
Vou'i jouijj'ei des privilèges de la jcuncllc. On s ima-
gine nii jouir de foi même Se de fes delîrs , que dans la
liberté qu'on le donne de pcnfer tout ce qu'on veut.
BOSSUET.
// jouit du ciel même irrité contre lui. Boit.
Et fruitur diis iratis. Juven. Ne le défabufoiiî
point, Se laillons- le /o^ir de fa crédulité. Rac. Elle
ne voulut point jouir de mon embarras. Vill. J'ai
voulu jouir de la maligne joie de vous voir aban-
donnée de tous les hommes. S. Évr. Nous avons
plus d'intérêt à jouir du monde qu'à le connoitre. Id.
Mon cœur va jouir d'une éternelle paix. M. Se.
•
Je veux , je veux , cruel , jouir de ton courroux j
£t les troubles civils te feront mon époux. BrÉbeuf.
Mon ennemi tranquille
iomvs. dans fon cœur de ma rage inutile. Boit.
JOUISSANCE , f. f. En Jurifprudence , poUiffion, per-
ception aétuelle des fruits d'un héritage , d'un droit.
P^M'iffî'-''- Une longue Se paillble jouijfance acquiert
prekription , Se vaut titre. Une fentence de récréance
adjuge la jouijjance d'un Bénéfice. Celle de réinté-
gr.-inde rétablit en jouijjance. Un fermier qui ell trou-
blé en la jouijjance de fa ferme , peut demander de
la diminution. Il n'ell en jouijfance de cet héritage
que par précaire , c'eft à dire , il le polféde au nom
dautrui. Il n'a h jouijjance que par ulufruit ; c'eft-à-
dire , qu'il n'en a pas la propriété. Il y a des cas où
l'on impute les jouiff'ances fur le principal.
Jouissance, le dit quelquefois des fruits mêmes dont
oiVajoui. Il faut reftitucr les jouijjances d'un Bénéfice,
c'eft à-dire , les fruits qu'on a recueillis du Bénéfice
dont on jouit fans titre.
Jouissance , fe dit aulli en chofes morales , Se particu-
lièrement en matière d'amour. Voye:^ Jouir. Nous
payons une councjouiffance des faveurs de la Fortune ,
de toute notre liberté. S. Évr. L'efpérance , lorfqu'elle
n'eft pas trop douteufe , eft un pkiiir qui ne cède guère
à la jouijjance. Le Ch. de M. L'efpérance de ce que
l'on nous promet cède naturellement à la jouijjance
du préfent S. EvR. Il faut de l'œconomie dans la
jouijfance des plailirs ; car l'ame s'ennuie d'être tou-
jours dans la même alliette.
On dit , avoir la jouijfance d'une femme , avoir com-
merce avec elle -, & en termes un peu libres , bonne
ou mauvaiCe jouijfance.
Jouissance. Terme de Poëfie. C'eft une pièce de vers
où l'on décrit une aventure amoureule , que l'on con-
duit jufqu'à la conclulion. La cinquième tlégie d'O-
vide eft une jouijfance. S. Amant a fait une Pièce inti-
tulée la Jouijfance.
JOUISSANT , ANTE , adj. Qui jouit , qui difpofe d'une
chofe. Qui fruitur. Une fille majeure de 2 j ans , prend
la qualité d'ufante , Se jouijfante de fes droits. On aiîî-
gne tous les engagiftes Se jouiJJ'ans du Domaine pour
rapporter leurs titres.
JOUR , f. m. Divifion du temps , fondée fur l'appari-
tion , Se la difparition du Soleil. Dies. Cette diffé-
rence fi notable qui fe prclente incellàmment à nos
yeux , par la vicilîîtude confiante Se perpétuelle des
ténèbres Se de la lumière , que produit le mouvement
rapide du foleil autour de la terre , ou de la terre
autour du foleil , a fait appeller jour naturel , cet es-
pace de temps que le foleil emploie à faire fon tour.
Le jour naturel , ou folaire , fe divife en Aftionomi-
que , & en Civil. Le jour AJlronomique eft la durée
d'une révolution entière de l'Equateur , & de la por-
tion du même Equateur qui répond à cette partie de
l'Ecliptique que le foleil parcourt par fon mouvement
propre pendant un Jour naturel. Car fi le foleil ne le
mouvoir point dans l'Ecliptique , Se qu'il retournât au
même point de l'Ecliptique d'où il étoit parti le. jour
li ij
2T2. J O U
pivcédent , alors une révolution entiL-re de l'Équa-
teui raefureroit exaclement le jour ; mais parce que
le loleil avance continuellemenc d'un degré par jour
d'Orient en OccideiK , cela hut que lorlque le point
de l'Kqu.iteur , avec lequel le ioleil ctoit parti du mc-
ridien , ert retourné au même méridien , le loleil n'y
eCï pas encore arrivé , il s en faut un degré. Le ;02//' Ci-
vil eft déterminé parraport a Ion commencement^ & a
la lin , Iclon 1 ulage de chaque nation. Les bgyptiens
le déterminent a minuit. Les Chaldéens depuis le le-
ver du lokil. Les Juns , & les Athéniens a Ion cou-
cher. Les François cs: prelque toutes les autres nations
de 1 Europe , depuis minuit: ce que 1 Ej^lile oblerve
aufù a Legard d.s Jeunes iS: des Fttes ; li ce n'elt qu'a
l'égard de 1 Utiice djs Jretes doubles le /UJ/r commence
dès Vêpres. Les Aitronomes le commencent a midi.
Dans Tufage ordinaire il commence a minuit , c'elt le
/g)///- naturel , civil & Eccléiiallique. Les iSaoyloniens
autrefois commençoient [t jourù un orient a l'autre ,
ceux de Nuremberg en ulent aujourd liiu de même :
les Ital»ns l'ont déterminé d'un occident a l'autre ,
& comptent la première heure au lobil couchant.
Les Marins comptent le jour comme les Alhonomes
depuis un midi julqu a 1 autre.
.§Cr "Tous les 1-euples ont connu ce que nous appelions
• y'owr naturel; mais la diltribution du /our.tn i4 par-
ties ou heures , n elt pas li ancienne. Cette divii;on a
été inconnue aux Romains avant la première guerre
■Punique. D abord , la divilion le porta lut le /oi^r arti-
ficiel , & dans les commencem'ens les Uraelites&les
autres anciens leuples n'avoient point d autres ter-
mes , pour ejcprimer cette divjiion , que le matin j le
midi & le loir. Hérodote nous aprend que les Grecs
avoient appris des Egyptiens a diviter le jour en iz
parties : C eft , je crois , le plus ancien témoignage
que fournille l'antiquité. Nous voyons cet ulage éta
bli parmi les Juifs du temps de Notre-Seigneur. La
première heure du jour commençoit au levA du
ioleil , &c la dernière le terminoit au coucher ; d où
rélultoit une grande variation durs les heures endiiié-
rentes l.iifons. Les Romains le partageoicnt en quatre
parties , qu ils apeloient Prime, 1 ierce, bexte & No
ne, & la nuit en quatre veilles. Cet ufagepailachez les
Juifs , apparemment depuis qu'ils eurent été fubjugués
par les Romains.
Le jour artificiel t?i. la durée du temps que le foleil
éclaire lur l'horifon. Il eft inégal , lelon les temps & les
lieux , à caule de l'obliquité de la Iphsre. H n'y a que
<lans la Zone torride , & entre les deux tropiques , que
le jour eft toujours égal a la nuit , du moins la ditiéren-
-ce n'eft pas grande. Quand le loleil elt dans l'équi-
noxe du printemps , veis le lo de Mars , ou dans l'é
quinoxe d'automme, vers le zi de Septembre, la jour
eft égal à la nuit par toute ia terre. La diiiérence qu'on
met entre les jours , vient des Fêtes , des fokmnités de
chaque jour. Il y a des jours fériés , 6c non fériés ; des
Jours de Dimanche & de Fête, pendant Jel'cuels il eft
défendu de travailler ; des jours ouvriers , ou ouvrables
où l'on travaille ; des jours gras , où il eft permis de
manger de la chair i des jours maigres, des jours de
jeûne , des joun d abftirience j où il eft défendu d'en
manger. L'Eglile dit du jour dt Pâque , où l'on célèbre
la rélurrcdion de Jésus Christ , Se du jour de Noël ,
où l'on célèbre la naillance , que ce lont des jours que
le Seigneur a faits. Le jour des Morts , eft un jour del-
tiné par 1 Églife , à prier pour tous les morts qui peu-
vent être encore dans le Purgatoire. On appelle /our
de l'an , le premier /oi/r de l'année. On appelle bons
Jours , Las kuenas pafquas , toutes les Fêtes folenrel-
Jes ; & on dit , taire Ion bon jour ; pourdire , recevoir
les Sacreraens de Pénitence & d'Euchariftie. Les Juifs
fêtoient le jour du Sabbat.
On diftingue aulîî les jours par certaines occupa-
tions auxquelles ils font dellinés. Les jours plaidoya
iîles , ce font les joun où l'on plaide , autrement les
jours de Palais. C'eft ce que les Romains apeloient :
Dus fajîi , & (Lies nefafti.
Jllfi nefaflus eritperquem tria vcrhajiiaitur;
J O U
Fajlus eritperquem lege licebit agi. OviD. i.FaJti
îfJ" Ces trois mots dont parle le Poëte , font do , dico ,
addico , que le Préteur prononçoit hs jours jajles , où
il étoit permis de rendre jufticc , &C qu'il ne pouvoir
prononcer le jours nejajies.
Jours duConleil des dépêches. Jour dePoftes. Jour de
Comcdic. Jourd'Opcia. Jour de congé. Le Jour de fes
noces. On ditauifi d.-s Officiers , qu'ils lont de jour,
quai d ils roulent , quand il y en a plulieurs à exercer
la même charge , qui ont chacun leui: jour.
Jour servant , Dans les Coutumes , lignine le /o«r au-
quel une caufe eft aftîgnée , & doit avoir expédition.
On l'appelle quelqueiois jornécfdrvante.
§-? Il y avoit dans le droit Romain des jours qu'on
nommoit Compcrcndini dies , jours de délai , jours où
l'on alîignoit l'on Ad\'erfiire à comparoltre le fur-
lei. demain de la première Audience. Dies jujii , jours
de repi qu'on accoidoit aux débiteurs , pour leur don-
ner le temps de trouver de l'argent. Trente jours
complets accordés par la loi des douze tables : cet
elpace d; temps fe nommoit jujlidium.
Grands Jours , étoient des karices qui fe tenoient en
certaines villes du Royaume marquées par le Roi pour
juger d.s ahaires civiles & criminelles , iuivant lacom-
million que le Roi en donnoit à ceux qu'il commet-
toit pour tenir les Grands jours. C'étoit comme une
allile, & une diète folennellc. Les Grands jours ont
été tenus pour le Roi a Mont-Ferrand en 1454 , a An-
gers en I J39 , à Moulins en i J34 , 1540 , 1550 , à
1-oitiersen 1454, i J31 , 1 J41 , ij*^/ > i579,aRiom
en 1446, à lours en 153 j , 1547 àïroycsen 1402,
153 J , a Lyon en i 596. Par l'Édit de 1579 AesGrands
Jours doivent être tenus tous les ans dans les 1 rovin-
ces les plus éloignées des Parlemens. En i jS i , ils fu-
rent publiés pour être tenusà Clermont en Auvergne,
ce qui ne lut exécuté que 1 année fuivante 1/82. Les
Grands Jours de Moulins , d.'Auveruie , ont cité plu-
lieurs arrêts notables des Grands . ours ; c'eft comme
qui diroit les grands plaids. Le Duc de Bcrri avoit
droit de faire tenir les Grands Jours pour les pays
de fon obeillance. Avant l'éreiflion duFarlement de
Dijon , les Grands .'ours du Duché de Bourgogne fè
tenoient à Beaune. Les Comtes de Cliampagne fai-
foient tenir les Grands jours à. Troyes deux fois
J année , conuTie les Ducs de Normandie leur échi-
quier , & les Rois leur Parlement. Les Grands .. ours
de froyes croient la Juftice de Champagne , pendant
que cette Province avoit les Comtes. Les Comtes de
Joigny , de Réthel , de Brienne , de Porcien , de
Grandpré , de Roucy & de Braine , qui étoient les
fept Pairs de Champagne , aliîftoienr les Comtes aux
Grands Jours.Dms des lettres parentes du Roi Charles
VI. du 4 Mars 1405 , il eft porté que le Comte de
Joigny , comme Doyen des lept Comtes & Pairs de
Champagne , eft allis auprès du Comte quand il tient
fon État & Grands Jours. C'eft des décilîons de ces
Grands Jours de Troyes , que tous les autres Grands
Jours ont pris leur nom. Car le Roi PliiUppe le Bel en
l'an 1302 , ordonna que ces Grands Jours feroient
tenus deux fois l'année , & pour cela y envoyoit des
Commillâires Ecclélîaftiques & Gentilshommes : C9
qu'on nommoit la Cour de Champagnt.
On dit auftî que Dieu tiendra fes Grands Jours au
Jour du Jugement , qu'on appelle auirememle grand
jour du Seigneur , le jour tcrrdile , épouventable , le
jour du Seifneur : Dies Domini magnus. On dit auftî
les Jours de l'éternité , en parlant de la durée , quoi-
qu'elle ne fe puilfe mefurcr. Mille ans devant la
face du Seigneur font comme un jour j dit le Pûl-
mifte.
Jours Généraux. On difoit autrefois Jours Généraux i
au lieu de grands jours , & l'oji nommoit ainlil'allem-
blée des États d'une Province. Paradin , en fes Anna-
les de Bourgogne L.IIl.p. 3s° >'^''^> LeRoiJeai^ai-
fint fon entrée à Dijon , comme Duc . au mois de^e-
cembre ( i 361. ) jura folennellement .les privilèges de
la ville , fur l'autel S. Bénigne, coiiuTie étoient les Ducs ■
J o u
de Bourgogne coutumicrs , & le vingt-huirieme dudic
mois il accorda aux gens des trois Ltats du pays que
la Duché de Bourgogne (croit de-là en ores régie <\:
gouvcrnéc par Baillis , Chancelier , Auditeurs , & par
adèmblécs de Grands Jours , 'qu'ils noninioient lors
jour» généraux, qui feroient tenus à Beaune , lefqucls
jugeroient fans appel & en dernier rellort. Paradin.
En Normandie , on appelle les hauts jours , les deux
faifons où les Maîtres des eaux & forêts doivent tenir
leurs ailïfes ; (avoir , à Pâques &c à la Saint Michel.
On appelle les ycw/.f caniculaires , dcsyci^nr extrê-
mement chauds , parce que le grand chieu , ou l'étoile
nommée Canicule , (e lève & (e couche avec le (bleil ,
depuis le 24 de Juillet ju("qu 'au 24 d'Août. Vqs jours
Alcyoniens , les it\>x. jours qui précédent , ou qui ("ui-
vent le Solftice d'hiver , pendant lclqnels le calme rè-
gne (ur la mer , & les Alcyons , fuivant l'ancienne tra-
dition , font leur nid iur (es bords.
Les Médecins ob(ervent auill des jours critiques
dans les maladies , & ils appellent y oz^/'j vides , ceux
qui ne (ont pas critiques , ik où ils peuvent purger (ans
danger.
^3° Dans tous les temps on a dillingué les jours en /ours
heureux & malheureux. Cette (up>eri1:ition étoit com-
mune à tous les Peuples. Les Romains , dans leur ca-
lendrier , niarquoient de blanc les premiers , év' de
noir ceux qu'ils regardoient comme malheureux. Le
lendemain des Calendes , des Nones & des Ides , tous
les jours où il étoit arrivé quelque malheur , ou quel-
que échec à la République , & quelques autres encore ,
étoient regardés comme malheureux. Il étoit défendu
de rien entreprendre ces jours-la.
^S'Outre ces jours j il y en avoit d'autres que chaque parti-
culier regardoit comme malheureux pour lui-même.
^3" Cette erreur , toute ablurde qu'elle eft , infeéie en-
core aujourd'hui bien des efprits.
Les Arabes appellent dans leur calendrier Jours dé-
robés , les cinq jours qu'ils ajoutent à la fin de l'année
folaire compoiéc de 560 , pour avoir le cours entier
du foleil , ôc que les Grecs 8c les Latins appellent £fa
gomcnt. ; c'eft à-dire , ajoutés.
Four Préfix , eft un terme , ou un jour qu'on marque
' précilément pour quelque affaae. Il a été allîgné à cer-
tain & compétent jour, il a comparu zjourprefix. Il
a pris y'oi^r, heure pour cela. Il eft venu 3. jour nom-
mé , au jour qu'on lui a donné. On dit auîîl , donner
une ailignationà longs/oi/zj ; pour dire , à un long
délai , au delà de celui établi par l'Ordonnance. Celle
qu'on donne à trois hneis jours , fe dit en matière
criminelle , quand on adigne à fon de trompe pour
inftruire une contumace, f^oje^ ci-de(lus. On dit aulli
d'une chofe qui ne pre(îe pas. Il y a jour d'avis entre
ci & là.
Dans le commerce , on appelle j ours de fiveur , les
jours de délai qu'on a pour payer une lettre de chan-
ge , lorfquc le temps pour lequel elle a été acceptée ,
eft expiré. A Paris , & dans toute la France , il y a dix
jours de faveur ; il y en autant à Dantzic , il y en a huit
à Naples , &: fix à Venife , à Rotterdam , à Middel-
bourg , à Anvers , quatre à Francfort hors le temps
des foires , & trois à Londres , à Leypfik Se à Naun-
bourg , il y a cinq jours de faveur entre les deux foi-
res , il y en a autant à Ausbourg.
CT Jour préfix , jour nommé , en matière de lettre de
change , fedit , lorfque le jour où la lettre de change
doit^ctre payée J eft fixé dans la lettre. Les letttes'a. jour
préfixe ne jouilîént pas du bénéfice des dix jours de
grâce.
P" Il y a des lettres à deux , à trois , à quatre , &c. jours
de vue, préfixe, c'eft à- dire , qui doivent être payées,
deux , trois , quatre , &-c. jours après celui de l'ac-
ceptation.
Rèsle des vingt /oarj. royei Règle en matière bé-
neficiale.
OURS DE planche! Certain nombre de jours réglés par
les loix ou par la coutume de chaque port de mer ,
011 autre ville où les bateaux peuvent aller , pendant
lefquels ceux qui y ont des marchandifes font obli-
ges de les décharger , ou au défaut , de payer tant par
J O u
25-3
jourzw Capitaine ou Batelier pour chaque /oi^r qu'ils
les y laillcnt de plus , lorfque les jours de planche fonï
expirés.
Jour NOMMÉ. Batteau de diligence , dont le Maître s'eft
obligé d'arriver à certain yoi^rpiéfix dans le port de (a
deftination , à peine de diminution de la moitié du
prix porté par fa lettre de voiture.
Jour , le dit auili pour déligner un temps incertain. Un
jour viendra que vous vous en mordrez les pouces.
Erit tempus illud, illucejcet aliquando illa dies , cùm ,
&c. Tous les hiilturs de contes commencent par , un
jour, (Sec. On vous ira prendre un beau yoar de Dieu,
lorlqne vous y penferez le moins. Jour de Dieu , eft:
auili un (erment que font les femmes du peuple. Jour
de Dieu , je l'étranglerois de mes propres mains , (i
elle avoir foriait à fon honneur. Mol.
Jour , lignifie aufti la clarté du fokil qui diftingue le
jour de la nuit. Dieu a nommé la lumière le jour ,
& les ténxbres la nuit , en la Gen. c. i . Le fpeétacle du
joureà uniforme; ce n'eft qu'un foleil , & une voûte
bleue. Font. On appelle l'aurore , l'auhe du jour, le
point du jour J le petit jour , le midi , le chaud du jour;
le (oir,le déclin du/oz^r. On dit, brûler ley o^r, quand
on allume la chandelle pendant qu'il fait encore allez
clair J quand il fait ^nnd jour, quand on eft en plein
jour. On dit qu'une chofe eft claire comme le jour ;
pour dire qu'il n'y a point de difliculté.
Le jour n'ejl pas plus pur que le fond, 'e mon cœur.
Racine.
On dit auflî chez les. Grands , eft-il jour ? pour
dire , eft-on levé ; & abfolument on dit , il fait jour. Il
ne fait jour chez M. tel qu'à dix heures du matin ;
c'eft-à-dire , il ne fe levé qu'à cette heure ; §CT ôc l'on
appelle petit jour le temps où l'on tire les rideaux
du lit : alors ce mot qui , au propre , lignifie le crépuf-
cule du matin j eft pris dans un lens figuré.
Le Dieu du Jour , le Père, oul'Aftredu/oar;c'eft:
en Poëlie Phœbus , le Soleil , Parens luminis , lucis ,
ou luminis auclor.
Déjà le Dieu du jour dans fon char lumineux ,
Rapportait aux humains fes clartés S^fesfeux j
Et des premiers rayons verjes de fa carrière ,
Otoit à fes enfans leur flamme & leur lumière,
Brébeuf.
Jour ,,fe dit auflî des lumières qu'on allumç la nuir.
Ne vous tenez pas à ce coin-là , approchez-vous du
jour. Le grand nombre des lampes <X' des lumières de
cette illumination faifoient un beau jour au milieu
de la nuit. Et noclem flammis junalia vincunt. 'Virg.
Jour , fe dit aulli de l'ouverture des portes, des fenê-
tres , & de tout autre endroit par où palîe l'air , & la
lumière. Ces chalîîs ne font pas biens clos , on y voit
encore du jour, une porte à claires voies , eft Une porte
à jour. On lui a fait boucher les jours _, les fenê-
tres qu'il avoit fur le voiUn. Dans le Panthéon , le
jour vient d'en haut , il ne tire du jour que par le
dôme. Ce bâtiment a tant de jours l'ur la rue , pour
dire , tant de fenêti'es. Jour d'efcalier ^ c'eft dans un
efcalier à plufieurs noyaux , ou à vis fufpendue , l'ef-
pace carré , ou rond , qui refte entre les noyaux & li-
mons droits J ou remparts de bois , ou de pierre.
^fT On appelle jour de coutume , l'ouverture qu'il eft
permis de faire , fuivant la coutume du lieu , dans
un mur contre lequel le voifm n'a pas de bâtiment
adolTé.
^fT Et jour de fei-vitude , une ouverture ou fenêtre dans
un mur , en vertu d'un titre ou d'une convention par-
ticulière.
03° Jour , en peinture. C'eft la diverfe dilpolltion des
objets pour recevoir la lumière. On dit , qu'un ta-
bleau eft dans (on jour , quand il eft dans la même
fuuation à l'égard du jour , dans laquelle il a été
peint ; c'eft à dire ^ lorfque la lumière , qui fait qu'on
le voit, vient du même coté que celle qui éckire les
objets peints dans le tableau ; enfortc que II les objets
imites paroillent éclairés par un jour qui vient du cô-
té droit , i;l faut que le jour- de l'endroit où eft le ta^
2T4 J O U
bleau , vienne auflî du côté droit. On dit qu'un tableau
efl contre jour , quand on le regarde hors de Ion jour
naturel. On appelle aulli jours , les endroits les plus
éclairés d'un tableau ; mais il lemblc que dans ce cas
on doic dire lumieies d'un ubleau , par oppolîtion à
ombres , &: non pas jours d'un tableau.
Des jours droits , des jours de refiec , ou des lumiè-
res retiéchies. Jours naturels : ce font des lumières
direftes. Tableau dans fon jour, dans un faux ;our.
Un fiux /tc^r eft celui qui vient obliquement en quel-
que lieu , qui en déguife les couleurs , qui ne l'e-
claire pas bien. On dit aulfi , qu'il faut voir une
étoffe au jour ; pour dire , qu'il ne la faut point voir
à la chandelle, mais au foleil , ôi en un lieu découvert.
La plupart des exprclllons de l'article précédent
fe difent auOî figurément des chofes morales. Ils fu-
rent fe préparer dans l'obkurité du defert à fouftrir
avec moins de danger le grand jour , où ils dévoient
être enfuite expofés p.ir leurs for.élions. P. 'Verjus. Il
y aura un moment , qui ne peut être éloigne j où
vous verrez dans un autre jour tout ce qui peut pré-
fentement vous donner de la peine. Abbe de la
Trape.
|Kr On dit qu'une chofe efl: dans fon jour , pour dire
qu'elle eft dans une fituation qui en fait paroître toute
la beauté ; 8c qu'une affaire ell mife dans un Jaux
jour, pour dire qu'on la fiit paroître autre qu'elle
n'eft.
Jour , en termes de guerre , fe dit de l'ouverture qu'on
fait dans les rangs des ennemis. Dès qu'il y a diï/our
dans un bataillon , qu'on y peut entrer , il eft bientôt
défait. Le canon faifoit jour par-tout. Le canon hiit
jour dans un bataillon quand il tue ceux qui le for-
ment. Ce Colonel fe fit jour à travers les ennemis , Se
alla fecourir la place.
Dans la Méchanique , jour fe dit de l'ouverture
qui eft entre deux chofes , entre les parties d'une
machine , les pièces d'un ouvrage. Jour d'eflîeu d'un
affût , jour d'elfe , jour de boulon ^ jour de touiil
Ion , 6c.
Dans la Charpenterie , jour fignifie le vide qu'on
îaiffc entre /deux pièces de bois j de peur qu'elles ne
s'échauffent.
Jot'R , fe dit pour la vie , le temps qu'on vit , & en ce
fens il efl: fort en ufage au pluriel. Les Latins avoient
cet ufage. Palfer Ces jours dans la joie , dans les larmes ,
dans la triftelfe , &c. Dies ducere. L'âge eft une elpece
d'émancipation qui les tire ( les Anciens ) de l'alfujct
tilfement effentiel , daws lequel il faut qu'un Religieux
paife &c fînifle (es jours. Abbé de la Trape.
Titus donna au monde une courte joie , & ces jours
qu'il croyoit perdus , quand ils n'étoient pas marqués
par quelque bienfait ^ feprécipitèrent bien vîteBoss.
Tes jours s'écoulant dans la joie
Seront filés d'or & de foie. Le Duc de Nevers.
Mais le Ciel m'a laiffe pour prix de ma fureur.
Des jours qu'il a djj'us de tnjîejje & d'horreur.
Crebillon.
Tu vols le jour , Cinna , mais ceux dont tu k tiens , &c.
Corneille.
Nous devons du refpeét à ceux à qui nous devons
le jour. On dit perdre le jour ; pour dire , mourir.
Au pluriel on dit , qu'un- homme a palfé les plus
beaux jours ; pour dire , qu'il n'eft plus dans la pre-
mière jeunefle ; qu'il eft lur (es vieux jours ; pour dire ,
qu'il eft avancé en âge. Les femmes mondaines ne
donnent au foin de leur falut que ces vieux jours ,
qui , malgré elles j ne iont plus propres à la vanité.
FlÉch. On dit que quelqu'un a fini fes jours ; pour
dire , qu'il eft mort; qu'un tel remède , qu'un tel ac-
cident a abrégé (es jours , qu'ils ont hâté fa mort. Ne
donnez pas tous vos jours à la gloire , vous en devez
quelques-uns aux plaifus. La Parque me file de beaux
jours. Sar.
A de lâihes devoirs facrlfie^ ies jours.
J o u
Dont les mains de l'amour doivent filer le cours,
VlLU
Ah '. fouffre-^ qu'un Couvent , dans les auftérltés ,
Vfe les trijies jours que le Ciel m'a compta. Mol.
On dit que nos jours font comptés. On dit aufïî ^
qu'une choie s'eif taite de nos jours ; pour dire , dans
notre tiècle , dans notre âge. L'Ancien des jours ;
c'eft une phrate de l'Ecriture qui lignifie Dieu , &
qui marque Ion éternité.
Jour j le dit en parlant de ce qu'on donne au public ,
qu'on met en lumière, qu'on découvre a tout le mon-
de. Lux. Cet Auteur a mis plulieurs livres au/our. J'ai
un manufcric qui n'a jamais vu le jour. L'hypocrilie
craint le grand /oi^r, elle craint que fes vices Ibcretsne
paroillcnt au ]our.
Mettre m jour, mettre en jour , font deux exprel-
fions qui ont un fens diîiérent : mettre au jour , veut
dire , donner au Public , comme il vient d'être expli-
qué. Mettre en jour , fignifîe faire paroître quelque
chofe d'une manière éclatante, faire que cette choie
frappe l'efprit ou les yeux , qu'elle foit remarquée ,
lui donner de l'éclat. U n'y a guère d'aCtions écl.uan-
tes dans la vie de Mithridate , qui n'aient trouvé place
dans la Tragédie. J'y ai inféré tout ce qui pouvoit met-
tre en jour les mœurs Se les fentimens de ce Prince ,
je veux dire , fa haine violente contre les Romains,
fon grand courage , fa fineffe , la difllmulation j &c.
Racine. La fin du Poète dramatique eff de porter à
la vertu , & d'éloigner du vice -, c'eff de montrer
l'inconftance des grandeurs humaines , les revers im-
prévus de la fortune , les fuites malheureulesde la vio-
lence & de l'injultice ; c'eft de mettre en jour les chi-
mères de l'orgueil j 6"c. P. de Courbeville , J.
C'eft ici qu'Homère me iemble véritablement un
grand maître ; & je voudrois pouvoir réuflzr à bien
mettre en jour l'art qu il a employé dans le caradtètc
d'Achile. De la Motte.
Se mettre i tous les jours , fignifîe s'expofer , ne
fe point ménager , faire une choie très fréquemment
& à toute occalîon. Ce Meftre de camp fe moque
des gens , de fe mettre à tous \es jours , ainfi que de
pauvres Avanturiers Bussi Rab. Pour acquérir de
l'honneut je me mettois à tous les jours. Idem. Ce
Prédicateur le met à tous les jours : cela ne lent point
le grand Prédicateur ; c'eff-à dire , il prêche à toute
occafion. Il accepte toute forte de fermons. On dit
qu'un homme fe met à tous les jours , par alluf ion aux
habits communs 6c de tous les /ours. Il ne fîtut pas
mettre fes amis à tous les^o^w ; pour dire s'en lervità
toutes occafîoHS , les importuner trop fouvent.
Jour , fe dit aufli d'une lumière , d'une ouverture qui
nous vient dans l'efprit , qui nous donne bonne efpé-
rance du fuccès d'une afiaire. Cela n'eil pas impof-
fible , j'y vois quelque jour , quelque apparence d'en
venir à bout.
Jour, fe dit adverbialement en ces phrafcs. Il efl: ar-
rivé précifément au bout du mois , jour pour jour. Il i
recevoit de jour à .autre divers avis. Pat. Les troubles i
croiircnt de jour à autre. Ablanc. Il me remet de jour
à autre , ou de jour en jour. Je vous conterai cette hii-
tohe jour pu jour. D'un jour à l'autre. Cet adverbe
marque un temps défini , Se fignifîe l'efpace de deux
jours , ou en tout , ou en partie. Du plus riche hom-
me de la ville qu'il étoit , il eft devenu d'un jour i
l'autre le plus pauvre. Vaug. Remarq.
A jour, eft encore une manière d'adverbe, qui fi-
gnifîe J qui a des ouvertures. Panier à jour. On l'a per-
ce à jour, ou de part en part. Prends garde que je ne te
perce à jour d'une dcmonffration. Ablanc. Percer à
jour 3 (e dit quelquefois pour pénétrer , voir f décou-
vrir tout ce qu'un homme penfe;, Cet Ambaffadeur
a toute l'adrelfe Se toute la pénétration pofîîble; il
perce à jour tous les Miniftres avec lelquels il traite.
Après ce mot de jour on met la particule de. Le
jour d'hier , le jour de devant , le jour d'après : fi le
mot un fe trouve devant le mot de jour, on ne met-
J o u
rr.i point la particule de dans ces phrafes. Un jour de-
vant , un iour après.
On dit en ftyie populaire : Bon jour & honfoir ,
>ccc. Bon/o^/r&bonan. Vtonjour&c adieu. On dit au(-
Ï! lion jour h. ceux qu'on n'a pas vus depuis long-temps.
Il n'a fnit que dire bon jour 6c adieu : pour duc ,
il cft venu , ôc s'en clt .lUc aulli-tôt ; il n'a point été
long temps.
Au Jour i.a JournÉh. Phrafe adverbiale, /-^oyc^ Jour-
née , dans les proverbes: en Latin , in dicin.
Jour , fe dit proverbialement en ces phrales : Quand
on veut tt-moigner qu une choie ennuie & dure trop ,
on dit qu'elle ell longue comme un jour fans pain.
Pour bien louer un enfant , ou une autre perlunne
de fa beauté , on dit qu il ell beau , qu elle ell belle
comme le/twr.- & pour la méprilcr , ont dit quelle
eft belle à la chandelle , mais que le jour gâte tout.
On dit aulli , bon your.bonne œuvre ; pour dire , que
les f'célérats font les jours de Fêtes les meilleurs
coups. On dit encore , quand on veut pcnler à une
choie , ou la remettre : Demain il fera jour. On dit
aulli , pour montrer que deux choies ne fe rellemblent
pas : Il y a de la diflérencc comme du jour à la nuit.
A chaque /t'i/rfufHt fa peine. Ce proverbe eft formé
de ces paroles de l'Evangile : Sufficit diei malitia
fua. On dit qu'un homme fait de la nuit le jour
ôc da jour la nuit , quand il palle le jour à dormir j
& la nuit .\ fe divertir. On dit aulli qu'un homme
vit a.u jour la journée , quand il dépenfe chaque /our
ce qu il a gagné. On dit : les /ours ie luivent , mais ils
ne fe rellemblent pas , pour dire que les choies ont
changé ou changeront de t.icc.
On dit qu'une perfonne tient fes grands jours ,
quand elle reçoit chez elle beaucoup de monde. On
dit de M. de Marillac , Garde des Sceaujc , qu'il avoit
l'art de trouver plus de vingt-quatre heures au jour.
De ViGM. Mar. On pouvoir le dire .avec plus de rai-
fon de M. d'Argenlon , Garde dus Sceaux , régillant en
même temps les Finances.
JOURA. Perite île de l'Archipel. Gyaros , Gyari. Elle
eft entre les îles d'Andri , de Ténos & de Zca. Joura
eft inhabitée ; on n'y voit que quelques cabanes de pê-
cheurs. Elle fe nommoit autrefois Gyare , & c'étoit un
lieu d'exil , comme il paroït par ces vers de Juvénal ,
Satyre , /. \crf. jj.
Audi aliquid brcvibus Gyarïs 6' carcere dignum ,
Si vis eJJ'e aliquid.
Holfteiiius croyoit que l'ancienne Gyaros n'étoit
point Joura , mais Caloïro , ou Caloïera ; mais il y a
beaucoup plus d'apparence que c'eft Joura. Le nom
même n eft qu'une corruption de celui de Gyaros.
J^oye^ Spon , Voyage de Grèce , T. I. Le P. Hardouin
croit que Philoltrate parle de cette île dans la vie
d'AppoUonius , L. Fil. c. S. p. 341 , & qu'il y faut
lire \.'Uix , au lieu de tv«£./. M. Corneille dit Giaros ,
mais puilque l'ufage a fait un autre nom à cette île ,
il n eft point nécelfaire de retenir l'ancien mot. On
le pourroit pourtant en parlant de l'antiquité.
JOURDAIN , f. m. Nom dune rivière delà Terre Sain-
te, qui s'appelle aujourd'hui Scheviah. Jordanis. C'eft
la feule rivière confîdérable de la Paieftine. Elle naît
dans le mont Liban de deux fources , lefquelles , à ce
que l'on dit , forment par leur union la rivière du
Jourdain. Elle traverfe le lac de Samachonite , & en-
fuite celui de Genélareth , & fe va enfin perdre dans
la mer Morte. Le Jourdain étoit anciennement la
borne de la Terre de Chanaan , ou de la Terre Pro-
nùfe , & il la féparoit des pays qui furent conquis lur
Séhon , Roi des j^morrhéens , & fur Og , Roi de Ba-
fan j & qui furent donnés aux Tribus de Raben , de
Gad j & à une moitié de la Tribu de Manaffé. Cette
rivière eft très-célèbre dans l'hiftoire fainte , les lÉhë-
lites la palferent à l'ec , comme ils avoicnt pallé la mer
Rouge. Elie & Élifée firent enfuite la même chcfc.
Nahaman , Miniftre d'un Roi de Syrie , fut guéri mi-
raculculement de la léprc , en s'y baignant. JÉsus-
Christ y fut baptifé p'ar JcanBaptifte.
Quelqi.ics-uns dilent que cette rivière fort de deux
J O U 2yy
fontaines, dont l'une fe nomme /or, &: l'autre Dan;
ik que c'eft de-la que vient le nom du lleuve. Mais
Jofepii ne parle que d une fontairiC du Jourdain , &
l'antiquité n'en a jamais reconnu d-ux. D'autres ti-
rent ce nomde i"ii' , Jorcd , qmligmhc defcendanc , de
T 1 ' , Jarad ■■, c'eft-à dire , dcfcendre , 6c de Dan ,
parce que ce Hcuve defcendoit de la partie du mont
Liban , qui étoit dans la 1 ribu de Dan : mais la
Tribu de Dan étoit au midi de la 1 erre-Sainte , tk.
bien loin du Liban & de la fource du Jourdain. Il
falloir dire que Jourdain iignihe dcjcendant de Dan ,
parce qu'il defcendoit de la partie du mont Liban
qui étoit proche de la ville de Dan , & dans fon ter-
ritoire , & non pas de la Tribu de Dan. En fuppo-
fant cette étymologie vraie , Jordan , Jourdain , eft
une corruption & une abréviation pour Joreddan ,
n'^"' , avec un daghès dans le Daleth.
Il ne hmt jamais ni écrire , ni prononcer en Fran-
çois Jordain ; m.iis toujours Jourdain.
Jourdain , en Aftronomie. Le Heuve Jourdain. Nom
d'une conftcllation formée par Auguftin Royer , de
quelques étoiles informes. Elle eft dans l'hémifphère
feptentrionaJ. Elle eft placée entre la grande ourfe &
le lion , & compofee de 5 i étoiles , depuis la fécon-
de jufqu'à la -fixième grandeur. Foye^ ks Tables de
Royer.
Jourdain , f m. Nom d'homme. Jordanus. Jourdain de
Saxe , touché des prédications de S. Renaud , en-
voyé à Paris par S. Dominique , entra dans l'Ordre
de ce Saint en i2zq , &c en fut créé Général en
1222.
JOURNAIRE , f. m. yoye\ Journal. Bréviaire.
JOURNAL , adj. &c f. m. |p* Comme adjedif ^ il fe joint
avec livre , papier. Livre , papier journal , papiers
journaux. Livre j papiers qui contiennent ce qu'on
reçoit , ce qu'on dépenfe , ce qu'on veiid , ce qu'on
acheté chaque jour. Comme f ubftantif , il fignifie une
relation jour par jour de ce qui fe palle , ou de ce
qui s'eft pafté en quelque endroit , ou en quelque
artaire. Diarium , éc. Un homme d'ordre tient un pa-
pier journal de ce qu'il reçoit , de ce qu'il dépenfe.
Les Marchands tiennent des livres journaux de ce
qu'ils vendent , & de ce qu'ils achettent. Quoique
l'Ordonnance porte que les Journaux des Marchands
feront lignés , cottes &c paraphés , l'ufage confulairc
confirmé par les Arrêrs les a difpenfés de cette ri-
gueur. Cette Hiftoire eft réduite en forme de jour-
nal ,\o\i}: par jour. Le Journal d'un fiége contient jour
par jour tout ce qui fe patle à ce fiége. Les relations
des Voyageurs le font fouvent en forme de Journal.
Le Journal d'Henri III. Le Journal des Audiences du
Parlement en trois volumes in-folio : c'eft un recueil
des arrêts les plus notables. Le journal du Palais en
douze vol. i«-4°. a été compolé par MM- Guéret &
Blondcau : c eft un recueil d'arrêts de divers Parle-
mens. Les queftions fur lefquelles ils ont été rendus ,
y font traitées favamment. Ménage dérive ce mot de
Diurnale.
|t!r On appelle Journal desSavans, un ouvrage pério-
dique qui s'imprime tous les mois , contenant l'ex-
trait des livres nouveaux , avec un détail des décou-
vertes que l'on fait dans les arts & dans les fciences.
Les Journaux des Savans ont été inventés pour le
foulagement de ceux qui font ou trop occupés , ou
trop parelleux pour lire les livres entiers. C'eft un
moyen de tatistaire fa curiofité , & de devenir favant
à peu de frais. Ils gâtent par -là bien des gens; néan-
moins comme ce dellein a paru très commode , &
très utile , il a été imité fous des titres diftérens. Ce-
pendant l'on a donné inditféremment le nom de
Journaux , aux Ouvrages compofes fur le même
plan que le Journal des Savans de Paris; comme les
Tranfaclions Philofophiques de Londres , les Acies
deLeiphck , la République des Lettres , la Biblio-
thèque untverfclle , les Mémoires pour l'HiJIoire des
Sciences & des Arts. En 1692. M. Junckerus a
publié en Laàn un Traité hijîorique des Journaux
des Savans publies en divers endroits de l'Europe juf-
qu'à prefcnt ; Volfîus & Burchardus , Gottelfius,
25-6 J O U
Struvius , eii ont aulïï parlé , & celiti-là dans G
Dillêrtatioa , de Photio Epkemeridum Eruduorum
inventore , celui ci dans ies SuppUmenta ad Noti-
dam Rei LimrarU, & après lui ks Mémoires de
Trévoux , 1-12., pag. 217.
Les rranûdioas l'iiilotophiques , les Mémoires
& l'hilloire de l'Acadcmis des Sciences , celle de
l'Académie 'des Belles Lettres. Les Mifccllanea Na-
ture Cunofomm , qui tinirenc en 1706 après avoir
duré 30 ans-, les Saggi di naturaU efperunie fane
nel Academ.a dd cimcnco , c'elt à dire , les EJjais
dis expériences naturelles fuices dans l'Académie de
l'Epreuve : les Acla PhJoexoticorum nature & ar-
tis y qui ont paru depuis Mars 1686 , jufqu'en
Avril 1687, & qui font une hilloire de l'Académie
de Breliè ; les Mifcellanea Berolinenfia , ou Mé-
moires de 1 Académie des Sciences de Berlin , &
les aiiircs ouvrages fcmblables , ne font point des
Journaux , on a tort de les mettre de ce nombre ^
de leur nom.
Junckcr & Conllantin Volfius , qui donnent à
Photius la gloire d'être l'Inventeur des Journaux ,
■ ont plus de raifon. Sa Bibliothèque n eft pourtant
pas tout à tait ce que font nos Journaux , ni fon
delfein le mcmc ; ce font des abrégés &: des extraits
des livres qu'il avoii lus pendant fon ambailade de
Pcrfe.
On ne peut donc refufer la gloire de l'invention
des ■Journaux a la France , & à M. Salo , conleiUer
au Parlement de Paris , qui commença le Journal
des Savans à Paris en 166; fous le nom de lieur
d'Hédouville. Le premier parut le cinq de Janvier ;
il continua jufqu'au trente de Mars. Sa mort inter-
rompit l'ouvrage. On n'a de cet excellent homme
que treize Journaux de l'année 1665, depuis le
premier de Janvier , jufqu'au lundi trente de Mars.
U mourut la même année de chagrin d'avoir perdu
1 00000 écus, c'ell-à-dire , tout fon bien au jeu.
De 'Vign. Marv. M. l'Abbé Gallois le reprit au
commencement de 1666. Après quelques interrup-
tions fur la tin de 1674, il le céda à M. l'Abbé de
la Roque , qui le fit pendant huit à neuf ans ^ &
qui eut pour luccelfeur M. Coufm, Prélident à la
Cour des Monnoies. Il le fît jufqu'en 1701, que
M. l'Abbé Bignon inllitua une nouvelle Compa-
• gnie , à qui il donna le foin de continuer ce Jour-
nal. On lui donna en même temps une nouvelle
forme, & on l'augmenta. =j:T Cette Compagnie iuh
fitte encore ; & c'eil M. de NLilesheroes qui en a
l'inlpection. . ,
Les autres Journaux François font les Mémoires
Ôc Conférences fur les Sciences & les Arts , par M.
Denis, pendant les années 1672 , 1673 , '^74 i
les nouvelles découvertes fur toutes les parties de
la Médecine, p.ir M. de Blegny , en 1679; le Jour-
nal de Médecine commencé en 16S2, & quelques
autres femblabies difcontinués auiiitct que com-
mencés. Les nouvelles de la République des Let-
tres que M. Baylc commença en 1684 , ik que M.
de h Roque , & quelques autres amis de M. Bayle ,
& M. Bernard , ont continué depuis Février
1687, qu'une maladie obligea M. Baylc de le quit-
ter jufqu'en 1689. Après une interruption de neuf
•ou dix ans, M. Bernard le reprit au commencement
-de 1699 , & l'a continué jufqu'en 17 10. L hilloire
des ouvrages des Savans par M. Balnage de Beau-
■ val commença pa* le mois de Septembre 1686 , i^t
a fini en Mars 17 10. La Bibliothèque univertelle &
hiftorique de M. le» Clerc , dont il y a jufqu'en
1603 vingt cinq volumes. La Bibliothèque choifie
du'mêi-ne commença dix ans après en 1705. Les
Mémoires pour l'hllfoire des Sciences & des beaux
Arts , appelés communément les Mémoires de Tré-
■ voux , cm commencé en 1701. Les Ellàis de Lit-
■ térature n'ont été poufTés qu'au douzième volume
pendant 'les années 1702 , 1705 , & 1704. Ces
Ellais ne parloient.que des livres anciens. L'an 1704
vit naître Se fini- le Recueil des pièces fugitives j
dont il ne parut que quatre volumes. Dix ou douze
J O U
ans après on a repris cet ouvrage avec auffi peu
rte lucces. Le Journal Littéraire , ouvrage du P.
Hugo J Prémontré , commença ëc finit avec l'an-
née 170J. On a tenté deux tbis à Hambourg un
Journal en François , mais l'entreprit'e n'a pas
réu.li. U n'a paru que fix feuilles des Ephéméri-
des lavantes , ëc deux années d un Journal des Sa-
vans , dont M. Dartis étoit l'Auteur , 1694 &
1695. Celui que M. Chauvin entreprit à Berlin en
1697 a duré trois ans. On a fait quelque tentative
lemblable à Genève. Il y a de plus en France le
Journal Littéraire commencé à la Haye en 1715 , Se
celui de Verdun , Se la Bibliothèque Angloife.
IfT On diroit que la Fureur des Journaux & des
Dictionnaires s'efl emparée de la nation Fran-
çolte. Année Lluéraire. Journal Etranger. Jour-
nal Chrétien. Journal de Médecine. Annonces &
Affiches. Journal Encyclopédique , qui te fait &
s'imprime à Liège , fi l'on en croit le titre. Xe
Conjervateur. UObJervateur Littéraire. Annales Ty-
pographiques, Journal du Commerce. Journal Eco-
nomique. Journal pour les Dames. Journal Villa-
geois. Eeuille nécejj'aire , Sec.
Les Journaux Anglois font The hijlory of the
Vorks'oj the Leaoned , c'elt à-dire , l'hijïoire des
Savans J, qui commença à Londres en 1699. Cen-
Jura tzmporum en 1708. En 1710 il en parut deux
nouveaux : 1 un tous le titre de Mémoires de Litté-
rature -, c'elt une feuille volante , qui ne contient
qu'une Tradu.fion Angloit'e de quelques articles
des Journaux Etrangers. L'autre elt in- 4". en quatre
ou cinq tcuilles : c'ell un Recueil de pièces fugiti-
ves , intitulé : Bibiiotheca curiojiora , &c. Ils lôn:
de M. de la Roche.
Les Journaux Italiens font celui de l'Abbé Na-
zari , qui a duré depuis 1668, jutqu'en 1681. Il
s imprimoit à Rome. Celui de 'Venite commença
en 1671 , & (init en même temps que celui de
Rome. Les Auteurs étoient Pierre Moretti & Fraa-
çois Miletti. Le Journal de Parme par le P. Gau-
dence Roberti , & le P. Benoît Bacchini, Bénédic-
tin de la Congrégation du Mont-Caifin. Il tomba
en 1690, on le reprit en 1692. Le Journal de Fer-
rare , entrepris par M. l'Abbé de la Torre , cona-
mença & tînit en 1691, La Galeria di Minerva,
commencée en 1696 y eft l'ouvrage d'une lociété
de gens de Lettres. M. Apoftolo Zeno , Sécretaite
de cette fociété , commença un autre Journal en
17 10 fo-.is les aufpices du Gitnd_ D\xz. Il s'impri-
moit à Venife , & pluiîeur; pcrtonnes de dilHnc-
tion y avoient part. Les Fafii eruditi délia bibiio-
theca volante fe taifoient à l'arme.
Le premier des Journaux Larins etl celui de Leip-
Ç\ck,Acla Eruditorum , commencé en 1682. Pier-
re-Paul Manzani en avoir commencé un à Parme.
Les Nouvelles Littéraires de la mer Baltique , Nova
Litteraria maris Balthici , ont duré depuis 1698,
jufqu'en 1708. Le Journal de Hambourg commença
en 1703. Les Acia Litteraria ex manufcriptis , Sc
h Bibiiotheca curiofa commencée en 170? , & finie
en 1707 font de M. Struvius. M. Kufter & M. Sike
commencèrent en 1697 , & firent pendant deux
ans la Bibliothèque -des Livres nouveaux. Le Jour-
nal Suille appelé , Nova Litteraria Helvetica , com-
mença en 1702 , qui eft de M. Scheuchzer , &:
les kcla Medica Hajnienfia de Thomas Bartholin,
qui font cinq Tomes, depuis 1671 jutqu'en i''79.
I! y a deux Journaux Flamans : l'un fous le titre
àtBoocki alv an Europe. U fut commencé en i(?92
par Pierre Ribbus à Rotterdam , Ss: continué de-
puis #702 , jutqu'en 1708 par MM. Sewel &_Ga-
vcrn ; l'autre eft d'un Médecin nommé Ruiter,
^i l'a commencé en 1710 au mois de Ju:,.et.
Les Journaux Allemands les plus coni^us , font
le Monrtlichen Unterredungen , qui a duré depuis
16S9 , jufqu'en 1698. La Bibliothèque Cuneuie
commencée en 1704 , & finie en 1707. Ces deux-ci
font de M. Tenzel. Le Journal d'Hanovre com-
1 mencé en 1700 , 6c fait pendant deux ans par U.
' / > r Eccardj
J o u
Eôcard j fous la direction de AI. le Baioii de Lcib
iiitz , & continué cni'uice par d'.iunes. Le iounuil
Thcologique de M. Lœfehcr , fous le titre , JUcs
and JSleucs , c'cfl: - à - dire , Anciens & Nouveaux.
Un troilième qui fe vend à Leiphk tk. à Franctori
depuis 1708 , 6c dont les Auteurs font MM. Cluil"
tophe Wolterek , ^ Jean-, leun Kraute , &, Jérô-
me Auguilin GrolchulHus ; &c un qu-itrièmc de
Hall, dont l'Auteur cil M. Guillaume iurk. foyc^
les Auteurs cités d'abord.
Journal , en termes de Marine , cil un regrftrc que
les Pilotes tiennent de tout ce qui elt arrivé au vail
feau , par chaque jour & d^heure en heure , pour
fcrvir à hiire Iclu" ellimc & leur pointage , comme
les rumbs , les vents , le lilLige , les hauteurs , les
tourmentes , les rencontres , ùc.
Journal ou Jdurnau , eft une mefure de terre
gCr en uiage dans plulieurs Provinces. L'étendue du
journal a été rixec lur ce qu'une charrue peut labou-
rer en un jour: & comme il y a des terres plus ai
fées à labourer que d'autres , le journal n a pas la
même étendue par tout. Jugerum. En plulieurs en-
droits on donne les terres par journaux , au lieu
d'arpens. Ce mot n'eft en ufige qu'en quelques
Provinces , par exemple en Champagne. Cotgrave
qui a mis ce mot dans fon Dictionnaire , tait l'e
valuation du /i)i^r/2i2« de quelques Provinces de Fran-
ce. On nomme ainlt en quelques endroits de la
Guienne , ce qu aux environs de Paris on nomme
Demi arpent. Quatre quartonnats font le journd.
Ce mot elt tort ancien en ce tens. Par acte de
vente fait la trente Se troilième année du Règne de
Charlemagne , & par conlequent l'an Soi , Bctton
cède à S. Ludger , entre autres 'choies , un journau de
terre labourable , Et uno jurnalï in terra arubili.
Voyei les Bollandiftes. Acia Sancl. jan. T. II ,
;;. 6ss- A,
J^ Journau. Terme de Coutume. Droit de corvée.
C'eft proprement une journée d'homme par torme
de redevance , que quelques Seigneurs du Royau-
me étoient en droit d exiger de leurs hommes.
Ceux qui étoient obligés au journau étoient iiouiTaS
par leurs Seigneurs.
OURNAL ou JOURNAIRE. f. m. iorr^mum , Li-
ber diurnalis. C'étoit autretois dans l'Églile Latine j
ce qu'ell l'horloge d ms l'Églifc Grecque „ c'eft à-
dire , un livre d't,gliic qui contenoit l'Office de
chaque jour. Quelques uns dilent que c étoit la mê-
me choie que le Graduel. Il y a cependant bien de
la diiiérence encre le Graduel & l'Office de chaque
jour ; il paroit plutôt que c'étoit ce que nous appe
Ions Bréviaire ^ ou bien ce que nous nommuni
Diurnal.
fQURNALIER , 1ÈRE. adj. Ce qui fe fait chaque
jour. Quotidianus. L^exercice journalier d'un Chré-
tien. Travail journalier. OcLupation journalière. On
attribue aux Planètes des mouvemens journaliers
qu'ils font chaque jour ; & des mouvemens pro-
pres j qu'ils ne font que dans certains période^. On
dit , la révolution journalière du premier mobile
du foleil. On dit mieux mouvement diurne.
louRNALiER , le dit aulii de ce qui eft inégal , tan-
tôt d'une façon , tantôt de l'autre. Dubius , varius ,
incertus. Les armes font journalièr'es ; tantôt on
perd , tantôt on gagne des batailles. Les beautés
font journalières. Un Auteur eft journalier.
journalier, ledit en quelques endroits, d'un ou
vricr qui travaille à la journée. Alors il elt fubl-
tantif. C'elt un bon , un pauvre journalier.
Charles IX , par une Ordonnance , défend lu
lage du vin aux mercenaires , journaliers , valets de
laboureurs , & il ne leur permet qu'à certains
I jours d'en ufer.
toURNALISTE. f m; Celui qui fait un Journal ,
ou qui y travaille. On le dit de tous les Auteurs
de Journaux , quoiqu'ils ne portent point ce titre.
Il n'y a guère d'écrits mieux reçus du public , ni
lus avec plus d'avidité , que ceux des iournalifies.
Les Journalifies de L,cipfik , les iournalijhs de
Tome F,
J O u
^57
Trévoux. Un 'ioumalijlc de Paris j de Hollande ,
&c. c'elt à dire , un de ceux qui travaillent aux
Journaux de Paris , de Hollande , &c.
On appelle plus particulièrement Journaltjîes ,
ceux qui tout les extraits des livres. Les Journalifies
de Paris font ceux qui travaillent au Journal des
Savans , qui s'cll longtemps imprimé toutes les
lemaines . ik. qui s'imprime à préfcnt tous les
mois à Paris.
Parmi les Journalifies qui avoicnt accompagne
Photius, il en choiiit quatre. Sallo fut le pumier j
& i jufte titre. L'Abbé Gallois fut le fécond. Un
de Trévoux obtint la troilième place , Se un de
HoUinde la quatrième. La difficulté fut de lavoir
Il elle leroit accordée à Bayle ou à Balnage. On au-
loit louhaité de les placer cous deux. Chacun eut
peur de perdre fon avantage : ils s'accommodèrent ,
& convinrent qu ils occuperoient cette place tour
à tour .... Car. des Auteurs anciens & mod.
Un Journalifie pallionné a beau jeu pour fatis-
faire fa pallion. Il a , fuivant Martial , trois côtés
par où il peut prendre un livre j le bon , le mé-
diocre , Se le mauvais.
JOURNAU ou JOURNAL, f. m. Fojq le dernier
article de Journal.
JOURNiiE. f. t. Durée du jour artificiel ; le temps que
le foleil eft fur l'horizon. Dies. ïfJ" On le dit par-
ticuhcrenient par rapport à la manière agréable ou
pénible dont on remplit la durée du jour. Heiireufe
journée. Mauvaife journée. Travailler toute la jour-
née. Pailer triftement ou gaiement toute la journée.
Depuis cette journée ,
Dois-je dire junefie , helas! ou fortunée ? Rac.
tfT Nous avons pris cette façon de parler des Italiens
qui ditent giornata . On dit beau jour , par rapport
au beau temps ; & une belle journée , par rapport
aux occupations agréables.
Tenir la journée. Manière de parler fort en ufage
dans notre f-lilloire. Quand une ville étoit allîégée,
& qu'elle capituloit lous la condition que lî dans
un temps marqué elle n'étoit pas lecourue par de
plus grandes forces que celle des Aiîiégeahs : lï le
Iccours arrivoit après cette efpèce de capitulation ,
cela s'app'doit Tenir la journée.
Journée, le dit auiîl pour marquer le jour de quel-,
que bataille fignalée , ou la bataille même. La jour-
née de Pharfale. Les journées dTlIiiS , & d'Ar-
belles. Us le vinrent prier de leur rendre leurs ci-
toyens qu'il avoit fait prilonniers à la journée du
Granique. Ablanc. La journée de Cannes tut fort
lar.glante. La journée des éperons. La journée de Poi^
ticr , la. journée de Rocroi , la journée de Norlinghen.
Journée , eftaulli un elpacede chemin qu'on peut taire
en un jour , le chemin qu'on fait d'un lieu à .un
autre. Jter diurnum , itineris dies. Les journées font
réglées par la Juftice à dix lieues, tant pour les alli-
■gnations qu'on donne, que pour la taxte des frais
des voyages. On dit , Marcher à grandes journées ,
Magnis itinenbus ; à petites journées , pour dire ,
Aller diligemment , ou lentement. Les voyageurs
d'Orient comptent les diftances des villes par jour-
nées. Ils étoient à trois journées du Danube. Abl.
On diftingue les journées des voyageurs en journées
de voyageurs ordinaires , en journées de caravanes
de chevaux j & en journées de caravanes de cha-
meaux. Les journées des voyageurs lans marchan-
diies , en valent deux de caravanes de cheval. Se
celle-ci deux de caravanes de chameaux. L'Infan-
terie venoit après à fes journées. Bussi Rab. c'eft-
à dire , failant le chemin qu'elle a coutume de faire
fans fe prelfer ni s'arrêter.
Dernière journée. C'eft l'écroue du dernier jour
de chaque mois de la dérenfe de la mailon du
Roi.
|iCr Journée , fe dit aullî du travail d'un homme pen-
dant un jour. Opéra diurna. On le dit de même
du liilaiie qu'on donne pour le travail d'un jour.
Kk
J o u
258
Merces ,falanum. Gagner fa journée. Payer la jour-
née aux ouvriers.
Onappellcdcs gensde journée y des ouvriers qu'on
loue pour travailler le long d'un jour. Operarli mer-
ccnard. Il y a des Artilans qui travaillent à la ta
elle , iSc d'.autres à la journée , il lui but rabattre
une demi- journée. Il faut avoir des challe-avans
ou piqueurs dans les ateliers , afin de faire bien em
ployer la journée des ouvriers & des manœuvres.
En pariant du travail des ouvriers , on dillingue
trois fortes de journée; ajournée de l'Entrepreneur,
qui ne regarde que la peine Se la fatigue des ou-
vriers qu'il emploie ; la journée bourgeoife , qui
s'entend de l'ouvrage exécuté fous la conduite d'une
perfonne de la part du bourgeois fans l'Entrepre-
neur; Il journée du Roi, qui eft pour des ouvrages
qui ne le peuvent guère apprécier juftement &: pré-
cilément , parce qu'il les faut changer & refaire j
Comme des modèles, des delîeins d'ArchiteÛure ,
de Sculpture , te.
03" Journée, terme de Pratique, fignifie en matière
de dépens , le droit qu'a un Procureur pour avoir
alfifté fa partie de fon miniftcre Se de (a préfence le
jour que la caule aéré plaidée, ou qu'il y a eu quel
que inftruâ:ion , à laquelle le Procureur eil: réputé
avoir été préfent.
On dit proverbialement Se ironiquement , qu'un
homme a bien gagné ajournée ; pour dire , qu'il a
calfé ou brifé quelque choie qui lui a caufé quel-
que perte. On le dit aulli de tous les accidens qui
font arrivés par la faute. On dit aulîi , qu'il a tant
fait par (es journées , c'eft-à dire , par (on travail ,
par l'es (oins , par (on induftrie , &c. qu'il a obtenu
ce qu'il (ouhaitoit ■, qu'il cfl: venu à bout de (on
entreprife. On le dit auiîî (ouvent en mauvaile part ,
& en raillant. Il fera tant par fes journées qu'il (c
fera challer de la Cour. On dit aulTl qu'un homme
vit au jour la journée , lorlque le (alaire de (a jour-
née ne (u(Kt que pour Je nourrir , Se qu'il ne peut
rien épargner,
Toutesfois je fuis de ces gens
De toutes chofes négligens ,
Qui vivant au jour la journée,
A^e contrôlent leur dcjlinée. Régnier.
§^ On donnoit autrefois le nom de journée à ce que
nous appelions aujourdhui une Icène dans une
pièce de théâtre. Quelquefois la journée contenoit
plulîeurs fcènes , & dans ce cas la journée (croit
ce que nous nommons un Adte.
§CF C'efl- un terme de Poëhe Elpagnole. On donne ce
nom en Elpagne à ce que nous appelons Acte
dans nos pièces dramatiques. Les Elpagnols divi-
sent communément leurs pièces en trois journées.
La première journée contient l'expofition du (ujet ,
la féconde forme le nœud de l'intrigue , & la troi-
fième le dénouement. Ils ont des pièces qui (e
bornent à deux journées , d'autres qui vont jul-
qu'à quatre , pluiieurs n'en ont qu'une. Goujet.
^Cr Journée j s'eft dit autrefois pour Congrès, airem-
blée. Mais particulièrement vouloient la treuve gé-
nérale , Se qu'une journée fe tint en Picdmont , où
chacun pourroit envoyer Amballadeurs. Commines.
On appelle à Mets en Lorraine les Journées Feu^
dales , la Julfice temporelle de l'Évcché de Mets,
qui juge de toutes les terres vallales de l'Evcché.
Dans un jugement rendu aux Journées Feudales de
Mets de l'an 1556, on voit que les Comtes de
Deux-Pons , Se de. Blammont , y préddoient en
qualité de Pairs & de Hauts-Hommes de l'Évêché.
Dans les Mémoires du dernier fiècle , on ap-
pelle la journée des Dupes , le jour où le Cardi^
nal de Richelieu découvrit les intrigues de quelques
Seigneurs , & rompit les mefures qu'ils prenoient
contre lui.
JOURNEE, f. m. Jornale , dans la balTe Latinité, &
dans les titres. Quelques Auteurs appellent jour-
J O u
nel , ce que d'autres nomment journal , ou journau.
f'^oye-^ ces mots.
JOURNELLEMENT, adv. Tous les jours. Quotidie.
Cette fortification lera bientôt achevée , on y tra-
vaille journellement. On lui fait journellement des
(acrifices. Bens. Cicéron s'exerçoit journellement à
faire des Harangues. Taleman.
JOUSANT. f. m. Terme de Marine. C'ell le reflux
de la mer , fon mouvement lorlqu'elle fe retire ,
Se s'éloigne des côtes, .jîjlas maris , ou maritimi
recedentes.
JOUTE, f f. Combat à cheval d'homme à homme
avec des lances. Pur^ hafia certamen. Les fêtes &
réjouillances des Grands autrefois (e failoient par
des joutes Se tournois. Il y avoit des prix , & des
Juges pour les joutes. Les joutes fe font avec la
lance , on jette le tfard au tournoi. Les Efpagnols
ont pris ces exercices des Maures , Se les nomment
le Jeu de cannes , parce qu'Us fe tirent en tour-
noyant des cannes les unes contre les autres j Se fe
couvrent de leurs boucliers pour les recevoir. C'eft
le vrai jeu de Troye que la jeunelle Romaine pra-
tiquoit autrefois. Les Turcs s'y exercent encore à
prélent , Se c'ell ce qu'ils appellent lancer le Gé-
rid. Foy. Tournois. La difîcrencc des joutes &
des tournois confille en ce que les joutes (ont des
elpèces de tournois. On appeloit tournois toutes
fortes de courles & combats militaires qui fe fai-
loient par divertillement Se galanterie ; Se les joûtK
étoicnt des combats qui (e fai(oienf de près avec la
lance Se l'épée. Le tournoi (e (aKoit entre pluiieurs
Chevaliers qui combattoient en troupe ^ Se -Xz joute
étoit un combat (mgulier d'homme à homme. Quoi-
que les joutes fe fillent ordinairement dans les tour-
nois après les combats de tous les champions , il y
en avoit cependant qui fe failoient (cules , indé-
pendamment d'aucun tournoi j on les nommoit
joutes à tous venans , grandes & pléuières. Celui
qui paroilloit pour la première fois aux joutes ,
donnoit Ion heaume , ou calque , aux héros , à
moins qu'il ne l'eût déjà donné dans un tournoi.
Ce mot vient de juxtà , à caufc que les com-
battans (e joignoient de près pour fe battre. Sau-
maile dit qu'il vient du Grec moderne ^oujlra, ou
plutôt rÇfçps! , qui (e trouve en ce fens dans Nicé-
phore Grégoras , L. X. j. D'autres le dérivent de
jufla , qui ell: le nom qu'on a donné dans la balle La-
tinité à ces exercices , parce que le combat eft plus
julfe Se plus égal dans Is. joute que dans le tournoi.
Foyei le Glollàire de M. Du Cangc, au mot jujla.
Les Bateliers , en tirant l'oiloUj font aullî des /oa-
tes avec des lances plates par le bout, pour fe ren-
ver(er dans l'eau.
Joute , fe dit aullî du combat de certains animaux qu'on
fait combattre l'un contre l'autre , comme des cail-
les J des coqs Se des béliers. Boileau a employé ce
mot au figuré.
Quand la première fois un athlète nouveau 3
Vint combattre en champ clos aux joutes du barreau.
JOUTER. V. n. S'exercer à Is. joute, combattre avec
des lances , ("oit à outrance , (oit par divertilfement.
Equefiibus haftis ludere. Le Concile d'Albi de l'an
12^4, défend aux Clercs de jouter dans les tournois
avec l'écu & la lance.
On le dit aullI des animaux. Que dirois-tu, il tu
voyois jouter publiquement des coqs ? Ablan.
§CFOn l'emploie au figuré comme fynonyme de dilpu
ter; mais dans le (lyle familier (eulenicnt.' Je crain-
drois de jouter eonxxe un fi habile homme.
JOUTEUR. (. m. Cavalier qui combat .avec la lance.
Qui certatlanceâ. Il y avoit de rudes jouteurs en cette
occafion. Pierre Arrias, (urnommé le Jouteur , un
des Colonels que le Cardinal Ximenès avoit fait pal-
fer en Afrique, rendit de gr.xnds fervices dans cette
guerre. Flech. ^7e de Ximenès , L. III, p- ^20.
On le dit aullî figurément des champions qui dil-
J o u
purent, qui combattent en d'autres fortes d'exercices.
C'ed un riidc jouteur. Il cil: familier.
JOUTEKEAUX ou JOUTHHAUX. On écrit aulli jout-
tereaux, jauteraux, jomnaux. f. ni. pi. Terme de
marine. Ce font deux pièces de bois lenibl.ibles que
l'on attache des deux côtés au haut du mat , pour
foutenir les barres des hunes.
Ce font aulli des pièces de bois à l'éperon du vaif
feau , qui répondent dune htrpe à l'autre du haut en
bas, & qui l()nt mifes parallèles pour faire l'allem
blage des herpès.
JOUVE, f. f. Nom d'un petit oifeau d'Afrique, de la
grofleur d'une alouette, qui pond fcs œuls près du
chemin , ik. eft fort fameux parmi les pronoftiqueurs.
Dapper , p. 2sS.
JOUVENCE, f. f. Juventus. Ce mot eft vieux. Il figni-
fleJeunellé, & ne lé dit qu'en cette phrafc. Fontaine
de Jouvence, qui avoit , dit-on, la propriété de rajeu
nir. Vous avez été à la fontaine de Jouvence, en par-
lant d'un vieillard qui eft fain & vigoureux , qui (cm-
ble rajeuni. Il eft parlé de cette fontaine dans le Ko
man de Huon de Bordeaux , où il eft dit que c'étoit
une fontaine dans un lieu defert , qui venoit du Nil
&c du Paradis tcrreftre, qui avoit une propriété ii
merveilleufe , que 11 un homme malade en buvoit ,
ou en lavoit fes mains, il étoit aullîtôt guéri ; &: s'il
étoit vieux & décrépit , il revenoit à l'âge de 30 ans ,
& une femme étoit aulli fraîche qu'une pucelle. Il
fait aulîî mention d'un arbre de Jouvence qui portoit
des pommes qui avoient la même propriété.
Grand dommage ejl, que ceci fait /omettes ,
Filles connais qui ne font pas jeunettes^
A qui cette eau de Jouvence viendrait
Bien à propos.
D'Herbelot prétend, dans fa Bibliothèque Orien-
tale 5 que ce terme Ae. fontaine de Jouvence , nous eft
venu des Romans des Orientaux , dans leiquels la
fontaine qu'ils appellent d Élie, ou de l'immortalité ,
eft fort fameufe.
JOUVENCEAU, f. m. Jeune homme encore dans l'a-
dolelcence. On peint les Anges comme de beaux /0//-
yenceaux. Je ne crois pas que 1 on blâme l'amoureule
ardeur dont m'enftamme le bel œil de ce jouvenceau.
Voit. On ne le dit guère qu'en plailantant. Vous
êtes un joli Jouvenceau , de me donner des avis. Du
Latin juvenculus diminutif de/z^ve/z/^.
JOUVENCEL. f. m. Vieux mot. C'eft la même chofe
que Jouvenceau. Adolcfcens. Si manda ( S. Louis ) à
Pans à la bonne Royne , fa mère , qu'elle lui envoyât
du fecours; ce qu'elle fît en diligence , & vindrent
devers lui fes bons & anciens loyaux ferviteurs de la
Couronne , jufques audit Montl'herry , & là trouvè-
rent le beau Jouvencel , Se l'amenèrent à Paris fain &
fauf Anonym. f^ce de S. Louis.
JOUVENCELLE, f. f. Terme de plaifanterie , pour
dire , une jeune fille. Juvencula. Jouvencelle au teint
déhcat. ScAR.
JOUX. Nom d'une petite ville , ou bon bourg , qui a
un château. Jovium ou Jurium. Ce lieu eft en la
Franche Comté dans le Bailliage de Pontarlicr , à une
lieue de la ville de ce nom. On voit dans le même
Bailliage un village avec Abbaye , qui porte aulli le
nom de Joux , ôc qui eft fur le lac de Joux , à fept
lieues de Pontarlier , vers le midi. Ces deux lieux ont
donné à une partie du Mont Jura le nom de Mont
Joux. Voyez Jura & Valois , Not. Gall.p. 2 sj.
JOUXTE. (. m. Vieux terme de coutume. Attenant,
contigu, joignant un autre. Continuus , contiguus . Il
■ ne fe dit que des héritages , & en termes de Pratique.
Il faut avoir les bouts & jouxtes des héritages , quand
on fait une faifie réelle , pour les fpécifier. Ce qu'on
appelle autrement tenons & aboutijjans. Dans les
déclarations qu'on donne aux Seigneurs , il faut que
les \Jom.s &c jouxtes y foient bien marqués.
Ce mot eft formé de la prépofition qui va fuivre.
JOUXTE , eft auftî une prépofition qui ilgnitîe , joignant.
Juxta. Cette pièce de terre eft (viuétjouxte le che-
Tome V.
J O Y 2^9
min, tendant d'un tel lieu à un tel lieu. Il ne le die
qu'en termes de Pratique, & il vient du V.:iX.a\ juxtà.
lîG Ce terme étoit aulli d uf'age en Inipriiiiciic dans
citte phrafc. Jouxte la copie originale, ceft-à dire
conf-ormcincnt.
JOUY. Nom de lieu. Gaudiacus. Il eft dans le pays
Chartrain. Valois, Notit. Gall. p. 2^1.
J O Y.
JOYANT. Toye:^ J01ANT.
JOYAU. L m. Ornement précieux d'or, d'argent, de
perles, de pierreries qu on garde dans un cabinet,
dans un tréfor, ou dont on le lert pour iL- parer en
de certaines occalions d'éclr.t & de Ccicmonie, com-
me font les colliers, les bracelets, les pendans d o-
rcilles, les bagues & autres choies de cette nature.
Gemmeus , aurcufve ornatus. Le mot jocalia fe trou-
ve fouvent dans la balle Latinité pour des tils de per-
les , des diamans, en un mot des joyaux.
Dans leTrélor de S. Denis on voit plulieurs riches
joyaux. Il y a des Ofticiers du Roi qui gardent les
joyaux de la Couronne. Les femmes ffipulent par
leurs contrats de mariage , qu'elles emporteront telle
fomme pour leur préciput , avec leurs bagues &c
joyaux , Hc les hommes , leurs chevaux , armes oc ba-
gages.
llCrCemot eft vieux, abandonné aux Notaires & aux
Praticiens.
§3° Joyaux de la Couronne, ceux qui appartiennent à
la Couronne. Regia ga^a.
Le mot de joyau vient du Latin jocus , jochus , ou
jocalia , flgnih'ant les chofes qu'on a du plailir à voir ,
ou bien de l'Arabe algiochar , ou algiofar, dont fe
fervent aulli les Efpagnols, pour dire des perles. Sau-
maif'e dit que johar fignilie en Arabe gumma. Du
Cange le dérive de /t)y<« , qu'on a dit dans la bafle La-
tinité pour jocalia.
On appelle proverbialement & ironiquement un
beau joyau , quelque chofe dont on ne fait pas grand
cas , comme une femme laide , quelque ouvrage garni
de faux brillans, &c.
JOYE. royei Joie.
JOYENVAL. Abbaye de l'île de France, fituée à deux
lieues de S. Germain en Laye , du côté du couchant.
Maty.
JOYEUSE. Gaudiofa , Jaiqfa. Bourg de France dans le
Vivarès , fur la petite rivière de Bcfme , au midi d'Au-
benas. Joyeufe a titre de Duché , & a donné fon nom
à l'ancienne maifon de Joyeufe.
Joyeuse, f. f C'eft le nom qui eft donné dans les Ro-
mans à répée de Charlemagne , à celle de Renaud ,
& à celle de Roland.
JOYEUSEMENT, adv. D'une manière joyeufe. Hilare.
Ces débauchés paffent leur vie joyeufement, ils ne
prennent ni fouci , ni chagrin.
JOYEUSETÉ. f. f. Vieux mot. Joie, plaifir.
En fa verdeur fe réjouit l'eflé ,
Et fur l'hyver laijfe joyeufeté. Marot.
Ainfi dans la maifon
Joyeufeté, farces , badineries ,
Juventions & telles drôleries ,
Hyver, été y font toujours de faifon. R.
JoyeusetÉs. f. f. & pL Paroles ou actions gaillardes &.
joyeufes. Fejliva verba. Les anciens Chevaliers di-
vertifloient leurs Dames avec plufieurs gabs & ]oyeu~
fêtés. Cela ne fe dit plus qu'en riant : cependant le
Traduéfeur des pieufés récréations du P. Angeli
Gazée , dit que c'eft une œuvre remplie de faintes
joyeufetés pour les âmes dévotes.
JOYEUX, EUSE. adj. Qui donne ou qui reiïènt de la
joie. Hilaris. Je fuis tout joyeux de vous voir : cette
phrafe n'eft bonne que dans le tlifcours familier, 8c
entre perfonnes égales. Cail. Pour engager un mari
à une joyeufe reconnoiffance , vous lui voulez donner
out votre bien en l'époufant. P. Com. ^3" eus
Kkij
z6o
1 P E
joyeux, d'humeur joyeufe , te tenir joyeux, mener.
une vizjoyeufe, mtmï joycufe vie , -Or. expreliions
familià-es. Joyeuje nouvelle. Chaulbn /oyeufe. On
dit de même , bande /oye/^/è , en parlant dune com-
pagnie de gens qui ne cherchent qu a (e réjouu' , a
mener joyeuje vie. Foye^ Joie.
§3" On dit en Ityle de formule , le joyeux avènement
du Roi, pour dire l'avènement du Roi a la Cou-
ronne i &C de-là on a employé ce mot pour iigniher
plulieurs droits dont le Roi jouit à Ion avènement.
Quelques uns de ces droits font utiles ,^ tels que ceux
qui le lèvent fur les perlbnnes, l'ur les Corps & Com-
munautés. D'autres font llmplement hononhques ,
comme de nommer, au préjudice de tous les Gra-
dués , à la première prébende qui vaque dans chaque
EgliCe Cathédrale.
^Quelques uns prétendent que ce droit n'eil pas fort
ancien , & n'en font remonter l'origine qu'a Henn
III ; mais il efl: évident que ce Prince , dans les lettres
patentes , ne fait que confirmer un ancien droit auquel
on vouloit donner atteinte.
JOYNE. Joviniacum, Juviniacum. On dit aujourd'hui
Joyne , autrefois on a dit Juvign/ea. C'etoit une terre
de l'Abbaye de S. Rémi de Reims. Valois. Noc.
G ail. p. 2 sS.
JOYOSA. Villa Joyofa , ou Villa Loyfa. Joyofa. Pc
tite ville du Royaume de Valence , en Efpagne. Elle
eft fur le golfe d Alicante , à cinq lieues de la ville de
ce nom , du côté du nord. On croit par limple conjcc
rure, qu'elle eft l'ancienne Hùnojca , ville de l'El-
pagne Tarragonoife. Matv.
I P A.
IPANA. Fleuve du Paraguay, dans l'Amérique méri
dionale. Ipana. Les peuples qui habitent^ iur les
bords de VIpana étoient très-barbares &c très-cruels.
Ce fleuve ne le trouve point fur nos cartes.
I P E.
IPÉCACUANHA. f. m. Prononcez ipécacouana, Ipe-
pacuanha , radix Brafilienfis. Petite racine grof-
fe comme le chalumeau d'une plume médiocre,
qui nous eft apportée féche de plulieurs endroits de
l'Amérique. Il y en a de trois efpèces , une brune ,
une grïfe & une blanche. La brune eft la plus efti-
mée : elle eft compaflc , tortue , ridée par anneaux ,
cordée dans fon milieu , difficile à rompre , d'un goût
acre & amer : elle naît dans le Brélil fur les mines
d'or : elle poulfe une plante de moyenne hauteur, en
partie rampante & en partie élevée, portant peu de
Feuilles oblongues, pointues, approchantes de celles
delà pariétaire. Ses fteurs lont blanches, compofécs
chacune de cinq feuilles foutenues par de petites tê-
tes j d'où fortent des baies grolfes comme des cerifes
fauvages , de couleur rouge-brune quand elles font
mûres, remplies d'une pulpe blanche iucculente, où
l'on trouve à chacune deux grains ayant la figure des
lentilles, dures, jaunâtres. La racine à' Ipécacuanha
grife , diffère de la précédente par fa couleur & par
la qualité , car elle eft un peu moins forte , mais elle
poulfe une plante femblable : elle croît au bas des
Uiontagnes , dans les prés & dans les autres lieux hu-
mides. Les Efpagnols l'appellent Bexugillo. \J Ipé-
cacuanha blanc eft dilférent des deux autres, non-
feulement par la couleur , mais par la figure , car il
n'eft point tortu, ni raboteux, il rellemble beaucoup
à la racine du didlamne blanc. On ne convient pas de
la figure de la plante qu'il poulfe. "L' Ipécacuanha eft
purgatif &: aftringent; il eft aulfi un peu vomitif: c'eft
un des meilleurs remèdes «Se des plus alfurés qu'on ait
trouvés jufqu'ici pour la dylTenterie.
IPEPA. Ancienne vijle Épilcopale de l'Afie mineure.
Kypspa , Hypitp£. Elle étoit dans la Lydie près des
confins de l'Ionie. Elle eft aujourd'hui dans la Nato-
lie propre , fur le Sarabat , à quelques lieues au del-
Ais de Sinyrne. Maty,
I P S
IPER , ou YPER. Petite rivière des Pays Bas, de laquelle
la ville d'Yprcs a pris fon nom.
I PH.
IPHIANASSE. C f. Fille de ProUtus , Roi des Argiens ,
fut mariée a Aielampus, qui i'avoit i^ucric , elle &;
fes foçurs d'une maladie dont la DétllcJunon les
avoir aftligées.
Iphianasse. Line des quatre fille d'Agamemnon , fé-
lon Sophocle , dans fon Eledre. Homère ne tait
mention que de ccue Pimcellè , & dit que fur la
fin du liège de 1 roye , le Pvoi de Myccncs , pour
appaiter la colère d'Achille , lui envoya oftrir en
mariage fa fille Iphianajje. Ce Poëte ne dit rien d'I-
phigénie , ni de les deux autres iœurs , Llectre &c
Chrylothémis.
IPHICLUS. f. m. Fils de Philaclus , Prince de Thefia-
lie. Il eut , entr'autres enfans, Protéhlas , le premier
des Grecs qui fut- tué au liège de iroye. Ipluclus
fut un des Argonautes.
Iphiclus , fils de Theftius , Se frère d'Althée , mère de
Méléagre , eft aulîi compté parmi les Argon.iutes.
IPHIGÉNIE. f. f. Suivant plulieurs anciens Auteurs ci-
tés par Paufanias & par Mutarque , elle étoit fille
de ïhéfee c^c d Hélène.
IPHIMEDIE. f. f. Fille de Triopas , femme d'Aloiis.
IPHIS. f. m. Père d'Etéocle & d bvadné , femme de Ca-
panée.
IPHITUS. f. m. Roi d'Elide , contemporain de Lycur-
gue : il fut le reftauratcur des Jeux Olympiques. iJans
le temple de Junon à Elis on confervcit le palet d'/-
phitus j fui- lequel étoient écrites en rond ks loix
des Jeux Olympiques , avec les privilèges dont ils
étoient accompagnés.
I P O.
IPOQUISTIDOS. f m. Drogue dont il eft parlé dans le
Tant- de la Douane de Lyon 1632. C'eft 1 Hypociftis
du Tarif de 1664.
I P R.
IPRE , ou IPRES. Nom d'une rivière &c d'une ville des
Pays-Bas. Iprs. , Ipra. Elle eft dans la Flandre , fur
la petite rivière à' Ipre , entre Nieuport & Lille , à
lîx lieues de la première , & à cinq de la dernière.
Cette ville , qui eft riche par la bonté de Ion ter-
roir , par fes manufaClurcs , & par les foires , eft bien
fortifiée & défendue par une bonne Citadelle. Les
François la prirent en 1678 , & elle leur fut cédée
la même année par la paix de Nimégue , avec tout
le quartier qui porte fon nom , & qui contient les
châtellenies Alpres , de Bailleul &c de Caftèl. Par
la dernière paix elle a été donnée en échange de
Lille j & aujourd'hui elle eft à l'Empereur. Les Alle-
mans & les Flamans l'appellent Iperen.
M. Corneille écrit le nom de la ville par un Y ,
Yprcs , & il appelle la rivière Yper , ou Iper. Cette
rivière n'eft qu'un petit ruifleau formé des égoûts du
pays. Après qu'il a fcrvi aux Artifans dans leurs dif-
ferens métiers , il devient un canal confidérable , &
de grande utilité au commerce de la ville , qui par
fon moyen a communication avec Nieuport , Often-
de , Bruges , Furnes , Bergue , Dunkerke , Saint-
Omcr , Bourbourg , &c. Ce canal eft entretenu pen-
dant trois ou quatre mois de l'été des eaux de deux
étangs qu'on a faits au-dcllus A'Ipres , parce qu'alors
le ruilfeau d'Ipres , ou A' Iper eft à fec.
IPB EAU. f. m. Ormeau à large feuille : ainfi appelle de
la ville d'Ipres , d'où l'on a apporté ces arbres.
I P S.
IPS , ou IBS. Bourg , ou petite ville de l'Archidûché ,
en Allemagne. Ihijjs , Ipjium Ce lieu eft près du
Danube , à Tembouchure de la petite rivière àlbs,
& à quatorze lieues au-dellous de Lint^.
I R A
L'IP.S. Rivière d'Allemagne en Autriche, dans le quar-
tier du Haut Wicnnerw.ild , qu'elle arrole du midi
au teptentrion : elle a la iource au pied d'une mon-
tagne , au midi de laquelle l'Ens le recourbe vers
le couchant &: (e jette à Ips dans le Danube.
IPSALA , ou CYPSELA. Nom d'une ville autrefois
Épifcopale. Cypfella. Elle cil dans la Uomanie , lin-
la rivière de Larilla , entre Trajanopoli & Bilzier.
Maty.
IPSCH. royji YVOIZ.
IPSO FACTO. ExprclIIon Latine j qui s'ell francifcc
par le fréquent ulage qu'on en a fait , principalement
en Droit Canon. Il y a des excommunications pro-
noncées par le Juge après les monitions requiles , &:
il y en a d'autres qui lonr portées par la Loi , &c
qui lont encourues ipfo faclo , c'eft-à-dire ^ dès que
l'aélion cft conimil'e. Celui qui frappe un Prêtre eft
excommunié , ipfo faclo , par le feul fait.
IPSOLA. 1. f. Efpcce de laine qui vient de Conftanti-
nople.
IPSWICH. Ipfvichum , Gippevicum. Ville alTez confi-
dérable d'Angleterre , capitale du Comté de Suf-
folck. , &c lituée fur la rivière d'Orwel , à 1 1
lieues de la ville de Norwich , du côté du midi. Elle
cft célèbre pour avoir donné nailîànce à Wolfey ,
qui de lïmple Chapelain du Roi Henri VIU. fut élevé
aux dignités de premier Miniftre d'Etat , de Chan-
celier d'Angleterre , d'Archevêque d'Yorck , de Car-
dirîal , & de légat à latere , & qui ayant été le prin-
cipal auteur du fameux divorce de Henri VIIL mou
rut enfin dilgracié. Maty. Long;. i8 d. 3 j'. lat. jz d.
6'.
I Q U.
IQUIQUE. Nom d'une île de la mer du Sud , fur la
côte du Pérou. Iquiqua. L'île de Iquique eft au pied
du morne de Carapucho. L'ile de Iquique eft habi-
tée par des Indiens & des Noirs qu'on y occupe à
tirer la Guaux. A douze lieues de Iquique , on a dé-
couvert des minières d'argent. Frézier. Je ne fais
ponr.quoi cet Auteur afpire toujours l'/dans ce mot,
&c qu'il ne die pas l'île à'Iquique , mais l'ile de Iquique.
IRA.
^T IRAC , IRAC-ARABI , IRAC-AGÉML Toy^ç
Yerac.
IRACAHA , ou IRUCAH.5. f. m. Grand arbre des In-
des Occidentales , qui le trouve dans l'iic de Mara-
gnan. Il a fcs branches au lommet , & les feuilles lont
prelquc lemblablcs à celles du figuier. Ses fleurs font
jaunes, &: Ion fruit eft de la forme d'une poire , ayant
l'écorce jaunâtre. Sa chair eft d'un fort bon goût j &
bonne à manger.
IRAIGNE, IRANTAIGNE. f. f. Araignée. On ne dit
plus en Anjou , comme du temps de Ménage , Iran-
taigne , mais Iraigne. Dict. des Arts , 17 j i , à la
fin du mot Araignée. P^oyei le chapitre i 34 du I. tome
des Oblervations de Ménage lur la Langue Françoilc.
, IRAK. Foyei Yerac.
I IRAN. Province particulière de Perfe , entre l'Aras &
le Kur. Les Orientaux donnent ce nom à la Perfe ,
en général.
IRASCIBLE, adj. /n2yc7i?';/i5. Terme Fhilofophique, Epi -
thète qu'on donne à l'appétit ou à la partie infé-
rieure de l'ame j où rélîcie la colère & les paftiojis
qui fe portent contre les choies difficiles , ou pour
lelquelles on a de l'averlion. Des onze genres de paf-
fions qu'on attribue à l'ame j on en donne cinq à
l'appétit irafcible ■■, favoir , la colère , l'audace , la
crainte , l'elpérance & le défefpoir. On rapporte les
fix autres à l'appétit concupilcible , c'eft-à-dire , la
volupté , la douleur , la cupidité , la fuite , l'amoru-
& la haine. Platon partageoit l'ame en trois par-
ties : en partie raifonnable , en partie irafcible , &
en partie concupilcible. Virafcible , & la concupil-
cible lont j félon ce Philolophe , les parties corpo-
relles & mortelles de l'ame , qui caufent toutes nos
pallions ; & Platon établie le fiége de Virafcible dans
I R E
161
le cœur , 5c celui de la concupifcible dans le foie ,
comme dans les deux fources du fang , & des cf-
prits , qui fculs excitent les pallions. On a fait d'au-
tres divilions des pallions qui font traitées par Gaf-
fendi dans fa morale , & par Dernier fon Abrévia-
teur.
Il eftaulTi quelquefois fubftantif, & fe prend pour
l'appétit irafcible. Iracundia.
I R E.
fRE. f. f. L'un des fept péchés capitaux. Colère , mou-
vement de l'ame cjui la porte à nuire à fon pro-
chain , ou à le venger de lui. Ira. Ce mot , quoi-
qu'un peu vieux , cft toujours en ufige dans le Ca-
tliechilmc , ou en parlant de la cokre de Dieu exci-
tée par les péchés des hommes , on lit : Les Nini-
vites appailercnt \'irc de Dieu par la pénitence qu'ils
firent après la prédication de Jonas. Au jour du Ju-
gement paroîtra le courroux & l'ire du Seigneur.
Conlultez la mémoire des chofes pallées , & vous
trouverez que les Anciens ont introduit des céré-
monies , ou pour remercier la bonté divine , ou pour
détourner les fléaux de fon ire. Ablanc. Ils ont amaflé
un trélor A'ire , pour le jour terrible du Jugement.
Mauc.
Hier Ménage trouve ce mot beau , mais il n'eft pas de
l'ulage ordinaire. On ne peut s'en fervir que dans la
grande poëiie , dans le ftylc foutenu , en parlant de
choies grandes &z relevées , de la colère de Dieu , des
Rois. L'ire de Dieu , l'ire célefte.
Enfer que la foi m'attejle ^
Séjour où /'ire celefle
Exerce un jujle pouvoir :
Ma raifon qui te médite ,
D'e^roi glacée -, interdite ,
Te croifans te concevoir. N. Ch. de vers.
Ire , eft en ufage dans le burlefque,
L' Aquilon fouffle , &'d'un commun aveu.
Point n'ejl ma chambre expoféeàfon ire.
Des HouuERES.
Q^u un favori cacha durant une grande ire. Id.
Ce mot vient du Latin ira , qui , félon quelques-
uns , vient du verbe urere , brûler. Donat tire ce mot
du verbe ire , aller. Il dit pour railon , que l'homme
colère , exit à fcipfo quadantenus , fort en quelque
manière de loi même , d'où vient qu'on dit d'un hom-
me qui eft revenu de fa colère qu'il eft entré en lui-
même. On pourroit encore tirer ce mot du Grec
îp/f, difpute j débat , ce qui ne le palfe guère fans quel-
que fentimenr de colère.
Ire , fe dit de la mer & des vents , quand ils font violents
& agités. Les vents commencent à devenir en ire , Se
la mer grollé nous dura pendant quelques jours. Fré-
zier. C'eft apparemment un terme ulité fur mer.
Ire. Terme de Mythologie. Les Anciens avoient fait
une Déefle de Vire , ou de la colère. Ira. On dé-
peignoit Vire grinçant les dents , mais avec des grin-
cemens aftreux. Voye':^ Stace . Thebaide , Z. VI. v.
jSj. & Barthius fur cet endroit, & L. IV. Sylv. 9.
\- SB-
IRE , ÉE , vieux adj. Mis en colère. Iratus , a , um.
IRRÉGUA. Nom d'une fort petite rivière de la Caftillc
vieille , en Efpagne. Irrega. Elle fe décharge dans
l'Èbrej au village nommé Fuente de Mudres, en-
tre Logrono & Calahorra. Maty.
IRELAND. Nom d'une des Iles Bermudes , fituées dans
la Mer du Nord. Irelandia , Hibernia. Elle eft fur
la côte feptentrionale de la Bermude. Son étendue
n'eft pas grande , & les Anglois qui lui ont donné
le nom qu'elle porte , y ont quelques habitations.
IRELANDE. Quelques vieux Auteurs écrivent ainli :
aujourd'hui on écrit Irlande. Voye:^ ce mot.
IRÉNARQUE. f. m. Prince de paix, furnom que Syn-
2^2
ÎR.I
cellus a donné à N. S. Jésus Christ , & qu'il a pris
d'Haïe , qui , IX. 6. dit que le nom de Melîie fera ad-
mirable j Confeillcr, Dieu tort, père du liècle fu
tur , Prince de paix : Princeps Pacis dans la Vulgate.
IrÉnarque. f. m. Nom d'un OHîcier de Guerre dans
l'Empire Grec. Irenarcha. Prdjeciuspads. La fonction
de VIrenarque étoit d'avoir loin de maintenir la paix ,
le repos , la tranquillité , la lureté dans les Provinces ,
& {a charge revenoit à celle de nos Prévôts des Maré-
chaullécs. Dans le code de Juftinien , Liv. X. m. 7/ ,
il ell dit que les Irénarques font envoyés dans les
Provinces pour y maintenir la tranquillité & la paix ,
ce qu'ils failoient , en punillant les crimes , & en
faitant oblcrver les loix. Il y avoit encore un au-
tre Irénarque dans les villes j pour y procurer & y
conferver la concorde entre les bourgeois, &z y étein-
dre lesdilfenllons. On l'appeloit autrefois Prêter delà
ville. f^oye\ le code , Z. f^II. &c les notes de Godc-
froy. C'étoic les Décurions , qui fous l'autorité des
Gouverneurs , failoient faire l'éleétion des Irénar-
ques. Les Empereurs Théodole & Honorius luppri-
merent les charges d' Irénarques , parce qu'abulant
de leur pouvoir ils troubloient les peuples , au lieu
d'y maintenir l'ordre. Julfinien les rétablit. l^oye~
les Macri , le Diétionnaire de Calvin , Godefroy
cité , & les notes du Père Hallois , Jéfuite , fur le
XII*. Chapitre de la vie de S. Polycarpe .- Illufir.
Ecclcf. Orient, fcript. Viu & docum. T. I. p. fS4 ,
Brillonius , de verhor. Jlgnific. L. IX. Les Irénarques
croient ioumis aux Gouverneurs des Provinces, /^oj cr
la loi : Dlvus Hadrianus ,jff. de Cujlcd. & exhibit.
reor. f^oyei encore , L. 6 . de cujlod. reor. l. ult'ima , <j.
Irenarcha. ff. de Muner. & konor. Il cil: parlé de \' Iré-
narque de Pamphilie dans la vie de S. Neftor , Se de
\' Irénarque de Paleftine dans celle de S. Porphyre de
Gaze.
Ce mot veut dire Prince de Paix ; il vient du Grec
ti^ifiâ'^vus. ce mot eft compolé de deux autres , uiU,, ,
qui veut àïïc paix , &z «&«, qui lignifie Prince ,
& qui vient d' '^xi . commandement , charge , of-
fice. Rutfin , Hijl. Eccl. L. IV. c. / c & Joannes
Chrifiophorfonus appellent V Irénarque en Latin Pr.i-
feclus Pacis. S. Auguftin ufe aullî de périphrafe , Ep.
1 59. de l'ancienne édition. Ad quos tuend&publicA pa-
cis vigilantia pcrtinet. Il eft pourtant mieux , comme
a remarqué le P. Hallois, de retenir le nom à' Irénar-
que , puifque c'eft le nom d'office. Il eft mieux aulîî
de dire Irenarcha , quirenarchus lelon le Grec , parce
que c'eft l'ufage. Voyei encore l'Onomafiicon de
Rofwcid.
IRENE. (. f. Nom propre de femme. Irène. Sainte Irène
ayant été expoléc dans un lieu infâme , elle y fut
prélervée de toute lorte de violence par une pro-
vidence fingulière de Dieu , elle fut enfuite mar-
lyrifée.
Ce nom eft Grec , e'^'») , dans cette langue , veut
ànepaix.
IRÉNEE. f. m. Nom propre d'homme. Irenaus. S. Iré-
née , Evcque de Lyon , vivoit fur la fîn du fécond
liecle. Le Comte Irénée étoit fauteur du Neftoria-
nifme.
Ce nom eft Grec , & veut d^Tt pacifique.
IR I.
IRL Voyei RuPEtA.
IRIA. Nom d'une ville d'Efpagne. Iria. Quelques-uns
la prennent pour Elpadron^ ; c'eft aujourd'hui
une petite ville de Galice , à iîx lieues de la mer du
côté du levant , & à quatre au midi de Compoftelle.
Iria étoit autrefois Evêché. Ce fiége a été depuis
rranfporté à Compoftelle.
Il y a eu auffi trois Iria en Italie , l'une en Pié-
iTiont , qu'on nomme aujourd'hui Sartyrana ; r.auti"e
en Ligurie , on l'appelle maintenant Sarivia ; &c la
troilleme en Lombardie. Léandre croit que c'eft
'Voghéra.
IRlE j ÉE , adj. 'Vieux mot. Irrité , courroucé. On a
dit aullî Iror ; pour dire , colère , & Iriement. adv.
Dire une chofe iriement ^ pour , la dite en colère.
I R I
SAINT IRIER DE LA PERCHE. Nom de lieu , & d'un
Monaftcre fondé par taint Irier. Atanus , fanum Sanc-
ti Aredii. Il eft dans le Limoufin. Ce Monaftcre ayant
été ruiné , a été lécularifé , & à la place des Moines
qu'il y avoit , on y a mis trente -deux chanoines ,
avec un Abbé & un Doyen. 'Valois, Not. Gall.p. 45.
Saint Irier. Voye^ Saint Hyrica.
IRINGION. f. m. Nom d'une efpece de Chardon ,
Iringium.
IRIO , ou IRIS. Nom d'une grande rivière de l'Allé
mineure. On la nomme autrement Calalmach. Iris
Cafalmachus.
Elle a fa lource dans l'Antitaurus , aux confins de
l'Aladuli , & de l'Anadole , près de Savaftia. \Jlrio
pafte à Torat & à Amaiie , &c te décharge dans la
mer Noire , a l'Orient de Laly.
IRIPA. f f. Grand arbre qui croit aux environs de Re-
polyn , & dans d'autres conrrées du Malabar. Ses
teuiUes lont cathartiques. On prépare de (es feuilles
bouillies dans de l'urine de vache , avec une addi-
tion de- miel , une potion , qui pafte pour guérir la
gale , la lèpre , & les autres maladies de la peau. Ray ,
Hifi. Plant. Malus indicajpomo cucubitiformi , moto-
pyreno.
IP" IRIS , MÉTÉORE. Quelques-uns font ce mot fémi-
nin : d'autres le font mafcuiin avec l'Académie ; & il
paroît que c'eft l'ufage le plus général. Arc en ciel,
qui fe fait par la réHexion de la lumière dans une
nuée pluvieule. Iris. L'Iris (e fait par réflexion des
rayons du Soleil avec deux rcfraétions de fuite
dans une même goutte de pluie : ce qui a été
remarqué par Jcau Fleilcher de Brellaw , dès Tan
I J71 , & par Antoine de Dominis , Italien , en 1 61 1 ,
en cjuoi ils ont prévenu Delcartes , qui a expliqué
l'arc-cn ciel intérieur par deux réfraftions , Se une
réflexion , & l'extérieur par deux réfraétions , Se deux
lifiexions fur une même goutte d'eau. On peut voir
deux ou trois iris , quand il y a des nuées de diftérente
élévation. Deux perfonnes qui font éloignées l'une
de l'autre , ne voient pas le même iris , parce qu'il
change félon la fituation de l'œil , qui le regarde ,
félon les angles par lefquels la lumière eft réfléchie.
L'Iris fut montré à Noé en figne de paix après le
déluge. Il fe fait aulîî des Iris dans des prifmes , ou
verres triangulaires , dans des fioles pleines d'eau ,
dans des jets de fontaines. On voit même des iris
renvertés , dont les caufes (ont fort bien expliquées
dans la Dioptrique ôc les Météores de Delcartes. Le
Père Pardies tait mention d'un pareil iris dans
une lettre , dont l'extrait (e trouve dans le Journal
des Savans du 7 Février 1667. Ariftote , dans fon
livre du monde , frit mention d'un iris perpendicu-
laire ; mais ce phénomène ne peut être que ce qu'on
appelle des verges , ou de longs bâtons de la cou-
leur de l'arc en ciel en confudon , & d'une teinture
changeante. Cependant la République des Lettres du
mois de Septembre 1684 , art. VII. parle d'un iris
perpendiculaire. Entre les deux Tropiques on voit
des iris de lune , dont les couleurs lont fort vives.
Voye'^ Ariftote & Delcartes dans leurs traités des
Météores. M. de la Chambre dans fon traité de l'I-
ris , &c.
Iris , en termes d'Anatomie , le dit d'un cercle qui eft
autour de la prunelle de l'œil , & qui eft de difté-
renres couleurs j tantôt noir , tantôt bleu , tantôt vert.
C'eft un tillu de fibres dilpolées en rond , qui vien-
nent de la tunique qu'on appelle Uvée ou choroïde.
L'Iris elt un cercle membraneux polé fur le devant
de l'œil. On l'a ainli nommé , à caule ^s difté-
rentcs couleurs , qui dans l'homme paroiftènt fur
fà furtace au travers de la cornée rranlparente. Ce
cercle forme dans fon centre un trou , auquel on
a donné le nom de Prunelle , apparemment parce
qu'il paroît de couleur noire. Méry. Acad. des Se.
IJ04. Mém'. pag. 2G1. C'eft une efpece de zone
ou d'anneau circulaire , aft'ez large , dont le milieu
qui eft vide , eft la prunelle par où les rayons en-
trent dans l'œil. Quand l'œil eft expofé à une gran-
de lumière , la prunelle fe rétrécit lenllblement ,
I RI
c'eft-à-diic , que l'iris le icUcric. A une lumicre
moyenne , louveitiac de la pruncJlc ou l'oxccnllon
de Vifis cil inoycniic. Font. iâ. HijL p. 13. Qu.ind
la prunelle (e dilate j les fibres de Vins s'accourcil-
îcnt. Quand elle fe rell'erre , ces hbrcs s'alongent.
Mery , ib. Si \'iris avoir des fibres circulaires &c
concentriques à la prunelle , on concevroit que ces
fibres feroienc autant de petits mukles , qui en (e
gonl^ant & en fe eontradtant , accourciroicnt les
cercles qu'ils formeroient , & en diminueroient l'el
pace , & par conléquenr l'ouverture de la prunelle ■-,
\'ïns n'a point de fibres circulaires , elles font
toutes tirées de la conlérence vers le centre. Font.
ib. La prunelle fe dilate dans l'ombre , & le rellerre
expofée aux rayons de la lumière. Or , comme on
ne remarque point de fibrts circulaires dans \iris
pour rétrécir la prunelle , il y a lieu de croire que
îa dilatation dépend uniquement du rellort des fi-
bres droites de X'iris , qui toutes vont le terminer à
la conférence interne de ce cercle. Idem. i/>.
lais , f. f. Divinité fabuleufe des Anciens , que les Poè-
tes ont feint être mellagère de Junon. i^ Son prin-
cipal emploi croit de couper le cheveu fatal des tem
mes Agonilantes , comme Mercure étoit chargé de
faire lortir du corps les âmes des hommes prêts à
expirer. Virgile dit qu'elle lut envoyée pour couper
quelques cheveux à Didon , pour laire un iacririce
à Proferpine , afin qu'elle mourût plus facilement.
Iris étoit fœur des Harpies , fille de Thaumante
ik d'Élcélre. l^oyei fur ['iris , prile dans le pre-
mier & dernier fens , Volllus de Idol. L. III. C.
13. & 14.
C'eft aulîî un nom que les Poètes donnent fou-
vent à leurs maîtrefles réelles , ou chimériques.
Irai-je de fang froid ^ & fans être amoureux ,
Pour un Iris en l'air faire le langoureux î
Ce mot vient de ff-" , parler , annoncer. Cette éty-
mologie convient à Viris , météore _,<?,: à l'iris di-
vinité de la fable , celle-ci eft la mellagère de Ju-
non , Ik l'autre un phénomène qui annonce la pluie.
Iris. f. f. C'ell: félon Héiiode , l'une des trois Harpies,
lœur d'Aëllo & d'Ocypéte.
Iris. Terme de Fleurille. Les Fleuriftes le font maf-
culin , ôc il paro'rt que quand on parle de cette Heur ,
il faut les imiter. Plante . qui a été ainfi appelée ,
parce que les couleurs de les fleurs rellèmblent à
peu près à celles de l'arc en-ciel que les Latins ont ap-
pelé in j. On appelle autrement cette plante /ViZ/;2i>e.
Il y a pluheurs fortes d'iris j car il y en a de com-
muns , de Perfe , de fimples & de doubles. Le lîm-
ple au haut de la tige étend les feuilles j dont les
unes (ont renverlées , 6c les autres fe tiennent droi-
tes. Il ne porte qu'une Heur ou deux , & change
de couleur & de figure , en quoi il n'elt pas (fa-
ble. Le double a les feuilles du milieu petites Se re-
doublées. Il change auili de couleur & de figure.
Il y a des iris d'Angleterre , de Floreiice , de Por-
tugal , de Suie j &c. La racine de l'iris de Florence
ell fort odoriférante ; li on en fait tremper dans du
vin tandis qu'il bout , ou dans la bière , cela lui
donne un goût & une odeur agréable. Quand elle
ell broyée , on la mêle avec de la poudre qu'on
appelle poudre d'iris. Foyei Flambe. La variété des
couleurs qui le rencontrent aux Iris ell grande , elle
provient en partie des divers climats où ils font éle-
vés , &c c'eft de là que font venus tant d'efpèces diffé-
rentes, & qui ont prisdiftérens noms : ou de ceux qui
les ont élevées les premiers de graine j ou des pays d'où
ils font venus. L'iris aime à avoir médiocrement le fo-
leil , une terre à potager , trois doigts de profondeur,
& autant de diftance.
Iris de l'Abbé. Il a les mentons , les langues & les
étendards d'un haut pourpre; il eft tardif à fleurir,
& ne croît guère haut ; quand il pallè hors de la
terre, le foureau de fes feuilles eft verd, marqueté
d'un pourpre , ou rouge pourpre , à la manière de
la plante nommée Serpentaire.
IR-is Agate. Il a les mentons Se les langues d'uii jaune
I R I
2^3
dore mêlé de tête d'ombre , les étendards gris , pana-
chés de violet.
Iris d'Afrique. Il a les mentons jaunes mêlés de bleu ,
les langues de bleu clair , les étendards violets.
Iris d'Alep. Celui ci a les mentons jaunes j les langues
Se les étendards blancs , loupe de lait , mêlé de jaune.
Iris d'Amboise. Celui là a les mentons jaunes ; les lan-
gues jaunes Se bleues , les étendards d'un gris de
lin pâle.
Iris des Anciens. Il a les mentons blancs , bordés de
bleu pâle , les langues & les étendards bleus ; il eft
très odoriférant , Se tardif à fleurir.
Iris d'Andalousie, f^oye^ ci-delfous Iris de Por-
tugal.
Iris d'Arabie. Il a les mentons d'un jaune doré , les
langues de feuille - morte enfumée ^ les étendards
violets.
Iris d'Arménie. Il a les mentons jaunes , & feuille-
morte , les langues d'un jaune pâle mêlé de feuille-
morte , les étendards violets.
Iris d'Auvergne. Il a les mentons jaunes & mêlés de
bleu , les langues de pur bleu , les étendards font
violets , panachés de bleu Se de feuille-morte.
Iris Blaisois. Il a les mentons de jaune Se d'aurore ,
les langues jaunes , mêlées de bleu , fes étendards
gris de lin rayés d'aurore en long par le milieu.
Iris du Bois. Il a les mentons jaune pâle , les langues
Se les étendards blancs , tirant au bleu pale \ il de-
meure noir , du refte il rellémble à l'iris de Caftille.
Iris des Bretons. Il a les mentons Se les langues jau-
nes , Se les étendards d'un blanc terni.
Iris de Brie. Il 3 les mentons jaunes j les langues blan-
ches , aux extrémités jaunes , les étendards font blancs ,
panachés de bleu.
IrIs de Boulogne. Il a les mentons , les langues & les
étendards d'un blanc (ulphuré.
Iris Bulbeux. Les iris bulbeux portent ordinairement
neuf feuilles en chaque fleur, les extrémités des trois
feuilles , qui s'inclinent &: penchent vers la terre ,
fe nomment mentons ; les trois qui font jointes à
celles-ci , Se dont l'extrémité fe relève en-haut , le
nomment langues ; Se les trois fupérieures qui s'élè-
vent au deffus des autres pour former la (îeur, fe
nomment étendards , ou voiles. Il fiut remarquer
que tout iris bulbeux aux feuilles étroites , porte
une marque jaune alfez large , & au milieu de cha-
que menton ce qu'on nomme écujfon jaune ; il eft
commun à tous les iris.
Iris de Calabre. Celui-là porte fa feuille toute jaune.
Iris Cameloté. Celui-ci a les mentons jaunes Se feuille-
morte , les langues de couleur de triftamine , les éten-
dards , couleur gorge ramier , Se feuille-morte , c'eft
l'iris de Morin , lorlqu'il fe panache , (oit par vieil-
leffe ou autrement . ainfî que les tulipes de lîmple
couleur , qui le panachent avec le temps.
Iris de Candie. Il a les mentons d'un verd d'olive
jaunâtre , les langues aulli de la même couleur , en-
tremêlé de bleu-pâle , les étendards font gris- de lin.
Iris de Castille. Il aies mentons jaunes , les langues
Se les étendards couleur de foupe de lait , qui eft un
blanc impur.
Iris de la Chine. Il eft- panaché de bleu -, il demeure
noir , ne s'élevant de terre , que de la hauteur d'ua
demi pié, ou environ.
Iris de Crète. Il eft tout blanc , s'élève en haut , &
fait fa fleur alfez ample.
Iris Damassé. Il fleurit en bleu panaché de violet, c'eft
X'iris de Portugal quand il le panache.
Iris d'ÉcyPTE. Il a les mentons Se les langues bleus,
les étendards violets.
Iris de Florence. Il eft tout blanc , comme Viris de
Crète j mais celui-ci ne croît pas fi haut , Se fa fleuf
n'eft pas fi ample.
Iris de Floride. Il a les mentons d'un bleu mêlé , les
étendards violets mêlés de gris-de-lin.
Iris de la Froktiere. Il a les mentons bleus &: jau-
nes , les étendards violets.
Iris des Feuillans. Il a les mentons de couleur de
feuille-morte , les langues triftamine , les étendards
2^4 î R î
de couleuf de gorge de pigeon-ramier.
ÎRis-DE Gascogne. Il a les inentons & les langues
d>jn gris de perle , les étendards de bleu pâle.
Iris Grand Seigneur. Il a les mentons d un jaune
<qui eft bordé de feuille-morte , fes langues gris-de-
lin mêlé , les étendards gris de-lin chargé.
Iris de Grèce. Il a les mentons &c les langues de bleu
mêlé d'an peu de jaune , les étendards violets avec
du blanc.
ÎRis DE Guinée. Il a les mentons de couleur feuille-
morte 5 les langues d'un bleu mêlé , les étendards lont
violets.
Iris des Indes. Il a les mentons & les langues jau-
jies , les étendards font d'un gris-de lin mêlé de
violet.
Iris de Judée, il a les mentons jaunes mêlés de bleu ,
les langues &: les étendards lont d'un violet chargé ,
il porte fa fleur plus courte que les autres iris.
Iris Levantin. Il a les mentons ilabelle mêlé de terre
d'ombre , les langues d'un blanc & clair-bleu , les
étendards mêlés de violet.
Iris des Lombards. Il a les mentons Se les langues
blancs , les étendards font bleus.
Iris de Lorraine. Il a les mentons blancs , les lan-
gues Se les étendards blancs tirant au bleu mourant.
Iris de Libye. Il a les mentons jaunes , les langues
Si les étendards font d'im jaune mêlé
Iris de Macédoine. Il a les mentons 8c les langues
d'aurore & jaune , les étendards couleur de gorge
de pigeon ramier.
Iris de Maldives. Il a les mentons d'un jaune paille ,
mêlé de bleu , les étendards de clair bleu mêlé de
jaune.
Iris de MÉlinde. Il efl tout couvert de penfées, excepté
l'éculfon qui eif jaune-doré , Se plus petit qu'aucun
autre iris.
Iris de Mexique. Il a les mentons jaunes , les langues
jaunes mêlées de bleu , les étendards gris-dc-lin iSc
violets.
Iris de Milan. Il a les mentons & les langues d'un
clair bleu , les étendards gris de- lin.
Iris des Moluques. Il a les mentons de jaune auro-
re , les langues couleur de citron mêlé de bleu , les
étendards bleus à fond violet.
Iris Oriental. Il a les mentons d'un bleu violet Si
jaune, les langues violettes j les étendards lont vio
lets panachés de pourpre : c'cft l'un des plus beaux
iris qu'on puilîe voir.
Iris Parfait. Ses mentons font d'un violet rougeâtre ,
panachés de pourpre , fes langues de violet mêlé ,
les étendards lont d'un violet fort vil; il palle pour
un des plus beaux Ins.
Iris de Perse , eft une Heur précoce qui fleurit fur la
lin de Février ; la racine eft inlipide & bulbeule en
forme d'une petite poire. Sa tige eft d'un vert bLaf-
fard , blanche par le bas ; d'un bleu lavé par le haut.
Sa fleur eft blanche avec quelque teinte de bleu ,
rayée Se tachée d'orange & de violet fort enfon-
cé. Elle a neuf feuilles , iix grandes Se trois peti-
tes. Sa fleur laiflc à l'entour d'elle un limbe bbnc ,
& du rertc eft femblable aux autres iris. On trouve la
. figure dans les Mémoires de l'Académie des Scien-
ces. L'iris de Perle eft allez agréable j il a la tige
courte Se tendre ; il écarte trois feuilles d'un bleu
foncé qui fe renverlcnt , & font traverfées par le
milieu d'une ligne orangée , Se d'une autre violet-
te i les autres trois kuilles du milieu fe tiennent
droites , Se font d'un beau clair. Il fleurit dans l'hi-
ver , &c ne fait pas plus de fept ou huit fleurs j dont
Tune pafle pendant que l'autre fleurit.
Iris de Picardie. Il a les mentons feuille-morte , Se
bleu enfinTié, les étendards lont decouleurde gorge
de pigeon-ramier.
Iris de Picardie panache; les mentons de celui-ci
font mêlés de feuille morte &: de pourpre, les lan-
gues d'une feuille morte enfumée , les étendards lont
pourpre colombin Se un peu de feuille-morte : c'eft
l'iris précédent lorfqu'il fe panache par vieillelî'e ,
comme font aullî les tulipes.
I R I
"Iris des Poètes. Il a les mentons d'un vcrd d'olive
mêlé de bleu , les langues Se les étendards font
bleus.
Iris de Poitou. Il a les mentons & les langues jaunes,
les étendards de feuille morte.
Iris de Portugal , ou d'ANDALOUSiE. C'cft une au-
tre efpèce d'iris qu'on appelle de Portugal , ou d'An-
daloulie , parce qu'il eft venu de ce pays là ; cet
iris jette du haut de la tige douze ou quinze fleurs
attachées fort court , fur de petites queues de dou-
ble couleur j parce que quelquefois elles lont d'un
bleu couvert j Se quelquefois d un blanc de lait. Se
lont faites comme celles des autres iris , ayant fix
feuilles , dont il y en a trois en dedans & trois en
dehors qui le renverlent. Elles fleuiiflent au milieu
de l'hiver. L'iris de Portugal eft tort commun ,
il porte fa fleur toute violette , Se eft des plus
hatils.
Iris du Puy. Il a les mentons jaunes Se de couleur
de terre d'ombre.
Iris des Pyrénées. Il a les mentons jaunes, les lan-
gues mêlées de bleu , les étendards font de clair-bleu.
Iris Rochetain. Il porte les mentons Se les langues
jaunes, les étendards gris de-lin.
Iris Royal. Il a les mentons feuille morte-pàle , pa-
nache de terre d'ombre , les langues feuille morte
lont mêlées de bleu , les étendards gris de - lin
pamichés de violer.
Iris deSavoye. Il a les mentons jaunes d'aurore , les
langues lont d'un jaune enlumé j les étendards feuil-
le -morte.
Iris de Savoye panaché. C'eft le précédent lorfqu'il
panache par viciUclle , comme il arrive à plulleurs
autre iris Se aux tulipes.
Iris SiÉnois. Il eif tout jaune comme l'iris de Cala-
bre , mais celui ci porte ordinairement cinq ou iix
fleurs lur la tige , lors principalement que la bulbe
eft aflez grofle , autrement il n'en porte que deux
ou trois , comme la plupart des autres iris.
IRIS de Sicile. Il eft tout jaune aufll , mais fa fleur n'eft
pas fi ample que celle des iris de Cilabre.
Iris des Suisses. Il a les mentons jaunes , les langues
Se les étendards font d'un jaune mêlé de bleu.
Iris Syrien. Il a les mentons de terre d'ombre , les
langues & les étendards lont de clair-bleu.
Iris de Tartarie. Il a les mentons d'un jaune-pâle,
mêlé , les étendards de bleu impur.
Iris de Touraine. Il a les mentons & les langues
de jaune bleu , Se les étendards bleus.
Iris de Turquie. lia les mentons de minime clair,
les langues font d'un bleu mêlé de feuille-morte,
les étendards violets.
Iris de Vallée. Il a les mentons de bleu mêlé de
feuille morte J les langues d'un bleu mêlé, les éten-
dards violets.
Iris de 'Valois. Il porte les mentons jaunes, fes lan-
gues lont d'un jaune mêlé, les étendards gris de -lin
laie , rayé d'un jaune en long par le milieu j il relfem-
ble fort à Vins Blaifois ci-devant décrit.
Iris des Vaudois. Il eft tout bleu , excepté l'éculTon
jaune , qui eft au milieu de chaque menton , &
porte fouvent i i ou i j feuilles en la fleur.
Iris Vénitien. Il porte les mentons d'un bleu mêle
de blanc , les langues bleues , les étendards font
violets.
Iris. Terme de Fleuriftc. Nom d'une Tulipe , qui eft
triftamin , rouge Se jaune. Morin.
Iris, eft auffi une pierre qu'on met au rang des pre-
cicufes Se des opales , quoiqu'elle ne foit pas d'ex-
trême valeur , laquelle étant expofée au foleil j ren-
voie une lum-ere de diverfes couleurs. Bocce la
met au rang du criftal , à caufe qu'elle naît comme
lui avec hx faces. On la tient pourtant pour Orien-
tale , & Pline dit qu'elle vient de la mer Rouge.
Sa couleur eft un gris de hn fort tranfparent , dans
lequel il paroît du rouge.
gfT On appelle aufli Iris ou vert d'iris , une couleur
qu'on emploie à la Miniature , Se k la. Gouache.
Ac Fr.
IRITAN.
I R L
IRIVAN. Foyci Erivan.
I R K.
IRKEN, lERKÉEN, ou Y^^RCAN. Irca. Riche &
gmndc ville de Tartarie , capitale de la petite Bucha-
lic , avec un château. C'cfl le dépôt de tout le
commerce qui fe tait entre les Indes & le nord
de l'Alic. Les Kahnoucks qui en font les maîtres,
y tolèrent toutes fortes de Religions.
I R L.
IRLAND. f. m. C'eft le vieil EcofTois. Scaligerana.
Car on prérend que les Ecoirois parloient autrefois
le même langage que les Irlandois , & même qu'il
en reftc encore des vertiges dans la langue que par-
lent les Montagnards d'ÉcolIe.
IRLANDE. Nom d'une île qu'on nommoit autrefois
X'Hïbcrnïe , &: la Bretagne Mineure , ou Occiden-
tale. Hibernia , Brïtannia m'inor , ou occidentalis ,
Juverna, Ivcrna , lerna , & Iris. C'efl: une des
deux grandes iles Britanniques. Elle efl: au cou-
chant de la grande Bretagne j dont elle n'cft fépa
rce que par la mer d'Irlande. On lui donne fix-
vingt lieues du nord au fud , loixante d'orient en
occident , iSj environ deux cents cinquante de cir-
cuit. L'air y elf grollier , mais frin , Se tempéré
en hiver éc en été. Le terroir eft fort gras , il
abonde fur tout en pâturages , où l'on nourrit une
grande quantité de bœufs , de chevaux Se de bre-
bis. Il produit aulH aflèz de blé , de fruits _, de ia-
fran Se de chanvre , & il en produiroit beaucoup
davantage li les habitans vouloient prendre la peine
de le bien cultiver. Cette île eft arrolce par un grand
nombre de rivières dont le Shannon eft; la principale ;
on y voit pluiieurs grands lacs , & un très-grand
nombre de marais environnés de bois &c de broul-
failles , où fe tiennent les Raperies , qui font des
Irlandois prefque fauvages , & qui ne vivent que
de larcin. On alfure que {Irlande ne nourrit point
de bêtes venimeufes , ni ferpens j ni crapaux , ni
araignées , Se que k bois qui y croît n'eft: point
fujet à la vermoulure. Il y a dans la partie fcpten-
trionale de {'Irlande un grand nombre d'Écoilbis ,
Se dans l'orient un grand nombre d'Anglois. Le^Ir-
landois font Catholiques pour la plupart.
Les Hiftoriens Ecolfois rapportent la fondation de
la Monarchie d'Irlande 8c de la leur , à Hibcr , fils de
Gathéle & petits-fils de Cécrops. Les Irlandois fe
vantent d'une origine beaucoup plus ancienne. Ils
•difent qu'environ 300 ans après le déluge Bartho-
lenus (Se' fes trois fils vinrent établir leur domination
en Irlande. D'autres dilent que vers l'an du monde
2500. Némode J qui delcendoit de Magog , fils de
Japheth , vint des bords du Tanaïs avec fa flotte ,
& occupa cette île. Si ce ne font point là des fables ,
■cela en approche fort. La plupart des Hiftoriens
conviennent que cette île n'a été loumife aux An-
glois que par la conquête que fit Henri IL vers la
fin du douzième fiècle.
On compte quatre Archevêchés en Irlande , qui font
Armach , Dublin , Thoam & Calfel. On y a mis juf-
qu'à cinquante Evcchés , que les réunions ont réduits
■au nombre de douze. La mer , qui environne cette île ,
eft: extrêmement poiflonneule , Se elle y forme un
très - grand nombre de grandes & bonnes baies ,
où l'on fait quelque commerce de poillons falés ,
de chair falée , de beurre , de cuirs Se de laines. Ce
commerce feroit beaucoup plus grand fi les Irlan-
dois éroient moins parelfeux , & s'ils n'étoient pas
obligés de vendre quelques unes de leurs denrées ,
comme leurs laines , aux Anglois feuls. La capitale
eft Dublin : fes Provinces font l'Ultonie , la Con-
nacie , la Momonie & la Lagénie. Quelques Géo-
graphes y en ajoutent une cinquième , en détachant
la Médie de la Lagénie. Toutes ces Provinces ont
eu autrefois leurs Rois paniculiers , Henri II , Roi
d'Angleterre, les fubjugua^ & prit le nom de Sei-
Tome y.
I R M 26s
gneur d'Irlande , & Henri 'VIII changea ce nom
en celui de Roi d'Irlande. Ce Royaume a fon Par-
lement particulier , compofé de deux Chambres ,
comme celui d'Angleterre , la Chambre Haute , où
fiégent les Seigneurs Lccléiiaftiqucs Se féculiers ; Se
la Balle j lormée par les Dépurés des Comtés , qui
font au nombre de trente-deux , Se par ceux des
villes. Se des bourgs royaux : mais le gouverncmcnc
général du pays eft entre les mains d'un Viceroi ,
que les Rois d'Angleterre y envoient , & qui a
une très grande autorité. Maty.
La mer d'Irlande. Mare H'ibernicum , Oceanus Hl-
hcrnïcus. C'eft un grand canal de l'Océan occiden-
tal , ou Atlantique. Il s'étend au midi de V Irlande,
julqu'aux iles de Sillcy , Se forme le canal de Saiiit
George j ou de Briftol ; Se au couchant de {'Irlande
julqu'aux côtes d'Angleterre Se d'Étolfc. Cette mer
eft dangercule en cet endroit , à caulc des \ ents qui
y régnent J & des couransqui y font un grand nom-
bre de rivières , qui s'y déchargent. Matv.
Ce nom d Irlande eft formé de deux njots du
vieux langage Anglois : hiere j qui veut dire occi-
dent , Se land , qui fignifie , dans les langues du
nord , pays. Irelande veut dire poys occidental ;
ce nom convient fort à l'île qui le porte , puilqu'elle
eft le pays le plus occidental de toute l'Europe. Bo-
chard dérive le nom d'Irlande d'un morde la lan-
gue Phénicienne ( Ibern& ) qui veut dire dernière
demeure , uldma habïtatïo , Pays qui eft à l'extré-
mité du monde.
IRLANDOIS , OISE, f m. Se f. Nom de peuple ha-
bitant , ou originaire d'Irlande. Irlandus , Hihernus.
Les Irlandois font ordinairement de belle taille, &
blonds J ils font bons foldats , (ur-tout hors de leur
pays. Il ne faut pas croire les Anglois fur le chapitre
des Irlandais. Ils entendeur l'Anglois ; mais leur
langue naturelle eft fort diftérenre de routes les au-
tres : c'eft une raere langue , qui n'eft point connue
hors de l'Irlande. On attribue aux Irlandais ce mot
pour deviie , Nous croyons tout ce qui nous flatte.
LarPvEY. Le Chevalier Jacques Nararus a donné un
fort bon ouvrage des Auteurs Irlandcm , qui ont
écrit depuis le quatrième liccle jufqu'à ion temps ,
c'eft-àdirej jufqu'au dix-feptième fiécle. Kéting a
fait en Irlandois une hiftoire d'Irlande fort eftimée ■,
il y a mis les Généalogies de toutes les principales
maifons d'Irlande. Cet ouvrage a été traduit eiî
Latin.
I R M.
IRM ANOS , fette Irmanos , c'eft:-à dire , , Les fept
frères. InfuU fcptem fratrum. Ce font fept îles, une
glande , & fix petites -, mais toutes également dé-
ferres. Elles ont été découvertes par les Portugais
fort avant dans l'Océan Ethiopien , entre l'île de
Madagafcar,& les Maldives. On voit à l'orient des
Sette Irmanos , un autre peloton de petites îles,
que quelques-uns nomment OJIres Irmanos , c'eft-
à dire , les Trois Frères , & d'autres CJlers Irma-
nos, c'eit à dire , les Frères Orientaux. Maty.
IRMIN, IRMINSUL, ERMINSUL , IRMENSUL ,
IRMENSEUL. Quelques uns écrivent Hermenfewl ,
d'autres Hemonjlal. f. m. Nom d'un dieu des Ger-
mains. Il y en a qui difent que c'eft le dieu lune ,
ou Lunus ; d'autres prétendent que c'eft Mercure.
f^oyei les étvmologies. Les Auteurs rapportent dif-
féremment ce nom -, les Annales des Francs , celles
de Fulde c^' Adelmus difent Irminful. Ditmarus
Mesburgenfis , Schafnaburgenfis , Hcrmannus Con-
traéfus , & Urfpergenfis , l'écrivent de la même
manière. Adam de Brème dit Irmindful. Albertus.
Sradenfis , Erminful. L'Auteur de la vie de Chaile-
i-nagne, Ermenful. Les Annales de Canifius, Ermenfd.
D'autres y mettent une afpiration , comme Reginon ,
qui è^iiHermanfaul. Roleving Hermefeul ; Sicebert ,
l'Auteur d'un MS. de la canonifation de Charle-
mngne , la grande Chronique Belgique, Hermcnful ;
Adon de Vienne , Adurmenful ; la Chronique Sa-
xonne, Armcnful.
iGG
I R M
I R O
Les noms ^Irmenfeul & à' Herinenfewl viennent ,
félon quelques uns , (Carmen , qui veut dire pauvres ,
Se ds feule ,qui ligniàe colonne ; delorte que le dieu
eue les Germains adoroient , s'appeloit en leur lan
gue la colonne , l'appui , le loutien , le protecteur
des pauvres. D''.utres diicnt qu'Hermenfeul lîgnihc
finipement ftatue , image de Mercure , & ils déri-
vent ce nom de ceux de Hermès Se feul. Pour Her
monfial , on le fait venir de heer, qui fignifie Sel
gneur , de mon , qui veut dire lune , & de ^al , qui
veut dire lieu , place : ainii Hermonjlal eft la même
chofe en Françoisj que place , ou temple du dieu
Lune , ou Lunus , qui efl le Seigneur.
Quoiqu'il en foie de ces étymologieSj Irmin étoit
un dieu des Germains , & en particulier des Sa-
xons. C'étoit celui que les Germains appeloicnt
Vola j ou Goda. Charlemagne fit abattre un temple
Se une colonne ou ftatue de ce dieu Irmin. La ftarue
à'Irmi'i s'appeloit Irmin Saut , nut qui dans la
fuite fe changea en Hermenfaul ^ comme on le voit
dans -Réginon. Quelques-uns croient que c'cft le
nom Grec de Mercure e V" , Hermès. De ce nom
de Mercure furent formés dans les peuples du Nord
les noms propres d'Hommes Irmingarie j Irmin-
gaire , Irminjroy j Irmïngili , Sec. C'eft le fenti-
nient de Gobclinus , qui dit, qu'IrminJul étoit Mer-
cure. Aventin a écrit que c'étoit une ftatue d'Hermi-
nion. Plulieurs Auteurs veulent qu'elle eût été éri-
gée à l'honneur d'Harminius , ou Arminius ^ ce fa-
meux Roi des Chérufques , qui fit tant de peine
aux Romains. Goropius Becanus dit que c'étoit une
flatue Hiéroglyphe : mais il eft plus vraifemblable
qvï Irmenful étoit le Mars des Germains. Tacite ,
Kifl. Liv. IF, dit que le principal dieu des Tenc-
tères & des Ufipétes étoit Mars. Il eft croyable que
les Saxons, nation non moins guerrière j honoroient
aulîi Mars. Munfter Se Crantzius ont décrit fort
en détail la forme fous laquelle on dépeignoit ce
dieu. Elle ne paroît avoir aucun des attributs de
Mercure. C'cft ce qui fait juger à Spelman & à
beaucouD d'autres, qn Irmin eft plutôt Mars que Mer-
cure , qiif ce nom eft compofé de Ir ou. Er, qui vient
d'Aç»,?^ Mars , Se de man, qui fignifie protection ,
refuge. Vom fui , il fignifie colonne , ftatue. Ersber-
gue étoit la montagne où ce dieu avoit un temple.
Crantzius Saxonin , L. III. e. g , croit que Ifmenful
fignifie une ftatue publique , Se que ce mot s'eft dit
pour Idermanful ; c'eft à-dire , aille publjc & com-
mun , comme ii les peuples du Nord eulfent regardé
Mars , comme l'afile commun de tous les hommes.
On lereprélentoit fous la figure d'un homme armé
de pied en cap , qui tenoit de fa main droite pour
étendard une rofe. Cette fleur qui paftc bien vite j
marquoit que l'événement des combats dépend d'un
moment. A la main gauche il avoir une balance,
pour marquer l'incertitucie des combats &: de la vic-
toire , qui pour la moindre chofe penche de côté
ou d'autre. Il avoir lur la poitrine une ourfe , qui
marquoit l'intrépidité des guerriers \ fur fon bou-
clier un lion , fymbole de la valeur. On le plaçoit
fur un terrain femé de Heurs , pour marquer le plai-
iîr que la guerre fait aux braves. Tout ceci eft tiré
de Crantzius. Aventin , dans fes Annales Boiorum ,
L. IV, l'appelle H^rman Se Hermion. Il dit que ce
fut le cinquième Roi de la Germanie ; qu'il étoit
arrière-petit fils de Man ; Se fils de Thuifeon. Ses
figures étoient coloffalcs ; c'eft apparemment pour
cela qu'on les appeloit Sul , ou , comme dit Aven-
tin , rala,q\x\ vouloit dire , colonne. Voye:^ Spelman ,
Vollîus, de Idol. L. II , c. j2. Les Monumenta
Paderborncnfa , pag. T i o , & r T l.
IRMONZ. f m. Nom d'homme. Irmondus. A Mond
au Duché de Juliers , Saint Irmonr berger , fous le
nom duquel l'ancienne Églife cémetériale de ce lieu
ctoit dédiée. Chast. Martyrol. T. I , p. 434- On
ne laitue ce faint Berger que le nom Se le cuire qui
eft immémorial. îl y a à Mond au Duché de Ju-
liers , le Puits de ûint Irmon^ qui eft fort célèbre. Id.
I R O.
IROIS , OISE , f m. & f Nom de peuple. Dans les
Us Se Coutumes de la mer , lis Irlandois font ap-
pelles Irois. Hibernus.
Ce nom à'Irois , lignifie occidental : il a été donné
aux peuples d'Hibernie , parce qu ils font les plus
occidentaux de l'Europe , ou parce qu'ils font à l'oc-
cident des Anglois , ou des Écoilois leurs voifins ,
qui les ont ainli nommées du mot hière ou ire ,
lequel , dans l'ancien langage du pays , fignifie
Occident.
IRONIE, f. f. Figure dont fe fert l'Orateur pour faire
entendre le contraire de ce qu'il dit. Ironia. Vous
excellez dans l'ironie ; Se pcrfonne ne vous peut
dilputer l'honneur de cette figure. S. Evr. L'ironie
étoit la figure fivorite de Socrate. Cost. Hypéride
a une facilité merveilleufe à manier finement ï'iro-
nie. BoiL. Ces ironies ingénieufes j dont on nous
joue , même en notre préicnce , marquent une
prévention aveugle en notre faveur. Bell. L'hon-
neur que vous me rendez en apparence , n'eft qu'une
maliticufe ironie. Herman. h'ironie confifte bien
plus dans le ton , que dans les paroles. Voici un
exemple de ces fortes d'ironie.
Hé bon jour , Monfieur du Corbeau ,
Que vous êtes joli , que vous nie fembler beau ?
La Font.
Les contre vérités font les plus fortes ironies.
Quinaut eft un Virgile :
Bourfaut , comme un foleil , en nos ans a paru j
Pelletier écrit mieux qu Ablancourt ni Patru.
Cctin à fes fermons traînant toute la terre ,
Fend les flots d' auditeurs pour aller à fa chaire.
BoiL.
ifT La figure de Xironie , dit M. de Voltaire j tient
prcfque toujours du comique ; car l'ironie n'eft au-
tre chofe qu'une raillerie. L'éloquence fouftre cette
figure en profe. Démofthène & Cicéron l'employent
quelquefois. Homère Se Virgile n'ont pas dédaigné
même de s'en fervir dans l'Epopée : mais dans la
trp.gédie il faut l'employer fobrement ; il faut qu'elle
foit néccifaire ; il faut que le perfonnage fe trouve
dans des circonftances où il ne puillè s'expliquer au-
trement , où il fort obligé de cacher fa douleur,
& de feindre d'applaudir à ce qu'il détefte. Racine
hit parler ironiquement Axione à Taxile , quand
elle lui dit :
Approche , puiffant Roi ,
Grand monarque de l'Inde j on parle ici de toi.
§^ Il metauftî quelques iron/w dans la bouche d'Her-
mione ; mais dans fes autres tragédies il ne fe fert
plus de cette figure.
§3" Remarquez en général qui l'ironie ne convient
point aux partions : elle ne peut aller au cœur , elle
féche les larmes.
§3° Il y a une autre efpèce d'ironie , qui eft un re-
tour fur foi-même , Se qui exprime parfaitement
l'excès du malheur. C'eft ahifi qu'Orelte dit dans
l'Andromaque.
Oui J je te loue j o ciel ! de ta perfévérance^
et? C'eft ainfi que Gatimoziu difoit au milieu des
flammes , Et moi fuis je fur un lit de rojcs? Cène
figure eft très-noble &: très-tragique dans Orefte j
& dans Gatimohn. Elle eft fublime.
Ce mot vient du Grec «ç^v^i'ï , d^iffvnulation ,fein-
tife , du verbe Re»viuj;«fM , diftlmulo , je difjimule.
IRONIQUE, adj. m. Se f Qui contient quelque iro-
nie. Ironicus. Les termes ironiques conviennent fort
à la fatyre. Ton ironique. Difcours ironique.
IRONIQUEMENT, adv. D'une manière ironique.
I RR
Ironkè Cet Auteur n'a pas dit cela fL-ricufcmciit ,
mais ironiquement.
IROQUOIS , (Jlii:. f. m. & f. Nom de peuple. Irocus ,
Jroquius y a. Ce font des peuples couicJercs de l'A-
. médque l'eptentiionale. Ils prennent kuis noms des
"cab.mes Tous leiquelles ils demeurent. Leur pays s'é-
tend le long de la côte méridionale. Se de l'orientale
dulacd'OntariSj julqu'au lac Champlain , où ils ont
.aulli quelques villages le long du bord leptentrional
du lac Ontaris , tk de la rivière de iaiiit Laurent , juf-
qu'.iu conHuent de celle des François. Ils font les
pluspullfans &c les plus cruels des peuples du Cana-
. da , & ils écoient auticiois prelque toujours en guerre
avec les Hurons&: avec leurs autres voilins; mais on
allure qu'ayant été battus par les François , ils font
devenus plus pacifiques.
Aufeul bruit dcfon nom , le farouche Iroquois ,
Abandonne fon arc j ù" juit au fond des bois.
Le lac des Iroquois, autrement. le lac Champlain.
Iroquiorum lacus ^ lacus Campoplanenjîs. C'ell lui
lac du Canada, litué entre la nouvelle Angleterre &
la rivière de S. Laurent , dans laquelle il le décharge
par un grand canal au delious de l'île (Si du Fort de
Montréal.
I R R.
IRRADIATION, f. f. Terme didaélique. Adion du
foleil qui lance fes rayons. Irradiatio. Il but que
l'irraduztion , ou le rayon du (oltil , palle par les pin-
iiulcs d'une alhidade , pour taire une obiervation
jufte. L'iris fe torme par \ irradiation du foleil fur les
gouttes d'eau de la pluie.
Irradiation, fe dit par extenfion du mouvement des
efprits animaux , parce qu'ils fe répandent de tous
côtés & dans toutes les parties du corps , comme un
corps lumineux répand les rayons. Motus fftrituum
animalium. Dégager l'écorce des nerfs des acides
vitrioliques , qui empêchent {'irradiation des. efprits
animaux. Mém. de Tr. Cette irradiation cft nécef-
. faire , pour que les mouvcmens volontaires s'exécu-
tent. C'eft la même choie que rayonnement.
Irradiation , eft encore un terme dont Vanhelmoiit
& quelques-autres Chimiftes le font fervi pour expri-
mer l'aâion de quelques minéraux, & la force qu ils
ont de communiquer leur vertu , fans poulï'er hors
d'eux-mêmes rien de matériel, ou ai iubftantiel , &
fans aucune émanation de corpufcules. Harris.
IRRAISONNABLE, adj. de t. g. Terme du ftyle didac-
tique. Qui n'a pas la puillance de railonner. Irratio
nabilis. Les brutes iont des animaux irratfonnables.
L'ame corporelle ell irraifonnahle.
\ IRRAMENABLE. adj. m. & f. Que l'on ne peut rame-
ner. C'eft un terme que l'on trouve dans une lettre
du Général des Chartreux, au R. P. de la Chaife^
écrite au commencement de ce liècle , au (ujet du cas
■de conlcience. Cela les rend prefque ïrramenables.
La lettre eft très-bien tournée; c'eft dommage que ce
mot la dépare un peu. Le Père Bouhours dans fes
Doutes , dit nettement qu'il ne peu: s'accommoder
à'irramenable.
IRRASSASIABLE. adj. Qui ne peut être raflafié. Scar-
-xon appelle un Pédant
Animal irralTafiable ,
En été même indecrotable.
Menagiana , tom. i
P^S-
62.
Ce mot eft bon dans le ftyle burlefque , tel qu'étoit
celui de Scarroji. Hors ce cas-là , il faut dire Infatia-
ble. ■'
IRRATIONEL, ELLE. adj. Terme de Géométrie, qui
ledit des lignes incommeniurables, qui n'ont aucun
rapport , ni proportion entr'elles. Irrationalis. Le
cote d'un carré & fa diagonale , font des lignes irra-
tionnelles & incommcnfurables , comme le prouve
Euclide au dixième livre. Tous les nombres ou raci-
Jies lourdes, & toutes les lignes ii»comraenfurables ,
I R R 2^7
font des grandeurs irrationclles , c'eft à dire , que leur
raifon à des grandeurs rationelles , n'cft point de
nombre à nombre , ou ne peut être expiiméc pai des
nombres. La raifon de la racine carrce de huit, ou
de la racine cubique dequ;itre, à quelque nombre
que ce (oit, ne peut être exprimée par nombres,
ainfi ces racines font irrationeUcs. De même la diago-
nale cii: irrationelle à l'égard du cêné de fon carrée
parce que fa raifon à ce côté ne peut être exprimée
par aucuns nombres. Des grandeurs qu'on appelle
irrationclles , parce qu'elles le font à l'égard de cer-
taines autres grandeurs , peuvent être rationelles eii-
tr elles. Par exemple , la racine carrée de trois j Se la
racine carrée de douze , font irrationellet y parce
qu en eftet elles font incommenlurables à tous les
nombres poflibles; mais elles font rationelles com-
menfurables : car trois & douze étant pris pour des
carrés , l'un eft quadruple de l'autre , & par conlé-
quent leurs racines font comme un a deux , ce qui eft
une railon de nombre a nombre; mais les ratines
carrées de trois & de quinze , font irrationelles , non-
feulement à tous les nombres, iriais entr'elles , parce
que trois & quinze étant pris pour des carrés, ils font
entr'eux comme un & cinq, dont les racines font un
ik racine de cinq qui n'cft pas un nombre.
IRRECEVABLE, adj. Non recevable. Les fîns de non
recevoir doivent être oppofées dès le commencement
du procès , pour taire déclarer le demandeur irreceva-
ble Bornierjur le dernier art. du tit. / de l'Ordi,
civile. Irrecevable eft encore deux lignes plus bas que
l'exemple allégué. Ce mot , que Cotgrave a mis dans
fon Dictionnaire, ne vaut pas mieux qa'inrecevable ,
employé par M. 1 Abbe Des Fontaines , pour fe mo-
quer d'autres termes de nouvelle création.
IRRÉCONCILIABLE, ad;, m. & f. Qui ne fe peut ré-
concilier. Implacabiiis. Ce terme s'applique à toutes
les pallions qui divifcnt les hommes. La querelle de
ces deux maifons eft une haine invétérée & irrécon-
ciliable. L'envie eft plus irréconciliable que la haine,
La Roch£F. La République d'Athènes étoit la plus
irréconciliable ennemie de la Royauté. Dac.
IRRECONCILIABLEMENT. adv. Sine fpe reconci-
liationis. D une manière irréconciliable. Ces gens
mariés ont rompu irréconciliablement. La plus grande
partie des dévots oftenfent Dieu plus ir''éconcdiable~
ment par l'efprit , qu'Us ne l'ont otFenfé par les fens.
Ab. de la Tr.
IRRÉDUCTIBLE, adj. m. & f. Ce qui après avoir été
dillous ne peut fe remettre en corps , & revenir à fon
premier état. Non reduclibilis , irreduclivus ; qui in
priorem formam redire non potejl ubi femel dijjolutum
eft. Il f e dit de la partie des chaux métalliques , telle-
ment décompofée par la calcination , qu'on ne peut
la réduire en métal. Les teintures métalliques de M.
Geoffroy, ne font pas irréductibles , ce font des tein-
tures où le métal ell divifé & voiatilifé autant qu'il
peut l'être fans fe décompofer.
§Cf En Algèbre, ce terme déligne ce qui ne peut être
réduit fous une forme plus limplc. On le dit particu-
lièrement des équations qui ne peuvent être abaillées
à un moindre degré que celui fous lequel elles fe pré-
fentent, & plus particulièrement encore du cas où
une équation cubique a trois racines réelles, toutes
trois inégales J avenant fous une forme imaginaire.
Le cas irréduclible du troifième degré. Ce cas eil ainfi
appelé , quoiqu'on n'en puille pas démontrer l'irre-
dudibilité. Le cas irréductible efî en Algèbre , ce que
la quadrature du cercle eft en Géométrie. Acad. Fr.
IRRÉFORMABILITÉ. f. f. Cet Auteur voudroit prou-
ver X'irreformabilite de la Conftitution , par l'accep-
tation générale des Prélats de toutes les Nations Ca-
tholiques.
IRRÉFORMABLE. adj. m. & f. Qui ne petit être ré-
formé. Lorfque le pubhc s'accorde à méprifer un
Auteur en général, ou un ouvrage en particulier, ce
jugement pafTe toujours pour infaillible & irréforma'
ble Le Pour & Centre. M. l'Abbé Des Fontai-
nes, en parlant des divers jugemens que M. l'Aiibii
Lenglet a feinés fur le fond & fiu' le fiylc des ouvra-
Ll ij
1
é8
I R R
ges dans Çzs principes de l'Hiftoire , dit qu'il y a quel-
ques uns de ces jugemens qui ne font pas irréforma-
hles Ohferv. fur tes Ecrits modernes.
^n matière de foi, dire qu'un jugement eft irréfor-
mahle , c'efl: dire qu'il ell infaillible &c lans appel.
L'infaillibilité d: l'Églile dilperlcc ne fuppole pas
l'unanimité abfolue des Palteurs. Il luffit pour que
•fes dici/ions foienr irrcformables , que la prelqu'u-
nanimité des Évêques fe réunille avec le Pape
dans la décifion d'un point de dodrrine. Mais le
grand nombre ne fuffit pas ■■, le plus grand nom
bre des Evêques reçut les décillons du Concile de
Rimini.
IRRÉFRAGABLE, adj. m. & f. Qu'on ne peut contre-
dire, qu'on ne peut reculer. Certus. Il y a un té-
moignage irréfragable de cette vérité , dans un Auteur
contemporain. L'expérience eft une preuve irréfraga-
ble qui vaut mieux que tout le raifonnement. \Jn
Dovfleur Anglois, Alexandre de Haies, a été appelé
le Doéteur irréfragable. Autorité irréfragable. Ce ter-
me fent un peu l'école.
t^ IRRÉGULARITÉ, f. f. Manque de régularité, defec-
tus , afymttria. Ce mot s'applique au propre &: au figu-
ré, à tout ce qui s'écarte du iyftême de règles que 1 on
doit fuivre. C'eft proprement l'écart de la règle à la-
■quelle on doit fc conformer. \J irrégularité d'une
tragédie ,i \' irrégularité du pouls , l'irrégularité des
traits du vifage. Dieu accomplit les volontés éternel-
les par les témérités & les irrégularités des hommes.
Ju. V irrégularité à.c vos manières vous a perdu dans
l'efprit du monde, S. Evr. On rcconnoit l'amour à
la précipitation & à l'irrégularité de (es mouveraens.
M. Esp. U irrégularité de nos paroles vient d'ordi-
naire de celle de nos fentimens. Bell. Les anciens
Mtimens choquent la vue par leur irrégularité. On a
fait ces dehors pour couvrir l'irrégularité de cette
place. Il y a fouvent des irrégularités qui donnent de
la grâce à un ouvrage , & qui valent mieux que toute
la juftc-lle de l'art. P. le B.
Irrégularité, en termes de Jurifprudcnce canonique
& de Théologie morale , eft un empêchement cano-
nique provenant d'iui défaut perfonnel qui rend un
Eccléfiaftique incapable de polféder des Bénéfices tk.
de bire les fondtions faciées, ou d'être promu aux
ordres. Irregularitas. \J irrégularité eft un empêche-
ment canonique qui rend un homme inhabile à être
promu aux Ordres facrés , ou exercer les Ordres fa-
crés qu'il a reçus. Confer. Eccl. du Diocèse d'Ang.
L'homicide même involontaire , l'apoftaiie , l'adul-
tère, emportent l'irre^Warir^'. Ceux qui fe font mu-
tilés volontairement, font aulîî irréguliers, & ceux
dont la nailîance n'eft pas légitime. Ces irrégularités
excluent des Ordres facrés, &c même de la première
ronlurc. Cependant dans les derniers hècles on s'eft
contenté pour les ordinations , qu'il n'y eût pas d'irré-
:gularites formelles. On a même trouvé moyen que
les irrégularités ne fullent pas des obftacles invinci-
bles. On en a dilpcnfé d'abord après coup, pour ne
pas déclarfr nulles des ordinations douteulcs ou vi-
cieufes, Enfuite on a donné des difpcnlcs pour par-
venir à l'ordination , tk. elles fe font rendues très-
communes. On a reçu dans le Clergé ceux qui
avoient commis des crimes notables & publics, fous
prétexte qu'ils en avoient fait pénitence , & fous le
même prétexte on a rétabli des Clercs criminels. Les
Bénéhces ont été l'occadon de ce relâchement.
Fleur Y. Un Clerc qui contradte mariage , tombe
dans l' irrégularité. Un Bénéficier qui donne fa voix
lorlqu'il s'agit d'un jugement de mort , tombe dans
l'irrégularité j & Ion Bénéfice devient vacant.
h' Irrégularité eft de deux fortes, l'une que l'on
encourt pour un défaut , Irregularitas ex defeclu , &■
raurre qui s'encourt par un crime , Irregularitas ex
>deHclo. Les défauts &■ les crimes qui caufent l'irrégu-
larité, font ceux qui emportent quelque impuillance ,
-ou quelque indécence contraire à la dignité des Or-
dres lacrés, ou à leur exercice. On compte jufqu'à
neuf de ces défauts: i. Le défaut de nailîance, c'eft-
àdirc, une naiflance illégitime, hors d'un mariage
I R R
légitime, défaut qui fe corrige, i", par le mariage
lubféquent du perc & de la mère, pourvu eue dans le
tenis de la conception ils aient pu validement con-
traéler; 2°, par la Prpfeftion religitufe. Le fécond
défaut, eft un défaut de l'efprit; c'eft la fohe, la
phrénélie , l'épilepfic. Le troihème eft un défaut dans
le corps. En ce cas iont les aveugles, les lourds, les
• boiteux, s'ils ne peuvent aller à l'autel lans bâton,
ceux qui manquent d'une main, du pouce, de l'in-
dex, d'un œil, au moins de 1 œil gauche. Le qua-
trième eft le défaut d'âge , le cinquième le défaut de
liberté, le fixièmc le défaut d'obligation , le feptième
le détaut de répuution , le huitième le défaut de fa-
crement ou la bigamie, le neuvième le défaut de
douceur.
Les caufcs pour lefquellcs on devient irrégulier par
crime, ex deiiclo , luivant la dilcipline prciênte de
l'Églife,font, 1°, 1 héréfie &: l'apoltalîe; 2"^,rhonii.
cide & la mutilation; 3°, le violement des cenfurcsi
4°, la réception non canonique des Ordres; 5°, leur
ulage illicite; 6"^', la réitération du baptême, qui
rend &: le baptiiant & le baptilé irrcguliers. ^oyeç
les Conférences d'Angers.
U irrégularité rend incapable d'acquérir un béné-
fice, mais elle ne rend pas incapable de polléder ce-
lui qu'on a déjà. Dans l'irrégularité ex defeclu , h,
choie eft claire. Si un Ecclciiaftique tombe en dé-
mence & perd l'clprit, il ne perd pas pour cela le
bénéfice qu'il avoir; & pour V irrégularité ex deliclo^
elle ne prive pas non plus le coupable de Ion béné-
fice , (Se s'il vient à le perdre , c'eft à caule du crime
qu'il a commis, &C non à caufede l'irrégularité <\m y
eft attachée. L'homicide purement involontaire ,
c'eft- à dire , comme l'expliquent les Cafuiftes , quand
celui qui l'a commis s'occupoit à une choie licite,
& qu'il a pris fes précautions pour qu'il n'arrivât au-
cun accident , cet homicide , dis-je , n'emporte point
d'irrégularité. 'Voyez les Conférences d'Angers. Et
s'il étoit vrai qu'il emportât V irrégularité , un phréné-
cique j un enfant qui tueroient ou mutileroient quel-
qu'un , dcviendroient irréguliers , ce qui n'eft pas , &
eft même contraire à la Clémentine , Furiofus de ho-
micidio , où il eft dit : Si furiofus aut infans , feu dor-
iniens mutilet vel occidat, nullam ex hoc irregularita-
tem incurrit. Il en eft de même de celui qui tue quel-
qu'un pour défendre fa vie , pourvu qu'il l'ait feit
cum moderamine inculpata tutelx. : car la même Clé-
mentine ajoute : Idem cenfemus de illo qui mortetn
aliter vitare non valens ,fuum oicidir , vel mutilât in-
vaforem ; & le Concile de Trente n'a point corrigé
fur cela la décifion de Clément V. f^oye^ les Conlé-
rences d'Angers. Il n'eft pas moins faux que 1 adultère
emporte l'irrégularité. On ne trouvera aucune déci-
iion du Droit qui le montre. Aullî eft il inoui qu'on
exige une dilpenle d'un adultère qui le préfente. L'a-
dultère n'eft pas même des crimes qui font vaquer le
bénéfice ipfi faclo.
Il n'y a aulli que les Clercs qui font dans les Ordres
facrés , qui , en contraétant mariage , encourent l'ir-
régularité, parce qu'il n'y a que ceux qui ont fait vœu
de chafteté qui l'encourent, f^oye:^ fur cela .'es Con-
férences d'Angers.
IRRÉGULIER , ÈRE. adj. |Cr Ce terme , ainli qu'irré-
gularité , s'applique au propre &: au figuré , à tout ce
qui s'écarte de la règle qu'on doit luivre. On peut
le dire de toutes les produdions humaines qui font
fufceptibles d'irrégularité. Nous ne le difons guère
des produdrions de la nature , dont nous ne con-
noillons pas alfez la variété & la conduite , pour l'ac-
cufer d'irrégularité. Ah normâ deficiens. Ilfembleque
les Anglois n'ayent été faits julqu'ici que pour pro-
duire des beautés irrégulières. Volt. Il y a des beau-
tés irrégulières qui ont quelque chofe de plus piquant
que des vifiges dont les traits font régulièrement
beaux. S. ÉvR. La concupilcence eft irrégulière Sc
défordonnée. M. Esp. Ce qu'il y a d'irregulier dans
les moyens n'empêche pas qu'un Ouvrage ne puille
être bon. Jurieu. On mande les Procureurs à la
Communauté, qwand ils font quelque procédure ir-
I R R
régulière. Les places irrégulières four plus difficiles à
fortihcr que les réguliàes.
Irrégulier, le dit dans l'arc de bâtir, non-feulement
des parties de l'Architecture qui foix hors des pro-
portions réglées par l'Architecte , mais aulH des pla-
ces pour bâtir, dont les angles & les côtés ne font
pas égaux. On appelle colonne irrégulière , celle qui
non-feulement eft hors des proportions des cinq Or-
dres , mais dont les ornemcns du fût & chapiteau
font de mauvais goût , confus Se mis fans raifon , &c
participent de l' Architecture antique Se gothique.
On dit en Géométrie, figure irrégulière , dans le mê-
me fens , qui ne font pas terminées par des furfaces
égales & femblables.
En Grammaire, il y a des déclinaifons ou conju-
gaifons irrégulières , anomales , hétéroclites. Un verbe
irrégulier j, une conftrutlion irrégulière.
^CFOn appelle mot irrégulier j celui qui ne fuit pas la
marche du parodigme qui lui eft propre , ou dont les
Variations n'imitent pas exactement les variations du
parodigme commun. Ce terme générique renferme
fbus lui anomal , qui s'applique aux verbes irrégu-
iiers, ôc hétéroclite , qui s'applique aux noms. Mot
irrégulier. Verbe anomal. Nom hétéroclite. Voyez
ces deux mots.
gcrConftruition irrégulière, celle qui s'écarte de l'u-
fage & des règles de la langue.
IfS'En Poc'fîe , on appelle vers irréguliers ou libres,
chez lés Italiens verfi fciolti y ceux où l'on ne s'allu-
jettit pas aux règles ordinaires , qui font d'inégale
mefure , &: qui ne font pas réglés par les rimes.
Irrégulier. En teimes de Caiuiflc, eft un Eccléfiafti-
que interdit, fufpendu ou cenfuré, qui a encouru les
peines de droit , & qui eft incapable de polféder des
Bénéfices , ou de faire quelques tondions facrées. /r-
regularis , cenfurâ notatus. Ce Prêtre eft devenu irré-
gulier par un meurtre qu'il a commis. On n'efl irré-
gulier qu'à /are , & non point ab homine,
[RRÉGJLIÈREMENT. adv. D'une manière irrégu-
lière. Perverse. Les Clercs qui vivent irrégulièrement
caulent un grand fcandale. Cela eft bâti irrégulière-
ment.
RRÉLIGIEUSEMENT. adv. D'une manière peu re-
ligieufe. Impie. Un impie parle des myftères irreli-
gieufement , avec irréligion.
RRÉLIGîEUX, euse. adj. Qui n'a point de religion ,
de rcfpeCT: pour les chofes Saintes. Irréligiofus. Im-
pius. Les débauchés font d'ordinaire libertins & irré-
ligieux. Quand le peuple eft prévenu qu'un hom-
me a de la religion , il n'y a rien de li hardi , &
même de fi irréligieux , qu'il ne puifle tenter im-
punément. S. REAL.
O" Le mot d'irréligieux ne s'applique guère aux per-
\ fonnes , & le dit plus ordinairement des chofes qui
I bleffent le refpecT: dû à la religion. Sentimens irré-
! ligieux , aétion irréligieufe.
RRÉLIGION. f f. Manque de religion, ^oye^ ce mot.
Irreligio. Impietas. Ces propotîtions font fcanda-
leules , & tiennent de {'irréligion. Il n'y a rien de
plus ridicule que de faire vanité de libertinage &
d'irréligion. Nie. C'eft le dérèglement des pallions ,
ou ^irréligion , qui a formé le fentiiTient de fe tuer.
M. ScuD. Malherbe étoit foupçonné d'irréligion. Bay.
RRÉMÉDIABLE. adj. qui eft fans remède. Infanabi-
I. Us. Au propre, maladie irrémédiable. Au figuré , faute
I 'irrémédiable. Les médifances publiques des Satyri-
ques font des maux irrémédiables. La gangrène dans
les vifcères eft une maladie irrémédiable. Des fluxions
'irrémédiables. P. Verjus.
!IRÉMÉDIABLEMENT. adv. D'une manière irrémé-
diable , fans remède. Extra fpem remedii. Les dé-
bauches de cet homme ont ruiné fa fanté irrémédia-
blement.
"^RÉMISSIBLE. adj. m. & f. Qui ne fe peut remettre
ni pardonner. Venue, expers. On refufe les grâces en
Chancellerie , quand les crimes font énormes Se
irrémiffibles. Quand on reproche à une femme qu'elle
a de l'âge , ou peu de beauté , c'eft une offenfe ir-
rém'ijjlble , qu'elle ne pardonne jamais.
ÎR R
2^9
IRREMISSIBLEMENT. adv. Sans rémifîion. Jbfjue
venia. Le Roi veut que les duels loient punis trré-
mijjiblement f il ne donne point de grâce auxducl-
liltes.
IRRÉPARABLE, adj. m. & f. Qui ne peut fe réparer,
Irrcparabiiis. Les aftronts à l'honneur font irrépa-
rables. Dans une perte irréparable la douleur peur
être fans bornes. I'lÉch. L'inondation de la mer a fait
en Hollande des dommages 'irréparables. La mort de
ce Capitaine eft une perte irréparable.
IRRÉPARABLEMENT, adv. D'une manière irrépara-
ble. Abfquefpe reparatioms.
IRRÉPRÉHENSIBLE, adj. m. Se f. Qui eft fans dé-
fiut , en qui on ne fauroit rien trouver à repren-
dre. Irreprekenfus. Un Prélat doit être d'une vie ir-
répréhensible , comme le marque S. Paul. Irrépré-
hen/lble dans fes mœurs , dans fes aétions.
IRRÉPRÉHENSIBLEMENT. adv. D'une manière ir-
répréhenfîble. Sine rcprehenjione. Il vit , il fe conduic
i né pré h enjlblem ent.
IRRÉPROCHABLE, adj. m. & f . A qui on ne peut
rfcn reprocher. Vit& integer. \]\\ Magiftrat qu'on re-
çoit doit être d'une vie 'irréprochable. On ajoute foi
aux témoins irréprochables , contre lefquels on n'a
pu alléguer des reproches. Quand on cite l'Écritu-
re , les Conciles , ce font des témoignages , des au-
torités irréprochables. Ils ont mieux aimé vivre irré-
prochables parmi nous j que de vivre heureux avec
des rébelles. Fléchier.
IRRÉPROCHABLEMENT, adv. D'une manière irré-
prochable , fans mériter de reproche. Abfque reprehen-^
Jione. Cet homme, cette femme ont toujours vécu
'irréprochablement.
IRRÉSISTIBILITÉ. f f. Qualité d'une chofe à laquelle
on ne peut réflfter. C'eft un terme dogmatique , dont
on fe fert en Théologie. \J irréjifi'ib'tl'ité de la grâce
eft une opinion erronée & condamnée par le Con-
cile de Trente. On fe fert même de ce terme en
d'autres occafions qu'en parlant de la grâce. M. Dit-
ton , dans fa Religion Chrétienne démontrée par la
réfurreCl:ion de N. S. J. C. dit que l'évidence qui con-
vient à des faits , eft entière , lorfque les preuves
font plus fortes que les objeétions ; qu'une éviden-
ce de cette nature efl: la démonftration des faits ;
que partout où elle fe trouve , l'acquiefcement de
l'elpric eft abfolument & indifpenfablement nécef-
laire. Cette nécelîité , dit-il , n'elt pas de contrainte &
d'irréJîJiibUité , comme dans la démonftration propre-
ment dite ; mais elle eft d'obligation Se de devoir.
IRRÉSISTIBLE, adj. m. & f. A quoi on ne peut réj
fifter. Cui rcjijii non potejl. C'eft un fentimenc hé-
rétique , condamné par les Conciles & en dernier
lieu par celui de Trente , de dire que la grâce eft ir-
réjijlible , qu'elle entraîne l'acquiefcement de l'hom-
me , fins qu'il puiffe réfifter. Ce mot & le fuivant
font purement dogmatiques, Se ne fe font introduits
dans la langue , que parce qu'on a voulu dire en Fran-
çois tout ce que les Théologiens difent fur les ma-
tières de la grâce.
IRRÉSISTIBLEMENT, adj. D'une manière irréfifti-
ble. Abfque rejijlent'ia. On peut toujours réfifter à la
grâce , Se Dieu ne convertit point les pécheurs 'irré-
Jijliblement.
tf3' On cherchera l'explication de tous ces termes né-
gatifs à leur acception pofitive , remède , pardon ,
réparation , &c.
IRRÉSOLU , UE. adj. |p" mfuator , hxfitans , ammi
anceps. Ce mot défigne proprement un homme dont
la volonté a de la peine à ie déterminer. Foye^ Ir-
résolution. C'eft ordinairement un efprit médio-
cre , qui n'a pas aflez de bon fens pour choifir , ou
qui eft trop méfiant pour recevoir fa termination
d'ailleurs. Les gens irréfolus femblent n'avoir d'ef-
prir que pour douter. Ces fortes d'efprits font pu-
nis par leur irréfolution. Pendant qu'ils temporifent ,
l'occafion échappe , le mal arrive , ou le bien s'en-
fuit ; & ce qu'il y a de plus fâcheux encore j c'eft
qu'on ne conclud rien avec les gens 'irréfolus , 8c
qu'ils font fubir aux autres la peine de leur 'irréfo-
270 î R R ^
luûon. L'cfprit à\x Maréchal de i urenne retiré
en lui même , & plein de tes dclkins & de les pro-
jets, l'a bit palier pour timide & irréfolu. S. ÉvR.
Nos (l'ns trop décitiis emportent facilement noste
rait'on incertaine & irréfolue. Boss.
T'^os applaudiffemens
Fixent dans mon devoir mes vtEttx irréfolus. Rac.
Mes pas irréfolus , mes regards , mon vifage ,
De mon efpric troublé font une affreuje image.
^y Cette épithète ne convient qu'aux perlonnes , &c
l'on ne dit point d'une quellion indecile , lur la-
quelle on n'a point prononce , qu'elle ell irrtfolue.
IRRÉSOLUBLE, adj. Qui ne peut être rclolu. Ntv/ton
n'explique point la pefànteur , &i prétend qu'il ne
faut point expliquer ce qu'il n'explique point , &
que le problème eft réfolu parla même qu'il elt
déclaré irrcfoluble. C'eft la quelHon de lavoir s'il elt
irrefoluhle. Mém. de TrÉv.
IRRÉSOLUMENT. adv. D'une manière irréfolue &
incertaine. Incertc. On ne parle de cette nouvelle que
fort irréfalument , on en doute.
IRRÉSOLUTION, f. £ IpT Etat de celui qui eft irré-
folu , dont la volonté a de la peine à le déterminer.
H.e/itJtio , fufpcnjîo. Les gens loibles & peu éclai-
rés vivent dans une perpétuelle imjolution. Il elt
dirticile de décider , h Virréjoluiion rend l'homme
plus malheureux que méprifable , & s'il y a plus
d'inconvénient à prendre un mauvais parti , qu'à
n'en point prendre. La Br. Les irrefolutions
d'une ame combattue de divers fentimens, font des
matières pour les ftances. S. EvR. Voici un exem-
ple ae ces fortes A' irrefolutions.
Que']efens de rudes combats l
Contre mon propre honneur , mon amour s'inte'reffe ;
Il faut venger un père , & perdre une Maitrcfe !
L'un échauffe mon cxur, l'autre retient mon bras.
De tous côtés mon mal efl infini,
O Dieu j l'étrange peine !
Faut il laijfer un affront impuni ?
Faut-il punir le père de Chiméne? CoRN.
^3" Irrésolution , Doute , Incertitude. Ces trois
mots , fynonymes quand ils marquent une indéci-
fion , ont leurs nuances particulières. Uirrefolution ,
dit M. l'Abbé Girard , vient de ce que la volonté a
de la peine à fe déterminer. On eft dans Virréfolu-
tion lur ce qu'on veut faire. F'oye^ les autres mots.
IRRÉVÉREMMENT. adv. D'une manière irrévéren-
te. Irreverenter. Un homme qui caufe pendant le
lervice divin , agit irrévéremment.
IRRÉVÉRENCE. L f. manque de vénération. On le dit
particulièrement du relped qui eft dû aux chofes
fainres & facrées. Irrcverentia. Les Libertins parlent
avec irrévérence des myftères , des cérémonies de l'É
glife. On n'oferoit commettre ^CF dans l'anticham-
bre d'un Grand les irrévérences qui fe font dans les
Eglifes. C'eft une irrévérence de fe couvrir dans la
Chambre du Roi , Quoiqu'il n'y foit pas.
gcr IRRÉVÉRENT, ente , adj. Particulièrement , ou
même uniquement employé en matière de religion
& des chofes laintes. Ce qui eft contre le refpecl ,
contre la révérence. Quod rcverentiâ caret , irrcve-
' rens. Il eft irrévérent de caufer pendant l'office di
vin , de tourner le dos à l'Autel où l'on dit la
Melle. Rien n'eft plus ordinaire que de voir des gens
dans une pofture irrcvércnte dans nos Eglifes j ou
avec des manières irrévérentes.
Depuis ^:/ 'irrévérent envers les immortels ,
Tu tache de mépris l'Eglife &fes Autels.
Régnier.
iRRÉVOCABILITÉ. f. f. Qualité de ce qui eft irrévo
■ •cable. Irrevocabilitas. Virrévocabilué des jugemens
I R R
de Dieu. Virrévocabilité des Édits.
IRRÉVOCABLE, adj. m. & f. Qui ne peut être révo-
qué , & en parlant du temps , qui ne peut être rap-
pelé. Irrevocabilis. Le palle eft irrévocable. Les pto-
mclles de Dieu font irrévocables. On met dans tou-
tes les donations , procurations & Edits j qu'ils font
perpétuels , irrévocables ; cependant on les révoque
louvent. Loi irrévocable. Arrêt , décret Lirevocable.
IRRÉVOCABLEMENT, adv. D'une manière irrévo-
cable. Immutabilitcr. La nécelLté de mourir eft une
loi qui s'exécute irrévocablement. Les décrets éternels
de Dieu ont décidé de nous irrévocablement. M. P.
IRRlSiON. f. f. Moquerie , mépris. Derfio. Ce mot eft
furanné.
^ IRRITABILITÉ f. f. Terme Didaûique , ufitéen
Médecine. Qualité de ce qui eft niitable. Il y a dans
le corps humain deux fortes de parties i les unes
font lulceptibles de leniibilité & lî irritabilité , les
autres n'en iont pas lulceptibles. Les parties irrita-
bles font celles qui deviennent plus comtes , quand
un corps étranger les touche un peu fortement ;
leur irritabilité le manilefte par la contradion.
Haller. La peau &: les membranes nervculcs n'ont
aucune irritabilité , quoiqu'elles aient beaucoup de
fenubilité. Idem. 1.' irritabilité eft indépendante de
l'ame & de les volontés , puilqu'elle lubfifte dans
une jnnbe coupée , qui n'a plus aucun commerce
avec lame. Idem. Irruabilitas.
ffT IRRITABLE, adj. m. & f. Sujet à l'irritation , qui
peut être irrité. Irritabilis. V. Irritabilité. Il y a
un ouvrage Latin de M. Haller , qui a pour titre : Mé-
moire lur la nature lenlible & irritable des parties-^
du corps animal , traduit en François par M. TilTot. i
IRRITANT, ANTE, adj. Terme de Droit. Qui calîe ,
annulle &: rend vain & inutile. Le mariage étant
un Contrat civil , aufti bien que naturel , on ne
peut dilputer au Prince le pouvoir d'y appofer des
conditions i'mw/zfd'j. Gerbais. Si l'Eglife peut faire
des conditions iiritantcs à l'égard du facrement dci
mariage , le Prince a aulll ce pouvoir à l'égard du
contrat civil. Lamoignon. La publication des bans,
quoiqu'ordonnée j n'eft point au nombre des clau-
fes irritantes portées par le Concile de Trente : l'E-
vêque en peut ditpenler. Ce mot vient du Latin Irri-
tus , qui a les mêmes lignifications.
^3' Irritant , Terme de Médecine , adj. & paix. Re-
mède irritant.
(fT IRRITATION, f f. Adion de ce qui irrite les
humeurs , les membranes , ou état des parties irri-
tées. Irritatio. Remède qui purge par irritation. L'ir-
ritatlon des humeurs.
^fT On entend par ce mot en médecine , l'adion qui
fait qu'un corps ou une partie du corps animal fe
contrade , ou laftedion qu'éprouvent les parties fen-
fibles du corps animal quand elles fe contractent
§Cr IRRITER. V. a. De 1 ancien mot ire , colère, /m-
ter, mettre en colère, irritare. Les péchés des hom-
mes avoient irrité le Ciel. C'eft une choie terrible
de tomber entre les mains de Dieu irrité. Un d.'d.ùii
continuel irrite , ôc rebute à la fin. Bell. Lucrèce fe '
moque de la iîmplicité des hommes qui fe figurent '
pouvoir otFenfer Se irriter les dieux. S. ÉvR.
Mais mon cœur prévenu d'une crainte importune ,
Craint même en ejpérant , </'irriter la Fortune. Rac.
Les bêtes venimeufes ne font du mal que quand
on les irrite : leur venin confîfte dans leurs elprits
irrités , comme le dit Ch.arras dans Ion Traité des
vipères. On irrite les taureaux pour les foire com-
battre. On le dit aulli de la mer. La mer s'irritoitM
lieu ie s'appailer.
Cf3° Irriter , en Médecine, c'eft affeder une partie
du corps animal de façon qu'elle le contrade , fe
trémoulîe j & éprouve des mouvemens convullîfs.
Irrités avec le fcalpel j les nerfs ne font entrer en
convuhion que les mulcles auxquels ils fe dif-
tribuent , & cette convuliion n'a jamais lieu quand
on irrite les nerls avec un corroilf. Tissot.
I R T
f:T On le dit aulll des cliofes , qui par leur qualité , ou
par un niouveniciit trop vif-" , atfedent délagrcablc-
nient quelque partie du corps : une humeur acre ir-
f'itc , picote une membrane.
laRiTUR , fe dit rigurément en cliofes morales, & fi-
gnifie aigrir , piquer , rendre plus vif &c plus- vio
lent. Irriurh colère. La contrainte, les dcfenfcs ,
les obftaclcs irritent l'amour. Les grandeurs Irritent
les pallions plus qu'elles ne les contentent. FÉn.
Mes loumi/lions bien loin de ramener mon enne-
mi , n'ont fxit <\\x irriter là haine ^ irriter fa fierté.
Les choies lalées irritent l'appétit. Cette plaie s'irrite
par les remèdes , au lieu de fe guérir. La plupart
des maux s irritent en vieillillant. Les perfonnes vaines
s'attirent l'envie Se le mépris , & irritent la médifmce.
Bell. Le récit & le fpectacle des grandeurs mon-
dâmes irritent votre ambition. FlÉchier. L'hétélie
d'Arms étoit de la nature de ces maux opiniâtres
(\v:i $- irritent par les remèdes. Herman. La misère
avoit aigri & irrité fon humeur atrabilaire. MÉze-
RAY. N'irritei point l'envie. Bossuet.
Chaque objet qu'il contemple imiQ fes douleurs.
^ Bréb.
Dans fis premiers tranfports l'amour impétueux
S'kikeparla réfijlance. Corn.
Pourquoi veux-tu, cruelle, irriter mes ennuis?
IRRITÉ , ÉE , part. & adj.
Il jùuitdu ciel même irrité contre lui. Boil.
ÎCT On dit au figuré , les ilôts irrités , la mer irritée ,
agitée par la tempête.
IRRORATION. f. f. Irroratio. HCF Terme de Médeci-
ne , lynoiiyme avec arrolement.
^ On le dit dune forte de tranfplantation , par la-
quelle on prétend guérir certaines maladies. V Irro-
ration conhlle à arrofer tous les jours des arbres ou
d'autres plantes convenables avec l'urine , les fueurs,
les lelles , ou les lavures du membre malade , ou
de tout le corps , féparément , ou conjointement ,
julqu'a la guérifon entière de la maladie. Après
quon a arrofé , il faut auiïï tôt jetter de la terre
nouvelle dellus , afin dempccher que l'air ne diffi-
pe la vertu de la mumie , c'ell à dire , de l'efprit vi-
tal qui elt contenu dans les chofes avec Icfquclles
on arrole
IRRUPTION, f f. ^ Entrée foudaine Se imprévue
dans un pays pour s'en emparer , ou pour le ra-
vager. Irruptio. Les Tartares , les Arabes , ne font la
guerre que par de loud.xines irruptions , pour enlever
du butin & des prilonniers , & puis fe retirent. La
lologne eft lujctte aux irruptions des Turcs Se des
Colaques , parce que les frontières font dégarnies de
places fortes.
11 fe dit auin au figuré. La vertu a toujours à fe
garder des irruptions du tempérament. B. Com
JRTIS Rivière de la Tartane Mofcovite. Irtis. Elle a
la lource dans les montagnes d'Altay , ancienne-
ment Imads , & coule long-temps vers le nord-
ouelt, enfuite tournant vers le nord, elle va pren-
dre le Tobolk à la ville de ce nom , Se enfin fe
décharge dans lOby. Maty.
IRUS. f m. C'étoit un gueux du pays d'Ithaque , à la
luite des Amans de Pénélope. Il y avoit , dit Ho-
mère , Odyjf. L i8. à b porte du Palais un men-
diant qui avoit accoutumé de demander fon pain
dans Ithaque , & qui par fon horrible gloutonne-
ne, sctoH rendu fort célèbre ; car il mangeoit tou-
n,?>'l r-«^^j"°'^ toujours affamé. Cependant , quoi-
quil h,t dune taille énorme, il n'avoit ni force ni
l'.nn'f '• r°" ^^"^^ble nom étoit Amée ; mais on
donfi""] f' P''" '^"''^ ^^^^o'^ tous les meli:ages
don on le chargeoit. Du Grec .«,., pour -.., por
ter la parole. C'eft Irus qui a donné lieu au prover-
Ducïé d^e r ^" ^?"'^' méridionale , capitale du
JJuche de Cuninghan , à l'embouchure de la rivière
ISA 271
A'Irmn dans le golfe de Cluyd. Irvinum. Cette ville
avoit autrefois un bon port , qui maintenant n'tft
.icceiliblc qu'aux petits b.timcns , à caule des Ik,
blcs qui s y font amallés, Maty.
I S A.
ISAAC. f m. Prononcez I^ac. Nom d'homme. Ifaaci
Ijaacus Le Patriarche Ijaac , fils unique d'Abra-
liam Se de bara , fut ainfi nommé parce que fi
mère qui étoit avancée en ige ^ Se ftérilc, fe mit à
rire , lorlqu un Ange annon(,a à Abraham qu'elle
toncevroit un fils. Gen. Xrill , p, & Juiv. Abra-
ham av^oit alors loo ans, Se Sara 90. Gen. XXI ^
\ ' ^n^^ f j 17. H y a trois Ifaacs de la famille
des Comncnes , dont deux ont été Empereurs de
Conltammople-, l'un depuis 1057 , jufqu'en 1059 ,
&1 autre depuis ii8j, jufqu'en iijp.
Ce nom cft Hébreu , & s'écrit dans cette lan-
gue ItLshhak. Il vient de pnST , tfahhak , qui fignific
rire.
ISABEAU. f. f Nom de femme. Ifahella , Erqabe-
rAu. Ehlabeth , Ifi^beau , Se Ifabelle , font la même
choie, autrefois on,a écrit Ifiibel. En général, Ifa-
beau ne fe dit guère que de quelques Princefles de
France j ou s'il fe dit de quelques Piincclfes étran-
gères , elles ont été mariées Se ont vécu en France.
En particuher, voici celles de nos Princeffes ^ dont
jai trouve qu'on le dit. Ifabeau de France, fille de
Louis VIII, & de Blanche de Caftille, c^' fœur
de S, Louis, née en liio , ou 12Z4 , fonda eu
1269 le Monaftère de Long-Champ, près de Pa-
ns ^ où elle le retira ^ & où elle mourut le ij
Fevncr 1269. Ifabeau d'Angoulême ^ Reine d'An-
gleterre , fille d'Aimar I , Comte d'Angoulême , Se
d'Ahx de Courtenai , mourut en 124;. Ifabeau de
France , fille de Philippe le Bel , Se de Jeanne ,
hentière d'Henri I , Roi de Navarre , naquit en
1292. Elle fut mariée à Edouard II , Prince de
Galles, Se enfuite Roi d'Angleterre, le 22 Janvier
1 308. à Boulogne , & mourut le 3 1 Novembre 1357,
à Rallcing , où fon fils Edouard III l'avoit fait en-
fermer pour des galanteries qu'elle fut accufée d'avoir
avec Roger de Mortemer , à qui il fit couper la
tête. Une fille du Roi Philippe le Long, qui fut
mariée en 1 3 20. à Guignes , douzième Dauphin de
Viennois , porta auflî le nom à'Ifabeau. On dit en-
core Ifabeau de Hainaut , Reine de France , femme
de Philippe Augufle , Se fille de Baudouin V , dit
le Courageux , Comte de Hainaut ; Se Ifabeau de
Bavière , aulll Reine de France , femme de Char-
les VI , fille d'Etienne le Jeune , Duc de Bavière ,
Se Comte Palatin. Ifabeau de Bavière, mère du
Roi Charles VII , étoit une mère aveuglée Se déna-
turée , qui lui voulut arracher le fceptre» Le Maî-
tre. Plaid. 7.
ISABELLE, f. f. Nem de femme. Ifahella.
Voici quelques-unes des femmes qu'il faut appeler
Ifabelle , & non pas Ifabeau , ou Élifabeth , quoi-
que ces trois noms ne foient que la même chofc.
Ifabelle d'Arragon , Reine de France , femme de Phi-
lippe le Hardi , .Sj fille de Jacques I , Roi d'Arragon.
IJabelle de Portugal qui époufa Charles V. L'Impé-
ratnce Ifabelle femme de Charles V. P. Verjus.
François de Borgia Duc de Candie , qui eut ordre
d'accompagner le corps A' Ifabelle de Tolède à Gre-
nade , fut fi touché quand il fallut jurer que c'étoit
le corps de l'Impératrice , de n'y trouver qu'un amas
confus de pourriture Se de corruption , qu'il fit def-
fem de quitter le monde pour fe retirer dans la
Conipagnie de Jéfus. Id. & Moréri. Ifabelle de Bor-
gia la lœur avoit époufé D. Geoffroy de Borgia qui
etoit le Seigneur le plus confidérable de cette même
maifon. P. Verjus. Élifibeth ou Ifabelle de France
Reine d'Angleterre , Se depuis Duchellé d'Orléans,
fut fille de Charles VI , Se d'Ifabeaude Bavière. Ifa-
belle de Cafl-ille fille de Jean II , époufa Ferdinand
d'Arragon. Je ne fai pourquoi quelques Auteurs l'ap-
pellent Élifabeth , ou Ifabelle. Car nous difons
272 I S A
toujours Ifaklle. Feaiin.nd & Ifahelle à^zffaoM
les Maures dElpagne. rei-dinand & JJabclie lor.t
les piemiers qui aient porté le titre de Rois Catlio
liques roye:: ks vies du Cardinal Ximcnez par M.
Flechier & par M. ^'lar(uller. Ifabelle , Icmmc
a Emmr.iucl de Poitugal , tille aînée de Ferdinand ,
&' à'Ifahcllc. Ifabelle de France Reine de Navarre ,
fille de S. Louis & de Marguerite de Provence. Ifa-
bdle de Valois , tille de Charles de France & de
Marguerite de Sicile, époula en li?.»" tdouard
Prince d'Écolle. IfabelU de France Dachcllc de
Miian étoit nlle du Roi Jean , 8c de Bonne d;
Luxembourg. Ifabelk -C\ùïi: Eugénie d'Autriche,
Duchede de Br.ibant , Comtelle de Flandres , oc.
étoi: tille de Philippe II , Roi d Etpagne» c\' d'Eh
iabeth de France. En général on peut , ou même on
doit toujours dire Ifabelle , en pariant des Princellcs
dEi'pagne , excepte , famte Élitabeth Reine de Por
tuS-^l- . ., ,
Ce nom A' Ifabelle , vient , félon quelques-uns,
èCElfabella , ou plutôt A'Eiifabcch , en y taifant
quelques changemens.
Isabelle, f. f. Terme de Fleurifte. Nom d'un œillet
de couleur de rote pâle ou âhm , ion blanc très
fin & tes panaches de pi'^'ces emportées, la Heur
fort large , (^- garnie de Feuilles qu'elle renverk quel
quefois^, ne callé point avec cinq oii lix boutons ,
produit beaucoup de marcotes qui t'ont fujettes aux
taches blanches rougeâtres , c'eft a dire, à la gale &
, au roux , qui eft une etpèce de gale : ta tlcur eft le
plus fouvent hâtive. Morin.
Le fort Isabelle. Jrx Ifahella. C'eft un petit fort de
la Flandre. Il eft à une demi-lieue de l'Eclute , &c à
une de la mer d'Allemagne. Les Efpagnols qui l'ont
conftruit du temps de l'Archiduchellc Ifabelle , lui
donnèrent ton nom.
Isabelle, adj. Couleur qui participe du blanc, eu
jaune j & de la couleur de chair. Ex albo rutilans.
fer On le dit particulièrement du poil des chevaux
qui tire fur le jaune , où le jaune domine. Couleur
ifabelle. Cheval ïfabelle. Les" chevaux ifabelles ont
quelquefois la queue ifabelle , & ks crins ifabelles.
Il eft aulli quelquefois fubftantif, & malculin. Ifa-
belle clair , Ifabelle obfcur. Voilà un bel Ifabelle.
ISAGA. f. m. Terme de Relation. Officier de la mai-
Ibn du Grand Seigneur , Grand Chambellan. Magnus
Cubilarius , o\i Camerarius. L'Ifaga à quatre ducats
par jour , 3c plus de 6ooo que lui valent les droits
Se profits tous les ans. Il tient lieu de Grand Cham-
bellan ou Sommelier du corps. C'eft lui qui porte les
paroles lecrètes du Prince à la Sultane. Il commande
aux Pages de la Chambre , &: de la garderobe , & à
tout ce qui concerne la perfonne du Grand Sei
gncurj ViGENÈRE, fur Chalcond. p. 3Si\ L'//i^'d
■eft eunuque. Id.
ISAGAS , ou TAGODASS. Tagodaflum. Ancienne
ville d'Afrique en Barbarie , au Royaume de Maroc,
dans la Province d Elcure. *
ISAGO. Royaume d'Afrique dans la Guinée, au cou-
chant du' Royaume de Bénin duquel il relevé.
ISAGONE. adj.' m. & f. Terme de Géométrie , dont
on lé fert quelquefois pour exprimer une figure à
angles égaux. Harris. Eu Umn Ifagenus , a.
Ce mot vient du Grec '« . égal , & «'-y^' angle.
Ifzgonus, a, qui a des Angles égaux. _
ÏSAIE. f. m. Ifdias. Nom d'homme. L'utage eft pour
Ifaïe. Il ne faut point dire Efaie , ni Jefale. Ijaù
a. été un faint Prophète. Il étoit Prince du tang des
Roi 5 de la maifon de David , & il a prophétite prcL
que un lîècle entier. Port -Royal , Préface Jur
Jfaic. Ifaii a prophétifc fous les règnes d'Olias, de
Jorthan , d'Achaz & d'Ézéchias , Rois de Juda.
Sa prophétie eft pleine de particularités de la nait-
fance , de la vie & de la mort de Jétus-Chrift le
Mcilre, li claires qu'il eft impolllble de l'y ,mé
connoître.
Isa'e , fc di- aulll du L'vre des Prophéties ^Ifiie.
On lit en Ifau , Chap. IX , v. <? , une belle P.o
fkérie ae jtsus-ChRiSi. Le meilleur Commentaire
î S G
que je connoilîe fur Ifaie _, eft celui de Forérius.
Moines de l'Abbe IsaVe. Il fe trouve une règle
fous k nom de l'Abbé Ifaie , qui eft propre pour
ks Ermites , principalement pour ks Novices ■,
mais on ne lait quel étoit fon Monaftère. On con-
jecBure que cet Abbé pourroit avoir vécu en É-
gyptc ou dans la Thébaïde. P. HÉlyot , i./,
C. /j. On croit qu'il étoit difjple de faint Pa-
côme & de faint Antoine. Id.
ISAMBERT. f m. Nom que les Normands donnent
à la poire de Beurré rouge. Le Beurré rouge , autre-
ment l'Angloife , ouf //à/7;/'e/-r des Nor.nands , & le
BLunégiis& k Beurré vert, ue tout qu'une même
chofci fouvent il s'en trouve de toutes ces façons fur
un même arbre. La belle expolition , ou peut-être
une médiocre infirmité de tout 1 arbre , ou Itulcment
de quelques branches , en font d.s routes. L'ombre j
& la vigueur , toit de l arbre entier , toit de la bran- \
che particulière , en font des gris ou des verts , le
cognadicr & le franc fur kfqucls fe trouvent grertés
ces poiriers , fe font aulli connoître jpar ks diiiérens
coloris qui viennent a leur fruit , le rond fec , ou le
fond humide y contribuent aulli. La Qiiint._
ISAMBKON. L m. Etpèce de panne ou d'étolfe qu'on
employok dans les habits. Il étoit détendu aux Cha-
noines de S. Victor de porter de \ifamhron. i
ISARD, f m. Etpèce de chèvre tâuvage , que l'on ap- \
pelle plus ordinairement Chamois , dont la peau eft
tort eltimée dans le commerce des cuirs.
ISAIIS j ou GLASrUM , qu'on nomme Paflel en
Languedoc , &: Fouéde en Normardie. Ceft une
plante qui donne k bku , après une préparation pré-
liminaire. Foyei GuHDE & Pastel.
ISAUHIE. Nom de Contrée. îfauria. C'étoit ancien-
nement un petit pays de la Galatie eir l'Atie Mineu-
re. Il étoit aux, confins de l.i PiUdie ^ & de la Lycao-
nie, fa principale ville étoit Ifaura , qui lui donnoit
fon nom , aujourd hui Saura. C'eft maintenant une
partie de la grande Caramanie. Maty."'- VIfaurie
étoit terminée d un côté par k mont Taurus , &
d'un autre par la Cilicie. V Ifaune^ tut tubju^uee
par Servilus qui en prit le nom d U.uiiique.
ISAURIEN. Nomdel euple. Ifaurus. Les Ifauriens [ont
ks peuples qui habitoient 1 Ifaurie. En parlant de ces
peupks , l'ul'ige veut qu'on les nomme Ifauriens,
& non pas Ifauriques.
Dans le Droit t^omain il y a des loix contre les
Ifauriens qui courioient ks mers pour taire la pi-
raterie j car ks Ijaunens ttcicnt de grands pir.atcî.
L'Empereur Probus avoit ordonné que ks Ijaunens
enverioient leurs enfans à la guerre, quand ils aa-
roient dix-huit ans , afin d'empêcher par la les bri-
gandages qu'ils commettoient.
lO-IsAuRiEN eft aulll adj. & lignifie alors qui con-
cerne l'Iiaurie , ou les habitans du pays. On te ktc
de ce nom pour défiguer l Empereur Léon HI- Lcon
Ifaunen ou Ifaunque , vivoit au huitième tiecie. Il
commença à régner l'an de J. C. 717-
ISAURÎQUE.adj. Ce mot n'eften ufige qu'en parlant
de certaines pcrfonncs auxquelles il a été donne pour
furnom. Ifauncus. Servilius tut turnommc IJaurique,
à caufe de la conquête qu il ht de rilaurie.
IsAURiQUh.f. m. Ifauricum. Tribut que ks Empereurs
fnfoient payer chaque année aux Ilauriens : c ttoïc
des fommes d'argent ou des préfens que les Empe-
reurs taifoient donner à ces peuples pour empêcher
leurs courks fur les terres de lEmrue. Les Ozars
de Mofcovie font f.ire de kmblabks prekns par le
Gouverneur d'Aftiacan aux Tartares qui habitent i
l'Orient du Volga.
ISAYE. Foyci IsaYe.
I S C.
ISC. Village des Pays Bas , dans le Brabanr , piès de
Bruxelles. Il n'cft remarquable que parce qu U ea
la patrie de Jufte-Liple.
ISCARIOT. Nom d'un Bourg de la Tcrrf-;a.nte,
félon quelques Auteurs. Ifcanot. S. ■''^^'-"'^ '..
I s c
flprcs lui Atliichomius le mctceiic dans la Tribu d'É-
pluaïm. ^(jyfj l'art, iliivanr.
ISCAHIOIE. Ifcariotes. L'tvangile donne fouvent
ce (lirnom à Judas , qui rraliic Notre Seigneur. Simon
le Cananéen 61' Judas Ifcanote , qui j-ut celui qui le
trahie. Phre AiWtLori.. Alors l'un des douze , appelé
• i[.xà.\sIfcanotc , s'en alla trouver les Princes des Prê-
tres. PoRT-K. Judas Vlfcariocc, celui-là même qui
le livra. P. Bouhours. Il parloit de Judas Ifcariote
fils de Simon. Simon.
Ce n'eft point un fcntiment général qu.' Ifcariote
foit un nom de pays , beaucoup moins qu'il lignifie
un habitant d'Ilcariot , ou qu'il y ait eu un bourg
de ce noiii , c'eft cependant le plus probable. Plu-
• lieurs croient que c ell un nom formé "I3^ W^S ,
Is Sacar, qui lignifie , l'homme au falaire j le ven-
deur, celui qui a vendu fon maître. Ceux qui le pren-
nent pour un nom de pays , prétendent qu'il ell
compolc de i^'S , Is , homme Se Keriot nom d'une
ville de Juda , dont parle JotuéjX/^, 2f, tk qu'il
lignifie un homme de Kériot. Al. Pvéland qui Ibu
tient ce lentiment dans la IIF de ("es Dilîa-tations
Milcellanées , dit qu'il n'efi: point extraordinaire de
trouver dans les noms Juits des compolitions lembla-
blés de deux mots : témoin ii«{CsA<i^«iJî , ^dniya ,
BitffM'Sx, T/LiTu^ti-ft, A'xÉA^KWit , Sfc. BarcheUmi , Boa-
nerges , Bethfaide , Capharnaum , Haceldama , &
femblables : que Ifcanote lignifie homme de Ca
riotli , ou limpleuient un homme originaire de
Carioch , ou un homme coniidérable , un Notable
de Canoth ; que c'ell ainfi qu'Antigonus _, qui ap-
prit & reçut la loi orale de Siméon le Jufte , eft ap-
pelé 'O\o an, Is Soco , homme de Soco. De mê-
me encore entre les Dodeurs Mifchniques il y en
a deux, dont l'un eft nommé KrTirn^;:^ « , hbar
thotha , homme de Barthotha , & l'autre «u:n 'lii
' XD''i.i , homme du bourg de Hhanar.ia. l! confirme
ce fcntiment du témoignage de Béze , qui dit que dans
fon ancien Manuicritil y avoit toujours dans Saint
Jean cn^j Kïfiâ;» j au lieu à'uy.ui^ixi Lighttoot , de
i<iKmiîD«^ Ifconia , mot Talmuldique formé de
Sconms,^ & qui en a la lignification ; mais il n'y a
nulle raiibn à cette étymologie que quelque reliera-
blance de mots. Bartholocci , dans fa Bibliothèque
Rabbinique ^ veut- que ce mot foit compoi^e de tOS
Ijch , homme , & de S:3"Tip cariota , qui eft le
nom d'une efpèce de palmia" , d'où il infère que
Ijcariote eft un homme qui a pris naillance dans un
lieu fertile en palmiers : & comme la vallée de Jé-
richo en portoit beaucoup , il veut que ce mot ligni-
fie un homme qui y avoit pris naiftance , & que Judas
par conlequent en fut.
ISCH , ou BLIDA. Oefchus. C'étoit anciennement
une ville des Triballiens , en la Mœlie inférieure.
£lle eft maintenant dans la Bulgarie , à l'embou-
chure de la rivière d'Ifcho , dans le Danube , à
quelques lieues au deilus de Nicopoli , ou Nigéro-
poli. Maty.
ISCHEBOLI , ou Efchibaba. Nom d'une petite ville
de la Romanie. Scopelus. Elle eft fur les frontières
de Bulgarie. C'étoit autrefois une ville Épifcopale ,
dont l'Evêché étoit fuiiragant d'AndrinopIe. Ifche-
boli eft près delafource de la rivière appelée Capriza
au nord d'AndrinopIe.
ISCHEL. Petite ville ou bourg de la Haute Autriche ,
en Allemagne. Ifckelia. Elle eft fur la rivière de
Traun , un peu^ au-deffus de fon entrée dans le lac
nommé Traun-Sée. Quelques Géographes la prennent
pour l'ancienne Tumo , petite ville du Norique
Ripenfe, que d'autres placent à Léonpach ^ village
oe la m;mc contrée. Matv.
ISCHER. Petite rivière de France , en Alface , entre
ic cours de Lill & celui du Rhin, dans laquelle
elle fe jette.
bl;e eft conftruite (ur un terrain qui eft en la partie
onentale de file d-Ifckia , & qui lui eft joint par une
ç.iauiree. Cette ville eft forte , défendue par une
bonne citadelle , & dk a lyi Éycché fufTiagant de
Tome F,
I S c
27^
Naples. Ferdinand , Roi de Naples , en fit fon
aille l'an 149;, lorfque Charles VIII conquit tour
le Royaume de Naples. Maty.
L'Ile d'IscHiA , en Latin 7/2 Aw , anciennement,
^riaria , Inarime , & Pithccufa , eft une ilc du
Royaume de Naples , fituée dans la mer di Tof;anc ,
à une lieue du c:.p qui (eparc le golfe de Naples de
celui de Galte. Elle peut avoir quatre ou cinq lieues
de tour , & fept ou huit villages , outre Ifchia fa
capitale. Son terroir eft tout plein de foufre , qui
s'étant allumé dans les entrailles de la terre du temps
de Charles II , Roi de Naples , brîila une demi lieue
de pays , vers la ville d'Z/c/ii'a. Ce pays porte le nom
de Terra Cremata , c'eft-à dire , terre brûlée , &
ne produit rien , le lefte de lile eft fertile en vins
cxcellens. Maty.
ISCHIADIQUE. adj. C'eft une épithète que les Méde-
cins donnent à deux veines du pic , qui vont fe
terminer à la crurale. Ifchiadicus. Il y a la grande
Sx. la petite ifhiadique. La première eft formée par
dix petits rameaux qui viennent des orteils , & qui
le joignant ne font qu'une veine qui monte par les
muicles du gras de jambe. La petite ifchidiaque eft
faite de pluheurs ramifications qui viennent de la
peau & des muicles qui environnent l'article de la
cuille. On les appelle auOI fciatiqucs.
Ce mot vient du Grec itjui , ou U'Jùi , coxa ,
la hanche.
ISCHIATIQUE. Voye:^ Sciatique , c'eft la méms
choie.
ISCHIO-CAVERNEUX. adj. m. Terme d'Anatomie,
qui fe dit de deux mufcles. Ifchio-cavcrnofus. Les
muicles if hio caverneux lont fitués à côte tout le
long des racines des corps caverneux. Chacun d'eux
eft attaché par un bout très-obliquement à la Icvre
interne de la branche de l'os ifchion depuis la tubé-
rofîté , va accompagner la racine des corps caver-
neux jufqu'à la fympliylede l'os pubis, & enfuite
s'attache par l'autre bout au corps caverneux atte-
nant leur union ; d'où les fibres de l'un vont fe ren-
contrer avec les fibres de l'autre , &: s'épanouiirent
réciproquement de côté & d'autre iur les deux corps
caverneux. Ils (ont plus bas & plus en dedans que
les racines de ces deux corps. Winslow.
ISCHIO COCCYGIEN. Foyei Coccygien.
ISCHION. C m. Terme d'Anatomie. C'eft le nom
qu'on donne à un des os des hanches , dans lequel
il y a une profonde cavité qu'on nomme cotyle ,
acetùhule , ou embo'èture , pour recevoir la tête de
l'os de la cuilTe. Cette cavité eft environnée d'un
cercle cartilagineux , qu'on nomme yè«rd/ , & qui
fert à aftermir lacuilte. Vifchion avec l'iiion , le pu-
bis , & l'os ficré _, font le balhn qui contient la vef-
lie, la matrice , les iiiteftins.
Ce mot eft Grec , i?c fignifie fort , de -V;,;»; , rohur.
ISCHIO PECTINÉE. adj. m. Terme d'Anatomie. Le
grand hgament tranfverfal du baiîhi peut s'appeler
IJchiopecHnée. Winslow. Il faut écrire ce mot avec
deux e à la fin , par la raifon que l'on trouvera au
mot Instantanée.
ISCHO , ou GHIGEN. Nom d'une petite rivière de
de la Bulgarie. Oefcus. Elle prend fa fcurce dans le
mont Argentaro , & fe décharge dans le Danube ,
à la petite ville d'îfeh. Maty.
ISCHURETIQUE. adj. m. & f. Terme de Méde-
cine ^ qui le dit des remèdes qui guérillent l'ilchurie,
Ifchurcticus , a. Les remèdes ifhurctiques font ceux
dont on le fert pour faire fortir l'urine, dans le cas
de fa (uppreilion. Harris.
ISCHljRIE. {. f. Terme de Médecine. Entière fup-
preiîîon d'urine. Ifchuria. hTfchurie eft cauCe par
tout ce qui peut boucher les conduits des reins , ou
les metères , ou le canal de la vellie , comme font
le fable _, la pierre , les fiegmes , Jes grumeaux de
(ang , l'inHammation. Elle dépend auffi de l'obf-
trucStion des nerfs qui vont aux reins , ou à la vellîe,
ce qu'on remarque dans la paralyfic des parties in-
férieures depuis le diaphragme. La trop graiide dif-
tcnfion de la vellie produit ei:corc le même etlct ,
Mm
274 I S E
paixe que fes fibrçs fon: li fort alongées , & par
conféquent li rttrécies , que les eiprks qui font nc-
cellaires pour leur contraction n'y peuvent point
entrer : d'où vient que les peribnncs qui retiennent
trop long-temps leur urine , ont enluite beaucoup
<ie peine à la rendre , & bien l'ouvent il faut ayou-
recours au cathéter ou à la fonde pour la faire
fortir.
Ce mot eft grec , & compofé du verbe 'arx" >
j'arrrcte , Se sfoo urine.
I S E.
ÎSEL , ISELSTEIN. Fnyei Issel , Isselthn.
ISÉLASTIQUE. f. m. M. de Saci, dans fa Traduc-
tion de la première lettre , que nous citerons dans
l'article fuivanr , a cru que ce nom fe donnoit à ceux
qui préfidoient aux jeux Ifelafiiques. Car où I linc
<lit , Ego contra fcrïbo Ifelajlicorum nomine , il tra-
duit : Au contraire je fuis de l'avis de ceux qui prejî-
dent à ces combats. Mais le texte de Pline ne paroit
pas avoir ce fens , puii'qu'il continue ainli , Itaque
eoruni vehementer addubitem , anjit potiàs id tempus ,
quo fi'.-i^aira» , intuenium. On ne laiL a quoi rapporter
cet eoruni , il l'on joint nomine avec IJelaJiicorum.
J aime mieux fuivre la corredrion que Samuel Petit
hiit à ce texte dans fon Commentaire fur les loix
Attiques, /'. (>J. Il veut qu'on lile , Ego cum tran-
fcribo j Ifelajlicorum , nomine itaque eorurn vehe-
menter addubitem j & le verte. Dclorte que la pen-
k'e de Plrne foit celle ci. Mais en décrivant leur
requête pour vous l'envoyer , & y trouvant le mot
Ifelajliquc , ce mot me iait douter II ce ne 11: pas
plutôt au temps qu'ils font leur entrée qu'on doit
avoir égard. Il n'ell pas sûr pourtant , &c Pline ne
donne point à entendre qu'il tranfcrivit la requête
des Athlètes Ifelafiiques ; il n.'ert point néceilaire
non plus de le luppofer avec Samuel Petit , pour
trouver du l'ens à la lettre en queftion. J'aime donc
mieux , en luivant la correétion de ce favaut hom-
me , dire que Pline ne parle là que de fa lettre ;
& qu'il dit à Trajan , Mais en écrivant Ifelafii-
ques , leur nom même me fait beaucoup douter li
ce n'cil pas plutôt au tanps qu'ils font leur entrée ,
qu'on doit avoir égard ; enlorte que ce loit en écri-
vant fa lettre à Trajan , & y mettant le nom àïlfé-
lafiique , que cette réflexion lui vint. J'ai conjcéfuré
encore qu'au lieu de ces mots càm tranfcriho , Piïne
avoit peut être mis , Ego cîiw. ad te fcribo y ou
chm tibi fcribo , Ifelafiicorum : mais quoi qu'il eu
foit , Ifelafiiques le dit là des jeux , & par confé-
quent ne iignifioit point ceux qui préhdent à ces jeux.
L'élégant Traduéfcur n'avoit pas connoillance de ce
que Petit a écrit (ur cette lettre , il en eût fait mention ,
au moins dans une note.
IsÉlastique. adj. m. èc f. Nom d'une efpèce de com-
bats ou de jeux. Ifelafiîcus , a, Ifelafiicum ccrta-
men. Agon Ifelafiîcus. Sous TEmpire Romain , dans
les villes Greques ou d'Alie loumifes aux Empe-
reurs on appcloit jeux Ifelafiiques , ceux d'où celui
qui lortoit vainqueur , étoit conduit dans (avilie, &
y entroit comme en rriomphe. M. de Saci ajoute
qu'il y entroit par une brèche , couronné & monté
fur un cheval blanc. Je ne trouve point ces circonf-
tances ailleurs. Les Athlètes Ifelafiiques avoient de
grands privilèges que les Empereurs leur avoient ac-
cordés à l'exemple d'Augufte &c des Athéniens , qui
en donnoient auill à ceux qui vainquoient dans les
jeux Olympiques, les Pythicns, les Irthmiens , géné-
ralement à tous les Hiéroniques ou Vainqueurs dans
ks combats facrés. Ils étoient couronnés fur le
champ après leur viftoire , on leur affignoit des pciT-
lîons, ou on leur fournilloit leurs alimens, & on les
introdiiiloit en triomphe dans leur patrie. Trajan
avoit établi quelqu'une de ces récompenfes , Pline ,
Liv. X. Lettre CXIX , le confulte (ur cela. Les Athlè-
tes , Seigneur , prétendent que le prix que vous avez
établi pour les vainqueurs dans les combats Ifelafii-
ques, leur ert dû dès le jour qu'ils ont reçu leur cou-
I S E
ronne -, qu'il importe peu quel jour ils font leur en-
trée folcnnellci qu'il ne faut reu,arder que de quel
jour ils ont vaincu, & de quel jour par confcquent
ils ont pu la faire. Au contraire je luis de l'avis de
ceux qui préfident à ces combats, & je crois (non
pourtant (ans douter bien fort ) qu'il ne faut compter
que du tems qu'ils ont fait leur entrée. Ces Athlètes
demandent encore leur rétribution pour le combat
que vous avez rendu depuis Ifelafiique j quoiqu'il ne
le fût pas au temps qu'ils ont remporté la victoire. Ils
difent pour raifon que de même qu'on ne leur donne
rien pour ces combats qui ont celle d'être Ifelafiiques
depuis qu'ils ont vaincu , aulll eft il )ulte de leur don-
ner pour ceux qui le font devenus. Je me trouve en-
core fort embarrallé fur cela , ôc je doute fort que
l'on doive faire remonter les prix avant leur établiile-
ment, & les donner à ceux a qui ils n'avoient point
été propofés quand ils ont vaincu. Je vous iupplie
donc. Seigneur, de réfoudre mes doutes, ou plutôt
de vouloir bien interpréter vous-même vos grâces.
Saci. Trajan répond dans la lettre fuivante : La rc-
compenfe aflignée au vainqueur dans les combats Ife'~
lafiiques, ne me paroît due que du jour qu'il a fait
fon entrée dans la ville. Les rétributions pour les
combats , qui , avant que je les culle rendus Ifelafii-
ques, ne l'étoient point , ne peuvent remonter au
tems où elles n'étoient point établies. Et les changc-
mens furvenus , foit dans les combats qui ont com-
mencé à être Ifelafiiques, foit dans ceux qui ont cclfé
de l'être , ne décident rien en faveur des Athlètes.
Car quoique la nature de ces combats change , on ne
leur fait point rendre ce qu'ils ont une fois reçu. Id.
On voit par ces lettres que les mêmes combats n'é-
toient pas toujours Ifelafiiques , on voit encore quel-
les étoient les récompenfes établies au moins par Tra- ;
jan. Car ce que M. de Saci appelle d'un nom géné-
ral rétributions, Pline &: Trajan le nomment plus m
particulièrement obfonia , c'e(l-à dire , alimens. Voyez 11
fur les jeux Ifelafiiques , Samuel Petit , dans fon Com- |(
mentaire fur les Loix Attiques, L. i. Tit. I, p. 6 r ji
& 62.
§3^ ISELSTEIN. Petite Ville des Pays Bas, (ur l'Iirel,
à une lieue & demie d'Utrecht , ainfi nommée de la
rivière qui l'arrole.
ISENACH. Voyei Eisenach.
ISENBOURG. Nom d'un gros Bourg avec un bon châ-
teau. Ifcnburgum. Il eft dans le Comté du bas Ifen-
bourg , en Wétéravie j fur la rivière de Seyn , à trois
lieues de la ville de Coblents , du côté du Nord.
Maty.
Le bas Ifenbourg. Nom de contrée. Comitatus
Ifenburgenfis inferior. Ce pays qui eft proprement le
Comté à' Ifenbourg y eft dans la \VctéraviCj le long de
la rivière de Seyn^ entre les Etats de Trêves &c de
Cologne , &■ les Comtés de Wied & de Seyn. Ce
Comté elî de petite étendue (Se n'a rien de conlidcra-
ble que le bourg qui lui donne le nom. Il appartenoit
autrefois aux Comtes à' Ifenbourg. Il eft maintenant
à ceux de Runkel & Wied. AL\tY.
Le Comté du haut Ifenbourg, qui eft proprement
le Comté de Budingen. Comitatus Ifenburgenfis fupe-
rior , ou Budingenfis , petit Etat de la Wétéravie , eu
Allemagne. Il eft entre le Landgraviat de Hellê,
l'Abbaye de Fulde & les Comtés de Hanaw & de
Solms. Il peut avoir huit lieues de long &: trois de
large. La petite ville de Budingen j (ur la Senne, en
eft le lieu principal. Ce Comté appartient à la mai-
fon d'Ijenbourg , qui eft divilce en deux branches,
l'aîné fait la rélîdence à Oifenbach (ur le Mein , <Sc le
cadet à Bierftein aux confins'de Fulde. Maty.
ISENDICK. Nom d'un bourg fortifié des Pays-bas.
Ifendicum. Il eft dans la Flandre Hollandoite, près
de Biervlid , entre i'Eclufe &• le Sas de Gand. Maty.
ISENGKIEN. Nom d'un bourg des Pav^ bas. Ifnge-
nium. Il a titre de Comté , & il eft Ikué dans la Flan-
dre, à deux lieues de Courtrai du côté du nord.
Maty.
ISENGRIN. f. m. Nom de fadtion.^T/ê/z^ri/za^. On ap-
pela Ifengrln, fous Philippe Augufte, certains fac-
I s I
deux ou bandits qui sclcverent en Fr.mce d.iiis le
tcnitoire de Furiies , ou plutôt les h.ibicans du icrri-
toire de l-'urncs , qui le uiiicnr à piller cSc fc rendirent
redoutables. IJcngrin , dans les Auteurs du moyen
âge , lignifie un loup ; on donna ce nom Flamand à
ceux du canton de Furnes, parce qu'ils piiloient les
bergeries comme des loups. f'^OYc:^ Guillaume le
Breton, I. //. /X, & X. delà Philippide, & Buze-
lin, Galloflandr. L. I. c. iS.
iSENFiEIM. Bourg de France dans la Haute Allace. Il
eft chel lieu d'une des terres de l'anoien domaine de
la Mail'on d'Autriche, dont le Roi lit don au Cardi-
nal Mazarin après le traité des Pyrénées.
ISÉO. Bourg, ou petite ville de l'Etat des Vénitiens j
en Italie. Ifeum. Ce lieu eli; dans le Brellan , lur le
bord méridional du lac à'Jfco , auquel il donne Ion
nom. Maty.
Le lac A'Ifeo , Ifcus laais , clt dans l'État de 'Ve-
nife , fur les confins du Brellan Se du Bergamafc. Il
n'a pas beaucoup d'étejidue d'orient en occident ,
mais il a environ cinq lieues du fud au nord. La ri-
vière d'Oglio la traveile dans toute fa longueur, ik la
petite ville à'Ifeo , qui ell fur les bords, lui donne le
nom. Maty.
|3°ISEQUEBO. Nom d'une colonie Hollandoifc d'A-
mérique j dans la Guianej Province de l'Amérique
méridionale.
ISER. Nom d'une riviàe d'Allemagne. Ifira. Elle
prend fa fource aux confins du Tirol , travcrle le Du-
ché de Bavière^ baignant Munick, Freifing, Lands-
hut &: Dingellmg , de fe décharge enluite dans le
Danube, entre Straubing & Pallaw. L'//èr eft grofii
par plufieurs rivières , dont les principales font la
Loyola &: l'Amber. Maty.
ISÈRE. Nom d'une rivière de France. I/ara. Elle a fa
fource dans la Savoie aux Alpes Tarantailes. Elle y
, baigne Moutiers & Montmellian , puis entrant dans
le Dauphiné , elle palle à Grenoble , à Fontany , à
Tuilins, à Châteauneuf, à "Vinay, à la Sône, à la
Baume , à la Jonchère , à Romans , à Confulens , &
fe jette dans le Rhône j un peu au-deilus de Valence.
Elle reçoit dans fa couric entr'autres rivières , l'Arch
& le Drac. Valois, Not. G ail. p. 2 s s- H ne faut
point dire , comme quelques-uns, Lifére, mais Ifére ^
ou Yifére.
ISERLOHN. Petite ville ou bourg du cercle de Wcll-
phalie. Ifcrlonia. Ce lieu eft dans le Comté de la
Mark , uir la rivière de Baren , environ à lepc lieues
de la ville d'HanV , vers le midi. Maty.
ISERNIA , ou SERGNA. Petite ville du Royaume de
Naples. Efernio , .AiftrnLa. Elle eft dans le Comté de
Molille, entre les montagnes, près de la rivière de
Volturno. Cette ville a un Evcché fuffiagant de Ca-
poue, mais elle décheoit beaucoup. Maty.
ISERRE, ou ISEURE. Iciodcrum Turonwn. Ce bourg
eft dans la Touraine , lur les confins du Berri , fur le
bord de la Crcufe. Grégoire de Tours en parle ^ &
l'appelle Iciodorum & Ilîodorenjis pagus. Valois ,
tiotit. Gall. pag. 2^().
^3" SET. Nom d'une Province de l'Empire Rulîîen , en
Sibérie. Elle dépend du Gouvernement général de
Tobolsk.
I S H.
ISHI. C. m. Nom que les peuples de l'île Formofc don-
nent au Dieu tout-puillànt. Jovet.
I SI.
ISIAQUE. f. m. Prêtre de la Déelfe If^s. ICiacus. Les
Moques portoient à la main une branche d'abfynthe
marine au lieu d'olive. Dioscoride, Z. K C. 27.
1 line, i. XXV II. C. 7. Ils prenoient auffi .à la main
uri afpic qu'ils portoient autour du temple. Ils chan-
toient deux fois le jour les louanges d'Ilis j le matin à
la première heure, c'eft-à-dire, au lever du foleil ,
lorfqu'ils ouvroient fon temple , ce qu'ils appcloient
ouverture. Ils faboient la Déelfe, & appeloient cette
cérémonie Salutation ou Exercice. Enfuite ils de-
Tome V,
I S I 27y
mandoient 1 aiunone tout le jour , & revenoient à la
huitième heure ; ils adoroicnt debout la ftatue d'Ifis
l'acommodoient i<<: la couvroient j puis ils lermoient
fon temple. Telle éroit la vie &L les lonCtions des IJta~
ques. Ces //Ti^f^i^c-^ qui étoicnt les Galles dont nous avons
parlé en leur place , comme Ilis étoit Cybéle , ne fe cou-
vroient les pies que des écorces fines de l'arbre appelé
Papyrus ; c'cft pour cclaque Prudence V d'autres ont
dit qu'ils alloient nus pies. Il y a une ftatue antique
à Rome, qui reprélente un Iliaque .avec une beface
& une clochette à la main , foit qu'ils s'en fcrvllfent
en demandant l'aumône , ou qu'elle leut fut d'ufigc
dans leurs facrifices , comme Lucien l'a dit. Les Ifia-
ques ne fe revctoient que de robes de lin , parce qu'I-
(is avoit appris aux hommes à cultiver &: à travailler
le lin. Ils ne mangeoientni cochon, ni mouton, &
ne filoient jamais leurs viandes, porw: être plus chai-
res. Ils mêloient beaucoup d'eau dans leur vin, & le
rafoient la tête. Ils portoient quelquefois la ftatue
d'Ilis fur leurs épaules, &c le fervoicnt du fiftrc dans
leurs cérémonies. Fîncij Diodore de Sicile, L, I.
Plutarque , de Iflde & OJinde.
Table ijiaque. C'eft le nom qu'on a donné à un
monument des plus confidérables que l'antiquité
nous ait tranlmis , qui contient la figure & les
myftères d'Ilîs , avec un grand nombre d'adres de
la Religion des Egyptiens. Ce monument fut trou-
vé au fac de Rome en ijij , & gravé plufieurs fois
dans toute fi grandeur , qui eft de cinq pieds de
hauteur fur trois de largeur. L'original lut perdu
en 1650, en forte qu'il n'en relie que des copies.
La Table i/laùque paroît toute fymbolique & énig-
matique : on y apperçoit une grande quantité de fi-
gures rangées avec ordre, qui renferment fûrement
quelque fens mvftérieux ; mais favoir li cela repré-
fente quelque hiftoire d'Ilis & des dieux d'Egypte ,
ou quelque lyllème enveloppé de la Religion du
pays , ou quelque inftruétion morale , ou plufieurs
de ces chofes enfemble , c'eft ce qu'on ne peut af-
fûter , ce femble , fans hafarder de s'y méprendre.
Nous voyons dans cette table la figure de prelque
. tous les dieux des Égyptiens , & nous les y recon-
noillons par le fecours des autres monumens. Une
autre choie qu'on y remarque ailément , c'eft que ,
comme dans un thé.âtre , on y voit plufieurs aétions
diftinétcs , où les mêmes perlonnes reviennent fou-
vent , &c où elles fe trouvent encore répétées dans la
même aélion. Plufieurs ont tenté d'expliquer' cette
myftérieufe table. Pignorius eft celui qui palle pour
y avoir mieux réuflî , quoiqu'il ne parle ordinaire-
ment qu'en doutant , &c qu'il ne donne ce qu'il
avance que comme des conjeétures. Le P. Kirker ,
venu depuis _, explique tout , & ne doute prelque
jamais ; mais fes explications font fouvem de nou-
velles énigmes à deviner.
ISIDORE. 1. m. Nom propre d'homme. îjldorus. Il y
a Ifldore de Pclufe j IJidore de Cordoue j IJidore de
Séville. S. IJidore d'Antioche n'eft pas le véritable
nom du Saint qu'on honore fous ce nom. C eft une
très ancienne corruption de Syr'u Dominl. Il y avoic
dans les anciens manufcrirs du Martyrologe de S.
Jérôme au deuxième jour de Janvier , AnnochU Sy-
ria Domini Epifcopi ejufdem loci ; c'eft-à dire , à
Antioche de Syrie fe fait la mémoire de S. Domne ,
Evêque du même lieu. De Syru Domini on a fait
plufieurs noms diftcrens qu on donne à ce Saint.
Quelques manufcrits du Martyrologe , dit de S. Jé-
rôme , & Ufuard , ont dit IJidori ; l'exemplaire de
Corbie Sirldoni ; celui de Luc , Syridoni ■■, un de Ba-
vière, Ifidori ; celui d'Étternac, Ifrid. C'eft Flolfténius
qui dans une lettre à Florcntinius eft auteur de cette
conjedure judicieufe. M. Châtelain l'adopte dans fon
Martyrologe, T.I.p. jS. Se 39- El'e eft confirmée
par un manufcrit de la Bibliothèque de^ la Reine
Chriftine de Suéde , contenant un abrégé du Mar-
tyrologe de S. Jérôme , qui a fervi autrefois à l'Ab-
baye de Sainte Colombe , près de Sens , où on lit
clairement ces mots : AntiochiA Syria , S. Domim
Epifcopi ejufdem loci. M. Châtelain ajoute , à la con-
Mm ij
27^ ï ^ ï .
jedure d'Holllcnius , que peuc-êtie il y avoir un au-
tre S. Domnc d'Audoche de Pif.die , que l'Auteur
de ce Martyrologe a vcnilu diftingucr, en ajoutant ,
contre la coutume , le nom de Syiia à celui d\4;i
tiOchU. Il faut donc appeller ce S. Doinne ^^ &c non
pas IJidore ou Spindon , &c. Beaucoup moins en
taut-il faire deux Saints ditlérens ; l'un nommé //;-
dore , Se l'autre Séridon ou Spindon , comme ont
fait Molan , Morolycus , Galcluiius & Baronius.
ÎSIES ou ISIENNES , f. f. c^- plur. Fêtes d'Ilis. Jfia. Les
Jj'ùs éiioient des lacritîces & des fttes pleines d'im-
pureté & d'abomniation ; c'ell pourquoi on cxigeoit
un fecret inviolable de ceux qui y étoient initit;s.
Elles duroient neuf jours , & étoient li aAreufcs &
il exécrables , que le Sé>îat ks abolit à Rome fous
k- Confulat de Pifon & de Gabinius. L'Empereur
Commode le rétablit environ deux cens ans après.
Il le mêla lui-même aux Prêtres de la Déeile , & y
parut tcte rafe , portant Anubis. Et tandis qu'il tut
à Rome , on ne célébra nulle fête avec tant de cé-
rémonie (Se de luperftition , & l'on eut une conli-
dération toute particulière pour les Ifiaques , Prêtres
de la Déell'e. /^oye^ Suétone dans Néron , C. XXXf^I.
Tacite , de Mûnh. Germ. C. IX. Dion. L. XL.
XLII. XLFII. LUI. Se LIF. Lampridius dans Com-
mode, Se TertuUiendans fon Apologétique, c. 6.
ISiGNl. Gros bourg de France , dans la Balle-Norman-
die. Il efl: fort connu à caofe de (es falines , de Ion
cidre Se de fon beurre.
ISIR , f. m. Terme de Philofophie liermétiqne. C'cll;
le nom que les Sages donnent à l'élixir au blanc ,
lorfqu'ils veulent le multiplier.
ISIS , f. f. Nom propre d'une faulîe Divinité. IJis , idis.
La Déelîe IJis étoit honorée des Égyptiens Se des
anciens Germains. L^s Poètes feignent qu'Io chan-
gée en vache étant venue en Egypte , Jupiter lui
rendit fa première forme ; qu'elle époula Oihis ,
Roi du- pays, & qu'elle fut fr aimée des Égyptiens,
qu'rls la mirent au nombre de leurs divinités après
la mort. Us avoient reçu en effet à'ifis de grands
bienfaits. C'ell elle qui leur apprit à hier la laine ,
■&■ à la mettre en œuvre , après l'.ivoir appris ellc-
inême de Mercure. C'eil elle qui leur apprit l'art
de cultiver la terre , de recueillir le blé , Se d'en
frire du pain. C'eft elle qui leur donna des loix.
Ijis n'étoit point une divinité iimple êv particulière.
C'eft la lune , la terre , Cérès , Cybéle , Vénus j
Aftarté , Rhéaj la grand'mere ou la mère des dieux ,
Minerve Cécropienne , Yénus Paphienne , Diane
Diétynné , Proferpine , Junon , Bellone , Hécate ,
Rhamnulie , &c. Se en un mot , c'étoit toute la
nature. Quelques-uns veulent que VIJîs des Egyp-
tiens foit Eve , Se qit'Orifis foit Adam. Foye^ Vol-
lîus , de Idolùl. L. I. c. 17. 2. 3S. L. II. c. 24. 2j.
36. s6. L. FIL c. 2. & 1 0. D'autres ont prétendu
<\\x'Ijfls étoit la conftellation de la Vierge , ou la
Vierge qui a été placée dans le Ciel. Une inlcrip-
tion raportée par Diodore de Sicile dit à la vérité
-qu'//?5 cft dans les aftrcs , mais elle dit que c'eft
dans la conftellation du chien. Les Prêtres à'IJis s'ap-
peloient Iliaques. Foye\ ce mot.
Il y avoit des idoles à'I/is Hermaphrodite. Foyc':^
Barthius : Animadverf. ad Statïum , Theh. L. F. v.
2 0. W y a dans le cabinet du P. Kirker une figure
à'IJîs , repréfenrée avec plulîeurs mammelles , com-
me la Diane d'Éphèle. On donnoit aux ftatues d'I-
Jîs des ailes de vautour , à ce que témoigne Élien ,
L. X. c. 22. Plutarque a fait un livre àHfis Se d'Olîris.
Ifis étoit fur-tout honorée à Bubafte , à Copte &
à Alexandrie. Les Romains reçurent aulli fon culte,
& on inftitua en Italie les mêmes facrifices en Ion
honneur , que ceux qui le failoient en Egypte. On
n'ofoit regarder curieufement les myftères de la Décile
Jfis en Phocide, crainte de perdre la vue. Mascur.
V! Ifis des Germains étoit diftérente de celle des
Egyptiens. Elle avoit été femme de \LTnnus , fils de
Tuitcon , d'où les Germains prétendoient tirer leur
origine. Quelques Savans difent forr ingénieuiement
que Man ou Mannus , & X'îfi.s des Gsrmains Icnc
I S L
Adam &: Eve y Se que l'hiftoire fabuleufe de ceux
là étoit un refte de la tradition de ces peuples tou-
chant nos premiers .pères : que Man n'ell autre cho-
fe qu'Adam en langue Germanique i car l'un Se
l'autre mot ligmfic homme : que les Germains ne
diloient point Ifis , mais Iftha , dont les Romains
firent Ifis , croyant que c'étoit Ifis , Se qu'Ifeha étoit
en langue Germanique la même chofe qu'lfis en
Égyptien : qu'au refte Ifcha n'étoit rien moins qu'/-
fis , que c'étoit le nom nWIN , IJ'cha , en Hébreu ,
plra , qu'Adam donna à Eve en la voyant la pre-
mière fois. Gen. II. 23 : que les Germains avoient
conlervé ce nom dans leur langue. Foye^ Vollius ,
L. CXXXFIIL de IdoloL
Tacite dit que les Suéves adoroient cette Décile
fous la forme d'un vailleau.
vfF M. Pluche prétend que dans l'origine Ifis n'étoit
qu'un figne qui rcpréfentoit la terre. La figure de
l'homme qui commande aux animaux , Se qui gou-
verne tout fur la terre , avoit paru la plus propre
pour exprimer le foleil qui anime tout dans la na-
ture. Quand on voulut fignifier la terre , qui enfante
Se nourrit toutes chofes , on choifit l'autre fexe.
La femme , qui eft mère Se nourrice , étoit
une image naturelle de la terre. Elle fut donc peinte
avec fes produélions fous la forme à'Isha ou d'Ifis ,
qui eft l'ancien nom de la femme , Se le premier
qu'elle ait porté. Ce n'eft que depuis qu'on en fit
une divinité.
Isis eft aulli un terme de Calendrier. C'eft le nom d'un
des cinq jours que les Coptes ont ajouté à leur an-
née pour la faire de trois cents loixante- cinq jours:
le quatrième de ces cinq jours qu'ils ont ajoutés
s'appelle Ifis. Foyei le P. Kirker, Fabricius , &c. Se-
lon l'Aftrologie des Egyptiens , Ifis eft la divinité qui
prélide au ligne du mois Parthénape j qui eft le
premier de l'année des Égyptiens , Se répond au
mois de Septembre. Foye^ Welkhius , Kirker , &c.
ISITE , f m. Se f. Nom de fecle parmi les Mufulmans.
Ifita. Les Ifiees prennent leur nom d'Ifa Merdard ,
leur Chef j qui foutenoit que l'Alcoran n'eft pas
éternel , qu'il eft créé , &: que quand Mahomet dit
qu'il eft érernel , il parle de l'original , & non pas
de La copie de l'Alcoran. Foye:[ l'Empire Ottoman
de Ricaud.
|3° ISITERIES. f. f. pi. C'eft .rinfi qu'on nominoit à
Athènes une fête qui tomboit au commencement de
Juin , jour auquel ks Magiftrats entroient en Char-
ge j iSc commcnçoicnt leur année de Magiftrature.
I S L.
ISLAM, f. m. Nom propre de la Religion de Maho- |
met , Mahométilme. Iflamïca Religio y Mahometif-
mus. Mahomet prêchoit fur toute choie l'abandon à
la volonté de Dieu , lans réferve , & lans crainte
d'aucun péril , fe fondant lur la prédeftination mal
entendue , & regardée comme une deftince fatale.
Du verbe Salama , qui fignifie fe réligner ainfi à
la volonté de Dieu , eft venu le nom A'Iflam , qui
eft le propre nom de la Religion de Mahomer , &
celui de Mollemin , pour fignifier ceux qui la pro-
felVent. Nous l'exprimons par celui de Mufulmans.
Fleury. Ainfi Iflam eft la même chofe que Mufet-
manilme. Foye^Es-LAU.
ISLAMI. f m. Terme de Relation , qui fignifie Uni &
pacifique. C'eft un nom que les Turcs fe donnent
entre eux. Amicus pacificus. Ce fera à vous à vous
£iire paroître ce que vous êtes , à lavoir , bons Mu-
fulmans à votre laint Prophète , Se à votre Empe-
reur , Se entre vous bons Ifiamïs. VxgenÈre. Cont.
de Chalcond. L.IF.p. 4ÇI.
ISLAMISME, f. m. C'eft la même chofe que Mufulma-
nifme , ou Mahométilme. Les Mahométans difent
Eflam, ou Iflcim. D'Hcrbelot en a fait en notre lan-
gue Ifiamifime. Ce mot le prend pour la Religion
des Mahométans. Mahometana Religio , fiuperflitio.
Ce mot fignifie une entière foumilîîon & rélignation
du corps & de l'ame à Dieu , «Se à ce que Maho-
IS L
met a rcvclé de {a pan , en quoi confifte tout le Mu-
iulmaniihic. Les Muirtilm.iiis difciit que tous les
hommes naillènt dans ï'JJlamifme , mais que leurs
païens les en détournent , tk les engagent dans les
autres religions. D'Herbelot. Voyei encore Ismae
LISME.
Islamisme , fe prend aulli pour le pays que pollédcnt
les Mahométans. Mahumetanorum duio. J3'Merbe)ot
dit EjLimiac , & Iflamïfmc ; mais il s'en lient a ce
dernier. C'elt ainli , dit-il , que nous appelions la
Chrétienté fout ec qui elt habité par les C^hrétiens.
L'étendue de V Ijiamifmc du temps d'Ebn Alvardi ,
Géographe Aral|t qui vivoit Tan 383. de l'hégire ,
de J. C. 99/. étoit depuis la ville de Farganah ,
dans la Province de Tranloxante , ou de de là la ri
, vière qui eft le Zagarhay , litué au delà du Hcuve
Gihon , ou Oxus , julqucs aux rivages maritimes de
l'Iémcn , ou Arabie heureufe , fur 1 Océan , vers la
ville d'Aden. C'ellainli que l'on prend la longueur ,
qui comprend cinq mois entiers de caravane. Sa Lar-
geur cft depuis le pays de Roum , qui ell l'Anato
lie ( peut être a-t-on voulu dire la Romanie ) juf-
ques à Manfourat , ou Sourattc aux Indes , da]is le
Koyaume de Décan , & cet elpace contient quatre
mois de chemin. Ebn Alvardi ne comprend point
la partie occidentale de l'I/Iam/Jme , depuis l'Egypte
le long de l'Afrique jufqu'en Efpagne ^ parce que
cette partie de Vljlamifme , qui ell , dit-il , comme
la manche d'un habit, eft rellerrée par la mer Mé-
diterranée du côté du nord , & par les Nègres du
côté du midi. Depuis cet Auteur , la plus grande
partie des Indes, en y comprenant les Royaumes de
Vifapour , Se de Golconde, eft devenue Mahométa-
ne , & il les Mahométans ont perdu l'Efpagne , ils
ont beaucoup gagné du côté de la Grèce , de la
Hongrie & de la Tartarie. D'Herbelot.
ISLANDE, r. f. Nom d'une ile de l'Océan feptentrio-
nal. IJlandia. Elle eft iituéc tous le premier méri-
dien , & fous le cercle du pôle ArClique , entre les
côtes de la Norvège , des îles Britanniques , & de
la Groënlande. Quelques uns lui donnent loixante-
dix lieues de long , &: trente quatre de large , &c
d'autres la tont une fois plus grande. Les côtes en
iont aftez bien peuplées , on y compte environ trois
cents trente paroiftes -, mais le dedans du pays eîl; plein
d'aftreules montagnes. Celles d'Hécla , de la Croix
& d'Helga j iont les principales. Elles Iont en tout
temps chargées de neiges , & vomiffent des ftam-
mes comme le mont Gibel. Les plus grands jours y
font de vingt quatre heures preique entières , la nuit
n'y a pas plutôt paru qu'elle difparoît s les plus gran-
des nuits y ont la même longueur que les plus grands
jours. L'air y eft extrêmement froid , &: le pays eft
. couvert de neiges pendant neuf mois de l'année ,
auffi ne produit il point de grains ; mais les pâtu-
rages y Iont h bons, qu'on y nourrit une quantité
incroyable de bétail. Les rivières , les lacs & la
mer , fourniftent tant de poillon , que les habitans
en font un grand commerce. Ses lieux principaux
■ font Halar & Scalhot, villes Épifcopales , &c Befté-
de ou Kroningefcard , forterelfes , où le Viceroi
feit fa réfidence. Vljlande , que la plupart des Géo-
graphes prennent pour la Thulc des Anciens , fut
découverte lous le règne d'Harald Harfager Roi de
Norwége , par un pirate Norvégien , qui lui donna
le nom de Snecland, c'eft-à-dire , le pays de la nei-
ge. Le Roi y envoya pour la mieux découvrir l'an
891, un Norvégien nommé Flocke , qui lui donna
le nom à'IJlande , c'eft-à dire , le pays de la glace.
Maty. Gyraldus Cambreniis a fait la Topogiaphie
à'IJlande ; mais il y a mêlé tant de fables , que les
Savans n'y ajoutent point de foi.
ISLANDOIS , OISE, adj. Qui eft de l'île d'Ittande. If
landus. Les IJlandois font originairement Norvé-
giens , car peu de temps après que l'IjJande eut été dé-
couverte , comme nous l'avons dit au mot Islan
DE , les nobles Norvégiens ne pouvant fouffrir la
' domination d'Harald , qui les dépouilloit de leurs
privilèges , pafférent dans ï'IJlande , y tranfporterent
I S M 277
quantité de familles , S< ce fut ainlî qu'elle fut peu»
picc i auni on y a confcrvé le langage ik les maurs
des anciens Goths , Danois Hc Suédois , tk les hif-
toirés de ces peuples (èptcntrionaux écrites en vers.
L'an 1000 , Olaiis ïrygo , Roi de Norvège , y en-
voya des rrctres , pour convertir les IJ/andois au
Çhriftianifme j ks foins rculluent , on y établit deux
EVcqucs, un à H.alar , & l'autre à Sciiholr, & les
Iflandoh qui avoient confcrvé leur liberté julqu'a-
lors , fe ioumirenr aux Norvégiens : ils paUèrenc
avec eux {ous la domination des Rois de Danemarck ,
& ils reçurent enfuitc la confcliion d'Ausbourg , dont
ils font profedion. MatY. Ihéodoric , Moine du
douzième fiècle , qui a écrit un livre des anciens
Rois de Norvège , dit qu'il s'eft principalement fcr-
vi des annales des IJlandois , qui de tous les peu-
ples du Nord (ont ceux qui ont pris le plus de foin
de conicrver la mémoire des chofes palfées. Olaiis
Vormius a dit que leurs annales font très-curieu'.cs
fur ce qui s'eft fait dans les Hébrides , dans l'EcolIe
es: dans l'Angleterre , & même chez les anciens
Ducs de Normandie. Leurs anciennes hiftoires , &
celles qu'ils eftimcnt le plus , font en vers , parce
que les anciens Rois & Capitaines du Nord avoient
toujours auprès d'eux quelques Poètes qui faifoient
des vers (ur leurs vièlroires.
I S M.
ISMAEL. f. m. Nom d'homme. Ifmaél. Celui à qui
ce nom fut donné le premier, & pour lequel il ru:
fait , eft Ifmaïl , fils d'Abraham & d Agar , fer-
vante de Sara ; car ùi maitreftc la maltraitant , parce
qu'elle lui infultoit à caufe de fa ilèiilité , elle la
quitta , & s'enfuit dans le dcfert de Sur , où un An-
ge lui apparut près d'une fo)itaine , t\; lui ordonna
de retourner chez fa maitreflè Sara , & de lui ren-
dre les relpeèts qu'elle lui devoir. Il lui dit en mê-
me temps que l'enfant qu'elle avoit conçu d'Abra-
ham étoit un fils , & il lui ordonna de le nommer
IfmaïL , parce que Dieu l'avoir exaucée dans, fon af-
Hidlion.^ Ce nom eft compofé de "^mv , fchama , il
a écouté , il a exaucé , & Hè? , El , Dieu.
ISMAELIEN , ENNE , f. m. & f. & adj. Ce n'eft pas k
même choie qu'Ifmaëlite. Les Ifmaëlites font les
Arabes , mais les Ifmaëliens font les Princes de
deux Dynafties , dont la première règne en Afrique
& en Egypte ; Se la féconde dans l'Allé. Les pre-
miers font connus fous le nom de Fathémites &c de
Kalifes. Les Perfiens traitent les féconds Ifruacliens
d'hérétiques & d'impies. Foyei d'Herbelot , Bibl.
Orient. p. joj. On les appelle Ifmaëliens de Perfe ;
&: Ifmaëliens d'Afrique. Foye^ le même Auteur ,
Sjoi. au mot IsMAEL.
AELISME. ('. m. Prérendue religion qu'Ifmacl prê-
cha autrefois aux Arabes. Ifmaëlnica Religio , fec~
ta , fuperftitio. La conformité de nom entre l'Ifla-
milme , &c Vlfmaëiifme , a fait que plufieurs Doc-
teurs Mahométans ont confondu ces deux chofes ,
Se ont foutenu que la Religion enieignée par Ma-
homet Se fes Seélateurs ( & qu'ils appellent Illamif*
me ) n'eft autre chofe que celle qu'Ifmaël prêcha
autrefois aux Arabes. D'HerelioTj au mot Ismael.
ISMAELITE, f. m. Se f. Nom de peuple. Defcendam
d'Umacl. IfmacUta. Les Ifmaëlites font les enfans ,
les dcfcendans difma'èl j hls d'Abraham & d'Agar.
Kmaël époufa une Égyptienne , dont il eut douze
enfans , qui furent les Patriarches des Ifmaëlites ,
Az% Arabes , des Agaréniens , des Sarrazins , &c.
Parce que dans la Genèfe , Chap. XXXFII. les Mar-
chands auiquels on vendit Jolèph font appelles v.
2j Ifmaëlites , 8e v. 2S. Médianites , quelques In-
terprètes ont cru que Céthura , mère des Madiani-
tés , étoit la même qu'Agar , & que l'on appclla If-
maëlites tous les peuples qui delccndirent des en-
fans qu'elle avoit eus d'Abraham ; tk plus particu'
liérement ceux qui defcendoienr d'Ifmacl; mais cela
n'a pas grande apparence. Il eft plus probable que
c'étoient des Ifmaëlites ,évh\\s pour leur commerce
78
I S N
chez les Madianites ; aiiifi ils croieni: Ifmaeiucs
d'origine , & Madianites de domicile.
ISMANET. f. m. Terme de Calendrier. Nom du premier
mois des Danois , m.ois de Janvier chez les Danon :
on l'appelle aulîi Glugmanec , & ces noms ligni-
fient mois de la glace , ou des fenêtres fermées. Fa-
■hYLicivs. Menlol.p. 144.
ISMANING. Petite ville du Cercle de Bavière. //otu--
n'inga. Elle eft fur Hier , dans l'Évcché de rrtifin-
gue , entre la ville de ce nom , & celle de Munick.
Mat\'.
ISMÉNE. f. f. Sœur d'Antigone & des deux frcrcs en-
nemis Ethéocle oc Polinicc , naquit d'CEdipe & de
Jocafle.
ISMÉNIDES. f. f. pi. Nymphes du fleuve Ifménus.
ISMÉNIE. adj. f. Terme de iMythologie. Surnom de
Minerve. Il y avoir à Thèbes deux temples de Mi-
nerve , dont l'un s'appelloit Minerve Ifménie , à cau-
fe du fleuve Ifménus , fur le bord duquel étoit ce
ce temple.
ISMÉNIUS. f m. Terme de Mytologie. Fils d'Apollon
& de Mélie : il reçut de fou père le don de devi-
ner. Comme il étoit né fur les bords du fleuve La-
don , dans la Béotie , il donna fon nom à ce fleu-
ve , qui s'appela depuis Ifménius ou Ifménus.
ISMÉNO. Petite rivière de l'Achaïe , en Grèce. Ifmé-
nus , Ifménius. Elle baigne la ville de Thébes , év'
fe décharge dans le golfe de Négrcpont , à Une lieue
de la ville de ce nom , vers le couchant. Maty.
ISMîD. l'^oyei Nicomédie.
JSMYR. Foye-2 Smirne.
I S N.
ISNE 3 ou ISNY. Ville Impériale du cercle de Souabe,
Ifia. Elle t^ dans Argov/ , fur la rivière d'Arg ,
entre Lindav/ & Kemptcn. Cette ville ayant prêté
à Othon , Baron de Walbourg , dont elle dèpen-
àoit, la fomme de huit mille florins d'or , à con-
dition que s'il étoit tué à la guerre _, elle leroit li-
bre , elle acquit effectivement la liberté par ce
moyen l'an 15SJ. Ifie , dont le Gouverneur ell
Prote.flant , eft prile par la plupart des Géographes
pour l'ancienne ville de la Vindèlicie , nommée
J^ianci , que quelques autres Géographes mettent à
Weiflènborn. Maty. Long. 27 d. 45'. Lat. 47 d. 3 3'.
ISNEL , ELLE. adj. Vieux mot , qui hgnifioit , Vif &:
gaillard , prompt & léger. Alacer. On difoit encore
du temps de Ronfard , un vol ifnel , une courfc if-
nelle. Il eft maintenant hors d'ufige.
Ce mot vient de l'Allemand _/«<;/ , ou de l'Italien
fiidlo , qui fignifient la même chofe.
ISNELLEMENT. Vieux adverbe. Vîtcment , prompte-
ment. Alacriter ; cito , celeràer. Et quand ils virent
la route venir , fi couruent as armes mult ifnelk-
ment , que ils cuidoient que ce fulfcnt li Grieu. Vîl-
LEHARD. n. 19J.
Jf:s pieds mult .ifnellemenr.
S'agenouilla & humblement. Monstrelet. i. v
p. 61.
ol.
ISNELLETÉ. f. f. Vîtefle. Celcmas , velocitas. Et fâchez
que la ifnellcté dou cheval eft connue as oreilles. G.
DE GUIGNEVILLE.
JSNIC. Voyex NicÉe.
I S O.
ISOCÈLE , adj. Terme de Géométrie , qui fe dit d'un
triangle qui a deux côtés égaux. Ifoceles , Ifocelus.
Un triangle ifocèlc j tout triangle équilatéral eft ifo-
cèle \ mais tout triangle ifocèle n'eft pas équilatéral.
Quelques Auteurs écrivent ainfi , les autres ajourent
une j , fuivant l'étymologie. i'«,- égal, & skiMs, jam-
be , pied , parce que les deux côtés égaux (ont com-
me deux jambes qui foutiennent le triangle ifocèle.
ISOCHRISTE. f. m. & f. Nom d^une fede hérétique.
Ifochriflus. Vers le milieu du fixième ficelé , après
la mort de Nonnus , Moine Origénifte , les Origé-
jiiftcs (e diviiercnt en deux feftes à Conftantinoplc ;
les uns huent nommés Protodiftes , ou Tétraditcs ,
I S o
& les autres Ifochr'ifles. Ceux ci furent ainfi nom-
més , parce que Théodore de Cappadoce , l'un des
principaux ou le chef de la ieéle , difoit , dans un
écrit qui fut condamné au Concile de Conftantmo-
ple en 5^5. Si les Apôtres font à préfent des mira-
cles , & (ont en Çi grand honneur , quel avantage
recevront-ils dans la rèfurredtion , s'ils ne (ont égaux
à JÉSUS Christ.
i«>- , i\<i,mfie.femblabU , égal •■, & z^Uc , Christ.
ISOCHRONABLE. adj. m. & f. Terme de Mathéma-
tique. On veut Gvoir par quelle ligne courbe la
dclcente d'un corps pefmt eft ifochronable avec fa
chute perpendiculaire, c eft-à (^c , qu'il fe puilfe
Elire que la dclcente d'un corps (oit continuellement
aufll prompte que s'il tomboit à plomb du (ommct
de cette courbe , &c. Cette courbe eft la parabole
du premier genre.
ISOCHRONE, adj. m. &c f. Terme de Phyfique & de
Mathématique. Qui (e fait en temps égaux , qui a
une égale durée. Ifochronus , a. Les vibrations d'un
pendule (ont toutes Ifochrones , c'eft à-dire , qu'el-
les (e font toutes dans le même etpace de temps ,
foit que l'arc que le pendule décrit (oit plus grand ,
ou plus petit : car quand il eft: plus petit , il fe
meut plus lentement ; ëc quand il eft plus grand ,
il va plus vite. Harris. Les vibrations plus longues
ou plus courtes , lelquelles ne laillent pas d'être
ifochrones ou d'égale duiée. de la Hire , Académie
des Sciences 1705 , Mémoires , pag. 2?i6. La cy-
clo'ide eft la figure néceilaire pour fai'C que les vi-
brations longues ou courtes foient Ifochrones. Id.
Ce mot eft formé d'-«f , égal , & >p«« > temps.
)fT ISOCHRONISME. f. m. Qualité de ce qui eft ifo-
chrone. Egalité de durée , dans les vibrations d'un
pendule , en général d un corps quelconque. Il y a
trois chotes à conlidirer dans leurs vibrations •,
leur étendue & la véhémence du fon , qui fait l'in-
renfité; le nombre de ces vibrations , qui rend le fon
plus ou moins aigu ; & leur ifochromfme , d'où dé-
pend l'uniformité. Diderot.
ïff L'égalité de durée , entre les vibrations de dcux'
pendules diftèrens , s'appelle fynchroniime.
ISOCHRYSON. f. m. i-jvsp»?". Titre pompeux que Ga-
lien donne à un collyre. Lib. de Comp. Médic. I, '
iib. IV. c. 7. c'eft-à dire , qui vaut Ion pefant d'or. ■
Ifochryfon eft encore le nom d'une compoiition-
chimique dont Libavius fait mention , faite de ré-
gule martial , d'aiitimoine & de mercure , en par-
ties égales.
ISOLA. Nom d'un bourg ou petite ville des Véni-
tiens. Ifola , anciennement Alietum , Caflrum Halie-
ti , ou AquiU. Ce lieu eft fur une petite prefqu île
de la côte occidentale de l'Iftrie , environ à deux
lieues de Capo d'Iftria , vers le midi. Maty. Ce mot
eft Italien , & fignifie île. Infula.
Isola. Autre petite ville de la Calabre ultérieure ,
Province du Royaume de Naples. Infula , Efula ,
jîifiila , ^-"^fyla. Elle eft fituée près de la côte , &
elle a un Evèché j fuffragant de S. Sévérino , dont
elle efi: éloignée de fix lieues, vers le lud eft.
Isola. Eft encore le nom d'un bourg du Royaume de
Naples. Infula. Il eft dans la terre de Laboiu: , fur
une petite île du Gariglan , entre Sora & Aquino.
Cluvier met à quelques milles A' Ifola , du côté du
midi , l'ancienne Intcrramna , ville des Volfques ,
& une des douze colonnies qui refulérent du le-
cours aux Romains contre Annibal ; mais d'autres
la placent à Ifolette , ou à Torre di Termine , vil-
lage de la même contrée. Maty.
ISOLEMENT, f. m. Terme d'Architedure. C'eft la dif-
tance d'une colonne à un pilaftre ; ou de quelque au-
tre pièce qui doit être détachée des autres.
ISOLER. V. a. Faire une pièce d'Architcfture dé-
tachée & dégagée , & qui ne touche point à une
autre. Pour embellir ce château , il le fâudrbit ifo-
ler , le détacher de la balfecour qui y tient. Vn-
cadémie dit que ce verbe n'eft pas en ulage : da
moins eft-il certain qu'il eft beaucoup plus uiite su
I s o
Participe. L'ancienne Rome croit fi grande j qu'il y
avoit quarante huit mille mail'oiis ifoUes. Lti co-
lonnes iJoUcs font celles qui ne touchent à aucun
corps dans leur pourtour , ci- qui ne lont point join-
tes a la muraille. Les batiniens d'Italie lont la-piu
part ifoUs : ce qui ell plus commode , à caulc des
joins qu'on prend de tous côtes, des illucs qu'on a
iur les rues , Cs: qu ils iont plus à couvert des acci-
djiis du ieu. On appelle autel i/'olJ , un autel qui
Il c/t adollé , ni contre un mur , ni contre un piUicr.
§Cr En Phyliquc , ifoler un corps , c'elt l'empêcher de
commuiiiquer avec certains autres corps. Ce mot
eà i'ur tout d'ufage , lorfqu il s'agit d'Eledricité.
Isoler , (e peut lialarder dans le hgurc , pourvu qu'on
l'emploie comme lynonyme , ou avec quelque adou-
cilfiment. Réfl. Le favori n'a point de fuite ; il ell
lans engagement, &: lans liailon ; il peut être en-
touré de créatures , mais il n'y tient pas ; il eft dé-
taché de tout , & comme ifo/e. La Br. Les Fron-
deurs en fe prêtant au Cardinal Mazarin , pour fe
défaire du Prince de Condé , n'avoient cherché qu'à
VifoUr , & qu'à lui enlever le leul lecours qui l'a-
voir déjà lauvé. Mcm.fecr. de la Cour de Fr. IfJ' L'Ab-
bé Des fontaines avoit le coup d'œil pénétrant ; mais
il ne fe reprélentoit pas toujours l'objet en entier ;
il lavoit faihr les détaurs & les beautés ; mais il les
ifjlolt trop ,• Se les rapports lui échappoient. Mem.
de Trév.
Ah , que mon cxurn'ejl il de ces cœufs Ifolés ,
Qu'ipur aucun endroit ne tiennent à la terre !
Des H.
ISOLÉ , ÉE, part. Dans la plupart des pays de l'Afie ,
chaque f-amille eft , pour ainli dire , i/blee. Montesq..
Un homme {foie , libre , indépcndanr , qui ne
tient à rien , cell un être malheureux , pour qui
pcrlonne ne s'inrérelle , parce qu'il ne s'intérelîe
pour perlonne. 'Vous êtes ifolé de tout j, 6c vous
pouvez penfer quinze jours durant à un bon mot ,
lans que pertonne vous trouble , & aller après tou-
jours chaud de vin , le débiter par tout aux dépens
de vos amis : vous n'avez que cela à faire. Mo-
lière à fon ami Chapelle. F^ie de Molière.
Ce mot vient de l'Italien , & eif dérivé à'Ifola ,
Ile , à caule qu'une île eft environnée d'eau de tous
côtés , Se qu'elle ne touche point au continent.
SOMÉRIE. f. f. Terme d'Algèbre. Manière de déli-
vrer une équation de fraébions , qui iont toujours
incommodes dans le calcul. Cela fe fait en rédui-
fant en même dénomination toutes les fraéf ions , &
en multipliant chaque membre de l'équation par le
dénominateur commun.
Ce mot vient de ""': . e'gal ; & de /*.'f<i' > partie.
jCfCeft un terme de l'ancienne Algèbre. On dit au-
jourd'hui réduire les fraéfions au même dénomina-
teur , à la même dénomination.
[SONA. Petite ville de Catalogne dans la 'Viguerie de
Lérida.
SONZO. Fojei LISONZO.
SOP. Terme de Marine. Les matelots fe fervent de
ce mot entre eux pour s'exciter à hillér quelque
chofe.
Ce mot vient du Flamand hjs op , qui veulent
dire cà en haut.
SOPEHIMETRE. adj. Terme de Géométrie , qui fe
dit des hgures dont les circonférences font égales.
Les figures ifjpe'rimètres ont fouvent leurs aires ou
leurs capacités rrès diftérentes. Les figures fonr éga-
les quand leurs aires font égales , mais elles ne font
pas pour cela ifopérimctres. Deux parallélogrames
dont l'un a cinq &c fix pour côtés , Se r.iutre trois
Se dix , lont égaux -, car l'aire de chacun eft de trente ;
mais ils ne font pas ifopérimètrcs , le premier a
vingt deux de circuit , Se le fécond vingt fix. Si un
cercle eft ifopérimètre à une autre figure , fon aire
eft toujours plus grande.
CT On dit aulfi ifopérimétrique. Dans le i^. article du
49'- vol. des trauf. Phrl. on écablit une règle gé-
ISP 279
nérale , pour réfoudre les problèmes ifopériméiriqucs
de tous les ordres. Journal Ltk.
Ce mot eft Grec , Se compofé de '«î, aaTcalis ,
égal ; de "if , circum , alentour j Se de ^s'Jfi'a , mttiur^
/e mefurc.
iSOPbtPHE. adj. On appelle vers Ifopsèphes , les vers
conftruits de manière que les lettres numérales du
premier diftiquc , produilent le mcme nombre que cel-
les du lecond. (fJ" Les Grecs n'avoicnt point d'au-
tres chiUrcs que les lettres de leur alphabet. A li-
gnifioit un , i> deux , 1 trois , ainli du refte. Ils ap-
peloient mots Ifopsèphes , ceux dont les lettres cal-
culées produilent le même nombre ; ils avoient de
même des vers qu ils appeloient ifopsèphes pour les
mcmes railons. Les anciens Grammairiens avoient
découvert plulieurs vers Ifopsèphes dans Homère ;
mais c'étoit le leul hafird qiu les avoir produits. Un
certain Léonide s'avila d'en faire exprès , Se com-
poloit des Epigrammes dont les deux premiers vers
étoient Ifopsèphes aux deux féconds. Quand l'épi-
gramme n'étoit compolée que de deux vers , 8e
qu'on ne pouvoir par conléquent oppofcr diftique à
dilhque ; pour lors on oppoloit vers à vers ; c'eft ce
que M. Huet remarque dans 1 épigramme du dou-
zième chapitre du iixième Livre de l'Anthologie
commençant par ces mots : Eiça-f.sî», qui i-^'ç.(î
compolée que de deux vers , & dont chacun d'eux
forme le nombre de 41 11. Ce mot vient de '.-«?,
dqualis , Se «J'oipo? . calculas.
ISOPYRON. f m. C'eft le nom que Diofcoride donne
à une plante que plulieurs croient êtrel Ancolie.
Ce mot vient à' ■s"':, égal ^femblabk ; Se de jn-fif,
froment. Voye\ Ancolie.
ISORA-MUNE. f f Arbre qui croît au Malabar. L»
lue de fa racine palle pour excellent dans l'eupyê-
me Se dans les maladies de la poitrine , même en
application extérieure : il palfe pour bienfàifant dans
les éruptions cutanées Se dans les maux d'aventure.
ISORROPIQUE. f f. C'eft la même chofe que Stati-
que , & Statique eft plus ufité , ou le feul ulîté ea
notre langue. Voye\ Statique.
ISORROPOSTATIQUE. f f. Terme de Mathémati-
que. Partie de la Statique qui traite de l'égalité , de
l'équation des poids. Iforropoflatica. Paul Guldin
de S. Gai divife la Statique en huit parties , donc
V Iforropofiatique eft la troilicme. Foyeiç^ Statique.
ISOSCÈLE. adj. Terme de Géométrie. Foye^ Iso-
cèle.
ISOU. 'Ville des Indes dans l'île d'Amboine, dont elle
eft la Capitale.
I S P.
ISPAGNAC. Petite ville de France , au gouvernement
de Languedoc , dans le Gévaudan , Diocèfe de
Mende.
ISPAHAN , HISPAHAN , ASPACHAN , SPAHAN.
Nom d'une des plus grandes villes du monde. Af
pahamum , Ifpahamum j Hifpahanum. Elle eft Capi-
tale de la Perle , Se fituée dans la province d'Iérack ,
aux confins de celles de Fars Se de Chufiftan. La
fltuation de cette ville eft allez belle. Elle eft au itù-
lieu d'une plaine , Se elle eft environnée de tous
côtés j à trois lieues de diftance , d'un cercle de mon-
tagnes qui s'élèvent doucement en forme d'amphi-
théâtre. Elle n'a que la petite rivière de Senderut ,
dont les eaux fcurniftent des fontaines prefque à
toutes les maifons de la ville , arrofent les jardins
du Roi J & vont achever de fe confumer dans la cam-
pagne voifine. Les maifons à'Ifpahan lont bien bâ-
ties , Se elles ont prefque toutes leurs couvertures
en plare-forme , Se en ère on s'y promène , on y
mange , & on y couche même pour prendre le
frais. Il y a trois grands fauxbourgs : celui de Zulfa
ou Julfa , eft habité par les Arméniens ; les Géor-
giens occupent prefque tout celui d'Hafenabart. Et
celui de Kibrabath ou de Tabrifabath , eft rempli
de Payens. Ces fauxbourgs a\ec la ville font un cir-
cuit de douze
peine de faire
grandes lieues de France , qu'on a
dans un jour de chemin. Les P>.ois de
28d
I s R
Perle y font Icut ll'jour tlepuis environ quatre-
vingts ans , & ils l'ont embellie de plulieurs édifi-
ces publics, mofquées, marchés, caravanceras , ou
mailons deltinées à loger les étrangers , & à ferrer
leurs marchandiks. Quoique cette ville foit fort
éloignée de là mer , & des grandes rivières , il s'y
fait pourtant un très-grand commerce : les Indiens,
les Tartares , les Turcs , les Juifs , les Arméniens ,
les Géorgiens , les Européens François , Efpagnols ,
Italiens , Anglois ce Hollandois , tous ces dittérens
peuples trafiquent à Ifpahan. Au refte , cette ville
n'ell point fortifiée , elle n'a qu'une llmple enceinte
de murailles , de même que les palais du Roi. Il y
a un château flanqué de quelques vieilles tours , mais
qui n'elt d'aucune défenfe. Maty. Il y a à Ifpahan
plufieurs Millionnaires Catholiques qui travaillent à
la converfion des l'ayens , & à la réunion des Ar-
méniens à rÉglile. Dans deux afyles qu'il y a dans
Ifpahan , on fouftre les meurtriea-s & les aiîalîins
aulll long temps qu'ils ont de quoi s'y entretenir ,
mais on n'y fouftre les larrons que pendant deux
ou trois jours , à caufe de l'horreur extrême que
les Perlans ont pour le larcin. Maty. On croit
qu'elle a été bâtie fur les ruines de l'ancienne Hé-
catompylos , ville de l'Alie , qui avoir cent portes.
Les Géographes du pays mettent Ifpahan à qua-
tre-vingt-lix deg. quarante min. de longitude , & à
trente-deux d. 40 m. de latitude. Meilleurs de lA-
cadémie ne diftèrent point pour la latitude ou hau-
teur du pôle , mais ils ne mettent Ifpahan qu'à
quatre vingt-trois deg. trente min. de longitude.
On écrit quelquefois Hijpahan. Dans l'Orienr on
l'appelle Spahan , Spuhan , Sephaon ou Spahon ,
comme prononcent les Perlans , qui l'appellent auf-
li Dar el Seltenec , c'cft-à dire , ville ou liège du
Sultan ou du Roi. l'^oyei tur cette ville Tavernier ,
F'oyage de Perf L. IF. L'Etat prélent de la Perfe
par un Millionnaire François nommé Samlon j
Oléarius , Foyage de Pefe & de Mofcovie , X. F.
La Defcriptiou A' Ifpahan par M. Kempfer dans les
Amizmtatum Esotkarum , Polldco-Phyfœ-Medka-
rum Fafciculi V.
§3" Cette ville a beaucoup fouffert pendant le dernier
fiége de i/iz , par la famine autant que par la guerre.
Elle fut pillée , laccagée , ion commerce ruiné. Des
Arméniens de Zulfa ont écrit qu'il étoit mort à //
pahan , durant ce fiége , un milion quarante mille
perfianncs ; ce qui n'eft guère vraifcmblable , en
ajoutant même aux liabitans les peuples du voiîi-
nage effrayés par les Agvvans , peuples venus du
Candahar , qui ont délolé la Perle pendant trente
ans , &: y ont caulé l'étrange révolution qui a jette
ce Royaume floriilant dans un abyme de mal-
heurs.
|t3° ISP ARA. f. m. Nom d'une divinité des Malabares
fur la côte de Coromandcl. On repréiente ce Dieu
avec trois yeux &; huit mains ; il a une fonnerte
pendue au cou , une demi-lune & des leipens fur
le front.
I S R.
ISRAËL. C. m. Nom propre d'homme. Ifracl. C'efl: un
furnom que l'Ange donna à Jacob après la lutte
myllique de ce Patriarche .wec cet Ange , près du
torrent de Jacob , ainli qu'il ell rapporté dans la
Genèf'e , XXXII. 14, 18. Les enians à' Ifracl , c'eit
le peuple qui delcendoit de Jacob , les Ilraclites.
Ce nom , comme il efl dit à l'endroit que l'on
vient de citer , lignifie celui qui a prévalu contre
Dieu , & vient de THV , Sara qui iii,vàÇit principcm
e[fe , pr&vaUn, & de hS , El , Dieu. Un Ange con-
tre qui il eut un combat plein de myflères , lui
donna le nom à'Ifra'cl , d'où fes enfans font
appelés les Ilraclites. Bossuet.
Israël , eft auffi un nom de peuple , & fe dit dans
le ftyle de l'Ecriture pour les Ifraëlites , les defcen-
dans à'Ifraél , le peuple qui defcendoit de Jacob.
Car il ne le dit point en ce lens d'un particulier ,
c'cfî: un nom collectif , qui fignilîe toute la Natjon ;
I S R
dans les langues Orientales , c'efl: l'ufage de don-
ner aux peuples le nom du Patriarche , leur Chef,
dont ils tirent leur origine. Ifra'él , Ifra'éiua , Ifrae-
Uticus populus. Jacob dit à Éphraïm , ifra'él fera béni
en vous. Saci , Gen. XLVIII. 20. Va & aflemble
les Anciens d'Ifracl &c leur dit Lovan. Exod. III.
16. Vous irez, vous & les Anciens d'ifraël , vers le
Roi d'Egypte. Saci , Ibid. 18. Ayant choili parmi
tout Ifrat'l des hommes braves & courageux , il les
établit Princes du peuple , Exod. XFIII. 1 j. Et vous
Bethléem , terre de Juda , vous n'êtes pas la moin-
dre entre les principales villes de Juda ; puifque de
vous fortira le Chef , qui gouvernera Ifraél , mon
peuple. BouH. Alatth. II. 6. Je vous dis, en véri-
té , que je n'ai point trouvé une fi grande foi dans
Ifra'él même. Port-Royal , Match. FUI. 10.
Ce Mellie , qui devoir iauver Ifraél. Bourdal.
Exhort. T. II. p. 254.
Telle fut toujours la fignifieation de ce mot juf-
qu'à la fin du règne de Salomon , & fouvent en-
core après ; mais (ouvent aulîi depuis il a un fens-
moins étendu , &c ne s'entend que des dix Tribus'
qui à l'occalion de la dureté de Roboham j fe {&.
parèrent des deux Tribus de Juda & de Benjamin,;
& firent un peuple ou un état différent , qui
fes Rois patriculiers. C'eft en ce (eus qu'il fe pri
dans les exemples qui fuivent. Ifraël fe iépara de'
mailiDn de David , comme il l'eft encore aujoi
d'hui. Tous ceux à'Ifraél ayant ouï dire que Jérô'
boam étoit revenu , 1 envoyèrent quérir & le firent
venir dans une allemblée générale , où ils l'établi-
rent Roi fur tout Ifraél. Saci , ///. L. des Rois J
XII. 19 , 20. C'ell en ce fens qu'on appelle Rois]
d'Ifraël , par oppofition aux Rois de Juda , cei
qui régnèrent fur ces dix tribus , ëc Royaume à'I-
fraél l'État que formèrent ces dix Tribus , & qi
pendant 2jo ans eut fes Rois particuliers , depi
Jéroboam jufqu'à Olée j qui fut le dernier Roi d'JI
fraél. La Chronologie des Rois de Juda & celle des
Rois à'Ifraél clf marquée dans l'Écriture , & ne fpni
pas fi difiiciles à concilier qu'on fe l'imagine , Sil-
manafar détruiiit le Royaume à'Ifraél la neuvièûli
année d'Ofée , Roi à'Ifraél , &c la quatrième anniejl
d'Ezéchias , Roi de Juda.
Cette divifion du peuple de Dieu en deux peu-
ples &: en deux Royaumes , l'un appelé Jud.i , &
l'autre Ifraél , eft plus marquée depuis Jéroboam^
qu'auparavant ; elle paroît néanmoins plus ancien-él
ne , èv l'on en trouve des veffiges dans le premier chi-i
pitre du livre des Juges -, mais alors Juda comprcnoii k '
■Tribu de Juda è'c celle de Siméon , & peut-être |
aulli celle de Benjamin Se de Dan ; & Ifraél toutes,
les autres.
Au refte , depuis même que cette diftinôioa
la fignifieation de ces mots elt plus étabhe Se
marquée , on ne lailiè pas d'étendre encore le lïfea
d Ifraél à toute les douze Tribus en général , coiiune
il paroît par quelques exemples déjà cités ci delîus ,
& par 1 endroit même où cette diftinccion com-
mence à fe faire, ///. L. des Rois , XII. v. /7. où
il eft dit que Roboam régna fur tous les enfans à'Ifràtl
qui habitoient dans les villes de Juda.
On appelle aulli ce peuple enfins à'Ifraél , Fils
à'Ifraél , peuple à'Ifraél , peuple des enfans d'/-
fraél , hommes ou gens à'Ifraél , maifon à'Ifrûïl.
Dans la Vulgate , F'd'ù Ifraél , populus Ifraél , po-
pulus fil'iorum Ifraél, Firi Ifraél. Domus Ifn:..-
Tout cela conformément au texte Hébreu.
On dit encore , Tribus à'Ifraél , Armée à'I/r.:.: ,
Camp à'Ifraél , Terre à'Ifraél j confins d'Ifruù.
C'eft la Terre Sainte , les confins de la Terre Sainte.
Roi à'Ifraél s'eft dit depuis Saul jufqu'à Jéroboam ,
pour Roi de tout le peuple. Dcpuis_ Jcroboara il
n'eft dit que d^s dix Tribus qui le féparerent de
celle de Juda Se de Benjamin , & firent un Etat à
part , qu'on appelle Royaume à'Ifraél. Terre à'I-
fraél a aulli ces deux lignifications , &: lignifie quel-
quefois tout le pavs qu'occupoicnt les delcend.îiis de
Jacob j toute la Terre promifc , ou toute la Terre-
Sainte
I ss
Sainte -, quelquefois (lulcmcnt le p.iys des dix Tri-
bus qui luivirent Jéroboam.
ISRAELITE, i'. m. Se f. Nom de peuple, lils d'ifr.icl ,
defcendaiu j illii de Jacob, qui tut nommé Ihaci.
Jfnië/ita, Iraclues , m. Ifraéiuis, f. Ce nom a eu
en dittérens temps , & à dirterens égards plus ou
moins d'extenilon dans la lignification ; nous l'avons
expliqué au mot Israël. Les iiaints ont regardé le
miracle du buillon qui bride lans le conlumer ,
comme la figure de ce qui arrive aux véritables
élus , qui lont aftligés dans le monde , comme les
Jfraëlhes l'étoient alors par l'ordre de Pharaon , mais
qui ne lont point conlumés de ces Hammes qui ks
environnent de toutes parts. Royaum. Il arriva que
le fils d'une femme Ifra'd'ue , qu'elle avoir cii d'un
Égyptien entre les enhuis d'ilracl , eut une dil-
pute dans le camp avec un Ifraciat , ^c. Leva.
XXtV.io.
Ce mot a pallé en notre langue dans ce prover-
be 5 c'eft un bon Ifraclue , c'eit-à due , un homme
bon , franc >Sc hncère , craignant Dieu , & aimant
la julHce. Il eft tiré du Chap. I. v. 47. de l'Évangile
de S. Jean , où Jésus-Christ parlant de Natha-
nacl , qui étoit un homme incapable de tromper ,
dit : Voilà un véritable Ifraélue en qui il ji'y a nul
artifice. Delà elî venu l'ulage d'apeler un bon Jfraë-
lue , un homme (ans artifice & lans déguilemcntj <Sc
même un homme un peu lunple.
I S S.
ISSACHAR. 1". m. Prononcez le ch , comme un K.
Nom propre d'homme, Ijfachar. Ainli fut nommé
un nls de Jacob qu'il eut de Lia. Gen. XXX. \S I.
des Rois, IV. ij Ijjackar fm le neuvième des en-
cans de Jacob. Plulieurs prononcent iTachar , ou
I\achar, & peut-être même quelques-uns l'écrivent-
ils avec une feuleyj comme a taitHoftman en Latin.
Cela n'eft pas bien. Tous nos rraducl:eurs, le P.
Amelot , le Port-Royal, le P. Bouhours, M. Sniion ,
écrivent tous Ijjackar.
IsSACHAR, eft auilî le nom de l'une des douze tribus
ài'Ifraël , dont Iffachar fur le chef & le père. La
Tribu 6.' Iffachar étoit dans la partie du nord de la
Terre Sainte , dans la partie méridionale de la Gali-
lée inférieure. Elle avoir au couchant la mer Médi-
terranée , qui baignoic le pié du mont Carmel , qui
fiiloit fon extrémité de ce côté-là. De-là, elle s'éten-
doit en long vers l'orient julqu'au Jourdain , & étoit
entre la Tribu de Zabulon, au nord, & la demi Tribu
■ de Manallé d'en deçà le Jourdain au midi , dans un
terrein propre au labourage , comme la bénédiction
de Jacob le marque, Gcn. XLIX. i ^. //.
ISSANDON ou ISSAUDON. Nom de lieu. Exaudo ,
Exaudo Lcmovicum. Exaudo , Hifando , IJfando.
Valois croit néanmoins (\\iExando (i9i une faute, &
qu'il laut lire Exaudo. Ce lieu eft dans le Limoufin.
ISSANT^ ANTE. adj. Terme de Blafon, qui fe dit du
lion & des autres animaux qui fe mettent fous le chef
de l'écu, qui ne parollfent qu'à demi-corps, ou qui
fortent de quelque maiton , de quelque bois , &c.
Prodkns. Il eft difficile de diftinguer le lion ijjant
du naillant. Quelques-uns croient que le lion i[fant
eft celui qui (ort du champ de derrière un ample bla-
fon , montrant la tête , le cou , les bouts de jambes
de devant & l'extrémité de la queue contre le chef
de l'écu ; &c le naiffanc prend la lource environ le mi-
lieu du champ de l'écu , & paroit dehors du train de
devant & du bout de fa queue , comme s'il fortoit de
terre, &: lorfqu'il repofe le haut du corps contre le
champ de l'écu.
IssANT , fe dit auffi , en termes de blalon , d'un petit en-
fant nu, ferrant de la gueule d'un ferpent. Ainlî , on
dit aux armes de Milan , un enfant de gueules iffdnt ,
de la givre , ou ferpent onde & tortueux.
ISSAS. f m. Terme de Marine , eft une corde qui fert
à haulfer, ou bailfer, foit les vergues, loir les pavil-
- ^°"l" ^^^'^ amermam attollms. On l'appelle aulTi
^ drï£ë; &: le fep de drille eft au pié du grand mât, où
Tome l^.
1 S s
281
l'on amarre fon ijfas , ou fa ddfle, c'eft-à-dirc, la
corde qui fert à la grande vergue.
ISSÉ. 1. f l'ille de Macaré , qui fe lailfa féduirc par
Apollon déguifé en berger. M. de la Mothc a fait
une paftorale héroïque fur les amours d'Apollon &
à'ijje. Cet opéra parut pour la première fois en
ISSLDONS. f. m. pi. Peuples voifins des Hyperborécns ,
dit Mérodote. lis n'avoient qu'un œil, c'eft à dire,
que les grands froids de leur pays faifoient qu'ils
avoient prefque toujours fur le vilagc une efpcce de
malquc qui n'avoir qu'une ouverture pour les yeux j
on bien on a voulu marquer par-là que ces peuples ,
voilms du Pôle, étant la moitié de l'année dans les
ténèbres, n'avoicnt que la moitié de la lumière donc
jouill'jnt les autres hommes. Le mot de lumière fe
prend fouvent pour œil. Le même Hérodote raconte
des Iffcdons , que quand quelqu'un d'entr'eux a per-
du Ion père, tous les parens lui amènent beaucoup
de bétail , & après avoir coupé en morceaux le cada-
vre , ils mêlent les chairs avec celles des animaux &
les (ervcnr dans le feftiil , réfervant feulement la tête
du mort qu'ils enchàllent dans de l'or, & s'en font
une idole à laquelle ils offrent tous les ans des facri-
fices lolennels. Ces peuples dévoient donc avoir une
prodigieufe multitude de dieux , fi chaque chef de
tamiUe étoit ainlî honoré.
ISSEL. ICala^ Sala. Il y a le vieux, le nouvel & le petit
///c/. Le vieux Ijfel eft une grande rivière des Pro-
vinces-Unies des Pays-Bas. Elle prend fa fource dans
le Duché de Clèves , & entrant dans le Comté de
Zutphcn , elle reçoit le nouvel Ijfel à Doesbourg, &
cniuite elle baigne les villes de Zurphen , de Déven-
ter & de Campen , & peu après elle fe décharge dans
le Zuiderzée, par deux embouchures. Maty.
Le nouvel Iffel. Ilala nova , Foffa Drujlana ,
Drujiifojfa. C'eft un grand canal que Drufius , beau-
fils de 1 Empereur Augufte &: frère de Tibère , fit
faire. Il a environ trois lieues de longueur ; il prend
fes eaux dans le Rhin , deir.i- lieue au delîijs d'Arnem ,
& il les décharge dans le vieux IJJci , à Doef-
bourg. Id.
Le petit Ijfel , ICala miner. Rivière des Provinces-
Unies. Elle coule dans La Seigneurie d'Utrecht Se
dans le Comté de Hollande, baigne Illeftlin, Mont-
fort, Oudewater&: Gode, Se va fe décharger dans la
Meule, demi-lieue au delfus de Roterdam.
ISSELBOURG. Nom d'un bourg du Cercle de la Weft-
phalie. ITaloburgum, ou Iffelburgum. Il eft diuis le
Duché de Clèves , fur le vieux Iftel , aux confins de
Alunfter Se du Comté de Zutphen. quelques Géogra-
phes le prennent pour l'ancienne Alifo , ville des
Chamaves, que d'autres mettent à Almen , village du
Duché de Wcftphalie , fitué à la loujce de la rivière
d'Alme, & d'autres encore à Allen, village fur la
même rivière & dans l'Évêché de Paderbon. Maty.
ISSELMONDE. Nom d'une petite ile avec un bourg
de même nom. Iffelmunda , IffaU Oftium. Elle eft
formée par la Meule entre les villes du Dort & de
Roterdam , vis à vis de l'embouchure du petit Ilfel
dont elle a pris fon nom. Maty.
ISSELSTEIN , ou YSELSTEIN. Nom d'une petite
ville , avec un vieux château. YJfelJieinum , Iffeljlei-
num. Elle eft dans la Hollande méridionale, fur le
petit Ilfel , à deux lieues d'Utrecht. Cette ville eft
capitale d'un petit territoire qui eft une dépendance
du Comté de Bure, & qui appartient à la maifon de
Nallàw,
ISSENGEAUX, ou ISSIGNAUX. Bourg de France,
firué dans le Vêlai , à une lieue de la Loire & à deux
de la ville du Puy , vers le levant. Enjïgenjlum.
ISSER. v. a. Terme de Marine. C'eft haulfer les voiles
ou la vergue, & les faire monter au haut du mat.
Attollcre. Voyez Hisser.
ISSI. Village de France dans l'Illc de France, auprès de
Paris. On dit qu'il doit Ion nom à la Déelfe Ilis qui y
avoit un temple.
ISSINI. Le Royaume à'Iffîni eft dans la Guinée. Iffl-
nium. Il ne s'étend qu'à deux ou trois lieues dans les
Nn
^%^ ISS.
tmes, fur dix ou douze de côté, & ne contient que
dix ou douze villages. Le principal de tous , nomn.e
Airoco ou Alîuco , où le Boi rélide, ell litue dans une
île, & compote d'environ deux cents cales qui tonc
mille ou douze cents âmes. La terre eft balle & n'elt
* qu'un Cible blanc & aride qui porte néanmoins de
l'herbe propre à nourrir des troupeaux , li les Ncyrcs
en vouloient avoir. Elle eft meilleure dans les îles que
forme la rivière. Il y croit désignâmes^ des patates,
des bananes , des cocos , des palmiers , des caroliiers ,
des papayers, &c.
IssiNi , eft auffi une rivière qui arrofe le pays de même
nom , en Afrique. Iffinius Flavius. La nvicre Aijjun
eft un des plus beaux fleuves d'Afrique. Les Nègres
difent qu'à fix grandes journées , en remontant vers
lafource, elle eft bouchée par de grands cochers, de
deilus lefquels elle coule & forme une cafcade admi-
rable; enfuite elle eft navigable par tout & fe icpand
bien avant dans le pays & jufqu'au delà de 500 lieues.
Le P. Loyer. Relation du R. dlflini.
ISSÎNOIS , OISE. f. m. & f. Habitant du Royaume d II-
lini , dans la Guinée, 'ijjinenfis , IJJinictiJis . Les Iff^
noïs ne font point originaires du pays qu'ils habitent.
Ils y font venus d'une contrée plus orientale. Lesna-
turels du pays s'appellent Vétérez. Les IJjinois font
bien faits, d'une belle taille & bien proportionnes.
Ils ont un grand fom d'entretenir la blancheur de
leurs dents, en les frottant continuellement avec un
certain bois qui naît en leur pays, & ils ne lont pas
moins curieux du noir de leur peau qu'ils trottent
tous les jours avec du charbon broyé & délayé dans
de l'huile de palme. Ils ont de l'efprit , l'œil vif; ils
font fins , adroits , menteurs, voleurs , avares. Voyci
la Relation du R. P. Loyer. Les Iffimïs font étran-
gers par rapport au pays qu'ils habitent. Il n'y a pas
lonsçtems que les anciens habitans les reçurent dans
la v'ue de s'en fervir contre un autre peuple qui les
maltraitoit' , quoiqu'ils lui eulfent donné retraite
chez eux. Les i//Z«ow vengèrent les anciens habitans;
mais leur reconnoillance n'alla pas plus loin, & ils
devinrent à leur tour des hôtes fort incommodes. Il y
eut quelques guerres entre les anciens habitans cv
eux , & à la tin ils demeurèrent par accommodement
m.a;tres de la contrée qu'ils occupent fur le bord de
la mer , & l'ancien peuple qu'on nomme 'Vétérez ,
Te retira dans les terres le long de la grande rivière qui
arrofe le pays. P. Loyer.
La Religion des Ijfinoh contîfte à reconnoitre
Dieu , créateur du ciel c^' de la terre , <Sc honorer avec
beaucoup de fuperftkion leurs Fétiches. Foye^ Féti-
che. Ils croient la métempfychote &c une révolution
perpétuelle des âmes en ce monde & en un autre.
ISSIR, v. n. 'Vieux mot, qui fignilîoit autretois for-
tir, & qui n'eft plus en ufige. Prodirc. Vljfuc prof
pcre , &c vient à'ijfir qui eft aboli. La Bruyère , à la
fin du chapitre de quelques ufages.
Ce verbe faifoit au futur j'yftrai , tu y ftras ^ il yftra ,
nous yltronsj vous yltrez, ils yftront; car on l'écri-
voit par un y. Ec à ce pourra le Roi délivrer tant de
pouvrcs prinfonniers qui ont été prins au tervice de
Dieu & dufien, qui jamais n'en x/Zrowr^ s'il n'en va
aintî. JoinVii-LE.
ISSOIRE. Icciodorum, Iciodorum , Iciodnim. "Ville de
France , dans la Baffe-Auverne , fur la rivière de
Couze , tout auprès de l'Allier , entre Clermont &
Brioude. Maty. FoyeiYûoïs, Not. Gall. p. 24p.
long. 20. d. s s'- I •"• '-^t. 45. d. 3 3'. 56".
ISSON. f. m. Terme de Marine. On appelle IJfons ,
des cordages blancs de cinquante bralles de long &c
de quatre pouces de grotfeur , qui fervent à ijjer l'an-
tenne.
Ce mot vient de i^r qui eft Tufage auquel les cor-
dages aDpclés iffons font deftinés.
ISSOUDÛN. Nom d'une ville de France. Extlodunum,
Exolidinum , Exoldurmm , Eifoldunum , EJfodunum ,
Effoldunum , Iffoldunum , Iffuldunum. Elle eft dans
le Berri , fur la rivière de Thiols , à fept lieues de
Bourges , du côté du couchant. Quelques Géogra-
phes prennent Iffoudun pour l'ancienne Ernodorum ^
I S T
ville de la Gaule Celtique , que d'autres placent à
Saint Ambrois lur Arnon , village du Bcrti. l^oyei
Valois. Not. GalL p. i po. long. 18. d. 39'. 49". ht.
ISSOUDUNOIS OISE. Qui eft A'IJjouduri. Exoldunen-
fls , JJJbldunenfis.
ISSU , LiE. part, qui fe dit en Généalogie de ceux qui
font nés , defcendus de tels ou tels. Ortus, Ce mot
vient, auffi bien que le fuivant, du verbe ijpr,qm
n'eft plus en ufage. Il n'y a que les enfans légiti-
mes :, ijjus en légitime mariage, qui héritent. Ceux qui
font ijjus de noble race ont un avantage que npnt
pas ceux qui font ijjiis de pauvres parens. Fulîiez-
vous, ijjii d'Hercule en droite ligne. Boit. Les Rois
dont' il eft iffu , ont acquis le titre de i rès-Chré-
tiens. Pat. '^fS On dit coulîns ijfus de germain ^ ou
lîmplcment ijjlts de germain , pour dire les entans
des deux coulîns germains.
ISSUE, f. f. Lieu par où l'on peut Ibrtir. Exitus. On
a fait une nouvelle ijjue au palais qui dégage de
beaucoup d'embarras. On a bouché toutes les entrées
& les ijjues de cette ville. Il commanda d'environ-
ner la maifon, de peur qu'il n'échappât par quelque
ijjue dérobée. "Vaug. Le fceau d'Hermès ne lailfe
aucune iffue à la vapeur la plus fubtile. Un labyrin-
the n'a qu'une iJJue 'difricile à trouver. Pendant que
le fuc le plus pur des alimens pallé de l'cftomac
dans les canaux deftinés à faire le chyle & le fang,
les parties grofticresdc ces mêmes alimens font tcpa-
récs comme le fon l'eft de la Heur de la farine par
un tamis , & elles font rejertées en bas, pour en,
délivrer le corps , par les ijjues ks plus cachées &
les plus reculées des organes des fens, de peur qu'ils
n'en foient incommodés. FÉnel.
Issue , fe dit aufti de la fortic , du temps où l'on fort.
Les criées fe doivent faire alijfue de la méfie paroif-
lîale. J'irai vous voir à l'ijjue du dmer.
Issue , fe dit tîgurément en chofes morales, du fuccès
de l'événement des aftaires. On n'a jamais bonne
ijfue d'une enrrprife téméraire. Elles 's'enqueruienc ,
quelle avoir été l'iffue du combat. "Vaug. Saint ^aul^l
dk que Dieu nous donne avec la tentation , \'ij[fue.*^
Nous n'avons qu'une entrée poru" venir au monde, '
ëc nous avons cent ijfues pour en fortir. Bonne,
mauvaife iffue.
Ip' On le dit aulli des expédiens pour fortir d'une
aftaire. Je ne vois point d'ijjuek cette aftaire.
Ce mot vient du Latin exire. Vous leur ferez voir'
les iffues funeftes de leurs deffeins. Bouh. On s'em-:
barque tans y prendre garde fous des prétextas de'
piété dans des dilhpations qui n'ont nulle tîn , ni nulle
iJfue que celle de la vie. Cela s'appelle vouloir
mourir dans l'agitation , & non poirit dans la paix.
Ai. de la trape.
Droits d'iffue & d'entrée , dans quelques coutumes
font les lods & ventes , honneurs , & autres droits
fcigneuriaux qui fe payent au Seigneur cavier, ren-.'
tier, ou ceniiiel & direét , par le vendeur & par
rachereur de l'héritage aliéné , & redevable envers
quelque Seigneur foncier pour le vcft & déveft , fai-
fine , défaifme. On appelle en Latin ce droit des
noms fuivans , ingrejjus , imroitus , honorarius. Les
Empereurs Romains , quand ils étoient élus , fai-
foient aux foldats un prélent pour leur entrée , ou
leur avènement à l'Empire , ce prêtent s'appelok
Augujlaûcum.
#3" Issues , en termes de Boucherie & de Cuitine,
fe dit des extrémités iSc des entrailles de quelques
animaux. Les pieds , la tête , la queue , le cœur , le
foie , le poumon , la rare , &c. Trunculi. TruncuU
anfeVis , petite oie , ijJue , les pieds , les bouts des
ailes , la tête , le cou. Mangar une iffue d'agneau.
IS SUR-TILLE. Petite ville de France en Bourgogne,
fur la rivière d'Ignon , près de la Tille , avec Mairie,
grenier à Sel, & un HôpitaL
I S T.
ISTACHAR, ou ASTACHAR. C'cft la même diofe
qu'Eftarke
I s T
ISTARBA. Ville d'Alîc d.ms JcKorcan.
ISTHÉCHIA. Petuc ville de h Moiéc. IJIechia.Ble cd
iituce dans le pays des M.iiiiottes , près dti golfe de
Coron , à deux lieues de Chialifa , du -côté du midi.
Quelques Géographes la prennent pour la petite ville,
nommée anciennement Lcuctra Se Leucirum , que
la plupart mettent à Marina. Matv.
ISTÉVON , ONE. Nom d'un ancien peuple de la
Germanie. IJî^vo. Les IJlevons étoicnt au couchant
des Hermions, & au lud des Vindillcs , ils étoient
- bornés ailleurs par le Rhin & par la mer. Ils renfcr
m oient tous tes autres peuples , les Frilieiis , les
Bruftcres , les Angrivaviens , les AnfibariènSj les
Chamarres, les DulgibinienSj Les Maries, les Tu-
bantes , les Alariatiens , les Sicambres, les Ubiens,
les TenCtères , les Juhons , & les Martiaques. Ils
pollédoicnt une partie de la Souabe ^ une partie de
la Franconie , tout ce qu'on trouve à la droite du
Rhin , des cercles du haut & Bas Rhin , & celui
de Weftphalie , & des Pays-Bas , avec une petite
partie de la Saxe. Maty.
ISTHÉMO. Foyei ESTHAMO.
ISTHME, f. m. Terme de Géographie. IJlhmus. Petite
langue de terre qui joint deux continens, ou une
cherfonnèfe , ou péninfulc à la terre ferme, & qui
fépare deux mers. C'eft un mot Grec qui fignihe
encolure , parce que cette terre repiéfence un cou
qui joint la tête au corps. Les plus célèbres ijlhmes
font celui de Panama , ou de Darien , & ceux de
Sucs , de Corinthe , ou du Péloponnèle , ou de la
Moiéc. Vijlhme de la Tartaiie Crimée , autrement
ï'ijihmc de la cherfonnèfe Taurique , qui a une heue
de large , de la prelqu'ile de la Romanie & d'Érillo ^
ou l'ile de la cherfonncle de Trace , ou du mont
Athos , dans le Jamboli , province de Macédoine.
Il n'a que i 2 ftades : c'eft: celui que Xerxès fît couper.
L'//?AOTe ( de Corinthe ) efl: une petite colline picr-
reufequi eft large environ de dix milles , & nous vî-
mes en la montant, un i"ell:e de fondement de la mu-
raille que les Grecs appelloient Hexamile. Du Loir.
Voyage de Lèvent, p. 340. L'Afrique & l'Afic ne
font jointes que par un ifihme qui cil au bout de la
mer Rouge au Sues. Les deux continens de l'Amé-
rique ne font joints que par un ijîhme vers Panama.
On dit que plulieurs ont voulu percer Vijlhme de
Corinthe , ou du Péloponnèfe , pour faire com-
muniquer les deux mers j mais c'étoit une cntreprife
ridicule en un temps où l'on n'avoir pas l'invention
des éclufes. L'IJlhme de Corinthe , IJlhmus Corin
thianus , efi: large d'environ fix milles. Vljlhme
de Thrace , Ifihmus Tracïus , qui joint la Cherfon-
nèfe à la Thrace , a cinq mille de largeur. V IJih-
me de Macédoine ijlhmus Macedonicus , qui joint
le Mont Athos à la Macédoine , & que Xerxès fit
percer. Il a quinze cents pas de large. Vijlhme de
de la Crimée , Tauricus Ifihmus , a auftl i joo
pas de large. U Ifihme de Malaca dans l'Océan orien-
tal , Chryfius ou Malacenfîs ifihmus. V Ifihme de
Sucs , qui eft entre la Méditerranée & la mer Rouge ,
&c joint l'Afrique à l'Afie. Ifihmus Arabicus , a en-
viron cent- milles. VIfihme de Panama , ifihmus Pa-
namenfis , qui joint l'Amérique Méridionale Se
l'Amérique Septentrionale , a environ dix-huit lieues
de large.
Ce mot vient du Grec .'«^ù? qui fî^f^nific la mê-
me chofe , oppofé à m^fin; , qui fîgnifîe une mer
qui eft à l'étroit entre deux terres.
Les Anatomiftes appellent ihfime , cette partie
étroite de la gorge qui eft fituée entre les deux amyg-
dales. Ils l'appellent auiTî Détroit.
ISTHMIEN , lENNE. adj. m. & f. Qui appartient ,
qui a rapport à iTfthme de Corinthe , ou du Pélo-
ponnèfe. Iflhmius , a. Ce mot ne fe dit que des jeux
qu'on célébroit dans l'Ifthme de Corinthe , & des
Odes que Pindare a faites à l'honneur de plulieurs
de ceux qui avoicnt remporté le prix dans ces jeux
I S ^
Tom« V,
t 283
Théféc , dit que ces combats furent inftitués par
ce I fér(;v a l'imitation d'Hercule, qui avoir inftitué
les jeux Olympiens ; mais Archias , dans la première
épigrammc du Z. / de l'Anthologie, dit qu'ils le
furent par Mélicerte , ou Pala:mon, que les Latins
appellent Portunus ; d'autres difent que l'Inftitutcur
des combats IJlhmiens fut Nilis , hls de Neptune ;
<bc d'.uitres que ce tut Sifyphe , frère d'Athamas &c
Roi de Corinthe , à l'occalion que voici. Ino SC
Athanias eurent deux hls , Léarque & Méliccitc.
Athamas , en fureur, tua le premier; Ino fuyant
la fureur de fon mari fe précipita du haut d'un
rocher dans la mer avec le fécond. Un dauphin .ap-
porta le corps de celui ci fur le rivage , & Silyphe
le lit inhumer par Amphimaquc & Donarin. 'v'ers
ce temps la , Corinthe fut affligée dune violente
pelle. L'oracle confulté répondit qu'elle ne cclleroit
que lorfque l'on auroir tait un combat funèbre à
l'honneur de Mélicerte. On négligea d'obéir , & la
•pelte augmenta. Apollon confulté de nouveau répon-
dit qu il ne futlifoic plus de rendre des honneurs tu-
nébriîs à Mclicerte , qu'il falloit en établir de per-
pétuels. Silyphe donc inllitua les jeux Ifihmiens^
l'honneur de Mélicerte, qu'on honoroit déjà comme
un dieu marin. D'autres cependant font foi que
c'étoit à 1 honneur de Neptune quils fe railuienr.
Quoi qu'il en foit de tout ceci , c'étoit dans l'ifthme
de Corinthe qu'ils fe celébroient , & c'eft de ce lieu
qu'ils prirent le nom A'Ifihmiens. Archias dit dans
fon épigramme , que la couronne de pcrlil étoit le
prix du vainqueur dans les jeux Ifihmiens. Le Sco-
lialle de Pindare , & celui de \ Argonauticon d'A-
pollonius difent la même chofe. Plutarque écrit
dans fes Propos de Table , Sympociaca, & Strabon,
Llv. VIII , que le prix fut d'abord une couronne de
pin j qu'après on la changea en une couronne de
perfil , Se que dans la fuite on reprit 1 couronne
de pin. Voye\ fur ces combats le Scoliafte de Pin-
dare au commencement du IV^ Livre de ce Poëte.
Jean Benoît Se Schmidius au même endroit , Se
Broda;us dans fon Commentaire fur la première
Épigramme de 1 Anthologie.
Les combats Ifihmiens étoient devenus fi célè-
bres , fî facrés , qu'après la deflrudlion même de
Corinthe , on donna aux Sicyoniens la charge de
les continuer. Outre la couronne dont nous avons
parlé , on afligna encore dans la fuite une récom-
penfe de cent drachmes en argent. Le concours y
étoit il grand , qu'il n'y avoir que les principaux
des plus fameufes villes qui pullent y avoir place.
Athènes n'avoir d'efpace qu'autant que la voile du
navire qu'elle envoyoit tous les ans à Delos en pou-
voir couvrir. Solin s'eft trompé , quand il a dit , c . 7 ,
que ces jeux ne fe faifoient que tous les cinq ans }
c'étoit tous les trois ans. Voye-^ Saumaife fur cet
Auteur , Se P. Faber , Agomfi. C. Pajchalius de
Coronis , L. IF, c. 21 , Gafp. Barthius fur Stace,
I. FI, V. /4.
Les Ifithmiennes font le quatrième Livre des Odes
de Pindare , intitulé Ifihmia on Ifimionicis. , Se faites
à l'honneur des vainqueurs dans les jeux Ifihmiens.
ISTHMION. f. f. Terme d'Antiquaire. Efpèce de
coofture des femmes chez les anciens Grecs : orne-
ment qui ceignoit Se couronnoit la tête. Ifihmium j
Ifihmiaca , orum. La tête couronnée de VIfihmion.
Baudelot , HJl. de Ptol. Aul. p. II , C. 8 ^
P- 34P-
ISTHMIQUES. adj. m. Se pi. Les jeux Ifihmiques
étoient des jeux qu'on célébroit tous les trois ans
dans la Grèce j à l'exemple des jeux Olympiques.
IJlhmica. Ils furent inftitués par Sifyphe , Roi de
Corinthe , à l'honneur de Mélicerte , environ treize
cents cinquante ans avant la nailîance de JÉsus-
Christ. On les appeloit Ifihmiques , parce qu'on
les célébroit dans l'Ifthme de Corinthe , près du
temple de Ncprune. Plulieurs difent IfihmLens.
Fûye\ ce mot.
ISTIGIAS. Nom d'une petite ville de la grande Tar-
tarie. Ifiigiafa, Elle eft dans la Mawiralnaha , au
Nn ij
284 I T A
ieptenrrion de Briifdafcan. Quelques Géograplies îa
prennent pour l'ancienne capitale de la Baélriauc ,
jioinmée Charïafpa , Zariafpa &c Baclra , que
d'autres mettent a I3alch. Mat y.
ISTIMON. Voyei HsTHAMO,
ISTRES. Ancien bourg de la Provence , Province de
France. A(iromela. Il cil lur le bord occider.tal de
la mer de Martigues , près de la folié Crapone j à
deux lieues de Berre , & un peu moins de Terriére,
vers ie couchant. Maty.
ISTRIA ou ISTRIE. Ville de l'Etat de Vcnife , & ca-
pitale de 11 Itrie. Caput IJIn£;on la nomme Capo
d'iftria. Elle ell fituée fur une petite île du golfe de
Triefte , & jointe à la terre-ferme par des ponts le-
vis. Cap o d^IJIria , qm a un Évèchc lutiragant d'A-
quilée , fut nommée anciennement ^gida. Elle prit
cnfuite le nom de Jujîinopolis , à 1 honneut del Em-
pereur Juftin qui la rétablit.
ISTRIE. Nom d'un pays de l'Italie. Iftria. Il s'avance
en forme de pielqu'ile dans le golfe de Venife , ayant
au nord les montagnes délia Vena , & la rivière de
Rifano , avec le petit golte de Muglia , où elle (e
décharge , qui le {épatent de la Carniole & du F rioul ..
où ell Triefte Se fon territoire , quoique quelques
Géographes la renferment dans Vlfirie. L'air de ce
pays eft fort groiiler , principalement vers les côtes ;
Je terroir produit abondamment du vin , de l'huile ,
des p.uurages , Se du bois propre à conftruirc des
jiavires ; on y trouve aulîi àcs carrières de beau mar-
bre. Les Vénitiens pollcdent pour le moins les deux-
tiers de ce pays. Ils ont toutes les côtes , depuis la
petite ville de Muglia , jufqu'à celle de Fianone.
On y trouve Capo d'Iftria , capitale & réildence du
Gouverneur; Purano , Citta Nova, Parenzo, Ro-
vigno j Pola Se Albona ; &c dans les terres ils tien-
jienrS. Laurcnzo j Montona j le Marquiftt de Pié-
tra Felola , avec tour ce qui ell au midi & au cou-
chant de ces places. La mailon d'Autriche poll'éde
ce qui ell vers l'orient leptentriojial , où Ton trouve
Pedana,Pifino , Colliac ^ Polana, S. Weit, Se quel-
ques autres. Maty.
ÎSTRIE. ( Rose d" ) Foy. Rose.
ISTRIEN , ENNE. f. m. Se f. Nom de peuple. Qui
ell d'Illrie. IJlrius _, a.
Bientôt aux yeux de tous fe s flammes lumlncufes
Montrent les Illrieas_y7</' des roches affrcufcs.
Brébeue.
ÎSTROPOLE. IJlropolïs. Ancienne ville fur la mer
Noire , à l'embouchure du Danube , c'étoic une
peuplade de Miléliens.
I T.
IT f. m. Terme de Calendrier. Nom que les Igu-
l'éens donnent à l'onzième Giagh de leur cycle duo-
dénaire d'HEr<.BELOT , Bïhl. Orient p. jo6. Iguno-
rumcydi pars undccima. C'ell aullî le nom de l'on-
zième de leurs figncs ccleftes , Se de l'onzième
heure du jour. Ce mot en leur langue lignifie
chien.
I T A.
ITA EST. Termes Latins qui veulent dire , cela efi
ainjl. On les emploie dans la pratique des afîaires
en cette manière. Lorfqu'un Notaire qui a reçu
\\'\ contrat ell décédé ou ablent , le Scelleur du
Chàtelet qui a un regiftre fur lequel font toutes les
fignatures de chaque Notaire , met lur l'expédition
ita efl , après qu'il en a vu la minute j cela lient
lieu de fignature. On donne un genre malculin à
ces mots , & on dit le Scelleur a mis fon ita efi.
ffT Ainfi X'ita efi efl un certificat mis au bas de l'ex-
pédirion faite après la mort ou pendant l'abience du
Notaire qui a reçu la minute de l'aéle \ par lequel
certificat le Scelleur attefle que ce qu'il figne , &
fcelle du tceau duChàcclet, ell véritable, & qu'on
doit y ajouter loi.
A
§3" Cet Orficicr s'appelle quelquefois Tta efi du Chà-
telet , & l'on dit chez les Notaires, l'aile eft chez
„ Vlta efi,
ITABERAÇA. Nom d'un village d'Indiens du Para-
guay , dont les habitants ont fait une ville en fc
conveitillant à la Foi. Itaberaca. Voyez Hifi. Paraq.
L. m , c. 32.
^3° ITABU. L iTi. Arbre du Japon , clpèce de figuier
fauvagc , dont le fruit ell de couleiu purpurine , &
la ieuille longue de quatre ou cinq doigts , terminée
en pointe & lans découpure.
ITACLE. f. m. Terme de Marine. Cordage qui eft
amarré par en haut au milieu d'une vergue contre
les racages , Se va palier par l'encomade , qui Icrt
à faire couler la vergue le long du mât. Antennt
[unis helciarius. Ce mot s'écrit diverlemeiit , itaque ,
étagle , étaque , ifiacle & fiague ; itdgue j étague ,
font plus en ufage que les autres mots. Itague
de la grande vergue , ou grande itague : itague de la
vergue de grand hunier; itague de grand perroquet:
de niiléne : itague de la vergue d'artimon , c'efl une
itague limple : itague de la vergue de perroquet de
longue : itague de la vergue de civadière : itague de
perroquet de beaupré : itague de palan: faulîe itague
ell une manœuvre qui eft ordinairement frappée au
côté gauche du vailleau , Se va palier par une poulie
au derrière du mât de hune , & va le joindre a la
drille du hunier par une poulie de palan. Son uiage
ell de icrvir à hiller le humer, Se par occafion à
citer le mât de hune. ftCF C'ell une manœuvre cou-
rante qui pallc dans deux fortes poulies à la tête de
chaque mât de hune , & de-là dans une autre pou-
lie lur la vergue de hime , ( où elle fait quelquefois
dormant ): delà elle le fixe lur les poulies de drille
de chaque côté : elle fcrt à hiller les huniers dont
elle porte tout le poids. Il y a des itagues de perro-
quet , de grand foc j &c. En un mot toutes les
mana-uvres qui ne font miles en aélion que par une
autre plus courante , s'appellent Itagues.
ITAGUE, ITAQUE ou ÉTAGUE. Foyei l'art, pré-
cédent.
ITAL , ALE. adj. Vieux mot. Tel.
ITALA ou AT AL A. Nom d'un bourg de Sicile.
Jtala , Atala. Il eft fitué dans la vallée de Démona ,
entre Melline Se Toarmine. Maty.
ITALE. f. m. & f. Nom de peuples. Italien , habitant
d'Itahe. Italus. Il faut dire Italien en parlant des
temps préfens. Itale ne fe dit que de l' Antiquité ,
(Se fur tout des premiers habitans de l'Italie , depuis
qu'elle a porté ce nom.
Chacun quitte fon pofie , & d'une force égale
On voit cingler fur l'onde & le Grec & /'Italc .
Brébeuf.
tfT ITALIANISER, v. a. Se dit proprement des Ita-
liens qui inttoduifent des mots étrangers dans leur
langue , en leur donnant la teruimaifon Se i'in-
Hexion de cette même langue.
§3" Italianiser, s''eft dit parmi nous pour introduire
dans notre langue des mots Italiens. Du, temps de
François I , plufieurs courtilans introduiloient dans
notre langue quantité de mots Italiens. Pour s'op-
pofer à cet abus , Henri Etienne publia en 1J7S
deux dialogues du nouveau langage italiani/e , ôc
autrement déguilé par les courtilans de ce temps.
§3" S'Italianiser ., Prendre les manières d'Italie ,
foit pour le langage , foit pour les modes du pays.
|tr Italianisé _, ée. parc. & adj. François italianife.
ITALIANISME, f. m. Façon de parler Italienne.
Menagiana.
ITALIE. Nom d'une gtande région de l'Europe. Italia.
Elle a pris fon nom ou d'Italus , un des Rois qui ont
régné, ou de ces. bœufs que les Grecs nommoient
haies. Elle a porté anciennement plulleurs autres
noms , comme celui de petite Hefpétie , pour la dif-
tiiiguer de l'Efpagne , qu'on nommoit la grande
Hefpérie , Se ceux de Saturnie , d'Œnotrie & d'Au-
fonic. Elle eft au milieu de la Zone tempérée se-
I T A
lendant entre le trente fcpt Se le quar.xnte-fixicmc de-
gré de Luitudc (cptennioiiale , &c entre le vingt cinq
ik. k qu.uantieaie de longitude. On lui donne deux
cens quarante lieues de loiigucur , depuis les confins
de la Savoye , julqu'à l'exciéinité du Royaume de
Naples; pour (a largeur elle elt li Korc inégale , qu'on
n'en peut pas donner une jufte idée, L'Italie c[\. très-
forte par la nature de la lituatioii ; c'ell une pre(-
qu'ile, bornée au couchant, en partie au nord,
par les hautes montagnes des Alpes , &c baignée
ailleurs par la mer Méditerranée. Elle ell: la plus cé-
lèbre région de l'Europe , ayant été anciennement
le lîége de l'Empire Romain j & Rome , fa capitale ,
étant, depuis l'établillèment du Chriftianilme , le
fiégedu premier 'Vicaire de Jésus-Christ. L'Icalic elt
belle , on la nomme le Jardin de l'Europe. L'air
y eft fort tempéré & fort (ain , à la rélerve de l'É
tat Eccléhaftiquc où il eft allez grollier. Le terroir
elt tort fertile j il produit abondamment du blé , du
riz , du vin , de l'huile , des oranges, des citions ,
des grenades, toutes fortes de fruits "-c de Heurs, du
miel , de la foie j & même du coton & du lucre
dans le Royaume de Naples. Ses forets fourniilent
toute forte d& gibier , & les montagnes de beaux
pâturages , où l'on nourrit quantité de bcftiaux. On
y trouve encore des mines de foufrc , de fer , &■
même d'or & d argciit ; pluaeurs carrières d albâ-
tre , de jafpe , ik de toutes les efpéces de marbre.
L'Italie eft montagncute; outre les Alpes qui Ten-
vironnenr vers le couchant , 6c en partie vers le
nordj'clle a l'Apennin qui la traverfe du couchant
au levant , le Mont Vefuve ou di Somma , qui
vomit des flammes , le Mont Gargan , &c. Ses prin
cipales rivières font le Po , le Tibre , l'Arno , l'Addi
Se l'Adige , auxquels on peut ajouter le Tclin , la
Dora , la Sellîc , l'Oglio , le Tajamento , le Ta-
naro j le Gariglan , ù'c. Il y a pluiîeurs grands
lacs , le lac Majeur, ôc ceux de Lugano , de Como,
d'Iféo, de Garda, de Pérugia , de Bolféna, de Brac-
ciano , de Célano , &c. Comme l'Italie repréiente
allez la forme d'une- botte , cela a donné lieu à la
divifcr en trois parties générales, i". La genouillière
de la botte , qui renferme toute l'ancienne Lombar-
die. 1°. Le haut de la jambe , où font les États de
l'Églifé& de Tofcane. 3°. Le bas de la jambe &: le
pié , qui font le Royaume de Naple-s. On y met
ordinairement une quatrième partie , qui comprend
les îles d'Italie , dont la Sicile , la Sardaigne , la
Corfe , & les îles de Lipari font les principales.
Ces contrées renferment un grand nombre d'États
fouverains. |K? L'Empereur, ci devant Duc de Lor-
raine pofléde la Tofcane , le Duc de Savoie la Sar-
daigne. f). Philippe fils de Charles III , Roi d'Ef-
pagne , Naples ôc Sicile. D. Philippe , Parme , Plai-
fance & Gualtalla.
Le Roi de France y polTéde la Principauté de
Monaco ; il avoit aulll Pignerol ôc fon territoire ,
qui fut rendu au Duc de Savoie par la paix de 1 696.
Outre ces États poifédés par des Princes étrangers,
on y voit encore ceux du Pape , de la République
de Venife , ôc de celle de Gènes. De plus , il y en a
plutîeurs moindres , qui font les Républiques de
Lucques ôc de S. Marin ; les Duchés de Maffa ,
de Guaftalla , de Sabionette , de la Mirandole , que
TEmpereur tenoit de Bracciano ; le .Comté de No-
vellare -, les Principautés de Bozzolo , de Malferan ,
de Piombino , de Caltiglione & de SoUarino ; ôc
les Marquifats de Fofdinovo j ôc del Monts. Il n'y
a point de pays en Europe , où l'on foit fi avide de
grands titres qu'en Italie : tout y eft plein de Princi-
pautés , de Duchés , de Comtés , de Marquifits,
&c. Un petit Fief luffit pour acquérir ces illaftres
titres. Les Archevêchés & les Évêchés y font aulïï
fort nombreux. Il y a plufieurs Univerlités , dont
les plus célèbres font celles de Salerne , de Naples ,
de Rome , de Fermo ^ de Macérata , de Boulogne ,
de Ferrare , de Sienne , de Pife , de Turin , de
Pavre , de Padoue ôc de Venife. Il n'y a prefque
point de ville qui n'ait une Académie, toute lltu-
I '^
1 A 285»
lie a une langue commune tirée du Latin, de mê-
me que la Fran(,oife ÔC l'Efpagnolc ; ôc elle e(t plus
pure dans la Tofcane ^ qu'en aucun autre lieu.
L'Inquilition elt établie dans tous les États de l'Ita-
lie, pour y conferver la Religion Catholique dans
fa pureté. Il y a pourt.ùit encore quelques Vaudoiî
dans le Piémont , ôc quelques Réformés étrangers
dans les villes maritimes , où on les foulfrc à caufc
du commerce. Les Juifs y ont des Synagogues juf-
quesdans Rome. On t'ouilrc auiîi dans Rome même,
que les Grecs ôc les Arméniens Catholiques y f^f-
fcnt l'exercice de la Religion , félon le rit de leur
pays. Rome eft la capitale de l'Italie , ôc l'emporte
fur toutes fcs autres villes en antiquité ôc en auto-
rité. On diltinguc les principales villes d'Italie , par
des qualités qu'on leur a données,, Se l'on appelle
Rome la Sainte , Naples la Noble j Florence la
Belle, Gènes la Superbe, Milan la Grande ^, Ra-
venne lAncienne, Venife la Riche ^ Padoue la Doéte,
Boulogne la Grade , Livourne la Marchande , Vé-
rone la Charmante , Lucques la Jolie , & Cafal la
Forte. Celle-ci a perdu fbn titre avec fes fortifica-
tions, fa citadelle ôc fon château l'an 1694. En Ita-
lie on compte les heures autrement qu'on ne fait
ailleurs. On commence à compter la première heure
à l'entrée de Li nuit , & on continue à compter juf-
qu'à vingt-quatre heures. Les Italiens ont plufieurs
bonnes qualités ; mais ils en ont grand nomljre de
mauvaifes. Ils font polis , adroits , prudens , ingé-
nieux , politiques ; ôc ils ne m.inquent pas de valeur
quand ils (ont aguerris ; mais ils palfcnt pour être
extrêmement vindicatifs.
Bochard prétend que l'Italie n'étoit d'abord que
le pays des Brutiens avec une partie de la Lucanie ;
c'eit a dire j le bout de la Calabre ultérieure, du
côté de la Sicile , entre le golfe de Squilacie ôc celui
de Sainte Euphémie. Ariftote , Poluicor. L. f^IIy
c. 10. Antiochus de Syracule , Auteur encore plus
ancien qu'Ariltote , cité par Denis d'Halicarnallfe ,
ôc Strabon , L. VI , l'allurcnt , ôc le premier dit
qui! ne l'écrit qu'en fuivant le fentiment des plus
habiles du pays. Bochard va plus loin ; il prétend
que ce font les Phéniciens qui donnèrent ce nom à
cette petite langue de terre. Car comme elle étoit
pleine d'arbres, appelés Pifea ,d'où découle la poix ,
&: que les Talmudiftes nomment la poix i i. Itran ,
il conjedure que les Phéniciens nommèrent ce
pays snai£ , Itaria, comme qui diroit Picearia,
Pépinière de Picea , ôc que changeant l'r, en /,
d'Itaria on a fait Italia. Il traite de fables ce que
dilent les Grecs , que ce mot lui vint du mot Ita~
lus jqui fignifîoit un bœuf, un taureau , comme on
le voit dans Héfychius,& qu'on lui. donna ce nom
parce qu'elle abondoit en cette forte de bétail , ainfi
que Varron ôc Columelle l'écrivent ; ou bien parce
qu'un bœuf d'Hercule palla de-là en Sicile à la nage.
Il ne croit pas non plus que ce foit un de fes Rois
nommé Italus , qui lui ait donné ce nom , foit qu'on
le falle Sicilien avec Tucydide ; ou (Enotrien , avec
Antiochus de Syracufe , ou qu'il fût fils de Télé-
gone ôc petit-fils d'UlilTe , ainfi qu'il a plu à Idy-
gin. Lifez le Chap. 33 du I. Livre du Chanaan de
Bochard.
PÈCHE d'Italie. Voye\ Pêche.
ITALIEN , ENNE. f. m. Nom de peuple. Habitant
originaire d'Italie. Italus , a. Les Italiens font na-
turellement fagcs. Charles V difoit que les Italiens
paroilloient fages ôc l'étoient. Les anciens Italiens
ont eu de grands génies dans tous les arts, les Ci-
cérons, les Virgiles , les Varions, les Horaces , les
Tites-Lives , &c. Les Italiens modernes ont encore
autant d'efprit qu'en avoient les anciens , mais ils
n'ont pas le goût fî bon , & ne pCnfent pas fi natu-
rellement. Le Marquis d'Orfi a pourtant fait leur
apologie contre les Critiques du P. Bouhours dans
fa Manière de bien penfer. D'ailleurs j il ne faut en-
tendre cela que de ceux qui ont écrit en Italien.
Ange Politien j Fracaftor , Sannazar , Flaminius ,
Manuce , Maftce ^ Bembe , ôc plufieurs autres ,
86
1 T A
ont t-cnt d'rjilf bon goût que les Anciens ; mais
en f.iic de Pcintiire , de Sculpture & d'Architec-
ture civile , les lïuIL'/is niod^rncs l'ont emporté lur
tous les peuples du monde. L'huaieiir des Italiens
dent de la vivacité Françoile & de la gravité Elpa
gnole. Les Italiens (ont vindicatil-s, &. ne fe récon-
cilient guère.
On dit un Italien, un Poëte Italien, la poëfie
Italienne , les vers Italiens , les Peintres Italiens.
La Muùque Italienne. Un motet Italien , un goût
Italien. Un régime Italien. Les troupes Italiennes
ne font pas communément fort bonnes. Un Hillorien
d'Italie cil mieux qu'un Hillorien halien ,_ à caule
de la cacophoni 3 que lait la terminailon l'emblable
des deux mots -, Riccioli eft un excellent Ma-
thématicien & Aftronome Italien. On ne dit point
les places Italiennes, non plus que les places Alle-
mandes, comme l'on dit les places Françoit'es, les
places Etpagnoles , les places HoUandoiIes.
Italien, i". m. Langue qu'on parle en Italie , lan-
gage d Italie. Lingua Italica , Sermo Italicus. L'I
talien\iem fans doute du Laun -, &: de toutes Icslan
gués qui fe font formées de la Latine , il n'y en a
point qui porte un caracl-ère plus viiible de fon ori-
gine , que [Italienne. L'Italien cft une des langues
modernes les plus parfiites ; on y trouve des mots
ôc des phrafes pour repréfenter toutes les idées ,
exprimer tous les fentiniens , s'énoncer fur toutes
fortes" de matières j nommer tous les inlkumens des
Arts , toutes les nouvelles inventions -, mais on te
plaint qu'il a trop de diminutifs , & de fuperlatifs ,
ou plutôt d'augmentatifs : c'ell peut-être une injuf-
tice qu'on lui fait , & fi ces mots ne préfentent à
l'efprit que la jufte idée des chofes , ils ne font pas
plus blâmables que nos hyperboles & nos pléo-
nafmes. Cependant il faut avouer que le caraélère
des Italiens eft fort difterent du nôtre , Se c'eft peut-
être ce qui nous iait trouver des défauts dans leur
langue ; car quoique ['Italien foit propre pour tous
les genres d'écrire , pour tous les l^yles , pour tou-
tes les matières , comme les Auteurs le peignent
dans leurs ouvrages , il y en a quantité qui ne réuf
filfent pas quand ils font traduits en François , &
que nous ne (aurions goûter , même dans la langue
dans laquelle ils ont été écrits. La multitude d'E-
tats fouverains qui partagent l'Italie , a introduit quan-
tité de dialeéles dans ['Italien , qui font tous bons
dans le pays où l'ufige eft de les parler. On préfère
communément ['Italien de Tolcane aux autres dia-
leâes j & la prononciation Romaine à celle des
autres villes d'Italie , d'où efl: venu le proverbe Ita-
lien , Lingua Tojlana in bocca Romana. On entend
l'Italien dans l'Europe, &: bien des gens le parlent
en Allemagne , en Pologne , en Hongrie. A Conl-
tantinople , dans la Grèce , &c dans les échelles du
Levant, on parle autant ['Italien que la langue du
pays -, l'Italien efl: la langue commune de toutes les
nations , c'efl: la langue du commerce pour toutes
les perfonnes qui font de difFérens pays ; il n'y a
que le François , qu'on entende aulli communé-
ment , &c qu'on parle prefque auilî univerfellement
en Europe que [' Italien. Il eft vrai que Y Italien qu'on
parle dans les Échelles du Levant , &: qu'on appelle
franc , n'elt pas le pur Italien qui fe parle en Tof-
caiie & à Rome , mais il eft mêlé de beaucoup de
mots étrangers , & de tours particuliers que tant de
nations y ont introduits.
ITALIOTE. f. m. &: f. Nom de peuple. Italiota. Ita
liâtes. Il ne faut point confondre les Italïotes , ni
avec les Italiens , ni avec les Italiques. Les Italiotes
ne font que les premiers Italiens , les peuples dont
le pays a porté d'abord le nom d'Italie , c'eft à dire,
les anciens habitans du bout de la Calabre ultérieure
du côté de la Sicile, ainfi que nous l'avons dit au
mot Italie. Au lieu que les Italiens , fur-tout à
préfént , font & ceux là , & tous les habitans de
toute la péninfuls que nous nommons Italie j & les
Italiques font ceux des Provinces. Italiote & Ita-
lique lie fe dit que de l'Antiquité ; Italiens , plus des
I T A
Modernes que des Anciens. Des Savans fe font
trompés pout n'avoir pas fait ces diitinéfions. f^oyer^
Saumaile fur la vie d'Elegabalc par Lampridius ,
Berncggcr fur Juftin , L. XX , C. i.
ITALIQUE, adj. m. & f. Qui efl d'Itahc , qui appar-
tient a l'Italie. Italicus , a. Les peuples Italiques ,
les villes Italiques. On appeloit peuples Italiques
dans l'EiTipire Romain , les Italiens qui s'etablif-
foient dans les Provinces , principalement en Ef-
pagne , les Colonies d'Italiens qu'on y conduifoit ,
& qu'on y plaçoit. Confultez les Notes de Cafau-
bon fur Suétone , C. 46. de la vie d'Augufte , &
fur Spartien dans la vie d'Adrien.
Il ne faut dire Italique qu'en parlant de l'Anti-
quité, & Italien en parlant de ce qui eft moder-
ne, & de ce qui eft, ou appartient à l'Italie d'au-
jourd'hui. L'humeur Italique , un goût Italique,
la mufique Italique , &c. feroient mal. Il faut
dire j 1 humeur Italienne , un goût Italien , la mu-
iîque Italienne , & ainfï des autres. La guerre Ita-
lique eft celle que les Romains eurent à foutenir
contre les peuples d'Italie , qui fe révoltèrent au fu-
jetdela loi Mutia Licinia, portée l'an de Rome 6jc)
par les Confuls Licinius Crallus , & Mutius Scz-
vola. Cette loi ôtoit le droit de Bourgeoifîe Ro-
maine à plufîeurs des Alliés des Romains qui fe l'at-
tribuoient. La guerre Italique commença l'an de
Rome GGi , quatre ans après cette loi portée. On
l'appela aullî Guerre des Alliés Sociale , pour la
railon que je viens de toucher ; &c Guerre Mar-
lique , Marjicum , parce que les Maries furent les
premiers qui remuèrent & qui donnèrent l'exem-
ple de la révolte. Koye-^ les Annales de Salien aux
annéesdu monde 39 (■9 , 3965 , & fuiv.
§Cr Italique , fedit aulîi en Aftronomie. Les heum
Ittiiques Com les vingt-quatre heures du jour, com-
ptées à la manière des Italiens , depuis un coucher
du foleil jufqu'à l'autre.
iTAiiciUE , lignifie aulîi ce qui appartient aux Italiotes ,
Ainli quand Platon , dans (a Lettre VII. aux pa-
rens de Dion, & après lui Cicéron , Tufcul. Quijl.
L. y , 11,100 , parlent des Tables Italiques ,
ils entendent le repas des Italiotes dont ils blâment
le luxe.
Italique , adj. eft auiTi le nom d'une feéte de Philo^
fophes anciens , qu'on nomme Italiques , la feétc
Italique. Pithagore fut le chef de la fede Italique,
Elle fut ainfi nommée , parce que ce Philofophe
enfeigna dans l'Italie , c'elf-à-dire , dans la partie
orientale de l'Italie , que l'on nommoit aulfi gran-
de Grèce , &c remplit de la dodtiine les villes de
Tarente , de Métapont , d'Héraclée , de Croto Sc
des Thuriens. La fecl:e italique ne comnfcnça que
quelques années après la fede Ionique, i-^oyc-^ Vof-
lius , de Philofoph. Seclis. C. 6 . Georg. Hornius ,
Hifi. Philûfophic. Lib. J, C. i T. Se ci- après au mot
PiTHAGORiciEN. La Philofopliie florilfoit dans la
Grèce. La fede des Philofophes italiques , Se celle
des Ioniques , la remplilloicnt de grands hommes ,
parmi lefquels il fe mcla beaucoup d'extravagans ,
à qui la Grèce curicufe ne lùila pas de donner le
nom de Philofophes. Du temps de Cyrus & de
Cambyfe , Pythagore commença la Cccic Italique
dans la grande Grèce j &: aux environs de Naples.
BOSSUET.
^CTItauque. Terme d'Imprimerie, & adj. Le carac-
tère italique eft un caradère un peu couché , ditté-
rent du Romain & du François qui efl un carac-
tère plus gros & plus rond. Nous avons plulîeurs
livres imprimés en lettres italiques. On fe fert or-
dinairement de ['italique pour imprimer ce que l'on [
veut dillinguer du relie du difcours.
On appelle parmi les Savans l'ancienne Italique ,
vêtus Italica , l'ancienne verfion Latine de la fain-
te Écriture , qui avoir été faite avant la corredion
de S. Jérôme. On a gîrdé dans les Pieaumes l'an-
cienne verlion Italique , parce que le commun des
Fidèles les lavoir par cœur , & y étoit accoutume.
ITALIQUE. Ancien nom d'une ville d'Efpagne. Ita-
I T E
Hca. Aîornlès croir que c'clt Scvila l.i vicja , c'cft-à-
dirc- , Scville la vieille. Elle iut ainli nommée ,
parce que , l'clon Mari.ina , elle Uic bâtie par Sci-
pion , c:'c remplie Ik peuplée d'Italiens , apparem-
ment de ioldats que ce Général y avoic amenés
d'Italie. D'autres croient que c'eft Alcala dcl Rio ,
ville à quatre lieues de îjéville.
Pentina , ville d'Italie , a été aulll appelée autre-
fois Italique , comme on le voit dans iitrabon , L.
ni, L. i/^, L. FIL
ITALIQUE, r. m. Italiais. Nom de mcfure tk de vaif-
feau lervant à boire. C'étoir un vale qui conrenoir
ce qu'on peut boire en lin coup , comme nos ver-
res, nos talles , nos goblers.
ITALLIQUE. Foyci Corfinium.
ITAMAKACA. Foyei Tamaraca.
ITAPOA , ou ITAPUA. Nom d un bourg de colo-
nie des Elpagnols. Itapoa. Il eit dans le Paraguay ,
région de l'Amérique méridionale , fiu' la rivière
de Parana , dans la Province de ce nom , & aux
confins de celle de Rio de la Plata. On nomme
audi ce bourg de V Incamaàon. Maty îtapua efi: un
lieu élevé , lîtué lur le bord méridional du Parana ,
à égale diftancc à peu près du conHuent du Para-
guay Ik. des confins de la Guaïrane , c'eft à-dire , à
l'oixante lieues de l'un ou de l'autre. Id. ib. c. /.
On y ramalia vers le commencement du liècle paffi
les Indiens da voilmage , on les civilila , on en for-
ma une Ville , on les inllruific j &: on les baptila.
Id. iè. Ces peuples s'appellent Itapuains. Icapuani.
îtapua ell trente lieues au delîus du marais Appii-
pen. Ib. Ç. 6 .
ITAPtJAIN , AINE , f. m. & f. Nom propre de peu-
ple. Voyt-^ Itapua. On dit que les Itapuains étoient
fréquemment infectés par les malins elprits , qui
leur apparoilloienc fous des formes terribles. Dès
qu'on eut commencé à célébrer nos Saints Myftè-
les dans l'Églile qu'on bâtit à Itapua , les Ipeétres
celferent de paroîtrc. Uift. Paraq. L. V, C. /.
ITAQUE. VoytTi Ithaque.
I T E.
âp°ITARA. Province & Ville d'Afrique qui fait par-
tie du Royaume de Tafile , dans le Biledulgerid ,
près des déleits de Saara.
Ccr ITEGUE ou ITIGUE. f. f. C'eft le nom qu'on
donne en Abillinie à celle que le Negus a choili
pour époule. Ce terme répond à Reine ou Impé-
ratrice.
ITEM. adv. Terme de pratique dont on fe fert pour
diftinguer les articles d'un inventaire , d'un compte.
Item , s'emploie aulli fubftantivemenr. Quant à ce que
vous 4ites , c'eft un autre item.:, pour dire, c'eft une
autre atfaire. Régnier a dit dans (es Satyres
Or en premier xizxwfous mes pies je rencontre.
Item , fe dit auftî du nœud d'une affaire ; voilà , ou
c'eft là l'item , c'eft là le fait. On dit auftî: item , c'eft
tout -, pour dire , qu'on n'a plus rien à donner , à
dire , &c. Tout cela eft très familier.
On dit proverbialement , item il fiut vivre , pour
dire que quelque choie que l'on talle , il faut y
trouver Ion compte.
ITÉRATIF , ivE. adj. Terme de pratique. Iteratus.
Réitéré , qui eft fait une fecoiide fois. Une fiilie-
reelle ne doit être faite qu'après un itératif com-
niandeiTienr. On a fait itératives inhibitions & dé-
fenles aux parties de fe pourvoir ailleurs qu'en la
Cour. Il y a eu une itérative juftion de vérifier
cet Édit.
ITERATIVEMENT. adv. Terme de pratique. Deux
ou pluficursfois de fuite. Iterum , iterato. Si unColla-
teur aftefte de fruftrer l'expedtant par des provi-
lions données itérativement à fon préjudice dans les
vacances qui font arrivées depuis la notification des
lettres de nomination , on l'oblige à donner à l'expec-
tant , par chacun an , le revenu d'une prébende de
I T H 287
{on tglifc , jufqu'à ce que l'expectative foit rem-
plie. FuET. On la fomme itérativement.
ITÉRA TO. f. m. ferme de pratiqué. On appelle un
arrêt à'itérato , celui qui le donne pour les con-
traintes par corps après les quatre mois , pour dé-
pens excédans la fomme de 200 liv. Cet arrêt or-
donne qa' Itératif commandement fera fjir à la partie
de payer le contenu en une preinièrc condamna-
tion , dans quir,zaine ; à iautc de quoi clic fera con-
trainte par emprilonnement de fa pcrfoniie. Ce
terme le trouve dans l'tdit de Cliarles V'III. de
1493 , art. 104 , de Charles IX. de lan i J67 , de
Flcnri III. de l'an ij8z.
îfj^ On appelle lettres d' iterato , celles qui portent uii
nouveau mandement.
ITERDUCA. f. f Terme de Mythologie. Nom d'unt
divinité des ^inciens. Iterduca. C'étoit celle qui fcr-
voit de guide aux voyageurs. Son nom le marque,
il vient de iter , & dux ou duco. Guide du che-
min. Foye:(^ Otto , Dijjen. de Diis yialibus.
I T H.
ITHACIEN. f. f. Nom que l'on donna fur la in
du quatrième liècle à ceux qui s'unirent avec Itha-
ce , Évêque de Softibe en Elpagne , pour pourfui-
vre la mort de Prifcillien c^ des Prifcillianiftcs.
Ithacianus. Les Évêques Ithaciens obtinrent de l'Em-
pereur, (Sy. Fleury. Comme les /rAizde/zj dévoient
hire l'ordination de Félix. Id. S. Martin ayant été
lollicité par le tyran Àdaxime de communiquer avec
les Évêques Ithaciens , le Saint ne le voulut point
faire. Il fe relâcha dans la luite pour fauver la vie
à quelques perfonnes , qui lans cela alloient être
mites à mort ; mais après il s'en repentit extrême-
ment.
ITHANCHESTER. Ithanchejlria , anciennement ,
Othonia ad Anfam. C'étoit anciennement une pe-
tite ville des Triiiobantes _, maintenant c'eft un vil-
lage du Comté d'ElIex en Angleterre. Il eft fur un
petit golfe , à demi lieue de Maldon , vers l'orient.
Maty.
ITHAQUE. Nom d'une île de la Grèce. Ithaca Ne-
ricia. Elle eft dans le golte de Patras , entre l'île
de Céfalonie , ik les Curzolaircs. Ithaque eft cé-
lèbre pour avoir été la patrie dUliife. Elle avoir
une petite ville , qui portoit fon nom ; elle n'a
plus que quelques villages. On la nomme Valdi
Compare , la petite Cétalonie , Thiachi & Piachi.
Son circuit eft d'environ fept lieues. Maty.
J'aime cent fois mieux la pauvre Ithaque d'U-
lylle , qu'une ville brillante par une ii odieufe ma-
gnificence. Fénelon. .
ITHMOÎDE. Foye-[ Ethmoide.
ITHOME. Nom de plulieurs anciennes villes. Ithome.
Il y avoir deux Ithomes en Thellalie ; l'une dans
l'Eftiéotide , & l'autre dans la Fhthioti.de , qui étoic
l'une des parties de la Thellalie : une autre dans le
territoire de Meiféne , aujourd'hui Mollénigo , dont
le territoire s'appelle le Belvédère.
Ithome. f. f. C'étoit , lelon les Meiléniens , l'une des
nourrices de Jupiter , Néda étoit l'autre. Ithome
éroit le nom de la montagne fur laquelle étoit le
Temple de Jupiter , & Néda étoit le nom d'une fon-
taine au pied de cette montagne , oii l'on prenoit
tous les jours de l'eau qu'on portoit dans le Tem-
ple. Pausanias j 4. 53.
§3" Les Malléniens célébroient tous les ans , en
l'honneur de Jupiter , une fête qu'ils nommoient
Ithomée. Cette fête fe palfoit à porter très dévote-
ment de l'eau au bas dt la montagne dans un grand
réfervoir bâti fur le fomraet , pour la provilion des
Prêtres du Dieu , qui en auroient manqué fans cette
précaution,
ITHOMÉTE. f. m. Terme de Mythologie. Surnom
que l'on donnoit en Grèce à Jupiter , à caufe d'un
temple qu'il avoir dans Ithome du territoLie de
Meiféne. Ithometes. Ariftomène de Melïéne facrifia
trois cens hommes à Jupiter Ithométe.
288
1 T O
ITHOS. f. m. Ce mot eft grec , .«f»' , & fignifie mo-
ralité , la morale. Il faudroit prononcer éthos plu-
rôt qu'if/zojT. Dans les Homélies des Pères Grecs ,
la dernière partie , qui elt la morale du fermon ,
s'appelle ta»* , éthos ou ïthos. Molière a dit : On
voir partout chez vous \lthos Se le pathos , c'efi: à-
dire , moralité & pathétique.
ITHYPHALLE. f. m. Terme de Mythologie. Nom
que les Grecs & les Egyptiens donnoient à Priape.
ip«A/j lignifie les parties naturelles de Thomme.
Ithyphalle. f. f. Terme d'hiftoire ancienne. C'étoit
une elpèce de Bulle , en forme de cœur , que Ton
pendoit au cou des enfans .Se des vclbles , à la-
quelle on attribuoit plulieuis propriétés merveil-
leufes. Pline dit , liv. 28 j chap. 1; , que l'ic/iy-
phalle étoit un prékrvatif pour les enfans & les
Empereurs mêmes ; que les veftales le mettoient au
nombre des choies lacrées , & le révéroient com-
me un Dieu ; qu'on le (uipendoit au-delîous des
chariots de ceux qui triomphoient ; & c]u'il les dé-
fendoit contre l'envie.
ITHYPHALLIQUE. adj. Terme de Poéhe Grecque ,
qui délîgne une forte de vers. Il y avoir deux for-
tes de vers Ithyphalliques , le Trochaïque & le
Daétilique ; le premier corapofé de trois Trochées ,
qu'on cntremcloic ordinairement de vers un peu
plus longs ( f^oyc^ Trochée ) : le fécond compofe
de trois Daétyles êc d'un ïambe.
ITHYPHALLORES. f. m. Terme de Mythologie. Mi
niftres des Orgies , qui dans les procellîons ou cour-
fcs de Bacchantes s'habrlloient en Faunes j contre-
faifant des perfonnes ivres , &c chantant en l'hon-
i:eur de Bacchus des cantiques dignes de leurs fonc-
tions.
I T I.
ITICUCU. f. m. Plante. Foye^J^Ticvcu,
iPT ITIGUE. Foyei Itegue.
ITINÉRAIRE, f. m. Defcription que fait un voyageur
de fon voyage , & des llngularités qu'il a obfcr-
vces dans les lieux où il a pallé , loit dans la Na-
ture , foi: dans la morale. Itlncranum. ^fJ" Il lîgni
fie plus ordinairement un état ou mémoire de tous
les lieux par où l'on palle , de la route qu'il faut
fuivre pour aller d un endroit, d'un pays à un au-
tre 5 & Ion principal ufrge eft en parlant de quel-
ques voyages anciens. Les Allemands ont fait beau-
coup d'ulnéraircs. L'uinéraire d'Antonin. Cet ni-
némire marque tous les grands chemins Romains
dans l'Empire , & toutes les llations des armées
Romaines. Il fut fait par ordre de l'Empereur An-
tonin le Pieux , comme le rapporte Luitprand de
Tézin , qui vivoit au milieu du dixième lîècle.
L'uinJruire de Jérufxlem , &c. L'ninéruire qui por-
te le nom d'Antonin eft fort défectueux. Les Co-
piftes y ont glillé une infinité de fautes.
Ce mot vient du Latin icineranum , qui fignifie
auftî routi:.
Itinéraire j en termes d'Églifes , fe dit des prières
que doit faire un voyageur , quand il commence
fon voyage , Se fur tout un Eccléllaftique. Il y a à
la fin du Bréviaire un itinéraire pour les gens du
Clergé , qui eft un formulaire de ces prières. L'irz-
néraire de Benjamin a été traduit de l'Hébreu en
Latin par Benoît Arias Montanus.
tfT Itinéraire. , eft auiîî adj. Colonne itinéraire.
Melures itinéraires. Voye\ Mesure. On apiielle co-
lonne itinéraire , eolomna itineraria , une colonne
à pan pofée dans le carrefour d'un grand chemin ,
pour enfeigncr les routes différentes par les infcrip-
tions gravées fur chacun de (es pans.
iPr ITING. (". m. Nom que les habitans des Iles Phi-
lippines donnent à un oileau fort commun dans le
pays. Suivant les relations des voyageurs ; il eft de
la clalle de nos pies.
1 T O.
ITOMAMPO. Petite contrée d'Afrique dans l'île de
Madngafcar.
I T U
ITON. f. m. Petite rivière de France. Itona , Ittona
Ico , Itto i Itus. Elle coule dans la Normandie ,
baigne Bretcuil , Condéj Aunay , la Noue , Évteux ,
&c fe décharge peu après dans l'Eure. 'Valois ,
Not. Gall. p. j;jj.
ITONE. Nom d'une ancienne ville de Grèce. Itone.
Paufapias la met dans la Béotie , entre la Phère &
Larifte. Le Scholiafte de Callimaque fur l'hymne
fîxième ,_ faite à l'honneur de Cérès , la place dans
la rheftalie. Cette ville étoit célèbre par le culte de
Minerve , qui étoit pour cette raifon furnomméc
Itonia. Quelques-uns , pour accorder ces Auteurs ,
diftinguent deux Itônes , l'une en Béotie , & l'autre
en Thellalie , toutes deux confacrées à Minerve.
Peut-être ce nom venoit il à ce lieu, d'Itonus,
fils de Deucalion & Roi de Thelfalie , qui , dit-
on , trouva l'art de fabriquer le cuivre, l'argent &c
l'or , &: de frapper la monnoie.
ITONIEN , ENNE. f m. & £ Qui eft d'Itône , ou qui
y a quelque rapport. Itonius , a. Minerve étoit fur-
nommée Itonienne , à caulc de la ville d'Itône , où
elle étoit honorée. On l'appelloit auffi Iconide Se
Itoniade , en Latin Itonis , Itonias.
I T R.
ITRI. Bourg du Royaume de Naples. Itrum. Il eft dans
la terre de labour , entre Fondi Se Gaëtc. On voit
près de ce bourg les ruines d'une ville ancienne ,
qu'on nommoit Mamurrha , ou Mamurrharum Urbs.
Maty.
ITT. y
ITTATA. Ile de la mer du Sud , fur les côtes de l'A-
mérique , alfez près de Guatalio , au Mexique.
ITTE. 1. f. Nom de femme , abrégé apparemment &
corrompu de celui de Iduberge. Itta , Idubergis.
Les Chanoinefles de Nivelle en Flandre , furent
fondées par Itte ou Iduberge , femme de Pépin de
Landen , Prince de Brabant , Maire du Palais , ôc
Miniftre des Rois d'Auftrafic j vers l'an 64O. P. HÉ-
LYOT 3 T. n.
ITTER. Bourg d'Allemagne , fitué dans le Landgra-
viat de Helîe Caflél , fur la rivière d'Itter , à deux
ou trois lieues de Waldeck , du côté du couchant.
Ittera. Ce bourg a été chef d'une Seigneurie allez
étendue , dont les Landgraves de Hefle-Caftel font
en poilelîion depuis l'an 13^1. ALaty.
I T U.
ITURÉEj, & PÉRÉE. Nom de contrée. Ituréta , Pe-
r&a. C'étoit anciennement une des paities de la Pa-
leftine , fous la domination des Romains. Elle ren-
fermoit les Tribus de Ruben Se de Gad , Se elle
avoir la Samarie au couchant , la Trathonitide au
nord , Se TArabie au levant Se au midi. On l'ap-
peloit Pérée , parce qu'elle étoit au delà du Jourd.ain,
du mot Grec =1;?«; , au delà , & Iturée j à caufe
des Ituréens , peuples Gentils , qui s'y étoient éta-
blis parmi les rcftes des liraclites. Il y a cepen-
dant des Géographes qui diftinguent la Pérée de
V Iturée , les uns mettant celle-ci dans la partie fep-
tentrionale de la Trachonitide , le long du mont
Hermon , Se les autres dans la Galilée , le long du
mont Liban. Maty. Tibère érigea Ylturée en Té-
trarchie , Se Philippe frère d'Hérode Antipas en ht
fait Tétrarque. Luc. III. i .
Ce nom vient de Jétur , l'un des fils d'Ifmacl ,
ou de TlJ , Tur , nom Chaldécn , qui fignifie mon-
tagne -, V Iturée étoit pleine de montagnes.
ITURÉEN, ENNE. f m. & f. Nom de peuple. Qui eft
de l'Iturée. Itur^us ^ a. Les Ituréens étoient habiles
à tirer de l'arc , & ne fe fervoient guère que de
cette arme à la guerre. Une lettre de l'Empereiu'
■Velérien à Aurélien , rapportée par 'Vopifcus dans
Aurélien , les appelle Ityrécns , il dit qu Aurélien
avoir un corps de trois cens archers Ityréens.
f3"iTYPHALE.
J U A
JU A
I T Y.
C^ITYPHALE. f. f. Suivant l'Aculcniie , cfp^-cc d'a-
mulette que les anciens poicoiLiit au cou comme
un picTcivatif contre les maladies , contre les mau-
vais defleins. Foyei Ithyphalle. C'cft la même
chofe.
ITYRÉEN , ENNE. Foyei IturÉen.
ITYS. r. m. Fils de Tcree , Roi de Thrace <S>: de Pro-
giic : il tut mallicré par ù\ propre mère j qui le fit
manger à fon mari', pour venger l'injure qui avoit
cte faite à ia fœur Plulomèlc.
I T Z.
ITZEHOA. Nom d'une ville du cercle de la BalTe
SA\t.'Itiehoa. Elle eft dans le Holftcin propre , lur
la rivière de Stoër , aux confins de la Stormaiic , &
au nord de Gluekllat. Maty.
ITZICH. EptiiKum. Ce Heu cff dans le Duché de
Luxembourg fur l'Allitz ^ ou l'Alfat. 'Valois , No-
ta. G ail. pag. 13. •
I V.
I V. Ces deux lettres font une marque du chiffre
Romain , qui lîgnilie Quatre ; car l'I mis devant un
autre chift're fignifie un moins que ce chiii're de- 1
vant lequel il eft. Or V marque le nombre cinq , I
ainfi IV , lignifie un moins de cinq, ou comme on j
diroit en Algèbre , cinq moins un , j 1. c'eft-à- I
dire, quatre. Aiutrefois les Romains mettoient qua-
tre I de luire ^ pour iîgnih'cr quatre , IIII , ainfi que '
nous l'avons dit au commencement. 1
JU. U y a une rivière ôc deux villes de ce nom dans
la-Chine , dans la Province de Honan , & une ri-
vière du même nom dans la Province de Itonan,
J U A.
[VA-BEBA. f. m. Nom d'un arbrillcau de l'Amérique.
Sa racine paiîe pour un grand délbbftruant ; fa
propriété principale elt de dégager les reins -, mais
comme elle eft très-amère , on met ordinairement
dans fa décodion de la réglille d'Amérique. Ray ,
Hiji. Plant.
JUAMI. Ville de 1 île de Niphon ^ en Ahe. Juanum.
Elle eft la capitale d'un Royaume qui porte fon
nom , & iituée fur la côte occidentale du Jamay-
foit, ou Jamaiftero. Maty.
JUAN. (. m. Nom d'homme. Jean. Joannes. Ce nom
eft Efpagnol. Les Caftillans difent Juan de Joannes ,
Jean , &c nous difons ce mot en parlant des Efpa-
gnols. Quelques uns de nos Auteurs ont cependant
la délicatelîe de ne s'en point fervir , & de dire
toujours Juan. On trouve en Latin Juvanus , 6c Ju-
van , & même en Grec ifa.^j dans Cantacuzène L.
I.B.^ô & 57. Dom Juan d'Autriche , fils naturel
de Charles Quint , commandoit l'armée des Prin-
ces Chrétiens à la bataille de Lépante , en ijyi.
Dom Juan d'Autriche , fils naturel de Philippe IV.
naquit en 1629 , de Manc Calderona , Comédien-
ne , fut Grand Prieur de Caftillc , commanda les
armées d'Eipagne en Italie , en Flandre Se contre
le Portugal, & mourut le 17 Septembre KÎ79.
SAN JUAN. Nom d'une île de l'Océan Indien. In-
fula S. Joannis. C'eft une des Philippines , fituée
au nord de celle de Mindanao , dont elle n'eft fé-
parée que par un petit canal. Sa longueur ôc fa lar-
geur (ont de vingt cinq à trente lieues. Elle a de
pendu des Efpagnols ^ mais elle n'eft plus foumife
a leur domination. Maty.
San-Juan , ou Défaguadéro. Nom d'une rivière de
l'Audience de Guatimala j dans l'Amérique méri-
dioiiale. Fluvius Sancii Joannis , Emijfarius. Il fort
du kc de Nicaragua , Se fe décharge dans la mer
du Nord.
Juan I-ERNANDis. Les îles àc Juan Fernande s , en La-
tin JnJuU Joannis Femandi. Ce font deux îles de
la mer Pacifique, fituécs proche la côte du Chili ,
vis-a-vis de la ville de S, Jago. Celle qui eft la plus
Towe V.
289
proche de la côte en prend le nom de Tierra ; on
donne a l'autre celui de Fuora , qui fignilic hors,
Se qui marque qu'elle eft plus éloimiée de li terre
que 1 autre. Llleslont toutes deux bien cultivées.
San-Juan de la Frontera. Petite ville de l'Améri-
que méridionales /-^«///w S. Joannis de Confinio.
Llle elt dans le Chicuito , Province du Chih au
pied des Andes. On voit près de cette ville dtiK
Volcans.
Juan de Nova. L'île Juan de Nova , en Latin Infula
Joannis de Nova. Petite île de l'Afrique. Elle eft
entre l'île de M.adagalcar , Se la côte de Zangue-
bar , a l'orient du Mozambique. Elle a été décou-
verte l'an 1501. par un Pilote de Galice duquel
elle porte le nom. Maty.
San-Juan de Oro. Nom d'un bourg de l'Amérique
méridionale. Fanum S. Joannis de Auro. Il eft dans
le Pérou , entre ks montagnes à trente-cinq lieues
du lac de liiicaca, vers le levant. Maty.
San-J(jan de la Penna. Nom d'un village avec Mo-
mrtèrc. Fanum S. Joannis de Rupe. Il eft dans
l'Arragon , en Efpagne , à trois lieues de Jaën , vers
le couchant. S. Juan étoit autrefois le lieu de la
lepulture des Rois d'Arragon. Maty.
San-Juan de Porto Rico , ou limplemem Porto
Rico , pour les François Portorlc. Fanum S. Joan-
nis de Portu divite. Ville de l'Amérique , capitale de
l'île qui porte fon nom , & fituée fur la côte fep-
tentnonale , où elle a un fort bon port. Elle eft le
fiége du Gouverneur de l'île , Se d'un Évêque , fuf-
fragant de S. Domingue. Maty.
San-Juan dk Porto Rico , ou Porto Rico , ou Bo-
Rii:î.uen. Infula S. Joannis de Porta divite. EWe eft
une Ats grandes Antilles , fituée dans la mer de
Mexique , à feize lieues , au levant de l'Hifpaniola.
Cette île a environ trente lieues de long , & feize
de large. Elle fut découverte par Chriftophle Co-
lomb l'an 1493. Elle appartient aux Efpagnols. L'air y
eft allez tempéré , Se le terroir fertile. Elle a eu de
riches mines d'or & d'argent ; mois elles font épui-
Ices , ou abandonnées. On trouve pourtant encore
des grains d'or en quelques torrens , & on y voit
une efpèce d'arbres qui produifent une gomme
blanche , dont on fe fert pour calfeutrer les na-
vires , pour fiire des chandelles, & pour guérir les
plaies. On trouve auilî dans cette île quantité de
lucre , de ga'iac & de fel. Ses lieux principaux
lont S. Juan de Porto Rico , Se S. Germain.
Maty.
San-Juan de Salinas. Foyei Valladolid.
San-Juan de Ulua. Petite ville de l'Audience de Mexi-
que , en l'Amérique feptentiionale. Fanum S. Joan-
nis de Ulua. Elle eft dans la Province de Tlafcala y
lur le golfe de Mexique , où elle a uii port , dans
lequel le rendent tous les vailleaux qui vont d'Ei-
pagne au Mexique. San Juan , qu'on appelle le plus
fouvent la FeraCrux, du moins en notre langue,
eft fort riche par le commerce , & défendu par
une bonne citadelle conftruite fur un rocher, à
l'entrée du gort. Ce lieu fut le premier auquel les
cinq cens Efpagnols , conduits par Ferdinand Cor-
tcz , pour la conquête du Mexique , s'arrêtèrent ,
& créèrent leurs premiers Magiftrats , ayant aban-
donné le vieux Hi\re de Vera-Crux , fitué à lix
Hciies de S. Juan de Ulua , parce qu'il étoit expo -
fé à la violence des vents du nord. Maty.
JUANA. C'eft le nom que Chriftophe Colomb don-
na d'abord à llle de Cuba , à fon premier voyage ,
avant que de lavoir fi c'étoit une Ile , dans la fui-
te on l'appella Fernandine ; mais ces deux noms
ne lui ont pas refté.
JUANA. Foyei Iguana.
JUANOGOROD. Nom d'une bonne forterelfe de
Suède. Ju igronoda. Elle eft bâtie fur un rocher ,
près de la rivière de Norva! , vis à-vis de la ville de
ce ne m. On l'appelle quelquefois Narva des Rut-
fiens , pa-ce qu'elle a été aux Mofcovites j mais ils
la cédéreat aux Suédois par le traité de Sthokolm
l'an 161S.
Oo
Z90 J U B
IVARCH. f. m. Nom d'homme. Iharchus. C'cll un des
Saints Maicyrs du Japon qu'on lionoix le cin'q de
Février , & ficrc de B. Caraiume , l'un des plus
illufties de ces Martyrs. Voyei Bollandus au i j 1 c-
vricr.
J U B.
JUBA. f- m. Nom d'homme. Juba. Il y trois Juha ,
Rois de Mauritanie. Minucius Félix dit , que les
Maures honorèrent Juia comme un dieu. Volîius ^
de Idolol. L. I. c. J2. conjecture que ce nom n'é-
Toit peut-être pas un nom propre d'abord , mais un
nom appellatif ; ce qui lui a fait naître cette con-
jedure , c'cll: la rcllemblance de ce nom avec le
nom propre de Dieu , Jéhova , que quelques peu-
ples prononçoicnt Juabo , Jabo , Jabe , Jao. J'ai-
merois mieux dire que Jaba eft le même nom que
Joh , DVIî.
|P° JUBARTE. f. f. Nom d'une cfpcce de baleines
qu'on trouve près des Bcrmudes. Elles n'ont point
de dents •, elles font plus longues , mais moins grol-
fes que celles du Groenland.
JUBAYE. Ville Maritime de Sourie , à quatre licucs
de Patron.
JUBE. f. h Juba. Crinière du Lion. Danet. un hom-
me fans cheveux eft comme un lion lans jubé , un
coq fans crête , & un paon fans queue.
|CF Le mot de crinière ell plus ufité que celui de ju-
bé. On ne trouve point ce dernier dans le diction-
naire de l'Académie ; il eft dans les autres Vocabu-
laires.
JUBÉ. f. m. Lieu élevé dans les Églifes , en forme de
galerie , qui fait ordinairement la léparation du
Chœur & de la Net , où l'on va dire l'Évangile
des Méfies folennelles. Pulpitum. Ambo. Il y avoit
des Jubés dans les Égliles dès l'an 420. Tillemont.
Les Reliques de S Etienne ayant été portées à
Uzala , elles furent placées au Jubé de l'Églife de
la ville. Id. On y lut le recueil des miracles qui
s'éroient faits , & après qu'on avoit lu un miracle j
on failoit monter au Jubé la perfonne dont on ve-
noit de r.apporter la guérifon , lorfqu'elle fe trou-
voit préfente , afin qu'elle en rendît elle-même un
témoignage authentique. Id.
Ce mot eft Latin , & lignilîe commande:^ , & eft
venu de ce ^fF que le Diacre , le Sôudiacre , ou
le Ledleur avant que de commencer ce qu'il doit
chanter eu reciter j demande au Célébrant fa béné-
ditbion , en lui dilant , Jubé , mot du Bréviaire ,
Jubé y Domne , Benedkcre. On chantoit autrefois
les leçons de Matines au jubé. Voyc^ la Dillcrtation
de M. Thiers lur les Jubés.
On dit en proverbe , je l'ai fait venir à Jubé , je
l'ai réduit, à fe foumettre, à en palier par où je vou-
drai. C'eft comme il l'on difoit , je l'ai réduit à ve-
nir prendre mes ordres , & me dire , commandez
ce qu'il vous plaira , Jubé , Sec.
JUBEL-HADRA. Montagne d'Afrique au Royaume
de Maroc. On l'appelle communément la Monta-
gne Verte.
JUBILAIRE, adj.m. & f. |C?Qui concerne le Jubilé.
Les Juifs avoient trois fortes d'années ; l'année or-
dinaire , l'année fabb.itiquc , ou la feptième année
qui arrivoit tous les fept ans ; & l'année jubilaire ,
qui arrivoit après fept années fabbatiques , ou après
quarante-neufans; c'eft à-dire :, tous les cinquante ans.
f^oye:[ Jubilé.
tpr On peut encore appeler année Jubilaire , celle où
nous .avons le Jubilé.
03" Jubilaire. Dans quelques chapitres. P^oy. Jubilé.
JUBILATE. Terme de Bréviaire que l'on a appliqué
au troihème Dimanche .après Pâques , parce que
l'Introït de la Melfe de ce jour commence par ce
mot , & que ce troifieme Dimanche eft ainii mar-
qué dans les Aimanachs.
JUBILATION, f. m. Réjouillance. Utitia , jubilatus.
Il le dit en termes de plailanterie en ces phrafes :
Enfans de jubilation , vifige de jubilation , maifon
de jubilation, où l'on n'aime que la joie.
J U B
Jubilation. Terme d'Eglife. Jubilatio. La jubilation ,
dit S. Auguftin , fur le Pfcaume XCIX n. 4. n cit
autre choie qu un fon fuis paroles. Le même Saint
dit fur le Pfcaume XXXII. n. S. que iz jubilation eft
un langage incltable. Il Liut louer Dieu : les paroles
nous manquent , que nous rcfte-t-il , que de nous
lailfer aller à la jubilation ? Le Brun.
gcr JUBILÉ, f. m. C'étoit chez les Juifs dans la loi de
Moyic, une folcnnité publique qui le faifoit après k
révolution de lept femaines d'années , de cinquante
ans en cinquante ans , lors de laquelle tous les ekla-
ves devenoient libres , toutes fortes de dettes étoient
remiies , & tous les héritages retournoient en la pof-
felHon de leurs anciens maîtres. JubiUum , JubiUi
tempus. Au vingt-cinquième chapitre du Lévitique,
il eft ordonné aux Juifs de compter lept femamcs
d'années, c'eft à dire, lept fois lept, qui font qua-
rante-neuf j & de bnéliher la cinquantième année.
Les Juifs ne vendoient pas leurs biens &c leurs terres
à perpétuité , mais feulement jufqu'à l'année du Ju-
bilé.
U^'Le Jubilé , chez les Chrétiens , eft une cérémonie,
une folcnnité éccléfiaftique qu'on tait pour gagner
une indulgence plénière que le Pape accorde extraor-
dmairement en certains temps & en certaines occa-
fions. Les Papes donnent, accordent ordinairement
un /«Ai/e extraordinaire à leur avènement. Recevoir,
publier, ouvrir le Jubilé. Faire ion Jubilé. Le Jubilé
fut établi par Bonitace VII , en l'an 1300, en faveur
de ceux qui iroient ad limina Apojlolorum , & il vovi-
lut qu'il ne fe célébrât que de cent ans en cent ans.
L'année de cette célébration apporta tant de richelles
à Rome , que les Allemands l'appeloicnt l'année d'or.
Clément VI réduilit la période du Jubilé à cinquante
ans. Urbain VI voulut qu'on le célébrât tous les
trente cinq ans , & Sixte IV tous les vingt-cinq ans,
ik. il ne fît que publier la Bulle de Paul II qui l'avoit
ainli réglé. Il y a une hiftoire des Jubilés en Italien,
faite par un Dominicain Italien. Boniface IX en ac-
corda en divers lieux à pluficurs Princes & Monaftè-
res. Depuis on les a rendus plus tréqueiis , Se le Pape
en accorde félon les betoins de l'Églilc. Chaque Pape
donne prétcntemcnt un Jubile, l'année de fa conlë-
crarion. Port R. Pour gagner le Jubilé , la bulle
oblige à des jeûnes , aumônes , prières , èc à vifiter les
Églifes où font des ftations du Jubilé. Elle donne pou-
voir aux Prêtres d'abfoudre des cas réfervés, même de ■
ceux contenus en la bulle in Cœnâ Domini j de faite
des commutations de vœux ^&c. Ce qui fait fa diffé-
rence d'avec l'indulgence plenièrc. Au temps du /ii-
^i/f toutes les indulgences font fulpendues. Le Jubilé
autrefois s'appeloit le grand Pardon.
Ce mot vient de l'Hébreu yoèe/ , qui lignifie cin-
quante , à caufe que le Jubilé fe faitoit chaque cin-
quantième année. Mais ceux qui difent ceci fe trom-
pent ■■, car le mot Hébreu ^ST" ne fîgnihc point cin-
quante , ni fcs lettres prîtes pour des chiftres, ou fé-
lon leur puillance numérale, ne font point jo, mais
10 , (S, 2. & 50 , c'eft- à-dire, 48. D'autres difent que
jobel lignifioit un bélier, 6c qu'on annonçoit le Jubilé
avec un cor fait d'une corne de bélier , en mémoire
du bélier qui apparut à Abraham dans le builfon,
lorfqu'il voulut facrifier fon fils. Malins croit que ce
nom vient de Jubal , qui fut le premier inventeur des
inftrumcnsde Mulique^ auxquels, pour cette nùfon,
on donna fon nom. Gen. IV. 21 . De-là enfuite les
noms de Jobel tk. de Jubilé , pour lignifier l'année de
délivrance & de rémillion , parce qu'on l'annonçoit
avec un de ces inftrumens qui ne furent d'abord que
des cornes de bciier iSc fort imparfaits.
Il y a plulieurs médailles des Papes pour les Jubi-
lés, où la Porte Sainte eft diverfement figurée avec
plulieurs infcriptions différentes : en celle de Clément
VIL Ports. Cœli apertA funt. En celle de Paul III en
ijfo. Jujli intrabunt per eam. En celle d'Urbain
VIII. Aperuit (S" claujit. An Jubilé Ae 1700, le Car-
dinal de Bouillon , en qualité de Doyen du fâcré Col-
lège , ouvrit la porte S.rinte avec un marteau d'or , &
on frappa des médailles.
J u c
Il y a des Jubiles particuliers en certaines villes par
les rencontres de certaines fêtes. Au Piiy-en-Yciay ,
quand la lete de l'Annonciation de la iainte Vierge
arrive le Vendredi-Saint; & à Lyon, quand la Kètc
de {'lint Jean Baptiftc, Patron de la grande Églife ,
concourt avec la Fère Dieu.
L'an 1640 , les Jéfuitcs cclcbrercnt à Rome un Ju-
bilé fblcnnel du Ccute:iairc depuis la coniirniaiion
de leur Compagnie , & cette même f-cte le célébra
daiis toutes leurs maifons établies en divers endroits
du monde.
JuBii É , OU Jl'dilaire , adj. fe dit à l'imitarion de ce Ju-
bile àzs Juii's, d'un Religieux qui a cinquante ans de
proi'cllion d.ms un Monaftère , ou d'un Eccléliaftique
qui a dclièrvi une Églife pendant cinquante ans , d'un
Chanoine qiii a cinquante ans de fervite. C'cft à pro-
portion ce i]uc les Anciens appeloient veterani, dans
la Milice. Les Religieux /i^/^i/e'jj en divers endroits j
l'ont difpenfés de îvLuines , des rigueurs de la Règle.
Par la même raifon, l'on a dit que Benfcrade étoit
Auteur plus que jubilé , parce qu'il avoit vécu plus
de cinquante ans depuis Ion premier ouvrage. Parmi
les Mendians, celui là eft Dodreur jubilé qui a en-
feigné dix huit ans, d'autres diient quinze. S. Rémi
eft appelé jubilé par quelques Auteurs, parce que la
vie a été de près d'un liècle, ce Saint ayant vécu 96 ans.
JUBILER, v. a. A Rome , quand un laquais n'ell plus
en état de tervir, ton maître le jubile, c'eftàdire,
qu'il lui donne la moitié de (es gages, &i il ne fert
plus. Le B. Dh Polinitz.
JUBIS. f. m. Railins en grappe féchés au foleil , que les
Mirchands Épiciers tirent ordinairement de Pro-
vence pour les provihons de carême.
JUBLAINS ou JUBLENT. |Bourg du Diocèlb du
Alans , à dix lieues de cette Ville.
J U C.
JUC. r. m. Terme de ménage de campagne , qui fe dit
du lieu où les poules & les volailles fe perchent pour
dormir. Jugum , cubile. On dit mieux juchoir.
lUCA. f. m. Sorte de plante qui c^-oit dans les îles de
l'Amérique, p'^ùye-^ Yuga.
JUCADAM. Jucadam. Nom d'une ville de la Tribu
de Juda dans la Terre-Sainte. Jof. XV. r(f .
JUCATAN, ou YUCATAN, ouJUCÀTAM. Nom
d'une prefqullc de l'Atnérique (eptcntrionale. Jucaca-
nla. Elle elt entre le- golfe de Mexique &: celui de
HunduraSj & elle confine avec les Provinces de Ta-
bafco , de Chiappa , & de Vera-pax. Son circuit eft
environ de deux cent cinquante lieues, fonTerroir ell
montagneux, mais fertile, principalement en coton.
Les Eipagnols en font les maîtres depuis l'an i j 1 7 , &
ils y ont les villes de Mérida, de Valladolid, de Cam-
pêche & de Salamanq'ue. Cette prelqu Ile eft une des
provinces de l'Audience du Mexique. Maty.
La Péninfule de Jucatam eft fituée depuis le feiziè-
iTic degré de latitude feptentrionale jufqu'au vingt-
deux, depuis le golfe de Gonajos julqu'au goUe de
Trifte, ayant fa fitu.uion nord-eft & fud-oueftj du-
quel côté elle eft attachée au continent , & Ion autre
pointe qui eft au nord , eft nommée le Cap Catoche j
où autrefois les Indiens ont eu de beaux édifices ,
comme il paroît encore par les ruines qu'on voit fur
une petite île qui eft proche , nommée Caya de Muiè-
res. Du coté de l'oueft ou ponant, les Eipagnols y
ont une belle ville nommée faint Francilco de Cam-
péche, & au milieu une autre nommée Mérida, où
il fe fait un grand commerce avec les Indiens; &
Campcche étant un port de mer en a bien plus. Il y
a eu beaucoup d'autres villes &: bourgs lur cette pé
ninfule ; mais depuis que les étrangers ont fait la
guerre aux Efpagnols dans ce pays , ils ont été dépeu-
plés & font venus à rien. Les Efpagnols occupent la
partie occidentale, & les Indiens l'orientale, qui eft
du côté de Honduras.
Ce nom a été donné à ce pays à caufe que la pre-
mière fois que les Efpagnols abordèrent en cette pé-
ninfule , ils demandèrent aux Indiens le nom du
Tomi V.
JUD
291
pays. Les Indiens qui ne les entendoicnt p.is, leur ré-
pondirent Jucatam, c^\ lignifie en leur langue. Que
dites-vous; Ce qui ht que les Efpagnols l'appelèrent
Jucatam , /bit que ne lâchant pas la langue de cette
contrée, ils cruftcnt que c'étoit fon véritable nom,
ou qu'en cHbtils lui aient laillé ce même \\v,Vii en mé-
inoirc de ce qui s'étoit pailé.
Cette péninlule eft trèsrertile en tout ce que l'A-
mérique produit ; autrefois elle a été fort peuplée
d'Indieiis; mais les Efpagnols le« ont tellement dé-,
truits, qu'il n'y en a aujourd'hui que très peu qui font
leurs tributaires J ou pour mieux dire leurs eftlaves ,
parce qu'ils n'ont aucune liberté. fiiST. des Fliuust.
JUCHER. V. V- Qui fe dit des volailles qui fe mettent la
nuit (ur une perche ou fur quelque branche pour
dormir. JJJîdere ,Jîdere. î^G" Les poules /ucAe/jf dans
le poulailler , les faifans fur les arbres. Ce verbe eft
auliî réciproque. Les failans fe juche,'.: fur les arbres.
îfj" On le dit figuréraent &• populnircmenr d'un hom-
me logé au troihème ou au quatrième étage , ou placé
dans un lieu élevé &c peu convenable. Il étoit juché
lur un auvent. On a de la peine à vous aller voir ,
• vous êtes -trop haut j.uché. Elle étoit juchée comme
une poule au haut du bagage. Scar.
|SJ" Juché, ée. part.
|,G" Cheval juché, en termes de manège, fynonyme de
rampin. C'eft celui dont le boulet fe porte tellement
en avant, qu'il marche & repofe lur la pince. Suivanc
les Encyclopédiiles ,un cheval /acAe'&ûxelui dont les
boulets des jambes de derrière font le même effet que
ceux des jambes de devant.
§3° Ce mot vient du Latin jugare, & juc de jugum.
M EN.
JUCHOIR. f. m. Lieu où les poules juchent. Sedile
aviarium, gallinanum. Il ell: a'ile d'attraper les pou-
les 3.U juchoir,
JUD.
JUD. Ville de la Tribu de Dan , dont parle Jofué. XIX.
4S- J"d. Les Septantes l'appellent Aior.
JLII)A. f m. Nom d'homme. Juda , Judas. Nous
avons touriié ce nom dans notre langue en trois ou
quatre façons , qu'il ne faut pburtant pas employer
indifféremment , l'ufage y ayant mis de la diftinélion.
Ces manières font Juda, Judas & Jude à quoi l'on
peur a,'outer Jchuda. Ce dernier ne fe peut dire qu'en
parlant des Rabbins, comme nous l'avons remarqué en
Ion lieUj & c'eft le mot juda prononcé à l'Hébra'i'que.
Juda fe dit du Patriarche Juda fils de Jacob , & père
ou chef d'une des Tribus d'Ifraël , à laquelle il a don-
né le même nom, & des Rabbins communément.
Judas fe dit d'un illuftre Machabée, & de l'inlame
traître qui vendit N. S. Voyc^ ce mot. Jude le dit
d'un faint Apôrre dont nous parlerons au mot JUDE.
Le Patriarche Juda étoit le quatrième fils de Jacob
cV- de Lia. Gen. XXIX. 3 s- Abraham fut père d'I-
faac , Ifaac de Jacob , Jacob de Juda tk. de les frères.
Juda tut de Thamar Phares & Zara. Bouh. Juda en-
gendra de Thamar , Phares iv- Zara. Port-R. Le
Trébodicn de ce Digefte Hébraïque ( la Milchne ) hit
le fameux Rabbin Juda, furnommé le Sainte ^^^^^X'"< >'
le phénix de fon fiécle, dit Maiemonides; il vivoit,
félon la Chronologie des Juifs, l'an du monde 3910,
c'eft à-dire, vers le milieu du II lîécle, fous l'Empe-
reur Antonin; & il fit ce Recueil fi l'on en croit le
ni3K l^n; ou David Ganrz & le Rab. Serina Gaon,
l'an du monde 3978 , c'eft-à dire, l'an de J. C. 2x8 ,
I ;o aift , dit le même Gantz , ou plutôt 1 48 ans après
la deftrudion du temple. P. Souciet. DiJJenJur la
Mifclme. R. Juda le Lévite , Auteur du Dialogue inti-
tulé Goiri , mourut l'an du monde J900. de J. C.
1 140. Id. liée, de Di[î. R. Juda, fils de David Pallî ,
furnommé Hhing , juif de Fez , qui vivoit vers fan
de Jéfus Chrift 1040, eft le premier Grammairien
qu'aient eu les Juifs. Foye^ la Bibliothèque Hébra'i-
que de Bartholocci, & celle de Volphius, p. 4.22 ,
JUDA, fe dit dans le ftyle de l'Écriture pour la poftérité
Oo ij
292. J U D
ko. Juda , les dcfcendans de Judj. La Tribu de Juda.
Juda dreilera il-s tentes veis l'oiienr dans un corps
<iiib";iguc par bandes. Saci. Nomb. IL ^. Juda ayant
marché contre les Chananéens qui habitoient à Hé-
bron , dont le nom écoir autrefois Caiiath-zlrbé , défit
Selaï, Ahimaîi &: Tholmaï. Id. Jug. I. lo. Il eft
certain que N. S. eft lorti de Juda, qui cil une Tribu
à laquelle Moyle n'a jamais attribué le Sacerdoce.
Port R. Heb. Fil. 14.
La Tribu de Juda , la maifon de Juda , les hls ou
les enians de Juda font la même choie.
Juda , fe dit non-f'culcment de la Tribu de Juda feule ,
mais encore de la Tribu de Juda jointe aux autres
Tribus qui s'allioicnt à elle ou le joignirent à elle, &
ne firent enfemble qu'un même corps , ou un même
ctat auquel la Tribu de Juda , comme la principale ,
donnoit fon nom. D'abord ce fut Juda 5i Siméon ,
comme on le. voit au Livre des Juges I. i , 2, j ,
4, &c. Après la mort de Jofiié, les enfans d'ilraël
confulterent le Seigneur, & lui dirent: Qui marche-
ra devant nous pour combattre les Chananéens, &:
qui fera notre chef- dans cette guerre î Le Seigneur ré-
pondit : Juda marchera devant vous , je lui ai donné
la terre ennemie entre les mains. Et Juda dit à Si~
méon fon frère : Venez avec moi pour m'aider à
gagner ma part de cette terre , & combattez les Cha'
nanéens afin que j'aille auliî avec vous pour vous ai-
der à gagner la part qui vous eft due. Siméon donc
s'en alla avec Juda. Juda ayant marché contre les en-
nemis, le Seigneur livra entre les mains des Hébreux
les Chananéens , les Phérézéens , & ils taillèrent en
pièces 10000 hommes à Bézec. Saci , Jug. I. i , Sec.
Il y a dans le texte. Se le Seigneur livra entre leurs
mains les Chananéens , Oc. On voit par là que les
trois premières irois Juda eft mis pour Juda leul , mais
que la dernière fois il eft mis pour Juda ôi. Siméon
joints enkmble. Dans la tuite il fc dit de Juda Se de
Benjamin , & c'eft ce que depuis Salomon l'on appelle
Juda Se Royaume de Juda , par oppolition aux dix
autres Trfbus qu'on nommoit Ilracl , & Royaume
d Iracl. C'eft en ce (en s quon dit Rois de Juda. Les
exemples en lont h tréquens, lur tout dans les der-
niers Livras des Rois & le 1^ des Paralipomènes , qu'il
eft inutile d'en rapporter. Et Juda fit le mal devant le
Seigneur , & l'irritèrent par les péchés qu'ils commi-
rent. Saci. j. des Rois XI F. 22. Si vous vous aban-
donnez à la fornication, ô Ifraël, que JudasM moins
ne tombe pas dans le péché. Saci. Ofee IF. / r. Ce
nom refta a ces mêmes Tribus après la deftruélion du
Royaume d'Ura'êl par Salr.ianalar , pendant la capti-
vité de Babylone, & depuis leretour, & c'eft de-là
que s'eft fait celui de Judée Se de Juif. Foye':^ encore
ce mot.
Dans Jérémie, XXFI. iS. i g. où il eft dit du Pro-
phète Michée , Michée de Morafti prophétifa au
temps d'Ezéchias, Roi de Juda , Se il dit à tout le
peuple de Juda : Voici ce que dit le Seigneur des ar-
mées : Sion fe labourera comme un champ ; Jérufalem
fera réduite en un monceau de pierreij & cette mon-
tagne où eft la mailou du Seigneur deviendra une
haute forêt. Fut- il pour cela condamné à mort par
Ézéchi^s Roi de Juda, Se par tout Juda F Ravancl
prétend qu'au dernier mot , Juda le prend pour le
S.anédrin ; mais ce qui précède montre le contraire.
Le delert de Juda eft une partie de la Tribu de Juda,
du côté du midi, vers ITdumée, ayant la ville d'Arad
au nord.
Le Royaume de Juda. C'étoit la partie méridio-
nale de la Terre- Sainte i qui comprenoit la Tribu de
Juda Se celle de Benjamin , Se même , félon quelques-
uns, une partie de celle de Siméon.
Le Royaume de JUDA. Petit pays d'Afrique dans
la Guinée, entre le Royaume du grand Ardre au le-
vant , & la rivière de Volte au couchant.
Juda , ou la Tribu de Juda , fe prend aulli pour le pays
qu'occupoit dans la Terre-Sainte la poftérité du l'a
u'iarche Juda. La Tribu de Juda étoit lîtuée dans la
partie méridionale de la Terre Sainte , ayant au levant
îa nier Morte , ou le lac Afphaltique , au midi les
J U D
montagnes de Se'ir Se l'idumée -, au couchant les Tri-
bus de Siméon Se de Dan , & au nord la Tribu de
Benjamin. La Tribu àcjuda étoit la plus puiflante &
la plus nombreule de toutes les Tribus. Dans le pre-
mier dénombrement fiit par MoTfe dans le dcfert de
Sinaï , la Tribu de Juda avoit foixante Se quatorze
mille lix cents hommes, depuis vingt ans & au delliis.
Nombres I. 26 . 2j. Dans le fécond fait par Moïfe
dans les campagnes de Moab , il fe trouva 76500 hom-
mes. Aulîî jofué , C. XF, lui affigne 1 1 j villes ■■, on
en démembra quelques unes pour les donner à la Tri-
bu de Dan & à celle de Siméon; mais elle fut après
cela même la plus puiflante. Ce fut aulîi la plus noble.
C'eft- d elle que Dieu, depuis David , prit les Rois qui
gouvernèrent fon peuple. C'eft ce qui fiit dire à Da-
vid , Pf. LIX. Juda eft Prince de mes Etats. Saci ,
ou plutc>t, Juda eft mon Roi, Se Pf. -LXXFII. 6 S.
Il rejetta le tabernacle de Joleph , Se ne choilit poiiit
la Tribu d'Éphraim; mais il choifir la Tribu de Juda,
la montagne de Sion c,u'il a ain:ée. En même teins
un homme envoyé de Dieu vint de Juda à Béthel ,
lorfque Jéroboam étoit près de l'autel & qu'il enceii-
foit. Id. 3. des Rois. XIII. i. Voyez encore 4 des
Rois. XXIII. /7. Ainfi il régna (Roboam) fur la
Tribu de Juda Se de Benjamin. Or les Prêtres & les
Lévites qui étoient dans tout Ifraël , quittèrent leurs
demeures J Se vinrent fc rendre auprès de fa perfonne.
Ils abandonnèrent les fiubourgs & les biens qui leur
avoient été donnés. Se fe retirèrent dans Juda Se à
Jérulaleni. Id. 2. de Parai. XI. 14. La montagne ou
les montagnes de Juda qui font dans cette Tribu.
Le lion de la Tribu de Juda. Mais un des vieillards
me dit : Ne pleurez point , lâchez que le lion de la
Tribu de Juda , celui qui eft forti de la race de Da-
vid, a vaincu , Se qu'il ouvrira le livre Se en rompra
les fept Iceaux. P. Amelote , Apoc. F. /. C'eft une
périphrale élégante dont S. Jean fe fert pour exprimer
d'une manière fublime le nom de Jésus Christ.
Simon.
judaïque, adj. m. Se f. Qui appartient aux Juifs. Ju-
daicus. La Loi Judaïque. Lex vêtus. Les cérémonies
Judaïques ; le peuple Judaïque. L'L'glife Judaïque
étoit villble & frès vifible en Juda. Péliss. Nous
lommes exadts dans la pratique de certaias devoirs
extérieurs jufqu'a y être attachés d'une manière fu-
perl'txtieule Se Judaïque. Nie. Joleph a écrit des .anti-
quités Judaïques. Il a été tsaduit par Génébrard Se
depuis par M. Arnaud d'Andilly.
Pierre Judaïque. Lapis Judaïcus. C'eft une pierre
obloncue , un peu ronde , de la figure d'une olive j,;
rayée R)ut autour de lignes également diftantes;
placées félon toute la longueur , depuis la bafe ji
qu'au fommet. Sa couleur tire fur le blanc , ou ell^
tireunpculur la cendre; intérieurement elle reluity--
Se elle fe fend obliquement en des lames qui ref
femblent à des feuilles : on la donne en poudre juG'
qu'.i une dragme dans une liqueur convenable. On»
l'apY'eWe Pierre Judaïque , ou de Syrie j parce qu'oi»
la trouve dans la Judée & la Syrie. Quelques-uns
rappellent Euroius , parce qu'elle excite l'écoulé^"'
lenifnr de l'urine. On croit que cette pierre a la
propriété de briler la pierre dans la veille, ou le
calcul des reins. M. GéofFroi , cité par James,
explique la manière dont on peut concevoir que 11
pierre de Lynx, la pierre Judaïque Se les yeux d'é-
crevifles , ont une qualité diurétique j quant à celle de
diflbudre la pierre , ni l'expérience , ni la raifon
ne l'ont encore démontrée.
A LA Judaïque. Sorte d'adv. qui lignifie , A la ma-
nière des Juifs 3 lelon les coutumes & les cérémo-
nies des Juifs. Juddorum more. Vivre à la Judaïque.
On dit vivre à la Juive , quand il s'agit des mœurs ,
Se à la Judaïque , quand il s'agit des cérémonies.
BouH.
JUDAISER. v. n. Tenir quelque chofc de la Reli-
gion , de la fupcrftition & des cerémoiiies Judaï-
ques ; pratiquer les cérémonies Judaïques. Judaï-
cos ricus Jequi. On a beau convertir un Juif , '\\ju-
ddfe toujours , il retient quelque chofc de fon an-
JU D
J U D
tienne Rtlit;ioii. S. Paul nous dit nu chnp. 2. ilc
ion Ép'it. aux CJal.ircs , qu'ayant rencontré S. l'icnc
à Antiociie , il lui rélilla en Face ^ & lui cicmauda
pourquoi il contraignoit les Gentils à judaifer.
JUi>AI,>ME. {". ra. La Religion des Juits. judaifmus.
iin Hollande il y a pludcurs ptrfonncs qui Font pro-
icilion du Judatjhtc.
JUDAS ou JUDA. Car quelquefois on prononce 1'^
mcme devant une conFonne. F. m. Nom d hom-
me , qui ell la même choie que Juda. Celui - ci
fe dit de Judas Machabce , & de Judas iFca-
riote , dilciple de J. C. qui le trahit & le vendit
pour trente deniers , & non pas Juda Machabéc ,
ou Jude Michabée , ni le traître Juda. , ou Judt.
Judas ivlacnabce a été Fort vaillant dès la jcuncllc.
Qu'il loit Général de vos troupes. Saci , /. Mac h.
II, 6 G. Judas Ifcariote , qui elF celui qui le trahit.
PûktR. Comme il parloit encore. Judas l'un des
douze arrive , luivi d'un grand nombre de gens ar-
més d'épécs ic de bâtons, & envoyés par les Prin-
ces des Prêtres &: les anciens du peuple. Bouhours.
On le dit aulH des autres dont il ell parlé dans le
Nouveau rtllament. Judas de Galilée s'éleva en-
fuite lorfque le ht le dénombrement , ôc il attira à
fon parti beaucoup de monde ^ mais il périt aulîî ,
& tous ceux qui avoient cru en lui furent diilîpés.
PoRT-R. Cherchez en la mailon de yWtr^ un nom-
me Saul de ïaiFes , car il eiF en prières. Id. Il en
faut e.V'jcptcr deux qu'on nomme Jude. /"^oyc-j
ce mot.
On Fc Fertde ce mot en pluiïeurs phraFes prover-
biales , par rapport au traître Judas qui l'a porté.
Il eft traître comme Judas , damné comme Judas.
Un baiFer de Judas , Fe dit des careFlés que fait
un homme à un autre pour le trahir. On appelle
du biaii de Judas , des taches de rouiîeur qui vien-
nent Fur le viFi-;e , & on dit d'un homme qui a le
poil roux & ardent , qu'il a un poil de Judas. On
montre au Trélor de S. Denis, la lanterne de Ju-
dus , comme une pièce d antiquité.
Judas. F m. On a appelé populairement il y a quel-
ques années un Judas , une petite monnoie de bil-
lon ou de même métal que les Fous marqués. Le
peuple l'a ainfi appelé par alkuion aux trente de-
niers que Judas vendit Notre Scii^neur , parce que
cette monnoie valoit trente deniers , comme on le
lit dans Ion inFeriptiun. Les /:^(/a5 Font marqués d un
côté de deux LL adolîees j au lùilieu de trois iieurs
de lis, une à droite, l'autre à gauche, là 3"^ d^l-
fous & Furmontée de la couronne de fiance. La
légende eft Latine , Lud. XIIII , Fr. ik Nav. Rex.
1710, ou 171 1. De l'autre côté c'cft une croix lar-
ge , portant un point au milieu , cantonnée de quatre
fleurs de lis , & terminée à les quatre bouts de trois
petits globes , avec ces mots François , pièce de
XXX DENIERS , cL' la lettre de la ville où ils ont
été Frappés. Quelques uns ont une hermine entre
xxx, & deniers.
JUDE. F m. Nom d'homme qui eft le même que Ju-
da , & Judas , mais qu'on ne dit pourtant que de
deux perFonnes , un (aint Apôtre de J. C. Frerc de
S. Jacques le Mineur , & un Fiint Dilciple , dont
il eft parlé dans les Actes des Apôtres , C. XF. Ju
das. L'Apôtre S. Jude fut Furnommé ïhadée. S. Ju
de prêcha l'Ev.angile dans la MéFopotamie , l'Ara-
bie , la Syrie , l'Idumée &: les autres pays voilms ,
comme nous l'apprend Nicéphore , Hifi. Eccl. L.
II. c. jf.. S. Jérôme a confondu S. Jude avec les deux
Simons J le Cananéen , & le parent de Notre Sci
gneur , comme Baronius l'a remarqué à Tan 44.
de J. C. n. 21. Épitre Catholique de S. Jude. P. R.
C'cft une Epitre canonique dont ce Saint eft Auteur.
S. Jude appelé Thadée , eft le frère de Saint Jac
ques le Mineur , Evêque de JéruFalcm , frère com-
me lui , c'cft à-dire , parent de Notre-Seigneur. Il
écrivit cette lettre j Félon la remarque d'Œcumé-
nius , après la mort de la plupart des Apôtres ,
comme il Femble le témoigner allez lui-même exhor-
, ent ceux à qui il écrit de Fe Fouvenix de ce que
293
les Apôtres leur ont prédit, il Fe propoFe dans cette
Ep;trt le mcme but que S. Pierre dans Fi Féconde ,
qui ell de combattre les dikiple's de Simon , 6>: les
Nicolai'tes , qui le contentant d'uric foi ftérik &
Fins œuvres , introduiFoicnt clans l'EgliFc le liLcrti-
nage & la corruption des mœuis. Port. R. d'après
Baronius , an. 6 S. n. j , .^. Foye^ cet fliftoiitn.
Quelques uns ont dit lans preuves que Saint Jude
étoit mort vers l'an 65. de J. C. Saint Jude parle
des Agapes que les hérétiques qu'il coaibat , pro-
fanoient par leurs débauches. Fleury. Cet Apôtre
S. Jude , Furnommé I hadée , ou Lébée , étoit trè-
rc de Saint Jacques l'Evecjue de Jérulalem. Idlm.
L'Ep'itre de S. Jude paro'it écrite après la mort
des autres Apôtres ; elle a le même Fujet , & con-
tient en FuDftance la même doéciine que la Fécon-
de Epitre de S. Pierre , étant contre les mêmes hé-
rétiques , c'eft à-dire j les Nicolai'tes , &c leurs fem-
blables. L'Apôtre y Fait mention du combat de
l'Archange S. Michel contre le Démon tcuclvint le
Qorps de Moïle , dont il étoit parlé dans un livre
apocryphe , nommé l'enlèvement de Moïle. Il y
cite encore un palT^igc du livre qui palFoit Fous le
nom du Patriarche Enoch. Ces livres Fe trouvent
auiil cités par quelques uns des plus anciens Pcrcs j
mais de ce que S. Jude les cite , on ne doit pas con-
clure qu'il les approuve comme divins , puilque
S. Paul a ciré même des Portes piophar.es. Le S.
Elprit nous a marqué par ces citations quelques vé-
rités contenues en ces Ouvrages Fans autoriFer le
refte. Idem.
La S. Simon & la S. Jude j c'eft la fête de ces
Saints , le jour que l'on fait une tête à leur hon-
neur , que '1 on célèbre leur mémoire , qui eft le
i8 d Octobre.
Quint à l'autre S. Jude , Difciple de JÉsus-
Chi<.ist , & Furnommé DarFibé , le P. Montreuil
& le P. Brignon dans la vie de JÉsus , la vcrLoii
de Mons , le P. Bouhours , le P. Amelote & M. Si-
mon le nomment Jude. Aind il faut les luivre plu-
tôt que les verlions de Genève & de Louvain , qui
l'appellent Judas. Cela ne fait pourtant pas encoie
un uFige II établi que pour S. Jude , Apôtre , &
je ne blàmerois pas encore un Traduéfeur , qui au
C. XF. des Aétes diroit Judas & Silas , avec Lou-
vain ^ Genève , comme je condamnerois celui
qui diroit S. Judas , Apôtre , lurnommé Thadée.
JUDE'E.. No.n d'une contrée de la Syrie , prite en
général. Judta , Pal&Jluia ; C!ianaan , Ckanaanïtïs
Regauni , Hïcrofolyimtanum , Terra Promïjfionls ,
Terra Sancla ; Jud^a. Ce pays a porté un grand
nombre de noms differens. Chanaan , fils de Cham ,
& petit fils de Noé , s'y étant établi avec la lamille ,
lui donna le nom de Chinaan-; Dieu ayant promis
au Patriarche Abraham de le djnner à (a poitérité ,
les iFraëlites l'appelèrent la lerie PromiFe , ou la
Terre de Promniion ; les Paleftins ou Philiftins y
étant devenus puiilans & célèbres , lui firent porter
le nom de Paleftine ; les iFraclitcs l'ayant conquis ,
en chalîant ou exterminant prelque tous les Char.a-
néens , elle prit le nom de Terre d'iFraël. Depuis ,
le Royaume étant divilé en deux après la morr de
Salomon , &c l'un ayant été appelé Royaume de
Juda , & l'atitre Royaume dlFraël , les parties qu'ils
occupèrent Furent aulli appelées Terre de Juda , &
Terre d'iFraël , comme on lé voit Fi Fouvent dans
l'Ecriture. EriFuite le Royaume d'ilracl ayant ete
détruit, & les dix Tribus qui le compoFoknt tranl-
portées en Airyric , le Royaume de Juda leal rcfta ,
compoFé des Tribus de Juda ik. de Benjamin. Elles
Furent tranFportées quelques temps après dans la
Babylonie , mais elles, revinrent 70 ans après , Se
occupèrent de nouveau ce pays , c'eft ce qui lui
fit donner le nom de Judte , &: à ce peuple le nom
de Juifs. Les Chrétiens d'Occident ayant entrepris
d'arracher ce pays aux Mahométans dans l'onzième
Fiècle , lai donnèrent le nom de Terre Sainte , par-
ce que les Myftères de notre Falut y ont été accom-
plis ; &i ces mêmes Chrétiens l'ayant conquis , 8c y
5? 4
J U D
ayant fondé un Royaume , dont Jcrufalcm ctoit la
capiule , ils l'apptlcrenc le Royaume de Jérudikm.
Ce pays retomba ious la domination des Soudans
d'Egypte , & enluite (eus celle des Turcs , fous la-
quelle il gémit prélentemcnt.
La Juiùe ei\ bornée au nord par les montagnes
du Liban , qui la léparenr de la Hiénicie j au raidi
par les montagnes .de Séir , & par te torrent de Bé-
lor , qui la féparent de l'Arabie Pctrée ; une partie
de cette Arabie , & une partie de la Déferte la con
iinent du côté du les'ant; & elle el\ baignée au cou
vchant par la mer îviéditerranée. L'air y ell tempé-
ré , Se le terroir h bon j que liiiftoiie lainte 1 ap-
pelle un pays où coulent le lait ôc le nntl. Il pro-
dmloit en abondance des blés , des vignes , des oli-
viers , des figuiers , des palmiers , &c. & fes mon-
tagnes , qui lonr en grand nombre , fournilloient
d'excellens pâturages. La terre eft la même qu'au-
xrelois , mais le petit nombre de fes habitans , &
le déi.uir de culture la rendent déleite en pluiieurs
endroits , comme il eft arrivé à tous les pays que
les Turcs ont fournis à leur Enipue. On y voir
plufieurs rivières , la plus confidérable eft le Jour-
dain : fes principaux lacs font la mer Morte , la
nier de .Galilée , Se le lac Samochonite. Ce pays
lut le liége de l'ancienne Eglife , & le berceau de
la nouvelle , lorfque tous les peuples du monde
étoient plonges dans l'ignorance &c drns l'idolâ-
uie j Dieu écoit connu , adoré & fervi en Judée
par les Ifraëlites. JÉsus-Christ y naquit ; il y vé-
cut , il y prêcha , il y fit un prodigieux nombre de
miracles ; il y foulirit la mort pour la rédemption
du monde; il y relîulcita ; il monta de là au ciel ;
il y répandit fbn Efptit fur les Ditciples d'une ma-
nière vilîbic -, il y forma la première Eglife Chré
tienne , dont toutes les autres ont tiré leur ori-
gine.
, On a divifé la Judée différemment en divers
temps. D'abord que les Ifraëlites l'eurent conquis ,
ils en firent treize parties. Il y en avoit dix entre
1g Jourdain & la mer Méditerranée , Se trois à
l'orient du Jourdain , entre cette rivière , & les
montagnes d'Arabie. Cette diviiiou fe fît fuivant le
nombre des Tribus qui compofoient le peuple.
Car , quoique Jacob n'eût eu que douze enians ,
& que même la Tribu de Lévi n'eût point de part
à cette divilion , néanmoins parce que Jofepli feul
fit deux Tribus , celle d'Ephra'i'm & celle de Ma
nadé ,-Sc que celle de Manaiïé étoit divifée en deux ,
& occupoit deux paities de cette diviiion , cela
faifoit encore treize parties. Les Tribus de Juda ,
de Siméon & de Dan étoient au midi ; la première
vers le Jourdain (Se la mer Morte , Se les deux au-
tres le long de la Méditerranée ; en montant au fep-
ter.trion on trouvoit la Tribu de Benjamin , celle
d'Ephra'un , la demi Tribu de Manaflé , la Tribu
d'Ilfachar , celle de Zabulon , au nord de laquelle
étoient les Tribus d'Af'er Se de Nephtali , celle là
au couchant , & celle ci au levant. Les trois autres
parties étoient à l'orient du Jourdain , Se on les
trouvoit dans cet ordre , en defccndant du nord au
fud , l'autre moitié de la Tribu de Manailé , la Tribu
de Gad , Se celle de Ruben. Tout ce pays ne fit
qu'un corps de République fous le gouvernement
des Juges , Se qu'un Royaume fous les règnes de
Saiil , .de David & de S'alomon ; mais lorfque Ro-
boam , fils de Salomon , fut monté fur le Trône , |
il fe fît une féduion qui partagea ce Royaume en
deux : celui de Juda demeura à Roboam , & il ne
renfermoit que la Tribu de Juda , & celle de Ben-
jamin ; celui d'Ifraël , dont Jéroboam s'empara ,
cpmprenoit les autres Tribus ,. Se tout le rcfte du
pays. C'efl à caufe de cette divifion que la Terie-
Sainte eft foavent appelée depuis dans l'Ecriture ■,
Terre de Juda , Terre d'Ifraël j comme nous l'avons
dit.
Après le retour des Juifs de la captivité de Ba-
bylone , la Judée fat autrement partagée. Elle com-
prit fix parties générales. Il y en avoir trois entre
JU D
le Jourdain Se la mer Méditerranée , la Judée pro-
pre étoit au midi , la Samarie au milieu , 6c la Ga-
lilée au nord : deux autres étoient à l'oiicnt du
Jourdain , la Trachonitidc au nord , Se au midi la
Pérée , avec laquelle quelques-uns confondent i'I-
turéc. f^oye^ Iturée. L'Iduméc ayant été non feule-
ment conquife , mais incorporée a la Judée par Jean
Hircan , qui obligea les Iduméens à recevoir la
Circoncifion , Se toute la Religion Judaïque , elle
fît une fixième partie de la Judte , fîtuéc au midi
de la Judée propre Se de la Pérée.
Aujourd'hui ce pays eff divilé en deux parties
générales : lOiientale , qui ell au-delà du Jour-
dain , eft du Royaume des Arabes ; Se l'Occiden-
tale J qui ell au deçà du Jourdain j appartient au
Turc. Elle eft habitée par des Arabes , des Juifs Se
des Syriens mêlés enfemble. On y voit trois Prin-^
cipautés tributaires du Turc j qui font Gale j Cai-
lar ou Céfarée , Se Sayd ou Sidon , & deux San-
giacats , celui de Jérufalem Se celui de Naploufe.
Les villes principales qu'on y trouve font Gâfe ,
Elkhalis ou Hébron j Elkops ou Jérufalem , Na-
ploufe , autrefois Sichen , Acre ou Ptoléma'ïde ,
Rama , Saphet & Sayde , ou Soyde , ou Sidon. Ce
font les reftes d'un très grand nombre de villes ,
dont la Judée étoit anciennement toute pleine , Se
• elles ne fbnt mcme que l'ombre de ce qu'elles ont
été. Maty
JueÉe propre 5 ou Royaume de Juda. Jud^a proprie
fumpta y Regnurn Judte<s. C'étoio la partie de la Ju-
dée qui refta aux fuccefleurs de D.ivid , depuis le
fchifme de Jéroboam , jufqu'à la captivité de Baby-
lone. Il avoit au midi l'Idumée , Se par tout ail-
leurs il étoit borné par le Roy.aume d'Ifr.iël , il
comprenoit les Tribus de Juda Se de Benjamin , &
Jérufalem en étoit la ville capitale. Maty.
ifT JuDÉt. ( Bitume de ) Nom donné par" quelques Na-
turalilles à i^ie efpèce d'Afphalte qui fe trouve fur
la furtace des eaux de la mer Morte, /^fje J Asphalth
Se mer Morte.
JUDENBOUP.G. Nom d'une petite ville d'Allemagne, 1
Judenturgwn. Elle eft dans la haute Stirie , fur le
Muer , environ à trois lieues de Seckaw , vers le
midi. Quelques Géographes la prennent pour la
ville du Norique , nommée Sabatlnea , que d'autres
placent à Sunebend Kirch, village près du Muer, à
deux lieues au midi de Aîuraw. AIaty.
JUDIA. Foyei Siam.
JUDICA. Terme de Bréviaire. Nom du cinquième
Dimanche du Carême , qui eft ainfi marqué dans
l'Almanach. Ce' nom lui vient du premier mot de
l'Introït de la Melfe qu'on dit ce jour-là. Judicct
nie , Deus. On l'appelle aulïï le Dimanche de la
Pallion.
JUDICATUM. f. m. Terme de l'Hiftoire Eccléfiafti-
que : c'eft le nom que l'on donne à une Sentence
du Pape Vigile contre les trois Chapitres , ou plu-
tôt c'etl le nom que le Pape y donna lui-même"^ ,
(Se que nos Auteurs retiennent en notre langue. /a-
dicatum , K'tgilii Papa Decretum adversùs tria Ca-
pitula. Le Pape Vigile condamna les trois Chapi-
tres l'onzième Avril J48. jour du Samedi Saint , &
il nomma fa Sentence , Jugement. Judïcatum. Il
donna fon Judïcatum à Mennas , à qui il étoit adref-
fé , & en envoya copie à Rome au Diacre Pelage.
Fleury. Il y condamne les trois Chapitres , fans pré-
judice du Concile de Chalcédomc. Idem. Ruftiquc
Se Sébaftien , Diacres de Vigile , fe déclarèrent con-
tre le Judïcatum. Idem.
Ip" judïcatum SOLVI. Exprefllon Latine , en
ufage au Palais , dans cette phrafe. Caution Judïca-
tum folvi. Caution qu'un étranger , dcmaiideur ou
appelant , eft- cbiiné de donner pour fureté des
condamnations de dépens , Se autres qui pourront
être prononcées contre lui par le jugement,
go- JUDÎCATURES. f. f. Etat , prcfellion de ceux
qui font emplovés à l'adminiftration de la Juftice.
Judicatus, May^ijhatus avilis. On le dit par cxtenflon
de quelques olHces qui fervent à l'adminiftration de
J U D
la Juflicc. La Judicacure cil une cfpèce de Saccido-
cc. 11. Il n'y a guère qu'en Fiance où l'on vende
les OlHces de Jud'icature. Cctcc homme a quitte l'é-
pce pour ie mettre dans la iudicaturc. Les Offices
de Greffiers , de Procureurs , de Notaires , & tous
autres qui vivent de procès j lont réputés Offices de
Jud'icature. On a dit auilî judkaturc , pour l'éten-
due de la jurifdidion ou du rcliort d'un Juge. Dix-
ccfis judïcïana.
JuDicATURE. Dignité j état & condition de ceux qui
gouvernèrent les Juits après Moïie & Jolué , avant
rérabliilement des Rois , & qui portèrent le nom
de Juge. La Judicaturc comnien(,a a Othoniel , &
dura julqu'à Saiil j qui fut le premier Boidcs Juih.
Salian explique fort au long dans les Annales , la
ditîércncc qu'il y avoir entre les Juges & les Rois ,
mais M. Ferrand n'cft pas toujours de fon fentiment.
Ce dernier Auteur prétend aulli que Grotius &:
Tertul'ien fe (ont trompés , l'un en dilant que ceux
qui étoicnt appelés à la Jud'icature , jugeoient dans
le grand Sanhédrin , & l'autre en les regardant
comme Ccnlcurs. Il prétend qu'ils n'avoient que le
commandement militaire, (Se qu'ils étoient à peu près ce
qu'étoient les Suffetcs de Carthagc , oc les archon-
tes perpétuels d'Athènes.
JUDICELLO. Nom d'une fort petite rivière de la
vallée de Démona , en Sicile. Jud'icellus , ancienne-
ment Ainemanus , Amènes , Àmafenus. Elle prend
fa lource au pied du mont Gibel , baigne les rui-
nes de Catane , & fe décharge dans le golfe de ce
nom. Maty.
JUDICIAIRE, f. f. Puiirance de lame qui a le difcer-
nement , la faculté de juger. Jud'ic'ium , vis jud'ican-
d'i. Ce Pocte imagine bien , mais la j ud'ic'ia'ire lui
manque. Il n'a jamais eu l'imagination bien vive ,
& c'eft pour cela que j'ai toujours bien jugé de fa
judiciaire. Mol. Ce terme n'elt que du ftylc himilier.
Judiciaire, adj. m. & f. Qui appartient à la Jultice ,
qui cfl: fait en Juftice , par autorité de Juftice. Ju-
diciarius , jur'id'icus. Dans tous les procès , il faut
obferver les formes judiciaires ; c'eft à-dire , le ftyle
ufitédans les Tribunaux, pour les procès Se pour les
jugemens. Un bail conventionnel fe convertit louvcnt
en judiciaire. Un Fermier judiciaire eft celui à qui
un bail a été adjugé en Juftice. Requête judiciaire
eft celle qui fe forme fur le barreau.
On appelle auffi en Rhétorique genre judiciaire ,
Genus judiciale , celui des trois genres qui enfeigne
à défendre un accufé ou à le convaincre. î'^oyer^^
Genre.
A&.ïo\o^it judiciaire. AJtrologia jud'ic'iaric. Eft celle
qui fe mêle de pronoftiquer les événemcns par le
mouvement des aftres , leurs alpeéts & htuarions
La plus vaine de toutes les Iciences elf TAfirolo-
gk jiidic'iairc. Pic de la Mirandole , Alexandre ab
Angelis , Sextus ad Htininga , le P. Merfcnne ont
fort bien combattu l' Aftrologie judiciaire. Les Arabes
ont beaucoup écrit iur l'Aftrologie judiciaire, l'oye:^
Manilius &: fes Commentateurs.
Après que l'on voit tant de gens infatués des fo
lies de l'Aftrologie judiciaire , & que des perfonnes
graves traitent cette matière férieulement , on ne
doit plus s'étonner de rien. Il y a une conftellation
dans le ciel , quil a plû à quelques perionnes de
nommer Balance j & qui rellemble à une balance
comme à un moulin à vent. La balance eft le fym-
bole de la Juftice ■■, donc , ceux qui naîtront fous
cette conftellation feront juftes & équitables. U y
a trois autres lignes dans le Zodiaque qu'on nom-
me l'un Bélier , l'autre Taureau , l'autre Capricor-
ne , & qu'on eût pu aulfi bien appeller Eléphant ,
Crocodile &z Rhinocérot. Le Bélier j le Taureau &
le Capricorne font des animaux qui ruminent jdonc ,
ceux qui prennent médecine lorfque la lune eft fous
ces conftellations ^ font en danger de la revomir.
Quelque e.xtravagans que foient ces raifonnemens ,
il fe trouve des perfonnes qui les débitent , & d'au
très qui s'en lailtent perfu.ader. Loc.
Le mot de Judiciaire eft quelquefois fubftantif ,
J U E 295-
j & on l'emploie feul, fans y .ajouter le mot d'Af-
trologie. La jud'iciaire eft la plus vainc de toutes les
Iciences.
JUDICIAIREMENT, adv. Juridicè , j urid'iciorum mo-
re , inter jud'icandum. En forme judiciaire. Sur la
requête judiciaireme/it fa'ni: pardevant nous, &c. C'eft
ainli que commencent toutes les requêtes verbales.
Un bail fait judiciairement.
JUDICIEUSEMENT, adv. D'une manière judicicufe.
Prudenter , apte , multo cum judicio. Parer , fe coii>
duirc judic'ieufemcnt.
JUDICIEUX, tusE. adj. CCFQui a le jugement bon;
qui marque du jugement Ik du bon Icns. Qui a du
jugement , ou qui eft fait avec jugement. On le
dit des perfonnes & des clioles. Prudcns , judicio
pradicius , pollens. Une réponfe jud'ic'ieufe fait plus
d'honneur qu'une répartie brillante. Bell. U faut
(e remplir de ces judic'icufes réHcxions qui fortifient
l'elprit contre les lauiîes opinions du monde. Fléch.
Cet Amballadeur a tenu une conduite fort judicieu-
Je. Tons les Ouvrages de cet Auteur font fort ju-
dicieux. Rien n'échappoit à fa critique fine &C judi-
cieufe. BouH. Un Prédicateur ne doit s'attacher qu'à
plaire aux Auditeurs jud'ic'ieux tk intelligens. Nie.
Les penlées & les réflexions jud'ic'ieufes lont allez
trilles. S. Eva. Ceux qui alpirent à la réputation
de fagelle , .aHeélent la gravité des gens fenfés & jud'i-
c'ieux. M. Esp. Hérodote eft tïès judicieux. Bossuet.
JUDITH, l. f. Nom d'une Héroïne Juive qui tua
Holokrne , Général des troupes Allyriennes , dans
la tente , & délivra Béthulie , fa patrie , qu'elles
allîégeoient. Judith.
Ce nom lignifie Juive.
C'eft aull; le nom d'un Livre Canonique de l'Ecritu-
re , qui contient l'hiftoire de l'expédition & de la
mort d'Holoferne. Le livre de Judith n'eft point
dans le canon des Juils ; c'eft pour cela qu'il n'a
pas été reconnu d'abord pour canonique par tout le
monde ; mais S. Jérôme dit que le premier Concile
de Nicée le mit dans le canon. Le même Saint dit que
ce livre a été écrit en Chaldéen ; on n'en connoît
pas l'Auteur. Le fentiment qui paroît à quelques Sa-
vans le plus vraifemblable , eft que ce tut le
Grand-Prête Eliacim ou Joakim , celui qui exerça
la louveraine Sacrihcature , enrre Sobna & Helcias.
Grotius a prétendu que ce livre n'étoit qu'une pa-
rabole. Il n'eft fuivi de peilonne. On dit dans Ju-
dith , parce que le Seigneur eft patient , failons pé-
nitence , Judith , FUI. 14. c'eft-à-dire , au livre de
Jud'ith , Chap. VIII. vcrf. 14. Il y a un excellent
Commentaire de Sérarius fur Judith , Iur le Livre
de Jud'ith.
JUDOIGNE. Petite ville que les Flamands nomment
Geldenahem , en Latin Judon'ia , Geldenacum , G'il-
dornacum. Elle eft dans le Brabant Elpagnol , fur
la petite rivière de Gias , à deux lieues au delfus de
Tilmont , &C à cinq de Louvain , du côté du mi-
di. Maty.
JUDSUNAMASI. f. m. Terme de Relation. Prières de
la féconde heure de la nuit chez les Turcs. Orat'io
horâ nocl'is fecundâ fieri fol'ita apud Turcas. Pen-
dant que Bajazet demeura à Conftantinople , le
(îxième du mois de Zuinafvil Evellis , après le Jud-
fu Namaji , ou prières qui fe font entre le foleil
couchant & la minuit, & que les Turcs ont accou-
tumé d'appeler la féconde heure de la nuit , il vint
un fi grand tremblement de terre à Conftantinople ,
qu'il abattit le fommet des tours joignantes les Mof^
quées , les tours de la ville , &c. 'Vigenere , Coût,
de Chalcond L. II. p. 21 y.
JUEkIANG ou Juenchiang. Ville de la Chine, dans
la province de Junnan , dont elle eft la Icptième
dans l'ordre des villes militaires. Les paons y font
fort communs.
JUEk. f". m. Nom d'homme. Juthàil , Jutha'él. Le
Comte Juthaïl , que nous appelons Juel , étoit Roi
d'une partie de la petite Bretagne , en France. Bail-
LET , au treizième de Dec. il cependant il y a eu des
Rois en Bretagne.
29^
I VE
I V E.
IVELINE. La foiêt /ve//V2^. C'écoit autrefois une fout
de la Ceauce, en France. AquUina ou Evelina , ou Euli
na Sylva. Elle écoic à l'orient de Chartres , près du
bourg S. Arnould ; mais elle elt aujourd'hui prefque
toute défrichée. Elle alloit julqu'à Rambouillet , 0\:
une partie (e nommoit le bois de Rambouillet. De
Valois , Nom. Gall.p. .^S o.
IKJ" La forêt à'Iveiine , ou le bois des Iveli/ies eft en-
tre Chevreufe , Rochefort , Saint-Arnoul & Eper-
non. Elle s'érendoit autrefois davantage , & le bois
de Rambouillet en faifoit partie. Quand M. Bau-
drand dit OjU'clle cft: prelque toute déhichée , on
■doit entendre qu'on a éclairci (Se cultivé divers en
■droits d'une l'eule forêt , de manière que pluiieurs
parties détachées ont préientemcnt des noms parti-
culiers j comme le bois des Ivelines , qui conferve
l'ancien nom , le bois de Rochefort , la forêt de
Dourdans , le bois de Batonneau , le bois de Ram-
bouillet , les taillis d'Epernon , Se la forêt de S.
Léger. Tout cela failoit une forêt continue , lorique
la France étoit moins peuplée qu'elle n'efl: prélcn
temcnt ; & cette forêt étoit nommée Aquilina Sil-
va., Silva Evelina , ou Eulina dans les anciens ti-
tres.
IVELMOUTFL Nom d'un petit golfe du Comté de Som-
merfet, en Angleterre. îvdmuûum, Vcxala, U.xila. Il
eft formé par l'embouchure de l'Ivcl , dans la Sa-
verne , près du bourg de Watchet , au delfous de
Bridgewater. Maty.
I V E - M U S Q U É E. f. f. Herbe qui rampe Se le
courbe contre terre , Se dont les feuilles font
femblabies à la petite joubarbe , mais plus menues
de beaucoup , plus gralles & plus cotonnées. Il y
en a un fi grand nombre , qu'elles font comme
cntallées autour des branches. Elles ont la forme
&c l'odeur du pin ; ce qui fait que l'on appelle cette
herbe Ckamicpuis , petit pin , de i':"! > qui veut dire
à terre , & de «,«0.) , pjn,- Ses fleurs qui reluilent
par toute la tige font jaunes , petites , minces , &
fes racines longues d'une palme avec des capillatu-
res. Elle a un goiit amer j accompagné d'un peu
d'acrimonie. Cette plante eft chaude , incilive , abl-
terlive & mondificativc , Dioicoride dit que les
feuilles priies en breuvages pendant lept jours , gué-
rillènt de la jaunilîe , que continuées durant qua-
rante jours J elles (ont très-bonnes pour les Iciati-
tiques , Se qu'on les ordonne particulièrement aux
difficultés d'urine , aux déleéluolités du foie & des
reins , & pour les tranchées du ventre. Il parle de
deux autres elpèces à'ive.
JUENCHEU. Nom d'une ville de la Chine. Juen-
cheum. Elle efl: la onzième de la Province de
Kiangfi , & a trois autres ville fous fa Jurifdidion.
Maty.
IVERDON , ou IVERDUN. Eherodunum Eelvetio-
rum , Eburudunum , Ehrodunum , Ehredunum , Ehrc-
dunum , Ehrïdutmm , Eberodunenfe cajirum. Ce lieu
ell dans la SuilFe , à l'entrée du lac de Neuven-
burg , Se de Ncuchaftel à quelques 6 ou 7 milles
du Château Se de la rivière d'Orbe , ou Orbach.
■Valois. Not. Gall.p. 184.
IVERNE. Nom que l'on a donné autrefois à l'Irlande.
Iverna
l'VES. f. m. Nom d'homme. Ivo. Saint Ive efl: patron
des Procureurs. Ives de Chartres étoit Prêtre &
Prévôt de Saint Quentin de Beauvais , lorfqu'il fut
élu Evêque de Chartres (ous le Roi Philippe j à la
recommandation du Pape Urbain II. Fleurv , Hïfi.
Ecdéfiaft. Liv. 46. Plufîcurs écrivent Yvts par un
y. L'i ne fe prononce point dans ce mot. On dit
Saint Ive étoit l'Avocat des pauvres 3 & non pas Saint
Ive zétoit l'Avocat , &c. y
IVETOT. Foyei Yvetot.
IVETTE , ou IVE mulquée. 1. f. Abiga odorata. Sorte
de plante. Vûyi\ Chamapitys. C'efl: la même
choie.
J U G
J u G.
JUGA , ou JUGATINE. f. f. Terme de Mythologie.
Nom que l'on donnoit a Junon en qualité de déellè
qui préhdoit aux mariages. Juga, Jugacina. Ce nom
vient de jugum , joug, ou coiiinic dit Feflus, parce
qu'elle unilloit tous le même joug les perfonnes qui
le marioient , ou par allufion au joug que l'on mettoit
en ertet lur les deux époux dans la cérémonie des no-
ces , comme l'écrit Servius lur le commencement du
quatrième Livre de l'Enéide , p. ^i j , de l'Édition de
Rob. Etienne , in-fol. Du relie Fellus eft le feul qui
appelle Junon Juga;c:ir Ser\'ius dit Jugalis. Junon
Juga avoit un autel dans une rue de Rome, qu'on
appeloit à caule de cela Ficus Jugadus. 'Voyez Fef-
tus, Servius & Dempfter dans les Additions aux An-
tiquités de Rolîn , Se Voilîus , de Idol. L. IL c. 26.
§CrjuGA. f. f. Terme de Botanique. Plante dont la"
fleur efl: monopétale , en entonnoir , Se porte un
tuyau frangé. Il fort du fond du calice un piftil qui
eil attaché comme un clou à la partie poftérieure de
la fleur , Se qui devient dans la fuite une filique mol-
le j charnue, contenant des fcmences irrégulières.
JUGAL. adj. m. Jugalis. Terme d'Anatomie. C'cfl; un
allemblage de deux apophyfes ou éminences qui naif-
fent, l'une de l'os temporal. Se l'autre de l'os delà
pomette , & qui font jointes par une future oblique
qu'on nomme Zygomatiques. Ces deux apophyfes
font une arcade cjui donne paflage au mutcle crota-
phite & qui le couvre. Le mufcle majje:er prend fon
origine de l'os jugal. Les Anatomiftes l'appellent
aulîl Zygoma, Ç'yaj.^^ , du mot Grec Ijiyk , jugum,
joug.
JuGALE, étoit chez les Romains un furnom de Junon,
Voye-{ Juga.
JUGATIN. f. m. Terme de Mythologie. Nom de deux
dieux chez les anciens Romains. Jugaûnus. Il y avoit
deux dieux Jugatins , dont l'un prélîdoit aux mariages
Se l'autre aux fommets des montagnes. S. Auguflin
efl le feul qui nous fafîe connoître ces deux divinités
dans fon Livre quatrième de la Cité de Dieu; il parle
du premier Jugaûn au ch. XL Se du fécond au ch.
FUI. Il parle encore du premier au ch. IX. du Livre
fixième du même Ouvrage.
Ce nom a été formé du moi jugum , qui fe dit en 1
Latin , Se du mariage , & du fommet d'une montagne.
JUGATINE. f. f. Surnom de Junon , en qualité de (
déelle qui préfidoit aux mariages. C'ell la même 1
chofe que Juga. Voyez ce mot Se Votnus, L. IL c,
26 . de Idolol.
fO°JUGE. f. m. Judex. C'efl en général celui qui cft >
établi pour décider les différends des particuliers, & 1
rendre à un chacun ce qui lui appartient. Le caradère
de Juge eft une portion de la Majefté Royale dont le
Prince le dépouille. Il tient de Dieu le pouvoir de jii-
ger : ceux à qui il le communique ne font que le re-
préfenter dans l'exercice de la juftice.
03° Autrefois" les Rois rendoient eux-mêmes la juflice
à leurs peuples; mais ne pouvant fuffire à pourvoir '
aux aftaires de l'État Se à juger leurs Sujets , ils
créèrent des perfonnes fages pour le faire fous leur
autorité. C'efî ce que nous appelons 7/^^fi. Le devoir
des Juges eft de rendre la juftice. La Bruyère ajoute
que leur métier eft de la différer.
IJcyLemot de /«^tf vient du Latin /i^i^cw , quajîjus di-
cens, qui rend la juftice.
Anciennement les Juges étoient perfonnellement
refponfables de leurs jugemens. On les prenoit à par-
tie & on les allignoit fur l'appel, & ils étoient con-
damnés à l'amende s'ils avoient mal jugé. Les Juges
Royaux furent dans la fuite déchargés de cette peine j
qui fut refheinte aux Juges ieigneuriaux. Enfin, cette
coutume s'eft entièrement abolie à l'égard des uns Se
des autres , Se la partie feule court le hafard de la fen-
tence , Se les Juges ne font plus appelés pour foutenir
leur jugement. Il y a encore un veftige de cette an-
cienne coutume ; car les Juges inférieurs font encore
obligés de comparoître au Parlement à certains jours ,
comme
J U G
comme poiu rendre compte de leur conduite ; mais
kiir prctciicc n cil plus qu'un rcfpect de forma-
Ijic que le l'aricmeiir s clt conkrvc. l'alquicr , en rap-
portant cet ancien ulàgc, ajoute qu'il tcroit à fouhai-
tcr qu'il Kit rétabli pour réprimer les injulticcs des Ju-
ges inférieurs qui, n'étant point garans de leurs (en
tenccs, halardent tout Ik. ne s'appliquent pas aiièz à
bien adniiniiher la julace. Foye:^ Appel.
■IK/ On a dojiné aux Juf^cs plufieurs noms particuliers ,
iuivant l'étendue de leurs junldictiojis , c^' iuivant
les diliércntes matières dont ils peuvent cunnoitrc.
On appelle Juges ordinaires , ceux qui connoillent
dés cliitérends 6c conreftations entre perlonnes lou-
inifes à leur jurildiztion en conféquence du droit
commun , & non pas en vertu d'une attribution par-
ticulière de jurildution.
ffS" Les Juges extiaoïuinaires , iont ceux qui jugent
en vertu d'une juriidi^tion particulière , qui leur
a été attribuée , par quelque privilège pertonnel ,
ou par rapport à la matière qui tait le fujet de la
conreltation d'entre les parties.
0c? i'cls font les Juges des requêtes de l'Hôtel & du
Palais, les Juges des privilèges de l'UniveiTité ,
qui connoillent de la jurildiction ordinaire , mais
encre perlonnes privilégiées feulement.
^Criels iont les Ciranibres du Domaine & du Tré-
lorj les Haux & forets, l'Amirauté, la Conncta-
blie , les Prévôts des Marchands & Eehevins , les
Juges Coniuls , les Conlervateurs des privilèges des
foires , qume connoillent que de certaines attaires,
miH entre toutes lortes de pcrionnnes.
^C? i'els font enfin les £lus , les Officiers du Grenier-
à Sel & des Traites Foraines , les Cours des Aides
où fe relèvent les appellations des Élus , Greniers-
à-Scl , &c des Traites ; le Grand-Conleil , où ref-
fortit l'appel du Grand-Prévôt , les Cours des Mon-
nuicsj qui coiinoillent entre routes fortes de perlon-
nes , de certaines aftaires particulières , dont les Par-
iemens ne peuvent connoitre ni en première inftan-
ce , ni en caule d'appel.
^r Jugés fouvcrains , ceux qui jugent en dernier ref-
ibrtjlans appel. Leurs jugemeiis s'appellent Arrêts,
& leurs compagnies j Cours.
^fT Juges iniciieurs j ceux qui ne jugent pas en der-
nier rellort , des jugeir.ens detqucis on peut inter-
jc'tter appel. Leurs jugemcns s'appellent Sentences.
^3° Juges Royaux , ceux qui Iont établis par des pro-
vifions du Roi J pour rendre la juftice enfbnnomj
dans l'étendue de leur rellort.
•§Cr Juges des Seigneurs , communément appelés yîi/'iî/-
temes , ce font ceux qui (ont établis par des Seigneurs
qui ont droit de Juftice -, mais qui ne peuvent pas
connoitre de certaines caufes dont la connoilîànce eft
réiervée aux Juges Royaux.
§3" Juge à quo , celui de la Sentence duquel on inter-
jette appel.
§CrJuGE ad quem , celui par -devant lequel l'appel
eft interjette du Juge à quo.
^JC? Juges d'attribution, ceux qui font établis fpé-
cialement pour connoitre de certaines aftaires j
dont la connoilfance leur cil: attribuée , àTexcluiion
des Juges ordinaires.
1^ Juge compétent j qui peut connoitre du différend
des parties. Incompétent , cjui |xjur certaines cau-
fes n'en peut pas connoitre. f'^oye^ ces mots.
^3" Juge délégué , c'eft celui qui eft commis par le
Prince , ou par une Cour louveraine , pour inftruire
& juser un difterend.
§3" Les Inrcndans des Provinces font des /w^ej délégués
& départis dans les Provinces, qui ont aullî des Sub-
délégués.
^^" Juges délégués in panibus , font des Juges que le
Pape délègue dans le diocèfe où une affaire doit fe
traiter. Quand il y a appel en Cour de Rome des Pri-
mats & Métropolitains , le Pape eft obligé de déléguer
des Commiirairesi/2/7.îr/iii^j, c'eft à dire, en France
«y intnï eandcm Diœccfirn , afin que les particuliers
ne loient pas obligés d'ailtr plaider à Rome.
CfS^JuGEEccléfiaPrique, eft celui qui exerce la Jurif-
Tûme V.
J U G 297
didion Ecçlcfiaftique.
0CJ'iuGH Auditeur, /^ovc^ Auditeur.
;,KrJuGE i\: Coniuls, ce Iont cinq Marchands, dont le
premier s'appelle Juge y &c les quatre autres Co/î/^^j^ ,
qui connoillent de toutes lortesde conteUations euuc
Marchands, pour laie de marchandiles. A'oytj Con-
sul.
Jjcr"A LyoUj il y a im Juge Confervateur des Privilèges-
des Foires.
$Zf Le Prévôt de Paris eft Juge Confer\'atcur des privilè-
ges de l'Univerhte. ics Licutenans font les Juges Ci-
vils, Criminels ix de Police.
CCf Juges de Police, font des Jujjes créés pour veiller
à la sûreté des villes où ils Iont établis, &: pour con-
noitre des délits de ceux qui contreviennent aux Or-
donnances Si aux Règlcniens de Police.
Juges Conseillers de la Retenue. Ce font Jlts Mar-
chands choilis &: nommés par les Prieur & Coniuls
de la Bourle commune de iouloule, pour lesaliifter
au jugement de's aftaires de Commerce , qui font de la
compétence de cette Jurifdiction./
Juge du dehors. Jue^ dejora. Nom que l'on donne à
un Officier de Judicaturc en Portugal. Judex aLienï-
gena. Voici comme en parle M. de la Neuville dans
Ion Flift. de i*ortug. Tom. I. p. yS. (_iutre les Juges
ordinaires qui Iont dans les villes capitales de chaque
ComarquCj on a encore établi un Jue-^ de fora,
ou Juge du dehors ^ parce qu'il ne doit pas être né
dans le même lieu où elt la jurilJidion ; cette
Charge c4l triennale. Si l'on appelle de lesjugemcris,
cet appel eft porté aux Chambres civiles de Ion
rellort, oà les Letrados (c'eft ainii qu'on nomme
les Avocats) vont plaider & défendre les intérêts
de leurs parties.
Juge & Garde de la Prévôté, c'eft un Juge fubal-
terne du Bailli , celui ci juge les caules des Nobles ,
3c l'autre les caufes des Roturiers. Caufarum ignohi-
llum Judex. Il y a des Juges &C Gardes de la Pré-
vôté à Mehun , à Illbudun en Berri , &c en plu-
Iicurs autres villes du Royaume.
Juge des Exempts. Nom de cenains Officiers de Jus-
tice établis pour les apanages des Princes ; ils con-
noilfoient au nom du Roi des cas RoyaiLX , &c des
caules des Egliles de fondation Royale , & des Privi-
légiés , &c de tous les cas dont les Otllciers Royaux
connoiftoient par prévention dans les terres & pro-
vinces données en appanage. yoye')^ les lettres Pa-
tentes de Charles IX. de l'an ijfîô, pour les apa-
nages des Ducs d'A.njou & d'Alençon l'es frères;
la nu'me chofe a été faite pour Montargis , lorfque
le Duché d'Orléans fut donné en apanage , &c en
d'autres occafions encore.
^fl" Juge d'Armes. Titre d'Offices. Par Edit du mois
de Janvier 161 5. Louis XIII créa un Juge Géné-
ral des Armes à la fuite de la Cour j avec plein
pouvoir de juger des blafons , fautes & meiréances
des armoiries , & de ceux qui peuvent & doivent
en porter : enfemhle de connoitre des diiîérends qui
pourroient arriver en cette occafion , lui attribuant
toute cour Se juriidiclion , voulant S. M. que les
fentenccs reftortiffent nuement par devant les Ma-
réchaux de France. Cet Office fut fupprimé en i6ç)6;
mais par autre édit du mois d Avril 1701 ,^ il fut
rétabli , Se en 1706 un Arrêt du Confeil d'Etat de
S. M. déclare qu'il appartient auxdits Juges île ïé^Xez
les armes que les particuliers ont droit de porter ,
& d'empêcher qu'aucun ne s'approprie celles des
meilleures Maifons. M. d'Fîozier Généalogifce de
la Maifon du Roi , en eft aCluellement pourvu.
CD' Juge de Paix. Officier de Juftice en Angleterre.
Ce font des Officiers établis par le Roi pour pu-
nir les perturbateurs du repos ^ public , yoleu; s ,
meurtriers Se autres. Si l'on a été menacé par un
ennemi , on peut fe pourvoir pardevant un de ces
Juges , qui met le plaignant en sûreté , exigeant de
l'autre une promelle fous bonne caution , qu'il ne
fera aucun mal pendant un an Se jour à celui que
la Juftice prend fous la proceelion.
Juge- Mage. Nom d'uu Officier- de Judicature. Prç-
Pp
g8
J U G
niier Juge, Chef de la Juftice dans une Ville. Cela
fe die dans quelques Provinces miiidionales de
France. Judex major. C'cll ainlî qu'on appelle a
Touloufe , le pieniier Juge ordinaire , tel que le
Lieutenant du Sénéchal.
^fT Juge Pédanée. Voye\ Pédanée.
|Cr Chez les Auguîtins on appelle ia^^cs des caufcs,
des Religieux qui dans les Chapitres Provinciaux
examinent le droit de ceux qui prétendent voix ,
& jugent d'autres petites aitaires qui leui's lont en-
voyées _ des couvens dont le Chapitres lont com-
pofés.
g3"On appeloit autrefois Juge hotte , un Jugeo^ n'é-
toit pas gradué. On ledit aujourd'hui par mépris de
ceux qui jugent lans lumières
Juge , 4e dit dans l'Écriture de certains perfonnages
illuftres que Dieu envoya depuis Jofué julqu a l'é-
tabliliemcnt des Rois , pour gouverner Ion peuple.
Ces Ju^cs n'étoisnr point des Magiftrats ordinaires ;
mais des Magiitrats extraordinaires , que Dieu en-
voyoit quand il lui plaifoit , à fon peuple , pour le
délivrer de l'es ennemis , commander les armées
& le gouverner. Car Salien remarque qu ils ne
prélidoient pas feulement dans les jugemenSj mais
encore qu'ils étoient les chefs des conleils , des
armées j & dans tout ce qui concernoit le gouver-
nement de l'État i quoiqu'ils ne prilkiit le nom ni
de Chefs , ni de Princes , ni de Gouverneurs. Le
même Salien remarque fept points en quoi ils difté-
roient des Rois. i". Ils n'étoient point héréditaires.
2°. Ils n'avoient point un droit abfolu de vie & de
niort , comme les Rois , mais teulement félon les
loix,&: dépendammencdcsloix. 5°.Ilsn"entreprenoient
point la guerre à leur gré , comme les Rois ; mais
feulement quand Dieu les cnvoyoit pour la faire ,
ou que le peuple les appeloit. 4". Ils n'exigeoient
point de tribus, f. Ils ne fe luccédoient pas immé-
diatement : quand un Juge étoit mort , il éroit libre
au peuple de lui donner un luccelîeur lur le champ ,
ou d'attendre ; & de tait , il y a fouvent pluheurs
années d'intervalle entre eux. 6°. Ils ne portoient
point les marques de la fouveraineré ^ lelceptrCj le
diadème. 7°. Ils n'avoient point d'autorité pour taire
de nouvelles loix , mais feulement pour taire ob-
ferver celles de Moïle. Ils étoient auiH en quelque
chofe femblable's aux Rois. 1°. L'autorité leur a été
donnée à vie; & non pas feulement pour un temps.
2°. Ils gouvernoient feuls & tans dépendance , ce
qui fait que Joleph appelle leur condition une
Etat monarchique. Le peuple Hébreu a été gou-
verné par quinze Juges depuis Othoniel , qui tut
le premier, jufqu'à Héli pendant l'elpace de 340
ans. U y a dans la Chronologie des Juges des années
de lervirude , & les années des Juges. Le P. Pétau
& quelques, autres les diitinguent ; mais il faut les
joindre.
Les Juges , ou le Livre des Juges, C'eft un Livre
Canonique de l'Écriture, qui contient l'Hilloire des
Juges , dont nous venons de parler. On ne tait cjuel
en eft l'Auteur. Il eft probable qu'il n'efl: pas d'une
feule main; que c'étoient d'abord dirlérentes petites
hilloires ; qu'Efdras ou Samuel les rallembla en
un même volume , a'în qu'elles te contervallènt plus
aitément , & qu'ils les tirèrent des anciens Jour-
naux, ou Annales, &c Mémoires que chaque Juge
avoir compotes. Le tentiment des Hébreux eft que
ce fut Samuel qui fit ce recueil. Voye^i Cornélius
à Lapide , & Bonfrérius dans tes Pr&loquïa. On dit
les Juges , ou le Livre des Juges. On lit dans les
Juges , aux ch. XX, & XXI , comment la Tribu
de Benjamin penla être détruite. Il y a un Com
mentaire de Bonfrérius tur les Juges.
En JUGEANT _, fe dit quand fur la plaidoirie conna-
diétoiredcs Parties, le Juge ne fe trouve pas en état
de décider , parce que la décihon de la caule dé-
pend de l'examen des pièces produites dans l'artairc
principale qui eft appointée, ou que la Requête tend
à faire juger à l'audience ce qui eft appointé. En
l'un & l'autre cas le Juge prononce , joint la Rc-
J U G
qiîcte à Vlnjlance ou Procès , pour en jugeant y avoir
tel égard que de raifort.
JUGEMENl . f. m. Faculté , puilîance de l'ame pour
connoître & ditcerner le bon d'avec le mauvais
le vrai d'avec le faux. Judicium , mens , intelleclus
vis animi. Le jugement n'eft que la grandeur de la
lumière de l'efprit. La Rochef. Quand on a la
mémoire heureute , on a d'ordinaire moins de ju-
gement. Le tempérament qui rend 1 imagination
vive eft contraire à celui qui fait le jugement. For-
mer le jugement , c'elt donner à un etprit le goût
& le dilcernement du vrai ; c'eft le rendre déli-
cat à reconnoître les faux raifonnemens j & à ne
fe pas lailler éblouir par de faux principes. Nie.
Avoir un jugement éclairé & incapable d'être fur-
pris. Flec. Le jugement eft préférable au lavoir :
le premier fc peut palier du ïecond ; mais le fé-
cond ne fe peut palier du premier. Mont. Le
jugement peut être loue d'être lolide , profond,
délicat à ditcerner , jufte à définir ; mais on ne lui
donna jamais la qualité de vafte S. Évr. Le juge-
ment tout t'eul paroit fade & ennuyeux : on aime mieux
la vivacité lans le jugement , que le jugement fans
vivacité. Bell. Le jugement n'eft pas ti févcre qu'on
ne pullfe quelquetois mêler d'agréables folies aux
chotes les plus férieutes. M. Scud. Le jugement eft
le partage des perfonnes qui font obligées d'être
férieutes , ou par leur âge , ou par leur profeftîon.
Bell. Quand l'ima-';ination eft en la torce , le ju-
gement n'eft qu'à demi tormé , Se il n'arrive guère
en la perfeélion que les autres puillances de l'ame
ne tbient fur leur déclin , & fur leur retour.
COSTAR.
Jugement , te dit aulTî de l'aftion par laquelle cette
puilîance exerce ta fonction. Cette adrion a été con-
duite avec prudence , avec jugement : c'eft un acte
de grand jugement. Voilà une faute de jugement.
Il ne faut point hatarder l'honneur de fon jugement^
en décidant trop vite. Le Cl. ht jugement des honx-
mes eft bien louvent faux & trompeur. On aban-
donne tous les jours le jugement pour ne pas man-
quer d'etprit & de vivacité. Bill.
§Cr Jugement J Discernement. Le difcernement re-
garde non teulement la chote , mais encore l'es ap-
parences , pour ne la pas confondre avec d'autres.
C eft une connoillance , qui diftinguc. Le jugement
regarde la chote conlîdérée en elle-même , pour en
pénétrer le vrai ; c'eft une connoillance qui pro-
nonce. Il s'attache à ce qu'il y a faire j & poulie
les lumières jutque dans l'avenir ; il lent le rappoit
& la contcquence des chofes , en prévoit les fuites
& les ettets. Il eft tage, il rend la condiùie prU'^
dente , & empêche qu'on ne s'égare en donnant
dans le travers ou dans le ridicule. Syn. Fr.
§3" Loriqu'il s'agit de taire quelque démarche , ou
de te déterminer à prendre un parti , il fout fuivre
le conleil des perlonnes qui ont du jugement.
Le jugement eft plus ou moins sûr , félon la force
de la railon & l'habitude de l'expérience. Qui n'a
point de difcernement eft une bête. Qui manque
tout-à tait de jugement eft un étourdi. F^oy. encore
Discernement.
iK?" Jugement, Efprit, raifon, bonfens, entendement,
conception , intelligence , génie, conlidérés dans une
fignifîcation fynonyme relative.
Le jugement eft tolide & clair-voyant ; il ban-
nit l'air imbécile &: nigaud ; met aifément au fait
des choies ; parle &c agit en conféqr'^ce de ce
qu'on dit & de ce qu'on propofe.
Cf3" L'étourdcrie eft l'oppofé du jugement. Voye^ les
autres mots.
Jugement , en termes de Logique , eft la teconde ope-
ration de l'ame. C'eft celle par laquelle elle alKrnie
ou elle nie quelque chote d'un objet ; par laquelle
elle joint ou elle fépare deux idées , & en aftirme
ou en nie h convenance. Dieu eft bon : c'eft un
Juf^cmeut affirmarif. Dieu n'eft pas injufte : c'eft un
Jugement né;^.atif. Le premier jc^int l'idée de bon
avec celle de Dieu ; Ôc le fécond fépare l'idée d'in-
J U G
juftcdc l'iilcc tie Dieu. Pkiricurs Philofophes mci-
tcnt le Jugement dans le feul verbe eft , les deux
aunes termes iont des idées ou des peiceptioiis feules.
En ce lens on peut diie que tout justement efl ailir-
ii/iatif. Car ^ Dieu n'cft pas injulie , n'eil autre
choie que Dieu cil non injuik.
^' On demande dans les Écoles iî le jugement cft
un aiîlc de la volonté , ou de l'entendement. Qucf-
tion peu intérellante. C'eft la même amc qui con-
noît, qui arrange , qui combine les idées , qui pro-
. nonce <ur leur convenance ou leur dilconvcnancc ,
,,qui fe porte vers certains objets , qui s'éIoit;nc des
autres , 6'c. & qui reçoit ditlerens noms luivant la
dirtérence de les fonélioiis.
Jugement , fe dit aulli des décidons des puillmces
fouveraines \, Hc par excellence on le dit de Dieu ,
j pour fignifier les décrets de fa providence. Quand
le jufte eft aftligé , c'ell par un fecret jugement de
. Dieu. Il taut adorer les jugemens , Se it loumettre
aux décrets de la Providence. Il ne faut pas londer
les abymes de les jugements. Fléch. Adorons la
profondeur des jugemens de Dieu , lans les éplu-
cher. Boss. La confidération des jugemens de Dieu,
cil une méditation trop grollière pour les parfaits ;
il leur faut des Ipiritualités plus délicates. Fléch.
§^ On appelle aulîî le Jugement , le Jugement der-
nier j final ou univerlel auquel Dieu jui-.eia les
. vivans & les morts , récompenfera les bons &
. punira les méchans. Le Jugement particulier efl
celui par lequel Dieu juge les âmes aufîi-tôt après
la mort.
On appeloit autrement jugement de Dieu , com-
me le dit Agobard , les preuves extraordinaires qui
le faifoient en Juftice des crimes fecrcts , qu'on
faifoit par les jugemens , par les armes & par le
combat lingulier , & par l'attouchement du fer
chaud , ou 1 immerlion du bras dans l'eau chaude ,
ou de tout le corps dans l'eau froide , dans la
croyance que Dieu leroit un miracle plutôt que
de lailler périr rmnocence & la vérité. Mais quoi-
que cette coutume ait été Ipng- temps fouit'erte
dans l'Églife , elle a été abrogée vers le temps de
S. Louis. Elle eil encore en ulage chez quelques
Nations, ^^oye^ Épreuves , Fer Chaud , Feu ôc
Eau. Ces épreuves fe fiiloient dans l'Églife , hors
les jours de tète & de jeûne , en préfence des Évê-
ques , des Prêtres & des Juges féculiers, après un
jeûne de trois jours , une confellîon & une com
muniouj avec plulieurs adjurations, & cérémonies
décrites par du Cange en plulîeurs endroits. Du
Cange dit qu'en vieux François ces Jugemens s'ap-
pelloient Juis de Dieu , & il les étendoient juf-
qu'aux jeux de dez & de iiafiid j d'où ils croyent
que le mot de jeu eft dérivé.
Jugement de Dieu devant la Croix. Nom que
Ton a donné autrefois à une de ces épreuves , dont
on fe fervoit pour connoître la vérité d'un droit ou
d'un fait contefté. Judicium Dei ante Crucem. 03" Il
coniiftoit à donner gain de caufe à celui des deux
Parties qui tenoit le plus long temps les bras éten-
dus en forme de croix. Un différend que Fulrad,
Abbé de S. Denis en France , eut avec l'Évcque de
Paris , au fujet d'un Monaflère bâti au village de
Plaifir , près de S. Germain çn Laye , fournit un
exemple de cette épreuve. Les Juges ne fichant
lequel des deux avoit droit, eurent recours à l'épreuve
qu'on appeloit le Jugement de Dieu devant la Croix.
Deux hommes , dont l'un foutenoit les droits del'É
glife de Paris, & l'autre ceux de l'Abbaye de S.
Denis , allèrent dans la Chapelle du Roi , & peu
dant qu'un Prêtre récitoit les prières, ils commen-
cèrent tous deux à étendre les bras en forme de
croix. Celui de S. Denis étant demeuré ferme dans
cet etatj & l'autre ayant un peu chancelé , il n'en
fallut pas davantage pour faire perdre le procès à
l'Evcque de Paris, qui avoua lui même que Dieu
s'étoit déclaré en faveur de l'Abbaye de S. Denis.
^ Sur quoi le Roi Charlemagne alïïfté des Comtes &
des autres Officiers de Juftice , prononça en faveur
' Tome F. ^
J U G 299
de l'Abbé Fulrard , qu'il maintint en poilciiîon du
Monaftère de Plaifir , par un Arrêt du iS Juillet
77y. Cette forte d'épreuve fut interdite quelques
années après par Louis le Débonnaire. Hélyot
T. F, C. 11.
.Jugement, fe dit auflî des fentenccs , arrêts , & au-
tres décifîons qui font prononcées par l'autorité des
Rois , ou autres puiflances terreftres , foit de leur
propre bouche , foit par les Ofliciers qu'ils commet-
tent pour rendre la juftice en leur place. Une fcn-
tence cft un jugement d'un Juge dont on peut ap-
peler i un arrêt , un jugement f ouverain , & en der-
nier reftort. Un Eccleflaftique ne peut, pas ailifteC
à un jugement de mort , fans être irregulicr. On
dit qu'un criminel a été renvoyé à fbn premier
jugement , quand la fentçnce rendue contre lui a
été confirmée.
Jugement interlocutoire , eft celui qui ne décide
pas la conteilation , mais qui ordonne quelque
cliofe pour y parvenir ; comme quand le Juge or-
donne que le demandeur ou défendeur juftifiera
dans un tel temps d'un fait , ou quand l'enquête ,
préalablement à la décilîon du fond , efl ordonnée ,
afin que dans une affaire où les parties font con-
traires en fait , le Juge puiffc connoître lequel des
deux eft fondé en raifon & en droit.
ffJ" Jugement provifionel , eft celui qui fur une
raifon apparente &c d'équité adjuge pendant
l'inftruélion à l'une des parties quelque chofe par
provilion , comme une certaine fomme , pour.ali-.
mens, la liberté de fa perfonne , de fes biens ,&c\
tfJ" Jugement définitif , efl celui qui termine le dif-
férend des parties.
|1CF Jugement rendu à l'audience , ne contient qu2
deux chofes , favoir les qualités des parties , & le
prononcé du difpofitif.
§3" Jugement rendu fur produdlions , contient trois
chofes , les qualités des parties , le vu & le diétum.
ffZr Jugement contradicloire , c'eft celui qui eft rendu,
par le Juge , après avoir entendu toutes lesparties,
qui ont défendu leurs intérêts.
IJC? Jugement par défaut , qui eft rendu contre une
des parties défaillante. Voye^ Défaut.
Jugement doflrinal , fe dit en matière Eccléfiaftique
& Théologique , des jugemens qui font portés par
des perfonnes inftruites , habiles & doéles, mais qui
n'ont pas autorité & ne font pas conftituées de
Dieu pour décider. Judicium docîrinale. Les Uni-
verfités , les Doéleurs , les Théologiens , les fim-
ples Prêtres ne peuvent porter des Livres qu'unya^e-
ment dodtrinal. Le Pape feul & les Évêques peuvent
porter des jugemens Juridiques & décitlfs , ou dé-
finitifs.
Jugement. Dans la Jurifdiélion Conliilaire on diftin-
gue un Jugement d'avec une Sentence. On appelle
Jugement ce qui a été prononcé fins décilîon finale :,
comme la remife d'une caufe à un autre jour , un
plus ample informé , une furféance , pour fiire
venir quelques témoins. Au contraire , on appelle
Sentence , l'ade définitif qui juge & prononce
condamnation.
Jugement , fe dit auffi du tribunal , du lieu où l'on
juge , ou de l'audience qtie l'on tient. Tribunal ,
forum. Les requêtes verbales commencent ainfi :
Sur la requête faite devant nous en jugement , Sec.
On ajoute foi aux pièces authentiques & fcellées ,
tant en jugement que dehors. Pourfuivre quelqu'un
en jugement. Patru. On fait le procès en juge-
ment à un criminel qu'on prend en flagrant délit
à l'audience , c'eft-à-dire , fur le champ.
Jugement , fe dit aulîî de l'avis &c de la décilîon
des particuliers en toutes fortes de rencontres, de
l'approbation ou improbation de quelque aélion
morale. Exijiimatio. Il s'en faut rapporter au juge-
ment, à l'opinion des gens fages. L'intérêt nous
rend injuftes aullî-bien dans nos jugemens que dans
nos aélions. Le Ch. de M. Nos palîîons corrom-
pent les jugemens de la raifon. Nie. Il faut fuf-
pcndrc fon jugement dans les chofes qui font d'un
Pp ij
300 J U G
ordre naturel , tant qu'on manque d'évidence. La
Pl. Il n'y a point d'clpri: plus dangereux que ceux
qui font capables de foutenir une conduite dérai-
sonnable contre le jugement public , &C de ie mettre
au dellus des jugemens de tous le monde. Nie. Pour
apprendre à s'humilier , il n'y a qu'à ouvrir les yeux
fur divers jugemens qu'on forme de nous. Bell. Une
grande partie des faux jugemens des hommes vient
de la précipitation de l'efprit , (Se de défiut d'atten-
tion , qui frit que l'on juge témérairement de ce
que l'on ne connoît que confufément & oblcure-
ment. Log. Perfonne ne fait expreiiénient ce rai-
fonnement: M a cent mille livres de rente i
donc il a raifon. Néanmoins il fc palfe quelque
chofe de femblable dans lefprit de la plupart du
monde , &: qui emporte leur jugement fans qu'ils
y penfent. Log. En s'alfujettillant aux jugemens
incertains des hommes , on devient l'elclave de
ceux mêmes au dellus defquels on veut s'éjever. FlÉc.
Voyez ce faux brave , il étoit tout polledé des ju-
gemens qu'on feroit de lui s'il reculoit , Se ces ju-
gemens le preiFent comme un ennemi. Nie.
Des jugemens d' autrui nous tremblons follement ,
Et chacun l'un de t autre adorant les caprices ,
Nous cherchons loin de nous nos vertus , & nos vices.
BOILEAU.
Jugement, fignifie aufil critique,, fentiment d'un Au-
teur fur fon ouvrage , fes correttions ou obiervations.
Combien y a-t-il de gens qui appelleroient de vos /u-
gemens? Bon.
§CF Jugement &C Crise, en Médecine, termes abfo-
lument fynonimes. Le dernier , qui ell Grec , eft
fcul en ufage. On die qu'une maladie ell terminée
par une crife , & qu'elle eft jugée au feptieme
jour.
Jugement d'Oléron. Sont des léglemens pour la Ma-
rine , le commerce &: la navigation. Eléonor Du-
cheire de Guienne j les a faits : ils font dans le tré-
for des Chartres de la Comptablie de Bourdeaux j
au livre cotté A ^ fol. içr. Ils ont été imprimés à
Rouen en 1671. dans un livre i/z^". intitulé : Zej
Us & Coutumes de la mer.
Jugement , fe dit aulîî en Peinture , d'une repréfen-
tation d'un Jugement. Le Jugement de Saiomon. Le
Jugement de Pari?. Le Jugement de Midas. Le Juge-
ment de Michel-Ange , qui a peint le Jugement
univerfel.
On dit proverbialement d'une affaire qu'on voit
traîner en longueur , qu'elle durera jufqu'au jour du
Jugement. On appelle aulli Jugement de Payfans, Ju-
diciumRuflicoTum , celui qui partage le différend
par la moitié.
JUGEOLINE , ou JUGIOLINE. f. f. Plante qui eft une
cfpèce de digital , & qu'on appelle autrement Sé-
fame , en Latin ^ Digitalis orientalis , fefamum
dicia. Pit. Tournefort. f^oye^ Sésame.
JUGER, v. a. Exercer fon jugement, pour connoîtrc,
& difcerner le bon du mauvais , le vrai d'avec le
faux. Judicare. C'eft Taétion de notre efprit par la-
quelle j joignant eniemble diverles idées , il nie ou
affirme quelque chofe. Log. ifF C'cft appercevoir
& reconnoître les rapports, les quantités & les qua-
lités ou façons d'être des objets. C'eft l'entendement
qui juge , la volonté obéit. La paillon & la préoc-
cupation font caufe que nous ju':;eons mal. A mefure
que nous acquérons l'avantage de bien juger, nous
perdons celui de bien inventer. Cos.
Tel excelle à rimer qui juge fotiement. Boïl.
03" Juger , fignifie aulTirendre la Juftice. Nous difons
en ce fens , que Dieu viendra juger les vivans & les
morts. Il fignifie plus ordinairement porter une Sen-
tence ou un Arrêt , décider un diftérend en Juftice ,
rendre juftice , abfoudre ou condamner. Juger un pro-
cès j une affaire , une requête civile. Juger en dernier
J U G
reftort. L'affaire n" eft pas encore jugée: Adhuc fub
judice lis ejî.
§3" On dit des Juges ordinaires, qu'ils ont bien ou
mal jugé , félon que leur Sentence a été confirmée
ou inhfmée. On dit proverbialement, & dans un
fens figuré , juger fur l'étiquette du fac , ou iîm-
plement, fur l'étiquette, pour dire, légèrement &
fur la première apparence.
^fJ" On dit aulli juger quelqu'un , pour dire , juger
fon procès. Un tel (era juge dans peu. Il a été jugé
à mort. Un Rapporteur dit aulîi , je vous jugerai
demain , pour dire , je t'crai le rapport de votre pro-
cès à vos Juges.
^fT Juger , fe du encore des particuliers qui donnent
leur décilion , comme arbitres , quand on s'en eft
rapporté à eux. Nous l'avons pris pour arbitre , c'eft
lui qui nous jugera. Juge\ ce coup là; nous nous en
rapporterons à ce que vous en jugereTf.
Utr Juger , conftruit avec la particule de, en par-
lant des chofes , décider du défaut ou de la per-
feélion de quelque choie ; en parlant ties perion-
nes , décider en bien ou en mal du mérite d'au-
trui , de fes penfées ^ de fes fentimens , «yc. Dire fon
fentiment , Ion opinion (ur quelqu'un , lur quelque
choie. Volt. Judicium habere de aliquo. Juger bien
de la Poëlîe , de la Peinture, &c. En juger comme
les aveugles des couleurs. Juger bien , juger mal de
fon prochain. Les ignorants jugent de tout témérai-
rement. La charité conlifte à juger bonnement d'au-
trui , & févérement de loi -même. Nie. Il laut/a^cr
de loi même auih iincérement que d'une peiionne
indiftérente. Le C. de M. On juge tout di.iéremment
des mêmes perlonnes, (elon que l'on eft préoccupé
de haine ou d'amour. S. Evr.
Vous dont la piété folide
Loin d'avoir d'indifcrets tranfports , '
EJI pour juger d' autrui , toujours lente & timide.
Des-h.
|J3° Juger , fe dit encore en parlant des fens. L'œil
juge des couleurs , l'oreille juge des fons. Judicium
aurium fuperbijfimum , dit Cicéron. Diiceinement
délicat des oreilles.
Juger , fignifie aullî , Prévoir , conjeélurer. Facere
conjecluram , conjeclura affequi. On juge du beau
temps du lendemain par le coucher du foleil. Cet
Aftrologue a mal réulîi en jugeant cette nativité. Ce
Médecin entend bien le pronoftic , il juge bien de
l'événement d'une maladie. On juge à la mine que
cet homme eft un fripon. On dit aulli qu'un joueur
juge bien la balle , quand il prévoir où elle doit
tomber. §3" On dit aulli figurément & £imilière-
ment , juger la balle , pour dire , prévoir quel tour
une affaire prendra. Ac. pR.
§Cr Juger; Croire , être d'avis ^ de fentiment; eftimer.
Que juge^-vous que je doive faire .'' Il n'a pas jugé
à-propos de venir.
|Cr Juger , s'imaginer , fe repréfenter dans fon ef-
prit. Juge-( quelle tut ma joie. Vous pouvez bien
juger que perfonne ne fut content d'un tel procédé.
Juger , fe dit proverbialement en ces phrafes. On dit
qu'un homme /a^t' comme un aveugle des couleurs,
quand il juge mal .d'une choie : quand il ne la con-
noît point. On dit aulli juger à boulcvue ; pour
dire j au hafard , & lans examen. On dit aulii ,
juger fur l'étiquette , quand on juge des chofes (ans
les avoir bien examinées , & pelé les raifons de
part & d'autre; juger iur une limple apparence.
Jugé , ée. part. On ne peut revenir contre un arrêt,
c'eft une choie jugée. Anne Robert a fait un re-
cueil d'arrêts &: de plaidoyers, qu'il a intitulé , Des
choies jugées. Bien jugé, mal appelé ; mal jugé ,
bien appelé : ce font les formules d'Arrêts quand un
Juge {upérieur confirme ou calle la Sentence d'un
Juge fubalterne. Ac. Fr. §Cr Établir par de bons
moyens le bien jugé d'une Sentence. Donner cau-
tion de payer le jugé. Voy. Caution. Dans ces cas ,
jugé eft pris fubftantivement.
JU I
JUGÈRE. f. m. Nom d'une ancienne mefure de terre.
Jugeif, is j Jurcrum , i. C'efl l.i quantité de terre
qu'une paire de bœufs peut labourer en un jour. C'ell
environ un demi-arpent. Horace parle d'un homme ,
qui avoir mille jugèrcs de fonds de terre. S. Félix
i prit à loyer un jardin contenant trois jugères , c'ell
à-dirc j environ un arpent iv demi ■■, il le cultivoit de
fcs mains. Fleuri.
JUGERIE. (. f. Vieux mot qui fe trouve dans quel-
ques coutumes , il lignifie jurifdiciion d'un Ju^e.
Dans la balie Latinité jugeria. On le prend auili
pour le rellort , le territoue d'une ville. On trouve
ce mot dans l'Edit de Charles VIII. de l'an 1495 ,
art. 7j , de Louis XII. de l'an 1499 , art. 49 > & 64 ,
de Charles VI. de l'an 1413 , art. 163 j&c 290, £y.
JUGEUR. f. m. Elt un nom qu'on a donné dans
l'inftitution du Parlement aux Confcillers qui
n'avoient foin que de juger. Judex , djiimacor. Les
Rapporteurs étoient des Conkillers qui ne failoient
que rapporter. Ce mot n'eîl plus en ulagc. Par l'Or-
donnance de Philippe le Long de l'an 1519 , il eft
porté que dans les deux Chambres des Enquêtes,
il y aura huit Clercs , & huit Lais Jugeurs , &c ^1
Rapporteurs. Par l'Ordonnance de Philippe de Va-
lois de l'année 1544 , ^'^^ évanouie la différence
des Jugeurs & Rapporteurs. Pasq.
lUGIOLlNE. f. f. Plante, royei Sésame
'UGN , NE. Vieux adj. Qui ell à jeun. Qui n'a point
mangé. Jejunus , a. Adonc requnnes que l'on nous
mît à terre ; mais on ne le voulut pas faire , & di-
loient les Sanafins que ce feroit honte aux Ami-
raux "de nous lailîér fottir de leurs priions tous
jugns. JoiNVILLE.
UGON. Petite ville de France en Bretagne , dansl'É-
vcché de S. Bricu j à cinq lieues de la mer.
3° JUGULAIRE, adj. de t. g. Terme d'Anatomie. Qui
appartient à la gorge , en Latin Jugulum , Jugulans.
Veines jugulaires. C'ell: un nom que les Anato-
miftes donnent à quelques veines du cou qui vont
le terminer a la iouclavière. Jugularis. Il y en a
deux de chaque 'côté ; l'une externe , qui reçoit le
fang de la face , &C des parties externes de la tête ;
& l'autre interne , qui reporte le lang du cerveau.
Jugulaire , eft aulli un nom fublt. fem. La faignée
de la jugulaireit fait à l'une des veines de ce nom.
DiONIS.
Jugulaire , fe dit auffi de quelques glandes du cou.
il y a dans les efpaces des mufcles qui occupent le
cou , plulieurs petites glandes que l'on appelle jugu-
laires j à canfe qu'elles accompagnent les vailleaux
du même nom. Elles font de diftérentes figures , les
unes plus grolFcs , les autres moins. Elles font atta-
chées les unes aux autres par des membranes & des
vailfeaux, & leur fubflance eft feinblable à celle des
maxillaires. On en trouve julqu'au nombre de qua-
torze. Ellesfeparentdela lymphe , qui retourne par
les vailleaux , tous ces mufcles lymphatiques. C'ell
l'obllruélion de ces glandes , qui caufe les écrouelles.
DlONIS.
J U H.
UHEL. Nom d'homme. Il y a eu un Archevêque de
Reims de ce nom au treizième iiècle.
UHORSKI , JUHORA , ou JUGORIE. Nom d'une
province qui a titre de Duché. Juhra j Jugra. Nos
cartes la placent le long de la mer de Mofcovie,
entre les provinces de Condiski Se de Petzora. On
dit qu'elle eft habitée par des Tartares fort fauvages.
I' n'y a que des villages , dont le principal porte le
nom de la province. Maty.
J U I.
^JUIBUS, ou JÉBUSES. f. f. pi. Prêtrelfes de l'île
Formofa. Parmi les autres nations des Indes le fer-
vice des dieux fe fait par les hommes : ici ce font
les femmes qui font le fervice public. On les nom-
me Juibus. Leur culte conlifte en des invocations
&: des lacrificcs. Elles factifient des pourceaux , &
J U I 301
en conf-xcrent une partie avec du riz , du pinang ,
Se beaucoup de breuvage. Quand la confécration cil
faite , une ou deux Prêtrcflés fe lèvent , font un
grand lermon , Se au milieu de leurs invocations Se
de leurs conjurations , on les entend cfier Se hurler
horriblcmenr en faifant des grimaces , des contot-
fionsiSc des ligures aulli bizarres qu'indécentes. Elles
entrent enfin dans une efpèce de frénéfie , Se le laif-
fent tomber comme" li elles étoient en extafe. A la
fuite de ces tranfports , pendant lefquels elles pré-
tendent que leurs dieux leur ont appatu , elles îonc
le récit de leur prétendues vilions j prédilenr l'avenir ,
la bonne ou la mauvaife fortune , la pluie ou le
beau temps.
UCFUne des fondions de ces Prctrclfes eft encore de
challer les diables , dont le peuple croit que le pays
eft infedlé. Pour cette opération elles font des cris
aftieux : elles portent des fabres nus dans les inains,
& pourfuivent les diables jufqu'à ce quelles les
aient contraints de fe jetter dans l'eau , ou de s'en-
fuir d'un autre côté.
IVICA , IVICE , ou IVIQUE. f. f. Foy. Yvice.
JUIF , IVE. f. Se adj. On prononce 1/dans le mot de
Juif: autrefois on l'écrivoit dans le féminin Juifve ,
mais on ne doit point la faire fentir dans la pronon-
ciation. Une femme Juive , de la nation Juive. Nom
d'un peuple defccndu du Patriarche Jacob. Juds.us,
Le peuple Juif poae aulli le nom de peuple de Dieu ;
parce que pendant une longue fuite des fiècles, il
a été le Icul peuple qui connût le vrai Dieu j Se qui
l'adorât purement. Les Juifs gémirent plus de deux
cens ans fous l'efclavage des Égyptiens ; Moïfe les
en retira. Se les conduifit pendant quarante ans ,
parmi les dcferts de l'Arabie Pétrée , où Dieu lui
donna fi loi , Se les nourrit d'une Manne j qu'il
leur faifoit tomber du ciel tous les matins. Jofué les
mit en pollelîion du pays de Chanaan , que Dieu
avoit promis à leurs pères ; mais ayant fouvcnr of-
fenlé Dieu par leurs idolâtries , il permit que les
Babyloniens détruifiirent les Royaumes d'Ifracl ôc
de Juda , Se qu'ils tranfportalTent dans les terres de
leur Empire les Juifs Se les Ifraëlites. Cependant ,
foixante Se dix ans après , il leur procura, fclon fes
promelles, la liberté de retourner dans leur patrie.
Il y en retourna en eflet un grand nombre , fous la
conduite de Zorobabel , de Néhémie Se d'Efdras.
Ils rebâtirent Jérufalem , leur ville capitale, & le
Çimeux temple de Salomon ; il rétablirent leur
Etat , Se ils fe divisèrent au fujet de la Religion ,
en plufieurs feéles , dont les pr-ncipales furent les
Pharifiens, les Saducéens Se les ElTéniens. Ils atten-
doicnt tous le Mellie que Dieu leur avoit promis ;
mais quand il parut ils le méconnurent. Se le cru-
cifièrent. Depuis ce temps-là ils ont toujours porté
les marques de la malédittion divine. Les Romains j
lous Vefpafien , Se Tite fon fils j en firent périr un
prodigieux nombre , Se ruinèrent leur temple &
leurs villes. Ils fe foulevcrent enfuite contre les
Romains paf les infpiratioas de l'Impofteur Barcho-
chebasj qui fe difoit être leur Mellie : Mais l'Em-
pereur Adrien en fit un horrible carnage; & depuis
ce temps- là ils font difperfés en Europe , en Afri-
que , Se principalement en Afie , méprifcs Se haïs
par-tout , & obllinés en leur haine contre Jéfus-
Chrift. Ils font divifés en deux principales feftes:
les Karaïtes , qui ne reçoivent pour règle de leur
Religion que la loi écrite de Moïfe -, Se les Rabba-
niftesj qui ajoutent à cette loi les traditions du
Talmud.
Juif , ive. adj. fe trouve pour fignifier ce qui appar-
tient aux Juifs. Judaicus , a j um. Une fuperftitior»
Juive. Babin. Conf. d'Ang. C'eft une faute, il fal-
loit dire Superllition Judaïque. Juif ne doit point
fe prendre ainfi.
Juif. f. Sedtateur de la religion Judaïque. Cette reli-
gion eft un vieux tronc , qui a produit deux blan-
ches qui ont couvert toute la terre , je veux dire le
Mahométilmc Se le Chriftianilme : ou plutôt c'eft
une mère qui a engendré deux filles, qui l'ont ac-
502 J U I
cablee de mille plues , cai" en fait de Religion ,
les plus proches iont les plus grandes ennemies.
LFIH. Lettre Pcrfanne. L'Auteur des Règles
pour rintcUigence des Saintes Ecritures , prétend
qu'il ne faut pas ^ comme l'ont fait la plupart des
anciens Interprètes ^ dittérer le rappel des ]uijs
jufqu'à la fin des fiècles ; ni le limiter à quelques
années avant le dernier jugement. /^ i^ye\ la Xl*^ Vé-
rité fur le retour des Juïjs. • _ ^
fà" Ce mot , pris dans un fens figuré , a pake dans
quelques phrafes de la langue. On dit bmihèrement,
j'aimcrois autant être entre les mains des )ui[s , pour
dire de gens durs & impitoyables. Riche comme
un 'Juif, fort riche. En parlant d'un Marchand qui
vend trop cher , ou qui prête à uture , on dit , ce 11
' -un Juif, un vrai , un franc Juïf. On le dit de même
de tout homme qui montre^ une grande avidité
pour l'argent. On appelle auih le /az/ errant, un
phantôme qu'on croit avoir vu, d'un Juif qui court le
monde fans fe repofer , en punition de ce que l'on dit
qu'il empêcha Jésus-Christ de fe repofer lorlqu'il
étoit f-arigué de porter fa croix; & par allulion on le
dit des hommes qui courent toujours , qu'on ne trou-
ve jam.ais chez eux.
JUIFVE. Les Balles de la Juijve ^ ou Baxas de Judia.
Synis Jud,i£. Ce font les écueiis de l'Océan Éthio-
pien, Ils font le long de la cote de l'île de Madagaf-
car , vis-à-vis de la ville de Mozambique , en Z.angue-
bar, & ils ont environ cinquante lieues d'étendue du
nord au fud. Maty.
g^-JUIFVERlE. f f. roy ex JviVEKiE.
JUILLET, f. m. Le feptième mois de l'année. Julius.
La canicule commence en Juillet j quand le loleil en-
tre dans le ligne du Lion, au 13 de Juillet. On ap-
pelle vulgairement , & avec railon , le mois de Juillet,
le mois des fruits rouges , parce que julqu'au 1 j ou
20 de ce mois, on continue d'en avoir abondam-
ment de toutes les fortes. La Quint.
Ce mois étoit fous la protedion de Jupiter. Il eft
perfonnifié dans Aufone , fous la figure d'un homme
tout nu , qui montre fes membres hàlés par le foleil.
Il a les cheveux roux , liés de tiges & d'épis. Il tient
dans un panier des mûres, fruit qui vient fous le figne
du Cancer.
On dit proverbialement , en Juillet faucille au
poignet, parce qu'on commence à couper les blés
dans le mois de Juillet.
Ce mot vient du Latin Julius , furnom de C. Céfar,
Didateur. Marc Antoine, dans fon Conlulat, ordon-
raquece mois^, qui s'appeloit auparavant Q2z,-/2f;/ij j
portât le nom de Julius, parce que c'étoit celui de la
nailÏÏmce de Jules Céfar. On l'appeloit Quintilis ,
parce qu'il étoit d'abord le cinquième mois de l'an-
née , qui ne comraençoit qu'au mois de Mars dans le
premier Calendrier des Romains établi allez grollié-
remcnr par Roinulus. Par une femblable railon, le
mois d'Août s'appeloit Sextilis , parce qu il étoit le
fixicme , & les mois de Septembre , Octobre ^ No-
vembre & Décembre , ont retenu le nom de leur
premier rang.
Quii fequitur , numéro rurba notatafuo. Ovid. Fast.
JUILLY-LE-CHÂTEL. Baronie dans le Diocèfe de
Langres, Bailliage de Troyes.
JUIN. f. m. Le fixiè-me mois de l'année où le foleil en-
tre dans le figne du Cancer, où eft le folftice d'été.
Junlus. Les plus longs jours de l'année dans tout l'hé-
mifphèrc feptentrional , (ont le zi , iz , 23 de Juin.
Mercure ctcit la Divinité tutélairedccemcis. Voici
comme Aufone le perfonnifié. Juin va tout nudj dit-il,
& nous montre du doigt une horloge folaircj pour
fignifier que le foleil commence en ce mois à deicen-
dre. Il porte une torche ardente tk Hamboyante ,
pour marquer les chaleurs de la laifon qui donne la
maturité aux fruits. Derrière lui ell une faucille. Cela
veut dire qu'on commence en ce mois à le difpoier
aux moillons. On voit auili une corbeille pleine
J U I
des fiTjits du printems qui viennent dans les pays
chauds.
Alexandre , fur la repréfentation qui lui fut faite
que les Rois de Macédoine ne mettoient jamais leuts
armées en campagne au mois de Juin _, répondit qu'il
n'y avoit qu'à appeler délormais le mois de Juin, le
fécond mois de Mai.
Ce mot vient du Latin Junius , que quelques-uns
tirent à Junone. Ovide, dans le V* des Fartes, fait
dire a cette Dcelfe :
Junius à nojiro numine nomen habet.
D'autres aiment mieux le tirer à junioribus , de»
jeunes gens , comme le mois de Mai étoit pour les
vieillards. Ovid. Fart.
Junius eft Juvenum, qui fuit antè fenum.
JUINE. Nom d'une petite rivière de France. JunrKu
Elle a fa lource dans la foret d'Orléans ^ traverfe le
Gàtinois, & ayant reçu l'Yonne, ou la rivière d'É-
tampes, elle va le décharger dans la Seine à Corbeil,
Maty. La Juine paife à Etampcs où elle reçoit le
Loet; de-là à Mongny, à Champigny, àBonnes^à
Ver-le-Petit, à Saint Vrain où elle fe grolîit d'une
petite rivière qui vient de Marches & de la Fetté-
Alais ; elle defcend enfuite à Villeroi, à Vill'abbé, à
S. Juft , & enfin à EHone où elle change de nom, &
s'appelle la rivière d'Ellbne, Exona, ou Jxçna , &c
peu après elle le jette dans la Seine à Corbeil j comme
on l'a dit. Valois , Not. Gall.p. 2 s?.
JUJUBE. 1. f. C'eft-le fruit d'un arbre qu'on appelle ju-
jubier. Zi-fiphum. Voyez Jujubier.
JUJUBIER. 1. m. Arbre qui porte les jujubes. Zi-n-
phus. Cet arbre n'elf guère moins grand qu'un pru-
nier, mais il eft tortu , couvert d'une écorce rude,
raboteufe, crevaiîée. Ses rameaux font durs, garnis)
d'épines fortes. Ses feuilles font oblongues , un peu)
dures, fe terminant en pointe obtufe , de belle cou-
leur verte luifmte , légèrement dentelées en leurs |
bords. Ses Heurs fortent d'entre les feuilles attachées^
à des pédicules courts; chacune d'elles eft ordinaire-
ment à cinq feuilles difpofces en rofe autour d'une I
rofette qui eft placée au milieu du calice, de couleur j
herbeufe ou pâle. Quand ces Heurs font paftces, il
leur fucccde des fruits verts au commencement, mais
ils rougllfent en mûrillant : ils font gros comme des
prunes médiocres, oblongs ou ovales, rouges en de-!
hors, jaunâtres en dedans, charnus, tendres, d'iui
goût doux & vineux , ayant la peau allez dure. Ils
renferment un noyau olleux. Le jujubier croit dansi
les pays chauds ; il eft fort commun en Provence, &'
il y en a auffi aux îles d'Yéres. Les jujubes font
pedorales &; apéritives. Elles adoucillent l'âcreté des
humeurs & excitent le crachat. On cueille les juju-
bes en automne, &c on en hit des liafîes ôc poignées,
qui, étant un peu kchées au foleil, font pendues au
plancher. Pline dit que fur la fin de l'Empire d'Au-
gufte, Sextus Papinius apporta le premier à Rome
les jujubes de Syrie & les truHes d'Afrique. En Ladn
1!~iphus. DoD. Pempt. 807.
Il y a un jujubier blanc. Les Perfans appellent
Tagek, c'eft-àdire, petite couronne, uneefpècede
lot &: Ac jujubier blanc , auquel ils donnent encore le
titre à'A\addifahth , d'où nous avons formé le nom
corrompu à'Jiédarac. Le fruit de cet arbre étant
propre à fùre des grains de chapelet, eft appelé par
les Italiens Albero de Pater nofirï , & il femble que
les Perfins qui fe fervent aullîbien que les autres Mu-
fulmans d'une efpèce de chapelet, aient donné à cet
aibre le nom de Ta^eh à ce fujet.
A LA JUIVE. Sorte d'adv. A la manière des Juifs. On
dit vivre à la juive , pour le regard des mœurs , ôcàk
jud.aïque , pour le regard des cérémonies. Bo'uh.
JUIVERIE. f f. Quartier d'une ville où demeurent les
Juils. Dans la balfe Latinité on appelle ce lieu Judia ,
Judaaria, Judiria, Judaica, Judaïfmus.
J U L
l^ous avf:^ les Juifs , put fqu avoir les volés ,
En la Juiveric , on les a chemines.
Chron. de Bertr. du Guesclin.
Les lieux où dcmeiucnc les Fripiers s'appellent
auili en pluliciirs lieux la juiveric , parce que la
plupart des Frippicrs font Juifs , ou l'ctoient autre-
fois.
J U K.
JUKAGIR. Nom d'une contrée de la Grande Tar-
tarie. Jukagira. Elle ell: placée dans la Carte de M.
Witlcn _, au nord de la Dautie , & au levant de la
rivière de Lena , qui la léparc de la Tungoeiîe.
Les Molcovitcs n'y ont point encore pénétré , &
les Tartares qui l'habitent y n'ont point de villes ni
de villages. AIaty.
J U L.
JULE J ou JULES, f. m. Nom d'homme. Julius. Ce
Ce nom fc dit &: d'anciens Romains , & de per-
fonnages récens. En parlant des Anciens il hiut di-
re Jules , excepté quand il eft: précédé j ou fuivi
du nom Latin. La famille des Jules. Jules Célar ,
ik Caïus Julius Céfar. Le premier des Empereurs
Romains s'apcloit Jule. Jules Capitolin , ou Julius
Capitolinus , 1 un des Auteurs de l'hiftoire d'Au-
guftc , Julius Firmicus , Julius Sylvanus. Pour les
Modernes il faut toujours dire Jules , il y a trois
Souverains Fontites qui ont porté le nom de Jules.
Jules M-izarin. Le Prince de Condé Hcmi-Jules ,
ttoit iils du Grand Condé Louis IL du nom. Jules
CéLar fut mis au nombre des dieux. De là l'inf-
cription Divos Jvlivs fur fes médailles, f^oye:^
Volîîus , Liv. I. c. 12. de Idolol. Il faut dire au
pluriel les Jules , la fair.ille des Juks , ou bien la
£imille Julia ; mais non pas les Juliens j comme
fait d'Ablancourt , qui dans fa traduction de Taci,- •
te dit les Jules , ou les Juliens. Julien eft un nom
tout différent.
En Poche , on fe fcrt du nom de Jule , pour
dc-Ugner JuU Célar. Nos PoUtcs moderrcs l'emploient
aulh en parlant du Cariiinal Mazarin^ parce que ce
Ministre s'appeloit Jules.
ULE , Terme de Calendrier , nom du premier des
mois des anciens habitans de lîle de Chypre , &
fur-tout de ceux de Paphos. Julus , Julius. 11 corn-
mençoit le 24 du mois de Décembre , & s'éten-
doit bien avant dans le mois de Janvier.
Ce mot vient du Grec 'ïa»,- , on trouve quelque-
fois /o'A!S<.
ULE. f. m. Nom d'une pièce de vers anciens , que
les Grecs , & enluite les Romains , à leur imita-
tion , chantoient pendant la moillbn à l'honneur
de Cérès & de Bacchus , pour fe les rendre propices.
Juins. Ce nom vient de «a« ou '«■>.«* qui lignifie une
gerbe. On appeloit aulli cet hymne Démétrule ou Dé-
métriule ; c'ell à dire , Iule de Cérès. F^oye-^ le Scho-
liafte d'Apollonius , L. I. Athénée , L. XIV. &
Henri Etienne au mot oS^m?, T. II. p. 12S6. On
difcit Ule , ou Iule.
JLE. f. m. Monnoie d'argent qui fe fabrique à Rome,
^oye^ Jules.
3" JULE. Julus. Terme de Botanique. Voyei Cha-
ton. C'eft dans quelques plantes une partie qui
n'eft compofée que d'étamines , ou d'étamines & de
petites feuilles ou écailles attachées à un axe com-
mun. Cette cklfe de plantes s'appelle Julifere.
3° JULE. Terme de Zoologie. Infefte qui a beau-
*^°"ji^ rapport avec les Scolopendres ; mais qui
en dittere principalement en ce que fes pieds font
de chaque côté du corps en nombre double de
celui des fcgmens dont le corps eft compofé. U y
z^dçs Jules qui ont jufqu'à 134 pieds de chaque
cote. AcAD. Fr. Cet infecte fe trouve communé-
ment dans les jardins ; il fe roule dès qu'on le
touche. Cnarkon dit que pris dans du vin , il eft
J U L 303
bicnfaifmt dans la jaunille & dans b difficulté d'u-
riner. Julus.
JULLP. f. m. Zulapionj Julepus. Terme de Pharma-
cie. Le peuple dit Jullet. C'cft une potion douce
&: agréable qu'on donne aux malades , compofée
d'eaux diftillées , ou de légères décodions , qu'on
cuit avec une once de fucre fur 7 ou 8 onces de
liqueur , ou de (uc clatjhé. On en donne quelque-
fois pour la boillçin ordinaire en certaines maladies.
Il (en a. préparer les humeurs pcccantes , ou pour
rétablir les forces du c(rur abattues , pour provo-
quer le fommeil.
Ce mot vient de l'Arabe giulep. Menace , ou
plutôt du Grec 'iviM-nU. Oléafius le dérive de Culap ,
mot Perlan , qui fignihe eau rofe.
0^' JULES. I. m. Nom d'une petite monnoiequia cours
a Rome , dans l'état Eceléliaftique , &C en quelques
autres lieux d'Italie. Julius. Il fiut huit Jules 8c
demi pour faire notre écu de France de 5 liv. Quel-
ques-uns ne font valoir le /ules que cinq fols. Selon
cette évaluation , qui paroît faulFe , il en faudroic
1 2.
Le nom de cette monnoie vient de celui des Pa-
pes , qui lé lont nommés Jules.
JULETUNGLET. f.m. Terme de Calendrier. Nom du
douzième mois , qui eft Décembre , chez les Suédois ,
on l'appelle autrement Jylamona , & Jwlemanat.
/ (.'jfj le Comput eceléliaftique de Magnus Celfus,
pap^. / 1 0 de Suivantes.
JULFA. P'-oyei Zulfa.
JULIA. Nom d'une famille Romaine. Famille des Ju-
les. Julia gens. La famille Julia prétendoit tirer fon
origine de lulus , fils d'iinée , & venir par lui de
Vénus. Les médailles de la famille Julia font com-
munes & en gnrnd nombre. Quelques unes ont au
revers une Énée qui porte Im" le bras gauche le bon
homme Anchife , & qui tient de fa main droite le
Palladium , qui marche à grands pa;s comme un
homme qui fuit.
JULIADE. royexBnsAiDE.
SAIIMT JULIAN ^ ou SAINT JULIEN. Nom d'une
Baie. Sinus S. Juliani. Elle eft en la côte orientale
de la terre Ma;3ellanique , au midi du cap S. Geor-
ge , du Port Déliré. Maty.
JULIANE. f. f. Terme de Fleurifte. Tuhpe , colom-
bin J blanc & gris. Morin.
Juiiane. Autre terme de Fleurifte. Nom d'une Ané-
mone qui a les feuilles blanches , mêlées d'incar-
nat i fa peluche eft incarnat. Morin.
JULIEN. 1. m. Nom d'homme. Julianus. Il y a eu
un (aint Julien , Evcque du Mans. Julien l'Apollat eft
un Empereur Romain qui vivoit au quatrième fiècle :
il ne régna que deux ans , ëc périt iriiférablcmenr ,
allant faire la guerre contre les Perfes. L'Empereur
Julien étoit éloquent , il en a donné des marques
dans fes Céllu-s. M. Spanheim les a heurcufement
traduits en François , & les a embellis d'agréables
& lavantes notes.
Il y a un Ordre militaire appelé de S. Julien di^
Poirier , qui fut établi dans le Royaume de Léon
en 1179 , & approuvé p.ar les Papes Alexandre III.
Luce III. & Innocent III. Ferdinand II. s'en ren-
dit le Proteéleur , &• Gomez Fcrnandez en fut le
premier Grand Maître. Les premières armes des
Chevahcrs étoient d'or à la croix fleurdelifée de
finople , chargée en cœur d'un écu d'or au poirier
de linople. Après qu'Alphonfe , Roi de Léon , eut
pris la ville d'Alcantara lut les Maures , il la don-
na au Grand Maître de Calatrava , qui enluite la don-
na au nom du Grand-Maître de S. Julien du Poirier.
Les Chevaliers de cet Ordre fè nommèrent eux mê-
mes Chevaliers d'Alcantara , & abandonnant leurs
premières armes , ils portèrent la croix verte de
fleurs de lis fur la poitrine. Ils vivoient fous l'Or-
dre de S. Benoît , Se firent premièrement vceu de
chafteté ; mais le Pape Paul ÏV. les releva ce ce
vœu , & leur permit de fe marier. Enfin la Char-
ge de Grand Maître de cet Ordre fut unie à la Cou-
ronne de Caftille par le Pape Alexandre 'VI. en fa-
J U L
^04
veui- de Feidiiiand , Roi d'Aiiagon , 3c de la Rei-
de llabelle , la temme.
S. Julien, f. m. Nom d'une efpèce de prane. Pruni
fpecks àfanclo Jidiano dicta. Elle eft violette , titant
au noir. La Quint. P. IH. c. 14.
JULIENS, f. m. Les Luperces , les plus anciens Piètres
de Rome, étoient divifes en trois Collèges, des F.r-
bieus , des Quintiliens , Se des Juliens.
JULIENNE. Cf. Nom propre d'une femme. Juliana.
Julienns cft fort jolie. Ce fut aulli un des noms de
Jimon.
fer JULIEN, JULIENNE, adj. Terme de Chronolo-
gie , ordinairement joint avec le mot annet Se
avec le mot période. Année Julienne. Annus Julianus.
Les années Juliennes font ou communes, ou billéx-
tiles. Les communes font de 565 jours , & les bil-
lextiles de 3 66. Soligéne , dont Cétar je fervit pour
la' réformation du Calendrier , fuppola que l'année
folaire moyenne étuit jullement de 365 jours, lix
heures. Se fur ce fondement , Céfar ordonna que des
quatre ans, l'un feroit billextile & les trois autres
communs. Voye\ Année. La période Julienne : c'ell
une période fort utile dans la Chronologie inventée
par Scaligeri elle ell de 7980 ans par la combmaifon
de trois ïiclcs, de lindiJion qui ell de 15 ans, du
nombre d'or qui eft de iS. On le fait commencer
avant la création du monde plus ou moins, félon
l'hypothèfe qu'on veut iuivre. La première année de
l'Ere Chrétienne dans tous ces fyffémes de Chronolo-
gie, eft toujours la 4714. de b pùïiode Julienne. Elle
a été appelée Julienne , à caufe qu elle a été accom-
modée à l'année Juliermej ou réformée par Jules Cé-
far. /^oye^ PÉRIODE.
fer Ce mot eft aulli en ufage au malculin. Le délor-
dre où le Calendrier Julien étoit tombé ^ parce
qu'on y avoir négligé quelques minutes , avoit ré-
veillé les Aftronomes du XVF_. iiècle.
|CT JULIENNE. En Botanique, f. f. Genre de plante
à rieur en croix , compofée de quatre pétales. Il
fort du calice une filique longue qui renferme des
lemences.
%3- C'eft une pièce de giroflée. Il y en a de fimples
& de doubles. La fleur eft belle , d'une odeur agréa-
ble , un peu forte ; ordinairement blanche , quel-
■quefois violette. Hcfperis , viola matronalis. Les ju-
liennes fe multiplient de graine , de bouture Se de
plan enraciné.
iJULIERS. C'eft le nom d'une ville du Cercle de Weft-
phalie en Allemagne. Jidiacum. Elle eft forte , défen-
due par une bonne Citadelle , Capitale du Duché de
Juliers, Se fituée fur le Roër, entre Maftricht Se Co-
logne, à dix lieues de la première, à huit de la der-
nière. Se à fix d'Aix-la-Chapelle. Maty. Il lémble
que cette ville ait pris fon nom de Jules Céfar ou de
quelqu'autre Jules. V.alois , Not. Gall. p. 2^6. Ju-
liers étoit dans le pays des Ripuaires. Id. Nqu Gall.
2)6. long. Z4. d. 10'. lat. 50. d. 53'.
La Duché de Juliers. Juliacenfis Ducatus. C'eft
une contrée du Cercle de Weftphalie , en Allemagne.
Elle eft entre les Évcchés de Trêves Se de Cologne,
l'Évéché de Liège & les Duchés de Gueldre Se de Lim-
bourg. Ce pays qui s'étend le long des deux bords de
la rivière de Rocr, ou de Rure , peut avoir dix-huit
lieues de long & huit ou neuf de large. Il a été érigé
en duché par l'Empereur Charles IV , l'an i 550 , & il
appartient au Duc de Neubourg, Électeur Palatin.
Ses principaux lieux font Juliers , capitale , Duren ,
Sufteren , Tudders , &c. Aix-la-Chapelle y eft encla-
ve^, mais elle n'en dépend pas, c'eft une ville Impé-
riale. Maty.
fULIN. Ancienne ville de la Wandalie dans 1 île que
forme la Suine & le Divenow.
JULIN. Foye-^ WoLiN.
JULIS. f. m. Julia , ou Julis. Petit poillon de mer, long
comme le doigt, menu, couvert de petites écailles
rendies, de coulelirs variées , violette, bleue, verte,
blanche, rouge ou brune , rcprétentant toutes en-
femble celles de l'arc en-ciel. Son mufcau eft pointu ,
les dents font recourbées , la queue cft ronde On le
J U M
trouve dans la mer Adriatique, proche des rochcrs-
II fe nourrit de petits poillons ou d'Alga : il eft vorace
& nage ordinairement en troupe. Ileft bon à manger ,
mais on croit que fa tête eft un poilbn , Se l'on a foin,
de la couper.
JULIUS. Foyer Jules.
JULIUS, JULIA. La famille JULIA. Foyf ç JULE.
JULLY. Nom d'un Bourg avec Abbaye. Juliacum.
Il eft dans 1 ile de France à deux ou trois lieues de
Meaux du côté du nord. Maty.
JULO. f. f. Nom de Cérès. Ulo , ou Julo. Ce nom lui
venoit de l'hymne appelé Jule , ou de !»/>'! , ou biea
o.A«, qui lignifie gerbe de blé. On difoit Ulo, ou
Julo.
JULUS. f. m. C'eft un petit infecte de terre compofé de
plufieurs anneaux , marchant fur plufieurs pâtes.
f^oye^ Jule.
J U M,
JW^IALA. f. m. Nom que les Laponois Se autres peu,
pies du nord donnoient autrefois au plus grand de
leurs dieux. Jumala. Ils le nommoient aulli Taurus.
Ces peuples repréfcntoient Jumala lous la figure d'un
homme aflîs fur une efpèce d'Autel. Us lui donnoient
une couronne enrichie de douze pierres précieufes,
Se un collier dor de grands poids. D autres dilent que
ce n'étoit point un collier , mais un riiban duquel
pendoit une médaille d'or gravée Se ornée de pierre-
ries ; c'étoit le dieu Ibiiverain des Lapons auquel tous
les autres dieux étoient fournis. Se <pi dominoit fur
tous les élémens , maître fouverain de la vie Se de la
mort. On lui mettoit encore fur les genoux une gran-
de coupe d'or pleine de monnoie d'or. Jumala n'avoit
qu'un temple , il étoit au milieu d'un bois fermé d'une
haie vive fort cpailfej qui n'avoir qu'une ouverture
par où entroient ceux qui venoient adorer l'Idole.
gd" L'or Se tout ce qu'il y avoit de plus précieux , ayanc
été enlevé de ce Temple , le dieu & tous les ornemens 1
facrés, furent réduits en cendras. Cet or étoit l'or
que l'on mettoit dans la plus grande quantité qu'il ,
étoit poilible, dans le fem de Jumala, qui avoit fur
fes genoux une taflè d'or 11 pelante Se li grande, que
quatre hommes auroient eu de la peine à boire la li-
queur qu'elle pouvoir contenir. Voye\ la Laponie de
Schefîer. c. /. , ,
JUMART. f. m. Bête de lommc , engendrée d^un-
taureau Se d'une anelle , ou d'une jument -, ou d'un
âne & d'une vache. Le jumart porte aulIl pelàittl
que le mulet. Onotaurus.
JUMEAU , JUMELLE, adj. m. & f. f. m. Geminus ,
gemellus. On difoit autrefois Gémeau. Terme re-
latif qui fe dit de deux ou trois enfans qu'une nie-
re a portés en même-temps dans Ion fein. Efaii &
Jacob étoient deux frères jumeaux. Ces deiix fœurs
étoient jumelles. Ces deux hommes fe reflemblent
li fort , qu'on les prendroit pour des jurneaux.^ On
difpute lequel des deux jumeaux eft cenfé l'ainé. La
Faculté de Montpellier a décidé que le dernier ve-
nu au monde eft réputé l'aîné ,_ parce qu'il eft le
premier conçu ■■, mais par la Jurilprudence qui s'ob-
lérve aujourd'hui , le premier né joiiit des préroga-
tive de l'aînefle. On confirme cet ulage par l'exem- ;
pie d'Éfali & de Jacob. Mais ces deux jumeaux ,
étoient nés dans l'obfcurité , enforto que l'on ii'cut
pu difcerner lequel avoit paru le premier. Il fera*
ble que ni l'un ni l'autre ne doit prétendre au pri- !
vilége de 1 ainefle , qui doit demeurer en lufpens à 1
caufe de leurs concours mutuel. D'autres veulent:
qu'on en remette la décifion à la volonté du père ,1
ou au hafard du fort. Il peut naître trois jumeaux \ •
comme on l'a dit des Horaces & des Curiaces.
Il pourroir même naître un plus grand nombre de
jumeaux , félon l'opinion des Médecins modernes :,;
qui le trouve confirmée par quelques hiftoires. 1 U- !
ne rapporte qu'à la fin du règne d'Augulle uncl
femme nommée Faufta , mit au monde deux gar-
çons , Se deux filles tout enlemble.
Ce mot le dit aulli des fruits qui viennent dou-
bles,,
J U M
blcs , Se attaclics cnfcmblc , pcndaiis à une mcnic
qiicuc j nuqucl Cens il cil leulcmcnt adjcdif. On
. trouve plulieurs eeiifcs jumelles , abricots jumeaux.
Amandes , noix jumelles. J^oye-^ Monstruosiths.
Jumeaux, en Anatomie, fe dit du troiheme ligne du
Zodiaque , auquel fens il n'eit jamais que fubltantih
Gemini. Quoique quelques uns difent indiliïremment
jumeau ou Gémeau , en parlant de ce iigne ; il cft
certain pourtant que Gémeaux le dif plus ordinai-
rement que jumeaux, f^'oye^ Ge-meaux.
Jumeaux , en terme de Chimie , (e dit de deuxalam-
■ bics pôles l'un auprès de l'autre , cnlorte que le
bec de liui entre dans le ventre de l'autre , (Se que
réciproquement le fécond taile la même choie que
le premier. Ce font proprement deux alambics
d'une pièce , dont l'un (ert de récipient à l'autre.
C'ell: par leur moyen que le fait la dilbllation par
circulation. On les appelle auilî Gemini.
Jumeaux. ( les ) i. m. pi. Terme d' Anatomie. Ce font
deux petits mulcles plats Se étroits , htués prelquc
tranfverfalement l'un au dellus de l'autre, entre la
tubérofité de rilchion & le grand trochanter , im-
médiatement au deilous du pyri Forme , féparés l'un
de l'autre par le tendon de l'obturateur interne. Ge-
melli. Dict. de James.
Les grands jumeaux , ou Gaflrocnémiens , font
deux mufclcs épais , peu larges Si oblongs , mis
fur un même plan l'un à côté de l'autre au délions
du jarret , qui forment en partie ce qu'on appelle
le gras de la jambe. On nomme interne celui qui
cfl du c'aé du tibia j & externe celui du côté du
péroné. On leur a donné le nom grec de gallroc-
némiens , parce qu'ils (ont comme le ventre de la
jambe. Winslow. yxçr,f , ventre , & xviifi», la jamh.
JUMELLE, f. f. Nom d une pièce de bois comparée à
une autre toute femblable. Ce mot de jumelles le
dit chez prelque tous les Artilans , de deux pièces
de bois ou de métal qui (ont égales , & partaitement
femblables , qui te trouvent en la plupart des ma-
chines & des outils. Gemin£ hijuges. Ainh on ap-
pelle les jumelles d'un prelfoir , les deux grollbs
pièces qui font à plomb , qui (outienncnt l'arbre ,
la vis (Se récroue d'un prelloir. On le dit aulli des
pièces de bois qui touticnnent les prelles d'impri-
merie , des monnoies , &c. Les jumelles d'un étau ,
font les deux pièces de fer égales , qui lervent à (er-
rer l'ouvrage. Les jumelles d'un tour font deux
pièces de bois parallèles à l'horilon , qui fervent à
foutenir les poupées , & qui forment comme une
coulille dans laquelle on les fait avancer ou recu-
ler , &c. \
Jumelle. Terme d'Artillerie. C'efl le nom d'une piè-
ce d'Artilierie , ainti nommée parce qu'elle étoit
compoléc de deux canons , qui féparés l'un de
l'autre par en haut , fe réunilfoient dans le milieu
vers la ceinture ou ornement de volée. Ces deux
canons étoient fondus enfemble .nvec une feule lu-
mière ; on les chargeoit tous deux en même temps
avec deux barres de fer attachées enfemble , (!<>;
éloignées l'une de l'autre , lelon la diùance des deux
bouches. L'ulage de ce canon Jumelle inventé par
un Fondeur de Lyon ne dura guère. Le Père Da-
niel en donne la ligure dans fi milice Françoife ,
T.I.p.4s^-
Jumelle. Ternie d'Artificier. C'eft un affemblage de
deux fufées adollées fur une baguette commune.
On appelle aullî jumelles , en terme de Marine ,
des pièces de bois arrondies S<. creufées en dedans ,
qu'on applique autour du mât pour le fortifier ,
quand la mèche ou le brin principal n'a pas alfez
de force. Elles font attachées autour du mât avec
de gros cables , & on appelle les jumelles d'un
mat , gahurons , clamps , cojlons.
JUMELE , ÉE , adj. Terme de Blafon qui fe dit des
pièces de l'écu qui font doubles comme des ju-
melles.^ojj/e:^ Jumelles. Sautoirs jumelles , croix
jumellees ,&c.
JUMELLEH. v. a. Fortifier , foutenir quelque chofc
avec des jumelles. Jumellcr un mât , c'ell un terme
Tome y.
J U N
^GS
de charpenterie Se de marine, fortifier un mât avec
des jumelles.
JUMELLES ou GEMELLES. f. f. pi. Terme de Rla-
fon. C'ell: une cfpèce de fafce double , ou de fafcC
de deux en deux deviles , dont on charge le milieu
de l'écu , Se qu'on féparc par une diflance égale
à la largeur de chaque pièce. Biju^cs injliu. Quand
il n'y en a qu'une , on la met au milieu de l'é^u ,
Se quand il y en a plulieurs , on les fépare par dcs
intervalles plus larges que celui qui eft entre les
deux pièces qui compolent la /ttWcV/t; pour la dif-
tinguer r.avec l'Ecu burelé. Ces jumelles ne doivent
avoir que la cinquième partie de la largeur dti K:f-
ccs. On les met aulïï en pal j en bande , en bar-
re y en fautoir , en croix , Se même en chevrons*
JUMEiMT< f. f. La femelle d un cheval , qu'on nom-
me aulli eavalle. Equa. i^a grande jument de Gar-
gantua efl décrite dans Rabelais. Les Nogais , peu-
ples de Tarrarie , font des fromages de lait de ju-
ment. Armentalis equa mammis & lacté fer.no , &Ct
Strabon parle de ces fortes de fromages.
Jument Poulinière , ou jument de Haras. C'efl mia
cavalle que l'on entretient dans les haras , pour
contribuer avec les étalons à la propagation de l'ef-
pèce des chevaux.
Certain franc Campagnard avec longue rapière.
Montant fuperhement fa iiiment poulinière ,
Qu'il honorait du nom de fa bonne jument , &c.
Mol.
Ce mot vient du Latin jumcntum , du verbe ja-
vare , aider , fjulager. Ces aniiiiaux fervent beau-
coup aux hommes pour labourer, pour porter des
cliarges. D'autres aiment mieux tirer ce mot de
]ugum ou de jungo ; parce qu'on accouple ces for-
tes d'animaux pour tirer la charrue , ou autres el-
pèccs de chariots.
On dit proverbialement que coup de pied de ju-
ment ne fit jamais de mal à cheval , pour di e que
les hommes ne doivent point s'oiienfér de rc. evoir
un coup ou une injure d'une femme.
Jument , ell le nom qu'on a donné a une machine
pour faire la monnoie , & pour la marquer en mê-
me - temps , parce qu'on la taifoit mou/oir avec
une jument. Voyet Mouli ^i.
Jument , fe dit aulîi d'un autre inllrument dont fe
fervent les faux-munnoyeurs , Se qui elt en forme
de fers à faire des gau;tres. Cette forte de jument
fait pendre ordinairement fon maître.
JUMENTS. Le Golfe de juments. Voye\ Cadiz , la
mer de Cadiz.
JUMIEGE. Nom d'un village .avec une célèbre Ab-
baye de Bénédi(5tins , fondée au f'eptième hècle par
S. Filibert , fécond Abbé de Rebais. Gemeticum. Ce
lieu ell fîtué en Normandie , fur la rive droite de
la Seine , entre Duclair Se Caudebcc. Voye\ la Dcf-
cript. Géogr. & Hijl. de la Hautc-Norm. T. II. p,
2j\f. &fuiv.
J U N,
JUNCAGO. f. m. Plante dont parle Tournefort <S>:
plulieurs autres Botaniftes. Elle tient beaucoup du
gramen , mais fes feuilles relfemblent à celles des
joncs les plus menus. Ses fommités fe terminent
par des épis , où font attachées des Heurs à plu-
lieurs feuilles difpofces en rofe. Il leur fuccède des
fruits oblongs , compofés de trois gaines dans le
creux defquelles on trouve uPiC femence. Cette
plante croit dans les marais. On lui a donné le
nom de juncago , comme qui diroit faux jonc j par-
ce qu'elle tient quelque chofe du jonc.
JUNÇALAON , ou JUNSALAM. Ville du Royaume
de Siam en Alie. Juncalonium. Elle eft fur la côte
occidentale de la prcf'qu'île de l'Inde de-là le Gan-
ge , où elle a un bon port , environ à cent trente-
quatre lieues de la ville d'Odiaa , du côté du mi-
di. Maty.
JUNCARIA , ou JONCAIRE. (. f. Efpèce de rubia ;
petite plante rameufc dont les tiges relfemblent au
Qq
o6
JUN
J U N
jonc , ce qui lui a fl^it donner le nom de juncarla. Ses j
feuilles approchent de celles du lin , mais elles font
plus rudes , oppofées l'une à l'autre. Elle porte une
grande quantité de Heurs pailleules , blanches. Sa
femence cft menue & noirâtre. Elle croit dans les
lieux fablonncux dans les vignobles. Elle cil vul-
néraire , déterlive & apéritive.
JUNGCHANG. Grande ville de la Chine , huitième
métropole de la Province de Junna : on dit que les
habitans couvrent leurs dents d'une feuille d'or ,
d'où on les appelle K'inchi , gens aux dents d'or.
JUNGCHEU. Nom d'une ville de la Chine. . Jung-
chcum. Elle elt la troificme de la province d'Hu-
quang , & elle a fix autres villes fous fa jurifdidion.
Maty.
^ JUNG FERNHOF. Petite ville de Livonie , dans
le territoire de Letten , à neuf lieues de Riga.
JUNGLl. Ville de la Chine , dans la Provmce de
Queicheu.
S. JUNIEN. Nom d'une ville de France. Junïanopo-
lis. Elle eft dans le Haut Limofin , fur la Vienne.
Elle ell renommée par fon grand commerce de
gants.
JUNING. Nom d'une ville de la Chine. Juninga.
Elle ell la huitième de la province d Honan , &
elle a treize villes fous fa jurifdiélion. Matv.
JUNIPA. f. m. Arbre du Brefil qu'on appelle au-
trement Genipa , ou janipaha. P^oye^ Janipaba.
JUNIUS , JUNIA. Nom d'une famille Romaine
très-illuflre. Junius , a. Les Junius prétendoient être
originaires de Troye , & dctcendrc d'un des com-
f)agnons d'Énée. junius Brurus , celui qui châtia
es P\.t>is & fut le premier Conlul , étoit patri-
cien ; mais ayant fait mourir fon fils' pour avoir
conjuré en faveur de Tarquin , il ne lailla point
de poftérité , &: tous les Junius qui fuivirent j fu-
rent plébéiens. Les Médailles de la famille Junia ne
font pas rares. Elles ont quelquefois pour infcrip-
_tion PiETAs , quelquefois Libertas.
Les modernes à qui bous donnons ce nom , ne
l'ont point véritablement porté , c'ell leur nom dé-
guifé en Latin. Junius. L'Auteur des Traités , de
Anno & Minfibus , Animadverforum , L. FI. de
Comma Batavia , & de quelques pièces de vers ,
& qui étoit de Hoorn en Hollande , où il naquit
en ijii , s'appcloit Jonghe , ou du Joug^ & Ju-
nius né à Bourges en 1545 , d'où il le retira à
Genève , parce qu'il donnoit dans les opinions de
Calvin , s'appcloit François du Jon. C ell lui qui
enfeigna la Théologie à Hcidelberg , à Léyde , Se
ailleurs , & qui traduifit la Bible avec Trémellius.
JUNNAN. Nom d'une ville de la Chine. Junnanum.
Elle eft grande , & firuée à la fource de la rivière
de Kiang , dans le Junnan , dont elle ell la capita-
le. Son territoire particulier rentcrme douze autres
villes. Maty.
JUNNAN. Eft auflî le nom d'une province de la Chi
ne , la quinzième ou dernière en ordre. Junna-
nia. Elle eft environnée vers le levant par les Pro-
vinces de Suchucn , de Queicheu , & de Quanglî.
Elle a vers le couchant l'Inde de-là le Gange. Cet-
te province a beaucoup d'étendue. On y remarque
douze de ces villes que les Chinois appellent gran-
des villes , & qui font capitales d'autant de con-
trées , ou territoires. Junnan eft capitale de toute
la province. Maty.
JUNON. f f. Terme de Mythologie. Nom d'une
décile des anciens Paycns. Juno. La décile Junon
étoit fille de Saturne & de Rhée. Theog. v. 4J4 ,
fœur &: femme de Jupiter. Virgile , Eneïd. L. I.
V. 19 , 46 , 185 J 447 , 4J0 , 66 J. Elle éroit décile
des Royauiîies & des Empires , des richelfes &c des
mariages , fous le nom de Lucine &: de Junon Lu-
cine. Elle étoit encore la déclTe de la propreté &
des ornemens , & c'eft pour cela que les ftatues
avoient les cheveux frifés & dilpofés très-propre-
ment , & avec grand foin. Quelques uns la dillin-
'giient de Lucine qu'Héfiode dit être fa hlle , Thcog.
V- ppi. Elle fut encore mère d'Hébé , de Mars & de
Vulcaln. Si l'on en croit les Poctes , elle eut Hé-
bé & même Mars , lans commerce avec aucun hom-
me -, mais la première par le moyen d'une faladc de
laitue tauvage , dont Apollon la régala , & qu'elle
mangea avec beaucoup d'appétit ; & Mars en flai-
rant une Heur, bclon les Mythologues Junon eft
l'air , &c l'on a teint qu'elle étoit tœur & femme
de Jupiter , à caufe de la relfemblance & du rap-
port de l'union qu'il y a entre l'air & l'yEther ,
qui eft Jupiter. Elle avoit Iris pour commilîîon-
nairc ou mellagère. La brebis étoit la viétime pro-
pre de Junon. Vollius prétend que Junon étoit en-
core la même que Diane. Lifez de Idol, L. II,
Ckap. -? f.
Outre les noms des pays où elle étoit honorée ,
comme Argolique , Égyptienne , &c. Junon en avoic
beaucoup d'autres. On l'appeloit Calendaire , ou
nouvelle , parce que les Calendes , qui étoient le
premier jour du mois , lui éroient confacrées. La
Caprotine , ou Chevrotine , Curis , ou Quiris , qui
lignifie hafte , à caute qu'on lui en donne commu-
nément en main ; Fébruate , à caufe qu'on faifoit
fes fi.crifices & les fêtes au mois de Février ; Fluo-
nie , Julie , ou Julienne , Martiale , Monnoie , ou
plutôt Avertilleuie , donneufe d'avis, Moneta à mo-
nendo ; Opigène , c'ell-à-dire , fille d'Opis , ou de
Rhée , Populonie , Reine , elle a iouvent ce titre
furies médailles, Jvno Regina Jvnoni ReginjCj
Soroiienne , ou Sororia , Confervatrice , Sofpita.
Par rapport aux mariages auxquels elle prélidoit ,
on lui donnoit les noms de Cinxia , à caule de la
ceinture des nouvelles époules , de Domiduque ,
d'Interdica , de Lucine & d'Unxia.
Anciennement , foit ignorance de la fculpture ,
foit quelque myllère caché , les ftatues de . unon
n'étoient autre chofe que des B^ETYLES. Foye'^
ce mot. Dans la fuite on la reprétenta fous la h::,ure
d'une femme , alïîfe fur un trône , tenant un fcep-
tre en main , le diadème en tête dms les nuages.
A côté d elle étoit Iris , & à (es pieds des l'aons ,
qui lui étoient particulièrement conlacrés.
Comme on donnoit à chaque homme fon gé-
nie , on donnoit aulîi à chaque femme fr Junon.
Cela paroît dans Ovide en plufieurs endroits , ôc
dans Ladance , De falf. Kelig. L. I. c. 17. ôc
VoHIus, de Idol. L.I. c. 18.
^fT Les femmes juroient par leurs Junons , comme
les hommes par leurs Génies. Junoncm iratam ha.~
heam fi. . iic.
Junon étoit une des divinités qui avoit droit de lan-
cer la foudre , li l'on en croit Stace , Theb. L. X.
V. 6p. Cependant les autres n'accordent ce droit
qu'à Jupiter j à Vulcain & à Minerve. Foye^ Ser-
vius fur le I. L. de l'Enéide , v. 40 , /J & 2Ss-
Junon portoit la couronne rayonnée aullI bien que
Jupiter. On mettoit aulîi quelquefois un croillant
fur fon diadème. C'eft qu'on honoroit la Lune
fous le nom de Junon ; peut-être aulîî parce que
la Lune , la plus balfe des planètes , eft portée fup
la fphère de l'air , qui etoit Junon , comme nous
l'avons dit. Les animaux & les plantes conficrées à
Junon , étoient la brebis , la chèvre j le paon ,
l'oie , le coucou j la corneille , ou le choucas , la.
cigogne & l'oranger , l'ichneumon , le diclame , le
pavot. Volîîus , de Idolol. L. IX. c. 21 & 2 y.
Vollîus traite de Junon dans de Idolol. Liv. II.
ch. 2 s , 26 , s 9 , S 4. L. ni. CI ,4,10. L. FUI.
ch. 12 & 16.
Ce nom , félon Varron , vient de juvare , qui
veut dire , fiire du bien ; cette déelle fut ainfi
nommée , quod unà cum Jove juvat. En Grec cette
Décile s'appcloit h'ç^ , Ere.
On s'ell quelquefois fcrvi de ce nom pour dire
Perfécutrice. C'eil ainfi qu'on appela Marguerite ,
fœur d'Edouard IV , Duchelfe de Bourgogne , la
Junon d'Henri VII , Roi d'Angleterre , parce qu'elle
fut fi perfécutrice , comme Junon l'étoit d'Enee ,
ainfi qu'écrit Larrey , ou plutôt parce qu'elle lui
fufcita des travau-x , & eu quelque forte àts mon!-
I V o
trcs dans les deux faux Edouards qu'elle protégea ,
to!7nne Junon en lufcitoit à Hercule.
JIJN'ONALES. {. f. pi. Terme de Mythologie. Fêtes en
l'honneur de la décfîe Junon. On diloit .-lulli Ju-
n.uiks. Junonalia. Voye\ la dcfcription de ces Fêtes
dans Tire Live , deçà. 3. L. FIL
JUNOLIEN. Surnom donné à Janus , parce que c'cfl:
lui qui introduilit en Italie le culte de Junon , d'où
il lut aulïi appelé fils de cette décile.
JUiNONIES. f. i. pi. Fêtes de Junon à Rome.
JUN-SALAM. Port d'Alie , au Royaume de Siam :
c'cfl un adlc pour cous les vailleaux qui allant à b
côte de Coromandel , font (urpris d'un ouragan.
JUNSTAIN. Bourg de la baHe-Carnithie , en Alle-
magne. Juenna. Il efl: aux confins de la Carniole ,
à trois lieues de Volckmar , du côté du midi.
Maty.
rUNTE , ou JUNTA. f. f. Allembléc , Confeil , So-
ciété de pluiieurs perfoimes pour quelque adminif-
trarion. Conc'dïum , Collegium , Juncla. Ce terme
cft en ufage en parlant des affaires d'Efpagne tk de
l'ortugal. M. de la Neuville dans fon hilloue géné-
rale de Portugal dit Junu. On dit communément
Junte , ou Joute. A la mort de Charles II , Roi
d'Efpagne , le Royaume fut gouverné par une junte ,
pendant rabfcnce de Philippe V. Ce terme Junta
lignifie une allemblée de gens habiles &c de probi-
té. De la Neuville, T. I. p. jé. Il y a en Por-
tugal trois Juntes conhdérables. La Junta du com-
merce j la Junta des trois États , & la Junta du ta-
bac. La Junta du commerce doit fon établillement
au Roi Jean IV. qui lui donna le titre de Convoi
pour le Brefil. Le Roi Alfonfe VI. unit la Junta
du commerce à là Couronne , Ik. créa un Préhdent
& des Confeillers. C'eft le Confeil de Marine. Le
Roi Jean IV. allembla les États Généraux pour créer
le tribunal de la Junta des trois États. Le Roi Pier-
re II. a créé en 167J , la Junta du tabac. Elle
cfl: compofée d'un Prcfîdent & de fix Confeillers.
yoye\ M. DE LA Neuville à l'endroit cité.
Le Parallèle du Cardinal Ximenès & du Cardi-
nal de Richelieu a été plufieurs fois imprimé en
France , en Efpagne ^ en Hollande. La Jonte l'a
fait traduire en Efpagnol. Cette nation fut charmée
qu'un Hiilorien François eût donné la préférence à
leur premier Miniftre. M. l'Abbé Richard , Paral-
lèle du Card. de Richelieu , & du Card. Ma\ann j
au comm. de l' Avis imponant au Lecteur curieux.
Vous remarquerez que cet avis ne fe trouve pas
dans tous les exemplaires. La Junte, dit M. l'Abbé
de Vayrac , n'eft ni un Tribunal , ni un Confeil ,
mais un certain nombre de perlonnes que le Roi
d'Efpagne admet dans les délibérations du gouver-
nement quand il lui plaît , & qu'il révoque de
même Merc. de Nov. i7.2-f-
Les Juntes étoient une fociété de Libraires , ou
Imprimeurs , à Venife , donc les Editions qu'on
appelle les Éditions des Juntes , font belles & ef-
timées.
JUNUS. f. f. Terme de Mythologie. Nom que les an-
ciens Latins donnoient au dieu Pan. Junus. Pan
s'appeloit Junus , parce qu'il fe faufiloit , qu'il al-
loic pêle-mêle avec tous les animaux, l'oyei Hoft-
man , qui cite DempP'er fur Rofin , Ànt. Rom.
L. U.c. 20.
I V o.
IVOGAZIMA , c'eft-à-dire , île de foufre. île du Ja-
pon dans la Province de Saxuma.
IVOIRE, f rn. Quelques-uns écrivent Yvoire. Quel-
ques Auteurs ont fait ce mot féminin'. Aujourd'hui
l'ufage le fait mafculin. Dent ou plutêit détente de
l'éléphant , en forme de longue corne , qui nait
des deux côtés de fa trompe. Cette dent ou cette
défenfe ne s'appelle ivoire , que quand elle eft dé-
tachée de la mâchoire de l'éléphant pour erre mife
en œuvre. Ebur , Elephas. Les Tabletiers, les Sculp-
teurs emploient , polillent Vivoirc. Un cornet d'^-
voire. Cornu elurneum , une boëtc d'ivoire , pixis
Tome F",
I V O 307
eburnea. Diofcoride écrit qu'en faifuic cuire l'ivoire
avec la racine de mandragore l'etpace de iix heu-
res , elle s'amollit entorte que l'on en peut faire
tout ce que l'on veut. L'ivoire de l'île de Ccylan
ik de l'ilc d'Achem a cela de particulier , qu'il ne
jaunit point, comme celui de la Terre-ferme , îk des
Indes occidentales , ce qui le rend plus cher que
l'autre. Dieppe cil peut-être la ville du monde où
l'on travaille le mieux l'iro;>t;; on y fait en ce gen-
re des ouvrages d'une propreté & d'une délicatelle
turprenante. Defcript. Géograp. & Hijior. de lot.
Haute Normandie , Lomé L p. I2j.
On appelle noir J'ivo;Vd , de l'ivoire que l'on brû-
le , & que l'on retire en feuille quand il eft de-
venu noir. Ebur adujîum. On le broie à l'eau , &c
on en fait de petits pains plats , ou des trochifques
dont les Peintres fe lervent. Ce noir , que l'on ap-
pelle autrement noir de velours , doit être bien
broyé , tendre & friable pour être de la bonne
qualité.
Ivoire de Mofcovie. On nomme ainli une torte d'/-
voire qui fe trouve affez avant dans terre dans quel- -
qucs endroits de la Tartarie Mofcovite , particuliè-
ment le long de la Lena & de la Jcnicia , deux
grands tlcuves qui arrotent cette vafte partie des
États du Czar. Foye^ dans le Diftionnaire de Com-
merce les divers tentimens au lujet de cet Ivoire.
^fJ" Les Sibériens emploient cet ivoire fo/lîle aux
mêmes utages que Vivoire ordinaire , dont il n'ell
diftingué que' par quelques variétés , qu'ont dû occa-
tîonner les tues de la terre.
§Cr Je demande aux Naturaliiles d'où peut venir cette
grande quantité de dents d'Eléphant qu'on trou-
ve dans les entrailles de la terre , non -feulement
en Sibérie ; mais encore dans plufieurs autres pays ,
où il n'y a point , & où il n'y a jamais eu d'Elé-
phans , qu'on ne trouve que dans les pays chauds.
Dire que ces animaux y ont été conduits par des
peuples qui y portoient la guerre , ou que ces pays
ont elluyé un bouleverfement général , qui en a
changé la température , & a englouti tous les ani-
maux , c'ell fuppoler des faits peu croyables. L'hit-
toirc fe tairoit elle fur des événemens de cette na-
ture .''
Ivoire , fe dit figurémenc & poétiquement de ce qui
eft dur &: blanc. Des dents d'ivoire , Dentés ebur-
nei , candidi. Un- téin d'ivoire. Son corps eft un
grand temple d'ivoire. Voit.
IVOIRE. Nom d'un bourg du Chablais , en Savoye.
Aquaria. Il eft tur le lac de Genève , à (ix lieues de
la ville de ce nom , vers le levant.
IVOIRIER. f. m. Qui travaille en ivoire. Qui vend des
ouvrage d'ivoire. On fît venir pluiieurs marchands
ivoiriers , & la matinée fe paila à faire des emplet-
tes. Merc. d'Août ijzô .p. r ()i4.
JUONIGRAD , ou XUONIGRAD. Nom d'un bourg
de la Croacie , titué aux confins de la Bofnie , Se
de la Dalmatie. Juonigrada. On prend communé-
ment ce lieu pour l'ancienne ville de la Liburnie j
nommée AJifia tk AJfifia. Maty.
IVOY. Nom d'un ancien château , fitué dans le ter-
ritoire de Trêves en Allemagne. yEticus l'appelle
Epoijfium , la Notice de l'Empire Epufum , Grégoi-
re de Tours Epofium cafirum , dans quelques exem-
plaires d'/Eticus , on trouve EpoiJJius vicus , Se
EpoiJJîo vicus. Sigeberr dans fa Chronique dit£'vo-
yïum , Se Anfelme Abbé de Gemblours Ivofium ,
d'où quelques uns ont fait par corruption Ivodia ;
mais mal. Làmhcrtus Schafnahurgenfis fe trompe
aulîI quand il l'appelle Civois pour Ivois. Ivoy cil
fur le Chier.
D' Epufum , on a fait Epofum, Epofium , Evofium ,
Ivofium , Ivois , Ivoy. Le p fe change aifément en
u , témoin œuvre , d'opéra , Fandeuvre , de Fando-
pera , ouvrir , d'aperire ; avril , d'aprilis -, couvrir ,
de cooperire ; recouvrer , de recuperare , &c. Valois ,
Not. G ail. p. 12 p. Maty j Se après lui M. Cor-
neille , écrivent ce nom par un y. Je n'y vois pas
de raiton.
Qq ij
3o8 JUP
Il y a encore en Beiry Ivoy , bourg fitué Uir la
petite Sandre au dellus de la Chapelle d'Angillon.
J U P.
JUP AN j ou JUPAIN. f. m. Titre d'honneur autre-
fois en Servie. Terme de dignité. Jupanus. Le fé-
cond fils des Rois de Servie portoit autrefois le ti-
tre de Jupain , Se on le nommoit Grand Jupain de
Servie. Âlagnus Jupannus Servie. L'Auteur de la
vie de faint Sabas cite des lettres d'Etienne , Grand
Jupain de Servie ; & parmi les lettres d'Innocent
III. la 1 6j^. eft adrelfée au Grand Jupain de Servie.
Jean Tomeus , Auteur de la vie de (aint Sabas , &c
Evcque de Saraio , dit que ce fut Siméon , fécond
Roi de Servie , qui établit la coutume de donner ce
ritre au fécond fils du Roi de Servie. Il étoit fils
d'Etienne , en faveur de qui l'Empereur Frédéric
allant en Paleftinc , érigea la Servie en Royaume ,
ainlî rinftitution de ce titre ell du XIIF. hèclc. l^oyei
dans Bollandus , Acla Sancl. Jan. T. I.p. $S o. n. 3.
JUPE. (. f. Habillement de femme qui prend de-
puis §CF la ceinture, & defcend jufqu'aux pies. Suppa-
rum inferius ; vejlis muliebris pars imjima. Les ju-
pes de delfus lont plus longues : celtes de dellous
font plus couïtcs. On fait des jupes de toutes lot-
tes d'étotfes. On appelle ]upe volante , une jupe lé-
gère pour l'été, de taftetas , de gaze , (S'c. On dit le-
ver une jupe chez le marchand. On dit auflî lever ,
troulîer fa jupe.
Ce mot vient de l'Allemand juppe , qui fignifie
pourpoint de payfan , d'où l'on a fait jupon , ou de
l'Arabe guibba , d'où les Elpagnols ont hiit aljuha ,
qui fignihe la mcnie choie. Ménage. Du Cange
dit que les Auteurs de la bafle Latinité ont dit ju-
pa , ôc jupcUum , pour dire , jupe &C jupon. Les
Picards diient aulli jupel. Jupa étoit autrefois un ha-
bit qui delcendoit julqu''à terre , comme aujourd'hui
les ]upes des femmes.
Dans quelques conftitutions d'Ordres Religieux ,
il eft parlé des jupes , c'efl , dans ces endroits , un
habit traînant diftérent de la tunique , du hoc , du
fcapulaire & du manteau.
JUPILE , ou JOPIL. Jopila , Jopilum , Jupila , Job'ù
villa , ou Jovii villa. Ce lieu étoit dans le Diocèle
de Liège , fur le bord de la Meufe , vis-à-vis d'Herf
tal. Valois , Not. Gall. p. 2 s 3.
JUPIN. f m. Terme burlelquc. Nom que l'on donne
à Jupiter en badinant , & dans le ifyle burkique ,
au lieu de celui de Jupiter. Jupiter , Jovis.
Les grenouilles fe laffanc
De l'État démocratique.
Par leurs clameurs firent tant
Que iw^m les founut au pouvoir monarchique. La F.
JuPiN. f. m. 'Vieux mot. Débauché , paillard , qui fré-
quente les mauvais lieux. Ne me lera corrival ce
beau Jupin , & ja ne laullera fon pain en ma lou-
pe , quand enlemble ferions à table. Conlidérez
les geftes & beaux faits. C'a été le plus fort rufhen ,
& plus infâme. Cor ( Je dy ) bordclicr , qui onc-
ques fut paillard , toujours tumant comme un ver-
rat.... Rabelais , liv. j. c. 12. Au lieu que nous
foulions voir tant de fripons , friponniers , jupins ,
galocires , marmitons , & autres fortes de gens mal-
fiifans , courir le pavé , hanter les bordeaux , tirer
la laine , & quereller les Rôtilleurs de Petit Pont ,
vous ne voyez plus pertonne de telles gens par les
Collèges. Sat. Mén. t. i.p. 7 ().
JUPITER, f. f. Terme de Mythologie. Nom d'un
dieu de l'Antiquité payenne. Jupiter , Jovis. Les an-
ciens Latins appeloient Jupiter le premier de leurs
dieux. Dieu fouverain da Ciel & de la terre , &
comme ils difent fouvent , le père des dieux & le
Roi des hommes. Jupiter étoit fils de Saturne
&c d'Opis , ou de Rhée , & frère jumeau de Ju-
non, qu'il cpoula.' Il fut caché après fa naiïlance,
élevé par les Curetés dans un antre du mont Ida ,
JUP
& nourri du lait de la chèvre Amalthèe , qu'il pla-
ça enluite parmi les Aftres. On. déroba ainfi fa naif-
lance a Ion père Saturne , qui , en vertu d'une con-
vention faite entre lui & Ion hère Titan , dévoroit
rous les enfans malcs qui lui nailfoient. Dans la fui-
te il challa (on père du Ciel , & partagea l'empire
du monde avec lès frères. Il eut pour lui le ciel &:
la terre. Neptune la mer & les eaux , Pluton les En-
fers. Les Titans , Géans terribles , enfans de Titan
& de la Terre , entreprirent de détrôner Jupiter ,
comme il avoir détrône Saturne fon père ; mais ils
hirent vaincus. Claudicn a décrit cette guerre dans
fi Gigantomachie.
Jupiter , avoit un il grand nombre de furnoms qu'il
eft impollible de les raporter tous. On trouve fur les
médailles Jupiter Coniccrateur , Jupiter Gardien j
Jupiter Défenleur , Jupiter fulminant ,fulgerator, &
julgurator ; Jupiter Invincible , Jupiter Triompha-
teur , Jupiter Olympien , Jupiter Auteur de la paix ,
Pacifer ; Jupiter Combattant , Propugnator ; Jupiter
Stator j c'eil à dire , donnant la fermeté & la con-
fiftance, /«/^ir^r Tonant , Jupiter Vainqueur, Jupi-
ter Vengeur. On trouve ailleurs Jupiter Ammon ,
Jupiter Fagutalis ; Jupiter Capitolin , Jupiter Cref-
tius J Diefpiter , Jupiter Elicius , Jupiter Férétricn ,
Jupiter Hercéjus , Jupiter Inventeur , Jupiter Indigc-
tc J ////«iftfr Pierre , Lapis; JupiterL:}nû , c'eft à dire ,
du pays L.atin. Lucetius , c'eft le nom que lui don-
noicnt les Ofques -, Paparus , c'eft celui fous lequel
les Scythes l'honoroient ; Jupiter Pi/ior j ou Bou-
langer ; Jupiter Butineur , prddator ; Jupiter Prodi-
gialis ; Jupiter Sponfijr , c'eft à-dire , qui donne
les alfurances , Jupiter Tigillus , J^ejupiter , Jupiter
du mont Viminal y Vimineus. Ceux de ces noms
qui mériteront quelque explication , fe trouveront
expliqués en leur place.
Bel , Bélus , ou Baal , eft le Jupiter des Chaldéens
&: des Phéniciens. Baal Semin , ou Samin , eft un
nom de celui des Phéniciens , c'eft le Joma'us des
Arcadiens , le Marna de ceux de Gaze , le Moloch
des Chananéens j l'Urius des habitans du Bof-
phore.
Un Ancien nommé Chryfippe , &• cité par Ci-
céron , de Nat. Dcor. L. I. n. 40. diloit , comme
nos Mythologues , que Jupiter n'étoit autre chofe
que Vu¥,ther , ou la matière éthérée. D'autres , Se
fur-tout les Pères , ou anciens Ecrivains Chrétiens ,
foutenoient que c'étoit un Roi de Crète, f^oye^
Minutius Félix , Laftance , L. I. de falfa Relig. c.
Tj. Dans l'Antiquité ce fenriment n'étoit pas conf-
tant. Le Scholaftique d'Apollonius fur le troihème
livre de cet Auteur , cite un certain Démétriiis
Sceplius , qui racontoit que les Phrygiens , les
Cretois , & les Arcadiens fe le difpuroient les uns
aux autres. Cicéron au troifième Livre , de Nat.
Deor. n. 42. dit que l'on trouve dans les livres des^
Grecs qu'il y avoir eu plufieurs Jupiters , & l'oitj
en a diftingué , depuis trois jufeu'à trois cens ;
Vairon au rapport de Tertullien , en comptoit tout
autant. De tous ces Jupiters on n'en avoit qu'un au-
quel on attribuoit les actions de tous les autres. Il
faut confulter fur cela Voiïïus , de Théolog. Gentil.
L. I. c. 14. Cet Auteur prétend encore , L. V'IL c. 4.
que fous le nom de Jupiter les Anciens adoroient
toute la ixiture.
L'Aigle ètoir confacré à Jupiter. Elle porroit fôn
foudre dans fes ferres. Jupiter crc^: -ïUifi reprèlenté
quelquefois porte fur fon aigle. Le taureau , le bou-
vil'On J la brebis , le bélier , & la perdrix , étoient
confacrés à Jupiter Ammon. Vofîius , de Idolol.
L. IX , c. /7. Le chêne & même tous les arbres
qui portent quelque efpèce de gland , étoient con-
facrés à Jupiter. Id. de idol. L. V, c. 4.?. Outre les
livres cités liiez encore fur ce dieu ^ Vofîius , de
Idolol. L.II, c. II , ij, 33 , /7> S/y ^4- L-
V,c. 4S. L. FUI , c. 12 , 13 > 17 , iS-
Jupiter voyant nos fautes j
J U P
Dit un jour du haut des airs ,
RempliJJoris de nouveaux hôtes
Les cantons de l'Univers. La Font.
Jupiter ne tarda ^uère
A modérer /es tranfports ;
O vous Rois , qu'il voulut faire
Arbitres de notre fort y
Lai£e'^ entre la colère ,
Et l'orage qui la fuit j
L'intervalle d'une nuit. Id.
Ce nom vient de ces deux mots Latins juvans
pater , qui veulent dire , père qui fait du bien. Il
y en a qui dâùvent ce mot Jupiter de l'Hebrcu ''i^',
Jthovak , mais le premier lentiment qui cil de Ci-
céron , d'Aulugelle & de Macrobe , elt plus vrai-
lemblable.
Le Père Souciet , Jéfuite , dans une dllFertation
fut le nom Jehovah , remonte bien plus haut. Les
Latins , dic-il , ont nommé le premier de leurs dieux
mm , Jehovah , & ils l'on exprimé en leur langue
mni y par Jovis. Car il ell; certain , continue-t il ,
que ce Jovis a été non-feulement un cas oblique j
niais encore le nominatif. Cela paroît évidemment
par ces deux vers d'Ennius.
Juno , rejla , Minerva , Ceres , Diana , Fenus , Mars ,
Mercurius j Jovis, Neptunus , Fulcanus , Apollo.
Par Vairon qui dit ^ L. Fil , de ling. lat. p. pi ,
edit. Par. in-S°. ann. i SS4. A diffimilibus fimilia
( dtclinantur ) ut Jupiter Jovis ; & Jovis , Jovis , &
par le revers de plufieurs médailles. Car on trouve
Jovis CuSTOs'dans Othon , dans Vefpafien , dans
Tite , & dans Caracalle ; Jovis Propugnator ,
dans Alexandre Sévère i Jovis Stator dans Gor-
dien IIL Se dans Gallien. Or ce nominatif Jovis
n'eft autre chofe que le nom Jehovah , nini , dans
lequel on n'a point exprimé le Scke'va , non plus
que dans tous les compotes de ce nom Jofué , Jofé-
dek , Jùhhanan , &c. En Hébreu même l'on fait une
élifion de ce Schéva , & nous trouvons pTiX/im &
pdV ij nni & J7W11 , indifféremment dans le
même chapitre. Voyez par exemple , / , Reg-
XIF , 42 , ^_? , 4^, & 4S. Pour la dernière fyl-
labcj on n'a fait que changer la terminaifon Hé-
braïque - en terminailon Latine : is Jehovah ,
Jehovis, Jovis. Ainfi s'elf formé ce nom dans les
premiers temps. De même , ajoute-t il , Jupiter n'elf
autre chofe que Jekupater , c'eft-à-dirc un com-
pofé du même nom nini &- de pater comme \i^l^^n1 ^
Jehohhanan y ptTiV.i , Jéhofedok, le font de f^'^Ti
& de iJn , & p"'îf i deforte que par la même con-
traétion dont j'ai parlé , on a fait Jupater , &
enfuite changeant l'a en i Jupiter, comme Diefpi-
tcr ,9Èc Marfpiter , que Varron rapporte, L. IF,
de ling. lat. p. i ç. de l'édition déjà citée. Cette
opinion a été celle de Varron. Du moins on peut
le croire fur ces mots de faint Auguftin , Z. /, de
Confenfu. Evang. c. 22. Varron a cru que le dieu
des Juifs écoit Jupiter. Volllus eft de même fenti
ment , de Idolol. L. Fil , c. 4.
UPITER. [. m. Jupiter. Terme d'Aftronomie. L'une
des fepc Planètes, dont l'orbe eft iitué entre Saturne
& Mars. Outre qu'elle tourne en Z4 heures d'O-
rient en Occident autour de la terre , elle décrit un
cercle fous le Zodiaque , qui étant beaucoup plus
grand que celui que la terre décrit, elle n'achevé Ion
coursqu'en onze ans ,& trois cens treize jours , & dix-
neuf heures. Ainfi vers le pôle de cette planète il
doit y avoir des jours & des nuits , de lîx ans en
tiers. Jupiter eft 81 fois, félon quelques-uns, & 95 ,
I félon d'autres , plus grand que la terre. Comme
Jupiter eft l'une des trois planètes fupérieures , c'cft
à dire , l'une des trois qui font au de 11 us dufoleil,
elle n'a aucune parallaxe , parce que fa diftance à la
rcrie e.fttiop grande pour avoir une proportion feu-
J U p
509
fible avec le diamètre de la rcrrc. Jupiter paioii
prclque aulli grand que Vénus ; mais il n'eft pas
il luifant : il eft quelquefois écliplé par la lune , par
le loleil , & niL-me par Mars. 11 a deux macules en
forme d'écharpe , par le mouvement dclqucllcs on
prouve qu'il le meut circul.iireinent fur Ion centre.
Galilée a le premier découvert quatre étoiles , ou
petites lunes qui roulent autour de lui , qu'il a
appelées les Ajlres de Médicis , les autres les nom-
ment les Satellites de Jupiter. Ce (ont quatre pla-
nètes , ou quatre lunes qui tournent autour de lui.
On les appelle Luttes, ou lunules de Jupiter, parce-
qu'ils font leur révolution autour de Jupiter, a. peu-
près comme la lune fait la ficnne autour de la terre.
Ces quatre lunes doivent faire un Ipedacle allez
divcrtillant , pour les habitans de Jupiter , s'il eft:
vrai qu'il y en ait. Car tantôt elles le lèvent toutes
quatre enlemble : tantôt elles lont toutes à leur
midi J rangées l'une au delfus de l'autre : tantôt on
les voit foutes fur l'Horizon à desdiftances égales:
& fur- tout elles s'échpfent très-fouvent les unes les
autres. Ces lunes ont des mouvemens diftérens ; la plus
éloignée fait ion tour en feize jours & dix- huit heu-
res autour Ac Jupiter ; tk la pins proche en a environ
un jour & 1 8 heures. Ils foutfrent louvent des écli-
pfes , dont les obfervations font fort utiles à con-
noître les longitudes. M. Callini a fait des t<ables
pour calculer les immerlîons & émerllons du pre-
mier fiicllitc de Jupiter. Pour les immerlîons Se
émerllons des latellitcs de Jupiter , il faut une lu-
nette de dix pies , Se une pendule réglée lur le
moyen mouvement , & mile avec le loleil , quel-
que temps avant ou après l'obfervation. Foye^
Immersion. Hévélius a oblervé Jupiter de la gran-
deur de fept ponces , ayant des inégalités comme
la lune. M. Callhii a aulîl découvert plufieurs chan-
gemens dans Jupiter , tant dans les trois bandes
obfcures qu'on y voit d'ordinaire , que dans le reftc
de fon difque. Il y a vu naître des taches. Se quel-
quefois des brillans > & enfin il y a remarqué une
tache permanente , par le moyen de laquelle il a
conclu que Jupiter tourne autour de fon axe en
neuf heures 56 minutes; mais le Père Gottinies ,
Profeffeur au Collège des Jéfuires à Rome , pré-
tend être le premier auteur de cette découverte
du mouvement de Jupiter : Eulfochio Divini Se
Campani" prétendent que c'eft par le moyen de
leurs lunettes qu'on a découvert fes taches , Se en
conteftent la gloire de l'invention à l'un & à
l'autre , comme ils (c la dilputent entr'eux.
M. Harris, dans Ion Diétionnaire des Arts Se des
Sciences j dit que la proportion de Jupiter à la
terre ell d'environ 60 à i. La révolution de Ju-
piter autour du Soleil ( il parle dans le fyftème de
Copernic) eft de 11 ans, ou 45 So jours. C'eft
ji jours cinq heures plus que l'on a dit ci-deffus.
Sa révolution autour de fon axe eft de dix heures.
Sa moyenne diftance du Soleil eft , félon Kepler,
de J19650 parties, telles que la moyenne diftance
du Soleil à la terre en contient iogoqo, ielon Bul-
liaud , la moyenne diftance de Jupiter au Soleil ,
contient jizjzo de ces parties , Se conformémeHc
au temps périodique de la révolution y 101 16. Selon
M. Callîni la plus grande diftance de Jupiter à la
terre eft de 141919. demi diamètres de la terre. La
moyenne eft 11 fooo -, & la plus petite de 87081.
Ce diamètre de Jupiter eft égal à tj demi diamètres,
plus la moitié d'un demi diamètre de la terre. Ainli
le globe Àt Jupiter eft 2460 fois plus gros que celui
de la terre. Le demi diamètre de Jupiter vu du So-
leil , n'eft que de 19 fécondes, 5 fuivant le calcul
de M. New-on; Se le demi diamètre de l'cquateur
de Jupiter eft fon demi- diamètre polaire, comme
40 \ lont à y.
Le diamètre apparent de Jupiter eft de cinquante
fécondes. Suppofé , félon les Anciens , que la ré-
volution de Saturne fé falfe précilémcnt en trente
ans , & celle de Jupiter en douze , Se que toutes
les deux partent du même point- du Zodiaque , la
3ÎO JUP
ditiéi-ciîce entre douze dégrés parconlus en un an
par Saturne , & trente parcourus par Jupiter , étant
de dix-huit degrés , Jupucr s'éloigne de Saturne en
un an de ces ;8 degrés. Dix-huit dégrés font la dixième
.partie de cent quatre-vingt dégrés j qui tont la moitié
du cercle. Jupiter fe trouve donc au bout de dix ans
oppofé à Saturne , & en dix autres années il le re-
joint ; ëc par conléquent les conjondions de Jupi-
ter & de Saturne te font de vingt ans en vingt ans :
mais en vingt ans Saturne a parcouru les deux tiers du
Zodiaque , qui font huit lignes ; donc , la conjonc-
tion de Jupiter &c de Saturne fe hrit au huitième
figne , à compter du point du zodiaque , d'où ils
font d'abord partis enlemble. En Ibixante ans Sa-
turne fiiit deux révolutions par le zodiaque , pendant
lefquclles il fe joint trois fois à Jupiter ; deforte
qu'à la troifième conjondion ils fe trouvent tous
deux au même point d'où ils étoient partis enfemble
foixante années auparavant.
Jupiter ,' eft un aftre bénin , & eft appelé par les
Alkologuesla^ra«</e Fortune; & Vénus la petite
Fortune.
JuriT£K. , chez les Chimiftes , fignifie de l'étaln , Se
la calcination de Jupiter eft de la potée , ou de la
chaux d'étain. Nicot & Monet difent qu'il figni-
fie le cuivre. Mais ils fe trompent.
Jupiter , en termes du grand Art , fignifie l'or philo-
fophal. Les fages appliquent à leur Art tout ce que
la fible a dit de Jupiter , & ils prétendent que les
fables doivent être entendues dans un lens figuré ;
par exemple , Jupiter eft le maître des dieux , c'eft-
à dire que l'or eft le premier & le plus précieux de
tous les métaux. Mercure eft l'Amballadeur de Ju-
piter, cela marque la facihté que le mercure a à s'in-
finuer par tout. Jupiter a pour fceptre la foudre ,
c'eft le foufre excerne qui eft employé pour l'œuvre
de la pierre.
Jupiter a le ciel pour fa demeure ordinaire , eela
défigne le volatil , chaud & fec. Enfin , les débau-
ches de Jupiter, qui choifillbit pour fcs plaifirs la
terre balFe , mais prohfique ôc délicieufe , car c'eft
ainfi qu'on parle en langage du grand Art , mon-
trent quelle eft la fécondité de la terre , & qu'on en
peut former l'or quand on fait la préparer. Jupiter
eft fils de Satuine , cela veut dire qu'il y a de la ref-
femblance dans quelques qualités de l'or & du plomb.
Jupiter. Terme de Fleurifte. Nom d'un œuillet. Ju-
piter, Junon ,_Mars , Mercure, 'Vénus , font toutes
divinités piquetées de brun lur un fin blanc , mais
les fleurs en font petites ; elles fe trouvent à Lille.
MoRiN.
JUPlTRISER. V. n. Vivre dans la débauche , dans
l'impudicité , mener la vie de Jupiter , dont les Poë
tes parlent comme d'un dieu fort fujet à caution.
Henri Etienne , inventeur de ce mot , l'adapte
aux Papes , qu'il appelle dieux terreftres jupitri-
lans , c'eft-à dire , félon fon explication , imitateurs
des ades de Jupiter. Il en cite quelques .apocri
phes dans fon Apologie d'Hérodote , chap. 59, ëc
d'autres endroits de cet ouvrage, où il montre beau-
coup de partiahté Se d'entêtement pour fa Rehgion.
■• Le mot dont il s'agit ici eft à la p.age 350. du troi
fième tome de l'édit. de la Haye 1735.
JUPON, f. m. Petite jupe de delfous fort courte , que
portent les femmes. fpF il ne diffère de la jupe que
parce qu'il eft plus court , Se qu'on le porte delfous. Il
y a des jupons piqués , ouattés , &c. Supparum interius.
Du Gange dit que ce mot vient de gipo , qui dans
la balfe Latinité a fignifie pourpoint.
D'autres le dérivent de l'Italien guippona , qui
eft fomié de l'Arabe gitibba ; ce mot a été porté en
Italie par les Sarrazins. Le Père le Moine , cité au
mot de jupe , appelle l'habit des Sarrazins , jupe.
F'oyei ce mot.
Jupok , fe dit aulfi d'une efpèce de grand pourpoint ,
ou de petit juftaucorps qui a de longues balques , ôc
■ qui n'a point de bufqviière ; qui ne ferre point le
corps , Se qui eft une efpèce de vefte propre pour
l'été. Laxior tuniea.
J U R
JUPPiN.f. m. Foyei Jupin.
J U R.
JURA. Ce mot ne fe met point feul j on dit & on écrit
Monx.- Jura. C'eft une chaîne de montagnes qui fc-
pare la Franche-Comté de la Suille. Jura. JuraJJus
mons. Les Suilfes étoient rellérrés de toutes parts par
la nature du lieu -, d'un côté pat le Rhin .... de
l'autre par le moni-Juru , qui eft entre la Franche-
Comté Se la Suifté.
Le lAoni-jura eft une grande chaîne de moii-
tagnes qui s'étend depuis le Rhin , près de Bâle,
julqu'au Rhône , à quatre lieues au-dellbus de Ge»-
nève. Cette montagne partageoit autrefois la Bour-
gogne en Cisjurane Si Transjurane. Elle fépare
maintenant la Suille du Comté de Bourgogne &
du Bugei. On lui donne divers noms en divers en-
droits , c'eft le grand Credo le long du Rhône , le
mont faint Claude entre le Comté de Bourgogne &
le Bugei , le mont Joux , vers les iources du Dain
Se du Doux ; & Piereport , ou Botzberg , fur Icj
confins de l'Évêché de Bâle , & des Cantons de
Bâle Se de Soleure. Maty.
Jura. Nom d'une île d'Écollé. Jura. Elle eft une des
■VVefternes , & elle n'eft féparée de la prefqu'ile
Cantyr , que par un canal d'une lieue de largeur.
Elle peut avoir neuf lieues de long , Se ttois de
large. Il n'y a que des bourgs , ou des villages ,
dont le principal porte le nom de l'île. Maty.
JURADE. f. f Collegium Senatorum , Putrum confcri-
ptotum J Confulum. C'eft ainfi qu'on appelle le
Corps & l'Allémblée de l'Hôtel de Ville à Bor-
deaux , &c. compofé de ceux qui ont été Jurats.
Allcmbler la Jurade. Toute la Juraie. étoit allem-
blée.
IVRAIE. Voyei^ Ivroie.
JURANDE, f h Charge qui fe donne par éledioa:
dans les corps des Artifans à deux ou à quatre An-
ciens pour préfider à leurs alfemblées , Se avoirs
foin des affaires de la Communauté ; faire recevoir
les apprentis Se les maîtres , empêcher les entre-
prifes qui fe font fur le métier , Se en faire ob-
ferver les ftatuts Se les réglemens. Le temps de la
jurande ne dure qu'un an ou deux.
^fT Jurande , fe dit aulli du corps des Jurés. Toute ■
la jurande s'alfembla pour délibérer.
JURAT, f. m. Juratus , Confcriptus , Conful , eft Icj
nom qu'on donne aux Confuls Se Echevins de Bq^
deaux , Se d'autres villes de Gafcogne , comme 11
ceux de Touloufe celui de Capitouls.
Jurât. On le dit aulli dans les villes de Béarn. Parmii
les Députés des États de Béarn , qui rendirent hora-i
mage au Roi Se lui firent le ferment de fidélité le<
5 I Mars 1713, étoient le Jurât de Morlas , le Jurfii
d'Oléron , le Jurât de Lambeye , Se le Jurât dcl
Bruges. •
JURATOIRE. adj. Jusjurandum. Terme de Palais, quii
ne fe dit qu'en cette phraie-,Sl y a eu provilionde
fa perfonne , main-levée dune laifie à fa caution
juratoire. C'eft une fbumilllon qu'on fait àl'Audien-l
ce , ou au Grefte , de le repréfenter , ou les biens
failis , toutefois Se quantes que par la Juftice fera
ordonné. Juratoire , qui eft accompagné de fer-
ment.
IVRAYE. Voyei Ivroie.
IVRE. adj. m. & f. Qui a trop bu de quelque liqueur,
dont les fumées troublent le cerveau Se ofïlifquenc
la raifon. Ebrius , vinolentus , madidus , vino obrit-
tus. Les gens du Nord ne quittent point la table,
qu'ils ne foient ivres. U ne faut point raifonner
avec un homme ivre. On dit aulfi , Je ne luis ni
fou , ni ivre ; pour dire , Je luis en mon bon fcns.
On voit des Orateurs qui, comme s'ils étoient ivre,
fe laillent emporter à des padîons qui ne convien-
nent point à leur lujec. Boileau.
On dit proverbialement , ivre comme une loupe,
ivre inort ; pour dire , un homme qui eft li ivn
J U R
qu'il en a perdu tout fcntiiiiciir. Fini plcnus , mcrfus
J U R.
311
vino.
|p"On ledit au figuré de celui dont l'cfprit cfl: trou-
ble par quelque pallioii. Etre ivre de vanité, d'or-
gueil , d'ambition. Ivre de fis grandeurs <S: de Ton
opulence. L'iiomme en fa propre force a mis fa
confiance , &c. Rous.
fUKÉ. {". m. Juratus. Marchand , ou artilan élu par
ion corps pour avoir droit de viiite fur les autres,
pour faire obferver les ilatuts &: réglemens , & cm-
pêclicr les cntrcprifes fur le métier. Les Jurés ont
droit de faifu' les ouvrages mal conditionnés , quand
ils vont en viiite avec un OtHcicr de Police.
On ne reçoit pas un Maître qu'en préfence &: du
confentement des /aa'.î. On croit en Juftice le rap-
port des Jures , fur la mal façon d'une befogne.
JCJ" Dans ce fens il ell: aulli adjectif. Les Maîtres Jurés
ont bit leur viiite. Il y a aulli des Maîtrcllès Jurées
dans les Communautés qui ne font compofées que
de femmes j comme les Lingères , les Couturiè-
res. &c.
C?" Dans les anciennes déclarations des Rois de Fran-
ce 5 au fujet des Corps des Marchands & des Com-
munautés des Arts & Métiers , on appelle 'Villes
jurées , Bourgs jurés , des villes & des bourgs doiu
les Corps &: Communautés ont des Jurés.
uRÉs , fe dit aulli de certains OlHciers prépofés pour
faire des rapports & des vilitcs. Il y a des Jurés Mé-
decins , Chirurgiens , tant au Ch.âtelet qu'au Par-
lement , pour vifiter les malades & les blelîés. Il y
a des Jurés des œuvres de Maçonnerie & de Char-
penterie , pour vilîter les ouvrages. Il y a des Jurés-
Mouleurs de bois prépofés pour faire mcfurer le
bois. Il y a des Jures-Vendems de vin , de marée j
& de poillôn frais Se falé j de cochon , de volaille ,
&c. qui font commis pour recevoir les deniers de
ces marchandiles qui fe vendent au marché, & les
faire bons aux Marchands forains. On appelle aulli
les Jurés Cneurs de corps & de vins , des Officiers
qui alloient autrefois crier par les rues le prix du
vin qui étoit à vendre chez le bourgeois j Se
les chofes qui étoient perdues , mais qui ne
fervent aujourd'hui qu'aux cérémonies des enterre -
mens. Il n'y en.avoit ci-devant que vingt-quatre ,
qui ne fe trouvoient tous enfemble qu'aux obféques
des Rois. On appelle un écolier Juré , celui qui a étu-
dié cinq ans en PUniverfité de Paris , & qui en a let-
tres & certificat du ReCleur ^ pour être enluite reçu
Maître es -Arts.
T On appelle ennemi y'^rc;' , un ennemi dangereux ,
irréconcihable.
JRÉ , fe difoit autrefois pour Échevin, comme Jurât
fe dit encore en quelques endroits. Juracus , Conf-
criptus , Conful. On nommoit communément les
Echevins (à Caën ) Bourgeois jurés, on les quali-
fia depuis Jurés Se commis au Gouvernement de
la ■ville ; Confeillers Jurés au Gouvernement de
Caën ; Confeillers & Gouverneurs de la 'Ville , Se
enfin Echevins. Les autres Officiers de la ville
s'appcloient petits Jurés. Huet , Andq. de Caén ,
c. XIII. Le Greffier de la ville étoit nommé Clerc
Juré , Notaire Se Clerc , Clerc & Greffier de la
ville. Id. ih.
On appelle en Sorbonne Juré , un étudiant que
les Profelfeurs de Sorbonne nomment pour ligner
les atteftations conjointement avec eux. Jurucus. Une
atreflation doit être fignée par quatre Jurés , autre-
ment elle n'efl: de nulle valeur , Se le Profelleur
ne la pourroit pas figncr.
, JRE DU Marteau , qu'on nomme auffi Juré du
cuir tanné. On appelle ainfi dans les trois Commu-
nautés d'attifans qui travaillent en cuir dans la ville
& faubourgs de Paris , ceux qui font les Gardiens
du marteau avec lequel le marquent les cuirs forains,
foit à la Halle au cuir , foit au Bureau des Ven-
deurs de cuir , Se qui les vont marquer auxdits lieux
toutes les après-dinées.
RÉ DE LA Visitation Royaie. C'eft ainfi que
l'on nomme dans la Communauté des Coiroyeurs j
I les qur.trc grands Jurés à qui il appartient de faire
les vilitcs tous les mois , chez ks Maîtres de
la Commun.iuté, & les vifîtes tous les deux mois
chez les Maures Cordonniers , conjointement .avec
les Jures de la Cordonnerie.
Juré de la Conservation. C'elf le nom que l'on
donne aux quatre petits Jurés des Maîtres Cor-
roycurs de Paris.
Jures Teneurs de Livres. C'ell celui qui cfl: pourvu
par Lettres Patentes du Roi , Se qui a prêté ferment
en Juftice, pour la vérification des comptes «S: cal-
culs , lorfqu'il y ell: appelé.
Juré, tn Anj^leterre on appelle Jurés , douze pcrfon-
nesdont le criminel convient , Se qui doivent pro-
noncer s'il eft coupable , ou lîon. Ces douze Jurés
doivent être de la même clalfe , ou de pareille
condition que Taccufé , Se fi c'efl un étranger , il
peut demander a être jugé par lix Jurés de fa na-
tion , ou fix étrangers s'il n'y en a point de fa na-
tion ; les lix autres doivent être Anglois. On eu
propofe d'ordinaire trente-fix , Se l'accufé cft obligé
d'en accepter douze ; il peut reculer les autres.
Ces douze Jurés font préfens à toute l'inltiuitioa
du procès qui fe fait en public : après quoi ils f^
retirent dans une chambre où on les enferme fans
feu, ni chandelle, & fans leur donner a boire,
& à manger , jufqu'à ce qu'ils aient déclaré d'un
conléntement unanime , fi l'accufé eft coupable ,
ou non , du crime dont il eft accufé _, fur quoi le
Juge lui impofe la peine prefcrite par la loi : car
les Jurés ne prononcent que fur le fait.
JUREE, f. h Ternie de coutumes. Droit de jurée , ell
un droit qui fe doit pour la jurifdiction & connoif,
fance des caufes. Bourgeois de jurée , hommes , fem-
mes de jurée , font des Bourgeois , des hommes ,
des femmes , qui doivent au Roi , ou au Seigneur
haut-jufticier, un certain droir , à favoir , par an fix
deniers pour livre des meubles j &: deux deniers
des immeubles , à moins qu'il n'y ait quelque abon-
nement. On dit lever , payer la jurée.
Jurée, fe prend aulfi dans les CoutuiTKs en quel-
ques endroits pour jurement , ferment. Sacramen-
tum.
IVREE. Nom d'une ville de Piémont , en Italie. Epo-
redia. Elle eft capitale du Canavez , Se fituée fur la
DoriaBaltea, à fept ou huit lieues de Turin, vers le
nord. Cette ville a été long tems Impériale ; l'Empe-
reur Frédéric II la donna l'an 1349, à Thomas II,
Duc de Savoie, dont les Succcellèurs l'ont polfédée
jufqu'aujourd'hui. Elle eft bien fortifiée , défendue
par une bonne citadelle , & elle a un Évéché fuffra-
gant de Turin. Maty.
Dans le théâtre du Piémont, on écrit Yvrée. M.
Corneille écrit I\ree Se Yvrée. La ville d'Yvrée,
que les Latins appellent Eporedia j Se les Italiens
Ivrca , eft fituée à l'entrée de cette partie des Alpeî
que les Latins nommoient Alpes Pcnnin&. Elle eft
fur la rive gauche de la Doire , à l'endroit où elle fore
de la Val d'Aoufte , pour entrer dans le Canavois.
VelleVus Paterculus nous apprend que les Romains ,
avertis par les oracles des Sibylles, y envoyèrent un»
Colonie, Marins étant Conful pour la troilième fois/
Se Valérius Flaccus pour la première. Ils lui donnè-
rent le nom à' Eporedia , p^rce qu'au témoignage de
Pline J les Gaulois appeloicnr Eporedicosj ceux qui
s'entendoient à dompter Se à dreller les chevaux , foie
que les habitansd'LiTc'e s'y occupalient, foit que les
Romains y en entretinlTent un grand nombre aux dé-
pens du public , Scies y fiffent exercer. Théâtre 3u
Piémont, p. jOf. Aymoin , ou fon Continuateur,
dans fes Annales de France, donne p.ar corruption à
la ville d'Yvree, le nom A'Eboreia. Id. Les Auteurs
^u temps d'Aymoin la nomment Iporegia , Iporegien-
fis civitas , Ivoreia, qui ne font que des corruptions
de fon véritable nom. Elle eft fituée en partie fur une
colline , dont la montée eft douce Se aifée. Id. On n'y
compte qu'environ fix mille âmes. Id.
Le Marquifat d'Ivrée. Eporedienfîs Marchionatus.
C'étoit anciennement un Etat de l'Italie , les Souve-
312 J U Pv
rains âoient defcendus des Rois d'Ailes. Cet État
comprenoit k Canavcz , la partie du Piémont qui cil
entre la petite c<c la grande Doria , le Bielez, la partie
occidentale du Vercellois & la partie du Montrerrat
Savoyard , qui eft entre, le Canavez & le Fô. Ce Mar-
quillu ne (.ubiifte plus, on en donne pourtant le nom
au Canavez qui n'en ell.quune partie. Mat y.
fer JLjIIEMHIn l. r. m. Athnnation qu'on fait d'une
choie, en marquant cette atHrmation d'un fceau de
i'cli^,ion. Jurandum ^ jusjurandum , jacramentum.
On divile communément le jurenicnt en allertoire
&c en promilloire. Pontas. Le premier le tûit pour
aliiirer une choie préfente ou pallée; le lecond regar
de l'avenir & fc fait pour alîiirer une promelle. Conf.
d'Ang. Souvent en jurant on le contente d'attellcr
Dieu, c'eft: à dire, de 1 invoquer comme témoin de
ce que l'on jure; ce jurement le nomme invocatoire.
Quelquefois on ajoute Texéciation ou l'imprécation,
& c'eft loifque non iculement on prend Dieu pour
témoin, mais qu'on l'appelle encore pour JUjie &
pour vengeur du parjure , en ie fouhaitant du mal , ou
à d'autres , il la choie n'eif pas comme on la dit , ou
bien II l'on ne tient pas la promelie que 1 on fiit.
IcEM. Le jurement te divife encore en lunple &: en
folenncl. Le jurement limple eit celui qui ie fait entre
des perfonnes privées & fans aucune lolennité. Le
jurement folennel eft celui qui fe fait en public avec
quelque lolennité; par exemple, en touchant de la
main l'Evanrilc , ou en Jullice en levant la main.
iDi.M. Enlîn le jurement fe divife en verbal , réel &c
mixte. Le jurement verbal le tait par les paroles, le
xéel par les aélions; par exemple, enlevant la main
comme font ordinairement les Laïcs en Juftice , ou
en la portant lur la poitrine comme font les Ecclélial-
tiqueSj ou en touchant le livre des Evangiles, une
relique ou quelque autre choie lactée. Le mixte te
£iit & par paroles &z par aélions. Si ces aftions ie tont
en invoquant cxpreliément le nom de Dieu ou quel
qu'un de l'es attributs, c'eft un jurement exprès & di-
xcA : mais li on jure par quelque créature ou lacréc
ou protane, c'eft un /urc/wc'/îf implicite, virtuel & in-
dirccf, parce qu'il a rapport à Dieu , puifqu'on ne jure
par les créatures qu'entant qu'elles ont rapport à leur
Créateur. Idem.
fJCf Jurement j lé prend quelquefois comme fynonyme
de Icrment j c'cft-à dire , pour l'affirmation d'une
chute que l'on hiit en juftice. J^oye-^ Serment.
§3° Mais le mot de juremens, au pluriel, lignifie tou-
jours blafphcmes, imprécations, exécrations. P'erèa
exfecrantia. 'Voyez ces mots. Cet homme f lit d'hor
l'ibles juremens. S. Louis fit des réi^lemens tiès fcvèrcs
contre les juremens & les blafphcmes; & un Bour-
geois d-; Paris ayant blatphémé avec des paroles infâ-
mes, le Roi lui ht marquer les lèvres d'un ter chaud ,
pour fervir d'exemple.
Quelques Souverains &: quelques particuliers ont
affeélé d'avoir un juron qui leur fût propre , comme li
c'avoit été une dcvile. Louis XL juroit P àque-Dïeu.
Charles VIIL Jôur de Dieu. Louis XIL Le diahle
m' emporte. François L Fol de Gentilhomme. Char-
les Quint , Foi d'homme de bien. Charles LK. toutes
fortes de juremens. Henri IV. Ventre faint gris. La
Tremouille qui , en 1 5 1 3 , foutint contre les inities le
fiége de Dion , La vraie corps- Dieu. Charles de
^o-dihon , Sainte Barbe. Philibert, Prince d'Oranr,e ,
Saint Nicolas. La Roche du Maine , Tète-Dieu plei-
ne de reliques Le Capitaine Bayard , Fête-Dieu ,
Bayard Voilà l'article au long, tel qu'il fc
trouve dans le Glolfaire Bourguignon j au mot Ft-r^f-
Dei. Pafquier, chap. 2. du huitième liv. de fes Re-
cherches, après avoir dit que Goi eft une corruption
de Got, qui figniîîe Dieu, explique Vertugoi par
■Vertu Dieu, San;^oi par Sang Dieu, Alorgoi par
Mort Dieu , & Jatnlgoi , par Je renie , &c. Glojfaire
Bour;uignon au mot J aksic. Le Père Garalle, dans
fa Doctrine cuiieufe, dit que Palquicr n'ofoit jurer
Vertuguoi, S< qu'il ofoit bien dire que le Pape eft le
fléau de l'Églife. Maugré , qu'on a dit anciennement
pour malgré, s'ell confcrvé dans Maugrébieu , jure-
I U R
ment que le timoré Pclliiron déguife en Madrébi dans
llmpromptu qu'il rapporte , tait par Elot contre Voi-
ture. On dit encore maugréer , pour jurer , biajphé-
mer... Glojjaire Bourguignon ù.\x\v.ox. Alaugrai. Voy.
îiullilHift. de i'Ac. F».. Nos Anciens utoicnt A\x par
Dieu tans tcrupule . . . Les Cavaliers , dans l'Amadis ,
ne jurent jamais autrement GloJJ. Bourg, au mot Pa-
dci. Tout, jutqu aux Prêtres &c aux femmes, dit^ar
Dieu dans les cent Nouvelles Nouvelles. C étoit aulîî
le jurement de Montagne. Quand ]^ jure , dit il , félon
moi , c'eft leulcment par Dieu , qui eft le plus droit
de tous les fermens. Fjjais , liv. j. ch. j.
0Cr Jurement, Juron, Serment, fynonymes. \.t fer-
ment le tait proprement pour coniirmer la imcétité
d'une promeile ; le jurement , pour conhrmer la vérité
d'un tcmoir,nage; & le juron n'"eft qu'un ft>le dont
le peuple te tert, pour donner au diicours un air af-
turé & prévenir la défiance. ^oye| Serment & Ju-
ron. Syn. Fr.
Le mot dcyêr/ne/zr eft plus d'ufige, pour exprimer
l'aéfion de jurer en public & d'une manière folen-
nelle. Celui de jurement exprime quelquetcis de
l'emportement entre particuliers. Celui de juron tient
de 1 habitude dans la façon de parler. Les tréquens
juremens ne rendent pas le menteur plus di^ne dette
cru.
JURER. V. a. & n. Affirmer avec ferment, promettre
folennellemcnt. Jurare. L'Écriture applique ce terme
à Dieu même. Dieu a juré & ne s'en reper.tira point,
Fteaumc 109. Il a /£;/'(; a Abraham notre père , qu'il
fe donneroit à nous. Cantique de Zaciiarie. Les
Payens ont fait aulli jurer leur taux Jupiter par le
Styx. On jurait autrefois par la tcte de 1 Empereur.
J'^oyei Jufte Lipfe fur les Annales de Tacite , L. LSc
La Cerda , Jéf. fur le Ch. XXXIl^ de l Apologétique
de TertuUien.
Ce mot vient du Latin jurare , quij fclon qi;elques-
uns , cil dit comme Jovem , orare j tejlari j prendrt
Jupiter à témoin. C'eft le lentiment de Berman. D'au
très ditent que jurare eji in jure aliquid ajjerere
qui ne le fait guère fans en venir au jurement.
Jurer , fe dit plus particulièrement des proteftations &i
des fermens qui te tont tolennellement à l'tglile &l
en Juftice. On /i^/vif autrefois dans les L':lilcs fur h]
Croix, lur l'Autel, fur les Évangiles^ les Canons &i
tur les taintes Reliques. Les Rois ont juré la paix fui
les Évangiles. Ils jurent dans leur Sacre de conlcrve^i
la Religion & l'État. On fait jurer aux MagiftratsS
aux Officiers l'oblervation des Ordonnances; aux peii
pies, aux loldats, fidélités obéilfance. On fait /are
aux gens qui fe marient une fidélité réciproque,
faut c\\\on jure !k affirme vrais les comptes qu'on pi_
fente en Juftice; la vérité de la dette pour laquè^
on eft colloque. La formule de jurer àcvxnr. le Jug
eft de lever la main & de promettre de dire vén
Celui qui jure à faux, qui fait un faux ferment,
infâme. Autrefois on fe purgeoit de crime en jurant^
& celui qui en étoit accufé s'étant purgé par fermcntj
en étoit quitte ayant vingt Chevaliers , gens iA
créance , qui juraient pour lui , qu'il avoir Elit un bôÉ
ferment iSc dit vérité, letquels on appeloit Compurgtn
leurs.
On emploie ce mot dans le ftylc des fables & dans
le ftyie burlefque , comme dans le ftyle Icrieux.
Les loups & les brebis de tout temps en querelle ^
Mais certain politique loup
Joua fi bien fan rôle, & fit fi bien fan coup ,
Qu'ils jurcient entre eux une paix etirnelle.
Le Noble.
Jurer, fe dit auffi de plufieurs affirmations particuliè-
res. J'en jure lur mon honneur, foi de Chrétien, fol
de Gentilhomme. Il ne faut point jurer lur les paro-
les de fon maître , c'eft à-dire , le croire aveugle
ment, foutenir fes opinions avec opiniâtreté. JÉSIJS
Christ a dit qu^il ne talloit point yurer par le ciel
parce que c'étoit le trône de Dieu; ni par latcrrC;
parce que c'eft l'efcabeau de tes pieds , ni par la tetC;
parce qu'on ne peut changer un cheveu j mais feule-
men
JUR
J U R
ment dire oui , ou non. S. Matth. Chapitre /. Ju-
rer , fe dit aulli des bl.irplit-nies , 6c des exécra-
tions qui le proK'rcnt centre Dieu , i\: les clioles
iaùires , par emportement , colère , rage j tx' quel-
quefois par mauvaile habitude. Pejerarc , dijcrarc
Les joueurs qui perdent , les fanf-arons qui mena-
cent , font fujets à jurer. Le nom de Dieu nt jure-
ras , c'cll un des dix commandemens de Dieu. Dans
• Je feizième hècle c croit la mode à la Cour de ju-
rer. Le Gouverneur d'Henri IV. lorfqu'il étoit en-
core jeune , craignant qu'il ne le Lufsat aller à blal-
phémer , lui permit de jur<;r Ventre-lai ut-gris j mot
qui ne lignifie rien du tout. Louis XIJL ne jurou
jamais. Louis le Grand ne jurait peint. Se a banni
de la Cour les juremens & les blafphcmes. De Vign.
Marv.
Jurer ', iîgnifîe auffi , prendre une forte réfolution
avec, loi même , s'engager à faire quelque choie ,
promettre , protefter. Promittere , fpondcre , jurarc.
Il a juré la perte de Ion crmemi , de ion rival. Il
a juré fa ruine. Ces deux perfonnes fe font juré
amitié inviolable ; ils fe font promis de s'aimer
■éternellemeiu.
Tout ce que j' appercois femble jurer ma perte.
Régnier.
Je n'ai jamais juré de quitter Amarante ;
Que je jure aujji tôt de demeurer confiant,
M. ScuD.
On dit figurément , que deux couleurs jurent ,
lorfqu'elles ne font pas bien allorties , qu'elles paf-
fent d'une extrémité à l'autre , comme le vert & le
bleu. On le dit de même des autres chofes dont l'u-
nion eft choquante. Des airs évaporés jurent avec
les cheveux gris. Des airs évaporés Se des cheveux
gris jurent enfemble.
Jurer , fe dit aulli au figuré des voix Se des inflru- '
mens de mufique , qui font de faux tons ; mais fur-
tout quand les Ions (ont rudes Se aigres. Sympho-
nia difeors.
Son aigre fauffet
Semble un violon faux qui jure fous l'archet.
BOILEAU.
|CF On voit J par ce qui vient d'être dit , que le
inot jurer, pris aftivement , iîgnihe quelquefois af- 1
firmer par ferment , en prenant quelqu'un ou
quelque chofe à témoin. Jurer fa foi , jurer fon
Dieu.
IP? Quelquefois blafphémer. Cet homme ne fait que
jurer Dieu , jurer le nom de Dieu ; & abfolument ,
ne fait que jurer.
§C? Il lignifie encore confirmer , ratifier par ferment.
Jurer la paix , jurer fidélité.
^CT C'eft encore promettre fortement , quand même
ce ieroit fans ferment. Jurer fidélité à Ion ami , ju-
rer une amitié éternelle.
C'e.O: , enfin , prendre une forte réfolution de
faire une chofe. Jurer la perte de quelqu'un. Jurare
in aliquem.
lO" Pris neutralement , c'eft affirmer , confirmer par
ferment la vérité d'une choie. Jurer par Ion Dieu ,
par la foi , lur fon honneur , lur l'Évangile. Jurer
fur les Autels. Jurare aras.
It^'Ou bien faire des lermens fans néceflitéj par em-
portement , par habitude. Jurer à tout propos. Ju -
rer comme un Charretier.
Jurer , le dit proverbialement en ces phrafes. Il jure
comme un Charretier embourbé , ou comme un Ma-
rinier engravé. S'il ne tient qu'à jurer , la vache
eft a nous , quand on s'eft rapporté au ferment d'un
méchant homme. On dit aulli à celui qui affirme
une chofe connue , on vous croit fins jurer. Til/i
fides hahctur etiam injurato. On dit qu'il ne faut de
rien jurer ; pour dire qu'on peut fiire des chofes
bien contraires aux réfolutions préfentes. On dit
«uflî parmi le peuple , Aye , Maria , ce n'cft pas
To/ae V,
3^3
jurer. On dit : Qui finement jure , finement fe p.ir-
jure , pour dire que ceux qui l'ont des rclhi,; ions
mentales en jurant , font ordinairtnicnt de t.uix ler-
mens.
Jure , ér , part. &: adj. Voye-:^ ci dediis Juré.
IVULSSE. (. h L'état d'une perlonnc ivre. 1. effet que
caule le vin , ou une autre liqueur dan? une per-
lonne ivre. Ebrietas , tcmulcntta , vinolentia. L'if
vrc(j'c du cidre dure plus long temps que celle du vin.
L'/i7vJ/é eltdiftérente luivant le tempérament i l'une
cil gaie , l'autre endormie j l'autre tuneule.
Il s'emploie aulli dans le kiis ciguré. Ainlî en par-
lant des pallions , on dit que l'ivrcff'e en ell bien
plus dangereufe que celle du vin ; pour dire , qu'elles
troublent plus la railon que les tumées du vin. Li-
bidinis ic/lus pe/or ejl ebrietate. La jeunelle eit une
ivrcfj'e continuelle i c'eft la fièvre de la raifon. La
RocH. Comment un Prince dont la condition eft' une
elpèce d'ivrejje perpétuelle j peut - il devenir rai-
fonnablc î i>. Real. La jouillance de la volupté eft
une courte ivrej[j'e. M. Esp. C'eft ce qui les entre-
tient dans leur ivrejjc , c'eft- à dire , dans leur atta-
chement à la terre. Bourdal. Exh. II. p. 6 j.
Les Poètes appellent ivreffe , l'inlpirarion d'A-
pollon , renthouliafme , la fureur Poétique. La doite
ivrejje.
Non , non , je ne viens point fur les bords du Per~
meffe,
Phcebus , te demander ta frénétique ivreffe.
Sur d'autres va vcrfer tes favantes fureurs
La vérité n'a point bcfoui de tesjaveurs.
Ivresse , en termes de fpiritualité. Les Myftiques ap-
pellent ivrejjè , l'état de l'ame contemplative dans
1 oraifon de quiétude ; parce que cette oraifon eft
un tranfport Se une élévation de l'ame qui ne fe
connoit plus , Se ne rcconnoît plus rien. Ebrietas
myjlica.
JUREUR. 1. m. Qui jure beaucoup , foit par habitu-
de, loit par pallîon. On a renouvelle l'ancienne Or-
donnance de S. Louis contre les jureurs Se blalphé-
matcurs du nom de Dieu , qui ordonne de leur
percer , de leur arracher la langue.
JuREUR , dans quelques Coutumes , ne fe prend point
en mauvaile part , il fignifie leulement celui qui
prête ferment. Jurator, dans Séneque, lignifie té-
moin en juftice.
^CF" Parmi les Francs , on nommoit ainfi , jurator, ce-
lui qui fe purgeoit par ferment d'une acculatiou
ou d'une demande Liite contre lui.
ffJ' Celui qui juroit .avec certain nombre de témoins ,
plus ou moins coniidérable , luivant les dirtérens
cas , qu'il n'avoit point fait ce qu'on lui imputoit ,
étoit renvoyé ablous.
IJCT Apres la mort de Chilpéric , Frédégonde , dont
la conduite peu régulière étoit alfez connue ,
jura avec 300 perfonnes conlidcrables quelle avoir
lu gagner , que le jeune Clotaire , que la nation ne
vouloir point reconnoitre , étoit vraiment fils de
Chilpéric. Le ferment d un (i grand nombre de fu-
reurs diillpa tous les loupçons , quelque violens
qu'ils tullent ■■, Se Clotaire fut reconnu pour légi-
time héritier de la Couronne.
JURGANO ^ ou GIURGEVO. Nom d'un bourg de
la Turquie , en Europe. Jurganum. Il eft dans
la V.alaquie à l'embouchure du Télcz dans le Da-
nube. On croit communément qu'il eft l'ancienne
Frateria , ou Pratcria , ville de la Dace. Maty.
JURIDIQUE, adj. m. & f. Régulier , qui eft de droit ,
qui eft conforme aux loix du pays , ou aux procé-
dures qui font obfervées ; aux formes de la Juftice.
Juridicus , Icgitimus. Le Droit a introduit des remè-
des pour fe' pourvoir contre les fentences & les
arrêts qui ne font pas juridiques. Cette procédure
n'cft paî juridique. Aéle juridique.
JURIDIQUEMENT, adv. D'une manière juiidique ,
dans les formes. Légitimé , juridicè. Toute cette
procédure , l'inftruction de ce procès , a été faite
Rr
314 J U Ps.
juridiquement. Vous avez écc coniiimnc juridique
ment.
JURIOWGOROD. Voyei Derpt.
JURIPEBA. r. m. Arbnlleau épineux , ombrageux &
beau , qui croit eu Amérique dans les terres lablon-
jieulés. Sa feuille ell longue, déchiquetée en plu-
ficurs endroits , lanui^ineule en dellous , anière au
goût. Sa rieur ell: dirpoice en étoile, de couleur blan-
che Se bleue. Son tiuit rellémble au railin, & eft
difpofé en g appe. On diftingue Icjuripeba en mâle
& femelle. Ce dernier eft le plus épineux , mais
l'autre a les feuilles plus grandes. Les feuilles de l'un
& de l'autre lont vulnéraires.
JURISCONSULih. f. m. Celui qui eft verfé dans la
connoiir ncc des loix ; que l'on confulte fur l'inter-
prétation des loix & dis coutumes , lur les diflicultés
d'un pro-ès. JurifconfuUus. Les ;o livres du Digefte
n'ont été tirés & compilés que des réponfes des an-
ciens Ju ijconfukcs ■ on les apeloic rej'ponfa pru
dcntum , &:dansl£s inftituts de Juftimen, L.I , T. 2.
elles fon partie du Droit public. Ulpien , Papinien ,
Paul , Scocvola , Ncr,\tius , Cocce'ius Nerva , ont été
les oiacle> de la Jurifprudence. Tribonien , en abo-
litlànt les deux mille volumes d'où il avoir tiré le
Code & le Digefte , a ravi en même temps au pu
blic bien des chofes qui auroient contribué à faire
«onnoitre les anciens Jurifconfuhes de Rome. On
ne connoicroit prefque que leurs noms , 11 Pompo-
nius , qui vivoit dans le fécond ficelé , n'avoit pris
foin de conferver quelques circonftances de leur
vie. Papyrius eft le premier après l'expulhon des
Rois ; & Modcftinus en Z40 eil le dernier. Il fem
ble que les Jurifconfultes de Rome étoient ce que
font aujjurd'hui les Avocats conlultans , qui par
vienner.t à 1 honneur de la confultation par le pro
grès de làge, & le mérite de l'expérience. Cepen-
dant c'ctoit à Rome des fonéfions tout-à-fiit dirlé-
xentes , & les Avocats plaidans ne devenoient point
Jurifconfuhes, Pendant la République l'emploi des
Avocats étoit beaucoup plus honorable , parce que
t'étoic 1 1 voie pour parvenir aux premières dignités.
Ainh les Jurif confulte s étoient eftacés par les Avocats :
on les appclo.'t même par mépris jormular'd , ou
legulei , parce qu'ils avoient inventé certaines for-
niuk's , ou certains monolyllabes , pour répondre
plus gravement , èc plus myftérieulement : mais en-
fin , ils le rendirent fi recommandables , qu'on les
nomma Prudentes ou Sapientes , &: les Empereurs
ordonnèrent aux Juges de fuivre leurs avis. Augufte
même leur donna des lettres j eniorte qu'ils étoient
tenus Ofliciers de l'Empereur , & qu'ils n'étoient
plus bornés à fervir de conleil aux particuliers. Voy.
Loyfeau. Bernardin Reclilius de Vicence a écrit
les Vies des anciens Jurifconfultes qui ont paru de-
puis deux mille ans \ ôc Guy Pancirol a écrit qua
tre livres des illuftres Interprètes des loix. Cujas a
été Profelîeur de Droit , le plus grand Jurifeonfulte
de fo)i fiècle. M. Charles du Moulin s'appeloit Ju
rifonfulte de France & de Germanie. Balde , Jafou ,
Ba:thole , ont été fameux Jurifconfultes du Droit
Civil, Panorme &■ Hoftienlis, de gnuds Jurifcon
fulces Canonilf es. La gravite des Jurifconfultes épou
vante les jeunes gens : ils ne favent pas même fou-
rire. Tour.
|3-JURISDICTI0N. f. f. L'Acad. dit Juridiclion ,
contre l'ufage général. Jurifdiclio. Ce terme qui
vient du Latin jus Se dicere , rendre la juftice , a
plulieurs acceptons.
f3" Souvent il eft pris pour le tribunal 011 l'on plaide ,
où l'on rend la juftice. Il y a plufieurs jurifdiclions ,
glandes ou petites , dans l'enclos du Palais. On ao
pelle degrés de jurf diction , les diftérens tribunaux-
dans lefquels il faut plaider luccellîvemnt pour 1.-.
même aftaiie avant que de la porter à une jurfdiclijn
fupémure. On a vu en France julqu'à cinq degré-,
de jurifdicl'on,
■§0" Quelquefois on le dit du relfort , c'eft à-dire du
territoire qui dépend du tribunal. C'eft ainli que l'on
dit que hjurifdiclion d'un tel prcfidial eft de grande
J U R
étendue ; qu'un tel endroit eft de telle j urifdiclion ■
qu'on palle les limites de la jurifdiUion. Les requê-
tes du Palais ont beaucoup d'aftajres , &c n'ont point
de jurifdictiùn , c'eità-dire , de territoite. Foyer
Ressort.
ffF Enfin le mot de jurifdiclion fe dit aulli du pou-
voir des Juges , c'eft-adirej de l'autorité publique
accordée à celui qui en eft pourvu pour connoitre
& ju^er les diftérends des particuliers. C'eft une
émulation du pouvoir fouverain , qui eft communi-
qué aux Juges , pour rendre la juftice au nom du
Prin;c. Foye-^ivcL.
(fT II y a deux lortes de jurifdiclions ; la féculièrc qui
appartient au Roi , ou aux Seigneurs juficiers qui
la tiennent du Roi en fief j ou en arricre-fiefj &
l'Eccléliaftique , qui eft le pouvoir qui appartient à
l'Églife d ordonner ce qu'elle trouve de plus con-
venable lur les choies qui lont de fa compétence ,
ôc de faire exécuter fes loix tk Ces jugemens. Les
Évêques ou Archevêques ont deux fortes de jurif
dictions : l'une intérieure , qui s'étend lur les arnfs,
&c fur les chofes purement fpirituellcs j ils la tien-
nent de Dieu , c'eft ce qu'on appelle jurifdiclion
au for intérieur ; l'autre qui conhfte à terminer par
la voie contentieufe des différends entre les Ecdé-
fiaftiques & les Laïques en certains cas ; elle leur a
été accordée par les Princes, c'eft la jurifdiclion au
for extérieur. Il y a quatre degrés dans la jurifdiclion
EccUfaftique. L'Oftîcial de l'Évêque eft le premier.
Delà on appelle à l'Official de l'Archevêque , de
l'Archevêque au Primat , & du Primat au Pape. A
l'égard des Évêques , ou des Archevêques , qui font
foumis immédiatement au Pape , il n'y a que deux,
ou trois dégrés de jurifdiclions. Quand l'appel eft
dévolu au Pape , il ell obligé pour la France de
déléguer des Commiflaires fur les lieux. On peut
encore appeler de ces Comraillaires : &■ par le Con-
cordat entre François I & Léon X , il a été arrêtg
que quand il y a trois fentences définitives confor-
mes , l'on ne peut plus appeler : autrement l'oa
auroit pu appeler à l'infini. Autrefois la jurifdic^
tion Ecclefaftique avoit tellement entrepris (ur la
jurifûclion temporelle , que les Juges Royaux étoient
prelque entièrement dépouillés de leurs fonéfions.
On tâcha de s'oppoler à cette ulurpation , Se dans
la célèbre conférence tenue lous Philippe de Va-
lois en 1529 J l'Avocat Général de Cugniére reprc-
lenta vigoureufement toutes les entreprifes des Ecclé-
liaftiques lur la jurifdiclion Royale. Sous divers pré-
textes de piété ils s'attiroient la connoillance de
toutes les affaires. Ils prétendoient que les veuves
Se les pupilles étoient lous la proteclrion de l'Églife.
Ils faifoient inférer des fermens dans les contrats,
& loutenoient que l'oblervation du ferment étoit
une matière Ipirituelle de leur compétence : enfin ,
ils maintenoient que ceux qui leur conteftoient leurs
immunités, &: leurs jurifdiclions , étoient pour cela
même leurs juiliciables. Se ils procédoient par excom-
munication contre ceux qui refulant de les recon-
noitre avoient recours au Juge Royal. D'abord on
introduilit l'appel comme d'abus ^ pour tirer infen-
liblement par cette voie les affaires de la jurifdiclion
Ecclefaftique ; mais ce remède fut allez lent : les
Ecclélîaftiques combattirent violemment pour ne
rien relâcher , &: ce conflit de jurifdiclion durcit
encore fous le règne de Charles VIII. Se de
Louis XII. A la fin , le Roi François I. remit les
Juges Royaux dans tous leurs droits par fon Ordon-
nance de IJ59. & reftreignit la jurifdiclion Ecclé- ■
fafiique lur les Laïques aux matières des Sacremens ,
Se aux autres queftions ipirituelles Se Ecclélîalliques.
J'oye^ Fevrlt.
Les /urifdiciions fculières ou temporelles, lont
de deux luttes : Royales Se Seigneuriales. On ap-
pelle ordinairement les dernières , jurifdiclions fuhal-
tcrnes j quoique les jurifdiclions Royales foient aulîî
fubalterncs à l'égard des Cours fouveiaines. Il v a
deux lortes de jurifdiclions Royales. Les jurifdic-
dons ordinaires >Sc extraordinaires. Les ordinaires
J U R
font celles dont les OHicicis coiinoiireiit de toutes
Ibrttb de matières , tant civiles que cumiucllcs , &
entre toutes ("ortcs de pcrfounes. Les extraordinai-
res font celles dont les Oriiciers ne connoilicnt que
de certaines matiùrcs , ou entre certaines perlonnes
privilégiées. L)ans la jurifdichon ordinaire il y a ré-
gaiiércniciir trois degrés de jurifdïclion , les Châte-
lains &; Prevôr.s Royaux. L'appel des Ch.îtclains ik
Prévôts rctlortit devant les Baillis & Sénéchaux ,
i^c de là aux Parlcmens qui jugent en dernier ref-
fort. Les j unfdlctions extraordinaires font le Grand
Conleil^ IcsHequétes de l'Hôtel & du Palais , (S-t.
Pour la jun/d'iàton Seigneuriale , f^oye-^ Justice.
Il n'eil point permis de multiplier j d'ériger de
nouveaux désirés de jurifdtaion , parce que cela ell
contraire au (bulagement des peuples , & à l'utilité
publique. C'crt: trop même que d'avoir à elluycr
trois dégrés de jurifdhlions ; Se l'on épargneroit
bien des frais , iSr quelquefois des années d'ennui
& de chagrin j il l'on retranchoit un de ces dégrés
de j urifdict'wn. C'eft pourquoi par l'Ordonnance
de Houllîllon , il fut enjoint aux Seigneurs qui
avoicnt deux dégrés de jun/dicUon , d'opter celui
qu'ils vouloient rctenii-. On prétend c[ue le keau
du Chàtelct de Paris , eft attributif de jurifdïclion.
On dit. Décliner hjurijdicîion , quand on fait évo-
quer une aftaire ailleurs que par-devant les Juges
ordinaires , en vertu d'un privilège : & quand on n'en
a point , on dit, Diftraire la junfdiclion ; ce qui eft
l'ujet à revendication. fKT L'ordre des jurifd'tc tiens
elt de droit public. Le Prince (eul . ou les Cours fou-
veraincSj dépohtairesde fon autorité, peuvent diftraire
quelqu'un de la jurifdiclion à laquelle il efl naturel-
lement fournis.
On appelle Conflit de jurifdiclion, la litifpendance
pour un même fait en des Juftices différentes , qui
prétendent qu'une affaire eft de leur compétence.
Judiciaria controverfa. Il fe règle au Confeil Privé ,
quand le conHit eft entre deux Cours fouveraines;
au Grand Conkil , quand c'eft; entre des Sièges in-
férieurs.
On dit aufîî , qu'une chofe n'eft pas de la jurif
diction de quelqu'un , quand il fe mêle de juger d'une
chofe où il n'entend rien , ou dont il ne lui appar-
tient pas de juger. Ramus & les Ramiftes prennent
autant de peine pour borner les jurifdictions de cha-
que fcience^, & faire qu'elles n'entreprennent pas
les unes lur les autres , que l'on en prend pour mar-
quer les limites des Royaumes , &■ régler les reOorts
des Parlemens. Log. Que l'on vivroit heureux , h
l'on ôtoit à la Fortune toute \a. j urifdiclion qu'elle a
lur nous ! S. ÉvR. Cela eft de la jurifdiclion de la
raifon. M. Scud. Les penfées de notre efprit ne font
pas de la jurifdiclion des Princes. Id.
JuRisDicTioN des Exempts. C'eft la jurifdiclion que
reconnoillènt les Exemps qui font dans les appanages,
ôc qui ont pour Juges les Juges des Exempts. Voy.
ce mot.
JURISDICTIONEL. adj. Qui a jurifdiftion , à qui
le Roi a accordé le droit de faire exercer la juftice ,
Juficier.
Par la Déclaration du Roi François I. vérifiée le
■ 2J Avril 1557, il a déclaré qu'il n'avoir entendu
par l'Edit de Crémieu faire aucun préjudice au droit
des Sei2.nea]:sJurfdi&ionets. Bornier , fur les art.
du cit. 6 de l'Ordon. civ. Fief jurifdiclionet.
JURISPRUDENCE, f. f, IJCT-C 'eft en général, fuivant
Burlamaqui , la fciehce ou l'art de faire des loix , de
les expliquer , ôc de les appliquer aux aûions hu-
maines. C^eft laconnoiffance de ce qui eft jufte ik
injufte ; lalciencc du Droit , des Coutumes , des Or
ctonnancesj 8c de tout ce qui fert à rendre , ou à
faire rendre la juftice. Jurifprudentia ; peritia , fien-
tia juris. Les régies qui forment la Jurifprudence , fe
tii ent du Droit naturel , du Droit des gens , & du
Droit civil qui eft la partie la plus étendue de la
Jurifprudence.
|}Cr Dans le Barreau on a attaché à ce mot une idée
particulière. On entend pAV là l'ufage que l'on fuit
Tome V.
î V R 315-
dans chacun de nos Parlcmens pour la décifion de
certains points ; l'explication qu'on donne à la loi ;
&Z où la loi ne s'explique pnSj la manière de fe dé-
cider. Dans les cas qui ne font pas prévus par la loi ,
un Arrêt lur la matière n'elt qu un préjugé pour
de femblablcs conteftations ; mais plulicurs Arrêts
forment ce qu'on appelle Jurifprudence , laquelle a
force de loi, julqu'à ce que le Souverain en ait
décidé autrement. C'eft ce qu'on appelle la Jurif-
prudence des Arrêts : c'eft à dire , l'induction que
l'on tire de plulicurs Arrêts qui ont jugé une même
queftion, dans la même efpèce. Autoritas enim re-
rum judicaiarum nih.il aliud ejl quàm res perpétua Ji-
militer judicatdt, , qu& Jimiiium caufarum jus confli-
tuunt. Mais comme dans la plupart des cfpèces il
fe rencontre des circonlf^ices particulières , les Ju-
ges éclairés ne s'arrêtent pas toujours à la Jurifpru-
dence àa jugemens, dont les parties fe fervent pour
autorifer leurs prétentions. Aullî un grand Magif-
trat difbit que les Arrêts étoicnt très-bons pour ceux
au profit de qui ils avoient été rendus.
llCF Jurisprudence bénélîciale , ufàge- que l'on fuir
dans la décilion des queftions qui concernent les
bénéfices,
fer Jurisprudence canonique , règles contenues dans
les Canons, dans les loix Eccléfiaftiques.
|Î3" Jurisprudence civile , règles que l'on fuit dans
la décifion des affaires civiles.
03" Jurisprudence féodale , relative aux fiefs.
IJCT Jurisprudence criminelle. Style & règles que
l'on fuit pour l'inftrudtion & le jugement des af-
faires criminelles.
|?3° Jurisprudence militaire, font les loix de la guer-
re , ou militaires , & les principes de droit qui ont
rapport à la guerre. ^fT On appelle Jurifprudence
naturelle , l'art de parvenir à la connoillance des
loix de la nature , de les développer & de les ap-
pliquer aux aélions humaines.
JURISPRUDENTj pour 7«7//co«yî^/fe , a été employé
ironiquement par M. Regnard dans fa critique du
Légataire , fcène j. Apprenez M. le Jurlfprudent
hors de faifon, qu'il n'eft point queftion dans une
comédie , du Droit romain , ni de Juftinien. Il s'a-
git de divertir les gens d'efprit avec art, & je vous
foutiens, moi, que la conduite de la comédie du Lé-
gataire ell: tr«s-fenfée.
§CF JURISTE, f. m. Homme verfé dans la fcience du
Droit. Jurlfperltus. Ce nom paroît convenir à celui
qui a écrit (ur les matières de Droit. Les Jurlfles dilenc
que... On le donne en quelques endroits aux Doc-
teurs en Droit, plus généralement aux Etudians en
Droit.
^Ip- IVROGNE, adj. & f. Le féminin ivrogneffe n'eft en
ulage que parmi le peuple qui a coutume de s'eni-
vrer, à boire avec excès. Vlnofus , ebrlofus. Je ne
veux point d'un valet Ivrogne. Un ivrogne n'eft heu-
reux qu'.autant qu'il n'eft point raifonnable. S. EvR.
Que me veut donc conter par- là ce maître Ivrogne?
Mol. Bacchus étoit le dieu des iv/'o^nw. Cet Artifan
eft bon ouvrier , mais c'eft un maître Ivrogne.
Ce mot vient du Latin ebrlonlus. Ménage.
IVROGNER. V. n. Boire fouvent & par excès. Pergrs.-
cari , vino operam dare. J'ai chaire ce valet, parce
qu'il ne faifoit qu'ivrogner. Il elf himilicr.
IVROGNERIE, f. f. Vice de celui qui eft ivrogne, qui
boit fouvent & avec excès. Ehriofuas , vlnolentla ,
bihendl Intctnperantla. Sénéque appelle l'Ivrognerie
une folie volontaire. Mon goût & ma coniplexion
font plus ennemis de l'Ivrognerie ^ que les fentimens
de mon efprit. Mont. Les" Lacédémouiens faifoienc
enivrer leurs efclaves pour faire horreur de l'ivrogne-
rie à leurs enfans. Les Indiens regardent l'ivrognerie
comme une efpèce de rage ; & dans leur Luigue le
mot de ramjam qui fignifie un ivrogne , fignilîe aufîi
un enragé.
Ivrognerie, fe dit de l'aclc aufll bien que de l'habi-
tude. Cette femme ne peut plus fouffrir les ivrogne ^
ries de fon mari. Ac. Fl.
ffT IVROGNESSE, f. f. Foyei Ivrogne.
Rr ij
3ié
J U S
IVROIE. i. f. Quelques uns prononcent ôc cerivent
/vraj e. Eipèce de chiendent qui poulie des tuyaux
à la hauteur de deux ou trois pies j gros comme ceux
du froment, ou un peu plus petits, ayant quatre ou
cinq nœuds , de chaciui detquels fort ime tcuiUe
étroite, verte, gtalle , cannelée , embrallant le tuyau
par la baie. Ces tuyaux portent en leurs lommitcs
des épis longs d'un pié &c d'une figure particulière ;
car ils font divifés en plulieurs parties rangées alter-
nativement, de manière que chacune paroit un petit
épi ou paquet compolé de Heurs à étamines qui lor-
tent du tond d'un calice écailleux. Loiique ces Heurs
lont paHéeSj il leur fuccède des graines plus menues
que celles du blé, peu huineufcs, de couleur rou-
geâtre. Ses racines font Hbrées. Cette plante croit
parmi le froment & l'orge. On l'appelle autrement
en François Zi-^anie , & en Latin lolium ou gramen
loliiiceum fpkd Longiore. C. Bauh. Le nom A'ivroie
lui a été donné à caule que le pain &c la bière , ou il
en eit ejitré beaucoup , enivrent &c caule des maux de
tête. Quelques Botaniftes croient que Vivroie s'engen-
dre des grains de homent & d'orge corrompus , &
qu'elle fe change aulli en froment. Il y a une elpccc
A'ivroie que Diolcoride appelle phœnix , parce que
û graine eft rouge; on la nomme en François ivraie
fauvagc , ou ivraie de rat ; en Latin gramen loiiaceum
angnJUore folio &fpicà. C. Bauh.
On dit figurément , Se par un proverbe tité de la
Sainte Écriture, Icpaver: Vivroie d'avec le bon grain,
pour dire léparer les médians d'avec les bons , ou la
mauvaile docfhine d'avec la bonne. Segregare trici-
cum à -{i^ania. Expliquez-nous la parabole de Vivroie
femée dans le champ. Port. R.
JURON, f m. Façon particulière , certaine façon affec-
tée que des particuliers ont de jurer. SoUnne jura-
mencum. Il a juré Ion grand juron. Dieu me damne
& Dieu me (auve , c'eft le juron des Galcons. Ventre-
iaint gris étoit le juron du Roi Henri IV. Le juron
des infidelles dans les Romans ell , par Mahomet. Les
Juifs difoient. Vive Dieu, les Efpagnols dilent, val-
ga me Dios , voco me à Dios. fCF Le mot de juron
tient de l'habitude dans la fiçon de parler. Les jurons
font prelque toujours du bas llylc ou du très familier.
Il y a peu d'occalions lérieufes où ils puiHent être pla-
cés avec grâce. C'eft un ftyle dont le peuple fe fert
pour donner au dilcours un air aHuré & prévenir la
défiance. f^oye:( Jurement & Serment.
iVRY. Ihcrium. Bourg de Normandie, htué lur la ri-
vière d'Eure , à quatre lieues de Dreux , vers le nord.
Jvry eft célèbre dans notre hiftoire, par la viétoire
qu'Henri IV y remporta fur les Ligueurs l'an 1590.
C'eft-là que ce grand Roi difoit à fes ttoupes : Ral-
liez vous à mon panache blanc , vous le verrez tou-
jours au chemin de l'honneur & de la gloire.
Ivry eft dans le Diocèle d'Evreux. Il s'appelle en
Latin Ihrcium, Ihrca , Ihreia , Ivereium , Irerieum •
aujourd'hui bien des gens difent Ibriacum. Valois ,
Non. Gall. p. 248.
Sainte Marie d'/vry , en Latin j Beata Maria Ibe-
rienfis ^ eft une Abbaye du bourg d'/vry, qui fut fon-
dée en 1077, par Roger, Seigneur d'/vry, & où les
Bénédiétins de la Congrégation de S. Maur, entrc-
lent en 1669.
JUS. .
JUS. f f. On ne prononce pas Vs de ce mot. Liqueur ,
f uc , ou fubftance liquide qu'on tire de quelque chofe
par preftîon , infuhon ou coélion. ]us , jufculum,
fuccus. Le jus d'orange eft la fauce de la perdrix. On
prend des citrons à jus pour ftiire la limonade; Au jus
d'éclanche ou de bœuf pour faire des bitques. On tait
des tablettes de jus de réglilfe pour le rhume. Il faut
qu'une viande , pour être bonne , foit cuite dans fon
jus. On appelle proverbialement le vin, le jus de Sep-
tembre , le jus de la vigne , le jus de la treille. Les
Galcons appellent le vin , le jus de la fouquette.
Nous trouverons un nçuvel enjouement ^
J U s
Un nouveau feu dans le jus de la treille ;
C'ejl unfecours contre plus d'un tourment. Des H.
On dit proverbialement. C'eft jus vert, ou vett
]usy pour dire, c'eft la même chofe.
Jus. Terme du grand Art. C'eft l'éhxir blanc qui eft
très-rulible. Jalon a vcrlé le jus fur les dragons de
Colchos; cette expreHîon bifarre veut dire que l'Ar-
tifte a palfé la noirceur , & qu'il eft parvenu à la blan-
cheur.
Jus. adv. Vieux mot & hors d'ufage j qui fignifioit au-
trefois bas. Les anciens Chevaliers faifoient gloire de
ruer y //i leurs ennemis. Sternere folo , deturbare. Le
peuple dit encore , il l'a rué jus , cela veut dire , il l'a
jette à terre. Humi, deorfum , ad terram, ôc dans la
balle latinité , jufum , jofum.
Puis Neptune fur la mer préfident
En mettant ]us /on grand fceptre & trident. Marot.
Qui puis un peu par fagettes fans nombre
Ay rué jus le Jerpent plein d'encombre.
Phyton l'enfle. Id.
Avoit mis jus la nation fuperbe
Comme la faux qui renverfe toute herbe. Id.
Jus fe joint toujours avec un verbe, comme ruer jus ^
& lignifie jetter à terre , fe défaire de quelque chofe.
Ce terme fe dit encore dans la Flandre Walonne.
. Glofj'. fur Marot.
Ce mot vient de jushm, qu'on a dit dans la balle
Latinité pour dcorsùm.
Jus. Terme de Droit. On prononce Vs finale de ce
mot. Ce terme ne s'emploie pas ieul, & lulage en
eft rare. Jus Patronat ^ c'eft le dtoit de patronage. Le
Pape avoit de quoi luppléer par les Bénéfices qui
croient à la bienléance de cette maifon (d'Efte) &
dont Sa Sainteté pouvoit lui tranfmettre le jus patro-
nat. Ab. Rsg.
JUSANT, f. m. Terme de Marine. /^oye:[ Jussant.
§^ JUSQUE, & quelquefois jufques , avec une j à la
fin , quand il luit une voyelle. Prépolition qui mar-
que certains termes de temps & de lieu au-delà des-
quels on ne pafle pas. Elle régit ordinairement l'arti-
cle du datif. Ufque à mane ad vefperam. Depuis le
matin julqu'au loir. Depuis Paris jufqu'à Rome. Jus-
qu'au point, jufqu'à, jufques à , Ufque adeo. Jufqu'à
cette heure. Ufque adhuc. Jufqu'au cinquième jour,
Ufque ante diem quintum. Ufque in platcâ. Jufque
dans la rue. Je crois qu'on les aura entendus jufqu'ici.
Ufque ijlinc exauditos puto. Ufque eb dùm ut... Juf-
qu'à tant que...
L'j le prononce devant une voyelle , & fur-tout ctt:
vers.
J'ai voulu vous pouffer ]u(ques à ce refus. Rac.
J'ai pouffé la vertu julques à la rudefj}. Id.
Jufqu'à la conlommation des fiècles. Jufqu'aux ex-
trémités de la terre. Il faut être ami jufqu'aux autels,
jufqu'à. la mort. Il faut avoir patience y^y^tt'au bout.
Tout va bien jufqu'Ki.
De Paris au Japon, du Japon jufqu'à Rome,
Le plus fût animal , à mon avis , c'eft l'homme,
BoiL.
Ce mot vient du Latin ufque , qui veut dire la mê-
me chofe.
JusQ^UE, s'emploie aulîî pour marquer le nombre & la
quantité. Ce créancier fera payé jufqu'ï la concur-
rence de fon dil. Un ufurier fe fait- payer jufqu'm
dernier denier. Il a des dettes jufque par delfus la tête.
On lui a fait fon procès jufqu'à. lentence définitive in-
clufivement.
Jusque , fe dit auftî d'un lieu & d'un temps indéfini.
Jufqu'à quand m'amulerez-vous de vos belles paroles?
Jufques à quand , Seigneur , attendez-vcus à me le-
courir? Port-R. On dit , attendez-moi y «y^^'à ce que
j u s
je revienne. i'pJ'JuJiju'à ccque^ dit Voltaire, cft un
mot rude, raboteux, défagréabic :i l'oreille, &c doue
il ne huit jamais le lervir.
IJO" Il faut éviter de dire /uf^^u'h ,^ lorfqu'il y a une répé-
tition de la dernière fyllabe qu'à. Par exemple , je ne
dirois ps.s jufqu'à quatre, mcLis ju/qucs à quatre', ni
jufqu'à ce qu'après , ou jufqu'à ce qu'ayant , pour
éviter la cacophonie. Je dirois aulîi jufqucs à quand ,
Se non pas jufquà quand.
Jusque , fe dit aullî par manière d'exagération. Il a tire
jufqu'à. la dernière goutte de Ion lang.
// n'eji pas jufqu'aa.v Qidn-^e-vingts ,
Qui de me voir n ayent envie, dilok l'Étoile.
Jusque, marque auilî quelque excès, quelque chofe
qui va au delà de l'ordinaire tant en bien qu'en mal.
Il aime jufqu's. fes ennemis. Ils ont tué jufqu'iux
eiifans. Il neft pas /i/y^a'aux- valets qui ne s en mê-
lent. Ac. Fr.
JUSQUIAME. f. f. Plante nommée autrement Hanne-
hane , dont il y a pl,uheurs efpèces. Hyofcyamus , al-
tercuni. La jujquiame noire, ou commune, poulîè
pluiieurs tiges a la hauteur d'un pié & demi , grolies ,
raineufesi les feuilles font larges, grandes, molles,
découpées, lanugincules , blanchâtres; les Heurs nail-
fent entalîces les unes proche des autres , de couleur
mêlée jaune & purpurine. Chaque Heur eft une cam-
panc découpée ordinairement en cinq parties : elle
cil fuivie d'un fruit qui ne relfemble pas mal à une
marmite , & qui a fon couvercle qui le terme allez
exactement. Ce fruit eft divife en fa longueur en
deux loges qui contiennent des femcnces menues,
noires. Toute la plante a une odeur défagréable. En
Latin Hyofcyamus vulgaris , vel niger. C. Bauh.
Pin. 1 6çi. Il y a une jufquiame blanche qui diffère de
la précédente en ce qu'elle eft moins rameufe Hc plus
couverte de laine blanche j en ce que fes feuilles font
plus petites & plus molles, & en ce que fes Heurs &
îes femences font blanches. En Latin Hyofcyamus
albus major. C. Bauh. Pin. 169. Ces deux efpèces
de jufquiame font alloupiflantes & fouvent mortelles
aux animaux qui en mangent. On ne s'en lert qu'ex-
térieurement dans des ongucns, dans des emplâtres,
dans des huiles, //vo/cyi^nsz^i' vient du Grec u»;, co-
chon. Se xnW.o,- , yévtj comme qui diroit/<?ve de co-
chon. Le fruit de la jufquiame rellemble en quelque
manière à une fève , Se lorfque les langliers en ont
mangé , ils font attaqués , félon le rapport d'^lian ,
de mouvemens convuliits li étranges ^ qu'ils mour-
roient dans peu de temps, s'ils n'alloient le jetter dans
un ruilîeau pour y boire & s'y baigner. Ceux qui
ufent de jufquiame lont regardés comme des débau-
chés parmi les Turcs, Se leurs Dotteilrs les plus rigi-
des en condamnent l'ufage comme celui du vin.
JUSSANT. f. m. Terme de Marine. Le reHux de la
mer. Salacia. Il y a /ujfantj c'cftà dire, la mer s'en
retourne. On dit deux /ujjans conneun Hot, c'eft-à-
dire, avoir deux reHux contre un Hux dans une navi-
gation. V. Ébc.
JUSSEY. Ville ancienne de la Franche-Comté , aux
confins de la Champagne &: de la Lorraine.
JUSSION. 1. f. ffT Ce terme fignihe proprement ordre ,
commandement. Mandatum , juffio. On entend par-
là certaines lettres du Roi , portant commandement
exprès aux Ju j,es de fùre une chofe qu'ils avoicnt re-
fufé de faire , de procéder à l'enregiftrcment d'un
Édit , d'une Déclaration ou autres Lettres-Patentes.
On dit également jufjion Se lettres de juffion. Quand
les premières n'ont pas un bon effet , le Roi en envoie
d'autres qu'on appelle itérative jujpon. Le Roi envoya
des Lettres de jujfion au Parlement. Cet Édit ne fut
cnregiftré qu'après trois jujfions réitérées. Premièrej
(econde , troifième jujpon.
§Cr Commandement , ordre , précepte , injonâion ,
jujjlon, confidérés comme fynonymes. Le mot de juf
fion , dit M. l'Abbé Girard , marque plus pohtivement
la puillance arbitraire qui gêne la liberté Se force le
■ Magiftrat à fc conformer à la volonté du Prince. Il
JUS 317
femble que les Cours de Juftice ne Quroient trop
prévenir les Lettres de /r^o«, (Se que le Mmilhc ne
doit en ufer que très (obrement. Foyei^ aux articles
particuliers les nuances qui dillinguent les autres
mots.
Ce mot fe dit aufll en parlant des Papes , Se fignifie
tout de même commandement , ordre. Le P.'pe après
.avoir répété fes longues bulles, jujfions , citations.
Maug.
JUST. f. m. Nom propre d'homme. Juflus. Saint /a/?,
que l'on prononce Saint Jût, étoit 1 un desvgrai.ds
orncmens de l'Églife des Gaules au quatrième liécle.
Il gouverna l'Eglife de Lyon après Saint Vériliime,
fous les Empereurs Valentinien I. Se Gratien fon hls,
& le trouva l'an 574 au Concile de Valence. Baili.et,
au 2. Sept. Il y a auIli un S. Jujl martyr en Bauvaifis
au cinquième hècle, que Bailler, au /S Ocloh. foup-
çoni-.croit être le même que S. Juftin, fi Ufuard ne
les diilinguoit nettement.
S. JUST. Nom d'un Monaftère des Jéronymites, fitué
dans l'Ellramadure d'Efpagne , à huit ou neuf lieues
de Plazencia. Sancli Jujli Monafcrium. La retraite
de Charles-Quint, Empereur Se Roi d'Efpagne , a
rendu ce lieu mémorable. Ce grand Prince , après
avoir renoncé en ijjô à l'Empire en faveur de Dom
Ferdinand Ion frère , Se à tous fes autres États en fa-
veur de fon fils Dom Phihppe , repalla l'année fui-
vante par mer euElpagne^ Se fe retira dans l'Eftra-
madure au monaftère de S. Jufl , pour y faire péni-
tence, & pour y penler uniquement à fon ialut le
rcfte de les jours. Il y vécut environ deux ans & y
mourut l'an i 558 , âgé de 58 ans. Il faut dire S. Jufl
Se non pas Jujte. Voyez le P. Verjus , vie de S. Fran-
çois de Borgia. L. II. p. 2^f.2 ù fuiv.
Jl/STAUCORPS. f. m. C'eft ainfi que l'écrit l'Acadé-
mie Françoife en un ieul mot. |KF Pluiieurs écrivent
juftc-au-corps. C'eft ce que nous appelions plus com-
munément habit. C'eft un vêtement à manches qui
va julqu'aux genoux, qui ferre le corps, montre la
taille, & qui a des poches , tantôt plus hautes , tantcic
plus baftès, lelon que la mode change. Veftis virilis.
jujlaucorps de drap , de velours , brodé.
On trouve dans la bafte Latinité jufa veflis , pour
lignifier un habit qui eft jufte au corps, qui n'eft ni
trop large , ni trop étranglé.
On apelle burlelquement une bière jujlaucorps.
On le tiit aulli de la croûte d'un pâté qui enferme
un lièvre.
Justaucorps a brevet. C'eft un jujlaucorps de cer-
taine couleur. Se brodé d'une certaine manière parti-
culière , que le Roi permet de porter à quelques Sei-
gneurs qui lont de les plailirs : ce jujlaucorps eft la
marque qui diftingue ces Seigneurs & les fait connoî-
tre , afin qu'on leur accorde l'entrée chez le Roi,
dans des temps où on la refuie à d'autres Seigneurs
qui n'ont pas le jujlaucorps à brevet. Il y a eu un
temps où le jujlaucorps à brevet étoit bleu , brode
d'or.
fCT" JUSTE. (. m. Par oppofition à injufte, fe dit géné-
ralement de tout ce qui eft conforme à la loi, à la
volonté d'un Supérieur, plus particulièrement de ce
qui eft conforme aux loix civiles. Dans ce lens ,
quelques-uns le prennent par oppolition à équitable ,
dont ils fe fervent pour déhgner ce qui eft conforme
aiLX loix naturelles. Voye-^ plus bas le mot Justice.
IP" Juste, adj. àtus.Juftus. Qui eft abfolument fans
péché. Qualification qui ne convient qu'à Dieu Ieul ,
qui eft la fource de toute juftice. J. C. eft appelé le
Saint Se le Jujle par excellence.
Juste , fe dit aufti des gens de bien , qui obfervent
exadement les devoirs de la Religion, qui vivent
faintemenr , qui craignent Dieu , qui obéillent à
fes loix , autant que l'infirmité humaine le permet.
Intcgcr vita , fcelerifque parus. En ce lens il eft
■ fou\"ent fubftantif. L'Écriture dit que Job étoit un
homme jufte Se craignant Dieu. Saint Jofeph eft
aulfi appelé le jufte. Jésus-Christ n'eft pas venu
appeler les juftes ; mais les pécheurs. On fe ré-
jouit plus au Ciel de la converfion d'un pécheur
5i8
J U S
que de la perfévéïance de 99 jujles. Le juftc ne 1
craint point les remoids de fa conkience.
En teime de lÉcrkure Sainte, & de la Théolo-
gie , jujh Tignihe celui qui a la grâce lanftifiante ,
&c pécheur lignifie celui qui l'a perdue ; en ce
fens on oppofe les jufics aux pécheurs.
Il le du aulîl de ceux qui ont été juftes & faints
fur la terre , & qui font maintenant dans le Ciel.
Si nous avions de la foi , nous travaillerions de
toutes nos forces à acquérir le bonheur des juJles
dans» le Ciel. ^ ,
Juste , fîgnihe aulfi , qui efl: félon les loix & l'e-
quité naturelle; qui eit conforme à la raiion & à
la jullice. Juftus , aquus. Les grands malheurs arri-
vent par un jufie jugement de Dieu. Dieu nous
ordonne de lui lacrifier nos plus jujies relfentimcns.
S. ÉvR. Dans l'exercice de la jultice il fiut garder
un /njle milieu. Id.
^3" Une aclion jujlc , en Morale , efl: celle que l 'oncon-
fidére comme conforme à la volonté d'un Supérieur
qui la commande.
iCF Juste, honnête & utile. /^^<t>'«:j' au mot Utile.
§Cr On demande fouvent fi une adion e!l: jujie parce
que Dieu la commande , ou bien il Dieu la commande
parce qu'elle efl: juJIe ? Sansdoute une choie eft juJle ,
parce que Dieu la commande : c'eft ce qu'emporte la
déîînition de la juilice : Mais Dieu commande telles
ou telles chofcs , parce que ces choies fontjpar elles-
mêmes laifonnables, conlormes à l'ordre &C aux fins
qu'il s'eflrpropofées en créant le genre humain j très-
convenables à la nature & à l'état de l'homme.
Ces idées , quoique dillinûes , fe lient néceflaire-
inent , & ce n'eft que par une abllraction métaphy-
lique qu'on peut les -léparer.
^3" Ceux qui les diliinguent prétendent que les ac-
tions qui conviennent ou qui ne conviennent pas
à la nature de l'être qui les produit , font morale-
ment bonnes ou mauvailcs , non parce qu'elles font
conformes ou contraires à la loi, mais parce qu'elles
s'accordent avec la nature de l'être qui les produit ,
ou qu'elles y répugnent. Enfuite de quoi , la loi
furvenant , & bâtillant iur les londemens pofés par
la Nature , rend jufte ce qu'elle ordonne ou per-
met , & injujle ce qu'elle déiend. Dans ce fens on
ne peut appeler jufle que ce qui fe fait en vertu du
droit parfait d'autrui , en réfervant le nom à'equi-
tablc pour ce qui fe fait eu égard au droit impar-
fait. Foye\ Justice parfaite & imparfiite.
Juste , fignifie encore , Équitable , qui aime la juf-
tice , qui rend à chacun ce qui lui appartient. Dieu
qui eft eirentiellcment jufis , ne peut être ni in-
diftérent , ni infenfible à nos défordres. Maleb.
Louis XIII mérita le glorieux titre de Louis le jufie.
MÉz. Vouslerez payé par vos vertus mêm.cs d'avoir
été jufie & vertueux. S. Evr. Ceux qu'on oppri-
me , ou qui fentent une douleur violente , implo-
rent le fecours du Ciel par cette exclamation ,
Jufie Dieu j Jufie Ciel.
§Cr Juste. Qui a la juftelfe convenable à la chofe à
laquelle il a relation. Aptus , reclus , legïtïmus.
Jufie poids , jufie mefure , jufie groifeur.
fdr Juste , en fait de poids : ce qui eft en équilibre ,
ce qui ne penche pas plus d'un côté que de l'autre.
Balance jujtc. On fait des balances il ^ufces pour les
Aliùieurs , qu'elles trébuchent pour la centième
partie d'un grain. Une pièce de monnoie eft jufie ,
quand elle ne trébuche point. Un Ibulier Q^k jufie,
quand il ferre le pié fans le bleller. Une horloge
eft jufie , quand elle marque précifément l'heure
qu'il eft.
On dit en Aftronomie , qu'une obfervation eft
jufie , quand elle eft exa£l:e <Sc prêche : en Arithmé-
tique , qu'un compte eft jufie , quand on a fup-
, puté félon les règles : en MuhquCj qu'une voix eft
jufie, quand elle ne fait point de faux ton ; qu'une
cadence eft jufie , quand elle fuit bien les mouve-
mens de celui qui bat la mp fure ;- qu'un homme a
l'oreille jufie , quand elle fait\im exviét difcerne-
mcnt des accords : en Peinture ; qu'un delfein eft
J U s
jufie , quand il eft conforme à l'original. Des con-
tours ]ufies , font des contours deffinés avec juftelfe ,
force , & netteté.
On dit aufti d'un Canonier , d'un tireur d'arc ,
ou d'arquebufe , qu'il eft jufie , lorfqu'il eft sûr de
fon coup -, & que ion arme eft jufie , quand elle n'a
point de défaut , qui l'empêche de frapper droit
au but.
Juste , le dit auftl figurément en chofes fpirituelles &
morales. Les penfées , les comparai ions , les mé-
taphores font jufies , quand elles quadrent parfaite-
ment au lujet auquel on les applique ; quand elles
font bien entendues : quand elles n'ont rien de faux.
Une penlée vive doit être jufie en même temps. S.
ÉvR. Une penfée jufie j eft une pcnfée vraie de tous
les cc)tés , ik dans tous lés jours qu'on la regarde.
BouH. Quand on n'a pas le génie & le jugement
jufies, l'on bronche à chaque pas dans un long ou-
vrage. Le P. LE Bosa. On dit de Louis le Grand,
dans un Sonnet de bouts rimes ,
. Tout confpire à U rendre un Héros achevé ;
Le port majefiueux , l'efpru jufte , élevé ,
Et dans une aine droite lin courage Intrépide.
Juste , fignifie encore Précis , qui eft également
éloigné des deux extrémités , de l'excès & du dé-
faut. Il eft diliicile de marquer julqu'où peut s'éten-
dre une jufie libéralité , lans être prodigue. Le
P. LE BOSS.
Juste , eft aullî un furnom , & un nom que plufieurs
perfonnes ont porté. Il eft parlé dans le Nouveau
Teftament d'un Joleph lurnommé Jufie. Il y a eu un
Évêque d'Urgel nommé Jufie , qui a eu trois frères aulli
Évêques. Louis le Jufie, c'eft Louis Xlli, Roi de France.
Juste & AU Juste , le dilenr ad\ erbialcment , & s'ap-
pliquent avec ces verbes j Parler , raifonner, 6c au-
tres. Parler , raifonner jufie , c'eft parler & railon-
ner bieli j avec exactitude , avec précihon. M. de
Sablé étoit prévenu pour Voiture julqu'à dire , qu'il
rioit jufie. Le Ch. de M. On penle jufie par tout où
il y a des hommes. Répondre jufie , c'elr répondre à
propos & précilément comme il faut.
Onditaulhj II eft venu jufie au temps du dîner;
c'eft-à-dire, à point nommé. Ijfio in tempore , tem-
pore. Il eft chaullé trop jufie. On dit aulii , Suppu-
ter au jufie , eftimer au jufie des ouvrages , pour
dire précifément & exaétement. Deftmer juJle , c'eft
delliner exadl:ement. ^fï Dans le Commerce , on dit
pefer jufie , lans donner de trait, l'oye-!^ Trait. Au-
ner jufie , auner bois à bois. Voye^ AuneRj &
Event.
Juste. On dit fouvent par une efpèce d'exclama-
tion : Jufie ciel ! &: quelquefois , Jufie Dieu !
On dit proverbialement , qu'une choie eft jufie
comme l'or ; pour dire , qu'elle eft en parfait équi-
libre J qu'il n'y a rien de trop. On dit aulli ironi-
quement , jufte Se carré comme une flûte. On dit
aulli , parlant d'une opprelîion : Cependant le Jufie
pâtit. Intereà patitur Jufiius.
JUSTE, f f. Nom d'une mclurc des chofes liquides.
Jufia dans la balle Latinité. Cette mefure contenoit
à-peu-près ce qu'un homme peut boire , comme,
fi l'on difoit , jufie , pour jujle mefure ; & c'étoit
apparemment en Normandie & en Angleterre , ce
qu'étoit l'hémine en Italie. Lanfranc , dans les
Décrets pour l'Ordre de S. Benoît , dit que les juf-
tes & les autres vailfeaux doivent être entre les
mains du Cellérier. Guillaume , Evêque de Paris,
avoir acheté une jufie qui contenoit trois marcs.
Dans quelques conltitutions monalliques , il eft
ordonné qu'on donnera tous les jours à chacun des
frères deux jufies de bière , & une jufie de vin.
Etienne de la Fontaine , qui étoit Argentier du Roi
en 13JO J dit dans fes comptes, c. d'orfàverie.
Pour folder &: mettre cinq tiroirs à quatre grands
jufies , & quatre pintes d'argent. On lit dans l'hif-
toire du Prieuré de Wigniore , en Angleterre , écrite
J u s
en François, ces paroles : Il donna, adonksà J'iivcsk
une ;;///c' d'artiCiu , pleine de pyemenr.
£t vous ïlkvc un damoifel ;
Une ]u[\c fous /on mancel. R. de Vacce.
Ce mot vient du Latin /.7/?J, comme (î l'ondifoit
jujlc me/urc. D.iiis ks touuinies , Droit des iuftcs
ik mefurcs, c'eftle droit que le Seigneur a de don-
ner les mciurcs dans û terre.
JUi-TH AU CORPS. P^oyei Justaucorps.
JUSTE^IENT. adv. Avec juflice , équit.iblement. M-
ce. Cet HcTL-tique a été jujlanaïc condamné.
JusT£MENT, iignihe encore prealénicnt , à point nom-
me. Vous ctcs tombé jÙjlcmcnt dans ma penféc. Il
arriva lujîcmcnc au point que les Perfes mettoient
\ ''^}^- Jujicment , luivant cette dodrine cette grâce
clt lurtilante. Pasc.
JUSTEbSE. C. f. Précinon , exaditude , régularité à
faire une chofe comme elle doit être foire. On le
dit également au propre & au figuré. DUigenaa ,
conjonmus yjolerûa, cura. Cet Aftronome a cal-
cule des Tables avec une grande jullckc. Il y a
une grande jufiejfe daccords dans ce concert. Ce
cavalier manie un cheval , il va lur toutes les voltes
avec une grande lufiejj'c. Tirer avec julMc. Chan-
ter avec jujtejfe. ■"
§C? Justesse, le dit au/îî en matière de langage ^ de
penlees d'cfprit , de goût & de léntiment. La juf
tcljc du Iang.age conlifte à s'expliquer en termes pro-
pres &: choilis , ne dire ni trop ni trop peu. On doit
.-ijoutcrau choix des mots leur union & leur arrange-
ment. Cette juftejfe du langage a fouvent quelque
choie d'atîedé. On prétend , dit le P. Bouhours
que cette extrême ]ufteffc dans le choix de l'arran-
gement des paroles , atr'oiblk les peniées , amortit
le feu de ! imagination , ^ delTéche le difcours. Ce
qui eil vrai dmstout ce qui eft du rellort de l'imagi
nstion. La jufieffe du langage ell ellentielle aux
Iciences exaétes , comme la Géométrie, &c. mais
dans les autres , comme la Pociie , il faut bannir
une railon Icrupuleufe , qui par un trop grand atta
chement à la ]uj}cjje , ne laillé rien de libre cS: de
naturel.
. La jujiejfe d'une penfée , eft une extrême exac-
titude dans la penfée , cnforte qu'elle n'ait rien de
faux j & qui ne convienne au fujet ; c'eft-a-dire
qu'elle conlilte dans la vérité 8c dans la parfaite con-
ven.ance au lujet ; enforte que , félon l'expreihon
du P. Bouhours , une penfée jufte eft une pcnfcc
vraie de tous les côtés , & dans tous les jours
qu on 1 a regardée.
^U ju/Ieffe d'efprit fait démêler le jufte rapport
que les choies ont ensemble. L'efprit de rufferfe
conhrte a pénétrer vivement c\- profondément les
contequences des principes. Pasc.
^ Le Chevalier de Méré qui a fiit un difcours de
\3. ]ujtej]e d'elprit, diftingue deux fortes de juC
tejje , l'une de goût c^ de fentiment , Se l'autre
qui vient du bon fens &c de la raifon. On ne peut
pas donner des règles allurées pour la première
qui tait lentir ce qu'il y a de fin & d exad dans le
tour , dans le choix d'une penfée Se dans celui de
lexprdhon Les honnêtes gens, dit S. £vr. n'ont
S"^ j?"7'^e leçons: ils connoiifent le bien par la
ju/icj[le de leur goût. L'autre confifte, comme nous
lavons dit dans le jufte rapport que les chofes
ont entr elles.
^On dit dans le même fens , la ju/ie/fe des ca-
hSnT-A^^T-^'. ^T' ÉP-'^-' '• ^aut iurto"t
bien garder hiujicfe des caractères. Le P. Le B
M. 1 Abbe Girard , empêche de don.,er dans le faux;
& la preciUon écarte linutik. Le difcours prec
^jusTrcrrrïT" V'^^^^^ '^■^'"p-
une ve m ; ^" ^' ^"■^''''- ^' ^"^^ ^" Scierai eft
du a chacun. Elle comprend tous nos devoirs :
JUS .jo
être jufte de cette manière, e'eft être vertueux
CÎO Dans une acception moins générale ,1a .../.Lk
une des quatre vertus cardinales. (3n la ddimt en
Dioit, une volonté lerme &: conftante de rer.dre a cl. i
cun ccqm lui appartient. Les Junfccnfulu-s diftin-
8 ntdctix ortes de /.//... , 1 une communicative,
qui met de la droiture dans le commerce qu'ont les
commerce, les échanges Se les ventes : Et l'autre
diftributive , qui rcgle lur l'équité la décil.on de
leuis dU.erends , Se attribue à chacun ce qui lui
appartient. La première eft celle des particuliers.
Elle eft appuyée lur la droiture, qui renferme la (in-
cerite dans les paroles , & la bonne foi dans les
laites. La lincerite fait naître la confiance mutuelle,
1 nccdlaire entre les membres d'une même fotiété :
tient"" °' '^'''"^l'^s traités, la conferve ôe la main-
^l^\r-^a' ''''^^'^"^^ eft celle des Souverains 8c
des Magiftrats. Elle réiide dans la perfonnedu Sou-
vemm, confiée, quant à l'adminiftration , aux Ma-
giftrats. Uju/hce diftributive le divife en rémunér.i-
tive punitive, c\- dvile. La rémunérative demande
que 1 on recompenfe fdon les mérites i la punitive
ou vindicative , que l'on puniftè à propordon des
crimes 8e des orfaits, la civile que l'on diftribue
les charges de 1 Etat & les impôts félonies facultés
de chaque citoyen. La /ujlu, eft fondée fur un or-
dlT confbnt de la raifon. S. ÉvR. En s'attachanc
a 1 dpritde la loi dans toute fa rigueur, l'on s élomnc
ailcment de 1 équité , qui eft naturellement contraire
a cette jujace inflexible qui ne pardonne rien. In.
Quelquefois par une fuifte pitié , Se fous les appa-
rences trompeufes de l'équité , l'on s éloigne des rè-
gles de a !ujiice. C. B. L'.amour de la jujiice n'eft,
en la plupart des hommes, que la crainte de fouf-
Irir l'nijul ice. La Roch. La bafe c^ le fondement
du trône des Rois, c'eft hju/Ilce, non parla crainte
des ioix mais par leur propre indination. M. Esp.
■rfr Cette divihon de la jujîke en diflnbudve Se per~
mutauve, eft incomplette , dit Builamaqui , puif-
qu elle ne renferme que ce que l'on doit à autrui en
vertu de quelque engagement où l'on eft entré,
quoiquil yaitpluheurs chofes que le prochain peut
exiger de nous à la rigueur , indépendemment de
tout accord & de toute convention.
>3crC'çft pourquoi ce judideux Auteur dit qu'on peut
diviler 13. luftice en général en parfaite onrigourcufe ,
8e imparjaite ou non ngoureufe. La première eft
celle par laquelle nous nous acquittons envers le
prochain de tout ce qui lui eft dii en vertu d'un
droit parfait 8e rigoureux, c'eft-à-dire, dont il peut
raifonnablement exiger l'exécution par la force lî
1 on n'y latisfait pas de bon gré ;Se c'eft dans ce fens
étroit que l'on prend le plus fouvent le terme de
]ujhce. La. féconde eft celle par laquelle on rend à
autrm les devoirs qui ne lui font dûs qu'en vertu
d une obligation imparfiite Se non rigoureufe , qui
ne peuvent point être exigés par les voies de la con-
trainte ; mais dont l'accompliftement eft laiftï à
1 honneur & à la confcience d'un chacun. Ces fortes
de devoirs font pour lordmaire compris fous le
nom d'humanité , de charité , de bienveillance , par
opppfition à la jufcice rigoureufe & proprement
ainli nommée. \]n Pauvre n'a qu'un droit imparfait
a l'aiinione qu'il demande. Le Riche qui la refufe,
ne pèche pas contre la juflice proprement dire , Se
rigoureufe.
ifT L'on pourroit encore fubdivifer la juJlice rigou-
reufe en celle qui s'exerce d'égal à égal , Se celle
qui a lieu entre un fupérieur Se un inférieur. Celle-
là eft d'autant d'efpéces diftérer.tes qu'il y a de de-
voirs qu'un homme peut exiger de tout autre hom-
me , conhdéré comme tel, & un citoyen détour
autre citoyen du même état. Celle-ci renfermera
autant d'efpéces qu'il y a de difteicntes fociétés , cù
les uns commandent Se les autres obéiirent.
Justice , fe dit aulfi , tant de cette vertu de Dieu , qui
le porte à rendre à chacun félon les œuvres , que
s
320 J u
de l'exercice de cette vertu. Ciccron dit que k juf-
-tice ne peut être en Dieu , p:u'ce qu'elle ne regarde
que la lociâé des hommes. Il n'y a point de juf
tke entre Dieu & les hommes j parce qu il ne leur
-doit rien. Le Mai. Fant-il s'étonner que les peuples
qui ^émillent tous le joug du péché , tentent le poids
de h jujlice divine î Fl. Tremblons en penbnt à la
jufticc vcngerellc de Dieu. Cl. Dieu afflige les bons
pour les éprouver , & les méchans pour les châtier.
La jujtice divine k julliticra un jour des reproches
de notre impatience. S. ÉvR. O Dieu ! mes larmes
implorent votre //{/Zicd. Le Mai. Souvent Dieu nous
prive par des jujîices fecrctes des choks que nous
pollcdons ici bas. As. de la Tr. S. Bernard fe fer-
voit de la vue de la jujlice de Dieu contre la négli-
gence tk. fa parelle. Id. Communément on dit les
jugemens de Dieu , & non point les jujiices de
Dieu. Oui , Seigneur , je reconnois vos grâces dans
vos jujîices mêmes. Mad. de la Vall.
Justice , (e dit aulli , à l'égard des hommes y de la pra-
tique & de l'exercice de cette vertu , de l'exécution
du pouvoir de rendre à chacun ce qui lui appar-
tient. Le Roi a commis aux Magiftr.its le loin de
rendre la juflice. Le Juge qui veut s'agrandir ,
change en {ouplclFe de cour , le rigide & inexorable
minidèrede la jujlice. Boss. Ce Lige Magiilrat étoit
ferme dans l'adminillration de la jujlice. El. Dans
l'ancienne Rome un père, par une jujlice farouche ,
faifoit mourir Ion fils j pour avoir fait une belle aclion
qu'il n'avoit pas commandée. S. ÉvR. La jujlice
gémit fous un amas de loix & de form.ilités cmbar-
rallées. Fl.
Justice j fe dit encore de l'expédition des affaires.
Le Parlement cft chargé d'un nombre inlîni de pro-
cès , & on n'y peut avoir jujlice. Déni de jujlice
Voy. DÉNI.
Justice, fe dit aulîî des jugemens équitables que por-
tent les particuliers. L'Hiftoirc en repréfentant le
vice avec des caractères dinfaiirie , a donné un frein
aux pallions des Princes , parce qu'elle leur tait
craindre la jujlice impitoyable des Hilloricns. Va.
Pcrfonne ne le tait jujlice , ni fur le mérite , ni fur
l'ambition. S. Evr. Il faut rendre jujlice à tout le
monde, &: être bien aife que les autres ayent du
mérite. Bell. Le public vous rendra jujlice fans
que vous ayez la honte de l'en foUiciter. S. ÉvR.
On dit , par compliment , à celui qui fe défend des
honneurs qu'on lui rend , ou des louanges qu'on lui
donne , qu'on rend jujlice à l'on mérite.
Justice , fignifie encore , Bon droit , raifon. Je n^ai
d'autres follicitations pour moi que h jujlice de mes
prétentions. Ne comptez point (i fort fur la jujlice
de votrecaufe. Caton te tua de détefpoir que la juj"-
tice de l'on parti eût été trahie par le caprice de la
Fortune. M. Esp. On vous blâme avec jujlice.
Vous avez tort_, j'ai la jujlice de mon côté. Jujlice
fe dit aulli des tentences , des arrêts , & fignifie équi-
té , conformité au droit. Il en a reconnu la jujlice
( de la fentence ) par rapport à tous les autres.
De Sacy.
Main de Justice , ell: une efpèce de fceptre qu'on
met à la main gauche du Roi vêtu de t'es ornemens
royaux , qui a la figure d'une main au bout , pour
montrer que la fouverainc puilfance de rendre la
jujlice rélide en fa pertonne.
Lit de Justice , eft une féance folennelle que le Roi
fait en fon Parlement de Paris fous un haut diis ,
avec pompe & cérémonie j dms des occafions im-
portantes pour le bien de fon État. Foye^ Lit.
On dit , Mettre en la protedion & fiuvegarde
du Roi & de la juj'nce , quelque perfonne , quand
clic le plaint & qu'elle ell menacée par des ennemis
puilfans. Alors ils deviennent refponfables de ce
qui arrive à cette perfonne.
Justice, fignifie aullî quelquefois ^ Rigueur, & e(l
oppotée à grâc:;. Un Chevalier de jujucc ell: celui
quia fait exactement fcs pteuves de" Noblelfe. Le
Roi dans ia lettres de rémiirion dit , qu'il veut
prctcrer miféricorde à jufticc.
J U s
Justice , fe dit aulli du corps des Officiers commis
pour rendre la juJ'nce. Judices , cognitores. 11 y a eu
un grand tumulte en un tel quartier , la Jufcice a été
. obligée de s'y tranfporter. On appelle frais de Juf-
tic-e , non-teulement les frais des aétes & procé-
dures nécelfaires pour la pouriuite , mais aulïï. le
falaire des Juges pour le jugement d'un procès.
N'imite point ces fous , dont lafotte avarice
Va de fis revenus engraijjer la Juflice. BoiL.
Quelle fomme d'argent !
Qu'il vous en va coûter! Songe\-y bien , Madame,
De l'avide Juftice appréhende^ la dent.
M. De Themiseul.
Sous le nom de gens de robe on comprend les
gens de Jujtice , & les Eccléliaftiques. U efl alh
réclamer le tecours de la Jujuce : cela s'enteno
quelquefois d'un limple Commillaire. On appelle
ironiquement un Sergent , Membre de Jujhce,
Justice , fe dit aullî du liége , du tribunal où le rend Is
jujlice , de la qualité , de 1 étendue & des marque;
de la Juritdiction , & de la propriété de la jujlict.
qui appartient au Roi , ou aux Seigneurs. Je mt
fuis pourvu en jujlice. Je lai fait appeler en jujiice.
Le procès eft pendant en jujlice j en un tel iiége
J'ai obfervé toutes les formalités de jujlice. La juf-
tice du Châtelet , des Conluls , &c.
IfT JUSTICE & JURISDICTON , fignifie ordinaire-
ment la même chote : Néanmoins jujlice fe di
proprement des Juges des Seigneurs , & elle et
appellée lubakerne ; &: la junfdiclion fe dit des Ju ;
ges Ecclélialtiqiies & des Juges Royaux. |
CCF Quelques Auteurs , par jujlice , entendent la pro- j
priété de la jujlice qui appartient aux Seigneurs , ; 1
caufe de laquelle ils font appelés bas , moyens &
hauts Jufticicrs ; & par le mot de junfdiclion , il
entendent au contraire l'adminiftration Ck. l'exercic
de la jujlice , qui fe fait par les Ofnciers du Sei
gneur.
03" Au refte , quoique par le mot de jujlice on entendi
ordinairement la juftice feigneuriale •■, cependant 01
comprend aullî fous ce terme h juftice royale , quanc
il ell: pris généralement , pour le droit de rendre ;
chacun ce qui lui appartient. Aintî l'on diftingm
deux fortes de juftices , celle que le Roi tait exer-
cer en fon nom , & celle des Seigneurs.
§3° La juftice royale ell celle que le Roi fait exercei
en fon nom par des Officiers de judicature. Ce
foin fut d'abord confié aux Comtes , qui avoieni
fous eux des Lieutenans , qu'on appeloit , félon la
diilérencc des Provinces , ou Vicomtes , guaf co-
mitis vicem gerentes ; ou Prévôts , quafl prs-pofti
juri dicundo j ou Viguiers , quafi vicarii comitum ;
ou enfin Châtelains , quaft cajlrorum comités.
^f3' Il y a trois degrés de juftice royale. Le premier
eft celui des Châtelains , Prévôts royaux , ou Vi-
guiers. Le fécond ell celui des Baillis j Sénéchaux
ou Prélidiaux. Le troiflème cil celui des Parlemens,
T^oyei ces mors.
%fT La jufticc Seigneuriale eft celle dont la propriété
appartient à un Seigneur , qui la fait rendre en fon
nom par des Oflîciers qu'il ét.ablit lui-même à ce:
effet. Comme la juflice appartient au Roi feul en
propriété ; celle des Seigneurs ne leur appartient
pas jure proprio , mais feulement par concellion du
Prince , par une longue polfellîon qui la fait pré-
fumer.
ifT Les juftice-s feigneuriales font de trois fortes ; I2
haute , la moyenne & la balle.
La haute juftice eft celle d'un Seigneur qui a pou-
voir de taire condamner à une peine capitale , &C
de juger de toutes caules civiles &c criminelles ,
excepté des cas Royaux. La moyenne ;a/?ice a droit
de juger des aélions de tutelle «^ injures , dont
l'amende ne peut excéder foixante fous. La balle
juftice connoît des droits dûs au Seigneur , du dé-
gât de bêces Se injures , dont l'amende ne peut
excéder
J u s
cxccdei- fept fous fix deniers , & on l'appelle «utrc-
luenc jtilhce foncière.
Les Àurcius ne s'accordent nullement fur l'ori-
gine des JujUces SiigmurïaLcs , ëc encore moins
fur la diftindion de kauce , moyenne & baffe Jujhcc.
Quelques uns prétendent que du temps de Charlc-
iTiaync il n'y avoir que des Juges Royaux , & que
ce n'eft que dans la décadence , &z la foiblclîe de
Ja race Carlovingicnne ^ que les grands Seigneurs
s'emparèrent de la Jurifdidtion , & s'attribuèrent
l'autorité fur leurs vallaux. j^CF Les Comtes le ren-
dirent maîtres des villes & des provinces donc ils
ii'avoient eu jufqu'alors que le gouvernement : ils
s'arrogèrent dans leur Domaine le droit de jujlke ,
qu'ils firent exercer en leur nom , par des OHicicrs
qu'ils créèrent à l'exemple des Rois leurs maîtres.
Cette ufnrpation donna lieu à ceux qui avoient de
grandes terres j d'en faire de même chez eux : ils
accordèrent aux petits Seigneurs , qui relevoient
d'eux , la faculté de créer des Juges dans leurs vil-
lages j pour y juger les caules de peu d'importance ,
. à la charge de l'appel devant les Juges de leurs Sei-
gneuries.
ftS" Voilà probablement de quelle manière les ju/lices
fe font introduites en France , & comment elles y
font devenues patrimoniales. Delà vient aulli que le
nombre des Jujliccs Seigneuriales efl il grand , &
que leur pouvoir &c leur territoire font lî incer-
tains & il confus , qu'on ne peut rien déterminer
de certain là-delfus. Les Coutumes ont léglé leurs
droits fort divcrfcnienc j & il n'y a rien d'unifor-
me dans le Royaume à cet égard. Les Docteurs
en (e réfutant les uns les autres , conviennent feu-
lement de l'obfcurité &c de l'embarras qui s'y trou-
ve. Tout ce qu'on peut en débrouiller , c'ell que
les Jujikes Seigneuriales ont eu prelque la même
origine que les fiels. Ils en font le principe & le
fondement , &c les jujlices n'en lont qu'une fuite &
I une dépendance. La diftinèlion de la haute ^ moyen-
ne & balle juflice , vient apparemment auili de la
différence de dignité entre ceux qui pollcdoient les
fiefs j chacun ayant ufurpé plus ou moins d'auto-
rité , félon le rang qu'il tenoit. Cependant cette
différence eft alfez mal établie , & peut être que les
Praticiens ne l'ont inventée que pour l'accommo-
der aux trois cfpèces de jurildictions des Romains :
mcrum , &: mixtum imperium ., Se fimplicem jurif-
diclioncm. Car la moyenne jujlice ell imaginaire ,
& il n'y en a peut-être point d'exemple. On ne re
connoit guère dans l'ulage que le haut Jufticier qui
ait Jurifdiftion contentieufe. Les bas Jufticiers n'ont
qu'une jujlice féodale , pour le payement des droits
feigneuriaux. Leurs Juges s'appellent Sénéchaux &
Prévôts : ce font les Juges pédanées du droit Ro-
main , ou ceux que l'on appeloit en Fiance , Juges
fous l'orme. Voye-^ Loiseau , de V Abus des Jujlices
de village.
|p° JUSTICE FONCIÈRE , CENSIÈRE ou CEN-
SUELLE , efl: une jujlice particulière , qui a lieu
' dans quelques Coutumes , dont tout le pouvoir con-
fifte à condamner les redevables à payer aux Sei-
gneurs cenjicrs & fonciers les cens & rentes fonciè-
res.
Jujlice domaniale , eft celle qui appartient au Sei-
gneur du domaine pour raifon du domaine.
^3" On appelle quelquefois jujlice domaniale , mais
plus communément jujuce royale , celle qui eft at
tachée à un domaine engagé , laquelle s'exerce tant
au nom du Roi , que du Seigneur engagifte.
Jujlke manuelle , eft celle où le Seigneur , pour
avoir payement des arrérages de fa rente ou charge ,
prend de fa main namps , c'eft à dire , des meubles fai-
lis , lur l'héritage , en la préfence du Sergent , auquel il
les délivre pour les difcuter. Ces exprelfions fe trou-
vent dans les Coutumes , la dernière eft du ftyle de
procéder au pays de Normandie.
On appelle Jujlice fous latte , celle qui fe tient
fous le couvert de la maifon du Seigneur feulement.
Jurifdiclio ceclo circumfcripta.
Tome V
J U s
311
IJCr On appelle Jujlice réglée , un Tribunal qui a droit
de contraindre. Se pourvoir en jujlice réglée, c'cfl
prendre les voies judiciaires , par oppofition aux
voies de conciliation.
^3" On le dit aulH des Tribunaux ordinaires où les
affiiires s'inftruilent avec toutes les formes de la
procédure , par oppolîtiun aux arbitrages & aux
connnillions du Confeil , où les aftaires s'inftruifent
par de limplcs mémoires.
On appelle aulli une Jujlice , les fourches pati-
bulaires , ou piliers qui lont élevés dans la campa-
gne pour les marques d'une haute jujlics.
On appelle , faire jujlice , exécuter publiquement
un condamne à une peine corporelle. On lui livra
le coupable pour en faire jujlice. Ablanc.
Ceux qui font l'amende honorable demandent
pardon à Dieu, au Roi & à Jujlice. Le peuple dit
faire une jujlice ; pour dire , faire une exécution.
Un particulier dit aulli à ceux qui fe plaignent de
les valets : je vous ferai jujlice , j'en ferai jujlice
moi même , c'efi: à-dire , je les châtierai, Ulcifcar
probe.
/Dans le même fens , fe faire jujlice , c'eft fe ven-
ger foi-même , & punir ceux dont on prétend avoir
été oftenfé. Perfonne ne doit fe faire jujlice à foi-
même , l'amour- propre porte trop loin la répara-
tion de l'injure qu'on a reçue. Nie. Le Dieu des
armées prélide à cette redoutable jujlice que les
Souverains fe font à eux-mêmes. Flech. Deman-
der jujlice , c'eff demander la vengeance , & le
châtiment d'un crime.
Sire J Chimene vient vous demander judicc. Corn.
Justice , en termes de Théologie , lignifie la pre-
mière innocence de l'homme avant fou péché. C'eft
comme une vertu générale qui comprend toutes
les habitudes de I^eligion &: de piété. Adam perdit
la jujlice originelle dès qu'il eut mangé du fruit
défendu.
Justice , lignifie aulîî en termes de Théologie, la grâce
de la juftification , qui rend l'homme jufte & agréa-
ble aux yeux de Dieu , de pécheur qu'il étoit au-
paravant. L'homme juftifié peut avec le fecours fpé-
cial de Dieu , perfévérer dans Ja jujlice qu'il a re-
çue , & ne peut pas y perfévérer fans ce fecours
fpécial. C'eft ce que porte le vingt -deuxième Ca-
non de la fixième Sellîon du Concile de Trente.
La jujlice fe conferve & s'augmente devant Dieu
par les bonnes œuvres. Ibid. Can. 24. La jujlice de
Jésus-Christ eft non feulement imputée, mais ac-
tuellement communiquée aux Fidèles par l'opéra-
tion du S. Efprit J en forte que non feulement ils
font réputés , mais faits juftes par fa grâce. Si la
jujlice qui eft en nous , n'étoit jufte qu'aux yeux
des hommes , ce ne feroit pas l'ouvrage du S. Ef-
prit. Elle eft donc jujlice même devant Dieu , puif-
que c'eft Dieu même qui la fait en nous , en ré-
pandant la charité dans nos cœurs. Boss. dans fon
Expofition, Toutefois j quoique notre jujlice foie
véritable par l'infufion de la charité , elle n'eft
point jujlice parfaite à caufe du combat de la con-
voitife , fi bien que le continuel gémillement d'u-
ne ame repentante de les fautes fait le devoir le
plus nécelïiiire de la jujlice Chrétienne. Ce qui
nous oblige de confelfer humblement avec S. Au-
guftin , que notre jujlice en cette vie confifte plutôt
dans la rémillion des péchés , que dans la perfec-
tion des vertus.
Justice , en termes de l'Ecriture 8c de fpiricualité ,
eft §3° une des quatre vertus qu'on appelle car-
dinales. Dans ce fens c'eft une vertu qui nous af-
fujettit à Dieu , & nous fait remplir nos devoirs à
l'égard du prochain. C'eft une vertu qui fait que
nous nous acquittons de ce que nous devons à
Dieu , au prochain & à nous mêmes. On fe ferc
aulli de ce mot pour fignifier l'allcmblage de rou-
tes les vertus Chrétiennes ; & en ce fens la jujlics
eft l'amour de Dieu & du prochain. Jésus Christ
dit à S. Jean, en S. Matthieu , ///. // , il faut que
nous accomplifllons toute jujlice. Port Royal. Sx
S 1
322 JUS
votic jujlice n'eft plus pleine & plus parfaire que
celle des Docteurs de la loi & des Phanliens, vous
ii'eiirrerez poinr dans le Royaume des Cieux. Id.
Matth. F. 2 0. Le P. Bouhours a rradui: : Si vorre
vertu n'eft bien au-dellus de celle des Scribes &
des Phari(iens , &c. Dieu , félon fa parole , jugera
non- feulement les dérèglemens grolfiers , mais mê-
mes les jujlices. Abeé de la Trappe.
De même , dans cette phrale qui eft prife de la
Sainte Ecriture , foutirir perfécution pour la jujUcc ,
il iîgniHe toute forte de vertu , la pratique de quel-
que vertu que ce loit.
Justice. Terme de Mythologie. C'étoit une divinité
chez les Payens. La JuJIice étoit fille de Jupiter , (Sc-
elle demeura Vierge , dit Héfiode dans (on premier
Poème des Ouvrages , v. Jf^. Dans Théogonie ,
V. !)02. il dit qu'elle étoit fille de Jupiter & de
Thémis. Elle accule les gens injufles au Tribunal
de Jupiter. C'eft elle qui fait profpérer les ouvra-
ges & le travail des mortels. Les attributs de la
déelle Jujiice , (ont une balance dans une main ,
& une épée dans l'autre , ou un faifceau de haches
entourées de verges. Quelquefois on lui mettoit
aufll un bandeau (iir les yeux. Chrylippe dans Au-
lugelle , L. Xlf-^. c. 4. dit qu'on la reprélentoit
avec un vilage trifte &c févère , des yeux pleins de
fierté. Augulte bâtit à Rome un temple à la Juftïce.
La Jujlice n'eft jamais (î bien voilée qu'elle n'entre-
voie celui qui la recherche : le pauvre qui la foUi-
cite , efl; prefque toujours importun. FlÉch. La Juf-
tice eft retournée au ciel , & l'on ne voit plus
cette divine vertu parmi les hommes. M. Esp.
Eloignez cette idée qu'on a de la Jujlice , qu'elle doit
toujours erre aveugle , toujours eflrayante , tou-
jours armée •, elle lève quelquefois (on bandeau
pour jetter des regards de pitié lur les miférabks.
pLicH. Boileau appelle la déelle Jujlice ,
Vierge effroi des méchans ,
Qui , la balance en main , règle tous les mortels.
Il y a à Paris un Collège appelé le Collège de
Jujlice , il eft dans la rue de la Harpe. Jujlitia-
néum Collegium.
Justice , eft auifi le nom d'un vafe dont on fe fer-
voit autrefois pour boue , on l'appelle quelquefois
Jujle. Jujlitia , jujla.
JUSTICEMENT. f. m. Dans la Coutume de Nor-
mandie ce mot lignifie effet & exécution de juftice.
JUSTICIABLE, adj. m. & f. Habitant fujet à la Juf-
tice ordinaire du lieu. JuriJd'Lclioni obnoxius. Le
Bailli compre dans fon village tant de jujlicia-
bles.
Ju-.TiciABLE , fe dit aufll de celui qui doit répondre
à un Juge à qui on a attribué certaine Jurifdiélion.
Un vagabond , un coupeur de bourlcs eft jujliaa-
ble du grand Prévcit. Un domicilié n'eft point fon
jujliciable. Déclaration du Roi concernant les jujii-
ciahles de la Chambre de Juft:icc. Chacun eft juf-
ticiable du Juge de fon domicile. On eft auftî jujl'c-
ciable du Juge d'un privilège , lorfqu'on eft alligné
devant lui par un privilégié.
JUSTICIER , 1ÈRE. f. Qui rend juftice , qui aime à
faire rendre la juftice. Amans nquitatis ; Ohfervan-
iijjimus Aqui. Le Roi S. Louis éroit un grand Jujli-
cier. Pierre le Jujlicier , Roi de Portugal , eft Pierre
I. du nom , huitième Roi de Portugal. Pierre , fur-
nommé le Jujlicier , naquit à Coimbre le i 3 Mai
1310. & commença à régner à l'âge de trente fept
ans. La Neuville. Pierre le Jujlicier avoir pris
pour devife une étoile avec ces mots pour ame :
Monjlrat iter. Cet aftre , à l'exemple de celui qui
conduifit les Mages j devant lui frayer le chcmm
du Ciel. Idem. Dans ce fens on ne le dit guère ; &
au féminin , il n'efl: point en ufage.
Justicier , eft aufli le Seigneur qui a droit de Jufti
ce , un haut , un moyen , un bas Jujlicier. JuriJ-
diclionem hahens. Foye\ Justice, haute, moyenne
êc baffe.
J u s
En termes de Chancellerie on appelle Jujliciers
les Officiers qui rendent la juftice au nom du Roi.
Le Roi parle ainfi dans les privilèges qui font expé-
diés à la Chancellerie , A nos Ames & féaux Con-
feillers leurs Lieutenans Civils ^ & autres nos
Jujliciers qu'il appartiendra , &c.
On appelle au village les Jujliciers , tous les
Officiers de la Juftice enfemble. U eft bas en ce
(ens.
Maître Justicier _, étoit un Magiftrat du Royau-
me de Naples. Magijlcr Jujlicianus. Le Maître Juf-
ticier avoir quatre Juges Aftefleurs -, il f'uivoit la
Cour ; il connoifloit des crimes de Lefe-Majefté , ''
des fîefs appelles Quaterni , & de leurs parties ,
des appels interjettes à la Cour , & des aftaires des
Officiers du Roi , ou gens fuivans la Cour , dont
les cau(es lui ètoicnt commifes , & des mifèrablcs
qui avoient le privilège de choilir une Jurifdidtion.
Foye\ les Conftitut. Sicil. L. I. Tit. 7.
Justicier de Paix. C'eft en Angleterre un Officier
établi par le Roi en chaque province ou canron ,
pour maintenir le repos public. L'Office de ces Juf-
ticiers confiffc à faire venir devant eux , & à exa-
miner les voleurs , vagabonds , (éditieux , & autres
gens qui troublent la paix du Royaume , de les
faire emprifonner , s'ils le trouvent a propos , pour
être leur procès fait aux premières fefllons par les
Juges de circuit.
Forbcz, dans ("on Injlruclio Hijlorico-Theologica,
L. I. c. 37. L. XII. c. ç. & L. XIF. c. /, appelle Jus-
ticiers , ( Jujliciarii ) les hérétiques qui (ont pro-
feffion d'une juftice ou faintcté parfaite , &c mépri-
fent les honneurs avec arrogance Sz avec orgueil ;
tels étoieut les Pharifiens dans l'ancienne loi , foie
qu'ils aient été hérétiques ou non ; 6c les Nova-
tiens j les Donatiftes , & tous ceux qui fe (ont don-
nés le nom de Parfairs dans la nouvelle.
JUSTICIER. V. a. Faire fouftrir une peine corporelle
UCT à quelqu'un en exécution d'un Jugement qui
la prononce. Afficere ultimo Jupplicio , pœna capitis ,
capice pleclere. On a reproché à ce témoin que fon
père avoir été jujlicié , exécuté à mort. Le peuple
dir jujljîer pour jujlicier , ôc dans le même fens.
JusTiciÉ, ÉE. parr. Capite plexus.
JUSTIFIANT , ANTE. Qui jurtifie , qui a tout ce qu'il
fiut pour juftiher. Jujlijicans. C'eft un fair jujli-
Jiant. C'eft: une preuve jujlijîante. Circonftance yo/^
tijiantc. Daucour. §3^ Dans ce fens on le dir peu.
Il eft particulièrement en ufage en Théologie , en
parlant de la grâce qui rend jufte intérieiurement.
La grâce jujlifîante , la foi jujlijîante.
JUSTIFICATEUR, f. m. Terme de Fondeur de ca-
ractère d'Imprimerie. Il ("e dit également & de
l'ouvrier qui juftifie les lettres , Se de l'inftrument
avec lequel il en fait la juftificacion , ou plutôt
avec lequel il les apprête, c'eff-à-dire , avec lequel
il leur donne la dernière façon avanr que de les
envoyer à l'Imprimeur. fCF Cet inftrumenr eft coin-
pofé de deux pièces d'acier poli , parallèles , qui
s'approchent & (e reculent par le moyen des vis
qui les tiennent unies enfemble. Dans l'efpace qui
les fépare on place les caraélères que l'on veut juf
tifier ou apprêter , joints l'un contre l'autre , com-
me (î l'on vouloir compofer une ligne. Alors on y
fait avec le rabot cette petite rainure qu'on voit au
pied de chaque caraèlère.
JUSTIFICATIF , iVE , adj. Preuve qui ferr à montrer
la vérité d'un fait allégué , la juftice d'une préten-
tion , la certitude d'une dodrine. Un Avocar dit
qu'il a en main , qu'il a produit dans (on (ac les
pièces jujlijîcatives de (a demande , qu'il en a com-
muniqué les titres jujlijîcatifs. On ne reçoit un ac-
cufè en fes faits jujlijîcatifs , qui vont à fa juftifi-
cation , qu'après (a confrontation : quand il n'y a
pas pleine conviètion contre lui , on le reçoit alors
à prouver (es reproches , ("es alibi.
JUSTIFICATION, f f. Jujlijîcatio. En termes de
Théologie , (e dit de cette grâce qui rend l'hoinme
digne de la gloire éternelle. Pour bien entendre la
j u s
j us
3^3
Doilriiie Catholique fur la jul'ificaûon , il f.uic bien J allégué. Cette pièce fert à juflifier , &c. On ne ùm-
diftiiiguer cjuatre ciiofcs , qui doivent ctre regardées roit jujlificr du contraire. Elle a' bieii iulliflj le
comme ellcntielles au (alut des adultes ; favoir , 1.1 — ' \-. ■.,-.. • ^ . IJJ
vocation , la ûnditication , le mérite ëc la pertévc-
rance. C'cll ce qui cil très bien développé dans le
S. Concile de Trente , fellion lïxième , en (ci.£e
chapitres Cs: trente trois canons, (^oyc^ aiill: l'Expo-
fition de M. de Mc.uix , &c. Les premiers préren-
, dus Réformateurs ont propofé à tout le monde
l'article de la juiujicadon comme \t principal de
tous J & comme le fondement le plus ellentiel de
leur rupture ; mais ils fe (ont bientôt féparés en-
tr'cux mêmes , & en s'éloign.mr tous du droit che-
min , ils le font écartés & éloignés les uns des au-
tres. L'Eglile a toujours cru ce que le Concile de
Trente a déclare exprellémcnt , que nos péchés nous
font remis gratuitement par la miléricorde Divine ,
à caufe de Jésus-Christ , & que nous fomnies
dits julKîiés gratuitement ; parce qu aucune des cho •
fes qui précèdent la jwj'ification , foit la loi , foit
les œuvres , ne peut mériter cette grâce. Boss. La
juJDjîcadon du pécheur ell la rémillion j l'abolition
de Its péchés , que Dieu lui accorde gratuitement
en vertu des mérites de Jésus-Christ , en lui ren-
• dam la gr.âce ianclifiante , qui le fiit enfant de Dieu ,
&■ héritier du Royaume des Cieux. Voyc':^ Justick
&: Lmputer.
Justification , en termes de Palais , eft la produc-
tion des titres ou des témoins , par laquelle on
prouve la vérité d'un fait , d'une demande. Proba-
no , argumcnmm. On rapporte fur chaque article
de ce compte la quittance , c'en eft la j iiflification.
Chaque fait doit avoir la j uftification particulière.
$Cr En matière criminelle j on entend par jufl'tfica-
tion J tout ce qui tend à la décharge de l'Accufé.
(^oye'[ Faits Jostipicatifs.
fer Dans l'ufage ordinaire ce terme défigne toute ac-
tion , tout procédé par lequel on le jullilie. On nT'a
reproché telle chofe. Je vais travailler à ma jufiifi-
cation.
f3"JusTiFicATi0M , enfermes de Fondeur de caraftè-
res. C'eft la comparaifon que Ton fait d'une lettre
nouvellement fondue avec une ancienne lettre ,
qui lui fert comme d'étalon ou de lettre matrice ,
pour donner aux nouvelles fontes leur véritable
hauteur en ligne.
§;? C'eft aulli le nom de l'inftrument fur lequel fe
placent , & la lettre matrice & les lettres qu'on
juftiiie lur la hauteur. On lui donne ce nom pour
le diftinguer du juftificatcur qui lert à apprêter les
lettres.
Justification J en termes d'Imprimerie , fe dit lorf-
qu'on démonte le compolleur , pour le mettre au
degré précis que l'on délire , & pour égaler toutes
les lignes & les pageï. C'eft ce qu'on appelle faire
la juftification des pages. Paginas componcre , square.
|KT Donner à la ligne la longueur qu'elle doit
avoir -, ainlî la jufîificadon eft la longueur des li-
gnes déterminée &: foutenue dans une même éga-
lité par le fecours du compoftcur & des elpaces de
différentes épailleurs. Tout le monde a éprouvé
plus ou moins l'inconvénient de la j ujTificadon : la
marge intérieure eft trop étroite , ce qui fait
qu'on ne peut communément lire un livre , fur-
tout d'un petit format , fans forcer la reliure. Mais
comment fauver cet inconvénient .'' Si l'on prend
lur la marge extérieure pour élargir la marge inté-
rieure , la j uJliJîcatLon n'aura plus de grâce ; &;
quelle rellource aura t-on pour une féconde &c troi-
fième reliure .'' La reliîire à la grecque , moins fer
ree que la reliure en nerfs , remédie à une partie
de l'incommodité ; mais elle pourroit fe perfec-
tionner.
JUTIFIER. V. a. Prouver la vérité d'un frit , la jufti-
ce d'une demande. Probare , demonjlrare , convin-
cerc. La noblelfc ne fe' judifie que par titres authen-
tiques , mariages , partages , provifions de charges ,
èfc. Chaque article d'une production porte , Item ,
pour j.ufli_fier à la Cour la vérité de ce qui a été
Tome /^.
que l'oilivcté eft mère d
c tout vice.
proverbe
Bussi.
Justifier. Abfoudre d'une accufation. Purgare , ab-
Julverc. Il a été jujlifé , .ibfous par arrêt. Il' s'eft
bien jujtific des crimes qu'on lui avoir impofés.
Claudien dit que le fupplice de Kuffin a abfous les
dieux & a jujlific la Providence. L'événement a
jujiifié le droit de les armes. Quoique ma raifon
foit convaincue de votre perhdie , je lins que mon
cœur ne l'eft pas , & que f-i foiblelîc ch'erclic à
vous jujlificr. L. Port. Il fuftit d'ordin.iire d'être
malheureux pour être iufdjie auprès du peuple. S.
REAL. La raifon , par la corruption des hommes,
eft réduite à fervir , à juflifier les palfions. Mal.
Quand on a le don de plaire , on fe iuftifie aifé-
ment. Corn.
Prens ton glaive , & fondant fur les audacieux.
Viens ^ aux yeux des mortels juftiûss: les cieux.
BoiL.
Justifier jfe dit auiTi en Théologie , de l'effet de la
grâce juftifiante qui rend jufte intérieurement. Quoi-
qiie le terme de jujhficr fe prenne quelquefois dans
l'Ecnture pour abfoudre , ou déclarer jufte , il li-
gnifie aulli tranfporter de l'état de péché , qui eft
un état de damnation , à l'état de lâlut & de grâce.
Ainli ce terme comprend la rémillion des péchés ,
& la communication des difpofitions internes &
inhérentes , c'eft-à-dire , la fandliiication. Le Cl.
Voye:^ JuSTIFICATIO.^f.
^3" Justifier lignifie quelquefois voir li deux cho-
fes font égales en hauteur , largeur , longueur
& épail'feur , en les comparant l'une à l'autre.
Justifier les pages. Terme d'Imprimeur , qui ligni-
fie rendre les pages également hautes & larges.
ALquare , componere. Juflifier les pages. Ces pages
font bien jufiifi.ées.
Justifier , en termes de Fondeur d'Imprimerie , a
trois lignifications. Dans la première il veut dire ,
mefurer des lettres nouvellement fondues fur la
hauteur de la lettre m , déjà juftifiée avec l'inftru-
ment qu'on nomme juftification & avec celui qu'on
nomme Jeton. Dans la féconde fignification , c'eft
jauger , ou ii l'on veut , niveler l'épailîèur des let-
tres lur le marbre , aufti avec le jeton ; &c dans
la dernière fignification on l'entend de cette façon
qu'on donne aux letttes ^ en les fermant entre les
branches du juftificateur , pour voir li elles font
bien en ligne , & pour les apprêter.
Justifier , en termes de Palais & de Comptes , fe
dit avec un génitif , pour vérifier. Juflifier de l'em-
ploi des lommes , &c.
Le peuple fe fert du mot juflifier au heu de ce-
lui de juflicier. Voye^ ce verlje.
Justifié j ée. part. Juftifié fe prend , fur-tout en ter-
mes de Théologie & de Controverfe , pour celui
qui a reçu de Dieu la grâce de la juftification. L'hom-
me , quoique Juftifié, peut encore pécher. C'eft la
décifion du Concile de Trente ,/.' 6. can. 2^.
JUSTIN, i. m. Nom d'homme. Jufiiniis. Ce que
nous avons de l'Hiftorien jullin n'eft qu'un abrégé
de l'hiftoire qu'avoir compofée Trogus Pompéius j
Se qui s'eft perdue. L'Empereur Juftin I. luccéda à
Anaftafe en ji8. L'autre Jujlin , petit-fils de Jufti-
nien , lui fuccédi en ^6 6.
JUSTINE, f f. Jujîina. Nom de femme.
Justine. Terme de Fleurifte. Nom d'une Tulipe qui
eft panachée de deux rouges lur le fond de fatin.
MoRIN.
JUSTINE, f f. Monnoie d'argent fabriquée à Veni-
fe , qui contient onze deniers de fin. On l'appelle
autrement Ducaton. Le nom de Jujîine lui vient de
ce qu'elle a été frappée fous un Doge de la tamille
des Juftiniani.
JUSTINGEN. Bourg d'Allemagne , en Suabe ^ &chef-
lieu d'une Seigneurie du même nom.
• Sfij
324 JUT
JUSTINIANI. Foyei Justinien,
JUSTINIEN. f. m. Nom d'homme. Jujlbiianus. Il y
a deux Jujîiniens , Empereurs de Confbntiiiople. Le
premier , petit hls de Jlii'Hu I. auquel il fuceéda
en j-27ilcl'econd , tils de l'Empereur Conftantin le
Barbu, auquel il luccéda en 68 j.
Nous difons Juftlniarù , & non pas Jujlinien ,
en pailaiit des Grecs modernes , & des Italiens
qui ont porté ou qui portent ce nom. Je joints à
Maldonat Benoit Jujliniani , de la même lociéte ,
dont nous avons un excellent Commentaire iur
S. Paul , & fîir les Epitres Canoniques. Simon. La
maifon de Jujimiani eft illuftre à Venife , à Gènes ,
dans le Royaume de Naples , dans l'Ile de Corfe ,
&: à Scio. MoRÉRi.
Nous ditons néanmoins S. Laurent Jujlinien , &
non pas S. Laurent JujUniani.
Justinien , eft aulli un adjeftif dans cette phrafe ,
Code Jujlinien , en Latin Codex Jujliniani ou Juf-
tinian&us. Le Code Jujlinien eft un Recueil ou Com-
pilition des Loix des Empereurs depuis Conftantin.
f^oyei au mot Code.
JUSTISER. V. a. Vieux mot. Exécuter à mort. Fau-
chet veut qu'il .ait fignihé Commander.
JUT.
JUT. Voyei^ JusT.
JUT. On trouve ce mot dans le vieux langage \ pour
dire , il couche. On trouve aulli Jutent au pluriel ;
pour dire , ils couchent,
fer JUT ES. Habitans de Jutland. Voye-^ ce mot.
JUTHUNGE. {". m. &c f. Nom de peuple. Juthungus ,
a. Les Juthunges habitoient dans la patrie méridio-
nale de la Gcrnvmie , que nous nommons depuis
long temps Allemagne. Dioclétieu & enfuite Conf-
iance défirent les Juthunges.
JUTLAND. Nom d'une grande prefqu'ile qui fait la
meilleure partie du Royaume de Danemarck. Jut-
landia , Chcrfonefus Cimhrica. Elle eft bornée au
midi par le Duché d'Holftein , & environnée aux
autres endroits par la mer d'Allemagne , & par la
mer Baltique. Sa longueur du nord au lud eft d'en-
viron foixante & dix lieues , & fi largeur du cou-
chant au levant de vingt. L'air y eft lort froid ,
mais frùn : le terroir eft iertile en grains & en
pâturages , où l'on nourrit une grande quantité de
chevaux &: de bœufs de grolïè taille que l'on en-
voie en Allemagne, en'Hollande &: ailleurs. Ce pays
eft l'ancienne Cherlonncfe Cimbrique. Les Cimbres
qui la pollcdoicnt , s'étant joints aux Teutons iSc aux
Ambrons , l'abandonnèrent pour s'aller établir dans
l'Empire Romain , ou après quelques bons fuccès ,
ils furent déhiits par le Conlul Marins. Les Jutes ,
peuples d'Allemagne , s'emparèrent de leur pays ,
& lui donnèrent le nom de Jutland. En 948. le Jut-
land fut divifé en trois Evêchés fournis à l'Arche-
vêché de Hambourg , ces trois Evêchés furent
Slefwick , Rypen & Arhus ; & depuis cet établif-
fement , la Religion Chrétienne ht de grands pro-
grès dans tout le Nord. On le divi(e aujourd'hui en
deux parties générales , qui portent les noms de Jut-
land {eptentrional , &: Jutland méridional , à caufe de
la diverfité de leurs fituations. Vers l'an 1071, fous le
règne de Suénon , furent érigés deux Evêchés dans le
"Nord-Jutland; lavoir , Vibourg & Burglave , depuis
transféré à Albor. Fleury , Hifl. Eccl. L. 61.
Au refte , il faut dire le Jutland , & non pas la
Jutlande. De même les deux parties font appelées le
Nord Jutland , Se le Sud-Jutland.
Jutland septentrional , ou Nord Jutland. C'eft
une partie du Jutland. Jutia feptentrionalis. Elle eft
une fois plus grande que l'autre , dont elle eft fé-
parée par une grande ligne , tirée de la ville de
Rypen à celle de Coldingue inclullvement. Elle
appartient toute entière au Roi de Danemarck , &
elle eft divifée en quatre Diocèles , dont les capi-
tales lont Rypen , Arhulîen , Wiborg & Alborg.
Maty.
Jutland méridional , ou Sud-Jutland, ou le Du-
, J U V
ché de Slefwick. Jutia meridionalis , Slefvicenjîs Du-
catus. C'eft la plus petite partie du Jutland. Elle eft
entre le Jutland feptcntrional , & le Duché de Holf-
tcin. Ce pays appartient en partie au Roi de Dane-
marck , & en partie au Duc de Holllein Gottorp.
Il y a quantité de Noblelle dans le Sud Jutland ,
les lieux principaux font Slclvick , Eckellenford ,
Flensbourg , Appcnrade , Hadcrtchelcben , Tonde-
ren , Hufum , Frédéricftade &z Tonninge. Il y a
quelques iles dans la mer d'Allemagne , oc dans la
mer Baltique j qui dépendent de ce pays, Alfen,
Nordlrrand & Fera , en (ont les principales. Maty.
Le nom de Jutland eft compofé de celui de Jut,
nom de peuple , & du mot Allemand landt , qui
veut dire pays.
JUTURNE. f. f Nom de femme Se de fontaine. Ju-
turna. Jupiter donna limmortalité à Juturne , ôc en
fit une Nymphe du fleuve Numicus , aujourd'hui
Némi j en lécompenfe des faveurs qu'elle lui avoit
accordées. Mais au vrai Juturne étoit une fontaine
du Latium , dont les eaux étoient très-falutaires , &
qu'on nomme aujourd'hui Treglio. Elle fe déchar-i
geoit dajis le Némi ; c'eft ce qui a donné occafion
à la fable. On feignit encore qu'elle étoit hlle de
Damus j & fœur de Taurus j Roi des Rutulois.
J^oyci 'V'^irgile , Enéide , Liv- XII. D'autres difent
qu'ayant eu commerce avec le Roi Latinus , & la
chofc étant devenue publique , elle fe précipita de
chagrin dans le Némi. Juturne avoit un temple à
Rome dans le champ de Mars. On Pinvoquoit ,
dit Varron , lortqu'on croyoit avoir befoin de fe-
cours dans quelque entreprite. Ce mot lignihe la
même chofe qu'Adjutrice. Peut-être étoit-ce la mê-
me que la fœur de Turnus. On conduiioit à Rome
des eaux de la fontaine Juturne pour tous les facri-
ficcs , fur tout pour ceux de Vefta , où ii étoit dé-
fendu d'en employer d'autre, f^oyei Seivius Iur le
XII. de l'Enéide. Il y en avoit encore une autre de
même nom à Rome , dans l'endroit où eft aujour-
d'hui une Egliie fous le titre de Sainte Marie la
Libératrice. Confultez Volllus , de Idolol. L. II. c.
So. L. FUI. c. 6.
Servius dérive ce mot de juvare , aider', & dit
qu'il fut donné à la fontaine dont nous avons par-
lé , à cauie de la bonté de fes eaux très-lalutaircs
aux corps. Juturne étoit aulII une déelfe de la bonne
fanté. Fûye\ Voftius cité.
J U V.
JUVEIGNERIE , ou JUVEIGNEURERIE. f. f. Vieux
terme de Coutumes. Ordre de naiflance entre deux
frères dont l'un eft plus jeune que l'autre.
JUVEIGNEUR. f. m. Vieux terme de Coutumes ,
qui lignifie un frère puîné , ou un cadet à l'égard
de l'aîné. Junior. Il y a des Terres nobles qui
font tenues à ligence de l'aîné Se du juveigneur,
qu'on appelle tenues en juveignerie ou en parage.
Ce mor a été dit par abrégé de jeune Seigneur. On
trouve aulli jouveigneur.
Les Jeux JUVENAUX. Juvenales ludi. Etoienc
des exercices de corps , des jeux , des combats inf-
tirués par Néron , lorlqu'il fe fit faire la barbe pour
la première fois. C'eft de- là qu'ils avoient pris ce
nom. Les jeux juvc'naux le failoient dans les mai-
fons particulières , & il paroît que les femmes y
avoient part; car Xiphilin rapporte qu'une Dame
de la première qualité , Se très-riche , nommée
y£olia Catula j y danfa à l'âge de quatre - vingts
ans. C'étoit appaiemment les mêmes que ceux qu'on
appeloit Néroniens , qui furent ainli appelés , lorf-
que Néron les eut rendu publics Se lolcnnels.
JUVÉNAZZO. royex Giovénazzo.
JUVENCE. f. f. Vieux mot. Jeuneife.
ce? JUVENTAS. f. f. Déelle de la jeunelTe chez les
Romains. Foyc:( Jeunesse , terme de Mythologie.
JUVIGNIEU. Nom d'un ancien lieu litué dans le
Diocèle de Lyon , comme il paroit par les lettres
I X I
de Lucius III. Joviniacum , Juvinlacum. Dr Valois ,
Notit. Gall. pa^. 2sS.
J U X.
JUXTAPOSITION, f. f. Terme d'Hiftoirc naturelle
& de Phyfiquc. Politioii d'une choie proche de
r.iurre. |K/ On le feit de ce terme pour exprimer
1.1 manière dont certains corps augmentent de
voKime & de quantité par l'application d'une non
velle iiibitance qui s'y ajoute extérieurement. Il e(l
oppolé à ïntuS'Jujuception. Voyc\ ce mot. Juxlapo-
'\JitLO. Tournel-ort expjiquoit la génération des pier-
res , des minéraux & des métaux par le dévelop-
pement de certaines femences j ou de certains
germes analogues aux graines des végétaux , & aux
œuls des animaux. Cette opinion paroit d'autant
plus infoutcnable à N. qu'il ne voit rien d'organi-
que dans les producl-ions minérales , & qu'il n'y
apperçoit qu'une luTiple juxtapofaïon de particules j
s'il ell permis de parler ainli. Journ. des Sav.
1717. p. 10 1. En 1709. parut un l'yllême qui éta-
blilîbit que les coquillts des limaçons font formées
par une ùmple appofition de parties , qu'on appelle
juxtapojlt'wn. Acad. desSc.
Ce mot cii. Latin , tiré de poutre , mettre , &:
. juxta , proche.
IXAR. Bourg d'Efpagnc , lîtué dans l'Arragon , fur la
rivière de Martin , à quatorze lieues de Sarragolfe ,
du côté du midi. Ixarium. Ixar a titre de Duché ,
c'eft , dit-on , le feul qui foit en Arragou. Maty.
I X E.
IXE. 'Ville de Jetfengen , dans l'île de Niphon ,
au Japon. Ixum. Elle ell capitale d'un Royaume
qui porte fon nom.
IXEUTK^UE. f f. Efpèce de Chalfc. L'art de pren-
dre les oifeaux à la glu. Ixeudce. Ce mot n'ell
point dans l'ufage ordinaire de notre langue , il ell
purement Grec ; on pourroit néanmoins fort bien
s'en lervir , comme de tant d'autres termes d'art
que l'on tire du Grec. Il y a plufieurs fortes à'Ixeu-
tiques. La première efl: celle qu'on appelle Pipée.
Voye-^ ce mot. Un autre e(l de tendre des gluaux ,
ou petites branches d' jfier , enduites ou frottées de
glu , fur le bord d'un rullfeau , à un endroit où les
oileaux viennent boire. Les ixeutiques d'Opion en
vers Grecs. Il y a d'autres Auteurs Grecs qui ont
écrit de Vixsutique.
Ce mot vient d'4« , de la glu.
I X I.
kxION. f m. Roi des Lapithcs , en Theffilie : il de-
voit le jour à Jupiter &: à la Nymphe Meléte , fé-
lon Diodore. Son père s'appeloit Antion _, & félon
Hygin , Léonte. Les Poètes f-eignent c\nIxion. fut
frappé d'un coup de foudre & précipité dans le
Tartare , où Mercure l'attacha à une roue toute
environnée de ferpens , cjui devoit tourner (ans
relâche.
';ao.\. Prince du fang des Héraçlides , qui régna à
I Z L
3^r
Corinthe après la mort de l'on père Alétès.
IXIR. 1. m. Terme de Philufophie hermétique. Nom
que les Sages donnent au mercure quand il cil par-
venu à la couleur noitc.
I X O.
IXO ou ISJO. Royaume du Japon , dans l'ile de Ni-
phon.
J Y N.
JYNGUER. V. n. Vieux mot. Vouloir jouer , folâ-
trer. Ce mot vient du Grec ">i^ , qui veut due ,
Amorce pour l'amour , pour les plaifirs.
JYNX. f m. Petit oifeau un peu plus gros qu'un pin-
çon. Il a le bec dur , robulle , de couleur noire
plombée. La pointe de ù\ langue e(l fi forte & Ci
aiguc , qu'elle perce la peau d un homme comme
feroit une aiguille. Il ell couvert de plumes de di-
verfes couleurs. Il vit de fourmis qu'il attrappe
avec la pointe de L\ langue. Il fait fon nid dans
les trous des arbres & des maifons. Il e(l bon à
manger , & l'on s'en fert contre l'épilepfie.
I Y O.
lYO. Nom d'une ville du Japon. lum. Elle efl: dans
la partie occidentale de l'île Xicoco j & elle eft ca-
pitale du Royaume de lyo. Maty.
I Z C.
IZCALLI. f. m. Terme de Calendrier. Nom du dix-
feptième mois de l'année des Mexicains , elle en
contient dix-huit , qui lont tous de vingt jours. On
ne dit point ce qu'ils font pour égaler leurs an-
nées à l'année folaire. On appelle auili ce mois
UicallL
Selon quelques uns , I^calli ell le douzième mois
des Mexicains. Voye^ Kirker, Ocd. p. jo. 6f Steph.
Le Moine , F'aria Sacra ^ p. 4 6 p.
, . I Z E.
IZELOTE. f. f. Monnoie de l'Empire , qui vaut en-
viron trente-iâx lous de France. Elle paife à Conl-
tantinople & dans les Echelles du Levant , pour
les deux tiers d'un Allelani , Se quoiqu'elle ne
foit pas d'im argent aulfi fin , le titre en étant
moindre d'un quart que celui des piaftres Se-
villanes , le peuple les reçoit volontiers dans le
commerce.
I Z L. '
IZLI ou ZÉZIL. Nom d'un bourg du Royaume d'Al-
ger J en Barbarie, /{/t?. Il ell dans le Télenlîn ,
à dix lieues de la ville de ce nom , vers le mi-
di. On le prend pour l'ancienne G'uluï , Giglua &
Gilva , petite ville de la Mauritanie Céfarienne,
Maty.
S:? IZQUINTENANGO. Nom d'une ville de l'A-
mérique de la nouvelle Efpagne , dans la provmce
de Chiapa.
k .4
■<3m€.
qj i,[ji'
z6
rz-
s. m. lO" Lettre confonne, la dixiè-
me Lettre de notre alpliabet , li Ion
confond les deux i ; h onziL-me , ii
on àiftingue la voyelle / de la con
l'onne /. Sa prononciation eft Ka
dans l'ancienne appellation-, dans la
nouvelle on prononce Ke comme le
C dur. Le K le prononce comme un C dur devant
uh a & un 0 j & devant les voyelles e ^ i , ;^ , il le pro
nonce comme les lettres qu devant les mêmes voyel-
les i ainh que nous les prononçons d.ins les mots
quelle, qui:, aulli bien que le c devant una^ iécu\cs,
ypecacaana , c//iralle.
Cette lettre eft empruntée des Grecs -, c'ctoit leur
kappa. Elle étoit peu en uLage chez les Latins \ ils ne
l'employoient guère que pour marquer les Calendes.
Le C tenoit lieu du K. Il a été jugé inutile & luper-
liu par Prifcienj livre premier. Claude Daulquius
dit, a'Jjrès Sallulte , que l'inventeur du /C fut nommé
Salvius , & que cette lettre a été inconnae aux an-
ciens Romains. Le nom de Kartage eft écrit par un
K fur les médailles , SALVIS AUGG. Eï CAES.
FEL. KART, dans Dioclétien , Maximien, ConÙan-
tiusj &c. Se quelqucl-bis un K fcul eft pris pour Kar
tago tur les médailles. Selon M. Béger , un grand K
qui le voit au revers des médailles des Empereurs de
Conftantinople , lîgnihe Konstantinus i &c lur les
médailles Greques il veut que ce loir i oiah • ï . i/, , la
Cœlélyiie. Jufte Lipfe dit qu'on .avoit autrefois cou
tume de marquer les calomniateurs au front d un K,
qu'on leur imprimoit avec un fer rouge. La lettre K ,
que les Romains tenoient en foi & hommage du Grec
Cappa , eft indubitablement luperflue, &: telle jugée
par i'rilcien. Z. /. comme celle dont on ne peut uler
qu'es mots Grecs faits Latins, efquels il eft convenu
mettre un C & y^ enfembleraent. Qaintilien dit que
quelques-uns étoicnt autrefois tombes en cette héré-
iîe, d'eftimer que toutes & quantes fois qu'il fe trou
voit une lettre Latine en laquelleau commencement
du mot on ufoit du C & de .^, il y falloit employer
la lettre de K. J'ai lu quelques vieux Romans Fran-
çois efqucls les Auteurs, plus hardiment au lieu de Q,
à la tuite duquel nous employons l'U , lans le profé-
rer , utoient de K, diCms Ka, Ke, Kij Ko , Ku.
Pasquier.. Reck. L. FJIj. c. 6 j.
La lettre K a diftérentes lignifications dans les titres,
les Chartres, les diplômes: en voici quelques exem-
ples que nous rappoitons ici , parce que les aéles le
faif-iient autrefois en Latin en France. KR. Chorus ,
KR. C. Cara ùvitas. KRM. Carmen, KR. AM. N.
Carus amicus nojler , KS. Chaos , K. T. Caplte ton-
fus, &c.
Autrefois on le mettoit au lieu d'un C dans les
noms propres Karolus pour Carolus , ôzc. C'étoit
l'ufagedu temps de Charlemagne, comme on le voit
par plufieurs diplômes.
On ne fe fert plus dans la langue Françoife de la
lettre K , qu'en quelques termes d'Art, & quelques
noms pris des langues étrangères. On excepte dans le
Moréri les mots de Kalendes & de Kyrie , eleifon.
Cela n'eft pas vrai du mot Calendes , perfonne en
François, ou prefque perfonne même en Latin, ne
l'écrit aujourd'hui par un K , non plus que Calen-
drier. Ablancourt, dans fon Dialogue des lettres,
fiiitdire au K , qu'on a louvent mis en délibération
de le châtier de la langue Françoife, & de le reléguer
dans les pays du Nord.
On conferve encore le K dans les mots étrangers
où le C n'auroit pas la même prononciation s'il y
étoif, par exemple, on écrit Kent (nom d'une pro-
vince d'Angleterre )■& jamiis Cent, parce que le C
ji'a pas devant l'e la racine prononciation que le K ,
mais on cctit Danemarck , &c indifféremment Konif-
herg &■ Conisberg, parce que le c après IV, ou devant
l'oj a la même prononciation que le K dans les mê-
mes places. K lîgniiîe quelquefois Karat. 'V'^oyez ce
mot. K , eft audî une lettre numérale , qui ligniiie
dans quelques Auteurs deux cent cinquante , fuivant
ce vers.
K quoque du^jentos & quinquaginta tenebit.
Si on met un titre au-delFus , elle 'fignihera deiuc
cens cinquante mille.
Cette lettre fe voit fur plufieurs de nos mon-
noies de Charles V. de Charles VL de Charles
VIL de Charles VIIL & fur quelques unes de Charles
IX. parce que leurs noms s'écrivoient en Latin
Karolus.
Cette Lettre eft le caraftèrc dont on marque la
monnoie qui le fabrique à Bourdeaux.
Blanc an K couronné. P'-tite monnoie de France
qu'on a appelée dans la fuite Karolus , ou Caro-
lus. Elle valoir dix deniers tournois. Sur l'un des
côtés il y a une croix terminée par quatre petites
couronnes , avec ces mots : SI F NOMEN DO-
MINI BENEDICTUM. De l'autre côte le voit un
K couronne ou furmonté d'une couronne , avec
ces mots : KAROLUS FRANCORUM REX.
K A A
KAA. Palais dans l'Ethiopie , auprès de Gondar en
A.byiîlnie , dans lequel il y a un magnifique ballîn
d'eau qui lert aux cérémonies de l'Epiphanie , le-
lon le rit des Abyilîns.
03" KAALING. f. m. Nom d'une cfpcce d'Etourneau
à la Chine & dans les iles Philippines. Il eft i.oir ;
les yeux , fon bec & fes pattes font jaunes. Il .ap-
prend à liftier & à parler comme les nôtres.
KAAWY. f. m. Efpèce de boilibn que les Indiens
font avec le maïs.
K A B.
KABAK. f. m. On nomme ainfi en Mofcovie les
lieux publics où fe vendent les vins , la bière ,
l'eau de vie , le tabac , les cartes à jouer , &: d'au-
tres marchandiles au profit du Czar qui s'en eltré-
lervé le débit dans toute l'étendue de fes États. Il y
en a de deux fortes : les grands kabaks , où toutes
ces marehandifes le vendent en gros , & petits ka-
baks , où elles fe débitent en détail.
KABBADE ou CABADE. f. m. Nom d'un habit mi-
litaire des Grecs modernes. Kabbadium , Kahadium,
Sagum. Tetzès Chiliad. i. dit que cet habit étoit
ainli appelé de Cabades , Roi des Perles. Codinus ,
de Off. Confiant, c. 6. dit qu'il avoir palfé des Af-
fyriens aux Grecs de Conftantinople. D'autres ont
dit que ce nom lui venoit de fa forme , qui etoit
lemblable à celle d'un Kappa Grec. Le P. Goar
trouve ce lentiment ridicule. Quoi qu'il en foit ,
c'étoit un habit intérieur , que l'on portoit fous un
autre : le Kabbade étoit court , ferré , fans plis ,
il ne defcendoit que jufqu'au haut de la jambe , &
le boutonnoit julqu'au bas de la poitrine avec de
gros boutons. On le ceignoit d'une ceinture , il
étoit bordé de frange , que le mouvement des jam-
bes faifoit paroître en faifant ouvrir le Kabbade
quand on marchoit. C'eft la defcription qu'en fait
le P. Goar dans les notes fur Codin , p. 49. not.
30. \\ croit que ce n'eft autre chofe que le Sagum
des Romains , qui avoit dégénéré en Kabade chez
les Giecs. L'Empereur & le Defpote portoienc le
Cahade violet , ou pourpre. '
KABBALE. roje^C-vESALE.
K A C
KABESQUI , ou CABESQUE. f. m. Petite mennoie
de cuivre , qui ne le fabrique «Se qui n'a cours
qu en l'crfe. Le kabefquï vaut cinq deniers & une
maille de France.
KABIN j ou KÉBIN , ou KUBIN. f. m. Mariage con-
rra^^é pour un certain temps Iculemcnt parmi les
' Mahomctans. Matnmonïum non perpetuum. Connu-
bium ai umpus. Le Knhin (e hiit devant le Cadi ,
en préicnce duquel l'homme cpoufe une femme
-pour un temps limité à condition de lui donner
une certaine (omme à la fin du terme , lorfqu'il
Ja quittera. Quelques Auteurs ditent que le Kebin
n'cll: permis que chez les Pcrfes Sc dans la Sede
d'Ali -, d'autres prétendent qu il l'eft aullî parmi les
Turcs, f'^oye:^ Piétro dclla Valle , Tome 111. tk. Hi-
caut de l'Empire Ottoman. Méninski l'appelle Ma-
ri.age à la Turque, ou plutôt j c'ell , iclon lui, la
confirmation qui s'en fait devant le Cadi , Li con-
dicion impolcc au mari de payer à la femme une
certaine fomme , s'il la répudie. Il ne doute point
non plus que ce ne foit 1 u(age chez les Turcs.
MatnmûTiïum , feu potius confirmaùo e]us qu& à
judice fit , & fponfalïa , feu fponfalïtïa promiffa j
quïbus foluds iuÛa repudïan pojfu. Et enfuite en
Italien. Matrlmonio à la Turchejca j &c.
Ce mot eft Turc T^!*^ , Khabin ; car c'eft un
Khef , & il feroit mieux d'y mettre une h.
K A C.
KACHEMIRE , ou CACHEMIRE. Cafîmire , Se Caf-
femïre. Nom d'iuie Province des Etats du Mogol
en Alie. Kachemira , CaJJïmini. Elle eft au pied
du mont Caucafe , qui la fépare de la grande
Tartarie. Elle confine avec le Royaume des Kaka-
res , les Provinces de Baudifch , de Lahor , d'At-
tock 6c de Cabul. Kackemire paffe pour un des
pays des plus fertiles des Indes. Ce pays a eu fes
Rois particuliers, &c n'eft fournis aux Mogols que
depuis le XVI. Iièclc.
L'Auteur de l'Hiftoire générale du Mogol écrit ce
nom par un G , & ne lui donne jamais d'article.
Afin de jouir plus en repos des plailns de la paix ,
Jehan Guir alloit fouvent palier l'été dans le
Royaume de Cachemire. C'eft le pays le plus fep-
tentrional des États du Mogol ■■, il ell litué au pied
du mont Caucate. Cachemire n'eft à vrai dire qu'une
grande vallée environnée de montagnes ; quelques-
uns allurent que le Heuve Indus y prend la lour-
ce. C'eft une erreur qui n'eft iuivie d'aucun Géo-
graphe. Il eft vrai qu'un grand nombre de petites ri-
vières fortent de Cachemire , & viennent fe jetter dans
l'Indus. P. Catrou. Le Royaume de Cachemire
palîe pour le Paradis terreftre des Indes. Aullî n'y
a-t-il guère de pays au monde où Tair foit plus
tempéré , plus lain , & où l'on trouve plus en
abondance toutes les délices de la vie. Quand on'
a pallé les montagnes qui féparent l'Indouftan de
Cachemire , il femble qu'on ait été tranfporté tout
à coup des climats les plus brûlans de l'Alic , dans
les pays les plus tempérés de l'Europe. Aullî ce ne
lont plus les mêmes arbres , & les mêmes fruits
qu'on voit aux Indes. Ce lont nos fruits &c nos ar-
bres de France ; des poiriers , des pommiers , des
abricotiers , &c. le. C'eft dans ce beau Royaume
que Jehan Guir ne manquoit guère d'aller palier la
l'aifon la plus chaude de l'aimée. Il eftimoit tant
Cachemire , qu'il auroit mieux aimé , diloit il , per-
dre le refte de fes États , que cette feule contrée.
Idem.
Ce défaut d'article ne nous paroît pas extraordi-
naire , parce que Cachemire eft un nom peu ufité ; il
eft pourtant contre l'ufage & l'analogie qui demande
communément un article devant les noms de Royau
mes , de Provinces , de Contrées , quand ils ne font
pas mis en un lens indéfini , ou comme indéfini.
Que le nom de Cachemire foit étranger , cela n'y fait
rien , nous ne dirions point Chine n'eft à vrai
dire, &c. Us habitèrent à Japon. Il eftimoit tant Inde
K A D 327
ou Perfc. Il a rempli Egypte, ou Arabie, ou Tun-
qum , des marques de là magnificence. Il femble
donc qu'il eût été mieux de faire entrer Cachemire
dans la règle générale : il faut néanmoms convenir
aullî qu'il y a des noms étrangers de Provinces ik. de
Royaumes qui ne veulent pomt d'article. Tel eft
Siam. On ne dit point le Siam, du Siam, auSiam^
mais Siam, de Siam , à Siam , comme aux noms pro-
pres de villes. J'aimcrois pourtant mieux mettre un
article pour drftinguer t'i(tAt;/wirc; contrée, de Cache-
mire ville. Il faut éviter autant qu'on peut les ambi-
guités dans les langues. C'eft ainfi que nous difons
Luxembourg , Mekelbourg &C le Luxembourg , le
Mtkelbourg , en parlant des pays ou provinces donc
ces villes font capitales, & ainli communémenr des
autres.
Kachemire, eft aullî le nom propre de la ville capitale
de la province, dont on vient de parler-, elle eft fi-
tuée fur un lac d'où fortent deux rivières qui traver-
fent la ville , Hz font déjà allez fortes pour porter ba-
teau. On la prend pour l'ancienne Cajpira.
KACHEMIRISTE. f. m. ik f. Originaire, habitant de
Cachemire. Kachemirianus. Cajfimirianus ^ a. Cajfe-
mirienfis. Le Père Catrou a fait ce nom dans Ion hif-
toire du Mogol. Les peuples mêmes qui habitent cette
agréable contrée ( de Cachemire ) n'ont rien de la
moUelle Se de l'oiliveté des Indiens. Ils {ont forts Se
laborieux , appliqués à cultiver leurs terres & fort
braves dans la guerre. C'eft une ancienne tradition
que les Juifs qui furent emmenés captifs du temps de
Salmanazar , habitèrent à Cachemire ; Se que les Ca-
chemirifies font les delcendans de ces Juifs d'autrefois.
Certainement, quoiqu'on ne trouve plus à Cache-
mire aucun veftige de la Religion Judaïque, tous les
peuples y étant Gentils ou Mahométans , on voit ce-
pendant quelques traces d'une nation defcendue des
Ifraëlites. L'air du vifage & la phyfionomie de ces
peuples j a quelque chofe de ce qui diftinguc les Juifs
Se de ce qui les fait reconnoître parmi tous les autres
peuples. Le nom de Moyle y eft fort commun , Se l'on
voit encore d'anciens monuments qui délignent une
nation lortie d llrat'l. Par exemple, le refte d'un édi-
fice bâti fur une haute montagne , s'.ippelle encore
aujourd'hui le Trône de Salomon. P. Catrou.
KACHÉTI, GACHÉTI, ou ZACHÉTI. Nom d'une
contrée de l'Aile. Gaguetia. Elle eft dms la Géorgie
entre les Tartares de Dagheftan , le Scirvan , Tlrvan
Se le Carduel. Ce pays a fon Prince ou Roi particu-
lier , tributaire du Roi de Perfe. Zagan en eft la ville
capitale. Maty.
KACHSCHAGA. Nom d'une ville de la Tartarie Mof-
covite. Kacfchaga. Elle eft dans le Royaume de Ca-
fanj fur le Wolga, environ à vingt-cinq lieues au-
defllis de la ville de Cafan. Maty.
KAGKERLACKES. f m. pi. Habitant des îles fituées
au fud-eft de Ternate. On dit qu'ils voient mieux la
nuit que le jour. Aullî fuyent ils la lumière , Se ont-ils
toujours les yeux à demi-fermés.
KACSÉOLE. Petite contrée d'Autriche en Allemagne.
Kacfeola. Laas eft la capitale de la Kacféole.
K A D.
KADALI. f. m. Ray fait mention dans fon Hiftoirc des
Plantes, de quatre arbrllfeaux qui portent ce nom.
Us croillenr aux Indes Orientales. §3" On fait de l'é-
coice du fruit, des feuilles, &desllcurs, une huile
dont on fe fert dans les aphtes. On s'en frotte la tête
avec fuccès dans l'épileplie.
KADARE , ou KADARITE. f m. & f. Nom d'une
Sedte Mahométane. Kadarus. Kadarita. Les Giaba-
res Se les Kadares font deux Seéles oppofées. Les
Kadares nient le deftin , la prédeftination , Se tout ce
qui nou5 ôre la liberté- Ils croient que l'homme a le
pouvoir de faire le bien ou le mal, félon fon choix , &
qu'il peut toujours ufer de fa liberté quand il lui plaît.
F'oye^ Ricaut, de l'Emp. Ottom.
Ce nom leur a été donné du mot Turc 11"ip, Ku-
dur , qui fignifie pouvoir, puilfance à caufe du pou-
328
K A E
voir d'agir ou de ne pas agir , de faiie le bien ou le
mal qu'ils reconnoillènt dans l'homme.
KADEDI, ou KADEDIS. Efpcce de jurement Gafcon.
Voye'^ Cadedis.
KADELBOURG. Village de Suilfe au Comté de
Bade.
^J" KADENS. Terme de Relation. On donne ce nom
dans le Serrail du Grand Seigneur à des femmes
■d'un âge mûr , qu'on établit pour avoir l'œil fur
les maitrelles du Sultan. Anecd. de la Mai/. Ottom.
Cet Auteur dit ailleur Kadun, qu'il explique par
Gouvernante des Odaliques , femme dclHnée au
lervicc des Odaliques , des maîtrillés du Grand Sei-
gneur.
KADÉZADÉLÎTE. f. m. & f Nom d'une Sede Ma-
hometane. Kade\addïta. Cette 'Sitâcs. ne fe diilingue
prefquc que par quelques cérémonies que l'on y prati-
que aux obféques des morts , & dans les prières que
l'on fait pour eux. C'eft du moins ce qu'elle a de plus
Singulier. L'Auteur de cette Sefte eft un certain
Burgali Eftemii. Quelques Auteurs femblent vou
loir faire croire qu'ils ont pris des Chrétiens la prière
pour les morts , quand ils difent que la plupart des
Kadé\adéiLtcs font des Rulliens & d'autres Chrétiens
renégats , qui ont retenu quelque idée confufe du
Purgatoire & des prières pour les morts , comme
s'ils étoient les feuls qui eullcnt ces idées. Voye\ Ma-
raccio dans Ion Prodromus ad Refutationem Alcorani.
P- If^, c. f , p. / f , col. -? , où il explique les cé-
rémonies que les Mufulmans pratiquent aux obfé-
ques des morts ; combien de fois , Se comment ils
lavent le corps du mort; de combien d'habits, & de
quels habits ils le revêtent ; les fumigations qui fe
font ; les prières que récitent (ur lui d'abord les
gens conllitués en dignité , enf'uite les parens du
mort , &c. Ce que l'on ajoute , que leur Incan crie
à haute voix aux oreill.s du corps mort , qu'il fe
fouvienne qu'il n'y a qu'un Dieu & un Prophète ,
n'eft pas plus exadt. Ce n'efl: point aux oreilles du
corps mort , c'eft aux oreilles des Agonifans qu'ils
difent: Il n'y a point de Dieu , fmon un, & Ma-
homet eft fon Envoyé ; &: c'eft leur profellîon de
foi. qu'ils lui luggèrent alors ; mais ce n'eft pas les
Kadc\adcruesiQ\x\s,Cit^ tous les Mufulmans qui le
font, f^oye:^ Maraccio.
KADOLE. f. f. Miniftre des chofcs fecrètes de la
Eeligion , dans les myftères des grands dieux. Ka-
dûlus. Denis d'Halicarnalle , dans fes Antiquités Ro-
maines , L. II , dit que les Kadoles étoient chez les
Hétruriens , Se auparavant chez les Pélafges, c'eft-
à-dire , les anciens Grecs , ce qu'étoient les Ca-
milles chez les Romains ; que c'étoient les Minif-
tres des -Prêtres dans les lacrifîces , & dans les myf-
tères des Curetés & des grands dieux.
JCADRIS. f m. pi. Sortes des Religieux Turcs, appelés
ainii de leur Fondateur Abdul-^iji^n-Ghilani. Il na-
• quit l'an de l'hégire de Mahomet f6i , & mourut
en l'année 6/7. Son tombeau eft hors des portes de
Babylone, où vont en pèlerinage la p!up.an de ceux
•qui font profellîon -de fon Ordre. Leur noviciat eft
un noviciat de jeûne & d'abftinence , qu'ils font obli-
gés de faire par degrés. Ceux qui vivent dans le
Couvent ont toujours les pies nus , & ne fe rafent ,
ni ne le couvrent la tête. Ils portent une couverture
blanche , d'un drap fort gros , &: font ordinairement
allls comme les autres Religieux Mahometans , la
tête b.iilîée &c le nez fur la poitrine. Ils ont un Cou-
vent à Thophana , dans Conftantinople. Chacun
d'eux eft obligé de faire une fois l'an une retraite
particulière de quarante jours dans une petite cellule
où perlonne ne les voie, l'oye^ Cadrite.
ifS- KADUN. Foyei KADENS.
K A E.
KAENE. f. f 'Vieux mot. Chaîne. On a dit auiîl en-
^ katne , pour Enchaîné.
JvAER. Ancien nom d'une rivière de Bretagne. Kaer.
On trouve ce nom d^ins les titres de l'Hiftoire de
K A I
Bi;etagne, T. II , p. 7/ , où il eft dit que cette ri-
vière étoit in Bot. Carman , «Se que Cornou étoit
litué delfus.
KAEY. f. m. Arbre haut & épais qui croît au pays
des Nègres. Son bois eft fi dur que l'on en fait des
canots qui réiîftent fort long temps à l'eau, 8c qui
ne ie pourriftcnt pas facilement. On en emploie l'é-
corce Si les feuilles dans des remèdes.
K A F,
KAFFUNGEN ^ ou CAPUNG. Confugia. Petite ville
& Monaftère d'Allemagne dans la Helfe , près de
CallH.
KAFRE-CHIRIN. Ville de Pcrfe , bâtie par le Roi
Nouchirevon-Aadel , furnommé le Jujle , dont les
faits & dits font les fondemens de la morale des '
Perlans.
K A G.
KAGNE. f. f. Efpéce de- pâte que font les Italiens avec
la plus belle farine de froment : en la faifmt palfer
par des trous faits exprès ils en forment des mor-
ceaux en façon de ruban j larges de deux doigts.
Il feroit plus naturel d'écrire ce mot avec un C ,
mais on ne l'a point trouvé qu'avec un K.
K A H.
KAHIAC. f. m. Terme de Calendrier. Il y en a qui
appellent ainli le quatrième mois des Coptes.
KAHOUA , ou KAHOUÉ , ou KAHOUE. C'eft le
nom que les Arabes , les Turcs , & les Perlans
donnent au café, &: d'où nous avons fait celui de
Caté. foye'^ ce mot.
IfT KAHOUANNE. f. f. Efpèce de Tortue dont l'é-
caille s'emploie dans les ouvrages de Marqueterie.
T^oye^ Caouanne.
KAHUER-BACHI. f. f. Terme de Relation. Nom
d'un Officier du Roi de Perfe. C'eft celui qui a foin
du kahué , ou café_, de l'eau rofe , &: des autres
eaux dillillées que les Perlans boivent.
KAHUR. 1. m. Nom d'un arbre qui fe voit en Perfe.
Piétro délia Valle , qui en parle dans la II Partie,
Lettre XVI, p. ^22 y dit que le Kakur ne porte
aucun fruit, mais (eulemcnt des feuilles qu'on donne
à manger aux beftiaux ; que c'eft un arbre épineux;
qu'il lui paroît que c'eft la même choie que l'Acacia
qu'il avoir vu dans l'Arabie Pétrée, & dont on tire
la gomme arabique ; que néamnoins celui d'Arabie ,
au moins quand il le vitj avoit les feuilles beaucoup
plus petites que celui de Perle , ce qui venoit peut-
être de la lailoni que les Perlans ne retirent aucune
gomme du Kahur , peut-être parce qu'ils n'ont pas
bit attention qu'il en donne , ou qu'ils ne favent
p.is de que! ulage elle peut être. Il ajoute plus bas
qu'il y a un certain village nommé Kahuriftan ,
à caule de la quantité de Kahurs , ou d'Acacias
que la terre y produit.
K A I.
KAI. Province du Japon , dans la grande île de Ni-
phon. C'eft d'où les Japonois tirent leurs meil-
leurs chevaux.
gC^ Kai. Ville de la Chine, dans le Pckeli , au dé-
partement de Taming.
KAIA. i. m. OftrcierTurc , Commandant des Janilfaires
d'Egypte. Jan'iffiinorum dux'in Egypto. Les Janilîai-
res (ont le corps de milice le plus puiftânt en Egypte.
Il eil: de douze ou quinze mille hommes. Ils élilent
eux-mêmes le .Jrijw qui les commande, & le dépollé-
dent quand il leur plaît, /'t'je^ Paul Lucas.
///. Voyage, T. II.
KAIDA. f. m. Ray tait mention dans fon Hiftoife
des Plantes de quatre arbrifteaux qui portent ce
nom, Se qui ne diftérent que par leurs fruits.
KAIEN. Cdiana. Petite ville de Perfe,, remarquable
£31
K A K
far I.i bonré de fon air , & les beaux erpiits qu'elle
.1 produits.
KAIGORUD, Ville de RuHîc, fur la Kamaj dans la
Perniic. Ou la nomme aulli Htiyorodeck.
KAIMACAN. Foyei CAIMACAM.
KAIMACHITES, ou NAIMAN , ANE. f. m. ik f.
Nom d'un grand peuple, qu'on place au milieu d-
lii grande lartarie, le long de la rivière de Cha-
înas , depuis les environs du lac de Cavcntia julqu'à
•la mer , qu'on nomme la mer des Kaimach'ues. Mais
dans la relation que le Père Avril a donne'c du
voyage de Tobollc à Péking , il ne lait aucune
mention , ni de la rivière de Ghamas , ni des Kaima-
£liius , ni des Naimans. Et M. Witftn dans fa
Carte qu'il a donnée des parties feptentrionales de
l'Alîe ik de l'Europe , met au lieu du Ghamas
ï'Yamour , & au lieu des Kaimach'ues , ou Nai-
mans , il place les Monguls au midi du Heuve , &c
la Dauris , avec quelques autres pays , au nord.
Kaimachita , Naimanus. Maty.
^3" KAJOU. 1. m. efpèce de finge de l'Amérique
incridionale , qui a le corps velu , la barbe grife ,
les yeux noirs , & la queue très-longue.
KAIQ , ou CAIQUE. f m. Terme de Relation. Lin-
cher j cymha. C'eft un mot Turc , qui Hgnihe un
petit bateau. De la Boulaye.
JCAIR. v. n. Vieux mot. Tomber , du Latin Cadere.
On a dit aulli Dekaïr , pour dire , Dccheoir.
KAIRIOVACOU. île de l'Amérique, & la plus belle
des Grenadines , c'clTà-dire , de ces petites îles qui
font au nord de la Grenade , Tune des Antilles
de l'Amérique.
%T KAIRAON. Ville d'Afrique , capitale d'un Gouver-
nement de même nom , au Royaume de Tunis.
Elle eft foumile aux Turcs.
KAISERSHEIM. Nom d'une Abbaye d'Allemagne.
Kaifirsheimenfc Monajlenum. L'Abbé de Kaifcrs-
heim eft Prince de l'Empire du Cercle de Bavière.
Cette Abbaye eft de l'Ordre de Cîteaux , &c lituéa
dans le Duché de Neubourg , peu éloignée du con
fluent du Lech & du Danube. Elle fut fondée en
II 13. par Henri Comte de LechimundiSc de Graif-
. bach, & par fa femme Loyrarde. Cette Abbaye a
long temps difputé Ion immédiateté contre le Comte
Palatin de Neubourg , mais enlîn ce Prince s'eft dé-
firté. ImholF, Not Imp. L. III , c. 2S n. 1/.
KAILERS LOUTERN. ou Cafeloutre. Ville d'Alle-
magne , fituée dans le Cercle Electoral du Rhin.
Lurra , Lutra Cafarea. Elle eft dans le Palatinat du
Rhin , encre Spire & la ville de deux Ponts. Cafe-
loutre eft lituée (ur un petit lac , formé par la rivière
de Loutre, qui la couvre d'un côté : un bois la dé-
fend de l'autre ; outre cela elle a quelques fortifica
rions. Cafeloutre , qui étoit ville Impériale , fut
engagée l'an 1401. à l'Éieitcur Palatin, dont les
fuccelfeurs l'ont poifédée julqu'à préfent.
KAISERSPERG. Foyei Keisersperg.
K A J.
KAJUTSIU , ou KAOYEU. Nom d'une ville de la
Chine. Kajutfium. Kaoyeum. C'eft la quatrième
ville lous celle d'Yancheu Métropole. Elle eft à la
droite du grand canal , fur le bord du lac Piexe.
Elle eft grolfe & bien peuplée ; fon territoire eft
fertile , & produit beaucoup de riz. j-îmbafj'. des
Holland. à la Chine , p. 10^.
K A K.
KAKAMA. Montagne de la Laponie Suédoife , a en-
viron 20 min. au nord de Torno , & à quelques
lieues à l'orient du fleuve de Torno. Le fommet de
Kakama eft d'une pierre blanche , feuilletée & fé-
parce par des plans verticaux qui coupent perpendi-
I culaircment le méridien.
IKAKA MOULLON , ou KAKA-MULLU. f m. C'eft
un arbre à filiquesj qui croit aux Indes Orientales
aux environs de Chenotti , Parou , & Warapoli.
Tome K.
K A L
^29
Son ccorcc bouillie dans du lait , pafte pour guérir
\cs diabètes (^ la gonorhée. Ray, H'ijt. Plant.
KAKAUA.l. m. Nom d'un fruit qui fe trouve chez les
Tapuyisau Brelil. Kakara. Il a la forme d'une noix.
Il faut le fiire cuire pour le manger, quand il eft
cru il eft amer. Marcgravius ^ Hijl. Nat. Brafil.
L. VIII , c. 4.
KAKARE. f m. Kakar , ou Kakarus. Le Royaume
des Kakares eft une grande province de l'Empire
du Mogol, en Afie. Caiharum regnum. Elle s'étend
beaucoup d'orient en occident le long des mon-
tagnes du Caucafe, ayant vers le nord le Thibeteu
Tartarie , & vers le fud les Royaumes de l'itan , de
Siba , de Naugrocute , !k de Callimirc. Le* Gange
a (es lources dans le Royaume des Kakares, &c les
lieux principaux font Purhola &: Dankaler. Maty.
KAKA-TODDALI. f m. C'eft un petit arbrilleau qui
croit dans toutes les contrées du Malabar. On fait
avec la racine Se fon fruit ver , frits dans de l'huile ,
un onguent que quelques uns recommandent con-
tre la goutte. On prépare avec fes feuilles bouillies
dans de l'eau , des bains qui partent pour ialutaires
dans l'analarque , la cachexie , les tumeurs csdéma-
teufes aux jambes , & autres maladies de cette ef-
pèce , qui proviennent du trop de féroiités.
KAKER. Foyei Quaker.
|(0" KAKINGA , ou KAKEGAWA. Grande ville de
l'Empire du Japon , à une lieue de la grande ri-
vière d'Ogingawa.
K A L.
KALA. f. m. Terme de Relation. Mot Turc 3 qui
lignihe un Château. De la Boulaye Cajirum ,
Caftellum.
KALAAR. Ville de Perfe dans le Ghilan.
§Cr KAiLABA Divan, i. m. Terme de Relation. Divan
confus , tenu précipitamment. Beélas alfembla dans
la motquée le Calaba Divan j qui eft le fignal
de l'extrémité où fe trouve l'Etat. Anecd. de la
maif Octorn.
KALENTER, ou KALENTAR. f m. Terme de Re-
lation. Nom d'un Officier conlidèrable en Perfe :
c'eft le llxième des fix Vifirs qui lont les (ubftituts du
premier Vifir , qu'on appelle Etmadaulet. Le Ka-
lenter eft à-peu-près la même chofe à Ifpahan , que
le Prévôt des Marchands à Paris. fCT Cet Officier
municipal eft chargé de recueillir les impôts , &
fait quelquefois les foné1:ions de Sous-Gouverncur.
KALEBERG. Mons Calvus. Montagne de. Pologne ,
au Palatinat de Sandomir : on l'appelle ainii parce
qu'il n'y a point d'arbres.
KALÉCUT. Foyei CALÉCUT.^
KALENBERG. Nom d'une chaîne de montagnes , fi-
tuée dans le Cercle d'Autriche en Allemagne. Ca~
lenberga. Elle commence au Danube , à trois lieues
de Vienne , du côté du couchant , traverfe la
Balfe Autriche , &z s'étend dans la Stirie, & dans
la Carinthie, jufqu'à la Drave. C'eft une partie de
la montagne que les Anciens appelloient Cefius ,
ou CetLus Mons. Maty.
CALENDAIRE. adj m. Se f. Qui appartient aux Ca-
lendes , qui y a rapport. Kalendaris. Les Faftes Ka-
lendaires , Fajii Kalendares. Voyez Fastes. Junon
Kalendaire ; ondonnoit ce titre à cette déelfe^ parce
que toutes les Kalendes lui étoient confacrées. Il
leroit mieux d'écrire ce mot par un C , comme
Calendes Se Calendrier.
KALENDÉRIS. f m. pi. Ordre de Relisieux Turcs,
appelés ainll d'un certain Santon qu'on nomnioii:
Kalendéri , & qui proféroit fms ceftè le nom de
Dieu au fon de fa flûte , qu'il accompagnoit de
larmes Se de foupirs. Il alloit la tête nue , le corps
couvert de plaies , Se n'avoit point de chemife ,
n'étant couvert que d'une peau de bête fiuvage
fur les épaules. Il avoit à la ceinture quelques
pierres bien polies , & des pierres faulfes à fes bras
au lieu de rubis (Se de diamans. Les Kalendéfis., fes
difciples, prétendent, par une voie toute oppoféeà
Tt
330 K A L
li lîenne , étte bons Religieux , quoiqu'ils s'aban-
donnent publiquement au libertinage. Les^ Turcs
prétendent que li les Chrétiens fe rendirent maîtres de
Jérufnlem en l'année fix cens quinze de Mahomet ,
ce fut parce que le Chef de cet Ordre , qui avoir
beaucoup de parc au Gouvernement de la ville , étoit
ivre lorfque Tallaut fut donné.
KALENHAUSEN , ou CALDENHOUSEN. Nom
d'un village d'Allemagne j fitué dans le Comté de
Meurs , entre la ville de Meurs & celle d'Ordingen.
Kalcnhujium. Quelques-uns le prennent pour la
petite ville nommée anciennementCalonis , ou Calo ,
que d'autres mettent à Kulf j village de la même
contïéc.
KALI. f. m. Plante qu'en appelle autrement fonde.
Elle croît fur le fable de la mer , & on l'y féme pour
la brûler verte. On fe fert des cendres pour fondre
le verre , pour faire du favon , & la bière & le fel
alcali. Kali eft le nom que les Arabes donnent a
cette Plante j qui croit abondamment en Egypte &
en Syrie. Les Vénitiens s'en lervoient pour faire les
belles glaces, que l'on appelle glaces de Vcnife. Il
s'en trouve aulli beaucoup dans le Languedoc j où
on l'appelle Vitraire. Vitrana. On dit qu'en Armé-
nie le Kali croît iî haut , qu'il devient un arbre mé-
diocrement grand. Bochart dit que cela n'ell vrai
que d'une elpèce du Kaiï ; mais que le Kalï elf dans
le genre des pois , & que les Arabes l'y mettent.
J'^'oye-^ Saumaik lur So\\\\ , page \op6. Bochart
Hiéroz , Pan. II, L. I , c. 7. Catel en parle dans
les Alénioires de l'hiilloire de Languedoc , L. I ,
.page, yo & ji. L'on retire aulli , dit-il , un nota-
ble profit dans le pays, d'une herbe qu'on a accou-
tumé de femer & cultiver au bord de la mer , qu'on
coupe lorlqu'elle eft venue à (a perfedion , enfuite
on la fait brûler dans un creux qu'on fait dans la
terre , comme dans un f-ourneau , couvrant ce creux
de terre par dellus , afin que le feu ne puille prendre
air. Cette herbe étant brûlée , Ton découvre ce
creux , qu'on trouve plein de certaine matière dure ,
qui s'appelle dans le pays Salicor, qui rellemble au
lel en roche, & de laquelle après on fait les verres.
Cette herbe eft appelée des Arabes Ka/i, des La
tins Saikorràa , ik des François Soude. Il fe fait
il grande quantité de ce Salicor dans le Languedoc ,
qu'on le tranfporte en divers Royaumes ^ mais prin-
cipalement en Italie , duquel les Italiens fort ingé
jiieux font ces beaux verres, qu'ils apportent après j
tant en France qu'en Efpagne , & autres Royaumes
de l'Europe. Catel. Le P. Roger j Récollet, dans
fon 'Voyage de la Terre- Sainte , L. I ^ c. /7, dit
qu'à une demi-lieue à l'occident de la mer Morte
en Judée , toute la contrée eft couverte de KaU ,
que les Arabes brûle^ir , Se dont ils vendent les cen-
dres à Jérufalem , &c à F^ébron ^ pour faire du verre :
on en fait aulli du favon dans ce pays.
1)3° On doit conierver le nom de Kali pour la plan-
te , ôc celui de foude pour les cendres que l'on en
tire.
Ce mot eft Arabe , il vient de '^P , Kali ; ce mot ,
tant en Arabe qu'en Hébreu , fîgnifie tojlum ffriclum ,
ce qui eft brûlé. En Arabe 'T.' , Coxit ^frixit. Sca-
liger , dans fes Exercitations fur Cardan , écrit Cha-
li J mais mal , comme a fort bien remarqué Bo-
ciiart.
KALIN. Ville de Perfe , que Tavernier place à 87 d.
J. m. de longiuide & 35 d. i j. m. de latitude.
KALINGBOURG. Nom d'un bourg de Danemarck.
Calingobur^um. Il eft dans l'île de Zélande , fur le
détroit du Belt , où il a un bon porr.
KALIS. Petite ville d'Allemagne. Calijium. Elle eft de
la nouvelle Marche de Brandebourg, fur un périt
lac , formé par la rivière de Trega , à l'orient de
Stargard , en Cailubie.
Kalis. f. m. Terme de P>.cIation. C'eft un mot Egyp
tien , qui fignifie une efpèce de levée qui retient
l'eau du Nil , & que l'on coupe lorfque ce fleuve
eft renfermé dans fon lit. De la Boulave.
KALISCH. Nom d'une ville de la Balle-Polosnc. Ca-
K A L
lijjlum 3 Kalijfium. C'eft la capitale du Palatinat de
Kalifch , iituée fur le ruifteau de Profila qui fc
rend peu après dans la 'Warte , entre Suad & Pof-
nam. Cette ville eft entre des marais , qui en ren-
dent l'accès difHcile. Elle fut pourtant prife &c
ruinée par les Suédois , dans le XV'Il. fiècle.
Le Palatinat de Kalifch , Califficnfis Palaiinatus ,
eft une Province de balle-Pologne , bornée au cou-
chant par le Palatinat de Pofna , & au levant par
ceux de Sirad , de Lencici, de Breft & d Inoulocz.
Elle confine vers le nord la Prulle Royale , & vers
le midi la Siléfie. Ses prmcipales villes font , Ko.-
lifch , capitale , Gncfne , Laudik & Kamin. Maty.
^fJ HALLAHOM. f. m. Nom de dignité dans le Ro-
yaume de Siam. C'eft: le nom qu on donne à un
des premiers Minilfres ou Officiers , qui a le dé-
partement de la guerre & des chofcs qui y ont
rapport , avec le droit de commander les armées.
KALMINTZ , KALMUNTZ. C'ctoit anciennement
le nom d'une ville des Quades en Allemagne. Kal-
mintia , Calemancia. Ce n'ell maintenant qu un vil-
lage de l'Autriche , fitué vers la fource de la Taye ,
au-dellus de Znaim , & aux confins de la Moravie.
Maty.
KALMOUCH , KALMULCHIBUCHAR , KALMA-
KEN , f. m. Se f. Nom d'un peuple de la grande
Tartarie , en Afie. Kalmuchus. Les Kalmouchs
croient fitués depuis la rivière de Jaich , qui les le-
pare du Royaume d'Aftracan, jufqu'aux montagnes
d'Altay , ou d Imaiis , par lefquelles ils font Icparés
vers le levant des Tartares Monguls ; ils ont au lud
les Usbecs , ou les Zagatay , & au nord la Sibérie.
On voit dans le pays de ces Tartares , vers les
montagnes d'Altay , les deférts de Kinros & de
Lop. Les Tartares Kalmouchs n'ont ni villes j ni
villages ; ils campent fous des tentes de feutre par
troupes , tju'ils appellent Fiordes, Se ils errent ci un
lieu à l'autre , lelon la commodité des pâturages.
Chaque F^orde a fon Prince ; mais tous ces Princes
dépendent d'un Souverain , qui porte le nom de
Kam , ou Cham , <Sc qui fe dit fuccelleur du grand
Tamerlan. Ils n'ont pas encore l'ufagedesarmesa feu.
Ils font idolâtres , Se ils reconnoifTent pour chef
de leur Religion le Dalac Lama, qui eft le fouve-
rain Pontife du Royaume de Tangut. On dit qu'il
n'y a point de peuple au monde plus prompt à
camper ,' ou à décamper , que les Kalmouchs. Il
ne faut pas en être furpris , puifqu ils font tous ce
métier pendant toute leur vie. Ils vont toutes les
années camper pendant l'hiver le long du Wolga ,
fur les terres des Mofcovites , qui , loin de les re-
poufter , leur font taire des préfens par le Gouver-
neur d'Aftracan. Les Usbecs leurs paient aulfi un
tribut en forme de préfent. Les uns Se les autres
ravagent leurs terres. Maty.
On écrit ce mot indiftéremment , ou bien Kali
mouke , comme M. Sanfon , ou Kalmouch , comf
me Tavernier , ou Calmouc , Calmouque , comme
d'autres , qui ont donné à ce nom une orthogra-
phe plus Françoife , ou bien enfin Kalmouque , ou
Kalmouc , & Kalmouk. f^oyc~ fur les Kalmouchs
une Lettre du P. du Ban , Millionnaire Jéfuite dans
la Crimée. Elle a été imprimée dans le II. Tome
des Mémoires des Millions du Levant, f^oye'^ aulli
Tavernier dans fes Voyages , Se le mot CAL-
MOUC.
KALNICK. Ville de Pologne , au Palatinat de Bra-
claw , fur la rive occidentale du Sup , ruifleau qui
tombe dans la rivière de Boh.
KALO. Ville de la Haute Hongrie , capitale d'un
Comté qui porte fon nom , & fituée dans un ma-
rais qui forme la rivière de Kalo , entre les villes
de Bebrecin , & le petit WaraJin , ou Klein. Warad
Maty. Kaloa.
Le Comté de Kalo , en Latin Biborienfis Comi-
tatus. Contrée de la Haute- Hongrie. Elle a au nord
les Comtés de Zathmar Se d'Ugogh j au couchant
celui de Chége , au midi ceux de Tuttur & de
Czongrad , & au levant la Tranfilvanie. Kalo en
K A M
cft la ville capitale , les autres font le grand Wara
diu , S. Job , Débcrcin & Bihard , qui lui donnoit
autrefois le nom. Maty.
K A M.
KAM, ou KAN, CHAM. f. m. Terme de Relation.
Les Kams font en Perfe ce que les Gouverneurs
font en Europe. Le Kain des Tartares , que nous
nommons le Kam , gouverne le Nogai , le Boud-
giac , avec une partie de la Circallie , & toute la
Crimée , province connue dans l'antiquité fous le
nom de Chcrlonnèfe Taurique , où les Grecs por-
tèrent leur commerce & leurs armes. Volt. Le Kam
elt appelé par fes fujets Empereur ; mais avec ce
gr.'.nd titre , il n'en eft pas moins efclave de la
Porte. Le fang Ottoman dont les Kams font def-
cendus , &c le droit qu'ils ont à l'Empiie des Turcs ,
au défaut de la race du Grand-Seigneur j rendent
leur fimille refpeétable au Sultan même , &c leurs
perfonnes redoutables. C'ell pourquoi le Grand-Sei-
gneur n'ofe détruite la race des Kams Tartares ;
mais il ne laille prefque jamais vieillir un Prince
fur le Trône. Id. Si les Tartares fe plaignent du
Kam , la Porte le dépofe fous ce prétexte ; s'il en
cit trop aimé , c'efl: un plus grand crime , dont il
cil plutôt puni : ainli preique tous pallent de la
Souveraineté à l'exil , &: fînillent leurs jours à Rho-
des j qui ell d'ordinaire leur prilon &c leur tom-
beau. Id.
KAlvIA. Cama. Grande rivière de l'Empire Ruilîen ,
qui fe jette dans le Wplga , & en bonifie les eaux.
KAMAKURA. Fameuk Ile du J.ipon , d'environ une
lieue de circuit , fur la côte méridionale de Niphon :
c'eil où l'on envoie en exil les Grands qui ont fait
quelque faute.
gCr KAMAN. 'Ville de l'Indouilan , dans la prefqu'îlc
d'en-deçà le Gange , au Royaume de Carnate.
KAMBALU. C'eil le nom que les Tartares & Paul
I le Vénitien donnent à la ville de Péking , capitale
de la Chine. Kambalum. f^oye:^ Péking j Paulus
Venetusj Se l'Ambaffade des HoUandois à la Chi-
ne j Pan. IV. au commencement.
KAMBAR, f m. Terme du grand Art. C'eft la pierre
parfaice au rouge.
KAM-CHEU-FOU. Ville du Kiamfi à la Chine. Sa
latitude ell de iS d. 49 m. jj f. Gouye.
KAMÉNIEK. Foyer Kaminiek.
Kaméniek. Il y a deux bourgs de ce nom en Polo-
gne. Kamenecia. L'un eft dans la Poléfie , fur la
rivière d Ilfna , à huit lieues de Breiîici j vers le
nord. L'autre dans la Mazovie , fur le Bug , à feize
lieues de V^^arfovie , vers le nord oriental. Maty.
KAMIN. Nom d'une petite ville avec Châtelenie.
Kaminum. Elle eft dans le Palatinat de Kalifch ,
en la Haute Pologne , fur la VVarte , entre Gnefne
& Lencici. Maty.
KAîv'IINE MASLA , ou KAMENOIE-MASLO , en
François Beurre de pierre. C'eft ainfi que les Mofco-
vites nomment une efpèce de minéral , ou de dro-
gue médecinale , qui fe trouve fur les plus hautes
montagnes & les rochers les plus durs de Sibérie.
Cette drogue eft l'effet de la plus grande ardeur
du foleil , qui l'attire par tranfpiration des pierres
les plus compaétes , & qui paroiffent le moins
contenir d'humeur. Elle s'y attache comme une
efpèce de chaux , &.' y forme un enduit , que les
habitans ont foin d'enlever , quand le kamine a re-
çu fa parfaite coâion. Il fe diiTout dans l'eau com-
me le fel j & eft auflî fort que la couperofe. Les
Mofcovites attribuent à cette drogue quantité de
propriétés , & l'emploient à la guérifon de divcr-
les maladies , particulièrement pour la dyflenterie.
Elle fert auffi aux maux vénériens : mais elle eft
très - violente dans quelques remèdes qu'on la
mette.
KAMINIEK , ou KAMÉNIEK. Le premier eft le
fcul uficé en François. Nom d'une ville des Baftai-
nes, Kamenecia , Kaminieca , Ccminiecum , Came-
Tome F.
KAN
331
I nccum , anciennement Clcpidava. Cette ville eft
capitale de la haute Polidie , ou du Palatinat de
Kaminieh , contrée de la Pologne. Elle eft fituét fur
la rivière de Smotrycz , vers les confins de la Mol-
davie , environ à quarante licucs de Lemboers vers
l'orient. Kaminiek eft une ville Epif'copale , fuffra-
gantc de Lembourg , &C une place très forte par (a
fituation fur un rocher efcj.r{;é. Elle eft environnée
de la rivière de Smotrycz , &: par un grand cer-
cle de montagnes , qui eft au delà de la rivière.
Elle eft défendue par une bonne citadelle , fituée
fur le fommet du rocher. Les Turcs la prirent aux
Polonois l'an 1672 , & ils l'ont gatdée jufqu'ea
l'an 1699 , qu'elle a été rendue à fes premiers
maîtres , en vertu de la paix faite à Carlowitz le
io Janvier de la même année , entre le Grand-
Seigneur , l'Empereur , le Roi de Pologne & la
République de 'Veiiife. Maty.
%T KAMMA JAMMA. Ville du Japon , entre Mia
& Minacutz.
KAMPS. Nom d'une rivière de la baffe Autriche.
Cambus. Elle a fes fources vers les frontières de la
haute Autriche , & fe décharge dans le Danube ,
vis-à-vis de l'embouchure du Drafain , à l'orient de
la ville de Krcms. Maty.
KAMTZKATKA. Grande prefqu'ile au nord de l'A-
fîe j entre un Golphe de même nom , & la mer du
Japon j à l'extrémité orientale de l'Empire Ruflîen
& de notre continent. Depuis la découverte de ce
pays , on fait à n'en plus douter que l'Amérique
n'eft point contiguc au nord-eft de l'Afie.
KAN.
KAN. L m. Terme de Relation. Il y a des Kans pour
les provinces & les contrées , il y en a pour les
villes j ils ont ditlérens noms qui les diftingucnt.
Prorex , Prxfeclus , Legatus. Voye^ Cham &
Kam.
Kan. f. m. Nom d'une rivière de la Chine. Kanus
fiuvius. Le Kan a fa fource près de la ville de Xui-
kin. De là courant au nord il va arrofer la ville de
Kancheu , à laquelle il donne fon nom ; au def-
lous de cette ville il fe joint au Changa : ces
deux fleuves , après leur confluent , refTemblent à
une mer , tant ils font larges. Ils vont baigner la
ville de Kiangfl, au milieu de laquelle ils pafTent ;
delà ils vont à Nanchang j après quoi ils fe per-
dent dans le marais de Poyang. Ambaffade des
HoUandois à la Chine , Parc. I.
KANASTER. f m. Panier ou manne propre à em-
baller des marchandifes. Ce terme eft étranger ; on
s'en ferc pourtant dans quelques Provinces de
France.
KANCHEU , ou CANCHEU. Nom d'une ville de
la Chine. Kancheum. Elle eft dans la Province de
Kiangfl , fur la rivière de Kang , à fon confluent
avec la Changa. Kancheu a un pont bâti fur cent-
trente bateaux. Kancheu ell une des grandes villes
de la Chine. Elle en a douze autres fous fa Jurif-
diélion. Elle eft gouvernée par un Vice Roi parti-
culier , indépendant de celui de Kiangfl. Ce n'eft
pourtant que la douzième métropole de cette Pro-
vince ; mais par fes richefles & fon opulence , c'eft
une des principales. Cette ville eft carrée , & a en-
viron deux bonnes lieues de tour. Elle efl fort
bien pavée. Ambaff. des HoUandois à la Chine ,
Partie I.
KAND , ou CHÉSEL. Nom d'un fleuve de la grande
Tartarie en Afîe. Chefdus , autrefois Jaxanes. Il
prend fa fource aux confins du Thibet , dans des
montagnes qui font une partie du mont Imaiis ;
enfuite traverfant tout le Zagathay d'orient en oc-
cident , quand il eft arrivé à Kand , ou Cant , il
fe fépare en deux branches , dont la feptentiionale
prend les noms de Kand , de Sihum , Se de Ala-
hash j & va fe décharger dans la mer Cafpienne ,
un peu au midi de Caracus ; l'autre fe rend aufli
dans cette mer entre Madrandan & Caralîat. Ces
Ttij
3^
K A O
deux branches forment une lile de plus de cent
lieues d'orient en occident , &: d'environ vingt du
nord au (ud. Foye^ la Carte de 'Witlen.
KANDEL. (. m. Ray fait mention dans fon Hiftoirc
des Plantes j de lix arbrilleaux qui portent ce nom.
Les racines , §3° Técorce , les feuilles broyées ou
cuites dans l'huile & le petit lait , foulagent les
douleurs & calment les flatulences.
KANDUANA. Nom d'une province de l'Empire du
Mogol , en Afie. Caniuana. Elle eft au de- la du
Gange , fur les confins de la grande Tarnrie , en-
tre les Provinces d'Udéalt , de Pitan & de Gor. Kara-
catanka en eft le lieu principal. Maty.
KANELLI. f. m. Nom de deux arbres qui croiirent
aux Indes Orientales. Leurs feuilles féchces , réduites
en poudre, &: prifes dans du laie, guériirent la diar-
rhée.
KAN-JA. f. m. Nom d'une fête folenncUe qui fe
célèbre tous les ans au Tonquin. Le Roi ^ accom-
pagné de tous les grands du Royaume, fc rend dans
un certain endroit, forme quelques filions avec une'
charrue , & donne cnfuite un gtand repas à i^s Cour-
rifans. Cet ulage ne tend qu'à inlpirer l'amour de
l'Agriculture , art trop négligé & trop méprile parmi
nous.
KANNIOW. Nom d'une petite ville de la balfe Vol-
hinie en Pologne. Kaniovia. Elle eft furleNiéper,
ou le Borifthcne , entre Czircalli & Kiovie , à dix
lieues de la première & à vingt de la dernière. Ka-
niow eft fortifié. Maty.
KANISE^ ou CANISE. Nom d'une ville de la bafl'e-
Hongrie. Kanïjîa. Elle eft dans le Comté de Zalavar ,
fur la rivière de Sala , alFez près du fort de Serin & de
la Stirie. Kanïfi eft très-forte , fituée dans un grand
marais qui Ir rend inaccellible.
IJCFKANNO. f. m. C'eft le nom fous lequel quelques
habitans des pays intérieurs de l'Afrique , défignent
l'Être fuprême. L'idée qu'ils ont de la Divinité ne les
empêche point de rendre tout leur culte à des efprits
qu'ils appellent Jannanins. Voye\ ce mot.
KANON EL AVEL. f. m. Terme de Calendrier. Nom
d'un mois folaire de l'aunée des Perfans. Il eft de
trente-un jours.
KANON EL SANL f. m. Terme de Calendrier. Nom
d'un mois folaire de l'année des Perlans : il a trente-
un jours.
KANTERKAAS. f. m. Sorte de fromages qui fe font en
Hollande. Il y en a de vcids &: de blancs.
KANUNI. f. m. Terme de Calendrier. C'eft le nom
de deux mois des Turcs; on les diftingue par l'épi-
thète qu'on y ajoute : Kanuni achlr , c'eft-à dire , Ka-
«««i poftérieur, répond au mois de Janvier; Kanurn
ével , c'eft à-dire, Kanuni premier, répond au mois
de Décembre.
K A O.
KAOCHEU. Nom d'une ville de la Chine. Kaocheum.
Elle eft la feptième de la province de Quanton ou
Quantung, & a cinq autres villes dans Ion terrixoire.
Elle eft fituée à l'embouchure du Lien , dans la mer
de la Chine où elle a un bon port. Maty.
^fT KAOLIN, f. m. Nom Chinois d'une terre qui entre
dans la compofition de la porcelaine.
KAOUANNE. f. f. Efpèce de tortue. Elle eft beaucoup
plus grolle que les tortues franches. On en trouve
même de II grolfes, que l'écaillé de dellus a quatre
pies & demi de longueur , & quatre de large. Cet
animal eft ftupidc & pelant. L'écaillé de la Kaouanne
fert à garnir la plùpait des grands miroirs. La Kaouan-
ne eft plus méchante que les autres tortues, &: elle
fe défend de la gueule & des pattes , lorlqu'on le met
en devoir de la prendre & de la tourner. Quoiqu'elle
foit la plus granie des trois efpèces , elle eft la mains
eftimée , parce qu'elle a la chair noire^ filaireufe ,
fentant la marine , & qu'elle eft d'un allez mauvais
goîtt. L'huile qu'on en tire eft acre &: gâte les (auces
où on la mêle. Elle ne fert qu'à entretenir les lampes.
P. DU Tertre, Mijl. des Ijles de L'Amérique , Pan.
K AR
IF. c. I. §. 12. De Louvillers de Poincy, Bijl.
naturelle des Antilles , c. 21. art. j. Il écrit Caououn-
nos.
RAOYEU. Foyei Kajut Siu.
K A P.
KAPANE. f. f. Nom d'une ancienne voiture des Grecs,
carrolle des Grecs; voiture traînée par des mules,
attelée de mules. Kaprna , rheda, vehicutum mulare,
quod muli juncii trahebant. La Kapane étoit apparem-
ment lemblable au carpentum , o:: pilentum des Da-
mes Romaines, dont on voit des figures fur les mé-
dailles. Euftathe fur Homère , Iliad. v. p. -jçp. die
que -.xiia..y, étoit la même choie c^ ^.-aU-r, , ou ^tih.». ; que
c'étoient les Thellalicns qui avoient fait ce mot U-nn-n, ,
en ajoutant un k au commencement. Et nous de
xuni.ty, , capane , nous avons tait cabane. 'Voyez le P.
Poulîîne , Jéfuite , dans fon Glollaire fur Anne Com-
nène.
KAPI. f. m. Terme de Relation. Ce mot veut duc
porte. On appelle en Perfe la principale porte par où
l'on entre chez le Roi, Alla Kapi, c'eft à-dire, por»
de Dieu.
KAPIGI-BACHI. f. m. Terme de Relation. C'eft le
nom du premier Offi-ier qui a loin des portes du
Palais du Grand-Seigneur. Il eft viable que ce nom
vient de Kapi , porte , auquel on ajoute le nom de
Bachi, ou Pachi j C'iïf.
KAPPA, f. m. Nom de la lettre Grecque k , Kappa.
■Voyez K. Suidrs appelle le C , ou une lune croit-
finte, un croiirant, un Kappa Romain, parce que le
C étoit dans la langue Latine , ce qu'eft le Kappa dajis-
la Grecque. C'eft en ce fens qu'il dit que les Sénateurs
portoient à leur chaullure la figure d'un Kappa Ro-
main.
Kappa, f. m. & f. Nom d'une Nation de l'Amérique
feptentrionale Kappa. Les Tormans , les Dogengais
& les Kappas , font voifins. Foyei Jovet, T. IF.
p. 2/7.
KAPPIKKE. f. m. Terme de Relation. Monnoie de
Molcovie qui vaut à peu près un fou. As RuJJlcus ,
ou Mofcoviticus.
IJCTKAPrUR C'eft le nom qu'on donne en Pologne
pendant un interrègne à une commilîion compolée
des perfonnes les plus conlidérables , établie contre
ceux qui voudroient troubler la tranquillité publique.
K A R.
KARA. Foyei Karat.
KARA ANGOLAM. f. m. C'eft un grand arbre qui
croit dans plulieurs contrées du Malabar , & qui porte
feuilles , rieurs 6c fruits en tout temps. On fait avec
fes feuilles bouillies dans de 1 huile , un excellent
onguent vulnéraire. Sa racine eft catharcique & pur-
ge les humeurs Icreufes Se pituiteutcs. Son fruit eft
extrêmement chaud, ainh rarement bon à manger.
Ray , Hijl Plant.
KARABE, f. m. Nom d'une ancienne efpèce de petit
bateau ou de barque , en ulage chez les Grecs du
moyen âge. Karabium , Carabus. Ihdore , dans fes
Glofes, dit que c'eft un petit elquif fait d'ofier &C
couvert de cuir. Parva Jcapha ex vimine & corio.
Voyez le Glofîaire de Fabrot lur Nicétas Choniate.
KARABÉ. f. m. Eft un nom que les Droguiftes don-
nent à l'ambre jaune.
Ce nom eft tiré du mot k arabe ^ qui, félon Avi-
cenne , fignifie tire-paille en langue Peifique. Diot-
coride a cru que c'étoit la rélînedu peuplier, mais il
s'cft trompé. Foye'^ Ambre jaune.
KARACATHAY. Nom d'un pays de la grande Tarta-
rie. Karacathaya. Sanlon , dans fa grande carte de
l'Afie, lui donne encore le nom de Chaulach , &: il
le place au midi de l'Oby , aux confins de la Sibérie
& de la Tingoéfie. On voit dans la nouvelle carte de
M. de Witfen , un pays nommé Karakitay , qui eft
dans le Tangut , autour des villes de Kamul , de Sa-
chion & de Campion. Ce pourroit bien erre le me-
K A R
me que celui-ci, non(jbft.uu l.i diflcrencc de leurs
/îtuations. Mat/.
KARA-GKOCHE. f. m. C'ell: ainfi que l'on nomme à
Conft.uitinoplc la richcdaic d'Allemagne. Le karu-
grocke L-ft rc(^u fur le pié de l'écu de Fiance de 60 lois.
KARAIBE, ou KAREIBE. f. m. & f". Foyei Caraïbe.
Le P. du Tertre , dans ion Hiftoire des lies de
l'Amérique, écrit Kareibc ; mais l'uiagc elt de dire
Caraïbe, &c de l'écrire par un C. Cet Auteur décrit
deux fortes de choux qu'on appelle Kareïbcs. La racine
de cette plante ell une grollc bulbe, rude, ronde &:
madive , de couleur de chair. Elle croît dans la
terre , &z poulie plulîeurs tiges , qui le divifcnt
chacune en cinq ou fix feuilles aulll grandes tSc de
âTiême forme que celle de la Chine, comme pana
chces de blanc &c de vert , quelquefois la moitié
d'une feuille ell; blanche : cette herbe eft excellente
dans le potage , elle ell: tendre Se fe fond au pre-
mier bouillon , comme de l'okille. On y mec auiîi
la racine , qui le cuit ainil que des panais , <bk: rend
le potage pâteux & épais , comme li on y avoir
mis une poignée de t-arinc. Je n'ai pas remarqué
qu'on s'en ferve en Médecine. P. Du I'ertre..
Il s'en trouve une autre elpèce , que les habitans
appellent chou poivré , qui n'eft diiiérente de la
première qu'au goût !k à la couleur de les feuil-
les , qui font d'un vert plus brun , & rarement pa-
nachées de blanc , comme les autres. Néanmoins
il eft très ditHcile de les diftinguer , &z les plus
experts y font trompés , Se mettent ceux de la ie-
conde elpèce dans le potage au lieu des autres , d'où
il arrive , quoiqu'on ne s'en apperçoive point en
mangeant , qu'ils brûlent le goher , comme li l'on
avoir mangé des feuilles de Lauréole , & même
fî on en mange beaucoup , il domie le Hux de bou-
che. Idem.
KARAIIE, f. m. & f. Foye^ CARAITE , & KAR-
RAITE.
KARAKATANKA. Nom dune ville de l'Empire du
Mogol , en Aiie, Karakatanka , Canduana. Elle ell
capitale du Royaume du Canduana , & lituée iur
une rivière , au nord du l.ic de Chiamay. Maty.
KARAOUTA ou.KAROUATA. f f. Plante qui croît
aux Indes Orientales , & qu'on appelle autrement
Karaca , ou Caraguata , acanga. Foye\ Karata.
KARASÉTACH. f m. Terme de Relation. C'eft le
nom du Chirurgien , ou Barbier du Roi de Peife :
il faigne le Roi , lui raie la tète , lans pouvoir ja-
mais donner la pLice à un autre.
KARASU. Nom d une petite ville de la Tartarie Cri-
mée. Carafinï , Karajïna. Elle efl: fur la rivière de
Karafu , entre Bacié , Saray & Cufta. Maty.
KARAT. f. m. Foye^ Carat. C'ell la même choie.
Mais ceux qui ont traité des Monnoies j Iur tout
en ces derniers temps , comme Boizard & le Blanc ,
écrivent toujours Karat. Pour être inftruit de ce qui
regarde les divers alliages , il faut lavoir que l'or ell
partagé en 14 degrés de bonté , chaque d.-gré eft
nommé Karat , qui eft un nom de poids , mais
qui a été jugé propre pour exprimer le titre ik h
bonté de l'or : enlorte que l'or à 14 Karuis eft au
fuprême degré. Boizard , Traité des Monnoies ,
Part. I. c. j. Chaque Karat fe divife en demi , en
quarts , en huitièmes , en feizièmes & en trente-
deuxièmes , enlorte qu'un Karat eft compolé de
32 trente-deuxièmes. On ne fait pas de divilion en
de plus petites parties , Se on ne palfe pas plus avant
en fait de monnoie. Id.
On marque ce nom par un fimplc k , que l'on
met après le chiffre , ou nombre , & un peu plus
haut , comme on met une / pour fignifier livre ,
ou. l , t , pour livre tournois. Ces diftérens degrés
de bonté de l'or n'ont été employés que pour en
marquer l'alliage , enforte que quand on dit de
l'or à 20 K , c'eft-à dire , de l'or qui a perdu qua-
tre degrés de fa bonté intérieure , Se dans lequel
on a mêlé un fixième d'argent , ou de Cuivre. Car
l'or n'eft pas d'un plus haut titre lorfqu'il eft allié avec
l'argent , que lorfqu'il eft allié avec le cuivre. Boi-
K A R
333
zard j au même endroit. M. Irézicr , dans fon Voya-
ge a la mer du iucl , cent carac _, mais m.>l & con-
tre l'ulà^e.
Karat de jln. C'eft un vingt-quatrième degré de
bonté de quelque portion d'or que ce foit. Boi-
zard , T. I. c. I j.
Karat de prix. C'eft une vingi-quatrième partie de
la valeur d'un marc d'or lin ; comme quand le marc
d'or valoir 4J7 1. 16 lous , c'eft pour le Karat de prix
1 9 1. I 1. 6 den. Boizard, P. I. c. i j.
Karat de poids. C'eft iin poids de fin appelé Karat ,
dont les Orfèvres & les Joailliers fe iervent pour
pcfer les pierres précieules Se les perles. Chaque
Karat ne pèle que quatre grains ; mais chaque
grain le divile en demi , en quarts , en huitièmes ,
&c. Se c'eft Iur ce pied que l'on cftimc , Se que
l'on donne le prix aux pierres prccieufes Se aux
perles. Boizard, P. I. c. 26.
KARATA 1. m. Elpèce d'alots qui croît en Améri-
que. Sa racine eft femblable en grolleur , en fi-
gure Se en couleur à un oignon : elle poulie d'a-
bord trois , quatre ou cinq feuilles , grolles , luc-
culentes , vertes , creules ; il en vient enfuite plu-
heurs autres qui ont la figure d'un triangle fûrt ai-
gu , droites j longues de huit, de dix ou de quinze
pieds , larges d'un pied , pointues au bout , ar-
mées de piquans Iur les côtes ; il lort d'une racine
trente ou quarante t-euilles. Quand la plante a deux
ou trois ans , il s élève du milieu de ces feuilles
une tige jjIus grolle que la jambe , droite , ipon-
gicufe j haute de dix huit ou de vingt pieds, gar-
nie de feuilles triangulaires plus petites. Le haut de
cette tige fe divife en plulîeurs rameaux , portant
de petits corps coniques , prelque de la longueur
du doigt , qui s'épanouilfent en une Heur compo-
lée de cinq feuilles de couleur verte jaunâtre , qui
a la figure d'une étoile. On fait bouillir les feuilles
de cette plante , Se l'on en tire du hl qui eft d'un
fort grand utage à faire de la toile , des rets pour
la pêche Se des lits pendans. Sa racine , ou les
feuilles broyées Se jettées dans une rivière , étour-
dillent li fort le poilio:ij quon peut le prendre fa-
cilement à la main. La tige étant léchée , brille
comme une mèche enfoufrée . Se li on la frotte
rudement avec un bois plus dur ^ elle s'enflamme
Se le conlume. Quelques uns nomment cette plan-
te Maguey , Se d'autres Metl , Marc grave , Cara-
guata guacu , Se C. Bauhin , Alo'é , jolio in oèlon-
gum aculeum abeunte.
Karata , le dit dune autre forte de plante , qui cil
commune à la Jamaïque Se aux Antilles. Ses feuil-
les font longues de lept , ou de neuf pieds , larges
d'un doigt & demi , creules , pointues au bout ,
garnies de piquans de part Se d'autre. Il lort du mi-
lieu des feuilles fort près de terre beaucoup de
rieurs rangées en rond les unes proche des autres ,
de couleur bleue purpurine. Chaque fleur eft lon-
gue d'un doigt , Se compofée de trois teuilles. Son
fruit eft bon à manger , il eft long de cinq doigts ,
feiTiblable à une prune ; le fuc en eft aigre doux.
Marcgrave appelle cette plante , Caraguata acanga ;
Se Morifon , Âloï Americana fruciu dulci & acido
mult'plici , prunis fimili.
Il y a plufieurs plajites dans les Iles de l'Améri-
que , qu'en appelle de ce nom. La plupart font des
cfpèces d'Aloës , ou bien elles ont prcfque le mê-
me port que l'Alocs , c'eft-à dire , que leur racine
poulie dès la terre plufieurs feuilles en rond , longues ,
épailles , pointues , Se armées la plupart de piquans
par les bords. Du milieu de les fcinlles il en fort
ordinairement une tige garnie de fes fleurs Se de
k'i fruits , félon fon genre. Il y a pourtant une
plante qu'on appelle plus proprement Karata dans
la Martinique , Se dont le fruit eft très bon à
manger. La plante poulie dès la racine ( laquelle
eft fort grolîe & fort touftue ) plulîeurs feuilles
en rond , à la façon des douves d'nn tonneau. Ces
feuilles ont neuf à dix pieds de hauteur , Se n'ont
pas plus de trois pouces de largeur. Elles forw tou-
334 KAR
tes creufes en long comme des gouttières. Elles
font roides & épaillcs prelque comme du cuir j 6:
toutes lillonnées tort légèrement en rond , quoi
qu'elles ibient allez unies. Leur bord elt tout den-
telé en façon d'une fcie , par des piquans lourds ,
roides , crochus , ôc qui ont tous la pointe en liaut.
Leur couleur eft d'un vert blanchâtre lur le dos ,
mais vert foncé fur le devant. Il nait tout au bas
& dans l'enceinte de fes feuilles , un amas d'envi-
ron deux cents Heurs purpurines , d'une leule pic-
ce , mais départies en trois quartiers jufqu'a la ba-
fe j à peu près comme les trois feuilles extérieures
du narcille leucoium. Chaque Heur porte lur un
embryon femblable à un clou de giroHe , lequel
devient enfuite un fruit gros &i long comme le
pouce , &■ fait à peu près comme une petite poi-
re alongée &: lîllonnée par trois petites entonçures ,
depuis le bns jufqu'au fommet. Chaque fruit a une
peau blanchâtre , unie , épaiilc comme du vélin ,
& toute enduite d'une poullière très-fine &: roux-
châtain, Elle ell fort adhérente à la chair du fruit;
mais on peur l'ôter facilement en trois pièces , coni
mençant en bas vers le haut. Quand on a été cette
peau, on découvre une chair fort blanche, tendre,
fucculente & d un goiît aigre-doux , mais fort agréa-
ble. Elle eft couverte immédiatement d'une pellicule
fort déliée, qui la iéparc en trois quartiers, remplis
chacun de quelques lemenccs noirâtres, femblablcs
aux femences de nos pommes. Ce fruit eft excellent
pour nettoyer les ulcères de la bouche; on dit qu elle
iaigne enluite, li on en mange un peu trop. Cette
plante croîr particulièrement parmi les torcts pierieu-
ies. Le R. P. du Tertre parle de ce fruit dans fon
Hiftoiie naturelle des Antilles, T. II. Traité III. C.
II. p. I . Ce Mémoire eft du R. P. C. Plumier, Mi-
nime. Voye\ aufli le même P. du Tertre , dans fon
Hift. des lies de l'Amérique, P. III. Traité I. C.
IL §. 2.
KARBATA j ou ALM A. Nom d'une rivière de la pref-
qu'Ile de la petite Tartarie. Karhata, aima. Maty
croit que c'elî la même que celle qu'on nomme Ba-
ciéfarayc, &: qu'elle prend ce nom &c celui d'Alma,
de deux villes qu'elle arrole. Sanfon la nomme
Karbata.
KARDARIQUE. f. m. Nom ancien d'un Office , d'une
Dignité chez les Perles. Kardarichas , Chardaricha.
Ce nom fe trouve dans Cédrénus, dans Anaftafe le
Bibliothécaire , (Se dans l'Hiftorien Théophane; mais
on n'y apprend rien du Kardarique ^ (mon que c'étoit
une dignité très conlldérable. Fabrot, Glojj. Cedrcni.
t3°KARDEL ou QUARTEEL. Efpèce de tonneau
dans lequel ceux qui pèchent la baleine , mettent le
lard de cet animal.
KAREGNONDL f. m. Nom d'un peuple du Canada.
/-■^oye^ HuRONS , le lac aes Karcgnondi.
^CTKARESMA. i. m. C'eft le nom qu'on donne en
Pologne aux hôtelleries ou giands batimens conf-
truits lur les grands chemins , pour héberger les pal-
fans.
KARGAPOL. Nom d'une ville de la Mofcovie. Car-
gapolia. Elle eft fur le lac de Kargapol , entre les
villes de Wologda , d'Ouftioug, &c d'Archangel , en
viron à loixante lieues de chacune. Elle eft capitale
de la Province de Kargapol , qui eft aux confins de la
Finlande , entre la mer Blanche & le lac d'Onega.
Maty.
KARHAIS, KÉRAHEZ, ou CARHAIX. Le premier
&c le dernier expriment la prononciation ordinaire.
Nom d'un bon bourg , qui a une Abbaye de Béné-
dictins. Caretum. Il eft dans l'Evèché de Quimperco
Jentin _, en Balle-Bretagne , à douze lieues de Quim-
per vers le nord-eft.
KARIBOU. /^oy. CARIBOU.
KARIVETTL f. m. C'eft un arbra d'une grolfcur
moyenne qui croit au Malabar. Le fuc exprimé de les
feuilles donné dans du petit lait , eft un excellent émé-
tique , &: jl expulfe les humeurs pituiteules & fé-
reufes.
JvARKAND , ou KARivADDAN. f. m. Nom que les
KAR
Arabes donnent au Rhinocéros. Ludolf , ad Hiji.
Acth. Comment. L. I. c. lo. LXXXIII. §. j-. £, ^^
Bochart, Hiéro:^. P. I. L. III. c. 20. p. çi^. 6
fuiv.
KARKRONE. f. m. Terme de Relation. Ceft la maifon
des Manufadures Royales en Perle. On y fait des
tapis , des étoftes d'or , de loie , de laine , &c. des
brocards , des velours , des taftetas , des jaques de
maille , des fabres , des arcs , des flèches & d'autres
armes : il y a des Peintres pour la miniature , des
Orfèvres , des Lapidaires , &c.
KARL. 1. m. C'eif ainli qu'anciennement s'écrivoit le
nom de Charle , nous y avons ajouté dans la fuite des
temps notre e muet &c même une s au Imgulier Charles
ôc nous avons changé le K en Ch, Le premier Roi qui
a porté ce nom en France , eft celui à qui l'étendue de
fes conquêtes ik. 1 éclat de les aéfions a fait donner le
lurnom de Grand. Il eil connu Ions le nom de Char-
lemagne.
On rapporte différentes étymologies du nom de Karl.
Kilian dit que Kaerle , ou Kcerle en vieux langage
Saxon, ù^n\(\c pcujavorable Le nom de Karl, pris
en ce fensj convient fort bien à Charlemagne, qui
fit en diftérentes occalions un fi grand carnage des
Saxons. Dans le Miroir Saxon, il eft dit que le mot
Kaerle , ou Keerle , hgnihe brave , courageux , qui efi
de grande taille. Charlemagne avoir ces qualités , Se
a mérité par \k le nom de Karl. Jean Aventin remar-
que , que dans la langue des Vénétes & des Huns, le
mot de Cal veut dire Roi. Cette étymologie doit
plaire à ceux qui croient avec le P. Jourdan , que les
Francs font venus de la Pannonie , où les Huns s'éta-
blirent. Martinius tavorile cette étymologie , lorfqu'il
dit que Kral en langage Elclavon , lignifie Roi , ôc
que les Hongrois en ont formé leur mot «le Kirali :
il ajoute que fon (entiment eft que ce mot vient du
Grec jctuiiui , qui s'eft dit par contraction pour «f« t!» ,
imperans , qui commande. On ne lauroit rien dire
aujourd'hui fur cette dernière étymologie , parce que
nous ne favons point fi le nom de Kral étoit dans la
langue des Huns, avant qu'ils euftent eu commerce
avec les Grecs , ôc lorfqu'ils étoient encore dans le
Nord ; d'ailleurs j quoique les liquides fe mettent fou-
vent l'une pour l'autre, il n'y a pas alFezde rapport
entre Kral ôc x.ji!m , pour croire que le premier de
ces mots ait été formé de l'autre.
KARLE. f. m. C'eft la même chofe que Karl , &
Charles ; Krolus , Karlus. Karle , par conuption
adouci en Charles ., lignifie magnanime ôc généreux.
Du TiLLETj P. I , p. S.
KARLOMAN. f. m. Nom d'homme. Nous écrivons
aujourd'hui Carloman.
Ce nom paroit compofé des mots Karl , ôcman^
qui veut dire homme , en langue Tudtfque.
KARMESSE , ou plutôt KERMESSE eu KERMIS.
f. f. C'eft le nom de certaines Foires de Hollande
ôc de Flandre , où l'on va fe divertir , on y
court la malcarade , ôc l'on y tait mille extra-
vagances. M. Bayle , en fe moquant de l'hiftoire d'un
baladin transformé en âne , rapporrée par Oiiandcr,
lequel , ayant fous fon déeuilcment conlcrvé fon
adrelle , tailoit mille tours de palle-palle, dit que
quiconque en produiroit un femblable aux Kar-
mejfes de Hollande , teroit un proht conlidérable.
Madame du Noyer parle dans fes Lettres des folies
qui fe pratiquent aux Karmcjjcs de Flandre.
KARMOUSSALI. f. m. Terme de Relation. C'eft
un mot Égyptien , qui lignifie un grand navire mal
joint , ôc fort mal propre pour rélifter aux tempêtes.
Navis jiigyptiaca. Ceux de Damictte s'en fervent
pour amener du bois de Tvr , & des fruits de
SaVc-Je , que l'on y apporte de Damas pour l'Egypte.
De la Boulaye.
KAKN-TAUR. Nom d'une montagne d'Allemagne.
Carnicus Taurus. Elle eft entre l'Archevêché de
Saltzbourg , ôc la Carinthie. On prétend que ce
font les montagnes où habitoient anciennement \ti
peuples appelés Morici Taurici. Maty.
KARNWALD. Nom d'une tbrêt de la Suiffe. Came.
K A s
fylva. Elle fcparc le Caiicon d'[Jiidci.-\r.iI en cfeu-i-
p.irtics, qui portent le yoin cl'Obdciiv/aKj , & d'Uii-
derwal , dont le premier iignihe au-delUis de la fo-
ret , c'i l'autre au dellous de J,i furet. Matv.
KAROPiMlTZE , ou GLIUBOTHN. Nom d'une mon-
tagne de la Turquie en Europe. Caropnidus , ou Orbc-
lus mons. Elle iepare la Macédoine de l'Albanie , &
k va joindre au rnont Arijcntaro , lur les confina de
la Bulgarie. Matv.
KARON. Foye^i KOROIN.
KAKOSCA. Vo;^ei Kl;:ROSCA.
KAROUATA. 1. m. Plante qui croît aux Indes Occi-
dentales j dans l'Iic de Marignan , (Si qui eft tort
iemblablc à l'ananas. Elle produit des feuilles lon-
gues d'une aune , &: larges de deux pouces , épailles
i\: épincutes d'un côté «ik: d'autre. Du niilitu de ces
feuilles (ort une tête , à laquelle naillcnt , à deux
palmes de terre ou environ , cinquante huits , &c
quelquefois beaucoup davantage , de la longueur
d'un doigt, ent liés cnlemble , de la forme d'une
pyramide triangulaire , jaunâtres dehors & dedans ,
agréable au palais , & d'un tort bon goût. Ce fruit
ell plein d'une matière ipongiculc , &c de plulieurs
grains & menue temencc ; le (uc en eft aigre-doux.
Si on en mange beaucoup , il tait fiigner les genci-
ves &c la langue. Il eft ibrt bon contre le Icorbut
&: dans les tièvres.
KARME. f. f. Vieux mot, qui fe difoit autrefois en
Normandie; il (ignilie , à ce qu'on croit , hachis de
carpe. Cette conjcdurc eft fondée fur ce qu'un
Abbé voulant réformer les Moines , au lieu des ha-
chis de viande qu'ils mangeoient , il leur fit donner
un mets qu'on appeloit dans le pays Karpie , comme
Il on vouloir dire Karempie , ajoute l'Auteur ; mais
la fignitication de ce dernier mot eft inconnue au-
jourd'hui.
KARRAITE. f. m. &: f. Nom d'une feifte parmi les
Juifs. P^oye'i Car aï te ; c'eft ainfi que nous
prononçons & que nous écrivons communé-
ment. Ce mot fîgnifie Scripturaire. Outre les Auteurs
cités au mot CaraÏte , Foyei Buxtorf , Lexic.
Thalm. p. 211 j , Voec, T. II , Difput. feleclar.
p. t)6 & 141.
KARS , ou CARS , & CHISERI. Ville de la Turco-
manie, en Afie. Chorfa ; C^^/è. Elle eft à la fource
du Kur. Kars eft fort , & capitale du Béglcrbéglic
de Kars , qui renferme le Royaume de Bara-
tralu , & qui eft borné par le Royaume d'Imiré-
te , & par celui de Guriel , au couchant par le
Béglerbéglic de Trébizonde , au midi par ceux d Er-
zerum & de Tchildic , & au levant par le Carduel &
par l'Ivran , Province de Perfe. Mat y.
KARSTEN, ou CARSO. Nom d'une petite contrée
d'Italie. Karfiia , Calderus mons. C'eft la partie
du Frioul qui s'étend depuis la rivière d'Anfa jul-
qu'aux frontières de l'Iftrie , entre le Comté de
Gorice , & les golfes de Venife & de Triefte. On
y trouve Aquilée , Profeco , Tricife &c Montefal-
cone. Cette dernière ville , avec Ton territoire , dé-
pend des Vénitiens ; le lefte eft à la Maifon d'Au-
triche. On comprend aufii quelquefois dans le
Karflen la Carnioie féche , autrement l'Iftrie Au-
trichienne.
KARTIKAM. f. m. Terme de Calendrier. Nom du
huiri)mc mois Lunaire de douze , qui compofent
l'année chez les Indiens de l'Indouftan. Ce mois
répond à notre mois de Novembre.
K A S.
KASAKE. f. m. Nom d'une nation Tartare. Kafa-
kiis , a. M. de Witfen , dans fa nouvelle Carte ,
met des Tartares Kafahes entre les Kalmucs , <k il
les place aux confins du Zagathay , & vers les Ibur-
ccî de Chéfei. Maty.
KASEMITH. f. m. C'eft le nom que porte aujour
d'huien Syrie le fteuve qu'on nommoit autrefois
LirrutUère. Eleutherus. Il tire fa fource du mont
Li:)aii , traverfe l'Iturée & la Galilée , pour venir
fe jettcr dans la mer de Phénicie , entre Sarepta
K A T 33^
(?r la ville de Tyr. C eft ce qui lui donne aujour-
d'hui le nom Ac Kafemïtli , qui f ignilie parcage. Il
eft très-rapide. La pèche des tortues y eft tres-abon-
dante en certains temps de l'année. Alem. des iMiJf.
du Levant , T. F, p. lo. Ce mot clt Arabe, &c
vient du verbe Arabe aop , Kafama , qui lignilie
divifù , il a divifé , partage.
KAbG'HAR. Kaj'f^hana. M. Sanfon , dans fa grande
Carte de l'Alic , met un Jioyaume de Kafcghar, ou
de Chal\ag , au nord du Zagathay , & r;u touchant
des Tartares Kahnuchs ; mais M. de Witfen , dans
fa nouvelle Carte de la Tartarie , donne tout ce
pays aux Kalmuchs , & il place le Royaume de
Cufcar, qui eft fans doute le même que le kaf^har,
dans le Turqueltan , vers les fourcts du Gange. Il y
met la \'illc d'Hiarchan , &: quelques autres. Matv.
KASI. f. m. Terme de Relation. C'eft le quatrième
Pontife de Perle, qui eft en même temps le fécond
Lieutenant Civil , qui juge des atiaires temporelles ;
il a deux Subftituts qui terminent les atiaires de
moindre confèquence , comme les querelles qui
arrivent dans les Catiés, &c. De la Eoulayc dit que
Kaji _, ou Kadi , c'eft un Juge , ou un Magiftrat ,
en Turc & en Perlaii. f^oye^ Cadi.
KASJAVA-MARAM. f. m. Arbre qui croît au Mala-
bar. Il eft d'une grandeur moyenne. On fait avec
fes feuilles bouillies dans de l'huile avec le ourcuma
frais , un hniment recommandé contre les puftulcs
aqucufes. Le fuc de fes feuilles appliqué avec un
linge derrière les oreilles , guérit la th.alhe. On pré-
pare encore, avec fa racine bouillie dans de l'huile,
un onguent bon pour la goutte Se le mal de tête.
gcr KASI KARMEN. Vnie de la petite Tartarie , dans
le pays des Tartares de Drobuce , lur le Niéper.
ç'JCr KASIMIERS. Cafimma. Ville de la haute Pologne ,
fur la Viftule , au Palarinat de Lublm.
KANMILLE. f m. Nom d un faux dieu de l'Antiquité.
KafmUlus , Cafmdlus L'Ancien Interprète Grec
d'Apollonius , fur le premier livre des Argonautl-
con de cet Auteur, dit que c'étoitun dieudes Samo-
thraces , ôc l'un de leurs quatre Cabires , ou grands
dieux ^ qui étoient Axiéros , Axiocerla , Axiocerfos
(k Kajhûlle ; qu'Axiéros étoit Cérès , Axioccrfa
Proferpine , Axiocerfos lluton , & KafmilU Mer-
cure. Varron , au contraire, de Ling. Lac. L. VI ,
dit que Kafmille n'étoit peint Cabire , ou grand
dieu , mais Miniftre de Cabire , comme Mercure
chez les Grecs & chez les Romains. Denis d'Hall-
carnafte dit la même chofe dans le II Livre de fes
Antiquités Romaines. Plurarque dit la même cho-
fe , d'après Juba; & Feftus , Macrobe, Servius, &c.
difent que Camille fîgnifie Miniftre. Or Kafm'dle 8c
Camille , eil la même chofe. Foy. ce dernier mot.
KASTA. f. f. C'eft un arbre facré des Indiens , ap-
pelé Lui en Perfan. De la Boulaye. Foy. Lui.
On le nomme aulli Ber.
K A T.
KATAPAN, ou KATÉPAN. f. m. Nom de charge,
que l'on écrit plus communément par un C , 8c
dont nous avons parlé fous la lettre C. Radulphc,
ou Raoul , Moine de l'Abbaye du Saint Sépulchre
à Cambrai , Auteur de la Vie de S. Lietbert j es,
n. 4-1 , écnzKatapani 8c il dit, en parlant de 1 Ile
de Chypre , que l'on y appelle le fécond Seigneur
Katapari : hoc nomine fecundum Dominum vacant.
Les Bollandiftes marquent fur cela, Âci. Sancl,
Jun. T. IF, p. 3 3 p. C. que fi ce mot eft Grec,
fait de "-«''« "<«' j qui fîgnifie ad omnia , à tout, pour
tout , Katapan eft un Ôftîrier, un Gouverneur , qui
a un pouvoir fouverain , qui eft Vicaire de l'Empe-
reur, Viccroi; mais qu'il y a plus de vr.aifemblance
que les Grecs modernes l'ont pris du mot Capita-
neus , d'où ils ont fait Capitan , Capitépan , &c Ca-
patan ; noms que les Italiens donnoient aux Gou-
verneurs des Villes & des Provinces , que les Em-
pereurs de Conftantinople envoyoient en Italie.
Du rcfte , voye^ Catapan.
33
K A U
KATAPANAT , ou KATAPANIE. Foyei Kati-
PANAT.
La Princefre Anne Comnéne , au troifù-nie li-
vre de Ion Hilloire , ou plutôt une Lettre de (ou
frère Alexis à Henri , Pvoi de Germanie , qu'elle
rapporte , p. 94- , de l'édition du Louvre , dit K^-
Tti.!.» , Se non pas Katapan , & parle du K^tsï.v^^
Ti> x'iixfiârvj , c'eft-à dire, de celui qui étoitoppotc
■à toutes les autres dignités , ou charges ; ^Jr 1"°^
le P. Poulllne dit dans l'on Gloilaire des mots d'Anne
Coinnéne , que ce mot eft formé de »»>1à <Sc '^"'".^
& qu'il iiynirie en général , celui qui eft prepole
fur quelque chofe , & commis pour en avoir loin ,
Surintendant; que ce n'eft point un nom, mais un
adverbe qui ne doit fe dire qu'avec l'article " K"^-
?i»«»<a j les Surinteiidans ; qu'ainli il eft tout difte-
rent de K.iJiV^-os , Ka.Vs-avif ou K«T£7a"« , Capi-
taine. Cependant Curopalates en fait un nom, &c
dit K iVî^TAKi?,
^KAT-CHERIF. f. m. Nom que les Turcs don-
nent aux ordres émanés directement du Grand Sei-
gneur. Ces ordres font écrits par des Secrétaires ,
& marqués de l'empreinte du nom du Monarque.
Quand ils n'ont que ces marques ordinaires , on les
nomme Tura; mais quelquefois le Grand Seigneur
écrit dellus de fa propre main , Que mon Commande-
ment fo'a exécuté félon fa j orme & teneur ; & c'eft
ce qu'on appelle Kat Cherij , Sublime Lettre.
KATHAY , ou KîTHAY. Foye^ Catay.
KATIPANAT. f. m. ou KAFIPANIE. f. f. Capi-
tainerie , Gouvernement , OlKce de Katapan , ou
Karipan. Catipania , Catipanatus. Les Bolbndiftes ,
Acla Sancl. Jun T. lp^,p. jpfi, difent qu'on a dit
ces mots pour charge de Catapan. On pourroit dire
auill Katapanat ôc Katapanie.
KATOU COiMNA. f m. Grand arbre qui croît au
iLilabar , qui eft toujours vert , & qui porte Heurs
ôc fruits en tout temps. La décoârion de fes Veuilles
cmpéciie les cheveux de blanchir , & guérit la lè-
pre. La pâte faite de fon écorce avec le lucre , a les
mêmes propriétés.
§0=" KATOU-INDEL. f. m. Efpcce de palmier fui-
vage , qui croît au Malabar dont le fruit rellemble
à la prune. Le petit peuple du pays le mâche,
comaie les Grands mâchent l'Aréca.
KATOU-NAREGAM. f. m. Grand arbre de Mala-
bar , qui porte une efpcce de limon fort petit. Le
fuc de fes feuilles palle pour un remède excellent
dans les maux de tête. Pris avec le poivre , le gin-
gembre & le fucre, il guérit la touXj & les autres
maladies des poumons qui ont le hoid pour caule.
KATTEQUL f. m. Toile de coton bleue , qu'on
tire des Indes orientales , particulièrement de Sutate.
KATUTIJELTI-POU. f. m. Nom d'une plante. ^/72-
brojîa Malabarica , ArtemifiâL joliis , odoris fragran-
tïs. On vante dans i'Hortus Alalabaricus les pro-
priétés de cette plante pour réfoudre les empycmcs
& les autres abcès internes , avant qu'ils viennent
à maturité , ainh que pour guérir les convullions
& l'hydropifie. On en prend aulII l'infulîon comme
celle du thé , au moins en bien des endroits d'Alle-
magne. Cette plante vient de îvLtlabar.
IP^KATUWALA. f m. Plante des Indes , Jra-
chidna indka , qui produit en terre , èc hors de
terre j des efpèces de glaiids , bons à manger , &
d'un goiit très agréable.
KATZBÂCH. Nom d'une petite rivière de la Silélîc.
Cattus. Elle baigne la ville de Ligintz , & à quel-
ques hcuesde la elle fe décharge dans l'Oder. Maty.
K A U.
KAVIA , KAVIAC , KAVIAR , ou CAVIAL. f. m.
Ce font des œufs d'efturgcou , que l'on met en pe-
tites g.ilettes épailfes d'un doigt, & larges comme la
panme de la m?in , que l'on fait laler & lécher au
foleil. Voye\ Cavial.
KAUFBEUREN. Petite ville Impériale du Cercle de
la Souabc. Kaufiura. Elle eft fur la rivière de Wer-
K A Z
tach , à fept lieues de V/ertach , &: autant de
Kempten , vers 1 orient leptentrional. Kaufèeurcn
a. dépendu des Comtes de Hof , qui lui rendirent fa
liberté pour cinquante mille ccus , ce qui fut con-
firmé par l'Empereur Conrad II. Kempteu eft mal
peuplée , peu conlidérablc. Maty.
KAUKI. f m. Arbre qui croît a Java, & qui porte
de petites Heurs odorit-erantes , dont on diltille une
eau qui a les mêmes propriétés que l'eau -rofe.
KAURYSAOUL. f. f. Terme de Relation. Les Kaury.
faouls forment le cinquième & le dernier des cinq
corps de Troupes de la Maifon du Roi de Pcrfe:
ce iont des Huiftlers a cheval au nombre de deux
mille ; ils ont pour chef le Connétable , en fou
ablence le Chevalier du Guet k's commande. Ils
font le guet la nuit aux environs du Palais , écartent
la foule quand le Roi monte à cheval , font faire
filence aux Audiences des AmbaH'adcurs , fervent
à arrêter les Kams ; & autres Otiiciers difgraciés,
& à leur couper la tête quand le Roi l'ordonne.
KAUSTEVEN , BRIG - KAJSTEVEN. Bourg du
Comté de Lincoln j en Angleterre. Caufennis. Il eft
dans la partie leptentrionale du Comté de Kaujlc-
ven. On y voit les ruines de l'ancienne Cauj'ennis ^
d'où apparemment il a tiré fon nom.
K A Y.
KAISERLAUTERiM. C^farea ad Lutram.^ Ville d'Al-
lemagne , dans le Bas Palatinat , autrefois libre &
Impénale , mais iujette a l'Éledteur Palatin depuis
1402. Elle elt lituée lur la rivière de Lauter.
Ip- KAYSERPERG , ou KAYSERBtPvG , c'eft-à-dire .
montagne de l'Empereur. Cnfaris mons. Ville de
France en Allemagne , dans la partie d'Alface la
plus feriile en vins, à deux lieues de Rapolftein,
a dix licues de Baie.
§3" Kaiserperg , ou Kaiserberg. Bon bourg d'Al-
lemagne , dans la Stirie , litué fur la rivière de
Saltcl J dans le Comté , &; à l'orient de la ville de
Cilley. Maty.
KAIiERSTUL. On prononce Kayserstoul. Forum.
Tiberù. Ville de SuiHe au Comté de Bade , fur uu
coteau élevé , au bord du Rhin.
IJCFKAISER'WERD. Petite ville d'Allemagne, duis
le Duché de Berg , au diocèfe de Cologne , entre
Cologne &: Rheirabergen.
K A Z.
KAZIMIERS. Petite ville de la Haute-Pologne.' Cufi-
mira. Elle eft lur la Viftule , dans le Palatinat de
Lublin , à quatorze lieues de la ville de ce nom,&
à treize de celle de Sandomir. Maty.
KAZINE. f m. Tréfor du Grand - Seigneur. f^oye:[
Khazine.
KASNADAR BACHI. f. m. Terme de Relation.
Nom d'un Officier conlidérable en Perfe. C eft le
grand Tréforier : il garde tout l'argent qui eft dans
les coriîes du Roi. On écrit auili Chasnadar-
Bassi & Khazinedar-Bachi, Voy. ces mots.
K E.
KE. Vieux mot. Pronom relatif , conjondlion , adverbe.
C'eft notre que , qui s ecrivoit autretois par ke.
» Henri, par la grâce de Dieu, Roi de Engieterre,
>■> Seigneur de Yiland , & Duck de Aquyrayne , à
i> tous ceux a ki ces Lettres vendront , laluz. Sachent
« tous ke nous aurins otreyé & graé a noble lier
)>Juhan , Duck de Bretaine , à li cntérvner à li
» acumpleyr dedens le jur de Jouedy prochain de-
;> vant le fête S. Barnabe l'Apoftle ou mois de
)î Juin , les ditz e la tenur de une lettre , ke nus li
aurins rendu la Kunté de Kichemont , &c ». C'eft
un aéte d'Henri III , Roi d'Angleterre l'ani2(5(j,
rapporté dans la nouvelle Hiiloire de Bretagne ,
T. II :, p. 30p. M. Revmer n'a point rapporte
cet atle dans fon Recueil. \}\\ autre du même
Piince,
K E B
Prince, palTc en 1267, le s^ ^'■^ ivgne d'Henri,
au mois de Juillet , & félon M. Rynier dans Ion
premier Tome , l'an 1268. au iujct encore de l.i
Comté de Richcmojit , écrit toujours de même ,
& quoique cet Adtcdillerc enplulieurs choies dan:,
le 1'. Lobineaui.\: dans M. Rynier , T. I ,p. «V^/ ,
H4S , il convient cependant dans l'un & dans l'au
tre à écrire toujoiu's Kc. Un autre Ade du même
Prince rapporté par M. Rymer , /'. S ^S' , écrit
quelquefois qe par un q , & quelquefois he par un
k. Il y a encore en bien d'autres endroits de ce Re-
cueil un grand nombre d'exemples de cette ancienne
orthographe. k
K E B.
KÉBER. Nom d'une feéte chez les Perfans. Ce mot de
^ê/jc/- veut dire Infidèle , du mot Turc Kiaphir, qui
fignifie renégat , ou plutôt l'un &c l'autre viennent
de "l£2 , caphar , qui en Chaldéen , en Syriaque &
en Arabe , llgnihe nkr ^ renier ^ d'où vient en Arabe
133 , cafar, un hérétique , un renégat. Ceux de cette
{eue font la plupart de fort riches Marchands. Quoi-
qu'ils foicnt au milieu de la Perle j Se qu'il y en ait
beaucoup dans un faubourg d'Kpahan nommé Keb-
tabath , on ne lait s'ils font Peiians originaires , parce
qu'ils n'ont rien de commun avec les Perlans que la
langue. On les diiîingue par la barbe qu'ils portent
fort longue , & par 1 habit , qui eft tout-à-tait dirté ■
rent des autres. Leurs femmes ne fe couvrent point
le viftge comme celles des autres Perfans , & on les
voit dans les rues & ailleurs j contre la coutume de
celles qui font profellion de vtvre dans l'ordre. Elles
fe coniérvcnt néanmoins dans une haute réputation
de régularité. Les Kebers lont payens. Il y a des Au
teurs qui dilent qu'ils ont de la vénération pour le
feu , comme les anciens Perles ; mais d autres pré-
tendent que non. Ils croient l'immortalité de l'ame ,
& quelque chofe d'approchant de ce que les anciens
ont dit de l'Enfer & des Champs lililees. Quand quel-
qu'un d'eux eft mort , ils lâchent de ix mailon un
coq, &: le chaflent dans la campagne -, lî un renard
l'emporte , ils ne doutent point que lame du dérunt
ne foit lauvée. Si cette première preuve ne luiiit point ,
ils fe fervent d'une autre qui paife chez eux pour in-
dubitable. Ils portent le corps du mort au cimetière ,
&c l'appuient contre la muraille foutenu d'une four-
che. Si les oifeaux lui arrachent l'œil dioit , on je
conlidere comme un prédeftiné , on l'enterre avec cé-
rémonie , ëc on le defcend doucement & avec ordre
dans la folle ; mais II les oifeaux commencent par
l'œil gauche, c'eft une marque infaillible de répro-
bation : on en a horreur comme d'un damné , & on
le jette , la tête première , dans la folfe. Ces Kebers
paroilfent fi femblables aux Gaures , que ce pourroit
bien être la même chofe. Il n'y a pas loin de Kébcr à
Gaure , & l'on a pu aifément dire l'un & l'autre ,
ou prendre l'un pour l'autre.
ÇCFKÉBIN , f m. Ondonnece nom, à la Porte, à des
lettres d'affranchiiremcnt. Tous les fujcts du Turc
font efclaves , & ils ne fortent de cet état que par
un Kébin ; encore fe donne-t il rarement. Anecd. de
la maif. Occom.
|CF KÉBiM. Mariage. Voy. Kabin,
KÉBLAH , ou KÉBLEH , ou KIBL^IH , KIBLAH ,
f. m. Terme de Relation & d'Hiftoirc Turque. La
partie du monde vers laquelle on le tourne^ en taitant
fa prière. Kéblah , Locus orbis qmm orando refpicis.
Mahomet n'ofa point propofer d'abord d'autres Ké-
hleh à tes difciples que le Temple de Jérufalem , qui
étoit le Kébleh des Juifs Se des Chrétiens; en eifct ,
toutes les anciennes Eglifes des Chrétiens étoient tel-
lement difpofées , que le Prêtre à l'Autel regardoit
l'orient : mais dans la fuite , ce faux Prophète vou-
lant fépaterles fiens de toute communication, en fait
r 1 de Religion , avec les Chrétiens & les Juifs , il leur
I ordonna^ans l'Alcoran de fe tourner en priant du
côté du Temple de h Mecque. Depuis ils ont appelé
ces deux Temples Kéblàan , ou les deux Kébleh.
Tome f^.
3 37
Voyez d'Mcrbclot , Blhlioth. Orient, p. pf2. Maho-
met ne propofa point d'abord de Kéblah à fcs feda-
tcurs. Dans la leconde Sure de l'Alcoran , v. 1/6. il
leur permet de fe tourner en priant de quel côté il
leur plaira , !k leur dit que l'orient & l'occident font
à Dieu ; qu'ajnli vers quelque endroit qu'ils tournent
la face , la fera celle de Dieu , parce que Dieu eft
immcnle & clairvoyant. Il ajoute, au v. //i'. que la
jullicc ne conliile point en cette obfervance. Au v.
I4f- il déclare qu'il n'y a point de mal à fe tourner
vers Jérulalem ; tk au v. 146. il leur ordonne de re-
garder vers la Mecque. De même au v. //2. C'eft
que , lelon la remarque de Maiaccio , il a voulu fc
conformer aux Chrétiens , aux Juifs & aux payens
Arabes , Ik prendre quelque chofe de chacun d'eux.
Et parce que le Temple de la Mecque , par rapport
à l'Europe & aux Etats du Turc , eft au fud eft , que
l'on appelle Siroco fur la Méditerranée , ils appellent
le fud-eft &c le vent de fud-eft Kébleh.
Ricaut , de l'Empire Ottoman , dit , pour parler
plus proprement , que ce n'eflpas le Temple de la Mec-
que que les Turcs appellent Kiblah , mais plutôt la
grolfeTouj carrée , qui eft au milieu de l'amphithéâtre
de la Molquée.
Kébleh Ce prend encore pour un autel que les Mahomé-
tans ont dans toutes leurs Mofquées , de qui eft fort
exadtement tourné du côté du Temple de la Mecque.
D'Herbelot , p. fifj. Ce que d'Herbelot appelle
ici autel , Ricaut , de l'Empire Ottoman , l'appelle
une niche , qui dans toutes les Mofquées de Turquie ,
eft à la muraille du côté qui regarde la Mecque. Du
Loir , dans fon "Voyage du Levant , Lett. II. p. 4S.
avoit écrit Guéblé , mais très-mal. Il a corrigé Québlé y
qui n'cft pas mieux. Il écrit quelquefois Kéblé ; mais
Kébleh cit beaucoup mieux. lisent fait dans la mu-
raille ( de iainte Sophie ) leur Québlé , qui eft une
elpèce de niche , tournée prelque au midi , ieloii le
commandement de l'Alcoran , qui leur ordonne d'a-
dreller leur prière vers cette partie du Inonde _, parce
qu'ils croient qu'Abraham fit fon facrifite à la Mec-
que fur une montagne qui la regarde ; & c'eft à cette
montagne qu'ils lont obligés d'aller une fois en leur
vie, s'ils veulent latistaire au commandement qui leur
en a été tait par Muhemmet. Du Loir.
Dès que les Turcs font entrés dans la Mofquée, ils
lèvent les yeux en haut , & ayant porté leurs pouces
aux oreilles , ils font une profonde révérence au.
Kébleh , qui eft le lieu proche duquel eft l'Iman. Id.
p. 141.
Kébleh le prend aufll métaphoriquement pour objet , la
fin qu'on te propote , l'intention qu'on a en quelque
choie. Le Kébleh que regardent les Rois eft leur cou-
ronne & leur autorite ; celui des gens d'ailaires eft l'or
& l'argent ; celui des adorateurs de la beauté cor-
porelle , eft un peu de terre & d'eau détrempée , que
l'on appelle de la boue ; celui des débauchés eft l'ex-
cès Se la lupert^uité en toutes choies ; celui des gour-
mans eft la bonne chère Se le tommeil ; celui d'un
homme d'cfprit eft la fcience. Le Kébleh des gens de
bien eft le combat de leurs pallions ; celui des dévots
eft la prière ; celui des âmes trantportées de l'amour
] de Dieu , eft l'union inféparable avec lui : enfin , ce-
lui des contemplatils les plus élevés , eft la gloire &:
la majefté divine toute pure. D'Hereelot.
Les Mutulmans difent , en termes de tpiritualitc :
faire la prière^ ou laire quelque bonne œuvre tans  e-
bleh c'eft à-dire, fans droiture d'intention j &:par con-
féquent fans mérite. D'Hereelot.
Ce mot vient du verbe Arabe ' -? , Kabala , qui fi-
gnifie , fe tourner vers un côté , regarder un côté ,_ &
qui vient de l'Hébreu ^:^? ,accepit , dont il a aulli la
lignification.
KÉBiEH NoMA , ou NuMA. Tcmie de Relation. C'eft le
nom que les Perfans Se les Turcs donnent à une bout-
foie , qu'ils portent ordinairement fur eux pour taire
exaiStement leur prière , d'Herb. ou plutôt, pour fe
tourner du côté qu'il taut en la faifant.
KEBTH , KEBTHI. Les A rabes appellent l'Egypte Kctth ,
Se un Egyptien Kebthi , ou Kohihï , d'où nous avons
Vv
3?8
K E I
bit le nom de Cophte , ou Copte ; mars on ne peut
douter que k Kebck des Arabes ne (oit fait de a,-/j.,1.}
d:s Grecs. On dit auilî Kikk Se Kibthi. _ •
KEBULA , {". f. Nom qu'on donne en Afie à ces l-ruits
que l'on nomme en Europe Myrabolans , Cebula.
C'eft du Cabulcftan que l'on tire les Myrabolans ,
qui (ont nommés Cahuli. Nos Botanilles les appellent
kébula ôc Cébula. D'Herbelot , au mot CabuL
K E C.
KECCIO , KÉCË , ouCHÉCO. Nom d'une ville d'Inde
delà le Gange, Kechium , Checum. Elle ell grande,
&c capitale du Royaume de Tunquin , dont on lui
donne quelquefois le nom • Kiccio eil (ituc (ur
une grande rivière , à quarante lieues du golfe de la
Cochinchine. On croit qu'elle pourroit bien être
l'ancienne Daona , capitale des Daoniens. Maty.
KÉCHEKLCHI , f. m. Terme de Relation. Les Ké-
chckkhïs (ont des gardes du Roi de Perle , qui por-
tent un moulquet d'un fort gros calibre. Ils ont ete
indirués par l'Arhemat-Daulet Mahamet-Beg, vers le
milieu du dernier (iccle.
K E D.
KÉDANGU. f. m. Arbrilfeau qui croît au Malabar.
Les bains préparés avec la décoclion de fes feuilles ,
" padent pour réfoudre toutes fortes de tumeurs. Le
(uc de (es (leurs ell: un excellent remède pour l'épilcp-
(le , & pour les aphtes des enfins.
KÉDÈSE , ou KÉDÉSA, Nom d'une ville de Phénicie.
Kedifa. Jofepli ^ de Bello , II. l g. dit que Kédèfe
étoit une ville des Tyriens , & au VIII. Livre des
Anûq. Judalq. c. p. il dit qu'elle étoit voiiine du ter-
ritoire des Tyriens & de la Galilée. Eusèbe la place
dans les montagnes de Nephtali , en Galilée. Quel-
ques uns la confondent avec Cadès , ou fCadès, de la
Tribu de Nephtali , comme nous l'avons fiit au mot
CADÈS. M. Réland croit qu'il faut les diftinguer au
mot Kcdefch.
KÉDUMIM , ou KÉDUMMIM. Nom d'un torrent de
la Terre-Sainte. Le torrent de Kédumim , ou de Ca-
du.-nim. Torrens Ccdumim. Il n'en e(l: parlé qu'une
feule fois dans l'Ecritme, Jug. V.21. Quelques-uns
le prennent pour le Kilchon , ou Ciion , dont il ell
parlé au même endroit , \' que l'on trouvera ci def-
fus. La Vulgate l'appelle U tonsnt Cadumïm. Les
Septante en font un nom appcllitif , & traduifent le
torrent des AîKiens de canp, Kiddam , qui (ignilîe
prsivit , anteïvit ^ antevenu , &c aip, Kedcm , An-
t'wuitds. De- là DJ;np , félon les Septante, les de-
vanciers , les anciens , oî xt^xw. La Verdon de Ge-
nève imite les Septante j & traduit le torrent an-
cien , &■ dans la Note , le torrent des rencontres , ou
des prévenus. Les Lovanifbes & Saci mettent Cadu-
mim , comme fi c'étoit dans le texte Hébreu la forme
Chaldaïque ; Serrarius dit que le Cil'on Ct partage en
deux branches j Se que celle qui va vers l'orient j &
le décharge dans le lac de Généiareth , s'appelle Ka-
dumim.
K É E.
KÉER j ou CEER. f. m. Poids dont on (e fcrt dajjs
quelques villes des Etats du Grand-Mogol _, particu-
lièrement à Agbar & à Ziamgcr. Dans la première
de ces villes , le Kéer pc(c trente-lix petits poids ,
qui reviennent à une livre & un quart , poids de marc ;
dans la (econde , il en pefe trente-fix , ou une livre
£<. demre.
K E I.
KÉILA , CEILA , CÉGILA. C'étoit anciennement le
nom d'une ville de la Judée. Ceyla. Elle étoit dans
la Tribu de Juda , à une ou deux lieues d'Hébron vers
le couchant.
Keila. Il faut dire Ceïla. C'efl: le nom d'une ville de
ia Tiibu de Juda. Cc:la. Kdla. Elle étoit du côté de
loccidcnt, félon le P. Lubin , qui croit, aulH-bicn
K E L
que M. Réland , que c'eft PEchela d'Eusèbe &c de
S. Jérôme. Du temps de ce Père ^ ce n'éto it plus qu'un
village à huit milles au levant d'Elcuthéropolis. Jo-
feph l'appelle Killa.
KEILLIR. v. a. Vieux mot. Cueillir.
KEINTEGERN. f. m. Nom d'homme. Kentigernus,
Kentegernus. Saint K eintegern ixoïi Evêque de Ghfco.
On voit une fort ancienne ftatue de ce iaint en l'E-
glile Métropolitaine de Cologne , où il ell reprélenté
tirant une bague de la gueule d'un faumon. Son por-
trait fe voit aulli à Paris , en une vitre de la petite
Eglile de S. André des Ecollois , où on le nomme
communément S. Mongo , qu'en EcolTois on écrit
Mungo. Il eft aulfi repré('enté fur le fceau du Cha-
pitre de Glafco , donnant la bénédiction à trois Aco-
lytes à genoux , avec cet hexamètre autour du fceau.
Kentegerne tuos benedic pater aime minijlros.
Voilà tout ce qu'on en trouve de sûr. Chastelain^
Martyr. T. I. p. 2jj.
KEINTEGERNE. f. f. Nom de femme. Kentigema:.
Kentegerna. Adam King dit , qu'il y a une Eglife Pa-
roiiliale du nom de cette Sainte à Loclommont , en
l'ile d'Inchelroche. Cette île eft aux côtes d'Irlande.
Chastelain. Mait. T. I. p. 12 j.
KEIRI.f. m. Nom que les Arabes & les Apoticaire;
donnent aux violettes , ou girol-Jées jaunes. Foy. ct
mot.
§3^ KEIROTONIE. Foy. Chirotonie.
K E L.
KÉLABITE. f m. ^- f:Nom d'une Tribu d'Arabes. Kc
labïtes. Mardas Salech , ("urnommé Adad Edoulat
c'e('l-à-dire , le Lion de la Principauté , étoit Kèlabit
d'origine. D'Herbelot.
KELBINS. Nom d'un peuple d'Afie. Kelhinus. a. Le
Kelbins vivent à la campagne , proche des Drufe
en Syrie , à deux ou trois journées d'Alep. Les Kel
bins ne (ont ni Chrétiens, ni Mahométans ; maisil
ont moins d'éloignement de la Religion Chrétienii»
-, que du Mahométilme. Fbye:^ le Théâtre de la Tu:
quie j par Michel le Févre.
KELCHYN. (. m. Vieux mor , qui (ignifîe une Conc d'à
mende; on la payoit plus forte aux grands Seigneurs
qu'à ceux qui croient d'un rang intérieur.
KELLÉGE-COULCHICI. f. m. Terme de Relation. Non
d un Officier du Roi en Perle. C'eft celui qui porte li
fabre du Roi.
KELL. ( Le fort de ) Fort important d'Allemagne , bât
par les François , (ur les delleins du Maréchal de Vau-
ban. Il appartient aux Allemans.
KELLEN. C'étoit anciennement le nom d'une petite
ville de la Balle Allemagne. Colonui Trajana , Co-
lonïa Ulpia Trajana. ALiintenant ce n'eft qu'un vil-
lage du Duché de Cléves j fitué à demi-lieue de la
ville de ce nom. Maty.
KELLES. Nom d'une petite ville Epifcopale d'Irlande.
KeUinum d^firum. Elle eft dans le Comté d Eaft-
Meach , en Lagénie , à cinq lieues de Trime , du côté
du nord. Quel.iues Géographes prennent Kelles pour
l'ancienne Labcrus , ville des Eblaniens , que d'autres
mettent à Kildare. Matv.
KELLINGTON. Ville d'Angleterre , au pays de Cor-
nouailles.
KELMART , ou KELMUNTZ. C'étoit anciennement
une petite ville de la Vindelicie. Cœlius mous , Cœlio
mons. Ce n'eft maintenant qu'un petit bourg de la
Souabe , (itué (ur 1 Hier , enrre Memmingen & Ulm.
Maty.
KÉLONTER. f. m. Terme de Relation. Nom d'un Of-
ficier , qui eft en Pcrfe à peu près ce que le Prévôt des
îvîarchands eft en France , & ce qu'étoit autrefois le
Tribun du peuple à Rome. Le Kélonter ne dépend
que du Roi, qui en établit -un dans toutes Its villes,
pour défendre le peuple contre les vexations des Gou-
verneurs , CCTprincipalemenr pour décider les procès
entre les Arméniens , fur le fait du commerce. Ne
K £ M
K E M
feroic-ce point la mcme cliole que le Kalaiitcr î
K E M.
K£'MACH , ou CHÉMACH. Nom d'une pcrite ville
de la N.itolic. Camacus. Elle eft dans l.i Caraniame
méridionale, ou le Bégierbéglic de Chypre , aux con-
Hiis de celui d'Alcj-) & de l'Aladulie. Kcmach croit
autrefois une ville tpilcopale.
fp°KEMAKAT. Ville d'Alie, autrefois capitale d'un
petit Royaume , qui iûit prélentcmem partie de l'Etat
d'Ava.
^KEMBOKU. f. m. Nom d'un arbre du Japon, de
moyenne grandeur , conlacre aux Idoles. Ses baies
pointues lont de la grollèur d'un grain de poivre. Ses
lemences lont d'ungoiit amer tic tort allringent.
KÉMÉAS. 1. m. Taftetas à fleurs de (oie , qui vien-
nent des Indes Orientales.
KÉMENTCHÉ. f. f. Nom d'un inftrument de Mufi-
quc chez les Turcs. Fiies , Barbitus Turdcus , ou
Turcica , Barhïton Turcicum. La Kemenulié eft une
cfpèce de viole , dont le corps elt rond , & le man-
che fort long. Du Loir , Voyage du Lev. page ijjf.
KEMER. Nom d'un petit lieu , lur la côte occiden-
tale de la Natolie , entre Héraclée , ou plutôt Ro-
dofto , & Gallipoli. Kcmer. Après avoir pailc à la
vue de Rodollo nous jettâmes l'ancre en un périt
lieu nomme Kémer , par les ruines duquel il eft
évident que c'étoit autrefois une ville : mais je ne
fais laquelle de ces deux villes peut être celle que
les Anciens appeloient Bifante , ou Padtia. Du Loir ,
Voyage du Levant , page 20 f.
KEMMEROUF. Nom d'une ville de l'Inde de là le
Gange. Kcmmerovia. Elle eft capitale du Royaume
d'Allen , & fituée vers le lac de Chiamay. Maty.
KEMNITZ. Nom d'une ville de la haute Saxe. Chem-
n'uium , Chemnh'uu Elle eft capitale de l'Ertage
burg , en Milnie , &c défendue par le Château
d'Auguftbourg. Cette ville étoit autrefois Impériale.
Frédéric le Mordu , Mairquis de Milnie , s'en em-
para l'an 1 50S. Matv.
KÉMOIS, OISE. f. m. &f. Nom d'un peuple de l'Inde
de-là le Gange. Kemus , a. Les KémoLS habitoient
dans les montagnes , qui lont entre le Royaume de
la Cochinchine & celui de Camboja.
KEMPENLAND , ou Campigne , ou Campine. Nom
d'une contrée des Pays-Bas. Campinia. Il y a le
Kempenland Hollandois , & le Kempenland Lié-
geois. Le Kempenland Hollandois , ou Brabançon ,
eft une partie de la Mairie de Boifleduc , en Bra-
bant. Elle ne contient que la petite ville d'Eyndo-
ven i le refte lont des villages. Le Kempenland
Liégeois eft une partie du Diocèfê de Liège , &
comprend le Comté de Borne , la partie leptcn-
trionale de celui de Loorz , léparée de la méridio-
nale par le Dcmer , &c dans laquelle lont les peti-
tes villes de Péer , de Hammont , de Brey , de
Maekick , de Béringue & de Stochen. Nous dilons
mieux Campine. Voye\ ce mot. Il y a auili une
Campine en Efpagne -, mais celle là ne porte point
le nom Flamand de Kempenland. Voye^ Campine.
KEMPERKEMS. f. m. Nom que l'on donne dans les
Pays-Bas à plufieurs oifeaux de combat , Se qui li-
gnifie pugnaces. Ces oifeaux fréquentent les eaux ,
&: font très remarquables , tant pour la diveri;tc
de leurs pennages , que pour leurs étranges figures
& façons de taire , entièrement différentes de celles
des autres oifeaux. Les Kemperhems viennent des
pays feptentrionaux , & arrivent dar.<; les Pavî Ca';
au mois de Mai ; l'on remarque qu'ils font toujours
a leur arrivée beaucoup plus de mâles que de te
rnelles , c'eft ce qui femble les inciter à un com-
bat tellement opiniâtre , qu'ils ne fe quittent jamais
qu'ils ne fe foient tués les uns les autres , jufqii'à
ce qu'ils fe trouvent un nombre égal aux temelles ,
afin qu'ils fe puiirenr aparier Se taire leurs petits ,
lefquels aulfi-tôt qu'ils font en érat de pouvoir vo-
ler , s'en retournent tous enfemble , pères & pe
tics , au pays, d'où les pères font venus , Se ce qu'il
lome V.
3 39
y a de remarquable , t^cft qu'ils font prcfouc tous
d'une fi.îure 6c à un pennagc diftemblable , ainli
que Ton pourra voir par les defcriptioir. fuivantes ,
qui foiit tirées d'Aldiovand.
Le premier rcllcn.ble tout à f'.it à la perdrix , le
champ de Ion pennage eft Icnié de taches. Le ven-
tre (Se les grandes pennes des ailes noires ; l'on bec
noirâtre , menu , & uiv peu courbé à l'extrémité j
la langue eft longue , pointue j étroite Se noirâtre ;
la tête Se le derrière de la tête , Ion dos , fcs ai-
les 5 Ion ventre & fcs cuiftes , font d'une couleur
jaune tirant lur le châtain , Se lont ornés de ces
. belles taches dont j'ai parlé , qui (ont il petites
lur la tête, qu'elles rellemblent plutôt à de petits
points qu'à des taches. Son golier j là poitrine Se
fa. queue font d'un blanc tirant fur le cendré. Ses
jambes font longues Se jaunes , auilî bien que les
doigts de devant , qui lont longs Se jaunes : celui
du milieu eft le plus long , celui de derrière eft
tort petit ; les ongles lont noirs Se crochus ; fa tê-
te eft couverte d'une huppe comme celle de l'a-
louette huppée.
Un fécond a une crête pareillement fur la tête ;
mais il eft différent par la couleur du pennage ; car
fon ventre eft noirâtre , tout lou corps eft blanchâ-
tre , Ion menton a une tache noire ou plutôt une
certaine elpèce de barbe ; Ion Iront eft blanchâtre ;
le derrière de la tête & les autres parties (ont d'un
blanc titant lur le brun ; Ion bec eft longuet , me-
nu 3 noir , blanc à l'endroit par lequel il eft joint à
la tête. Sa queue eft allez longue , & fcs jambes
de même, k (quelles font brunes ; le doigt qui lui
fert d'éperon eft très-court.
Le troilième a prelque tout le champ de (on
pennage roux , Se (emé de taches en croillant par
tout le corps , excepté (ui la tcte. Ses cuiifes Se
le bas de Ion croupion font d'une couleur tannée ;
les grandes pennes de les ailes font noires , & jau-
nes à leurs extrémités & aux côtés ; la prunelle de
(es yeux eft noire _, l'iris jaune ; (on bec eft un peu
plus court que cclili des précédcns , très menu Se
délicat.
Le quatrième eft d'une couleur approchante de
celle du précédent ; mais fon ventre eft fort brun ,
fa queue Se les ailes font blanchâtres , tirent un
peu fur le cendré, avec plulîcurs grandes taches;
les pennes font bi unes à leurs extrémités ; Ion bec
eft long, noir èv' courLé à l'extrémité, la tcte, qui
eft noire , elt ornée de grandes plumes comme une
capeline , ou un calque , qui en ieroit chargé.
Le cinquième eft prelque de la même couleur
que le précédent , mais les pefinaches que nous
avons dit qu'il dreile lorlqu'il le prépare au com-
bat, font beaucoup plus grands à celui-ci : ils (ont
blancs , Se ont leurs txtréniitcs noires.
Le (îxièrae a les mêmes plumes que celui dont
nous venons de parler , de couleur blanche , mais
il eft diilércnt en couleur , car il eft entièrement
brun par le corps , à l'exception des cuilles &: de
la queue, qui font dune couleur tannée; devant
(es grandes plumes blanches qui font élevées au
cou j il en a d'autres r.u fommet de la tête qui
(ont noires , Se plus petites que celles eu cou ; (a
tête eft d'un cendré jaunâtre ; fon menton eft blanc ;
fes jambes & (es pies font bruns ; le tour de la
priuielle de (es yeux eft d un jaune couvert Se fon-
cé ; Ion bec eft noir.
Le feptièmc a le pennage divcrdfié de quantité
de couleurs -, de vert , ^c blanc , de rouge , de cou-
leur d amétifte Se de jaune j _& ce qu'il y a de plus
lingulicr , c'eft que toutes (es plumes font_ d'une
couleur difttrente , fans que pas une d'elles le trou-
ve mêlée d'aucune autre couleur -, fes pies &: fa tê-
te ("ont jaunes. Quelques perfonr.es rapportent que
l'ciT voit en Angleterre des oileaux de cette elpèce.
Le huitième eft d'une figure tout à'fiit monftruculc.
§Cr II a deux oreilles , Se les jambes beaucoup plus-
courtes que ceux dent on vient de parler. Son bec
eft c,u'!e , fcs ailes tiès-lcavues : il v a des plumes
Yv ij
340 KEN
qui lui tombent depuis la tête tout le long du cou ,
qui font de pareille grande ur ; mais elles lont di^
verlifiécs de pluheuts couleurs , qui compotent
quantité de colliers ^ les uns de couleur de roiul e ,
les lutres rouges , & les autres blancs. Ses oreilles
font longues & de la forme de celles des ânes. Son
cou cft fort long , menu c\: grcle , blanchâtre par
les côtés , & jaunâtre par tout le refte ; il cit tache-
té de part & d'autre de petites lignes noires. Son
bec , fa tête , fes ailes , fes oreilles , & Ion dos
font de couleur de rouille; Ion ventre & les cuit-
fcs , qui font couvertes de plumes julquaux jam-
bes , font jaunâtres , fes jambes & les doigts de tes
pieds font approchant de la couleur de chair ; ^1 e-
peron ell extraordmairement court -, des deux cotes
de la tête il a une grande tache de vermillon , dans
laquelle fes yeux icmblent être placés ; les paupiè-
res font longues & apparentes -, la prunelle de les
yeux eft noite , c\- le cercle qui les environne
blanc. ^ 1 1 r 1
KEMPTEN. Nom d'une ville du Cercle de Souabe.
Campodurium , Campidona. Elle ell limée_ dans le
territoire de l'Abbaye de Keinpten , (ur l'Iller , a
cinq ou fix lieues de Memmmgen , vers le midi.
Kempten a dépendu des Abbés de Kemptcn ; mais
elle fe racheta l'an ijij. & elle eft maintenant
Impériale. Long. i8 d. lat. 47 d. 42'. , , „
L'Abbaye de Kemptcn. C'eiT: une contrée du Cer-
cle de Souabe. Campoduiienfis Abbatia. Elle eft en-
tre TEvêché dAugsbourg , & la Baronie de Wal-
bourg. Ce pays peut avoir fept lieues de long , &
autant de large. Il n'y a aucun lieu conhdérable que
les villes de Kempten Se de Kaulliutcn , qui (ont
Impériales. L'Abbé de Kempten a la dignité de
Prince de l'Empire ; fon Monaftère eft hors des
murailles de Kempten , 6c il y a ordinairement douze
Reli-ieux qui font preuve de Noblefté, Se qui ont
le droit d'élire leur Abbé. Maty. Les Abbés de
Kempten Se d'Elwagen fe précèdent^ l'un l'autre
alternativement aux aftemblées Se cérémonies de
l'Empire. L'Abbaye de Kempten cit de l'Ordre de
S. Benoît. L'Abbé de Kempten n'a pas plus de dix
mille livres de rente. Heis , Hiji. de l'Emp. L.
VI. art. 7.
KEMS. Nom d'un village du Sundgow. Kemfa. Il eft
près du Rhin , à deux lieues au deftbus de Bàle.
On le prend pour l'ancien lieu des Raur.iques ,
appelle Cambeta Se Cambetïs.
KEN.
KEN. f. m. Terme de Calendrier. Nom de plufieurs
mois lunaires des foixame qui compolent le cycle
de cinq ans des Chinois. On diftingue ces mois en
y ajoutant un nom particulier. Ken su eft le fep-
tiènie j Kenfchin eft le dix-feptièmc , Ken- gin eft
le vingt feptième , Kui-çu eft le trente feptième ,
Ken-shin eft le cinquante feptième.
Ken. Mefure des longueurs dont on fe fert à Siam.
C'eft une efpèce d'aune qui n'a pas tout à hit trois
pieds , deux kens faifant un voua , cjui revient à la
toife de France moins un pouce.
:T KENA f. f. Nom d'une plante dont les femmes
de la petite Bucharie fe fervent pour fe teindre les
ongles en rouge. Elles la font fécher , la réduifent
en poudre , Se la mêlent avec de l'alun pulvérilé ,
pour l'employer à cet ufage.
KÉNASSÉRIN. Nom d'une ville de Syrie. Kenajferin.
¥
M. Réland écrit Kennafirin Se Kinnefrin , Se dit
qu'elle étoit entre Alep Se Emèfe. Mais d'Herbe-
lot écrit Kenajferin , Se dit qu'elle étoit aftez pro-
che d'Alep à /i d. de longitude , & à 3; d. ou
30 m. de latitude , ce qui fe doit entendre lejon
les Géographes Arabes. Les Auteurs Arabes diient
que c'eft l'ancienne Soba.
KÉNATH. Nom d'une ville de la Terre-Sainte. l'e
nath. La Vulgate l'appelle Ckanath , mais en Hé-
breu c'eft Kenath , Nombr. XXXII. 42. C'étoit une
ville de la demi-Tribu de Manalfé , d'au delà du
S. E.P
Jourdain. Du temps d'Eufébe ce n'étoit qu'un vil-
lage de l'Arabie , iicué dans la Trachonitide , & peu
éloigné de Boftre. M. Rclana croit que c'elt la
Kanatha que Jofeph , de Bell. L. I. c. 4. place
dans la Cœléfyrie , Se qu'il appelle Kana au i.
des Antïq. c. 6 .
KENDAL. Concangïum. Ville riche d'Angleterre , au
Weft Morland , fur la rivière de Ken.
KENGIS , ou KANGIS. Bourg de Bothnie , au nord
de Tornéo. Il y a à Kengïs des mines de fer Se de
cuivre. Des Mathématiciens Suédois ayant pris avec
un Aftrolabc la hauteur du folcil , fupputerent la
hauteur du pôle de Kengïs un peu plus grande que
66 d. 45 m. De leurs obfervations M. Calfmi lef
time de G(> d. 42 m. M. Callini écrit Kengis ,, Se
M. de la Hire Kangis. Foyei les Mém. de l'Ac.
des Se. de 1700. p. 37. ip. éc.
|p=- KENKOO. f m. On appelle ainfi au Japon une
plante avec laquelle on fait du papier.
KENMERLAND ,ou KENNEMERLAND. Nom d'u-
ne contrée de la Hollande feptentrionale. K enma-
ria , Kennemana. Elle eft le long de la mer d'Alle-
magne , entre la Weftfrife , le W.aterland , Se la
Hollande méridionale. Alcmaer en eft k ville ca-
pitale. Maty.
KENNE. f f. Nom d'une pierre engendrée dans
l'a-il du ceif. Dict. de James. Cette pierre paroit
fabuleule.
KENOQUE. ( Le fort de la ) Fort des P.ays Bas , dans
la Flandre Autrichienne , entre Ipres Se Fumes.
Long. 20 d. 26'. lat. 50 d. 50'.
KENT SHIRE , ou le Comté de Kent. Canuum. Pro-
vince d'Angleterre , qui eft bornée vers le cou-
chant par les Comtés d Efléx , de Surrey Se de
SulFex , &: environnée de la mer du côté du le-
vant. Cette Province , qui a formé un Royaume
particulier fous les Saxons , peut avoir dix-lept
lieues de long , Se dix de large. Elle eft impor-
tante , pour fa proximité de la France , dont elle
n'eft feparée que par le pas de Calais. Cantorbery
en eft la ville capitale , Se on y voit encore Ro-
chefter , Douvres , Sandwick , Hyth , Rumney ,
Gravelande , Se les châteaux de Sandowne , de
Déale & de Walmer. Maty.
KENT E. Nom d'une petite Ile fur laquelle les Fran-
çois ont fondé une colonie. Kenta. Elle eft dans le
lac d'Ontario , en la nouvelle France. Maty.
KENTIEN , ENNE. f m. cV f. Qui eft de la Province
de Kent en Angleterre. Cantius , Cantlanus , Can-
ticnfis. Les Kentiens eurent à peu prés la même
fortune que les Gallois. P. d'Orléans.
KENTZINGEN. Nom d'une petite ville du Cercle
de Souabe. Ke/itfmga. Elle eft dans le Brilgaw ,
aux contins de l'Ortnaw , fur la rivière d'Eltz , &
à une licue du Rhin. Long. 25 d. 26 m. lat.
48 d. If m.
K E P.
KÉPATH. C m. Nom Arabe j qui fignifie propre-
ment Goulic de Caroubier. C'eft aulîi le nom d'un
poids , qui eft la moitié du danek , ou grain , dont
lîx font le dirhem , ou la drachme Arabique , de
forte qu'il y a douze képaths à la drachme. C'eft
de ce mot que vient celui de Carat , dont nous nous
fervons , Se qui pèfe quatre de nos grains. D'Her-
BELOT. . ,
Il y a bien de l'apparence que ce mot vient du
Grec K.i,c,:,c.,Jlltqua , une goufte , & qui étoit aufti
un poids.
KEPHA. Quelques-uns appellent ainfi une ville de ia
Terre-Sainte , que d'autres plus conformément à
l'Hébreu , nommci.t Hepha , Se les Aiabes Hipha-
Le Géographe Arabe Schérif Ibn Idris dit qu'elle
étoit aubord de la mer j à deux journées de Cc-
faréc , au pié du Mont Carmel. Etienne le Moine
dans fes varia facra , page S 2 p. croit qu'elle a eu
je nom Kepha du nom Syriaque N33 , Cépha , qui
"lignine pierre , parce qu'elle étoit en un lieu plein
de rochers : mais les Arabes écrivent par un HLi ,
K E R
~ Se lion pas par un Ktif, ni pir un Kcf , & les
Hébreux p;u- un H , ^^cch , ik non pas par un Caph.
Foye:^ M. KcLincl , /'<//,-.://. /'i^^'w ûpp & S i p.
KÉPHALÉONOMANCi;. 1'. t./lcmie de Divination.
Certc ridicule lupcrltition le pratiquoit. en failarit
diiféreiires cércmonics'lur la tête d'une âne cuite.
Cet mot ell Grec , il ell: coinpoié de »£^«a, ^ tête ,
«»«, âne, & ,««<'>>'''• , divbmdon. On ne trouve point
ce mot écrit avec un c , Ccphalconomance , comme
il (croit naturel qU il le tût , de même que les mots
qui font dérivés du mot Grec '.e;«A>! , céphal'iquc ,
hydrocéphale , Buccphale j &c. mais l'ulage du mot
de Képhalconomance eft fi rare qu'on ne trouve
point ce mot dans les Auteurs récens.
KÉPHAR HAAMMONAI. Quelques-uns nomment
ainli une ville de la Tnbu de Benjamin , que nous
appelons Emona. Jof. XFIII. z^. Le Kéri , ou la
variante marginale du texte Hébreu cfl: naïQl/'n, Haa-
monach , au lieu de Oiaj/'n , Haamùnai. Foye^ He-
MONA & Emona.
KÉPHIRA. Nom d'une ville des Gabaonites , que
d'autres nomment Cephira , &c d'autres Caphara.
Képhira , Céphira , Caphara. Elle étoit dans la terre
de Chanaan , 5c dans la Tribu de Benjamin , Jofué
IX. /7. & XFIII. 26.
KÉPHIRITE. 1: m. &c i. Habitant de Képhira. Képhi-
rha. Foyc^ Joreph j Andq. L. F. c. / .
KEPLER, r. i. C'ell le nom que les Aftronomes don-
nent à la quatrième tache de la lune , luivant le ca-
talogue du P. Riccioli.
ffl" Jean Kepler , né à Wiel dans le pays de Wirtem-
berg j a trouve deux loix qui l'ont fait regarder
comme le père de l'Alhonomie. La première de
ces loix eft que les aires Aftronomiques parcourues
par les planètes font comme les temps employés à
les parcourir. La féconde , les carrés des temps pé-
riodiques des planètes qui tournent autour d'un cen-
tre commun , lont comme les cubes de leurs dit-
tanccs à ce centre.
ftCF Newton a donné la raifon de ces loix. Les pla-
nètes décrivent autour du foleil des aires propor-
tionnelles an temps à caufe d'une force centripète
qui poulfe les planètes vers le loleil : & les carrés
des temps des révolutions lont comme les cubes
des diftances moyennes des planètes au foleil j par-
ce que cette force centripète eft en railon invcrle
du carré de la diftance.
K E R.
KER. 'Vieux mot Breton , & Celte , qui fe trouve en
pluficurs noms propres Bretons , &C qui lignihe
Fille , Urhs , oppidum. Ce mot eft pur Hébreu. Tp ,
Kir, ville d'où vient nnp , Kiriach j &c. On trouve
ce mot au commencement de quantité de noms
. propres de lieux j & de familles de Bretagne.
KLRAHES. rojc^CARHAix.
KÉRAMIEN , ENNE. f m. &c f. Terme de Relation
& d'Hiftone Mahométane. Nom d'une leéle de
Mufulmans , qui a pris Ion nom de Mohammed
ben Kéram fon Auteur. Keramianus , a. Les Kéra-
miens foutenoient qu'il klloit entendre à la lettre
fout ce que l'Alcoran dit des bras , des yeux , Se
des oreilles de Dieu. Ainfi ils admettoicnt la Tagi.il-
lum , c'eft à dite , quelque forte de corporéité en
Dieu j qu'ils expliquoient cependant fort diiiérem-
ment entr'cux. D'Herbelot. C'étoient les Anthro-
jomorpiiitcs Mululmans.
KER AN A. f. f. Terme de Relation. C'eft une longue
trompette de la figure d'une trompette parlante ;
les Perfans s'en fervent pour crier à pleine tête , &
ils mêlent ce bruit à celui des hautbois j des tym-
bales j des tambours , & ' des autres inftrumcns
qu'ils font entendre au foleil couchant , & à deux
heures après minuit.
KERAS. Foye:^ KIRA.
irr KERATOGLOSSE.f. m. J^overCERATOcLOSsE.
KÉRATOPHYTON ,ouKÉRAtOPHYTE. C. m. Nom
d'une plante qui vient de la mer. Elle eft d'une
K E 11 341
confiftancc vifqueufe ou gluante, tranfparentc com-
me la corne , ôc couverte oïdinauemtnt d'une
croûte de la nature de la craie ; elle eft quelque-
fois de diftérentes couleurs tort belles. Boerh. Ind.
Plant. Bocrhaave en compte fcizc efpèces , dont
aucune n'a de propriété médccinale excepté la fep-
tième.
UCF Ce que les Natiiialiftcs appellent Kératopkytes ,
lont des foililes qui viennent originairement de la
mer -, les pétrifications d'une efpèce de corail , à
branches hautes & minces , qu'il ne faut pas
conhondrc avec d'autres plantes qui fe trouvent quel-
quelois incruftées dans le tuf.
KÉRAUNOSCOPIE. f f. Sorte de divination chez les
anciens. L'art de deviner par l'obfervation de la fou-
dre. Keraunocopia. Il faut écrire Kéraunofcopie j &:
non pas Ktranofcopie : car ce mot eft Grec , &C
vient de '■^f" s , foudre , & non pas «'->»•-! , & de
cTK'.nl-fiai ^ j'ohferve , je confidere. /^oy^^ Foudre.
KERCL Nom d'une petite ville de la Tartarie Cri-
mée. Ccrcum. Elle eft fur le détroit de Kerci ,
qu'on nomme plus ordinairement le détroit de
Cafta. Maty.
KERES. Nom d'une rivière de la haute Hongrie.
Chryfus , Cufus. Elle eft formée par trois rivières ,
qui prennent toutes trois leurs fources en Tranfil-
vanie. Le Keres eft au milieu : il reçoit le Fékier-
kerès , du côté du midi , baigne Giula , & tra-
verfe le lac de Sarkad , après quoi il reçoit du côte
du nord la Sébeskérès , qui a baigné le grand Wa-
radin , enluitc le Kérès va fe décharger dans le Be-
reton , à Saravas , & avec lui dans la Teifte , à
Czongrad. Maty.
KÉRETZEN. Village de Suilfe , au bord du lac de
Wahleftatt , au canton de Giaris. Il y a auprès de ce
village une montagne qui eft percée à jour dans
fon (ommct , enforte que ceux qui font dans un
certain endroit du lac peuvent voir le ciel à travers
de cette ouverture.
KERÉVAN-SERAI , c'eft à-dire , maiibn des carava-
nes. Foye\ Caravanseka.
KERHAER & KERHAÉS. Ville d: Balfe-Bretaêne. Ce
n'eft point là la véritable ortographe de ce mot j on
écrit , & on prononce Carhaix.
KÉRIOTH , ou CARIOTH. Nom d'une ville de la
Terre Sainte , qu'on nommoit aullî Hérioch Hefron ,
de même qu'on appelle la Haye , Y^oga , ou Haga
Comitum. Kerioth , Carioth. M. Réland croit que
c'étoit la patrie de Judas. Foye\ fcs Dijjcrc. Mif-
cellan. P. I. Diff. III. n. i. p. 123. &z fa Palef-
tine , p. /0 0. du mot Kerioth.
KERKA , KURKA , c^ CHERCA. Nom d'une ri-
vière de la Dalmatie , qu'elle féparoit anciennement
de la Liburnie. Cherca. , ou litius Fluvius. Elle a
deux fources , dont l'une vient de la Bofnie , & y
baigne Chnin , ou Tina ■■, s'étant jointes elles paircnt
à Scardonna &z à Sebcnnico , & le déchargent dans
le sioUe de Venile. Maty.
KERRA. Ville. Foye^ Tina.
KERKÉDAN. f. f. Nom Perfien du Rhinocéros.
Foye\ Rhi:jocÉros. On dit auiîî Karkane ôc Kar-
kaddan.
KERLBOURG. Nom d'un bourg de la Hongrie. Ker-
lelmrgum. Il eft fur le Danube , à quatre lieues de
Presbourg j vers le midi. On prend ce bourg pour
l'ancienne Gerulata , ville de la haute Pannonie.
Maty.
KERMAN. Nom d'une province &c d'une ville de
Perfe. Aller dans le Kerman , revenir du Kerman.
Tavernier dit que c'eft l'ancienne Caramanie : elle
s'étend vers le golfe d'Ormus. La capitale de cette
province eft la ville de Kerman. La province de Ker-
man eft fituée (fclon les Géographes Arabes) entre
les 27 & 31 degrés de latitude feptentrionalc. Ker~
manum 3 Kermania j, elle confine du côte de l'orient
avec le Ségeftan & le Macron, Se du côté du cou-
chant avec la province de Fars, qui eft la Pcife pro-
preaient dite. Le grand delert de Naubendigian la
I fé;;are d'avec le Koroilan vers le fcptciurion. La mer
il
K E 11
342
& golte de Perfe la bornent du coti; du midi. Cepen-
dant quelques-uns compïcnncnt dans cette provnicc
la ville d'Orniuz qui clt dans le fécond climat & au
vingt-cinquième degfé de latitude. D'Herbelot.
La capitale du ICerrnan étoit autrefois Cau(chir
qui a été aullî nommée Berd-Ardfchir j & aujour
d'hui par abréviation Berdalchirj mais elle n'elt plus
capitale, Gireft ou Sirefr & Sirgian (ont plus conlidé-
rables. La province de Kerm.in , qui eft la Car.ima-
nie, eft abondante en toutes choies. Wicquei'-ort ,
Amhii(J'. de Flt^ueroa ^ p. iiS. D'autres écrivent
Kerman. Voyez ce mot.
KERMANIEN,ENNE,ouKEKMANITE, f. m. Se f.
Les Perfans difent Kermani. Qui eft de la province de
Kerman. Kermanianus. a. Plulieurs Auteurs Perfans
portent ce nom.
KERMEN. Nom d'une ville de la Turquie, en Euro-
pe. Gerniia. Elle elf dans la Romanie , près de la ville
d'Andrinople. Il y a apparence qu'elle eft celle qu'on
trouve tur les cartes fous le nom d'Hermandi.
KERMENT. Nom d'un bourg fortilié. Kermendum ^
Kormcndum y Cormendum, Il eft dans la bafle Hon-
grie , fur le Raab , au deftus de Sarwar. Quelques
Géographes le prennent pour la ville de la bafle l'an
noniej nommée Scambantia^ on Julia Scambantia^
dont d'autres croient que les ruines le trouvent près
du bourg deChépreg. Maty.
KERMÈS, f. m. Efpèce de coque grolle comme une
baie de genièvre, ronde, lilk, luifantej d'un beau
rouge , remplie d'un fuc de la même couleur , d'une
odeur vineule , d'un goût un peu amer, allez agréa-
ble; elle (e trouve attachée Se .adhérente en manière
d^excroiflance à l'écorce d'en bas (Se lur les feuilles
d'une eipèce de chêne vert . que C. Bauhin appelle
Ilex acuUata. cocciglaudifera , Pin. 42 j. & qui croit
en Elpagne , en Languedoc & en pluhcurs autres en-
droits chauds. L'origine du Kermès vient de ce que
une eipèce de vermiflcau piquant ce cliêne-vert, pour
en tirer (a nourriture , y tait naître une coque ou une
veflîe qui fe remplit de lue , &C qui , en mûrillant , de
vient rouge comme nous la voyons. Ce petit mferte
s'enveloppe dans la coque. Lorfque l'on iait lécher le
Kermès , il en lort une li grande quantité de petits
vers & de moucherons prelque imperceptibles, que
toute fa fubftance intérieure femble s'être convertie
en ces petits in(eé1:es. C'eft pour cette raifon qu'on
le nomme auiiî vermillon , ou parce qu'il lait la tein-
ture du beau rouge vermeil. Pour remédier à cet
accident, quelques uns mettent tremper un peu de
tems le kermès dans du vinaigre avant que de le faire
fécher. On tire du kermès le lue ou la pulpe pour en
faire du firop , en y ajoutant une quantité luliiîante de
fucre. On fait auili lécher de la pulpe de kermès le
parée de (on écorce ; on appelle cette pulpe léchée
Pajlcl d'écarlatc. Les teinturiers s'en (crvent. Le /fer
mes eft cardiaque , defùcatil, aftringenr, il fortifie
l'eftomac & empêche l'avortement. En Latin ker
mes j granum ûnciorium , ou coccum infeclorium. Ce
mot eft Arabe.
Le Kermès eft une petite coque ronde , membra-
neufe , fort fine , lille & luilante , de couleur d'un
rouge brun mêlé de blanc cendré , d'environ trois
lignes de diamètre , divilée ordinairement en deux
cavités inégales, dont la plus grande elt remplie d'un
nombre prelque infini de petis œufs ovales fort rou
ges & fort vermeils, & la plus petite d'une efpèce de
liqueur mucilagineule, p-treiUement rouge , qui ne
relfemble pas mai à du lang. Nissoee. La graine de
kermès eft d'un grand ulagc pour la Médecine, ia;
d'im plus grand encore peur les teintures en écarlate.
La France eft redevable à M. Façon de l'avoir recon-
nue & trouvée abondamment en Provence & en
Languedoc, où elle naît d'une efpèce de chêne -vert ^
qui ne monte qu'à la hauteur d'un arbrilfeau. Selon
les expériences que M. le C. de MarfiUi a faites à
Montpellier , la graine de kermès , de même que la
noix de galle , mêlée avec le vitriol , fait de l'encre ,
avec de l'huile de tartre ou de l'eau de chaux; fa cou-
leur, qui eft femblablc <à celle de la brique , fe chan-
KER
ge en un beau crauioilî : dans la décoftion de mru
vcs ou de tournetols, elle garde fa première coulci;;.
Il n'a pas été poiiiblc d'en donner un lel rixe elfentiti ,
mais à l'alambic elle donne beaucoup de lel vc5l .til
alcali, qui, au lentiment de M. le C; de Mariilii,
auroit un meilleur eilet en Médecine pris dans quel-
que liquide , qu'enveloppé dans des conlcrvcs &' des
confettions qui ne font qu'empêcher Ion aétion. Le
P. Roger , KécoUet , dans Ion voyage de la Terre
Sainte, L. I. c. 2. dit que le kermès y eft commun,
& qu'on s'en lert pour teindre en écarlate. Ceux qui
ont oblervé avec plus de foin la manière dont le ker-
mès eft produit aux pays chauds, dilentque ces pe-
tits grains que l'on recueille lur l'Ilec Cocchigera, Se
qui fervent à la teinture de la pourpre, fe convcrtif-
lent en une multitude innombrable de petits couiîns
de couleur rouge, qui roulent çà & là fur cet aibrif-
fcau qui leur a lervi de matrice, Se par-tout où ils fe
rcpolent, il y refte pour l'année luivante le germe
d'un de ces grains que les Grecs ont appelé Coccos ,
les Latins Vermiculus , & ceux du pays Graine de
vermeil , à caufe des vers ou petites chenilles & pa-
pillons dont ils font pleins. Monconys , P. /.
p. 17 c.
Il y a dans les Mémoires de l'Académie des Scien-
ces de 1714J une DiHertation lur Torigine & la na-
ture du kermès, par M. Niflole. Le Couite MarlΣ,li
a écrit en Italien une lettre qui contient des oblerva-
tions fur la graine appelée Alkermès.
Kermès, eft encore une certaine préparation de l'anti-
moine , qui produit une poudre rouge en ufage dans
la Médecine , 6z que l'on appelle communément
Poi'dre des Chartreux.
KERMESSE ou KERMIS. C'eft ainfi qu'on dcvroit
écrire. l^oye\ CarjvIesse.
KERNE. f. m. Nom d'une milice d'Irlande. Fantallîn.
Karnus. Kambden, dans les Annales d'Irlande, ^û^«
j p2 , dit que les armées d'Irlande font compotees
de Cavalerie , qu'on nouune Galloglajjes , dont nous
avons parlé en Ion lieu , &: de Fantaliins armés à la
légère, qu'on nomme Kernes. Les Kcrnes étoient
armés d'épécs &c de dards garnis d'une courroie , pour
les retirer quand on les avoit lancés.
KÉROSCA , CUROSCA. Ancien nom d'une petite
ville des ScordifqueSj dans la Balfe Pannonie. C'eft
maintenant un bourg de la Balle Hongrie, litué près
du Danube , au-dellbus de.Bon Monfter. Maty.
KERPEN. Carpio. Petite ville enclavée dans le Duché
de Julicrs , & fituée lur la rivière d'Erpe , ou d Erift ,
entre Juliers & Cologne. Cette ville déper.doit au-
trefois de la Gueldre , les Efpagnols la vendirent aux
Archevêques de Cologne, avec fa Seigneurie , parta-
gée en deux petits |»ys, dont Kerpen & Lummerlum
font les lieux principaux. Maty. Keipen a pafté à la
mailon de Manderlcheid par le mariage de Vinnemar
avec Ildegarde. Richard , leur arrière-petit lîls , &
dernier fils d'Henri & d'Irmgarde ,' Comte de Betrin-
gcn, ayant eu Kerpen àz.n% Ion partage, il en prit le
nom & les armes, tk. quitta celui de Manderfchcid.
ImhoiF, Noc. Imp. L. IX. c. 4..
KERPiY. Nom d'une contrée de la Lagénie en Irlande.
Kerria _, Kerr'unjh Comïtatiis. Elle eil entre les Com-
tés de Corke , de Lemmcrik , de Clare & l'Océan
Atlantique. Elle a environ vingt-quatre lieues de lon-
gueur. C'eft un pays couvert de montagnes &: de fo-
rêts, ce qui l'a fouvent rendu la retraite des rebelles.
Il y a trois lieux qui ont iéance & voix au Parlement
d'Irlande, Ardart, capitale j Dingle iSc le bourg de
Tulle. Maty.
KERSONNÈSE. Le P. ALainbourg& Tillemont écri-
vent toujours ainli. Il làut écrire Ckerfonèje. Voy.
ce mot.
KER VA. f. m. Plante j qu'on appelle autrement if /Vw ,
ou grande catapuce , ou épurge, dont la graine eft
un violent purcatîf y^oye^ Ricin.
KÉ UA. f. m. Nom que les Apoticaires donnent à
la icmence de la plante du E.idnus , ou Palmd
CkriJlL Cptte femence rellcmble entièrement a
l'arjimal de couleur livide, que les Latins ont .ap-
KE s
ipelc Ridnus , & les François Tiquet. De-là eft
venu qu'on a donne à cette plante le nom de Ri-
cinis , ou Tiquet. Le Ki'rua elt U]i pui'gatir j <!<,: un
vomitif, li on le boit. Il cil aulli diurétique. On
en prend depuis fept grains jufqu'à quinze , quel
qucs-uns dilent même trente, ^oyc^ Vinet , Alui-
fun Champ.
K E S.
KESCHING. Cctoit autrefois une petite ville du
Norique. KcJ'chinga, anciennement Cic/ardtz 5o/c)-
rum. Ce n'cll maintenant qu'un village de la Ba-
vière , fituc près du Danube , & de la ville d'In-
golllat- Matv.
KESCHITA , ou KÉSITA. 1. m. Nom d'une mon-
noie ancienne , &C la plus ancienne dont on ait
connoillancc. Kefckka. Gen. XXXIII, i p. Il ell
dit que Jacob acheta un champ des enfans d'Hémor,
& qu'il en donna cent Kcfch'ua. Et dans Job. XLII.
II , que (es amis lui donnèrent chacun un Kef-
ckka. Les Interprètes ont rendu ce mot diftcrem-
ment. Les Septante , Onkélos j la veriion Syriaque ,
les deux Arabiques & la Vulgate , le traduilent
agneau , ou brebis , & quelques Interprètes croient
qu'il ne lignilie rien autre choie. La Paraphrale
Chaldaïque de Jonathan , & celle de Jcruialem ,
Gen. XXXIII. i p , traduifent Kefchuoch par
l'SaiO , M-irgalian c'eft à dire j des pierres prédeu-
fes. On a cjnjeduré qu'ils avoient fait venir ce
mot Kcfchita du Chaldéen ^V^ ,Kafchfdict , qui
fignifie j;v767'j d'où s'eft fait CVO'p , or/2er72enc ; pucce
qu'entre les ornemens , les pierres prccieuies tien-
nent le premier rang , ils ont pris ornement , dit ab-
f'olumcnt , pour des pierres précieufes , d'autres le
prennent pour une monnoie.
Ce dernier fentiment elT: lans contredit le plus pro-
bable. En eftct, le mot nuap , ne le prend nullement
dans l'Écriture , &: ne fe trouve dans aucune des
autres langues Orientales dans le fens de brebis , ou
d'agneau ; au contraire , en Arabe il lignifie une
monnoie j comme nous le dirons. i°. Kefchica
peut avoir deux lens qui l'un tk. l'autre conviennent
très- bien à une monnoie; car premièrement tJiïp j
Kofcket. Pfal. LX , v. û , lignihc vérité ; ainli l'on
a fort bien, pu donner ce nom à une monnoie ,
pour montrer qu'elle étoit d'un mctail bien tin ,
& qui n'étoit point falfifié , qu'elle étoit d'un bon
aloi , Il l'on peut s'exprimer ainlî , en parlant de
ce temps-là , ou bien qu'elle étoit de poids. Se-
condement , Il Kefchita lignifie un agneau , ce
nom ne convient pas moins à une monnoie. Les
Patriarches , dit le Père Souciet , dans la Dillerta-
tion fur les médailles Hébraïques , s'étoient tervis
de monnoies fur lefqu'elles il y avoir des figures
empreintes ; telle étoit celle qui fe nommoit Kcf-
chua J un agneau , parce qu'elle étoit marquée de
la figure de cet animal , comme autrefois les mou-
tons d'or en France. C'eft encore ainll qu'autretois
des monnoies d'Athènes le nommoient K.,» .^ , JiUes ,
ou vierges , parce qu'elles avoient l'eftigie de Mi-
nerve appellée K f ^ ; d'autres de la même ville s'ap-
pelloicnt b-î, bœuf, parce qu'elles étoient mar-
quées de la tête d'un bœuf, on voit encore de ces
monnoies dans les cabinets des Antiquaires. Il y
avoir aulli des monnoies du Pélopponèfe marquées
d'une tortue qu'on appeloit pour cela ;c£^-j»«' , des
torrens ; d'autres de Corinthe qu'on nommoit
niiAdi , Poulins , parce qu'elles portoient la figure
d'un cheval. Quelques uns difent que les Kefchica
5 appelloient ainli , parce que c'éroit le prix ordi
naire d'un agneau , ou d'une brebis. Mais il eft
des Auteurs qui prétendent que Kefchita n'a jamais
lignifie un agneau , ou une brebis ; que c'eft une erreur
dans laquelle le Grec des Septante a fait tomber-,
eue les Septante l'avoient traduit par^rà, une mine ■
qu'ils avoient mis, Genèfe XXXIII. ip , c;.»,ri, ^,^,,
c'eft à dire ,cent mines ; que quelques Copiftes igno-
rans l'ont changé en t««t„ i.;t/u, , qui veut dire cent
K E S
345
brebis ; que de* même , Gen. XXXI. y , ils avoient
change . c't^à ^»^> en <Js«à iy.i,ii , comme on le voit
dans les queftions de S. Jérôme fur la Gcnèfe j &:
dans S. Auguftin , queft. 9; , fur la Gcnèfe. Ou
peut voir encore R. David Kimhhi , David de
Pomis d'Aquin , dans leurs Didtionnaires , R. Na-
than Maidochée , dans l'es Concordances , de géné-
ralement tous les Rabbins , excepté Aben Ezra. Il
icroit trop long de citer les Auteurs Chrétiens
qu'on peut ailémcnt conluiter. 5°. R. Akiba, dans
le Thalmud , au Traité du commencement de l'An-
née y n:\yn vk-^ , Chap. III j fol. col. i , dit
qu'en voyageant en Afrique , il y avoit trouvé une
monnoie nommée Kefchita. Il eft fort vraifembla-
ble que cette monnoie tk ce nom venoit à ces peu-
ples des premiers temps. Il eft probable que ceux
chez qui R. Akiba avoit trouvé cette monnoie ,
étoient Phéniciens , o'eft-à dire , des Carthaginois ,
ou que c'étoir des Phéniciens qu'ils avoient reçu
cette monnoie & ce nom ; car chez quel autre peu-
ple de l'Afrique trouvons-nous des noms purement
Hébreux ; En quatrième lieu , avant Jacob l'uiage
avoit changé dans le commerce. Il ne le fniloit
plus par échange , mais par argent. Cela paroîc
clairement par la Genèfe XVII. 12, /j. XXIII,
16. XLVn. 16 ,, j°. S. Etienne , au Chap. Fil, des
Aétesdes Apôtres, v, 16 , dit que ce champ
fut acheté à prix d'argent. Car quoiqu'il y ait
de la ditîiculté en cet endroit , on y a cependant
fatistait d'une manière plaulible , comme on le
peut voir dans Bochard Hiéroz. P. II , L. II y
Chap. XLIII. Enfin c'eft le fentiment de R. Akiba,
à l'endroit dont on a parlé ci-deftus , de R. Sché-
lomo Jarhi , & de R. Lévi Ben Gerfon , dans leurs
Commentaires.
Quelques Auteurs conjed:urent que c'étoit une
monnoie marquée du arc ; au/p , Kefchct en Hébreu
fignific un arc.^
Il n'eft pas li aifé de décider quelle monnoie c'étoit
que le Kefchita , & quelle étoit fa valeur. Les Rabbins
difent communément que c'étoit une obole , parce
que R. Akiba dit que le Kefchita qu'il avoit vu en
Afiique étoit une obole : mais il n'eft pas polîible que
Jacob n'ait acheté un champ que cent oboles, ni que
les amis de Job , XLII. 11. ne lui donnalfent qu'une
obole. Si le changement de f.n^ en <ia-.;. étoit bien
certain , les Septante auroient cru que le Kejchita
valoir une mine , & ce feroit ce que nous aurions
de plus probable fur cela : mai? au vrai il n'y a rien
fur quoi l'on le puillc bien fonder , pour déterminer
la matière , le poids , la valeur du Kefchita. Voyez
fur le Kefchita Bérévood, de Pondcr. Pr:t. c. I. §. /.
Waferus , de Antiq. Hebr. Num. L. II. c. i S-p- S p.
Druf. in Gen. XXXIII. i p. Bochart, Hiero-{. P. I.
c. 43. &c une Didértation de feu M. Pelletier , im-
primée dans les Mémoires de Trévoux , 1 704. au mois
de Mai.
KÉSÉGHU. f. m. Terme de Calendrier. Nom du pre-
mier mois de l'année j & d'un ligne du Zodiaque chei
les Turcs Orientaux. Ce mot dans leur langue lignifie
rat.
KÉSELBACHE. De la Boulaye écrit ainfi. "Voyez KIZIL-
BACHE', c'eft la même chofe.
KÉSEN. Nom d'une petite île qui eft près de celle d'Or-
mus , à l'entrée du golfe Perfique. Kefemus Infula.
Voyez Piétro délia Valle , P. IL p. 36. & 64.
KÉSIL , ou CÉSIL. Nom d'une ville de la Terre Sainte ,
Kefd , & dans la Vulgate Ccfil. Elle étoit de la Tribu
de Juda y de dans fa partie méridionale. Jof. XF. 30.
KÉSIL BASCHI. ^oyq KURTCHI.
KESM ARCKT , KASEMARCK , ou KEYSER M ARCK.
C'eft une ville défendue par une citadelle. Cafareopo-
lis. Elle eft dans le Comté de Czépus , en la Haute-
Hongrie , vers les monts Crapacks , à quatre lieues
de Leurs , du côté du nord. Maty.
KESRA. lî m. Nom que les Arabes donnent en général
au Roi de Perfe. B.ex , Impcrator Pcrfarum. M.
D'Herbelot croit que ce mot eft pris du nom Perfien
Khofrau , ou Khofrou , duquel , dit il , nous avons
344 K E U
fait Kofroes : mais je cioirois plutôt qu'il eft pris du
mot Latin Ctefar.
KERSROAN. Chauic de montagnes qui font partie du
mont Liban , en Aiie , fut la côte de Syrie.
K£iSAEIEN,EMNE. f. m. &f. Nom de Setie parmi les
-Alahométans. Kcjfahianus , a. Les X ejfahicns cioyoient
que NLihomeE Ben Hanefah , ou Hanehah , fils d'Ali ,
mais d'une autre temmc que Fathcmah , n'étoit pas
mort, & qu'il devoit un jour régner liir tous les Mu-
fulmans. D'herbelot.
KESSEL. Nom de lieu. La terre de Keffel. En Latin
Kejjelienjîs , ou Cajldlanus Traclus. C'eft un petit
pays de la Gueldre Efpagnole , fitué entre la terre de
Cuick , le Comté de Horn , la Meule , & le marais
de Pécl. Il n'y a rien de confidérable que le bourg de
Duremonde , qu'on prend pour la petite ville de la
Balle- Allemagne j que les anciens appeloient Cefiel-
lum Miaapïorum. Maty.
KESSEL- ISSAR. Château de Bulgarie qui défend le dc-
Jilé nommé Dervent-Capi , qui a plus de lix lieues :
c'en: la porte Trajane des anciens.
^3" KESTEVEN. Nom d'une petite Province d'Angle-
terre , une des trois parties du Comté de Lincoln.
KÉSULLOTH. Réland appelle ainfi une ville de la
Tribu d'Iilachar , que la Vulgate appelle Cafaloth ,
Se que lui , luivant l'Hébreu , devoit appeler Cheful-
loth. Car c'eft un i , capk , & non pas un p , koph.
Eufébe & S. Jérôme la placent près du mont Thabor ,
dans la plaine , à huit mille , ou deux lieues & demie
à l'orient de Diocélarée. N. Réland doute fi ce n'eft
point Exile , Exalus , dont il eft parlé dans le Con-
cile de Jérulalem.
K E T.
tfT KETIEN. Ville de la Chine dans la Province de
Junnan , au département de Jungning.
fer KETMIA (. h Goinhaut dans nos iles Françoiles,
& Roje de la Marânique aux Lides occidentales.
Genre de plante dont la fleur cft allez Ismblable à
celle de la mauve. Il y en a de plulieurs elpèces ,
dont quelques-unes font cultivées dans les jardins ;
on les élevé en buillon. Il y en a à fleur double , <Sc
dont la Heur change de couleur en ditlérens temps
du jour.
KETSERI. f. m. Sorte de petits poids , dont il fe fait
un grand commerce aux Indes orientales. Ils vien-
nent en abondance dans pluflcurs petits Royaumes
du Malabar.
ffJ" KETULE. 1. m. Efpèce d'arbres de l'île de Ceylan ,
dont on tire par incifion une liqueur agréable &
rafraîchillimte. En la faifant bouillir , on en fait une
elpèce de fucre qu'on raflme comme le fucre ordi-
naire , & qui eft de très-bonne qualité. L'ccorce de
cet arbre le partage en filets doiu on fait des cordes.
K E U.
KEU. f. m. Terme de Calejidrier. Nom de l'onzième
mois de l'année , &z d'un figne du Zodiaque chez les
Tartares du Cataï. Ce mot dans Iciu- langue lignifie
chien.
Les Chinois appellent Keu-Jio le quarante-feptième
mois lunaire de leur cycle de cinq ans.
ffT KEU eft aulTi le nom d'une ville de la Chine , d.ins
la Province de Xantung ou Channton , au départe-
ment de Tungchang.
KE'VAROU. f. m. Terme de Bot.inique. Nom d'un petit
grain de l'Inde , dont plulieurs perlonncs (e nourril-
fent. Ce grain relfemble tort pour la couleur & la
grollcur à la graine de navet; mais la tige &c les feuilles
font entièrement différentes. Let. Edif. & Cur. XXFI.
Rec. p. iS6.
KEUB. f. m. Mefure des longueurs dont on le fert à
Siam. Le keuh contient douze nious : c'eft la paume
des Siamois \ c'eft-à-diic j l'ouverture du pouce & du
doigt moyen.
KÉVERNBOURG. Nom d'un ancien château d'Alle-
magne. Kever.ihurgwn. Ilétoit fitué près de la ville
K H A
d'Arnftad , Se l'on y voit encore fes ruines. Ce châ-
teau avoit titre de Comté. Quelques uns prétendent
que la Maifon de Schwartzbourg vient des anciens
Comtes de Kévernbour^. Ce qui cft certain , c'eft
qu'elle en a les armes. Imhomtt. Noc. Imp. L. VI.
c. i6. n. I.
KEVROD. f. m. Nom d'un ancien droit qui fe levoit
en Bretagne Kevrod. Une donation faite au Monaftère
de Sainte Croix de Kemperlé porte : Ue ipfa auttm.
terra hic reddïtus efi , fcdïcetTerqu'ijlaeth , l cvrod,
multones ^ paflus , deàmA & cetera jura quA de propria
terra ad Dominum pertinent. Sur quoi fe P. Lobineau
dit dans fon Glollaire , que le droit de Kévrod eft le
même que celui de Quevaife.
Il ajoute j que ce mot de Kévrod vient de Kaer-rout,
qui veut dire , fors dehors ; de même que Kai-ec-
mais i d'où l'on a formé Quevaile.
K E W.
KEW. Nom d'un ancien bourg de la Hongrie. Keva ,
anciennement Onochinum. Il eft fur le Danube , à une
ou deux lieues au-delfus de Futak , Se vis-à-vis de
Bonmonfter. Maty.
K E X.
KÉXOLM , ou CARÉLOGOROD. Petite villô de la
Finlande , en Suéde Kexholmia , Carelogroda. Elle
eft fituée entre des marais , lur le lac de Ladoga , &
défendue par une citadelle très-forte. Elle eft à dix-
fept lieues de Wibord , vers le levant , Se à vingt-
huit de Notteborg vers le nord. C'eft la capitale de
la Kéxolmie , pays plein de lacs & de marais , peu
habité , Se encore moins cultivé j qui s'étend vers le
nord du lac de Ladoga , Se qui a été autrefois une
partie de la Carélie. Maty.
K E Y.
KEYSERSMARCKT. Voy. KESMARCKT.
KEYSERSTUL. Nom d'un ancien bourg de la Suiiïè.
Forum Tiherii. Il eft dans le Comté de Bade ^ fur le
Rhin, entre Eglilaw Se Zurzach. Maty.
KEYSERWERD. Prononcez Kifervert. Nom d'une
ville forte du Cercle Eleétoral du Rhin. Verda ., Ce-
farts infula. Elle eft fur une petite île'" formée par le
Rhin , , dans l'Archevêché de Cologne , entre Dul-
feldorp & Duisbourg. Les François s'en emparèrent
l'an i6SS. Le liège de Ktyferwcrd, foutenu par M. de
Blainville au commencement de la dernière guerre ,
fut très-beau. Saint Switberg vint trouver Pépin à
Cologne l'an 707. Se parles bons offices de Pledtrude,
il obtint de lui une île lur le Rhin , proche de la
même ville de Cologne , entre Nuis Se Duisbourg ,
nommée l'île de Célar , Se en langage du pays Keifer-
wert , où il bâtit un célèbre Monaftère. Ce Monaf-
tère fut changé depuis en un Collège de Chanoines.
P. Jourdan , Hifi. de Fr. L. XXFIII.p. s 9 3-
K E Z.
KÉZELBASCH , ou KÉZELBA , Se KÉZILBAS. Voy.
KIZILBCAHE.
K H A.
KHAGHUETS. f. m. Terme de Calendrier. Nom du
cinquième mois des Arméniens , il répond au mois
de Février.
KHAI. f. m. Terme de Relation. Nom du douzième
cycle de l'année des Cathaïens & des Mogols. Ce
nom fignifie noir , ou un porc , ou un fang|ier.
KHAIBAR. Ville de l'Arabie heureufe , éloignée de
Médine d'environ lix ftations.
KHAKAN. f. m. Titre de dignité , le même que Khan ;
mais moins ulité. Vo\e-^ Khan.
KHAKANIEN. adj. m. "Celui qui a porté , qui porte le
titre de Khakan. Il étoit de la Dynaftie des Khaka-
niens, D'Hurbelgt,
KHALIFE.
K H A
KHALIFE, f'oyei Caufh. D'Hcibclot dit que quel-
ques-uns éciivfut Calïje ^ 6c d autres Chulijt: ; pour
lui il cent Ca/ijl: Voycz-lc au mot Khalifat.
KHALIl-Ar, r. m. Qu.ilitc, dignité de Kli.ilite. D'Hcr-
bcloc, au même endroit,/'. _f;J'7.
KHAN. Cm. H.ilinti, dans ion Didionnairc Pcrfien ,
donne à cç nom la lignification de grand cc puillant
Sài,ncui; mji;nus à:' potais Dominus. Les Kois les
plus puiilàns du Turquellaii , de la grande Tartaric
<ï^- du Kathayj fe font attribués autrefois ce titre. Le
fameux Gingliiz ne s'en eli point donné d'autre. Les
Tartares de la Crimée , ou petits Tartarcs qui dtlcen-
dcnt de lui, le confervent encore. C'ell aulli le pre-
mier que preuucjit les Empereurs Ottomans. Les
Seigneurs de la Cour & les Gouverneurs de Province ,
prennent aulli le titre de Khan dans la Perle. On dit
audl Khakanj mais il n'elt pas fi uiité. Les Mogols
prennent ce nom fins afpiration ; Kaan , ou Caan , au
lieu de ^Ajw. D'Herbllqt. En François nous écri-
vons communément CHAM. P'ayei ce mot.
jJCF Khan. f. m. On donne cenomen Turquie à des édifi-
ces publics , cfpcces d'hôtelleries bâties dans les villes
ëc quelquctois dans les campagnes , pour recevoir &
loger les étrangers.
KHANAKAH. f f Nom d'une fcte des Mahométans ,
qui le célèbre le ving-deuxicme jour du mois de Tel-
clirin. D'Hereelot.
KHANDGER. f m. Terme de Relation. Poignard que
_ portent les k-mmes Turques. Gladius acbiaces. Les
femmes Turques attachent à leur ceinture un khand-
' ger , c'ert-à dire poignard^ qu'elles portent plutôt
par galanterie , que par bravoure. Du Loir , p. /.('j.
KHANKOU. Ville de la Chine, à une demi-journée
de la mer : elle eft très conhdérable par le concours
de Marchands que le négoce y attire.
KHARÉGIEN, ENNE, ou CHARÉGITE. f. m. & f.
Terme de Relation. Schiiniatique Mahométan , re-
belle à rimam. Rebellis Imamo j Schïfmaticus Ma-
homctanus. Ceux d'entre les Mululmans, qui ne fe
foumcttent pas à l'Imam légitime & reconnu, font
appelés Khaovaréges , ou Kharégiens , mot qui ligni-
fie des gens fortis de l'obéiliance , & regardés par les
autres comme des rebelles auxquels on eft obligé de
faire la guerre. Il y en a de plufieurs iortes , & en
grand nombre, qui ont donné beaucoup de peine
dans la fuite des tems aux Khalifes. D'Herbelot.
Afchaat Ben Ca'is fut le premier chef des Kharégï-
tes , nom qui fignifie ceux qui fe révoltent contre les
deux Puilfances politiques «Se rcligieufe. Iv.p, pi.Ç.^
fut l'an 57. de l'Hégire, 6^7. de J. C. ÏD.p. g2. Et
ces premiers Kharégïtes turent ceux qui fe foulevè-
rent contre Ali.
KHAS ODA. Terme de Relation, qui fignifie chambre
privée. Privatum cubïculum. C'eft le nom de la cin-
quième blanche des Pages du Serrail du Grand Sei-
gneur. Elle n'eft compofée que de quarante Pages qui
fervent à la chambre du Prince. Du Loir , p. p2.
Ce mot eft compote de khas , qui fignifie privé ,
particulier , Se oda, qui veut dire chambre.
KHATAI. D'Herbelot écrit ainfi. Communément c'eft
'CATHAY, ou KATHAY. Le même Auteur met
deux points fur l'/j & le fépare de l'a j Kathaï. Nous
■ en failons une diphtonguj , & nous prononçons Ca-
thé. Nom de la Chine feptentrionale , qui a toujours
été poflédée par des Rois dans les plus anciens tems,
dont les Hiftoires des Orientaux font mention.
D'Hereelot. Ces mêmes Hiftoires mettent la ville
de Nanking dans le Kathaï; ce qui fait voir , dit le
même Auteur, que le Kathaiefi: la Chine, car Nan-
king eft Nanquin ,dont les relations de la Chine par-
lent. Il en conclut encore que Khambalig , ou Cam-
balu,qin étoit capitale da Kkatai , étoit dans la Chi-
"^,' ^ """^ P*^^ "^^"^ l-"- gtande Tartarie , comme la
plupart de nos Géographes l'ont cru. Foye^ Abul-
pharaîçc fur le Khatai.
KHATKAIEN,ENNE. f m. & f. Khataïerifs , Ca
thaicnfs. Natif, origi-naire du Khathai. Les Arabes
difent Kathah. 'Voyez ce mot dans la Biblïoth.
Orient, de d'Herbelot.
. Tome V.
K H O
345-
I KHATHOUAT. f. m. Nom d'une mefure des Ion
gucurs chez les Arabes. C'eft le nom qu ils donnent
m au pas Géométrique. Paffus gcomcttkus Arakum. Le
khathouat compxi^nd trois akdains ou pics. D'Herbe-
lot. Il tant douze mille khaihouacs pour faire une
parafa 11 gc. Id.
KIIAVEN. (. m. Nom du troifiéme cycle de foixante
années des Khata'iens. D'Herbelot. Temus anno-
rum 6 0 cyclus apud Cathaienfcs.
KHAZINE. f f. Terme de Relation. Tréfor du Grand-
Seigneur. j¥,rarium Tunarum Irnpcratons. Le Tré-
lor du Grand Seigneur qu'ils appellent Kka-^ine ^ efl
un peu au de-la du Divan à main gauche. Là , en
met les Regiltres des recettes , les comptes des Pro-
vinces en des cailfes cottées par années , avec les
aiomsdes Provinces & des lieux, & l'on y ferre tou-
tes les veltes ds: les fourrures qui fervent à la perfonne
du Prince & à la Cour. Tous les jours de Divan on
ouvre ce trélor, ou pour y mettre, ou pour en tirer
quelque choie : il laut que les principaux Oihciers
qui en ont la charge , alîillent à cette ouverture. Le
l'chaouch-Bachi lève en leur préfence la cire dont le
trou de la ferrure eft fcellé , &c l'ayant porté au Gr.and-
Vilir, ce Miniltre le baife d'abord & puis le regarde.
Il tire après de fon iein le fceau d'or du Grand Sei-
gneur qu'il y porte toujours , & il le donne au Tcha-
ouchBachi, qui, ayant refermé &c fcellé le tréfor,
rapporte au Vihr, avec la même cérémonie, le cachet
qu'il en .ivoit reçu. Du Loir , Voyage du Levant y
p. Si j s 2. Ce mot fe dit proprement Chafna.
KHAZINEDAR BACHI. f m. Nom d'un Othce à k
Cour du Grand Seigneur. Primus ALranififci Cuftos.
Primus Ga^te. ImparatorU Prafecius apud Turcas.
L'Agha qui lui eft immédiatement inférieur (au Ca-
pai Agha) eft le premier Tréforier appelé par eux (les
Turcs) Khaiinedar-Bachi. Son Omce regarde le
tréfor qui eft renfermé dans l'appartement du Grand-
Seigneur , où font toutes les pierreries, l'or & l'ar-
gent en oeuvre , les épées , les carquois garnis de pier-
res précieufcs , & en un mot tous les bijoux. Du
Loir, Re/at. du Voyage du Levant , L. III. p. ço.
La quatrième chambre des Pages du Serrail qui n'eft
que de vingt-quatre, qui, fous le Kha-(inedar Bachi ,
ont foin du Trélor où ils n'entrent jamais avec des
habits qui ayent des poches, \vi.p. pr. D'autres di-
fent ChafnatarbaJJi. Voyez ce ce mot où vous trouve-
rez l'étyinologie.
K H E.
KHE. /^oy£j KiziLEACHE. C'eft la même chofe.
KHERMAN , KIRMAR , ou CARMANIE. Nom
d'une Province de Perfe en Afie. Cermonia^ ancien-
nement Carmania. Elle eft le long du golfe d'Ormus
(Se de la mer d'Arabie , ayant au couchant la Province
de Fars , au nord le Sableftan , & au levant le Sigiftaii
avec le Mackéran. On tire de cette Province de l'a-
cier, des armes excellentes , des tapis, des toiles, des
turquoifes, la tutie, & la graine borbotane dont on
fait la confeèfion Kermès. Ses principaux lieux font
Kherman, Bermafir, Moeheftan, auxquels quelques-
uns ajoutent Ormus , Bender Gomioni , Guadel , Dul-
cindu , &c les pays qui en dépendent. Maty.
KHÉSELI. Grande rivière d'Afie , dans la Tartarie , au
pays des Usbecs : elle n'a plus de communication avec
la mer Cafpienne, mais elle porte fes eaux dans le
lac d'Atall.
K H O.
KHOARÉGE, ou KHAOURÉGE. Voyei KHARÉ-
GIEN , c'eft la même chofe.
KHOL AN. f m. Nom d'une efpèce de gomme, ou fuc
d'arbre qui croît en Perfe. Gummi quoddom Perjî-
cum , Kholanum. On fait de petits emplâtres de Kho-
lan , ôc on les applique fur les' tempes, pour guérir
les maux de tête.
KHORASSAN (le) ou le CORASAN.^ Nom d'un
grand pavs d'Alie. Khorajjanum. Le Géograohc Per-
X X
34^ K O U
iîen Jk que le mot Khos , ou Khour^ Cignide foleil ,
& qiCaU'anj veut dire lieu habité.^ Khoraffan, grande
étendue de pays bien habité du côté du toleil, c'eft-à-
dite du levant.' Aulli les Peitans de l'Iraque rciliquc ,
dilcnt que le KhoraJJan s'étend depuis Rhéi , ville de
1.1 Perle mont.it;ncurc , julqu'au lever du foleil. Le
Khonijfaneil borné parundelért, vers le couchant,
du côté du pays de Giorgian & du Gébal , oii de l'Ira-
quc Perfique. Vers le midi il a un autre dctcrt entre
la Perle proprement dite & le pays de Comas ; le Se-
geftan & les Indes vers le levant . & le Maravalnahar
avec une partie du Turkeilan, vers le leptentrion.
D'Herbelot , d'après U Géographe Perficn. Le Kho-
raffan a qu.urc villes Royales, où les Rois qui y ont
régné ont fait leur réfidence ; lavoir , les villes de
Balk , de Mérou , de Nilchabour & de Hérat. _Id.
Les anciens Rois de Perle ont eu le Khoraffan lous
leur puillance. Après la conquL-te de la Perle , les
Arabes s'en rendirent ks maîtres ibus le Kalife Othr
man. Id.
KHOR ASSANIEN , ENNE. f. m. & f. Natir ou origi-
naire du KhoralTan. Khoraffanus , Khoraff^aràenfis.
KHO TAN , ou KHOTUN , Pays d'Aile au lurquelbn ,
&: arrolé de plufieurs rivières. Sa capitale cil: aulli
nommée Khoian,
KHOTATE. f. m. Mot Arabe. C'ell le nom d'une dro-
gue, dont les femmes fe fervent en Turquie pour
peindre leurs fourcils ou en rouge ou en noir , & pour
les rendre larges félon le goût du pays. C'ell un flird
pour elles qui ell de mauvais goût pour les Européens.
On l'appelle en Turc p'nCNT, Raffic , & en Arabe
INïïn , Hhotate , ou Khotatc.
Ce mot vient de l'Arabe lyn, Hhatta, qui fignifîc
peindre.
KOUARÉZEM. Nom de pays & de ville. On prononce
aulH Khouarepn. Le Khouaré\em ell: lîtué en partie
au de-cà du Gihon , ou de l'Oxus , du côté de Mava-
ralnahar , ou de laTranfoxane. Il a à l'occident & au
leptentrion le Turkeftan , la Tranfoxane à l'orient ,
& le KhoralTan au midi. Il y a encore de ce pays-là
cinq ou fix journées pour arriver à l'embouchure de
rOxus. Le Khouaré-{em eft fort froid. Sa capitale ,
que plulîeurs appellent Khouaré\em j du nom de tout
le pays, le nomme Korkangj ou Giorgianah, félon
les Arabes. Tout ce pays ell: entouré de deferts. Quel-
ques uns prétendent que le Khouaré\em s'étend juf
qu'à l'embouchure de l'Oxus , fur le rivage de la mer
Cafpienne. D'Herbelot, d'après Albergcndi & Ara-
bichah.
KHOUAREZMIEN, ENWE. f. m. & f. Natif, origi-
iMJie du Khouarézem. Khouarc-:{mius , a. Kouare'^-
mienjis. Les K houare^miens ont une inclination lî
grande , &c tant de dilpolition pour la Mulique , que
leurs enfans crient Ôc pleurent en fredonnant. Ils
ont l'efprit plus fin que ceux de Samarcande, & ils
s'adonnent fort à la Po'cfie. D'Herbelot , Alber-
GENDi , Auteur Arabe.
KHOUREH. Nom d'une ville de Perfe , qui donne fon
nom au Khouriftan , dont elle eft capitale. D'Her-
belot.
KHOURISTAN. Nom d'une Province j ou d'un pays
de Perfe, auquel la ville de Khoureh a donné le
nom.
KHOUZISTAN. Nom d'une Province d'alfez grande
étendue, luuée entre la Province de Fars, ou Perle
propre , & le pays de Ballorah. Khouflfianum ^ufiana.
Elle a du côté du couchant les plaines de ValTeth.
K I.
JCL Ancien mot. Pronom relatif mafculin & féminin ,
hngulier &: pluriel. Qui, quit , quod. On le trouve
ainfi écrit dans des aftes anciens. " A tous ceux à ki
>■> ces Lettres vendront , laluz ». Voyez l'HiJl. de
Bretagne:, ^. Il, p. .f.oj.8c ci-delîus, KE.
Kl. f. m. Terme de Calendrier. Nom de la lixième par-
tie du fécond cycle des Khataïens & des Iguriens, le-
quel étant joint avec le premier cycle qui eft duodé-
naire, fert pour compter leurs jours qui font au
K I A
nombte de fept , Se forment la femainc. D'Herbelot.
Sexta pars fecundi Khataicnfium & Igurianorum cycli.
C'cll aulli le nom du dixième mois de l'année, &
d'un des fignes du Zodiaque chez les Tartares du Ca-
tay. Ce mot , dans leur langue , veut dire poule.
C'eft encore le nom de plufieurs mois lunaires des
loixante mois du cycle de cinq ans des Chinois. On
les dillingue en y ajoutant un autre mot. Ki su eft le
iixième mois de ce cycle. Ki-mah le Icizieme. Ki-
ckcu le vingt -lixième. Ki-ha le trente-lixicme. Ki-yeu
le quarante lixième. Ki-vi le cinquante-lixième. C'eft
toujours le lixième de chaque dixainc. §3" Plufieurs
villes de la Chine portent le nom de Ki.
fjCT La première au Pékéli , dans le département de
Xuntien -, la féconde au même pays , département de
Chiuting; la troilième dans la Province de Chanli,
département de Taiyven; la quatrième dans la Pro-
vince de Huquany , département de Hoangcheu ; la
cinquième dans la Province de Honan, département
de Caifung; & la Iniième dans la même Province, dé-
partement de Gueih'oei.
K I A.
KIA. f. m. Terme de Calendrier. Ce mot eft aulTi le
nom de plufieurs mois du cycle des Chinois, dont il
a été parlé dans l'article précédent. On les diltingue
par diftércns mots qu'on ajoute. Kia eu eft le pre-
mier. Kiajio eft l'onzième. Kia shin eft le vingt uniè-
me. Kia u eft le trente unième. Kia-shin eft le qua-
rante unième. Kia y in eft le cinquante-unième. C'eft
le premier de chaque dixaine.
0CrDeux villes de la Chine portent le nom de Kia,
l'une dans la Province de Chenli , département de
Lengad; l'autre dans la Province de Honan, départe-
ment de Ju.
§Cr KIAIA,KlAYA,mieux que KIAHIA. f. m. C'eft chez
les Turcs ce que nous appelions Lieutenant, Officier
en lecond. Kiala du Grand Vilir. Kiala de l'Aga des
Janiftaires.
iCTKIACIANG. Ville delà Chine, dans la Province
de Xantung, au département d'Ycncheu.
KIAHING. Nom d'une ville de la Chine. Kiahingum.
C'eft la féconde métropole de la Province de Ché-
kiangj fituée dans une campagne fertile & agréable,
qu'on arrofe par des canaux tirés du lac Tienling,
qui eft proche de la ville. Elle a lix villes dans fa dé-
pendance. Ainbaff. des Holland. P. I.
I^KIAI. Nom de deux villes de la Chine : la première
dans la Province de Chenfi , dép.artcment de Chan-
geh'.Tng, la leconde dans la Province deChanlî, dé-
partement de Pingyang.
IP^KIAIHIEU. Ville de la Chine , dans la Province de
Chanli, département de Fuencheu.
KIAM , ou le JAMCE. C<truleus fiuvius. Grande ri-
vière de la Chine, qui fe jette dans la raei: orientale
au-delFous de Nanquin. Son cours eft très- rapide, &
il eft 11 profond , que les Chinois dilent en proverbe :
» La mer n'a point de botnes , & le Kiam n'a point
"de fond ". Quelques-uns écrivent Kiang. Voyez
ce mot.
KIAMCHEU. Ville du premier ordre dans la Province
de Chaavi , à la Chine. Kiamcheum. Sa latitude eft
de 5/ d. 57 m. N. Sa longitude 131 d. 59 m. 1$ f.
Paris fuppolé à li d. 3 m. de longitude. Gouye.
KIANG. Nom d'une rivière qu'on appelle la rivière
bleue. Kiangus , on Cdiruleus fluvius. C'eft l'une des
deux plus grandes rivières de la Chine. Elle a fa four-
ce dans la partie occidentale de cet Empire , en la pro-
vince & près de la ville de Junnan. Elle coule d'abord
du côté du nord , environ julqu'au milieu de la pro-
vince de Succheu, où elle tourne vers le levant, &
ayant traverfé la province d'Huquang, iSc celle de Nan-
king , dont elle baigne la capitale , elle fe décharge
dans le golfe de Nanking. Maty. Elle s'appelle
Yangou Kiang, c'eft- à-dire, jf/j- de la mer. te Kiang
change fouvent de nom. Près de lalource il s'appelle
Minkiang , parce qu'il fort des montagnes qu'on
nomme Min, Dans la ville de Sincin, il prend le
Kl A
nom de Takiang-, ilaiis colle de Li]icliai, celui de
Linkiang &z dans celle de Kingclicu il reprend encore
celui de Takiang. Voyez l'A'nbdlJadi: des HoUandois
à la Chine , dcrn.vart. c. 12. où ion cours cil décric.
KiANG. Nom de deux villes de la Chine. KLwgutn.
Elles font dans la province de Xanll, & dépendent de
l'ingyang, lecundc métropole de la Province. Amb.
des Holland. P. I.
JKT II y a une troiiième ville de même nom dans la
Province de Quangli , au département de Taiping.
Atlas. Syn.
^ KIANGCHUEN. Ville de la Chine dans la Pro-
vince de Jiinnan , au département de Chingkiang.
j(C° KIANGHOA. Ville de la Chine ^ dans la Province
de Hiiquang , département de Gungcheu.
KIANGNAN. Nom d'une Province de la Chine.
Kïangnanum. C'eft la même que celle de Nankin ,
à laquelle on donne aulll ce nom. Voyc-[ Nankin.
§3=- KIANGNING. Ville de la Chine , première mé-
tropole de la Province de Kiangnan. C'cft la même
que Nankin.
"fCFKIANGPU. Ville de la Chine, dans la Province
de Kiangnan , au département de Kiangning,
KIANGSI , ou QUIANSI. Nom de la huitième en or-
dre des Provinces de la Chine. Kiangfia , Quianjiu.
Elle eft bornée au nord par celle de Nanking; au cou-
chant, par celle d'Huquaiig; au midi, par celle de
Quantung, & elle a au levant celles de Fokien & de
Chékiang. Cette Province efl: divifée en treize con-
trées qui ont autant de villes capitales j iSc foixante-
fept qui leur font ioumifes. Nanchang ell la première
&:laprincipalede toute laProvince. Maty. Navarete,
Traà. I. c. 4. § /. Le ^w^ produit de l'or, de l'ar-
gent , du plomb , de l'étain , du fer. Il elf très peuplé.
Ses habitans lont li féconds, que les Chinois leur
donnent le nom de Uats. Ils ont de l'efprit , de la lub-
tilité , de la difpolition aux Iciences. Le Kan coupe
cette Province du fcptentrion au midi, &c la fertilife.
Amb. des Holl. P. I.
KiANGSi. Nom d'une ville de la Chine, capitale de la
Province de même nom. Kiangfium. Ambaff. des
Holl. à la Clune.
§3" KIANGXAM. Ville de la Chine , dans la Pro-
vince de Chékiang, département de Kinchcu.
Ctcr KIANGYEU. Ville de la Chine j dans la Pro-
vince de Suchuen , département de Lunggan.
^ KIANGYN. Ville de la Chine , dans la Province
de Kiangnan , au département de Changcheu.
KIAO. Nom d'un lac. l'^oye\ Kienchang.
§3° C'eft aulll le nom d'une ville de la Chine dans la
Province de Channton , département de Laicheu.
Atlas. Syn.
|Cr KIAOCHING. Nom d'une ville de la Chine , dans
la Province de Chanli , département de Taiyven.
I^KTAOHO. Ville du Pekeli , au département de
Hokihen , troifième métropole de cette Province.
KIARAN , KÉRANj ou KEIRAN. f. m. Nom d'hom-
me Kiaranus. S. Kiaran étoit Irlandois , dilciple de
S. Finien. Il mourut en J49 , & il eft différent de S.
Keiran , Evcque de Sagir , mort en $10. M. de Tiile-
mont écrit Kiéran. S. Kiéran , honoré par l'Eglife le
cinquième de Mars, eft un de ceux qu'on prétend
avoir prêché l'Evangile dans l'Irlande avant Saint
Patrice , Se on l'appelle le premier Saint de ce pays.
Bollandus traite tout cela de fables. Il a donné une
vie de ce Saint dont il n'eil pas non plus fort content ;
elle le fait vivre trois cens ans. On le fiit Evêque d'un
lieu appelé Sagir, vers le milieu de l'Hibernie. Bollan-
dus croit qu'il peut être mort vers l'an 510 ou J50.
Voye\ les Acla Sancî. au cinquième de Mars
L'Ordre de S. Kiaran, ou Keiran^, eft un Ordre Reli-
gieux fondé par S. Kiaran , difciple de S. Finien , &c
approuvé par le S. Siège, comme le témoigne Ullé
rius. Les deux principales maifons de cet Ordre étoient
Seir-Kciran en Eftmcaft, ou Médie orientale j &
CluanMiénois, Clunes, ouKiloomen Vv'cftmeathj
ou Médie occidentale. Celle-ci a été érigée en Evcché,
qui eft maintenant uni à celui de Médie. Colgan dit
que cette Abbaye fut comblée de bienfaits par les
Tome y.
K I B 347
Seigneurs d Irlande, &c qu'elle eut quantité d'autres
Eglifcs , ou Prieurés lous (a dépendance. P. Hélyot ,
Hijl. des Ord. Religieux, Pareil, c. 20.
KIASTKE f. m. Kiàjler, ai. Efpècc de bandage pour
la rotule fradturée en travers. Pour le faire, on mec
d'abord (ur le genou une comprcMe en long, fendue
dans le milieu , & coupée par les deux bouts en
fronde à quatre chefs. On a foin d'approcher les
deux pièces de la rotule l'une auprès de l'autre. On
place au-delfus &c au dcllous un rouleau de linge fait
en croillant pour les concenir. On adapte par-delFous
le jarret de faux fanons laies avec une lerviette roulée
par les deux bouts , de manière que les touleaux
(oient appliqués aux parties latérales du genou. En-
luite on prend une bande longue de fept aunes, large
de deux travers de doigt, roulée à deux chefs égaux.
On l'applique par le milieu fur Je croilïànt fiipérieur,
on conduit les chefs par dellus les fanons fous le jar-
ret , où on les croife pour venir par-dell'us la parcie
inférieure des fanons lur le croillànc inférieur, en
changeanc les chefs de main. Après les avoir croifés ,
on delcend obliquemenc lous le jarret , pour revenir
lur le premier tour au-deilus de la rotule, & l'on
continue ainli jufqu'à la fin de la bande. On met fur
le genou une comprelle trempée dans un défenfif, &c
l'on relevé les quatre chefs de la première comprefîe
fur la rotule, en les croifant obliquement pour ap-
procher exaètement les deux pièces. Se foucenir le
bandage : enfin, l'on pofe la partie dans un carton
garni- d'une lerviette , pour entretenir toujours la
jambe tendue. Le nom de ce bandage vient de la
lettre Grecque Cappa , qui eft croifce de cette ma-
nière K, ou du Chi , .ainll exprimé ,. ^n ce casj il
(audroit écrire Chiaftre. Diél. de Méd.
KIATING. Nom d'une rivière de la Chine. Kiatingus
fluVLUS.
Kiating , eft aullî le nom d'une ville fituée fur le bord
de ce fleuve. Kiadngum. Elle eft de la province de
Suchuen , & elle a fcpt villes dans la dépendance.
Elle a au nord la montagne de Micnkiang , d'où coule
la petite rivière de Chocung. Amb. des Holl. Part. I,
^fTl\ y a une autre ville de même nom dans la pro-
vince de Kiangnan, département de Sucheu. Atlas
Syn.
CCTKIAXEN. Nom d'une ville de la Chine, dans la
province de Chékiang , département de Kiahing.
^' OAYU. Nom d'une ville de la province de Hu-
quang , au département de Vuch'ang.
K I B.
KIBAIC. f. m. Terme de Philofophie hermétique. Ce
mot dans le langage myftérieux de cet art, veut dire
le foufre dans la terre.
KIBLAH. f. m. Lieu vers lequel les Mahométans fe
tournent lorfqu'ils font leurs prières. C'eft le Temple
de la Meque, ou plutôt cette tour carrée qui eft au
milieu de l'enceinte du parvis. UCTDans toutes les
Mofquées il y a une ouverture du côté de la Meque ,
afin que l'on fâche de quel côté il faut le tourner,
pour faire une prière agréable à Dieu & à fon Pro-
phète.
KiBOURG. Nom d'une petite ville, autrefois capitale
d'un Comté qui portoit fon nom. Kiburgum. Elle eft
dans le Canton de Zurich , en Suilîe , fur la rivière de
Thoeff, à cinq lieues de la ville de Zurich , veis le
levant, avec un Château. C'eft un des plus be.aux
Bailliages du Canton. Maty.
Quelques-uns font defcendre les anciens Comtes
de Kibourgit Ruthard, filsd'Eberard, Comte d'Al-
facc,qui vivoit vers le commencement du huitième
fiècle : mais le premier dont on fâche quelque chofe
eft Adclbert , furnomraé l'ancien j qui vivoit vers
l'an 890. Voyci Scampfius , Helvet. L. V. c. ^(?.
Hottinger, Specul. Reipub. Tigurins.. Philip, jac.
Spéner, Sylloge Gen. Hift. infamil. Aufir. Harti-
man, Evcque d'Augsbourg & dernier Comte de ■K'i-
bourg &: de Dillingen^ mort en 1286, donna à fon
Eglife Kihourg , Dillingen, le Comté de W^itiflingen,
X X ij
54^ K I E
un gland nombre de bouigs & de villages. Imhoft,
Not. Imp. L. III. c. 10. §.4.
KIBTH, & KIBTHI. Fovei KEBTH.
KIBTZAIM , ou CIBSAIM. Nom d'une ■ville de la
Tribu d'Ephraïm , Kibciaùn , CLbfaim. Jo(. XXI. 22.
K I C.
gCTKiCE. Ville de la Chine, dans la province de Pé-
king , au dcparcement de Quampeing.
KICHÉRI. f. m. C'el^ une forte de légume dont les In-
diens le nourrillent ordinairement. DelaBoulaye.
KICHTAN , ou KINCHTANES. f. m. Nom du dieu
fouverain chez les Sauvages qui habuoient la Nou-
velle Angleterre en Amérique. Kkhtan , Kincktanes.
Ces peuples croient que Kichum a créé le monde ôc
tout ce qu'il contient ; qu'après la mort les hommes
vont frapper à la porte du Palais de Kkhtan ; qu'il
reçoit les gens de bien dans le ciel où il règne; qu'il
rejette les méchans, en leur dilant : Retirez vous, il
n'y a point ici de place pour vous ; que ces miférables
condamnés à un éternel exil , ont à fouftrir des mi-
sères qui n'auront jamais de fin. Voyei Richard
Waitbornius dans fa Defcription de la Nouvelle An-
gleterre, Pan. I. c. 4. Se Thom. Pfanner, S^JI.
Thcol. Gentil. C.7.& c. 2r.
K I D.
KIDER. f. m. Oifeau de Laponie. C'efi: une efpèce de
faifan , ou de coq fauvage. Il porte deux crêtes aiu'
côtés fur les yeux.
K I E.
i^CTKIE. Nom de deux villes de la Chine , l'une dans
la Province de Xanll , au département de Pin-
gyangi l'autre dans la Province de Chanll, au dé-
partement de Fuancheu.
|Cr KIÉCHI. Ville de la Chine dans la Province de
Chanl'i, département de Tayven.
KIÉGAN. Nom d'une ville de la Chine. Kk<;anum.
C'efl la neuvième métropole de la Province de
Kiangil. Elle cft fur It bord occidental de la ri-
vière de Kan , à 1 endroit où commencent les ro-
chers qu'on nomme Xépatan. Elle a neuf villes
dans fa jurifdiction.
KIEL , ou KIÉLE. Nom d'une ville du Cercle de la
Balle Saxe. Kdonium. Elle ell dans le Holftein
propre, à cinq lieues de Rensbourg, vers l'orient,
& à une ou deux de Chriftianpris , vers le midi.
Kkl a un bon port fore fréquenté , fur un petit
golfe de la mer Baltique , formé par la rivière de
Swétin , &; une Univerlité tondée par le Duc de
Holftein-Gottorp l'an 1669. Elle eft aulll défendue
par une bonne citadelle. Maty. La Bible Hébraï-
que d'Optius eft imprimée à Kkl.
La diftérence de cette ville à Paris en longitude
a été trouvée par une écliple du foleil de 3j min.
45 f. en temps. CAssmi, -Hijl. de l'Ac. des Se.
ijo 0 , p. 1 06 .
^ KIELUNG. Ville de la Chine dans la Province de
Quangfi , département de Taiping.
KIEN. Nom de fontaine d'eaux minérales à la Chine.
Voye\ l'Hiftoire Latine de l'AmbalIàde des Hol-
landois , Part. I , p. 82.
ICC'eft aulïï le nom de trois villes : la première dans
la Province de Xcnll , au département de Sigan ;
la féconde dans la Province de Suchuen , au dépar-
tement de Chingtu, &: la troihème dans la Pro-
vince de Suchuen , au département de Paoning.
KIENCHANG. Nom d'une ville de la Chine , qui
eft la iixièrae métropole du Kiangli. Kknehangum.
Elle a dans fes murailles un lac nommé Kinquei, &:
hors de fes murailles un autre plus grand nommé
Kiar , à (on occident la montagne de Maca. Du
refte , fon terroir eft fertile & agréable. Elle a
fous elle cinq villes. Ainbaff. des Holland. Part. I.
f3"Il y a encore une ville de ce nom dans k Pio-
Kl H
vince de Kiangfi, département de Nankang , Se une
forterelle dans le Suchuen. Atlas Syn.
IfJ- KIENCHUENNE. Ville Se fortereifc de la Chine
dans la Province d lunnan , département de Cio-
king.
'ifj- KIENGHUEL Ville de la Province de Suchuen ,
au département de Kiating.
KIENHOA. Nom d'une montagne de la Chine. Kkn~
hoa. Elle eft près de la ville de Tungling , ou 'i un-
kgliny , dans la Province de Nanki)i tV dans la
jurifdirtion de cette ville. Le mont Kknkoa eft cé-
lèbre à la Chine par un écho admirable qu il y a
qui renvoie plulieurs fois les (ons , Se. avec autant
de force qu'ils ont été envoyés. Les Amballadeurs
des HoUandoisà la Chine en firent l'épreuve. Voy.
l'Hiftoire de leur Ambalfadc en Latin , Part. I ,
p. 8S , S 9.
gcr KIENLI. Ville de la Province de Huquang , au
département de Kincheou.
KIENNING. Nom d'une ville de la Chine , quatrième
métropole de la Province de Fokien. Kienkengum.
Elle eft fur le bord oriental , près de la montagne
Xin , la plus haute de la Chine. Elle gouverne tept
autres villes. AmbaQ. des Holland. Part. I.
CCr KIENPING. Ville de la Chine dans la Province
de Kiangnan , au département de Quangre.
KIEN - TCHEOU. f m. Étoffe de foie fort eftimée
dans la Chine. Les vers dont on la tire tont (auv.rges.
Se on les va chercher dans les bois , particulière-
ment dans ceux de la Province de Kanton. Cette
foie eft de couleur grile , fans aucun luftre.
IP KIENTE. Ville de la Chine dans la Province de
Kiagnan , au département de Chiceu.
$:? KIENXI. Ville de la Chine dans la Province de
Suchuen , au département de Queicheu.
|C? KIEU. Ville de la Province de Xantung , au dé-
partement de Tunchang.
KIEUKIANG. Nom de la cinquième métro-
pole du Kiangh , Province de la Chine. Kku-
kiangum. Elle eft arrolée au midi par le Kiang,à
l'endroit où il entre dans le lac Poyang. Elle eft
auiîl entourée d'eau du côté du nord Se de l'eft ;
&: quoiqu'elle loit à plus de cent lieues de la mer ,
on voit une quantité prodigieufe de navires y aborder
à tout moment. Elle eft métropole de cinq villes.
Ambajfades des Hollandais , Part. I.
KIÉXUI. Kkxujum. C'eil la quatrième des neuf villes
qui font de la dépendance de celle de Kiégan j dans
la Province de Kiangiî à li Chine. Elle eft de
forme triangulaire , Se peut .avoir ime lieue & demie
de tour. Les montagnes & les vallées qui diverlifient
fon territoire le rendent fort agréable. Elle a quatre
portes de fer. Elle eft fur le rivage droit du Meuve
Kan , fur lequel elle s'étend l'efpace de fept cens
pas. Amb. des Holland. P. I.
IP" KIEYANG. Ville de la Province de Quantung , au
département de Chaucheu.
K I F.
KIFTH. Foyei KÉBTH.
K I H.
KIHAI A. f. m. Terme de Relation. Officier Turc. Lieu-
tenant des Stipendiaires , qu'ils appellent Olofegi.
VigenÈre. Secundus Stipendiariorum Prxfeclus apud
Turcas. §C?Cemot fignifie en général Lieutenant,
Officier en fécond. On écrit ordinairement Ki.iia
ou Kiaya de l'Aga , des Boftangis du Grand Vifir. La
place de Kiaïa ou Lieutenant - Général du Grand
Vilir eft très-importante. Toutes les ordonnances de
l'Empereur ont fon attache , (ans quoi les Bâchas
ne fe croient pas obliaés d'v avoir égard.
KIHISSAR. C'eft LAODICÈE. Foy. ce mot
K I K.
KIKI. f m. Nom d'une Plante. C'eft ce qu'on appelle
Palma Chrijii dans les boutiques.
K I L
^KIKIANG. Ville de la Province de Siiclnicn ,
au département de Chuiigking , cinquième mctio-
polc de la l'rovince.
K I L.
KILAN , ou GILAN. nom d'une Province du Royau-
me de Perfe. Kilania , Gelania. Elle ell baignée
au nord par la mer Cafpienne , qu'on nomme quel-
quefois la mer de Kilan. Elle a au couchant
l'Adirbeitzan , au midi l'Ycrack Agémi , &: au
levant le Mazanderan & l'Allérabat , ou le Tabarci
tan. Quelques uns y renferment la première de ces
Provinces , !k d'autres toutes les deux. L'air y eli:
fort tempéré ^ & le terroir un des plus fertiles
de Peri'cj en vin j foie , huile, riz , tabac, oran-
ges , &c. Elle a aulll un grand nombre de belles
villes , dont Rcfcht eft la capitale. Maty.
Le Kilan ell aux environs de l'embouchure de
l'Araxe. Kilanum , Kilanum lïtus. » Encore que nous
» employalîjons quarante jours en notre voyage , «i'c
3J une partie du Carême , nous ne laiilions pas de
3J manger tous les jours du faumon frais , que l'on
» y apportoit couvert d'un peu de Ici , de la côte
» de Kilan, lur la mer Caipie , oii l'on pcche les
» meilleurs j à l'embouchure de la rivière d'^ra.vci ».
WicQUEFORT. Amb. de Figuéroa , p. 2()0.
KILBÉGAN. Nom d'un bourg d'Irlande. Kilbegana.
Il cft dans le Comté de Well Méath en Lagénie ,
environ à cinq lieues de MoUgar , vers le midi occi-
dental. Kilbégan a. féance &:. voix dans le Parlement
d'Irlande, Maty.
KILBEGS, oii KALEBACH. Nom d'un bourg d'Ir-
lande , (itué dans le Comté de DAneghal j en Ul-
tonie , fur une petite baie , oii il y a un alfez bon
poiT , & à cinq lieues du bourg de Doneghal. Kil-
bergs a léance & voix dans le Parlement d'Irlande.
Calebachlis. Maty. M. de l'ille l'appelle Kilheg.
KILDARE. Ville d'Irlande, capitale du Comté
de Kildare , en Lagénie. Kildaria. Elle n'eil pas
conhdérable , quoiqu'elle ait un Évêché ; il eft Sut--
fragant de Dublin , dont elle eft éloignée d'envi-
ron douze lieues.
Le Comté de Kildare , en Latin Kildarienfîs Co-
mitacus , eft une contrée de la Lagénie en Irlande.
Elle eft au couchant des Comtés de Dublin & de
Wicklo. Sa longueur eft de quatorze ou quinze
lieues , & fa plus grande largeur de fept. Le terroir
y eft généralcmejit fertile , & les lieux principaux
font Kildare, Carbre , NaaSj & Arthy. Maty.
KILDERKIN. f m. Terme de Commerce, Meiutc
des liquides dont on le fert en Angleterre. Deux
kilderhins font le baril j &: deux barils le muid ,
ou hogshéad.
KILDUYN. Nom d'une Ile de la mer feptentrionale.
Kilduina. L'Ile de Kilduyn eft environ à 69 d.
- 40 m. de latitude. Elle n'eft pas fort éloignée de
celle de Wardhuys. Elle eft petite, & couverte de
moulle ; c'eft toute la verdure que l'on y vcit.
Kilduyn n'eft habitée que pendant l'été , c'eit-à-
dire , aux mois de Juin , Juillet & Août , qu'il y
vient quelques Lapons ôc Finlandois , qui pendant
l'hiver fe retirent ailleurs dans les forêts , où ils ont
du bois pour fe chaufter. Il y vient aufîl quelques
Ruilîens qui s'en retournent du côté de la mer
Blanche , par où ils ont accoutumé de venir. Re-
cueil de Foyages au Nord , T. IF".
KILER. f. m. Terme de Relation. Troifième Cham
bre du Scirail du Grand-Seigneur , qui eft la lom-
mellerie & la fruiterie. Frucluum , & bellariorum
pcnu apud Turcas. La troilième Chambre , nommée
Kiler , comprend bien deux cens pages, qui outre
leurs exercices font commandés Par le Kilcrds/i
Bachi , pour le fervice de la fommclerie Se de la
fruiterie. Du Loir , Foyage de l.ev. p. pr. Quand
le Grand Seigneur fort du Serrail , le Silikftar &:
le Tohoagar l'accompagnent par-tout, avec un Page
du Kilcr qui lui porte toujours à boire. Id. D'au
très écrivent Khiler , ou Chilcr, parce qu'en Turc
K 1 L
349
c'eft un Khef 1X13. Foye:ç^ Khiler-Bassi.
KILERDGI BACm. f m. Nom d'un Ofticicr de la
Porte Ottomane. Chef d'échinfonnerie , de fom-
mclerie & fruiterie , & Garde des contrcpoifons <?<
de la vaillélle. Summus Imperacoris Turuu Pro-
mus eondus. Le troilième Agha ( duScrniil) s'ap-
pelle Kilerdgi Bachi , qui garde fous fon fceau les
confitures, les drogues , les contrcpoiions, les théria-
ques , la corne de licorne, le bezoart , la terre fîgil-
lée , toutes lortes de lyrops , la porcelaine i^: la vaif-
(elle d'or &: d'argent enrichies de pierreries. Du
Loir j Foyage de Levant, Lett. III. p. yo. Foy.
Kiler. D'autres difcnt Se écrivent ChilerbaJJi. Foy.
ce motj où vous trouverez aulîi létymolotie.
ffT KILEROGLANDARI. f. m. C'eft le nom que
portent les Pages de la troilième Chambre du Ser-
rail , cjui ont loin de la lommcleric , de la fruiterie ,
& de ce qui en dépend. Ils font commandés par le
Ivilcrdgi Bachi.
KILFENÉROG , ou KILFÉNOR. Nom d'une petite
ville d'Irlande. Kiljenora , Killofeneragus , Fenna-
hora. Elle eft dans le Comté de Claie , en Momo-
nie , à cinq lieues de la ville de Clare j & à deux
de l'Océan occidental. Kilfenor a une Évêché , luf-
fragant de Cashel. Maty. M. de l'ille n'a point
marqué cette ville dans la carte.
KILIA-VECHIA , ou KILIASTARY. Nom d'une
ancienne ville de la Balle Mellie. Kilia vctus , ou
Achillea. Elle eft dans la Bellarabie , fur l'île de
Kilia J formée par la branche feptentrionale du Da-
nube. Maty.
KILIA NOVA. Nom d'une ville de la Turquie, en
Europe. Kilia nova , ou Achillea nova. Elle eft dans
la Beftarabie , fur la branche la plus feptentrionale
du Danube , du côté de la terre ferme , à huit lieues
de la mer Noire. Maty.
KILIEN. f. m. Nom d'hornme. Kilianus , Chilianus
dans le mattyrologe Romain. S. Kdien _, ou h yl-
len , que les Alkmans appellent S. Kuln , étoii né
en Irlande , & y .xvoit été élevé dans la piété & les
lettres par les foins de l'es parens. Baillet , hui-
tième Juillet. Saint Kilien fut Évêque Apoftolique
& Millionnaire en Franconie , où il fut martyrilc
l'an 6S9. Foy. le P. Jourdan , Hijl. de France,
L. XXFII , p. s6i. Le P. Mabillon , S&c IL
p. ppi , & M. deTillemont. Godeau écrit Kilian ,
comme on faifoit autrefois. Saint Kilien fut facrc
à Rome par le Pape Conon , l'an 687.
KILISTINOU. f. m. & f. Les KHiJlinous , ou KiFifti-
noux , font des peuples de l'Amérique feptentrio-
nale. ^;/ii'Zi«i, >\iliJHnones. Us font dans la nouvelle
France , entre le lac fupérieur, & la baie-d'Hudlon.
Sanfon les appelle /Ciri/?i/;oi/i' dans les cartes. Leur
pays eft baigné par une rivière qui porte leur nom,
& qui fe décharge dans la baie d'Hudfon. Maty.
KILKENNY. Ville d'Irlande , capitale du Comté de
Kilkenni , en Lagénie , & fituée fur la Nure, à
onze lieues de Waterford , du côté du nord. Kcl-
chennia , fanum , ou Cella S. Canici. Kilkenny
n'étoit autrefois qu'une chapelle _, dédiée à S. Ca-
nice; maintenant elle eft une des meilleures villes
d'Irlande. Elle eft divifée en deux ; la vieille eft
peuplée d'Irlandois , & le fiége de l'Evêque d'Ci-
fery, fuftr.agant de Dublin-, & la nouvelle eft une
colonie d'Anglois.
Ce nom s'eïl: formé de /fi/ , de Cdla , & de Canici ,
dont par corruption s'ell tait Kenny.
Le Comté de Kilkenny , en Latin Kilckennienjîs
Comitatus , eft une contrée de la Lagénie en Ir-
lande. Elle a au nord le Comté de Quéens , ou
de la Reine , Se au levant , ceux de Caterlagh , ou
Karlow , & de Wexford ; la Momonie la confine
aux autres endroits. Sa longueur eft de treize lieues ,
Se fa largeur moyenne de icpt. Son terroir ,^ arrofé
par leBarrou & par la Nure , eft fertile en blés & en
pâturages. Kilkenny en eft la capitale. On y diftingue
encore les bourgs de Thomaftow, d'Inishtage , de
Kels , de Cablan , de Gowian , Se de Knocktho
pher J qui ont féance Se voix au Parlement d'Ir-
250 K I M
lande , & dent M. de Lille n'a marqué que Kels I
de Callen. , ,
KILKERAN. Nom dun bourg du Comte d Argyie ,
en EcoUe. Kikheranum. C'ell le lieu principal de la
prelquile de Camyr. Il eR fuué lur le cap de
Cantyr, vis-à vis de 1 Irlande. Maty. M. de Lille
Ta oublié , à moins que pour Kdkeran , il naît
mis Kilran , comme il y a de l'apparence ; mais il
le place allez loin du cap de Cantyr , lur la cote
orientale de la prelquile. --artt
KILLALO , ou KILALO , KILLALOW ou C ABU
Nom d'une ville de la Momonie en Irlande. X^/-
laloa, Laona. Elle eft dans le Comte de Clare,
fur le Shanon, qui fortant un peu au-dellus de
cette ville du lac de Derg , le précipite dun
rocher avec un bruit effroyable. _ Kz/a/<^ell le liege
de trois Évcchés réunis , Se tuftragans de Cashe .
Maty. M. de Lille écrit Killalow , & Spced KU-
ielaw. . Il j 1 /"
KiLLALO , ell encore le nom d'une ville de la Con-
iiacie , en Irlande. Killa/a , Allada. Elle cil dans
le Comté de Mayo , fur la rivière de ce nom , près de
fon embouchure dans la mer. Elle a un Evèche, au-
quel on a uni celui d'Achonry ^ tous deux luttragans
de Toam. Maty. Cette ville manque dans la carte
de M. de Lille , aulli-bien que le Mayo.'
IJO^KILLIN. Ville de Bellarabie , allez conliderable ,
à 28 lieues de Bender.
KILMACALO , KILM ACH - DU - ACH. Nom d'une
petite ville de la Connacie , en Irlande. Kilmaca-
lum , Duacum. Elle ell dans le Comré de Galway ,
entre la ville de ce nom , & celle de Clare. MaTY.
Kilmacalo a un Évéché uni à celui de Clunefort. Id.
M. de Lille l'appelle Kilmacough. Je ne (ais pour-
KILMALOCK. Nom d'une petite ville de la Momo-
nie , en Irlande. Ullocia , Kiimalocum.^ Elle cil
dans le Comté de Limmerick, à fix ou fept lieues
de la ville de ce nom , du côté du midi. Maty.
KILMARE. Nom d'une rivière d'Irlande. Kïlmarus ,
Jernus. Elle coule dans le Comté de Kerry , en Mo-
monie , & forme en fon embouchure une grande
baie, qui ell entre celle de Dingle & Bantry. San-
fon dans fts cartes, appelle cette rivière- Mayre.
Maty.
KILMORE. Nomd'une petite ville d'Irlande. Kïlmora,
Chïlmora. Elle cil dans le^ Comté de Cavan , vers
le coiichai-it. Kilmore a un Évcché , créé par le Pape
Nicolas V, l'an 1454. fous le titre d'Évcché de
Bréane. Il ellfullTagant d'Armacgh. Ma»ty. Kilmore
manque dans la carte de M. de Lille.
K LMORE , ell aufli le nom d'une petite ville d'Ecolie.
Kilmora. Elle ell dans la Knapole , contrée du
Comté d'Argylc , furie golfe de Tynn , & à quatre
lieues de l'iïlhme de Cantyr. Maty. Elle n'ell pas
non plus dans la carte de M. de Lille.
K I M,
KIMDI. f. m. Terme de Relation. L'heure de Vê-
pres chez les Turcs. Fefper ou Fe/pera Turcarum.
L'Oraifon fe fait ordinairement chez les Turcs cinq
fois le jour à la Mofquée , à l'heure du Sabah , qui
cil du point du jour, du Euylé du midi , du K midi
de vêpres, de Akcham &: de Yatili j du foir <S:_du
coucher. Du Loir , /'. 13^- Toutes leurs Orailons
conlîllent en plufieurs rekiers -, ils en font fix;le ma-
tin , huit à midi, fix au kmtii , huit au foir, &
huit à la nuit.lD. p. t^^.
lîCTKIMFER. roycï QuiMPER.
KI^LSAI. Voyei "Kinsai.
KIMSKI. Ville de la Tartarie Mofcovite , dans le
Tunguoka.
KIMSU. Foyci Kinsai.
KiM-TE-tCHIM. Grand bourg de la Chine, dans
la Province de Kiamjî. C'eft ce heu qui fournit lui
fcul prcfque toute la belle porcelaine de la Chine.
Il ne lui manque qu'une enceinte de murailles pour
être une des plus grandes villes de la Chine.
K I N
IJCrKlMUEN. Nom d'une ville de la Chine, dans
la Province de Kiangnang , département de lioci-
cheu.
K I N.
^KIN. Ville de la Chine j dans la Province de
Xenfi , au département de Liniao.
KINA, ou CINA, dans la Vulgate. Nom d'une ville
de la Tribu de Juda. Kina , Kinah , China. Elle ell
au midi de cette Tribu. Jof. XF, 22.
KINCHEU , ou KINGCHEU. Ville de la Chine.
Kinclieum. Elle ell la lixième de la Province
d'Huquang , a douze autres villes dans fon territoire.
Kincheu ell fitué fur la rivière de Kiangue. Maty.
KINDAR-BACHI. f m. Terme de Relation. Nom
d'un Officier du Roi en Perfe. C'ell celui qui garde
les ielles dont le Roi fe fcrt quand il monte à
cheval.
KING. Nom d'un Royaume particulier enfermé dans
celui de la Chine, i- ingum. L'fùlloire Latine de
l'Ambalfade des Hollandois à la Chine , dernière
Partie , c. 13 , p. 77 , 7S , dit que dansles mon-
tagnes de Suchuen il y a un Royaume , qu'on nom-
me King j dont les habitans font libres , & que les
Chinois n'ont jamais pu foumettre , non plus que
ceux de plufieurs autres montagnes dans les provin-
ces de Queichcu , de Changno , de Kiai;gli , de
Fokicn &: de Canton.
ijcr KING. Nom commun à plufieurs villes de la
Chine. Il y en aune dans la province de C^uantung ,
au département de Lieucheu : une autre dans la pro-
vince de Xenli , au département de fingkang : une
troifième dans le Pékéli , au dcparteUiCnt ûe ho-
kieu : une quajriéme dans la province de Kiangnang ,
au département de Ningque.
KIEGAN. i. m. Sorte d'étoft'e à fond bleu , qui fe
fabrique dans le Japon.
KING CHARLES - SOUTH - L AND , c'eft à dire , le
pays méridional du Roi Charles. Rcgio Aujlralis
Régis Caroii. C'ell un pays de l'Aménquc méri-
dionale. Il eft dans la Terre de Feu , vers l'entrée
orientale du détroit de Magellan. Jean Narbroug ,
Anglois , le parcourut l'an 1 670 , <bt lui donna le
nom du Roi Charles II. Maty.
Ip- KINGCHEU. Foyez^ Kincheu.
KINGES-LYNNE. Foye^ Lynne.
KINGESTOWNE , ou PHILIPSTOWNE. Nom d'une
ville de la Lagénie , en Irlande. Regiopolis , Philir
popolis. Elle ell capitale du Comté de Kings , Se
iituée entre Kildare & Athlone.
IfT KINGFU. Ville de la Province de Suchen , au
département de Sieucheu. ,
KING-HORN. Kinkornia. Ville d'Ecoiïe , dans la Pro-
vince de Filé, fur le Forth , à trois lieues d'Edim-
bourg.
Ip- KINGLING. Ville de la Chine ^ dans la Pro-
vince de Huquang , au département de Chingtien.
§CrKlNGMUEN. Nom d'une ville de la Chine,
dans le département de Chingtien , quatorzième mé-
tropole de la province de Huquang.
KINGS , ou plutôt Kmgfcovjnty , comme a dit M.
de Lille, le Comté de Kings, c'eft à dire , du Roi.
Régis , ou Regius Comicatus. Contrée de la Lagé-
nie , en Irlande. Elle eft bornée au nord par le
Comté de Kildare , & au flridi par celui de Qucens;
le Schannon la fépare de la Connacie , vers le cou-
chant.'Ce pays peut avoir quinze lieues de lon-
gueur , & quatre de largeur. Il eft fort maréca-
geux , & mal cultivé. Kingeftown , fa capitale , &
les bourgs de Banaber , Ballibrit & d'Eglish , en
font les lieux principaux ,& Athlone, à lix lieuesde
la première , & à neuf de la dernière. Cette ville
porte le nom de Philippe II , Roi d'Efp.igne , &
mari de Marie , Reine d'Angleterre. Maty.
KINGSALE. Kinfalia. Ville dirlande , dans la ^Pro-
vince de Munller , à quatre lieues de Cork. Foyi\
KiNSALE.
KINGSTON. Nom d'un bourg du Comte dc_Surrey ,
en Angleterre. Regiopolis. Il eft fur la lam.ife>
K I N
K I N
environ à une licuc d'I lainptoncourt. Kingjlon porte
aulii le iiom de Kinfingtori , ou de KingeJl.ounc , qui
(ignitie J'aille Royale. Ce nom lui a ccc donne,
apparemment parce que les Rois d'Angleterre y
ont un fort beau palais. Maxy.
Kingston. Ville d'Angleterre , au Comte de Surrey ,
fur la Tamifé , à dix milles de Londres. C'cii: où le
tiennent les Affiles.
fPCTKINGTU. Ville de la Chine, au Pékéli , dans
le département de Palling.
KINGTUNG. Nom de la. l'eptième Métropole de la
Province d'Iunnan , à la Chine. Kingtungum. Elle
cft entre des montagnes alireufes. Elle n'a aucune
ville fous la JurilHiCtion. A l'occident de la ville ,
il y a un pont fait de chaînes de ter. Ambaff. des
Holland. Part. I.
^ KINGXAN. Ville de la Chine , dans la Province
d'Huguang , département de Khingtien.
KINGYANG. Nom dune ville de la Chine Kingia-
num. Elle eft la leptième de la province de Xenli,
bien fortifiée, & capitale d'un territoire , où quatre
autres villes lout renfermées. Maty.
.KiNGYANG. Nom d'une ville de la Chine. Kingigan-
gum. Elle eft dans la Province de Xeniî, ou Chenfi,
& de la dépendance de Sigan , première mcnro-
pole de cette Province. Am. des Holland. P. I.
KINGYVEN. Nom d'une ville de la Chine. Kingyve-
num. Elle elflatroifième de la province de Quiangii ,
& elle a un territoire qui renferme neuf autres villes.
Maty. Elle a an nord la montagne Y, le long de
laquelle coule rapidement le Lung. Toute cette pro-
vince eft pleine d'horribles montagnes. Ambaff. des
Holland. P. I.
|Cr II y a une autre ville de même nom dans la province
de Khekiing , au département de Khueheu. Ax. Syn.
^KINGYUN. Nom d'une ville de la Chine, dans
le Pékéli , département de Hokien.
KINHOA , ou CHINHOA. Nom d'une ville de la
Chine , dans la province de Chékiang. Kinkoa.
Dans la conquête des Tartares kinkoa foutlrit beau-
coup. Ma-Tie-To qui la prit y fit couper le cou à
40000 hommes. Cette ville ne laifloit pas de payer
du temps de Navarette cinquante mille ducats à
l'Empereur, f^oye^ cet Auteur , Traité FI , c. i j ,
& 14.. Kïnhoa eft la cinquième ville de fa Provin-
ce , & a huit autres villes , dont elle eft métropole.
Son nom lignifie fleur de Vénus , Se lui a été donné
à caufe d'une difpute fabuleule de Vénus pour une
fleur. Ibid.
liCFKINKI. f. m. ou poule d'or. Nom que les Chi-
nois donnent à un oifeau , qui ne fc trouve qu'à
la Chine , dont le plumage eft fi éclatant , qu'un
foleil , il paroit tout d'or , avec les nuances les
plus vives. On dit de plus qu il eft d'un goût déli-
cieux.
KINKINA. Voye'^ Quinquina.
KINNERTH. Foye^ CÉNÉRETH.
KINNESRIN. Nom d'une ville de Syrie que les Géo-
graphes Arabes placent entre Alep & Edelîè , ik
qu'ils difent être l'ancienne Soba. Kinnejhn. Voy.
M. Réland , PaUfl. L. I , c. 3.4.. Il écrit aullî Ken-
nafrïn. Voy. Kénasserin.
KINONGAMI , & KINONGAMICHIS. Ce font
deux lacs de la nouvelle France , en l'Amérique
feptentrionale. Kïnongamïchius Lacus. Ils lont tous
deux formés par la rivière de Sagueney ; le pre-
mier à trente lieues de TadoulTàc , &c le dernier
au delFous de l'autre , & au-deflus de celui de S.
Jean. Maty.
KINQUEI. Nom d'un Lac. Voy. Kienchang.
KINROS. Le Defert de Kinros. Defertum Kinros.
C'eft un defert que M. de Witfen place dans le
pays des Kalmuchs , ou Kalmakes , en la grande
Tartarie. Il eft au nord du defert de Lop , & au
midi des fources de l'Irtis. Maty.
KÎNSAI , KIMSAI , ou plutût KIMSU. Nom d'une
ville de la Chine , appelée autrement Ham-Cheu.
Kïnfdïum. Philippe Clavier , dans fon Z. VI. c. 6.
doute fi la Ville de Kinfai, dont parle Marc Polo ,
z. II. c. 6 S. etoit la Cour du Roi Tartarc , ou celle
du Roi de la Ciiine. Il remarque aulfi .avec rail'on les
exagérations dont Marc Polo le Ictt en écrivant de la
nicme ville de Kinfai. Au lieu de Kinjai il devoit
écrire Kunfu , c'cft- à-duc , Cour Maîtrejje ; car A ini
iigniHt Cour, &c fu , m;iitrc-, parce que l.i Cour eft
comme le modèle du rclte du Royaume. Kinfai
donc , ou Kimfu, étoit la Cour des Rois de la fa-
mille Sum que les l'artares Occidentaux dépouillè-
rent de l'Empire au teins de Marc Polo. Cet Auteur
rapporte qu il y avoit à Kinfai douze mille ponts.
Mais outre que nous avons vu le contraire de nos
yeux , les Chinois qui rapportent dans Icuis livres
tant de particularités de peu d'importance , n'au-
roient pas manqué de faire mention d'une chofe fi
confiderable. Ce que dit auili Marc Polo de la gran-
deur de plulieurs de ces ponts , fous lefqucls de grands
vaideaux pouvoient palier leurs mâts élevés , n'eft
aucunement vraifemblable , parce qu'il n'eft pas
croyable qu'ils loient tous ruinés (ans qu'il en Ibic
relié aucun veftige. Un Auteur Chinois fort célèbre,
qui a fait un Traité des grandeurs de cet Empire , ne
donne à la ville de Ham Cheu , qui eft la même
que Kinfai , que cinq ponts conlidéiables , & il
n'auroit pas manqué de parler de cette hauteur ex-
traordinaire , Il elle avoir eu quelque fondement. Le
refte de ce que Marc l'olo raconte de cette ville eft
véritable , quoiqu'il 1 amplifie tk l'exagère à fon Or-
dinaire. Relation du P. Magaillans , Jéf. Voyez l At-
las du P. Martini , folio J op.
KINSALE. Ville forte de la Momonie , ou province
de Munfter en Irlande. A infalia. Elle eft dans le
Comté de Corke , à cinq lieues de la ville de ce
nom , du côté du midi. Kmfale a un fort beau porc
dans la baie de Kinfale formée par la rivière de
Banq. Les Efpagnols ayant tait foulever les Irlandois ,
tous le règne d'Elilabeth, le fortifièrent dans Kinfale ;
d'où ils te retirèrent enluite avec leurs etfets. long.
9. d. 10'. lat ji. d. 36'.
KINSU. f. m. Nom d une plante qui croît à la Chine,
près de la ville Kingyang , dans la Province de Xan-
il. Elle produit une elpèce de filalle jaune, fem-
blable à des cheveux blonds , dont on fabrique des
toiles très eftimées dans le pays. Elle eft amèrc au
goût , & guérit la gale.
KINTZEN. C'étoit anciennement une petite ville de la
\\nAcïiciç.Kintia,Quintana-Cûftra, Quintana, Quin-
tian£. Maintenant c'cft un village de la Bavière , litué
fur le Danube , entre les bourgs de Wiltshouen &
d'Orethoven , & à llx lieues de Paftaw , vers le cou-
chant. Maty,
KINTZIG. Nom d'une rivière de la Souabe. Kintia.
Elle traverfe la Principauté de Furftemberg & l'Or-
tanaw , où elle baigne Gengenbach tk Oftembourg,
& te va décharger dans le Rhin par deux embou-
chures vis à vis la ville de Strasbourg. Maty.
KINTZING. Nom d une ville d'Allemagne. Kint\inga.
C'eft une petite ville aftez jolie , fituée fur le bord
du Mein , qu'on y paile fur un fort long pont de
pierre qui topare la ville d'un fiuxbourg. Elle eft
dans la Franconie. Monconys j P. //. p. 2 6 ç.
KINYRADE. f. m. Prêtre d'une faulle Déelfe honorée
dans l'île de Chypre. Kiny rades. Kinyre, ou Cinyre,
Roi j avoit une maîtrellè qu'il fit honorer comme
une déeftè fous le nom de "Vénus. Il voulut que les
Prêrres de cette infâme divinité fuftent tous pris dans
ta famille ; c'eft pour cela qu'on les appelle Kiny-
rades. Voyez Voftius', de Idololat. L. I. c. XFII. &C
c. XXI. fur la fin. On peut aulli écrire & prononcer
Cinyrade , comme Cinyre.
^ KYN YU. Les Chinois donnent ce nom à un poif-
fon qui fe trouve dans quelques unes de leurs rivières.
Le mâle a la tête & la moitié du corps rouge. Le
refte cft parfcmé de taches brillantes comme de l'or.
La femelle eft blanche comme l'argent ; ce qui fait
un effet admirable lorlque le toleil donne deffus :
c'eft un très petit poifibn. Les gens riches en mettent
dans les baftins de leurs jardins.
îçj- KIvOCMEU. Ville de la Chine dans la Province
3T2
K I O
de Pékin , dc-parremenc de Qiiampeing.
fO" KIOHEU. Ville de la Province de Xcintung , au
•département de Yencheu.
K I O.
KIOCING. Nom d'une fortciefle de la Chine. Kio
<ingum. Elle ell dans la Province de Junnan , &
commande à lix autres villes , dont la première porte
aulli le nom Kiocing. Amb. de Rolland. P. I.
KIOG3 ou KOGE. Nom d'une ville de Danemarck.
Kigoa. Koga. Elle eft fur la côte orientale de l'île
de Zéland au midi de Copenhague. Kiog Heurilîoit
autrefois par le commerce ; mais la ville de Copen-
hague le lui a prefque entièrement enlevé. Maty.
ifJ" KIOO. r. m. efpèce d'abricotier du Japon dont le
fruit eft gros. On le nomme vulgairement Anfu Se
Katamomu.
KIOSK, KIOSKE, KIOCHE ^ ou KIOSQUE. On
prononce Kiock en une fyllafje. C'eil un terme de
Relation j & li l'on veut d'Architecture étrangère. Un
Kiofque eft dans le Levant un pavillon , un petit bâ-
timent féparé de tout autre , où l'on le retire pour
prendre le frais , fe divertir , jouir de quelque belle
vue. Le Grand Seigneur a des Klofques magnifiques
à Conftantinople . l'or y brille en dedans de tous
côtés. De la Boulaye écrit Kiorck. Kiorch , eft un
terme Turc qui répond à celui de Belvédère en Italien ,
& (ignificen Francjois un petit cabinet d'où l'on décou-
vre au loin , bâri feul à l'écart , & que l'on ferme
avec des toiles. Le Roi des Ottomans en a un beau à
la pointe du ferrail. De la Boulayï.
KIO VIE j ou KIOW. Ville de la Rullîe Rouge, dont
elle a été autrefois la capitale Kiovia , Chiovia. Elle
l'eft aujourd'hui de la balfe Wolhinie , qu'on appelle
autrement le Palatinat de Kiovie. Elle eft fituée lur
le Borirthène , environ à foixante lieues de Lufic vers
l'oiient. Kiovie a été fort grande , comme il paroît
par les ruines de les anciennes murailles ;,cllc eft en-
core conlidérable , elle a une bonne citadelle, & eft
le fiége d'un Evèque Latin , fuftragant de Lembourg ,
& celui d'un Archevêque Grec Schilmatique. Les
Polonois ayant été obligés pour appaifer les Cotaques
de leur mettre kiovie entre les mains ^ ceux-ci l'en-
gagereiit aux Molcovites , auxquels les Polonois l'ont
enhiite vendue pour la fomme de fept cens mille flo-
rins. Maty
KIOVIE. Palathiat. Foye^ Volhynie, la baife Vol
hynie.
tW KIOXAN. Ville de la Chine , dans la Province de
Honan , département de Juning.
|p°KIOYAO. Ville de la Province de Xanfi, au dé-
partement de Pingyang.
K I R.
KIRA. Nom d'une tour fort élevée près de Salamine.
Keras. C'eft l'ancien Keras , d'où Xerxès conlidcrant
fon armée de 1800000 hommes, le mit a pleurer en
penlantque dans 100 ans il ne refteroit pas un ieul
homme d'une h grande multitude. Elle eft partagée
comme en deux cimes ,dont l'une s'appelle Grand
Kira, dans le pays Magalo-Kira i & l'autre Petit-
Kira j Micro-Kira. Voyez Spon , Voyage de Grèce ,
P. II. p.^ 261.
KIRANIDÈS. f. m. Roi de Pcrfe, qui, dans un ou-
vrage fur les pierres , leur attribue quantité de vertus
fabuleufes , ainfi qu'Evax , Roi Arabe ^ dont l'ouvrage
Grec a été traduit en vers latins en 1585.
KIRCHBERG. Nom d'un château d'Allemagne. Kirch-
berga. Imhotf, dans fa Notice de l'Empire, L. II.
c. p. où il traite de l'Elefteur Palatin , dit §. 10. que
Kirchhere, a eu autrefois titre de Comté &c fcs
Comtes particuliers qui avoient encore l'Avoucrie
du Monaftère de Ravengersbourg ; mais en 1408 , il
fut réuni au Palatinat à la mort de Gérard , Comte de
Kirchberg par défaut d'héritiers.
Ce nom eft Alleman j compofé de K irck ,E'^\i(c ,
éc berg , montagne , &c marque que ce ii'étoit d'à-
K I R
bord qu'une Èglife bâtie -fur une hauteur.
Il y a un. autre Kirchberg que Charles - Quint
donna en fiel aux Barons de l'ugger en IJ30.
Il y a encore un Kirchberg litué proche d'Iéne
fur une montagne allez haute , dont la Sale baigne
le pic. Celui-ci donne ion nom au Comté , ou Bur-
graviat de Kirchberg. Burgraviatus Kirchbergcnjls ^
ou Templimontanus , comme dit Wernerus Hackius
dans fi Chronique. Rittershufius tk Bucelin ont
donné la Généalogie des Burgraves de Kirchberg^
mailon conlidérable en Allemagne dès le douzième
fiécle. Voye'[ aulîi Imhoft , Net. Imp. L. IX, c. 14.
Le Comté de Kirchberg , en Latin Kirchhergen-
Jîs Comitatus , eft un petit pays du Cercle de Souabe.
Il ell: autour du Danube , au-dellus de la ville
d'Ulm , Se divilé en deux portions par la Baronnie
de Juftingen. Ehingen eft le principal lieu de la
partie occidentale ; Erbach & Kirchberg font dans
l'orientale. Ce Comté appartient à la mailon d'Au-
triche. Maty.
KIREK. f. m. Nom d'homme. Guevrokus. Saint
Gueuvrok , ou Kirek , Moine & dilciple de Saint
Tugdual, fut tiré de fa folitude de Plou Daniel
par S. Paul ( de Léon ) qui l'employa à la con-
duite des peuples. Il mourut à Ladernau. P. Lobi-
NEAU , Hijl. de Brct. L. II , p. jô .
KIRI J ou CHIRI. Nom d'une petite rivière de la
Dalmatie. Kirius , Drinus , Drinajus. Elle baigne
la ville de Scutari, Ik. le décharge peu après dans
la Bojana.
KIRIATH. Nom d'une ville de la Tribu de Benja-
min. Kiriath. Voyez Jofué XVIII , 2S , où elle
eft nommée Cariath par S. Jérôme. Eufébe dit
qu'elle étoit fous la Métropole de Gaba.
KIRIATHAIM. \ „ f Cariathaim.
KIRIATHARBE. j ^"^" \ Cariatharm.
Et Ainfi des autres qui commencent par le mot
Kiriath , qui fignifie ville. Kiriath eft la pronon-
ci.ition du mot Hébreu , ielon les Miilorctes , &
les Hébraïlans le luivent. On peut le taire comme
eux dans des dillertations & des ouvrages d'érudi-
tion. Hors de - là il faut luivre l'uiage que la Vul-
gate & les Septante ont établi d'écrire , tJc de pro-
noncer Cariath.
KIRIELLE. Foyei Kyrielle.
KIRISTINOU. Foyei Kilistinou.
KIRK. Foyci Vegia.
KIRKBYSIEVEN. Nom d'un bourg autrefois , main-
tenant d'un petit village d'Angleterre. Fanum S.
Stephani. Il eft dans le Comté de Weftmorlaiid,
fur la rivière d Eden ,aux confins du Comté d'Yarchj
Maty. Ce nom eft formé de Kirck , Eglife j ôc de
Steven, qui vient de Stephunus , Etienne.
KIRKIÉ. f. m. Terme de Relation. Vélum. Le kirkié
ell une efpèce de voile que les femmes Turcques por-
tent l'été J quand elles fortent de la niaifon. le Brun.
KIRKISIA , ou KARKIiE. Nom dune ville de la
Turquie, en Alie. Circcfmm. , Circeum. Circufum ,
Conjlantina. Elle eft dans le Diarbeckir , fur
l'EuphratCj à vingt-cinq lieues au-delFous de Rik^
On y voit le tombeau de l'Empereur Gordien.
Maty.
KIRKUDBRIGE. Nom d'une petite ville d'Écoirc.
Kirkenbrigia. Elle eft dans le Comté de Galloway ,
à l'embouchure de la Dée , entre la ville de Wit-
hern & celle de Dunfrées , à lix lieues de la pre-
mière , & à huit de la dernière. Cette ville a
fcance & voix dans le Parlement d'ÉcoIle. Maty.
M. de Lille écrit Kirkuhright
KIRKWAL,^ou KIRKEWALD. Petite ville &
capitale de l'Ile deMainland , une desOrcades. Kùt-
coviaca , .Kurkuallum. Cette ville a été fondée par
les Danois •, elle a un bon château , cSc un bon port.
C'eft le fiége de l'Evcque des Orcades. Maty.
KIRMAN. Voye\ Kherman.
KIRMENT. Voye^ Kerment.
KIRN. Nom d'un château du Palatinat du Rliin.
Kiriium II eft dans le Comté de Spanhcim j près
de Nachc , (l<c de la petite ville de Kimbourg , à
lix
K I S
fix licucs au dcllus de celle dz Crcutznach. Maty.
KIRONONA. 1". m. & t'. Nom d'une Nation de l'A-
mérique i'cptentnoiiale. Kironona. De là ils pafsè-
rent cliCis les Kirononas, où ils turent très-bien
reçus. JovET.
KlK^OTOMIE. f. f. Terme de Chirurgie. Kirfocomia.
Opération , ouverture , incilion qu'on fait aux va-
rices pour les guérir.
Ce mot eft compolé de deux mots Grecs «ifirk j
varice , Se T.y-iu , je coupe .
KIRTEL , ou KYRTEL. C m. Nom d'un ancien
habit que l'on donnoit aux Chevaliers du Baingj
quand on les hihoit Chevaliers. Kinellum. J^oyei
du Cange dans Ion Glolîaire. Dans l'Ordonnance
&c manière de créer & de faire nouveaux Chevaliers
du Baing , eu temps de paix , lelon la coutume
d'Angleterre j il ell dit : Que le plus gentil & le
plus laige Chevalier donnera à l'Elcuyer fa che-
niile , un autre lui baillera fes brages , le tiers lui
donnera un pourpoint , un autre lui vcflira un
kind de rouge tartarin.
K I S.
KISCHION, ou CÉSION. Nom d'une ville delà
Tribu d'Ilfachar, dans la Terre Sainte. Kifchion ^
Cefion. Voy. Jol'ué , XIX. 20 _, & XXI y 2S.
KISIL BASCHI. Voyei KURTCHI.
KISISQUE. C'ell ainii qu'on nomme aujourd'hui les
ruines de Cizique. Voye-:^ la delcription qu'en fait
Grelot dans fon voyage de Conllantinople. Peur
CysiQUE. Voy. ci-dellus.
KISLERAGASI, f. m. Terme de Relation. ^Le
P. Ladoire dans la relation de fon voyage à Conf-
tantinojtle , écrit Ciiler-Aga. Ce mot lignifie Maî-
tre des filles ou des femmes. C'eil à lui en efîet
que la garde des pcrfonnes du fexe pour les plai-
firs du Grand-Seigneur , eft commif'e. Il eft quali-
fié Bâcha à trois queues : il a le rang au dellus de
tous les Wizirs , excepté le Grand- Wizir : & mc-
lîie ce premier miniftre de l'Empire eft fouvent
' obhgé de lui faire la cour. Ladoire.
KISLEU. f. m. Terme de Calendrier. Nom du neu-
vième mois des Hébreux qui répondoit à- peu-près
à notre mois de Novembre , leur année commen-
çant au mois de Mars. Les Juifs d'aujourd'hui écri-
vent Ccfleu , ëc ils le commencent au douzième
de Novembre. Quand ils mettent le commence-
ment de leur année au mois de Septembre en
Automne j le mois de Cajleu eft le troilième de
l'année. Quelquefois on trouve Cijleu , Cejîeu ,
Cajlim , Chafeleu , pour Kijleu & Cajleu , qui font
les deux noms les plus ordinaires de ce mois. Voye^
Casleu.
KISLOT-TAABOR. Nom d'une ville de la Tribu de
Zabulon. KiJIochTkabor. La Vulgare l'appelle Ce-
feleth Thabor. Elle était fur les confins de cette
Tribu , du côté de l'orient XIX , 12.
KISTE. f. m. Nom de raefure dont il eft parlé dans
les Auteurs Arabes & les Rabbins. Klfius. C'eft
une raclure pour les chofes liquides que quelques-
uns comparent non pour la figure , mais par rapport
aux chofes qu'elle contient , à une bouteille , un
flaccon j un verre , un fetier.
KiSTE. f. f. eft aulîî luie efpèce de laine qui fe tire
d'Allemagne.
KISTIQUE. Terme de Médecine. Qui appartient au
Kifte , qui y a rapport , qui peut le guérir , l'ex-
tirper. Voy. Kyste.
KIT.
KITAI. f. m. Efpèce de damas qui fe fait à la Chine.
Les femmes des Oftiakes , peuples de la Sibérie
foumife au Czar, en fout des voiles dont elles fe
couvrent le vifage par modeftie.
\fT On donne le même nom à des toiles de coton
de la Chine , les unes blanches , les autres rouges
ou d'autre couleur.
Tome V.
KIU 373
CCTKITCME. f. m. C'eft le nom que les Turcs
donnent au bonnet des Janillaires j élevé en pain
de fucre , & terminé par le haut en tonne d une
manche pendante.
KrrifEY. Voyei Catay.
KITLISH. Nom d'une ville de la Terre-S:àntc. Kk-
lifch , Cethiis , dans la Vulgatc. Llle étoit de la
n ribu de Juda. Jof.^ XV , jS. C'eft M. Réland
qui écrit K'uiifch. Il eût été mieux de dire Cludifch ,
pour marquer le 3 , & le n , mais toutes les fois
que les lettres na3133 , font daghellées d'un daghès
doux en Hébreu, il ôte l'afpiration j & les ex-
prime par des tenues. Il eft plus commode de ne
point tant lailFer à réHéciiir à fon ledfeur.
KITSHAAG. f. m. Terme de Relation &c d'Hiftoire
naturelle. C'eft le nom d'une efpèce d'abeilles qui
fe voit au pays des Tapuyis , au Brelil. Kit-
thaag. Ces abeilles fe produifcnt fous terre , où elles
font , formant une efpèce de ruche ; on ks en tire
en fiilant de la fumée. Marcgrav. RlJI. Nac.
Brafd. L. VII, c. 12.
KITSHAARA. f. f. Terme de Relation & d'Hiftoire
naturelle. Nom que les Tapuyis donnent à une
efpèce d'abeilles qui fe trouve dans leur pays au
Brelil. Kitshaara. Ces abeilles s'attachcr.t aux ar-
brilleaux & aux broullàilles. 0\\ leur fait des ru-
ches longues d'une derni-aune. Ce font celles qui
font le meilleur miel j &: le plus agréable. AL\rc-
GRAV. Hïft. Nat.BrafilL. VII ,c. 12.
KITTIS. Nom d'une montagne de la Laponie Sué-
doife , environ à GG d. 4S m. io f. de latitude.
En y montant on trouve une grofle fource d'eau
la plus claire , qui fort d'un fable très -fin , &: qui
pendant les plus grands froids de l'hiver confervc
fa liquidité. Pendant que la mer du fond du golfe
de Bothnie , & tous les fleuves font aulli durs que
le marbre , cette eau coule comme pendant l'été.
Maupertuys. Il la fiippofe une heure 23 m. plus
orientale que Paris.
KITZINGEN. Nom d'une petite ville du Cercle de
Franconie , en Allemagne. K'UTiingum. Elle eft fur
le Meyn , aux confins de l'Evëché de Wurtzburg
& du Marquifat d'Onfpack. Cette ville eft divi-
fée en deux parties , donc l'une appartient à l'Évc-
que, l'autre au Marquis. Maty.
K 1 U.
|1S?KIU. U y a deux villes de ce nom à la Chine,
l'une de la Province de Xantung , au département
de Cincheu : l'autre dans la Province de Suchuen ,
au département de Xunkin.
Ip- KIV AC. Ville d'Afie , dans le pays de Carefcn
ou Kouarefm,à 95 d. 35 m. de long. Scïi,ç) à. 50'
de lat. Hift. de Tïmur - Bec.
KIUCHEU. Nom d'une ville de la Chine , fîxième
métropole de la Province de Chékiang. Kiucheum.
Elle eft au midi de cette Province , Se a cinq villes
fous fa jurifdiciion. AmhajJ'. de Holl. P. I.
Ifj' KIUCIN. Nom d'une ville de la Chine , dans
la Province de Gunnan , au département de Li-
kiang.
§CT KIUCKIANG. Ville de la Province de Suchuen,
au département de Changking.
gC? KIUHIANG. Ville de la Chine , Province de
Xantung , département de Yencheu.
Ip- KIUIUNG. Ville de la Chine , dans la Province
de Kiangnan , département de Kiangning.
1)3" KIULO. Ville de la Chine, dans la Province de
Pékin , département de Xunte.
ipr KIUN. Ville de la Chine , dans le Huquang ,
département de Sanguyang.
|p° KlUNCHEU. Nom d'une ville de la Chine ,
dixième métropole de la Province de Quantung.
Elle a douze autres villes fjus fa jurilcliftion.
ïfT KIUNCMING. Ville de la Province de Xan-
tung , au département de Yencheu.
if3' KIUNG. Nom de la quatrième cité de la Province
3T4
K I Z
de Suchuen , à la Chine. Elle a trois places dans
(on département.
fP^-KIUYANG. Ville de la Province de Huquang, à
la Chine , dans le département de Xincheu.
lO'KiUYE. Ville de la Province de Xantung , dé-
partement de Ycncheu , à la Chine.
ICFKIXAN. Nom d'une ville de la Province^ de
Chenli , département de Fimgciang. C'ell aulfi le
ivjin d'une forterelFe de la Province de Xantung.
ÇCTKIXUI. Ville de la Province de Huquang , dé-
partement de Hoangcheu.
îpr KIYANG. Ville de la Chine , dans la Province
de Huquang, au département de Yunchcu.
K I Z.
KIZIBALCHE. C. m. Terme de Relation. Mot Turc,
qui lignifie Tcte rouge , Ruhrum caput , Erytroco-
ryphûs. Les Turcs appellent les Perlans de ce nom ,
d^epuis qu'Ifmaël Sophi , fondateur de la Dynaftie
des Princes qui régnent aujourd'hui en Perfe , com-
manda à les loldars de porter un bonnet rouge , au-
tour duquel il y a une écharpe , ou un turban à
douze plis , en mémoire & à l'honneur des douze
Imans (uccelFeurs d'Ali , del'quels il prétendoit
dekendre. Ce bonnet s'appelle en Perhen Tag, &
fut inllitué l'an 907. de l'hégire. D'kerbelot. Cet
Auteur écrit Kefdhafch , & Kifilbafch à la Tur-
que , & Ki\ilbache à la Françoife.
Vigenère écrit Ké-^cilba(]\ & il dit après des Re-
lations de Perle , que c eft un haut bourc , ou
bonnet à la marinelque, plilletoutdu long à douze
godrons , ou tuyaux emboutis en guile des côtes
d'un melon , & il ajoute que fuivant l'interpréta-
tion vulgaire des Perlans , cela fignifie les douze
Sacremens de leur loi. Et parce que cela ne le latis-
fait pas , il en cherche une autre caule , Se dit que
c'ell un myftère émané de l'antiquité du Paganilme ,
où les Perles adoroient le feu , dont l'ardeur eft dé-
notée par la couleur rouge , &c comme iymboli-
fant au loleil, qu'ils avoient aulli en très -grande
vénération ; que ces douze godrons emboutis mon-
troient les douze mois de l'année , & les douze
lignes , où cet aftre fait (on cours. Telle eft la con-
jeéture de Vigenère , mais la forme de ce turban n'eft
pas lî ancienne que ce lavant homme penloit •■, &
ce que nous avons rapporté de d'Hcrbelot eft plus
croyable. Vigenère écrit ailleurs Cafdbas.
Wicquefort écrit Kifilbach , Se au pluriel A'//?/-
bachs. Un Perfan des principaux de ces foldats , qu'ils
appellent Kijîlbachs. Wicq.uef. Le Roi (de Perle à
l'audience de Figuéora ) croit vêtu d'une cafaque de
ces toiles , dont les plus pauvres Paylans de Perle
s'habillent, de couleur verte, & avoir fur la tête une
coëifure fort commune , bordée de foie verte Se
incarnate par-dc!lus le bonnet , de la même façon
qu'en la religion Perlanne les perfonnes de condi-
tion portent ordinairement, comme aulîi les gens
de guerre que l'on conno'it fous le nom de Tur-
quefque , qui leur eft particulier de Kijilbach. Ces
bonnets font d'un gros feutre rouge. Se la plupart
garnis de coton , enforte qu'ils peuvent rélifter à un
coup d'cftiamaçon , quelque violent qu'il puille être.
Ils tout li étroits à 1 entrée , qu'il faut qu'ils failent
eftort pour y faire entrer la tête , mais après cela
ils s'élargillent petit à petit vers le bout , de la
longueur d'un demi pié , Se en haut ils font ronds
6c unis , fiifans quelques plis , comme les capu-
chons de deuil en Elpagne ; ou comme ceux que
portent ordinairement les gens de balle condition en
la Manche , ou en la Caftille-vieiUe. Ces plis dont
nous venons de parler , ne peuvent pas excéder le
nombre de douze, comme aulli il n'y en doit man-
quer à ce nombre, & cela par une cérémonie par
ticulière , introduite en la nouvelle religion des So-
phicns \iv: Schich Hiïdac d'Ardébie. Au centre de
la (uperhcie de ces bonnets, où tous les plis abou
tilient , il y a un petit bkon , ferme & bien atta-
ché, de la grandeur de quatre doigts , oc épais d'un
K I A
doigt , étant un peu plus gros au bout d'en-haut , &
plat, de la même façon que le bonn «. Tout le Ion»
de ce petit bâton depuis le bas julqu'en haut, cou-
rent douze canaux , qui te vont joindre en fou cen-
tre , vers l'extrémité d'en-haut , où l'on diftinguc
fort aifément ces douze canaux , ou rayons, qui fe
rapportent aux douze plis du chaperon , d'où le
bâton fort , Se ce bâton eft rouge aulli , comme le
rerte du bonnet. Sur cela ils mettent une grande
pièce de toile fort déliée , qui y fait plulieurs tours,
& forme un tort luperbe turban -, eniorte néanmoins
que le bout d'en-haut , où les douze plis fe rencon-
trent , demeure toujours découvert , quoique bien
(ouvent il n'y paroille que le petit bâton , parce que
la toile couvre tout le rcfte. Wicc>uefort. Ambaff.
de F'igueroa , pag. 2 ^ s > 2 j6 ,
Ce mot vient de Kï\il , ou Ké\el , rouge , &
hafch , tête.
K L A.
KLATAW. Nom d'une petite ville de la Bohême.
Clatovia. Elle eft lur la rivière de Bradauca , dans
le Cercle de Pilfen , et à fept lieues de la ville de
ce nom , vers le lud. Maty.
K L E.
KLÉCKOW. Voyei HÉGOW.
KLETTENBERG. Nom d'un bourg de la Thuringc,
en Haute-Saxe. Kleaenberga. Ce lieu eft chef d'une
Seigneurie , qui a eu autrefois titre de Comté. Il eft
dans le Comté d'Hohenfteid , à deux lieues de la
ville de Northauien , du côté du couchant. Maty.
K L L
KLINGENAW. Nom d'une petite ville de la Suilfe,
lituée dans le Comté de Bade , fur l'Aar , à qua-
tre lieues de la ville de Bade. Klingenavia. Kimge-
nuw eft la capitale d'un Bailliage duquel dépend la
ville de Zurzarch. Maty. long. ij. d. 56'. lat. 47.
d. 3;'.
K L O.
ifJ' KLODA. f. m. Nom d'une mefure dont on fe
fert dans la petite Pologne Se dans la Rullle Rouge.
Le Kiûdu contient quatre boilleaux.
K L U.
KLUFFT , ou KLOUFTE. f. f. Les Allemands don-
nent ce nom aux fentes des rochers & des mon-
tagnes , qui accompagnent les filons métalliques,
dans différentes directions.
KLUTSMEISTER. f. m. Nom d'Office dans plufieurs
villes d'Allemagne & des Pays-Bas , Se en parti-
culier dans Groningue. Urbis Magijler. Ces Offi-
ciers font dans ces villes ce que font chez-nous les
Commiffaires Examinateuts , ou Commiilaires ai
Quartiers. Foyeiàe la M.ue , Traité ^de Police ,
L. I. Tu. XI, c. II ^T. I , p. 220. \
K N A.
KNAPDALE , ou KNAPOLE. Nom d'une des trois
contrées du Comté d'Argile , en Ecofl'e. Knapda-
iia. Elle eft entre l'Argile propre , &_la prefqu'llc
de Cantyr. Cette contrée peut avoir fept lieues de
longueur , & trois ou quatre de largeur ; elle abonde
en pâturages , où l'on nourrit beaucoup de bctail.
On y prend des bœufs lauvages , qu'on mange aux
meilleures tables. Kilmorc en eft le lieu le plus con-
l^dérable. Maty.
KNARINGEN. C'étoit autrefois une petite ville de
la Viud^licic , maintenant c'eft un bourg du Marqui-
Çxi de Burgaw , en Siube. Knaringa. Il eft luv la
rivière de Karnlach, à demi-lieue de la vide de
Burgaw > anciennement Granaiio, M.\ty,
K N O
K N E.
KNEF. f. m. Voye:[ Cnef.
KNEZ , ou KNEES. Nom de dignité en Mofcovic. Les
Knei font en ce pays là les [ncmicis Scigneiu's de
1.1 nation, comme les Ducs &: l'aiis en Fiance, les
Grands en Efpagne, &c. Frimâtes, Proceres regiû
Mofcovkki. CG" Il y en a de tiois forces ; ceux qui
dclcendent de Volodimir I , Grand Duc de RuOic ,
ou qui ont été élevés par lui A cette dignité : ceux qui
defcendcnt des Princes fouvcrains étrangers rétablis
en Rullîc : & enfin ceux qui ont été créés Princes
par quelqu'un des Grands Ducs.
K N I.
KNIPENS. A^oji?? Knipiiausen j qui fuit.
KNIPER. f. m.'E(pècè de pic qui naît particulièrement
dans la Laponie. Il a le dos noir , ainh que la tête
& la plus grande partie de fcs ailes, l'ellomac & le
ventre blancs , le ^bec rouge , fort long , & armé
de dents. Il a auffi les pies rouges 6^ fort courts ,
avec une petite peau entre les doigts , comme les
autres oifeaux de rivière.
KINIPHAUSEN. Nom d'un lieu d'Allemagne, qui
. a titre de Baronnic libre. Kniphufium. Kmphaufcn ,
qui fe nommoit autrefois Knipens , appartient aux
Ducs de Holllein. roy. Imhoft , AW. Imp. L. IF,
c. f> , §. 8.
KNIPHOFE. Foyei à Konigsberg.
K N O.
KNOCFERGUS , ou CARIKVERGUS. Nom dune
ville torte de l'Ukonie , ou province d'Ulfter , en
Irlande. Rupes FerguJiL' Elle ell; dans le Comté
d'Antrim , à cinq lieues de la ville de ce nom , du
côté du levant. Knofergus a un fort bon port dans
une baie qui porte fon nom, & que quelques uns
premicnz pouï le rinderius Jluvius des Anciens, que
. d'autres croient être la Boyne. Matv. Le nom
Latin montre l'étymologie & la lignification de ce
nom. M. de Lille l'appelle Cankfergus.
KNODSENBOURG. Nom d'un bon fort des Provin-
ces-Unies. Knodfenburgum. Il eft dans la Gueldre
.lur le Wahal , vis à vis de la ville de Nimégue
Maty.
^ KNOUT , KNOUTR , ou KNUT. f. m. Sorte
de châtiment ou de fupplice ufité en Ruffie. Le
knout efl: une courroie de cuir^ épairfe & dure ,
de la longueur d'environ trois pieds & demi, atta-
chée par un bout à un bâton long de deux pieds,
par le moyen d'un anneau qui le fiit jouer comme
un Héau. Il y a deux manières de donner le knout.
La première eftpour les crimes moins odieux. Le
coupable ayant la chemife levée , cft mis fur le
dos d'un autre homme , & reçoit du Bourreau
autant de coups qu'il ell: ordonné par le Juge. Ces
Maîtres , comme les appellent les Mofcovites , font
fi adroits, qu'il arrive rarement qu'ils frappent deux
coups fur le même endroit. Ils les appliquent l'un
à côté de l'autre depuis le haut des épaules , juf-
qu'aux fefles. Celui-ci efl: regardé comme une pu-
nition de faveur , à moins qu'il ne foit fuivi d'un
exil en Sibérie.
La féconde manière de donner le knout , eft plus
rigoureufc. On lie les deux mains du Patient der
ricre le dos , & par le moyen d'une corde qui
tient à (es mains, & d'une poulie, on le fufpcnd
â une potence , avec deux poids fort pefans atta-
ches a les pieds : & dans cette pollure on lui appli-
que le nombre des coups ordonnés. Ce fupplice ell
ordinairement ordonné comme une queftion pour
faire avouer quelque chofe. à ceux qui font acaifes
de quelque crime.
f^ K N U.
KNUPHIS. Foyei CNEF.
Tome F.
K O D
3yr
K N Y.
KNISSIN. Nom dune petite ville de la Pologne.
Knyjjmum. Elle efl: dans la Polaquie , en Mazovic
cnue la ville de Bielsko , & celle d'Auguftow , à
quinze licucs de la première , £c à dix de 'la dernière.
Matv.
K O B.
KOBA. Nom d'une grande ville de i'Usbeck, en la
grande Tartane. Koba. Elle doit être dans la pro-
vince de Targana. Matv.
KOBALTHUM. f. m. H y en a qui écrivent Cobal-
thum. Pierre dure , pelante , rougeâtre _, formée pat
grains- : clic fe trouve , avec plulieurs autres de mê-
me efpèce, attachées enfcmble à une'efpèce de gan-
gue , & à une marcanite femblable à l'antimoine
minerai. Le Kobalthum le trouve ordinairement dans
les mines d'argent ; c'eft un poifon corrofif qui
ulcère les jambes de ceux qui travaillent aux mines ,
quand ils les mettent dan.s l'eau où il eft tombé du
À ohalthum.
Il y en a qui confondent le Kobalthum avec la
cadmie , ou pierre calaminaire; mais ils fe trom-
pent.
KOBBERA-GUION. f. f. Animal amphybie, qui
fe trouve dans l'île de Ceylan. Il mange les corps
morts des bêtes & des oifeaux. Sa langue fourchue
s'allonge en forme d'aiguillon , ce qui joint à fou
fiiSement , rend cet animal eUrayant. Cependant il
n'attaque point les hommes.
KCBEL. Nom d'un lieu , fitué fur les confins du
Tirol » & de l'État de Venife. Kobdïus , Scopulus ,
Kabelia Rupes. C'efl: un haut rocher efcarpé per-
pendiculairement , & creufé dans la moitié de la
hauteur. Il appartient à la ALiifon d'Autriche. Il
lé nomme Kohel en Allemand , &: Chinjfa en Ita-
lien. Il commande au grand chemin d'Italie en
Allemagne , fur lequel il efl: ; enforte que rien ne
peut palier qu'on ne le foudroyé de cette caverne ,
où l'on ne peut monter que par une corde &c un
bâton lur lequel on efl: alîis , & que l'on tire d'en-
haut par une poulie. On dit qu'il y a des moulins ,
des fources , & plufieurs chambres. Monconys ,
P. II, p. 407.
K O C.
KOCHELS , ou COCHEES. Nom d'un village de
Bavière. Kochelum. Il eft fur le petit lac de Ko-
chels formé par la Loyfa , à dix lieues de Munich ,
vers le midi. Kochels eft le lieu de la Vindélicie ,
qui portoit anciennement le nom de Corvelice.
Maty.
KOCTZE. Nom d'un petit chariot en ufage autrefois
en Hongrie , <Sc' propre à aller vite. Curius velox ,
Cijium. Paul Thomorée , Cordelier, & Archevêque
de Coloccnfe , ayant averti le Roi Louis par plu-
fieurs meflages de l'arrivée des Turcs , voyant que
pour toutes les lettres on ne fe hâtoit point de le
fccourir , vint lui-même , en la plus grande dili-
gence qu'il lui fut poflîble , fur des petits chariots
nommés kocics , dont il changeoif fort fouvenc ,
trouver fon Roi Louis à Villegiade le vingtième
jour de Mars. "VigenerEj Contin. de l'HÎfi. des
Xurcs , L. IF, p, 4Sj.
K O D.
IvODAFA. f m. Terme de Relation. Nom du Chef
de l'Ordre des Sophis , que Chiek Sephi établit
en Perle j pour attacher à fa perlonne , & à celle
des Rois fes fucceflaurs , des lujets fidèles. Il aflem-
ble les jeudis au foir les Sophis dans une Mofquée ,
& ils prient tous eniemble pour la profpérité du
Roi : les jours de fetc k Kodafa fe préfente devant
le Roi , avec un baflîn dans lequel il y a quelques
fucreries; il fait une prière comme pour les bénir ,
Yy i,
#
356 K O K'
puis le Roi eti prend un morceau , &: aprcs lui , les
Seigneurs de fa Cour en prennent aulîi.
KODEN. Nom d'un petite ville , ou bon bourg du
Duché de Lithuanie. Koda. Ce lieu eil: dans la Polc-
lie j lur la rivière de Bug , à cinq lieues au-dcilus
de Breflîci. Maty.
KODOIA. -f. m. Terme de Relation. Miniflre de
Mofquée, Otticier des Mofquées chez les Mahomé-
tans, Kodgia. Conllantinople n'a qu'un faubourg -,
il s'appelle Ayvanfarï vulgairement, &: je crois que
proprement c'eft Tuvim>'htfan , c'eft-à-dire la for-
terelle d'Yup , que les Turcs tiennent pour un de
leurs plus célèbres Prophètes , <Sc des plus vaillans
Capitaines , qui , ayant combattu pour la Religion ,
fc loit lignalé en ce lieu. ... Le lépulchre de ce
Prophète y ell en grande vénération , quantité de
lampes y brûlent continuellement. Se il eft enrichi
de pluiieurs dons des grands Seigneurs , qui ont gagé
des Prêtres ôc des Kodgias , qui y prient toujours
Dieu. Du Loir , Voyage du Levant.
Ordinairement les Kodgias & les Talifmans , qui
tiennent parmi eux rang de Diacre j & qui , les
jours de Beyram , font des prédications lur un texte
pris del'Alcoran, chantent avec l'Iman , & lui ré-
pondent. Du Loir , p. 146.
KOGIA. f. m. Terme de Relation. C'eft un Nom
Turc , que l'on donne aux gros Marchands. Kogia
Pictros, ou Kogia Pierre. De La Boulaye-.
Jv O L
KOL f. m. Terme de Calendrier. Nom du huitième
mois de l'année , & d'un des fignes du Zodiaque
chez les Turcs Orientaux. Ce nom , dans leur
langue, veut dire hrdis.
K O K.
KOKENHAUSEN. Nom dune ville de Suhàç.Koken-
hufium. Elle eft dans la Livonie , fur la Dzwine j
à iiix lieues au - dclUis de Riga. Kaukenhaufen eft
une place forte , plutôt par fa fituation lur une hau-
teur , que par fes travaux. Elle eft défendue par
une bonne citadelle. Les Mofcôvites la prirent l'an
1 6 j4 , mais il la rendirent aux Suédois par la paix fui-
vante. Maty. Long. 43. d. 38' lat. $6. d. 40'
KQKOB. f. m. Nom d'un ferpent de l'Amérique méri-
dionale. Kokob, Kokohus. Le Kokob fe trouve dans
le Jucatan , prefqu'ile fituéc entre le golfe de Mexi-
que &: celui de Honduras. C'eft une efpèce d'hémor-
roiis II a trois pieds de long, &c eft d'une couleur
noirâtre. Quand on en eft piqué on perd tout fou fang
dansl'efpnce d'une heure, & l'on meurt dans le jour
même fi l'on n'y apporte au plutôt remède , qui con-
fifte à mêler du tabac dans du fuc de poivrette , &: à
le boire. VoyeT^ Nieremberg , Hift. Natur. L. XII.
c. dernier; Se après lui, Vollius, de Idolol. L. IV.
c. 60. p. 116.
KOKOS. f m. Nom d'un arbre. L'Hiftoire Latine de
rAm-baffade des HoUandois à la Chine , écrit ainfi,
P. IL p. I 01 ; mais en François nous écrivons coco.
Voye-:(^ Palme.
KOKOTAN. Nom d'une ville du Mongal , ou de la
Mugalie en la grande Tartaric. Kokotanum. Elle eft ,
félon le P. Avril, fur la route que l'on tient pour al-
ler de Tobolk à Péking. M. de Witlen la place au
couchant de la Chine j, environ à trente heucs de la
rivière d'Hoamk , entre les villes que les Chinois
pofscdent en Tartarie. Maty.
g^-KOKUTAN. Ville.de la Chine, bâtie par les Chi-
nois, hors de la grande muraille, pour ariêtcr les
courles des Calmoucs à quinze journées de Péking.
KOKZUBL Nom d'une petite ville de la Bellarabie.
Kociubum. Elle eft dans les pays des Tartares d'Ocza-
cow, à deux hcues de l'embouchuie deNiefterj du
cote du nord. Maty
KOL.
KOLA. Nom d'une petite ville de la Laponie Mofco- 1
K O M
vite. Kola. Elle eft dans le Moure Manskoy Lépori ,
à l'embouchure de la rivière de Kola^ dans l'océan
leptentrional. Les Anglois & les HoUandois font
quelque commerce à /<rc)/a j d'où ils tirent des pelle-
teries. Maty. long. 53. d. i . lat. Ce. d. 55'.
KOLACH. 1. m. Arbre qui croit au pays des Ncirs &:
qui poulfe d'aliez hautes branches. Ses fruits font
faits à peu près comme des prunes , & iont fort bons
à manger. ■
§CFKOLAOS. On appelle ainfi à la Chine les grands
Mandarins ou Miniftrcs qui, après avoir pailë par
les places lespluS'éminentes , Iont appelés auprès de
l'Empereur pour l'aider de leurs conleils, ou pour
préilder en Ion nom aux tribunaux (upcrieurs établis
à Péking.
KOLDING, ou KOLDINGUE. Nom d'une ville du
Danemarck. Koldinga. Elle eft dans le Nord Jut~
land, fur les contins du Duciié de Slefwick, à cinq
lieues de Fridériichs Odde & du détroit de Middçl-
far. Kold'jig eil détendu par une bonne citadelle, &
conhdérable par les droits de lortie qu'on y paie de
tous les bocuts & de tous les chevaux que l'on
tire du Danemarck. Maty.
KOLLOMENSKE. Kolhmenska. Ville de 1 Empire
Ruilîen , dans le voilinage de Mofcou. Long. /7. d.
iS'. lat. ;j. d. iS'.
KOLMKILL. Nom d'une île d'Écoife. Lona, Chdea,
Rona , Hiona , li , Infula Sancli Cûlumhani. M. de
Liile l'appelle Ifle de Sainte Colombe , mais mal; il
falloir dire de Saint Colomban. Spétd 1 appelle }ona.
C'eft une des Wefternes ou îftes de i'Oueil. Elle eft
fituée à la pointe de la prelqu ile de 1 Ile de Mul , qui
s'avance le plus vers le midi. Elle eft trespetitCj &
n'eft remarquable que parce que l'Lvcque de* Wefter-
nes y fait fa réiidencc dans le bourg de Sodore, & par
l'Abbaye de Saint Colomban , où loni les tombeaux
des anciens Rois d'Écofte. On écrit aulli Cholmkil ,
mais mal.
Ko/m, corrompu de Columbanus ; & Kil , Cel-
la , Cellule , Monaftère , forment ce mot. .
! ^ KOLMOGORA. Ville de l'Empire Rullien , à /o
wertes d'Arcliangel. C'eft le liège d un Yladika, ou
Archevêque du rit Grec.
^KOLO. f. m. Terme de Relation. Le Comte de
Branicki , Grand Général de l'armée de la Couronne
( en Pologne ) convoqua le Kola , ou le grand Con-
leil Militaire. Le Kolo fe tint en la manière accoutu-
mée. Gazette. Le Kolo eft proprement l'allembléc
des Etats Provinciaux , qui précédent lallemblée gé-
nérale des Etats. On y délibère fur les affaires qui doi-
vent être traitées à la grande Dicte , & l'on arrête les
inrtruéfions qu'on doit donner aux Députés qui doi-
vent y être envoyés.
KOLOSWAR, ou CLAUSEMBOURG. Nom d'une
ville de Tranfylvanie. Claudiopolis. Entre les villes
de Samos & d'Albe Julie , on trouve Kolofwar^ iîtuée
fur le petit Samos. Claufcmbourg eft une grande ville,
où s'aifemblent ordinairement les États de Tranfylva-
nie. Quelques Géographes prennent Kolojwar pour
l'ancienne Patruijfa, ou Pacrovijfaj & d'autres pour
l'ancien Zeugma, villes de la Dace; mais cela eft in-
certain , Se d'autres placent la première à Bralfovie,
Se la féconde à Millenbach.
K O U.
O^'KOM. Ville confidérable de Petfe , dans l'Irac-
Agémi, à 50 lieues de Casbin. Les Géographes orien-
taux lui donnent 75 d. 40'. de long. & jé. d. 35'. de
lat.
KOMARE, ouKOMORE. Nom d'une ville forte, &
défendue par une bonne citadelle. Comaria. Elle eft
dans la Balle Hongrie , lur la pointe orientale de la
grande lile de Schur , à l'endroit où fc rejoignent les
deux branches du Danube. Quelques Géographes
prennent Komorc pour l'ancienne Brigiicium , d'au-
tres pour l'ancienne Crumcrumijl^zivics villes de la
Haute Pannonie. Elle eft capitale du Comté de Ao-
OTore j qui renferme les îiles de Sçhut, & s'étend me-
K O N
me quelque peu r.u dc-là du Danube , dans la I I.uite-
Hongiie. On n'y voit rien de conlidérable, outre Ko
more , que Sumétien. Mat y.
KOMOS. r. m. Terme de Rcl.ition. Konios EccLfm.
Pmpojitus. Les AbylHns ont dans chaque Eglife prin-
cipale une dignité ou une charge , dont celui qui en
e!t pourvu s'appelle Komos , & au pluriel Komofat.
Son oliicc e/l d'avoir foin du temporel de l'Églife j (."<>:
de terminer les dirtcrcnds èJc les procès des Clercs. Lu
dolf^ Hijl. Jlick. L. III. c. 7. §. Jd & 2j.
KOMROM Nom d'une ville de Perfe, nommée aufli
Bander Komron & Bander Aballî. On dit au(li Gcni
rom , au lieu de Komrom. Komroma , Comfoma ,
Banlcr-Ahajjhim , Emporium AhaJJium. Elle eft (î-
tuce (ur le golfe de Balléra, vis à vis d'Ornuis dans le
Farlitan , ou plutôt dans l.l Province de Kirman ou
Carmanie. Komrom ell grand, fort marchand, & il
a une bonne rade qui y attire beaucoup de vailleaux
Européens. L'air y ell mal l.iin Se li exceflîvemcnt
chaud pendant les mois de Juin , de Juillet &■ d'Août j
qu'on eft obligé d'aller chercher du frais dans les
montagnes voilines que l'on va habiter alors.
K O N.
KONGEL , ou KONGAL. Nom d'une petite ville du
Gouvernement de Bahus , en Norvège. Congella.
Elle ell: à l'embouchure feptcntrionale de la rivière de
Trolhette, entre la ville de Bahus & celle de ALieU-
.' trand, à deux lieues de la première, & à une de la
dernière. Maty. long. 29. d. 10'. lat. 57. d. jo'.
Cf3"KONG-PU, f. m. C'eft ainli qu'on appelle à la
Chine Je Tribunal qui eft chargé des travaux publics
de l'Empire, comme le Palais de l'Empereur, les
grands cjiemins, les temples, les fortitications, ic.
Ce Tribunal eft prélidé par un des principaux Man-
darins.
KONICÉPOLE , au KONIECPOLE. Nom d'une ville
du Royaume de Polojjne. Coniecpola. Elle ell dans la
Badè Podolie, au continent d'uuf petite rivière avec
le Bog^ & à vingt quatre lieues au delfus de la ville
de Braclav/-. Maty.
KONIGLNIGRETZ , KONINGRETZ , KONIGS-
GRATS , ou KRALOWIHRADES. Nom de la ville
capitale d'un Cercle du même nom. Reginx Grade-
cïum. Hraaium Régime, Elle eft dans la Bohème, fur
l'Elbe, à dix- huit lieues de Prague. Elle a un Evêchc
iutlraganc de Prague , Se érigé par le Pape Alexandre
VIL l'an 1664. Maty.
KONIGSBERG. Nom de la ville capitale de la Pruifc
Ducale. Konisberga, Regius JMons , Mons Regalis.
Elle eft dans la Smalande , fur l'embouchure du Pré-
fel , dans le Frifch HafF. Konigsbcrg eft une ville An-
féatique &: fort marchande, grande, bien bâtie Se
fortifiée. On y Voit le Palais des ancjiens Ducs de
Prulfe, enrichi d'une belle Bibliothèque; le Palais
des anciens Evêques , l'Églife Cathédrale , l'Univerlîté
fondée par Albert de Brandebourg l'an 1 544 , & un
bon château qui défend le port & qui commande la
ville, font encore remarquables. Konisherg eft par-
tagé en u-ois. La première partie eft le vieux Ko-
nigsbcrg ; c'eft dans celle-là qu'eft le château Ducal;
l'autre partie , où eft l'Églife Cathédrale & l'Univer-
fité. Ce nomme Knipkoff. La troifième s'appelle LJ-
bémchc. Les Polonois appellent Konigsberg en leur
langue Kroleffsky. Konigsberg fut bâti en 1 160 , par
les Chevaliers de l'Ordre Teutonique.
Konigsberg eft la même chofe en Allemand que-
Royaumont, ou Montroyal, &: Montréal en Fran-
çois. Il eft compofé de Berg j qui fîgnifie Montagne j
ik Konig , Roi.
Il y a aufîî dans la Stirie une petite ville du même
nom. Elle eft entre Cilley &: Pettaw, à fix ou fept
lieues de l'une & de l'autre. Cette ville eft du Cercle
d'Autriche.
Ceft encore le nom d'une petite ville de la nou
vc'le Marche de Brandebourg. Elle eft vers les con-
tins de k moyeiKie Marche &c de la Pomcranie , en-
K O N 3^7
trc Cuftrin Ôc Gartz, à huit ou neuf lieues de l'une
Se de l'autre. Maty.
KONIGSBERG, ou KONIGSBRUCK. Nom d'une pc
tite ville , avec titre de Coraté. Konisberga , Konif-
bruga. Elle eft dansla haute Luface , à huit lieues de
Bautzen , vers le couchant , Se à cinq de Drefde.
Maty.
KONIGSDALLRE. f. m. Monnoie d'argent, quî a
cours en plulicurs lieux d'Allemagne , particulière-
ment fur les frontières de France. Il vaut cinquante
fous du pays , ce qui revient à trois livres fix fous
huit deniers de France.
IvONIGSGRATZ. Voye-{ Konigingketz.
KONIGSMOVEN. Nom d'une petite ville du Cercle
de Fraiiconie. Konigshovia , Régis Curia. Elle eft
dans l'Evcchédc Wurtzburg, aux confins du Comté
d'Henneberg fur le Saal , à trois Ueucs au delfus de
Ncuftar. Konigshoven eft une place forte. Elle fut
aftiégée &: prife par le Roi de Suéde, l'an 163 1.
Maty. Long. 17. d. i*S'. lat. 49. d. 38'.
C'eit aulli le nom d'une autre petite ville du Cer-
cle Electoral du Rhin. Elle eft dans l'Archevêché de
Mayence, furleTaubcr, à deux lieues au delîbus de
Marienthal. Maty.
KONIGS- LUTTER. Lutera Regia. Petite ville d'Alle-
magne , avec une célèbre Abbaye , dans le pays de
Brunfwick- Woltenibutel. Lom:. 28. d. 6'. lat. ci.
d. 2' .
KONIGSMACHREN. Nom d'un bourg du Duché' de
Luxembourg. Machra^, Machru Rcgis. Il eft fur la
Molellc, dans la Prévôté de Thionville, à une lieue
au dellous de la ville de ce nom. Maty. ' ■
KONIGSTEIN. Nom d'une petite ville du Cercle
Electoral du Rhin. Konigfieinum ^Lapis R.egius. Elle
eft dans l'Archevêché de Mayence, à quatre ou cinq
lieues de la ville de MayencCj Se de celle de Franc-
fort. Konigflein eft fortifié à la moderne Se défendu
par un château; mais il n'eft pas de grande défenfe ,
à caufe des montagnes qui le dominent. C'eft la ca-
pitale d'un Comté qui fur réuni en qualité de fief à
î'Archevêché^de Mayence, par la mort du dernier
Comte de Konigflein , arrivée l'an 1487. Maty.
Voye-:{ Imhoff, Not. Imp. Introd. ad I. VI. §. 3 . Il
écrit Kocningfleinjis Comitatus. Long. 3 i. d. 36'. lar.
■^^'- ^- ^^'- /-. , ■
Ce mot eft compofe de Konig , ou Koning ^ qui
fîgnifie Roi , Seflein, qui veut dire pierre en Alle-
mand.
KONINGSECK. Koningfeccium. C'eft un bourg de k
Suabe , fitué entre les villes d'Uberlingue & de Bu-
chaw , à quatre ou cinq lieues de l'une Se de l'autre.
Ce lieu eft chef d'un Comté qui porte fon nom , Se
duquel dépend la Seigneurie de Rotrenfels, qui eft-
aux confins du Comté de Brézentz, & de l'Evêché
d'Ausbourg. Les Comtés de Koningfeck font divifés
en deux branches diltinguées par les noms d'Aulen-
dorf & de Roitenfcls. ]VL\ty. Voye-{ Jacq. Philip.
Spéner , Théatr. P. II. p 42. Se P. III. p. 3 r.
KONINGS'WINTER. Nom d'une petite viUe ou bon
bourg de l'Archevêché de Cologne. Koningswi/uem.
Ce lieu eft fur le côté droit du Rhin, à une lieue Se
demie au delTus de Bonn. Maty.
KONISBRUCM. Nom de lieu & d'un Mor.aftère fitué
dans le diocèle de Strasbourg en AUace. Konisbruga.
Le Monaftère de Konisbruch a été fondé par Dagobert.
P. Jo(irdan , Hifi. de Fr. L. XXVII. p. sic
KONISMARK. f f. On a donné le nom de Konifmaik
à une certaine lame d'épée qui eft large de trois ou
quatre doigts proche la poignée, pendant un demi-
pied feulement , Se dont le refte jufqu'à h. pointe , n'a
que la largeur ordinaire. Ce nom lui vient du Comte
de Konifmark , ce fameux Général de Suéde , qui pilla
la ville de Prague en 1 648 , où il butina , dit-on , plus
de douze millions. Il inventa cette forte d'épée pour
■fes troupes. La Konifmark porte fa parade pref-
que d'elle même ; mais elle n'eft pas honorable.
Les honnêtes gens auroient honte de s'en fervir. Se
lailfcnt cela aux brétailleurs de profeilion qui en ont
honte eux- même";. Ils la c?.chent fous leur habit , &
#
Mb^
3j8 K O P
n'ofcnt lorer de leur cote, de peur qu'on ne voie
leur turpitude qui leur donne une elpèce de hardicile
qu'ils n'auroient pas lans ce fecouis.
KONITZ , ou CHONICZE. Nom dune petite ville
de 1.1 Prulîe Royale. Coniûa , Conidum. Elle eft fur la
rivière de Bro , dans la Pomérélie , près du defert de
Waldow, à vingt lieues de Danrzick , vers le midi,
& à dix deCulni , vers le couchant. Matv.
flCTKONQUER. f. m. C'eft le nom qu'on donne au
Chci'de chaque nation des Mottentots. Chacuncdc
ces nations , dit le P. Tachard , voy. de Siam , a (on
Chef ou Capitaine auquel elle obéit : cette Charge
elt héréditaire & palVc des pères aux enfans. C'eft aux
aines quappartieiit le droit de luccclfion , & pour
leur conferi'er l'autorité & le repos ; ils font les fculs
héritiers de leur père , les cadets n'ayant point d'autre
hérirage que l'obligation de fervir leur aîné. Le Kon-
quer porte une couronne de cuivre ', il préhde à toutes
les aflaires, à la paix , à la guerre, avec les Capitaines
qu'il a fous lui.
K O P.
KOP. L m. C'eft la plus petite mefure dont les détail-
. leurs fj fervent à Amfterdam pour la vente des grains.
Huit kops font un vierdevat , quatre vierdevats un
fchépcl \ quatre fchépels un mudd'e , & vingt fept
muddes un lall.
KOPERSBERG, ou FIÉLUN. Nom d'une petite ville
àehSnéAi:. Cuprimantium. Elle eft dansla Geltricie ,
près du lac Konn , & de la montagne qu'on nomme
Kopersberf;, c'eft-àdire, la montagne du cuivre, à
caufe de fes mines de cuivre. Maty.
KOPIMG. Nom d'une ville de la Suéde. Kopingia.
Elle ell dans la Wefnianie , près du lac Mêler , entre
la ville d'Arofen & celle d'Aavbogen. Il y a près de
Koping de bonnes mines de fer & d'air.iin. Maty.
Jean-Guftave Halman , Suédois, qui en 1728,
• donna à Stockholm une hiftoire ou defcription de
cette ville , dit qu'elle eft fituée entre le 59 & le 60
degré de latitude , & entre le 36^ 57 de longi
rude , dans le territoire appelé Weifmanie , &:
aujourd'hui Ulft'und , ouUkerbo, Acia L'ut. Suce.
I72(}. p. S7Ç-
Koping , eft aulli le nom d'une petite ville du Dane-
marck. Koplnga. Elle eft dans l'ile d'Arroë, vis-à-
vis de la pet-ice ville de Foburg en Fionie. Maty.
fC? Le mot Koping , qui figniîîe marché , entre dans la
terminaifon de plulîeurs noms de villes ou bourgs en
Suéde.
KOPPAN. Nom d'une petite ville du Comté de Zy-
geth , en la Balfe Hongrie. Copanum. Elle eft à neuf
lieues d'Albe Royale , du côté du midi. Maty.
K O Q.
KOQUET. f m. On appelle ainfi en Angleterre ce
qu'on nomme en France droit de fortie. Les Fran-
çois en payent le double dr ce qu'en payent les
Anglois.
K O R.
K O R
KORATHES , ou TOQUES de Cambaye. f f Ce font
de grolles toiles de coton qui viennent des Indes
Orientales , particulièrement de Surate.
KORBAN. f. m. Terme de Relation. C'eft un mot
du Levant , qui lignine une grande réjouillance par
la mort de quelque animal , que l'on fait cuire
tout entier , puis on le partage aux Alîiftans. De la
BOULAYE.
Le Kotban étoit un facrifice en uftgc parmi les
Chrétiens Orientaux, qui confiftoit à conduire avec
pompe un mouton fur le parvis de l'Églife. Le Prê-
' tre ficrificateur bénilfoit du fel , & le mettoit dans
la gorge de la viètime ; il faifoit enluite quelques
, prières fur le coute.iu dont il alloit fe fervir, &
•iprès avoir impofé les mains fur la tête du mouton ,
il régorgeoit. La vidime étant égorgée , le Prcue
avoir grand foin de s'en appropier une bonne partie ,
& abandonnoit le rcfte aux alîiftans , qui en fai-
loicnt un grand feftin , dont les fuites étoient très-
iouvent tuneftes aux bonnes mœurs. On doit aux
zèles des Millionnaires François le bonheur de ne
voir prelque plus aujourd'hui ces fortes de facrifi-
ces. Mémoires des Mijjlons du Levant , T. IV ^
pag- 37 > i^-
Korban eft un mot Hcbreu, qui fignifie offrande
ollatlon ■ de snp , kùrub , qui à la cinquième con-
jugailon D'ipn , j fignihe oJ}rir.
KORCLN , ou COREZIN. Nom d'une petite ville
du Palatinat de Sandomir,en Pologne, Corcinum,
Korcina. Elle eft à l'embouchure de la Nida dans la
Viftule, entre Cracovie 6c Sandomir. Maty.
KORY. Foyei GORY .
KORIAM. L m. Terme de Calendrier. Nom du neu-
vième mois def dix qui compolcnt l'année chez les
habitans de l'Ile Formofe.
KORNi3URG. Koneburgum , Concdunum. C'étoit an-
ciennement une- petite ville de la haute Pannonie;
ce n'elt m.iintcnaat qu'un petit bourg de la Stirie ,
iuué fur le Raab j à neuf lieues de la Gracz , vers le
levant. Maty.
KORNEWBOURG. Nom d'un petite ville de l'Autri-
che en Allemagne. Corneburgum. Elle eft fortifiée ,
& fituée fur le bord feptentiional du Danube , 3
quatre lieues au delius de Vienne. Maty.
KOROA. f m. & f. Nom d'une nation de l'Amérique
feptentrionale , où le Iieur de la Salle arriva au
mois de Mai 1 680 , & dont le village étoit , di-
foient-ils eux-mêmes , à dix journées d2 la mer ,
c'eft à-dire , de .la mer Pacifique.
KOROM. Nom dun bourg de la Balfe Hongrie,
fitué fur le Danube j vis à vis de l'embouchure de
la Teilfe. Koroma. Quelques Géographe^ la pren-
nent pour l'ancienne Cornacum , pence ville de la
balle Pannonie , que d'autres mettent au bourg de
Kérof;a , & d'autres encore à celui de Zatha, lituc
dans la même contrée. Maty.
KORPIKYLA. Hameau fur le bord du fleuve Torno^
habité par les Fiiteis , & à une journée de la V:lle
de Torno. Maupert.
KORSOE, KORSOR, CORSOR. Nom d'une petite
forcerelfe de Danemarck. Corfoa. Elle eft dans
rîle de Zélande , fur le grand Pelt , vis à-vis de la
pointe feptentrionale de l'Ile de Langueland. Kor-
foe a un bon port , d'où l'on fait ordinairement le
trajet en l'Ile de Fionie. Maty.
KORSUM. Nom d'une petite ville de la balfe Volhi-
nie , en Pologne. Korfuma. Elle eft capitale du pays
des Cofaques Rebelles , & fituée fur la rivière de
Roir, à dix-fcpt lieues de Czircafti , vers le cou-
chant. Maty. long. 49, d. 55', lat. 49 ^ d. }'.
KORTCHI. f m. Terme de Relation. Les Korccliis
forment en Perfe un Corps de .Cavalerie j deftiné à
garder les frontières : on ne les rétorme jamais.
Chaque Kortchi a cent écus d'appointement , qui
fe prennent fur le domaine. Les enfans fuccèdent
à leurs pères dans l'emploi de Kortchi , avec l'agré-
ment du Général. Les Kortchis dclcendent d'un
ancien peuple étranger , qui campoit (ous des tentes
comme les Turcomans , &c qui a toujours été en
réputation pour la bBavoure. Tavernier écrit Cor-
' chis , & dit qu'on les appelle ordinairement Ké-
fels-Cachs ; c'eft à dire , Têtes rouges, parce qu'au-
trefois ils portoienc des bonnets rouges.
KORTCHI - BACHI. L m. Nom d'un Officier de
guerre confidérable en Perfe. C'eft le Commandant
des Kortchis. Autrefois il étoit le premier Ofhcicr
du Royaume , miintenanc il n'eft plus que le fécond.
Il ne quitte la Cour que pour aller commander les
Années j ce qui arrive rarement , parce que le
Roi doit lui fiire fa maifon , lui donner de ia vail-
felle d'or, & une partie de fes Gardes. Le Kortchi-
Bachi eft ordinairement pourvu d'un des premiers
Gouvernemens.
KORY. Foyci GORY.
KORYBANTE. Foyei CO^YBANTE.
i
K O U
K O s.
KOST. f. m. Nom d'une mcfure Égyptienne. Kojl ,
kojlus. Un Auteur Ar.ibe , nomme Sérapion , c;:é
par le P. Kirker , Œdip. ALt^. T. H , P. II ,
p. 2 i'û , dit qu'elle valoic une livre Romaine , plus
deux tiers, ce qui fait vingt onces R.omaines. Aben
Sira dit la même choie. Il s'en (uit que le kojl ell
une livre de France , plus une once & demie ,
- deux gros tC (eizc grains ; en luppolant que l'once
Romaine étoit d'un neuvième plus foible que la
nôtre.
K O T.
KOTATE. Foyej KHOTATE.
gCT KOTBAH. f. m. C'eft ainli qu'on appelle chez les
Mahométans une prière que l'Iman tait toiis les
vendredis après midi dans les Alolquées , pour la
famé & prolpérité du Souverain dans les États de
qui il le trouve.
KOTEN. Nom d'un bourg avec un beau château.
Coctha. Il ell: daiis la Principauté d'AnJialt , en
Haute- -Saxe j lur une petite rivièue , à quatre lieues
de DeiLiv/ &z de Bernbourg. Maty.
K O U.
KOUAN. Quelques - uns écrivent CHOUAN, f. m.
C'eft une graine légère , d'un vert-jaunàtre , d'un
goût un peu lalé Ik. aigrelet : elle rellemble allez au
Jèmeri contra , mais elle eft plus grolle & plus lé-
gère. La plante qui porte le koujn eft balle , la
graine eft à petits bouquets , comme le fcmcn
contra. On le l'crt en France du kouan pour faire
le carmin.
Ip- KOUAN-IN. f. f. C'eft le nom que les Chinois
donnent à la divinité tutélaire des femmes. Les Chi-
nois repréfentcnt cette diviiîité lur leur porcelaine
blanche , lous k figure d'une femme tenant un
enfant entre les bras. Les femmes llérilcs révèrent
beaucoup cette figure , bien perluadées que la di-
vinité qu'elle reprélente, les rendra fécondes.
KOUHEL. r. m. Terme de Relation. Noir à noircir ,
dont les Arabes , hommes , femmes & entans , le
fervent en Orient pour fe teindre le bord des pau-
pières & le blanc des yeux. P. Roger j Voyage de
la Terre Sainte , L. II , c. ii.
KOUJA. f m. Idole de la Chine. Kouja. L'idole ou
le faux dieu Kouja eft honoré à Nanchang , ou
Kiangll , capitale de la province de Kiangfi. Il ell
dans le veltibule de la principale Pagode de la
ville nommée Thifiking. Il eft entouré de beau-
coup d'autres idoles plus petites , mais qui font
pourtant une fois auiîl grandes qu'un homme de
taille ordinaire. Kouja , comme le maître &c le dé-
fenfeur de cette Pagode ou Temple , eft fur un
trône élevé , ayant fur les épaules un manteau cou-
leur de pourpre i il eft allîs fur une longue per-
che que deux dragons aftreux & menaçans entou-
rent par leurs replis. Aml'ûjJ. des Hollandais à la
Chine y P. I,p. jS. de l'edit. Lut.
KOUL. 1. m. Terme de Relation. Les Kouls , ou
Efclaves du Roi , foriPient en Perle le troidcme
Corps de Troupes , des cinq qui compolent la
Maifon du Roi. Ils font la garde dans le portique ,
^ qui eft entre la première & la féconde porte du
Palais. Ces Kouls font gens de qualité ; il faut
avoir fcrvi dans ce Corps pour parvenir aux pre-
mières Charges. Les Kouls font au nombre de
quatre mille.
KOULAM-VISIRI. f. m. Terme de Relation. Nom
d'un Officier confidérable de Perfe. C'eft le Tiéfo-
rier & le Payeur des Troupes Efclaves.
r.OULER - AGASI. f. m.' Terme de Relation. Nom
d'un grand Officier de guerre en Perfe. Le Kouler-
Agafi eÇc Chef & Commandant des Kouls; il eft
ordinairement Bourvu d'un beau Gouvernement.
KOUM-POULATî. Terme de Relation. C'eft un mot
K R A 359
compofc de Koum , qui lignifie du fable en Turc ,
mais une ville en Perfan ; ik poulatc , acier-, comme
qui diroit de l'acier de Koum j dont font faites les
épées de Perfe , que nous appelons damafquinées.
Dt LA BouLAYE. C'eft l'acier de Damas.
KOURDAD. f. m. Terme de Calendrier. Nom d'un
mois des Égyptiens. Les Perfnis fe fervent aulli de
ce Calendrier , dans lequel le mois de Kourdad
eft le troilième , &: commence vers la fin de no-
tre mois de Juin.
KOURDSTAN. f m. Nom de pays. De la Bou-
laye écrit ainh ; mais nous difons CURDISTAN.
Voy. ce mot.
KOWNO. Nom d'une petite ville avec Châtellenie.
Cowna. Elle eft dans le Palatinat de Troki , en
Lithuanie , fur les confins de la Samogitie , à l'em-
bouchure de la 'Vilia', dans le Niémen, tic à dix-
huit lieues de la ville de Troki , vers le couchant.
Maty. long. 43 j d. 40' , lat. 54, d. 2.8'.
§CF KOUROy. f. m. ou KURU. C'eft le nom que
l'on donne a une des clalîes des Prêtres des peuples
idolâtres de l'Indoftan.
^KOUROUK. f m. Proclamation qui fe fait en
Perfe , trois jours avant que le Souverain , accom-
pagné de fes femmes , lorte d'Ifpahan , pour faire
quelque voyage ou quelque promenade. Voye^
CoUROOK.
K O Z.
KOZE. f m. Nom d'un dieu des Iduméens. Jofeph
parle , dans fes Antiquités Juda'i'ques , d un cer-
tain Collobare , qui étoit d'une famille confidéra-
ble parmi les Iduméens , & dont les ancêtres étoient
toujours Prêtres du dieu Koie.
Ce mot vient , félon quelques uns , du mot Chal-
daïque Nïfip , qui veut dire fainteté ; la racine eft
VVit'^, en Hébreu J & tanp , en Chaldaïque , ces
mots veulent dire Saint dans ces langues. Il y en
a qui écrivent Coçe avec un C , parce que dans le
Grec il y a K , KsÇé , que nous changeons en un C
dans le Latin , & dans nos langues modernes
d'Europe. D'autres confervent le K au nom de Kofe ,
pour mieux marquer fon origine , en mettant un K
pour un p Hébreu , ou Chaldaïque , & un C pour
le D des mêmes langues.
K R A.
KRACH. Foyei HÉRAT.
KRAIBURG. Kriibuorgum , Carrodunum. C'étoit ancien-
nement une petite ville de la Vindélicie. C'eft main-
tenant un petit bourg de la Bavière, iitué lur l'Inn ,
à fix lieues de Burckhaufen , du côté du couchant.
Maty.
KRALOWIHRADES. Foye^ Konigingretz.
KRANOWItS. Petite ville de la Haute Siléfie , dans
la Province de Trop.iu , entre Ratibor & Tropau.
Long. 35 d. 48'. lat. $0 d. 10'.
KRAPACK , ouCRAPAACK, & CRAPPAAK. Nom
d'une longue chaîne de montagnes , qui environ-
nent la Hongrie & la Tranfylvanie , du coté du nord
&c du côté de l'oueft. Elles commencent au conHuent
de la Morave & du Danube , 6c s'avancent cîure
la Hongrie d'un côté , la Moravie & la Siléfie de
l'autre jufqu'à la petite Pologne , où on les appelle
Schneberg. Ce font les plus hautes cimes du mont
Krapach , 6c celles que l'on ncmmoit autrefois
Sannatic£ Rupes. Enfuite elles féparer.t la Hongrie
de la Pologne , isj elles portent en ce quartier le nom
de Siépéfi &c de Krempach. Enfin , elles s'avancent
jufqu'ai Moldavie , entre la Tranfylvanie & la
Ruifie Rcu2e , & là on les nomme Bics Sciadi.
ffJ- KRAPîTZ. Petite ville de la Siléfie , au Duché
d'Oppelen, fur l'Oder. Long.. 3; d. 40', lat. js
d. 38'. -
KRASNOBROD. Village de Pologne , où Jean So-
bieski , depuis Roi de Pologne , remporta uac
grande viftoire fur les Tartares.
•
3^o
K R U
%
KRASNOSLAW , KRASNOSTAW , CRANÛS-
lAW. Petite ville de la Ruilie Rouge, en Po-
dogne. Crafnojlavia j CraJ'iwJlavia. Ce lieu elt lîtué
iur un petit lac , forme p.ir la rivière de Wieprz ,
dans le Palatinat de Kelj iSc à huit lieues de la
ville de ce nom , vers le couchant méridional.
Kmfnojlaw eft fortifié. Il a une Châtelleiiie : l'on
-Eveclié a été transtéré à Chehn.
K R E.
KREISS , ou CREUTZ. Nom d'une ville de Hon-
grie. Crux. Elle eft hu" la rivière de Hun , à l'o-
rient d'Agram. C'cfl la capitale d'un Comté qui
porte fon nom.
Le Comté de Kreif] , ou de Kreut^ , eft une petite
Province de l'Elclavonie, en Hongrie. Crucienjis , ou
BJJiipJis Cornlcatus. Ce Comté s'étend d'orienr en
occident , depuis le Comté de Polléga jufqu'à ce-
Jui de Cilley. Celui de Waradin avec la Drave le
bornent au nord , & celui d'Agram avec la Save
au midi. Creur^ la capitale , ell le feul lieu conli-
dérable qui s'y trouve.
^ KREMLIN, f. m. Nom du Palais des Cars à
Mofcow.
KREMPE. Nom d'une petite ville qui appartient au
Roi de Danemarck. Kreinpa , Crempa , ëc elle eft
fituée dans le Duché de Holftein , près de la ri-
vière de Stoëer, & de la ville de Glucftadc.
KREMPACK. roye:( Krapack.
KREMPS. Nom d'une petite ville de la Bafle-Autri-
che , en Allemagne. Crcpjfa , Cvcm'ijium , Crcmhfa.
Elle eft dans le quartier du haut Manhartsherg ,
lur le Danube , à tept ou huit lieues audeftus de
Vienne. Maty.
KREUX , ou CREUXER. f. m. Monnoie de cuivre
qui a cours en Allemagne , & qui y lerc aullî de
monnoie de compte. Le krcux vaut environ huit
deniers Tournois.
K R I.
KRIIZOW. Ville Épifcopale de Lithuanie._ Elle palfe
dans le pays pour avoir été Ja patrie d'Elculape.
KRIMLNDA. Foyei Krim.
KRINOK. Bourg d'Écofle avec un bon port. C'eft le
partage des paquebots de ce Royaume en Irlande.
fer KRIVE. Foy<:\ au mot Percunus.
KRO.
KRODO , ou KRODON. f. m. Nom d'un dieu ou
d'une idole que les anciens Saxons honoroient.
Krodo. Depuis qu'ils eurent embrairé la Religion
Chrétienne , le nom de Krodo devint un terme
d'exécration dont ils le fervoicnt pour marquer
qu'ils avoicnt quelque choie en horreur. CrantziuSj
Mctropol. L. I , c. ^ j dit que Krodon étoit le ia-
turne des Saxons. Voye^ le Glolî'aire de Du Cange.
KROLOWICE. Foy. Konigsberg.
K R U.
KRUISWICK, ouKRUSWICK. Nom d'une petite
ville de la Cujavie , en Pologne. Cru/vicia. Elle
eft lur le lac de Guplo , à l'endroit où la rivière de
Netec fort de ce lac , de à deux lieues d'Inowlocz ,
vers le midi. Krufwkfc a été la réiidence de Popiel I,
& de Popiel II , Rois de Pologne. On dit que ce
dernier ayant lait malîacrer fon oncle , y fut dévoré
avec la femme par des rats , qui fortirent du corps
du mort, ou félon d'autres, du lac de Guplo. D'au-
tres dilent que ce Roi ayant invité à un teftin vingt
oncles qu'il avoit , les fit empoitonner par les con-
feils de fa femme , & qu'il fortit de tous ces ca-
davres des rats d'une groftèur prodigieufc , qui dé-
vorèrent les enfans de" Popiel, & cnfuite lui & fa
, femme. Tout cela fcnt bien la table. Maty.
KRUMAW , ou CROMAW. Nom d'un bourg avec
K R Y
uue bonne citadelle. Crumarla , Cromtna. Il eft
dans le cercle de Prach j en Bohème , fur le Mul-
daw , à trois lieues au-del!us de Eudweill. Maty.
KRUMLAW. Nom d'un bourg du Royaume de Bo-
hème. Crumlavia. U eft dans la Moravie , fur l'I-
gla , entre Znaim &: Brian , à quatre ou cinq heues
de l'un &r de l'autre. Maty.
|tT KRUZMANN. Nom d'une divinité adorée autre-
fois par les peuples qui habitoient fur les bords du
Rhin , près de Strasbourg. Elle étoit reprcfentée avec
une malfue & un bouclier. C'étoit probablement
un Hercule.
K R Y.
KRYLOW. Nom d'une ville de la Ruiïïe Rouge , en
Pologne. Krylovia. Elle eft lur la rivière de Boug,
dans le Palatinat de Belcao , à lepr lieues de la ville
de ce nom , tirant vers celle de Ulodzimiers , donc
elle eft éloignée de huit lieues. Maty.
Krylow j eft encore le nom d'un autre petite ville
forte , qui eft dans la Balfe-Volbinie , en Pologne ,
& firaée près du Borifthène , lur une petite Ile , que
forme la rivière de Tafmin eiv fe déchargeant dans
ce rieuve , à quatorze lieues au-delfous de Czir-
cafti. Krylovia. Maty.
K U A.
KUANGSI. Nom d'une des quinze Provinces de k
Chine. Kiangjîum , Kiangfia. Navarec , Trait. I ^
c. IF, §. I.
KUANG TUNG. Nom de l'une des quinze Provinces
de la Chine. Kuangtungum , Cantonia. C'eft celle
que les Européens par corruption nomment Can-
ton. Navaret. , Trat. I, C, IF, §. i. Foye\
QuANTUNG , éc \' AmhaJ[ade des Hollandais à la
Chine , P. I.
K U B.
KUBAN. Nom d'une rivière de la Circalîîe , en AC\e ,
qu'on appelle autrement Copa , anciennement Rhom-
bites , ou Rhomhites Mûgnus. Elle fe décharge
dans la mer de Zabache , environ à trente - quatre
lieues de l'embouchure du Don , vers le midL
Maty.
^RUBANS, ou KOUBANS. Peuple Tartare , à l'o-
rient du Palus Méotide. C'eft une branche des
Tartares de la Crimée. Ils prennent leur nom de
la rivière dont ils occupent les bords. Ils ont lui
Kan particulier.
gCT KUBO SAMA. Foyei Cubo.
K U C.
KUCHEL. Nom d'un village du Cercle de Bavière.
Kuchcla. Il eft fur la rivière de Saltz , dans l'Évê-
ché de Saltzbourgj à cinq lieues au delîus de la
ville de ce nom. On prend Kuchcl pour l'ancienne
petite ville du Norique , qui étoit appellée Ctt«//i ,
ou CuculLt. Maty.
KUCHING. Nom d'une ville de la Chine. Kuckin-
gum. Cette ville eft au midi de la province de Pé-
king; c'eft la quatorzième de celles qui relTortiirent
de la ville de Hokien , troihème métropole de cette
province. Kuching eft litué lur le fleuve nommé
Guei , à fa gauche , & du côté du feptentrion : il
peut avoir deux lieues de tour. Il eft dans une plaine
fort agréable. Amhaff. des Hollandais â la Chine j
P. II j p. I zS . du Latin.
KUD.
KUDACK , ou HUDACK. Nom d'une forterelfe de
la balle Volhinie , en Pologne. Kudacum , Huda-
cum. Elle eft fur le Borifthène, près de Porowvs ,
ou fauts de ce fleuve , à trente lieues au-delfus d Oc-
zakow , & de la mer Noire. Uladiflaw Sigimiond
fit conftniirc Kudack l'an 1637. pour arrêter les
Cofaques ,
K UL ^
Cofaques , qui peu aprcs en égorgcrciit la ganiifoii ,
Se s'en rcndiicnt m-iitrcs. Maty.
K U E.
KUEI-CHEN. Nom de ruiie des quinze Provinces
de l'Empire de la Chine. Rueichcnum. Navarctc ,
Tratad.l , c.4, i. i.
K U F.
KUFA. Nom d'une ville de la Turquie, en Afie. C:ifa ,
Jrjca Arabum. Elle cft dans ITcrack Araby , donc
elle porte quelquefois le nom , ln: lituce lur le bord
occidental de 1 Euphrate , environ à loixante-dix
lieues au-dellus de BaUora. Kufa3.éii une ville grande
.& forte , Se la rélidence des Califes de Babylone.
Elle eft maintenant lort déchue. Matv.
KUFSTEIN. Nom d'une petite ville avec un château.
Cuficnïum. Elle eft dans le Tuol , lur l'Inn , à qua-
torze lieues au-dellous d'Inipruck , &: lur les con-
fins de la Bavière , dont elle dépendoit autrefois ,
avec quelques villages voilîns. Maty.
%T KUGAN. 'Ville de Chine , au Pékéli , dépar-
tement de Pékin.
|}Cr KUGE. f. m. Mot Japonois , qui fignifîe Sei-
gneur. Les Prêtres de ce Royaume prennent ce
litre faftueux.
K U H.
KUHESTEK. Nom d'un port des Indes. Kueftekum.
C'eil le port de Mina , ville du Mogolillan. Piecro
délia Falle, P. II, Len. XFI, p. 340,
K U I.
KUIL-KIASTI. r. m. Nom d'une idole, ou faux dieu
de la Chine. Kuil K'uijîi. Ce dieu a un temple , ou
une pagode dans la ville de Kancheu. Une partie
de ce temple eft une elpèce d'hôtellerie. Elle el1:
pleine de lits , non feulement à l'ufage des Prêtres
du temple , mais encore pour les Chinois qui voya-
gent , & qui vont coucher là. Dans le veitibule de
ce temple il y a deux pagodes de plâtre , mais de
taille gi^antefque. L'une lance un fcrpent ; l'autre ,
qui a un vitage terrible , &: une épée nue en main j
tient lous les pies un petit homme , qu'il lemble
qu ii va tuer. Les Chinois n'approchent de ces pa-
godes & ne les regardent qu'avec un extrême frayeur ,
& en tremblant de tout leur corps. Il y a encore
deux autres ilacues lembl.ibles , mais plus petites.
Defcnpcion Latine de l'AmbaJf. des Hollandois à
la Chine. P. /, p. 7/.
K U K.
KUKUL. f. m. Terme de Philofophie hermétique. Ce
mot lignifie , 1°. l'ouvrage des Philolophes ; z". le
noir très-noir; 3". le laiton
K U L.
KUL , ou KOUL. f. m. Terme de Relation. Ce nom
fignifie proprement un Efclave , un Serviteur. Selon
Meninsky il fe donne dans l'Empire Ottoman aux
Soldats , fur-tour à ceux de la Garde du Gr.and-
Seigneur , & à l'Infanterie. Servus , Mancipium j
Mlles , Miles Prctorianus , Militia , Militia pe-
dejlris & excuhiit. Meninski. On appelle les Capi-
taines d'Infanterie , &c ceux qui commandent les
Gardes, i'.i// Zahy tiers, ôc les Soldats de la Garde
Kapu-Kulleri , c'eft-à-dire , Efclaves de la Cour.
D'autres dilent , que tous ceux qui exercent des
Charges dépendantes de la Couronne , pu qui re-
çoivent des gages de l'épargne ; en un mot , qui font
fur l'état du Grand-.Seigneur ^ & à fon fervice en
quelque manière que ce foit _, prennent le titre de
Kul_ , plus glorieux que celui de Sujet. Le Grand-
Vifjr lui même & tous les Bâchas font gloire de
Tome V.
K U O
3^1
le porter. Un Kul , ou Elclavc du Grand Seigneur ,
peut maltraiter avec autorité tous ceux qui ne font
que fesSiije»s; au lieu que le Sujet du Grand Sei-
gneur ferait lévércment puni , s'il doit taire I.t
moindre choie à un Kul , ou Efclave de ce i'rincc.
Les Kuls out un dévouement entier à la volonté du
Grand Seigneur , & ils regardent comme un mar-
tyre qui leur mérite le ciel , la mort qu'ils fouifrent,
ou par ordre du Grand-Seigneur , ou en exécutant
fes comniandeniens. Les Kuls font la même chofe
que ceux que quelques Aiiteurs appellent Kvuls
dans kurs Relations. Voye\ ce mot.
Ce mot elt Turc ; h^'} , Kul , en cette langue cft
la même chofe que "O'J , Ehed , en Hébreu , en
Chaldéen , en Syriaque & en Arabe , &i que rn23 ,
Bende , Efclave.
KULN. Aoyq KiLiEN.
KULP. Nom d'une rivière cfb'i a fa fource dans la
Carniole, où elle baigne Metling , & entrant dans
la Croatie, elle palle à Carloftat, Se va fe déchar-
ger dans la Save , aux confins de l'Elclavonie,
Culpa , Colapis. Maty.
K U N.
Ip-KUNCHANG. Ville de la province de Suchuen ,
département de Siucheu j à la Chine.
KUNKAN. Nom d'une grande contrée de l'Inde.
Kunkan, Kunkanum. Le Kunkan eft la partie des
Indes qui comprend le Mogoliftan <Sc les Royaumes
des Malabares. Voye\ Hornius , Orb. Imper, pas.
44S- C'eft la péninfule de l'Inde en de - ça du
Gange.
KUNOW. Nom d'un bourg de la Haute-Pologne ,
fitué dans le Palatinatde Sandomir , à quinze lieues
de la ville de ce nom , du côté du nord. Kunovia ,
Kunow n'eft connu que par les carrières de marbre
qui font dans Ion territoire. Maty.
K U O. ^
KUON-IN-PU-SA. f. f. Nom d'une fauire divinité
de la Chine. Kuoninpufa. Dans la leCte de Foë on
• honore une femme nommée Kuon-In-Pu Sa. C'eft
une des plus célèbres Idoles de la Chine. Quel-
ques uns difent que c'eft la fille d'un Roi des Indes;
d'autres que c'étoit une fille Chinoile , qui vécut
dans les montagnes , qui font proches de Macoa.
Un Chinois Chrétien nommé le Dodeur Paul , a
prétendu que c'étoit la Sainte Vierge; que les Sy-
riens , qui portèrent le Chriftianilme à la Chine au
fixième fiècle , y introduifirent le culte de la
Sainte Vierge; qu'ils y laifsèrent une de fes images;
que dans la fuite , tou« ces Millionnaires Syriens
étant morts , & le Chriftianilme étant éteint , les
Chinois prirent cette image pour un idole , Se
firent de la Sainte Vierge une déelfe. Cela peut
être ; mais d'habiles Miilionnaires Jéluites en dou-
tent aullî bien que moi , dinNavarete. ^ Ce qu'il y a
de certain , par le rapport des Lettrés convertis à
la Foi , c'eft qu'on la repréfente comme une fem-
me. Son nom lignifie que de mille lieues elle voit
les bcfoins de ceux qui ont de l'aiiecfion pour elle ,
Se que de mille lieues elle entend leurs prières ,
auxquelles elle lacisfait toujours très hbéralement.
On la peint avec plufieurs mains. Il y en a une
figure à Canton qui en a jufqu'à vingt quatre. Ces
mains lignifient le grand nombre de bientaits qu'elle
répand , Se font un fymbole de fa libéralité. Le
peuple a beaucaup de dévotion pour cette idole
monftrueufc. NAVArvEXE , Tratudo II , C. IX,
§. 10.
K.U P.
KUPFERBERG. Il y a plufieurs lieux de ce nom en
Allemagne. Kupferberga , Cuprimontium. Kupj:r-
herg en Franconie eft dans l'Évêché de Bamberg , à
neuf lieues de la ville de Crouach , vers l'orient.
Kupferhirg en Thuringe eft dans le Comté ds
Z z
m
«
3^2 K U R
M.msfeld , à une licuc & demie de la ville de ce
nom , vers le nord , lur le Wipper. Kapferber^
en Silciîe eft kir le Bober , dans la •Principauté de
Jawer , à cinq lieues de la ville de ce nom, vers le
couchant. Maty.
Ce nom fignifie montagne de cuivre , & fe donne
à des montagnes dans lefquelles il y a des miiits de
ce métal.
K U R.
KUR. Nom d'une grande rivière d'Afie Cyrus , Cyr-
rhus , Cyrnus. Elle prend la (ource dans la Géorgie ,
bligne Teriis dans le Royaume de Carduel , Zégan
dans celui de Kakhéti; enfuite elle lepare le Scirvan
de l'Erivan & de l'Adirbeitzan , &• le décharge dans
la mer Cafpienne , grolîie par les eaux de l'AralFe ,
& de quelques autres rivières moins confidérables.
Maty.
Ce nom de Kur efl: une corruption de l'ancien
nom de ce Hcuve Cyrus , comme l'a remarqué
Pietro délia Vallc, P. H , Lett. XK, p. 2y6.
Il y a encore un autre Heuve en Afie nommé de
même par les anciens , Cyrus , ou Corus , comme
on le voit dans Sciabon , L. Il , &c qui conlerve
au!îî encore aujourd'hui le nom de Kur. Celui-ci
coule dans la Perle , & te jette dans le goUe Per-
lîque. Il prit le nom de Cyrus , Il l'on en croit Stra-
bon , L. Xf^ , parce que Cyrus étant enfant hit
fxpolé fur fes bords. Piétro dclla Valle , P. II ,
Lett. XV ^ p. 2jj , croit que ce Heuve Kur, qui
cil en Perfe , eft cekii que Strabon , L. XV. Quinte-
Curce _, L. V, & Diodore , L. XVII , en parlant
de l'expédition d'Alexandre , nomment Araxe , dif
férent de l'Araxe d'Arménie.
KURAB. Petite ville de Perle , capitale de la pro-
vince de Kesker , à une demi-lieue de la mer Caf-
pienne. Long. 67 d. jo', \\x, 37 d. 56'.
KURAURA. 1. m. Nom d'un fruit qui croît au pays
ies Tapuyis , au Brehl. Kuraura. Il eft de la grof
leur d'une de nos pommes, & n'eft bon que quand
il s'eft détaché' de lui-même de l'arbre , & qu'il
eft tombé. Marcgrave , Hijl. Nat. Brajtl. L.
VIII , C.4. ^
KURGAN. Rivière d'Alîe très-poiironneufc , qui a fa
liiurce dans le Khoralan , & le jette dans la mer
Calpienne.
KUKA. A'oyt'ï Kerka.
jp" KURO-GANNI. f. m. Arbre du Japon, dont le
bois eft extrêmemenr dur. Il porte des baies de la
grolleur des petites prunes lauvages.
KURTCHI. f m. Terme de Relation. Nom d'une
Milice Perllenne , qui lignifie Armé. Armatus. Les
Kurtchis lont un Corps de Cavalerie j c'eft la No-
blclle du Royaume de Parle , & la poftérité des Con-
quérans Turcs d'origine , qui mirent Ilmaël Sophi
lur le Thrt)ne. Ils portent un Turban rouge à
douze plis , d'une forme particulière , qui leur fut
donné par Ilma'el , comme une preuve de leur atta-
chement à la Religion & à la famille d'Ali. , Les
douze plis rappellent le louvenir des douze Imans ,
ou Prédicateurs du Mahométiiaie , dclcendus en
droite ligne d'Ali , &z li fameux dans la Seéte. Le
Turban eft rouge , pour animer ceux qui le portent
à venger fur les Ottomans le fang d'Ali & d'Huf-
lein , répandu par les Chefs des Sunnis , dont les
Turcs fuivent la Seéle. C'eft ce Turban qui a fait
donner aux Perlans par les Turcs le nom de Kl
fdbafchï , c'eft-à-dire , Têtes Rouges. Ces nobles
Perfins adoptent ce nom avec un léger change-
ment , & fe nomment eux-mêmes Kéjllhafcln ,
Têtes d'or. Ce Corps eft d'environ dix-huit mille
hommes. Leur Commandant s'appelle Kurtchï- Baf
chi. C'étoit autrefois la première dignité du Royau
me , & Ion autorité ctoit pareille à celle de Conné-
table en Fr.mce. Il n'a plus d'autoritc que fur les
Kurtchts.
KURTCHI BASCHI. p'oyer Curtchi.
KUROSCA. Voxei Kéroska.
g^ KURULTAL 1. m. C'eft ainll qu'on appelok fous
K Y L
Gengis kan &: lamerlan, l'alfemblée générale des
Princes & des Seigneurs Tarcares , vailaux ou tri-
butaires du Grand Kan. On convoquoit ces dictes
pour les artaires de grande importance.
K U S.
KUS. Nom d'une ville que Baudrand dit être la prin-
cipale de la Haute-Egypte. Cufa. Il la place fur le
bord oriental du Nil , vis à-vis de Collir , qui
lui lert de port fur la mer Rouge.
KUSCK. Voyei KoscK.
ICTKUSNOKI. f. m. C'eft ainfi que les Japonnois
appellent l'arbre dont ils tirent le camphre. Voy,
Camphre.
K UT.
KUT. f. m. Nom d'un oifeau ainli appelé par les
Anglois. Cotta , feu Cutta Anglorum. L'on dit
qu'on ne trouve point de poule d eau en Angleterre;
mais bien un oileau qui lui eft temblable , tant
pour la forme que pour la couleur -, il eft néan-
moins un peu plus petit , ils l'appellent Cotte ,
ou Kut en leur langue. Il fréquente les rivières &
les étangs ; il a fur le bec une marque rouge éle-
vée , fes jambes lont rouges : il vit de vale , de
limon , d'herbes , de petites moules , & de toute
lorte de coquillage.
KUTTENBERG. Nom d'une petite ville de la Bo-
hème. Kutna. Elle eft entre celles de Czallaw &
de Caurzin , à deux lieues de la première j & à
trois de la dernière i & on la nomme aulll Hora.
Long, 35 d. li', lat. 49 d. 56'.
KUTUBUTH. f. m. C'eft le nom que les Arabes don,
nent à une araignée aquatique , inleCle perpétuelle-
ment en mouvement. Sennert a tranfporté ce nom
à une efpèce de mélancholic qu'il appelle Alelancholia
errahunda.
K U Y.
CCFKUYVEN. 'Ville du Xenfi, département de Pin-
gleang, à la Chine.
KUYNDER. Nom d'une petite ville , où l'on voit quel-
ques petites lortihcarions. Cuyndera. Elle eft dans
l'Ovériftèl , une des Provinces Unies des Pays-Bas,
aux confins de la Frife , & à l'embouchure de la ri-
vière de Kuyndefj dans le Zuyder-Zce. MaTy.
K Y A.
KYAKYA , ou HIAKYA. Nom d'une ville de la Chine,
Kyakya, Hiahya. Elle eft à trois ou quatre lieues
de Kioxui , dans la province de Kiangii , au pié des
montagnes qui s'étendent julqu'à Honan. Elle eft fur
le Kan , qui la baigne au midi , & dont pluheurs ca-
naux entrent dans la ville pour l'arrofer. Elle eft fort
peuplée. Amb. des Hotl. P. I.
K Y B.
KYBOURG. Foyei Kibourg.
K Y L.
KYL. f. m. Nom que les Turcs donnent à un petit oi-
feau qui le trouve fur le Bofphore &c aux environs de
Conftantinople. Kylus , Porrigino fus. Quelques '^eiis
du pays croient que c'eft l'Alcion ; mais on n'en trou-
ve jamais de nids , quoiqu'il y ait louvent bonace fur
cette mer ; Se tous les jours de l'été qui font iereins,
on les voit en grandes troupes remonter le Bolphore
quand le loleil le couche. Leur plumage eft tout
blanc, leur vol eft bas, mais très rapide, de les Turcs
prennent plaihr à le leur fiire précipiter encore da-
vantage , en leur criant par pluheurs fois ce mot Ky! ,
qui veut dire teigneux. Du Loir , Voyage du Le-
vant, p. y s-
KYLBURG. Nom d'une petite ville, capitale d'un des
Bailliages de l'Ele^loiiat de Trêves. Kilburgum. Elle
K Y R
eft fur la livièi-e de Kyll , à cinq lieues de la ville de
Trêves, da côté du nord. Maty.
KYLE. Province de l'Écolie méridionale. Kila , Cova-
iia j Coda. Elle clt bonicc au nord par le Cuniii-
ghan , au levant par la Cluyd!.idale , ik. au midi par
la Nitlicldale, le Galloway & le Carriek; le goUe de
Cluyd la baigne au couchant. Ce pays , qui s'étend le
loii^ des deux bords de la rivière de Kylc , peut avoir
dix lieues de long &: cinq de large. ïi ell k>it teitilc
ik bien peuplé ; mais il n'y a aucun lieu conhdéiable
qu'Air, ou, l'elon M. de Liile, Ayre qui en eft la ca-
pitale.
KYLL. Nom d'une rivière du Cercle Éleéloral du
Rhin , en Allemagne. Kylla. Elle a fi fource aux
contins des Duchés de Limbourg ^ de Julicrs , coule
dan; !e Comté de Manderlcheyt , &: dans l'Archevê-
ché de Trêves, baigne Stad-Kyll, Gérolrtcinj Kyl-
burg, (Scie décharge dans la Mofelle, à deux lieues
au-dclFous de la ville de Trêves. Cette rivière ell celle
qu'on nommoit anciennement Gelbis. Matï,
KYLLEN. Foyei Kilien.
K Y N.
KYNANCIE, ou KINANCIE. f. f. Kynanche , es;
Angïna. , i. Terme de Médecine. Efpèce de Iquinan-
cie inflammatoire, dans laquelle la refpiration ell: li
difficile , que les malades lonc contraints de tenir la
bouche ouverte , & de tirer inccllamment la langue
comme les chiens. Elle ell caulée par l'inliammation
des parties internes du larynx.
Ce mot vient de xmot , génitif de x.lim , chien ; &
'^vyj'i , /uffoquer.
KYNEBURGE. f. f. Nom de femme. K'meburgis. Voy.
Kynesvide.
KYNESVIDE. f. f Nom de femme. Kinefvuha. M.
Biilteau l'écrit Kimifwide ; ce qui ne le peut pro-
noncer. Chast. Martyrolog. T. I j p- 4H2. Sainte
Kyn'efyide étoit fœur de Sainte Kyneburge , & fille
du Prince Mervale , père de Sainte Miltréde , qui
fut élevée en l'Abbaye de Chelles près Paris. Id.
KYNOCEPHALE. f. m. Efpèce de /mge d'Egypte ^
plus gros & plus fauvage que les linges ordinaires.
Ce mot eft Grec , & fignifie tke de chien , kuhs
K Y p.
KYPHONISME. f. m. Nom d'un ancien fupplice,
qu'on a fouvent fait endurer aux Saints Martyrs.
Kyphonifmus. On peut dire aulîî Cyphonifine , Si'
Cyphohifmus. Le Kyphonifme , ou Cyphonifme ,
coniiftoit à frotter le corps du patient de miel , în:
àl'expofcrainliau foleil , afin que les mouches &: les
guêpes vinlîent le tourmenter par leurs morfurcs.
Cela fc faifoit en trois manières. Quelquetois on
lioit fimplement le patient à un poteau , comme
on le voit dans les Aétes de Saint Maurice &:
de fes compagnons rapportés par Surius au qua-
trième Tome. Quelquefois on les élevoit en l'air
fur des claies , ou dans des paniers de jonc ,
comme on le voit dans Saint Grégoire de Na-
zianze _, Invedive I , contre Julien , dans Théo-
doret , Hifl. Eccl. L. Ill , c. 7. dans Sozoméne ,
Hi/i. Eccl. L. F, c. ig. dans Nicéphore , Hift.
Eccl. L. X , c. p , & dans Surius , Tome I , où
tous ces Auteurs parlent du martyre de Saint Marc
d'Aréthufe. D'autres fois on les écendoit par terre
les mains liées derrière le dos. Suidas rapporte le
fragment d'une Loi qui punilfoit du Kyphonifme
pendant vingt jours j ceux qui avoient traité les
Loix avec mépris : après quoi on les précipitoit
de quelque lieu haut , revêtus d'un habit de fem-
me. Voy. fur le Kyphonifme Cœlius Rhodiginus^
Antlq. Lecl. L. X , c. s 3 Gallonius j de SS.
Manyrum Cruclatlbus , C. I , p. 12 , & ij, edït.
Parif. iGsç). & Rofweid , dans fon Onomajllcon.
Ce mot eft Grec_, &c vient de K;?»'. , qui fignifie
le pieu auquel on artachoit un patient ; ou un
carcan , un collier , qu'on lui mettoit au cou ,
Tome V.
K Y R
3<^3
ou un inftrument dont on fe fervoit pour le tour-
menter. LeScholiauc d'Ariflophane , lut la Comé-
die de Plutus , A'dc II ; Scène 4 , dit que c'é-
toit une entrave de bois •> ik l'on croit qu'on lui
avoit donné ce nom K^fp^,^ du verbe x.vji5ij» , Cour-
ier:, parce que cet inftrument tenoit les fuppliciés
courbes , & dans une poilurc gênante. D'autres
difcnt que c'étoient des pièces de bois qu'on leur
mcttoitiur la tête , afin qu'ils ne pullént fe tenir
droits , ni lever la tête. Dans Hélichius , il eft dé-
fini un bois qui Icrt à tourmenter les coupables j
&C lur lequel on les étend : apparemment le
K^^m étoit tout cela , & il y en avoit de plufieurs
fortes. C'étoit un mot générique ; mais le Kypho-
nifme ne fe dit que du luppiice que nous avons
expliqué. Junius ^ Buxtorf ik Bochart , ont heu-
reufement rétabli ce mot xvSa- dans la Verfion
Grecque de l'Écriture , aux Proverbes Fil . 22 ,
au lieu de xân»» qu'on lit. Poy. fon Hiéroz , Par.I,
Llv. II , chap. su. Il ell étonnant qu'on ne les
ait pas fuivis dans les nouvelles éditions, & qu'on
n'ait pas marqué cette corredion dans les nouveau:^
Héxaples, au moins dans une Note.
K Y R.
KYRGESSIS. Nom d'une nation Tartare. Kyrgeffis.
Les Tartares Kyrgejfes habitent par troupes dans
les campagnes, ils honorent la Terre , & lui fa-
crifient en cette manière. Le Prêtre prend du lang,
du lait, de la fiente d'animaux j & de la terre,
mêle le tout enlemble , &: le met dans un \à(e.
Cela fait , il prend le vale , & monte fur un arbre ,
d'où il parle au peuple ; fon dilcours fini , il af-
perge le peuple du mélange qu'il afiit; on fe prof-
terne contre terre , & on reçoit ce qu'il jette coirr-
me uiï dieu ; car ce peuple cil perluadé que rien
n'ell li falutaire au genre humain , que la terre &
les belliaux. Foy. Alexandre Guaguin , dans fa Sar-
matie Européenne, Vollîus, de Idol. T. U.c. (> i,
KYRIAQUE. 1. m. Nom qui fe donnoit autrefois
aux Eglifes , aux Temples confacrés à Dieu. Klrla-
cum , Domlnlcum Templum. Ce nom fe trdove
dans la vie de fiint Antoine j par laint Athanafe ,
chap. XFI. On appeloit ainli les Temples des
Chrétiens de Kj^ios-, Seigneur , parce qu'ils étoient
dédiés à Notre-Seigneur , deilinés à Ion culte , de
même que le premier jour de la femaine s'appelle
Y^v ir/K,, , Domlnlca , à' ou nons^y onsisii Dimanche,
KIRIC-SEAT. f. m. Nom d'un ancien droit qu'on
payoit aux Egliles. Les prémices des fruits. Ky-
rickCeattum j dricfeattum. Saint Ina , Roi des Well-
Saxons , ou Saxons occidentaux, fit des loix, par
lelquelles il ordonna de payer le Kyrkfeat, ou Ca-
ricjcat. Les Bollandiftes en ont rapporté le com-
mencement dans la vie de ce Saint. Acla Sancî.
Feh. T. I y p. çio.
Ce mot ell formé de Kyrlck , ou Kerk , qui
fignifie Églife , fc de Set , ou Saet , qui en Saxon
lignifie Semen , lemence j fruit , de forte que Kyric-
fcat ell proprement fruit de rEt;iile.
KYRYÉ , ELEISON f. m. C'ell la partie de la Melfe
où l'on invoque Dieu. Chanter le Kyrie' , élélfon.
Ce mot ell Grec , & fignifie 5 Seigneur , ayez
pitié de nous , formé de y.ifus > Domlnus , Sei-
gneur _, & iAeri» j avoir pitié , à l'impératif Us>iV<>»
<jyf !• pitié.
Dans ces mots Kyrlé, élélfon , on prononce \'s d'un
fon rude & fifîlant , quoiqu'elle foit entre deus
voyelles , mais on a confervé à 1'^ le fon qu'elle
a dans la langue Greque , de laquelle ces mots
font pris fans aucun changement. Il y en a qui
mettent deux s , afin que ceux qui ne favent pas
le Grec , ne foient point trompés à la pronon-
' dation.
Le. Kyrlé élélfon fc dit trois fois en l'honneur
de la Très-Sainre Trinité.
Dans le Millél de faint Ambroife , le Kyrlé,
élélfon ne fe dit pas comme il eft m m- ■■.-'• aujour-
Zz ij
m
^04 K Y K
d'hui dans le Miiïd Romain , où l'on dit après
rinnoïcc trois fois le Kync y éUifon , puis tiois
fois Chnfic:, cUifon, &c enfan trois fois KyrU ,_éUi
fin. Selon le nt Anibroficn, on dit trois fois Kyrie,
éléïfin après le GLorïa in exceljis , trois autres fois
après l'Evangile, & trois fois après la Communion.
Dans l'Églile Greque on ne dit point Chrijlé , éUl
fin, mai"s feulement Kyvie, ekifon. Pour lavoir la
lailbn qu'il y a de répéter neut fois cette prière ,
& les lîgnitications mylliques qu'elle a ^ Foy. Saint
Thomas , Qiiarti , fur les Rubriques de la Melle ,
le Cardinal Bona, &c. Lulage de chanter le Kyrie,
éUifin ell plus ancien en Orient & en Italie qu'en
France. C'ell: le Concile de Bazas qui en 529, le
prit de ces Églifes , & commença à l'établir en
France. Arrien, qui vivoit au commencement du
fécond fiècle de l'Eglifs , dit exprellemcnt que les
Paycns alors invoquoient aullî Dieu en dilant Ky-
rie, éleifiii. Voy. Diffirt. Epiclet. L. II , cap. 7.
Vollîus croit qu'ils avoient pris cette prière des
Chrétiens. , ' , /-
KYRIELLE, f f. Litanie , prière de l'Eglile en l'hon
neur de Dieu , de la Vierge , des Saints , ou de
quelque myftère , compofée de pluheurs invoca-
tions , éloges , à la fin de chacune defquelles on
répète , Ayez pitié de nous , li c'eft à Dieu qu'on
parle ; ou Priez pour nous , fi les prières s'adrellent
aux Saints. Litaniâ, filemnis precatio , precum ordo.
Ce mot vieillit , & ne le dit guère ^ férieufement.
Cette bonne vieille eft long-temps à dire fes ky-
rielles. Dans cette phrafe , ce mot le prend pour
toutes fortes de prières , & dans le fens propre ,
il n'a point d'autre lignification , & il ne s'entend
pas des Litanies feules.
Ce mot vient de ce que les Litanies commencent
toujours par ces mots Grecs, Kyrie, éléifin, KÙpu ,
lM>im , Seigneur, aye\ pitié de nous.
Kyrielle, fe dit figurement & familièrement , en Mo-
rale , d'une lifte , d'un dénombrement , d'une longue
fuite de malheurs , de paroles , de citations & autres
chofes dont le récit eft ennuyeux ou fâcheux. Séries,
lokga narratio , enumeratio , commemoracio. Cette
plaideufe nous a fait une longue kyrielle de fes maux,
des perfécutions , des injuftices qu'on lui fait. J'efpère
que cette longue kyrielle ne vous ennuiera point.
Mad. du Noyer. Quelle kyrielle de témoignages !
Que veut il avec la longue kyrielle?
Tout hors d'haleine il courait après elle ,
Et lui conçoit pourtant la longue kyrielle
K Y S
Des rares qualités dont il était orné. Font.
Ce mot eft ancien. L'Auteur de la vie de fainte
BerlindCj qui vivoit dans l'onzième fiècle, dit, cap.
II. num. If. Clericis hymnum concinentibus fignaque
compulfantibus j laïcis vero Kyrieles celehrantibus.
Voyez les Acla Sancl. Febr. T. I. p. 3 S 3.
Kyrielle. Terme de Poëfie Françoifc. Sorte de vieille
rime, qui confiftoit à répéter un même vers à la fin
de chaque couplet, ou de chaque ftance.
K Y S.
KYSTE, f. m. Terme de Médecine. Kyftus. C'eft un
fac , une membrane en forme de veiiie qui rcr.îerme
des humeurs liquides ou épaillies centre nature. Ex-
tirper un kyjie. Le n-.eilicur moyen de guérir un
kyjîe , eft de l'extirper. M. Dionis écrit kifte &: kyjte:
il faut fuivre la dernière orthographe ; on ne la chan-
ge guère dans les mots d'art dont elle marque l'ori-
gine.
Ce mot eft Grec; il vient de »»'?/?, vejjie.
KYSTITOMIE, ou KYSTEOTOMIE. f. f. Terme de
Chiruxgie. Kyftitomia. Opération qui fe fait à la
veille pour en tirer l'urine qui n'en peut fortir autre-
ment. Il y en a qui prétendent qu'on doit appeler
l'extrat'tion de la pierre <..u nom de Kyjlitomie , 6c
non pas de celui de Luhotomie , puce qae dans l'ex-
traclion de la pierre , on fait une incifion à la veiîîe,
& on ne coupe point la pierre ;' mais l'ufage en a dé- ,
cidé autrement , & il veut qu'on appelle Lithotomie ,
l'extraftion de la pierre, i^J" &c Kyjléotomie ^^c^pi-
ration qui fe fait à la vellie lorfqu'on en veut tirer
l'urine. On l'appelle autrement la pondtion au péri-
née.
Le nom de Kyjlitomie eft compofé de deux mots
Grecs, ^Lus , vejfie ; Se nf^yi', je coupe.
K Z E.
KZEL-BACHE. f. m. Terme de Relation. Ornement
de tête chez les Perfans : il eft compofé de deux ai-
grettes d'or qui s'élèvent au-delFus de la coefture. Ce
mot veut dire. Tète d'or, ou Tête rouge.
On appelle aufti K^el Bâches, ceux qui portent
l'ornement de tête appelé K\el-Bache. Il y a en Perle
une milice de K\el-Baches , qui font tous adroits &
courageux. On dit aulîi KEZELBACHE , KIZILBA-
I CHE, &c. Voyez ces mots.
^^^%
1^1
CCF f. f. fiiivant l'ancienne appellation
qui prononce elle , & m. fuivant la
nouvelle appellacion qui prononce le.
C'eft la douzième lettre de notre alpha-
bet. Se la neuvième confbnne. Ij a
un fon doux qui (e prononce en appli-
quant la langue au palais. Marcianus
Capella. Il y a des / liquides , comme en ces mots
flat, plein, plus, clair, clairon, &c. D'autres qui fe
mouillent quand elles le trouvent doubles après un i
voyelle, comme en ces mots, vermillon, travailler,
recueillir, fouiller , &c. Les / font aulïï mouillées
dans les mots qui finiflent par une feule/, S>c où cette
/ ell précédée d'un i voyelle , comme en ceux-ci , tra-
vail, pareil , œil. Sec.
iCTLa règle générale cfl: que cette lettre fe prononce
mouillée quand elle eft double, & qu'elle eft précé-
dée de ai,ei, oui, comme, travailler, maille, veil-
ler, recueillir, fouiller, grenouille : de même dans
quelques mots où elle n'cft précédée que d'un i ,
comme Jille, briller. Sec. De même dans les mors
qui hnillent en ail, eil , ueil , & ouil ; comme tra-
vail, réveil, cercueil, œil , fenouil , Sec, Se enfin dans
quelques mots qui ne finillent que par il, comme pé-
ril, nul, pour millet. Mais il y a tant d'exceptions,
que l'on ne peut guère donner de règle générale là-
ddius. C'eft l'ufige fcul qu'il faut confulter,_& nous
aurons ibin dans le cours de cet ouvrage , de marquer
les cas particuliers où cette lettre fe mouille.
Rien n'eft plus dilagrcable que la prononciation
vicieufe que l'on fubftituc très-communément à celle
de 1'/ mouillée , que l'on prononce dans iille , oreillcj
feuille , paille , Verfaille, &c. comme s'il y avoit^e,
oreye , Jeuye ,paye , Ferfaye , &c. Ce défaut n'eft pas
moins ordinaire à Paris que dansles ProN-inces ;& il ne
paroïr pas que l'on ait beacoup d'attention à rompre de
bonne heure dans les enfans une habitude dont ils ont
honte , quand ils entrent dans le monde , Se dont il
cft rare qu'ils fe défallènt aifémcnt. M. Restaut.
PalTerat dit que / s'efl mife pour un h , cillibA pour
clHlU : pour un d , alipe pour adipe , rallus , ral-
lum , ralla , de radere : pour un c , mutica fpica ,
pom mutila : pour une n , comme arbdla d'arvina ,
& belle de benè, coUigo de conligo : pour une r, comme
fratellus àef rater, baratrones pour balatrones: pour une
s, comme ancde de am, 8e Cdfum, equilio pour equifio:
pour un r,comme equifelis ,pom equifitis,Thelis pour
Thetis. Mais cilliba eltune tranfpolition plutôt qu'un
changement , ou peut-être une faute dans Feftus ,
qu'il faut corriger par Varron , qui dit cibilla , de
Ling. Lat. L. IV. Mutica peut être aulfi une faute.
Anciennement on ne metioit jamais une double
// en aucun mot , on l'a ajoutée depuis , alium Se
non pas allium , macelum Se non point macellum ,
polucere Se non point pollucere. Deux // ont été chan-
gées en li , '''»i>i-'-:'-t , falio , «»,«s. alius , <^-»^o' , folium :
& l'r en deux //, comme hira , hilla ,faturare,faturlare.
Sec. Se 1'/ en x , ou en xill , comme ala , axilla ;
mala , maxilla ; palus , paxillus ; paulum , paxil-
lum ; vélum , yexillum. Le i s'eft mis pour une / ;
l'/z pour deux // ; IV pour une /. Ce font encore
des remarques de Palferat. L eft fouvent à la place
d'un D , comme dans Vlyffe , du Grec o^uwïiî ^ Se
J^"5 le dialefte Eolien T'^.;<«Tf , d'où s'eft fait
f lyfle. De même dautia Se lautia , lacrimx de da-
cruma , n:editari de f-iMrZt.
Cette lettre s'eft mife autrefois devant la parti-
cule on, quandon la mettoit après le verbe. Celui jour
portoïc l'on les croix en proceftions en plufieurs
lieux de France , Se les appeloit l'on les croix noi-
ÏCS. JoiNVILLE.
Il y a bien des peuples , comme les Chinois en
Alîc , les Illinois en Amérique, 6'c. qui ne fauroienc
prononcer IV, Se qui la changent encore en / : ainfî
quand on leur donne au baptême le nom de Petrus
de Francifcus , 6'c. ils difent Petlus Se Flancifcus.
Nous avons pris des Latins la figure de notre L ,
que les Latins tenoient des Grecs , Se ceux-ci des
Mébreux , dont le vrai & ancien caraélcre a 17, ou
le lamcd iOMt feinblablc au nôtre , excepté qu'ils font
l'angle ordinairement plus aigu j comme on le peur
voir dans la Dillertation du Père Souciet, Jéfuite ,
fur les médailles Hébraïques , page /j. Se page
14S- Les Hébreux ont aulli donné cette lettre aux
Chaldéens , aux Syriens , aux Arabes , Se même aux
Egyptiens.
L , eft auOi une lettre numérale chez les anciens ,
qui hgniiioit cinquante , Se qui le figni.^ie encore en
chiftle Romain , luivant ce vers,
Quinquies L denos numéro dejignat habendos.
Quand on y ajoute un titre , L, elle lignifie cin-
quante mille. L a été pnfe pour iîgnitier cinquante ,
parce que c'eft la moitié d'un C , qui lignitioit cent,
& qui autrefois fe marquoit ainfi ] qui font deux
LL , l'une droite Se l'autre renverlcc. f'oyei Paf-
quier , Reck. L. IF. c. 22.
On dit proverbialement qu'un homme en a dans
\'elle , par une mauvaife allulion de l'aile avec la
lettre L , pour lignifier qu'il a palIc cinquante ans.
L J dans les monnoies. Nos Louis d'or ont des croix
de huit LL entrelacées Se dilpofécs en forme de
croix. L'L fur nos monnoies lignifie Louis. On voit
une Z couronnée fur celles de Louis XII. Se fur
celles du feu Roi , & de Louis XV. aujourd'hui ré-
gnant , des L enlacées fignifiant le même nom. Il en
eft de même dans les chiftres que l'on met fur des
bordures de tapiiferies , dans les décorations , fur des
carroftbs , fur des houflés de chevaux , des couver-
tures d'équipages , &c. où des L enlacées font le chif-
fre du Roi , Se lignifient Louis.
Les Epoques fe marquent prefque toujours ( fur
les médailles Grecques) par le lambda antique L ,
qui fignifie , félon la tradition des Antiquaires ,
Aiiy.x^o:''!; , mot poctiquc & inulité daus le langage
. ordinaire , qui veut dire Anno , Se qui probablement
étoit plus commun en Egypte que dans la Grèce ,
puifque c'eft fur les médailles de ce pays cju'il fc
trouve toujours. Nous avons cependant un beau Ca-
nope au revers d'Antonin Etoycb. comme nous
avons du même Empereur un revers Lenatoy , &
plufieurs autres avec les fimples chiftres LZ. LH.
Llr. chargés des figures de l'Equité , de la tête de
Sérapis , Se d'un Dauphin entortillé à un trident.
P. JoBERT. Auy.xZxi fe trouve dans Homère , Se dans
une ancienne Epigramme , Se Macrobe , L. I. c. /7.
dit que ce font , non pas les Egyptiens , mais les an-
ciens Grecs , qui appeloient ainfi l'année , du nom
Av"" , un loup , qu'ils donnoient au foleil. Foye^ ci"
delfous au mot Loup.
Cette lettre eft le caradère dont on marque la
monnoie fabriquée à Bayomie.
L. ST. fignifie Livres ftcrlings. L. DE G. ou LG.
veut dire Livres de gros. L majutculc Italique fe met
pour Livres tournois , qui fe marquent aulli par
cette figure *. Deux petites Ib. liées de la forte font
livres de poids.
L A
LA. Article qui dénote le genre féminin , qui fert à
décliner les noms. La Mule. La chofe. On man-
ge Va quelquefois. Z'allée. L'entreprife. Vous avez
7^66 LA
ma boiu-fs , donnez /a lui. Quelques-uns blâment
la i-cpétition de l'ai-dcle en cet endroit , à caule de
la cacophonie , quelques-uns en ettct le fuppLinicnt :
mais ce n'elT; que dans la converlation , iS< l'on ne
peut fe dilpenter de remployer en écrivant : le plus
lûr eft d'éviter ces façons de parler. ML T. On ne
peut pas être plus contente que je la fuis de l'ap-
probation que vous donnez à cette aimable belle-
l'œur. Je veux fur toutes choies que vous foycz
contente , &c quand vous la ferez , je la ferai. Mad.
DE Sev.
Les Grammairiens François ont difpiite pour la-
voir fi une femme, en parlant d'elle même ^ devoir
fe fcrvir du pronom la avec le verbe être , dans les
phrafes où un homme en parlant de lui-même , em-
ploie le pronom le. Par exemple , fi on demande à
une femme : Etes vous malade ? ôc qu'elle veuille
répondre quelle ne l'eft pas , doit-elle dire : Je ne
h fuis pas , ou bien, je ne k fuis pas?
M. Reftaut , dans fa Grammaire , établit à ce lu-
jet deux règles , i°. Le pronom le eft indéclinable ,
c'ert à-dirc , qu'il eft toujours le même pour le maf-
culin & le féminin , pour le fingulier ik le pluriel ,
toutes les fois qu'il fe rapporte à un ou à pluiieuis
noms adjedifs _, de quelque genre , & en quelque
nombre qu'ils foient. Ainfi , fuivant. cette règle , il
faut qu'une femme réponde à la quellion : êtes-vous
iTialade î Je ne le fuis pas. i°. Le pionon le eft dé-
clinable , c'eft-à-dire , qu'il fait la au féminin , Se les
au pluriel , toutes les fois qu'il fe rapporte à un nom
fubftantif. Etait ce là votre penfée ? Pouve\-vous dou-
ter que ce ne \:\.jût. Etes-vous Madame une telle ?
Oui , je h fuis. Les femmes ne négligent rien pour
y paroître belles , elles y réuililfent quelquefois ; &
s'il y en a quelqu'une qui ne la loir pas , il ne faut
pas s'en prendre à la Comédie. Difcoursfur la Co-
médie. Cependant au pluriel , elles diroient le.
|S? Vaugelas a décidé clairement cette queftion. Si je
dis à une femme : quand je luis malade , j'aime à
voir compagnie ; Se qu'elle me réponde , & moi
quand je h fuis , je luis bien aile de ne voir per-
fonne , c'eft une faute de dire quand je la. fuis , Se
il faut dire quand je le fuis ; parce que ce le ne fe
rapporte pas à la femme ( car alors il faudroir dire
la ) mais à la chofe dont on parle , & équivaut à
cela , c'eft-à-dire malade , dans l'exemple propofé.
Il eft il vrai que ce le fe rapporte a la choie dont
il eft queftion , & non pas à la perionnc qui par-
le j qu'au pluriel on dit ég.alement le Se non pas
les. Si je dis à deux amis : quand je iuis malade ,
je fais telle chofe ; ils me répondent , & nous quand
nous le lommes , nous ne failons pas aind. Il eft
évident que (î l'on dcvoit dire , quaiijd /e la. fis , dans
le premier exemple , il fuidroit dire dans le (ccond ,
quand nous It s femmes. C'eft ainli que Malherbe a
dit : les choies ne nous iuccedent pas comme nous
le défiions. Quoique cet exemple ne ioit pas préci-
fément le même , il a pourtant beaucoup de rap-
port à l'autre , & eft dans la même règle.
^CT En un mot , ce le eft neutre. Etes vous fatisfaites ?
Nous le fommes , & non pas nous lesfommcs. C'eft
pourquoi , quand ce mot eft relatif à un adicélif
qui préfide , il hgnifie cela , &: n'a ni pluriel ni
féminin. Ma fille Se ma nièce ont été malades , &
le font encore. Mais fi c'eft un fubftantif qui prélî-
de j on fe fert de le , la , les , fuivant le genre &
le nombre du fubftantif, pour fignifier lui on elle ,
eu.v ou elles. Etes-vous malade î je le fuis. Etes-vous
la malade que je viens de voir? je la. fuis , c'eft-à-
dire , je fuis elle.
$3" LA. adv. démonftratif qui fe dit d'un lieu confidéré
comme différent de celui où l'on eft , Se comme
moins pioche. Demeurez-/^ , & n'approchez pas de
moi. Je reviendrai dans un moment ; attendez-moi-
là. Qui va-/à .'' allez par-/J. En fortant àt-là. F'oye^
ici. Souvent ce mot employé au commcncment du
rnembre d'une période , défigne fimplement la dif-
férence des lieux , fans aucun rapport à l'éloiçne-
ment. Le Peintre avoir repréfenté dans un même
L A A
tableau, /a une troupe déjeunes bergères, ici une
troupe de Bacchantes ; là une aurore , ici , &c.
gCT Çà Se là , joints enfemblc , lignifient difperfion
& confufion. Après cette déroute , les troupes étoient
difpcrfécs çà Se là. Tous l'es meubles étoient jettes
çà Se là. Errer çà Se là , fans lavoir où Ion va.
gC#' Souvent là fe joint avec d'autres adverbes qui va-
rient fa fignification. Là-haut , la-bas. Là-delfus j là-
auprès. Je jugeai bien dès-/à -, dès /à je commençai à
me défier de lui. Il eft allé de-/à l'eau. Il a été payé
au- de/à de fes efpérances. Il falloir bâtir un peu
plus en- de/à. Quand vous ferez de de/àj écrivez nous.
En de là Se de delà font mauvais , Se icule-
ment du peuple , ou de quelques provinces. Il nous
a dit quelque chofe de cette aftaire par-ci , par-/à.
C'eft une néceflîté, il faut bien en palier par/à. On
dit aufti , par là, ou par la fençtre. Ce dernier eft
populaire. *
Comme s'il importait étant ombre là-bas.
Que votre nom vécût ou qu'il vécûcpas. Régnier.
§3° La fe met aulîï à la fuite des pronoms démonftratifs
& des noms , pour une plus grande déhgnation.
Celui là , celle /à. Ce lieu /à , ce temslà. Cet hom-
me/à.
Quelquefois là n'eft employé que par une efpèce
de redondance , Se pour donner plus de force &
plus d'énergie au dilcours , conmie dans les exem-
ples luivans : c'eft/à une belle adtion. Que dites-
vous /à ? Sont-ce-/à nos gens ?
0CrDeçà & delà , de côté Se d'autre. Jambe deçà , jambe
de/à. De/à , de ce fujet là ,de cette caufe. De/à font ve-,
nues les guerre; civiles. Inde.
Delàjprépofinon.Dela la rivière. Voye^ Delà. Ku.-
deVa.P^oy. ce mot. En-de/à,plus loin : c'elf plus en de/à.
La Où. Façon de parler adverlar. pour dire : Au lieu
que. Il a perdu cela pour rn'avoir fâché , là où s'il
eût fait fon devoir , il fût parvenu à de plus hau-
tes dignités. Les gens de bien meurent dans une
douce efpérance , là où les méchans lont tourmen-
tés de remords , &c. Il eft vieux.
La-la , adv. Réponle que l'on fait à certaines ques-
tions , Se qui lignifie médiocremenr. Vous a r il feit
bonne chère î Zà-/à. Eft-il fort favant î Là là. Ac.
Fr. Lifette , dans le Diftrait de Regnard , répond à
Carlin qui lui demande l'état de la lanté : Je me
porte /à-/à. Voye\^ auifi la Comédie de la Faufte Co-
quette.
^fT La la fe dit auflî par menace dans le ftyle fami-
lier. La la , nous nous retrouverons. Par répriman-
de , la la , tout beau. Par forme de confolation Se
d'adoucilïement. La la , rafturez-vous -, ne craignez-
rien.
|t? La j terme de muiîque. C'eft la fixième note de la
gamme. Ut , ré j mi , fa , fol j la.
L A A.
LAABIM. f m. Nom d'homme Se de peuple. Laabim.
Il eft dit dans la Genèfe , X. i j. que Laabim étoit
fils de Mifia'i'm. Les Laahim qui delcendirent de
lui , lont les Libyens en Afrique. C'eft le lenriment
de Jofeph , Ant. L. L de Saint Jérôme , de Corné-
lius à Lapidé , d'Ainfwoit , àe Lyranus , de Junius ,
de Bochart j L. IV. c. 28. &c. Il y a cependant une
difficulté. Car la. plus grande partie de l'Afrique s'ap-
, pelle Libye , Se dans l'Ecriture les Libyens font .ap-
pelés Phut Se Lubim : mais Bochart répond que les
Laahim lont (eulcment les Libyens , que Pompo-
nius Mêla , L. I. c. 4.. Pline , L. V. c. S. Ptolo-
mée , L. IV. c. /. appellent Libyens d'Egypte ,
parce qu'ils étoient en eliet voillns de l'Egypte. Ils
demeuroient dans un pays plein de fables brùlans ,
c'eft delà qu'ils avoient pris leur nom : car nart'? ,
Laaba en F^ébreu î\%\\Ae flamma , chaleur , ardeur.
D'autres, comme Arias Montanus &: Malvenda , di-
fent que ce font les Libyens Cyréna'iques , ou com-
me dit encore Malvenda , Marmariques.
LAAC. Voye■:^^ Laea.
L A B
0Cr LAAR. Voyci Lar.
LAAS. Nom d'une petite ville du Cercle d'Aiitiiche ,
en Allemagne. Lafiuin. Elle eft dans la balîe Car-
jiiole , au pic At^ montagnes , & à une lieue du lac
de Czirnicz , du côte du nord. Laas cft capitale d un
petit pays , qu'on nomme la Kacféole. Matv.
LAB.
LABA , ou LAAC. Nom d'un bourg de l'Aurriclic ,
en Allemagne. Laha , Lacia. Il ell: aux confins de
la Moravie , environ à quatre lieues de Znain , en
tirant vers Vienne. Maty.
LABACH. Foye^ Laubac.
§crLABADIA. Ville d'Italie, dans le Polefin de Ro-
vigo j lur l'Adigc. Elle elt fujette aux Vénitiens.
tp" LAbADISlE. royei Labbadiste.
LABAN. Nom de lieu dont il cil parlé au Dcutérono
■ me , ck. I. V. I. Labaii. Ce lieu étoit au delà du
Jourdain , dans la plaine du De(ert , vis à-vis la
mer Kouge , entre Pharan , Tophel & Haferotli.
Les Septante Tappellent Lohon. Ce qui fait croire
que c'cd Lebna dont il ell parlé au Livre des Nom-
bres , XXXI H. 20. où les Septante le nomment
Leboiia. P. Luhin,
LABANA. Nom d'une ville de la Terre Sainte. La-
bana. C'eft .ainli que la Vulgate l'appelle en Jo-
fué , XV, jf2. mais les Septante dilent Lebna , ce
qui hit connoître que c'eft la même que Lebna
dont parle Joluc , X. 2p , jo , j r , Se que les Sep-
tante nomment aulli Lebna. Sous les Chananéens
Labana étoit capitale d'un Royaume ; à la conquê-
te des Hébreux elle fut donnée à la Tribu de Ju-
da. C'eft celle qui eft appellée Lobna par la Vulgate ,
en Jofué XXL i j. par les Septante Lobna Se Lebna.
C'étoit une ville Lévitique. Du temps de S. Jérôme
ce n'étoit qu'un village du territoire d'Eleuthéropo-
lis , qui coniervoit encore Ion ancien nom de Lobna.
P. Lub'm. M. Réland la nomme Libna , (uivant la
prononciation du texte Hébreu.
LABANATH. Nom d'une ville de la Terre-Sainte.
Labanath , dans le texte Hébreu Llbnath. Elle étoit
dans la Tribu d'Aler , & lur les confins du côté du
midi , SsL aux environs du mont Carmel. Il ne faut
point la contondre avec AhaLab , P. Lubïn.
LABARUM. 1. m. Enleigne , étendard qu'on portoit
devant les Empereurs Romains à la guerre. C'étoit
un longue lance , traverféc par le haut d'un bâton ,
duquel pendoit un riche voile de couleur de pour-
pre , orné de pierreries , Se d'une frange à l'cn-
tour. Il y avoir une aigle peinte , ou tiftue d'or lur
le voile julqu'à Conftantin , qui y fit mettre une
croix , avec un chitlre ou monogramme qui mar-
quoit le nom de Jésus Christ , Se qui étoit accom-
pagné de ces deux lettres a <Sc a ^ pour fignifier que
Jésus Christ eft le commencement Se la fin de tou-
tes chofes. Quelquefois au delîus du voile s'élevoit
une couronne au milieu de laquelle étoit enfermé
le monogramme de Jésus Christ. De la traverfe
pendoit un morceau d étolîe précieufe en quarré ,
fur lequel étoient repréfentées les têtes de Conftan-
tin Se de fcs enfans. Conftantin y fit mettre aulîl fa
figure en or , Se celles de fes enfins. On ne les
voit pas néanmoins , que je fâche , lur les médailles.
L'Empereur choifir enluite cinquante homme des
plus braves , Se des plus pieux de fes Gardes , qui
eurent la charge de porter le labarum tour-à-tour.
VoytT^ Suétone dans Augufte, c. i o la vie de Conf-
tantin par Eufébe , Z. 1. c. 27. & 2S. L. IL. c. S.
Prudence , I. /. contre Symmaque , v. 4S8. Cujas.
Conftantin , pour montrer qu'il attendoit de Dieu
la viétoire , inenoit avec lui des Evêques , & fai-
foit marcher à la tête Je fes troupes l'enfeigne orné
de la croix, c'eft à dire, le labarum. On le gardoit
daiis une tente féparée loin du camp : Se la veille
des jours de combat, TEmpereur s'y retiroit , pour
prier a\'ec peu de perfonnes ; obfervant une pure-
té particKLiè;;c , Se pratiquant le jeûne Se la mortifi-
L A B
67
cation. Fieury , Hijl. Eccl. L. X. p. 1 0 j. Zozime ,
L. IL p. ûSo.
On dit que Conftantin donna cet étendard à (es
troupes à l'occalion d'un prodige qui lui arriva
en allant combattre Maxcncc ; car il vit dans l'air
une croix avec ces mots Grecs : EN toïtiî nika ,
c'eft-à dire , Vainque-^ par ce figne. On voit pour-
tant au revers des médailles des deux Licinius le pè-
re Se le fils j un labarum , avec la figure d'une
croix au fommct de la pique ou hafte de cet éten-
dard. M. Triftan , dans Ion troilièmc tome , pa«e
S4f. conjecture que Licinius Se (on fils le Icrvi-
rent du labarum pour contenter Conft..ntin pen-
dant le temps de leurs réconciliations ; que le perc
le lailoit par une complailance forcée , craignant
Conftantin , Se le fils par obligation Se inftrudtion ,
comme étant nourri dans le Chriftianilme par fa
mère Conftantia (œur de Conllantin.
Dans les combats que Conftantin livra à Lici-
nius j par tout où paroilîoit le Labarum , les enne-
mis fuyoient , Se la piélence raliuroit les troupes
ébranlées. Cinquante hommes choiiis entre les
Protedcurs ou Gardes du Corps , étoient deftinés
à la garde de cette enleigne , Se la portoient tour-
à tour fur leurs épaules. Un d'eux épouvanté dans
le combat , le donna à un autre pour s'enfuir
plus librement ; & aufti-tôt il fut tué d'un trait
dans le ventre. On tira plulieurs coups lur celui
qui avoir le Labarum ; mais il ne fut blclFé d'au-
cun : ils portèrent tous fur le bois de l'cnleignc.
Fleury. Eulébe avoit appris cette merveille de la
propre bouche de l'Empereur. Voye^ cet Auteur
dans la vie de Conftantin , L. II. c. 6 , y , S ,
ç , 16. Voilà bien des prodiges dont la vérité fem-
ble n'avoir pas befoin,
\-Zs Romains avoicnt pris cet étendard des Ger-
mains , des Daces , des Sarmates , des Pannoniens ,
des Arméniens , nations qu'ils avoient vaincues. On
prétend que Conftantin eft le premier qui le don-
na pour un étendard aux troupes Romaines. Ainlî
quand on le voit fur les médailles d'Augufte Se
des Empereurs Gui ont précédé Conftantin , ce n'eft
point un étendard Romain , mais l'étendard de
quelque nation vaincue par l'Empereur , pour qui
la médaille a été faite. Il paroit néanmoins par
Tertullien dans fon Apologétique , qu'avant Conf-
tantin les enfeignes militaires reftembloienr à une
croix , de laquelle pendoit un morceau d'étoffé , Se
que par conféquent , à la couronne près éc au mo-
nogramme de JÉSUS Christ , c'étoit la même chofe
que le labarum ; Se qu'ainii» Conftantin ne fit qu'y
ajouter ces deux choies à l'occalion qu'on a dite.
Théodole le jeune donna de grands privilèges en
416. à ceux qui étoient chargés du Labarum , ou
Laborum ; car c'eft ainfi que S. Grégoire de Na-
zianze , S. Ambroile , Prudence , & d'autres enluite ,
appellent cet étendard.
Le nom de Labarum n'eft connu que du temps
de Conftantin , mais cet étendard de la forme qu'on
le wient de dire , était celui des Empcreuis avant
lui. Conftantin y ajouta les marques du Chriftia-
nifmc.
S. Grégoire de Nazianze dit que le Labarum étoit
ainfi nommé , parce qu'il finilîoit les travaux,, com-
me 11 ce mot venoit de labor. Mais on a très bien
remarqué que cet étendard étant venu des Nations
barbares , on cherche inutilement fon nom dans
les langues Grecque , ou Latine. Quelques-uns dé-
rivent ce mot d'^i'AaÎRa , qui lignifie /Jz^re. D'autres
le tirent de ;.«bf''v , prendre. Fullérus Mifcel. L. IV.
c. 12. croit que ce nom s'eft fait de XH",'-' , dé-
pouilles , en changeant ■- en « , comme dans calix
de '-"Al? ; Se qu'il fut donné à cet étendard : d'abord
le labarum étoit m^"/-" , une dépouille de l'eniiemi.
Ceux qui ont traité du Labarum , outre les Au-
teurs cités ici , font Eukbe dans la vie de Conftan-
tin, Z. /. c. ^i? , i» :, i/ ; Nicéphore, Z/^(/?. Eccl.
L. Vit. c. 20. Fullérus déjà cité ; Milcel. L. II.
c. 1. & L. IV. c. 12. Giraldus , Dialog. XXV.
f
3rî8 L A B
Alciat fui- le XIl. L. du Code , Tu. ds Prxpof. La
horum , Cujas lur le même endroit -, J. Liple , L.
m. de truce , c. i s- & Ohjerv. L. XL c. 20.
Meiufiuî dans fou Glollan-e -, Volllus , ds V'uiis
Scrm. L. III. c. i S . bc dans Ion Etymohgïcum ;
Pameiiiis , Not. 244. & 24s- lui-' le '•'''• ^^^- 'i'-'
l'Apologériquc de TemiUien \ De Valois dans fcs
iiores fui- Eufébe à l'endroit cité -, Suicer au mot
Akiitf. j HoSlnan au mot Ziî^iiraOT j & M. du Gan-
ge au même mot dans Ion Glollaire , M. Tillemont ,
^Eijt. des Empereurs , T. IT. p. 12s. On trouve
aulli Labonim en Grec ; mais en François nous di^
Ions toujours Lahanim , ik même en Latin oijjie
trouve guère autrement. On prétend que les Ibl-
dats qui gardoicnt le Laharum , font ceux quj|9es
codes de Théodole & de Julliinicn appellent Pm-
fecii laborum ;mi\s laborum en Grec par unorpour-
roir être une faute. Il eft aifé fouvent de prendre
■ un « pour u. S. Jean Chriloftôme , Hom. III. lur
la première Epître à Timothée , l'appelle Aiôsjov ,
laburum.
iABASSiN , ou ALBAZIN. Nom d'ime ville de la
grande Tartarie. Labiifînum , Albajlnum. Elle ell lur
la rivière d'Amur , ou d'Yamour , dans la Provin-
<.t de Dauria. Labûjjhi eH fitué fous le 112. degré
de longitude & le J4.de latitude, à trois mois de
chemin de Mofcow, & à trois femaines de Péking ,
félon la relation du P. Avril , Jéfuitc , qui s'accor-
de fort bien avec la carte de M. Witlen. Labajfin
appartient aux Mofcovites ; il elt fur l'im des che-
mins que tiennent les Marchands pour aller de
Alofcow à Péking par terre ; & il a une bonne
fortercfle pour fe défendre contre les Tartares
Mcnguls & les Chinois.
LABATHSAN. Nom d'un village de la balfe-Hon-
•grie , fitné à une lieu de Gran. Labathfanwn. Il pa-
roît par uneinlcription qu'on y a trouvée , que c'elt
l'ancien Commerdum , bourg de la balle Pannonie.
LABBADiSTE , ou LABADISTE, f m. & f Nom
d'une Secte Fanatique , qui a pris fon nom de Jean
J-abbadie , natif de Bourg eu Guienne. Labbadifia.
Cette ieclc n'a pas duré. On dit cependant qu'il y
t a encore des Labbadijîes dans le Duché de Cléves.
ifs Ce fanatique aptes avoir été Jéfuite , puis Carme ,
enfin , Minilh'e proteftant à Montauban &c en
Hollande , finit par être chef de fecte , &c mourut
dans le Holftciu en 1674.
LABOANUM. f m. Efpcced« gomme ou réfine. l^oy.
Ladanum.
jLABER. Rivière d'Allemagne , dans la Bavière. Il y en
a deux fort voifines.rune de l'autre , & on les dif-
tingue par les lurnoms de Grojf ôc de Klein ,
c'eil à dire , de Grand cc de Petic.
It? LABETZAN. Contrée de Perlé , dans le Kilan ,
le long de la mer Cafpienne. On -en tire d'excel-
lentes loies.
LABEUR, f. m. Travail corporel , long & pénible.
Labor , opéra , opus : Il vieillit ; & n'eft plus guère
en ufage que dans le ftyle foutenu , & dans la
Poéfie. \Jn nouveau labeur à tes armes s'ay^n-ête.
ALvLHERDE. Il a été réccmpenlé de Ion labeur : il
jouit du fruit de fes labeurs. Les anciens Moines vi-
voient du labeur , du travail de leurs mains. Dieu
a 'béni leur labeur. On dit aulfi , que des terres
font en labeur , quand on les cultive & qu'on les fa-
çonne félon que les pays ou les fiifons les requièrent.
Coups de ci/eaux au travers de l'ouvrage
De mon labeur effacèrent les traits. P. du Cerc.
Labeur. Terme d'Imprimerie. Il fignifie les Ouvrages
ou éditions des livres fur lefquels les Compagnons
& Ouvriers ont commencé de travailler. fCTOn ne le
dit que des ouvrages confidérables , qui peuvent oc-
cuper les ouvriers pen.dant long temps par oppoli-
tion à ouvrage de ville , termes par lelquels ils dé-
fignent des ouvrages de peu d'étendue , & qu'on ti-
re en petit nombre , conmie faCcums , &c.
On dit proverbialement j le labeur iurmcuf.
L A B
tout. Labor omnia vincit improbus. Virg. Ce pro-'
verbe eil Latin , & ce mot vient de lahorare , oui fi-
gnifie originairement ^ cultiver la terre , la la-
bourer.
Les Poètes avoient fait dans l'Antiquité payennc
un dieu du labeur , Se ils le comptoient parmi les
dieux d'enfer. Foye:ç_ Héfiode , Theog. v. 226,
Volîius , de Idolol. L. III. c. i p. & L. FI H. c.ii.
LABEURER. v. n. Opérer. Vieux mot qui \\x plus d'u-
lage que dans ce proverbe : En peu d'heures Dieu
labeure j qui fc dit quand un pécheur fe convertit
tout-à-coup , & change de vie , ou quand il arrive
un grand changement de fortune auquel on ne s'ac-
tendoit pas. Nos anciens ont louvent changé l'o
des Latins en eu. De DemorarïWs ont lait demeurer.
Ils ont dit de même preuver de probare. Nous en
voyons des reftes dans le mot de preuve. Il ont dit
aulh Labeurer de Laborare. Ménage.
LABEZ , ou CALAO. Nom d'une ville de la provin-
ce de Bugie , en Barbarie. Labe^a , Calaum. Elle
ell près de la rivière Major , au midi de Bugie , Se
elle eft capitale du Royaume de Labe^ , renfermé
dans des montagnes prelqu'inaccelhbles , dont la
petite ville de Tezli délend les avenues. Les Rois
de Label ^°"^ tributaires des Algériens , qui 011c
bien de la peine à exiger d'eux le tribut , à caufe
de l'àpreté des montagnes qu'ils habitent. On croit
que Labe^ eft l'ancienne Altao , ou Atao , ville de
la Mauritanie Céfirienne. Maty.
§Cr LABIAL , ALE. adj. du Latin , Labia , lèvres , qui
a rapport , qui appartient aux lèvres. En Anatomie ,
artère labiale. Lablalis.
§3^ En Grammaire , on appelle lettres labiales , litte-
fiz labiales , celles qui le prononcent par le mou-
vement des lèvres. On dit de même articulation la-
biale , qui eft produite par les divers mouvemens
des lèvres. Il y a cinq confonnes labiales , B , F ,
M , P , V.
Labial. Terme de Palais , qui fe dit des offres qui fe
font limplement de bouche , Se même par écrit
quand il n'y a point de deniers eftetlifs qui loient
offerts. Ferbo tenus , ore tenus , par oppofition à ofrcs
réelles qui le font à deniers découvers .- Prsfente ,
numeratà pecunia. En Juftice , les otrres labiales , ne
lont point confidérées.
LABIA W. Nom d'une petite ville de la Pruiïe Du-
cale. Labia. Elle eft dans la Nadravie , à l'embou-
chure de la Dême , dans le Curish-Hoff , Se à onze
lieues de Konigsberg. Maty.
tf3' LABIÉ , lÉE. adj. Terme de Botanique. Fleur la-
biée. Flos labiatus. C'eft le nom qu'on donne aux
fieurs Monopétales irrégulières , qui lont formées
d'un tuyau percé ordinairement dans le fond , ter-
miné en-dev.ant par une elpèce de mafque , com-
polé de deux lèvres principales , dont la lupérieu-
re le nomme Galea , Tintérieure barba , Se l'ou-
verture n2«j ou palatum : telle eft la fleur d'Hyfo-
pe , de Lavande , &c,
|K? La forme , la pofition &■ la découpure de ces lè-
vres fervent à diftinguer les genres ; mais les fleurs
de cette famille lont diftinguées des autres mono-
pétales irrégulières , en ce qu'elles ont quatre éta-
mines attachées au piftil , dont deux font plus
courtes que les deux autres j & quatre lemences qui
n'ont pour enveloppe que le calice qui lubfille
jufqu'à la maturité du fruit. Les femences des
fleurs en calque ou en mufle , lont renfermées
dans une caplule qui n'eft point le calice.
LABIEE, .adj. m. & f. Epithète qui fe donne à une
mauvaile mémoire , qui manque au beloin , qui
ne peut rien retenir. Labilis. Avoir la mémoire la-
bile. Ce terme ne le dit que dans cette phrale.
^ LABIO-NASALE. Quelques-uns appellent de ce
nom la lettre M , parce qu'elle fe prononce des
lèvres & du nez , paice qu'elle eft moitié labiale Se
moitié nafale.
LABlTHi. Horchia. C'eft le nom que les anciens
Thyrréniens Se les Scythes donnoienr à la décile
Velu.
LABIZA.
L A B
LABIZA. f. m. Efpcce d'ambre ou de fuccin d'une
odeur agrcablc , qui coule par iiicKion d'un arbre
qui croit dans la Caroline.
gCr LAHIZA clt le nom de certains arbres que l'on
trouve dans la province de Bcnarim & dms quel-
ques autres endroits du Royaume d'Apalaclie. Les
originaires du pays leur donnent ce nom , qui dans
leur langue , lignifie joyau , parce qu'ils en tirent
leurs colliers & leurs bracelets. Us font de la grof-
feur ôc de la figure des lauriers , & ont des ikurs
. qui approchent de celles des abricotiers , mais qui
ne lont luivies d'aucun fruit. En récompcnl'e le
tronc & les groiles branches fournillcnt une ci'pè-
. .ce de gomme de bonne odeur _, d'un jaune pale, à
laquelle on peut donner telle figure que l'on veut
• : quand elle elt nouvellement recueillie. Gardée quel-
. que temps dans un lieu fec , elle devient lî dure ,
. qu'elle ne peut plus le dillbudre ni à la pluie ^ ni
, dans l'eau chaude. Pour avoir une plus grande quan-
tité de cette liqueur , les habitans vont faire au
printemps des incihons ' au tronc & aux grolIes
branches , & vont de temps en temps ramallcr la
liqueur qui y pend en gouttes. Ils en font leurs
colliers , leurs pendans d'oreilles & divers autres
ornemens.
LABORADOR , Terre de Lahorador. F Estotilande.
Laborador , La petite Lahorador , ou Labrador. La-
boratorls tara parva. C'eft la partie orientale de
l'Ile qu'on nomme le Cap Breton. C'eft en cette
contrée qu'eif le lac de Labrador. Maty.
Il n'y a point à douter qu'on n'ait donné à ces
pays ce_ nom Efpagnol qui lignifie Laboureur, parce
qu'ils font propres au labourage.
LABORATOIRE, f. m. Terme de Chimie. C'eft le
lieu où les Chimiftes font leurs opérations, où font
leurs fourneaux , leurs drogues , leurs vaillèaux. Offi-
dna , PharmacopdLa. Le Roi a deux beaux Labora-
toires , l'un a la Bibliothèque j l'autre à Ion Jardin des
Plantes : on y enfeigne la Chimie. Le laboratoire
dans un hôpital eft le lieu où l'on compofe les lemè
des. En général on appelle laboratoire un lieu où l'on
fait des expériences de Phylique, des opérations de
Chimie , de Pharmacie , &c. Par un Edit du Roi de
l'an i68i, le 51 d'Août, article XI, il eft défendu à
toutes fortes de perfonnes, de quelque profellion &
condition quelles foient , excepté aux Médecins ap-
prouvés & dans le lieu de leur réfidence, aux Proief-
îéurs en Chimie & aux maîtres Apothicaire?, d'avoir
aucuns laboratoires , & d'y travailler à aucunes prépa-
rations de drogues ou diftillations , fous prétexte de
remèdes chimiques , expériences , &c.
On le dit hgurément en quelque forte des feux fou-
terreins. La nature, comme la Chimie, a fes four-
neaux & les laboratoires fouterreins. C'eft-là qu'elle
fabrique l'or & les métaux, &c qu'elle prépare pour
les plantes qui croilîent fur la terre, & pour les eaux
minérales, les fels, les foufres, le nitre, le vitriol.
MÉm. de Tr.
LABORD. roye^ Lapord.
LABORIEUSEMENT, adv. Avec beaucoup de peine &
de travail, ^grè , operosè j laboriosè. Ces grands
compilateurs ont pallé leur vie bien laborieufement.
LABORIEUX, EUSE.adj. Homme qui aime le travail
& qui y réilfte. Patiens laboris. Il fc dit tant des tra-
vaux du corps que de l'elprit. Les François font plus
induftrieux , & les AUemans plus laborieux.
Laborieux, fe dit aulli des chofes & lignifie Pénible j
qui coûte beaucoup de peine & de travail. Laboriofus.
on profite des recherches laborisufes des excellens
Tradudteurs. S. Evr. Les Capucins, les. Hermires ,
mencntune vie bien /a/^t)r;ea/ê. Examen laborieux Se
difficile. PÉLissoN. De longues & laborieufes' re-
cherches. Idem. On le dit généralement des ouvrages
qui demandent plus de travail que de génie.
LABORUM. royei Labarum. •
LABOfH. Nom d'un lieu de la Terre Sainte. Labotk.
S. Jérôme., in Loc. Ilebr. le met dans la Tribu de
Jltda.
LABOUR, f. m". Remuement de la terre fait à delfeiu de
Tome y.
la
eu.
L A B 3^9
rendre fertile, propre à nourrir les végétaux. Oy tra,
dturaterrd. Une terre à blé pour être bien façon-
née, doit avoir uoh labours. 11 faut lembourk-r au
Eermicr qu on dépofsède , \<is labours Se knicnces. Il
eft dérendu de failir les chevaux de labour qui fer-
vent à la charrue. ÇCTOn dit qu'une- pièce de
terre eft en labour , pour dire qu'elle eft préparée
pour recevoir la femcncc.
Il eft manifefte que ce mot & fes dérivés vierr.ent
du Latin labor ; cependant le P. Pezron dit que ce mot
elt pris du Celtique labour , cawwwz laborare \'ie\\i Je
labourât, qui veut dire travailler. Quelques-uns ti-
rent labor de ^«Vu, douleur. 'Vollius aime mieux le
dériver de «a.< ^ qui lignifie travail : on a ajoute une,
/ au commencement i ou bien de >.<*i .> t^ya , prendre
de l'ouvrafe.
Les Vignerons & les Jrudiniers fe fervent auiJî de
ce terme quand ils travaillent , ceux-là avec kuis
houes, & ceux-ci avec leurs bêches. D<;nner un /a-
^cw;- à la vigne. Donner un /ai^oi^r aux elpaliers. Ope-
ram dare ,fodere. Les plus fréquens labours foiît d'or-
dinaire les meilleurs : à l'égard des arbres il en faut
quatre par an ; fwoir , au printemps , à la S. Jean , à
la fin d'Août, &: inmédiatement avant l'hiver. La
Quint. P. L. C. LIL. art. j. Quand les tares font
peu pierreufes , les labours y font plus aifjs. La
Quint. Les /a^o/^w à proprement parler, ne lont au-
tre choie qu'un mouvement ou remuement , qui, fe
failant à la luperficie de la terre, pénétre jufqu'à une
certaine profondeur , enforte que les parties de dellus
& celles de délions , prennent réciproquement la
place les unes des autres. La Quint. /*. /i. c. J/. Il
s'en fait à la bêche & à h houille, &cela dans les ter-
res ailées. Il s'en fait à la fourche & à la befoclie , Se
cela dans les terres pierreufes & cependant allez
fortes. Il s'en ftit de plus profonds ; favoir , en pleine
terre & au milieu des carrés, &: il s'en fait de plus
légers, favoir, autour des pies des arbres , fur les af-
perges , à'e.
^' On fouit, on renverfe la terre avec des infttumens
propres à cette opération, non (eulement pour dé-
truire les mauvailes herbes , mais encore pour fou-
lever la terre Se la rendre perméable aux influences
de l'air , du foltil , des pluies , des rof.es. 1d. Les la-
bours rendent les terres non Iculement plus agréables ,
mais encore plus meubles, ils augmentent la fertilité
dans les terres qui en ont p£U,& la conleivent dans cel-
les qui en ont luffifamment. Les labours fe doivent
faire en ditiérens tcms, & même diiîéremment pour
la multiplicité, eu égard à la différence des terres Se
des failons; les terres qui lont chaudes Se sèches , doi-
vent en été être labourées ou un peu avant la pluie ,
ou pendant la pluie j ou incontinent après, fur tout
s'il y a apparence qu'il en doive encore venir; Se 1 on
ne lauroit les labourer , ni trop fouvent , ni trop
avant , quand il pleut ; comme par la railon des con-
traires , il ne faut guère les labourer pendant le grand
chaud , à moins qu'on n'ait foin de les arroler aullitôt :
ces fréquens labours donnent pallage à l'eau des
pluies. Se les font pénétrer vers les racines qui en
ont beloin. Au contraire j les terres froides , fortes &
humides, ne doivent jamais être labourées en rems
de pluie, mais plutôt dans les grandes chaleurs. Se
pour lors on ne fauroir les labouter , ni trop fouvent,
ni trop avant, afin d'empêcher qu'elles ne fe fendent
par-dcllus, ce qui fait grand tort aux racines j & aiiii
qu'étant amollies par les labours j la chaleur y pénètre
plus aifément. Id. Les labours fréquens empêchent
qu'une partie de la bonté de la terre ne s'épuife à la
produétion Se à la nourriture des méchantes plantes.
Id. Les tems auxquels les arbres Heurillent & la vigne
poulfe , font extrêmement dangereux pour les labours.
Id. La pratique pour les labours qu'il faut faire aux
arbres , tant en hiver qu'au printems , eft que dans les
terres sèches Se légères, il en faut donner un grand à
l'entrée de l'hiver , Se un pareil incontint après qu'il
eft palfé , afin que les pluies & les neiges d'hiver , &
les pluies du printems entrent ailcment dans les terres
qui ont befoin de beaucoup d'humidité; Se à l'égard
Aaa
370
L A B
des terres fortes C-c humides , il îàat leur donner nu
mois d'Octobre un petit lahour, i'vukmcntpoin- ôter
les méchantes herbes , & un tort grand à la hn d'A-
vril ou au commencement de Mai, quand les huits
font tout à hit noues &: les grandes humidités pal-
fées. Id. ^,
LABOUR , ou LABOURD , &: LABOURT. Nom
d'une contrée de la Gakogne, Province de France.
LapurdeiifisTraaus. Elle a au midi les Pyrénées & la
Ball'e-Navarre , au levant & au nord les Landes , &:
au couchant la mer de Bifcaye. Bayone en e(l la capi-
tale : Tes autres lieux an peu conlîdérables tont S. Jean
de Luz , Andaye & Cibourre. Maty. Foyei M. de
Marca dans fon Hiftoire de Béarn , L. I. c. ^. Il y a
une coutume de Labour qui fut rédigée en 151 4.
Cette diction de Labouri cft balque ; Lapurra
fignifiantun pays dcfert , expofé aux voleurs , comme
difent ceux qui entendent mieux les iécrets de cette
langue. Marca. Hift. de Béarn. L. I. c. S.
La terre de Labour. Terra Laboracorls. Terra La-
horis , Laborlœ , Campi Laborini , Campama felix.
En Italien Terra di Lavoro. Province du Royaume
de Naples. Elle ell bornée au couchant par la
campagne de Rome , &c par l'Abrullc ultérieure ;
an nord par la citéricure , & par le Comté de Mo-
liire , & à l'orient par les deux Principautés ; la
mer de Tofcane la baigne du côté du midi. Ce
pays peut avoir vingt-hx lieues de long , & qua-
torze de large. Il ell fort propre pour le laboura-
ge , & c'eft de- là qu'il a pris fon nom. On l'appe-
loit autrefois la Campagne heureufe , à caute de fa
grande fertilité en blés, vins excellens , & autres
fruits. On y trouve en plufieurs lieux des eaux mi-
nérales , & des mines de foufrc; le Mont Véfuve ,
ou di Somma, en doit être rempli j puilqu'il en
vomit fouvent àes torrens. Les principaux lieux
de cette province font Naples capitale , Capoue ,
<iui rétoit anciennement , Gaete , Fondi , Aquino ,
Sora , Vénafre , Sella , Carino ; Tiano , Calvi ,
Cajazzo , Caferrc , Averfe , Acerra , Noie , Pouz-
zol , Sorrento j &C Malîà , qui font autant de villes
Épifcopales. Le Gariglai: , èc le "Volturne , en font
les plus grandes rivières. Maty. On n'appella d'a-
bord Terre de Labour , en Latin Laboria , qu'un
petit canton qu'on nomme Terrhorio di Gaudo
San-Felicio. Puis on a donné ce nom à toute la
Campanic.
Ce nom a été donné à ce pays , parce qu'il eft
propre au labour , au labourage.
LABOURABLE, adj. m. & f Épithète qu'on donne aux
terres qui font propres à être labourées pour rapporter
des grains. Culture habilis , idoneus. Cette ferme a des
prés , des bois , & zoo arpcns de terres labou-
rables. LaBeaucenc conlilfe qu'en terres labourables.
LABOURAGE, f m. Ce mot le dit tant de l'art de
labourer la terre , que du travail Se de la bc-
fogne du Laboureur. Agricultura. Il entend bitn le
labourage. Il a quitté le labourage pour le trafic.
Les Confuls Romains (e loiit appliqués au labou-
rage. Selon la diverhtc des lieux , il y a diverlité
de labourage à grands ou à petits filions. C'ell un
pays de montagnes , où l'on ne lait ce que c'clt
que le labourage. J'ai donné tant pour le labou-
rage de mes terres. Le labourage des terres fablon-
neufes eft plus aifé que celui des terres gralfes. On
dit aulll , qu'une terre a le labourage de deux ou
trois charrues ; pour dire , qu'il faut avoit autant
de charrues, pour la labourer & faire valoir. J'ai
un labourage de vingt arpcns de terre. Liger.
On appelle décharge & labourage des vinSj ci-
dres & autres boillons , la lortie de ces fortes de
liqueurs hors des bateaux dans lefquels elles font
arrivées aux ports de la ville de Paris. C'eft aux
leuls Maures Tonneliers à qui il appartient de faire
ce labourage , à l'exclufion de tous autres Déchar
geurs établi? fur lefdits poiTS.
LABOURER, v. a. Cultiver la terre en la remuant.
Tcrram arare , aratro exercere. On laboure en
pleine campagne avec la charrue garnie d'un foc
L AB
& d'un coutre. Les vignes le /a/^oz/rf/z/ avec la houe
les jardins avec la bêche. En Brie il faut labourer
avec les chevaux. En Berri on laboure avec des
baufs. "Voy. Labour. Il étoit défendu dans la Loi de
Moïle de labourer avec le bœuf & l'âne. Les No-
bles ne peuvent labourer qu'une de leurs terres à
deux charrues feulement. On appelle labourer à
blé, quand on donne la troificme façon aux terres
qu'on eif près d'enfemcnccr en blé.
^dT Labourer j fe dit par exteniion, de quelques ani-
maux j & d'autres chofcs qui font à peu près fur la
fuperhciede la terre le mémeertet que la charrue,
la bêche, &c les inftrumens du labourage. Les cochons
labourent un pré avec leur grouin. Ce pré eft prefque
tout labouré par les taupes.
IJCJ' En termes de Guerre , on dit qu'un boulet de ca-
non laboure quand il commence à rouler fur la terre,
vers la fin de fa portée , &z qu'il y trace des filions,
•fer On dit encore que le cznon laboure un rempart,
lorfque plufieurs batteries viennent obliquement
aboutir à un même point , comme centre commun
de leur aélion. Enfin on le dit de l'effet de ia
bombe qui remue les terres où elle tombe.
En terme de Marine , on dit qu'un ancre laboure ,
quand le fond du terrain n'eft pas bon pour l'an-
crage , quand l'ancre ne peut enfoncer , ni s'y te-
nir ferme. On le dit aufli du vaitleau quand il
touche à la terre , quand il n'y a pas ailez d'eau.
Labourer le fable. Terme de Plombier. C'ett mouil-
ler ik. remuer avec un bâton le fable qui eft dans les
chaihs autour du moule , dans lequel doit le couler
une grande table de plomb.
Labourer les vins. C'eft les décharger des bateaux
où ils ont été voitures , Se les mettre à terre.
Labourer j Ce dit aulll figurément dans le ffyle fami-
lier feulement, pour avoir beaucoup de peine , avoir
beaucoup à f ouffrir. Il aura bien" à labourer avant que
de parvenir à fon but. Labourer fe difoit autrefois,
pour travailler en matière d'affaires , S-c de cho-
fes fpirituellcs. A'bye^ ^'Hiji. de Bretagne duV. Lobi-
neau , T. Il , p. ppo.
LABOuRER^_y. n. Travailler en quelque art ou ma-
tière que ce foit, s'y exercer , s'y employer.
Où tellement aux armes laboura ,
Que le corps pris , l'honneur y demeura. Marot.
Ce mot eft vieux en ce fens.
LABOURÉ , EÉ, part.
fO" LABOUREUR, f, m. Celui qui cultive , qui^
laboure les terres. Agrkola. Riche Laboureur. Pa
vre Laboureur. Voye-[ Labour.
On dit poëriquement , quand les blés font beau%^
que c'eft l'efpérance des Laboureurs.
Laboureur. Terme de Plombier. C'eft le bâton dont
le Plombier fe fert pour labourer le fable. Où eft
le Laboureur ? Donnez moi le Laboureur.
LABI^ADOR. C'eft, un intervalle de mer qui cov_
par la moitié l'Ile du Cap Breton , à la réferve St"
8ao pas de terre ou environ j qu'il y a depuis le
fort Saint -Pierre jufqu'.à l'extrémité de cette iner
de Labrador , qui fait une efpèce de golte dont l'ou-
verture efl à l'orient de l'Ile du Cap Breton , Se finit
à l'occident du côté du fort Saint - Pierre. La marée
monte jufqu'à l'extrémité du golfe , Se l'on compte
vingt lieues depuis fon entrée jufqu'à 800 pas du
fort où elle aboutit ; Se lorfqu'il eft pleine mer
en Labrador, il eft balîê mer de l'autre côté vis-à-
vis du fort. L'ouverture de cette petite mer de Labra-
dor e(\: à l'eft jurtement , à l'oppofite de l'autre côte.
Ce qui fait cette ditlérence de marée , c'eft que la
baie de Saint Pierre a Ton ouverture droite àl'oueil,
joint qu'il n'eft jamais pleine mer dans un havre,
que la lune ne foit droit à l'oppofite de l'entrée du
havre , foit dellus , fuit detîous l'horifon. Dans La-
brador il y a un grand balTin ou étang de huit lieues
de longueur Se de cinq de largeur , avec des anles de
chaque côté qui entrent fort avant dans les tefres
Tquc le tour de Labrador eii bordé de montagnes
L A B
dont p:\rrics font de plâtre. Les terres n'y lont pas
bien boiuics , quoique les montagnes ioiciit cuu
vertes d'arbres , dont la plus grande partie font
pins & lapins , mêlés de bouleaux & hêtres. La pê-
che n'y eît pas bonne, il s'y trouve feulement des
huîtres j qui ne font pas bonnes quand elles font
fiouvellemcntpêchccs , parce qu'elles lont trop dou-
ces; mais elles ont une propriété , c'elt qu'on peut les
garder huit ou dix jours lans qu'elles perdent leur
cauj après quoi elles font lalées , & perdent cette
fadeur que leur caule l'eau douce des rivières, à
l'embouchure dcfqucllcs on les pêche. Dbnis , Dcf-
cr'ip. de l' Amer. Sep. P. I , c. 6 .
LABRANDA. Nom d'un ancien bourg de Carie. La-
brandd. Jupiter étoit honoré à Lahranda , & y avoir
un Temple d'où il prenoit le lurnoni de Jupiter
Lahrandeus , comme a corrigé le P. Hardouin dans
Pline, I. XXXII , c.2.Yoy. les Notes de ce Père.
On difoit auparavant Jupiter Labradius , ou La-
bradeus.
LABRIT. Qui s'eft dit autrefois pour Abret,& l'Al-
bret , Si dont nous avons fait ces noms, /^ovtrj'
VHiJ}. de Brec T. II, p. 441.
LA3SA , ou LASSACH. Nom d'une ville de l'Arabie
Heureufe , en Afie. Lahfa , ou LaJJachum. Elle ell
à vingt lieues d'Elcatif, du côté du midi, dans une
contrée que Sanlon appelle le Béglerbcy de Lahfi ,
&c Vifchcr la Principauté d'Elcatif, tributaire du
Turc. Maty.
LABURNUAL f m. Arbre de médiocre grandeur
qui eft une elpèce de cytife : il relTcmble à l'anagy-
ris , excepté qu'il n'eft point puant. Son bois ell
dur; les payfans en font des preux dont ils enfer-
ment leurs champs. Ses feuilles font trois à trois ,
fins poil , &z d'un vert aifez foncé en-dcllus , velues ,
lïc d'un vert - pâle en - delîous , attachées à une
queue menue j ronde , velue. Sus Heurs lont légu-
mincufes , femblables à celles du petit genêt , de
couleur jaune. Après qu'elles font tombées , il pa-
roît des goulles femblables à celles des pois , lef-
quelles contiennent des femences groifes comme
des lentilles. On le nomme autrement Auhours.
M. Tournefort l'appelle Cytifus Alpinus ladfolius ,
fiore racemofo pendulo. Injl. R. Herb. '6 4S .
LABYRINTHE, f iti. Chez les Anciens , ou Dédale.
Grand édifice qui eft coupé de divers chemins qui
rentrent l'un dans l'autre, &: dont on a de la peine
à trouver l'iirue. Lahyrïnthus. Le plus fameux Az^
labyrinthes a été celui de Crète , bâti par Dédale ,
pour enfermer le Minotaure, &: d'où Théfée ne
re fiât pas'lauvé fins le fil d'Ariane.
Il eft fait mention de quatre labyrinthes dans
l'Antiquité : celui de Crète fait par Dédale; celui
d'Egypte , qui , félon Pline , fut le premier de
rous , & fut conflruit par le Roi Pétéfucus , ou Ti-
thoës : mais, félon Hérodote , ce fut l'ouvrage de
plulieurs Rois ; & le dernier qui y fit travailler fiit
Pfamméticus. Ce labyrinthe lubliftoit encore du
temps de Pline. Il y avoir , dit- il, 3600 ans qu'il
- avoir été fait. Le Père Kirker parle de ce labyrinthe
d'Egypte, dans fon Œdipus .Aij^yp. T. II , P. II ^
p. ^06 , &:c. .Celui de Lemnos , compofé de co
lonnes d'une grande beauté. Il y en avoit encore
quelques rcftes au temps que Pline écnvoit. Celui
d'Italie , que Porfenna , Roi d'Etrurie , fit faire
pour être fon tombeau. Pomponius Mêla décrit le
labyrinthe d'Egypte , dans fon /. L. c. fi. Pline
les décrit tous trois, L. XXXIV ^ c. i j. Virgile a
décrira fa manière celui de Crète , L. V , de l'Enéï-
dc, V. '^SS , & fuiv. Pline appelle les labyrinthes
l'ouvra.y le plus merveilleux , le plus^ miraculeux
de l'clprit humain. Le labyrinthe d'Egypte , bâti
furies bords du lac de M y ris , étoit compofé de
douze palais & de quinze cens cha'mbres , Mêla dit
ter mille domos , d'où il étoit impollîble de trouver
Il fortie quand on y étoit entré. Les Gnoilîens ont
un labyrinthe fur leurs médailles. Voyei dans Trif-
tan , T. I , p. i)j , comment on l'y reprélentoit.
Voyc\ le récit que M. Tournefort a fait à l'Aca-
Tome V.
LAC* 371
demie des SLiences fur les labyrinthes des Anciens,
l.c plus dangereux des labyrinthes ell celui des car-
rières d'Arcueil , qui vont plulieurs lieues fous terre.
On appelle labyrinthes Je carrière , la coufulion
des rues d'une carrière beaucoup fouillée. ladepren-
Jus & irremeabiUs crror.
Labyrinthe, fe ditaulli figurément en Morale, d'une
complication d'aUaircs embrouillées , des aifaircs ,
des procès où l'on ell fi cmbarralié , qu'on n'en
lauroit Ibrtir. Les détours de la chicane on fait des
Libyrinthes des moindres procès. Cette banqueroute
a mis ce Marchand dans un grand labyrinthe d'af-
faires. Salomon , après avoir fait une peinture naïve
de fcs doutes &: de les irrélolutions , conclut qu'il
n'y a que la fagclle éternelle qui puille démêler
ce labyrinthe P. Com. "Nous avons en Droit deux
règles pour nous démêler de ce labyrinthe, Patru.
Labyrinthe , en ternies d'Anatomie , fc dit de la
féconde cavité de l'oreille interne , qui eft creufée
dans l'os pierreux : elle eft aiuiî appelée , parce
qu'elle eft fenibarralfée de pluheurs détours. Cette
cavité fe uivile en trois parties ; la première ell
celle qu'on nomme le vejtibule du labyrinthe , parce
qu'elle conduit aux deux autres; la féconde com-
prend trois canaux ronds, courbés en demi cercle ,
qu'on appelle les canaux demi-circulaires j qui font
au côté du vcftibule vers le derrière de la tête ; la
troifième eft le limaçon qui eft à l'autre côté.
Labyrinthe , en Architeclure. On appelle labyrinthe
de pavé , une efpèce de compartiment de pavé,
formé de plate bandes droites ou courbes, qui par
diftérens détours lailfant des efjsaces ou fentiers , imi-
tent le plan des labyrinthes de l'antiquité.
IJCF Labyrinthe de Jardins. C'eft un bofquet d'al-
lées étroites qui s'entrecoupent ; de manière que
quand on y eft engagé , on trouve difticilement la
route pour lortir.
§Sr Le labyrinthe de 'Verfailles eft un des plus beaux
ouvrages modernes en ce genre, & même le plus
beau par la magnificence des ornemens qui l'ac-
compagnent. C'eft un bofquet compofé de pluheurs
allées entrelacées &z bordées de palilîades , dans
lelquelles on s'égare aifement. Le bofquet eft du
dellein de le Nautre.
Labyrinthe. Terme de Poëlîc. Sorte de vers fort
embarralfés. Voye-;^ Raban de Sainte-Croix, qui en
donne des exemples.
En termes de Philofophe hermétique , labyrinthe
fignifie l'œuf hermétique. Quand les Sages difent
que le Minotaure eft dans le labyrinthe, cela veut
dire , que le Mercure qui participe des deux na-
tures , qui eft mâle &c femelle, qui eft de la na-
ture animale j 6c de la nature minérale, ell enfer-
mé dans l'œuf.
LAC.
LAC. f m. Grand amas , grande étendue d'eaux dou-
ces &c dormantes, qui ne tarilfent jamais, & qui
ne le communiquent à la mer que par quelques
rivières, ou quelques canaux lourerrains. Ulpien ,
dans l'interprétation de l'Édit du Préteur, dit , qu'un
lac diliére d'un étang , en ce qu'un lac a toujours
de l'eau , & ne tarit jamais , & qu'un étang tarit
quelquefois. Le lac eft plus étendu , & fon vo-
lume d'eau plus confidérable. Les lacs font des amas
d'eaux qui ont allez de profondeur pour être dif-
tingués des marais , & qui n'ont point de com-
munication avec la mer , ou qui ne s'y déchargent
que par des rivières. Il y en a quelques-uns aux-
quels on donne le nom de mer, comme la mer Caf-
pienne , la mer de Galilée &: la mer morte. Les autres
Lacs plus confidérables font ceux de Genève , de
Conftance, de Ladoga , d'Onega , £•<:, en Europe. Le
Lac de Nicaragua & ceux d'Ontario , de Karegnondi ,
le Lac fupérieur & celui des Puants , tx , en Améri-
que. Le Lac de Chiamay, en Afie. Ceux de Zaire,
de ZaHan , de Dambea &: de Niger en Afrique. Ma-
ïy. La Suilfe eft un pays où il y a de grands Lacs.
Aaa ij
372^
LAC
lacus. Le Iiîc de Conlkncc. Le Rhône palïc à tra-
vers le Lac de Gcncve. On a aulli appelé le Lac de
Généiareth en Galilée, près duquel J. C. appcUa tes
Apôtres , la mer de Tibériade , à caule d'une ville du
même nom ; c'ell un étang li grand qu'il paroit un
Lac , il a cent-quarante ftades de longueur , & qua-
rante de largeur.
Les Gaulois avoient un refped religieux pour les
Lacs , qu'ils regardoient comme autant de divinités,
ou du moins comme des lieux qu'elles choiiilloicnt
pour leur demeure. Us donnoient même à ces Lacs
le nom de quelques dieux particuliers. Le plus célè-
bre de ces Lacs étoit celui de Touloufe , dans lequel
ils jettoient. Toit en elpèccs, Toit en barres ou lin-
gots , l'or & l'argent qu'ils avoient pris fur leurs en-
nemis. Il y avoit aulli dans le Gévaudan , au pied
d'une montagne , un grand Lac conficré à la Lune,
où l'on s'aU'embloi.!: tous les ans des environs, pour y
jetter les offrandes qu'on faifoit à L déeire. Strabon
parle d'un autre Lac très célèbre dans les Gaules ,
qu'on nommoit le Lac des deux Corbeaux , parce
qu'il y avoit deux de ces oileaux qui y failoient leur
féjour, & defquels on failoit mille contes ridicules;
mais ce qu'il y a de certain , c'eft que dans les diflé-
rends qui arrivoicntj les deux parties s'y rendoient ôc
leur jettoient chacune un gâteau ; (t3° celui dont les
corbeaux mangeoicnt le gâteau , avoit gain de caule ;
& celui dont les corbeaux fe contencoient de becque-
ter Se d'éparpiller l'offrande, étoit condamné par la
bouche mcnje des dieux. Il eft difficile d'imaginer
quelque chofe de plus extravagant.
Ce mot vient de ^àx.y,i>^ lacus , un lac.
§3^ Lac f'^oye:^ Lacs.
LACAY, ou LAQUET. f. m. Nom d'une ancienne
Milice étrangère. On trouve ce mot dans des comp-
tes des Tréforiers du Duc de Bretagne au quinzième
fiècle. Le P. Lobineau , dans Ton Glolîaire , éciit la-
çais y OU lacquèts. Et dans l'Hiftoire , T. L. p. 777.
Lacquets. Dans un compte de 1451, je ne trouve
que lacays.
LACAYOTA. f. f. Nom d'une plante de l'Amérique
méridionale. Lacayota. Il y a (à Coquimbo ) une el-
pèce de citrouille qui dure toute l'année, appelée la-
cayota : on la fait ramper (ur les toits des mailons , &
l'on en fait une excellente confiture. FrÉzier,/'. 122.
LACCIVOLO.. La PuntadeI«aivo/o. En l^zimAmum
Promontorlum. C'eft un cap qui eft fur la côre occi-
dentale de l'ile de Corfe, .à fept lieues de la ville de
Calvi du côté du nord, & à huit de S. Fiorenzo , vers
le couchant. Maty.
LACÉDÉMONE. Nom d'une ville fort ancienne ,
qu'on nomme autrement Sparte , & qu'on dit avoir
été fondée avant Rome & Carthage , l'an 171S , avant
la nailîance de J. C. Sparta Laced^mon. Elle a été
fort célèb re par la valeur de les habitans , & par les
belles Loix que Lycurgue lui donna. Elle étoit capi-
tale de la Laconie. Elle le fut enfuite du Defpotat du
Péloponnèfe , & Epifcopale , Suftragante de Corin-
the. Elle eft encore aujourd'hui Epifcopale, & porte
le nom de Mifitra, d'Ebada&de Zaconie. Lacéde-
mone eft alfez grande , accompagnée de deux grands
faubourgi , & défendue par une citadelle conftruite
au fommct d'un rocher qui s'é'eve en pain de lucre,
& qu'on dit n'.ivoir jamais été prife par la fiim. Cette
ville eft capitale de la Zaconie en Morée , & fituée fur
le Valîlipotamo , à fept lieues de l'on embouchure
dans le golfe de Colchine. Les Vénitiens s'en rendi-
rent maîtres l'an 1687, & l'ont perdue, avec le refte
de la Morée, en 171 5.
On dit que Lacédémonc s'appela d'abotd Lélégie ,
deLélexfon premier Roi, qui étoit contemporain de
Cécrops & d'Erichtonius. Elle prit en fuite le nom de
Lacédémonc , de Lacédémon , fils de Jupiter & de Se -
mêlé , ou de Tavgète qui époufa Sparte , fille d'Euro-
tas & petite fille de Lélex. Ce Lacédémon y regnoit,
dit on, au teras de Mo'ife. Elle prit auffi le nom de
Sparte, de la Reine Sparte, femme de Lacédémon.
Le Royaume de Lacédémone commença fous Lélex ,
premier. Roi de cette ville , vers l'an du monde 2J70 ,
LAC
lorfquc Sthénélus regnoit à Argos , de dura jiuqu'à
1 ifamène , fils d'Oreitc, treizième &c dernier Roi de
la première Dynaftis , qui fut challé par les Héraclidcs
vers l'an du monde 2.9 J i . La Dynattie des Héraclides
fi;t divifée en deux familles , les Eurilthênides , autre-
ment les Agides, qui donnèrent trente un Rois à La-
cédémonc y Se les Proclides , ou Euriponuides qui en
donnèrent vingt quatre. Lacédémone aujourd'hui eft
partagée en quatre parties détachées les unes des au-
tres , la ville, le château , le Méfochorion j & VExo-
chorlon y qui font deux faubourgs; les Turcs nom-
ment aulli le dernier Marathe. Le Bafilipotamos fé-
pare l'Exochorion des trois autres parties. V. Meur-
fius , Mlfccllanea Laconïca , & R.e^num Laconicum.
LACEDEMONIEN, ENNE- f m. Se f. Lacon, Lace-
demonius , Spartanus j a. Les Lacédémoniens furent
des barbares jufqu'à Lycurgue , qui les poliça Se leur
donna des Loix. Il établit un Confeil compofc de
trente deux Conlcillers , dont le Roi étoit un. Ce
Confeil ne pouvoit rien conclure fans le confente-
ment du peuple. Le Roi Théopompus établit les Gi-
horcs qui étoient comme les Tribuns du peuple à
Rome. Ils balançoient l'autorité du Roi Se celle du
Sénat. Les Lacédémoniens élevoicnt leurs entans avec
beaucoup de loin & fort durement, & dans les exer-
cices du corps les plus violens. Ils accoutumoient
aulli les filles aux mêmes exercices. Ils infpircient à
la jeunelle beaucoup de refpeét pour les Magiftrats &
pour les vieillards. Ils leur donnoient de l'horreur
de l'ivrognerie Se de l'intempérance, en leur faifant
voir des etclaves ivres , & leur faifant remarquer tou-
tes les impertinences qu'ils faifoient Se qu'ils difoient
en cet état. Ils avoient un amour inconcevable pour
leur liberté , & une envie pareille de dominer fur les
autres peuples 'de la Grèce. Ils parloient peu Se di-
foient beaucoup en peu de mots. Il y a une infinité de
bons mots des Lacédémoniens , qui font pleins des
fentimens les plus nobles, & qui marquent un grand
courage & de grandes âmes. Les Lacédémoniennes
accouchoient ordinairement & fe délivroicnt de leurs
enfans fur un bouclier , ainfl qu'on le remarque dans
Ariftophane en ù Comédie, intitulée LyAlhata, Se
dans NonnuSj en fés Dionyf. L. 41 . où il dit que 'Vé-
nus voulut accoucher fur un livre de la Nymphe Be-
roé, comme les Lacédémoniennes , dit il , accouchent
de leurs enfans dans un grand bouclier. Triftan,
T. L. p. Sj. Les Lacédémonienne? déguifécs en fol-
dats, défendirent vaillamment leur ville contre les
Mclîéniens qui étoient venus pour la furprendre en
l'abfence de leurs maris. Voyc')^ Laet. ii. /. c. 10.
LACER, v. a. Serrer avec un lacet; palier un cordon,
ruban , ou lacet dans des œillets ou petits trous. La-
queo illigare. Les femmes lacent leur corps de Juppé
pour le faire joindre.
jjCF Lacer du ruban, c'eft le palTer plufieurs fois par
ornement au bord d'un habit, d'une robe.
Lacer. Terme de Marine. Lacer une. \oï\t , c'eft fiifîr
la voile avec un quarantenier qui paile dans les yeux
du pied, &: qui l'attache à la vergue. Cela le fait
lorfqu'on eft furpris d'un gros vent & qu'il n'y a point
de garcettes au ris.
Lacer. Couvrir. On fait lacer ks lices par les meilleurs
chiens , afin d'en avoir de bonne race. On s'en fert
encote pour exprimer l'état du chien &: de la chienne
qui fe tiennent enfemble.
Lacer. Mettre quelqu'un dans fes lacs , le tenir , l'en-
lacer , le ferrer. Poéf. du Roi de Nav.
LACÉ, ÉE. part.
Lacé, ée, fe dit de l'accouplement des chiens. Il faut
que cette chienne ait été lacée par un mâtin. Les en-
fans courent après les chiens qu'ils trouvdit lacés.
Quand une lice a été lacée , Se qu'elle a retenu , on dit
qu'elle eft nouéo.
LACÉRATION, f f. Terme de Palais, déchirement
d'un écrit, d'un livie. laccracio. Le Juge a ordonné
la lacération d'un tel hbelle. Ce mot n'eft en ulage
qu'en parlant des papiers, titres, livres Se choies
femblables. En Médecine on dit , dilccération des
chairs, des fibres, i>c.
LAC
LACJiRER. V. a. Terme de Pal.iis, déchirer une pièce ,
un livre, un écrit. Lacerarc. Ces deux mots ne fc di-
fcni qu'au Palais, où l'on ordonne quelquefois qu'une
Requête injurieufe fera lacérée en prélence de la Par-
tie; qu'un livre icandakux izïti lacéré parles mains
du Bourreau.
LACÉRÉ, ÉE. part. Laceratus.
LACÉRET, C m. Outil de Charpentiers , de Charrons ,
OH autres ouvriers en bois. Icrcbclla. C'efl: la même
chofe que ia petite tarière.
LACERNE. f. f". Nom d'un habit des Anciens. Lacerna,
lacernum, chlamys j birrus. C'étoit une clpcce de
manteau de laine à l'ulage des hommes (eulemcntj
& même d'abord des leuls gens de guerre; elle le
mettoit par-dclfus la robe appelée coga , &c quelque
fois même quand on quittoit cette robe , par dellus la
tunique. Elle s'attachoit avec une agrafte fur l'épaulej
ou par-devant. La laccrnc étoit courte d'abord , aufiî-
bicn que le manteau à la Grecque; cnluite , quand dès
armées on l'eut hiit palier dans l'ufage ordinaire , tk.
que tout le monde en porta , on l'alongea. Elle fer-
voit à garantir du froid, de la pluie & du mauvais
tcms. Il y avoit des laccnies d'été &: des lacernes d'hi-
ver, les unes plus grotfés tk. plus chaudes, &: les au-
tres plus légères. La laccrne ne lut en ufage à Rome
que fort tard , (Se dans les derniers tcms de la Républi-
que; du tcms de Cicéron on ne f.ivoit encore ce que
c'ctoit que d'en porter , & c'étoit une honte que d'en
prendre. Les guerres civiles du Triumvirat firent
qu'on (c familiarila avec les lacernes : car comme
toutes les armées étoient fouvcnt alors dans Rome &
aux portes de Rome , on s'accoutuma à voir des lacer-
nes, Se l'on y prit goût, dô forte qu'elles devinrent
un habit ordinaire des Scnatcucs & des Chevaliers,
même en paix , jufqu'au tems de Gratien j Valentinien
& Tliéodofe, qui défendirent aux Sénateurs d'en por-
ter en ville , car la lacerne ell la même choie que l'h.i-
bit appelé chlamys & le birrus. Voyez fur les lacernes
Saumaile , dans les Notes fur Spartien &z fur Lampri-
dius. Martial parle des lacernes achetées jufqu'à dix
mille fefterces. Il y avoit des lacernes qui avoient des
chapetons. Un homme qui a une laccrne^ couvert
d'une lacerne, lacernatus ; un Sénateur en lacerne,
Senator lacernatus. Lacerne vient de ^mx.» , ou >^<tx.y.--i ,
qui fignihe un habii^ ou une tunique. Saumaife fur
Lampridius , p iS ^
ACÉRON. f. m. Cicerhua. Plante qu'on appelle aii^
rrement La'uron. Voyez Laitron.
LACET, i. m. Petit cordon ferré par les deux bouts j
qui fert à ferrer un corps de jupe , une chemifette ,
&c. Laqueus. Quelques-uns écrivent lajfet , mais
mal. Il y a des lacets ronds, des lacets plats , des la-
cets de fil , de foie , &c. On fournit des lacets à Mef-
fieurs de la Chambre des Comptes pour enfiler leurs
papiers.
"fj" On le dit aufîî en termes de clialle , comme fynony-
me de lacSj de plufieurs crins Ao. cheval, cordés en-
fcmble , ou d'autres chofes dont on fait desefpèces de
colliers pour prendre des perdrix , des lièvres & autre
gibier. Tendre un lacet dans une haie. Prendre un
lièvre au lacet. Voyez Lacs. Dans cette acception ,
quelques uns l'on employé comme fynonyme avec
piège. Il eft pris comme au lacet, exprellion popu-
laire.
AcET, laqueus, vient du Celtique lace. Pezron. Ce
mot vient de laqueus , qui fignirie la même chofe , cV
qui vi;nt lui même du Grec mvh, qui veut dire une
branche d'ofier , de faulc , parce que dans les com-
mcncemens, les laqs , ou lacs , fe htifoient de faule
&c d'ohcr , & non encore de corde.
ACET. Les Serruriers nomment lacet , une petite bro-
cne de fer , qu'ils appellent aulîî rivure.
ACKTÀIN , AINE, f m. & f Nom d'un ancien peu-
ple d'Efpagne. Lacetanus , a. Les Lacctains étoient
dans la Catalogne , fitués aux environs de la Ségre ; ils
s'étcndoient depuis les Pyrénées jufqu'aux Lobrégat &
l'Ebre. Ils avoient les Ilergètes à l'occident & les
Cérétains avec les Aufétains à l'orient; c'efl à dire,
qu'ils occupoient une partie du Dioccfe de Lérida.
LAC
37S
Foyei Pline , Z. ///. c. 3. Le P. Crier & Sanfon. Au
relte , il vaut mieux de Lacetanus, dire Lacéiaui , que
Lacétanien; nous difons Romain ^ tk non pas Koma-
nien.
LACHURE. f. f Terme de Tailleur , qui fe difoit en
parlant d'un ruban qu'oji laçoit autrefois autour du
haut de chaude, au liaut des'canons èic des manches.
Femoralium limbo cucurnplkata t&nia. Laceure bien
faite. Cette mode ne fublillc plus,
et? LACHE, adj. de t. g. Qui a ditlérentes acceptions,
tant au propre qu'au figuré.
LÂCHE, elt quelquefois l'oppofc de tendu. Laxus , re-
mijjus. Une corde tft lâche, lorfqu'elle Hé(*it dans
quelque endroit de fa longueur. Les Danfeurs de
corde voltigent fur une corde lâche, 6c danfent fur
celle qui eft tendue.
CCF LÂCHE , oppolé de ferme. Une étoffe eft lâche,
quand elle n'eft pas bien frappée , quand la trame
n'cll pas bien battue (?c ferrée. Une toile lâche.
IJS" LÂCHE , oppolé de ferré. Couture lâche , où les
points font éloignés &• mous. Il faut coudre cette
dentelle lâche , pour empêcher qu'elle ne falfe la gri-
mace,
et? En Botanique , on défigne de même par le terme
lâche, laxus, ce qui n'efl pas ferré ou preflé l'un
contre l'autre.
0^ LÂCHE, oppofé de rellcrré. Avoir le ventre lâche ^
trop libre. Voye-^ ce mot.
et? LÂCHE, oppofé d'adif. Mollis , iners. Un cheval
lâche, qui manque de vigueur & d'aârivité, qui va
nonchalamment & foiblement. Les petits chevaux
font moins fujets à être lâches que les grands.
I^T LÂCHE j au figuré. Ignavus , vecors. C'efl celui qui
manque de valeur, f^oyyi ce mot. Lâche f oldar , lâ-
che Capitaine. Il ell louvcnt employé fubflantivc-
ment. Les /acAej deviennent hardis, s'ils s'apperçoi-
vent qu'on les craint. Bouh.
^^'L'épée d'un lâche ne fait point de mal. C'efl un
lâche ■ il n'y a qu'un lâche qui en ule de la forte.
Le lâche craint la mort , & c'ejl tout ce qu'il craint.
Rac.
Quiconque pour l'Empire eut la gloire de naître^
EJl un lâche, s'il n'cfe ou fe perdre ou régner.
Corn.
US" LÂCHE, Poltron, fynonymes. Le lâche recule, le
poltron n'ofe avancer. Le premier ne fe défend pas,
il manque de valeur. Le fécond n'attaque point , il
pèche par le courage. Syn. Fr.
^"Il ne faut pas compter fur la réfiflance d'un lâche ,
ni fur le fecours d'un poltron.
03° Corneille , dans fa Médée , applique cette épithète
à la Fortune :
Cette lâche ennemie a peur des grands courages.
ffT Cela efl: imité de Sénèque , Fortuna fortes metuit ,
ignavos premit, ôc enchérit encoie fur l'original,
l'outes les Tragédies qui précédèrent la Médée de
Corneille, dit Voltaire, font remplies d'exemples de
ce faux bel efprit. Ces puérilités furent li long-tems
en vogue , que l'Abbé Cotin , du tems même de Boi-
leau &: de Molière j donna à la fièvre l'épithète d'in-
grate : Cette ingrate de fièvre qui attaquait infolem-
ment le beau corps de Madcmoifelle de Guife où elle
étoit fi bien logée.
ifJ'On appelle figurément un fl-yle AkAe , lorfqu'il n'a
rien de nerveux, qu'il n'ell point ferré, qu'il efl char-
gé de mots inutiles.
IJCr On dit auiu que le tems efl lâche , pour dire qu'il
efl vain & mou.
§;j° Lâche, fynonyme de bas & honteux; qui n'a au-
c!Ui fentiment d'honneur. On le dit de même des ac-
tions qui font perdre l'honneur , &z attirent le mépris
des honnêtes gens à ceux qui en font les auteurs. C'eft
être bien lâche que de trahir fon ami. C'efl une amc
lâche ik baffe, capable de tout faire pour de l'argent.
374 LAC
Pi-océdé /acAe :, indiiine d'un homme d'honneur. La
tmhifon eft la phis lâche de toutes les actions. Injamis.
f^a,\à.che:,fais l'amour, & renonce à l'Empire. Rac.
Ejl-il rien de plus noir que ca l.ichc aclion? Mol.
Morbleu, c'ejl une chofe indigne , Viàift , ^infâme ,
De s'abciijjer ainfi jufquà trahir fin ame. Id.
LÂCHEMENT, adv. Foiblement , mollement , non
chahimment. Ignavè , moliuer , fegniter. Les Ou-
vriers qu'on ne paye pas vont lâchement en belo-
gne. Il fe dit aulli pour ballement , honteufement j
par manque de valeur , de courage , d'honneur. Tur-
piter, ignavè , vecorditer. On a. dégradé ce Capitai-
ne , parce qu'il s'elt défendu & rendu lâchement.
Abandonner lâchement , trahir lâchement les amis.
LÂCHER. V. â. §3°' Laillér aller une choie , l'aban-
donner à elle-même, en écartant l'obllacle qui la
rctenoit. Cette lignification générale eft modifiée
par des idées particulières qui fe joignent à l'idée
principale , dans les diftérens cas où ce verbe eft
employé. La.xare , rcmittere. Lâcher la corde d'une
grue, d'un cabeftan , d'un tourniquet. F.iire qu'elle
foit moins tendue. Lâcher un bateau à vau l'eau. Lâ-
cher une chofe qu'on tient à la main , la laillèr
tomber. Il faut lâcher ce qu'on ne peut retenir.
Le changement de temps fait tendre oii tâcher la
corde des inftrumens. il fout lâcher la chanterelle
d'un luth qu'on quitte.
On dit , lâcher l'eau du moulin en levant les
pâles, les lançoirs. Pour pccher un étang, il fiut
lâcher la bonde. Pour inonder les pays , on lâ-
che les éclules.
Lâcher de l'eau , c'eft-à-dire, pilfer , lailfer aller
fon urine. On dit aulli , lâcher l'aiguillette , pour
dire, décharger le ventre. Lâcher un vent , pour
dire , lailfer échapper un vent par derrière. On dit
qu'un malade lâche tout fous lui , pour dire qu'il
ne peut retenir fes excrémens. Ces dernières ex-
prelfions font populaires , ou familières.
On dit aulïï au jeu de rhombre , qu'on lâche une
main , pour dire qu'on la laille aller à un autre ,
quoiqu'on ait de quoi la lever. Cela eft commun
à plufieurs autres jeux, comme la Bête , le Piquet^
l'Impériale , la Mouche , le Triomphe , le Bril-
quambille, le Quadrilh: & le Médiateur.
LÂCHER , fignifie aufll , décocher , débander. Lâcher
une flèche, un trait, un coup de Rililj un coup de
canon; pour dire , tirer un coup de ces armes.
IP"' On dit populairement , lâcher un coup , pour
donner. Il lui lâcha un foulflet.
LÂCHER , fignifie aulfi , faire courir après. Quand on
a fait lever le gibier , on lâche les chiens , on
les lailfe courre après. On lâche des Archers après
un voleur. On donne charge de le pourfuivre. Dieu
voulant éprouver la confiance de Job , lâcha Satan
pour le perlécuter. Ce terme n'eft bon en ce fens ,
que dans le ftyle ordinaire & familier.
LÂCHER , fignifie aufli , laider échapper, foit inconfi-
dérément , foit à dellein. C'eft un Amant difcret
qui n'oferoit lâcher le moindre foupir. Il a lâché le
mot, il ne fauroit plus s'en dédire. Il a lâché un
mot qui a ruiné tout leur accommodement.
Puifque la parole en ejî lâchée ,
Je confins à ce que vous voule^. Mol.
Jdieu , ce mot lâché me fait mourir de honte.
Corn.
Je veux qu'on fiit fincere , £' qu'en homme d'honneur
On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur. Mol.
§3° On dit lâcher la parole , lâcher le mot , lorfque
dans un marché on dit le dernier mot du prix qu'on
veut avoir ou donner , ou lorlque dans une négo-
L A
dation , après quelques diuicultés , on donne en-
fin fdn confcntemcnt à une chofe.
Lâcher , lignifie aulîl , abandonner un delfein , une
aftaire. Dimittcre. Ce Capitaine pouvoit emporter
cette place , mais il a levé le liége , il a lâché prife ,
il a tui honteufement , il a lâthé le pied. Pour ob-
tenir cette charge il faut tenir bon , ne la point lâ-
cher à d'autres. Les Soldats avoient enlevé du bu-
tin des prilonniers -, mais on leur a bien iûi lâcher
leur proie , on les a contraints de fe retirer.
Se Lâcher : s'abandonner librement & fans contrain-
te , tenir des propos indilcrets , quelquefois indé-
cens. Il eft familier.
Parmi les verres & les pots
On vit ce Maître de la Terre (Augufte) t
Se lâcher en joyeu:-: propos. y
En termes de Médecine , on dit qu'un remède lâ-
che ^ quand il rend le ventre libre, quand il purge les
mauvail.es humeurs. Les pruneaux lâchent le ventre.
Mol.
En termes de Manège , on dit , lâcher la bride,
pour dire, pouller un cheval, ouïe lailler aller en
liberté. Habenas permitterc. ^fT Lâcher la main à
fon cheval , c'eft le faire aller de toute fa vîtelle. Lâ-
cher la gourmette, c'eft l'attacher au premier mail-
lon , quand elle lerre trop le menton du cheval , étant
attachée au fécond.
En termes d'Efcrime, lâcher Is. mefure, c'eft re-
culer.
En termes de Jeu de Paume , lâcher la baie , c'eft la
lailfer aller , ne la point toucher , parce qu'on gagne
la chafte.
On dit aulfi figurément , lâcher la bride à quel-
qu'un -, pour dire , l'abandonner à fa conduite ^ lui
lailfer faire tout ce qui lui plaît. On dit aufti , lâ-
cher la main , pour dire , diminuer quelque chofe
de fes prétentions , confentir à des propolitions
d'accommodement. On dit auffi , qu'il faut qu'ua
Marchand lâche la main , pour due , qu'il rabatte
quelque chofe du prix de fa marchandite , pour en
avoir du débit.
Lâcher , ternie de l'Autourcerie , qui fe dit de l'Au-
tour quand il part de la main : ce qui le fait en
ouvrant la main. Dimittere yf^mittere. A l'égard du
faucon , on dit jeter , & on appelle lâcher de re-
bat , quand on lâche l'Autour après l'avoir retenu
en (a première fecoullc.
IJCT Lâcher , eft aulîi réciproque , & quelquefois
neutre. On dit qu'une corde lâche , Se qu'elle s'eft
lâchée. Si le fufil vient à lâcher , a. fe lâcher, c'eft-
à-dire , à k débander de lui même. Ce rcllort fe
lâche.
LÂCHÉ ,ÉE, part. Foyei le verbe.
LACHÉSIS j C f. Prononcez Lakéfis. Nom de l'une
des trois Parques. Lachefis. Selon les Fables , c'eft
Lachéfis qui tient la quenouille , c'eft Clotho qui
file , ôc Atiopos qui a les citeaux en main pour
couper le fil. Cependant les Poètes confondent fans
difficulté ces fondions , &' font quelquefois filer
Lachefis , comme a fait Juvénal , L. I. Satyr. LU.
verfi. 2/.
Dumfiuper efi Lachefis quod torqueat.
Pendant que Lachéfis a encore de quoi filer,
pendant que nous' vivons encore.
Ce nom eft Grec , & lignifie firt , de >i«lx«"i ,
firtir.
LÂCHETÉ. C. f. Foiblefle de corps qui empêche l'appli-
cation au travail. Débilitas j lafiîtudo. Dans ce kns
on ne le dit point.
§CF Ce mot qui ne fe dit point au propre , fe dit en
morale , pour défaut de valeur ■■, aéfion balfe &: hon-
teufe , indigne d'un homme d'honneur : qui fait
perdre l'cftime des honnêtes gens , &: attire le mé-
pris. Ign.ivia , vecordia , prohrum , dedecus. Pour
tout l'or du monde il ne faut pas qu'un brave
LAC
liommc falfc une lâcheté. La trahifon cft une
grande lâcheté. On lui rcprocheia toujours la hi-
cheté qu'il a hirc. Le monde a attaché à la valeur
le plus haut degré d'eftime , ixr à la lâcheté la /ou
veraine infamie. Nie. Il s'elt déshonoré par nnllc
lâchetés.
LACHI. Lachïum , Petra. C'étoit anciennement une
petite ville du Royaume de Macédoine. C'eîl: main-
tenant un bourg de l'Albanie, fitué fur la mer Io-
nienne , à deux lieues de la ville de Durazzo , du
coté du midi. Maty.
LACHIS. Prononcez Lakis. C'étoit anciennement une
ville de la Tribu de Juda j dans la Judée. Lachis ,
Lachifa. Elle ctoit à quatre lieues de Jérufalem . du
côté du midi. //. Rois , C. XVIll. Lachis i:toi: entre
Jechthel Se Balcath. Bocliart croit que c'eli Belle-
na. C'cd: à Lachis que l'armée de Scnnachérib fut
égorgée par un Ange. f''oyei fur cette ville Jofué ,
X. 3. Xr. 3ff, 5. L.des Rois, XriIL 14, des Pa-
rai. XI. Ce fut fous les Chananécns une ville Ro-
yale. Après avoir été attribuée à la Tribu de Juda ,
elle lui fut ôtéc pour être donnée à celle de Dan ;
à ce qu'il paro'it au P. Lubin , par Jofué , XIX.
jf.-j. où elle eft appelée Lefen , & où il elf dit que
les Danites la prirent , s'y établirent , & l'appelè-
rent LelemDan , du nom de leur Patriarche. La
raifon du P. Lubin eft qu'au lieu de Lefem les Sep
tante ont Lachis ; mais le texte Hébreu ayant Le-
fem 5 comme la 'Vulgate , cette raifon ne peut être
reçue. Du tems d'EuIebc , ce n'étoit plus qu'un vil-
lage à fept mille au fud d'Elcuthéropolis en allant
à Daroma , &c à deux lieues à l'ouell; de Caria-
thiarim.
§3- LACHRYMAL , LACHRYMATOIRE. Foyei
Lacrymal , Lacrymatoire.
|Cr LACHTER. f m. Nom dune mefure qui répond
à une brafle , dont on le fert pour compter en
Allemagne la protonjcur des pirits de mines , &
les dimendons des galeries.
LACIER. v. a. 'Vieux mot. Attacher. Du Latin La-
queus qui a fait /açj-. ^oy^^ Laler.
§3* LACINIE , ÉE. Terme de Botanique. Découpé en
Lanières. Les Botaniftes appellent feuilles laciniées ,
celles qui font profondément découpées jufque vers
le milieu , & dont les lobes lont eux mêmes dé
coupés. Telles font les feuilles du fenouil. Lacinia-
tus , jeclus in lacinias. J^oye^ PacmÉ.
LACINIENNE. adj. f. Terme de Mythologie. Laci
nia. Surnom que l'on donnoit à Junon , tiré d'un
Promontoire d'Italie , dans le golfe de Tarente ,
où elle avoit un Temple refpeélable par fa fainte-
té ,- dit Tite Live j & célèbre par les riches préfens
dont il étoit orné.
LACIS, f. m. Ouvrage de fil ou de foie fait en forme de
rézeau ou de filet , dont les brins font entrela-
cés les uns dans les autres. Textura hamata. Les
femmes en font des coëflures. On le nomme plus
communément Marly.
Les Médecins & les Anatom'ftes fe fervent aulîî
du nom lacis , qu'ils donnent à un corps rougeâ-
tre contenu dans les ventricules de la tête , & lur-
tout dans le troifième , qui en renferme la plus
grande partie , ëc qu'ils nomment lacis choroïde ,
& autrement plexus choroïde. Plexus choroïdis , ou
reticularis en Latin. Le lacis choroïde eft un tilîu
qui eft fait d'une infinité d'artères fort déliées , qui
viennent des carotides & des vénules , qui vont le
rendre dans le quatrième finus de la duremè-
re. Il eft aulîl compofé de quantité de vailfeaux
lymphatiques , & de beaucoup de glandes fort pe-
tites , qui feroient imperceptibles fans le lecours du
microfcope , d'où vient que Sténon croit qu'il le
fait là une filtration d'une partie de la férolîté qui
coule dans les ventricules. Ce lacis eft Ci artilie-
ment fait , que l'on a fujet de croire qu'il a des
iiiages confidérables : c'eft pourquoi plufieurs le
lont eftorcés de les découvrir. En voici deux qu'on
lui attribue -, l'un eft de fervir comme de bain-ma
rie, dont h chaleur douce coiiferve le mouvement
LAC
des cfprits dans le corps calleux ^ qui eft immédia-
tement au dellu-i de lui , (k. qui autrement feroit
trop froid , n'ayant que très peu de vaille-mx qui
le réchaurtént ; tk l'autre , que la chaleur de ce la-
cis entretient la liquidité de la ferofité dsns ces ven-
tricules , qui la pourroieiu épaillir par leur froi-
deur , s'ils n'étoicnt éciiauFtés par ce grand nombre
de vaillèaux ; ce qui empêche que ces humeurs ne
croupillent , &c ne lalient des obftrucLions dans ce
qu'on appelle l'cntoiinuir. Dionls. Lacis rétifonne.
l^'oye'^ Rets admirable , au mot Rets.
LACK. f. m. Monnoie de compte en 1-erfe. Un lack
vaut cent mille roupies. Une roupie d'or vaut trei-
ze roupies d'argent , & une roupie d'argent vaut
trente huit fols de notre monnoie. Un carol vaut
cent lacks. Quand on dit qu'un lack vaut cent mille
roupies , il s'agit de roupies d'argent. Ainlî un lack
vaut environ deux cens mille francs , tk un carol
environ vingt millions. Obf*ry. fur les Ecrits mod.
pag. 14 p.
LAC MAJEUR. Lacus Major. Lac d'Italie , au Duché
de Milan , d'environ treize lieues de long fur trois
de large.
LACOIS , ou LÉCOIS. Nom d'une contrée de Fran-
ce. Laticenfis pagus. Elle eft dans le Diocèfe de
Langres , en Champagne. Il y a encore un Archi-
diacre dans l'Eglile de Langres , qui porte le titre
d'Archidiacre de Lacois. Chatillon fur-Scinc & Dam-
pierre lont dans cet Archidiaconé. Le Lacois étoic
autrefois aux environs & dans la banlieue de Lan-
gres , aujourd'hui il ne commence qu'à une lieue
de cette ville , &c comprend tout ce qui eft depuis
Châtillon julqu'à Bar , de l'un & de l'autre côté
de la Seine. Hadr. Vall. Not. Gall.p. 28.
fS- LACONICON , ou LACONIQUE, f. m. Terme
d'Antiquité, C'étoit dans les paleftres Grecques , une
étuve lèche , un pocle , une étuve pour luer. Laco-
nicum. Elle étoit de l'invention des Lacédémoniens ,
comme le mot le dit alfez. Agrippa fit bâtir un magni-
fique Laconicon à Rome.
LACONIE. Nom de contrée. Laconia , Laconica.
C'étoit anciennement un des Etats du Péloponnè-
fe ; il confinoit du côté de la terre .avec la Mcllé-
nie, l'Arc.adie &c l'Argie; &: il étoit environné du
côté de la mer par les golfes Argolique, Laconique
& MefténaTque. Ce pays eft aujourd'hui la partie
méridionale de la Zaconie , en Morée. Il contient
le pays des Mainottes , & les villes de Lacédémone ,
ou Mifitra , de Malvafia , de Maina j de Cucciava ,
de Chielifa , de Zarnala , i'c. Maty.
LACONIEN , ENNE. adj. m. Se f. Lacon. Se dit en
cette phrafe , Scytale , Laconienne. f^oy e^ Scytale. •
LACONIQUE, adj. m. & f. Qui appartient à la La-
conie. Laconicus , a , um. L'Ile de Cérigo eft li-
tuée à la plage Laconique. Du Loir , p. 3.
LACONIQ.UE. adj. m. & f. Conck , lerré à la manière
des Lacédémoniens. Laconicus. Le ftyle Laconique
a été eftimé chez toutes les nations. Il n'y a guère
de bons mots qui ne loient Laconiques , concis &
énergiques. Quelques-uns écrivent L'aconic. Tu es
devenu bien Laconic en peu de tems. Mascur. Il
faut écrire Laconique.
LACONIQUEMENT, .adv. Brièvement, d'une manière
Laconique. Laconicè,
LACONISME. iVm. Laconifmus. Langage bref , ani-
mé & fententieux , formé lur celui des' Ladédémo-
niens , manière de s'énoncer fuccinde & lerréc.
J'évite par là d'elluyer la gravité de fon ris amer ,
& de fon laconifme. La Br. Le laconifme des Spar-
tiates confervoit un air de grandeur & d'autorité
dans leur manière de dire beaucoup en peu de
mots. La Guill.
LACQUE. f. m. Laccus. Sorte de vailfeau qui fervoit
autrefois chez les Romains dans lesprelfoirs, à met-
tre du vin , à recevoir du vin. Ulpien. Cujas l'appelle
citerne devin , parce qu'il étoit entoncé dans la terre ,
&: enduit )Jar dedans par dehors pour retenir le vin.
Suidas dit que les Athéniens avoient des lacques
pour garder de l'huile (?c du vin. Ak,.^;-.
\
6
Lx\C
37
LACQUE. Feyei Laque. '
LACRE , ou ACKE. f. m. Monnoic de compte de
Surate & des autres États du Mogol , qui vaut cent
mille. Un lacre de roupies vaut cent mille roupies ,
c'eft-àpeu près comme ce ^u'on appelle une ton-
ne d'or en Hollande , & un million eu France ,
non pour la valeur , mais pour l'ulage qu'on en tait
dans les comptes.
Laçre. Le Tarif de France de 1664. appelle Lacre
ou cire à cacheter , ce qu'on nomme plus com-
munément cire d'Efpa2;ne. Foyc^ Laque.
LACRINGE , ou DACRINGE. 1". m. & f. Nom de
peuple. Lacringus , a. Les Lacringes habitoicnt vers
ia Dace. Tillemont.
|Cr LACRYMA CHRISTL C'eil ainfi qu'on appelle
un vin mufcat , très agréable , qu'on recueille en
Italie , dans le royaume de Naples au milieu des
cendres du mont Véiuve.
LACRYMAL, ALE. adj. Lûcrymalis. Terme d'Anato-
mie , qui le dit d'une gl.mde iituée au-dellus de
l'œil , proche le petit angle : elle filtre une Icroiité
qui ferc à humecler le globe de l'œil , & à faciliter
fon mouvement. Proche du grand angle , il y a une
petits cmmence en manière de caroncule , qu'on a
aulîi pris pour une glande lacrymale : cependant
ce n'efl: autre chofe que la réunion de la membra-
jie intérieure des paupières. Du même côté on voit
fur les bords des paupières deux petits trous que
l'on nomme points lacrymaux. Ce font les ouver-
tures d'un petit fie membraneux , appelé le lac la-
crymal. Ce fac ell l'entrée du canal excrétoire qui
va dans la cavité du nez. De ce même côté il y a
un os fort mince qui eft un des os de la m.ichoire
fupérieure , on l'appelle l'os lacrymal , ou l'os un-
guis. M. Anel a donné un Livre intitulé , Nouvelle
Méthode de guérir les fiftules lacrymales. Il y a
joint une defcription exacte du conduit lacrymal
dans fon étendue , depuis les points lacrymaux ,
jufques dans le lieu où il s'ouvre dans l'intérieur du
nez. Cette defcription eft nouvelle , & très con-
forme à la véritable ftru.;iurcde l'organe dont il s'agit.
Il n'y a que quelques Anatomiftes qui aient ap-
pelé les os unguis , lacrymaux ; mais ians railon.
f^oye'^ Unguis.
On appelle en terme de Médecine , fiftulc lacry-
male , la fiftule qui fe fait au grand coin de l'œil :
elle arrive d'ordinaire après un abcès qui le forme !
dans le lac Licrymal par la rétention de la férofué
qui y pallè ; cette férolîté étant retenue devieju
acre , & fait dans ce tac un ulcère , qui enfuite dé-
génère en fiftule. JEg'ilops.
LACRYMATOIRE. f m. Terme d'Antiquaire. Vafeou
gCF phiolc de verre ou de terre , que les anciens
Romains enfermoicnt dans les lépulchres , & dans
lefquellcs on confcrvoit les larmes qui avoient été
répandues aux hméraillcs du mort. Lacrymatorium.
Un lacrymatoirc Egyptien. Baudelot. On en voit en-
core dans les cabinets des curieux.
LACRYMULE. f f. Du Latin lacrymula. Petite lar-
me. On diloit autretois larmeue ; mais ce diminu-
tif eft tombé avec beaucoup d'autres. Scarron , dans
fon Jodelct , Maître Valet , Jci. j. Se. 2. fait ainli
«parler Déatris à Dom Louis :
Orfi vous en tlre-^ la moindre lacrymule ,
Je vous donne gagné , foi de Béatricule.
Vous rie\ , Dom Louis j de ce diminutif:
Dame , nous en ufons , & dufupcrlacif
Ce mot ne peut fc dire qu'en plailantant.
LACS, f m. Laquei. D'autres écrivent Laqs ; mais de
quelque manière qu'on l'écrive , il faut prononcer
las. C'cft un ou plufieurs cordons lacés , noués ou
entremêlés , pour fervir à divers ulages. Les muets
du Serrail étranglent des Princes , des Viiirs , avec
des lacs de loie. Le keau eft attaché aux Edits avec
des lacs de loie , le plomb aux Bulles avec des lacs
LAC
de
Lacs
Cl
let
chanvre.
fc ■iit auill d'un certain nœud coulant^ propre
pour prendre des oifeaux , des lièvres j &c.
UO° On donne en Maréchallcrie ce nom à une corde
dont on fe fert pour abattre les chevaux. Il y
a moius de danger à abattre un cheval avec les en-
traves , qu'avec le lacs.
Lacs , fe dit figurémcnt en morale des pièges , des
embûches , des embarras où l'on fait tomber quel-
qu'un. §3" Ce terme en ce fens s'applique en géné-
ral à tout embarras, dont on a de la peine à fe ti-
rer , à une paftion dans laquelle on fe lailfe enga-
ger par des manières artificieutes. C'ell: un homme
fimple qu'on fera tomber aifément dans le lacs.
L'amour me tient dans fes lacs. Bens. Taidre des
lacs. Se tirer , s'échapper des lacs.
La coquette tendit fes lacs Waj les matins ;
Compofa de fa main les fleurs de fon vifage. Boil.
Lacs d'Amour , fe dit des chiiFres ou lettres entre-
mêlées , ou des cordons noués de certaine niamè-
re , dont fe fervent les Amans pour hire des cachets ,
des gravures fur les arbres , & autres choies qui
leur fervent de marque pour fe connoître. Ils met-
tent d'ordinaire les premières lettres de leur nom
en Lacs d'Amour.
LAci-D'AMouR. Sorte de linge ouvre qui fe fait en
Balfe Normandie , particuhèreraent à Ca'e'n & aux
environs.
LACTAIRE, adj. m. & f On appeloit autrefois à Ro-
me Colonne Lactaire , une colonne élevée dans le
marché aux herbes. Laclaria. En fous-endant colum-
na. C'étoit-là que l'on expofoit les entans abandon-
nés J afin qu'ils fullent nourris aux dépens du
public.
LACTANCE. f m. Nom d'homme. Laclantius. Fir-
mien Lacîance elf un Auteur Eccléfiaftique du qua-
trième liècle. Quoiqu'il fût Africain , félon quelques
Auteurs, c'eft peut-être celui de tous les Pères qui
écrit le mieux en Latin. Lacîance fut di{:iplc d'Ar-
nobe. Quelques-uns croient qu'il étoit de Fermo
«n Italie , & que c'eft pour cela qu'il le nomma
Firmicn. Les Ouvrages de iai3.7ni:t' lont, Jnfiitutio-
num , L. VIL Inftitutionum Epitome , De Ira Dei ,
De Opificio Dei , De Mortibus Perfecutorum. Quel •
ques Critiques doutent que ce dernier Ouvrage foit
de lui. Voye:^ les Ménjoires de Trévoux , i/i^
page^iQSS.
LACTEE, adj. f Qui a la couleur , ou la nature du
lait. Lacieus. On appelle veines laàees , de petits
conduits qui font difpcrfés par tout le méfentère ,
& qui portent le chile des intcftins au réfervoir de
Pecquet : ils font ainfi nommés parce que la li-
queur qu'ils contiennent eft lemblable à du lait.
Gafpard Afellius , Médecin Italien , eft le premier
inventeur des veines laclécs. Il les découvrit en
l'année 1612. Janfon d'Alméloveen prérend qu'el-
les ont été connues d'Hypocrate & de Galien.
Voie Lactée. Ce mot a été expliqué à 'VOIE , à
LAIT , & à GALAXIE. La voie laclée eft un af-
femblage d'une infinité de petites étoiles , dont
chacune en particulier n'a pas allez de force pour
fe faire fentir à nos yeux , aulli-bien quc_ les nébu-
leufes , dont la lumière lombre & contule eft lem-
blable à un petit nuage , ou à la tête d'une Co-
mète. P. Le Comte. ifF On a aulîi employé ce
mot au makulin. On remarque dans les plantes
une admirable variété de tuyaux capillaires propres
3 la diftribution des fucs nécellaires à la nourritu-
re de la plante. Ces efpèces de conduits imper-
ceptibles , mais réels , qui répondent aux trachées
àzs animaux , aux vaiflêaux lad:és , aux artères &c.
Mém. de Trev.
LACTOS. f m. Terme de Mythologie. Nom d'un
fiuxdieu honoré autrefois parJesSarmates.iac?o.s. Le
dieu Laclos étoit le Pluton des Sarmates.
LACTUCINE. Voyei Lacturce , qui fuit.
LACTURCE , eu LACTURCIE. f f. Terme de My-
thologie. Nom d'une déelfe des anciens Rom.ùnS.
Laclurcia. Flore avoir foin des fromens en Heur ,
LaU'.:rci
»
LAD
LaCiurce quand ils s'amolli(îènt en l.iit. De Ceri-
siers , Trad. de la Cuc de Dieu de S. Aii^ufl. L.
IF. c. S. Louis Vivez remaïque lur cec endroit
qu'.iu lieu de Laclurcia , d'autres lilent Lacïidnïa ,
iX que Servius , lur le premier des Géorgiques , v.
j/j. dit après Varron , que c'cft le dieu Lactans
qui doinie le lait aux blés , qui les amollit en laie j
qui leur fait produire du lait. Les Pères Béncdic-
tmsj dans leur édition , ont mis Laclumus , le
dieu Lacturne , au lieu de la déellc Laclurce , fon-
.. dés, i".Jur les anciens Livres, qui, di(ent-i!s, li-
fencainii , lans néanmoins en indiquer aucun ; z°.
fur ce que Servius donne cette fonction à un dieu ,
&c non pas à une déelîe. Volllus , De Idolol. L. X.
c. 4j. & Hoftman j ont dit Lacludna , Ladtucine ,
j que je n'ai point trouvé ailleurs.
LAi:TUE_NE. f. ni. Foye^ I.acturce.
LACUL 1. m. Oifeau de la Chine , gros comme un
merle J &c de couleur cendrée. On dit que le Lacui
apprend fans peine tout ce qu'on lui montre. L'Au-
. teur de la Nouvelle K dation de la Chine , dit que
le Lacui s'appelle aufli Oifeau de bec de cire , parce
que fon bec en a la couleur.
LACUNE, i. f. Défont de fuite , interruption , vide
dans un Livre. Lacuna. Il y a beaucoup de Lacunes
dans les anciens Auteurs, parce que les manufcrits ont
étépourris, etfàcés & déchirés. Beaucoup de Critiques
ont tkhé de rétablir &: de remplir les lacunes de
Tite-Liye , de Pétrone , de Quinte-Curce. M. No-
doc a fait imprimer un Pétrone fuivant un prétendu
■manufcrit trouvé à Rellcgrade en 1-588 , où il pré-
tend remplir généralement toutes les lacunes de cet
Auteur : mais l'artihce de cette pièce fuppofée elt
trop groilicr pour luiprendre les connoilfeurs.
I_Acu.vE , en terme d'Anatomie , fe dit par quelques
Anatomiftes de certains canaux excrétoires. Les fem-
iiies ont entre les fibres charnue; des uretères, & la
membrane du vagin j un corps blanchâtre & glan-
duleux , épais d'un travers de doigt _, qui s'étend
le long & autour du col de la vellîe. Il a plufieurs
conduits , qui lont autant de canaux excrétoires ,
que Giïf appelle lacunes , qui fe terminent à la
partie intérieure de la vulve j où ils verfent une hu
. mcui- glaireufc , qui fe mêle avec la femence du
mâle. DioNis.
tfT Lacune , pour lieu marécageux , rempli de
lacs, qu'on trouve dans les anciennes éditions, ne
fe dit point. Les lagunes de Venife, & non pas les
lacunes. Fûye~ ce mot.
LACUNETTÈ. f. f. Terme de Fortifications. On ap-
peloit ainfi autrefois un petit folfé qu'on a depuis
appelé cunettc.
!P=LADAC, ou LADUCA. Royaume d'Afie, dans
le grand Tibet j dont il fait partie.
LAD.
LADANUM , ou LABDANUM. f. m. Terme de
Pharmacie. C'eit une matière gommeufe , ou réii
neufe , qui lort des feuilles d'un arbridéau appelé
Cidus ladanijera , léde , ou leduin fort commun
dans les pays chauds , & dont il y a plufieurs ef-
pcces. On retire \c ladanum'pav'Xt moyen des boucs
& des chèvres : ces animaux broutant les feuilles de
ces elpèces de cilk , reviennent à l'érable .avec leur
barbe chargée d'une fubllance gralFc , laquelle
les paylans ont foin de lamallèr avec des ma-
nières de peignes de bcis faits exprès. Ils mettent
cette maticie en malle , & comme elle efl: mêlée
de quelques brins de poil & d'autres impuretés , ils
l'appellent ladanum en barbe , ou ladanum naturel.
D'autres font palier des cordes fur les feuilles &
lur tout l'arbriHéau , ils raclent enfuite ce que ces
cordes ont emporté , & en font le ladanum , qu'ils
envoient en petites boules. Le ladanum z^ réfineux,
& de couleur obfcure j odorant quand on l'appro-
che du teu J & s'amolilî'ant facilement. Il eft pro-
pre pour ramollir , pour digérer , pour atténuer ,
pour refoudre.
Tome y.
-L A L) 2 nn
Piétro dclla Valle dit, qu'il avoir appris d'Indiens
bien inflruits , que le ladanum fe forme de la ro-
lee , & tombe du ciel comme la manne; qu'il fc
ramallc lur les feuilles duncplante , qui pour l'or-
dinaire n'a qu une palme &: demie , ou tout au plus
deux palmes de haut, & qui a fes feuilles petites;
que quand on a ramallé cette matière , on la cuit,
qu'on retend avec la paume de la main quand elle'
eft cuite J parce qu'elle elt molle cV pliante comme
de la cire , qu'ils lui donnent la forme de la bougie,
<^: la plient comme un pain de bougie ; qu'en cet
ctat il eft noir , & qu'il a une bonne odeur , forte
«îfc aromatique. Le ladanum vierge , c'cft celui qui
n'cft point mixrionné. Piet. délia Falle , India
Lect. XIII , p. 4^S. 33- Il eft bien plus naturel
de regarder le ladanum comme une partie du fuc
nourricier de rarbrillèau , qui cranfude au travers
du tillu des feuilles , comme une fueur gtalFe »
dont les gouttes font luilantcs & odoriférantes
LADEBOUHG , ou LADENBOURG. Nom d'une
petite ville du Cercle Llecloral du Rhin. Ladcbur-
gum , Ladenburgum , anciennement Lahodunum.
Elle eft dans Je Palatinat fur le Nécre , à trois lieues
au-deftbus d'Heidelberg. Cette ville appartient en
partie aux Évêques de Wormes , & en partie aux
Eleveurs Palatins. Maty. Long, ij d. 17' , lat,
49 cl-, -i/'-
LADENDO. f. m. 'Vieux nom d'une maladie popu*
laire, dont Pafquier parle ainfl , Rech. L. IF , c.
:2s. L'an 1417 , vers la Saint Rémi , il vint un
air corrompu qui engendra une très-mauvaife ma-
ladie , que l'on appeloic Ladendo , dit un Auteur
de ce temps. Il n'y eut prefque ni homme , ni
femme , qui n'en fut attaqué. Elle commençoit
par une douleur de reins , Icmblable à celle d'iâne
force gravelle ; enfuite venoient des frillons j & l'on
écoic huic ou dix jours fans pouvoir ni boire , ni
• manger , ni dormir : à cette infomnie fuccédoic
une mauvaifc toux , fore incommode. Cette mala-
die dura jufqu'à quinze jours après la Toulfaints,
& l'on ne voyoit prefque pcrfonne. qui n'eût "la
bouche (Se le nez tout élevé de grolîes galles. C'cft
par-là quelle hnilloit.
If3' LADI. Mot emprunté des Anglois. C'eft un titre
qui (e donne aux femmes des perfonnes de qualité ,
julqu'à celles des Chevaliers inclufivement. Ac. Fr.
LADIK., ou LADIKIA. Foye^ Laodicée.
LADISLAS. f. m.Nom A^omme.LadiJlaus. SûmLadif
las, que le vulgaire appelle quelquefois Lancelot ,
ou Lajio ,_ de Ladf.aw , étoit fils du Roi Bêla , &
petit-hls d'un couim-germain du Roi Saint Etienne,
appelé l'Apôtre de Hongrie. Il naquit en Pologne
vers 1 an 1059. Baillet. Il fut élu Roi de Hongrie
en 1080 , cV mourut le 50 de Juillet de l'an 109J
après un règne de quinze ans. Ce nom eft com-
mun en Hongrie &c en Pologne , où l'on écrit
aulli VLADISLAS. Il y a fix Rois de Hongrie &
autant cri Pologne , qui ont porté ce nom.
Ladislas eft lormé fur le Latin Ladijlaus : mais du
mot Hongrois Ladjlau , l'ufage a fait LaJlo ^ puis
Lanjlo , qu'on a écrit enfuite Lancelot. Du Tillet
convient aulîi que Lancclot vient de Ladiflas , I. P.
p. 24S. mais il dit Laodiflae , & Landillae , qui
n'eft pas le vrai mot.
LADOCO. Los Codos de Ladoco , en Latin Ladicus
mons. Montagne du Royaume de Léon en Efpa-
gnc J- elle eft au couchant de la ville de Léon , &c
n'eft remarquable que par cette infcription qu'on
a trouvée , JOFI LADICO , c'eft à dire au Ju-
piter de Ladico. Maty.
LADOG. 1. m. Nom d'une efpèce de hareng , qui eft par-
ticulier au lac de Ladoga. Ladog , Ladogus. gCTLes
Ruftcs le filent , & le conlervent dans des barils
pour Is Carême &c les jours de jeûne j comme nous
conlervons les harengs falés.
LADOGA. Nom d'une petite ville de la Mofcovie.
Ladoga. Elle eft dans la Principauté de Novogorod-
Wêliki , fur la rivière W^olchova , à cinq eu fix
lieues du lac de Ladoga , du côté du midi. Maty.
Bbb
378 LAD
Le lac de Ladoga. Lac de l'Europe Ic-pteiuiionale.
Ladoga. Il elt fur les confins des États de Suède
& de Mofcovie , enue la Principauté de Novogo-
rod-Weliki , l'Ingrie , &: la Livonie. Ce lac reçoit
les eaux du lac llnien , par la rivière de Wolchova ,
celles du lac Onega , par la rivière de Suéri , &
celles de plulîeurs lacs iS: marais de la Livonie , par
la rivière de Wofen , & il le décharge dans le gol!-e
de Finlande par celle de Niéva. Ce lac pallé pour
le plus grand de l'Europe, ayant cinquante-trois
lieues du nord au Tud , <Sc vingt-cinq du levant au
couchant. Il efl aulll le plus poiljonneux. On y
prend une prodigicufe quantité de laumons , & une
efpèce de poillon particulier , gros comme un ha-
reng , qu'on appelle Ladog ; & c'eft de-là , dit-on ,
que ce lac a pris le nom de Ladoga. Au refte , le
" pays qui fe trouve entre ce lac & celui d'Onega,
' ctoit autrefois une Province particulière , qui por-
toit le nom de Ladoga. Elle eft maintenant incor-
porée à la Principauté de Novogorod - Wéliki.
Maty.
LADON. Fleuve d'Arcadie , que la Fable dit erre père
de la Nymphe Daphné & de la Nymphe Syrnix.
C'eft des rofeaux du fleuve Ladon doni Pan fe fer-
vit pour fiire fa flûte à fept tuyaux-
Li^DRE. adj de t. g. Malade atteint &c infefté de Icpre.
/ Elephandacus , kprofus. Homme ladre. Femme la-
dre. On fépare les ladres des hommes iàins. Ce qui
a donné delà haine aux Orientaux pour les cochons ,
c'eft parce qu'ils font lujets à être ladres. On a créé
des Oflîciers langueyeurs de cochons , pour vifiter
ceux qui font ladres j ou furfemés , qui ont des grains
à la langue & à la gorge.
Ce mot eftauffi fubftantif , & alors il fait au fémi-
nin ladrejje. Ac. Fr. Il fe dit tant au propre qu'au
figuré. Elephantiaca , avara , Jordida. C'eft un la-
dre^ une ladreJJ'e. Ac. F.
On appelle par corruption Saint Lazare , Saint
Ladre ; la rue Grenier Saint Ladre , c'eft-à-dire du
Grenier Saint Lazare : de-là vient qu'on appelle La-
dres , les lépreux.
On appelle ladres blancs , les ladres ou lépreux
qui ont encore la face belle & le cuir poli & Ihlé ,
Jie donnant aucun figne par dehors de la lèpre ,
dont ils font atteints au dedans ; Se ladres verts ^ des
ladres confirmés, qui ont plufieurs boutons qui pouf-
lent au dehors , qui font fort durs , & dont la bafe
cft verte & la pointe blanche. Ambroife Paré dit j
qu'il y avoir en Guienne ôc en Bretagne plulîeurs de
ces ladres Blancs , qu'on appeloit Cacots , cagots ,
capots &c gabets j d'où plulîeurs prérendent qu'eft
venu le mot de cagot , qu'on a appliqué odieufe-
ment & par dérifion à ceux qui menoient une vie
retirée & folitaire , comme font les ladres ; car on
les obligeoit à vivre à part , &c s. porter des cli-
quettes & des barils , afin qu'ils fullent connus ik.
évités du peuple.
Quelques-uns dérivent ce mot du Grec ^«1=^»^, qui
fignifie impudent , effronté , difforme , honteux. Les
Grecs ont appelé cette maladie (>.£?«. 7i'i:r,{, à caufe
que les ladns ne fentent rien , & relfemblent à l'é-
léphant , qui eft prefquc infenfible , à caufe de la
dureté de fa peau. Borel le dérive de Lafre , vieux
mot François , qui eft dérivé de La\are , à caule que
Je Lazare étoit chargé d'ulcères.
Autrefois on appeloit les ladres , Lazarcs , comme
on le voit dans les anciens Statuts des Maladrcries
ou Hôpitaux pour les ladres. De Lazare on a fait
Lacère , Laire , ladre. Le ^ Se le û* fe changent ai
lément.
Ladre , fe dit d'un cheval quia des marques de ladre.
ffT Ce font de petites taches naturellement dégarnies
de poil j & de couleur brune , autour des yeux ,
ou au bout du nez , ou même dans ces _deux en-
droits tout à la-fois , avec une chair rouge , plus ou
moins blr.nchâtre , Se quelquefois mêlée de taches
obfcures. Les m.uques de ladre , font des indices
de la bonté d'un clieval.
Î-ADRE j %aifie figurémeu: en Morale , excelllvemenc
L A E
avare. Parcus , prxparcus. Ce vieux pédant eft un
ladre , qui n'a jamais donné à manger à pcrfonne.
Fi , que cela eft ladre ! 'Voilà une aétion bien la-
dre. C'eft un homme très - ladre. Il eft du ftylc
familier.
Ladre, fe dit auflî de ceux qui font infenfibles , tant
au phylique qu'au moral , au propre qu'au figuré.
Hebes ,Jlupidus, Jlupor. J'ai bien reflenti ce coup,
je ne luis pas ladre. Non mihi cornca fibra ejl. Il
faut que cet homme foit ladre , de louitrir tant de
brocards fans en témoign'er du rcftentimcnt. 11 cft i
du rtyle familier.
Ladre , en Vénerie , le dit des lièvres. Un lièvre la-
dre , c'eft un lièvre qui habite aux lieux maréca-
geux. S/U.
LADRERIE, f. f. Lèpre. Elephantiafis. Tous les
Agnes de la ladrerie ont été décrits au mot de iè-
pre. Voy. Lèpre.
Ladrerie j fe dit auflî des Hôpitaux où l'on reçoit
les lépreux. On les appelle autrement Maladre-
rics , Se Léprofenes. Leproforum domus , NofocO'
mium y Xenodûchium.
Ladrerie ^ le dit figuré-.ncnt en Morale d'une for-
dide avarice. Sordida parcimonia j fordes. Je fuis
étonné de la ladrerie de cet homme. C'eft une /a-
</reri£ la plus grande du monde. Scar.
On dit proverbialement , la pauvreté n'cft pas
vice, mais c'ell une elpèce de ladrerie, cha-
cun la fuit.
LADRESSE. f. m. De LADRE, Foyei ce mot.
LADSLA'W. Foyei Ladjslas.
L A E.
LAERCE. f. m. Nom ou iurnom d'homme. Laer-
tius. Diogène Laerce a donné en Grec les vies
des Philofophes. M. Ménage a fait une belle édi-
tion de Diogène Laerce. Prononcez ce mot en trois
fyllabes , féparant Va de 1'«;.
LAERTE. Ville de la Cilicie montagneufe , dans la
Pamphilie.
Laerte. f. m. Fils d'Arcéfius , eft compte par Ap-
pollodore au nombre des Argonautes. Il étoit en
eftét contemporain & parent de Jalon. Il époufa
Anticlie , fille d'Antolicus j dont il eut le célèbre
Uiyfle.
LAES. f. m. Efpèce de monnoie de compte , dont
on fe fert dans quelques endroits des Indes Orien-
tales , particulièrement à Amadabath. Un laes vaut
looooo roupies, cent laes font un crou , & cha-
que crou vaut quatre arebs.
L^TARE. Terme du Bréviaire. Noin du quatrième
Dimanche de Carême, qui eft ainh marqué dans
l'Almanach. Ce nom lui vient du premier mot de
l'Introït de la mellé qu'on dit ce jour- là. Lutare ,
Jerufalem.
§CJ" LAFFA. f m. Nom d'un arbre qui fe trouve
dans l'île de Madagafcar. Les habitans en tirent
des filamens femblables à du crin de cheval , dont
ils font des lignes pour la pêche.
L A G.
LAGA. f. f. Sorte de fève rouge &: noire , qui croît
dans quelques endroits des Indes Orientales , &
qui en plufieurs lieux fert de poids pour pcfer
l'or Se l'argent. Les Malais l'appellent Conduri.
LAGAN. f. m. Nom ancien Se hors d'ufage. Droit
que les valiàux payoient aux Seigneurs pour les
marchandilès que la mer jette fur le rivage. Droit
de bris , droit que les Seigneurs avoient fur les nur-
chandifes Se les vailleaux, qui .avoient fait naufra-
ge , & dont la mer jettoit les débris fur la côte.
Laganum. Ce mot apparemment veaoit de laga,
qui fedifoir pour lex , loi. L'ondifoit d'abord Laga
maris , la loi de la mer ; enluite lagan maris , qui
fe trouve dans une chartre de Philippe Augufte. Foy.
du Cange.
De la Morlièrc dans fon Hiftoire d'Amiens , L.i,
L A G
p. I ^ , l'appelle le Langan delà mer. Ce hit en li
ville d'Amiens, &: c\\ là hivcur, que l'an 1191 , Je
Roi Philippe Augulle, le Comte de Tlandies j Phi
lippe d'Aliace , Jean Comte de Ponthieii , la Com-
tellè de Boulogne Idc , Bernard .Seigneur de S. Valé-
ry , (1\: Guillaume de Caveu , quittèrent jadis Se abo-
lirent le lagan de la mer. Et les lettres ou l'aéte
qu'il en rapporte, l'appellent en Latin Lapamans.
Il ell parle dans les regiftres de la Chambre des
Comptes du XIV & du XV^. liècle des lagans , des
grands ôc petits lagans , des gros lagans. On ap-
prend par ces comptes que les grands lagans font
ceux qui excèdent loixante fous. Dans un compte
de l'an 1569, on lit ces paroles ^ les lagans venus
par marée à Thormont.
Ce mot le prend aulli pour les chofes mêmes que
la mer rejeite.
Le mot de lagan a autrefois figni(îé en Picardie
une choie qui s'étend au loin , qui n'ell: point bor-
née , ni rentermée , telle en un mot que celles qui
flottant fur la mer , & vont çà Se là.
Lagan. Nom d'une rivière de l'Ultonie , en Irlande.
Laganus. Elle baigne Dromore iSc Bellall , & fe
décharge peu après dans la baie de Carik-Fergus ,
ou Knoc-Fergus. Maty.
LAGARA. Nom de lieu. Ce font les ruines de l'an-
cienne Lagarïa , villes des Lucains eu Italie. Elles
font dans la Calabre citérieure , Iur*a rivière da
Carnillalo j environ à une lieue de Callàno , &c \
deux du golte de Tarenrc. Matv.
LAGE. Nom d'une petite ville ou bourg de la Seigneu-
rie de Roftok , dans le Duché de Meckelbourg.
Laga. Ce lieu eft fur la rivière de Rebnicz , à qua-
tre lieues de la ville de Rollock, du côté du midi.
Maty.
LAGELAND. Voye-^ Langeland.
LAGÉNIE , aujourd'hui LEINSTER. Nom de Tune
' des quatre provinces de l'Irlande. Lagenia. Elle ell
bornée au nord par l'Ultonie , & au couchant par
la Connacie , &c par la Mamonie ; la mer d'Irlande
la baigne au midi , &c au levant. Elle peut avoir
cinquante lieues de long. Se vingt- cinq dans fa
moyenne largeur. Elle ell baignée par plulieurs
rivières , dont le Shannon , la Boyne & le Barrow ,
font les principales. Le terroir eli tort fertile , quoi-
que marécageux en plulieurs endroits, & les habi-
tans font en partie Irlandois , & en partie Anglois.
On divile cette province en douze Comtés. On en
trouve cinq dans cet ordre en remontant le long
de la côte du fud au nord; Wexfor , Wicklo, Du-
blin , Eaft-Méath , & Louth. Les fept autres qui
font dans les terres , portent les noms de Longfort ,
de Wellméath , de Kings , de Queens , de Kilkenny ,
de Câtcrlag &c de Kildare. Dublin eft la capitale
de la province , & de toute l'ile. Maty. Ce pays
s'appelle Leighnigh , en ancien langage Britannique
Lein , en Latin Lagenia , dans les anciennes vies
des Samts Lagen , & en Anglois Lebijler. Il a la
forme d'un triangle , dont les côtés lont prefque
égaux. Le côté qui s'étend du fud efl: à l'oueft , ayant
environ 80 milles , celui qui va de l'oueft au nord'-eft
70 milles j &: le troilîcme qui eft le long de la
mer d'Irlande 80 milles. L'air y eft lerein & tem-
péré. C'eft le pays où Ptolomée place les Brigantes,
les Cauques , les Ménapiens & les Blaincs. Elle a
trois rivières remarquables , le Shour , le Néor (Sc-
ie Borrao , ou Borrow. Spéed.
LAGÉNITE. f f. Pierre qui reprélente une bouteille.
LAGÉNOPHORIES. f f. pi. Fêtes célébrées à Alexan-
drie du temps des Ptolomées. Elles étoient aiulî nom-
mées , parce que ceux qui les célébroient loupoient
lut des lits étendus , & buvoient chacun de la
bouteille qu'il avoit apportée de chez lui. C'étoit
une fête qui n'ctoit que pour le menu peuple.
De ;i47,.« , bouteille , & de pipu , je porte.
LAGETTO, f. m. C'eft le nom d'un arbre qui fe
trouve dans les montagnes de la Jamaïque , dont
les feuilles relfemblent à celles du laurier. Sous la
B.reinicre écorce qui eft dure «Si brune comme celle
Tome F.
L A G ^70
des autres arbres , il y en a une autre qui paroîc
blanche &c alfez folidc. Cette féconde écorce eft
admirable en ce qu'elle eft compoféc de douze
ou quatorze couches qui s'enlèvent facilcmenr les
unes des autres , cV qui compcjfcnt 'autant de piè-
ces de drap ou de toile , dont le fervent les habi-
tans. La première de ces couches ', qui vient après
la prcmicrc écorce , forme un drap allez épais pour
laire des habits. Les couches intérirures rellem-
blent à du linge , Se font propres à faire des che-
mifes, Se les dernières & celles des plus petites
branches fournillcnt autant de toile de gaze ou de
dciuclle très tîne qui s'étend ou fe rellerre comme urk
lezcrau de foie. On Ht autrefois préfent d'une cravate à
dentelle de lagetto à Charles II , Roi de la Grande-
Bretagne.
LAGHI. Nom d'une ville de l'Arabie Hcureufc. La-
gium.EUe eft à trente lieues de la ville d'Adcn ,
vers l'orient , & environ à quinze de la mer d'Ara-
bie. Baudrand dit que Lagki a Ion Prince particu-
lier. Sanlbn la renferme dans le Béglierbéglic d'A-
den, & Vifchcr dans la Principauté de la Mocca.
Maty.
LAGHLYN , LOWGHLYN. Nom d'une ville d'Ir-
lande , fituée en Lagénie j fur le Barrow , dans le
Comté de Caterlagh, ÔC à. trois lieues delà ville de
ce nom , du côté du midi. Laglmia , Leglinia. La-
ghlin eft réduit en village y qui a pourtant féance Se
voix dans le Parlemeni: d'Irlande ; fou Évcché a
été uni à celui de Fernes. Maty. M. de Lille
la nomme Léglin.
LAGIAS. I. f. pi. Toiles peintes très-belles , qui fe
fabriquent & fe vendent au Royaume de Pégu. Ces
toiles lont 11 eftimées , que par excellence on les
appelle Lagïas du Roi.
LAGIDE. 1. m. & f. Nom que l'on donna aux Rois
Grecs qui pollcdèrent l'Egypte après la mort d'Ale-
xandre. Lagida. Les deux plus puilTàntes Mcnar-
. chies qui fe foient élevées alors , furent celle d'E-
gypte , fondée par Ptolomée , fîls de Lagus , d'où
viennent les Lagides ; & celle d'Aiie ou de Sy-
rie, fondée par Séleucus i d'où viennent les Séltu-
cidcs. BoSSUET.
LAGNIEU. Petite ville de France , dans le Bugey, au
Dioccie de Lyon , fur le bord du Rhône.
LAGNY. Nom d'une petite ville du gouvernemenc
de l'Ile de France. Latuûacum. Elle eft dans la Brie
Françoile , fur la Marne , entre Paris Se Meaux ,
environ à lix lieues de la première , Se à quatre de
• la dernière. Lagny a titre de Comté , & une Ab-
baye célèbre de Bénéditlins. Maty. L'Abbaye de
Lagny fut fondée par S. Fourfy dans le VII lîècle.
Long. 20 d. io' , lat. 48 d. jo'.
LAGON. I. m. Terme de Relation, Efpéce de lac. Il
y a dans la nouvelle Eipagne un Lagon qui ren-
ferme trois lies , toutes trois proche de Ion em-
bouchure : il aboutit par fon autre extrémité dans
la rivière de Veftaqua.
Lagon. Voye\ Lagan. Rivière,
LAGONÉGKO. Lacus niger. Nerulum. C'étoit an-
ciennement une petite ville de la Lucanie en Ira-
lie ; cev n'cft maintenant qu'un village litué dans la
Balilicate , entre les lources du Gino Se du Négro _,
à trois lieues de la ville de Policaftro , du côté du
Levant. Maty,
LAGOPHTALMIE. (. f. Terme de Médecine & de
Chirurgie. Maladie des paupières , qui confifte en
ce que la paupière fupérieure eft retirée tellement ,
que l'œil ne peut être fermé entièrement , 6e de-
meure ouvert en dormant. Lagopthalmos.
Ce nom eft compofé de deux mots Grecs, >,uyli ,
lièvre , Se ;.p««W« , œil §3^ parce qu'on dit que
les lièvres dorment les paupières ouvertes.
Ucr LAGOPOS. Il y a en Laponie une efpèce d'oi-
feau, que les Lapons appellent Snyeuripo_, & que
les Grecs appelloicnt Lagopos , de la golfeur d'Une
poule. Cet oifeau a pendant l'été fon plumage gris ,
de la couleur du Faitan , & l'hiver il eft extrêm&-
ment blanc , comme prelque tous les animaux de
Bbb ij
3B0 L A H
ce pays. Il eft d'un goût plus excellent que la per-
drix. Il annonce par les cris qu'il doit tomber de
la neige. Regn. Voye^ De Lap.
XAGOPUS. f. m. Lagopus. Plante qui ell: une ef
pèce de trérie. Ce mot eft Grec , il vient de ^-«-/af ,
lièvre , & de 3J-5 , pie. On l'appelle aulll pie de
lièvre. iToye'^ Pié de LiÈvre.
LAGOS , & non pas Lago. Nom d'une ancienne
ville 4u Portugal. Lagium , Lacohriga, Lancobnga ,
Lancobrica. Elle ell lur la côte méridionale du
Royaume d'Algarve , environ à cinq lieues de la
ville de Silves , & du cap de S. Vincent. Lagos
eft uiie ville fortiiîée , & détendue par une cita-
delle. Elle a un bon port , & elle eft capitale de la
Commarca de Lagos , qui eft la partie occidentale
del'Algarve, & qui n'a point d'autre lieu conhdé-
rable que la ville de Silves. Maty.
|t3" LAGOW. Ville de la petite Pologne , dans le Pa-
latinat de Sendomir.
LAGUE. f. f. Terme de mer. C'eft l'endroit par où
un vailliau palfe. Venu- dans la lague d'un vaillbau ,
c'eft venir dans les eaux , dans fon liUage.
I.AGULA. Nom d'un bourg de la Natolie , en Allé.
Liigula. Il eft lur la mer Noire , à fept lieues de
Pendarachi. Quelques - uns y mettent l'ancienne
Acone , ou j4con£ , petite ville de la Bithynie , que
d'autres placent à Naxio , village qui fert de port à
Pendarachi. Maty.
Lagula , eft aulll un ancien bourg de la Narolie. La-
gula ^ Calinda , Calymna , Calïdna. Il eft dans le
■ Manteleli j lur le golfe de Macre. Maty.
LAGUNA , ou San -Chriftoval de la Laguna. Nom
d'une petite ville de l'île de Ténérife. Lacus j Fa-
num , ou Oppidum Sancli Chrijîophori de Lacu. Elle
eft au pié du Pic de Ténérile , près d'un lac d'où
elle a pris Ion nom. La Laguna eft capitale des
Canaries , & le Gouverneur de ces lies y tait la
réfidence ordinaire.
LAGUNE, f. f. Lacus. Petit lac. Ce mot n'eft d'u^
fage qu'au pluriel. Lagunes de Venife. C'eft le nom
que l'on donne aux divers canaux, ou aux courans
d'eau qui partagent la ville de Venife, & aux lieux
marécageux dans l'État de Venile. Le flux & le
reflux eft lenlible dans les Lagunes de Vcnilc. S.
Didier.
L A H.
LAHÉLA. Nom d'une ville de la Terre-Sainte, nom-
mée autrement Chale , ou Hala , li l'on croit San-
fon. Lahela. Elle ctoit dans la partie lejtentrionaic
de l'Aflyrie propre , fur les confins de la grande
Arménie , non loin du fleuve Gofm. P. Lubin.
LAHEM. Nom d'une ville dont il eft parlé au/, des
Parai. IV^ 22. Lahem,Lehcm,Lechem. C'eft la même
que Bethléem, comme l'ont montré Sanclius, Cor-
nélius à Lapide, & Tirin, parce que fouvent les Hé-
breux ôtent par aphérèle une partie des noms pro-
pres. Ainfi , l'on trouve Ram pour Aram , Chonias
pou; Jechonias ; &: au même L. L. des Parai. XX. f.
Léhcmite en Hébreu eft traduit Béthlémite par S. Jé-
rôme.
LAHOLM. Nom d'une petite ville de la Suède. Lahol-
mia. Elle eft dans la Province deHallandj à l'em-
bouchure de la rivière de Laga dans le Cattégatj à
trois lieues d'Halmftat vers le midi. Laholm a une
citadelle & un bon port. Maty. Les habitans la
namxwtnx. Laa Holm. Long. 50. d. iS'j lat. '^6. d. ;6'.
LAHOR. Nom d'une ville de l'Empire du Mogol en
Aile. Lahorium. Elle eft capitale du Royaume dePen-
gab, dont elle porte quelquefois le nom, &c lituée
fur la rivière de Ravey , à foixante-quinze lieues de la
ville de Delli, vers le nord occidental. Cette ville eft
une des plus grandes de l'Aile , quelques uns lui don
nent vingt lieues de circuit, & d'autres vingt-quatre i
,pcut-ètie ne lout ce que de petites lieues de France -,
ce qui fait encore un terrible amas de bâcimcns. Il y
a une foit grande citadelle & un beau Palais, où le
grand Mogol fait quelquefois fa réfidence. Au refte ,
on croit que Lahor eft l'ancienne Ducephala ou Aie-
L A I
xandria Bucephalos , qu'Alexandre le Grand eut la
foiblelfc de faire bâtir à l'honneur de fou cheval Bu-
céphale. Maty. La ville de Lahor eft lituée fous les
trente-trois degrés de latitude , & les cent dix-neuf
degrés quarante minutes de longitude.
LAHOR, Royaume. Voye^ Pengab.
LAHRA. Nom d'une ville d'Allemagne. Lahra. Cette
ville a eu tes Seigneurs particuliers , qui 1 ctoient aulli
de ion territoire. Il n'y a pas long tems que le dernier-
étant mort lans enfans mâles , le Marquis de Dourlac,
qui avoir époulé l'héritière àt Lahra ^ la réunit à Tes
autres domaines.
LAI.
LAI , LAIE. adj. Par corruption du mot laïque , qui
n'eft point engagé dans l'Ordre eccléliartiquej Laicus, •
Un frère lai, eft un homme dévot & non lettré, qui--^
s'eft donné à quelque Couvent pour fervir Dieu & les '
Rehgieux , qui a un habit diftérent du leur , qui n'en-
tre point dans le chœur , ni dans le chapitre , c(ui n'eft
point dans les Ordres , & qui a feulement tait vœu de
ftabilité & d'obéilîance. Frère lai le prend aulîî pour
un Religieux non lettré, qui a foin du temporel & de;'
l'extérieur , de la cuiline , de la porte , te. Il y a aufli'.
des frères lais qui font les trois vœux de Religion.
On appelk fœurs laies plus ordin.iiremenr fœtus
coRveries , dans les mailons des tilles , celles qui pa-
reillement n'entrent point dans le chœur 6c qui Icnc
reçues pour le lervice du Couvent.
C'eft en l'onzième fiècle que commença 1 inlli-
tution des frères lais ou laies ; c'eft à dire , des Reli-
gieux qui, étant fans lettres j ne peuvent devenir
Clercs , oa qui ayant étudié & pouvant entrer dans
les Ordres , y renoncent par humilité , Se font uni-
quement deftinés au trav.iil corporel & aux œuvres
extérieures. Les premiers qui prirent de ces frères
lais, turent les Moines de Vallombreufe , enfuite
ceux de Hirlange. S. Gualbert eft le premier qui ait
inftitué des frères lais dans fon Monaftère de Vallom-
breufe, fondé vers l'an 1040. L'Abbé Guillaume eft
marqué dans fa vie comme Inftittiteur de cette efjsèce
de Religieux. Les Chartreux en eurent aulli dans le
même hècle , comme marque Guibert de Nogent , &
les nommèrent frères barbus. Cette inftitution feni-
ble être venue de ce que les laïques dans ce tems-là
n'avoient la plupart aucune teinture des lettres, &
n'apprenoient pas même à lire : d'où vint aulli que
l'on appela Clercs ceux qui avoient étudié , qui fa-
voient quelque choie. La Langue Latine n'étant donc
plus vulgaire comme elle étoit du tems de S. Benoît,-;
il ctoit prefqu'impoflible aux la'iques d'apprendre les
pkaunies par cœur, & de profiter des lectures qui I
tailoient dans l'Eglifc : ainii on les appliqua au trava
& aux offices domeftiques. Voye'^ Convers.
Lai a été aulli adjettif, & lignifioit, qui eft du peuplej
qui n'a nul degré : du L.atin Laicus , qui a été tait du
Grec Àuc; , peuple. C'eft de là qu'on trouve dans Vi-
génère, li, laie gens, pour dire, les lais, le petit
peuple. Il eft aulli fubftantif. Les clercs Se les lais.
On l'a dit aulli pour laid , nviuvais.
Ec puis aurons vin qui n'ejl mie lai.
On appelle aulli Moine lai , un obl.it ou foldat ef-
tropié qui a un brevet du Roi pour demeurer dans un
Bénélice de fondation Royale., où on lui doit fournir
une portion monacale pour fa fubliftance. /-'"ojeç
Oblat. Il eft tenu de balayer les cours Se de fonnec
les cloches. Maintenant on a converti cette portion
en argent, ou en penlion de cinquante écus par an,
qu'on paye à l'Hôtel des Invalides,
On appelle aulli Cour laie , une Juftice temporelle
&: fécuiière. \]n Confeiller lai, eft un Confeiller qui
n'a point de c'éricature : & un Patron lai , c'eft un
laïque qui a fondé quelque Bénéfice avec réferve du
patronage j Se fans le contentement duquel le béné-
fice ne peut être réligné , ni conféié.
Lai. f. m. Vieux mot, qui lignifie, complainte, do-
L A I
lé.mce. Querimonla. C'eft auJÎI une forte dt; vieille
Pociic l'iaïK^oill-, fajte de pecits vers. Elegïa Callica ,
Icjj'us. Il y avoir de deux foites de lais y le giand tic le
petit. Le gr.ind lai étoit un Poème eompole de douze
couplets de vers de ditîerentc mehire, du- deux ri-
mes. Le pcûlLai étoit un Poëme de leiz-e ou de vingt
vers, divilc eu quatre couplets , prefque toujours fur
deux rimes. Ces lais étoient la Poëlie Lyrique de nos
vieux Poètes François, & parce qu'il y avoit un vers
plus petit que les autres qui fînilloit chaque couplet ^
ils appeloient cette (orte de Poëme arbre fourchu.
Alain Chartier a tait de grands lais , & Molinet en a
compolé de petits. On s'en (ervoit particulièrement
en fujets graves & trilles, & on prétend qu'ils ont été
f.iits fur le patron des vers trochaïques des Tragédies
Grequcs & Latines. Des Lais plaintifs. Voici l'exem-
ple d'un lai rapporté par le P. Mourgues dans Ion
Traité de la Poëfie Fraucoife,
Sur l'appui du monde
Que jaut il qu'on fonde
D'efpoir?
Cette mer profonde ,
En débris féconde ,
Fait voir
Calme au matin , l'onde i ,
Et l'orage y gronde
Le foir.
Ce mot vient de leffus.
Lai, s'ell dit autrefois en termes de Monnoies, pour
loi, alloi. Dans l'Hilloire de Bretagne j T. IL page
lOjj. Cy enfuivent les noms de ceux qui ont prêté
au Duc pour la fomme de dix mille livres tournois,
bonne monnoie, à 6 den. de laij &z 6. liv. 8 den. de
taille.
LAÏANS. Vieux mot. Là dedans.
LAJAZZO , ou AJAZZO. Nom d'une ville de la Na-
tolie. IjfuSy Adjacium. ^£ eil dans la partie occi-
dentale du Béglierbéglk JRlep , au feptentrion d'A-
lexandrette. Elle a un bon port. On écrit aullî Ad-
ja\\o tk AjaccLO.
Le golfe de Laja\-[o eft un golfe de la Méditerra-
née, entre les côtes de Syrie , de l'ancienne Cilicie &
de l'Ile de Chypre. Adjacii Sinus , autrefois Sinus
IJJlcus. Il prend maintenant Ion nom de ia ville de
Lajar{o , qui eft lur les bords.
Lajaiio j ou Aja\\o , ou comme Sanfon écrit,
Adiaiio y ell encore une ville de l'Ile de Corfe, qui
en a été autrefois capitale. Adjacium , ancienrjement
Urcinium. Elle eft fur la côte occidentale de l'Ile, au
bord d'un golfe qui porte fon nom.
^.AÏC , QUE. Foyei Laïque.
iJCTLAÏCAL, ALE. adj. Qui concerne les Laïques.
Diime féodale, /.«iw/e & patrimoniale. Ce mot eil
de peu dulage.
LAÏCHE. f. f Efpèce d'herbe qui croît dans les prés , &
qui, fe mêlant avec le foin , blelfe la langue des che-
vaux. Ce foin ne vaut rien , il eft tout plein de lai-
ches. Sparganium.
Laîche. f. f. Vieux mot. Lame de fer. Lamina. Une
Ordonnance de Jean Duc de Bretagne de l'an 1425 ,
porte : Ceux qui fautont tirer de l'arc, qu'ils ayent
arc , troulTe , cappeline , couftille , hache , ou mail de
pion ,& (oient armés de forts Jacques , garnis de laî-
chcs , chaînes ou mailles, pour couvrir les bras. Hijl.
de Bret. T. IL p. pçp. On dit encore en Bretagne
une laîche de beurre. Lobin. Gloff. Les bras cou-
verts de laîches 6c mailles de fer. Ih.p. 2po.
LAICHEU. Nom d'une ville de la Chine. Laicheum.
Elle elt la lixicme de la Province de Quantung , & fi-
tucc près de la côte où elle a un bon port , vis-à-vis de
la ville de Hainan. Laicheu tiï capitale d'un territoire
où il y a fix autres villes. Maty.
LAICTOURE. Foyc^ Lectoure. ^
LAICOCEPHALE. f. m. & f. Hérétique qui reconnoit
un laïc pour chef de l'Églife. Laicocephalus , a. On a
donne quelquefois ce nom aux Anglicans , dont Sam-
fon & Morjfon étoient les cli^efs , parce qu'ils étoient
LAI 381
obligés de rcconnoître le Roi du lieu où ils vivoient,
pourchefde la Religion. /^ yyt;? Sanderus, Ilcréf.i20.
Ce mot ell Grec , compolé de /«/»« , laïc , Hc
y.i'pa.M , tête.
LAID, LAIDE, adj. c'c f. Dcformis. Difforme, qui a
quelque défont remarquable dans les proportions ou
dans les couleurs requiles pour la beauté, qui a des
figures ou une qualité défagréablc à la vue ou à l'idée
que nous ikjus lommcs formée du beau. Rigaud , dans
(its notes kir Tertullien j a dit que Jésus-Christ
étoit laid , ôc le P. Vavalleur l'a réfuté par un livre
intitulé : £>e forma Ckrijii. Cette laide avec fes ri-
cliclles , ne peut avoir que des adorateurs mercenaires.
S. ÉvR. Une femme laide & ajuftée en paroit encore
plus laide. Guillerague difoit hier que Pélillon abu-
ïoit de la pennillion qu'ont les hommes d'être laids.
Mad. Di Siv.
Une belle fe damne j on la preffe , on l'enflamme ,
On fait contre elle cent efforts :
Afin de vousfauver, le Ciel a mis votre ame
En sûreté dans un laid corps. Bens.
§3" Les idées de la laideur varient comme celles de la
beauté, lelon les temsj les lieux & le caradtère des
Nations. Les nés camus lont lûids en France & beaux
en Ahique. On dit par injure à une femme qu'elle eft
laide comme une guenon , que c'eft une laide bête ,
qu'elle eft laide à faire peur, qu'elle eft richement
laide ; à un homme , que c'eft un laid magot , un laid
mâtin ; à un enfant. Fi , qu'il eft laid.
(CFLaid, le dit aullI des animaux qui font mal confor-
més par rapport aux autres de leur elpcce. On dit
d'un chien , qu'il eft laid , bien laid. On le dit encore
de ceux donc la conformation ou la figure paroit
défagréable. Le hibou eft un laid oifeau. Le linge ,
l'ours J &c , lont de laids animaux, Fcedum , immua-
dum animal.
Laid , fe dit tamilièrement pour vilain. Triftis , ingra-
tus. Il habite dans une /jic/d maifon.'Il a amené une
laide mode. Voilà une laide garniture. L'hiver eft
une laide laifon. Le tems n'eft pas laid , on peut s'al-
ler promener.
Laid , fe dit figurément &■ familièrement en chofes mo-
rales. Turpis. Il y a du laid & du beau dans cette
Comédie _, dans ce tableau, dans cette broderi.e. Il
n'y a rien de plus laido^nn. le vice & la crapule, que
l'ivrognerie & l'impureté.
^3° On obferve dans le Did. Encyc. que le mot de laid
ne convient pas , du moins quand on parle avec no-
blelîe & précifion , lorfqu'il eft queftiun d'exprimer la
privation des qualités qui nous rendroient agréables
les êtres inanimés , & qu'on ne doit pas dire une laide
mode , une laide maifon : de même quand il eft ap-
pliqué aux êtres moraux, & que dans ce cas il iaut le
îervir d'une autre épithcte , ou d'une périphrale. Cette
oblervation paroît jufte , & je ne croîs pas qu'on
puiiîe s'en feiTir dans ces deux cas, hors du dilcours
familier.
|t3* L'Auteur de l'obfervation ajoute que laid fe dit des
efpèces trop diftercntes de celles qui peuvent nous
plaire , & difforme , des individus qui manquent à
l'excès des qualités de leur efpèce. Laid luppofê des
défeuts; difforme fuppofe des défeéluoJués. Cela n'eft
pas clair.
IJCTLaid, eft une terme générique, qui s'applique à
tout ce qui a des qualités défagréables à la vue , ou
contraires à l'idée que nous nous formons de la beau-
té, à tous les animaux qui ont quelque déhut dans
les proportions ou dans les couleurs requifes pour la
beauté ; à tous ceux qui fout mal conformés par rap-
port aux autres de leur efpèce , & à quelques uns donc
la conformation nous paroît délagréable par elle-mê-
me. On l'applique de même aux difiérentes parties
d'un corps animé. Un homme laid, une femme
laide, des mains laides ^ une gorge laide. On dit d'un
chien, comparé avec ceux de fon efpèce, que c'eft
une /tzii/t; bête. On dit d'un oufs, lans aucune com-
paraifon , que c'eft un laid animai ; d'un hibou , que
382 LAI
c'efl: un laid oikau : au lieu que difforme ne s'appli- I
■que qu'aux choies qui , par une mauvaile conforma- j
don , par un arrangement extraordinaire de leurs
parties, ont une ligure qui s'éloigne aiîèz de la ni
tutelle , pour choquer la vue. l^oyei Difforme.
On dit provcrbiaiement qu'il n'y a point de belle
prifon, ni de laides amours.
LAID, Si LAIT. f. m. '^/ieux mot qui lîgnifie injure j
atiî-ont. Injuria, contumdui. Quiconque che Ibit a
qui on fâche lait , 5c chil à qui on fait le lait , fe de-
fent encontre chelui qui li fut le lait, il ne doit point
d'amende , &c. Us d'Amiens.
LAIDANGE. f. f. Opprobria. 'Vieux mot qui fe trouve
dans les Hiftoires & dans les Coutumes. Le mot de
laidange ilgnific des injures verbales , ikfquelles cehu
qui avoit injurié à tort , fe devoit dédire en Jufticc en
fe prenant par le bout du nez. Sounnr moult de lai-
dan^^es &c de reproches vilaines. Le Mir.
Vers-Jirc cheminente grant erre.
Pour faire au Comte Gui laidanges. Guiart.
Ce mot vient du Grec Ao.'^.pû», qui fignific injurier.
Du Cange dit que le mot de laid, oude laidange ,
vient de lada & ladare , vieux mot qui fe difoit autre-
fois quand la loi permettoit de fe purger de certains
crimes & vilaines adions par le ferment de pluiieurs
perfonneSj dont le nombre (e proportionnoit à la
qualité du crime , & à la réputation de l'acculé. Ainli
on difoit, inné laid ï quelqu'un, pour dire lui taire
injure , &c l'obliger à fe purger par ces lortes de Icr-
mensj qu'on appcloit dans la balle latinité /a^^ii , &
en François laid, dont il eil fait mention dans la Cou-
tume d'Amiens.
LAIDANGER. v. a. Vieux mot, qui fignifie injurier de
paroles , dire des laidanges. Conviciari.
LAIDANGIER. v. a. Vieux mot qui fe trouve dans des
titres de l'Kiftoire de Bretagne , fynonyme de lai-
danger. Pudore afflcere , Conviciari, contumeliù ajfi-
cere , prohris onerare.
Ces mots viennent du vieux mot Breton llaid , qui
fignifie de la boue, ou de llad , qui llgniiîe tuer. Lo-
BiN. Hifl. de Brct. Glo[l'.
tAIDER & LAEDER. f. m. Terme de Coutdmes. Les
laidcrs , ou laedcrs , font les Collecteurs d'un certain
droit appelé laide ; ceux qui le lèvent Leidarii , Leuda-
rii. Voyez de la Thomaflîère, Coût, de Berry.
LAIDERON, f. f. Invenujîa. C'eft ainlî qu'on appelle ,
dans le difcours Familier, une jeune f.Ue ou une jeune
femme qui eft laide , mais qui n'eft pas pour cela lar.s
agrémens. Ce jeune homme a époufe une petite lai-
deron qui fait la belle & la coquette. C'eft un laide-
ron qui ne déplaît pas.
H y en a qui difent laidronne. Ces pauvres laidron-
nes s'ajuftoient tout de leur mieux. La Suze.
LAIDEUR, f. f. Qualité de ce qui eft laid. C'efl: l'op-
polédebeau. Dejormitas. Lu laideur ëc la beauté dé-
pendent du caprice & de l'imagination des hommes.
Son extrême laideur la force d'être fage ,
Et le feul dcfcfpoir fait fa dévotion. Gom.
Laideur , fe dit aulîî figurément en Morale des vices &
des aclions vicieuies & malhonnêtes. Turpitudo. La
laideur à'une aétion. La leule laideur du vice nous en
devroit dégoûter.
LAIDIR. v. a. Vieux mot qui fignilîe faire laid , laidin-
ger , laidir. Voyez ces mots.
LAIDURE. f. f. Souillure, difformité. Gloff. fur Ma-
rot. Il eft vieux.
LAIE. f. f. Jper fœmina , porca fera. Terme de Challe.
La femelle d'un fmglier , ainli nommée, parce que
les Chalîeurs la laillcnt pour frire des petits. f^oye~
Sanglier.
Laie , en termes d'Eaux & Forêts, efî; une rourc coupée
dans une forêt. S emita, callis , trames. Il eft permis
aux Arpenteurs de faire des laies de trois pieds pour
porter leur chaîne , quand ils en ont beloin pour u-
pcnter ou marquer les coupes. L-îOrdonnance défend
L A 1
aux Gardes d'enlever le bois qui a été abattu pour faire
des laies. On écrivoit autrefois lée , d'où elt venu le
mot à' allée dans les jardin? , comme qui diroit lée.
Ce mot eft formé , à lata via , vel quod lattri agri
aut fylvA adjaceat. On trouve aufli dans les vieux ti-
tres lada , leia ,ëc lia, en femblable lignification.
LaiEj lîgnifioit autrefois en vieux François, une foret,
d'où vient le nom de S. Germain-en- Zjie. Silva.
Dans les vieux titres Latins j on l'appelle laya. Ce
mot a encore fignifié plus particulièrement autrefois
une certaine quantité de bois, un certain efpace de
forêt.
Laie. Nom d'une forêt de France. Lediafylva, Se en-
luite Lea , Leia ,^ Laia &c Loia. La foret appelée Laie
s'étendoit dans 1 lie de France , depuis S. Germain juf-
qu'à Poilfy , & c'eft de là que S. Germain eft appelé
S. Germain -en Zaye. On met dans cette forêt la
Grange de Saint Louis, les Loges, Vaux, le Mefnil,
la Muette & S. Germain. Foye^ Hadr. Valef. Notit,
Gai. page 26 û . J^oye^ Laie.
Laie _, en termes de Maçonnerie, eft un inarteau de
Tailleur de pierre, bretelé & dentelé, qui laiffe fur
les pierres taillées des rayes oubretures qui s'appellent
aulli laies. Malleus denticulatus.
Laie. Terme de Coutumes. Laies à cenfes, font At&
baux d'hérit.ages à rente , foit que la rente foit perpé-
tuelle , foit qu'elle loit pour quatre vingt dix neuf
ans, ou pour un moindre tems. De Lauriere.
Laie, nom de peuple. T'^oye-^ Lao , Royaume.
LAIER. J^'oyei Layer.
LAIETTE, LAIETTIER , LAIEUR. Foyei. Layet-
te. &c.
LAIGNE. f. m. Vieux mot. Bois, du Latin Lignum.
LA IN. adj. Vieux mot.- Lent.
LAINAGE, f. m. Marchandife de laine. Négoce qui
le fait des laines. Lanea merces. Ce Marchand fait
grand trafic de lainage.
Lainage , ou Lanage. 1. m. Façon que l'on donne
aux draps & autres étqiàs de lainerie , en les tirant
poWy
cium , lanificium.
avec des chardons poffy faire venir le poil. Lani-
§C? Lainage , le dit aullî du droit de dixme qui eft
dû , en quelques endroits , lur les toilons des bêtes
à laine , à celui à qui appartiennent les dixmes.
Ce Curé a la dixme des lainages.
LAINDRY. Bourg de France , dans la Champagne,
Diocèle de Langres , & Eleétion de Tonnerre.
LAINE, f. f. Lana. fCF Poil qui couvre le corps Je
certains animaux, comme moutons, brebis, agneaux, .
&c. & qui s'appelle toifcn quand il eft coupé , & J
qu'il n'a encore reçu aucun apprêt. Ce Fermier a
deux troupeaux de bêtes à laine. Tavernitr a rapr '
porté que la laine d'Alie eft incomparablement pluj
fine que celle d'Europe , Se qu'apparemment c%
toit cette riche toifoii qu'on cherciioit à Colchpî.
Il y 'a des moutons à grande laine. Parmi nqg
monnoies du Roi Jean , Se de Charles VI , il y
avoit les moutons à la grande laine , qui étoient l'A-
gneau Palcal de S. Jean - Baptifte. Les vers fe met-
tent dans les laines graffes. Il faut donner plufieurj
préparations à la laine , la laver , dcgrailîèr , échau-
der, carder , fouler , filer & teindre. On appelle laine
mère , celle qui fe prend lur le dos Se fur le cou
des brebis &; des moutons , & c'eft la meilleure.
Il y a de la laine qu'on appelle cuife , Se d'autre
qu'on appelle ventre ; à caule de l'endroit de la
bête où on la prend. On appelle laine crue , celle
qui n'cft point apprêtée.
Les laines les plus eftimées font les laines de ;
Scgovie, les laines d'Angleterre, les laines de Berri. ;
On dit que ces dernières ont une propricré lingu- t
lière que nul autre n'a , qui eft de faire des liga-
tures avec toutes lortes d'autres laines. Dans l'An-
tiquité on eftimoit celles de l'Attique ; celles de
Mcgare , celles de Laodicée; celles de Milète , &c.
En Italie , celles de la Grèce , celles de l'Apulie ,
ou l'Apouille , mais principalement la laine de
Tarente. On vante encore celle de Parme & celle
d'Altino dans la Lombardie , qui du temps de Co-
L A I
lumcllc l'cmportoit même fur celle de Tarcmc
/^oyc:^ cet Auteur , L. Fil , c. 2 , Ik. Vairon , de
Re Rujl. Liv. Il, c. 2 , qui dit qu'on avoit cou-
tume de couvrir les brebis de peaux , pour que
leur laine ne ("e gâtât point.
Les Angloiî prétendent que la bontiî des laines
d'Elpagnc vient de ce que (ous Henri II , Roi d'An-
gleterre , on fit palier de cette lie des troupeaux en
Efpagnc. D'autres di(ent que ce ne fut que ious
Edouard IV. en 1465. Ce qui cft faux.
On dit que dans les Salles du Parlement d'Angleter-
-rCj lesficges ne font autre chofe que des lacs de laine ,
-pour laire continuellement penter aux membres
de ce Corps , que les laines & le commerce des
iaines , iom un des principaux appuis & fonde-
ment du Royaume.
Un Ouvrier en laine , Lanarius. On le dit auflî
d'un Marchand de laine. Un Cardeur de laine ,
Lanarius peclinarius , que l'on trouve dans une an-
cienne inicription. On trouve aulli Lanarius coarcli-
larius ; mais c'ell: un Chapelier.
L'art de travailler la laine , Lanificium. Les An-
ciens attribuoient à Minerve l'invention de cet
art, c'efl: pourquoi ils lui en donnoient le foin &
la (ur-intendance.
Filer la laine , fileufe de laine. Lanifica. Qui a
la garde des laines , des habits de laine. Lanipen-
dla. L'endroit où fe gardent les laines. Lanlpen-
dlum. Voyez la règle de laint Célaire pour les
Religieufes , c. 2S. Voy. fur la laine , Pline , Liv.
FUI, c. 4j , 4S. Voifius , de idolol. Liv. III ^
c. 70.
Laine, vient du Latin /tz/za. Ifidore , dans fesétymolo
gies , Liv. XIX , c. 2j. dérive lana de laniare ,
parce qu'avant que l'on tondit les brebis , on leur
arrachoit la laine , d'où vient aulii le nom vellus
de vellere • mais comme Volïîus l'a remarqué , il y
a bien de la di.rérence entre vellere , tirer , arracher ,
&i laniare , déchirer , mettre en pièces. Il faut donc
tirer lana Ae. ^1 "■ , en Dialecte Do rien /à>o(r, qui,
comme Hétychiusle marque , lignifie la même chofe
que f/jv de la laine. Selon l'Auteur du Jardin des
Racines Greques , il vient de >.f.x,in , lana , lanugo.
Laine , le dit àulii de cette même toilon préparée ,
dont on ftit divcrles étoffes & ouvrages. Les t.ipif
feries de laine ont des couleurs bien plus vives. La
fcrrandine eft une étofte moitié foie, & moitié
laine. La tiretaine eft moitié laine , &c moite fil. Le
drap n'eft fait que de bonne laine. Un chapeau de
laine de vigogne. On fait auOi des matelats de laine. Il
eft défendu aux ouvriers de mêler les laines , parce que
les unes foulant moins que les autres , cela rend le
drap creux & impartait.
Laine Basse , ou Basse Laine. C'eft la plus courte
& la plus fine laine qui loit dans la toifon du mouton
ou de la brebis : elle provient du collet de l'animal
qu'on a tondu.
Laine crue. C'eft la laine qui n'eft point apprêtée.
Laine de Moscovie. C'eft ainlj qu'on appelle le du-
vet des caftors, qu'on tire adroitement, fans otFen-
. fer ni gâter le grand poil. Ce fecret de tirer ainli
le duvet des caftors , n'eft pas encore connu en
France.
Laine en suin , ou Laine grasse , que quelques-
uns appellent aulïï Laine furge. C'eft de la laine
qui n'a point encore été lavée , ni dégrailîée. Lana
fuccida.
§3" Laine pelade, ou Laine avalie. C'eft celle
que les Méyuîîers & les Chamoifeurs font tomber ,
par le moyen de la chaux , de delfus les peaux de
brebis & mourons , provenantes des abattis des
Bouchers.
fjO" Laine rislard. C'eft la plus longue de. celles quife
trouvent fur les peaux non apprêtées. Elle fett aux
Imprimeurs à remplir les balles.
On dit proverbialement qu'un homme fe laifte
tondre la laine fur le dos , lorfqu'il eft fîmple ,
doux & patient, qu'il fe lailfe maltraiter, ou piller
fins fc défendre. On dit auiiî qu'un filou tue la
L A 1
383
laine, quand il vole la nuit les chapeaux ou les
manteaux des pallàns ; de là vient qu'on appelle
Tireurs de laine , ces fortes de voleurs.
LAINHR , ou LANER. Aplaigner , cplaigncr ,
emplaigner. v. a. Termes dont on fc fert dans les
maïuifirtures de Drapctics ëi d'autres étoffés de lai-
ne , pour fignifier , firtfr de la laine fur la fuper-
ficie d'une étoffé, la garnir, y faire venir le poil
par le moyen des chardons.
Lainer une tapiireric. C'eft dans la fabrique des ta-
piireries de teintures de laines , couvrir de laine ha-
chée de réduite en poullière, l'ouvrage du Peintre ,
avant que les couches en (oient féthes ; ce qui fe
fait par le moyen d un très petit tamis que l'Ou-
vrier tient à la main.
LAINERIE. f f §C? Terme colleftif qui exprime toutes
fortes de marchand ifes de laine. Il fe dit aulîl de
l'art de fabriquer les lames. Iles lanarla. On dit,
Commiilaire ou Infpedeur des Manufaétures de
draps & étoffes de lalneric.
LAINEUR, ou LANEUR. Aplaigneur, éplaigneur ,
ou emplaigneur, f m. C'eft l'Ouvrier qui laine les
étoffes ou autres ouvrages de lainerie.
LAINEUX , EUSE. adj. Qui a beaucoup de laine.
Lanojus. On le dit des moutons , quand ils ont
encore leur toifon fur le dos , & des étoffes bien
garnies de laine. ^fT On le dit encore de certaines
plantes qui font couvertes de poils ou de duvet.
Foyei ces mots.
LAIlNflER , 1ÈRE. f. m. & f. Lanarius. Marchand
qui vend des laines, & fur-tout de celles qui font
en écheveaux , qu'on emploie aux tapilferies , fran-
ges , & autres ouvrages. Prefque tout Paris appelle
ces fortes de Marchands, Lamiers , mais entre eux,
& dans leurs lettres de Maittife , ils s'appellent
Teinturiers en laine,
LAINIÈRE, f. f. On appelle Barques lainières , de
petits bâtimens François qui font avec les Anglois
un commerce de contrebande des laines d'Angle-
terre , d'Écofle & d'Irlande.
LAINO. Nom d'un boii bourg de la Calabre cité-
rieure. Lalnum. Il eft fur la rivière de Léo , à qua-
tre ou cinq lieues au - delTus de Scaléa. Quelques
Géographes prennent Lalno pour la petite ville des
Brutiens , nommée Lails ou Laum , que d'autres
mettent à Scaléa. Maty.
LAÏQUE, adj. m. & f. Laicus. |Cr Par oppofition à
Ecclélîaftique & Religieux. On k dit des pcrfonnes
qui n'ont aucun engagement dans l'état ecclélîafti-
que , & des biens & de la puiffance qui leur appar-
tiennent. Un Officier laïque. Un Patron laïque.
Bénéfice en patronage laïque. Puiffance laïque. Il eft
aullî fubftantif.-Un Laïque. Les Eccléiîaftiques ont
beaucoup de privilèges que n'ont point les Laïques.
Un Clerc qui eft pris en habit laïque, perd fon
privilège de renvoi. Les Religieufes ne font plus
au nombre des perfonnes laïques. Foye^ Lai.
LAIRA. f. f. C'eft la même que Hilaire , fille de
Leucippus j qui fut fiancée à Lyncée & enlevée par
Caftor.
LAIRE. Foyei Lere.
LAISOT. C m. Oifeau. Il y a dans le premier Volume
du Mercure de Décembre 1715 j une Fable inti-
tulée , le Lalrot, laquelle commence ainfi :
Pour mieux furprendre une jeune Bergère ,
L'Amour prit l'autre jour la forme d'un Lairor,
C'eft peut-être \z Loriot , que les Latins , dit Bé-
lon , ont appelé larida. Foyei l'Étymologique de
Ménage , au mot Loriot.
LAISj f m. Terme des Eaux Forêts. Arbor refes pro-
letarïa. Jeune baliveau de l'âge du bois , qu'on laille
quand on coupe le taillis , afin qu'il revienne en
haute futaie. Toutes les Ordonn.-mces furie fait des
eaux & forêts , enjoignent de laiflér par chacun
arpent vingt-fix baliveaux de l'âge du bois , qu'on
nomme des lais , outre les autres baliveaux anciens &
modernes.
384 L A î
Ce mot vient du veibc laiffer, pnrce que lais
cft un jeune arbre qu'on lailte dans les coupes de
bois i qu'on ne coupe point , comme le relie du
bois.
Dans quelques Coutumes le mot de lais fignifie
-ce que la rivière donne par alluvion au Seigneur
Jufticier. Atterrillement fait par une rivière. Accre-
■do , ïncrementum quod alluvionefit. On appelle com-
munément lais la croiilance que la rivière donne.
CouT. DE BouRBONN. ari. J40.
Ce mot sert dit apparemnen: parce qu'une rivière
laljje ces terres, qu'elle ne les couvre plus, qu'elle
•ie retire ailleurs.
Ce mot de lais fignifîe aulll quelquefois la même
chofe que laya , terme de Coutumes. P^oye^.
ce mot.
Lais. Nom d'une ville des Chananécns & de la Terre-
Sainte. Lais. Quelques - uns écrivent Laish , ou
Laïfih pour exprimer le u , Schin Hébreu. Cette
ville étoit à l'extrémité de la Terre- Sainte du coïc
, du nord , & dans le territoire alllgné à la Tribu
-d'Afer ; mais une petite colonie de la Tribu de Dan
s'en étant emparée , ils s'y établirent. Sous les Cha-
nanécns elle (e nommoit Laïs. Les Ilraëlitcs la nom-
mèrent enfuite DAN. F^oye^ ce mot. Monlîeur
Réland prétend aulll que c'eft la même que la Lé-
lem de Jolué , X/X, ^7. Les Grecs la nommèrent
-Panéas, Diolpoiis , Célarée de Philippe, iSj enfin
Néroniade. Elle eut un Évêque fuliragant de Tyr.
Elle ell détruite depuis long-temps , on la nomme
aujourd'hui Bclina j ou Belenas , ou , félon quel-
ques-uns , Bolbec. P. LuBiN.
LAIS. f. f. Fameufe Courcilanc de Corinthe. C'eft
elle qui demanda pour une nuit dix mille dragmes
à Démofthène , qui lui répondit qu^il n'achctoit pas
iî cher un repentir. Quelques femmes jaloufes de
fa beauté , l'ayant furpnfe dans un Temple de Vé-
nufe, la tuèreut à coups d'aiguilles; & depuis ion
aventure j la Véjius de Corinthe lut turnommée
AuJfKjfoïoç , c'eft-à dire , ' Homicide. Dans le faux-
bourg de cette ville étoit le tombeau de Lais, iur
lequel on voyoit une lionne qui tenoit un bélier
entre fes pattes.
LAISA. Nom dune ville delà Tm-e-Sainte , dont il eft
parlé dans Ifaïe , X. jo. Laifa. Athénée en parle
auffi , L. IV. C'eft la même chofe que Laïs ,
& conléqucmment la même que Dan. L'endroit
d'Ifaïc lemble montrer qu'elle étoit aux extrémités
du pays , ce qui convient à Dan. Voye\ Laïs.
LAISÀNT , ANTE. adj. m. & f. Vieux mot. Qui ne
veut rien faire , qui ne veut avoir aucune peine.
Penfc^-vûus que je fois laifant^
Et que vous ponere:^ le fais?
LAI SAINTCHRISTOPHE. Village diftant d'une
lieue de Nanci. Il y a un Monaftèrc de Bénédidlins ,
tk dans le jardin des Religieux , deux fontaines ,
dont les eaux pétiifient le bois & la moulfe, & for-
ment du tuf. Ces eaux renferment un fel coagulant
qui forme des concrétions. Ainlî elles font dange-
reulcs pour la lanté.
lAISCHE. Foyei Laîcke.
LAISOT. i. m. On nomme ainii à Laval en Bretagne
la plus petite laize que les toiles qui fe fabriquent
dans cette ville , peuvent avoir fuivant les Régle-
mens.
LAISSADE. f. f. Terme de la Marine des Galères.
L'endroit d'une galère où l'on diminue la largeur des
fonds en venant fiir l'arrière. Ce terme de laifade
■ n'eft en ulage que parmi quelques ouvriers ; ceux
qui parlent bien dilent quefle de poupe. .Il y en a
qui écrivent l'aiffade , cette ortographe eil mauvaife.
Ife/" LAISSE, f. f Corde dont on ie fert pour tenir
un chien qu'on conduit , ou pour en accoupler ,
iur tout les lévriers. Les Chall'eurs l'appellent aulll
[raie. Lorum. Les Chafleurs mènent en laijfe , tien-
nent en laiffe leurs chiens , jufqu'à ce qu'ils ayent
découvert le gibier fur lequel il les lâchent.
L A I
§C? On dit ordinairement une laife de lévriers , en
parlant de deux lévriers j loit qu'on les mène en
laijfe ou non.
Ménage dérive ce mot de laqueus. Les Italiens
l'appellent laccio di cani , les flamans letfe. Du
Cange le dérive de lexa , qu'il dit être formé de li-
cia , liffe , terme de Tilîutiers , ou de Tapilîiers ;
ou bien de laxa , qui vient de laxare.
Laisse , fe dit Hgurément & familièrement, en parlant
des gens iimplcs , ou loumis , qu'on mène par tout
où l'on veut , comme on feroit des lévriers. C'eft
un pauvre ibt que la femme mène en laiffe. tfj' Il
le mène en laiffe , il dilpole de lui comme il lui
plaît ; il lui fait laite tout ce qu'il veut.
Ja fur fes pas Chicane téméraire
Traînait en lailîc Avocat & Notaire. Fuzel,
Laisse. Terme de Chapelier , eft un cordon uni dont
on fait plulieurs tours iur la iorme du ch.tpeau pour
la tenir en état. Lorum. On bit des laijfes de -crin , de
Ibie , d'or & d'argent.
Laisse, en terme de Chaile, fe dit des lieux où les
loups aigyiient leurs ongles.
On appelle aulli laife , la fiente , ou excrémcns
des ianglierSj ou autres bêtes mordantes. Aprugnum
flercus. Voye^ Laissées.
Laisse. Vieux mot. Chanlon.
LAISSÉES. 1. f. plur. Apri flercus. Quelques-uns difent
laijfes , mais mal. Terme de Vénerie , qui ie dit
de la fiente du loup , du fanglier , des bêtes noires.
Sal. Ménage dit laijfes.
LAISSER. V. a. Relinquere. Ce vetbe n'a rien que de
régulier dans la conjugaifon : ainii c'eft mal parler
que de dire comme on a dit autrefois au futur de
iTndicarif, & à l'imparlait du Subjondtif je lairrai,
je lairrois : il faut dire je laiJJ'erai , je laif'erois.
tfJ' Ce mot vient , iclon quelques uns de laxare ,
Latin ; i'elon d'autres , de Lalfen , Allemand , qui
lignifie la même choie.
gCT Ce verbe a plulieurs acceptions tout-à-fait diffé-
rentes.
§3° La'isser, Quitter , s'éloigner- J'ai laiJfé mon ca-
marade en bonne lancé. Un tel a laijjé fon équi-
page en tel endroit. Le Général a lailfé la place
bien pourvue. Relinquere , difcedere.
gC? Laisser un chemin, un village fur la gauche,
c'ell s'en éloigner en prenant iur la droite.
^CTLaisseR , Oublier. J'ai laiJfé ma montre à la maifon ,
j'ai oublié de la prendre. Quelquefois il iignihe iimple-
ment ne pas emporter. La'Jfe^ votre argent, de peur 5
des voleurs , ne l'emportez point.
■fT Quelquefois , Metttc en les mains de quelqu'un.'
Je n'ai point trouvé celui à qui la lettre étoit adrcP
iée : j'ai laijfe la lettre.
ffT Laisser , Dépofer , mettre en dépôt , confier.
Avant mon départ , j'ai iaijfé tous mes papiers à
mon ami. Il a laiffe fon argent entre les mains de
fa femme. On dit auiîî laijfer en dépôt.
ffT Laisser , Abandonner. C'eft un négligent qui
laijje tout à l'abandon. Il a laiffe fon_ ami dans
l'embarras , & s'eft iauvé. Il a laijfe là ion travail,
fon entteprife.
§3° Laisser , dans la fignification de céder. Je vous
laijfe tout le profit de cette aitaiie. Les ennemis
nous ont laiffe le champ de bataille.
Laisser , lignifie aulîi. Donner , léguer , tranfporter.
Legare , dare , concedere. Cet homme a laijfe tout
fon bien à ies^ enfms. Il a laifjé par fan tcftamenc
beaucoup à l'Églife. Il a laiJJ'e la" ferme de là terre
à tel prix. Alexandre laJJoit à les gens le profit de
fes conquêtes, &:ils lui en lajpisnt tome la gloire.
Laisser. , lignifie aulîi , Endm:er , permettre. Sinere,,
permittsrc. LaiJJé^-n\oi foupirer à mon aife. Se la'fjer
émouvoir aux impulfions de la grâce. Fen. Laif-
fc[ moi vivre à ma fantaifie. Laijfe^- moi h hberte
du choix de faire ce que je voudrai. On l'a laijfe
aller Se venir ians lui dire mot, on l'a laijfe iur
fa bouiîe foi. Il faut laifcr faire , laijferdhs , laijjer
penisr
L A I
penfer à chacun ce qu'il lui plaira. Il faut laiffcr
• allci: les cbofes connue elles vont. Ce Criti-
que ne Liijj'c rien pailer. On laijjc ciicr le peuple
quand on laijje vivre les foldics à dilcrérion. Il
s'eft laiJJé enfin perfuacler.
^fl' Se Laisser dire une cliole. Je me fuis laiJJc
dire telle nouvelle ; manière de s'exprimer allez
tndinaire , mais mauvaife , pour iaire entendre
qu'on a oui dire une choie , à laquelle oji n'ajoute
pas grande foi. Il faut dire tout iuiiplcment , on
m'a dit telle nouvelle, j'ai entendu dire telle chofc.
Il Icmblc que l'autre exprelîion annonce qu'il faille
fouftrir quelque violence qui contraigne à fe laijjer
dire : comme quand on dit, il s'ell laijji: battre.
§3" Quand laifjer s'emploie avec la négative, il a It
flgnihcation de celler , dilcontinucr j s'abftenir.
Malgré ce qu'on peut lui dire , il ne ImjJs pas
de taire tout ce qu'il s'étoit piopofc. On dit quel-
quefois .ablolument , Laiffe^ , laijje^ , pour dire,
c'ell allez. Il eft fimilier.
^j" On dit aulli , Il eft pauvre , mais il ne lai(fe pas
d'être honnête homme. Nihdominus vir probus eft.
Malgré le peu de vrailemblance , ce fait ne laiffc
pas d'être, ou que d'être vrai; pour dire , ce tait
clf vrai , quoique peu vraifemblablc.
Laisser , lîgnihe aulîl , Communiquer , donner, faire
refter. Ce vin laïffc un mauvais goût. L'encens brûlé
lalffc une bonne odeur dans la chambre. Le gibier
laijj'e quelques vertiges par oii il palle.
Laisser, feaitaulfien parlant de ce qui n'eft pas terme ,
, robufte , vigoureux. Ce jeune homme le laijj'e aller
en danlant , n'eft pas ferme lur les jambes. Ce ma-
lade lai\je tout aller lous lui. Eniiii il s'eft laijlc
mourir. Ce cheval bronche , &i le laijfc tomoer
trop louvent. Il s'eft lalffé aller iSc entramer au
courant.
^^ On dit familièrement qu'une fille s'eft /tî/Z/d'' aller ,
pour dire , qu'elle s'eft Laifté féduire.
§CF En termes de Challe , on dit laijfer courre les
chiens, pour dire , les lâcher après la bcte , & même
le lieudertinéà les lâcher , s'appelle le Laiffer courre.
§3" Laisser aller Ion cheval, en termes de Mané
ge , c'eft le laijfer marcher à la lantailîe, ne le pas
retenir de la bride , ou bien lui rendre toute la
main , & le faire aller de toute la vîtellc.
Laisser , fe dit aulfi en chofes morales. Je /ai Je
cela à votre prudence , à votre conduite. Pruden-
t'u tu.t relinquo , permuta. Pour dire , Je m'en rap-
porte à vous. Le Prince IdlJJe le loin à les WÉnillres
du gouvernement des affaires. Il le laiJJe aller à la
triftelle , au défelpoir. Il a laiffe une bonne opi-
nion de fon mérite , de fa valeur. Il iatjfe à fa
famille beaucoup d'honneur , un grand exemple
de vertu. L'Évangile dit que deux perfonnes étant
fous un même toit , une fera prife , l'autre fera
laiffee. Dieu ne /aijj'e jamais les Élus fans fecours ^
fans conlolation. Un Orateur dit aulli , Je /aiffe à
part mille .autres bonnes qualités , par une hgure
qui s'appelle Prete'rition. Cette parole qu'il a là
chée , lalffe beaucoup à penfer j donne occafion de
faire plulieurs réflexions.
On dit fîgurément , Laiffer quelqu'un dans la
nallë -^, pour dire , Le laiJJer dans un embarras ,
dans une méchante aftaire où on l'a engagé, & dont
on le tire loi-même.
On dit qu'une marchandile eft à prendre ou à
laiffer , pour dire qu'il en faut donner le prix que
le Marchand en demande , ou qu'on ne l'aura pas.
On dit encore en parlant de quelque chofe , qu'il
y a à prendre Se à laijfer , pjur dire , qu'il y a
du bon & du mauvais , &c qu'il faut lavoir choiiir.
On dit d'un enfont, ou d une perfonne infirme ,
& qui n'a pas la force de retenir fes excrémens ,
qu'il laiff'e tout aller fous lui.
Laisser , fe dit proverbialement en ces phrafes. On
ne laijfe pas de fémer pour les piicons ; c'eft à dire ,
qu'un petit inconvénient ne doit pas empêcher
l'entrcprife d'une bonne aftaire. On dit qu'il faut
laiJJer le monde comme il eft , pour dire , qu'il eft
Tome V.
LAI 385-
dangereux de troubler l'ordre qui eft dJj.x établi.
On dit qu'une hlle a laijj'é aller le chat au noma-
ge ; pour dire quelle a rait faux bond a ion hon-
neur. On dit qu'un homme a tau comme les belles
filles, qu'il s' cil laiffe aller ; pour dire, qu'il n'a
pu réfifter aux prières , aux importuiités d.' quel-
qu'un. On dit qu'un homme a laiye fcs bottes en
quelque endroit; pour diie, qu il y a luj/-: la vie.
On dit à ceux à qui on a /ajje la dernière p.iit, encore
y a t-il à choiiir , vous avez a prendre , ou a laijjer.
On dit qu'on a donné à queiju'un un ûr^ laijj'e •
pour dire , qu'on lui a fait clperer quelque profit ,
donc on l'a cnfuite fruftré. On dit , fe laijj'er tondre
la laine fur le dos, le laijfer mener par le nez com-
me un burtle; pour dire, fourtrir l'empire ou les
volontés d'autrui. Il vaut mieux laijj'er Ion entant
morveux , que de lui arracher le nez , louftrir un
petit mal pour en éviter un plus grand. On dit qu'un
homme a laijfe de fes plumes en quelque endroit ;
pour dire qu il y a fait quelque perte. On dit aylil ,
quon abeauêtte las , on ne larffe pas d'aller ; pour
dire , qu il le faut évertuer dans la néceiiltc.
LAISSES. L f. pi. On appelle lajfes , ou relais , les
terres que la mer a laniees lur le rivage.
Laisses, entérines de Vénerie, f^oye^ Laissées.
LAir. t. m. Liqueur blanche que la nature prépare
dans les mamelles des femmes pour nour.ir leurs
entans, ou dans les femelles des animaux vivipares
pour nourrir leurs petits. Lac. Le laiC , félon le
lentiment des Anciens , eft tait du lang ; mais la
plupart des Modernes loutiennent c,ue ce n'eit que
du chile tout pur qui eft porté par les artères aux
mamelles , & qui lans autre co-tion , eft criblé par
les glandes dont elles font compolee"; , de 1 1 nicmc
manière que l'urine dans les reins eft criblée au
travers des glandes rénales , lans y recevoir j^refque
d altération. Le lait eft un compcfj de globules
qui nagent dans une liqueur claire ëc tranfp.irente ,
qu'on appelle petit lait , & qui lont de diicrente
groft'eur , comme obferve M. Leuwenhoek. Le
lait eft compolé de trois fortes de parties , de bu-
tireufes , de caféeules & de léreules. Les bitureufes
font la crème j & ce qu'il y a d'onélueux qui s'é-
lève au dellus du lait , c'eft une graille fiabtile.
Les cafeeufes font les plus grolfières & celles qui
fe coagulent , &: dont on fait les fromages , c'ell
une fubftance niuqueule : & les féreufes font pro-
prement la lymphe , & ce qu'il y a déplus liquide,
que nous appelions le lait clair, ou le petit laie,
IJCF ou lait de beurre. C'eft une liqueur aqueule ,
chargée d'une matière faline & muqueufe; & cette
dernière , féparée du petit lait, eft ce qu'on ap-
pelle Sel ou Sucre de lait.
^fT On appelle lait coupé , du laie dans lequel on
a mis une portion d'eau.
Dans l'analvle du lait de vache Se de chèvre , la
liqueur aqueufe a une odeur agréable , & même la
liqueur ronfle ne lent pas mauvais, mais comme un
gâteau frais & un peu grillé; au lieu que le laità'k-
nelle dès le commencement de la diftillation , rend
une odeur fade & défagréible qui augmente de plus
en plus , & devient femblable à celle de la vieille
graiife , ou du vieux oing. Cette didérence femble
venir de ce que le lait de vache & de chèvre con-
tient à peu -près autant de matière butireule que de
caféeufe , ou de crème que de fromage , & que le
lait d'ânelfe contient trois ou quatre fois plus de
fromage que de crème. Além. de l' Acad. iji 2.
Le lait vient aux mamelles des femmes , quand
elles font grolfes de quatre mois. Leur lait fe perd,
fi on ne les tire. La fermentation du lait qui fe fait
aux premiers jours qu'une temme eft accouchée ,
lui donne une fièvre qu'on appelle Fièvre de Lût.
Ariftote dit que quelques hommes ont du lait aux
mamelles. Cardan dit en avoir vu un qui en avoir
aifez pour nourrir un enfant ; & les Relations de
l'Amérique difent , que les homrnes y en ont en
grande quantité. En fuçant le bout du fein d'un
homme, ou d'une fille j on fait enfin venir du laïc.
Ccc
%
386 LAI
Le lait aigri , ou conompu dans l'eftomac des
cnf.ms , leur caufe plulieurs maladies. Un rcmcde
excellem, à ce que prétend DoWel , Médecin de Mal-
i-nuyen, en Danemarck , dans une Dillertationqu il
a faite à ce fujet , ell de leur faire prendre un
verre d'eau filée, c'eft-à-dire , dans laquelle on a
jeccé & foit dilloudre un peu de lél. C'cll un cnie-
tique qui leur iait jetter toute la pourriture de l'elfo-
mac ; il allure qu'il ell éprouve das le nord , où les
payfans le donnent à leurs enfans avec luccès. Il dit
l'avoir éprouvé lui-même dans fa jeunelle , Se avoir
été guéri par-là. Au relte , ce remède n'a pas le luf-
fragefculdes payfans &: de l'expérience; Cclfe en a
parlé, L. I. c. j. Cependant comme les enfans font
toujours extrêmement délicats , pour éviter les mau-
vais eîfets que ce remède pourroit faire lur leur ven-
tricule tendre , M. Dohel croit cju'il vaut mieux en-
core prendre de la fiumure qui furnage fur le beurre
falé , lequel aura émoullé les pointes du fel. Le lait
aigjri qui nous paroît fi défagréable & quinous incom-
mode , ne fait aucun mal , Se paro'it fort bon aux
Arabes. Us le laillent aigrir pour le prendre ék: ils le
trouvent délicieux.
On appelle un veau de laiCj, un cochon de /ah,
ceux qui tettent encore.
On dit en ce fens , qu'un enfant a été nourri tout
d'un hzu , quand il n'a eu qu'une nourrice ; qu'il la
été de deux laies , quand il en a changé. On ap-
pelle un lait nouveau , jeune lait , celui d'une femm.-
accouchée depuis peu : un lait d'un an , quand il y a
un an qu'elle ell accouchée; un vieux lait, quand il y
a déjà long-temps qu'elle eft accouchée. On dit que
deux enfuis qui ont tetré d'un même lait , font hè-
res de lait : ce qui fe dit aulïï d'un nourrillbn , &
du fils de la nourrice du même âge. On appelle dents
de lait , les premières dents qui viennent aux entans
durant qu'ils tettent , Se qui tombent avec l'âge.
On dit figurémcnt , fucer une opinion , une doc-
trine , avec le lait , pour dire , l'apprendre , en être
inilruit dès la plus tendre enfance.
Titus Quvre les yeux :
Quel air refpïres tu j N'es-tu pas dans des lieux y
Où la haine des Rois avec le hjitfucee ,
Par crainte j ou par amour, ne peut être effacée ?
Rac.
Le lait eft un aliment pour les grandes perfonnes ,
qui fert quelquefois de remède. Les Tartares vivent
principaleiiK-nt de lait de jument. Les Anciens s'en
fervoient particulièrement , aulli bien que du lait de
chameaux. On met les malades au lait d'ànelle , au
lait de vache , pour les rafraîchir ; Se delà viennent
ces façons de parler : Etre au lait , prendre du lait.
On fait du fromage de lait de vache , de lait de chè-
vre , de lait de brebis , &c. Le lait fe caille par quel-
que acide , par la prélure. On mange du /ait cru îk du
lait bouilli. On appelle lait clair , ou petit lait , cette
férofité qui fe léparc du caillé par l'acide. Il a deux au-
tres fubftances ■, qui font le beurre & le homage.
F'oyez , fur la police du lait , le Traité de Police
de M. de la Mare , L. IV. T. Fil. Se L. F. T.
XXUI. c. VU. §. I.
On appelle , en terme de manège , des chevaux
foupe de lait , qui font roux & blancs , tirant fur l'I-
iabelle , Se qui relleniblent au potage au lait où l'on
a mis force lucre. Chevaux foupe_ de lait. On le dit
aulli de certains pigeons bhncs ilabelle , & ce font
les plus eftimés. V\d,eo\\s foupe de lait Acad. Fr.
On appelle , Fièvre de lait , une fièvre qui vient
aux femmes dans les premiers jours de leurs cou
ches, Se qui eft caufée par le /air qui commence à
leur venir. Fehris laclca. 33° Et lait répandu , un acci
dent qui arrive aux nouvelles accouchées qui ne veu
lent pas alaiter : fi la fièvre de lait ell: foible , &: de cour-
te durée , & qu'elle ne foit point luppléée par des vi-
danges abondantes ; alors le lait repompé dans le
fang , fe mêle avec lui , en altère inlenfiblcment la
LAI
mafle , &e devient la fource d'une infinité de maladies,
prefque toujours incurables.
gCT Caillement de lait , poil de lait. Autre accident
qui arrive aux femmes qui n'alaitent point , Se aux
nourrices qui ne lont pas luftitamment tétées. Ce qui
joint à plulieurs caules particulières , comme une pat-
lîon vive , un froid lubit , l'application des acides ou
des aftringens fur les mamelles , l'ulage de certains
alimens , fait cailler Se grumeller le la.it , enlortc
que la mamelle devient douloureule , Se très-dilpo-
fée à l'inhammation. Lorlque cette douleur occalion-
née par le lait caillé Se réduit en grumeaux , eft
accompagnée d'une douleur particulière que l'on a
ridiculement attribuée à un poil avalé par la femme
en buvant , & porté enfuite par la circulation dans
la fubftance tongueule des mamelles ; on donne alors
à cet état le nom de poil de lait. Pour remédier à
cet inconvénient , la femme n'a rien de mieux à taire
que de fe faire tetter par une perfonne qui loit allez
robufte pour attirer , à force de fuccion , le lait
grumelé. Se évacuer ainfi les mamelles.
Lait , le dit aulli de plulieurs liqueurs , tant naturelles
qu'artificielles , cjui rellemblent à du lait feulement
par la couleur. -Ct C'elf ainfi qu'en Botanique on
appelle lait cette liqueur blanche qui fort de certai-
nes plantes , quand on en coupe les tiges , les bran-
ches , les racines , les feuilles , les fruits ; Se l'on
donne le nom de laiteufes à ces fortes de plantes.
Laclefccntes. Le figuier , le tithymale , Sec. lont des
plantes laiteufes. Le lait de tithymale eft acide Se
corrofif. Le lait de figuier guérit , à ce qu'on dit , les
porreaux , ou vérues. Les œufs frais , cuits à pro-
pos , rendent du lait. On exprime du lait des aman-
des pilées , qu'on appelle Lait d'amandes. Lait de
chencvis. Il faut donner du laie de chenevis aux
fereins quand ils font malades. Le /ait de chenevis
fe fait ainli j vous prendrez une poignée de chenevis
que vous laverez dans de l'eau de fontaine , Se après,
vous l'écralcrez avec un pilon de bois , dans une
féconde eau ; vous exprimerez cela fortement dans
un linge blanc , & vous vous lervirez de cette eau ,
qu'on appelle Lait de chenevis. Hervieux. Le /ait de
chenevis échauffe les oileaux.
On appelle aulîî lait de chaux , la liqueur claire
Se blanche qu'on tire de la chaux , quand on l'éteint,
& dont on blanchit les murailles. Ce crépi s'appelle
albarium , en fous- entendant opus.
Lait de Bufrle. Le/jirde butïle entre dans la teinture des
toilej* Indiennes ; on le incle avec l'infufion de Ca-
doncaille. On le préfère à celui de vache , parce
qu'il eft beaucoup plus gras Se plus onftueux. Ce
lait produit pour les toiles le même eftet que la
gomme , Se les autres préparations que l'on emploie
pour le papier , afin qu'il ne boive pas. En eiict ,
j'ai éprouvé que notre encre peinte fur une toile
préparée avec le cadou s'étend beaucoup Se pénètre
de l'autre côté. Il en arrive de même à la peinture noi-
re des Indiens. P. Coeurdoux , Lettre Edif. T,
XXFI.
Pierre de lait , ou Moroclhus. On l'emploie en
Médecine pour provoquer le lait. On lui attribue
je ne fais combien d'autres propriétés , qui n'ont
jamais été bien conftatées. C'cft ce que d'autres ap-
pellent lait de lune.
Lait de la Lune. Terme de Chimie. I,ac Lum. C'eft cç
qu'on appelle autrement fleur d'argent ^flores argenti ;
Se pierre de latin, Moroclhus , lapis /acleus. C'eft une
terre blanche , poreule , friable, infipide , nuis qui fe
dilloutdans l'eau, & qui la teint en couleur de lait,
C'eft un fublimé , un extrait de la matière qui le trou-
ve communément dans les mines d'argent. C'eft delà
que lui vient fon nom. Harris.
LesNaruraliftes appellent aulîi lait de la lune, l'A-
garic follîle , qui n'eft pas le vrai Agaric , Se qui n'en
a qu'improprement le nom , & n'en a pas tous les
effets. Chorier , Hifl. de Dauph. L. I. T. L p. jJ".
Lait Virginal , eft une liqueur qui a été ainfi nom-
mée , parce qu'étant verfée dans de l'eau , elle la blan-
chit comme du lait ^ Se que les filles %'en fervent
\
L A I
|)our fe dccralTci- , 6c pour cmbellif Iciii- pcan. Le
/ait virginal fi; prcpait: av^c k Ici de Saturne dillous
dans du viiiaigte dilUllc , ou avec la Cciiuuie de ilo-
rax (J\: d; beiijuiii hiite avec de l'clpiit de vin. On en
fait de piulu uis autres manières.
En tenues de l'idlofophie hermétique , laie virgi-
nal , ou lait de la vierge , ou laie des l'iiiloloplies ,
/igniHe le mcicure iicrmérique , ou l.i pierre au blanc
fondante, &. projectée lur quelque métal qu'elle ciiangc
en /dit ; alors elle s'appelle or blanc , parce qu'elle a le
poids ik le volume de 1 or. Dans le langage du même
art, on dit cuire le laie , pour dire cuire le mercure des
Sages, ou cuire la pierre , &c lapoullcr jufqu'au rouge.
La pierre le nourrit de Ton laie , ou de l'on fperme ,
cela veut dire qu'elle ell engendrée du mercure her-
métique.
ffr Cliemin de laie, chemin de S. Jacques, en ftyle po-
pulaire, ordniairement voie laClée. f^oye:(ce mot.
fCT On appelle encore laie une certaine liqueur blanche
qui fc trouve dans un œuf frais , quand il elt cuit
bien à propos. Un œuf ell cuit comme il faut, quand
il a bien du laie.
Lait, le dit proverbialement en ces phrafcs. Si on lui
tordoirle nez, il en fortiroitdu /a/f /pour dire , il elf
encore jeune , ëc lans expérience. Il a avalé cetatfront
doux commelait ; c'eil à dire , il n'a pas ofés'en plain-
dre. On dit qu'on a troublé le laie à une nourrice -,
pour dire qu'on l'a engrolîée. On dit qu'on fait une
Vaché à laie d'une aftaire , quand on la tire en lon-
gueur , pour en tirer toujours du profit. On appelle
aufli vache à laie une perfonne , & par extenfion ,
Une choie dont on tire un profit continuel. On dit
qu'un homme a une dent de laie contre quelqu'un ;
pour dire, qu'il a une hame invétérée contre lui.
On dit aulîi , il me Icmble qu'on me bout du laie ,
quand on nous rend quelque fervice qui nous eft
agréable , quand on nous dit quelque chofe qui nous
fait plaifir; Se l'on dit dans un fens défavorable , il me
femble qu'on me fait bouillir du laie , quand on
me dit cela ; il femble qu'on fe mocque de moi ,
qu'on nie prend pour un enfant. Le peuple dit aulîî ,
vin fur laie , c'ell iouhait; laie fur vin , c'efl: venin;
c'eft à di'.e , qu'on dchre de fortir de l'enfance où
l'on n'ed nourri que de laie, pour palfer à l'âge où
l'on boit du vin ; & que laie fur vin eft venin , parce
que l'on ne remet au laie , que ceux qui font dan-
gereufement malades de phthyfie , & de défaillance.
Le peuple prend louvent ce proverbe en un autre
fens , comme s'il fignifioit qu'on peut boire du vin
après avoir mangé du laie , mais qu'il eft dangereux
& nuii'.blc de manger du /i7;r après avoir bu du vin;
de là vient qu'en quelques endroits , au lieu de c'ejl
fouhaie , on dit , vin fur laie , c'ejl le droie , c'eft à-
dirc , nSium ejl , mais ce n'elT: pas là le fens du pro-
verbe. On dit aulïî , prov. & hg. que le vin eft le laie
des vieillards. On dit aufti , qu'un homme fait con-
noître mouche en laie ; pour dire , qu'il n'eft pas
niais , qu'il lair l'air du monde. La plupart de ces
proverbes font bien bas , & ne fe difent qu'en ba-
dinant.
LAITAGE, f. m. Ce qui fe fait de lait , beurre , crcme ,
fromage. Laclaria , ou laclaneia. Les HoUandois tra-
fiquent beaucoup de /dir^.'e.
Alhi couper vos joncs , & prejfer vos laitages. Boil.
Dans l'île Britannique , au VII. fiècle , les laieages ,
ëc les œu.*-s mêmes , n'étoicnt point défendus en Carê-
me. Foye:{ Bédé III. Hijl. c. j.
LAITANCE, ou LAITE , f f. La partie des poiiîons
mâles où eft contenue leur femenre , & dont on ex-
prime une liqueur blanche qui rciTemble au lait. Pif-
as lacleapulpa. Les laieances de carpes font excellen-
tes. La laiee d'un hareng frais. A Paris on dit plus or-
dinairement laiee que laieance. Leuvenhoek ayant
examiné de près avec un bon microfcope la laieance
dune mcrue , trouva qu'elle contient plus d'ani-
maux vivans , qu'il ne peut y avoir d'hommes fur
terre. On doit regarder comme une chofe qui n'eft
pas ordinaire , ce que raconte un des Bartholins
Tome y.
LAI ^g;
qu'il a trouvé dans un poilfon nommé Àfdlus en
Latin , Se dont le merlan eft une clpccc , une lai-
ee , ik. des œufs. Journ. de lô^jj. L'Auteur écrit
laieee avec deux et.
(Jn appelle auiîi laitance de cliaux j le lait de chaux
dont on a parlé ci dellus. Calx acjuâ mulcâ dduca.
f oye^ Lait.
LAIIE. yoye:[ Laitance.
LAITE , LE , adj. Terme qui s'applique au PoifTon qui
a de la laite. Pinguis laciariâpulpâ. Carpe laicée. Ha-
reng laite.
LAITÉE , f. f. Eft un nom que les Challeurs donnent à
la portée d'une lice , ou de quelques autres animaux ,
pour comprendre tous les petits d'une portée.
LAITERIE, f. f. Lieu où l'on Icrre le lait , où 1 on bat
le beurre , où (e fait le fromage. Cella la'clana , lac-
tarium. Il y a dans la ménagerie du Ch.îtcau de Mcu-
don une fort magnifique laiecne.
LAITERON , vulgairement LACERON , f. m. Son-
chus. Plante , dont il y a deux efpèces générales j
une liile , l'autre rude & épineufe. Le laiecron lilîe
a une petite racine hbrée , blanche ; fa tige croit à la
hauteur d'un pied Se demi , creulc en dedans , ren-
dre , de couleur purpurine ; les feuilles lont lon-
gues , lilles , découpées comme celles de la dent de
lioii , dentelées , rangées alternativement ; les Heurs
Jiaiiient au lommet des branches par bouquets à demi-
fleurons jaunes , plus petites que celles de la dent de
lion. Quand ces Heurs font pallécs , leur calice de-
vient un huit qui foutier.t de petites femcnces oblon-
gues , garnies chacune d'une aigrette. Cette plante
rend un lue laiteux ; elle eft bonne à manger. On
l'appelle aufti palais de lièvre , parce que les lièvres
en lont friands ; brejferon , ou laceron. En Latin fon-
chus lavis laciniaeus laeifolius. C. Bauh. Pin. i 14. Le
laiecron rude a fes feuilles entières , ou peu laciniées ,
approchantes de celles de l'endive , embrallar.t la tige
par leur baie , de couleur vertc-oblcure i^' luilante ,
garnies d'épines longues , dures Sx. piquantes. Ses
rieurs , les Icmences & fes racines , font femblables
à celles du laiecron lille ; il rend aufli un fuc laiteux.
En Linn fonchus afpcr non laciniaeus. C. Bauh. Pin,
ii3. Ces deux etpèces de laiecron font humeétantes,
rafr.aichillantes , apéritives , on s'en fert pour les in-
flammations du foie , de la poitrine , & pour puri-
fier le iang. Ménage Se Voflîus dérivent ce mot de lac~
eorones , ou de lacions.
LAITEUX, EUSE, adj. Terme de Botanique
qui fc dit de certaines plantes qui ont un fuc blanc
fcmblable à du lait. Le figuier , le tithymalc , le L^.ite-
ron , font des plantes laieeufcs. La&ens ou laclejcens.
On trouve dans les Antilles un arbre que les ha-
bitans appellent arbre laiceux , à eau le que quand.
on l'incile , il rend une grande quantité de lait. Ce
lait , loin d'être cauftique & dangereux , comme
on l'a dit dans la précédente édition , eft , au con •
traire , un fouverain remède pour la réunion & mon-
dification des plaies : on s'en icrt auflî intérieure-
ment avec iuccès , pour la fièvre , pour la dyflènte-
rie , & pour la coiique. roye^ le P. Labat , page j 24»
du II. Tome de fes 'Voyages en l'Amériqueé
L'arbre eft fi tendre qu'on cafle fes branches en le
branlant , ainfi elles iautent toutes en pièces i'i l'on
y donne un coup de bâton. Il croit gros comme
la jambe , fort égal depuis le bas julqu'à fa cime ,
& haut de deux piques. L'extrémité de Ces bran-
ches , qui font fort courtes , eft plus grofle que le
milieu. Il porte au bout de chaque branche une ving-
taine de fleurs blanches d'aflez bonne cdcur , & qui
reflemblent à celles du jafmin. Elles font beaucoup
plus grandes , & à leur chute quinze ou vingr feuilles
croilfent au même endroit , longues de deux pies j 8c
larges de quatre doigts , qui finilTent en pointe ,
enlorre qu'on les prendroit pour des lames de poi-
gnards.
§CF Les Lapidaires appellent au'nilaieeu/ès , des pierres
fines tranfparentes, dont la couleur tirant fur le lait ,
diminue beaucoup la valeur. Une opale laieeufe ,
dont le blanc eft trouble. Foyei Opale.
Ccc ij
3
88
L A I
LAITIER , f. m. Terme de grolfes Forges. C'eft une
certaine matière ccumeufe qui fort du fourneau où
l'on fait fondre la mine. Spuma ferri. Cette matiè-
re vient , iion-feulemcnt de la mine , mais encore
plus de la cailinc qu'on met avec la mine pour en
faciliter la fulion , comme on met du borax pour
fondre l'or , Se du falpêtre pour fondre l'argent.
Les laitiers font criftaliles , d'une couleur bleuâtre
tirant fur le vert. Les laitiers ne font propres à rien ;
mais comme ils emportent toujours avec eux quelque
portion de fer , les Forgerons ont foin de les hrire
piler dans un moulin fait exprès , aiin d'en tirer le
fer qu'ils ont charrié avec eux.
LAITIERE, f. f. Femme qui vend du lait , qu£ lac ven-
dit. Les Laitières portent leur pot au lait lur la tête avec
une merveilleufe adreffe.
Ce mot fe ditaullides nourrices qui ont beaucoup
de lait. Laclans nutrià. Le lait de cette nourrice cil
bon , mais elle n'eîl pas grande laitière. En ce fens ,
il ne fe peut dire qu'en parlant familièrement.
Ce mot fe dit aulli des vaches qui donnent beau-
coup de lait. Par une Ordonnance de Police du 4.
de Novembre 1701 , il eft permis aux Bralleurs de
vendre aux particuliers qui nourrilfent des vaches
laitières le marc de l'orge moulu, vulgairement ap-
pelé Drcfche, &c aux particuliers d'en nourrir* leurs
vaches , pourvu que la dtefche ne loit point aigrie.
Traité de Police , L. IF. Titre FIL page s/û , S77-
LAITON , ou LETON. Le premier ell le plus ordi-
naire , f. m. Métal fi'flice , qui fe fait avec du cui-
vre rouge , dans lequel on mêle de la calamine , qui
cil im minéral jaune, dont il y a abondance au pays
de Liège , qui augmente le poids du métal. Orichal-
cum , aurichalcum. De cent livres de cuivre rouge ,
& de cent livres de pierre calaminaire fondus en-
femble , il le forme cent cinquante livres de cuivre
jaune , ou laiton. Le mélange en eft plus ou moins
t;rand , félon l'ouvrage qu'on veut faire. On diloit au-
trefois laton.
Ce mot vient du Flamand lateon , ou de l'Anglois
latton. D'autres difent , qu'il vient de elcclum , quia
ejl metallum faclitium. Aurichalcum lignifie propre-
ment du cuivre d'or , ou du cuivre qui paroit or ;
& orichalcum fignifie du cuivre de montagne , «V" .
mons , montagne , & >:«/x«, cuivre , airain. M. Huet
dérive ce mot laiton de Utwm , qui en langue de
Galles j lignifie la même chofe.
En termes du grand Ait , laiton des Philofophes
fignifie l'élément de la terre , ou le corps immonde.
Laiton non net y c'eft matière parvenue au noir. Lai-
ton blanc des Philofophes , c'eft le Mercure hermé-
tique , ou la Lune des Sages. Laiton rouge des Phi-
lofophes , c'eft l'or , ou l'airain des Philofophes , ou
leur pierre parhite au rouge. Laver le laiton lept
fois dans le Jourdain , comme Naamin le Lépreux ,
cxprellion figurée , qui veut dire ici , toujours , long-
temps , autant qu'il but. Blanchir le laiton , c'eft ftire
devenir blanche la matière , de noire qu'elle étoit ,
ce qui le ftit par l'opération appelée lavement des
Philolophes.
LAITUE , f. f. Plante dont il y a deux efpèces géné-
rales , une cultivée , Se l'autre lauvage. Lacluca. La
laitue cultivée, ou domrftique, comprend pluiicuis
efpèces. La plus commune , que C. Bauhin appelle
lacluca fativa , PiN..i2i. a fes feuilles longues , lar-
ges , ridées , de couleur verte-pâle , pleine d'un fuc
laiteux , agréable au goût pendant qu'elle eft jeune ,
m.ais qui eft amer , quand la tige eft venue. Cette
tige fe divife en beaucoup de rameaux , portant en
leurs fommités de petites Heurs jaunes , qui font
des bouquets à demi fleurons , foutenus par un ca-
lice un peu long , grêle , compofé de feuilles en
écailles. Lorfque ces fleurs font pallées , il leur lue
cède des femences o,blongiics , pointues par les deux
bouts , de couleur cendrée , garnies d'aigrettes.
Cette efpècc de laitue eft pommée , ou non pom-
mée.
Il y a une autre efpcce de laitue Romaine ; en
Latin lacluca Romana , longa , dulcis. J. Bauh. 1 .
L AL
Pin. 99S. Sa feuille eft longue , médiocrement large,
légèrement découpée , garnie en dellous le long de
fa côte de petites épines. Sa fleur eft femblable à
celle de la laitue commune : la lemence eft noire.
ifT La laitue crêpe ou crêpée , lacluca crijpa &c tenuicer
dijfecla , a fcs feuilles découpées j pliess & repliées
comme une crêpe. Ses fleurs lont comme celles des
autres elpèces. Sa fcmence eft blanche.
^fT La grofté crêpe eft très douce , tendre & délicate. La
petite crêpe , ou petite noire , ainfi nommée parce que
fa graine eft noire , a les feuilles d'un vert jaunâtre ,
entalîées en pomme , dentelées &: très-frilees. Celle
qu'on appelle ronde, n'eft prcfque pas frifée , & vient
afléz grolfc. Les graines des deux premières fourniflent
les laitues à couper. Les Jardiniers cultivent plufieurs
autres efpèces de laitues , dont on trouve le détail
dans tous les livres de jardinage. Laitue cabufe ou
pommée , dont le nom eft devenu générique ■, la
george , l'auberviliers , la grolfe blonde , la dauphine ,
la bapaume , la batavia , la fanguine , la coquille , la
paillon , la verfaille , la cocalfe , &c.
Il y a aulli plufieurs efpèces de laitues fauvages.
Les laitues humeétent , rafraîchillent , tempèrent
l'âcreté des humeurs , & provoquent le fommcil.
On a trouvé au Pérou Aes laitues qui peloient juf-
qu'à lept livres & demie.
La laitue a été ainfi appellée , parce qu'elle eft de
toutes les plantes potagères , celle qui rend le plus
de lait.
LAÏUS , f m. Fils de Labdacus , Roi de Thèbes.
LAIX , ou LAIS. Terme de Coutumes. Foyei Laie ,
■ terme de Coutumes.
LAIZE, f f. Terme de manufaélure. Largeur qu'u-
ne étofte , ou une toile j doit avoir entre les deux
lifières.
Laize de Bonjon. Terme de Manufaélures de toiles ^
particulièrement en ufage dans celles de Norman-
die. Il fignifie la largeur d'une toile faite dans les rots
d'une aune , en forte qu'elle le trouve de trois quarts
& demi un fixième de large.
L A K.
LAPCIUM , ou BISKOPS LACK , bourg du Cercle
d'Autriche en Allemagne. Lakium. Il eft dans la
Carniole , fur la petite rivière de Zéir , environ à
deux lieues de Crainbourg. Quelques Géographes
prennent Lakium pour la petite ville de la Pannonie
lupérieure , nommée anciennement Fntorium La-
tovicorum , que d'autres mettent à Pridanik , village
de la Carniole , fitué fur la rivière de Gurek , vers
le lac de Czernicz. Maty.
L A L.
^fT LALA. f. m. Titre d'honneur que le Sultan donne
aux Vilirs , & à un Grand de l'Empire. Ce mot fi-
gnifie tuteur. Ils font les gardiens & les tuteurs is&
frères du Sultan.
LALAIN. Nom d'un bourg , avec un château & df
tre de Duché. Lalinum. Il eft dans la Flandre , fur
la Scarpe , environ à une lieue au-dellous de Douai
Maty.
LALAND. Nom d'une Ile du Danemarck. Lalanâia.
Elle eft dans la mer Baltique , près de la côte méri-
dionale de celle de Séclande. Laland eft une petite
Ile qui n'a que huit lieues de long , & quatre de
large; mais elle eft très fertile en grains, & fur tout
en froment dont elle pourvoit la ville de Coppenha-
gue & les autres lieux voifms où il eft rare. Les
Flollandois en tirent tous les ans quantité de grains &
de pois. Elle a Ion Gouverneur p.articulicr , duquel
dépendent plufieurs petites îles voifines. Ses lieux
principaux font NaxkoWj capitale, Saxkoping, &
Nvfted. Maty.
LALBENQUE. Petite ville de France dans le Querci ,
Généralité de Montauban.
LALI, CASILIRMAR, ou OTIvlAGIUCHL Nom
d'une rivière de la Natolie en Aile. Halys. Elle
L A M
baigne Otmaginch & Ce décharge clans la mer Noire ,
à fcpt lieues de Sinii(b, vers le couchant. Matv.
LALLUS. f. m. Terme de Mythologie. Nom d'un dieu
des anciens Romains. Lallus. C'étoit celui qui préli
doit aux enfantillages que les nourrices font pour di-
vertir leurs noiurillons, aux mots enfantins qu'elles
leur difent , comme lalla mamma , pour leur appren-
dre infenfiblcment à prononcer quelques mots; Sic
même, comme il paroitpar l'Epitrc XVI d'Aufonc ,
V. 90 &: 91 , aux chantons qu'on leur chantoit pour
les endormir. Voyc\ Turncbe , Adv. L. XVIII. c.
^4. Lallare lignifie chanter pour endormir les enbns.
ICTLALONDE. f. f. Jafmin de lilc de Madagafcar ,
dont l'odeur cil très agréable. Il a la feuille plus gran-
de que nos jafmins d'Europe, & croît en arbrilleau ,
fans s'attacher à d'autres arbres.
L A M.
LAM. f. m. Terme de Grammaire Arabique. Nom de
la vingt troiiième lettre de l'Alphabet des Arabes, la
quelle répond à notre L. Lam. S'arrage , Auteur Ara-
be , explique les myllcres des Lam , dans (on livre in-
titulé EiiLan. D'Herbelot. Le Lam elf aulîî une lettre
numérale en Arabe, qui lignifie 50. Cafid. 'Lz Lam
cftaullî une prépolition qui a didérentes lignifications.
Le P, Souciet dans les Dillertations Critiques , page
4p() , montre quelle lignifie la fin qu'on fe propoie.
LAMA. f. m. Terme de Relation. Prêtre des Tartares
Occideiîtaux , voifins de la Chine. Prêtre idolâtre du
Top.bu , ou du Royaume de Thibet & de Baraniola ,
lequel eft fort relpeéfé par les Tartares, que les Chi-
nois appellent Occidentaux à leur égard. Sacerdos
Tartarus , Sacrificulus Tartarus ^ Lama. Ces Tarta-
les, qui ne (ont pas tout à-fait idolâtres, louffrent
néanmoins que ces Lamas ayent des Temples chez
eux. D'Herbelot Quelques-uns dilent Lamas mê-
me au Imgulicr. Les Tartares ont un grand Lamas
qui ell kur Grand Prêtre qu'ils appellent aulîi Baran-
tola & Lalla. Dans le Royaume de Tangut, il cil la
féconde perfonne du Royaume , & après le Roi il a
le plus d'autorité. Non-feulcmcnt ,les peuples , mais
même les Rois voifins viennent l'adorer dans le fond
de fon Palais j où il reçoit leurs hommages allis com-
me une divinité. Aucun de ces Rois n'ell intronifé,
s'il n'a auparavant envoyé des Amballadeurs à ce
grand Lama , avec des prélens pour obtenir la béné-
diélion. Voyc^ Kirker , China Illujl. L. II. c. 4. Les
Lamas font fort adonnés à la Magic. Les Lamas font
les Prêtres Tartares & les plus fuperftitieux de tous
les Bonzes. P. Le Comte. Ce font les dilciplesdeFô ,
que les Siamois ont appelés Talapoins , les Tartares
Lamas ou LamasSem , les Japonois Bonzes , & les
Chinois Hocham. Idem. La Reine , mère de l'Empe-
reur de la Chine, étoit fort entêtée de la Religion des
Lamas , Prêtres Tartares, & les plus fuperftitieux de
tous les Bonzes. Idem. De nouvelles lumières qu'eut
l'Empereur (de la Chine) lui découvrirent l'inno-
cence du Prince dépofc, & les artifices qui avoient
été employés pour le perdre. Il lut que pour y réullir
le Régulo avoir eu recours à la Magie, & à divers
preftigesi & que par linftigation de certains Lamas
fort expérimentés dans l'ulage des fortiléges , il avoit
fait enterrer une ftatuc en Tartarie , en accompagnant
cette cérémonie de plufieurs opérations magiques.
L'Empereur envoya fur le champ faifir ces Lamas ^ 8c
déterrer la ftatue , le Régulo eut fon Palais pour pri-
fon , 8c fut condamné à un châtiment qui marquoit
allfc l'indignation de l'Empereur. Lett. Edif. T. X.
P- 122.
LAMANAGE. f. m. Terme de Marine. C'eft le travail
des Mariniers qui conduilent un navire à l'entrée ou
à la lortie d'un porc ou d'une rivière ^ particulièrement
aux lieux où l'entrée ell difficile. Res naucleraria ^ lït-
torum peruia. On l'appelle aulli menu pilotage &
louage. On intente des actions en Juftice pour le la-
manage.
LAMANEUR. f m. Terme de Marine. Pilote, ou
Marinier qui fait le lamanage. C'eft un homme qui
LAM 389
rélide dans un port , qui en conno'it les entrées & les
illues , &c qui conduit les vaillcaux étrangers dans les
rades , ou dans les ports , lorfquc les parages fjiit
dangereux , 8c inconnus à ceux qui abordent. Nau-
clerus iiuorarius ,ponuarius. On les appelle aulîi Loc-
mans , ou LormanSj ou Lomcns. Le litre III du IV
Livre des nouvelles Ordonnances de la Marine , con-
tient les Réglemens faits pour les Pilotes. Lamancurs
ou Locmans. Ils doivent avoir vingt- cinq ans pour
être reçus, après un examen en la Juftice de l'Ami-
rauté, où on leur taxe leur lalairc; 8c fi le vailibau
qu'ils conduifent échoue par leur ignorance, ils fonc
condamnés au fouet; li c'ell par malice, ils font pen-
dus à un mât. Les Lamaneurs (ont aulli des Pilotes de
rivières vers leurs embouchures , qu'on loue pour évi-
ter les bancs, fequcs , fyrtcs & autres dangers; parce
que l'Océan &: les eaux d'amont les font changer de
place prefquc tous les ans , & fur-tout vers Rouen , où
il y a des Lamaneurs Jurés de deux lieues en deux
lieues.
Luitprand dit que ce mot vient de lomen , ou guide.
D'autres difent que Lamaneur eft dit , quajî laborans
manu, à cau(c qu'il (i: (ert fouvent de cordes, crocs ,
harpins & avirons, pour mettre un vaiftèau en rade
ou en furin. Il y a plus d'apparence qu'il vient de
I^oman, qui, en langage Celtique, ou Bas -Breton ,
(ignifie Maure de Navire.
LAMANTIN. Foyei Lamentin.
LAMARIE. (. t. C'eft ainfi que quelques-uns appellent
la plante qui fert à hiire la foudc. Voyei Soude.
LAMBACH. Voyei Lampach.
LAMBAD. i. m. Vent de fcptentrion qui foufïle à
Smyrne tous les jours depuis l'équinoxe de Mars ]u£-
qu'à celui de Septembre , 8c depuis les neuf heures
du matin jufqu'à neuf heures du (bir. Boreas. Du
Loir, p. 16 ,
LAMBALE. Petite ville de Frarce. Lamhalium. Elle eft:
dans la Bretagne, à cinq lieues de Saint Brieux, vers
l'orient méridional. Maty.
03" C'étoit anciennement la capitale des Ambiliates,
dont parle Céfar. Elle eft aujourd'hui regardée com-
me le chef lieu du Duché de Penrhievre. Long, i y.
d. 4', lar. 48. d. 28'.
LAMBALOIS, OISE, f m. & f. Qui eft de Lambale.
Lambalenfîs , Ambilias , Amhialites. Dans les édi-
tions de Céfar , Comm. Liv. III, on trouve Ambïba-
rii; mais Cluvier a averti dans fa Germania Antiqua ,
Lib. II , que les anciens manufcrits portent Ambilia-
tes , ou Amhiaiuts. Céfar eft le (eul des anciens qui
parle de ce peuple , que quelques-uns prennent pour
ceux d'Avranche. Hadr. "Valoisj Not. Gall.p. 16 .
Yi' Ambiliates j en y joignant l'article François le , là ,
on a fait Lambale 8c Lambalois.
LAMBDA. 1. m. Terme de Grammaire Greque. C'eft
le nom de la douzième lettre de l'Alphabet des Grecs.
Lambda. Le Lambda ell une liquide immuable.
PoRT-R. Dans les nombres, le Lambda vaut 50. Sa
figure eft A & ^ (ur les Médailles , quand il lignifie
Aoitâô«»7«5 , il a celle de \'L. Latine. Les Attiques le
mettent pour ni. Port-R. On le change aulîi en à.
Idem.
Lambda vient de l'Hébreu Lamed , ou du vieu.x
Syrien Lambda. Idem.
LAAIDBOIDE. adj. f. Terme d'Anatomie. C'eft une épi-
thète qu'on donne à la troiheme (uture vraie du
crâne , parce qu'elle rclfemblc à la lettre que les Grecs
nomment ^, Lambda. Par la même railbn on l'ap-
pelle Ypjîlo'ide , parce qu'elle a quelque apparence
d'un Ypfilon, ou ï Grec.
LAMBEAU, f m. Textifegmentum ,fegmen. Morceau
d'une étofté vieille, ou déchirée. Cet habit s'en va
tout en lambeaux. Il ne changeoit point d'habit que
celui qu'il portoit ne s'en allât tout en lambeaux.
BouH. Xav. L. VI.
On voit fur les chemins l'équipage en lambeaux ,
Des mulets décharnés , des ombres de chevaux.
Renard,
390 L A M
Ménage dei-ive ce mot de lamina, 6c dit qu'on en
a fait iamba Se ion diminutif /ambeHum; ou bien de
limbus qui lignihe la même chofe. Borel le dérive de
flambe, aullî-bieii que l'oriliamme.
Dans la -balle Latinité on ttouve labdlus , pour
fignifier un ornement précieux qui pendoit des ge-
noux, ou à la hauteur des genoux ; 6c c'cft de la , fé-
lon quelques uns, que s'elt fait /a^f^u j & puis lam-
beau. Peut-être labeltus venoit-il de lïmbus.
Lambeau , fe ditaufli figurément en Morale. Je n'ai re-
tenu que quelques lambeaux de ce diicours. Les écrits
de cet Auteur font péris, il ne nous en rcfte que quel-
ques fragmens , ou lambeaux. Dans la décadence de
l'Empire Romain , Jes Barbares emportèrent chacun
ion lambeau.
Efiropicr Horace, en foi fi méthodique.
Pour coudre à jes leçons des préceptes nouveaux,
-Fmrquoi le déchirer & le mettre en lambeaux ;
On dit en ftyle dogmatique, mettre en lambeaux
un Auteur , un Livre , un pallage.
Lambeau, en termes de Chalfe, fe ditaulll d'une peau
velue du bois du cerf, qu'il dépouille en certain tems.
■Cornu cervini vdli.
I^tLambeau, en termes de Chapelier , c'efl: un mor-
ceau de toile forte que l'on met entre chaque capade ,
pour empêcher qu'elles ne fe joignent, tandis qu'on
Jes bîitit pour en faire un chapeau. C'elt le lambeau
•qui donne la figure au chapeau , & fur lequel chaque
capade le forme.
Lambeau , ou Lameel , en termes de Blafon , efl: une ef-
pèce de brifure la plus noble de toutes, qui le forme
par un filet qui fe met ordinairement au milieii & le
long du chef de l'écu, lans quil touche fes extrémités.
Tcjjerarius parm& limbus. Sa largeur doit être de la
neuvième partie du chef. Il eft garni de pendans qui
jellémblent au fer d'une coignée , ou plutôt aux gout-
tes qu'on repréfente en Architecture , dans la frife de
l'ordre Dorique fous les triglyphes. Quand il y a plus
de trois pendans, il faut en fpcciher le nombre, & on
en mer quelquefois jufqu'à lix dans les écus des cadets,
îîichelet prétend qu'on ne dit ^Xws^lambel, & qu'il
faut toujours dire lambeau. C'elf précilément le con-
Traii-e. Les lambeaux étoient originairetnent une el-
pèce d'écharpe , de collet ou de jarretière à languettes
ou aiguillettes pendantes, que les jeunes gens por-
toient au cou , comme on y porte maintenant les cra-
vates. Ces rubans s'attachoient au cou du heaume , &
quand il étoit placé fur l'écu , il en couvroir la partie
la plus haute \ ce qui fervoit à diftinguer les enhms de
''leurs pères, parce qu'il n'y avoir que ceux qui n'é-
toicnt pas manés qui en pprtalfent , ce qui a donné
Gccalion d'en faire des brifures. On les appeloit alors
labels &: labeaux. C'étoit aulll des bandes étroites
propres à lier des guirlandes & des couronnes, dont
les bouts étoient pendans. C'ell aulii de l'ancien ulage
de porter des lambeaux autour de la tête en forme de
diadème, qu'ell venu celui de mettre des lambeaux en
chef fur les écus. Pluheurs des anciens lambeaux
avoient4, j, 6, 7 & 8 becs ou pendans , comme
pointe de râteau; ce qui les a fait appeler par les Ita-
liens Radelli; mais depuis on leur a donné plus dé-
tendue, à caulé qit'on les a chargés quelquefois dlier-
mines, de fleursde lis , & autres femblables pièces.
Quelques-uns ont fait brocher le lambcl lur les pièces
princioales de l'écu.
LAMBEL. f. m. Tefferariùs parm^ limbus. Terme de
Blafon , qui vient d'être défini. C'elf la première bri-
fure de l'écu que portent les cadets,^ pour les dilUn-
guer d'avec les armes pleines des aînés. Ainli le Duc
d'Orléans, fécond fils de France , porte d'azur chargé
• de trois fleurs de lis d'or, brifé d'un lambel de trois
pendans d'argent.
LAMBERT, f. m. Nom d'homme. Landehertus ,Lant-
hertus. S. Lambert naquit à Macftricht, peu après
l'an 640 , de parens nobles & d'une famille qui étoit
Chrétienne depuis plufieurs générations. Eah.let. Il
fut tait Évêque de Maeftricht la patrie ea 66S ,
L A M
& foufFrit la mort pour la Foi , l'an 708.
Le pays de Lambert. Regio Lamberti. C'efl: ua
côté de la Groenlande. Elle eft fous le foixante dix-
huitième degré de latitude, & a été découverte par les
Hollandois , l'an 1670 ; mais on n'en dit rien de par-
ticulier. Maty.
LAMBESC. Petite ville de France. Lambefia , lambef-
cum. Elle eft dans la Provence , à trois ou quatre
lieues d'Aix ^ vers le couch.rnt feptentrional. Comme
cette ville eft bien bâtie , que fon terroir eft fort beau
& fon air fore pur,on y tient ordinairement rallëmblée
des États de la Province. Long. 23 d. y'jlat. 43.
d. 3i'.
LAMBESC A, autrefois L AMBhSC. Za/n^ejG , Lam-
pefa. C'étoit anciennement une ville Epilcopale de
la Numidie; maintenant ce n'eft qu'un petit bourg
du Royaume d'Alger , lîtué fur le Sufegmar , dans le
Royaume de Conftantine, à huit lieues de la ville de
ce nom vers le midi. Maty. Le Concile de Lambefca
fut allemblé l'an 24s de J. C.
LAMBETH. Village d'Angleterre, fitué fur laTamife,
vis à-vis de la ville de Weftminfter , partie de celle de
Londres. Lambetha ,Lametha. Il y a dans ce village
un Palais des Archevêques de Canrorbéry , dans le-,
quel ces Prélats font ordinairement leur réfidence.
Maty.
LAMBEY. Petite île du Comté de Dublin en Irlande.
Elle eft près de la côte entre la ville de Dublin Se celle
deDroghcda. Quelques Géographes la prennent pouE
celle que les Anciens nommoient Limnos , que d'au-;
très pLacent à Rameiéy , petite île fituée fur la côte da
Comté de Pembrockj en Angleterre, vis-à-vis de la
ville de Saint Davids. Maty.
IIO'LAMBEYE. Petite ville de France, dans leBéarn,
Diocèle de Lefcar.
LAMBIN, f. m. LAMBINE, f. f. Lentdus , piger , tar'
dus. Ce terme eft populaire , ou irimilier. Il fignifie,
qui eft lent jufqu'à chagriner , jufqu'à donner de
l'ennui. Cet homme eft un vrai lambin. Cette femme
eft une vraie lambine.
LAMBINER, v. n. Terme familier. Faire ce que l'on
fait lentement , avec nonchalance. Pigrari , pigri-
tari , cunclari, ce(jare , ofcitanter agere. Qui m'a
donné ce grand piuelleux là î il ne fait que lambiner.
11 ne faut pas lambiner. Ac. Fr.
LAMBIQUEK. v. a. Vieux- mot. Diftiller.
LAMBIS. f. m. Major cochlea Umax Grand limaçon,
qui fe trouve dans les mers des îles de l'Amérique.
Sa coque eft li grolle qu'elle pefe quelquefois fix
livres. Elle forme une efpèce de roche , tant elle eft
dure, & relevée en quelques endroits par de pe-
tites pointes. On en compofe un ciment qui re-
lifte a la pluie. Les Sauvages en mangent la chair.
Le Larnbis a peut être eu ce nom à caufe que le
poillbn qui le fait mouvoir a la figure d'une grolFe
langue, qui lèche ( /jot^;/: ) cette humeur gluante
qui" s'attache fur les rochers que la mer baigne de
fes Hors. C'eft un des plus gros coquillages qui
fe voient. Il eft du genre des murex ou rochers.
C'eft une efpèce d'araignée , dont la queue , ainfî
que la clavicule , eft pointue. Le Lamhis eft rc-
troufié par l'un de fes bords , comme' pour faire mieux
paro'itre la belle couleur purpurine qui l'enrichir
au dedans. Mais fa malle étant a^Fez grollière &
hériiréepardcHus de plufieurs boflés rudes &: poin-
tues , lui fermeroit la porte des cabinets , fi l'arti-
fice, en lui enlevant fa première jrobe , ne décou-
vroit la bigarrure & le poli de l'écaillé marquetée ,
qu'il porte fous cet liabit de campagne. Le p^llon
qui loge fous les cavernes de cette petite roche
mouvante , eft (i gros , qu'il en faut peu pour gar-
nir un plat. Il peut être admis fur les tables dch«a-
tes> pourvu qu'il foit bien cuit, &■ .encore mieux
poivré , parce qu'il eft fort indigcfte. Le ciment !
qu'on en tire fe fait en calcinant le lambis , Se le \
mêlant avec du fable de rivière. Ce lambis s'enton' '
liant aulîi comme un cor de chade, & s'entendant
de fort loin , quelques habitans des Antilles s'en
ferveiu pour appeler leurs gens au repas.
Lonvil-
L A M
Icrs de PoiiKy , Hijl. Nat. des Antilles , ch. i ç ,
arc. û.
LAMBOURDE, f. f. Laquearium , tigilla. Terme de
Charpcntciie. Pièce de bois de fciage qui a riois
pouces en cane , èc qui icrc à foutenii' le païqucc ,
ou les ais d'un plancher, &: que pour l'ordinaire
on pofe obliquement à quelques pieds de diilance.
Ce (ont aulli des pièces de bois entaillées , qu'on
met au côté Acs poutres , & fur lelquclles on poie les
folives.
gS" Lambourde , ou Franc-Banc. Terme de Car-
rier & de Maçon. C'ellainii qu'on appelle le der-
nier des bancs ou lits de pierre de taille qui le trou-
vent dans les carrières des environs de Paris. La
Lambourde a l'avantage de pouvoir être délitée fans
danger.
ÇC/" On appelle Lambourdes j en Jardinage , de petites
branches qui ne s'élèvent point droit comme les
autres , mais fur les côtés , &: en manière de dard ,
principalement dans les arbres à pépin. C'ell: lur
ces lambourdes que naillent principalement les bou-
tons à fruit.
LAMBREQUINS, f. m. pi. Fluentes pcr ambitum laci-
nU. Terme de Blalon. Quelques-uns difent lamc-
quin, & d'autres lambequin. Les lambrequins (ont des
morceaux d'étoftcs découpés , qui dclccndcnt du cal-
que , & qui cocrtent & cmbrallent l'Ecu pour lui
fervir d'ornement. C'étoit l'ancienne couverture
des calques , comme la cotte d'armes étoit celle
du rclte de l'armure , pour garantir , de la cha-
leur , de la pluie , de la poudre , 6c faire rc-
connoître les Chevaliers dans la nxclée. Ils étoient
d'étoffe , Ik fervoient à loutenir &' à lier les ci
miers qui étoient de plumes. Les lambrequins for-
més de feuillage , entremêlés les uns dans les au
très , font plus nobles que ceux qui font compofés
de plumes naturelles.
Quelques-uns les ont aufll appelés f^illarts ,
parce qu'ils refTembloient en quelque façon aux
feuilles d'acanthe. Ils ont été quelquefois mis fur le
cafque en forme de bonnet élevé comme celui du
Doge ; & leur origine vient des anciens chaperons
qui fervoient autrefois de coëfîure , tant aux hom-
mes qu'aux femmes.
Quelques uns veulent que les lambrequins repré-
fcntent les rubans Se les livrées , que les Dames
prenoient foin d'ajufter au calque , Se d'achemer ,
comme on parloir alors.
Le fond & le gros du corps des lambrequins
doivent être de l'émail du fond du champ de l'Ecu ;
mais leurs bords doivent être de fes autres émaux.
Quelques Hérauts ont appelé Folet, cette habille
ment du cafque lorfqu'il étoit léger , parce qu'il
voletoit au gré du vent , & n'y étoit attaché qu'a
vec un tortil , ou bourlet j compofé de cordons
entrelacés des couleurs & métaux des armes du
Chevalier. D autres lui ont donné le nom de Ca-
peline , quand il étoit fiit en manière de cape , d'où
eft venu un ancien proverbe militaire. Homme de
Capeline j pour dire , réf'olu Se déterminé au com-
bat. On l'a aulll appelé Mantelet , quand il étoit
large &: court , & envcloppoit le cafque (Se l'Ecu ; ce
qui le faifoit appeler par quelques uns Camail. On
croit que les lambrequins ont été ainti nommés , parce
qu'ils pendoient en lambeaux , & étoient tous ha-
chés à caufe des coups qu'ils avoient reçus dans les
batailles. Mais le P. Méneftrier prétend que ce mot
vient du Latin lemnifcus , qui (îgniHc ces rubans vo-
lansdont les couronnes des Anciens étoient attachées.
LAMBRIS, f. m. Laque ar ^ lacunar. Plafond, orne-
ment de Menuiferie , dont on couvre le plancher
du haut d'une (aile, ou d'une chambre de parade.
La mort attaque les Grands fous les lambris dorés j
aufll bien que 1« pauvres dans leurs cabanes. Juf
qu'à la prife de Carthage , on ne fut à Rome ce que
c'ctoit que lambris doré. On commença j fous la
Cenfure de L. Mummius , par dorer ceux du Capi-
tolc. Pline , Liv, XXXIII , c. 3.
On appelle fîgurémcnt &z poétiquement le ciel ,
L A M 391
le célefte lambris , ou les céleflcs lambris , ou le
lambris de la voûte celcfk-.
Lambris , cfl aulli l'enduit de plâtre foucenu par des
lattes, qui fcrt à faire des chambres d.ans un gre-
nier , ou fous le toit d'une maifon ; d'où vient que
quelques uns , avec l-ellus , ont fait venir ce mot
d'ambnces , lignifiant en Latin une latte, onà'im-
brex , une tuile , en y ajoutant l'article , comme le dit
Ménage en fes Origines. Il vient plutôt de lambru/q ,
mot Celtique , ou Bas Breton, lignifiant la même
chofê, félon le P. Pezron.
Lambris , le dit aufll plus particulièrement de la me-
nuiferie dont on couvre les murailles , qui eft peinte
d'ordinaire , & qui fcrt d'ornement , ou de fapilfe-
rie. On met des lambris à hauteur d appui dans les
fallesj à caufe de l'humidité. |CF On appelle lam-
bris k hauteur d'appui , celui qui n'a que deux ,. trois
ou quatre pieds de hauteur dans le pourtour d'une pièce.
On appelle lambris de revêteirtent , celui qui elf de-
puis le bas jufqu'en haut. Un lambris feint , eft un
lambris fait par compartimcns de coukur de bois ,
ou de marbre qui imitent un vrai lambris. Les Cha-
pelles dans les Églifes ont des lambris enrichis de
tableaux.
(CF LAMBRISSAGE. f. m. Ouvrage du Maçon ou du
Menuilier quialambrillé. Il en a tant coûté pour le
lambrijjage de cette maifon.
LAMBRISSER, v. a. Lacunare. Dans la bafl'c Latinité
lambrufcare. Couvrir d'un lambris de plâtre , ou de
menuiferie. Tout le principal appartement de ce
logis efl lambriffe ik doré.
Ce mot peut venir de llam , qui fïgnifie du bois
• en vieux Breton , & debryccan, qui fignine couver-
ture. On dit encore en Breton lambrufca , pour lam-
briJJ'er, Lob. Glojf. Voy. Lambris.
Lambrissé , ée, part. pail. Se adj. Laqueatus. On ap-
pelle particulièrement une chambre lambrijfée , celle
qui efl pratiquée dans un grenier , fous le toit.
Par les Ordonnances de Police j il n'eft permis de
faire que trois étages carrés, & un lambnjfe.
LAMBRO. f m. Rivière du Duché de Milan , en Ita-
lie. Lamhrus. Elle a fa lource près du lac de Como ,
palle près de la ville de Milan , baigne Melignano ,
& f c décharge dans le Pô , environ à deux lieues
au-delfusde Plaifance. Maty.
LAMBRUGE , ou LAMBRUsQUE. f f Efpèce de
vigne fauvage qui croit fans culture aux bords des
chemins , & dans des hayes. Son fruit eft un fore
petit raifin , qui , quand il mûrit , devient noir •
mais quelquefois il ne mûrit point. En Latin vitis
fylvejîris , labrujla. C. Baui-i. Pin. 299. Labrufca.
vient du Latin labrum , parce que cette plante croît
aux bords des chemins , qui font comme des lèvres ,
ou bien parce que le goût acerbe de fon fruit bletfe
les lèvres.
Lambruche , ou Lambrusque , fe dit aufll du fruit
de la lambrufque. Œnante , labrufca uva. Cette vigne ,
au lieu de fruit , ne produit que des lambruches , dit
Dieu dans Ifaïe , Chap. V.
Il y a dans l'Acadie quantité de lambruches , de
vignes fauvages qui portent du raifin dont le grain
eft gros & de fort bon goût, mais l'écorce en efl
épailfe & dure. Denis. Cet Auteur écrit lembru-
che , ôc fait ce mot mafculin , le lembrufche de
vigne ,P.L, C. 2 , p. s 5 i ^ mais cet Auteur
allez exaft dans fes defcriptions , ne l'cft pas beau-
coup dans fon ftyle.
LAMBSPRING. Petite ville d'All-emagne en baffe
Saxe.
LAME, f f. Lamina. La première fyllabe de ce mot
crt brève , & Va de cette fyllabe a un fon clair. Pièce de
métal battu , & étendu en long ou en large , enforte
qu'elle foit mince &c déliée. Dans l'ancienne Loi
le Grand Prêtre portoit fur le front une lame d'or ,
fur laquelle on lifoit ces mots , mn' "Wt^ , la fainteté
de Jéhovdh. Une lame de plomb bien mince , cou-
chée de plat , n'enfonce point dans l'eau. La cé-
rufe eft faite de lames de plohib , le vert de gris de
lames de cuivre trempées dans le vinaigre.
39^ L A M
-sL'iME, lamina, vient du Celtiqife lamen. Pezron.
L'Auteur du Jardin des Racines Gieques le tire de
tiitfii, écorce ,àom la racine ell X'.-irx , dtconico j ou
■âe /«fOK» , fait par lyncope akm:.;), dont la racine ell
IPi«',«a , & txia ,, ag'uo j ducliU opus jacio. On a fait
/jOT à'^ lamina , lamine, lamne , lame ; £c ce chan-
gement cft ancien : car on trouve lama dans Anal-
tafe le Bibliothécaire , pour lamina.
I.AME , eft audi cette partie de fer mince &: étendue |
qui pique & qui tranche , dont on fait les épées , i
les couteaux. Lamella , haflile venitum. Cette épée
a une bonne lame , qui plie bieuj qui etl bien
vidée. Lame a arête , à dos j à demi dos. Les cou-
•teau.x d'Angleterre font eftimés pour leurs lames.
Une lame d'acier de Damas. Cette lame fera plutôt
calk'e que fuilfée.
Les lames de Vienne , c'eft-dire , lames d'épées
flûtes à Vienne en Dauphiné , (ont eftimées depuis
long temps , comme l'Auteur du Roman de Girard
de Roullillon le témoigne par ces vers :
Si l'en jéri de l'efpic Viennois ,
Nel garer.ti ne arme , ne courrais ,
Mon l'abaci del bon dexter norois.
On appelle auln lame , la largeur d'un clou à
ferrer les chevaux.
En termes d'Anatomie , on dit les deux lames ou
tables du crâne , en parlant de (on épailFeur , qui
cfl: double , comme s'il étoit compote de deux os
appliqués l'un fur l'autre. On dit aulli les lames
oileules du nez.
Lame , en termes de Marine , fe dit des houles .ou
vagues de la mer qui coulent les unes lut les autres ;
des Hots en forme de n.ippe , formés par l'agitation
du vent fur la mer. Unda , fluclus. La tempête étoit
fî forte, que les lames de mer entroient dans le
vaifleau. On dit : La lame vient de l'avant, la lam.e
vient de l'arrière , la lame nous prend de travers ;
pour dire , que lèvent poulie la mer de ces côtés là.
La /ûOTÊ vient du large. Courrir au-devant de Vxlame.
La lame eft longue , la lame eft courte ; îfT c'eft: à-
dire , que les vagues fe luivent de loin& lentement,
ou qu'elles le fuivent de près. Préfenter à la lame ,
prélenter le cap à la lame.
L'air fe trouble , la mer eft brouillée , & les
lames viennent tantôt d'un côté , tantôt d'un autre.
L'AbbÉ de Choisi. La mer eil: très rude , la lame
f ft courte , le navire ne lait où le mettre. 1d.
Les trois lames, en termes de Marine , ce lont
trois vagues , qui , dans le mouvement de la mer ,
viennent de temps en temps , & lont plus grolles
que les autres. Si l'on n'a loin, quand on débarque ,
d'attendre que les trois lames loicnt pallécs , ou
qu'on leur donne le travers , on court grand ritquc
d'en être abymé. Les trois lames font à craindre ,
fur tour à Aiica, port du Pérou.
Lame , en termes de Monnoie , fe dit des matières
d'or , ou d'argent , qui le jettent dans des chalîls
difpofés à cet eftet , avec du (able préparé éc bien
battu. Quand les matières d'argent en bain ont été
bien bradées, on prend une cuiller dont le manche
de lix pieds de long , eft de bois par le bout , &
dont le cuilleron cil de ferj d'un bon demi pied de
diamètre, & prefque autant de profondeur; on fait
rougir ce cuilleron ; on le leit de la cuiller pour
retirer les matières d'argent du creiifet , on les jette
par le goulot qui cil au cuilleron dans le moule;
& en coulant , l'argent remplit les creux des em-
preintes des modèles , dont il prend la ligure : c'cll
ce qu'on apelle ]ctter en lames. Boizard j P. I ,
c. i6. A regard des matières d'or en bain, on ne
les retire pas avec une cuiller comme l'argent ; mais
on retire le crculct du fourneau avec des tenailles
en manière de croi liant par le bout , pour misnx
embraffer & ferrer le creufei , on les verle par le
jet du moule , & en coulant elles . remplilîent le
creux des empichites des modèles dent elles pren-
nent la figure ; ce qui s'appelle auffi jetter en lames.
L A M
Id. Les matières de cuivre en bain fe jettent aulîl
en lames de la même manière que celles d'or & '
d'argent. Id. Quand les matières ont été ainfi jettccs
en lames , on les retire des moules , on les ébarbe ,
& on les brolle exaètcment. Id. Étendre les lames ,
c'cll les faire palier par le laminoir. Voye\ ce mot.
Recuire les lames , c'efl les mettre dans un four-
neau entre les charbons. Voy. Laminoir.
5JC? Lame. Terme de Manula.hure &' d'Ouvriers en
draps d'or & d'argent. Se dit encore de l'or ou de
l'argent trait , battu ou aplati entre deux petits
rouleaux d acier poli , pour le mettre en état d'être
facilement tîlc ou prtillc fur de la foie ou fur du
fil. Onen fait auiîî entrer de non filé dans la com-
polition de quelques étoftls &: broderies, pour les
rendre plus riches & plus brillantes. Les broderies
où il y a beaucoup de lames & de paillettes,
brillent plus que les autres. Lamella.
Lame. Il fe prend pour tombe dans Marot , & dans
Villon. Voici un exemple tiré de ce dernier.
Mon père ejl mort , Dieu en ait l'âme :
Quand ejl du corps , il gît fous lame.
] entends que ma mère mourra ,
Et le Jait bien la pauvre jemm.^^ ,
Et le fils pas ne demourra.
Lame , ou Flèche, f. f. Terme du jeu de Trictrac.
C'eft une figure de cône j peinte fur la table du
Trièlrac aux endroits où 1 on doit placer les dames ,
& faire des cafés. Elles font de deux couleurs dif-
férentes , alternativement mêlées. La flèche ou la
lame de las. Tr. du Trict. On l'appelle aulli
Flèche , parce qu'elle rellemble au t^r ou à la
pointe d'une flèche.
Lame , eft auiïi une partie du métier de Tiflcrand , qui
lert à liauHer & à bailler l'etain pour faire courir
à travew la navette. Infilc. En quelques lieux on
l'appelle aulIî Peigne.
Lame , le dit auftl parmi les Confifeurs , des tran-
ches de l'écorce de quelques fruits , qu'ils font
confire. Lame décorce de citron , de limon , d'o-
range , &c.
LaivŒs a deux tranchans. C'eft ainfi que les Cou-
vreurs appcllcnr le corps du marteau dont ils fe
icrvent pour couper l'ardoife. Lamina biceps.
§Cr Lames. Termes de Rubannier. Ce font de peti-
tes lattes qui foutiennent les marches du métier^ ^
c^iîi fe haulîent ou fe baillent avec les marches|
melurc que le pied leur donne le mouvement.
On appelle proverbialement & balfemcnt,
bonne lame, une fine lame , une perlonne fine»
adroite-, cela ne fe dit qu en inauvaife part , pri
cip.ilemeiu quand on dit d'un ton aduiiratif , ta
bonne lame ! On dit aulli proverbialement des gens
d'cfprit, que la lame uie le foureau , pour marq ^
qu'ils font communément d'une fanté foible &
licate , & que l'elprit ufe & affaiblit le corps.
Lamé, ée. adj. Terme de Manufaèlure de draps d'or
& d'argent. On dit d'un drap d'or ou d'argent,
qu'il ell frifé , broché &c lame d'or & d argent}
i'fy c'eft à-dire , qu'il y entre de la lame d'or .&
d'argent. f^oye\ Lame , terme de M.inufaélure Â
draps d'or , d'argent. T
LAJvîED. f. m. Terme de Grammaire Hébraïque &
Chaldaïque. Nom de la douzième lettre de l'Alpha-
beth des Hébreux &: des Chadéens. Lamed. Un
lamcd Hébreu , un lamed Samaritain. Cette lettre
à la force de notre L. Sa figure eft celle-ci h. lamed.
Dans l'ancien Hébreu j qu'on appelle communé-
ment Samaritain , elle a celle de notre L tournée
à gauche y Se communément l'angle eft un peu
plus aigu. Dans les nombres elle vaut trente.
C'ell auffi une prépofition Hébraïque.
Le lamed en Hébreu fignifie la fin , le motif
pour lequel on fut une choie. Il fe met devant
le nom de la perfonne , ou de la chofe à laquelle
fe rapporte une adion. Le P. Soucie: le prouve
fort au long dans fes Dillertatigas Critiques ,
L A M
p. S^7 > <S' fuiv. Se montre qu'un grand nombre
d'endroits de l'Écriture ne lauroient le bien en-
tendre qu'en donnant ce feus à la prcpolition h.
Les Grammairiens Hébreux lui donnent plulieurs
figniHcations. f'^oyc^ R. D. Kimhhi , dans Ion Mi
clol. fol 14. Samuel Arcuolti dans la Grammaire ,
p. S & ^. R.Abraham deBalmisdans (a Grammaire ,
Rabbi Elias Lcvita, Orat. i.fund. 6. ou les Dillcr-
tations qu'oïl vient de citer^ p. ^06 , & fuiv.
LAMÉGAL. Lama. C'étoit anciennement une ville
des Vertons , peuples de la Lufitaiiic. Maintenant ce
h'eft qu'un village de la Province de Tralos-montes ,
• ■ en Portugal. Il eft à fept litues de Guarda, du côte
•. du nord. Matv.
LAMÉGO. Nojn d'une ville Epifcopale de la Province
de Béira, en Portugal. Lamcca^ Lamaca, Lamacum.
Elle eft près de la rivière de Dauro, à treize lieues au-
dellus de Porto , & à feize de Braga , dont fon Evcché
eft (uftraganr. Ptolomée l'appelle Lama.
LAMÉLIF. 1. m. Terme de Grammaire Arabique, nom
d'un caradtcre Arabe. Lamélïf. Le lamclif eft une
lettre particulière de l'alphabet Arabique, iclon plu
lîeurs Grammairiens , quoique ce ne loit proprement
qu'une L &c un ^ joints enlemblcj (c'eft-àdire, un
lam & un élif ). Cependant quelques Dodleuts Mu-
l'ulmans des plus fuperftitieux , foutiennenr que c'eft
véritablement une lettre diftinéte des autrcs,qui fait la
vingt neuvième de leur Alphabet, & que Mahomet ,
dans je ne iais quelle tradition , a menacé de damna-
tion éternelle, ceux qui ne la tiendroicnt pas pour
telle. D'Herbelot.
LAMENTABLE, adj. m. & f. Déplorable , qui mérite
d'être plaint ou pleuré , qui excite à coropaliion. La-
mtntabUis. Une hiftoire pitoyable & Lamentable- A
la prite d'une ville on entend les cris lamentables des
vieillards , des femmes & des enfàns. La fin lamenta-
ble de ce Prince excita la pitié dans tous les cœurs.
C'eft un mélancolique qui ne le plaît qu'à raconter
des hiftoires lamentables avec une voix trifte & lan
goureufe , comme s'il étoit payé pour pleurer tous les
malheurs du monde. M. bcuD. Confuhon lamenta-
ble. Pat. Voix lamentable "Voit.
LAMENTABLEMENT, adv. Mifcrabïlïter.^ D'un ton
lamentable. Il nous a conté la mort de la femme tril-
tement & lamentablement.
LAMENTANO. Nom de lieu. C'étoit autrefois une
ville Epifcopale , maintenant ce n'eft ^u'un petit
bourg de la Sabine, lîtué près de Monte rotondo , à
quatre ou cinq lieues de la ville de Rome, vers le
fud eft. Numentum , Nomcntum. On voit près de ce
bourg le village de Lamentano Kecchio , appelé an-
- ciznnemen^ Nomentanum ëc Lamentanum.
LAMENTATION, f. f. Plainte accompagnée de cris
. & de gémillemens. Lamentatio. Les lamentations de
Jérémie. Les lamentations des Rhodiens ont pafté en
proverbe en pluheurs endroits. La douleur des fem-
mes s'exhale en cris & en lamentations. Les longues
lamentations donnent plus de mépris pour la loi-
bleft'e, que de compallîon pour le malheur. S. EvR.
Jérémie feul eft capable d'égaler les lamentations aux
calamités. Boss. Les lamentations perpétuelles font
ennuycufes; nous n'aimons pas à gémir fi long tems
(ur les malheurs d'autrui. Bell. Enée ne lait que gé-
mir , &: à la première difgrace , ce bon Héros de Vir-
gile s'abandonne aux /aOTe«fario,'Z5. S. ÉVR.
Les lamentations de Jérémie , font un Livre Cano-
nique de l'Écriture Sainte j ou une partie de la Pro-
phétie de Jérémie : car quelquefois on ne les fépare
point du livre de ce Prophète. Les Juits non-feule-
ment les féparent , mais les mettent en différentes par-
ties de la Bible , la prophétie dans les Prophètes , &
les lamentations dans les Hagiographes. Threni , la-
mentationes. C'eft un Livre poétique fait par Jérémie,
pour déplorer la deftruéhion de Jérulalem. Jofeph ,
^mq. L. I. c. 6. Le Paraphrafte Chaldaïque, S. Jé-
rôme , Rabanus . Maurus & Maldonat , ont cru que
cts lamentations avoient été faites à la mort de Jofias ;
mais il y a plufieurs chofes qui ne conviennent point
à la mort de ce Prince. Quelques-un? veulent que le
Tems y^
LAM 593
Livre que Baruch lut au peuple dans le temple, par
ordre de Jérémie , & que Jolias fit brûler , mais que
Dieu commanda à Jérémie de récrire une féconde
fois, Jerem. XXX FL , que ce Livre, 3is je, étoit ce-
lui des lamentations de ce Prophète.
On a appelé autrefois les jours des lamentations ,
les trois jours de la Semaine Sainte , où l'on ciiante à
Tcjièbres , c'eft à-dire a Matines , les lamentations
de Jérémie.
LAMENTER, v. a. Lugere, lamentari. Pleurer, faire
des plaintes fur quelque perte , quelque accident fâ-
cheux. La coutume veut en plulieurs endroits que
les veuves viennent lamenter la mort de leurs maris
fur leurs tombeaux. Dans ce Icnsil eft vieux.
On le dit aulîî avec le pronom perfonnel. Vous
vous lamente:^ en vain, la mort eft inexorable, elle ne
rend point ce qu'elle a pris. Ils fe lamentent fur leur
misère. S. ÉvR.
Lamenter , le dit aulîî pour chanter d'un air trifte ôc
lamentable.
Quand l'un des conviés , d'un ton mélancolique ^
Lamente trijlement une chanfon bachique. Boil.
On le dit aulîî abfûlument. Vous avez beau pleiu:er
& lamenter. Il eft peu ulité.
Lamenté, ée. part. & adj. Lamentatus , deploratus.
LAMENTIN, ou LAMANTIN, f. m. Lamemmiis pif-
cis. Animal amphibie , que quelques Naturaliftes onc
mis au rang des poillbns vivipares, & que beaucoup
d'autres regardent comme un quadrupède. On le
trouve ordinairement à l'embouchure des grandes ri-
vières en divers lieux d'Afrique , dans la mer rouge ,
dans l'île de Madsgafcar, aux îles Moluques, Philip-
pines, Lucaycs, Antilles, dans la rivière des Amazo-
nes , &c.
Le Lamentin eft de la grolfeur d'une vache Se
d'une longueur prodigieufe. Sa tcte a quelque ref-
lemblance a celle dune vache, d'où vient que quel-
ques relations l'appellent vache de mer. Il a de petits
yeux & la peau épailfe , de couleur brune , ridée en
quelques endroits , &c parfemée de quelques petits
poils qui font lort rudes. Ct? Cet animal a deux bras
lort courts , terminés par une cfpèce de nageoire
compolee comme une main de cinq doigts qui tien-
nent les uns aux autres par une forte membrane , &c
qui ont des ongles fort courts. C'eft à caule de ces ef-
pèces de mains que les Eipagnols ont donné à cet ani-
mal le nom deManates ou Manati. Il n'y a point d'ap-
parence de pieds à la partie poftérieurc qui eft terminée
par une large queue. Les deux pieds dont on vient
de parler font beaucoup trop foibles pour fupporter
un corps fi lourd. Auili plulieurs prérendent que le
Lamentin ne marche point , &l qu'il peut tout au plus
fe traîner fur le fable. Quand on le tire de l'eau , il
jette des larmes & poulie un cri plaintif; c'eft delà
que lui vient fon nom de Lamentin. Il vit de l'herbe
qui croît autour des rochers &c fur les balles. Les fe-
melles portent ordinairement deux petits à la fois.
Elles ont deux grolfes mamelles lur la poitrine.
Quand elles ont mis bas, elles les alaitent en les ap-
prochant de leurs mamelles avec les bras , & elles ne
^ les abandonnent point qu'ils ne puilîent brouter
l'herbe. Sa chair eft fort bonne & très-nourrillanre,
femblable à celle d'un animal terreftre : elle eft auiîi
courte , vermeille , appétiflante , fans os ni arrêtes , Se
entremêlée de graille , qui étant fondue ne fe rancit ja-
mais. Lorfque la chair de Lamentin a été deux ou trois
jours dans le fel , on tient qu'elle eft plus faine que
quand elle eft fraîche. On trouve plus fouvent ces
gros poiftons à l'embouchure des rivières d'eau douce,
qu'en pleii-te mer. Ils fortent même quelquetois de
l'eau pour fe repofer fur le fable , & dormir au foieil.
Ce qui fait qu'on leur donne place parmi les amphi-
bies, mais ils ne s'écartent guère de l'eau, afin de
, s'y pouvoir couler au moindre bruit qu'ils entendent.
Les Chinois font grand cas des pierres qui fe trouvent
dans les têtes de ces Lamentins , & auxquelles ils
attribuent la propriété de poufler dehors le fable Se la
gravcUe , & de guérir les obftrué^ions qui caufent les
Ddd
L A M
394
récentions d'urine; mais ce remède cft violent. Am-
. bajfade des Hollandais à la Chine , P. II. p. i o o ^où
l'on cent lamcntin. Le P. Du Tertre écrit de même
dans fon hi'ftoire des Antilles ^ P. IV. Jr. I. C. I.
f . ^ , où il traite de ce poillon , iSj où il décrit la ma-
nière dont on le prend dans la mer des Antilles.
|CFLa figure du Lamcntin, embellie par l'imagination
des Po'c'tes, pourroit bien avoir donné lieu à la fable
des Syrènes , quoique le gémilfement ou le cri plaintif
du Lamentin Toit bien différent du chant mélodieux
des Syrènes.
LAMIA , ou SCALA MARMOREA. C'eft un port du
détroit de Conftantinople. Lamia , anciennement
Amydi , Amici , Daphne. Il efl: fur la côte de Nato-
lic , près de la ville de Chalcédoinc. Maty.
LAMIE. f. f. Monftre marin. Lamia. Rondelet écrit
. que c'cft un poillbn d'une grandeur fi extraordinaire ,
qu'à peine peut il être tramé fur une charrette par
^ deux chevaux. On en a vu qui pefoient jufqu'à trente
mille livres. A Nice & à Mariéille on a pris des la-
mies , dans l'eftomac defquels on a trouvé des hom-
mes entiers , & même un tout armé. Le même Auteur
dit qu'il en a vu une en Xaintonge qui avoit la gueule
il grande, qu'un homme gros & gras y fut ailément
entré , & ajoute que fi on tient cette gueule ouverte
avec un bâillon , les chiens y entrent aifément pour
manger ce qu'ils trouvent dans l'eftomac. Gelner
confirme la même chofe & en fiit la même delcrip-
tion. Elle a les dents aiguës, âpres &c grolfeSj de fi-
gure triangulaire, découpées comme une Icie, dilpo-
fée par lix rangs, dont le premier (e montre hors la
gueule , celles du fécond font droites , les autres font
courbées en dedans. Les Orfèvres garnilfent ces dents
d'argent, & les appellent dents de ferpent. C'eft le
plus goulu de tous les poilFons & qui digère en moins
de tems. Quelques-uns ont cru que ce fut ce poillon
qui dévora Jonas, & non pas une baleine, à caule
que les Payens ont feint qu'Hercules avoit demeuré
trois jours dans le ventre du canis carcarias , qui eft
un autre nom qu'on a donné à ce poilîbn. Les lamies
font autrement appelées Chiens de mer.
On a appelé quelquefois lamies , §CF certains dé-
mons imaginaires j qui prenoient, difoit on, la fi-
gure de belles femmes j pour dévorer les enfans. Sor-
ciers qu'on prétend (e nourrir de chair humaine.
Monftre , loup-garou dont on failoit peur aux petits
enfans. Dans tous les tems, les nourrices j les gou-
vernantes, les bonnes femmes ont inventé des êtres
chimériques , pour faire peur aux enfans , pour les
empêcher de crier, pour les appaifcr. Lami&. Ho-
race en parle dans fon Art Poétique. Quelques Au-
teurs les ont appelées lanid , à laniando. PhUoilrate
dit qu'elles font auOi appelées Larves ou Lémures ,
comme li c'étoit la même chofe.
•Lamie, fille de Cléonor, Athénien , célèbre courtifanc
&C habile à jouer des inftrumens, étoit , luivant la
fable, une fort belle femme. Lamie eut des cnfins
de Jupiter. Junon en conçut du dépit , & lui procura
de faulfes couches. Lamie en rcilcntit un li grand
chagrin J qu'elle devint affieufemcnt laide, &: dévo-
- roit les enfans des autres. Voye\ le Scholiafte d'Aril-
tophane fur les Crahrones. Les Athéniens & les Th4-
bains lui élevèrent un Temple (ous le nom de Venus-
Lamie.
Bochart prétend que le mot de Lamia étoit pris de
la langue Phénicienne. Sa raifon efl que la fable des
Lamies venoit de Libye-, car Héfychius & Doris ou
Duris , dans Suidas , difent que Lamie étoit une fem-
me de Libye. Avant eux Euripide avoit dit qu'elle
étoit Africaine. Il paroit de plus par Diodore de Si-
cile, liv. XX, où il parle d'Ophellas Roi de Sicile,
j1 paraît, dis je, que ce mot étoit en ufage jufqu'au
fond de l'Afrique. Ainfi Bochart croit qu'il vient de
ani , dévorer. Il eft encore en ufage dans l'Arabe en
ce fens. .
I.AMIE & Auxefie, deux divinités auxquelles on rendoit
un culte à Epidaure , à Egire & à Trézéne. On célé-
broit tous les ans en leur honneur , une fête qu'on ap-
..- -peloit laîTipidation.
L A M
LAMIER. f. m. Ouvrier dont la profeiTîon eft de faire
des lames pour fervir aux Ouvriers en draps d'or,
d'argent , de foie & de laine , aux Tilferans & à ceux
qui tout des bafins, des furaines , des canevas 5c au-
tres femblables qui travaillent fur le métier.
LAMINA. Nom d'une ville de la Grèce , fituée dans la
Thelîalie , fur la rivière d'Agioméla , vers le golfe de
Zeiton. Lamia. Maty.
LAMINAGE, f. m. L'aélion de pafïerdes métaux entre
des rouleaux pour les réduire en lames. Dans les Hô-
tels des Monnoies, il y a des machines qu'on appelle
des Laminoirs , pour réduire l'or , l'argent &c le cui-
vre en lames de l'épailleur qu'on veut donner aux '
monnoies. M. Rémond a tait un grand écrit intitulé .•
Mémoire fur le laminage àc plomb. Ce n'eft que de*,
puis quelques années que le laminage de plomb dk%
connu en France. Idem. "
LAMINE, f. f. Lamina. Quelques Auteurs emploient
ce motj il veut dire petite lame. J
LAMINER, v. a. Mettre en lames, donner à une l?mS*-
de métal une épailleur uniforme par une compreilîon
toujours égale. Ce mot fe dit principalement du
plomb que l'on fabrique en tables de io à jo pieds
de long fur 8 de large, & auquel on peut donner telle
épaiffeur qu'on veut par le moyen d'un moulin dont
la propriété eft de réduire ces tables à l'épailleur que
l'on iouhaite , en les rendant tout-à fait unies & par-
faitement compactes J fins pores j pailles, vents, ni
fouillurcs. Ce Moulin a d'abord été inventé en An-
gleterre, enfuite perfeétionné en France, examiné &
approuvé par l'Académie Royale des Sciences, lui-
vant fon certificat du 28 Janvier 1728. Merc. d'Oc'
tobre IJ30.
Laminé, ée part. pafl". Qui fe dit des métaux qui ont
paflé par le laminoir , qui font en lames. Je couvris
le pot avec une platine mince de plomb laminé , &c je
cimentai bien les jointures. De Buffon. p. 3. Il y a
un livre intitulé : Obfervations fur le plomb laminé.
LAMINOIR, f. m. Terme de monnoie. C'elt une ma>
chine où l'on fait pafler les lames d'or ou d'argent, &
où on leur donne l'épailleur dans laquelle 1 efpcce
doit être fabriquée. Laminarum ducioria machina.
Comme les lames , foit d'or , foit d'argent , loit de
cuivre , font toujours plus épailFes que les efpèces à
fabriquer; on les pailc entre deux rouleaux d'acier en
forme de cilindres environ de deux pouces d'épaif'
feur ,< iSc^e quatre de diamètre qui font fort ferrés fur
leur épailleur, enclavés par le milieu dans des bran- 1
ches de fer carré , & tournés par les roues d'un mou-,
lin que des chevaux font tourner , & toutes ces pièces;
enfemble compofentce qu'on appelle laminoirs. Boi-
ZARD , P. I. c. 16 . Quand on veut étendre les lamts
d'or, on les fait recuire dans une cfpèce de tourneafl:
dont l'.âtre eft de carreaux, ou de briques , ayant huit
à neuf pouces; au-dellus on les couvre de braife Se.
on les laiffe en cet état julqu'à ce qu'elles foient ain^*:
recuites : alors on les retire du fourneau, &: on li
jette dans un baquet plein d'eau commune, parce que
cela les adoucit , enforte qu'elles s'étendent plus faci-
lement ; on les pafle après cela entre les rouleaux. Les '
roues des moulins font tourner ces rouleaux : les la-
mes s'étendent ainfi en paftant, on les rcpalle de mê-
me entre les rouleaux , jufqu'à ce qu'elles foient à-
peu-près de l'épailîcur des efpèces à fabriquer; on
ferre à cet eftet les rouleaux plus ou moins, par le
moyen des écroues & des vis qui fervent à cela. On
en ufe de même pour étendre les lames d'argent,
mais on fe fcrt d'autres pareils laminoirs. On les palTe
d'abord avant que de les recuire, comme celles d'or,
mais on les laiffe refroidir fans les jetter dans l'eau,
parce que cela les aigriroit de manière qu'elles ne
pourroient plus s'étendre facilement, &: pourroient
même fe caller en pallant entre les rouleaux. Quand
elles font refroidies, on les pafFe entre les rouleaux,
jufqu'à ce qu'elles foient à peu-près de l'épailleur des
efpèces à fabriquer, &: en état d'être coupées en flans.
BolZARD.
^fT On donne aullî le nom de laminoirs à la machine
qui fert à laminer le plomb , c'eft à dire, à le réduire
L A M
L A M
en tables de telle cpaillèiir qu'on veut. Foyei La-
miner.
LAMI.S. f. m. On appelle a Smyinc draps lamis , une
des fortes de draps d'or de Vcnile^ que les vaillèaux
Vénitiens y apportant.
ItCTLAMIUM. ù m. Sorte d'ortie qui ne pique point.
J'^oyc^ Ortie.
LAMO. Nom d'une petite ville de la Natolie. Lanius.
Elle ell dans la Caramanie , près du Tarie , du côté du
couchant. Elle a un Evéché, luiragant de Seleucie.
Matv.
Lamo, c^' non pas Lamon-, comme a ditAIaty. Nom
d'une ville de la côte de Zanguebar j en Etliiopie. La-
mum. Elle e-.i lur un petit golrc , environ a trente
lieues de la ville de Mélinde, du côté du nord. Elle
cft capitale d un petit Royaume qui porte Ion nom.
Maty.
LAMON. f. in. Bois de Bivlîl qui vient de la Baie de
de tous les Saints dans l'Amérique. On l'appelle auiil
Brélil de la Baie, & Bréul de tous les Saints.
LAMPACH , LAMBACH , LxiEMBACH. Ancien
bourg du Norique. Lampachum ik Tergolape. Il y
a un Monallère célèbre, 6: il ell litué dans la Haute-
Autriche, lur le Traun, à lix lieues de Lintz, vers le
midi. Matv.
LAMPADAIRE, f. m. Nom d'un Officier de l'Églife
de CDnft'.iiiinople. Lampadanus. Le Lampadaire
avoit foin du luminaire ue l'Eglile; il portoit un bou-
geoir devant le Patriarche , devant^ l'Empereur ic
l'Impératrice, quand ils étoiem à l'Eglife, ou qu'ils
r.lloieut en procedion. La bougie qu il portoit devant
l'Empereur étoit entourée de deux cercles d'or en
forme de couronne , celle qu il portoit devant 1 Im-
pératrice & devant le Patritrche, n'en avoit qu'un.
Cette cérémonie fut établie pour avertir despcifon-
JK'S d'un il haut rang, que leur lumière doit éclairer
ceux q-ai leur font fournis. Voy^i l'Euchologc des
Grecs, Balfamon, &c.
Il y avoic aullî des Lampadaires pour le Palais de
l'Empereur. Il y en avoit pour le lervice des Grands
OriLiers & des premiets Magiilrats , & fur tout du
Préiec du Prétoire & du Maure des Offices. Il n'y
eut d abord que ces grands Officiers qui eulfent droit
davoir des Lampadaires ; les Empereurs l'accordè-
rent enluite aux charges inférieures, &: lur tout aux
(Juefteuis ou Tréforiers , & aux Gouvernems des
Iles. Julbnien par un Édit l'accord i aulîi au 'Vicaire
de 11 contrée du Pont. Les Grands Officiers avoient
plusieurs Lampadaires ; car il y en avoit un qu'on ap
peloic Priinicier des Lampadaires. Avec les flambeaux
on portait auili devant les Magilhats l'image de l'Em-
. percur , comme il paro.t par le VII Concile , Aétion
jre. ^ il qI\ croyable qu'on ne leur accordoit de faire
porter les llambtaux devant eux , qu à caule de cette
image de l'Empereur. Pour LEmpereur , c'eft: Héro-
dien dans Commode Se dans Antonin , Se Tcrtullien
dans fon Apologétique , c. J4 , qui nous apprennent
qu'on pottoir devant lui des flambeaux. Les Lampa
daires le précédoient même julques dans l'Églife Se
pendant la Liturgie, ou les laints myftères, comme
ou le voit dans Codinus j de OJfic. c. VI. n. 4, ji ^
41 , & chap. Fil. n. 24. Les Patriarches de Conftan
tinoplc firent aullî porter devant eux des flambeaux &
des bougies; & comme cet ufage palîa des Empereurs
à eux , c'eft peut-être d'eux qu'ell venu celui de porter
un bougeoir à nos Evcques quand ils officient.
Lampadaire. Inftrument propre à porter , à foutenir
des lampes. Lampadarium. Quelques Auteurs appel
lent lampadaire d'or, l'inftrument du Temple de Sa-
lomon que l'on appelle communément le chancfeliei
d'or , conformément à la 'Vulgate , qui le nomme
Candelabrum aureum. Et il faut convenir que le nom
de lampadaire lui convient mieux que celui de chan-
delier, car il portoit des lampes & non pas des chan-
delles. Il y a fur l'arc de Tite une figure du lampa-
daire d'or. Outre la tige , le lampadaire d'or avoit fix
branches ou fix bras, trois de chaque côté, de forte
qu'il portoit fept lumières ou lampes.
Ce mot de Lampadaire vient de lampas , lampadis ,
Tome V.
Vi'î
J lampe ; mais lampe , comme je l'ai dit , fe prend pour
bougie , flambeau de cire.
iPjLAMPAUALION. f f. Genre de fupplice qu'on
failoit louarir aux premiers martyrs. On les étt.idoic
fur un chevalet. Se on leur appli^^uoit aux jaruts des
lampes ardjntes. C'étoit uiu elpècc de que.'îion.
§a-LAMPADIAS ou LAM.'AS. C cft amii que Pline
appelle une comète flamboyante , météore qui a la
figure d'un flambeau ardent.
;p- LAMi'ADEUKOMIE. f. f. Icrmc d'Liilloireancien-
iie, du Grec \if«3«f, lampe, flambeau, & «f- <, cour-
fe. C'ellainfi cju'onappcloità Athènes la courfe des
jeunes gens qui lé hiluit un flambeau a la main. Ce-
lui qui arrivoit le premier, fins que fon flambeau s'é-
teignit, remportoit le prix. Ccscouifes fe faifoient à
pié ou à cheval.
Ip-LAMPADISTES. f. m. pi. Terme d'Antiquité. C'eft
ainli qu'on appeloit ceux qui s'exerçoient à la courfe
des flambeaux.
^O-LAMPADOMANCIE. f f. Du Grec a-^.t«, &c
f'Mifx, Divination. Elpèce de divination dans laquelle
on tiroit des prélages pour l'avenir de la couleur &
des divers mouv ■mens de la lumière d'une lampe.
LAMPADOPHORE. f m. On appeLit ainli chez les
Anciens, des gens qui donnoientle fignal du combat
en élevant en haut des torches ou des flambeaux.
Lampadophorus. Les Lampadophores taifoient autre-
fois avec leurs torches ce qu'ont fan depuis. Se ce
que font encore les trompettes & les tambours en
lonnant la charge.
Ce mot eft Grec , compofé de A«,ii=:i; , >,x^.^i.îoi , une
lampe. Se qa.a, je porte.
LAMPADOFHORIES. f. f. pi. Fêtes dans Icfquelles on
fe lervoit de lampes pour les facrinces. Les Athér,iens
en .allumoient piincipalcir.cnt aux fêtes de ^;inerve,
parce qu'elle étoit 1 inventrice des arts; à celles de
Vulcain, parce qu'il étoit , félon eux, 1 auteur du feu
&: des lampes; Se à celle-- de Prométiiée, parce qu'il
avoit apporté le teu du ciel. La fjte des lampes reve-
noit donc trois fois l'année. La première s'appeloic
Athénée; la lecondeHépheftiéeou Vulcanie; la troi-
lième Prométhée. Dans ces jours là on donnoit auflî
des jeux à la lueur des lampes. C'étoit daris ces fêtes
que fe faifoient les couiles des Lanij;adiiks.
LAMPADOUSE , LAMPÉDCUSE. i\'om d une île de la
mer Méditerranée. Lopadufa. Elle eft entre l'île de
Malte & les côtes du Royaiue deTur.is. Quoiqu'elle
loit défette , elle eft pourtant célèbre a caufe d'une
Chapelle qu'il y a dédiée à la bienheuieufe Vierge,
&■ qui fert d alyle pour les ekl;;ves, tant Turcs que
Chrétiens. La flotte de l'Empeieuv Charles Quint fit
nauhai e aux côtes de cette île l'an i 5 j i . Mat y.
LAMPANGUY. Nom dune montagne de rAmérique
méridionale. Lanipançuyus mons. Cette montagne
le nomme la montagne S. Chriftophle de Lampan-
guy. Elle eft auprès de la Cordillère , envi; on foui les
31 d.delatitude,à8olieuesde Valpaiaiflo. Onyadé-
couvert en 1 7 1 o , quantité de mines de toutes (Lrtes
de métaux , d'or , d'argent , de fer , de plomb , de cui-
vre Se d'étain. FrÉzier , p. 104. L'or de Lampanguy
eft de zi à il carats; le minéral y cft dur. Id.
LAMPARILLAS, ou NOMPAREILLES. f f. Sorte de
petits camelots très légers , qui le fabriquent en Flau-
die , particulièrement à Lille Se aux environs.
LAMPÀS. f m. Terme de Manège. C'eft une tumeur,
ou enflure , qui vient dans cette partie de la bou-
che du cheval que l'on appelle palais dans la bou-
che des hommes , derrière les pinces de la mâchoi-
re (upérieure. Tumor in are equino , tumor palati.
Brûler le lampas. Ce nom lui vient de ce qu'on la
guérit en la brûlant avec une lampe ou un fer chaud.
On l'appelle aulîI la Fève.
Lampas , ledit en ftyle figuré Se burlefque, pour le
palais , le dedans de la bouche.
Ah ! Ah ! Sire Grégoire ,
Fous ave^foif;;e vois qu'en vos repas ,
Vous humccle^ volontiers le lampas. La Font.
Ddd ii
39^
L A M
Compère,, dites moi , là ne pourrait on pas ,
Attendant le dincr , humecter le l.iuipas. Du Cerc.
|Cr LAMPAS. Etofte de foie de la Chine , façonnée ^
peu près comme les gros-de-Tours brochés. Il y en
a avec dorure & lans dorure.
LAMPASSÊ , ÉE. Terme de Blafon , qui fe dit des
animaux donc la langue paroic hors de leur gueule ,
lorlque l'émail de la langue eft différent de celui
du corps de l'animal. Exerta linguâ. Quelques-uns
difent aulli Imgue. Luxembourg porte d'argent au
lion de gueules", armé , UmpaJJe & couronné d'or.
tfr LAMPASSES. f. f. pi. Toiles peintes qui (e font
aux Indes Orientales , particulièrement en pludeors
lieux de lapôte de Coromandei.
LAMPE, f. t. Vailleau propre à faire brûler de l'hui-
le avec une mèche , pour éclairer. Lucerna. Il laut
dans les Hglifes qu'il y ai6 toujours une lampe qui
brûle devant le S. Sacrement. Il y a des lampes ion-
dées pour brûler devant la Vierge , & auprès de
quelques tombeaux.
L'uGge des lampes allumées dans les Eglifes eft
très ancien , comme il paroît par les Auteurs Ec-
cléliaftiques. Dans la ville de Fez , on voit une mol-
quée où il y a 900 lampes de bronze qu'on allume
toutes les nuits. Les Juifs allument plulicurs lampes
dans leurs fynagogucs. Les illuminations le font en
Turquie avec des lampes. On voit à Mexique , chez
les Dominicains , une lampe eftimée huit cent mille
écus , qui porte 300 branclies_ avec leurs bobèches,
& ICO petites lampes de dilïérens dclleins. Elle eft
■ faite par les Orfèvres du lieu. Les Anciens n'étoient
éclairés que par les lampes. Polidore "Virgile , de
Invent. Rer. liv. II. c. ip. dit dans les derniers mots
de ce Chapitre , que les Égyptiens ont été les in-
venteurs des lampes. Clément Alexandrin le dit en
effet , liv. I. Strom. n. XFI. & Eufebe , Prap.
Evang. liv. X. c. 2. Hérodote rapporte même , lir.
II. c. 62. que les Égyptiens avoient une fcte des
lojnpes , & la décrit.
Le Père Kircher enfcigne la manière de préparer
des lampes qui jettent une lumière difpofée de telle
forte , qu'elle fait paroitre les vilagcs de ceux qui
font préfens comme on veut , noirs , livides , rou-
ges , d-ï. Les lampes d'argent doivent être contre-
marquées au corps, culot & chapiteau. A l'égard des
panaches j collets, cercles, cintures & petites cou-
ronnes , il furtit du poinçon du maïtte.
Lampe Sépulcrale. C'eft une opinion conftante de
quelques Auteurs, que les anciens avoient trouvé, par
le moyen d'une huile qui ne fc coniumoit point ,
l'art de faire des lampes dont la lumière ne s'étcignoit
jamais, et qu'ils les mettoicnt dans les lépulcres pour
honorer leurs morts. On dit que fous le Pontiiicac de
Paul III, l'on ouvrit un tombeau à Rome, où l'on
trouva une lampe qui devoit .avoir brûlé pendant feize
cens ans, & qu'elle s éteignit dès qu'on l'eut expofée
à l'air. On alfure encore que dans le territoire de Vi-
terbc , l'on a découvert quantité de ces lampes éter-
nelles. Jean Baptifte Cafali, dans fon Livre De Ve-
terïhus Chrijlianorum ritibus , eh. 41 , où il traite De
Lucernis Chrijlianorum & aliis luminihus , foutient ce
fehtiment, & pour preuve il rapporte que dans le ci-
metière de Calliate, on trouva dans un ancien fépul-
cre une lampe encore allumée qui s'éteignit d'abord
qu'elle prit l'air à l'ouverture du lepulcre. Lcandcr
Alberti raconte la même choie arrivée à l'ouverture
d'un tombeau trouvé dans la Campagne de Rome ,
fous le Pontificat d'Alexandre VI. Jean-Baptiftc de la
Porte, dit qu'en 1550, dans l'ile deNihta, près de
Naplcs , on trouva par halard un fépulcre , dans le-
quel il y avoir un vafe de verre, où la lumière duroit
encore & n'étoit point éteinte. Différens Auteurs ont
cherché la caufe d'un effet fi furprenant •■, les uns ,
comme Wolfgangus Lazius , l'attribuent à une huile
extraite de l'or; d'autres à des poudres artificielles;
d'autres, comme François Cirelîo, à l'amiante j &
d'autres enfin à la peau de la Salamandre. Mais beau-
coup d'autres Auteurs , cntr'aucres Ferrari , s'inlcri-
L A M
vent en faux contre ce que l'on dit de ces lampes
inextinguibles , & prétendent que c'eft une fable.
(f3°Tout ce qu'on dit de ces lampes inextinguibles j
n'eft appuyé que fur le rapport des manœuvres qui
fouilloient dans ces tombeaux. Ces gens , peu Phyù-
ciens, ayant vu fortir de ces tombeaux quelques ma-
tières entlammées ou feux follets ( phénomènes aflez
ordinaires dans nos cimetières & dans les terres graf-
fes) & trouvant des lampes dans le voilinagej cru-
rent J fins doute , que ces lampes venoient de s'étein-
dre; tic voilà l'opinion des lampes éternelles établie.
Ce qu'il y a de vrai , c'eft que chez les anciens Ro-
mains, les gens de condition chargeoient par leur tef--
tament leurs aftranchis, de tenir continuellement une
/dWjPe allumée dans leur tombeau, & de gatder leurs
corps J ce qui prouve qu'il filloit renouveller l'huile
à melure qu'elle fe confumoit.
Pietro fandi Bartholi a fait un beau recueil de ces
lampes fépulcrales , qu'il a fait graver en taille-
douce, &c Jean-Pierre Bellori y a joint des obierva-.
tions très-curicufes. Ce livre a été depuis peu traduit
de l'Italien en Latin j par Alexandre du Kérus ^ aulli
bien qu'une autre des mêmes Auteurs iur les anciens
mauiolées ou tombeaux des Romains qui ont cré trou-
vés dans la ville de Rome. Fortunius Licetus a fait
aullî un luiiè àts lampes des Anciens, De Lucernis
Antiquorum reconditis.
La lampe de Cardan eft une lampe de l'invention
de cet Auteur , qui fournit elle-même Ion huile : c'eft
une petite colonne d; cuivre ou de verre bien bou-
chée par tout, à la réferve d'un petit trou par en bas
au milieu d'un petit goulot où fe met la mèche ; car
l'huile ne peut fortir qu'à mefure qu'elle le confume
&c quelle fait découvrir cette petite ouverture.
Les lampes de Cardan pourroient s'appeler lampes
de Caftiodore ; car les lampes que ce grand homme
inventa pour l'ufagc de les Moines du Monaftère
qu'il avoit bâti près de Squillace en Calabre étoient
la même chofc, à mon fens, que les lampes de Car- '
dan. f''oye\ Calllodore lui même _, De Inftitutione
divinarum litterarum , c. ^0. Se l'on ne voit pas trop
quelle idée leP. Garet, Bénédidin de S. Maur, en
avoit dans la tête , lorfqu'il difoit dans fon édition de
Calllodore, que ces /«ot^w étoient non admiratione
folàm ,fed aternis etiam laudihus dignijjîmas quas
Jîupendo artijïcio concinnaverat. Et à la marge du
chapitie que nous avons cité , Caffiodre avoit invente
des lampes éternelles : Lucernas perpétuas invenerat
CaJJlodorus. Caftiodore le dément en difant lui-mê-
me, que ces lampes conlervoient long lenis, prolixe ^
& non ^AS perpétuellement , la lumière, & fe four—
niiroient elles mêmes l'huile. Voye^ fur ces lampes ^
Baronius à l'an 562, n. XI , & Ponlpeo Sarnelli dinsjJ
fes Lettres Eccléfiaftiques , T. X: Lett. 61. & autres;!
On les a beaucoup pcrtedionnées. Au cylindre dq^
cuivre on a lubfticué une phiole de verre , qui fournit''
de l'huile allez pour entretenir la lumière pendant
plufieurs jours, au lieu que de ce qu'a dit Calîîodoie,
on ne peut guère inférer , finon qu'elles duroient une
nuit, pour fuffireaux veilles de la nuit. Après tout,
cela dependoit de la capacité du cylindre , qui conte-
noit l'huile. Depuis quelque tems ces fortes de lam-
pes font devenues d'un très-grand ulage parmi les
gens d'étude & les Religieux.
Les Épiciers & les Chandeliers ont des lam.pes à
plufieurs mèches, ou à pluùcurs becs. Lychnus , lu-
cerna polymixos.
Lampe , en termes de Marine, lignifie quelquefois j
Éclair. Fulgur. En ce fens ce mot eft pris de relampa-
go , Eipagnol , qui fignifie la même chofe.
Feu de Lampe , fe dit en Cliymie d'un teu doux & lent,
d'une lampe allumée lous quelque vailîèau. L'émail
fe travaille à la lampe ^ au feu de lampe ; c'eft à-dire,
à la pointe d'un feu d'une grolfe mèche qui trempe
dans la cire ou dans l'huile, & qu'on fouftle conti-
nuellement avec un fouffletj ce qui rend un feu tres-
ardent. C'eft ainfi que les Émailleurs font leurs menus
ouvrages, bagues j oifeaux, &c , de toutes fortes de
couleur & de figure.
L A xM
L'Écriture dit figiircmciir , qu'il ne fxut point
jncttre la Xampe alliunce Tous le boilFcau ; pour dire
qu'il faut faire paroître les bonnes œuvres pour
cditîer le prochain. S. Luc. c. FUI. v. lû. Elle
fait aulli une Parabole des Vierges fages & des
Vierges folles , dont les unes avoient de l'huile dans
leur lampe , pour dire , qu'elles étoient préparées
pour entrer aux noces de l|tpoux , & les autres
non. S. Matth. c. XF , v. 2s-
Godeau , en parlant de la Lune a dit, lampe d'ar-
gent au Ciel pendue ; comme un Auteur moderne
a dit d'une belle lampe d'Eglife , HJl flclUi jilo
penjllis. L^Auteur du Pocmc de la Magdelainc a dit
de la fainte Baume j ou retraite de la Magdclaine.
La Lune , par un trou tout-àfau obligeant ,
Lui faifoïc dans fa chambre une lampe d'argent.
Expreffion ridiculement comique.
Cul de lampe , cfl une ligure ou efpéce de vignette
ou Hcuron , chez les Imprimeurs , qui leur fert a
remplir le blanc de la page qui eft à la fin d'un
livre , d'un traité.
Cul de lampe , ell aullî un ornement de menuileric ,
ou de fculpture , fait comme le cul d'une lampe
d'Églile, qui defcend pendant, iSj en bas, comme
on en voit au plancher de la Grand Chambre du
Palais de Paris. C'ell: aulîi un ornement d'Archi-
teâure pour finir , & terminer le dcllous de quel-
que ouvrage. Fundum tejludineatum , arcuatum , acu-
minatum. La plupart dts trompes font foutenues
fur des culs de lampe. Les clefs des voiites (ont
quelquefois ornées d'un cul de lampe , & font une
laillie pendante en dehors.
On dit aulîi _, quand on voit un vieillard qui fe
meurt par défaillance de nature, qu'il n'y a plus
d'huile dans la lampe , qu'il n'y a plus d'humide
radical , de principe de vie.
Lampe, dans le commerce de lainage ,c'efl: auffi une
forte d'étamine de laine qui fe fibrique dans quel-
ques lieux de la Généralité d'Orléans , particulière-
mcnr dans les Manufiétures d'Authon. Ces étoflbs ie
font toutes de laine d'Efpagne : on appelle aulîi quel-
quefois laines lampes , les laines dont elles font faites.
LA.'viPliE. f. f. Grand verre de vin pur. Capax vmi
pocuLum , haujius largior. Les Allemands font gloire
de Ooire de grandes lampées de vin fins s'enivrer.
Froluere fe vino. Ce nom & Ion verbe qui luit j
font populaires.
LAMPER. V. a. Boire avidement de grands verres
de vin. Capacia haurire pocula. Il a lampe plulieurs
verres de vin. Il cil auHl neutre. On voit à la de-
marche de ces gens là j qu'ils ont bien lampe au-
jourd'hui
Borel dérive ce mot du Latin lamho , qui fignifie
lapper , boire avec la main.
LAMPERON. f, m. EU le petit tuyau ou languette
qui tient la mèche dans une lampe. Ellychnii al-
veolus , lingula.
LAMPÉTIE. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
fille du Soleil & de Néira _, & fœur de Phaétufe.
Lampétie j Lampetia. Le Soleil avoit confié à Lam-
pétie & à Phaétufe le foin & la garde des trou-
peaux qu'il avoit en Sicile. Ulifle ayant été jette
par la tempête fur les côtes de Sicile , fes compa-
gnons tuèrent quelques bœufs de ces troupeaux.
Lampétie s'en plaignit à Ion père Apollon , &
Apollon à Jupiter , qui pour venger fon fils, fit
périr tous les compagnons d'Ulilfe par la foudre ,
& par les fers. C'eft une fiélion d'Homère dans
1 Odyfliée , Liv. XIII. Soit qu'il y eût deux Lam-
péties , foit qu'il n'y en eût qu'une, d'autres par-
lent d'une Lampétie fille du Soleil & de Climè-
ne , & l'une des Phaétontiades , qui furent chan-
gées en peupliers à caufe de la mort de Phaëton
leur frère. Voy. Ovid. Métam. liv. IL v. 342,
&c. Mais Servius appelle la fille de Cliniène , &;
Cœur de Phaëton , Lampétule, de non pas Lam-
L A M 397
pétie. Foye-{ fur le iiv. X, de l'Enéïde , p. jS(f.
lidit. de Robert Etienne.
LAMPÉTIENS. Nom de fede. Lampetiamis , a. Les
I.ampéticns] lont des Hérétiques cjui rcnouvt lièrent
quelques erreurs des Aériens. S. Jean Dainallcne
en parle , Her. pS. Lampetius condamnoit toutes
fortes de vœux , particulièrement celui de l'obéif-
fmcCj difant qu'il ctoit contraire à la liberté des
cnfansdc Dieu. Jovet. Le Père Le Quien , dans
les notes fur S. Jean Damakène , remarque que
Lampetius , dont les Lampétiens prirent le nom ,
(Se qui forma cette feéle , étoit un des principaux
chets des ALircianifîes ; qu'il avok écrit un Livre
intitulé , le Tcllamcnt ; qu'il étoit plus ancien que
Marcicn , qui vivoit fous Jullinien I. qu'il avoic
donc paru au V. fiècle. S. Jean Damafcène dit
que les Lampétiens permettoient aux Moines qui
fe retiroient dans les Monaftères , de vivre & de
s'habiller comme il leur plairoit. Us poulloient
même plus loin leur prétendue liberté Évangéli-
que ; car on prétend qu'ils enleignoicnt qu'il hlloic
accorder à la nature tout ce qu elle demandoit ;
qu'enfin ils enfeignoient d'autres erreurs lembla-
blcs à celles des Ariens. Le P. Le Quien cor-
rige , Aériens j parce qu'en effet les Aériens avoient
une doétrine conforme aux Mallaliens , & que
les Malfaliens éc les Lampétiens ne ditîéroient pas.
LAMPION, f. m. Petit vaill'eau de terre , de fer-
blanc , ou d'aurre matière , où l'on met des huiles
ou des grailles , dont on fe fcrr pour former des
illuminations. Lucernula.
§3° On appelle aulîi lampion , les vafes de verre qui
font fuipendus au milieu des lampes d'Églile , entre
le panache &C le culot , & c'eft- là où l'on met
l'huile qui brûle. Lampion à parapet , dans l'art
Militaire , eft un vaiileau de fer où l'on met du
goudron & de la poix pour brûler , Se pour éclai-
rer la nuit (ur le parapet dans une ville alîiégée.
On fe fert fur mer de lampions qu'on met dans
les lanternes , quand on va dans les voûtes aux
poudres.
LAMPON. f. m. Sorte de crochet d'or , d'argent ,'
ou de cuivre , dont on s'efl: lervi pour retrouller
le chapeau.
Lampon. Ville d'Alie an fond d'un golfe , dans la
partie la plus méridionale de l'Ile de Sumatra , dans
une contrée à laquelle elle donne le nom.
LAMPONS. Ce mot veut dire , Buvons. C'eft une
forte de chanfon populaire , où l'on répète lampons
à la fin de chaque couplet. Chanter des lampons.
Scar.
LAMPOS , ou le Refplendiirant. C'eft le nom que
Fulgence le Mytologue donne à un des chevaux
du foleil. Il eft pris du foleil vers fon midi , où il
a toute ta fplendeur.
Ip- LAMPRESSES. f f. pi. C'eft le nom qu'on donne
en Bretagne aux filets qui fervent à prendre les
Lamproies.
LAMPRIDE. f. m. Nom d'homme. Lampridius. On
die aulîi Lampridius. Lampridius a écrit les vies de
Diaduménicuj d'Élagabale , d'Alexandre Sèwhc.Lam-
pride & les autres qui ont fait l'Hiftoire Augufte
au commencement du IV. liècle , ne méritent point
du tout le nom d'Hiftoriens. Tillemont. Les Au-
teurs , dont on a compofé le corps de l'Hiftoire
Augufte , qui font Spartien , Lampride , Vulcace ,
Capitolin , Pollion , & Vopifque , ont tous vécu
fous Dioclétien, quoique quelcjucs-uns aient en-
core écrit fous fes fuccelîeurs. Id. Quelques^ Ma-
nufcrits attribuent à Spartien toutes les^ vies qui por-
tent le nom de Lampride , particulièrement celle
d'Alexandre Sévère : & véritablement il y a tant de
conformité entre les vies attribuées à l'un & à l'au-
tre , que quelques-uns ont cru que ce n'étoit qu'un
feul Auteur , nommé /Elius Lampridius Spartianus.
Td. D'après Volîius , Hifl. Lat. L. II , c. 7.
LAMPROIE, f f. Poiffon de mer qui fe pêche auflî
dans les rivières , qui eft de figure de ferpent , ou
d'anguille, avec des trous des deux coiés. Murana^,
398 L A M
kedella. Il a le vcncrc blanc, & le dos diverfifié de
taches bleues & blanches. Lamproie cordie , ic du
" de celle qui elt devenue duie , &z qui a pallé la
failbn. La Lamproie fe pêche depuis la fin de No-
vembi-e julqu'à la Pentecôte. Elle entre dans les
rivières au commencement du ptintemps. Elle ell
alors fort grallc , & bonne à manger. Plus elle y
féjourne, iJluselle diminue de qualité. Se devient
cordée.
Le mot de Lamproie vient à lamhendis pétris.
Valois le dérive de nampreda, qui eft le nom pro-
pre que donnoient à ce poillbn les vieux Gaulois.
Ménage dit qu il vient de lampetra , Latin , qu'on
a dit pour murma , lignifiant lamproie. Auloniie
l'appelle Muftella , d'autres galexia.
Il y a auill des lamproies d'çau douce , ou de
rivières ,& ce font de petits poiiîbnjqui vivent d'eau
■& de fange , qui font de la grollcur d'un doi-t ,
& longs de 4 ou 5 pouces. On prétend que la
lamproie eftlepoillon que Pline appelle Eciieneis ,
parce qu'elle arrête les vailleaux , <î« t^ i-^ùt -imv.x; ,
ik qui cil diftérente d'une autre lamproie que décrit
Appian ■, & qu'il appelle auiîî Echeneis.
LAMPROPHORE. f. m. de f. Nom que l'on donnoit
autrefois aux Néophites pendant les (ept jours qui
fuivûient leur baptême. Lamprophorus. Dans la cé-
rémonie du baptême un revêt le nouveau Clirctien
d'un habit blanc ■■, mais aujourd'hui immédiatement
après la cérémonie , on l'ôte aux nouveaux bapti-
fês , même aux Adultes ; autrefois ils le portoient
pendant une femaine entière ; & pendant qu'ils le
portoient on les appcloit Lamprophores , à cauie
•de la blancheur de leur habit. Car ce mot iîgnifie
un homme qui porte un habit éclatant, &c vient
de Mi*-^ff éclacant, & de <pïfa , je porte. Voy. Sui-
cer au mot >.xu-ii.ù'p-ç,oç. Les Grecs donnoient auiîî
ce nom au jour de la Réfurreéf ion , tant parce que
ce myftère répand la hunière de la foi dans les
âmes , que parce que ce jour là les mailons étoient
ornées & éclairées de tous côtés d'un grand nom -
bre de cierges , pour donner aux FidcUes un fym-
bole de cette lumière que ce myilère a répandue
dans le monde, f'^oyei Saint Grégoire de Nazianze ,
Orat. 2. in Pafcha. Si ailleurs , dans le fécond
difcours contre Julien , il lemble blâmer ces illu
minations comme une coutume prife des Payens , il
ne les blâme point en eftet , comme Suicer le veut
faire entendre ; mais il dit qu'il ne faut point s'en
tenir à ces marques extérieures de religion , qu'il
faut y ajouter le culte intérieur , la pureté de cœur ,
la joie de l'cfprit , la prière , la contemplation , &c.
LAMPROYON , ou LAMPRILLON. f. m. Ce font
de petites lamproies , de la grandeur d'un doigt , ou
d'un ver de terre , dit Rondelet. Il .ajoute qu'on en
vend beaucoup- à Touloufe, où on les appelle CAa-
tillons , MÉNAGE Dict. Etym. On trouve lamproyon
dans l'Académie. C'cft donc ainiî qu'il faut dire ,
& non pas lamprillon. Les autres dictionnaires ne
mettent ni l'un ni lautre : c'eft-à-dirc , les nou-
veaux ; car lamproyon ôc lamprillon font dans
Nicot.
^3" Il paroît que c'eft le nom qu'on donne aux Lam-
proies d'eau douce , à ces petits poillons, qui ref-
femblent à la lamproie , qu'on trouve dans les
rivières & dans des ruilleaux , oii il ne paroît pas
qu'elles puillent être venues de la mer.
lAMPSACO , ou LAMPSAQUE. Nom d'une ancienne
ville de l'Alîe mineure. Lampfacus , L.ampfacum.
Elle eft encore le liégc d'un Archevêché , mais
petit & peu confidérable. Lampfaque ell htué dans
la Natolic, fur la mer de Marmara, à deux lieues
du détroit des Dardanelles. Maty. Quoique Lamp
faque foit plus François que Lampfcao , je trouve
cependant celui-ci dans nos Auteurs. Je demandai
il dans Lampfaco , il n'y avoir plus perlonne qui hit
en droite ligne héritier du bon homme Priape , &
s'il n'y avoir plus de jardins qu'il eut plantés , où je
pulle remarquer quelque lîmple rare. Du Loir.
Foyagc du Levant , p. zii. Leunclavius dit que les
LAN
Turcs l'appellent encore Lepfech. Priape étoir autre-
fois honoré d'une manière particulière à Lampfaque.
Ovide le marque dans les 1 rifces , L. I , Eleg.
IX, V. '/jo. Quelques uns dilcnt qu'elle fut bâtie
par les Phocéens j & d autres par Priape-, d'autres
enfin par les Milélîens en la trente unième Olym-
piade. Ils bâtirent aullI Cizique vis à-vis. On dit
qu'elle prit Ion nom d'une fille nommée Lampfacé y
qui en étoit originaire. Strabon , L. XIII , vante
Ion port , & un temple de Cybèle qui s'y voyoit.
Elle étoit encore renommée par la bonté de fes
vins.
LAMPSANE. f. f. Plante dont la racine eft fimple;
blanche , fibrée : elle poulfe une tige à la hauteur
d'environ trois pieds , ronde , cannelée , rougeâ-
trc , creule , rameute. Lampfana. Ses feuilles d'en-
bas font d'une grandeur ôc d'une figure appro-
chantes de celles du laitron liile \ mais celles qui
accompagnent le haut de la tige & des rameaux ,
lont oblongues , étroites , pointues j fans queue.
Ses fleurs lont des bouquets ronds à demi-fleu-
rons jaunes. Ses femences font un peu longues,
déliées, ordinairement pointues, noirâtres. Toutç
cette plante rend un lue laiteux amer. En Latiu
Lampfana Dodonni. Pempt. 6j ^.
Ce mot vient du Grec hnfijrcehit , évacuer , à
caule que cette herbe étant mangée , lâche le ven-
tre. Pluheurs l'appellent Papillaris herha , herbe aux
mamelles , parce qu'elle eft fort propre pour gué-
rir le bout du lein quand il eft fendu, ou écorchév
elle lert auiîî à ôter les taches d'huile.
LAMPSAQUE. Voyei^ Lampsaco.
LAMPTA. Nom d'un bourg du Royaume de Fez.
Lampta. Il eft près de la ville de ce nom , & il ï
été bâti des ruines de l'.incienne Vobrix , ou Bo-
hrix , ville de la Mauritanie Tingitane. Maty.
LAMPTERIES. f. f. pi. Fête en l'honneur de Bac-
chus , qui le célébroit immédiatement après la vcn •
dange. Lamptena. Cette fête conhftoit en une
grande illumination notturne , & à verlcr du vin
à tous les pallaus. Pausanias , in Ackaàis.
LAN.
LAN , ou LANDE. C'eft un mot Breton , qui entre
dans la composition de pluheurs mots ; Lan Con-
nili, //{/?. de Bret. T. II , p. loj. ia/2 loet-quet,
p. /7, Lan EvLnnoc , p. 26. Xt:/2-hoetleian , />. i2.
Za«-Loethbon , p. /7. Lantàzyan , p. jo. Le
mot de lan , félon Davies , fignific Églife , temple, .
place, ou cimetière. En Bretagne ce mot le prend
pour du Jan , plante qui s'appelle en Latin GeniJIa-
fpartium. Lobineau , Gloff.
Lan. Le mont de Lan. Lanius mons. On le prend
pour le lieu de la Gaule Narbonnoile , nomincè
anciennement Melofedum. C'eft un village du
Dauphiné , fitué entre la ville de Grenoble & celle
de Briançon , au lommet de la montagne de Lan,
qui eft fort haute , & qui a vers le lommet un
chemin lur la Roche vive avec des gardefoux ,
parce qu'il eft au bord d'un précipice arlrcux , au
fond duquel coule la rivière de Romanche.
LANAR. l^oye^ Lanerik. t(k
LANCAN. t'oyei Lankan.
LANGASTRE. Nom d'une ville d'Angleterre , ca-
pitale du Comté de Lancaftre , & lîtuée fur la ri-
vière de Lune , ou de Liène , à cinq lieues au midi
de Kendal , anciennement Longancum , mainte-
nant Lancajlria. En Anglois on écrit Lancajler.
Long. 14. d. 3 5',lat. 5-4. d.
Le Comté de Lancajlre , en Anglois Lanca-Shire.
Lancajlria. Province d'Angleterre. Elle eft bornée
au nord parles Comtés de Cumbcrland & de Weft-
morland , au levant par celui d'Yorck , &c au lud
par celui de Chefter. Il eft baigné au couchant
par la mer d'Irlande. Sa longueur eft de vingt
lieues , fa largeur movenne de lix ou lept. Il .abonde
en grains Se en beftiaux , particulièrement en bœufs
fort grands. S^i principau.x lieux font Lancaftre ,
LAN
capitale, Se les bourgs de Manchcftcij de Prcllon ,
de Newton, deWigaii,dc Clitciow , de Léerpole,
qui ont léance & voix au Pailcment d'Angleterre.
Ce Comté a été pollédé long temps par des Princes
de la Maifon Royale d'Angleterre j qui tonnèrent
Je parti de la Rofe Rouge , Se difputérent long-
temps la Couronne aux Ducs d'Yorck , dont le
parti fut celui de la Rôle Blanche. Henri VII ,
Comte de Richemont , Chef de la Maifon de Lan-
cajlrc , étant parvenu à la Couronne Tan 148JJ
cpoufi l'hénticrc du Roi Edouard IV , qui avoit
été Chef de la Maifon d'Yorck , Se ainll il fit cef-
1er cette grande querelle, pendant laquelle on allure
qu'il fe donna jufqu'à trente batailles , &: qu'il fut
tué trois Rois , &: quatre-vingts Princes de l'une
ou de l'autre Maifon. Maty. Les anciens habitans
du Comté de Lancajlrc étoicnt lesBrigantes. Spéed.
LANCE, f. f. Arme otfenlîve des anciens Cavaliers,
faite d'un bois long comme une demi pique, pointu
& ferré par le bout , & pefint du côté de la main.
Lancca. La Iclikc a trois parties , la poignée , les ailes
& la Hèche. On appelle , Main de la lance S< de
l'épée , la main droite du Cavalier. Le pié de la
lance , c'eû le pié de derrière hors du montoir ,
parce que la lance étant en arrêt , le tronçon ré-
pond à ce pié-là. L'arrêt de la lance el\ la courroie
ou la partie de l'armure du Cavalier qui fcrvoit à l'ar-
rêter quand il alloit lance bailFée contre l'ennemi.
Il y a aulïï des lances de drapeaux Se d'étendards
qui fervent à les porter. Kajlile. On peint Pallas
avec une lance. En cette journée ( de Pontcharra ,
où Amédée , Duc deSavoye , fut défait par Lefdiguiè-
res l'an 1591.) Ja lan^e , autrefois la plus noble de
toutes les armes , dont fe fervillent les Gentils-
hommes François , perdit prefque toute la gloire
qu'elle avoit acquife en tant de belles occalions,
& tomba en tel mépris , que l'ufage en fut bientôt
aboli dans les combats ; d'autant que les Cavaliers
de l'armée de Savoye qui en portoient , manquant
d'adrcde pour la manier, firent croire que ce n'é-
toit qu'un fardeau inutile & embatralfant; ôc LeC
diguières lui même , qui l'avoit toujours peu cfti
mée , montra par un beau coup de fa main que
ce n'avoit pas été fans quelque railon : car en ayant
parlé le foir d'auparavant à table , & avancé qu'il
ii'étoit rien li facile que de détourner un coup de
lance ; comme il' vit un Capitaine couvert d'une
cafaque de velours , toute chamarrée de clinquant
d'or, à la tête de vingt Lanciers, qui venoit à lui
. la lance en arrêt , il l'attendit de pié ferme , dé-
fendant à tous fes gens de fe mettre au devant , ni
de lui toucher , & jetta la lance à côté avec fon
épée j & puis lui Dorta la pointe dans la vifière ,
fi bi?n qu il en tomba mort par terre. Mez£ray ,
T. III , p. poo.
Les Romains , fslon Varron , repréfenroient leur
dieu de la guerre lous la torme dune lance, avant
qu'ils eulfent trouvé l'art de donner la figure humai-
ne à leurs (lames. Ils avoient pris cette coutume
. des Sabins , chez qui la lance étoit le lymbole de
la guerre. D'autres peuples , félon Juftin , rendoient
leur culte à une lance , Se c'eft de-la , dit il , qu'eft
venue la coutume de donner des lances aux ftatues
des dieux.
Pline écrit , L. VII. c. s^ , que l'on attribuoir aux
Etoliens l'invention de la lance. Varron , & après
lui Aulu Celle , dit que le mot lancea étoit Elpa-
gnol , iurquoi quelques Savans loutiennent que l'u
fige de la lance étoit venu d'Efpagne en Italie ; que
cet inftrument n'étoit pas feulement une arme des
Efpagnols , mais de tous les Celtes.
Ce mot vient du Latin lancea. Diodore de Si-
cile dit que ce mot eft pris de la Langue des Gau-
lois. Varron , au rapport d'Aulu-Gelle , croit que
c'eft un mot Efpagnol ; Fertus le dérive du Grec a.I^;,
Le P. Pezron le fait venir du mot Celtique lance.
Sifenna , cité par Nonius , pcnfe que c'eft un mot
de la Langue des Suèves , qui étoient des peuples
de la Germanie -, les AUemans appellent en leur
LAN 399
Langue Lant^ , une lance , & Lanfquenet veut dire
un loldat armé d'une lance , ou , (uivant l'étymo-
logie , un homme , un valet de lance. Borel dcrivc
le mot lance de l'Hébreu lamh , qui fignific la mê-
me chofe.
Autrefois on a appelé les lances , bois j bourdons ,
bourdonna£es.
On dit aullI au Manège , qu'un cheval a le coup
de lance , quand il a une marque , ou enfoncement
au cou, ou près de l'épaule , comme s'il avoit été
percé d'un coup de lance : c'eft la marque d'un bon
cheval , qu'on trouve à quelques Barbes j Se aux
chevaux d'Efpagne.
On faifoit autrefois des combats de lance à ou-
trance , à fer émoulu : d autres par divertilTcment
&e exercice militaire , pour montrer fa force Se fon
adrelle , comme dans les joutes Se tournois. On di-
foit j faire un coup de lance , brifer une lance ,
Etire voler les lances en éclats, rompre des Lnces ,
pour combattre avec la lance. Il lut queftion de
rompre des lances l'un contre l'autre , fuivant la
mode de ce fiècle-là. Mademoifelle l'Héritier. On
dit ptoverbialement & familièrement , rompre des
lances pour quelqu'un , le défendre contre ceux qui
l'attaquent. Bailler la lance , c'étoit s'avouer vain-
cu , céder la victoire , fe foumettre. On le dit en-
core en ce fens au figuré, pour avouer la fupério-
rité d'un auue en quelque chofe ; lui céder , le fou-
mettre à fes volontés.
Chacun le fut ; Bapt'ijle en fut moqué;
Sur fon égal il en eut pris vengeance ,
Ou fon efprit eût au befoin manqué ;
Mais franchement quand on ejl attaqué
Par Alaréchaux , il faut baifter la lance. SÉnecÉ.
On appelle dans les joutes , lance brifée , une
lance à demi fciée près du bout , enlorte qu'elle
fe peut facilement bnfer. Ac. Fr.
On appcloit autrefois lances courtoifes , lances
moufles , frettées & marnées , celles dont le fer
étoit émouffé , non pointu , & qui avoit une fret-
te j morne , ou anneau au bout. Maintenant on ne
fe lert de lance que pour courir la bague. Dans un
Tournoi que fit Charles Quint à fon avènement à
la Couronne d'Efpagne , foixante Chevaliers en-
trèrent dans la lice avec des lances , qui avoient au lieu
de fer , des diamans taillés exprès pour un combat
fi galant. Lakk^y , dans Henri VIII. p. 1 34.
Lance , ou pique. Lancea. Inftrument de Chirurgie.
Il y en a de deux fortes , l'une dont on fe fert dans
l'opération de la filtule lacrymale ; l'autre pour ou-
vrir la tête du fœtus mort & arrêté au paflage. On
l'appelle la lance de Mauriceau.
Lance gaie , ou Lance guaie. f. f. Ancien nom d'u-
ne arme oftenfive. Trait , zaguaie , félon le P. Lo-
bineau. J aculum ^ fpiculum.
Dardes , javelots , lances gaies ,
S avoient jetter & faire plaies.
GuiLL. DE S. André , Hijl. du Duc Jean.
La lance gaie eft une arme d'aft , ou bâton ferré
par le bout, qu'on nomme aulïï lut la mer de Le-
vant , arche gaie , haffeguaie & ^aguaie , & g^\^~
guaie. Hafca Africana. Au Ponant on la nomme
demi-pique. Elle eft plus menue qu'une pique , ce-
pendant plus longue. On a cru autrefois que la
lance fameufe dont fe fervoit Charlemagne , étok
la même que celle du Centurion qui ouvrit le cô-
té de Notre- Seigneur , Se qu'elle le rendoit invin-
cible. Cependant l'an 1198 , les Croifés crurent
avoir trouvé à Antioche la lance dont Notre Sei-
gneur eut le côté percé.
La lance de S. Maurice étoit autrefois l'enfeigne
du Royaume de la haute Bourgogne. Foye^i Du
Tillet , dans fon Recueil , /. P. p. s^ • ^ Cho-
rier , dans forr Hift. du Dauphiné.
Lance Spezzate , eft un Officier réformé , qui étoit
^oo L A
autrefois un Gendarme démonté qu'on plaçok dans
l'Infanterie avec quelque avantage , dont on a fait
Jnfpejjddc , qui marche après le Caporal. Le Pape
a encore pour la garde , outre trois cens, Suilles ,
douze lances fpei\ates , ou Officiers réformes.^
Les Bateliers appellent aulîi lances , des bâtons
longs & plats par le bout , avec lelquels ils joutent
& le renvcrfenr dans l'eau , lorfqu'ils font leurs fê-
tes en tirant l'anguille ou loilon.
Les Sculpteurs &c Ouvriers appellent aulli lances ,
des fpatules, & outils dont ils fe (ervait.
Lance , lîgnifioit autrefois un Gendarme , un cavalier
armé de toutes pièces , qui combattoit avec la lan-
ce & l'écu. Hajlatus eques. C'étoit un beau com-
mandement d'avoir une compagnie de ;o Unces ,
de mener 50 lances ou hommes d'armes. Ils étoient
la plupart ^Gentilshommes. Autrefois les Ducs, dé-
voient être accompagnes en bataille de 400 lances ,
les Comtes & les Marquis de 100 , les Barons de
190 , Se les Seigneurs Bannerets de 50 , avec les
gens de trait qui leur appartenoieiit.
lier Et l'on appelloit lance fournie , un homme d'ar-
mes ayant tout l'on accompagnement , c'elt-à dire ,
un certain nombre d'archers , de valets & de che-
LAN
tfT On défigne en Botanique , par le terme de lanceo-
latus j les teuilles de certaines plantes , qui font
faites en fer de lance. Lanceolatum folium
LANCELEE. f. f. C'efl le nom d'une plante qui
s'appelle autrement lonchile ou lonkïle , car c'ell
ainh qu'il le prononce. Voye\ Lonchile.
LANCELOT. f. m. Nom d'homme. Lancelotus. C'eft
la même chofe que LADISLA^. Voye-!^ ce mot.
LANCER. 1. m. Le lancer. Terme de Challe. Le
temps , l'adfion de lancer une bcte , la faire fortir
de fon fort pour la courir, la faire partir, la don-
ner aux chiens. Excïtaûo , agltado. Se trouver
au lancer.
Le rende\-vous cjl au milieu du bois.
vaux.
Lance , s'cft dit autrefois dans un fens figuré pour
homme , par oppolition à quenouille , qui le^ diloit
dans le même lens pour femme : ces expreliîons le
font confervées dans quelques occallons ; par exem-
ple , fief qui tombe de lance en quenouille ; pour
dire , qui palle d'un mâle à une femme.
Lance , fe dit aulli en Phyfique , de certains météo-
res qui s'cndamment en l'air , qui font longs &
menus , & reilemblent prefque à des lances. Acon-
tia , Xiphia.
Lance a feu. Terme d'Artificier. C'cfl: une compolî-
tion de poudre à canon faite en forme de fulée- j
qui rend un feu fort clair , qui jette de temps en
temps des étoiles , & qu'on attache lue les échatfauds
des feux d'artifice , pour les éclairer pendant que le
reftc joue. Hajla ignica. On en fait aulli pour jet-
ter dans des vallfeaux ennemis , dont on voir les
compohtions dans les Pyrotechnies de Hanzelet &
de Vanoccio , de François Malthus , & de Cafimir
Simierowicz Polonois.
Lance à feu puant. Quand le mineur entend un bruit
fourd , après avoir fait un trou avec la fonde , ik
tiré pluueurs coups de pilfolet , il enfonce une lan-
ce à feu puant , 6c ferme bien le trou de fon cô-
té , afin que la fumée n'y vienne point. La fumée
qui s'enferme dans les terres , en empoifonne telle-
ment l'air , qu'il ell impollible d'en approcher pen-
dant deux ou trois jours , & fouvent on a été obli-
gé de retirer par les pieds , des mineurs qui ont
voulu s'y obftiner.
Lancî i dans l'Artillerie , cft un inftrument propre
à recevoir la charge du canon , & à la conduire
au fond de l'ame. On lui donne ce nom parce qu'il
en a la figure. '
Lance ell aulli une verge de fer qui Ce place au tra-
vers d'un noyau de terre d'une bombe , & qui le
fufpend en l'air quand on la coule ; & lorlqu'elle
cft fondue , on rompt cette lance avec des inllru-
mens faits exprès. En recevant des bombes , il faut
bien prendre garde que ces lances n'y relient , il n'y au-
roit pas moyen de les_ charger.
Lance de feu. On s'en fert fur les murailles pour em-
pêcher l'efcalade.
Lance d'eau. En hydrauhque. On appelle ainh un
jet d'eau d'un feul ajutage de peu de grolfeur, fur
une grande hauteur.
On dit proverbialement , qu'un homme eft à beau
^jied fans lance ; pour dire , qu'il cft démonté &
défarmé : Se figurément , pour dire , qu'il n'a plus
d'équipage , qu'il efl mal dans les affaires. On dit
aulTi , qu'il baille la lance : cendic manus , vicias
fatifcit , cedit : lorfqu'il s'ennuie de plaider ou de
difputer , qu'il commence à céder , à demander
.quajtier à fa partie.
Dc-la. vous pourre^ être au lancer , aux abois.
Nivelle de la Chaussée.
Lancer. V. a. Jetter avec violence. Vibrare , torquere.
Les Anciens combattoient en (e lançant des dards , i
des traits , des javelots. Les Maures fe lancent au-
jourd'hui des zaguaies , ou petites lances. Les ba-
liftes , catapultes , & autres machines anciennes , I
fervoient à lanctr des pierres , de gros dards & !
matras.
|!3^ En Poëfie &: dans le ftyle foutcnu , on dit que Dieu,!
lance la foudre , le tonnerre. CoUeret , en parlant '
du Prince de Coudé Louis II , connu dans les prcr
mières années de L\ vie fous le nom du Duc d'Enr
guien , a dit j lancer un tonnerre.
Veux-tu peindre ce Duc au mtiieu des combats ?
Peins Jupiter qui lance un tonnerre ici-bas.
§^ En parlant du Soleil , on dit qu'il lance (es
rayons. Vibrare. Darder.
Lancer , fe dit figurément en Morale. Lancer des
foupirs vers le Ciel. Lancer des regards affreux ,.
menaçans. Lancer des œillades amoureufes.
Vos yeux favent lancer de trop dangereux traits.
CoRN.
Hé j que me veulent dire , & ces foupirs pouffes ,
Et ces fombres regards que fur moi vous lancez î
Mol.
En termes de Challe , on dit lancer la bête , le
cerf, le fanglier ; pour dire , les faire partir , le
donner aux chiens. Exigere , excitare. Lancer Itfj
cerf , c'eft le faire partir de la repolée comme les |
autres bêtes fauves. Salnove. Lancer un loup^c'eftj
le faire partir du liteau. Id. Lancer un lièvre , c'eft"
le faire partir du gîte. Id. Lancer une bête noire ,
c'eft la faire partir de la bauge. Id.
Lancer , en termes de Marine. IncUnare j vacillare.
Il lance bâ-bord , il lance ftribord , fe dit d'un
vaidc.iu qui ne failant pas fa droite route , fe jette
d'un côté & d'autre , foit par la faute du Timo-
nier , ou autrement. Dans cette acception il eft neu-
tre. Le vailleau lance bâbord. Lancer une ma-
nœuvre, c'eft l'amarrer autour d'un bois fait pour
cet ufage. Lancer un vailleau , c'eft , lorfqu'il eft
fur le chantier j le mettre à l'eau , à la mer.
Lancer , avec le pronom perlonnel , fignifie , fe
Jetter foi-même impétueufement. Irruere j invehi.
Ce furieux s'eft lancé de delfus le pont dans la
rivière. Ce brave a fait un faut pour le lancer dans
le vailleau ennemi. Les dogues fe lancent fur les
voleurs. Les ferpens irrités le lancent fur les hom-
mes. Le lion fe lança fur lui ; & le mit en piè-
ces. ASL.
LakcÉ , ÉE. part. pair. &: adj. Vibratus.
lANCEROTTE , ou LANCELOTTE. Nom d'une
des îles Canaries. Lancerotta , Lancelotta. Elle eft
vers les côtes du Royaume de Sus, en Afrique,
à cinq lieues^de l'île de Forteventura , du côté du
nord. Cette île , qu'on prend communément pour
la Junonia Minor des Anciens , peut avoir dix lieues
de
LAN
de long , &r quatre de large;. Elle a un bourg qui
porte (on nom. Maty.
LANCE r. 1". m. Nom que l'on donne dans les Loix
d'Angleterre à une efpcce de valîaux. Lanccta. Les
l.aiicccs litoient tenus depuis la Saint Michel jufqu'à la
lin de l'Automne, de travailler un jour chaque l'eniainc
pour le S'ciijncur , (oit avec la fourche , (oit avec la
• bêclic , (bit avec le fléau, au choix du Seigneur.
Ce nom vient de l'Allemaïul Laiidleet , qui veut
dire originaire du pays , indigena , inqu'dinus.
LANCETTE. ('. (. Inftrument de Chirurgie fait d'un
acier très-fin , pointu tk. à deux tianchans qui fert
principalement à ouvrir la veine. Scalpcllus , fcal-
per. Donner un coup de lancette. Il (ert auiH aux
Icarilications , aux ouvertures des apoftèmes , <j'c.
Les Latins l'appellent Lanceola.
On fait ordinairement de quatre fortes de lan-
cettes. La première cft à grain d'orge ; elle eft plus
large vers la pointe que les autres. Elle convient
pour les vaifleaux gros & (uperlîciels. La féconde
ell: appelée lancette à grain d'avoine , parce que (a
pointe eil plus alongée que celle de la précédente.
Elle eft propre à tous les vailTeaux , principalement
à ceux qui font profonds. La troilîèmc en pyra-
mide, ou à langue de ferpent. Elle va toujours en
diminuant , & le termine par une pointe très-lon-
gue , très fine & très aiguc ; elle ne convient qu'aux
vaifleaux les plus profonds. La quatrième eft nom
mée lancette à abcès. Elle eft plus forte, plus lon-
gue & plus large que les autres , parce qu'elle ne
lert que pour pénétrer dans des endroits protonds.
La lancette d'un Chirurgien , avec ce mot Pun-
genio fanac , eft la devife d'un PoUte fityrique , ou
d'un difeur de bons mots , qui par des traits railleurs
corrige les vices.
LANCHESTER. C'étoit anciennement une petite ville,
des Brigantes. Langovicum. Ce n'cft maintenant
qu'un village d'Angleterre , fitué dans le Comté de
DurhaiTi , à trois lieues de la ville de ce nom , du
côté du couchant. Maty. Mais Spéed croit que le
pays des Brigantes étoit le Comté de Lancaftre , 6c
que Lancaftre eft le Langovicum des Anciens.
LANCHIUOL. Nom d'une partie de l'Océan orien-
tal. Mare AnchidoUum. Elle cft entre l'île de Java
& les Moluques , qui la terminent vers le nord , &
la nouvelle Hollande , partie des terres Auftrales ,
vers le midi.
LANCL f. m. Terme d'Architeéture. Les lancis font
dans le jambage d'une porte , ou d'une croifée^ les
deux pierres plus longues que le pié droit qui eft d'une
pièce. Ces lancis fc font pour ménager la pierre ,
qui ne peut pas toujours l'aire parpaing dans un mur
épais. On nomme /.j/zci du tableau, celui qui eft
au parement; Se lanci de lécoinçonj celui qui eft
en dedans du mur,
LANCIANO. Nom d'une ville du Royaume de Na-
plcs. Lanoeanum , anciennement Anxanum. Elle eft
grande, Archiépifcopalc , capitale de l'Abrulle cité-
rieute ; & célèbre pour les toires qui s'y tiennent
au mois de Mai & au mois d'Août , où il y a un
grand concours de Marchands d'Italie, de Dalmatie ,
de Grèce j &c. Elle eft lituée fur la rivière de Fel-
trino , près de celle de Sangro , à quatre lieues de
Civita di Chieti , vers l'orient méridionaL Maty.
LANCIER. V. a. Vieux mot Lancer.
Lancier, f. m Vieux mot , qui fignifioic autrefois
Gendarme , Cavalier, qui comb.ittoit avec la lance.
Hajiatus eques. Lancearius dans la baffe Latinité.
Vcfpafien avoit des Lanciers dans fon Armée. Jo-
fepW en parle , L. LIL , de Bello ]ud. c. S. Va-
lentinien I. eut fous Julien la charge de Tribun des
Lanciers , ou Joviens de la Garde , qui dévoient
luivre par-tout l'Empereur. Tillemont. Louis XI.
établit pour fa Garde une Compagnie de Lanciers,
cui dévoient avoir chacun un Homme d'armes tk
deux Archers. Les Efpagnols ont des Lanciers en
Ameii.-uc. On eut à combattre les Lanciers ; ce
/bnr des gens fur qui les Llpa^nols comptent beau-
coup. Ils ont des l.uices de neuf à dix pieds , &
Tome f-\
LAN 401
quelquefois plus longues. Ils attendent que la de-
charge des armes à feu foit faite, enfuite ils foncent
Ôc dardent de douze à quinze p.is avec beaucoup
d'adrelîe ^ ne manquant jamais leur coup. Oexmilin.
^yj" Lancier , au figuré. Mayret ne voulut pas lutter
ouvertement contre un pareil advcrfaire ( le grand
Corneille ). Il dét.aclu un de les Lanciers pour lui
porter le premier coup : ce fut Claveret , mauvais
Poète & Avocat noyé. M. M. Parfait.
On appelle ironiquement un chaud Lancier , un
finfaron qui (e vante de beaucoup de chofes qu'il
ne peut faire, &c particulièrement en prouclfe d'a-
mour.
LANCIERE. f. f. Terme de Coutume. Ouverture par
où l'eau s'écoule quand les moulins ne vont pas
Oftium. ^
g::?- LANCINANT, ANTE. Douleur vive & lanci-
nante. Voye^ Lancination.
tP" LANCINATION. f f mot nouveau qui fe dit
d'une douleur vive & aiguc, femblable à celle que
produifent des coups de lancettes , d'où vient (ou
nom. Ce terme eft d'ufige en Médecine & en Chi-
rurgie, & même en Phylîque en fait d'électricité.
On relient dans les doigts une efpècc de lancina-
tion , femblable à celle des panaris. Nollet.
LANÇOIR. f.m.Eft la palle qui arrête l'eau du mou-
lin , & qu'on levé quand on le veut faire moudre,
ou écouler l'eau du biez.
LANÇU , ou LANZU. f. m. Nom d'une fede des
Chinois. Lancua /cela. Les feélateurs de Lancu
croient que leur ame & leur corps vont au ciel
jouir des délices infinies. Ils débitent qu'ils ont des
charmes contre toutes fortes de malheurs , & qu'ils
challènt les démons des corps des poffédés & des
lieux qui en (ont infedés. Ce nom eft celui de
r/\uteur d^» cette fefte , Se (îgnifie Philofophe
ancien, ou vieux, p.irce qu'on feint qu'il demeura
quatre vingts ans dans le fein de fa mère , & qu'il
naquit vieux, f^oye^ le P. Kirker , China Llluft.
C. Il y a de l'apparence que c'eft la même fede
que celle qu'on nomme au Tunquin Lanthac , au
rapport de Tavernier
LAND. f. m. & LANDE, f. f. Quelquefois oii écrit
le premier avec un t après le d , landt. Ces
mots entrent dans la compofition de plufîeurs noms,
comme Landgrave , Zélande , Zélandt , Gotland ,
6'c. Ils viennent du mot landt , lequel dans les
langues du Nord , 'veut dire pays. Quand nous
difons lande en François j nous tàifons du genre
féminin les mots à la fin dcfquels il fe trouve dans
la compofition , comme la Zélande , la Hollan-
de , &c. &: nous donnons le genre mafculin à
ceux où nous mettons le mot de lani , ou lande;
ce qui fait qu'un même mot eft quelquefois du
genre mafculin , ou du genre féminin , félon la
ditiérente ortographe de ce mot , comme le Groen-
land o\x \z.Groenlande. La plupart des provinces de
Suède ont un nom compofé de celui de land , &
du nom des anciens peuples qui les habitoient :
l'île de Gotland , par exemple , dont le nom figni-
fie pays des Goths ; \' Âmelande veut dire , pays des
Amales : c'eft de cette nation que font venus les
noms À'Amalaric , A'Amalafunte , &c. On dit en-
core en Bas-Breton lannec aiu même fens.
LANDAFF. Nom d'une petite ville du p.iys de Galles
en Angleterre. Landavitm , Fanum ad Tqffum.
Elle eft dans le Comté de Glamorgan , fur le Taft ,
à mille pas au-deftbus de la ville de Cardiftl Lan
daff a un vieux château & un Évêché fufflagant de
Cantorbéry ; mais elle eft fort mal peuplée.
LANDAIS. Landefium. Ville de France dans le Berri ;
au Diocèfe de Bourges.
LANDAN. f. m. Arbre qui fc trouve dans les îles Mo-
luques , 'Sr qui croît jufqu'à la hauteur de vingt
pieds. Ses feuilles reftemblent à celles du coco,
excepté qu'elles (ont plus petites. Cet arbre eft (i
gros , qu'à peine un homme peut-il l'embraffer.
On le coupe néanmoins fort aifément avec un
couteau , à caufe qu'il n'eft compofé que d'écorce
Eee
402 L A N _
& de moelle. L'ccorce a un pouce d'épailTeur j ou
environ , & pour la moelle on en fait du pain.
Elle cfl: faite comme du bois vermoulu, & on la
pourroit manger au fortir de l'arbre ; en ôtanr les
veines de bois que l'on y trouve mêlées. Les habi-
tans, après avoir coupé l'arbre, le fendent par le
milieu en cylindre j Se hachent la mo'clle jutqu'a
ce qu'elle foit réduite en poudre , à peu près comme
la farine. Enfuite ils la mettent dans un tas , qu'ils
font de l'écorce du même arbre , & ce fis eft mis
fur une cuvette faite de fes feuilles. A mefure qu il
s'emplit , ils l'arrofent d'eau , & l'eau en dégageant
la farine d'avec les veines du bois , tombe toute
blanche & épailfe comme du lait dans cette cuvette,
au haut de laquelle ell une rigole par où elle de-
gorge , en laillant fon marc au fond. Ce m.arc ,
qu'ils nomment yâga , leur fert de farine , Se c'eft
en effet de la farine quand il elf fec. Ils la cuifent
dans des formes de terre qu'ils font rougir au teu ,
enforte qu'en y mettant la farine elle devient pâte j
âc fe cuit en un moment. Cela le fait avec tant
de promptitude , qu'un homme leul pourroit eu
trois ou quatre heures faire autant de pain qu'il en
faut pour nourrir cent perfonnes pendant tout un
jour. Ils tirent de ce même arbre une liqueur aulîî
agréable à boire que le vin , & qu'ils appellent
Tuach. Quand les feuilles font encore jeunes , elles
font couvertes d'une efpcce de coton , dont ils font
des étoffes , & lorfque ces feuilles font plus gran-
des, ils en couvrent leurs maifons. Les grolTes veines
de ces mêmes feuilles leur fervent de perches pour
bâtir, & les plus petites font une façon de chan-
vre avec lequel ils font de fort bonnes cordes.
LANDANO. Foyei Londano.
LANDAW , ou LANDAU. Nom d'une ville de la
Prévôté d'Haguenaw , en Alfacc. Landavia , Landa-
yïum. Elle efl: enclavée dans le Palannat du Rhin,
& iituée fur la rivière de Quicch , environ à cinq
lieues de Philisbourg & de Spire , vers le couchant.
Landaw a été une ville Impériale. Elle appartient
à la France. Maty. Long, zj d. 47', 30". lat. 49
11', 38".
LandJ^ 5 efl au/n le nom d'une petite ville ou bourg
du Duché de Bavière. Landavia. Elle efl fur la ri-
vière d'Ifer , à huit lieues au-defFous de Landshut.
Maty.
LANDE, f. f. Grande étendue de terre inculte , qui
ne produit que des genêts , .des bruyères , du jonc
marin ^ des broulfaillcs. Sahulecum , tcfquum inhof-
pitum , landa dans la baffe Latinité. La Gafcogne
eff un pays de landes. Les landes de Bretagne.
§3° Dans quelques Provinces , comme en Bretagne ,
on donne; particulièrement le nom de lande au
jonc-marin qui croît dans ces terres incultes , de
même qu'au terrein qui le produit. On coupe ces
landes pour chauffer le four.
Lakdes , au pluriel, fe dit aullî fîgurément pour (îgni-
fier des endroits fecs ëc ennuyeux qui fe trouvent
dans un Ouvrage. Il y a d'aflez belles chofes dans
ce Livre j mais il y a bien des landes. Ac. Fr. Ce-
la ne peut paffer que dans le difcours familier.
Ce mot vient de land , qui en Allemand ligni-
fie terre , pays , ou patrie. De l'Anglo-Saxon land ,
terre , pays , s'efl fait le nom de lande , qui fignihe
. une terre inculte , &: ((ue plufieurs perfonnes por-
tent pour nom de Seigneurie , d'où efl venu le di-
minutif de Landelle. Les Anglo Saxons difent aullî
lond , dans la même lignification. D'où vient le
nom de la Londe & le Londel. Huet , Orig. de
Caen , CL XXI.
Lis Landes , ou les Landes de Bourdeaux. Landarum
traclus , Landii. Burdegalenfcs , ager fynicus. C'eft
une contrée de la Gafcogne , Province de France.
Elle eft bornée au nord par la Guienne propre -, au
couchant par le Bazadois , le Condomois , & la
Gafcogne propre ; & au midi par le Béarn , 6c par
la terre de Labour. La mer des Bafques la baigne
au couchant. C'eft un pays qui répond allez à fon
lîora j il eft plein de bruyères & de fablons. Ses
LAN.
lieux principaux font Dax , capitale , Tartas &: Al-
bret. Maty.
LANDEK. Petite ville de Bohême au Comté de Gratz ,
remarquable par fes bains chauds. Il y a aulii une
ville de même nom en Pruile , dans la Pomerelle.
LANDEN. Nom d'une petite ville des Pays-Bas. Lan-
dm j Landenum. Elle eif dans le Erabant Elpagnol ,
aux confins de l'Evcché de Liège , à trois lieues de
Tilmont , du côté du couchant , & à deux de Lewe ,
vers le midi. Cette petite ville eft capitale d'une
Mairie , & pafle pour la plus ancienne des Pays-
Bas. Les Hollandois appellent la bataille de Lan-
den , celle que nous nommons la bataille de Ner-
winde , où le M.aréchal de Luxembourg défit entiè-
rement l'Armée du Prince d'Orange le 29. Juillet
1693. & où nos Princes , nos Officiers & toutes .
nos Troupes firent des prodiges de valeur , pen-
dant un jour prefqu'entier que dura la bataille.
LANDERNEAU. Ville de l'Evëché de Léon , en Balfe-
Bretagne. fJCT C'eft le Chef- Lieu de la baronie de ;
Léon. Long, i 3 d. zi. lat. 48 d. 2j'. i
Ip-LANDERON. Petite ville de SuilFe , dans laPrin-'^
cipauté de Neuf-Châtel.
LANDÉVENEC. Nom d'un bourg de France. Fin-
dana portas. Il eft en Bretagne fur le bord de la
mer , & près de Brcft. Il y a une ancienne Ab-
baye. Valef. Not. Call. p. lor.
LANDGRAVE, f. m. Prince ou Seigneur Allemand ,
d'une Seigneurie qu'on appelle Landgraviat. Cornes.
Le Landgrave de Heffe.
Ce mot vient de land, qui fignifîe terre. Se Grau ,
qui fîgnifioit Juge ; ce que les Latins appeloient Co-
rnes , Se ce qu'en Normandie on appelle encore
Ficomte , parce qu'autrefois la Juftice étoit rendue
à la Cour par ces Juges qui accompagnoient tou-
jours l'Empereur. Ainfi on a compofc d'autres noms
Allemands , Palci-Grave j qui eft le Chef de la Juf-
tice du Palais Impérial ; Marckgrave , Juge d'une
Province frontière ; & Burggrave , Juge Se Gou--
verneur de quelque Place importante. Les Juges
peu à peu ont empiété l'autorité , «Se la foibleffe ou
la négligence des Empereurs a été caufe qu'ils fe
font rendus en quelques endroits propriétaires des
terres dont ils n'étoient que Gouverneurs Se Juges.
Foye^ les Lett. de Grégorio Létï. Se Grave
LANi3GRAVIAT. f. m. Terre d'un Landgr.ave , fujet-
te à un Landgrave. Comitatus ^ Landgraviatus. Ce
mot Landgraviat , ou Langraviat , veut dire , Com-
té Provincial , Comitatus Provincialis. Heiss. Hijl,
de l'Emp. L. VI. c. 16. Le Landgraviat de Hefic»
Il y a aujourd'hui quatre principaux Landgravia^
dans 1 Empire. Le Landgraviat de Thuringe , Se ceiK*
de HefTe , d'Alface , & de Leuchtenberg : m.ais ce-
lui d'Alface efl à la France. Quelques-uns ajoutent
à ces quatre le Landgraviat de Sulenberg , & celià
de Nellenbourg. /'lyt-ç Lymnxus.
LANDGR AVINE, f. f. Femme d'un Landgrave^ Pria-
ceflë qui polléde un Langraviat. Comitijfa , Land
gravina. C'étoit mon père ,qui avoit traité avec J|
lameufe Landgravine de Helle. Abbé de Choi
s y.
LANDI. f. m. Foire qu'on tient à S. Denis en Fran-
ce , qui étoit autrefois tort iolennelle , comme il fe
voit en ce qu'encore à préfent , le Parlement &
l'Univerfité prennent un jour de vacation , qu'on
appelle le Landi , fous prétexte d'aller .à cette Foi-
re. C'étoit anciennement un droit du Reéleur de
l'Univerfité de Paris j que le Landi , ou Lendi^ de
Saint Denis ne pouvoit être ouvert qu'après avoir
été béni par le Reiieur ^ qui s'y tranfportoit en
pompe Se en cérémonie. C'eft ce que dit Palquier ,
Rech. L. IX. c. 22. Ce fut Charles le Chauve qui
fît transférer la Foire qu'on appelle le Landi à S.aint
Denis. Elle fe taifoit du temps de Charlemagne à
Aix-la Chapelle , où l'en prenoit rous les ans un
jour pour montrer les Reliques de la Chapelle im-
périale aux Pclenns , &: parce qu'on indiquoit ce
jour , on lui donna le nom à'indit , Se par corrup* .
tiou landit. Cordemoy. Du Tillet , dans fon Re-
LAN
cueil des Rois de l-rancc , & de leur Couronne &
Mnifcii , dit , p. 332 , jjj j que la Foire du Len-
dit , comme il ell porcé par un titre de Louis le
Gros j fur ,' par autorité Apofloliquc , confirmation
des Archcvc-qucs ôc Evc-qucs , & Ordonnances des
J^ois , établie en l'honneur , révérence &: mémoire
iKs làints Clou & Couronne de notre Redamptcur ,
k tel jour placés en l'Eglife de S.iinr Denis , pour
Ja protedioii des Rois «Sj du Royaume ; que nos
Hilîoircs s'y accordent , dil'ant que Charles le Chau-
ve tranlportaà Saint Denis ces (àiiitf s Reliques ,d'Aix-
la Chapelle où Charlcmagne les avoit miles , & inC-
tiiua le Lcndu pour la caule qu'on a dite : que le
premier jour de cette Foire , le Moine , Portier de
l'Abbaye de Saint Denis , avoir droit de venir ar-
mé avec {"es gens à la Proccllîon de la bcnédi6lion
du Lendu , déclaré par Arrêt du Parlement donné
le neuvième Avril 1^34: mais que l'Abbaye a lailïé
perdre ce droit , parce qu'il ne convenoit pas.Ciiar
Ls le Chauve ne Ht donc jias transférer la Foire à
S.ùnt Denis , comme a dit M. de Cordcmoy , mais
les Reliques , & il inftitua la Foire.
Landi j s'eft dit auflî du ialaire ou préfenr que les
Ecoliers donnoient à leurs Maîtres vers la iâiîon du
liindi , conliftant en fix ou fcpt écus d'or j qu'on
fichoit dans un citron , & qu'on mettoit dans un
verre de criftal. Exiger djs lendits. Le landi fe payoir
au Recfcur & aux Suppôts de l'Uiiiverhté , pour
fournir aux frais du Rccîeur , qui alloit à Saint De-
nis en grande céiémonie au temps de la Foire. Le
Parlement a aboli la cérémonie , & le droit de lun-
di , par Arrêt de l'an 1608. On appeloit frippc-
landis , ceux qui truRroient leur Maître de ce
prélent.
fCs" Vaugclas veut qu'on éciiye landit avec un f qu'on
ne prononce pas , ik fait venir ce mot d'ïndictum ,
qui iîgnifioit une Foire : fcn& indlcld , ou d'annus
dicîus , parce que c'étoit à la fin de l'an fcolaitiquc
que ce prélcnt fe foi (oit au ^/îaîtrc. L'an dit , en trois
mots féparés. Dans la fuite par corruption , l'arti-
cle s'étant joint , & comme incorpore avec an , il
a fallu lui donner un nouvel article j & on a dit
le landit. Ménage veut qu'on écrive & qu'on pro-'
nonce landi. On a ciit premièrement l'endit , enfui-
te lendit , lendi , landi , & enfin landy.
On l'appelle encore le Landi Minerval. Richcr
nommé Cenféur de l'Univcrfité , lors de la réfor-
raation à laquelle le Roi Menti IV. fit travailler ,
fouifrit beaucoup pour abolir le Landi Mmcrval.
Baillet j Journ. des Say.
LANDIE. f. f. Terme d'Anatomie. C'eft ce qu'on ap-
pelle autrement les Nymphes , ou Dames des eaux ,
qui font deux productions ou excroillances char-
• jiues , lituées entre les deux lèvres des parties na-
turelles des femmes. Lendica.
Ce mot vient de lendica. Le fcrupule de Cicéron
a été jufqu'au point de trouver de l'obfcénité en ces
. paroles, Anillam f/icûOT , à caufé du rapport qu'elles
ont avec le mot lendica , d'où vient le mot l'andie.
LANDIER , f. m. Grand chenet de cuifine. Canterius
jocarius.
Nicot dit que ce mot vient de l'Anglois endiron ,
compofé en end , qui fignifie bout ^ & de iron , qui
lignifie /er, auquel les François ont ajouté leur ar
ticle , comme qui diroit patte de fer , chenet à
foutenir les bûches. iVlénage le dérive du Bas Bre-
ton landcr.
On dit qu'un homme eft froid comme un Lui-
dier, lorfqti'il eft naturellement froid , d'un carac
tcre froid.
IP" LANDINOS. Nom par lequel les Efpagnols d.^t'i
gnent les Indiens du Pérou qui ont été élevés dans
les villes & dans les bourgs.
LANDON ,f. m. Vieux mot. Petite lande , ou pâturage.
LANDOUZY. Petite ville de France dans la Généra-
lité de Soillons, Election de Guifc.
LANDRAMITI , ou ANDRAMITI , ANDRIMIT-
TI , LANDRIMITTI , LANDIMITRI & SAN
DIMITRî. Petite ville de la Turquie en Afie. Jdra-
Tome f.
/L A' N 403
mlttum. Elle cil fur la cote occidentale do. la Nato-
lie , (ur un golfe auquel clic donne fon nom ^ &:
où elle a un port vis à vis de l'îlede Métciin.
Le goltc de Landrcmitti , ou d'Andran}^ , eft
un golfe de l'Archipel j ou de la mer Egée. Adra-
mittenus , ou Adraminicus Jinus. Il eft entre la cô-
te de Méiclin & la cote de Natolie , & il prend
Ion nom de la ville de Landtamiti. On ne com-
prend quelquefois dans ce golfe que ce qui eft fur
la côte de Natolie.
LANDRECJ. Nom d'une petite ville , mais foitc.
Landeriacum , Landcriciacum , L.andericiit. Elle ell:
dans le Maynaut j Province des Pays-Bas , (ur la
lource de la Sainbre , à iix lieues de Vcflencicnnes,
ik. à fcpt de Cambrai , du côté du levant. Landreci
a été cédé à la Frar.ce par la Paix des Pyrénées.
Maty. Dans le pays on dit Landrechles , ëc en
France quelques-uns écrivent Landrecies , mais nous
prononçons Landreci. Il a pris (on nom de Lande-
ric , ou Landri , Maire du Palais fous Clotaire le
jeune , Roi de France. Valef. Not. Gall.p. 260.
Landreci eft célèbre par les fiéges qu'il a foutcuus
en IJ43 , contre Charles Quint , qui avec jocoo
hommes & jo pièces de canon fut obligé de l'a-
bandonner ; & en 171 2 , contre les Impérùiux &
les HolLindois , qui levèrent aulfi le ficge , & per-
dirent Dénain , ïk un prodigieux amas de muni-
tions qu'ils avoient dans ce camp. Long. 21 d. 28'.
lat. jo d. 4'.
LANDREUX , euse , adj. Infirme , valétudinaire , ou
convalekent , qui fe plaint de quelque incommo-
dité corporelle , qui ne peut bien rétablir fi (anté.
Infirmus. Il eft: tout landreux.
Ce mot n'eft plus en ulage. Il vient de landrcant ,
qui , en langage Celtique , ou Bas-Breton , fignifie
jainéant.
LANDRY, f. m. Nom d'homme. Landericus. Sain
Landry étoit Evêque de Paris au feptième lîècle.
Il foufcrivit au Concile de Chàlons fous Clovis IL
Quelques-uns le font finir en 657. & d'autres ca
660. Saint Landry à Paris ell une Eglile Faroilîiale
dans 1 Ile Notre-Dame.
Ce mot s'eft foimé du Latin Landeric , Landric ,
Landri _, Landiy.
LANDSBERG. Nom d'une ville de la Bavière. Lands-
herga. Elle eft lîtuée (ur une colline , dont le Lech
baigne le pié , à fcpt lieues au detlùs de la ville
d'Ausbourg. Maty.
LANDSHUT. Ville du Duché de Bavière en Allema-
gne. Landishutum. Elle eft lur l'Iler , à fcpt lieues
au-delfous de Freifingue , environ à dix de Ratis-
bonnè , du côte du midi. iawnj-A^f eft une ville for-
tifiée , & défendue par une bonne citadelle : ce qui
n'empêcha pas le Roi de Suède de la prendre l'an
1652. Maty. Long. 29 d. jo', lat. 48 d. /5'. ■
§3° Landshut. Petite ville de Bohtme , en Siléfie
au Duché de Schweidnitz.
^3" Il y a une petite ville de même nom en Moravie ,
fur la rive occidentale de la Mora , au delïbus de
Goding.
LANDSKRON. Ville de la Suède , fituée dans la Sc.a-
nie , fur le Sund j vis à vis de l'Ile de Vv'ccn. Co-
ronia. Landskon a un bon port , eft allez 'bien for-
tifié , &: défendu par une bonne citadelle. Maty.
LANDSKRON , ou CRONSTAT, ou BBASSOVIE.
Nom d'une ville du Royaume de Hongrie. Co-
ronia , Stephanopolis , Brajjovia. Elle ell dans la
Tranfylvanie , vers les confins de la Valaquie & de
la Moldavie. Landskron eft fortifié , & il a un Evê-
ché. Quelques uns le prennent pour la Fatrovilla ,
Ik d'autres pour la Pretoria Augujla de l'ancienne
Dace ; mais l'un & l'autre fentimenr eft également
incertain.
LANDSl'ERG. Nom d'une petite ville .-le la Nouvelle
Marche de Brandebourg. Landfperga. Elle eft fur la
Warte , à (ept lieues au dclllis de Cufttin. Landf-
perp^ eft une Place fortifiée , ^m a été prife & re-
ptile pluiieurs fcis pendant les guerres des Suédois
en Allemagne. Maty.
Eree ij
404 LAN
Landsperg , cfi: encore le nom d'une autre petite
ville , ou bourg de la l'rullc Ducale. Landfpcixd. Ce
lieu eft dans le Cercle de Natanyc , envuon a ncui-
lieues de la ville de Coningsberg , du côté du mi-
di. Matv.
Landsperg j cil aulll un des Bailliages du Duché de
Deux-Fonts , en Allemagne. Landjpergenjîs pnfcc-
tura. li eft au midi de la \ille de Deux Ponts , cV
n'a rien de coniii-rable que le château de Landj-
pcrg , dont il prend le nom , avec le bourg (Se clw -
teau de Frankenftein. Maty.
LANDSQUENET'. l'. m. Mot Allemand qui fignilîc
un Ibldat qui lert en Allemagne dans les Corps d'In-
fanterie. Pedes Gcrmanus. On a fait autrefois ula-
gc de cette forte de Ibldats en France.
Ce mot vient de lani , qui en Allemand lîgniEe
pays , ëc knecht , garçon , jerviteur. Les Allemands
prononcent Landsknccht. Nous écrivons & nolis
prononçons Lanfquénets fans d. f^oyei le P. Daniel ,
dans la Defcription de la bataille d'Arqués. Htft. de
Fnrnce , T. IJI. p. 142J & Juiv.
LANDSTOUL. Nom d'un bourg avec un château
fort , litué fur une montagne , dans le Duché de
Deux-Ponts , entre la ville de ce nom , & celle de
Cafeioutrc. LandfiuUum.
LANEBOURG. Nom d'une petite ville de la Savoye. ■
Landurgum. Lariciuin Burgium. Elle ell dar.s le
Comté de Morienne j fur la rivière d'Arc , au pic
du mont Cénis , qui cfl: uiî célèbre pallage des Al
pes pour aller en Italie. Maty.
LANEK. f^oyei Lainer.
gCr LANEUR. f m. La même cliofe que Laincur. Foy.
ce met.
LANERET. (. m. C'eft le mâle du Lanier. Le lanera
doit être choili le plus grand que l'on peut ren-
contrer ; que la hgure foit .ipprochante de celle du
lanier j & le champ de Ion pennagc de même.
Le Lancret eft beaucoup plus agréable en ta vo-
leric que le Lanier , il. vole pour corneille , pour
courlis , & pour les champs ; il e{4 fort ailé i'gou-
vemer & à maintenir en bon état ; il ncly pas ii
fujet aux maladies que le Lanier , & n'eu pas li
Hci^matique. f^oyc:( Lanier.
LANERICK , LANRIK , LANCICK , ou LANAR.
Bourg de l'Ecolle méridionale. Lancrlcia , Larnig'ui.
Il cil dans la CluydeiJalc j lur la rivière de Cluyd ,
à lept lieues au-deflus de Glafquo. Lanerich ell un
Viconué de la maifon d'Hamilton , &.' a léance cs:
voix dans le Parlement d'Ecolle. Matv.
LANFET , ou LENFET. (. m. La plus fine étoile du
clianvre.
§3° LANGAGE, f m. Ce mot déhgnc proprement la
manière dont les hommes le communiquent leurs
penlées par une fuite de paroles , de gelles , d'ex-
prelîions. C'eft la manière de parler d'une nation ,
analogue à fon génie , à l'es mœurs j Ik au climat.
Modus & ufus loqutndi. L'homme , né pour la lo-
ciété , a dû chercher les moyens de manifefter les
penlées à fes Icmbliblcs ; Se 11 la fociété le forme
par la communication des idées & des fentiments ,
la parole en doit être le lien le plus ellcntiel &z le
flus gr<y;ieux , étant tout à la fois le pinceau de
efprit , l'image de fes opérations , &c l'interprète
du cœur. Ainfi , en fuppolant même que Dieu
n'eût pas enfeigné le langage aux hommes , ils s'en
feroient naturellement formé un par le befoin qu'ils
ont les uiîs des autres.
On demande s'il n'y a p.a^ un langage naturel ,
c'eft à dire , lî tous les hommes n'auroient pas parlé
un même langage , fi l'éducation ou l'inftitution des
hommes n'eût pas effacé celui que la nature leur
avoir imprimé. Mais comme les peuples parlent
tous un langage ditlérent , & qu'il n'y a aucune
liailon entre les mots , t'v' les chofes qu'ils ligni-
fient, c'eft une marque ailurée que le langage n eft
point fouvrage de leur nature , mais de leur li-
berté. Art de Parler. Dans le langage humain ,
les circonftances des chofes déiermiiient le fens des
paroles , ôc fuivant que ne 3 exprellions font pla-
LAN
cées , quelquctois oui veut dire non , 5c blanc veut
dire noir. Iei.isson. Le ton duquel on dit les cjio-
fes , change .auili quelquefois le lens.
Langage j le dit aulii en Grammaire ôc en Rhétori-
que , de l'art de parler , du ftyle ou des manières j
& des divcrfes façons de s'exprimer dans fa propre
langue. Scrmo , dictio , fiylus , loqucndi genus. Un
Orateur doit avec un grand loin delà pureté du lan-
gage , parler un lanf.age noble , pompeux , Heu- .
ri ; éviter le vieux langage , le langage bas Se po-
pulaire. On fe dégoûte bicntêit d'une certaine con-£
trainte de langage , qu'on tâche de faire rellemblerî
au naturel , tout étudié qu'il eft. Val. La beautcj
du langage ne plaît guère moins que celle des pen-S
lées j & cette beauté dépend beaucoup plus de la."
délicatefte du goût & de l'eiprit , que de la con-
noiftàiice des mots & des façons de parler. Le Ch.
r>£ M. Le langage des Provinces doit être réglé fur
celui de la capitale du Royaume , & de la demeu- A
re du Souverain. MÉn. ALilailément trouverez vous, ,|
dit Lalquier , un homme brulque en les mœurs ,
qui n'ait la parole de même , (Se peu de perlonnes i^
tardives 6e Luurnicnnes , qui n'ayent un langagei^
morne &c Itnt. Ainlî voyez-vous le Normand , allez '
avilé en les aftaires , tramer quelque peu la parole :
au contraire , le Gafcon efcarbillar par delliis tous ,
parler d'une promptitude de langue non commune
à l'Angevin & au Manceau , un peu moins échauf-
fés en leurs aflaires. L'Eipagnol , haut à la mam ,
produit un vulgsire luperbe &c plein de piaîle. Les
Italiens , dégénérant de l'ancienne force du Romain,
formèrent peu-à peu de ce langage mâle Romain ,
un vulgaire tout efféminé & mollallè. Voici la mê-
me chofe en langage plus poli. Le langage fuit
d'ordinaire la dilpolition des clprits , & chaque Na-
tion a toujours parlé ielon Ion génie. Les Grecs j
qui étoient gens polis & voluptueux , avoicnt un
langage délicat , & plein de douceur. Les Romains ,
qui lemblûient n'ctre nés que pour commander ,
avoicnt un langage noble & auguftc. Le langage
des Elpagnols fe fent de leur gravité. Se de cet air
■ fuprrbe qui cil commun à toute la nation. Celui
des Italiens eft mou iSe ciléminé , félon le tempé-
rament &c les mœurs de leurs pays. Les Franecis ,
qui iont naturellement brulques , & e]ui ont bc.;u-r
coup de vivacité is: de feu , ont un langage coluc
& animé , & tjui n'a rien de languillant. Paso.
BouH. Vaugelas met une grande diftércnce entre ia
pureté & la netteté du langage On peut parler net-
tement , fins parler purement, /"byfç ces mots.
Langage , le dit auili de la manière dont chaei^!!
parle lelon Ion génie particulier , plus par rapp'eic
au fer.s que par rapiport aux mots & à la di^;tie.:.
Ufjis loquendi. L'Ecrituïe le fert quelquefois de pa-
raboles ik. d'allégories ; c'eft Ion langage. Les gers
fages parlent un langage grave & dilcret. Cet hom-
me s'eft converti, iSe, a bien changé de langage. Le
cœur a Ion langage , comme l'elprit a le fîcn. Le
Ch. de m. Mon langage eft net & franc : je ne dé-
guife rien. La Poélîe , par la lublimité des penfées
& par la magnificence du dilcours , fe peut .appe-
ler le langage des dieux. S. EvR. La Poélîe eft
tantôt le langage des dieux , tantôt le langage des
fous , & rarement celui d'un honnête homme. La
Bruy. La civilité du monde lubftituc un langage
d'affection , au défaut d'une afteCtion vérit.ible. Nie.
Le langage des avertiilemens eft un langage parti-
culier : ce ne font que réticences , on ne s'exprime
qu'à demi. Id.
Langage , fe dit par extenlîon en Morale des lignes
muets , des cris , ou des ions inarticulés qui fervent
à faire connoître plulieurs. chofes , en général, de
tout ce qui fert à faire connoître la penfée , laiis
parler. Les Cieux ont un langage muet , qui an-
nonce la gloire du Seigneur , dit le Pfalmifte. Les
Amans dilcrets le lervcnt du langage des yeux ,
piour expliquer leur paillon. Le langage des yeux
n'eft pas celui qui perluadc le moins. Ce langage
eft exprelllf , amouixitx, l.uiguillam. Pti,-
LAN
Le langaf^e des yeux ejl un charmant langage :
On le parle en tout lieux. La Suze.
Soupirs, devoirs j petits (oiiis ; en amour tout cfl:
langage. Patru. Il ne faut pas qu'une honnête
femme entende le langage des pallions , ni les fi-
gues qui lont les interprètes de ce langage. M. Esi».
^Cr Ce terme s'applique encore à la voix ^ au cri , au
chant , & en général à tous les lignes extérieurs
dont les animaux le fervent pour fc faire cntcndic.
Ainli les animaux ont aulli Xqwx. langage.O\-\'g'ci.\.a\<k
qu'ils ont un jargon intelligible entr'eux ; & Por
phyre rapporte que Tirélias &: AppoUonius de Tyanc
entendoicnt leur langage. Le Rabbin Lira, eu louant
Eve , dit qu'elle étoit intelligente , & lâchant le
langage des animaux. Il cil certain du moins qu'ils
expriment leurs pallions par des lignes extérieurs.
Les anciens devins , les Prêtres des dieux j & fur
tout ceux d'Apollon , fe vantoient d'entendre le
' Langage des oileaux :
Qui tripodas , Clara lauros , cpàjldcra fenûs ,
Et vùlucrum lïnguas , & prxpetis omuia penna.
C'efl fur la connoillance de ce langage des oi-
feauXj qu'étoit fondé l'art des Augures , qui faifoit
une grande partie de la Religion des anciens Ro-
mains.
On dit proverbialement , qu'un homme n'a que
du langage , du babil ; pour dire , qu'il promet
beaucoup , & qu'il n'exécute rien ; qu'il n'y a rien
de lolide à tout ce qu il dit : que ce n'elt que du
verbiage.
LA NGAIEUR. roye^ Langueyeur.
LANGAN. / oyq Lagan.
LANGANICO , LONGANICO , ou LONGAVICO.
C'étoit aîicienncment une ville du Péloponnèlc.
Longanicum. Autrefois Olympia , Olympia Pifa.
Elle etoïc huneule par les jeux Olympiques qu'on
y célébroit : ce n eft maintenant qu'un bourg de la
Moréc , litué dans le Belvédère , lur l'Alphée , en
viron a trois lieues de Ion emboui;hure de la mer
Ionienne. Maty.
LANGARL» &c LANGART. adj. Employé aulh fabl-
rantivement. Qui a beaucoup de langue , qui aime
à médire ^ qui parle Lins dilcretion. Linguofus , fu-
J'urro. Ce mot ell vieux &c bas.
Dire vous veux , maugré chacun langard ,
A l'arriver , doucement , Dieu vous gard.
Cl. Marot.
LANGÇAN. Nom d'un fort de la Chine. Langçanum.
Il el't de la Province de Junnan. Il a fous Ion
obéillance la ville de Langkiu , ôc un territoire al-
fez vaik , qui aboutit à la Province de Suchucn ,
où l'on fuit de très-bons tapis , & on recueille
quantité de mufc & de pommes de pin. Amh. des
Hall, à la Chine y Part. J. p. zSj.
^3" LANGE, f. m. Ce mot comprend tout ce qui fert
à envelopper les enfans au maillot. Fafci£ cunales ,
cunabula. Les langes de delfous , qui font aippliqués
furie corps de l'enfant, font de toile. Ceux de def
fus, qui font pour la parure , font de fatin, de bro-
cajrd , &c. Ceux d'entre-deux, qui fervent à tenir
l'enfant chaudement , font de laine. Le Pape envoie
des langes bénits au Roi , à la naillànce du Dauphin.
Ce nom vient de linum ou plutôt de lauium , qu'on
a dit pour laneum. Les Moines ont appelé langeo-
lum , une chcmile de laine qui s'étendoit jufqu'à leurs
genoux.
Lange, s'eft dit quelquefois d'une pièce d'étoftc dont
on le couvre. Lannus.
Lange , chez les ouvriers, fe dit des morceaux de drap
qui fervent aux Papetiers, Imprimeurs, Cartonniers ,
&c , pour léparer les feuilles de papier, pour les
prcllèr, & les imprimer. Pannus.
L A N 405-
I LANGEAC. royc'i Langiiac. '
LANGEAIS, LANGEST, LANGEY. f m. Melon ex-
cellent. On appelle ce melon Langeais, parce qu'il
vient d'une petite ville de Touraine qui porte ce
nom-là. Richclct dit Langé, mais mal. Ménage.
Nous avt>ns m.nigé un bon Lant^eais.
LANGE KYl.ANDT. Foye^ LoNGUi-ire.
LANGELAND. Illc du Danemark. Langelandia. Elle
cil d.ii:s la mer Baltique j entre cefles de Zéelande,
de la Lande & de lyoïinic. Sa longueur ell de huit
lieues, (S; fa largeur ne va pas à deux. On en tire
beaucoup de grains. Ses lieux principaux font, Rud-
coping , capitale , & la forterelic de Trankiarre.
LANGEN ACKERS SCHANS , ou NILVVSCHANS.
C'elt un bon fort des Provinces Unies. Arx nova y
Arx longi Agri. Il ell: dans la Seigneurie de Gronin-
gue , fur le bord méridional du golle de Dollert,aux
confins du Comté d'Embden. Mat/.
LANGENBOURG. Nom d un château d'Allemagne.
Langenhurgum. Il ell: dans la Francoiiie , ik a les Sei-
gneurs particuliers qui portent le titre de Comtes.
La Mailon de Langenhourg fe divile en deux bran-
ches; celle At Langenhourg , &c celle de Waldcn-
bourg.
LANGEUL. f m. "Vieux mot. Drap de laine, Serge. Le
procès-verbal des Miracles de Charles de Blois , por-
te , Art. XX. Qubd quando D. Carolus debebat in-
trare lecium , amovebantur paramenta , & culcitra plu-
me a , & fe ponehat fuprit pannum laneum vocatum lan-
geul G allie: , feu fuper fargiam fine Untheaminibus li-
neis J & ibi jaccbat in blancheto fuo , ôcc. Hiji. de
Bret. T.LI.p. yyo. On l'appcloit aulii /d«i,'(; j com-
me on le voit par ce ferment d'une Dame , dans le Ro-
man de Lancclot du Lac : " Jamais je ne gerray que
» une nuyél en une ville devant que je l'aurai trouvé
3j ou mort ou vif j ne je ne velarai jamais linge emprez
5> ma chair, Ç\ non lange, ôcc. Lobin. Glojf.
LANGEY,LANGEAIS& LANGEST. Nom d'un bourg
de France, que nous prononçons Zaw^èj-. En Latin
Alingavia, Lingia , Lingiacum. Ce bourg cil fort
ancien. Il cil en Touraine, lur le bord delà Loire. Les
melons de Langey lont renommés par leur bonté lin-
gulière.
LANGHAC, LANGEAC. Nom d'une petite ville dc^
Fi\ince. Langiacum. Elle ell dans l'Auvergne fur l'Al-
lier, à cinq lieues au delfus de Brioude , & à ll.x ou
lept de Saint Flour , du côte du levant. Maty.
LANGIA , NEMÉE. Nom d'une petite rivière de la Sa-
canie , en Moréc , ï.angia , Nemea. Elle fe décharge
dans le golfe de Lépante, à deux ou trois lieues de la
ville de Corinthe, du ctité du couchant.
LANGIEN , ENNE. f m. &; f. Qui ell du Royaume de
Lao, aux Indes Orientales. Langianus , Layus. Les
Langiens lont apparemment les mêmes que ceux que
Sainlon a nommés Layes dans les petites Cartes.
l'oye'i Lao.
LANGIONE. Grande ville d'Afie, capitale du Royau-
me de Lao , avec un Palais magnifique , où le Roi fait
fi rélidence.
LANGIS. Foy(\ Longils.
LANGO. Nom d'une des Iles de l'Archipel. L^onga In-
fula, autretois Cos , ou Coos. Elle eft vers la côte de
la Natolie, près du Cap Crio. Sa ville capitale porte
aullî le nom AtLango. Elle a un Evêché, &• elle eft
défendue par une bonne citadelle. Maty.
Les médailles qui ont pour inlcription Kr;i2Nj &
quelquefois écrira revers, font des médailles de cette
Ille. Quelques Interpiéte, croient aulli que c'eft de
cette Ille que Salomon lailuic venir des chevaux. ///.
L. des Rois. X. 2S , 2 1).
L ANGOBERT. f m.Nom d'une eijsèce de poires.Le Lati-
gohert ell une alfez grolfe poire , longue , colorée
d'im côté, (^- d'un gris roulsâtre de l'autre; le bois
de l'arbre tire extrêmement à celui du beurré, & la
poire n'y rcllenible pas mal. La Quin. P. III. T. I.
P- 343-
LANGOGNE. Petite ville de France, dans le Gévau-
dan , vers la fource de Lallier.
LANGON , ALENGON. Nom d'un ancien bourg de
40<5
L A î
Galcogne. Alingonis ponus. Il eft dans le Baz.i-
dois, iur k Garonne , a une lieue au dcHus de Cadil-
lac , & à cinq de Bouidcaux. Maty.
§--?LANGONE. f. f. Lihra L
^ ^^ .. „. Ingonica. C'eft le nom
d'une monnoie du XIII liècle, ainll nommée, parce
qu'elle le baicoic à Langres.
ffj LANGOU. r. m. Fruit de l'île de Madagalcar, qui
croit fur une plante rampante. C'ell une elpcce de
noix anguleule que les habitans mâchent pour (e
noircir les dents , les gencives & les lèvres, ce qui
en fait la beauté'.
LANGOUREUSEMENT, adv. D'une manièrcb.ngou-
reufe. Languide. Begaidei langoureujimcnc. ÇfT Lan
guidas, languidulus. Ce terme s'applique à celui qui
cft en langueur , qui lent de la langueur , ainlî qu'à ce
qui en marque. Voye\ Langueur. On dit d'un
homme qui n'efl: pas bien remis d'une longue mala-
die , qu'il ell encore tout langoureux. Je ne puis du
roue vous pardonner d'être toujours langoureux. Les
femmes choiliroient plutôt d'être diverties fans être
aimées j que d'être aimées, Tans qu'on les divertifl'e.
Ch. d'H.
§:? On dit par dérifion qu'un homme fait le langou-
reux auprès d'une femme , pour dire , qu'il fait le
pallîonné.
Faudra t-il de fens froid j & fans être amoureux ,
Pour quelque Iris en l'air faire le langoureux.
BoiL.
Langoureux , fc ditauflî des^chofes. Son air efl; tou-
jours trifle & langoureux. Ton langoureux , regard
langoureux.
Ce ne font point de ces grands vers pompeux ,
Mais de petits vers doux , tendres ôc langoureux.
Mol.
'Jllei pouffer vos foupirs langoureux. Pv. de Ch.
LANGOUSTE, f. f. Peut infede ailé , plus commu-
nément appelé fauterellc. Foye-{. ce mot. Il y a
auilî une langoufle qui eft une efpèce d'écrevilîe.
Locufla pifcis.
Langouste de mer , eft un petit poiifon que quel-
ques-uns appellent dragon marin , ou cheval marin ,
en Latin h:ppocam.pus , ainil nommé , à cauie de
la reilemblince qu'il a avec les chenilles qui man-
gent les herbes des champs , étant long d'environ
fix doigts , & à caufe qu'il a la tête & le cou
rellemblant au cheval , ayant néanmoins un bec
long &: creux comme un Hagcolet. Son corps eft
b.iti de petits cercles & rondeaux cartilagineux
& pointus , ayant depuis la tête julqu'à la queue ,
deux gros rangs d'arêtes mi-parties. Sa nageoire eft
au dos j il a une queue carrée & recourbée à la
manière d'un crochet. Son ventre eft blanchâtre ,
gras 8c enHé. Il a des yeux ronds , & deux arêtes
fur les cils des yeux j qui fe changent en cheveux
quand il eft en mer. Le delfus du cou eft velu j
aullî bien que le devant de la tête , mais fon front
eft (ans poil. Matthiole.
On appelle auflî Langoujte un gros poiiron de
mer , fCT ou animal cruftacée , qui a beaucoup de
rapport avec l'écrevlire , mais qui eft beaucoup plus
grand. J^oye-^ Ecrevisse.
LÂNGOUTL f. m. Terme de Relation. C'eft une
petite pièce de linge , dont les Indiens le lervent
pour cacher les parties naturelles. De la Boulaye.
SuHigaculum , fubligar Indorum.
LANGRENUS. f. m. C'eft le nom que les Aftro-
nomes donnent à l'une des taches de la Lune. C'eft
la trente-neuvième du Catalogue du P. RiccioH.
LANGRES. Nom d'une ville de France. Andcmctu-
num J Antematunum , Andomadunum , Andomatu-
num Lingonum. Elle eft dans la Champagne , Iur
une montagne , à la fouixe de la Marne , envi-
ron à quatorze lieues de Dijon , du côté du nord.
Langres eft une ville ancienne , grande S-z capit.ale
LAN
du BalHgny. Il y aFréfidial , Éledioii , & Évcché
iuftl-agant de Lyon. Son Evêque en eft Seigneur
temporel , & il eft un des anciens Ducs & Pairs i
du Koyaurac. Maty. Denis Gaultheror écrit tou-
jours Lengres dans fon Hiftoirc de cette ville qu'il
intitule , L'AnaJIafe de Lengres , tirée du Tombeau
de fon Antiquité. Il la divife en deux parties , Law-
gres Payenne & Langres Chrétienne , dans lef-
quelles il y a beaucoup de recherches , & peu de
critique. Il prétend que Langres fut bâtie l'an du
monde ii6i. par Longo VP Roi des Celtes , envi-
ron 1813. ans avant la nailfance de J. C. & que
ce Longo ctoit Hls de Bardus , fils aîné de Dryus,
qui étoit filsde Sarron, fils de Magus , lequel etoit
frère de Samothes , furnommé Dys, fils de Gomer,
qui étoit fils de Japheth , fils de Noe , dit cet
Auteur. Il atlhrc que Langres dès le ■ berceau de
l'Egliie J eut quelque conncillance de la vraie Re-
ligion -, mais que S. Bénigne , dilciple de S. Poly-
carpe , qui l étoit de S. jean l'Évangéliftc j y nÇ
éclater la fplendeur du Chriftianifme par la conr
vcrhon de trois gémeaux fils de laiiue Léonillç
Duchefle de Flandres , & ComtelFe de J.angres-\^
fwur de Fauftus , Prévôt d'Autun , 6c Comte de
Saulieu , dès l'an 156. lous l'Empire d'Antonin
le Pieux & de Marc-Aurele ; que Langres fut long-
temps République alliée des Romains; qu'elle a
autrefois armé jufqu'à 72 mille hommes; quelle fut
ruinée par les Vandales en 406 , ou 407 ; qu'on com^
mença à la rebâtir en 41 1 , & qu'elle l'a été en diffé-
reiis temps & diftérentes reprîtes ; que lous Louis VU.
l'an 1179. Hugue III. Duc de Bourgogne , acheta,
le Comté de Langres d'Henri Duc de Bar , & de
Guy de Saux , & le donna à Gauthier fon oncle en
échange du domaine de Dijon , & que dès lors il
fut uni à l'Évêché , & changé en Duché , & la ville
néanmoins annexée à la couronne ; que depuis ce
temps , cette ville fut gouvernée par l'Évêque au
temporel comm.:e au Ipintuel , &: par le Chapitre
conjointement , jufqu'à ce que les mcnles furent
féparces. L'Eveque de Langres obtint de Charles le
Chauve le droit de battre monnoie : & ce privilège
lui fut confirmé par Cliarles le Gros , Empereur.
Le Blanc.
LANGROIS. Nom d'une contrée de France. Tracîus
Lingonenjïs. Le Langrois eft une partie de la Cham-
pagne ; il prend Ion nom de Langres la capitale.
Valois , Nût. Gall. p. 2yS. a ramallé beaucoup
d'antiquités fur le Langrois 6c Tes habitans.
LANGROIS , OISE. f. m. Se f. Qui eft de Langres , ou
du Langrois. Lingo, Lingonenjis. Les Langrois avoient
anciennement plulieurs villes. Gaultherot j^. r-i
6" I J. Les Langrois chafsèrent les Tolcans ôc lis
Umbres de leur pays , c. 4 , p. jj. Les peuplades
Langroifes, l'tglifc Langroife. Le même Auteiu,
qui écrit Lengrois.
LANGRUNE. Bourg de France en Normandie , dans
l'életlion de C.aën.
|p° LANGUE, f. f. Partie charnue , capable d'une iiifi-
nité de inouvemens , qui ell dans la bouche de l'a-
nimal , qui eft le principal organe du goût dans
tous les animaux j & de la parole dans l'homme.
Lingua. Sa fubftance eft mufculeufe , compofee de
plulieurs plans de fibres , qui fe croilent. Elle eft
couverte de trois membranes : la première eft l'ex-
térieure qui lui tient lieu d'épiderme ; la féconde
eft percée comme un crible , ce qui la fait appeler
membrane réticulaire , ou réfeau : la troifièmé_eft
compoiée d'un grand nombre de papilles nerveules,
qui pailent à travers la membrane réticulaire , & qui
aboutiliént à la première ; on la nomme membrane
papillaire. C'eft à l'occafion de l'ébranlement de ces
petites papilles , caufé par les fels contenus dans
les alimens , que nous avons la lenla:ion du
goût. J'^oye^ GoÛt. La Langue a beaucoup de neris
qui (ont des rameaux de la cinquième & de la neu-
vième paire. Elle a deux veines au dclfous qu'on
appelle ramults ou racines , qui vont fe rendre dans
les jugulaires. Ses artères viennent des carotides.
LAN
Elle a fous le milieu un fort ligament fuf lequel clic
porte, dont on nomme l'exrrcmitCj \c JiUc , ou le
frein de la langue : ce rilct s'ctend quelquefois aux
enfans jufqu'au bout de Li langue , ce qui les em-
pêche de tctter , Se alors on elt obligé de le couper
avec la pointe des cifeaux. Elle cil mobile & i'a-
longe j s'accourcit &: s'élargit par le moyen de dix
mulcles qui la Font mouvoir en haut , en bas j en
avant , en arrière , «Si: vers les cotés : il y a des Aiia-
tomilles qui n'en mettent que lix , d'autres en met-
tent douze. Ils appellent le plus large de fa bafe le
pie de la langue , ou la foulangue. Jjon bout pointu
r avant langue j & la partie lupéricure & rude, la
furlangue. La langue ell un tillu de petits mutcles
(Se de nerts (î fouplcs , qu'elle le replie comme un
ferpentj avec une mobilités une fouplcllc incon-
cevable. Elle fait dans la bouche ce que tout les
doigts , ou ce que fait l'archet d'un maître (ur un
inllrument de mufique. Elle va frapper , tantôt les
dents , &■ tantôt le palais. Fenelon. On perce la lan-
gue aux blalphéiuateurs , on leur arrache 1-a langue.
On dit qu'un homme a la Langue gralle , loriqu'il
bégaie , ou ne prononce pas bien certaines lettres ,
comme 17 & 1'/'. Demofthène mettoit des caillous
dans fa bouche pour le dénouer la langue , 6c acqué-
rir la' facilité de parler. Cette femme qui fe coupa
la. langue avec les dents , ôc la cracha au vilage du
Tyran , pour ne pas révéler fon fecret , avoit railon
de fe défier de fa langue , de peur qu'elle ne lui jouât
un méchant tour. Bouh. la langue eft rinterprète
de nos penfées. Port-R.
Les Arabes difent que le cœur <?c la langue font
les pluspetites parties du corps humain , lelquelles ce-
pendant diftinguent davantat,e les hommes ; que la lan-
gue eft un étranger dans l'homme , & t]u'il faut que le
cœur lui ferve toujours de compagnon & de guide.
Ali dilbit que l'honirae eft caché fous fa langue,
parce que c'eft fon difcours qui le fait connoitre.
D'Heruhlot.
Langue , fe dit aufll à l'égard des animaux. Le camé-
léon étend une longue langue pour prendre des mou-
ches dont il (c nourrit. Les lerpens ont la langue
mince, & à trois fourchons branlanSj & fort longs.
Les lézards l'ont fourchue & velue. Les veaux ma-
rins l'ont double. Les lions & les léopards l'ont rude ,
& creul; comme une tuile , & femblable à une
lime. Les poilîons l'ont adhérente au palais , com-
me la carpe. Des langues de bœuf fumées. Des
langues de cochon fourrées , ou farcies. Des lan-
gues de mouton en ragoût.
Ce mot vient du Lmn Imgua , que Varron dérive
de ligare , parce qu'elle eft comme liée dans l'en-
clos & le rempart des dents. D'autres croient qu'elle
prend Ion nom de Ungere , qui lignifie lécher.
Langue , fc dit aullî de ce qui a quelque relfem-
blance avec la langue. Le Saint-Efprit defcendit lur
les Apôtres en langues de feu.
Langue de terre. Ifthmus. ^fT C'eft une efpace de
terre plus long que large , qui ne tient aux autres
terres que par un bout , &c qui eft environné d'eau
de tous les autres côtés. Ce port eft à l'abri par une
langue de terre qui s'avance dans la mer. La Corée
n'eft pas une Ile , mais une langue de terre fort
longue. Ces deux mers venant à ferrer la terre des
deux, côtés , font une langue qui attache à la terre-
ferme cette Province. Vaug.
§3" On le dit aulîi des pièces de terres plus longues
que larges , qui font enclavées dans d'autres terres.
On dit qu'une langue de terre labourable traverle
une prairie. Dans ces cas le mot de langue eft pris
dans un fens figuré.
UCT L'Ecriture donne aulîi le nom de langue à l'cx-
tremitc méridionale de la mer Morte, ou du lac
Afphlatite , à caufe de fa reilemblance avec le bout
de la langue. Sacy l'a dit aulli en François. Au
haut de la mer Salée , & à cette langue de mer
qui regarde le midi. Puifquc nous difons langue
de terre , pourquoi ne dirions nous pas dans le
m:me fens, langue dz mer?
LAN
407
Langue. Terme de Vitrier. Fente qui fc fait fur le
verre l'orlqu'on le coupe. On fc fert préfentement
d'un diamant fin pour couper le verre, mais autre-
fois on n'employoit pour cela que l'émeri ; &
comme il ne pouvoir pas couper les plats ou tables
de verre épais , on fe fcrvoit d'une verge de fer
rouge, ce qui fc fait encore quelquefois.
Langue, fe dit aulFi par les Fleuriftes , en parlant de
l'Iris bulbeufe , de trois feuilles de cette Heur dcf-
quelles l'extrémité fc relevé en haut , & qui font:
jointes à trois autres feuilles , dont l'extrémité pen-
cjie vers la terre j &c qui fe nomme menton. Iris
qui a les langues d'un bleu clair. Morin.
Ce nom s'elf donné à ces feuilles à caufe de la
reilemblance qu'elles ont avec la langue. Liger.
Langue , le dit figurément en Morale , & fignifie
la parole : ^CJ" ou plutôt le mot de langue , con-
lîdéré comme l'organe de la parole , entre dans
différentes façons de parler. Cette femme a une
méchante langue , une langue de fcrpent ; pour
dire qu'elle eft fort médilante. On dit encore qu'elle
a bien de la langue , qu'elle a la langue bien lon-
gue , pour dire qu'elle eft une grande caufeufe. C'eft
un h.ableiu" j un Hattcur , qui donne du plat de la
langue , qui promet plus qu'il ne veut tenir. Il eft
bas. On dit que la langue a fourché à quelqu'un ;
pour dire , qu'il a lâché une parole pour l'autre
contre Ion intention. fCf On dit aulli , avoir la Jan-
gue bien pendue j parler avec une grande facilité.
Avoir une grande volubilité de langue , palier avec ra-
pidité. On dit de celui qui parle ficilement& élégam-
ment , que c'eft une langue dorée : de celui à qui
on a défendu de parler ; qu'il a la langue liée. On
dit aulli , dénouer la langue.
Et pour louer un Roi que tout le monde loue ,
Ma langue n'attend pas que l'argent la dénouei
Bon.
■ On dit d'un homme fecret , & qui parle peu,
qu'il n'a point de langue.
On appelle figurément , Coup de langue , une
médifance ou un mauvais rapport que l'on fait.
Ce Marcellus armé feulement de la langue ,
Et qui n'eft généreux que dans une harangue.
" Bréb. •
C'eft dans ce même fens que Virgile fait dire
par Turnus à Drances :
An tihi Alavors
Ventofa inUngua , pedibufque fugacibus iftis ,
Semper erit
Un homme fage doit être le maître de fa langue ,
c'eft-à-dire, qu'il doit être difcret & retenu. Les fem-
mes ne font maîtrelfes , ni de leur cœur , ni de leur
langue. Bell. Il eft impoflible d'arrêter la langue des
Poètes. BoiL. On dit qu'un homme a une chofe lia-
le bout de la langue , pour dire qu'il lait bien une
chofe , mais qu'il ne la peut dire à point nommé.
{CF Prendre langue , s'informer de ce qui fe pailé, de
l'état des aftaires, du caraétère des perfonnes avec qui
nous avons affaire. On envoie des coureurs vers les
quartiers des ennemis , pour prendre langue. Quand
on arrive dans un pays inconnu, il faut détacher quel-
qu'un pour prendre langue. Le Capitaine lit jctter
l'ancre jufqu'au retour de la chaloupe qu'il avoit en-
voyé prendre lahgue à la côte la plus voiiine. Bouh.
Xav.
En termes de Manège , on dit aulli les aides de la
langue , quand le cheval s'anime , & fe réveille
par un certain cri que fait le cavalier. Focis adju-
menta. Ce cri , ou plutôt ce bruit (fc^glapillemcnt
qui ne fe peut écrire , & qui eft difficile à expri-
mer , fe fait en preft'ant fortement la langue contre
le palais , & la retirant avec précipitation en ou-
vrant la bouche , & en réitérant cette aélion plu-
4o8
LAN
fleurs fois priîcipk.-ir.iinent , Se avec volubjliic.
§Cr Langue, fi-jnilic aaifi rallemblage , h luite^ ou
plutôt la tocaiicc des temies & des cxprcHions qui loiu
en ufage , & pioprcs a une nation pour exprimer les
penfées par la voix. Le mot d'idiome elt relatif aux
variétés de cette langue dans les diliérentes contrées.
Le mot de langage , que l'on contond fouvent avec
lanijut: , a plus de rapport au caradtère de celui qui
parle. Langue^ cnfemble des termes, des cxprcliions
propres à une nation. Idiome , variétés de cette lan-
gue générale, ou manière de s'exprimer propre à
ch.ique contrée. Langage , manière de s'exprimer
propre à chaque particulier j (elon fon caractère, fé-
lon les intérêts j les pallions qui le font agir. Lin-
gua,Jirmo. Le caractère de la langue Yïxncdii^zcon-
lifte dans la clarté , la pureté , la finelle & la force. Le
but de l'Académie a été de porter la. langue Franij'oile
à fr dernière perfeètion. Pel. On a inliniment enri-
chi la langue dans ce (îèele. Bouh. Quelque riche
que foit notre langue , elle cft encore pauvre liv ftérile
fur bien des chofes. Bail.
Outre la connoillance qu'il a des langues Greque
Se Latine, il parle celle de nos voilins, prelqueaufù
facilement & aulîî poliment que la liennc. Entr.
d' Ar. Se d'Eug. Vaugclas dans les Remarques avec
les Notes de Thomas Corneille, blâme cette façon
de parler j il fiit les langues Latine & Greque , Se pré-
tend qu'il faut dire la langue Latine Se la langue Gre-
que , ou la langue Latine Se la Greque. Meilleurs de
l'Académie Françoife , en confirmant la Remarque
de Vaugelas, approuvent fur tout la répétition du
mot langue. Il lait la langue Latine & la langue Gre-
que.
Bayle favoit mieux les langues mortes & les étran-
gères, flUe ia Françoile , qui étoit pourtant Li langue
naturelle. Notre langue elf redevable au célèbre La
Fontaine, de quantité de mors qu'il a lieureulement
inventés ou renouvelles. Perfonne n'a mieux connu
les richefl'es Se 1 énergie de la langue Françoife , Se
Ji'en a fi bien fu tirer parti que Rabelais. Cette obfer-
vation que je tiens d'un des meilleurs Foeces de ce
ficelé (M. Roulleau) me paroît fort importante. Elle
a été connue , fans doute du célèbre La Fontaine qui en
fait un très-bon ufa;;e. Nos jeunes Écrivains n'ont qu'à
imiter cet exemple, chacun Iclon Ion génie, & le
genre d'écrire qu'il a deifein de cultiver, & ils ver-
, ront que notre langue n^ft pauvre que par la négli-
gence de ceux qui ne s'étudient point à en découvrir
les véritables richcffes. M. Côth, Notes fur Mon-
tagne.
Quand Segrais affranchi des terrejlres liens ,
Defcendit plein de gloire aux champs Elyjîens ,
Virgile en beau François lui Jî tune harangue ;
Et comme à ce difcours Segrais parut furpris ,
Si je fais , lui dit-il j le fin de votre langue ,
C'ejl vous qui me l'ave^ appris. De la Monn.
La multitude des langues eft venue de la confufion
dont Dieu punit l'orgueil de ceux qui bàtillbient la
tour de Babel. Les Mahométans font d'accord avec les
Juifs Se les Chrétiens touchant la confulion & la di-
vifion des langues arrivées pendant le tems de la conf-
truétion de Babel. D'Herbelot.
On difpute fi Dieu eftaça feulement le fouvcnir de
la fignilication des termes de la mémoire de ceux qui
élevoient la tour de Babel , ou s'il leur infpira direifte-
ment des langues différentes. Scaliger tenoit que les
ouvriers oubliant tout d'un coup 'la lignification des
mots, &: ne convenant plus du nom qu'ils donnoient
aux choies, ils nommoient l'une pour l'autre, quoi-
qu'ils parlalfent tous la langue Hébraïque. Cafaubon
ne convenoit point non plus qu'ils eulfent parlé fubi-
tement divers langages , & félon lui la confulion des
/a/2^:/ej- n'emporte point du tout l'introduiiUon d'une
multiplicité de Langages différens. Voye-:^ fur la divi-
fion des langues, Ix Dillertation de AL G. David Ziégra,
de Confufione Linguarum Bahylonicà ad Gen. XI. Elle
L A N
fe trouve dans le Thefaurus I heologico-Phihloglcus
P. I.p.iôp.
La langue Hébraïque eft la plus ancienne des Lan-
gues:c\\'i eft.-.ppeléc la Langue] ainte, parce que c'étoit
la langue que parloir le peuple de Dieu , Se que la loi
que Dieu donna à fon peuple étoit ég:ite en cette
langue , aulVi bien que la plus grande partie de l'an-
cien Tcftament.
"Hérodote raconte que dans la conteftation entre (es
Egyptiens & les Phrygiens , pour l'antiquité de leur
langue, l'fammétieus, Roidtgypte, fit élever deux
enfuis, avec détenle de prononcer aucune parole
devant eux , afin de lailler parler la nature. Le pre-
mier mot qu'ils prononcèrent fut beccos , qui lignifie
du pain en langue Phrygienne. Les Egyptiens ne
voulurent point déférer a cette preuve. Les Arabes
conteilent aux Hébreux le droit d'ancienneté; mais
les Juits jaloux jufqu'à l'excès de l'honneur de leur
narion , fe vantent que la langue Hébraïque , telle que
nous l'avons dans les fiints Livres, eft la langue
primitive. Se celle du premier homme. D'autres pré-
rendent que la langue que parloir Adam s'eft perdue ,
Se que l'Hébreu, le Chaldaïque i\: l'Arabe ne font
que des dialettes de cette langue primitive. Bien loin
de donner la préléance d'antiquité à la langue Hé-
braïque J ils dilent qu'Abraham parloir Chaldéen
avant qu il pafsat l'Euphrate , Se qu il n'apprit la lan-
gue Hébraïque que dans le pays de Chanaan. Ainfi
cette langue n'étoit f oinr une langue Ipéciale Se con-
facrée au peuple de Dieu. C'étoit originairement le
langage des Chananéens. Le Cl. La langue Hébraï-
que eft tort au deilous de la langue Greque , foit pour
la fécondité J foit pour l'élégance , foit pour la clarté :
elle eft lèche Se deltituée d'orncmens, & fi peu riche,
que manquant d'exprellions pour varier la phrafe, les
mêmes périodes reviennent à tous momcns. Les
louanges excellîves que les Juifs donnent à leur
langue , font de iaulfes louanges. Id. Les Rabbins di-r
leur que c'ell à caufe qu'elle eft h pure & 11 chafte,
qu'on n'y trouve point le nom propre des parties
honteufes , ni de celles par où on fe décharge le ven-
tre. L'Arabe eft la plus abondante de toutes les lan-
gues. Les Grecs appeloient barbares routes les autres
langues. La langue Latine a été autrefois la langue do-
minante.
La langue Françoife a en quelque façon fuccédc à
la langue Latine , Se cft devenue la langue commune
Se univerfelle. Voye^ le mot François Se Gaulois,
fur les divers accroillcmens de la langue Françoife,
Ce tut fous le règne de Charles le Chauve , qui ai-
moit les belles-lettres , où il excella lui-même , Se qui
remplit la France de Savans qu'il rit venir de Grèce &
d'Aiie : ce fut, dis-je, fous ce Prince que la langue
Françoife commença à fe former de la Romance ou
de la Latine corrompue , à laquelle elle doit fon
origine. Malherbe .avoir long-tems étudié notre lan-
gue. Il eft le premier qui l'a purgée de cette rouille
cv" de cette cralle de l'antiquité. Huet , Orig. de
Cacn, c. 24.
La langue Françoife eft fimple fans badelfe, libre
fans indécence, élégante Se Heurie lans frrd, majef-
tueule fans fafte , harmonieufe lans enflure , délicate
fins mollelle , & énergique fins rudelfe. Gill. Il n'y
a point de langue qui foit plus ennemie des équivo-
ques Se de toute obfcurité , plus grave & plus douce
tout enfemble, plus chafte & plus retenue en (es lo-
cutions, plus judicieufe en les figures, qui aime plus
l'élégance Se l'ornement , mais qui craigne plus l'-af
fedtarion. 'Vaug. Notre /^«^ac fuit les façons de par-
ler balfes. Se les proverbes jufqucs dans le dilcours
familier : elle abhorre les termes ampoulés & le phé-
bus jufqucs dans le ftyle iliblime. Le bon fens, la
bienféance , l'accompagnent toujours. Avec fa ma-
jefté elle eft gaie Se enjouée en de cert.oines rencon-
tres ; mais il y a toujours de l'honnêtcré Se même de
la fagelTe dans ta gaieté Se dans ton enjouement. Ses \
plailanteries Se fes débauches , tl j'ofe parler ds la
forte J font comme celles de ces pcrfbnnes raifonna-
bks J qui ne s'oublient jamais , quelque liberté qu'elles }
fe
L A N
fc donnent. Elle y cil en quelque façon plus admira-
ble que dans les grands ouvrages où la matière la fou-
tient , & où les chofes donnent de la force & de la
dignité aux paroles. Elle hait les ornemcns exceflifs ,
&: pour s'exprimer plus limplemcnt, elle voudroit
prefque que lés paroles hiliént toutes nues. Elle ne fc
parc qu'autant que la néccllitc & la bienféancc le de-
mandent.
Il l'emble que les Efpagnols font dépendre la no-
blclle & la gravité de leur langue du nombre des fyl-
iabes &c de l'cnHure des paroles , 8c qu'ils parlent
moins pour le faire entendre, que pour fc faire ad-
mirer. Ils ont des termes valles & refonnans, des ex-
prellîons hautaines & fanfaronnes , de la pompe &:
de l'ollentation par-tout. Leur langue n'efl: point pro-
pre à peindre les penfées au naturel; elle fut pour
l'ordinaire les objets plus grands qu'ils ne font , ik va
plus loin que la nature. La langue Italienne n'enlle
peut être pas tant les chofes, mais elle les orne & les
embellit davantage j & ces enrichiiremens & ces or-
nemens ne font pas de véritables beautés. Les exprel-
fions Italiennes lî Heurics & fi brillantes , font com-
me ces vifages fleuris & fardés qui ont beaucoup d'é-
clat ^ & qui n'ont rien de naturel. Bouh.
Enfin la langue Efpagnole rellémble à ces fleuves
dont les eaux font toujours grolles & toujours agi-
tées , qui ne demeurent guère renfermées dans leur
lit , qui fe débordent fouvent , & dont les déborde-
mens font un grand bruit & un grand fracas. L'Ita-
lien ell: fcmblablc à ces ruiiïeaux qui gazouillent
agréablement parmi les cailloux, qui i'erpenrent dans
des prairies pleines de Heurs : mais la langue Françoife
cil comme ces belles rivières qui j fans être ni lentes ,
ni rapides j roulent majeffueufement leurs eaux, &:
ont toujours un cours égal. Puifque la langue Latine
ell leur mère commune , ne pouvons-nous pas dire
encore que ce font trois fœurs qui ont des inclinations
fort contraires? La langue Efpagnole efl une orgueil-
leufe qui le porte haut , qui fe pique de grandeur ,
qui aime le fafte & l'excès en toutes choies. La langue
Italienne efl une coquette toujours parée & toujours
fardée, qui ne cherche qu'à plaire , & qui le plaît
beaucoup à la bagatelle. La langue Françoife ell une
prude , mais une prude agréable , qui , toute fage &
toute modefle qu'elle efl, n'a rien de rude ni de fa-
rouche. BouH. Il faui prendre garde qu'on n'énerve,
qu'on ne rende la langue barbare , en la dépouillant
de tout ornement , fous prétexte de la rendre plus na-
turelle. S. ÉvR. Il c .lullî impoffible de fixer la lan-
gue Françoife, qu'il efl impolîlble de fixer l'humeur
Françoife. S. Evremont. Pafquier a fait des recher-
ches de l'origine de la langue Fra'nçoife. Ménage ,
Bouhours , Vaugelas , ont fait des remarques fur la
langue , pour enfeigner la pureté , les finellcs , les dé-
licatelles & les vices de la langue. Ce n'efl pas une
louange de bien favoir fa. propre langue , mais c'ell
Une honte de ne la fîivoir pas. Port-R. On emploie
à apprendre les langues le tems même defliné a en
faire ufage. La Br. Le néceilaire d'une langue ne
coûte guère, mais les délicarelîes font difficiles. Le
Ch. de m. Nos vieux Poètes faifoient de la langue
tout ce qu'il leur plaifoit, & l'alfujétilloieiit à tous
leurs befoins <Sc à tous leurs caprices. G. G.
Sur tout qu'en vos écrits la langue révére'e.
Dans vos plus grands excès vousfoit toujours facrée.
BoiLHAU.
Il y a dans le II Tome de l'Hifl. de Bret. p. /. &
fuïv. une éclairciffement fur la langue Bretonne, où
l'on prouve que c'eft l'ancienne langue des Celtes.
La langue Chinoife n'a aucune analogie avec tou-
tes celles qui ont cours dans le monde. Cette langue
ne contient que trois cens trente mots ou environ ,
tous dune fyllabe , ou qu'on prononce au moins
d'une manière fi ferrée, qu'on n'en diftinguc prefque
jamais qu'une. Ce peu de mots ne fuffiroit pas, fi
l'on n'.ivoit trouvé l'art d'en multiplier le l'en s par les
dtikrens accens qu'on leur donne. Ainfi la langue
Tome V.
LAN 409
Chinoife, quand on la parle cxaftcment, efl une ef-
pèce de Mulique , & renferme une véritable harmo-
nie qui en fait l'eflènce «Se le caredlèrc particulier. Il
y a cinq tons qui s'appliquent à chaque parole, félon
le fens qu'on lui veut donner : le premier ell une
prononciation uniforme , fans élever ou baiifcr la
voix , comme li l'on continuoit durant quelque tems
la première note de notre muliquc. Le fécond élevé
la voix notablement plus haut; le troilième ell très-
aigu : dans le quatrième de ce ton aigu, on defccnd
tout d'un coup à un ton grave. Dans le cinquième ,
on padc encore à une note plus profonde, fi l'on
peut s'exprimer ainfi, creufant& formant une efpcce
de balle. P.ar cette diftérence de prononciation de
555 mots, on en fait i66f. Outre cela on peut pro-
noncer uniment, -ou afpircr chaque parole, ce qui
efl fort ordinaire , & qui augmente encore la langue
de la moitié. Quelquefois on joint ces monofyllabeS
cnlcmble : fouvent une phrafe entière , fclon qu'elle
fuit , ou qu'elle en précède une autre , a un fens tout-
à fait contraire; de forte qu'il efl aifédc voir que cette
langue fi pauvre, fi ferrée en apparence, ne lailfe pas
d'être en eftct fort riche & allez étendue pour s'expli-
quer facilement. Voye-:^ le P. Le Comte , Nouv.
Mém. de la Chine y T. I.p. j 6 p &fuiv.
On divife les langues , en langues matrices & origi-
nelles, comme font If-Iébreu, l'Arabe en Orient; le
Teuton, le Sclavon en Occident, &: en langues déri-
vées. Kirker dit que la langue Cophte ell aullî une
langue mère , & indépendante de toutes les autres.
Du Jon tient que la langue Gothique eft la mère de '
toutes les langues Teutones; c'efl-à dire, de toutes les
langues qu'on parle dans le Septentrion. Le Bafque &
le Bas Breton font tenus aullî pour langues matrices ,
qu'on croit être celles des anciens Celtes ou Gaulois.
Les langues dérivées font celles qui font mêlées du
langage de plutieurs peuples voifins qui ont eu com-
merce enfemble, comme le François, l'Italien 1 Ef^
pagnol. Il y a une langue Franque qu'on entend par
toute la Méditerranée. Voye^ Franque. Gefii'.r a
fait un Traité qu'il appelle Muhrïdate , de la dille-
rence des langues anciennes & modernes , mortes ou
vivantes, pour faire voir en quoi elles s'accordent ou
diffèrent, & pour les apprendre en particulier , ou
former une langue univerlelle de leur mélange. On a
appelé langue Thyoife, ou langage Theut-Franc , ou
Franc-Theut, un François mêlé d'Allemand, qui fe
forma quand les François entrèrent dans la Gaule. On
dit que la langue des Goths fait le nom de Languedoc.
D'autres difentque cela vient de langue de oc, qui
veu dire oui, pour la diflingucr de celle des peuples
voilîns, où l'on difoit oaz ou oil. En eftét, on trouve
plulîeurs titres où font ces paroles, tant en langue
d'oc, quen langue d' oil , & il n'y a guère plus de ijo
ans qu'on a celle de fiire cette dillinélion : on dit
encore en Agenois hoc, pour dire oui. Scaliger dit
qu'en France il y a trois langues , & que ceux qui les
parlent ne s'entendent point les uns les autres, le
Bafque, le Breton & le Romain; que le Romain ell;
divifé en langue Tortue 6c langue Françoife ; qu'il
n'y avoir autrefois en France que deux Gouverneurs ,
Princes du fang, l'un à Paris pour la langue Fran-
çoife , l'autre à Montpellier pour la langue Tortue.
On appelle langues mortes , celles qu'aucun peuple
ne parle plus , qui ne fubliftent que dans les Auteurs ,
& qu'il faut apprendre par les règles de la Gram-
maire, comme l'Hébreu, le Syriaque, leChaldéen,
le Latin & le Grec. Les langues vivantes font celles
qu'on peut apprendre par la fréquentation des peuples
qui les parlent. L'ufrge efl le tyran des langues vivan-
tes. Il y a des gens qui ont prétendu faire une langue
univerfelle. La langue maternelle eft celle du pays où
l'on efl né.
Les langues favantcs font celles qui ne fubfîflent
plus que dans les livres, & qu'il faut appreridre li l'on
veut devenir favant; le Latin, le Grec , l'Hébreu, le
Chaldéen, le Syriaque, le Samarit.ain , l'Arabe mê-
me. Les langues vulgaires font celles qui fc parlent
à préfent. Les langues vivantes font les mêmes que
F ff
^io L A
les vulgaircs. Les langues Oiienc:iles font celles qu'on a
parie ou qu'on pane en Orient ; communément ncan-
momson ne comprend guère Tous ce nom que les lan-
WfJ lavantes de rOncnt,l'Hébteu Je Chaldeen,leSyria
que,leSaniaritain,rArabe,lePerlan&mêmele Copine
& rtti-uopien.quipaUcntaullI çowï langues Orienta-
les, quoique ce loient des langues d'Atrique. Les lan-
gues Occidentales font celles de l'Europe ,^ant ancien-
iies que modernes, le Grec, le Latin, le Celtique,^ la
langue Teutonique, celle d'iUyrie, le Sclavon, &c.
Le Fran(;-ois , l'Italien ^ lEfpagiiol, l'Allemand , l'An-
glois, èc.
Il n'y a point de véritable érudition ians la con-
noillance des langues lavantes. Raimond LuUe tolii-
cita long temsdans les XIII'^^: XIV<^ hècles letablil-
îêment des études de ces langues. Enfin, l'an 1311,
le Pape Clément V , & le Concile de Vienne , ordon-
nèrent qu'en Cour de Rome & dans les Univerlites
de Paris , d'Oxford , de Boulogne &: de Salamanque ,
on étabîiroit des Maîtres pour enléigner les trois /.7/7-
gues , Hébraïque, Arabique, & Chaldeenne, deux
Maîtres pour chacune, qui léroicnt itipendiés & en
tretcnus en Cour de Rome par le Pape , à Paris & a
Oxford par les Rois de France & d'Angleterre, &
dans les autres villes par les Prélats , les Monaftèrcs
& les Chapitres du pays. Foyei le Concile de Vien-
ne &c d.ms les Clémentines, iiv. F. Tu. I. c. I. dius
l'Edition du Décret par M. Pithou, T. II. p. 3 6p.
Le Tréfor des langues , c'ell le titre de pluheurs
Didionnaires. Un Profelleur des langues Orientales ,
enfeigne la langue Hébraïque &: Chaldaïque , &c. L'n
Maître de langues ell celui qui enléigne l'Italien , l'E(-
pagnol, l'Allemand & le François , en un mot une
langue vivante. On appelle aufli Secrétaires & Inter-
prètes ies Langues, ceux qui fervent de truchcmens
pour faire entendre les Amballadeurs étrangers.
gO" On appelle enfans de langue , les jeunes gens que
les Princes entretiennent dans les Echelles du Levant,
pour y apprendre ks langues Orientales, Se devenir
capables de fervir de Drogmans.
Le don des langues , Grâces que Dieu fait à un
homme quand il lui donne par miracle, & fans étu-
de . la connoillance & lufage d'une langue qu'il ne
fait pas, & qu'il n'a point apprife, enlorte qu'il en-
tende ceux qui la parlent, qu'il la parle lijimeme.
Donum lïnguarum. Le Saint Efprit , en déicendant
fur les Apôtres le jour de la Pentecôte, leur donna le
don des langues, ainlî qu'il elf marqué au c. II. des
Aétes des Apôtres. Le don des langues eft quelque-
fois feulement un prodige poiu' donner de l'admira-
tion aux Infidelles. Il peut même les (candalifer. S'ils
entrent dans votre allcmblce, qu'ils vous entendent par-
ler tous diverfes langues , ils vous prendront pour des
infenfés. S. Paul, /. Cor. XIF. 22. Le don des lan-
gues, desguérifonsmiraculeufes, de prophétie, dans
les commencemens de l'Eglife, étoient répandus fi
communément fur les Fidelles^ que quelques-uns en
tiroient vanité , & d'autres en étoient jaloux. Fleury.
S. Irénée, dans fon V Livre, c. 6 , témoigne que le
don des langues fubfiftoit encore dans l'Eghfe de fon
tems. Xavier n'avoir pas le don des langues , quand
il commença à inftruire les Paravas; mais il paroît
quedepuisil entendoit & il parloit la langue Malabare,
foit qu'il en eîit acquis la connoilfance par fon tra-
vail , foit que Dieu lui en eût imprime les efpèces
d'une manière furnaturelle. Il eft probable du moins
qu'étant aux Indes , dès qu'il étudioit une langue ,_ le
Saint Efprit fecondoit fon application j & fe faifoit
en quelque forte fon Maître. Car c'eft une chofe
conilante , qu'il apprenoit en peu de tems les langues
les plus difficiles-, & au rapport de pluiîcurs perfon-
nes, il les parloir fi naturellement, qu'on ne Lauroit
pas cru étranger. Bouhours.
. On dit qu'Ennius & Cécrops favoient plufieurs
langues. Guillaume Poilel étoit en matière de doc-
• trine , le plus grand efprit de fon fiècle; une vivacité ,
une pénétration & une mémoire qui alloienr jufqu'au
prodige; un génie univerfel qui n'ignoroit rien, &
qui excelloit particulièrement dans la connoillance
LAN
des langues. Outre la Latine , la Grcque, l'Hébraï-
que, la Chalda'îquc 6c la Syriaque, il lavoit ii bien
celles qui fe parlent, & qui font viv.intes,_quïl fe
vantoit de pouvoir faire le tour de la terre tans tru -
chement. Èouhour.
Mithridate lavoit vingt deux langues , c'eft-à-dire,
toutes les /an^i/tJ différentes des di.tércns peuples qui
compofoient lés États; & il favoit li bien ces langues ,
qu'il pouvoir haranguer tes peuples chacun dans fa
langue. Charles Qumt , félon l'opinion des Turcs,
difoit qu'autant de langues qu'on parle , autant de
fois on eft homme. Il vouloir attirer à foi le Drogman
du Sultan Soliman, qui parloir parfaitement dix-fept
fortes de langues. Brantôme.
Bibliander a écrit en 1518, De radone communi
Lïnguarum, in-4°. Gefner de la différence des lan-
gues, en 1J71. Lazius a fait une Introdudion pour'
apprendre les plus belles langues par une méthode
commune, en 1548. Mégillier , le tableau de qua-
rante langues diverlés & di.ilecT:es diflérens dont il
donne le modèle dans l'Oraifon dominicale , etf
1595. De Recolesj dans tés additions au monde da
Al. Davici, a mis le P^fifr /w//tv dans toutes les lan~
gués qu'on parle parmi les Chrériens , en parlant de
la religion de chacune des nations Chrétiennes. Al-,_
béric. Gentil, a écrit du mélange des langues, et^
1603. Le Dilcours fur les étymologies par le P<:
Reinicr'; Jéfuite , eft un ouvrage de même genre-
Claude Durer , Bourbonnois , a écrit le trétor de
l'hiftoire Aes Langues , en 1613. Etienne Guicharr,
de l'harmonie étymologique des langues , en 1619,
Ed. Bcevevood a' fait des recherches curieufes fur la
diverlité des langues Se des religions.
Langue, ledit auili en faifant diftindlion des nations.
Il arrive dans les Échelles d'Orient des Marchands
de tous pays , & de toutes langues. On appelle la
Poëlie la langue des dieux.
On n' extravague plus en vers impunément ;
Aux règles du dijlours & du raifonnement
Un Poète ejl fournis comme les autres hommes:
On pardonnait , dit -on , aux temps de nos ayeuXj
Une fottife dite en la langue dei dieux j
Pourquoi faire les dieux plus fots que nous ne fommes?
P. MOURGUES.
Langue , daiis l'hiftoire de Malte, fe prend pour Na-
tion. On divifoit avant le Schifme d'Angleterre l'or-
dre des Chevaliers en huit langues , ou Nations. Na-
tio , gens. Il y a trois langues pour la France , la
langue de Provence , d'Auvergne & de France. Pour
l'El'pagne deux>, la langue de Caftille & d'Arragon.
Les trois autres font la langue d'Italie , d'Allemagne
Se d'Angleterre. Depuis le Schifme d'Angleterre cette
dernière langue ne lublîfte plus. Chacune de ces
langues a un chef qu'on nomme Pilier, 8c qui pre-
tîde aux Alfemblées de la langue , dont il eft le
Chef. Foyei Malte.
Langue. Tabac à la langue. C'eft une des quatre
fortes de tabac que l'on cultive dans l'Amérique. ,
IJCr Langue , en Botanique. Foy. Languette. *■
Langue de Bœuf , eft une plante qu'on appelle aii>
tremcnt buglofe. Foye^ Buglose.
Les Maçons appellent aulli langue de bœuf, un
inftrument dont ils le fervent. Il eft fait d'une pla-
que de fer en forme de cœur , Se dentelée tout au-
tour avec une branche ou tige de fer, qui va s'infé-
rer dans un manche de bois avec lequel on tient
la langue de bœuf. C'eft un outil ou cifeau plat ,
pointu , crettéj qui eft taillé en forme de cœur.
Langue de bœuf. Terme de Coutume. C'eft_ un droit
. qu'a l'Évcque de Grenoble , Se qui conlifte en la
fixième partie des langues de bœuf , dont la chair
eft expofée en vente par les Bouchers. Ce droit fur
acquis à cette Éghfe en iioi. par Hugues Evéque
. de Grenoble. Chorier , Hiji. de Dauphiné , T. I,
p. 4-S .
Langue ue Bouc , eft une plante qu'on appelle au-
trement Fipérine , ou herbe aux vipères. Les Grecs
LAN
l'ont appelée îjiio», c'eft à-dircj vipérine. On l'a nii/îî
appelée Alcihiacum , parce qu'un certain Akibius
en découvrit le premier la propriété contre les vipè-
res. Ayant été morJu en dormant par une vipère ,
il hir guéri en avalant le jus de cette herbe , dont
il niit après le marc (iir la plaie.
Langue de Cerf , eft une plante qui poulie de fi ra-
cine huit ou dix Veuilles , & quelquefois davan-
tage , longues ordinairement d'un demi-pied , lar-
ges d'environ deux doigts j pointues en lacoii de
langue. Sa graine naît fur le dos des feuilles d'ans des
niions membraneux fendus dans leur longueur ,
& qui renferment un amas de coques entallèes les
unes fur les autres. Chaque coque ell prefque ova-
le , entourée dans fa moitié d'un cordon par la
contraètion duquel ces coques fe déchirent & ré-
pandent quelques femences. Sa racine eft fibrtufe
&■ noirâtre. Elle cil un peu aftringeiue , pedtorale ,
vulnéraire?. On l'appelle autrement fcolopendrc vul-
gaire.hn Latin lingua ccrvina ojficinarum. C. Bauh.
Pin. 3J3. Il y a plulieurs autres efpèces de langue
de Cerf.
Langue de Cheval , ell une plante à laquelle on a
donné ce nom , parce qu'on a trouvé quelque relFem-
blance de la figure de fa feuille avec celle de la lan-
gue d'un cheval , d'où vient qu'on l'appelle aulFi
hippoglojfum. Rufirus. On l'appelle encore laurier
Alexandrin. C'cft une efpèce de houxfrelon que
M. Tournefort nomme Keus angujlifolius fruclu
folio innafcente. Ind. R. herb. Voye:^ Laurier
Alexandrin.
Langue db. Chien. Plante qui a été ainfl nommée
parce que (es feuilles ont la figure de la langue d'un
chien : elles font longues, étroites , pointues , lanu-
gineufes , molles , blanchâtres. CynogloJJum. Ses
tlcurs font femblables à celles de la buglofe, de
couleur rouge tirant fur le purpurin. Son fruit ell
à quatre caplules hétillées de poils piquans qui s'at-
tachent aux habits ; chaque capfule contient une
jfemence. Sa racine eit longue , grolTe , noire en
dehors , blanche en dedans. Cette plante eft incral-
iante , rafraîchillante , adouciliante. C. Bauhin l'ap-
pelle CynoglojJum majus vulgare. Pin. 2J7. Il y a
plufieurs autres^ efpèces de langue de chien.
Langue de Serpent , ou Langue Serpentine. Petite
plante qui poulie une queue haute comme la main,
loutenant une feule fcmile , femblable en quelque
manière à une petite feuille de poirée , mais plus
gralle, charnue, lillè , droite, quelquefois longue
& étroite , quelquefois large & arrondie. Il lort
du haut de la queue un fruit qui a la figure d'une
langue aplatie , à bords relevés , &: divifés dans
leur longeur en plufieurs petites cellules qui ren-
ferment une poullière très menue. Ses racines font
fibreules. Cette plante ell vulnéraire ; quelques-uns
prétendent guérir les defccntes par l'ufage de la
poudre de cette herbe. En Latin Ophioglojjum vul-
gatum. C. Bauhin. Pin. 3 J4. Il y a plulieiirs au-
tres efpèces de langues de jhpens. Elle a été aiijl
nommée à caufe que fou huit a .la figure de la
langue d'un ferpent.
Langue de Serpent. Terme de Dcntille. C'eft ur.
petit inflrument dont on fc fert pour ratiirer &
nettoyer les dents de la mâchoire intérieure. Il tft
fait^ comme les rugincs , excepté que fa partie
antérieure eft une lame pointue , taillée en langue
de_ ferpent , plane d'un côté , relevée de d'eux
bileaux de l'autre , tranchante par les côtés,
p? Langue de Carpe. Terme d'Arquebufier. Périt
eutil fait en forme de langue de carpe , tranchais
par les deux côtés & par la pointe , emmanché
dans un petit morceau de bois, fcrvant pour créa-
<cr, Iculpter, 6 c.
-ANGUE de Voile. Terme de Marine. C'eft un mor
ccau de toileà voiles , étroit par le haut, ^ large
I p" le bas , qu'on met aux côtés de plufieurs
voiles. ^
LANGuÉ,ÉE.adj Terme de Blafon , eft la mcme
Sholeqn." 'omraffé, quand l'animal peint fur l'Ecu
LAN 411
montre une langue d'un autre émail que Ton corps
txercd Itnguâ. Mais langue fe ilit plutôt de celle des
aigles, & lampajje de celle des lions.
LANGUEDOC. ÎNom d'une des plus grandes &: des
plus conlidérables Provinces de France. Occitaniay
Languedoaa , i>epûmania j Gothia. Gallia Narbo-
nenjis. Elle cil bornée au levant par le Rhône, qui
la Icparc de la Piovence Se du Dauphiné ; au nord,
par le i-oi-ctz , l'Auvergne , le Rouergue & le Qucr-
cy; au couchant , par la Gafcogne , dont la Ga-
ronne la lépare en quelques endroits; & au midi ,
par le Koullillon , & par le golfe de Lyon , partie
de la mer Méditerranée. On donne à cette Province
loixante tic dix-huit lieues d'orient en occident , &
cinquante dans la plus grande largeur du fcptentrioa
au midi , le long de la rivière du Rhône. Toute
cette Province , ii on en excepte le quartier des Sé-
venncs , jouit d'un air fort tempéré , &c ion terroir
produit abondamment des blés^ des vins, de l'hui-
le , de la foie , tk toutes fortes de fruits , à la ré-
lerve des oranges & des citrons. On la divife en
trois grandes contrées , dont chacune a foii Lieute-
nant de Roi , quoiqu'elles n'aient toutes enfemble
qu'un Gouverneur. Le haut Languedoc en eft la par-
tie occidentale , le bas Languedoc l'orientale , &
les Sévennes la feptentrionale. Cette Province a
fes Etats particuHers, où entrent pour le Clergé trois
Archevêques & dix-neuf Évèques ; pour la noblelîe
vingt deux Barons , un pour chaque Diocèfe ; leurs
dignités font attachées aux terres qu'ils polïédent ;
èc pour le tiers États , un député de chaque capitale
de ces ving deux Diocèfes. Ces capitales des Diocèies
lont dans le haut Languedoc , Touloufe capitale de
toute \m Province , & Archevêché , Montauban ,
Albi Archevêché , Rieux j Ramiers , S. Papoul ,
Lavaur , Mirepoix & Caftres. Dans le bas Langue-
doc , Narbonne Archevêché , Aleth , Carcallbnne ,
S. Pons , Béziers , Lodéve , Agde , Montpellier ,
Nif lies & Ufez. Et dans les Sévennes , Mende ,
le Puy & Viviers. On y diftingue encore les villes
de Foix , de Limoux , de Caftelnaudary , de Péze-ï
lias, d'Aiiduze , d'Alais c^- de Beaiicaire, célèbre
par les Foires. Maty.
Quelques Auteurs ont cru que ce pays avcit été
appelé Languedoc à caufe des Goths qui l'ont pollé-
dé, S< àtLandt-Got, c'eft-à-dire , pays des Goths.
C'eft le fentiment d'Andoque , Hiji. de Langued.
p. iiû. Nicot le dérive de Langue goth , comme '
qui diroit Langue Gothique , parce qu'on y parloir
cette langue. C'eft l'opinion de Bouche en fon Mift.
de Provence , T. l, p. //i'. D'autres difent qu'au-
trefois on divifoit le Royaume en deux parties ,
qu'on appeloit Langues ; l'une j la Langue d'ouï •
& l'autre , la Langue d'oc , & delà vint à cette
Province , qui étoit une de celles de la langue d'oc ,
le nom de Languedoc. Cette divilion étoit fondée
fur ce que les Gafcons , & fur toat les Goths, di-
ioient oc , ou bien hoc , pour dire ouï , 6c que
dans le refte de la France on difoit ouï : de Langue
d'oc, on f omis. Lingua Occitana, en Latin ^ & puis
Provincia lingu& Occicanm. , & enfin Occitania , que
quelques-uns ont écrit Orcitania, mais mal Foyez
Hadr. Val. Not. Gall. p. s 16. Et Catel , Hift. de
Languedoc , l. L , p. 40. Pafquier j Rech. liv. 1 ,
c. 12. Du Tillet croit que ce mot vient de Langue-
dod. Nous avons des Mémoires pour l'Hiftoirè de
Languedoc par Catel , & une Hilloire de Langue-
doc par Pierre Andoque.
Le Canal du Languedoc. Occitaniix. incile , fjC? ou
Canal de la jonclion des deux mers , Canal Royal ,
ou Canal de Riquet. Fameux canal , qui traverfe
la province de Languedoc , joint enfemble la Mé-
ditetranée 8c l'Océan , & tombe dans le port de
Cette, f^oye-^ Canal.
$3- LANGUEDOCIEN , mieux que LANGUEDO-
CHIEN. Originaire ^ habitant du Languedoc. Oc~
citanus.
LANGUEDOIL. Nom d'un pays de France. Par le
traité que Charles VII. fit avec les Ducs de Bre-
Fffij
4ï2 LA N
ngne en 1415 , le Roi promit au Duc , qu'il lui
ciunneroit l'adminilh-anon des Finances , non pas
ciu Languedoc , comme qticlqucs-uns ont écrie ,
nuis du Languedoil , pays touc diliérenc du Langue-
doc j ainfi qu'on le voit par divcrles Ordonnances de
nos Rois. Les uns croient que par ce mot on cnten-
cîoit le pays d'en-deçà de la Loire. Celame paroit
faux par le traité dont il s'agit ; car le Roi alors
n'avoit rien en-deça de cette rivière -, c'ell pourquoi
il me lerable que c'ell plutôt le pays d'entre la
Loire &c le Languedoc, à qui ce nom étoit donne,,
pour une railon que je ne iais point , & fur quoi
on ne peut faire que des conjedtures allez peu
folides. P. Daniel, Hi/i. de Fr. T. II , p. 1036.
^CTLanguedoil , eft probablement la même chofc
que Languedoui. Voye\ Languedoc , pour les
étymologies.
LANGUEFRIDE. f. f Vieux mot qui fe trouve dans
nos anciens Auteurs. Froillard l'emploie , &: l'ex-
plique ainiî. L'Empereur Charles IV'. inftitua le
Duc Wincelent de Bohème , & le fit Souve-
rain Regard d'une inftitution & ordonnance , qu'on
dit en Allemagne la Languefride , c'eft à-dire , te-
nir les chemins couverts & {ùrs , & que toutes
manières de gens puilent aller , venir , & chevau-
cher de ville en autre (urement.
Ce mot vient de l'Allemand Landfrïcd , qui veut
dire , paix du pays , paix de la terre.
LANGUES. Les Langues. LangA, Langarum traclus.
C'eil un pays du Duc de Savoie. Il eft en partie dans
le Piémont propre, & en partie dans le Montter-
rar Savoyard , entre les rivières de Sture & de Ténar
d'un côte , & de Belbo de l'autre. C'eft un pays
fort fertile , diftingué en hautes Langues , qui font
vers le midi , & dont Albe eft la capitale ; & en
balles Langues , qui font vers le nord , entre Albe
& Aft. Maty.
LANGUETTE, f.f. Ce qui eft taillé en forme d'une petite
langue. Lingula. Il y a eu une m.odv; de tailler le
linge & les habits , & de les découper en languet-
tes , ce qui leur lervoit d'ornement. On portoit
des rabats à languettes.
Languette. Terme de Luthier : c'eft une petite iou-
pape à rellort qui fert à ouvrir & fermer les trous
de quelques inftrumciis à vent. Quand on appuie
. furuae touche d'un clavier d'orgue , on fait bailler la
languette , qui ouvre u!i trou par où le vent entre
dans le Icmmier , & dans les tuyaux.
Languette j eft aullî en termes d'Organifte , cette
partie du tuyau qui eft taillée en bifeau , ou en talus ,
qui fert à couper , & fendre le vent qui entre de-
dans. Glottis. Elle eft ainfî nommée parce qu'elle
fert de langue à la bouche des tuyaux pour les
faire parler. On appelle aullI languette , une petite
lame de laiton plate , mobile & tremblante , qui
couvre le concave du demi- cylindre des tuyaux à
anche. On l'appelle autrement Ethalotte.
^Zr Dans un balon , on appelle Languette , un pe-
tit morceau de bois rond , percé des deux côtés ,
auquel on attache la vellîe , & par lequel on
feringue l'air dans le balon.
Languette. Terme de Méchanique , eft cette aiguille
élevée fur le fléau d'une balance , qui fert à mar-
quer l'équilibre quand elle eft à plomb. Examen
trutiuA. C'eft ce que les Anciens appeloient pro-
prement trutina. D'autres, donnent ce nom au trou
par où palfe la languette qui fait l'équilibre. Il
vaut mieux dire aiguille. Richelet dit que languette
dans ce fens eft Provincial.
Languette , en termes de Maçonnerie , eft le mur
de plâtre qui fait la féparation des tuyaux d'une
cheminée , qui portent fur des bandes de trémie
qui font de fer. Languettes de chauîTè d'aifance, ce
font des dales de pierre dure , qui féparcnt une
chaulfe d'aifance , à chaque étage , à hauteur de
devanture , ou plus bas. Languette de puits , eft
une dale de pierre qui fous un mur mitoyen par-
tage également un puits ovale à deux propriétaires;
& deftead un peu plus bas que le rez de chiiiilléc.
LAN
Languette , en termes de Menuifcrie , eft la partie
la plus mince d un pancau , qui entre dans les rainu-
res préparées pour la recevoir , quand on fait
les allemblages. Lingula. Ainli on dit de diveifes
pièces de bais, qu'elles tout jointes , & alfemblécs
en languette. Les languettes [on: taillées aux bords des
paneaux , des planchesdans le milieu de leur épailfeur.
Languette. Terme de Potier d'étain. C'eft un morceau
d'étain qui eft fur le couvercle du vaiifeau : il eft
enchâlfé à lanfe , &c on levé le couvercle en met-
tant le doigt delfus.
0^ Languette , ou Langue. Terme de Botanique,
Ligula , ou lingula. C'eft un appendice étroit qui
n'eft adhérent que par une de les extrémités. On ditl-
ligulatus , ou Imgulatus fios j ce qui convient aux
demi-rieurons.
Languette , en termes d'Anatomie , eft une fente
qui eft au devant du larynx , Liquelle eft formée par .
la jonction des cartilages aryténo'i'des. Elle fert à for-
mer la voix. On l'appelle autrement Glotte. V. ce mot.
Languette , fe dit auili par quelques-uns de l'épi-j, ,
glotte. F^oye^ Épiglotte. f
Languette j en termes d'Orfèvre, eft un petit mor-i|
ceau d'argent qu'on laille exprès en faillie Se horri
d'oeuvre aux ouvrages d'Orfévrerie , que l'Athneur rc»'i
tranche, pour l'cprouver'iSr en connoïtre le titre , avant
que de contremarquer l'ouvrage du poinçon de la ville.
Languette, /^ojeç Chimère. ^,
§CF LANGUEUR, f f. Ce mot déûgne proprement
une diminution do forces plus ou moins conlidé-
rable; un état d'abattement dans lequel le corps eft
peu propre à l'aâion Sz au mouvement. Cet ctat
eft fufceptible de dittérens degrés. Quelquefois touc
le corps fe trouve afteèfé , comme il arrive ordinai-
rement dans les maladies chroniques ; quelquefois
une partie feulement , comme quand on dit qu'on
fent des langueurs d'eftomac. Pour y remédier , il
faut rendre aux parties le ton & le rellort qu'elles
ont perdu. Langer. Traîner (a vie en langueur.
Les maux de langueur font d'autant plus rudes, qu'ils
nous ôrent incelfamment quelque partie de nous-
mêmes , & que nous portant tous les jours quel-
que trait dans le fcin , il nous confument infcnfi-
blement. Fl. Les fièvres étiques , les maladies qui
vicinient de confomption , font mourir en langueur.
La langueur de fon corps n'a point alloibli Ion ef-
prit. S. ÉvR. Dans une longue & pénible langueur,
qu'il eft à craindre que l'inquiétude 3c l'impatience
ne diminuent un peu la foumiilion de la foi. FlÉc,
// kâtoit de /es ans l'importune langueur. Bon.
La vieejl une mort à qui vit en langueur. S. EvK^
En parlant de l'état où la terre a accoutumé d'êd|
en hiver j on dit figurément que toute la nature è
alors en langueur ; & on dit que des orangers £qvxI\
en langueur , quand ils ne font pas en aulli bon I
état cyi'à l'ordinaire lorfqu'ils poullent 1-oiblement.^"'
IJCF Langueur. , fe dit aullî en Morale de l'etièti" '
pallions violentes , qui abattent ou qui accablent l'ef-l
prit , des peii>es de l'cfpnt; fur tout de celles qilÛT
procèdent de l'amour, ou de quelque defir violeite]
qu'on ne peut fatisfairc. ^gritudo^ .tgrimonia.
cà*
1 — — ^ - — ^ - ^ _, ^, -
homme eft lî afflige de la mort de fa lemmcj quil
ne vit plus qu'en langueur.
fC? L'on dit dans ce fens.Tenir quelqu'un en langueur,hà
lailîer long-temps attendre une choie qu'il délire. Les
Amans appellent poétiquement leur palfion , une
amoureufe langueur , éz dilent , qu'ils fentent une
ainoureufe langueur.
LANGUEYER. v. a. Tirer la langue d'un porc , la
confidérer , pour voir s'il eft ladre ou non. oua-
riam linguam infpicere. On langueye les porcs en
leur mettant un baron dans la gueule. ^ "
Lais'cueyeRj fe dit aufti en termes figurés &: très bas,
pour. Entretenir quelqu'un , lui fiire des quellions,
pour apprendre de lui adroitement ce qu'on veut
fivoir. Percontari. On ne tirera aucune vérité de
ce prifonnier , il a été bien langueye. Quand on
veut favoir le fecre: d'un maître, il faut langueycr
LAN
{es valets. Langueyer Se cajoler quelqu'un. Mas^
cuR. On ne le die plus.
LANGUEYEUR. f. m. Eli un Officier établi clans les
marches pour vifitcr les cochons , & cr.ipcchcr
qu'il ne s'en débite de ladres. Infpcctor fuatius. Les
Lan^ueyeurs font des Inipcileurs établis en titre
d'ofJicc pour vificer les porcs à la langue dans les
marciiés , &: avant qu'ils Ibicnt achetés ; parce que
J'on prétend que lorlqu'ils font ladres , il paroît à
cette partie des puflules ou marques blanches , Se
quelquefois même des ulcères , qui indiquent cette
maladie. De la Mare, Traité de Police ,
Z. ir, T. F, c. 2 , Se L. F; T. XXI, c. 4.
LANGUIER. f. m. Partie du cochon , qui contient la
gorge Si la langue , qu'on fale Se qu'on met à la
fumée. Lin^ua fuilla. Les Languiers du Mans fout
en grande réputaùon.
LANGUIR. V. n. \^vre en langueur ; être confumé
peu à peu par quelque maLidie qui abat les forces.
Languere. La pleurélie emporte bientôt les plus ro-
buftcs , elle ne les fait guère languir. La goutte , la
graveile , font long temps languir les vieillards.
Languir , en ce fens , le dit non-{eulement des ani
maux , mais aullî des arbres & des plantes. On
dit , \es blés languijjcnt beaucoup ; cet arbre lan-
guit j c'cfc-à-dire , il ne donne que de foibles pro-
dudfions. Liger.
Languir , fignitie audi ^ Souffrir un fupplice lent.
Lento fupplicio emori. On a bien fait languir ce
criminel en le brûlant à petit feu. On appelle
coup de grâce , celui qu'on donne kir l'eftomac des
roués pour les empêcher de languir.
Languir , fe dit auHi iîgurément en parlant des in-
commodités de la vie , des beloins , des fouftrances
Se d;s aftîiclions , dans lefquelles on palîe trifte-
ment la vie. Gtmcre j papeti. L^Evangile nous
apprend' à fouiager ceux qui languijjcnt de froid,
de faim , & de ioil- , qui languij]ent dans la mi-
sère j dans la pauvreté , dans les prifons , dans
l'efclavage.
^3" Languir jfe dit à-peu-ptès dans le même fens en
parlant des peines de l'eiprit , qui font caufées par
quelque palîion violente. L'ame languit , cft dans
la langueur , quand elle n'a ni les moyens , m l'ef-
pérance de iàtisfaire une palîîon qui la remplit.
Les Courtilans languijjent quelquefois long temps
dans l'efpérance de la fortune. Les débiteurs font
fouvent languir leurs créanciers dans l'attente du
payement. Ne foufrrent-ils pas alfez, fans les laif
fer encore languir après le foulagement léger qu'ils
efpétent de nous ? P. de Coureeville.
jCr Languir, fe dit abfolument pour, Soupirer pour
une femme. La Belle ne le lailîa pas long temps
languir , ne fut pas long temps cruelle.
Permette:^- moi de languir à vos pieds. Rac.
fN? Languir , fe dit encore en parlant des chofes qui
font l:'.ns vigueur, fans acli vite ; Se généralement de
celles qui^nc font pas en auiïi bon état qu'à l'ordi-
naire. Frigcre. On dit qu'une arbre languit , quand
il poulie foiblement , quand il ne donne que de
foibles productions ". que la nature languie pendant
l'hiver , qu'elle eft cngoiirdic , (ans vigueur. Que
les nouvelles , que les plaifirs languiffcnt ,qu;ind il y a
peu de nouvelles intérellantes , Se qu'il y a peu
de divertilTemens : que la convcrfation languit ,
quand perfonne ne la foutient , ou qu'on ne dit
oue des chofes froides.
0:-i dit qu'un difcours , qui^des vers languiffcnt ,
iorfqu'il y a de l'inégalité, qu'ils font froids iSc tr.iî-
nans ; qu'ils ne font pas foutenu; avec la même for
ce : qu'une pièce de théntre languit ^ lorlqu'elle
n im'nime pas alfez vivement les pallions , qu'elle
n'intévelfc pas alfez les Spedateurs : qu'un ftyle
languit , Iorfqu'il n'cft pas fouicnu de nobles ex
prelhons , ou de belles penfées : que la converfation
languit , quind elle fe fait entre des gens peu fpiri-
tuels,ou mélancoliques, qui fc taifcnt fouvciK j ou
LAN 413
qui n'ont rien à dire d'agréable : fi vous ôtcz ces deux
belles voix de ce concert j il ne fera plus que lamndr.
LANGUISSAMMENT. adv. D'une maniàe languif-
fmte. Languide , molUtcr. Ces Amans fe regardcnr
languiQammcnt. Cet ami moribond lui tendoit lan-
guijj'amment la main.
LANGUISSANT , ANTE. adj. Qui languit. Foyei
Languir. Languidus. Les loldats languijfans fur le
champ de Bataille j prient par pitié qu'on les ache-
vé. Il y a trois ans que et paralytique eft langu'tjfant
dans fou lit. Il a dit adieu à fcsamis d'une voix ttifte
Se languijjante.
Languissant J fe dit aulîI en Morale ,de tout ce qui
n'a rien de vif , ni d'animé ; qui eft: fade , en-
nuyeux, froid , énervé. Iners , marcidus y frigidus.
Il n'y a rien de plus froid Se de plus languijj'ant que
le ftyle de cet Orateur. Les Vers de ce Poète (ont
foibles & languijfans. Onpallc une vie bien languif-
fante , quand on n'eft touché de rien. Le Ch. de M.
Les plailirs où l'cfprit n'a nulle part ^ deviennent
fades (Se languijfans. Bell. Tous les pas d'un Amant
content font des démarches languijfantes. S. ÉvR.
Tes écrits , il eft vrai , fans force , languillans ,
Semblent être formés en dépit du bon fens. Boil.
Languissant*, fignific encore, pailîonné, amoureux
qui m.irquc beaucoup d'abattement ou beaucoup
d'amour. Ces Amans fe jetoicnt des regards ten-
dres Se languiffans. S. HvR. Je ne puis fouftrir ces
languifjans éternels qui en veulent à toutes les Belles
avec uue égale ardeur. M. Scud.
LANIANG. Nom d'une petite ville de l'Inde de-là
le Gange. Lanianum. Elle eft capitale d'un petit
Royaume , qui eft eutre ceux de Pégu & de Siam .
& tributaire de ce dernier. Maty.
LANICE. adj. f Qui eft fait de laine. Ce mot ne fe
dit guère qu'en cette phrale , Bourre-Awk?. C'cft:
la bourre qui le tire de la laine de mouton , foie
avec le peigne de Cjrdeur , ou le chardon de Bon-
netier , ou p.ar les Tondeurs de draps Se de cou-
vertures. Tomentum laneum. Il eft: défendu aux Ta-
piûiers de mêler du lavcton avec de la bourre-Z^z-»
nice dans la fabrique des matelats.
LANIER, f m. Oifeau de proie , efpèce de faucon
de leurre. Laniarius, Il a le bec Se les pieds bleus ,
Se les plumer mêlées de noir Se de blanc. Il eft
bon pour la perdrix & pour le lièvre. Il eft le
formé ou la femelle du laneret. Quelques-uns déri-
vent ce nom à laniandis avibus ^ Se Jacques-Au-
gufte de Thou eft aullî d'avis qu'il vient à laniena ;
d'autres à ^;/m lan,z fmillimis. En 1.3x1». laniarius ,
ajlerias.
Lanier François. Laniarius Gallorum. Cet oifeau
eft plus connu Se beaucoup plus commun en France
qu'aux autres pays étrangers : ce n'eft point ici cette
efpèce de Lanier décric par Al'bert le Grand , à
caufe de fon peu de courage , mais c'eft celui
qu'Aldi'ovand nomme le Lanier des François , parce
qu'il s'en rencontre quantité en France; il eft plus
petit que le faucon gentil j &: eft d'un fort btaa
pennage , & furpafle le facre en beauté. Son bec ,
fes jambes Se fes mains font bleues , Se fon pennage
eft diverfifié par devant de noir Se de blanc : ces
taches ne vont pas de travers , mais elles diftin-
guent les pennes en long , à la différence des fau-
cons ; les plumes de Ion dos ne iont pas fi couvertes
de taches , non plus que celles des manteaux Se de
fa queue, parledelfus Se à la partie de dehors; &
fi par hazard on y découvre quelques tacheSj elles
font petites , longuettes Se blanchâtres , à la partie des
ailes étendues qui panche en bas , elles paroillcnt
courbées. Se tout à- fait différentes des autres oifeaux
de proie pour la figure de leurs taches ; car elles font
rondes comme de petits noyaux femées à la fuper-
ficie , encore que , comme nous avons dit , les pennes
du corps év' celles de devant aient des marques
étendues en long &; difpofées fur les bords ; il a le
cou court Se gros ^ <Sc le bec de même.
414 L A N
Pour être bon , il but qu'il Ibitde moyenne taille ,
la tête moyenne & ronde , de gros yeux à Heur de
tête; quiHbit tout dune pièce ; linon deux mailles;
bien relevés de m.ihuttes ; le vol long & bien afiilé ,
qui ne croille point ; bien couvert de manteaux ;
la mani en Jbrêije .irdoiiéc , grande &c dcliêe ; le
champ de l'on pcnnage tirant fur le roux , & qu'il
foit bordé de feu fur les mailles de derrière, ^oyei
Laneret.
Le Lanier , eft fort propre au vol pour champs,
pour rivière j & à toute volerie. Il faut fe jgouverner
envers tous les oifeaux du leurre , comme envers les
faucons : il n'a pas beaucoup de courage , & n'efl:
pas de grande entreprifc ; il vole de laim & de
iiéceilité j à moins que ce ne foit un Lankr de
partage ;, il n'ell pas beaucoup agréable en fa
volerie.
Le Laneret , eft beaucoup plus agréable en fa vole-
rie que k Lanier ; il vole pour corneille , pour
courlis , &z pour les champs ; il elt fort aiie à gou-
verner & à maintenir en bon état ; il n'eft pas Ci
fujet aux maladies que le Lanier , &: n'eft pas ii
flegmatique.
Le Lanier & le Laneret doivent être tenus pen-
dant leur mue dans un heu lain & tempéré; ils
font familiers &: domeftiques : on les rr.aitc au com-
mencement i'c pendant la mue comme les laucons ;
il faut leur donner des viandes chaudes.
Martinot dit que le faacon Lanier cil commun
en tous pays , & partculièrement en France ; qu'il
fait fon aire fur les plus grands arbres des bois
de haute futaie dans les nids des corbeaux , ou
dans les rochers qui font ' le long des rivages de la
mer; qu'il eft de moindre taille que le faucon gen-
til; que fon pennage eft très beau après la mue;
qu'il eft plus court empiété qu'aucun des autres
faucons j &c que les meilleurs des niais , ou. fors j
font ceux qui ont groïle tête , & la main tirant
fur le bleu ; qu'ils font bons à toute volerie &
font faciles à leur vivre , & fupportent mieux le
gros pât qu'aucun autre oileau , ôc font très - fami-
liers c\: ailés.
Il n'y a pas d'oifeau plus paiiible fur la perche ;
il demeure toujours dans le pays où il eft né , &:
n'eft pas de pallàge j comme les autres. Il eft beau
coup meilleur en été & en automne , qu'en hiver.
On lui donne quelquefois le (urnoni de raucon La
nier ; & parce que l'on en trouve plus commu-
nément ; qu'il eft beaucoup plus facile à gouverner
& entretenir , qu'il eft plus himiher & plus ailé j l'on
s'en fert plus oi^inairement en France.
Les Laniers , c-iui ont la guirlande blanche autour
du cou , font les plus courtois cifeaux de ceux de
leur efpèce ; & félon l'opinion d'habiles Faucon-
niers, ils lont meilleurs pour perdrix que les la-
cres; car ils endurent plus de peine &■ de travail
qu'aucun autre oileau , <Sc le peuvent réclamer au
poing , 8i arrêter en toutes manières & en tous
lieux ; mais les facres font plus fjrrs pour rélifter.
Il y a une elpècc de Lanier qu'on appelle autre-
ment Pie grièche , en Latin Collurio. Il y en a
de deux fortes , qui ne iont ditlcrciues que par
leur lexe.
La femelle eft de la grandeur d'une moyenne
grive. A la voir de loin , le champ de fon pen-
nage paroît entièrement gris , mais de près fon ventre
& fa poitrine paroillent blancs , fon dos eft gris
cendré. Elle a une très - grolle tête , & les yeux
diftans l'un de l'autre. Depuis l'ouverture du bec
le long des yeux jutques lur le cou , elle a une
marque noire , qui eft un peu oblique. Elle a le bec
d'un noir luifant, & courbe comme celui de i'éi:er-
vier ; le delfus l'eft beaucoup , & le deftous l'eft
médiocrement en haut.
L'autre Lanier ou Pie grièche mâle , en Latin La-
niusmas , eft dune plus petite taille : il a les couleurs
plus lavées , & le dclius de la tête & du dus d'un
brun moins éclatant. Ses jambes &c fes pieds font
bruns. Son bec eft û fort, qu'il perccioit un gaat
L AN
doublé , & blelferoit encore la main ; auffi cafte-t il
la tète & les os des oiltaux qu'il prend très-facile-
ment. Celui-ci eft appelé Fie grièche ou Lanier
blanc , en Latin Lanius albus , & il n'y a que le
bec, les jambes & les ongles qui ne le loient pas;
car le bec ik les ongles font noirs , ik. les jambes
jaunes , étant icmblable pour le refte au précédent.
Il vit de papillons & grands inleéles ; il prend
aufli quelquefois de petits oiieaux , dont il cafte
les os & les avale.
Le Lanier , ou Pie grièche mue tous les ans au com-
mencement du printems ; il n'a point de chant; il fe
foutient comme 1 émcrillon , &c (e. perche toujours
au faite des arbres : il agace , mais non pas il fort
que la grande pie. On l'a ainli appelé à cauk que
fon pennage eft diveriiiîé de deux ou trois couleurs. ,'
Faultrier.
Il y a une efpèce de Lanier q\È n'eft point le La-
nier François dont on fe lert dans la Fauconnerie;
mais c'eft un oileau de rapine. Il eft de la t.uile du
faucon ; le dellus de la tètceftplit & large : elle eft
très-groife aulli bien que fon cou ^qui lont d'un
cendré clair j de même que le ventre , & tout le
dcfïus de (on dos , de les cuilles, de fon croupion ,
ôc le deftous de fi queue ; la prunelle de Ion œil
eft noire ik. environnée d'un eercle jaune. Entre le
grand coin de l'œil &c le bec , il a une tache noire.
Son bec tout entier eft de la grolleur d'un doigt; il,
eft noir & fort courbé , Ôc crochu à Textrémité :
proche de la tête il eft couvert d'une membrane
jaune. Son dos , le delfus de les manteaux , ôc les
plumes qui couvrent les grandes' pennes , que les
Fauconniers appellent les témoins aux oifeaux de
proie , & le haut de fi queue , lont d'un gris qui
tire lur le brun : mais les couteaux & les vanneaux
foni;, tout-à-fait obicurs, ou pour mieux dire rfoirs.
Son vol eft long & bien aftilc , 8c pall'e de beau- '
coup le croupion , de manière qu'il ne s'en faut
qu'un pouce qu'il n'égale la longueur de la queue.
Ses cuilles ne lont pas entièrement couvertes de plu-
mes. Ses jambes , qui font jaunes , font fort grêles
à proportion de la grulleur de Ion corps , ÔC ne
font pas plus grolles qu'un tuyau de blé. Les doigts
de l'es pieds font pareillement grêles ôc jaunes ; ils
font garnis de petits ongles noirs , crochus , me-
nus & très foibles , qui font tout autant de figues
de fa foiblelle , ôc de fon peu de courage. Fault.
Il y a encore une autre efpèce de Lanier la.ns cœur,
que 1 on pourroit appeler bule. Il a le bec noir , cou-
ronné lv' jaune , la langue large ts: noire; le cercle
qui environne la prunelle large ôc jaune. Sa tête &
tout Ion dos font de couleur brune un peu mêlée de»'
jaune. Le haut des ailes eft gris cendré ; les ailes font .
compofées de iîx ordres; les trois derniers font de cou-
leur de rouille; elles lont néanmoins blanches en de-
dans. Il y en a trois tout-à-fait noires du fécond or-
dre , qui font un peu blanchâtres à leurs extrémités.
Le troilîème ordre eft compofé de hx pennes blan-
ches J les quatre premières def quelles lont brunes , les
deux autres traveifées d'une couleur noire. Le qua-
trième ordre en a deux châtain. Le cinquième autant,
mais elles font dilpolées de manière que les deux der-
nières vont au troilîème ordre. Le fixième & dernier
eft compofé de trois pennes , qui répondent aux plu-
mes du quatrième. Sa queue eft fournie de douze
pennes j dont les trois premières de chaque coin lont
blanches ôc marquées de taches de couleur de rouille
lavé; la quatrième eft tachée de noir ; la cinquième
de taches brunes & de couleur de rouille ; les deu.t
du milieu qui couv|fent les autres j qui pour cette
raiion lont .ippelées couvertes, lont de gris cendré;
le croupion eft entièrement blanchâtre. Sa poitrine
eft de gris cendré ; tout le refte jufques aux cul eft
diverhfié de taches de couleur de rouille. Ses pieds
font jaunes , fe-; cuilles revêtues de plumes julques
au genoux. Ses jambes lont droites comme deux bâ-
tons ; fes ongles noirs j longs & fort crochus quoi-
qite les doigts n'aient pas beaucoup de longueiu'.
Faultrier. .
. I
LAN
I
I.ANIÈRE. f. f. Bande de cuir coupée en long , & allez
; étroite j fervant à ditlérens ul.jges. Hahcna , loruin.
Les fouets donc les eni^ans fouettent leurs Libots iont
faits de lanières de cuir. On fait des jarretières avec
des lanières ëc des iboucles. On attache les oifeaux
de proie avec des lanières.
LANIFÈRE, adj. m. &c i. Lanigerus . Épithètc que l'on
donne aux arbres qui portent une fubllance l.uneuîe
ou cotonncufe , telles que celles que l'on trouve
ordinairement dans les chatons du laule. Dict. ut
James.
LANIL. f. m. Nom d'une plante du Chili , en Améri-
que. Lanil efl une elpèce d'Indigo qui teint en bleu.
Frézier. ,p. J2.
LANION. i^Jom d'une petite ville de France. Lanio-
num. Elle ell dansTÉveché de Tréguier, en BrctagnÇj
à trois lieues deTiéguier ,. vers l'occident méridional.
Maty.
DCTLANISTE. f. f. Terme d'Hiftoire Ancienne. Ccft
ainfi qu'on nommoità Rome , les Maîtres des Gladia-
teurs , c'ell à-dire , ceux qui les achetoicnt , &c les
vendoient cnfuite au Public , .après les avoir formés.
Lantjla.
LANKAN, ou LANCAN. Grande rivière d'Afie, qui
fejette dans le Golfe de la Cochinchine , vis-à visde
l'Ile d'Hairan.
LANMEUR, ou LANDMEUR. Nom d'un ancien
^ bourg de France. Lanmurium , autretois Kerfunccum.
Il ell dms rÉvêchè de Tréguier, en Bretagne , près
de la côte , à fix ou fept lieues de la ville de Tréguier ,
vers le couchant méridional. Maty.
LANNOY. Nom d'une petite vilk des Pays Bas. Lan-
noya , Alnetum. Elle ell dans la Chatellenie de Lille
en Flandre, encre Lille & Tournay , à deux lieues de
la première , & à trois de la dernière. Maty.
LANQUART. Nom d'une rivière d'Allemagne. Lan-
garus. Elle elf dans la Rhétic , palîe près de Malans,
& ie jette prèsde-là dans le Rhin.
LANQLERRE. f. f. Peau en forme de gros & large
bourrelée , qui fe mec au dclfous des reins en forme
de ceincure , & qui foucienc un homme lur l'eau
LANSAC. Nom d'un village de France, en Provence.
Lar.Jacum. Hadr. de Valois, Not. Gall.p. i S p. croit
que c'ell l'ancien Clanum ou Glanum , ville des an-
ciens Saliens dans Pcolomée. Lanfac efi: fur le bord
du Rhône encre Tarafcon & Arles. Pline l'appelle
Glanum Livii , ôc Mêla Glanon ; nuis Bouche dans
fon Hiftoire de Provence, L. III. c. j. p. r^tf. veuc
que ce foie S. Remy , encre Cavaillon & Arles;
&: le P. Hardouin le fuie dans tes Noces fur Pline , &
die que Bouche le prouve excellemment.
Lansac. C. m. Nom d'une efpèce de poire, qu'on ap-
pelle auffi la Dauphine , & en quelques endroics Li-
chefnon d'automne. Sa grolfeur ordinaire efl: comme
celle des Bergamoces , & il n'y en a de bonnes que
les petiees; (a figure efl: encre ronde & place, place
par la cète , & un peu allongée vers la queue ; fa cou-
leur efl: d'un jaunâtre pâle ; (on eau efl: iucrée ^ un peu
parfumée : elle a fa peau lillê ; fa chair jaunâtre , ten-
dre & fondante ; -fon œil gros & à Heur; fa queue
droite &: longuetee, alTez gcolîe & charime. Il y en
a qui font parfaites pour le goût , mais ce n'eif que
quand elles font médiocrement grolfeSj & que lur
touc la plûparc de leur peau elf j pour ainli dire ,
couverte d'un manteau roux ou minime , ce qui
arrive fouvenc à celles qui fonc venues dans les cerres
féches , ou en arbre de tige. Car d'un autre côcé cecce
elpèce de poire efl pâeeufcj infipide , Se en un moc
une des plus imparfaiees, quand elles viennenc dans
un fond froid & humide, principalemenc enbuiflon.
Elle mûnt à l'encrée de Novembre. L'Amadoce , le
Bciidéry , & fur touc la poire de Lanfac pour l'aucom-
ns ) &c généralcmenc prefque couces les poires d'hi -
ver, quilonc bonnes à manger crues, font admirables
cuites , pourvu qu'on les meece au feu avanc qu'elles
foicnc arrivées en macuricé ; car aucrcmenc la cuilfon
les réduic en bouillie.
LANSBERGIUS. f. m. C'eft le nom que les Aftonomes
donnent a l'une de: taches de la Lune. C'efi: celle du
LAN 415-
numéro 9 du Catalogue du P. Riccioli. Ce nom cil
tiré du célèbre Alfroiiome Philippe Lansberg.
LANSCl lET. f^oyei Lencici.
LANSON. i. m. Pecic poilfon de mer , que la morue
fuir ,^& donc elle elf friande. Il ^'cn pèche beaucoup
aux environs de l'Ile Percée, fur la cote de l'Arcadie,
où il va s'échouer pour éviter la morue qui le pour-
fuie. Il lert de boiee ou d'appâe aux Pécheurs de mo-
rue. Denys ,/*./. C p.
LANSPEÇADE. Foye:ç Ansi'E3sade,& Lansespezza-
DE. Quelques-uns écrivcnr LanfpéJ'ade.
LANSQUENET. Foye^ Landsquenet.
Lansquenet. Jeu de hal.u"d qui fe joue avec des carces.
On y donne a chacun une carte, fur laquelle on mec
, ce qu'on veuc, celui qui a la main fe donne la lien-
ne , il tireenluite les carres , & s'il amené la henné ,
il perd : s'il amené quelqu'une des autres , il gagne.
Le Lanfquenet cÙ. défendu. Voyei^ le Traité de Po-
lice de M. de la Mare , L. III. Tu. IF. C. 6. p.
467. & fuiv. ^ ,
Lanfquenet fe die aulll du lieu où l'on joue au Lanfque-
net, tîc aux ancres jeux femblables. C'efl: un Che-
valier de Paris , il faie fes Car.ivanes dans les Lanfque-
ncts. Le Sage , Turearet , Acl. L Se. I.
LAN LA. Perite ville de France dans le Hauc-Languc-
doc , au Diocèle de Touloufe.
LANTAINE. Nom d'une rivière de Franche-Comeé.
Lantana. La Lantaine fe jccce dans la Saône encre
Foulcougncz & ConHans. Hadr. 'Val. Not. Gall.
p. 310.
LANTEAS. Grandes barques Chinoifes , donc les Por-
tugais de Macao fe fervent pour faire le commerce
de Canconj
LANTER, ou LENTER. v. a. Terme de Chaudron-
nier. C'eft faire avec la téce du marceau de pecices
façons & de pecics agrémens fur le cuivre qu'on a
mis en œuvre. C'eft le planer ,& imprimer des coups
de marteau par ordre. Lanter un chaudron. Lanter
le couvercle d'une marmite.
LANTERNE, f. f. Vailfeau fait de matière rranfparence ,
fervane à conferver la lumière qu'on tranfporce , ou
qui efl:expofée au vent ëc à la pluie. Laterna. Lanterne
de verre j de corne , de papier, de cale , de coile. On
caxe pour les lanternes qu'on mec la nuie dans les
rues. La lanterne d'Epiéléce fuc vendue aucrefois
3000 àis.gmts.'L-x lanterne àe. Diogène écoicune pièce
cuiieufe chez les Anciens 'La lanterne de Judas fe
gardoie au Trélor de S. Denys» comme une pièce cu-
rieufc & ancique.
Lanterne vienc du Lacin lanterna , qui efl dérivé de
lateo , je fuis caché , parce que le feuell caché dedans,
eo quod lucem habeat interiùs claufam , die Ifidore,
& Lambin aufll fur le Prologue de l'Amphycrion de
Plauee. Mais laterna , lanterne, a été tiré du Celti-
que letern , die le P. Pezron. Lanterne , félon Saumai-
fe , fur Lampridius , /J. iSç. s'eft formé de lato,
parce qu'une lanterne porce la lampe , ou la lu-
mière.
Lanterne fourde , efl: une lanterne de fer blanc, ou
noirci , qui n'a qu'une ouvercure , qu'on ferme quand
on veuc cacher la lumière, de façon que celui qui la
porce voit fans ècrc vu- Les Anciens avoienc aulîî. des
lanternes lourdes , mais elles difléroienc des nôcres.
Elles étoienc couverces de quatre peaux fur les quatre
côtés, & crois de ces peaux écoiene noires, & une
f?ulemenc écoie blanche. Cafaubon qui les décric ainfi ,
a ciré cecce defcripcion d'un Manufcric de Julius Afri-
canus. On s'en fervoie fur couc à la guerre quand on
vouloir dérober la nuie fa marche aux ennemis. Les
Anciens fe iervoienc , comme on faie encore aujour-
d'hui , de veilles pour faire des lanternes. Il y a eu
dans le moyen âge des lanternes militaires , donc on
actribue l'invencion à Manuel Comnène , Empereur
de Conflantinople. Foye^ l'Hiftoire de Manuel par
Cinnamus, liv. F.n. i. Adhelmus dans Ton Poëme,
De laude Virginum , décrie une lanterne de verre.
Aucrefois on en feifoic de corne de bœuf lauvage
appelé Urus. Pline die, 'Liv. FUI. c. i s- que cecce
corne coupée en petites lames minces étoic cranfpa-
4i6 LAN
rente. On cite fur les lanternes de corne , Pl.iutc ,
dans le Prologue de TAmphytrion , & Martial, Liv.
XIl^. Ep. 6i. Ileft vrai qu'ils y parlent àc lanternes , .
mais ils n'en dilent point la matière. Car pour le titre
de l'Épigramme de Martial , lanterna cornea j cft on
bien sûr qu'il foit de Martial Itù-mêmeî
On appelleyc>i{^t'« à laraernes j ceux qui repré-
fentent une /awrcra? de papier , dont l'.iis fupérieur,
quand on le levé, demeure parallèle à 1 ini-cricur
Il y a à la Chine une fête célèbre qu'on appelle la
fête des LaJiterncs.CtiWt quinzième jour du premier
mois ; on le nomme le jour oii la fête des Lanternes ,
parce qu'on en (ulpend d.ms toutes les maifons & dans
les rues en fi grand nombre , que c'eil une fureur
plutôt qu'une fête. On en allume peut-être plus de
deux cens millions ce jour-la. (^n a outré en cette
matière une cérémonie , qui d'ailleurs eût pu êu'e to-
lérée , comme pluiieurs autres coutumes , pour s'ac-
commoder au caprice du peuple , & qui ell deve-
nue par un. entêtement ridicule le plaifir le plus fé-
rié ux des gens de qualité.
On expolc ce jour là des /ii«fc'r/2(r.î de toutes lottes
de prix; quelques unes coûtent julqu'à deux mille
écus ; & il y a tel Seigneur qui retranche toute l'an-
née quelque choie de la table , de les habits, de fon
équipage, pour être magnifique en lanternes. Ce
n'eft pas la matière qui coûte ■, la dorure j la fculptu-
re , les peintures , la foie &; le vernis , en font toute
la beauté: pour la grandeur, elle eft énorme. On
en voit de vingt cinq à trentepieds de diamètre. Ce
font des laies , ou des chambres , & trois ou quatre
de ces machines feroient des appartemens fort raifon-
nables i de lorte qu'à la Chine on peut manger , cou-
cher , recevoir des vihtes , reprélenter des comédies ,
& danler des ballets dans une lanterne. Il faudroit
pour l'éclairer y allumer un feu de joie , tel que
nous le reprélentons dans nos places publiques ;
mais comme on en feroit incommodé , on fe con-
tente d'y mettre un nombre infini de bougies , ou
de lampes , qui de loin tont un fort bel etfet. On y
rcpréfente aulll divers fpeélacles pour divertir le
peuple , & il y a des gens cachés , qui par le moyen
de pluiieurs petites machines, font jouer des marion-
nettes de grandeur humaine , dont les aftions font
fî naturelles , que ceux mêmes qui en Gvent l'artifi-
ce , ont de la peine à ne s'y pas méprendre.
Outre ces lanternes- wiov&mzxx^çs , il y en a une
infinité d'autres médiocres. J'en ai vu non-feulement
de propres , mais encore de magnifiques. Elles font
ordinairement cornpofées de iix t-aces, ou panneaux ,
dont chacun fait un cadre de quatre pieds de haut , &
d'un pied & demi de large , d'un bois vernis , & orné
de quelque dorure. Ils y tendent une toile de foie fine
& tranfparente , fur laquelle on peint des Heurs , des
rochers, & quelquefois des figures humaines. La pein-
ture en cft belle , les couleurs vives ; & quand les
bougies font allumées , la lumière y répand un éclat ,
qui rend l'ouvrage tout-à-fait agréable.
Ces fix paneaux joints enfemble compofent un
hexagone furmonté par les extrémités de fix figures de
fculpture , qui en font le couronnement. On y fuf
pend tout autour de larges bandes de fitin de toutes
couleurs en forme de rubans, avec divers autres
ornemens de foie qui tombent fur les angles, fans
rien cacher de la peinture , ou de la lumière. Les
Chrétiens len fervent quelquefois pour l'ornement
des Egliles. Les Chinois en (ulpendcnt aux fenêtres
dans leurs cours , dans les lalies , & quelquefois dans
les places publiques. La fête des Lanternes eft encore
célèbre par les feux de joie, qui paroident en ce tems-
là dans tous les quartiers de la ville.
Lanterne , qu'on nomme auiîî P/ioir , terme de Ga-
zier. Inftrument rond qui fert aux Gaziers à ôter la
foie de deft'us l'ourdilloir , pour la mettre fur les
deux enlubes du haut du métier à gaze.
Lanterne , en termes de Guerre ^ Inftrument de Ca-
nonnier dont on fe fert pour charger le canon. On le
nomme aulfi Cuiller à charger, yoyçi et mot. Lan-
ternes ou cuillers à charger. De la Font.
LAN
Elle eft faite en lornic d'une longue cuiller ronde,
& eft attachée au bout d'un bâton.
Lanterne à mitrailles , eft un bois rond concave en
forme de bocte qu'on remplit de mitrailles pour en
charger un canon.
Lanterne à gargoulfes. Terme de Marine. Etui de bois
dans lequel on met les gargoulTcs pour les porter en
h.aut.
Lanter ne, en termes d'Orfèvre, eft la partie d'une crofle
d'Evêque , ou d'un bâton de Chantre , qui eft grofte&
à jour, qui en quelque laçon rcpréfente une /a/îrcr-
ne. Les crolfes & bâtons d'argent doivent être con-
tremarques aux valcs , fonds de lanterne , dômes ,
douilles & croilillons , fuivant les Statuts des Or-
fèvres.
ipF Lanterne , en termes de Méchanique , eft une pe-
tite roue dans laquelle engrenne une autre roue , un
rouet , un hérillon. Elle diffère du pignon en ce que
les dents du pignonfonr fiillanrcs , &: placées au dellus
& autour cie toute la circonférence : au lieu que les
dents de la. lanterne , h on peut les appeler ainli, ne
(ont proprement que des trous pratiqués au dedans du
corps mcrne , où les dents d'une autre roue doivent
entrer.
Lanterne , en termes d'Horlogerie , eil de même une
petite roue placée au centre d'une grande; elle tient
lieu de pignon dans les grolîes Horloges. Les lanternes
font compolées'dc fufeaux ronds , cylindriques , mon-
tés &: rivés entre deux plaques parallèles. Il (croit à
fouhaiter que l'on pût exécuter les lanternes en petit,
avec autant d'égalité & de facilité que l'on foit les pi-
gnons , pour s'en lervir dans les montres ; mais l'exé-
cution en eft trop difticile : on doit former les ailes
des pignons en général , autant qu'il fera polfible , far
la forme d'une lanterne , quoi qu'en puillent dire les
partilans dufentiment contraire. On fe tcrt plus volon-
tiers de lanternes pour les grolîes Horloges , & de pi-
gnons pour les montres. Les dents des roues engren-
ncnt dans les ailes des lanternes ou des pignons. Le
pignon ou lanterne qui conduit une roue , doit avoir
fes ailes' un peu plus larges que les dents de la roue
qui eft conduite , & les ailes d'un pignon qui eft
conduit, leront plus ferrées. Le P. Alexandre. Les
dents de la grande roue engrenant dSns la lanterne
qui eft fur l'axe de la roue moyenne , l'obligent à
tourner. Idem.
Lanterne de Moulin, eft un pignon à jour fait en for-
me de lanternes , qui cft compolé de deux tourtes,
ou pièces de bois rondes , au bord defquelles lont .
des fufeaux où s'engrennentèv' s'accrochent les dents
de la roue intérieure du moulin qui hit tourner les
meules.
Lanterne , en Architecture , eft une conftruftion de
charpente qui le met au plus haut des dômes & des
p.avillons, où il y a d'ordinaire quelques fenêtres pour
leur donner plus de jour.
Lanterne, fe dit aulll d'une cage carrée de charpente,
garnie de vitres , au delfus du comble d'un corridor
de dortoir, ou d'nne galerie entre deux rangs de
boutiques pour l'éclairer, comme il s'en voit à la
bourfe de Londres.
Lanterne d'efcalier, eft une tourelle élevée au-delfus
d'une plate-forme , ou terrafté , pour couvrir la cage
ronde d'un eicalier par où l'on y monte , qui fe prati-
que dans les pays chauds , où les terraffes fervent de
couvert'ure ; &: comme il s'en voit de pierre à lenteur
de la plupart des dômes.
Lanterne d'Eglife , eft une petite tribune en forme de
cage de menuiferie vitrée , ou fermée dejalouiies , qui
feVt d'oratoire dans une Eglife , pour prier Dieu
avec moins de diftraiftion.
Lanterne ou Écoute, cft aulli un petit cabinet de me-
nuiferie , fermé de jalouhes , qu'on élève dans des
lieux où le font des aèlions publiques , pour placer
quelques perfonnes qui veulent écouter fins être
vues. Il s'étoit gliiré dans la lanterne de la Grand-
Chambre , quand on plaidoit fa caufe.
Lanterne magique , eft une petite machiiie d'Optique,
qui lait voir en grand , fur une mur.xille blanche ou
fur
LAN
fuf une toile , diffcrens objets , ditfcrcmcs (îguir s
peintes en petit fur des morceaux de vcne. Elle cil:
compofée d'un miroir paniboliquc qui réfléchit la
lumière d'une bougie j dont la lumière fort par le pe-
tit trou d'un tuyau , au bout duquel il y a un verre
de lunette, Se entre deux on coule luccellivemcnt
plulîeurs petits verres peints de diverfes hgures,lcf-
quelles Ce repréfentent fur la muraille oppofée , en
plus grand volume. Le premier qui a eni'eigné la conl-
truéiion de la lanterne magique efl: Swenterus , en ion
livre , Delicu Aluchemacicu. Le P. Kircher & Keft-
Ictus , Jéluites, en ont aulll écrit, & avant tous,
Roger Bacon, Anglois, en avoir donné quelque
idée.
^trCeux qui ûvent les principes de la Catoptrique &
de la Dioptrique comprendront focilement tout le
mécanilme de la lanterne magique. Ils verront que
l'on met au fond de la boëte un miroir concave de
métal, afin que les rayons envoyés par la chandelle
placée au foyer de ce miroir, fbient réfléchis parallè
les fur des figures peintes en petit avec des couleurs
fort tranfparentci (ur des verres très-minces , que l'on
a mis au commencement du tuyau mobile de ix lan-
terne magique. Ils verront encore que puifquc ces pe-
tites figures'peintes (ur le verre , &: vivement éclairées
par derrière j n'envoient fur la muraille que des rayons
de lum.ière qui ont paflé par deux verres convexes ,
donton a eu foin de garnir le tuyau de la lanterne , ces
petites figures doivent être peintes en grand fur la
muraille. Une des propriétés des verres convexes eft
de grolîîr les objets. Enfin ils verront que piiilquelcs
verres convexes repréfentent les objets dans une fîtua-
tion oppofée à celle qu'ils ont , il eft nécellaire de
renverfer les figures que l'ont veut repréfenter fur la
muraille dans leur état naturel.
La lanterne magique dont l'Abbé Nollet donne la
defcription, 5. vol. de ks. leç. de Phyf. a fon tuyau
mobile garni de trois verres lenticulaires. Mais alors ,
il faut mettre les objets d'abord après le premier verre
lenticulaire , & placer la chandelle un peu plus bas
que le foyer du miroir de métal , afin que les rayons
de- lumière foient réfléchis divergens par la furfaee de
ce miroir.
^f3' Pour faire une lanterne magique fans le fecours d'un
verre de métal , placez d'abord une chandelle allumée
au fond de la boëte; mettez enfuite un verre con-
vexe , après ce verre convexe mettez les objets , puis
à quelque diftance des objets un fécond verre convexe
qui les repréfente en grand iur la muraille.
Lanternes, ell aullî un inftrument d'Effayeur d'orév:
d'argent , qui eft une petite conftrudtion de menuife-
rie en forme de petit cabinet , ou de tabernacle, dans
laquelle font fufpendus deux trébuchets ou balances
très-fines. Le defïus & les côtés font fermés avec du
verre , pour empêcher l'aâion de l'air fur le trébu-
chet.
Lanterne, au pluriel, fe dit figurcment des fadaifes,
dei' fots contes , des difcours impertinens. Tout ce
que vous me dites , ce font des lanternes. Il eft fami-
lier.
On dit proverbialement en parlant d'un fot & d'un
crédule à qui l'on fair croire tout ce qu'on veut, même
les chofes les plus abfurdes , qu'on lui feroit croire que
des vellies font des lanternes.
LANTERNEAU. f. m. Termes de falines. Ce mot fe
trouve écrit avec une apoftrophe après la lettre / , ce
qui femble marquer qu'il y a un article , &: qu'on
doit dire & écrire anterneau : cependant ce mot a
toujours une / avec apoftrophe dans un Traité ma-
nufcrit fur la manière de fiire le fel , & dans la plan-
che gravée d'un marais falant, où les noms de cha-
que partie fe trouvent fins article. XJ Anterneau eft
la petite chauffée qui fépare les méans dans les ai-
res; elle eft terminée de chaque côté par les bral
féaux.
LANTERNER, v. a. Fatiguer , importuner par des dif-
cours ridicules , impertinens. Odium creare , odium
cffene. Je ne fais ce qu'il me vient lanterner. Il n'eft
que du difcours familier.
Tome y.
A N
417
V-
L'on me lanterne /ej oreilles.
Quand on me dit qu'un repas , &c.
Lanterner , v. n. Signifie auflî , S'amufJér à la bagatelle,
n'aller point au folidc , ne conclure rien. Incptè in re
aiujuâ tcrgiverfari. Cet homme ne fait que lanterner
tout le jour. Il ne fait que lanterner, marchander
tout , & n'achette rien. Que diantre iantcrnez-vcJuj
tant ? dit Sénecé à un homme qui fait de grands àïÇ-3
cours, au lieu d'aller droit au but. Il eft aullî fa-
milier.
LANTERNE RIE. (. f. Difcours , ou chofe de peu d'im-
portance. Inania verha. Il ne dit que des lanterne-
ries y il ne s'amufe qu'à des lanternenes. Il eft fami-
lier.
LANTERNIER. f. m. Celui qui a foin d'allumer les '
lanternes des rues. Latcrnarius. On le dit aullî de
l'ouvrier qui fait ou qui vend des lanternes.
fCFOn le dit figurémcnt, mais dans le ftyle familier
feulement, d'un difeur de fadaifes. Nuga , nugator
ineptus. 'Ho. vous amufez pas à ce qu'il vous dit j c'eft
un vrai lanternier.
fCFOn le dit de même d'un homme qui ne peut pren-
dre aucun parti , que la moindre difficulté arrête.
Cejjator. N efpérez pas conclure avec lui, c'eft un
lanternier, un franc lanternier.
LANTERNISTES. f. m. Nom d'Académiciens établis
à Touloufe. Les noms de la plupart des Académies
Italiennes , paroillent bifarres tk. extraordinaires
Nos Lanternifies de Touloufe femblent avoir voulu
fympathifer avec l'Italie à cet égard-là. Merc. de
Janv. 17^2.
En 1 69 5 & en 1 696 , Mlle l'EIéritier eut le prix de
rAcadémi; des Lanternifies de Touloufe. Ce fut en
lui adjugeant le fécond, que cette célèbre Académie
l'admit dans fon corps , honneur qu'elle n'avoir en-
core accordé à aucune dame. Journ. des Sav. Decem.
1734-
Ces Académiciens ont été ainfî nommés , parce
qu'avant que leur Société fût érigée eu Académie , ils
s'aflembloient la nuit , éclairés par de petites lanter-
nes fC*"Ces Meflieurs ne fe formalifcrent point du
fobriquet , &: pour conferver le fouvenir de leur ori-
gine , ils prirent pour devife une étoile avec ces
mots Lucerna in nocle.
Sp-LANTERNON. f. m. Terme d'Architefture, di-
minutif de lanterne. Sorte de coupole. Il refte un
point (touchant la reftauration du Panthéon ) fur le-
quel je n'ai garde de vouloir juftifier ceux qui le pro-
pofent. C'eft le lanternon à placer fur le grand œil
de la voûte. Lettre fur le Panthéon. Mém. de Trév.
Nûvemh. I jsS. Cette idée n'eft cependant pas de
l'Architeéire , elle vient de plus haut, & on y eft tel-
lement attaché, qu'on ne veut point entendre parler
d'embellir la voûte, à moins qu'on ne la garantille
par ce lanternon , des injures du tems. Il faut avouer
que cette ouverture de la voûte eft extrêmement in-
commode pour ceux qui font dans l'Eglife. Par là,
tombent avec la pluie , la neige , la grêle , des rhu-
mes & des catharres de toute efpèce. Mais le boucher
par un coupolin , c'eft furcharger l'édifice , c'eft alté-
rer l'effet de la lumière qu'il reçoit par cet œil , c'eft
faire difparoître tout l'artifice de l'ancien Archi-
teiîle. Id.
LANTIONE. f. f. Sorte de bâtiment qu'on voit dans
les mers de la Chine. Il approche fort des galères de
l'Europe : il a feize rangs de rameurs , huit à chaque
côté , & fix hommes à chaque rang. Les Corfaires
des mers de la Chine fe fervent fouvent de lantiones.
LANTIPONNAGE. f. m. Mot bas & burlefque , pour
dire importunité ridicule , difcours frivoles & impor-
tuns. Importunitas , cejfatio. Monlieur le Médecin,
que de lantip^nnage ? Mol.
LANTIPONNER. Terme populaire & burlefque, quf
fignifie tenir des difcours frivoles, inutiles & impor-
tuns , fans aller au fait. CeJJare , nugari. Vous ne faites
que lantiponner : venons au fait.
LANTRIGUET. Foyei Tréguier.
Ggg
8
LAN
LANTURE. f. £ Terme de Chaudronnier. Ce font les
petites façons , les petits agrémens qu'on fait avec le
marteau 'fur le cuivre lorfqu'il efl: travaillé. Cette
lanturc eft belle & bien rangée- Voyc\ Lanter.
-LANTURLU. Terme populaire, Ip'qui n'a point de
fens proprej'& dont on le fert pour faire connoitre
qu'on ne croit point une chofe dont on parle, ou
pour marquer un refus accompagné de mépris. Le
Roi leur a répondu /a/zr/zr/uj Voit. Cette façon de
parler eft tirée d'un refrain de chanfon ou fameux
vaudeville qui eut grand cours en 1619. Lanturlu ,
lanture. L'air de ce vaudeville étant brufque & mili-
taire, des vignerons féditieux attroupés l'année fui-
vante à Dijon , un jeudi au foir 28 de Février , & tout
le jour du lendemain premier de Mars, furent de là
nommés Lanturlus , parce qu'ils faifoient battre cet
air fur le tambour par la ville pendant leur marche.
Ils pillèrent plufieurs maifons , & cette lédition ,
quand on en parle , eft encore appelée le Lanturlu de
Dijon. Glqffaire Bourguignon. Scarron , lïv. VII de
fon Virgile cravejli , donne à ce terme une explica-
tion fort burlefque.
Latin , le dijcours entendu ,
Leur répondit Lanturelu :
Ce mot , en langage vulgaire ,
Veux dire : Alle\ vous faire faire :
Je ne faurois honnêtement
Vous l'expliquer plus clairement.
^ LANUAS. f. m. pi. C'eft le nom que les Apalachi-
tes donnent à leurs Alédecins qui (ont auffi leurs Prê-
tres ou Sacrificateurs du foleil. Ils ont une longue
robe faite de peaux de diverfes bêtes fauvages , cou-
pées par bandes de diftérente grandeur, dont les poils
de diverfes couleurs, préfcntent aux yeux un mélange
affreux. Cette robe qui leur tombe julqu'au dellous
du gras de la jambe , eft ferrée par le milieu avec une
ceinture de cuir de cerf , à laquelle font attachées
trois ou quatre eicarcellcs , ordinairement remplies
de plufieurs fortes d'herbes auxquelles ils attribuent
de grandes propriétés pour la guérilon de plufieurs
maladies qui régnent particulièrement dans ce pays.
Par delîlis cet habillement , ils portent, au lieu de
manteau, la dépouille entière d'un lion, d'un tigre
ou d'un Léopard , dont la tête & les pattes qui font
sèches , leur pendent fur l'ellomac & des deux côtés.
Ils ont les oreilles percées, &: ils y attachent certains
petits oifeaux noirs endurcis à la fumée. Soit par
coutume , foit par fuperftition , ils ont en tout tems
les pieds nus , mais leur tête eft couverte d'un bonnet
fort haut qui aboutit en pointe , & qui eft compofé
de deux peaux avec leur poil , marquetés de diftéren-
tes couleurs , & les plus hideufes qu'ils puiffent trou-
ver. Leurs braSj nus jufqu'au coude , font marqués
de plufieurs caradl:ères & de plufieurs figures faites
dans le tems de leur promotion à ces charges de Sa-
crificateur & de Médecins, par ceux qui règlent leur
religion. Ces prijicipàux Miniftres ou Surintendans,
après les avoir deftînées fur la peau de leurs difciples ,
y font des piquûres jufqu'au lang , qu'ils étanchent
auffitôt en jetant fur la plaie la cendre d'une certaine
écorce d'arbre qui laifte à la cicatrice une couleur
brune que rien ne peut eftacer.
LAN-VETHELIN , ou LANVILLIN. Nom d'un bourg
de la Principauté de Galles, en Angleterre. LanvilU-
nun. Il eft dans le Comté de Montgommery , à cinq
lieues de la ville de ce nom , & vers le Comté Dcn-
big. On croit que ce bourg eft l'ancienne Medïolanum
Ordovicum. Cité des Ordovices. Maty.
|Cr LANUGINEUX, EUSE.adj. Terme de Botanique ,
qui s'applique aux plantes & aux parties des plantes,
qui font couvertes d'une elpèce de duvet ou coton
femblable à de la lune. On le dii aulîî des fruits.
'9 9 Lanugmofus. Les pelotes de mer font /iZ/2a^//z(?i/_/è^. Il
eft quantité de plantes dont les feuilles font lanugineu-
fès : telles (ont la molaine, la guimauve; l'agnus-
caftus, la belladon.1, le bouillon blanc , letullîïage,
réthiopienne, &<:. Voyez Poils, en Botanique.
L A O
LANUSURE. f. f. Terme de Plombier. Pièce de plomb
qui ell: au droit des arrêrières , & lous les amortille-
mens. On l'appelle auffi ^tî/^i^e. Il y en a qui écrivent
anufure pour lanufure , comme (1 le mot de Yauufure
renfermoit l'article la.
LANZANI. f. m. Nom d'un animal d'Afrique. Lani^a-
nifera. Jacques de Vitri , dans Ion hiftoire d'Orient,
chap. S p , parle du Lan\ani , &C dit qu'il eft 11 terri-
ble par fa cruauté , que jufques au lion même les bétes
les plus féroces & les plus fortes le craignent.
LANZANO. Voyei Lanciano.
LANZO. Axima. Ville d'Italie au Piémont , fur la
Sture.
L A O.
LAO. Le Royaume de Lao. Laum Regnum. C'eft un
Royaume de l'Inde de la le Gange. Il eft borné au le-
vant par celui de Tunquin -, au midi , par celui de
Camboye ; au couchant , par ceux de Siam & de Pé-
gu ; & au nord , pjr les peuples qu'on nomme Gnai.
Ce pays, étendu depuis le 14"^ degré de latitude juC
qu'au 22, 50 minutes , elt tout environné de mon-
tagnes remplies de grandes forêts &: de précipices, &
qui en rendent l'entrée fort difHcile ; mais le dedans
du pays eft très fertile en riz qui pafte pour le meil-
leur de l'Orient , en coton , en beftiaux & en f el , qui
s'y forme d'une manière toute fingulière. Car après
qu'on a coupé le riz, les pluies & les vents produifent
fur la terre une écume fort blanche , qui étant durcie
par le foleil ell: de fort bon fel. On trouve encore
dans ce pays quantité de benjoin, de la laque, du
miel , de^ la cire , de l'ivoire , du mufc , de l'ambre
rouge , & même de l'or & de l'argent que l'on pêche
dans les rivières avec des filets de fer. Ce Royaume eft
baigné par la rivière de Lao, qui y forme plulieurs
canaux. Sa -ville capitale, que l'on place au 18^ degré
de latitude, & qu'on appelle Langione, eft fort gran-
de , à caufe du Palais du Roi qui a une étendue pro-
digieufe. L'air eft (1 bon dans le Royaume de LaOy
que les hommes à cent ans y font capables de porter
les armes. Le Roi de Lao eft il abfolu , qu'il eft maî-
tre de toutes les terres, cnforte qu'elles ne peuvent
palier des pères aux enfans que par grâce. Il étoit an-
ciennement tributaire de la Chine, mais il s'eft af-
franchi de cette férvitude à la faveur des montagnes
qui environnent fon pays. Les habitans du pays qu'on
nomme Langiens , & qui font fans doute les mêmes
que les Layes des petites cartes de Sanfon, comme la
rivière de Lao , eft- le Mécon de ces mêmes cartes ; ces
peuples, dis je , (ont Païens, & croient la trantnii-
gration des âmes; ils ne s'attachent qu'à l'agricultute,
à la chalFe ou à la pêche. Quoiqu'ils foient robuftes,
ils ne font pas guerriers , & on dit qu'ils ne défendent
leurs pays , quand leurs voillns y veulent entrer,
qu'en empoifonnant les rivières Maty.
LAOCOON. f. m. Frère d'Anchife , étoit Prêtre d'A
Ion & de Neptune en même tems.
LAODAMIE. f. f. Teime de Mythologie. Fille de
lérophon & d'Achémone , fut aimée de Jupiter, dont
elle eut Sarpédon, Roi de Lycie.
Laodamie. Femme de Protétilas.
Laodamie, Princefle d'Epire , que les Epirotes aflôm'
mèrent auprès de l'autel de Diane où elle s'étoit réfu-
giée. »
LAODICE. f. f. Mère de Niobé , félon quelques uns.
Laodice. f. f. Fille d'Agamemnon & de Clytemneftre,
Son père , dit Homère , l'offrit en mariage à Achille
pour être le fceau & le lien de leur réconciliation.
Laodice. f. f. Reine de Cappadoce , qui fit empoifonnet
cinq de fes enfans. Elle fait le fujet d'une Tragédie
de Thomas Corneille.
Laodice. f. f. Fille de Priam & d'Hécube , fut mariée en
premières nc)ces à Télephe , fils d'Hercule. Ayant
été abandonnée de Ion époux , fon père la remaria a
Hélicaon , fils d'Anténor , qui fut tué peu de tems
après. On voyoit encore dans la Phrygie le tombeau
de cette Princelfe du tems de Maximus, Préteur de
l'Afle , qui le fit réparer.
»
L A O
LaodicF.. f. f. Fille d'Agapciioi- , qui commandoit les
troupes Ai-cadicnncs au liège de Troye.
LAODICÉE. Nom d'une ville de Syrie, anciennement
Arcliicpifcopale. Laodicea, Laodkea ad Libanum.
Elle elt aujourd'hui fort peu importante. Elle porte le
nom de Lyclie ou de Ladikia, & elle eft fur la côte de
Syrie, à lix ou l'ept lieues au midi d'Antioche. L'inf-
cription de fcs médailles cil AAOAu^hv.a 'liiM uroE
«AArtSS/iN. Elle n'eft jamais fur (es médailles, ni co-
lonie, ni métropole. P. Hardouin.
iAODicÉE, ou Laudiésa, cil une autre petite ville de
Syrie. Laodkea^ Laodkea Cabiofa. Elle eft à la
fource du Farfar , à fix ou fcpt lieues au-deflus
d'Hcms. Laodicée ctoit anciennement^ Epifcopale ,
. ful-îragante de Damas. Maty. Après la ("édition d'An-
,tioche, Théodofe le Grand la priva de la qualité de
■f métropole, qu'il transféra à Laodkee , ville voifine
d'Antioche , & toujours jaloufe de fi grandeur. Til-
..LEMONT. C'eft cette Laodkee qui infcrit les Médail-
les, lOÏAlEI'iN KaI AAOAlKEiîN , &C AAOAIKEQN TX2N
nri;s AiliANON; car c'eft la même ville felo"!! le P.
Hardouin. D'autres ont prétendu qite la première
infcription étoit celle de Laodkee fur mer. Sous les
Empereurs , les médailles ne nous repréfentent ja -
^ mais que cette Laodkee. Elle étoit alors jjartagée en
deux villes, la vieille & la nouvelle. La nouvelle fut
bâtie du tems de Jules Céfar, & elle en prit le nom
de I iTAitUN'. C'eft celle-là feule qui eft métropole fur
quelques médailles , ou métropole & colonie fur
d'autres. P. Hardouin; Les deux Laodkées de Syrie
écrivent leur nom en caraètère Latin , LAUDIK-
THON , ou LAODIKTHON , celles d'Afie , ja-
mais. Id.
LaodicéEj ou Ladick. C'étoit anciennement une ville
conlldérable de la Galatie, dans l'Aùe Mineure. Lao-
dicea combujla. Elle fut ruinée par un tremblement
de terre , & par les Hammes qui fortirent du (ein de
la terre. Ce n'eft plus qu'un village de la Caramanie
en Natolie , fitué au levant de Cogni , & au fepten-
trion de Tachia, ou Antioche. Maty.
Laodicée. Ville autrefois célèbre & Archiépifcopale
de la grande Phrygie en TAiie Mineure. Laodkea ad
Lycuni. Cette ville , dont Saint Jean reprend 11 vive-
ment l'Eglife , Apoc. III, eft entièrement ruinée.
Les Turcs appellent fes ruines Eskihillar , & on les
trouve dans la Natolie propre , fiK le Licho , un peu
au-delïïis de fon confluent avec le Madré. Maty.
Laodicée vient de ;>.<=;■ , ôcpopulus AV., , jus , comme qui
diroit JUS popuU. P. Royal , ou plutôt comme qui
diroit, lieu où l'on rend juftice au peuple.
LAODICÉEN, ENNE. f. m. & f. Qui eft de quel-
qu'une des quatre Laodicèes dont on a parlé. Laodi-
cenfis. Lorfque cette lettre aura été lue parmi vous ,
ayez loin qu'elle foit lue aullî dans l'Eglile de Laodi-
cée , & qu'on vous life de même celle des Laodkéens.
•P. R. Colojf. IV. i6. LEpitre de S. Paul aux Laodï-
céens que l'on avoir dans les premiers fiécles de l'E-
glife , étoit apocryphe. La véritable Epitre de cet
Apôtre aux Laodkéens étoit perdue dès-lors.
LAODS. Voyei Lods.
LAOMÉDON. f. m. Fils d'Ilus & père de Priam ,
régna à Troye ving deux ans. Il fit environner la ca-
pitale de 11 fortes murailles, qu'on attribua cet ou-
vrage à Apollon, dieu des beaux Arts. Les fortes di-
gues qu'il fit faire aull: contre les vagues de la mer ,
palferent pour l'ouvrage de Neptune -, & comme dans
la fuite , les vents & les inondations ruinèrent une
partie de ces ouvrages j on publia que Neptune ayant
été fruftrè de la rècompenfe qui lui avoir été promif e ,
s'etoit vengé du perfide Laomédon.
LAON. Prononcez LAN. Nom d'une ville du Gouver-
nement de l'Ifle de France. Laudunum , Lugdunum
Clavatum. Elle eft capitale du Laonois, contrée de
Picardie. Cette ville, fituée fur une montagne, à fix
lieue; de Soiirons ,' du côté du nord , eft grande , fogi-
j fiée & Epifcopale : fon Evcque , qui porte le nom de
I Duc , eft un des douze anciens Pairs de France & fuf-
fragant de Reims. Laon eft au milieu d'une grande
campagne, dans laquelle s'élèvent pluficurs éminen-
Tome V
LAP 419
ces qu'on peut appeler plutôt des boftes que des colli-
nes, ni des montagnes. Elle eft b.'itie fur la plus haute
de toutes , & en occupe la tête en forme prcfque
d'une coufonne, ayant un circuit alfe^ fpacitux, Hc
avec cela un grand tiiuxbourg. Ses coteaux fout plan-
tés de vignobles , o^i n'y peut aborder de quelque •
côté que ce foit qu'en montant , & autrefois , à caufc
de cette aillette, elle fut ellimée bien forte. MÉze-
RAYj T. III. p. I oSû . Laon étoit le fiége des Rois
de la féconde race au dixième liéclc. Mézerai , dans
Louis d'Outremer, T. I.p.j^r. Laon fut érigé en
Evêché l'an 496, fous le règne de Clovis; il faifoit
auparavant une partie du Diocèfc de Reims.
LAONE, ou SAINT JEAN DE LAONE. Nom d'un
bourg de Uourgogne. Latona , Laona.
Ce nom s'eft formé de celui de Latone, en retran-
chant le r, parce que cette divinité Payenne y avoir
autrefois un Temple , & y étoit honorée. Il ,y a au-
jourd'hui une Eglife dédiée à Saint Jean , d'où il a pris
le nom de Saint Jean de Laone. On l'a appelé aulii le
Pont de Laone. Ce lieu eft fur la Saône , entre Dijon
& Dole. Valef 'Noc. Gall. p. 26 4.
LAONOIS, OISE. f. m. c^ f. Qui eft de Laon. Zaa^a^
nenjls , Clavas.
Laonois. Nom d'une contrée de Picardie, Province
de France. Laudunenjis pagus , Clavates. LQ^aonois
eft l'Evêché de Laon. Hincmar l'appelle Laudunenjis
pagus , ou Comhatus. Dans la divihon que fit Louis
le Débonnaire de fon Royaume entre fes enfans, le
Laonois étoit entre le Rémois & le Mutelgou , ou le
pays de la .Mofelle. P^oye^ Hadr. Valef. Not. Gall.
p. 2S p. & fuiv.
LAORINA. 'Voyei Lauria.
LAOSYNACTE. f. m. Nom d-^un Officier dans lEglifc
Grecque. Laojynacles. L'Ofhce du Laofynacle étoit
d'allbmbler les Diacres & de les appeler tous par leur
nom, pour voir s'il n'en manquoit point. Les Laofy-
nàcles alfembloient auill le Prince & le peuple, &
c'eft dc-là qu'ils prenoicnt leur nom.
Ce mot eft Grec, compofc de A««r , peuple , Se de
stjixya, j'ajjemble.
LAP.
LAPATHIOS. Nom d'une ville aujourd'hui réduite en
village. Lapkhus , Lapachos , Lapethcs. Elle a pour-
tant un Evêque du Rit Grec, & elle eft fituée fur la
côte feptentrionale de l'Ile de Candie , près du Cap
de Cormachifti. Maty.
LAPATHUM. f. m. Sorte de plante qu'on appelle au-
trement Parelle , bu Padencc. Vo.yez Patience.
Lapathum vient du mot Grec ;^.>^»<^M■.-n■ , purger; car
on prétend que cette plante eft purgative. •
LAPER. V. n. Boire à la manière des chiens & de quel-
ques autres animaux , en tirant l'eau avec la langue.
More canum kïhere. Les chiens , les renards j les
loups lapent.
^CTOn le dit auftl de la manière dont ces anim.aux
mangent les chofes fluides. Alors il eft atlif.
La Cko^me au long bec ne put attraper mktte ,
Et le drôle eut lapé le tout en un moment. La Font.
LAPEREAU, f. m. Quelques uns difent LAPREAU.
Petit lapin de l'année. Tener cunkulus. On fert des
accolades de lapereaux.
LAPHISTIUM. Nom d'une montagne de Béotie. La-
phiftium. Jupiter y étoit honoré.
LAPHYRE. f. f. Terme de Mythologie. Surnom de
Minerve. Laphlra. Elle étoit .ainfi nonuinée , comme
qui diroit Laphyria , de ^^çup»; , dépouilles , butin ,
parce qu'elle étôit la déelfe de la guerre ^, & que c'é-
toit elle qui faifoit fairedu butin, remporter les dé-
pouillef des ennemis.
LAPHYSTIEN , ENNE. f m. >-V f. Qui a quelque rap-
port au mont Laphiftium. Lapkiftius , a On trouve
dans.Paufanias, Jupiter Lapkyftkn , &: les Bacchantes
Laphypcnnes. ^ ..,,,.
LAPIDAIRE, f. m. Ouvrier qui raille les pierres p:c-.
Ggg i;
420 L A P
cicufes , Marchand qui les débite , ou celui qui eft
expert à les connoître. Gemmarius. Il y a bien de
l'art à être bon Lapidaire j à bien tailler les di.imans.
On appelle auili Lapidaires , les Auteurs qui ont écrit
des pierres précieuks, comme duRoluel, Berquen ,
Boot, &c.
Lapidaire, adj. Style lapidaire. C'eft un ftyle propre
aux infcriptions. Il tient le milieu entre les vers & Li
profe. Il faut également éviter un Ityle , ou trop froid,
ou trop brillant. Cicéron en a prefcrit les règles:
Accédât oportet oratio varia , vehemens , plena animi ,
plena fpiritùs. Omnium fententiarum gravitate ^ om-
nium verborum ponderibus eft utendum. Le ftyle lapi-
daire , qui étoit péri avec les vieux monumens , a été
renouvelle au commencement de ce lîècle par le
Comte Emmanuel Thefauro. On l'emploie aujour
d'hui à toutes fortes d'ufages, à la tête des Livres , ou
en forme d'Epitres dédicatoires , ce qui n'a point
d'exemple chez les Anciens. S. EvR.
LAPIDATION, f. f. Du Latin lapis , pierre. C'eft le
fupplice de ceux qu'on tuoit a coups de pierre. La-
pidado. Saint Paul alîllla à la lapidation de Saint
Etienne. La lapidation étoit ordinaire chez les Juifs.
On abandonnoit les criminels au peuple, qui les al
fommoit à coups de pierres. Les témoins jettoient les
premières.
LAriDATioN. C'eft le nom d'un jour de Fête que les
Eginétes célébroient en mémoire de deux tîUes de
Crète qu'ils avoient tuées à coups de pierres dans une
"f édition.
LAPIDER. V. a. Tuer quelqu'un, Tairommer à coups
di pierres. Lapidibus obruere. Jésus Christ empêcha
les Juifs de lapider la. femme adultère. Dans les émo-
tions populaires, on court rhque d'être lapide'. Le
Roi les fit lapider. AblAnc. Sigebert étant audî-tôt
monté à cheval , alla droit aux mutins que fa préfence
déconcerta. Il fit prendre les plus infolens ïk les. fit
lapider à la vue de l'armée. C'eft l'unique exemple
que je trouve dans notre Hiftoire , de cette efpèce de
châtiment pour des foldats. P. Daniel, Htft. de Fr.
T. L. p. ijo.
Lapider , fe dit figurément en parlant des gens qui s'é-
lèvent avec chaleur contre ceux qui font ou qui difent
quelque chofe qui les choque. Si vous témoigniez du
mépris pour les femmes , elles vous lapideraient.
LAPIDÉ, EE. part. Lapidibus obrutus.
LAPIDIFICATION. f. f. Terme de Chimie. Action
par laquelle on convertit quelque fubftance en pierre.
Lapidificatiû. Ce qui arrive en failant dilloudre quel-
que métal dans un elprit corrofif , & bilant cuire la
dillolution en confiftance de pierre. La lapidijkation
le fait des métaux , des Tels fixes & des fcls des plantes ;
ce qui le dit aulli quand on fait des pieires artificielles.
^C? Le terme de lapidification , lignifie proprement for-
mation des pierres. C'eft un tetme employé dans
l'Hiftoire naturelle , pour marquer l'aéHon par la-
quelle la nature forme les pierres par le moyen de
certains fucs qu'on appelle lapidifiques, chargés de
parties tcrreufes qui s'unllFent , ou fe criftallifent.
Ainiî, \d. lapidification eft bien différente de L\ pétrifi-
cation, par laquelle la nature change ou convertit en
pierre des fublhrnces qui n'appartenoient point aupa-
ravant au règne minéral. Voye-^ Pétrification.
LAPIDIFIER. V. a. Terme de Chimie. Réduire les mé-
taux en pierre par le moyen de leur calcination. In
lapidem convertere.
LAPIDIFIQUE. adj. Qui fe dit des fubftances propres a.
former les pierres. Suc Lapidifique. In lapidem con-
vertens. Tous les minéraux s'engendrent par un fuc
lapidifique de la terre. Auprès de Nacfinan , il y a un
ruilFeau lapidifique qui fe convertit en peu de tems en
pierre dans des rélcrvoiis qu'on creufe exprès; & un
grand Car.avanferat voifm eft tout bâti de ces^ierres ,
comme témoigne Tavcrnier.
LAPIN , LAPINE, f. m. &c f. Périr animal fauvage qui
fe fî3" retire pendant le jour dans des trous qu'il
creufe en terre, qu'on .appelle terriers, où il habite
avec {'es petits. Cuniculus. On l'appeloit .autrefois Co-
nil. Il eft à-peu-près de la taille du lièvre, avec lequel
L AP
il a beancoap de rapport dans la conformation du
corps. Il eft blanc tk gris , ou marqueté. Il z les oreil-
les longues & droites tic la queue courte. Les lapins
de garenne font exccUens à manger. Ceux de clapier ,
qu'on nourrit dans des cours &C dans des greniers , ne
valent rien , ik. on les appelle des mangeurs de ckoux.
Sur un lièvre flanqué de fix poulets étiques ,
ParoiJ] oient trois ïa'çms , animaux domefiiques ,
Qui dès leur tendre enfance élevés dans Paris y
Sentaient encor le chou dont ils jurant nourris.
BoiL.
Il y a aulîî des lapins que les Rotiireurs appellent
lapins huijfonniers , parce qu'ils fe tiennent toujours
dans les bullFons. Ils ne (ont pas tout-à fait li bons
que les lapins de garenne , mais ils valent beaucoup
mieux que les lapins de cLipier. 11 y a des lapins d'In-
de qui font blancs. Les lapins peuplent beaucoup , Sç
les femelles portent tous les mois cinq ou lix petits,
quelquefois fept ou huit. On appelle les femelles
hafies. Un jour à la table de M. de Mefmes , un mau-
vais Pùëte failoit fonner bien haut des vers d'un aftez
mauvais goût qu'il avoit compofés à la louange du
lapin, fouile titre de Cunicuh encomium. Montmor, *
fatigué de fon dilcours, lui dit : Ce lapin là n'cft pas
V de garenne, fervez en d'un autre. De Vign. Marv.
Ce mot vient de lepinus ,^dhmn\itû de lepus , Se de .
leporellus. Mén.
On dit vulgairement d'un homme habillé de neuf,
ou qui eft paré, qu'il eft brave conmrc un lapin ^ &
d'une femme qui fait beaucoup d'enfans , que c'eft
une lapine , une vraie lapine.
Le lièvre & le lapin fur les médailles , font le fym-
bolc de l'Efpagnc , où il s'en trouve quantité. On en
voit auiTî fur les médailles de Sicile, & ils marquent
en général l'abondance à caufe de la fécondité de ces
animaux. P. Jobert.
Lapin. Terme de Conchyliologie, f. m. Nom d'une
forte de coquillage marin. Cun.iculus concha.
LAPIS, f. m. Efpèce de pierre précieule qui n'eft point
tranfparente. Stellatus lapis ^ lapis la\uH. Elle eft
bleue , avec des filets d'or , éc quelquefois mêlée de
pourpre. Le plus dur &: le plus chargé de couleur eft
le plus coniidéré , & on l'appelle le mâle. Le moins
bleu eft la femelle* On le trouve parmi les fables d»
la mer, &c dans les cavernes qu'elle a creufées en
morceaux carrés , ou ovales , qui ont quelquefois fix '
à fept pouces de haut. Il eft plus tendre que l'agate.
On en fait des vafes & on en orne des cabinets. De
celui qui ne peut être employé , on en compofè
l'.azur d'outremer , dont l'invention eft due à un Roi
d'Egypte. L'oriental eft fixe , ne change point la cou»
leur au feu , & ne devient point fri.ible. Dans la.^
montagne Payen au Chili, il le trouve du lapis lazulL
Frézier , p. jâ.
Les Grecs l'ont appelé ^uâvî-s, ou pierre bleue , Se
les Arabes la^uli, d'où vient le mot d'azur qui eft la
même chofe.
Lapis. Terme du grand Art. Le lapis eft le fel de l'or.
Lapis. On donne ce nom à Jupiter en mémoire de la
pierre que Saturne avoit dévorée à la place de fon
fils , Se fous cette dénomination , il étoit confondu
avec le dieu Terme. Le ferment que l'on failoit par
ce nom miftérieux étoit très-refpecfable , comme
nous l'apprend Apulée. C'eft ce que Cicéron appelle
Jovem lapidem jurare. Ep. à Trébatius Septimus ,
parmi les Epitres familières.
Lapis dentalis. Sorte de coquillage que les Apothi-
caires font entrer dans la compolition de cpelqiies
remèdes. Voye\ Dentale.
LAPITHE. f m. & f. Nom propre de peuple. Lapi-
tha. Les Lapithes étoient un peuple de Thellalie en
Grèce. Ils habitoicnt les montagnes de Pindc , de
Pcléthrone & d'Othrys. L'Antiquité a cru que les
Lapithes avoient inventé la bride & la felle à cheval.
Pline , Liv. VIL. c. 56. Du moins Vitgile le dit,
Georg, L. II. v. 4s 7. & L. III. v. ris- &^ Enéide ,
L. FI. V. ÔQ1.& L. FIL V. }esp. On dit qu'Us
L A P
avoienc pris le nom de Lap'ukcs , de Laphitha, fils 1
d'Apollon ôc de la Nymphe itilbé.
lAl'ORD, ou LAl'OUKD, ou LABORD. Nom an-
cien dune ville de France. Lapurduni. Selon quel-
ques-uns c'eit Lourde , lelon d'autres , c'ell: B.iyonne,
lixième ville de la Novempopulanic , qui fut appelée
Lapurdum en langage du pays , a caufe des pirateries
6c des brigandages de les habitanï. Enl'uitc on la
nomma Civitas Boacium , Bayonnc , c''elè-à-dire en
langage du pays. Bon Porc,- parce qu'en ellét elle
neit qu'à une lieue de la nier , Ik que le conHuenc de
la Nivc 1^ de l'Adour y font un bon part. Souvent
dans l'Antiquité Eccléliallique , les Evcquesde Bayon-
ne lont appelés LapurdenJ'es Epifcopi , Se le territoire
de cette ville s'appelle Lapordj oaLabord, pays de
Lapourd. V. Hadr Valois, Nocu. Gall.p. 360 &fuiv.
LAPPA. f. f. Sorte de plante qu'on appelle autrement
Bardane , ou GLouuron. Voyez Bardane.
Ce mot vient du Grec xâXni , prendra , s^ attacher , à
caulc que les têtes de la lappa s'attachent aux habits
des pallans.
LAPPMUDE. f. f. Robe de peaux de Rennes, dont on
ie fert en Laponie & en Suéde. La fumée ne put nous
défendre des mouches, plus cruelles fur cette mon-
tagne (Horn laKcro) que fur Niwa. Il fallut, mal-
gré la chaleur qui étoit très-grande, nous envelopper
la tête dans nos lappmudes , &c nous faire couvrir d'un
épais rempart de branches de fâpins , &c de fapins
même entiers. Maupertuis.
LAPPON, ou LAPON , ONE , f. m. & f. & adj. ce der-
nier eil plus ulité. Nom des peuples de la Lapponic.
Lappon. La nuion Lappone , la langue Lappone eft la
même que celle de Finlande. Les Lappons font des
peuples venus de la Finlande. Ils habitent dans des
cabanes faites avec des planches 6c couvertes de
peaux. Ils font de fort petite taille ; on dit qu'il n'excè-
dent pas la hauteur de trois coudées. Ils ont les
cheveux noirs & la barbe de même couleur, ce qui
leur eft particulier entre les peuples du Nord. Ils font
laids &c courbés , mais fort robuftes & excellîvement
poltrons. Ils ont une merveilleufe adrelFe à courir fur
la neige , au travers des précipices dont leur p.tys efi:
plein, en attachant à leurs pieds de larges planches
qui les empêchent d'enfoncer. On dit merveilles de
leurs lortiléges : chaque tamille doit avoir fon efprit
familier en commun , & chaque perfonne doit avoir
aullî le lien en particulier i ce font des héritages que
les pères lailïent à leurs enfans. Il y a bien de l'appa
rence que cela eft exagéré ; cependant on en peut
bien croire quelque chofe j fi on conlîdère comme le
démon s'eft joué autrefois & fe joue encore aujour-
■ d'hui des peuples plongés dans l'dolatrie , tels que le
font encore la plupart des Lappons. Ils vivent long-
tems; il leur arrive liTez fouvent d'atteindre l'âge de
cent ans j 8c de ne mourh: que de vieilleire. Ils aiment
fi éperduement leur pays , & le genre de vie qu'ils y
mènent , qu'ils ne peuvent vivre dans des climats
plus doux , comme on l'a reconnu par plufieurs expé-
riences. Leurs occupations ordinaires font la pêche
-qu'ils font dans leurs lacs & dans leurs rivières j où il
. y a une prodigieufe quantité de poilfons, & en parti-
culier des brochets , des perches & des faumons d'une
grolieur démcfurée. Ils lesfontou fécheraufoleil, ou
à la gelée, luivant la faifon, & les ayant réduits en
poudre, ils s'en fervent au lieu de pain. Les bêtes fau-
vages qu'ils prennent à la chalfe , qui eft leur autre
métier, leur fourniirent, avec leurs rennes , de la chair
& des peaux pour fe couvrir. Ils tuent une prodi-
gieufe quantité d'ours blancs , de loups &; de lièvres de
même couleur , des martes , des martes zibelines , des
renards noirs, des écureuil3,des caftors, des loutres : les
peaux de ces animaux font l'or & l'argent des Lap-
pons ; ils les échangent pour d'autres denrées avec
leurs voifins. Se ils en paient leurs tributs aux Princes
dont ils dépendent. Leurs -armes ordinaires font les
flèches; ils en ont qui font émoulTées; ils s'en fervent
pour tuer les bêtes dont les fourures font précieufes,
& il j ont l'adrefle de les frapper an nez pour ne gâter
pas la peau. Ils font maintenant quelque ufage des
L A P 4^1
armes à feu , qu'ils ont appris de leurs voifins mais
ils ne s'en (crveiu que pour la groUe challe. Ils lonc
lujets en partie des Danois , en partie des Mofcovites
Se en partie des Suédois ; ce qiù donne lic'u a dillin-
gucr la Lapponie en trois parties , comme on le va
voir Cl après. Nous avons une Relation de la Lappo-
nie en François, Se une Hiftoire de la Lapponie
par Schoeficr. Les Arabes appellent les Samoj^-des
Se les Lappons, Séclabs, & dilcnt qu ils defcendcnt
de Séclab, fils de Japhet. D'Mi.RBti.oT,
LAPPONIE, LAPONIE , ou LAPPIE. On dit plus
ordinairement LAPONIE. Nom d'une grande Ré-
gion de l'Europe , la plus feptentrionale que nous
connoillions de notre continent. Lappia , Lapponia.
Elle eft renfermée entre le 64 , c\' le 71 degré dé
latitude. Se entre le $9 , & le 68 de longitude.
L'air y eft extrêmement froid , Se l'hiver y dure neuf
mois, dont trois ne font qu'une nuit continuelle,
pendant laquelle oh ne s'appcrçoit de la diftinclion
des jours , que par quelques crépufcules qui paroif-
feiit le matin & le foir : en échange , les trois mois
d'été Y lont un jour continuel , qui y caufe d'alïcz
grandes chaleurs. Tout ce pays eft plein d'aftreufes
montagnes , il ne produit ni grains , ni fruits , Se
on n'y nouirrit pour toutes bêtes domeftiques que
des rennes , qui font des efpèces de cerfs , plus
gros que les ordinaires , qui fervent aux h'ibirans
à tirer leurs traîneaux , à porter leurs charges, &
qui leur fourniirent du lait , de la chair pour man-
ger, (.V- des peaux pour fe couvrir. On dit qu'ils
le lont encore des habits de la peau Se des plumes
d'un^oilcau nommé Loom. Il ne faut pas vous
imagnier que pour être dans la Lapponie ^, je re-
nonce au commerce des hommes. Se de mes an-
ciens amis. M. G. de l'A.
Lapponie Danoise. Appelée autrement la Finmarchie ,"
ou le Gouvernement de Ward'huys. Pr^feàura jvar-
dhufiana , Finryiarchia , Lappia Danica , ou Nor-
vegica. C'eft la plus petite partie de la Lapponie. Elle
eft au couchant feptentrional , féparée de la Mof- '
covite par le lac d'Encra-Treck, Se de la Suédoife ,
par les célèbres montagnes de Norvége.*Lc Château
de Ward'huys , réfidence du Gouverneur , en eft le
lieu principal. Matv. On l'appelle aulîi Lapponie
Norvégienne.
Lapponie Moscovite. C'eft la partie la plus orientale
de la Lapponie. Lappia Mofcovaia , ou Rujfua.
Elle s'étend depuis le lac d'Encra-Treck , jufqu'à
l'entrés de la mer Blanche , & aux confins de la
Mofcovie & de la Finlande. On prend la Lapponie
Mofcovite pour l'ancienne Biarmie, & on la divife
en trois grandes Provinces. La Mouremanskoy Lé-
porie, qui eft au couchant des deux autres; la Ters-
koy Léporie , qui eft à l'orient feptentrional j le
long de l'Océan ; Se la Bellamorskoy Léporie ,
qui eft autour de Bella More, c'eft à-dire , de la
mer Blanche. Il n'y a rien de confidérable dans tout
ce pays que la petite ville de Kola , fituée dans la
première de ces Provinces. Maty.
Lapponie Norvégienne. Koye^ Lapponie Danoise.
C'eft la même chofe.
Lapponie Suédoise. C'eft la partie la plus méridionale
de la Lapponie. Lappia Sutcica. Elle eft féparée des
deux autres par les montagnes de Norvège , ou de
Daara-Fiel , Se bornée vers le midi par l'Angerma-
nie , la Bothnie j le golfe de ce nom , Se la Ca-
jane. Elle eft plus étendue que les deux autres en-
femble , ayant deux cens quarante lieues de lon-
gueur autour des montagnes , & cinquante de lar-
geur. L'air y eft plus doux que dans le refte de la
Lapponie ; on y trouve des mines de fer , de plomb
Se de cuivre j des pierres précieufes, mais peu efti-
mées ; de très-beau criftal. Se des perles , dont quel-
ques-unes approchent de la beauté de celles du Le-
vant. On les prend dans des coquillages lemblables
à des moules , qui fe trouvent en grand nombre
le long des rivières. On divife ce pays en cinq
grandes Provinces , qui font .autour de ces cinq ri-
vières principales. On kj trouve dans cet ordre
412 L A Q
en|allanc de Sucde en Molcovic : Uma-Lap-Maixk ,
Pkha -Lap-Maixk , Lula-Lap-Marck , Torna-Lap-
MaL-ck,.Kimi-Lap-Mai.-ck. Elles renferment la plus
grande partie de la Scritofînnie des Anciens , &
prennent leurs noms des bourgs d'Uraa j de Pitha ,
de Lula, de Torna , de Ximi , qui font aux em
•bouchures des rivières de même nom dans le goUe
de Bothnie. Les Lappons Suédois font prelque tous
profeffion du Chriftianifmc. Les Rois de Suéde
ont pris foin d'y fonder des collèges , 'Se de faite
tradiîire en Lapponnois les Catéchilnies , les Prières
publiques , & un Manuel , qui renferme les Pleau-
mes de David , les Proyerbes de Salomon , les
Évangiles , &c. Il y a apparence que par ces moyens
on les retirera enfin de l'idolâtrie , à laquelle ils
ont encore un très-grand penchant. Maty.
Lapponie. Terme de Fleuriite. Nom d'une Tulipe
qui cil colombin blanc & rou^e. Morin.
fCTLAPS. f. m. Du Latin Lapfus. Il n'a d'ufage
. qu'en Pratique , au fmgulier ,^ dans cette phrafe.
Laps de temps , c'eftà dire , Ecoulement , efpace
de temps. Tcmporis decàrfus. On ne prefcrjt point
contre le droit naturel par quelque laps de temps
que ce foit. Les bonnes coutumes s'abolilîcnt par
laps de temps. Plufieurs belles inventions font pé-
ries ^ les plus beaux édifices ont été ruinés par laps
de temps. Les arbres enterrés dans la terre , par
laps de temps , acquièrent une dureté , accompa-
gnée d'une noifceur & de certaines veines , qui fe
font aulîl remarquer au bois de chêne , lorfqu'il
a été long temps lous les eaux. Mascor.
Laps , fe dit adjecfbivement en cette phrafe , Héré-
tique laps 8c relaps , qui eft tombé &c retombé
deux fois dans l'hétéfie, C'eft ainii qu'on appeloit
en France les Prétendus Réformés qui retournoient
à leur Religion , après avoir embrafle la Religion
Romaine.
Dans l'Antiquité Eccléfiaftiqu'e , on appelle Laps ,
Renégats , JMp/i , Negatores , ceux qui avoient
renoncé à la foi par la crainte des fupplices , ou
- autrcmei:^!; •, & on leur donnoit ce nom , même
après leur, retour à l'Églife parla pénitence, f^oyei
fut ces Laps le Concile d'Agde , Can. 60. le IV.
d'Oiléans , Can. S. celui d'Épaune , Can. 20. le
XVII de Tolède, Can. i j. Jacques Godefroy , fur
la Loi 5 du Code Théod. de Apojîac.
LAPTOS , qu'on nomme autrement gourmets. Ce
font des efpèces de matelots Maures qui aident à
remorquer les barques dans les rivières de Gambie
&c de Sénégal.
«
L A Q.
LAQS. Foyej Lacs.
LAQUAIS, f. m. Valet qui fuit à pié fon maître , &:
qui porte fa livrée. Pcdilfequus. Les jeunes gens
fe piquent d'avoir des Laquais bien faits , & propre-
ment habillés. Les femmes fe font mifes fur le pié
d'avoir de grands laquais , & on en médit. Pourquoi
croit-on que l'on charge les carrolles de ce grand
nombre de laquais ; C'eft pour exciter dans ceux
qui les voient l'idée que c'elf une perfonne de grande
condition qui palle , & la vue de cette idée fatisfait
la vanité de ceux à qui ils appartiennent. Log.
Alidor j dit un fourbe , il ejl de mes amis ,
Je l'ai connu Laquais , avant qu'il fût commis.
BoiL,
Balzac &z Coftar écrivent laquay , au lieu de /.j-
quais j mais on ne les doit point imiter en cela. On
dit une malice de laquais , pour dire , une malice
balfe, & indigne d'un homme un peu bien élevé.
Fauchet tient que ce mot vient de naquet , ligni-
fiant autrefois valet allant à pié. M. Huet èftdece
fentimciit ; il dit qu'on a changé la lettre n en / ,
comme le peuple iXnnantilles pour lentilles : il ajou-
te , q\x naquet a. été formé par tranfpofitioii des Ict-
L A Q
très de l'Allemand hneckt ,' qui fîgnifie valet. Enfin ,
il remarque que laquais fe prcnoit autrefois pour
fantajjin , foldat fervant à pié , fur quoi il rapporte
ces paroles de Jean d'Auton , dans l'Hifloire de
Louis XII. Leur tranfmit foixante laquais Gafcons ,
& ne leur voulut bailler nulles gens de cheval. D'au-
tres difcnt , &c. que le mot eft Balque , fignifianc
ferviteur, paice que les meilleurs valets de piéviea-
nent de ce pays-là. Ménage ajoute , que le lac , ou
loc , en langue Éthiopiquc , fignitie un valet , que
les Bas-Bretons dilent laques en ce lens. Il s'en
tient à cette étymologie , & abandonne celle de
verna , d'où il tiroit laquais après bien des chan-
gemcns. ^fJ" Vernula , Vernulacus ^ Vernalacdius ^
Lacaius , Laquay : comme Maïus , May , puis
Laquais. Il dit que ce mot n'eft pas ancien dans,
notre langue , & qu'on ne le trouve dans aucun
Auteur plus vieux que Marot Se Monftrelet. Il fe-
roit plus ancien , s'il étoit vrai que le Grec barbare
ou laxiis , a été fait du François laquais , comme le
dit Du Cange. M. Ménage n'en convient point.
D'Hetbelot prétend que ce nom vient de lahiehfa ,
ou lacaiths ^ mot Arabe , qui fîgnifie un enfant
expofé , dont la mère eft inconnue : il dit que de
ce mot les Efpagnols ont fait lacaio , Se que de ce-
lui-ci nous avons fait laquais.
^fS" Laquais , Valet , fynonymes. Le mot de laquais
a un fens particulier qui ne convient qu'à une forte
de domeftiques. Il dèfigne proprement un homme'
de fuite , Se emporte une idée d'oftentation. Voilà
pourquoi il eft plus honorable d'avoir un laquais
que d'avoir un valet , & qu'on dit que le laquais
ne déroge point à fa noblelle. f^oye-^ Valet.
LAQUE, f". f. Elpèce de réhne dure , rouge , claire ,
tranfparente , qui encre dans la compofition de la
cire d'Efpagne. Laccha. La laque fe fait aux Indes
par un concours d'une iijfinitè de petits moucherons
qui s'amaflcnt fur de petits b.àtons gluans qu'on dif-
pofe exprès pour les y attirer , & qu'on ratille
enfuite.
Laque , ou Lacre à cacheter, f. f. C'eft ce qu'on
nomme communément Cire d'Efpagne , quoique
ce nom ne lui convienne point du tout , les h{-
pagnols ne faiiant pas de cette cire , & ne s'en fer-
vant même point. La cire ou laque à cacheter fe fait
ordinairement en France avec la laque en graine,
colorée de vermillon. F'oye^^ le Dictionnaire de
Commerce.
Il y a aulîl une gomme laque qui dégoutte des I
arbres qui font dans le pays de Siam , Cambo-
dia , Pégu, &c. On fait de la fine laque de l'extrait
ou de la lie de la cochenille , qui fert aux Teintu-
riers. La laque eft une efpèce de gomme que l'on
trouve iiir des branches d'arbres , & même quelque-
fois fur terre. Plufieurs croient que c'eft l'excre-
ment de certaines fourmis. D'Herbelot.
Le nom de laque ell commun à plufieurs efpèces
de Pâtes féches dont les Peintres fe fervent; mais_
ce qui s'appelle plus proprement laque , eft une
forte de gomme ou lèfine rouge _, dure , claiie , tram-;
parente , fragile , qui vient de Malabar , de Ben-'
gale, & de Pégu. Le P. Tachard , Jéluite , a écrit'
que de petites fourmis roullcs qui s'attachent à diftc-
rens arbres , laiftent fur leurs branches une humi-
dité rouge , qui fe durcit en cinq ou fix jours : ce
n'eft pas le fimple fuc des arbres ■> car celui qui en
fort quand ils font piqués , n'eft qu'une gomme diite-
rente de la laque. Ces fourmis vivent de fleurs; &
comme les fleurs font plus belles , Se viennent
mieux fur les montagnes que fur le bord de la mer ,
la laque cueillie fur les montagnes eft plus belle &
d'un plus beau rouge. M. Lémery ayant mis la la-
que aux épreuves de la Chimie, a jugé que c'eft
un mixte moyen entre la gomme & la réfine , plus
abondant en Ici qu'en huile. Voye'^ les Mémoires
de l'Académie des Sciences ijro. Ôii peut voir fur
la laque , tant naturelle que factice des Anciens ,
Bochard , Hierbi. P. IL , L. V , c. 14, ^ S^""
maite fur Solin , p. i i^-p : Se pour la moderne j
L A R
Jifezle Traité de Tavcrnier , intitule j Ghfirvaùons
fur le Commerce des Indes Orientales.
On appelle aiilli laque arnficielle , une fubftancc
colorée qu'on fait en 1-rance , (S»: qu'on tire des
fleurs, comme la jaimede la Heur de genêt , la rouge
du pavot, la bleue de J'iris , ou de la violette j i't.
Laccha. On tire les teintures de ces fleurs en les fhi-
fant diftillcr plufieurs fois avec de l'eau de vie , ou
bien en les faifant cuire à feu lent dans une leilive
de fonde Se d'alun. Elle fert aux Enlumineurs.
On fait aulli la laque artificielle avec du brclil boulii
dans la leilive de cendres de ûrniens de vigne , en y
ajoutant un peu de cochenille &c de tcrramérita , de
l'alun calciné , & un peu d'arfénic qu'on incorpore
dans des os de féches pulvérifés , dont on fait de
petites tablettes qu'on fait fécher fur la carte. Si on
la veut fort rouge, on y ajoute du jus de citron. Si
on la veut brune , on y met de l'huile de tartre. On
en fait aullî avec des tontures d'écarlate bouillies dans
la leilive de cendres gravelées , ou de tartre calciné.
La laque colombine fe fait avec du brclil de Fernam-
bouc , trempé dans du vinaigre dilHllé pendant un
mois , mêlé avec de l'alun incorporé dans des os
de féches. Le marc de la laque colombine fait un
beau couleur de pourpre.
On appelle aullî laque , le beau vernis de la
Chine , ou noir , ou rouge. En ce fens il eft maf-
culin. Voilà du beau laque. On n'a pas encore pu
imiter le beau laque de la Chine.
LAQUÉAIRE, ou LAQUEARIUS; car dans ces for-
tes de mots on peut retenir en notre langue le mot
Latin. L m. Nom d'une des efpèces d'Athlètes des
Anciens. Laquearius. Les Laquéaires avoient d'une
main un lacet pour embarrafler leur ennemi , & de
l'autre un poignard pour s'en défaire. Jufte-Lipfe ,
Saturn. Z. //, c. 13.
LAQUELLE. Voye-^ Lequel , dont il eft le féminin.
L A R.
LAR. Nom d'une afTez grande ville de Perfe. Lara.
Elle eft lîtuée fur une montagne , & défendue par un
château. Elle a été capitale d'un Royaume , qui s'é-
tendoit jufqu'aù golfe de Balfera , & renfermoit les
villes de Bander , Bander Abalfy , Gomrom j &c.
Elk donne le nom aux Larins , monnoie de fort
bon argent , qui a cours en Perfe. Cette ville eft
maintenant dans le Farllftan , près du Kherman ,
& de la rivière Tifnidum , & elle dépend du Roi
de Perfe. Maty. Lar eft à peu près à mi-chemin
de Schiras à Mina. Piétro délia Valle Perfia , Lett.
^J^I , p. 339- Les Sciences y font cultivées , &
il n'y a nulle part ailleurs en Perfe , tant de Savans
ni de fi habiles gens qu'à Lar. Le même , p. 36 S.
Lar eft ai/ degrés 17 minutes, & un peu plus de
latitude leptentrionale. Le même , p. 3jS.
LARA. Nom d'un bourg avec un château. Lara. Il eft
dans la Caftille vieille en Efpagne , entre les mon-
tagnes d'Urbion , fur la rivière d'Arlanza , à quinze
lieues de Burgos vers le levant. Lara a été bâtie des
ruines de Maufina , qui étoit anciennement une ville
épifcopale. Maty. Voyei^ auilî Lare.
LARACHE , LA RACHE , L'HARAIS , LIXE. Nom
d'une ville du Royaume de Fez , en Barbarie. Lixa.
Laraix. Elle eft dans la Province d'Afgar, aux con-
fins de celle d'Habata , &c à l'embouchure de la
xivière de Larathe , dans l'océan Atlantique. La-
rache eft ancienne. On la faifoit autrefois capitale
du Royaume d'Antée , & on y plaçoit le jardin
des Helpérides. Elle a une bonne citadelle & un bon
port , & elle a été occupée par les Efpagnols depuis
l'an 1610 ,)ufqu'en 1681 , que les Maures l'ont re~
prife. Maty.
Laraghe , eft aufti le nom d'une rivière du Royaume
de Fez , en Barbarie. Lixus. Elle prend fa fource
«ans les montagnes d'Errifis , traverfe la Province
d'Habata , & entrant dans celle d'Afgar , elle y
baigne Cafu' & Larache , & elle fe décharge peu
après dans l'océan Atlantique. Maty.
LAR
4^3
LARAIRE. f. m. Temple , Oratoire , Chapelle do_
meftiquc , deftinéc chez les anciens Romains au'
culte des dieux Lares. Lararium. On n honoroit
pas feulement les Lares dans le Laraire , mais tous
les dieux particuliers de la famille , ou de la mai-
fon. Lampndius dit dan?; la vie d'Alexandre Sévère ,
que cet Empereur avoit dans fon Laraire l'image de
Jéfus Chrift , avec celle d'Apollonius , d'Orphée
Se d'Abraham. M. Baudelot Dairval , dans fon
Traité de l'utilité des Voyages, parle des La rai re s ^,
& difcute lî ces Temples étoient particulier^ ou
non. J'airaerois mieux dire Oratoire domcftique,
I ou Oratoire , que Laraire , à moins que dans une
Dillertarion d'érudition , il ne fût néccllaire d'ufcr
de ce mot.
LARANDA. Foyei Lare.
LARANDA. Nom d'une ancienne ville Épifcopale ,
futtraganre de Cogni. Laranda. Elle eft dans la
Caramanie , en Natolie , à la fource du Cydne ^
ou Caralu , à dix-fept lieues de Cogni , du côté
du levant. Maty.
LARARES , ou LARARIES. f. f. & pi. Nom d'une
fête que les Anciens célébroient à l'honneur des
dieux Lares. Lararia. Les Larares fe célébroient
l'onzième des Calendes de Janvier , c'eft-à-dire ,
le il Décembre, yoye^ Macrobe , L. l , Sa-
turn. c. 10.
LARC , ou L'ARC , & ARC. Nom d'une petite ri-
vière de Provence. Laris , Larius ^ C'ocuus. Elle a
fa fource près de Fourrières , où Marius délîr les
Cimbrcs , baigne la ville d'Aix , & va fe déchar-
ger à Berre dans la mer de Martigues.
LARCHAMPS. Bourg de France dans le Maine ,
Éleéfion de Mayenne.
LARCHANT. Voye^ S. Mathurin.
LARCIN, [. m. Aétion de celui qui dérobe , qui
prend furtivement & non à force ouverte , ni avec
eftraéfion. Furtum. Le Droit Romain définit le
larcin , une louftraétion frauduleufe du bien d'au-
trui , pour fe l'approprier malgré celui à qui il
appartient. Si elle fe fait par force & par eftrac-
tion , cela s'appelle un vol. Par le Droit , le iim-
ple larcin & fecret , étoit puni de la peine du
double j &: le larcin manifefte du quadruple de la
choie dérobée. On appeloit larcin manifefte , quand
le larron étoit pris lur le fait , & non manifefte ,
quand il n'avoir pas été pris fur le fait. On n'ob-
fervc point cette diftinétion en France : le larcin
eft plus ou moins févérement puni ,. félon les cir-
conftances dont il eft accompagné , Se qui aggra-
vent ou diminuent le crime. Il y a bien des gens
qui ne vivent que de larcins & de brigandages. On
ne peut être abfous d'un larcin par un ConfelFeur ,
qu'en faifant reftitution. Le larcin n'étoit point puni
à Lacédémone , pourvu qu'on ne fût point pris
fur le fait; les Circallicns d'aujourd'hui l'eftiment,
quand il eft fait avec adrelfe ; & ils ne donnent
point à boire aux jeunes gens dans leurs feftins , s'ils
n'en ont fait quelqu'un de confidérable , comme dit
Jean de Luca en fa Relation de Circaftîe. Solin ra-
conte qu'en Sardaigne il y avoit une fontaine qui
fervoit à découvrir celui qui avoir commis un lar-
cin.
Comme il y a un larcin d'oppreflîon , par lequel
on fait les pauvres , il y a un larcin de détention ,
par lequel on refufe d'aiîîfter ceux qui le font ,
ce qui eft également injufte , également criminel,
M. Flechier , Sermon de l'obligation de l'Aumône.
Larcin, fignifie auffi la chofe même qu'on a déro-
bée, qu'on a prife furtivement. Les receleurs des
larcins font auffi coupables que les larrons. Une
pièce expofée en vente a fait découvrir tout le7arci/z.
Larcin j fe dit auffi en matière de Littérature, des
vers , des paifages , des penfées , &: même des djf-
cours entiers qu'un Auteur dérobe à un autre _, fans
faire mention de lui , pour s'en attribuer l'inven-
tion & la gloire. Plagium. Celui qui pille les
Auteurs , doit du moits favoir bien déguifer les
larcins . BouH. Il faut faire différence entre les lar^
42-4 L A R
cins direfts Se manefcftes d'un Auteur , oc les imi-
tations qu'il fait d'un original.
On le dit aulîî dans la galanterie , des plaiiîrs dé-
robés Se pris en cacliettc.
lARCUDIA , ou ARCUDIA. Nom d'une petite ville
de Barbarie , en Afrique. Arcudia. Elle elf dans
le Royaume de Tripoli , vers la frontière de
celui de Barca , fur le golfe de Sidra. Quelques
Géographes croient qu' Arcudia eft la ville qu'on
nommoit anciennement PhiUni vicus , ou PhïU-
norum ara , que d'autres jugent être Naima , ou ■
Taimi , fur le même golfe , mais un peu plus à
l'occident. On conjeéture encore , que Larcudia
pourroit être l'ancienne ville èC Auiomala , que d'au-
tres placent à Zanagra , bourg du voifniage de Lar-
cudia. Sanfon dit Larcudia , Se non pas Arcudia ,
comme Maty. Mais Michelot & Term , Pilotes
du Roi , & Berthelot , Profelleur d'Hydrographie
à Marleille , dans leurs Cartes de la mer Méditer-
ranée , la nomment Liconda , Se non pas Larcudia.
LARD. f. m. Graille ferme qui eft entre la chair Se
la peau des animaux. Laridum. On le dit parculière-
ment des pourceaux , des marfouins , des baleines.
Les pourceaux qu'on nourrit de glands , ont le lard
plus ferme que les autres. Ce cochon a plus de qua-
tre doigts de lard. Du petit lard eft un morceau de
cochon où il y a peu de chair qui tient au lard , Se
qu'on met au pot. Une Hèche de lard eft cette
grallFe qu'on levé tout le long d'un des côtés d'un
pourceau , qu'on (aie 6e qu'on garde long-temps.
Laridum , du lard , a été pris des Celtes , qui di-
fent lard. Pezron. Ces Celtes font les Bas-Bretons :
or il n'eft pas sûr qu'ils n'aient pas pris lard du Latin ,
ou de ceux qui l'avoicnt reçu des Romains.
Lard , fe dit proverbialement en ces phrafes. Ceux
qui aiment à dormir long - temps font du lard.
^3" L'on dit d'une pcrlonne fort gralfe , qu'elle eft
gralfe à lard , Se d'un homme fur qui on veut re -
jctter quelque faute , que c'eft lui cjui a mangé le
lard. On dit aulli d'un homme fort avare j qu'il
eft vilain comme lard jaune.
On dit encore des bons ménagers , principale-
ment de ceux qui approchent un peu de la lélinc ,
qu'ils ne jettent point leur lard aux chiens.
Lard. Terme de Charpentier Se de Mcnuifier. Les
Ouvriers qui travaillent en bois , appellent le lard
du bois , ce qui eft entre l'écorce & le vif de l'ar-
bre. On le nomme autrement aubier. Voy. ce mot.
Lard. Nom d'un ancien bourg du Royaume de Tii
, poli , en Barbarie. Larda, M\.nzko\% Ajpis. Il eft- (ar
: la côte occidentale du golfe de Sidra , près du cap
àcLard, & au nord du bourg de Zédico. Maty.
LARDER, v. a. Piquer une viande , y appliquer de
petits filets de lard. Lardo figere. Il y a des Rotit
, feurs en blanc qui ne foi>t que larder. Il y en a qui
• aiment mieux barder la viande que la larder. On
larde de gros lardons. Se en dedaiis, la viande qu'on
met en pâte , à la daube , à l'étuvée. On lardi:
le bœuf à; la mode.
Larder , fe dit auill figurément en quelques phrafes
familières au lieu de Percer Se Ae. piquer. Figcre , con-
figere. Trarifvcrherare , tranfadigere. On peint Saint
' Sébaftkn tout lardé de flèches. Ces deux loldats qui
fe battoient fe foqt lardés de coups d'épées , pour
dite, percés de pluheurs, coups. •'
^3" En Âlaréchallerie . on dit larder' uii' cheval- de
coups d'éperon , lui en donner ta!nt de coups que
. les plaies y paroilîent.
Ivlolicre fait dire à^ l'Avare , Je voudrois bien la-
voir à quoi vous lerveiK tous ces rubans dont vous
_>, voilà lardée depuis les pies jufqu'à la tête. On larde
; --les jambons de citrons, de cannelle^de clous de girolle.
. On dit .aulîî Larder \mc cittc ,Lnferere , quand
on la fourre entre plufieurs autres cartes , ou un
feuillet daijs un livre.
,LjARDER LA Bonnette. Terme de Marine. C'eft un
■ moyen dont fe fervent les Caltateurs quand un vail-
feau a été percé à l'eau j fans pouvoir découvrir
l'endroit où eft la voie d'eau , pour la trouver &e pour
L A R
l'arrêter. Ils lardent une bonnette avec plulîcuis
bouts de fil de carrer , qu'ils laiftent pendre tout du
long , & après avoir mouillé la bonnette , ils jettent
de la cendre , ou de la poulîière fur ces bouts de
fil , afin de leur donner un peu de poids pour la
faire enfoncer dans l'eau. Ils delcendent la bon-
nette dans l'eau , & la pronienenr à ftribord , &
à bâbord de la quille , jufqu'à ce qu'elle fe trouve
oppolée à l'ouverture qui eft dans le bordage ; alors
l'eau qui court pour y enter , poulfe la bonnette
contre le trou : ce qu'on connoit par une efpèce de
gazouillement , ou de frémillement que font l'eau
&: la bonnette. Pour exprimer ce bruit, les Mate-
lots clifcnt que la bonnette lape.
LARDÉ j ÉE. part. On appelle une collation lar-
dée , Cœna duhia , celle où l'on fcrt de la viande
lardée en même temps que des fruits , aiftrement
un ambigu.
LARDÉRE. f f Petit oifeau que Pomey appelle en
Latin parus , Se qu'il croit être la même chofe que
méfange.
LARDIER. f. m. 'Vieux mot qui fe trouve dans nos
anciens Auteurs; il lignifie un lieu où l'on garde,
on ferre le lard. Lardarium dans la balfe Latinité.
Trois bacons avait en un mont',
Chei un prudhomme en un lardicr. R. Du Renard.
Lardier. f. m. Henri I , Roi d'Angleterre , donna
parla crollc l'inveftiture de deux Evêchés, à Roger
fon Chancelier;' celui de Salisbiui , Se celui d'Her-
ford à un autre Roger fon Lardier : ainh nom-
moit-on celui qui gardoit les provifions de bouche.
Fleury , Hijl. Eccl.
LARDOIRE. f. m. Petit inftrument qui fert à larder.
Veruculum lardarium. C'eft une forte de brochette
creufée Se fendue en quatre par un des bouts , aîin
d'y pouvoir mettre le lardon à melure qu'on larde
quelque viande que ce foit. On en fait de cuivre
& de bois. Grolle lardoire , petite lardoire , lardoire
à piquer , lardoire à venaifon.
LARDON, f m. Petit morceau de lard coupé en long,
dont on pique la viande quand on ^a rôtit ,■ ou quand
on la met en pâte , ou à la daube. Laridi lingula,
AJfaillir un poulet hérijfé de lardons. N. ch. de vers.
Lardon, fe dit figurémant Se familièrement, pour j
Brocard , raillerie , mot piquant. Diclenum , /corn- i
ma,fcurrile dictum.Wy a de certaines petites villes de
France , où perfonne ne paiîe lans avoir ion lardon.
Le pauvre homme fut mal accominodé dans cette
compagnie, chacun lui donna (on lardon.
Celui qui mord fis amis en cachette ,
Qui rit tout bas des lardons qu'on leur jetée. |K-'
Lardon, fe dit aulll d'un petit feuillet de nouvelH
particulières que l'on donne outre la gazette. On a
appelé ce feuillet lardon , parce qu'il renlerrae or-
din i.irement quelque brocard , quelque piquante
r,aiiierie contre quelqu'un. On a vu des lardons
qui n'étoient que des groffières latyres ; il y en*
d'autres dont les traits font fins Se délicats. On dit J
d'une femme qu'elle e&ie lardon de fon quartier,'
'■' quand elle inftruit les gens de tout ce qui s'y paJlei
qu'elle en fait toutes les nouvelles.
C'ejl par elle toujours qu'on apprend dans le monde,']
Les bons tours qui fe font clie^ la brune & -la blonde,
S. ÉVR.
Lardon. Efpèce de Gazette de Hollande. Ayant cou:
ftilté M. Bayle j Profefieur de Roterdam, touchant;
l'étymologie du mot de lardon , dans cette (ignifîca-
tion de Gazette , voici ce qu'il me répondit : Je crois'
que c'eft à Paris que le titre de lardon a été donne a
nos petites nouvelles raifonnées ; car dans le temps
que perfonne ne les appeloit de la forte en Hollande ,
L A R
ôc qu'elles n'y croient connues que de peu de gens ,
mon hère m'écrivit de Paris qu'on y voyoit le /ur
don toutes les lemaiiics ; s'exprimant comme Ci c'eût
été un nom déjà établi. On croit qu'on a nommé ces
Gazettes de la (orte j du mot de lardon , dans la figni-
fication d'un trait piquant ; i\: que la figure longue
& étroite du papier lur lequel on imprime ces nou-
velles, y a aulii contribué. Ménage , Dia. Etym.
Lardon. Terme d'Horlogerie. Pièce longue que l'on
met à la couliire. La queue d'aronde que l'on met
au nez & au talon de potence de montre s'appelle
aulIi coulijje ou lardon.
Lardon. Terme d'Artificier. On appelle de ce nom
les petits lerpenteaux de différentes groifeurs , loit
parce qu'ils ont quelque rapport à l.i figure d'un
lardon à larder , foit parce qu'en les jettant par le
moyen des pots à feu dans les Ipedacles d'artifices
fur les alliflans, on donne matière à rire de la vaine
terreur qu'on leur caufe, parce qu'en langage popu-
laire , le mot de /ar^o/z ligniiie un trait piquant pour
fe moquer de quelqu'un.
Ç3° On appelle aulli lardon en Serrurerie & ouvrages
en fer , de petits morceaux de ter qu'on met aux
crevalTes qui le font en forgeant , afin de rapprocher
& de fouder les parties écartées.
LARE , ou LARA. f. f. Terme de Mythologie. Nom
d'une Naïade , qu'on nomme aullî LARÂNDA &
LARUNDA. Lara Laranda. La N.iY.ade Lare , étoit
fille du fleuve Almon , Mercure la ht mère de deux
jumeaux qu'il nomma Lares , du nom de leur mère ,
& qui furent honorés comme des dieux. F'oy. Ovide ,
Faji. L. LI , V. j^7 , & 6 1 s. Lara s'appeloit aullî
Larunda , 8c Mania j parce qu'elle étoit mère des
Mânes. V^oye^ Volîîus , de Idolol. L. I , c. ii.
Lara j ou Larunda, qu'on appelle aullî Mania,
parce qu'elle étoit mère des Mânes, l'étoit encore
des Lares ôc de la folie. Aullî prioit-on ces dieux
pour les fous , comme il paroît par les Menœckmi de
riaurcj Acl. Il , fan. 11, v. i6. Ôc par Horace,
L. Il , Satyr.
_ARE , ou LARES, f. m. &c pi. Terme de Mytho-
logie. f~fT Lar , au pluriel Lares. Ce terme eft ra-
rement employé au llngulier : on dit en llyle d'An-
tiquaires , qu'une figure repréfente un dieu Lare.
Les Lares étoient des Génies que les Payens croyoient
affilier les hommes ; ou les divinités qu'on révéroit
dans la maifon , & qui étoient comme les gardien-
nes des familles ; des dieux domeftiques qu'on pla-
çoit dans le coin du foyer. Lares. Plutarque , dans
ïes Quertions romaines , diftingue de bons Se de
mauvais Lares , comme il y avoit de bons Se de
mauvais Génies :& quelques uns , comme Euclide,
ont cru que chaque homme en avoit deux , l'un
bon 8c l'autre mauvais. Il y en avoit de publics &
de particuliers. Apulée dit que les Lijrt'j- domeftiques
n'étoient autre chofe que les amcs de ceux qui
avoient bien vécu , & bien rempli leur carrière;
au contraire , ceux qui avoient mal vécuerroient va
gabonds , & épouvantoient les hommes .• on lesappe-
lok Larves. On nommoitauili les premiers Pénates ,
& on les adoroit fous la figure de petits marmoulets
de cire , d'argent & d'autres matières. Les Panthées ,
ou les figures qui repréfcntent tout-à-la fois plu-
lîeurs dieux , étoient aullî nommés Lares. Varron
& Macrobe difent que les Lares étoient enfans de
Mania. Ovide dans les Fartes , les fait enfans de
Mercure V de Lara, que Laftance Se Aufone ap
pellent Larunda. Le Temple des Lares étoit dans
la huitième région de Rome. T. Tatius , Roi des
Sabins , eft le premier qui a bâti un Temple aux
Lares. La cheminée Se le foyer des mailons leur
croient confacrés.
Les dieux Zûrej étoient auffi des dieux de la naif-
fance , parce qu'ils prenoient foin d'un enfant dès
fa nailfance , comme on le voit dans Ovide , FaJl.
L. II. v.6i6. dans Tibule L. I , Eleg. XI , v. r f , Se
dans Clodien , defexto Conful.Honor. Carm. XXVllI,
y. /<?2. C'eft pourquoi , parce que Macrobe écrit, Sa-
turn. L. I, 7j c. iff,im la fin, que les Égyptiens avoient
Tome y.
LA R 425:
quatre dieux qui prélidoicnt à la naiilance , le génie ,
la f-ortune , l'amour Se la néccifité , 8c qu'il les ap-
pelle Pne/iiees J quelques uns lui font dire que les
Egyptiens avoient aulii leurs dieux Lares ; mais il
y a bien de la ditlércncc entre les dieux des Égyptiens
8c les Lures ; Se tous ks dieux qui prélidoient à la
naillance, n'étoient pas Lares pour cela.
Il y avoit des Lares publics , <!><: des Lares particu-
liers , privés , domeftiques. Voy. Gruter , Infcript.
p. CFI ,n. 4 ,& n. 12. Ces Lares privés , ou parti
culiersj avoient loin de chaque maifon, de chaque
famille particulière. On peut voir lur cela le Prolo-
gue de la Comédie de l'iaute , mivuAce. , Aulularia,
Les Lares particuliers s'appclioient auill Pr/tjlues ,
comme qui diroit Gardiens , de pr&Jlo.
Quod prdjiant oculis omnia tuta fuis.
dit Ovide , dans les Falles.
Les Zt^rtj- publics le nommoient ^lufCi Compicales ,
Compicana de compitum , carrefour ; & Viales , com-
me qui diroit 'Voyers , de via , voie , chemin public i
parce qu'on les plaçoit dans les carrefours Se lur les
grands chemins , dont le peuple les regardoit comme
les dieux tutélaires , ainli qu'Arnobe le dit , Z. 111.
adv. Gentes. Dans Gïmur: :,p.LXXFlll. n. /.Laki
ViAH , RoM/E ^TERNyE.On Hommoit Urbani , c'eft-
à-dirc , Lares de ville , ceux qui avoient la protec-
tiondesvilles; 8c Hoftiliens,yZ>^i/«, ceux qui avoient
loin d'éloigner l'ennemi. Il y avoit des Lares de la
campagne que les Inlcriptions antiques appellent Z<z-
res RuraiTX, Lares Rurales dans Gruter , p. CCLI.
Apulée , de Dec Socra. allure que \zi Lares étoient
la poftérité des Lémures. Arnobe dans fou troilième
Livre , Adv. Gentes , rapporte que tantôt Nigridius
diloitquc c'étoient les Gardiens &; les Proteéleurs des
mailons, & tantôt que c'étoient les Curetés de Samo-
rhracc , que les Grecs appeloient Dactyles Idéens ,
& dont nous avons parlé au mot CURETE^, & au
mot DACTYLE : que Varron n'éroit pas plus conf-
tant'dans fes opinions lur ces dieux, que tantôt il
diloit que ce lont les Mânes, d'oii vient que l'on di-
loit que leur mère étoit lurnommée Mania ; Se que
tantôt il les appelloit Héros, Se dieux de l'air. Les
Lares avoient un Temple à Rome dans le Champ
de Mars. On les y honoroit fous le titre de Grun-
dules , comme qui diroit grognants , comme font
les porcs.
Tertulien dans fon livre de Refurreclione carnis ,
dit que le culte des dieux Lans eft venu de ce que
l'on avoit coutume autrefois d'enterrer les corps dans
les mailons; ce qui donna occafion au peuple crédule
de s'imaginer que leurs âmes y demeuroient aulîî ,
comme des dieux fecourables & propices , & de
les honorer en cette qualité. On peut ajouter que l.i
coutume s'étant enfuite introduite d'enterrer les morts
fur les grands chemins , ce pourroit bien être de-là
qu'on prit occalîon de les regarder comme les dieux
des chemins. Au rapport de S. Auguftin, de Civit.
Dei , L. IX. c. II. c'étoit le fentiment des Platoni-
ciens , qui des âmes des bons faifoient les Lares , Se
les Lémures des âmes des méchants.
La vidrime qu'on otlroit aux Lares étoit un porc
quand on leur facrifioit en public. Plaute , Menœch.
Acl. II. Scen.ll. V. 16. Horace, Z. II. Satyr. 3.
En particulier on leur ofFroit du vin , de l'encens ,
une couronne de laine , &: un peu de ce que l'on fer-
voit à table. Voye\ Volîîus, de Idolol. L. 1. c. 11.
On couronnoit les Lares de fleurs Se fur tout de vio-
lette , de myrte , de romarin. On leur oftroit de la
farine & des petits bouquets ; on brûloit des parfums
devant eux. Le fymbole des dieux Lares étoit un
chien, que l'on repréfentoit ordinairement avec eux
à caufe de fa fidélité , & du fervlce qu'il rend aux hom-
mes pour la garde des maifons. On les reprcfcntoit
auffi quelquefois vêtus d'une peau de chien, comme
l'a remarqué l'Auteur du Traité de l'utiUté des Voya-
ges. Voyey^ fur les Lares Arnobe à la fin de Ion troi-
lîème Livre, Adv. Gentes. Laftance , Z. 1. c. 20.
Hhh
^z6 L A R
Tectullien , Jpolog. c. i j ,èc 2J. avec les Notes de
Pamélius ,3c L. de Speclac. c. j. S. Augiillin, de Civit.
DcL , L. IX. c. II Se les Notes de L. Vivez, Natalis
Cornes , Mythol. L. IF. c. 4. Lambin , fur le Prolo-
gue de YAululana de Plaute , & fur la IIP. Satyre du
ir. Livre des Satyres d'Horace , à ces mots Immolet
dquus hic porc um Laribus. Spon. Rech. d' Antiq. Dif-
fère. XFÎII. Calaubon , fur Suétone dans Aueufte ,
c. 2. Voye\ encore ci-dellbus PENATE ; car c'ctoit
la même choie.
Ce nom de Lares vient du Latin Lares , qui efl;
dérivé de Lara ou Lare; c'eft le nom d'une Nymphe
qu'on difoit être la mère des Lares.
j,AREDO. Nom d'une petite ville d'Efpagnc. Laredum.
Elle eft fur la cote de Bifcaye , où elle a un Port
fort grand &: fort sûr , à onze lieues de Bilbao^ du
côté du couchant. Maty.
LARENIER. f. m. En termes de Menuiferie , eft une
pièce de bois qui avance au bas d'un challis dormant ,
d'une croifée ou du cadre des vîtres , pour empêcher
que l'eau ne coule dans l'intérieur du bâtiment , &
pour l'envoyer en dehors. Cette pièce eil: communé-
ment de la forme d'un quart de cylindre coupé
dans fa longueur.
LARENTINALES. f. f. pi. Terme d'Hiftoire &:de
Mythologie. Larentinalia. Nom d'une fête chez les
Romains. Il y en a qui croient que c'étoit une fête des
Lares , mais il n'y a pas d'apparence que le vingt-
deuxième jour de Décembre leur étant conlacré ious
le nom de Compitales , le vingt troiiième le fût en-
core fous un nouveau nom ; il eût été plus naturel ,
& plus conforme à l'ulage , de leur confacrer deux
jours fous un même nom. Le lentiment de Paul Ma-
nuce , de Goltzius , de Thafconius , de Rohnus , &
de plufieurs autres , eft que les Larentinales font la
même chofe que les Laurentales. Voyei^ ce mot , &
les Auteurs cités , auiîî bien que Macrobe.
Les Larentinales étoient une fête à l'honneur de
Jupitçr. Elles le célébroient le X. des Calendes de
Janvier , qui eft le 23 de Décembre. Un Auteur Ano-
nyme , dans une Differtation lur deux médaille's d'or
du cabinet de Madame, imprimée à Paris en lyiOj
prétend que les Larentinales furent inftituées à l'hon-
neur des deux Acca Laurentia , l'une nourrice de
Romulus, &: l'autre célèbre Courtifane de Rome,
qui avoir inftitué le peuple Romain Ion héritier , fous
le règne d'Ancus ; que ces fêtes furent enfuite appe-
lées Jeux Floraux, parce que le Sénat honteux, fui-
vant Laitance , de célébrer une fête fous le noni de
deux Courtifanes fameufes , prit du nom de Flora que
l'on avoir donné à la dernière j le prétexte d'jlluftrer
& d'ennoblir en quelque façon une chofe peu hon-
nête i que ce qui fe paftoit à Rome pendant les Jeux
Floraux , répond à l'idée que l'on y avoit des deux
Acca Laurentia , en l'honneur defqucUes ces Jeux
avoient été établis.
On rapportoit fort différemment l'origine &c l'oc-
cafion de cette fête , comme on le peut voir dans
Macrobe , L. I. Satiun. c. 1 0. Plutarque & Ovide les
appellent Laurentales j Feftus , Larentales ; d'autres
Laurenties , Laurentalia, Larentalia Laurentia feris,
Macrobe & pluheurs autres Larentinales. Le Prêtre
de cette déelfe , qui prélldoit aux Larentales , fe nom-
moit Larentiaiis ou Laurcntialis flamen.
LARGAGE, f. m. 'Vieux mot qui fignifie une forte
de tribut. Largagium , dans la balle Latinité. Il y
en a qui prétendent qu'on doit due lardage larda-
gium , parce qu'ils croient que ce tribut fe levoit fur
le lard.
LARGAR AY. Nom d'une ville de l'Inde de là le Gange.
Larganum. Elle eft près du Lac de Chiamay , iSc de
la rivière d'Ava , & elle eft Capitale d'un Iloyaumc
qui porte fon nom. Maty.
LARGE, adj. m. & f. &(. Ce qui a la féconde dimen-
fion des corps , laquelle avec la première qu'on nom-
me longueur , fait des fuperficies. Ce qui eft compo
fé de deux ou plufieurs lignes parallèles , ou mifes à
côté les unes des autres , & qui (e joignent. Latus , a.
La figure carrée eft au'.lî longue que large. Une ligne
L A R
en Géométrie n'eft point large -, mais en Ecriture on
appelle des lignes larges , quand il y a beaucoup de
diftance entre deux rangées de caractères.
Large , ie dit aullî relativement du côté d'une furface
à une autre. Celui qui a le plus d'étendue s'appelle
le long, & celui qui en a le moins , s'appelle le large.
Ce Royaume a trois cens lieues de long , & deux
cens de large. Chaque étofte doit être large , fuivant
qu'il eft ordonné par les Rcgleuicns de la Marchan-
dife. On appelle du ruban large , celui qui a quatre
doigts de large ; demi large , celui qui n'en a que
deux.
Au Large. Cette exprelllon , qui fignifie à l'aife , fans
être prefte j ni incommodé , eft une lorte d'adverbe.
Il a pris un grand logis , il eft logé bien au large.
Quand il eft à table, au Sermon , il veut être aftis au
large , n'être point prefté.
Moi qui ne compte rien ni le vin ni la chère , :ii
Si l'on n'eji plus au large ajfts dans un jejiin ,
Qu'aux Sermons de Cajfaigne , ou de l'Abbé Cotin,
BoiL.
IJC? Au Long & au Large , c'eft-à dire , dans toute l'é-
tendue de la fuperhcie , s'étendre au long & au large ,
acquérir beaucoup de terrain autour de loi , de tous
côtés.
En termes de Marine , ces mots au large font un
commandement qu'on fait , ou un avertiirement qu'on
donne pour empêcher une chaloupe , ou un autre
bâtiment, d'approcher d'un vailleau. En général , ces
mots au large lignifient plus avant en mer , &: il eft
relatif à un autre lieu , ou un autre corps , dont il
marque que celui dont on parle eft éloigné.
IJ^" Large s'emploie auili fubftantivement. Ainfi l'on
dit qu'une étoffe a une aune de large. Cette toile n'a
que demi-aune de large. Gagner le large , prendre le
large. ExprelFion familière. S'enfuir.
Large , f. m. Terme de Marine. Ce mot ie dit pour
exprimer une dilpolition , une htuation par laquelle
on eft éloigné d'une côte , ou d'un vailleau ; ou un
mouvement par où on s'en éloigne. C'eft la haute
mer ou un endroit de la mer éloigné des côtes, ou un
endroit éloigné d'un autre à la mer. Courir au large,
le mettre au lar^e , être trente lieues au large. La
mer vient du large ; cette exprelîîon fignifie que les
lames (ont pouftées par le vent qui vient de la mer,
Hc non pas par le vent qui vient de la terre. On
dit que la Flotte a pris le large, qu'on attire l'en-
nemi au large , prendre le large d'une tour , palier
au large d'un vailfeau. C'eft la même choie que largue.
On dit aulIi J en termes de Manège, d'un cheval,
qu'il va large , quar.d il gagne le terrain , en s'éloi-
gnantdu centre de la volte. Un cheval large du de-
vant , qui a beaucoup de poitrail.
§3° Large , en Fauconnerie j le dit de l'oifeau , lorfqu'îl
écarte les ailes. C'eft une marque de ianté par-
fiite.
Large, en termes de Médecine. Pouls large. Pulfus
latus. On dit que le pouls eft large , lorfque l'artère
paroît à chaque pullation diftendue contre nature.
Dicl. de James.
§3" Large , en Peinture. C'eft l'oppofé de mefquin.
Dans le méchanilme de l'art , ce mot a la même ii-
gnification que le tnoz grand, dans les parties de cet
art , qui font du reOort de l'eiprit. Lumièies larges ,
grandes , étendues. Contours, draperies larges. Pein-
dre large , largement , donner de grands coups de
pinceau, en n'exprimant point trop les petites parties
des objets , & en les réunillant iur des malles généra-
les de lumières &: d'ombres, qui donnent à toutes ces
parties , & conléquemment au tout, un certain fpe-
cicux , qui le tait paroître plus grand qu'il n'eft réel-
lement.
Large de loi , en termes de Monnoie , fe dit des efpc-
ces , ou des pièces qui lont au-dcllus du titre régie
par l'Ordonnance J comme fort ie dit de celles qui
lont au-dclIus du poids ordonné. Purior quàm lex
\ wowfMriay^if'f.jr. Si ès boctcs fe trouvent aucuns de-
L A R
niers forts de poids , ou larges de loi , au dclTiis de
rOidonnaiice , ne fera d'icclui forçage 5c largellc nu
cuiie chofc allouée en la dcpcnlc des états des Mai
très. Ordonnance de ij'J4.
Large , fc dit figurémeiit en chofes morales &c fpiii
ruelles. On dit des Docteurs relâchés dans la inoralc
qui font peu krupulcux , qu'ils ont la conlcienle /«/•-
ge. On le dit dans le fens des ientimcns qui n'ont rien
de rigoureux, ni de gênaiir. Les opinions larges ik
relâchées n'appartiennent pas à tout le Corps des Jé-
l'uites. Pasch. Nous voici bien au large , grâce à vos
opinions probables. Id.
Elles le pcrluidentque ce leracn fe mettant plus au
large , h je puis parler ainli , en le rendant moins lu
jettes aux pratiques d'une maifon, Se en s'attribuant
coaime de plein droit des privilèges particuliers ,
qu'elle fe procureront du foulagement , Se qu'cl
les diminueront leurs peines. Boukoau Exk, T. I.
p. 223.
^3° Être au large , fignifie encore dans un fens figuré ,
être dans l'opulence: Se mettre a.a large , mettre dans
un état cornmodt Se opulent.
IJCT Large, qui nous adonné largelfe , s'efl dit autre-
fois pour libéral , mais il n'eft plus en ufage.
lîCrOn dit encore adverbialement , &c en ftile populai-
re, du long Se du large. On lui en a donné du long
& du large j pour dire , il a été bien battu, bien tour
né en ridicule. ,
Large , fc dit proverbialement en ces phrafes. On dit ,
Faire du cuir d'autrui/ar^'s courroie; pour dire, qu'on
ménage mal le bien d'autrui. On dit de celui qu'on
a battu dos «Se ventre , qu il en a eu tout du long Se
du large ; ce qui le dit aulli au figuré , de celui qui a
perdu fon procès avec amende es: dépens. On dit d un
libertin, ou d'un homme peu fcrupulcux, qu'il a la
confcience /ar^e , comme la manche d'un Cordelier.
On dit, autant dépend chiche que large j pour dire ,
qu'une avarice mal entendue porte autant Se plus de
préjudice qu'une dépenle honnête. On dit aulîi a celui
qui en preile trop un autre lans nécellité , accommo-
dez-vous , le pays eft large: ce proverbe fe dit encore
pour fignifier , qu'on elt en lieu où l'on peut prendre
toutes les commodités. Acad. f r. On dit ironique-
ment d'un avare , qu'il eft large , mais c'eil des épau
les. On dit d'une lieue qui ennuie , qu elle n'eft guère
large , mais qu'elle eft bien longue.
LARGEMENT, adv. Abondamment , autant & plus
qu'il ne faut. Copiosè larguer. Dieu récompenfe lar
gement les Elus. Ce prince eft libéral , il donne lar-
gement. Il a été payé largement.
Largement , le dit auili pour pleinement y entièrement.
Penitus , omnïno , plané j funditùs. Ils font tous
difpenfés largement de reftituer. Pasch. Je me fuis
abandonné largement aux plailirs. Mont.
LARGESSE, f f. Don , diftribution qu'on fait de quel-
que choie. Larguas . Lirguio. Les largejjes des parti-
culiers tiennent dt la prolufion. Les Magiftrats ro-
mains faifoient des large/fes au peuple. Quelquefois
une pieufe avarice fe bit des prérextes d'acquérir pour
être plus en état de taire de laintcs largejjes. Le P.
Gail. On admire dans le monde ceux qui fe diftin-
guent par leurs préfens Se leurs largejjes. M. Es p.
Les largejfes que les Empereurs Romains faifoientau
peuple, s'appeloient Congiaires; celles qu'ils fai-
foient à l'armée, fe nommoient Donatifs. f^ojei ces
mots. »
§3° Cette coutume de diftribuer quelques légères libé-
ralités au peuple dans certaines occaiions , s'eft aulîi
pratiquée en France , &: l'on appelle encorepièce^ de
I ^'^''S^II^ î certaines pièces d'or Se d'argent que les
Hérauts jettent parmi le peuple au facre des Rois ,
& aux autres grandes cérémonies. Anciennement ils
crioient largejfe , largejfe. Munera , nummi miffi-
les.
V i' Le mot de largejje fe dit particulièrement de la
diftribution d'argent ou d'autre chofe faite dans des oc
I j calions particulières. Ainfi il ne faut pas le confondre
r I avec don, préfent, libérallcé , qui ont leurs nuances
propres.
Tome V.
L A 11 427
Largesse de loi. Termes de Monnoie. Ce qui excède
le titre ordonné par les Loix , Monetx, purïtas ma-
jor quàm à lege pr^ifcrihatur. Si le Maître fe trouve
avoir excédé le titre permis par l'Ordonnance, 6c que
les cfpèces fabriquées loient rapportées par Tcllayeur
à plus haut titre que celui de lOrdonnance ; ce qui
fe trouve déplus iScau-dellus du titre , eft nommé lar-
gtjfè , par l'Ordonnance de 15S6. qui oblige les Ju-
ges Gardes d'avertir le Maure , & de lui faire enten-
dre qu'il ne lui fera tenu aucun compte de cette lar-
gclle , ajin qu'il puijje j aire refondre ces efpèces , avant
qu'elles lui- j oient délivrées par les Juges Cardes ,pour
être e.xpofccs dans le commerce. Boizard , P. 1. c. ^.
Il faut obkrver c^ue le terme de jorcage eft toujours
employé pour le poids , Se celui de largejje pour la
loi ; ainfi on dit , forçage de poids , Se largeffe de
loi. Id.
LARGEUR, f f. La féconde dimenfion des corps , qui
appariient aux luperhcieSj ou étendue d'une choie
conhdérée |C? d'un de les côtés à l'autre ; ou bien la
dimention qui concourt avec la longueur pour for-
mer l'aire ou la luperficie. On la conhdère comme for-
mée de plulieurs lignes mifes à côté les unes des
autres. Latitudo. Cette place a 60 toifes en longueur ,
fur 30 de largeur. Le prix des étoffes diminue ou
augmente , à proportion de leur largeur. Les draps
d'Elpagne doivent avoir une aune & demie de largeur,
ou une aune un ticKs. Il a été tait un Règlement au
mois de d'Août 1 ■569 pour les largeurs , longueurs &
qualités de toutes fortes d'étoftes.
LARGION. f. f. Vieux mot. Don, libéraUté. C'eftun
abrégé de largition : du Latin largitio.
L ARGIS. Nom d'un bourg de l'Écollc méridionale, fitué
dans la Province de Cuiiinghan , lur le Golte de
Cluyd , à Icpt lieuesde la ville de Reinfreu , vers le
couchant. Maty.
LARGITIONAL. L m. Nom d'un bas Officier dans
l'Empire Romain. Largitionalis , Apparitor. Ces
Officiers étoient des elpèces d'Huilîiers Se de Ser-
gens.
ïp"' LARGO, adv. Terme de Mufique, tiré de l'Ita-
lien, qui fe place à la tcte d'un air , pour marquer
que cet air doir être joué d'un mouvement lent moyen
entre l'andante & l'adagio.
|K? Le diminutif larghetto marque un mouvement un
peu plus'animé que le largo.
LARGO. Terme Barbare , qui vient de l'Italien, dont
les Provençaux Se quelques autres le lervent dans
les écritures mercantilles : il lignifie amplement. Je
vous ai écrit largo par le dernier ordinaire iiir la vente
de mes velours.
LARGUE , ou LARGE, f m. Quelquefois on donne un
article féminin à ce mot , Se on dit la largue. Terme
de Marine. Haute mer. Altum mare , altum. Il n'a
guère d ufage qu'en ces phrafes ; Prendre le largue y
tenir le largue , faire largue; pour dire j Prendre la
haute mer , tenir la haute mer , aller^ en haute mer.
On dit auftî adverbialement qu'ils le font mis à la
largue , qu'ils fe font mis en haute mer , de peur d'être
jettes fur les côtes. Tous les autres vaifteaux qui étoient
dans le ports'étant mis à la largue ,1kluerent ces nou-
veaux venus de toutes leur artillerie. Du Loir , Voya-
ge dulevant,p. I çy. Ils fe contentèrent d'inveftir les
Galères , & quelquefois de fe mettre à la largue , poui
tâcher à les attirer au combat hors de la portée du ca-
non de la Fortereffe.
Ce mot eft auffi adjeftifi ainfi on appelle vent
largue , ou vent de quartiers , Obliquus ventus , l'aire
de vent qui eft comprifc entre le vent arrière. Se le
vent de bouline. C'eftle plus favorable des vents pour
le fillage, car il donne dans toutes les voiles; au lieu
que le vent en poupe ne porte que dans les voilesd'ar-
rièie ,qui dérobent le.vent aux voiles des mâts d'avant.
Un vajJïeau , qui fait trois lieues par heure de vent
largue, n'en fait que deux de vent en poupe. Au lieu
denoustenii iu plus près , nous coulions vent lafgue
de deux aires de vent, afin d'être mieux en ligne.
M. LE Comte de Toulouse. Nous avons im peu de
. vent , mais il eft largue. Toutes nos voiles portent ,
Hhhij
428 L A R
& rtoùs ne roulons plus. I.'AbbÉ de Chois y.
Ce mot ell la même chofe que large , il n'y a
que la prononciation de la dernicie {yllabc qui loit
diftérente; mais il ne faut s'en (etvir qu'en termes
de Marine.
LARGUER. V. a^ Terme de Marine. Laiffer aller , fi-
ler , lâcher les manœuvres quand elles font hàlées ,
§;? lâcher ou hier le cordage qui retient une voile par
le bas. Remiture. Larguer les écoutes j c'eft les déta-
cher , pour leur donner plus de jeu.
§Cr Larguer lignifie en général lâcher ce qu'on tient.
On dit en commandement largue en bande, pour faire
lâcher fubitement quelque choie.
Larguer » lîgniiîe aulli en général, tirer à côté , ou
ntcttre à la largue. On dit d'un vailleau qu il a largue ,
lorfquc fes membres ou les bordages fe léparcnt ,
lorfqu'il s'ouvre en quelque endroit. Cela (igniHe
encore que le vailleau s'eft fervi du vent pour fun-
le combat. En ces occafions, le verbe larguer ell
neutre.
LARIGOTi f. m. 'Vieux mot qui fignifie flageolet , ou
un ■ efpècc de flûte champêtre , à l'imitatioii de la-
quelle on a compolé un jeu entier de l'orgue , qui
cftde quarante-huit tuyaux, qui font un iiflement fort
aigu. Fijlula. Ce jeu elf de tuyaux ouverts , dont le
plus petit eft d'un pied cinq pouces.
On dit proverbialement , boire à tire larigot \ pour
dire, boire beaucoup j & àloiTgs traits. Quelques-uns
tirent l'origine de ce proverbe du jeu de l'orgue, à
caufe qu'il lîfle beau-coup , & que les Buveurs appel-
lent louvent /y?<;r , boire beaucoup. D'autres d'une
cloche de Rouen , qui eft la leconde en grofleur dans
la Cathédrale qu'on appelle la Rigault , du nom de
celui oui l'a donnée •■, &t parce que les Sonneurs ont
beaucoup de peine à la fonner , on dit qu'au (ortir
de- là ils vont boire en tire la Rigault. D'autres le
dérivent d'une petite flûte d ivoire , qui rend un ton
fort haut , dans laquelle il faut touffler à perte d'ha-
leine ; & parce que quand on Veut boire jufqu'à la
dernière goutte , il faut lever le coude , le menton &
le verre , comme ceux qui flûtent avec un larigot , on
a appelé cette manière , boire à tire larigot : ce qu'on
dit autrement jouer de la flûte, de l'Allemand, par
comparailon à ces verres longs & étroits, dont les
Allemands ("e fervent dans leurs débauches , qu'ils
nomment 'Aùtes. D'autres difcnt que ce mot vient des
Goths , qui ayant tué leur Chef Alaiic j & mis Ci tête
au bout d'une pique , bûvoient par dérilion à la fanté
en proférant des mots , à ti Alaric Goht , d'où on a
dit par torrupiion,à tue liîrigjt. Borel le dérive d'un
vieux mot François larigzude , qu'il dit (igniher le^'o
Jîer ,tk être dérivé àe.lafynx. Ainli, boire à tire /(z-
n^or, lignifiera boire à tire le ^o/Ter. V^oye^ Ménage j
qui le fait venir de ^pTJiJlula ,fîjlularis jjij7ularius ,
fijîularicus , laricus , laricotus : larigot , & de-là boire
à tire larigot, à caule de la reflemblance des longs
verres aux flûtes , parce qu'en buvant on attire la li-
queur qu'on boiti boire à tire larigot , c'eù. à dire à
longs traits , tr'akendo vinum quod eft in cyatho. De là
vient que nous .avons dit_yft^fer pour boire, expreilîon
qui eft encore ulitée aujourd'hui parmi le peuple dans
cette lignification. M. Ménage troiive le P. Bouhours
très-ridicule d'avoir voulu ridiculifer cette étymolo-
gie de larigot, amlî que quelques autres qui ne pa-
roillent pas moins fingulièreSi
Larigot. Ce mot le trouve employé au figuré par
Saint- Amant , mais dans un fens un peu trop libre.
Danfcr le double branle au fon du larigot.
LARIN. f. m. Nom d'une monnoie qui a coUts au
Mogol , en Arabie , en Perfe , & principalement
dans les Golfes Perfiques &: de Cambaye. Larinus.
Le Larin eft un fil d'argent plié en deux ; il eft de la
grolFeur d'un tuyau de plume ordinaire , & long de
deux travers de doigt ou environ. Sur ce fil d'argent ,
ainfi plié , on voit le nom du Prince dans les Etats
duquel le Larin a été fabriqué. T)\\Larins valent une
Piaftre. Huit Larins font un Or , & dix Ors valent un
Toman de Peife , qui vaut quinze Ecus , comme on
dit ordinairement , mais il vaut précifément quarante- 1
L A R
lix livres , un denier & un cinquième. Ainfi \x\\ Larin
eft un peu plus de dix fols. |
Le Larin tlf d'une forme bizarre , ce n'eft autre '
chofe qu'une petite verge d argent d'un poids fixe ,
repliée , cnforre qu'un boùt'cit plus long que l'autre,
& au coude , qui eft l'endroit où elle fe plie , elle efl
inarquée dune petite empreinte. On l'appelle iari/j,
parce que c'étoit la monr.uie propre des Princes de
Lar , ville de Perfe j & qu ils .ivoient inventé , lorf-
que cet Etat étoit féparé du Royaume de Perfe. La
bonté de l'argent, & la diUiculté de le f.allifier,
parce qu'on ne le prend qu'au poids , fait que c'elt
une monnoie courante dans tout l'orient , & que
non feulement les Princes de Lar, qui en font les
Auteurs, mais tous les Princes d'Alie , les Turcs,
les Perles , les NIogols & lesautresjen battcntccn-,
tinuellenient. Quelque patt au refte qu'on la fabrique,
elle retient fon premier nom de Larin, ou Lar ^
comme parle Piétro Délia Valle , Pcrjia Lett. XVIL
p. 4.S8 i^QO.
LARLNA , ou LARINE. Quelques Cartes difent Larino.
Ville du Royaume de Naplcs. Larinum, Elle eft dans
le Comté de Moiiilè , aux confins de la Capitanate,
& à fept lieues de la ville de Moliflè. Lanna eft peu
de choie , quoiqu'elle ait Un Évéché futiragant dt
Bénévent. Matï. ^ g
LARIS. Nom dune petite ville , autrefois Épifcopalet J
Lariffa. Elle eft dans la Syrie fur la rivière de Tat-
far , à quelques lieues au dtflus d Hama. Elle efi
aujourd'hui prefc,ue déferre. Matv.
LARISSA J ou MÉGARISE. Rivière de la Romanie.
Lariffc , Larijfus , Mêlas. Elle prend la fource dans
les montagnes , qui font vers les confins de la Bul-
garie , baigne BergaSj Iplala , Afpri , &:c. & fa
va décharger dans l'Archipel , entte la Prefqu'ile
de la Romanie , & l'embouchure de la Marilla.
M AT Y. k
LARISSE. Nom d'une montagne de l'Arabie Pétréc*
Lariffa :, Cajjiusmons. Elle eft le long de la mer Mé-
diterranée , vers les confins de la Judce. Elle a pris
fon nom de l'ancienne LotIs , ou Lariila , Ville de
l'Lfumée , fituée à douze lieues de Gaza , vers le midi.
Baudouin L Roi de Jerufalem , mourut en cette ville,
l'an II 18. Maty. Solin rapporte que du haut de
cette montagne en été , on voit encore le foltil à la
quatrième veille de la nuit; d'où RL Scarfoj Senti.
Geôgr. tire la hauteur perpendiculaire de cette mon-
tagne de cinquante mille pas.
LAUISSE , LAFIZZA , LARSA. Nom d'une grande
ville &: Arcliiéfilcopale. Lariffa. Elle efl dan- la
Theflalie _, fur le Pénée , environ à dix lieues de foft
embouciuue dans le Golfe de Salonichi. Lariffe eft
fort ancienne , ça été la Patrie d'Achille. Cette Lariffi
étoit dans la contrée de Thellàlie, qu'on appeloitPé-
lafgiotide , à quinze milles de Pharlale.
Larisse, ou Larizo. Nom d'une ancienne ville dé
Grèce. Larijju pcnfilis , Creniajîe. Elle eft dans la
Theflalie, lut une colline, eriTC le Golfe de Zel-
ton , & celui de l'Armiro , à onzj ou douze lieues
deDémétriade. Maty. Celle-ci étoit dans lapartiede
Theflalie , qli'on nommoit la Phthiotide.
Il y avoir encore anciennement beaucoup d'autres
LanjJ'es; deux en l'Ile de Crère , dont parle Etienne
de Bylance. Homère parle d'une Lariffe , qu'il dit
être dans un pays de blé , fertile en blé. On ne fait
quelle eft" cette Lariffe. Il y en .avoir une en Syrie,
qui étoit EpifcopalCj fous la Métropole d'Apamée;
une autre en Lydie -, une dans l'Eolide , alfez près
de Cumes. Lariffe étoit auflî le nom de la citadelle
d'Argos , bâtie par Danaiisj fi l'on en croit le Géogra-
phe Etienne , & d'un bourg d'Éphèfc, où Apollon
ctoir honoré , & dont il prenoit le nom de Lariffenus,
& d'une petite contrée dans le mont Olîà.
L ARISTAN. Contrée de Perfe aux environs de la ville de
Laar _, & qui s'étend depuis le vingt-cinquième degré
de latitude julqu'au vingt- feptième.
LARIX. f. m. Nom d'un arbre. Larix. Le Térébinthe
& le Larix font de diflérente efpèce , néanmoins
comme ils jettent naturellement par les ouvertures
L A R
de leurs ccorccsdes larmes odorantes j Se de beau-
coup d'etiicace dans la guérifoii de divers maux,
on a applique à ce mcdicameiit le nom rie Tcré
benthinc , comme un nom gcnéial.CHORirR , BiJL
•du Dauphïné yL. I. T. /. p sS. Voye.\ fur le Larix ^
Pline, X. FI , c. lo, 4« , -^-' . ^- XIT, c. i6. L.
XVI> c.iS,2{, s$. Cet Auteur rapporte com
me une chofe extraordinaire que (ous le régne de J i
bcre , on vit à Rome une poutre de Lanx , longue
de iîx vingt pieds & par- tout également cpaillc de
deux pieds.
Célar, Vitruve, Pli ne, Brantôme & quantité d'au-
tres , dilent que le bois de cet arbre eft incombuftible.
Jules Céfar 1 éprouva lorfqu'il ailiégea le Château de
Larignum , proclie des Alpes. Il y avoir une tour de
bois près de la porte de ce Château, dont l'entrée étoit
détendue par ceux qui étoicnt dedans, quiaccabloient
de pierres ceux qui en vouloient approcher. Célar
ordonna à les troupes d'environner cette Tour de
fagots , S: d'y mettre le feu j ce qui fut exécuté :
mais il vit avec étonnement que quand le feu de tous
«ces fagots fut éteint , cette Tour qui devoir être ré-
duite en cendres, parut toute entière ôc fans être en-
dommagée , parce qu'elle étoit faite de bois de Larix ,
fort commun dans le pays, & qui eft à l'épreuve des
Gammes.
^CTCroira t on qu'un bois plein de réfine, comme le Larix
que nos Botaniftes modernes croient être le même
que le Mélèze des Alpes & du Dauphiné , puilîe ré-
fifter au feu î les Anciens le dilent; Les Modernes
allurent poiitivement le contraire. En admettant com-
me vrai le fait dont on vient de parler , il faut donc
regarder le larix & le mélèze comme deux arbres
diliérens. Je demande dans ce cas, qu'efl: ce que le
larix de Célar dont la tour étoit conftruite , & qui
avoit donné ion nom à la fortereffe de Larignum ?
LAR-KIN. f. m. Ternie de Relation. C'eft le nom d'un
breuvage fort en ufage dans toutes les Iles des Indes
Orientales. C'eft une liqueur délicieule , mais dont
il ne faut point faire une ulage ordinaire , parce qu'elle
eft trop forte. On peut s'en iervir dans des foiblelles ,
elle eft reftaurante. On en pourroit faire aufll des
rôties excellentes , comme on fait avec le mufcât &
la malvoilie de Candie. Piétro Délia Valle , qui rap-
porte ceci dans fon Voyage de l'Inde , L. XFIIL p.
S 37 ^ S 3^ , marque qu'il favoit la compolition du
Lar-Kin , mais il ne le dit pas.
LARME. f. f Eau claire, limpide & falée qui forr de
l'œil par lacompreffion des mufcles, caufée par quel-
que douleur , affliction j tluxiou , ou par quelque agent
extérieur. Lacryma. gCT Au dclfus de l'œil , affez
près du petit angle , eft fituée une glande à laquelle
les Anatomiftes ont donné le nom de lacrymale. Elle
filtre une eau qui fert à humeéler le globe de l'œil ,
& qui fe rend dans une cavité que Ton nommey2?c la-
crymal. C'eft de cette cavité que la comprelîion des
mufcles , occalionnée par la douleur , la joie , le
tire , ùc , fait lortir une humeur que nous appelons
larme. Les violentes douleurs' tont verler des larmes.
Son amant fondoit en larmes à fcs pieds. La compal-
fion tire des larmes. Ils ont de la peine à retenir leurs
larmes. Il ne peur s'empêcher de donner des larmes
aiix malheurs d'aurrui. Répandre des larmes. Avoir
les yeux baignés de larmes. Jetter des larmes. Qu'on
Voie tomber des larmes de nos yeux , lorlque l'excès
de notre douleur nous les fait répandre, mais ne nous
excitons jamais à pleurer. M; Esp. Je ne faurois fouf
frir un Héros tel qu'Énée , qui ne foiirnit qiJe des lar-
tnes aux malheurs , & des craintes à tous les périls
qui fe préfentent. S. Evr. Comme les larmes (ont les
inarques d'un naturel fenfible & pitoyable , elles font
aullî des marques de foiblelle ou d'artifice. FÉn. Ses
loupirs ridicules & fes larmes niaifes ont fait rire tout
le monde. Mol. Les femmes ont le don des larmes ,
& un merveilleux talent pour pleurer. S. EvR. Les
Elpagnols ont là deflus un proverbe : Lagrymas de
mugeres valen mucho , y cueflan poco : Les larmes
des femme» valent beaucoup & coûtent peu. Alexan-
dre verfa des larmes jaloufes de la gloire de fon père.
L A R 429
s. Evr. Lcsfaux foupirsj ni icsfaunès7rtr/7ic-jj n'ont
rien qui fente unprotond regret. Gh. de M. Les pre-
mières /awzcj font naturelles à la douleur, elles ont
leur fourcc dans le cœur; mais fi elles durent trop
long-tcms, alors c'eft l'art qui les fait couler, la na-
ture ne les veut plus reconnoitre. S Evr. Les larmes
font l'éloquence des fcnuncs. M. Esi'.
La Tragédie en pleurs
D'Orefte parricide exprima les allarmcs ,
Et pour nous divertir , nous arracha des larmes.
BoiL.
Apparemment que l'antiquité cr'oyoit que les lar-
mes des vivans fervoient ou étoient agréables aux
morts , car elle leur en procutoit avec grand foin
dans leurs funérailles , jufqu'à inftituer des pleureules
de profeftîon , comme li celles de leur famille ne leur
eulîent pas futii. Elfuyer les larmes d'une pcrlontie
affligée , c'eft la confoler , lui faire oublier fa douleur.
Et contre ma douleur j' aurols fenti des charmes ^
Lorfquune main fi chère eut effuyé mes larmes.
Corn.
On peint des figures de larmes fur les tombeaux,
& on en applique lur les ornemens qui (ervent aux
pompes funèbres.
Il y a auiîi des larmes de joie qui font caufées par
la même comprellïon des mufcles , quand ils font
violemment émus par quelque lurprile extraordi-
naire. Ainli ou dit : Rire julqu'aux larmes , quand on
fait un grand effort de rue , en forte que les larmes
coulent des yeux.
On dit hyperboliquement , un torrent de larmes ,
de celles qui coulent en abondance. Pleurer à chau-
des larmes , à groft'es larmes. Les larmes lui tom-
boient des yeux a grands Ifots. Vaug. On dit d'un
grand malheur , qu'on le devroit pleurer avec des
larmes de fmg. Elles pieu roient avec des larmes de
fang leur pudicité violée. Vaug. Les,Poëtes ont feint
que la mer éroit une larme de Saturne j pour frire en-
tendre que le tems .engendre toutes chofes.
Larme , fe dit aufti en parlanr de la pénitence , foie
qu'on verfe des larmes efteïlives , foit qu'on lente
une vive douleur de fes fautes. Malherbe a fait un
Poëme des larmes de S. Pierre qu'il a imité du Tan-
lile. La Madeleine arrofa de fes larmes \es pies du
Sauveur J ôc les eduya de les cheveux. Il faut noyer
fes péchés dans fes larmes , les effacer à force de pleu-
rer , ou de s'en repentir. Ainh larme le prend fou-
vent pour l'affliétion même qui les fait répandre.
Achille au fang d' Hector doit l'éclat de fes armes ,
Et vous n'êtes tous deux connus que par mes larmesi
Racine.
Larme , fe dit quelquefois d'es animaux. Virgile dit
qu'en la pompe funèbre de Pallas , fon cheval jettoit
de grolfes larmes. Les cerfs aux abois répandent des
larmes. Ils jettent aullî des larmes qlii coulent dans
leurs larmières, qui s'y épaiiriflcnt &• forment une ef-
pèce de gomme &c de chaftîe. On appelle en termes
de Vénerie larmes de cerf, une liqueur jaune qui fe
prend dans les larmières ducerf. Salnove. Il fe fait
une diftil'.ation qui coule des yeux du cerf dans deux
fentes qui font au delfous , que nous appejons /û/wiè-
res , laquelle's'y arrête , s'y épaiftît en forme d'on-
guent de couleur jaunâtre , ce que nous nommons
larmes de cerf , qui font très fouveraines pour les
femmes qui ont le mal de mère , délayées & prifes
dans du vin blanc , ou dans de l'eau de chardon bénit :
elles fervent aulîi pour le mal caduc. Ib. chap. II.
page I )-.
Larme , fe dit aUftl du fuc qui diftillé goutte à goutte de
quelque arbre , comme de la vigne quand on la tîiille ,
du fapin , d'une efpèce de palmier d'où il diftille une
liqueur d'un goût fort agréable , femblable à du vin--
43© L A R
Gutta. Les gommes les i-élincs , les maftics , font des
larmes de didérens aibies.
Larme , lignifie auHi une petite quantité de liqueur.
Guttula , lacryma. Voilà dune elleiice li-exquile,
qu'il n'en faut qu'une larnu pour taire une bouteille
diiippocras. Ce malade demande du vin dans (a liè-
vre ,'ne lui en donnez qu'une larme.
|Cr Larme Bataviq,ue. Lacryma batavïca. On donne
ce nom en Phylique à des etpèces de larmes de verre
qui fe font en laillànt tomber dans l'eau une goutte de
verre fondu. On leur a donné le nom de Bataviques ^
parce qu'on a commencé à les taire en Hollande , en
Latin Batavia. Prenez un peu de la matière fondue
dont on fait les verres; lailléz-là couler & tomber
dans un valc plein d'eau. Laiflez refroidir dans l'eau
la partie la plus épaille & la plus pelante qui coule
fans fe détacher tout-à fait, & qui s'alonge en forme
de larme. Frappez avec un marteau la tête de cette
larme :, elle ne lé brifera pas. Pourquoi.'' Les parties
frappées ne peuvent pas être difpofées en forme de
voiitej fans le foutenir les unes les autres. Elles doi-
vent donc être à l'épreuve des coups.
Si vous rompez l'extrémité de \a. larme batavique ,
elle s'écartera tout d'un coup en poullicre , à deux ou
Trois pies à la ronde. Pourquoi ?
Il faut conlîdérer la larme batavique comme un
compofé de plufieurs furfaces ou couches appliquées
les unes fur les autres. Puifque c'eft dans l'eau qu'on
a fait refroidir les larmes , la première furhice a les
parties beaucoup mieux rapprochées & beaucoup
mieux liées que la leconde; laieconde, que latroi-
fîème, &c ainfi de fuite , julqu'à la dernière, qui ren-
ferme un grand nombre de bulles d'air qu'on voit
ralfemblées au centre. Si vous rompez la queue de la
larme ^ l'air extérieur entre .ivec impétuolîté dans la
larme, en challe l'air intérieur, qui, pénétrant de
furface en (urface par des routes qui vont toujours en
fe retrécillant , acquiert alfez de force pour faire
éclatter la larme en mille pièces.
Faites refroidir la larme batavique dans l'air <Sc non
dans l'eau ; rompez-en la queue , la larme ne fe brife-
ra pas. Pourquoi?
Si l'on fait refroidir la larme dans l'air, les différen-
tes couches qui la compolent , fe refroidillént lente-
ment & prelque en même tems, & par conléquent
les interfuices (ont à peu près égaux. L'aétion de l'air
intérieur qui pénètre de iurtace en furface, n'elf plus
la mêiiTe que dans le premier cas.
C'eft à-peu-près par la même raifon que les Itirmcs
recuites ne ie brifent pas plus que les larmes refroi-
dies dans l'air.
On appelle aullî en Architeéfure, larpies , ou cam-
panes , ou clochettes , gutt£ , certains ornemens d'Ar-
chiteâure qu'on appelle autrement Gouttes. Ce font
des ornemens ronds qui repréfentent àes gouttes d'eau
& qui font comme de petits cônes fous le plafond de la
corniche dorique ou triangulaire , comme de petites
pyramides au bas des tiiglyphes de l'ordre Dorique.
"Lktkwb d'lJo^, Lacryma Johi. Plante arondinacée , qui
poulfe des tiges à la hauteur de deux ou trois pieds ,
grolfes , nouées. Ses feuilles font longues d'environ
un pié &: demi , alfez larges , comme celles des ro-
feaux. Ses fleurs naillent en manière d'épi , compo-
fées de plufieurs étamines. Elles ne font fuivies d'au-
cunes graines. Ses fruits croiirent iéparément fur le
même pié : ce font des coques dont chacune renferme
une femence grolle comme un petit pois , dure , lille ,
jaun.âire au commencement, rougeâtre quand elle cft
miire , faite en forme de larme, ce ftjui a donné le
nom à la plante. On les enfile après les avoir amollies
dans l'eau bouillante, & l'on en fait des chapelets.
On cultive cette plante dans les jardins en Candie , en
Syrie ; & dans les autres pays orientaux. Elle porte à
peine de la femence dans les pays froids. Lemery.
On appelle proverbialement des larmes de croco-
dile j les larmes feintes de ceux qui verfent des pleurs
fans être véritablement affligés. On dit aullI ironique-
ment à un enfant qui témoigne quelque envie de
pleurer, qu'il eft furie pont de Sûnit-Larme. On
L A R
dit aulfi , ce que maître veut & valet pleure , font tou-
tes larmes perdues. On dit en fe moquant de ceux qui
ont les yeux foibles &c débiles , eu une fluxion fur les
yeux , qu'ils ont toujours la larme à l'œil.
LARMER. V. a. 'Vieux mot. Pleurer. On ne le dit
plus.
LARMETTE. f. f. Petite larme. Lacrimula. Il eft
vieux.
O liqueur fainte , o petite larmette ,
Digne qu'aux cieux , au plus haut on te mette ^
Qui l'homme à Dieu peut réconcilier ,
■ Quand il fe veut par toi humilier. Marot.
LARMIER, ou LARME, f m. Terme de Maçon:'
nerie , qui fe dit de cette avance , ou petite corni-
che qui eff au haut du toit , éc qui préfcrve les
murs de la chute des eaux , en empêchant que U
pluie ne tombe le long des pierres. Summi parie-
tiscorona, lorica. C'eft fur cette corniche que pofc
l'extrémité des clèvrons , des tuiles & des ardoi-
fes. On l'appelle aufîi moucheae , gouttière , ou
couronne.
M. Félibien dit que le nom du larmier vient de
ce que ion ulage efï de faire écouler l'eau , & la
faire tomber goutte à goutte , &c comme par lar-
mes loin du mur.
Larmier , eft aulll le chaperon , ou fo.mmct d'une
muraille de clôture , qui eft fait en talus pour
faire écouler l'eau , & quand ce talus ou chaperon
eft des deux côtés , cela défigne que le mur eft
mitoyen. Supercilium. Le larmier d'une cheminée, jj
c'eft le couronnement d une louche de cheminée. *
Larmier Gothique , ou à la Moderne , eft dans les
vieux murs le long d'un cours d'aififïe au droit
d'un plancher, ou fous les appuis des croilees, une
ef'péce de plinthe en chanfram refouillé par-deflous
en canal rond , pour jetter plus facilement les eaux
au-delà du mur.
Larmier bombé & réglé, c'eft en dedans ou en dehors
œuvre d'une porte , ou d'une croilee , le luiteau cin-
tré par le devant & droit par Ion profil.
Laraiier , cft aulll une efpèce de . fenêtre fort ébra-
feé qu'on pratique dans les caves, cuihnesj &c.
Ohliquati luminis jenejîra. Larmier lans meneau ,•
eft une fenêtre à une feule ouverture ; Unius lumi-
nis ohliquati jenejîra , fimplarïi luminis obliqua je-
nejlra : larmier à meneau , qui a un montant mi-
toyen , eft celle qui eft de deux ouvertures fans
croifière. Medii fcapi obliquata fenejlra. Monet.
Larmiers , fe dit aulli en parlant du cheval. Parties
à côté des yeux du cheval, ou un peu au-deflus,_
|t? depuis le petit coin de l'œil jufqu'au derrière des
oreilles : ce qui répond aux tempes dans les hom-
mes. Ce mot fe prend aufli pour une veine auprès
de l'œil du cheval. Pomey. Equi vena ocularia.
Larmier, f m. ou LarmiÈre. f f. Terme de Chaffe.
C'eff l'endroit auprès des yeux par où il coule au
cerf quelque larme , ou gomme qui s'épaiftît. Juxta
Cerri temporacavum. Sahiovefairce mot maiculin ,
& dit Larmiers , & non pas Larmières.
LARMOIE, f f. Terme de Fleurifte. Nom d'une Tu-
lipe qui eft gris-de-lin & blanc de larmes. Morin.
fCLARMOIEMENT. f m. État dans lequel les yeux
font toujours baignés de larmes. Le larmoiement
dépend quelquefois d'un \ ice local. S'il n'en dépend
pas , c'eft un ligne que le fang eft porté avec vio-
lence vers la tête. Dans les maladies aiguës il pre-
fage le délire , ou l'hémorragie dans le nez. Lacry-
matio.
Ip- LARMOYANT, ANTE. adj. Qui fond en larmes.
Lacrymabundus. On trouva cette mère toute lar-
moyante.
§C3° On a appliqué ce mot à un certain genre de Comé-
dies , plus attendnlfantcs que comiques , qui font
pleurer plutôt que rire ; & qui par cette raifon font du
goût de bien peu de gens , quoique quelques-unes
aient été jouées fur nos Théâtres avec allez de fuc-
cès. Si la Comédie manqiioit de comique , dit
L A R
Voltaire , fi elle ii ctoic que larmoyante , c'efl:
nlois qu'elle feioit uji genre vicieux. Le inclangc
du comique & du larmoyant , le inclangc des ris
& des pleurs neft pas lupportable dans une Comé-
die : mais les Dct-enleurs du larmoyant préteiuiciic
qu'une pièce attendri (lance & lins aucun mélange
de comique , eft très conforme aux mœurs , & très-
théâtrale. Les pièces attendrilîantes font dans le genre
des Romans tendres & pa/Honnés.
Larmovant , ANTH. f. m. i^c f. Nom de ScAe On
J'a donne , dit -on , à quelques Hérétiques , qui
prioient ic k lamentoient dans leurs prières. La-
crymans , plangens.
Larmoyer, v. n. Fleurer à chaudes larmes té-
moigner la douleur , Ton aftlidtion par des larmes.
lacryman. Ce mot a peu d'ufage. Cette femme ne
fait que larmoyer.
Sénecé l'a fait adif dans l'épitaphe d'une chienne
en vieux ftyle.
Ci git Cochette , à qui Dame Lucine ,
Traîtreufemmt pourchajja maie mort ,
Chien elle fut moult fiacteufe & badine j
Trop mieux lefent qui larmoyayôrt fort. SÉnecé.
LARMOYEUX , EUSE. adj. L'Auteur du Difcours furies
Critiques j parmi les Œuvres de S. Évremont, s'eft
lervi de ce terme , même en parlant ferieufement.
Le peuple n'attend pas que l'Orateur, par des ré-
flexions couchantes &c chrétiennes , l'attendrilîe ,
il pleure fouvenc où il entend parler des jugemens
•le Dieu ; bien moins toutefois par un fentimeiic
de pièce , que pour être plus larmoyeux , & pour
s'affliger ailément des moindres chofes. Ce ternie ne
le trouve point ailleurs.
LARNÉCA. Bourg , ou petite ville de l'île de Chypre
dans fa partie méridionale & fur la côce qui regarde
l'Egypte , avec un port fort fréquenté par les Eu-
"ïopéens. Larneca.
LAROBO. Ancienne petite ville de la Numidie. La-
Toba. , autrefois Collops parvus. Elle ell dans la
Conftantine , province du Royaume d'Alger , entre
la ville de Colle , & celle de Bone. Maty.
LARRES. f m. pi. Monnoies dont on fe fert aux Mal-
dives. Cinq larrés font une piaftre.
LARRIS. 1, m. Vieux mot François , qui fignifie pays
qui n'eft pas cultivé , terre qui n'eft pas cultivée.
Jgerincultus , & dans la balle Latinité Larricium.
Tout au long d'un larris fauvage ,
Plein de fojffèsj pris de bofcage. Guiart.
LARRON, Larronnesse. f. m. & f Qui prend fur-
tivement le bien d'autrui. Fur , latro. Un larron
domeftique mérite la corde. Les larrons qui fe ca-
chent la nuit dans les maifons j ou qui y entrent
avec bris de portes, ou avec de laulfes clefs, font
punis du même fupplice. Juftinien condamne le
larron manifefte au quadruple , & le larron non ma-
rifefte au double. Cette diftinrtion n'a point de
lieu en France. La peine efl arbitraire. On a écrit
l'Hiftoire des larrons , pour apprendre à le garan-
tir de leurs finelfes. Le Capitaine Smith a fait aulîî
en Anglois une Hiftoire des larrons de fa nation.
Vousêtesde franches, vous êtes de fines larronejjes.
83" Larron , Fripon , Filou, Voleur , fynonime. Le
larron prend en cachette ce qui ne lui appartient
pas. Il dérobe, roy. aux autres articles les nuances
propres à chacun de ces mots.
Larron , Latro , eft pris de lar:^ , lazron ; car chez
les Celtes , laia veut dire occidere , tuer , mettre
à mort. C'eft une étymologie du P. Pezron. Lar
ron vient plus probablement de latro : latro s'eft
dit pouc latero , que l'on difoit d'abord de latus ,
cotc,& qui fignifioit un Soldat, un Garde du corps
qui eft au côté de celui qu'il garde. ffT Ceux qui
engageoienc ces Braves , les avoient fans celle a
leurs cotes; de-là ils furent appelés laterones , &:
par abréviation latrones. Et comme ces foldats pil
loient , volcuent , detroulfoient les pair-ms , on ap
pela latrones . voleurs , ceux qui en faifoicnr autant.
Larron , le dit quelquefois en général d'un malfai-
J- A R 4^ j
teur , d'un criminel. Jésus-Christ fut crudfié
entre deux larrons. 11 pardonna au bon larron
Larron: ce mot au figuré, Hc dans le flyje badin,
le dit de celui qui s'empare d'une choie, qui 1 em-
porte ou la conlume. C eft une UonnefjeL
cœui. Un larronà honneur. Malh. C'eft-à-duxrqui a
attente a la pudeur dune fille, ou à l'honneu d un
mari.
Jh ! je devais du moins , pour contenter ma raee
taire au larron d' honneur , crier le voifmage.
Mol.
L'âge la fit décheoir ; /es foins ne purent faire
Qu elle échappât au temps , cet infigne larron.
La Font.
Les Écoliers appellent larrons , de petites pelli-
cules lèches , qui lont dans les plumes , de qui
boivent , ou qui dérobent leur encre.
fP" Les Imprimeurs appellent larron , une feuille de
papier qui le trouve pliée quand elle palle fous la
pi elle, & qui caule une interruption d'imprcllïon
quand on la déplie. Ils donnent le même nom à un
niorcc-iu de papier qui ,1e trouve collé fur une feuille
qu'on imprime, Ik qui lailîe du blanc à la place qu'il
occupoit, lorlquil vient à fe détacher.
Les Relieurs appellent aulFi larrons , des feuillets
plies qu'ils lailicnt par inadvertance , fans être ro-
gnes. Il yapluneurs larrons dans ce livre.
Larron , fe dic proverbialement encesphrafes.il fiuc
être Marchand, ou larron -çom dire, quun Mar-
chand qui vend trop cher, dérobe. On dit qu on
a eu un larron de marché , lorfqu'on a acheté
quelque choie de hafaid qu'on a cU à vil prix.
On dit au contraire , quand on a acheré quelque
choie trop cher , ou fa jufte valeur , qu'il ne faut
point crier au larron. On dit que l'occafion fait le
larron, -pom dire, que la facilité de dérober invite
à le faire , & ce proverbe ne fe dit pas feulement du
larcin , mais de toute autre occahon où l'on eft
tenté par la préfencc de l'objet. Ce que l'Efpagnol
exprime plus élégamment : En cafa abierta el jufto
pccca. On dit de deux perfonnes d'intelligence pour
faire des friponneries . qu'elles s'entendent comme
larrons en foire. Acad. Fr. Demandez à mon com-
pagnon fi je fuis larron. On dit encore , Les grands
larrons pendent les petits. On tient que Diogéne eft
le premier Auteur de ce reproche . qui dit , voyant
un larron mené par les Miniftres de la Jufticc,
Magni fures parvum ducunt. Pour dire , fe confiera
celui dont on devoir fc délier davantage , on dit , Au
plus larron la bourfe , par allufion à l 'hiftoire de
Judas j à qui on avoir confié la bourfe. On dit aullî ,
la chofe la plus hardie eft la chemife d'un Meu-
nier , parce qu'elle prend tous les matins un larron
au collet. On dit aufli , qu'un homme eft larron
comme une chouette, & eft bon larron qui à lar-.
ron dérobe , lorfqu'on prend quelque chofe à un
homme qui l'avoir dérobée à un autre.
On trouve un jeu que Vopifcus & d'autres Anciens
appellent Ludus latrunculorum , Ad latrunculos lu-
dere. C'eft le jeu des Echets. Voye:^ ce mot.
Les Iles des Larrons , ou de la Vêlas , ou de
la Sapana , ou de Marie- Anne. InfuUlatronum ,vela-
rumSapaniz , Mari&Annd. C'eft un amas d'une ving-
taine d'Iles. Elles font entre l'océan oriental , & la
mer Pacifique, dans l'Archipel de S. Lazare. Elles
s'étendent depuis le huitième degré de latitude fcp»
tentrionale jufqu'au vingtième. On leur a donné le
nom d'Iles des Larrons , à caufe du vice de leurs
habitans , & les Efpagnols leur ont donné celui de
Marie-Anne, à l'honneur de Marie Anne d'Autri-
che , Reine d'Efpagne. La Sapana , ou Sépan , qui
leur donne quelquefois ion nom, eft une des prin-
cipales. Les Elpagnols ont fait quelques établilTemcns
dans ces îles , pour favorifer leurs navigations du
Pérou aux Philippines. Maty.
LARRONNEAU. (. m Petit larron. Qui ne vole que
des chofes de peu de valeur. Furunculus. C'eft à faite
43^
L A R
à ces petits larronneaux , de fe feivir des rufes que tu
me coiifcillcs. Vaug. Il n'ell: pas fort ulitc j ii ce
n'eft dans le ftyle badin.
Cejfei donc d'encrer en furie ,
Pour quelques petits grains que ronge un larronneau.
La Fontaine.
LARTA , ou ARTA. Nom d'une ville de la Gic-
ce. Arta. §3" C'eft une faute dans Maty , ainfi
que dans ceux qui l'ont copié. Cette ville le nomme
Ârca. J^oye'^ ce mot.
LARTAGO. (-^oyei Lupadi.
LARVES, f. m. Terme de Mythologie ^ qui fignifie
les démons de lair. C'eft ce que le peuple appelle
loups -garous. Larva. Les Anciens croyoicnt que
c'ctoient les âmes des médians qui erroient çà &: là ,
& des Ipedres qui eftrayoicnt les hommes. Voyc^
au mot Lare.
LARVA , fignifie un mafque ; &: comme les maf-
ques dont on fe fervoit autretois , étoient fi gro-
tefques , qu'ils faifoient peur aux petits entans , on
donna le nom de Larves aux âmes des méchans
que l'on croyoit errer fous des figures hideufes,
pour effrayer & oourmentcr les hommes.
LARUDA. Voyei Lara.
LARUS. f. m.Oifeau inconnu , de couleur noire. On
fe fert de fa cervelle , de fon cœur, & de fon cfto-
mac. Cœlius Aurelianus , dit que fi cervelle gué-
rit l'épilepfie , que fon cœur hâte l'accouchement ,
& que fon eftomac facilite la digeftion. Dale.
LARYMNE , ou LARYMNA. Nom de ville. Larymna.
Il y en a deux de ce nom dans l'Ajuiquité -, 1 une
en Béotie fur le Céphill'o , & l'autre en Acha'ie ,
vis à vis de l'Eubée , ou du Négrepont.
LARYNGOTOMIE, f. f. Terme de Médecine & de
Chirurgie. Opération qui fe fait à la trachée-artère
par une incilion entre deux de (es ar^neaux , pour
donner moyen de relpirer, loriqu'il y a danger de
fuffocation. Laryngotomia.Voyez Bronchotomie ,
C'eft la même chofe.
Ce mot veut dire incifion du larynx , il eft com-
pofé de deux mots Grecs a« vyi &c Ttuta,.
LARYNX, f. m. Terme d'Anatomic' C'eft le nœud
de la gorge , qu'on appelle ordinairement le cou-
vercle, ôc latcte de la trachée aitàx. Larinx. C'eft
un des organes de la relpiration dont le corps eft prcl-
que tout cartilagineux j qui doit être toujours ouvert
pour lailFcr palier l'air qui entre & qui lort. C'eft la
partie fupérieure eu commencement de la tracbec-
artère. Le larynx eft lîtué a la partie antérieure du
cou , direéVement au milieu, parce qu'il eft unique.
C'eft le principal organe de la voix. Sa figure eft ton-
de &c circulaire à caufe qu'il falloir qu'il fût cave
pour le pallage de l'air ; il avance par devant & eft
un peu aplati par derrière , pour ne point incommo-
der l'œfophage fur lequel il eft placé; c'eft ce que le
vulgaire appelle le morceau d'Adam, ou la pomme
d'Adam , comme fi le morceau de la pomme défen-
due qu'il mangea lui fût demeuré augolicr^ ik lui
eût caufé cette grolfeur. Le larynx eft de diftérentes
grolîeurs , luivant les âges ; les jeunes l'ont étroit ,
d'où vient que leur voix eft aigu'e. Ceux qui font plus
avancés en âge l'ont ample, ce qui leur fait une voix
plus forte & plus grolle. Les hommes l'ont plus gros
que les femmes , ils ont aulli la voix plus grave qu'el ■
les. Il pnroît moins aux femmes, parce que les glan-
des qui font placées au bas du larynx , font plus
groffes aux femmes qu'aux hommes. Le larynx fe
meut dans le moment de la déglutition , tk dans le
tems que l'œfophage s'abailfe pour recevoir l'ali
ment ou la boillon , le larynx s'élève pour les com-
primer & en faciliter la defcente.
Cinq forte" de parties entrent dans la compofition
du larynx ; favoir, des cartilages, des mufcles, des
membranes , des vailleaux & des glandes. Ses carti-
lages font le tyro'ide , le crico'i'de , l'aritéxoïde , la
glotte & l'épiglorte. Ils forment tout le corps du
larynx. Ils fe deirechent 3c s'endurciirent à mcfure
LAS
qu'on vieillit ; ce qui a fait croire quelquefois qu'il
étoit ofFeux. Il a quatorze muiclcs , fcpt de chaque
côté qui fervent à mouvoir les cartilages & à les dila-
ter & les rellcrrcr félon le befoin. Il y en a quatre
comnmns Se dix propres. Ceux là font ceux qui ne
prennent pas leur origine au larynx, mais qui vien-
nent s'y inférer. Ceux ci, au contraire , font ceux qui
y ont leur origine & leur infertion. Les communs
font les fternotiroïdicns & les hyotiro'i'dicns. Les pro-
pres font les cricotiro'idiens antérieurs , les cricoti-
roïdiens poftérieurs, les cricotiroïdiens latéraux, les
ariariténoïdicns, les tiroariténo'idiens. Le larynx n'^
que deux membranes , l'une extérieure qui eft la con- -
tinuité de celle qui couvre la trachée-artère. Se l'autre "
intérieure qui ell la même qui tapi lie toute la bouche.
Il a deux branches de nerfs qui lui viennent des rc-
currens. Quatre groftes glandes fervent à liumeéler le
larynx, àt\\\ (îtuées au-dclîus, qui s'appellent tonfi.
les, & deux au-dellous que l'on nomme tiro'i'des.
P^oye'^ Dionis dans fa fixième Démonftration Anato-
niique des poumons & de leurs patries ; ladix-hjiric-
me Table d Eullachio que M. Lancifi, premier Mé-
decin du Pape , a donnée au public , & le Theatrum
Anatom'icum de M. Manget, L. 111 , c. S.
Le larynx eft fait de cinq cartilages , par le moyen
dcfquels il fe peut aifément dilater &reftreindre, fe
fermer & s'ouvrir. Le premier s'appelle tyroide , ou
fcutiforme , parce qu il a la forme d'un écu ou bou-
clier carré. On l'appelle aulîi anrericus , parce qu'il
eft litué feulement en la partie de devant. Il eft gib^
beux en dehors & cave en dedans; Se parce qu'il
avance davantage aux hommes qu'aux femmes, on
l'appelle vulgairement le morceau d'Adam. Le fe- »
cond s'.appelle cricoide ou annulaire , parce qu'il reC J
fcmble à un anneau que les Turcs mettent à Icuç
pouce pour tirer de l'arc. Il eft plus étroit par le b.as
Se par le devant, Se plus large par derrière, rL-lienai
blant au chaton d'un anneau. Il eii: circulaire Se tient '
le fitlct ouvert. Le rroifième Se le quatrième s'appel-'^
lent Arytanoïdes Se pojlérieurs , parce qu'étant joints,
ils reiremblent à un bec ou biberon d'aiguière, ou
d'un pot à huile que les Grecs appellent :.fnxn«. Ils
font fîtués fur le derrière. Se font une fente qui fert à
la modulation de la voix, qui s'appelle proprement
glotte. Elle eft imitée par les anches qu'on applique
au:; flûtes Se tuy.mx d'orgues , & elle fert principale-
ment à faire la voix aiguë ou grave j félon qu'elle fê
ferme ou fe dilate. Le cinquième eft Vépiglotte. Le
larynx a quatorze mufcles, dans lefquels font femés
pluiieurs rameaux du nerf récurrent. Jacques Du-
bois, natif d'Amiens, Médecin de la Faculté de Pa-
ris, Profclleur Royal, & mort en 1J55, eft le pre-
mier qui ait obfervé & décrit les glandes qui font à la
racine du larynx. Voyez le BibHographi& Anatomi-
cii Spécimen.
Ce mot eft Grec , Se fignifie la même chofe , >,«(oy *.
Les oies , les canards Se les grues ont double la-
rynx, dont l'un eft au bas de l'âpre artère , qui con-
fifte en un os & deux membranes qui font à l'en-
droit où elle fe divife en deux pour entrer dans le
poumon.
LARZlCOURT, Petite ville de France en Champagne,
fur la Marne , à quatre lieues au deflous de Sainc-
Dizicr.
LAS.
LAS. Interjeftion , expreflîon d'un mouvement de dou-
leur ou d'aflîiétion , laquelle on marque avec cette
ponctuation !
Ce mot, pour Fiélas, n'eft plus que pour le ftyle
Marotique , ou tirant fur le ftyle Marotique '. . . Glojf.
Bourg, au mot Hélcilïe moi. Il eft vieux, &: à fa place
on le fert à' hélas. Ac. Fa. Heu! Nous dîmes mille
'folies; mais hélas ! nous n'en finies point.
Le Dcjlin veut que j'aime , il lejautfatisfaire;
Je ne réfifce plus : las! que pourrols-je faire?
La Suze.
LAS
LAS
LAS. f. m. ou LASSIÈRE. {. F. Terme d'économie lufti
que. Qui (c dit d'une partie d'un endroit d'une gran
ge. Manlpulorum locus. Le las d'une grange elt un
endroit à côté de l'aire, où l'on cntadè les gerbes de
b}é. LiGER.
ff3° LAS , LASSE, adj. Ce terme eft fouvent employé
comme Çyiionymc àe facigué. Lajfus , fejfus , dejlui-
gatus. On dit en ce (l'iis qu'on efl: las à force de
travailler i qu'on cft /ûj d'avoir marché long- rems.
^fT II f-aut pourtant remarquer que ces deux mots qui
fe rellemblent par l'idée générais qu'ils préfcntent,
ont leurs nuances particulières qui les caradérifcnt ;
en lorte qu'il y a des occalîons où ils ne peuvent , ni
ne doivent figurer l'un pour l'autre. Le mot fatigué
■ fuppofc toujours un travail rude , ou par la difficulté
ou par la longueur. Etre fatigué, c'ell avoir trop agi ,
c'eit n'avoir plus la force d'agir. Le mot las ^ au con-
traire j luppofe la continuation d'une même chofe. Il
déiîgne proprement l'état d'un homme qui n'a plus la
volonté ni !a force d'agir. Etre las , c'ell ne pouvoir
plus agir. On ell las d'un travail qui commence à
déplaire. On eft fouvent las fins avoir rien fait.
L'homme facigué a. bclo'in de repos pour réparer fcs
forces. L'homme las doit changer de tr.avail pour
éviter l'ennui. Les Manœuvres écoicnr rebutés & las
du travail d'une fi rude journée. Cet homme efl: bien
las des fatigues de la guerre. Ces troupes font laU'cs
d'une longue marche. Je fuis un peu las du voyage.
Voit.
Las , le dit aulîî figuiémcnt de l'ennui que donnent les
choies qui durent trop long-tems. Je fuis las de com-
pofer (ans truit & fans récompcnfe. Je fuis las d'en-
durer vos remontrances , le récit de vos vers ou de vos
procès. Je luis las de parler à des fourds qui ne pro-
fitent point de mes difcours. On dit auOi qu'une fem-
me ell bien laffe de fon mari, qu'elle ne peut plus
fouftrir fcs débauches. Les avares ne font jamais las
d'acquérir des richelfes pour ceux qui fouhaitent leur
mort. GoMB. Je fuis /.li- de la fervitudc. Dac.
On dit proverbialement, on va bien loin depuis
qu'on efl: las , pour dire qu'un homme qui a du cœur
fait des efforts extraordinaires. On appelle aulfi las
d'aller , un fiinéant, un parefleux , un lâche. Expref-
fion populaire.
Las. adj. Vieux mot. Trille , affligé. Glojf. fur Maroc.
LASA. Ville de la Terre Sainte, en Afie. Lafa. Quel-
ques-uns la mettent dans la Tribu de Rubcn, & difent
que c'eft celle dont parle la Genéfe, X. i p. &c qu'elle
appelle Le/a. S. Jérôme la nomme Callirhoé , c'ell-
à dire, Belle-Fontaine, parce qu'il y avoit des fourccs
d'eaux chaudes & froides , douces & falées j qui
étoient médecinales & fort agréables à boire.
LASAA. roye-^ Laghi,
LASAH. f. m. Terme de Calendrier. Nom du huitième
mois des Arabes, au rapport d'Abraham Échellenfis:
il répond à notre mois d'Avril.
LASCAR. Foye^ Lhscar.
LASCHANGE. f. f. Vieux mot. Intervalle, Onze fe-
■maines fans lafchange.
LASCHE. ^oy^î LÂCHE.
LASCHEMENT. Foyei L.^chement.
LASCHER. Foye:( Lâcher.
LASCHETÉ. Foyei Lâcheté.
IJO" LASCIF , IVE. adj. Le mot Latin lafcïvus ne fe
prend pas toujours dans un fens odieux chez les An-
ciens. Souvent il ne fignifie que badin , folâtre , bon-
dillant. Pline a dit , lafcïvus in vino , qui a le vin gai ,
qui efl badin , enjoué le verre à la main. Virgile a dit ,
enparlarr d'une bergère qui agaçoit un berger , malo
me galutca petite lafcivapuclla. Ovide a dit lafcivior
hxdo, plus bondilfant qu'un chevreau i & Martial j
lafcivum pecus , en parlant des chevreaux & des chè-
vres. Maisçn François le mot lafcifk prend toujours
en niauvaile part , Se paroit défigner un homme en-
clin à la luxure , à une vie molle & fenfuelle. Salax.
On le dit de même des chofes qui y portent , & il pa-
ron tenir plus particulièrement aux mouvemens qu'à
la fenfation. On défend les table.aux lafcifs , les poftu-
ics la/cives , les regards /a/c//} , les hwïçs laf.ij s , les
Tome F.
LAS 453
paroles /^y?/v£j , & tout ca qui excite aux avions ou
aux pcnlées deshonnctes.
LASCIS. Foyci Las sis.
LASCIVEMENT, adv. D'une manière lafcivc. Salad-
ier. Ceux qui regardent les femmes lafcivemcni , pè-
chent contre la Loi de Dieu. Elles fe jouent la/cive -
mène & làns pudeur. Pat.
LASCIVETÉ. f. h Forte inclination à la luxure, niou«
vement indécent , a6lion qui bielle la pureté des
mœurs. Vie molle &c fenfuelle. Lafcma , falacicas.
Voyez Lascif. Les Princes Orientaux s'abandonnent
à toutes fortes de lajcivecés. Il fut challé du ciel pour
ii lafùvcté. Ablanc.
Lasci VETÉ , le dit aulli de ce qui porte , de ce qui excite
a la luxure. 11 y a trop de lafcivuté dans ces tableaux ,
dans ces vers.
LASCI VIE. f. f. Lafciveté. /^. ci-delfus. Lemotde/t^/chve
le trouve dans Bayle, mais il n'eft pas reçu par l'ufage.
LASEE. Nom d'une ville dont il elt parle dans le texte
Grec, Acl. XXFIl. S. Lafia. La Vulgate la nomme
Thalalle. C'étoit apparemment une ville maritime
de l'Ile de Crète. Des manufcrits la nomment AlylTà.
Grotius croit que c'ell fon véritable nom -, que la
Vulgate & l'interprète Arabe qui la nomment Alafia,
ont lu ainfi.
LASER, f. m. Suc qu'on tire par incifion d'une pknte
qui croît dans la Syrie, dans la Médie, dans la Lybic.
Plulïeurs croient que cette plante efl une efpèce de
Laferpitium , d'où ce fuc a pris fon nom. On l'ap-
pelle autrement JJfa fœtida. Assa Fœtida,
LASERPITIUM. f. m. Plante dont il y a plufieurs ef-
pèces. Celle que C. Bauhin appelle Laferpitium Gal-
licum , Pin. 1)6. poulie une tige haute, femblable a
celle de la férule, canelée , nouée, fongueufe. Ses
feuilles font difpolées en ailes , fermes & roides , gar-
nies par derrière de quelques poils rudes. Ses Heurs
font à cinq feuilles dilpofées en rofeSj & attachées à
de grandes ombelles. Ses femences font alfez grandes ,
jointes deux à deux , garnies chacune en leur longueur
de quatre grands feuillets en vives-arrêtes, odoran-
tes, de couleur de buis. Elle ell incifive , atténuante ,
réfolutive , vulnéraire.
Ce mot vient du Latin laccrare y déchirer, parce
qu'on fait j l^lon quelques-uns , des incifîons à la tige
& aux racines du laferpitium étranger , pour en avoir
une gomme qu'on appelle Lafer, oa AJja fatida.
LASLO. J'oye:^ Ladislas.
LASPI. Ancienne ville de l'Afie Mineure. Lafpia , au-
trefois Priapus , Priapum. Elle ell dans la Natolie j
fur la mer de Marmara , un peu au nord de Lampfaco.
Maty.
LASSAN. Petite ville de la Poméranie Royale. Laffa-
num. Elle elt dans le Comté de Gutzkow, fur la ri»
vière de Pêne , à trois lieues au dellus de AVolgafl , &
vis-à-vis du lac de Lallan, que le Pêne forme dans
l'Ille d'Uledon. Maty.
LASSANT , ANTE. adj. Qui lalfe ^ ennuyeux. Travail
laffant. Belogne laffante. Voyez Lasser. C'eft une
chofe bien laffante de dire toujours à une même pcr-
fonne , je vous aime. S. EvR.
LASSATIN. 1. m. Laffatinus. Quelques uns nommenc
LaJJatini, ceux qu'on nommoit communément Allaf-
fins , dont le chef s'appeloit le Vieil , ou le Vieux de
la montagne. /-^. Spelman, 5c ci delfus Assassin.
LASSA Y. Petite ville de France dans le Maine, fur un
ruilleau qui tombe dans la Mayenne.
KF-L ASSÉNÉE. p.art.
LASSER. V. a. |KF Souvent employé avec le pronom
perfonnel On le confond ordinairement avec fati-
guer : mais il faut obferver avec M. l'Abbé Girard,
que c'ell la continuation d'une même choie qui lajje ,
èc que c'efl la peine qui fatigue. On fe lajfe à fe tenir
debout. On fe fitigue à travailler. Lajjare ,fatigare.
On fe lalfe autant à être debout qu'à marcher.
Ce Capitaine efl infatigable, il ne fe laffe point, il efl
toujours à cheval. La leélure continuelle lafje les
yeux. Il a la main lajfc d'écrire. Les chevaux qui
vont le trot, laffent , fatiguent beaucoup.
Lasser. , en termes d'Agriculture , fe dit des terres ,y?ï-
lii
434 L A ô
riUfcere , effœtum ficrl. Cette tcnc fe laff& de porter
du guin, il tant lui donner du repos. Cet arbre le
lajji de donner de belles produdions. Liger.
Lasser , fe dit tîgurément en Morale de ce qui eniiuic ,
ou rebute l'elprit. Fafiidlum afferre , cnare. La Mu-
fique la plus agréable lajfe enfin ^ dégoûte, ennuie.
Le trop grand nombre de pentécs dans Sénéque, ac-
cable Sc^lajjc l'elprit. Nie. Ce qui divertit la plupart
du monde'm'ennuie, & les choies de lens & de rai-
fon ne me Liffcnt point. Le Ch. de M. Se lajjir 3. po-
lir une rime.' BoiL. Uefprit le lafe aulîi- bien que le
corps. Les crimes des hommes avoient /a£c la pa-
tience de Dieu quand il envoya le déluge. Les plus
généreux fe iajfent'dc prêter à ceiix qui ne rendent
point. Ils commençoient à fe lajjer de fournir des
chevaux. Ablanc.
^Lasser , Fatiguer , dans le fens figuré. Un fup-
plianc lajfc par fa perfévérance , & fatigue par les im-
portunités. On le lajjc d'attendre. On fe fatigue à
pourluivre.
Lasser. Terme de Marine. Lajfcr une voile, c'efl faifir
la voile à la vergue avec un quarantenier qui palle
dans les yeux de pie ; cela fe fait lorlqu'on ell lurpris
d'un gros vent , & qu'il n'y a point de garcettes aux
ris.
LASSER, LASSET, L ASSURE. Toye? Lacer , Lacet,
Laceure.
LASSER ET. f. m. Voye^ Laceret.
LASSIÈRE. f f. Foye\ Las. f. m. C'eft la même chofe.
LASSIS, ou LACIS, l. m. Elpèce de capiton, ou de
bourre de loie.
On appelle .aufli de la forte des étoffes de peu de
conléquence faites de capiton.
LASSIS. f^oyei Lacis. Quelques-uns écrivent ce mot
avec deux_//j au lieu d'un c, mais mal.
fj" LASSITUDE, f. f Lajfuudo, defatigado. Ce terme
ell fouvent employé comme fynonyme avec fatigue ^
c'eft- à-dire, comme délignant la luite ou l'ettét d'une
aclion violente , d'un travail rude , ou par la diffi-
culté, ou par la longueur. Mais il exprime propre-
ment l'état d'un homme qui ne peut plus agir. La
lajjîcude fe fait quelquefois fentir lans qu'on ait rien
£iit. Foye-:^ l'art, luivant. La. fatigue, au contraire,
elï toujours la fuite de l'adion. On fort bien louvent
de fa laffîtude en changeant de travail, /''byej Las.
03" La lûjjttude , qui n'eft précédée d'aucun exercice,
au moins violent, vient d'une difpolîrion du corps,
d'une lenteur de circulation dans le lang, de foibleilè
dans les nerfs , d'obftrudion, &c. Torpor , Jlupor. Les
Médecins appellent ces lortes de lajfuudes , iajjitudcs
fpontanées. Elles précédent ou accompagnent ordi-
nairement les maladies aiguës.
IJCTLe mot de /ajjltude le prend aulli dans un fens figuré
pour déligner l'ennui qui provient d'une choie qui
déplaît par elle-même, ou par la durée, ou par la
dilpoiuion dans laquelle on le trouve. Moleflia. La
réconciliation avec nos ennemis n'eft bien fouvent
qu'une laffîtude de la guerre. La Roch. On change
d'amis autant par laffîtude , que par dégoût. M. Esp.
Le mépris de la mort n'eft quelquefois qu'une lajfi-
tude de maux prétents. S. ÉvR.
LAST. f m. Terme de Marine. C'eft en général la
charge entière d'un navire , ou un certain poids de
marchandifes , ou une certaine melure de grains.
Navis onus. C'eft un mot Allemand qui eft en grand
ufage dans toute la mer du Nord. Les Grecs & les
Latins l'appcloient Achane. En particulier , c'eft une
certaine quantité de telle ou telle pefanteur , différente
félon les lieux & les denrées, comme à Dantzic le
/<3/?j ou charge de lin , eft de 2040 livres. Le lajl de
houblon eft de 3830. Un lajl de farine ou de miel,
comprend douze tonneaux. Un lajl de fcl en con-
tient dix-huit. Voyez-en toutes les difrércnces dans la
Pyrotechnie de Calimir Poloncis. Ordinairement le
lajl le prend pour deux tonneaux de France , de lortc
que quand on dit un vailllau de cent lajîs , on en-
tend un vailfeaude deux cents tonneaux. Un lajl de
froment. Un lajl de leigle. Le lajl de harengs eft de
dix milliers , chaque millier de dix centaines, & cha-
L A T
que cent de cent vingt. On trouve aulîi dans les titres
de la balle Latinité , lejla , lajlus , lajl , lajius & Uft
pour figniher la même chofe. On dit aulli Uth &c
c'eft le mot le plus uiité en France.
Il y en a qui écrivent ce mot avec un e muet à la
fiuj lajlej & qui lui conlervent Ion genre mafculin.
C'eft ainli qu'on le trouve dans le Didionnaire de
l'Académie Françoife.
IJCF L AST-GELD. C'eft aiiifi qu'on appelle à Ham-
bourg , un droit de fret qui fe levé lur tous les vaif-
fcaux étrangers qui y arrivent ou qui en partent,
excepté les vailleaux François qui en lont exempts.
LAST-GELT. C'eft ainfi que le nomme en Hollande
un droit qui le levé fur chaque vailïeau qui entre ou
qui fort , ainli nommé de ce qu'il le paie à proportion
de la quantité de lejl ou laji , que chaque bâtiment
entrant ou lortant peut contenir. Ce droit eft de cinq
fous ou ftuyvers par lejl en lortant , & de dix lous en
entrant. Sur quoi il faut remarquer que ce droit étant
une fois payé, le vaiftcau qui l'a acquitté relie franc
pendant une année entière.
LASTRE-BLANC. f. m. C'eft ainfi qu'on nomme à
Smyrne les carreaux de verre qui s'emploient en vi-
trages. Le lajlre blanc paie à la Douane de cette ville
les droits d'entrée , à railon de vingt cinq piaftres la
caille. Il y a aulli du lajlre de couleur ; celui ci paie
julqu'à trente piaftres.
LA-SUS. adv. Ci-dellus , ou de la demeure célefte.
Glojf. Jur Marot.
L A T.
LAT. f. m. Terme de Mythologie. Nom d'une Idole
des anciens Arabes du Paganilme. Lat j Latis. Les
Mahométans difent que ce mot eft une corruption de
Allah j nom du véritable Dieu qui doit être adoré.
D'Hereelot. Il y a plus d'apparence que ce nom
vient de l'LIébreu Ulb operuit , obvolvit, d'où s'eft
fait ub lat, ahjconjio. Se au pluriel D'd"? latim , en-
cliantcmens, opéiations du démon , parce qu'elle ne
le font qu'en fecrer. Ainli quand l'Idolâtrie s'intro-
duilît chez les Arabes j l'on appela Tih , Lat , l'IdoJe
qu'ils adoroient; c'eft à-dire , abj'conjlo , res abdita ,
parce qu'on n'ofoit idolâtrer qu'en Iccrct.
Lat j eft aulîî le nom d'une Idole des Indiens, qui étoit
adorée dans la ville de Soumenat. Sa ftatue étoit
d'une feule pierre, haute de cinquante bralles, pofée
au milieu d'un Temple , foutenue de cinquante-lix
colonnes d'or mallîf. D'Herbelot. C'étoit apparem-
ment la même Idole que celle des Arabes, qui l'a-
voient portée aux Indes; car outre que c'eft le même
nom , nous lavons d'ailleurs que les Arabes Idolâtres
adoroient anciennement des Abadirs , ou Bactiles-.,
c'eft-à-dire, de grolles pierres brutes. F'. BaétyU
& Abadir.
LATAINE. f f. Vieux mot. Colère.
LATANIER. f. m. Arbre des îles Antilles , qui eft une
efpèce de Palmier. Il élevé fa tige at!ez haut , mais il
ne croît pas beaucoup en groffeur. Au lieu de bran-
ches, il n'a que de longues feuilles, qui, étant épa-
nouies , lont rondes par le haut , 6v plilîées par le bas
à la façon d'un éventail. Elles lont attachées à de
grandes queues qui fortent de certains filamens
qui entourent la tête du tronc, comme une groflê
toile rouge & fort claire. Ces feuilles étant liées par î
petits faifceaux , fervent à couvrir les cales ; & la .
peau qu'on enlevé de dcftus les queues, ell: propre à .
faire des cribles , des paniers & plufleurs autres pe-
tits meubles très-propres. Du même endroit d'où .
naillent ces feuilles , il fort aullî une efpèce de gouf-
fcs membraneulcs , qui, fe fendant en long, produi- ;
lent en dehors une petite gerbe bianchue , chargée de
quantité de très-petites Heurs blanches, dont le piftil
devient enluite une baie un peu plus grofte qu'une
baie de piftolet, remplie d'un lue violet & d'une
Icmence ronde^, dure & de la grolîeur d'un pois. Les
Indiens de ces Iles font aufll du bois de cet arbre , Se
de celui du Palmifte franc , des arcs , des mallucs
dont ils fe fervent en leurs combats aulieu d'épées.
L A T
Ils en font encore des zag.iycs , qui font cîe petites
lances aiguUs qu'ils dardent avec 1a main contre les
ennemis, ik ils en niunillent la pointe de Icius (lè-
ches, qui font, par ce moyen, aulli pénétrantes que
Il elles ctoient d'acier. M. Ray appelle ces arbres ,
Palma BrajUicnfis prunïfcra folio pUcatUi , feu fia-
htlll formi caudicc fquammc.to. Voyez encore l'ilif-
toire des Antilles du F. Du Tertre, Pan. III. '/'. //.
C. I. §. 2j, ik celle de M. de Poincy, C. FI. arc.
I^LATAQUIE, ouLATAKIE. Ville de Syrie, fur
la côte j à deux petites journées de Tortofe. 'C'efl: un
refte de l'ancienne Laodicée.
LATARACO , LATTARICO. Ancien bourg du
Royaume de Naples. Lataracum , Etriculum , Httrï-
culum. Il eft dans la Calabre citérieure, entre S.
Marco & Cozença. Maty.
LATE. Voye\ Latte.
Late. r. f. Terme de Coutumes. C'efl: en Provence
une forte d'amende pécuniaire. Mulcla , emenda ,
dans la balle Latinité. Il y a une Luc imiple & lace
triple; la /are hmple eil: de neui' deniers ; la triple ell
de vingt-fept. La. lace fmiple eft la même chofc que
l'e'rame, l'arrance, ou Vadras.
Late , ou Lates. Le Château de Laces , ou la Tour de
Lace. Lacara. Ce (ont les ruines d'un ancien Châ-
teau fitué (ur le Lez , dans le Diocèle de Nilmcs.
t^oyei Hadr. Valeiii , Noc. Gall. p. 26 j.
LATEBRES. L 1. pi. Vieux mot. Cachettes , lieux reti-
rés & tecrets, du Latin lacebm, qui veut dire la mê-
me choie.
LATENT, ENTE. adj. Qui eft caché, qui ne paroît
pas aux yeux. Latens , abdicus. Il n'ell guère en uLige
qu'en cette phrale. On eft obligé de garantir un che-
val des vices lacens , comme pouiîe , morve & cour-
bature , pendant huit jours eii quelques Coutumes ,
& pendant quatre en d'autres , parce qu'ils le peu-
vent cacher ik lulpendre pendant ce tems là.
Ce mot eft purement Latin , Se n'eft guère reçu en
. notre Langue. ,
LATER. F'oyei L ATT EK.
LATÉRAL, ALE. adj. Qui eft à côté. Lahralis , lace-
rarius. La nouvelle fortification a cet avantage iur
l'ancienne, qu'outre la défenfe de Iront , elle a en-
core la lacérale qui te tire du Hanc , du côté. Les Ma-
riniers appréhendent fort les vents lacéraux qui fouf-
flcnt de côté. Les p.irties laccrales d'un chapiteau.
Perrault, Vitr.
-§3° On- dit en Chirurgie; opération lacérale , paralyfîe
lacérale , isc. ■
§C70n appelait autrefois équation lacérale, ce qu'on
appelle aujourd'hui équation /?/n^/e, o\\ linéaire.
LATÉRALEMENT, adv. D'une manière latérale. Ex
latere. Le Hanc défend /aie'm/e.Tze/zr la face du baftion
oppofé.
LATÉRAN. f. m. Nom d'un Palais de l'Impératrice
Faufta. Laczranum. Le Concile de Rome de l'an 313.
s'alfembia dans le Palais de l'Impératrice Faufta , nom-
mé la maiion de ia^tnt/z. Fleur y. C'ellde-là que vient
\e. \\o\Xi as. Latraii. /^oj-ej ce mot; car c'eft ainli qu'il
faut dire & écrire
Latéran. f. m. Terme de Mythologie. Nom d'une
faulfe divinité. Laceranus. Le dieu Lacéran étoit le
dieu des Foyers, & ce nom lui fut donné, dit Arno-
be , parce qu'anciennement on faiioit , ou l'on revc-
tifloit le foyer d'une cheip.inée de briques , qui en
Latin s'appellent laceres.Onle. fait encore, mais on fe
fert de bri':jues cuites ; & Arnobe dit qu'on y em-
ployoit des briques crues.
LATERCULE. 1. m. Nom d'un Officier de l'Empir.-;
Grec. .Laccrculus , Lacsrculcnjïs. Le Lacercule avoit
foin du cabinet du Prince, &c de les papierSj ainli
que du rôle des charges, offices & dignités.
LATERE. Nom d'un village ^ (itué près de la côte Occi-
dentale de Corfe, vers la ville d'Adjazzo. Lacer. C e-
toitanciennement une petite ville nommée Arenofum
lictus. Aîaty.
A LATERE. Terme Litin , dont on fe fert pour quali-
fier les C:ardinaux que le Pape envoie pour Légats
Tome y.
t A T 435-
dans les Cours étrangères , qui s'appellent Légats
à Lacère , parce qu'ils font les Confeillcrs ordinaires ,
& Allîftans aux côtés du Pape. Voye\ Légat. Les
Gardes des Princes étoient autrefois appelés /.arcroz/ej,
parce qu'ils étoient toujours à leur côtés, à lacère.
foyei Du Cangc dans Ion Glollaire. Il y a eu auill
des Comtes à lacère , des Moniteurs à lacère.
LATIAL., ALE, ou LATIAR , are. adj. Surnomd
Jupiter. Lacialis. Il étoit ainli appelé de Laiium ,
qui lignifie le pays des Latins, petite contrée d'Italie
où il étoit honoré. Tarquin le Superbe érigea à }\i-
p'net Lacial uneftatue (ur une haute montagne proche
d'Aibe, où les Romains, les Latins, les Herniques&
les VoKqucs , célébroicnt enlembie des fêtes tous les
ans. Foye^ Dempfter , Parai, ad Rojin. Amiq. Rom.
L.2.^ c. c Une des lept collines de Rome s'appeioit
aulli colline Lattale , ou Latiare. VoyeT^ Rofin , L. I.
c. a.
LATIAR. f. m. Fête, cérémonie inftituée par Tarquin le
Superbe à l'honneur de Jupiter Latial. Laciar. Ce
Prince ne deftina qu'un jour a cette fcte. Les premiers
Conluls en ajoutèrent un autre , après qu ils eurent
conclu le Traité avec les Latins; on en ajouta un
troiiième , après que le peuple qui s'étoit retiré fur le
Mont facré,fut revenu à Rome; & un quatrièmCj
après qu'on eutappailé la (édition qui s'éleva à l'occa-
lion du Confulat , auquel le peuple vouloit avoir part.
Ces quatre jours étoient ceux qu'on appeloit Fériés
Latines. Et tout ce qui le faiioit pendant ces fériés ,
fêtes, oftrandes, facrihces j (S-c. tout cela s'appeioit
Laciar, c'ert-à dire , fête de Jupiter Latial, ou La-
tiar. Voye^ Jean-Fridéric Gronovius^ Obfervat. L.
IV. c. 2/. Tarquin ayant fait un Traité d'alliance
avec les Latins , propofa pour en afturer la perpé-
tuité , d'ériger un Temple commun, où tous les alliés,
les Romains , les Latins , les Herniques & les Volf-
ques , s'allèmbladent tous les ans pour y faire une
foire, & y apporter leurs marchandiles, fe régaler
les uns les autres j & faire enfemble des fêtes & des
facrifices. Telle fut l'inftitutiondu Laciar.
LATICLAVE. f. m. Habillement de diftmdl:ion & de
dignité parmi les Romains. Laciclavius , ou Lacuscla-
vus. Le laciclave étoit une bande de pourpre, qui
delceiidoit du haut de la robe des Magiftrats & des
Sénateurs en bas en forme de clou , & qui dilfinguoic
leur habillement de celui du commun. Je diroisauiîï
plus volontiers en forme de fcapulaire , qu'en forme
de clou j (i parmi la diverdré des opinions j'en voyois
quelqu'une mieuxappuyée que celleci, qui fe (outient
aumoinspar l'analogie. NousTuppolerons cependant
que (ous les Empereurs , un ornement qui avoit plus
de fept cens ans d'antiquité , reflembloit à un clou à
peu près comme le bonnet appelé mortier , relfcm-
ble au mortier d'un Apothicaire. Quelques-uns pré-
tendent que c'étoit ime tunique (ur laquelle on atta-
choit des boutons en forme de clous à tête large. Je
m'en tiens à l'explication de M. Dacier, fur le trente-
lixième vers de la cinquième Satyre du Livre I. d'Ho-
race , où il dit que le laciclave étoit une vefte bordée
de chaque côté d'une large bande de pourpre ; qu'on
s'eft trompé quand on a cru que ces bandes étoient
taillées en lorme de clou ; mais que la raifon du nom
clavus étoit que les anciens apeloient ainli ces bandes ,
parce que failant la bordure de chaque côté de la
vefte j elles y étoient comme clouées. De la Mon-
NOYE.
Les bandes larges faifoient le laciclave , & les ban-
des étroites Vangufticlave. Dag. Dans tout ce qui
regarde les habits des Anciens, il n'y arien (urquoi
les S.avans (oient moins d'accord , que iur le laciclave ,
ôc Vangujliclave. Quoi qu'il en (oit , c'étoit une mar-
que d'honneur. Les Sénateurs , les Préteurs, les Edi-
les , avoient droit de le porter. On mettoit la robe
qu'on appeloit Prétcxce , fur le laciclave. Quand le
Préteur prononçoit un Arrêt de mort , il quirtoit la
Prétexce , & retenoit le laciclave. Les premiers Ma-
giftrats des ColcMiies , ou des Villes municipales , por-
toient aulli le laciclave.
LATICZOW. Nom diine petite ville de la Ru.^ie
lii ij
43<^ L A T
Rouge, en Pologne. lafiqovia. Elle eft dans la haute
Podolie, lur le Bog , à viiigt-cinq lieues au délias de
la ville de BracLiW. lafiqow ell le lieye d'une Cha-
telenie. Mat y.
LATIER. (". m. Terme de Coutumes. Celui qui exige
r.-imendc appelée late.
LATIN , ou LATINUS. f. m. Nom d'homme. Latinus.
Le Roi Latinus , ou Latin , qui a le pi-emict porte
ce iionij & de qui il a. enluite pallé aux autres hom
mes , au peuple , au pays , & aux autres choies qui
l'ont porté , fut un Prince qui régna en Italie .avant
l'arrivée dEnée, qui lui luccéda. Selon Eulebe,
Latinus tut le cinquième Roi depuis Janus. D'autres
n'en mettent que trois , ^ donnent à Latinus trente-
fix ans de règne ; félon le P. Pétau , il regnoit environ
1248 ans avant Jéfus Chrilî. Voye\ Rat. Temp. P.
II. L. H. c. 10. Il étoit, félon Héliode , dans fi
Théogonie, v. lorj. fils d'Ulyire lie de Circé; Sz
fclon d'autres , de Faune & de la Nymphe ALirica.
Foyei Denis d'Halic. L. I. Titc-Live , L. I. c. i.
Aurelius Viilor , de Orig. Gent. Rom. Syncellus ,
Virgile , Enéide , L. XII. cV Héfiode cité.
LATIN ,INE. f. m. & f. Nom d'un ancien peuple
d Italie , qui hahitoit le Latium. Latinus , a. Les La-
tins , ou les peuples Latins , avoient pris leur nom
daUoi Latinus , eu du nom de leurs p^ys, Latium.
Les Lût:ns n'étoient proprement que les habitans de
l'a.ncien Latium ; on y comprit enluite ceux du nou-
veau, f^oye^ Latium.
Latin , ine. adj Qui appartientaux Latins , ou au peu
pie Latin. Latinus , a Les peuples Latins furent des
premiers que les Romains vainquirent. Les féiies
Latines. Latinn. Feria. Foye^ Latiar. Une 'Veriion
Latine, un Auteur Latin, les Livres Latins ne font
prefquc plus lus, tant les- fcicnces (ont déchues. Les
villes Latines, une phrafe Latine, une harangue
Latine. Un Dictionnaire Grec &: Latin , François &c
Latin. Un proverbe Latin, la langue Latine, ôcc.
Pays Latin , ou Latium. Foye^ Latium.
On appelle l'Univerfité & les Collèges , le pays
Latin , ce qui fe prend fouvent pour pédanterie : &
on dit d un nnuvais Ecuyer, qu'il pique eri Latin,
pour due qu'il fe tient à cheval de mauvaile grâce ,
comme un Ecolier. Scaliger dit , que les Langues
FraneoifeSj Italienne & Efpagnolcj lourdes avorte-
mens de la Langue Latine.
Régnier a dit, les gens de Latin , pour les Savans :
Si la fcience pauvre, affreufe & méprifce ,
Sert au peuple de fable , aux plus grands de rifee ;
Si les gens de Latin des jots font dénigres ,
Et fi l'on ejl Doàeur fans prendre fes degrés.
Régnier.
Latin, fe dit quelquefois par oppolîtion aux Grecs;
& alors il le dit des peuples & des nations. Latini.
Corneille a dit de Rome j dans fcs Horaccs :
Et que tes bons dejiins
Ne fe borneront pas che'^ les peuples Latins.
L'Églife Grecque a fouvent eu des diiférends avec
l'Eglife Latine. On appelle ainh l'Eglile Romaine,
ou l'Eglile d'Occident pour la diitinguer de l'Eglile
Grecque ou d'Orient. Les Pères Grecs , &: \es Latins ,
ont eu les mêmes Icntimcns pour la Foi. Dans le
droit on diftingue deux fortes de Latins ; les Latins
d:s Colonies, Latini Colonarii , c'etoit ceux qu'on
menoit dans les Colonies : les Latins de Junius , Lati-
ni Juniani, ainlî nommés parce qu'ils furent établis
^ar h Loi Junia , que Junius Norbanus Flaccus avoit
portée. Ceux ci ne jouilloient pas d'une liberté pleine
& entière , laquelle étoit un caraâère ellentiel des
citoyens Romains.
FiaiES Latines. Latines Feri<t. Foye\ Latiar.
En termes de Marine , on appelle des voiles lati
«ej , des voiles faites en triangle , ou en tiers point,
qu'on appelle autrement oreilles de lièvres , quiabou
cillent en pointe par en bas.^On s'en ferclur la Me
L A T
diterranée , &c dans les Galères. Dans les vaiireiux les
voiles d'artimon font d'ordinaire latines. On dit
aullî en proverbe fur la mer , une marchahdife lati-
ne , c'eft à-dire , aulll-tôt vendue qu'apprêtée, ou de
. bon débit ; telle qu'eft l'huile de la baleine.
LATIN. I. m. Langue morte qu'on parloir autrefoisdans
le Latium , & puis à Rome , & qui eft aujourd'hui la
langue de l'Eghfe, & celle de tous les Savans. Latina
lingua. Le Latin , que quelques-uns mettent au
nombre des langues originales, n'en eft point une:
il s'elt formé du Grec , & fur tout du dialecte Eolien de
cette langue , Se des divers mots des langues des Of-
ques , des Etruriens , &z des autres anciens peuples
d'Italie. Le commerce & les guerres étrangères y por-
terent dans la tuite beaucoup d'autres mots. Le Latin
eft une langue ferme , qui nous reprélente bien le
carartere noble de ceux qui l'ont parlé. On a des
ouvrages en tout genre bien écrits en Latin , quoiqu'il
s'en foit perdu une infinité. Le Latin eft plus figu-
ré que le François, moins abondant que le Grec,
moins faftueux que l'Elpagnol, moins délicat que l'I-
talien. Du Latin le (ont formées les langues Françoi-
fe , Italienne, Efpagnole & Portugaife , avec leurs
dialedles.
Au commencement la langue Latine étoit renfer-
mée dans la ville de Rome, & les Romains n'en per-
mcrtoient pas communément l'ulage a leurs voifins ,
ou aux peuples ciu'ils avoient (ubjugués. Cicéron
dilùit encore de Ion temps, que le Grec le liloirpar
tout j & que le Latin n'étoit entendu que dans un petit
pays. C'eft dans la harangue pour le Poëte Archias.
Graca legumur in omnibus ferè gentibus. Latina fuis
finibus e.xiguis fane , continentur.
Maison l'accordoit comme une faveur. Depuis ils
comprirent de quelle nécellité il étoit pour la facilité
du commerce , que la langue Latine s'entendit p.ar-
tout, & que toutes les Nations lujettes à l'Empire
fullent unies par un même langage. Ainlî ils impo-
ferent comme une loi ce qui étoit une grâce , &: ils
obligèrent les Nations fubjuguées à parler Latin.
Après la tranllation du lîége de l'Empire à Conftanti-
nople , les Empereurs d'Orient voulant toujours con-
ferver la qualité d'Empereurs Romains, ordonnèrent
que la langue Latine demeurât toujours en ulàge &
dans leurs Rcfcrits & dans leurs Edits ; comme on le
peut voir par les Conftitutions des Empereurs d'Orient
recueillies dans le Code Théodohen. Enfin , les Em-
pereurs , négligeant l'Empire d'Occident , abandon-
nèrent la langue Latine , &: permirent aux Juges de
prononcer leurs Jugemens en Grec. Juftinien a
compofé fes novellcs en Grec. Charicmagne, étant
devenu Empereur d'Occident , ordonna que dans
tcus les Tribunaux fouverains l'on rendît les Arrêts
en Latin, & que les Notaires drelTàllenr tous leurs
Acles en la même langue. Cet ulage a duré très-
long-temps dans une grande partie de l'Europe.
C'eft François I. qui l'a aboli en France. Entre
plulieuis Ordonnances qu'il fit pendant Ion règne,
il y en a une fort ample de i J39. dont l'Article III.
ordonne que dorénavant tous Arrejls
fuient prononcés , enregijlrés , & délivrés aux Par-
ties en langage maternel François , & non autrement.
La railon qu'il en apporte , eft qu'il naiftoit fouvent
des difficultés iur l'intelligence des mots Latins , qui
donnoient lieu a de nouveaux procès. Foye:[ Ar-
rêt. Avant lui on expédioit tous les Acles de Juftice
en Latin. L'Office divin de l'Eglile Catholique fe
fait en Latin. Laurent "Valle appelle Boëce le dernier
des Latins. Et Naudé appelle Modernes tous ceux
qui ont écrit après lui. On appelle de mauvais Latin,
du Latin de Bréviaire. Mais afin que vous ne dilïez
pas que c'eft un Latin de Bréviaire, le Jurifconl'ulte
Pomponius s'en eft (crvi. Abbé d'Aubignac.
Latin , le dit quelquetcis figurément & par raillerie
pourune chofe qu'on n'entend pas. Dame , je n'en-
tends pas le Latin. Moi. pour dire, je n'entends pas
cela. C'eft du Latin qui palle votre game. Voit, pour
dire , cela eft au delFus de votre portée , de votre ca-
pacité.
L A T
Latin, fedit proveibialemcnc en ces phiafo. Quand
on entend ciiie du Ladn à un ignorant, on dit ; le jour
du jiycinent viendra bientôt , les ânes parlent Latin.
ti-, quelques endroits où il y a Univcrlité, on dit: les
î:i T.des Ecoles ont couclié ouvertes , les ânes parlent
j'.'-.v;. Les grandes Ecoles iont les Ecoles de Droit.
C :i dit dans le nit-nie fens la Sorboniie a couché ou-
verte.
On dit aulli à un Eccléiîaflique ignorant, qui dit
quelques mots de Latin , que c'eii: du Latin de Bré-
viaire , pour lui reprocher qu'il ne (ait autre Latin
que celui qu'il a appris en dilant ion Office. On dit
encore du méchant Latin , que c'ell du Latin de
cnilme , il n'y a que les marmitons qui l'entendent.
On dit auiîî qu'un homme eft au bout de Ton Latin ,
quand il ne Lritplus que dire ni qucfitire pour achever
quelque chofc; qu'il va perdu f on Z<!ri/2, pour dire ,
qu'il a perdu tous les loins èv' ("es trais.
Revuke à mes raifons , il Je rend plus mutin ,
Etma Philofophie y perd tout fon Latin. Régnier.
On dit encore , parler Latin devant les Cordeliers ,
quand on parle à des gens plus ("avans que (bi. On
di: encore , qu'un homme crache du Grec & du Latin ,
quand il en cite beaucoup ; tîc quand il le fait mal à
propos j on dit qu'il ell iou en François & en Latin.
Quand on veut traiter un homnie d'ignorant, on dit
qu'il ne (ait ni Grec , ni Latin-
LA i INEUR. (. m. Elpèce de pédant qui ne fait que
du Latin , & qui n'a nulle politclîc. Litterator. Un
Latincur ell ridicule chez les Grâces & chez l'Amour.
CoTiN. Ce motn'eft pas reçu.
LATINIER. (. m. Vieux mot. On en trouve un exemple
dans M. Fleury. Le Latin étoit nécellairc pour les
airaires & pour les Acles publics i il l'étoit pour les
voyages , &c on appeloit les interprètes Latiniers.
Latinier , étoit aiurefois un mot qui lignifîoit Truche-
ment, Literprête. Lnterpres , peregrini fermonis péri
tus. Il eft encore aujourd'hui en ulage en ce (ens dans
la Balfe Bretagne.
Ce mot a aulîî (îgnifié un homme qui fait le La-
tin, qui l'entend, qui peut l'exphquer, Latinm lin-
guaperitus , & à caufe de cela on a appelé un Inter-
prète du nom de Latinier. » Le (it rcquerre par
î> Latiniers , qu'ele li dit de quel linaige ele eftoit ".
Voyage d'outremer du C. de Ponthieu. Froillart
fe fert auOi de ce mot.
Latinier fu , fi fot parler Roman ,
Englois , Gallois , à,' Breton , & Normand. Vacces.
LATINISATION, f. f. L'aétion de rendre Latin un
mot d'un autre langue , de lui donner une terminai-
fon Latine. Le foixante-neuvième article du Huetiana,
, eft intitulé j De la Latinifation des noms , & com-
, menée ainfi : Sur la queftion de la latinifation des
noms & des furnoms , on voit une (î grande variété
de fentimens & d'ulàges , qu'il y a lieu de s'étonner
que les Critiques & les Grammairiens n'aient pas el-
Ciyé d'en lîxer les règles.
LATINISER, v. n. Parler prcfque toujours Latin , faire
parade de fon Latin, fe (ervir de (on Latin à tout
propos , ou mal à propos. Latinum fermonem fre-
quentiàs adhibere.
Un Pédant qu'on appelle Gilles -^ '
Penfe avoir attrapé nos filles ,
Quand il a bien latiniié. Cotin.
Latiniser, fe dit le plus fouvent pour faire des mots
qui aient l'air ou la terminaifon Latine. Donner une
inflexion Latine à un mot d'une autre Langue. Alors
Il eftadtih Latinâ linguâ donare. Les Auteurs Fran-
çi'is, pour vouloir latinifier leurs noms , font lî bien
qu'on ne les connoît plus , comme Democharcs , de
Moiichi, Petreius Dolabella, Pierre Doubeau. On
a ctc contraint de faire un Diftionnaire pour enten
dre M. de 1 hou , à caufe des mots qu'il a latinifés.
L A T 437
Tite Live a latinifié pluficurs noms barbares qui en-
trent dins fon Hiftoire.
LAI'INISE, ÉE. part. En matière de controverfe, on
appelle , Grec Latinifié ^ un Grec qui eft entré dans les
(entimens de l'Eglile Latine. Ac. Fr.
LATINISME, f. m. Façon de parler de la Langue La-
tine. Latinum idioma. I^atinfimus. Conftrudlion
tour de phrafc propre à la Langue Latine. C'eft un
laimifimc. Le ftylc Fiançois de cet Auteur eft plein
de latimfime.
On écrit régulièrement depuis le fiècle dernier
l'on eft elclave de la conftrudion, l'on a enrichi l.i
Langue de nouveaux mots, fecoué le ]o\.\'i Au latimfi-
me, ik réduit le ftyle à la phrale purement Françoiié.
Mœurs de ce fiècle. Voyez la Dillcrtation fur les La-
tinifimes du Nouveau Teftament, par M. Sigifmond-
Fridéric. Dresig.
LATINISTE. (. m. Qui fiit le Latin, qui entend &
parle bien cette Langue. Il ne faut pas être un grand
Latinific (c'eft-à-dire , il ne faut pas (avoir beaucoup
de Latin) pour comprendre que, &c. Abbé de Vay-
RAc, Meic. d'Août, 172 s- Si le Ma'ttre, fimpleXa-
tinfie y plein de lui-même, fe trouve un efprit faux j
incapable de juftcllè dans le raifonnement, un efpnt
(ans méthode; enfin , un clprit qui ne voit que par les
yeux du préjugé vulgaire , & qui , fans vouloir rai-
(onner , (outienne obilinément que le fyftcme du
Bureau Typographique eft frivole, il fera aifé de s'ap-
percevoir qu'un tel caradère n'eft pas le meilleur que
l'on puiife defirer pour élever un enfant. Merc. de
Juin IJ32.
LATINITÉ. I. f Langage Latin , ou plutôt manière &
(açon de parler Latin, qui dépend du tour qu'on
donne aux phrafes , des expreifions & des mots dont
on (e (ert. Latinitas. Cet Auteur a une belle Latinité.
Il étoit du tems de la bonne Latinité. La Latinité de
Sénéquc n'a ïien de celle du tems d'Augufte , rien de
facile, rien Je naturel. S. Évr. On a dit du Cardinal
Bembe , que de peur de corrompre fa belle Latinité,
il ne lifoit ni fon Bréviaire, ni la Bible. Teissier.
C'elVà-dire , qu'il ne les lifoit pas en Latin , mais en
Grec. Cela a tout l'air d'une faulferé. On appelle les
Auteurs de la balle Latinité , les Modernes qui ont
écrit depuis que le Latin a commencé à fe corrom-
pre , les Auteurs du dernier tems 011 le peuple parloit
encore Latin. Les Auteurs de la balfe Latinité font la
honte & l'infamie de la Langue Latine. Art de
Parler.
LATIS. Voye-^ Lattis.
LATISSIMUS. Nom Latin, qui fignifîe très-large ^ &
que les Anatomiftes donnent au troiiième mufcic du
bras , parce qu'en effet il eft très large ; ils le nomment
encore ficalptor ani , parce qu'il porte la main à l'a-
nus. Il couvre preique tout le dos de fon ccstéj &
prend (on origine de la troiiième & quatrième vertè-
bres inférieures du dos , de toutes celles des lombes ,
de l'épine del'osiacrum, de la partie poftérieure de
la lèvre de l'os des îles , & de la partie externe des fauf-
fes côtes inférieures. Il s'attache à l'angle inférieur de
l'Cmioplate , &c va s'inférer à la partie (iipérieure &
interne de l'humérus qu'il tire en bas de plufieurs
manières par (es différentes fibres Dionis.
LATITER.v.a. Terme barbare de Juiirprudencc, fync-
nyme de cacher , receler. Aà/condere, abdere. Une veu-
ve qui a caché & toire les eiifets de la fuccelîion de fon
mari , eft privée des avantages qu'il lui a (ait. f^oye:(_
Divertir, Receler.
Ce mot vient du Latin Latitare , qui eft neutre, &
non pas adtif.
L ATITÉ , ÉE. part.
LATITUDE, f. f. L'Abbé de la Trappe , mauvais mo-
dèle à (uivre, a pris ce mot pour étendue. Il y a peu
de Religieux qui entrent dans la vérité de leur profef-
(lon, qui en connoiftent l'étendue j & qui ne fe pre('-
crivent des bornes qui n'ont point été connues de
leurs Inftituteurs & de leurs pères. On fe relTerre
dans une condition qui veut une latitude extrême ,
puifqu'il n'y a rien de plus grand & de plus élevé ,
que l'obligation de tendre à ce que la Religion a de
4^3 L A T
plus put-, de plus Liint & de plus parfait. Ab. de
LA Tr. ,
Latitude. Cf. Terme de Géographie, i'CF'qui ii^ni-
iîe la largeur de la terre depuis l'equateur jutqu a l'un
des pôles. L'origine de ce mot vient de ce que les An-
ciens ne connoiiroient pas la terre comme nous la
connoidbns aujourd'hui. Leurs connoillàncesalloiciit
bien plus loin de l'Occident en Orient, que du Sep-
tentrion au Midi; & quoiqu'un globe n'ait, à propre-
ment parler, ni longueur, ni largciu", les deux di-
meniions étant égales , les Géographes n'ayant égard
qu'aux pays habités Se connus , la longueur de la
terre étoit pour eux d'Occident en Orient , ik fa lar-
geur du Midi au Septentrion. Us connoilîbient fi peu
de chofe au-delà de l'equateur, que cela peut être
compté prefquc pour rien. Ils appelèrent longituile
de la terre, ou fa longueur, la plus grande étendue
qu'ils connuilénti & latitude de la terre, ou fa lar-
geur, la plus petite étendue bornée entre l'equateur
& les deux pôles. On a confervé ces noms , &c ils ont
été confacrés par les Géographes qui s'en krvent pour
marquer la diftance d'un lieu à l'equateur. Latkudo.
|p°La latitude particulière d'un lieu , eftla diftance
qu'il y a entre le zénith de ce lieu & l'equateur cé-
lefte : une perfonne a fon zénith au point du ciel qui
fe trouve précifément fur fa tête. Ainfi, il lell évident
que tous les pays qui font fous la ligne , n'ont point
de latitude , puifqu'ils ont leur zénith dans l'equa-
teur ; & que ceux qui font fous les pôles , ont la plus
grande latitude polliblc, puifque leurzénich e!t éloigné
de l'equateur de 90 degrés. On compte cette diftance
fur les degrés du méiidien. On la nomme autrement
l'élévation du pôle fur l'horifon, parce qu'en eftet la
diftance de l'equateur au zénith , eft toujours égale à
l'élévation du pôle , qui eft l'arc du méridien compris
entre le pôle & l'horifon feprentrional , (î le lieu
dont il s'agit eft au Septentrion de l'éciuateur, ou de
l'horifon méridional : lî ce lieu eft dans la bande du
fud , on donnera au mot longitude , la longitude &
la latitude de tous les endroits de la terre dont elles
font connues. f^oye\ Longitude.
Les parallèles de l'equateur font appelés Cercles de
latitude , à caufe qu'ils k marquent par leur interfec-
tion avec le méridien., Prendre les latitudes ; degré
de latitude ; trouver la latitude d'un lieu. Sanson.
Paris a 48 degrés J2 minutes de latitude boréale, ou
fcptentrionale , ou d'élévation du pôle aréfique. De
l'autre côté de la ligne, ou au delà de l'equateur j on
l'appelle latitude aujlrale ou du fud. Les Marins di-
fent ordinairement latitude fud &■ latitude nord , au
lieu de latitude du côté du fud , & latitude du côté
du nord. On dit fur la mer , bande du nord ou bande
du fud, pour dire deçà, ou delà la ligne. fJCFTous
les peuples comptent les latitudes de même, & com-
mencent à l'équ.ateur; ainfi, l'orfqu'il y a de la ditté-
lence , cela vient du plus ou du moins d'exadlritude
que l'on a apportée en faifant les obfervations. Dans
les cartes générales, les degrés de latitude (ont mar-
qués de dix en dix, ou de cinq en cinq. Dans ks
moins générales , chaque degré eil diftingué ; & cfems
celles qui n'ont qu'un pays médiocre à repréienter,
on y trace les minutes : les fécondes le marquent ra-
rement. Ce n'eft que pour une plus grande précihon
que les Modernes les mettent dans leurs calculs.
Latitude , en termes d'Aftronomiej eft la diftance
d'un aftre à l'écliptique , ou à l'orbite du foleil , vers
un des pôles du zodiaque , Latitudo ; elle diftere en
ce point de la déclinailon, laquelle eft un éloigne-
ment de l'equateur vers un des pôles du monde. Ainlî
la latitude Géographique eft la même chofe que la
déclinaifon Aftronomique , Se la latitude Aftronomi-
que eft tout autre chofe. La latitude Aftronomique fe
mefure par l'arc d'un de ces grands cercles perpendi-
culaires, compris entre cet aftre Se l'écliprique. Le
foleil n'a j.amais de latitude , Se on dit que les planètes
ont quelque latitude , quand elles s'éloignent de l'é-
cliprique. C'eft pour cela que dans la Iphère armil-
laire on donne au zodiaque quelque largeur. Les An-
ciens ne la frifoient que de flx degrés de chaque côté ;
L A T
de l'écliptique. Les Modernes l'ont étendue jufqu'à
neuf; car par les oblerv.ations de Tycho-Brahé , Vénus
a de latitude boréale ç degrés 2 minutes; Mercure,
3 degrés 55 minutes. La lune dans Ion quadrat avec
le loleil, 5 degrés 17 minutes, & en fon oppolltion
&c conjonélion, 4 degrés 58 minutes; Saturne, z de-
grés 48 minutes; Jupiter, i degré 58 minutes; Mars,
4 degrés 3 1 minutes. Quand les planètes font dans
leur plus grande latitude méridionale , ou feptentrio-
nale , on dit qu'elles lont dans le ventre de leur dra-
gon. Leur plus grande latitude n'eft pas toujours h
même; mais, félon le calcul d'Ozanam , elle ne fur-
pafle jamais 5 degrés à l'égard de la lune , 1 degrés
5-0 minutes à l'égard de Saturne; i degré 50 minutes
à l'égard de Jupiter; 7 degrés à l'égard de Mars, 9 de-
grés à l'égard de Vénus , & 5 degrés à l'égard de Mer-
cure , félon Gaftendi. Quand elles n'ont aucune lati-
tude, on dit qu'elles lont dans les nœuds de l'éclipti-
que , ou dans finterleétion de leur obite avec celle du
{oleil , qu'on appelle la tcte &: la queue du dragon ; &
c'eft alors qu'elles peuvent caufer ou louftrir l'éclipfe
du iolcil. On appelle latitude fcptentrionale afcen-
dante , lorfquc la lune va du nœud leptentrional vers
la limite ieptentrionale. Latitude fcptentrionale dcf-
csndante , lorlque la lune va de la limite Ieptentrio-
nale vers le nœud méridional. Latitude méridionale
afcendante , lorlque la lune va de la limite méridio-
nale vers le nœud feprentrional. Latitude méridionale
défendante , lorfque la lune va du nœud méridional
vers la limite ieptentrionale. Il en eft de même à
proportion des autres planètes. Voye-^ fur chaque
planète à leur ordre. Li:^ latitudes des étoiles fixes,
qu'on avoir cru invariables j changent un peu Se en
diftérens fens. IniHtut. Afronom. p. jps. Leur lati-
tude peut aller jutqu'à 90 degrés , lelon qu'elles font
éloignées de l'écliptique vers les pôles du zodiaque.
La latitude héliocenrrique ell celle qu'on oblerveroit
du foleil. La latitude géocentrique eft la diftance
d'une planète à l'écliptique , telle que nous l'obfer-
vons de la terre. "L'amplitude ortive ou occafe d'un
aftre, ou d'un degré de l'écliptique, eft l'arc de l'hori-
fon compris entre le point du lever Se du coucher de
l'equateur, & le point du lever ou du coucher de cet
aftre. \J amplitude ortive ou occafe du foleil , ell ce
qui tait connoître l'étendue de l'arc diurne , ou noc-
turne , ou la durée du jour & de la nuit , en telle forte
que plus cette amplitude eft grande , & plus il y a de
diftércnce entre ces deux arcs, ou entre le jour Seh.
nuit. Quand elle eft boréale, le jour eft plus grand
pour ceux qui font dans l'hémifphère boréal. Quand
elle eftauftrale,il elh pluspetit. Cette amplitude e!i ce
que d'autres ont appelé latitude , 'fort improprement.
LAIITUDINAIRE. Du hiim Latus , large, adj. Sei.
m. & f. Ce mot le trouve dans les écrits de quelques
Théologiens. Liherïor , la.xior infidei Ckriflanx, do^-
matibus Jlatuendis. Il lignifie , qui n'aime point à être
gêné dans les dogmes , ni dans fa morale , qui ouvre
aux autres un chemin plus large & plus commode
pour aller au ciel , fur tout par rapport à la créance
des myftères, en forte que la diirérence des fentimens
en fait de religion , ne foit pas une railon pour en
exclure les Scélaires. C'eft un fentiment de Latitw-
dinaire ^ de dire que le dogme de la Trinité n'eft point
nécellaire au falut. M. Juiicu a intitulé un de fes Li-
vres , La Religion du Latitudinaire. C'eft ce qu'on
appelle autrement Tolérant. Bayle publia un ouvrage
contre lui fous le titre de Janua cœlorum omnibus refe-
rata. La porte du Ciel ouverte à tous. Les prin-
cipes des Latitudinaircs font les mêmes que ceux
des premiers prétendus Réformateurs , & il n'eft
pas étonnant que les fentimens des Latitudinai-
rcs , fe foient il fort répandus parmi toutes les Sectes
Proteftantes. Quand une fois on a fecoué le joug de
l'Egli'e, il eft fort naturel de fecoucr toute forte de
joug , de ne gêner fon efprit & fi prétendue railon
flir rien , de regarder la Religion comme une chofe
fort indiftércnre. Se n'y tenir que par politique ^ par
rcfpecl: humain , par intérêt.
LATiTUDLNARIEN. Nom de Sede, Latitudinarius ,
L A T
<f. On dit plus commiicmenc Ladtudïnalre . V. ce mot
ci-dclîùs. M. Bolluct , Évcque de Mciux , a dit
Laûtudïnanen. Sur les principes de Chcjlciiworth ,
Anglois , il s'cfl: forme en Angleterre une Sedk- ,
qui eft répandue dans toute l'Églifé Anglicane Tro-
teftante , où l'on ne parle que de paix &: de charité
univerfcllc. Les défenfeurs de cette paix fe donnent
eux-mêmes le nom de Ladtudinarkns , pour expri-
mer l'étendue de leur tolérance qu'ils appellent
charité & modération , qui eit: le titre fpécieux dont
on couvre la tolérance univerfcllc. Bossuet.
LATIUM. Terme purement Latin , qui fe cojiferve
dans notre langue. Nom d'une contrée ancienne
d'Italie. Pays Latin. Pays des Latins ^ peuple d'Ita-
lie. LatLum. Quoique ce nom foit Latin , nous nous
__ en fervons fort bien dans notre Langue : en par-
' lant de l'antiquité, il vaut mieux l'employer que
celui de pays Latin, parce que nous avons attaché
[ , à ce;tte phrale une autre idée , cotnme on l'a dit
^ en (a place. Vigénère , Du Rycr , &c tous nos Au-
teurs , difent le Ladum. Pline dit que le Ladum eft
le pays qui eft entre l'embouchure du Tibre &
Monte Circello , près de San-Felice. Ce fut -là
l'ancien Ladum. Dans la fuite fcs bornes s'étendi-
rent; on y comprit les Hcrnifques ^ les Eques,les
VoKquej; & les Aufones jufqu'au Vulturne, aujour-
d'hui I^ohurno , tic cela fe nomma le nouveau La-
dum. ^ Le premier alloit depuis le Tibre jufqu'à
Fundi , & l'autre depuis Fundi jufqu'au Folturno ,
On bien jufqu'à Minturne , & l'embouchure du
Lins j aujourd'hui Gariglian. La longueur de l'ancien
fut dacrminée par Tibère Circeïus à ;o mille pas.
Les habitans de l'ancien Ladum ont eu plus de
privilèges que ceux du nouveau.
Ce nom de Ladum vient du Latin ladre , qui
veut dire , être caché , parce qu'on prétend que
Saturne étant challe de fon Royaume par fon fils
Jupiter, chercha une retraite en Italie ,& fc cacha
dans cette contrée , qui fut appelée depuis Ladum ,
à caufe de cet événement. Varron dit que c'eft parce
que l'Italie eft cachée , enfoncée entre les Alpes &
l'Appenin. Bochart le tire du Phénicien oh , au plu-
riel C^vh , ou pnS , Ladm , ou Ladn , qui ligni-
he enchantement , parce que ce pays étoit plein
d'herbes propres aux enchantemens & de poilons ,
ce qu'il prouve par Efchyle & par Théophrafte ,
, Hi/l. Plant. L. IX, c. i s- f >
Le P. Kirker a fait une defcription du Latlum.
Voyei auûi Cluvier, dans fon ancienne- Italie &
Merula , Cofmog. P. II, L. II , c. 8.
LATMOS, ou.LATMUS. Montagne d'Afie, partie dans
rionie , & partie dans la Carie, remarquable dans la
Fable par les amours de Diane & d'Endymion : fon
nom moderne eft Pa^atchia , félon M. Baudrand.
LATOBIUS. 1. m. Terme de Mythologie. Nom d'un
dieu de l'Antiquité Payenne. Latobius. Je ne trouve
de mention de ce dieu que dans deux Infcriptions
de Giuter, p. lxxxvti. n. 7, & n. 8. Toutes
deux en Carinthie , & elles marquent l'exécution
d'un vœu fait au dieu Latolnus. La première eft un
vœu qu'une mère fait pour la faute de fon lils &c de
fa lillc. Latobio fac. pro falute Nam. Sabinïanï , &
Juha Babilloe , Findona mater, F. S. L. L. M.
De tout cela je conjeéture que c'étoit un dieu par-
ticuhei aux anciens Noriques , dont la Carinthie
failoit partie ; que peut être c'étoir un dieu de la
fante ; qu'outre les vœux qu'on lui fait , fon nom
pourroit le marquer. r,«, en Grec, fignifie la vie.
La première partie Lato , pourroit venir d'un vieux
verbe , dont fera a pris fon fupin latum , de les
temps qui en dépendent , ëc Latobius , fignilieroit
celui GUI donne la vie ; ou bien de À«v.9-<i.a ; comme
Il c etoit le principe caché de la vie & de la finté
dont en auroit fait un dieu. Mais fi ce mot eft Scla-
von , toutes ces conjcétures font vaines.
LATOIDE f. f. Terme de Mythologie. Fille de Latone.
lato:s. C'eft une épithète ou furnom que les Poètes
donnciit a Minerve , parce qu'elle étoit hlle de La-
tone. Divine Latoïde. .
L A T 439
LATOMIE , ou LAUTUMIES. f. f. &.- pi. Carrière
lieu d'où l'on a tiré de la pierre. Latomia, Lautumia '
Lapidictna. Les lieux d où Ion avoit tiré de la pierre
ont (ervi fouventdans l'antiquité de prifon aux crimi-
nels. Denis le Tiran fit creufer dans le roc un lieu
icmblable près de Syracufe , où il fit enfermer bien
du inonde. Cicéron reproche aulH à Verres, d'avoir
bit enfermer des Citoyens Romains dans 'les La-
tomies. Ainlî ce nom devint comme un nom pro-
pre de prifon. On peut s'en fervir quand on parle
de l'antiquité. En ce icns on ne le dit guère qu'au
pluriel. On difoit aulli Lautumies , &c les prifon-
niers (ju'on y enfcrmoit s'appeloicnt Lautumiers ,
Laucumarii , Lautumiarii.
Le mot Laomie eft Grec, de a«s fie ne , Se
'£/«»« , /■(,' coupe. Pour lautumie , je ne lai fi ce n'é-
toit point une antiphiafe tirée de lautus , enforte
(\uc lautumie \ou\i\t dire un lieu où l'on eft bien.
Sencque femble l'infinuer dans fes Controverfes.
LATON. i. m. Il y en a cjui écrivent ainfi ce mot ,
au heu de leton , ou laiton : la dernic-re ortogra-
phe eft la meilleure, & la première eft la plus
mauvaife. Foyei Laiton.
LATONE. f f. Terme de Mythologie. Nom d'une
décile de l'Antiquité. Latona. Elle étoit fille du
Titan Cocus , & de Phœbé fa fœur. Junon ayant
fu fon commerce avec Jupiter , la chalfa du ciel ,
&: la fit tourmenter & perfécuter par toute là
terre par le ferpent Pithon , afin qu'elle ne pût
trouver de repos nulle part , ni de lieu pour faire
les couches ; car elle fit jurer la Terre qu'elle ne
lui en donneroit nulle part : mais l'île de Délos ,
qui étoit alors iiottante , fe trouva par hafard fous
les eaux , lorfque Junon exigea ce ferment. Ne
l'ayant donc point fait, Neptune lui ordonna de
fe fixer , & de recevoir Latone. Elle y mit au
monde deux jumeaux, un fils & une fille, Apol-
lon & Diane. Foy. Lucien , dans le Dialogue d'Iris
& de Neptune.^D'autres difent , qu'après bien des
couries j étant arrivée à l'île Ortygie , en laquelle
ix lœur avoit été changée ; elle lui donna retraite.
Et d'autres encore , qu'au temps de fes couches
elle fut changée en caille , & qu'elle s'envola fur
l'Ile , qu'on appelle Ort-gia à caufe de cela , c'eft-
à-dircj rîlede la Caille , ou des Cailles , d'.'f7„J, ^
caille. Homère , dans fon Hymne fur Apollon , die
que Latone étoit fille de Saturne , & Hérodote
dans Ion Euterpe , qu'elle ne ftit que nourrice
d'Apollon & de Latone , dont le père & la mère
étoient Dionyfius & Ifis. Foy. Natalis Comés
L. IX , Mythol. c. 6. Latone fut autrefois hono-
rée dans les Gaules. Foy. Laone. Latone étoit h.
déelle principale des Tripolitains. On la voie
fur leurs médailles , avec cette' infcriprion : autij
TfinoAEiTnN. Foyei. dansTriftan^ T. I,p. 226.
Ce n'étoit pas feulement les femmes en couche
auxquelles Latone préfidoit , elle aidoit aulli les
femelles des animaux à mettre bas leurs petits , com-
me on le voit par la dernière Épigramme du trente-
troifième Chapitre du premier. Livre de l'Antologie.
Latone , félon les Mytologues , vient de a^.S^v , être
caché , parce que Latone n'eft autre chofe que la
matière, & que la matière étoit cachée, mvilible,
avant la création de la lumière.
Latone , en terme de Philofbphie hermétique , figni-
fie la terre , comme Jupiter fe prend pour le feuj
Junon pour l'air , & Python pour l'eau. Latone fe
prend plus particulièren-ient pour le fein , les en-
trailles , & , comme parlent les Sages , piour la
matrice de la terre , où les métaux s'engendrent ,
c'eft-à-dire , fe forment & fe nourriirent.
LATORIA. Bourg ou village proche d'Ephcfe , ancien-
nement Latois. C'étoit un vignoble renommé , où
croilFoit le vin qu'on nommoit Pramnium. Y oyez.
Athénée, L. I , c. 24.
LATRAN. f m. Origiiiairement nom d'homme. La-
tcranus. Ce nom a palfé à un ancien Palais de
Rome, & aux bàtimens qui ont été faits à fi place
à Rome. Latcranum. Latran étoit un Patrice Ro-
440 L A T
m.iin_, qui vivoit Tous l'Empire de Néron. Il fut
délîgné Conful, mais cet Empereur le fit tuer. On
prétend qu'il fut appelé Lateranus , parce qu'il ai-
moit la retraite , & à vivre caché , Quod /atere
frequens in otiofolcret. Son Palais fut appelé le Pa-
lais , l'Hôtel , la mailon de Latran. Il étoit lur le
mont Cœlius , proche de la Porte-Latine. Conftan-
tin le donna aux Papes , qui en font encore maî-
tres , & qui y ont une Eglife fous le titre de S.
Jean de Latran , de un Palais qu'on nomme le Pa-
lais de Latran.
Saint Jean de Latran eft le premier Siège des
Papes. Prudence en parle. Conftantin ayant fait
bâtir cette Églife , elle fut appelée Balîlique Conf-
tantinienne , autrement l'Églife du Sauveur , à caule
que pendant que S. Sylveftre en falloir la dédica-
<.e , l'image du Sauveur apparut fur la muraille : mais
comme l'Empereur fit fùre près de cette Eglife un
baptilfère , Se que les baptillères avoient l'image
de Saint Jein - Baptifte , on lui donna auffi le
nom de S. Jean de Latran , qui lui ert refté , quoi-
que fon véritabk nom foit celui de S. Sauveur , &
que ce foit fous ce nom que l'Églife folennile le 9
Ncrvembre la dédicace de cette Eglife. Sixte V fit
rebâtir le Palais de Latran , &C Innocent X a fait ré-
parer l'Églife de S. Jean de Latran.
On appelle Conciles de Latran les Conciles qui
le font tenus à Rome dans la Balîlique de Latran.
Il y a cinq Conciles de Latran tenus en 1123,
II 59, 1179, 121J, & en 1513 , jufqu'en 15 17.
Quoiqu'il y ait d'autres Conciles tenus dans le Pa-
lais de Latran , comme celui de l'an 3 1 5 , on ne
les appelle pourtant pas Conciles de Latran , mais
de Rome, f-^ojci encore Latéran. Il y à Paris
une Commanderie de l'Ordre de Malte du titre de
S. Jean de Latran. Il y avoir autrefois à Aix la-
Chapclle un Palais qui s'appeloit Latran.
Chanoines Réguliers de la Congrégation de S. Sau
. veurde Latran. C'eft une Congrégation de Cha-
noines Réguliers , dont l'Églife de S. Jean de Latran
étoit le chet-lieu. Dom Gabriel Penot , qui a écrit
l'Hilloire de cette Congrégation , dont il étoit ,
jjrétend qu'il y a eu depuis les Apôtres une fuccef-
flon non interrompue de Clercs vivans en com-
mun. Se que c'eft de ces Clercs que les Papes éta-
blirent à S. Jean de Latran , après que Conftantin
l'eut fait bâtir. Mais ce ne fut que fous Léon I , vers
le milieu du cinquième fièclc , que les Chanoines
de S. Jean de Latran commencèrent à vivre en
commun. Ils poftèdèrent cette Églife pendant huit
cens ans , depuis Léon I. jufqu'à Boniface VIII ,
qui la leur ôta l'an 1294 pour y mettre des Cha-
noines léculiers. Eugène IV les y rétablit cent cin-
quante ans après", ayant tiré pour cela des Chanoi-
nes de la Congrégation Frigdonienne , ou Frifo-
naire , dont nous avons parié en fa place. Diver-
fes Congrégations ont été unies à celle de S. Jean
de Latran , & cet Ordre s'eft étendu jufqu'en Pologne
ik en Moravie. Voy. le P. Hélyot ; Hijloire des Or-
dres Relig. Se MÙit. P. II , c. 3 ,4, s & 6.
Ce nom de Latran vient de l'ancien Palais de la
famille des Latérans , qui étoit bâti dans ces quar
tiers-là de Rome. D'autres le dérivent du nom d'une
idole appelée Latéran , Lateranus ; on le nomma
ainii du nom Latin later , qui veut dire bnque ,
parce que cette idole étoit la divinité des foyers ,
qui font ordinairement bâtis de brique. Foy. ci-delfus
Latéran.
LATRECEY. Bourg de France dans la Bourgogne,
Diocèfe de Langres , dans le Marquifat d'Arc en
Barrois.
LAJREUTIQUE. adj. m. Se f. qui fe dit du ficri
fice qu'on offre à Dieu comme au Sou\'erain Etre ,
pour leconnoître la fouveraine Majeftc ^ & le fou-
vcrain domaine qu'il a lur tous les êtres. Latreuti-
cus , a , um. L'holocaufte eft un ficrificc latrcuti-
que. Le ficrifice de la Melfe n'eft pas feulement un
facrificc d'adion de grâces , il eft tout enfemble
Euchariftique , latrcutique , propitiatoire &: impéura-
L A T
toire. CoNFïRENCES d'Angers. On le nomme la-
treutique , quand on l'oftre à Dieu pour recon-
noître Ion fouverain domaine lur toutes les créa-
turcs. Idem.
Ce mot vient de >.«r.s/.« , latrie , culte de latrie:
d'où le torme ;i»rf£!.'ia» adoro , ^.xrfzi^i , cultor , ado-
rator. Pour Akt(»,k« , je doute qu'on trouve latrcu-
tique dans un bon ouvrage.
LATRIE, f f. Terme de Théologie. Culte de Re-
ligion qui n'appartient qu'à Dieu feul. Latria. Les
Chrétiens adorent Dieu d'un cuite de latrie : ils
honorent les Saints d'un culte de dulie. On confond
quelquefois les termes d'honorer Se d'adorer, de latrie
Se de dulie ; iijais il faut les diftinguer quand on
parle exactement. Le culte de Latrie n'appartient
qu'à Dieu, Se ne peut fe terminer qu'à lui. Cette
adoration intérieure que nous rendons à Dieu en
efprit Se en vérité ^ a fes marques extérieures j donr
la principale eft le facnfice , qui ne peut être offert
qu'à Dieu feul , parce que le iacrificc eft établi pour
faire un aveu public Se une proteftation folennejle
de la Souveraineté de Dieu , Se de notre dépendance
de lui. Tout culte religieux fe doit terminer à Dieu
comme à fa fin nécelTîiire ; Se h l'honneur que l'E-
glife rend à la Sainte Vierge Se aux Saints j peut
être appelé religieux , c'eft à cauie qu'il fe rap-
porte nécellairement à Dieu. Boss. M. Daillé con-
vient que les Pères du quatrième ficelé ont reconnu
la diftinètion que nous faifons de latrie Se de dulit.
Se qu'ils ont honoïé les Saints comme nous le
fiilons.
LATRINES, f f pi. On ne fe fcrt guère de ce
terme en François ; ce que le? Latins appeloient
latrines , nous l'appelons privés , garderobe , lieux
fecrets , Se même abloluraent les lieux. Latrina
forica.
Mais on s'en fert encore pour exprimer ceux des
Romains , ou du moins d'une antiquité reculée. Vef-
pafien mit un impôt lur les latrines. Voy. Lieux.
H eft défendu de mettre des latrines auprès i.t%
puits. Ce mot vient du Latin Lucre , être cache.
LATTE, f. f AJlula , amhrices. C'eft un morceau de
bois de chêne refendu lelon fon fil en manière de
règle mince , qui s'attache fur les chevrons d'un com-
ble pour en porter la tuile , ou l'ardoife. La latte fè
cloue fur les chevrons. Les lattes pour l'ardoife s'ap-
pellent lattes volices. On couvre de lattes les pans
de charpente pour loiitenir un enduit de plâtre;
(Se celle là s'appelle latte jointive. On s'en fert
auHî pour foutenir les toiles des ailes de moulin.
La latte carrée doit avoir quatre pies de long , ^^
pouce trois quarts , ou deux pouces de large , &
deux à trois lignes d'épailleur , Se cinquante à k
botte. La latte volice a même longeur Se épaillèur,
& a quatre à cinq pouces de lar^e. Il n'y en a que
vingt cinq à la botte. Les contrelattes font ordi-
nairement de la même longueur que les lattes. 0|i
attache les contrelattes en hauteur contre les latt^
On appelle contrelattes de fente , celles qui foU
fendues par éclats minces , &: fervent pour les tuil^
& contrelattes de Iciages , celle-: qui fervent pour les
ardoifes , &: qui (ont refendues à la fcie : ce font
ces dernières que Daviler appelle Lattes volices. On
emploie l'ardoife lur des lattes de lente avec contre-
lattes de fciagc. Daviler. Toute latte Se contre-
latte, tzm de fente que de fciage , doit être fans au-
bier. Id.
Ce mot vient de lata , c'eft-à-dire large; ou de
l'Allemand latt ; ou de l'Hébreu laat , vah ou vh
lut , qui lignine texit , obvolvit.
Latte. Terme de Meunier. On appelle /tirre.f les éche-
lons qui (ont aux volans d'un moulina vent. Se
fur lefquels on tend la toile , ou les voiles fur lel-
quelles porte le vent.
Latte. Terme d'Arpenteur. Mefure dont on fe fctt
pour l'arpentage j dans quelques endroits de la Guien-
ne. Elle eft plus ou moins grande luiv-inc les
lieux.
On appelle iouvent Az^rcj- des pièces de bois min-
ces.
L A V
tes. î.aUes h baux, en termes de MariiiCj font^dc
pentes pièces de bois fort minces qu'on mec entre
les baux , les barrots , les barrotins d'un vaillcau.
Lattes de gabarit , ce font des Lûtes qui fervent à
former les façons d'un vailleau , qui prend la ron-
deur qu'elles lui donnent dans leur tour : elles font
rondes par l'avant , & dans les tiLites elles le font
aulll à l'arrière ■■, elles (ont minces & ovales en
tirant de l'aVant vers le milieu , ik carrées au mi-
lieu. Luttes de caïUebottis , ce lonc de petites plan-
ches rclciccs , qui dervcnt à couvrir les barrotins
de caillebottis.
Latte. Terme de la Marine des Galères. Les lattes
font des travcrks , ou des poutres qui foutiennent
le pont , ou plutôt la couverte des Galères.
Latte. Nom d'un ancien village ou bourg. Latara.
Il cil dans le Languedoc , à un mille de Montpellier,
fur le lac de iVlaguclonne, qu'on appelle quelque-
fois pour cette raiion le Lac de Latte. AIaty.
LATTER. v. a. Appliquer des lattes fur des che-
vrons , fur un pan de bois de charpente , attacher
fur un comble des lattes elpacées de quatre pouces
pour y accrocher la tuile j ou l'ardoife. AJJulas
Jlernere. Latter à claire voie , c'efi: mettre des lattes
fur un pan de bois, pour retenir les plâtras des pan-
neaux , (Se le recouvrir de plâtre. Latter à lattes join-
tives, c'eft clouer des lattes li près les unes des au-
tres , quelles fe touchent , ce qu'on appelle lattis ,
pour lambriller les cloilons , plafonds , cintres ,
&c. Daviler. Un mur de charpente qu'on a latte
& enduit , eft eftiniè les trois quarts d'un mur de
maçonnerie. Quand il eft: contre latte , il vaut au-
tant que le mur entier.
LATTE , ÉE. part. AJj'ulis firatus.
LATTIS, f. m. Terme de Couvreur. Couverture de
lattes _, arrangement des lat:es tur un comble. y4J}ul£
Jirata. Faire un lattis. Voy. Latter.
L A V.
LAVABO, f. m. Terme d'Eglife , & d'Imager. Carte
qu'onmet au côté droit de l'Autel, où lonc écrites
ces paroles , Lavabo inter innocentes manus meas ,
&c. Mettie le lavabo où il doit être.
Lavabo , fe dit aufll de l'adlion des Prêtres qui
fe lavent les mains , en difanc la Meile ^ & d'e la
partie de la Melfe où cette action le fait. La Melfe
en étoit au lavabo , quand je fuis arrivé. Il a fallu en
entendre une autre.
lavabo , fe dit encore du linge auquel le Prêtre
s'elluie les doigts j après fe les être lavés en/uite de
l'Odertoire.
îfT LAVADEROS. Balîîns où fe fait le lavage d'une
certaine clpèce de terre où il fe trouve de l'or.
Voye-^ Lavoir.
§CF LANGAGE, f. m. Adion de laver , c'eft-à-dirc ^
de nettoyer avec de l'eau , toutes les faletés , les
ordures dont une chofe eft couverte. Lotura , lava-
tio. Le lavage des vitres.
§3° Lavage , fe dit quelquefois d'une trop grande
quanricé d'eau répandue pour laver quelque choie.
On a jecté trop d'eau pour nettoyer le plancher ^
I d^où peut venir tout ce lavage.
§3° On le die beaucoup mieux des alimens noyés
dans une crop grande quannté d'eau. Ce potage eft:
un vrai lavage. Vous mettez trop d'eau dans votre
vin , ce n'eft plus que du lavage.
ifT On le dit de même quand on prend une trop
grande quantité de quelque breuvage que ce foit.
Je crains fort que vous ne vous trouviez mal de
tout ce lavage.
Lavage. En termes de Salpêtrier , c'eft: quand on
met del'eaude puits pure fur les cendres & plâtres
des cuviers , qui eft un Jour & un feu plus à
palier.
^'Lavage , dans le travail des mines j c'eft une
opération par laquelle on dégage , on fépare , par
le moyen de l'eau , les parties terreftres , picrrtu-
fes , en un mot , les parties qui ne fonc poinc
Tome V.
LAV 441
mécalliqucs , de la partie propre à ccrc fondue.
Lavage. Manière de tirer l'or des rivières. En plu-
licurs endroits du Chili & du Pérou on tire de
l'or par le lavage. Voy. Lavoir.
LAVAGNA. Npm d'une petite ville qui a titre "de
Comté , &C qui dépend de la Maifon de FicfqUe,
Lavania , Lebonia. Elle eft de l'État de Gènes ,
& iituée fur la côte du levant , à deux ou trois
lieues de Rapallo , à l'embouchure de la rivière de
Lavagna , iznhixm Lavania, ik. anciennement £'/2-
tella. M AT Y.
LAVAGNE. f f. La pierre de Lavagne de Gènes eft
une cfpèce d'ardoifc , dont, on couvre les maifons
Ik. dont on fait du pavé. Elle eft très-bonne par fa
grandeur & fon épailleur à peindre de grands ta-
bleaux. On la tire de la côte de Gènes dans un lieu
appelé Lavagne.
LAVAL , ou LAVAL - GUION. Fallis Guidonis.
Ville de France , iituée dans le Maine , fur la Mayen-
ne , à quinze lieues d'Angers, du côté du nord.
Laval appartient aux Ducs de la Trimouille , &
eft conlidérable par fes Manufiélures de toiles.
A-Caty. La Maifon de Laval étoit une des plus
anciennes & des plus conlidérablcs de France. On
la fiifoit remonter julqu'au IX^ liècle , où Gui I ,
Baron de Laval , vivoit fous les enfans de Charle-
magne. Long. \G. d. 4/' , lat. 48. d. 4'.
|cr LAVANCHE. f f. C'elt la même chofe que LA-
VANGE. Voy. ce mot.
LAVANDE, f f. Sorte de plante dont il y a plufieurs
tÇ'çzccs. Pfeuioiiardum , lavandula, Ciz/î"*;.' La grande
lavande, ou la lavande mâle , qu'on appelle aulli
Nard iSc Afpic en Provence , pouft'e des tiges à la
hauteur de deux ou trois piés , dures , ligneules ,
carrées. Ses feuilles font oblongues , blanchâtres.
Ses fleurs (ont en gueule , petites : elles naillent à
la cime des tiges (Je des branches , ditpofées comme
par anneau , &c en manière d'épi, de couleur .bleue
ou violette. Ses iemences font menues, oblongues ,
enfermées dans une caplule qui a fcrvi de calice à la
fleur. Toute la plante j (Se principalement la fleur,
rend une odeur torte , aromatique , agréable. Elle
eft propre pour fortifier le cerveau iSe les nerfs ,
pour chafter les vents , pour exciter les mois aux
iemnies. On (e fert des fleurs de la lavande pour
faire une huile j qu'on appelle Huile elfentielle de
lavande. En Provence on l'appelle Jluile d' afpic ,
par corruption j pour Huile de fpic. Voy. Aspic.
En La.tm lavandula latifolia. C. Bauh. pin. zi6.
ipr La Lavande femelle , Lavandula minor, ou Au-
gufii folia , eft femblable à la lavande mâle dont
on vient de parler , mais elle eft plus balTe , fes
feuilles font plus étroites ôc plus courtes j ôc l'odeur
eft moins lorte.
Ce mot vient de lavare , laver , 8c l'on a donné
ce nom à la lavande ordinaire , parce qu'on l'em-
ploie dans les bains. Lavandula , lavande , eft pris
du Celtique lavend. Pezron.
LAVANDER. f. m. Efpèce de linge ouvré , qui fe
manuiaiture en quelques lieux de Flandre.
LAVANDIER. f. m. Officier du Roi qui a foin de
faire blanchir le linge. Lotor Regius. Il y a dans
la Maifon du Roi deux Lavandiers du corps , fei-
vanc lîx mois chacun. Un Lavandier de Panneteric
bouche. Un Lavandier de Panneterie commun or-
dinaire. Deux Lavandiers de cuiline , bouche &
commun.
Lavandier des Philosophes. Nom que les Sages
donnent à Jupiter , lequel agit &C règne durant
l'opération appelée lavement des Piulofophes.
LAVANDIÈRE, f f. Femme qui blanchit du linge,
des toiles. Lotrix. Il y a grand nombre de Lavan-
dières à Charenton , à Saint-Cloud. En ce fens on
dit plutôt Bhmchijfeufes. On fe lert du mot de La-
vandière , quand on veut parler de celle qui lave
tk qui aide à la Blanchillcufe.
Ce mot vient du Latin labendria , dont s'eftfervi
Gellus. Du Cange dit auflî qu'on a ait lavandarius
ôc lavander dans la balle Latinité.
Kkk
L A V
Lavandière. 1". f. Petit oifeau qui fréquente le bord
des rivières , & que Ton appelle plus ordinaire-
ment Bergeronnette , ou Hoche-queue. Motaalla.
Ce petit oifeau fe plaît le long des eaux &: des
rivières: il cherche des mouches & des vcrmilleaux
en ces lieux ; il aime aulli le bétail , à eaufe qu il
y a quantité de mouches, qui voUigeat pour l'ordi
naire autour des troupeaux. La Lavandière a la taille
lonaiie -, elle a le fommet de la tête , le haut du
cou &c la poitrine noirs. Son dos cft cendre ; fon
bec efl: longuet , menu & noir ; fon golier ell
blanc par le dedans ■■, fon ventre eft tout blanc ;
fcs ailes font bleues j diverfihées , de blanc & de
noir, aullîbien que fa queue qui efl plus longue que
fcs ailes -, les jambes & fcs pics font bruns , ëc allez
longs.
La femelle a le fommet de la tète cendré , la
gorge blanchâtre j pour le relie , femblable au mâle. _
Les jeunes Lavandières jufqu'à fix mois, à ce que
dit Bellon , font d'aucre couleur que celles d'un an
qui ont mué.
Bellon dit qu'il y a une autre efpèce de Lavan-
dière d'une taille plus petite que celle dout nous
venons de parler.
LAVANGE. f. f. Amas de neiges qui fe détache tout à-
coup des montagnes & des hauts rochers ^ gCF prin-
cipalement des Alpes & de Pyrénées , & qui après
s'être augmentées peu à-pcu fur la route , forment
des maires allez conlidérables pour caufer de très-
grands ravages , & entraîner tout ce qui fe trouve
fur leur pallage , fur tout quand -elles font pouilées
.par un vent impétueux , ou qu'elles le détachent
après avoir été durcies par la gelée. Nivis glohus ,
w2o/i5., Un petit peloton de neige qui roule le long
d'une haute montagne groilit tellement , qu'il forme
une lavanpe. On les nomme ainfi en Dauphiné ;
mais vers Briançon &c Pignerol on les nomme
avalanges , avalanches , ou luvanches.
LAVAN i'. Nom d'une rivière du Cercle d'Autriche.
Lavantus. Elle a fa fource dans la Haute Styrie ,
traverfe une partie de la Cariuthie , & fe décharge
dans la Drave , à Lavant- Mynd. La vallée de La-
vant . que cette rivière baigne , efl la plus fertile
de la Cariuthie. Maty.
LAVANT MYND , ou LAVEMUND. Lavantmun-
dd ,Lavaiimunda,Lavantiortium. Petite ville d'Al-
lemagne dans la Carinthie , à l'embouchure du
Levant dans la Drave. Cette ville appartient à l'Ar-
chevêque de Saltzbourg ; elle eft ornée d'un châ-
teau i'C' d'un Évêché , fondé l'an 1075 , par les
Archevêques de Saltzbourg , dont il eft fuifragant
Maty.
LAVARDIN. Nom d'un ancien Château , qui a
donné le nom aux Seigneurs de Lavardin. Lavardenfe
Cajlrura , &: Lavari\ium. Dans Godefroi de "Ven-
dôme j L. LU , Ep^ 2j. Lava-^inenfe Cajlrum.
Dans la vie de Hildcbert , Évcque du Mans , La-
yarceium. Dans Odéricus Vitalis , L. X , Hiflor.
Lavardinum. Il efl: près de Vendôme , lur le bord
du Loir , vis à-vis de Montoire. Hadr. Valchi ,
Not. Gall. p. 2 64.
LAVARET. f. m. PoilFon qui fe trouve dans les lacs
du Bourget & d'Algubelette en Savoy^. Lavarctus.
PoMEY. C 'efl: une efpèce de faumon , ou de triiite ,
qui a le dernier aileron du dos , gras &: rond com-
me les faumons & les truites : il efl: de la gran-
deur d'un pied -, il a le corps aplati , à peu près
comme le hareng , ou l'alofe. Son corps efl: cou-
vert décailles claires & .argentées ; depuis fes ouics
jufqu'à laquelle, il efl traverfe par une ligne pref-
que droite : il a deux ailes près les ouïes , autant
au milieu du ventre, près, de l'anus j &: une aune
fur le dos allez grande , & la dernière qui eft
gralîe comme aux truites. La queue finit en deux
pointes noires par le bout. Il a de chaque côté
quatre ou'ics doubles, le cœur fait 'à angles, le
foie (ans fiel : il n'a point de dents •■, la chair cil
blanche , molle , de bon goût , point gluante ,
d'un bon lue , qui nourrit médiocrement, il tait
L A V
ks œufs en Automne. Rondelet , Des poiffons
des lacs , c. //.
Lavarht , fe dit aulfi d'un oilèau de leurre, ou de
proie.
LAVARONUS. f m. Poilfon de mer qui reffemble
beaucoup au Lavaret poillon de rivière. Il efl: cou-
vert d'écaillés luifantes comme de l'argent. Sa tête
eft grolVe , & l'on trouve dedans deux petites pier-
res. Sa chair eft très blanche , légère , bonne • à
manger &c de facile digeftion. On le trouve dans
la Méditerranée. Les pierres de la tête prifes en
poudre font bonnes contre la gravelle. Sa chair eft
nourriirante , reftaurante & llomacale. Lémery ,
après Bellon, .appelle ce poilfon Lavaronus , à La-
vande , parce qu'il eft toujours fort net Hc bien lavé:
mais à MarMlle & à Gènes on le nomme Cabajfo-
nus ëc Capajjonus.
LAVASSE. 1'. f. Pluie 'fubite , abond.ante & impé-
tueufe. Unda , pluvia , irnher pr&cipitans , pr&ceps ;
diluvïes j colluvies. Nous avons été furpris a la
. campagne par une lavajjè. Les lavaffes font fouvent
déborder les petites rivières, & en tont des torrens
qui font bien du tort dans la campagne.
§a- LAVATERA. f f. Terme de Botanique. Genre de
plante dont la Heur rellbmble à celle de la Mauve;
mais dont le piftil devient un fruit qui eft uneel-
pèce de bouclier mcmbr.vieux , garni en deftous
d'un rang de femences , difpofces en manière de
cordon , de la forme d'un petit rein fans enveloppe,
.atuchées par leur échanciure à un petit filet.
LAVATION. f f. Fête que les Romains cclébroiem
en l'honneur de la mère des dieux. On portoit ce
jour-là en pompe la ftatue de la dédié fur un cliar,
&: on alloit enfuite la laver dans le Heuve Almon,
à l'endroit où il tombe dans le Tybre. Cette fo-
lennité , qui arrivoit le vingt-cinq de Mars , fut
inftituéeen mémoire du jour que le culte de Cybéle
fut apporté de Phrv2;ie à Rome.
LAVAUR , ou LA VAUR , & félon quelques uns
LAVOUR. Ville du Haut - Languedoc , lîtuée fut
la rivière d'Agouft , à fix lieues de Touloufe , du
côté du levant. Vaurium , Vaurum. Cette ville eft
petite , mais agréable. Elle a un Évêché fuftragant
de Touloufe. Maty. Lavaur en Lauragais , au
Haut Languedoc j étoit un ancien Monaftère fonde 1
au VIP. liccle par S. ALiin , ou Elan , Évêque,;
honoré le vingt cinq de Novembre. En 109S , Ifarn,
Evcque de Touloufe , donna cette Églife , nommée
S. Elan , & fituée dans fon Diocèfe jàFrocard Abbé
de S. Pons de Tomiers , pour la rétablir , parce
quelle étoit détruite par négligence. On y étab
un Prieuré dépendant de S. Pons , qui fublîfta juf-
qu'à l'an 13 18, auquel Jean XXII. l'érigei en
Évêché le vingt deuxième de Février , &c lui donna
pour premier Évêauc Roger d'Armagnac. Fleury,
Hijl. Eccléfiaft. Ù XCLL. Voy. auiFi Catel , H^.
de Languedoc , L. V :, p. I02(), où il rapporte
la fuite des Évêque de Lavaur. Long. 19. d. 31',
Lit. 43. d. 42'.
LAUBACH 3 ou LABACH , en Italien LUBIANA.
Ville du Cercle d'Autriche. Labacum , Lubiana.
Elle eft capitale de la Carniole , éc fituée fur la
rivière de Laubach , à deux lieues au-deflus de fon
embouchure dans la Saxe. Laubach a un Évêché ,
fuftragant autrefois d'Aquiléc , & maintenant de
Saltzbourg. On la prend communément pour l'an-
cienne Amonia j ou Emonia , ou Emona , cité de la
Pannonie fupérieure. Maty.
Laubach , Klein Laubach , c'eft-à dire , le petit Lau-
bach. Petite ville de la Carniole , fituée fur la ri-
vière de Laubach , à deux ou trois lieues au-dcftus
de la grande Laubach. I^abacum parvuin. Cette ville,
& même la rivière fur laquelle elle cft , ont etc
appelléj^ par les Anciens Nauportus. Maty.
Laubach , Ober Laubach , c'eft à dire , le Haut Lau-
bach. Labacum Superius. C'eft un bourg de la Car-
niole , lîtué fur la rivière de Laubach , près de la
foutce (Se du Comté de Gorice. Matv.
Laubach . eft encore le nom d'un bon bourg du
L A U
Comcc de Solms , en Wéréravie. Laubacum. Il cft
aux confins du Comté de Nida , & du Landguviat
de Hcllc , à crois lieues de la ville de Giellcii.
Maty.
LAUBAN. Petite ville de la Luface. Lauba. Elle eft
aux confins de la Silclie , (uu la liviàc de Quiellcc,
à quatre lieues de Gorlitz , du côte du levant.
Maty.
LAUBEN. Foyei Leuben,
LAUDA. Nom d'un bon bourg avec un château.
Lauda , Laudum , anciennement Laus Pompeia. Il
eft dans l'Évcché de Wuitzbuig en Fianconic j fut
le Taubcr , à deux lieues au-dellbus de Marien-
thaï. Maty.
LAUDANUM, f. m. Terme de Pharmacie. C'efl: le
nom que les Chimiiles ont donné à Textrait d'O-
pium , à caufc de les excellentes qualités , comme
qui dhoit laudandum de laudare , louer. Pludcurs
y ajoutent les corau.x ., les perles , la thénaque ,
l'extrait de fafiran. Le Laudanum efl un remède ad-
mirable , quoiqu'cn dite M. Patin ; il provoque le
fommeil ; il appaile les douleurs ; il arrête les cra-
chemens de fang ; les Hux des menftrues & des hé-
morrhoïdcs : il e(l aullî très-bon pour toutes (ortes
de flu.vions violentes.
On dit populairement , Donner du Laudanum à
quelqu'un ; pour dire , Le louer , le flatter.
LAUDE. Terme de Coutumes. Droit de vendition
qui fe levé dans les foires fur les marchandites.
Droit qui fe levé fur les habitans de quelques lieux
du Berry. Lauda. Quafi propur laudandam vcndi-
non:m. Sur chacun defdits habitans non ayans bœufs ,
deux deniers tournois , &z s'appelle ledit droit ,
le droit de Laudc ; leuda , dans la balle Latinité.
On peut aulli. appeler Laude , aulîî bien que
louange , une efpcce de prières de l'Oflice Mofara-
bique , appelée en Latin laus j, & en Efpagnol
lauda. Une laude el\ compofée de plulîeurs ver-
fets qui fe répètent , & relfemblent en quelque
forte aux prières qu'on dit dans le Rit romain les
jours de férié d'Avent & de Carême. On recite
une laude chaque jour dans l'OfEce Mofarabique
à Laudes , & à chacune des petites Heures.
LAUDEN. Foyei LoTHiANE.
LAUDER. Petite ville de l'Écolfe méridionale. Lo-
dera. Elle efl à huit ou neuf lieues de Batwick,
du côté du couchant , & eft capitale de la Lau-
derbale , qui efl; une petite Province , environnée
paf la Lothiane , la Marche , la Tv/édale , &c la
Tivédale , dans laquelle quelques Cartes la ren-
ferment. Maty.
LAUDES, f. f. pi. La féconde partie de l'OfEce ordi-
naire du Bréviaire, qui le dit après Matines. Lau-
des. C'étoic autrefois la fin de l'Office de la nuit.
Les Laudes font principalement compolées de Pleau
mes , de Cantiques , & d'une Hymne. L'Office des
Morts finira Laudes. Calïïen, dans fon Ouvrage,
de Noclurnis Orationibus , L. III , c. lO, fait en-
tendre que les anciens Anachorettes d'Egypte chan-
toient la nuit les mêmes Pleaumes que nous réci-
tons à Laudes.
Dans l'Ordre de Cluny , le mot de Laudes eft
fynonymc de celui de Matines. Laudes , feu Matu-
tîni. Seal. cap. gen. anno lyij. Anciennement
on appeloit les Laudes j l'Office du matin , ou Mati-
nes ; & ce que nous appelons aujourd'hui Matines j
X s'appeloit Nofturne , ou Office de la nuit : les
■ Laudes s'appeloient Matines j parce qu'on les diloit
le matin. Les anciens Moines , qui luivent h Rè-
gle de S. Benoît , ont féparé les Laudes des Mati-
nes, ce qui a donné occafion à diiiércns Auteurs
de traiter une quefl:ion allez inutile^ lavoir Ci l'Of
fice" divin efl: compofé de huit parties, ou heures
différentes , ou de fept feulement ; mais il importe
peu combien on tompte d'heures , pourvu qu'on
dife dans le temps marqué celles que la coutume
&C l'Églife prefcrivcnt. Dans l'Éghfe Romaine on
ne compte que fept heures dans l'Office divin ,
parce qu'on joint les Laudes aux Matines. Les an-
Tome F.
cicns Mouies les ont leparees pour fc conformer
davantage au texte du Pfcaume , qui porte que
David fe levoit la nuit pour louer Dieu , &: qu'il
le louoit fept fois le jour. Il y a dans les Laudes de
l'Office fMofarabique une chofc lingulière , c'eft
qu'on n'y récite janu» le Cantique Benediclus ,
excepté le jour de Saint Jean Baptillt. La Règle de
Saint Céfiire pour des Rcligicuf es porte §. ii. En
tout temps après Laudes qu'elles lilènr jufqu'à huit
heures du matin, & cnfliite que chacune falle ion
ouvrage. Quand il y a une morte , quelques Sœurs
en petit nombre la veilleront jufqu'à minuit , ik on
lira de l'Apôtre. Pallé niinuir , celles qui auront
veillé , fe rcpoferont jufqu'à Laudes.
Ce nom de Laudes vient de ce que les Pfcau-
mes qui compofent cette partie de l'Office divin,
contiennent des louanges de Dieu. Foye\ le mot
de Bréviaire , où la forme des Laudes , félon les
diflérens rits , efl: rapportée.
LAUDICK. Nom d'une petite ville de la grande Po-
logne. Laudicum. Elle efl: fur la rivière de Warta,
dans le Palatinat de Kalisk , à douze lieues de la ville
de ce nom , du côté du Nord. Maty.
LAUDIESA , LAUDICK , LAUDICKIA. Voye^
LaodicÉe.
LAUDUN. Petite ville de France dans le bas Langue-
doc , au Diocèfe d'Ulez.
^tCF LAVE. f. f. Le 'Véfuve lance des monceaux de
cendres , des torrens d'eau , des puilleaux de feu ,
des matières embrafées , pierres , bitumes , &c. c'eft
ce qu'on appelle les laves du Véfuve. Nous de-
vons craindre parmi nous l'inondation des petites
chofcsj autant que les voilîns du Véfuve craignent
les laves Hc les tulminations. Mém. de Trév. C'eft
le nom générique que l'on donne aux matières li-
quides &• vitrifiées que les volcans vomiflènt dans
le temps de leurs éruptions , &: qui forment com-
me des ruiffeaux enflammés.
gCTLAVE ( le ). Rivière de France , en Artois. Elle
palfe près de Béthune par le moyen d'un canal que
l'on a fait pour y communiquer. Elle fe jette dans
la Lis , à la Gorgue.
LAVÉDAN. Levitania. Vallée de France enrre les
Pyrénées. C'efl: une des deux parties du Bigorre _,
elle a titre de Vicomte. Levicanenfis Comitatus. Sa
capitale efl Lourde. Hadr. Valef. Not. Gall.p. S 4.
Lavédan , fe dit aufli des chofcs qui appartiennent
à ce pays. Levidanus.
Lavédan , efl: une efpèce de cheval qui a pris fon
nom du Comté de Lavédan , en Gafcogne , où
Ton nourrit de forr bons chevaux. Les Lavédans ,
ou les chevaux Lavédans étoient autrefois célèbres
par leur vîtelfe 3c leur facilité à faire les voltes,
même en couranr.
LAVEE, f. f. Terme de commerce de lainage. Une
lavée de laine efl: un tas de laine tirée de l'eau, &
expofée à l'air pour s'égoutter.
LAVÉGE^ou LAVEZZl.f. f. Sorte de pierre dont on
fe fert à faire des marmites , & autres pots & uf-
tenhles de cuifine qui fe mettent au feu. Il n'y a
que trois carrières d'où l'on tire cette pierre : l'une
dans le Comté de Chiavennes , l'autre dans la Vai-
téline , & la rroillème dans le pays des Grifons.
LAVELLO. royex. Laviello.
LAVEMAIN. T. m. Petit réfervoir d'eau fait de
pierre, ou de plomb, avec robinets, pour dillri-
buer l'eau , & qui fert à laver les mains à l'entrée
d'une facriflie j ou d'un réfeéloire. Malluvium , la-
brum , guttus. Il y a à hauteur d'appui au deffous
du lavtmain un baflîn de pierre carré - long pour
recevoir l'eau.
LAVEMENT, f m. Adion par laquelle on lave. La-
vado , lotura , ablutio. Ce mot n'efl guère d'ufage que
dans les phrafes iuivantes. Le lavement des pies étoic
une civilité ordinaire chez les Juifs j qu'ils faifoient
à leurs hôtes en arrivant. La Cène eft: une céré-
monie où le Roi lave les pies à de petits garçons ,
en commémoration du lavement des pies que notre
Seigneur fît à les Apôtres. Le lavement des miins
Kkk ij
444 L A V
du Pictie hgnifie la pénitence des fautes quotidien-
nes de notie infirmité. S. Cyr. Le lavement des
doigts du Prêtre fe dit plus ordinairement que le
lavement des mains. Port R. On fait aulii le Jeudi-
Saint la cérémonie du lavement des Autels , que le
peuple vient enluitc baifar.
Arnobe , adv. Gentes L. VII , parle d'une fête
des Anciens qu'on appeloit le lavement de la Mère
des dieux. Lavatïo Matiis Deàm Voyez Lava-
TION.
Lavement , efl: aullî un remède qu'on prend par le
fondement. Clyfterïum , dyfier. Il efl: compofé de
décoftion d'herbes laxatives , comme i»tiuves , gui-
mauves , pariétaires , violiers de Mars ^ & autres
qu'on .appelle herbes à lavement. On dillout d'or-
dinaire dans cette décoition du catholicum , du
miel , du fucre rouge , ou quelque autre chofe , lui-
vant l'intention qu'on a. On en fait auiîi avec du
iait & de l'eau fimple^ pour rafraîchir , pour lâcher
le ventre. Beaucoup de gens en prennent par dé-
licatelle , pour le conferver le teint frais , & le
ventre libre. En Médecine on l'appelle clyfiere.
Voye'^ ce mot. Les Médecins Chinois ne conoif-
fent l'ulage du lavement que depuis qu'ils ont eu
communication avec les Médecnis de Macao. Ils
ne défapprouvent pas ce remède , mais ils le nom-
ment le remède des Barbares. P. Le Comte.
Cy gyji Maître Louis ^
Si accoutumé à prendre ,
Qu'il aima mieux mourir que rendre
Un lavement 'qu'il avait pris.
Lavement des Philosophes. Terme de Philofophie
hermétique. Opération par laquelle , lorique la
noirceur s'eft épaillie , l'humide en s'élevant circule ,
& retombe lur la matière noire j ce qui fe fait tant
de tois que la matière , de noire , devient blanche.
LAVER. V. a. Nettoyer quelque choie avec de l'eau ,
ou avec quelque autre tiuide. Lavare , abluere. La
Police oblige les Bouchers à bien laver leurs échau-
doirs , pour les tenir propres & nets. Il y a plu-
lieurs villes où on lave les rues avec de l'eau qu'on
élevé par des machines. On lave la lalade avec de
l'eau. Dans .les cuihnes on a loin de mettre une
grande pierre à laver. La coutume de le laver les
mains efl: très ancienne , elle étoit même beaucoup
plus commune autrefois , qu'elle ne l'ell aujour-
d'hui. On le lavoit les mains avant que de fe met-
tre à la prière , avant que de s'approcher de la
fainte Communion ; les Prêtres le les lavaient avant
la confécration , comme on le fait encore à pré-
fent. On fe lavoït encore avant la ledure de l'Ecri-
ture-Sainte. Hé , hé , direz-vous , il a fait aupara-
vant une longue & (érieufe pénitence , il a été deux
ans à bêcher le jardin , à faucher les prés , à laver
les vaiirdles. Voilà ce qui» l'a rendu digne de la
doélrine de S. Auguftin. Racine.
Laver la Lessive. Vaye\ Lessive.
Laver , fe dit aulîî de ce qu'on nettoie avec d'autres
liqueurs. Eluere. On lave une plaie , on la bafline
avec du vin & de l'huile. On lave le viftge avec
de l'eau de-vie , avec de l'eau de fivon , quand on
frit fa barbe. On fe lave les mains avec de la
pâte , les pies avec des herbes fines. On lave le pa-
pier avec de l'eau d'alun , pour empêcher qu'il ne
boive, pour le rendre plus uni , plus égal.
Laver , fe dit abfolument poux: k laver les mains en
le mettant à table. Voulez vous vous veTiir laver?
Les Électeurs ne veulent laver qu'avec les Princes.
Donnez à laver. Cedo aquam manibus.
Laver les verres , un verre bien lavé. Prenez foin
de bien laver les verres avant que de verfer à boi-
re. Synonyme de rincer.
§3" On die figurément , Laver fes péchés de fes pleurs ,
avec fes larmes , pleurer fes péchés , les eftacer.
Lielere. Se laver d'un crime, s'en jnffifîer , prouver
(on innocence. L'ingr.atitude ell un vice li bas.
L A V
que rien ne peut laver d'une tache fi infâme , l'ef-
taccr. Rodrique , dans le Cid , dit en parlant d'un
foufflet :
Ce n'ejl que dans lefang qu'on lave un tel outrage.
§Cr On dit proverbialement &: figurcment , laver la
tête à quelqu'un , lui faire une fevère réprimande:
à laver la tête d'un âne , ou d'un More j on y perd
fa leilive. ^thiopem lavare , oleum & opérant
perdere. Vouloir inihuire ou corriger une perfonne
ftupide ou indocile , c'eft peine perdue : & pour
marquer qu'on ne veut point avoir de part à une
.affaire qu'on ne croit pas julfe , on dit. Je m'en
lave les mains , par allufion à la même cérémonie
que fit Pilate quand on le prefla de condamner
Notre Seigneur.
Laver, fe dit aufîi des mers& des rivières quipalTent
auprès d'une ville , une province j qui 1 arrofent
de leurs eaux. Alluere. La mer lave les murs de
Conffantinopkj le Pénée lave les campagnes de la
Theilalie.
Laver, en termes de Peinture, fe dit en parlant des
couleurs qu'on étend , & qu on couche fur un def-
fein avec le pinceau , à la différence de celles qu'on
.applique en pointillant , comme on fait en minia-
ture. Colores effundere. On dit aulli , que des cou-
leurs font bien lavées , quand les nuances qui tont
les ombres (ont douces , & palfent infenliblement
d'une couleur à l'autre. On dit aufli qii on lave un
tableau , quand on le décraffe pour lui rendre fa
première couleur , par un Iccret qu'ont quelques
Artilles.
Laver , fe dit auiîl en termes de Peinture , ou de
deiTein lorfque fur un dellein paffé à l'encre , on
couche avec un pinceau une couleur d'encre de la
Chine , ou de biif re à l'eau , pour le faire paroitre
le plus au naturel qu'il eif polhble , par les ombres
des iaillies &: des baies , & par l'imitation des ma-
tières dont l'ouvrage doit être conffruit. Ainllon
lave d'un rouge tendre pour contrefaire la brique
& la tuile : d'un bleu d'Inde clair pour l'eau 6c
l'ardoife ; de vert pour les arbres &c galons ; de
iafr^n ou de graine d'Avignon pour l'or & le bron-
ze ; & de diverles couleurs pour imiter les mar-
bres. Ces lavis le font par teintes égales ou adou-
cies fur les jours avec de l'eau claire , & fortifiées
de couleurs plus chargées dans les ombres. On met
de l'eau de gomme dans quelques couleurs , com-
me dans le rouge & le bleu , &c on lave aufH fur
le trait au crayon. Daviler.
Laver a dos. Laver à dos de la laine , c'eft laver
la toifon lut la bête avant que de la tondre.
Laver les couleurs, c'eft les hire tremper «Se délayer
dans l'eau , 'afin que la couleur fe précipitant au
fond , on puitle ôter toutes les faletés qui s'amaf-
fentau-dellus de l'eau jCe qu'on réitère plulieurs fois.
Laver au plat. Terme de Monnoyage. C'eft laver
dans un plateau ou balîln de bois , les cendres , ba-
layures , <!s: autres chofes lemblajples , pour en tirer
les plus grosSnorceaux d'or ou d'argent qui y font
mêlés.
{JS" Laver les plumes. Chez les Plumaftîers, c'eft
rincer les plumes dans l'eau après les avoir fa-
vonnées.
§CJ" Laver les formes. Terme d'Imprimerie. C'eft les
mettre dans un baquet rempli de lellive , les broller
& les pafler enluite à l'eau nette avant que de les
mettre fous la prelle.
Laver, en termes de Charpenterie, fignifie citer une
dofe de chaque côté d'une poutre , pour la mettre à
vive arrête. C'eft ôter avec la belaigue- tous les traits
de fcie & rencontres d'une pièce de bois de fciage ,
pour la drelfer & l'aviver. Daviler. Laver une
poutre. Fel.
Laver, eft aullî un terme de Chymie. C'eft ôter par le
moyen *le l'eau les impuretés groflières de quelque
mixte. Glas.
LAVÉ, ÉÉ, part. paif. c\' adj. Lotus , lavatus. On dit
proverbialement d'une mailon dont la cuifine eft en
L A V
J^fordrc, il n'y a ni pot au feu ni écucllcs lavées.
Une b.ubc bien Idvée ell à demi faite.
Lavé , ée , dans l'acception d'adjcCUf j n'a d'ufagc qu'en
parlant de certaines couleurs peu vives & peu char-
gées. Ainlî, on dit d'un cheval , qu'il ell de poil bai
lavé t pour dire de poil bai clair. Ht on appelle en
peinture , couleur lavce , une couleur toible ik dé-
chargée. Ac. Fr.
LA VERNE, r. £ Terme àz Mythologie. Nom d'une
décile des anciens Romains. Laverna. C'étoitla déel'e
.. des larrons qui étoient fous fa protection. Il lem-
^ble à lire Horace, L. I. Ep. XVI. v. 60 &fuiv. cjuc
Vj.Lavernc fût aulll la déclic de l'hypocrilie. Laverne ,
lui dit-il , donnez moi l'art de tromper tic de paroître
/, jufte , faint , innocent ; répandez les ténèbres & l'obf-
curité fur mes crimes &c fur mes tromperies. L'image
de Laverne étoit une tête (ans corps. Elle avoir à Ro-
me un bois lacré , &c elle donnoit ion nom à la porte
voiiine qu'on appeloit Lavernalis porta. Son temple
s'appcloit Lavernium. Les lacriHces & les prières
qu'on lui oftroit le faifoient en grand idence. f^oyci
Vo/iîus, de Idolol.L. Vin. C. ij.
Feftus dirive ce nom de lavemio , parce que les
voleurs le nommoient Lavernioncs. D'autres de le-
vare , parce que Pétrone les appelle Lcvatores. D'au-
tres de >.xUlt , prendre , & d'autres de >,xipafx , dépouil-
les , butin, étymologies qui conviennent toutes au
nom de la déelle des voleurs. '
LAVETON. f. m. C'ell la grolfe laine qui demeura dans
les moulins où l'on foule les draps, la groll'e bourre
qui en fort par la foulure , dont on frit les mauvais
matelas. Le Liveton eft toujours gris , & fort d'une
étolie groinèrc , comme le bureau &: la bourre laiiice
ell ce qui fort d'une écofte fine. Il ell défendu aux
Tapiflîers %le faire des macelats où il y ait de la laifie
fur les bords , & du laveton au milieu.
LAVETTE, f f. Terme de cuifîne. Petit torchon qui
lert à laver la vaillelle.
LAVEUR, f. m. Celui qui lave. Lotor. \}\\ laveur de
livres , de gants. Les Mégillîers ont des laveurs de toi-
fons.
LAVEURE. Voye\ Lavure.
LAVEUSE. Celle qui lave la vaiffelle. Lotrix cuFinaria.
■ C'ell une laveufe d'ccuelles.
LAUFFEN. Nom de pluheurs villes en Allemagne.
Lauffa.
Lauffen dans l'Archevêché de Saltzbourg , fur le Salt-
zach, entre Salzbourg !k Burtchaufen.
Lauffen , ou Lauffen Franconie , fur le Pregnitz , dans
le territoire de Nuremberg, à quatre lieues de la ville
de ce nom.
Lauffen en Suille , dans le Canton de Zurich , près
du Rhin, au midi de Schaffoufe.
Lauffen enSuabc, dans le Duché de Wurtenberg , fur
le Neckre'j à deux lieues au-dellus d'Hailbron.
Maty.
LAUFFENBOURG. Nom d'une ville de la Suabe. Lauf-
fenburgum. Elle efl une des quatre qu'on apelle
Foreftières , Se qui appartiennent à la Mailon
d'Autriche. Cette ville ell à llx lieues de Bàle, fur le
Rhin, qui la coupe en deux, & elle efl allez bien*
fortifiée. Le Duc Bernard de Weimar la prit l'an
1658. Maty. Long. ij. d. 45' , lat. 47. d. 36'.
LAUGINGEN , ou Lawingen. Nom d'une petite ville ,
avec citadelle & Univerfîté. Lauginga. Lavinga. Elle
eft du Cercle de Bavière , & fituée fur le Danube ,
entre Ulm & Donavert , à lept lieues de la première ,
& à huit de la dernière. Cette ville a été Impériale.
Elle dépend maintenant du Duc de Neubourg. Maty.
LAVICAiSl, ANE, adj. Qui fe dit d'un grand chemin
d'Ital'e,& d'une porte de l'ancienne Rome. Lavica-
nus j a. Il y a deux chemins; le chemin Lavican, Via
Lavicana; &c le chemin de Prénelle , Via Frane/lina,
•qui (ortent de la porte à laquelle les anciens Auteurs
ont donné tantôt un de ces noms & tantôt l'autre.
Cette porte eft celle qui eft aujourd'hui entre la porte
S. Jean & celle de S. Laurent ^ & s'appelle Porta
maggiore. Le chemin Lavican conduit à Valmotone j
que plufieurs tiennent être l'ancien Lahicum^ de qui
L A V 44^
ce ciiemm prit fon nom. La porte Lavicane eft du
côté de l'orient.
LAVIELLO , ou LAVELLO. Petite ville du Royaume
de Naplcs. Labellum , Lavellum. Elle eft dans la
Bafilicate, aux confins de la Capitanate , c\; à fix
lieues de"'Cirenza. Laviello cil un Evéché fullhiganc
deBari. Maty. Il y a à Lavello beaucoup de reftes
d'antiquités. Lavello eft à une lieu de l'Oifànto , que
les Anciens appellent Aufidus , entre Melfi à l'occi-
dent, & Minorbino à 1 orient.
LAVIGNON. f. m. Petit coquillage de mer , grand à-
peu-près comme la moule , mais un peu plus Luge ,
plus court, plus arrondi & plus plat. Sa coquille elt
lille & polie eu dehors , mais encore plus en dedans ,
de couleur blanche. Le haut de cette coquille eft un
peu relevé , mais elle diminue infenhblcment juf-
qu'aux bords, & rc.piéf'ente, quand elle cil ouverte,
deux cuillers fans manche. Le petit poillon qu'elle
renferme cil tout au plus gros comme celui de la
moule, de couleur blanciie , bon à manger & de fa-
cile digcftion. On tfouvc ce coquillage au bord de la
mer, dans la boue, où il noircit fa coquille, enforte
qu'on la croiroit noire , mais en le lavant bien il rc -
prend (a couleur blanche.
LAVINIA. Civita Lavinia. Nom d'un bourg de la
Campagne de Rome, en Italie. Lanuvium. Il eft en-
tre Vélitri & Ardea. Quelques Géographes le pren-
nent pour l'ancien Lanuvium , d'autres pour l'ancien
Lavinium , & quelques-uns confondent ces deux vil-
les en une. D'autres placent Lanuvium à Judovina,
à fcize milles de Rome, fur la voie Apple. Holile-
nius croit que Lanuvium étoit fur une hauteur , &
que c'eft celle cju'on nomme aujourd'hui Monte di
Levano. .
LAVINIE. f. f. Fille unique deLatinus, RoiduLatium
& de la Reine Amate : elle époufa Enée lorfqu'il eut
tué Turnus.
LAVINIUM. Ville bâtie par Enée en l'honneur de
Lavinie , fon époufe, dans un lieu qui lui avoir été
déligné par l'Oracle.
LAVINO. Nom d'une petite rivière , remarquable ,
parce que ce fut fur fes bords qu'Oélavius, Marc An-
toine éc Lépidus formèrent leur Triumvirat. Labi-
nius. Elle coule dans le Bolonois en Italie ^ environ
à trois lieues de la ville de Boulogne , vers le cou-
chant. Maty.
LAVIS, f. m. Terme de Deflmateur , qui fe dit des
adoucilïemens qui fe font fur des delfeins fiits avec
la plume, ou le crayon, en y appliquant de la fan-
guine, de la fuie détrempée, de l'encre de la Chine,
& autres fortes de couleurs fîmples détrempées avec
de l'eau qu'ils appellent Lavis. 'Voyez Laver.
§CrLAVIT. Petite ville de France, en Gafcogne, au
Comté d'Arrftagnac. On l'appelle ordinairement La-
vit de Lomagne, parce qu'elle eft au pays de Lo-
magne.
LAVIZARO. Borgo Lavi^aro , en Latin Lavifariim^
autrefois Forum Lebuorum , ou Lihicorum. C'étoic
anciennement ime petite ville des Infubrcs , en la
Gaule Cifilpine ; maintenant ce n'eft qu'un vilLite
du Duché de Milan, fitué fur le Gogna, dans le Nc-
varois , à deux lieues de Novare, vers le midi. Maty.
LAUMELLlNA,oula LAUMELINE. Nom d'une con-
trée ou province du Duché de Milan , en Italie. Lau-
mellïna. Elle eft entre Pavie & Cafil , le long du Pô,
qui la icpare en deux parties , dont la fcptentrionale
eft beaucoup plus grande que l'autre. Mortare & Va-
lence en font les villes principales; l'ancienne Lau-
mellum qui lui a donné le nom , eft aujourd'hui le
village de Lumello , fitué fur la Gogna , entre Valence
& Vigevano. Maty.
LAUMÈR. f. m. Nom d'homme. Launomarus. Saint
Laumer, ou Lômer, Abbé , né de parejis peu relevés ,
félon le monde, mais bons Chrétiens,dans un village du
Diocèfe de Chartres, appelé la Neuville Lamar, fous
le règne des enfans de Clovis Ij pafla les premières
années de fa vie à conduire les moutons de foupcre.
Baillet, ^v<-'? Bollandus , au dix- neuvième de Jan-
vier. Chafcelain, au même jour.
44^
L A V
L A U
De Launomams, on a i^iLaunomar, Launomer ,
Laimcmer , Laumer. D. Mabillon , qui a donne la vie
de S. Laumer (ur un manufcnt de Citeaux , dit que ce
fut à Neuville- Lamai qu'il naquit , qu'on y a bati une
chapelle en l'on honneur , & que ce lieu crt a quatre
liciies de Chartres. Ne faudroit-il point écrire Neu
viilc-Lamare; & ne leroit-ce pointée lurnom de la
Mare qu'on avoit cru dérive de Launomarus , qui au-
roit fait prendre ce lieu pour celui de fa naillance?
Chastelain. „
LAUNCESTON. Ville d'Angleterre , au pays de Cor-
nouailles : on h nomme aulll Dunhivid. ^
LAUNY. Bourg du Cercle de Satz en Bohême. Launa.
U ell fur la rivière d'Eger , à cinq ou iix lieues de
Lctomerit , vers le couchant méridional. Maty.
LAVOIR, f m. Réftrvoir d'eau dertme pour y laver le
lin-e auprès d'une fource , ou d'un ruille.au. Lava-
crum, lavamna. Ce village a un lavoir beau &c
commode. , , , ,
Lavoir. , fe dit .lulïï d'un lieu prépare pour laver les
mains des Religieux dans un Monaftere. I^jvafonwm.
Pïfana. C'ell d'ordinaire un grand balhn de pierre
où tombe l'eau de plulieurs robinets , qm eft litue
près du Rétedoire. On dit plus ordinairement
Idvtr/nai/2 , que lavoir ^n ce fens.
Lavoir decuiline, eft le lieu où on Lave la v.iillelle.
Lavatrina culinaria , lavacrum.
Lavoir, fe dit .aulfi en parlant des lieux qu'on voit
chez les Indiens &: les Mahomét-ins , proche de
leurs Pagodes & de leurs Mofquées , où ils le
lavent le corps, ou les principaux membres, avant
que d'y entrer, par une cérémonie de Religion. Ba-
lineum , balneum , pifdna.
è'JF Lavoir, terme d'.arqucbufier. C'eft une verge de
fer , à un des bouts de laquelle on met un linge
mouillé pour nettoyer le canon d'un fudl.
LAVOIR, ou LavadÉro. Terme de Relation. Endroit
où l'on tire de l'or par le lavage , au Chili & au Pé-
rou. Auri lavatorium. Voici comment M. Fresier
décrit les lavoirs du Chili. On creule aii fond des
coulées dans les' angles rentrans qui le forment par
fuccefllon de temps , où l'on juge par certaines mar-
ques qu'il peut y avoir de l'ori'car il n'en'paroit
point a l'cvil dans les terres où il eft. Pour faciliter
cette excav.ationj on y fait couler un ruitleau , &z
pendant qu'il coule on remue la terre , afin que le
courant la délaie & l'entraîne plus facilement. Enfin ,
quand on eft arrivé au banc de terre où eft l'or , on
détourne le ruiifeau , pour creufcr à force de bras ;
c'eft cette terre qu'on porte fur des mulets dans un
petit baiTm fait par fon plan comme un fouftlet de lor-
gc, dans lequel on fait couler avec rapidité un petit
ruilfeau pouf la délayer -, &: afin qu'il détrempe mieux ,
& détache l'or qui eft mclé parmi -, on la remue
fans celle avec un crochet de fcr^ qui fcrt aulli à
ramallcr les pierres qu'on jette hors du balfin avec
les mains : cette précaution eft nécellaire pour qu'elle
n'arrête pas le cours de l'eau , quidoit tout entraîner,
excepté l'or , que fa grande pelânteiir précipite au
fond du baifin parmi un fable noir fin , où il n'eft
guère moins caché que dans la terre , s'il n'y a de
gros grains, du moins comme une lentille, il s'en
trouve fouvent de plus gros , & dans quelques Az-
voirs on en a tiré de trois marcs. Je i-.e doute pas néan-
moins que par ce canal , il ne s'écoule hors du balhn
beaucoup de petites particules d'or -, à quoi l'on poiir-
roit facilement remédier. Bien des gens racontent des
Lavadéros d'Andacoll , auprès de Coquimbo , qu'a-
près plulieurs années, on trouve encore de l'or danî
la terre qui avoit été lavée. Ces lavoirs font ti.s-
fréquens dans le Chili.
Il y a des lavoirs très-abondans où l'on a trouve
Acs pepitas , OM grains d'or vierge, d'une grandeur
prodigieufe ; entre autres deux , dont un qui pefoit
foixante-quatre marcs &c quelques onces j, fut acheté
par le Comte de laMoncloa j Viceroi du Pérou , pour
' en faire un prélent au Roi d'Efpagnc ; l'autre eft tombé
entre les mains de D. Juan de Mur en i7iopendar.t
qu'il écoit Corrégidor d'Arica. Celui-ci eft feit comme
un coeur de bœuf en petit , Se pefe quarante-cinq
marcs, de trois alois dillérens, autant que je m'en
puis fouvenir , de onze , dix-huit , de de vingt un
carats, ce qui eft remarquable dans une même malle.
FrÉSIER , p. 1)1.
A neuf ou dix lieues vers l'Eft de Coquimbo ,
font les lavoirs d'Andacoll , dont l'or eft de vingt-
trois carats. On y travaille toujours avec beaucoup de
profit quand l'eau ne manque pas. Les habitans alfu-
rent que la terre eft créadke ( créatrice ) ; c'eft à-
dire , que l'or s'y forme continuellement , parce
qu'après avoir été lavée , quelque 60 ou 8q ans après,
on trouve prcfque autant d'or qu'auparavant. FrÉ-
ZIER,/^. 121.-
LA VON A. Bourg, ou petite ville de l'Amafie , en
Natohe. Lavona. Elle eft fur la mer Noire, entre
Chirifonda & Pormon. On prend ce lieu pour \'în-
ciznne Hermonajfa , qui étoit en Cappadoce. Maty.
LAVOT. f. m. Terme de Commerce. Mefure dont on
fe fert à Cambray pour mefurer les grains. Il faut
quatre lavots pour la razière. La razière rend fcp:
boillcaux un tiers de Paris.
LAURA. Nom d'un bourg de l'Alentéjo , en Portugal.
Laura. Il eft fur la petite rivière de Laura , a huit lieues
d'Ebora , vers le couchant feptentrional. Quelques
Géographes prennent Laura pour X'Arcobriga , ou
Arcohnca de l'ancienne Lulitanie , que d'autres
mettent à Arcos de l'Eftramadura , ou de Val de
Vez , qui eft un village de 1 Eftramadure de Portugal.
Maty.
LAURAGUÈS, ou LAURAGUAIS. Nom d'une con-
trée , avec titre de Comté. Lauracius ager , Lauracen-
fis , ou Lauridcenfis ager. Elle eft dans le Haut-
Languedoc , entre Touloufe , Carcalfone & Caftres.
'* On la divife en haut &: bas Lauraguais. Caftelnaud.iry
eft le principal lieu du premier, & Lavaur du dernier.
Maty. Lavaur en Lauraguais :iu Fîaut - Lan^f,uedoc.
FttuRY. Papitius Maftbn dit que c'eft.Saint Papoul,
qui eft capitale du Lauraguais.
L'an 1477. par Lettres Patentes du mois de Jan-
vier , le Roi ( Louis XL ) érigea en Comte le pays
de Lauraguais , qui étoit de l'ancien Touloufaini&
en inveftft Bertrand II. de la Tour, Comte d'Auver-
gne & de Boulogne , en contre échange de la ville de
Boulogne, que ce Seigneur céda au Roi. La Faille,
Annales de Touloufe .p. 2 4S.
Ce pays a pris fon nom de Lauriac , lieu du Lau-
raguès ; quelques uns veulent qu'on dife Auriac,
Auriacum , ScAuraguès ^ Auriacenfis pagus , ouavçc
l'article {'Auraguès. U y a apparence en elîet que
c'eft en joignant l'article à ce mot qu'on en a iàit
Lauraguès. Foye^ Valef Not. Call. p. 2 6 ).
LAURE. f. f. Laura. Lieu où demeuroient ancienne-
ment des Moines. Une Laure diftéroit d'un Monaf-
tère. Les Monaftères étoient femblables à ceux que
nous voyons encore aujourd'hui parmi nous. C'etoiciit
de grands bàtimens compofés de lisux deftinés aux
diftérentes alfemblées de la Communauté , & de cel-
lules , ou chambres que les Moines occupoient , cha-
cun ayant la lienne particulière. En un mot, le
Monaftère étoit occupé par des Moines qui vivoient
en Communauté fous la conduite d'un Abbé, &
menoient la vie Cœnobitique. Les I^aw étoient des
efptccs de villages, dont chaque mailon i-^F"^^^^
étoit habitée par un ou deux Moines au plus. Ceft-'
à dire que la Laure étoit formée de cellules déta-
chées, dans lefquelks vivoient àm Solitaires iéparcs
les uns des autres, quoique fournis à un même Aobe.
Ainfi l'on pourroit dire que les maifons des Cliar-
trcux nous reprélentent en quelque forte les ancien-
nes Launs ; &: celles des Moines font devrais Monal-
tères. La Laure de S. Sabas eft fimeulc d.uis le V
liècle. La première de ces Laures fut fondée par un
S. Chariton , que les uns difent .avoir été martyrJts
fous l'Empereur Aurélien , & que les autres loûtien-
neiit erre un autre Ch.ariton , qui ne fonda la Laure a
lix milles de JéruLilem , qu'après que S. Hilano^i eut
introduit la vie Monaftiqwe dans la Palelline. ^''^'^t
TiUeraont, JÏ//^. d^s Emp. T. IILp. 7'^- ^ ^''J^'
L A U
Ecd. T. IF. p. 6 S 4. & Je P. Hclyor , Hlfl. des
Ordres licUg. F. I. C. XFI. Ce premier Fondateur
des Liiurcs hit imité dans le V licclc par S. Euthy-
nie le Grand , qiii bâtit aullî une. Laurc à quatre
ou cinq lieues de Jérul.xlem. La Laurc de b. Sabas fut
cnluitefort renommée. Il y avoir àQ\x\Laurcs, dites de
S. S.-ib.is,la vicillcil- la nouvelle. Foye:^ ki, Noces
du P. le Quien , lur la vie de S. Jean Damarcéne ,
P. IX. not. I.
. Ce nom ne fe dit que des anciens Monauèrcs d'O-
ncnt &c d'Egypte , on ne le dit point des Monaftcrcs
d'Occident.
Laure , s'ell: dit encore autrefois pour ce que nous
appelons aujourd'hui l'E^lileParûilllale. Laura , Pu-
rochialis Ecclcfia. Arius gouvernoit une des princi-
pales SEglifes , de celles qu'on nommoit dans ce
rctnps là Laures , & que nous nommons prcfente-
mcnt Pareilles. Mainbourg , Hift. de V Arumiftnc.
11 y en a qui dillinguent entre Laun & Monallère.
Quarélùno prétend qu'une Laurc efl: un Monaftcre
où il y a plus de mille Moines; mais outre qu'il elt
dilHcile d'en alfembler tant dans un même lieu ians
qu'il y ait de la confullon , même entre des perloji-
ncs fages & vertueufeSj nous favons qu'il n'y a^'oit
pas plus dcloixante & dix Anachorètes dans la Za^re
de i>. Géiahn, & qu'en certains temps il n'y en a
pas eu davar.tage dans celle de S. Sabas , quoiqu'cn
d'.iutres temps il y en ait eu plus de mille dans celle-
ci. D'autres croient tivcc allez de vraifemblance ,
qu'une Laurc eft un Monaftère dont les cellules font
cntijrement féparées , non-leulement comme le font
celles des Chartreux , lelcuelies lont jointes par un
Cloirre commun , mais comme elles étoient au Mo-
nailère de la Chartreufe, dans les commencemens de
l'Ordre j entièrement léparées , & éparles çà & là.
Les Moines des anciennes Laures , aullî bien que les
Chartreux dans les commencemens de leur Ordre ,
, ne s'airembloient qu'une fois la fem.aine pour faire
rOiiice en commun ; c'étoit depuis le Samedi juf-
qu'au Lundi : le Dimanche après avoir reçu l'Eucha-
rilcie , ils prenoient un repas tous enlemble , où
ils mangeoient des légumes cuits , & buvoient un
peu de vin , les autres jours de la femaine qu'ils
étoient féparés dans leurs cellules , ilsfe contentoient
de pain & d'eau.
Ce mot Laurd vient du Grec ^«ïf« , qui veut dire
hameau , village. Cette étymologie favorite le der-
nier fentlment qui vient d'être rapporté ; car les
cellules léparées d'une Laure forment une elpèce de
, village.
iAUREA. f. f. Nom d'une divinité payenne. Laurea.
Une inlcription trouvée en Catalogne , & rapporté»
par Gruter j p. CIF. n. /. eft conçue en ces termes:
LAVRE/Ë AVGVST^.
SACR VM
IN. HONOREM. ET. MEMORIAM.
^ M I L I ^
L. ^MILIUS. MATERNVS.
ET •
FABIA. FVSCA. PARENTES
S. P. F. C.
C'eft- à-dire , Sepulchrum pofueruntfilu chariffimA,
LAURÉAT, adj. m. Poëte Lauréat, ou couronr.é de
laurier -, du Latin Laureatus Poeta , eft un Poëte
déclaré tel par la cérémonie ducouronntmenr de lau-
rier: cérémonie qui s'eft pratiquée en Italie , en Alle-
magne , en Efpagne , &:c. Cette cérémonie étoit
fort ancienne. A la tin du XIF ficclc , on vit revi-
vre la cérémonie des Poètes Lauréats , c'cft à-dire ,
couronnés de laurier. De-là vinrent les Jeux Floraux
inftitués à Touloufe en 1 3 24.
Les recherches de M. l'Abbé du Refncl fur les
Poètes couronnés , Poët£ Laureati , offrent plutieurs
traits curieux & agréable?. L'ufage de couronner les
PoL-tes eft ^ffi ancien que la Poëlîe , mais il fut aboli
avec les combats Capitolins , où les Poëtes étoient
couronnés d'une manière éclatante. Nos Rois ne fe
L A U 447
font point foocics de créer des Poètes en titre ; cepen-
dant le titre de Poëte Lauréat , n'étoit pas inconnu
en France. Ronlard , quoique reprélenté avec une
couronne Poétique, ne la reçut jamais dans les for-
mes. Il fut plus honoré par les Vers que Charles
IX. fit à fa louange Ulferv. fur les écrits
Modernes.
On voit plufieurs Poètes Lauréats en Italie , en
Allemagne , en Elpagne &z en Angleterre : mais on
n'en voit point en France. Il eft vrai qu'on y voulut
couronner Pétrarque-, mais la ville de Rome ditjîuti
cet honneur à celle de Paris , Se Pétrarque donna
la préférence à la première : & d'ailleurs c'eût
toujours été un Poëte Italien couronné Pocrc Lau-
réat en France. Le Tallc étoit près de recevoir cet
honneur , & tout étoit ditpoté pour cette cérém.o-
nie ; mais il mourut la veille de ton couronnement.
On a couronné des Poëtes Lauréats en Allemagne ,
dont le nom n'étoit leulemcnt pas connu avant
cette cérémonie. C'étoit plutôt à la parenté , à la lol-
licirationj ou même à l'intérêt qu'on donnoit fou
fiilTrage , qu'au véritable mérite. Daniel Klefcli^us
remporta de les courfes beaucoup d'amis , de fcience
& d'honneur, & les titres de Maure de Philhfophie
& de Poëte Lauréat. Goujet.
LAURÉATION. t". f. Terme reçu dans quelques Uni-
verhtés pour détigner l'aètion par laquelle on prend
le degré de Ma'itre-ès-Arts. Ce mot vient du Latin
Laurus. Le laurier confacré à Apollon el1: regardé
.comme le fymbole de la gloire Littéraire.
LAURÉE. f. f. Eft le nom d'une couronne de laurier,
que ries Grecs donnoient aux Lutteurs qui avoient
remporté la viétoire , Se les Romains à deux qui
avoient ménagé ou conjîrmé la paix avec les ennemis.
Corona laurea.
LAUREL, f. m. Nom d'un arbrilfeau du Chili , en
l'Amérique méridionale. Laurellus. C'eft une efpèce
de laurier , dont le bois ePc blanc &: for: léger. Fré-'
' ZIER , p. I oS.
LAURENCE, f. f. Laurcntia. Nom de femme. Ce fut
à Naples que fe lit le premier établilï'ement des
Capucines , par la Vénérable Mère M^niz-Laureiicc
Longa. P. HÉLYOT.
LAURENT, f. m. Nom d'homme. Laurentlus. Il y a
un S. Laurent , Archevêque de Cantorbéry , qui a
vécii à la fin du VF & au commencement du VII*
fiècie , & un autre Archevêque de Dublin en Irlan-
de, qui mourut le 14 Novembre 118 1. Foye^ fur
celui-ci la Defcript'ion Çeograph. & Hiji. de la Haute-
Normandie , T. I.p. 71. Saint Laurent, Diacre de
S. Sixte Pape, fut brûlé vif iur un gril à Rome,
l'an 258. dans la perfécution de Valérien. Foyc:(_
l'éloge que S. Ambroite fait de ce Saint dans t'es
Offices,!. I.c. 41. & l'Hymne n. du Perijîeph.
de Prudence. Quelques uns , comme Godeau , éeri-
ycnt Laurcns; & d'autres, comme M. Chaftelain,
tantôt Laurens , ôc tantôt Laurent.
Île de Saint Laurent. C'eft une île de la mer du
Sud , près du Calao , port du Pérou, du côté du lud-
fud-oueftde cette ville j par les li deg. 8 m. de la-
titude méridionale , & parles 300 deg. 15m. de
longitude. L'Ile de Madagafcar s'appelle autïï l'île d;
Saint Laurent. Voye^ Madagascar.
Saint Laurent , eft encore le nom d'une rivière i.\:
d'un Golfe de Canada. Le fleuve de Saint^ Laurent
eft une des plus grandes rivières de l'Amérique. Il
prend fa fource dans le Lac des Hurons , traverfe
ceux d'Erie , d'Ontario & de Saint Pierre > & va fe
décharger dans le grand Golfe de Saint Laurent, à
rilc d'Anricofti, après, avoir reçu pluiîeurs rivières,
dont les principales font celles de Saint François , des
Prairies , des Monts , des trois rivières de Saguenay &
de Sainte Marguerif' , qui s'y déchargent du côté
du nord -, & celles des Iroquois & de Champlain
qui s'y rendent du côté du midi. On donne au fleuve
de Saint Laurent huit cens lieues de cours. Il en a
trente de large à fon embouchure ; & à peu près deux
cens bralles de profondeur. Les vailTeaux de guerre
remontent ceite Civière jufqu'à Tadoullac , Se les
448
L AU
Vriilleaux marchands jufqu'àÇi-.cbcc. Mais aii-dclfus
as cette ville on trouve divers laucs , ou chutes li^c
cataractes , qui en rendent la navigation impoiiible.
Les principales de ces cataractes (ont le laut de Saint
Louis j & le làut Long , que l'on trouve entre l'Ile
de Montréal , & le Lac Ontario ; & le fatit de Niaga-
ra , qui eit entre ce Lac Se celui d'Erie. Cette chute
eft la plus grande que l'on connoillc ; elle elt for-
mée par une petite Ile , ou rocher , qui elt au milieu
du cours de la rivière, & qui la lépare en deux bran-
ches, qui fe précipitent à plomb; 1 une du côté du
nord. Se l'autre de celui du lud , dans un même
abyme , quieftà plus de cent toifes ou lix cens pies
au delTûus de l'endroit d'où elles tombent. On allure
que quand le vent louifle du côté du fud on entend le
bruit de cette chute à plus de quinze lieues.
Le Gollé de Saint Launnc , ou de Canada , Sinus
Sancli Laurenm , ou Canaicnjîs. C'ell: la partie de
la mer de Canada qui eft renf-crmée entre l'île de
Terre-Neuve; celle du Cap Breton , Se les côtes de la
Nouvelle France, & il cit formé par la rivière de
Saint Laurent qui s'y décharge.
Saint Laurent des Eaux. Nom d'un bourg de France
Faniiin Sancli Laurcndï de Arcolis. Il eft dans
rOiléanois près du Blailois , & du côté gauche de
la Loire , environ à deux lieues au delfous de Beau-
gcncy. Maty.
Saint Laurent en Lions. Prieuré de Chanoines Ré-
guliers de la Rélorme de Friardel , fondé vers le
milieu du douzième hècle dans la lorct de Lions ,
au Vexin. Voye\ la Dcfcription Géographique &
HiJIoriqus de la Haute- Normandie , T. II. p. j22.
Saint Laurent iî'Oulx. Chanoine Régulier de la
Congrégation de Saint Laurent d'Oulx. Le Mo-
naftère de Saint Laurent , litué proche d'Oulx , bourg
du Dauphiné dans le Briançonnois , & du Diocèle
de Turin , a donné le nom a cette Congrégation. On
prétend qu'il étoic fondé avant Saint Benoîr. Les
Vandales le détruisirent après leur retraite ; il de-
meura inhabité julqu'au milieu de l'onzième iiècle,
qu'un Saint homme nommé Gérard Charbrerius ,
s'y retira, & bâtit en 1050 une petite cellule proche
de l'Eglile, qui fubriftoit encore. En 10J7, Odon ,
Comte de Savoie , donna cette Eglite à Gérard & à
les Chanoines. La Chartre s'en conlerve encore dans
les Archives de Turin. Cunibert, Evêque de Turin,
-confirma cette donation en 1065, & donna encore
1 ces Chanoines plus de quarante autres Eglifes , &
principalement celle de Sainte Marie de Suze. Ainii
ie forma cette Congrégation à laquelle les Comtes
de Savoie & les Papes Alexandre II & III, Urbain
II, Eugène III, Adrien IV, LuciusIII, ont accordé
beaucoup d'autres grâces. Elle avoir environ trente
Prieurés , dont quelques-uns font polfédés mainte-
nant par les Chanoines de laint Sauveur de Latran.
Le Chef, qui efl: le Prieur de S. Laurent d'Oulx ,
porte le titre de Prévôt, & exerce une jurifditlion
fpirituelle dans toute l'étendue de f^Prevôté. L'habit
de ces Chanoines ne di'icre de celui des Eccléliafti-
ques, que par un petit Icapulaire de lin de la largeur
de deux doigts , qu'ils mettent fur la foutane. Au
chœur ils portent pendant l'été un furplis , Se l'hiver
un rochet avec un camail noir par dellus. P. Héhot ,
/'. //, c. 10.
LAURENTALES. f (. pi. Terme d'Hiftoirc Se de
Mythologie. Laurentalia. C'étoit chez les Romains
une fèce qui fe célébroit le aixième jour devant les
Calendes de Janvier , qui eft le vingt-u-oifième de
^ Décembre , en l'honneur d'Acca Laurentia , fem-
me de Fauftulus, ce Berger qui trouva Rémus &
Romulus , & les donna à élever à fa femme. Voycv
Larentikales. •
Ce nom de Laurcntales\ïzni du Latin Laurenta-
lia , qui eft formé de Laurentia.
LAURENTE. Nom d'une ville du Latium. Lauren
tium. Elle étoit fur la côte de la mer j elle avoir
tiré fon nom du grand nombre de lauriers plantés
en ces quartiers-là. Tillemont Emp. T. II p. ^i S .
Laurente. f. m. & f. Nom de 'peuple. Laurcns. Les
LAU
Laurentes étoient les habitans de l'ancien Lauren-
tum j aujourd liui San-Lorenzo. Les Laurentes croient
du Latium.
Dans une loi de Théodofe datée de Milan , l'an
385 de J. C. il elt parlé d'une Compagnie de Lau-
rentes ^ qui , ce fcmble, devoir être en Italie.
SAN-LAbKENZO, ou S. LAURENT. Nom dune
ville de l'Illrie. Fanum S. Laurentii. Elle eft luuée
près de la fource de la rivière de Lémo , ci-itre la
ville de Rovigo , Se celle de Montana. .S'. Lau-
ren^o appartient aux Vénitiens , auxquels elle s'eft
donnée volontairement. Maty.
San-Laurenzo , eft aulîi une ville de l'État de l'É-
glile. Fanum S. Laurentii. Elle eft fur la côte de la
campagne de Rome , entre le cap Antio , Se l'embou-
chure du Tibre. San Lauren^o eft , à ce que l'on
croir , le lieu où étoit l'ancienne Laurentum , petite
ville du Latium.
LAURÉOLE. f f. Efpècc de Garou, ou de Thymé-
Ixa , laquelle on diftingue en mâle & en femelle.
Laureola Chamxdaphne. La laureole mâle a une
tige quelquefois lîmple , quelquefois divilée en plu-
lleiu's rameaux flexibles Se diUi-iles à rompre , cou-
verts d'une écorce cendrée , ou blanchâtre , por-
rant en haut un grand nombre de feuilles oblongues,
larges , charnues , lillès , noirâtres , luifantes , lem-
blables à celles du laurier , ramalfées par touftes ,
& demeurant toujours vertes. Ses fleurs font peti-
tes y de couleur verte-jauùâtre , difpofees comme
en bouquet aux iommités des branches : chacune
d'elles eft un petit tuyau évafé en haut , & coupé
en quatre parties pointues , oppofées en croix. Quand
cette Heur eft palVée , il lui luccède un baie grolfe
comme celle du genièvre , de figure ovale , au com-
mencement verte , mais noire quand clic eft mure:
elle renferme une lemence oblongue , dure , rem-
plie d'une moelle blanche. Sa rasine eft longue,
groHe , hgncufe , pliante. Toute cette plante a une
il grande acrimonie, qu'elle brûle la bouche quané
on en met dedans. M. Tournefort l'appelle Thy-
meUa lauri folio femper virens , Jive laureola mas,
Inft. R. herb. 695.
La laureole femelle que les Jardiniers appellent
Bois gentil , ou Mézéréon , eft un petit arbrilleau
qui croit jufqu'à la hauteur de quatre pieds. Ses
feuilles approchent en figure de celles' de la précé-
dente ; mais elles lant plus molles , de couleur plus
pâle , Se non luifantes : elles tombent au commen-
cement de l'hiver. Ses fleurs font aullî femblables •
à celles de la laureole mâle , mais de couleur rouge-
pâle , tirant fur le purpurin. Il leur luccède des
baies rouges , qui en féchant deviennent noires.
Toute cette plante a , de même que l'autre,
un goijt fort acre Se fort brûlant. M. Tourne-
fort l'appelle ThymeUa lauri folio deciduo , Jive
laureola jœmina. Inlt. R. herb. 59 j. Les feuilles,
les fxuits & les écorces de ces deux efpèces de lau-
reole , purgent violemment. Il y a des Empyri-
ques qui s'en fervent pour vider les eaux des hydro-
piques *
Laureole vient de laurus , laurier , comme qni
diroit, petit l.iurier , parce que les feuilles Se les
baies de ces plantes reilemblent à celles du laurier.
Laureole , fe dit aulH dans le figuré, la laureole
des Martyrs. Laureola.
Laureole, ou Auréole. Terme dont l'Eglitc le ferc
pour marcjucr la récompenfe de trois fortes d'états,
des Vierges , des Doébeurs & des Martyrs. La
laureole de la Virginité, du Martyre. Vil.
LAURESTAN. Province du Royaume de Perfe; elle
eft bornée à l'orient par la Seigneurie de Goulpa-
kan , au midi par la Suhane , à l'occider.t parle
Tigre , au nord par la Médie inférieure. M. Sanlon
dit que le Laurejian eft le pays des Elamitcs , ou
rcgnoit Chodcrlahomor.
LAURET. f. m. Nom d'une Monnoie d'Angleterre,
qui fut battue fous le règne de Jacques I , l'an 1 61 9.
& appelée Lauret , parce que la rete du Roi y
étoit reprélcntée , couronnée de laurier. Laureatus
II
L A U ^
l! y en avoir de trois prix : les uns à io lous , qui
poitoit-'m la marque XX. d'autres à lo louSj mar-
qués X. & les derniers à j fous, marques V. Mar-
ris , T. H.
I.AURETTE. Foyei Lorette.
LAURIA. Lauria. C'étoic inticnncment une petite
ville de la Lutanie , en Italie , nommée Ulci. Ce
n'cll maintenant qu'un' petit bourg de la Bahlicate ,
J'rovince du Royaume de Naples. Il cil: vers le
golfe de Poliealîro , à lix lieues de la ville de ce
nom , vers le levant. Maty.
LAURIAC. Foyei Loire.
LAURIER, f. m. Arbre dont la tige cd unie .Se fans
- nœuds. Laurus , daphne. Ses feuilles lont longues
comme la main , larges de deux ou trois doigts, poin-
tues , dures , toujours vertes , ncrveules , polies ,
d'un goût acre , aromatique , Se un peu amer. Ses
Heurs n'ont qu'un pétale découpe en quatre ou cinq
parties , de couleur blanche , ou jaunâtre. Il leur
fuccède des baies grolFes comme de petites cerifes ,
oblongues , vertes au commencement ; mais prenant
une couleur noire en muriilant. On trouve lous
leur peau une coque allez dure , Se qui renferme
dans fon creux une femence oblongue. Ces baies
font odorantes , aromatiques , huileules , anicres
au goilt. On en tire une huile , qu'on appelle
huile laurln. Ses racines font grollcs &: inégales. En
Latin Laurus vulgcris. C. Bauh. Les feuilles & les
baies de laurier lont incilîves , atténuantes , propres
pour réioudre , pour challer les vents , pour lor-
tifîer les nerfs & le cerveau. Les ramiers , les mer-
les , les corbeaux , & autres oileaux , fe purgent
avec les baies de laurier , ôc en ulent comme de
contrepoifon. Les Anciens ont mis au rang des
prodiges un laurier frappé de la foudre. Voye^ dans
Ovide la Métamorphole de Daphné en laurier. Le
laurier étoit un arbre conlacré à Apollon , Se le
fymbole de la Icience. Le laurier étoit aulîî conla-
cré à Cérès. La couronne de laurier le donnoit
aux "Vainqueurs. Voye\ Voiluis , de Idolol. L. II ,
c. 12. Sur les médailles, les Augultcs lont cou-
ronnés de lauriers.
Sur les médailles , une branche de laurier à la main
d'un Empereur , fait voir les victoires , les conquê-
tes & fon triomphe. P. Jobert. On voie lur les
monnoies d'Athènes , une petite branche de laurier
à côté de la chouette.
Laurier Alexandrin. C'eft une efpèce de houx fre-
lon qui poulie plulleurs tiges à la hauteur de deux
pieds , portant des kuilles oblongues , allez épaifles,
nerveules , pliantes , pointues , d une belle couleur
verte j femblables à celles du laurier , mais plus
petites. Carpophyllùn rujcus. Il lort du milieu de ces
feuilles , un autre petite feuille de la même figure
en manière de languette. Ses fleurs lont très petites ,
formées comme en grelots , attachées par de petits
pédicules qui fortent de delfous les languettes des
feuilles. Il leur fuccède des baies grolles comme des
pois chiches , un peu molles , qui rougillent en
muriirant : elles renlerment chacune une ou deux
femences dures comme de la corne. On appelle
cette plante Laurus Alexandrina , parce que la fi-
gure de fes feuilles approche de celles du laurier.
Se qu'on en trouvoit artrcfois beaucoup à Alexan '
drie. On l'appelle aulli Hypoglojjum , ou Dljllngua.
Ce dernier nom lui a été donné , parce que les
feuilles font doubles , ayant la figure de deux lan-
gues jointes enfemble. M. Tournefort la nomme
Rufcus angujiifollus , frucîu , folio Innafcente , Injl.
R. herb. ^ q. Il y a quelques autres clpèccs de lau-
rier Alexandrin.
Laurier d'Amérique. Voye\ Laurier d'Inde.
Laurier AROMATiq.uE. C'eft un arbre des îles de
l'Amérique qu'on appelle autrement Bois -dinde.
Laurus aromatica. C'eft une elpèce de laurier qui croit
pourtant exceffivement gros quand il cft en bonne
terre , & en des lieu-< humides : il a l'écorce jau
nâtrcj & fi polie , qu'il fcmbleque ce foit le bois
dépouillé de fon écorce. Elle cft mince , fort aftrin-
Tome K,
L A U 449
gcntc au goût , &: féche ; les feuilles loni prcjfquc
Icmblablcs à celles du laurier , mais un peu plus
fouplcs & plus rondes ■■, elles fentcnt le clou de
girolle, (Si ont un goût de cannelle piquant , aftrin-
gent , Se qui lailfe dans la bouche une petite amertume
qui.n'cft pas délagréablc. Les habitans de nos Iles,
& même les Sauvages, en ufcnt dans toutes lems
lauces. Ce bois eft le plus dur, le plus plein j le
plus malîîf , Se le plus pelant de to'js les bois du
pays. Il coule à fond comme du plomb. L'aubier
eft de couleur de chair , Se le cccur de l'arbre eft
tout violet j & fe polit comme du marbre en le
travaillant. Il ne fe pourrit jamais. La décoétion de
fes feuilles cft fort nerv.-.le , loulage beaucoup les
paralytiques , Se feit délcnHer les hydropiques. P.
Du Tertre, ///, P. l'r. II , c. / j §. ly. Vov.
encore CampÉche.
Laurier-Cerise , cft un petit arbre fort agréable à
la vue , dont la feuille eft lemblable à celle du
lauriiir , ou du citronnier, dentelée aux bords, douce
au toucher , de couleur verte , luifante , d'un goût
aftringent , un peu amer. Lauro cerajus. Sa fleur eft
à cinq pétales blancs, fms odeur ^ difpolés en ro-
fe. Lorlqu'ellc eft pallée , il fe forme un fruit
charnu , lemblable à une cerife , de couleur rou-
ge , dans lequel on trouve une coque prcfque ova-
le , mince , fragile , remplie d'une femence oblon-
gue , amère. Ce' fruit a un goût doux. CluL Rift. 4.
Le laurier-cerlfe eft ainli appelé parce qu'il a les
feuilles leniblablcs à celles du laurier , Se les fruirs
approchans de ceux du cerilier. Une feuille bouil-
lie dans du lait lui donne le goût d'amande ; mais
il donne la colique. La feuille en poudre fait éter-
nuer. L'eau diftillée du laurier cenfe eft peut-être
le plus dangereux de tous les poifons. Cette eau
a d'abord la couleur laiccufe , mais quand l'huila
qui s'élève dans le récipient pendant la diftillation,
a été luliilamment léparée du flegme Se palfée par
la chaufle , elle devient aulli claire que l'eau com-
mune. Elle a l'odeur d'amande amère , ou de noyau
de pêche. Depuis long temps on l'emploie beau-
coup ( en Angleterre ) dans les cuifines , pour don-
ner ce goût gracieux aux crèmes Se aux poudinsj
& les gens qui boivent de l'eau-de vie ont cou-
tume de mettre dans un petit verre une partie
d'eau de laurier fur quatre d'eau dévie. Quoique
cet ulage fût très fréquent , on n'en avoit point vu
de mauvais eflets julqu'en l'année 1718 , qu'on
en découvrit par halard , & que l'on fit enluite beau-
coup d'expériences qui les confirmèrent tous , comme
on le peut voir dans les Tranladlions Philolophiques
i-j^i , p. 121 & fuiv.
Laurier-Chêne, f. m. Phellodrys. Plante qui croit en
Dalmatie , & fuivant quelques-uns eu Grèce. /^oyd:j
le Dlcllonnalre de-iAWES.
Laurier d'Inde, qu'on appelle audl Laurier d'Améri-
que. Il a les feuilles lemblables au citronnier , <!^
donne des fleurs blanches qui le ramailent en grappe.
Il veut du foleil médiocrement , une bonne terre
gralfe Se humide i il veut être louvent arroié ; on le
taille au mois de Mars , & on n'ôte que ce qui eft fec.
MORIN.
Laurier-Rose, eft un arbrilleau qui eft fort agréable à
la vue. Se qu'on cultive dans les jardins. Ses feuilles
font aigucs, longues, larges d'environ un pouce, roi*
des , dures , épailFes. Ses rieurs lont fort belles, gran-
des , femblables à des rofes de couleur rouge ou blan-
che : chaque fleur eft un tuyau évafé par le haut^ en
manière de calice divifé en cinq quartiers. Lorlque
ces rieurs font palfées , il leur luccéde des filiques
prelque cylindriques , contenant des femences gar-
nies d'aigrettes. Cette plante eft un poilon violent à
l'homme & à toutes fortes d'animaux qui en man-
gent. C. Bauhin l'appelle Nerlum florlbus rubefcend-
bus, & Nerlum florlbus albls. Inft. R. herb. 60;. Ses
feuilles font un puilfanc fternutatoire.
Laurier-Thym. F'oye^ l'article fuivant.
LaurIer-Tin. f. m. ou Laurier fiuvage. Tlnus. Arbrif-
fcau. Il y a trois elpèces de Lauriers-lins. La première
450 L A U
elt *de Lv gsraiideur Ju Cornouiller femelle , çoulT^int
plulieurs veigcs , lontjues , carrées, rameules. Ses
feuilles font grandes, larges, preique feir.blablcs à
celles du Cormier femelle , approchant de celles du
Laurier, rangées deux à deux à l'opotîte l'une de l'au-
, tre, le long des branches, noirâtres, luilantcs, un
peu velues , toujours vertes , fans odeur , d'un goût
amer , avec un peu d'ailriition. Ses Heurs naillent au
fbmmet des rameaux, en bouquets, blanches, odo-
rantes. Chacune d'elle eft un balfin découpé en cinq
parties 5 il leur fiicccde un huit formé par le calice des
rieurs, qui approche un peu de la hguie dune olive ,
mais plus petit & plus pointu par le bout d'en-haut,
où il elf garni d'une cfpèce de couronne. Sa peau eif
un peu charnue & d'une belle couleur bleue. Il ren
ferme une femence couverte d'une peau cartilagi-
neufe. Cet arbrilléau croît dans les haies & dans les
lieux rudes & pierreux.
La leconde efpèce diffère de la première , en ce
qu'elle eft plus rameufe, que les branches tout plus
fermes & couvertes d'une écorce rouge verdârre , que
fes feuilles font plus longues j plus étroites & plus
veineufes , que la fleur tire un peu iur le purpurin , &:
qu'elle eft moins odorante; le fruit en eft aufn plus
petit & plus brun. Cette efpèce croît dans les lieux
incultes & maritimes.
La troilîème efpèce eft la plus curieufe de toutes ,
aulll la cultive-t-on dans les jardins pour la beauté ,
mais fa fleur eft là moins odorante. Cet arbnlîeau ,
de la troifîème efpèce , eft plus petit en toutes fes par-
ties que les deux autres : il fleurit deux lois l'année,
au Printems & en Automne. Son fruit eft d'un bleu
noirâtre, du refte il reifemble aux autres. Les fruits,
& principalement ceux de la troilîème efpèce , lont
fort acres & brûlans. Ils purgent par en-bas avec
beaucoup de violence. |Cr Chez les Anciens j le
Laurier étoit confacré à Apollon. On donnoit une
couronne de laurier aux Capitaines qui avoient rem-
porté la victoire , & aux Poètes qui avoient mérité le
prix. Delà , pluljeurs acceptions figurées , dans lel-
quelles ce mot a été employé.
Balzac a blâmé cette expreflion figurée, aller plan-
ter des /iîaritw jufques lur les rives de l'Euphrare. M.
Ménage trouve Balzac trop févère. Le Prince a moif-
lonné des lauriers ; il eft" revenu chargé de lauriers ,
pour dire remporter des viéfoires. Mêle à tes lauriers
des guirlandes de fleurs. Sar. Nous avons cueilli des
lauriers par tout où nous- avons porté la guerre. Flec.
La gloire veut que les amans foufirent pour elle , &c
fait acheter bien chèrement fes lauriers. Voi. Alexan-
dre ne ravagea la terre que pour couronner fon front
de lauriers :, Se l'honorer de ces feuilles inh'uétueules.
M. Esp.
^3" On dit auflî flétrir fes lauriers , déshonorer fa vic-
toire.
Irlais quelque vains lauriers que prcmerce la guerre j
On peut être Héros fans ravager la t:rre. Bcil.
Aux plus javans Auteurs ■, comme aux plus grands
Guerriers ,
Apollon ne promet qu'un nom & des lauriers. Boil.
Mainard qui fit des vers fi bons ,
Eut du laurier pour lécompcnfe. Scar.
- Un jeune laurier qui ci'oît à l'ombre du grand lau-
rier qui Ta pouflé , & ce mot ,
Parvafub ingenti matris fe fuhjicit umhrâ ,
marque une jeune Princelfe fous la conduite d'une
mère vertueufe.
LAURIOL, ou L'AURIOL. Nom d'une petite ville de
France. Laureolum , ou Aureolum. Elle eft dans le
Dauphiné , près de la rivière de Drome , à quatre
lie ues au-dclîous du Creft , & à une du Rhône. Quel
ques Géographes prennent ce lieu pour l'ancienne
Baiiana, petite ville des Ségalaunes. ÂIaty.
L A U
LAURISHAM , ou LORSCH. Bourg du Cercle Elec-
toral du Rhin. Lauriskamum. Il eft dans l'Evêché de
Wormes , à trois lieues de la ville de ce nom, du
côté du levant, lur une petite île, formée par La ri-
vière de Welchnitz. Il y a dans ce lieu un monaftèic
célèbre, où Talîilon , Duc de Bavière , &c fon fais
Théodon , Louis II' & Louis IIP , Rois de Germa-
nie, ont été inhumés. Maty.
LAURO, ou LAURON. Ancienne ville de i'Efpagne
Tarragonoiie ; c'eft où les troupes de Jules Céfar dé-
firent celles de Sextus Pompée qui y périt.
LAUSANNE. Ville de la Suiiié. Laufonium , Laufanr.a.
Elle eft dans le pays de Vaud , à demi-licue du bord.
feptentrional du Lac de Genève, à douze lieues de la
ville de ce nom , & à dix de celle de Fribourg. Cette
ville eft aflez grande, mais incommode , parce qu c-
tant bâtie fur les deux bords d'un vallon tort étroit,
&c fort profond , elle n'a aucune rue où il ne faille
monter & defcendre. Son Egliie cathédrale , litucc
au plus haut de la ville , eft grande & magnihque.
Laufannc étoit autrefois une ville Impériale , mainte-
nant elle eft fujette aux Bernois, qui y tiennent un
Bailli. Elle avoir auflî un Evéché fuffragant de Bcfaa-.
çon; mais étant depuis long tems toute Proteftante,
Ibn Evêque fait fa rélidence à Fribourg. Maty.
Hadr. Valois, Not. Gall.p. 26s. long. 24. d. 20',
lat. 46. d. 50'.
1)3° Le lac de Genève eft quelquefois appelé lac de Lau-
fanne , lacus Laufonius , Laufinius , Lofanenfs , lacus
Lofannit.
Laufanne a pris fon nom , félon Stumpf us , de
deux petites rivières qui y paflént, dont l'une le nom-
me Lofe j &z l'autre Aune. Quelques Auteurs préten-
dent que Laufanne a été fondée vers l'an 27^0 , par
un certain Arpentin , compagnon d'Hercule, dont
elle prit le nom àArpcntina.
LAUSE, & LAUZE. f. f. Ce mot, dans quelques pro-
vinces méridionales de la' France , s'eft dit pour lods ,
& en généi-al pour un droit, une redevance, une
fomme qu'on reçoit de quelqu'un. M. de Lauriere dit
qu'il (ignihe cens.
liCTLAUSERTE. Petite ville de France _, aux frontières
du Querci , à lîx lieues de Cahors.
LAUSIAQUE. adj. m. & f Qui appartient aux Laures.
Lau/ïacus , a , um. Ce mot ne fe dit que d'une Hil-
toirc des anciens Pères ou Moines qui vivoient dans
des Laures J & qu'on appelle l'Hiftoire Laufiaque ^
adrelfée à Laulus , Maître de la Chaiv.bre (acrée de
l'Empereur Théodoie le jeune. C'eft un ouvrage de
Palladius , Evèque d'Hélénopolis , qui vivoit lur la J
du quatrième ^ &c au commencement du cinquièiri
liècle. Cet ouvrage fut traduit en Latin par Ruhn. L|
P. Fronton du Duc l'a donné en Grec dans fon Au
tarium , & Coutelier en a imprimé des Suppléracii!
& des Additions dans fes Monum. Eccl. Gr. T. II.
LAUSTON , & LANCESTON. Nom d'un bourg
d'Angleterre. Lauftonia , Lanfîephadonia. , Fanum S^
Stephani. U eft dans le Comté de Coniouaiiles, fd
l.i rivière de Tamer , & les confins du Comté dl
Devon, à fix lieues au-delfus de Plimouth. Laufioni.
féance &c voix dans le Parlement d'Angleterre
Matv.
LAUTER. Nom d'une petite rivière du Palatinat diî
Rhin. Lutra. Elle baigne Caieloutre , Lautereclc ,
Meifenheim; & ayant recule Glan, elle fe décharge
dans le Nahe , à deux ou trois lieues au-delfus de
Creufznach. Maty.
LAUTERBOURG. Nom d'un bourg avec un château.
Luiraburgum , Lutrd Caflrum. Il eft dans la Prévôté
de Weiflènbourg en Allace , aux confip.s du Palarin.at,
t<i.' à l'embouchure du Lauter dans le Rhin. Maty.
LAUTERECK. Petite ville du Palatinat du Rhin. Lutra.
Elle eft ^tuée fur le Lauter j au confluent du Glan , &
à lept lieues au deflous de Cafcloutre. Cette ville ,
avec Ion territoire , eft une dépendance du Comté de
Ve'ldents. Maty. Voyc^CdiZi^l , Hifl. de Languedoc ^
L. II . p. 3)0.
LAUTREC. Petite ville avec titre de Vicomte. Lautri-
cum, Lauterrecana, Lautrecum^ Luceljlenia, Vclden-,
L A \y
lia. Elle cft clans le Languedoc , Province de France ,
à deux lieues de Callres j du côté du nord- Maty.
LAWENBOUUG. Ville du Cercle de la balle Saxe. La-
W<:nl/ur^um, Leomburgum. Elle cfl: capitale du Duclic
de Lawenbourg, & ijtuée (ur l'Elbe, à douze licuc.v
au dell'us d J Hambourg. Lavjciibourg n'ell pas grand ,
mais il d\ bien peuplé & dorcndu par un bon châ-
teau; lequel avec celui d'Ercenberg, qui cil de l'autre
côté de l'Elbe, fûic un pallagc important lur ce Hcuve.
Maty.
Le Duché de Lawenbourg ^ Laweriburgerijls Duca
tus. C'elt un petit Etac duCJercle de la balle Saxe , en
Allemagne. Il ell borné au levant par le Duché de
Meclielbourg, «S: ailleurs par le I-iolllein. Il peur
avoir dix-huit lieues d'étendue le long de l'Elbe. Ses
lieux principaux (ont Lawenbourg , capitale , Wittcn-
bcrg, MoUen , Ludersbourg tk. Weiiingen, Katzc
bourg y eft enclavé; mais il n'y a que ion château qui
en dépende , la ville étant au Duc de Svvférin. Comme
la niail'on de Lawenbourg a eu pour tige Jean I , hls tic
Bernard I, Eleéteur de Saxe, lorlque la branche Elcc
torale d'Albert, Hls aîné de Bernard fut éteinte j les
Ducs de Lawenbourg prétendirent que l'Eleitorat
étant un fief mafculiuj leur appartenoic, & pour un
monument de leur droit , ils prirent le nom de Saxe La-
wenbourg. Cette branche a aalîi été éteinte l'an 1685),
et il y a trois prétendans au Y)\ic\\îè^Q Lawenbourg ^ la
mailon d'Anhalt le demande par les droits du lang ; le
Duc de Zell en vertu d'un traité de conhaternité ^ ou
de fubllitution mutuelle; & l'Elecleur de Saxe par un
pareil droit. Le Duché de Lawenbourg appartient au-
jourd'hui au duc d'Hanover.
LAWENBOURG. roy^-ij Lowenbourg.
LAWERS , ou LAWICA. Nom d'une rivière des Pro-
vinces Unies. Lavica , Labacus , Labola, Lanus. Elle
coule fur les confins de la Frife & de la Seigneurie de
Groningue, &: fe décharge dans la mer d'Allemagne.
Maty.
LAWI. f- m. Terme de Grammaire Ethiopienne. C'cfl:
la féconde lettre de l'Alphabet Ethiopiquc. Lawi.
Elle répond à notre L & en a le fon. C'ell aulîi une
prépolition comme dans les autres langues Orienta-
les. Le P. Soucier, Jéfuite, dans les Diilcrtations
Critiques,;?. 4()2 éfuiv. explique la lignification du
/awi. Le nom devant lequel le lawi eft mis , efl: celui de
la pcrfonne , ou de la choie par le motil de laquelle , à
caufe de laquelle on agit. P. Souciet. Caftel donne plu-
lleurs différens offices au lawi. Il eut été bien moins em-
barrallant, bien plus court, & bien plus vrai tout à la
fois , de dire en un mot que cette particule marque
la fin , qu'elle fe met devant le nom de la choie pour
laquelle, à caufe de laquelle, en laveur de laquelle,
par le motif, pour le bien , pour l'utilité de laquelle
une chofe eft faite, ou à laquelle une âétion eft lap-
portée. Id. Une raiion qui montre que le lawi (ignifie
proprement une fin, c'eft l'ufage qu'on en lait avec
les verbes. Car, i". En le mettant devant un infini-
tif, cet infinitif répond à ce que nous appelons en
Latin gérondif en du/n. Id. Le fécond ulage que
l'Ethiopien fait du /awi avec les verbes, c'eft de le
joindre au futur , pour exprimer ce que, dans les
langues Européennes , les Grammairiens appellent
I l'optatif. Id.
I LAVURE. f. f. Eau qui a fcrvi à laver la vailTtUe. Collu-
vles immunia , éluda. La larure d'écuelles eft bonne
I à laver les pies des chevaux.
j Lav'JRe , fignifie aulîî l'a^lrion de laver , & l'etfct de
cette aéfion. On dit la lavure d'un livre qu'on re
lie &: qu'on lave. Lavure de gants qu'on lave .avec
avec certaine matière préparée.
1^7 Ce terme eft particulièrement ufité au pluriel parmi
les ouvriers qui travaillent fur l'pr & lur l'argent ,
j)our défigner les particules de ces métaux que l'on
t!:e des cendres, terres & balayures, en les lavant à
pluiieurs reprifes , où en les mettant dans une efpècc
de cuvier qu'on appelle moulin à lavures.
^3" On donne aulïî le nom de lavure à l'opération qui
fc fait pour retirer l'or &: l'argent des cendres, terres
ou creufets dans Icfqucls on a fondu. Voye-^ d.ans
Tome V.
LA Y 451
Boizard , Traité desMonnoics, la maiiière dont fe
tout ces lavures.
Moulin aux lavures. C'eft un cuvier .nu fond du-
quel il y a un mouiin de fer ou de fonte j dont le fond
eft convexe, & une manière de meule nu dellus, en
forme de croix,. de pareil métal, dont le delUis eft
concave , que l'on tourne avec une manivelle rcnver-
fée. BoizARUj P. I , c. 2j.
On appelle terres de lavures , toutes les matières
que l'on lave , c'cil: à-dire, les loupes Ik. les creufets
de terre dont on s'eft fervi à la fonte , piles tk réduits
en poudre avec les cendres tk les balayures que l'on
ramalie dans les lieux où fe font faits les travaux des
monnoies; tout cela mêlé enlemble s'appelle terres
ài: lavures , BoizarDj P. /. c. 2j. On appelle vieil-
les terres àe. lavures, celles qu'on abandonne, parce
qu'on n'efpere pas y trouver quelque choie de plus
qu'il n'en faut pour payer les journées des ouvriers
qui font les lavures. Boizard, Ibid.
Les fondeurs appellent aulli lavure , le métal qu'ils
retirent des cendrures, alléfurcs & Iciures tombées
dans les Fonderies.
L A X.
LAXATIF , IVE. adj. Terme de Médecine. Qui purge,
qui rend le ventre lâche. Laxanvus. Une ptifme
laxacive. Un remède, un clyftère Lixaàf Se purgatil.
Laxatif diz un peu moins que purgatif. On ne l'appli-
que point aux purgatils violens.
LAXEMBOURG. Bourg, ou petite ville de l'Autricl-^e.
Laxemburgum. Ce lieu eft fur la petite rivière de
Schwecha , à quatre lieues de Vienne , dii côté du
midi. L'Empereur a un Palais à Luxembourg. Maty.
03LAXITÉ. f. f. Terme de Médecine, d'ufage dans
l'économie animale, & qui déligne dans les fibres
une certaine difpofition de parties qui les rend fulccp-
tibles d'alongcment. Laxitas. La A;.v/fe'eft trop gran-
de dans les fibres , quand elles s'alongent au moindre
effort extraordinaire , quoique leui: cohéfion ne foie
pas interrompue par l'etFct ordin.aire du mcuvement
vital.
L A Y.
LA Y. f. m. Dans le cinquième fiède, les finiples Moi-
nes qui n'avoient ni ordres facrés, ni offices dans Id
Monaftère , étoient appelés La'ics , & pour les diftin-
puerdes Séculiers, on les appeloit quelquefois Laicl
majoris propofti, & ce n'étoit point ce qu'on a appelé
depuis Frères Lays ou Laïcs.' J-^oye\ Lai.
Lay. Rivière de France : ce nom eft commun à troii
rivières , 6c on les diftingue par les furnoms de grand
Lay , de petit Lay , 8c de plus petit Lay.
LAYDURE. f. f. Vieux mot. Souillure ,• difformité,
Inquinamentum j difformitas.
ip^LAYE.j Foyq Laie.
LAYER. v. a. Terme d'Eaux & Forêts. Marquer les
bois qu'on doit laillér dans un taillis ou dans une lu-
uie qu'on coupe pour les laifler croître en haute fu-
taie.
fjC?On dit aulîi layer une foret , y tracer une laie , une
route. Voye\ Laie. *
Layer, en termes de Tailleur de pierres, c'eft polir,
tailler la pierre avec une elpèce de haCh.e l'icteléc,
c'eft-à-dire , dentée en façon de fcie , qu'on appelle
laiCj Liquelle rend la furface unie, quoique rayée de
petits filions uniformes ^ qui lui donne une appa-
rence agréable. Frézier. Layer une pierre. Davi-
LER.
Ce mot vient du Latin Uvigare , ou levigare , polir.
Frézier. v , r i--
LAYETTE, f. f Petit coffre de bois ou 1 on lerrc ordi-
nairement du linge & autres menues hardes, Capfa j
capfula. On doWne aulÏÏ le nom de /ayerfe au hnge,
aux langes, maillot, & généralement à tout ce qui
eft dcftlné pour un enfant nouveau né. Les femmes
groiïés préparent leur layette ^ emplillent un de ces
nerits coffres de tout le'lings aécelfaire , tant pour
^ LU ij
4J2
L A Z
leur couche , que pour leur enfant. Quand on met un
enfant en nourrice, on lui donne une layette.
Borel dérive ce mot , bien ou mal , de lagcna.
Î.AYETTE , eft aulli un tiroir d'une armoire , ou cabinet,
ou buffet j où l'on lerre plulieurs choies qu'on veut
réparer & mettre en ordre. On le dit parcicuhérement
des papiers dans un tréfor , des médailles , des coquil-
les dans un cabinet de curioiités. On peut comparer
les Icycttts de ce pédant à la maiton de cet Euclion
de Plautc, Qus. inanis pleiui erat & araneis. Mascur.
Dans les Archives des Chambres des Comptes, des
Chapitres, des Monallères, quand les titres lont bien
en ordre , ils font diitingués par layettes ou tablettes ;
ces layettes font marquées par les noms des domai-
nes , Amiens , Lyon , Orléans , du num. / , 2 , j- j
&c. ou par les lettres de l'Alphabet, Layette A, B,
C j &c , ou par chaque mot du Pater ^ layette ^, Pater^
layette, nofler , &c.
On appelle auliî layettes , certains petits morceaux
de bois ou d'ivoire qui fervent à boucher les trous du
bourdon des mufettcs, & qui font mobiles dans les
rainures.
ICTLAYETERIE. f. f. L'art ou le métier des layetiers.
LAYETIER. f. m. Capfanus , eapjularum opifex. Ou-
vrier qui fait des layettes 8c autres menus ouvrages ,
comme ratières, chaufterettes, <S'c'.
XAYEUR. f. m. Metator. Celui qui fait des laies, ou
qui marque le bois qu'on veut layer.
LAYLA , LAYLA, CHIENS. Termes de chalFe dont le
Piqueur doit uier pour tenir fes chiens en crainte ,
lorfqu'il s'apperçoit que la bète qu'ils chaifent elf ac-
compagnée, pour les obliger à en garder le change.
Salnove.
LAYON. Petite rivière de France, qui fort de l'étang
d'Urcniay , lut les frontières du Poitou & de l'Anjou j
Se fe jette dans la Loire lous le pont de Chalons.
LAYWEL. Nom d'une fontaine finguhère , luuée à
l'extrémité de la ville de Brixain , près de Torbay ,
dans la province de Devon. Elle eft éloignée d un
bon mille de la mer. Au nord & nord elf, elle ell
adollée contre le revers d'une chaîne de montagnes
qui tait en cet endroit une elpèce de coude. Elle fort
du pié de ces mont.ignes , Se paroit coupler du iud-
oueft, au nord eft. Elle entretient lans interruption
un courant d'eau, & a Hux Se relîax. Il y a trois au-
tres jets qui ne tatilïent jam.ais, &: qui crollfent & dé-
croillent auilî régulièrement que le principal jet. Elle
a quelquefois ce reBux dix ou douze fois en moins
d'une minute. Tranfad:. Philof- Jjj2.p. loS &
fuiv. Ces phénomènes font dûs à deux courans, à
deux fources , dont l'une traverfe par des lîphons
deux cavernes ou réfervoirs naturels , & dont l'autre
fe décharge tout d'un coup dans un léfervoir qui n'a
point de hphon. Ces deux fouices fe joignent en-
femble dans ce dernier réfervoir, &' de compagnie
elles fortent de cette. C'eft l'hypothèfe de M. Atwel
au même endroit,/'. 11^ & fuiv.
L A Z.
IS'-LAZACH. Ville & Royaume d'Afie, dans l'Arabie
heureule,_(ous la dom.ination du Grand Seigneur.
LAZARE. (. m. Lû^^arus. Il y a dans l'Evangile deux
hommes qui portent ce nom-, l'un qui étoit frère de
Alarthe & de Madelène , & l'autre qui fait le fujet
d'une parabole en Saint Luc, XFI. iç. Sec. Nous
ajoutons fouvent l'article à ce mot en parlant de ces
deux hoiriines. Le La\are gémilloit à la porte du Ri-
che. Les chiens léchoient les plaies du La'^are. La ré-
furiecl-ion du Lazare eft un miracle des plus éclatans
que JÉSUS Christ ait faits. Se auquel toute la ma-
lignité des Juifs n'eut rien à oppoler.
La remarque de Richelet qui prétend qu'on n'em-
ploie point ce nom (ans article^ elt faulle. Toutes
nostraduftions du N. T. celles de(genève , de Lou-
vaia , du P. Amelote , de Port-Ro) al , du P. Rou-
hours, de 'M. Simon, en Saint Luc, C. XVI. è'c en
Sxmx. Jean, C. XI, emploient ce nom lans article:
il n'y a que les Lovaniftes qui le mettent une feule
L A Z
fois en S. Luc. Le P. Quefnel 6c le P. Lalleman en ufent
de même dans leurs Réflexions fur le Nouveau Tella-
ment. Néanmoins dans la converlation 6c dans le
ftyle ordinaire, on y joint l'article. La réfurredion
du Lazare fut un miiacle bien convainquant de la
doélrine de Jésus-Christ. Le Lazare gémiffoit à la
porte du Riche. Mais il n&fiut jamais d'article quand
on .parle des auttes hommes qui ont reçu ce nom au
Baptême. On dit aulli Lazare BiVf , Pofcte François ,
a été eltimé en fou tems. tes Œuvres de La-^are Baïf ,
font aujourd hui prefque autant bâiller que celles de
Thomas de Lorme.
Ce nom de Lazare , félon quelques Auteurs ,
eft un abrégé de celui d'Eléazar : il veut dire en
Hébreu fecours de Dieu : Saint Jérôme l'a traduit
par le participe adjutus , fecouru. FuUérus eft d'un
kntiment tout contraire -, il prétend que les lettres
du nom de Dieu h'A ne fe perdent jamais clans la
compofition des mots , qu'au lieu de 7S , il faut met-
tre nS , qui veut dire nom ■■, Se félon cette étymo-
logie le nom de La:[are marque Se fi^r.ifie la con-
dition , l'état malheuretLX de celui qui porte ce nom
dans la Parabole du La^an & du mauvaiî Riche,
puifque ce nom veut dire , Qui n'a point de fecours.
Mais cette fignification ne convient point au nom
de La:[are , que portoit le frère de Magdelène Se
de Marthe: cette foule de Juifs qui vinrent leur faire
des complimens lur la mort de leur frère, eft une
preuve (enlible que ce n'étoit point un miférable ,
abandonné de tout le monde , Se privé de tout fe-
cours.
On appelle populairement La-[are , un pauvre cou-
vert d'ulcères , quand c'cft un véritable pauvre. On
le dit aullî de tout homme malade de langueur.
On a dit Ladre pour Lazare , Se c'eft pour cela
que les Lépreux , qu'on appeloit La^ares , font ap-
pelés Ladres.
Saint Lazare. Nom d'un Ordre militaire. Ordo Sancll
La\ari : La^atiani Equités. Saint Baille fonda un
Hôpital à Céfarée. Quelques Auteurs ont prétendit
que l'Ordre de Saint Lazare tire dc-là Ion origine.
Mainbourg, dans fon Hiftoire des Croilades, con-t
fond lOidre de Saint La'^are avec celui de Saint Jean
de Jérufilem , que nous nommons aujourd'hui de
Malte. Cet Ordre fiu infticue à Jéruialem par les
Chrétiens d'Occident , lorfqu'ils étoient maîtres de
la Terre Sainte. Ils rccevoient les Pèlerins ; ils les
elcortoient fut les chemins , & les défendoient con-
tre les Mahométans. Quelques-uns dilent qu'il fuc
inftitué en 11 19. Le Pape Alexandre l'V. confirniii
l'ordre des Chevaliers de l'Hôpital des Lépreux dd
Saint Lazare à Jéruialem , fous la Régie de Saini
Auguftin , par une Bulle donnée à Naples l^'onziérné
d'Avril li^f. Les Chevaliers de Saint Zrzçard ayiaç
été chalfés de la Terre Sainte , vinrent en France,
Se s'y établirent ions Louis VII, dit le Jeune. Ce
Prince leur donna la Terre de Boigny , Boi^aniac^
terram , fituée près d'Orléans.
Innocent VII L fupptima l^Ordre de Saint La\arel^
en Italie, l'an 1490. ou plutôt il l'unit à celui di'
Malte; mais les Chevaliers François s'y oppofe^ent,^
Se il intervint un Arrêt du Parlement , qui défendit
cette union. Léon X. le rétablit en It.:lie au com-
mencementduXVIliècle. L'an 1572. Grégoire XIII.
l'unit en Savoye à celui de Saint Maurice , que Ic
Duc Emmanuel Philibert venoit d'inllituer.
Lazare. Ordre de Saint Maurice & La-^are, Voyej^
Maurice.
En France l'Ordre de Saint Lazare fe releva fous
Henri IV. Paul V. le réunit à celui de Notre-Dame
du Mont Carmel , l'an 1 60/. à la prière de ce Prin-
ce, qui en 1608. obtint une Bulle du Pape fot t avan-
tageufc à cet Ordre. Ce fut Aimar de Chattes.,
Chevalier de Malte , qui conçut le delîein de faire
refleurir cet Ordre. Philippe de Nereftang , Capi-
taine des Gardes d'Henri IV. Se Seigneur d'une grande
vertu , entra dans les vues , &: en viiu à bout par fon
crédit auprès de fon Roi. Sous Louis le Grand cet
Ordre a pris encore un nouveau luftrc. M. le Mar-
L A Z
quis Dangeau en fiK Gland Maiac M. le Duc d'Or-
léans en fut aulli Grand Maure. C'eft prcicntement
Monfeigncur le Duc de Btrri. Les Chevaliers de Saint
Laiare peuvent Te marier , <^ avoir néanmoins des
pendons (ur les Bénéfices.
Ces Chevaliers failoicnt autrefois des vœux folcn
«els , & il y avoir aulîi des Keligieufes de cet Or-
dre. Il en reftc encore un Monailcre en Suille. Les
Chevaliers Hofpitalicrs de Saint Laiare portent liir
la poitrine une croix à huit pointes. Il y a de l'ap-
parence que ce ne lut qu'à la rin du XV<= fièclc , ou
au commencement du XVl'^ qu'ils la prirent , lorf-
que Léon X. rétablit cet Ordre en Italie. Stumptîus
dit que la marque de cet Ordre eft une croix verte
lur un manteau noir , avec un capuce.
On a appelé les Chevaliers de Saint La:(arc ^ Che-
■ valiers de Saint Ladre; ôc l'on trouve ce nom dans
quelques anciennes épitaphes de Chevaliers. On a
dit aulli Laiante. Foyei le P. Hélyot. P. I. c. 4.
& P. II. c. 6ç. &c. Sz.Hc ci-dellus Carmel , T .1. p.
J4S9-
Pères de Saint Lazare. Nom que l'on donne à
des Clers Réguliers dune Congrégation qui a été
inrtituée en France au XVIPliècle , par M. Vincent
Prêtre. Ils ont pris le nom de Pères de Saint Laïaie ,
à'unemiiCon qu'ils ont dans un Fauxbourg de Paris ,
du côté du nord, fur le chemin de Saint Denis.
Usent encore un Séminaire dans Paris , qu'on nom-
me le Séminaire des Bons Enfans. Il eft à l'entrée du
Faubourg Saint Victor, du côté de la ville. On les
appelleaulFi quelquefois Laiar'ues. Ils Font des vœux,
mais hmples , 6c dont on peut leur donner la diipenlé.
A Paris , ils ddlcrvent encore l'Eglilé de l'Hôtel des
Invalides ; tic a VerlaïUcs , ils ont loin de la Sacriftie
& de la Chapelle du Roi , & ils ont la Paroillè.
L'A'rchipel de Saint Lazare. Archipdagus Sancll
Laiuri. C'cft une partie de l'Océan Oriental. On lui
a donné le nom d'Archipel , à caufe d'un grand
nombre dïles qui s'y trouvent, entre lefquelles font
les îles des Larrons.
Saint Lazare Baxos. BalFe de Saint La\arc. Ecueil
de Saint Lazare. Syitis Sancii La^ari. Cet écueil eft
dans l'Océan Ethiopien , prés de la côte du Zan-
guebar , & de l'ile du Qucrinba. Maty.
LAZ.ARET.f. m. C'eft un bâtiment public fait en for-
me^ d'Hôpital , pour recevoir les pauvres , les pefti-
férés. Xenodochïum , nofocomium fuburbïcanwn. Il
eft deftiné en quelques endroits à laire la quaran-
taine par ceux qui viennent des lieux fufpeds de
perte. C'eft une grande maifon hors de la ville ,
dont les bâtimens font féparés &c ifolés , & où l'équi-
page des vaifteaux demeure quarante jours , plus
ou moins, félon les temps &: l'endroit du départ.
Le Lazaret de Milan eft un des plus beaux Hôpitaux
d'Italie.
On a apelé La-{ares , les Ladres ou Lépreux , à
caufe que leur maifon ou Eglife , qui étoit hors des
murs de Jérufalem , étoit déJiée à Saint Lazare.
[ LAZARITE. f. m. Chevalier de Saint Lazare. Laxa-
I ma , Sancii Laiart miles. On dit aulîî ce i^om , "&
plus ordinairement même , des Pères de Saint Laiare.
yoye-i ce mot.
LAZE. L m. & f. Nom d'un peuple de Scythic. Laïus ,
a. Phne , Z. FI. c. 4. Etienne de Byzance place
les Laies près du Pont-Euxin. Au temps d'Adrien ,:
ils éroient féparés de la Colchide. Tillemont.
Laze , ou Lesquis, f m. 6c i. Nom des peuples qui
habitent le Daghcftan. La^us , a. Ces peuples s'ap-
pellent Lefquis ; nous les connoifTons dans l'Hiftoire
fous le nom de La^es. Ils occupent les montagnes
duDagheftan, du côté de la mer Cafpienne. C'eft
une elpèce de Tartares , hommes forts, robuftes ,
hits à la fatigue , ôc vivans de peu. Ils ne fe fer-
^■Olellt autrefois que de Héches & de lances , mais
a prelentils font tous armés de piftolets & de fabres :
ils ont appris à les forger , Se s'en fervent très adroi-
tement. Ils font continuellement la !<uerre aux Tar-
tares Nogais , & aux Circaires; font de fréquentes
courtes lur les Géorgiens ëc autres fujets du Roi de
Perle , &c font gouvernés par un Prince qu'ils nom-
ment Schamcal. Le choix du Gcuveincur appar-
tient au roi de Perle ; mais il eft obligé de choifir
toujours un des Princes du Daghcftan. Le Gouver-
neur fait fa rélidencc à ïurkou. Ce Prince a fous
lui piulicurs autres petits Seigneurs qu'on nonune
Beghs, c'eft à-dire. Gentilshommes. Mémoires des
MiJ. du Levant , T. IF. p. j^û , tkc.
LAZIQUE, f. m. Peuple &c pays d'Afie ^ de l'un 6c
de l'autre côté du Phafe dans la Colchide.
LAZIVRARD, f m. Ancien nom du Lapis Lazuli ,
&: de la couleur qu'elle donne.
LAZZI , f. m. Terme de Comédie Italienne. Aélion ,
mouvement, jeu muet de Théâtre dans la repré-
fentarion des Comédies. Les Comédies Italiennes
font pleines à<ila\iL Quelques-uns écrivent lanis au
pluriel.
L E.
LE. Article mafculin des noms fubftantifs. Le Ciel ,
/'Orient , &c. comme la eft l'article des noms fémi-
nins. La terre , la mer. Le pluriel de ces deux arti-
cles eft les. Les hommes , les femmes.
§3° Lorfque les prépolicions à ou de le trouvent devant
l'article mafculin au iingiilier , fi le nom fuivanr com-
mence par une confonne, on dit au , Se non pas à le.
Parler au Roi , 6c du au lieu de le. Recevoir du
Roi. Mais fi le nom commence par une voyelle ,
il ne fe bit alors _ aucun changement, linon que
l'article s'élide. "Vifer à l'œil. Je donnerai à l'homme
que vous m'avez envoyé. Je penferai à l'aftaire dont
vous m'avez parlé.
Au pluriel , au lieu de à les , on dit aux , 3c aU
lieu de de les , on dit des. Rcindre aux Rois 6< aux
Reines les honneurs qui leur font dus. Recevoir des
Rois Se des Reines de magnifiques préfens.
Le , La. adj. Pronom relatif. Je ne fais où eft cet hoiru-
me,je/t; cherche depuis long-temps. Il aime cette
fille , Se la demande en mariage. Le pluriel de ce
pronom eft aullî les , pour le mafculin & pour le
féminin. Je ne fais où font ces hommes, je /«^cher-
che par tout. Ces deux frères aiment les deux fœurs ,
& les demandent en mariage.
On demande fi dans cette phrafe , 'Vous fivez mon
fecret , dites-Ze lui, on ne devroit pas fuppriraer ce
le là , afin de la rendre plus agréable. Cela fe pour-
roit tout au plus fupporter dans la converfation ,
mais non pas en écrivant. M. Arnaud a dit , puifqu'il
veut marcher dans le chemin des Juftes , il faut que
je le lui montre. Le meilleur feroit , s'il étoit pollî-
ble, d'éviter ces fortes de phrafes. On demande en-
core , s'il faut prononcer faites /fi ou faites-/^. Régu-
lièrement on doit prononcer faites-/^ avec un e fémi-
nin. Mais parce qu'on a quelque peine à prononcer
deux e féminins , comme faires-/t; , quelques - uns
fe relâchent à dire faites /<•, quofque cette pronon-
ciation Ibit vicieufe. Les Gafcons parlent de la foue.
C'eft une faute que de tranfporter !e. Par exemple ,
je le vous dis en profe , & le vous dirai en vers.
Ceux qui écrivent bien , évitent cette conftrudion,
§3" Il faut toujours mettre le relatif auprès du vetbe,
même lorfqu'il y a répétition du pronom perfonnel.
Je vous le dis. Vous vous le figurez , malgré la caco-
phonie des deux vous.
^fTLc pronom relatif le devant deux verbes qui le
régiilent , doit toujours être répété. Envoyez-moi ce
livre pour le revoir Se /'augmenter. Se non pas pouif
le re\ oir & augmenter. Cette régie ne fouftre point
d'exception.
Autrefois on n'étoit pas fi fcrupuleux. Il femble
même que nos Anciens Poëtes aimoient mieux écrire,
je le vous dis , que je vous le dis. Maiot a fait un
Rondeau dont le refrain eft , On le m'a du.
^pT On Trouvera au mot la les autres règles qui con-
cernent ce pronom. Se ce qu'il fautobferver lorfque
le eft relatif à un adjeétif qui précède, Se équivaut
à cela.
LÉ, f. m. Largeur d'une étoffe ou d'une toile entre<leux
lilières. Panni lacitudo. Pour faire ces chemifes bien
454 L E A
amples , il faut y mettre tout le lé de la toile. On
fait deux mouchoirs au lé , quand elle a une aune
de large. On fait des jupes à quatre j cinq ou fix/s'i ,
fuivant la largeur de l'ctoife. Voila une i^raiide tache
d'huile , il y taut mettre un lé.
Ce mot vient de latus , parce qu'il borne la lar-
e;eur d'une étofte , latus , lé.
On dit dans les enterremens des Grands , qu'il
y avoir un ou deux lés de velours chargés de blaion ,
■far deux ou trois lés de drap, pour la tenture de
l'Églife.
' LÉ , en vieux François , HgnifioitAi/jc en général. Glojj.
fur Marot. On diloit, long & /t ; pour due, long
& large, de Iront & de côté.
Li , fe dit aulH de l'elpace que les Riverains des riviè-
res doivent Liiller pour ne pas empêcher la naviga-
tion. Les Ordonnances veulent qu'on lailfe vingt -
quatre pieds de lés fur les bords des rivières navi-
gables , pour frire monter & deicendre les bateaux
avec des chevaux. On le dit aullî des forêts; d'où
vient qu'on dit , les arbres de lilièic. Quelques uns
écrivent laï , au lieu de lé. Lé eil plus en ufage.
LE A.
LEAM. f. m. Ternie de Relation. En Latin , Ârgentcus
Sinicus. C'eft le nom que les Chinois donnent à
leur écu. Les Portugais l'appellent Taél. Le L&am
revient à quatre livres deux lous deux deniers y/ de
notre monnoic. P. le CgiMte.
LÉANDRE. 1. m. Nom d'homme. Leander. Saint Gré-
goire le Grand fut ami de Léandre , Evêque de Sé-
ville , qu'il connut à Conftantinople , lorfqu'il y
étoit Apocriliaire. M. de Tillemont dit Lé andcr; mais
nous, dilons Alexandre, Timandrc, Alcandre, &c.
Pourquoi donc ne pas dire Léandre î M. Challelain
fuit cet ulage, & dit Léandre.
LÉANDRE. Terme de Fleurifte Nom d'une Tulipe, qui
eil colombin, rouge & chamois. Morin.
La Tour de Léandre. D.ans le tr.ajet de Conftanti ■
noplc à ScLitaii, qui n'ell que d'un mille, on ren-
contre au milieu du Bolphore un écucil (ur lequel eil
bâtie une Tour carrée , qu'on .tppeiie la Tour de
Léandre. Il y a un puits au milieu , qu'on m'avouki
faire palfcr pour une lource d'eau vive; m.ais je crois
que ce n'eft qu'une citerne. C'elt de cet écucil que
parle Strabon , quand il dit que les poillbns qui dcf-
cendent du Bolphore, étonnés des pierres blanches
qu'ils voient , quittent la cote de l'Afie , &: détour-
nant vers lEurope , viennent à la pointe du Promon-
toire Chryloceras, & de la dans le port de Conftan-
tinople, en h grande quantité, qu'il eft fouvent dan-
gereux que les troupes de Dauphins qu'on rencontre
ne renverlent lesPermés & les Ca'iques , autour dcf
quels ils viennent fe jouer. Du Loir , p. 6 S , 6p.
Cette Tour s'.appelle la Tour de Léandre , parce
qu'apparemment on fuppofe IfJ' que Léandre , jeune
homme de la ville d'Abydos , & Héro , Prêtrelfe de
'Vénus dans la ville de Feftos , qui font allez connus
par leurs amours , fe donnoient des rendez-vous dans
cette Tour qui depuis porta leur nom.
§C?LEANS. Vieux adverbe qui lîgniaoit là dedans.
C'ctoit l'oppofé de céans. Il elf léans
Illic.
Cy ^,ift , repofe , & dort léans ,
Le jeu Evèque d'Orléans. Marot.
LEAO. Grande ville de la Chine. Leaum. Elle eft
dans la Province de Xanfi, & elle eft célèbre par
le commerce du ginleng & du mufc dont Ion ter-
ritoire abonde. Ambajf. de Hollande à la Chine , P.
I. p. 241.
LEAOTUNG , LIAUTUM. Grande contrée dépen-
dante de la Chine. Lcaotunïa. Elle a la Tartarie au
Nordj le Golfe de Nanquin .au midi , la Corée au
Levant , & la Province de Pékin au Couchant.
Lcaoyang & Nyngiven font fes villes principales.
C'eft par cette contrée que les Tartares entrèrent
dans la CMne ^ lorfqu'ils s'en rendirent les maîtres.
L E B
Le P. LE Comte afture que le Léoatung eft mal place
dans toutes nos Cartes. Elles le mettent dans la Chi-
ne , au Midi de la grande muraille ; & elle eft dans
la Tartarie, au Nord de la muraille, &: ainfi au
Nord du Pckéli. Maty. L'Auteur de l'Amballade
des Hollandois à la Chine, P. II. p. 114. dit que
le Leaotung eft renfermé entre le Heuvc Çang &
la grande muraille ; qu il a pour bornes au Levaiu la
rivière d'Ylao , & un bias de mer qui le lépare du
Corée ; au Couchant la grande muraille qui con-
fine au Nord; & au Midi la Province de Péking,
la rivière de Linoang, i^ un Golte de mer qui y pafte
& le détend. Les habitans du Léoatung (ont groillers
& ftupidcs, mais tort adroits à la guerre, & accou-
tumés au travail & à la hatigue. Ils tiennent pour
les mœufSj des Tartares leurs voifins ; pour la Re-
ligion, ils lont Chinois. Ambajjade des Hollandais
citée.
fCr LEAOYANG. Ancienne Métropo ledu Leaotung,
dont Chanyang a pris la place.
LÉARQUE. f. m. Terme de Mythologie. Fils d'Ino &
d'Atham.is , fut la viéfime de la haine que Junon
avoit conçue contre toute la race de Cadmus. Il fut
tué par fon propre père , que la déelk avoit rendu
furieux.
IJCTLÉART. adj. Se dit en Anjou d'un certain arbre
dont le bois eft blanc. Bois léart.
LEAUTÉ. Vieux f. f. Bonté , fidélité j bonne conf-
cience.
LEAWARA. f. m. Port tle mer , fur la côte orientale,
de l'île de Ceylan, dans le pays du même nom.
L E B.
LÉBAOTH,ou BETH - LÉBAOTH. Nom d'une ville
de la Terre-Sainte. Zt'/îiaor/^, Beth Léhaoth. La, ville
appellée Zfi^aor/^dans Jolué XV. ^. S/. Bah Lébaotk
au même Livre , XIX. 6. eft la même que celle qui
porte le nom de Beth-Bera'i , dans les Paralipomènes ,
L. I. C. IV. V. j/ Lébaotk fut donné d'abord à la
Tribu de Juda , puis elle fut démembrée pour la
Tribu de Siméon. De cette feule ville Adrichomius
en a fait quatre , qu'il place , l'une dans la Tnbu de
Juda , ik les trois autres dans celle de Siméon. P.
LuBiN. M. Reland la met aulli dans la Tribu de
Juda , c'eft tout ce qu'il en dit.
LEBBES. 1. m. Le lebbes eft une efpèce de pierre dont
on flic la vaillelle & les vaies au tour, principale-
ment ceux qui fouftrent le feu , & qui fervent pour
faire cuire les viandes. Le /c-iiiidj le noinnieaucremenr
pierre de Corne , parce qu'on la trouve dans le terri-
toire de cette Ville.
LÉBÉDAj LÉPEDA. Nom d'une ville , avec uriej
bonne citadelle, &c un bon port. Leptis magna.
Neapolis. Elle eft dans le Royaume de Tripoli en
BarlJarie , environ à trente trois lieues de la viilc de
Tripoli, vers le Levant. M.-^ty.
LÉBEDUS, aujourd'hui LÉBÉDITZI CHISAR. C'é-
toit anciennement une ville de l'Ionie, dans l'Ahe
mineure. Lebedus. On célèbroit autrerois tous les
ans à Lebédus des jeux à l'honneur de Bacchus; il
y eut dins la fuite un Evêché iuuragant d'Ephèfe.
Ses ruine; , qui ("ont dans la Natolie , fur l'Archi-
pel, à cinq lieues de Smirne , du côté du midi, portent
le nom de Lébédit:(i Ckifar. AL^ty
LEBER. Rivière de la Haute-Alfrce : elle a la fource
à l'orient des montagnes de Vofge , &: fe jette dans
riii.
LÉBERAW , LE LÉBERAW , LE LÉBERTHAL. C'eft :
un petit pays de la Haute Alface. Vailis de Labro. .
Il s'étend depuis la Lorraine jufqu'aux environs de
Scheleftat , autour de la rivière de Leber. Ce pays eft
connu à caule de les mines , & les lieux principaux
font Sainte Marie aux-Mines , le grand hc le petit
Libérau , celui là au deifous de Sainte Marie j 6c celui-
ci au delliis. Maty.
LÉBERON , LE LÉBERON. Nom d'une montagne de
Provence. Lebero. Elle s'étend d'orient en occident,
depuis la ville de Manolque , jufqu'à celk ds Cavaii-
L E C
loiij qui cil dans le Comte Vciiaiflîii. Matv.
LEBESCHE. f. m. Terme de Marine. C'cft le nom
qu'on donne fur la Mcditerraniice au vent qu'on
nomme Sud-Oucll fur l'Occ.m, qui fouflle entre le
midi <^ le couchant. Africus , Lés. On l'appelle
unlii Carbin.
JilBîTON, LtBÉTON, ou LEBITONAIRE. f. m.
Nom d'un ancien habit des Moines , & des Solitaires
de l'Egypte & de la Thébaïde. Leb'uon: Lebeton ,
Lebuonanum , Levido , Colobarïum lincuin , (inc ma-
nias.X*^ lébitonalrc étoitunc tunique de lin qui n'a-
voir point de manches, & (emblable par confcqucnt
à un fac. Suidas le définit un habit de Moines fait de
poils. Voye'[ YOnomaJlicon de Rolweyd.
Macri croit que ce nom vient de celui de Lev'ua ^
parce que la tunique fans manches des Moines d'E-
gypte , a quelque rcllemblance avec la tunique des
Diacres, qu'on appelle ioiwcnt Lévites , en Latiii
Levit£. De Levita on a fait levitonanum , de enfuite
Ubitonarium.
LEBNA. Nom de lieu. Lelma. Il étoit dans l'Arabie
- déferte , & ce fur le dix-feptième Camp des Kraëli-
tes. Nomb. XXXIII. 20. Le P. Lubin croit que
c'eil la même chofe que Laban.
Lebna , ell encore une ville Sacerdotale de la Tribu
de Juda , que Jofué nomme Lebna , & Lebana. V^oyei
C. X. 2 p. & C. XF. 42.
LEBNAW. Nom d'un village du Cercle de Bavière.
Lebnavia. 11 efl: dans rAjj^hevêché de Saltzbourg,
fur la rivière de Saltz , au - delfous de la petite
ville de Lauffen. Quelques-uns prennent ce lieu
pour l'Anobriga, bourg de la Vindelicie , que d'au-
tres placent à Artzbourg , village fitué fur le Danube.
Maty.
LEBOîN. f. m. Nom d'homme. Lebwinus , Liafwinus ,
-Lipwinus Lebwin , vulgairement Léboin , ou Lifoin,
naquit en Angleterre dans le huitième lièclc. Saint
Léboin eil l'Apôtre de l'Owériird. Baillet , au 12.
de Nov.
LÉBONA. Nom d'une ville de la Tribu d'Ephraïm ,
dans la Terre Sainte. Lehona. "Voici la irète folennelle
du Seigneur qui (e célèbre tous les ans à Silo , qui
ell fitué au fcptentrion de la ville de Béthel , & à
l'orient du chemin qui va de Béthel à Sichem, &au
midi de la ville de Lébona. Sacy , Jug. XXI. i g.
LEBRIT, ou LEBRET. Ancien 'nom de la fille &
du pays d'Albret en Gafcogne. Leporetum. M. de
Marca dit aulïi Lébrig , mais une fois leulement,
fuivant en cela un Aéle de i i jo. qui le dit aullî. Ama-
nien de Lebrit , ou Lebrig , eft le même qui efl: nom-
mé dans une Letrre d'aveu du Comte de Comenges ,
de l'an 1240. Amaneus de Leporeco ; l'origine du
nom de Lebret , ou Lebrit , étant dérivée des lièvres ,
ou lapins , qui fourmillent dans les landes où cette
maifon eft alîîfe. Marca, Hid. de Béarn ^ L. VII.
C. 10. n. s ,4 ,& s-
LEBRÏXA. Nom d'un Ancien bourg de l'Andaloufie
en Efpagne. NebriJJd. Il eft entre Séville & Xérès
de la Frontéra. Maty.
LEBUSS. Nom d'une petite ville de la moyenne Mar-
che de Brandebourg. Lebujfa. Elle eft fur l'Oder ,
entre Francfort & Cultrin , à deux lieues de la pre-
mière , & à quatre de la dernière. LébuJJ avoir un
Evêché fuffragant de Gnefnc ; mais les habitans ayant
embraffé l'hércfie , l'Eleéleur George-Guillaume réu-
nit l'Evêché à fes Etats, & prit le titre de Chancelier
perpétuel de l'UnivcrlIté de Francfort , que pollédoit
l'Evêque de Lébujf. Maty.
LEBUSSA , ou GEBISE. Libyjfa. C'étoit autrefois une
petite ville de laBithynie, en l'Afie mineure ; main -
tenant ce n'eft qu'un village de laNatolie, entre la
Nicomédie & la Chalcédoine. Lébujfa eft le lieu où
Annibal fut inhumé.
LEBWIN. Foyci Léboin.
L E C.
LÉCANOMANTIE , ou LÉCANOMANCE.f £ Di-
vination fuperftitieufe qui fe faifoit par le moyeu
L E C 455«
d'un plat. Lccanomantia. La Lécanomantie fe prati-
quoit en celte forte. On metcoir dans un poc'lon , ou
plutôt dans un ballîn plein d'eau , des pierres pré-
cieulcs , &i des lames d'or & d'argent gravées de cer-
taiJis caraétères , dont on faifoit offrande aux démons ,
1^- après les .avoir conjurés par certaines paroles j on
leur propoloit la qucllion fur laquelle leur réponfe
étoit .attendue. Alors il forroit du fond de l'eau une
voix balfe , fcmblable au fiftlement de ferpenc , qui
contenoit la réponfe. Dh S. Aubin.
Ce mot de Lécanomantie eft compofé des deux mots
Grecs, >,i,y,«én) , qui veut dire, bajjin ,plat ,lic f.«.tiu-^,
qui /ignific di-vinifation.
i-ECCE , ou LECCIE. Nom d'une ville du Roy.aume
de Naples. Litium , Aletium. Elle eft dans la Terre
d'Otrante , entre la ville de ce nom , & celle de Blin-
des. Lecce eft une grande ville & bien peuplée , la
rélidence du Gouverneur de la Province , ix le ilège
d'un Evcché futlragant d'Otrante. Maty .
LECCO. Bourg du Duché de Milan , en Italie. Leccum,
Il eft dans le Comafcj fur le bord du lac de Como,
à l'endroit où l'Adda fort de ce lac. Maty.
LÉCETO. Voye-{ Illicéto.
LECH. Grande rivière d'Allemagne. Lachus , Licus ,
Lycias. Elle prend fa fuurce dans le Tirol, coule
le long des confins de la Souabe & de la Bavière,
baigne Ausbourg ,& vafe décharger" dans le Danube ,
à deux lieues au-delfous de Dcnavert. Maty.
LECHASSERIE. f. f Nom d'une forte» de poire j, que
quelques uns nomment verte-longue d'hiver ,& d'au-
tres belidery-landry. hxQxsitiT.LzlechaJferie a l'œil
tout-à-fait en dehors , & quelques unes ont la forme
de citron : elle eft d'une grolleur médiocre , d'enviroa
deux pouces en tout fens. Elle eft verdâtre fur l'ar-
bre , tiquetée en murilïant j plus claire & plus jaunâ-
tre que l'ambrette , à laquelle du reftc elle eft fort
femblable ; elles fe reflemblent encore par leur queue,
qui eft droite & longue : celle de la léchajferie eft
cependant plus grolie ; leur chair eft beurrée , Icuf
eau fucrée , & un peu parfumée; mais d'un parfum. .
très-agréable. La léchajferie en a un peu plus que
l'ambrette. Sa peau paroît d'ordinaire un peu plus
rude , & de plus , la léchajferie eft allez fouvent boilue
&raboteuf"e; mais leur bois eft fort diftérent. Celui
des /e'c/!t2//trit'j eft ordinairement très -menu ,poulîanc
quelques pointes , mais elles ne font pas. alTez aiguës
pour piquer les mains, comme font les ambrettes.
La Quint. Les poires de lechafferie font du nombre
des meilleures poires; c'eft-à dire , de celles qui ont
la chair beurrée, ou tout au moins tendre &c délicate,
avec une e.au douce , fucrée , & de bon goût. La
Quint. Les poires de lechafferie viennent en Novem-
bre dans un fonds chaud & fec , & feulement en Dé-
cembre & en Janvier , quand elles font dans un fonds
plus gras & plus froid. Idem.
LECHE. (. f. Terme du difcours familier , qui fignifîe
une tranche fort mince , de quelque chofe bonne à
manger. Offella. On lui a donné une lèche de ce pâté ,
de ce jambon. On a donné à cet enfant une petite
lèche de pain pour fon goûter.
LÊcHE. f f On nomme ainli dans le moniioyage de
l'Amérique Efpagnole, particulièrement au Mexique,
une efpèce de vernis de lie que l'on donne aux piaftres
qui s'y fabriquent, afin de les rendre d'un plus bel œil.
Ce vernis fait qu'on préfère les piaftres colonnes aux
Mexicaines , à caufe du déchet qu'il y a dans la re-
fonte.
§Cr Ces dernières font ainfi noiTunées , parce qu'elles
portent pour revers les colonnes d'Hercule , avec la
devife , non plus ultra.
Ce mot vient de efca , &C lécher , de allicere. Nicot
dit que lèche fignifie une petite rêne , dont on fait la
laijfe des lévriers.
LÉCHÉE, l". m. Port de Corinthe du côté du Septen-
trion , fur le golfe Criftce , ou de Corinthe, aujour-
d'hui golfe de Lépantc. Lcch^um. Corinthe eft à un
quart de lieue de la mer , fur une colline faite en
amphithéâtre , dont les degrés vont infenfiblement fe
rendre au Port ie'c/iee , où il y a encore une Tour,
4j6
L E G
qui fervoic de fanal autrefois. Du LoiR , Z. X. p.
343-
LECHEFRITE, f. f. Vailleau uftenfile de cuifine , qui
eft long &: plat , & à deux goulettcs, qu'on met lous
la broche, pour recevoir la gwille des viandes qu'on
y rôtir. ^^iJaria cucuma , cucumda. La plupart des
léchejrites ("ont de fer. On en laitaulîî déterre cuite.
Dans quelques Provinces ont dit Ikhefrhc.
Boire dans une Icchcfrïtc. On dit proverbialement
de deux ennemis qui ie font racommodés , qui ont
fait la paix enfemblej qu'ils ont bu dans une lèche-
jiite.
Le Monde , la Chair & Sacan ,
Qui s'entendent depuis maint an ... ,
Burent dans une lèchefrite,
JVe fient plus qu'une marmite
Dassoucy , Ovide enbelle humeur.
LÈCHEFRITE , eft audî un vailfeau plat de même figure ,
qu'on met au ba^ d'un Théâtre pour l'éclairer y dans
lequel on met un ou plufieurs rangs de grolîcs clian-
delles.
LECHENICH. Nom d'une petite ville fortifiée. Legio-
nacum. Elle eft dans l'Eleétorat de Cologne , à trois
ou quatre lieues de la ville de ce nom, vers le lud-oueft.
Maty.
LECHER. V. a. Nettoyer , polir , fucer avec la langue.
Lamhere ,Hngere. On dit que les ours donnent la tor
me à leurs petits , à force de les lécher ; mais c'eft
une erreur populaire. Les chattes , les chiennes ,
lèchent aulli leurs petits, fe lèchent les pattes, fe
lèchent les barbes , le lèchent leurs plaies pour les
guérir , lèchent les plats 8c les écuelles , carellent leurs
maîtres en les léchant.
Ce mot vient de leccare , & de lingere , dit Mé
nage. D'autres le dérivent de l'Allemand lecken , qui
fîgnifie la même chofe. Il y a plus d'apparence qu'il
vient du verbe Grec xùxu-. qui fignifie lécher: d'où
vient que les Grecs ont appelé xa.Uxfi^ , le doigt in-
dice , parce que c'eft lui que l'on trempe dans les làu-
ces , & qu'on lèche , pour en connoitre le goût. Ou
enfin , il peut venir de /icAtfr, mot Celtique ou Bas-
Breton j qui lîyiifie /ria/.'ia'.
§CF LÉCHER , fe dit particulièrement des friands qui
pallent leur langue fur quelque chofe de bon à man-
ger. Ligurire , le cher un plat. Lécher des confitures fur
une ailictte.
LÉCHER , le dit figurémenten Morale des ouvrages d'ef-
prit , qu'on travaille & qu'on finit avec trop de loin.
Accuratiùs Umare ^ expolire. On le dit ordmairement
en mauvaife part.
§3° On le dit particulièrement en peinture où il figni-
■ fie travailler , & finir un tableau avec beaucoup
de foin , mais d'une manière froide, & qui annonce
la peine que cela a coûté au Peintre. On dit qu'un
tableau elt /fc/îi;', trop /eV/^t;' quand les couleurs lont
feulement noyées & adoucies avec plus de foin liv'de
travail, qued'art& de août,& lansyreconnoitre cette
hardielfe & franchile de pinceau qui n'app-artient
qu'aux grands Maîtres. Léonard de 'Vinci /ecAoiirtous
fes ouvrages. Il hm foigner , mais il ne laut pas lécher.
Un habile Peintre termine fes tableaux avec foin,
un médiocre les lèche.
fl:^Pour fiirc entendre qu'un homme fera privé de
certains avantages lur lelquels il avoit compté , on dit
proverbialement, qu'il n'a qu'à s'en /ccAcr les barbes.
Et en parlant de certaines chofes , principalement
des chofes à manger , qu'on donne en petite quantité ;
on dit finiilicrement qu'on n'en donne qu'à lèche
doigt , qu'il n'y en a qu'à lèche doigt.
LÉc,HE,É£, part. Certains traits négligés des grands
PeintreSj iont fort au deiîas des ouvrages les pins
léchés des Peintres médiocres. Fenelon. On dit qu'un
Ouvrage eft trop léché, pour dire, que l'Auteur a
péché à force de foin , & de vouloir trop perfedlion-
ner fon Ouvrage, f^oye^ Lécher.
LECHERIE , que Nicot écvit iLcheric ^ fe trouve dans
L E G
le Roman de la Rofc. Il fignifie , fclon le Glollâire
friandite, bonne chère. Vûye\ Coux.
Il s'eft pris auflî pour un lieu où l'on trouve des
femmes débauchées j ce qui les fait appeler le'cAier-
res. On a dit aulH ce dernier mot pour tiiand. Léckeur
s'eft dit dans le même fens.
LECHES, f m. Fils de Neptune & de Piréne , fille
d'AchéloiJs , donna Ion nom à un des Ports de Co-
rinthc, appelé Léchée.
LÉCHI. Nom d'une ville delà Tribu de Dan, dans la
Terre-Sainte. Lechi. Elle eft environ à fept heues
d'Afcalon , en tirant vers Jérufalem , fituée au com-
mencement de la grande plaine de cette Tribu de
Dan , vers l'Orient. C'ell un très bon terroir , oui
l'on rccueiile quantité de coton , de datte; , d'olives;
mais Lechi n'eft aujourd'hui qu'un petit & miférablç
village. P. Roger , f^oyage de la Terre-Sainte , L. /.'
C. lâ. On l'appeloit aulli, Ramat Léchi , c'eft-à-dire,
■Elevatio maxilU.
Lechi eft un mot Hébreu , qui fignifie mâ<.hoire\i\
fut donné à cette ville, parce que ce tut là que Sara-
Ion défit les Philiftins avec une mâchoire d'âne.
Aquila , Symmaque 6«: Glycas, la nomment en Grec
Siagon.
LECK. Lecca , Leccus. C'eft le nom d'une grande bran-
che du Rhin. Elle fe lépare de ce fleuve à Wick,
dans la Seigneurie d'Utrecht, baigne 'Viane & Scho-
noven , & fe décharge dans la Meule , à deux lieues
audellus de Rotterdan* Quelques Géographes pren-
nent le Leck pour le canal qu'on nommoit ancienne-
ment FolJa Corbulonis , qui joignoit le Rhin à la
Meufe; mais d'autres croient que cet ancien canal eft
celui qui va de Leyde à Delftj & de-là à Maellant,
où il fe joint à la Meufe. Maty.
LEÇON, f. f. Inftrudions d'un. Maître à fes Ecoliers,
aifion qu'on fait pour enfeigner, & pour inftruire.
Documcntum , lectio. Ce Profeileur fait Aes leçons At-
Théologie , de Droit, de Médecine. Cet Ecolier prend
deux leçons par jour; il étudie fous deux Profelleurs.
Enfeigner , c'eft donner des leçons: apprendre , don-
ner des leçons dont on profite. Le Protelleur enfei-
gne dans les Ecoles publiques ceux qui viennent en-
tendre fes leçons. &c. Le P. Louis Gonzalez de
Camara , Jéiuite , Précepteur du Roi de Portugal ,
D. Sébafticn , avoit trouvé le moyen de lui faire
aim(# l'étude, dont prcfque tous les enfans , & ceux
principalement qui en ont plus de befoin , à caufe
du rang qu'ils doivent tenir dans le monde , ont d'or-
dinaire plus d'averfion. Il mêloit pour cela, à toutes
les leçons qu'il lai laifoit deux lois le jour , quelque
choie qui piquoit la curiohté , qui aidoit ia mé-
moire , & qui réjcuilloit fon imagination , en rem-
plidant (on efprit des connoilTances les plus utiles, &
en tonnant Ion cœur à toutes les vertus les plus di-
gnes d'un Prince Chrétien & d'un grand Roi. Toutes
ces leçons commençoient par quelque grande maxi-
me de Morale & de Politique j &; finilloient par
quelque Hiftoire j où l'on lui faifjit remarquer ce
qu'il y avoit de plus louable dans les actions des
plus grands Princes , & fur tout de ceux de fa Mai-
fon , fi féconde en hommes illuftres. P. VerjoS.
Leçon, fe dit aullî dece qu'un Régent fait apprendre
par cŒur à fes Ecoliers. Memorix pcnfum. Appren-
dre (es leçons , tavoir bien fa leçon , réciter tes leçons
fans faute , fans héiiter.
Leçon , fe dit de toutes fortes d'Arts & d'exercices. Il
.a appris l'Arithmétique ordinaire en quatre /fCon.f..
Prendre , donner des leçons de Mufique , de Dan-
fc , &c. Cet Écolier va en Salle , à l'Académie,
prendre des leçons d'efcrime & de manège. On le
dit aullî-bien du cheval q-ue du cavalier. Ce che-|
val a obéi à la leçon. Cet Ecolier a pris leçon fur-
ie fauteur. I
Leçon , fe dit figurément de toutes fortes d'avertil-l
femens , d'inftruèlions &c de dif'cours , qui ont'
pour but de nous enfeigner , & de nous corriger.;!
N'allons point nous appliquer les traits d'une cen-'
fuie générale , &: profitons de la leçon, fans faire
temblant qu'on parle à nous. Moi-
1
L E C
// veut que tous fcs mots foknt autant de leçons.
Régnier.
7.LÇ0N , fc die aulîî des divers accidens de la vie, des
expériences qui nous apprennent à vivre avec pru-
dence, & à nous corriger. Documcntum. Les morts
fubites font de belles leçons aux Chrétiens , qui
leur apprennent à fe tenir toujours prêts. Les fup-
plices & \(:s exécutions publiques, l'ont des leçons
dont h jeunellc débauchée doit profiter. La\ue
d'un ivrogne elt une leçon de Ibbriété. Ablanc.
Le malheur eft une excellente leçon pour apprendre
Ja patience. Maucroix. Ah \ que mon mariage
eft une leçon bien parlante à tous les Payfans qui
veulent s'allier à la mailbn d'un Gentilhomme. Mol.
$3" On dit dans ce fcns , Faire la leçon à quelqu'un ,
lui donner des inftrudions ou poiir fa propre con-
duite , ou pour traiter de quelque aflPaire. Je lui ai
bien hait fa leçon \ je lui ai donné {\ leçon par écrit.
Les Critiques appellent aullî diverfes leçons , Va-
ria, lecliones , les diverfes manières de lire le'texte
des Auteurs dans les anciens manufcrits : cette
divedité vient de l'altération arrivée par le temps ,
ou par l'ignorance des Copiftes. On tâche de les
rétablir par la convenance des paroles avec Iç iens ,
& par la confrontation des différens manufcrits. lî
y a bien des diverfes leçons de la Bible , des Poè-
tes, & des Orateurs Grecs & Latins.
Leçon , en termes de Bréviaire , eft une petite lec-
ture qu'on fait à chaque NocT:urne des Vigiles ,
de quelques extraits de la Bible , des Pères , ou de
l'Iliiîoire du Saint dont on fait la fête. On appelle
un Office de neuf leçons , celui qui a trois leçons
à chaque Nodurne. Les leçons des Ténèbres Vont
tirécsen partie de Jérémie.' Il y a aulîi des leçons
bréyif dans les Heures; elles font appelées brèves ,
parce qu'elles font fort courtes. On appelle les
leçonî de ce nom , parce qu'elles ne fe chantent
point comme les Pfeaumes & les Hymnes , &
qu'on ne fait que les lire. C'eft pour cette raVon
qu'on a appelé autrefois du nom de Leçon lEpitre
de la Meilè , parce qu elle ne fe chante' pas , com-
me les autres parties de la Mcfle , & qu'on ne
fait prefquc que la lire d'un ton élevé.
Leçons. On appelle de ce nom dans l'Églife Gre-
que deux Livres d'Eglife. Lecliones i>c,y.ûs^,, à,»y,'i-
nuccru. Le premier & le plus petit ne contient que
les endroits de l'ancien Teftament que les Grecs
lifent à l'Office pendant Tannée ; l'autre renferme
des leçons plus longues qui ne font pas tirées de la
Sainte Ecriture: l'un ôc l'autre de ces Livres s'ap-
pelle leçons , à caufe de ce qu'il contient.
On dit proverbialement , On lui a bien fait fr le-
çon ; pour dire , on l'a bien réprimandé. On dit
auffi d'un homme qui polféde parfaitement une cho-
fe, qu'il en feroit des leçons.
Voilà j fage Prélat , comme chacun raifonne ,
Et fait une leçon aux Docleurs de Sorbonne.
Ép. à M. l'Év. de Meaux fur la Comédie.
LECORIS. f. f. C'eft le nom qu'on donne à une des
Grâces , dans un ancien monument ; les deux autres
font Gélafie & Comafie.
LECTE. f. m. Vieux mot. Choix , élite. Lobin. GlofT.
Beleclus. ^
^LECTEUR, f. m. C'eft en général celui qui lit.
Bon Lecleur , méchant Lecteur. C'eft un méchant
Leaeur, il bégaie , il héfite. Le^or. On le dit par-
ticulièrement de ceux qui lifent un écrit , un ou-
vrage delprir. La plupart des Lecleurs font des Ju-
i;es trop tévères , & fouvent injulles. Avis au Lee
teur. Avertiirement fort court qu'on met au com-
mencement d'un livre imprimé. Ami LeUeur, Lec-
teur bénévole ; c'étoit le ftyle d'autrefois. Les Ita-
liens mettent , à. chi legge. i
^'"jom^v" "" ^^^^*^^' ''°''''^°''" tremblant d'effroi.
LE C
4r7
Qui volt peindre en autrui ce qu'il remarque en foi^
BoiLEAU.
Un Auteur à genoux dans un humble Préface,
Au Lcèteur qu'il ennuie a btau demander grâce.
Idem.
^ Lecteur , Chez le Roi , eft un titre de Charge ,
dont la fondion eft de lire devant le Roi. Le Roi
a des Lecleurs pour ditiérentes chofcs, pour la pié-
té, pour les Mathématiques , &c. 11 y a deux Lec-
teurs ordinaires de la chambre , &c du cabinet du
Roi. On le dit de même de ceux qui liftnt à des
particuliers.
Dans les Communautés on noiTimeIei.7c;/^r5, ceux qui
font en lemainepour lire au Réfedoire pendant le re-
pas. Lecleur de la première , Lecleur de la féconde.
Saint Benoit , dans (a Régie , permet au Lecleur de
table de prendre quelque cho(e .avant que de lire ,
les jours de jeûne. Saint Benoît appelle cela blbere
6' panem , & Uldaricus mlxtum , en un feul mot. •
Le P. Mabillon cherche ce que c'eft, dans fa Préface '
du quatrième liècledes A^a Benedlcllnorum , iv" il
prétend que l'un & l'autre lignifie du vin trempé
d'eau , & du pain. |C7 Dans les Maifons de filles
la Rehgieule qui lit au Réfedoire , s'appelle Lec-
trice.
Lecteur , eft auffi un titre que prennent les Profef-
fcurs du Collège Royal , & que le Roi leur donne-
dans leurs provilions. Lecleurs Royaux.
C'eft ainh qu'on appeloit autrefois les Frofelfeurs
des Sciences , parce qu'originairement ils lifoient
les Auteurs , Hc les expliquoient fans dider.
On appelle auffi Lecleurs , les Dodeurs qui en-
fcignent publiquement dans les Chaires les Sciences,
les beaux Arts , & les Langues. Lecleurs en Théo-
logie , en Droit Canon , en Éloquence^ en Hébreu.
En Perle j ik dans quelques autres pays de l'A-
fie , on n'a point de terme plus noble pour ligni-
fier un lavant homme , que celui de Lecleur
Okoumick.
Lecteur , eft auffi une qualité dans l'Églife , que
donne un des quatre Ordres mineurs , qui font le
Portier , le Leaeur , l'Exorcifte ,Sc l'Acolythe. te
Lecleur avoir auffi le foin & la garde des Livres
faci-és. Du temps de Saint Cyprien , cette charge
ne fe donnoit qu'à des gens âgés, & qui s'étoient
rendus recommandables par leur vertu , 6c par
leur dodrine. Depuis , on y a admis des jeunes
gens , même au deilous de la puberté. Dans l'É-
glife Greque , les LeHeurs portent des cierges de-
vant l'Evçque , ils lifent à Laudes le Synaxaire , &
à La MelIe l'Epitre. Leur place dans l'Églife eft dans
le foleas , qui eft un lieu hors du Sanc1:uaire , &
plus éloigné de l'Autel que le Sanduaire.
IfF On dit proverbialement , & figurément , Avis au
Lecleur, c'eft un avis au Lecleur, lorfque quelqu'un
dit en termes généraux une chofe dont il veut que
quelqu'un fe falfe l'application. On le dit de mê-
me d'un malheur arrivé à quelqu'un , & qui pour-
roit encore arriver, s'il ne prenoit des précautions
pour s'en garanrir.
LECTH,l.^m. Terme de Marine. C'eft une meliire
fort en ufage fur la mer du Nord , qui contient douze
barils.
Lecth , en termes de Relation , eft une manière de
compter dans l'Indouftan , qui lignifie cent mille.
C'eft une façon de parler femblable à celle des
HoUandois, qui pour dire cent mille francs, difent
une tonne d'argent. Une leclh de roupies , veut dire
cent mille roupies. Ainfi on dit que le Roi de
Golconde a de revenu vingt-cinq leclhs de pago-
des , & le pagode vaut à-peu-près un écu d'or de
France.
LECTICAIRE. f. m. Terme de Liturgie. Nom d'Of-
fice & d'emploi dans l'cglife Greque. Lecilcarlus.
Les Leclicalres étoient chargés du foin d'emporter
les corps de ceux qui étoient morts , pour les en-
Miçm
4t8 L E C
teLi-cr. Les Lcclicaires avoicnc pour chef le Dc-
can ou Doyen.
Ce nom s'eft dit aulll pour un ouvrier qui fait
des litières. On appelle aulli le plus louvcnt Lccli-
caires ceux qui portoient les litières , les porteurs
de litières. Les Romains avoient de deux fortes de
Leclicaires ; les uns qui étoient de leur train , de
leiu- niailbn , qu'ils avoient à leurs gages , comme
nos grands Seigneurs ont des Porteurs de chaile à
eux , îk. les autres qui étoient publics , & qu'on
louoit quand on vouloit fe fiirc porter en litière ,
comme il y a à Paris j à Rennes , Se en d'autres
villes, des Porteurs de chaifc qu'on prend & qu'on
paye pour fe fliire porter oij l'on veut. Ces lecli-
caires publics étoient à Roms dans la douzième
Région , au delà du Tibre. Les Grecs avoient aufîi
des Lecticaircs ; il eft parlé de ceux d'Alexandrie
dans la Vie de Saint Alexandre l'AcémèrCj C. VI ,
n. 41. Voyez Acla Sancl. Januar. T. I , p.. 1026.
Les Bollandilles remarquent c^ue les Leclicaires por-
toient quelquefois les morts en terre , ou au bû-
cher ; c'ell que l'on portait quelquefois le corps fur
une litière , comme nous l'avons dit.
lECTIONNAIRE. f. m. Terme de Liturgie. leffio-
narium , Leclionarius liber. C'eft un livre qui
contient les leçons qui fe lifent à l'Oiace. Le
plus ancien Leclionnaire eft celui que lit Saint
Jérôme.
LECTISTERNE. f. m. Cérémonie de Religion chez
les anciens Romains , iy3' qui confifloit dans des
feftins auxquels on invitoit les dieux , dont les fta-
tues étoient pofées fur des lits autour d'une table
dans le Temple , de même que les hommes s'y
mtttoient dans un repas. Leciijiernium , qui fignifîe
l'adion de préparer des lits , de /eclus , lit, ôcjier-
nere , Jlerno , drefler j préparer j étendre. Les Epu-
lons , dont nous avons parlé , préfidoicnt à cette
cérémonie j &: en étoient les ordonnateurs. §CF Ce
Loin avoir d'abord été confié aux Duumvirs Sybil-
lins. On ordonnoit le leclijlerrte dans les calamités
publiques , pour en obtenir la cellation.
Calaubon efl le premier qui , fur un endroit du
Scholiafle de Pindare , a remarqué que les Grecs
avoient aufli eu l'ufàge du Ucîijlerne. M. Spon a vu
un bas relief de marbre à Athènes, qu'il croit être
la figure d'un leclifierne. On y voit un lit élevé d'un
pié , ^ long de deux , fur lequel eft Sérapis tenant
une corne d abondance , des friùrs devant lui , & fon
boiifeau fur la tète. Plus bas efl: liis , & autoiu- qua-
tre ou cinq figures d'hommes. Il ajoute , qu'on voit
à Athènes & à Salamine plufieurs femblables fi-
gures.
Tire Live , au cinquième Livre de fon Fîiftoire ,
c. fj , dit que le prcmiet leclifierne que l'on vit
à Rome, fut celui qui fe fit pendant huit jours,
en l'honneur d'Apollon , de Latone , de Diane ,
d'Hercule , de Mercure & de Neptune, à l'occa-
fion d'une grande pelle , qui faifoit mourir tous les
beftiaux , Tan de Rome 354. Cependant Valére
Maxime, Z. //, c. 4, parle d'un autre fait avant
celui là j fous le Confulat de Brutus & de Valerins
Publicola; mais c'ell que celui-ci fut moins célèbre.
^tCFJene fais • pourquoi dans le Didl:. de l'Acad. Fr.
l'on ne fait de ce mot qu'un fubllantif pluriel.
LECTOURE , LAICTOURE , LEICTOURE , LÉ-
TOURE. C'eft ainfi qu'on prononce. Nom d'une
ville de Gafcogne , Province de France. Lacloracum ,
Laclora , Laclura , Laclorium , Leclorium , civicas
Lacloracium. Elle eft dans l'Armagnac , fur le Giers,
entre Auch <?c Agen , à lîx lieues de la première , &
à quatre de la dernière. Cette ville inaccelfîble ,
excepté par le côté qui regarde Touloufé , eft bâtie
fur une montagne , environnée d'un double mur ^
& défendue par un château. Elle a Sénéchaullée ,
de Évcché fuflfragant d'Auch. Maty. On lit fur des
inlcriptions antiques trouvées à Leicloure ^ Se rap-
portées par Gruter, p. XXIX ti. Lector. Ibid.
n. /_,'. CiviT. Lactorat. & Ordolact. n. 14.
LACT. p. XXX, 1, CiVITATlS LACTOKATiN. f.
L E C
XXXI. 2. R. P. Lactorat. Ces infcriptions mon-
trent l'antiquité de Leicloure. La troihèir.e & la
quatrième font pour Gordien j & la féconde paur
M. Auréle , & le titre de Cité ik. de République
qu'elle y porte , marque une ville libre. Btlleforcft
de Commges dit Lefiore ; mais fi ce mot s'eft dit ,
il ne fe dit plus , ik ne s'écrit plus ainfi. Leitoure
eft capitale d'un pays qu'on nomme la Lomaigne.
Un habitant de Lécoure j Laclorare , Lacluras , atis.
Hadr. Valois , Not. Gall. p. lyp- Au Concile de
Touloufé , tenu l'an 1068 , par le Cardinal Hugues,
on rétablit l'Lglile de Leitoure , qui avoit été chan-
gée en Monaltère. Voyei fur Laicloure M. de
Marca, dans fon Hiftoire de Béarn, L. I j c. 10.
Long. 18. d. 16'. ;3"jlat. 43. d. j6'. 2".
LECTRICE, f. f. Celle qm lit. Qua legit. Leclrix.
Au trente -neuvième Capitulaire des Conftitutions
de Fontevraud , il eft marqué que la Semainière du
Chœur , la Leclrice du Réfeétoire , & les Semai-
nières de la table & de la cuiline , doivent commu-
nier le Dimanche qu'elles entrent en femaine. Chas-
TELAiN J Martyrol, 24. de Févriet , page j s S-
§CF Ce terme n'eft en ufage qu'en parlant de la Re-
ligieufe qui lit à fon tour dans le Réfectoire.
LECTRIN , ou LETTRIN. f. m. Vieux mot. Pu-
pitre. Pluceus. Chanter au leclrin. Hiftoire de Bre-
tagnej T. II , p. 11 JO. Le commençant le lettrine
le Chantre en chappe, p. 1 1 17. Lobin. Gloj]'.
Ce mot vient de lego , legi, leclum, d'où l'on 1
fait leclrium , le lieu où l'on lit ; de mcme que de
pinfere l'on a fait pifirium. , & de molere , molt-
trina. Enfuite de leclrin , ou lettrin , nous avons
fait lutrin.
LECTROIS. f. m. qui , dans quelques Monaftères , fe
dit du lieu où les Religieux s'allémblent pour faire
la leéturc. Locus leclloni defiinatus. Ils allèrent au
Veftiaire prendre leur habit de Chœur , & montè-
rent au Leclrois , pour fe préparer à l'Oflice par la
lecture. Chastelain. P. FIélyot. Dès qu'on eut
dit Vite Mi(fa efi , on alK droit au Leclrois fans
quitter l'habit du Chœur. Idem.
LECTURE, f. f. Action de lire. Lecîio. Les païens
s'aftemblent pour entendre la leclure d'un Contrat de
mariage. Ledure faite de fon interrogatoire. C'eft à
ce Novice à faire aujourd'hui la leclure dans le Ré-
fecLoire. J'ai alfifté à la leclure de cet Ouvrage en
bonne compagnie. La leclure des Livres défendus
eft dangercufe. Le P. Mabillon montre dans la Pré-
face de la première Partie de fon troifième fiède
des Acla Sancl. Benedicl. que la leclure des Auteurs
profanes eft utile & permife pour former le goût
de lajeunefFe. Foyei §. IF, p. XXVII.
§S? Lecture , fîgnihe encofe , le foin que l'on a de
cultiver fon efprit par la leclure des livres. Un Hifto»
rien doit avoir beaucoup de led.ure. Multa legerit
oportet. Ce DoCieur a bien profité de fa leHure,
Le premier pas que fait dans le monde un homme
enivré de fa leclure , eft prefque toujours un faux
pas. S. EvR. La/ef7«re des bons Livres eft uneco(i«
verfation avec les plus honnêtes gens des fîècles
pallés ; mais une converluion étudiée , Se où ils
nous débitent leurs meilleures penf'ces. Bail. La
leclure eft nécellaire à parer l'efprit , à régler les
mœurs , Se à former le jugement. M. Scud. Pour
recueillir le fruit de la leclure , il faut du filence,
du repos j de la méditation. S. EvR. Sans la lec-
ture , le plus beau naturel eft ordinairement fec &
ftérilc. Id. La leclure eft un préfervatif contre une
infinité de dércglemens , où l'on tombe quand on
ne fait à quoi s'occuper. Nie. S'appliquer à la
leclure. Ablanc. Aimer la leclure. Scar. Employer M
des journées entières à la leclufe. Ablanc. Il faut I
polir fon efprit par la leclure. Vill.
LÉCUM. Ville de la Tribu de Nephtali , dans la
Terre Sainte. Lecum. La frontière de cette Tribu
s'étendoit de Héleph Se d'Elon en Saananim Se
Adami , qui eft aullI Néceb , (Se de Jebnacl jul-
qu'à Lécum , Se fe terminoit au Jourdain. Saci ,
Jof. XIX. s S' Lécum écoit fur le bord du Jour-
LE D
dam , dans l'angle que formoir la frontière mc'ri-
dionalc & la fionticrc oiienulc de la Tribu de
Ncphthali. Elle étoit près de Capharnai.ini , li te
n'étoïc poiiu Capharnaiim même. P. Lubm, M.
Kcl.uid l'appelle Laccum , félon l'Hébreu. Il pré-
reiul aulli qu'elle s'e(l appcllée dans la fuite Lok'im ,
ik que dans les Grecs qui l'appellent A<iJ«^ , il y
a deux fautes de Copiltes ; un ii pour un a , tk un
A pour un K,
§C?LECYTHE. f. m. Lecychus. Terme d'Antiquité,
qui délîgnoit un vafc fait en tonne de grolle bou-
teille , dont on fe fervoit pour mettre de l'huile.
Vafes où les Apothicaires mettent leurs huiles.
L E D.
LEDE. f. f. Terme de Salines. La léde d'un marais
falant cil le milieu &: le plus grand efpace du jas ;
autour de la lédc on creulc une elpèce de canal
de deux ou trois pics plus creux que le jas , 6c de
douze à quinze pies de large.
LÉDE , ou LÉDA. f. f. Terme de Mythologie. Nom
de femme. Leda. Cette femme , fi tàmeule dans la
Fable , fut fille de Thieft , tk. fanme de Tyndare ,
Roi de Laconie. Elle conçut de Jupiter, changé en
cygne, deux œufs j de l'un defqutls lortirent Pol-
lux , & Hélène, fi fameufe pour avoir été le (ujct
de la guerre de Troye ; & de l'autre , Caftor «Se
Clytemneltre. yoye^ Natal. Comes , Mythol. L.
II t c. i , &c L. IX, c. ip.
apr LÉDE. Terme de Botanique. F'oye:[ Ledum.
LÉDE. Foyei Leth.
LÉDENGER. v. a. Vieux mot. Lijurier.
LÉDESMA. Nom d'un bourg d'Efpagne. Ledefma.
Il efl: dans le Royaume de Léon , (ur la rivière de
Tormes , à huit lieues au-delFous de Salamanque.
Quelques-uns difent que ce bourg étoit appelé ancien-
nement BUtifa. Maty.
LEDGRAV , ou LEIDGRAV , ou LEIDGREV , ou
LETHGRAVE. f. m. Nom de dignité autrefois en
Angleterre. Ledgravius , Leidgravius ; Leidgmvius.
Dans les Loix de Henri I , Roi d'Angleterre , c. <? ,
ce nom fignifie Seigneur de la troilîème partie d'un
Comté.
Ce nom eft compofé de Grav , ou Graf , Comté ,
qui eft un mot Saxon & Germanique , & de lech ,
mot Anglois , qui fignifie troificme partie d'un
Comté , qu'on appeloit autrement truing , en La
tin /eda &c trifiinga. La Uth , ou lede , contejioit
trois ou quatre hundrédes , qui fignifie centièmes.
C'étoit une portion de pays où il y avoit cent Offi-
ciers du Roi prépolés pour y maintenir le bon or-
dre, f^oye'^ Spehnan , au mot Hundradus ; Se Du
Cange , au mot Ledgravius.
LÉDIR. Vieux mot , qui fignifie la même chofe que
. Laindanger. f^oye^ ce mot.
Sire j dit ele , con poes le fofrir ,
Que li vee^ vos Chevaliers lédiir. R.
DE GaRIN
LÉDO. Capo Ledo. Voyez Sierra Lionna , Cap.
LÉDOIRE. f. f. Vieux mot , qui veut dire paroles
injurieufes. Convitium. Les laidoires font la même
chofe que les laidanges. Voyez ce mot.
LEDUM J ou LEDE. f. m. Plante que les Botaniftcs
appellent Cijîus ledum , ou Cijlus ladanifera , parce
que c'eft une efpèce de cifte,qui porte le ladanum.
Il y en a plufieurs efpèces. Celle que C. Bauhin
appelle Cifius ladanifera Monfpelienfium , Pin. \^^j.
eft un arbrilTeau odorant , couvert d'une écorce
"oire , & qui vient à la hauteur d'environ trois
pieds. Ses feuilles font longues d'un doigt & demi ,
étroites , noires , ridées, fort gluantes , ?]C? couver-
tes d'une matière gommeufe &: réfineufe , dont on
compofe le ladanum. Voye% ce mot. Ses Heurs
font blanches, fcmblables à de petites rofes iauva
ges. Il leur fucccde des fruits prefque ronds j qui
renferment des femences menues.
Tome V.
LEE
L É E.
45-9
LEE. f. f. Vieux mot , qui fignifie chemin large dans
un bois , dans une foret. Lcda dans la balle Lati-
nité. De ce mot lée on a fait celui à! allée en difant
d'abord la léc , puis allée.
Ce mot vient du Latin lata.
Dans quelques Chartres lée fignifie largeur. En
longhurc 27 perches , V en lée i 2 perches. Sp£l-
MAN.
LÉE. f. m. Nom d'homme, Léo. Au pays de Mont-
feltre , dans le Duché d'Urbain , Saint Lée , Prêtre,
dont' le corps eft honoré à Vigovence ( Vicoka-
bentii) au Duché de Lerrarc. Chastelain , 14. de
Févr. f. 6 ^.f.
La ville de Montfeltrc , Mans Feretrius , où
mourut ce lainr Prêtre , en a pris le nom de S.
Lée. Il n'y a plus que le pays où elle eft qui porte
le nom de Montfeltrc , &c elle en eft la Capitale ,
Se Epilcopale. Le Saint Se la ville fe nomment en
Italien S an- Léo , & non San-Leone , comme li 011
avoit dit en Latin Sancius Leus ; quoiqu'on ne
trouve dans aucun ancien Acle où il n'y ait Sancius
Léo. Chastelain , au même endroit , p. 6 ^H.
LÉE. Voye^^ Savaren.
LEECHÊ. {. f. Vieux mot. Joie.
LEEDS. Nom d'un bourg d'Angleterre. Ledefia. Il
crt (ur la rivière d'Are , dans le Comté d'V^orch ,
a fept lieues de la ville de ce nom , vers le couchant.
Matv.
LÉENA. f. f. Fameufe Courtifane d'Athènes. Les
Athéniens lui érigèrent une ftatgc fous la figure d'une
lionne (ans langue.
LÉERBERG , ou SCHAFFMAT. Nom d'une mon-
tagne de Suille. Leerberga. C'eft une partie du
Mont Jurx, Sz elle -s'étend fur les confins des can-
tons de Bâle , de Solcure & de Berne , entre les
jjetites villes d'Araw & d'Hombourg. Maty.
LEERDAM. Nom d'une petite ville , avec titre de
Comté. Leerdamum , anciennement Lcuri. Elle ell
dans la Hollande , fur la rivière de Linge , à deux
lieues de Gorcum , du côté du nord. Maty. Léer-
dam eft entre Utrech &: Voerden. Valois , Not.
Gaii. p. 2 a s,
LÉEROOT. Nom d'une bonne fortereffe du Comte
d'Embde , en Weftphalie. Ortia , Arx Lierortia.
Elle eft à l'embouchure de la Lée dans l'Embs ,
environ à quatre lieues de la ville de Lembde ,
Se fort près de celle de Léer, qui eft fans murailles.
Maty.
LÉERPOLE , LÉVERPOLE , ou LIWERPOLE. Bon
bourg , ou petite ville d'Angleterre , lituée dans
le Comté de Lancaftre , à fix lieues de Cheftre , Se
à l'embouchure du Merfey dans la mer d'Irlande ,
où il y a un grand port ; ce bourg a aulli (éance
au Parlement d'Angleterre. Liferpalus. Maty.
LÉEVVE , ou LEUWE. Ce dernier eft plus de notre
ufagc. Nom d'un bourg bien fortifié , Se défendu
par une bonne citadelle. Lcuvia , Louwa , Levia.
Il eft dans le Brabanc , fur la Géete , entre des
marais , à quatre lieues de Louvain , & à deux de
Tilmont , vers le Levant. Maty. On dit dans le
pays Leuven. Cluvier croit que Lcuvcn eft l'ancien
Levefanum , Se Valois conjeéture qu'il faut écrire
Levufanum , Se que ce lieu fut ainfi appelé , parce
qu'il y avoit un Temple d'une déelfe nommée Lè-
ve, Leva : mais il ne fait quelle eft cette déelfe.
Voy. Not. Gall. p. 2 6 s-
L E G.
fO" LÉGAL , ALE. adj. Legalis. Ce qui concerne
la Loi J qui eft fixé , déterminé par la loi. On dit
dans ce fens , un douaire légal. Augment légal.
|CrOn dit de même , Peines légales, fixées par la loi ,
par oppofirion aux peines arbitraires , qui dépen-
dent de la volonté des Juges.
^CT LÉGAL J Se dit particulièrement en Théologie de
M m m ij
^.6o L E G
ce qui concerne la loi MoCuque „ pai oppofition
à l'Evangile. On dit en ce fens _, Cérémonies le'.^a-
Ics. Obfervations légales. Impureté légale. Obfer-
vations légales , prelcrites par la loi de Dieu don-
née par Moyfe.
Colonnes légales. C'étoit chez les Lacédémo-
niens de^ colonnes élevées dans les places publi-
ques , oy étoient gravées fur des tables d'airain les
loix fondamentales de l'Etat.
LÉGALEMENT, adv. d'une manière légale , félon les
loix.
LÉGALISATION, f. f. Certificat donné par autorité
de Jufticc , ou par une perfonnc publique, _& con-
firmé par l'atteftation , la fignatiire & le keau du
Magiftrat , afin qu'on y ajoute foi par tout. Tejli^-
monïutn aiitontate public à firmatum. $Zt ou plutôt
certificat donné par un Officiel- public , & mimi de
fon fceau , par lequel il déclare que l'ade au bas
duquel il met ce certificat , eft authentique dans le
lieu où il a été parte; afin d'étendre par ce moyen
l'authcnticiré de l'ade d'un lieu dans un autre. Lu-
iera tejlitnonialis. Un ade ne fait point foi lans
légalifaûon , dans un pays étranger ^ &: hors du
Royaume.
1)3" LEGALISER, v. a. Ajourer à un afte authentique
les certificats néceflaires , afin qu'il puiflc faire foi
hors du relfort de la jurildidion où il a été pallé.
Cettifier l'authenticité d'un adiré public , afin de
J'érendrc d'un lieu à un autre. Atuor'uate publicù
Jrrmare. Un Magiftrat légaiifc un aéte en certifiant
que le Notaire qui l'a reçu,, eft un Notaire public
du lieu où il a été palfé , qu'on y ajoute foi , tant
en jugement j que dehors; & enkiite il y tait ap-
peler le fceau public de la ville, ou de la Juftice.
|0° Non -feulement les aélcs (ont légalifés par des
Officiers de Juftice , mais encore par àcs Officiers
Publics , qui ne (ont ni Magiftrats j lii Officiers de
Juftice , comme Ambalfadeurs , Envoyés , Réddens ;
Confuls , Vice-Confuls ., &c. Se en général , par les Mi-
niftres du Prince dans les Cours Etrangères. Il en eft de
même des Officiers Militaires, Gouverneurs , Com-
raandmsj &c.
liCJ" Les Actes émanés d.es Officiers publics Eccléfiafti-
qu?s , font légalifes par l'Évcque , ou les Prépolés.
LÉGALISÉ , ÉE. part. Prohatus , automate publlcl fir-
matus.
1^3" LÉGALITÉ, f. f. On a voulu faire fignificr à ce
mot , Juftice , équité. Il lignifie hmplement l'authen-
ticité d'un adte , revêtu des formes Ordinaires. Au
relie , ce terme n'eft pas d'ufage.
LEGAT. 1. m. Legatum. Il ne fe dit guère en ce fens
que dans les pays gouvernés par le droit écrit. De
là Légataire , nous dilons Legs. .
|CF LÉGAT, l. m. Legatus. C'eft en général un^Ecclé-
fiaftique , ordinairement Cardinal , qui fait lés fonc-
tions de Vicaire du P.ape , ou qui eft prépofé par
S. S. pour gouverner quelque Province de l'Etat
Eccléfiaftique , pour exercer la Jurildidion dans les
lieux où le P.ape ne peut fe trouver. Les Légats du
Pape dans les Conciles font louvcnt appelés loci
Scrvatores , topoteretiz ,c'clT:-à dire, Lieutenans. Voy.
ce nïot. Si l'on parle d'un Légat à latere , c'eft un
Cardinal envoyé extraordinairement par le Pape,
auprès de quelque Prince Chrétien , pour quelque
affaire importante. Il y a trois fortes de Légats ;
des Légats à latere , des Légats de latere , & des
Légats nés. Les Légats à latere , font les plus çon-
fidérabîes" de tous l'es Légats. Tels font ceux à qui
le Pape donne la commiffion de tenir la place dans
un Concile. Les Légats du Pape prélidoient au Con-
cile de Trente. Ce nom de Légat à latere vient de
ce que le Pape ne donne cet emploi qu'à §3" des
Cardinaux qu'il envoie d'auprès de la Perfonne ,
c'eft à-dire, qui font tirés du Sacré Collège , qui
eft ton Confeil ordinaire. Autrefois lortque les Pa
pes vouloient gratifier quelqu'un , ils le déléguoieiu
pour aller vifiter les Bénéfices du Royaume ^ Se lui
faifoient prcfcnt de tous les émolumens qui en pou-
voient provenir. Le Concile de Latran, fous le Pape
L E G
Innocent IIÎ , ordonna que fi un feul Bénéfice n'é-
toit pas fuffitant pour défrayer lé Légat Apoftoli-
que , deux ou trois Bénéficiers te pourroient cotifer
pour fournir aux frais. Pasc. Le Pape ne peut plus
envoyer de Légat en France fans le confentement
du Roi.
Un Légat à latere a en France la préféance de-
vant ki Prmces du Sang , quand le Roi tient fon
Lit de Juftice en Parlement. Roche-Flavin. Le
Légat à latere peut conférer des Bénéfices fans man-
dat. Il peut légitimer des b.itards pour tenir des Béné-
fices j mais non pas pour tenir des Offices Royaux.
Il ne peut faire porter la croix devant lui dans le
Royaume de France , avant la vérification de fon
pouvoir ; mais lorfque fon pouvoir eft vérifié , il peut
taire porter ta croix devant lui , à la réterve du heu
où eft le Roi en perfonne. Le pouvoir du Légdt
doit avant route chote être prétenté au Parlement,
qui l'examine , qui l'enregiftre , Se le fait publier ,
fous les modifications que la Cour trouve à propos
pour le bien du I^.oyame , & la contervation des
Libertés de l'Eglile Gallicane. Chopin. Le Légat jutê
au Roi , qu'il ne (e tervira du pouvoir de ta léga-
tion , qu'autan^e temps qu'il plaira à Sa Majefté.
Roche-Flavin. i-cs Légats à latere ont des Dataires
Se des Soudataires. Ils ne peuvent commettre ni fub^
déléguer pertonne , pour faire leurs fonétions. On
ne leur accorde pas non plus la prévention lur les
Ordinaires ; elle n'appartient qu'au Pape. En un
mot , comme le pouvoir des Légats à latere'eft
extraordinaire Se irrégulier , l'on y apporte toutes
les reftridrions pollîbles. Le Cardinal Barberin qui
vint Légat en France en i6ij, eut beloiiide lettres
de Juflîon pour faite enregiftrer fes Bulles , & fe
retira de la Cour aftez brulquement & alfez mal
fatisfait. Wicq.
Les Légats de latere , font ceux qui ne font pas
Cardinaux , Se qui tbnt pourtant de la Légation
Apoftolique. Il y a cependant des Auteurs qui ne
dirtinguent point les Légats de latere , des Légats
à latetc , Se qui prétendent que ces expreilions
fignifient la même chote. D'autres dilent que les
Légats de latere diftérent des Légats à latere , en
ce que les premiers ne font point Cardinaux , quoi-
qu'ils l'oient 4ionorés de la légation , & que les
derniers font toujours Cardinaux ; ce qui eft vrai
à l'égard des derniers fiècles feulement ; car on a
vu dans les temps plus reculés , des Prêtres Se des
Diacres envoyés au Conciles en qualité de Légats
du Saint Siège.
Les Légats nés , font ceux à qui on ne donne au-
cune légation; mais qui en vertu de leur dignité.
Se non pas à caule de leur pertonne , tout nés Lé-
gats. L'Archevêque d'Arles , Se celui de Rheims ,
font nés Légats. FÉVR. fCT c'eft- à-dire , que là
qualité de Légat du S. Siège eft attabhée à ces deux
Sièges : mais la puillance des Légats nis te réduit
prefque à rien aujourd'hui , &: ce n'eft plus ,À
proprement parler ^ qu'un titre d'honneur pour ces
deux Prélats , qui ne leur donne aucune prééminence ,
ni aucune junldidion. Il y a aulll un Légat , ou
Fice Légat du S. Siège à Avignon , qui en eft lé
Gouverneur fpiiiruel Se temporel, qui y fait les mê-
mes fonèlions que le Pape tait à Rome , auquel ont
recours ceux de la Gaule Narbonnoile pour l'ex-
péditions des dilpentes , provifions Se autres grâces
Eccléhaftiques. ï! y a de même des Légats à Bo-
logne , Se en d'autres villes qui fontdans la Seigneu-
rie temporelle du Pape.
On donne quelquefois le pouvoir de Légat fans
en donner le titte j ni la dignité. Il y a des Nonces
avec pouvoir de Légat.
L'Auteur des définitions du Droit Canon paroit
croire que le pouvoir des Légats n'expire point par
la mort de celui qui les a envoyés ; cependant le
Parlement féant à "Tours rendit un Arrêt en iJ5»4'
par lequel il cafte Se annuUe les provifions des
Bénéfices que ce Cardinal avoic données , parce que
ta légation éroit finie par le décès de Sixte V , qui
LE G
l'avoir eiivoyc. C'cfl le fcntiment de Fcvrcr j Traité
de i Abus , L. m , c. 2^ an. i6.
l.c nom d'^ Léi^ac vient de celui de Léq.-aus ,
• que V.UTon dérive de kgan ^ qui veut dire choi/Ir:
d'.lutres le font venir de /égare , delegarc , qui <igni
fient cnvoynr y délégw.r ; cette étymologie efc li (tiiIe
vraie. Le mot de Légacus , dans Ion origine, ilgnilie
celoiqui eft commis, qui eft envoyé par un autre
pour quelque Ibndtion; qui le rcprcicnte ^ qui tient
îà piauc : mais dans l'ufage ordinaire , le nom de
Légat lignifie tout cela , avec un caradère fingulicr
de pouvoir , d'autorité Se de dignité. Ceux qui croient
que le Pape donne le nom de Légat Se de Noiice à
fes Ambalîadeiu-s extraordinaires ou ordinaires, afin
de les dirtinguer des Ambafladeurs des autres Souve-
rains , paroiilcnt fe tromper. Les noms de Legatus
ôc de Nundiis l'ont très -anciens; Se comnie ils
étoient établis & reçus avant que ceux d'Ambaîïà-
deurs , à'Jmbafétatorc Se ôC Emhaxador , fulîènt re-
çus dans les Langues Françoife ^ Italienne & Ef-
pagnole.ils font demeurés; mais ils ontlignifiéen M-
fcrens temps , ditférens degrés de dignité Se d'autorité.
Foyé^im les Légats Wicqueiott , de l'Ambanà-
deur & de les fonctions. Févret; dzV Abus , L. III,
&c. Rébuiie dans la Prat. Bénéjîc. Se fur le Concile.
La Roche-Flavin , L. 1 3 , des Parhmcns , &c. Cho-
pin j Polit. L. 2 , &c. Boërius , de poteji. leg. Li-
bertés de l'EgUfe Gallicans , L. 2. Servin, dans (zs
Arrêts , &: dans fes Plaidoyers François. Marcus j
Decif. Delphin. Du Tillec , dans fon Recueil, ///
parc. p. 2JÇ , 2Ss & spi , fur les droits lV les
pouvoirs des Légats à latcre en France. On dit pro-
verbialement d'un homme qui eft fort occupé , qu'il
a plus d'affaire que le Légat
LÉGAT , autrefois chez les Romains , étoit un Officier
qui répondoit à ce que nous appelons Lieutenant-
Général; c'étoit un Officier qui commandoit fous le
premier Officier , & comme nous avons des Lieu-
tenans Généraux d'armées fous le Général , Se des
Lieutenans Généraux des Provinces fous les Gouver-
neurs, ils avoient aulfi des Légats dans les armées
fous le Général , au-delTus de tous les autres Offi-
ciers de guerre , & des Légats dans les Provinces
fous le ProconUil , ou Gouverneur.
Quand un homme conlidérable , Citoyen Romain ,
avoit affaire dans les Provinces , on lui donnoit le
titre de Ze^'ar , c'eft à-dirc d'Envoyé parle Sénat,
afin qu'il fût reçu avec honneur dans les Provinces ,
& même que les villes Se les peuples le défrayalîcnr.
Cela s'appeloit Légation libre , parce qu'ils n'étoient
chargés de rien , qu'ils la quittoient quand il leur
plailoit j &r qu'elle n'étoit que pour l'honneur & la
sûreté de leur perfonne. Legatio libéra.
P" LEGATAIRE, f m. & f. C'eft celui à qui un
Teftateur a fait un legs. Legatarius. Foyei. Legs.
En pays.coutumier on ne peut pas être héritier Se
Légataire; mais un légataire peut renoncer à cette
qualité , 8c prendre celle d'héritier, s'il la croit
plus avantageufe. Dans la France coutumière le lé-
gataire univerfel repréiente l'héritier , quoiqu'il ne
le foit pas effedivement. Il doit demander la déli-
vrance de fon legs à l'héritier , ainli que les légatai-
res particuliers , parce que tous n'ont point d'autre
titre que le teftament. Lorfque le légataire univerfel
a obtenu la délivrance de fon legs , les légataires
paniculiers peuvent s'adreiler à lui pour la déli-
vrance de leurs legs, parce qu'il efl loco Mredis.
Cependant les légataires des chofes mobilières en
peuvent demander la délivrance à l'exécuteur tePta-
mentaire , parce qu'il en eft ftifi par la courinnc
pendant l'an Se jour ; mais il ne doit pas faire cette
délivrance fans l'aveu de l'héritier. Un Teftateur ne
peut léguer que le quint de fes propres. Les quatre
autres quints repréfentent la légitime coutumière ,
dont il ne peut pas difpofer par teftament au pré-
judice de fes héritiers.
-EGATINE. {. £ C'eft une étoffe moitié fleuret , Se
moitié foie. Il y en a auffi de moitié laine. Elle eft
de même nature que la papeline.
L £ G aSi
LEGATION, f f Charge ou fondion de uZ ou
fi Cour Se ion Tribunal, fi dignité, fa Jurifdiclîon
étendue du Gouvernement d'un Légat, Se même
le temps que durent les fondions d'un Légat à la-
terc. Lcgati munus , dignitas , curia , legatio. Les
Banquiers en Cour de Rome le font aufti en la -Lé-
gation d'Avignon. On obtient en la légation d'A-
vignon , toutes grâces Se expéditions béncficialcs pour
la Provence, le Dauphiné, une partie du Lyoniiois
Se du Languedoc, ce qu'on appelle les trois Provin-
ces. En fortant du Royaume, le Légat eft obligé ds
laifter au Parlement le fceau Se le regiftrc de fa /e^a-
tion. Le Légat ne peut ufer de fa légation, qu'autant
de tems qu'il plaît au Roi, Se on ne reçoit point de
légation en France qui ne foit limitée. Fevret.
LEGATOIRE. adj. m. Se f. Qui fe dit en parlant du
Gouvernement àcs anciens Romains. Legatorius , a.
Auguftedivifa les Provinces de TEmpire en Confulai-
rcs , Légataires Se Prélidiales. Les Provinces légatai-
res etoient celles dont l'Empereur lui-même étoic
Gouverneur, mais où il ne rélidoit pas , Se qu'il n'ad-
niimftroit que par fes Licutcnans qu'on appeloit Lé-
gats , Legati. C'eft Pompée qui a commencé à gou-
verner les Provinces par k$ Lieutenans ou Légats.
LEGATURE, (. f. Petite étoffe qu'on nomme autrement
Ligature, Brocatelle Se Mezcline.
LEGE. adj. Terme de Marine, qui fe dit des vailfeaux
vides & fans charge. Navis vacua. Un vaiffeau qui
retourne lége , c'eft-à-dire, qui revient iàns charge
de marchandifes, 'Vailleau /^-e ^ fignifie aufti vaillcau
qui n'a pas allez ;de Icft, ou qui eft trop léger pour
quelque autre raifon j comme par défaut de conftruc-
tion , &c. Ainfi lége veut dire léger ou vide. VailTèau
lége. Retour lége.
LEGEiMENT. adv. Terme de Droit. En hommage li-
ge. Arcliore ac duriore clienteU lege. Il reconnoît
tenir légement en fief Se hommage de N . . tout ce
qu'il a. D'ArtezÉ.
LEGENDAIRE, f. m. Auteur d'une Légende , qui a
écrit, compofé une Légende. AuclorRifioris. Sanclo-
rum,^ Legends.. Le premier Légendaire que l'on con-
noille, eft Métaphrafte, qui vivoit au commence-
ment du X^lîècle, ious l'empereur Conftantin Por-
phyrogénète , à la Cour duquel il fut revêtu des pre-
mières Charges de l'Empire; car il fut Grand Maître
de lamaifon de l'Empereur, & Logothète, ou Con-
trôleur Général des Finances. Le premier Légendaire ,
parmi les Latins, eft Jacques de Varafe j ou de Vora-
gine, qui vécut au XIIP iîècle qu'il vit prefque en-
tier, Wicclius dit que ce Légendaire a mis un peu
trop de Mythologie dans fon Ouvrage. Baillet. Il
eft Auteur de la fameufe Légende dorée. Les anciens
Légendaires n'ont point été allez exads.
LEGENDE, f f. Ce qui fe doit dire , du Latin Legenda.
Légende étoit d'abord un livre d'Eglife qui contenoit
les ledures que l'on devoir f-.ire dans l'office divin :
nous appelons ces ledures aujourd'hui leçons. Les
Vies des Saints Se des Martyrs ont été appelées des
Légendes , parce qu'on les devoit lire dans les leçons
de matines & dans les réfedoires des Communautés.
La légende dorée eft une ancienne compilation des
■Vies des Saints. C'eft l'ouvrage de Jacques 'Varafe,
plus connu fous le nom Latin de Voragine ; il s'appe-
loit aulh^Jacques de Gènes, Se étoit né à Varaggio,
ou Varalc , que d'autres appellent Viraggio , petite
ville de la côte de Ligurie, entre Gènes Se Savone.
On devoir donc le nommer de Varagine , ou de Vira-
gine : mais par allufion a ce véritable nom du lieu de
fa naillance , on l'a appelé de Foragine , pour mar-
quer un goufirc, un abyme, ou de (cience Se de cho-
fes diSérentes ramadccsenfemble, ou comme fes en-
nemis prirent ce mot, de chofes fiuffes &: mauvaifes.
Jacques de 'Varale fut Vicaire Général des Domini-
cains, puis Archevêque de Gènes en I29i , & mourut
en i 298 , âgé de 96 ans, en odeur de fainteté. Il com-
pofa les Vies des Saints dans un nouvel ordre , fous le
titre de légendes d'or, ou d'Hiftoire Lombarde. Cet
ouvrage fut reçu avec beaucoup d'applaudilfemenc , &
eut une réputation qui dura deux cens ans. Depuis le
46:
L EG
commencement duXVPficcle, Uien des gens l'ont
critiquée , entre autres Wicelius , Hagiolog. Pruf.
Louis Vivez, lit. IL de Corr. An. vers la fin, & de
Trad. Difc. vers le milieu , Claude Delpencc , Mel-
chior Cano , Loc. Theol. lib. IL c: 6. Jean Hci(cls ,
& le P. Boilandus, Praf. T. I. Jan. où quoiqu'il
"n'approuve point tout ce que les autres lu» repro-
chent , il y trouve aulîi à redire. Voye^ encore Bail-
let , Difc. fur /'Hifloire de la Fie des Saints , N.
XXXIL & fuiv. bans ce même dilcours , plein
d'une critique très judicieufe , il tr.ùte aullidcs autres
légendes.
LÉGENDE , fe dit ironiquement d'unccrit long & en-
nuyeux , d'une longue fuite de choies eniuiyeules. Cet
Avocat nous a rapporté une grande légende de Loix &
d'autorités. Il m'a fallu ouir une grande légende de
vers que ce Pocte m'eft venu apporter.
LÉGENDE , fe dit audi des paroles qui font gravées autour
&c vers les bords des monnoies & des jettons. La lé-
gende des monnoies n'efl: autre chofc que les lettres
qui font marquées fur l'elpècc , ou proche des bords ,
ou au milieu, ou lur la tranche. Boizard, Pan. L
c. 12. Les Tailleurs Particuliers & les Maîtres des
Monnoies , font obligés de marquer chacun leur ca-
raclcre dirlérent dans la légende des elpèces du côté de
l'effigie ou du côté de l'ecullbn. Id. La légende de
nosécus cil, Sitnomen Domini bencdulum. Les mon-
noies d'orde la troilîèmc race de nos Rois, ont pour /c'-
gende , XPC VINCIT, XPC REGNAT , XPC IMPE-
RAT. XPC efl: en Grec l'abréviation de xf^" Chrift.
Foulcher rapporte que ce fut le mot de l'arméeChrétien-
iie, dans une bataille qu'elle donna contre les Sarrazins,
fous le règne de Philippe L Depuis ce tems là, nous
les avons toujours fait graver (ur nos monnoies, par-
ticulièrement lur celles d'or. Quelques autres Nations
nous ont en cela imité. On voit quelque choie d'ap-
prochant iur une nionnoie de Dagobert, où l'on lit
Deus Rex. Les derniers Empereurs de Conftantino
pie ont mis quelque choie de lemblable lur leurs
monnoies d'or , où l'on voit louvent Jefus Chriflus
Rex Regnantium , ou Jcfus-Chrijius Bafileus Bafi-
leon , ou IHS XPSNIKA, Jefus Chrijîus vincic. Le
Blanc, p. 164.
On appelle aulh /t^e/ît/e^j les infcriptions des mé^
dailles, &c qui iervent à expliquer les figures qui (ont
fur le champ. L'inlcription eft diftérente de la légen-
de , en ce qu'on n'appelle proprement infcription ,
que les paroles qui tiennent lieu de revers & qui
chargent le champ de la médaille au lieu de figures. Il
femble que les Anciens aient voulu faire de leurs
médailles des images & des emblèmes; les unes pour
le peuple & pour les eiprits grolliers ; les autres pour
les gens de qualité & pour les efprits plus délicats; des
images pour reprélenter le vifage des Princes ; des
emblèmes pour reprélenter leurs vertus & leurs gran-
des adions. Ainh l'on doit regarder la légende comme
l'ame des médailles , & les figures comme le corps.
P. Jos. Chaque médaiUe porte deux légendes ; celle
de la tète, &z celle du revers. La première ne Icrt
ordinairement qu'à taire connoître la perfonne par
ion nom propre, par fes charges & par certains lur-
noms que fes vertus lui ont acquis. La féconde elf
deflinée à expliquer les vertus, fes belles adtions , les
monumens glorieux qui fervent à immortaliler Ion
nom , Ik les avantages qu'il a procurés à l'Empire.
Cela n'efl pas néanmoins fi univerfel , ni h indifpcn-
fable que les qualités &: les charges de la perfonne,
ou toutes, ou en partie, ne fe partagent quelquefois
au revers aullî bien qu'à la tète, ou qu'elles ne fe
mettent quelquefois iur le feul revers , où l'on ne
laillc pas encore , quoique plus rarement, de trouver
le nom même. Id. La légende de la tète exprime aullî
quelquefois les vertus du Prince , comme 'Virtiis
PRopi. 'ViRTUs PROBi iNVicTi. AuG. Pour Ics mé-
dailles des villes iSc des provinces, comme la tète cil
ordinairement le génie de la ville , ou de la province ,
ou quelqu'autre déité qui y étoit adorée , la légende
cft aullî le nom de la ville, de la province, ou de la
déité , ou de tous les deux enfemble ; & les reycrs
L E G
font toujoars quelques fymboles de ces villes , fouvent
l'ans légende , plus louvent avec le nom de la ville,
&: quelquefois avec celui de quelque Magiftrat. P.
JoBERT. Les iujets des légendes font les vertus des
Princes, les honneurs qu'on leur a rendus, les con-
fécrations , les faveurs ou générales , ou particulières
qu'ils ont accordées , les événemens fmguliers , leurs
monumens publics, les déités qu'ils ont honorées,
les vœux publics , &c. Les villes Greques y mettent
leurs privilèges. Id,
Les légendes & les infcriptions des médailles font
en Grec, ou en Latin. Le caractère Grec, compofc
de lettres majufcules , s'cft conlcrvé uniforme fur
toutes les médailles , lans qu'il y paroille prefque
■ aucune altération, ni changement dans la contronta-
tion des caraélères , quoiqu'il y en ait eu dans l'ufage
Se dans la prononciation ; on y remarque leulemcnt
un mélange de lettres Greques & Latines , iur-tout
dans le bas Empire. Le caraélcre s'eft confervé dans
toute fa beauté jutqu'à Gallien : après lui il paroît
moins rond & plus ailamé. Depuis le grand Conftan-
tiii , & pendant près de 500 ans, l'on ne trouve que
la ieule langue Latine employée pour les légendes
des médailles , quoique battues à Conllantinople.
Michel eft le premier dont la légende commence 3,
être Greque. 'C'eft là que la langue aullî-bien que les
caraètères commencent à s'altérer , ce n'eit plus
qu'un mélange du Grec & du Latin. Les médailles
Latines ont encore mieux confervé leur langue &
leur caraétère , jufques a la barbarie de Conllantino-
ple fous l'Empire de Michel. Id. Le ftyle des inf-'
criptions & des légendes des médailles anciennes, eft
fort hmple. On s'arrètoit plutôt à la grandeur du fu-
jet , qu'à la cadence &: à la pompe des mots. Patik,
Pour ce qui eft de la pohtion de la légende , l'ordre
naturel qui la diftingue de l'infcription , eft qu'elle
foitlur la médaille, au dedans du grenetis, & com-
mençant de la gauche à la droite, ik cela générale-
ment en toutes depuis Nerva; mais dans les douze
Céfars, il eft allez ordinaire de les trouver marquées
de la droite à la gauche, ou même p.artie à gauche,
partie à droite. Il y en a qui font dans l'exergue, il y
en a qui font en ligne parallèle; l'une au dcllus du type,
& l'autre au-delfous. Il y en a de poices en travers,
(^' comme en lautoir ; il y en a en pal ; enfin , il y en a •
en baudrier. C'eft principalement lut les grandes mé-
dailles Greques , qu'où trouve les politions les plus
bilarres , iur-tout quand il y a plus d'un cercle. Id.
Il y en a aullî où la légende fe trouve à la mode des
Hébreux , les lettres polées de la droite à la gauche.
Id. J\iyei la Icience des médailles par cet Auteur,
inftrucfion lixième , où il traite des légendes.
Il fe lait des fourbes dans les légendes des médail-
les, l'oit du côté de la tête , ioit du côté du revers,
mais plus ordinairement du côté de la tète , par l'inté-
rêt que l'on a de trouver des tètes rares, & qui man-
quent communément dans les luites. Cela le lait- en
iiibftituant avec adrelfe un nom pour l'autre , fut tout
quand il y a peu de lettres à changer ou à ajouter. Id.
Inflr. X.
IJC? Il y a des médailles dans la légende defquelles on
trouve le mot reflitut. ou refl. en abrégé. On nomme
ces médailles, médailles de rejîitution, ou rejlituées.
Voyez ce mot.
UCP LÉGER , ÈRE. adj. Ce terme fe prend dans des ac-
ceptions tout-à-fait diftérentes , iuivant l'emploi
qu'on en tait au propre ou au figuré, au phyiique_,
ou au moral. En Phyhque , il fignifie qui ne pelé
guère, corps poreux, &c dont les parties ne (ont pas
folides & compares , qui a moins de matière qu'un
autre corps de même volume. Levis. L'huile eft plus
légère que l'eau , elle fumage. L'étain eft plus léger
que l'argent, parce qu'il a plus de pores. L'or eft le
moins léger de tous les métaux; parce qu'il eft plus
. compaéle. Léger Se pelant ne fe difent que compara-
tivement d'un corps avec un autre. fJCTEn Agri-
culture , on appelle terre légère , celle qui fe re-
mue facilement. Elle eft ordinairement mèlce de
fable ou de petites pierres. Son défaut eft dette
L E G
maigre & Je fe dcllccher aifânent. f^oyci terre.
Mén.igc dit que ce mot vient de leviariurn, & de
levis. Latins.
LÉGER , fignilie aullî qui a grande ditpofïrion à fcmou-
vt)ir , à iauter , à agiter fes membres , & à s'en krv ir ,
dilpos & agile. Cuus, velox. Homère appelle tou
jours Achille au pied léger, jiiè'ailjKli A'yix.t^t. Rapi-
de. Les Chadèurs donnent la même épithccc aux
cerfs c^' aux dains. ^fT Léger b. la courfe. ALircher
d'un pie , d'un pas léger.
ffTOn dit d'un Chirurgien qu'il a la main légère , pour
dire qu'il f.iit fes opérations avec adrefle &: facilité ,
de forte qu'on ne fente pas fa main. On dit dans le
même fens d'un joueur de clavecin , d'orgue , &'c. qu'il
a la main légère ■, qu'une pcrlonne a la voix légère,
pour dire qu'elle chante d'une manière ailce , ik
qu'elle fait aiiémcnt les cadences.
On dit en termes de manège , qu'un cheval efl: lé-
ger j lorfqu'il ell vite &: difpos ; qu'il efl: de légère
taille , quand il efl: de taille déchargée; qu'il efl: léger
à la main, quand il a bonne bouche, quand il ne pelé
pas (ur le mors ; qu'un cheval de carrolle ell léger ,
lorfqu'il fe remue bien &c qu'il craint le louef, qu'un
cavalier a 'la main légère , quand il le fert bien des
aides de la main , ^f3" quand il ient feulement le che-
val dans la main pour lui réhfter lorfqu'il veut s'e
chappcr. Le cavalier /f^^tr ell: celui qui fe tient ferme
fans s'appcfantir lur Ion cheval.
LÉGER , fe dit aullî des chofes artificielles , Se des ou-
vrages où l'on ne met pas alfez d'étofte , foit par
épargne, foit pour la commodité, loit pour l'expé
dition. Ainfi , on appelle un écu d'or léger , de la
monnaie légère , quand elle n'efl: pas du poids requis
par les réglemens du pays ; que la tiretaine eft une
étoffe légère , parce qu'elle ne coûte pas beaucoup ;
que le taffetas efl: léger, parce qu'il ne charge pas,
quand on le porte en été; qu'un vailleau efl; léger,
lorfqu'il efl: bon voilier & qu'il n'efl: pas chargé de
raarchandifes. On dit auilî qu'une belogne efl lé
gère, lorfqu'elle efl: travaillée à la hâte, & qu'on n'y
a pas appliqué tous les foins qu'on devoit. C'efl: ce
que Cicéron appelle levidenjè. On dit aul]! qu'une
épée efl: légère à la main , quand on la manie facile-
ment.
En Archkeélure , on appelle ouvrage léger , un
ouvrage beaucoup percé j dont la beauté conlille dans
le peu de matière &: dans la délicatelle des parties qui
le compolent , comme les portiques de colonnes ,
les pétiltyles , &c. Il fe dit aullî en Sculpture , des or-
tiemens délicats qui approchent le plus de la nature,
& qui font fort recherchés, évidés & en l'air, com-
me les feuilles des plus beaux chapiteaux; & dans les
ftatues , de leurs parties fort faillantes , comme au
Gladiateur de Borghèfe & de leurs draperies volantes,
comme à l'Apollon de Belveder à Rome. Le mot lé~
gerCe prend aullî en mauvaile part, pour les ouvra-
Ages où l'épaiffeur n'ell pas proportionnée à l'étendue ,
ou à la charge , comme les murs de face trop minces ,
les folives trop foibles, ou trop efpacées, & autres
malfaçons. Dav. On dit auffi en Architeâure , léger,
des menus ouvrages , comme les plâtres, vitres, car-
reaux, &c.
03° En Peinture, ce mot s'applique à tout ce qui paroît
annoncer la fureté de la main , Se une grande aifance
a exprimer les objets, à tour ce qui a l'empreinte de
la facilité dans le mécanifme de l'art. On dit dans ce
fens, pinceau léger, léger de pince3.u, léger de touche.
L'on dit aulïl contours légers , bords légers , qui ne
font point trop chargés,
J.C?" En Fauconnerie , on appelle un oifeau léger, qui fe
tient long-tcms fur aile.
?.j^" On appelle Cavalerie légère , tous les corps de Ca
Valérie Françoife qui ne font point de la Maifon du
Roi Se de la Gendarmerie. Ainfi ce mot déligne au-
jourd'hui tous les régimens de Cavalerie , de Dra-
gons, de Houfards , qui font commandés par des
Meflrcs de Camp , Se qui ne font point partie de la
Maifon Se de la Gendarmerie. Ainfi il n'efl: plus fy-
nonymc du mot Cktvnn-Z.egers , parce que les Com-
L E G 4^3
pagnies des Chcv. m Légers de la Garde Se autres,
font du corps de la Maifon du Roi Se de la Gendar-
merie. Outre toutes ces acceptions , dont plulieurs
font figurées , le mot de léger fe prend encore en mo-
rale dans plufieurs lignifications différentes. i°. On
l'emploie comme fynor.yme de volage, inconflant,
changeant , en obfcrvant lus nuances particulières •
qui carartérifeut chacun de ces mots. Un homme lé-
ger c(i un homme qui n'a point de perfévérancc dans
fes goêits, qui ne s'attache pas fortement, qui ne tient
pas fortement à fes principes, à fes habitudes. Un
homme léger, une femme légère , un cœur , un efpric
léger. Les hommes en un fens , dit la Bruyère , ne
font pas légers , ou ne le font que dans les petites cho-
fes. Ils changent de goût quelquefois ; ils changent
leurs mœurs toujours mauvaifcs , fermes ie conftans
dans le mal, ou dans l'indifférence pour la vertu.
^CFEn matière de galanterie , une femme légère fc
donne à un autre , parce que le premier ne la retient
pas. Les hommes font ordinairement plus légers Se
plus inconjîans que les femmes; mais celles-ci font
plus volages Se plus changeantes que les homnies.
/'■'bj't'ç Inco.nstant j Changeant, 'Volage.
§3° z°. LÉGER , fe dit comme fynonyme de frivole , peu
confidérable , par oppofition à grave , important. On
dit en ce fens une raifbn légère , une difpute légère ,
une faute, une injure légère. Les péchés véniels font
des offenfes légères en comparaifon des péchés mor-
tels. Ils ne méritent qu'une pénitence légère. Des
fervices légers.
^3° On dit un léger accès de fîévre , peu violent. Une
viande légère qui charge peu Ttllomac , Se fe digère
facilement. Un repas léger, iM'^.l, o-'i l'on mange
peu. Un fommeil léger, qui efl: facilement troublé.
§CrOii le dit encore par oppofition à groflier. On dit
en ce fens une vapeur légère.
^fT 3°. On l'emploie comme fynonyme de facile à fup-
porter. J. C. dit que fon joug efl: doiix Se léger.
|!0"4°. En parlant de l'efprir, ce terme efl: équivoque
& fe prend en bonne ^ en mauvaif'e part. Dans le
langage commun , quand on dit qu'un homme a l'ef-
prit léger, la tête légère , l'on entend ordinairement
que la pcrfonne dont on parle, a l'efprit inconftant,
peu judicieux, qu'il n'a pas un efprit de fuite, qu'il
n'a pas de fuite dan* l'efprit j dans la conduite.
§CF 5°. On le prend comme fynonyme de fuperfîciel ,
par oppofition à profond. On dir dans ce fens qu'on
n'a qu'une légère idée d'une chofe , qu'on n'a qu'une
légère teinture d'une fciencc.
|Cr 6°. Quelquefois aullî ce terme appliqué à l'efprit ,
efl: un éloge. Se l'on entend par efprit léger, un efpric
facile , vif Se agréable ; mais dans ce cas- là même ,
le mot de léger exclut la profondeur Se l'applica-
tion.
Et malgré la froide vielllejje ,
Son efprit léger & charmant
Avait encor de la jeunejje ,
Tout le fel & tout l'cnjoument.
l/CFOn dit en ce kns , une converfation légère, c'efl-à-
dire, facile Se agréable. Un 9s.y\c léger, c'efl- à-dire ,
aiféj coulant J qui ne fatigue point le leéleur par la
longueur des raifonnemens Se des phrafes, où l'Au-
teur ne s'appéfantit point fur des détails. 'Voiture ac-
compagné des grâces les plus riantes Se les plus légè-
res. Fenelon.
CtT Les Anciens mettoient au bas des Epitaphes ,
S. T. T. L. Sit tihi terra levis. Que la terre vous foie
légère.
Terraque fit cineri non onerofa tuo. Ovide.
LÉGER , fe dit proverbialement en ces plirafês. On dit
qu'un homme efl: /e^er de deux grains , pour défîgner
qu'il efl: Ainuque , qu'il efl: légerd'un grain , pour dire
qu'il efl un peu fou & qu'il a la tête légère , l'efprit
léger ,<:\\i'\\ cii léger de cclvqWç. On dit aufTi qu'il efl:
léger de la main, qu'il 'a la inain légère, pour due
4'^4
L E G
qu'il eftpromprà frapper. On dit au!l. quiieft le^'cr
cîargenc , quand il en a peu, ou point. On dit au h
en comparaifon , qu'une choie etl icgerc comme le
■ vent i /eVèri comme une plume. .
JDeLéger, adv. Trop facilement. f^«/^. Crou-e de
léf;€r Si ces Pantalons croient toujours aulii de ief;er
quils ont cru jufqu a prêtent , je vous en rendrai bon
compte. S. Real. Il vieillit ëc n'eft plus d ufage au^
jourd'hui. . > , , ^
A LA LÉGÈRE, adv. Légèrement. D'une manière /.^^<^«.
Il ne le dit au propre qu'en parlant d armes 6c d ha-
bits, qui ne pefent guère. Etre arme, être vctu a la
légère. , . rj' '
A LA Légère, fe dit au figuré pour inconfiderement,
fans beaucoup de léHexion. Temere , mconjidcruncer.
Entreprendre une chofe à la légère. Il a fait cela fort
à la légère. Un mot qu'il lâcha à la légère, penla
tout gâter. Quoique toutes ces façons de parler (oient
en ufage , il y a d'habiles gens qui ainieroient mieux
qu'on le fcrvit de légèrement, que de à la légère. ^
LÉGER, f. m. Nom d'homme. Leodeganus. Saint Lé-
ger, que l'on appeloit autrefois Leucgar & Ltidger,
Se que l'on nomme encore en divers endroits Saint
Ligaire , ou Saint Léguicr, tiroir fon origine de la
première noblelle des François , qui ètoit venue avec
nos Rois s'établir dans les Gaules. Il vint au monde
vers l'an 616. Baillet , ûu -- d'Ocî. S. Léger im fait
Evcque d'Autun en 6;^, & mourut pour la for en
678.
LÉGER. Foye^ Licard.
LÉGÈREMENT, adv. D'une manicre légère, agile.
PernicUer. Les cavales de Portugal courent ii légère-
ment, que les Anciens ont feint qu'elles étoient con-
çues du vent. Être vêtu , armé légèrement. Marcher
légèrement. ^
LEGEREMENT , figuifie cncorc trcs-pcu , luperhcielle-
ment, comme en pallànt , & foiblement. Leviter ,
curfim. Il cl1; bkllé légèrement. Un Orateur adroit
palfe légèrement fur les fautes de fon Héros. Vous
avez touché trop légèrement un fujet h hnportant.
Pasc. La pliipart des gens examinent légèrement les
choies mêmes dont ils portent des jugemcns décilifs.
Nie. Ce n'cft pas alFez pour Corneille que de plaire
légèrement , il eft obligé de nous toucher. S. EvR.
§Cr Dans les Arts , ce mot qui devroit lignifier foible-
ment , fuperficiellement , fins rien approi-ondir , a
quelquefois une fignification tout-à-fait différente.
On dit qu'une chofe eft frite & travaillée légèrement ,
pour dire avec aifance , avec facilité , en forte que
l'on reconnoifTe dans l'ouvrage la fureté de la main
de rArtiPcc.
Légèrement , fignifie aufli inconfiderement , impru-
demment , fins jugement , fans raifon. Temerè. Il a
lâché cette parole un peu légèrement. S'engager /t^'i.'-
rt;/;2OTf dans une aifaire -, fe confier légèrement à quel-
qu'un. Ce Prince m tnite^iûs légèrement ccitz guerre;
c'eft à dire, témérairement & (ans une alFez miâre ds-
libération. Nous nous plaignons quelquefois légè-
rement At nos amis, pour juftitier par avance notre
légèreté. La Roch.
§a"Ce mot, dans la Mulique Françoile , répond à-pcu-
prèsauvivi7ce des Italiens. ïl indique un mouvement
moyen entre le gai & le v'ite.
LÉGÈRETÉ, f. f. Qualité de ce qui eft léger , de ce qui
eft peu pefnit j ou défaut de pefimtcur dans un corps
comparé avec un autre plus peGnt. Levitas. Borelli
prétend qu'il n'y a point de légèreté pohtive, & que
ce qu'on appelle légèreté, n'cft qu'une moindre pe-
lanteur. Les Anciens attribuoient une telle légèreté \
l'air , qu'ils ne foupçonnoient pas feulement qu'il piit
avoir la moindre pefiinteur. Le feu, par la propre lé-
gèreté, s'eft élevé dans la partie fupérieure. M. Boilc
a aulli montré que l'élévation d'un corps du fond de
l'eau fur ft furface, eft inexplicable & inintelligible
dans le fyftême de la légèreté politive , & qu'il eft au
contraire très-conforme aux loix de l'Hydroftatiquc.
Foyei les Nouvelles Expériences de cet Auteur fur la
Légèreté pofitïve , ou relative des corps , & fes Para-
do.xcs d'HydroJiatiquc.
L E G
Légèreté, en termes de Mécaniques, fe dit d'un corps
léger qu'on enfonce dans l'eau pour contrepcfer à un
grave , & faire enforte qu'il nage. Quand on a un
corps plus pefant que l'eau dont il occupe la place,
comme les radeaux, les trains de bois, les hommes
mêmes , il faut leur appliquer uii contrepoids de tant
de livres de légèreté, c'eft à-dire, des outres remplis
de vent , des tonneaux vides bien bouchés , des cale-
baffes qui les tiennent en équilibre lur l'eau, ou qui
les faftent furnager.
Légèreté, leditaufli pour agilité j vîtefle. Pernkitas,
agUitas. La légèreté à'un oifcau, li légèreté à' un cerf,
la légèreté des pies. Marcher , courir avec légèreté.
On dit d'un Maître à écrire, qui écrit fort aifémeiu
& fort vite , qu'il a une grande légèreté de main. On
le dit audi d'un joueur d'inftrument, dont le jeu eft
ailé & brillant.
On dit aulïï en parlant d'une perfonne qui fait faci.
lemeiit les cadences , qu'elle a beaucoup de légèreté
dans la voix.
fCFOndlt en Peinture, légèreté àc pinceau, lorfqu'on
reconnoît dans l'ouvrage la fureté de la main du Pein-
tre , lorfque l'ouvrage a l'empreinte de la ^cilité dans
4e mécanifme de l'Art.
Légèreté, §C? En Morale , terme fouvent employé
comme fynonyme d'inconftance. C'eff proprement
un défaut de perf'évérance dans lès goûts. Caraiftère
d'un homme qui ne s'attache pas fortement , qui ne
tient pas beaucoup à les principes, a les habitudes,
&c. Levitas. 'Voyez Inconstance & les autres lyno-
nymes. Légèreté d'efpiit , d'hunaeur. Les Etrangers
accufent les François de légèreté.^ Les femmes eut
une certaine légèreté c\\ii les empêche de fuivre une
longue étude. La Br. Tout ce qu'on peut demander
railbnnablement aux perfonnes légères , c'eft d'a-
vouer de bonne foi leur légèreté,, & de n'ajouter pas
latrahifun à l'inconftance. S. EvR. Votre cœur a été
partagé entre moi & une autre, & votre retour n'a pu
réparer votre légèreté. P. de Cl. Elle penla qu'il étoit
peu vrailèmblable qu'un homme qui avoir fait paroî-
tre tant de légèreté parmi les femmes , fût capable
d'un attachement lincère ik durable. Id.
îfF Légèreté , imprudence , défaut de réflexion. Impru-
dentia. Faute commifè par légèreté. îl y a des gens qui
dilènt leur fecret plutôt par légèreté c^nc par con-
fiance. M. Se.
Légèreté dans l'efprit. C'eft im éloge. Foyei Efpric
léger, pris dans un fens favorable.
Légèreté , fe dit aufti quelquefois par oppohtion à
griéveté, énormité. Levitas. La légèreté de cette
faute ne méritoit pas une fî févére réprimande. La
vengeance n'eft pas proportionnée à la légèreté de
l'oftenlè.
LÉGIERS. adj. Vieux mot. Prompt , hicile.
LEGIFERAT, f. m. Territoire , diftricl: fournis a un
Légifère. Legiferatus , Provincia, Pr&jeclura. C'c-
toit autrefois en Suéde , ou c'eft du moins dans Efc
rie d'Upfal . Hiftorien de Suéde , ce que nous appe-
lons Gouvernement ; tout le pays qui obcit a un
Gouverneur. Autrefois -le Roi de Suéde ne pouvoïc
entrer dans un Légiférât, fans l'efcorte & la garde
que les peuples lui dévoient donner , & chaque
Légiférât, ou diftrièl , devoir le conduire fain c^
(âuve , avec bonne garde , jufqu'aux fronticres d'un
aune Légiférât , où il le remettoit entre les mains
des habitans de ce Lègfèrat. Foyei Du Cange.
LÉGIFÈRE, f. f. Nom d'une ancienne Dignité , ou
Charge de Suéde. L^gifer , prrfecJus. ^ C'étoit ;le
Gouverneur d une Province , d'une contrée. Ce mot
fe trouve fouvent dans Erric d Uplal , Hijl. de
Suède , L. IH. , ^- ,
LÉGILE. f m. Echarpe , ou pièce d'ttoftc , dont on
couvre le pupitre fiir lequel on chante 1 Evangile
aux Melfes folennelles. L'Abelfe de Monmartre a
piéfcnté cette année un légile de velours cramoiU ,
enrichi dune belle broderie, elîimé environ deux
cens écus. Mercure de Mai IJ2S.
LÉGION, f. f. Efpècc de Régiment , ou de coips ,
dont les armées Romaines étoient compokes. Legw^^
L E G
Elles ont étc d'un dilîacnt nomluc de Soldats &:
d'Officiers , luivant les temps dittaens ; mais il ell
difficile de marquer précifémcnt le temps &: la ma-
•niàe de CCS divers changemcns. Du temps de Ro-
nuilus , chaque id'gion étoit de trois nulle hom-
mes d'Infanterie , & de cent Ch^liers. On les
divifoit en trois Corps , qui faifoient autant d'or-
dres de bataille. Chaque Corps étoit compolé de
dix Compagnies , ou Manipules , qu'on rangeoit à
quelque diftance les unes des autres fur un même
front. Chaque Corps avoit deux Officiers Généraux
pour les commander, qu'on appcloit Tnhuns , ëc
chaque Manipule deux Centurions. Sovis les Con-
fuls , la légion étoit de quatre mille hommes , qui
faifoient quatre corps commandés par un Conful ,
OU un des fes Lieutenans ; & chaque légion avoit
fa Cavalerie , qui étoit de deux ou trois cens che-
vaux. Entuite , &■ du temps de Marius , on réunit
en un ces quatre petits corps de légion, on les
augmenta , éc on fit des Cohortes de cinq à (ix cens
hommes chacune , lous l'autorité d'un Tribun , ou
Meftre de Camp. Chaque Cohorte fut compoiée
de trois Compagnies, ou Manipules. Chaque Ma-
nipule de deux Centuries , & la légion partagée en
dix Cohortes , qui faifoient autant de Bataillons
féparés ; qui fe battoient lur trois Iii;nes ; deforte
qu'alors la légion étoit de cinq ou de lix mille hom-
mes. Si les dix Cohortes étoient chacune de cinq
cens hommes , la légion étoit de cinq mille hom-
mes , Se iî elles étoient chacune de llx cens , la lé-
gion avoit tix mille hommes de pié , outre fix cens
chevaux. Ablanc. Illdore dit , au L. p , de Orig.
c. j , que la légion étoit de lix mille hommes divi-
fés en foixante Centuries, trente Manipules, douze
Cohortes 8c deux cens Troupes : il eft aifé de voir
combien chacune de ces divilîons contenoit de Sol-
dats j la Centurie étoit de cent hommes , le Mani-
pule de deux cens , la Cohorte de cinq cens j la
Troupe, turma , de trente. Selon l'Académie j la
légion étoit de iîx mille cent hommes de pié^ &:
de fept cens vingt-fix chevaux. Les forces de Rome
confiiloient en plufieurs légions. La première légion ,
la deuxième légion. La dixième j la quatorzième lé-
gion. La légion Thébaine. Les légions Romaines.
Les légions des Gaules, de l'iUyrie , 6'c. Les vieilles
légions étoient fort eftimées. Les trois légion^ lont
ici rangées fur deux lignes , ainfi que Célar avoit
coutume de le pratiquer , lorlqu'avec peu de trou-
pes, il avoit befoin d'étendre fon front. Louis XIV.
Les légions étoient la prindpale & la plus confidé-
rable partie des armées Romaines. Les légions
étoient toutes compofées de Citoyens Romains : les
alliés {focd ) formoient les corps des troupes auxi-
liaires ( auxilia ).
ffT LÉGION , Fulminante ou foudroyante, /^oye^ ces
mots.
Les légions avoient pour étendard un aigle. Dans
les commencemens j c'étoient différens animaux ;
une louve en l'honneur de la louve qui alaitaRomu-
lus & Rémus : Quelquefois un porc^ comme dans la
cinquième légion ; Fellus dit que c'efl: parce que la
guerre ne fe fait que pour avoir la paix , qui le
concluoit en immolant une truie : Quelquefois le
Minotaure , pour avertir les Généraux que leurs def-
> feins doivent être auffi cachés , auffi impénétrables ,
que le Minotaure étoit inaccelllble dans ion la-
byrinthe. Elles avoient auffi le cheval Se le {ànglier
pour étendard. Voye^ Feftus , Végèce , L. III, &
Voffius, de Idolol. L. III ^ c. 76. PUne , L. X,
c. 4 , dit que c'efl Marius qui changea tous ces
étendards en aigles. Sur les médailles dans les com-
mencemens, le type des légions étoit des aigles &
des étendards : dans la fuite , ce font des divinités, des
figures d'animaux , &c. Voy. l'Index Typorum. , du
P. Bandury.
Légion. Terme d'une Milice Françoife fous François I.
Durant la paix faite par le Traité de Cambray ,
François I fit , fur l'idée des anciennes légions Ro-
maines , une nouvelle difpohtiou de l'ijifameùe ,
Tome V,
LEO 4éy
qui jufqu a fon temps n'avoit point encore été pro-
prement féparéc en Corps ditiérens. Il ordonna
qu'on formât fes légions , chacune de (ix mille
hommes j Se délîgna les Provinces où elles icroicnt
levées. Une devoir l'être en Normandie _, une en
Bretagne , un autre en Picardie , une en Bourgo-
gne , une en Champagne Se en Nivcrnois ; la fixic-
mecn Dauphiné, en Provence , dans le Lyonnois,
Se en Auvergne ; & la fcptième en Languedoc.
Elles étoient deftinées à fervir principalement en
campagne. Il rélolut d'en faire encore une autre
dans la Guiennc , pour fervir à la garde des Places
de cette frontière. Ces légions furent divifécs en fix
Compagnies de mille hommes , qui avoient cha-
cune un Capitaine pour les commander , Se fous lui
deux Lieutenans Se deux Enfcigncs. Les Capitai-
nes furent chargés d'avoir le rôle de tous ceux qui
compoloient leurs Compagnies ; leur nom , leur
lurnom, leur demeure, afin qu'ils fulVent toujours
prêts à marcher au premier ordre ; Se le Roi ac-
corda à ces Soldats diverfes franchifcs Se privilè-
ges , comme Charles VII avoit fiit aux Francs-
Archers , qu'il établit de fon temps. C'efl: de - là
que font venus ce qu'on af)pelle aujourd'hui les vieux
Corps de Picardie , de Normandie , de Champa-
gne , aufquels fut ajouté celui de Navarre , quand
Henri IV fut parvenu à la couronne; & enfin ceux
de Piémont Se de la Marine , qui font toujours
confervés fur pied , même en temps de paix. P.
Daniel. Hifi. de France , T. III , p. 2J4 , 2j u
C'ell à l'occafion de ces légions Françoif-S Se de
leur établilfement j que François I. compola lia
Ouvrage très - bien écrit fur la difcipline militaire ^
dont parle Sainte-Marthe.
Les Médailliftes appellent Légion, une médaille
fur laquelle eft le nom d'une légion. Une légion
eft une médaille qui a au revers deux lignes mili-
taires , ou étendards militaires , Se un aigle Ro-
maine au miheu , Se pour infcription le nom de la
légion J lEGio i. II. x. ou iegio xv. <S'c. par exem-
ple , ANT AUG luviR R P Cj un Navire J &: au
revers deux fignes appelés Pila , Se un aigle Ro-
maine au milieu j leg. ii. une autre leg. m. leg.
XV. &c. une autre legi xvii. classic^. Les Anti-
quaires recherchent fort les légions. J'ai déjà plus
de vingt légions 'd'Antoine. J'ai acquis depuis peu
une légion fort rare. Antoine eft le premier, Se
Caraufius le dernier fur les médailles defquels on
trouve des légions , comme on le peut voir dans
les Recueils du Comte Mezzabarba Se du P. Ban-
duri. On trouve fur les médailles jufqu'à la XXXVF.
légion , Se point au-de là. La trentc-fixième le voie
fur les médailles de Viétoxin le Père. F'oyei en-
core les mêmes Recueils.
Ce mot de légion vient de légère , choifir , parce
que quand on levoit des légions , on faifoit un
choix de la jcunelle la plus propre à porter les armes ,
ce qui s'appeloit deleclum habere. Voy. Varron .
L. IF, de Ling. Lat. Se L. III , de Fita Pop. Rom.
Plutarque dans Romulusj Végèce , L. II. c. i . Ifidore,
L. IX , c. ?.
Légion , lignifie dans le ftyle de l'Ecriture , un grand
nombre , une quantité. Jésus-Christ n'avoit qu'à
demander à Ion Père une légion d'Anges , s'il eût eu
beloin de Défenleurs. Il elt fait mention dans l'É-
vangilc'd'un diable qui s'appeloit Légion , parce qu'il
étoit .avec pluheurs autres dans le corps d'un pollede.
ffF On le dit de même dans le difcours familier. Une
légion de parens , d'amis. Dans cette acception le
mot de légion eft pris figurément , Se n'eft que du
ftyle familier.
LÉGION. Terme de Géographie. Legiodunum. C'étoit
anciennement une petite ville de l'Infubrie. Ce n'eft
plus qu'un village du Duché de Milan , fitué fur le
bord oriental du Lac Majeur. Maty.
LEGIONAIRE. f m. Soldat dans une légion. Legio-
narius. Les Soldats Romains s'appeloient Légio-
naircs.
Bouche J en fon Hift. de Provence, S< d'autres,
Nnn
^66 L E G
appellent auflî Légionaires , les iiouv'elles milices j
que François I. ét.iblic fous le titre de légions. j
JLEGIS. Les foies /é^is viennent de Perle , ou par les
tetours des vaiireaux qu'en eavoie d'Europe a Bcn-
der-Aballi dans le Golie Perlîque , ou par ceux qui
trafiquent dans les Echelles du Levant j tk particu-
lièrement à Smyrne. Ge font les plus belles après
les Sousbaffi ou Cherbaiiî.
|t3" LEGISLATEUR, f. m. ( Prononcez 1'^ ) Celui qui
porte des loix pour tout un peuple ; celui qui a le
pouvoir de fiire & d'abroger les loix dans un Etat.
Legijlator. En France le Roi feul ell le Légijlaceur :
À Genève , c'efl: le Peuple. A 'Venife , à Gcnes , la
Noblelfe : en Angleterre , ce font les deux Chambres
^' le Roi. A Rome , le peuple étoit fon propre Lé-
gijlaceur. C'étoit dans les alîcmblèes du peuple que
fe faifoient les Loix. Les Loix ne lient point un
JLégiflateur , & par une efpèce de reconnoillance
pour celui qui les fait obferver ; elles femblent lui
permettre de les enfreindre. Tour. Brama eft un
ie^i/Zaff.vr vénérable à toute la nation des Indiens,
par le bel ordre , & par la police admirable qu'il
a établie dans toutes les Indes. P. Catrou , Jéluite.
Les principaux Ze^//Z<2rf:/rs- anciens , lont Moyfcj
Légijlateur du Peuple de Dieu ; Mercure Trilmé-
girte , & Bocoré , ou Boccoride , des Egyptiens ;
Italus , des Enotriens ; Théfée , Dracon , Solon ,
Céade , des Athéniens ; Zoroaftre , des Bactrieus ;
Charondas J des Cappadociens; Charondas encore,
ou Phaléas , des Charthaginois ; Androdamas , des
Chalcidiens ; Euxode , des Cnidiens ; Phidon , des
Corinthiens , Ephore & Minos , de l'Ile de Crète ;
Pythagore , des Crotoniatcs , & de prelque toutes
les villes de la grande Grèce; Parménide & Zenon,
d'Elée en Lucanie ; Arribas , ou Tharcitas , des
Epicores ; le Thrace Zamolnis , des Gètes ; Pho-
ronée , des Grecs ; Bacchus , des Indes ; Saturne ,
de l'Italie-, Macarius , de llle de Lesbos ; Zalucus,
des Locciens -, Nicodore Athlète , de la ville de
Mautine ; Hippodonne , de Mylète ; Charondas, de
Rhégio ; Lycurge , des Lacédémoniens ; Archytas,
de Tarente; PhilolaLis, des Thébains; Charondas,
.des Thuiiens; Solon pourroit aulll palfer pour Lé-
gijlaceur de Rome , parce que les Décemvirs , qui
furent créés pour faire des Loix , en prirent beau-
coup de celles de Solon.
LEGISLATIF , IVE. adj. On ne s'en fert que dans ces
phrafes , Pouvoir Ug':jladf, Puillance Icgijîadve ;
pour dire , Pouvoir , puilfance de faire des Loix,
Nomotheticus , a. Le pouvoir Ugijladf réfide dans
la perlonne du Souverain. Celui qui eft revêtu du
pouvoir lég'ijlatif , ne le doit propoler que la tran-
quiUité&la sûreté publique. Beauval. Dans les cas
extraordinaires , l'autorité légiflduvc rélide dans les
peuples. Limiers.
LEGISLA riON. f f. Terme de Droit pubhc. Auto-
rité , puiilancede faire des Loix. Potejias legum con-
dendarum. C'ell aufh l'exercice de cette puillance ,
qui fe fait en doraiant des Loix. 1.3, légijlaùon n'ap-
partient en France qu'au Souverain. La Chambre
de légïjladon eft un Bureau où s'alfemblent des
Commillaires , à la tête delquels eft M. le Chance-
lier , pour travailler à de nouveaux Réglemens pour
l'adminiftration de la Juftice. C'eft de là que font
déjà fortics les Ordonnances fur le fait des Dona-
tions , des Teftamcns &: des Infcriptions de faux.
On continuera de même en ce qui regarde les prin-
cipales matières de la Jurifprudence Françoife ; &
par ce moyen on préviendra beaucoup de procès,
qui caufent ordinairement la ruine des familles. A
l'égard du droit de la IcgiJIadon pure & limple , les
Rois ne prétendoient point dès-lors le partager avec
perlonne. Boulainvilliers. Le droit de légijla-
don , tel qu'on le voir établi dans la perlonne des
Rois , eft le principe de la multiplicité des Ordon-
nances J & la caufc cliedive de leur inexécu-
tion. Id. •
LEGISLATRICE, f. f. Celle qui fait des Loix. La
voilà Lîgijlacnci , malgré fi modeftic ordinaiic ,
LE G
qui ne fe propofe que de maintenir les régies établies
par les autres , dit M. de la Morte de Madame Da-
cier , dans les RcHexions fur la Critique. La nou-
velle Légijlatnce. Journal des Savons ijij
LEGIS 1 E. f. V. Qui eft Dodeur es Loix , qui les en-
feigne , qui les commente. Legls Doclor. L'arrivée
des Légijtes au Parlement , fous Philippe de Valois
caufa des grands changemens. Ces gens pleins de
formalités , qu'ils avoient puilées dans le Droit
introduiluent la procédure , & par là fe rendirent
maîtres des affaires les plus difficiles. Le Gendre,
Les Légijles, fuftent ils Prélidens , & même premiers
Préiidens , n'étoient qualifiés que de Maîtres. Id,
Edouard! , Roi d'Angleterre , arbitre entre les Com-
pétiteurs du Royaume d Ecolle , ne voulut point
prononcer là delfus , que l'aftaire n'eût été exami-
née deux fois par les Légijles d'Ecolle. Larrey. On
ne le lert guère de ce mot , &: il peut cependant
encore avoir place en Vers •, par exemple , Sénecc
le dit pour homme de robe , Magiftrat , en faifànt
le caraélère d'un Gentilhomme Campagnard :
Fier de fa noblejje Gothique ,
Et de l'émail de fon blafon ,
Il redoute l'humeur altière
Du Légifte en charge élevé ,
Plus glorieux fur fon pavé ,
Que lui dans fa Gentilhommière.
Ce mot fe prend maintenant plus ordinairement
pour les Ecoliers de Droit , à Bourges , à Orléans ,
à Angers , à Caën , ôc ailleurs , où ces Légijies
font une efpèce de corps allez conlîdérable , & font
fouvent parler d'eux.
LEGITIMAIRE. adj. m. Se f. Qui appartient à la
légitime. Terme de Jurifprudence. yJd legitimam
pertinens. Legidm£ Jure dchitus. Legitimanus , a ,
um. Van Water , Obfervat. Juris Romani , Lih. I ,
C, II , recherche l'origine de la quarte légitimai-
re. Il croit qu'il faut la tirer de la Loi Falcidia :
cette Loi portoit ,à ce qu'il croit , que la quatrième
partie des biens de la luccelîîon devoir toujours ap-
partenir à l'héritier teftamentaire , quand il étoit
charge de legs ; & à l'héritier légitime , quand il
étbit deshérité lans iujet. C'eft pourquoi dans plu-
lieurs Loix du Code & du Digefte , & dans la No-
velle XXII. de Juftinien , la légitime eft appelée
Falcidie. Richard dans fon Traire des Donations ,
& quelques autres JUrifconfultes, avoient propofé
ce fentiment ; mais comme ils l'avoient eux mêmes
abandonné , notre Auteur prétend qu'on doit lui
attribuer la gloire de cette découverte. Journal des
Savans IJI4, p. JÇS- La quarte légitimaire ell:
une quatrième partie des biens d'une fuccellion qu'on
accordoit , afin d'empêcher l'aclion contre le Tefta-
ment inofticieux.
LEGITIMATION, f f Aèle par lequel on rend légi-
times des enfans naturels. Spuriorum lïberorum aio-
ptio , cooptatio in ingenuorum jus à' numerum. Quand
le père& la mère en le mariant mettent leurs entàns
nés avant le mariage fous le poile , c'eft une légiti-
mation qu'on appelle per fubfequens matrimonium.
Ces légitimés par mariage iubtéquent ont les mêmes
avantages que les enfans nés après un mariage folen-
nel. La légitimation fe fait aulli par Lettres du
Prince vérifiées à la Cour , & à la Chambre des
Comptes , du contentement de tous ceux qui y ont
intérêt, c'eft-à dire , de tous les héritiers paternels
Se maternels. En ce cas , les enfans ainfi légitimes
peuvent fuccéder. La Reine Marie de Molina , époufe
de Sanchc le Brave , Roi de Caftille , envoya dts
Ambaftadeurs au Pape Boniface , lui demandant la
légitimation des cinq cnians qu'elle avoit eus du Roi
Sanche , ce que le Pape accorda par une Bulle du
6 Septembre 1501. La légitimation n'étoit point
en ulàge avant le Grand Conftantin ; c'eft lui qui
Tintroduifit par une loi , que l'Empereur Zenon
rétablit de fon temps. P'oye^ la loi Divi , Cad. de
L E G
Noc. I. En 1 1 8 1 , Alexandre III fit un rcCcck pu
lequel il l'admet ik l'autonfc dans le Droit Canon,
^o/tf^ Selden , DiJJ'tn , ad Flctam. c. () , 6: le
GloH". de Du Cange.
LÉGITIMATION, fignihe au/îî , Reconnoillancc authen-
■ tique & juridique ; &■ il ne fc dit qu'en parlant
des affaires des Diètes d'Allemagne. Après ia Urïû'
madon dt (on pouvoir, tous les Députés l'allèrciu la-
luer. AcAD. Fr.
LÉGITIME, adj. m. &c f. Qui a les conditions re
quifes par les loix ,• qui ell jullc , équitable , &
fondé en raiton. Legitimus. Cela efl Icgitlme avec
cette intention. Pasc. Il y a de léintïmes l'ujets de
pleurer. Pleurer ce t]u'on aime cd (ans doute le plus
légitime. Patru. La conteftacion qu'il lui lait n'ell
pas légitime. Acad. Fr. Un Prince légitime eft
celui qui eft venu au Trône par éleélion , ou par
fuccellion. Une autorité légitime , celle qui eft
émanée de celui qui a le pouvoir de la donner.
Un enfant légitime , qui eft né en légitime mariage ,
célébré félon les loix du pays \ (CJ" au lieu que
l'entant légitimé eft celui qui , étant né dans le
concubinage , a été rendu légitime , par un ma-
riage fublcquent de fes père & mère , ou par Let-
tres du Prince. Le péché leul peut cauler dans une
ame Chrétienne ^ une triftelle légitime. As. de la
Tr. On appelle intérêt légitime , celui qui eitau
taux du Roi.
Les Médecins appellent un enfantement légiti-
me , celui qui vient juftement à fon terme ; Se
illégitime , celui qui vient ou plutôt , ou plus tard ,
comme celui de huit mois.
fÇT Les anciens Médecins appeloient légitimes , les
maladies dont les lymptomes étoient conformes à
la caufe qui étoit cenlce les produire le plus conf-
ramment. Aujourd'hui on donne le nom de légi-
time , à une maladie dont tous les lymptomes font
bien évidemment marqués. Une pleuréiie eft dite
légitime quand la fièvre eft violente , la douleur de
côté aiguë , la dilHculté de refpirer très grande , &c.
elle eft faulle , Spurla , notha , quand ces lympto-
mes manquent en nombre ou en intenfité.
Dans le Droit , légitime fe dit des perfonnes, des
chofes j des aftions , du temps.
^CF LÉGITIME, f. f. Portion de l'hérédité qui eft due
aux enfans par le droit naturel , dans les biens de
leurs père & mère , ou autres afcendans , & dont
ils ne peuvent être privés que pour une jufte caufe
d'exhérédation. Ponlo lege débita ; Légitima
portlo h^redltatis. C'eft une portion privilégiée , &
confacrée par la nature. La. légitime des enfms , félon
la Coutume de Paris , eft la moitié de ce que ch.i-
cun auroit eu ab Intejlat. En Normandie, c'eft le
tiers des biens dont le père étoit faih au temps de
fon mariage. En Droit , c'eft tantôt le tiers , tantôt
la moitié, félon le nombre des enfans. Quand il y
a plus de quatre enfans , c'eft la moitié ; & le tiers
s'il n'y en a que quatre , & au-defl'ous. Bruneau
remarque que la Jurifprudence a fort varié fur la
manière de payer la légitime , & que , félon la Ju-
rifprudence d'aujourd'hui , fCT quand il y a plu-
ficurs enfans qui ont été avantagés par leur père ou
par leur mère j & qu'il y en a d'autres qui n'ont
pas leur légitime y c'eft le dernier avantage qui paye
la légitime lui feul ;, fauf , après le payement , s'il
n'a pas iz légitime , à la demandera celui qui a été
avantagé immédiatement .avant lui ; & celui-ci de
même, en remontant d'aîné en aîné. Une fille obli-
gée , à caufe de la multitude des créanciers , de
renoncer à la fucelfion de fon père & de fa mère ,
demanda fa légitime à fes frères & fœurs fur ce qui
leur^ avoir été avancé en mariage , & l'obtint par
Arrêt de k Grand'Chambre du 5 Décembre 1641.,
Les Patrons à Rome avoicnt aullî une légitime fin-
ies biens de leurs affranchis.
Un enfant peut demander fa légitime , ou un
fupplémem de légitime à fon frère.
LEGJTIMEMENT. adv. Dune manière licite , & fui-
vant les loix. Légitime. On ne doit faire des aumô-
Tome y.
L E G 46'7
nés qued un bien acquis légitimement.
LÉGITIMER. V. a. Rendre légitime un enfant né hors
le mariage. Ingtiml jus fpurio atcribuere. Ce père a
fait légitimer fes enfms. Un enfant ne peut être légi-
timé fans le confentcment du père. Le Roi peut légi-
timer des adultérins mêmes. La raifon eft, que le
Prince eft le maître de l'étiit civil de fes fujcts. Il
peut , quand il lui plaît , elfacer la turpitude de
l'adultère, tk établir l'honneur d'une naflLince que
les loix condamnent. La Politique ne permet pas
qu'il les laille dans une infamie qui les exclud en
quelque forte de la fociété civUc , Se du conuncrce
des honnêtes gens. La voit- la plus certaine de légi-
timer, eft le mariage fubféqucnt entre le père &:
la mère ; alors tout le défaut de la naiftkncc eft
réparé , & les enfans entrent dans tous les mêmes
droits que s'ils étoient nés après la célébration du
mariage. Les Empereurs avoient inventé divers
moyens de légitimer. Anaftafe avoir voulu que le
père put légitimer fes enfins naturels par la feule
adoption, pourvu qu'il n'eût point d'enfans légiti-
mes. Mais Juftin , par la Conftitution , & Jufti-
nien , par fi Novelle 74 , abolirent cette légitima-
tion, de peur que la trop grande facilité de légitimer
des bâtards ne retînt les hommes dans le concubinage.
Il établit feulement une manière de légitimer qui f"e
fait par Lettres du Prince. Cette légitimation ren-
doit les bâtards cap.ables d'arriver aux dignités , Se
même de fuccéderj pourvu qu'ils fulïent légitimés
du confentemenf de leurs père Se mère , & de leurs
parens. Cela eft conforme au Droit Canonique , Se
on le pratique de même en France. La légitima-
tion fe fait par Lettres Patentes du Roi, lequel feul
peut légitimer les bâtards. De Launay. Le Roi,
en légitimant les bâtards , ne leur accorde que le
droit de polîéder des Charges & des Bénéfices , Se
de difpoler de leurs biens par Teftament. Pour tlic-
céder , il faut le confentcment des parens.
LÉGITIMER _, lignifie auiîî , Faire reconnoitre publique-
ment pour authentique Se juridique. Et cela fe di:
principalement en parlant des Diètes d'Allemagne.
Un Commllfaire Impérial n'eft point reçu à la
Diète , qu'auparavant il n'ait fait légitimer Ion pou-
voir , légitimer fa commifllon.
En ce iens il eft aiUfi réciproque en parlant des
affaires des Diètes. Après qu'ils fe furent récipro-
quement /e^^iz-iOTeV. Ac- Fr.
LEGITIME, ÉE. p3.n. Âdferlptus in numerum ingenuo-
rum..
LEGITIMITE, f. f. Etat , qualité d'un enfant qui eft
légitime. Il eft queftion dans cette caufe , de la
légitimité d'un tel enfant. La déclaration des père
Se mère ne peut donner atteinte à la légitimité d'un
enfant né , conllant le mariage. On dit aulli la
légitimité d'un droit , d'une prétention , &c.
LÉGiNANO. Petite ville de l'Etat de Venife , en Ita-
lie. Leoneacum , Leonlcum. Elle eft fortifiée , fituéc
fur l'Adige , dans le Véroniwis j à neuf ou dix
lieues au-deiîbus de 'Vérone. Maty.
LEGONTIEN. f. m. Nom d'homme. Leguntlanus.
On l'honore le j Février à Quiet , au Royaume
de Naples ; fans en favoir autre chofe que fon
nom Se l'a qualité de Martyr. Chastelain , au /.
Février , p. S44-
LEGS, f m. Libéralité que fait iHi Teftareur ttO" par
teftament ou par codicile , & dont la délivrance
doit être demandée à l'héritier. Legatum. Le legs
univerfel eft celui qui elc fait de tous biens , ou
de tout un genre de biens , comme de tous meu-
bles Se acquêts , ou d'une partie Se quotité , fans
autre fpécification particulière , comme du quint
des propres, ou du quart ou autre quotité de tous
meubles & acquêts; ce qu'on appelle legs uni-
verfel par quotité. Le legs particulier eft celui qui
fe fait d'une chofe particuUèie, quiefthiiree au léga-
taire à titre particulier , comme d'une fomme dt
deniers, d'un tableau, d'an tel meuble, &c. Com-
me les legs univerfels mettent ceux qui les reçoi-
vent au lieu Se place de l'héritier , ils les obligent
Nnn ij
4é8
i. E G
aullî de payer les dettes héréditaires jufqu'à la
concurrence des biens légués.Les légataires particu-
liers ne font tenus d'aucunes dettes. Un legs ca-
duc efh celui qui n'a point d'effet : legs condition-
nel , celui qui n'a lieu qu'en accomplilHint la con-
dition. Si la condition eft impolfible , ou incivile ,
elle eft nulle 3 & le legs appartient au légataire.
Legs par affignat , eft celui qui ié fait d'une lomnie ou
d'une rente à prendre fur un tel fonds , au Heu
que les legs fimples & fans affignat , font ceux
qui fe font dune fomme de deniers , ou d'une
rente à prendre généralement fur tous les biens
du Teftateur , ou (mis déligner fur quoi elle fera
prife. . n f • V
Legs pieux. Legatum pium , eft celui qui elt tait a
milieu confacrcà Dieu , &c deftiné aux bonnes œu-
vres , comme une Eglife , un Monaftère , un Hô-
pital, £-<;. & qui eft fait pour une hn bonne & pieu-
fe. Pour qu'un /c^j (on pieux :, il nefuftit pas
qu'il foit fait à une pcrfonne confacrée à Dieu , il
faut encore que la lin en foit pieufe. Quoiqu'un
Tellament foit nul , il ne l.iille pas de valoir à
l'égard des legs pieux. Les Capitulaires ordonnent
que le Commillaire du Prince prendra foin avec
l'Évêque de l'exécution des legs pieux. Capitul.
T. I, p. 2S7, c. S. , , ,
Ce mot vient de legatum , de de lego , legarc.
LEGUE-BELLITE. La montagne de Lègue -Bellite
eft une montagne des Alpes ^ près de Chambéry.
Fie du Frère Fiacre, X. III , p. 21 S.
Ip- LEGUER. V. a. Faire un legs, donner par tefta-
nient. Legare , legatum alicui fcribere. Léguer à fes
parens , à fes amis une fomme d'argent , fes meu-
bles , une partie de fen bien. On lègue par codicile
aulîi' bien que par teltament. On peut léguer en
général toutes les chofes dont on peut dilpofer par
teftament , fuivant la loi du lieu où elles font li-
tuées.
LÉGUÉ , ÉE part. Legatus.
LEGUIER. Toye? LEGER. ^
LEGUME, f. m. Ce mot fe dit des grains femes qui
fe cueillent avec la main j à la diftcrencc des blés
& avoines, qui fe fcient & fe fauchent. Legumen.
gCr Le mot de légume ne convient proprement qu'aux
femences & aux grains qui viennent dans des gouf
■{es comme pois , fèves , lentilles , haricots. Un ufage
abulif l'applique à plulieurs autres chofes , aux ra-
cines , aux herbes potagères , & généralement aux
plantes bonnes à manger. Il ne s'emploie guère
qu'au pluriel. Les Ermites ne vivoient que d'herbes
& de légumes. L'cxpolition du Nord a de grands
avantages pendant les chaleurs pour les légumes. La
Quint. S'il fe troiivoit quelques fruits dans le Mo-
naftère j ou quelques /c'^i^mcj nouveaux , on pourra,
&c. Ab. de la Tr. Ces légumes font, par exem-
ple , des herbes crues , du céleri , des raves ^ des
pois , &C d'autres légumes nouveaux, qui, &c. lu.
Le P. Bouhours fait ce mot féminin dans la Vie
de Saint Xavier , I. F. Des racmes fort amères ,
ëc des légumes cuites à l'eau faifoient toute fa nour-
riture ^ parmi fes travaux continuels. Booh. fCTC'eft
une faute. Il n'y a que le peuple de Paris qui dile
de bonnes légumes.
Ce mot vient de legumen j Latin, ainfi appelé ex
eo quod manu legatur , & non fecetur , de ce qu'on le
cueille , on le tire avec la main , & qu'on ne le coupe
point , difent Servius & 'Varron j L. I, de Re Ruji.
c. 1.3 j à/ 52.'
^ff LEGUMIER, f. m. Synonyme de POTAGER. Jar
dinoù l'on fait venir des légumes, ou des plantes
potagères que l'on appelle communément Légumes.
Hortus alitorius. 'Voy. Potager.
•|^ LEGUMINEUSE ( Fleurs). Flores legumlnojî. Ter-
me de Botanique. Ce font celles que portent les
plantes qu'on appelle Légumes, pois, fèves, len-
tilles , &c. Ces fortes de Heurs font compofées de
quatre ou cinq pétales qui fortent du fond du ca-
lice. Le pétale fupérieur , qu'on nomme Pavillon ,
yexillum , eft ordinairement grand , plié en dos
L E H
d'âne , tantôt relevé , tantôt rab^ittu fur les autres
, parties de la Heur. Il fe trouve au bas de la Heur un
ou deux pétales , qui , par leur réunion , femblent
n'en faire qu'un. Mais dans ce cas le pétale unique
a prefque toujours deux attaches -, ce qui fait que
quelques Auteurs ont dit que les Heurs papiliona-
cées ou légumineufes , ont toujours cinq pét.ales.
Soit que le bas de la Heur fou formé par un ou
par deux pétales , on apperçoit la forme de 1 avant
d'une nacelle , ce qui lui a fait donner le nom de
Carina. Entre le pavillon &: la na:elle on voit fur
les côtés deux autres pétales j qu'on nomme les
Ailes j aU. Elles ont ordinairement une oreillette
vers leur naiflance. Duh.
IJO" LEGUMISTE. f. m. Jardinier qui fait venir des
légumes. Olitor. Voy. Marechais. Pourquoi ne
diroiton pas Légumifte , comme on dit Fleurifte,
Pépiniérifte î
LEGUNS. f. m. pi. Vieux mot. Légumes.
L E H.
LEHAL , ou LE HAL. Petite ville , avec une bonne
citadelle. Lehalium. Elle eft dans la Livonie, fut
un golfe j à dix lieues de Periuw j vers l'occident
feptcntrional. Maty.
LEHEMAN , ou LEHEMAS. Ville de la Tribu de Juda.
Leheman. , Lehhemas. Le Texte Hébreu la nomme
de ce dernier nom j & la Vulgate du premier. Jof.
XF , 40. Le P. Lubin croit que c'eft celle que
les Septante appellent M«ay«iV.
LEHERENNE, ou LEHERENNUS. f m. Terme de
Mythologie. Nom d'un faux dieu de l'Antiquité.
Lehercnnus. Deux infcriptions envoyées par le P.
Sirmond à Gr'uter , font mention de ce dieu.
LEHERENNO
DOMESTICUS
R V F I F.
V. S. L. M.
L'autre eft ,
LEHEREN
D E O
E R T V L L
V. S. L. M.
U S
Comme elles ont été trouvées à Cominges , il y a
apparence que c'étoit un dieu du pays.
LEHIRE. f. m. Nom d'homme. Ekutherus. S. Eleu-
thère de Tournay eft fêté par le peuple , qui le nom-
me S. Lékire , nom qui fut donné à un Hôpital
fondé en 1360 j en l'honneur de ce faint Evêque
de Tournay. Chastelain ^ au 20. de Fév.p.6pp.
L E I.
03" LEIBNITIANISME. f. m. Doétiine , Philofo-
phie de Leibnitz.
|3" LEIBNITIEN. f. m. Qui fuit la Drodtrine du célè-
bre Leibnitz. t-. xl •
|(^Leibnitien, enne. adj. qui concerne la Doôtrine
" de Leibnitz , fon fyftême , fes principes. On en
trouvera des explications fous différens articles. Foy,
Monade, Harmonie , Préétablie, &c.
LEICESTER. Liceftria ^ Legeccftria , Leogora. Ville
d'Angleterre, Capitale du Comté de Notthingham,
& fituée fur la Stourre , à fept lieues de Notthin-
gham , du côté du midi. On croit que Leicepr
eft la ville des anciens Coritains , appelée Rhage j
Ra«cdc Ratii. Maty. Nous çï:o\\oncons Leicejire ,
& plulieurs l'écrivent.
Leicester Shire, ou le Comté de Leicejler. Licejtna,
Leiceftria. Province d'Angleterre. Elle a au nord
celle de Nottingham , au couchant celles de Darbye
&- de Warwick , au midi celle de Northampton,
& au levant celles de Rutland & de Lincoln. Ce
Comté peut avoir neuf lieues de long , & autant
de large : le pays en eft uni, & bien cultive, &■
j! fournit quantité de laine blanche fort rinc. Lei-
L E I
-cejîri fur la Scouic en ell la capitale. On y diftin-
gue encore les bourgs de Lougboroug j de Luc-
tcrwortli. Maty.
LEICHE. f. f. Sparganium. Herbe qui croît dans les
prés , &.' qui f'e mêlant avec le foin , bielle la laii-
4kc des animaux. Ce foin ne vaut rien , il eft: plein
de leïches.
LEICTOURE. Foyei Lectouri.
LEIDE , LEYDEN. Ville du Comté de Hollande ,
une des Provinces Unies. Leïda , Lugdunum j daiij_
Ptolomée , Lugodunum Batavorum. Elle eft capi-
tale du Rhyniand , & lituée fur le vieux canal du
Rhin, qui va le perdre dans les labiés, à une lieue
de cette ville. Lelde ell entre Delf & Harlem , &
à trois lieues de la Haye. Elle eft fort grande,
fort nette , bien bâtie , & la mieux peuplée de
toute la Hollande , après Amllerdam. Elle ell con-
fidérablc par fes Manufactures de draps , par fon
Univerfité fondée l'an 157J j & célèbre par le
iîége que les Elpagnols y mirent : & qu'ils furent
obligés de lever l'an 1574. Le fimeux Tailleur d'ha-
bits, Jean de Leide , Chef des Fanatiques Munllé-
riensj étoic de cette ville. Maty. De Valois alfure
que l'on dit auili Leyen. Voy. Not. Gall. p. 2S ç.
LEIENTERIE. f. f. Terme de Médecine. Maladie
dans laquelle les alimens lortent avec précipita-
tion par les felles , ians avoir été altérés en aucune
manière , ni en leur fubllance , ni en leur qualité.
Llenteria. On écrit ordinairement , ôc on prononce
toujours LIENTERIE. F'oye:^ ce mot. Dégori écrit
ieien:crie.
Ce mot efl formé du Grec Mt'.tT.fû, dont quelques-
uns confervent l'ortographe dans les premières fyl.
labes.
LEINIGEN. Foyci Linange.
LEINSTER. /^oy. LAGÉNIE. C'ell la même chofe.
LEIPSIC , LEYPSICK. Nom d une ville du cercle de la
Haute-Saxe. Leipjîa , Lipjïa. Elle eft dans la Mifnie ,
fur la rivière de Pleill , à quatre lieues de Mersbourg ,
vers l'orient. Ltipfic eft une ville riche , grande ,
bien peuplée , fortifiée & défendue par la citadelle
de Pleillenburg. Elle eft célèbre par fon commerce j
fes foires j Ion Univerfité , & par la pureté avec
laquelle on y parle la langue Allemande. Elle eft
capitale du cercle de Leipfic , qui eft la partie Icpten-
trionale de la Milnie , & qui renferme le Duché de
Hal j le Comté de W^eftin , Se les petites villes de
Bitterfelds , de Leibnitz , de Landiperg , de Col-
dilz , de Pégaw & de Weiftènfelds. Maty. Leipjic
eft, félon Meftieursde l'Académie, à 31 degrés de
longitude , & à yi degrés 20 minutes de latitude
feptentrionale. L'UniverlIté de Leipfic fut fondée
par Frédéric le Belliqueux , l'an 1408 , lorfque les
hérélîes de Jean Hus firent fortir de l'Univerlité de
Prague quatre cens Eiudians, qui le retirèrent à Leipfic.
Le Journal de Leipfic eft un Journal qui fe tait
dans cette ville , & qui paroît tous les mois. C'eft
un des meilleurs Ouvrages en ce genre, f^. Journal.
Il eft intitulé , Acia Eruditomm , les Aéles des Sa-
Vans. Dans le Thefaurus Numifmatum Moderno-
rum , il y a deux jettons frappés , l'un pour l'établille-
ment des chaifes à Porteurs à Leipfic , & l'autre en
mémoire de l'établillcment des lanternes dans la
même ville.
LEIPZIS. Sorte de ferge qui fe fabrique à Amiens.
LEIRAC. Nom d'un ancien Château proche de Car-
caûone. LauraeumCaJlellum. Valois, Not.Gall.p. 2 6 y.
LEIRIA. Nom d'une ville de Leftramadure du Portu-
gal. Leitia , Leira. Elle e.ft Epifcopale , futFragante
de Lisbonne , dont elle eft éloignée de vingt lieues
du côté du Nord, Se de quatre lieues du bord de
, l'Océan. Maty.
LEISZNIE. Petite ville d'Allemagne , dans l'Elcétorat
de S^xe , en Mifnie , fur la Mulde.
LEITH , LYTH. Nom d'un bourg , ou petite ville
<le la Lothlane, en Ecolle. Licka. Ce lieu eft fur
le golte d'Edimbourg , a mille pas de la ville de
ce nom , & à l'embouchure de la rivière de Leich.
H fe fait beaucoup de commerce en ce lieu. Crom-
L E K 469
wel y avoit fait conftruire une citadelle qui eft main-
tenant démolie. Maty.
LEIVA. f^oyei Lewentz.
t
E K.
LEK. Nom d'une rivière des Pays-Bas. Leccu^ Leccus.
C'eft une branche du Rhin , qui s'en fépare à Wijk,
Se qui tournant enlnite à l'oueft, coule au midi de
la Hollande, & va le décharger dans la Meufe, près
de Rotterdam. Voye-^ Guichardm , Defcript, des
Pays-Bas.
LEK. f. m. Terme de Relation de Indes. Nom de compte
Se de lommc. Lekus. Un leh vaut aux Indes,& princi-.
paiement dans les Et.ats du Mogol, cent mille rou-
pies , qui font environ cinquante mille écus de notre
monnoie. D'Herbelot.
L E L.
ifT LELA. Mot qui en langue Turque fignifie Dame.
Oîi donne ce nom aux grandes Dames en Afrique.
C'eft un titre d'honneur qu'on y donne à la Vierge ^
pour laquelle les Mahométans ont beaucoup de vé-
nération. Les Maures l'appellent Lela Mariam , c'eft-
à dire , la Dame Marie. P'oye^ Ricaud de l'Emp. Ott.
LÉLAPE. L m. C'eft le nom du chien que Procris don-
na à Céphale pour aller à la challe du monftrueux
renard'qui défoloit les campagnes deThébes.
LELEGIE. J^oye-^ LacÉdémone. C'eft Ion premier
nom.
LELIE, ou L^LIUS. f. m. Nom d'homme. Ldius.
Scipion Se Lic/ius , amis intimes , & qui aimoient éga-
lement les Lettres, ont eu beaucoup de part aux Co-
médies de Térence.
LÉLIE, ou L/ELIA. C. f. Nom de femme. Lalia. La
Veftale Le lie , ou Ldia, mourut fous le Confulat de
Marins & d'Alinius.
LELOW. Nom d'une ville avec Châtellenie. Lelovia,
Elle eft en la Haute -Pologne, & fituée fur la rivière
de Plicza, dans le Palatinat de Cracovie, à dix-fepc
lieues de la ville de ce nom, vers le nord. Maty.
L E M.
LEMAN. Le lac ZeW«. Voyez Genève, le lac de Ge^
nève.
LÉMANO, ou ODISSO. Ancienne petite ville de Bul-
garie. Odcjfus. Elle eft près de la Romanie & de la
mer Noire, lur le Cap Leniano , appelé ïmcienne-
ment Tirifira. Maty.
LEMBAIRE. f. m. Nom d'une Milice ancienne des
Romains. Lemharius. Les Lembaires étoient des trou-
pes qui combattoient dans des bateaux qu'on armoit
lur les rivières. Ce nom Se cette Milice fe trouvent
dans Vopilcus. Vie d' Aurélien. Voyez aulîi les No-
tes de Saumaife lur cet Auteur, ^. ^S i & 3S2. de
VHifioire Augufie.
^CT LEMBEGE. Petite ville de France , dans le Bearn ,
chef- lieu d'une petite contrée qu'on appelle le Per-
ian de Vievilli.
LEMBERG, LEWENBERG. Bourg du Comté de Ja-
wer, en Silélie. Leoberga. Il eft lur le Bober, entre
la ville de Jawer Se celle de Gorlitz, 4 fopt ou huit
lieues de l'une & de l'autre. Maty.
LEMBERG, LEMBOURG , LUWOW , LEOPOL,
Ville du Royaume de Pologne. Leopolis, Elle eft ca-
pitale de toute la Rullîe Rouge, ou Noire, Se lîruée
dans le Palatinat de Lembourg , fur la rivière de Pel-
teu, entre Kaminieck & Cracovie , à trente-huit
lieues de la première. Se environ cinquante huit de la
dernière. Lembourg eft une grande ville , fortifiée &
défendue par deux citadelles, l'une dans la ville , l'au-
tre dehors , fur une hauteur qui la commande. Il y a
un Archevêché pour les Latins j Se un autre pour les
Arméniens CatholiqueSj & un Evêché pour les Ruf-
lîens Schifmatiques j qui dépend du Patriarche de
Conftantinople. Cette ville, réduite à l'extrémité pa-
les Colaques rebelles , & par les Tartarss , fut obligée
L E M
470
de fe racheter par une grolle lomme d'argent. C éft '
l'ancienne Carrodunum , ville des Peuciniens , c;i la
Sarmatje Européenne. Maty.
Le Palatinat de Lembour^ Leopolitanus Palati-
natus. Province de la Rullie Rouge , en Pologne.
Elle efl: bornée au couchant par la Haute Pologne , au
nord par le Palatinat de Bêlez, au levant par la Podo
lie & par la Moldavie, & au fud par la Tranlilvanic
& par la H^iute Hongrie. Ce Palatinat c'a bien arrotcj
fertile & allez étendu. On le divife en quatre terri
toires ou châtellenics , qui prennent le nom de leurs
capitales, qui font Lembourg , Prémillie, Sânock &
Haliez, dont le territoire porte le nom de Pokutie.
Maty.
LEMBOLLAS. Petite rivière de France dans le Qucrci ,
qui ie perd dans la Tarn , à l'orienr de Moillac.
LEMBRO, L'EMBRO, ou IMBROS. Nom d'une île
de l'Archipel. Imbros. Elle eft iiruée au nord de celle
de Ténédo , près de la prefqu'ile de la Uomanie. Lem-
hro n'a que neuf lieues de circuit. Sa capitale porte
fon nom, & a un Evêché & une citadelle. Maty.
L'île de Lembro eft placée par les anciens , entre celle
de Lemnos à l'occident, & la Chcrlonèfe de Thrace
au midi. Elle avoir une ville qu'on appeloit aulll Im-
bros, qui éroit voifine de Samothrace, & conlacrée
aux Cabires & à Mercure.
Ce nom, lelon Bochart, dans fon Chaiiaan, L. I. C.
XII , vient de l'Hébreu na-llK arnehcth , qui fignifîe Rè-
■jTcjparce qu'en eiîet un Géographe anonyme, qui écri-
voit lous Conftantin , dit que cette île étoit pleine de
lièvres. Du mot Arnebcth , dit Bochart, en tranlpo-
fint les lettres , on a fait Inbros &: Imhros , en chan-
geant \'n en m, à caufe du b qui fuit. De forte qu'Im-
bros eft la mcme choie que Lagufa en Grec , nom que
l'on donnoit à pluheurs îles de la même mer, com-
iTie on le peut voir dans Pline, L. K. C. ji. D'Im-
bros on a lait Lembro.
LEMBROISÉ. adj. Vieux mot. Lambrilîé.
LEMBRUN. Nom d'un petit pays de l'Auvergne, dont
on ignore les bornes. Lembrunum. Saint Germain de
Lembrun, iîtué entre Ilfoire & Brioude, en conferve
le nom. Maty.
LEMGOW. Nom d'une ville Anféatique du Cercle de
■Weftphalie. Lemgovia. Elle a été Impériale , mais
elle dépend maintenant du Comte de Lippe. On la
trouve dans le Comté de Lemgow , lur la petite ri-
vière de Péga, à quatre lieuosd'Herwordenj & à fix
ou fept de Minden & de Paderborn. Maty.
LEMGOW. Comté, f^oye^ Lippe , Comté.
LEMISELANFUVE. Lcmlja, anciennement Neapolis.
C'étoit autrefois une ville Epilcopale de l'île de Cy-
pre -, ce n'eft maintenant qu'un village , lltué lur la
côte méridionale de l'île. Maty.
LEMMA. f. m. ht Umma eft une plante aquatique qui
trace beaucoup. M. Bernard de Julfieu a donné l'Hif
toire de cette plante dans les Mémoires de l'Acadé-
mie des Sciences , 1 740. p. 2 â j. Le Lemma fc trou-
ve auprès de Nantes, à Saint Domingue, en Egypte.
Théophrafte l'a connu , mais il n'en dit qu'un mor,
en rapportant allez au long les plantes du lac Orcho-
mème en Thellalie. Ses propriétés lont encore igno-
rées. Lemma ou Uns Icnticularis , quadrifolia.
LElVtMATIQUE. adj. m. & f. Propolîtion lemmatique ,
propofirio*préparatoire. Le P. Castel. T'-oye^^ l'art,
fuivant.
LEMME. f. m. Terme de Géométrie. Lcmw.a. C'eft
une propofirion préparatoire qu'on démontre pour
fervir a quelque autre démonihation dont on a beloin
dans la fuite, qui eft comme hors d'œuvre, & n'ap-
partient point dircélementà la matière que l'on traite ,
mais eft pourtant néccftaire pour la propolîtion qui
fuit. On la met ordinairement devant la démonf-
tration du théorème , afin que cette démon ftration
(oit moins embarrallée , ou devant la réfolution du
Problème , pour rendre cette ré(olution plus courte.
Ce mot eft Grec , ?.;f!|«« i?c vient du verbe /,««?«/« ,
accipio , &c.
LEMMER. {. m. Petite bête de Laponie , qui relTemble
à une fouris, excepté qu'elle eft rouîlè ôc marquetée
L EM
de noir. On les uppcWe fouris de montagne, ou Un-
\ar : elles paroiftent à grandes troupes en certains
tems , & font beaucoup de ravage.
LEMNIEN,.ENNE. f. m. & f. Lemmus ,a. Qui eft
de l'île de Lemnos.
LEMNIENNE. adj. f. C'eft une épithète qu'on doîlij^
à la Terre figilléc. Terra Sigillata , lemnca. D'autres
l'appellent , Terre divine , Terre lacrce. /^'oye^ Saù-
maife lur Solin , p. 1 1 j6. & Selden , De Synedriis
* Hebr. L. III. C. II. Voyci SIGILLhE.
LEMNOS , ou LEMNO. Foye^ Stalimène.
LEMO, LIM. Nom d'une petite rivière d'Italie. Lemu-
ris. Elle a fa foutce dans l'Etat de Gènes j ou elle
baigne Gavi , ôc va fe joindre à l'Otba dans l'Alexan-
drin. Maty.
LEMPTA. Selon Maty , c'eft le nom dune grande
contrée du Zaara , ou du Défert , en Afrique. Lempta.
Elle eft entre le Terga au couchant j le Bcrdoa 6c le
Borno au levant , le Bilédulgérid au nord , tic la Ni-
gritie au fud ; & les lieux principaux de ce pays lont
Lempta ôc Déghir, que quelques-uns croient n'être
qu'une racTne ville. Maty. Selon de la Croix, dans
le lecond Tome de fon Hiftoire d'Afrique, Lemta,
ou Lempta , eft le nom des peuples , ôc Iguidi , celui
de leur principale habitation, /'^ove^ IGUIUI.
LEMPTA, ou LEINTA. Foye^ Monastero.
LEMSTER. Nom d'un bourg d'Angleterre. LemJIera,
Leonis Monajlerium. Il a léance ôc voix au Parle-
ment , ôc il eft litué dans le Comté d'Hereford , à
quatre lieues de la ville de ce nom , du côté du
nord. Maty.
LEMTA. Voye-{ Lempta.
LEMUNCULE. f. m. Lemunculus. Sorte de bateau des
Anciens, dont ilsfe fcrvoient pour pêcher.
LÉMURES, f m. pi. Lutins, efprits , âmes des morts
inquiets, qui revenoicnt tourmenter les vivans. Lé-
mures. C'eft la même choie que les larves , (\\it les
Anciens s'imaginoient errer dans le monde , pour
faire peur aux gens de bien , ôc faire du mal aux mé-..
chans. C'eft pourquoi on célcbroit à Rome les lému-
rales , qui étoient des fêtes inftituées pour appailcr
les mânes des défunts. On failoit certaines cérémonies
pour challér ces fantômes, ôc obliger ces Lutins à
(e retirer. yCF Celui qui facrifioit étoit nu pies , &
failoit un ligne ayant les doigts appliqués fur le pouce,
croyant par là écarter les lémures. Enfuite après avoir
lavé fes mains , il niettoit des fèves noires dans fa
bouche , &: les jetroit derrière lui , en prononçant ces
paroles. Je me délivre par ces fèves moi & les miens.
Cette conjuration étoit accompagnée d'un grand cha- •
rivari de vailleaux d'airain ; & l'on finilîoit par prier
ces génies mallailans de lailîer les vivans en paix.
Apulée , dans (on Livre du Dieu de Socrate , explique
ainlî les mânes. L'ame de l'homme, dit il , détachée
des liens du corps, ôc délivrée de fes fonélions^ de-
vient une efpèce de Démon , ou de Génie , qu'on
apeloit autrelois lémure.De ces lémures , ceux qui
étoient bienhilans à leurs familles , & qui entrete-
noient leurs anciennes mailons dans la tranquillité^
étoient appelés lares famiiiares , lares domcftiques;
mais ceux qui pour les crimes qu'ils avoient commis
pendant leur vie, croient condamnés à errer conti-
nuellement (ans trouver aucun lieu de repos, &qui
épouvantoient les bons , ôc faifoient du mal au mc-
chans , étoient vulgairement appelés larvA Spon,
Rech. d' Antiquité, ^Diff. XVIII. p. 232.
Ce nom de lémures vient du Latin lémures, ^^vi
Commen-tateur d'Horace prétend que les Romains
ont dit lémures pour remures , ôc que ce dernier mot
eft formé du nom de Rémus, qui fut tué par Ion frère
Romulus , ou par Ion ordre , ôc qui revenoit fur la
terre pour le tourmenter.
Apulée, L. De Deo Socracis , dit que dans fan-
cicnne langue Latine, lemure lîgnihoit l'ame de
Thommc féparée du corps après la mort. Cette ety-
mologie eft plus fimplc & plus \raifemblable.
LÉMURIENNES. M. Blondel fe ferl de ce mot dans
(on Calendrier Romain, aulicu de celui de lémuries ,
qui va (uivie.
L E N
•a.ÉMURIES , ou LÉMURALES. f. f. pi. Nom que
l'on doniioic à Rome à une; fctc qui s'y cclcbroit en
rhoniKui" des Icmurcs. Lcmuria. Les Lémurles le
cclébroicnc au mois de Mai. Tous les Temples
ctwient fermés à Rome pendant les Icmuries , ik il
n etoit point permis de faire de mariages pendant ces
fêtes. Ovide, dans fcs faites , L. K v. 420 & 4^9 en
parle , &c \ts appelle lémurles nodhirncs. flics le
célL-broient donc pendant la nuit. C'cll le temps des
Lutins.
Cette fête fut inftituce par Romuius , qui voulut
appaifet les mânes de fon frère Rémus, qu'il avoit tait
mourir ; de là vient que les ombres des morts ik. les
mauvais génies furent appelés remures , t>c enfuite
lémures. Foye^ au. mot Lémures l'e.xplicatioji d'A-
pulée.
L E N.
LENA. Nom d'une grande rivière de la grande Tar-
taric. Lena. On ne la trouve point dans les Cartes
ordinaires; mais M. de Witlen la marque dans la
fienne , & le P. Avril en fait mention dans fcs Voya-
ges. Elle a fa Iburce vers celle de l'Amur , &c du
Qenifiy , coule au devant de cette dernière d'un
cours prefque parallèle au fien , & après avoir tra-
'verfé de valtes contrées , prefque entièrement incon-
nues, elle fe décharge dans l'Océan feptentrional.
Mat Y.
LENCHAM , LENHAM. Nom d'un bourg d'Angle-
terre. Lenchanum. Il eft dans le Comté de Kent , à
fix lieues de Cantorbéry, vers le couchant. Quel-
ques Géographes prennent ce bourg pour la ville
nommée anciennement Durolevum , que d'autres met-
tent à Charinge , village à une licue de Lancham.
Matv.
LENCICI, LANSCHET. Lancidum , Lenekium, La-
nerùa. 'Ville de la balle Pologne , capitale du Pala-
tinat de même nom , & lîtuée entre la ville de Bava
& celle de Gnefne , à quinze heues de la premiè-
re _, & à leize de la dernière. Lenclci a une citadelle ,
pofée fur un rocher ; mais la ville eft dans un fond
montagneux. Elle fut prefque conliimée par un in-
cendie l'an 1636. Maty. long. 37 d. lat. J2 d. \i .
Le Palatinat de Lencici. Lencuknfis Palacinatus.
Province de la Baife Pologne. Elle elt entre celles de
Kalifch , de Sirad , de Sandomir , de Bava & de
Breft. Outre Lencici , fa capitale , on y voit encore
Bréilni , Inowlocz & Uniénow. Maty.
LENDE. Foyei Lente.
LENDEMALNF. f. m. Terme relatif. C'eft le jour qui
fuit celui dont on a parlé. Pajlndiè. Quand on boit
trop le loir , on s'en fent le lendemain. Le mariage cft
une artàire dont on fe repent quelquefois le lendemain.
Le douaire eft le don du matin du lendemain des
noces. G. G. Il ne_ faut jamais remettre les atiaires
au lendemain. Perfonnc n'eft sûr du lendemain.
Ce mot vient de en demain ,2Mo;cic\ on a joint l'ar-
ticle. Les Anciens l'écrivoient léparément.
LENDENARA. Lendenaria. Petite ville ou bourg de
l'Etat de Venife en Italie. Ce lieu eft dans la Po-
lélinede Rovigo , fur l'Adigéto ^ à deux ou trois heues
au dellus de la ville de Rovigo. Maty.
LENDIT. /-oy<;ç_LANDi. ■
^LElNJDORE. f. de t. g. Terme populaire qui fe dit
d'un homme lent, qui n'eft propre à aucun travail.
& paro'it toujours alfoupi. C'eft un lendore , un grand
Uadore. Une grande lendore. Ofdtans , OfeUatun-
dus.
LÉNÉEN , ENNE. adj. m. & f. Epithète qui fe donne
a Bacchus. Lenms. Les fêtes de ce Dieu appelées
Uionyfiaqucs , Dionyhes , ou Dionyficnncs , fe
Kommoient aulii quelquefois Lénéennes.
Ce mot vient de >.«-^ , qui lignifie, nonpaspref-
•loii-, comme on le dit dans le Jardin des Racines
Grecques, mais la table du prelfoir, fur laquelle fe
met c\: (e prelle le railîn , ou le marc , pour en expri-
me! le vin : on l'appelle en quelques vignobles la
met dupreffoir. Bacchus étou Dieu du vin , c'eft pour
cela qu il portoit ce nom.
L E N 4^1
LENÉON. f. m. Terme de Calendrier. Nom d'uTnioi.
chez les anciens Ioniens dans lequel on céièbroit les
fêtes de Bacchus en Grèce. Ze/z^orz. Quelques Savans
croient que ce mois répondoit au Polidéon des Athé-
niens, &c d'autres le font repondre il leur mois Anthef
tenon ;cc qui paroît de plu > sur, c'eft qu'il répondoit
a peu près a notre mois de Septembre.
LENGUA. Foyei Chimère , Cap.
LENGUADO. f m. Rhombus Americanus. Efpèce de
Turbot qui fe pêche dans la mer du Sud. Frésier
^ P-7S-
LENGUETTA. Cap. Foye^ Chimère. Le Cap de la
Chimère.
LÉNIFIER. V. a. Terme de Médecine qui fignifie adou-
cir. it;/;//t; , mitigare ^ levare ,folari. Par la douceur
de f harmonie , nous adouciilons & lénijions l'aigreur
de ies efprits. Mol. Il eft peu uiité.
LÉNIFIÉ, LE. part.
LENITIF. adj. ordinairement f m. fe dit en Médeci-
ne de toute drogue qui adoucit les humeurs ou
les douleurs. Le miel cft un bon lénitif. Leniens My-
tigatorius.
LÉNITIF , fe dit aufll en termes de Pharmacie j d'un
éleduaire mou, compofé de (éné , de polypode,
de railins de Damas, d'orge mondé, &c. On l'ap-
pelle lénitij , parce qu'il purge doucement en adou-
cillant.
LÉNiTiF , lignifie figurément &: familièrement , adou-
ciiïement , foulagement , confolation. Cette agréa-
ble nouvelle fut un grand lénidf à fa douleur. Ac.
Fr.
LENNOX. Nom d'une Province de l'Ecolfe méridio-
nale. Lennoxia , Levinia. Elle eft bornée au couchant
par le Comté d'Argyle , au nord par ceux de Broad-
Albain&de Mentheit, au levant par celui de Ster-
ling & par la Cluydefdale -, la rivière de Cluyd la
fépare au midi de la Baronnie de Reinfreu. Ce payî
peut avoir dix ou douze lieues du levant .au couchant ;
il eft allez large vers le couchant, mais le lac deLo-
mond en occupe une grande partie. Il n'a qu'environ
trois lieues vers le levant , &: la ville de Dumbarton
en eft le feul lieu confidérable. Maty. Spéed écrit
Lennos.
LÉNONCOURT. Seigneurie de Lorraine, au Dioccfe
de Toul , dans la Prévôté de Nanci.
LENPE. Sorte de perle qui fe pêche dans quelques
Iles du Brelîl. Les Sauvages , pour en manger les
huîtres, plongent au fond de la mer, & les arra-
chent à belles dents des rochers où elles font atta-
chées. Les Portugais ne laillèntpa: d'en tirer unealfez
grande quantité.
LENS. Nom d'une petite ville des Pays -Bas. Lentium ,
Lentiticum , Lendum , anciennement Elena èc Le-
nenfe cafirum. Elle eft dans l'Artois , fur la rivière
de Souchirts , à trois lieues d'Arras , vers le nord.
Cette ville a été démantelée. La journée, la bataille
de Lens , eft une bataille donnée près de Lens , où le
Prince de Condé battit les Efpagnols l'an 1648. Il
y a long temps que ce lieu porte le nom de Lens,
Il le trouve dans les Capitulaires de Charles le
Chauve. Foye^ Hadr. Valef A^^c. Call. p. iSy.
§CFLENT, ENTE. adj. Terme relatif au mouvement.
On le dit par oppolîtion à vite. Qui n'eft pas vite
dans fes mouvemens. Lentus. Un mobile lent cft
celui qui parcourt un petit elpace en beaucoup de
temps. Un homme lent dans tous les mouvemens.
Plus les planètes font éloignées , plus leur mouve-
ment nous paroît lent. Le lièvre eft vite , la tortue
eft lente. Le mouvement de cette horloge eft trop
lent.
On appelle en Médecine une fièvre lente ., celle
qui eft interne, & dont les mouvemens ne font pas
extrêmement marqués au- dehors. Un pouls lenc ,
celui qui ne fe fait guère lentir , dont lesbattcmcns
ne font pas fréquens. On ditauilî, un remède lent,
un poifon lent , quand l'effet de fon adtion ne paroïc
qu'après bien du temps.
En Chymie on appelle /ê« lent , ignls lentus, le
feu de fable , de cendres j_dc lampe , & autre petit
47^
L EN
feu propre à faire infufcr , digérer , ou préparer ks
matières avec beaucoup de temps.
I^CFLent, dans les choies morales, qui n'efl: pas vite
<lans fes aètions j qui agit avec lenteur , qui met beau-
coup de temps à foire une choie ou à s'y déterminer.
Lent à punir , à récompenler. Un homme ienc en
tout ce qu'il fiit. Un eiprit lent , une imagination
lente, qui conçoit, qui imagine difficilement & avec
peine. La façon /ente d'agir des Elpagnols attend
■tout du temps , qu'elle laille fouvent perdre. Sar.
L'état de mes affaires ne demande pas des remèdes
^ents. Vaug. Un Prédicateur ne doit point avoir les
geftes d'un Aéleur de Thé.âtre , m aulli une aèf ion
trop lente &c trop morte. P. Verj.
F'ous , dont la piété folïde ,
EJl pour juger d' autrui ^ toujours lente (S' timide.
Des-Houl.
tENTE. i. f. Quelques-uns difcnt lende. Lens. Il faut
dire /e«re. MÉn. (Euf dont s'engendre le pou, ou
bien le pou même qui étant forti de la membrane j
devient incontinent propre à la génération ; ce qui a
fait dire à quelques-uns , qu'un pou devient biiayeul
en ving- quatre heures. Mais Swammerdam, dit que
ce n'efi: qu'une plaifanterie. Il ajoute qu'on voit avec
un microfcopCj que fon corps elltranlparent comme
du criltal. Ses veines paroilîent blanches , & on voir
dillinétcment le mouvement de toutes fes parties inté-
rieures.
LENTEMENT, adv. D'une manière lente, avec len-
teur. Lente. La Saône coule plus lentement que le
Rhône. Il y a long-temps qu'on travaille à ce bâti-
ment 3 à ce livre , cela va lort lentement. Augwfte
avoir toujours ce mot à la bouche , Hâtei-vous len-
tement : pour montrer qu'il ne fiut rien faire avec
précipitation. Ablanc. En amitié , il faut aller len-
tement à acculer les amis. S. EvR.
IJCF Lentement dans la mulique Françoife répond à
l'adagio des Italiens , ôc déligne un mouvement lent
& polé.
LENTER. V. a. Foye^ Lanter.
LENTEUR, f. f. Défaut d'-aélivité 3c de promptitude
dans le mouvement & dans l'adtion. Tarditas , tar-
ditudo , lentor. La Juftice marche avec tant de len-
teur ^ que bien fouvent le crime échappe à ta rigueur.
Corn. La lenteur elf nécellaire pour le conleil , &
la vivacité pour l'exécution. La lenteur marque quel-
quefois de la prudence , & quelquefois la pelanteur
de l'efprit. Log. Le Prince avoit toute la prudence de
la lenteur , fans en avoir les inconvéniens. Le P.
BouRD. Le Prince quand il s'agit de multiplier , ou
de hâter fes bienfaits, ne louftre ni détours , ni len-
teurs. Tour. On prend quelquefois la ftupidité pour
de la fagelfe , & la lenteur pour de la prudence. S.
EvR. Les arrêts que rend notre eiprit , ne le peuvent
prononcer avec trop de lenteur. S. EvR. Il faut bannir
du Palais ces lenteurs afteétées , & ces détours infinis ,
que l'avarice a inventés pour faire durer les procès.
Eléch. La./e«rei^r de Xénocrate venoit de la crainte
de fe tromper , plutôt que de la pefanteur naturelle.
FOUCHER.
Lenteur, f. f. fe dit figurément en parlant d'imagi-
nation &c d'efprir. Ainfî ou dit , qu'un homme a une
grande lenteur d'imagination , une grande lenteur
d'efpritj pour dire, qu'il imagine &: qu'il conçoit
difficilement & avec peine. Ac. Fr.
CiîTLENTlCUL.^IRE. adj. de t. g. Terme de Diop-
trique. Qui a la forme d'une lentille. Lenticularis.
On le dit d'un verre de lunette convexe , qui appro
chede la figure d'une lentille, qui eil plat, rond , (^-
plus épais par le milieu que par les bords. Le verre
objettif des lunettes de longue vue eft lenticulaire.
La figure du crilfallin de l'œil eft ordinairement len-
ticulaire.
Lenticulaire ft dit encore en d'autres matières
de tout ce qui a la forme d'une lentille. La cire que
les Abeilles ramail'ent prend une figure lenticulaire
dans les cavités de leurs pâtes de derrière où elles la
L E N
mettent. Elles détachent les deux cotps lenticulaires
de cire, en faifint gliller leurs pâtes dumilitu fut
les poftérieures, où font les deux corps lenticulaires
de cire. Maraldi.
^fTLes naturaliftes appellent aud'i pïevves lenticulaires
des efpèces de coquilles pétrifiées , qui ont la figure
d'une lentille.
Lenticulaire. 1. m. Terme de Chirurgie. Ze/zrica/are.
Inllrument en forme de cifeau ou «le couteau, au
bout duquel il y a un bouton en forme de lentille.
Il y a deux fortes de lenticulaires; l'un a unélévatoire
au bout du manche , ou un manche fait en éléva-
toire; l'autre a un manche iimple & ordinaire. On
le lert du lenticulaire dans les fraftures du crâne:
celui qui a un élévatoire, lert à ébranler l'os après
l'opération du trépan , afin de l'ôter ; & de peur que
cet élévatoire ne bielle les méninges quand on l'intro-
duit, il a au bout une lentille au lieu de pointe: leci^
feau du lenticulaire fert à emporter les âpretés des;
bords du crâne après l'opération , lefquelles otfen-
feroient les méninges ^ qui viennent continuellement
frapper contre le crâne.
Ce nom de /e«fic«/j;re, vient dcceque cetinftru-
mcnt a une lentille au bout. De lens , lentis ,.len-
tille.
LENTILLE, f. f. ( Mouillez les deux //. ) Plante dont
il y a deux elpèces. Lenticula. La première qu'on
appelle lens vulgaris , poulie des tiges longues d'en-
viron un pié , foibles , tombant à terre , li elles ne
(ont loutenues par quelques plantes voifines. Ses feuil-
les (ont oblongucs , lemblables à celles de la vefce,
mais plus petites , velues , rangées plulieurs lur une
côte. Ses Heurs font légumineules , de couleur blan-
châtre. Il leur luccède de petites goulfes courtes qui
renferment chacune deux ou trois petites femences
rondes renHées vers le centre , aplaties vers les bords,
dures j lilles , de couleur blanche, ou jaunâtre j ou
rougeâtre, ou noirâtre. La féconde efpèce appelée
lens major , diffère de la première en ce qu'elle eft
plus belle , & plus grande en toutes fes parties : fa
rieur eft blanche : la temence eft deux ou trois fois
aulîî grolle que celle de la précédente. La décoélion
des lentilles lâche le ventre, & elle eft déterfive^
mais les lentilles mêmes mangées lont aftringentes.
Elaii vendit Ion droit d'aînefte pour une écuellée de
lentilles. Les lentilles font mifes au rang des légu-
mes.
Ce mot s'eft formé de lenticula, dont on a fait
lenticule , lenticule , lentille. Du mot lens , & de fon
diminutit lenticula j lentille j le (ont faits les noms
de Lenteuil , Nanteuil , & Nantouillet: i«/zro/«Wi
LentoUetum. Huet , Origi. de Caen j c. 2j.
Lentille, fe dit aulîî de la graine de cette plante, qui
eft ronde j plate , & roulsâtre , & que l'on mange
fricaftée , ou accommodée d'iine autre façon. Lens.
Les lentilles étoient un manger des pauvres & àts
Philofophes , principalement des Cyniques. Les
Lentnlus Romains avoient eu ce nom à caufe d'une
lentille, dont le premier qui le porta, étoit marque,
comme les Cicérons d'un pois , à cicere.
ffJ" Ménage prétend qu'il faut dire nantilles avec les
Parifiens, Se non pas lentilles avec les Angevins.
On doit dire au contraire lentilles ; & nantilles ne
fe dit que dans les Provinces , par le peuple de Paris,
ou par des ignorans.
Prefquetous les Médecins tant Anciens que Moder-
nes s'accordent à regarder les lentilles comme un
mauvais aliment. Je me renderai à leur raifonnement
quand je les verrai d'accord avec l'expérience. La
feule mauvaile qualité de la lentille eft d'avoir la peau
très- dure; d'où il arrive que , fi on ne les mâche point
elles parient dans les excrémens tans .avoir été altérées,
& coniéqucmment tans avoir fourni leur partie nutri-
tive. On remédie à cet inconvénient en les mâchant
beaucoup , ou en les mangeant en purée.
Lentille. Poids des anciens Romains, hz lentille etoit
la cent huitième partie d'une dragme. Une lentille Sc
demie tailoit un grain.
Lentille de Marais , ou lentille d'eau , eft une pente '
plante
LEO
■plaine aquatique, dont les feuilles font de fa figure
îk de la giundcui" des Untilles , minces , rondes ,
tendres , attachées à des fibres déliées comme des
cheveux , delqiielles elles fc détachent facilement par
l'agitation de l'eau, ôc elles nagent fur la fupcrficie
des étangs, des lacs & des marais. En Latin Lcnn-
cula palujlns vulgarls. Elles font propres pour hu-
meCler &c pour rahaîchir. C. B.vuii. Pin. 561.
^11 y en a une autre efpèce, qu'on appelle lentkulapa ■
lujlris major. Cette eljjcce a la feuHIc plus large , & a
plufieurs racines fous la feuille ; au lieu que l'autre ne
jette dans l'eau qu'une feule racine , attachée fous la
feuille. Elle aies mêmes propriétés.
Lentille , en termes d'Optique , cil: un verre taillé j
Elit en forme de UntUle , qui fert aux lunettes. Lens.
Il eft quelquefois convexe des deux côtés j & à caufe
de (à figure , il reifemble à \\Unnlle ; ce qui lui a don-
né fon nom : & en ce cas , c'eft la même chofc qu'un
verre omphaloptrc , ou une loupe. Quelquefois il
eft kulemenr convexe d'un côté , & plat de l'autre ;
quelquefois il cil: convexe d'un côté , &: concave de
l'autre, & alors on l'appelle j;Wt'/2/zi/^tte. f^oyei ver-
re & convexe.
Lentille , ledit auffi des taches deroulfeur qui viennent
auxmams & au vifage, qui relfemblent à la lentïlUy
foit pour la couleur , foit pour la figure. Lendgo.
■Lentille de pendule , eft un morceau de cuivre rond ,
plat , & épais par le milieu , qui eft attaché au bout
du balancier d'une pendule pour en ralentir ou pré-
cipiter les vibrations, félon qu'on la haulle, ou qu'on
la baille. Foye^ pendule , balancier.
LENTILLEUX , EUSE. adj. Qui eft feméde taches ou
lentilles. Lenûgïnofus. Cette perfonne a le vifage
lemilleux. Ce mot n'eft pas François. On dit couvert
de roulleurs.
Ip-LENTINL Ville. Toyq Leontini,
LENTISQUE. f. m. Arbre qui eft quelquefois grand &c
quelquefois petit , & dont les branches font grollcs ,
pliantes, couvertes d'une écorce cendrée. Ses feuilles
font femblablesà celles du myrte, épailles, rangées
par paires , fur une côte rougeâtte qui n'eft point ter-
minée par une feule feuille ^ toujours vertes , d'une
odeur forte ,_d'un goiît aigrelet &: aftringent; il naît
quelquefois fur ces feuilles des véhcules remplies de
moucherons , de même que fur le térébinthe & fur
l'orme. Ses fleurs font rouges , ou de couleur herbeu-
fe , pâles , tirant lur le purpurin , difpofées en grap-
pes. Ses fruits font de petites baies qui deviennent
noires en mûrillant , d'un goût acide : elles renfer-
ment un petit noyau oblong, dur, noir ^ contenant
une moelle blanche. En Latin knûfcus vulgans. C.
Bauh. Pin 395. Il découle du tronc & des grolks
branches du lencifque , une réfine qu'on appelle majuc.
Le bois de lentifque eft aftringent t^c fortifiant ; il fert
à fiire des curedents. Il y a en Perfe des kmïfques
aulU gros qu'un néflier un peu médiocre j mais bien
diftérens de ceux d'Efpagne ^ parce que ceux qui y
viennent , aulîi-bien qu'en Languedoc , font plutôt
buillons qu'arbres, n'étant compofés que de plufieurs
pieds ou troncs joints enfemble , & ayant la feuille
petite & épailîe; en forte qu'en chaque builTôn trois
ou quatre perlonnes fe peuvent cacher fort aifément;
au lieu que ceux de Perfe n'ont qu'un feul tronc ,
allez gros, avec des branches fi hautes j que c'eft tout
ce qu'un homme de pied peut faire que d'atteindre
aux plus baffes :^ fa feuille eft beaucoup plus large
que celle du néflier , quoique de la même couleur
que le lentifque d'Efpagne , & avec la même faculté
aftiingente & nourriftante. Il a en fon tronc une
certaine gomme , ou plutôt poix réfine femblable
au maftic ; fi ce n'eft pas le maftic même , ou l'encens
de Perfe, dont Strabon parle fi avantageufemcnt,
& avec lequel les Perfes parfumoient des bourfes &
des flacons de cuir , dans lefqucls ils portoient l'eau
en voyageant. Wicquefort , Ambaff. de Figuéroa,
Ce mot vient du Latin lentus , flexible : & l'on a
don"'" "" ■ - ■
LEO 4yg
LENTiSQ.UE.adj. On .appelle miroir /tW/Ty/^e, un miroir
ardent de verre , parce qu'il eft compofé d'une ou de
deux lentilles de verre. C'eft en cet endroit, le labo-
ratoire du Palais Royal, qu'on peut voir les eftcts
merveilleux d'un miroir lentifque de verre d'une gran-
deur extraordinaire. Iîrice. Koyer Miroir
LENTULE , ou LENTULUS. Surnom Romain. Len-
tulus. C'étoit un furnom de la famille Cornclia.
Ce mot vient de lens , lentille. Le premier à qui
il fut donné avoit apparemment auvifageune mar-
que en forme de lentille.
LENTZBURG. Nom d'un bourg ou petite ville de
Suidé. Lenteburgum Lent\burgum. Ce lieu a titre
de Comté , & il eft fitué dans le canton de Berne ,
fur une petite rivière , entre Araw &: Bade. Maty.
LENZO. Nom d'une rivière d'Italie. Lemla , An'uia.
Elle a fa fource au mont Appennin , coule fur les con -
fins duParmelan &du Modénois, ik fe décharge dans
le Pô, à Bcrfello. Maty.
donne ce nom a cette plante, parce que fes branches
lont allez flexibles.
Tome y.
LEO.
LEOBARD, ou LEOBERT. Voycr Libert.
LEOCADIE. Foyei Locaye.
LEOCATE. Voyey;^ Leucate.
LEOCROCOTTE. f. m. Sorte d'animal de l'Ethiopie.
Leocrocotta , Leucrocotta. Pline & Solin parlent de
ce monftie , & l'appellent Leucrocotta. Celui ci j c.
S 2. & celui là, Z. VIII. c. 21. Saumaife, Pinet,
Volîîus, (S'c.prétendent qu'il fautdirc Leocrocotta. Il ny
a que le P. Hardouin qui conferve dans Pline l'an-
cienne leçon , & qui dit que c'eft celle de tous les
Manufcrits. Le Léocrocotte eft un animal fort léger ,
de la grofleur d'un âne fauvage , ayant la croupe de
cerf, l'encolure , la queue & le poitrail de lion , la
tête comme un taiflon. Il a le pied fourchu, & la
gueule fendue jufqu'aux oreilles , ayant au lieu de
dents un os entier qui lui prend toute la mâchoire.
On dit que cet animal naît de l'accouplement d'une
lionne & d'un crocotte, ou d'une hiéne mâle. On
dit que le Léocrocotte parle , & contrefait la parole
de l'hojiime. Pline, I. VllI. c. 21. Foyei Voilius,
de Idolol. L. III. c. fp. &z 63. Tout cela fent bien
la Fable , & l'on peut regarder le Léocrocotte comme
un animal imaginaire.
LEOFROY. Voyei Leufroy.
LEOGANE. Nom d'un bourg de l'île de Saint Do-
mingue , en Amérique. Léogana. Il eft fjar un grand
Golfe , qui entre dans la côte occidentale de l'île.
Nos François fe font établis en ce lieu depuis quel-
ques années.
LEOMAIE. f. f. Nom propre de femme. Vo\e-{ Néo-
maie.
LEON. f. m. Nom d'homme. Léo. Saint Léon , fur-
nommé le Grand, mourut en 461. après vingt-un
ans , un mois & treize jours de Pontificat. L'opinion
commune eft que Saint Léon étoit de Tofcane; quel-
ques-uns croient qu'il étoit Romain , parce qu'il
appelle Rome fa Patrie. Saint Léon Thaumaturge.
Foye^ ce furnom. Onze Papes ont porté le nom de
Léon. Léon troifième fut furnommé ifaurique , 6c
Léon cinquième a eu le furnom d'Arménien.
Ce mot vient des mots Léo en Latin , &c m:^' , en
Grec. Ilidore dit que le mot M,ti veut dire Roi ; mais
il le dit fans preuves : d'autres le dérivent d'un ancien
mot Grec , c'eft a"»^ qui fignifie je vois.
LÉON. Le Royaume de Léon. En Latin , Legionenfe
Regnum. C'eft une Province de la Couronne de Caf-
tille , en Efpagne. Elle eft bornée au nord par les
Afturies; au levant , par la Caftille vieille; au midi ,
par l'Eftramadure d'Efpagne, &c eu couchant, par
le Portugal & par la Galice. On donne à cette Pro-
vince cinquante cinq à loixante lieues du nord au fud ,
& quarante du levant au couchant. Le Douro la rra-
verfe , lie la divile en deux parties prefque égales.
Celle qui eft au midi porte le nom de Léon de çà le
Douro , &: la {eptcr.trionalede Léon de là le Douro.
Le pays de Ixon eft montagneux , fec & peu fe;ale.
OO0
474 LEO
Ses villes principales font Léoji capitale , Aftofga ,
Palc.incia , Toro , Zamora , Salamanque, (ïcCiudad
EodiigOj qui font toutes Epikopales. Il y a encoïc
Simancat & Mcdinadel Canipo. Le Royaume de Léon
avoit autrefois beaucoup plus d'étendue qu'aiijour
d'hui. Il renfennoit , outre le Léon propre, la Galice ,
les AftuneSj la Caflille vieille & 1 Eihamadure de
Léon, lout cela fut uni au Royaume de CaitiUe , l'an
1130. Maty.
LÉON. Ville d'Efpagne, capitale du Royaume à<cLéoni
& lîtuce au pied des montagnes des Alfuries , à la
fource de la rivière dEzla,à vingt-cinq lieues de
Valladolid , vers le fcptentrion occidental. Legio ,
anciennement ie^'/o Germanica. Léon eft une grande
ville j mais mal peuplée. Elle a un Évêchéluitragant
de Compoftelle , -& une Eglife qui palle pour la
plus belle d'Eipagne. Maty. C'eft Pelage , Prince
de^ Rois Goths d'Efpagne , qui , après une grande
vicloire remportée fur les Maures , leur enleva la
ville de Léon en 721. &: y établit le liége d'un nou-
veau Royaume.
Ce mot s'eft formé du Latin Legio , Légion ; Leio ,
Léon. Et le nom de Legio fut donné à cette ville j
parce qu'elle tut peuplée par la Légion Germanique,
qui y ftit établie.
Î.ÉON. Legio. Ville de France fur la côte Septentrio-
nale de Bretagne, capitale du pays appelé Léonois.
LÉON DE GUANUCO. royq GuANuco.
LÉON DE NICARAGUA. Nom d une ville de l'Au-
dience de Guatimala , dans la nouvelle Eipagne. Legio
Nicaraguenjis. Elle eft capitale de la I^rovince de Ni-
caragua , &c fituée (ur un grand Lac de même nom ,
environ à vingt cinq lieues de la ville de Grenade ^
& à quinze de celle de Réaléjo, & de la mer du
Sud. Cette ville eft une des mieux bâties de fon Au-
dience , elle a un Evêché fuftragant de Mexique. On
voit près de Léon , du côté du nord j un Volcan , qui
ne vomit plus de ilaiiimes , mais qui poulie encore
au-delwrs de la fumée. Un Religieux de la Mercy j
ayant cru que la matière qui avoit fait brûler cette
montagne étoit de l'or , fit defcendre un chaudron de
fer , attaché a une prolle chaîne de même matière ,
par l'ouverture de cette montagne : il elpéroit puifer
de l'or dans cet abyme > comme on puifc de l'eau dans
un puits , mais la force du feu fondit Ion chaudron &
une partie de la chaîne , & rendit inutile la dépenfe
& fon travail.
LÉON , Lac. T^oye\ Nicaragua , Lac.
LÉON , &c LÉoNDOUE. /^ojeç Saint Pol de Léon.
Lemovices Armorici. Valois, Not. Gall.p 26 ç.
LÉONARD, f. m. Nom propre d'homme. Leonardus.
Saim Léonard , que le petit peuple appelle Saint
Liénan , vint au monde vers le temps de la converdon
Ats François à la loi ■■, & l'on dit , qu'il eut le Roi
Clovis pour parrain j &: Saint Remy de Rheims pour
maître dans la Religion. Baillet , au fixiéme Novem-
bre. Saint Léonard vécut Solitau'e en Limoulin. En
reconnoilTance de laguérilon miraculcule d'une Pi in
celle , que l'on croit ctrc la temme de Théodébert
Roi d'Auftrafie , le Roi lui donna la terre où il s'étoit
retiré. Léonard y bâtit un Monaftère qu'il appela ,
dit-on j Nobiliac , en mémoire de la libéralité du Prin
ce, &: que l'on a depuis appelé Noailles. Il a changé
de nom depuis, & s'appelle aujourd'hui Saint Léo-
nard le Noblac. C'eft une petite ville lur la Vienne ,
dans la Marche Limoufine , à cinq petites lieues
de Limoges. Il ne faut jamais prononcer le d dans
ce mot : Léona-r eft venu , Se non pas Léonar-d eft
venu.
Saint Léonard le Noblac. Bourg , ou petite ville de
France. Nolniiaciim. Ce lieu eft dans la Marche ,
fui h Vienne, à trois ou quatre lieues au delfus de
Limoges. Maty. Valois j Noc. Gall. p. -7/7.
Saint Léonard. Bourg du Cercle d'Autriche. Fanum
Sancli Léonardi. Il eft dans la Carinthie , fur la ri
vière de Gurck, à trois lieues au deft'us de la petite
ville de ce nom.
Saint Léonard , ou San-Léonardo. Nom d'une
rivière. F luvius Sancli Leonardi. Cette rivicie coule
LEO
dans la vallée de Note , en Sicile. Elle baigne la ville
de Léontini , traverle le Lac de même nom, & fe dé-
charge dans le GoUe de Catane.
Léonard. Nom de peuple. On appelle en Bretagne
Léonards , ceux qui font du Diocele de Saint Pol de
Léon.
LÉONARDE, f. f. Nom de femme. Le nom deleb-
nard a été formé duLatinii;'o«û;i/z/.f ^ & celui de Léo-
narde a été tait du nom de Léonard , comme Picarde
de Picard.
LÉONCE, f. m. Nom d'homme. Quelques-uns de
ceux à qui nous le donnons en François , font ap-
pelés en Latin Leontius , & d'autres i.eguntius. En
la Province de 1 rêves , Saint LÊ0/2ce Évcque , Legun-
tius , Legoncius , Liconcius. Chastllain , au dix-
huitième Février , p. 6S I. Le Martyrologe de Sainte
Gudule de Bruxelles J marque en c jour dix huitième
Février Saint Léonce Évêque de Mets; ce qui marque
aulîi celui de Mets , à ce que dit Mturiliè j Évcque
de Madaure , en Ion Hiftoire des tvequcs de Mets.
Celui de Trêves marquele jour fuivant , Saint Léonce,
Évêque de Trêves , dont le nom Latin eft aulli Le-
guntius , & en un Mar.ufcrit moins ancien, Liconcius.
Les Modernes les diftinguent , les croyant diftérens.
Du Sauftay fait plus ; car outre celui de Trêves ,
il en met quatre autres à Mets , dont il en marque
deux ce jour-ci ; l'un au corps de fon ouvrage , l'au-
tre au (upplémcnt , en changeant une lettre du nom,
pour les taire croire diftérens , ou les croyant ditié-
rens lui-même : au corps, Legontius ; au lupplêment,
Leguntius , comme l'ayant oublié au corps. Chaste-
lain, Lbid. p. 6S6.
LÉONDALE. 1. f Monnoie qui a cours dans plufieurs
endroits des Etats du Grand Seigneur. Ces elpèces
prennent leur nom d un lion qui Icrt d'empreinte à
un des côtés de la pièce. La Léondale vaut quarante
afprcs.
LÉONDARI , & LARISSE. Petite ville de la Morêe.
Leonda J LariJJa. Elle eft dans la Zaconie , aux con-
fins du Duché deClarence, à la lource de la rivière
de Rilo , & à quatre lieues de Dimizana, vers le
nord. Maty.
LÉONDARIO , ou LÉONTARI. C'étoit ancienne-
ment la principale ville de l'Arcadie , Province du
Péloponnèle. Leondaria , anciennement Megalopo-
lis , C/inJïianopolis. L\[c tut Epitcopale, & enluite
Archiépilcopale. Ce n'eft aujourd hui qu'un village
de la Zaconie en Morêe j litué près de l'Alphée^ à
treize lieues de Lacédémone , vers le nord occiden-
tal. Maty.
SAN- LEONE, ou SAINT^ LÉON. Fanum Sancli
Leonii. C'eft un lieu où étoit anciennement la ville
de Leonia , ou Leonium , qui étoit Epitcopale , &
tuftraganre de S. Sêvêrina. Ce lieu eft dans la Cala-
bre ultérieure, entre S. Sévérina & Cotrone.
LÉONES , Porto de /os Léones ■■, c'eft à dire : le Port
des Lions. Portas Leonum. Ce port eft fur la côte
orientale du Magellan , en l'Amérique Méridiona-
le , a 1 embouchure de la rivière de Délaguadéro.
Maty.
LÉONESSA. Nom d'un bourg du Royaume de Naples.
LeoniJJa. Il eft dans l'Abrufte ultérieure j aux confins
du Duché de Spolète , & à deux lieues de Citta Du-
cale J vers le nord. Maty.
LÉONESSES. adj. f. On appelle à Rayonne Ségovies
léonejj'es , les plus belles laines dEtpagne qui le tirent
du Royaume de Léon.
LÉONIDAS. f. m. Leonidas. Nom d"un Roi de Lacé-
démone quêtes peuples mirent au nombre des dieux,
ainli que le rapporte Strabon , L. VllL.
LÉONIDÉES. f t. Fêtes inftituées en l'honneur de
Leonidas , Roi de Lacédémone , qui fe fit tuer avec
toute la troupe , en détendant vaillamment le p.allage
des 1 ermopyles.
ffCTLEONIFERE.f. m. Porte-lion. Celui qui portoit
une bannière où un lion étoit dépeii't.
I.ÉONIMETE. f. f. Sorte de Poëfie ancienne , dont
les vers riment au milieu, ainli qu'a la fin. On a dit
auUi Léonine 6z Léûnifme. Palquier croit qu'on a dit.
LEO
yers Léonins , d'un Léoninus , ou Lconius. royei^
■ ci apros Léonin.
LÉONIN , INE. adj. m._ Se f.^ Qui vient du lion. Lco^
ninus. On appclleunc ibcictc léonine, celle où le plus
fort tire tout l'avantage de Ion côté. Il n'a i;ucre il'u
(agc qu'en cette phrafc , qui cft une cfpcce de pro-
verbe.
Vers Léonins , font des vers Latins rimes , tant à
rhémiftichc , qu'à la fin des vers , comme lont plu
(leurs Hymnes , Proies & Poches anciennes. Par
exemple , Muret , dit en parlant des Poëlies de Lo-
renzo Gambara de la ville de Brellc ;
Brixia , vcftraûs merdofa volumina vans ,
Non /une nojiratcs tergere digna naies.
Eu voici d'autres exemples;
Hune Dominus dita.t , qui fedulus otla v/tat.
Celui qui fuit eft de l'Ecole de Salernc , dont tous
les axiomes iont à peu près rédigés ious la même
forme.
Ut vues ^œnam , de poùbus incïpe ccEnam.
On trouve dans Scaliger cette Epitaphe ;
Hic jacet faf/Tzundus telluris inutile ponàxxs ,
Dilexit ral/icm , non habeat requiem,
L'Origine de ce mot eft i'\ obfcurej que le Préfi-
dent Faucher , le plus Livant en Antiquités Françoi-
fes , avoue qu^il n'en a pu rien découvrir de certain.
Il l'appelle quelquefois léonine j tirant Ion origine du
V^pc Léon; tk après il dit que la nme léo/iine n'eil
autre chofe que la rime riche , qui doit être com-
prile dans deux fyllabes avec même orthographe ,
accentuation & prononciation. Il dit auili qu'on op-
pofoit quelquefois la rime croitée à la rime /eo/2i/2e ,
qu'il appeloic7ï/72e plate , ou d'une lijlcre , quand il y
avoir plulîeurs vers de iuite d'une même tcrminailon.
Il oppole aullî quelquefois la rime confonnante , qui
fe hit à la fin du vers , à la rime léonine , qui f e
failoit au milieu. D'autres croient ciueces vers furent
nommés léonins , du nom du lion , comme étant des
vers plus hautains que les autres. Mais Palquier eft
d'avis que ce mot vient d'un nommé Léoninus , ou
Lconius , qui fit plulîeurs de ces vers Latins rimésj
& même un Monorime qu'il dédia au Pape Alexan-
dre III. C'étoit un Religieux de Saint Vidlor qui flo-
rilloitcnran 1 1 54. Ious Louis VII. Campanella dit
.. que les vers léonins nous viennent des Sarralms.
L'Ecole de Salcrne, Rhafis, Ceftrenfis, Merlin, &
autres , ont fait des vers en rime léonine. Aujour-
d'hui les vers léonins font bannis de la Poche La-
tine.
LEONISTE. f. m. & f. Nom de fcfte. Leonijla. On
adonné autrefois ce nom, lur-tout en Allemagne,
à ceux que l'on appela en France , Pauvres de Lyon ,
& en général aux Vaudois. Le nom de Léonijle fe
trouve dans lesconftitutions de l'Empereur Frédéric
au C. k^retic.On les appela Léonijles , du nom de la
ville de Lyon , parce que la ville de Lyon le nommoit
alois Leona 0En Latin. Bossuet. Mais cette ville s'ap-
peloit alors en Latin Lugdunum , comme elle s'eft
toujours appelée dans l'Antiquité , & comme elle
s'appelle encore aujourd'hui , Se non Leona ; c'eft ce
qui paroît par les Ecrivains &: les Conciles de ce
temps-là, c'eft-à dire, delà fin du douzième ficelé _,
■ & du commencement du treizième . La ville de France
que l'on a appelée Leona , eft Saint Pol de Léon en
Bretagne. Le mot Lionijle , ou Léonifle , vient donc
du François Lyon , & non point du Latin Leona.
Si quelque Auteur ignorant &: barbare a dit Leona ,
pour Lugdunum, comme ce n'étoit point l'ordinai-
K y ce ne peut être de ce mot que s'eft tormé celui de
Léonijle.
Tome V.
LEO 475
LÉONNOIS, OISE. f. m. c^ f. Habitant de Saint Pol
de Léon , & de Ion Territoire. Lconenjls. Les Léon-
nois lortirent en armes , & pillèrent tout le pays
de Cornouailles. Du Movun , Hijl. de Morm. L.
XIL 6. /.
LÉONOIS, OISE. f. m. & f. Habitant du Royaume
de Léon j en Efpagne. Les Seigneurs Léonais dans
la crainte que leur Royaume ne devint Province d'un
autre , vouloient que l'Inhintc fût mariée dans leur
pays. P. d'Orléans. Le relus qu'on fit au Roi de
Navarre de l'Infante pour fon hls , fut la raifon fe-
crcttc qui l'arma contre les Léonais. Id.
LÉONOR , ou LÉONORE.f. m. Nom d'homme. Leo-
norius. Saint Léonore étoit Evêciuc Rcgionnaire en
Bretagne , dans le fixième hècle. Deux ou trois Prin-
ces de Longueville ont porté le nom de Léonore.
LÉONORE. l. f. Leonora. Nom de femme. Léonore ,
Duchelle de Guienne, accompagna fon mari en la
guerre Sainte. Brantôme. Il y a des Auteurs qui"
écrivent Léonor , Elconor , fans mettre d'e à la fin
du mot.
ÇCFLEONTESERE.f. f. Nom donné par les Anciens
à une elpèce d'Agate , vantée pour fa beauté , &i
pour la propriété imaginaire qu'ils lui attribuoienc
d'adoucir les bêtes féroces, C'cft au refte une des plus
variées déroutes les agates des Indes orientales, &
l'une des plus rares. Son fond eft jaune , marqueté
ou veiné d'im rouge de Hamme , de blanc, de noir&
de vert. Encyc.
LÉONTIASIS. L m. Lcontiajls. Nom qu'on donne à la
goutte des Arabes.
LÉONTINI, LENTINL Ville delà vallée de Noto ,
en Sicile. Leontini. Elle étoit conhdcrable ; mais elle
a été extrêmement endommagée par un furieux trem-
blement de terre , l'an 1693. Elle eft à deux lieues
du Golte de Caténia, iur la rivière de Leontini, ap-
pelée anciennement Lijjhn , & fort près du Lac de
Leontini, qui eft Y Hcrculeus latus des Anciens. Maty.
Il y a dans pluheurs cabinets d'Antiquaires, de fort
belles médailles d'argent des Anciens Léontins ,
avec dilférens types : entre autres une tête de Lion ,
& quatre grains d'orge Iur les bords de la médaille;
la tète du Lion fait alluhon au nom de cette ville , Se
les grains d'orge marquent la fertihté du pays. L'inf
cription eft AEoNTiNi2N & quelquefois avec une L.
Latine, ou plutôt une ancienne L. Hébraïque Se Phé.
nicicnne , telle que les Grecs la reçurent de Cadmus j
AEONTlNi2N.
LÉONTINS. f. m. pi. Ancien peuple de Sicile qui
habitoit la ville de Leontium. La même ville lubhfte
encore fous le nom de Lentini.
fj^'LEONTION. f. m. Leontodora , ou Leonina. Nom
donné par les Anciens à une cipèce d'Agate qui étoic
de la couleur d'une peau de Lion.
LÉONTIQUES. f. m. ou f Nom d'une fête , ou facri-
fices de l'Antiquité Payenne. Leontica. C'étoient des
ftcrifices qui fe faifoient à l'honneut du Soleil , &
qu'on appeloit autrement Mithriaques , parce que
le Soleil fe nommoit Mith.ra chez les Perfes. On
leur avoir donné le nom de Léontiques , Se les Prê-
tres qui les faitoient étoient appelés Lions, parce
que l'on repréfentoit le Soleil fous la figure d'une
tète de Lion rayonnée , portant une tiare , & tenant
de fes deux mains les cornes d'un taureau , qui ta-
choit en vain de fe débarrafter. Il y a dans Gruter ,
p. MLXXXVLI. deux infcriptions , dans l'une def-
quelles il eft dit , que Nonius Vièlor Se Aurélius
Viftor , donnèrent des Léontiques fous le Confulat
de Dacien & de Céréalis , le 1 6 avant les Calendes
d'Avril, c'eft à dire le 17 de Mars; & dans l'autre,
qu'ils les donnèrent encore fous le Confulat d'Eu-
fébe Se d'Hypatius , c'eft à-dire , l'année luivante ,
le quatrième avant les Ides de Mars , qui eft le dou-
zième du même mois : or du 17 de Mars au 12
du même mois de l'année fuivante, il y a 360. jours,
qui font , félon la fupputation des Grecs , une an-
née Lunaire. De là le Cardinal Noris , dans fes Epo-
ques Syro' Macédoniennes , Diffcrtat. l. de Anna
Macédonum , conclut que les Léontiques étoient une
Ooo ij
47^
LEO
fcte annuelle-, mais qui fe faifoic après la icvoltition
■de l'année Lunaire , & non pas d,- l'année Solaire ;
car quoique l'année Lunaire ne (oit que de 3 54 jours ,
8 heures, 48 minutes & jS fécondes , cependant ,
dit il , dans l'ulage civil & populaire, les Grecs lui
donnoient 360 jours; ce qu'il prouve par Saint Au-
guftin, L. V. de civet. Dei,C. 1 2.&C L.IF. du Trinït.
C. 4. J'ai pourtant fur cela une diiticulté qui mérite
d'être ici propofée. Car dans le même Gruterj p.
ceci II. n. I. une infcription porte , que foivs le
XP Confulat de l'Empereur Conftantius, & le W
de Julien , qui fut l'année qui précéda celui de Da-
cicn & de Céréale , ces mêmes Nonius Vidor tk Au-
rélius Vitlor, donnèrent des Lcondques \c C[\i3xùhn.e
jour devant les Ides d'Août, c'eft à-dire, le dixième
d'Août : or, du 10 au 17 de Mars de l'année iuivante
qu'ils en donnèrent auilî, comme l'infcription citée
par le Cardinal Noris le montre, il n'y a que 220
jours au plu^i, qui certainement ne font point une
année lunaire, il y a 140 jours à dire. Les Leontiques
ne le faifoient donc pas au bout de la révolution d'une
année lunaire, /^oye^ encore MiTnRiAQ,UES.
LÉONTOPÉTALON. f. m. Plante qui a été ainfi ap-
pelée , parce que fa feuille a quelque reflemblance en
figure avec le pié du Lion. Leontopt: talon. Cette
plante eft appelée Navet noir dans le Didionnaire de
J.\MES.
^CFSa Heur efl en rofe, & devient une petite goulfe où
l'on trouve deux ou trois grains comme dés pois.
Elle croît aux pays chauds j en Italie & en Candie.
Sa racine ell d'un goût amer. On l'emploie contre la
niorlure des- Icorpions & des ferpens , dans la goutte
Iciatique & dans quelques autres maladies.
Ce mot vient du Grec ^i*, , Lion, Se de iz'nuxo; ,
feuille. On l'appelle aullî pié , ou pâte de Lion.
Voyez Pié de Lion.
LÉONTOPODIUM. f. m. Plante qu'on appelle autre-
ment Alchimille , ou pie' de Lion.
Ce mot vient du Grec >,i'o» , Lion, de de ^«, pié.
Cette plante a été ainli nommée , parce que la figure
de la feuille approche de celle du pié de Lion, f^oyei
Alchimille.
f:?LÉONURUS. f. m. Arbrilfeau qui porte des feuil-
les longues, étroites & des fleurs rouges, en forme
de guirlandes. Son calice Contient plulieurs fe-
menccs. Son cafque eft découpé Se plus long que la
barbe. Il vient de marcottes & de boutures. Il craint
\q froid , 6v il faut l'en garantir pendant l'hiver.
LÉOPARD, f. m. Animal cruel & féroce , qui a la peau
tachetée , tavelée , marquetée , les yeux petits &
blancs, le devant de la tête long, l'ouverture de la
gueule grande, les dents aiguës, les oreilles rondes,
le cou & le dos longs, une grande queue Se cinq
griftes fort aiguës aux pies de devant, & quatre a
ceux de deniérc. On croît que le lecy^r^ eft engen-
dré d'un Lion Se d'une Panthère. On dit auflî que la
femelle du Léopard s'AppeUe Panthère, Se plulieurs
l'appellent Luherne. Pardalis , Panthera. On dit
aulîi qu'il eft engendré d'une Lionne & du mâle de
la Panthère. Claudicn l'exprime dans ce vers :
Kl maculis patrem référant , £■ rohore matrem.
Les meilleurs Naturaliftes regardent le léopard
-comme un animal différent de la panthère. Le pre-
mier Auteur où fe trouve le nom de léopard , eft
Spartien dans la vie de Géta. Ainfi , quoique le nom
de léopard n'ait été invente que plus de trois fiécles
après JÉsus-Christ , ceux qui ont vécu avant ce
rems là , n'ont pas laillé de parler de femblables ani-
, -maux fous le nom de pardi. Le Cl. Jonfton dit que
le léopard hait mortellement l'homme , jufques là ,
que s'il en voir feulement une peinture, il le jette
deflus Se le met en pièces. Mais Marmol dit au con-
traire que les léopards ne font point de mal aux honi-
'^^^''.' ^'.'5^ hommes ne leur en font, & qu'ils font
particulièrement ennemis des chiens Se des adives
qu'ils dévorent. Dans léopard, le d ne fe doit jamais
jironoucer, pas même devant une voyelle. Bochart
L E P
croit que la lettre de Saint Ignace aux Romains, eft
iuppulée. Se qu'elle n'a été faite qu'au quatrième fiè-
cle , parce que le mot de léopard y eft. Mais Péarfon
Se VoJlîus reconnoillcnt cette Epitre pour véritable.
Le léopard, en termes de Blafon , tourne toujours
la tête de front , enforte qu'il montre les deux yeux
Se les deux oreilles, & on le nomme marchant ou
pajfant ; au lieu que le lion a la tête en profil, & ne
montre qu'un œil Se une oreille , & eft toujours ram-
pant , ravijfant Se debout. Lorfque le léopard eft dé-
peint rampant , on le blalonne léopard lionne ; 8c
quand le lion eft paifant , on l'appelle lion léopardé.
L'Angleterre eft fouvent dilignée dans les Poclîes,
par les léopards de les armoiries. Le Royaume des
léopards , l'Angleterre. Ceux qui veulent que les ar-
mes d'Angleterre ioient trois léopards , difent que
Guillaume le Conquérant, qui en chargea (on écu,
voulut marquer par la variéié des taches de ces ani-
maux, l'humeur inconftantc de la Nation.
LEOPARDE. adj. Terme de Blalon, qui le dit du lion
p-xftant. Se qui fignifie cette attitude, cette (ituation
de cet animal. Gradiens , incedens. Voyez Léopard,
LEOPOLD. f. m. Nom d'homme. Leopoldus. Léo-
pold IV j Marquis d'Autriche , qui vivoit au XII'
fiècle , eft compté entre les Saints & honoré comme
tel le quinzième de Novembre-, il fut canonilé par
Innocent VIII en 14SJ , environ 3 fo ans après fa
niorr. L'Empereur Zecyo/i/, fils de Ferdinand III &
de Marie d'Autriche, fœur de Philippe IV, Roi d'Ef-
pagne , naquit en 1 640 , & fut élu Roi de Bohème en
i<jj4, de Hongrie en 1655, & couronné Empereur
en 1658.
LÉOPOLD. Foyeç Lemberg.
LÉopoLD. 1. m. Nom d'une monnoie de Lorraine que
le Duc Léopold fit battre. Leopoldus. Il y a des léo-
poids d'or & des léopolds d'argent. L'Edit du mois de
Mai 171S , ordonne de recevoir les léopolds À'ot
dans les Monnoies , (ur le pié de 840 livres le marc ,
comme les guinées d'Angleterre , les milleraics de
Portugal & nos louis d'or; Se les léopolds d'argent,
fur le pié de ^6 livres.
LEOPOLSTADT. Leopoljladium. Ville forte de la
Haute-Hongrie , bâtie pal l'Empereur Léopold en
i66j.
LEOS. f. m. Un des Héros Eponymes de la Grèce. Il
acquit ce titre , dit Paufanias , pour avoir dévoué {t%
filles à la mort pour le falut de l'Etat, par le confeil
de l'Oracle.
Ce mot vient de h'.ut , que les Attiques difoient au
lieu de Pixiif , peuple.
LEOTERIC. Foyei Leuteric.
LEOVIGILDE. royei Leuvigilde.
LEOYANE. Nom d'un port de l'île de Saint Domin-
gue, à fept lieues du petit Goave. Leoyanus portas.
Ce port eft fort fréquenté des vailfeaux François.
L E P.
LEP. f. m. Vieux mot. Lièvre mâle. On a dit auflî llépt
Se liepvre , de lepus.
LÉPANTE. Nom d'une ville de la Grèce. Naupaclus.
Elle eft capitale de la Livadie , Se lituée fur le golfe de
Lépante , à fept lieues dePatras, vers le leptentrion
oriental. Cette ville eft une place forte ; elle eft
conftruite lur le penchant d'une montagne faite en
pain de (ucre , qui eft au rivage du gc^te. La ville eft
divifée en quatre parties , par autant d'enceintes de
murailles , Se dominée par une citadelle qui eft au
haut de la montagne. Lépante a un Archevêché, un
port où il ne peut entrer que de petits bàtimens; de :
bonnes manufaélures de maroquins du Levant Se de
bons vins. M AT y. La bataille de Lepante eft une ba*
taille navale que Don Juan d'Autriclie , Général de
la Flotte Chrétienne , gagna près de Lepante fur celle
des Turcs , l'an 1571 , (ous le Pontificat de S. Pic
Pape, V° du nom. Lépante fut cédée aux Vénitiens
par Emmanuel, Empereur de Conftantinople, l'an
1408. Bajazet II la prit l'an 1498, avec une armée
de cent cinquante mille hommes. Les Vénitiens l'oirt
L E P
rcprîfe l'an 1687^ & la rendirent par la dernicre
paix de Cailowitz. Lcpanu ell l'ancienne Naupactos.
Les Grecs rappellent encore lipactos. Les Turcs la
nomment Einebachri. ^oyc^ iur cette ville le Voya-
ge de Grccc de M. Spon, Parc. II , p. 2 S & fuïv.
Voyez aulli Du Loir, L. X. p. S4j.
Le golfe de lépanu -, ou de Corinthe, Corimhia-
tus , &c Naupaclïnus Jlnus. Ce golfe, qui prend au-
jourd'hui (on nom de la ville de Icpantc , comme il
Je prenoit autrefois de celle de Corinthe j ell une
partie de la mer Ionienne. Il s'étend depuis les bou
ches de \Lcpantc qui le féparent du gclfe de Patras ,
jufqu'à l'ilHime de Corinthe , ayant la Livadie au
nord , & la Moréc au midi. Ce golfe forme deux
grandes baies vers le nord. On appelle celle qui cil
au couchant des deux , la baie de Salone ou de Crillà ,
& l'autre la baie d'Afpropiti. Il en forme deux autres
plus conlidcrables vers l'illhme de Corinthe. La baie
de Corinthe ell vers la ville de ce nom , & l'endroit
le plus étroit de l'illhme. La baie de Livadollro s'a-
vance à l'orient kptcntrional , vers la ville de Mé
gare. La montagne Palcovouni , anciennement Ge-
ranij. , fépare ces deux baies par un cfpace de quatre
lieues, à l'endroit le plus oriental , & elle poulie un
grand cap dans le gblfe de Lépante , qui s'éloigne de
cinq lieues du golle d'Egine. Voye:[ 'Whéler dans (a
Carte de rancienne & de la nouvelle Acha'ie. Maty.
Les bouches , ou le détroit de Lépante ; en Latin
Fretum Naupacllnum , anciennement iJi^/ra^ ou Ca-
lydonium. Détroit de la mer Ionienne. Il lépare le
golfe de Patras de celui de Lépante , dont il ell l'en
crée. Il ell formé de deux Caps ; celui de Rio , qui
efl en Morée , !k. celui d'Antirio , qui ell en Livadie.
Il y a lur chacun de ces caps pour la garde du détroit
un château , dont l'un porte le nom de château de
Alorée , l'autre le château de Romélie. On les ap
pelle tous deux enfemble les Dardanelles de Lépan
te. Idem.
LEPAS. f. m. Coquillage ainfi appelé en Grec , com-
me Il l'on diloit , [quama faxorum -, l'écaillc des ro
chers , parce qu'il cil coujours adhérent aux rochers
eu à t^uelque autre corps dur , & cette adhérence
lui lert de (econde coquille , pour le prélerver des
injures du temps: ce qui a fait qu'Aldrovandus &;
Eondelet ont mis mal-à-propos le lépas parmi les
bivalves : il n'ont été en cela fuivis d'.iucun Auteur.
C'ell un Univalve. On appelle ce coquillage en
f rançois , Patelle , ou (Eil de bouc , lelon Tour-
nefort. En Provence on l'appelle Arapéde ; en Nor
mandie , Berdin ou Berlin; Jampe en Poitou &
dans le pays d'Aunis; en d'autres endroits Bernicle :
on peut fort bien lui conlerver fon nom Grec de
lépas. La coquille de la Patelle ell un peu plate ,
quoique élevée en cône dans Ion milieu. Des lépas
vivement tachetés.
LEPE. Lepa j Lepa magna. C'étoit autrefois une ville
de l'Efpagne Bétique. Ce n'efl: maintenant qu'un
bourg de l'Andaloulie , fitué à une lieue & demie du
•golfe de Cadiz , entre l'embouchure de la Guadia-
ne , & celle de l'Odicr. Maty.
LEPIDE , ou LEPIDUS. f. m. LEPIDA. f. f. Sur-
nom de la lamille /Emilia , l'une des plus nobles
de l'ancienne Rome. M. ^tmilius Lépidus fut un des
Triumvirs , après la mort de Jules Céfar. Rome le-
romba entre les mains de Marc Antoine , de Lépide,
Ôc du jeune Céfar Oélavien , petit-neveu de Jules
Céfar , & fon fils par adoption , trois infup-
portables Tyrans , dont le Triumvirat Se les prof
criptions font encore horreur en les lifant. Bos-
SOET. Antoine &: Céfar , après avoir ruiné Lépide ,
le tournent l'un contre i'aut»e- Id. Augufte un peu
devant fa mort , parlant de ceux qui pouvoient
piccendre à l'Empire , dit que Lépidus avoit le mé
rite , & non pas le courage \ qu'Afinius avoit le
courage fans mérite , mais qu'Arruntius avoit l'un
& l'autre. Quelques uns , au lieu d'Arruntius ,
nomment^ Pifon ; mais tous enfemble , hormis Lé
pidus , périrent depuis par les artifices de Tibère.
D'Ablancourt.
L E P 477
Pour les femmes, il faut dire Lé/ida. Lépida ,
qui étoit mariée à Callius , fut acculC-c d'inccllc &
de fortilége. D'Ablanc. Callius & Silanus furent
bannis par arrêt , & Lépida remife à la difpolition
de l'Empereur. Id.
LÉPIDE. Ville d'Afrique dans la Province de Tri-
poli au Royaume de Tunis.
LEPIDIUM. f. m. Plante qu'on appelle .lutremcnt
pafftrage.
Ce mot vient du Grec xiiiit , qui fignifîe des
taches de roullèur qui viennent au vifagc , & que le
lépidium commun emporte , à ce que l'on croit.
Voyc^ Passerage.
LEPIDOIDE. f. f. Terme d'Anatomie. C'ell le nom
qu'on donne à la luture écailleule du crâne.
Hairis.
Ce mot cil Grec , compofé de aî^is , écaille , &
de itiit , forme , parce qu'elle ell en forme d'écaillés.
Al. Harris l'appelle aulli Lépidoide. En effet , on a
dit aulii Mzii , écaille , pour />«,!, comme l'a re-
marqué le Scholialle d'Ariltophane , fur la Comédie
intitulée , les Guefpes , v. yS6 , où ce Pocte a
dit Mnlêii , au lieu de MTriis.
LEPIDOSARCOME. f. m. Lepidofarcoma. Nom que
Marcus Aurélianus Sévérinus donne à une tumeur
lingulicre ou à une efpèce de farcome formé dans
la bouche , &: couvert d'écaillés irrégulicres. De
A£!T<î , écaille, & sifi, , chair.
LÉPIDUS. Voyei Lépide.
LEPORIE. f. (. Nom que l'on donne aux trois Provin-
ces delà Laponie Mofcovite. Voye^ Laponie Mos-
covite.
LEPRAS. f. m. Poilfon de mer , dont parle Jonfton.
H ell long d'environ un pied , couvert d'écaillés lar-
ges ;parfemé de taches. Son muleau ell petit, les
dents font blanches & aigucs , fa langue ell blan-
che , les yeux font ronds & petits. Il efl excellent
à manger , Se ell apéritif. On le nomme aulli P/o-
rus. Lepras & Pforus viennent des mors Latins Le-
pra & Pfora, qui fignifient Lèpre es: gale, parce
que les taches de ce poillon ont quelque reilem-
blance avec la lèpre & la gale.
LÈPRE, f. f. Maladie contagieufe , qu'on appelle autre-
ment/i7û'rene,dont les Juifs & les Orientaux ont été fort
affligés autrefois. Xe/^ra. Galien la définit une eftulioii
de fang , trouble & grollier , qui corrompt toute
l'habitude du corps. Aviccnne l'appelle une mala-
die univerfelle , ou chancre univerkl. Les Grecs
l'appellent in^xttixei; , parce que les malades ont
leur peau âpre j ridée èc inégale , comme les Elé-
phans. La lèpre commence au dedans long - temps
auparavant que de paroître au dehors. Elle étoic
encore fort commune en Europe dans les X"^ &" XI^
lîècles:mais elle ell maintenant prefque tout à-fait
éteinte. Naaman fut couve it de /è/;re. Bien des gens
croient que la lèpre n'ell autre chofe que la mala-
die vénérienne : Pitéarn j fameux Médecin Ecof-
fois , efl: de ce lentiment. Les lapins &c les chiens
font fujets à ce mal. Dans le Nordj les remèdes
doivent être plus violens que dans le Midi.
Ce mot vient du Latin lepra , qui a été forme
du Grec mtii? , écaille , parce que Ja lèpre forme
des cfpèces d'écaillés fur la peau.
On avoit autrefois bien de la peine à connoître
la lèpre , dont voici les fignes. Elle rend la voix
enrouée , comme celle d'un chien qui a long-temps
aboyé, & cette voix fort par le nez plutôt que par
la bouche. Le pouls du malade efl petit Se pefant,
lent & engagé. Son fang ell plein de petits corps
blancs & luifans , femblables à des grains de mil-
let qui s'en féparent , Se demeurent fur le blan-
chet , après qu'il a été lavé & filtré. Il n'a qu'une
férofité fcabieufe , Se dépouillée de fon humidité
naturelle : deforte que le Ici qu'on y met , ne fe
peut dillbudre. Il ell ii fcc que le vinaigre qu'on y
verfe bouillonne : Se efl fi fortement lié par des
filets imperceptibles , que le plomb calciné qu'on
y jette , y fumage facilement. Son urine efl crue ,
ténue J cendrée & trouble. Son fédiment, comme
47B L E P
de la farine mêlée de fon. Son vifage rclTcmbîe à un
ch;\ibun demi éteint , onclueax , luil.mt & cnHc ,
ilenié de boutons fort durs , dont la baie cil verte ,
& la pointe blanclie : & en général , il donne de
riiorreur. Ses poils font courts, héiùllés & délies j
Se on ne les peut arracher qu'avec un peu de la chair
pourrie qui les a nourris. S ils renaillent à la tête ou
au menton , ils lont toujours blonds. Son front
forme divers plis , qui s'étendent d'une temple à
Tautre. Ses yeux font rouges & enHammés, tk éclai-
xent comme ceux d'un chat. Us s'avancent en de-
hors , mais il ne peuvent fe mouvoir à droite Se à
gauche. Ses oreilles font enBées & rouges , man-
gées d'ulcères vers la bafe , & environnées de pe-
tites glandes. Son nez s'enfonce , à caufc que le
cartilage fe pourrit. Ses narines font ouvertes , &
■les conduits ferres j avec quelques ulcères au tond.
Sa langue ell féche &: nou'e , enilée , ulcérée &
racourcie , coupée de lillons , & lemée de grains
blancs. Toute fa peau ell: couverte ou d'ulcères qui
s'amortiirent 6c reverdillent les uns lur les autres j
ou de taches blanches , ou d'écaillés comme le
poiHon. Elle cil: inégale , rude ik infenlîble , foit
qu'on la panfe , loit qu'on la coupe ; Se au lieu de
fang , elle ne rend qu'une liqueur fmieute , & lou-
vent on l'arrofe d'eau fans la pouvoir mouiller. Il
vient à ce degré d'infcnlibilité , qu'on lui perce avec
une aiguille le poignet &: les pies , même le gros
tendon , qui eft le plus fenlible , (ans qu'il fouftre
de douleur. Enfin, le nez , les doigts des mains &
des pies , & même fes membres , fe détachent tous
entiers ; &c par une mort qui ell particulière à cha-
cun d'eux j ils préviennent cell ■ du malade. On tient
que ceux qui ont la lèpre , ont une li étrange cha-
leur dans le corps , qu'après avoir tenu une pomme
fraîche une heure dans la main , elle devient aullî
fèche & ridée j que fi elle avoir été huit jours au
foleil. Ces remarques curieules fur lelquelles on
s'efl un peu étendu , à caufc de la rareté de la
maladie, font tirées de Galien , de Pontanus , Ar-
naud de 'Villeneuve, Gordon, Arétxus, Zacliias ,
Paul ^ginète , Varanda, Cardan , Ambroite Pa-
ire , & autres qui en ont écrit. Aux Indes on ne
■fait point de cas des hommes qui font blancs ; car
.chez eux c'eft une marque de la lèpre , qui y cil
alfcz commune, f^oye^ le Traité de PoUce de M.
de la Mare^ L. IF y T. XII . de la Lèpre.
On la dillingue en deux efpèces -, la lèpre des
Grecs , & la lèpre des Arabes. La première ell ap-
pelée par Celfe Impétigo ; Se par Avicenne j JJbaras
nigra , ou impétigo excorticatïva. La Icconde qui
cil plus atfreufej &: Je dernier degré de cette ma-
ladie , le nomme Elcphantïafis ou Satyrïajis , &
Leontiafîs ; des mots Latins Satyrus , &: Léo , à
caufe de leur horrible figure j & de leur lubricité.
Depuis deux cens ans la lèpre efl prelque éteinte.
^3" Ce qu'on appelle etpcce de lèpre , n'ell proba-
blement que la même maladie confidérée dans fes
différens états. VImpetigo des Latins ell le com-
mencement de cette maladie j l'état le plus doux-,
A'Alharas nigra des Grecs j Ion fécond degré j &
\' Elcphantïafis des Arabes , fon dernier période.
Les dcfcriprions qu'en font les Auteurs , le font
o rd i nai re m en t p léfu me r.
Ce mot ell Grec , idut,». , comme fi l'on diioit
y-nsiea , fquamofa , écailleufe, de ?,tmi , écaille j parce
qu'il fe détache de la peau des ladres de grandes
écailles femblables à celles des poilîons.
iipRi: DES MtTAUx. Dans le langage du gr.nnd Art,
on appelle ainli l'impureté que les métaux contrac-
tent dans la terre où ils font formés , iSc dont le feu
n'a pu les pure;er.
lÉFREUX , EUSE. adj. Qui a la lèpre. Leprofus ,
Ekphantiacus. On fépare les lépreux du commerce
des hommes comme les peftiférés , à caule que Lur
maladie fe communique aifément. Simon le Lé-
preux. Il dit au lépreux , Soyez guéri , & la lèpre
dilparut au même temps. Port-Royal. Autrclois
Jcs-Ca.ules desjéjjreux étoieiu commifes au Triliu-
L E Q
nal Eccléfiallique. Le Concile de Nougarot en
Armagnac , tenu en 1 190 , défend par fon cin-
quième Canon , de pourluivre les lépreux devant le
Juge Laïque pour les actions perfonnelles; apparem-
ment , lelon M. l'Abbé de Fleury , parce qu'ils
étoicnt fous la proteclion de l'Eglile , qui les iépa-
roit du relie du peuple , par une cérémonie que
nous liions encore dans les Rituels.
LÉPROSERIE, f. f. Hôpital pour les lépreux , qu'on
nomme communément Maladrerle. Leproforum no-
focomium. Il y a en France un très-grand nombre
de Maladrcries , dédiées à Saint Lazare , à Sainte
Marthe , «S: à Sainte Magdclène. La maladie de la i
lèpre , qui étoit fort commune autrefois , a prefque *
entièrement celfé depuis deux cens ans , enlorte que
le revenu des Maladreries & Léprojeries , étoit très-
mal employé. Plulieurs milérablcs fe faifoient paf-
1er pour lépreux , afin d'avoir prétexte de mendier
des penlions lur ces hôpitaux. C'cll pourquoi , par
une Déclaration de i6ii, il fut ordonné qu'il fe-
roit pourvu aux vrais lépreux , & qu'après avoir
été vifités , Se léparés comme tels , du relte du
peuple , avec les cérémonies Eccléiialliques accou-
mées , ils leroient reçus dans les Léprojeries lur 1«
bulletins du Grand Aumônier de France. Depuis,
on les a toutes réunies à l'Ordre de Saint Lazare,
& du Mont Carmcl , par Edit du Roi , du mois
d'Avril 166 jf y qui n'a eu ton eflet , & n'a été
vctihéque le 18 Mai iG6^ , & après les avoir reti-
rées des mains de plufieurs ufurpateurs , on en a fait
des Commandcries , qu'on a données aux Chevaliers
de cet Ordre. Enfin j par un autre Edit de 1672,
le Roi a confirmé l'union & l'adminiftration des
Maladreries & Léproferles à l'Ordre du Mont Car-
mel , Se de Saint Lazare : elles turent délunies par
un Edit du Roi, l'an 1693. au mois de Mars.
Matthieu Paris dit dans ton Hifloire , qu'il y a
eu dix - neuf mille Léproferies dans la Chrétienté.
On dit aujourd'hui dans l'ufage ordinaire, Alala-
drerie pour Léproferie ; Se on n'emploie le mot de
Léproferie que dans lellyle du Palais , dans les aélcs
& les titres.
LEPSEK. Foy. Lamsaque.
LEPSINA. Foy. ELEUSIS.
fC? LEPSIS. f. f. Terme de l'ancienne Mufique. Ccfl:
une des parties de l'ancienne Mélopée _, par laquelle
le Compoliteur difcerne s'il doit placer Ion chant
dans le lydèmedes tons bas , dans celui des fons ai-
gus , ou dans celui des Ions moyens.
LEPTE. f. f. Monnoie des Anciens : elle étoir de fort
bas prix , puifqu'une obole contenoit quarante-
deux leptes.
Ce mot ell Grec , xt^l'it , mince j petit.
LEPTIS. Ancienne ville d'Afrique. Il y en avoir deux
que l'on diflinguoic par les iurnoms de grande So
de petite.
La grande Leptis. 'Ville Se Colonie des Romains
en Afrique, dans la contrée nommée Syfiique.
La petite Leptis. Grande ville d'Afrique, dans la
Bylacène.
LEPTURGIE. Foyei Miniature.
L E Q.
LEQUEAU. Pronom relatif mafculin , qui s'ell dit
autrefois pour Lequel.
LEQUEL , LAQUELLE. Qui , qu& , quoi. Duquel,
de Laquelle , au génitif. Pronom relatif , qui ligni-
fie , Qui. Il a ciié un Auteur lequel dir. C'cll un
homme duquel je vous réponds. Tous ceux auxquels
vous vous adrellerez , vous diront , &c. DeJaquelli
fcntence fut interjette appel. Lequel Se Laquelle , en
ce fens , ell un peu rude au nominatif fingulier &
pluriel i c'efl pourquoi on fe ferr ordinairement de
qui , à moins qu'il ne s'agilfe d'ôter quelque équivo-
que. Exemple : c'cll un ctlet de la divine Provi-
dence , qui efl: conforme à ce qui iifjus a ete pré-
dit. Ce premier qui étant équivoque , parce qu'il
peut (e rapporter à effet , Se 3. providence , il eft
L E R
mieux d'oter cette équivoque , en difant , C'cfl:
un ctr'etde la divine Providence , lequel , &cc. Vaug.
RE.\f. Quelquefois, pour donner plus de clarté, ou
plus d'énergie au dilcours , on ajoute après le pronom
lequel, laquelle, le même fubftantif qui Ta précé-
dé , iSc dont il eft relatif. Je vous ai propofé plu-
ficurs choies dignes de votre attention , dcfquelles
chofes je vous fuis garant. Mais remarquez qu'en
Poc/ic , on ne fe lert point du pronom lequel , ou
laquelle. Cela rend le vers trop languillant.
Lequel , Laquelle. Quis , quifnam , uter ? lignifie
quelquefois , quel ell celui qui , quelle eft celle
qui ; & en ce lens on ne s'en lert qu'en interro-
geant. Lequel de ces deux livres aimez - vous le
ïme\i\t Laquelle de ces deux étoffes vous plaît davan-
tage ? Auquel de ces deux hommes ? A laquelle de
ces deux lemmcs donnez vous la préférence î
M. de Fontenelle dans l'Hiftoire de l'Académie ,
170} , p. 12 j , prend lequel , laquelle dans le
fens de quelque. Après avoir expliqué deux idées,
félon lefquelles un chofe fe peut prendre , il dit :
Laquelle de ces deux idées que l'on prenne , il cil:
toujours sûr , &c. Il falloir dire : Quelle que foit
celles de ces deux idées que l'on prendra , &c. Et
certainement on ne dira point : Lequel des partis
que l'on prenne fur cela ; mais Quel que foit le
parti que l'on prendra fur cela, ou Quelque parti
que l'on prenne fur cela, &c.
L E R.
LERE j LEYRE. Nom d'une petite rivière de la
Guienne. Lera , Leria , dans Ptolomée , Sigmas ,
d'autres dilent Sigmanus , ou Igmanus. Elle le dé-
charge dans le golfe d'Arcachon , qui eft au cou-
chant de la ville de Bourdeaux. Maty. En Ga(-
cogne on dit Layra. De Valois écrit Laire. Voyez
Not. Gall. p. j2p.
Les Anciens l'ont appelée Sigmas , apparem-
ment , parce qu'en effet elle décrit nnjigina , C. par
(on cours. Valois. Ib.
LERGUE. Petite rivière de France en Languedoc :
Elle a fa lource dans les montagnes qui féparent le
Diocèfe de Lodéve du Rouergue ^ & fe rend dans
l'Eraut , près de Canet.
LERIA.^ Vcyei Leiria.
LERICÉ. Nom d'un ancien bourg de la Ligurie. Eri-
cis portus , Erix , lllyrïcum. Il eft dans la partie
orientale de l'Etat de Gènes, fur le golfe de Spez-
za , vis-à vis de Porto Vénère. Maty.
LÉRIDA. Nom d'une ville de Catalogne , en Ef-,
pagne. îlerda. Elle eft fur une petite coUine, &:
elle s'étend jufqu'au bord occidental de la Ségre j
qu'on y palIe fur un pont , à lix lieues de l'em-
bouchure de cette rivière dans l'Ebre. Lérïia eft
une place forte -, il y a un Evêque fullragant de Tar-
ragone. Cette ville eft célèbre dans l'Hiltoire , par
la vidoire que Céfar y remporta fur les troupes
d'Afranius & de Petreius , qui fuivoient le parti
de Pompée , & par divers iîéges qu'elle a foutenus.
On la prend aujourd'hui pour l'ancienne Athana-
fia , ville des lUergétes , que quelques-uns met-
toient autrefois à Manrêche , & d'autres à Cardone.
Maty. Long. 18. d. 10', lat. 41. d. 51'.
%r LERJEONS. f. m. pi. On appelle ainfi dans le
reflort de l'Amirauté de Bourdeaux , des efpèces de
trameaux , ou filets tramaillés. Voye'^ ces mots.
LERIN. Nom d'un bourg , ou petite ville , avec
litre de Comté. Lenna. Ce lieu eft dans la majo-
rité d'Eftella , en la haute Navarre , lur la rivière
d'Ega , entre la ville d'Eftella , ôc celle de Cala-
horra. Maty.
LERINS. Les îles de Lérîns , ou de Sainte Marguerite ,
& de Saint Honorât. Lerinx infuU. Ce font deux
petites îles de la mer Méditerranée , fituécs fur la
côte de la Provence , à deux lieues de la ville d'An
tibe , vers le midi. Celle de ces îles , qui eft le plus
près de la c6te , porte aujourd'hui le nom de Sainte
Marguerite. Elle eft la Lero , ou Lorone des An-
L E R 479
ciens; on y voit une petite fortcrcftc , dans laquelle
on tient ordinairement garnifon. L'autre eft appelée
S. Honorât , c'eft celle que les Anciens nommoient
Lerina, Lerinum ,Sc Lerhius. D'où a été pris le nom
commun à toutes deux. On voit dans celle ci le mo-
naftèrc de S. Honorât de Lérîns , qui fut ancien-
nement célèbre par le grand nombre de Prélats &:
de Martyrs qu'il donna à l'Eglifc. Valois , Not. Gall.
p. 2j2 , 2/j. Maty.
On appelle encore cette féconde , Plana/ta , ou
Lnfula plana , parce qu'il n'y a point de montagnes ,
«!\: que ce ne font que des plaines.
Il y avoit une fort belle forêt depuis , dans l'île
de Lcrins , qui la failoit appeler par les Marins ,
l'Aigrette de la nier. Les Elpag'nols ayant furpris
ces îles en 1635, détruiûrcnt ce bois. L'année fui-
vante , ils en furent challés.
Bouche, Hiji. de Prov. T. I , p. 1 1 , mcz Lérins
fous la latitude de 43 degrés, entre 20 & 50 min.
Les Moines de Lérins font de l'Ordre de Saint
Benaît , unis à la Congrégation du Mont Callin.
En 1638 , ceux de la Congrégation de S. Maur s'y
établirent , mais cela n'a pas duré. L'Abbaye de
Lérins , l'une des plus célèbres &c des plus ancien-
nes du Royaume de France , fut fondée non pas
l'an 375 , comme quelques-uns l'ont avancé , &
entre autres l'Auteur de la Chronologie des Saints
de Lérins ; mais l'an 410 par S. Honorât , qui lut
dans la fuite Evêque d'Arles. Ce Monaftère fut
d'abord compolé de Cénobites &c d'Anacho/ètes ,
lemblable à une Laure , où l'on voyoit une infinité
de cellules féparées les unes des autres. Il eft pro-
bable qu'on y obfervoit la règle de S. Macaire. On
n'y reçut la règle de S. Benoît que dans le (eptième
liècle , encore y fut - elle obfervée conjointement
avec cçlle de S. Colomban. Ce fut vers l'an CGi
qu'on y élut pour Abbé AigulFe , Moine Bénédic-
tin de S. Benoît fur Loire. Il y a de l'apparence
qu'elle eut encore befoin de réforme , lorlque S.
Odilon , Abbé de Clugny , qui réforma tant de Mo-
nartères , en fut Abbé en 997 j mais elle ne fut
jamais plus Horilïïmte que (ous l'Abbé Aldebert j qui
fut élu en 1066. Auguftin Grimaldi , Lvêque de
Grade, étant Abbé de Lérins en i/oj , foumit ce
Monaftère à la Congrégation des Bénédiètins du
Mont Calîîn , & de fainte Juftine de Padoue. Elle
en prit polfeftlon en ijij, &c depuis ce temps là
les Abbcs n'ont plus été perpétuels. Léon X. ap-
prouva cette union la même année. La Reine Louife ,
mère de François I , Régente du Royaume , la con-
firma le 7 Août I Jij , & Henri IL en i J47. Clé-
ment VIII. en 1591 j & Henri IV. en 159/.
LERME , en Elpagnol Lerma. Nom d'un bourg, avec
titre de Duché. Lerma. Il eft dans la Caftille vieille ;
en Efpagne, lur l'Arlanza , à neuf lieues au midi
de Burgos.
LERNA , ou LERNE. C'eft l'ancien nom d'une ville
& d'un lac du territoire d'Argos. Lerna. Ce lac eft .
fameux dans l'Antiquité , fur-tout dans les Poètes :
à caufe d'une hydre qu'ils ont dit avoir été dans
ce lacj &: qu'ils appellent l'hydre de Lerne. Lern^a
hydra , Lerndus ferpens , ou anguis. Cette hydre
faifoit des maux mfinis dans tout le voifinage. Elle
avoir plulieurs têtes , & à melure qu'on en coupoit
quelqu'une , elle renailloit. Hercule la tua ; ce fût
un de ces travaux. La vérité qui a donné occafion
à cette fable eft , qu'il y avoit près de la ville de
Lerne un lac , ou marais fort mal-(ain qu'Hercule
dellecha. Voye\ Petrina. C'eft le nom que cette
ville porte aujourdhui.
LERNÉCA. Lerneca. C'étoit autrefois une grande
ville , à en juger par les ruines qui en reftent ; au-
jourd'hui ce n'eft qu'un bon village , fitué fur la côte
méridionale de l'île de Chypre ; il a une bonne rade ,
& un petit fort pour fi défenfe.
LERNÉES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Fêtes que
les Argiens célèbroient à Lerne en l'honneur de
Bacchus , de Proferpine & de Cérès : elles avoient
été inftituées per Philammon. Lerma. Paufànias qui
480 LES
en fait mention j {l. 2 ,c. jff. ) nous apprend , ( /.
S , c. I s- ) qu'anciennement on n'y employoit point
«l'autre feu qu celui qu'on avoit été prendre lur le
mont Crathis en Achaïe, dans le Temple de Dia
ne , furnomméc Pyronie n<ifo,M , de nif feu , bc
voilà tout ce qu'il en dit. Les autres Anciens que
nous connoilFons , n'en ont pas parlé. Je dirai ici
que Lerne étoit un lieu célèbre dans l'hiftoirc des
temps fabuleux j tant par fon hydre , que par le meur-
tre des fils d'Egyptus ; car ce fut en cet endroit , dit
Paul'anias , {l. 2 , c. 24.) que les filles de Danaiis,
leurs fiancées , les égorgèrent , Se leurs corps y tu-
rent inhumés ; mais leurs têtes furent portées à
Argos , & l'on» y montroit leur fépulture lur le
chemin de la citadelle. Il y a quelque apparence
que ce lieu fut autrefois réputé mal-iainj ou bien
les meurtres qu'on y avoit commis obligèrent plu
fieuis fois de le purifier ; ces purifications , dit
Strabon, ( /. S.) donnèrent nailFance à une expref-
fion proverbiale , Aéf.i s«k~» , Lerne de maux : ex-
prellîon que les modernes Interprètes des prover-
bes, commeZénobius, (4 j 86.) Diogénianus, {6,
7. ) &c. ont prétendu expliquer , en luppofant qu'on
voituroit à Lerne ,toutes les immondices d 'Argos.
LERNEUX, ou LIERNLJ. Lethernachum. C'étoit au-
trefois une maifon Royale appartenant aux Rois
d'Auftrafie j comme il paroît par des Lettres de
Sigebert le Jeune. ^oyejHADR. Valois , Not.Ga.ll.
page 16.
Ï.ERO , ou la ROSE. Leros , Lerica. C'efi: une des
Iles de l'Archipel. Elle ell vers les côtes de la Na
tolie , entre les îles de Nicaria , de Morgo i!\: de
Lango. Cette île a deux bons ports , une ville
Épifcopale , qui porte fon nom, & dont l'Evcque
e(i fuffragant de Rhodes. Il y a quantité d'Aloës
à Léro.
ffF LEROT. f. m. Rat dormeur , efpèce de loir , &
qui en diftére peu, iinon qu'il eft plus petit, &z
qu'il n'a de longs poils qu'au bout de la queue. Il
le niche dans des trous de murailles , dans le voili
Tiage des efpaliers , dont il mange les huits. Voye^
Loir.
LERRE. f. m. Vieux mot. Larron, on a dit aufli
Lierre dans le même fens.
LERRER. v. a. Vieux mot. Laiirer. On a dit long-
temps Je lerrai , pour , Je laijfetai.
LERS. Il y a deux rivières de ce nom dans le Haut
Languedoc. Lertius. Le Grand Lers , Lerdus magnus ,
baigne MirepoiXj & fe décharge dans la Lauriége.
Le petit Lers, Lerdus parvus, Ircius , Ercius , four-
nit une partie de (es eaux au fameux canal du Lan-
guedoc , va couler près de Touloufe , & fe dé-
charge dans la Garonne, à trois lieues au-defFous
de cette ville. Maty. Valois , Not. Gall. p. 26.
LES.
fC?LES. Pluriel de Le 5c La. Voyc-!^ ces mots.
Lis. prépolit. A côté ^ tout proche, en comparaifon.
Voy. Lez,. C'cft la même chofe. Ce mot eft quel-
quefois fubftantif , & fignifie Le côté. Gloff. des
; Poëf. du Roi de Nav.
I.ESA. J^oye:^ Lai s. C'efi: la même chofe.
LESBOS. Ancien nom d'une Ile de la mer Egée. Lef-
hos , Lesbus. On la nomme aujourd'hui MÉTË-
LIN. Foy. ce nior. Bochart. Chanaan , L. I . C.
<j , tire le nom Leslros du Phénicien n'j;»3ï? , fcpdème.
Il remarque que les Anciens font mention de fept
îles principales de la Méditerranée , & quoiqu'ils
différent pour le refte y ils conviennent tous à pla
çer Lesbos la feptième. C'eft de là , félon cet Au-
teur, que les Phéniciens l'ont appelée n'yOd , La
fepdcfne ; d'où en y ajoutant un '7 , lamed , au com
menccment j on a fait yi3w'n'7 , Lehafckuag , c'cft
a-dire , Ad fepdmam , pour nom de la ville capitale
de l'Ile. Rien n'étoit plus ordinaire , dir-il , aux
Phéniciens & Carthaginois, que ces fortes de déno-
minations de lieux , comme on le voit parcesexem
■ pics j Ad fepumaras , ad fepcem fratres, ad fepdi-
LES
mam. Ad decunam fepdmam , Ad très infulas , Ad
fex infulas. De Lehajekua s'ell fait Lesbos , Lesbus
LESCAR , ou LASCAR. Nom d'une ville de la Gaf-
cognc , Province de France. Lafcura , Beneharnum
Benarnum j Bearnenjium , ou benarnenfium avitas y
Benarna. Elle ell dans le Béarn , fur le Gave , à
deux lieues au-dcllous de la ville de Pau. Lefcar a été
bâtie lur les ruines de l'ancienne Beneharnum , capi-
tale des Bénéharniens , qui tut détruite en 84 j , par
les Normans. Lefcar a un Evcché fuffragant d'Auch.
Foyei De Valois, Not. Gall. p. 82 , X ^y ôc M. de
Marca, dans ion Hifl. de Bearn y L. Le. 11, où il
écrit Lafcar, ou Lefcar; mais à Paris , & dans la plu-
part des Provinces de France, on dit toujours Lefcar.
M. de Marca J à l'endroit cité, n. 6 i/ j , prétendant
que Lefcar ell l'ancienne cité de Béarn, ruinée par
les Normans , environ l'an 845 , dit que quand on la
rétablit, cent cinquante ans S: plus, après ta perte,
on lui donna le nom de Lafcurris , qui étoit le nom
particulier du lieu où elle tut bâtie; à lavoir , de Laf-
courre , pour ufer des termes vulgaires, ce qui figni-
iie un lieu où il y a des ruilfeaux & détours des eaux
qui s'écartent du canal. A quoi (e rapporte fort bien
l'allîétc de Lefcar , qui cftarrofée d'un petit ruilleau,
&: de lept ou huit fources de fontaines qui réjailliirent
de divers endroits , & qui , avant que d'être renfer-
mées dans leurs tuyaux , s'éparpilloiein au lieu où eft
la ville balle , & faifoient de petits détours que l'on
nomme vulgairement efcourres , ou las efcourres. De
forte que, comme la ville d'Acqs enGafcogne, celle
d'Aix en Provence &c en Germanie, & plufieurs au-
tres villes, ont pris le nom des eaux qui étoient fur
les lieux ; la ville de Lefcar de même a pris fon nom
de Lafcourre , qui lignifie les détouïs des eaux : &
quoiqu'aujourd'hui on nomme cette ville Lefcar, ou
Lafcar y néanmoins tous les vieux titres la nomment
conftamment Lafcurris y & fon Evêque Lafcurrenfis,
Marca, cité. long. 17. d. 5', lat. 45. d. 16'.
LESCHASSERIE. roye^ Lécwasserie.
LESCHE. f^oye-^ Lèche.
Lhsche. Foye:^ Laîche.
Lesche. Nom d'une petite rivière du pays de Liège.
Letia : elle a fa lource dans les Ardennes , & fe dé-
charge dans la Meufe , un peu au delfus de la ville de
Dinanr. Maty. On dit aulîi Lcfch. Valois, Not.
Gall. p. 260.
§5? LESCHÉ. f. m. Terme d'Hiftoirc Grequc. Voye\
l'art, iuiv.
LESCHENORE. f. m. Terme de Mythologie. Surnom,
que les anciens Grecs ont donné à Apollon. Lefche"
norius. Apollon étoit le dieu des Sciences j &c par rap-i
port aux progrès qu'on y faifoit, on lui donnoit difté-
rens noms. Par rapport aux commençans , il fe noin-
moit Pythien , Pythius ; par rapport à ceux qui com-:
mençoient à entrevoir la vérité. Délien j & Phanée,
Délias , Phaneus ; par rapport à ceux qui étoient ha-
biles, favanSj Ifmonien, Ifmonius y & enfin, par
rapport à ceux qui faifoient ulage de leurs iciences,
qui (e trouvoient dans les airemblées , qui y parloient,
qui y philolophoieni;, Lefchénore , Lefchenorius.
Ce nom vient du Grec, /sj^ii. Entretien, Confé-
rence de Philofophes.
§3° L'endroit où l'on fe rendoit pour ces fortes de con-
férences, pour converier fur ditférens fujets, qui étoit
une promenade, un portique ou une lalle, s'appe-
loit le Lefché.
LESCHER. Fbyc^ LÉCHER.
LESCHERNUVIS. Terme de Relation. Cour fouye-
raine en Perfe, Tribunal où l'on reçoit, & où l'on
examine les placets & requêtes de ceux qui deman-
dent quelque chofe au Roi, foit paiement de dettes,
ou d'appointemens , foit récompenfe , ou quelque
nouveau bienfait. Tribunal à quo libelli fuppUces
expcnduntur.
LESCIVE. Voye\ Lessive.
LESCIVER , Voyei Lessiver.
f^TLESCURE. Petite ville & Baronie de France, en
Languedoc , Diocèle d'Albi.
LESDÀNGIER. v. a. Vieux mot, Voyei LaidAngier ,
c'eli
LES
c'cft la même chofc; faire confufion, donner de la
hoiuc.
Sire , Jît ele , dam Bernard de Nejfil
M'a lefdajigiée devant le Roi Pépin. Garin.
LESDIGUIÈRES. Bourg de France en Daiiphjné , au
Dioccfc de Grenoble , avec le titre de Duchc- Pairie ,
érigée en 1611 en faveur de François de Bonne qui
en éroit Seigneur.
LÈSE. adj. f. Quelques uns écrivent /è:^<?. Il ne fe
dit guère que quand il eft joint au mot de Alajejlé ,
ii ce n'ell: dans quelques phrales figurées & comi-
ques, dont on verra des exemples plus bas. Lnfus.
Lè\e M.ajeftc, c'eft-à-dire , Majefté otFenfée. 03" Il y
a le crime de /è/è-Majefté divine , & le crime de Vefe-
Majelté humaine. Le premier eft une oftenfe com-
mile diredtement contre Dieu, comme l'apoftalîe,
le facrilège , le blafphême , &c. Le fécond eft une of-
fenfe commilc contre le Souverain. Il y a plulîeurs
degrés qui rendent ce crime plus ou moin^ grave.
C'eft pour cela qu'on diftingue le crime de lèfe-Ma-
jefté humaine, au premier, au lecond, au troilîcme
chef. En Angleterre, on dit crime de hautc-trahilon.
Le crime de Ièje-Mâ]c(\:é divine n'eft point un cas
royal. On foit faire amende honorable aux criminels
de /è/e Majefté, avant leur exécution. On écartelle
un criminel de lèfe Majelfé au premier chef, quand
il a attenté à la perfonne facrée du Roi. La faulFe
monnoie elt un crime de /è/ê-Majefté au fécond chef.
Ce mot de lèje (e dit quelquefois dans un ftile ba-
din, ou burlelque, de toutes fortes de chofes. Lèfe-
Grammaire, /è/ê-Faculté , &c. Sarafm dit à Madame
de Longueville,
[■^ous n'êtes plus criminelle j
Si ce n'ejl de lèCc-amour j
Mais , ma foi , vous êtes telle y ■
Q^ue vous le Jere^ toujours.
C'eft-à dire , qu'elle ofFenfe l'Amour dont elle mé-
prife ies loix ; & Molière fait dire à un Médecin fe
plaignant de Ion malade , il eft criminel de lèfe Fa-
culté , pour dire il a commis un crime contre la Fa-
culté de Médecine; il a été rebelle aux ordonnances
de ce Corps. Xè/ê- Antiquité , manque de retpect ,
irrévérence pour les Anciens. Le dernier iîccle , tout
éclairé qu'il a été, fe reftentoit encore du pédantilme
qui avoir inteClé les précédens. Trouver un défaut
dans Homère ou dans Virgile , étoit un crime de lèfe-
Antiquité. M. Le Franc, Let. impr. dans le quator-
zième tome des Obf. fur les Ecr. mod. p. 61 , 62.
Ces expreiîîons ne conviennent qu'au ftyle badin ;
car lèfe ne fe devroit joindre qu'à Majeflé , ëc il lau-
droic l'écrire par une s, parce qu'il vient du Latin
Ldfa.
LESEM, ou LESEM-DAN. Nom d'une ville de la
Tribu d'Afer, dans la Terre Sainte. Lefem. Lefem-
' Dam. Quoique cette ville fût dans le partage & le ter-
ritoire de la Tribu d'Afer , elle étoit pourtant pollédée
par des Danites , comme il eft marqué en Jofué , c.
XIX, 4.J. Les enfans de Dan ayant marché contre
Léfem , l'alUégerent & la prirent-, ils pafterent au fil
de l'épée tout ce qui s'y rencontra, ils s'en rendirent
maîtres & y habitèrent , l'apelant Léfem Dan , du
nom de leur père. Saci. On croit que c'eft Lcfem ,
dont le Tétrarque Philippe fit dans la fuite Céfarée de
Philippe j en l'honneur de Tibère , & dont il elf parlé
en Saint Matthieu , XFI , i £. &c en S. Marc , FUI ,
27. Si cela eft , c'eft la même que celle qu'on nomma
aulTi Panéas , & qui étoit à la fouce du Jourdain.
] LESER. V. a. Terme de Jurifprudence. Faire foufiFrir
quelque léfion. Porter dommage , préjudice à quel-
qu'un. Ltdere, nocere. Un mineur n'eft pas reftitué
contre un contrat , parce qu'il eft mineur , mais parce
qu'il a été léfé. Non rejiituitur minortanquam minor ,
fed tanquam Ufus. Il n'y a qu'elle de léfee dans cette
tranfaftion. Cet édit , cet établiftement eft utile au
public, ilne/è/èj il n'intérelle perfoune, il ne fait
Tome F,
LES 481
tort à qui que ce foit. Pour revenir contre un ade ,
contre un jugement , il faut montrer en quoi on eft
léfe. Ce jugement ne vous lèfe point , il ne vous fait
aucun grief.
LESE , ÉE. part. Lxfus.
LESER. Nom d'un bourg !k. d'une petite rivière
de l'Eleclorat de Trêves. Lefura. Elle arrofe le
bourg de Manderfcheit , & va fe décharger dans la
Mofelle , au bourg de Léfer , vis à vis de Vcldentz.
Maty. *^
LESGUE. Nom d'une ancienne forêt dont il eft fait
mention dans les Capitulaires de Charles le Q.auvc ,
de l'an 877. Lifga , Lificafylva. Elle étoit peu éloi-
gnée de Soilfons. Valef. ISot. Gall. p. 28 r , 2H2.
LÉSIGNY. Nom d'un village de Brie , Province de
France. Liciniacum. Léfigny eft voifin de Brie Com-
te Robert.
Ce nom s'eft formé du Latin Liciniacum , en chan-
geant le c en J j comme dans , railin , tait de racemus •
Sarrafin, de Saracenus ; plaifir de placere ; moi.ir,
de mucere ; & géhr, de jacere. Hadr. Valef. Not.
Gall. p. 2-j6 .
LESILLÉ ,ou LEZILLE. Nom de lieu. Lucillacus ^ Lu-i
cilliacum. Il eft dans la Touraine , entre le Cher &
flndre. Hadr. Valef. Notit. Gall. p. 28 ().
LESINA. Ville d'Italie. Leflna. C'etoit autrefois une
ville Epilcopale fous la Métropole de Bénévcnt ; c'eft
maintenant un petit village de la Capitanate , fitué
près du golfe de Rodia, furie lac de Léfina, qui efl:
le Pontanus Lacus des Anciens.
LÉSINE, f f. Epargne fordide, & outrée jufque dans
les moindres chofes. Nimia parcitas. Un avare qui
veut faire le magnifique j fait toujours paroître quel-
que léfine dans fa dépenle.
§3° LÉSINE, avarice, lynonymes. Uavarice s'étend à
tous les objets. C'eft lapafllon fordide & jaloufe d'ac-
quérir & de polféder fans aucun deflein de taire ufage.
Foye^ ce mot. Léfinc eft l'avarice dans les petites
chofes, occupée de petits objets d'épargne ou de pro-
fit.
On écrit auffi /eçzne 5 & Régnier a dit lé\ina , pour
la rime.
Or durant ce fejlin , Damoifelh famine ,
Avec fon ne-^ étique &fa mourante mine,
Ainfi que la cherté par Edit l'ordonna ,
Faifoit un beau difcours deffus la lézina.
Régnier.
LÉSINE. Nom d'une Ile qui a une ville de même
nom. Pharia, Phares , Phara j Paros , Leflna. Elle
eft dans le golfe de Venife , entre l'île de Brazza , &
celle de Curzola. Cette Ile appartient aux Vénitiens,
& a titre de Duché , duquel les îles de Lilïa , de
Bufi, de S. Andréa, & quelques autres moins confi-
dérables dépendent.
La ville de Léfîne , fituée fur la côte méridionale,
en forme d'Amphithéâtre , a un bon Port , & eft
défendue par une citadelle , conftruite fur une mon-
tagne voifine. Son Evêque eft luftragant de Spalatro.
LÉSINER. V. n. Ufer de léfine, rogner quelque choie
fur la dépenfe. Nimis fumptui parcere, pr^tparcum
efjè , nimis attentuntad rem. Ce Maître d'Hôtel léfine
lur tout. Combien d'avares léfinent d'un côté , &
didîpent de l'autre. Aujourd'hui la galanterie n'eft pas
reconnoifl'able, on léfinc jufque fur les petits foins,
P. CoM.
De léCmet^ j'étois plus tenté.
Plus curieux de remplir ma bougette ,
Je m'en pourrais épargner un côté ;
Car mon dongeon n'a plus qu'une échauguette.
SÉNÏCÉ.
|Cr LÉSION, f. f. Terme de Jurifprudence. Préjudice
qu'on fouftVe j perte qu'on fait par le dol d'une au-
tre , ou par quelque tranfadion , quelque marché,
quelque contrat , en général par quelque ade que l'on
a palfé inconlîdérément , ou par légèreté, Damnum
Ppp
48i LES
Ufio. On appelle une léfwn énorme , celle que fouf-
fie un achereur , quand il a été trompé d'outre moitié
du jufte prix de la chofe , c'eft-à dire , quand la choie
a été vendue plus d'une fois moins de (a jufte valeur ,
& elle luffit pour faire caller un contrat. La léfwn
énorme n'a point de lieu en fait d'adjudication de biens
en Juftice , ou de vente d'une charge ; ni en faveur de
l'acheteur j parce qu'on préfume qu'il a acheté de
fon abondance; au lieu qse le vendeur eft cenfé ven-
dre par la nécellité qui le prellé. La Ufion d'outre
moitié ne donne point d'ouverture à la reftitution ,
pour une vente de droits fuccellîfs , ou d'eftets mo-
biliaires. La.léfion, dans un partage entre cohéritiers,
donne lieu à la reftitution , & il fuflfit qu elle foit
du tiers au quart. Il faut fe faire reftituer dans les
dix ans , autrement l'on n'eft plus recevable à objec-
ter hle/îon.
LESMES. royei ÉlÊme ; & Aleaume.
LESNEVEN. Ville de France en Bretagne , au Diocèfe
de S. Pol de Léon. Elle appartient au Roi en pro-
pre.
LESNOW. Nom d'un bourg du Pologne , fitué dans
la haute Volhyniej près de Béretsko , à cinq lieues
du Lufuc , vers le midi. Lefnovia. Lefnow eft con-
nu par la victoire que Jean Cafunir , Roi de Polo-
gne, y remporta l'an 1651 fur les Cofaques &
les Tartares , qui y perdirent vingt mille hommes.
Maty.
LESQUEMIN. Ile & port fameux de l'Amérique , dans
le Canada , fur le fleuve S. Laurent.
LESSAY. Exaquenfe oppidum. Bourg de France en
Normandie, au Diocèfe de Coutance, vis à vis de
l'île de Jerfey.
LESSE. f^oye:^ Laisse.
Lesse. f. m. Machine dont on fe fervoit à la guerre
dans l'Empire Grec. Lcjfa. Elle étoit couverte de
peaux pour réfifter au feu , & on la faifoit avancer
avec des roues , ou des poulies , pour fermer quelque
palTage.
Lesse. f f Sonnerie des cloches pour les morts. Ce mot
a cours en quelques endroits de la Province de Cham-
pagne. Lejj'e vient de lejjus ,^ ou lejjum , gémiilemens,
cris , lamentations qu'on fait aux funérailles.
LESSEN, ou LESSINE. Nom d'une petite ville des
Pays-Bas. LeJJina. Elle eft dans le Hainaut , fur la
Danre, à cinq lieues au couchant de Bruxelles.
LESSIVE, f. f. Prononcez /ec/ve. '13° Manière de blan-
chir ou de décrailer le linge. Lixivium. Lorfque le
linge eft entalfé dans un cuvier , on met par-delfusun
lit de cendres de bois neuf, ou de (oude , envelopées
dans un grand drap qui couvre le cuvier. Enfuite on
verfe de l'eau chaude lur le linge. Le cuvier à leffive
eft percé en bas d'un trou ^ par lequel cette eau s'é-
coule. On la reçoit dans un autre vailfeau , on la
fait chaufter , on la reverfe lur les cendres : & l'on
continue la même opération jufqu'à ce que les fels
contenus dans les cendres & dans la fonde, aient été
dillous , entraînés par l'eau chaude , Se dépofés fur
le linge. C'eft là ce qu'on appelle couler la leffive.
On conçoitallèz que les fels dillous par l'eau chaude ,
& dépofés fur le linge du cuvier , doivent emporter
les taches, les faires difparoître. f^oye^ Sel. Voilà
pourquoi on emploie les cendres de bois neuf, ôc
non celles de bois Motte , parce que ces dernières ne
contiennent prefque point de lels , qui ont été dillous
dans le flottage.
Le jour d'après on lave le linge en grande eau , pour
en détacher les fels qui y pourroient être reltés , & qui
cauferoient de grandes démangeaifons fur la peau.
On dit faire la le£ive , mettre du linge à la lejjîve ,
un linge blanc de lejjîve.
Ce mot vient de lixivium , qui a été fait de lix ,
qui en Latin fignifie de l'eau. Ménage & Vossius.
Lixivium lejfive , eft un mot pris du Celtique liciou ,
ou leifu. Pezron.
§3" Les Jardiniers emploient quelquefois l'eau qui fort
de la leJJlve du linge , à caufe des fels dont elle eft
chargée. Ils s'en fervent , par exemple , pour arrol'er
les terres qu'on prépare pour les orangers & les citro
LES
niers , ainfi que celles où l'on a femé des chof es qui
demandent une terre fubftantielle.
§3" Lessive le dit auffi d'une eau rendue déterfive par
la cendre ou par quelque autre matière convenable.
On fait une IcJJlve aux olives pour en ôter l'amer-
tume.
^CTDans les Sucreries , on le dit d'une eau préparée
&nnpregnéedc différentes drogues , dans laquelle on
purifie & on rafine le fucre.
En Termes de Chimie , lejjîve , eft l'aûion par
laquelle on fait palier plufieurs lois fur de l'eau chau-
de , des cendres de végétaux : ou la chaux des mi-
néraux , &c même des terres qui contiennent quel-
ques fels , par le moyen de quoi ces fels fe dilfol-
vent , les eaux s'en imprègnent, & cette eau étant éva-
porée ou cuite à fec , laille au fond le fcl dont elle
eft imprégnée. Ainfi fe fait le falpctre. C'eft en géné-
ral une dilfolution faline , préparée par le moyen de
la lixiviation.
On dit proverbialement , à laver la tête d'un âne ,
on n'y perd que la lejfflve ; pour dire , qu'on perd fa
peine à inftruire un homme bête , ftupide , ou
opiniâtre. On dit aullî , faire la leJJive du Gafcon;
pour dire , retourner fa chemife , quand elle eft
fale d'un côté.
On dit figurément & familièrement qu'un hom-
me a fait une étrange leffive , une furieufe lej/lve •
pour dire , qu'il a fait une grande perte au jeu.
LESSIVER. Prononcez //civer, v. a. Blanchir quelque
chofe par le moyen de la leffive. Lixivio lavare.
f^oye^ Lessive.
IJCF Lessiver les aiguilles. C'eft , après qu'elles ont été
polies j les laver dans de l'eau où l'on a fait dillou-
dre du Gvon , pour en ôter le couroi qui s'y étoit
attaché pendant le poliment.
LESSIVE , ÉE. part. Pallé par la leffive. Lixivio lotus , a,
um. Ce qui refte dans le vailleau étant brûlé en cen-
dres , & leJJivé , donne un fel lixiviel , & laille un
peu de terre infipide. Bomberg. Acad. des Scienc.
ijoi. Mém. p. 114.
LESSOV;^ , & NORTSTRANT. Nom d'une Île du
Danemarck. Lefffoa , Glejfaria. Elle eft dans le Car-
tegatj vis à-vis de l'entrée du canal d'Alborg. Cette
île n'a que quelques villages, & n'eft remarquable
que parce qu'elle eft environnée de bans de lable
de tous côtés. Maty.
LEST. f. m. Prononcez toujours le rfinal , même devant
une conlonne. C'eft en général ce qui fert à faire en-
foncer un vallfeau dans l'eau , à lui donner fa jufte pc-
fanteur, &un contrepoids pour contrebalancer l'ef-
fort du vent fur les voiles , & l'empêcher par ce
moyen de fe renverler. Le leji, pour l'ordinaire , n'eft
autre chofe que du lable , des cailloux , de vieux
boulets de canon &c. mis à fond de cale. Saburra.
Le lejl de fer a cet avantage , qu'il eft plus pefantquc
toute autre matière à volume égal. On l'appelle aullî
balajl en Fjammand , ou quintelage , & en Latin
lajlagium , ou laftadium. Le lejl eft quelquefois la
moitié , quelquefois le tiers , quelquefois le quart de
la charge du vailfeau. Les vailleaux plats de varangue
ont befoin de plus de left. Les Maîtres des navires
font obligés de déclarer la quantité de leur /^y? , &d'ea
faire le déleftage aux lieux qui font marqués pour cela.
Il eft défendu de décharger le lejl dans les Ports , &
dans les rades, fuivant l'Ordonnance de la Marine,
Liv. 4 Tit. 4. & la négligence qu'on a eu là-deifus , .
a ruiné bien des Ports en France , &c ailleurs. Bon
lejl , c'eft le leff de petits cailloux qu'oa arrange aifé-
ment , & qui tiennent le fond de cale propre. Gros
lejt , ce font de groHes pierres j ou des quartiers de
canons crevés ; ce lejl eft incommode , &: difficile à
remuer. Mauvais lejl , eft celui qui peut fondre,
comme du fel , ou celui qui peut entrer dans les pom-
pes, & les engorger, comme du fable. Vieux lejl ,
eft le leff qui a fait un voyage , ou une campagne.
Le/I lavé , eft le lejl qu'on a lavé'après qu'il a fervi ,
pour s'en fervir encore. Voiles à le/i ,ce font de
vieilles voiles qu'on étend fous les fabords quand on
embarque, ou qu'on décharge le lejl, de peur qu'il
LES
n'en tombe dans l'eau. Les Plongeurs , qui font la
pèche des peiles, s'attachent Fortement au dellousdu
ventre une pienc cpailié de Ih pouces , longue d'un
pied j & taillée en atc , du côté qu'on l'applique fut
la peau. Ils s'en fervent comme de Icjl , pour n'être
pas emportes par le mouvement de l'eau, & pour
marcher avec plus de fermeté au travers des Hors.
P. Le Comte.
Ce mot vient de /q/I , mot Allemand qui fignific
c/iarge , & ialajl , première charge. F'oye:( Last.
Lest, dans les vailleaux Anglois &: Fiamans , lignih'e un
poids de quatre mille livres , ou de deux tomieaux.
En Suéde ik Mofcovie le grand /ejl ellde douze ton-
neaux , le petit /ejl cft de iix. Foye^ Last.
LESTAGE, f. m. Terme de Manne. C'ell l'embarque-
ment du left dans le navire ; atlion de leiler un
vaillcau. Sdburra in. navcm impofulo , inveclio.
ÇCr LESTE, adj de t. g. fuivant le Dicl. de l'Acad. Fr.
. Ce mot au propre lignihe feulement , qui eft pro-
prement vêtu , qui ell richement & proprement
accommodé. Des troupes lejlcs , c'eft à dire , bien
. vêtues ëc bien armées. Il n'ell pas vrai que ce foit là
la principale lignification du mot lejle , qui s'appli-
que au vêtement , ainfi qu'à celui qui le porte. Un
habit UJIe , eft celui qui ell bien dégagé, qui ne char-
ge point le corps, & ne rembarraiîe point dans l'exer-
cice de les mouvemens. Un homme /tf/?e, ell celui
qui eft ainfi vêtu. C'efl encore celui qui exécute les
mouvemens du corps avec Ibupleflé & \ce,èitx.LAlacer,
expedUus.Qumà on dit qu'une armée eft UJie , on
entend qu'elle n'eft poinrembarrallëedansfa marche,
ni par les armes ni par le bagage , ni par autre chofe.
{t? Cette idée eft analogue à celle que préfente ce mot
en morale, ou il défigne un homme adroit^ & fou-
pie ,& qui , dansle befoin, pourroit employer des
voies détournées , pour aller à fes fins. Un homme
UJie a l'art de conduire l'ts entreprifes d'une manière
propre à y réuflîr , fait s'accommoder aux événemens
imprévus, & éviter les obftacles. Au phyfique l'hom-
me lejîe n'eft point embarraflé dans l'exercice de fes
mouvemens. Il a de l'agilité, de la foupleffe dans les
membres. Au moral , il n'eft point embarraflé dans la
conduite de fes atlaires. Il a de l'adrefle & de la fou-
pleffe dans l'efprit.
LESTEIOCORI. Lejleiocorium. C'eft un bourg de la
Morée. Il eft dans l'Ifthme de Corinthe , à une lieue
de la ville de ce nom , fur le golfe de Lépante. On
prend ce bourg pour l'ancien Lech&um /zav^/e,qui étoit
un des ports de la ville de Corinthe. Maty.
LESTEMENT, adv. On le dit dans le même fens que
lefte. Leftement vêtu , d'une manière qui ne gêne point
le corps dans ies mouvemens. Quelquefois aulîi , il
iignihe proprement vêtu ; mais dans ces cas là même,
il faut que l'habit donne un air de légèreté. Expeduè.
"Tous les gens de cette cavalcade étoient vêtus & mon-
tes fort lejèement. Il étoit leftement vêtu. Il figuilie
aufÏÏ , avec adrefle , avec agilité. 11 s'eft tiré /e/dwcv^r
de ce mauvais pas. Ac. Fr.
|tCr LESTER, v. a. Terme de Marine. Mettre le left dans
un vailfeau , de manière que le centre de gravité du
chargement foit au-dellous de celui du vaiffeau , pour
le tenir droit de tout vent , ou pour qu'il puifîe le rele-
ver aifément toutes les fois qu'il donne à la bande.
Voyei Left. Sahurrare. Il faut /t/?<;r un navire de deux
ans en deux ans, de nouveau left.
Lester , au figuré. Il y a des têtes qui ne fe letlent
jamais. Mad. de Sév. CefV à-dire, qui ne devien-
nent jamais raifonnables , qui font toujours légères
Ce mot vient de laftra , qui en langage Celtique
ou Bas Breton, fignifie la même chofe, où l'on dit
autli Ujhr, pour fignifier un navire, & le left dont
o\\ le cfiarge.
LESTÉROCORI, oii-ALESTEROSO. Nom d'une ville
'^lece. AleanopolLS , anciennement Gaforus
ou Gaforus Eik avoit un Evêque fuffragant de
pe^feo.llkif''^"^'^^-^'^'^^^
LESTEUR. Eft une épithète qu'on donne aux bateaux
L E T 483
navis. On les appelle autrement Cabanes.
IP" Lesteur fc dit aufli des Matelots qui prennent
foin de lefter un navire.
LESTINES. Lepùn& , Lipnna , Leftin&. Ce lieu eft
dans le Cambrelis. Lcftines en Cambrelis eft l'an-
cienne Leptines , Mailbn de nos Rois. Hadr. Valcf.
Noc. G ail. p. 281. .
LESTITHIEL,ouLESTWITHIEL. Nom d'un ancien
bourg des Dammoniens. Leftkhïda , autrefois Vxd-
la , U-{ella. Il eft dans le Comté de Cornouaille , en
Angleterre , fur la rivière de Fowey , à deux lieues de
la mer de Bretagne. Ce bourg eft un des quatre où
l'on marque l'étainde Cornouaille, &ilaféancc &
voix dans le Parlement d'Angleterre. Maty. Sptcd
écritZ6y?<;/-/iic'/,& M.de Lifle Lefwitlûel , &c Camb-
den Lishtyel dans fa Carte , & Leftunell dans fon
difcoirrs, Se Loft Utkiel dans fa Table.
Ce nom , félon Cambden, lignifie une colline
élevée _, & il a été donné à ce lieu , parce qu'autre-
fois il étoit fur la colline où eft aujourd'hui Leftor-
min; maintenant il eft d.ins la plaine. Vchel , en an-
cienne langue Britannique, fignifie haut , élevé.
LESTRIGON , ONE. f. m. Nom de peuple. Lafirigon.
Les Lefirigons étoient un peuple barbare & très-
cruel , habitant la ville de Formies en Canpanie.
Pline , qui en parle , L. III. c. j. dit qu'ils étoient
antropophages. Aulu-Gelle, I. XF.c.21. les fait
fils de Neptune , comme les Cyclopes ; c'eft à dire ,
que c'étoient des gens de mer , des pyrates. Les
Léontins , peuples de Sicile , s'appellent aUlîI Lef-
trïgons. Homère , Odyft'ée , Z. XI. dit que les Lef-
trigons n'étoient pas iemblables à des hommes , mais
à des géans.
Lorfqu'à l'époux de Pénélope.
Minerve accorde fon fecours ,
Les Leftrigons & le Cyclope
En vain s'arment contre fes jours. R.
Naudé , dans fon Mafcurat , appelle des larrons ,
des tigres, des Leftrigons , les gens qui fouloiem le
peuple dans k levée des deniers du Roi.
L E T.
LET. f. m. Vieux mot. Mauvaife adlion.
LETANIE. f. f. S'eft dit autrefoispour Litanie. Foyer
ce mot.
Et dirent là une grande létanic
De plaifants mots , fans nulle vilanie. Marot.
LETARGIQUE. ^oyq Léthargique.
LETCHI. 1. m. C'eft un des plus beaux & des plus
déhcieux fruits de la Chine, dont Charles Bironfait
la dcfcription dans fes Curiofités de la Nature & de
l'Art. Il eft gros comme une noix de galle , couvert
d'une écorcc chagrinée , fort mince , d'une couleur
rouge-ponceau éclatante. Cette écorce fe termine
en pointe , elle enveloppe une efpèce de pru-
neau oblong , mollet , d'un goût très agréable ,
mais échauffant beaucoup lorfqu'on en mange trop.
Sous la chair de ce pruneau l'on trouve un petit
noyau pierreux, de la figure d'un girofle. Les
Chinois le font fécher , & en mangent toute l'an-
née. Ils en mêlent aufîî dans le thé , pour lui don-
ner un petit goût aigrelet qui leur fait plaifir. Le
letcki naît particulièrement dans la Province de Can-
ton.
LETES. f. m. pi. Peuple fameux dans l'Hiftoire. On
avoit crujufqu'ici que c'étoit une nation particulière-
mais M. l'Abbé duBos, dans fon Hiftoire Critique
de rétabliilbmentde la Monarchie Françoife, prétend
que ce nom fe donnoit à tous les Barbares enrôlés au
fervice de l'Empire , de quelque Nation qu'ils fullént ;
auxquels on avoit donné des bénéfices militaires. Er
il conclut qu'on appeloit ces auxiliaires Létes , du mot
Latin Ldtus , conteiu , parce qu'ils étoient con-
tents de fervir l'Empire.
I^LLTEQUE. r. f. mefui-e. Foys^ Lethech.
Ppp i;
4^4
L E T
LETH, ou LEST, t^TLAST, ou LECHT, fuivant j
les diftérens idiomes des peuples qui k leivcnc de ce
terme, C'eft tantôt la charge entière d'un navire , la
quantité de tonneaux qu'il peut porter; quelquefois ,
un certain poids de telle ou telle e(pèce de marchan-
dife ; quelquefois une forte de melure ou quantité de
grains, f^oye^ Last. Le felnécelTaire pour la lalaifon
des harengs, eft réglé par l'Ordonnancedes Gabelles,
à fept minots & demi pour chacun /ct/i de harengs
blancs , & trois minots pour chacun /eik de harengs-
lors.
LETHARGIE, f. f. Terme de Médecine. Lechargus ,
Lethargia. C'eft une maladie qui conlifte dans un a(-
foupiirement il profond, qu'on a bien de la peine à
éveiller ceux qui en lont attaqués; & fi on les éveille ,
ils font fins mémoire & comme llupides , &; ils re-
tombent auiîî-côt dans cet allbupilFement. Ztz léthar-
gie eft ordinairement accompagnée de fièvre & de dé-
lire. Elle ell produite par le trop grand engourdiile-
ment des efprits animaux , qui les rend incapables
d'exercer les fonètions du mouvement & du fenti-
menr. 1.3. léthargie cÇt différente du care, en ce que
celui ci eft fins iîèvre , ou que du moins la fièvre
violente le précède ; au lieu que la léthargie eft fuivie
d'une fièvre lente. Celfe met la léthargie au nombre
des maladies aiguës j & on en meurt d'ordinaire
dans le fepticme jour. La léthargie fuccède d'ordi-
naire à la frénéfîe. Il y a des gens qu'on a cru morts,
qui étoient feulement tombés en une grande lé-
thargie.
Ce mot eft Grec. Il vient de a^/c, , oubli , & de
«fyU engourdijfemenc , pareJJ'e.
LÉTHARGIE, ledit aufïi au figuré, de l'indolence, de
l'alloupiirement de l'efprit, d'une infcnfibilité blâ-
mable pour tout ce qui arrive. Socordia , ignavia ,
inertia , dejîdia ,Jlupor. Ce Prince voyant fa Couronne
ébranlée , fortit de la profonde léthargie où il avoir
vécu jufqu'alors. C'efi une chofe étonnante que de
voir la profonde léthargie dans laquelle on vit. Les
défordres, quelque grands qu'ils foicnt , ne touchent
point. Abbé de ia Trappe.
LETARGIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à la lé-
thargie. Lethargicus, lethargia a^câus. Cet homme
eft fujet à des accès léthargiques. Il eft aulli quelque-
fois fubftantif. Je ne me dois non plus plaindre de
mondeftin, qucles léthargiques de ceux qui les pin-
cent. Voit.
LÉTHARGIQ.UE , adj. fcdit auftl au figuré , pour noncha-
lant, indolent j infenlible. Efprit lourd & léthargique.
Ignavus, iners ,focors. Uname léthargique , que rien
n'eft capable de réveiller. Je ne voudrois point de ces
be:[i\:6s léthargiques , dont la vertu eft confondue avec
le tempérament. P. Com. Il y a bien des Supérieurs
qui , demeurant dans une négligence léthargique ,
infpirent la même langueur à ceux qui font fous
leur conduite. Ab.de la Tr.
Leth ARGIQ.UE J fe dit métaphoriquement des chofes qui
ont une durée conftante, lans variation , ni change-
ment. Un bonheur léthargique , c'eft un bonheur
dont on jouit fans crainte & (ans inquiétude fur l'a-
venir, enivré par le préfenr. Cela n'eft pourtant bon
qu'en Poëlie , quand la métaphore elî: trop forte ,
comme celle ci.
Et leur influence tragique [ des malheurs, des revers]
Réveille un bonheur léthargique ,
Q«e rien n'a jamais travcrfé. R.
Languir dans un molleffe léthargique.
LETH , LATH, LÉDE, LETHE. f m. Comté. Nom
d'une mefure ou portion de terre , en Angleterre.
Leda , Letha. Le Roi Alfred divifa toute l'Angleterre
en Comtés , comme elle l'eft encore. Il divifi les
Comtés en Hundrédes ou Tritings. L'Hundrédc étoic
une portion de pays , où il y avoir cent Officiers pour
maintenir le bon ordre, appelés Flde/ujfores pacis ,
Répondans de la paix , Hundredarii , Centeiiiers.
Le Léthe , ou le Léde , comprenoit trois ou quatre
Hundrédes. /^'êryi; j les Dicliionnaires de Spclman,dc
LE T
Du Cangc c^ d'Hofîman. Le I/f Ae étoit aufll la Ju-
rifdicHon d'un Vicomte , des efpéces d'Allifcs qu'il
tenoit tous les ans une fois dans chaque village , envi-
ron la Saint Michel. Il n'eft pas sûr que le Léthe ait
été inftitué par Alfred.
LÉTHÉ , ou LETÉ. f. m. Nom d'un des Heuves des
Enfers, Lethe. La Fable dit que l'on en faifoit boire
aux âmes des morts dans les Enfers , &: que quand
on en avoir bû , on ne fe fouvenoit plus de rien.
Ceux qui croyoientla Métempfycofe, penloient aulli
que c'étoit là la caufe pourquoi on ne fe fouvenoit
plus de ce qu'on avoir été auparavanr. Dans la vé-
rité , le Léthé étoit une rivière d'Afrique qui le dé-
chargcoit dans la Méditérannée proche le Cap orien-
tal des Syrtes , qu'on nommoit Borium Promonto-
rium , & aujourd'hui Capo Rofato , ou Rufato , ou
Rufata , à l'orient du golfe de Sidraj ou de Sèches.
Ce fleuve interrompoit , dit -on, fa courfe, &c ren-
trant dans la terre ., couloir dans fon fein pendant
quelques milles, & reflortoit enfuite pliK gros près
de la ville de Bérénice : c'eft ce qui tir imaginer qu'il
fortoit des Enfers. Brébeuf , en parlant de ce fleuve
d'Afrique , a dit Létkes , comme Lucain.
C'eji auprès de ces lieux qu'en un large canot
Léthes j parmi fes eaux , roule un oubli fatal.
On l'appeloit aufli Léthon , & Voiîius dans fes No-
tes fur Mêla , veut , fur la foi d'un excellent Manuf-
crit qu'il avoit , qu'on life ainli dans Lucain.
Ce mot de Léthé eft Grec : le mot de ^»«i», qui
veut dire oubli, étant écrit en caraétères ordinaires,
donne le nom de Léthé.
Il y avoit aulli en Efpagne deux fleuves du mê-
me nom ; l'un dans l'Elpagne Tarragonoife , qui eft
le Lima , rivière de Portugal; &: l'autre dans la Béthi-
que , c'eft le Guadalété. Silius Italiens parle du pre-
mier , L I. V. 2 Si. Se L. XIII. V. J-.) )-. & en dit
ce que Lucain dit de celui d'Afrique , & prcfque en
mêmes termes.
Lethé étoit encore le nom d'une des fontaines Ci-
crées de Béotie , dont tous ceux qui venoient coii-
fulter l'Oracle de Trophorce , étoient obligés de
boire.
Ctr LÉTHECH , LÉTHEC. f m. ou LÉTEQUE. f. £
Nom d'une mefure des chofes féches, chez les Hé-
breux.
LÉTIFÈRE. adj. Du Latin lethifer. Mortel , qui don-
ne la mort. Quand vous cellerez , dit l'Abbé de
Chaulieu à la Duchelle de Bouillon, de me brocar-
der, Melfeigneurs de Vendôme de prendre du rabac,
moi de vous adorer, Chaulieu de faire des phraf'es ■
&C des locutions nouvelles; il fera temps de donner
ordre à nos dernières volontés : ce font fymptônies
létifères entre nous autres Phyliciens , qui ne man-
quent quafi jamais.
LÉTO MORTO. Nom d'une petite rivière de l'Erar
de l'Eglife en Italie. Ltta. Elle coule dans la Mar-
che d'Ancône , à l'orient de la ville de Fermo , au
midi félon la carte de Mangin , & fe décharge dans le
golfe de Venife, un peu au-delfusde cette ville M aty-
C'eft: à dire , de la ville de Fermo , & non pas de •
Venife.
LÉTOMÉRITZ , LÉITOMÉRITZ. Ville Epifcopale
de la Bohême. Litomcrium , Litomierfa. Elle eft ca-
pitale du Cercle de Létoniéric^, 8c ficuée fur l'Elbe,
à onze lieues au nord de Prague ; dont fon Evêché eft
fuffragant. Maty.
LÉTON. Fojei Laiton.
LETRIM, LÉTRUM. Petite ville de h Connacie , en
Irlande. Letrimum , LetrUmum. Elle eft capitale du ^
Comté de Létrim , &: fituée fur le Shannon , entre
Longfort &: Slégo , à huit lieues de la première,
à neuf de la dernière. Maty.
M. de Lifle met encore une autre Létrim en Ir-
lande dans le Comté de Gallouay , entre Clouefort
au nord efl , & Kilmacough au fud-oueft.
Le Comté de Létrim. Letrimenjîs Comitatus. Can-
née de la Connacie eu Irlande. Elle eft vers la fourcc
L E T
du Sli.iniion , aux confins de l'Ultonie Se de l.i Lagc-
nie , ayant au midi les Comtes de Slégo , ik de Kofeo-
nicn. Sa longueur cil de dix-k-pt lieues, &: ia largeur
de quatre à cinq : Ion terroir cil fort mont;>gneux ;
mais il produit de ii bon pâturages , qu'on cil obli-
gé d'en challer les troupeaux , pour les empêcher de
trop manger. Ses lieux principaux font Létrim , ca-
pitale , Anchonry, Jamellown , & Carickdrumrus
ke. Maty.
LEtTA. Foyei LiTA.
LETTERE. Nom d'une petite ville d'Italie. Lccterum ,
Leueranum , Lyclers,. Elle cil dans la Principauté cité-
rieure , Province du Royaume de Naples , entre le
golte de Salerne & celui de Naples , au pied de la mon-
tagne de Lauara. , ou de Leaère , que les Anciens
nommojent Laclarius , on Lacieus oto/îj. L'Evcque de
Lettère eft fuitragant d'Amalphic.
LETTERIL. f. m. Vieux mot. Pupitre.
LETTONIE, LETTENS, LITLANDE. Noms de la
partie méridionale de la Livonie. Lictia , Lucendia.
Elle a l'Eftonie au nord , la Curlande au fud , la Mof-
covie au levant , & le golfe de Riga au couchant.
La plus petite partie de ce pays , où font les villes
de Duncbourg , de Roiicen , de Lutzcn & de Ma-
rienhulen , appartient aux Mofcovites. Les Suédois
poUédent le refte , où l'on voit la ville de Riga,
& celles de Kokenhaufen, de Ségewold, de Wen-
den , de Wolmer , &c.
LETTRE, f. f . On appelle ainfi les figures , les caraélè-
res de l'alphabet , les caracftères reprclentatits des
ciémeiis de la voix. L'ucera. Les langues font compo-
sées de mots , les mots de fyllabcs , & les iyllabes de
lettres. L'AlpJiabet de chaque langue eft compolé
d'un certain nombre de ces lettres , ou caradèrcs ,
qui ont un fon , une figure , une fignification différen-
tes. L'Alphabet François a vingt trois lettres. Quel-
ques-uns voudroient qu'en ôtant de l'Alphabet Fran-
çois la lettre/ , qui ne fert prelque plus de rien , l'on
grofsk l'Alphabet de deux lettres , qui foju 1'/ & l'v
conlonnes. Ainfi l'Alphabet leroit compolé de vingt-
quatre lettres. Le Latin , l'Italien , l'Elpagnol en ont
vingt-trois. Le Grec en a vingt-quatre L'Hébreu en a
vingt-deux, fans les points. Il y a peu de matières fur
lefquelles-ont ait autant écrit que fur les premières /ef
très Hébraïques. Depuis Origène , Eulébe de Céfarée
& S. Jérôme , on en parle, & on cherche quels font
les premiers caraétères dont les hommes fe lont fer-
vis , & par lefquels a commencé.
Cet Art ingénieux
de peindre la parole & de parler aux yeux ,
Et par les traits divers de figures tracées ,
Donner de la couleur & du corps aux penfées.^
Si l'on ne remonte pas toujours jufqu'au commen-
cement du monde, & à l'origine des lettres , on de-
mande au moins quels furent les caracftères par le
moyen defqucls Moïtc tranfmit à la poftérité la loi
qu'il reçut de Dieu , &: dont les autres Hiftoriens, ou
Prophètes de l'ancien teftament , fe lervirent pour
écrire leurs livres, & l'écriture propre du peuple Hé-
breu , avant la captivité de Babylonc. Trois opinions
principales peuvent partager fur cela les Savansi car
quelques-uns fe lont imaginé que les premières lettres
Hébraïques n'étoient autres que celles avec lelquelles
nous écrivons aujourd'hui l'Hébreu, & qui , de la fi-
gure carrée qu'elles ont, font appelées de l'Hébreu
carré. Quelques Doéircurs Thalmudiftes, Poftel &
Buxtorf le fils , ont fuivi ce fentiment. La féconde
opinion eft de ceux qui croient que les lettres Samari-
taines font les plus anciennes. Ce fentiment eft au-
jourd'hui le plus commun , comme il eft fans contre-
dit le plus ancien. Plufieurs Dodeurs Mifchniques
j & Gematiques , plufieurs Rabbins , Origène , S. Jérô-
' me , Eufebe de Céfarée , Bcde , Génébrard , Ramban ,
Bellarmin, Scaligcr , Drufius , Louis Capelle, Bi-
bhander, le P. Morin, Brérevood, Mafius, Villal-
pandus , Arias Montanus , Guido , Fabiicius Bodéria-
nus, Waférus.'Walton, les deux Voftius, Bochart,
B. Bernard , & bien d'autres , font de ce .fui-
LET 4g;
thncnt. Le iroifième eft , qu'il y a eu dès le commen-
cement deux caractères , 1 un facré ik. l'autre profane :
e'cft ce que foutiennent R. Azarias, Abdias de Bartc-
nora, Pollcl, Buxtorf, Conringius, le P. Sgambati ,
Jéfuite, ik. quelques autre-; : mais cette diftindion de
deux fortes de lettres eft chimérique. Foye-^ la Dif-
fcrtation du P. Souciet Jéfuite , fur les médailles Sa-
maritaines, où il prouve que les lettres qui font aux
inicriptions de ces médailles, font les premières Se
les véritables lettres Hébraïques. Les Journaliftes de
Lciplick, dans l'extrait de cet ouvrage, difent qu'un
de leurs Collègues a défendu le même fentiment , à-
peu près dans le même tems. C'eft M. Deylingius.
Crinitus dit que Moïfe inventa les lettres Hébraï-
ques ; Abraham , les Syriaques Se les Chaldaïques ;
les Phéniciens , celles d'Attique , dont Cadmus ap-
porta l'ufage en Grèce , &: les l'élafges le portèrent en
Italie -, Nicoftrata , les Latrnes ; Mis , les Egyptiennes;
Vulfila , celles des Goths , &c. Philon attribue l'in-
vention des torrej à Abraham; Jofeph, S. Irenée Se
d'autres, à Hénoch , long tetns avant le déluge ; Bi-
bliander , à Adam; Eupolème , Eufebe , Clément d'A-
lexandrie, Corneille Agrippa, cSc , à Moïfé ; Pom-
ponius Mêla , Hérodien , Rufus , Feftus, Zopyrion ,
Phornutus, Phnc , Lucain , aux Phéniciens; S. Cy-
prien, à Saturne; Corn. Tacite, aux Egyptiens; quel-
ques-uns aux Ethiopiens , fondés fur quelques en-
droits de Diodore de Sicile.
Rudebecks, qui, dans fon Atlantique, a entrepris
de tranfporter à la Suéde, la gloire de toutes les au-
tres Nations du monde, prétend qu'avant Cadmus,
les Ioniens avoient des lettres • qazu. tems du fiége
de Troye , les Grecs n'avoient que feize lettres , au
lieu que les Phéniciens en avoient vingt-deux. De là
il conclut que ce n'eft point Cadmus, ni les Phéni-
ciens , qui ont .appris cet art ingénieux aux Grecs.
D'ailleurs , parce que les anciens Septentrionaux
n'avoient que feize lettres comme les Grecs , il
conclut qu'il faut, ou que les Grecs lésaient données
aux Septentrionaux , ou qu'ils les aient reçues d'eux.
Mais parce que la figure des lettres Runiques eft plus
grollière que celle des lettres Greques, il conclut que
celles ci font venues de celles là, fondé fur ce prin-
cipe , que ceux qui empruntent une chofe , la polif-
fent Se la perfedionnent. Il veut même que par les
pommes d'or qu'Hercule fut obligé de ravir, il faille
entendre les lettres dont les Hyperboréens fe fervoient.
Les lettres, F,G,H,K,Q:,X,Y, Z , étoicnt
autrefois inconnues aux Romains, comme prouve
Claude Daufqueius en fon Orthographie, où il en-
feignc l'origine des lettres.
Les Gramm.iiriens diftinguent les lettres en voyel-
les Se en confonncs, en muettes, doubles, liquides
& caradériftiques. Les Hébreux divifent leurs lettres
en gutturales ,a, h, ch^gn, aleph , hc , cheth , hain ;
dentales ,\,ts ,r, zain , tf ade , refch ; labiales ,b,m ^
V , p 3 bcth, mem, vau, phe; celles de la langue,
d,t,l,n, dalethj tau, lamed, nun; Se du palais,
g,j , c, k , ghimel, jod, caph, coph. Les Ecrivains
les diftinguent en lettre ronde ou Françoife, Romai-
ne , Italienne , Bâtarde , de Compte , de Finance , let-
tres Gothiques ; on les appelle auffi de Tolède. Les
peuples du Nord avoient dès lettres qu'on nommoit
Runes j ou Runiques , dont Vérélius a parlé dans fa
Runographie.
Les Romains n'avoient point d'autres lettres que
les capitales Lancelot, Meth. Lat. C'eft ou la
commodité des Imprimeurs, ou la nonchalance des
Auteurs, ou toutes les deux enfemble, qui ont donné
lieu au retranchement de quelques lettres dans la plu-
part des mots. Grammaire Françoife de l' Abbé lie-
. gnier. L'ufage , qui eft l'arbitre fouverain de l'orto-
graphe, aulF; bien que du langage, femble tous les
jours fe déclarer de plus en plus contre les lettres
doubles; & s'il vient enfin, comme il pourra arriver,
à les profcrire abfolumcnt , toutes ks raifons d'étymo-
logie ne feront pas capables de les rappeler. M. Res-
TAUT , Grammaire Françoife.
L'art d'allcmbler les lettres , d'en former des mots
j,U L E T
& de combiner l'un &c l'autie en une infinité de fens ,
ell; pour les Chinois un mylKre inconnu. P. Li
Comte. Au lieu d'Alpliabeth, Us le tonc Icivis au
commencement de hiéroglyphes. Ils ont peint au
lieu d'écrire, & par les images naturelles des choies
qu'ils Ibrmoienr furie papier, ils tâchoient d'exprimer
Se de communiquer aux autres leurs idées. Ainh ,
pour écrire un oileau, ils en peignoient la figure; &
pour fignifier une foret , ils reprélentoient pluheurs
arbres, un cercle vouloit dire le loleil , & un croillant
la lune.
Cette manière d'écrire étoit non feulement impar-
faite , mais encore très incommode. Outre qu'on
n'exprimoit qu'à demi les penfées, ce peu même
qu'on exprimoit , n'étoit jamais parfaitement conçu ,
& il étoit imporfible de ne s'y pas méprendre. De
plus, il falloir des volumes entiers pour dire peu de
chofes, parce que la peinture occupoit beaucoup de
place. Ainfi , les Chinois changèrent peu à geu leur
écriture, & compofcrent des figures plus limples,
quoique moins naturelles : ils en inventèrent même
pluheurs , pour exprimer des chofes que la peinture
ne pouvoir repréfcnrer , comme la voix , l'odeur , les
fentimens , les pallions & mille autres objets qui
n'ont ni corps , ni figures. De plufieurs traits Impies
ils en firent enfuite des compofés , & de cette manière
ils multiplièrent leurs caractères à l'infini , parce qu'ils
endellinoient un, & même plufieurs, pour chaque
mot particulier.
Cette abondance de lettres eft , à mon fens , la
fource de l'ignorance des Chinois , parce qu'ils em-
ploient toute leur vie à cette étude, & qu'ils n'ont
prefque pas le tems de fonger aux autres Iciences ,
«'imaginant être allez favants quand ils favtnt lire.
Cependant il s'en faut bien qu'ils ne connoillent tou-
tes leurs lettres. C'eft beaucoup quand , après plu-
fieurs années d'un travail infuigable , ils eu peuvent
entendre quinze ou vingt mille.
Le commun des Lettrés fe contente encore de
moins, & je ne crois pas que jamais aucun Dodeur
en ait fu parfaitement la moitié; car on en compte
plus de quatre vingt mille. Pour ce qui eft des étran-
gers , on ne fauroit croire le dégoût que leur donne
cette' étude; c'eft une croix bien pefante que d'être
obligé pendant toute fa vie ( car ordinairement elle
n'eft pas trop longue pour cela ) de fc mettre dans la
tête cette aftrcufe multitude de figures j & d'être tou-
jours occupé à déchiffrer des hiéroglyphes imparfaits
qui n'ont prefque aucune analogie avec les chofes
qu'ils lignifient. On ne trouve ici aucim attrait comme
dans nos Iciences d'Europe, qui, en fatiguant, ne
laillent pas d'attacher agréablement Tefprit. P. le
Comte.
Parmi ces caractères , ou lettres ChinoilcSj il y en
a qui ne font prefque plus d'ulage, & on ne les con-
ferve que pour faire honneur à l'antiquité. Les le-
conds , beaucoup moins anciens, n'ont place que dans
les infcriptions publiques; les troificmes, beaucoup
plus réguliers & plus beaux , fervent dans l'imprel-
ilon & même dans l'écriture ordinaire; néanmoins,
comme les traits en font bien formés , il faut un tems
conlidérable pour les écrire , c'eft pour cela qu'on a
trouvé une quatrième efpèce d'écriture , dont les
traits plus liés & moins diflingués les uns des autres,
donnent la tacilité d'écrire plus vite. On la nomme
pour CÛ3. lettre courante. P. Le Comte.
Les Américains n'avoient point de lettres avant la
découverte de l'Amérique. Les Acaanibas gravent fur
des pierres de des métaux leurs événemens extraordi-
naires &c leurs époques. Les chanfons fuppiécnt au
refte. Au Chili, pour tenir compte de leurs trou
peaux , &: conferver la mémoire de leurs affaires par-
riculièiesj les Indiens ont recours à certains nœuds
de laine qui, par la variété des couleurs & des replis,
leur tiennent lieu de caraélcres & d'écriture. La con-
noiftànce de ces nœuds qu'ils appellent Quipos ^ eft
une Icience&un fccret que les pères ne révèlent à
leurs enfans que lovfqu'iis fe croient à la fin de leurs
jours; & comme il arrive fouvent que faute d'efprit
L E T
ils n'en comprennent pas le myftèrc, ces fortes de
nœuds leur deviennent un fujet d'erreur & de peu
d'ulage. FrÉzier , Voyage à la mer du Sud, p. 6j.
Au Pérou , ils fe fervoient aulîl de nœuds qu'ils fai-
foient fur une corde. Mem. de Trcv. 1707 > fg.
1601. Cependant, les Efpagnols trouvèrent au com-
mencement , près de la ville de Tiguamac , une ftatuc
d'or chargée d'mfcriptions en certaines marques , que
perlbnne ne put expliquer. Hifloire de la Con.pagnie
de Jéfus, T. IF, L. II, n. 14.3. Les Sauvages de la
"Virginie gravent certaines lignes & figures fur leurs
arcs dans leurs expéditions militaires & leurs voya-
ges , & fur des bâtons qu'ils portent avec eux. Ils
mettent des monceaux de pierres aux lieux où fc font
données de grandes batailles, accumulant autant de
pierres qu'il y a eu de foldats tués fur la place. Journ.
des Sav. lûi'i , p. 7/.
Lettres moulées , ou écrites à la main. Les Impri-
meurs les diftinguent en lettres capitale?, majulcules,
initiales , pour fervir aux titres & aux noms propres,
& félon la grolleur des caradtères, en gros canon,
petit canon, gros & petit parangon, gros romain,
fiint auguftin, cicéro , jufquà la nompareiUe , qui, eft
la plus petite. Ils appellent auUi lettres grifes , on hif-
toriees , celles qui font gravées lur du bois avec quel-
que ornement, comme les vignettes dont ils le fer-
vent au commencement des livres ou des chapitres
qui ont été fubftituées aux lettres enluminées des nw-
nulcrirs. ,
Le Roi Chilpéric voulut tranfporter dans notre Al-
phabet François , routes les lettres doubles des Grecs ,
afin qu'on pût repréfenter , fous un feul caraâère, les
th,ch,ph, es, Scpf, ce qui fut en ufage tant qu'il
régna , comme on apprend dans Grégoire de Tours.
Les Auteurs qui ont écrit des lettres , lont Tercntia-
nus Maurus, Antoine de Nébrille, Malinkrot, Vof-
fius & Dom Lancelot en fa nouvelle Méthode. On
lecommande à ceux qui apprennent à écrire, de bien
fon-nerkuTS lettres. Imrei bien nourrie s, lont celles
dont les traits & les jambages font proportionnés &
pleins. Lettres, ou jambages de lettres maigres ou
trop maigres , font des lettres dont les jambages font
trop menus, trop déliés par rapport à leur longueur.
Œil de lettre. Lettres finales des Hébreux, des Ara-
bes, &<:.
Lettres , fe dit aulTi des caraderes inconnus qu'on
croit fervir à lignifier quelque chofe. On dit que les
chinois ont 80 mille fortes de lettres, ou de caraélè-
res , qui font comme autant de hiéroglyphes. Chaque
lettre chez eux lignifie un mot ôc fe prononce en une
fyllabe. Ils écrivent avec des pinceaux. Se ils ont des
lettres qu'on ne trace qu'après 20 &c même 24 coups
de pinceau. On voit encore des lettres hiéroglyphi-
ques fur les obélifques venus d'Egypte, où l'on n'en-
tend rien. , ,
Lettres Numérales. C'eft ainh quon appelle les
lettres dont les Romains fe lervoient pour leurs chif-
fres & que nous avons prifes d eux. Ces lettres nu-
mérales font fept. C, D, I. L, M V, X. Toutes
ces lettres numérales des Romains fe trouvent for-
mées fi vous faites un cercle 8c le divilez par deux
lignes, une tranfvcrfale , & l'autre perpendiculaire,
qui viennent à le croifer en droiture par le centre. _
Ip- Les lettres uniques & capitales. Les Romains s en
fervoient pour exprimer un mot entier. Par exemple ,
ces quatre lettres S. P. Q. R, lignifioient Senacus,
Populufque Romanus. Les huit lettres luivantes, H.
E. R. I. Q. M. E. A , contiennent la formule de l'ac-
tion réelle , Hanc ego rem jure Quiritum meam ejje
aio. , r > \t
tfT Dans les allèmblées du peuple , lorfqu un Ma-
giftrat propofoit une loi qu'il avoit envie de
l'aire palier , chacun en rentrant recevoir deux tablet-
tes, fur l'une defquelles étoit un V Se un R, & lur
l'autre la lettre A. Les deux lettres V & R lignihoient ,
uti rogas, foit fait ainfi que vous le délirez, & la /«"
tre A fignifioit antiquo , je rejette.
Lettres Nundinales. Foye:{ Nundinales.
Lettre DoMiNicALi , eft la" lettre rouge de l'Almanacli,
LE T
qui marque le Dimanche. L'uccni DomhûcaUs. Elle
aéré iublHruée en la place des lettres nundiiiales du
Calendiiei Romain. I^oye':^ Dominical.
Lettre, fe dit aulli du caradtcre particulier dont cha-
cun écrit. Manus. Je connois la lettre d'un tel , cela
n'cft pas de fon écriture.
Lettre , fe dit aulîi en parlant du fens , de la penféc qui
font contenus Ions ces caractères. S. Auguftin a lait
un Commentaire fur la Géncfe à la lettre ^, de Gcne/i
adlitteram. Il eft bien difficile d'expliquer toute l'é-
criture à la lettre, au pic de la lettre. On s'attache
aux dehors j on fe tient à la lettre, &'ron ne va point
jufqu'à l'cfprit de la loi. FlÉch. On le dit du fens
littéral par oppolition au fens figuré. S. Paul dit que
la lettre tue , mais que l'efprit vivifie. Littera ocàdït ,
fpiritus autem vivificat.
Lettre, Epitre milîîve, écrit qu'on envoie à un abfcnt
pour lui faire entendre fa penfée. Littera , epïftola ,
littera. C'eft une efpèce de converfation entre per-
fonnes abfentcs. Les amis s'écrivent des lettres de
complimens j de nouvelles , de recommandation , de
■fciences, de curiolltésj de confolation; les Amans,
des lettres de galanterie, de tendiellc. Quand on s'en-
nuie à écrire une longue lettre, on ne manque jamais
d'ennuyer ceux à qui on l'écrit. Le Ch. de M. Balzac,
en écrivant fes lettres , penfoit plus à la poftérité qu'à
ceux à qui il les écrivoit. M. Scud. Il ne faut point
avoir trop d'elprit , ni en billets , ni en lettres : Il n'y
faut ni trop d'art, ni trop de négligence. Id. Il faut
que des lettres d'affaires foiem précifes ; que le bon
fens y ait plus de part que l'éloquence ; qu'elles difent
tout ce qu'il faut dire, & rien au delà; enfin, qu'il y
air un certain caraftère de civilité qui mette de la dif-
tinétion entre les lettres d'affaires des honnêtes gens,
&: celles de ceux qui ne le font pas. M. Scud. Pour
écrire des lettres de confolation raifonnables , il faut
qu'elles foient courtes , fins exagération , fans plain-
tes trop longues , & il faut lailfer là toute la morale
& toute l'éloquence. Id. C'eft dans les lettres de ga-
lanterie que l'efprit doit avoir route fon étendue/ où
l'imagination a la liberté de fe jouer, & où le juge-
ment ne paroît pas il fevère qu'on ne puille quelque-
fois mêler d'agréables foli.s parmi les chofes les plus
férieufes : on y peut railler ingénieufement, & il faut
que le ftyle enfoitaifé, naturel & noble tout enfem-
ble : Tait du monde y doit régner par tout. Id. Le
caraétère des lettres d'amour eft d'être tendre & paf-
fionnées , & de dire plutôt des chofes qui aillent au
cœur, que des chofes qui divertiflént l'efprit. Id. Il
faut plus de fentimens que d'efprit dans une lettre
d'amour : une lettre de cette nature ne touche point
quand on la fait trop belle. Id.
M. de la Monnoie difoit qu'on ne pouvoit être
plus parellêux que lui à écrire des lettres ; qu'il étoit
à cet égard ce qu'étoit pour les vifites ce galant hom-
me dont il eft parlé dans le Ménagiana, p. ijj du
Tome N , 8c qu'il parodieroit volontiers ainfi fon
Epitaphe à Theure de fa mort :
Cy gic , qui d'un air enjoué' ,
Et d'une manière naïve ,
Dit en mourant : Dieu foit loué ,
Je n'écrirai plus de mijjive.
Il étoit en cela bien différent de M. l'Abbé Nicaife,
fon Compatriote, dont, /7. ffS du / Tome du Ména-
giana, il nous a donné l'Epitaphe, ou après avoir
parlé de la perte que faifoient les Savans , il finit par
ce vers :
Malis nul n'y perd tant que la pofie.
^ Je ne vous écris qu'une Az\T\\4ettre , je vous en
écrirai une entière quand vous m'en donnerez l'exem
pie, ou plutôt quand il vous plaira; car je fais quelle
eft votre parelfe fur ce chapitre , & pour moi cela ne
me coûte rien. Lettres du Comte de BuJJy â la Corn
tcffe du Plejjis, s Juillet 166 j, tom. 3 , p. 43. Je
n'ai jamais vu de lettre plus courte que celle que S.
L E T 487
Grégoire Thaumaturge écrivit au diable. Il n'y .avoic
que ces mots : Grégoire a Satan. Entre, /^ojcr Vinf-
toirc Eccléjlajlique de M. lleury , in-12. Paris 1724,
tom.2, p. 14J, J44. Il y a<laiis la même fîiltoirei
tom. 20, p. 121 & 122 , une autre lettre du diable
au Pape Clément VI , mais elle eft plus longue, C'eft
une fiction au fujet des mœurs dépravées des Prélats
de ce tems là.
Les lettres que les Chinois s'écrivent les uns aux
autres, renferment un point de civilité qui a fcs myf- ,
tères, comme tout le refte. On n écrit point coniihe
on parle; la grandeur des caraCières, ics dillances
qu'il faut laJIIbr à propos entre l.s ligues , les termes
infinis d'honneur que la qualité des perfonnes exige,
la forme du papier, la multitude des enveloppes rou-
ges, blanches ou bleues, félon les états diLerens jù
l'on eft , & cent autres tbrmalités , ciu;aiTa<r'ii quel-
quefois les pliis favans, & il n'appartient ms a luus
les lettrés de lavoir écrire une leti.i. >.omiii^ il faut.
P. Le Comte.
et? On appelle lettre circulaire , plufi^rs lettres de
même teneur, écrites & aJrellces à dirtérentes per-
fonnes pour le même fujet. Le Roi envoie une lettre
circulaire à tous les Evêques, à tous les Gouverneurs
de Province , dans certaines occafions.
On .appelle lettre de cachet, un ordre du Roi con-
tenu dans une fimple lettre fermée de fon cachet,
foufcrite par un Secrétaire d'Etat. On appelle des
lettres d'état, celles que le Roi donne aux Amballà-
deurs , aux Officiers de guerre , & à tous ceux qui
font abfens pour le fervice de l'Etat : elles portent
furféance de toutes les pourfuites qu'on pourroit faire
en jultice contre eux : elles ne s'accordent que pour
iix mois; mais on les renouvelle tant que le prétexte
dure. Le Roi Charles 'VI, averti de l'arrivée des An-
glois en Flandres, en 1383, allémbla promptemenr
la Nobleflé : elle fe rendit à fes ordres au nombre de
16000 hommes d'armes , & lui demanda en grâce
que, tandis qu'elle feroit actuellement occiipée au
fervice , on ne pût faire contre elle aucunes procédu-
res de juftjce. Le Roi lui accorda cette grâce , c^ c'ert-
là le premier & l'unique exemple dans notre Ilif-
toire, où l'on ait fait un ufag? li étendu de ce qu'on
appelle Lettres d'Etat, fous les Rois de la troifième
Race. P. Daniel, Hijl. de France, T. Il, p. j6S ,
jôt).
Lettre, eft auffi un titre qui donne le droit de jouif-
fance de quelque chofe , ou l'inftrument avec lequel
en juftifie une prétention. Injlrumentum , monumen-
tum. On fait appeler en juftice un faililfant pour ap-
porter lettres ëc exploits en vertu defquels il a fait fa
fiifie. Les dons du Roi, les privilèges qu il accorde,
s'expédient par /er^r<?j patentes fujettes à vérification,
&c elles commencent par ces mots : ^ tous ceux qui
ces préfentes lettres verront. On a vendu cette charge
les lettres au poing; c'eft à-dire, qu'on a donné en
main le titre, les provifions. Les lettres de Maurife,
font des lettres de privilège que le Roi accorde à
quelques Artifans, pour les difpenfer de faire chef-
d'œuvre. On donne auffi des lettres d'Ecolier Juré ,
de Maître-ès-Arts , de Bachelier, de Licencie, de
Doéleiu-, de Gradué dans les Univerfités. On die
auffi des lettres de Tonfure , de Prêtrife , &c. On ap-
pelle aulli Nobleffe de lettres , celle qui eft fondée
fur des lettres patentes du Roi.
Lettres Patentes. Patentes Htter£. On appelle ainfl
les |G° lettres du Roi fcellées du grand fceau , qui fer-
vent de titre pour la concelllon de quelque ocfroi ,
grâce , privilège , établilîèment : elles ont pour les par-
ticuliers la même autorité que les édics poar le public.
1)3° Quelquefois on prend le terme de lettres patentes
dans un fens plus étendu , pour fignifier toutes fortes
d'édits, déclarations, & généralement toutes lettres
du Iceau.
fCCe t^xn\t àc patentes vient du Latin patens , parcc-
que les lettres du fceau que les Latins cxprimoient
par le mot Grec diplomata , à caui'e du repli qui les
rend doubles , font ouvertes, par oppofition aux let-
tres de cachet qui font clones & cachetées du cachet
4^8
L ET
du Roi, ou comme ledit Carondas, on les appelle
ainii, parce que leur amoiité ell: plus grande & plus
patente j à caul'e du grand fceau auquel eil empreinte
l'unage du Prmce (eant en fon lit de julHce^ avec les
principales marques de l'autorité royale.
Lettre , le dit aulli des ades tairs ou prononcés en ju(-
tica On lui a donné lettres de fon affirmation , de l'a
comparution , de fes oftres.
Lettres j au plur. Se dit de toutes les expéditions de la
grande ou petite Chancellerie , &: alors on les appelle
Lettres Royaux au mafculin , C^ parce qu'on a con-
fervé l'ancienne façon de parler. Royaux étoit autre-
fois mafculin & fcniinin. C'eft ainfi qu'on difoit cho-
fes héréditaux dans nos anciennes Coutumes. On
trouve dans Gauvin un de nos vieux Poètes ,
Les Damoifelks font fréjïaux :, c'eft à-dirCj fraîches.
IJO" Les lettres royaux , charte regales _, refcriptum te-
gium , diploma regium , font des fecours de droit éma-
nés du Prince j en faveur de l'impétrant; elles font de
grâce ou de juif ice. Les lettres de grâce font celles qui
contiennent une pure libéralité du Prince. Les lettres
de juftice font celles qui font fondées lur le droit com-
mun , ou qui portent mandement de rendre la juftice,
& que le Roi accorde moins par faveur , que pour
fubvenir au befoin de (es fujcts, fuivant l'équité & la
jraifon. Telles font les referions & reftitutions en
entier, & autres (emblablcs-
^Zf Lettres du grand & du petit fceau. Les lettres
royaux j foit de grâce, foit de juftice, font du grand
ou du petit fceau.
1^ Les lettres du grand fceau font celles qui ne peuvent
être expédiées que par les Secrétaires du Roi, ôc qui
font fcellées en la grande Chancellerie, en prcfence
de M. le Garde-des Sceaux, qui y préiide. Telles font
les lettres de rémiflîon', d'anoblillèment, de légiti-
mation, de naturalité, de réhabilitation, amortilfe-
mens, privilèges, évocations, exemptions, dons &
autres femblables.
ftCTLes lettres du petit fceau , font celles qui font fcel-
lées en la petite Chancellerie , en prélence d'un Aiaî-
tre des Requêtes qiù y prélîde ; telles font les émanci-
pations ou bénéfices d'âge, les lettres de bénéfice d'in-
ventaire _, les terriers, les lettres d'attribution, de
jurildiéfion pour criées , les committimus du petit
fceau, les /(?^/r« de main fouverainc, les lettres d'af
fiette, les reliefs d'appel lîmple ou comme d'abus, les
anticipations, les déferrions, les débitis, les compul-
foires, les refcillons , les requêtes civiles &c autres,
dont la plupart regardent l'inftruéfion ôc la procé-
dure. Voye:^ Ferr. Toutes les lettres de Chancelle-
rie ne l'ont valables que pour un an. Quand on a né-
gligé de s'en fervir, il faut obtenir des lettres de furan-
nation qu'on attache lur les anciennes.
Lettres en ferme, dans le Cambrefis , fe dit du
double authentique des lettres que chacun eft obligé
de mettre à l'Hôtel de Ville , dans une chambre ap-
pelée/erwe , qui eft deftince à cela, afin que le. dou-
ble des lettres ne foit point faliîfic , ni altéré , étant
confervé dans un lieu public & silr. Cela fe fait dans
ce pays-là , parce qu'il n'y a point de Garde-Notes
publics. Lettres Lombardes , font des lettres qui
s'expédient à la Chancellerie , &: fe donneiit aux
Lombards & Italiens, qui veulent trafiquer & tenir
banque en Fiance. v
Lettres de repréfailles , ou lettres de marques , font
des lettres qu'un Souverain accorde pour reprendre
fur les biens des ennemis, l'équivalent de ce qu'ils
ont pris à fes fujets , &: dont le Souverain ennemi
n'a pas voulu frire jullice. Lettres de mer, font des
parentes qu'on obtient pour naviguer. Lettres de
îânté, ce font des lettres que prennent ceux qui font
voyage fur terre ou fur mer , lorlquc la perte eft en
quelque pays , pour montrer qu'ils ne viennent pas
des lieux qui en font infeélés.
Autrefois les Papes fe rélervoienr la collation
de certains Bénéfices , & l'interdiloient aux Ordinai-
. iss. D'abord ils prioicnt les Ordinaires par leurs
L E T
Lettres Monitoifes de ne pas conférer ces Bénéfices.
Ils envoyèrent enfuite^ des Leures Préceptorïales
pour les obliger fous quelque peine à leur obéir : &
parce que ces deux moyens ne fuftiloient pas pour
rendre la collation des Ordinaires nulle j ils ren-
voyoient des lettres exécutoires , non Itulement pour
punir la contumace de l'Ordinaire j mais encore
pour annuler fa collation. Fleury.
Lettres Apostoliques, Litterx. Apojlolicit , fondes
lettres des Papes j qu'on appelle plus communé-
ment depuis pluhcurs fiècles j du nom de Refcrits
de Bulles j & de Brefs. Voy. ces mots. Lettres de
la Pénitcncerie de Rome j Luceriz Sacrie Pœniten-
t'iarïâ.. Ce font des lettres qu'on obtient du Tribu-
nal de la Pénitcncerie dans les cas où l'on doit s'a-
drefler à ce Tribunal pour des Dilpenfes fur les
empêchemens de mariage, des abfolutions de Cen-' '
fures J &c. Voy. le Livre du P. Tiburce Navar ,
Récolet François J intitulé j Manuduclïo ad praxïm
«Sec. Lettres de paix , ou Lettres formées , & com-
munie atoire s. Formata. Ce iont des lettres que les
anciens Evêques écrivoient à leurs confrères fur les
matières de la Foi , pour faire connoitre aux Fidè-
les , les Prélats & les peuples avec qui ils étoient
unis , & avec qui ils pourroient communiquer. Foy.
Formée. On lifoit autrefois \ts Lettres de paix dans
le Jubés. Thiers.
Lettres de Profession. Ce font les vœux d'une Re- it
ligieufe, lignés par elle même , après qu'elle les\a '
prononcés folennellement j &c que toutes les céré-
monies de la Profcflion on éré faites. Port-Royai.
Lettres d'intimation. On appelle ainii les lettres cir-
culaires que l'Eleéteur de Mayence écrit aux Elec-
teurs de l'Empire , pour leur indiquer l'alfemblée
de l'éledion du futur Empereur , & pour le
ijiviter.
Lettre de Garde marine , c'eft une lettre de la Cour,'
adrelfée à l'Intendant du Département , pour rece»
voir le Garde dans fa Compagnie.
Lettre de change. Foy. Change.
Lettres de marques. On nomme ainfi en Hollande
les certificats que les Jurés-Maîtres Marqueurs de
mcfures délivrent aux Capitaines, ou aux Proprié-
taires des vaillèaux fujets au droit de laft-gelt , du
jaugeage qu'ils en ont fait. C'eft fur ces lettres que
fe tait le payement de ce droit. Dict. de Com.
Lettre de créance. Lettre de recommandation , dont
eft Porteur celui qu'on envoie auprès de quelqu'un
pour traiter quelque aftaire , ou exécuter quelque
commiilion dont on l'a chargé , afin qu'on ajoute
foi à ce qu'il dira , & que cette lettre foit un
témoignage qu'il eft véritablement envoyé par celui
qui lui a donné cette lettre , ôc que l'on peut croire
ce qu'il propofera.
On appelle encore Lettre de créance , celle qu'un
Banquier, ou un Marchand donne à un homme qui
voyage , pour être préfentée aux Correfpondans du
Banquier , ou du Marchand , &c pour fèrvir à ce-
lui qui la préfentc de lettre de change j quand il
aura befoin d'argent.
Lettres de mer. On nomme ainfi dans les ports de
la Picaidie & de la Flandre , les commifTions que
les Etrangers prennent d'un Prince dont ils ne font
pas fujets , pour faire le commerce fous fa ban-
nière ^ ou armer en courfe contre fes ennemis.
Lettre oftenflve , eft une lettre qu'on écrit pour être
montrée.
Lettres de relief d'appel , font celles qui portent
mandement au premier Huillîer ou Sergent fur ce
requis , d'alligner & intimer à la requête de l'Ap-
pellant fur l'appel.
Lettres de lémillioii , font celles par Icfquelles le
Roi remet la peine du crime dans un cas rémif-
fible.
Lettres de révifion , font celles qui font adreflces
aux Juges pour examiner de nouveau un procès
criminel.
Lettres de forme , Lettres de Cour. Ces deux ma-
nières d'écrire furent les plus ufltée* en France pen-
dant
L E T
dant les quatorzième (Se quinzième fiôclcs. On ciitcndoit
p.ii- Icuns de forme , les caradlèrcs fcmblnblcs à
ceux dont on ccrivoir les Livres de chant, les Millèls
&c Bréviaires. Les lettres de cours , où l'ècrirute
courante ctoit ullrée pour les plaidouics (!<>: l'ulage
ordinaire , qui dcmandoit moins d'attention.
Lettres de lurannation. Ces Lettres portent mande
ment de mettre à exécution une commillion , non
obftant la iurannation de la même commillion.
Ces lettres de (urannation font néceilaircs , parce
que toutes lettres de Chancellerie ne (ont valables
que pour un an : on attache les nouvelles lettres
fur les anciennes.
Lettres de terrier. Elles portent commiflion géné-
rale d'appeler par devant un ou deux Notaires ,
les Débiteurs des redevances & dcvous j afin de
les reconnoître , payer les arrérages qui en font
dus j & en palier des déclarations au profit du Sei
gneur de fieh Ces lettres s'obtiennent par les Sei-
gneurs qui ont de grands territoires & beaucoup
de redevances. Les déclarations des valleaux , por-
tées par les terriers (olennels , font titre contre eux
en faveur du Seigneur.
Lettres de vétérance. Ce lont celles qu'on accorde
aux Officiers qui (e démettent de leurs Charges après
en avoir rempli les fonétions avec honneur &: pro-
bité , l'efpace de vingt années. On nomme aulli let-
tres de vétérance , les lettres d'honneur. On les ac-
corde louvent avant les vingt années , par faveur ,
&C en confidération de l'importance des fervices.
Les LettrS^ de naturajité , font celles que les Etran-
gers obtiennent du Prince , pour être naturalilés ,
tk. pour jouir des mêmes privilèges que les Origi-
naires du pays.
Lettres , fe dit auflî des Sciences, fjO'dcs lumières
que procure l'étude , particulièrement celle des
belles lettres. Littera , artes , erudïtïo. C'eft un hom-
me de lettres , il a été élevé dans les lettres , il a des
lettres. Les Barbares font ennemis des lettres , ne les
cultivent point. François I a commencé à faire re-
vivre les lettres en France. On appelle Mécènes,
ceux qui protègent les gens de lettres. On appelle
les lettres humâmes , ou les belles lettres , §3° la
Grammaire , l'Eloquence , la Poëfie. Dans ce fens ,
on diftingue les gens de lettres , de ceux qui s'appli-
quent aux (ciences abltraites. La connoillance des
belles lettres devient en plulieurs Savans une éru-
dition fort ennuyeufe. S. Evr. Paul III aimoit les
lettres , Se fe faifoit entretenir durant la table par
de favans hommes. Bouh. Les gens de lettres ne
font pas d'ordinaire les plus faciles à conver-
tir; non-feulement parce que la fcience , qui enHe
prefque toujours le cœur plus qu'elle ne perfec-
tionne l'efprit, ell naturellement oppolée à l'humi-
lité du Chrillianifme ; mais auflî parce qu'elle accou-
tume la raifon à regarder de lang froid , i<c pour
la feule fpéculation , les vérités les plus touchan-
tes de notre lainte Religion.
. Tant que l'on continuera en France de protéger
les lettres , nous auroirs allez d'Ecrivains. La nature
forme prefque toujours des hommes en tout genre
de talent : il ne s'agit que de les encourager , & de
les employer. Mais fi ceux qui fe diflinguent un peu ,
n'etoicnt foutenus par quelque récompenfe honora-
ble &■ par l'attrait plus flatteur de la confidération ,
tous les beaux Arts pourroient bien dépérir un jour
au milieu des abris élevés pour eux ; & les arbres
plantés par Louis XIV, dégénéreroient faute de cul-
ture. . . M. DE Voltaire , Epitre de fa Tragédie
de Zaïre.
Lettres , fe dit aufïi de plufieurs Livres & de leurs
titres. On appelle la Bible Ç3.v e\ce\\enç.e, les faintes
Lettres. Sacriz Litterx. Les lettres du Cardinal d'Of
(at , de Bcntivoglio , &c. Les lettres de Voiture ,
de Coftar , Se d'une infinité d'autres Auteurs qui
ont paru , & en même temps difparu en ce fiècle. A
l'égard des Anciens , comme Cicéron , Saint Jérâ-
me, Saint Auguftin , on les appelle Epitres. L'u-
fage cft moins partagé aujourd'hui , &: l'on dit fort
Tome F.
L E T 489
bien avec XL Dubois, Lettres de Saint Aui;uftin;
avec M. de Sicï, Lettres dcPlme ; Si avec M. l'Abbé
de Sv.Réal, ik M. l'Abbé Montgault, Lettres de Cicé-
ron à Atticus. Il en cil de même des Aporrcs , dont
les Lettres portent' le nom d' Epitres, L' Epitre de
S. Paul aux Romains , aux Corintliiens , &c: L'E-
pitre Catholique de S. Jacques , de S. Pierre , &c.
On dit néanmoins aufli quelquefois L-ettres , en par-
lant de celles-là , quoique Epitre (oit plus uiité:
mais on ne dit jamais Epitre , quand on parle des
Modernes. On ne dit point les Epures du Cardinal
d'Ollàt, les Epitres de Bulli Rabutin , les Epitres
de Voiture, &c. mais les L^ettres , Sec.
Lettre , fe dit proverbialement en ces phrafcs. On
dit qu'il faut aider à la lettre ; "pour dire , qu'il ne
faut pas expliquer une chofe à la rigueur , mais y
ajouter quelque choie du lien , qui en facilite l'in-
telligence. On dit aulli , ajouter à la lettre ; pour
dire , quelque chofe qui n'eft pas dans ce qu'on
lit , dire plus qu'il n'y a. On dit aulli du fecrec
d'une affaire qu'on ignore , Ce font pour nous
lettres clofes. On dit aulli d'un Ouvrage fort aciie-
vé, où on ne peut rien ajouter ni diminuer j qu'il
n'y manque pas une lettre.
On dit proverbialement & figurément. Avoir
lettres de quelques choies ; pour dire, en avoir alfu-
rance. Vous entreprenez un tel voyage -, avez-vous
lettres de revenir. Il ell du ftvle familier. Ac. Fr.
LETTRÉ , ÉE. adj. Qui a des lettres. Il eft du Ifyle
familier. Litteratus , eruditus , doclus. Le vulgaire
des Lettrés , Mascur. On a appelé autrefois
Lettrés , en Latin Litcerarii ; Se Littératures , les
Grammairiens , les gens médiocrement favans.
On appelle un homme lettré , celui qui a étudié ,
qui ell lavant; & on appelle non lettré , celui qui
ne fait pas le Latin , qui n'eft pas gradué. Illitera-
tus. Les Juges de village , les Elus , ne font pas
obligés d'être lettrés , c'eft - à - dire , gradués en
Droit.
Lettré , Letrado : c'eft ainfi qu'on nomme en Portu-
gal un Avocat. De la Neuville , /fi/?, de Portu^
gai ,T.L ,p. sS.
En parlant de la Chine , on appelle Lettrés ceux
qui s'appliquent à l'étude des Lettres , qui appren-
nent à lire &c à écrire. Se qui peuvent lire les Li-
vres. Il n'y a que les Lettrés qui puilfent être Man-
darins , &c afpirer aux Charges.
La Seéte des Lettrés , eft une des Seûes de la
Chine. Litteratorum Secla. Voici ce qu'en dit le P.
le Comte dans fes Mémoires, T. LI , p. ijp. Il
eft important de faire connoître une troilième
Sefte , qui tient lieu de Religion , ou de Philofo-
phie , ou même de Politique parmi les gens de
Lettres; car on ne fait comment appeler cette Doc-
trine , qui paroît fi obfcure qu'ils ne favent guère
eux-mêmes ce qu'ils prétendent. Ils la nomment
en leur Langue Juhiao , & c'eft la Seêle des Sa-
vans. Les guerres civiles , l'idolâtrie Se la magie ,
ayant mis durant plulieurs liècles le détordre dans
l'Empire , l'amour des Sciences en avoir été banni ;
Se il s'étoit trouvé peu de Doéteurs capables par
leurs ouvrages , de réveiller les efprits de l'allou-
pillement où l'ginorance Se la corruption des mœurs
les avoient enfevelis. Il y eut feulement environ
l'an 1070. après J.C. quelques Interprètes de répu-
tation , &• en 1 200 , un Dotleur fe diftingua des au-
tres par la capacité. A fon exemple , on commença
peu-à peu à prendre goût aux Livres anciens j qu'on
avoir jufques alors abandonnés. Enfin l'an 1400. les
Empereurs voulant donner à leurs lujets de l'ému-
lation pour les Sciences , choifirent quarante deux
Doéleurs des plus habiles, à qui ils ordonnèrent de
fiire un corps de Doètrine conforme à celle des An-
ciens , qui fût dans la fuite la règle de tous les Sa-
vans. Les Mandarins qui en eurent la commillion,
s'y appliquèrent avec foin ; mais comme ils étoient
préveilus de toutes les maximes que l'idolâtrie avoi:
répandu dans la Chine , au lieu de fuivre le véii-
table fens des Anciens , ils tâchèrent de les faire en-
Qqq
490 L E T
ti-er eux mêmes , par de Nulles intetprctations , à.ins
to-utes leurs idées particulières. Ils parlèrent de Li
Divinité , comme h ce n'eût été que la Nature mcme i
c'elt-a dire , cette tores ou cette vertu naturelle qui
produit, qui arrange, cfiii coiilerve toutes les parties
de rUnivc-rs. C'elt , dilent-ils, un principe trcs-
pur , très-pariâit , qui n'a ni commencement ni hn;
c'ell la fource de toutes choies , reHence de chaque
Etre , & ce qui en fait la véritable difterence. Ils le
fervent de ces magnihques expreiiïons , pour ne pas
abandonner en apparence les Anciens ; mais au tonds
ils le font une nouvelle Doctrine, parce qu'ils les
entendent de je ne lais quelle ame inlenhble du
monde, qu'ils fe figurent répandue dans la matière,
où elle produit tous les changements. Ce n'eft: plus
ce Souverain Empereur du Ciel , Julie , Tout puil-
fant, le premier des efprirs , & l'Arbitre de toutes
les créatures : on ne voit dans leur Ouvrage qu'un
athéïfme ratiiné , & lui éioignemcnt de tout culte
religieux. - , ' i
Cependant foit qu'ils ne voulultent pas te décla-
rer entièrement, foit qu'ils fe fulîent expliques en
termes plus forts qu'ils ne penfoient , de temps en
temps ils parlentdu ciel comme les Anciens,& ils don-
nent à la Nature prefque toutes les qualités que
nous reconnoillbns en Dieu. Us fou.-Tiircnt même
volontiers les MohometanSj parce quiis adoroient
comme eux , le maître & le Roi du Ciel. Pour les
autres Seétes , ils les pcrfécutèrent à outrance j &
on prit à la Cour la réfolution de les abolir dans toute
l'étendue de l'Empire.
Mais plufieurs riifonsen détournèrent ; les principa-
les furent , que parmi les Savans mêmes , il y en avoir
plufieurs d'opinion diltérente ,. & imbus de l'an-
cienne idolâtrie : déplus, que tout le peuple étoit
déclaré pour les idoles ; deforte qu'on ne pouvoit
renverfer leurs Temples ^ frns exciter des troubles.
Ainfi l'on fe contenta de les condamner en général
comme des héréfies j ce qu'on fait encore tous les
ans à Péking , fans fe mettre en devoir d'en arrêter
efiic.Tcement le cours.
Ces nouveaux Livres compofés par tant d'habiles
gens _, & approuvés par 1 Empereur même , furent
reçus avec applaudilîemcnt de tout le monde. Ils
plurent à quelques uns , parce qu'ils détruifoient
toutes fortes de Religions, & ce tut le plus grand
nombre. D'autres les approuvèrent, parce que le
peu de Religion qu'ils y trouvoient j ne leur donnoit
aucune peine à pratiquer. Ainh fe tonna la Secfe
des Savans, ou comme on parle fouvent, la Seéfc
des Lettres , dcfquels on peut dire , qu'ils hono-
rent Dieu de bouche &: du bout des lèvres ^ parce
qu'ils répètent continuellement qu'il fiut adorer le
ciel >Sc lui obéir; mais leur cœur en efl: fort éloigné,
parce qu'ils donnent à ces paroles un fens impie,
qui détruit la Divinité , & qui étoufte tout icnti-
ment de Religion, l-^'oye^ encore le P. Couplet dans
fon Confucius ; ProAmiali Declaratione , §. j.
Ce nom s'efl: donné aux Savans de la Chine,
parce que les premiers qui ont écrit de cet Empire ,
font les Portugais èv' les Elpagnols , qui appellent
Letrado , un Doéfeur , un Savant , un homme de
Lettres ; & qui ont appelé Lctnidos , les Savans de la
Chine.
LETTRIER. f. m. Vieux mot. Infcription.
LETTRIN. Foyçi Lutrin.
LETTRINE, f. f. Terme d'Imprimeur. LitceruLc. Les
lettrines font de "petites lettres que l'on met au-
• delliis ou à côté ^CJ'd'un mot pou-r renvoyer le
Leéteurà la marge ,ou au commentaire où il en doit
trouver l'explication.
§3° On appelle aufli lettrines dans un Didionnaire ,
les lettres majufcules qui font au haut d'une page
pour indiquer les lettres initiales des mots qu'elle
contient.
LETTRISE , ÉE. adj. Poëme Ictcrïfé , ou Yats lettri-
fés. Ce font ceux dont tous les mots conmencent
■ par une même lettre. On appelle autrement ces
fortes d'ouvrages Tautogrammes. Voy. ce mot.
L E V
L E V.
I
LEU. f. m. 'Vieux mot qui fc difoit autrefois pour
loup. Lupus. Ce mot Leu , te dit encore en Pi,
cardie , & en d'autres lieux , au même fens. On
dit encore populairement ; c'eft un vieux leu ^
pour lignifier un maître homme , \\\\ homme fin ,
rufé. c'ell encore de -là qu'on lurnomma autrefois
Pel de leu , un noble nommé Raoul ; parce qu'il
portoit une vefte de peau de loup. Voy. Du Cange ,
dans les Notes fur l'Alexiade , /'. 240.
Leu. f m. Nom d'homme. Lupus. Leu , que plu-
fieurs prononcent auffi Saint Lou, & que plufieurs
écrivent Loup , étoit fils de Betton -, allié à la fa-
mille Royale. Il naquit dans le Diocèfe d'Orléans;
il fut élevé à l'Evêché de Sens en 609 j Se mourut
en 61).
LEVADIA , ou BADIA. Nom d'une petite ville de
la Livadie , en Grècel Lebadia j Lebadea. Elle cil
près de la rivière de Céphile j St du lac de Thébes ,
ou Stives , à quinze lieues de la ville de ce nom ,
vers le couchant. Maty.
LEVAGE, f m. Terme de Coutumes. Dans l'Anjou
& dans le Ivlaine , le levage ell un Droit appartenant
au Seigneur Jullicier : il fe levé fur les denrées qui
ont féjourné huit jours en fon fief, & y ont été
vendues & tranfportées ailleurs -, c'eft l'acheteur qui
paye ce Droit au Seigneur. Exagogïcum. Levage eft
auili dans les mêmes Provinces un Droit qui ell dii
au Seigneur Jullicier , pour les biens de fcs Itijets qui
vont demeurer hors de fon fiet. Ce Droit ne doit
pas excéder cinq tous.
Itr LEVAIN, f. m. Fermentum. C'eft la même chofe i-.
que ferment , avec cette diltércnce que levczin ;
eft plus de l'ufage ordinaire, &z ferment du ftyle didac- 'i
tique. De plus , le mot de levain le prend dans un
fens figuré -, au lieu que le mot de ferment ne fe
prend que dans le fens propre. On entend par-là
toute matière capable de caufer un gonflement &
une fermentation dans un corps auquel on l'incor-
pore ; comme il arrive dans la pâte dont on veut faire
le pain , qu'on fait lever & fermenter en y mêlant
un morceau de pâte aigrie de la fournée précé-
dente. L'huile de tartre eft un levain qui fait une
prompte fermentation , quand on la mêle avec l'ef-
prit de vitriol; ce qui arrive généralement à tous les
acides mêlés avec les alkalis.
Ce mot vient de levanum à levando ; parce que le
levain fait lever la pâte. Voyei Ferment.
Levain , de Boulanger. C'eft un morceau de pâte ai-
grie , ou imbibée de quelque acide , qui tait lever ,
entier & fermenter l'autre pâte avec laquelle on le
mêle; & en ce cas, il s'appelle Franc-levam. Quand
on y mêle de l'écume de bière , il s'appelle levure.
Le pain ordinaire eft fait avec du levain. Le pain
qui doit être confacré eft fans levain. Panis a-:(imus ,
non fcrmentatus. Souvent ceux qui cuifent envcJient
emprunter un levain chez leur voifin pour faire leur
pâte, foyei fur le levain , le Traité de Police de'
M. de la Mare , T. /, p. s^o & fuiv. , & T. //,
p. S 14 & S T s-
§C3° Levain , fe dit par extenfion d'un principe de :
corruption , d'une difpolition des humeurs à ,
quelque maladie prochaine , d'une mauvaife qua-
lité qu'elles contractent , & qu'elles conteryenc
après les maladies. Il y a des maux qui ne fe guérif-
fent jamais fi bien, qu'il n'en refte quelque /fVûW.
On ne peut guérir la fièvre qu'en chalTant & pur-
geant le levain qui entretient la mauvaife humeur
qui la caufe.
Levain , fedit §3° encore du diftolvantde l'eftomac,
par le moyen duquel fe fait la digellion des alimens.
De mauvais levains dans l'eftomac corrompent la
malle des alimens , & procurent une mauvaile di-
geft'on. ^ r . n
gCF Ce mot s'emploie aulTi au figure. On appelle en
Théologie le levain du péché. Peccati fomes , Le
L E V
penchant pour le mal qui vient de notre nature
corrompue.
ff^On le dit généralement de toutes les mauvaifes
imprcdions que le péché Liire dans Tamc. Le /e
Vain du péché originel. Il faut fe défaire du vieux
levain. Expurgate vêtus ferrnentum.
CCJOn le dit encore des pallions violentes , «Se des
difpontions au foulcvcment dans l'efprit des peuples.
Levain àc haine, dcdilcorde. Il relie encore dans
lefjjrit de ces mutins un levain de {édition , de révolte.
Levain , en termes du grand Art , a les lignifications
< fliivantcs. Levain de la matière des Philolophes ,
c'eft la pierre au blanc parfait. Levain de l'or , c'ell
le mercure des Sages.
LÉVANE. f. h Terme dé Mythologie. Nom d'une
déelfe de l'Antiquité payenne. Levana. La déelle
I.évane préddoit à l'aAion de celui qui Icvoit
un enfirtt de terre : car quand un enfant étoit né ,
la Sage-femme le mettoit à terre , & il flilloit que
le père, ou quelqu'un de la part, le lev.it de terre ,
&: le prît dans Ton fein , fins quoi il palFoit pour
illégitime. Saint Auguftin , L. IV. de la Cité de
• Dieu, dit que ZeVa/2d n'étoit point une déede par-
ticulière; qu'au fentiment des payens , c'étoit Jupiter
à qui l'on donnoit divers noms , Iclon les offices dif-
férens qu'il avoir ; qu'il ouvre la bouche aux petits
cnhns , & qu'on le nomme le dieu Vatican; qu'il
les lève déterre, & qu'il efl: la àit'^cLévane. DeCeri-
ziERS , Traduclion de la Cite de Dieu. Voy. Dempl-
ter. Parai, ad R.oJIn. Antiq. L. U.c. ip. 'V^ollîuSj
de Idol. L. Il , c. 26. à la tin, prétend que Lé-
vane eft la même que Ilithyie , ou Lucine , qui efl:
la même que la Lune , & que le nom de Levana
vient de l'Hébreu r!j37 , Lebana , qui fîgnifie laLune.
LEVANT, adj. m. & f. Sol oriens. Il ne fe dit guère
qu'en cette Phrale. Le Soleil levant. Toutes les
Églifes étoient autrefois tournées au Soleil levant.
Dans les Coutumes , fouvent on dit , un homme
levant & couchant ; pour dire , un ho'mme domi-
cilié , par oppofition à aubain , ou étranger. On les
appelle en Latin Levantes (S" cubantes. Voy. Du
Cangc , dans [on Gloffaire.
Levant, f. m. Oriens, orientis plaga. La partie du
ciel fur l'horifon terminée par le Méridien du côté
oti les aftres fe lèvent à notre égard. Le levant
eft à notre main droite , quand nous tournons
la face du ccté du Pôle feptentrional. L'Evangile
a été prcclié depuis le levant jufqu'au couchant.
A foUs ortu ufque ad occafum. Cette terre eft bor-
née au levant par une rivière.
On appelle le levant d'été , la partie du ciel où
le foleil fe lève fur notre horifon en été ; &c le
levant d'hiver , celle où le loleil fe lève en hiver.
AcAD. Fr.
Levant , fe dit aulîî de tous les pays^fitués à l'Orient
à notre égard , & en particlier des Iles & Ports de la
mer Méditerranée. Les Marfeillois trafiquent au
Levant , à Smyrne , à Alep. Lès beaux maroquins
viennent du Levant. Le féné , la cafle , s'apportent
du Levant. La mer Méditerranée s'appelle la mer
An Levant. On dit aullî, le Vice-Amiral du Levant ,
qui commande fur la Méditerranée; le Vice- Ami
rai du Ponant commande fur l'Océan. Efcadre du
Levant j celle qui eft fur cette mer. Le mot de
Levant , fe dit communément des pays qui font
les plus proches de nous. Ce qui eft beaucoup
au-delà de la Méditerranée , comme la Perfe ,
l'Inde , & les autres pays de l'Alie plus recu-
lés , ne s'appelle pas Levant , mais Orient. îv!.
Tavernier , le P. Tachard , ont fait plufîeurs fois
le voyage de l'Orient , & non pas du Levant. La
Chine eft uu des plus riches pays de l'Orient. Les
Iles du Levant. riZs' Ainfilorfqu'il s'agit de commerce
■3c de navigation , on appelle le Levant toutes les
cotes d'Afie le long de la Méditerranée , & même
route la Turquie en Afie : alors toutes les Échelles ,
depuis Alexandrie en Egypte jufqu'à la met Noire ,
cc même la plupart des lies de l'Archipel, font com-
prifes dans le Levant : &c l'on ne dit point voyage
Tome V.
LEV 491
d'Orient , marchandifej d'Orient , à l'égard de ces
lieux la. Car on entend par Orient \x Itrfé , les In-
d'JS , Siam _, le Tonquin , la Chine ^ le Japon , ijc.
En un mot le Levant eft Li partie occidentale d. l'A-
iic, & \' Orient tovii ce qui eft au d..là de lEUr^hiate.
Ce qui n'cft vrai pourtant qu en matière de com-
merce & de navigation : car en fait d'Empires &c
d'iiirtoire Ecclelialtiquc , on dit l'Empire d'Orient,
LÉglife d'Orient.
En termes de Jardinage, le lestant eft tout le con-
traire de ce que c'eft en Aftronomie & en Géogra-
phie. Les Jardiniers ne regardent que les endroits
de leur jardin où le foleil donne , & dj quelle ma-
nière dans tout le cours d^- la journée il y donne , loit
à l'égard de tout le jardin , foit a l'égard de quel-
qu'un de fcs côtés : li les Jardiniers voient que le
foleil à Ion lever , & pendant toute la première moi-
tié du jour , continue de luire iur un côtéj ils ap-
pellent ce côté le côté du levant, ëc c'eft en effet en
matière de jardins, le véritable levant ; enforte que
(i le foleil y commence plus tard . ou y finit plu-
tôt ; cela ne ie doit point appeler \e levant. La Quint.
Voye:[ Exposition , en termes de Jardinage.
On dit proverbialement qu'on adore plutôt le
foleil levant que le foleil couchant ; pour dire ,
qu'on fait plutôt la cour à jeune Prince , qu'à un
Prince fort âgé.
Levant, f. m. Sur la mer Méditerranée , on appelle
levant le vent d'Orient. Eurus. C eft le vent d'Eft.
IP" LEVANTIN, INE. ad;. Natif des pays du Le-
vant. Ln. orientait plaga natus. Peuples Levantins.
Nations Levantines. li ell Ibuvent employé fubftaii-
tivemenr. Les Levantins font la plupart Mahomé-
tans. Il fe fait un grand commerce avec les Levan-
tins. Les Levantins font proprement ceux qui habi-
tent le long des côtes de la Méditerranée du côté du
Levant , & dans les premiers États qu'on trouve
au-delà de ces côtes , &c parce qu'on va da.:s ce pays là
par la mer Méditerranée , on appelle les Officiers
qui commandent ou fervent iur cette mer , Cfticiers
Levantins. Les Chinois , les Japonois , les Indiens,
ne font point délignés par le nom de Levantins ,
quoique par rapport à nous , ils habitent du côté
du Levant. Il faut les appeler Orientaux. On va
aujourd'hui chez ces peuples là par l'Océan , en
doublant le cap de Bonne Efpérance. Équipage Le-
vantin , eft un équipage de vailleau levé fur les côtes
de la Méditerranée. Les Matelots Levantins font
fort agiles.
Les Levantins en leur Légende ,
Difent qu'un certain rat y las des foins d'ici-bas ,
Dans un fromage de Hollande
Se retira loin du fracas. La Fontaine,
Ce nom ne fe dit point des Anciens : en parlant
d'eux j il faut dire , Orientaux , & non point Le-
vantins. Il ne fe dit p.as non plus en matière d'éru-
dition ; on ne dira point les Langues Levantines ,
mais les Langues Orientales. Il ne fe dit donc que
des peuples d'aujourd'hui qui habitent vers la mer
du Levant, fur les côtes orientales delà mer Médirerra-
née. Il fe dit aulîî des drogues & des marchandifes
qui viennent de ce pays. Une bonne médecine pur-
gative & corroborarive , compofée de caflè récente ,
avec féné levantin Se autres. Mol.
LE VANTIS. f. m. Soldats de Galère des Turcs. La
pefte Se les Levantis l'ont , après le feu^les deux fléaux
de Conftantinople. Tournefort. Les Levantis in-
fultcnt fbuvent les Étrangers.
LEVANZO. Nom d'une petite île , où il n'y a que
quelques habitations. Levantia , Pliorbantia. Elle
elt dans la mer Méditerranée j à trois lieues de la
côte occidentale de la Sicile , vis-à-vis de Trépano.
Maty.
LEUBACE. Voye^ Libesse.
LEUBEN , LEWBEN , LAUBEN. Nom d'un bourg
du cercle d'Autriche. Lcubcnum , Lauba , Leobium.
Il eft dans la Stiric , fur le Muer , qu'on y psiffe
Qqq ij
LEU
492
lur un pom , à trois lieues au de(uis de Pruchaii-
der-Muer. Mat y.
LEUCA, Capo di Leuca. P''oYei S. Maria di Leuca.
LEUCACANTHA. (". f. Plante qui eft une dpèce de
Carline que C. Bauhin appelle Carlïna caulefcens
magno fion. On la nomme autrement Caméléon
noir.
Ce mot vient du Grec umi , blanc , Se de U^xtSu.
LEUCADA. roy. Ste Maure , île.
LEUCANIE. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
déelîe des anciens Latins. Leucania. W y a dans Gru-
rer , />. MLXXIF , n. S , une infcviption antique
à l'honneur de la décile Leucanie.
DEAE LEVCANIAE
SEX AURELIUS BACCHI
LUS. VOT, SOL.
LEUCANTHÊME. f. f. Plante entièrement femblable
au Chryfanchême , avec cette leule dit-lcrence que
l'es fleurons font blancs. Les racines , les leuilles ,
les Heurs &c le bois de cette plante font d'un goût
fi pénétrant , que fi on les mâche , elles exprime-
ront de la bouche une quantité prodigieufe defa-
live; c'eft pourquoi l'on peut s'en lèrvir avec iuc-
ccs dans le mal des dents. On le prend pour le
Pyréthrum , ou pour l'Impératoire, & c'ell avec
fondement. Ce n'eft pourtant point le Pyréthrum
de nos Herboriftes , auquel on peut toutefois le
fubftituer dans les maladies féches des vilcères &
âcs inteftins. Céfalpin recommande un onguent fait
de cette plante poiu- la gale. Hijl. des Plantes at-
tribuée à Boërhaave.
LEUCAS. f. f.Plante dont parle Diofcoride.Quelques-uns
croient que c'eft uneefpèce de Lamium, ou d'ortie
morte , que Bauhni appelle Lamium albâ lineâ iio-
tatum.
LEUCATE , LEOBATE, Nom d'un bourg ou petite
ville , qui étoit défendue par une bonne citadelle ,
que les François ont démolie depuis quelques an-
nées. Leocata , Leucata. Ce lieu elt dans le Lan-
guedoc j à fix lieues de Narbonne , 6c à pa-
reille diftance de Perpignan , (ur le lac ou petit
golfe de Leucate , qu'on juge pouvoir être la Sordice
palus des Anciens. Maty. De Valois , Not. Gall.
p. 274.
Leucate Promontoire de l'Acarnanie , où Apollon
étoit honoré patticulièrement ; il étoit voilîn d'Ac-
tium. C'eft à Leucate qu'Enée fit célébrer \zs jeux
Troyens en l'honneur de l'on père Anchife.
LEUCE. f. m. Nom d'homme. Leucus. Quelques
Copiftcs de Martyrologes ont dit Leucus , d'autres
Leontius , d'autres Seleucus ; $i cette dernière ma-
nière , toute fautive qu'elle eft , a été adoptée par
Maurolycus , Félicius , Galélînius & Canilius, qui
le font copiés l'un l'autre. Chastelain. F'cye^ les
notes de cet Auteur, au vingt huitième de Janvier,
p. 43 s <S' fuiv.
LEUCÉ. f. f. FitiUglio alba. Efpècc d'Alphos , ou
tache blanche qui vient à la peau , &: qui pénétre
jufqu'à la chair. Voye-{ Alphos. Galien en fait une
efpèce de lèpre , qu'on appeloit lèpre blanche.
Avincenne la nomme Albara alba. Elle en diftére
pourtant , en ce qu'elle eft unie & fans .âpreté. Ce
mot eft Grec '.e^k;) , blanche. Col de Villars.
LfucÉ. Ile du Pont Euxin , dont les Anciens ont fait
une efpècc de Champs Élilées j où habitoient les
amesde plufieurs Héros.
LEUCES. f. m. Nom d'homme. Leucius. A Brindcs ,
le natalice de Snint Leuces Evêque. Chastelain ,au
huitième Se 3. l'onzième de Janvier.
LEUCHTENBERG. Le Landgraviat de Leuchtenbcrg ;
en Latin Leuchtcnbergenjis Landgraviatus. C'eft un
pays enclavé dans le Palatinat de Bavière. Il eft le long
de Ja rivière de Nab j Se n'a rien de confidérable que
Pfreimb , qui en eft la capitale j & Leuchtenbcrg ,
Château fort qui lui donne le nom. Ce Landgraviat
eft dans la ALaifon de Bavière depuis l'an 1641Î , &:
il eft polledé par un Cadet de cette Maifon. Maty.
LEU
1 LEUCK. Nom d'un bon bourg du pays de Valais
allié des Suilles. Lcucia. Il a un pont fur le Rhô-
ne, à cinq lieues au-dellus de la ville de Sion &
des bains renommés qui font à une lieue du bourg.
Maty.
LEUCO. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'un dieu
des Plateens. Leuco. C'étoit un homme que la Py-
thie ordonna aux Grecs d'iionorer comme un dieu
au temps de la guerre de Perfe. Les Plateens princi-
palement obdrent à l'Oracle.
§3" Leuco. 1. m. Nom qu on donne à une efpèce de
graine, femblable au millet, qui croit en Afrique.
On en fait une farine dont les habitans du Royau-
me de Congo & d'Angola font du pam qu'ils trou-
vent excellent. Cette graine croît aulli en Egypte
lur les bords du Nil.
iCTLEUCOCHUYSUS. f. m. Nom que Pline donne
à une elpèce de hyacinthe de couleur d'or , mêlée
de veines blanches.
LEUCOGRAPHIS. Nom d'une pierre appelée autrement
Maracus & Calaxia. On la trouve en Egypte. Elle
eft d'un tillu mou &: facile à dilloudre. Les Blan-
chilleurs s'en (ervent pour donner de l'éclat au
hngc. On dit qu'elle eft emplaitique Se bonne
pour ceux qui font attaqués de crachement de fang ,
de l'artcCtion cœliaque ou de douleur dans la velfie;
pour cet efter il faut la prendredansde l'eau. Les fem-
mes qui ont des pertes de langlaprennentde la même
manière , ou s'en icrvcnt en pellaire.Elle entre dans les
remèdes ophtalmiques dont la confiftence eft molle.
Arus;(J7p<;f. DiOSCORIDE j L. F , C. 1^2. ■
LEUCOIUAL i. m. Plante qu'on nomme autrement
Girofiier , ou violier. ^fJ" Leucoion déhgne les vio-
lettes diftérentes , particulièrement le giroHier blanc.
Ce mot eft Grec, Se compofé de /s « , blanc,
& de I»», violette , comme qui diroit violette blan~
che. Voy. Giroflier.
LEUCOMA. f m, Tenne de Chirurgie. C'eft une
petite tache blanche qui vient dans la cornée , Se que
les Latins appellent Albugo. Elle eft caulée par une
humeur épaillie , Se engagée dans cette membrane.
On l'appelle autrement Taie.
0O°-On a eu tort de confondre le Leucoma , tache
fur la cornée , avec la cicatrice qui le fait enluite
d'une plaie, ou d'un ulcère dans cette partie, com-
me il arrive quelquefois dans la petite vérole.
Ce mot eft GreCj & formé de /iu»-.; , blanc.
Leucoa'.a , eft auili le nom que les Américains don-
nent à un fruit du Pérou , qui eft plat d'un côté ,
comme nos châtaignes , Se qui leur eft femblable
en couleur Se en grolfeur. L'arbre qui porte ce
finit, eft grand. Se d'un bois fort .Se ferme ; fes
feuilles rellcmblcnt à celles de l'arboufier. On dit
que le fruit eft bon à manger , <Sj d'un goût agréa-
ble , Se qu'il arrête le cours de ventre , parce qu'il
cfl: aftringent.
§CrLEUCÔPETALUS. f. m. Selon Pline , c'eft unà
pierre précicufe , de couleur blanche mêlée d'or.
§Cr LEUCOPHLEGMATIE. f. f. Terme de Méde-
cine. Efpèce d'hydropifie , qui a fon fiége dans le
tillu cellulaire qui meut toutes les parties du corps.
C'eft une tumeur de toute la furface extérieure du
corps , ou de quelques-unes de (ts parties, blan-
che , molle , qui cède au toucher , Se dans la-
quelle demeure l'cnfonccmenT qui a été fait par
le preirement du doigt. La Leucophlegmatie eft pro-
duite par une humeur aqueule , extravalée , Se qui
s'eft ramallce entre les interfaces des mufcles , &
dans les pores de la peau. ff3' Elle diffère de l'ana-
farqueen ce que, fi l'on enfonce le doigt dans quel-
que partie , l'impretlion refte gravée pendant quel-
que temps j au lieu que dans l'analarque elle dif-
paroît allez promptement.
Ce mot eft Grec, & formé de ^f^Wj blanc.
Se de (fxé -,"« , pituite.
LEUCOPHRYNE. f. f. Terme de Mythologie. Sur-
nom que les Magnéfiens donnoient à Diane. Leuco-
phryne. On ne (ait pas bien quelle eft la caufe de ce
fuiijom. On dit que ce peut être, ou parce quune
LE U
L £ V
fcmine de ce nom avoit été inhumée au lieu où on
bâtit un Temple à Muieive dans M.ignélle j ou parte
qu'elle avoit un Temple célèbre à Ténédos , île
qui avoit porté le nom de Leucophryne , ik que
les Magnéiiens avoient bâti le leur lur le modèle
de celui-là.
^"LEUCOl'HTHALMUS. f. m. Nom donné par
Pline à une cfpéce d'onyx que reprélente la prunelle
& le blanc de l'œil.
LEUCOS, ou PATRASSO. Nom d'une petite rivière
de la Morée , Patrujjus , Glaucus. Elle coule entre
la ville de Gaftani , 6c la torterelle d'Achaii , & fc
décharge dans le goltc de Patras, à une lieue de
la ville de ce nom ; vers le midi. Maty.
LEUCOSA , LICOSA. Nom dune des iles qu'on ap-
. pelle li Galli. Leucafia, Laicofia. Elle elldans le GoUe
de Salcrne , près de la côte de la Principauté Citéricu-
rc /Province du Royaume de Naples, au midi du
■ Cap délia Mincrva. AIaty. Feftus dit que cette île
fiit appelée Leucofii d'une parente d'Énéc qui y Rit
enterrée; mais Plme , L. II. c. SS . dit que ce fut du
nom d'une des Sirènes , qui hulubmergée lur la côte
de cette ilc , & fut inhumée dans l'île.
LEUCOSIE. f. f. Une des Sirènes , qui donna Ion nom
•à une île de la merTyrienne, lur la côte occidentale
d'Italie, où elle fut rejcttée , dit Strabon ,'lorlquej
félon la Fable , elles fe précipitèrent dans la mer.
LEUCO-SYRIE. Ancien nom d'une partie de la Cap
padoce. Leucofyria. La Leucafyne étoit aux envi-
rons de l'embouchure du Thermodoon, nommé
aujourd'hui Pormon , qui fe jette dans la mer Noire ,
près d'une ville de ce même nom.
LEUCOTHÉE. f. f. Terme de Mytologie. Nom d'une
décile. Leucotkica. C'eft la même qu'Ino , nourrice
de Bacchus, qui fuyant la fureur d'Athamas fon ma-
ri , fe précipita dans la mer , & fut changée en une
décile marine , qu'on appela Leucothée. Voye\ Vof-
fius, de Idol. L. I. c. I s & 2^ S<. L. Vil. c. lo.
Les Romains la nommèrent Macuta.
LEUCOTHOÉ. f. f. Fille d'Orchame , feptième Roi
de Perfe depuis Bélus , & d'Eutynome , la plus belle
perlonne de l'Arabie.
LEUCTRES. Ancienne ville de la Béotie, en Grèce.
Leuclra. Elle ell célèbre dans l'Hiftoire par une
grande bataille que les Thébains y gagnèrent £ur les
Lacédémoniens , l'an de Rome 383. Maty.
LEUDE; f. m. Vieux mot Celtique ou Franc, qui nous
cfl: refté , & qui fignitioit fujet,yùWiri/j, ou peuple,
plebs. De-là les mots d'a//c-uû? , de Franc alleud. Paf-
quier , Rech. L. IV. c. 7. Leudes , dans Grégoire
^ Tours , ôc Aimoin, eft pris pour (ujet. Le même
Auteur , L. VIII. c. 2. Voyc\ ChiHet , dans fon
Glqffarium Salïcum , au mot Leode , qu'il tire de l'Al-
lemand Leunden , ou lidem , qui lignifie peuple :
Plebs quA bona fua qualiacumque pojfidet , & rem fa-
miiiarem curât.
|i3°Chcz les Germains , plufieurs volontaires fuivoicnt
les Princes dans leurs entreprifes. Tacite les délîgne
par le nom de compagnons ; la loi Salique par celui
d'hommes qui lont fous la foi du Roi ; les formules de
Marculfe , par celui à.' AntruJÎ'tons du Roi ; nos pre-
miers Hiftoriens , par celui de Leudes & fidèles; &
les fui\'ans par celui de VaJJaux & Seigneurs. Mon-
tefq. M. de Longuemare prétend qu'anciennement
le mot de Leudes s'appliqucit indiflindlement aux
Gaulois, aux Romains &: aux Francs, à l'exception
des ferfs , & que ce ne i'ut que dans la fuite que les
Barons &c les nobles François feulement furent ap-
pelés Leudes. D'autres au contraire foutienent que le
mot Leudes a toujours fignifié les Grandsdu Royaume.
EUDE. f. f. Ce terme n'eit ufité qu'en Languedoc. C'clT;
efpèce de péage qui fe prend fur les chofes qui
493
•■ ^ i <-' 1-, -- 1 — - — — - — -1
lont portées à Touloule par des étrangers. Vccl'igal a
mercatoribus alïenïgems Tolofn folvendum. Leuda.
les habitans de Touloufe font exempts de la Leude.
Cette immunité leur fut confirmée l'an 1^39. par un
Arrêt du Confeil. Voyei la Faille, Annales de Tou
loufe, T. III. p. III,
Voyei auili laude, c'efl: la même chofc dans lesl
Coutumes. M. de Gravcrol remarque que ce mot de
leude a une lignification particulière dans pluliturs
villes de Languedoc , où l'on appelle leude, i^c que
les bourreaux exigent des paylans qui vont vendre au
marché des œufs , des fruits , u\: autres chofes fcmbla-
blesj droit quon appelle ailleurs havage.
LEUURAC. Nom d'une petite rivière de France. /^a/-
draca , Vuldraga. Elle elt dans lAutunois , en Bour-
gogne.
LEVE. 1. f. Terme du Jeu de mail. C'ell un des côtes du
mail; c'ell-à-dire , de l'inlhuiuent qui lert à jouer
au mail , à pouHer , a challer les boules. La levé eft
fuite en forme de cuillère de bois. Cochlca cudiculu-
r'ts. La levé fert à lever la boule quand on eft en palle ,
& c'cft de la qu'elle apjis Ion nom. L'autre côté du
mail s'appelle malle.
LÈVE. f. f. l'ermede Mythologie. Nom d'une décile ho-
norée autrefois dans les Pays-Bas. Leva. Voye^
Léewhn.
LEVE-CUL. Terme de Fauconnerie. On dit. Voler
levecul j c'eft un vol à levé cul y ou autrement vol à
la fource.
Leve-cul. Terme de Joueur. Jouer à leve-cul , c'eft
jouer deux enfemble , à condition que celui des
deux qui perdra, quittera le jeu pour faire place à un
autre. On dit plus ordinairement A c^/Z/êvc.
^" LEVÉ, f m. Terme deMufique qui déligne le temps
de la mefure où on levé la main ou le pié. C'eft le
temps qui fuit Se qui précède le frappé.
ICFLevÉe. f. f. Action de recueillir certaines chofes ,
& ce qui fe recueille. En Agriculture on le dit des
fruits, particulièrement des grains , comme fynonyme
de récolte. Fragum coaclio , colleclio. Ce Fermier
ne me payoit pas , j'ai été contraint de faifir fcs
levées , de me faire adjuger fes levées , fa récolte.
I^O'LevÉe fe dit dans un autre fensaen ternies d'Agri-
culture & de jardinage , de la fortie des germes dont
on a mis les femences en terre. On dit que la levée
des grains eft belle , quand on voit les jeunes plantes
fortir de terre. 11 y a des moyens pour faciliter la le-
vée des graines.
Levée, lignifie aufîl une élévation de terre, de pierres,
de fils de pieux , ou d'autres matériaux en forme de
quai , de digue , de chauffée , pour arrêter des eaux
des inondations. Agger , moles. Lz levée ioutïtnt ïzs
berges d'une rivière ; & en empêche le débordement.
Rompre une levée. Vaug. On le dit particulière-
ment des levées de la rivière de Loire. On Fait plu-
fieurs lieues de chemin fur la levée. Il y a des Inten-
dans des Turcies & levées.
Ce mot vient de levata , qui en bafic Latinité a
fignifié chauffée , levée de terre.
Levée, lignifie quelquefois , Iftue, |icr temps auquel
on finit une choie ; temps auquel une compagnie fc
lève pour finir fa féance. A la /ev/e de la Grand'- Cham-
bre ; à la /tfv/f du Confeil , c'eft-à-dire à Tiffue de
la féance.
|J3" On viit dans ce fens , la levée d'un fiége , pour dc-
fîgner la retraite des troupes qui tenoient une ville
ailîégèe.
^fï On dit de même la levée d'un fcellé, d'un appareil.
Il faut appeler à la levée d'un fcellé tous les créan-
ciers oppofans. Le Médecin f e trouva à la levée du
premier appareil de ce blelfé. f3" On dit faire la
/tfV(/e d'un corps mort, d'un cadavre; c'elH'enlcver
pour le porter au lieu où il doit être inhume , ou
expofé au Public. Les Prêtres font la levée d'un corps
mort , pour l'enterrer. Un Officier de Juflice fait la
levée du cadavre d'un homme allafliné , pour l'expo-
fer à la morne.
Levée , fe dit aufli des troupes qu'on mc,t fur pié , des
foldats qu'on enrôle. Miiitum confcriptio. Les Princes
arment j on fait par-tout des levées. On a envoyé
faire des levées en Allemagne , en Suiffe. On dit
aulfi , faire une levée de Pionniers , de chevaux d'ar-
tillerie , &c.
Levée, fe dit pareillement des impofitioiis de deniers
ordinaires ou extraordinaires qu'on levé fur les peu-
ples , des droits, des deniers. Nummorum exaclio ,
494 L E V
collecîio , trïhutum. On recommence en Hollande la
levée du deux-centième denier. Ce (ont les Alféeursi^v
Collecteurs qui l'ont la levée des tailles. Il le dit
également de l'argent qu'on lève fur le Clergé de
France pour les intérêts du Roi , pour les heloins de
l'État. Depuis rétabliirement de la Monarchie , on
fait de temps en temps, (Se dans les nécellîtés de l'E-
tat , diverfes levées (ur le Clergé. L'Églife accorde
àzilevees au Roi. Il s'cftfait de grandes iSc de fréquen-
tes levées lur le Clergé. Patro.
Levée , fe dit aulîi au jeu de cartes , des mains qu'on
gagne , qu'on levé de dclfus le tapis. Il faut faire fcpt
levées au Piquet pour gagner les cartes. On peut ga-
gner à la Bctc , quand on a les deux premières Levées.
Quelques Uiis difent un /«vf. L'ulageeilpour /evf'e.
Levée , terme de Batelier. Sorte de petite planche com-
pofée de trois ou quatre ais attachés aux bouts du ba-
teau j& qui forme une elpèce de fiége. Tabulatum.
S'alfeoir ou fe mettre fur la levée du bateau.
On dit fur mer , il y a de la levée , c'eft-à-dire ,
que les lames de la mer s'élèvent fort haut. Dans la
baie de Coquimbo ( fur la mer du Sud ) les vailleaux
le mettent à l'abri de tous vents en fermant la pointe
de tribord ou de la Tortue, par celle de bâbord;
de forte qu'on voit de tous côtés la terre , Sr qu il
n'y a point du tout de levée de mer. Frésier ,
j>age 117. \
Levée , efl: aullî un terme de Couturière en linge ,
qui fignifie une bande qu'on fépare d'un morceau de
toile , quand il y en a plus qu'il n'en faut pour l'ou-
vrage qu'on veut faire. ll y a trop de toile a ce rabat :
il y hut faire une levée.
Levée. Terme de Fabrique d'étoffe à la navette & au
métier. C'eft autant d'ouvrage qu'un Ouvrier en peut
faire fans être obligé de rouler fur l'enfuple de devant
l'ouvrage qui efWéja fait. Cet Ouvrier eft habile , il
fait plus d'une levée par jour.
Levée fe dit auflî dans le Commerce d'étoffes de la
quantité qu'on levé , qu'on prend lur une pièce.
Cette pièce de velours eft prelqu'entière j on n'en
a pris qu'une levée de jupe.
Levée. Terme d'Horlogerie. C'eftun petit levier mobile
placé fur la tige d'un marteau de répétition. On l'.ip-
pelle auHî Echappement. L'axe de levée eft la partie
de l'échappement par laquelle la force motrice elt
tranfmife (ur k régulateur.
Levées, f. f pi. Dans quelques machines les /eve'ej font
les bouts des pièces de bois qui traverfent l'arbre ou
aillîeu de la roue, (Se qui en palTànt, attrapent les
têtes des maillets ,les loulevent & les laillént retom-
ber en s'échappant. C'elt ainfi que les maillets des
moulins à papier réduifcnt les chiffons en bouillie.
Levée , fe dit aulH en parlant de la courte de bague ,
&: fe dit de l'aétion de celui qui court la bague ,
lorlqu'il vient à lever la lance dans la courfe. Il a
fait une Itvée. Faire une levée de bonne grâce.
On dit proverbialement qu'on a fait une grande
ou une belle levée de boucliers , quand q\\, fait de
grands préparatifs pour quelque entreprile qu'on aban-
donne , qui a apparence de ne pas réuffir. Magniji-
cus , fed inanls apparatus. On le dit particulièrement
des fanfarons , des gens qui menacent , qui font
plus de bruit que d'effet.
^fT Ménage dit que la raifon voudroit qu'on dît levée
de boucliers ; mais que l'ufage , plus fort que la rai-
fon , eft pour levée de bouclier. Aujourd'hui l'ulage
s'accorde avec la railon , i5c l'on dit toujours levée
de boucliers. Il a fait une belle levée de boucliers.
LE'VENT. f. m. Terme de Relation. Soldat de Marine
chez les Turcs. Miles navalis. La plus grande par-
tie des Officiers de la Marine & des foldars qu'ils
appellent Levents , Leventi ,civl Levamis y font leur
. réfidcnce ordinaire, 61: l'inlolence de cette canaille ,
qui efl toujours très grande parmi les gens de mer,
rend ce quartier moins fréquenté des Chrétiens.
Du Loir ,p. 66. Il parle du quartier de Conftan-
* tinople appelé Caffan Bâcha.
LE'VER. f. m. L'heure où l'on fort du lit. Tempus è
leclo furgendi. Il faut aller à fon lever çom. le trou-
LE V
ver chez lui. Les Courtilans s'emprellent d'aller .lu
lever du Roi.
Lever, fc dit aulîî du foleilj & desaftres, quand ilsparoif
lent lur l'horiloiijOu quand on commence à lesapperce-
voir. Orcusjcxonus. Il y a trois lortes de lever des aflres;
le lever coj'mique , quand ils fe lèvent en même tems
que le foleil, parce qu'au lever du loleil le monde fem-
ble renaître , &: la nature reprendre les tondtions.On
r.ippelle aulli lever poétique. Le lever acronyque ,
quand l'étoile le levé lorlque le loleil le couche.
h'héliaque apparent, ou folâtre , lorlque l'aflre com-
mence a paroitre en (ortant des rayons du loleil , &c
qu il n'eft plus otïufqué de fa lumière ; ce qui arrive""
environ 10 jours après la conjonétion de cet alite
avec le foleil , plus ou moins , lelon la grandeur de
l'aPcre , Ion éloignement , &c. Héliode a remarqué
que les Plé'iades étoient cachées 40 jours , c'efl à-
dire , 20 jours avant leur lever colmique , ou conjonc-
tion avec le foleil , & 20 après. Quelques peuples
de l'Amérique , & entr'aiitres les Sauvages de la Terre
ferme de la Cayenne , règlent leur année civile fur
le cours àc Sinus ; ils commencent leur année au
lever héliaque de cette étoile ,lorlqu'ils commencent
à l'appercevoir dégagée des rayons du foleil. On dit
aulli le lever Àc l'aurore. 'Voit. Le lever des lignes,
qu'on appelle lever ajironomique , c'eft le temps que
les lignes du Zodiaque emploient à fe lever lur
l'horifon.
Lever , fc dit auffi en parlant des féances qui terminent
les Affemblécs. Il faut le trouver au lever du Con-
feil , de la Cour, de la Chambre. Le mot As levée-
eft plus ulité en ce lens. J-^oye-^ Levée.
LE'VER. V. a. Changer la fituation de quelque corps
en le haullant , en le mettant plus haut qu il n'étoit.
Tollere ; erigere. Mo'i'le levou les bras, au Ciel ,
quand fon peuple combattoit. On lève les pierres
dans les atteliers avec des grues. On a /evir' le pont,
on ne lauroit plus entrer dans la ville. Lever les louf»
Hets d'un orgue. Quand un des piftons d'une pompe
fe baille , l'autrcfe lève. On lève la bonde d'un étang,
quand on veut le vider , quand on veut le pêcher.
On lève les pales d'un moulin, quand on veut le
faire aller. Il faut lever la cremaillicre d'un cran ;
lever les rideaux ," lever fon manteau de peur des
crottes. Dans ce fens on dit lur mer,/èv'e, c'eft un
commandement qu'on fait à un équipage de chaloupe
ou autre bâtiment , pour tenir les rames hors de l'eau,
&: celîer de naviguer.
fCFOn dit, /cvtr les yeux au ciel, les tourner vers le ciel,
& lever les yeux fur quelqu'un , le regarder.
Lever , fe dit aulli à l'égard de la fituation des per^n-
nés & des chofes , quand elles le drelfent , ou fe
tiennent debout, après avoir été à genoux, allifes,
ou couchées. 5i^r^'t';'e , erigere Je, confurgere , exurge-
re. Pendant l'Évang'le & le Magnificat, il faut qu'un
chacun le lève à l'Églilc. Quand on a dmé , on fe
lève de table. Les gens d'affaires ou d'études ie lèvent
du matin. Les Dames & les fainéans le lèvent tard.
Ce malade eft convalefcent , il commence à fe lever,
à marcher dai:s la chambre. |(0° Se lever dans ce
dernier lens , c'eft lortir de Ion lit. On dit qu'un valet
de chambre va lever fon Maître, pour dire qu'il va
l'habiller au fortir du lit.
^C? Lever, élever, foulever, haullerj exhaufferj confi-
dérés dans une lignification lynonyme. On levé en
drelfant ou en mettant de bout. On élevé en pla-
çant dans un lieu ou dans un ordre éminent. On fou-
levé en tailant perdre terre & portant en l'air. On v
hauffe en ajoutant un degiélupérieur foit de fituation,
foit de force , foit d'étendue. On exkaujje en augmen-
tant la dimenhon perpendiculaire.
§CrOn /(fv« une échelle. On élevé une ftatue. On fou- i
levé un coffre. On hauffe les épaules Se la voix. On
exhauffe un bâtiment.
On dit aulli , qu'une Compagnie fe lève , quand fa ji
féancc eft finie , quand elle fe lépare. A l'égard des ■
chofes , on dit lever un tonneau lur le cul , lever anc
colonne , une pièce de bois qui étoit couchée ; pour
dire , la drefter.
L E V
fj;3' On dit familiàeniciit /evcrh crête ^ fc coiuraiiulic"
moins j tommtiiccr à paiojtre avec plus de hai-
dielle.
Lever , fignifie encore , Découvrir , ô:cr une tliofc de
dellus une autre. Les femmes lèvent leur ninfque ,
les Religicufes leur voile , pour parler à quelqu'un.
On lève le couvercle de la marmite quand elle s'en-
fuit. On a lève la ferrure de cette porte , pour l'appli
qucr lur une autre. Il iigniric aulli , ôter une chofe
de dellus une autre. On a levé la nappe , les tables. .
Zt'VtT le premier , le Iccond fervice. Leverle premier
appareil qu'on a mis fur une plaie. Lever 1 ecorce
d'un chêne pour faire du tan.
On dit en ce fens; iever les difficultés. Zever un
obftacle , c'eft-à dire , ôter. Removcre. Lever un
doute, un fcrupuicjes faire celler. ^C? On dit dans
le même fens , lever des delcnfes , un interdit , une
excommunication.
JG°On dit hgurément lever le mafque , en parlant d'un
homme qui agit ouvertement, & ians fe contraindre,
après avoir tenu une autre conduite.
On dit en termes de Finances &c de comptes ,
Lever une indécilion mile {urla recette ; c'eft-à-dire ,
palier un article ou une partie d'un compte qu'on
, avoit laillc indécile , jutqu'à ce qu'il apparût des pic
ces nécellaires ou reqiiiles pour l'admettre.
Lever , lignifie aullI , couper , détacher une partie d'un
tout. Secarc , incldere. On dit lever la cuillc , l'.iile
d'un chapon. Les Charcutiers lèvent les Mèches de
lard .avant que de dépecer leurs pourceaux. Les Bou
chers lèvent l'épaule , la détachent du haut côté du
mouton. On dit aullî , Lever un habit , une jupe
chez un Marchand ; pour dire , l'acheter , la dé-
tacher de la pièce.
Lever, lignifie aulîl ôter , effacer. Ahjlergere ^ delere.
Lever une tache de dellus un papier. Lever une écri-
ture .ivec de l'eau forte. Lever une tache lur un ha-
bit , fur du linge.
Lever , fignifie encore , recueillir , emporter les fruits
d'un héritage , d'une Seigneurie , foit qu'ils loient en
efpèce , foit en argent. Frucius cogère , coUigere. Le
Mét.-iyer a bien levé , bien recueilli des blés dans ce
champ , bien du foin dans ce pré. C'eft l'Archidia
cre qui a levé les fruits de cette Cure pour Ion drou
de Déport. C'eft un tel Seigneur qui lève les groiles
Dunes dans un tel lieu. Le Receveur n'a plus rien a
lever des cens & rentes de la Seigneurie.
On le dit aullî en parlant des droits des Domai
ne-s du Roi, & des tailles &c impolitions, faire k
lecouvrement de ce qui ell: dû par les particuliers.
J^ecligaHacolUgere , eligere. Ce lont les Collecteurs
qui /t'vcnr les tailles dans les Paroilles. Le Roi /ève tant
par an fur Ion peuple ; il lève tant fur le vin ^ fur k
£èl , fur les marchandifes.
On dit en termes de Guerre , Lever le fiège , k
blocus d'une Place ; pour dire , retirer les troupes qu,
la tenoient allîégée. S'en éloigner , Solvere ohfidïoncm
difcedere ah objidione. Lever le camp ■■, pour dire , quit
ter fon porte ^ ou leverle piquet j déloger avec quel
que précipitation , retirer des foldats qui font d
garde , ou qui font en faction. On dit aullî , lever 1.
garde , la fentinelle. On lève la garnifon, quand o;
emmène ceux qu'on avoir commis à garder quelque
chofcOn dit aulîl , /cvi.'/ l'étendard ,jîgnum extollere
quand on fe met en état de faire la guerre, yc/' Et l'on
dit figurément /ever l'étendard de la dévotion j del'ir
religion, & en faire une efpèce de profellion , une dé
claration publique : 6c /evcr l'étendard contre quel
qu'un, fc déclarer ouvertement contre lui. Lever un
armée , des troupes , une Compagnie , un Régiment
pour dire J les mettre fur pié , enrôler des Sold.us
Milites confcribere , comparure. Leverdcs Pionniers
des chevaux d'artillctie. On dit aullî , lever le canoi,
avec des coins de mire ; pour dire , le pointer.
Lever, fe dit aulli au Manège, en pariant desdiverfe
façons de manier un cheval. Exi.<jere , attolkre.
Levei Je devant à ce cheval. Levei le à cabrioles , à
péfades, à courbettes , c'efl-à-dire j maniez le à ca-
biioles, &c.
L E V 495-
En termes de Marine, on dit ,' /eVerl'ttîcre , an-
coram collcre , c'ell la tiicr du fond de l'eau pour
partir d'un port j d'une rade , d'un lieu où le vaillenu
étoit arrêté. Levcrles voiles, c'ell les hiller , les hauf-
fcr. On dit aulii que le ver.t f'é lève , qUand il com-
mence a fourtler. Zevcr quelque chofe a 1 aiguille de
la boullblc J c'ell voir avec la boulfole à quel air de
vent efl la chofe en qucllion. Lever \es terres, c'ell
en oblerver la lituation tk cnf.aire un plan.
Llv£R l'ancre avec la chaloupe ,c'elt lorlqu'on envoie
la chaloupe, qui tire l'ancre par Ion otin , Se qui la
porteà bord. /.tTcrrancredattoutêké avec le navire,
c'ell lorlqu'on file du cable de lagrollè ancre , quieft
mouillée, Se que Ion vire fur l'ancre d'aflburchc,
jiilqu'à ce qu'elle foit à bord.
Ln Géométrie , on dit', lever le plan d'une ville ,
d'un bâtiment, d'une Province , pour dire, en faire
une rcprel^ntation , une defcription fur le papier
cxaêlement&: avec toutes les mclures. Delineare 'ur-
bts , domûs , prcvincidi , ichonographiam. Lever un
plan , c'ell aullî en prendre toutes les dimenlions avtc
la toife , la canne , la perche , &c. ffT Lever un plan
& faire un plan lont deux opérations tout a-fait dif-
férentes. Lever an plan * c'eil prendre des angles fur
le terrain & mcfurer des lignes _, dont on décrit les
dimenfions qui doivent férvir pour faire le plan. Cette
dernière opération confilfe h. tracer en petit fur le pa-
pier , ou fur une autre matière , les angles & les lignes
dont on a pris les mclures fur le terrain , enforte
que la figure tracée foit parfaitement femblable
quant aux dimenfions , à la figure du terrain. On
dit aullî , d'un point donné , lever une ligne perpen-
diculaire , ou plutôt , élever une ligne. Lineam duce-
re. Lever, ou plutôt, élever une aiguille, un obé-
lilque J une colonne , un bâtiment a plomb. Erigera
ad perpendieulum.
En termes de Chalfes , on dit Faire lever le gi-
bier _, foit lièvre, perdti::, ou autres; pour dire , le
découvrir , lefairc partir, & donner lieude le courir,
ou de le tirer.
ïfJ On dit figurément , mais dans le ftyle familier feu-
lement , lever le lièvre , pour dire être le premier à
mettre une chofe fur le tapis , à propoftr une chofe
à laquelle on ne penfoit pas , à ouvrir un avis.
^fF On dit encore en termes de chall'e , Itver le pied du
cerf àic. lorfqu'on le coupe pour en faire honneur
au Maître ou Seigneur de la chaife , ou à quel-
qu'autre de la compagnie.
Lever del'étofté, du drap, delà fergeje-c. C'eft ache-
ter chez un Marchand ces fortes de marchandifes à
l'aune , ou les faire couper à la pièce.
En rermes d'Aftronomie , on dit que le foleil fe
lève , quand il paroît au bord oriental ele l'horifbn :
Sol oritur ; que l'aurore fe /<?ve avant le foleil : qu'uri
figne, qu'un degré de l 'Equateur fe lèvent par une
afcenfion droite, ou oblique : que les allres fe lèvent
en trois façons ci-devant expliquées.
En Agriculture, on dit, lever les guérets, quand
on donne le premier labour aux terres qui ont été
quelque temps à fe repolér , pour les femer en la'fai-
fon prochaine. Novalia arare , colère. On lève les
ridipcs après la fleur, quand les fannes commencent
à jaunir.
En termes de Pratique , on dit , lever un corps
mort , un enfant expofé , pour dire , faire un procès
verbal de l'état où on les a trouvés, & mettre^ ordre
à la fépulture de l'un , ou à la nourriture de l'autre.
Cadaver attollere , addltâjuris formula. Leverxin fcel-
lé , pour dire , reconnoitre il le fceau qu'on a ap-
pofé cft f^iin & entier , & procéder à k defcription
de ce qu'on trouve dcllbus. Lever un contrat , une
fentence , un arrêt ; pour dire , s'en faire délivrer
unegroile; ou une expédition. On dit aulTi , lever
la main , quand on fait un ferment en Juftiçe , &
obtenir main levée , quand on obtient la décharge
d'une faifie , ou quand on la fait annuler". Lever la
main du Roi , lever des défenfes , une interdiélion ,
une oppcfitijn , une excommunication , quand on
décharre de ces aûes, ou quind on les annule. Ou
49
L E V
dit aufll , qu'on lève une charge vacante aux parties
caluelles , quand on Tachette pour s'en faire pour-
voir.
Au jeu on dit , lever une main , pour dire , ga-
gner une ou plufieurs cartes qu'on a jetées. Jouer à
cul levé, quand un tiers attend à prendre la place de
celui qui perdra , tandis que deux autres jouent enfcm-
ble. Au jeu de Tridrac , c'eft rompre Ton jan de re-
tour , & mettre (es dames hors du tridrac: c'cll à
dire quand le joueur a pallé toutes l'es dames dans le
jan de retour , il \tslève enfuitel'ur la bande, laquelle
alors eft regardée comme café. Quand d'un jan de
retour on a gagne partie limple ou double, il vaut
mieux s'en aller que de lever jufqu'à la fin , à moins
qu'on n'efpéràr de gagner encore beaucoup de points.
On ne lève point que l'on n'ait palFé toutes (es dames
dans le petit jan. Traité du Triclrac. Quand on ell
palfé dans le petit jan , on lève à chaque coup de dé
tout ce qui bat jufte ("ur le bord , félon le nombre
qu'on a amené ; autrement on ne peut point lever \
-mais il faut jouer ce qui ne bat point lur le bord. Ib.
Celui qui a levé le premier toutes fes dames , gagne
quatre points par lîmple , & lix par doublet; c'ell; à-
dire, que le dernier coup qu'il joue , s'il fait un dou-
blet, il marque iîx points ; s'il fait un nombre lîm-
ple , il n'en marque que quatre , avec les autres
points qui peuvent lui être reftés d'ailleurs , &
outre cela j il a le dé pour recommencer une autre
partie. Ib.
On dit auill , lever ménage , lever cabaret , pour
dire , commencer à tenir ménage , cabaret , & à le
garnir pour cet etfet , de tous les meubles , marchan-
diles &: uftcnlîles qui y font nécellaires. Zei'er bou-
tique , c'ert louer une boutique , & la remplir d'un
allortiment de marchandifcs pour en faire le négoce ,
&C la tenir ouverte aux Marchands qui fe préfentent
pour acheter.
On dit ; lever un corps faint , pour dire , le tirer
du tombeau avec cérémonie , pour l'expofer à la
véiiération des Fidèles. Ac. Fr.
Lever la main, fi^nifie aullî quelquefois, menacer,
ou frapper Mlnitarï , minas intendere. C'eft uu crime
effroyable de levcrXd. main fur fon père. C'eft faire
un affront lîgnalé, de lever le baron lur un Gentil-
homme. Drulus leva la main pour trapper Séjan.
Ablanc.
|tJ' Lever eft auftî neutre , &: fe dit des plantes & des
graines qui commencent à pouller & à fortir déter-
re. L'orge lève plus vite que le froment. La graine
de laitue lève en peu de temps. Nos blés commen-
cent à lever.
^CFIl eft auftî fynonyme de fermenter. On dit faire
lever la pâte. L'on dit aullI que la pâte lève , quand
elle commence à lever. Voye\ fermenter & levain.
Lever, fedit proverbialement en ces phrales. On dit,
qu'un hommemarche la tctc/tfvd'ej pour dire hardi-
ment & fans craindre; qu'il /<?ve la crête, qu'il lève
les cornes , qu'il lève le nez ; pour dire , que fes
affaires font en bon ét.at , ou qu'il eft fier &: orgueil
îcux. On dit aulli , (ju'ii fe lève en pies fur fes er-
gots ; pour dire , qu'il le met en état de quereller &:
de menacer. On dit aullî , quand la Cour le lève le
matin , elle dort Taprès-dînée ; pour dire , qu'elle
n'entre point le foir au Palais. On dit d'une choie,
qu'elle lève la paille , quand elle eft fingulière &
extraordinaire , ou décifive. On dit aulîl , il fiudra fe
lever bien matin pour l'attraper; pour dire , qu'on
a affaire à un homme bien fin. On dit , lever le
menton à quelqu'un ; pour dire , le protéger , lui ai-
der en fes affaires , en fes entreprifes. On dit d'une
HUc, que fon tabher/fvê, quand elle ne peut cacher
fa grollelVe. On dit aullî , qu'il faut lever les épaules ,
quand on eft obligé de (ouffrir quelque choie (ans
s'en ofer plaindre. A beau fe lever matin qui a bruit
de dormir la gralfe matinée. Mascur.
LEVÉ , ÉE. pari.
On dit j prendre quelqu'un au pié levé ; pour dire ,
prendre quelqu'un au mot , fans lui donner le temps
lie faire réflexion ; tirer avantage contre lui de ce
L E V
qu'il lui eft échappé dédire. AcAD. Fr. On dit auflî
aller partout tête levée , la tête levée , c'eft-à-dire ,
lans rien craindre.
Levé , en termes de Blafon, fe dit particulièrement
de l'ours , quand il eft repréfcnté droit & en pié.
E reclus.
LEVERANO. Nom d'un bourg .avec titre de Princi-
pauté. Leveranum. Il eft dans la Terre d'Otrante ,
Province du Roy.aume de Naples , près du Golfe
de Tarcntc , & à trois liCues de la ville de Leccie.
M AT Y.
LEVE-ROY, Ancien ferment , ou jurement qu'on trou-
ve dans les Coutumes , 6c dont on ne fait pas trop
bien la fignificatiou. Jurer par léve-Roy. M. de la
Thomallîére croit que cela veut dire, par le véritable
Roi ,per vtrum Regem.
LÉVERPOLE. Voyei Léerpoie.
LÉVÉCHE. f. f. Plante. Foyei Liv^che.
LEVEUR. i. m. Celui qui a foin de lever des Droits
Seigneuriaux , des dîmes , des tailles , des impoiî-
tions. Coacior, exaclor pecuniarum. Voilà le Leveur
de la dime , le Leveur du huitième denier. Il y a des
Leveurs^ de tailles qui en font lerecouvrement j auheu
des Alîceurs Se Colledeurs.
0CrCe mot, en ce fens, ne ie dit point, &: li on le dit quel-
que part , ce ne peut être que dans quelque Province.
LEVEUR. I. m. Terme de Manufadure de papier. C'cll
l'Ouvrier qui dans les Papeteries lève les feuilles de
papier de dellus les feutres, pour les mettre les unes
iur les autres lur le drapant, c'eft-àdirc, fur une-
machine faite comme un chevalet de peintre , fur
les chevilles de laquelle , eft une planche oià l'oa
arrange des feuilles de papier les unes fur les autres.
LEVEURE. royei Levure.
LEUFROY. f. m. Nom d'homme. Lçutfredus, LeufreduSy
dans les JclaSancl. Jun. T. IT. p. 104& /oj- &C
Leocfndus , dans Bailler , au 2 i de Juin. Leufroy\
qu'on trouve aulîi nommé Zeo/rijy , étoit iorti d'una
niaifon noble & ancienne du Territoire d'Evreux;
mais il renonça dès fa première jeunelle à tous les vains
avantages qu'il auroit pu retirer de la nailîance , & des
richedes de ia famille , pour fc dévouer au fervice de
Dieu. Baillet. Il reçut l'habit Monalfique des mains
de Saint Saens , vers l'an 686. dans un Monaftère que
ce Sainr avoir bâti au pays de Caux , &: dont il avoir
la conduite. Vers l'an 690. il repalla dans le Dio-
cèfe d'Evreux , où i! bâtit un Monaftère dans le pays
de Madrie , près de la rivière d'Eure j en un endroit
où Saint OLiin , Prcdécelleur de Saint Ausberg, avoK
planté une croix enrichie de Reliques, ce qui fit que
le Monaftère de S. Leujroy fut appelé la Croix Saint
Oiiin. Il en fut Abbé, èv on l'a appelé depuis la Croix
Sùni Le ufroy. Il y mourut le 21 de Juin vers l'an
738. Voye':^ le P. Henichenius dans les Acla Sancl.
à l'endroit cité.
LEVI. i. m. Nom d'homme. Levi. Le Patriarche Xm,
le premier que Ton iache qui a porté ce nom , étoit
le troiiième hls de Jacob &c de Lia. yoye^ Gen.
XXXIX. 34.
LÉvi. Eft auiii le nom de la Tribu compofée des det
cendans du Patriarche dont on vient de parler. Tribut
Lev'i. La Tribu de Lévi. Le nom de la Tribu de len:
n'étoit point écrit fur les pierres précieuies du ratio-
nal du Grand Prêrre , comme ceux des autres Tribus.
Voye\ Lévite.
LÉVI. ( la Pointe de ) Cap de l'Amérique , fur la rive
méridionale du fieuve de Saint Laurenr.
LÉVIATHAN. f. m. Nom d'un monftre marin, oïl
grand & gros poifton dont il eft parlé dans le Livre de
Job, XL. 20. Leviathan. Pouvez-vous enlever ie-
viathan avec l'hameçon , Se lier fa langue avec une
corde '; Lui mettrez vous un cercle au nez , & lui per-
cerez-vous la mâchoire avec un anneau? Saci. Plu-
iîeurs entendent ce palfage allégoriquement. Se pren-
nent Leviathan pour le démon. Mais quoiqu'il en foit
du iens allégorique, il iuppofe un iens littéral, dans
lequel Leviathan i\e.mf[c un animal de la mer; l'ha-
meçon , Se l'exprelîîon d'enlever avec un hameçon ,
marquent cela : mais il s'agit de favoir quel poilTon
c'eft
L E V
c'cil. Il eft encore certain qu'il ftiut que ce foir quel-
que grand <?c gros monllre de l.i mer. C.ir Dieu ne dit
ceci à Job que pour lui faire connoîtrc la puillancc ,
& ce ne feroit p.is une grande preuve de puillancc,
que de pouvoir enlever un poillon ordinaire. L'opi-
nijn la plus commune ell que c'eft la Baleine-, d'au-
tres dilent que c'eft un poilîon appelé Mular, dont
parle Rondelet, & qui (e trouve en abondance dans
Ja Méditerranée; quelques-uns veulent que ce Toit un
dragon rerrcllre, & d'autres le crocodile. Bociiart a
luivi ce fcntiment dans fon Hiérozoïcon, P. I. L. I.
c. 7. &c P IL L. V. c. 16 , ly. Il le prouve par un
endroit du Thalmud , au Traité du Sabbath , où il eft
dit que le nu'73 calbith , ou chien marin , eft la ter-
reur de Léviathan. Il loutient que ce calbith ell:
l'ichneumon , & que l'animal dont il efl: la terreur eft
le crocodile, parce ^u'en ellet l'ichneumon le jette
dans la gueule du crocodile , s'inlinue dans fon
corps, lui ronge les entrailles, lui perce le ventre Se
fort par le trou qu'il y fait -, d'où il s'enluit que le cro-
codile eft le Léviathan des Hébreux. Tout ce que
l'Ecriture dit de Léviathan , convient fort bien au
crocodile. Il y en a d'une grandeur prodigieufe , &
Jean Lapez , dans fon Hiftoire des Indes , L. VI. c. i ■,
&c Jean de Léry , dans fon Amérique , C. / 0 , difent
qu'on en voit qui ont jufqu'à cent pieds de long.
On ne convient guère plus de l'étymologie du
mot Léviathan, que de fa ligniiication. Quelques-
uns le tirent de O'JD n'17 Leviath thanim ; c'elt-à-
, dire, conjonctAon de dragons , comme II l'on avoit
voulu dire qu'il y avoit plulîeurs dragons dans le feul
Léviathan^ c'cft-à dire, qu'il en valoir plulîeurs lui
feul. Bochart le dérive de l'Arabe nS qui veut dire
fléchir y plier ■, car cet animal fe plie & fe replie com-
me un lerpent , ainli qu'il ell: dit en Ila'ie , XXVII y i.
'VolHus , de Idûlol. L. IV. c. 32 , croit que Léviathan
vient de na/ , lavah, c'e(i-'3.-dicc , cumulatus , addi-
tus fuit , Se que ce nom marque la grandeur de l'ani-
mal auquel on l'a donné.
LÉVIDONA, LÉVIDONIA, ou ALVIDONA. Nom
d'un bourg du Royaume de Naples. Levidona, Levi-
doniu, Alvidona. Il eft dans la Calabre citcricurc ,
aux confins de la Balilicate , fur le Golfe de Rollano.
Torre di San Bafilio.
LEVIER, f. m. Long Se fort bâton qui fert à lev.er par
un bout des pierres, des fardeaux. Veclis, porreclum.
C'eft une balance ou verge , qui , au lieu d'être fut-
pendue ^ eft appuyée fur un point fixe ; quand le levier
eft de fer, on l'appelle /"i/zce. §3° Il faut conlidérer
dans le /évier trois choies j 1°. Le poids qu'il faut éle-
ver ou foutenir. 2.°. La puiflance par le moyen de
laquelle on doit l'élever ou le foutenir. 3°. L'appui
fur lequel le levier eft fontenu.
Ondiftingue trois efpèces de leviers, par la dilpo-
lîtion diftérente qu'on peut donner à la puillancc ,
au poids Se au point d'appui.
iJCTLes leviers de la première elpèce font ceux où le
point d'appui eft entre la puilfance Se le poids ou la
réllftance. Ceux de la féconde elpèce ont le poids ou
la réfiftance entre l'appui Se la puilfance. Dans les
leviers de la troifième elpèce , la puilfance eft entre le
point d'appui Se le poids ou la réhftance. Les roues ,
les poulies , le tour , le cabeftan Se prelque toutes les
forces mouvantes , n'agiilent que par la force du le-
vier. Le coin n'eft qu'un double levier. Le centre du
- levier eft le lieu où il s'appuie , ayant le poids d'une
part & la puillancc de l'autre \ les Artifans l'appellent
Orgueil y Se les Savans Hypomochlion.
§3" Les leviers enlèvent les fardeaux avec d'autant plus
de facilité , que la puilliince eft plus éloignée, ou le
poids plus proche du point fixe. Comme la puilliince
appliquée à un levier, croît toujours à mefure qu'elle
s'éloigne du point d'appui , il eft évident qu'une très-
petite force, par le moyen d'un levier d'autant plus
long, que la force feroit plus petite, pourroit faire
équilibre & vaincre une réfiftance infiniment plus
grande. Archimede difoit qu'il enleveroit la terre,
s'il avoit un point d'appui qui en fût féparé, & un
levier long Se fort à volonté.
Tome V.
LE y 497
On appelle levier recourbe , celui qui fc recourbe
fur le point d'appui. Zevierfuccellif, celui dont l'ac-
tion le fait par rcprifcs. Zev/c/- continuel , ou perpé-
tuel , celui dont l'adion n'eft poijit interrompue.
Voye^ les Elémens de Mécanique & de Phyliquc.
Levier à croc, c'eft un levier dont le manche eft de
bois, auquel s'emmanche un fer qui a le bout re-
courbé comme un crochet. 0^ Dans l'art de bâtir,
le levier c{\ une pièce de bois de brin , qui, par le fe-
cours d'un coin nommé orf^ueil ,<\\n elbpole fous le
bout qui touche à terre , fert à élever un fardeau avec
peu d'honunes. Faire une pefée , c'efl pefcr fur le
levier; faire un abattage , c'cll abattre le levier avec
des cordes à caufe de la longueur & de Li grandeur
du fardeau. Voye^ les notes de M. Perrault, fur Vi-
truve , L. X. c. i S.
LÉVIGATION. f f. Terme de Chymie. L'aftion de
rendre un médicament lolide en alkool, ou poudre
impalpable, en le broyant lur le porphire, comme
on broie les couleurs. Levigatio. Col de Villars,
LÉVIGER. v. a. Terme de Chymie. C'eft réduire un
mixte en poudre impalpable fur le porphire , ou fur
l'écaillé de mer, ou écaille de May , qui eft une Pa-
roilîé proche de Cacn, remplie de grandes pierres
plates Se dures , fur lefquelles les Peintres broient
les couleurs. Levigare.
iCFLÉVIGÉj ÉE. part.
LEUILLY. LuUacum. Leuilly étoit autrefois une Terre
de l'Eglife de Laon. 'Valois, Not. Gall.p. 2po.
LÉVIN , ou LÉWIN. Nom d'une rivière d'Ecolle. Le-
vinus , Leuvinus. Elle a fa fource dans le Montheir,
baigne une partie de la Fife, & fe décharge dans le
Golfe Forth, au bourg de Lévin, à trois lieues de
Saint André. Il y a une antre rivière de ce nom dans
le Comté de Lennox. Elle traverfe tout le Lac de Lo-
mond du nord au fud, baiçns la ville de Duubriton ,
Se peu après fe joint au Cln)d.
LÉVINSMOUTH. Ville d'Ecolle , dans la Province de
Tif£, fur la rivière de Lévin , à fon embouchure.
LEVIS. adj. Qui peut fe lever &: fe bailler. Pont levis
qui fe bailfe Se fe levé pour ouvrir ou fermer un paf-
fage. Arreclarius , duclarius. On le dit particulière-
ment des ponts qui font devant les portes de villes Se
de châteaux, qu'on levé le loir. On le dit quelque-
fois des ponts portatifs , ou de la partie qui fe levé
fur les ponts de bateaux, pour lailfer un canal libre à
la navigation.
On a appelé aullî des fouliers à pont levis , des fou-
liers avec des talons fort hauts. Se de petites mules
détachées, fur lefquelles ils S'appuioient, qui étoient
autrefois à la mode.
De peur que les alimcns , qui ont leur canal féparé ,
ne fe glilfent dans celui de la refpiration , il y a une
efpèce" de foupape qui fait fur l'orifice du conduit de
la voix, comme un pont/evWj pour faire palier les
alimens, lans qu'il en tombe aucune partie fubtile.
FÉN. De l'Exift. de Dieu, N. XL.
LÉVIS, ou LÉVI. Nom d'une grande Se illuftre Aîai-
fon de France. Les Seigneurs de Lévi éroient en
grande confidération dès le XIF lîécle. Cette Mailon
tire fon nom de la terre de Lévis dans le Hurepoix ,
contrée du Gouvernement de l'île de France, mais
on ne prononce jamais \'s , Se même on ne l'écrit pas.
LÉVITA. Nom d'une petite île déferre , mais qui a un
port fort sûr. Levita , autrefois Lebinthos. tUe eft
entre celles de Lango , de Morgo Se de Stampalia ,
dans l'Archipel. Maty. Voye^ Strabon , Liv. X.
Pline , Liv. XIV. c. 12. Mêla , Liv. I. c. 17. Lévita,
ou Lébinthus , étoit une des Sporades. Pline , Liv.
IV. c. II. Mêla, liv. IL c. 7. Strabon, Ziv. X.
On dérive ce nom de l'HébreuinnaT , en Chai-
décn iin:>2h , Lebintha, Lébinthus.
LÉVITE, f. m. Prêtre , ou Sacrificateur Hébreu, ainli
nommé , parce qu'il étoit de la Tribu de Lévi. le-
vita. En l'ancienne Eglife , on a appelé aufti Lévites ,
les Diacres , les Miniftres de l'Autel. Les Lévites de
l'ancienne Loi , étoient les dcfcendans du^ Patriarche
Lévi , troifième fils de Jacob &_de Lia; c'étoit la Tri-
bu de Lévi que Dieu s'étoit rélcLvée, & qu'il avoic
Rrc
49« L E U
confacrée au fervicc de fes Autels & de fon taberna- i
clcj ou de fon Temple. Cette famille ou Tribu étoit
divifée en trois branches j par trois fils de Levi , Ger-
fon, Caat & Mérari-, d'où étoient venus les Gerlbni
les , les Caathites & les Mérarites. Ils avoicm chacun
leur office marqué dans le Tervice du Tabernacle
dans le defert j comme on le peut voir dans les nom-
bres , C. III. Quand l'Arche fut fixée fur la mon-
tagne de Sion, & qu'enfuite le Temple fut bâti , Da-
vid & Salomon réglèrent leur fervicc d'une manière
nouvelle Se convenable à la fituation de l'Arche , &
à l'état où fe trouvoit le peuple de Dieu. Les Lévius
ii'avoient point de terres en propre, ils vivoient des
offrandes que l'on ftjfoit à Dieu. Us étoienr répandus
dans toutes les Tribus qui chacune avoient donné
quelques-unes de leurs villes aux Lévites , avec quel-
ques campagnes aux environs pour p.utre leurs trou-
peaux. Par le dénombrement que Salomon fit des
Lévites , depuis r.âge de vingt ans , il en trouva
trente-huit mille capables de fervir. Il en dellina
vingt-quatre mille au Miniftcre journalier fous les
Prêtres j fix mille pour être Juges inférieurs dans les
villesj & décider les chofes qui touchoicnt la Reli-
gion, &C qui n'étoient pas de grande conléquence ;
quatre mille pour être Portiers & avoir foin des ri-
chefles du Temple , Se le relie pour faire l'office de
Chantres.
Ce nom vient du Latin Levita , qui a été formé du
Grec Mvljtjç, La racine de ce mot eft le nom de Lé-
vi , Chef de la Tribu de Lévi , dont étoicnt les Prê-
tres de la vieille Loi. Ce nom fut donné à ce Patriar-
che par fa mère Lia, du verbe Hébreu m"?, lavah ^
qui lignifie être lié , être uni , parce que Lia efpéra que
la nallfance de ce fils lui attacheroit davantage fon
mari Jacob. Genèle , XXIX. ^^.
L'on trouve iiulli jtrchilévite j pour Archidiacre.
LÉVITIQUE. f. m. Se f. Qui appartient , qui a rap-
port aux Lévites. Leviticus. Race Lévitique : Famille
Lévitique. Les villes Lévitiqucs {ont celles oui avoient
été aflignées aux Lévites, où ils demeuroient, qu'ils
occupoient.
Lévitique. f. m. C'efl: le troifième des cinq livres de
Moïfe. Leviticus. Ce Livre ell; appelé Lévitique,
parce qu'il y elf traité principalement des cérémo-
nies & de la manière dont Dieu vôuloit que fon peu-
ple le fcrvit par le miniffère des Sacrificateurs &c des
Lévites.
'LÉVITIQUE. f. m. & f. Nom de Sefte. Leviticus , a.
Les Hérétiques qu'on nomma Lévitiques dans les pre-
miers liècles de l'Eglile, étoient fortis des Gnolliques
Se des Nicolaïtes. Voye:^ S. Epiphane, Hur. V. ou
XXV. n. II. Hoftinan& Moréri citent encore S. Au-
■guftin, Hinr. f. où il n'y a pas un mot des Lévitiques.
LEUK. Gros bourg de Suilfe , prefque au milieu du Va-
lais, (ur la rive droite du Rhône, dans un lieu élevé
& fortifié par la nature. Les bains de Leui en font à
deux lieues.
LEUKIRCHEN. Foyei Leutkirck.
LÉVOLA. royex Évola.
LEUR. Pronom polkflif Se relatif de la troifième pcr-
fonne du pluriel. Il s'exprime en Latin païfuus , a,
um , ou par le génitit pluriel des démonftratifs eorum,
ïllorum , Sec. Quand ce mot marque relation d'une
•liofc à plulieurs autres j on fe fert de leur qui eft le
lingulier de ce pronom; mais quand il s'agit de plu-
lieurs choies qui ont rapport à plulieurs autres , on
fe lert de leurs qui ell: le pluriel de ce pronom ; par
exemple; les hommes doivent préférer /f z^r devoir rk
leurs plailirs. Leur Se leurs font des deux genres, du
malculin & du féminin; par exemple, ceux qui ont
loin de leur réputation , le propolent toujours une
fin honnête dans leurs aélions.
Ce pronom le met quelquefois feul , Se comme
fubllantivement. Nos ayeux ont tous reçu également
de leurs ayeux , ceux-Jà des leurs , Se ceux là des leurs
encore , julqu'au tems de ceux qui ont fait ou qui ont
vu les premiers miracles. Pélisson. Et comme le
mien, le tien, le lien , ligniuc" mon bien , ton bien,
fon bien ; de mâne , Le leur^ fignifie leur bien. Qu ils I
LE U
gardent bien le leur, c'efl-à dire , ce qui leur appar-
tient. Les voilins de cet homme n'ont rien à craindre
de lui , il ne veut point du leur. Cela n'eft bon que
dans le ffyle ordinaire.
Ce mot de leur vient d'illorum , d'où les Italiens
ont fait loro , Se les François lor, puis /e^^r. Hugues de
Bercy, dans la Bible Guyot, dit , &: lor fens. Se lor
voie tiennent. Huet.
Leur, eft aulli un pronom conjonétif, qm tient
lieu du datif des pronoms perionnels pluriels eux &c
elles. Ainh quand on dit , Je leur fais grâce , c'eft
comme li on difoit, je fais giace à eux ou à elles.
Dans ce fens il eft indéclinable, & il s'écrit lans s. M.
Hestaut.
LEVRAUT, f. m. Jeune lièvre qui n'a pas encore acquis
£x jufte grandeur. Lepufculus. Petit levraut. Levraut
de trois quarts. Tous ceux qui4)nt traité des alimenSj
loit par rapport au goùr, loit par rapport a la lamé,
font beaucoup d'eftime de la chait des levrauts de
deux ou trois mois. Se prétendent que l'ulage en eft
utile aux convalefcens. Ils ajoutent qu'ils lont encore
bons à fix Se jufqu'à huit mois ; mais lorlqu'ils ont
un an, ils commencent à diminuer de bonté, 6c plus ils
vieillilîènt, plus leur chair eft lcchej& moins elle vaut.
Levraut, eft aulîi une épithcte qu'on donne au plus
commun des chaidons qui croit lur les bords des
grands chemins. Se dont les ânes lont friands, parce
qu'il leur pique le palais qu'ils ont rude , de la même
manière que le fel , le poivre ou les autres acides , le pi-
quent aux liommes qui l'ont délicat. CarJuus ajinorum,
LEURÇON. Nom d'un village du Perche. Lupercio. On
trouve aulli Lubercio , dans Odéricus Vitalis, I.
FUI. Hiji.
Ce mot, félon Valois, Not. G ail. p. 30 c , eft ve-
nu de Lupercus, ou plutôt de Lupercio, d'où l'on a
fait Lupercion , Leurcion , Leurçon.
LEURCY. iearçy- le -Bourg. Nom d'un bourg de
France. Luperciacum. Il eft dans le Nivernois , fur les
confins de l'Aiitunois , à fix lieues de Nevers. Valois,
Not. Gai. p. joS.
Ce mot s'eft formé du Latin Luperciacum , Lopcr-
ciacum , Lorciacum , Leurcy. VaJois , Ibid.
U:? LEVRE, f. f. C'eft le bord , ou la partie extérieure
de la bouche qui couvre les dents & aide à former
les Ions ; l'extrémité niufculcufe Se charnue qui ferme
Se ouvre la bouche , tant fupérieurement qu infctieu-
rement. Labium , labrum. On diftingue deux lèvres,
l'une fupérieurej l'autre inférieure. Outre les tégu-
mens communs , elles font compofées de deux par-
ties; l'une externe , qui eft dure Se mufculeule, lau-
tre intérieure qui eft molle , Ipongieufe & glandu-
leufe , couverte d'une tunique fore déliée , qui eft
continue avec celle de la bouche , & dont le devant
Se la portion la plus éminente eft rouge. Avoir les
lèvres fraîches, rouges, vermeilles, incarnates, des"
lèvres de corail.
Il y a treize mufcles des lèvres , huit propres &
cinq communs ; les propres font l'incifif , le triangu-
laire , le montanus , le canin , le zygomatique , le
buccinateur & l'orbiculaire. Des communs il y en a
deux à chaque /t-vrs. Voyez Dionis, /'///. Dém.
Anat. De la face & de fes parties. On dit auffi d'un
ris forcé , qu'il ne palle pas les lèvres. Les lèvres font
l'inftrument de la parole. Les lèvres fervent pour re-
cevoir l'.alimcnt; elles fervent encore par leur fou-
plellé , (Sj par la variété de leurs mouvemens , à varier
les fons qui font la parole. FÉnel. Les Matines com-
mencent par cette invocation du Pfeaume : Seigneur,
ouvrez mes lèvres. Dieu , par Haïe , le plaignoir de
fon peuple, qui ne l'adoroir que des lèvres , qui ne
faifoit que remuer les lèvres , Se dont il n'avoit point
le cœur. Accorder une choie du bout des lèvres.
Voit. Le gefte d'Harpocrate , dieu du Silence, étoit
d'avoir un doigt fur les lèvres. Il y a des ventriloques
qui parlent fans aucun ufage, ni mouvement des lè-
vres. Lact, dans fi Defcription du nouveau monde,
Z. XII. c. 16 , dit que les Brafiliens fe percent dès la
plus tendre jeunclîe, \a. lèvie d'en-bas, (S: qu'ils s'y
mettent de grands anneaux. Strabon , L. XF, r.ip-
L E V
porte la mûmc chofc des femmes Ethiopiennes. La
punition de quelques crimes étoii autrefois de couper
la livre.
LâvRES, en termes de Chirurgie, fe dit des deux Liords
d'une plaie. Vulncrls labra , lahelia. Ce bielle (e
porte mieux ; les lèvres de (a plaie font vermeilles ,
elles commencent à (e joindre pour fe cicatrifer. On
recoud quelquefois les Vcvra d une plaie.
On le ditaullien Anatomie , des bords extcnicurs
. de la vulve, qui font des peaux fpongieufes, garnies
de graille. Les Icvrcs de la matrice font deux parties
, qui defccndcnt de la motte, lune à droite & l'autre
à gauche, & qui fe joignent au périnée; elles font
•faites de la peau redoublée , de chair fpongicufe éL- de
gr.-'ide. DiONis. Lahiu pudendi.
En termes de Manège, la /èvrfi d'un cheval, c'efl:
h peau qui règne fur le bord de la bouche , & qui en-
vironne les mâchoires. On dit qu'un cheval s'arme
de (i lèvre, ou lé défend de fes lèvres, quand il les a fi
grollés qu'elles couvrent les barres , en ôtent le fenti-
ment, & rendent l'appui du mord fourd ik trop fer-
me.
LÈVRE , fe dit aulli de quelques poilloiis. La carpe a les
lèvres groiles & gralfes. Rond.
LâvRE, eft aulll im terme d'Architedure. Le corps du
chapiteau Compolîte, & de celui du Corinthien, s'ap-
pellent Campanes , parce qu'ils rellémblent à une
y cloche renverfée , S< le rebord qui touche au tailloir ,
{e nomme lèvre.
LâvRE. En Botanique on fe fert du mocde /èv/dj pour
exprimer les découpures recourbées ou relevées des
fieurs en gueule; car on peut dire que ces découpures
font eu quelque manière un prolongement des mâ-
choires de CCS forces de guîulcs : aulli les Botaniftes
ont donné à ces Heurs en général le nom de Flores
labiati. DicT. de James. On dilHngue dans ces fleurs
la lèvre fupérieure & l'inférieure. Foye\ Labiée.
LÈVRES. En Conchyolo^:,ie, ce fjut les bords delà bou-
che d'une coquille. Ord.
On dit proverbialement &: figurément, qu'un hom-
me a le cccur lur les lèvres ; pour dire qu'il parle fans
déguitcmeiu; qu'il a la mort ou lame fur les lèvres ,
ou entre les dents, pour dire qu'il agonifc. On dit
aullî qu'il a une chofe fur les lèvres , pour dire qu'il
la fait bien ; mais qu'il a quelque diftraûion _, quelque
défaut de mémoire qui l'empêche de l'exprimer dans
Je moment qu'il le voudroit. On dit proverbialement
d un homme qui paroît fiché , qu'il ferre les lèvres
comme un chat qui boit du vinaigre.
LEVRETTE, f. f. La femelle du lévrier. Fertagus fœ-
mina.
Levrette, f. f. Nom que nos Matelots & nos Marins
donnent à un animal amphibie , qu'ils rencontrent
vers les côtes les plus méridionales de l'Amérique. Ils
lui donnent ce nom , parce qu'il relfemble à un petit
loup-marin. Les Hollandois les appellent veau ma-
rin , mais nos François prétendent que ce font deux
. animaux fort diftcrens. Les levrettes ont deux mouf
taches aux deux côtés du mufeau.
LÉVRETTER. v. n. fignifie , chalfer au lièvre , le
courre à force, ou avec des lévriers. Lepores ïnfequi.
LÉVRETTER , fignifie aulli, faire des lièvres, en parlant
de la femelle des lièvres, quand elle fait fes petits.
Lepufculos parère , edere.
LÉVRETTERIE. f. f. Méthode d'élever des leviiérs.
LEVRETTEUR. f. m. Celui qui a foin d'élever des
lévriers.
LÉVREUX , EUSE. adj. m. & f. Vieux motinufité : il
figmfie, qui a de grollés lèvres. De lahïofus. Mén.
Dicl. Etym. Monet écrit LÉVRU. Le véritable mot
eft lip^u Jdont il y a un exemple à l'article Chaus-
sons , & (ur lequel M. Le Duchat, ;>. 17S & lyp
^'c ^' i^ ^"^ "^^^' ^'"'P- ^ f^'f "'""^ remarque cu-
"r^ j ^"^" '^ "^'^ rapporter le commencement.
" Ceux de la Mailbn d'Autriche , comme étoient
" rinlante & l'Archiduc Ernefl, ont depuis plus de
"deux cens ans, prefque tous de grolfes lèvres, ce
oquils tiennent, non de la Maifon même d'Autri-
.. chc, mai€ de celle de Bourgogne, par Marie, qui
lome V.
L E V 49^
» époùfa Philippe , Archiduc d'Autriche , pcrc de
» l'Empereur Charles Quint ».
LÉVRICHE. f f. Femelle d'un petit lévrier. Fertagus
junior fcemïna.
(KTLÉVRIER. f m. Chien haut monté fur jambes , qui
a la tête longue & menue, la taille déliée, dont on
ie (crt principalement à courre le hèvrc, d'où lui
vient fon nom. Fùye-{ Chien de chasse. Les lévriers
(ont des chiens qui challcnt de vitelfc, à l'ail, &
non pat l'odorat. Il y en a plufieurs cfpèces. Les plus
nobles font pour le lièvre, &c les meilleurs viennent
de France , lur tout de Champagne , d'Angleterre &
de Turquie. Ce font des animaux très-vifs. Il y a des
lévriers à lièvres , des lévriers 3. loup, et des lévriers
à tout. Les plus grands font pour courre le loup ,
le (anglier , le renard , & toutes les grollés bêtes.
Ils viennent d'Irlande & d'EcolIe,& on les appelle
lévriers d'attache. On les fait combattre des buffles
& taureaux , & il y en a dans la Scythie qui attaquent
les lions & les tigres. Les petits lévriers font pour
courre les lapins, & ils vienent d'Angleterre, d'Ef-
pagne & de Portugal.
On appelle aulli lévriers, des levrons d'Angleterre
qui challent aux lapins ; mais on s'en lert plus pour
le plaifir que pour la chalTe.
On appelle lévriers harpes , ceux qui ont les devans
& les côtés fort ovales , & peu de ventre ; gigottés ,
lorfqu'ils ont les gigots courts & gros , & que les os
des hanches font éloignés. On les appelle nobles,
quand ils ont la tête petite & longue , l'encolure lon-
gue tk déliée , le rable large & bien fait.
Les lévriers ouvres, font ceux qui ont le palais noir.
On parle aux lévriers en criant : Ah lévriers , quand
on les lâche après le lièvre ; & quand c'eft après le
renard , hare , hare.
Ce mot vient de leporarlus. Il y a chez le Roi trois
valets & gardes des lévriers & levrettes de la cham-
bre.
On dit proverbialement en termes de Chaflcj af-
faut de lévriers , défenfe de fanglier , fuite de loup.
Le peuple appelle les Sergens & Archers, les lévriers
du Bourreau , parce qu'on dit : lâcher des lévriers
après quelqu'un, pour dire, envoyer des gens après
lui pour le prendre. On dit proverbialement, de tou-
tes tailles bons lévriers, pout dire que, quoiqu'un
homme foit petit, il ne lailfe pas de valoir fon prix,
& de faire bien fes fondions.
En termes de Blafon , on appelle les lévriers paf-
fans , courans , rampons , on debout, comme le lion,
félon qu'ils font peints dans l'écu ; & quand on en
met deux, ils font d'ordinaire affrontés, c'eft-à-dire,
qu'ils font debout , fe regardent & s'affrontent l'un
l'autre, fe foutenant, ou plutôt fe joignant des pics
de devant.
Ordre du Lévrier. Nom d'un Ordre Militaire du
Duché de Bar en Lorraine. Ordo Vertagl. L'an 1416,
plufieurs Seigneurs du Duché de Bar, s'unirent en-
femble, & formèrent une fociété dont la marque
étoit un lévrier, ayant à fon cou un collier où étoienc_
écrits ces mots. Tous un, qu'ils dévoient porter.'
Ils promirent de s'aimer les uns les autres , de garder
leur parole, de défendre celui d'entr'eux dont ils en-
tendroient dire du mal, &: de l'en aveitir. Tous les
ans ils élifoient entr'cux un Roi , & s'affembloient au
mois de Novembre , le jour de S. Martin , & au mois
d'Avril, le jour de S. Georges; & fi quelqu'un avoit
fait quelque laute , il en étoit repris par le Roi bc par
cinq ou fix autres de la focié'té. Ils dévoient fe trouver
à ces aflèmblées fur peine d'un marc d'argent , à
moins qu'ils n'eulfent une excule légitime. Perfonnc
ne pouvoir être reçu dans la Compagnie que par le
Roi , &: huit ou dix des plus diftingués , & avec l'a-
grément du Duc de Bar , qui promit de protéger &
d'aider ces Chevaliers de toutes fes forces. P. Hélyot,
T. FUI, c. jâ.
LEVRON. f. m. Jeune lévrier pour la chalTe. Junior
vertagus. Il y a aulli des lévriers d'une efpècc
particulière , de fort petite taille , qu'on appelle
levrons.
. Rrrij
JOO
L E V
On dit proverbialement , d'un jeune homme de
bon appétit , qu'il eft aftamc comme un jeune U-
vron. On dit auHi , Étourdi comme i«a jeune U-
vron , en parlant de celui qui fait les chofes brutque-
ment , <!<i: fans réHexion.
XEVROUX. Nom d'une petite ville de France. Le-
profum, Leprojium. Elle dl dans le Bcrri , près de
Châteauroux , vers le couchant de cette* Province.
Val. Noc. Gall.p. 2J2 , croit que ce lieu fut ainfi
appelle , à caufe de la multitude de léprewx qu'il
y avoit. Peut-être aullî parce que c'étoic un lieu où
on les retiroit , un Hôpital de lépreux.
LEURRE, f. m. Terme de Fauconnerie. Morceau de
cuir rouge façonné en forme d'oifeau , ou cteuf
garni de bec , d'ongles & d'ailes , pendu à une
lailTe par le moyen d'un crochet de corne , dont
les Fauconniers fe fervent pour réclamer leurs oi-
■feaux de proie. lUicïum plumatile. On y attache
fouvent de quoi paître l'oifeau , qu'il faut qu'il tire
du bec. On le nomme quelquefois rappel. M. de
Thou l'appelle en Latin lorum.
Le leurre n'eft autre chofe que deux ailes liées
avec un peu de chair delfus. Fault. Il ne faut pas
que le leurre foit lans chair. Id. Leurre garni de
tiroir ^ c'efl: à-dire , garni de chair. Id. Pour bien
iaire l'oifeau au leurre j il ne le faut point défiler,
jufqu'à ce qu'il revicqne bien au poing , & qu'il
y mange bien-, alors déliez-le fur le foir , afin qu'il
ne s'enfuie pas , & lui foufflez un peu de viir aux
yeux , & lorfque vous irez coucher , mettez-le fur
un traireau proche de votre lit , puis avant le jour
il faut l'euchaperonner , ôc mettre fur le poing ,
^ le traiter ainli , jufqu'à ce qu'il foit afsûré. Ap-
prenez-le à defcendre à terre fur fa proie j ahn
qu'il revienne fur le poing en le leurrant , & quand
il fera remonté , jettez le leurre fous les gens , & ôtez
pailiblement fes ongles de la proie , afin qu'il s'accou-
tume à fuivre & non à fuir le monde ; ôc quand il fera
■defcendu,reirerez le bien.& lui faites aimer le leurre.lo.
Oifeau de leurre , eft un faucon gentil , pèlerin ,
gerfaut , lanier , ficre , faucon bâtard ; l'aigle ,
l'émerillon , & le hobereau : mais l'autour Se l'éper-
vier font oileaux de poing, & non de leurre.
Acharner le leurre , c'eft mettre un morceau de
chair delFus. Illicium plumatile efcâ ïnfiruere. Ce
mot de leurre vient de lorum : le décharner , c'eft
en ôter le morceau de chair. Quelques uns le dé-
rivent à leora y qui fignifie callid'uas , c'eft à-dire,
tromperie , tuivant Tripaut en ion Diétionnaire.
LïURRE , fe dit figurément en chofes morales , des
appas trompeurs qui nous font donner dans le
faux, f^oye:;^ Leurrer, Illicium- Les flatteurs ,
les courtifans , ont des leurres décevans qui atti-
rent les jeunes - gens. On fait efpérer un grand
emploi à ce Capitaine ; mais ce n'eft qu'un leurre
pour l'attraper.
LEURER. v. a. Drelfer un oifeau au leurre , ou y
rappeler l'oifeau , qui de fon gré ne revient pas fur
le poing fans être convié par le leurre qu'on jette
. en l'air. Illicio affuefacere. On dit , leurrer bec au
vent j ou contre vent. A l'égard de l'autour & de
répervier , on dit reclamer, parce que ce ne font
pas des oileaux de leurre.
IK? Leurrer , dans un Icns figure. C'eft faire donner
dans le faux par les appas de l'efpérance : attirer
quelqu'un par quelque avantage dont on lui fait
naître l'envie pour le faire donner dans le faux. Ine/
care , illicere in frauiem. Leurrer par de belles ef-
péranccs. On l'a leurré long temps de l'elpoir d'é-
poufer un grand parti. Les hommes lont fouvent
leurrés par leur propre ambition. Ce Miniftre leur-
rant Chriftine. De Bussi.
Deux Jlens voijlns fe laijferem leurrer
A l'entretien libre & gai de la Dame.
La Font.
|Cr Leurrer , Surprendre , Tromper , Duper , fy-
nonyraes. Faire donner dans le faux eft l'idée com-
LE V
mune qui rend fynonymes ces quatre mots. Mais
leurrer , dit M. l'Abbc Girard, c'eft y faire donner
par les appas de l'clpéraiicc y en le faiiant briller
comme quelque choie de très avantageux. Voyer
fous les articles p.irticuliers les nuances qui diftin-
guent les autres mots. Celui-ci exprime quelque
chofe qui attaque direélement l'attente ou le défir.
L'Art des Grands eft de leurrer les Petits par des pro-
mellès magnifiques ; &c l'Art des Petits eft de duper
les Grands dans les chofes que cemc-ci commettent
à leurs foins.
LEURRÉ, ÉE. part.
LEURS, royex Leur.
LEUS. f. m. Vieux mot. Lieu. On a dit auffi Leuc &
Leu. Leus a auiH fighifié un loup.
LEUSE. Ville des Pays-Bas. Elle eft dans le Hainaut,
à la fource de la Tcnre , & à trois lieues au-delTus
de la ville d'Ath. Lulofa , Leufa. On trouve auffi
Lotofa. M. Châtelain écrit Leu-^^e , comme on pro-
nonce. La journée de Leu^e , le combat de Leuze,
la viéloire de Leu^e ^ c'efî la victoire que le Ma-
réchal Duc de Luxembourg remporta en 1 691. le
1 9 de Septembre , fur les AUemans j les Efpagnols ,
les Anglois Se les HoUandois commandés par le
Prince d'Orange. Long. zi. d. 18', lat. jo. d. 34,
Cette ville fut ainfr appelée de lutum j boue,
parce qu'elle étoit dans un lieu boueux , fangeux,
Valois , Notit. Gall. p. 30p.
LEUTÉRIC. f. m. Nom d'homme. Leotericus , Leu-
teiicus , Leothoricus. Leutéric monta fiu: le Siège
Archiépifcopal de Sens , l'an ïooo.
LEUTGAR. Voyei Léger.
LEUTKIRCK. Nom d'une petite ville Impériale de
la Souabe. Leuthirka. Leutkirck , autrement Leukir-
ken , eft lîtué dans l'Algov/ , fur l'Efchach , au midi
Memmingen. Quelques Géographes prennent Leut-
kirck pour l'ancienne Eclodurus , ou Eclodurum , pe-
tite ville de la Rhétie , que d'autres placent à £ch-
tal J village de la même contrée. Matv. Long. zj.
d. 45.', lat. 47. d. 44'.
LEUTMERITZ. Foyei. Létoméritz.
LETOMISSEL. Foye^ Littomissel.
LEUTCH. Nom d'une petite ville aifez bien forti-
fiée. Leuconium. Elle efî dans le Comté de Zéépus ,
dans la Haute Hongrie , à douze lieues de CalTo-
vie , au pié du Mont Krapach, & à la fource delà
rivière d'Harnat. Maty.
iCr LEWARDE. Ville des Pay^-Bas dans la Républi-
que des Provinces Unies , fituée dans la province
de Frife, dans le canton nommé l'Oftergoo. Lea-
vardia. Cette ville eft grande , bien bâtie & for-
tifiée. C'eft là que fe tiennent la Cour Supé-
rieure & la Chancellerie de toute la Fiife j des Sen-
tences de laquelle on ne peut appeler à aucune
aune Jurifdidtion. Long. zj. d. 17', lat. 55. d. 11'.
LEWAREC. f. m. Ce mot fe trouve dans l'Hif
toire de Bretagne , T. II , p. ijj. Tota Brueria,
totum Lewarec , £■ magni pifces. Il paroît que Çî
été un droit fiir les terres nouvellement défrichées ,
& que ce mot,vient de celui de marr , efpèce. Car
quand la lettre 772 eft précédée de quelqu'affixe , les
Bretons la changent en V , comme E-vab , fbn fils ,
au lieu de E-mab. Ainii au lieu de Le-marec , on a
dit Levarec. Lobineau , Glo(f.
LEWECK. Nom d'une ville de l'Inde, de-là le Gan-
ge. Leuvecum. Elle eil capitale du Royaume de Cara-
boie , Se en porte le nom fur les Cartes. yoye[
Camboie.
LEWENDALE. f. f. Sorte de monnoie en ufage dans
le Carduel ou Cartuel , Province de Géorgie en
Aiie. Les Troupes du Grand-Seigneur étant entrées
par furprife dans la province de Carduel , le Prince
qui en étoit Souverain , s'eft retiré fur les terres
du Czar , Se fon fils s'étant fait Mahométan , eft
convenu , de concert avec les principaux de la
Province , de payer aii Grand-Seigneur un tribut
de 40000 Lewendales. Gaz. 1725 , p. 44S-
^ LEWENTZ. Ville de la Haute Hongrie , au
Comté de Gran , dans le Gouvernement de Neu-
L EX
haufel. Leuva , Leuvent'mm. Les Impériaux com-
mandés par le Général Souches, y défirent les Turcs,
l'an 1664. Long. } 6. à. jS', lac. 4S. d. i /'.
lEWES. Nom d'un bourg bien peuplé. Lefuas. Il efl
dans le comté de Sullex , en Angleterre , entre
Cliichedre & Rye , à deux lieues de la mer de
Bretagne. Maty,
LEUWEDAALDERS. f. m. Monnoie d'argent, qui
fe fabrique exprès en Hollande pour le commerce
de Srnyrne. Ils valent 14 Tous monnoie courante
d'AmIterdam.
LEUVIGILDE. f. m. Nom d'homme. Leovigildus ,
Leuvigildus. Le dix huitième Roi des Goths en
Eipagne , fut LeuvigUde , qui (uccéda à Ion hère
Liuba en j68. Il fut père de Saint Herméiiigilde ,
qu'il fit mourir , parce qu'il avoit renoncé à l'héré-
fie d'Arius. Sa femme Ingonde , fille de Sigcbert,
Roi de France , l'avoir converti. LeuvigUde , Prê-
tre de l'Égliie de Cordoue , a écrit vers l'an 716,
fur l'habit des Clcccs , de habicu Clericorum.
LEWIS. Nom d'une île d'ÉcolFc. Lewijffa , Leogus.
Elle eft la plus feptentrionale des Werfternes , &
éloignée de neuf iieucs de l'île de Skye , &c de
vingt de la côte d'ÉcolTe. Sa longeur eft de dix-
huit lieues j & fa largeur de quatre ou cinq. Elle
eft féparée en deux parties par un petit ifthme de
mille pas. La partie feptentrionale , qui eft la plus
grande , conferve le nom de Lewis , Se abonde
en grains & en beftiaux ; fes principaux bourgs
font Sherboft , Grimfetter & Daneville. La méri-
dionale porte le nom d'Harrayi elle eft pleine de
montagnes & de forets , & produit pourtant de
bons pâturages -, Rov/adil en eft le principal bourg.
On prend près des côtes de cette Ile des baleines
d'une prodigieufe grolFeur, & on y pêche quantité
de faumons ôc de harengs. Maty.
^LEVURE, f. f. Terme de Cuillne qui s'applique
à ce qu'on lève de delfus & de delîous le lard à
larder. Laridi pars crafflor defecla. Les levures de
lard font les profits des Cuifmières.
Levure de Bière, eft une écume que jette la bière
quand elle bout dans le tonneau -, car ce n'eft pas celle
qu'elle fait quand on la cuit fur le feu. Cervljîa. ehul-
lientis fpuma. Cette Levure fert quelquefois à faire
du levain pour le petit pain , & fur-tout le pain
qu'on nomme à la Reine i ce qui le rend fouvent
amer , quand on y en met trop. La levure enfle
beaucoup le pain , & en peu de temps , & le rend
plus léger , plus délicat & plus tendre. On tient que
î'ufage de la levure de bière a été introduit depuis
peu par l'avarice des Boulangers , & qu'il n'y a
qu'environ quatre-vmgts ans qu'ils ont renouvelle
cet ufage , dont le fervoient les Gaulois , (elon le
témoignage de Pline. Il y a eu un Arrêt qui a permis
aux Boulangers de s'en fervir , quoique les Méde-
cins aient foutenu qu'elle étoit contraire à ia (anté ,
par un Décret du 24 Mars 1668. Malgré l'Arrêt,
le pain n'en eft pas moins pefant dans l'eftomac. J^oy.
fur la levure de bière , (es bons &: fes mauvais effets ,
&c. le Traité de Police du Commillaire La Mare,
T. 1 ,p. j69 & fuiv. &c T. II , p. Ç12.
.eVure , en termes de Blafon , fe dit d'un quartier de
l'écu qu'on retranche du côté dextre de Técu vers
le chef, pour en faire un autre émail que celui
du refte de l'écu. Il portoit d'or à cinq bâtons de
gueules j à la levure de même. Cette levure eft un
peu raomdre que le quartier ordinaire , & s'appelle
plus proprement Franc -quartier.
.nvuRE , eft aullî un terme de Pêcheur , qui fe dit
d'une certaine partie du filet. Faire la levure d'un
filet.
L E X.
, EX! ARQUE, f. m. Nom de quelques Magiftrats
d'Athènes. Lexiarchus. C'étoient des Officiers IQr" ou
Magiftrats chargés d'examiner la conduite de ceux
qu'on admettoit au rang des Prytanes , & de ceux
qui avoicnt droit de fuffrages dans les AlTemblées ,
de tenir regiftre de leur â^e , &c de leurs bonnes
L E Y yoi
qualités. Tous les citoyens qui étoient infcrits dans
ces regiftres avoient voix délibcrativc , à moins que
quelque défaut ne leur donnât rcxclufion.
Ce mot vient à'xfy^», , être maître , Se /,|/f , hé-
ritage J patrimoine , ^CT parce que ces Magiftrats
avoient la jurifdidlion fur les fujets qui dévoient
décider des atiaires j du bien , & du patrimoine de
la République.
LEXICOGRAPHE, f. m. Auteur d'un Lexique , d'un
Dictionnaire. Lexicograpkus. Le travail d'un Lexi-
cographe eft un travail bien dur & bien ennuyant
pour lui , mais bien utile aux autres.
§3- LEXICOGR APHIE. f. f. C'eft ainfi qu'on appelle la
partie de l'Orthographe qui preicrit des règles
convenables pour rcpréfenter le matériel des mots
avec les caractères autorilés par I'ufage de chaque
langue. L'autre partie de l'Ortographe eft la Logo-
graphie. Ce mot vient du Grec >^d.ii , diUion _, Oc
yça^eiv j à'écrire.
|G" LEXICOLOGIE, f f. L;Orthologic , première
partie de la Grammaire , lelon le iyftême adopté
dans l'Encyclopédie , fe loudivife en deux branches
générales qui lont la Lexicologie Se la Syntaxe. La
Lexicologie a pour objet la connollfance des mots
confidérés hors de l'élocution , & elle en coniîdère
le matériel , la valeur & l'étymologie. Du Grec ,
xthi , diclion , Se >oyi>f , dijcours.
LEXIQUE J ou LÉXICON. 1. m. C'eft la même chofe
que Dictionnaire. Ce mot ne fe dit guère qu'aux
Collèges , de quelques Dictionnaires Grecs, qui font
intitulés Lexicon. J'ai un bon Lexicon Grec. Le
Lexicon de Scapula eft un excellent livre. La meil»
leure édition du Lexique de Scapula eft celle de Hollan-
de, enluite celle d'Angleterre, fur laquelle celle de Hol-
lande a été faite , Se qui n'en diftére que par un abrégé
du Lexicon Grec-Barbare de Meurfius , qui eft à la fin.
Le Lexicon Grec-Latin de Schrevelius eft eftimé.
C'eft ce qui en a fait multiplier les éditions.
Ce mot eft Grec, Se vient de/ijif , diction, qui
vient de xiya , je dis.
LÉXIVIAL. adj. On doit dire LIXIVIAL. royei ce
mot.
L E Y.
LEYANCE. f. f. Vieux mot. /■'''oye:^ Licence.
LEYBNITZ. Bourg de la Stirie , fuué fur la rivière
de Sacka j à une lieue de ton confluent avec ic
Muer , à cinq lieues de Graez , vers l'orient méri-
dional. Leibnicium. On prend ce bourg pour l'an-
cien Polybianum j petite ville de la Haute-Panno-
nie. Maty.
r^LEYDE, & LEYDEN. Voyei Leide.
LEYE. Foyei Lis.
LEYNE. Nom d'une rivière de la Bafle-Saxe. Lynius ,
Leinius. Elle prend fa fource à Heiligenftat dans
l'Eifchfeld , traverfe le Duché de Brunfwick , baigne
Cottingen , Hanover , Se Neuftat , & fe décharge
dans l'Aller , entre Zell & Ferden. Maty.
LEYSCZNICK, LEISNICK. Petite ville du Cercle de
la Haute Saxe. Leyfnigum , Lifnica. Elle eft dans
la Mifnie , fur la Multe , près de fon confluent
avec la Mulde , à fix lieues de Meilein j vers le cou-
chant. Maty.
LEYTE. Nom d'une rivière d'Allemagne. Lutis. Elle
a fâ fource dans la Stirie , traverfe une partie de l'Au-
triche , où elle baigne Bruck , Se entrant dans la
Balfe Hongrie , elle fe jette dans une branche du Da-
nube , vis-à-vis delà ville d'Owar. Maty.
LEYTON. Leytonum , autrefois Durolitum. C'étoit
anciennement une petite ville des Trinobantes ; ce
n'eft maintenant qu'un village d'Angleterre, lîtué
dans le Comté d'Elfex , aux confins de celui de
Middelfex. Cambden écrit Layton , Se Laxton ,
pour l'ancien Durolitum. Cambden dit que c'eft
Oldfoord upon Lee , dans le Comté d'Elfex.
^L E Z.
L EZ. adr. Vieux m:)t , qui lî^nifioi: autrcfo is proche ,
j-oi LEZ
vers 3 du coté de. Juxtà j fccundùm , propè. Le Plef-
fis lei Toui-s. Saine Germain des l'ies /e^ Paris.
Ce mot vient du Latin ad lacus Parifiorum. On
difoic aulÏÏ autrefois des Officiers /f^ laperfonne du
Jloii pour dire, proche la perfonnc , à fes côtés.
Ad latus Régis.
Il (îgnifioit autrefois j Borne Se confins , comme
3u(li on difoit le^ & côté. En ce lens , ce mot de
/eij- eft un nom fubftantif.
Lez. Nom d'une petite rivière de Languedoc. Ledus j
Ledum. Elle baigne Montpellier , & fe décharge
dans le lac de Maguelone. Maty. Le Zeç , ou
Lets , dit le P. Sirmond , dans les Notes fur Sido-
nius Apollinaris , Cann , V, v. 20S y z i-x foiuce
dans les Cévennes. Il palfe à Montferrand , à Pra-
de , à Moiuferrier , à Caftelnau de Pont-Juvénal ,
il coule prés de Montpellier -, enluite il fe fépare
en deux bras, & environne la Tour de Lates , puis
il fe rejoint, & va fe jettcr dans la mer par l'étang
<iu Tauj ou l'étang du Pérotz. Voy.\tV. Sirmond,
& Hadrien Valois , Not. Gall. p. 26 3 , & z6j.
Mêla L. II , c. /. Savaron , fur Sidonius Appol-
linaris.
XÉZADOIS. Leiaienfis ager. Voy. Lézat.
§Cr LÉZARD, f. m. Epèce d'animal ovipare à quatre
pieds Se à longue queue. Cet animal eft allez connu.
Il y en a de verts & de gris. Lacenus. Pline dit qu'il y
a des le'iards grands d'une coudée en Arabie ; Se
qu'aux Indes il y en a de vingt-quatre pieds , les
uns font jaunes , les autres rouges , &: les autres verts.
Il y a aulîî une efpèce de lé\ard que les Latins appellent
._JleUio', qui eft marqueté de plufieurs taches & étoi-
les , & qu'on dit être fort fin , d'où les Jurifcon-
fultes dérivent le mot de flell'ionacaïre. Les croco-
diles lont mis fous le genre des lézards j aulli-bien
que les falamandres. Les Habitans du Cap vert ont
beaucoup de vénération pour les lé\ards , croyant que
ces animaux ont quelque pouvoir fur leur fortune.
Le le\ard ell: ami de l'homme , & fort ennemi des
ferpens , d'où vient le nom à'oipiiy.ax'^ , que l^s
Grecs lui ont donné. Pline , L. FUI. c. s 9 > '^^^
que les lé\ards ne vivent que fix mois. Il dit , au L.
X , c. )(>. qu'ils ont la langue fendue en deux , &
couverte de poils ; il ajoute ailleurs , qu'ils n'ont nulle
mémoire. Ils étoient autrefois d'un grand ufige dans
il Ma^ie. Il y a dans le Journal de Lcipfick , Suppl.
T. I , p. 404. une anatomie d'un /d'^tiri des Indes.
Leri allure qu'il en a vu au Brefil de fept piedS de
long , & de la giolleur du bras d'un homme. Vola-
terranus parle d'un lézard de huit coudées de long ,
que le Cardinal de Lisbonne fit apporter d'Ethio-
pie. Il a\'oit la gueule alfez grande pour avaler un
enfant tout entier. Quand les Avanturiers veulent
prendre les lézards , ils mettent au bout d'un bâton
long de deux toifes , un petite corde en nœud cou-
lant ; enfuite ils le couchent par terre , Se lorfqu'il
vient un le\ard, ils lui chatouillent la gorge avec le
bout du bâton , pendant qu'ils lui palTcnt le nœud
coulant , Se le tirent tout d'un coup. Les lc\ards le
laillent prendre de cette forte , par ce qu'ils s'ima^
ginent que c'cft quelque inledte qui les chatouille ,
Se qu'ils ont accoutumé de vivre de ces animaux.
On les prend aufii à la courte , quand le pays le per-
met ; m.tis il faut le tenir lur les gardes , car ils
mordent bien fort -.pour s'en garantir, on les tient
par le gros de la queue , &: par ce moyen ils ne
pcu\'ent remuer , & n'ont point de force. Fojez
lur lcslc\ards des Antilles l'Hilloire naturelle de ces
îles, par M. Lonvillers de Poinci, C. XIII , Arc. 2.
On voit à Poulo Condor cinq elpèces de lézards.
Les uns fom comme ceux de France , d'autres font
de la grollcur & de la grandeur des lerpens ordi-
naires. Il y en a qui ont des ailes. Ceux ci lont de la
grandeur &: de la couleur ordinaire des /c'^ards. Au-
dclTous du menton ils ont une bourfe de la figure
d'un cœur &: de couleur blanche , elle s'enfie & le
delentle dans la refpiration. On trouve d'autres lé\ards
plus gros , qui ont des écailles & l'air affreux. Leur
morfure efl morcelle ; ils fe mettent dans le creux
LEZ
des arbres , Se fur le foir ils poulTent de grands
cris. Ou diroit que c'ell quelque gros oifeau per-
ché lur l'arbre ; on regarde de tous côtés , & l'on
ell bien kirpris de trouver que celui qui fait tant
de bruit ell un petit lé\ard. On l'appelle Koqué ^
parce qu'il paro'it prononcer ce mot quand il crie.
Les lé\ards de la cinquième efpèce font grands ,
couvcrs d'écaillés. Ils ont des mains & despieds auiïï
s;rands qu'en ont des cnfans de quinze ans. Ces
mains Se ces pieds font armés de crochets au bout.
La queue de ces animaux cil triangulaire. Ils ont
julqu'a lept& huit pieds de long. On dit qu'ils font
bons à manger. Obf. Afironom. Sec. publiées par
le P. Soucier , p. 116.
Il y a au Japon des Temples dédiés aux lé\ards , que
les Savans révèrent comme leur patron , fans néan-
moins lui élever ni llatuc , ni autel , comme aux au-
tres dieux. On fe contente d'en attacher la figure à
la voûte , afin que les gens d'étude fe rellouvien-
nent en l'adorant d'élever les yeux Se le cœur au ciel
Amè. des Holl. au Jap. P.I , p. i 04.
On mange les lézards des îles. Le P. Labat die
qu'il en mangea d'un à la laulle aux poulets, (Scque
la chair cil li rellemblante à celle du poulet par
fa blancheur , fon goût Se fa délicatelle, qu'il auroic
cru que c'en étoit , s'il ne l'avoit pas vu accommo-
der. Quoique cet animal foit terreftre , les Théo-
logiens l'ont rangé parmi les amphibies , dont on
peut manger en tout temps. Les œufs de ces lézards
éclolcnt à mefure que la femelle les poulie dehors.
Les lézards des îles ont la vie lî dure, que cent
coups de bâtons fur le dos Se fur la tête ne les tue-
roient pas. Le fecret de les faire mourir fans leur
couper la tête , cil de leur enfoncer un brin de bois
ou de paille dans les narines ; aullî-tôt qu'ils font
touchés dans ces endroits , ils jettent quelques gout-
tes de fang j Se expirent.
Ce mot vient du Latin lacerra par corruption;
Se laccna , félon quelques-uns, de laccrare , hrifer ;
Se , félon d'autres , de lacercus , le hras de l'hom-
me , parce que les lézards ont les pieds lemblables
aux bras de l'homme.
LÉZARD , en termes de Blafon , fe dit d'un lézard
qu'on reprélente montant ; mais quand il ell en
aurre aOiette , il la taut fpécifier en blalonnant. La
Maifon de le Tellier porte d'azur à trois lézards
d'argent au chef coulu de gueules , chargé de
trois étoiles d'or.
LÉZARD de Mer. Saurus. Poilîon long d'environ un
pied , rond, & ayant la figure d'un le\arddc terre,
à l'exception qu'il n'a point de pieds. Sa tête eft
menue & ronde , Ion muleau ell; oblong Se pointu,
fa bouche ell grandeur garnie de petites dents, fes
yeux lont médiocres , ronds &: d'un jaune-doré ; fon
dos ell vert noirâtre , Ion ventre ell blanchâtre,
& Ces côtés jaunes. Il ell marbré par tout , com-
me les lerpens, de taches rouges , bleues, j.iunes,
dilperfées par tout fon corps. Il ell bon à manger.
On en trouve dans la Méditerranée & dans la met
Rouge.
LÉZARD , en Aftronomie. C'ell une des étoiles in-
formes , entre le pié de Pégale Se la main d'Andro-
mède.
On dit proverbialement , c'eft un pauvre lézard;
pour dire , un milérable qui rampe , qui n'a point
de pouvoir de lervir j ni de nuire à perlonne.
LÉZARD-POINT, C'ell à due le Cap de Lézard.
Le~^ardum Promontorïum , anciennemenr Ocrinum,'\_
Damnonium Promontorium. Ce Cap ell en la cote:
méridionale de la Cornouaille , en Angleterre;
allez près de la pointe occidentale de cette Provin-|
ce. On l'appelle aullI le Cap S. Michel.^ Maty.i
île des LÉZARDS , on Caïman. Nom d'un Ile , qi" '
ell dans le golte du Mexique , au midi de celle
de Cuba , &: au couchant de celle de la Jamaïque.
Crocodillorum Infula y Caimana. On pêche beaucoup
de tortues à l'ile des Lézards. Elle .appartient auxj
Anglois. A l'orient de celle-ci j il y en a deux au-l
trcs plus petites , qui portent le même nom. Pour
L H A
les diftingucr , on appelle celle ci en Efpagnc
Caïman grande , grande ïlc des Lé\ards ; 6c les
deux autres Culmancs pequenos , petites îles des
Lézards. Les Le\ards dont elles ont pris leur nom ,
font des crocodiles,
LÉZARD, f. m. ou LÉZAKDE. f. f. 0:? Le dernier
eft le leul ulîtc. Terme d'Architefture. Crevallc ou
fente qui fc fait dans un mur , (oit par vétuftc , foit
par mal façon. Rima , fijjura. Il y a une le:^ardc à
ce mur.
LÉZARO. f. m. foyei Ars.
LÉZAT. Nom d'un bourg , chef d'un petit pays nom-
mé Lézadois. Lc:(^acum. Il efl dans le Haut-Langue-
doc , fur la Lauriége, à quatre lieues deTouloufe,
du côté du midi. Maty.
LEZE. F^oye^ Lèse.
LÉZER. f^oyei Licar.
LÉZER. f^oye^ Léser.
LEZERT. Nom d'une petite rivière de France. Lau-
terna. Le Le\en a. fa iource dans le Rouergue ; il
palfe à Salvecerre 6c à Caikl-Marin , & fe jette
(Lins le Biaur.
Ce mot s'ert: formé de Lauterna , en changeant
\'a en e , & le r en :j. Had. Val. Not. Gall. p.
2Û6. Ne prononcez point le t final , le i/çe-r-a
fa fource , & non pas le Lé^cr-c-A fa fource.
§5" LÉZIGN AN. Petite ville de France , dans le Bas-
Languedoc, à trois lieues de Narbonne.
LÉZIN. f m. Nom d'homme. Licinius. Saint Lé-(in,
né avant le milieu du Xl^ fiècle , étoit allié des Rois
de France. Il fe confacra au lervice de Dieu dans
la Cléricature vers l'an 580, & fut fait Evcque
d'Angers après Audouin , l'an 586. Il mourut en
60J. le premier de Novembre. Koy. les Bollan-
diftes , &: Bailler, au i j de Février- Quelques-uns
écrivent Léjîn. Licinius d'Angers eft plus connu
fous le nom de Saint Léfîn. Il étoit parent du Roi
Clotaire, dont il fut Comte de l'Etablc , ou premier
Ecuyer. Fleury.
S. LÉ7-IN. Nom d'une efpccede poire. Pyrum àfanclo
Licinio diclum. Les faint Lé^in fe confervent juf
qu'au mois de Mars & d'Avril , mais elles font d'un
petit mérite. La Quint. Prelque toutes les poires
d'hiver qui lont bonnes à manger crues , comme la
Virgoulé j la Louife bonne , le Martin fec , le faine
Lé^in 5 ô:c. font admirables cuites , pourvu qu'on
les mette au feu avant qu'elles foient arrivées en ma-
turité , car autrement la cuilTon les réduit ^rop en
bouillie. La Quint.
|p"LÉZINE. Foyei Lésine.
LÉZION. Foyei Lésion.
'^3" LEZOUX. Petite Ville de France , en Auvergne _,
I dans la Limagne , à quatre lieues de Clermont.
jLÉZUZA. Nom d'un village d'Efpagne , fitué dans
la Caftille nouvelle , à quatre lieues d'Alcaraz / du
côté du nord. Le^w^a. On prouve par une ancienne
infcription trouvée dans ce lieu , qu'il eft l'ancienne
petite ville de Carpétans , qu'on nommoit Zi/^i/q/i ^
Libifoca , Libifona. Maty.
L H A.
ILHANVELLIN. Foyei Lan-vethelin.
IHON. Foyei Lone.
L I.
A. f. m. Nom de mefure des chemins à la Chine. Li.
Le II eft la plus petite des mefurcs des chemins. Il
comprend l'efpace julqu'où la voix de l'homme peut
porter dans une plaine, quand l'air eft tranquille 5c
ferein. MaffÉe ^ Hifi. dis Indes , L. VI. Le li
n'eft pas de la même grandeur partout.
I LIA.
-lAGE. f m. Vieux mot. Droit qui étoit dû autrefois
au Seigneur fur le vin , ou plutôt fur les lies de
vin. Le Grand Bouteillera eu an France le droit de
L I A
T03
liage fur les vins qui fe vendoient à Paris en broc
& dans les cabarets : ce droit conliftoit dans la moitié
des lies des vins.
Liage. Terme en ufage dans les moulins où fe fabri-
. que la poudre à canon. Il lignifie l'union des trois
matières qui entrent dans la compolition de cette
poudre.
2^ Ce terme eft encore ulité dans les Manufadlures
en foie , où l'on appelle liage le fil qui lie la do-
rure ou la foie.
LIAIS, f. m. Pierre fcrrt dure qu'on tire des carriè-
res d'Arcueil près Paris. Il y a du franc liais , & le
liais fcraut , qui eft plus dur que le franc. De celui-
ci on fait les fours , les âtres , les fourneaux , parce
qu'il réfifte au feu. Il le trouve fous le liais doux
au faubourg Saint Jacques. On appelle ciiquarc j
le liais de tout appareil , du haut liais , du bon
banc , &c. Le liais rofe , qui eft plus doux , &
reçoit un beau poli au grès , fe tire vers Saint
Cloud. Le franc liais de Saint Leu fe prend le
long des côtes de la montagne.
§C? La pierre de /iaij eft dure, & a k grain très-fin.
Elle le fcie en lames alfez minces fans fe cader.
Comme on peut la rendre alfez unie j on en fait des
chambranles de cheminée , des appuis de baluftra-
des , &c. Les Ouvriers & le peuple difent par cor-
ruption pierre de Lierre.
Les Tilférans & autres Ouvriers qui travaillent
de la navette , fe fervent de longues tringles de bois,
auxquelles ils donnent le nom de Liais. Ce lont
les liais qui loutiennent les lilfes; &c des lilfes &
des liais lont formées ce qu'on nomme les Lames.
^ LIAISON, f f Union de plufieurs choies enfem-
ble , qui forment , ou font conhdérées comme
formant un tout. Connexio , unio , conjuncUo. La
liaifon des pièces de bois , des pierres , &c. Ces piè-
ces font 11 bien jointes j unies , qu'on n'en voit pas
la liaifon. Toutes les parties d'un même compofé
ont entre elles une liaifon nécellaire. Toutes les
parties qui entrent dans la compolition de l'Univers,
ont entre elles la même liaifon , elles font liées les
unes aux autres par les parties intermédiaires.
Liaison , fe dit figurémcnt en chofes morales, de la
bonne intelligence , de l'union , de l'amitié , des
alliances qui lient les perfonnes enlemble. La Mailon
d'Autriche , & celle d'Efpagne , ont toujours eu
d'étroites /w{/o«.î enlemble jjuiqu'à la mort de Char-
les II. qui a fait palTer le Royaume d'Elpagne dans
la Maifon de Bourbon. L'intérêt eft une liaifon plus
forte que celle de l'amitié. Ce qui détruit les Com-
munautés j c'eft le manque de liaifon 3c de concorde.
La Religion nous oblige à renoncer lincéremeiit à
toutes les liaifons humaines. Nie. Il y a une lym-
pathie fecrette , qui , bien plutôt que l'eftime , fiit
la première /i(3i/û/2 des cœurs. S. Evr. Les plus hon-
nêtes gens mêmes trouvent dans les plus fortes liai-
fons , des intervalles d'alfoupillement &c de langueur.
Id. Les liaifons qui le forment dans le commerce
du monde, ne méritent pas le nom d'amitié. Idem.
Les liaifons Se les amitiés de la Cour lont fort fragiles.
La Rochef.
Liaison , fignifie auffi , Rapport , connexité que les
chofes ont les unes avec les autres. Connexio. Il
n'y a point de liaifon entre ces deux affaires. Cela
n'a point de liaifon avec les principes. Pasc.
Liaison , fe dit^craullî de ce qui he les parties d'un
dilcours les unes aux autres. On dit qu'une période n'a
point de liaifon avec la précédente. J'ai été obligé
d'ajouter deux ou trois phrafes pour faire la Uaifan
de mon dilcours.
f]Cr Dans ce fens , on le dit particulièrement en Gram-
maire de certains mots qui lient les périodes j comme
&, mais , cependant , &c. Conjunclio copulanva^
Les liaifons rendent le difcours plus doux & plus
coulant. Elles confiftent dans quelques particules
qui lient cnfemble les parties du difcours : cepen-
dant , lorfqu'on parle avec chaleur &c avec émotion,
les liaifons ne fervent qu'à l'aftoiblir & à l'énerver.
RÉEL. Il n'y a rien qui donne plus de mouvement
J04 LIA
au difcouis , que d'en ôter les llalfons. Boil. Si
vous embarralfez une paillon de Uaifons & de par-
ticules inutiles j vous lui écez la liberté de la coui le,
& fon inipétuofité. Id.
Liaison, fe dit aulli en termes de PocTic diamatiquc.
Ordo , confccutio , apta connexio. La liai/on des
fcènes efl: bien oblervée , pour dire , les fcènes fc
lùivent , Se font liées de telle forte , que le Théâ-
tre ne demeure point vide avant la Hn de rAdte.
|Kr Liaison, en Architeéturc. C'ell: l'art d'arranger
les pierres ou les briques les unes lur les autres ,
de manière qu'une pierre ou une brique recouvre
le joint de deux qui font au deflous.
Une maçonnerie en liaifon , cd une maçonne-
rie où les pierres (ont polées les unes fur les au-
tres , où les joints font dé niveau j enforte que le
joint du fécond lit pofe fur le milieu de la pierre
du premier. Alterna coagmenta. Il faut que les
pierres aient au moins iix pouces de recouvrement ,
tant au dedans du mur , qu'au parement , fuivant
l'art de bâtir , lorlqu'elles n'ont pas au moins lix
pouces , cela s'appelle déliaifon.
Liaison de joint , s'entend aulli du mortier, ou du
plâtre détrempé , dont on fiche & jointoie les pier-
res. Liaifon 3. i'cc, cft celle dont les pierres lont po-
(ces fans mortier , leurs lits étant polis & frottés
au grès , comme ont été conltruits pluiieurs bâti-
mens antiques, faits des plus grands quartiers de
pierre j ôc ainlî qu'il a été pratiqué à ce qui paroilfoit
de l'Arc de Triomphe du Faubourg Saint Antoine
à Paris , qui n'exifte plus. Daviler.
Liaison , fe dit auffî en Charpenterie ; c'efl l'alTem-
blage des pièces d'un ouvrage. Commijfura.
Les Paveurs fe fervent aulli du mot de liaifon , Se
c'eft lorfqu'ils difpofent les pavés d'un certain fens
pour rélillcr aux roues des chariots , des carrolfes ,
Oc. La liaifon des pavés.
§^ Liaison , en fait d'Ecriture j lîgnitîe les traits
déliés qui lient les carattères les uns aux autres.
§3" Liaison , en termes de Mufîque , d'un trait re-
courbé qu'on paile fur les notes- qui doivent être
liées enfemble. f^oje-:^ Lie.
IJCT Dans le Piainchant on appelle aulTî liaifon , une
fuite de puheurs notes palfées fur la même fyllabe j
parce qu'en effet elles font attachées ou liées cn-
iemble.
Liaison , en termes de Fauconnerie , fe dit des ongles
Se des ferres des oifeaux de proie , & de l'aciion
avec laquelle ils lient & enlèvent le gibier. Falcad
ungucs. Des oifeaux qui ont la liaifon crochue fe
paillent de chair, & ne pofent guère fur les rochers,
car leurs crocs n'y peuvent prendre , ni ancrer.
Liaison, feditaufli ;)C?" dans les Cuifines, d'un mélange
de jaunes d'œuFs delayésavec un peu de farine , ou de
toute autr j matière propre à cpaillir une laulle. Coa-
gulum.
LIAISONNER. v. a. Terme de Maçon , c'efl arranger
les pierres , enforte que les joints des unes portent
fur le milieu des autres. On le dit aullî des pavés.
Coagmcncarc , adaptare. C'eft auili remplir leurs
joints de mortier , pendant qu'elles font fur les cales.
Liaifonner de ciment , veut dire , cimenter.
i?C?LlAlSONNÉ^ ÉE. part.
LIAMPO /'^oye? NiNGPO.
LIANES, ou LIÈNES. f m. On appelle ainfi dans
les îles de l'Amérique , ^fJ" un grand nombre de
plantes farmenteufes , dont plufieurs font rampan-
tes & Héxibles. Il y a beaucoup de genres & A'c(-
pèces de ces fortes de plantes qu'on diftingue pour-
tant parleur figure, ou par leur qualité, comme
la liane à ferpens , à caule qu'elle ell tort eflicace
contre leur morfure ; la liane à dent de fcie , parce
, que fes feuilles font découpées comme les dents
d'une fcie ; la liane brûlante , àcaufe qu'elle efl: fort
cauftique -, & ainfi de plufieurs autres. Vimen. On
donne ce nom àe liane à ces fortes de plantes, du
verbe lier ; parce qfi'on (e fcrt de quelques-unes
comme de cordages, tant pour la conftruclion des
maifous, qu'on .appelle vulgairement Cafés , que
LIA
pour fortifier les barrières. Se pour plufieurs autres
ufages. Il y en a pourtant à qui on donne plus par-
ticulièrement le nom de liane j qui* font celles que
les CaraÏDes appellent Meregouia , les Ef'pagnols
Granadilla , Çc les François Fleur de la Pajfion , à
caufe qu'on croit y trouver quelques marques de la
Pallion du Sauveur , comme les trois clous , les
cinq Plaies , le fouet &,les cordes. C'eft ce que
j'ai appris du R. P. Plumier , Minime , qui a feit
plufieurs voyages dans les iles de l'Amérique, & s'eft
attaché particulièrement à en décrire toutes les plan-
tes. Il y a des lianes qui font chargées de groffes
lîiiques tannées , longues d'un bon pied , larges de
quatre ou cinq pouces , & dures comme l'écorce
du chcne , dans lefquelles font contenus ces fruits
curieux qu'on appelle Châtaignes de mer, qui ont
la figure d'un cœur , Se dont on fe fert, après qu'on
les a vidées de leur pulpe , pour confervcr du tabac
pulvérifé , ou quclqu'autre poudré de bonne fen-
teur. Les habitans de ces îles appellent Pommes de
liènes , un fruit qui croît fur une forte de plante
qui s'attache aux gros arbres comme le lière. Il eft
de la grofleur d'une baie de jeu de paume , Se cou-
vert d'une coque dure , & d'une peau verte , qui
contient au dedans une fubtlancc , laquelle étant
mûre , a la figure Se le gorit de groleille. Voyc'^
VHifloire Naturelle des Antilles , par M. Lonvillcrs
de Poinci , C. X , Art. 3.
LIANNE. Nom d'une rivière de Boulenois , en Picar-
•die. Liana, Elna. Elle baigne Boulogne ,Se fe dé-
charge peu après dans la mer. Maty.
§3° LIANT, adj. Qui fe dit quelquefois au Phyfique de
ce qui a une fouplelfe molle. On dit en ce fens qu'un
rellort elf bien liant , pour dire qu'il efl doux , Se
qu'il «'a point de frottement.
^C? On s'en lert plus ordinairement au moral pour dé-
figner uncaraéière doux , aftable, complaifant , pro-
pre à former une liaifon. Béatrix qui avoir l'elprit
fouple Se liant, s'infinua fans peine dans les bonnes
grâces de fa nouvelle Maitrelle , &: gagna fa confiance.
GiL-BLAS.
LIARD. l'. m. Monnoie qui vaut trois deniers j faite
de la même matière que les fous. Teruncius. On les
appeloit petits liards fous Louis XL En 1467. ils
étoient du poids d'un denier , Se avoient trois deniers
d'alioi , valans trois deniers tournois. Ils portoient
une croix entre deux lis , Se une couronne , & au re-
vers un dauphin, zvech\cs,evAcSit nomen Domini
benedicium. Il s'en eff fait depuis de lîmple cuivre,
qui porte le nom de liard de France , Se qui efl à
préfent réduit en doubles. F'oye^ Le Blanc. L
liards Se les hardis furent particulièrement faits poj
les Provinces de Guienne Se de Dauphiné. Cei
monnoie qui valoir trois deniers , & qui par con:
quent partageoit le fou en quatre , étoit appelée karJi
en Guienne , Se liard en Dauphiné , &■ dans leS'l
autres Provinces qui font en deçà de la Loire. Le
Blanc , page jo6.
La fabrication des liards fut ordonnée par Déck^
ration du premier Juillet 1654 régifl:rce le 11 ^
même mois pour être fabriqués de cuivre pur , Se fàus
aucun mélange de fin : h. la taille de ($4 piètes au marcj
au remède de quatre pièces , le fort portant le foihle»
le plus également que faire fe pourra pour avoir
cours pour trois deniers pièces. Ces efpèces furent
depuis réduites à 2 deniers par lettres patentes du
quatrième Juillet 165S. Boizard, P. /. dern. ch.
Alors on les appela doubles , parce que c'éroit de
doubles deniers , ou 1 deniers. Depuis le commen-
cement de celiècie , ils ont été remisa trois deniers,
comme ils y font encore , Se avec leur ancienne valeur
ils ont repris leur premier nom de liard. Quant au
commencement de leur dernière fabrication , Le
Blanc remonte trois ou quatre ans plus haut. L'an
1 649. dit il , on fit des liards de cuivre pur de 6G
pièces au marc, mais en i6jS. leur valeur tut dimi-'
nuée d'un denier , &: alors ils n'en valurent plus que
deux. Ce lont les Doubles d'aujourd'hui , qui cil la
plus petite moinioic qui ait cours à Paris Se aux
environ;
L I A
enviions, les deniers de cuivre ne courant que dans
les Provinces.
Méii.ige die que ce mot vient de milaretion , qui
eft j dit il , un vieux mot Grec _, lignifiant une petite
monnoie , qu'on appelle aulll Mdiarenfts , tk. que
Conlt.mtin lubftitua aux anciens deniers. Il cité aulli
le Sieur de Clérac, qui dit que /iarde(i. venu par cor
rupcion de /i hardi , qui le hibriquoit en Guiennc du
temps de Philippes le Hardi , ou du temps de Ri
cliard , premier Roi d'Angleterre , qui eut le même
furnom. C ecoit alors une petite monnoie qui n'avoit
cours qu'en Guiennc , marquée de l'ertigie du Prince
qui tcnoit uneépée nue à la main : ce que témoigne
aulli Borel. D'autres dilent que ce nom vient de Gui-
gucs Liardde Crémieu dans le Dauphinéj qui inventa
cette monnoie l'an 1430, comme allègue Guy Allard ,
Préiidcnt à l'Eledtion de Grenoble dans fa Bibliothè-
que du Dauphiné. Chorier dit auill dans Ion HiJI. du
JDauplùné, L. XIV. p. 4j 0. Se L, XX. p. joS. que
la £miille des Liards étoit de Crémieu ^ que là le
battoic la monnoie des Dauphins ; que c'eft d'elle
que cette monnoie , de laquelle Guigues Liard fut
l'Auteur, avoit emprunté Ion nom; qu'il y avoit,
quand il écrivoit, environ 150 ans que ce Guigues
Liard fut l'inventeur de cette monnoie , c'eft- à-dire ,
qu'il y a maintenant environ 360 ans. D'autres dilent
que les liards étoient inconnus avant Louis XL qu'ils
n'ont eu cours par tout le Royaume que longtemps
aprcs lui ; que cette petite monnoie fut ainli appelée
par oppoiition aux blancs lyblancs: on appela ces
pièces qui écoient les premières qu'on avoïc vu du bil-
lon ly-atds , c'eil-à-dire , les noirs. Mem. de Tr.
'lyoo. p. IQS4. D'autres enfin croient que le nom
de liard vient de la fleur de lis dont ils portoient la
marque.
On dit d'un homme pauvre , qu'il n'a pas un liard\
comme on le dit aulli de toute autre petite monnoie.
Il n'a pas un denier ^ pas un double , pas un lou , pas
un tefton, pafi un quart d'ècu. On dit de même pour
iTiéprifef une chofe, qu'elle ne vaut pas un liard , un
fou , &c.
Ce mot eft d'une fyllabe en vers.
De peur deperdre un liard j/ouffre^ qu'on vous e'gorge.
BoiLEAU.
Liard, ARDE. adj. m. & f. Nom d'une couleur. Il fe
difoit des chevaux. Jean , le Bâtard de Claude , Che-
valier Bachelier , cheval liard. Chambre des Comp-
tes de Paris en la Monfire de /j'j/. Le Roman
de la Rôle , en parlant des couleurs des chevaux ,
dit:
Non pas mord contre morelle
Seulement , mais contre fauvelle ^
Contre grife ou contre liarde. Borel.
LIARDER. V. n. Vieux mot, qui fignifîoit autrefois,
BourfiUer ; donner chacun quelque petite fomme.
Il eft hors d'ufage , à moins qu'on ne Temploie en
riant.
LIASSE, f. m. En termes de Palais fe dit de plulieurs pa
piers attachés enfemble. Il y a de deux fortes de liajjks.
La première regarde toutes les pièces d'un procès,
dont on fait une ou plufieurs liajj'es qui font attachées
enfemble avec un lacet ou un tiret de parchemin ,
qui les perce toutes à un_pouce près du bas & du
coté. La féconde eft la liaffe des Procureurs , où tous
les procès courans de leurs Etudes font alfemblés l'ui;
fut l'autre , Se liés enfemble avec un cordon , enforte
que cette dernière liajfe en contient plufieurs autres
de la première nature. Fafciculus chartarum. Les mi-
nutes des Arrêts font mifes en liaffes , avant qu'elles
foient tranfcrites dans les Regiftrcs. Les Notaires qui
font un inventaire , mettent plufieurs pièces & quit-
tances en liajfes , qu'ils inventorient Se paraplieiu
par première & dernière. Les Procureurs mettent
leurs dolîiers en liajfe dans leurs études dès qu'ils font
Tome V.
L I B ^05-
furannés. Ils portent au Palais leur liaJfc , où font les
papiers des aftaires courantes.
Pouvant charger mon bras d'une utile liallc ,
J'allai loin du Palais errer furie ParnaJJ'e. Boa.
On appelle aulli liajfe , ce qui fert à lier les pa-
piers enfemble. Donnez moi une lia[fe , pour atta-
cher ces papiers.
^^Cr Dans le commerce de filaife de chanvre on ap-
pelle liajjes , les petits paquets dont font compofées
les grollcs balles de filalîe.
Du Cange dérive ce mot de ligajfa , paquet , ou
faifceau , parce qu'on a dit ligajja Uni ■■, pour dire ,
une botte de Un.
LIASTO. Nom propre d'un lac , ou petit golfe de l'île
de Sardaigne. Lugudone j Liguidone , ou Liguidonen-
fium portus. Lago Liajlo , ou Lico , porto Lugoduni.
Il eft à l'embouchure de la petite rivière de Cédron ,
Se au levant de la ville de Sargano. Maty.
L I B,
LIBAGE. f. m. Gros moellon -, morceau de pierre de
taille mal fait Se ruftique , moindre que les car-
reaux. Rudus , côLmentum. Il y en a quatre , cinq , ou
fix à la voie. On s'en fert d'ordinaire dans les fon-
dations des grands édifices , pour fervir comme de
Plate-forme, pour alleoir dellus la maçonnerie de
moellon ou de pierre de taille. On l'appelle quel-
quefois Libe.
LIBAN. Nom d'une célèbre montagne de la Terre-
Sainte , en Afie. Libanus mons. Elle eft entre la
Syrie propre , & la Judée , s'érendant du couchant
au levant , depuis la mer Méditerrannée jufqu'à
l'Arabie. Cette montagne a des cimes li hautes,
qu'elles font couvertes de neiges en tout temps ,
mais elles laiirent entr'elles un grand nombre de val-
lées fort agréables , & fort fertiles. Elle étoit autre-
fois célèbre par la quantité d'encens qu'elle produi-
loit j & par fes lapins , fes ciprès , fes cèdres Se
iti carrières de marbre. Salomon en tira le bois Se
les pierres de taille , qu'il employa à la confhuCtion
du temple de Jérutalem. Le Liban eft divifé en deux
chaînes principales, qui laiftent entre elles la grande
vallée d'Abellinas , nommée anciennement Cœlc-
fyrie , ou la Syrie creufe , où eft la ville de Damas.
L'Hiftoire Sainte appelle également ces montagnes
de Liban ; mais Ptolomée ne donne ce nom qu'à
celles qui font au nord de la vallée dont on vient de
parler , & il appelle Anti-Liban celles qui font au
lud , fur les confins de la Terre-Sainte. Les Syriens
appellent aujourd'hui ces montagnes Lebnon , & les
Arabes Lobnan. On dit qu'elles ne font habitées que
par des Chrétiens Maronites , qui ont leurs Patriar-
ches , & qu'ils payent un grand tribut au Grand-Sei-
gneur, pour avoir le privilège d'y être feuls. Maty^
On appelle les grands j les gens élevés , les fuper-
bes j ou les gens d'une haute vertu j en ftyle figuré ,
les cèdres du Liban. Ainli on dit que les cèdres du
Liban ont été ébranlés , pour dire^ que les gens les
plus vertueux ont penfé fuccomber à une tentation i
que les cèdres du Liban en ont été abattus , renverfés,
font tombés ; pour dire, qu'ils ont en etiet fuccombé;
que Dieu brifera les cèdres du Liban , pour dire ,
qu'il abattra , qu'il humiliera les fuperbes , les grands,
les puilïàns du fiècle. Ces exprellions font prifes de
l'Ecriture , Pfeaume XXFIIL 5. La voix du Sei-
gneur qui brife les cèdres du Liban, Se le Seigneur
brifera les cèdres du Liban. Et Pfeaume XXXFI js-
J'ai vu l'impie élevé comme les cèdres du Liban.
Et Ifaie II. 12. ij : Car le jour du Seigneur des ar-
mées va éclater fur tous les fuperbes , fur les hautains ,
Se fur tous les infolens , & ils feront humiliés. Il
va éclater fur tous les grands Se les hauts cèdres du
Liban. Voye^ les defcriptions qu'ont fait du mont
Liban, le P. Roget , Rècollet , le P. Nau , Jéfuite ,
& Bruyn, dans leurs Voyages de la Terre-Sainte.
LIBANA j ou Lcbna. Lebna. C'étoit anciennement une
Sff
^o6 L I B
des villes facerdotales de la Judée. Elle étoit dans la
cnbu de Jiida , vers les contins de celles de Benjamin
& de Dan. Lehna le révolta conrie Joram , li.oi de
Juda. ;?. Rois rill. Voye\ Ledna.
LIBANOMANTIE , ou LIBANOMANCE. <.. f. Sorte
de divination qui fe fliitbit chez les Païens par l'infpec-
tioa de l'encens que l'on brîiloit à l'honneur des taux
dieux. Si ce que l'on demandoit aux tlitux , devoit
arriver , l'encens biùloit fur le champ. Sinon , l'en-
cens ne tomboit pas dans le feu , ou s'il y tomboit ,
le feu s'en éloignoit fans le confumer. Lïbanomanûa.
Ce mot Grec vient de a/.j^-.os , tncens , & de ^««rtia ,
divinifuion. Ainh ce fcroit une ignorance de dire
que la libanonuintïè étoit l'infpection des libations.
LIBANOTI. Nom d'un bourg, ou village du Royau-
me de Naples , lituc dans la Principauté citérieure ,
fur la rivière de Sapri , au levant de Policaftro. Lïhd-
notia. Lïbanoti elt l'ancienne Sapris , petite ville de la
Lucanie. Maty.
LIBANOTIS. f. m. Efpèce de laferpitiam , ou plante
qui poulTe une tige à la hauteur de trois a quatre
pieds, ligneufe , nouée. Ses feuilles font amples, lar-
ges, femblablesj à celles de Tache, dentelé'es. Ses
ileurs font petites , difpofées en ombelles , blanches ,
compofées de cinq feuilles, dont le calice devient un
fruit compofé de deux grandes femenccs larges, mem-
braneufcs, pailleufes , oblongues, blanchâtres, ayant
l'odeur & le goût de lafemenced'angélique.Sa racine
eft fort longue, grofle, noirâtre en dehors, blanche en-
dedans &: d'une odeur alftz bonne. Elle croit aux lieux
chauds , montagneux , pierreux & maritimes. Son
nom de lïbanotis\\t\\iàiZ xt/ixtci , encens , parce que
fa racine en a l'odeur. Sa lemencc & fa racine font
apéritives , carminativcs , propres pour exciter les
mois aux femmes àc les urines, pour abattre les va-
peurs & remédier aux toux invétérées.
LIE A NOVA. Anciennement Stagire. Liba nova. Sta-
gira. Nom d'une petite ville delà Turquie en Europe.
Ce fut la patrie d'Ariftote; elle cfl iituée fur le golfe
de Conteflà , à cinq lieues de la ville de ce nom, vers
le midi. Maty.
LIBATION, f. f. Cérémonie qui fc faifoit dans les fa-
criiîces des Pavêns , où le Prutre épanchoit du vin , du
lait , ou autre liqueur , en l'honneur de la divinité à
laquelle il facrihoit , après en avoir goûté lui-même.
Libatio , libamen. Alexandre immola un taureau à
Neptune, & pour fane une oftrande aux dieux
Marins , il jetta dans la mer le vafe d'or d'ont il
s'étoit lervi pour htire les libations.
%fT Les Grecs & les Romains employoient fouvent les li-
bations fans facrifices , comme dans les négociations ,
dans les traités , les mariages , les funérailles , au com
mencement & à la fin des repas , & dans je ne fai.';
combien d'autres conjondlures.
Les libations étoient aulH en- ufage dans la Loi de
Moïïe , & Dieu les ordonne dans TExode, XXIX. 40,
&: dans les Nombres Xf^. 3. 4. y. foyc-^ fur les
Libations , Jufte-Lipie , Poliorc. L. P^. c. 10. Roiln.
Antiq. Rom. L. III. c. jç. Thom. Godwin , Amho-
log. Roman. L. II. c, p. S. 2.
iC? LIBATTE , ou CHILONGI. C'efl: ainfi qu'on ap-
pelle dans quelques provinces d'Ethiopie un amas
de miférables chaumières faites de branches d'arbres
entrelacées, enduites déterre gralfe , & couvertes de
chaume , où les habitans fc retirent , en prenant la
précaution de s'entourer d'une haie vive pour fe ga-
rantir des bctes féroces pendant la nuit.
glCT LIBATTO. f. m. On appelle ainfi dans le Royau-
me d'Angola , un hameau ou village formé d'un cei"-
tain nombre de cabanes femblables à celles dont on
vient de pailer.
LIBAW. Nom d'une petite ville de la Curlande. Zi/^a.
C'eft un bon port fur la mer Baltique , à trois
lieues de la Samogitie , & à douze de Goldingen.
Maty.
§3° LIBBI. f. m. Arbre des Indes orientales qui reflem
ble au palmier. On en rire uiie moelle blanche ,
comme celle du furcau , en fendant le tronc , dont
les pauvres gens font un allez mauvais paiii»
L I B
LIBBY. f. m. Sotte de lin que les habitans de Minda-
nao , grandes lies des Philippines , cultivent avec
grand loin & en grande quantité , plus pour en faire
de l'huile , que pour le hlage îii les ouvrages de tif-
feranderie.
LIBELlANCE. f m. Terme de Coutumes. Ce mot ne
fe trouve point feul , il eft joint à celui de Clerc. Clerc
& Lihellanc: du Baillage , ou de la Juftice , c'eft
dans la Franche-Con^.té la même choie que Greffier.
Ce mot vient apparemment de celui de lïbelius ^
parce que les Greffiers gardent les titres , les regiftres ,
les papiers.
LIBELLATIQUE. f. m. & f. Dans la perfécution de
Dèce , il y eut des Chrétiens , qui pour n'être point
obligés de renier la foi , & lacrifier aux dieux en pu-
blic , klon les édits de l'Empereur , alloient trouver
les Magiftrats , renonçoient à la foi en particulier,
& obtenoient d'eux par grâce , ou à force d'argent,
des certificats par lefquels on leur donnoit acte de
leur obéillance aux ordres de l'Empereur , &: on
défcndoit de les inquiéter davantage lur le fait de la
religion. Ces certificats lenommoienten Lat'm libelli,
libelles, d'où l'on ht le nom de Libellatique , pour
marquer ces lâches Chrétiens qui prenoicnt de ces
fauve gardes. Libellaticus. Ce que nous venons de
dire des Libellatiqucs , ie vérifie par l'Épitre du Cler-
gé Romain qui elî la XX U^. entre celles de S. Cy-
prien , & par la ji'^. & la 68"^. de S. Cyprien lui-
même. Les Centuriateurs prétendent cependant que
l'on appeloit Libcllatiques ceux qui donnoient de
l'argent aux Magiftrats pour n'être point inquiétés
lut la religion , & n'être point obligé de renoncer au
Chriftianifme. Mais, conune l'a remarqué Baronius,
cette opinion eft maniteftemerit taufte. Racheter par
argent des Gentils une vexation injufte , n'eft pas un
crime j il n'y a que TertuUien , déjà Montanide , &
d'ailleurs efprit outré à l'excès , qui l'ait foutenu en
fuivant la dodlrine de Montan ; mais cette docl:riiie
ayant été condamnée, & réprouvée , quelle apparen-
ce que S. Cyprien, & furtout l'Eglife Romaine,
l'ait .ipprouvée , en condamnant cojnme ils firent,
\ci Libcllatiques''. f^oyc\ Baronius à l'an zo/. Nom-
bre IF. &c à l'an 2/5. Nombre VI. L'Auteur de
la nouvelle vie de S. Cyprien eft de même fenti-
ment.
Les Libellatiqucs , félon M. de Tillemont , étoient
ceux qui lâchant qu'il étoit défendu de lacrifier , ou
alloient trouver les Magiftrats , ou y envoyoient feu-
lement , & leur témoignoient qu'ils étoient Chré-
tiens; qu'il ne leur étoit pas permis de Lacrifier, ni j
d'approcher des autels du Diable, qu'ils les prioiem
de recevoir d'eux de l'argent, & de les exempter de
faire- ce qu'il ne leur étoit pas permis de taire. Ils rece-
voient enfuite du Magiftrat , ou lui donnoient un
billet j qui portoit qu'ils avoient renoncé à Jéfus-
Chrift, & qu'ils avount facrifié aux Idoles, quoi-
qu'ils n'en eulîent rien lait , Se ces billets fe liloient
publiquement. Il ajoute , comme on le voit , au kmi-
mentdes Centuriateurs , une profeflion publique d'I-
dolatrie, & un m.enfonge.
LIBELLE, f. m. Ecrit qui contient des injures , des
reproches , des accufations contre l'honneur Se la
réputation de quelqu'un. Libellas maledicus , malus ,
famofus. Platine prétend qu'un écrit , quelque inju-
rieux qu'il puifte être , ne peut porter le nom de libelle
cjuand l'Auteur y a mis fon nom. On appelle d'ordi-
naire libelle, tout écrit ofFenfant Se injurieux. Cepen-
dant on ne doit pas ccuiprendre fous ce titre les plain^
tesdescpprimés,ni les apologies des acculés. AstANC. ■
L'Ordonnance défend de faire ni de publier des//'- (
belles diffamatoires. CeFaéfum , cette requête, cette
critique , peuvent palier pour des libelles. Leslaifeius I
de ///•£//« étoient punis de mort parmi les Rora;iins,
mais depuis ils ne furent punis que du fouet. Augufte
mit les libelles diffamatoires au rang des crimes de
Icfe-Majefté. On doit réprimer la licence des libelles
dirfmiatoires , parce que le peuple a beaucoup de
crédulité pour les médilanccs de ces écrits fatyriques.
riufieurs méchans libelles , qui n£ font d'abord que
L I B
l'aiTiureinenc du peuple j deviennent fouvcnt cnfuirc
J'enticticn des plus honnêtes gens, par le loni que
les Auteurs de diverfcs nations prennent de les ramal-
fet j & de s'en Icrvir comme de mémoires pour
en taire entrer dans leurs hiltoires tout ce qu'ils
jugent à propos. P. Verjus. François Baudouin a fait
un Commentaire fur les loix des Empereurs contre
les libelles difiàmatoires. M. Bayle a fait une dliFerta-
tion touchant les libelles difiàmatoires. On met les
chanfons , & les peintures infamantes j au rang des
libelles ditiamatoi tes.
^3" Libelle, en JurifprudencCj fe dit de différentes
chofes. On appelle libelle de divorce , Ubtllus repu-
dit , un a61:e par lequel un mari notifie à la femme
qu'il entend la répudier. F'oye^ Divorce, Répu-
dier.
JJCTOn appelle libelle d'un exploit, ce qui explique
l'objet de l'ajournement.
§CFOn dit en ce fens qu'on adonné un grand libelle
contre quelqu'un, pour dire un grand mémoire de
. prétentions 6c de demandes.
Libelle fe difoit auffi de certains billets délivrés par
les Martyrs. Ces libelles étoient des efpèces de re-
quêtes , par lefquclles les Martyrs fupplioient l'E-
vêque de remettre une partie de la pénitence que
le pécheur devoir fubir -, mais l'abus que plufieurs
en firent , fut caufe que dans la fuite on n'y tut plus
d'égard.
Libelles au pluriel. Libelli. Terme d'Antiquité Ec-
cléfiaftique. C'étoit un billît ou certificat que cer-
tains Chrétiens prenoient des Magillrats, pour fe
mettre à couvert de la perfécution. f^oye-^ Libel-
I.ATIQ.UE.
LIBELLER, v- a. expliquer une demande qu'on fait
en Juftice , énoncet brièvement les moyens fur Icf-
quels elle efl fondée, avec les conclufions qu'on en
tire. Prafcribere vadimonium. L'Ordonnance enjoint
à tous demandeurs de libeller leur exploit , afin que
le défendeur foit inftruit du fujet pour lequel il cft
affigné , & vienne préparé pour y répondre.
Enftyle de Finance, /ii?'e//er une ordonnance, un
mandement , c'eft fpécifier la deftination de la fomme
qui y eft portée.
LIBELLÉ , ÉE.part. Il y a nullité en un exploit , lorf-
que la demande n'eft pas libellée.
On trouve dans les Coutumes , ajournement li-
belle' , oppofition libellée ; cela lignifie que dans
l'exploit d'ajournement , dans l'oppolition , les cau-
ses , les fins , les raifons , les motifs font expliqués.
On trouve dans le même fens, comrailllon libellée ,
mandement libellé.
LIBENTINE. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
dédVe des Romains. Libentina. De libendo , dit Var-
lon , De Ling. Lat. L. F. fe font faits les noms ,
libido , libidinofus , & beaucoup d'autres , comme
celui de Libentine. Demandons , s'il vous plaît j qui
de cette nombreufe troupe de dieux que les Romains
ont adorés, en a principalement étendu &confervé
l'Empire .'' Car de ce grand ouvrage & fi digne de con-
fidération , ils n'oferoient faire aucune part à la déelfe
Claucinc , ou à Volupie , qui prend fon nom de la
Volupté ,ouà Libentine , qui tient le lien de lacon-
voitile. DeCerizierSj Trad. de la Cité de Dieu de
S. Aug. On dit que Libentine étoit Vénus , ou que
c'étoit Proferpinei & l'on ajoute que c'étoit à Vénus
Libentine que les filles quand elles dcvenoient gran-
des , confacroient leurs poupées. Il eft vrai que Perfe ,
Satyre , IL v. yo. dit qu'elles offroient à Vénus,
mais il ne dit point que ce fût à Vénus Libentine , & je
ne trouve nulle part que Libentine fiît Vénus. Scali-
gcr dans fes Notes fur Varron , cite des exemplaires
qui ont Libentine: il dit que Nonius & S. Auguftin
l'appellent ainfi 4. de Civit. S. que d'autres lifent
dans Varron Libencia , tk d'autres Venus Libentina &
Libitma. Mais je ne trouve dans S. Auguftin nulle va-
riante fur le mot Libentina, Scaliger qui cite ce Père
mal-à propos , pourroit bien fe tromper de mê-
me lur Varron, 6c il faudroit favoir quels font ces
Auteurs , ou ces Manufcrits , qui difeat Lubentina ,
Tome F,
L I B yo7
Libemia , Venus Libentina , &: Lihitina. Volîius , L.
VIII. de Idolûl. c. 16. parle de cette déclic, q'u'ii
appelle aulli Lubentlne.
Plautc la nomme Lubentia , quand il dit AJIn. Acl.
II. Scen 2. V. 2. Uti ego illos lubenciores faciam
quam lubentia eft. C'eft Vénus Libentine , dit Lam-
bin , la décile de la joie.
Ce mot eft venu de libet , ou lubet, il plaît , il eft
agréable , c'cll le bon plaifir.
LIBER. (. m. Nom que les anciens Romains donnoient
à Bacehus. Liber. Ce nom lignifie Libre.
^3" Liber, f. m. Terme de Botanique. Quelques Auteurs
ont nommé le liber ^ toutes les couches dont l'ccorce
des arbres eft compofée. D'autres ( & c'eft le plus
grand nombre ) ne délignent par ce mot que la partie
de l'écorce , la plus voiline du bois. Toute l'écor-
ce , c'eft -à -dire , cette fubftancc qui le trouve
entre l'épidcrme ou l'enveloppe générale des ar-
bres & le corps ligneux , elt difpofée par couches
qui fe recouvrent les unes les autres. Voye\ Écorce.
Comme toutes ces couches , quand elles fe détachent
les unes des autres , repréfentcnt les feuillets d'un
livre, les Auteurs les ont nommées couches du liber.
fC7" Grew comprend fous le nom de liber toutes les
couches corticales. Malpighi ne donne ce nom qu'aux
couches les plus intérieures , & peut-être même à
celle qui confine au bois. Ce font ces couches du
liber qui fe convertilîent en bois , félon Malpighi ,
& qui s'attachant au bois précédemment formé ,
produilent l'augmentation en grolléur des arbres.
Voye-[ Aubier , Arbre, Accroissement.
LIBERA. 1. m. Premier mot d'une prière Latine pour
les^ morts, & qui le prend en François pour la prière
même. Dire un Libéra. Chanter un Libéra.
Libéra, f f. Terme de Mythologie. Il y avoit unedéefte
Libéra , qu'on croit être Proferpine. On la trouve
couronnée de feuilles de vigne , & accompagnant
Bacehus. Il y a des monumens confacrés à Liber &
à Libéra cnfemble , ces deux divinités ayant les mê-
mes fymboles. Ovide, en fes Faites, dit que le nom
de Libéra fut donné par Bacehus à Ariane. Cicéron
fait Libéra fille de Jupiter & de Cerès.
LIBERAL , ALE. adj. C'eft proprement celui qui fait
donner quand il faut, & fans intérêt, ni trop, ni
trop peu. Celui qui ne donner.pas allez eft avare.
Celui qui donne trop, eft prodigue. Voye-[ Libéra-
lité. Liberalis , munificus. Il y a bien des gens qui
donnent beaucoup , & qui ne font point libéraux.
Un homme libéral , à le bien définir, eft le martyr
de la vanité. M. Esp. Celui-là eft véritablement /i/ii/-
ral , qui choifit par préférence des fujets où le mé-
rite & la vertu fe trouvent joints à la mauvaife for-
tune. Id. On n'eft vraiment libéral que quand on don-
ne {ans intérêt. On confond fouvent l'inclination li-
bérale avec «l'humeur vaine 6c faftueufe. Les avares
appellent prodigues ceux qui font feulement libé-
raux. M. ScuD. Les perfonncs libérales ne font pas
ordinairement les plus juftes : ils donnent par une
impulhon peu régulière. S. Evr. Une humeur
libérale attire la bienveillance de tout le monde.
M. Esp. On dit auffi, main libérale. Il a reçu des
biens infinis de fa main libérale , de k% mains libé-
rales. Ac. Fr.
i^ 9" '''"■ '''^"^ '^ même fens , que Dieu eft libéral de it%
grâces à ceux qui_ le prient : que la nature a été libérale.
à quelqu'un de fes dons : qu'une femme eft libérale.
de fes faveurs : qu'on eft libéral de louanges.
On appelle Arts libéraux , Artes libérales, par
oppolition aux mécaniques , ceux flui apartiennent
uniquement à l'efprit ; ou auxquels l'efprit a plus de
part que le travail de la main j qui confiftent plus
en connoilîance qu'en ofïration ; qui regardent
plus le divcrtiirement Se la curiofité, que les œuvres
ferviles & mécaniques : tels font la Grammaire ,
la Rliétorique , la Philofophie , la Peinture j la Sculp-
ture J l'Architeéture , la Mufique , qu'on appelle les
fept Arts libéraux.
Les Arts libéraux font compris dans ce vers Latin :
Sff ij
5o8
L I B
Lïngua , tropus , raûo , numerus , tonus y angu-
lus , ajlra.
Et les Arts mécaniques dans ce vers :
E.US , Nemus , Arma :, Fabcr ^ Fulnera , Lana,
Rates.
Ip-On a dit autrefois , & le peuple dit encore , libéral
pour libre , dans cette phratc , libéral arbitre ^ pour
libre arbitre . Foy. Libre &C Liberté.
LIBÉRALEMENT, adv. D'une manière libérale. Libe-
raliter , prolixe, munificè. Dieu rccompenle /i^cra/t.'-
ment les bonnes œuvres. Il faut favoir donner libé-
ralement Se prudemment
LIBÉRALES, f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
fcte que les anciens Romains célcbroient à rhonncur
de BacciiLis. Liberalia. Les Libérales font les mêmes
fêtes que celles que les Grecs appeloient Dwnyjia-
qucs , ou Dionyfis. Foye\ ces mots. On les nommoit
auili Agonies. Elles (e célèbroient le dix-lcpticmc de
Mars.
Ces fèces prenoicnt leur nom de celui de Liber,
c'eft à- dire _, libre, ciue l'on donnoit à Bacchus , ou
en mémoire de ce qu'il avoit donné la liberté aux
villes de Béotie , & les avoit fait villes libres ; où
parce que le vin dont il écoit le dieu , délivre de
foins , & met l'efprk en liberté. Saint Augultin en ap-
porte une autre raifon , au (îxième Livre de la Cite
de Dieu, C. ç. M. de Cériziers dit Liber, dans la
Traduction de ce .Livre de Saint Augultin j retenant
ce mot Latin. Foye^ fur ce nom Vollius, deldol.
L. II. e. /p. 'Varron dérive le nom de cette fcte du
même mot /i/-^r conlidéré comme un. nom adjedif,
qui veut dire libre , parce que les Prêtres étoient
libres de leurs fondions j dégagés de tous foins ,
au temps des Libérales ; en effet , c'étoit de_ vieilles
femmes qui faifoient les cérémonies & les lacritices
des Libérales.
LIBÉRALITÉ, f. f. 'Vertu morale qui tient le milieu
encre la prodigalité & l'avarice; vertu de celui qui
fait donner quand il faut , Se fans intérêt ; qui ne
donne ni trop j ni trop peu. Libéralitas. ffl" La. libéra-
lité, dit la Bruyère, confifte moins à donner beau-
coup , qu'à donner à propos. C'ell une vertu impra-
ticable à ceux que la fortune ne favorife point : elle
deviendtoit imprudence à leur égard. C'ell la vertu
des âmes nobles Se généreules : elle a je ne lais quoi
d'héro'ique : mais avec tous ces beaux mouvemens ,
elle devient ruineufe , elle dégénère en prodigalité,
dès qu'elle elt excelllve & peu judicieufe. Il ell: difficile
de définir jufqu'où peut s'étendre une julle libéralité
fans êcre prodigue. La libéralité eft une des vertus
qui brillent le plus , & une des plus eftimablcs ,
quand elle n'efl: pas le fruit delà vanité , de l'oftenta-
tion , de la politique , & de ce qu'on appelle décence
d'état. Les gens vains ne font point de libéralités obl-
cures : ils n'en font que d'éclatantes. Ce qu'on do'nne
ainfi ne peut s'appeler libéralité. Malheureufement
ce qu'on nomme libéralité j n'cft le plus louvcnt que
la vanité de donner. La Roch.
^CFLa libéralité ell: précilémcnt l'oppofé de ce qu'on
appelle commuriément avarice , & pour mieux elli-
mer cette vertu , il faut confidérer la laideur & les
balfelles de l'avarice. Nous avons déjà dit qu'il ne
falloir pas confondre la libéralité 3nqc la prodigalité j
qui paroît avoir quelque rapport avec elle. La pre-
mière dcyine jvec choix, avec difccrnement , tout
ce qu'il faut , ni trop , ni trop peu. L'autre répand
avec profufion , fins jugement , (ans égard aux cir-
conftances. Elle deviflBt ruineufe , parce qu'elle ell:
excellive & mal conduite. Il ne faut pas non plus
confondre la libéralité avec la générofité qui eft une
vertu encore plus admirable. Elle comprend l'huma-
nité & la bienfiilance : elle nous fait lacrifier nos pro-
pres intérêts & accorder aux autres au de-là même de
ce qu'ils pourroient attendre de nous. Ce ne feroit
qu'autant que la générofité fe crouveroit reftreinte à
L IB
un objet pécuniaire , qu'elle pourrcit prendre le
nom de libéralité. Foye^ Générosité.
^3° Nous avons ditfce la libéralité étok gratuite : & on
l'avoit cru telle jufqu'à Epicure. Cette vertu qui pa-
roit li délmtérellée dans fon nom, ne l'eft: point,
félon lui , dans Ion principe. Elle a un intérêt com-
me toutes nos autres aftedions ; un intérêt peut êcre
un peu plus fin , mais elle en a un. Elle donne , mais
par le Icul motif de la propre fatisfaétion : elle ouvre
les trétors , mais pour acheter des amis , ou des cour-
tiLms : elle lait du bien, mais plutôt pour fe faire
plaihr à elle-même , que pour en faire aux autres.
Peut-on railonnablement lui rien demander de plus?
Il n'y a que le plailir qui puille la déterminer à répan-
dre fcs bienfaits. L'amour de l'honnête, la confidéra-
tion de l'humanité , le dclir de réparer par les lar-
gelles la diftribucion inégale des biens de la fortune,
la loi de l'équité naturelle lont par eux mêmes des
mocils trop foibles pour obtenir les £iveurs.
fjdf Ce principe fait tomber les inclinations de l'ame
les plus nécelfaires dans la lociété pour cimenter
notre union. Que par une révolution d'humeurs,
qui n'eftc[ue trop ordinaire dans tous les hommes , le
plailir que nous trouvions à faire du bien , vienne
à celler tout à coup : que l'objet le plus digne de nos
dons par fon mérite , ou par tes beioins , ait le mal-
heur de nous déplaire , adieu notre libéralité. Plus
de bienfaits , plus de grâces , plus de fecours à efpérer
d'elle. La fource en eft tarie avec le plaihr qui la
fuloit naître : & il faudra que par un fécond caprice
de l'humeur , le plaifir renaille pour lui rendre fon
premier cours. Il n'y a point d'avare qui ne puilIê
devenir libéral de cette manière. On en a même
fait un elpèce de proverbe. Il n'y a , dit-on , qu'à le
lavoir prendre dans fes belles humeurs : il donnera
aulîi volontiers, il donnera d'aulli bonne grâce qu'un
Titus , pendant qu'il aura plus de plaifir adonner qu'à
garder Ion argent. Alors ce n'elt pas un fleuve qui
coule ; c'eft un torrent qui déborde : mais aullI à la
manière des torrens , qui n'ont qu'une tource paf-
Ligère j la libéralité , qui n'a point d'autre iource
que le plaifir , ie trouvera bientôt à fec. Ainfi le fyC-
têmede l'amour intérellé peut bien faire des avares ou
des prodigues, mais jamais ce qu'onappcUe un homme
libéral qui doit avoir des principes ftables, fermes Se iii-
dépendans d'un motif aullî variable que le lentiment.
fCFCc même principe tend encore à julfiher l'ingrati^
tude , le plus odieux de tous les vices. Vous m'avez
fait du bien , diroit un ingrat à fon bienfaiteur Épi- j
curien , je l'avoue : mais vous n'avez rien fait pour
moi dont vous n'ayez été vous même le premier objet.
c'eft votre plaifir feul qui vous y a déterminé , comme
le motif néceflaire de toutes vos actions. Ce plaifir ,
dont je vous ai fourni la matière, vous a donc payé
par avance une partie de vos bienfaits. J'en ai porté au
fond du cœur une reconnoilTance très-tenfible pen-
dant que le plaifir. m'en a donné : il ne m'en donne
plus. Qu'avez-vous à me demander ; J'ai luivi , com-
me vous , la loi de la nature. Si vous m'avez fait du
bien avec phiifir , je l'ai reçu avec plaifir ; & file plai-
fir que vous aviez à m'en fiire eft un bienfait, le
plaifir que j'avois à le recevoir eft aulli une reconnoif-
lance. Me 'voilà donc parfaitement quitte à votre
égard : & fi , comme vous me l'avez tant de fois
proteftéj vous aviez plus de plaifir à me faire des
grâces, que je n'en avois à les recevoir , vous me
devez même du rcfte.
Libéralité _, fe dit quelquefois de la choie donnée.
Largitio. Les Epitres Dédicatoires attirent peu fou-
vent des libéralités. Les libéralités des Amans font
autant de féduéfions. M. Esp. On dit que la libéralité
en amour accourcit bien le chemin. Ces ornemens
de l'Eglife lont des libéralités de nos Rois. Les libéra-
lités de Céfar écoient des corruptions pour acheter
les fuftVages du peuple ; ou des récompenfes pour
payer ceux qui l'avoient fervi. S. EvR. C'eft une fem-
me faulfe dans toutes fes vertus. Se intéreftée julques
da.ns {es libéralités. Id. On dir que Rhodope fit élever
une pyramide des libéralités de fes Amans. La Font.
L I B
Les glorieux monumens des pieufes libéralités de nos
Pères , l'ont des reproches niiicts de notre tiédeur &
de notre avarice. Iléch.
Libéralité. Terme de Mytiiologie. Divinité honorée
chez les Romains : on la rcprélcntoit en Dame Ro-
maine , vêtue d'une longue robe. Lïbcralïtas. On la
voit (ur plulieurs médailles des Empereurs. Tantôt
répandant la corne d'abondance , ^CT tantôt la te-
nant d'une main , & montrant de l'autre une tablette
marquée de plulieurs nombres pour déligner relpcec
&c la quantité des prélens que les Empereurs failoicnt
au peuple.
LIBÉRATEUR, f. m. Qui fauve , qui confcrve une
perfonne , qui la délivre de la mon j de la prilon , de
quelque oppreliîon ou de quelque domination fa-
cheufe. Lïberator , vindex. Jelus-Chrill: ell appelé le
Libérateur au. genre humain. C'étoit la deftinée des
Brutus d'être les Libérateurs de la Patrie. Il le conjure
de vouloir être \c Libérateur àc l'Allemagne. Ablanc.
Les Juifs attendoient un Libérateur temporel. Cl.
^Libérateur. Libérator. En Mythologie, c'eft: un
nom fous lequel on invoquoit Jupiter, quand on
croyoit être forti de quelque danger par (a protec-
tion.
LIBÉRATEURS, f. m. pi. Liberatores. Hérétiques qui
enfeignoient que Jésus-Christ j en delcendant aux
Enlers , avoir délivré tous les impies qui avoient
crû pour lors en hii. Ce mot ell entièrement
Latin.
LIBÉRATION, f. f. Terme de Jurifprudence. C'eft la
décharge d'une dette , d'une fervitude. Liberatio ,
vindicîa , exemptio. On lègue fouvent par Tefta-
inent à un Débiteur la libération de ce qu'il doit
au Teftateur. J'ai obtenu la libération de cette fer-
vitude , de cette charge qui étoit fur ma terre , moyen-
nant une telle fomme. La libération de l'État, c'eft
le payement des dettes de l'Etat.
JBÉRATRICE. f. f. Celle qui fauve , qui délivre. Fin
dex. Vous êtes ma libératrice. Il y a quelques Cha-
pelles dédiées à la Sainte Vierge fous le titre de
Notre Dame Libératrice , particulièrement en certai-
nes villes qui croient avoir été délivrées par ion
intercellion , après avoir été alliégées. Il y a une mé-
daille de Cambray , quand feu AL le Prince en eut
fait lever le fiége.
LIBER D , ouLIEBERT. f m. Nom d'homme. Leobar
dus. Il y a Saint Libert Reclus en Touraine , dont la
fête eft le dix-huitième jour de Janvier. Léobard , ap-
pelé vulgairement Liberd , étoit né en Auvergne , de
médiocre extraction , mais de condition libre j & de
famille honnête parmi le peuple. Baillet. L'an yyi ,
il alla le renfermer près de Marmoutier, dans une
petite loge vacante par la retraite récente d'un Reclus
nommé Alaric. Il mourut fous le Pontificat de Gré-
goire de Tours , & apparemment l'an 593. Id. Foy.
Grégoire de Tours , Fit. PP. cap. 20. M. Chafte-
lain & d'autres écrivent Libert Se Liberd : cependant
il femble que l'ulage eft pour Libert. Au relie jamais
on ne prononce le r , ou le d. Saint Libe-r étoit Re-
clus , & non pas Saint Liber r étoit Reclus. Foye^ fur
ce Saint Auvergnat , M. Chaftelain , Martyrol. au
quinzième Février , p. (> fS'. Ce que l'on a dit de
l'ottographc de ce mot, fe prouve par les himil-
lesqm ont prisée nom , & qui écrivent toutes Libert,
comme on le peut voir en plulieurs éditions de Livres
faites à Paris & à Bourges , chez les Libraires nom-
més Libert.
LIBÈRE , ou LIBÉRA, f f. Terme de Mythologie.
Nom propre d'une déelfe de l'Antiquité Payenne. Li-
béra. Cicéron au 11*^. Livre de Nat. Deorum , n. û 2.
dit que Libère étoit fille de Jupiter tk. de Cérès: ainfi
quelques uns la prennent pour Proferpine. Ovide ,
au IIP. Livre des Faftes,v. //;;. dit que ce nom
fut donné par Bacchus à Ariane. Saint Auguftin ,
au yp. Livre de la Cité de Dieu , c. IX. dit que
Libère étoit Vénus , fc il apporte la raifon pour la-
quelle o\\ l'appcloit Libère. De Cérifiers , dans fa
Tradudionde la Cité de Dieu , dit Libère, & non
pas Libéra. Ils les marque { ces dieux ) dans les
L I B 5-09
Temples par la diverfité des fcxes , donnant à Liber
celui de l'homme , & à Libère celui de la femme.
Dt CÉRIZItRS.
LIBÈRE , ou LIBÉRIUS. f m. Nom d'homme. Libenus.
Le Pape Libère , ouLibérius (car on dit indiftérem-
ment l'un ou l'autre) , étoit Romain: il fut élevé au
Souverain Pontificat après Jules I. Tan 352. Libère
ne foulcrivit point la leconde Confeftion de Foi de
Sirmich , qui étoit Hérétique ; mais la première , qui
avoir un lens Catholique. Baronius aux années 552
ik 353 de J. C. Les Ariens ne pouvant gagner XiWre,
pcrfuaderent à l'Empereur Conllance de le faire enle-
ver. Marcel.
LIBÉRER. V. a. Décharger de quelque dette , |& de
quelque (ervitude : en général délivrer d'une chofe
qui eft à charge. Il n'ell guère ufité qu'en Pratique.
Liberarc , cximcre. Cet homme vivra à Ion aife ,
il s'elt libéré àc toutes fes dettes. A force d'argent , il
a libéré la terre de toute fervitude. Je vous libérerai de
cette peine , de cette apprchenfion , de ce procès. Se
libérer de la tyrannie d'un père. Mol. Saint Paul fou-
haitoit de pouvoir fc libérer de la chair mortelle , pour
jouir plutôt de la gloire. |]3° Dans ces cas il vaut mieux
lui fubftituer un autre verbe , comme délivrer , dé-
barrafter -, &c abandonner celui ci aux gens de Pra-
tique.
Ce mot vient du Latin liberare.
LIBÉRÉE, ÉE. part
LIBERIES. f f. pi. Terme de Mythologie. Nom d'une
fête que fxifoient les Romains. Libéria. Jour auquel
les enlans quittoient les habits de l'enfance , &
prenoient la robe qu'on appeloit Toga libéra. Les
Libéries tomboient le leize des Kalendes d'Avril ,
c'eft-à-dire , le dix-feptième de Mars, /^oj'ê^ Demp-
fter , dans les P aralipomena ad Rojini Antiq. L. F.
c. 32.
LIBERT AS. Terme Latin , qui n'eft en ufage que
dans le proverbe , Libertas & pain cuir , rapporté par
Furetiére , à la fin de l'article Liberté , Se au moc
Pain.
LIBERTÉ, f. f. En Théologie & en morale , c'eft l'état
naturel de Thomme, dans lequel il exerce librement
tous les mouvemens de la volonté. Foluntas libéra ,
libertas. §C? C'eft le pouvoir d'agir , ou de ne pas
agir. "Elle ne conlifte eflentiellement , félon Saine
Thomas , que dans la faculté de choilîr entre les
moyens qui peuvent conduire l'homme à ia dernière
fin , qui eil Dieu, vis elecliva mediorumfervato ordi-
ne finis. Elle renferme j néanmoins dans cette vie,
le pouvoir de le déterminer au mal comme au bien ;
mais loin que la puiftance de le déterminer au mal ,
loit de l'ellence de la /i/^erre , elle en eft l'imperfec-
tion ; & plus le penchant vers le mal eft grand , plus
la liberté eft aftoiblie & imparfaite : dans tout être ,
ce qui l'empêche de tendre à la fin pour laquelle il
a été fait , eft certainement une imperfeétion &: un
délaut. C'eft pourquoi Saint Auguftin dit , que la
volonté eft d'autant plus libre qu'elle eft plus laine ,
c'eft-à-dire, plus guérie du penchant au mal; & qu'elle
eft d'autant plus faine , que la grâce agit plus puilïam-
ment fur elle : Foluntas tanto liberior , quantb fanior ,
tanto fanior , quanto gratis, fubjeclior.
Nous avons la liberté de contrariété, contrarietatis ,
qui eft celle de choifir entre deux chofes, fbit qu'el-
les foient contraires , foit qu'elles foient feulement
diftérentes:& la. liberté At contradiélion , To«fracfic-
tionis y qui eft celle de frire une chofe , ou de ne la
pas faire. JÉsus-Christ n'a point eu la liberté de
contrariété à l'égard du bien & du mal; car il n'a pu
faire le mal ; mais il a eu la liberté de contradiélion à
l'égard du bien. Il y a liberté prochaine , proxima ,
qui eft une liberté pleine , entière & aéluelle de faire
une chofe. Liberté é\oï^te , remota , qui eft une liber-
té c^yéi comprend la faculté naturelle, mais embar-
ralfée des obftacles qui font levés par les fecours
que Dieu nous donne. Tous ces termes font dogma-
tiques , & en ufage dans l'Ecole. La liberté mê-
me prochaine n'exclut point la difficulté qui vient
des paffions , ni les autres obftacles qu'on peut aduel'
yiD L I B
Icmcnt vaincre. L'.ime railonnaWe eft feule née avec
la liberté. Les brutes n'agillent point avec liberté,
avec connoillance (Se par élection. Ciccron dérinit la
liberté c\\ Payen : la puillance de vivre à la iantailie,
& lansaucune caule ou empêchement qui nous con-
traigne a taire une choie plutôt qu'une autre. La Doc-
trine de Pelage lur la liberté , étoit appuyée par la
Philolophie, qui ne peut loullrir que la liberté de faire
■le bien loit atténuée & affaiblie en nous; & elle
étoit fortifiée par l'orgueil de l'elprit humain, qui
veut qu'on loit maître de Con filut. Comment croire
que Dieu loit tout puillant fur la volonté de Ihoin-
me comme fur tous les autres êtres; iS: que la liberté
de l'homme loit inviolable ? Saint Auguftin avoue
qu'il ne lait point expliquer l'accord de ces diux
vérités; mais qu'on ne doit pas moins les croire.
4K?Non feulement la volonté agit toujours avec fpon-
tanéité, c'ell à-dire de ton propre mouvement, de
fon bon gré , & par un principe interne; mris en-
core les déterminations lont pour l'ordinaire accom-
pagnées de liberté.
^fF Lci liberté éd. cette (oTce de l'ame par laquelle elle
peui le déterminer & agir avec choix , lelon ce
qu'elle juge le plus convenable. Burlam.
ItCFLa volonté &: la /z^erre étant des facultés de l'ame ,
ne peuvent être aveugles , ni dcilituées de connoil-
fances; elles luppolenr toujours l'opération de l'en-
tendement. Quel moyen en etl'et de le déterminer ,
ou de fulpendre fes déterminations , Se de fe tourner
d'un côté plutôt que d'un autre , Ix l'on ne connoit
pas ce que 1 on doit choihr ; Il eft contraire à la na-
ture d'un être intelligent, d'agir fins intelligence &■
iansrailon. Cette railonpeut être légère &: mauvaile;
mais elle a du moins quelque apparence , quelque
lueur, qui nous la fait trouver bonne pour le nio-
nient. Dès qu'il y a du choix j il y a comparailon d'un
parti à un autre ; & qui ditcomparaifon , dit toujours
une rédexionj du moins confulc, &: une forte de
délibération , quoique prompte i!?,: imperceptible j fur
le lujet dont il s'agit.
l/CTLebur de nos délibérations c'efl: de nous procurer
quelque avantage. Car la volonté tend en général au
bien , c'eft-à dire , à tout ce qui eft propre à nous ren-
dre heureux , ou du moins qui nous paroît tel. De
forte que toutes les adions qui dépendent de l'homme
Se qui ont quelque rapporta Ion but, font par cela
même loumiles à la volonté.
ICFLa liberté a pour objet le bien, comrar la volonté;
mais elle a moins d'étendue par rapport aux aétions ;
car elle ne s'exerce pas dans tous les aâes de la vo-
lonté j mais feulement dans ceux que l'ame peut fuf-
pendre outourner comme il lui plait.
I^Nous ne faurions douter que nous ne foyons libres
dans nos déterminations par rapport au bien 6c au
mal. Pour nous en convaincre , il ne faut pas fortir
•de nous mêmes. Il eft fur qu'à l'égard du bien & du
mal , £n général & conlîdérés comme tels , nous ne
pouvons proprement faire ufage de la liberté , puifque
nous fommes entraînés vers l'un par un penchant in-
vincible , &: détournés de l'autre par une averlîon na-
turelle &: inlurmontable. Nous fommes faits de ma-
nière que le bien nous attire nécelfairement , au lieu
que le mal , par un eiiet oppofé , nous repoulfe , pour
ainfi dire,& nous écarte. Mais cette tendance vers le
tien , &: cette averlîon naturelle pour le mal en gêné- 1
rai, n'empêchent pas que nous ne demeurions libres
à l'égard des biens &des maux particuliers; iSc quoi-
qu'on ne puilfe s'empêcher d'être fenfibles aux pre-
mières imprellîons que les objets font fur nous , l'on
n'cft pas pour cela invinciblement porté à recher-
cher ou à fuir ces objets. On peut toujours examiner
fi le bien qu'on fe procurera , en faitant une chofe ,
j:c lera pas luivi d'un mal :' on peut délibérer 8c cal-
culer , pour prendre le parti le plus lùr. Et non feu-
lement l'on peut , par un ctiort de railon , fc priver
d'une choie dont l'idée nous flatte agréablement;
mais l'on peut même s'expofer à une douleur ou à
un chagrin que l'on appréhende , Se que l'on voudroit
bien pouvoir éviter , fi des conlldérations particulières
L I B
ne nous faifoient réfoudre à le fupporter.
CKJ" L'exercice de la /i^erït;' ne paroit jamais plus que dans
les choies indifférentes. Je lens, par exemple , qu'il
dépend tout a fait de moi de tendre ou de retirer la
main, de relier allis ou de me promener, de diri-
ger mes pas à droite, ou à gauche. &c. Dans ces oc-
calions ou l'ame eft entièrement laillée à elle-même,
loit par le défaut de motifs extérieurs , foit par l'op-
polition , & pour ainli dire , Téquilibre de ces motifs ,
on peut dire que li elle fe détermine à quelque parti,
c'elf par un pur eftct de ion bon plaihr , ou de l'em-
pire qu'elle a lur les propres adlions. La preuve de la
liberté qui fetirc du len-.iment intérieur , eft fupérieur
à tout , & produit la conviâion la plus intime.
Chacun fent qu'il eft bien le maître de marcher ou
de s'âlleojr j déparier ou de fe taire, & nous éprou-
vons à toute heure qu'il ne tient qu'à nous de fulpen-
dre notre jugement , pour en venir à un nouvel
examen. Peut on nier, de bonne foi, que dans le
choix des biens & des maux, c'eft ians aucune con-
trainte que nous nous déterminons : que , malgré les ■
premières imprellîons , nous pouvons nous arrêter
tout court, balancer le pour & le contre , &c faire,
■en un mot, ce que Ion peut attendre de Ihommele
plus libre. Si j'étoii entraîné invinciblement vers an J
bien particulier , plutôt que vers un autre, je fenti- 1
rois en moi la même imprellîon qui me porte vers
le bien en général , c'eft-a dire une imprellîon qui
m'entraîneroit nécellairement , & à laquelle il ne
fcroit paspollîble de réfifter. Or l'exptricnce ne me
fait rien lentir de lî fort par rapport à un tel bien
en particulier. Je puis m'en abftenir; je puis différer
de mcn fervir; je puis lui en préférer un autre; je
puis héhter dans le choix ; en un mot je luis maître
de choihr, ou ce qui eft la même chofe, je fuis li-
bre.
^fT L'homme deftiné à être heureux doit être porté
nécellairement vers le bien en général , parce que
l'inditiérence feroit diretlement contraire au but que
s'eft propolé l'Auteur de la nature : mais ce delîr na-
turel du bonheur ne nous entraîne invinciblement
vers aucun bien particulier , parce qu'aucun bien par-
ticulier ne renferme ce bonheur où nous tendon:
nécellairement.
|iCF Tout le fyftême de l'humanité, foit en général;
foit dans les cas particuliers , roule fur le principe de
la liberté. ReHexions , délibérations, recherches,
aélions, jugemens; les idées du bien & du mal,
du vice & de la vertu, & ce qui en eft une fuite,
le blâme ou la louange , l'approbation ou la con-
damnation de notre propre conduite , ou de celle
d'autrui,- les affeéfions , les fcntimens naturels de
hommes les uns envers les autres ; tout luppofe la
liberté ■ l'ôter à l'homme , c'eft tout bouleverfer &
tout confondre. Voye\ encore Libre.
CfcT Liberté fe prend aullî dans l'ulage ordinaire pous
un état d'indépendance, dans lequel on n'eft point
loumis aux ordres , aux commandemens d'autrui.
On dit, en ce lens , qu'un homme aime {^.liberté,
qu'il ne veut point engager fa liberté. Liberté pleine
& entière. Sui Juris ejje.
Liberté. Pouvoir légitime de fiire &c de penfer ce que
l'on veut , Ians contrainte Se fansfervitude. Libertas ,
jus ; arbitrium. La véritable liberté conlifte à n'obéit
à aucune pallîon. Dac. On peut jouir de la liberté ,
fî l'on ne le met pas en peine de la faveur des Grands,
ou des biens de la fortune. S. EvR. On s'imagine
ne jouir de loi-même, & de fesdefirs, que dans la
liberté o^on fe donne de penler tour ce qu'on veut.
Boss. Rien ne relevé plus l'ame , que la liberté.
BoiL. Les hommes ne favent que faire de leur liber'
té ; ils la ficrifîent tous les jours aux vains honneurs
attachés à des emplois pénibles Se laborieux. Nie.
Qu heureux efi le mortel ,
Qui de fa lihetté forme tout fon plaiflr ,
Et ne rend quà lui feul compte de fon loiflr.
BOIIn
L I B
LirsUTÉ, fc dit encore plus paiticnliàcmcnt de l'état,
&c de la litiiation de refpnt , ou du cœur j exempt
de tout ce qui peut funner une cfpcce de (ujction
& de captivité. Libcruin arbitrlum , immunltas. Ma
pallion m ote la Ubcnc de juger tranquillement de
vos raifons :
Ma chérc liberté que vous aver d'attraits !
On appelle eu ce feus le mariage , le tombeau de
la liberté.
|p" Liberté ., Ce dit à-peu-près dans le même fcns
par oppolition à contrainte. Ainfijon dit , parler
en liberté , avec liberté. Ils avoient quelque chofe
à foire , je les laillai en liberté.
IJCT Le mot de liberté conildéré par oppofition à fer-
vitude , dcllgnc l'état d'une peilbnnc libre. Ceux qui
ctoient pris en guerre perdoicnt Icm liberté. Donner
la liberté à un Elclave. Engager , recouvrer la li-
berté.
ÇC? En ftyle de Galanterie , on dit Poétiquement , per-
dre (ifliberté. Elle m'a ravi ma liberté.
|tr En termes de Dévotion , La liberté des enflms de
Dieu conlille à n'être point efclaves du péché.
§3° Liberté , fe dit encore pour une certaine facilité
dans l'exécution de lés mouvemcns ; une dipolî-
tion naturelle perfeétionnée par la pratique. P'oye^
Facilite. Dans cette acception , on dit , qu'un
hoaime a la liberté de la langue. Une grande liberté
d'adion. Liberté de la parole. Il danfe , il fait tout
avec grâce &: liberté. La liberté du gefte , de la voix.
En termes de Peinture , on dit d'un tableau , qu'il
cil peint avec beaucoup de liberté de pinceau ;• qu'il
eft dcfliné librement , franchement. Expedua , fa-
cilitas. On dit auliî liberté , ou. franchife de burin,
c'eit-à-dire , la tacilité , la hardiefle avec laquelle tra-
vaille le Graveur. §3" il faut pourtant remarquer que
quelque analogues que foient ces mots , ils ne font
pas abfolument lynonymes. La liberté paroît avoir
plus de rapport à l'habitude dans la main, acquife
par la pratique. Et le mot de légèreté paroît indi-
quer plus de capacité dans le Peintre.
On le dit en ce fens des animaux & des chofes
inanimées. On a mis à ce cheval la bride fur le
cou j^ on le lailFe aller à fa liberté. Et on dit au
Manège ,_ qu'il a liberté de langue , quand fon
mors eft fait de telle forte qu'il a pleine liberté de
remuer la langue. On appelle liberté de langue dans
le niors , un efpace vide qu'on laille vers le milieu de
l'embouchure , pour palfer & placer la langue du
cheval ; enlorte que l'embouchure fe voûte par le
miheu. |Cr Cette liberté donne , félon fr forme ,
plufieurs dénominations au morsi comme gorge de
pigeon j canon montant , pas d'àne , &c.
|Gr On le dit de même dans les Arts pour exprimer
. la facilité que certaines chofes ont à fe mouvoir.
On dit qu'une pièce , qu'une roue , par exemple ,
a beaucoup de liberté, quand la moindre force fuf-
^tpour la mettre en mouvement.
Im Liberté , fe dit encore par oppofition à captivité ,
prifon. Mettre un prifonnier en liberté. Donner la
liberté aux captifs. On a mis en liberté cet oifeau
qui étoit en cage.
^ On appelle liberté à' eCpTit% l'état d'un homme dont
l'efprit eft dégagé de tout objet étranger,
et? Liberté de ventre , la facilité qu'il a à bien faire
fes fonétions.
tiBERTÉ de confcience. Droit, permllfion de choifir
telle Religion qu'on veut , autre que la dominante
pour en fliire profeilioh. Toutes les Héréfies fc font
'^ft ]'^^ pli; le principe que la liberté de confcience
eft du Droit des gens : & par le même principe on
pourroit établir le Mahométifme & l'Idolâtrie. En
rrance, il n'y a plus aujourd'hui de liberté de con-
fcience , il faut ^ti-e néceirairement Catholique.
■^'^erte de confcience, nom funefte , inconnu à toute
1 Antiquité Chrétienne , que la feule fureur des
guerres civiles , les batailles fanelantes , l'autorité
légitime loulée aux pieds , S< les Edits arrachés par
ont
y lî
introduit en
L I B
force de la main du Souverain
nos derniers jours. I'elisson.
Liberté , ilgnilîe encore , Hartiiellé. Licentia , auda-
cia. Se donner la liberté de cenfurer fes Supérieurs.
I'asc. Vous parlez de h lleli^ion .avec trop de
liberté ■ on ne doit point prendre la liberté d'exa-
miner les Myftères par la raifon. Nie, Le Pnncc
parla au Roi avec une liberté peu refpeélucufe.
Mézerav.
'fT Dans ce lens , la liberté eft une hardielfe ou mc-
fuiée ou trop forte. Dire fon avis avec liberté ,
c'eit ne pas craindre. Agir avec liberté , c'cft agir avec
imlépendance. Parler avec trop de liberté , c'eft
marquer de l'audace. Volt.
Liberté , Licence , exemption des règles. Licentia ,
ïmmunitas. Les^ Poètes Grecs & Latins fe donnoient
de grandes libertés. Il y a des libertés qu'on prend
pour plaire , qui doivent être préférées à des règles
exail-es qui ne font qu'ennuyer. S. EvR. Quand
les libertés que l'on fe donne font un bon effet, il
en faut conclure que les règles n'étoient pas
bonnes.
Liberté, fe dit .aulHcn parlant de ce qu'on peut faire
avec la permiflionou Icus l'autorité des loix divines &
humaines, Poteftas , facilitas , renia. Un majeur
a la /zi^srre de vendre izz terres , de fe marier , de
gouverner fon bien comme il lui plaît. On n'a pas
liberté de vendre des terres fubflituées , ou faifies.
On a chalîé les Corfaires qui ôtoient la liberté du
commerce. Les Prévôts alliirent la liberté des che-
mins.
'sfS' La Liberté aiaturelle eft le droit que la Nature a
donné à tous les hommes de diîpoler de leurs biens
& de leurs aétions comme ils le jugent à propos ,
de la manière qu'ils trouvent la plus convenable à
leur bonheur. La Liberté civile eft cette même liberté
naturelle dépouillée de cette partie qui faifoit l'indé-
pfflidance des particuliers & la communauté des
biens , pour vivre lous des loix qui leur procurent
la sûreté & la propriété de leurs polfellions.
y? Avant qu'il y eût parmi les hommes un ordre
établi par les loix , une armée de paillons déchaînées
défoloit la terre. Nulle allurancepour la-vie, nulle
fauvegarde pour les biens, nul afyle pour l'honneur.
La force qui a donné au Lion l'empire fur les ani-
maux j le donnoit aullî fur les hommes au premier
Nembroth qui fe fentoit allez puidànt pour les fubju-
guer : il falloir donc 'un frein pour en arrêter la li-
cence : c'eft ce qu'on a exécuté en Pair oppoûnt les
barrières de l'ordre civil & politique. Auffi-côtque
les hommes eurent inventé le remède des loix pour
mettre la force à la raifon ; quand pour les faire
exécuter on eut armé de la puillànce du glaive un
Magiftrat {npréme ; ici un Roi , là un Sénat , là
un Confeil populaire ; eu un mot quand on eut
établi l'ordre civil pour rétablir dans fes droits celui
de la nature ; on vit fuccéder la fubordmation à
l'indépendance, la règle à la confufion , la juftice à
la force , la sûreté publique à Pinquiéiude générale,
le repos des particuliers aux alarmes continuelles.
Tout devint tranquille fous la proteétion des loix.
Sous cette garantie nous voyageons fans crainte dans
toutes les parties du monde habitable : dans les pays
étrangers j lur la foi du droit des gens; & dans le
nt)tre , fur la foi des Ordonnances Royales. En quel-
que endroit du Royaume que je me tranfportCj je
vois par-tout le fceptre de mon Roi qui alfure ma
route , qui tient tout en refpGct , tout en paix ; les
Laboureurs dans les campagnes , les Aitifans dans
les villes , les Marchands fur la mer , les Voyageurs
dans les forêts : toutes les paillons lont défarmées.
Liberté _, fe dit quelquefois pour manière d'agir libre,
familière , hardie; &: fe dit en bien & en mal. Sous
prétexte de bannir la cérémonie j il fe donne des li-
bertés qui ne plaifent pas à tout le monde. S. EvR.
On a introduit aujourd'hui une liberté douce &
honnête , qui a rendu la converfation plus agréa-
ble , (Se les plaillrs plus purs. Id. La politeifc n'eft
point incomp,atibIe avec une certaine liberté qui
plaît, Bell. Perfonne n'a mieux pratiqué quc_ vous
cet art obligcint , qui fait qu'on le rabaiffe (ans le
dégrader , & qui accorde li heureutement la U-
biné avec le relped. Flec. Quelle libertc s'eft-elle
donnée qui pût , je ne dis pas , mériter une cenlure,
mais fouftlic une mauvaite interprétation. Id. On
remarque dans la conduite de cette femme, une
retenue &C une févérité Icrupuleufe qui condamnent
jufqu'aux moindres libenés. Bell. On le dit auHi
par fimple compliment : J'ai pris la llbercé de vous
écrire ; donnez-moi la lihcru de vous voir.
On ditaulli, qu'un homme a eu quelques liber-
tés avec une femme ; pour dire , qu'il a eu des pri-
vautés. Les Précieufes font les prudes en public , &
en particulier elles delcendent jufqu aux plus hon-
teufcs libertés. Bell. • . , ,
tfj En parlant des Etats , le mot de liberté le dit à l'é-
gard de ceux où le peuple n'eft ni efclave , ni op-
primé , & déligne particulièrement une form'e de
Gouverneinent où l'autorité Souveraine cil entre les
mains de la Noblelfe ou du Peuple. Les Grecs &
les Romains ont long temps combattu pour leur
liberté. La liberté du peuple ell: un droit^ inaliéna-
ble. S. ÉvR. Caton mérita le titre d'intrépide Dé-
fenfeur de la libcné publique. M.Esp. Les hommes
ne ptuvent tbuitrir une entière fervirude , ni une
entière liberté :\'nnc crt un efclavage , & l'autre une
licence. S. EvR. Célar a opprimé j & ruiné la li-
berté de (a Patrie. Caton ne put vivre après la li-
berté , ni la liberté après Caton. Bouh. Sous Augiifte
h liberté ne perdit que les maux qu'elle peut cauler,
& rien du bonheur qu'elle peut produire. S. EvR.
On fé perluade que les Hollandois aiment la liberté ,
& ils haVlFent feulement l'oppreliion. Id. C'eft la
liberté qui infpire ces penlées lublimes j Se ces no-
bles mouvemcns , qui font tou.te la pompe & la
magnitîcence du difcours. S. Evr. Cromwel trouva
moyen de prendre la multitude par l'appas cfe la
liberté. Il faut peindre un vieux Romain agité d'une
liberté farouche, .autrement qu'un Hatteur du temps
de Tibère. S. Evr. Quand une fois on a trouvé le
moyen de prendre la multitude par l'appas de la liber-
té, elle 'luit en aveugle, pouvu qu'elle en entende
feulement le nom. Flec. Le choix des Supérieurs
tient lieu de liberté à quelques-uns. S. Evr. Les
Anglois déçus par le nom de liberté , en ont à_ la
fin détefté les excès. Boss. L-;^ liberté cW quelquefois
un peu féroce. S. Evr. Si l'on n'y prend garde ,
la liberté dégénère fouvenr en licence. Bell.
In vitium libertas cxcidit , & vim dignam lege régi.
Horace.
Une trop grande liberté , & une trop grande
fervitudcj font également dangereufes. Dac.
Libertés , au pluriel , le dit des privilèges , de certains
droits dont on ell: en pollellion. Privilegium , immu-
nitas. Les provifions des Offices lont expédiées avec
cette formule , Pour en jouir avec tous les droits ,
privilèges , libertés , franchifes , immunités <Sc
exemptions , dont ont joui les Prédécelleurs.
^Cr Libertés de l'Eglile Gallicane. Cène font point
des privilèges mais d'anciens ufages reçus dans la
primitive Eglile , ou d'anciens Canons , qui ont
toujours été fuivis en France , ik qui ayant été abo-
lis ailleurs j ont reçu le nom de Libertés de l'E
glife Gallicane , parce que s'y étant toujours atta-
chée inviolablement , elle a par ce moyen main-
tenu fa liberté & fa franchifc contre la fervitudc
que les nouveautés avoient voulu introduire. Liber
tates Ecclejia Gallicane , jura , immunitates.
Ces libertés ne font autre chofe que ^ancien
Droit commun & canonique qu'on a obfervé en
France d uis fa pureté , (Se à la rigueur. On les a
appelés fouvent privilèges par humilité , & par ref
ped pour le Saint Siège. L'Eglife de France a
toujours (oigneufement confervé les libertés y en
s'oppofant aux nouveautés introduites par les Ca-
noniftes UKramontains , particulièrement pendant
L I B
le grand fchifme d'Occident , durant lequel les Pa-
pes rélidoicnt à Avignon. Les libertés Gallicanes
roulent fur ces trois maximes : i°. Que la puiflance
donnée par Jésus Christ à Saint Pierre & à l'Eglife,
eft purement fpirituelle , &c ne s'étend ni direâe-
ment , ni indireârement fur des choies temporelles.
z°. Que la puilfance du Pape , comme Chef de l'E-
glife Univerfelle j doit être exercée conformément
aux Canons reçus de toute l'Eglife. 5°.' Que le
Pape lui-même eft foumis au Jugement du Con-
cile Univerfcl , dans les cas marqués dans le Concile
de Conftance. Ces maximes ont été confitmées fo-
lennellement par l'Allèmblée du Clergé de France
en i68i. Fleury. Le Pape ne peut accorder au-
cune grâce qui concerne les droits temporels,
comme de légitimer des bâtards , ou de rendre les
perfonnes capables des Charges publiques , & des
effets civils. Par la même raifon, on n'a point d'é-
gards aux provilîons de Cour de Rome , au préju-
dice des Droits des Patrons Laïques. On ne reçoit
en France que l'ancien corps des Canons. Voyeif^
Droit Canonique. En 1119 , au mois d'Avril,
avant Pâques , on publia au nom du Roi Saint
Louis , alors mineur , une Ordonnance adrelfèe
à tous fcs Sujets dans les Diocèfes de Narbonne ,
de Cahors , de Rhodes , d'Agen , d'Arles & de
Nifmes , contenant dix articles -, pour établir , dit
la Préface , les libertés & les immunités de l'Eglife
Gallicane dans ces Provinces affligées depuis fi long-
temps par l'héréfie &: la guerre. C'eft la première
fois que l'on trouve ce nom de libertés de l'Eglife
Gallicane. Fleury , Hifl. Eccléf. L. 7c. IfT C'eft-
à dire , quec'ell peut être la première fois que l'on
ait qualifié du nom de libertés de TEglife Gallicane ,
le droit &; la pollelfion où étoit l'Eglife de France de
fc maintenir dans fes anciens ufages.
Les Conftitutions des Papes, fur tout depuis 500
ans , n'obligent point , à moins qu'elles ne loient
approuvées par l'ufage de l'Eglife Gallicane. On ne
reçoit non plus les Conciles que pour la Dodrine,
& non point pour la Difcipline. lo. Les libertés de
l'Eglife Gallicane confdlent à obferver l'ancien Code
Canonique. Il y a eu diverles coUedions du corps
des Canons, f^oye^ Canon. Sous la première Race
des Rois , on oBfervoit le Code des Canons de l'E-
glife Univerfelle , qui étoit compofé des deux pre-
miers Conciles Généraux , de cinq particuliers de
l'Eglife Greque , &c de quelques Conciles tenus dans
les Gaules. Ce Code a été perdu. Depuis , le Pape
Adrien donna à Charlemagne le Code des Canons
de l'Eglife Romaine , compilé par Denis le Petit
en J27. Il avoit ajouté au Code de l'Eglife Univer-
felle cinquante Canons des Apôtres , vingt-fept du
Concile de Chalcèdoine , ceux des Conciles de Sar-
diqiie & de Caithage , & les Décrétales des Papes,
depuis Silice jufqu'à Anaftafe. C'eft en quoi con-
llftoit l'ancien Droit Canonique , avec T^uelqucs
• Capitulaires de Charlemagne. On l'obfervoit régu-
lièrement en France , Se l'on regardoit comme une
entreprife fur les libertés de l'Eglife Gallicane, tout
ce qui y dérogeoit. On y a encore recours quand
la Cour de Rome veut attenter aux Droits de l'E-
glife de France , & tout ce qui n'eft point confoirae
à cet ancien Droit Canonique j pallc pour ufurpa-
tion. F'oye:^ Févret & Pithou.
Liberté de Cour. Terme de Commerce. C'eft l'af-
franchillbmcnt dont jouit un Marchand , de la Ju-
rifdièlion ordinaire des lieux où il fait fon négoce ,
& le privilège qu'un Étranger a de porter les affai-
res concernant fon trafic pardevant un Juge de la
Nation.
Liberté , en Mythologie. Divinité honorée des Grecs
& des Romains. Libertas. Elle étoit répréfentée en
Dame Romaine , tenant d'une main une j.iveline ,
& de l'autre un chapeau , ou un bonnet. On la trouve
ainlî fur les médailles. On fait qu'on donnojt le bon-
net à ceux qu'on affranchilfoit. La Liberté avoit
un Temple à Rome fur le mont Aventin , foutenu
de colonnes de bronze , & orné de ftatues très-
belles.
L I B
belles. Il fut bâti par le père de Tibérius Gracchus ,
de laifiient des amendes. La Libené ctou accoiii-
p3?!ice de deux déciles , qui «oient comme (es lui
vantes , Adéone & Abcône , parce que la Libcné
cftle pouvoir d'-illcr & de venir où l'on veut. Foy.
lur cette déelle , Volllus, deldol. L. FUI, c. 17.
On dit proverbialement , qu'il ne huit pas ven-
dre la Lib&rtc^om tous les biens du monde.
Regnare nolo , liber ut nonfim rtiihi. Ph^edr.
iBERTÉj cftLi devifc de quelques villes d'Italie, qui
portoient dans leurs drapeaux ce mot , Lïbcrtas , &
dans leurs armoiries en chef, ou en bande, Bolo-
gne , Florence , Gènes , Luques , &c.
Cj'LIBERTINjINE. adj. Souvent employé fubftan-
tivement. Ce terme s'applique à ceux qui prennent
trop de liberté , qui baillent toute forte de fujétion
ik de contrainte, & qui fe laillent aller au penchant
qui les porte au plaifir. Foye^ Libertinage. Licen-
dor, jujîo foludor , aquo libenor. Le choix des com-
pagnies elt elfenciel pour les jeunes gens; parce
qu'à cet âge on prend aifément les inclinations des
libertins qu'on fréquente. On dit d'une pcrlonne
ennemie de la gêne & de la contrainte , qu'elle eft
d'un humeur libertine : & de celle dont la con-
duite eft déréglée , qu'elle mène une*vie libertine.
Une fille fe perfuade aifément que l'Hymen ell com-
mode pour mener une vie l'éertine.
YT On dit dans le même fens , c'eft un libertin , c'eft
une libertine. Quelquefois le mot de libenin ne dit
rien d'odieux , & fignifie Ilmplement une perlonne
ennemie de la contrainte , qui fuit fon inclination _,
lâns pourtant s écarter des règles de l'honncteté &
de la vertu. Ainfi une femme dira d'elle même dans
un bon fens , & dans une*fignihcation délicate , Je
fuis née libertine ; pour exprimer qu'elle ne lau-
roitfe gêner, & quelle eft ennemie de tout ce qui
s'appelle fervitude.BouH.l:? Je veux bien croire ,
difoit Ménage , que les honnêtes femmes que voit
Je P. Bouhoursj parlent de la forte : mais pour
celles que j'ai hantées , je ne leur ai jamais oui dire
^qu'elles fulfent libertines. Ménage outroit toiitj
quand il s'agilloit du P. Bouhours qu'il haïlloit
inortellement. L'expreifion que condamne li du-
rement cet Auteur , eft encore d'ufage parmi les
gens du bon ton. Je ûiis d'une humeur libertine.
J'ai l'efprit libertin , & je n'aime point à traduire.
Voit.
JCF Libertin , fe dit en matière de Religion , d'un
homme ennemi de toute gêne , de toute contrainte ,
qui ne fauroit s'allujettir aux loix de la Religion ,
foit pour la croyance , foit pour la prati'quc. Reli-
gionis contemptor. Le P. G.iralle a fait un Livre
contre les Athées & les Libertins , qu'il appelle la
Doclrine curieufe. Les libertins toujours in<-,ertains
à quoi s'en tenir , renoncent & retournent à la
Religion , félon les diverfes révolutions qui ani
vent dans leiu: efprit. De Vill.
Vn libertin d'ailleurs qui , fans ame & fans' foi ,
Se fait de fon plaifir une fuprême loi ,
Tient que ces vieux propos des démons & des flam-
mes j
Sont bons pour étonner des cnfans 5' des femmes ,
Et qu'enfin tout dévot a le cerveau perclus. Boa.
^Libertin, vagabond, bandi, fynonymes. Le dérè-
glement, dit M. l'Abbé Girard, eft le partage de
tous les trois; mais le libertin piche proprement con-
tre les bonnes mœurs; la palfion ou l'amour du plai-
fir le domine. Foye-{ les autres mots.
§Cr Libertin, voluptueux, débauché. Le Libertin ne
refpede pasaftez les mœurs; mais (ans affeéter de les
braver , il eft entraîné par fon penchant vers le plai-
fir : il tient une efpèce de milieu entre le voluptueux
& le débauché. Foye^ ces deux mors.
Libertins , au pluriel , eft aulfi un nom de Seéle. Ij-
bertini. M. Spanhçim çn p^arle Ibuvent dans fon
Tome Fs
LIB Î13
Abrégé des Religions, & il les place parmi les Ana-
baptiltes. M. Stoupp, dans fon petit Livre de la Reli-
gion des HoUandois, a tait un article fcparé touchant
cette Sedte. Quant aux Ltbcruns ^ dit-il, il (émble
qu'autant qu'il y en a , ils aient chacun leur fenti-
inent particulier. La plupart croient qu'il y a un fcul
efprit de Dieu qui eft répandu par-tout, qui cil &
qui vit dans toutes les créatures; que notre ame n'eft
autre chofe que cet efprit de Dieu ; que les âmes meu-
rent avec les corps; que le péché ji'clt rien, & qu'il
ne conlifte que dans l'opinion ; que le Paradis eft une
jllufion; que l'Enfer eft un fantôme rnventé par les
Théologiens. Ils difent enfin que les Politiques ont
inventé la Religion, pour contenir les peuples dans
l'obéillànce à leurs Loix. Calvin a écrit quelque chofe
contre ces Libertins. Voyez (es Opufculcs. Les Ca-
tholiques les ont auflî réfutés, & ils y ont mieux
réulli , parce que les principes de la réformation de
Calvin , ne font pas (ort éloignés des principes des
Libertins. Quand on a fecoué le joug de l'Eglife,
comme a fait Calvin , il eft aifé d'aller plus loin eii
(uivant toujours le même principe, & de fecouer
toute forte de joug. Les Libertins étoient des Fanati-
ques qui s'élevèrent environ l'an 1515 en Hollande
(S: dans le Brabant. Leurs Chefs furent un Tailleur
de Picardie, nommé Quentin, & un nommé Cho-
pin qui s'a(focia à lui, & fe fit fon Diiciplc. Cet Hé-
rétique difoit qu'il n'y avoir qu'un fcul efprit dans le
monde , qui étoit celui de Dieu ; que tout ce que la
Foi enfeignoit des Anges bons & mauvais , & de
l'immortalité de l'ame, n'étoit que des fables. Il di-
foit que c'étoit cet efprit de Dieu qui opéroit tout le
bien & tout le mal que les hommes fembloient faire ■■,
cj^u'ainfi c'étoit une chimère que le péché , Dieu fai-
fanttout; qu'il ne falloit ni blâmet, ni punir, ni cor-
riger; que la régénération fpirituelle ne confilloit
qu'à étouffer les remords de la conlcience ; la péni-
tence à foutenir qu'on n'avoir fut aucun mal ; qu'il
étoit licite, & même expédient de feindre en ma-
tière de Religion, & de s'accommoder à toutes les
Sectes. Il ajoutoit à tout cela des blafphêmes contre
Jésus-Christ, difant qu'il n'étoit rien qu'un je ne
lais quoi , compofé de l'efprit de Dieu & de l'opinion
des hommes. Ce furent ces abominables maximes
qui fireht donner à ceux de fa Sedte le nom de Liber-
tins. Noyeziovirs: , T. L. p. pr & ()2.
Il y a plufieurs Libertins en Hollande , qui ont
chacun leur fentiment particulier, qui outre les er-
reurs qu'on vient de rapporter , difent que le Paradis
& d Enfer font des inventions des Théologiens, ik. la
Religion une invention des Politiques. Le même Au-
teur, p. 42 s-
Il eft auffi parlé dans les Aûes des Apôtres , C. FI ^
d'une Synagogue de Jérufalera , qui portoit le nom
de Libertins. Synagoga qu&.appellatur Libertinorum.
Voyez dans les Mémoires de Trévoux une explica-
tion de ce palîage. Elle eft du R. P. Hardouin.
LIBERTIN, f m. Terme d'Hiftoire Romaine. L'Au-
teur de rinftitution du Droit Romain & du Droit
François, appelle ainfi ceux que les Romains appe-
loient Libertini , & que nous nommons communé-
ment Affranchis. Cet Auteur s'eft contenté d'écrire
ce mot en lettres Italiques la première fois qu'il l'em-
ploie : enfuite il l'écrit en caradères Romains comme
les autres mots François. On a appelé ii^em/w , die
l'Auteur quon vient de citer ^ ceux que l'on avoit reti-
rés d'une jufte fervitude , pour leur donner la liberté,
& auxquels il reftoir encore quelque marque de fervi-
rude Celui qui donnoit la liberté à un efclave,
avoit droit de patronage & de Patron (ur le Liber-
tin Si les Libertins manquoient de rendre le
refped à leur Parron , on les remettoit dans la fervi-
tude Si le Libertin ou l'Aftr.anchi étoit mort
fans ëiifans, on appeloit fon Patron pour recueillir
fa fucceftion. Foye^ cet Auteur , L. LL C. II.
|tr LÏBERTUS , fignifioit Affranchi , mis en liberté.
Libertinus , au moins dans les premiers tems de la
République , fignifioit le fils du Libertus , ou de celui
oui avoit été affranchi; mais dans la fuite on confon-
^ ' Ttt
JI4 LIB
dit Libercus Se Libeninus , ôc les meilleurs Auteurs ,
particulièrement les Jurifconlulues, employèrent in-
dift'éremment ces deux mots, pour lignihcr uu Af-
franchi. F'oye^ ce Mot.
LIBERTINAGE, f. m. Dérèglement dans les mœurs,
vie ou conduite libertine. Inumperans Ikentia , im-
potens libido. ^3' On dit vivre dans un grand libeni-
nage , dans un libertinage continuel. Bien des gens,
fous prétexte de déFendre leur liberté , ne fongcnt
qu'à entretenir leur libertinage. Le libertinage tient
beaucoup du tempérament. C'eft en général le vice
de celui qui fe lailfe aller fans aucune réhftance au
penchant qui le porte aux plaifirs des fens. La table ,
ainfi que l'amour a fon libertinage. Je hais ces fcf-
tins d'où la bicnféance ell bannie, & où le libertinage
prend la place de la liberté. M. Scud. Je demande
quartier plus pour le libertinage de l'cfprit, que pour
celui des mœurs. Ab. de Villars. /^oye^ Libertin.
f3° Libertinage , fe dit aullî du peu de refped que
J'en a pour les loix de la Religion. Religionis con-
• temptus. On dit qu'un homme fait profeiîîon de li-
bertinage. Le libertinage entraîne ordinairement la
corruption des mœurs.
Il s'emploie aulli quelquefois fins aucun rapport à
la Religion ni aux mœurs , mais pour hgniher une
inconftance , une légèreté dans le caraâère qui fait
qu'on ne s'afl'ujettit à aucune règle , à aucune mé-
thode. Il y a trop de libertinage dans vos études,
vous ne (aurez jamais rien à tond. Ac. Fr.
LIBERTINER. v. n. Vivre dans le libertinage. Il n'eft
que du ftyle tamilicr. Cet enhnt ne fait que liberti-
ner.
Un jeune éarvelé qui laijffe fa compagne ,
Et pour libertiner , va battre la campagne.
M. DE LA Chaussée, dans la Faujfe Antipathie ^ Co-
médie.
LIBESSE. f. m. Nom d'homme. Leobatius , Leubatius.
Saint Leubacc , que le vulgaire appelle en Touraine
Saint Libejfe , étoit Dilciple de Saint Ours , qui le fit
Abbé d'un Monallcre qu'il avoir bâti en un lieu
aiommé Sènapaire , aujourd'hui Senevicres, entre les
rivières de l'Indre & de l'Indrois, près de la forêt de
Loches. F'oyei Grégoire de Tours, f^it. Patrum^
c.rS.
LIBETHRA. Nom d'une fontaine de Magnéfie , en
Grèce. Libethra. Elle étoit dédiée aux Mufes. Pline ,
L. IV. c. p. Solin, c. S. la nomvnt fons Libethrius.
Conon , dans la Bibliothèque de Photius , Cod. iS6 ,
l'appelle Libétres , au pluriel, Libethra. Martianus ,
Liv. VI. Ltbethris. Quelques Auteurs veulent que ce
fîit une ville fur le mont Olympe, &c ils'difenc qu'elle
fut détruite par une inor.dation du torrent Sys;
qu'Orphée y avoit été tué par les Libéthriens, & qu'il
y étoit inhumé.
LIBÉTRIDES. f. f. Nom ou furnom que l'on donne
aux Mufes dans l'Antiquité , à caufe de la fontaine
Libethra , qui leur étoit confacrée. Libetris , idis.
Strabon croit que c'ell d'une montagne de Thrace
appelée Libétkre , que les Mules ont eu ce nom , par-
ce qu'il y en avoit une autre qui leur étoit confacrée.
Voye^-le fur cekj L. IX. & L. X. Le même Auteur,
L. IX^Sc Virgile, Eclog. VII. v. 2/, donnent aulfi ce
nom à des Nymphes. Nymphes ii^i.-'rAna'ej ; ce font
celles de la fontaine Libethra.
LIBIDINEUX , EUSE. .adj. m. & f. Qiii cft livré aux
plaifirs des fens, qui cft dilfolu (ïc lafcif. Elle com-
pofa dans fi jeunefle , à l'imitation de Bocace, ce Li-
vre fi connu fous le titre de Contes de la Reine Mar-
guerite , qui eft un Recueil d'Hifloires libidtneufes du
Cloître & du Clergé. Faidit. Appétits libidineux.
Ce mot eft d'un fervice allez rare.
LIBIQUE. f m. & f Nom d'un ancien peuple des Gau-
les. Libicus , a. Les Libiques font dans Pline, L. III.
c. i6 & ij , des peuples Je la Gaule Tranfpadane,
ou d'aude là du Pô, en Italie. Libici. Verceil étoit la
capitale des Libiques. Ils étoient originaires des Sal-
luviens , peuples de Provence , habitant d'Aix.
LIB
LIBITINAIRE. f m. Nom d'Oflicier public chez les
Romains. Libitinarius. Les Libitinaires avoient foin
des funérailles, & de ce qui conccrnoit cette céré-
monie. Ils fourniffoient ce qui étoit néceffaire pour
cela.
Ce nom vient de celui de Libitina : c'étoit la décile
qui préiidoit aux funérailles.
LIBITINE. f f. Terme de Mythologie. Nom d'une
Déelîe de l'Antiquité. Libitina. Plutarque dit que c'é-
tait Vénus. Elle avoit un Temple à Rome, & c'étoit
dans ce Temple qu'on veiidoit tout ce qui étoit né-
cellaire pour les funérailles. Plutarque dit que c'étoit
pour avertir les hommes de la fragilité de la vie, &
leur faire comprendre que la fin n'en étoit point
éloignée du commencement, puilque la mêmeDivi-
nité préiidoit à l'une & à l'autre. Denys d'Halicar-
nalfe dit aullî , L. III, que Libitine croit Vénusl
D'autres croient que c'étoit Proferpine, femme de
Pluton , Se Déelle des Enfers. Voyei Vollîus , de
Idolol. L. II. c. 2j. Le Temple de Libitine étoit dans
un bois. Par une ancienne coutume établie par le Roi
Servius Tullus, on portoit à ce Temple de l'argent
pour chaque perfonne qui mouroit : on mettoit cet
argentdans le tréfor de Libitine , & ceux qui étoient
prépofcs pour le recevoir , écrivoient fur un rcgiitre
le nom de^chaque mort pour lequel on venoit appor-
ter cette efpcce de tribut. Ce regiftre s'appeloi: le
regiftre de Libitine, en Latin, Libitina ratio. C'ell
par là qu'on favoit combien il mouroit de monde a
Rome chaque année. La porte Libitine étoit ceUc
par laquelle on portoit les morts hors de Rome.
LIBOIRE. f m. Nom d'homme. Liborius. Saint li-
boire vivoit au IV^ & V^ lîècle , Se fut quatrième
Evêque du Mans. Voye^ Surius , T. IV. p. 2y$,
Baronius fur le Marmologe, p. ^22. Les Bollandif-
tesj Acl. SS. Jun. t^I.p 262. col i. Dom Mabil- .
Ion, Jnnal. T. III , p. 61 & fuiv. Du Sauffay,
Suppl.p. 1 1 ji. Baillet, au 23* de Juillet.
LIBONGOS. f f. Sorte de groflè étoftc qui eft propre
pour la rraite que les Européens font à Lowango &
autres lieux des côtes d'Afrique.
LIBOURET. f. m. Terme de Marine, eft une efiscce de
ligne à pêcher les maqueraux , qui a deux ou troi;
petites cordes où eft attaché l'hameçon Se l'appât.
Linea pifcatofia.
LIBOURNE. Ville de France, fituéc dans la Guienne,
au conHuent de la Ile avec la Dordogne, à fept lieues
de Bourdeaux , vers le Levant. Liburnia. Libourne eft
une ville agré.able; on y fait beaucoup de commerce,
parce que le Hux de la mer y porte d'allez gros navi-
res. Valois prétend que fon vrai nom Latin eft BlU
bonna , c'eft à -dire , la borne de la Ile.
LIBRAIRE, l. m. Se f. Marchand qui vend des livres &
qui en imprime , s'il eft du nombre des Imprimeurs.
Typographus , Bibliopola , Librarius. Un bon Livre
en ftyle de Libraire , eft un Livre qui fe débite bien ,
quoiqu'il foit mauvais par rapport à l'Auteur. Bay.
Ces Auteurs affame's
Mettent leur Apollon aux gages d'un Libraire.
BoiL.
Tous les Libraires ont des marques qui les diltin-
guent , foit par les enfeignes de leurs boutiques , Ibit
par allulion à leurs nomSj foit par des emblèmes Se
des deviles propres du commerce des Livres. L'une
d;s plus heureufes étoit celle de... Borde... Ri-
gaud... &■ Artaud, qui ayant eu féparément, l'un,
la figure du Temps pour devife , l'autre , l'image de
la Fortune, Se le troilîème celle de la Vertu, s'étant
allociés, ils joignirent ces trois enfeignes en un corps
d'emblème , où le Temps tiroit la charrue , Se la
Vertu la conduiloit, tandis que la Fortune femoit,
avec ce vers ,
Semina Fortunn geminat cum T empare Virtus.
Mencftrier , Art des emblèmes.
Les Etiennes avoient confervé l'Olivier de René
L I B
olivier. Il parut il y a quelques années à LéipCik,
une DilIuTAtion qui a pour titre j de Lihrams i^ Bi-
blïopoLïs Aiinquorun:. Ces 13ibliopolcs des Anciens
ctoicnt ce que nous appelons maintenant Libraires;
c'eit à-dire, Matcliands de Livres, & ceux que les
Anciens nommoient Libraires , Lihraru , etoieiit
ceux qui convoient les Livres pour le public ; & pour
les Bibliopoles , c'ctoient les C'opiltcs.
Il y avoit autrefois dans quelques Egliles Cathé-
drales une dignité qui donnoit le nom de Libraire à
celui qui en étoit revêtu. Librarius. Il y en a qui
croient que le Libraire étou ce que nous appelons
aujourd'hui Chantre, ou Grand- Chancre.
Libraire , terme d'Antiquité. On appeloit autrefois en
Latin Notaires , ceux qui favoient l'art d'écrire en
noces abrégées, dont chacune vjloit un moti &: oii
uommoit Libraires ou Antiquaires, ceux qui naiil-
crivoient en beaux caradères, ou du moins liiiblcs,
ce qui avoit été écrit en note. On appelle aujourd'hui
en termes de Palais, l'un la minute , ôc l'autre la
grolle. Librarius. Plus de fept Notaires étoieiu tou-
jours prêts à écrire ce qu'il dicloit, & le loulagcoicnt
en fe fuccédant tour à tour. Il n'avoit pas moins de
Libraires pour mettre les notes au net. Fleury.^
tiBRAIRESSE. f. f. Femme de Libraire. Libraria.Ce mot
ne fepeut dire qu'en riant, Ik dans le ftyleburlefque.
// efl auprès de Notre Dame j
Ou la Librairelle Margot,
Lui chance bien fouvent fa game. Cotin.
LIBRAIRIE, f. f. L'Art , la profeffion de Libraires.
TypographorumvelBibUopolarum Ars^ondicio. C'd\
un homme qui efl: de père en fils dans la Librairie, il
fe plaint que la Librairie ne vaut plus rien, que le
trafic des Livres ne va plus. Toute la Librairie s'eft
ademblée pour élire un Syndic.
Librairie, lignifioic autrefois une Bibliothèque ^ un
grand amas de Livres. Bibliotheca. Henri IV. dit à
Cafaubon qu'il vouloit qu'il eût foin de fa Librairie.
CoLOM. Qn appeloit au fiècle patfé dans la Mailon
du Roi , Nkît're de la Librairie l'Officier que nous
nommons communément aujourd'hui , Bibliothé-
caire du Roi. M. deThou a été Maître de la Librairie.
M. Bignon i'eft aujourd'hui. On dit auffi Garde de
la Librairie , tant du Cabinet du Louvre , que de la
fuite de Sa Majefté. Les Librairies des Mon.afl:ères
étoient autant de magafins de Manufcrits. Pasq,.
En ce fens il eft hors d'ufage. Les Capucins & quel-
ques autres Religieux difent encore , notre Librairie ;
pour dire , notre Bibliothèque.
LIBRATION. f. f. Terme d'Aftronomie. C'elt un
balancement qu'on appelle mouvement de libra-
tlon, ou de trépidation , que les Ai^ronômes ont
reconnu dans le Firmament , par lequel la déclmai-
fon du foleil & la latitude des étoiles changent de
temps en temps. Libratio. On attribue aufli à la lune
, un mouvement de llbratlon , qui a été reconnu par
• le moyen du télefcope , mais que l'on n'a pas en-
core bien déterminé. On prétend qu'elle a un mou-
vement de llbratlon d'orient en occident , &c du fep-
tentrion au midi, parce que dans les pleines lu-
nes , on découvre quelquefois des parties de fon
difque , qu'on ne découvre point dans d'autres temps.
Cela fait croire que fon difque a un mouvement de
mration , ou de balancement de côté & d'autre. On
appelle auffi ces deux efpèces de librations , l'une
/ii^rafio/2 en longitude , &: l'.autre llbratlon en Lui -
tude. Outre cela , il y en a une ttoilicme efpèce
qu'on appelle llbratlon apparente , & qui conhile
en ce que , lorfque la lune eft tout le plus loin
qu'elle peut être du côté du midi , fon axe étant
alors prefque perpendiculaire au plan de l'Eclipti- ■
que , il faut nécelfairemcnt que le foleil éclaire du
côté du Pôle aréfique de la lune , quelques parties
qu'il n'éclairoic pas auparavant ; & qu'au contrai -
le , quelques unes de celles qu'il éclairoit du cote
du Pôle oppofé , foient dans l'obfcurité , ce qui pro-
duit les mêmes effets que la lihracion en latitude ,
OU le balancemenr du teptentrion au midi ■, & c'eft
Tome F.
L I B
Jiy
ce qui fait que quelques Aftronômes appellent cela
libration apparente'. Foye^ Gregori , Ajironom. L.
l'/,fecl. 1 0 , &C M. Harns, au mot Libre/ion.
Les obfervations qu'on a faites , que les caches
delà lune paroillènt tantôt s'éloigner du bord de
la hinc , & tantôt s'en .approcher , ont fait juger
d'.ibord que le globe de la lune ne laifoic point de
révolution autour de fon axe , comme les autres
Planètes , mais qu'il étoit feulement fujct à quel-
ques balancemens femblablts à ceux que f on apper-
çoit dans une boule dont on change le centre de pe-
lànteur , cz qui leur a fait donner le nom de libra-
tions. Ces mouvemens , irréguliers en apparence ,
ik diiîcrensde ce qu'on a d.-couvert dans la plupart
des autres Planètes qui fom leurs révolutions au-
tour de leur axe , ont donné lieu à M. Callmi le
père , de juger que cette llbraclon de la lune étoi:
produite par la combinailon de deux mouvemens,
dont l'un eft celui de la lune autour de la terre ,
Se l'autre eft fa révolution autour de fon axe. M.
Caftini le^ fils a très-bien expliqué cette hypothele
dans ies Élémens d'Aftronomie , L. LU, c. j. La.
lune nous paroit avoir une libracion ou efpècc de
balancement , tel que* fcroit un commencement de
. rotation apparente autour de fon axe. La libracion fe
fait d'abord d occident en orient , enfuite d'orient
en occident ; defortc que diverfes régions qui lui
paroiftôient fituées vers le bord occidental ou orien-
tal de la lune j ou fe cachent ou fe montrent alter-
nativement. Injlitut. Afiron: p. /^^. §3" Il y a
auili dans l'axe de la terre , en vertu de l'aétion de la
lune &: du foleil , un petit mouvement de llbratlon
ou de balancement , que l'on appelle proprement
nutaclon. Voye\ ce mot.
Libration. Voye-;^ Pondération. , . „^ ^
LIBRE, adj. m. ^ f. Qui a la liberté du choix. fCT Le
Terme s'applique à l'être intelligent , qui a le pou-
voir de faire ce qu'il veut conformément à la pro-
pre détermination, ^^oydç Liberté. Liber , folucus ^
imniuriis à neccjficace. Un homme de bon lens ,
exempt de toute palfion , fe plongera-t il jam.ais le
poignard dans le fein î N'eft-il pas libre pour cela î
N'a-t-il pas le pouvoir entier & complet de le
faire ? Non , répondra quelqu'un ; car ce pouvoir
entier comprend deux chofes ; l'une du côté des
orsanes , qui doivent fervir aux mouvemens jié-
cellàires pour fe plonger le poignard dans le kin ;
l'autre du côté de la volonté , qui doit comman-
der ces mouvemens. Il eft vrai que cet homme
de bon feus peut porter contre lui-même Ion bras
armé d'un poignard ; mais il ne peut pas vouloir le
faire de fens froid,- fa volonté ne peut pas comman-
der ees mouvemens. La volonté ne peut rien vou-
loir que fous l'idée d'un bien , c^' qu'autant que
l'objet lui eft préfenté comme bon : or un homme
de bon fens & exempt de toute palfion violente, ne
peut apperçevoir aucun bien à fe donner la mort ;
il ne peut y apperçevoir qu'un très grand mal : il
ne peut donc pas fe commander une telle adfion.
Et c'eft , en eftét , ce que tout homme de bon
fens expérimente en foi-même, quand il fe conlulte
fur cet article. Il lent bien qu'il fe plongeroit le
poiEçnard dans le fein , s'il le vouloit efficacement;
mai's il fent bien auffi qu'il ne le peut vouloir :
ainf. il frémit à cette feule penfée , & /on cœur
lui répond qu'il ne s'y peut pas déterminer.
Mais tout ce raifonnement prouve feulement
que jamais un homme de bon lens exempt de pal-
fion violente , ne voudra en effet le plonger le poi-
gnard dans le fein 5 & non pas qu il n ait pas^ la
liberté , le pouvoir de le vouloir. _ Une paftion
violente fuffit même pour le vouloir Cette paf-
fion n'ôte pas la liberté , fans quoi il faudroit dire
que jamais le flucide n'eft un crime pundiable
aux veux de Dieu ni des hommes -, ce qui eft affreux.
Elle ne donne pas non plus la liberté, il feroit abfur-
de de le dire : donc elle eft dans l'homme, avanÇ
même qu'il ne foit pouffé par une violente paflion.
L'aftc feul du fuicide eft incompatible avec le boa
Ttt ij
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L
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feus. Ici le principe de l'erreur , c'efl qu'on exige pour
la liberté un pouvoir qui , dans toute iuppolirion ,
pui-lFe être réduit à l'adc. Mais on convient que J. C.
avoit pour le bien la liberté de contradiclion , c'ell: à^
dire , le pouvoir de le faire , ou de ne le pas faire.
(F'oye-^ le mot libené.) Dira t on que, fuppofé les
décrets de Dieu pour la rédemption des hommes , il
auroir pu arriver , que J. C. réduisît à l'acle le pou-
voir de ne pas boire le calice que fon Père lui avoit
donné ;
§CF Libre Arbitre. Pouvoir d'agir ou de ne pas agir.
Voye^ ArbitrEj Liberté.
^fT Libre j fynonyme d'iNDÉrENDANT , Qui ne dé-
pend de perfonne. Cet homme veut demeurer libre.
Se ne dépendre de perfonne.
iCF Libre , par oppolition à Efclave. Llher, inge-
nutis. Il cil né libre , de condition libre. \}\\ Efclave
Maure ayant dérobé à Louis d'Avila , Général de
la Cavalerie légère de l'Empereur , un beau cheval ,
& s'étant fauve dans le Camp de M. de Guite , ce
Général lui envoya redemander l'homme & le che-
val : M. de Guife renvoya le cheval : mais pour
l'homme , il répondit , qu'4tant pallé en France, il
étoit libre par un privilège du Royaume. Brantôme.
et? Libre, par oppolition à Captif, prilonnier. lia
été long temps en prilon , dans les fers ; mais enfin
le voilà libre.
Libre , fignifie aulll. Qui n'eft nullement contraint,
nullement gêné ; «Se il le dit des perfonnes & des
difpofitions corporelles , & même des animaux j &
des choies inanimées. Il eft libre dans fa taille. Il a
la taille libre & aifée. Avoir une contenance libre ,
un air libre &c dégagé. Il a le corps libre îk agile , il
fait bien fes exercices. Ac. Fr. Ce cheval a l'air
libre & dégagé. Un globe a (on mouvement libre lut
fcs pôles •, une porte lur fes gonds. On dit aulli ,
qu'on a le ventre libre , quand on n'eft point conf-
tipé. Cette chute d'eau eft libre , n'eft point forcée.
53^ On dit qu'on a la voix libre , la parole libre ,
quand on n'a point d'empêchement dans la parole,
dans la voix.
ffT On dit que les fuffrages font libres , quand cha-
cun peut dire fou avis dans une Airemblée : que
ks chemins font libres , quand on n'y rencontre
aucun embarras : que la mer eft libre , quand on
peut naviguer lans craindre les ennemis , les Cor-
îaires , &c.
Libre , lignifie aulTi , Qui eft exempt de paillon. Ce-
lui-là. eft véritablement libre , qui te commande à
foi-même. Dac. Mon ame eft libre , &" exempte de
crainte. S. Evr. Mon co?ur eft/i^r<; de paillon. Boil.
^fT Libre de foins, de foucis , employé avec un ré-
gime , il fignifie la même chofe que délivré.
Heureux qui , facisfait de fort humble fortune ,
'L'ibiïç du joug Juperbe où je fuis attaché ,
i^it dans l'état obfcur où les Dieux l'ont caché !
Rac.
Libre, fedit aulll de ce qui eft dégagé de tout obfta-
cle , de tout préjugé. L'amour ne nous lallFe pas
des yeux aifez libres pour trouver des derauts dans
la perfonne aimée. S. Evr. L'Auteur eft demeuré
dans l'obfcurité, pourlaiffer les jugemens ^\ns libres
& plus équitables. P. de Cl.
Libre, lignifie. Imprudent, indifcret , licencieux.
j^quo liberior , licentior. Les femmes perdent leur
crédit , par les manières trop libres où elles s'éman-
cipent quelquefois. Bell. On interprète mal les
difcours trop libres qui vous échappent. S. Evr.
Libre en fes difcours.
Libre , fignifie encore , Familier , facile. Familiaris ,
popularis. Les perfonnes polies fe gardent bien de
fe rendre trop libres , & de fc famiiiariler avec les
Grands. Il hut être bien libre avec un homme , pour
lui emprunter de l'argent. Il a un libre accès , une
libre entrée dans cette maifon.
§C? Libre , s'emploie auffi comme fynonvme de
franc. Sincerus , aperçus. Mais la franchilc le tient
i
plus dans les jaftes bornes. L'homme libre , qui a
l'air libre , franchit plus aifément la barrière des
égards : il eft plus indépendant. S'il eft trop libre , il
devient audacieux. Ccït un elprit libre qui ne fait
point dillimuler.
La libre vérité fut toujours mon étude. Boil.
Il y a du plaifir dans le commerce d'une perfonne
qui a l'air hanc ëc libre , ôc qui vous montre fon
cœur par les paroles & par fes attions. M. Scud.
On appelle aulli un Etat libre, une République
gouvernée par des Magiltrats élus par des luftrages
libres. Status Democraiicus ; Democratia.. Les Grecs
& les Romains ont long-temps été libres. Le peu-
ple Romain ne fut moins libre pendant le gouver-
nement d'Augulte , que pour être moins léditieux.
S. Evr. On appelle en Allemagne villes libres , ou
villes Impériales , les villes qui ne lont (oumifes à '
aucun Prince particulier , & qui font gouvernées
par leurs Magiftrats comme des Répubhques.- Il y
avoit dans l'Empire Romain des villes libres : c'é-
toienr celles auxquelles l'Empereur , de l'avis ou de
l'agrément du Sénat , lailfoit la liberté de choifir
leurs Magiftrats , & de fe gouverner félon leurs
loix. Libéra civitates.
On appelle des vers libres , non pas feulement
ceux où il entre des paroles libres & deshonnêtes,
mais ceux qui font de raefure inégale , mêlés de
grands & de petits vers , & qui n'oblervenr pas la
même intercalation des mafculins & des féminins;
l'^erfus foluti. Les Italiens les appellent Verfi fàolti.
On dit à l'iraperfonnel , Il vou^ eft libre de taire
ce que vous voudrez , Tibi licet : il lui eft libre
d'aller où il lui plaira ; pour dire , vous pouvez
faire ce que vous voudrez -, il peut aller où il lui;
plaira.
On dit proverbialement à ceux qui s'excufent de i
faire quelque chofe j les volontés lont libres.
LIBRES, f. m. Nom de feéle. Liber, a. Les Libres
lont des hérétiques du XVP fiècle. C'eft une fede
Anabaptifte. Us prirent le nom de Libres , parce
que , fuivant le principe des A nabaptiftes , ils ne
reconnoilToient l'autorité d'aucune Puillance , ni
Eccléliallique , ni Séculière. Outre cela , les fem-
mes éroient communes parmi eux. Ils appeloient
les mariages inceftueux , des mariages fpirituels. Ils
défendoient aux femmes d'obéir à leurs maris , lort
qu'ils n'étoient pas Libres comme elles , mais d'une
autre feâe. Ils prenoient le nom d'hommes divinifés,
p.irce qu'ils croyoient que le baptême les rendoit
impeccables , & qu'ils enfeignoient qu'il n'y avoit
que la chair qui pèche. PratÉcle , au mot Liberi.
Jovet , T. L , p. 470.
LIBREMENT, adv. Avec liberté , fans contrainte.
Libéré , ingénue. Je vous ai parlé de cette aftairc
librement. Il ne faut pas parler trop librement des
Grands. La prudence ne permet pas de dire libre-
ment lom. ce qu'on penfe , de juger ù librement
des chofes.
Librement , fignifie encore , fins égard , fins cir-
conlpeiftion. C'étoit une maxime des Stoïciens ,
que le Sage dit les chofes librement ; c'eft-à-dire,
qu'il n'eft pas befoin de prendre tant de détours,
ni de chercher tant d'adoucilfement pour expri-
mer tour ce qui peut bleifer les oreilles délicates ,
& faire naître des idées obfcènes. S. Evr. Les
hommes qui aiment la liberté en toutes chofes ,
veulent donner leurs encens librement. Bell.
Librement , iîgnihe aulll , Familièrement , fans céré-
monie. Audacler. Ce Cavalier entre librement par-
tout. Dans ce fens librement fe prend aulli en
mauvaife part : Vous en ufez un peu librement,
c'eft-à-dire , avec un peu trop de familiarité.
lîO" LIBRIPENS. Terme d'Hiftoire Romaine. C'eft
le nom Latin de celui qui pefoit l'argent quon
donnoit aux ioldats pour leur paie. C'étoit propre-
ment le Fermier du poids public : celui qui tenoit
la balance , lorfqa'on émancipoit quelqu'un à prix
L I
p
1)
d'argent. Le Libripens croie encore celui qui te-
•noit la livre de cuivre dans la cérémonie de l.i
pailÀtion du Contrat de Vente appelé mandpaùo.
Mancipacio ou manc'ipatus , lignihoit aliénation de
fonds privilégiés aux citoyens Romains , qui le fai-
foit.avec les fonnalités rcquiles , en ic lervanc de
certains termes formels j en prélence d'un certain
nombre de témoins , & de celui qui tenoit la ba-
lance & pcioit l'argent. Dans ces occafions & dans
d'autres encore , l'argent le pcioit & ne fe comptoit
pas.
^S'LIBUM. f. m. C'clT: ainfi qu'on appeloic un g.i-
teau fait de farine , de miel & d'huile qu'on of-
froit aux dieux dans les Sacrifices.
LIBURNE. 1. f. B.ldment à rames dont les Anciens
fe fervoient : il alloit fort vite. Lïbuma. Suidas dit que
les Liburncs étoient des bâtimens qui fervoient
àla guerre. §CF C'étoit une clpèce de petit vaiileau ,
bon voilier dont fe fervoient les Liburniens. Il y
, en avoit à voiles <!<<: à rames. Horace l'appelle Li
burna , Suétone , Liburnicu , en fous entendant /wv-'J.
LIBURNIE. Nom de Contrée. Liburnia. C'étoit ancien-
nement une partie de l'iUyrie. En la prenant en gé-
néral , elle comprenoit le pays des Japides , &: s é-
tendoit le long de la mer Adriatique j depuis llllrie ,
. jufqu'à la rivière de Kerka ; qui la féparoit de la
Dalmatie. On met aujourd'hui dans ce pays , la Mor
laquie & le Comté de Zara ; mais la L'iburnie pnle
en particulier , ne comprenoit que cette dernière
■ Province , étant renfermée entre la rivière de Iver-
ka , & celle de Zcrmagna. Maty.
LIBYE. Nom de pays. Lihya. On donna ancienne-
ment ce nom à toute cette partie de l'Afrique , qui
eft au couchant , & qui a au levant l'Egypte iv' l'E-
thiopie , l'Océan Éthiopien au midi , l'Antlantique
au couchant , & la mer Méditerranée au nord. On
la diviioit en deux parties générales , la Libye in-
térieure ou ultérieure , étoit au midi , Se compre-
noit le Zara i la Nigritie & la Guinée. La Libye
citérieute ou extérieure , étoit vers le nord , & ren-
fcrmoit tout le Bilédulgérid Se toute la Barbarie. Ce-
pendant on donnoit quelquefois à la Libye exté-
tieure des bornes plus étroites , 5c alors elle étoit
entre l'Afrique propre &: l'Egypte , répondoit au
Royaume & au défert de Barca , & renfermoit la
Marmarique , la Cyrénaïque & la Libye extérieure ,
encore plus proprement dite , qui joignoit l'Egyp-
te , & qui eft maintenant la partie orientale du
Royaume & du defert de Barca. Maty.
La Libye Phéniciennne étoit une partie de ce
que nous appelons aujourd'hui Royaume de Maroc.
Elle fut nommée Phénicienne , parce que les Car-
thaginois y avoient envoyé Hannon avec foixante
galères à cinquante rames * pour y conduire des co-
lonies , &: la peupler. Marmol , L. I , c. 6.
La Libye Marmarique , ou Pentapolis , eft en
partie dans la province du Royaume de Tunis nom-
mée Zeb : elle avoit autrefois cinq belles villes , Bé-
rénice , Arfinoë , Ptolémaïs , Apollonie &: Cyrène ,
qui toutes ont été ruinées. MAR.iMOL, L. /j c. 6 .
Ce nom de Libye vient du Latin Libya , qui eft
formé du Grec Atiiy,. Selon S. Jérôme, la Libye a
pris fon nom de Laabim , fils de Mifraïm. Gen. X,
13. Selon d'autres jil lui vient de Libye , femme de
Neptune.
On dit les fables jde la Libye , pour marquer un lieu ,
un pays extraordinairement chaud , aride. Ce l'ont
les fables de la Libye ; ce pays cil: fec comme les
fables de la Libye.
Libye, f f. Nom d'une femme. Libye. Libya. C'eft
elle, félon la Fable j dont la Libye a pris (on nom.
Libye étoit fille d'Épaphus & de Calfiopée. Natalis
Cornes , L. H. Mitkol. c. i _, dit qu'Épaphus fut
l'époux de Libye , & non pas fon père , 6c qu'il bâtit
Memphis. Il rapporte au L. VILL c. i. qu'Ifrcius
dit que l'Océnn, outre Thétis, eut deux autres femmes^
Parther.ooc & Pampholyge, & que de Pampholyge
il en; deux filles, Afie & Libye\ mais je ne trouve
nulle part que Libye fût fille de Memphis, & par elle
Lie 5-17
fille du Nil , comme on l'a dit dans le Moréri.
LIBVEN , ENNE. 1. m & f. Nom de peuple, habitant,
originaire de' Libye. Lihys. On croit que ce (ont les
Laabim , ou les dcfccndans de I,aabiin , dont il eft
parié , 6^t;/2. X. 13. Voyez ci deiîus Laabim. Héro-
dote dit que les Lybiens n'.idoroient aucun autre dieu
que le Soleil i!>c la Lune.
LIBYQUE. .adj. Qui appartient à la Libye. Libycus.
L I C.
LICANIENS. f. m. pi. Sorte de Troupes irrégulières
de l'armée de la Reine de Hongrie , dont les Gazettes
parlent (ouvent.
LICANTHROPE. Foyci Lycanthrope.
LICAR. (. m. Nom d homme. Glycerius , Licerius.
Saint Licar , que d'autres appellent Saint Lizier ,
Saint Lézer & Saint Licer , tic plufieurs même par
corruption , Saint Léger , étoit Elpagnol de nailLance.
Baiilet , au fcptième d'Aùùc II fut élu Évêque de
Conierans en 504. & fut le fécond de cette ville.
En J06. il allîfta au fameux Concile d'Agde, & mou-
rut vers l'an 548.
Ci3-LICATE. (la) Leocafia. Ville de Sicile, dans la
valée de Noto , avec un port fur la côte méridio-
nale.
LICE. f. f. Champ clos , carrière où combattoient les
anciens Chevaliers, foit à outrance, foit par galan-
terie , dans les joutes & tournois. Stadlum , curricu-
lum yCarceres. On l'appcloit ainfi, parce qu'il étoit
fermé de barrières , ou de pieux é'c de toiles. On a
inventé en France les Liccs doubles , afin de faire
courir les Chevaliers l'un d'un côté, & l'autre de
l'autre , &: afin qu'ils ne fe pullént rencontrer que du
bout de leurs lances; ce qui étoit moins dangereux. Ce
Chevalier ("e préfenra pour entrer en lice. On dit , tant
au propre qu'au figuré , qu'un homme fuit la lice ,
quand il évite le combat , ou la difpute. Il n'ofa
entrer en lice avec ce fivant homme. Maucroix.
C'eft-à-dire , au figuré , s'engager publiquement dans
quelque conteftation.
Lice , fe dit auflî de la barrière qui borde la carrière
d'un manège , & d'un gardefou de pont de bois. Da-
VILER.
Lice , fe dit auftî d'une fimple carrière à courre la
bague , <k. à difputer le prix de la courfe. Hippo-
dromus.
Du Cange dérive ce mot de lieu, qu'on a dit dans
la balle Latinité pour des clôtures de camp , ou de
villes , parce qu'on le^ faifoit autrefois de cordes
entrelailées ; ou de iijld , quia campum claudebant
injlar Uftarum panni.
Lice , forte de fabrique de tapiirerie , qu'on appelle de
haute-/ice , quand le fond fur lequel les ouvriers
travaillent , eft tendu du haut en bas ; Se de balle lice ,
quand il eft couché tout plat. On dit aulîi abfolumenc
une haute7ice , unebalîe-/ice, pour dire, une t-ipiffe-
rie de haute-/ice, de baife /ice.
Eafte - Lice , Haute - Lice. A Bruxelles & aux Gobe-
lins à Paris il y a deux farous de frire la tapilferie ,
toutes les deux ditterentcs de la pratique ordinaire :
l'une fe nomme la BalFe/ice, & l'autre laHaute/ice.
Pour la balle lice , la chaîne eft tendue fur un chalîis
déroute la longueur de la pièce; elle eftd'elbme ou de
laine torfe blanche , le patron eft pardeflus , & l'Ou-
vrier en voit le delfein au travers de la chaîne. L'Oi;-
vrier tient des bobines de foie ou d'eftame , fuivant
la pièce , de différentes couleurs ; avec les doigts d'une
main il lève le fil qui répond à la couleur du defteiii
qui eft delfous , & de l'autre main il fait palier la
bobine de cette couleur , & frappe ferme les fils avec
un peigne d'ivoire. Dans plufieurs de ces_challîs la
chaîne palfe , comme dans le métier de 1 ilTerand , au
travers des lices &c des marches , & l'on ouvre les fils
de la chaîne pour jetterla navette , qnandil faut fliire
un long trajet, comme pour les fonds, lescolcnnes j
les grandes élévations.
Dans la haute /ice la chaîne eft fuivant la pièce ;
le patron eft droit par derrière, & le trait eft tracé
5i8 Lie
en charbon fur le licvant de la chaîne. L'Ouvrier a
le clos au jour pour mieux voir le patron ; il lève
les tiis l'un après l'autre , il palle la- bobine comme
dan? la balfc-Zicd , & frappe ferme avec le peigne.
Tout ce travail elf prefque aullî long que le travail
à l'aiguille , Se les Ouvriers qui y font occupés font
payer chèrement les connoiilànces qu'ils doivent avoir
de la peinture , & leur habileté pour bien nuancer
les couleurs. Trun/aJi. Phi/. 1741. p. 146.
Lice , femelle de chien de Challe , defbnée a faire race.
Canïs vcnatka proIcmna.Vne bonne /ice. Faire cou-
vrir une /ice. Une //te nouée ^ c'elf-à- dire j une lue
pleine. P^oye^ Lyce.
^LICENCE, f. f. Vieux mot, fynonymede permil-
iîon. Dans ce fens , il eft vieux. Il a fait cela , lans
la licence de fon Supérieur. JulHnien avoir ordonné
que l'on palleroit quatre ans dans l'étude des Loix.
Ceux qui avoicnt latisfiit à cette obligation , étoient
dits avoir licence & permillîon de i'e retirer des étu-
des. C'eff de- là que ce nom ell venu dans ce iens.
^oyei Hotman, & Marfillius Patavinus, Defenfor
.pacis,Part. II. c. 1 1.
Licence , fc dit aullî de l'abus de ces permilîîons , qu'on
étend trop loin ; ou de la hardielfe , ou de la liberté
.qu'on prend foi-mème. Licencia. Vous prenez un peu
trop de licence. Cet homme s'émancipe de plus en
.plus , &C prend toujours quelque nouvelle^ licence.
•Vous vous donnez lo. licence At glofer fur l'Ecriture,
& de l'interpréter à votre mode.
Licence lignifie aulîi , libertinage , dérèglement dans les
moairs , dans les aétions , dans les paroles , &C dans
toute la conduite de la vie. Libido , nimia liccnda.
Eien ne peut réprimer la licence de la jeunelle.
Enfin de la licence on arrêta le cours. Boil.
Abandonner une ville à la licence du Soldat.
Aelanc. Les âmes pieufes gémiirenr profondément
lur la corruption & la licence eftrénée du liècle.
Jicss. Dès que la licence n'a plus de frein , les Sec-
tes fe multiplient à l'infini , & l'opiniâtreté ell in-
vincible. FlÉch. Arrêter la licence par la terreur du
fupplice. Pat. Si on ouvre la porte à la licence ,
comment fe défendre de la calomnie? Id. Il étoit
armé des Loix pour réprimer la licence. FlÉch. Les
mauvaifes habitudes' qu'il avoir contradées à la
Cour , fe fortifièrent parmi la licence des armes.
BoUHOURS.
Et jamais on lîa vi^la timide innocence ^
Pajferfubitement à l extrême ïicenct. Rac.
|tcr En morale , ce terme exprime une liberté trop gran-
de , contraire au refpecl , à la retenue , en général
aux loix des mœurs. Dans les arts , c'eft un relâ-
chement qu'on fe permet contre les loix de ces
arts.
IJCr Licences, en Peinture , font des hbertés que pren-
nent les Peintres de fe mettre au-dellusdcs loix de la
perlpecT:ive & des règles établies par l'ulage. Il y a de
g.randes licences dans un tableau.
Licence Poétique , eft une liberté que prend le Pol'te ,
contre les règles du langage , ou de l'Art. Il ne faui
pas prendre un déréglemenr d'imagination pour une
licence poétique. S. EvR. Ce que vous appelez /ice/zce
poétique, eft une fiute que vous excufez fous ce
nom-là, pour impofer au public. G. G. Ancienne-
ment on donnoit aux Poëtes des licences infinies.
En prenant les divers dialedtes de la langue Grecque ,
ils pouvoient alonger un mot s'il étoit trop court , &:
raccourcir s'il étoir trop long : mais on vint peu à peu
à reconnoîtrc le ridicule de czs licences , elles furent
retranchées 1-es unes aprè.s les autres , & les Poëtes
dépouillés de leurs privilèges. Font. Nos vieux Poètes
failoicnt de la Langue ce qu'il leur plaifoit , & l'allu-
jettifloient à tous leurs beloins , & même à leurs ca
priées. Et data Romanis renia efi indigna Poctis.
Quoique , à patlcr en général , la Poëlie ait plus de
. liberté que la prol; , les licences poétiques doivent
L I C
avoir des bornes. Les bons Poëtes ne fe difpenfcnt
point des règles de la Grammaire , &: ne fe periucttcnt
rien contre la langue , quelque liberté qu'ils donnent
à leur imagination.
Licence , en termes de Mufique , fc dit des diffonances
& de ce qui eft contre les règles & les progreifions
naturelles de l'harmonie. Dès que la balle londair.en-
tale defcend de feptième ou monte de féconde , ou
commence à appercevoir de la licence , quoique la
dillonance puille y être préparée&: fauvée d'une coii-
fonance. Cependant cet intervalle devant toujours fon
principe au bon goût plus qu'à la nature , puifqu'il ne
fc trouve point dans les opérations les plus naturel-
les , failant partie du corps harmonique , de même
que les autres intervalles qui compofent raccord
partait, c'cft aulli de lui leul que provient la /icewe;
en quoi ceux qui difent que nous ne devons la li-
cence qu'au bon gotit , font bien plus excufablesqua
ceux qui, lans écouter la raifonni l'expérience, re-
jettent toutes les licences qui ne tombent point fous
leurs fens. C'eft donc dans cette progrelîîon de la
balfe tondamenrale^ en defcendant de feptième, ou eri ^
montant de féconde, que la /ice«ce commence à s'ap- j
percevoir , puifque la cadence rompue en eft formée-,
interruption qui choque l'oreille en quelque frçon ;
car c'eft dans le même moment où la concluhon dé- j
lirée femble devoir le faire fentir par une cadence par- j
faite, que l'oreille eft furprife par cette interruption.
Or cette furprile ne provient que de ce qu'on s éloi-
gne du naturel , Ik l'on ne peut s'en éloigner que par
licence. De plus , li la progrcllIon n.;ture!le à la balfe
fondamentale eftdedel'cendrede tierce^ de quinte. Se
même de feptième, pour faire paroitre la diiionance
préparée & fauvée , nous devons encore attribuer à la
licence les progrelUons renverfées de ces premières,
où la dillonance peut être entendue lans préparation.
En un mot , tour ce qui s'écarte de ce principe naturel,
f oir dans les premières progrellions , foit dans la lup-
polition ou dans l'emprunt du fon fondamental , foit
dans l'altération de nos deux accords fondamentaux,
tout cela, dis je, ne peut être attribué qu'k h licence.
Rameau.
Licence , fe dit aullî des Lettres qu'on prend dans les
Univerfités, tint en Théologie, qu'en Droit, (5c
en Médecine , c'eft le degré qui donne le droit de
lire & d'enfeigner publiquement en vertu des Lettres
que l'on en obtient , &: que l'on appelle Lettres de
Licence. Diploma , \el Litters. relationis in album
Doclorum. Les Ecoliers de Droit vont prendre leurs
licences à Orléans , à Bourges. Il faut communiquer
fes licences , pour être reçu Avocat.
Licence, en Sorbonnne , eft un temps de deuxannces
que les Bacheliers palignt à aiîîfter aux Actes , & à
y difpurer , avant que* pouvoir obtenir le degré de
Licencié. La licence s'ouvre de deux ans en deux
ans. Il eft entré en licence de cette année. Ils font
tant de cette licence. Il y a aulîl de ces licences en la
Faculté de Médecine , & dans celle de Droit.
^LICENCIEMENT. C m. Dans l'art militaire, eft
l'aclion de congédier & de renvoyer des rrouçes ,
dont on n'a plus beioin. Alilitum mijfio , dimiffio.
Quand la Paix eft publiée, on fait le licenciement
des Troupes. Après le licenciement des Troupes , il
ordonna que , &c. Ablanc.
IfT LICENTIER. v. a. Milites mijfos facere. C'eflcon.
gcdicr en tout ou en partie, tenvoyer les troupes
dont on n'a plus beioin, les congédier de lonler\'icc.
Après la paix on licencie ordinairement une partie des
troupes.
^CFSe Licencier, v. récip. Qui fignihe engénéral , fortin
des bornes du refpeél, du devoir de la retenue de la .
modeftie , &c. S'émanciper. Audere , fibifumere. Se
licencier en paroles. Se licencier à des paroles hardies.
Se Hcencier]\x(quï taire, jufqu'àdire. Plus elles cher-
cheront à s'émanciper & à fe licencier , plus elles fe-
ront expofées aux mécontenremens & aux ennms.
B0URDAL0UE , £.v/7. T.I.p. 22. J.
Licencier , lignifie aullî , donner le degré de licence.
Jn album. Doclorum. referre , adfcribere. On a licencié
L I C
cet Ecolier à Orléans. Cet autre s'cft fait Ikaiclcr à
Poitiers.
LICENCIÉ , ÉE. part.
Licencié, f. m. Celui qui a obtenu le degré de la
licence. Lïcentiacus. Prcfque tout les Officiers de
Judicature d'Efpagnc , ne loin connus que ious le
nom de Licenciés. Pour obtenir le nom de Doc-
teur, ou de Licencié en Droit-Canon , en Droit-
Civil , ou en Médecine , il hut avoir étudié fept ans ;
Se pour le degré de Licencié , ou de Dodteur en Théo-
logie, dix ans.
LICENCIEUSEMENT, adv. D'une manière licemieu-
■ le, déréglée. Immodcracè , jujîo licentius. Retirez-
vous de cette mailon , on y vit trop liccncieufcment.
Je me fuis prêté licencieufement &: inconfidérément
au deiïr qui me piquoit. Mont. J'ai permis à mon
cfprit de penCcr /icencieufcmcnt Cm les matières de la
Religion. S. EvR.
LICENCIEUX , EUSE. adj. Qui prend trop de liberté ,
Se de licence ; qui fort des bornes du devoir ,' du ref-
peét, de la retenue, de la modeftie , &c. Juflofolunor,
&quo libtrior. Ce jeune homme ell licencieux en pa-
■ rôles, il dit des chofes trop hardies , files , impies,
■ & trop licencieujcs. Il mené une vie libertine & Liccn -
cieufe. Pertinax , vigoureux défenleur de la difcipline
militaire , fe vit immoler à la tureurdes loldats licen-
cieux , qui l'avoicnt , un peu auparavant , élevé ,
malgré lui, à la fouveraine puillance. Bossuet.
LICER. Voye-^ Licar,
LICER ( Saint ) , ou Saint Lizier de Conférans. Lice-
rium Conforanum. Petite ville de la Galcogne en
France. Elle ell capitale du Conférans , &c lituée fur
une petite rivière , à {ept lieues de Saint Bertrand de
Comminges , vers le levant.
LICERON. Foyei Lisseron.
LICH, ou LICHA. Nom d'un bourg de la Wettéravie,
fitué dans la partie orientale du Comté de Solms , fur
la rivière de Wetter , à deux lieues de la ville de Giel-
fen , & un peu davantage de celle de Butzbach. Li-
cha. Maty.
LICHARDER. v. n. Vieux mot. Prendre les meilleurs
morceaux de la table.
LICHE. f^oyei Laodicée.
LICHEFRION. f m. Nom d'une force de poire. Foye^
LANSAc,c'efl: la mêmechofe.
LICHEN, f m. C'eft le nom que les Botaniftes don-
nent à une eipèce de plante parafite , qui vient iur
l'écorce des arbres, qui eft faite comme uneelpèce de
croûte mêlée de jaune & d'un blanc-laie. M. de Rel-
ions dit que les plus dangereufes des plantes parafi-
teSj font les lichens. Ils empêchent tellement l'arbre
de profiter , que fi l'on n'y peut remédier en raclant
ces lichens , & en incifant l'écorce jutqu'au bois , il
vaut autant l'arracher. Les lichens viennent aullicon
tre les murailles ; ce qui ternit la blancheur des pier-
res &c des plâtres dans les bâtimens. Ces lichens font
fouvent imperceptibles , ou du moins fi fins , que
M. de Réaumur dit qu'il en a découvert fur des murs
qu'on auroit crû fimplemcnt charbonnés ou enhi-
més. Ceux qui viennent (ur les arbres iont beaucoup
plus grands. On s'en lert contre les dartres, d'où ils
ont tiré leur nom ,parceque ladartre s'appele en Latin
lichen. ^fT Ce n'eft: qu'improprement qu'on peut
appeler plantes parafltes , les moulles , les lichens.
Fbye^-cn la railon au mot Parasite.
Lichen de Grèce. Plante propre pour la teinture en
rouge, qui fe trouve communément Iur les rochers
d'Amorgos Se Iur ceux de Nicourio , qui (ont des
îles de l'Archipel. On s'en fert à peu près comme
on fait eiî France de la pérelle d'Auvergne. Cette
plante croît par bouquets grisâtres , longs d'environ
deux ou trois pouces, divifés en petits brins, pref
que aulfi menus que du crin. Ces bouquets (ont par-
tages en deux ou trois cornichons courbés en faucille ,
deiies à leur naillance, mais épais à leur extrémité,
qui eft quelquefois terminée par leurs pointes ; car ces
cornichons font garnis dans leur longueur d'un rang
de balîîns plus blancs que le refte : toute la plaute eft
Lie yio
folide , blanche , ôc d'un goût falé. Lichen Gucus
polypoides cinclorius. '
LIClli-ELDE, LISFELDE, LICHFIELD. Nom d'u-
ne petite vilied'Angleterre. Lichefeldia. Elle cftdans
le Comté de Staiford , entre la ville de ce nom , tic
celle df Coventer , à quatre lieues de la prcmiè'rc,
& à fix de la dernière. Lichfeldc e(l lituée le bord
d'un marais, qiii la couvre du côté du couchant:
elle a un Evcché fuiFragant de Cantorbèry. On voit
près ai cette ville le lieu nommé le Wal , .\i font
les ruines de l'ancienne Oacecum , ville des Corna-
viens. Maty. M. de Lïdc ùcriz Lichfeild.
LICHl. Foye-^ Litchi.
IfT LICHING. Ville de la Chine, dans la Province de
Xanlîj au département de Lugan.
LICHO. Nom d'une petite rivière de la Natolie. Lycus.
Elle coule près de Bambucale &c d'Efchihiilar ,
do.'U le premier eft fur les ruines de l'ancienne
F.iérapolis , tk. le dernier fur celles de l'ancienne
Laodicée, & peu après elle fe décharge dans le Ma-
dré, Maty.
LICHESTENSTEIN. Ville de Suilfe , dms le Toc-
kenbourg. C'eft-Ià que s'allemble le Confeil de
Tockenbourg.
LICTEMBERG. Château de France dans la Balfe-
Alfice , au Diocèfe de Strasbourg , à cinq heues de
Haguenau.
LICIÈRE. L f. Nom d'une Sainte que l'on honore
à Sens. Liceria. M. Chaftelain en parle au 6. de
Janvier.
§:?LICIN. Ville de la Chine, dans la Province de
Xantung , au département de Cinan.
LICINIA, LICINIUS. f f. Nom d'une famille Ro-
maine. On retient toujours ces noms Latins dans no-
tre langue. Licmius , Licinia. La famille Licinia.
L'empereur Licinius. Cralfus Calvus , Mutianus ,
MurxnajProculusStolo, Sura,font des furnomsdes _
Licinius , ou de la famille Licinia. La ftmille Licinia.
n'étoif que Plébéienne, mais une des plus lUullres
entre les Plébéïennes. Elleétoit divifée en deux bran-
ches. Il faut dire Licinius , &c non pas Licinien , 8c
au pluriel les Licinius j & non pas les Liciniens ;
autrement , on ne met point de diftérence entre Lici-
nius Se Licinianus.
LICIJATION. f f. Terme de Jurifprudence. Adrion
qu'on pourfuit contre des copropriétaires d'un héri-
tage pollédé par indivis, afin que la propriété en appar-
tienne à un feul , en rembourfant ou dédommageant
les autres; ou afin que chacun obtienne la part qui lui
appartient en fon jufte prix & valeur , fuivant qu'il
lera eftimé ou enchéri en Juftice. Vente d'une im-
meuble qui appartient en commun à plufieurs copro-
priétaires ou cohéritiers , Se qui ne peut fe partager
commodément , ou que l'on n'a pas voulu partager.
Licitatio. Ls. iicication Çt çtm fiirc à l'amiable fur des
eftimations laites par Experts convenus, ou à la ri-
gueur en Juftice j par des enchères 8c une adjudication
dans les formes.
LICITE, adj. m. & f. Qui eft permis par les Loix. Li-
citus, conce£us. Le trafic ne fe doit faire qu'à des con-
ditions honnêtes Se licites. L'intérêt d'une rente n'eft
licite qu'au taux du Roi. Il n'a guère d'ufage que dans
le Didadrique.
LICITEMENT, adv. D'une manière licite , fans aller
contre la Loi. Jure , falvis legibus. Les Prêtres peu-
vent prendre licitement quelque rétribution pourleurs
Melfes , félon la taxe de leur Diocélain.
LICITER. V. a. Terme de Jurifprudence. Pourfuivre la
vente & adjudication d'un bien polfédé par indivis
par plulieurs , & qui ne peut commodément fe par-
tager. Zicirari. Ces cohéritiers fe brouilloienttoujours
dans le partage des loyers d'une mailon commune,
ils ont été contraints de la iiciter entr^eux , ou de
la faire liciter en Juftice. Faire liciter une charge,
LICITE, ÉE. part.
LLCIUM. f f Terme Latin, dont les Antiquaires fe
fervent en notre langue. Licium. Le Licium étoit.uiie
ceinture que portoient les Officiers établis pourexé-
cuter les ordres des Magiftrats, comme l'apprend
5^20 * Lie
Apulée dans foii Apologie-, &c c'eftdc-là, fclon le
même Auteur qu'etok venu le nom de Licteur.
JouRN. DES Savans ni4-P-39S- Cet habilement
des Licteurs , appelé Licium , étoit de dittcrentes
couleurs , comme on le voit par un pallage de 1 e-
trone. Nec longe àprdtone Afcdtos jïabal :, aniidus
veftedifcolorià , acque in lance argenteâindicmm à/Ji-
dcmprAJerebac. Id.
LICO , LAGO LICO. rbye? LiASTo.
LICODIA, Nom d'un bourg de la Sicile. Licodta.
U eft vers le milieu de la vallée de Noto , près de la
foLircedu Drillo, àdouze lieues de SuacuLe, du cote
du couchant. Maty.
LTÇOIR. (. m. Foyei Lissoir.
Ip- LICOL. Fojf? Licou. ' , ^ TTTr-DTM
LICOLA LAGO DE LICOLA » ou le Lac LUCRIN.
Lucnnùs , Se Bajanus Lucas. C'étoit anciennement un
lac renommé par la grande quantité d excelenspoil-
fons qu on y prenoit. L'an 1558 un tremblement de
terre y éleva une montagne de cendres ; Se changea
le rerte en un marais qui ne produit plus que des
lofeaux. On donne aulli le nom de Lkola aux vel-
ti:;es d'un canal, que Néron avoit entrepris de
foke , depuis le golfe de Pouzzol , julqu'a la ville
<l'Oftie.
LICONDA. r-rye? LarcudiA.
LICORNE, f. f. Monoceros , umcomis. La licorne le
•n-ouve feulement dans l'Afrique. Son vrai pays elt
dans la Province d'Agoas , au Royaume desDamotes,
en Ethiopie. C'elf un animal fort craintif qui le retire
dans les bois, & qui pourtant le haCudequelquetois a
venir dans la plaine. Il a une corne blanche au milieu
du front de cinq palmes de longueur. Il elt de la
grandeur d'un cheval de la médiocre taille , d'un poil
brun , tirant fur le noir , ayant le crin court peu four-
ni cS: noir, aulli bien que fa queue. Le P. Lobo dans
fes Voyages rapporte plulieurs témoignages de gens
qui en ont vu ; Se c'eft ainh que l'a décrit Vincent le
Blanc dans fon voyage d'Afrique: mais cet Auteur elt
fort fufped, aulli bien qu'André Thevet, qui cent
que le Roi de Monomotapa le mena a la chalie de la
licorne , qm eft fréquente , dit-il, en fon Royaume i
■& qu'il lia ht préfcnt de deux cornes àt licorne, quil
rapporta en France , dont il en donna une aii Roi ,
& qui eft celle qu'on voit au Trélor de Saint Denis;
& il croit qu'elle vient des dents d'éléphant travail-
lées par les Ouvriers. Il y en a une tort grolle à Stras
bourg de fept à huit pieds , qui eft tortillée. Toutes
celles du Tréfor de Venife font diftérentes : Phnedit
que le premier qui a écrit de la licorne , eft un nomme
Créfuis , qu'Ariftote dit être un Auteur fort (ulpeét.
Elicn n'en parle qu'en doutant , André Mann, Mé-
decin de Venife a tait un Traité c^e la taulle opinion
de la licorne. Les autres Auteurs qui en ont écrit ,
font Philoftrate & Solin , i€neas Sylvius , qui eft le
Pie IL Marc Paule Vénitien , Alœlius Cadarauftus ,
Louis ds Berthame dans fon Voyage d'Ethiopie,
Gefner , Garcias ab Horto , &c. Les uns dilent ,
qu'elle reflemble à un cheval , ou poulin , les autres
à un âne , les autres à un cerf, ou à un bouc par la
barbe , les autres à un éléphant , les autres à un rhi-
nocéros , les autres à un lévrier. Munfter &c Thevet
difent que c'eft un amphibie , vivant dans l'eau &lur
terre , & que la corne eft mobile félon la volonté de
l'animal. D'autres difent que fa force conlifte enta
corne , & que quand elle eft pourfaivie par les Chat
feurs ,' elle le précipite du haut des rochers , &c tombe
fur la corne, qui foutient tout l'eftort de ia_ chute ,
en forte qu'elle ne fc fait point de mal. Enfin, tous
les Auteurs rapportent diftéremmcnt la figure & l.i
couleur.tant de l'animal que delà corne, cV de toutei
fes parties. C'eft pourquoi les plus fenfés tiennent que
c'eft un animal fabuleux. Les Latins l'ont appelé
unicornis , & les Grecs ^«•'"''-^f'"^ Mais on a trouve aux
Indes plulîeurs animaux qui n'ont qu'une corne ,
comme vaches, taureaux, chevaux, .ânes, chèvres,
daims , &c. LaPeyrére en la Relation de Groenland ,
dit que ce qu'on croit corne de licorne , eft une dent
d'un gros poillbn nommé par les Illaudois narwal ,
L I G
& dans d'autres lieux roban , qui fe trouve dans I;i
mer Glaciale , qui a fourni abondance de ces coi nés
dans les cabinets des Curieux. Même Charras dans fa
Pharmacopée , fe vante d en avoir une qui fupallc en
longueur & en groftèur celle du Tréfor de Saint De-
nis. La plus belle qui ibit aujourd'hui en France , eft
celle quietoit au Collège des Jcfuites de Paris. Cette
corne fort du milieu du devant de la mâchoire lupé-
rieure de ce grand poifton , où elle a environ un pie
de long de racine aulli- grolle que la corne même.
Elle lui fert même d'arme & de défcnfepour atta-
quer les plus grolles baleines , Se il la poulie avec
tant d'impétuolité, qu'il en peut percer un fort gros
vailleau. Paul Louis Sachfius , Médecin , fait la def-
cription d'un monftre marin qu'il appelle Unicorne ,
ou Monoccros , qui eft une efpècc de baleine qui vit
de cadavres , qu'on pêche fur les côtes d Ifland &:
Groenland, dont la corne eft lalcule dent qu'il a en la
mâchoire fupérieure, qui eft tournée, cannelée , Sc
terminée en pointe. Celle que vit cet Auteur , étoit
de neuf pouces de long.
Les Anciens ont cru que la corne de la licorne
fert de contrepoifon ; & qu'elle la trempe dans l'eau
pour l'épurer , quand elle veut boire. Sa rareté tait
qu'on lui attribue plulieurs propriétés en Médecine.
Mais il eft conftant , comme l'a fort bien prouve Am-
broilé Paré , que c'eft une pure charlatannenc; Se d dit
qu'il a expérimenté que toutes les qualités qu'on lui
attribue, font ftuftcs, quoique les Marchands aient
mis fon prix fi haut , qu'un Allemand en vendit une
douzaine , mille écus , au Pape , au rapport d'Andrc
Racci, Médecin de Florence-, .Se que dans les bouti-
ques la livre de leize onces ait été vendue jutqu'à i^^6
écus, en un temps où le même poids de l'or n'en va-
loir que 14S. Le Conciliateur dit que la licorne [\ie
en préléncedu n.ipellus , ou d'une vipère, ou d'un
fiel de léopard ; ce qu'elle ne fait point en préfen-
ce des autres poillbns : mais cela eft encore fabu-
leux
On trouve dans le Traite d'Anfelme de Boot les
principales oblervations qui peuvent être tirées des
Anciens fur la licorne. Il remarque que le nom de
Monocéros , qui répond à celui de licorne , ou plutôt
qui eft le nom Grec de licorne. Se fignifîe un animal
qui n'a qu'une corne ; quece nom, dis-je, eft com-
mun à cinq animaux ditférens, qui font : 1°. Les
bœufs des Indes , décrits par Pline. z°. Le rhinocé-
ros. 5°. Le monocéros décrit aulli par Pline , com-
me un animal de la t.ulle d'un cheval ; mais qui a la
tête l'emblable à celle d'un cerf, les pieds comme
l'éléphant, & la queue comme le fangUer. 4°. L'ane
des Indes, dont Phne a parlé. 5°. L'oryx qui a la
corne fendue , dont il eft fait mention dans Aiiftote,
dansElienSi dans les autres NatùraUftes. De ces cinq
animaux , le monocéros eft la licorne : car , félon le P.
Lobo , Se d'autres Jéfuites qui en ont vu. Se qui citent
plulîeurs Portugais qui en qnt vu aufll , la licorne eft
un animal de la grandeur d'un cheval de médiocre
taille , d'un poil brun , tirant fur le noir , avec une
corne droite, longue de cinq palmes , d'une couleur
qui tire fur le blanc. , ^ , , /• • j 1
|t? Les Auteurs ont débite tant de fables au lujet de la
licorne , qu'on feroit tenté de la regarder comme un
animal fabuleux , fi le témoignage du célèbre Picard,
qui afTûre que c'eft un poillbn qui te trouve dans la
mer du Nord , ne nous faifoit au moins lufpendrc
notre jugement. Dans fon voyage d Uranibourg, fa-
meux obfervatoire bâti par Tycho Brahé , il lacontc
qu'entre autres curiofués , il vit à Rofenbourg , Châ-
teau du Roi de Dannemarck , un trône hit entière-
ment de ces fortes de cornes que l'on dit communé-
ment être de licorne , & dont il y en a une dans le
tréfor de S. Denis en France. La vérité eft , dit-il , que
c'eft la corne d'un poillbn qui fe trouve dans lamer du
Nord. , - - ,,• r
La licorne , en ternies de Blafon , fe reprelente pal-
faute, quelquefois rampante-; Sc l'orfqu'clle eft en
action , on la dk /aillante.
LICOSA. Foyei Leucosa. ycOSTOMO,
L I D
LICOSTOMO. Nom d'une ancienne petite ville de la
Thellàlie,lîtuéefur le Pcnéc; près de fon embouchure
dans le golfe de Salonichi. Scolujja j Scolufa. Elle a
un Êvcclié liiftiagantde Larille. Matv.
LICOU , ou LICOL, r. m. Le prcmiei" elt le plus ufiré.
Une têtiéie montée d'une longe de cuir pour attacher
les chevaux , mulets , ou autres bêtes au râtelier ,
quand on les a débridés. Capijlrum. On tait les licous
de chevaux de cuir de Hongrie ; ceux des ânes, ou
des chevaux de louage , de fimple corde.
On dit qu'un homme traîne Ton licol ; pour dire.
Que tôt ou tard il fera pendu , à caufe de fes mau-
vaifes aélions.
Ce mot vient à Uganda colla , comme qui diroit
lien du col.
LICTEAU. roye^ Liteau.
LICTEUR, f. m. Huilîicr qui marchoit devant les pre-
miers Magiftrats de Rome , portant des haches enve-
loppées dans des faifceaux de verges. Lictor. Il faifoit
l'Office de Sergent &c de Bourreau. Les Coriluis
avoicnt douze Liclturs. Les Proconfuls, les Préteurs ,
& autres Magiftrats en avoient feulement fix. Le Pré-
teur de la ville en avoitdeuxj mais cjuand les Didta-
' teurs paroilfoient en publie , ils étoient précédés de
vingt-quatre. Us étoieint toujours prêts à délier leurs
faifceaux , foit pour fouetter , foit pour trancher la
tête aux condamnés. Romulus fut le premier qui les
inftitua , comme le dit Plutarque. Ils fontainfi appelés
à Uganda , parce qu'ils lioient les pieds & les mains
Ats criminels avant l'exécution. Comme il n'étoit per-
mis à perfonne d'entrer dans une maifon étrangère j
le Magiftrat nommoit un Licteur pour accoinpagner
celui qui vouloir y aller chercher ce qu'on lui avoir
volé. bip. L. 3.D. de fugïtïvïs. Journal des Sa-
VANS 1714./^. 3ÇS- L'habillement des Zii:7t;:/M , s'ap-
peloit /idu/72 j & c'eft delà , félon Apulée , qu'étoit
venu le nom de Licleur. Foyci Jean Vaii Water,
Obfervadon. Juris Rom. Libri très , &c.
M. Bombardini , dans fon Traité de Carcere , impri-
méàPadoueen 171 3. a parlé fortaulongdesZiSei^w,
dont la charge étoit d'arrêter ceux qui dévoient être
mis en prifon. Il prouve qu'ils étoient de race d'affran-
chis i qu'ils s'appeloient Licteurs , de ligare , lier;
qu'ils n'eurent la charge d'arrêter les Pritonniers ,
qu'autant que la République fubfifta , &. que fous les
Empereurs c'étoient les Soldats du Prince qui faifoient
cet office. '
LICTI. f. m. Nom d'un arbre du Chili en Amérique.
Liflium. Le Licti eft fort commun au Chili. Sou om
bre fait entier , dit-on , tout le corps de ceux qui
dorment delfous. Pour fe guérir de cette entiure ,
on prend d'une herbe appelée Pelboqui , efpèce de
Liferon , ou de lierre terreftre , ou de Therba mora
qu'on pile avec du fel , l'on s'en frotte , &c l'enflure
patle en deux ou trois jours fans qu'il y paroiire.
, FrÉSIER j/7. /j.
LICTU. Foyei Liuto.
L I D.
LIDA. Nom d'une petite ville avec une Ch.îtellenie &
Citadelle. Lida. Elle eft dans le Palatinat de Troki , en
Lithuanie, fur la petite rivière de Dzila , à dix-fept
lieues de la ville de Troki , du côté du midi. Lida fut
prefque entièrement ruinée par les Mofcovites l'an
1658. Maty.
LIDDE. Lidda. Ancienne ville de la Paleftine , dans la
Tribu d'Ephraïm.
LIDDESDALE , c'eft-à-dire , la vallée de Lidde. Lid-
defdalia. Petite Province de l'ÉcofTe méridionale.
Elle prend fon nom de la rivière de Lidde , qui
la traverfe. Elle eft bornée au nord par la Tivedale ,
au couchant par l'Eskdale ; &: ailleurs par l'Angle-
terre. C'eft un petit pays fait en pyramide , dont la
bafe eft de cinq lieues , & la hauteur de dix. Il eft fort
montagneux, n'a ni villes , ni bourgs , ik. manque de
bois; on y brûle d'une efpèce déterre durcie au
foleii. Maty.
LIDE. f. m. Sorte d'ancienne machine de guerre. C'étoit
Tome V.
LI E
yzi
une longue poutre retenue par un contrepoids y qui
étant liciié , lui faifoit jettcr un tas de pierres dans
les villes ailiégécs. On a dit aulli CUde.
LIDKOPING. Nom d'une petite ville de la Weftrogo-
thie propre , en Suéde. Lidhiopia. Elle eft a l'embou-
chure du Lida , dans le lac de Wéner , environ a vingt-
cinq lieues de la ville de Gottenbourg , vers k nord
oriental. Maty.
LIDOIRE. f. m. Nom d'homme. Lutorius , Lidorius ,
Lictor. Saint Lidoire étoit d'une famille de la ville de
Tours. Il fut ordonné Évêquc de cette ville , la pre-
mière année du régne de Conftans , qui partagea l'iim-
pire avec fes frères Conftantin & Couft^anccTan 557.
.auquel mourut Conftantin leur père. Saint ii^oire eli
le Prédécellcur de Saint Martin , & mourut l'an J71.
Foyei Grégoire de Tours , Ilijl. L. X. c. 31. n. i.
Baillet , au 1 3 de Septembre^
L I E.
LIE. f. f. La partie la plus craife , la plus cpaiirc & la
pliisgrollière du vin , de l'huile & des autres liqueurs,
qui tombe au tond des tonneaux à meiure que les
liqueurs s'éclairciirent. F&x, fed'imen. En Médecine,
on l'appelle Sédiment. On fait de la cendre gravelée
avec de la /ie devin brûlée. La CourtifanePhiyné ,
devenue vieille, difoit par application à elle même ,
& dans un fcns de débauche , qu'on buvoit le bon
vinjufqu'à la /id. Aclanc. Quand on dit ablolumenc
de la lie , on entend toujours de la lie de vin.
Lie , le dit fîgurément en Ivlorale , de ce qui eft vil &c
abjed. Infimum. La lie du peuple , eft la glus vile
la plus balle populace. La lie du Parnalle , le dit des
Poètes du dernier rang & des plus mépniables.
Crifpin , roux & Manceau , vient d'époufcr Julie 3
Il efi du genre humain & l'opprobre ù la lie.
Renard.
On dit proverbialement que le bon vin ne peu?
être fans liei
Avant d' aller Jl vue , au moins je le fuppUe >
Savoir que le bon vin ne peut être fans lie ,
Qu'Un efi rien de parfait en ce monde aujourd'hui.
Régnier.
Ce rrtot vient de limus , comme qui diroit limon dé
vin. D'autres le dérivent de Lyeus , qui eft un des
furnoms de Bacchus. Du Cange dit qu'il vient de lia ,
mot de la balle Latinité , hgnihant la même chofe.
LIE. adj. Vieux mot qui lignilïoit autrefois gai , joyeux,
content; du Lann IdtuS:, a. Le cœur/ie, c'eft-à-dire,
le cœur gai , joyeux. Valois , Not. Gall. p. 2y6 .
Dans Villehardouin il eft écrit /ie?, N. i p. Tanc
chevaucha Jotfroi li Marefchaux per fes jornees ,
que il vint à Troies en Champaigne , Se trouva fon
S'eignorle Comte Thibaut malades &deshaitiez, &c
fi fut mult liei de fa veuve. Cependant Du Cange,
dans fon Glolfaire lur cet Auteur , écrit lie. Lie chère,
face joyeufe , Hifi. de Bretagne , Tome H. p. 707.
On dit proverbialement , faire chère /ie j pour dire ,
faire grande chère. Faire un tronçon de chère ue.
Ce mot vient de lie\fe j & celui ci de Utitia. ^
LIÉ. f. m. Nom d'hbmme. L&tus. Saint Lié, que les
uns qualifient Prêtre , & les autres fimpieraent Lé-
vite , ou Diacre , naquit en Berry de parens qui vi-
voient des exercices de la Campagne. Baillet , ck
cinquième Novembre. Saint Lié fe ht Solitaire en
Sologne, puis dans ie bois d'Inatoire, qui depuis a
été appelé la forêt aux Loges , & qui eft dans la
Beaucc, au nord de la Loire. Il y mourut le Iixiemc
de Novembre 553. Ce nom s'eft fait du Latin /^fw ,
qui fignifie Joyeux. On à dit L&te , Léie j Liéte ^
Liet , Lié. ^, . . 1 .
LIE. Terme de Calendrier. Les Chinois emploient ce
mot avec différens autres , pour nommer quatre
mois de l'année, qui font au commencement de
chacune des quatre Saifons. Lie-chun répond à une
Yvv
f 2,x LIÉ
partie da mois de Mars , depuis le quinze jufqu'à la
hn. Ces mots Lie<hua veulent dire commencement ,
ou éUvatiO'i du Printemps. Lie churi eft le premier
des vingt-quatre mois de l'année des Chinois. Lie-
Ai(Z eft le leptième mois de leur anilce; il rijpond au
mois de Juin. Ces mots ZitAia lignifient commence-
melit , ou clévation de l'été. Lieu-cieu , c'eft-à-dire ,
■élévation, ou commencement de l'Automne, c'elt le
nom du treizième mois; il répond au mois de Sep^
tembrc. Lie-tungh j c*eit-à-dire ^ commencement , ou
élévation de l Hyver, eft le nom du dix-neuvième
mois ; il répond au mois de Décembre.
ItTLIE, ÉE. parc, du verbe lier. Voye^ ce mot.
LIÉBANA. Cap. C'eft un petit pays de l'Alturie de
Santillanaj en Elpagne. Lievana, Libania , Lobania.
Il eft aux confins de celle d'Oviéde dans les mon-
tagnes d'Europa. Sa longueur eft de neuf lieues, (iv
ia largeur de quatre; il contient quatre vallées, où
l'on dit qu'il y a trois cens Ibixante lix villages. Le
bourg de Potes en eft le lieu principal. Maty.
LIEBE. f. f. Nom de femme. Leobgyta. Sainte Liébe j
qui s'appeloic Léobgytke dans Tes Lettres , naquit au
pays de Weftfex , ou des Saxons Occidentaux , en
Angleterre. Sa mère Ebbe , parente de Saint Boni-
face, Evêque de Mayence ^ Se Apôtre de l'Alle-
magne y lui avoit donné le nom de Trutgébe , puis le
furnom de Liébe, ou Liobe , mot de tcndrelî'e qui
marquoit combien elle l'aimoit , & qui eft le feul
nom qui foit refté à la Sainte. Baillet , au vingt-
huitième de Septembre.
Liébe, en Anglo- Saxon, comme liében , fignifioit «i-
mer, ou amour. De-là eft venu liefj que les Anglois
difent encore pour aimer.
LIÉBENWALD, LIÉBEWALD, Nom d'une petite
ville forte du Marquifat de Brandebourg. Lebewal-
diaj Liebenvjaldum. Elle eft lur la rivière d'Havel ,
dans la Marche Ukerane , aux confins de la Moyenne,
& du Comté de Rupin. Maty.
LlECHTENAW. Nom d'une petite ville avec un châ-
teau fort. Liechtenawia. Elle eft dans la balle Allacc,
au levant du Rhin, entre Strasbourg &Bade, à qua-
tre lieues de la première , & à crois de la dernière.
Liechtenas a un grand Territoire , coupé par le Rhin ,
où iont les petites villes de Wilftett, d'Oftenchorf<;s:
de Drufenhcim : il apparcienc aux Comces d'Hanaw.
Maty.
LlECHTENAW. Nom d'une petite ville défendue par un
fort bon château. Liechtenavia. Elle appartient à la
ville de Nuremberg, en Franconie; mais elle eft en-
clavée dans le Marquifat d'Onfpach, à une lieue lV'
demie de la ville de ce nom, vers l'orient, & fur la
rivière de Retzel. Maty.
LIECHTENBERG. Nom d'un château fort de la balle
Alface. Liechtcnherga. Il eft fitué fur une montagne ,
à cinq lieues d'Haguenaw , vers le couchant. Ce
château eft chef d'une. Seigneurie qui appartient aux
Comtes d'Hanaw. Maty.
LIEFKENSHOECK. Fort des Pays-Bas , dans la Flandre
Holiandoile, lur la rive gauche de l'Efcaut, vis-à-vis
de Lillo.
LIEGE. Nom d'une ville du Cercle de Weftphalie , en
Allemagne. Leodium , Leodicum , Liuga , Leodica ,
Legia. Elle eft capitale de l'Evêché de Liège , & ll-
tuée lur la Meule , entre Maftricht & Huy , environ
à quatre lieues de l'une & de l'autre. Liège , qui eft
dans une vallée fort agréable , eft une grande ville ;
on y voit huit Eglifes Collégiales, outre la Cathé
lirale , & un grand nombre de Couvens de l'un Hc de
l'autre fexe. Elle étoit autrefois Impériale , fous la
protedtion de fes Evêques ; & l'amour de la liberté
dans le peuple , y produifoit fort iouvenc des brouille-
ries. L'an 1684, l'Eledleur de Cologne, qui en étoit
Evêque , y fie marcher des troupes , la fournit , & y fit
bâtir une citadelle. On a fortifié depuis peu la ville
Az Liège par de grands dehors , qui la mettent preique
Lors du danger d'ttre allîégée, pourvu qu'elle ait une
Bombreufe garnifon. Maty. Les Allemans l'appel-
lent Luttick, & les Flairxans Luydiick. Hadr. Valois ,
Not. G ail. p. 2yo ,2ji. L'Evêché de Liégi étoit d'à-
L I E
bord à Tongres , où il fut établi l'an 5 1 i de J. C.
Dans l'irruption des Huns , Tongres ayant été détruit
l'Evêché fut transféré à Utrecht, d'où il palfa à iicpe
vers l'an 709. S. Hubert étant alors Evcque. Voyez
u¥,gid. Bucherus Dijfertat. Hijlor. de Prim. Tongr.
Epifcopis , C. IIL. Aubertus Mirs.us , Fajl. Belg. 6"
Bulg.p. lû ) & 2^y. Lmhûff. Not. Imp. Froc. L.
JIL c. XIIL §. 7. Heis, Hiftoire de l'Empire, I.
J^L c. 6 . Liège eft à 23 degrés 45 minutes de longi-
tude , & à 50 degrés 40 minutes de latitude.
Peut être Liège a-c-il pris ce nom de celui d'une
petite rivière nommée Legia , Légie , qui fe jette dans
la Meufe, & que les Allemans nonimenc Luttich.
Un Jéfuite , nommé Barthelemi Fifen , a lait l'Kif--
toire de l'Eglife de Liège fa Patrie.
Le pays ou l'Evêché de Liège. Leodienjts Ditio,
ou Epifcùpatus. C'eft un des Etats du Cercle de
Weftphalie , en Allemagne. Il eft enclavé dans le
Pays-Bas , ayant vers le couchant les Provinces de
Brabanc , de Namur , de Hainaut , & vers le levant ,
celles de Luxembourg, de Limbourg & de Gucldres,
avec une petite partie du Duché de Juliers. Ce pays
a ime figure li irrégulière , qu'on n'en lauroic marquer
rétendue au jufte. On le divife en quatre contrées: il
y en a deux au couchant de la Meufe , la Hasbaye &
le Comté de Lootz j qui comprend fous loi la Caiii-
pigne Liégeoife & le Comté de Horn. Les deux au-
tres , qui font au levant de la Meule , Iont le IvLirqui-
lât de Franchimonc £; le Condrctz. Outre cela , les
Evêques de Liège polfédent une partie du pays, qui eft
entre Meufe & Sambre , & prétendent avoir des
droits légitimes fur le Duché de Bouillon. Ses villes
principales font Liège, capitale, Mafeyck, Vifet ,
Huy , Tongres , Dînant. Son terroir eft fertile en
grains 8c en fruits ; il a des mmes de fer & de plomb ,
des carrières de marbre , & d'autres de houille ou de
charbon de pierre, dont on tire un grand profit. Ce
pays dépend de Ion Evêque , fuftragant de Cologne ,
& Prince de l'Empire. Il eft élu par le Chapitre ,
compofé de foixante Chanoines , qui font tous No-.
blcs ou Dodteurs.
LiÉcE. f. m. Arbre de moyenne hauteur, rellemblant
beaucoup au chêne vert , mais fon tronc eft plus gros
&c fon écorce beaucoup plus épailïè , fort légère,
fpongieufe , de couleur grife , tirant lur le jaune ; elle
fe fend & fe fépare de l'arbre fi l'on n'a le foin de
l'en ôter , parce qu'elle eft poulTée par une autre
écorce qui i"e fornre deilbus. Suber. Ses feuilles ont
la figure de celles du chêne- vert, mais elles Iont plus
grandes , plus longues , plus molles , plus vertes en
delllis, quelquefois un peu dentelées, piquantes. Ses
chatons &c fes glands font lémblables à ceux du chê-
ne-vert. Cet arbre croît dans les pays chauds, com-
me en Elpagne , en Italie , vers les Pyré.iées , en Gaf-
cogne. Il ne meurt point quand il eft dépouillé de
fon écorce, comme font tous les autres arbres. Le
gland du liège eft aftringenr & propre pour la colique?
venteufe ; Ion écorce eft auili aftringente , elle arrête
les iiémorragies & les cours de ventre. En Latin Su-
ber latifolium perpétua yïrens. C. Bauhin, Pin. 424.
Quelques uns dérivent le mot de liège, as kvis , à
caule de la légérecé.
Liège, i'e dit particulièrementde la féconde écorce de ce
bcis,qui nage fur l'eau. Suber. On le iert de liège pour
mettre fous des pantoufles Se fous des patins, parce
qu'il eft fort léger. Les filets des pêcheurs ne font
fulpendus fur l'eau que par les lièges qui y font -atta-
chés. On le fert de liège po'ur faire des tampons de
canons, des bondes de bariques , & autres choies
fcmblabics. Il y a une efpèce de liège d'Angleterre,
qui eft ferré & moins poreux que le liège commun,
qui eft merveilleux pour faire des bouchons de bou-
teille , où l'on peut mettre sûrement du vin , fans
craindre qu'il s'évenre.
On a.\o^e\\e patenôtres de Liège , les morce.iuï de
lièges que les Pêcheurs attachenx à leurs filets pour
les tenir fulpendus dans l'eau par le haut. Subens
fegmenta.
LiÉGi.. Terme de Sellier. C'eft un morceau de bois
LIE
en forme de petite aile qui eO: aux deux cotés du
pommeau de l.i klle, & loiiqu'il eft couvcit de ciiii
' & embelli de tluus, il s'appelle 5dKe. Eplûp'd ala.
Le licge eft décolé.
LltGEOlS. Nom du pays de Liège. Pagus Leodicenfî<; ,
ou Leodienfis. Hadr. Valois dit le Lie^e. Le Liégeois
s étend des deux côtes de la Meute. C'eft la même
choie que le pays ou l'Archevêché de Liège dont on a
parlé au mot LIEGE.
LIÉGEOIS , OISE. r. m. Se f. Qui eft de Liège. Leadien-
Jîf y Leodicenjls,
LIE 5-2^
Religion qui devroit être un lien de charité er.tre le*
hommcsj n'tlt plus que la matière de leurs contcfta-
tions Hc de leur aigitur. Id. Par combien d'imper-
ceptibles Liens fonnitstious att.Uhés au monde»
Boss. Il n y a point de Liens fi forts , que la raifon nd
rompe avec le tems. S. Evii. LaHcligion, fous des
formes diitértntes , léra le Lien de t(.;Utes les Nations ,
& !.'. lource de toutes les vertus. M. Scud. Il eft plus
noble de rompre tout d un coup les Liens qui nous
attachent au monde , que de les délier avec tant de
circonipedion & de roiblefte. Fi.ech.
LliiGER. V. a. i'erme de Pêcheur. Liéger un filet, le , ÇCTi^ien. Dans le ftyle des amans, fe dit poétiquement
garnir de morceaux de liège qui le tiennent (ufpcndu
dans l'eau. Liéger un tramail. i>uberc retia in', ruerc.
LIEMENT. Vieux adverbe. Joyeulbment. Lticè , Lidari
ter. Don liemenc donné à deux manières de mcrite.
Rom. de Lanc. du lac,
|p° LIEN. f. m. Vinculum , ligameny fe dit en général
de tout ce qui lert a unir deux ou plulicurs chofes
l'une à l'autre , de tout ce qui empêclie que les mem-
bres n'agiflent , & que les parties d'une choie ne le
féparent. On dit le Lien d'une gerbe , le Lien d'un fa-
got.
It^FOn le dit de même de la chaîne, de la corde dont
les pieds & les mains des criminels (ont liés , des chaî-
r.cs dont les captifs (ont chargés. Alors il eft toujours
employé au pluiiel. Etre dans les /ie/^j-. Languu d.ins
les Liens. Brilcr , rompre fes Liens. Catenx, , compedfs.
La fête de Saint Pierre aux Liens , eft celle qu'on cé-
lèbre le premier jour d'Août , en mémoire du miracle
rapporté dans les atires, C/iap. rJ, par lequel l'Ange
du Sei j;neur brila les Liens dont l'Apôtre étoit chargé
par la cruauté d'Hérodes, &: le mit en lieu de siirctè.
Lien, le dit dans les Arts, de toutes les pièces qui ler-
vcnt à lier Se allembler. Ligamen. i^es Vitriers ont
des /ie/;,r de plomb pour lier, pour attacher les ver-
ges de fer le long du panneau. Us appellent .audi Lien
de verre , un paquet de un tables de verre de Lorraine,
ou de verre blanc priles entemble; vingt-cinq Liens
font un balot. Quand le verre eft de couleur , il n'y
a que douze liens Se demi au balot , & trois tables à
chaque Lien. Les Charpentiers font des Liens de piè-
ces de bois engagées les unes dans les autres p^r des
tenons , mortoifes & chevilles , comme celles qui
lient les pieux des arches des ponts de bois , les haïtes
ou foufaitesdes combles. Il y a auln des /is/w cintrés
qui lervent de courbes dans les entoncemens des
combles , & dans raifemblage des fermes rondes des
vieux pignons. l''oye-^ Lierne. On le dit aulli des
pièces qui fervent à lier &; à fourenir les grues & en-
gms. Les Liens d'une grue font les bras qui appuient
l'arbre; ils font allemWés par le bas Ams l'exrrémité
des racineaux, & par le haut contre l'arbre. Les
Charrons attachent leurs Hèches avec plulieurs liens
de fer. On appelle aulii lien de 1er, un morceau de
fer méplat, coudé, ou cintre, pour retenir quelque
pièce de bois dans un allcmbla^^e de Charpenterie ou
de Menuiferie. Daviler. Lieu de gouvernail , eft
un lien de fer qu'on met autour de la tête du gouver-
nail.
Lien. Terme de Manufadure de lainage , dont on fe
fert en pluheurs lieux du Languedoc, pa'ticulière
ment dans les Fabriques de Langogne &: autres lieux
<iu Gevaudan , pour iigniher ce qu'on nomme ailleurs
des Portées.
En termes de Philofophie hermétique, on appelle
lien des PhilofopheSj un corps, ou une matière qui
contient les elprits.
Lien , fe dit hgurément en chofes morales & fpirituel-
les , de tour ce qui unit les pcrfonnes enfemble. Li-
gamen i vinculum. Le lien conjugal , c'eft le ma.iage.
Lien de mariage. Lien de fervitude, cette exprclnon
fe trouve dans quelques Coutumes. Les loix font le
lien de la fociété civile. Les Liens du corps & de l'ame
font imperceptibles. Qu'une amitiéJi belle ai' d éter-
nels liens. Rac. L'eftime mutuelle de deux amis , eft ''
toujours le premier lien qui doir ferrer leurs nœuds, j
S. EvR. Le lien de l'afnitié humaine eft rrop fùiblej
pour réfifter à la violence des pallions.
Tome V.
M.
pour clclavage. On dit qu un amant a rompu fes
tiens, quil trouve les liens bien doux.
On dit proverbialement , on n'eft pas échappé
quand on traîne Ion lien.
Le double lien. Terme de Jurifprudence. PàJrehtc
entre perfonnes forties d'un même père & d'une
même mère , qu'on appelle Ireres c^^: (oeurs germains,
Confanguinitas. Le Droit Civil avoit établi la diftinc-
tîon à\i double lien, duplicts vinculi heneficium ; en
foite que les enfans iftus d Un même père & d'une
même niere , luccédoient les uns aux autres par pré-
férence, & à l'exclufion de leurs frères & fœurs de
père ou de mère (culemcnt , qu'on appelle frètes Hà
fœurs conlanguins, ou utérins. Ce Droit sobfervo
civquelques Courinnes de France. Il n'a point lieu
en Normandie. Quelques-uns croient que l'aûion de
Joleph , qui donna une double portion à Benjamin ,
fon rrere de perc & de mère , par préférence à les au-
tres frères qui ne l'étoient que de père, a donné lien
à la diftindion du double lien. A double Lien eft op-
polé lien limple , qu'on appelle auftî leul lien : il lé
trouve entre des Ireres & des (œurs qui ne font pas
enfans du même père & de la même mère, mais qui
ont (eulcment ou le même^pere, ou la même mère»
Vinculum duplex , fimpiex , unicurh.
Lien. 1. m. Nom d'une fleur aquatique de la ChiiiCi'
Elle croit dans les eaux dormantes & croupillàntes.
Les Portugais appellent ces fleurs Fula de Golfon.
Elles paroillent tur l'eau à la hauteur de deux ou trois!
coudées : les tiges auxquelles elles tiennent , ionc
très-dures & très-tortes; une racine prcduir d'oidi-
naire piulieurs Heurs, dont quelques unes font jau-
nes , d'autres violettes , blanches , ou rougeàtres j
d'autres font mêlées de toutes ces couleurs. Ces
Heurs font plus grandes tk plus belles que celles de
nos lis, mais elles n'ont pas une odeur li agréable,
on prendroit ces plantes pour de grandes tulipes. Se
même elles ne reprélenteur pas mal un panier, à lai-
fon de leurs feuilles cannelées , qui par le fond & le
calice viennent peu à-peu à s'étendre , ayant les bords
& les extrémités toutes tournées &: recourbées aveo
de petites boules qui ne tiennent qu à un petit filet,
de iont au milieu comme fi c'éroient les filets de fa-
fran d'un lis.
LIÉNARD. Foyei LioNARD,
LIENARÈS. Nom d'un bourg de i'Andiloufic , en E(-
pagne. Lienarium, Cajtulo nova. Tl eft vers les con-
fins de la Caftille nouvelle , à trois lieues de Baéza , &
à cinq de Jo'i'n & d'Anduxar. Lie'narcs a été bâti des
ruines de l'ancienne Caftulo , ville forte Se Epilco»
pale , futfr.igante de Tolcde. Maty.
^LIENCHÊU, Ville de la Chine, huitième métro-
pole de la province de Quangtung. Elle â trois autres
villes lous la jurifdidion.
LIENCZ , ou LONCZ. Loncium. C'étoit anciennc-
nement une petite ville du Norique , maintenant ce
n'eft qu'un petit buuig, lîtué dans le Tirol , aux
confins de la Carinthie oc de l'Archevêché de Saltz^
bourg. Maty.
LIÉNE. f m. Nom d'homme. Leûnius. A Poitiers,
Saint Lie'ne dont le corps eft dans l'Eglife de Saint
Hilaire. Chastelain, au premier de Fév, p. 484^
LiÉME l^oyei Liane.
LIENKIANG. Ville de la Chine, dans la province de
Fukien , au département de Focheu , première Mé-
tropole de la Province.
Èsp. La' LIENNE. f. f. Terme de Tiirerand en toile. On s'ert
VvviJ
524 LIE
fert auflî dans les Manufaâurcs des petites étoffes de
laine. Ce lont les lîls de l.i chaîne , dans lefquels
la trame n'a point pailé; parce qu'ils n'ont pas été
levés ou bailles par les marches.
LïENTERIE. LA. Elpèce de dévoiment dans lequel on
repd les alimcns comme on les a pris ^ ou à demi
digérés. Lientcria. La iienterie vient de ce que le
levain de l'eftomac manque entièrement ou cft
émoullé j ou parce que le pylore eft tellement re-
lâché j & les fibres du ventricule fi fort irritées
en même temps , qu'il lailfe fortir les alimens , au-
licu de les retenir. La lïentcne iurvient à de grandes
maladies. L'excès de la boillon peut caufer ce
mal en relâchant trop l'cftom.ac, & fur-tout le py-
lore. Les Anciens croient que la lïentcne. arrive lorl-
que les inteltins étant trop unis & glillans par de-
dans y ils laillent échapper les alimens avant qu ils
foient digérés ; d'où vient qu'ils lui avoicnt donné
ce nom, qui eft: Grec , & qui eft; formé de a«i»5,
poil , Si de tijtpan , intejlin.
0- LIENXAN. Ville de la Chine , dans la province
de Quantung , au département de Quangchcu.
LIER. V. a. Attacher , joindre avec un lien plufieurs
chofes cnfcmble. Ligare , vincire. On lie les ba-
lots avec des cordes j les gerbes, le foin^ avec de
la paille-, les fagots , avec des hares; des mats, des
machines , avec des bandes de fer ; des tonneaux ,
avec des cercles ; des perches , avec de l'olier.
Lier , fignifie quelquefois fîmplemcnt , Nouer , arrê-
ter quelque choie. Conneàere ; vincire. Lie:^ vos
fouliers avec des cordons. Lier un ruban. On lie
les vignes à des échalats.
Lier , fignifie aullî , Oter la liberté du mouvement
des membres du corps. V^mcire. On a mené cet
homme pieds &c poings liés; tl étoit lié & garotté.
Il a perdu l'elprit ■■, il eft: fou à lier. Celui qui triom-
phoit à Rome , menoit les Princes liés à fon
char.
LiERj fe dit auflî des parties différentes que l'on joint
enlemble par quelque chofe qui s'incorpore dans
les unes & dans les autres. Colligare , illigare. Le
pouzzol eft; le meilleur ciment pour //Vr les pierres.
La colle-forte lie les pièces de bois cnfemble. Il faut
mettre quelque chofe dans cette compofition pour
lier les ingrédiens. On dit aulfi qu'un Écrivain lie
bien fes lettres , quand il les joint enfemble par des
traits fort déliés.
On ditaulîî en Cuifiue , qu'une fauffe fe He\ pour
dire, qu'elle s'épaillit, qu'elle prend confiftance en
cuilant. Il faut remuer cette fiulîe, jufqu'à ce quelle
fe lie. Voilà une faufle bien liée. On le peut dire
de même des autres compofitions , des lirops , &
autres chofes de cette nature que l'on fiit épaiiîîr en
les faifant cuire. Ce firop eft bientôt faitj il com-
mence à fe lier.
Lier j lignifie encore, Afl;reindre , obliger quelqu'un
à certaines conditions ,enforte qu'on ne s'en puilfe
défendre. AJlringere , devincire. Les hommes fe
lient pzï leurs fermens. Corneille a fait dire à Cin-
na , en parlant de (a Maîtrefte :
Un ferment exécrable à fa haine me lie.
Une faifie , une fubftitution, liendes mains d'un dé-
biteur , d'un ufufruitier. Les défenfes de la Cour
ont lié les mains à ce Juge inférieur. Je l'ai bien
lié par les claufes de ce contrat. Un donataire entre
vifs fe lie les mains , ne peut plus difpofer de fon
bien. Cela ne lie ni le donataire ^ ni l'héritier. Pat.
La collation , quoiqu'invalidej d'un Collateur or-
dinaire, lie les mains du Pape , lui ôte le droit de
prévention. On dit aufti , qu'un homme eft lié ,
quand il eft: facré ; ou lorfqn'il eft; marié. Le plus
sur moyen de lier les hommes Se de les enchaîner ,
c'eft: de leur faire du bien. Vos bienfaits me lient à
vous d'une chaîne honorable. Rac. Dans ces ac
ceptions le mot lier eft pris au figuré.
Lier , fe dit aullî figurément en plufieurs chofes de
différente nature. Ainlj on dit qu'un Orateur a bien
L I E
lié fon difcours j quand il l'a difpofé dans un ordie
naturel , §3° enlorte que toutes les parties foient joia-
tes comme il faut l'une à l'autre. On dit aullî
qu'Euclide a lié mcrveilleufemcnt les propoiidons
de Géométrie. Tous les traies de cette femme font ad-
mirables ; mais l'agrément qui les /ie dans fon por-
trait , ne les lie pas lur fon vifage. Vill.
Lier , en termes de Fauconnerie , fé dit lorfque le
faucon enlève en l'air fa proie dans fes ferres , ou lorC-
que l'ayant alîommée , il la lie & la tient à terre.
Falculis inuncare , implicare. A l'égard de l'autour
on .dit empiéter. On dit aullî , quand deux ou trois
oileaux fe font compagnie pour pourluivre le hé-
ron , ou autre gibier, qu'ils le lient \ parce qu'ils le
ferrent de li près , qu'ils femblent quali le lier Se le
tenir dans leurs ferres. Faultrier.
Lier , fe dit figurément en choies fpiriruelles & mo-
rales. Ligare , flringere. Jésus-Christ a donné à
fon Eglife le pouvoir de lier & de délier les pé-
chés, c'eft-à-dire , de donner ou de rcfufér l'abfo-
lution. Elle lie par des Excommunications & des
Cenfures. Le mariage lie enfemble les conjoints.
Les alliances lient les familles. La Police , les Loix
lient enlemble les peuples. L'intérêt lie les Socié-
tés. La conformité d'humeurs lie les amis. Il étoit
lié aux intérêts de fon Maître. Ablanc. Ne per-
mettre pas aux Rois de s'humanifer quelquefois ,
c'eft les lier à la grandeur de leur condition , &
les clouer fur le Trône. Bal. Il les obligeoit de fe
voir fouvent j de s'aller promener enfemble , &c de
faire quelquefois de petits repas , qui liajjcnt leurs
cœurs de plus en plus , conformément aux agapes
des premiers Chrétiens. Bouhours. La Charité t
unit mieux les cœurs des Saints , avant même qu'ils fe |
foient jamais vus , que les amitiés fondées fur l'in-
térêt , ou fur un mérite Se des qualités humaines ,
n'ont coutume de lier les perlonnes du monde , qui
ont le plus long temps vécu enfemble. P. Verjus.
On ne doit point fé lier dans une profellion qui
renferme autant de faintété , d'aniijétilTement &
de dépendance que celle de la Religion , à moins
que d'y être porté par un véritable attrait. Ab. de
LA Tr.
On dit aulîî en ce fens , Zier commerce, corref-
pondance , entrer en commerce j en iociété. So-
cietatem inire , co'ire. Il eft très-important de ne lier
commerce qu'avec des perlonnes de mérite ion prend
inlenliblement leurs manières. Bell. Lier amitié
avec quelqu'un. Cet entretien lia peu-à-peu entre
eux une étroite familiarité. Ablanc. On dit auflî.
Lier converfation , entrer en converfation. LÀer
partie ; pour dire , convenir du jour & des condt-
tions pour fe divertir enfemble.
On dit proverbialement à ceux qui héfitent à
entrer dans une maifon , Entrez , nos chiens font
liés.
§C?LiER, Attacher j fynonymes. On lie pour em-
pêcher que les membres n'agillent , ou que les
parties d'une chofe ne fe féparent. On attache pour
arrêter une chofe , ou pour empêcher qu'elle ne
s'éloigne. On lie les pieds & les mains d'un cri-
minel ; & on l'attache au poteau. On lie un fais-
ceau de verges avec une corde. On attache une
planche avec un clou. Syn. Fr.
IKJ" Dans le fens figuré , un homme eft lié lorfqu'il
n'a pas la liberté d'agir -, & il eft; attaché quand il
n'eft pas en état de changer de parti ou de le
quitter.
^CF L'autorité Se le pouvoir lient. L'intérêt Se l'amour
attachent. Nous ne croyons pas être liés , lorfque
nous ne voyons pas nos liens ; Se nous ne fentons
pas que nous fommes attachés , lorfque nous ne
penfons point faire ufage de notre hberté.
LIÉ , ÉE. part. Connexus _, conjunclus. Jouer en deux
parties liées i pour dire , qu'il en faut gagner deux
tout de fuite. Colonne liée , eft: uue colonne atta-
chée à une autre par un corps , ou languette de
certaine épaillcur , ou à un pilaftre fins confufion
de bafe , ni de chapiteaux.
L I E
Lié. Les Médecins appellent Matières lices , les ex
crémcns qui ont une certaine coniîlbncc. Ac. Fr.
Lié a aulîî les auctcs (îgnirications de Ion vciIk dans
un Cens moral &: figure. Un dilcours bien lu- , Sec.
f^oye^ Lier.
|CJ" En Mulîquc on appelle Notes /iecs , plufieurs
notes qu'on pallé d'un leul coup d'arcliet , ou d'un
feul coup de langue fur les inlhuniens à vent.
§0" En Peinture on dit que des couleurs (ont bien
/ie'es , que des groupes fc lient bien , lorlquc ces
groupes , quoique (éparés , forment une belle
union , ou lorique ces lumières communiquent
bien , & fcmblent n'en fùire qu'une. On diloit
autrefois un groupe de figures bien nouées enlem-
ble ; des couleurs bien nouées les unes avec les au-
tres. Le mot de lie' paroît aujourd'hui le feul en
ufage.
Dans les Coutumes , lie' de mariage , fignifie j
engage' dans le mariage , qui eft marié. Femme liée
de mari , veut dire , femme mariée , femme qui a
époufé un mari.
Lié j en terme de Blafon , fe dit des cercles de ton-
neaux j quand l'ofier qui les tient , ell: d'un autre
émail. ColUgatus. Il portoit de pourpre à un cer-
cle d'or lié de fable. Lié fe dit aulli de ce qui
cft joint , relfcrré , attaché Se accouplé par un
lien, cordon, ou ruban. Adjiricius, conjlriclus. Il
portoit de gueules à la gerbe d'or liée de champ.
On dit proverbialement , la beccaflè eft lice , en
parlant dune nouvelle mariée, quand le contrat eft
palfé Se ligné.
LILRE. F'oyez & prononcez Lire.
LIERNE. f. f. Terme de Charpenteric. Catena , ca-
tenatio. C'eft une pièce de bois qui fert à faire les
planchers en galetas , & qui s'all'emble d'un poin-
çon à l'autre au dellous des faites.
LiERNE RONDE , cft Une piècc de bois courbée félon
le pourtour d'une coupole , dont plufieurs alfem-
blées de niveau forment des cours de liernes par éta-
ges , & reçoivent à tenons & mortoifes les che-
vrons courbes d'un dôme. ColUgatio.
LiERNE DE PALÉE , en Architeéturc hydraulique , eft
une pièce de bois , qui boulonnée avec les fils de
pieux d'une palée ; fert à les lier enfemble. On
l'emploie auiîi dans la cgnftruétion des bâtardeaux
pour le même ufage. Cette Herne eft différente de
la moifi; , en ce qu'elle n'a point d'entaille pour
accoler les pieux. Dans la coupe des pierres, on ap-
pelle liernes , les nervures dans les voûtes Gothi-
ques , qui forment une croix , & par un bout fe
joignent aux tiercerons , &c par l'autre à la clef.
Davil. La Herne lie le nerf appelé Tierceron , avec
celui de la diagonale , qu'on appelle Ogive. Fré-
ZIER.
EIERNER. Terme de Charpenteric & d'Architcfluic.
Attacher des liernes.
LIERNU. Foye\ Lerneux.
LIÉROORT. Foyei Léeroort.
LIERRE, f m. Plante qui croît tantôt en arbre, &
tantôt en arbrilfeau , & dont les rameaux farmen
teux s'étendent beaucoup en rampant , & s'atta-
chent aux arbres voifins Se aux murailles j s'inh
nuant dans les jointures des pierres où ils prennent
de profondes racines. Hedera. Son écorce eft ridée
& cendrée , fon bois eft dur & blanc , fes feuilles
font grandes , larges , anguleufes , épailles , dures ,
vertes tout le long de l'année , luifantes ; fes fleurs
font compofées chacune de fix feuilles radiées, de
couleur^ herbeufe ; elles font fuivies de baies ron
des , grofTes comme celles du genièvre , difpofées
en grappe , de couleur noire quand elles font mû-
res ; elles renferment chacune cinq femences arron-
dies fur le dos , & plates fur les autres côtés , niocl
leufes. Les feuilles Se les baies du lierre font vulné-
raires & déterfives : on applique les feuilles fur les
cautères pour les mondifier de leur fanie. En Latin
hedera arborea. C. Bauh. Pin. 305.
Il y a une autre efpèce de lierre , appelée hedera
poëtica. Ie. parce que les Anciens en faifoient des
LIE yzy
couronnes y dont ils couronnoient leurs Pol'tes. On
la nomme aulli hedera Dioni/ia , ou Bacchica à
caufe qu'on s'en krvoit dans les réjouillanccs aux
fêtes de Bacchus. Ses feuilles ne font point angu-
leufes , mais feulement pointues vers le bout , moins
épaift'cs, moins dures que celles du précédent /ier« j
fes baies font belles , de couleur d'or.
Ce mot vient du Latin hedera , qui fignifie la
même chofe. On a dit d'abord hierre , Se en y joi-
gnant l'article /e, on a dit l'kierre, dont inlenfible-
mcnt on a fait lierre ; on a ajouté enfuite un nou-
vel article , & on a dit le lierre. On a dit aulîi autre-
fois liurre , Se on le trouve ainli écrit dans quel-
ques anciens Didlionnaires.
LiiiRRE TERRESTRE , eft uii auttc fortc de plante à
laquelle on a donné ce nom , à caufc de quelque
rellèmblance qu'on a cru trouver de fes tiges ram-
pantes Se de fes feuilles avec celles du véritable
lierre. Hedera terreftris. C'eft une efpèce de calament
qui poufte de petites tiges rampantes à terre , grê-
les , carrées. Ses feuilles (ont rondes , dentelées en
leurs bords , un peu rudes , velues. Ses Heurs naif-
(ent en bouquets , Se font formées en gueule , ou
en tuyau découpé par le haut en deux lèvres, de
couleur bleue. Ses femences font oblongues, join-
tes enfemble , Se enfermées dans une capfule. Cette
plante a une odeur allez forte , Se un goût amer :
elle eft fort apéritive , déterfive Se vulnéraire : elle
fait palfer les urines Se le calcul : elle eft aulli bonne
pour confolider les ulcères ; on en fait prendre
aux phthifiques. On l'appelle ordinairement hedera
terreftris , vulgaris. C. Bauh. M. Tournefort l'ap-
pelle calamintha humilior , folio rotundiort. Inft
R. Herb. 154.
On trouve hierre dans les vieux Auteurs pour
lierre. Quelques Auteurs ont cru que les Poètes font
plus ordinairement lierre de deux fyllibes que de
trois , parce que Corneille a dit ,
Je cejferai , Lifts , de te faire la guerre ,
Quand les ormes fuivront l'embraffement du lierre.
Mais le P. Mourgues a remarqué dans fon Traité
de la Poe'fie Françoile , que lierre eft de trois fyl-
labcs , Se appuie fa remarque par des exemples de
S. Amant , de Sarrafin , de Richer Se de Ronfard.
Or va , rompt-tûi la tête & de jour & de nuit ,
Pâlis dejfus un livre , à l'appétit d'un bruit
Qui nous honore après que nous fommes fous terre ,
Et de te voir paré de trois brins de lierre.
Regni£R..
Une lierre qui demeure attaché à un chêne , après
même qu'il eft abbattu.
Haretque cadenti ,
eft la devifed'un homme qui fuit , dans la difgraçe,
un Grand auquel il s'étoit attaché.
LIERRE , EE. adj. m. & f. Terme de Fleurifte. C'eft-
à dire, à feuilles de lierre. On appelle Anémones
lierrées , celles dont les feuilles d'en bas ou premiè-
res feuilles font en quelque manière femblables à
celle du lierre. Dict. de James.
LIÉSINA. Voye-{ Lésine.
LIESSE, f f. Vieux mot, qui fignifioit autrefois. Joie,
gaieté. L&titia , gaudium , hilaritas. Il eft revenu
de fon voyage , on l'a reçu en graiide lieffe. Il ne
fc dit plus guère qu'en cette phrafe , Notre-Dame
de Lieffe , ou dans celle ci , vivre en joie & Ueffe ,
qui eft du ftyle très- familier.
Les Anciens faifoient une déelfe de la Liejfe. Lt,-
titia. On la voit fouvent fur les médailles des Em-
pereurs. Triftan remarque qu'elle étoit auflî nom-
mée Vitula par Hylus , dans Macrobe, L. III. Se
l prétend que c'étoit la même qn'Jglaia , l'une des
yi6 LIE
Grâces , Se que l'Euthymii de l'Hiftorieii Mem-
iieii , dans la Bibliorhcquc; de Phocius.
Ce mot vient de latitia. _
LIESSE. Boiug ou village de l'île de France , fituc près
de la ville de Laon , vers l'orient. Lmtia. C'eit un
lieu de dévotion conlacrc à la Bicnheureute Vierge,
& fort fréquente par les Pèlerins. Mat y. Les Ac-
tes de Charles VL Roi de France nomment ce lieu
Liens. EccUJiam noftrA DomïnA de Linite. Ces.
adtes font d'un Moine de S. Denis , qui vivoit fous
ce Prince. Nos anciennes tables géographiques l'ap-
pellent Lïance , ou Licnce , mainten^uit on dit Liejfe ,
qui yieor de Utitia ; mais il y a bien de l'apparence
que l'on a dit par corruption & par erreur Liejfe
pour Lience : le peuple entendoit le mot lieJfe , &c
Notre- D.irac de Liejj'e failoit un lens ; au lieu qu'il
ne favoit ce que c'étoit que Lience. Voy. Hadr.
Val. Nodt. Gall.p. 276.
LIESSÎES. Nom d'une petite ville avec une Abbaye de
Bénédictins dans le Hainaut , province des Pays-
Bas. Liûéi. Elle eft fur la rivière d'Hefpres , Dio-
cèle de Cambrai , à deux lieues d'Aveine du côté
de l'orient , & à quatre de Adaubeuge , & huit de
Mons vers le midi. L'Abbaye de Liejfies fut fon-
dée en 751. Louis de Blois, ou Blollius^ Abbé de
Zieffis , recommandable par la vertu , & par
d'cxceilens traités de piété qu'il a Liilles , rétablit
dans cette Abbaye la régularité qu'on y obferve en-
core aujourd'hui , &c mourut en 1560. Antoine
Wingbius, & Thomas Luyteus , Abbés de Liejjies ,
contribuèrent beaucoup au commencement du grand
ouvrage des BoUandiftes , & furent les Mécènes de
Rofweyd & de Bollandus. Hadr. Valois dk LteJJies ,
ou LieJJy , mais je ne trouve point ailleurs ce fé-
cond mot. Il ajoute que quelques-uns dilent aullî
LieJJes , ôc en Latin Lxda ^ au pluriel. l\ut. Gall.
p. 260. Ce lieu lans doute a pris Ion nom des
peuples qu'on nommoit L&ti , &c qui étoient une par-
tie des Nerviens.
LIEU. f. m. L'Ancienne Philofophie le définit ainfi :
Surface première & immobile d'un corps qui en
environne un autre. Locus , ulama fuperjicies corpo-
ris ambientis. C'cll: , pour parler plus clairement j
un elpace dans lequel un corps eft placé. Les Philo-
fophcs diftinguent entre le lieu intérieur & le lieu
extérieur. Le lieu intérieur ou interne eft l'efpace
que chaque corps occupe , lequel efpace n'eft point
différent de ce corps , félon eux. Et le lieu exté-
rieur ou externe eil la furt-ace des corps qui envi-
ronnent un autre corps aux duierentes parties de
laquelle le corps environné peut être diverlement
appliqué. Ainli quand on dit qu'un corps change
de lieu , cela ne fe peut entendre que du lieu exté-
rieur. RoH. C'eft vouloir perdre le temps que de
s'amufer à cette diftindtion. Le mouvement fait que
les corps changent de lieu , vont d'un lieu à un
autre; ils ne peuvent être en deux //t7/.v que fucceili-
vement. Chaque corps occupe Ion lieu. M. Ber-
nier dit que le lieu n'eft autre chofe que l'efpace
même j qui eft appelé vide , quand il eft privé de
tout corps , & lieu , quand il eft rempli.
Locus j lieu , ce mot eft pris du Celtique lech.
Pezron. Ce mot lieu , vient de locus , & locus ,
félon Scaliger j vient du Grec.,'-/®-, raifon , propor-
tion^ parce qu'il y a proportion entre le lieu Se ce
qui eft dans le lieu; il ajoute que'»!--- , fignifioit an-
ciennement lieu en Grec , & que c'eft pour cela que
les Grecs appellent des embûches aôv «t. F", cet Auteur,
de Re Poët. L. LU , Ci!. D'autres le font ve-
nir de rS'« 5 liev- , en changeant le r en /, & en le
rranfpofant. Voflius le tire de /.Ivn^!/-- , s'il s'eft dit ,
ou de Aiy^K'j , cubo , jaceo. Becman le dérive de
l'Hébreu SsJ, nachal , ou nicchel , qui lignifie , do-
losè ano , injïdior , drejfer des embûches.
Lieu , fe dit aulîî de l'endroit deftiné à placer quelque
chofe. Dieu a rangé tous les Etres en un lieu conve-
nable. La terre , les corps graves , font dans le lieu
le plus bas. Il faut ranger chaque chofe en (on lieu.
Elle viendra en fon lieu, en ion rang, fc fera en
L I E
temps & lieu. Ce feroit ici le lieu de vous louei'.
Ablanc.
§Cr En Aftronomie on appelle lieu^ le point du ciel
auquel répond un corps célefte : Se comme nous
voyons les corps céleftes de dellus la furface de la
terre , nous les rapportons a un point diftérent de
celui où ils fcroient vus du centre dt la terre. C'eft
pourquoi on divile le lieu en vrai ik apparent. Lo-
cus verus , locus apparens. Le vrai lieu d'un aftrc
ell le point du Firmament j oii on le verroit , li on
étoit au centre de la terre ; le lieu apparent eft ce-
lui où il paroît en le regardant de deftus la terre :
ce qui caule la parallaxe^ qui n'eft autre chofe que l'arc
du Firmament compris entre le vrai lieu , & l'appa-
rent. Le lieu véritable , iic le lieu apparent , con-
viennent enlemble , dans les étoiles fixes , & dans
les trois planètes fupérieures , d'où il s'enfuit que
les étoiles , & ces trois planètes , n'ont aucune pa-
rallaxe, parce que leur diftance de la terre eft trop
grande , pour avoir une proportion fenfible avec le
diamètre de la terre. On appelle lieu brilé , Locus
rejraclus , du Soleil cSc de Lune , le lieu où le So-
leil & la Lune paroiftent à caufe de la réfraction.
Voye\ encore Apparent.
Lieu t le dit en particulier d'un endroit fixe & dé-
terminé qu'on veut marquer , & diftinguer des au-
tres. Locus fixus , determinatus , Cette homme a
voyagé en divers lieux ; pour dire , en divers pays ,
en diveries contrées. Il y a des lieux incultes que k
nature a rendu 11 riches par leur feule lituation ,
que toutes les beautés de l'art ne peuvent y rica
ajouter. Costar.
Dans celieu bienheureux où tout plaifir abonde.
La Sabl.
Âh ! que j'aime la folitudel
Que ces lieux facrés à la nuit >
Eloignés du monde & du bruit y
Pldifent à mon inquiétude ! S. Amant.'
On appelle la Judée , ou Jérufalem , les làints
Lieux. Loca fancla , à caufe des Myftères de notre
rédemption qui s'y font opérés. Kircher a fait un
bel Ouvrage des lieux fouterrains , qu'il appelle
mundus fuhterraneus. C'eft le Seigneur , ou la
Dam.e du lieu ; c'eft-à dire , du village , du terri-
toire, de la Paroiire. C'eft la coutume du lieu , ou
du pays. On appelle aulîi Chef-Lieu , le principal
Manoir d'une Seigneurie , où l'on eft obligé de
porter foi (Se hommage.
{Cr Dans cette acception le mot lieu Ce prend fouvent
pour un certain endroit indiqué. On dit faire uns
defcentCj fe tranfporter fur les lieux. Quand je fe-
rai lur le lieuj j'arrangerai tout cela.
§3" On le dit aulll pour les diifércntes pièces d'une
maifon. Voir fi les lieux font en état. Réparer les
lieux.
A Orléans & aux environs , les Bourgeois appel-
lent lieu une maifon des champs, f^illa. Il eft all^
à fon lieu. Je m'en vais à mon lieu.
On appelle auili dans les Couvens les lieux régu-
liers , ceux qui font dans la clôture du Monaftèrc ,
qui fervent à la Communauté i comme Dortoir ,
Réfedoire j Chapitre , Cloître , à la diftinélion des
balle cours , offices , & lieux deftinés pour la fub-
lîftance de la maifon. Loca regularia.
On appelle dans une maifon les lieux fecrets i
les lieux communs , ou ablolumcnt les lieux , les
latrines , ou aifances. Loca fecreta , latriM Voyez
Lieux.
Lieu, fc diftingue aulll par les privilèges qui lui font
attribués par ia deftination à divers ufiges. L'Eglife
eft un aille , un lieu de franchife , c'eft un lieu
iacré. Les maifons des Amballadeurs font des lieux
de franchife. Le refped du lieu. Le Palais eft 1«
lieu où l^n rend la juftice. Les Hôpitaux font des
iktix pieux. Les jeux de Paume font des lieux de
récréation. On appelle suffi les lieux de débauche , dt S
LI E
lieux publics j de mauvais lieux. Il avoit honte de
fbrtir d'un mauvais lieu. Ablanc. Une taverne &
un mauvais /it-a font également infâmes. Pat. Ces
lieux de débauche s'appellent auJlî ironiquement des
lieux d'honneur. La Grève cil le lieu où l'on exé-
cute les gens, condamnés au Supplice.
IlEu DE SURETE. Façou de parler plaiiante Se burlef-
que , pour dire , une priibn. Ergaflulum , carccr.
Je faurai mettre mon pendard de iils en lieu de sû-
reté. Mol.
En termes de Manège , on dit qu'un cheval
porte en beau lieu , quand il ioutient bien fon
encolure , quand il tient la tête levée , ëc bien
placée.
En termes de Guerre on appcHe lieu d'ajfemblée^
le quartier alHgné pour un rendez vous de troupes.
Cûndiclus locus. On appelle le lieu d'honneur, le
premier rang où l'on combat , la tranchée , &: tous
les lieux où il y a du danger à courir , de la gloire
à remporter.
Lieu , fe dit hgurément en chofcs fpiriruelles Se mo-
rales. Loei. En Logique , en Rhétorique , on .ippelle
lieux communs , certaines dalles j ik diil:r:butions
des quahtés ou circonlhncesdcs choies^ qui font les
fources des argumens. Melchior Canus a fait un Li-
vre, De locis Theologicis. Il y en a de Grammaire ,
coniincVécyniologie ; de Logique, comme la ^.^f^^i-
don , & de Métaphyl'ique , comme la caufe , &c.
C'eft des derniers principalement que traite Arillote
en fes Livres des Topiques , qui font extrêmement
confus ; aulfi quelques habiles Critiques ont prétendu
que ce que nous avons maintenant fous le nom des
Topiques d'Ariftote j n'ell point d'Ariftote même.
'■^u^ moins ce n'eft pas la même choie que ce qui
palloit au temps de Cicéion pour être les Topiques
d'Ariftote. Mais ceux-là ne valoient peut-être pas
mieux que ceux que nous avons , & Cicéron nous
fait allez connoître qu'ils étoient fort obfcurs. Il y
a quelque chofe d'allèz beau fur ce fujet dans le
premier Livre de fa Rhétorique. Tout l'art* de Rai-
mond LuUe ne confifte qu'en la diftribution de cha-
que matière en^ pluiîeuts lieux , ou cellules des
> iiofes qu'il épuife l'une après l'autre, pour dire tout
ce qu'on peut dire fur Ion fujet. Ces lieux communs
lont des moyens courts & faciles pour trouver de
la matière à. difcourir fur toutes fortes de fujets ,
en les enviiagcant de tous côtés, & par toutes leurs
faces. On les diftribue en certaines clafîèsj & les
Logiciens ks réduifent d'ordinaire à feize ; le gen-
re, la. différence j la. dejinidon , le dénombremenc des
1 parties , l'étymologie ^ les conjugués , la reffemblan-
ce , la diffemhlance j la comparaifon j l'oppojition ,
la répugnance , les circonjiances ., qui tont trois
; lieux-., la caufe & l'effet. Art de parler. Cette
i méthode peut rendre féconds les eiprits rtériles. Auiîi
n'appelle -t-on ces confidération générales , des lieux
communs , que parce qu'ils fournirent de quoi par-
ler fur toutes fortes de chofcs , & qu'ils font ex
pofés à tout le monde. C'eft un art de trouver des
argumens. Par la même raifon , l'on diftingue les |
lieux extérieurs & extrinféques , de ceux qui font
intérieurs & intrinféques. Les premiers font géné-
raux , de fe peuvent inventer par l'Orateur ; les au-
tres font des faits particuliers qu'il ne peut ni inven-
ter , ni^ fupplécr. Bien des gens trouvent que la fé-
condité de ces lieux communs efl: une mauvaife fé-
condité ; Se fur-tout que c'eft un art dangereux
pour les gens d'un efprit médiocre. On a défini
cette topique , un ait qui apprend à difcourir fans
I jugement des chofes qu'on ne fait point. Id. Rien
en effet ne paroît plus inutile que de parler de ces
lieux communs j &: de cette fcience qui apprend
l'art de trouver des argumens. Ceux qui ont pallé
par le cours ordinaire des études, Si. qui ont appris
dans les collèges cette méthode artificielle, ont
éprouve que quand ils ont été obligés de traiter quelque
lujet, ils n'ont point eu recours à ces lieux pour y cher
cher des raifons. 11 eft bien vrai que tous les ar^u'-
•ncns qu'on tire de la conlldéiation attentive du lu-
LIE 527
jet, fe peuvent rapporter à ces chefs généraux, qu'on
appelle lieux, ôc que l'on ne lituroit prefque rien
dire qui ne s'y rapporte. Mais ce n'eft point par cette
méthode qu'on les trouve , ni en y tailant une ré-
Hcxion exprelle. Au contraire , cette réflexion ne
peut fervir qu'à ralentir la chaleur de l'efprit , & a
l'empêcher de trouver les raifons vives Se natu-
relles , qui font les vrais orncmens du difcours; Loc.
S'il eft bon de lavoir ce qu'on dit de ces lieux 3 parce
que tant de perfonncs célèbres en ont parlé , qu'ils
ont formé une efpèce de néceftité de ne pas igno-
rer une choie fi commune ; il eft encore plus im-
portant d'être perfuadé qu'il n'y a rien de plus ridi-
cule j que de les employer pour difcourir de tout à
perte de vue , comme font les LuUiftes avec leurs
attributs , qui font des efpèccs de lieux , & que cette
mauvaife focilité de parler de tout Se de trouver
raifon par-tout , dont quelques uns font vanité , eft
un fi mauvais caraèlèrc d'cfprit , qu'il eft beaucoup
au delFous de la bêtife. Les bons Orateurs n'ont
jamais longé à faire un argument, à caufâ, ab
ejjeélu , ab adjunclïs , Se par tous les autres lieux de
cette nature. Id. Ce pâtiliage de lieux communs , Se
ce fagot de provifions , ne font pas d'un grand ufa-
ge. Mont.
C'eft en ce fens que lieu lignifie raifon , moyen j
fujet , occûjion, place. Occofio , caufa. Il y a lieu
de croire cette propofition par telle Se telle raifon.
J'ai lieu , j'ai occafion de vous fervir par tels Se tels
moyens. Il y a lieu d'efpérer quelque chofe de bon
de ce jeune homme. Avoir lieu de fe glorifier. Mol.
Donner lieu à quelque accommodement. Ablanc.
Tenir Lieu de , lignifie Valoir autant. Cela lui tient
lieu de tout. Ac. Fr. Leur pruderie leur tient lieu
de jcuneftè. Mol. Tenir lieu de père. Ablanc.
Il m' aurait tenu lieu d'unpcrc & d'un époux. Rac.
Tacite dit que la fortune tient licuàz vertu à bien
des gens. Bouh. L'induftrie en France tient lieu du
plus grand mérite , & l'art de fe faire valoir donne
plus Ibuvcnt de la réputation que ce qu'on vaut en
effet. S. Evr. Une longue habitucte de le voir leur
tenoit lieu d'amitié. Id.
On dit dans le même fens, En premier lieu , en
fécond lieu j en troiùème lieu. Primo j fecundb j
tertio. Sec. quaiid on divife fes raifons , les points
de fes matières , en plufieurs articles, pour les trai-
ter méthodiquement , Se l'un après Vautre.
Lieu , fe dit auilî des fentences Se dits' notables its
Anciens , Se des choies les plus remarquables
qu'on extrait des Livres , & c'eft en ce fens qu'on
appelle lieux communs les recueils qu'on fait des
plus beaux pallàges des Auteurs. Excerpta j apho-
rïfnù , apophthegmata. Voilà un lieu fmgulier de
S. Auguftin. Cette décifion fe trouve en lieu étran-
ger , traitée hors de Ion fujet. Le Polyanthéa eft un
grand recueil des lieux communs. Lycofthène a fait
des lieux communs d'apophthegmes Se de hmihtudes.
Zuinger les a augmentés , & en a fait plufieurs
Tomes.
On appelle lieu Géométrique , toute ligne droite j
ou courbe J ou furface _, ùc. dont tous les points
ont un même rapport aux points d'une même ligne
droite par rapport à l'un de fes points. Des lieux
du premier genre , du fécond genre j &c. Il y a des
lieux plans , qui font plus fimples , ou du premier
genre , Se lont des lieux à la ligne droite , OU à
la parabole J ou à l'hyperbole , ou à l'ellipfe , qui
comprend aullî le cercle. Les lieux du lecond genre
lont les lieux iolides , qui fe lont par la fedtion
d'une lupcrficie conique & de fes feétions , comme
lont la parabole j l'ellipfe Se hhyperbole. Les
troifièmes lont appelés des lieux linéaires j engendrés
par deux mouvemens impliqués , comme font les
conchoïdes , les Ipirales Se les quadratrices. Voye-^
le Traité de M. de la Hire lur les lieux géométri-
ques. Un lieu au cercle _, un lieu à l'hyperbole équi-
latère , un lieu à Thyperbole entre fes afymptofcs.
5Z§ LIE
On appelle lieu en Géométrie toute ligne ou toute
efpace qui fe détermine par la variation de quelques
grandeurs , toujoiu's réglée de la même manière ,
&: airujétie à une certaine loi. Ac. des Se. 1704,
p. 4 , de l'HiJl. Ariftce l'ancien avoir tait cinq livres
des lieux iblides , c'eft-à-dire , félon l'explication de
Pappus 5 des trois ferions coniques. Èad. 1703.
H'ijL p. I jS.
Lieu , Ce dit aulïï des places & rangs d'honneur qui
font établis dans la Képublique ^ ou dans 1 opimon
des hommes. Le Préfident tient le premier lieu
dans fa Compagnie. Le haut bout de la table , le
haut du pavé , la droite , font les lieux les plus
honorables. Arcluméde tient le premier lieu chez
les Géomètres. On dit aulîi , qu'on tient une chofe
de bon lieu , pour dire , de bonne part , de gens
qualifiés j ou éclairés.
^CF On dit qu'un homme a eu le premier, le fécond ,
le troificme , &c. lieu de ta licence.
§CF En termes de Palais , lieu fe dit du rang auquel
on etl fubrogé à la place d'un autre : qu'un créan-
cier efl: fubrogé au lieu &c place d'un autre; pour
dire qu'il ell entré dans fes droits &: hypothèques ;
qu'il a été colloque au premier , au tecond lieu ,
dans un ordre de créanciers , fur la diltribution de
quelques deniers.
Lieu j lîgnihe aulli , Origine , extraétion, maifon j, fa-
mille. Genus , ftirps , familia. En ce fens on dit ,
qu'un homme vient de bon lieu ^ ou de bas lieu.
Suirimo loco , humili loco natus , telon qu'il eft de
bonne , ou de balle naillance ; qu'il tait l'amour
en bon lieu. ScAR. Qu'il aime en bon lieu. Abl. pour
dire , qu'il a de l'attachement pour quelque objet
qui le mérite. Qu'il efl: allié à bon lieu ; pour dire ,
à une maifon noble & riche.
En termes de Marine , on appelle lieu d'entrepôt ,
un port de mer , où l'on établit des magaims pour
recevoir les marchandilcs qu'on y conduit , &: pour
les tranfporter dans les pays étrangers. Ozanam.
^3° Lieu , Endroit , Place , fynonymes. Lieu ,
marque un total d'efpace. Endroit , n'indique pro-
prement que la partie d'un etpace plus étendu.
Place , intinue ijne idét^ d'ordre "c d'arrangement.
Ainli l'on dit le lieu de l'habitation -, l'endroit d'un
livre : la. place d'un convive ou de quelqu'un qui a
léance dans une Ailemblée. Syn. Fr.
ffr On eft dans le lieu. On cherche Vendrait. On oc-
cupe la place, Paris eft le lieu du monde le plus
agréable. •
Au lieu , forte de prépofition , qui , félon qu'elle eft
jointe avec un nom ou .avec un verbe , a dittcrenies
flgnifications. Quand elle eft jointe avec un nom ,
Elle lignifie , En la place, f^ice , pro. Conftituer
un nouveau Procureur au lieu de celui qu'on ré-
voque. Donnez-moi une telle fonime ,- au lieu de la
charge que vous me vouliez donner. On l'a mis
prilonnier au lieu d'un autre.
Quand elle eft jointe avec un verbe à l'inSni-
tif , elle marque oppofition , iSc figniiie , au con-
traire , bien loin, jiu lieu de l'accufer j je le loue
de ce qu'il a fait. Un bon Chrétien , au lieu de fe
venger , doit aimer fon ennemi.
Tu me braves , Cinna , tu fais le magnanime ,
Au \\z\x de t'excuj'cr j tu couronnes ton crime.
Corn.
Au lieu que j s'emploie dans la même fignification.
Il n'eft occupé qu'à le divertir , au lieu qu'A de-
vroit longer à fes affaires.
On dit proverbialement , qu'un homme n'a ni
ieu, ni lieu ; pour dire, qu'il eft gueux, vagabond,
lans domicile. On dit aulli , fans feu , ni lieu. On
dit poétiquement, ces bas/ie/^.v, pour lignifier la terre ,
le bas monde.
Lieu , eft aufti le nom qu'on donne à un poilfon de
iner , où l'on remarque comme une choie extraordi-
naire qu'il a 4^0 pancréas. Afellus minor. Voyez
Pancréas.
LIE I
LIEUCHEU. Nom d'une ville de la Chine. Lieucheum,
C'elt la leconde capitale de la province de Quangfu
Elle emprunte ton nom des finies qui y croillent en
abondance tur les bords du tleuve Lieu. Son terri-
toire produit plufieurs herbes fort recherchées des
Médecins, & entr'autres le Pulu,>qu'ils nomment
immortelle , parce qu'on la peut conterver toujours
verte dans fa mailbn. Amb. des Holl. P. I,p. 2/j.
|Cr LIEUCHING. Ville de la Chine , dans le Quangfî, 1
département de Lieucheu. I
LIEUE, t. t. Sorte de metute itinéraire. Leuca. Saint
Jérôme & Flodoard ditent/eucii. AnnnienMarcellin,
& d autres leuga, Nithard leuven , V Leland liga.
Elpace de terre conlidérée dans fa longueur , fervant
à mefurer les chemins , &: la diftance d'un lieu à un
autre , & contenant plus ou moins de pas géométri-
ques , félon le différent uiage des Provinces & des
Pays. La lieue des anciens Gaulois étoit de mille cinq
cens pas géométriques. Les autres croient que les
lieues owx. c:\\àc\.\m% quatre milles. Voye'^ Ablancourt,
^dansla Préface fur Célar. Les grandes lieues de France
, lont ordinairement de trois mille pas géométriques,
& en quelques endroits de trois mille cirq cens! La
lieue moyenne, ou commune , eft de deux mille quatre
cens pas géométriques , & la petite lieue de deux raille
pas géométriques. Chorier , dans ton Hiftoire de
Dauphiné, L. II. p. j)s- prétend que les /ie2i£j Gau-
loiles n'étoient que de quinze censpas. Etj L. IFp.
22p. ctnt cinquante miliaires , dit-il, compofoient
trente-deux lieues chez les anciens Gaulois , qui ne
donnoient à chaque /ie«e que quinze censpas, c'eft-
à-dire , un milliaire &i demi , félon le témoignage
d'Ammien Marcellin. Chaque lieue de Languedoc
contient environ quatre milles. Catel. Hijl. de Lan-
guedoc , L. II. p. jjj. Sa mefure en Bretagne eftdt
trois mille pas. Lobine av , Hifl. de Bret. Gloj]'. Lc<
lieues Elpagnoles font plus grandes que nos lieua
Françoilesi dix-fept /ici^t.'^ Elpagnoles font un de-
gré , ou vingt lieues Françoiles. Ainii les licucs El
pagnoles font fr ou 7 rV plus longues que les iiô
très', c'eft-à-dire, que fi nous donnons 3000 pas ;
nos lieues , \zslieues Efpagnoles en ont 3671 _, (îC'prè
de 3671.
Les lieues de Perfe font à peu près, comme celle
d'Eipagne ; c'eft à-dire , qu'elles valent quatre mille
d Italie. Et cela revient allez à ce qu'Hérodote dit di
la paralange , ou ancienne mefure des routes chez le
PerleSj qu'une paralange, ou , comme ils proiïonceii
aujourd'hui , Ferleng , contenoit trente ftades; cari
falloir huit Itadcs pour faire un mille, ainli que non
l'apprend Strabon. Trente ftades font donc à peuple
quatre milles. Les Perlés marquent les lieues pardt
arbres , comme les Anciens les marquoient par de:
pierres. C'eft pour cela qu'ils les appellent aull
Agag , mot TurCj qui lignifie un arbre. Pietrodell;
Valle Ptzrr. /. p. 144. Au Japon les lieues lont dt
mille huit censtoifes, A la campagne toutes les/i«f;
font diftinguées par un petit tertre élevé exprès, &
planté de quatre grands arbres , où les voyageurs 1<
repofent. Amb. des Hollandais au Jdpon , Part. H
p. I -^6 . Voye\ la réduéliion des lieues de la plupart de:
Provinces de l'Europe au pié Romain , fur le raotd(
MILLE. En Juftice , les délais des alîignations , de:
voyages qu'on taxe font réglés à dix lieues par jour
Un degré du ciel répond à quinze lieues d'Allemagni
lur la terre, ou à vingt lieues marines, ou à vingt
cinq lieues communes de France. Une pofte doi
être ordinairement de deux petites lieues , ou d'un(
bonne & grande lieue & demie. La lieue du moulii
bannal , ou bannier , eft réglée à deux mille pas , don
chacun eft de cinq pies. En Bourgogne la lieue con
tient cinquante portées , c'eft la chaîne d'un Arpen
teur , la portée douze cordes , la corde douze aunes
l'aune deux pieds & demi , & le pied douze pouces
Vingt lieues Françoifes & Angloiles répondent àquin
ze lieues Hollandoiles.
On dit hyperboliquement cent lieues , pour mar
quer une fort grande diftance. Procul, longijjtmè
Je voudrois que cet écorniHeur fût à cent lieues d.
moi
LIE
Kioi. Vous ne trouverez pas fon pareil d'ici à cent
lieues. Vous croyez que cet homme vous écoute , (on
efpric ell à cent lieues. Vous croyez avoir devine le
mot de cette énigme , vous en êtes encore i cent
lieues. Cette exprtiiion n'cft que du d:(cours fa-
milier.
Lieue, le dit proverbialement en ces phrafes : on Jir
d un homme tort lent, qu'il fcroit bien en quinze jours
quatorze lieues. On dit aulli, que par tout pays il y a
une lieuc de mauvais chemin , pour dire qu on trouve
par tout desobllacies , & des difficultés. On dit aulli
d'une /is/^i?, qu'elle n'ell: guère large , mais qu'elle
ell bien longue , quand on fe plaint qu'elle clt trop
grande.
Ce mot vient de kuca , ou de leuga, qui ell un vieux
mot Gaulois , comme prouve Ménage après Palquitr ,
par le témoignage de Saint Jérôme, d'ifidore , >.iai-
ceUin , & autres. Du Cangcdit aulli lewa dans la balle
Latinité. Amien Marcellin a remarqué que lieue ,
leuca , étoit un ancien terme Gaulois , Ôc que les Ro
mains qui comptoient par milles les diftances des
heux , commençoicnt à Lyon en remontant vcr^l'aris
à compter par lieues , &; il a dit de Lyon , Hoc exor
dium Galliarum. Ménest. Uïjl. de Lyon. Quelques-
uns dérivent leuca de A£o«i) , qui veut dire hlanche ,
parce qu'autrefois les Gaulois , à la manière des Ro-
mains , marquoient les efp aces & les diftances des
chemins par des pierres blanches. Leuca , une licuc
vient du Celtique Icau , ou lève. Pezron. f-^oyei
les Acl. Sancl. des Jél. d'Anvers , Février, T. I.
p. 2j.f. leuvas très. Ainfl de leuca , on a fait leuva ,
leuve , lieue.
LIÉVE. r. f. Terme de Jurifprudence , fynonyme de
cueilloir Se cueilleret. Extrait d'an papier terrier
d'une Seigneurie , qui fert de mémoire au Receveur
pour faire payer les cens & rentes , ik autres droits
Seigneuriaux. Il contient le nom des terres , les tenan-
ciers , & la qualité de la redevance , fans être autre-
ment authentique. Les Liéves anciennes fervent
queiquefcHS de preuves pour faire de nouveaux ter-
riers , quand des titres ont été perdus par guerre , ou
par incendie, comme il ell porté dans l'Edit de Me-
lun en faveur des Eccléhaftiques.
LIÉVIZO. f. m. Nom d'homme. Libendus. Adaldague,
Archevêque de Brème , étant niortj l'an jiS8. indic-
ti.- J première , le 28 d'Avril , après ) 5 ans d'Epifco-
pat j Libentius lui fuccéda. FmvRY ,Hi/l. Eccl. L. .f/.
Libentius fe trouve aulli nommé Lieviio j par une
corruption de fon nomj venue apparemment de la
prononciation des Barbares. Id.
LIEUR. f. m. Economie ruftique. Homme de journée
ti qu'on prend pour lier les gerbes pendant la moillon.
9 Manipulorum collecter.
LIEURE. Foyei Liure.
LIÈVRE, f. m. Animal quadrupède , fort vite & fort
timide. Lepus. Il ell de la taille d'un lapin , mais plus
gros. Il a le poil gris tirant fur le roux , &c des oreilles
longues &: droites. Il n'y a point d'animal fi timide
que le lièvre. Le defir d'alonger mes jours me rend plus
timide qu'un /ièvre Main.
Dans un-profond ennui le lièvre fe plongeait:,
Cet animal eji trifle , '& la crainte le ronge.
La Font.
Il n'y a point d'animal d'une fi grande fécondité que
le lièvre , la fuperfétation qui arrive rarement aux au-
tres , lui ell ordinaire , & l'on trouve allez fouvent des
femelles aéluellement nourrices , qui font encore plei-
nes de petits , les uns qui ont déjà du poil , & les au-
tres plus ou moins formés , félon la différence des
temps qu'elles ont conçu.
On appelle bouquin le mâle , & la femelle hafe ,
cui cft un mot Allemand , fignifiant lièvre. Il a la tête
plus courte & plus grolle que les autres. Il y a des liè-
vres qui font tout enfemble mâles Se femelles j mais
Matthiole combat cette opinion , qui étoit celle
d'Archelaiis. Le Journal des Savans de l'année K377.
parle d'un lièvre double qui fut pris à Ulm« en AJle-
lome y.
L L Ë 529
magne. Il avoir deux tctcs , quatre oreilles & huit
pieds. C'étoicnt deux lièvres adoilés (k placés l'un fur
l'autre: ce qu'il y avoir delmgulier, c'ell que lorl-
qu il étoit pourluivi , &: qu'il étoit las de courir fur un
ccité , il te tournoit lur l'autre partie de lui même , 6c
couroit à nouveaux frais. On dit , prendre un lièvre à
l'accroupie, lorlqu'il clt le matin à croupeton , ôc
croupit en terre : ce qu'on appelle autrement lièvre
en forme. Les lièvres tiennent d'ordinaire les guérets.
Quand il a plu , ils tiennent les friches, ou font près
des chemins. Ils font très-rules , & connoilicnt mieux
tous les changemens de temps , que le meilleur Allro-
logue. f^oye^ Jonllon de Salnovc. Lancer un lièvre.
l'aire lever , faire partir un lièvre. Courre un lièvre.
Forcer un fièvre. Quelques uns difent que les lièvres
des Alpes & des montagnes (ont blancs , tant qu'elles
font couvertes de neige, & qu'après ils deviennent
gris roux comme les autres. Les femelles font leurs
petits en des jours dirtérens , à proportion du temps
qu'elles ont été couvertes. Le membre des mâles cft (ut
leur derrière. Il étoit défendu aux Juifs de manger du
lièvre. On dit d'un vieux lièvre , qu'il ell bien mon-
té , pour dire qu'il court bien. Les rules d'un lièvre.
Le rable d'un lièvre. Un pié de lièvre lert aux Ecri-
vains à frotter leur papier , leur parchemin, avec de
la fàndaraque , quand ils l'ont gratté, pour empêcher
qu'il ne boive.
La chair de lièvre étoit mile autrefois au nombre
desalimens les plus délicieux. Martial a dit , L. XIII.
Epigr. ()2. Intcr quadrupèdes gloria prima lepuSé
r^oyc'^ StrukiuSj Antiquit. Convivial. L. II. C. S.
Ce qui ell Vrai d'un jeune/zèvre de 7 ou 8 mois , dont
la chair qui ell alors alfcz faite , eft tendre , fucculente
&: de facife digeftion. Les vieux lièvres font fecs,
durs , & indigelles. L'ufage fréquent de la chair de
lièvre n'eft pas approuvé de la plupart des Médecins.
Ils prétendent qu'elle eft (éche & mélancolique -, qu'el-
le épailîit le (ang ; qu'elle caufe des oollruétions au
foie & à la rate _; qu'elle nuit aux poumons , & empê-
che de dormir. Galien néanmoins eftime qu'elle pro-
duit un meilleur lue que les viandes de bœuf &: de
mouton , & que le fang de lièvre lurpalle en bonté
& en douceur celui de tous les autres animaux. De la
Mare. Traité de Police, L. F. Titre XXIII. C.
/. §. 6 . Les meilleurs lièvres de toute l'Europe , (elon
les Anciens, font ceux des Gaules Cilalpines, au delà
du Pô , aujourd'hui le Milanez. A notre égard ceux
qui font nourris dans les plaines , les prés & les lieux
humides J font les plus grands , mais ceux des monta-
gnes & des lieux fecs font les meilleurs. De la Mare ,
Traité de Police, L. F. Tu. XXXIII. C. I. Le
lièvre ell le premier de tous les animaux de la menue
ou petite venaifon.
Le lièvre dans les hiéroglyphes des Egyptiens , fi-
gnifioit l'ouie. Foye^ fur les lièvres , Voffius , de Ido-
lolat. L. III. C. â J j 6s , àô. Bochart j hiéro\. Part.
I. L. III. C. 32.
Lièvre eft un fymbole fur les médailles. Foye\ La-
pin.
Ce mot vient du Latin lepuS , qui fignifie la même
chofe.Mais les Auteurs font partagés fur l'étymologic
de ce nom lepus. Les uns le tirent de la légèreté Se
vîtcire de cet animal , Icpus quafi levipcs. C'étoit le
fentiment du Jurifconfulte /Ehus Catus. Vairon s'eft
moqué de cette étymologie ; d'autres prétendent que
ce mot eft formé du Grec f^ûyoc , qui a la même ligni-
fication , & difent que ce changement s'eft pu faire
par la tranfmutarion de la lettre A en E , & de la
lettre G en P , d'où l'on a fait lepos , Se enfuii'e lepus ,
comme de pc^-ym, s'ell fait rupes , Se de ^o»®- lupus.
Il y en a auffi qui le tirent de xi^tofn, qui (îgnifîoit
aulh un lièvre dans l'ancien idiome Béotien , ou
Dorien , félon Scaliger, de Cauf. Ling. Lat. C. iS g.
LiivRE MARIN. C'eft un poiflon venimeux qui naît dans
la mer &: dans les étangs fangeux. Lepus marinas. Elicn
dit qu'il rellemble à un limaçon hors de fa coquille j
qu'il a la couleur du poil d'un /if vrd de terre, é(: qu'il
a à la tête un trou par où il fait fortir une chair molle ,
qu'il retire quand il veut. Rondelet dit qu'il a lemiv-
Xxx
530 L.i E
d'au comme un lièvre , avec deux petircs oreilles. [
Paul Eginéte , Pline, Galien, Se Nicandie , difent
que il une femme grollc le regarde, elle voniira &
avorrera. Son contrepoiton eft dulaitd inelfe avec du
vin cuit, ou la décoction de mauves. Il a une odeur
puante i ne fe tient que dans la tange & le bourbier.
Sa tcte eft tort diftorme , &c il paroïc comme une grollè
pièce de chair Gns os , qui reiremble au /ièvre leule-
ment en fa couleur. lia la bouche lur le dos comme la
féche , plus petite 6c plus tortue. Il a deux cornes
molles comme les efcargots. Ceux des Indes lont plus
grands , & ont le poil plus rude , mais on ne les prend
jamais vifs. C'eft un poillon femblable au glaugio , ou
petit calémar. Matthiole. Le hèvre marin cft un
poiiron ennemi du poumon , comme les cancharides
dclavellle, & la ciguë du cerveau. Ceux qui ont man-
gé du l lèvre marin, ont en horreur toute forte de
poillon. Le lièvre marin efl: aullî appelle chac marin ,
felis marinas. C'eft un animal lans jambe , alTéz
femblable aux limaces terreftres. Voye\M. de Réau-
MUR , Mém. de V Ac. des Se. iji s-
On appelle bec de lièvre , Celui qui a la lèvre
de deffus fendue par le milieu. Lahrum fijfum.
Dormir dï Lièvre. C'eft dormir les yeux ouverts j
& mémoire de lièvre , c'eft celle qui le perd en cou-
rant , c'eft une mémoire labile.
On dit d'un chien qui a beaucoup de vîtefTe & de
force , qu'il prend un lièvre corps-à corps.
On appelle Gentilhomme à lièvre , un Gentilhom-
me qui vit de fa chafte.
On a dit des lièvres cornus , pour des chimères. On
prétend néanmoins qu'il y a réellemeunt des lièvres
cornus-, &: Jonfton , dans (on Hiftoire des animaux
à quatre pieds , a décrit & repréfenté au naturel des
lièvres cornus.
Sans juger , nous jugeons , étant notre raifon
Là-haut dedans la tète , ou félon la faifon ,
Qui règne en notre humeur , les brouillons nous
embrouillent ,
Et de lièvres cornus le cerveau nous barbouillent.
RÉGNIER.
Le même Auteur dit bailler le lièvre par l'oreil-
le , pour , tromper l'efpérance, fruftrer l'attente de
quelqu'un.
■ Ma joie en moins d'un rien j comme un éclair
s'enfuit ,
Et le ciel qui des dents me rit à la pareille ,
Me bailla gentiment le lièvze par l'oreille.
Régnier.
LiIvre , fe dit auflî en Aftronomie. C'eft le nom d'une
conftellation méridionale. Lepus. Bayer lui donne
treize étoiles , dont quatre font de la troifième gran-
deur, quatre de la quatrième , quatre de la cinquiè-
me , & une de la fixième. On lui en donne douze
dans le catalogue de Ptolomée , & dix-neuf dans le
catalogue Anglois.
Lièvre , fe dit proverbialement en ces phrafes. On dit,
que le lièvre revient toujours à fon gîte ; pour dire ,
que tôt ou tard on attrapera un homme à un certaine
maifon. On dit à la challe j avoine pointant , lièvre
giflant; car alors les lièvres tiennent les avoines. On
dit qu'un homme a levé le lièvre , lorfqu'il a décou-
vert quelque fecret, qu'il a ouvert quelque bon a »s.
On dit aullî , prendre le lièvre au colet , prendre le
lièvre a.u corps; pour dire, prendre une affaire de bon
biais , donner la décifion d'une queftion. C'eft-là où
git le lièvre; pour dire , où eft le fin , le fecret d une
affaire. On dit aullî d'un dellein qui doit être fecret,
& dont on parle avant l'exécution, que c'eft vouloir
prendre le lièvre au fon du tambour. Pline rapporte
un vieux proverbe, qui eft encore en utage; que
quand oii a mangé dalièvre , on cft beau fept jours de
fuite. On dit aulîi , qui chalfe deux lièvres , ou qui
court deux A'èv/-w à la fois, n'en prend aucun; pour I
L I E
dire , qu'il ne faut pas faire deux chofes , entrepren-
dre deux aàaires tout à la fois.
Oh Dame ! on ne prend pas deux lièvres à
la fois.
Rac.
On dit proverbialement , Jeune hafe & vieux
bouquin ; c'eft tout, lièvre &c tout lapin. On dit qu'on
a une fomme ou autre choie a prendre fur le dos
d'un lièvre , lorfqu on ne trouve rien pour fe faire
payer.
On appelle par dériiîon Chevaliers de lièvres,
quelques Gentilshommes ; ce qui vient de ce que
Philippe V. Roi de France , & Ldouard III. Roi
d Angleterre , étant prêts de fe livrer bataille, un
lièvre fe leva près du camp , qui donna une telle
alarme, que quelques Cvaliersde 1 arrière - garde,
vinrent en hâte fi prélenrcr au Roi pour le fecou-
rir , & lui demandèrent l'accolade , & d'être faits
Chevaliers; mais comme 1 alarme fe trouva fauife ,
on les appela Chevaliers du lièvre , & depuis Gentils-
hommes à lièvre, comme remarque du Iillctj /. Part.
R- 433-
LIEVRE. Le Val de Lièvre. Voye\ Léeéraw.
LIÉVRETAU. f. m. C'eft le nom qu'on donne aux
petits du lièvre J pendant qu'ils font encore fous la gar-
de & nourriture des père & mère ; à la différence du
' levraut , qui eft un jeune lièvre depuis deux mois juf-
qu'à (îx ou fept mois , qui eft bon à manger.
LIEUTENANCE. f. f. Charge fonétion de Lieutenant.
Voye\cç. mot. Legati munus , legataria funclio. Une
Lisutenance aux Gardes. La Lieutenance du Roi d'une
telle Province , |t~?d'un tel endroit. La Lieutenance
générale de Provence. Sur quoi il faut remarquer que
ce mot ne fe dit ni en parlant d'un Lieutenant Général
des Armées du Roi , ni en parlant des Lieutenans de
Juftice.
LIEUTENANT, f. m. Officier qui tient lieu d'un Su-
périeur , ou Chef, qui exerce une charge en fon ab-
fence , où qu'il dcvroit exercer lui-même. ie^ûfWj
Vicarius. Dans les Loix Lombardes , L. 1. Tit. 2y. §.
jS. on appelle le Ziei.'re/2i2/zr d'un Comte, Lociferva-
tor. Les Grecs le nommoicnt de même Topotèréte ,
& les Légats du Pape dans les Conciles ont ce nom ,
parce qu'ils tiennent la place du Souverain Pontife.
Ces mots reviennent à celui de Locum tenens.
Les Baillis & Sénéchaux d'épée ont laillé ufurper
la Juftice qu'ils dévoient rendre eux-mêmes, par des
Lieutenans (\u'\\s ont commis pour l'exercer. Ancien-
nement ilsn'étoient point créés en titre d'Office ; le
choix en appartenoit aux [Baillis , comme on le peut
voir par les Ordonnances de Philippe le Bel de 1302.
& de Charles VI. de 1588. Louis XIL par un Éditde
1 499. ordonna que l'éleclrion des Lieutenans des Bail-
lis &: Sénéchaux fe feroit en l'Auditoire ; & par un
autre Edit de 151 i. il ordonna qu'il en fût nomme
trois, l'un defquelsil pourroit choifîr. Ils étoient au-
trefois gens d'épée , & il étoit détendu au Baillis de
choilîr des gens de robe ; mais depuis , on a lailfé le
commandement du ban & arrière ban aux Baillis &
Sénéchaux; &■ leurs Lieutenans, qui foiu toujours
gens de robe , ont le pouvoir de ju^^er, qui apparte-
noit aux Baillis & Sénéchiux.
IJC? Il y a au Ch.îtel t de Paris un Lieutenant Civil,
un Lieutenant Géiiéial de Police , un Lieutenant
Criminel, l'r (i utenantQvm\int\ de Robe Courte,
& deux /'.7' /25 Particuliers.
|p"Le Lie:i.::..u Civil eft un Magiftrat étabh pour
juger les afi\:ires Civiles en première inftance. Il eft
le premier des Lieutenans du Prévôt de Paris; & cpm-
iT.e tel , c'c'^ à lui qu'appartient le droit de prelider
aux alTeml-lècsdu Chatelet. Toutes les aftaires de fa-
milles le reùardent uniquement. Il eft comme le perc
de toutes les f^milicsj & le tuteur de tous les mi-
neurs.
53' Lieutenant Général de Police. C'eft un Magif-
trat érigé par lÉditdu mois de Mars 1667, pour
veiller à la fureté de la ville de Parts, & connoître des
LIE o
délits de ceux qui contreviennent aux Ordonnances
& aux Réglemcnsdc Police. La Police appartcnoit
autrefois au Lieutenant Civil ,^ & ia charge de Lieute-
nant de Police a été démembrée de celle du Lieutenant
Civil.
■JCTLiLUTENANT Criminel, c'eftun Magiftrat inftitué
pour corriger , ciiàticr& punir les crimes qui fc com-
mettent dans l'étendue de la ville ik faubourgs de (on
Prélidial. Il prélide à tous les jugemens criminels^
' à l'exception de ceux qui lent'de la compétence du
Lieutenant Az Koh^Comie. &c du Prévôt de l'île.
|iCr Lieutenant Criminel de Robe Courte , cil un
Lieutenant du Prévôt de Paris quiporte l'épée& une
robe plus courte que la robe ordinaire des Magif-
' trats. Ses foniflions ont peur objet la lùreté de Paris.
Il a jurifdidion fur les meurtriers , vagabonds , &
autres gens de mauvailc vie. Cette charge efi: ancien-
ne. Ellï n'étoit autrefois qu'une commillîon du Pré-
vôt de Paris. Elle a été depuis érigée en titre d'Office.
C'ell le Parlement qui juge les conHits d'entre le
Lieutenant Criminel ôc le Lieutenant Criminel de
Rol^ie Courte.
fjCT Lieutenant Particulier. C'eftun Magiftrat qui
juge en Tabfence du Lieutenant Civil à Paris , ou du
Lieutenant-GénéïA dans les autres Préiîdiaux, 8c qui
tient l'ordinaire, c'eftà dire, une audience particu-
culière pour les caufes ordinaires du Bailliage ou de
• la Prévôté, après que la grande ou la Préiidiale eft
fjnie. Il y en a deux qui piThdent alternativement pen-
dant un mois, l'un à l'audience du Préhdial , l'autre
à la Chambre du Confeil , où Te jugent les procès
par écrit.
Lieutenant-GÉnÉral dans un Prélidial, elt ce qu'eft ici
le Lieutenant Civil. Il y a des Lieutenans Généraux
de la Connétablie , des Eaux & Forets , de TAmi-
rauté. Il y a aulîi des Lieutenans dans prefque toutes
' les Juftices , tant Royales que Subalternes, f^oye^
ces mots.
Lieutenant , en terme de Guerre , fe dit de plulîeurs
Officiers qui fervent en diucrcntes qualités.
Lieutenant Général , dans l'Armée , eft le fécond
Officier qui commande lous le Général un corps
de Troupes, un détachement, un quartier ^ une atta-
que. Prxtorius legatus. Il y a aullî fur mer des Lieu-
tenans Généraux des Armées navales , qui comman-
dent fous l'Amiral & lous les Maréchaux de France ,
& qui précédent les Chefs d Elcadre. Il y a mainte-
nant plulîeurs lÀeutenans Généraux , tant fur mer
que fur terre. Ils font immédiatement après les Ma-
réchaux de France ; & quand ils font dans la même
Armée , ils fervent chacun leur jour , iSc ont leur
rang , félon leur droit d'ancienneté.
En Hollande il y a un Lieutenant- Amiral , c'eft
ce que nous appelons en France Vice-Amiral. Il
y a aulîi des Lieutenans -Amiraux de chaque Col-
lège. En France , le Lieutenant de Vaiireau eft le pre-
mier Officier du Vailleau après le Capitaine , en l'ab-
fence duquel il commande. Durant la minorité de
Louis XI'V. Gafton de France, Duc d'Orléans, on-
cle du Roi , étoit Lieutenant Général du Royaume.
Lieutenant Général de l'Artillerie , eft celui qui
commande tout ce qui regarde le lervice du canon
&: les batteries , fous le Grand Maître , ou en Ion
abfence.
Lieutenant du Roi , dans une Place, eft le fécond
Officier de guerre d'une Ville. Il commande en l'ab-
fence du Gouverneur.
Lieutenant Colonel , eft dans le Corps de Cavalerie
étrangère , lepremier Capitaine du Régiment. Il le
commande en l'ablence du Colonel , & il le met à la
tcte des Capitaines. fC/" Dans les Régimens François
de Cavalerie , c'eft le Major qui fait les fonctions de
Lieutenant Colonel , &c qui en a toutes les pré-
r>'igatives.
I.iruTFNANT Colonel d'un Régiment d'Infanterie , eft
le iccond Officier du Régiment, qui le commande
en l'abfence du Colonel , & qui dans un combat ,
prend fon pofte à la gauche du Colonel. Subtrihu-
nus. Les Dragons ont auûi un Lieutenant Colonel.
Tome V.
LIE^ ^31
Compagnie Lieutenante Colonelle, f. f. C'eft I.-i
féconde; Compagnie d'im Régiment , celle dont le
Lieutenant Colonel eft chef, comme le Colonel eft
■ C.apit.ainc de la Compagnie Colonel le. Legionis co/wrs
fecunda. Les Enfcigncs des Compagnies Colonelles
ix' Lieutenantes Colonelles doivent rouler avec les
Lieutenans pour les gardes ou détaehemcns, tk. tenir
rang cntr'eux du jour &c date de leurs Lettres. Bom-
BELLES.
Lieutenant en fécond. C'eft l'Enfeigne d'une Compa-
gnie d'Infanterie. Signifer , Kexillifer. Les premiers
L.ieutenans , ik les Lieutenans en fécond , ou Enfci-
gncs. BoMEELLES. Si c'cft unc garde Commandée pat
un Capitaine , un premier Lieutenant ik un Lieutenant
en (ecoi-;dj le Capitaine doit être au centre , à deux
pas des Soldats , le premier Lieutenant fur la droite-, à
un pas des Soldats , & le Lieutenant en fécond fur la
gauche , à même diftance. Id.
LnuTENANT Colonel, fe peut dire hgurémenr en ftyle
familier , ou badin , pour le premier en quelque genre
que ce (bit. Ainfi l'on a dit au premier Médecin d'urx
Prince :
Jiien vous en /oit de l'honneur folemnel
Dont le renom par nos Provinces vole ^
Louis-le-Grand , digne d'être éternel ^
Vous établit Lieutenant Colonel
Du Médecin & du Pharmacopole ;
Et dans un âge où le Docte Fernel
Encore étoit fur Us bancs de l'Ecole.
SÉNECÉ. ,
Lieutenant d'une Compagnie , eft Un Officier créé pau
le Roi dans chaque Compagnie de Cavalerie , ou d'In-
fanterie, pour la commander en l'abfence du Capi-
taine. Legatus. Lieutenant de la Colonelle, c'eft
le fécond Officier de la Compagnie Colonelle de
chaque Régiment d'Infanterie , qui jouit delà com-
mifiion de Capitaine. Le Lieutenant de la Colonelle
du Régiment des Gardes Françoifes jouit de la com-
milîjon de Capitaine , & tient rang du jour & date
de la commiliion ; les autres Lieutenans des Compa-
gniesColonelles des Régimens d'Infanterie, foit qu'ils
aient commilîîon , ou non y tiennent rang de dernier
Capitaine en vertu du Règlement de 1670. On die
auliî , un Lieutenant aux Gardes j le Lieutenant de la.
Porte.
On appelle Capitaines Lieutenans j les Capitaines
des Compagnies d'Ordonnance , ou des Moufque-
raires , dont le Roi eft le vrai Capitaine. Il y a
des Lieutenans dans les Compagnies des Gardes du
Corps-, ils eu font les féconds Officiers, & n'onc
que le Capitaine de ces Compagnies au-delîus.
d'eux.
On dit auflî , qu'un Prince a f^xit des conquêtes par
fes Lieutenans , pour dire , par ceux qui ont com^
mandé fes Armées à fa place , & en fon nom.
Lieutenant de VailIèau, c'eft le premier Officier fous
le Capitaine.
Lieutenans Provinciaux d'Artillerie. Ils commandent
l'Artillerie , .avec les mêmes fondions attribuées;
aux Lieutenans Généraux , auxquels ils rendent comp-
te de toutes chofes, de même que les Lieutenans
Généraux font obligés de rendre compte au Grand-
Ala'itre.
En m.atièrc Eccléliaftique j on dit que le Fapè
eftle Lieutenant de Dieu en terre , ou le Vicaire de
Jclus-Chrift. Les Rois font comme les Lieutenans de
Dieu. Dac. •
03° En parlant des femmes des O.Hîciers de Judicature
qui portent le titre de Lieutenans , on dit Aiadame
la Lieutenante. Ainli l'on dit Madame la Lieutenante
Civile , Criminelle, Générale.
ffS" On dit aufti Madame la Lieutenante de Roi , en par-
lant de la femme d'un Lieutenant de Roi.
LIEUVIN. Nom d'une contrée de Normandie , Pro-
vince de France. Pagus Lexovienjîs : dans le Capi-
tutaitc de Charlemagne Livinus ; dans ceux de Char-
les le Chauve Ion petit-fîls , Lifvinus , par corrup-
X;;v ij
5 32- ' L I G
tion pout Lifuvinus , ou Lixuvinus , Comitatus Lif-
v'mus , Pag us Lqiacencis, ou Lijiacenjîs , Lifvinum.
C'eft l'Évéchi; de Lilîeux , le Diocèfe de Lilîeux.
Voyei Hadr. Valef. Not. G ail. pag. 2fs, 27Û.
Le Lïcuvin enferré dans les rivières de Rifle , de Ca-
rentone & de Tonque , & arrolc de celles d'Orbec &
de CormciUeSj eft une des plus fertiles contrées de
Normandie, &: même de la France , & la feule qu'on
poiu-roit appeler les délices des Normands. Tout ce
pays eft prefque une plaine , où les pommiers abon-
dent, vers le Pontaudemcr & Lieurrey , qui tont un
cidre déferqué, de couleur d'ambre , & tranfpaient,
& qu'on pourroit j les fix premiers mois , préférer à
beaucoup de vins François. Les villes de ce quartier
font Lifieux j le Pontaudemer , HonHeur , Bernay ,
Orbec, Chambrois&; Montereul. Du Moulin , ////^
toire de Normandie. Le pays de Lifieux , nommé
dans le Capitulaire Lifuinum , fe termine à la rivière de
Dive. HuET , Oiig. de Caën , C. I.
LIEUX, f. m. pi. Latrines. Il ne fe trouve point de
preuves dans les écrits j ni dans les b.itimens qui nous
relknt des Anciens , qu'ils eulfent dans leurs maifons
des folles à privé. Ce qu'ils appeloient latrine , étoit
un lieu public ( il y en avoit plufieurs de cette efpèce
à Rome ) j oùalloient ceux qui n'avoient point d'Ef-
clavcs pour vider & laver leurs baflîns: ces ballins
s'appeloient aulli lamna à luvando j félon le fenti-
mcnt de Varron. Les latrines publiques écoient en
divers lieux de la ville ; on les nommoic cncotejler-
quUïnïa : elles étoient couvertes & garnies d'épong^îs ,
comme nous l'apprenons de Sénéque dans fes Epî-
tres. Usavoient pour la nuit la commodité des eaux
qui couloient dans toutes les rues de Rome, où
ils jettoicnt les ordures. Les gens riches avoicnt des
ballins que les valets avoient loin de vider dans les
égoutSjdant toutes les eaux fc rendoientdans le grand
cloaque , Se de la dans le Tybre. Dict. de Peint. &
d'Arch.
ICTLIEUYANG. Ville de la Chine , dans la Province
de Huquang , au département de Changxa.
LIÉXUI. Ville de la Chine , dans la Province de Nan-
Jcin , au département de Kiangning ou Nangking ,
première Métropole de la Province.
L I F.
LIFARD. f. m. Nom d'homme. Lîfardus , Lïphardus ,
Leifardus , Laif ardus , Leof ardus , Lufardus , Se Liet-
phardus. Saint Lifard , que l'on croit avoir été frère
de Saint Léonard de Vandeuvre , & non de celui de
Limoges , étoit né à Orléans d'une famille forr
confidéréc dans la ville , & il y fit alFez long temps
la profeffion d'Avocat. Baillet. A l'âge de quarante
ans , il renonça au monde , tk. entra dans la Cléri-
cature. Il y vécut taintement jufqu'en 5 jo. & ielon
d'autres, en 565. qu'il mourut. Voye^ les Bollan-
diftes , Jun. T. I. p. zçS. & fulv. Saint Lifarc de
Gonnelieu. Chastelain.
LIFFOF^D. Petite ville d'Irlande j dans la Province
d'Ulfter , .au Comté de Dunegal.
LIFOIN, Foyei Leeoin.
L I G
LlGkmL. FoyçiLiGhK.
LIGAMENT, f. m. Terme d'Anatomie. Llgamentum ,
lïgamen. En fa plus générale lignification j il fignihe
tout ce qui lie &: attache une partie à une autre; au-
quel fens les Anciens ont appelé Ugamens , les mem-
branes , le cuir , la chair , les veines &: artères , com-
me Ugamens communs ; mais en fa plus étroite lignifi-
cation , c'eft un corps dur <Sc ferme , lâche néan-
moins & flexible, qui enceinte lie &: contient les
jointures. Il n'a point de fentiment , &: il eft fort
différent , fuivant les parties où il fait fa fonéfion. Il
eft plus dur que les nerfs, & plus mou que les car-
tilages. Il fert à affermir les jointures , & empêcher
la diflocation des os , & même pour les lier , lorf-
qu'ils n'ont point d'articulation enfeiiible. Il fer:
.©.
L I G
aulli de couverture aux tendons , & à les féparer
des mufclcs , & à foutenir les entrailles fufpendues ,
de peur que leurs poids ne les fafle tomber , tels que
font les Ugamens du foie, de la vcllie, & de la
matrice. Ils font de différente fubftance. Il y en a
de durs , de mous , de membraneux , de nei-veux
& de cartilagineux ; comme aulh de ditiétente fi-
gure & lituation. Les uns naiffent des os , les autres
des cartilages, & les autres des membranes. Le liga-
ment eft la partie du corps la plus terreftre après l'os
& le cartilage , partant froide , féche , dure , & infen-
fiblc comme eux.
En particulier , les différens Ugamens dans le
corps humain font les Ugamens cartilagineux qui
lient les quatre os du métacarpe avec le carpe. Les
Ugamens de l'épine , font des Ugamens très-forts qui
font aux articulations des vertèbres , pour empê-
cher qu'elles ne fe luxent dans les mouvemens vio-
lens qu'elles font. Ils font de deux fortes ; les uns
épais ik fibreux j faits en forme de croiffant j qui les
lient par haut Se par bas ; & les autres membraneux ,
qui fervent à les lier avec plus de fermeté-, ils naif-
lent des apophifes tranfveriés Se aiguës. Les Ugamens
du foie , il eft attaché par deux Ugamens j le pre-
mier , qui eft le plus fort ôc le principal , le tient
fulpendu au diaphragme ; il pénètre dans la fubftance
du foie , pour le tenir plus fortement : le fécond ell
lâche, mais large & fort ; il vient de la tunique du
foie , & s'attache au cartilage xiphoïde. Quelques-
uns ajoutent pour troilième ligament du foie , la
veine ombilicale defléchée. D'autres n'en conviennent
pas , parce qu'elle tireroit le foie en bas , &: par con-
féquent le diaphragme aufli , Se que par là elle era-
pêcheroit fon mouvement , principalement dans
l'expiration. Il y a deux Ugamens à la langue , un
qui l'attiichc par la bafe à l'os hyoïde , Se l'autre plus
large qui s'iuferc à fa partie moyenne Se inférieure.
Ce dernier eft appelé le frein de la langue. Il y a aulli
les Ugamens de la rate; car outre qu'elle eft attachée au
péritoine , au rein gauche ^ & quelqucfoisau diaphrag-
me par des membranes qui font fort déliées , elk
l'eft encore par fa partie cave à la membrane fupé-
rieure de l'épiploon. Elle eft auffi attachée à l'etlo-
mac par deux au trois veines appelées vafa èrevia . 1,
ou vailfeaux courts. La verge a un ligament fort qui
l'attache à l'os du pénil, & qui prend fon origine du
cartilage qui joint ces os cnlcmble. Se va s'inféret
à la partie lupérieure Se moyenne de la verge. La
matrice a quatre Ugamens; deux fupérieurs , & deux
inférieurs. Les fupérieurs , que l'on appelle Ugamens
larges à caufe de leur ftruéture membraneufe , ne font
autre choie que des productions du péritoine , qui
viennent des lombes , Se vont s'inférer aux parties
latérales du fond de la matrice , pour empêcher que
le fond ne tombe fur le col , comme il arrive lorfque
ces Ugamens font trop relâchés. Ils ont la figure d'aile
de chauve fouris. Lesinférieurs,que l'on nomme Uga-
mens ronds , à caufe de leur figure ronde , prennent
leur origine des côtés du fond de la matrice , vers fes
cornes j & vont paffer par les anneaux qui font aux
aponévrofes des mufcles de l'abdomen , pour fe rcB'-
dreaux aines, où étant arrivés, ils le divifent en forme
d'une pâte d'oie , en plufieurs petites branches, dont
les unes s'insèren t aux os pubis , Se les autres aux cuif-
ks. Foyei Dionis , Bartholin , & les autres Anato-
miftes. M. Manger en traite fort légèrement , quantau
général , L. I. c. 1.
LIGAMENT, f. m. Sortilège. On dit plutôt ligature.
Koye'^ ce mot.
LIGAMENTEUX, EUSE. adj. Terme de Fleurifte. Il
fe dit des plantes qui ont leurs racines plus groll'esquc
les fibrcules; c'eft à dire, comme menus cordages,
ou ligamcns. Ligamentofus. Plante Ugamenteufe , dont
les racines font grollcs Se entortillées en manière de
cordage.
Ligamenteux, euse. ad. m. Se?. Terme d'Anatomie.
Ligamentofus , a , um. Qui tient du ligament j qui
fert de ligament. Une membrane Ugamenteufe. VVins-
Low. Une M.u\c\\Q Ugamenteufe. Id.
LI G
^jCTLIGAS. f. m. la plus petite dcsefpèces d'arbre dont
la moyenne s'appelle anacarde, &la troilîème acajou.
f^oye^ ces mots.
LIGASION. f. m. Nom que les Pruflîens &: les Pomc
ranijns donnoicnt autrefois à des fourbes j qui ctoicnt
des elpcces de Prêtres de leurs idoles. Les peuples de
Prullè &■ de Poinéranie adoroient encore leurs fuix
dieux , Se avoient des Taillions <Sj des Li<;aJlons jul-
qu'au milieu du XIIF. lît-cle. Ces Ligajions & ces
"Talillons fomeatoient les crimes & la débauche par-
mi ces peuples , par leslouanges qu'ils donnoient aux
crimes Se aux débauches des morts dans leurs funérail-
les, /^oye^ Talisson.
LIGATURE, f. f. Terme de Chirurgie. Fafcia. Bande
de drap ou de linge qui fcrt aux Chirugiens pour
ferrer le bras , & faciliter l'opération de la laignée.
Ligature , ed aullî l'art & la manière de difpofer les
bandes pour panfer les plaies , & faire toutes les
opérations de Chirurgie. Ligatura. Les Profclleurs
de Chirurgie font à leurs Écoliers des Traités parti-
culiers des ligatures. Quelques-uns ont compté cinq
cens fortes de ligatures.
Ligature , fe dit quelquefois des fortilèges qui font
cell'er quelque fonction du corps , de l'état d'impuif-
fance , gC? caufée par quelque charme ou maléfice.
C'ell ce qu'on appelle communément nouer l'aiguil-
lette. Le lentiment commun des Théologiens & des
Canoniftes , les titres du droit Canon defrigidis & ma-
leficiatis\ l'oxommunication que l'Églile lance contre
ceux qui par maléfice empêchent la confommation du
mariage ; des dillblutionsde mariage ordonnées pour
caules d'impuilîance provenant de maléfice ; je ne fais
combien d'Hirtoriens très-graves ; une foule de faits
qu'on ne fauroit révoquer en doute, tout cela concourt
àétaWirlapoifibilité ou plutôt la réalité d'une chofc
auili furprenante. Voye-[ au mot noucment ce qu'en a
dit Montagne.
Ligature, fe dit auHî d'une forte de bande qu'on atta-
che au cou, au bras , à la jambe , ou à quelque partie
du corps des hommes & des bêtes , pour détourner ,
ou chafler quelque maladie, ou quelque accident.
Fafcinum , amuletum. Ces ligatures font condamnées
par l'Églife. Thiers.
Ligature. Terme de dévotion myftique. Sufpenfion to-
,tale des puiirances fupérieures de l'ame , ceflation des
facultés inteileduelles de l'ame. Les Myftiques pré-
tendent que l'ame arrivée à la parf.iite contemplation,
demeure privée de toutes fes opérations , &: qu'elle
celfe d'agir , afin qu'elle foit plus fouple & plus
prompte à fe lailîer mouvoir aux impuliîons de la
grâce j & à recevoir les communications divines.
Cette ligature entière des facultés de l'ame , & l'état
' paflîf des contemplatifs , pendant lequel l'ame de-
meure privée de toute adion , cela doit s'entendre
d'une àdtion qu'elle ait procurée par ces eftbrts, car
dans la contemplation la plus fublime, & dans l'a-
mour le plus palîif, il y a toujours une véritable ac-
tion de l'ame.
Les Imprimeurs appellent auffi ligatures, hs caraélè-
res qui joignent deux lettres enfemble, comme _^j
ft}fii &c. Ligamina. Les ligatures Arabes qui fu-
rent fondues du tems de François I , font les plus
beaux caradères du monde. Les ligatures Greques
qui font dans l'édition des Poètes Grecs, queHenri
Etienne a faite , font d'une grande beauté. Diogène
Laërce a été imprimé en Hollande en 1692, fans
aucunes ligatures , & on fongcoit vers ce tems-là
en France à les retrancher entièrement des caradères
de l'Imprimerie , mais ce delFein ne fut point exé-
cuté ; s'il l'eût été , les plus belles éditions des Auteurs
Grecs devenoient prefque inutiles, & la leélrure des
raanufcrits auroit été prcfqu'impolîîble à la plupart
■^^ S^vans qui auroient voulu les confulter.
-î Ligature. Terme de l'ancienne Mufique. C'étoit
l'aniondeplufieurs notes padées diutoniquement fur
une même fyllabc. Chapeau , liaifon.
Les particules font les ligatures du difcours. Il y a
une Grammaire de particules , fous le titre de Ligatu-
res Françoifes. Ce mot devient vieux en ce fens. •
L I G
5-33
Ligature, efpècc d'étoffe, ^oye^ Légature.
Ligature. Terme en ufage parmi les Provençaux qui
font le commerce de Smyrnc , pour fignifier le nœud
duquel (ont liées les malles de foie, ou celles de fil de
chevron.
En termes de Phllofophie hermétique , on ap-
pelle ligature ce qui bouche bien un vaillcau.
LIGE. .adj. m. &c f. Vallal qui tient une certaine forte de
fief, qui le lie envers fon Seigneur dominant d'une
obligation plus étroite que les autres. Cliens dediti-
tius. Dans la balle Latinité. Ligius homo. Voycs
Hommage'.
Ce mot vient d'une cérémonie qu'on faifoit en ren-
dant la foi Se hommage , de lier le pouce au Vallal ,
ou de lui ferrer les m.ains dans celles du Seigneur ,
pour montrer qu'il étoit lié par fon ferment de fidé-
lité, comme difent Pontanus, Gui-Pape & Upton.
Cujas , Vignier & M. Bignon , croient que ce mot
vient de la même (ource que leudis ^ ou leodi , qui
fignifioit leal & fidèle. M. Huet eft aufll de ce fenti-
ment , & il remarque que Icudis fe trouve dans Gré-
goire de Tours, & que les Allemans àïiant liaden ,
Se les Saxons leod , dans le même fens. Mais du Cange
efl; de l'avis de ceux qui croient que ce mot vient de
iuis ., qui étoit une efpèce de ferfs attachés tellement
au fervice de leur maître à caufe des héritages ou
fiefs qu'ils tenoient de lui , qu'ils étoient obligés à lui
rendre toutes fortes de fervices, comme s'ils étoient
ks domeftiques , & il prérend qu'on difoit autrefois
iitgium fervitium , Se qu'on éctivoit Utge. Il étoit
oblige à fervir fon Seigneur , tant en guerre qu'en ju-
gement, c'cftàdire, à fervir d'Aireflcur pour juger
les caufes. Grantzius dit au L. IV. c. 7. que ce mot
eft Italien , & qu'il fignifie la même choie que Valfal.
Par l'hommage lige , le Vallal étoit obligé de fervir
fon Seigneur envers tous Se contre tous , excepte con-
tre fon père. Ce mot eft oppofé à l'hommage iîmple,
qui obligeoit fimplement à payer les droits Se devoirs
ordinaires , & non point au fervice contre l'Empe-
reur, le Duc, ou autre Seigneur fupéricur , enforte
que l'homme lige étoit comme donné Se dévoué au
Seigneur, & étoit entièrement fous fa puillancc.
Homme lige , hommage lige , fief lige , garde lige ,
fe dit en parlant de l'obligation qu'a le' Vallal à garder
le château ou la perlbnne du Seigneur. Clientelarls.
On difoit aulli une proteétion lige , une puilîance
lige, une foi lige , Se en d'autres occafionsj pour
dire, entière, totale. Fief tenu à plein lige, c'eft le
fiieftenu en plein hommage. Fief tenu en demi //^e,
ou à quart de lige, eft un fief moins confidécable. Se
qui rapporte moins de profit au Seigneur. Garde lige,
eft la garde qu'un Vaflal doit à fon Seigneur en pre-
nant les armes pour le garder. Hommage lige,t(i un
hommage plein qui eft oppofé en beaucoup de lieux
à l'hommage fimple : dans d'autres lieux , l'hommage
lige eft diftérent de l'hommage plein. Dans ces en-
droits là , on entendoit autrefois par hommage lige j
celui qui eft exphqué ci-delfus. Voyei Cujas, L. II.
fcud. Valfal lige, Fa£allus lidus , dans quelques ti-
tres, c'eft le ValTal qui doit l'hommage lige : on l'ap-
pelle aulîi Vallal de foi lige.
Comme ce mot de /i^e a différentes fignificationsjpour
entendre les Auteurs, il faut remarquer qu'autrefois il y
avoit deux hommages /i^ej ; l'un par lequel un Val-
fal étoit obligé de fervir fon Seigneur contre touj,
même contre le Souverain; l'autre, par lequel il étoïc
obligé de lervir fon Seigneur contre tous, à l'excep-
tion des autres Seigneurs dont il étoit auparavant
homme lige.
Lige, lignifie encore, proche , immédiat. Seigneur //^e ,
c'eft le Seigneur prochain Se immédiat dont on re-
levé nuement , ligement Se à ligence , c'eft à dire,
fans moyen. Tels étoient les hommages que le Roi
d'Angleterre a rendus au Roi de France, à caufe du
Duché de Guienne, Se les Comtes de Flandres Se
d'Artois pour leurs Seigneuries. Vallal lige, eft un
terme relatif à Seigneur lige. Tenue lige , eft la te-
nue immédiate , la dépendance immédiate , telle
qu'elk eft entre le Seigneur li^e , Se le VafTal
S34
L I G
lige , dans le feus qui vient d'être explique'. 1
Lige, eft auHi un droit de relieFqui te paie au Sei^t^neur
en cas de mutation de hef. Jus dkntelaris funaionis.
Il eft fixé en quelques lieux à dix livres pour plein
lige ; en d'autres , à la moitié ou au quart de cette
ibmme , & on le nomme alors demi lige , ou quart
de lige.
IIGÉE. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une Nym-
phe. Ligea. Elle étoit fille de Nérce & de Donde,
& fut nommée Ligee à caufe de la beauté de la voix.
Car W»5, /'Hw, A.yv, en Grec, fignifie ce qui a un
fon doux ôc agréable j une voix claire &c argentine.
Ligée étoit une des trois Sirènes qui fe précipitèrent
dans la mer, & dont les corps furent jettes lur difté-
rens rivages. Celui de Ligée fut porté près de Téri-
na, aujourd'hui Nocéra.
LIGEMENT. adv. D'une manière lige. Ex rigidiore
dientiU formula. Il tient cette terre ligement , avec
condition des fiefs liges.
Ligement A zncovt un autre fens, & fignifie nue-
ment , immédiatement ^ à ligence.
LIGENCE. i. f. Qualité d'un fief qu'on tient nuement
& fans moyen d'un Seigneur , par le moyen de quoi
on devient fon homme lige. Nuda & immediata
dientela. Tenue à ligence , veut dire la tenue d'un
fief qu'on tient ligement & fans moyen. Ligence
lignifie aulll un devoir des Vallaux à l'égard du Sei-
gneur au château duquel ils font obligés de faire la
garde en tems de guerre. Fief de ligence ., eft un fief
auquel ce devoir eft attaché. Feudum guarditc.
Licence , eft aufti l'état de l'homme lige , ou l'aéte
même de fon hommage. Clientis Jlatus , clientelaris
qfficii profejjîo , komagium, Ligancia , Ligiantia, Li-
gentia. La ligence eft la foi , la promelfe faite avec
ferment; il vient du Latin Ligare , lé lier , s'engager.
La ligence , dans le lens propre , étoit l'engagement
réel qu'un Valîal contraftoit avec un Seigneur domi-
nant , fous la protection duquel il mertoit Ion fief Se
la terre. Four être homme lige , il falloir que le fief
fût en terre ; les autres natures de fiefs n'emportoient
point la ligence.
LIGNAGE, f. m. Parenté ilfue d'une même fouche ,
ceux qui font de la même ligne. Gelius , genst II eft
de noble lignage j pour dire , de bonne maifon. Il eft
<le mon lignage^ c'eft à-dire, mon parent. Ce mot
vieillit, Se ne fe dit plus guère que dans le comique.
Et voici qu'au bout de mon âge ,
Il faut payer pour un & pour trois defccndans ,
Sans avoir jamais eu ni jemme , ni lignage.
S. EVRE.
H y a un vieux livre de généalogie , fous le titre de
Royaux lignages.
Lignage , fe dit aulll d'un certain vin rouge fait de tou-
tes fortes de railms. On boit du lignage prelque tout
le long de la rivière de Loire.
Un laquais effronté m'apporte un rouge-bord.
D'un Auvernat fumeux qui mêlé de Lignage,
Se vendait che^ .... pour vin de l'ermitage.
BoiL.
Lignage. Terme de Coutumes. Dans quelques villes
le droit de lignage eft un droit qui le levé pour la
conduite & l'entrée du bois. Vecligal ex ligno.
LIGNAGER. f. m. Qui eft de la même parenté, du
même lignage. Eudem gentis Jîirpe natus. ^CTDans
la Coutume de Paris , les Lignagers ont les quatre
quints des propres. Il eft aulîî adj. Dans cette phrafe :
Retrait lignager. Voyez Retrait.
Le retrait lignager a été introduit par la plupart des
Coutumes de France , pour conlpi-ver les héritages
dans une famille. Les retraits lignagers font de droit
étroit , & fujets à pludeurs lormalités qu'il haut rigou-
reufement obferver , comme d'oftrir bourfe & de-
niers à découvert & à parfaire , frais & loyaux-coûts ,
en tous les appointemens de la caufe. i
LIGNE, f. f. Tenue de Géométrie. C'cft ime quantité |
L IG
étendue en longueur, fans largeur ni profondeur.
Linca. Euclide la définit, longueur lans largeur; Cau-
dale Ion Commentateur , l'écoulement d'un point.
Fluxus puncli. L'Académie, un trait fimple , con-
lidéré comme n'ayant ni largeur , ni profondeifr. Les
ouvriers l'appellent un trait qui va d'un point à un
autre. Ligne droite eft la plus courte de celles qui
ont les extrémités entre deux points , la plus courte
diilance' entre deux points. Les lignes courbes régu-
lières, font la circulaire, elliptique , parabolique
hyperbolique, cycloïde , ou conchile , hélice, tfpi-'
raie, alymptote. On dit aulîî ligne parallèle, incdm-
menlurable, infinie, tangente, fécante , perpendicu-
laire , horilontale , oblique , qui font définies à leur
ordre. L'inclination de deux lignes tait un angle. On
ne lauroit trouver deux lignes moyennes proportion-
nelles entre deux lignes données par le cercle & la
ligne droite.
En termes de Géométrie, ligne des deux centres,
eft celle qui va d'un centre à l'autre.
Ce mot vient du Latin /i/2eii j- lineaj ligne, eft tiré
du Celtique lin. P£zp,.on.
Ligne , lignifie encore la premier; & la plus petite des
longueurs: c'eft la douzième partie d'un pouce, &
la 1 44^ partie d'un pied de Roi. On l'appelle autre-
ment ^raz/z d'orge. Cet ais a fix lignes d'épailleur.
Les Fonteniers appellent ligne d'eau, la 144"^ par-
tie d'un pouce d'eau. Il a tant de lignes d'eau dans
fon jardin.
Ligne de démarcation , ligne de divifion ou de partition,
on ligne Alexandrine. Alexandre VI, pour terminer
les diftérends entre les Couronnes de Caftille & de
Portugal , fit tirer fur le globe une ligne imaginaire,
ou de démarcation , qui tombant du nord au fud ,
entre les deux pôles , bornoit d'un côté les prétentions
de la Caftille , & terminoit de l'autre celles de Portu-
gal; de forte que par ce partage les Indes Orientales
furent allignées aux Portugais, ôc les Indes occiLkn-
tales , nouvellement découvertes , furent attribuées
auxCaftillans. De la Neuville, Hijloire du Portu-
gal, T. I. p. 64.
Ligne de Foi , eft une ligne droite Se tirée fur l'alhi-
dade , ou le long de l'alhidade , qui pafle par la fente
des pinnules, & qui répond au centre de l'aftrolabe,
du graphomctre, ou de quelque autre inftrument»,
pour faire de plus juftes obfervations , foitau ciel, foie
fur la terre.
Ligne de Lof. f^oye\ Lof.
Ligne , fignifie aulli un trait de plume ou de pinceau
fort délié , quoiqu'il ne contienne aucun caracière.
C'eft en ce fens qu'on fait dire à un habile Peintre de
l'Antiquité, Hodie lineam nullam duxi. Je n'ai tiré
aucune ligne aujourd'hui, je n'ai donné aucun coup
de pinceau.
Ligne, en terme d'Ecrivain & d'Imprimeur, eft une
rangée ou fuite de caraétères couchés lur du papier ,
du parchemin, ou autre matière propre, à côté les
uns des autres. Les grolïes des écritures d'Avocats,
doivent avoir 2 1 lignes à la page luivant l'Qrdon-
nance. Il n'y a pas alfez d'efpace entre vos lignes.
Ces lignes ne font pas droites.
Ligne , fe dit au pluriel , en ftyle bourgeois, d'une let-
tre-, Charta j littem. Je vous écris ces lignes, pour
vous donner avis que, &c. c'eft-à dire, je vous écris
une lettre. Je* vous demande deux lignes de votre
main fur une telle dilKculté.
§CFEn parlant du cérémonial que les Grands obfervent
dans leurs lettres à l'égard des inférieurs, on dit don-
ner la ligne à quelqu'un, ne rien mettre àxnil^. ligne
après le mat de Monjleur qui eft au haut de la lettre.
Ne pas donner la ligne , c'eft écrire quelque chofe
après ce mot dans la même ligne , la remplir.
On dit ablolument, A la ligne, A lineâ, lorf-
qu'on veur marquer un nouvel article , pour dire
qu'il faut recommencer une nouvelle ligne.
LIG:^^E, en termes d'Aftronomie & dt Géographie, le
dit par excellence de la ligne équinoxiale ou de l'é-
quateur. Linca- u^quînoclialis , ^quatoris. C'eft
dans le Ciel un cercle que le folcil déeiic à peu près
f
L I G
le 2 1 de Mars & le 21 de Septembre : c'cfl fur la
terre un cercle qu'on imagine , & qui répond à celui
dont on vient de parler, que le (oleil décrit. C'cfl un
cercle qui coupe la terre d'Orient en Occident, en
deux parties égaies, à égale diilance des pôles, cnforte
que les pôles lont toujours dans l'horilon de ceux qui
font lous la ligne ^ d'o.'i il arrive qu'il n'y a point
d'élévation de pôle {ous la ligne. Les Matelots bapti-
fent les pailagers la première fois qu'ils pallent la
ligne. Voyez Baptême. Cette île elH'ous la /i^/zs , à
deux degrés de la ligne : c'ett ià que commencent les
latitudes auftrales liv' leptentrionales. Une perfonne,
qui depuis dix ans tâche d'oublier fa langue pour fc
remplir l'efprlt de mots barbares & d'idées étrangè-
res, quelque choie quelle ait perdu d'ailleurs,, a du
moins acquis par là le droit de mal écrire, fans qu'on
en ait beaucoup de la blâmer. Après que nous avons
paiïe la ligne quatre ou cinq fois , il femblc que notre
ftyle foit au dellus de la critique , & peut-être même
que trop de politellè dans un Millionnaire édifieroit
moins qu'un peu de négligence. P. Le Comte.
En termes de Gnomonique , on appelle la /igné de
midi, ou la ligne méridienne, celle qui tend d'un
pôle à l'autre , qui repréfente le cercle méridien.
Dans les cadrans verticaux , la ligne de midi eft tou-
jours perpendiculaire à l'horifon. Dans les horifon-
taux, le ilyle ne fait point d'ombre vers l'orient, ni
vers l'occident , quand il ell fur la ligne de midi.
, En terme d'Efcrime , on appelle la ligne , celle qui
eft direétement oppofée à l'ennemi , dans laquelle
doivent être les épaules , le bras droit & l'épée , & fur
laquelle font aulli pofés les pies à la diftance de 1 8
pouces l'un de l'autre ; & ainfi on dit être dans la
ligne j fortir de la ligne.
En termes de Statique j ou de Mécanique, h ligne
de diredtion eft celle qui paffe par le centre de gravité
dii corps grave jufqu'au centre de la terre , laquelle
doit palfer aullî par le foutien du corps pefant ; autre-
ment il eft de nécelîîté qu'il tombe. Linea direclionis.
Voyez Direction & Centre.
En termes de Pêche , on appelle ligne , un §Cr petit
cordon de fils ou de crins de cheval tortillés , atta-
ché par un bout à une forte baguette , & armé par
l'autre bout d'un hameçon avec un appât, dont les
Pêcheurs le fervent pour prendre du poillon. Funicu-
lus pifcatorius.
^CFOn appelle ligne dormante , celle qui demeure dans
l'eau, fans qu'on la tienne. Elle eft défendue par
l'Ordonnance.
Ménage croit que ce mot de ligne en ce fens , a été
dit à lino j à caule que les Pêcheurs faifoient leurs
lignes de lin.
En termes d'Optique , ou de Perfpeétive , on ap-
pelle la ligne vifuelle , la ligne ou le rayon qu'on
s'imagine s'étendre depuis l'œil jufqu'à l'objet. La
ligne déterre ou fondamentale, eft celle où l'on met
le plan géométral qu'on veut tirer en perfpedtive ,
oii le plan géométral & celui du tableau fe rencon-
trent,
(K?La Ligne de front eft une ligne droite parallèle à la
; ligne de terre.
I&" Ligne Verticale , c'eft la commune fedion du
i plan vertical & du tableau.
f^ Ligne Objective , ligne tirée fur le plan géométral ,
& dont on cherche la repréfentation fur le tableau.
En termes de Chiromance , on appelle lignes les
traits ou incifures qui font marqués dans la main ,
dont les obfervations fervent de fondement à cette
vaine fcience. Linea duclus. On en décrit ordinaire-
ment quatorze , dont il y en a trois principales. La
première qui eft au delfous du pouce , fc nomme
ligne de vie , ou la ligne du cxur , Se la ligne de
l âge. La féconde s'appelle hépatique , ou la ligne
du foie , ovi faturnale , ou ligne de profpérité; il y
en a qui l'appellent la ligne de Mars. On nomme
ligne naturelle , ou moyenne , ou ligne du cerveau ,
celle qui coupe en travers la précédente , & qui
partant par le milieu de la paume de la main , va
jufqu'au mont de la lune. La troilîème qui va daiis
L I G
S'ST
le même fcnsj & qui lui eft parallèle , prend de-
puis l'indice jufqu'à l'autre bout de la main , Se
s'appelle tncnfule , thorale , ou la ligne de Vénus.
On connoît le ridicule &: l'incertitude de cette fcien-
ce j par cela (cul que ceux qui en font profellion ,
ne conviennent pas des principes. Et cependant ils
convicncnt tous que ii la première ligne eft la ligne
faturnale , elle déligne autre choie que il elle eft la
ligne de Mars.
Ligne , eft aulli un terme de Métopofcopic, qui figni-
he les raies qui font le long du Iront, par lefquelles
on prétend jugei de la bonne & de ia mauvaifc fortune
des gens. On croit dans cet art frivole que les
lignes du front ont rapport aux fept planètes.
En termes d'Architcèlure , d'Arpentage &c de
Jardinage , on appelle ligne le cordeau avec lequel
on trace fur la terre les delTéins des bârimens , on
inclure les longueurs , on drclTe les allées. AmuJJis,
Ces rues font tirées à la ligne. Voilà des arbres
plantés à la ligne , en droite ligne.
Dans la Maçonnerie & l'Architedure on appelle
l'i-gncs jaugées , les lignes qui font parallèles -, lignes
tâtées , ou corrompues , celles qui ne font pas
régulières. Plulieurs autres fortes d'ouvriers em-
ploient ces termes dans le même fens.
En termes de Manège, on appelle ligne du ban-
quet, celle que les Epcronniers s'imaginent en for-
geant un mors , pour déterminer la force ou la foi-
blelle qu'ils veulent donner à la branche j pour la
rendre hardie , ou flafque.
Ligne, en rennes de Guerre, fe dit de la dilpofition
d'une armée rangée en bataille. Acies. Elle forme
un front étendu fur la longueur d'une ligne droite.
L'avant garde eft placée en droite ligne , fe divife
en plufieurs bataillons & efcadrons poftés fur le de-
vant, & c'eft la première ligne. Le corps de ba-
taille forme la féconde ligne , où eft le pofte du Gé-
néral. Et la troilième ligne eft le corps de réferve ,
ou l'arrière- garde. Il faut laillèr ijo pas de ter-
rain pour fe rallier entre la- première & la féconde
ligne , & deux fois autant entre la féconde & la
troilîème. Il rangea fon armée fur deux lignes.
Ablanc. Le Duc tourna fur la gaucl^e avec la fé-
conde ligne de la Cavalerie. La Chapelle. Com-
battre fur deux lignes appuyées d'un corps de ré-
ferve. Id. Ils attaquèrent rudement notre première
ligne avec leur phalange. Louis XIV.
§CF Ligne , fe dit non - feulement de la difpolîtion
d'une armée pour l'ordre de bataille , mais encore
pour le campement & pour la marche. On dit
qu'une armée eft campée fur trois lignes ( rangées ) ,
qu'elle marche fur deux lignes.
Ligne. Ce mot s'emploie .aulli quand il s'agit d'ar-
mées navales , & fe dit de la dilpolltion des poftes
qu'elles occupent le jour du combat. Ordo j dïf-
pojitio. Dans une bataille navale les vailfeaux font
tous rangés lur une même ligne. Garder fa ligne.
Venir à fa ligne. Se rendre fur fa ligne.
Ligne, en termes de Fortification , eft un travail fait
de terres remuées , un foffé , un parapet , ou une
couverture faite de rangées de fàfcines , gabions ,
ou facs à terre , pour défendre un camp , une
place d'armes. Vallum. Tirer une longue ligne,
Ablanc. Il poulîa une ligne le long d'un bois de
fapins. La Chapelle.
Ligne deCirconvallation , font des folTés couverts
de parapets , qui fe font autour d'une place à la por-
tée du Canon , pour fe défendre contre le lecours
qu'on pourroit craindre , & parce que d'efpace en
efpace elles font fortifiées de forts & de redoutes ,
elles font appelées de communication d'un quartier à
l'autre. Vallum , foffu vallata.
Lignes de Contrevallation , font de femblables
lignes par lefquelles on fe fortifie contre les alliégés ,
quand la garnifon eft trop forte. On les appelle aulîî
Contrelignes.
Lignes de défense rasante , ou flanquante , eft la
ligne qui étant tirée le long de la ficc du baftion ,
aboutit à quelque point de la courtine. Linea defen-
3é
L IG
Jïonis (iringens. La ligne de defenfe doit are de lio
coifes ; ou environ , atin d'écre hors de b portée du
TA LIGNE D£ DÉPENSE. FICHANTE , eft Cclle qUI eft tUCC
de l'angle de la courtine & du Hanc , ou de quelque
autre partie du Hanc , qui tait un angle avec la face ,
d'où les coups tirés peuvent entrer , & le hcher dans
la face du ballion oppofe. Lmea defenfioms Jigens.
On appelle aulîi lignes d'attaques , lignes d appro-
ches , les tranchées &C kmblables travaux qui lont
faits pour s'approcher de la place , & 1 attaquei.^
On appelle la ligne fondamentale la première
ligne w^' on décrit quand on veut tracer le plan d une
pLice, & qui en figure toute l'enceinte. La ligne
LciM/ê ed celle oui va du centre du baftion à (a pointe.
Ligne, en termes de Mineur, c'elt Taxe d'une mine
ou dun fourneau, ou Taxe de ton entonnoir , c elt-
à dire , la ligne perpendiculaire tur la chambre des
poudres, la ligne, dis- je , du terrain que 1 on veut
faire fauter , la hauteur de ce terrain ^ depuis la tui-
face jufqu'à l'endroit où l'on place les poudres.
Ligne magiftiale , eft le premier trait qui marque les
fices ^ les flancs & les courtines d'un corps de place.
On l'appelle ainfi y tant parce que c'eft par elle qu'on
commence la conflrudion du corps de la place ,
que parce que renfermant la place, tout ce qui dt
au delà n'eft que des dehors employés pour la dc-
fenlé de cette /i^ne.. Sur le papier, on la trace
plus grolfe, & quand le corps de la place eft revctu
de maçonnerie , on la met en rouge , couleur qu'on
emploie pour défigner les ouvrages de maçonnerie.
En termes de Marine , on appelle lignes d'amarrage ,
plufieurs cordes qui fervent à amarrer , lier, ou
arrêter les manœuvres, comme les rabans j rides &
garcettes. Ligne de fix fils , de neuf fils , &c. Funi-
culivietafâ. On-^^'çA\f3.\xS\ligned'eau , ou ligne de
l'eau , la ligne que marque fur le bordage la tur-
facc de l'eau , quand le vailleau eft à flot_, IKT l'en-
droit du bordngc du vailleau , où la furface de l'eau
de la mer touche lortque le bâtiment eft chargé ,
ou qu'il fliotte. Linea quam aqu& Juperfiaes lambit.
Et parce que cette ligne doit te trouver ordinaire-
ment à l'endroit où le vailleau eft le plus gros, on
l'appelle auflî Ligne du fort. On la nomme encore
Floccaifon. Un vailFeau percé d'un coup de canon
à la ligne d'eau. Nettoyer un vaifteau à la ligne
d'eau. Ligne du fort , fignifie l'endroit du vailleau
où il eft le plus gros. On appelle aulîi ligne di
fonde , le cordeau où eft attachée la londe. lîfT On
appelle ligne du plus près du vent , celle par la-
quelle le 'vailleau eft poulie le plus près qu'il fe
peut contre le vent. ^
On appelle Vailleau de ligne les grands vaiireaux
de guerre qui ont au moins cinquante pièces de ca-
non j & qui peuvent mztwligne. Ac. Fr.
En termes de Charpenterie , la ligne eft un cor-
deau avec lequel on trace fur le bois : cette corde
eft frottée de craie blanche , ou de quelque autre
couleur, deux hommes en tiennent chacun un bout ,
& la tirent en l'appliquant fur une pièce de bois ,
puis un d'eux la pince en l'élevant en l'air, & en
retombant elle marque une ligne fur le bois. Les
ouvriers difentjetter la ligne, pour enhgner. Ils di-
fent tringler.
Ligne tâtée ou corrompue , eft celle qui n'eft pas faite
avec le compas, ni la règle, mais qui eft tracée a la
main , palfant par certains points donitts à caulé
de quelque figure irrégulière.
Ligne indéterminée, ou indéfinie, eft celle dont les
extrémités ne font point connues.
Ligne de niveau. C'eft celle qui eft également éloi-
gnée dans fes extrémités du centre de la terre. On
l'appelle auffi Ligne horizontale , & en perfpeéfi
ve , ligne de terre.
Ligne à plomb , celle qui eft perpendiculaire à la
ligne de niveau.
Ligne oblique , celle qui eft plus inclinée d'un côté
que de raune, & que les Ouvriers nomment Zi^«£
rampante ou biaife.
L î G
Ligne pleine , celle qui marque quelque contour fans
interruption.
Ligne Blanche , en termes d'Anatomie eft le concours
des tendons de la plupart des mufcles de, l'epigaftre.
On l'appelle ligne , parce qu'elle eft droite , & blan-
che , a caulé de fa couleur. Elle s'étend depuis k
cartilage xiphoïde j ou enliforme , jufqu'à l'os pubis.
On appelle auiii en terme de Géomctric & de
deflein , ligne blanche , celle qui eft feulement tirée
avec la pointe du compas , <k. qui n'eft marquée
ni d'encre , ni de crayon.
En termes de Finance , on appelle ligne de compte
les articles qu'on couche dans un compte. Perjcri-
ptio in rationes. Et on dit qu'une fomme eft tirée
hoK ligne , quand elle eft mile en chiîhe a la mar-
ge droite du compte pour en faciliter le calcul.
En ce fens on dit au figuré , Mettre en ligne de.
compte les grâces qu'on reçoit de fes amis , les 1er-
vices qu'on leur rend , fuivant qu'on en fait plus ou
moins d'état. Acceptum uferre. Cette fiiveur eft trop
légère pour la mettre en ligne de compte , c'eft-
à dire , pour la faire valoir.
Ligne , en termes de Généalogie , eft un dénombre-
ment ou une fuite de païens en divers degrés, toiis
defcendans d'une même fouche, ou père commun.
Confanguineorum feries , ordo. La ligne directe eft
celle qui va de père en fils -, c'eft l'ordre des afcen-
dans Se des defcendans. Defcendre en droite ligne,
c'eft defcendre de père en fils. La /i^'«e collatérale
eft l'ordre de ceux qui tirent leur naillance de la
même fouche , & non pas les uns des autres : c'eft
celle où font placés les oncles , tantes , coufins ,
neveux. La ligne alcendante , la ligne defcendantc.
Un lignager eft celui qui eft de l'eftoc & ligne de
quelqu'un. Lzi ligne mafculine a fini à un tel. Il vient
•en droite ligne de l'illuftre Lion qui comm.andoic
fur la montagne du Caucafe. Voit.
Fujfiei-vous defcendu d'Hercule en Croire ligne. Bon.
§Cr Lignes , en Mufique. Ce font des traits borifon-
taux & parallèles qui compofent la portée ( Voye\
ce mot), & fur lefquels , ou entre lefquels on
place les notes lelon leurs degrés.
Ligne, f. f. Terme de Relation. C'eft un cordon qui i
aux Lides la marque de Nobleffe , & que les geni
de certaines caftes portent. Linea , vitta , jafcki
Les Brames , pour purifier un jeune de leur calte-dc
la feuillure qu il avoir , difoient ils , contractée en
demeurant avec un prangui , firent la cerémoijie
fuivante , qu'ils appellèrent Purification. Ils c<^-
pèrent la ligne au jeune homme , le firent jenK~
trois jours , le frottèrent à plufieurs reprifes aye(?fd{
la fiente de vache, & l'ayant lavé cent neuf fqpj
ils lui mirent une nouvelle ligne , Se le firent man-
ger avec eux dans un repas de cérémonie. Lettr.
Edif. et cur. Rec. X, p. 2p.
Ligne. Nom d'un bourg avec titre de Principauté.
Lignum. Il eft dans le Hainaut , fur la Denre , envi-
ron à deux heues au-delTus d'Ath , Se au delïous 4e
Leufe. Maty. ,
LIGNÉE, f. f. Race , enfans &: defcendans , poftcrite.
Genus ,fiirps ,foboles. Dieu promit à Abniham une
lignée nombreufe comme les étoiles du Ciel. Dieu
a béni le lit de ces deux perlonnes ; il leur a donne
lignée. Cet homme a une grande lignée. Le Roi
Henri III , & la Reine fa femme alloienr à Char-
tres & a Notre-Dame de Cléri pour avoir lignée
Jour, ce Henri III. Il eft mort fans laitier de
lignée.
Ce mot vient de ligne , Sz du Latin linea.
LIGNER. Terme de Chalfe. Couvrir la louve. Com
cum lupa. , .
LIGNETTE. f. f. Médiocre ficelle dont les Pécheurs.
Oifeliers , ^" autres Ouvriers , font quel^"" ""'
des filets qui fervent pour la pèche & pour la Chalie
LIGNEUL. f. m. Cordon qui fe fait de pluUeurs tii:
attachés enlemble par de la poix , qui fertaus i.ave
L I G .
tiers & autL'cs Ouvriers à coudre leurs cuirs. Filam
pkacuin j pke ïliuum futorlum.
Ce mot vient de lin j parce qu'autrefois on cm -
ployoit du lin , ou /il déiie à cet ouvrage ; ou plutôt
du mot lignol , qui en langage Celtique, ou Bas-
Breton j iignirie la même choie.
LIGNEUX , EUSE. adj^ C'cll une épitliète qu'on
donne à la partie folide des plantes éc des arbres ^
qui tbrnic le bois. Ltgnojus. On a obrervc que la
rillurc du corps ligneux clt plus (errce que 1 ecorce-
Il paroît plulieurs cercles dans la lubftance du corps
ligneux , qui marquent la croillànce de chaque année -,
& qui (ont plus lerrés du côté du feptentrion que
du midi. sJCî' C'ell ce que l'on dit communément.
Voy<::(^ Aubier.
LiGNïux , EUSE. Qui tient de la nature du bois , qui y
a quelque rapport. Les coques des noix font ligneu-
fes. Il y a des racines qui lont tendres & moëlleulcs ,
connue le navet j la bcterave , le fallîfixj le panais j
C'c. mais il y en a quantité d'autres qui lont ligneu-
fes , & d'autres qui ont feulement dans le milieu
un nerf qui ell ligneux.
§3" En Botanique , on appelle généralement Plantes
ligneufcs , celles qui ont une couche de bois fous
leur écorce. C'eft pourquoi quelques Jardiniers les
appellent Plantes boijcufcs. Ces plantes étant viva
ces J font ou des arbres , ou des arbrillèaux , ou
des arbuftes. Foyci^ ces mots.
!&" Ou nomme aulll Fibres ligneufcs , celles qui font
dures. La lubflance de pluiicurs plantes annuelles
ell traverfée par des fibres ligneufes. Le bois cft
formé par l'agrégation d'un grand nombre de fibres
ligneufcs. Duh.
LIGNIER. (. m. 'Vieux mot inulîté , qui fignifîoit le
lieu où l'on met le bois De lignarium. AIc-
nage Etym. Il fe dit encore en Champagne. Cot-
grave l'a mis dans Ion diétionnaire.
Se Lignifier. Se convertir en bois. On voit fouvent
une vieille fouche fe reproduire. Son bois fec fe
renouvelle en fe recouvrant d'une écorce nouvelle,
qui le lignifie Se poulie de nouvelles branches.
HiJI. de l' Acad. des Se. i6 QQy p. /o.
LIGNIPERDA. f. m. Petit infede dont parle Lémery ^
qui eft une manière de ver ou de chenille dont les
Pécheurs fe fervent pour amorce , parce que les
poillons en font fort friands. Cet infecte croit lui-
même dans l'eau, mais il ne nage point. Il eft ap-
porté par des courans d'eau , &: jette fur les riva-
ges , où il s'enveloppe de paillettes & d'autres ma-
tières femblablcs qui s'aglutinent à (a peau , &
qui lui fervent de coquille ou de maifon pour fe
cacher aux poilfons. On dit qu'il eft bon contre la
fièvre quarte , étant pendu au cou : mais Lémery
n'a pas grande confiance en cet amulette.
LIGNITZ. Nom d'une ville de la Siléfie. Lignlcium ,
Lignicia. On la prend pour l'ancienne Hégetma-
tia. Elle 'eft forte j défendue par un bon château j
& fxtuée fur le Katzbach , environ à quatre lieues
de Jav/er , vers le nord. Elle eft capitale de la
Principauté de Lignit^ , qui eft entre celle de Ja-
■wer J de Glogow , &: de Wolaw , &• qui n'a rien
de conlidéiable que fa capitale. Mat y. Long 33.
d. /o' , lat. ji. d. J5'.
LIGNON. Nom d'une petite rivière du Forez , pro-
vince de France. Ligno. Elle a fi fource vers les
confins de l'Auvergne , & fe décharge dans la
Loire , vis-à-vis de la ville de Feurs. Mat y. IJCT Cette
petite rivière eft devenue célèbre parce que M. d'Urfe
a choifi (es bords pour y mettre la fcène de fa Pafto-
rale intitulée X'Afirée , Roman qui trouve encore
aujourd'hui quelques Leéteurs.
LiGNON. f. m. Terme de falines. Double rang de car-
res d'un bout à l'autre d'un marais falant.
■>:i-LiCN0N , eft un rang fimple de carrés.
LiGNY. Nom d'une petite ville , ou bourg duBarrois ,
en Lorraine. Lignacum , Lïncium. Ce lieu eft fur
rOurne, à deux lieues au-dellus de BarleDuc.MATY. !
LIGOR. Ville capitale du Royaume du même nom. j
! Ligoricum. Elle eft dans celui de Siam , fur la côte !
Tome F.
L I G
5-37
orientale de la prcfqu'îlc de Malacca , où elle a un
bon port, environ a cent trente lieues de la vile
d Odiana,du côté du midi. Maty.
LIGOUKE. Petit pays de liance en Haut-Limofin:
il a environ quatre lieues d'étendue. Le lieu le plus
remarquable eft S. Jean de Ligourc.
LIGOURNE , LIVOUKNE. Nom d'une ville de
Tofcanc en Italie. Ligurnus , Liburnus , Labro. Elle
eft- fur la côte du Piiaii , à quatre lieues de Pile , vers
le midi. Ligourne n'étoit autrefois qu'un bourg,
que les Génois auxquels il appartenoit , cédèrent
aux Ducs de Florence pour la ville d; Sarzanc. Les
Ducs de Florence en ont lait une belle ville , dont
les ruts lont grandes & droites, & les mailons tou-
tes peintes. Elle eft défendue par trois citadelles ,
tk. ornée d'un magnifique palais , qui eft la rélidence
du Gouverneur. Elle a plulieurs beaux arfcnaux ^
ik deux ports -, le petit , dcftiné pour les galères du
Duc ; & le grar.d , qui a un beau phare à l'en-
trce , pour les navires marchands. On lait à Ligourne
plus de commerce qu'en aucune ville d Italie , tk il
y a un très -grand abord de marchands étrangers ,
parce qu'on ne peut pas les y arrêter pour dettes.
Maty.
Le golfe de Ligourne. Liburniis finus , autrefois
Pifanus finus. C'eft un petit golfe de la mer Médi-
terranée. Il eft vers les embouchures de l'Arno , en
Tofcnne. La ville de Pife lui donnoit autrefois fon
nom , aujourd'hui c'eft celle de Ligourne. Matv.
LIGUA. Le Volcan de LIGUA. Mons , on Fulcanus ,
Volcanus Ligua. Montagne qui vomit des flammes.
Elle cft entre les Andes dans le Chili , près de S.
Juan de la Frontéra , vers le couchant. Maty.
LIGUE. 1. h Union , confédération entre des Princes _,
ou des États, pour attaquer un ennemi commun,
ou s'en détendre. Fœdus. Il y a eu plulieurs Ligues
faintes fiiites par les Princes Chrétiens contre les
Sarralins & les Infidelles , qu'on a appelées Croi-
fades. Il y a eu Ligue oftenfive & défenùve. P'oyez^
ces mots. La Ligue d'Ausbourg , ou triple alliance.
Il y a eu aulîi des Ligues odieules de lujets révoltés
contre leurs Princes, comme dans les guerres de la
Ligue fous Henri III. Quand nous difons lîmple-
ment i^j ablolument la Ligue , c'eft celle-là que nous
entendons; elle dura depuis 1^76 jufqu'en IJ93
qu'Henri IV. fit abjuration. Elle fe nomma auili la
lainte Union. L'Hiftoire de la Ligue , c'eft THif-
toire de cette Ligue. Maimbourg a écrit l'Hilloire
de la Ligue.
La Ligue des Provinces -Unies des Pays-Bas fut
caufée par la cruauté des Gouverneurs.
Ligue Italique. 1. f. C'eft ainli qu'on appelle la Li-
gue des peuples d Italie contre les Romains : elle
produilît la guerre appelée Sociale , ou des Alliés ,
qui éclata l'an de Rome 661.
Ce mot vient de liga , qu'on a dit dans la balîe
Latinité , Conjxderaùo , quà quis cum alid ligueur.
Il a été donné à un traité , une alliance , ou confé-
dération , parce que les diftérens partis s'y lient
réciproquement l'un l'autre.
Ligue 1. h Terme d'Hiftoire & de Géographie ■■, c'eft
le nom généra! que l'on donne aux trois Corps qui
compofent là République des Grifons ; qui lont la
Ligue grife , la Ligue de la Maifon-Dieu , ou la
Caddécj &: la Zi^as des dix Droitures,. Maty, ou
des Droituriers. Ces trois Ligues lont alliées des
Suilles , fans être de leur corps. En Général on les
appelle lesGiiions. Quelques uns y joignent une qua-
. trième Ligue , qui eft celle de la Walteline , qui eft
Catholique , & qui eft un pallage du Tirol en Ita-
lie ; mais c'eft un pays lujet des Grilons , & non
pas une Ligue. Foye:^ Valtéline. Les trois Ligues
font toutes Huguenotes.
Ligue des dix Droitures , ou Communautés , ou
des dix Jurifdiélions. C'eft la plus feptenrrionale ,
& la dernière en ordre des trois Ligues des Grifons.
Fadus decem Jurifdiclionum: Elle eft entre la Ligue
delà Maifon Dieu, le Tirol & les Suilfes , defquels
le Rhin la fépare. E41e prend fon nom des dix Coiu-
Y V v
yjS
L I G
inunaûtés , ou Jurifliflions , dont elle efl: compo-
("ée. Ces Communautés lecouèreut le joug de la Mai-
Ion d'Autriche & fe liguètent comr'elle l'an 1470J
& l'année 1471 avec les mUïcs Ligues des Grilons.
Elles le liguèrent avec Zurich & Claris l'an i 590 ,
& avec Berne l'an 1602. Leurs habitans luivent la
Religion Prétendue Réformée , & leurs principaux
lieux [ont la petite ville de Meyenfeld , & le bourg
de Tha&as, ou de Davos. Maty. Il y a peu de
Catholiques dans la Ligue des dix Communautés.
Ils ont un Monaftère de l'Ordre de Cîteaux , nom-
mé Llojler Churwald. Les Minières Calviniiles com
mencèrent à y prêcher l'an 1616. Jovet , T. /,
Ligue grise. C'eft un des trois Corps qui compolent
la République des Grifons. Fœdus Supenus. Cette
Ligue eft bornée àU levant par celle de la Maifon-
iPieu -, au midi par le Comté de Chiavenne , & par
les Bailliages des Suilles en Italie ; au couchant &
au nord par la SuilFe propre. Elle ell la première
en ordre , ayant été formée par l'Abbé de Diientis ,
le Comte de Maxos & le Baron de Betzuns , qui
s'unirent entre eux contre les Etrangers & Voleurs ,
l'an 1424. Les habitAns de cette Ligue entrèrent
enlliite en alliance avec les (cpt plus anciens Can-
tons des Suilles , l'an 1497. Cette Ligue contient
dix - neuf Communautés. Elle élit tous les ans ics
ALi^idrats, , occupe un pays fort montagneux , où
le Rhin a fes deux loUrces. Ses principaux bourgs
l'ont Ilantz & Tromb. Maty. Il le trouve dans la
Ligue grife au moins quatre-vingt Paroilles Catho-
liques , & environ lept Calviniftes. Quelques val-
lées font de l'Archevêché de Milan : on élit rare-
ment des Magiitrats Calviniiles, parce que les Ca-
tholiques ont plus de voix. Jovet , T. I , p. 4jç.
Ligue de la Maison -Dieu. Voyei Caddée, Se Jo-
vet , T. I , p. 4jp. On dit aulîl la Ligue de la
Cafa de Dé.
On a appelé aulîî Ligue héréditaire , celle
que firent les Suirtes avec l'Archiduc Maximien.
On trouve les Traités de toutes les Ligues parti-
culières dans le Monde de Davity.
Ligue , fe dit aullî du complot & des cabales que
plufieurs particuliers font enlemble pour quelque
dellein. Faclio. Si vous traitez les autres avec hau-
teur j ils font de leur côté ligue offenhve pour vous
détruire, Bell. Les dévots font ligue oîfenfive &
defenfive , pour donner de la réputation à qui il leur
plaît. Id. La ligue otfenfive & défenllve de Mef-
lieurs les Auteurs. Mol.
LIGUEIL 'Ville de France en Touraine , avec titre
de Baronie.
LIGUER. V. a. Unir dans une même ligue. Fœdere de-
vincire , copias conjungere. Les Hollandois avoient
ligué toute l'Europe contre le Roi. Les Princes
d'Italie étoient ligués contre Charles VIII. pour
s'oppoler à fon retour en France. Il eft fouvent
réciproque. Les Princes Chrétiens fe font ligués.
H fe dit aufli des particuliers qui font des cabales ,
& fe joignent enfcmble pour détruire ou fiire réuf-
fir quelque chofe. Confpirare , conjurare. Les Comé-
diens fe font ligués pour empêcher qu'on ne jouât
une telle pièce. Les petits Auteurs fe font ligues ,
ont fait une cabale pour la décrier.
LIGUÉ , ÉE. part. Fœderacus.
LIGUEUR , EUSE. f. m. ëc f. Qui eft d'une Ligue. Fac-
ciofus homo. 11 ne le dit qu'en mauvaife part des
i'ujers qui font révoltés contre leur Prince , & s'eft
dit fur-tout de ceux de la Ligue de la France fous
Henri III , & Henri IV. Les Royaliftes & les Li
gueurs étoient deux partis contraires. Les Ligueurs
avoient dellein d'empêcher que Henri , Roi de Na-
varre , ne parvînt à la couronne. Mém. de Henri.
Les Ligueurs étoient de trois ou quatre fortes. L'une
tïoient les Ligueurs Zélés , qui vouloient à feu lîîc à
lang ruiner tant les Politiques, que les Huguenots ;
l'autre, le Ligueur E(p3.e,t\o\ ^ qui par la clôture de la
guerre vouloir tranfmettre la couronne de France
nu Roi d'ElpagnCj ou à l'fnfante fa fille. La der-
L 1 G
niere , étoient ceux qui demandoieiit l'extirpation du
Calvinifme , mais qui ne vouloient ni la ruine , ni
aucun changement de l'Etat. Pasq. E.ech. L. VIII,
c. sa. Un tel Prince étoi: grand Ligueur.
On a dit aufii Ligueur , des Princes étrangers li-
gués contre la France dans les dernières guerres ;
mais ce n'eft qu'en vers.
Mons pris en quim^e jours? Mons pris ? qui lecroiroit?
La Ligue encore en douterait ,
Si des Ligueurs le plus habile
N'avait employé tous fis foins
Pour amener devant la ville
Quarante mille témoins. R. de vers.
LIGUEUX pour Ligueur , eft fouvent employé par
M. de Pérétixe dans fon Hiftoire de Henri le Grand ;
mais l'on écrit & on prononce Ligueur.
LIGURIE. Nom de Contrée. Liguria. C'étoit ancienne-
ment une partie de la Gaule Citalpine, qui eft main-
tenant comprife dans l'Italie. On la diviloitendeux,
dont on appeloit l'une Ligurie Maritime , & l'autre
Ligurie Mcditerrannée. Maty. La vraie Ligurie eii
cette partie de la Gaule qui eft enfermée des Alpes
Maritimes , de la mer même, du Rhône & de la
Durance. Chorier.. Hifi. de Dauphiné ^ L. III ^
p. I z6 .
Ce mot de Ligurie s'emploie dans l'Hiftoire de
l'Antiquité , en parlant de ce pays : ailleurs il faut
dire la côte de Gènes, la République de Gènes j le
Montferrat , le Piémont , le Milanois , lelon les pays
dont on parle, &: que la Ligurie renfermoit, comme
on le va marquer dans les articles iuivans.
Ligurie Maritime. C'étoit la partie méridionale de la
Ligurie. Liguria intoralis , maritima , montafià ,'
Inalpina. L'Apennin la ieparoit au nord de la Ligu-
rie Méditerranée ; les Alpes la iéparoient au couchant
des Gaules , &: la rivière de Macre la léparoit au le-
vant de la Tofcane ; la mer Liguftique la baignoit att
midi. Ce pays eft celui qu'on appelle maintenant k
rivière ou la côte de Gènes Maty.
Ligurie Méditerranée. C'étoit la partie feptentriô»
nale de la Ligurie. Liguria Mediterranea , Alpefiris ,
plana. Elle s'étendoit entre les montagnes de l'Apen»
nin & le Pô j depuis les Alpes julqu'à la ville de
Plailance. Elle comprenoit le Montterrat, la partie
méridionale du Piémont , & celle du Milanois. Quel^
ques Aufeurs joignent l'Inlubrie à cette Ligurie. ^St
ainfi elle renfernieroit tout le Milanois. Maty.
LIGURIEN, ENNE. f. m. & f. Nom propre de peu-
ple. Habitans de -la Ligurie. Ligur. Les Liguriens
étoient originairement Gaulois. Les peuples qui hl-
bitoient la vr.aie Ligurie , ayant envoyé leurs Colo=
nies en Italie, y introduilîrent leur nom, en s'y etâ»
bhilant eux-mêmes; & ces Liguriens n'oni jamais œ
conhdérés par les anciens Romains, que comme UilS
nation Gauloife. Chorier, Hijl. de Dauphiné, L,
III. p. J20. Quoiqu'on dite encore aujourd'hui Li"
guric, on ne dit plus Xi^-'«;'^i;« , des peuples qui habi^
tcnt aujourd'hui la Ligurie. Les Alpes LigutiemêS
iont les montagnes de l'Etat de Gènes , les Alpes qui
touchoient la Ligurie. Alpes Ligurinx, ou Ligujlicit
Le mot de Ligur, dans la Langue des Grccsj lîglil'
fie un Amateur de la Poche & de la Muiique. LES
Grecs onr impofé à tous les principrux peuples d'EU'
ropCj d'Ane & d Afrique , les noms lous leiqueis
nous les connoilïons aujourd'hui, les avant tirés da
quelque qualité , ou morale, ou corporelle , qui leur
étoit particulière. On fait combien les Bardes ontéts
chers à la Provence & au Dauphiné, &c nul n'ignore
qu'il n'eft point de peuple en Europe qui aime tant
les Vers & les Chanicns. Chorier, Hijl. du Dctu-"
phiné , X. ///. p. IP.6.
LIGUSTICUM. {. m. Plante qui a pris fort noffl de
Liguria J contrée d'Italie, que nous appelons aujour-
d'hui la rivière de Gènes ; parce que la plante que leJ
Anciens ont appelé de ce nom , fe trouvoir dans cs-i
quartiers, à es que rapporte Diofcoride. P^i^V-t •'"'"
L I K
V£scME. D'autres rappellent lïbyjlkum , ou ^ivijli
■jcum. Ce mot cft purement L.itiu.
'•L L I H.
LIRONS. roye:[ Lions.
L I K. .
LIKI'IA. r. f. L'ikha. Les CathaVens appellent ninli la
ilpricme partie des vingt quatre qui compolent leur
année. D'Herbelot.
LIKL'ING. Nom d'une ville de la Chine. Likiangum.
C'ert la lixième ville militaire de la Province de Ju-
n.an. Elle eft habitée par d'anciens Chinois qui en
ont pourtant peu les mœurs , à caufe du voiimage de
.quelques autres peuples mal policés. Ils aiment fort
.à boire j à lauter Ik à chanter. Ils manient bien un
cheval, «Se tirent fort adroitement de l'arc. Le terri-
toire de Likiang ell gras, riche en or, en pommes dt
pin & en ambre, il confine au Thibet. AmbajJ'adc
. des Mollandols ^ Pan. I. p. 2S6 .
■ L I L.
LILAS. f. m. (Le nom Arabe efl: Lilac.) Arbriffeau
dont les tiges font menues, droites, rameutes, rem-
^plies d'une moelle blanche &: fongueufe; fes feuilles
font oppofces l'une à l'autre , larges , pointues , HlFes,
molles, vertes, luifantes; fes Heurs lont petites , dit
- potées en longues grappes , de couleur ordinairement
,. bleue, quelquefois blanche ou cendrée, & comme
. argentée, dune odeur douce & fort agréable; cha-
cune de ces Heurs elt un tuyau évafé par le haut , &
découpé le plus fouvent en quatre parties; ton fruit
cft aplati , oblong , otdinaircment temblable à un Irer
. de pique ; il prend une couleur rouge en ■mûritlant :
ce fruit te partage en deux loges qui contiennent des
_.femences menues, oblongues , aplaties, & comme
ailées, de couleur rouflè. On cultive cette plante
dans les jardins à caufe de la beauté de ta Heur.
C. Bauhin l'appelle .Synw^ua c&rulea , &c M. Tour-
nefort, Lilac MathioU^ i z^j. Il y a quelques autres
efpèces de lilac ^ comme le lilac de Perle qui efl beau ■
coup plus petit. L'ufage cft de dire L'ilas Se non
point Lilac.
ffT Le Lilas de Perfe forme un arbrilTeau plus petit que
le lilas commun. Il y en a de deux efpèces. La pre-
. mière a les feuilles entières femblables à celles du
troefne , & la Heur rougeâtre ou blanche. Quelques-
uns l'appellent jafmin de Perfe. L'autre a les feuilles
découpées & prétente des feuilles entières fur le mê-
me pied qui en porte d'autres découpées fi profondé-
iinent, qu'elles paroiflent formées de deux , trois j
quatre^ cinq folioles ou lobes. La Heur de cette ei-
pèce tire un peu fur le bku.
§Çi*" Lilas des Indes. Quelques-uns donnent ce nom à
l'arbrillèau connu des Bjtaniftes tous celui d'Azeda-
rach ou d'Azadarach.
LILÉE. f. f. Terme de Mythologie. Nayade , fille du
rieuve de Céphife : elle donna fon nom à une petite
ville qui étoit près de Delphe, du côté du mont Par
nafle , dans laquelle Apollon & Diane avoient cha
cun un Temple.
LILERS. Nom d'un bourg de l'Artois dans les Pays Bas.
Lilerium , L'illerium , Cajlrum Lillerierje. Il eft lur la
petite rivière de Navez , à tept lieues d'Arias , vers le
nord. Maty. Hadr. ValoiSj Not. Gall.p. 2jS.
LILI. Terme de Philofophie hermétique. Matière pro-
pre a faire quelque teinture excellente.
IP"' LILIACÉE. (Fleur). Liliaceus ftos. Terme de Bo
tanlque. Fleur en lis. Les Heurs de cette feuille ne
lont pas toujours polypétalcs. Les unes d'une feule
pièce font découpées en fix; d'autres (ont formées de
trois ou de fix pétales. Mais leur piftil ou calice for-
me toujours un fruit qui eft divifé en trois loges , aintî
que celui du lis. Il ne faut pas confondre les Heurs en
lis .avec les Heurs Heurdelifées. J^^oye^ ce mot.
LILIAL , ALE. 'Vieux adj. Qui appartient
Tome y.
au.x
lis
L I L y39
François j parce que les lis font les armes de France.
Le fceptre /i/iiz/, c'eft-à-dirc , le fceptrc François.
L.C Roi d'r.cojfc ornoit fa beauté blonde ,
Pour cpoufcr du fceptrc lilial
La fille aînée ou tant de grâce abonde.
Marot.
LILING. Ville de la Chine, dans la Province de Hu-
quang, au département de Changxa, huitième Mé-
tropole de la Province.
LILITH. f. f. Ce mot , qui fc trouve dans Ifaïe ,
XXXIV. /.f , ell la même chofe que Strix , en Latin.
Quelques-uns ditent que c'eft un oifeau de nuit; félon
Bochart, un oifeau qui fe retire dans les déterts, &c
crie la nuit ; d'autres , que c'eft un fpeélre , une là-
mie , un fantôme qui apparoir la nuit & qui tour-
mente les hommes, & tur-tout les enfans. Il n'eft
pas conftant que le Strix des Latins t'oit un oiteau
réel. Pline dit qu'on ne tait ce que c'eft. Les Poètes
en font une femme ailée comme les Harpies j &: les '
Rabbins font de femblables contes de la Liiah de
l'Ecriture. R. Elias Lévita, dans fon Thisbi , dit que
c'eft l'une des quatre mères des démons. Pour qu'elle
ne nuite point aux enfans nouveaux nés , ils écrivent
fur ks quatre murailles de la chambre où une femme
fait fes couches, ces quatre noms, ilin DIK r\hh
■S"\r\ : c'eft-à-dire, Jdam , Eve , hors d'ici Lilith. Ils
écrivent encore les noms des trois Anges qui préfî-
dent à la Médecine, Senoi , Saufenoi, Sammange-
loph. Ce tout fur-tout les Juifs d'Allemagne qui
pratiquent ces tuperftitions. Ailleurs , ils pendent
des amulettes ou talitmans au cou des enfans. Voye^
Buxtorf, dans ton Diûionnaire Rabbinique. Bo-
chart , Hieroi. P. II. L. VI. c. g. & Bellon, Ohfcv.
L. I. CIO.
LILIUM.L m. Terme de Pharmacie. ^ Lilium de
Paracelfe, ou teinture des métaux. Cette liqueur eft
employée comme un cordial très acfcif j & elf très-pro-
pre à rappeler les efprits d'un malade.
LILLE. Vùyei Lis le.
Lille. Nom d'une rivière de France. Illa, Ella. Elle
a ta tburce dans le Limouhn j baigne Périgueux dans
le Périgord, & Libourne dans la GuiennCj où elle fe
jette dans la Dordonne. A'L'VTy.
LILLEBONE, ou plutôt L'ILEBONNE. Petite ville de
la Normandie , en France. JuUobona , JuUabona.
Elle eft fur la Seine , entre Caudebec & le Havre de
Grâce, à deux lieues de la première, & à fix de la
dernière. Maty. Si l'on en croit Du Moulin j dans
fon Hiftoire de Normandie, I. XII. S. 4. L' Ile-
bonne a été bâtie par Cétar des ruines de Calet. Sur
cette ville , Voye\ la Defcript. Géograpk. & Hiji. de
la Hauti-Normandie , T. I. p. 2. &fuiv.
LILLERS. Petite ville de France en Artois, furie Na-
vez, entre Aire & Béthune, à fept lieues d'Arras.
long. 20. d. 7'. lat. 50. d. 35'.
LILLO. (Prononcez Lilo). Nom d'une bonne fortc-
reHe des Pays Bas. Lilloa. Elle eft dans le Brabant
HoUandois J lur l'Efcaut, à deux lieues au deftous
d'Anvers. Tous les vaiHeaux qui paflent devant Lillo,
font obhgésd'y jetter l'ancrCj & d'y payer les droits
de Douane aux Provinces-Unies. Maty. Autrefois
on dil'oit Linlo,l';2 s'eft changée en /. Hadr. Valois,
Not. Gall.p. 2S 1 . long. ii. d. 47' , Lat. ji. d. 18'.
LILYBÉE. Voyei Mursala.
L I M.
LIMA , ou LOS-REYES , qui fignifie les Rois. Nom
de la ville capitale du Pérou , Se le fiége du Vicerci de
toute l'Amérique méridionale. Lin:a , Civitas Regum.
Elle cft fitnéedansun agré.able vallée , lur la rivière de
Lima , à deux hcues de la mer du Sud , où elle a le
bourg de Callao àe Lima , fortifié & défendu par un
château , & un très bon port. Cette ville a été bâtie
par IcsEfpagnols; les ruesen lont droites & larges ,
& les maifonsd'une même tymétrie, n'ay.ant ordinai-
rement qu'un ét.tgc. Elle eft fort vaftc, puifqu'on y
Yyy ij
540
L I M
compte trente-fix grands quartiers , fans parler de I
deux grands fauxbourgs. Elle eft fort riche , à caufc
du grand commerce qu'elle fait avec la nouvelle ti-
pagne par la mer du Sud , & avec l'Elpagne de l'Eu-
rope par l'ilthme de Panama, &c la ville de Porto-
Bcllo. Il y aune Audience ou Parlement , un Arche-
vêché, une Univerlîté , grand nombre deCouvens,
& trois Maifons des Jcfuitcs. Maty. Lima fut érigée
en Archevêché l'an 1541. par Paul IIP. Ses fuîlra-
gans font les Évêques de Panama , de Quito , de
Truxillo , de Huamanga , d'Aréquipa , de Cufer , de
Sant-Jago, Se de la Conception.
Avant la conquête des Efpagnols , & lorfque les
Incas étoient maîtres du Pérou , Cufer en étoit la ca-
pitale; depuis la conquête c'eft Lima. Lima eft grande
& belle ; elle eft lituée dans une plaine , dont le
terrcin eft parfaitement égal. D. Francifco Pizarro ,
<îui la fonda , la nomma l'Airompnon , Los lîeyes ,
ville des Rois. Paul III. en la faifant Métropole en
1540. lui donna le nom de Saint Jeanj mais l'ufage
fiipérieur à toute pullfance en fait de langue , lui a
donné celui de Lima. Foye^ ci dellous. Toute la
ville eft divifée en carrés égaux , qui ont ch.rcun
3Z0 pies à chaque face, & liSo de tour. Les mai-^
fonsfont belles & riantes, quoique bâties lèulement
de terre , de brique , de cannes , de bois & de chaux ,
à caufc des tremblemensde terre fréquens ; mais elles
font d'une propreté admirable , tant au dehors, qu'au
dedans. Il y a environ quarante mille âmes à Lima.
La huitième partie à peu près font des blancs.
Le climat de Lima eft le plus doux du monde. Il n'y
a ni froid j ni chaleurs excellîves , ni tonnerres, ni
pluies, ni grêle, ni tempêtes, feulement des trem-
blemens de terre fréquens & terribles. Il y en eut un
en 1746 fi violent, que la ville fut entièrement riii-
née 5 Se qu'il nerefta qu'une vingtaine de mailons lur
pié. Du côté du nord , Lima a de hautes montagnes
prefque toujours couvertes de brouillards. Tout l'hiver
il fait des brouillards à la campagne qui fuppléent aux
pluies , & fournilfent à la terre l'humidité néceilaire
pour produire. L'Univerfité de Lima tut fondée lous
le nom de Saint Marc en 1545. par Châties Quint j
qui l'enrichit , & lui donna pluiieurs privilèges. Lima
eft entourée de murailles que fit faire le Duc de Pa-
lata Viceroi en 1684. mais la plus grande partie n'eft
que de terre.
La ville de Lima eft fituée à deux lieues du port de
Callao pat 1 2. degrés 6 minutes i8 fécondes de latitude
auftrale, & par 79 degrés 45 minutes de longitude
occidentale , ou différence du méridien de Paris ,
c'eft-à dite , 300 degrés 15 minutes de longitude,
félon Péralta , & fuivantleP. Feuillée , par li degrés
une minute i j fécondes de latitude , & 79 degrés 9
minutes 50 fécondes de longitude;, c'eft à-dire , 300
degrés 50 minutes 50 fécondes de longitude. Elle eft
bâtie dans une belle plaine, au bas d'une vallée qu'on
appeloit autrefois Rimac , du nom d'une fameufe
Idole des Indiens, qui rendoit de grands oracles;
d'où par corruption , & par la difficulté que ces peu-
ples avoient de prononcer l'raulli rudement que les
Efpagnols , eft venu le nom de Lima , qui eft ditlé-
rent de celui que Ion Fondateur lui impofa dans lon-
ctabliftemcnt ; car François Pizarre qui la commença
fous le règne de Dom Carlos (Charles Quint) &c de
Dona Juana (a mère , tous deux regnans enlemhle ,
l'apcia la ville des Rois, Los-Rcyes ; peut-être auflî
parce que les Efpagnols conquirent cette vallée le
jour des Rois, comme pluiieurs le prétendent. L'é-
cuftbn des armes de la ville lemble tavorifer l'nn &
l'autre fentiment ; on y voit trois couronnes d'or ,
deux Se une en champ d'azur, furmontées en chef
d'une étoile rayonnante : quelques uns font entrer
dans l'écurtbn les deux colonnes d'Hercule, mais en
plufieurs endroits elles ne paroilfent que comme fup-
pott, avec ces deux mots plus ultra. Se les deux let-
tres I. Se K. pour exprimer les noms de Juana Se
Carlos , dont elles font les initiales. Quoiqu'il en foit,
il eft certain que ce nom ne lui vient pas pour avoir
été fondée le jour de l'Epiphanie, comme le dit le P.
L I M
Feuillée après Garcilaffo de la Véga , & en l'année
I J34, mais le 18 Janvier en 1535, jour de la fête de
la Chaire de Saint Pierre, comme le raconte Fran-
cifco Antonio de Montalvo, dans la vie du Bienheu-
reux Torribio, Evêque de Lima. Frézier , p. iSs
& 186. Voyez la longue defcription qu'il en fait. La
diftribution du plan de cette yilie eft lott belle , les
rues y font parfaitement bien alignées , Se de largeur
commode. Id. On compte à Lima 4000 calèches.
En i68z, à l'entrée du Duc de la Palata, lorfqu'il
vint prendre pofléllion de la ville , les Marchands de
Lima tirent paver dans l'étendue de deux quartiers,
les rues de la Merced, Se de los Mercadores, par oik
il devoir entrer à la place royale où eft le Palais, de
lingots d'argent quintes , qui pefent ordinairement
environ 200 marcs , longs de douze à quinze pouces,
larges de quatre à cinq, & épais de deux à trois, ce
qui pouvoir faire la fomme de 80000000 écus, 5c
(Environ 320000000.de livres de notre monnoie. Il
eft vrai que Lima eft en quelque façon le dépôt des
tréfors du Pérou, dont elle eft capitale. Frezier,
p. i g$ (S- I ç6. Le nombre des familles Efpagnoles de
Lima j peut monter à huit ou neuf mille blancs , le
refte n'eft que métis, mulâtres, noirs. Se quelques
Indiens, quoiqu'en tout il y ait près de vingt cinq à
vingt huit mille arnes. Id.
Lima, ou Rimac. Nom d'une petite rivière du Pérou,
qui tombe dans la mer de Callao , p.ut de la ville de
Lima.
Lima, Ponte de Lima. Nom d'une ville du Por-
tugal. Elle eft dans la Province d'entre Douro &
Minhoj fur la rivière de Lima , à quatre lieues de
Braga, vers le nord. Lima eft capitale d'une contrée
qui porte fon nom.
Lima. Nom d'une rivière de Portugal. Limius , Limia ,
Limaaj anciennement Lethes ^ Belium. Elle prend
fa fource dans la Galice , traverfe la Province d'entre
Douro Se Minhoj baigne Ponte de Lima, Se Viana
de Fol de Lima , & fe décharge peu après dans l'O-
céan Atlantique. Maty.
LIMACE, f. f Infedc. Voyc^ Limaçon.
Limace. Terme de Mécanique. On donne ce nom à
une certaine machine qu'on appelle la vis d'Archi-
mede. Archimedis cochlea. C'eft un canal appliqué
en forme de vis autour d'un cylindre , qu'on appelle
noyau , dont on fe fert pour f.iire monter l'eau , ou
autre liquide, quoiqu'il y ait toujours dans le tuyau
un mouvement de chute par fon propre poids. Il faut
donner à la limace une certaine pente pour attiter
l'eau plus facilement. Foyei Ozanam , qui a fait la
defcription de cette machine.
Limace, eft aulfi le nom qu'on donne en Architedture,
à certaines voûtes. Foye\ Limaçon.
LIMACHE. Nom d'un village du Chili , fur le chemin
de Tiltil à Valparaillb. Limathium. C'eft à Limachi
que fut trouvé un arbre dont le P. Oualle donne la
figure dans fa Relation des Millions du Chih. Il yen
a un pareil à Rincan , à deux lieues de San Jano, vers
l'oueft nord oueft.C'eft une croix formée par la nature,
fur laquelle eft un crucifix de même bois comme en bas
relief; les Sculpteurs l'ont gâté pour y avoir touché
en pluiieurs endroits, parce qu'on ne voit plus dans
quel état il étoit quand il fut trouvé, Frézier, />•
100.
LIMAÇON, ou LIMAS, f. m. Petit infede qui a des
cornes longues Se déhées , qui eft enfermé dans une
coquille. Se qui jette une humeur gluante & lui-
Tante. CochUa , Umax. Le limaçon fort d'un œuf, &C
quand on lui a coupé la tête , on y trouve une petite
pierre qui eft bonne pour la gravelle , fous laquelle
on trouve fon cosur qui bat. Il eft d'une couleur
blanche aullî bien que les veines, & a de petites oreil-
les , dont la fubftancc eft membraneufe -.ce qu'il a de
particulier , c'eft qu'il rejette fon excrément par le
cou, qu'il refpire par-là. Se que toutes les parties
propres à la génération y font renfermées , _& que
chaque limaçon eft mâle &: femelle tout enfemble ,
ayant la verge très-longue. Se faite comme celle
d'une baleine. ^Cet animal , logé fous un toit qui
L I M
réunit une extrême dureté avec la plus grande Icgé-
■ reté, eft pourvu pur la nature de quatre lunettes d'ap
.proche, pour rinformer de tout ce qui l'environne.
■ Ses quatre prétendues cornes l'ont quatre nerfs opti-
ques, lur cliacun dtlquels il y a un ail. hz limaçon
peut non-feulement alonger & diri;^er connue li
veut ces elpèccs de lunettes, il peut encore les tirer,
les tourner ik les renfermer leJon le bcloin. Il y a
pourtant plulicurs Naturaliiles qui prétejident que
ces quatre grandes cornes ne font que des antennes
que l'animal emploie pôtu lentu" les obftacles ; la na-
ture qui l'a fi bien logé & éclairé, lui a donné, au
. lieu de jambes , deux grandes peaux mufculeufes , qui,
en fe déridant, s'alongcnt , ôc qui , en ferrant de
nouveau leurs plis de devant , fe font fuivre de ceux
de derrière, & de tout le bâtiment qui pofe dellus.
A l'égard de la formation du coquillage, M. Pluche
allure , après Malpighi , Lewcnhoek &c M. de Réau-
mur,- que le limaçon fort de fon œuf avec une co-
quille toute formée , proportionnée à celle de fon
corps &: à la coque de l'œuf qui le contenoit. Cette
coquille efl: la baie d'une autre qui va toujours en
augmentant. La petite coquille , telle qu'elle efl: for-
rie de l'œuf j occupe toujours le centre de celle que
■ l'animal, devenu plus grand, fe forme en ajoutant de
nouveaux tours à la première ; tic comme un corps
■ ne peut s'alonger que vers l'ouverture, ce n'efl que
vers l'ouvertute que la coquille reçoit de nouveaux
accroiflemcns. La matière ell: une liqueur ou inie
colle compolée de glu Se de petits grains pierreux
rrès-fîns. Ces matières pailcnt par une multitude de
petits canaux , & arrivent julqu'aux pores dont la
furfacc de ce corps efl toute criblée. Trouvant tous
les pores fermés lous l'écaillé , elles fe détournent
vers les parties du corps qui lortent de la coquille, &
qui fe trouvent à nu : ces particules de fable &c de
glu tranfpirent au dehors ; elles s'épailllilent en le
collant , ou en fe léchant au bord de la coquille : il
s'en forme d'abord une funple pellicule , fous la-
quelle il s'en affemble une autre , & fbus celle-ci une
troilième , &c de toutes ces couches réunies , le
forme une croûte tautelemblable au relie de l'écaillé.
Quand l'animal vient à croître , &c que l'extrémité
de fon corps n'efl pas fuitifamment vêtue, il conti
nue à fuer 6c à bâtir par le même moyen.
§3" Caliez légèrement l'écaillé de plufieurs limaçons ,
enlevez-en quelques petites portions, mettez les en-
fuite fous des verres avec des herbes &C de la terre ,
vous verrez que la partie de leur corps qui étoit à
découvert, le couvrira bientôt d'écaillc comme les
autres. Cette efpèce d'écume qui coule par tous les
porcs du limaçon , poullée par un autre qui coule
delfous au niveau de l'ancienne , fe durcit & forme
une portion d'un vrai coquillage.
^^Si l'on glille quelque pellicule mince entre le corps
de l'animal i?c les extrémités de lafraéluredelacoquil-
le,cette pellicule empêchera le fuc formateur de couler
au dehors, &c il s'épaillîra entre la pellicule & le
corps de l'animal. Preuve bien évidente que l'écaillé
ne travaille pas elle-même à le rétablir. Le fuc qui
en auroit coulé , auroit couvert la pellicule à mef ure
que le trou le feroit rempli.
|3"Cette portion de coquille nouvellement formée,
ell pour l'ordinaire d'une couleur différente du relie.
Les différentes nourritures , la bonne ou la mauvaife
famé de l'animal , les altérations qui peuvent lurve-
nir aux diiférens cribles de la peau , mille caufes par-
ticulières, peuvent contribuer à varier les teintes à
l'infini.
^S'Ileftà préfumer que la nature, toujours unifotrae
dans fes opérations , forme par le même méchanilme
tous les autres coquillages de mer & des rivières. Les
limaçons paroillent en quantité après la pluie. Les lï
maçons à coquille s'appellent autll Efcargocs , & en
Latin cochlea. Ceux qui fout fans coquille , s'appel-
lent proprement limas , ou limaces, tk en Latin li-
max. Il y a des limaçons blancs , de noirs , de
grands, de petits. Ceux des lieux ombrageux tentent
la bourbe éc le limon. Ceux qui font nourris au fo-
LI M
Ht
leil, font de bon goût, & s'ils vivent de fcrpolet ,
pouliot , origan & autres herbes odorantes , ils ont
le goût odorant. Les limas de rivières ont une très-
ma'uvaife lenteur. Il y en a qu'on fouit en terre avec
une pioche, parce qu'ils s'y cachent en hiver, dont
la coquille efl blanche ik dure, tk ils font meilleurs
que ceux du printemps ou de l'été. Pline dit que les
Romains en étoient fi friands, qu'ils les nourrilloicnt
en garennes , ou viviers préparés exprès, tk qu'ils les
léparoient en diliérentes clpèces, auxquelles ils don-
noient divers noms S>c nourritures, &c ils en difccr-
noieiit le goût en les mangeant.
Il V a une efpèce particulière de limaçons qui font
toujours petits, & n'ont jamais qu'environ deux ou
trois lignes de diamètre. Ils font toujours attroupés ,
, 3c fouvcnt Cil grande quantité, dans une efpace de
cinq ou lix pieds de terrain au plus, 8c quelquefois
de deux pieds , fur-tout au printems , quand ils com-
mencent à paroitre. Mais ce qu'ils ont de plus parti-
culier , c'eft que fur la queue ils portent un morceau
de coquille qui y ell attaché. Il efl plat , de la même
épaillcur , ou un peu plus épais que la coquille qui
fait leur maif'on. il ell précilément de la même gran-
deur & de la même figure que l'ouverture de cette
coquille ; tk quand ils s'y retirent , ils la ferment très-
cxaélement, c'en efl comme la porte. Quand ils ram-
pent , ils font couchés horifontalement , ou fur la
queue , tk la coquille porte dcflus.
Au Japon , les habitans mangent des limaçons , &c
ils font fort bons, Âmbaff. des Hollandais au. Japon,
P. IL p. 131.
fer La limace &c le limaçon appartiennent à deux genres
différens. Le limaçon efl un animal tellacée. La /i-
/7Mce efl un reptile qui n'a point de coquille. Mais l'un
8c l'autre mangent les plantes 8c défolent les jardins.
On dit en Architeélure , qu'un efcalier efl fait en
limaçon , quand il efl fait en forme de vis , dont les
marches font rangées autour d'un cylindre de pierre
ou de bois.
Limaçon , fe dit aufîl de quelques voûtes & de quelques
trompes qui aboutillent en limaçon. Tejludo cochlea-
ris.
Limaçon , étoit auflî une forme de bataillon ou efca-
dron , difpofé en limaçon. Convolutus mditum glo-
bus. Voyez ceux qui ont écrit fur la Tactique.
Limaçon. Terme d'Horlogerie. C'eft un cercle tourné
fpiralement , 8c divifé en douze degrés pour régler les
coups de marteau d'une répétition. Le limaçon des
quarts eft partagé en quatre degrés.
§3" Limaçon , en Anatomie , coquille ou trompe. C'eft
la troifième partie du labyrinthe , ou la dernière ca-
vité intérieure de l'oreille. On lui a donné le nom de
Limaçon , à caufe de fa reffemblance avec la coquille
dans laquelle le limaçon eft enfermé. Le fon réuni
dans la première cavité de l'oreille, fe communique
à la membrane du tambour, & de cette membrane,
à l'air enfariné dans la cailfe; de-là au labyrinthe, 8c
du labyrinthe au limaçon , où il fe répand enfin fur
les petites fibres du nerf auditif qui tapillent le fond
de cette cavité Voye\ Oreille , Son.
On dit proverbialement d'un liomme de néant
qui veut paroître au-defîus de fa condition , que
c'eft un limaçon qui fort de fa coquille , qui com-
mence à montrer les cornes.
Limaçon , vient de Umax , limacis.
LIMAÇONESQUE , eft un adjeélif que Loret a for-
gé : on le trouve dans fes Lettres en 'Vers burlef-
ques à Madame , où il appelle figure Umaçonefque ,
luie figure qui relfemble à un limaçon.
LIMAGNE. Contrée de la Balle-Auvergne , en Fran-
ce. Limanïa. Elle eft célèbre pour fa fertilité , &
elle peut avoir environ douze lieues le long de l'Al-
lier , & à fa gauche. Ses heux principaux font Cler-
mont, Riom , Montferrand , Iftoire , Brioude, &c.
Maty. 'Valois , Not. Gall. p. 4S. De Hauteferre
croit que la Limagne a pris fon nom du limon ,
dont elle eft pleine , &c qui la rend un pays gras
8c fertile. Quelques uns écrivent Limaigne.
Ce mot vient du Latin a'imonium , qui veut dite
5-4^
L I M
■ nourriture. Le nom de Limaigne a été donne à ce
pays , parce qu'il produit beaucoup de choies, qui
"îervent à la nourriture des hommes & des animaux.
LIMAILLE, f. f. Poudre , ou petites parties des
métaux qu'on pâlit ou qu'on amenuileavec la lime.
Scobs , ramentum. Limatura. On nourrit l'aiman
avec Àç \^. limaille àt fer pour l'entretenir en la for-
ce. Les Orfèvres ont grand foin de recueillir les U-
mailUs d'or & d'argent. Les Chimilks font un bain
ck limailles , pour avoir un degré de chaleur de feu
qu'on allume fous de la limailk. La limaille d'ai-
guille , eft le fer le plus propre pour faire des
préparations chimiques. Les limailles d'épingles fer-
vent à plomber des pots de terre , & le vitrifient.
La limaille de cuivre , piife au poids d'une drachme,
ell bonne pour la guérifon de la rage. C'eil un vio-
lent émétique.
LIMAIRE. f. m. Nom que l'on donne au Thon lorf
qu'il commence à grollîr. Thunnulus. On ne l'ap-
pelle Thon , que quand il pallé un pied de gran-
deur.
LIMANDE, f. f Petit poilTondemerqui eft de la figure
des carrelets , mais plus plat & plus mince , 8c fans
taches rouges. Pa[jer , afper fivè fquammojus.^ La
limande eft alfez "bonne , quand elle eft bien fraî-
che , & bien afiaifonnée. Limande frite.
Limande , eft auftl , en termes de Charpentier , une
pièce de bois de fciage , plate , peu large & peu
épailfe. Tigillum. Les pièces qui fervent à tenir ëc
à lever les lançoirs ou pales d'un moulin , s'ap-
pellent des limandes.
LIMAS, f m. Limax. Sorte de petit infcéte qui ronge
les feuilles &_mange les fruitss. Limas noir. Limas
•à coquile. Foye\ Limaçon , c'ell la même chofe.
Limas. Nom d'une efpèce de coquillage de mer. Li-
max, Deux limas à peau de lerpent. Gersaint.
Limas. Rivière de Portugal dans l'Alentéjo : elle a ft
fource entre la Guadiana & l'Andaloulie , &C fe perd
dans la rivière de Moura.
IIMAT , LIMMAT , LINT. f. m. Nom d'une ri-
vière de la Suifl'e. Limagus , Limago , Lindema-
gus. Elle a fa fource aux confins du pays des Cri-
ions , baigne la ville de Glaris , &: après avoir tra-
verfé le lac de Zurich , arrofe la ville de ce nom ,
&" celle de Bade, & fe décharge dans la rivière d'Aar.
Maty.
LIMBE, f. m. Terme d'Aftronomie. C'eft le bord du
Soleil , de la Lune , qui apparoir lorfque le mi-
lieu ou le difque en eft caché par quelque éclipfe
centrale. Limbus. On s'en fertaullî quelquefois pour
expliquer les bords d'un Aftrolabe , ou de quelque
autre inftrument à obfervcr,qui eft divifépar de-
grés , comme le carré , le quart de nouante , le
graphomètre , &c.
On obferve la hauteur du limbe inférieur , &c celle
du limbe fupérieur du Soleil, afin d'avoir la vraie
hauteur de cet Aftre , qui eft la hauteur de Ion
centre.
Les Médecins Botaniques appellent auffi limbe ,
la bordure des plantes , de leurs Ileurs t>i de leurs
feuilles. Limbus , ora. ICT On appelle particuliè-
rement limbe , la partie évafée des fleurs moiiopé-
tales.
Limbes j au pluriel. Limbus j Limbi , fedes Piorum
ante Chrijli mortem. Terme de^ Théologie, C'eft
ainfi qu'on appelle le lieu où l'Eglile croit que les
âmes de ceux qui étoient morts en la grâce de Dieu
ïivant la venue de Notre Seigneur , attendoient là
rédemption du genre humain, & où Jésus-Christ
defcendit dans le temps qui (e pajla entre fa mort
& fa réfurreétion , comme l'enfeigne Saint Tho-
mas' en fa Somme , les Théologiens , le Catéchif-
me du Concile de Trente dans l'explication du
cinquième article du Symbole. Du Cange dit que
les Pères ont appelle ce lieu Limbes : Eh qubd fit
Limbus inferorum.
Limbe, f. m. Terme d'Horlogerie. C'eft le bord d'une
roue platte.
Limbe de la nature , fe dit en termes du grand Arc ,
L I M
pour réduétion en k première matière univerfelle.
DC? LIMBER. f. m. Terme de Relation & d.- Com-
merce de fourures. Limbe r de petit gris, de martes
d'hermines. C eft un lot de 40 peaux. Un Lmber
de petit gris compole de 40 peaux ne le vend en La-
ponie qu'un écu. Regnard. Le limber s'appelle
«uili Timbre.
LIMBOURG. Nom d'une ville des Pays-Bas , fituée
lur la rivière de "Vèze , à fepc lieues de Liège,
du côté du Levant. Limbourg , capitale du Duché
de Limbourg , étoit une ville lortihce , &: défendue
par un bon château , confttuit lur un rocher efcar-
pé. Les François la prirent l'an 167J , & l'an 1677,
ils démolirent le château , &: une partie de la ville
avec les fortifications. 'if3' Les Impériaux reunis aux
Alliés s'en rendirent maîtres en 1701. Elle eft de-
meurée .à la Mailon d Autriche par les traités de
Raftadt & de Bade. Valois écrit Lembourg , mais
mal. Il ne croit pas cette ville ancienne, /^oye^ Not.
Gall. p. 26 j. Il a r.ailon , elle ne fut bâtie qu'au
XIIF hcclc i car Henri, Archevêque de Cologne,
ayant fait mourir fur un échaftaut Fridéric , Comte
d'Hemberg , qui avoir époute la lœur de Henri ,
Duc de Limbourg , tic les biens de Fridéric ayant
été détruits ou enlevés ,àcaute du meurtre d'Engel-
bett , Archevêque de Cologne , qu'il avoir com-
mis, & les entans dépouillés, Henri Duc de Lim-
bourg , leur oncle maternel , prit loin d'eux , &
leur bâtit un nouveau château lur un rocher fort
efcarpé , dont la Vèle baigne le pié. Il dgnna Ion
nom de LÀmbourg & le titre de Comté à ce Châ-
teau , '6c fon neveu Théodoric lut appelé Comte de
Limbourg. Voy. ImhotF. , Notit. Imp. L. IX , c.
V. s. Long. 25. d. 45'. lat. 50. d. 36'.
Le -Duché de Limbourg. Limburgenfis Ducatus ,
Tranfmofana Ditio. Ce Duché , qu'on appelle aullî
le pays d'outre Meule, par rapport au Brabant , au-
quel il étoit autrefois uni, eft aujourd'hui une pro-
vince particulière des Pays-Bas. Elle eft entre le
Duché de Juliers & l'Évcché de Liège. Elle n'a
qu'environ dix lieues de longueur , & Icpt ou huit
de largeur. C'eft un pays fertile , que Ton divife en
quatre contrées. La Seigneurie de Fauquemont , le
Comté de Dalen , la Seigneurie de Rolduc , & le
Duché propre de Limbourg. Les deux premières font
aux Hullandois , & les autres aux Elpagnols ■-, mais
l'Empereur la tient aujourd'hui. Outre les lieux qui
donnent le nom à ces quatre quartiers , on y remar-
que encore Maftric.ls.t , ou du moins Wick , &
Spa , célèbre par fes eaux minérales. Maty.
LIME. 1. f. Outil d'acier , long & étroit , taillé &
incifè en plulieurs iens , lervant aux ouvriers qui
travaillent lur les métaux , pour les polir , tailler ,
dègroftir , ou couper. Lima . fcobina. Il y en a de
toutes grandeurs & grolleurs , lei'vant à plufieurs
ulages , fuivant lelquels on leur donne divers
noms. Ce fer n'eft pas aflez poli , il y faut encore
palier la lime.
Lima , une lime , eft formé du Celtique lin. Pez-
RON. Communément on croit que lima vient du
fon que fait la lime , comme le mot Grec ?!'/('!• ;
mais il vient de p'./>i , qui hgnihe la même chofe en
Grec. Le p ou r fe change fouvent en / , & l'n en
m. Cependant cette ét^mologie eft dure : ainfi on
peut tirer ce mot de >'i(,^' , qui lignifie racler avec
du verre , ou avec un fer ; ou bien il s'eft fait pat
contraiftion de mIùiux , qui vient de >£7«« , Uvis;
poli. Ihdore favorile ce lentiment , Lima dicla ,
quod Uve faciat. Ce font fes paroles , L. XIX ,
■c. 7. Vossius.
Lime douce , eft celle qui a la taille fort fine , ouïe
grain menu. Scobina. Lime bâtarde, qui a le grain
un peu plus gros ; lime d' Allemagne , laite en Alle-
magne , de bon acier , qu'on vend au paquet ; ou
il y en a depuis 3 Julqu'à 12. Lime à feuille de
fauge j qui eft demi-ronde des deux côtés , 8c un
peu plate ; lime de tiers point , ou à carnes , qui
eft triangulaire ; lime à pignon , qui eft t.iillée com-
me un couteau , qui ronge les pignons. Lime car-
L i M
reau , c'cft la plus grolTe lime , qiri cft carrée Se
trempée à paquet. Lima crajja. Lime à bouter ,
pour drellcr les pannetons des clefs. Limes à po-
tence y à cadette , limes à coutelles , limes ovales ,
limes en cœur. Ces petites limes fervent à vider les
anneaux des clefs , les éculions , les couronnes.
Les limes à dos de carpes , ou à doilicr , fervent
à fendre des compas. Lime à queue de rat j ou en
queue de rat , pour croître les trous : limes ron-
des , limes demi-rondes , limes fendues par le mi-
lieu , pour les embafes ; limes fendues d'un côté
feulement , pour le même ufagc : limes qui ne
font point taillées lur les côtés , pour fendre iS:
dreller les râteaux des clefs : limes coudées qui
fervent à couper & à drellcr des clous à fiches :
limes à m.itir , &c.
Lime sourde , lime de refend , qui fait l'effet d'une
fcie. Scobinula plumbo injirucla. Elle eft toute en-
veloppée de plomb , & le manche morne , deforte
qu'il n y a que la partie qui leie qui elt découverte.
Elle fert à couper (ans bruit les plus grollcs barres
de fer, pourvu qu'on les enveloppe aulli de plomb,
fans y lailïer rien de découvert que pour le jeu de
la lime. La raifon en eft que le plomb , qui eft fort
doux, empêche le trémoullemcnt des parties , tant
de la lime que du barreau de ter , qui caufe le
bruit , comme fait la main qu'on met (ur une
cloche quand on la frappe.
La différence des limes Se des râpes confifte en ce
que les limes font faites & taillées ^vec des outfls
tranchans j & les râpes font piquées avec des cile-
lets & des burins.
Limes , en termes de Challe , fc dit des deux dents infé-
rieures du fanglier , qu'on appelle autrement dagues ,
ou armes delà barre , & plus communément defenjes:
jiprurni dentés falcati , pugnatores.
Lime , fe dit figurémcnt en choies Ipirituelles. Ce Poë-
me n'eft pas allez poli, il y faut donner encore un
coup de lime. Lima opus perfequi , lima radere. Un
petit mot qu'on m'a apporté de votre part , m'a fait
reprendre la lime. Voit. Ceux qui ont travaillé à
polir la langue , ont aboli les termes qui leur lem-
bloient trop rudes , ou ils ont paffé la lime pour les
adoucir. Bouh. Reprenez cent fois le rabot & la
lime. BoiL.
On appelle proverbialement une lime fourde , un
fournois , un hypocrite qui fait le funple , Se qui
ne lailfe pas d'avoir une malice cachée qui éclate
avec le temps. Simulator , hypocrita. On le dit auiîi '
des travaux qui ulent infenliblement la fanté (ans
qu'on s'en apperçoive. L'étude elf une lime fouide
qui affoiblit beaucoup peu à peu.
Lime, (îgnifie auilî quelques fruits qui font des efpèces
de limon. Il y a des iimes rondes , & pleines d'un
jus fort doux. Des limes douces de Marleille.
03° Le nom de lime s'applique en général à toutes
les efpèces de limons. On dit lime douce & lime
aigre , de même que limon doux Se limon aigre.
Voye-[ Limon.
Lime de Marée , ou lime de mer. Terme de Marine.
On appelle ainfi l'écume & les herbes que la mer
lailfe fur les côtes en fe retirant , & qui forment
une trace , ou une ligne qui s'apperçoit.
Lime. Nom d'une petite rivière de la Natolie propre.
Lima. Anciennement Elatas. Elle (e décharge dans
la mer Noire , au midi de Pendarachi , & au nord
de Lippo. Maty.
Lime , Lyme- Régis. Nom d'un bourg d'Angle-
terre , fitué fur la côte du Comté de Dorchelter ,
aux confins de celui de Dcvon. Lima Ce lieu, qui
a fcance Se voix dans le Parlement d'Angleterre , a
une petit port , dans lequel le Duc de Monmcuth
fit defcentc avec trois grands navires^ l'an i6S8.
dans le dellein de fe faire reconnoitre fils de Char-
les II , Roi d'Angleterre , Se d'occuper le thrcnc :
mais Jacques II. fe délivra bientôt de ce rebelle.
|LIMEIL Limolium. Bourg de France dans le Périgord ,
au confluent de la Vézère avec la Dordogne , & à
cinq lieues au délias de Bergerac. Maty.
L 1 M
J43
LIMEN. Nom d'un golfe de la mer Noire. Limen. Ca
golfe , que l'on nomme autrement Mer de Zaba-
che , eft ce qu'on appeloit autrefois Palus Mioti-
des. Le Limen communique à la mer Noire par le
détroit de Caffa.^ Il ell; , félon quelques Cartes ,
vers le Go" degré de longitude , Se le 46'-" de lati-
tude (eptentrionale. Il a à l'orient la Circallîe , au
midi le détroit de Caffa Se la Ciiméc , au couchant
Se au nord la petite Tartarie. Il s'étend du Nord-
cft au Sud oueff. Il reçoit le Don , ou Tanai's. On
lui donne deux cents lieues de cirouit.
Ce nom lui a été donné par les Grecs, il efl: pure-
ment Grec , & lignifie un Port.
LIMÉNARQUE. f. m. Nomd offiee Seàc dignité. Capi-
taine , Intendant , Gouverneur d'un Port. Limenar-
clius , Limenarches. Il eft parlé des Liménarques dans
le Code. Que les Liménarques Se les Garnilons ar-
rêtent les fugitifs , & les retiennent fous bonne
garde. Dans une ancienne inlcription il eft parlé du
Liménarque de Chypre ^; c'eil; - a dire , le Gouver-
neur des Ports de cette lie.
Ce iliot eft Grecj& vient de >.c'.u\t , un Port , Se
'<!'-riCii , commander. Ariftote dit Liménophylax. Garde
des Ports , au lieu de Liménarque. Voy. Polkicor.
L. ^//'j vers la hn.
LIMÈNE, LHMÈNE. f m. Nom d'une petite rivière du
Frioul, en It.ilic. Li menus , anciennement liomati-
num. Elle baigne Porto Giuaro , Concordia , Se fe
décharge dans le golfe de Venife , a Palata di Liméné.
Maty.
Ç3- LIMENETIDE. Terme de Mythologie. Surjiom
donné par les Grecs à Diane , parce qu'elle préii-
doit aux ports de mer.
LIMENTIN. f. m. Nom d'un dieu des anciens Romains.
Limentinus. C'étoit le âitw qui gnrdoit le feuil de la
porte , qui s'appelle en Latin iimen. Chacun met
un (cul portier à (a mai(on , & il (uftit , parce que
c'eft un homme ; Se ceux là y ont attaché trois
dieux , Forcule aux portes , Cardée aux gonds , Li-
mentin au leuil ; ainli Forcul n'eût (u garder tout
à la fois la porte , le gond Se le feuil. De Ceri-
ziERS , Trad.. delà Cité de Dieu ^ IV. S. Pourquoi
Forcule y qui prélide à la porte , Se Limentin , qui
a foin du (euil , font ils des dieux mâles j qui ont
parmi eux Cardée, femme, intendante des gonds?
Id. L. VI , c. j. On voit que cet Auteur dit Limen-
tin , & non pas Limentinus.
LIMER. V. a. Polir, ulcr , amcnuifer , couper avec une
lime. Limare , Umâ exfcuiiere. Ce pril'onnier a
lune les barreaux de fa piiion , & s'eft évadé. Cette
platine de piftolet eft fort bien limée. Le fer bien
limé n'eft pas lujet à la rouille.
LiMER^. Tejme de Salines. Limer un marais filant ,
c'elt en ôter avec la bogue j le bouquet Se la fer-
rée j les boues qui s'y (ont amaiiécs pendant l'hiver.
Purgarc y limum ejicerc. On lime le marais après
r.avoir mis à coi.
Limer , fe dit figurémcnt en chofes fpiritflelles , Se
lignifie corriger avec ioin ; polir , perfeclionner ,
mettre la dernière main. Limare , expoiire. Les vers
de cet Auteur ionih'icn limés. Son ftyle , (es expre(-
(lons (ont bien limées. Il faut , fuivant le conleil
d'Horace , garder un Ouvrage long temps dans (on
cabinet, pour le bien limer. Il faut prendre garde
de rien ôter de la fubftance Se de l'agrément du dif-
cours , à force de le limer Se de le polir. Bouh. Le
ftyle perd (a force & fa vit^ueur , il on le lime
trop. Bal. Il faut polir & limer un Ouvrage , afin
d'en ê)ter une première rudelk , qui lent le tra-
vail de la compofiticn. S. EvR.
LIMÉ , ÉE. part.'
" IMES ( la cité de). Fininc remarquable en France,
en.Normandie , au pays de Caux, à une demi-lieue
de Dieppe , vers l'orient d'Été. On la nomme ordi-
nairement cité , & une tradition populaire veut
qu'il y ait eu autrefois une ville qui tut détruire en
une nuit , Se qu'on a tâché en vain de riebâtir. Les
Savans du pays nomment ce lieu Caflrum Csfaris y
le Camp de Célar.
544 L I M
LIMESTRE. Serge de Ihncfire. C'eft une feige drapée
& croifée , qui fe fait a Rouen. Pannus^ tcnuior
■lïmefirims. On la fabrique de la plus tine laine
d'Elpagne. On l'a appelée ainh , du nom de celui
qui en a fait le premier.
Combien , pour avoir mis leur honneur enfequcftrc,
Ont-dles en velours échangé leur limeftre;
Régnier.
IIMERICK. Nom d'une ville de la Monionie , en Ir-
lande. Limericum. Elle eft capitale du Comté de
Limerich , & lîtuée fur le Shannon , qui la partage
-en deux , à vingt lieues de Corke , du côte du
nord. Cette ville ell fortifiée & défendue par un
bon château ; c'eft une des mieux peuplées & des
plus riclies d'Irlande , à caufe de la bonté de Ion
port, où les plus gros navires peuvent remonter j
quoiqu'elle foit à feize lieues de la mer. Elle a un
Évéché, fuftragant de Cashel. Maty. Long. 9. d.
12', Lit. 52. d. 34. r ■ r ■ r
Le Comté de Limerich, en Latin ^ Lemeneenjis
Comitatus. Contrée de la Momonie , en Irlande.
Elle eft entre les Comtés de Tipérari, de Corke , de
Kerry & le Shannon. Sa longeur eft environ de feize
lieues, &c fa largeur de huit. Limerick en eft la
ville capitale; on y diftingue encore les bourgs de
Kilmalock , d'Askearon & d'Andare , qui ont féance
&: voix au Parlement d'Irlande. Maty.
LIMEURE. /^qy^ï Limure.
IIMEUX , EUSE. adj. m. Vieux mot. Fangeux , bour-
beux , couvert de limon. Limofus , a j um.
Quoique le roc d' herbes foit dépouillé ,
Et que le lac de bourbe tout fouillé
De jonc limeux couvre le bon herbage.
Marot,
IIMFIORT , ou ALBORG. Canal. Le canal de Lim-
fort , ou d'Alborg , eft un golfe de la mer Baltique ,
qui s'appelle canal plutôt que golfe , parce qu'il eft
étroit & long. Il s'étend depuis le Catégat , où eft
Ion entrée , jufqa'à une lieue de la mer d'Allema-
gne , & il fépare prefque entièrement la prefqu'ÎIe
de Wenfuifél du refte du Jutland.
LIMIER, f. m. Gros chien de challc qui fcrt à quêter
le cerf, ou autre grande bête, & à le lancer hors
de fon fort. Indagator , canis vejiigator. Il y a des
limiers pour le matin , & d'autres pour le haut
du jour.
LIMINAIRE, adj. m. & f. Qui eft mis au commence-
ment. Proxmium, prologus. Épître liminaire qu'on
met à l'entrée & à la tête d'un Livre , foit pour en
faire la dédicace à quelqu'un , foit peur fervir de
Préface , & avertir le Ledeur de quelque chofe
nécellaire pour mieux entendre l'Ouvrage. Avant le
temps de Moïle j on ornoit les Livres d'une Épître
liminaire. César Fiochefort. On (e fert plutôt de
l'on compolé préliminaire.
Ce mot vient du Latin limen , qui fignifie propre-
ment le pas, le feuil d'une porte-, Se qui s'eft dit
pour l'entrée d'une maifon , ou de quelque édifice
que ce fut; pour l'entrée d'une Eglile j & l'Eglife
même ; d'où vient que l'on ditoit que les Pèlerins
alloient ad limina Apoftolorum & Sanclorum ; pour
dire , alloient viiîter les faints Lieux. Us appcloient
aulfi liminare , les lieux ditpofés à mettre des fta-
tues , ce que nous appelons niches , à caufe qu'il y
en avoir plufîeurs aux entrées des Eglites.
LIMINA'RQUE. f. m. Terme d'Hiftoire. Nom d'office
& de dignité dans l'Empire Romain. Liminarcha.
Les Limtnarques étoient des Officiers deftinés à veil-
ler fur les frontières de l'Empire -, ils command-oicnt
les troupes deftinées à les garder.
Ce mot, comme quelques autres qui iefont établis
au temps du bas Empire , eft compolé de deux mots,
l'un Lapin, & l'autre Grec. Xiwê^ veut dire, ^'orre,
encrée : les frontières d'un pays en -font les jsntrées.
'Aty^,» j fignifie commandement & '^K'^ i Commandant.
L I M
LIMISSO. Nom d'une ville fituée far la côte de i'ilc
de Chypre , environ à fcize lieues de Bafto , du côte
du levant méridional. LimiJJus. Limi£6 3. un Eve-
ché fufïragant de Nicofie ; il eft prefque ruiné : plu
fleurs Géographes le prennent pour l'ancienne Aiiia
thonrcj ou Amachulie , en Latin Jmathus , où Vé-
nus avoit un célèbre Temple ; mais d'autres Géo-
graphes t'outiennent que les ruines de cette ancienne
ville , font à plus de deux lieues de Limijfo. MaTy.
fC? LIMITATIF, adj. Terme de Jurifprudsnce. Ter-
mes démonrtratifs, termes limitatifs. Allîgnat limi-
tatif , difpofition limitative , qui renferme dans de
certaines bornes , en parlant d'une difpofition dont
l'objet eft tellement déterminé, que le légataire n'a
rien à demander , à prétendre fur le furplus des
biens du teftateur. On peut aifigner un legs fur un
fonds ou fur une dette , de forte que le legs fe puillè
prendre fiir le l'onds ou la dette défignée , & auifi
fur les autres biens du défunr : ik c'eft ce_ qu'on
appelle allîgnat démonftratif i ou bien , on alligne le
legs uniquement fur le fonds & la dette défignée,
fans aucun recours fiir les autres biens du teftateur ;
& c'eft ce qu'on appelle alTignat limitatif. Dans le
premier cas , l'héritier n'eft gas libéré par la perte de
la chofe , ni par l'abandonnement qu'il en fcroit,
C'eft le contraire dans le fécond cas , où l'aliignac
eft limitatif. La difficulté eft de frvoir quand les
termes de l'aflîgnat font démonjiratifs ou limitatifs^
LIMITATION, f. f. Fixation , détermination d'un
terme, de «la valeur d'une chofe, prefcriprioa de
certaines bornes. Finitio , pntfnitio , dtfinitio. La
durée de notre? vie n'a point de limitation certaine.
La puillancc Royale n'a point de bornes , de limi-
tation.
Limitation, figiwfie aulfi ^ Reftridion , exception,
modification. Limitatio , rejiriclio , modificatio. Il
n'y a point de maxime fi générale , qui n'ait en
plufieurs cas quelque limitation , quelque exception.
Le pouvoir de ces Plénipotentiaires n'eft peint fi
grand , qu'il ne fouftie quelque limitation. Donner
une limitation à l'Ordonnance. Pat.
LIMITEI\. V. a. Donner des bornes , des limites à
quelque chofe ; Dcjlnire , determinare. Il ne fe
dit guère en parlant des frontières d'un État , des
bornes d'un territoire. Il fc dit plus ordinairement
en parlant du prix d'une chofe , de l'clpace du
temps , ou de l'étendue du pouvoir que l'on donne
à quelqu'un. On limite toujours le pouvoir d'une
procuration, d'un mandement. Un douaire préfix
fe limite à une certaine fomme. On doit faire fûn,
enquête dans le temps qui eft /iTOfc', qui eft prefcric^
L'amour fe doit limiter à l'union des cœurs. SaRAS»
Dial. Ces paroles limitent notre fubftitution. PaTi
Limiter un legs. Id. .
LIMITÉ, ÉE. part. Circumfcriptus. L'efprit de rhom^
me eft fort limité ; fes connoiftànces ne s'étendent
pas fort loin.
je vois que votre vanité
N'aura plus rien de limité. Main.
LIMITES, f. f. pi. Bornes, extrémité d'une terre,
d'une Province , d'un État. Fines , limites , corfi-
nia. Le? Rois ont nommé des Commiiîaires pour
régler les limites de leurs Royaumes. Ce Seigneur
veut étendre fa terre au de-là de fes anciennes li-
mites. Les Pirénées font les limites de la France &C
de l'Efpagne , la rivière de BidalToa leur fert de
limites. L'Efpagne eft rellerrée dans fes anciennes
limites. , ,
Limites j fe dit figurément en chofes morales. Finis,
terminus. La bonté de Dieu n'a poinr de limites.
On dit d'un Prince , que Ion ambition eft fans li-
mites j qu'elle eft démefiuée. Dicu^ a prefcrit aUX
Empires de certaines limites de puillancc iSc de du-
rée. La Rochef. Les vertus & les vices ont leurs
limites &c leurs frontières comme les Royaumes.
lA. ScuD. Il n'eft pas toujours facile de marquer les
ju.*les /iwireJ qui féparenc la vérité de l'erreur. BoSs.
Ll M
On dit audl fortif des iimues de la raifon ; pour
dire, être dérailonnablc.
§3" On appelle Iimiics des deux PuilHinccs (piritucllc
Se reniporelle , la diftindion de ce qui appartient
à lune L<c à l'autre..
IJCTPour déterminer la vraie valeur du mot limites.
Se marquer les nuances qui le dilHngucnt des deux
autres mots, termes , cV ironies que l'on emploie
fouveiit comme lynonymes , nous joindrons ici les
remarques de M. l'Abbé Girard. Le urme eft où
l'on peut aller. Les /imius font ce qu'on ne doit
point palier. Les iornes l'ont ce qui empêche de
palier outre. On approche ou l'on éloigne le ter-
me. On rellerre ou l'on étend les /imites. On avance
ou l'on recule les bornes.
\M3^ Le terme Se les limites appartiennent à la chofe;
I ils la rinillent. Les bornes lui l'ont étrangères ; elles
la renfermenr dans le lieu qu'elle occupe , ou la
contiennent dans fa Tphcre. Le détroit de Gibraltar
tut le terme des voyages d'Hercule. On a dit avec
plus d'éloquence que de vérité , que les limites de
l'Empire Romain étoient celles du Monde. La Mer,
les Alpes & les Pyrénées font les bornes naturelles
de la France.
jgCFLe terme de la profpérité arrive fouvent dans le
' moment qu'on projette de ne plus donner de limites
à Ion pouvoir , & qu'on ne met aucunes bornes à
Ion ambition. Je ne vois le terme de nos maux que
: dans le terme de notre vie. Les l'ouhaits n'ont point
de limites : l'accompliirement ne fait que leur don-
ner une nouvelle carrière. Nous ne fommes heu-
reux que quai-.d les bornes de notre fortune font
celles de notre cupidité.
Limite, f. m. En Aftronomie #3" on appelle ainil les
points de l'orbite des planètes où elles font les plus
éloignées de l'Écliptique. Le limite feptentrional Se
méridional , font les points qu'on appelle ventre du
Dragon : ils font^ éloignés de quafre- vingt- dix degrés
des nœuds de l'Ecliptique; l'un du côté du fepten-
trion , l'autre du côté du midi. Termini , borealis
& auftraiis. Ce font les points de l'excentrique de
la lune les plus éloignés de l'Écliptique. La lune elt
alors à cinq degrés de latitude.
1:0= LIMITROPHE, adj. d. t. Ce terme qui eft fré-
1 quemment uhté en Géographie , n'ell point fyno-
nyme de voifin , qui dit beaucoup moins. 11 a plus
de rapport z.\ec contigu , Se s'applique aux États,
j aux Provinces , qui fe joignent, fe touchent par leurs
limites. On peut être voilîn fans fe toucher. Conti-
guus , funtimus , &c. La Picardie eft une province
limitrophe àelz Flandres. On a eu bien de la peine en
Europe à fe perluader que les États de l'Empereur de
la Chine , & ceux du Czar de Mofcovie , étoient
limitrophes , Se que ces deux Princes étoient en con-
teftation (ur le partage de leurs frontières. Cela s'ell
cependant trouvé très-vrai ; Se la paix de Nipehou
a règle leurs diftérends.
On appeloit autrefois colonnes limitrophes , celles
qui fervoient à marquer les limites entre diftérens
Etats.
Ce mot fignifioit autrefois un fonds deftiné à nour
rir les foldats qui étoient fur la frontière. Il y a un
Titre au Code qui porte ce nom. Sa lîgnilkation
a ete depuis étendue à plulieurs fortes de conhns.
LIMNADE. f f. Terme de Mythologie. Nymphe
d étang. Limnas , ados. Les déelfes des étangs'furent
nommées Limnades , de x\f.,, , qui en Grec lignifie
unerang. Isatalis Cornes, Mythol. L. F , c. \2.
On les nommoit auffi Limnées. Limn^di. Quelques'
uns dilent Limniades ; mais Théocrite , Tdyll. F
dit Limnades. '
LIMNIOTE. f m. & f. Habitant d'un étang, habi-
tant des marais. Limniota. On donne le furnom de
Ummotea. un faint Moine nommé George , qui re-
prit genereufement l'Empereur Léon de ce qu'il
brilo.r les images, Se brûloir les reliques des Saints.
Léon lui hr couper les mains, cV brûler la tète. On
lait la mémoire le 24 d'AoÛt ; fes Aéles font rap-
portes dans la Préface du Ménologe des Grecs.
lome F.
L J M 54^
Apparcmmcmt ce Saint avoir l'on Monaftère ou
fi cellule^ proche d'un étang, ou dans des maiaisj
car ce nom vient de a,^,, , un étang , /.^„.7,., quJ
demeure lur un étang , dans un marais.
LIMODORE. i: m. Limodonm. Plante que pluficurs
mettent entre les efpèces d'oroban(Éc. Sa rig(»cn:
haute d'un pied enveloppée de petites feuilles, qui
font comme des efpèces de petites gaînes. Sa 'rieur,
rellemble à celle de Torchis, li ce n'cft qu'elle ell
éperonnée ; ce qui la diltingue aulli de l'elléborinc.
Lorlqu'elle elt pallée j l'on calice devient un fruit
leniblableen quelque manière à une lanterne à trois
côtés , contenant des fcmenccs femblablcs à de la
Iciurc de bois. Sa racine cil compofée de grandes
libres longues comme en l'eliéborine. Toute la plante
a une couleur purpurine foncée , ow violette. Elle
croît dans les lieux humides. On la dit apéritive.
LIMOGES. Ville de France , capitale du Limolin ,*&
lituée lur la Vienne , à vingr lieues d'Angoulême ,
du coté du levant. Lemovica , Lcmovicina, Lemovi-
cum , Ratiajlum Lemovicum , Augujloritum Lemovï-
cum. Cette vjilc eft fort ancienne. Se allez grande:
on y voit des aqueducs , qui font des ouvrages 'des
Romains: il y a de très-belks Églifes , & quantité
de Monafteres , un Evcché , fuft'ragant de Bour^^cs
un Prélidial , Se une Éledtion. On y fait le plus bel
émail du monde. Maty. 1^e{ Hadr Valois
Not. Gall. p. 2ÛQ. Long. iS. d. j/ , lat. 4/.
d. 48 .
Œuvres de Limoges , ou bien Ouvrage de Limo-
ges. On entend par ces mots de l'éma'il. Opus Le-
movLcenfe , eneaujlum. Il eft parlé dans des Rcgiftres
de la Chambre des Comptes de Paris , des auvres
de Limoges. Les émaux ont été appelés par excellen-
ce , ouvrages de Limoges , parce qu'il n'y a point
de heu au monde où l'on ait lî bien travaillé , ni Ci
bien peint en émail , qu'à Limoges. On l'appeloic
aulîi autrefois travail de Limoges dans les Chartres.
Opus de Limogja , labor Limogix.
LIMOINE. f f. En Latin Limomum. Oed une plante
qui a les leuilles femblables à celles de la bcte-,
quoique plus menues & plus longues : elles font
ordinairement au nombre de dix. Ses tiges font me-
nues & droites , femblables à celles du lis , char-
gées d'une graine rouge , laquelle au goût a je ne
lai quoi d'artringent. Sa racine eft groll'e Se rouge ;
les Heurs font en œillet , elles l'ont blanches Se peti-
tes ; cette plante croît dans les marais & dans les
près , & Heurit en Juillet. La feuille & la graine
de la limoine delléehent , Se ont la vertu de con-
fohder. La graine cuite dans du vin, ou pilée,
étant bue , 1ère contre le flux de fang, pour ar'
rcter les moisj Se à ceux qui crachent le fang.
Etant appliquée en emplâtre , elle eft bonne contré
les inriammarions.
LIMON, f f Terre détrempée avec de l'eau; Se gé-
néralement terre délayée & entraînée par les eaux , &
qu'elles ont enfuite depofee. Limus. Adam fut for-
mé du limon de la terre. Jésus Christ c,ucrit un
aveugle avec du limon.L'eau de cette rivière eft toujours
trouble , Se mauvaife à boire, à caufequ'elle traîne
quantité de limon. Vaug. Fleuve qui traîne beau-
coup de fables & de limon. Ablanc.
Ce mot vient du Latin limus , boue , limon , ou
du Grec ?,e<fca, , un pré , un lieu détrempé j hu-
mide.
Limon , fe dit auftî du fédiment , ou lie de quelques
corps liquides.^ Fucula , fedimen. Quand de l'eau
trouble eft rallîfe , il fe trouve du limon au fond
du vafe. L'encre trop vieille fe gâte , ce n'eft plus
que du limon.
Limon , s'emploie auffi fîgurément en quelque façon
de parler , par allulîon à li matière dont Adam
fut formé. Limus , luturn. On diroir que le Ciel
l'ait pétri d'autre limon que moi. Eoileau.
Quels meliore luto Jinxit prtscordia Titan.
La nature vous a formé
j4<^
L I M
D'un limon moins grojfier que le limon vulgaire.
Des-Houl.
Limon. C m. cfl aullî une des deux principales pièces
de^f.bois quiiifcompolent le devant de la charette ,
entre lefquelles on atellc le cheval cjui la tire. Li-
^ mon droit , limon gauche d'une charette. AUer
currùs temo. Ce cheval leca bon pour le limon. Tout
bois n'ell pas propre à faire des limons.
Ce mot en ce fens vient du Latin temo , témonis ,
en changeant le t en / ; ou bien de ligemo , qui
vient à ligando , parce qu'on y attache le cheval.
iCt Limon , en Architedure. C'ell: une pièce de bois
de fciagCj ordinairement de chêne , qui loutient les
marches d'un ei'calier par une de leurs extrémités.
Limon , en Architedure , n'eil pas (culemcnt un ter-
me de Chapentcrie , (èlon M. Frézier , mais en-
core un terme de Maçonnerie. Ce n'elT: pas leule-
ment une. pièce de bois , mais auffi la pierre, qui
termine & foutient les marches d'une rampe , (ur
laquelle on pofe une baluftrade de pierre ou de
fer , pour fervir d'appui à ceux qui montent. Sca-
pus fialarum. Cette pièce eft droite dans les ram-
pes droites , &c gauche par (es furlaces fupérieure
& inférieure dans les parties d'efcaliers tournantes.
Ce mot , dit il ^^ient du Latin limus , tourne
de travers. J'en doute fort , & je crois bien plutôt
qu'il s'efl: dit de ces pièces de bois par la reireni-
blance qu'elles ont au limon d'une charette , (ur
lequel on pofe les ridelles de la charette , qui font
comme une baluftraJe. Du bois ce mot a paflé à
la pierre.
Limon , quelquefois Lime j fignifie encore le fruit
du limonier. Citreum minus. Il y a des limons
aigres , &c de doux. Le jus du limon aigre ôte les
taches d'encre du linge. Les Latins les ont aullî
appelés iimoncs , ou mala Umonia. Voy. Limon-
NiER. Il y a àLar en Perfe des limons doux , qu'on
nomme Bac rai. Pietro délia Falle , India , L. XFI ,
p. 3S7. , . .
Le Col de Limon. Limonius mous. C'eft un pal -
fage des Alpes. Il ert dans le Comté de Tende , en-
tre la ville de ce nom , & celle de Coni. Il prend
Ion nom du village de Limon j nommé anciennement
Lumone. Mat y.
Limon. Cap de Limon, Limonium caput ; ancienne-
ment Heracleum Promontorium. Cap de l'Amalle ,
en Natolie : il s'avance dans la mer Noire , entre
l'embouchure du Cafalmach , &c celle de Pormon.
M AT Y.
I.IMONA. Nom d'une petite île de la mer de Rho-
des. Limonia. Elle ell entre l'Ile de ce nonij &
celle de Stampalia j (ur la côte de la Natolie. Cette
Ile a un bon port, mais peu d'habitans. Maty.
LIAIONE. // Limone. Rivière de l'île de Corfe. Li-
monius Fluvius. Il prend fa fource dans un lac
qui eft vers le milieu de l'île ; & coulant du côté
de l'occident , il baigne Crulani , !k fc décharge
dans le golfe de Ginera.
LIMONIADE. f. f. Tenp.e de Mythologie. Limonias.
Les Limoniades étoient chez les Anciens , les Nym-
phes des prés. Ariftote dit quelque part que les
Limoniades meurent comme les Pans &C les Faunes.
Ce mot vient de ^«^i« , pratum , un pré.
LIMONIUM. f. m. Plante dont les feuilles fortcnt de
la racine , ayant la figure de celles du lapathum ,
mais plus petites , pluslidês, polies, douces au tou-
cher , Se d'une couleur verte-gaie. Il s'élève d'en-
tr 'elles des tiges à k hauteur d'un pied, menues,
jettant plulîeurs rameaux. Ses fleurs font dif
pcrfées le long de ces rameaux , &: tournées pref
que toujours en dellous : elles font compofécs cha
cune de cinq feuilles difpofées en œillet , de cou-
leur bleue pâle , ou blanchâtre, enfermées dans un
calice fiit en entonnoir. Ses femences font oblon-
gues j rougeàtres , tirant fur le bleu. Sa racine eft
grollé , rouge , d'un goût aftringenr. Les feuilles &
k femcnc^ du limonium font aftringcntes , elles font
L I M
bonnes dans la diarrhée , dans la dylTenterie j dans
l'hémorragie. En Latin limonium maritimum mai us.
C. Bauh. Pin. iji. Il y a plulîeurs autres efpèces
de limonium.
Ce mot vient du Grec ;,«^i» , prairie ; on a ap-
pelle ainli cette plante , parce qu'elle croît dans
les prés.
?fr LIMONNADE , ou plutôt LIMONADE, f. f.
Boiilon rafraîchillànte faite avec de l'eau , du fu-
cre tic du jus de citron , ou de limon. ExprejJ'us
ex cincis minonbus liquor , vel poculum. On prend
de la limonade en Eté pour fe rafraîchir.
LIMONNADIER , ou LIMONADIER ^ 1ÈRE. f. m.
& f. Marchand qui vend de la limonade , & plu-
(leurs autres fortes de liqueurs , comme eaux de
cerifes , verjus , grofeilles , framboifes , &c. Qui
liquorem ex cnrcis exprejjum vendit j poculorum ci-
trcorum propola. Injondion aux Limonadiers , chez
Icfqucls il arrive quelque querelle ou violence , d'en
avertir à l'inftant le Commillaire du quartier. De
la Mare , Traiié de Police , T. L.p. 204. l\ y a. dé-
fenfe aux Cabaretiers & Limonnadiers de retenir per-
fonne chez eux après huit heures du foir en hiver, &
dix heures en été. Ibid. Ib.
LIMONNER. v. n. Eft un terme des Eaux & Forêts,
qui fe dit en parlant du bois qui eft a(Iez gros pour
faire des limons. Il y a pluiieurs endroits où l'on ne
coupe point les bois taillis qu'ils ne limonnenc.
LIMONNEUX, ^frs.<. mieux LIMONEUX, EUSE.
adj. Plein de limon. Limofus , in limum vifcofus.
Des terres qui demeurent quelque tems couvertes
d'eau , deviennent limoneufes. Le fond d'une rivière
eft limoneux. Ce ruilîèau qui palle dans ces prés, eft
fort limoneux. La terre eft (î limoneufe dans les prai-
ries , qu'on ne s'en peut tirer. Ils ne pouvoient afteoir
la plante des picdsj à cau(e des pierres rondes & li-
moneufes qui les faifoient gliller. Vaug. Bourbe limo-
neufe. BoiL. Je fis une incilion pro(bnde à une jam-
be , d'où il ("ortit des férofités limoneufes. Du verney,
(ils, Ac. des Se. r/oj. Mém.p. i r/.
LIMONNIER , cV- mieux LIMONIER, f. m. Cheval
qu'on met aux limons d'une charrette, qui s'attele
entre les deux limons. Carrucarius , temonum equus ^
carrucarius ad ttmonem. Bon Limonier. Fort Limo-
nier. Du Cange l'appelle equus limonenus.
Limonnier , ou plutôt Limonier , fe dit aullî de l'arbre
qui porte les limons. Ses feuilles & (es Heurs (ont
femblables à celles du citronnier : on ne (auroit le
diftingucr que par la forme irrégulière de fon fruit.
Sa ch.air elf ordinairement moins épallfesil eft divifc
en cellules remplies d'une (libftance védculeulè,
pleine de fuc , & dans laquelle (e trouvent quelques
femences oblongues. Il y a plulîeurs elpèces de limo-
nier. Celui qu'on appelle //'OTO«ie/'to/;z/«a/Zj en Latin
limon vulgaris , ou malus Umonia acida, porte des
limons qui font couverts d'une écorce jaune, ou ci-
trine en dehors , blanche en dedans , odorante prin-
cipalement en (a fuperficie , d'un goût aromatique;
leur (uc eft aigre , fort agréable au goût Se à l'odeur.
Il y a aullî des limons doux.
^fT Les autres efpèces les plus remarquables &z les plus
communes, (ont le limon qu'on appelle impérial,
qui eft beau , gros , & d'une odeur .agréable , le limon
en forme de poire , la pomme d'Adam , la lime douce
& la lime aigre. L'écorce du limon eft propre pour
réjouir le cœur & le cerveau , pour réiîfter au venin ,
& pour exciter l'appétit.
LiMOSA. Nom d'une petite île de la mer Méditerranée.
Limofa^ anciennement JEthufa. Elle eft environ à
quar.mte lieues de celle de Malte j en tirant vers les
côtes de Tunis. Elle appartient à l'Ordre de Malte
Maty.
LIMOSIN, ou LIMOUSIN. Province de France, ren-
fermée dans le Gouvernement général de la Guienne.
Lemovicenfîs Provincia. Elle eft bornée au midi pai
le Querci , au levant par l'Auvergne , au nord par la
Marche , &: au couchant par l'Angoumois & le Péri-
gord. Le Limofin eft un pays froid & peu fertile; il
produit peu de froment Se moins de vin, mais beau-
L I M
LI N
«oup de feigle , d'orge &: de châtaignes , qui fervent
de pain aux Limou/ùts plaCicaci mois de l'année. On
; .diviic le Limoufm en liaur &: bas ; le haut cft au nord ,
& le bas au fud. Limoges , Saint Hyvier, Ciialas,
^ font dans le premier ; lulle , Brive Ulerche , le
Vicomte de Turcnne & le Duché de Ventadour ,
dans le dernier. Maty. Limoges en eft: la capitale.
LiMosiN, ou Limousin, ine. f m. & f. & adj. Habi-
tant du Limolîn, ou Limoulin, Province de France.
■ Lemovix , Lcmovïccnjh. Daurat & Muret ctoient
Limoufîns , &c ont hit beaucoup d'honneur à leur
patrie. La langue Liinojlne eft une langue Fort vantée
par pludeurs Auteurs. M. Du Cangc en parle dans
Ja Prébce de Ion Glollaire LatuT, Galça dans fou
Hiftoire de Catalogne, ch. i6. Elcolan, dans fon
Hiftoire du Royaume de Valence , T. I. ch. 14.
André Bolch , qui a écrit en cette langue fur les ti-
tres honorifiques du Roullillon , de la Catalogne &
de la Ccrdagne _, en font de grands éloges. On a parié
• autrefois cette langue dans le Lïmojin & les Provinces
■ voilines, dans la Guienne , le Languedoc, la Pro-
vence , le Rouilillon, la Cerdagne, la Catalogne, le.
Royaume de Valence , les îles de Majorque^ de Mi-
iiorque & d'Ivice. Elle s'eft tonnée de la langue
Françoil'e, de la langue Efpagnole& de la langue Go-
thique ^ & lur-tout de la langue Latine. Quoiqu'on
la parlât dans tous les pays qu'on vient de nommer,
c'étoit néanmoins en chacun d'eux avec quelque pe-
tite diftérence y qui pouvoir faire autant de dialeéfes.
Cette lanç;ue a beaucoup de monofyllabcs , ce qui
marque le génie vif de ceux qui la parloiént ; car les
mêmes mots ne font pas monolyllabes dans les lan-
gues dont le Lïmoujin s'eft formé. On trouve des
vertiges & des reftes de cette langue dans pluficurs
mots qui lont reftés dans les pays où on la parloir.
André Boich l'élevé au delfus de toutes les langues
qu'on a parlé en Elpagne. Cet Auteur, qui écrivoit
il y a plus de cent ans , avoue que la langue Etpagnole
commençoit à fe polir. Il dit dans le même chapitre ,
& un peu plus bas , qu'on a parlé à la Cour de
France la langue Limoufine ; ce qui ne paroît pas
vrai , s'il l'entend de cette langue telle qu'elle fe par-
loir dans le Rouilillon, Ô£ dans les Provinces méri-
dionales de la France.
LiMosiN. 1. m. Se prend particulièrement pour une ef-
pèce de Maçons qui font les murailles de moellon ,
avec de la terre ou du mortier. Citmentarius ^ muralis
jaber. Les Limoujîns ont fait le mur. La plupart de
ces fortes de Maçons viennent eifeétivement du Li-
moujin.
Quoiqu'on écrive quelquefois Limojln j on pro-
nonce toujours Limoufln.
On dit d'un homme qui mange beaucoup de pain ,
qu'il mange du pain comme un Lïmovjïn. On ap-
pelle un zeft de Limoufin , 'un morceau de pain
trempé dans du vin.
LIMOSINAGE , ou LIMOUSINAGE. f m. Foyei
LiMOSINERIE.
LIMOSINE. f. f. Terme de Fleurifte. Lemovicenjîs
Anémone. Anémone qui cft de même couleur que
• l'extravagante , vert , rouge & blanc , S< lui relfemble
alfez du refte. Morin.
LIMOSINERIE. f f. ou LIMOUSINAGE. f m. Terme
de Maçon, qui fe dit des conftruâions de muis &
■ de fondemens qui fe font (eulement avec du moellon
&: du mortier, lans paremcnsdc pierre; ce qui vient
de ce qu'on y emploie ilmplement des Limoufîns. Il
y a eu dans ce bâtiment tant de toiles d'ouvrages de
limojlneric. Daviler croit que c'eft à -peu-près ce que
Vitruve appelle Empleclon. Voyez Maçonnerie.
LIMOURS. Petite ville de France dans le Hurepoix ,
au Diocèfe de Paris.
LIMOUSIN , INE. f m. & f. Voyei Limosin.
LIMOUX. Petite ville du Haut Languedoc, en France.
. Limofum , Limofium. Cajîrum Limofum. Elle eft fur
la rivière d'Aude , entre Alet & Carcalfonne, à une
lieue de la première, & à trois de la dernière. Maty.
Foye^ Czid.Mém.pourl'Hifi. de Languedoc, L. IL,
p. 3SÛ.
Tome V.
5*47
LIMPIDE, adj. m. & f. Clair, net & tranfparent. On
ne le dit que des Huides. Limpidus. Une lource lim-
pide. L'eau de roche cft limpide. Ce vin cft limpide.
On dit quelquefois que l'urine cft limpide , loift^u'cllc
n'eft point chargée, tk qu'elle ne lailfe aucun fédi-
111 en t.
LIMPIDITÉ, f f. Qualité de ce qui cft limpide , qui le
cciiftitue limpide. Limpitudo. Ce terme eft là relatif
à la clarté , à la pureté & à la tranfparence des Huides.
La limpidité ài^ l'eau cit une marque de fa bonté. La
Icrophulaire fermentée avoir donné dès la féconde
portion une eau jaunâtre , & la fcrophulaire non fer-
mentée , avoir conicrvé julqu'à la cinquième portion,
une aftez grande limpidité. Ac. des Se. ijoi. Ilijl.
p. 39-
LIMPHATIQUE. Voyc'i^ Lymphatique.
LIMPURG , ou LIMPOURG. Petite ville d'Allemagne,
autrefois Impériale, iruintcnant lujctteaux Archevê-
ques de Trêves. Limpurgum. Elle eft fur la rivière de
Lohn , à une lieue & demie au dellous de la ville de
Dierz. Maty. long. 25. d. 48'. lat. 58. d. iS'. •
La Baronnie de Limpurg. Limpurgen/ls Baronatus.
C'eft un petit Etat du Cercle de Franconie , en Alle-
magne. Cette Baronnie eft prefque entièrement en-
clavée dans la Suabe , & lltuée au midi de la ville de
Hall en Suabe. Elle peut avoir fix lieues de long, fur
deux ou trois de largeur. Gaildorf &: Chonbcrg, au-
près duquel eft le château de Limpur, en foiit les
lieux principaux. Maty.
LIMURE. f f. Aaion de limer. Lim^ dnclus. '33= La
limure de certains ouvrages eft fort loii;;ue.
U3°On le dit aufti de l'effet qui en réfi'Jce. On dit
qu'une limure cft parfa'tc. La limure de ces pi.ftolcts
eft très fine.
LIMYRA. Nom d'une petite ville, autrefois Epifco-
pale. Limyra^ Lymira. Elle eft dans laMenréféli,
en Natolie, entre la ville de Klentéfcli, & celle de
Fiiiica. Maty.
LIMYRE. f f Fontain; de Lycie qui rendoit des Ora-
cles, félon Pline , d'une façon Imgulière. C'étoit par
le moyen des poillons. Les Conlultans leur prélen-
toicnt à manger : il les poiflons (e jcttoient fur ce
qu'on leur apportoit , c'étoit une augure favo-
rable pour l'événement fur lequel on venoit les inter-
roger; s'ils le refuloient j en le rejcttant avec leurs
queues , c'étoit la marque d'un mauvais fuccès.
L I N.
LIN. f. m. Nom d'homme. Linus, Saint Lin fut Souve-
rain Pontife après Saint Pierre. Les deux Livres qu'on
attribue à Saint Lin] & qui contiennent les Actes du
Martyre de Saint Pierre &z de Saint Paul., font des
Livres fuppofés. F. Bellarmin , de Scriptor. Ecclef.
&c PolTevin, Appar. Sac. &c Baronius, à l'an 69 de
J. C. Quand on parle de ceux à qui la Fable a donné
ce nom , ou des anciens Payens qui l'ont porté , on
dit Linus & non pas Lin. Voyez Linus.
Lin. C. m. Plants doiit la tige eft ordinairement fim-
ple, haute d'environ deux pies, & même davantage ,
cylindrique plus ou moins forte , creufe intérieure-
ment , éc fe divife alfez fouvent pa,: le haut en plu-
fleurs branches. Liniim. Son écorce eft pleine de fi-
lets, qui icrventà fiiie de la toile déliée. Ses teuilles
fontoblongues, étroites, pointues, placées alternati-
vement le long de leur tige. Ses Heurs (ont belles ,
bleues J compofées chacune de cinq teailles dilpofces
en orillet , & foutenues dans un calice à pluheurs
feuilles. Cette fleur étant paftee , il paroît un fruit
gros comme un petit pois , prefque rond , renfer-
mant en 'dix capfules membraneufes, dix femences
oblongues , polies, douces au toucher, de couleur
rougeâtre luifante , remplie d'une moelle ou fubl-
tance huileufe. Ea Latin Linum fativum. Il n'y a
que la femence qui foit en uL'.ge en Médecine : on
la fait infufer entière , & bouillir dans de l'eau pour
les mucilages ; on la réduit en lacinc pour les cata-
plafmes-, on en tire aufti une huile dont on fait un
grand trafic. On appelle fil de lin, toile de Un, le fil
Zzz ij
L I N ^
& la toile qu'on fait des filets tiiés de l'écoixe, rouis
(echés & brbyés comme le chanvre. Il y a plulieuis
autres efpèccs de lin. ^3'\\ y a une efpcce de lin qui
vient fans culture dans des prés hauts &• même
fur des coteaux alFez fecs. Linum pratenfe , flojculis
exifuis. Il poulie pluiieurs tiges menues & ramcules ,
longues de iept à huit pouces j lur lelquelles lont op-
pofées , par paires , de petites feuilles ovales. Les tiges
& les branches font terminées par de petites fleurs
très blanches, vers la fin de Juin.
^ÏIFLiN SAUVAGE. Gramen pracenfe , wmentofum y pa-
niculâjfpaîfâ. Plante graminée, qui croît communé-
ment dans de mauvais prés humides, porte une tige
haute d'environ un pied ik demi , terminée par un ou
pluficurs péduncules , dont les fleurs produilent des
femences garnies diuie longue aigrette foyeufe , très-
blanche & argentine.
On appelle gris de lin, une couleur qui relTemble à
la lîeur de lin. Le gris de Un eft une couleiu' fort
d£)uce, du ruban gris de Un. Ac. Fr.
Lin vif, ou incombuftible. C'étoit une forte de Un
dont on faifoit de la toile, qui, non feulement, ré-
fiftoit au feu, mais qui fe nettoyoit plus dans la Ham-
' me , que fi on l'eût mis à la leffive. On enfevelilfoit le
corps des Rois dans de la toile faite de ce Un. On dit
que Néron avoir une lerviette de Un vif. Cette forte
de lin efl: perdue, & on n'en fauroit recouvrer, à ce
que dit Pancirol , Antiq.uités perdues. C'eft le
lapis asbcjlos dont on faifoit cette clpèce de toile , &
on a encore de cette efpcce de pierre asbefte , ou in-
combuftible. On en tire une elpèce de' foie blanche
très fine, & qu'on peut aifément filer; avec ce fil on
fait une toile d'une grande rinelfe ; il n'y a point de
foie blanche qui en approche. ^o>ej dans le Dia-
rium Italicum du R. P. de Montfaucon , une Lettre
de M.Philippe dcUaTorre, Evêque d'Adria, fur la
découverte faite à Rome d'une grande urne de mar-
bre , dans laquelle on a trouvé une pièce de cette toile
incombuftible , qui renfermoit des os brûlés, Voye':^
Amiante Se Asbeste.
Lin. f. m. Nom d'une forte de bâtiment de mer, en
ufage autrefois. FroilTitrt en parle. On dit que le Un
alloit lur mer de tous vents. Limer.
Dix-neuf gale'es , /ans doute ,
^vec deux lins tous d'une route,
Etaient venus pleins d'Efpagnoux.
G. DE S. André , Hijl. de Jean IV, Duc de Bret.
Ce mot vient du Latin linter. Lobineau , Glojf.
Lin. Vieux mot. Lignée , race.
0C7" Lin. Deux villes de la Chine portent ce nom; l'une
dans la province de Xanlî au département de Fucn-
cheu; r.autre dans la province de Honan, au dé-
partement de Changte.
LINAGE. 1. m. Ancien mot. Droit fur le lin. Vecligal
quod linum folvit , Linagia. 'Voyez l'HiJl. de Bret.
T. II. p. 2pj.
LiNAGE. ç Vieux mots qui fe difoient autrefois pour
LINAGER. < LIGNAGE &: LIGNAGER. Foyei ces
LINAGIER. ^mots.
LINAIRE. L f. Plante qui poulïe plufieurs tiges à la
' hauteur d'environ un pied & demi, rondes , me-
nues , revêtues de beaucoup de feuilles oblongues,
étroites , femblables à celles du lin , ou de l'élula.
linaria. Ses fleurs (ont jaunes j fermées en devant par
un mufle à deux mâchoires, découpées en quelques
parties. Lorfque la lieùr eft palTée , il paroît une
coupe prelque ronde , ou ovale , partagée en deux
loges, qui lont remplies de quelques femences pla-
tes de couleur noire. En Latin Linaria vulgaris lu-
te a , flore majore. C. Bauh. Pin. 215. La linaire ell
diurétique , propre pour l'hydropifie, pour la jau-
niiFc , pour la pierre , pour la ditiiculté d'uriner ,
étant prifc en décodion. Il y a pluiieurs autres efpè-
ces de linaire. On fait des Heurs de la jaune, une
huile utile aux hémorro'rdes.
LI N
LINAIS. Bourg de France , dans le Limofin , au Dio-
cèfe &: Eleétion de Limoges.
LIN ANGE. Ville d'AUemagne, capitale du Comté de
Linanga, en Latin Linango , Leininga. Le Comte
de Linange , Linanganus , ou Leininganus Comitatus ,
eft un petit pays d'Allemagne , enclavé dans le Pala-
tinat du Rhin, à quelques lieues de la ville de Fran-
kendal, vers le couchant : les principaux lieux font
Linange, ou Ncw-Leiningen , Turcheim, Grunftat
& Lampsheim. Maty.
^3° LIN ARES. Petite ville de Portugal , dans la pro-
vince de Beira, à quatre lieues de Guardia.
LINCAO. Ville de la Province de Quangtung,au dé-
partement de Kiuncheu.
§CFLINCAY. Petite ville de France , au Diocèfe
d'Auxerre , à huit lieues de la ville de ce nom.
LINCÉE , ou LYNCÉE. f m. Il y a eu à Rome une
Académie qu'on nommoit les Lincées , Gli Lincei.
L'Académie des Lincées à Rome. Mascur. Un des
Lincées , nommé Stelltiti , a fait un Livre par le com-
mandement du Duc Frédéric Céiis , Chef de l'Aca-
démie des Lincées , à Rome , dans lequel il prouve
qu'il y a des mines ou carrières de bois follile. Voye^
Mafcurat , p. 66 j &fuiv. où cette opinion eft réfu-
tée.
LINCEUL, f m. Drap fait de lin. Linteum , findon.
On le difoit autrefois déroutes fortes de tillus de toile.
On le dit encore dans quelques provinces , des pièces
de toile qu'on met dans le lit. Mais on fe fert plus
ordinairement du mot de drap. Il y a néanmoins de
certaines matières graves & pieufes , où le mot de
linceul vaut beaucoup mieux que celui de drap. Jo-
feph d'Arimathie ayant acheté un linceul , defcendit
JÉSUS de la Croix, & l'enveloppa dans le linceul.
Port. R.
Ce mot vient de linteolum.
LINCHANCHI. Ville d'Amérique , dans la nouvelle
Efpagte, au pays d'Iucatan, à quatre lieues de Selam.
f3"LINCHANG. Nom de 'deux villes de la Chine, g
l'une dans la province de Honan , au département de
Changte-, l'autre dans la province de Xenfi, au dé-
partement de Siyan.
UCFLINCFiT. Nom d'une ville de la Chine, dans la
province de Xantung , au département de Cinchcu.
LINCHIANG. Nom d'une ville de la Chine. Linchia-
num. Elle eft fur la rivière de Lan, dans le Kiangfi ,
où elle tient le huitième lieu. Elle a trois autres villes
dans (on territoire , & fous fa Jurifdidion. Maty.
LINCHING. Nom d'une ville de la Chine, dans la
province de Péking , déparrement de Chinting.
Ct3-LINCHUEN. Nom de deux villes de. la Chine,
l'une da'ns le Quangfi , au département de Queilin ;
l'autre dans le Xanlî, au département de Ce.
fp"LINCIN. Nom d'une ville de la Chine, dans le
Xanfi, département de Pingyang.
LINCK. f m. C'eft le nom que l'on donne en Angle-
terre à de certains gueux qui éclairent les paffans la
nuit , & les conduifent où ils veulent aller avec des
torches de poix. Mon Linck ^ dont vous parlez, eft
affeélionné à mon fervice. Mémoires du Comte de
Grammont. Votre Majefté ne connoît pas la nation
des Lincks. Idem.
LINCKE. Le fort de Lincke , ou de Lincks, en Latin
Linchia. C'eft urke petite forterelle de Flandre. Elle
eft fur une colline, à une lieue & demie de Bour-
bourg , vers l'orient. Maty.
LINÇOIR. f m. Terme de Charpenterie. Pièce de
bois qui (outient les chevrons au droit d'une lucarne,
d'une cheminée , ou autres ouvertures qui (e font fur
les toits. Fulcimen.
LINCOLN:, ou LïNCOLNE. Ville d'Angleterre, ca-
pitale du Comté de Lincolne , év htuée (ur la rivière
de Withau , à feize lieues d'Yorck , du côté du midi.
Lincolnia , Undecollinium , Lindum. Lincolne eft
alfez grande; elle a un Evêché, fuftragant de Cantor-
beri , & elle étoit anciennement la rélidence du Roi
de Mercie. Maty. long. 19 d. 40'. 49". lat. 53 d. i / .
LINCOLNE - SHIRE , ou LINCOLN- SHIRE. Le
Comté de Lincoln. Lincolnia, Lincolrùenjls comita-
LIN
tus. Province d'Anglcreire. Elle cfl bornée au nord
par le Comté d'Yorck , au couchant, par ceux de
Nottingham & de Lciceftcr, & au midi, par ceux de
Rutland, de Norihampton oj de Cambridge; elle eH
baignée au levant par la mer d'Allemagne. Ce Comté
peut avoir vingt deux litiics de long , & environ dix
de large; Lincolne en ell la ville capitale ; Crouwlandj
Bofton , Grimsby, Stamtbrt & Grantham , en Ibnt
les autres lieux principaux , Se ils ont féancc & voix
dans le Parlement d'Angleterre. Maty.
Le Comté de Lincoln elt le pays des anciens Cori-
tains ,* Coritani , félon Carabden. Lincolne elt à l'en-
droit où le canal appelé Folfedique Te joint au Wi
tlian. Ptolomée & Antonin appellent Lincolne, en
Latin Lindum. Les anciens peuples de l'Ile la nom-
moient Lindcoic, à caule des forets qui environnoient
cette ville. Quelques-uns onx ait Luitcoic , mais mal.
Bédé l'appelle Lindecollinum j & Lindecollina civi-
tas, peut être à-cauk de la iituation fur une colline,
■ ou parce que c'étoit une Colonie. Les Saxons la nom-
mèrent Lino cyllancearcep , les Normands Nichol.
. Depuis long-tems fon nom cft Lincolne , & en Latin
' lÀncolnia. Quelques uns croient , mais fans preuve ,
qu'elle a tiré ce nom du Witlian, fur lequel elle eft
placée , &: qui ancieiniement s'appcloit Lindim.
Cambdcn croit plutôt que ce nom vient de l'ancien
mot Britannique Ihin, qui fignifioit un /aCj parce que
le Withan s'élargilîoit beaucoup autrefois en cet en-
droit. Linddw en Allemagne , Linternum en Italie ,
Tall-hin, Glanhinj Linlit-quo, en Angleterre, l'ont
toutes villes htuées lur des lacs.
LINCOPING. Nom d'une petite ville de Suéde, Lin-
copia. Elle eft dans l'Ollrogothie , entre le lac de Vé-
ter & la mer Baltique , environ à dix lieues de l'un 6c
de l'autre. Lincoping a un Evcché, fui&agant d'Up-
fal.
LINDAW. Nom d'une ville d'Allemagne. Lindavia,
Lindavium , Lindaugia. Elle eft du Cercle de Suabé ,
& fituce lur une petite île du lac de Confiance, qui
ell jointe à la terre ferme par un pont de 1 90 pas.
Lindaw elt une ville Proteftante , riche , ImpériaJe
&c forte. Les Suédois l'alîîégerent inutilement l'an
1647. Dans la même ile où eft la ville de Lindaw , il
y a une Abbaye dont l'Abbelfe prend le titre de Prin-
celfe de l'Empire , quoiqu'elle ne jouilfe pas des droits
de cette dignité. Toutes les filles font nobles & ne
font point Rcligieufes ; elles ne font aucun vœu , elles
fe marient quand il leur plaît, & leurs parens héritent
de leurs biens après leur mort. Long. iC d, 21'. 30".
^lat. ji. d. 30'.
L'Abbelfe de Lindaw prétend que fon Abbaye fut
fondée au neuvième Tiècle par Adalbert , Comte du
facré Palais, fous Louis le Débonnaire; &c l'on cite
liir cela un diplôme de ce Prince de l'an 866 , par le-
quel il confirme cette fondation. Mais la ville de
■ Lindaw foutient que ce diplôme eft faux, & fuppofe
que cette Abbaye fut fondée à une lieue de la ville,
en un bourg nommé Nonnenhorn , & Nonnenbach;
que ce ne fut qu'au dixième fiècle que les incurfions
des Hongrois obligèrent ces Reli^ieufes à fe retirer
dans l'île où elles font , ce où on les reçut avec bonté ;
que ce ne tut que plus de deux cens ans après, qu'elles
prirent à bail emphythéotique une partie de la ville,
mais qu'elles n'ont jamais eu de droit, ni de juiifdic-
don fur la ville , ni fur la meilleure partie de l'île.
Plufieurs auteurs ont attaqué ce diplôme : Henri
Wagnerec, Jéfuite, l'a défendu.
Sur l'origine de cette ville , &c fur fon Abbaye ,
Voyei le P. Hélyot , T. FL. C. S3-
-INDCOPING. Foye-{ Lincoping.
^LINDE. Petite ville de France , au Haut Périgord ,
fur la Dordogne.
;,IND0. Petite ville ou bourg de l'île de Rhodes. Lindus,
Lindum. C'étok autrefois l'un des principaux lieux de
l'Ile. Maty.
LIND.OT. f m. Terme de Fleurifte. Nom d'une Tuli-
pe , qui eft rouge , brune , & blanche. Morin.
JNDOW, Nom d'une petite ville ou bourg du Mar-
quifat de Brandebourg, en Haute Saxe. Z,iWovia. Ce
L I N
S49
lieu eft fur le bord d'un petit lac , dans le Comté de
Huppin, à trois lieues de la ville de te nom, vers
l'Orient. Maty.
LINDRE. L'étang de Lindre. Lindricum Jlagnum. Cet
étang eft dans la Lorraine , à deux lieues de Marfal ,
vers le levant. Il a quatre lieues de circuit , & la riviè-
re de Scillc en fort. Maty.
LINDRU. f. f. Nom de femme. Lutridus , Lùntmdis.
Lutriide , ou Lintrude , que le Vulgaire appelle fainte
lÀndru , étoit fille de Sigmar & de Lutrude , dans le
pays de Pertois en Champagne , vers le milieu du
V*^. fiècle. Baillet, au 11'^. de Septembre.
LINDSEY. Contrée d'Angleterre en Lincoln-Schire,
dont elle fait une des trois parties.
LINE. Vieux mot qui s'eft dit pour ligne. Voye\ ce
mot.
LINEAIRE, adj. Terme Didactique , principalement
d'ufage en Mathématique , où il fignifie qui a rap-
port aux lignes , qui appartient à la ligne , qui n'a
qu'une leule dimenlion, comme la ligne; qui n'a que
la longueur , fans largeur ni profondeur. Linearis , e.
Une grandeur linéaire ou d'une feule dimenfion. Rey-
NEAu. Une grandeur /iw/izire eft une grandeur de la
première puilfance. Il y a auffi des fractions linéaires.
Par exemple v eft une fradlion linéaire. Id. En Al-
gèbre la même grandeur peut eut linéaire , &ne l'être
pas , félon qu'on la confidère. Vingt-quatre eft une
grandeur linéaire , fi on la regarde comme une fom-
mede 24 unités, mais fi on la regarde comme un
produit de 5 par 8 , c'eft une grandeur de 2 dimen-
lions, & elle fera de 3 dimenfious fi on la regarde
comme le produit de ces 3 nombres , 3 , 4. 2. Eu
fixit de nombres on va à l'infini au-delà des 3 dimen-
fions , mais les lignes ne peuvent pas les palier réel-
lement. Mouvement /;;2elz;rd. Par.
CCTLINEAL, ALE. adj. Terme de Jurifprudence, re-
latif à ce qui eft dans l'ordre d'une ligne. Une fubftitu-
tion eft dite graduelle Se linéale , lorfqu'elle fuit Tor-
dre des lignes de degré en degré.
LINEAMENT, f. m. Trait ou ligne délicate qu'on ob-
ferve fur le vifage , qui en compofe la délicatelfe , qui
en fiitconferver l'image , qui en caufe le rapport ou
rellemblance avec quelqu'autre. Lineamcntum , linea
duclus. Les Phyfionomiftes prétendent juger des
mœurs d'une perfonne par les linéaments àt fon vifa-
ge. Les jumeaux ont tous les mêmes linéamens. Le
mot de linéament n'eft pas fi ufité que celui de trait,
fur-tout en Peinture & en Sculpture , où l'on ne fe
fert prefque jamais de linéament. On dit , Former les
premiers traits d'un vifage, ou d'une figure, & non
pas les premiers linéamens.
LINÉE. Vieux mot qui s'eft dit pour lignée. Voye^ ce
mot.
LiNÉE. f. f. Sorte de fatinsde la Chine, ainfi appelles de
la manière dont ils font plies.
LINETTE. f. f C'eft la graine ou femence de la plante
qui produit le lin cultivé. *
LING. Terminaifon de plufieurs mots qui nous vien-
nent de la langue Teutonique, comme Otling ou
Otlingue , nom que les Capitulaires de Charles le
Chauve donnent à un canton du Beffin, en Nor-
mandie; Ofterling , &:c. Ling eft une terminaifon
fort commune dans la langue Teutonique, qui mar-
que l'origine , ou la qualité , ou le diminutif. Huet.
Orig. de Caen , ch. 21 .
0C? LING. Nom de deux villes de la Chine , l'une
dans le Huquang , au département de Hengcheu ;
l'autre dans la Province de Xantung , département de
Cinan.
LINGAN. Nom d'une ville de la Chine. Linganum.
Elle eft dans le Junnan , aux confins du Tunquin ,
la troifième en ordre dans la Province , &: elle a une
grande Jurifditlion , qui renferme neuf autres villes.
Amhûff. des Holl. à la Chine ,P.L,p. 2S1.
IP^-LINGAN, LINGAM, ou LINGUM. Hiftoire
des fuperftitions. Image infair.e où eft repréfentée
l'union des principes de la génération. C'eft à cette
idole monftrucule que fe rapporte le culte le plus
religieux des Indiens ; & les Bramines fe font réiervc
5yo LIN
à eux feuls le privilège de pouvoir lui préfentcr des
«ftrandes ; ce qu'ils ne font qu'avec un profond rci-
ped & un grand nombre de cérémonies. Une lampe
allumée brûle continuellement devant cette idole ,
environnée de pluiieurs autres lampes à lept bran-
ches j entièrement.femblablcs au chandelier des JuiFs
dont nous avons la figure dans l'arc triomphal de
Titus. Ces lampes ne s'allument que lorlque les
Bramincs font leurs offrandes à cette idole, f^oyei
Uûd du Chrill. des Indes par M. V. La Cacze ^
p.^âj. à la Haye , 172^. 'in-12.
LINGARELLE. f. f. C'eft ime efpèce de Scapulaired'un
pied en carré , qui cft de petit gris, doublé de latin
rouge pour les Chanoines de la Cathédrale du Puy ^
& de bleu ou de violet pour les autres Clers. C'eft
une efpèce de cuiralfe de la même fourrure que l'Au-
mulfe Les Chanoines &: tous les Clercs por-
tent cette lingarelle , depuis les Compiles du Samedi
Saint inclulîvement , jufques au Vendredi fuivant. . . .
Les Chanoines la portent avec l'AumuHe doublée de
rouge , & perfonne ne peut entrer au Chœur fans la
imgarelle , quand on ell: obligé de la porter
Cette lïngardle a quelque rapport au Chaperon que
portent les Novices Capucins , conformément à
la Règle de S. François Merc. de Décem-
bre ij 36.
-LINGE, f. m. Toile mifc en •ïMvrc , propre pour fer-
vir au mén.'gî, ou àlaper^'nne. Linteum. hn linge
de table elf d'ordinaire oavré , ou damallé. Les
■draps (ont de linge plein & uni. Les chcmifes font
de /i/z^e fin ^délié. Le linge ell beaucoup raeilleiu"
fur les plaies que le coton. f^oye\ Coton.
Ce mot vient de Un , dont elt lait le plus beau
linge.
Gros linge , menu linge , ou linge fin. Linge de
•jour , linge de nuit. On appelle un linge à faire la bar-
be , une efpèce de terviette , qu'on met au cou de
quelqu'un qu.ind on le rafe.
On appeltç , linge d'Autel , tout le linge qui fert
i l'Autel.
Accoupl.;;- le linge ^ c>it le coudre, par paquets
pour le mt erre à la lelîlvé , de peur qu'il ne fe perde.
Lintea affiierc.
On dit proverbialement ù'une perfonne mal pro-
pr-e , qu'elle eft faite comme un paquet de linge fale ,
que c'clf un paquet de linge lale. On dit proverbiale-
ment qu'un homme n'a non plus de force qu'un linge
mouillé , potir dire , qu'il eft foible , qu'il ne peut
fe foutenir. Ac. Fr.
Linge, adj. Vieux mot. Foible.
LINGEN. Ville du Cercle de Weftphaiie , en Alle-
magne. Linga. Elle eft lur la rivière d'Embs , à dix
lieues de Covorden , du côté du levant , &: environ à
feize de Munfter , vers le nord. Lingen eft fortifiée ,
a un bon Château , & eft capitale du Comté de Lin-
gen. Mat Y. Long. 15 d. lat 51' 32. d.
LINGER , ERE. f. m.^ f. Marchand qui vend de la
toile, ou du linge ■■, ou l'Om lier qui le frit. Opifex ,
rel Mercator lintearius. Il y a de gros Marchands
Lingers. Il y a aulîî des Maîtrifes particulières pour
des Lint;ers , établies du temps de S. Louis. Il y a dans
la Maifon du Roi deux Lingers Se Lingères.
IJCr A Paris les Maîtrelles Lingères font des femmes qui
font & vendent du linge , de la toile &z de la den-
telle.
LiNGERE , dans les Couvents de Filles , C'eft la Reli-
gieufe qui a foin du linge du Couvent , & qui don-
ne aux Sœurs tout le linge dont elles ont befoin
pour toute la femaine. Lintearia. C'eft la Mère telle
qui eft Lingère.
LINGERIE, f f. Marchandife de linge & de toiles.
Merc es lintearia. Ne oriatio lintearia. Ce Marchand
fait grand trafic de lingerie. Cettte fille entend bien
la lingerie , travaille bien en linge.
Lingerie fe dit auOî du lieu où font les boutiques des
Lingers, des Lingères. Officinia lintearia, & linginaria,
dans les Adfes de S. François de Paule. Allez à la
lingerie ,\oXis y trouverez tout ce qu'il vous fiiut.
L I N
Rue de la Lingerie , eft le lieu où il fe vend le plus de
toiles , de linge.
Ce mot eit aufli ufité dans quelques Communau-
tés & Maifons Rcligieufes , pour ligiiifier le lieu où
l'on (erre le linge de la Communauté. L'mtearium. Il
faut porter ce linge à la lingerie.
LINGETTE. 1. f. Nom que les Anglois donnent à une
forte d'étoffe toute de laine non croilée, que l'on
appelle communément en France Flanelle.
LINGETTES. Ce font de petites ferges qui fe fabri»
quent dans l'Eleélion de Vire en Balle^Normandie.
Elles le tranlportent prelque toutes en liretagne.
LINGKIANG. Ville de la Chine dans la province de
Kiangfi , dont elle eft la huitième métropole.
§C? LINGKIEU. Ville de la Chine , dans le Xanfi , dé-
partement de Taitung.
0:?LINGHUNG. Nom d'une ville de la Chine, dans
le Junnan , au département de Munghoa.
LINGO , ou LINGON. Nom d une petite rivière de
France. Lngo , Ingon. Elle eft dans la Picardie , pallè
à Nêle , ou Néeîle , & le jette dans la.Somme. Val.
Not. Gall.p. sj y.
LINGOT, f. m. Barre , ou morceau d'or, ou d'argent,
tel qu'il vient des mines.
Ménage dérive ce mot de lingua ; d'autres de
lingula.
Lingot, le dit auffi d'un morceau de métal refondu,
provenant de quelque monnoie , médailles , ou piè-
ces d'ortévrerie, & quin'eftni monnoyé, ni ouvragé.
Fuji métal U cylindrus , talea.
Lingot , le dit auili de ces gros morceaux de fer , d'étain,
&c qui pefcnr piufieurs quintaux, qu'on tranlporte
d'un lieu à un autre , pour les mettre en ouvrage.
Majja metalUca.
En termes de chalTcj on appelle lingot , un mor-
ceau de fer gros comme le petit doigt , ou un peu
moins, & long d'environ un demi-pouce j dont on
• charge un fufil , au lieu de balles. On ie fert de /i/z-
^0« pour tuer les ûngliers , les loups, 6'c.
LINGOTIÈRE. f f. Moule , ou creux dans lequel on
jette le métal pour le réduire en lingot, Cylindraceum
proplafma &rarium.
|C7" LINGPAO. Ville de la Chine 3 dans la province de
Hojian. Département de Flonaa.
gCTLINGPL Nom dune ville de la Chine ^ dans le
Nanking , département de Fungyang.
^J LINGTAI. Nom d'une ville de la Chine , dans
la province de Xanll, département de Fingleang.
LINGUAL , ALE, adj. Terme d'Anatoinie. Qui ap-
partient à la langue. Lingualis , e. Les nerls appel-
lés communément la neuvième paire de la moelle
allongée , ou paire linguale. Winslow. Nerts hypo-
glolles communément nerfs guftatiis linguaux. Id. Les
glandes linguales font celles du trou lingual , ou
trou ca;cum de la bafe de la langue. Id.
fO" En Grammaire on appelle articulations linguales,
celles qui dépendent principalement du mouvement
de la langue i& conConnes linguales , les kiires qui
repréfentent ces articulations, ou qui font produites
parles dinérens mouvemens & les diiférenrcs pofitions
de la langue. D. T. L. N. R. font des confonnnes
linguales.
LINGUE, f. m. On donne ce nom à une forte de
morue verte j un peu lonE;ue , qui n'a prefque que
la peau & l'arrcre.
IP^LIivJGUET. f. m. Terme de Marine. Pièce de bois
fixée fur le pont d'un vaillcau^ par un pivot fur
lequel elle tourne , & qui (ert à arrêter le Cabeftan
dans lequel on l'endente en arc-boutant. Retinacu-
lum.
LINGUIN. f m. Nom d'homme. Liminïus. Dom Rui-
nart dans fes Notes lur Grégoire de Tours , Kft-
Franc. L. L c. s p. doute fi faint Lingâin eft le faint
Martyr que Grégoire de Tours, Ih. c. ^r. &C L.de
Glor. Conft c. 3 6 appelle Liminius , ou l'Évcque qu'il
nomme Lcgonus : maisSavaron i:<c Bailler croieiir que
S. Linguin eft le premier. Entre les plus célèbres qui
répandirent leur (ang , dans l'expédition de Crocus
Roi des Allemands contre les Gaules , Grégoire de
L 1 N
Tours, a remafqtié S. Limine,que nous appcllorit
S. Lingiân , &c. IÎaillet.
HG'LINGUM. Foyei Lingam.
$3" LINGXAN. Ville de la Chine , dans la province
de Quangtungj au dcp.utcnient de Liencheu.
§3° LINGXE. Ville du Xanii , département de Fucn-
chcu , à la Chine.
§Cr LINGXEU. Ville de la province de Pcking, départe-
ment de Chinyng.
§~TLINGXUI. Ville de la province de Quangtung,
département de Kiuncheu.
LINIER , 1ÈRE. adj. Marchand ou Marchande qui fait
négoce de lin.
LINIÈRE. f. f. Terre femée de graine de lin Ten\i
lïno confita , linanum. fl fe dit aulli d'une femme
qui achçtte du chanvre habillé , pour le revendre aux
particuliers.
UNIES, f. f. pi. Fêtes en l'homieur de Linus.
LINIFICE. f. m. L'art de préparer , de travailler le lin ,
d'en faire des ouvrages. Linïficïum. Ce mot n'eft point
en ufige. Chorier s'en eft fervi dans (on Uljl. du
Dauphïné ,L. I.p.ôy en parlant de l'Antiquité. Le
commerce de lin ayant été établi dans Vienne par les
Romains fous la direélion d'un Magiftrat , qu'ils
appelèrent, à caule de fon emploi, le Procureur du
Llnifice des Gaules, s'y eft depuis confervé prcfque
fans affoiblillement. Chorier.
IJCTLINIMENT. f. m. Terme de Médecine. Remède
topique qui s'applique en hottant légèrement les par
ties, propre à amollir; adoucir & réloudre. On fe
fèrt de ditférens Ihiimens luivant les divers cas. Le
limment eft d'une coniîftance moyenne entre l'huile
& l'onguent. Il eft compofé d'onguens , d'huile , de
cire , &c.
Ce mot vicn.t du verbe Latin linire , qui fignifîe
oindre doucement.
§CrLINIU. Nom d'une ville de la Chine, dans la
province de Houan , au département de Caifung.
LINKIO. f. m. Nom d'un fruit de la Chine. Llnkius ,
Linkio. Il croît en abondance dans la province de
Péking. Il a une figure pyramidale triangulaire , &c
une écorce verte & épaille , qui eft rougeatre vers
fon fommct, & qui noircit en féchant. Elle renferme
ime fiibrtance fort blanche , qui a le goût de châ-
taigne; mais \c linkio eft trois ou quatre fois gros
comme une châtaigne. On le leme dans l'eau. La
plante qui le porfe , a les feuilles fort petites , elle
les répand fur la furface de l'eau ; les fruits viennent
dans l'eau même. Hoffman. C'cft un fruit aquatique
& ce font les habitans de la ville de Xunte , qui le
nommenx. Linhio. Il a prefque la même forme qu'une
truffe. On le plante par toute la Chnie dans ks
eaux marécageufes Se croupillantes ; fcS feuilles s'éten-
dent fort fur la fuperfîcie de \'c3.u. A mb. des Chinois.
Part. II.
fjCr LINKIU. Ville de la Chine ^ dans la province de
Xantung , département de Cincheu.
LINLITGO , ou LITHQUO. Nom d'un ancienne ville
des Damniens. Lindum. Elle eft ornée d'un beau
Palais , & capitale d'un des trois Bailliages de la
Lothiane , province d'ÉcolIe , & (îtuéc près du golfe
de Forth , à cinq lieues de la ville d'Edimbourg, du
côté du couchant.
LINON. On difoit autrefois imomple , f. m. Toile
fort claire , fine , déliée faite de lin fin , dont on fait
des rabats & des manchettes. CarbaJJus , nebula
l'mea.
LINOT. f. m. C'eft le mâle de la linotte. (Egithus.
On ne fe fert de ce mot que quand on veut diftin-
guer le mâle d'avec fa femelle. C'eft un linot. Ce
linat eft joli.
Vn linot depuis peu . charme' de votre note ,
A fait divorce avecque fa linotte. PÉlisson.
Foye^ Linotte.
jLINOTTE. f f. Petit oifeau de couleur grife , qu'on
' nourrit en cage , qui chante agréablement , & qui vit
cinq ou fix ans , quand on en a grand loin. (Egithus ,
L I N
5-51
fa! us , Uguriims en Latin. (t.gitus en Grec, & Fa-
vcllo en Italien.
La Itnutte eft plus pente que le moineau; elle eft
d'une figuic'prefque Icnibl.iblc , fivoir de couleur de
terre cuite , ou de rouille tirant fur le cendré ; mais
cette couleur eft plus couverte dans le mâle ; c'cft- à-
dirc, qu'elle tire plus fur le roux: le mâle a outre
cela la poitrine femée de taches roulles, lefquclles
font brunes tk. plus grandes dans la femelle ; les
grandes pennes des ailes loin noirâtres, m;iis parles
ccités & à leurs extrénntés , elles font blanchâtres ^
aulli bien que la queue qui eft compofée de douze
plumes; fon ventre & fon croupion font blanchâtres 5
(es pieds fontpetitSj courts dfc fbibles, aufli bien que
fes ongles. Le mâle a trois ou quatre plumes de l'aile
blanches,c'eft-à-dire,par la moitié jufques aux tuyaux.
Les linottes fond leur nid dans les montagnes , ik elles
choi/îdent un lieu bas & frais; elles font pour l'ordi-
naire quatre ou cinq petits par nichée , & en font
deux p.ir an; mais lî on détruit leur nid , elles en fe-
ront julqu à trois; fi on en a foin, elle vivra juf-
qu'à lix ans. Il faut leur donner prefque toujours de
l'herbe , & mettre dans leur cage un morceau de
moiticr, compofé de chaux Se de fable. Elles font
fujettes à avoir la courte haleine ; elles font fouvent
travaillées d'un battement de bec, il faut leur mettre,
lorfque cela arrive, un peu d'oximel, envii on la
quantité d'une coquille de noix , un peu de chicorée
tendre pJlée , ou du kccron , & en hyver des choux ,
ou de la poirée , &: prendre garde que le chenevi foit
doux , & que la navette n'ait aucune mauvaife odeur.
La linotte eft nourrie en cage à caufe de fon chant ,
qui eft très doux (Se très agréable.
Il y a une elpèce de Hnotteqm eft plus rougeatre ,
& plus petite que la précédente. Elle a le fommet de
la tâte rouge , Se la poitrine teinte de la même couleur.
On l'appelle linotte de vigne. La petite linotte rouge
qu'on appelle linotte marine a le devant de la tête
d'un beau rouge.
Il y a encore une autre efpèce , qui eft appelée
Gintcl , qui f e nourrit de toutes lottes de f emences :
elle vole en troupe, fait trois ou quatre œufs , &
eft de même couleur que la linotte commune par le
dos ; fa tête & fa queue font brunes , fes jambes rou-
ges , fa poitrine roulfe &c diverfifiée de taches brunes,
le bas de Con ventre eft blanchâtre.
Ménage dérive ce mot de linaria , à. lino quo vefci-
tur, parce qu'elle fe nourrit de lin. Ellefc nourrit auiîi
de graines de panis , dechénevi, &: de millet, &c.
On dit proverbialement , pour reprocher à un
homme qu'il a un peu trop bu , qu'il a fiftlé la li-
notte.
On appelle aulli un homme de peu de fens, t£te
de linotte , à caufe que cet oifeau a la tête fort petite.
LINOUN. f. m. Terme de relation ôc de Calendrier.
Nom de la dix-neuvième partie des 24 qui compo-
fent l'année desCatha'icns. D'Herbelot.
^3°LINSI. Nom d'une ville de la Chine, dans le
Junnan , département de Likiang.
«1::/° LINSIANG. Ville de la Chme , au Huqaang dé-
partement d'Yocheu.
LINSTOCK. Nom d'un ancien bourg des Brigantesi.
Linflochium , anciennement , Olenacum. Il eft dans
le Comté de Cumberland j en Angleterre , près
de la mer d'Irlande , Se des ruines de la muraille
qui féparoit anciennement l'Angleterre de l'Écolfe.
M AT Y.
LINTEAU, f. m. Terme dArchitecT:ure. C'eft la piè-
ce de bois qu'on met au dcllus d'une porte , pour
foutenir la maçonnerie , oppofée à Jeuil. Limeny
antepagmentum fuperius. Ilfedit aufli du delTus d'une
fenêtre. Linteau de fer, eft une barre de fer pour
porter les claveaux d'une plate bande , Se qui doit
être grofl'e à proportion de fi portée j & de la
charge.
LINTÈRNE. Linternum , Liternum. C'étoit ancienne-
ment une ville de la Campanie. Scipion l'Africain
s'y retira par une efpèce d'exil volontaire , & y mou-
rut. Elle fut dans la fuite Epifcopale : maintenant ella
'y X Z
L I N
eft l'uincei & on en voit les ruines près de la Tone I
di Patria, qui eft une ront bâtie fur le goltc de
Gaiette , entre la ville de Pouzzole & l'embouchure
du Volturne , environ à trois lieues de l'une & de
l'autre. On voit aulfi près de cette Tour le lac de Pa-
tria , que les Anciens nommoient Literna , ou Lintcr-
na Palus. Maty.
LINTHÉES. f. f. pi. Sorte d'étoffes de foie qui fe fabri-
quent à la Chine dans la province de Nanquin. Les
linthées font partie des alfortimcns d'ctoftes qu'on
dcftine pour le Japon.
LINTO. Foyei Lis.
LINTRUDE. Foyei Lindru.
LINTZ. 'Ville d'Allemagne , capitale de la Haute-Au-
triche , & fituée fur le Danube , où elle a un pont ,
entre Palfaw Hz Vienne , à dix lieues de la première ,
& à trente fix de la dernière. Lintium , Lintia , Au-
rdlanum. Lïnf[ eft dans une plaine fort agréable ,
l'Empereur y a un château beau & fort, où Léopol
L fe retira lorlque les Turcs albégerent 'Vienne,
&■ où mourut l'Empereur Frédéric IV. l'an 1495.
Les Géographes la prennent communémer.t pour
l'ancienne Gcfodunum ,\\\\s du Norique. Maty.
d. long. 32. d. 46'. lat. 48. d. 16'.
LiNTZ , eftaullî une" petite ville du Cercle Eleétor.il du
Rhin. Lintium , Lintia. Elle eft dans l'Archevêché
de Cologne , fur le côté droit du Rhin , entre Bonne
& Andernach , à trois ou quatre lieues de l'une «Se
de l'autre. Maty. Long. 24. d. j6'. long jo.
d.3.'.
|Cr LINNISE. f. f. C'eft ainfi qu'on appelle en plu-
fieurs endroits la graine de lin qu'on dcftine à ente-
mencer une terre. Lini femen.
■ LINUS. f m. Nom d'homme , ou de demi-dieu. Linus.
Deux hls d'Apollon ont porté ce nom ; l'un qu'il eut
de Piamathé , fille de Crotope Roi d'Argos. Celui ci
fut déchiré par des chiens. L'autre qui eft plus connu,
étoit fils d'Apollon & deTerplicore , l'une des Mu-
its. Ce fut un Muficien habile. On dit que c'eft lui
qui apporta les lettres des Phéniciens dans la Grèce.
On dit auftl qu'Hercule trouvant qu'il touchoit mal
Ton luth , le lui prit, & lui en calla la tête. D'autres
le font fils de Mercure & d'Uranie, parce qu'il étoit
excellent Poae & Orateur , & qu'il avoit écrit de
Torigine du monde ^ du cours du Soleil & de la
Lune , de l'origine des animaux & des plantes. Il
diloir que tout avoit été créé en un inftant. f^cye:^
Plutarque , Suidas, & la Préfice de Diogène Laërce.
Diodorc de Sicile dit qu'il fut le premier inventeur
des nombres , & de la mélodie; qu'il y excella com-
me dans la Poëue. Il y a aulli deux Hiftoriens Grecs
qui ont porté ce nom. En parlant de tous ces An-
ciens, il faut direZi/z«j& non pas Lin.
Ip^LINUU. Ville de la. Chine j dans la province de
Huquang , au département de Hengcheu.
LINX , ou plutôt LYNX , avec l'Académie, f. m.
Animal que la plupart des Modernes croient ftbu-
leuXj que les Anciens ont dit avoir une vue fi fubtile
ik. Il pénétrante , qu'il voyoit à travers les murailles.
Le Linx. Jonlton dit que c'eft le même que le loup
cervier, dont il tait une longue dcfcription. Scaliger
dit qu'il eft le Linx mâle. Elien le décrit , avec une
Koupe de poil fur le bout des ereilles , qui eft pareille
à celle qu'on remarque au loup cervier. Appien fait
mention de deux Linx -, l'un grand qui chalfe aux
cerfs ; & l'autre petit _, qui challè aux lièvres. On dit
que lorlque le LJnx a pillé j Ion urine fe glace, &
qu'il s'en tonne une manière de pierre luifante , &
que le Linx qui lait cela, couvre Ion urine avec de
la terre. A l'égard de cette vue fi fubtile , on croit
que c'eft une fable fondée fur une autre qu'on fait de
Ly-ncée , l'un des Argonautes , auquel les Anciens ont
attribué (1 bonne vue , qu'il voyoit julqu'aux Entcrs ,
& la lune le premier jour qu'elle étoit dans la con-
jonclion ; ce qui eftaullî abhirde , vu qu'alors ia partie
qui regarde la terre , n'eft aucunement éclairée du
foleil. Les Latins l'ont appelé Lupa cervalis , ëc
ont cru que cet animal voyoit en dormant. Lifez
L I O
Vollîus , de Ldolol. lll. c. jS. & Bochart , hieror P.
L L. in. c. s.
QCFIl paroit que le Linx n'eft pas un animal fabuleux
comme plulieurs Phyliciens l'ont prétendu. C'eft le
loup cervier des Anciens, ainfi nommée quoiqu'il
n'ait aucune rellemblance avec ces deux animaux ,
à caufc de l'acharnement avec lequel il pourfuit le
cerf. Loup ennemi du cerf On trouve une defcription
anatomique du Linx dans les Mémoires de l'Acadé-
mie des Sciences, tom. j.p. 117. •Rien ne prouve
que cet animal ait la vue plus fubtile que les autres.
Cette lubtilité , fi elle étoit réelle , lui viendroit fans
doute de l'homogénité qui règne dans les humeurs de
les yeux , de la Hexibilite de fes ligamens ciliaires,
& de la fcnlibilicé de la rétine.
1^ C'eft une table de dire que l'urine du Linx & fe glace
&: (échange en une pierre très-luitante. CequelesNa-
turaliftes appellent pierre de Ltnx , Lapis Lyncis , eft
une pierre de la longueur du petit doigt , que 1 on
trouve en abondance près de Caën en Normandie.
ifT\\ eft encore probable que le Linx eft le même ani-
mal que celui auquel Pline a donné le nom de Chaos,
puifque le Chaos que Pompée fit voir dans Ion théâtre,
n'étoit autre chofe qu'un loup-cervier des pays fep-
tcntrionaux.
Le Linx étoit confacré à Bacchus. Bochart dit que
nous appelons le Linx en François once , &c que ce
mot s'eft formé du Grec /««j , en retranchant la
lettre /.
On dit figurément j qu'un homme a des yeux de
Linx j pour dire qu'il voit clair dans les a^laires des
autres , qu'il pénétre leurs delleins : Se d'un homme
qui a la vue bonne , que c'eft un Linx. On dit aulfi
que nous voyons les défauts d'autrui avec des yeux de
Linx ; pour dire , que nous fommcs bien clairvoyans
en ces occafions ; que rien ne nous échappe. Cur in
amicorum vitiis tam ccrnis acutum , cum tua pervideas
oculis malâ lippus inunclis.
Car tout ce que nous fomtnes 3
I.ynx envers nos pareils , & taupes envers nousl
Nous nous pardonnons tout, & rien aux autres
hommes.
La Fontaine.
tfT Linx ou Lynx. Terme d'Aftronomie. Conftellation
pl.icée par Hévclius entre la petite ourfe & le Cocher.
Le Linx ne le trouve point dans les cartes ordinai-
res. Il n'eft que de l'invention d'Hervélius. Lynx.
IP'LINXUI. Ville de la Chine, dans la province de
Suchucn , au département de Xunking.
LINYAO. Nom d'une ville de la Chine. Linyaum.
C'elclafixième capitale delà province de Xenfi. Elle
cil: arrofée des eaux du Heuve Yao. C'eft-là que
la grande muraille finit. Son territoire eft fort monta-
gneux, & produit beaucoup d'Ures, ou bœufs (au-
vagcs, & des animaux femblables aux tigres. Amb.
des Holl. à la Chine , Part. L.p. 2^6 . Elle à quatre
villes fous la jurifdiclion.
|CF LINYE. Nom d'une ville de la Chine , dans la pro-
vince de Xantung , .au département de Cinan.
CiCFLINYEU. Autre ville de la Cliiiae , d.^ns le Xenfi,
département de Fungciang.
L I O.
LIOBE. Voyei Liébe.
It? LION , ONNE. f. m. &: f. Léo , lea , leona animal
féroce qu'on trouve en plulieurs endroits, particuliè-
rement en Atrique. Sa force & fon courage lui car
fait donner le nom de Roi des animaux. Il a la tête
grod'e , le mufle alongé , la face entourée d'un poil
long, le cou, le garot & les épaules couvertes de
même d'un poil long , formant une belle crinière de
couleur mêlée de brun & de fauve foncée. Le refte
du corps eft couvert d'un poil ras , excepté la queue
qui eft terminée par un bouquet de longs poils. La
Lionne ni point de crinière. Ses inteftins ont près de
2j pieds. Sa velfie eft fort petite, parce qu'il boit
rarement.
L I O
L I O
r.utmeiit. On prc'tcnd qu'il ne boit qu'une fois en
trois ou quat le jours. Il jette ("on urine en arrière ,
mais il eft faux qu'il s'accouple à reculons , comme
on l'a cru. Dans le iion , la vélicule du fiel a plulieurs
plis ou feuillets , & de là M. Du Vernay a conjcChuc
que la bile y pouvant (ejourner plus long tems (Is:
s'exhaler davantage, c'étoit peut-être la caule de la
grande ardeur de cet animal j & de la fièvre conti-
nuelle qu'on lui attribue. Ac. des Se. 1704. Hifi.
p. 14. Le lion rugit. Ablanc. On fait voir dans les
(pe(îlacles des combats de Lions contre toutes fortes
de bêtes. Daniel lortit miraculculement fain & fauf
de la folfe aux lions. Samfon & David déchirèrent
des lions. C'eft une erreur populaire, de croire que
\zlion ait peur du coq. Le Koi Jacques d'Angleterre
en voulut faire l'expérience en la prétencei le coq
fut déchiré par le lion. Il y a pourtant des lions timi-
des; &: les lions d'Aghij en la province d'Habat, vers
Maroc , ont ii peu de cœur , que le moindre enfant
leur donne la challè , ce qui a donné lieu à un pro-
verbe Africain, quand on le veut moquer d'un pol-
tron, on dit, il ell vaillant comme les /iowi' d'Agla ,
à qui les veaux mangent Li queue. Marmol , &
■Voyage de Rasilli.
§Cr Si le lion n'a pas peur du coq , le feu l'effraie. On
en allume pour le foire fuir.
Les Poètes attelent le char de Cybèle de deux lions,
& fur les médailles il cil rcprél'cnté au(lî tiré par deux
lions. On portoit une effigie de lion dans>lcs lacrifi-
. ces de cette déelle , parce que les Galles , les Prêtres ,
avoient quelquefois tellement adouci &: apprivoilé
des lions , qu'on pouvoir fans crainte les toucher &
les carelfer, à ce que dit 'Varron.
On dit aulli au figuré , qu'un homme eft un lion ,
qu'il a un cœur de lion, pour dire qu'il eft brave &
courageux. Il eft hardi comme un lion.
Léo , un lion ; ce mot eft formé du Celtique leu ^
ou leon ; car chez les Celtes , leva , lignifie dévorer ,
comme font les lions. Pezron.
Il y a au Pérou des animaux que les gens du pays
appellent leons , ou lions j quoiqu'ils foient bien dif-
férens des lions d'Afrique. J'en ai vu des peaux plei-
nes de paille , dont la tête tient un peu du loup ik du
tigre; mais la queue eil: plus petite que celle de l'un
& de l'autre : ces animaux ne font pas à craindre; ils
fuient les hommes & ne font de mal qu'aux trou-
peaux. Frézier., p. I j2. Voyez fur les lions Vof-
iTus, de Idolol. L. III. c. s 2. Bochart, hiero^. P. I.
L. III. c. é. & Saumaife fur Solin. Marmol. L. I. de
l'Afriq. c. 26.
Le lion de Juda , en ftyle de l'Ecriture , c'eft J. C.
le Meilîe prédit par Jacob, G en. XLIX. 5. fous la
métaphore d'un lion.
Le lion de S. Marc , en tout l'Etat de Venife , eft
repréfenté avec des ailes : les Doges s'agenouillent
devant lui, & la monnoie en eft marquée avec un
Pax tibi, Evangelijla meus. Mascur.
Lion marin. Animal qui a quelque chofe du lion j &
qui vit fur la terre 6c dans l'eau. Léo thalajficus ,
' marinus. On a vu vers le Cap de Bonne Elpérancc un
lion marin qui y fut tué , qui avoir dix pieds de long ,
& quatre de large , la tête groife comme celle d'un
veau d'un an , de gros yeux aftreux , des oreilles cour-
tes , une barbe hérilFée & fort épallFe ; des dents qui
fortoient un demi pied hors de la gueule; les pieds
larges, les jambes fi courtes , que fon ventre touchoit
'^refque à terre. Il fe retiroit à la mer , après s'être
faoulé dans les bois.
Lion , en Aftronomie , eft un des douze lignes du Zodia-
que, le cinquième depuis Ariès. Léo. C'eft la maifon
du Soleil , un figne chaud & fec. Les Anciens lui ont
donné 27 étoiles , outre huit informes. Kepler lui en
donne 40, & Bayer 45 ^ dont deux font de la pre-
mière grandeur , deux de la z" , cinq, de la 3%
treize de la 4' , fept de la 5= , & quatorze de la 6". Je
ne fais après cela comment M. Harris peut ne lui en
donner que douze.
Le cœur du lion eft une des plus confidérables étoi-
les du firmament. Les Aftronomcs l'appellent Regu-
Tome V, •
5-^3
lus. Cette étoile, au commencement de l'an 1703,
étoit à 148 degrés 8 minutes 31 fécondes d'afcenlion
droite , & à 1 3 degrés 3 i m. 1 8 fécondes de déclinai-
fon.
Les Poètes difent que le lion céltftc , eft le lion de
la furet de Ncinée, tué par Hercule, Se njis dans les
allres à la recommandation de Junon.
Les Poètes modernes dilent aulli , k- lion Belt,iquc ,
en parlant de la Flandre , qui a pour armes un lion.
Heuterus &<. Hocpingius prétendent que ces provinces
ont ces armoiries depuis le tenis des Croilades. Dans
la révolte des Pays Bas contre Piiilippc II, les Ecats
Généraux ayant conclu en i 585 un traité avec Eliza-
beth , les Etats de Zélande firent frapper une médaille
où l'on voyoit \c lion Belgique fortant du milieu des
Hots dune mer irritée^ dont il étoit tout couvert, avec
ces mots, LuElor & emergo. La devife ne vaut rien. Le
corps n'en eft point tiré de la nature, ni vrai.
Lion. Terme de Marine. C'étoit autrefois l'ornement
le plus commun de la pointe de l'éperon , & aujour-
d'hui c'eft encore prel'que toujours un lion qu'on y
met en Hollande , parce que c'eft un lion qui eft dans
les armes de l'Etat; mais parmi les antres Nations ,
on y met préfentement des hrènes ou des figures hu-
maines. Le terme général étoit Beftion.
Les armes d'Angleterre font trois /io;2jj & non pas
trois léopards, comme le difent quelques Hiftoriens;
c'eft Guillaume le Conquérant qui a donné ces armes
à l'Angleterre. Il ne chargea d'abord fon ccu que de
deux lions-, & Etienne de Blois en ajouta un troi-
fième.
En Egypte , le lion étoit confacré à Vulcain à caufe
de fon tempérament tout de fou.
Les Léontins adoroient un lion , & en mettoient
une tête fur leurs médailles ou monnoies, avec trois
épis de blé fur les bords de la médaille. Marfeille
mettoit auiîî un lion pallànt fut fes médailles. Plutar-
quc dit encore , Symp. Qu£jî. L. IV. q. y. que le
lion étoit confacré au foleil , parce que de tous les
animaux qui ont des griftes recourbées , c'eft le ftui
qui voie en naiiFant, &c parce qu'il dort fort peu &
les ye'ix ouverts; mais c'eft une fable. Ceux qu'on
amené en France ont les yeux fermés quand ils dor-
ment. On dit que pour la même raifon , les Perfes don-
noient la figure d'un lion à leur dieu Mithra qui étoit
le foleil. Porphyre dit que les Prêtres du dieu Mithra
chez les Perfes s'appeloient lions, & les Prêtrelfes
Hyènes ; & TertuUien , L. II. contre Marcien , c. ij.
les appelle en eftèt lions. Cependant Pamclius dans
la note, croit que Tertullien parle , non pas des Prê-
tres de ce dieu , mais des lions qui tiroient fon char;
ce qui n'a point d'apparence , vu principalement ce
que dit Porphyre , & que Pamélius apparemment ne
favoit pas. Voye^ encore au mot Lionne.
LioNj en termes de Blafon , eft appelé rampant Se ravif-
fant J pour l'Qidinaire. Léo repcans , repens. On dit
qu'il t'a. armé, couronné & lampajfé, Exenâ linguâ
ko , quand la langue , fes ongles , ou une couronne
qu on lui met fur la tête , font d'un aïKie émail. Il
doit être peint de profil^ ne montrant qu'une oreille
Si le bouquet de la queue tourné contre le dos , la-
quelle on nomme double , on fourc hue ,(\ninà elle eft
nouée & pallée en fautoir. Lion dragonne , eft un
animal qui a le devant de lion & le derrière de fer-
pent. Il y en a de monftrueux qui ont la tête hu-
maine, de loup & de chien : d'autres échiquetés , va-
riés , chargés de bandes , de f afces & autres meubles.
On appelle lion léopardé , un lion qui eft pallant, &
qui montre toute la tête comme le léopard ; & lion
mort-né , le lion qui n'a ni langue , ni dents. Lion dif-
famé, eft celui qui n'a point de queue; ce qui fe dit
aullî de celui qui n'a ni verge , ni génitoires, que quel-
ques uns appellent fans villenie , ou éviré. Lion
iffant^ eft celui qui ne montre que la plus petite par-
tie du corps; lavoir la tête , le cou , les bouts des jam-
bes , &c l'extrémité de la queue contre le chef de
l'écu. Le lion naifjant, eft celui qui ne montre que le
train de devant , la tête , les deux pieds , «^ qui fein-
ble fortir du champ , entre la fafee «Se le chef. Le lion
Âaaa
5T4 L I O
brochant fur le tout , fe dit loiTque le lion cft pofé far
le champ de l'écii , qui cil déjà chargé de quelque au-
ne blalon , & qu'il en couvre une partie.
On prétend que les lions dans les armoiries ligni-
fient fouveiTt les voyages faits en Afrique , pa^s kr-
tile en rwns.
Le lion au refte eft le fymbole de la vigilance &
de la fureur , parce qu'il ne dort point , ou du
moins il repofe les yeux ouverts , & parce qu'il
alonge fa queue , &c s'en bat les Hancs , à_ nicfure
que fa colère s'échaufte. Je ne lai 11 en Ahique le
lion dort en effet les yeux ouverts j mais j'en ai vu
un en France qui dormoit les yeux très fermés.
JLiON , fc dit proverbialement en ces phrafes. Un
chien vivant vaut mieux qu'un lion mort, c'eft un
proverbe facré. A l'ongle on connoit le lion, ex
ungue leonem : pour dire qu'on juge des choies à
proportion par un échantillon , &c qu'il faut fou-
vent peu de choie pour faire connoitre le carac-
tère. On dit aulli , il faut coudre la peau de re-
nard à celle de lion , pour dire , joindre la pru-
dence à la valeur. On dit aulli , le partage du lion ,
tout d'un côté ëc rien de l'autre. On dit aulII , Bat-
tre le chien devant le lion , & cela (e dit lorlquc
quelqu'un ayant fait une faute dont on n'oie le
reprendre direélement , on reprend un autre devant
lui de la même faute. On dit aulli d'un fanfaron
qui menace, que c'eft un âne couvert de la peau
du lion.
De la peau du lion l'âne s' étant vêtu ,
Etait craint par- tout à la ronde ,
Et bien qu'animal fans vertu ,
Il faifoit trembler tout le monde. La Font.
Lion. Lco. On donnoit ce nom à des Prêtres du
Soleil. Voyc\ LioNTiQ.uES.
Ordpe du Lion. Chevaliers du Lion. Ordo Leo-
nis. Equités Leonini. Enguerrand I , Seigneur de
Coucy , qui vivoit en 1080. ayant tué un lion dans
la Foret de Coucy , qui failoit beaucoup de ravage
aux environs , pour en conferver la mémoire, on
lit faire en pierre la figure de ce lion que l'on plaça
dans la cour du Château de Coucy , & l'on inlH
tua -des fctcs & des réjouillances , qui le renouvel
loient tous les ans. On dit que ce lut à cette oc-
calion que fut inftitué l'Ordre du Lion , qu'Enguer
rand IL renouvella au commencement du règne de
S. Louis , ce qu'il fit avec une magnificence royale ;
mais , il y a plus d'apparence que ce Seigneur a été
l'Inflituteur de cet Ordre. On donnoit pour mar
que à ceux qui y entroient une médaille d'or où étoit
répréfenté un lion. P. HÉlyot , T. VLII ^ C. jç ■,
fur des Mémoires de M. de Clairamhault.
Lion , dans l'Hiftoire des Monnoies. Efpèce de mon-
jioie d'or Françoife qui avoit cours du temps de
François I , qui avoit pour Légende , Sit nomen Do-
mini benediclum , & pour figure un lion ; elle peloit
trois deniers cinq grains , & valoir cinquante-trois
fous neuf deniers. On .avoit aulli fabriqué des lions
d'or [ons le règne de Philippe de Valois en 1338.
Les lions d'or luccédèrent aux écus d'or le 4 Novera
bre 1338. Cette monnoic lut ainli nommée, à
caufe du lion qui eft lous les pieds du Roi. Un
manufcrit qu'a cité M. Le Blanc , Traité Hifiorique
des Monnoies de France , p. 24^ _, dit que ce lion
rcpréfcnte le Roi d'Angleterre , lur qui Philippe de
Valois avoit eu l'avant.ige , lorfqu'il voulut lui dif
puter la Couronne de France. Il n'eft pas tout-à.
fait hors d'apparence , dit M. Le Blanc , que le Roi
d'Angleterre foit défigné par ce lion , puifque lur la
plupart des monnoies que ce prince fit taire eji
Guienne , cet animal y eft répréfenté. Cette mon
noie des lions d'or finit le 14 Juin 1339. Un Ré
glcment pour les monnoies fut pour 1487 & 148S.
& rapporté par le P. Lobineau , dans fon H/f.
de Bretagne ^ T. II , p. J 4S i , fixe les lions à
cinquante fous. Ce qui montre que cette monnoie
• avoit encore cours en Bretagne.
L I O
Lion , dans le Commersc. On donne ce nom à une
forte de linge ouvré qui le fabrique en Beaujolois ,
petite province de France. Il y en a de d;ux ef-
péces , lavoir , le grand lion , Se le petit lion. Ce
linge fe fait ordinairement tout de lin.
LION. Foyei Lyon.
Lion ('Golfe de). Sinus Leonis , Leoninus , Mare Leo-
nis. Sanfon , & d'autres Géographes , entre autres
M. de Lille , appellent Golfe de Lion toute la mer
qui s'avance lut les côtes de Provence, de Langue-
doc & de Roullillon , ■& toute la grande anfe que
forment ces côtes. Hadr. de Valois , dans fa No~
tice des Gaules , p. 21 y , col. 2 , les rélute par
Guillaume de Nangis , & par la route de S. Louis
marquée par cet Auteur : car s'embarquant à Ai-
guemorte , dernier port de Languedoc , & laifant
voile à l'Eft , il n'arrive au GoUe de Lion que le
troilième jour. De plus, S. Louis le pallâ en peu
d'heures , quoiqu'avec beaucoup de péril. Ce Golfe
n'étoit donc pas bien grand i &: il failoit que ce fût
une partie de la mer de Provence. Valois juge , par
une autre relation faite il y a deux cens ans , que
c'eft la mer qui eft à la hauteur de Brigançon de
Borme , & des îles des Lions ; & qu'il fut ainfi
appelé à caufe que c'étoit un paftage très-dangereux.
Les BoUandiftes , dans les Acla Sancl. Àpril. T. I,
p. 171 3 not. r, croienr que le Goltc de Zio/z n'eft
pas l'endroit de la mer Méditerrannée , où le Rhône
le jette , qui ait eu autrefois ce nom de la ville de
Lyon, qui par le Rhône y communique', mais que
c'eft le Golfe de Grimaut , que l'on a appelé Gulfus
Leonis , Golfe de Lion , ou Gulfus Leonum , Golfe
des Lions , à caufe de deux petites îles , ou plutôt
de deux rochers qui y font , Se qu'on nomme en-
core aujourd'hui les Léons. Valois n'eft point encore
de cette opinion , parce que fi c'étoient ces îles,
dont ce Golfe eût pris fon nom , on l'eût appelé ,
dit-il , Gulfus Leonum , des Lions , Se non pas Leo-
nis , du Lion.
Au refte , quoiqu'il en foit de l'otigine de ce
nom , Valois a tort de reprendre nos Géographes
modernes ; car il faut diftinguer ce qu'on appeloit
autrefois Golfe de Lion , Se ce qu'on nomme aujour
d'hui de ce nom. Pour l'ancien Golfe de Lion
Valois dit vrai : pour celui d'aujourd'hui Sanlon &
les .autres ont railon , Se ils ne parlent que de
celui-là. L'on a étendu le nom de Golfe de Lion ,
à tout ce que Valois , en fuivanr les Anciens j ap-
pelle Mare Gallicum , Mer de Gaule , ou de France,
Aujourd'hui le Golfe de Lion, Sinus Lugdunenjis,
ou Leoninus , eft une partie de la mer Méditerra
née , qui s'étend depuis la côte orientale de lîle
Minorque , & celle de la Catalogne , tout le long
du Languedoc , jufqu'aux embouchures du Rhône ,
où commence la mer de Provence.
Lion en Beauce. Village de l'Orléanois , en France. Léo-
nés in Beljia. Il eft à cinq lieues d'Orléans , vers
le nord , Se vers le bourg de Toury. Maty. Ce nom
& les luivans s'écrivent aulîi Lyon.
Lion -suK. Loire, ou Lyon en-Sullias. Nom d'un
village de l'Orléanois , en Fr.ance. Leones ad Lige-
nm. Il eft près du bord méridional de la Loire , en
tre SuUi Se Gien , à trois lieues de oelle ci , & à
une de celui-là. Maty. ,
Lion-le-Saunier. Bourg de la Franche-Comté, ntuc
dans le Baillage de Monmoror , à dix lieues de
Dole , du côté du midi. Leodo Salinarius. Ce lieu
a été autrefois fortifié. Il eft près d'Arley. Ce lieu
a pris le lurnom de Saunier , parce qu'on y feifoit
du Ici , qu'il y âvoit des Sahnes. Valois , Not.
Gall. p. 2-/I. _ _ '■
Lion. Terme de Philofophie hermétique. C'eft le
foufre, ou fperme mafjulin -, c'eft aulîî le fixe qui
dévore l'aigle , c'eft - à - dire , le volatil : ce mot
fignifie encore le mercure. Le lion vert , ces mors
fignifient , 1°. Le mercure Philolophal. i°. La
teinture du vitriol. 3°. Le fourneau des Sages. 4 .
L'œuf hermétique. Le vieux lion , c'eft l'œul des
Sages. Le lion rouge , c'eft la teinture de l'or , ou-
L I O
Iclixir p.itvenu au rouge paifait , ou l'huile rouge
de vicriol. Le lion ravijjanc , c'efl: le mercure hcr-
iiictique. Le lion volanc ,£'cll h même chofc ; c'cft
encore la fubibnce volatile.
Dent de Lion. Terme de Botanique. C'cft le nom
d'une plante. Foye^ DtNTj Se 1 Ouvrage de Ray ,
L. y,c. p,p. 244, à- Juiv.
- LIONCEAU. 1. m. Le petit de la lionne. Leonculus.
il y avoir avec eux quelques lionceaux. Voit. Les
lionceaux rugllfent apiès leur proie. Port-Royal.
Le lion qui reconnaît fon fan g (i fa vaillance
Dans ce lionceau belliqueux ,
Se décharge fur lui du foin de fa vengeance.
En Blalon j on appelle lionceaux , les figures
des lions , quand il y en a plus de trois. On en
met quelquetois julqu'à feize , ik quelquefois fans
nombre ; & alors on dit que l'Ecu en clt temé.
LIONE. Porto Liane , Porto Draco , ou le Port de
Pirée. Plr&us , Pir&us portas. C'ell un port de la
Grèce. Il ell: fur le Gollc d'Égine , ciiTiron à deux
lieues de la ville d'Athènes , du côté du couchant.
Ce port , qui prend (on nom de la figure d'un
lion qu'on y voit , (ert à la ville d'Athènes , à
laquelle Thémirtoclc l'avoit anciennement joint par
une grande enceinte de murailles.
LioNE , Sierra Liane , pu la montagne des Lions.
Lexnis , ou Leanum mons. C'cll: une célèbre mon-
tagne de l'Afrique. Elle s'étend beaucoup du cou-
chant au leN^anc , entre le pays des Nègres & la
Guinée , &: elle poulie piuheurs branches dans ce
dernier pays , julqu'à la mer de Guinée. Quelques
Géographes la prennent pour le Currus Deorum
des Anciens. Maty.
Le Cap de Sierra Leone , le Cap de Ledo,ou
de Tagrin. Caput montls LcAn^. C'efl la pointe la
plus occidentale de la montagne des Lions. Elle s'a-
vance dans l'océan Atlantique , en la côte occiden-
tale du pays de Malaguette , aux confins du R.oyau-
me de Melli , dont elle n'eft féparée que par l'em-
bouchure de la rivière de Sierra Leone. Les An-
glois y" ont établi une Colonie depuis quelques
années. Au refte quelques Géographes prennent ce
Cap pour VHefpherium cornu des Anciens , que d'au-
tres met:ent au Cap verd. Maty.
LIONIME. adj. "Vieux mot, qui s'cft dit pour léonin ,
léonine. Rime llonlme , c'eft la rime qui fait que
des vers font léonins. Lconlnus. Voy. Léonin.
LIONNE, f. f. Femelle du lion. Letna. Voy. Lion.
Les Ambraciotesadoroient autrefois la lionne , parce
que Paphages , ou , comme Janus Parrhafius l'ap-
pelle j Epljl. S. Phacyllus , Tyran d'Ambrafie ,
ayant reiTcontrc une lionne accompagnée de fes pe-
tits lionceaux , cet animal le mit en pièces, & remit
ainfi Ambrafie en polfcirion de fa liberté. Voye^
Voifius , de Idol. L. III , c. 7/. La. lionne eft un
des animaux qui a le plus d'amour pour fes petits.
Hérodote j L. IIL , c. loS. Antigonus, Hlflor. 2).
Horus , Hleroglyph. L. IL y c. yS , difeiit que la
/ionni; ne porte des petits qu'une fois dans (a vie_, que
la nature a pourvii par là à la sûreté du genre hu-
main, que ces animaux eullent détruit , s'ils avoient
multiplié beaucoup ; que chez les Égyptiens une
lionne étoit le hiéroglyphe d'une femme qui n'a
qu'une fois des enfans. Quoi qu'il en foit du hié-
roglyphe des Egyptiens , qui a bien pu être fondé
fur une faulFe opinion , piuheurs Auteurs foutien-
. nent que c'ell une fable , & que les lionnes ont des
petits plus dune fois , & quelles en ont plus d'un
chaque fois ; elles en portent jufqu'à quatre , &:
quelquefois plus. Voye\ fur les lionnes , Bochart,
Hleroi- P^'''^- I , L. III , c. 7/.
La Compagnie , ou l'Ordre de la Lionne j Leinns.
Societas. Les Chevaliers de la Lionne , Aiqultes LeAns..
C'efl: une Compagnie de Gentilshommes qui fe joigni-
rent enfcmble lans qu'on fâche ni le temps , ni l'occa-
fion , ni le motif de leur union. On croit leule-
menr que cette Compagnie fe forma durant les guer-
Tome V.
L I P yyy
rcs de la Maifon d'Anjou , comme cclips du Dévi-
doir cS: du Navire , V à peu près pour la même
fin. Céfu- Eugène Caraccioli , dans fon Hiftoire
facréc de Naplcs , & Tertullien dans fon Jeu des
Armoiries de Naplcs, parlent de cette Compagnie
de la Lionne. L'Abbé JulHni mi la luct au nombre
des Ordres Militaires, Part. Il , c. âj , p. 70 < ,
& fulv. mais au vrai ce n'elt point un Ordre, c'cft
feulement une Compagnie , ou Société de Gentils-
hommes de Naples. Elle prit ton nom de fa devife ,
qui étoit une lionne qui avoit au cou un collier
dont partoit une double laille qui lui cnla^oit les
pieds à plufieurs tours. Ces Gentilshommes la por-
toientau-cou. Quelques-uns difcnt qu'elle étoit d'ar-
gent ; mais quelquefois elle étoit d'or , & n'étoit pas
toujours de la même matière. Cette lionne enlacée
étoit un fymbole de leur propre Reine, dit l'Abbé
Juftiniani , P. I , c. (fj.
Lionne. Terme de Flcuriftc. Nom d'une Tulipe qui
efl: incarnat , rouge & blanc. M or in.
LIONNE , ÉE. adj. Terme de Blafon , qui fe dit du
léopard rampant comme le lion. In modum leonlf
pofitus , gradlens , incedens.
LIONNISTE. Foyei Lyonniste.
LIONNOIS. Foyei Lyonnuis.
LIONNOISE. Foj/ei Lyonnoise.
LIONS EN FORÊT , ou LIONS-LA-FORÊT. Quel-
ques uns écrivent Lyons. Bourg ou petite ville de
Normandie. Ce lieu eft dans une forêt , qu'on
nomme la Forêt de Lions , entre Rouen Se Gifors,
à quatre lieues de la première , &: à deux de la der-
nière. On a donné mal a propos à ce lieu le nom
de Leoncs , ou Leonum fylva. Ce feroit plutôt yici ,
& Vicorum fylva. Voyez la Defcrlp. Géograph.
& Hijlorlque de la Haute-Normandie , T. II , p.
22S & 240. Long. 19. d. io',lat. 46. d. Z5'.
Lions en Santers , ou Santois. Bourg de la Picar-
die , litué dans la contrée de Santerre , à lept lieues
d'Amiens , du côté du Levant. Lehunum In fangui-
nem terfo. Hadr. Valois écrit Llhons en Santers.
Foyei Nat. G ail. p. fOi.
LIOUBÉ. f. f. Terme de Marine. Les Charpentiers
appellent lloube , l'entaille qu'il faut faire pour
enter un bout de mât fur la partie qui eft reftée
debout , lorfqu'un vailfeau a été démâté par un gros
temps. Inclfus , Incifura.
LIOUBETTE. f. f. Nom de femme. Luhecla. Sainte
Liouhette , honorée à Sainte Croix de Poitiers. Chas-
telain , Martyrologe , 7 Février, p. SS7. On ne
trouve que cela de Sainte Liouhette. Mais ne fe-
roit-ce point la même que Leohs,ytha ? Id. p. /(f (f.
lier LIOYANG. Nom d'une ville^de la Chine , dans
le Xenfi , au département de Hanchung.
L I P.
LIPA. Nom d'une petite ville de la Croatie. Lipa.
Elle eft fur la rivière de Dobra^ près du Windifch-
Marck , à deux lieues de Melling , vers le levant.
Maty.
LIPARI. Nom de ville , & de la plus grande & la
plus confidérable des îles de Llparl , auxquelles elle
donne fon nom. Elle eft au milieu des autres , &
a lix lieues de circuit. Llpara. On y trouve des
bains exccllens , & plufieurs cavernes , dont il
lortoit autrefois des Hammes ^ & la ville de Lipari ,
Épifcopale , fuffragantc de Meiïïnc , fïtuée fur un ro-
cher efcarpé de tous côtés , &c défendue par la cita-
delle de Pign.atara. Le fameu,x Corlaire Barberoulle
la ruina , l'an 1 544, mais elle s'eft bien rétablie
depuis. Maty.
Les îles de Lipari. InfuU Lipare£ , anciennement
^olla VulcaiÙA , Heph&fllades. Ces îles font dans
la mer de Tofcane, au couchant de la Calabre, &
au nord de la Sicile , dont elles dépendent. Les
Poctes Payens feignirent qu'elles étoient la demeure
de Vulcain , S<. celle d'Eole , Roi des vents; ils
n'en comptoient que fept , mais il y en a un plus
grand nombre , dont quelques-unes vomilfenc des
Aaaa ij
J56 LIP
Hammes. Les principales l'ont Lipari , qui donne le
nom aux aunes , Strongoli , Pare , Roito , Panaria ,
le Saline , Volcano , Fenicula , Alicur Se Ulbca.
Maty.
ffT LIPARIS. f. m. Nom donne à un poillon qui a
beaucoup 4e graille. Rondelet compare fa tcte à
celle du Lapin. Sa bouche ell petite , & n'a point
de dents. Ses écailles Ibiit foit petites i il a un
large trait qui s'étend le long du corps depuis la
tcte julqu'à la queue. Il a fix nageoires , & une
<iueiie fourchue.
LIPES. Nom d'un lieu au Pérou. Llpefum , Lipejium.
C'eft un lieu de mines qui ont fourni pendant
long temps beaucoup d'argent -, il y a huit moulins
travailkns , lans compter ceux des petites mines des
environs , comme Elcala , Aquegua & San-Chrifto-
val , dans IcIqutUes il y en a lix. Lipes ell divilé en
deux parties , éloignées l'une de l'autre de moins
d'un demi quart de lieue j l'une s'appelle Lipes ,_ &
l'autre Guaico. Frézier,/?. /j/. La colline où font
les mines eil au milieu de Guaico & de Lipes ,
toutes percées d'ouvertures de mines , dont il y en
a une lî profonde , qu'on y trouva la fin du ro-
cher , au-dclfous duquel étoit du fable & de l'eau ,
ce qu'ils appellèrent les Antipodes. Id. De Ghiou-
chiou à. Lipes , il y a environ 70 lieues. Id. De
Lipes à Poroli , il y a environ 70 lieues. Id.
LIPHEIM. Bourg d'Allemagne dans la Suabe, fur le
Danube , avec un Château à une demi - lieue de
Guntbourg.
LIPING. Nom d^'une ville de la Chine. Lipinga.
Elle eft la fepticme de la province de Queicheu ,
& a trois autres villes (ous fa juirifdidion. Maty.
Les habitans de Liping parlent une langue incon-
nue aux Chinois. Ambaff. des Hollandais^ P-1 1
p. 177.
LIPIRIL. f. f. Foyei Lipyrie.
ipj" LIPIS. Nom d'une ville de l'Amérique , dans le
Potofi j dans le voilinage de laquelle on trouve une
pierre d'un bleu de Saphir avec un peu de tranfpa-
rence , à laquelle on a donné le nom de pierre
de Lipis. Elle eft dure , & d'un goût fi acerbe
qu'elle ulcère la langue. C'eft un violent aftrin-
gent qu'on emploie quelquefois dans les emplâtres.
LIPKI. f. m. Terme de Relation. Les Liphis ne font
proprement autre chofe que des Déferceurs , qui
pendant la guerre prennent parti dans l'armée enne-
mie. En temps de paix , on appelle aulli Lipkis
tous les Turcs ou Tartares qui fe fauvent de leur
pays pour s'établir en Pologne , & l'on donne le
même nom aux Polonnois qui vont en Turquie.
LIPOGRAMMATIQUE. adj. de t. g. Il fe dit d'un
Ouvrage dans lequel IfJ" on atïeâe de ne pas faire
entrer quelque lettre de l'Alphabet. Ouvrages que
l'on doit à la patience & à la fottifc de quelques Au-
teurs. C'eft de cette manière que Tryphiodore ht fon
Odyifée. Il n'y avoit point d'^ dans le premier Li-
vre , point de B dans le fécond , & ainfi des autres.
Neftor , Poctc de Lavanda , qui vivoit du temps
de l'Empereur Sévère _, fie aulli une Iliade Upogram-
matique. Lafus d'Hermonie , très ancien Pocte , avoit
fait une Ode & une Hymne lans l. Cléarque dans
Athénées parle aulIl d'un Ode fans ? , de la façon de
Pindare. Nous avons en Proie Latine un petit Ouvrage
de Fabius Claudius Gordianus Fulgentius publié à Poi-
tiers en 1696. par le P. Jacques Homey , Auguftin ,
dont lepremier chapitre eft fans A , le fécond fans B ,
letroifième fans C , & ainfi du tefte. Nos Auteurs
François fe font exercés en cette manière d'écrire ,
entre autre M. l'Abbé de Court, ( frerc du célè
bre M. de Court , fi connu dans la République des
Lettres , de oui nous avons un bel éloge par M. l'Abbé
Geneft) lequel dans un Recueil inticulc Fariétés in-
génieufes , a compofé cinq Lettres avec quatre
voyelles , la première fans A , la leconde fans E , &c.
On voit au même endroit une Lettre en monofylla-
bes du même Auteur.
fCTLIPOGRAMMATISTE. f. m. & adj. On a donné
ce nom ou cette épithùte à des Écrivains qui âuis
L I P
un Ouvrage fe font abftenus d'une ou de plufieurs J
lettres de l'Alphabet. On applique cette maxime aux
Auteurs lipogrammatifies. Turpe ejl difficiles ha-
here nugas.
LIPOME, f. m. Terme de Chirurgie , ou Loupe
grailfeufe. Lipoma , ans. Tumeur enkiftée , ou ef-
pèce de loupe , formée par une grailfe épaillîe dans
quelque cellule de la membrane adipeufe. Il en vient
quelquefois de fort grolles entre les épaules.
Ce mot eft Grec >.ixaux , formé de àI/w , adeps ,
graille. Col de 'Vili-ars.
LIPOSYCHIE , ou LIPOTHYMIE, f. f. Terme de
Médecine. Diminution fubite des aétions vitales &
animales , laquelle on appelle autrement défaillan-
ce j ou pâmoifon. Defeclus animi , deliquium virium.
Dans la lipothymie le pouls eft petit &: débile : les
fens internes &: externes, & le mouvement animal ,
tant volontaire , que naturel , font extrêmement af-
foiblis j &; la refpiration eft fort obfcure. Les cau-
fes de la lipothymie font les grandes pertes de fangf, .
les évacuations excelîives, les exercices immodérés,
l'air trop cralïe ou trop chaud , tel qu'il eft dans
les alfemblées nombreufes , &c. M. Harris dit qu'on
la nomme aulîl lipofychie. Il ralloit dire lipopfychie.
peut-être eft-ce un faute d'impreirion.
§3" La LIPOTHYMIE eft un évanouilfement léger , un-
commencement de Syncope , où l'exercice des fens
eft fimplement fufpeiidu , & où le ^Ltlade conferve
la faculté de penfer , avec la mémoire. Quelque
odeur un peu forte , une lîmple afperfion d'eau
froide ditîipe cet état. Pour les caufes , Voye^ Syn-
cope , Évanouissement.
Ce mot eft Grec ■■, il lignifie , défaillance des ef-
prits. ah'zt* , deficio , ^"f^'f j animas j de lipopfychie ,
de Mi'aùi , ëc de ■i^uyi: , l'ame.
LIPOTHYMIE, f. f. roye^ l'art, précédent.
LIPOU , ou LIPU. f. m. Terme de Relation. Nom d'utij
Tribunal d'un Confeil fouyerainde laChine. Le Lipoi
eft l'un des grands Tribunaux de l'empire de la China
P. Le Comte. Le premier Préhdent du Lipou. Id.
Le Lipou doit conferver les anciennes coutumes ; il
régie tout ce qui regarde la Religion , ^es Sciences ,
les Arts , les allaites étrangères. Lç Lipou a inlpec-
tion fur tous les Mandarins ; il peut leur donner,
ou leur ôter leurs Charges. Id. ,
LIPPA. Nom d'une petite ville fortifiée de la Haute-
Hongrie. Lippa. Elle eft fur la rivière de Maros,
dans le Béglerbéglic de Témifwar , à dix lieues de
la ville de ce nom , vers l'orient leptentrional. En
Septembre 1695. la garnifon de cette Place ayant
fait une fortie fur les troupes du Grand Seigneur,
elle fut repoulfée li vigoureufcment , &z luivie de
fi près , que les Turcs entrèrent dans la Place con-
fufcment avec les Chrétiens , s'en rendirent les maî-
tres , démolirent lés fortifications , & l'abandonnè-
rent. Maty. Long. 40. d, 35' , lat. 45. d. 3/.
LIPPE, f f. Grolfe lèvre d'en- bas, qui avance trop.
C'eft un terme de mépris. Lahium. On dit d'un
homme qui boude , qui fait la moue , qu'il avance
une grolfe lippe ^ qu'il fait la lippe. Les Princes de
la Mailon d'Autriche font remarquables par la lippe.
La /i^'pe d'Autriche. Cela leur vient de la Maifon de
Bourgogne , 6c on le remarque encore aujourd'hui
en la plupart des PVinces defcendus de cet illuftre
Mailon. Larrey.
Ce mot vient du Flamand , ou Allemand , lip ,
qui lignifie la même choie. Men. L'Allemand lip,
ik le François lippe , viennent du Latin labium.
HUET.
Lippe. Nom d'une rivière du Cercle de Weftphalie ,
en Allemagne. Lippia , Lupia , Luppia , Lupias. Elle
a la fource au village de LipplTprinck , dans l'Eve-
ché de Padeiborn, baigne la ville de ce nom , celles
de Lippe , de Ham & de Dorftcn , & fe décharge
dans le Rhin^ un peu au-dellus de Wefel. AL\ty.
Lippe , ou Lippstat. Nom d'une ville Anfé.trique &:
forte. Lippia , Lipjladium , Luppia. Elle eft capitale
du Comté de Lippe en V/eftphalie , & fituée lut la
L I Q
rivière de Lippe , à iîx lieues au-deffous de la ville
de Padeiboni.
Le Comte de Lippe. Comicatus LuppiA , ou Co-
mhdcus Luppicnjis. Ccft un des États du Cercle de
Wertphalie , en Allemagne. Il clt lëparé en deux
parties par le Comté de Ritberg. La partie mcridio
nalc (ce qui porte proprement le nom de Comté de
Lippe , Ik qui avoit autretois celui de Comté d'O-
berwald , du bourg de ce nom , (ur les ruines du-
quel la ville de Lippe jut hutte vers le douzième iîc-
cle ) , ell lituée autour de la rivière de Lippe , entre
le Comté de Ritberg , la VVellphalie propre , & les
Évêchés de Paderborn 6: de Munfter. C'efl: un petit
pays qui n'a rien de conlîdérable que la ville de
Lippe. La partie (eptentrionale , qu'on nomme quel-
quetèiis le Comté de Lemgow , eft entre les Comtés
de Ritberg, de Ravensberg, de Schawenbourg , &
l'Évêché de Munfter. Elle peut avoir environ dix
lieues de long , & quatre de large. Ses lieux prin-
cipaux font Lemgow , Dietmellc , ou Delmalt &
Oldembourg. La Maifon de Lippe eft divifée en trois
[ Branches principales j qui font celles de Delmolt ,
de Brakcl Se de Buckembourg j dont la première
ell l'aînée. Maty.
JCF LIPPÉE. f. f. Terme du difcours familier , fyno-
nyme de Bouchée. Une bonne lippée : quelquefois
fynonyme de Repas. Une franche lippée : repas qui
ne. coûte rien. Bolus , menfa gratuita. Un Cher-
cheur de franches lippées : homme qui cherche à
j faire bonne chère aux dépens d'autrui. Tout cela eft
du ftyle très bourgeois.
IPPITUDE. f. f. Terme de Médecine. Afteftion des
yeux , que l'on appelle autrement Chaffie : elle
conlîfte dans l'écoulement d'une humeur cralfe ,
vifqueufe & acre qui attache les paupières l'une à
l'autre. Lippitudo. Quelques uns, après Celfe, don-
nent audll ce nom à l'ophthalmie. yoye\ Ophthal-
MiE , &c Chassie.
IPPO. Nom d'une petite rivière , Se d'une ville de la
Natolie. Lippus , anciennement Hippia. Elle eft
près de la mer Noire , au midi de Pendarachi , &
fur la rivière de Lippo , qui eft l'Hippitis de Ptolo-
mée. Maty.
IPPU , UE. adj. Qui a la lèvre d'en bas trop grofle ,
& en faillie. Labiofus , labeo , chilo. On dépeint
les Maures & les Indiens lippus Se camus. Les La-
bcons dans l'ancienne Rome étoient ainfi nommés ,
parce qu'ils croient lippus. §3" On dit plus ordinai
rement au fubftantif, un gros lippu. Mais ce mot
n'eft pas du ftyle noble.
IPSIC. Toye? Leipsic.
7LIPU. F'oyer Lipou.
IPUDA , ou félon quelques Cartes , LACANETO.
1 Lipudu J Aretas. Petite rivière de la Calabre cité-
I rieure. Elle baigne la ville d'Umbratico , & fe
I décharge dans la mer Ionienne , entre la ville de
Srrongoli , &c le golfe de Tarente. Maty.
IPYRIE. f. f. Lipyrïas. Terme de Médecine. Efpèce
de fièvre ardente , maligne , accompagnée d'une cha-
leur interne confidérable j ou d'une inflammation
éryfipélateufe aux vifcères , Se en même temps d'un
grand froid aux parties internes.
Ce mot eft Grec mutuiIm , ou ^rî!";'* , compofé de
AtiiroKt'.fj relinquor , fuperfum , je refte , Se île "h
feu J ou de siof/«, caldorium, étuve, bain chaud,
L I Q.
p-LIQUATION. f. f (on fait fentir Vu) Terme
de Métallurgie. C'eft l'opération qui conlîfte à fé-
parer du cuivre la portion d'argent qui y eft con-
tenue , par le moyen du plomb qu'on y joint. Eli-
quatio. Pour y parvenir, on joint au cuivre une cer-
taine quantité de plomb , proportionnée à la quan-
tiré d'argent qui eft contenu dans le cuivre. Ce mé-
; lange de cuivre & de plomb entrant en fufion , le
' plomb fe charge de l'argent qui a plus d'affinité avec
lui qu'avec le cuivre , & le cuivre refte fous une
forme fpongieufe. On fépare enfuite l'argent du
plomb à la coupelle. Les gâteaux de cuivre mêlés
LI Q
avec du plomb , s'appellent pièce de Hquation. yoy.
encore Ûessuage.
LIQUÉFACTION, f. f ( on fait fentir \u ). Opération
par laquelle on réduit en liqueur un corps folide.
Aélion du feu , ou de la chaleur fur les corps gras,
ou fufiblcs y qui met leurs parties en mouvement.
Liquatio , liquefaclio. La liquefaclion de la cire , du
fuif J fe fait avec jfnc chaleur modérée. La liqué-
Jaclion du (cl de tartre le tait par la liniplc humi-
dité de l'air. On tait aullî des liquéfaclior.s de refî-
nes , gommes j axungcs , beurre j ongucns j ô'c. En
matière de métaux , on l'appelle Fufwn.
LIQUÉFIER. V. .1. gCF ( prononcer Likéfier). Rendre
liquide par le moyen du feu , ou de quelque autre
dillolvant. Liquefacere j liquare. Le feu Uquejie la
cire , le plomb , l'argent ,&t. Il eft aulîl réciproque.
La eue fe liquéfie auprès du feu. Le fable mêlé avec
des alk.ilis fe liquéfie dans le feu de réverbère pour
faire du verre. Tout fel fe liquéfie à l'humidité ;
le vitriol & les autres fels fe liquéfient à force de
feu. Se fe convertillcnt en eaux-fortes.
LIQUET. f f Poire très petite. Elle eft excellente à
cuire J Se d'un beau rouge. La poire de Liquet ,
autrement la Vallée , confervc pourtant une petite
âcreté, qui en diminue le mérite j mais on la corrige
par le fucre.
LIQUEUR, f. f Subftance fluide Se liquide , dont les
parties coulent aifément. Liquor , humor liquidas.
Les corps folides defcendent en-bas dans les liqueurs ^
à proportion de leur poids. Archiméde en tait un
Traité qu'il intitule , De infidentibus humidù. L'eau
eft la plus funple des liqueurs.
Liqueur , (é dit par excellence du vin , Se particuliè-
rement de ceux qui font les plus agréables. Liqueur
qui réjouit le cœurN En Poëfie , le vin fe nomme
liqueur Bacchique. |K7" Les vins d'une certaine qua-
lité , & dont on ne boit pas à l'ordinaire , comme
le Mufcat , le vin A'Efy^^nc , &c. font appelés
vins de liqueur.
§Cr Et quand les vins d'ordinaire , comme le Bour-
gogne ou le Champagne , ont trop de douceur , on
dit qu'ils ont de la liqueur. Les vins d'un tel canton
ne font pas cftimés , parce qu'ils ont trop de liqueur ,
ils font trop doux.
IJCTCe mot au pluriel fe dit de différentes boilTons
compofées du mélange de plufieurs ingrédiens , dont
la bafe eft ordinairement l'eau-de-vie , ou l'efprit-
de-vin. Le fréquent ufage des liqueurs eft pernicieux
à la (anté.
Feu M. Patin difoit touchant les liqueurs qui font
fi fort au goût d'aujourd'hui , & dont la bafe eft
l'eau de-vie, ou l'efprit de -vin , que ce font des poi-
fons fucrés , qui tuent à coup sûr. Ils donnent la
vie à' ceux qui les vendent j Se la mort à ceux qui
en ufent. Mélange de l'Hift. & de Lice. Les liqueurs
font prefque tout à fait profcrites , & il eft auffi
nuiflble à la réputation qii'à la fanté , de trop boire.
Traité du vrai mérite.
03° On appelle liqueurs fraîches, certaines boifTons ra-.
fraîchillantes , telles que la limonade , l'orangeade ,
l'eau de grofeilles , de framboife , &c.
Les Teinturiers appellent abfolument liqueur ,
celle qu'ils compofent d'une partie de fon. Se de
cinq parties d'eau , qu'ils font bouillir une heure j
ou environ. gC? Cette eau n'eft pas colorante j c'eft
fimplement une préparation pour les teintures , pour
faire recevoir la couleur aux matières qu'on veut
teindre.
Liqueur huileuse. Terme de Médecine. Le fuc ner-
veux eft une /içz^earhuileufe & très- fubtile , qui fert
de véhicule aux efprits animaux ; Se. avec le fang ,
de nourriture aux parties. Les parties paralytiques
qui ne la reçoivent plus , deviennent maigres.
LIQUIDAMBAR. f m. Rélînc liquide comme de la téré-
benthine , claiie , rougeâtre , ou jaunâtre , d'une
odeur agré-able ; approchante de celle de l'ambre.
Amharum liquidum. Elle découle par incifîon de l'é-
corce d'un arbre grand Se beau qui croît à la Nou-
velle Efpagne , & que les Indiens appellent Ococol
558 LIQ
ou OcofoUe. Ses Icuilles i-ciremblcnt à celles du
lierre; ton ccorce ell cpAillc , de couleur cendrée ,
trcs odoriférante. Il y a du liquidamhar (oViàz , qui
n'efi: aucre chofe que le précédent qu'on ;x laillé
fécher au toleil. Le Hqtudamhar eft propre pour
ramoHir, pour mûrir , pour réloudre, ce pour con-
iblider. Cette rélïne eft appelée Liquidambjr , com-
me qui diroit Ambre liquide , parce qu'elle eft li-
quide , & que ton odeur apprc^he celle de l'ambre.
LIQUIDATION, f. h Terme de Jurisprudence. Éva-
luation de choies incertaines à une tomme fixe &
déterminée. Dcclfio , &JlLmatio. On a fait la liquida-
tion, de tous les droits qui peuvent appartenir à
cette femme en la communauté de fon mari , à la
lomme de tant. Les dommages &: intércs de ce
Fermier pour les non - jouillances , le lont trouvés
monter à deux mille livres , quand la liquidation
en a été fiite. Zichrius a tait un Traité utile de la
Liquidation des deniers , qu'il appelle Statem li-
quidi 6" ilUquidï.
On a fait la liquidation des dépens par l'Arrêt ,
pour en épargner la taxe. Il y a une Table , ou Li-
vrej i)ititulée Liquidation d'intérêts , où l'on voit ce
que chaque fomme porte d'intérêt pour tant de
temps , & à un tel denier.
Ce mot, & celui de liquider, viennent de liquet,
qui iignifîe il ejl clair, ou dî liquidas', qui veut dire
clair , parce que par la liquidation d'un compte , Se
en liquidant des tommes , on rend clair 3c certain
ce que l'on cherche.
LIQUIDE, adj. de t. g. Corps fluide , qui eft en mouve-
ment, & qui ne rélîfte point au Iblide qui pèfe detfus.
Liquidas. fy3' Selon quelques Phylicicns tout ce qui eft
fiutdc n'eft pas liquide ; mais tout ce qui eft liquide
edfiuide. M. Mariottc prétend que le corps liquide
eft feulement celui qui étant en quantité fuffitantc ,
coule 5c s'étend au dellous de l'.^ir julqu'à ce que
fa furface fe toit mite de niveau. Dans ce téns , l'eau ,
le vin , le mercure Se les autres liqueurs tont des
corps fluides & liquides. Mais l'air ôc la flamme
qui n'ont pas cette propriété de déterminer leur fur-
face au niveau _, font des corps fluides , Se non pas
liquides. L'eau eft -appelée par excellence l'élément
liquide.
^pF Dans l'ufage ordinaire on ne fait point cette diftinc-
tion ennc fluide 8c liquide , Se l'on emploie inditîé-
reniment ces deux mots comme fynonymes. On dit
que l'air eft liquide , que la région des planètes eft
liquide.
IJCT En t1:yle Poétique les mers s'appellent les plaines
liquides.
LiQ.uiDE , cîï quelquefois oppofé à épais , qui n'eft
pas allez coulant. Liquens , fluens. Il faut mettre
de l'eau dans cette encre , elle n'ell pas alfcz liquide
ôe coulante.
On appelle confitures liquides , celles qui font
dans du tuop . qui ont du tlrop. Il y a beaucoup de
gens qui aiment mieux les confitures féches, que les
liquides.
Liquide, eft aullî quelquefois fubft. mafc. Les oifeaux
volent par le liquide des airs. Cela eft Poétique. L'ef-
fort du vent fomcntoit la chaleur du liquide. Journ.
de 1695. Le liquide te trouve gelé en peu de temps ,
parce que , &c.
IJCF On le dit aullî fubftantivement des alimens. Cet
homme ne peut vivre que de liquides , pendant ta
tîevre, c'eft .à dire, de nourritures liquides, bouil-
lons , confommés , &c.
Ce mot te dit parmi les Grammairiens , de cer-
taines conl'omies qui font oppofées aux muettes. Li
quida confona. L. M. N. R. font les quatre liquides ,
îj3" parce qu'éta,ur employées à la fuite d'une autre
confonne d.:ns une même fylLibe , elles font fort
coulantes , & te prononcent plus aifément que d'au
très confonnes en la même place.
Liquide , fe dit fîgurémcnt en choies morales , Se fur-
tout au Palais , des biens Se effets qui font clairs ,
fans contcftation , (Se dont la valeur eft déterminée.
Parus j ecrtus j non controverfus. Cet homme a du
L IR
bien , mais il n'eft pas liquide. Toutes dettes Se
charges payées , il a de revenu clair & liquide tant.
On ne peut failir que pour une dette liquide & cer-
taine. Le reliquat d'un compte eft ce qui eft dû de
net y de liquide. La compenfation ne fe fait que de
liquide à liquide , quand la dette eft de part &
d'autre certaine & exigible hic & nunc ; |p- ce qui
ne fe pourroit pas dire d'une dette , qui dépendroit
d'uiie condition , de la diicullion d'un compte , de
l'événement d'un procès-, qui ne feroit exigible que
dans un certain temps. Dans ce dernier exemple le
mot liquide déiigne non-feulement des quantités fixes
Se déterminées , mais encore atlutUemcnt exigibles.
LIQUIDER. V. a. Fixer à une lomme liquide des pré-
tentions contentieufes. Decidere. Il a fait liquider
les droits qui lui pouvaient appartenir en une telle
fuccellîon.
Liquider des fruits , c'eft les évaluer à une certaine
fomme de deniers , c'eft-à-dire , les eftimer félon
qu'ils valoient au temps qu'ils ont été perçus par
celui qui eft obligé d'en rendre l'eftimation.
gCF Liquider des dépens, c'eft faire taxer les frais &
dépens à une certaine fomme contre celui qui y efl
condamné. Liquider des dommages &: intérêts , c'eft
les faire taxer Se arrêter. Foye^ Taxe , & Dom-
mages Se Intérêts.
§Cr Liquider fes aftaircs , y mettre de l'ordre , en
payant tes dettes palîivcs , en pourfuivant le paye-
ment des adiveSj &c.
LIQUIDÉ , LE.
Pour l'étymologie , Voyc:^ Liquidation.
LIQUIDITÉ, f. f. Qualité des corps liquides. Liquiditas.
La liquidité' n'eft autre chofe que l'.igitation , le mou-
vement continuel des parties du corps qu'on appelle
liquide. Liquidité de l'eau , de l'air , &c. §CF Voy.
aux mots Liquide , Fluide Se Fluidité, la diftinction
que plufieurs Phyficiens mettent entre liquidité &
fluidité.
LIQUOREUX , EUSE. adj. Qui a de la liqueur. On
ne s'en fert qu'en parlant du vin qui a une douceui
qu'il ne devroit point avoir. Ou n'aime pas les vin;
liquoreu.x,
L I R.
1
Lire. v.a.. Légère, je lis , tu lis, il lit , nouslifljn^. Ji
lus , j'ai lu , je lirai y que je iife , que je lufjé. Il a :
l'impératif /i j Se lis , quand le relatif en mit; lis-er.
un chapitre. 'Vaug. Corn. Régulièrement il faut dirt
en interrogeant , lif-je,Sc non pas lifé je. Gramm.
M. Ménage dit là-deffus, que les règles de la Gram-
maire doivent céder à la douceur de la prononcia-
tion ; (Se il préféreroit lifé-je , à lis-je. On fait mieux
d'éviter l'un Se l'autre. Lire lignifie, connoître. Se
comprendre la figure , ou le fon, (Sj la force des ca-
raétères écrits , imprimés ou gravés, par lefquelsun
autre a voulu imprimer ta penfée ; parcourir des yeus
& avec la connoillànce de la valeur des caradères ,
ce qui eft écrit. Cet cnfint lait bien lire. Les Sergens
écrivent tî mal , qu'on ne fauroit lire leur écriture.
Ce vieillard ne peut lire qu'avec des lunettes. Il a
appris à /i« le Grec, l'Hébreu, l'Arabe. Les payfansnï
devroient Lavoir ni lire , ni écrire; cela les rend chica-
neurs. Ce titre eft ti effacé , qu'on ne le fauroit lire;
il eft écrit en caraébères inconnus , qu'on ne peut lire,
ni entendre. Un Brachmane dit à Saint François Xavier
qu'on lifoit dans leurs anciennes écritures , que toutes
les faulles Religions celleroient un jour , Sc qu'un
temps viendroit où tout le monde garderoit une mê-
me Loi. BouH.
g^On dit .aulTi /ire la mulique. Trouver les fons delà
voix attachés à chaque caraélère Se à chaque combi-
naifon des carriétères de la mulîque.
Lire , lignifie aulîî , Prononcer à haute voix le contenu
en quelque Livre , ou écrit. Recitare. On doit louer la
coutume des Couvcns , de faire lire pendant le repas.
UnPortcur de rémilîîondoit entendre /i« tes Lettres
à genoux en pleine Audience. Un Notaire doit lire Se
L I R
relire un tcftament au Tefbtcui' , avant que de le lui
faire (igiier.
•Lire , /îgniHc aulll feuilleter pour Ton inftruiition ou
pour Ion amufement. Légère, evolvcre ,Jludcre.C(i
Docteur cil un homme qui le tue à force de lire.
C]clui-là ne lie que par diveitilleir.jnt. Lire les l'ercs ,
lac les ConcileSj lire les Poëtes. Ce Péd.in: ne lit pas
pour s'inltruirc ■, ce n'eft que pour avoir la gloire
d'avoir lu. Bell.
gCTEn parlant d'un Profeflèur qui enfeigne dans les
écoles ceux qui viennent entendre fvS leçons , on dit ,
lire un livre , pour dire , l'expliquer , le prendre pour
fujet des leçons qu'il donne. Dans les ccole^dcTliéo-
logie,les Prokileurs lifoient !e Maître des Sentences
à leurs Auditeurs. Un Régent /if Virgile j Horace à
fes Ecoliers.
Lire , fe dit figurément en Morale. Découvrir ce qui
eft caché , les penlées , pénétrer julqu'au fond du
cœur. Intelligere , nofcere , cogncfcere. Dieu lie dans
nos amesjdans nos penlées. Les Altrologues fe vantent
de lire nos aventures &c notre dellinee dans les
cieux. Je lis dans vos yeux , lur votre vilage , ce que
vous avez dans l'ame. Ceux dont la conduite elf le
fruit d'une application chagrine & laboricufe , lailîent
lire fur leur vifage l'importance de leurs delleins.
P. DE LA Rue. J'ai tort de vouloir lire dans votre
cœur j je n'y verrois peut être que de la froideur &z
de l'indi.^lérence. S. EvR. Mais pourquoi veux je lire
dans une ame , où je ne trouverois que de la tiédeur,
& peut-être Az l'infidélité; Lett. Portug.
Je lis dans vos regards la fureur qui vous preJJ'e.
Rac,
On dit auffi d'un Joueur , qu'il lit dans le jeu
de fon compagnon , quand il découvre ks cartes
qu'il a en main.
.gCFLiR-E un dell'ein , lire la figure. Terme de Manu-
facture. C'eil; marquer en détail a l'ouvrier qui monte
• un métier , le nombre de fils qu'il doit prendre ou
lailler , afin de former fur l'étorte les mêmes figures
ou fieurs qui tont fur le delTein. Dicl. de comm.
^G* Lire lur le plomb, en termes d Lnpnmcrie j c'eft
lire lur Tœil du caraéfcre le contenu d une page ou
d'une forme. Le Compofiteur doit relire (a ligne (ur
le plomb , lorlqu'elle eft formée dans Ion Compol-
teur , avant que de lajuftifier & de la mettre dans la
Galée.
LU , UE. par. Leclus On met dans tous les Arrêts de
vérification ,lu, publié & enregilhé au Gretre de la
Cour. Ce Moniroire a été lu Se publié au Prône.
Lire. f. f. Inftrumentde Muhque. Voye'^ Lyre.
Lire , ou Lire sur Rille. Nom d'un bourg de France.
Lira , Lira ad liifclam. Il eft dans la Normandie ,
fur la Rille , à neuf lieues d'Evrcux , vers le couchant.
Il y a à Lire une Abbaye de Bénédictins. Hadr. Valois ,
Not. Gall.p. 2S I. Maty.
Lire, ou Lier e. Ville forte , capitale du Comté de Can-
croy. Lira , Lyra , Nivefdum. Elle eft dans le Brabant ,
au confluent de la grande &c de la petite Nèthe , à
deux lieues de Malines , vers le nord. Maty. On la
nommoit autrefois en Latin , Ledi , & Ledo. f-^oye^
Hadr. Valef. Not. Gall.p. x66 & 26/. Long. iz. d.
ii'.'lat ji. d. ç'.
LlRIA,ou LIRIAS. Nom d'un bourg d'Efpigne , fitué
fur la rivière de Guaudalaviar , dans le Royaume de
Valence , à fix lieues au-deftusde la ville de ce nom.
Larid. Quelques Géographes prennent ce bourg pour
la petite ville des anciens Conteftans , nommée Lau
ro , Lauron , Laurona , où les troupes de Célar dé-
firent & tuèrent Sextus Pompéïus ; mais d'autres la
mettent à Laurigue, bourg fur la même rivière, à
cinq lieues au-dclfus de Lirias. Ils prétendent que-
Zinas eft l'ancienne ville des Edétans, nommée Zeria,
Edela , & Hedela. Ce qui eft allez vrai-femblable.
Maty.
^i^ LIRIO. Nom d'une ancienne ville de la Cappadoce.
Liria, anciennement T ke m i fcy ra. E\]e étok autre-
fois conûdérablc , ik avoit un Évêché fuftragant d'A
L I S 5-5-9
mafie. Elle eft maintenant peu de chofe. On la trouve
dans l'Amalie , en Natolie , à rembou.,hurc du Lirio ,
qu'on nommcplus ordinairement le Calalmach. f^oy.
Casalmach.
LIRIOPÉ. I. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
Nymphe. Liriope. Elle cioit Nymphe de la mer,
ik fille de l'Occan ôc de Téthis. Elle eut Nar^-illé
du Hcuve Céphik , aujourd hui Céphillo, dans la
Béotie. f^oye\ Ovide , Mécam. L. liL v. 34-i-
Liriopé eft auftî le nom d'une fontaine de Béotie,
qui eft celle dans laquelle on feint que Narcille fe
noya.
LIRIQUE. /^oycij Lyrique.
LIRON , plus communément LOIR. f. m. Rat des
Alpes. Glis y mus Alpinus. Quelques-uns l'apcl-
pellent Rat liron &: lérot. C'eft Un animal qui
dort tout l'hiver dans les creux des arbres. Il
a le mulcau aigu , la queue grande , & le ventre
gros. Pluheurs croient que c'eft la même choie que
la marmote.
Ménage dit qu'il vient de lirone , fait de glis , gliris.
l^oye-^ Loir.
L I S.
LIS. f. m. Plante dont il y a plufieurs efpcces. Lilium.
Le Us eft une plante bulbeufe ,- il y en a dcdiftérentcs
couleurs: il s'en voit de pourprés, de blancs,
de couleur de mine ; les uns lans odeur , les autres
puants; du rouge lavé , du rouge vermeil , d'oran-
gé , de blanc de lait , & de plufieurs autres cou-
leurs. MoRIN.
Les lis veulent médiocrement de foleil , une terre
bonne & légère ,1a profondeur d'un empan , & autant
de diftance. On les lève , pour ôter la grande abon-
dance de peuple , après qu'ils font détieuris j & on
les replante aullî tôt. Morin.
Lis Blanc, que l'on appelle auIIî lis de notre -E)ame,
ou de S. Antoine de Padoue , parce qu il fteurit dans
le temps que viennent ces fêtes, eft connu de tout
le monde. Il y en a dédoubles, mais il Heurit très-
difficilement. Id.
Le lis blanc poulfe une tige à la hauteur dedeux ou
trois pieds, ronde, droite. Ses feuilles font longues,
allez larges , vertes , pâles liftes , luilantes , douces
au toucher. Ses fleurs naiiîent à fes fommets , premiè-
rement en têtes longues , qui s'épanouillent les unes
après les autres , compolées chacune de fix belles
grandes feuilles blanches comme du lait , d'une odeur
fuave , fort agréable d'abord ; mais qui caule louvenc
des maux de tête , quand on les fent trop long-temps.
Lorlque ces Heurs lont paftées , il vient des fruits
oblongs, relevés chacun de trois coins, & divifcs
dans leur longueur en trois loges remplies de femen-
ces bordées d'une aile. Sa racine eft un oignon gros
comme une noix, ou plus gros, charnu, blanc,
compofé de plufieurs écailles difpofées en manière de
tête , garnie de fibres en bas. En Latin , Lilium album
vulgare. J. Bauh. La racine de Us eft très-bonne pour
amollir , pour digérer , pour réloudre : fes fleurs font
humeitantes & adoucillantes. Il y a un /w orangé qui
eft femblable au lis blanc, excepté que fes feuilles
font moins larges: la tige croît à la hauteur d'environ
trois pieds , marquée de taches ; elle foutient en fes
(ommcts des fleurs de couleur orangée : fa racine eft
bulbeufe , blanche comme celle du lis blanc. En
Latin, Lilium purpurocroceum vulgare. C. Bauh.
Le Us a été chez tous les peuples eftimé pour fa blan-
cheur & la pureté. Jéfus-Chrift commande à (es Dif-
ciples de confidérer les Us qui ne travaillent ni ne
filent; cependant la Providence en a tant de foin ,
qu'elle les égale a la pourpre de Salomon. Virgile ,
parlant de Marcellus , veut qu'on lui piéfenre des
lis à pleines maiijs, au fixième Livre de l'tnéïde.
Lis , appelé La couleur de Mine. Lilium By{antimim
miniatum. De l'extrémité de (a tige, il répand de certai-
nes branches incarnates , delquclles pendent des fleurs
de couleur de mine; .^ parce qu'il a les feuilles fri-
I fées & hérillées, il y en a qui l'appellent Riche-
y^o LIS
Madame. Il s'en trouve aulli de jaunes. Morin. C'cfl:
un Martagon.
Lis-Flamme, que quelques uns ont appelé Tubero In-
dlano. Il poulie du pied quantité de grandes feuilles ,
pointues par en haut , dont la couleur eft blanchâtre
par le bas , Se d'un vert gai par le haut. Du milieu de
Tes feuilles, qui font nervculeSj épailles , larges &
longues prelque comme le bras, lort une tige noueu-
ie , au bout de laquelle il vient de grandes Heurs , qui
ont chacune iîx feuilles frifées par le bord. Elles lont
comme verdàtres par-dellous , &c violettes par-dellus,
mais velues , enforte qu'elles femblent de velours mê-
lé de quelques petites taches blanches. Ces feuilles
font traverfées par le milieu d'un certain trait relevé;
& du fond de la fleur, il s'cleve un certain brin en-
touré d'autres petits filets qui forment à (on extrémité
un petit bouquet, couronne de trois pierres précieu-
{^s,. Il fleurit au mois de Mars Se d'Avril. Les fleurs
n'en durent qu'un jour & iont tort puantes. Il vient
aflèz facilement par-tout , &: en grande quantité. Sa
racine léchée a la même odeur que l'Iris.
Lis Orangé. Quelques uns l'appellent Jacinthe des
Poètes. Il porte grande abondance de fleurs orangées,
marquées de quelques traits d'une couleur brune.
Morin,
Lis Paragoné. Terme de Flcurifte. Nom d'un œillet
parfait quant à fa fleur; car il eft très bien piqueté,
large & garni de feuilles : ion blanc eft fin , mais la
plante eft délicate , fujette à la pourriture , & fes mar-
cottes ne prennent racine que dans la couche , il on
ne le marcotte dans le commencement de Juillet; il
crevé , il on ne lui laille au moins fix boutons. Il fe
trouve à Lille. Morin.
Lis DE PoMPONE. Il eft femblable au précédent, mais il
a l'odeur puante &: défagréable. Morin.
Lis Pourpré, qu'on appelle Martagon de montagne.
Il jette du haut de la tige de petites branches où vien-
nent des fleurs d'un pourpre vif, tantôt plus claires
& quelquefois toutes blanches; les feuilles de ces
fleurs, en s'ouvrant, fe frifent îk. fe renverfent , de
forte que du milieu il s'élève certains petits brins avec
leurs petits chapiteaux; celui du milieu s'élève plus
haut que les autres. Morin.
Lis r ouge lavé , eft de deux fortes , le petit &: le grand;
le graïKl elf il fécond dans les fleurs, qu'il en produit
quelquefois jufqu'à foixante d'un rouge pâle , qui
tire à l'orangé. Le petit ne fleurit pas avec tant d'a-
bondance; mais fr couleur eft plus gaie.
Lis rouge vermeil. Il eft bien plus fécond en oignons
qu'en fleurs : il en produit une fi gr.inde quantité,
que non-'leulement ils fe forment entre le feuilles de
la tige , mais encore entre les Heurs : il eff d'autant
plus agréable , que fa couleur eft éclatante. Morin.
Il fe trouve dans les campagnes du Chili une fleur
femblable à cette efpcce de lis , qu'on appelle en
Bret.igne Guerméziaizes , & le Père Feuillée, Hcmero-
calis florihus purpurafcentihus Jlruuis. Son nom In-
dien ciT: Linco & non pas Liclu , comme il dit. Il y
en a de diflérentcs couleurs, & des iix feuilles qui la
compofent , il y en a toujous deux de panachées. De
la racine de cette fieur féchée au four, on fait une
farine très-blanche qui fert à faire des pâtes de confi-
tures. FrÉzier , p. 71. Hérodote afliire que l'on fai-
foit du pain du lotus j qui étoit auili une efpcce de
lis : peut-être que le Linto eff un lotus.
Lis de S. Bruno. Liliafirum. Plante qui pouffe cinq ou
fix feuilles longues & étroites , creufes , affez fermes ,
relevées j pointues, vertes. Il s'élève d'entre elles une
tige à la hauteur d'un pied, ronde, dure, verte, fou-
tenant en fa fommité plufieurs fleurs à fix feuilles,
blanches, odorantes, femblables à celles du /« ordi-
naire. Il leur f iiccede des fruits ou coques oblongues ,
divif"ées intérieurement en trois loges qui renferment
des f'cniences anguleufes. Ses racines iont comme de
petits navets , accompagnés de petites libres. Cette
plante croît aux lieux montagneux , fur les Alpes. Sa
racine eft propre pour atténuer ou incifer les hu-
meurs, pour chalfer les vents & exciter l'urine. Ses
fleurs font émoUientes (3c réfolutives. M. de Tourne
LIS
fort l'a nommée en Latin Liliafirum , parce qu'il ap-
proche du Ils. Ses fleurs & fes icmenccs font d'ufage.
Diofcoride dit que dans du vin, c'cil un antidote*
contre le poifon du fcorpion &: du phalungium j ef-
pèce d'araignée venéneufé , & qu'elles guérifïtnt les
tranchées.
§Cr Lis Asphodel. Fbye^ Asphodel.
§3" Lis Narcisse. LUio-NardJJus. Plante qui tient du
Lis tk du Narxijfe , & dont les diftérentes efpèces font
nommées dans les Auteurs, les unes Narcijfes , les
autres Lis , quelques unes Colchique. M. Tourne-
fort les réunit toutes fous un même genre avec un
nom dif^inctif. Sa fleur , compofée de flx pétales, ref-
femble à celle du lis ordinaire. A fa bafe eft un em-
bryon divifé en trois loges qui devient un fruit fem-
blable à celui du Narcifle. La racine eft bul-
beufe, couverte d!une membrane , en quoi elle
diftére de celle du lis. D'un autre côté la fleur cfl
lentiblement diftérente de celle du lis.
îpTA ce genre appartiennent le Narcifle d'Automne,
la Guernéfienne ( ou lis de Guernefey ). Lilio-Narcif-
fus Japonicus, rutilo flore ; la Belladone des îles , Nar-
cifle madame , ou Narcifle rouge (Lilio-Narcijfus
indicus faturato colore purpurascens ) ; plufieurs Nar-
ciffes de Perfe & de "Virginie ; le lis de S. Jacques ou
croix de Calatrava. f'oye-{ ces mots , & le Ils blanc
du Miftiflipi ( Lilio-Narciffus indicus puniilus monan-
thos albus ) ; Le Lis-Narciffe fphériquc ( LiUo-Nar-
ciffus indicus, maximus ^fphœricus ^Jloribus pluiimis
rubris liliaccis).
^^Lis Royal, /'byeif Couronne Impériale.
^fT Lis DE Perse ou de Suse. Voye\ Fritillaire.
IJCTLis DES Vallées. Voye^ Muguet.
Lis j en termes de Blafon , fe dit des fleurs dont l'écu
de France eft chargé. Son origine & fa nature font
affez controverfées chez les Auteurs. On ne voit
point avant l'an 1 1 jo, d'Auteur qui parle du Blafon :
fclon les gens qui ont remonté jufqu'aux fources de
cet art , il n'y a point eu avant ce tems de véritables
armoiries. Ces gens n'en exceptent aucune ^ pas mê-
me celles de France ; car de dire que ce fut un ange
qui les apporta à Clovis , ou que ce Prince les choiîit
au lieu de crapaux ou de couronnes que portoicnt fes
prédécelfeurs ; ce font , difent ces Cenfeurs, de petits
contes fans fondement , inconnus aux anciens Au-
teurs , &c inventés par des Modernes qui ont donné
des armoiries à Adam , à Eve , à Noé , & aux douze
Tribus d'Ifraël. Que voit-on fur les fceaux de nos
anciens Rois ? Leurs portraits , des portes dEglife,
des Croix , des têtes de Saints. Lh Gendae , Mxurs
de France J p. i yo.
On dit que nos Rois portèrent d'abord des fleurs
At lis fans nombre, dans un écu d'azur; mais on ne
convient pas de celui qui les a réduites à trois. La
plus faine opinion eft que ce tut Louis VII , dit le
Jeune , qui prit le premier des fleurs de Us , par allu-
fion à fon nom de Loys , & parce qu'on le nommoit
Ludovicus Florus. Aulli eft-ce le premier qui en uût
dans fon centre-fcel. Mais en quel tems Louis le Jeu-
ne prit-il les Us pour fes armes; Il y a bien de l'ap-
parence que ce fut quand il fe croila avec les Grands
de fon Royaume en 1147. Le Gendre.
Quelques-uns difent que c'cft Charles VI. Cepen-
dant dans un Manufcrit de la Bibliothèque du Roi,
coté ?3i(> J «Se qui contient des Inventaires des
Joyaux , 6'c. de Charles V , dont l'un a été fait par
lui à Melun en 1 579 ^ les 15 , 24 & 2; de Janvier; on
trouve ces mots , dix plats dorés à fruit , & à chacun
fur le bord troLS fleurs de lis fermées en manière d'ecuf-
fon , Sec. C'eft donc Charles V , ou même quelqu'un
de fes prédécefleurs , qui a réduit les fleurs de lis a
trois, & non pas Charles VI. Le premier fceau où il
paroiffe une fleur de lis , eft de Louis, lurnommé le
Jeune : fi on en voit fur les tombeaux véritables de
Childebert, de Chilpéric, de Frédégonde , de Dago-
bert , c'eft que ces monumcns ont été renouvelles,
ou faits depuis l'an 1 1 57. Ainfi , vrajfembiablement j,^
c'eft Louis le Jeune qui choifit les 1rs pour fes armoi-
ries. Dans le fceau d'une Ghai-trc du XII'= ficelé, ce
Monarque
L ï S
Monarque cft rcprclciitc tenant une fleur de /is ; ù
couronne en elt ornée, & lorlqu'il fit facrcr ton (ils , il
voulut que la dalmatique & les bottines du jeune
Roi, fuUêntdc couleur d'azur, &c leme-esde Heurs de
iis d'or. Ses luecelleurs n'ont point eu d'autres ar-
moiries, tous orit porte des Heurs de /is (ans nombre ,
julqu'à Charles V. Depuis le règne de ce Prjnce , on
commence à voir,,des écus qui n'ont que trois Heurs
de /is. Le Cendre , //•.
La monnoic battue lous Louis VII j efl: la première
furlaquclleonaitvu desHeuEsde lis. L'ccu eli: lemé de
Heurs de /« (ans nombre. Le Blanc. Selon l'opinion
Commune,ce tut Charles VI qui réJuilît les Heurs de /;s
à trois dans l'écu de FrancCi<!s: Charles V,Ion perc,eli: le
prcniierdonto]! trouve des fceau\ où l'ccu e(l couronné
d'une couronne ouverte & Heurdehlée. Cependant cette
coutume de réduire les Heurs de /is à trois, avoir com-
mencé l'jng-tems auparavant. On ne remarque que
trois Heurs de /is fur le fceau de Philippe de Valois ,
&c lur celui du Roi Jean attaché à une Chartrc de
l'an 13JJ. Id. Avant ce tcms-là, les Auteurs ont at-
tribué à la France , pour armes , trois croillans ou
trois couronnes, ou un navire, la pile & la croix,
un lion, un dragon, un aigle, un bœuf, des abeilles,
une allouette, des diadèmes & trois crapaux. Car
quant à ce qu'oii dit que les Heurs de lis turent ap-
portées par un Ange à Charlcmagne , ou à un Ermite
après le baptême de Clovis , ou que S. Denis les don-
na à la Maiton de France , comme dit Gerfon , c'eft
une opinion rélutée par tous les Savans, auHî bien
que celle de la bannière de Dannemarck, de la croix
de Touloule , des Ermites de Bretagne , que quel-
ques-uns ont prétendu auili être delcendues du ciel.
Quant à leur nature , quelques uns prétendent que
ce font des figures de lis de jardin, les autres des
bouts de (ceprre , diautres des pertuilanes Françoifes,
nommées Fruncifques j ou plutôt le fer de l'angon ou
javelot des anciens François , car la Francilque étoit
une coignée , comme nous l'avons dit au mot Fran-
cifque j & non point une pertuifane. La pièce du
milieu de l'angon étoit droite , pointue &c tranchante ,
les deux autres qui l'accompagnoient étoient renver-
fées en croiHans; une clavette lioit ces pièces, ce qui
faifoit, à ce qu'on dit, le pied de la Heur de Us ,
d'autres des iris, Hambes, ou paville. L'opinion la
plus probable eft que ce font des fers d'angon , parce
qu'elles en ont conlervé entièrement la figure. Ceux
qui tiennent que ce font des iris , croient qu'on a dit
fleurs de Us , par corruption de Heurs de l'iris; que
fon nom At fiambe a été caufe qu'on a nommé 01 i-
fiambe la Bannière de S. Denis Hcurdelifée, & que les
premiers Francs choifirent l'iris pavillée , ou le lis des
marais, pour marquer leur origine , à caufe qu'ils
venoient des marais de Frile, &: que celle du cimier
des Ducs de Bourgogncj qui efl: à quatre llcurons ,
repréfente une flambe entière. Les Critiques qui en
ont écrit, font ChiHet , le Père Triftan de Saint
Amand, le Père Ferrand, de la Roque, de Sainte
Marthe, Du Tillet en fon Recueil fur l'OriHambej
Dû Cange , fur l'hiflioire de Joinviile , le Père Mé-
neftrier, Cathérinot & le Père RouHét , Jéfuite, qui
a ramaHé ce que tous les Auteurs ont dit lur les Heurs
de Ils. On voit une Dillertation dans le troifième vo-
lume du Père Henfchénius , àe tribus Dagobercis ,
où il dit qu'il fe trouve une médaille de Dagobert I ,
où il eil repréfente tenant trois fccptresj pour ligni-
fier les Royaumes d'Auflirafie , de Normandie , de
Bourgogne , & de-là font venues les armes des Heurs
de Us , parce qu'étant liées enfemble par le baSj elles
iie^ rclfemblcnt pas mal a la Heur de la plante nom-
mée Iris , ou flambe , que les Allcmans appellent
Lifckblum, c'eft à dire , fl&ur de. lis , dont on leur
donna le nom : on les fit d'or, parce que cette fleur
eft jaune. On les mit en champ d'azur , à caufe qu'el-
les naillent ordinairement dans l'eau, dont la cou
leur elt bleue , & parce que les Latins ont appelé
cette Heur Lilium cœlefle , quelques-uns ont cru
qu'elle venoit du ciel. D'autres croient que Philippe
le Bel fit battre une monnoie qu'on appeloitJ?cn«,
Tome V.
L I S
5^1
à caufe que d'un côté il y avoit une croix fleurJelifée,
& que les liards prirent auJli leur nom du Us dont ils
portoicnt la marque.
0O~ M. liullet dans une dillertation fur les fleurs de /ij,
armoiries de nos Kois , imprimée avec d'autres en
'^l'i^-' prétend que les Heurs de Us font oiiginairc-
mcnt un ornement aibitraire dont les Artillcs parè-
rent les fceptres , les couronnes & les liabillemens
des Souverains. Cet ufage s'étant perpétué & univer-
(ellcment répandu , on s'accoutuma à regarder ces
fleurs comme étant propres aux Rois , ainli qu'une
clpèce de bleu eft appelé parmi nous bleu de Roi,
parce que c'eft la couleur adoptée par nos Monar-
ques. Dès qu'on s'en fut formé cette idée , on ne pue
l'exprimer qu'en appelant ces fleurs , ficurs de lioc.
Notre Nation , qui parloir encore Celtique fous les
deux premières races de nos Rois, ne trouva point
d'expreliion plus convenable pour défigner cet or-
nement j que celle de Heur de ly , parce que /y eu
Celtique lignifie Roi , Souver.iin. Lorfque l'ufage des
armoiries s'établit, nos Rois prirent ces Heurs pour
leurs armes. Rigord, Nangis & les autres, ne con-
noiflant point d'autre fignification au mot ly^ que
celle qu'il a dans langue Françoife, le rendirent par
/ilium, d'où eft venue l'erreur commune.
Mn Auteur récent qui a prétendu réformer notre
orthographe , prétend auffi que lys en ce fens doit
s'écrire par un ^ , ^ que ce mot eft féminin. Qu'on
écrive , dit-il , tous les autres mots par un ; j à l'excep-
tion des /ys Françoifes , où il fera refpeélé , car elles ne
doivent îouftrir aucun changement dans leur ortho-
graphe, comme elles n'en ont point fouftert, es: n'en
fouftriront j.imais dans leur gloire. Pour un Auteur
qui le donne pour Grammairien & pour réformateur,
c'ell & bien mal décider & bien mal railonner. XJy
ne doit raifonnablement avoir que deux ufages dans
notre langue. L'un dans les mots qui viennent du
Grec, & où il tient lieu de l'uplilon; l'autre, dans
les mots oùilhutun double d , comme emp/oyer y
ej/ayerj tournoyer j Sec. ik alors il n'eft point j' grec,
il eft double ii François , & n'a ÏK forme de l'y grec
que par l'erreur, ou Ci l'on veut l'ufige des copiftcs
qui ont écrit le double ii en cette manière i; dont on
a fait un_y. Or /is^, armes de France, ne vient point
du Grec j & ne demande pas plus un double ii que
/isj impératif du verbe lire. Quant au genre de ce
nom, il eft cert.Uneraent mafculin, & perfonne ne
s'avifera de dire , Us glorieufes , Us viclorieufes. Je ne
dis rien de la raifon de cet Auteur; il futnt de la pré-
fenter. Les Us , dit-il , n'ont fouftert aucun change-
ment dans leur gloire, donc ils n'en doivent fouffrir
aucun dans leur orthographe ,' fût elle mauvaife.
L'Auteur peut compter qu'on ne fuivra ni fes déci-
fions , ni fon exemple , ni fa manière de raifonncr.
Les Rois d'EcoHe portent une bordure chargée de
fleurs de Us depuis la fin du VIP fiècle, que Charlc-
magne , en mémoire de l'alliance conclue entre la
France & l'Ecolfe , fit graver le lion d'EcoHe dans un
écu dont la bordure étoit de Heurs de Us entrelacées,
& l'envoya a Achaius Roi d'EcoHè. Larrey.
Les lis le blalonnent diverfemcnt. Il y a des Us au
pied nourri, ou au pied coupé ^ qui font fans queue.
Quelquefois les Usiani repréfentés tels qu'ils font fur
le pied qu'on blafonne Us naturels , ou /is de jardin.
Le /is renverféc9s: celui qui eft tourné fens deflus def-
fous, qui repréfente une forme de cloche fendue par
le bas. Le /is eft le fymbole de l'efpérance , de la
beauté , de la pudicité , comme on voit en plufieurs
médailles Romaines. L'ancienne Bannière de France
étoit femée de fleurs de /is fans nombre. Les Cham-
bres des Cours Souveraines , & même celles des Jufti-
ces Royales , lont tapiflées de fleurs de Us. Les Chan-
celiers & les Gardes des Sceaux ont droit d'avoir des
tapiiferies femées de fleurs de Us ^ & on dit des Juges
dans leur tribunal , qu'ils font alîîs fur les fleurs de
lis.
On appelle Us , une pièce d'or marquée au revers
du pavillon de France , qui vaut fept livres. Il y avoir
aufli des Us d'argent qui valoient vingt fous , qui
Bbbb
'y6Z
L 1 S
n'ont pas eu cours long-teais. Cette monnoie ne dura
que jufqu'cn 16^7. , ,v -1 •
Les lis d'or & d'argent ont commencé d'être bbn-
qucs au mois de Décembre 1655. Lilium aurcu:n. Par
Ordonnante du mois de Décembre 165;, le î-îoi or-
donna qu'au lieu des louis d'or & d'argent , il leroit
fabrique des lis d or &c des lis d'argent , du poids &
remèdes , y mentionnés. Ainli la fabrication des louis
d'or (In: d'argent fut difcontinuéc dans la Monnoie de
Paris pendant l'année 1656, parce qu'on y fabriqua
des//j; mais elle ne le tut pas dans les autres Mon-
noies du Royaume , parce que la Cour rendit Arrêt
le 29 Janvier de cette année la , par lequel elle or-
donna que les Fermiers des Monnoies contmueroicnt
la fabrication des louis d'or & louis d'argent , jufqu'à
ce que celle des lis y eijt été établie, ou qu'il eût été
autrement ordonné. Le Roi depuis décria les lis d'or
^- les Ils d'argent de tout cours & mile, ceux-ci le 8
Avril i6f8, &i ceux-ia le iS Mars 1679. Boizard,
Pan. I. chup. jo.Lc lis d'or pefe trois deniers ^ grain.
Il y en a 60 & î au marc : Ils font au titre de 23 ca-
rats & \ au remède d'un 5 de carat. Les lis d'or
étoient à 24 carats î à la taille de 6q 4 au marc, pe-
ùnt trois deniers , trois grains i trébuchant la pièce,
ayant cours pour lept livres. Les lis d'argent étoient
à onze deniers douze grains d'argent hn , de trente
pièces & 7 au marc, de hx deniers cinq grains trébu-
chant de poids chacune , ayant cours pour vingt fous ,
les demi-lis pour dix fols , Si les quans de lis pour
cinq fous. Ces efpèces étoient de plus haut titre & de
plus haut aloi que toutes nos autres monnoies. Le
Blanc.
Fx'UR. DE LIS , cH encore un fupplice qu'on fait fouffrir
aux larrons de ville & auxcoupeuis de bourfe. Lilio
fcrreo ardend nocare.'Qn les condamne à être flétris
dune rieur de lis qui s applique lur l'épaule avec un
fer rouge marqué d'une fleur de lis.
Lis, fe die figurément i?c poétiquement, du Royaume
de France , qu'on appelle l'Empire des lis , à caulc de
fcs armes , comme on dit aufll l'Aigle pour l'Empire,
ie lion pour les Piovinces-Unics.
Elle a pris ndijjdnce des lis 'Voit.
Pour dire , elle defcend des Rois de France.
Jamais Prince des lis ne fut fi triomphant. Main.
Pour dire , jamais Roi de France , &c.
Cette valeur extrême par qui refleuriirent nos lis ,
ne fera plus rien. 'Voit, pour due, par qui les aflùires
de France profpèrent. Ces fortes d'expreflîons lont
plus de la po'èlie que de la profe, du moins il faut
s'en fervir rarement.
On dit de ceux qui exercent quelque charge de Ju-
dicature Royale , & fur tout dans une Cour hipé-
rieure , qu'ils font allis fur les fleurs de lis , à caufe
que leurs fièges font couverts de tapis femés de fleurs
de lis. Ac. Franc.
Les fleurs de Us dans les armoiries fignifient lou-
vent qu'on a eu quelque charge chez le Roi.
On fe fert encore figurément du mot de lis , pour
exprimer une grande blancheur. Un teint de Us &
de rofe , pour dire un teint extrêmement blanc & ver-
meil ; & poétiquement on dit , les lis de fon teint , de
fon vifige. Le tems flétrira ces Us & ces rôles.
Hier je rencontrai ma charmante Philis,
Les yeux étincelans & la bouche allumée.
. Elle avoitjurfon teint cent rofes contre un lis ,
Et de mille defirs paroijfoit enflammée. Mont.
On fe fert encore de ce mot , pour fignifier quel-
que choie de délicieux : la Nature voudroit un che
min femé de rofes Se de lis ; mais la Grâce veut qu'il
foit rempli de ronces & d'épines. Ab. de la Trait.^
On dit par manière de proverbe, que les lis ne li
L 1 S
lent point , pour dire que le Royaume de France ne
tombe point en quenouille. On applique à cela ce
que dit Notre Seigneur dans l'Evangile. Confiderate
lilia ûtyij quomodo crcfcunt , non laborantneque ntnt.
Un lis qui fe fait remarquer dans un parterre au
milieu des autres fleurs. Plebeii ceditc fluorés , eft une
devile qu'on Ht pour feu M. le Duc , lorfqu'il écudioit
au Collège des Jéluitcs.
Lis, étoit autrefois le nom d'ane machine de guerre.
Lilium. Les lis étoient des pièces de bois , des pieux
de la grolfeur du corps d un homme , qui étoient
plus menus par en haut que par en bas , &c le termi-
noient en forme de lis , qui n'eft pas encore épanoui.
On les lioit enfemble avec des liens de bois d'olier,
& ils fervoicnt à fortifier u;i camp. C'étoit à-peu -près
ce que nous appelons maintenant palillade.
Lis. Ordre de Notre-Dame du lis. Ordo LiUi, ou à
Lilio diclus. C'elf un Ordre militaire qui fut inftitué
par Garcias l'V , Roi de Navarre, en 1048. L'Ordre j
du Us, ou de N. D. du lis ^, étoit compofé de trente-
huit Chevaliers. Le Roi en étoit Grand-Maitre. L'a fin
de cet Ordre étoit de déf^endre la Religion & ie
Royaume contre les Maures , dont l'fXpagne alors
étoit pleine. Ce Prince étant guéri d'une maladie en
même tems que l'on trouva à Nagera une Image mira-
culeufe de la fainte Vierge dans un Us, inibtuacet
Ordre en mémoire de ce prodige. Il le compofa de
trente-huit Chevaliers qui faifoient vœu de s'oppoier
aux Maures, & il voulut que lui & fcs (ucceileurs en
fullént les Grands-Maîtres. Le collier de cet Ordre
étoit une chaîne entrelacée de plufieurs M Gothi-
ques , ptemière lettre du nom de la fainte Vierge
Marie ; de cette chaîne pcndoit un Us d'or , émaillé
de blanc, fortant d'une terrafl'e de lynope , & fur-
monté d'une grande M. Favyn , dans fon HijL de
Navarre , L. IIL p. 1 4J > & dans fon théâtre d'hon-
neur , parle de cet Ordre. Cet Auteur dit que ce fut
à l'imitation de Robert, Roi de France, inftituceur
des Chevaliers de Notre Dame de l'Etoile , & pour
perpétuer dans la Navarre la dévotion à la Mère de
Dieu.
Il y a parmi les Officiers de la Chancellerie de
Rome , trois cens foixante Chevaliers du Us. Le P.
Bonanni attribue leur origine à Paul III, qui, pour
foulager l'Etat Ecclcfiaftique qui étoit fort obéré, &
pour défendre le patrimoine de S. Pierre , oii les
Turcs fiifoient de fréquentes courfes, créa en 1 J98 ,
cinquante Chevaliers, auxquels il donna le nom de
Chevaliers du Lis. Ces Chevaliers portoient ancien-
nement pour marque de leur Ordre , une médaille
d'or fur laquelle il y avoir d'un côté l'image de la
Vierge , & de l'autre un Us , avec ces paroles : Pauli
III. PONP. MAX. MUNUS. P. HÉLYOT , T. FUI.
C. jS.
Lis, OU Lys. Monnoie de l'Ordre des Chevaliers de S.
Jean de Jérutalem. Lilium. Les lys font des pièces
d'argent marquées d'une fleur de lis tirée des armes
de France ; il en falloir fix pour faire un florin de
Pvhodes. Quelques-uns croient qu'ils tirent leur /lom
de Robert de July , Maître , qui ordonna que chaque
amiéc on donncroit un Us à chaque frère, mais ce
règlement eft peu certain. De 'Vertot.
Lis. Monnoie d'argent frappée en Savcje , d'un vingtiè-
me moins pcfinte que l'écu de France de 60 ious, &
à peu -près au même titre.
Lis. Terme de Manufaélures de toiles. Il lignifie à-peu-
près ce qu'on entend par les gardes du rot , ou peigne
d'un Tillerand, c'eft à dire , les grofles dents qui
font aux extrémités du peigne.
LIS , ou LYS. ( LA LIS. ) Nom d'une grande rivière des
Pays Bas. Ldtia, Lcgia , Lifa. Elle a fa fource à Lif-
bourg dans l'Artois , traverfe la Flandre , & fe jette
dans l'Efcaut, à Gand , après avpir baigne Tc-
rouenne , Aire, S. Venant, Armantières, Mcnin ,
Courtray ;, Deinfe , &c. Maty. Les Flamands la
nomment Leye. 'Voyez Hadrien Valois j Kot. Gai.
p. z6o.
l.ISA. f f. Terme de Fleurifte. Nom d'une Tulipe qui
eil: rouge, orangé (Si jaune. MoRiN.
L I S
LISATZ. Sorte de toiles qui viennent dtfs Indes, de
Peiic & de l.i Mecque.
LISBONNE. Nom de l.i ville capitale du Royaume de
Portugal. Oiijjipn , OlyJJipo , UlyJJipo , Lisbona.
Elle clt dans Itlhamadure , iur le Tage , à deux
Ikucs de Ton embouchure dans l'Océan. Cette ville
e(l grande; elle a deux lieues détendue le long de la
rivière, d'où elle s'élève en forme d'amphithéâtre Iur
une colline voifine. Ses rues font étroites & mal pro-
preSj mais elle ne laille pas d'avoir plulieurs grandes
places , & plufieurs beaux édilices , dont le Palais du
Boi, lîtué Iur le bord du Tage , eft le plus magnifique.
Lisbonne cil détendue par deux citadelles, dont l'une
cil far la colline, qui commande la ville. Elle a un
Archevêché & un Patriarchat que le Roi y a fondé
depuis deux ans , Se dont le Siège eft la Chapelle du
Roi. 11 y a audi à Lisbonne un Parlement, ou Con-
feil Souverain. C'eft une ville des plus marchandes
de l'Europe. Son port eft excellent, les plus gros na-
vires y peuvent aborder ; il en peut contenir un très-
grand nombre, ayant une lieue de largeur. Plulîeurs
forts garnis de canon qui lont le long du TagCj jul-
qu'à Ion embouchure , les garantillent des attaques
des ennemis. Les Portugais eftiment li fort cette ville,
qu'ils difent en proverbe, que qui n'a pas vu Lif-
bonne,n'ù. pas vu une choie bonne. La ville de Lisbonne
eft d'une extrême longueur , parce que l'on a bâti un
grand nombre de mailons (ur le bord du Tage , pour
la commodité & la facilité du commerce. Ec port eft
un des plus fameux de l'Europe. Le Hux y monte à la
hauteur de trois toiles; les vailFeaux y lont dans un
bon abri , à caufe des montagnes circonvjoifines , &
peu éloignées de la rivière du Tage. De la Neuville,
mjl. de Portugal , T. /. p. jj. Aullîtôt qu'Eugène
m eut fu qu'Alphonfe I avoit pris Lisbonne fur les
Infidèles en 1 147 , il accorda le titre d'Evêché à cette
ville. Un Etranger nommé Gilbert, en fut le pre-
mier Evêque, en conlacra la grande Mofquée, & l'on
en fit l'Eglife Cathédrale. Dans la fuite j Boniface IX
qui tint le S. Siège depuis 1 390 julqu'en 1404 , Péri-
gea en Métropole. Idem , p. jj & pr. Lisbonne eft
à 58 d. 40 min. de latitude leptcntrionale. La diffé-
rence de Ion méridien à celui deParisj eft 13 occid.
par conléquent elle eft à 7 d. de longitude. Lisbonne
eft 1 1 d. 57' 45" plus occidentile que Paris. Sa lati-
tude eft 38 d. 4;' 2j". Couplet , ^c. des Se. ijoo.
Mém.
176.
0CT Cette ville fut détruite par un tremblement de terre
arrivé le premier Novembre 17 J5. On travaille à lui
rendre fa première fplendeur.
Le nom de Lisbonne , & celui de Lisboa , que
les Portugais donnent à cette ville , viennent de
fon nom Latin Olyjtppum , ou Olyfippo , que quel-
ques Auteurs croient être formés de ces deux mots
Grecs '.ênis-ia. , ou '.^^^-ilr îio^iî, ville d'UlyjJe.
Lise A BIANCA. Nom d'une petite île déferre de la
mer de Tofcare. Infula Alba. Elle eft parmi celles
de Lipari , à deux lieues de celle qui porte particu-
lièrement ce nom. On la prend pour l'ancienne E-vo-
nymus. Maty.
I LISERAGE. f. m. Terme de Brodeur. C'eft l'ouvrage
qui le tait fur une étoffe , en en contournant les
fleurs & le dellein avec un feul fil ou cordonnet
d'or , d'argent j de (oie, ou de laine.
LISERE, f. m. On appelle ainfi l'ouvrage de brode-
rie , que l'on fait autour de quelque choie. Ora.
J'nnite ceux qui ne favent ni broder , ni peindre ,
& qui veulent travailler en s'amulant. J'ai dérobé
mes matières , j'ai rempli une découpure affez bi -
farre,& j'ai fourni le liféré. Claville.
Liséré. Terme de Blafon. Voye\ Ménétrier , au
mot CUBLÉZE.
LISÉRÉ, ÉE. par. paiï. Une fleur liférée.
LISERER. v..a. Terme de Broderie. Simularis limbum
ornare , diflinguere. Broder des fleurs , des figures ,
ou des ramages fur une étoffe , avec un cordonnet
d'or , ou de foie. Liférer une jupe. Liftrer des
fleurs.
Ce mot vient apparemment de itfiére , qui figni-
Tome y.
LIS- ^6^
fie bord , comme on le va voir en fon lieu. Ou aura
dit d'abord ///iVr^r, dont cnfuite on aura tait liférer ,
pour dire , faire une liliérc , ou un bord a quelque
choie.
LISERON, ou LISET. f. m. IMantc dont il y a plu-
lieurs cfpèces j la plupart dcfqucUcs s'entortillent
autour des corps voilins , d'où vient que les Latins
lui ont donné le nom de Convolvulus , du verbe
convolvi , qui lignifie s'entortiller ik fe rouler. Le
grand liferon poulie des tiges longues , grêles , lar-
menteules , qui s'élèvent haut en rampant , em-
brallant les troncs des arbres & des arbrilleaux voi-
(ms , & I-e liant à leurs branches. Ses feuilles ref-
lemblent à celles du lierre , mais elles lont plus
grandes , plus molles, plus douces au toucher,
pointues , vertes. Sa fleur a la figure d'une clo-
che, de coultur blanche. Quand elle eft tombée,
il lui fuccède un fruit prelque rond , gros comme
une petite ccrile , membraneux , contenant des
lemcnces anguleulcSj noirâtres, ou quelquefois rou-
geâtres. En Latin convolvulus major albus. C.
Bauh. Pin. 294. Le Ufcron rend du lait j il eft dé-
terlif , vulnéraire ; propre pour l'afthme & pour
les ulcères des oreilles. Il eft propre à faire des
berceaux dans les jardins pour le mettre à l'ombre.
Le Pellboqui de l'Amérique méridionale eft une
efpèce de liferon, ou lierre terreftre. Frezier. /?. 73.
LISET. f. m. ou LISETTE, f. f. Ce dernier Icmblc
être le plus ulité. Folvox , convolvulus , volucra.
La Quintinie l'appelle lifcite. C'eft un petit infeélc
elpèce de Scarabée , qui en Mai & en Juin coupe les
jeunes jets des arbres fruitiers , & les bourgeons de
la vigne, quand ils font encore tendres. De-là vient
qu'on appelle aulîi cet inleéfe coupehourgeon ,
ébourgeonneur &c couturitre. Le mâle eft vcrdâtre,
&: la femelle bleue. La lifeue a gâté tous les jets de
nos arbres. La Quint.
Lisette, f. f. Nom de femme, diminutif de Louife,
dont on a fait Louifecte & Lifette. Ludovica. Dans
l'ufage ordinaire on ne dit plus Lifette , mais Loui-
fctte , & même plus fouvent Louifon. Dans les Co-
médies , & dans la Po'c'he Paftoiale , ou dans des
Épigrammes , ou lemblables pièces qui font dans
le genre b.^din , bas ou familier, on dit encore fou-
vent Lifette. Dans l'École des Maris , la Suivante
de Léonore s'appelle Lifette.
Lisette. En quelques lieux on donne ce nom à un
petit couteau qui ne coupe prelque point, que l'on
donne à des enfans. Cultellus.
LISEUR , EUSE. f. LcB.or , Leclri.x. Se dit de celui
qui ht , & eft de peu d'ufage.
Grand lifeur de Rouans. Bon.
Dans le ftyle grave & fcrieux on diroit Lecteur.
Si elles veulent faire les lifeufes , il faut que ce foie
dans de bons Livres , &: non pas dans ceux où l'on
apprend la malice. MademoilcUc L'Héritier. Toute
cette phrafe eft du ftyle bourgeois.
U^" Liseur. Terme de Manufatfure. C'eft celui qui
lit le defl'ein ou la figure d'une étoffe , quand on
en monte le métier, royeii Lire.
LISIBLE, adj. m. & f. Qui eft aile à hre. Quod fa-
cile legi potejl , leccu facilis. Les gros caraélères
font plus lifibles que la nompareille. Un Livre im-
primé eft plus lifihle qu'une écriture de chicanne.
L'imprelTion Gothique n'eft ni belle , ni lifible.
LISIBLEMENT, adv. D'une manière lifible. Difinclè.
On écrit fort lifihlement les Placets , toutes les écri-
tures des Finances.
LISIÈRE, f. f. Le bord d'une étoffe , ce qui borne fa
largeur des deux côtés ; & fe dit tant des étoffes de
foie , que de laine , ou de fil. Limbus , ora. Les
Marchands connoiirent par les diverfes raies qui
font fur les l-fières du velours , s'il eft à trois ou
quatre poils. La lifi<:re eft l'endroit le plus fort de
la toile. Il n'eft point néceffaire d'ourler du côté de
la lificrc.
Lisière fe dit aulTi de certains cordons , de certai-
Bbbb \]
5^4 LIS
nés .bandes d'ctofFe j qui font atracliées à l.i ro'oc
d'un petit enfant , ik dont on le fcrt pour le pro-
mener j ou pour lui apprendre à mareher , ou pour
le tenir, quand il commence à marcher, de crainte
qu'il ne tombe. Lorum , fnfcia, funiculus. Tenir un
■enfant par la iijière. Mener un entant encore à la
iijiirc. Remettre un enfant à la lifiire.
Il y a des gens qu'il faut mener par la lifùre , pour
■fie les point perdre. Mener par la Ufien , c'ell di-
riger quelqu'un , le conduire , le mener comme on
mène un enfant. L'origine de cette façon de parler
vient des lïRhcs avec lefquellcs on l'outient & on
aide à marcher un petit enfant.
Ménage dérive ce mot de lifura , qui eft un terme
Barbare , dont Voilius fait mention..
lisiÈRE j le dit aulli des bornes , des extrémités d'un
champ , d'une forct^ d'une Province , d'un Royau-
me con/îdéré comme limitrophe d'un autre. Finis ,
limes , cermini , ora. Les champs qui aboutilknt au
grand chemin', ont fouvent leurs lifières mangées
par les moutons qui y palfent. Les bêtes fauves en-
fiomniagent fort les terres qui font lur les lifitres
des forets. Les Ennemis vouloient entrer en cette
•I-'rovince , mais ils n'ont ruiné que fes lifieres.
On appelle dans les forêts arbres de lifière , ceux
qui font fur les extrémités des forêts qui les fépa-
rent des chemins , ou des autres héritages, .'arbores
extrême , extima.
Lisière, en terme de Poëde ancienne, fe difoit de
la fin des vers -, & on appeloit rimes de Ujiire ,
celles qui étoient au bout des vers , par oppoiîtion
à celles que les vers nommes léonins avoient au
milieu. Fauchet dit que les anciens Romains met-
toient vingt ou trente vers tout d'une lifiere , ou
■terminailon.
On dit proverbialement , les lificres font pires
que le drap , quand un homme le détend d'être
d'un pays décrié , & qu'il ne s'en dit que voifin.
LISIEUX, Nom d'une ville Épifcopale de France.
Lcxovii ^ Lexobii , Lexovis , Civitas Lexoviorum ,
Lcxovium , anciennement Neomagus. Elle eft en
la Haute-Normandie , fur la rivière de Lezon, à
•cinq lieues de la côte', entre Rouen & Cacn , à
dix lieues de la dernière , & à fei^e de l'autre , dont
fon Evêque eft futrragant. Maty. J'^oye-^ Hadr. Va-
lef. Not. Gall. p. 2js 3 ^7^- I-if^^ux eft à i S de-
grés de longitude j & à 49 degrés 6 minutes de
latitude.
LISLE , ou LILLE. Nom d'une ville des Pays Bas.
InfuLz , Infula. Elle eft capitale de la Flandre Wa-
lonne , et fituée fur la rivière de Deule , à fix ou
fept lieues de Douai , vers le nord. Cette ville fut
prile par les Françok l'an 166 y. & elle fut cédée
parla Paix d'Aix-la-Chapelle l'an 1668. Les Enne-
mis la prirent en 1708 , & l'ont rendue par la Paix.
Elle eft bien fortifiée, & détendue par une fort bonne
citadelle. Elle eft fi coniidérable par ft grandeur ,
par les manufaélures &: par (on commerce , qu'on
la compare à Lyon. Matv. Lijle tut fondée en
1007. par Baudouin le Barbu, Comte de Flandres.
Ce nom lui a été donné parce qu'elle eft dans un
pays rempli de petites rivières qui l'environnent.
L'ijle eft à zo d. 45. min. de longitude , (ifcà jo d.
33. m. de latitude feptentrionale.
LISME. f. m. Etpèce de tribut que les François du
Baftion de France payent aux Algériens &: aux Mau-
res du pays , (uivant les anciennes Capitulations,
pour avoir la liberté de la pêche du corail , & du
commerce au Baftion même , à la Callc , au Cap
de Rofe , à Bonne & à Colle.
I-ISMORE. Petite ville de la Momonie , ou MUNS-
TER en Irlande. Lipnora. Elle eft fur la rivière de
More, ou de Black-Watetj entre Corke et Wa-
terfoid ^ à onze lieues àc la première , tk. à treize
de la dernière. Lifmore a un Évêché uni à celui de
Waterford. Maty. Long. 10. d. 9', Lat. ji. d. i'.
LISOIR. f. m. Terme de Charron. C'eft une pièce
de bnis qui eft au-delTus des ellîeux d'un carrolfe ,
laquelle porte les moutons qui foutîenncnt le corps
L I S
du carrolle. Fulcrum. Les lifoirs font débités dans
les forêts de fix pieds de long, de lîx à fept pouces
de large ^ & de quatre à cinq d'épailfeur.
LISONZO , ou ISOINJZO. Nom d'une rivière de la
Carniole. Ifonûus j Sondas. Elle travcrfe le Comté
de Gorice , où elle baigne la ville de ce nom, &c
celle de Gçidilca , traverfe une partie du Frioul ,
ik va fe décharger à l'entrée du golfe de Triefte ,
vis-à-vis de Capo d'Iftria. Maty.
LISPOR. Petite ville du Royaume de Décan , en la
prcfqu'île de l'Inde , deçà le Gange. Lifpora. Elle
eft dans la Province de Balaguate ^ près de la rivière
de Guenga , entre Doltabat & Béder. Lifpor eft un
lieu fortifié , & il y a des foires où il le fait un
grand commerce de diamans & d'autres pierres pré-
cicutes. Quelques Géographes la prennent pour
V Hippccura de Ptolomée , que d'autres mettent à
Onor. Maty. ,
LISSA, f. m. Terme de Mythologie. lAiripidej dans
Ion Hercule furieux , met la déelle Lijfa au nombre
des Furies , parce qu'elle inlpiroit la fureur & 1^
rage , d'où elle avoir tiré fon nom. Junon j dans
ce Poète , ordonne à Ins de conduire cette Furie
armée de lerper.s auprès d'Hercule , pour lui infpi-
rer les tuteurs qui lui firent enfin perdre la vie.
Lissa. Nom d'un île du golfe de Venife. Lijfa , Ijfa ,;
Hijja. Elle eft au couchant de celle de Curzola, &
au midi occidental dç celle de Lellina. Lijfa peuc
avoir lix lieues de circuit , & elle appartient aux Véni-
tiens. Maty.
Lissa , ouLesno. Nom d'une petite' ville de la grande
Pologne. Li(fa. Elle eft dans le Palatinat de Polna ,
à quatorze lieues de la ville de ce nom , du côté
du midi. Maty.
LISSE, adj. m. & f. Ce qui eft poli , uni. Lievis. On
le dît particulièrement d'une étofte qui n'a pas pallé
fous la calandre pour y taire paroitre des ondes. De
la moire /i//f eft celle qui fort des mains de l'ouvrier,
qui n'eft pas tabilée & ondée. Tous les corps /ijjes
font trpids au toucher. Cela eft lijji comme du verre.
Une colonne IiJJè eftline colonne dont le fiât eft uni ,
fans cannelures & fans ornemens.
§CF Lisse, en Botanique. Glaber ^ fe dit de la partie
d'une plante qui n'a point de poils , ou ne paroît
pas en avoir. F'oye-^ Poils.
^fF On le dit aullî des fruits dont l'écorce eft toute
unie j comme le marron.
Ce mot vient du Grec V«;^ , qui fignifie la même
chofe. HuET.
PÊcHE-LissE. T'^oye-^ Pêche.
Lisse, f. f. Liciiim. Aftemblage de plufieurs longs filets,
de foie , ou de laine , ou de corde , étendus fur les'
métiers des Sergiers, Rubannicrs , Tapilliers , fai-
feurs de Brocards , & Cordiers , qui fervent de
bafe &c de fondement pour faire divers ouvrages,
en y appliquant de travers d'autres filets de plu-
fieurs fortes de matières ou de couleurs. Ainfi on
appelle des rapilferies de haute ////e , de bafte lïffe\
du ruban double en liQc , celui qui eft épais , &
plus fort qu'à l'ordinaire. On ks appelle dansjes
étoti'es chaîne , & ce qui traverfe trame. En ce fens
il faut écrire lice, f^oyc^ Lice.
En terme de Marine , on appelle lijfe du hourdi ,
le dernier des baux ou potitres de l'arrière, qui fert
à l'afifermiftement de la poupe. Tabulati ad puppim
trais extrcma. Sa longueur eft environ des deux
tiers du maure bau. On appelle lijjes de porte-hau-
bans , de longues pièces de bois plates qui régnent
le long des portehaubans, pour tenir les chaînes de
hauban dans leur place.
On dit liffes de pont , c'eft la première préceinte
qui fe trouve au niveau du tillac : lifjes de gabarit ;
c'eft la baloire , les lattes & les planches, qui font
employées pour les modèles Si les façons d'un vaif-
feau ; lijje de couronnement , &c.
Lisse , eft auffi un allêmbl.ige de longues pièces de
bois bout à bout , lelquellcs forment une elpèce de
ceinture dans le corps du bordage du v.iillèau , Se
font la liailbn des pièces de charpente qui compo-
L I S
L I T
fcnt le corps du bàtimciir. On les appelle aullî ,
ceintes , priceintes , chuinte & carreaux. Voyez
CCS mots.
M. Ftézicr cciit lice , mais mal. Un bon hais de
fud-ouefl devint un peu aptes en iie, avec des ra-
fales & des grains épouvantables , de forte que nous
avions la /ice il l'eau lousies deux balles voiles j les
ris di-dins. FrEzier.
Lisse. C'ell un iullrument dont les Lingères fe fervent
pour lillcr leurs ouvrages , ts: dont les Corroycurs
ufent pareillement pour donner la dernière hi(,'on à
leurs cuirs de couleur , après qu ils ont rc^u leur
dernier lulhe.
LISSÉ. Terme de Confifeur. On appelle du fucre cuit
à lijfe' , lorlqu'en prenant du hrop avec le doigt j
ik le mettant lur le pouce , il ne coule point , mais
y demeure rond comme un petit pois. Le lucre à
/iffe eft le premier degré de cuillon du lucre ; le
• . urop qu'on fait pour les compotes de pommes de
reinette 3 doit être cuit à lii[Je.
LISSER, v. a. Rendre lilfe, poli & uni. Lîvigare ,
poUre. Les Maîtres Ecrivains Ujfcnt leur papier , les
£mpefcufes leur linge, les Cordonniers leurs ta-
. Ions de cuir. La calandre peut aullI lijj'er en k (er-
vant de rouleaux polis.
Lisser la laine, c'eit 1 ouvrir en la remuant avec les
lilîoires , pour lui faire prendre également la cou-
leur.
LISSÉ , ÉE. part. On appelle des amandes lijfées , des
amandes pelées & couvertes de fucre.
LISSERON. f m. C'eft la partie du métier des Tlifu-
tiers-Rubanniers, qui foutieat les lilles , & qui aide
à faire l'ouvrage. Les lijjcrons font un nombre de
longs tilets , bandés vers le bas par un poids , &
ayant vers leur milieu d:3 boulettes pour recevoir
des ficelles tranfverfales , qu'on appelle Rames.
LISSETTES. f. f. pi. On nomme ainfi dans la fabri-
que des gazes , des ficelles au même nombre que
celles des lilfes , qui font attachées cinq à cinq
aux fourches ou arbalètes , & qui fervent à laire
lever les hls de la claaine pour le delkin de la bro-
chure.
LISSOIR. C. m. Inftrumenr qui fert à lilFer le linge ,
le papier Si autres chofes femblables. On en tait de
verre , de marbre , de buis bien tourné Se bien poli.
Lissoir. Ternie de lainage. C'eft une perche qui lert
à bralfer & remuer la lainç.
Du Cange dérive ce mot de lifcha , ou lifca ,
qu'on a dit dans la balfe Latinité en la même ligni-
fication.
LISSURE. f f. Polillure fiite avec un lilfoir. Poli-
I tara , politio. La lijjure du papier le rend plus pro-
I pre à écrire.
XISTAOS. f m. pi. Toiles rayées de blanc Se de bleu ,
j qui fe fabriquent en divers lieiix d'Allemagne. Les
Hamburgeois en portent beaucoup en Elpagne ,
d'où elles palfent anx Indes occidentales.
LISTE, f f. Prononcez \'f. ''ifJ° Catalogue de plufieurs
j noms. Syllabus , album. La /(/?e desConfeillers d'E-
' tac J des Maîtres des Requêtes. La lijle des Con-
feillers au Parlement. La lifte des Avocats s'appelle
Tableau. La lifte des Morts &c des Blelfés dans une
bataille. La lifte de ceux que le Roi veut récom-
penfer. La lifte des Prédicateurs.
|C? Quoique ce terme s'applique particulièrement anx
perfonnes , on le dit quelquefois des chofes. Lifte
des Bénéfices vacans , & iifte de ceux qui y ont été
nommés.
Ce mot , félon Du Cange j vient de lifta , qui
figniiîe un bord , ou une marge , ou liftère que les
Anglais appellent Itfte , Se les Allemands /«//?, par-
ce qu'on écrivoit ces petits catalogues fur de petites
ianisres de parchemin , & ainfi on a appelé les
orfrois des chapes d'Eglife. Pluviale cum liftis auro
textis.
LISTÉ , EE. adj. Vieux mot , qui fignifie bordée , qui a
un bord, une bordure.
jéy
*£'r pendant à leur col maint fort efcu lifté.
Ciiron. deBert. du g.
LISTÉE, ou LIFrV. Nom'd'une petite rivière delà
Lagénic. Liffius ^ Libmus. Elle baigne la ville de
Dublin J ik le décharge peu après dans la mer d'Ir-
lande. ALVTY.
LISTEL, ou LISTEAU, f m. Terme d'Architeélure.
Ceinture , moulure carrée j petite bande ou règle
qu'on met en quelques endroits , pour fervir d'orne-
ment dans l'Architecture. C'eft au(l: l'cfpace plein
qui eft entre les cannelures des colonnes. Stria. On
l'appelle aulli filet ou carre.
Ce mot vient de l'Itahcn ///?«, bande, & liftelle ,
ceinture.
LISTENOI. Nom propre dune Maifon illuftrc en
France. On prononce Liftené , quoiqu'on écri-
ve Liftenoi : il y en a qui ne fichant pas la véri-
table oithographe, ccrivciuXi/?e/2«i, à caufe de la
prononciation.
LIS 1 HYELL. ^-^oye^ Lestithiel.
LISTO , & GNIOSA. Ce font deux petites îles de la
mer Méditerrmnée. Lift us , S<. Gniofa; autretois,
Alyli InfuU. Elles doivent être vers la côte méridio-
nale de l'ik- de Candie. Maty.
LISTON, f. ni. Terme de Blàfon. Petite bande en for-
me de ruban , que l'on mêle ordinairement avec les
ornemens de Técu , & fur laquelle on écrit- quelque-
fois la dcvifc. Fafcia.
LISTRE. A'byt'çLYsTRE.
L I T.
LIT. f m. Couche , meuble meublant préparé pour le
repos , ou la commodité de l'homme , loit pour dor-
mir la nuit, loit pour reprendre fes forces dans la
maladie. Lecius , cubde. Un lit eft compolé d'un
bois de lit ^ d'une paillalle , d'un litAc plume , d'un
matelas , d'un traverlin , de deux draps , & d une
couverture , d'un dblller , d'un ciel , ou d'un fond
délit, des pentes, rideaux, bonnes-grâces, courte-
pointe. On appelle un tour de lit , ou un lit en houfp: ,
un lit qui eft entouré d'une garniture, qui eft fuf-
pendue , mais qui ne fe tire point comme les rideaux.
On appelle un lit d'Ange , celui qui n'a point de
quenouilles , ou piliers , & dont les rideaux fe re-
troullent. On 1 appelle encore Ut à la Duchefe. On
appelle /ir de repos , un petit lit fins rideau & fins
pavillon, qu'on met ordinairement dans un cabinet
pour fe repoler. Un lit de fangles, ou baudet, celui
qu'on drefte lur un chalîls pliant & portatif, qui fe
fourient par des fingles attachées d'un côté à l'autre.
Lit de veille ; c'eft un lit drellé pour veiller quelque
malade. Lit de grandeur , c'eft un grand lit de gens
mariés. Lit nuptial , Lecius genialis , ou Nuptialis ,
c'eft le /i/'oiiles nouveaux mariés couchent la pre-
mière nuit de leurs noces. Bénir le 'lit nuptial. \i\\
lit de camp , c'eft un Ut portatif qui fe démonte
ailément , pour porter à l'Armée , ou en voyage.
Les Turcs n'ont point de lits , mais feulement àz%
matelatsj qu'ils étendent la nuit fur un fopha.
On dit ordinairement :
Le lit eft une bonne chofe ,
Si l'on n'y dort, on y repcfe.
Ce mot s'eft formé du mor Latin lecius , que Fcf-
rus dérive de lego , pris dans la lignification d'aniaf-
fer ; parce qu'on ramalloit les chofes dont il étoic
conipofé d'abord, c'eft à dire , des feuilles , de la
paille , en un mot de la litière ; car ce furent là dans
le commencement les lits que les hommes fe firent.
D'autres A'alUcio , parce qu'il attire , il invite au re-
pos. Voye:^ Vollîus , Etymolog.
Lit de parade , eft un Ut magnifique dreiïé dans la
princip.-ile chambre d'un appartement , où d'or-
dinaire on ne couche point, & où l'on expole quel-
que temps les Princes , ou les grands Seigneurs
k66 lit
quand lis (ont morts, pour les hùie voii au peuple.
I ; t JuSTrcH^Trônc fur lequel le Ror ea a l:s ^
qu'il va au Parlement. On du que le Koi t en
tnUt de Jupcc Mic,^^'^U^ en {on Parlement de
Snf tenu- une (e...nce (olemnelle lousun haut da.s
quiefî préparé à cer effet. TnbunaL /"'^'^^'"'".•.^^^
Roi ne ùcnt Ion Lu de Jufucc que pour- des art-u s
qui concernent l'Etat s alors tous les Olrhciers du Par-
lement font enrobes rouges. Sur les hauts bancs lont
lesPnnces du Sang , cV les Pa.rs du Hoyaum • Le
<^i-ind Maître , le Grand Chambellan , cV le 1 evot
de Pans Su aux pieds du Roi lur lesde.rcs Dans
lePuqu t,£c (ur les hèges d'en bas font le Chance-
e ks Préfidens, & les ConleiUersdu Parlement.
Maisquandle Ro-.entauParlementpurul honorer
de fe piétence , & (ans tenir Lu de jujh.c , 1 sOtti
ciers du Parlement font en robes noues a ordinaiic.
S c'ell a 1-audience , le Roi ell allis en Ion haut hege
à mam gauche , le Chancelier , les PreUdens, les
Cardinaux , Se les PairsEccléliartiques-,a main droite ,
les Princes du Sang , les Pairs Laïques , ^ntuice es
Maîtres des Requêtes , & les Conlei 1ers du Pail ■
jTient , fclon leur rang d'ancienneté. U Lu de JuJU-
ce s'appelle autrement Trône Royal des Rois de
France, félon Du Tillef, aujourd'hui on ne dit que
Lu de Jujuce. Foyc^ cet Auteur fur 1^ ^//1,-^' ""
ce, L P.p. ^5 r -'-'i'^ > -^"^- ^Hl ^' ^' ^
11 y a chez la Rcme des Dames d honneur , qu on
appelle Dames du lif.
Un lit de chambre, /ea« cuhicularis , ou cubicu-
larlus; c'étoit celui où Ion pallo.t la nmt pour dor-
mir : un lu de table , ou de lalle a manger , leclus
difculntor-ius , ou mclirmns ; cz,: les Anciens man-
geoient couchés for des lus. On te metto.t d ordi-
naire trois for chaque 7;r: la place du m.heu etoit
la plus honorable, audibien que le lu du milieu
celui du haut bout de la table après , & celui du bas
bout le dernier. Les Juils prirent des Romains 1 ulage
de manger couchés for des lus , comme i paroit par
h dernfcre Cène de Jéfus-Chrill, & par d'autres en-
droits du Nouveau Teftament. Les Romains avoient
encore un lu d'étude. Leclus lucuhratorius. Ils por-
toi-nt auifi leurs morts au bûcher for un /,f, ou dans
.unelitiére.Propert. I. IF. Ele^.J- v- i«-Martial,
Liv. FIIL Epigr. 44. v. i -f- Ce//^ s'appclloit Emor-
tualis, ou Funebris , c'cft à dire , lu mortuaiie , com-
me nous difons drap mortuaire.
Lit fe dit aulfi quelquefois de quelques unes de les
pu tics. iCr 1°. Du bois , du fond du lu (eulement.
Un lu de bois de noyer. Un lu de fmgle. 2°. Du
tour de lu foulement. Un lu d'hiver. Un lu A^K.
Un /irde damas , de velours. On dit aulh un lu de
plume. C'eft un efpècc de matelas hit de plume ,
un coutil rempli de plumes, de la grandeur du lu.
3°. Pour le matelas & le lit de plumes , les draps c\'
les couvertures. Un bon lu. Un lu bien mollet.
On appelle le chevet du lit , l'endroit ou l on
met le traverihi, où l'on pofe la tête. Cervical. Les
vieds du lu, le côté oppofé , où font les pteds ;
le devant du lu, le cc.té où l'on te mer pour rece-
voir ceux qui rendent vilite quand on eltau/if; la
ruelle du lit , le côté oppofé , par lequel on parle
aux domeftiques. . r r ,■ 'i
On dit qu'un homme le jette (ur ton //r.quil
eft au lit, qu'il garde le lu , qu'il (e tient au//f, lort-
qu'il e(t indifpofé, ou parelleux -, qu'il elt au lu de
la mort , quand il eft malade à l'extrémité. Un Empe--
leiir difoit, qu'il falloit qu'un Prmce , ou General
d'Armée, mourût debout, qu'il ne mourut point
dansfon lit. Oportet Jjnperatoremjlantem mon
Autrefois en Bretagne à la mort des Recteurs ,
(c'eft ce que nous appelons ici Curés), les Archi
diacres & les Archiprétrcs s'attribuoicnt leur /;/.
Au Concile de Nantes de l'an i45i.ccAf f-ut elhm.'
cinquante fous pour les Refteurs , qui payoïcnt
cinquante livres de décimes , Se au-deftus jidqu a
cent , & cent fous pour ceux qui paVoient plus de
cent livres de décimes; &: il fuç défaidu aux Ar-
L I T
chidiacres & Archiprétres de prendre davantage.'
Lit , fe dit aulÏÏ de tous les lieux où l'on le repofe.
Grabatus. On fait dans les jardins des lièges , des
lus de gazon. Les payfans, les toldats n'ont fou-
vent d'autre lit que laterre. Ainii Théophile a dit
d'un Caporal.
Et mon \'n ne /aurait branler j
Que par un tremblement de terre.
On dit que les éléphins femelles fe font un
Ut de branches d'arbres avec un chevet pour at-
tendre le mâle ; car ils s'accouplent à la manière des
hommes. /--ci
Lit, fe dit figurément en chofes morales , & lignihe le
mariage. Dieu a béni le lu de ces mariés , il leur adon-
né lignée. ' ■
Une loi moins fevire a mis Claude en mon Ik..
Rac.
On appelle des enfans du premier , du fécond,
du troilième lu , ceux qui font du premier , du
fécond , ou du troifième mariage. On dit aulh qu'une
femme a fouillé fon lit, fa couche, quand elle a
commis adultère. On tient que Neûancbus Roi
d'Egypte , avoir trompé Olympias , & fouille le
lit de Philippe fon hôte. Du Rver. On dit qu'une
femme couche au grand lu , ne fiit point ht à
part , ne fait qu'un lit avec (on mari , pour dire,
qu'ils font bien unis enfemble. Ce dernier eft fa-
milier.
Lit brifé, fignifie dans quelques Coutumes, ma-.
ri^gf diifous , ic'çix.c , jolutum matrimonium.
On dit figurémcnr , qu'un homme eft mort au ht
d'honneur ^ pour dire , qu'il eft mort à la guêtre
en homme d'honneur , pour la Foi , ou pour ton
Prince; ou en général , de tout homme qui e(t mon
dans les fonéfions d'une charge , d'un emploi hono-
LiT, lignifie aulh le canal d'une rivière, le folfé creux,
le canal où l'eau coule. Alveus. Le Nil tous les ans
fort de fon //r pour inonder l'Egypte _, cV la rendre
fertile La rivière de Loire change touvent de lu.
On a creufé le lu de la >Seine en plulieurs endroits
pour la rendre navigable. Fleuve lerre dans lon/.f.
Vaug. , • , 1
On appelle lit de ntarée ,yi\-\ endroit de la mer qui
fe rencontre ordinairement dans un détroit, & ou
il y a un courant rapide & dangereux. On appelle /^r
de canal , ou de réforvoir , le fond qui eft de table,
de glaite, de pavé, ou de ciment.
lirdu vent , en termes de Marine , fe dit for mer des
lignes ou direcbions par Icfquelles le vent touftlejon
dit le lu du courant dans le même fens. } entivuz,
/Imita. Tenir le lu du vent. Etre au lu du voit.
Lit k dit aulh en matière de chofes minérales & k)l-
fiîes de certains étages ou couches de matière quon
trouve difpofces les unes for les autres dans une cer-
taine étendue de terrain quand on y ( >ni\k. ^tratum.
On trouve en cette montagne un lu de pierre, un
lu de marne, un /zf d'argile , d'ardoife, de terre
vitriolée , de plâtre , &c. ^ , r ■ ■ A. U
Lit en Macoainerie, fo dit 1°. De la fituation de a
pierre dans la carrière ; .^De la turtace for laquelle
on pofo une pierre, foit adivement , fou pa hve-
ment ; celle for laquelle elle s'appuie s'appelk ht de
delTous , celle for laquelle une autre pierre sappuic
s'appelle //r cf.- dejfus. Lortque ces furtaces ont in-
clinées à l'horizon, comme d..ns les voufto.is iv
clavaux, on les appelle lu en jf»!^; ï^.'^f ".^jP^"!
une carrière , lu tendre, c'eft celm de dellous-
Ar dur, c'eft celui de delfos. Dicl. de Pemt. &
On 'le dit auffi de ces couches qu'on fait par art.
Pour frire une foupe , un Cuilmier met un^«
de pain , c^c un lu de fromage; pour (aire du i. op
un /7r de tranches de pommes c\- mi /;f de (ucie./-c«
Chiimftes mettent des to de fouttrc, dantimoihC..
LIT
ie Cch, de charbon , 6c. pour faire les opérations ,
ik ils appellent cela Stracfflcadon , ou Jlratum fupcr
jhatum , qu ils déiigncnc par i> S i).
<^n dit aulli eu Maçoiiueric , un lit de pierre ,
pour dire, une allile , un étage de pierre , & jonite
de lit , le mortier qui ell entre deux pierres pofées
l'uiie iur l'autre. On appelle lit di vonjjoir , ou de
claveau, le côté caché dar.s les joints. On appelle
lit de pont de bois, le plancher compolé de pou-
trelles ôc de travons , avec fon couchis.
Lrr. En termes de Chirurgien & d'Accoucheur , l'ar-
rière-faix ou le placenta s'appelle Ar^ parce que l'en-
fant ell couché dellus.
Lit de fumier. Cclt , parmi les Jardiniers, un étage
de plulieurs fourchées de fumier fur une cert.'.i-
iie largeur. Stratum Jiercoris , Jîerqudinium. Pour
faire une couche de cinq pieds de large, & de trois
pieds de haut , il faut mettre quatre lits de fumier
l'un Iur l'autre.
Lit , le dit proverbialement en ces phrafes : Comme on
fait (on lit on (e couche ; pour due , on tire du pro-
fit des chofes, luivant qu'on les a préparées. On dit
auiîî , que le lit efl: l'écharpe de la jambe; pour
dire , que quand on a mal à la jambe , il faut le
tenir au lit ; de même qu'on met le bras en écharpe
quand on y eft blcllé , & qu'on y a du mal.
■ On dit aulll de ceux qui ne font que manger iS^'
dormir, qu'ils vont du /if à la table j& de la table
au lit. On dit , qu'il faut prendre un homme au
faut du lit; pour dire, de bon matin ^ quand il le
lève.
LIfA. Nom d'une petite ville, autrefois Épifcopale.
Let,i j Lete. Elle elt dans la Macédoine , vers le
golfe de Salonichi , à lept lieues de la ville de même
nom , du côté du couchant.
LITAGE. f. in. Terme de Manufaclure de drap , dont
les Teinturiers fe fervent aulll, C'eft l'aifion de liter
les étoMes.
LI lANIE. f. f. Terme de Liturgie. Litania. Dans l'Églife
on appelle Litanie , les Procelïïons &c les prières qu'on
fait pour appaifer la colère de Dieu, pour détourner
quelque calamité dont on efl menacé, pour remercier
Ditu des bienfaits qu'on reçoit de fa bonté. Siméonde
Thellalonique, qui donne dans fon opulcule contre
les hérélies cette notion de la Litanie , ajoute que la for-
tie del'Églile dans la Z/fd/2id , marque la chute & le
péché d'Adam , qui fut challé du Paradis terreftre, lîgu-
ré par l'Eglife , & que le retour à l'Eglife , mar-
que le retour d'une ame à Dieu par la pénitence.
Les Auteurs Eccléliaftiques &c l'Ordre Romain appel-
lent Litanie les perfonnes qui compofent la Procel-
fîon , & qui y alfiftent. Du Cange dit que ce mot
fîgnifioit auucf ois ProceJJïon. A l'occafion d'une pelte
qui ravageoir Rome l'an 590. Saint Grégoire , Pape ,
indiqua une Litanie , ou Procellîon à fept bandes ,
çui dévoient marcher au point du jour le Mercredi
fuivantj lortant de diverles Égliles pour fe rcndie
toutes à Sainte Marie Majeure : la première troupe
etoit compofee du Clergé; la féconde des Abbés,
avec leurs Moines ; la troilîème des AbbelFes _, avec
leurs Religieufes; la quatrième des enfans ; la cin-
quième des hommes laïques; la lixièirle des veuves;
la leptième des femmes mariées. Chaque troupe
etoit conduite par les Prêtres du quartier. On croit
que de cette ProcelTIon générale eft venue celle de
Saint Marcj qu'ils appellent encore la Grande Lita-
nie. Fleury. On a appelé autrefois le jour d£ Sairjt
Mavcla grande Zifiz;2;e. Le Concilede Tolède tenu en
948. dit, Can. 6. On jeûnera la grande Litanie,
c'eft-àdire , le jour de Saint Marc , comme les
Rogations. Fleury : Eijloire EccUfiafùque , Li
vre f f,
LITANIES, f. f. pi. Ceux qui difent LJtanies , parlent
mal. Mén. &c plus mal encore le peuple ignorant ,
qui' dit quelquefois les Zctanies. C'eft une formule
de prières qu'on chante dans l'Eglife à l'honneur des
Saints, ou de quelques Myftères, loiten général , ou
en particulier. Litanid Elle contient certains éloges ,
ou attributs , à la fin de chacun defquels on leur
L I T yd7
fait une invocation en même termes. Les Litanies di^i
Saints le chantent au retour des Pioceilions avec cette
réponfe , l'ricz pour nous ; 6c eu celles qui regar-
dent les Perfonnes de la Sainte Trinité , on dit.
Ayez pitié de nous.
On donnoit au lixièmc llècle le nom de Litanie,
à ce que nous appelons aujourd'hui le Kyrie, elei-
J'on. On accula 5. Grégoire Pape , d'avoir introduit
cette Prière ou iiwwie; mais foixantc& dix ans aupa-
ravant , le Concile de 'Vailon téinoignoit que cette
Prière étoit reçue par le Saint Siège. D ailleurs on ne
voit pas quel mal il y avoit à Tintroduire.
Les grandes Litanies (ont celles des Rogations ;
elles ont été mftituécs par Saint Grégoire le Grand.
Le Concile de Mayence , en 815. dit, Can. ^j.
On oblervera la grande Litanie pendant trois jours ,
& on y marchera nuds pieds avec la ccndrj & le
ci lice.
On appelle aulîl litanies les trois jours qui précédent
la Fctede l'Alcennon de Notre Seigneur ,& que nous
nommons communément les Rogations. L abftincuce
des Litanies, ou Rogations, n'eft pas li ancienne
que le jeûne des Quatre Temps , & n'a pas été li uni-
yerlclleinent obfervée dans l'Eglife. Tout le monde
lait bien l^ue S. Maniert, Éveque de Vienne, fut
en 474. 1 inlfituteur des Litanies des trois jours qui
précédent l'Alccnhon ; & fans y avoir égard , l'£-
glile ae Tarragone célébroit ces Litanies dans la fe-
maine.de la Pentecôte, & au mois de Novembre;
& l'Eglife d'Elpagne les ordonna dans le mois de Dé-
cembre. S. Maniert , dans l'inititution de les Lita-
nies, y joignit non feulement l'abftinence, mais
encore le jeûne. Grégoire de Tours, //i/?. L. L.c.
j^.DiJfert. fur le LI. Canon du Concile de-Gironne
tenu en yij. Mem de J'rév. 1 7 i 4. p. JpSo.
On nomme ainlî ces jours , parce que l'on y fût
des Procellions auxquelles- on chante les Litanies
des Saints.
Ce mot eft fait du Grec >^i'"'<^i ^JltppUcation. le
P. Pezron iroit plus loin : comme il a prétendu qup
litare eft pris du lit des Celtes , qui veut dire ftte ,
folennité , parce que c'eft dans les fêtes qu'on a cou-
tume dç lauedeslacriiices ; il tireroi't aulli apparem-
ment le ^T/a , ou /if^-ia des Grecs , du lit des Celtes ^
parce que c'eft aux jours de fête qu'on a cou-
tume de faire des fupplications & des prières aux
dieux.
Les BoUandifteSj au II. Tome des mois de Juin
de leurs Acla Sancl. p. jyp. remarquent j après les
frères Macri , qu'il y a beaucoup de dirrerence entre
Litanie &c L&tanie. Car , dilent-ils , Litanie fe prend
pour une Procellîon inftituée par le peuple , & enfui-
te pour une certaine formule d'invocation des Saints,
que l'on chante dans ces Procellions , &c qui com-
mence par Kyrie , eleifon. Mais Latanie lignine un
jour de tctc tk. de joie j comme il paroît par les Let-
tres de S. Grégoire Z. //^. Ep. $4. où ce laint Pape
lait le dénombrement des Litanies , ou jours foleii-
nels ; auxquels il eft permis aux Archevêques dcpor-
t^'r le pallium. Or ie pallium ne fe portoit jamais
hors de l'Églile , & tant les grandes que les petites
Litanies fe font hors ds l'Eglife.
On appelle proverbialement une longue /iw^/ir, ou
kyrielle, c'eft à-dire , une longue luite de perfonnes
de titres , ou de paroles , qui compofent un récit
ennuyeux.
]ean rn invite à dîner avec cérémonie ,
Et me jaitune litanie •
De trente conviés que je ne connoispas :
Serviteur à fon grand repas ;
J'aime à manger en compagnie.
SÉNECÉ.
On dit auflTi , Mettez-moi dans vos litanies ; pour
dire j fouvenez-vous de moi , priez Dieu pour moi,
longez à mon affaire. On feroit une grande litanie
des Saints qui fuient invoqués. Du Loir, p. 28 S.
LITAR , Le Cap. HTAR. Ceneum , ou Caeneum Pro-
5(58 L I T
montonum. Ce Cap eft la pointe la plus occidentale
de l'île de Ncgix'pont , & qui regarde la l'hellahe.
Il y a fur ce Cap une petite ville qui porte fon nom.
Maty.
LITCHEW. r. m. Terme de Relation & de Calen-
drier. C'ell le nom de la première des vingt-quatte
parties qui coaipofent l'année des Cathaïens. û'Her
BELOT.
LITCHI, ou LICHI. f. m. Nom d'un fruit excellent
qui croit en diverfes Provinces de la Chine. Lkhi.
Les meilleurs litchis viennent près de Hinghoa ;
on les porte de- la en polie à la Cour , pour les y
manger frais. Le litchi eft le fruit d'un arbre fort
grand & fort haut. Ses feuilles approchent de celles
du laurier. Au bout des branches il produit des efpè-
ces de grappes , qui font compolces de ce fruit. Il
ji'ert pas aullî ferré, ni en aulli grand nombre que
les grains de laifin dans une grappe; il ell aulli
attaché par une queue plus longue. Il a la ligure
d'un cœur , & ell de la grolleur d'une noix. Il ell
revêtu dune écorce , mais cette écorcc ell mince j
& fe rompt fort ailément avec les doigts. Il y a de-
dans un noyau blanc d'une odeur & d'un goût fort
agréable , & qui fenc la rofe. Quand le litchi eft mûr ,
il eft rouge à l'extérieur , & fait fur l'arbre un fort
bel eftct. L'os , ou le noyau qui eft dedans', eft en-
touré d'une matière qui relfemble à de la gelée cou-
leur de rofe ■, elle fe tond dans la bouche , & elle eft
délicieulc.
Le litchi vient dans la province de Fokien , & dans
tous les lieux qui lont au midi , mais principale-
ment dans le territoire de la ville de Fochcu; les
Portugais de Macao l'appellent leur Llchlas. Voyez
ï'Amb. des Hùll. à la Chine , P. II. p. po.hsV.
Le Comte dit que le litchi fe trouve dans la Province
de Canton. Il eft de la grofteur d'une noix ; le
noyau long tk. gros, paro'it couvert d'une chair
molle, pleine d'eau, & très agréable au goût: je
ue lai aucun truit en Europe qui en approche. Cette
chair eft rentermée dans une écorce chagrinée en
dehors , tort mince &: terminée en pointe comme un
CEuf : quand on en mange beaucoup , on en eft oïdi-
jiairement incommodé, ik il eft li chaud, qu'il fait
iortir des furoncles par tout le corps. Les Chinois le
laillent lécher dans l'écorce même , où il devient
noir ik ridé comme nos pruneaux. On en mange
ainlî toute l'année ; «Se l'on s'en lert ordinairement
dans le thé pour lui donner un petit goût aigre , qu'on
aime beaucoup mieux que la douceur du lucre. P.
Le Comte. J'ai vu du litchi en France , & j'en ai
•goûté ; il éioit dclféché comme nos pruneaux , &
ne lailloit pas d'avoir encore quelque chofc d'agréa-
ble ; mais cela n'approchoit point du goût exquis
qu'on dit qu il a quand il eft trais.
LITCHOU. f. m. Tetme de Relation , & de Calen-
drier. Nom de la troilième des vingt-quatre parties
que contient l'année chez les Catha'iens D'Her-
BELOT.
LITE. f. f. Nom de divinités payennes. Lita , Lite.
Les Lues font dans Homère des divinités qui p^é-
fenteiit à Jupiter les vœux & les prières des hom-
mes. Voye:^ dans rOdyftée , L. XI.
Ce mot eft Grec j Air» fignitic , fuplic.uion
prière.
LirEAU. f. m. 'Terme de ChalTe. Cublle lupi. C'eft
le lieu où repofe le loup durant le jour.
Liteau , terme de Commerce , fe dit de certaines raies
de diliérentes couleurs , que l'onconferve le long des
pièces de drap , entre la lilière & l'étofte , pour faire
conno'itre qu'elles font de bonne teinture.
Liteau , fe dit aullî des raies bleues qui traverfent les
toiles d'une lilîère à l'autre. Il n'y a que les pièces
de toiles pleines qui (ont deftinées à faire des nappes
& des ferviettes , qui aient des liteaux.
IÎCFLITER.v. a. Terme de Pêche &de Draperie.
Liter du poillon lalé. Terme de Pêche. C'eft l'arran-
ger par lits daus les gonnes , hambourgs &
barils.
Liter un drap. Terme de draperie. C'eft coudre ou
LIT
attacher avec du gros fil, ou de la menue ficelle
certaines petites cordes de la giolTcur du bout du
fictit doigt, ie long de la pièce entre l'étotfe &: la'
ilîèie, afin que la partie qui en a été couverte ne
puilfe prendre la teinture , ik. qu'elle conferve
toujours fon fond ou pié , ce qui eft proprement
la preuve de la bonne teinture de l'étoffe.
CÎCTLITÉ, ÉE. part. f^oye\ le verbe.
CCTLITHARGE. f. f. Terme de Pharmacie. Sorte de
compoluion formée par le mélange du plomb &
de l'écume de l'argent lortqu'on le rafine dans le
plomb fondu. Cette matière fe purifie &c fe divife
pour les uLages Pharmaceutiques en la préparant
ou en la pulvérilant a l'eau. Lithargyrium j Lithar-
gyrus ,argenti plumho mijil fpuma.
Il y a deux elpèces de litharge , une jaune tirant
fur le rouge , approchant de la couleur de l'or. On
l'appelle en Latin Lithargyrium auri , ou ckryjitis ,
en françois litarge d'or. L'autre a une couleur qui
tire (ur celle de l'argent : on l'appelle en Latin Lithar-
gyrium argentl , ou argyrltls , & en François lithar-
ge d'argent. Je trouve encore dans Monet , Litharge
plombée , lortant de la fonte du plomb , Molyhditis,
La dittérence des couleurs de ces deux litharges , ne
procède que des différens degrés de chaleur qui leur
ont été donnés dans la fonte. La litharge d'or a été
plus long-temps calcinée que la litharge d'argent*
Les litarges font 'déliccatives , déterlives , rafraî-
chillantes , elles donnent la confiftance à fluiieurs
emplâtres. Les Potiers de terre s'en fervent pour
donner à leurs pots un beau vernis de couleur de
bronze : elles font aulîl employées par les Peintres,
par les Teinturiers , par les Pelletiers , par les
Vitriers. La litharge mêlée dans le vin lui donne une
coideur plus vive , plus de feu , <Sr en diminue le
ver ; mais elle a de très mauvais effets pour la fanté.
Audi la Police a t-elle détendu ce mélange. V^oyc^
De la Marej Traité de Police, T. I.p. s^^ 3-
Ce mot eft compofé de deux mots Grecs, ;''i"of ,
pierre, & Kf/u^os , argent ^ comme qui à^Kov. pierre
d'argent.
En termes de monnoie , on appelle glette^ ou
litharge , l'impureté des matières qui a coulé de
la coupelle d a^tinage , & ces termes de glette
(St de litharge font lynonymes. Boizard j P. I.
C. 20.
LITHÉSIEN. f. ou adj. m. Terme de Mythologie.
Sutnom de l'Apollon de Mêlée ou Mélia. Lithejius.
On l'appeloit ainii , dit Etienne de Byzance , parce,
que dans cette ville la ftatue de ce dieu étoit!
poiée fur une pierre : /■'»»! , llthos , en Grec , fî-
gnifie^Diem;.
LITHEUVIE. Foyei Lithuanie.
LITHIASIE. f. f. Terme de Médecine. Formation de '
la pierre , manière dont la pierre le torme dans ie
corps humain. Lithiajis.
Lithiasie , ou Lithiasis , eft aullî une maladie desl'
paupières, qui coniifte dansde pentes tumeurs dures
& pétrifiées, engendrées lut leurs bords. On les nom-
me autrement gravelles. Elles lont caufécs par une
lymphe épailîe , endurcie & convertie en petites (
pierres ou tables dans quelques crains glanduleux, ouf
dans quelques vaifteaux lymphatiques , ce qui les '
rend enkiltées. Col de Villars.
On retient en Latin &c en François le terme de)
LlthlaJis , pour lignifier le calcul , ou la maladie t
calculeufe. .><.>i«i.- , de -':'«'' , pierre. Col de Vil-
lars.
Ce mot eft Grec, Ad.'^.-is, qui fignifie la mê-_
me chofe , eft le mot dont nous avons formé celui |
de Llthiajïe.
LITHOBOLIES. f f. Terme de Mythologie. Nom
d'une fête qui fe. célébroit autrelois à Troezène. i;
Lithoholla. Quelques habitans de Troezène ayant i
lapidé dans une (édition deux filles de l'île de Crète ,
nommées Limia Si Auxélia , on ordonna que pour
appaifer leurs mânes on célébreroit une ièts tous'
les ans , &C cette fête fut appelée Lithobolies.
Ce
L I T
Ce mot vient de au'oÔo'a/k , forme de ^''O'' , pierre ;
&• ,s«A/iJ , je jette.
LITHOCOLLE, f. F. Ciment avec lequel on attache
les pierres préciciil'cs , pour les tailler (ous Li meule.
Lïthocolla. On le fait de poix réline & de vieille bri -
que. Pour les diamanson ulc de plomb fondu , où on
les cnchâllc ; avant qu il (oit tout- à-lait rehoidi.
Tour les mortiers j on les lait avec de la poudre de
marbre &c de la colle forte. Et pour coller les éclats
de pierre on y ajoute du blanc d'œuf & de la poix.
Ce mot vient du Grec Àiôij- , pierre j & de «-o/Aa ,
colle.
LITHOGRAPHIE, f. f. Defeription des pierres. Lltho-
graphïa. C'cll un Livre, un Traité , un Ouvrage (ur
les pierres & leur dcfcription. Un Auteur Suédois ,
nommé Bromelli a 4omi<^ 'I-tis les Acla Lie. Sue-
cica , une Lithographie Suédoile , dans laquelle il
décrit les pierres qui (e forment dans les plantes ,
dans le corps des animaux , dans les diftérentes parties
du corps de l'homme ; les pétrifications, ou loililes
pétrifiés qui le trouvent dans la terre , & qu'il regar-
de avec raifon comme des relies du Déluge uniyer-
fel j & des preuves de la vérité de nos fiintes Écri-
tures , aulli-bien que Léibnitz , Woodvard , & beau-
coup d'autres.
Ce mot vient de >.li^ , pierre , 6c i/fxipu , je
décris.
LITHOLABE. f. m. Pincette dont on fe fert dans la
Lithotomie pour failir le calcul. A/eoA«S«». De/iô®',
uncalculj &'««'«"», failir. Dict. de James.
LITHOLOGIE, f. f. Sciences des pierres, Lithologia ,
de A (1;; • , pierre , Se >^iy&- j difcours. La Lithologie
s'applique, non-feulement à connoïtre toutes les dit-
férentes fortes de pierres , niais encore à expliquer
leurs formations, leurs progrès j leurs figures, leurs
propriétés, & généralement tout ce qui les concerne.
Avant le feizième liècle on s'étoit peu appliqué à
la Lithologie , mais depuis on a fort cultivé cette
fcience en France, en Angleterre, en Allemagne j
& en Italie. L'étude de la Lithologie eft aujourd'hui
fort à la mode.
LITHOLOGUEi ou LITHOGRAPHE, f. m. C'cft le
nom qu'on donne aux Nataraliftes qui s'appliquent
à la Lithologie, c'elt à-dire, à connoïtre" & dillin-
guer par dalles & par genres les diverfes fortes de
pierres , tant terrellres que maritimes. Agricola,
Gclner , Aldrovand , Boccone , Bonanni , Liller ,
LuydjLang, Mercati, Impcrati, Allàltij ont été de
favans Lithographes ^ ou Lithologues.
LITHOMANT lE , ou, LITHOMANCE. f. f. Divina-
tion fuperftitieufe des Anciens, qui fe faifoit par le
moyen des pierres. Lithomantia.
Ce mot ell: Grec , compofé de a/S®- , pierre , &
ftxi-^ix , divination.
LITHONTRIBON. f^. m. Sorte de poudre propre,
dit on , à brifcr la pierre qui fe forme dans les reins
& dans la vellie. Elle eft compofce de fang de bouc
préparé, de fmg de lièvre brûlé, des femences d'al-
kekenge, de faxifragej des racines d'onnois, d'érin-
gium , &c. On fait prendre cette poudre avec un peu
de vin blanc , ou avec l'eau de pariétaire , ou de rave.
Ce mot vient de /do; , pierre j & de roiÔEi» , broyer.
LITHONTRIPTIQUE. adj. fouvent employé fiibftan-
tivement. Médicament propre à briler la pierre qui
fe forme dans les reins & dans la vellie , comme font
le lithofpermum , le faxifrage , &c. Il y a bien des
gens qui prétendent avoir de véritables Lithontripti-
ques J mais tout le monde n'en convient pas. Ce
n'eft pas qu'il foit abfolumem impolfible qu'il y ait
de tels remèdes , mais il faut avouer que jufqu'à pre-
fent ils nous font inconnus. M. le Cat, Doéleur en
Médecine, & Chirurgien de l'Hôtel Dieu à Rouen ,
dit que les yeux d'écrevilles, qui vers la mi Juin fc
durciffent peu-à-peu , ik. fe fondent de même en Juil-
let , forment un grand préjugé en faveur de la poilîbi-
lité du Lithontriptlque , c'eft à-dire du dilfolvant de
la pierre. Obferv. fur les Ecrits mod. t. 21 ^p. 141 ,
1 42. M. Morand dit qu'il feroit à fouhaiter que
l'opération de la taille ne fût point nécellàire , &
Tome V.
LIT 5^9
qu'on pîit trouver un bon &c fur Lithontrlptique , c'eft-
à dire , un dillblvant qui pût brifcr & réfoudre la
])icrrc dans la veille. La nouvelle Ik précieufe inven-
tion de ce Lithontriptlque (1 déliré , fait la gloire de
l'Angleterre. M.idemoilclle Jeanne Stephens , l'an
1 73 J , eft l'Auteur du Lithontriptlque dont il s'agit
t. 2j. p. 26 3.
Ce mot vient de //do; , pierre, & de lifltuu , broyer.
LITHOPHAGE. f. m. Petit ver qui fe trouve dansl'ar-
doife, & qui la ronge. Il eft couvert d'une petite
coquille fort tendre , de couleur cendrée & verditre.
On apperçoit dans les couches de l'ardoile les traces
de ce ver , qui fe creufe un ciicmin dans la pierre
pendant qu'elle eft encore molle.
Ce mot vient de Mios , pierre, ôc de (paya , je
mange.
|Cr LITHOPHOSPHORE, f. m. Terme d'Hjftoire
Naturelle, par lequel quelques Naturaliftes déiignent
une efpèce de pierre calcaire , qui , après avoir été
calcinée doucement dans le feu , devient phofphori-
que. F'oje^i^ Phosphore et Pierre de Bologne.
LITHOPHYTE. f. m. C'eft ainfi que les Naturaliftes
appellent certaines productions qui tiennent de la
pierre & de la plante , & qu'à caufe de cela ils nom-
moient encore Pierres plantes. Les pierres plantes ,
ou lithopkytes J qui eft un mot compofé de aIs©-',
pierre , & (fum , plante , ont beaucoup exercé les
Philofophes. Les uns ont prétendu que c'étoient des
pierres , Se les ont rangées fous la clalfe des miné-
raux. Les autres qui les rcgardoient comme des plan-
tes , les mettoient dans la clalfe des végétaux ; &
d'autres enfin qui les envilagent comme des efpèces
d'androgynes , ou hermaphrodites , leur ont donne
une clalfe à part , comme participant de l'un & de
l'autre; c'eft pourquoi ils leur ont donné un nom
compofé de tous les deux , en les nommant Litho-
phyces , ou Pierres plantes. Uthophyton , lithophy-
tum. Il y a différentes efpèces de lithophyton. Les ef-
pèces de lithophyton qui nailfent dans la mer Médi-
terranée , lemblent d'abord n'être que le fquélette ,
ou la partie ligneufe des plantes mortes dans le fond
de la mer , revêtue d'une efpèce d'écorce tarrareufe ,
ou limon endurci qui les couvre entièrement. C'eft-
là le fentiment de la plupart des curieux; mais l'on
s'en déiabufera facilement, fi l'on jette les yeux fur
ces belles efpèces de lithophyton qui naillent dans la
mer des Indes occidentale^. Ces fortes de plantes
font compofées de deux parties ; l'une eft ligneufe &
lolide , avec un petit trou dans le cœur , qui paroît
avoir été deftiné pour contenir quelque efpèce de
moelle. Cette partie forme Litige & les branches du
lithophyton : elle eft caftante , mais quand on la met
à la chandelle allumée , elle brûle & put comme un
morceau de corne , ou comme les plumes des oi-
feauXj ne lailfant pas de cendres comme le bois,
mais une efpèce de charbon fort fpongieux &: fra-
gile, de même que font les plumes, ce qui me faic
croire que cette partie contient alfez de fel volatil.
Elle eft couverte d'une écorce mollalfe, dont la tif-
fure eft admirable dans certaines efpèces. Dans celle
que j'ai appelée Lithophyton Ame'icanum , maxi"
muni , pullum j tuhercuUs feorfum fpeaantihus ohfi~
tum , elle eft brune j épailfe d'une ligne & demie,
doublée en dedans d'une membrane fort mince , qui
■ forme un tuyau dans lequel le corps ligneux de cette
plante eft comme dans un étui. L'écorce eft comme
îpongieufe , & craque fous la dent , comme fi l'on
mâchoit un ciment dans lequel il y eût beaucoup de
fable , mais elle eft conftamment divifée dans fou
épailîeur.
LITHOSTROTOS. f. m. Ce mot qui fe trouve dans
l'Évangile de S. Jean , c. XIX. r. /i , eft Grec ,
&: fignifîe Pavé de pierre /,/«<.? , pierre , & .rf/rz.; ,
pavé. Lithoflrotos , Lapidipavium. C'étoit le lieu
où Pilate rendoit la juftice. Pilate les entendant
parler de la forte , amena Jésus deh®rs , &: prit
féance dans Ion tribunal , au lieu qu'on appelle en
Grec Lithojtrotos , &c en Hébreu Gabbatha. Bou-
HOURS, Le P. Ameloite , la Verfion de Mons, &
C ce e
570 L I T
M. Simon j retiennent aulll ce mot. Les Anciens ap-
pcUoicnt'ainii , non pas limplemcnt un pavé de pierre,
mais un lieu pavé proprement de marbre , & quel-
"quet'ois de marbre de diftérentes couleurs , & à
tlilférens comparcimens. f^oyi-'x l'iine, L. XXXFI ,
t. 2 s. Les Juits avoient aulll cet ulage , &; la falle
de leur Sanhédrin étoit ainli pavée. Foyei Selden ,
De Symdr. Hehr. L. II , c. //.
On dit aulîi LithoÇtroton. M. Spon , dans Tes Rc-
■cherches Curieufcs de l'Antiquité , Diffeit. II, pré-
tend que c'étok des Molaïques que les Grecs nom-
moient L'nhofirota. Ils commencèrent à Kome lous
Sylla , qui en fît faire un à Prénefte , dans le tem
pie de la Fortune ^ environ 170 ans avant la venue
■de N. S. Le mot de Lithojlroton , lignifie feule-
ment, dans la force du Grec^ un pavé de pierres;
Tnais ils entendoient par-là ces paves faits de pier-
res jointes , &: comme enchâirées dans le ciment ,
repréfcntant différentes ligures par la variété de leurs
couleurs & par leur arrangement. Spon.
LITHOTOME. f. m. Efpèce de billouri avec lequel
on fait à la velîïe une ouverture propre à tirer la
pierre. Litkotomus. Voy. la detcription de cet Int-
trument dans le Di6t. de M. Col de Villars. L'uho-
tome vient de xkn , pierre , & de 7o^< , incifion , du
verbe is^va j j'incife , je coupe. Il feroit plus à
propos d'appeler ce bilfouri cyftotome , de xiîis ,
vej/ie , parce que c'efl elle qu'il coupe , Se non
pas la pierre , mais l'ulagc l'emporte.
LITHOTOMIE. f. f. Terme de Chirurgie. Opéra-
tion par laquelle on tire la pierre de la veille. Li-
thocomia. On a recours à la Lithotomie pour tirer
les corps durs & étrangers qui font dans la vellie.
François Jollet , Chirurgien de Paris , fit imprimer
en i68i. un Traité de Lithotomie. Il fiudroit plu
tôt dire , Cyfiotomie , ou feôtion de la veille , parce
que l'on ne coupe pas la pierre , mais la vellie.
LÏTHOTOAUSTE. f. m. Terme de Chirurgie. Opé-
rateur pour la pierre , Chirurgien qui fait l'opéra-
tion de la taille , qui s'applique particulièrement h
l'opération de la taille. Litkotomus , Cyftotomus.
Germain Collot , fameux Lithotom'ifle , cil le pre-
mier des Chirurgiens François qui tenta l'opération
de la raille au grand appareil , &c en fit , avec
fuccès , l'ellai iur un Garde du Roi Louis XL
condamné à mort poiir les crimes , & malade de
la pierre , auquel il lauva doublement la vie par
cette opétation. Jour, des Sav. 1714.^. ^û s.
Severin Pineau, Chartrain j mort en 161 9. Chi-
rurgien du Roi , grand Lithotomifte , efl: Auteur de
trois Dillertations Françoiies , fur Vopération de la
taille , 8c d'un Traité Latin fur les Signes de la
f^irginité. Id. p. 666. François Thévevin, Parifien ,
xélèbre Lithotomijle , ëc Oculiftc , Auteur de trois
Traités _; l'un (ur les Opérations de Chirurgie ■ l'au-
tre fur les tumeurs contre nature ; & le troihcme
fur l'étymologie des termes Grecs, employés par les
Médecins& les Chirurgiens , mourut en i6j8.
Ces mots de Lithotomie ^, & Lithotomijle , viennent
de Ai'feç , pierre ; ôc ttÎ^'.»» , je coupe : ce n'eft pas que
le Lithotomijle coupe la pierre dans ropération de
la Lithotomie , mais c'ell qu'il fait une incillon , une
coupure , à dellein de tirer la pierre.'
t^' LITOXYI.ON. f. m. Mot purement Grec par
lequel on dcligne le bois pétrifié. Du Grec ^l'io; ,
pierre , & 3;uAo» , iois.
LiTHQUO. Foye\ Linlithquo.
LITHUANIE. Nom d'une partie des Etats du Roi de
Pologne. Lithuania. Elle efl: bornée au fud par la
Volhinie , &c par la Rallie Rouge j au couchant
par la Haute-Pologne, par la Polaquie _, par la
Prulfe Ducale j &: par la Samogitie ; au nord pai
la Livonie & par {a Mofcovie , qui la confine aulli
du côté du levant. La Lithuanie eft d'une grande
étendue. Elle peut avoir environ cent quatre-vingt
lieues du couchant au levant , & cent dix du nord
au fud. Elle efl baignée par un grand nombre ck
rivières J dont les principales font Niéper, la Dzwi-
lu , le Niémen & le Przipiec. Elle eft pleine de
L I T
vaftes campagne , qui n'étoient autrefois que de
grandes torcts , &c qui lont maintenant allez peu-
plées & alfez cultivées , à la rélcrvc de quelques
endroits qui font pleins de matais & de lacs , &c
des hontières de la Molcovie _, qui l'ont allez fouvent
délolées par la guerre. Il n'y croît pas beaucoup de
fruit , à caufe de la froideur du climat ; mais elle
abonde en grains , en beltiaux , en cire , & en miel,
dont les habitans font de l'hydromel j qui ell: leut
breuvage le plus ordinaire. La Lithuanie a eu autre-
fois (on Souverain particulier , qui pottoit le nom
de Grand Duc i de-là vient qu'elle cil encore au-
jourd'hui appelée le Grand Duché. Jagellon , Grand-
Duc de Lithuanie , fut appelé à la Couronne de
Pologne, l'an i}86. aux conditions qu'il fe feroit
Chrétien , qu'il épouferoit la fille du dernier Roi
de Pologne , Se qu'il incorporeroit la Lithuanie à
la Pologne. Cette dernière condition ne fut pour-
tant pleinement exécutée que lous Sigilmond Au-
gufle , l'an 1/69. Cependant, quoique là Lithua-
nie ne falle qu'un même corps de République avec
les autres États du Roi de Pologne , & qu'il ne fg
puille rien conduire dans les Diètes fans fa participa-
tion , elle ne lailîe pas de conferver fes loix , tes pri-
vilèges , les grands OtKciers , civils & militaires , &
fon armée particulière , & dillinguée de celle de
Pologne. Les Gentilshommes y font de petits Rois ,
dont les Payfins font les elclaves. On y fuit la
Religion Catholique , la Proteftante & la Réfor-
mée : on y trouve aulTi des Grecs Schilmatiques,
des Unitaires , & des Juits.
On dlvife la Lithuanie en deux grandes parties.
La Lithuanie propre , qui comprend les Palatinats
de Wilna , de Troki & de Brietcic. 1. La Ruilie
Lithuanique , où font les Palatinats de Novogro-
deck , de Minsko , de Poloczko , de Vitepsko,
& de Mteillaw , fous lequel on comprend les ter-
ritoires de Rohafow J de Rziczica. Tous ces Palati- i
iiats , ou territoires ont leurs capitales de mcrae 1
nom , outre lelquelles on diftingue encore B:anaw '
& Grodno. La Samogitie eft une dépendance de la
Lithuanie ; les Duchés de Smolensko & de Czrni-
chow l'étoient autrefois ; mais maintenant ils font
entre les mains des Mofcovites. Maty.
Dans les Auteurs , ou Aéles du XIII*^ fièclcj la
Lithuanie eft .appelée Lutavie , & Litheuvie dans le
pays. C'ert vers l'an lijj. que le Pape Innocent IV.
y érigea un Évcché.
LITHUANIEN , ENNE. f. m. & f. Nom de peuple.
LIabitans delà Lithuanie. Li»kuanus , a. Les Lithua-r
niens ne demeurent unis avec les Polonois que pari
raiton d'État. Les humeurs des Lithuaniens Se des!
Polonnois ne font pas moins incompatibles, quel
celles des Hongrois & des AUemans , des ÉcotlbisJ
&C des Anglois. Guaguin , dans fa Sarmatie Eu-
ropéenne , dit que les Lithuaniens adoroient les vi-
pères , Se les ferpens j Se les prenoient pour de^
dieux.
LITHUANIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à la Li-
thuanie. ZifA:/i?/2ia« , a. La Rutile Lithuanique.
LITIÈRE, f. f. Sorte de voiture , ou corps de carolfe
tulpcndu tur des brancarts , ds: porté ordinaiienient
par des mulets l'un devant , l'autre derrière. Lecli-
ca ,Jlraticulum. La plus douce des voitures eft celle
de la litière. On ne peut aller dans les montagnes
qu'en litière. Pline appelle une litière couverte, une
chambre de voyageur. Les Romains s'en fervoient
ordinairement. Les litières des Romains étoicnt por-
tées par des hommes ; c'étoir des etclaves qu'ils em-
ployoient pour cela , comme on fait aujourd'hui
en A fie pour porter les palanquins. Les litières
des Romains J qui étoient faites pour être portées
par quatre etclaves , s'appeloient Tétraphore , tc-
traphorum : celles qui étoient portées par fix , ie
jiommoient hexaphore , hexaphorum : Se celles qui
étoi nt portées par huit fe nômmoient oclaphore ,
oclaphorum. Tous ces diftérens noms de litières ex-
priment le nombre des porteurs qu'il y avoit à
chacune
L IT
Lucilc le premier
VenPea l'humble vertu delà richejje aldcre ,
Et l'hormcte homme à pied du fucjuiti en licicrc.
BoiL.
r
L'invention de I.i litière eft venue des Rois de Bi-
thynic , à ce que dit Ciccron , & un vieux Inrerprcte
de Juvén.ii. On s'en Icrvoic d.ms les mnladies p.ir
dclic«|Kllè^ainh qu'il p.iioîc p.ii l'Epître VIII. de Se
néque. L'ufigc de la litière augniema beaucoup à
Rome ious Tibère. Les clllaves même (e firent por
■ ter en litières , mais ils n'ctoient portés que par deux
hommes ; au lieu que les autres î'étoicnt par un plus
grand nombre j &: avoient quelquefois jufqu'a huit
porteurs. C'eft ainfî qu'à la Chine on a plus ou
moins de porteurs à ion palanquin , félon le rang
que l'on tient. On portoit aulîi quelquefois les morts
au bûcher dans les litières. Voy. fur cela Denis d'Ha-
licarnalle , L. IF. où il parle de Lucrèce ; Corné-
lius Népos , dans La vie d'Atticus ; Servius Sulpi-
tius , dans les Epîtres familières de Ciccron , L. IF y
Ep. 12. & Kirckman, De funehris Roman. L. I , c.
• jf ,&c L. II , c. ç.
Du Cange dérive ce mot de lecleria , ou de
literia , qu'on a dit dans la balie Latinité en
la même iigniiîcation , parce qu'elle fert de lit aux
beftiaux. D'autres difent qu'il vient de leclus , lit ;
par ce qu'il y avoir dans la litière un coullin , & un
matelas, comme à un lit. Cette étymologie eit la
vraie.
Litière, eft aulîî de la paille j ou vieux fourrage,
quVin met (jus les chevaux ^ & autres befiiaux , pour
fc coujherdellus. Stramentum , (Iramen , fuhjlramen.
Les pailles fourragées par les moutons leur fervent
après de litières. On dit d'un cheval qui eft mal
nourri , qu'il ronge fa litière.
03" On dit rigurément d'un homme malade au lit ,
qu'il ell fur la litière. Exprelîion familière. Et pro-
verbialement , qu'il tait litière d'une choie , pour
diic , qu'il la prodigue comme une choie dont il ne
fe foucic point. Faire litière d'argent.
On appelle aulîi litière., les crotes de ver à foie.
LITIGANT, ANTE. adj. Qui plaide , qui contefte
en JuiHce. Contendens. Il y a trois parties litigan-
tes en cette inftance. Ce terme n'eft que de Palais.
LITIGE. 1". m. Procès , conteftation en Juftice. Lis ,
diffidium j controverfia. Il n'y a point de sûreté à
prêter à ceux dont le bien cil: en litige ,qui eft em-
brouillé , contefté ,* ou iaifî.
Ce mot eft plus ufité dans les matières bénéfîcia-
les , %T pour exprimer la conteftation qui eft pen-
dnite entre deux contendans pour railon du même
bénéfice. Si l'un des deux vient à mourir pendant
la litige , la poirelîion eft adjugée à l'autre. Un Béné-
fice en litige eft vacant en Régale ^ parce qu'il n'eft
pas rempli de droit & de fait ; mais pour donner
ouverture au droit du Roi , il faut que le litige foit
formé entre deux Patrons , & non pas entre deux
prélentés par le même Patron. Par le Droit Civil ,
une limple interpellation Judiciaire (uftit pour met-
tre une choie en litige ; mais en matière bénéfi-
ciale , le litige ne donne pas ouverture à la Régale ,
à moins qu'il n'y ait conteftation en caufe. On exa-
mine aulîi fi le litige n'eft pas une vexation ma-
nifefte , ou fi le Régalifte n'en a pas été lui même
l'inftigateur. C'eft pourquoi , par la Déclaration du
Roi de 1673. il faut que la conteftation loir for-
mée fix mois avant le décès de l'Evêque , pour don-
ner ouverture à la Régale. Fleury. Il faut que le
litige foit fincère , 6c qu'il y forme un doute rai-
fonnable ; car s'il étoit manifcftement mal fondé ,
il ne feroit point vaquer le bénéfice en Régale. De
Launai.
Ce mot vient de litigare , qui fignifie , être en
procès.
Droit de litige. U eneft parlé dans la Coutume de
Normandie ; c'eft un droit que le Roi a de nommer
aux bénéfices dont le patronage eft contentieux entre
Tome F.
LIT yji
j deux patrons , de crainte qu'ils ne prennent les armes
pom- terminer leur diPiércnd , ne ventant ad arma.
LU IGIEUX J EUSE. adj. Contentieux ; qui eft con-
tefté en Jullice , fujct à diléullion. Litigwfus , con-
tcntiojus. Ceux qui achètent les droits litigieux ,
font odieux en Juftice. U eft défendu aux Procu-
reurs &z aux Avocats de ftipuler une quotte part
dans les biens litigieux de leurs cliens.
La Jujîice pcfanc ce droit lirijyeux ,
Demande l'huître^ l' ouvre , àf l'avale à leurs yeux.
Despréaux.
Vente ou achat de droits litigieux. Paclum de quota
litis. C'eft une convention par laquelle un créan-
cier d'une Ibmme diflicile à recouvrer , gratifie
quelqu'un d'une partie de la dette , au cas de re-
couvrement. Ce patte eft prohibé par rapport aux
Juges , Avocats , Procureurs & Solliciteurs , mais
non pas quand il eft fait avec une perfonne qui
ne fait que l'otîice d'ami.
^3" Ce terme eft quelquefois employé dans des ma-
tières étrangères au Palais j & peut s'appliquer en gé-
néral dans les Sciences aux points qui fouftrent
quelque difticulté^ & fur lefquels on n'eft point
d'accord. Dans les Mathématiques il y a des points
litigieux , & qui ne font pas encore démontrés.
Joui<.N. DE Trév.
LITISPENDANCE. f f., Terme de Jurifprudence.
Temps durant lequel un procès eft pendant & indé-
cis. Lis qu£ efi adhuc fub judicc. Il ne faut rien^
innover dans les lieux contentieux durant la litifpen-
dance. Si durant la litijpcndance en un Tribunal,
on eft alîîgné en un autre pour le même fait , il y
a contlit de Jurifdiftion. On adjuge des provifions
alimentaires durant la Utifpendance.
Du Cange dérive ces mots de lis , qu'il dit avoir
fignifie autrefois guerre & combat. On a dit litigare ,
pour due , faire la guerre. Il vient de lis , litis ,
procès , Se pendcre , pendre , n'être point encore
terminé. Adhuc fub judice lis efi.
^ LITOMANTIE. f. f. Terme formé du Grec /.Ttf ,
qui rend un fon clair , /u.xrn'u , divination. Efpèoe
de divination qui conhftoit à poufter les uns contre
les autres plufieurs anneaux, dont le fon plus ou
moins clair & aigu, formoit , dit-on, des prélages
bons ou mauvais pour l'avenir.
LITOMIERSC. Foye^ Létoméritz.
LITORNE. {'. f. Efpèce de Grive. Turdus piloris, ta
Licorne eft plus petite que la grive, &c elle'appro-
chede la taille du merle; elle a le bec jaunâtre, un
peu noir à l'extrémité , & jaune par dedans , aulîi-
bien que la langue , mais d'un jaune plus clair
&z plus lavé que le merle ; fon cou eft cendré par-
devant , ainli que fa tête •, ils font néanmoins mar-
quetés de taches noires ; fon dos eft roufsâtre , un
peu oblcur , & noirâtre par le milieu des plumes ;
proche du croupion , on lui voit des plumes cen-
drées; les pennes de ft queue font noires; le delFus
de Ion cou & fa poitrine tont diverfifiés ; car fur
les plumes qui (ont jaunâtres , il y a des taches
noires; le dedans des ailes eft blanc , & les côtés
d'entre les ailes par delîous font blanchâtres à l'ex-
trémité des plumes , êc diftinguésj & divilès par des
lignes rouisâtres : parle dedans, la noirceur s'étend
davantage ; les plumes du ventre font blanches ; les
doigts de fes pieds & fes ongles lont noirâtres; les
fix premières pennes des ailes (ont noires, & les au-
tres font d'un roux tirant fur le tanné , ainii que
celles du dos, principalement les petites & les cour-
tes : il eft difficile de faire la diftinftion du mâle de
la femelle des oifeaux de cette efpèce. Ce genre de
grive fe plaît à manger des truits & des grappes,
particulièrement des grains de genièvre. On dit qu'en
Angleterre on n'en voit point en été , mais qu'en
hiver il y en a une très grande quantité.
Il y a une efpèce de Licorne , appelée par les Ita-
liens Caflriga palombina. Cet oifeau chante deux
mois de l'année , favoir en Juillet^ Août. IJ n'eiîrpas
C c c c ij
57^
L I T
L I T
bon à tcnisr en sage, parce qu'il a plus de rapport
& de rellemblance avec les oitcaux de rapine, qu'a-
vec ceux de volière j à caule de Ion bec qui ell
crochu , & de fes ongles qui font aigus. Il ne vit pas
néanmoms de carnage , car il ne mange que des (a-
nelles & autres graines femblables. Ceux qui en
veulent nourrir en cage , les doivent prendre niais.
Se les élever avec du cœur comme les rollignols. Il
ell: très bon à manger , & la chair el1: très-dclicate.
On les prend avec la rejcttoire comme les grives ,
ou avec le trébucher.
-*^ LITOTE, f. f. Figure de Rhétorique, qu'on appelle
aulli Diminution , ou exténuation. Elle ell: oppolée à
l'Hyperbole ; & conlifte à le lervir j par modeltie
ou par égard , d'une cxprelfion foible , pour réveil-
ler ou faire naître l'idée du plus. Quand Chimène
dit à Rodrigue j f^a , je ne te hais point , elle fait
entendre qu'elle aime beaucoup. Quand on dit de
cjuelqu'un qu'il ii'elt pas un fot , on voit allez que
ces mots font entendre beaucoup plus qu'ils ne ligni-
fient dans leur fens propre.
LITRE, f. f. Ceinture funèbre. C'eft un droit hono-
rifique qu'ont les Seigneurs-Patrons Fondateurs, ou
les Seigneurs Hauts-Jullicicrs dans les Églilcs qu'ils
ont fondées , ou qui (ont de leur Seigneurie. Zona
tejjeraria funebris. Il conlifte à faire peindre les
Écullons de leurs armes lur une bande noire , en
forme d'un lé de velours , autour de l'Eglife , tant
par dedans que par dehors. Le droit de litre efl: des
premiers droits honorifiques. Il ell: diBicile de déter-
miner précilément le temps auquel on commença
de fouttrir des litres , ou ceintures de deuil dans les
Églifes. M. de Lauricre croit que l'ulage des litres
n'ell pas fort ancien , & qu'il ne s'cll établi que
depuis que les armoiries ont été héréditaires dans les
familles : car lorlqu'elles étoient perfonnelles, Se
qu'elles ne fervoient qu'à diftinguer les Chevaliers
dans les tournois , il eût été inutile aux familles de
les mettre dans les Égliles pour le faire connoitre ,
& donner une marque de leurs droits à laquelle
on n'eût pu les reconnoître.
Ce mot de litre , félon Ménage vient de lithra ,
qui fignifie en Grec une couronne , qui elt imitée
par ce lé de velours , ou de peinture , qui envi-
ronne l'Eglile ; ou de lijlra , qui lignifie une bande
d'étotfe longue & étroite : & il réfute , avec raifon ,
l'opinion de Maréchal , qui , en Ion Traité des
droits honorifiques, le fait venir de litura. Papias le
dérive aulîi de litura , fie dicia , quod liniendo te-
ratur. D'autres croient que ce mot litura marque
qu'on ne les met autour des Églifes^ ou d'une Cha-
pelle , que pour eftacer les larmes , &: fervir de
confolation aux vivans, par le fouvcnir du mérite
du mort , dont on y reprélenteles armes. De Roie en
a traité (avamment. Il fait venir litre de lifie , qui
fignifie une ligne. Quelquefois on met double litre.
En la Coutume de Tours , le Seigneur Châtelain a
droit de litre , tant dedans que dehors , dans les
Égliles de la Châtellenie , à moins que fon Vallal
n'en fût Fondateur ; mais h cette Églife elc la prin-
cipale Paroilfe de fa Châtellenie, le Fondateur n'au-
ra droit que de mettre des litres en dedans , & le
Châtelain en dehors.
On double les litres pour les Seigneurs Titrés , ou
qui ont quelque grande dignité ; Duc , Maréchal de
France , Prince , Connétable , l'une pour le fief. Se
l'autre pour la dignité. On en met trois pour les
Souverains , pour marquer par la troifièmcleur droit
de Souveraineté. MÉnest. Décorât. Funeh.
UCr Le Fondateur ell: préféré dans les droits honorifi-
ques au Seigneur Châtelain & Haut-Jullicier ; ainfi
il doit avoir litre tant en dedans qu'en dehors
avant eux , Se ils ne peuvent faire mettre de litre
qu'au dellous de celle du Patron , à moins que le
Seigneur Flaut-Jufticier , en permettant de bâtir une
Eglife ne le foie exprelTément réfervé les honneurs
dans l'Eglife.
§CrCe droit ell perfonnel &: inhérent à la famille du
fondateur j & ne paîfe point cum univerficate fundi
en la perfonne de l'Acquéreur du fonds. Ainfi ceux
qui ont acquis Jullice du Roi par engagement ne
peuvent mettre leurs armoiries dans les Églifes qui
fe trouvent dans lefdites Juftices.
LITRON, f. m. Petite mefure ronde de chofes féches,
comme graines ^ pois , fel , farine , &c. Modd dé-
cima fexta pars. Il contient la leizième partie d'un
boilleau de Paris. Un luron de kl, de fèves. Un
litron de châtaignes. Par la dernière Ordonnance de
1669.1e litron de Pans doit être haut de tQ)is pou-
ces &e demi , fur trois pouces dix ligne* de large.
On dit aulîi à.zmï-iitron. Borel le dérive du Grec
KftixUfK , demi-livre. Le Acmirlitron , la plus petite
de nos mefures manuelles , doit avoir deux pouces
dix lignes de haut , fur trois pouces une ligne de
diamètre; le luron trois pouces & demi de, haut,
fur trois pouces dix lignes de diamètre. De la
Mare, Tr. de Police, L. F, T. VllI , c. 3 ^
Pj 7;l-9-
LIlTÉRAIRE. adj. m. Se f. Qui appartient aux Let-
tres, ou aux Sciences. Litterarius ^ a. Ad liutras
fcientiafque pertinens. -Ce mot ell: nouveau , mais
il eft établi. On dit que c'ell: le P. Bouhours qui
fit ce mot §C?" lorfqu'il donna le titre de nouvelles
littéraires au dernier article des Mémoires de Tré-
voux j qui contient ce qu'il y a de nouveau dans les
Lettres & dans les Sciences.
Un Journal Latin , qui s'eft fait dans le Nord
d'Allemagne depuis 1698. jufqii'en 1708. s'intitu-
loit Nova Litterana Maris Baltiei. Nouvelles Lit-
téraires de la mer Baltique. Le Journal Littéraire
commença à la Hâve en 1715. Mémoire Littéraire.
En fait de dilputes Littéraires , on ne le chagrine
guère de ce qui n'olFre point de véritables difficultés.
P. SouciET. Le monde Littéraire , c'eft-à-dire , les
Savans ; ceux qui cultivent les Belles-Lettres. Ce
paradoxe révolta le monde littéraire. M. Babin , à
Ion entrée dans le monde littéraire , étoit tort pré-
venu contre la Philolophie de Delcartes , alors nou-
velle. Anonyme dans les Mém. de Trev. On dit dans <
le même lens ; Carrière littéraire. On dit aulîî :
une remarque puremenr littéraire. Ne pourroir-on
pas faire à l'Auteur un procès , mais de pure criti-
tique littéraire ? Mém. de Trév. La gent littéraire
piend ailément feu. La gent littéraire n'ell: pas tou-
jours des plus traitrbles.
LITTÉRAL , ALE. adj. Qui eft fuivant la Lettre , qu'on
prend au pied de la lettre. Litteralis. L'Ecriture a un
lens littéral , un autre myftique. Cette loi , ce paf-
lage , lont précis dans leur fens littéral pour cette
décilion. Les Anthropomorphites gagneront leur
caule , h l'on refuie toute compolition lur le lens
formel &e littéral de l'Écriture. f/3° On diftingue
dans l'Écriture deux fortes de fens ; un lens littéral
hillorique , qui rétulte de la force des termes dont
les Auteurs Sacrés fe font fervis; & un lens myfti-
que , ipirituel 8e figuré , qui eft caché lous l'écorcc
du fens littéral qui réfulte de la force naturelle des
termes. Foye^ Sens , Se Mystiq,ue.
^3° Le fens littéral fe foudivilc en fens propre Se en
lens métaphorique. Le littéral propre eft celui qui
rclulte de la lorce naturelle des termes , Se qui
conferve aux exprellîons leur lignification gramma-
ticale.
§CFLe littéral métaphorique eft celui qui ré lui te des
termes , non pas pris dans leur hgnification natu-
relle Se grammaticale ; mais félon ce qu'ils repré-
lentent Se ce qu'ils figurent dans l'intention de ceux
qui s'en fervent. C'eft .oinh que J. C. eft nomme
Agneau , parce qu'il a toute la douceur d'un agneau,
LiTi'EaAL. Il fe dit aulli en parlant de la langue Greque
telle qu'elle eft dans les Auteurs anciens , par oppo-
fition à la langue Greque , telle qu'on la parle dans
h Grèce & dans les îles de l'Archipel. Il fe dit
aulli de la langue Arabe dans le même fens. Le
Grec Huerai eft forr diiTérent du Grec vulgaire. Il
fait bien l'Arabe littéral j mais il n'entend pas le
vulgaire.
On dit dans la converfationj qu'un hoavue slt
L I T
trop lutcral , poui- dire , qu'il prend trop les chofcs
au pied de la lettre. Ac. Fr.
Littéral , le dit en Arithmétique & en Géométrie ,
des nombres ik des grandeurs que l'on cxprnnc par
des lettres. On peut exprimer une gr.mdeur quel-
conque par une lettre de l'alphabet, par exemple,
on peut repréfcnter Une ligne droite donnée quel-
conque par Illettré a; on peut exprimer une autre
ligne droite diftérentc par è. On peut de nicmc ex-
primer un nombre quelconque dojiné par la lettre
fl, & un autre nombre par l>. Il tn cil de même de
, toute autre grandeur. Revnîau. Dans les problèmes
on repréfcnte les grandeurs connues par les premiè-
res lettres de l'alphabet, a , é , c , (i , &c. Se les
. grandeurs inconnues que l'on cherche par les der
, nières, ^, y, x, &c. Id. On nomme les gran-
deurs ainh exprimées, Itndrales &c encore algébri
qucs. Id. Addition littéral c , loulhaCirion littérale,
6x. Langy. Nombres littéraux. Nombres com-
plexes littéraux. Id. Puillances littérales. Id. CCT Cal
cul littéral, ou algébrique j où l'on emploie des
lettres , par oppoiition au calcul numérique , où
Ion n'emploie que des chiffres.
LITTÉRALEMENT, adv. Dans le fens littéral. Se-
cundùmjenjum litteralem. Il faut entendre littérale
ment , autant qu'on peut , tous les textes de la Bi-
ble ^ des Loix, des Canons, & autres livres qui
font autorité , li on ne voit quelque contradidion ,
ou autres raifons au contraire.
IITTERALITÉ. Il eft une forte de littéralité qu'il
feroit injulle d'exiger toujours irrémilliblement
d'un Auteur hors des ouvrages dogmatiques. Le
P. Lallemand. Mot inufité.
LITTÉRATEUR, f m. Du Latin Litterator. Homme
de Belles-Leares , d'érudition j qui explique , qui
commente les Auteurs; ^.fT^qui eft verfé dans la
littérature , dans la connoilfance des Belles - Let-
tres , & des matières qui y ont rapport. Litteratus,
eruditus. &CC. Les doctes Commentaires de M. Bur
mann , lur plulieurs anciens Auteurs , l'ont mis fur
le pied d'un des plus grands Littérateurs qui aient
paru ; genre de mérite peu coAnu dans ce fiècle-ci ,
& lur-tout en France , où il n'y a qu'un petit nom-
bre de perfonnes qui fe mettent en peine d'éclair-
cir les endroits obfcurs dans les Auteurs de l'Anti-
quité Le Pour & Contre. Tous les Littérateurs
ne font pas du mérite de ces deux Savans Giïvius
& Gronovius. Nos Littérateurs polis , dit un An-
glois , font en fi petit nombre , que fi l'on en re-
tranchoit M. Addillbn , je ne fai quel autre nom
je pourrois choiiir pour faire face. Id.
Dans le Chapitre des idées , M. Wolif obferve
judicieulement qu'il feroit (ùperflu , & même fou-
vent impollible , de faire l'analyfe des idées claires
& diftinCtes jufqu'à en venir à des idées, qui à
caufe de leur limplicité n'admillènt plus aucune
décompohtion. On peut être content, ajoute t il,
lorfqu'on a fuffifimment analyfé une idée pour at-^
teindre le but qu'on s'eft propofé. Il feroit à fou-^
haiter que nos prétendus Métaphyhciens Littéra-
teurs, le conformalfent à cette judicicufe maxime :
on les voit fe morfondre pour développer les chofcs
les plus claires , qui deviennent obfcures à force de
les dilcuter, & de leur donner un air fubtil &c fin.
Obf.fur les Ecrits modernes , tom. 12 , p. SS , S g.
Que peut on efpérer de la plupart de ceux qui fe
font principalement appliqués à l'Hiftoire Litté-
raire î Ils font étrangers dans le pays des Sciences.
Quelques faits perlonncls , un Catalogue d'Ouvra-
ges , voila où le terminent les grandes recherches
de ces Littérateurs. N'avons - nous pas eu dei-iiis
peu l'Hiftoire dun Phiiofophe célèbre ( Galfcndi )
ou 1 on ne trouve ni iç-i opinions , m fes décoii'
vertes > L'Auteur me parle de fes voyages , de fes dif
putes , de fes parens,fans me reprefenter le Phiio-
fophe , 93 , p. 94.
J'ai expliqué le mot à^ Littérateur , félon le fens
quon lui donne aujourd'hui. Il en avoit un ditié-
rent chez les Anciens, fi nous en croyons M. Rol-
L I
T
T73
Im, T. XI Part. 2 p. S7!>. de fon Hittoi^e
ancienne. •■ On ne confondoit pas , dit-il , les Gram-
» maincns appelés auiïi Philologues, avec les Gram-
>. mati ftes^ou Littérateurs dont l'unique emploi étoic
"dcnleigner aux enfans les premiers Elémcns de
»1.1 langue Greque ou Latine. Ces derniers ne jouif
" foientpas des immunités &c des autres privilèges ac-
» cordes par les Empereurs aux Grammairiens».
yoyci. Grammairien, Grammatiste
LlTiERAfURE. f f. Érudition , connoillince pro-
fonde des Belles-Lettres & des matières qui y ont
rapport^ Litteratura , eruditio. Scaliger , Lipfc , &
.autres Critiques modernes, etoieiit des gens de gra'nde
littérature , d'une érudition furprcnante. J'ai à dé-
fendre le patrimoine des Savans ^ & la gloire de
toute la littérature.
On a commencé au milieu de l'an lyoi. à faire
à I ans des elTais de littérature. C'eft une cfpèce de
Journal d;s Savans , allez di.féient de tous les
autres. Cet Ouvrage tomba peu après avoir com-
mence.
CiO^LlTTÉRATURE , ERUDITION, SaVOIR , SciENCE^
Doctrine, iynonymcs. Il y a, dit M. l'Abbé Gi-
rard , entre les quatre premières de ces qualités un
ordre de gradation & de fublimicé d'objet ^ fuivant
le rang où elles font ici placées. La littérature dé-
ligne limplement les connoilfmces qu'on acquiert
par les études ordinaires du Collège ; car ce mot n'eft
pas pris ici dans le fens où il fert à dénommer
l'occupation de l'étude , & les ouvrages qu'elle pro-
duit. L'érudition annonce des connoillances plus
recherchées , mais dans l'ordre feulement des Belles-
Lettres, roye^ les autres mots. La littérature fait les
gens lettrés. L'érudition fait les gens de Lettres. Le
Javoir fait les Dudes. L:i /eience fait les Savans. La
doclnne lait ks gens inftruits. Il y a eu un temps où
la Noblelle fe piquoit de n'avoir pas même les élé-
mens de littérature. Le goût de l'érudition fournit
des amufemens infinis à une vie tranquille de re-
tirée.
LITTLEBOBOURG, LlTLEBURG. Nom d'un bourg
d'Augletcrre , htué lur la rivière de Trent, dans le
Comté de Nottimgham , aux confins de celui de
Lincoln , environ à quatre lieues de la ville de
ce nom , vers le couchant. Lktehurgum. On prend
ce bourg pour l'ancienne Angelocum , ou Segelo-
cum, petite ville des Coritains. Maty.
LITTOMISSEL. LEUTOMYSSEL. Nom d'un bourg
de la Bohême. Littonufcum. Il eft aux confins de la
Moravie , dans le cercle de Chrudin , à fept ou huit
lieues de la ville de ce nom , vers le levant. Maty.
LI LUE. Quelques Auteurs fe fervent de ce nom pour
exprimer ce que les Latins appelaient lituus : c'étoit
un inftrument de guerre dont on jouoit à-peuprès
comme on joue de la trompette aujourd'hui. Foyer
Cl dellous Lituus.
LITURE. f f. Rature. Montagne , Liv. I. de fes
EJJais , un peu avant la fin du Chap. jj). dit qu'il a
accoutumé les Grands qui le connoiifent , à fup-
porter dans fes Lettres des litures &c des traçures j
c'eft à-dire j des ratures & des eftaçurcs , félon M.
Cc)te , qui obferve que litures & U'açures font de
vieux mots qu'il n'a pu trouver dans le Didionnaire
de Cotgrave , & que le premier vient du Latin li-
tura , dont Horace s'cft fervi dans le même fens,
L. II , Epijl. I , V. 16 j. où, parlant du Poète Ro-
main , il dit qu'il a honte d'cftacer. Sed turpem
putat in fcriptis , metuitque lituram.
LirURGIE. f. f. Ce mot lignifie en général toutes les
cérémonies qui concernent le Service & l'Oiîice
divin. Dans une fignification plus particulière , il
lignifie les cérémonies de la iVlclfe. Liturgia. Il y
a diftérentes Liturgies; Ia. Liturgie Greque'& Latine.
Les anciennes Liturgies. Le Cardinal Bona a écrit
deux Livres de Liturgies. Tous ceux qui ont écrit
des Liturgies , demeurent d'accord que le Service
public fe fahoit dans les premiers lièclcs fans beau-
coup de cérémonies , & qu'on n'y récitoit qu'un
petit nombre dOraifons ; mais peu à peu l'on y
5" 74 L I V
a ajouté quelques prières , & quelques cciémoiiies
extâicmes , pour rendre le facrihcc plus vénéra-
ble au peuple. Enfin , les Eglifcs ont réglé ik mis par
écrit la manière de le célébrer j & c'ell: ce qu'on
appelle Liturgie. Du Pin. Les Liturgies ont été dif-
férentes , lelon les diftérens pays. On dit la Liturgie
de Saint Chryfoftôme ; la Liturgie de Saint Pierre ;
la Liturgie de Saint Jacques ; la LJturgie de Saint
Baille ; la Liturgie Arménienne ; elle a été imprimée
à Rome en Arménien , & en Latin. La Liturgie des
Maronites ; la Liturgie des Coptes. Il y a aulli la
Liturgie Romaine; la Liturgie Gallicane; la Liturgie
Ambrofienne , ou l'Office Ambrolien , poiu' l'Eglile
<le Milan. L'Elpagne & l'Ainque avoicnt auffi leurs
Liturgies particulières. On les nommoit Ordre. L'Or-
dre Romain nous apprend quelle étoit la Liturgie
Romaine. La Liturgie Gallicane, f^qye^ au mot
Gallicane, /^cye^ aulli les preuves de la prefence
réelle de Jésus-Christ en i'Euchariftie , par les
Liturgies , dans le Traité de l'EuçhariJlie de M.
Pélillbn, Secl. V ^ n. /.
Ce mot vient du Q^.zo.mxr/^t , qui lignifie ^/èr-
Vii.e , minijlère public /vu?»,- , puhlicus , &" 1(70. , opus.
Ce mot ell aulïï en iifage parmi les Proteftans ,
pour lignifier la manière de célébrer pluiieurs cho-
ies qui appartiennent au Service public. La Litur-
gie du Baptême , la Liturgie du Mariage , &c.
LITURGISTE. f. m. C'ell le nom qu'on donne à
ceux qui ont recueilli les différentes manières de
célébrer l'Office divin dans chaque temps , cha-
que pays & chaque Eglile. Tels que le Cardinal
Bona, Guillaume Durand , Pierre le Chantre, Jean
Grancolas Se autres. F'oyei Rubricaire ik Ritua-
LISTE.
LLTUUS. f. m. Terme de MédaiUifte. Il eft pure-
ment Latin. C'étoit le bâton des Augures fait en
forme de croire. On voit fouvent des Lituus fm- les
médailles , avec les autres inftrumens Pontificaux.
Aulu Gelle , L. V ^ c. S. dit que le Lituus étoit
plus gros à l'endroit oià il étoit recourbé , qu'ailleurs.
|t3"Les Romains donnèrent aulli le nom de Lituus 3.
un inftrument de guerre, à l'ufage de la Cavale-
rie , dont on fonnoit comme on Tonne aujour-
d'hui de la trompette , &c qui donnoit un Ion
aigu.
On prétend que ce mot vient de a;7« , root Grec ,
qui lignifie ce qui fait un ion clair & aigu , parce
que ce bâton augurai avoit ce fon. Quelques-uns
ditent Litue , & habillent ce mot a la FrancoiCe.
L I V
LIVADIA. ou LIVADÎE. Le Lac de Livadia. Li-
vadin, Lacus, anciennement Copais. Ce Lac qui prend
aujourd'hui ion nom de la ville de Livadie , en eft
éloigné de deux ou trois lieues , vers le levant. Il
eft à une lieue du Lac de Stivo , ou de Thébes ,
qu'il a au levant , & avec lequel on ne doit pas
le confondre. Il fe forme par la rivière de Céphilo,
&c par plufieurs autres , & n'a point de déchar-
ge fenfible , aufti il s'cnlle quelquefois conlJdéia
biement.
LIVADIE. Nom d'une province de Grèce, nommée
anciennement AchaYe , ou Hellade. Livadia, Hel-
las. Elle cft bornée au nord par l'Épire , par la
Thellàlie , & par le Golfe de Négrepont; l'Archi
pel la baigne au levant; la mer Ionienne au cou-
chant, & les Golfes de Lépante &: d'Égime avec
l'Irthme de Corinthe qui la fépare de la Alorée du
côté du midi. On divife cette Province en quatre
contrées , qui fe fuivent en cet ordre du couchant
au levant: 1°. Le Defpotat , ou la petite Grèce.
t°. La Livadie propre. 5°. La Stramulipe. 4°. Le
Duché d'Athènes. Ses villes principales font Lépan-
te , Livadie, qui donne Ion nom au pays j Thébes ,
Mégarc & Athènes.
Livadie , eft auili le nom de la ville capitale de la
Livadie, en Grèce. Levadia , anciennement Liba-
dia t Lcbadea. Elle eft grande, bien peuplée de
L I V
Cluéiiens , de Turcs , & de quelques Juifs , & fituéc
dans les terres , a cinq lieues des ruines de Delphes,
vers le levant méridional , à trois du Golfe de Salo-
ne , &C environ autant du Lac de Livadie. Cette
ville , célèbre anciennement par l'Antre de Tro-
phonius , eft défendue par une vieille forterefl^e , &
a une fontaine , qui , à une portée de Hèche de fa
fource , eft allez grande pour taire tourner vingt
moulins. Maty.
LWADOSTA. Nom d'une ville de la Livadie. Liva-
dojîa. Elle eft fur le Golfe de Lépante , dans
rifthme de Corinthe , au nord de la ville de ce
nom. Elle cft Épifcopale , futtragante d'Athènes.
Baudrand la prend pour l'ancienne Pag& , ou Pegd,
ville de la Mégaride ; mais Sanfon & de Wit , dans
leurs Cartes de la Morée , diftinguent ces deux villes,
& mettent cette dernière à quelques lieues de li
première j vers le nord. Maty.
LIVANE. i. f. C'eil un nom que l'on doniîe au Péli-
can, f^oyez ce mot.
LIVARDE. f. f. En termes de Corderie. Corde d'é-
toupes autour de laquelle on tortille le fil pour
lui faire perdre le tortillement ik le rendre plus
uni.
LIUCHEU. Nom d'une ville de la Chine. Liucheum,
C'eft la cinquième des grandes villes de la Pro-
vince de Suchuen , Ion territoire abonde en pieires
d'azur. Amka(f. des Hollandais à la Chine , P. L.
p. 2SJ-
LIVE. i. m. Nom d'homme. Livius. De tous les
Latins qui ont porté le nom de Livius , il n'y a
que l'Hiftorien Tite Live , qu'il faille appeler
Live en notre Langue. Tite-Xivtf étoit de Padoue.
Il a écrit une Hiftoire Romaine très eftimée. L'Em-
piercur Caiigula le trouvoit trop long : Pollion lui
reprochoit la Patavinite; mais on ne fait pas trop
ce que c'étoit que ce défaut. Les Harangues de Tite-
Live font admirables. Quintilien conleille aux jeunes
gens qui afpircnt à l'éloquence, de les lire comme
les difcours d'un excellent imitateur de Cicéron. i
Il y a beaucoup d'endroits perdus , ou de lacunes,
dans Tite-Zzve. On dit qu'il eft entier dans le Ser-
rai! de Conftantinople j mais perfonne n'a jamais pu
obtenir à quelque prix que ce fût la permilHon de
vérifier ce tait.
LIVÈCHE. 1". f. Plante qui poufte une tige à la hauteur 1
d'un homme. Ligujîicum. Ses feuilles font grandes j
amples, étendues en ailes, divifées en plulieurspar-
ties. Ses fommités font chargées de grandes ombelles
garnies de petites fleurs à cinq feuilles blanches dif-
pofées eia rofe. Ses femences font plus longues
ik plus grofles que celles du fenouil , cannelées pro-
fondément , bordées d'un filet délié &c tranchant
par le bout , d'une odeur qui n'eft point agréable.
Sa racine eft longue j ridée, blanche, odorante.
La racine & la kmence de la Livêche fortiheat
l'ertomac j elles réfiftent au venin ; elles excitent
l'urine. En Latin Ligufiicum ijuod jcfeli qfficinarum.
C. Bauiiin, Pin. 1Û2. Il y a pluiieurs autres ef-
pèces de Livêche.
LIVENZA. C'eft une rivière de l'État de "Venife,
en Italie. Liquentia. Elle coule dans les confins delà
Marche Trévifane , & du Frioul , & après avoir
reçu le Céiino , elle fe décharge dans le Golfe de
Venife , entre l'embouchure de la Piava , & la petite
ville de Caorli. Maty.
LIVERDUN. Petite ville de la Lorraine , fituée fur
une montagne , près de la Mofelle , à quatre lieues
au-dellous de Toul. Liberdunum. Maty.
LIVERSAI , ou S. JEAN DE LIVERSAI. Bourg de
de France au pays d'Aunis , Diocèfe de la Rochelle.
LIVET. adj. m. Terme de Billard. On appelle livet ,
celui qui ]oue\ede}:nici-. Pojhcmus.
Livet. Bourg de France dans le Maine. Il y en a deux
qui font l'un & l'aune dans l'Éleclion i^' au Diocèfe
du Mans. Pour les diftinguer j on appelle l'un Livcc
en Charnie, & l'autre Livet en Sounois.
LWIA. Livia , Julia , Libyca. C'étoit autrefois une
ville confidérablc , forte, Épifcopale, Se capitale du
L I V
Comte de Ccrd.ignc , en Caulognc. Ce n'efl: m.iiiv
tenant qu'un bourg tout ouvert , litué kit la Ségte ,
à une lieue au dellus de Puicerda Maty.
LIVIADE. Nom d'une ville de la Paleftine. Livias. Elle
fut bâtie par le Tétrarque Philippe en riionneur de
Livic , Femme d'Augulle, dont il lui donna le nom.
Elle ctoit au delà du Lac Aiphaltite.
ÇCTLIVIDE. adj. d. t. g. Épitliète par laquelle on déli-
gne ce qui eft de couleur plombée, tirant (ur le noir.
Teint livide. 'Vilage livide. Mais ce mot cil partieu-
lièrement uhté pour marquer la couleur bleue & noi-
r.itre de la peau , occalionnée par une contuhon ou
par quelque tumeur. Livens , lividus. Un vii.xge livi-
de , de couleur plombée , efl: un ligne d'indiipoiition.
Les meurttillures rendent la peau livide. Quand la
chair tend à la gangrené , elle paroit toute livide ,
• elle devient bleue & noirâtre par l'épanchement du
fang hors les petites veines lur la (uperficic.
11 vient du Latin lividus.
$3" LIVIDITÉ, f. f. Etat de ce qui eft livide. Foyei
ce mot. Livedù , livor. La lividité' de la peau. Il y
avoit inflammation avec lividité. 'Verdier. hi livi-
</ifir' du vilaine marque la mauvaile fanté.
LIVIE , ou LIVIUS , LIVIA. f. m. & f. Nom d'une
famille Romaine. Livius , Livia. Le premier des
Poètes Latins que nous connoiillons , eft Livius An-
dronicus , dont il ne nous refle que quelques frag-
jnens.Il étoit aftranchi de Livius Salinator,qui lui don-
na la liberté à caule de fon clprit. C'ell le premier qui
ait ftit jouer une Comédie à Rome , fous leConfulat
de C. Claudius, & de M. Tuditanus, l'an 513 de
Rome. Livia Drulilla fut femme d'Augure, qui l'ai-
ma tendrement julqu'à la mort , & dont il adopta le
fils , qui fut Tibère fon fuccelleur.
On peut dire Livie , tant au mafculin qu'au fémi
nin,mais fur tout au féminin. Foye^ encore Live.
Livie fut mife au nombre des dieux par l'Empereur
Claude fon petit-fils. Tibère fon fils n'avoit point
voulu lui décerner les honneurs divins. Vofllus , de
Idolol. L. I. c. 11. livie _, femme d'Augufte, fut
adoptée par fon mari , c'eft la railon pour laquelle
elle prit le nom de Julie. Id. Ib.
LI'VIE , ou LIVIA. Terme de Fleurifte. Nom d'une
Tulipe qui a de fort jolis panaches violets , iur du
j blanc. MoRiN.
PLIVIÈRE. Nom d'une petite contrée voihne de Nar-
bonne , en Languedoc, ii^i/ria ^ Zivori^. Hadr. Va-
lois , Not. G ail. p. 2jS.
JLIVONIE. Nom d'une Province du Royaume de Sué-
de. Livonia. Elle eft bornée au levant par la Mofco-
vie , & par l'Ingrie ; le Golfe de Finlande la baigne
au nord , & celui de Riga au couchant i la rivière de
Dzwina la fépare au fuddu Duché de Curlande. Ce
payypeut avoir environ foixante lieues de long, &
autant de large-, il eft fertile en pâturages ^ & fur-tout
en grains , que les Suédois & les Hollandois y vont
acheter. On la divife en deux grandes contrées ,
l'Eftonie qui elt au nord , & la Lettonie au midi.
Ses villes principales font Riga , Rével , Narva ,
Derpt , Pernaw , &c. La Livonie qui comptoit autre
fois la Curlande , a été habitée par des peuples Bar-
bares &: Idolâtres, juiques vers la fin du XIF. liècle.
Les Allemans, pour les fubjuguer,& pour les con-
vertir , formèrent l'Ordre des Porte Glaives , qui
furent enfuite appelés les Chevaliers de Livonie. Ils
s'en rendirent les maîtres j & ayant enfuite embral-
fé la réformation , chaque Chevalier retint faCom-
iTianderie en propriété ; d'oii eft venu le grand nom-
bre de Nobles , qu'on 'trouve dans la Livonie , &
qui ont de fort beaux privilèges , & leur Grand
Maître Gothar de Kéthler eut pour fa part le Duché
de Curlande & deSémigalle, que fes Succelfeurs
polfédent encore aujourd'hui en fief de la Pologne.
Le refte de la Livonie a été un grand fujet de guerre
entre les Polonois, les Mofcovites & les Suédois?
mais enfin il eft demeuré aux derniers , à la rélerve
d'une petite partie de la Lettonie qui eft au pouvoir
des Mofcovites. Maty. La Livonie fut convertie à la
Foi, vers la fia du XIF. fiècle , par les travaux &: la
L I V
515
Prédication de Meinard , Chanoine de Sigébert,
que l'on ordonna Lvequc de ce pays, a.'in de
l'autorifer davantage. Il établit fon Siège à Riga,
capitale de cette l'rovincej& il y fonda en 1186.
une Églife Cathédrale lous l'invocation de la Sainte
Vierge.
Livonie, Golfe. Foye:^ Riga, le Golfe de Riga.
Les Chevaliers de Livonie font un Ordre mili-
taire , qu'on appelle autrement Porte glaives. Voy.
ce mot. Cet Ordre a été uni à celui des Chevaliers
Tcutoniques.
LIV(JURNE. Nom d'une petite ville du Montferrat
Savoyard , en Italie. Liburnum. Elle cil fituée dans
des Marais, près de lafourcede la petite rivière de
Gardina , à quatre lieues de Trin , du côté du couchant.
Maty.
LIVOURNE. Voyei Ligourne.
LIVRADE. f. f. Nom de femme , & de ville. Libe-
lata. Sainte Livrade eft honorée le 23 de Février,
comme Vierge &c Martyre , en l'Eglife bâtie fous fon
nom par Charlemagne , en Agénois , autour de la-
quelle s'eft formée la ville de même nom. Fanum
Sancla liberatx. Chastelain , au 2j Février, p.
■/26. Charlemagne ayant fait bâtir une Eglile près de
Ion château de Cafleneuil lur le Lot, en Agénois,
la fit dédier fous le nom de cette Sainte , morte appa-
remment vers ce pays , & dont les Reliques furent
l'occafion de cette dédicace, félon la pratique qui
étoit fort en vigueur en ce liècle-là. On l'a prife de-
puis pour en faire une des huit (œurs de Sainte Qui-
tère , dans la Légende apocryphe qui en a été dreflée.
Il paroit que c'eft elle qu'on prétend honorer en
Portugal , fous le nom de Vilgeforte, & en Flandre,
fous celui d'Ontcommère J mot qui lignifie Echap-
pée, comme celui de Liberata. Cette Eglile de Sainte
Livrade , fondée par Charlemagne , eft devenue un
Prieuré de l'Ordre de Saint Benoît , autour duquel
s'eft formée la ville de Sainte Livrade. Outre le
Prieuré qui eft à préfent de la Congrégation de Saint
Maur , il y a encore en cette ville un Couvent d'Ur-
fulines. Chastelain, Lb. p. J26 , J2j.
Il n'eft pas néceflaire d'avertir comment ce mot
s'eft formé du Latin Liberata : on lait allez que le
changement du A en v , fur tout en Galcogne, & du
t en d, n'eft pas rare.
LIVRADOIS. Petit pays de France , dans la Baffe Au-
vergne, aux environs d'Ambert qui en eft le chef-
lieu.
IP" LIVRAISON, f. f. Terme de Jurifptudence & de
Commerce. . f.vAi/'ifio , traditio. C'eft l'aètion par
laquelle on met entre les mains de quelqu'un , en (a
poflèllion , la chofe qu'on lui a vendue. C'eft la tra-
dition même de la chofe vendue. Mais le mot de
livrai/on convient particulièrement aux chofes mo-
biliaires qui fe livrent par poids & par inclure. On
m'a tait la livrai/on de tant de muids de vin , de tant
de pièces d'étofte, de tant de livres de bougies, de
tant de fetiers de blé, &c. Quand il s'agit d'immeu-
bles ou de chofes mobiliaires qui ne fe livrent pas
par poids &: par mefure , on dit communément tra-
dition. Voyez ce mot.
Livraison, fe dit aufli des chofes qu'on eft obligé de
donner en certaines occafions. On appelle vin de
tivraifon , bougie de livraifon , le vin & la bougie
que les Officiers font obligés de donner quand ils fe
font recevoir à quelque charge.
LIÛRE. f. f. Cable d'une charette qui fert à lier les far-
deaux dont 0*1 la charge , comme des balots , des
gerbes &C autres chofes femblables. Ne.xus , vincu-
lum , ligamen.
LiÛRE, entérines deMariiîC, fe dit de plufieurs tours
de corde qui allemblent deux choies. Colligaûo.
Liûre de beaupré , fe dit de plufieurs tours de corde
qui tiennent l'aiguille d'éperon avec le m^ât de beau-
LiÛREs. Terme de Charpenterie. Ce font des pièces
de bois courbes par un bout, qui fervent à élever les
bords d'un bateau foncet avec les clans.
LIVRE, f. m. Travail ou compofition que fait un Sa-
51
L I V
vant , ou un homme de letcres, pour £iiie pan au
public, ou à la poftériréj de ce qu'il a appris, re-
cueilli, inventé, ou expérimenté. Liber , codex ,volu-
men. Mais afin que ce travail , cette compolition
puille porter le nom de livre , il faut qu'elle toit d al-
fez grande étendue pour en faire un volume. Ce
livre ert excellent. Ce livre ell plein d'érudition.
Livre pernicieux. Aimer les livres & les Bibliothè-
ques , ne conclud rien à l'avantage de la perlonne
que vous m'adrelîez-, on peut les aimer lans juge-
ment & fans choix. Bal. On ne va point troubler
incivilement un homme dans la bonne opinion qu'il
a de fon livre. Bal. La conftance des hommes eff
une conlbnce de livre & de Comédie , qui le ht &
k repréfente; mais il n'y a rien de vrai , rien de natu-
rel. Bal. Il eft aifé de braver la mort dans un livre.
G. G. Il n'clt point de plus courte vie que celle d'un
mauvais livre. Vaug.
Monlieur *** connoiiroit bien les livres. En
ayant eu plufieurs de la fuccelllon d'un de fes oncles
qui étoitCuré, il les vendit à un Prêtre à qui il de-
manda le lendemain ce qu'il penfoit de ces livres.
Monfieur , répondit celui-ci , j'ai pallé la moitié de
la nuit à les examiner , & l'autre à me repentir de les
avoir achetés. Ce Prêtre n'avoir pas lu le partage de
Pline l'ancien , qui avoit coutume de dire , au rap-
port de fon neveu , qu'il n'y a li mauvais livre où l'on
ne puille apprendre quelque chofe. Dicere folebat ,
nullum effe Uhrum tam malum , ut non aliquâ paru
prodejfct. Lib. III. Epift. 5.
Mais nous autres faifeurs de livres & d'écrits.
Du Lecteur dédaigneux honorables EfcLives.
BoiL.
C eft peu d'être agréable & charmant dans un livre ;
// faut encore favoir & converfer & vivre.
Id.
fCTOn dit quelquefois en bonne part d'un homme qui
s'exprime heureufement fur toutes fortes de (ujets ,
qu'il parle comme un livre. On le dit plus fouvent
en mauvaife part d'un homme qui parle avec une
grande ficilité, mais en termes trop recherchés pour
ïa converlation. Comme les livres ne parlent pas
comme on parle en converfuion , il ne faut pas aulli
parler en converfacion comme les livres.
On appelle Livres Sacrés & Canoniques , ceux
que l'Eglife admet & reconnoit pour fcire partie de
l'Ecriture Sainte. Libri Jacri, canonici. Ce font les
livres qui font dans le Canon des laintes Ecritures,
qui compofent le corps des fiintes Ecritures, qu'on
appelle la Bible. Les livres de l'ancien Teftament ,
les livres du nouveau Teftament. Les livres apocry-
phes, font ceux qu'elle rejette.
Ce mot eft dérivé du Latin liher , qui étoit le nom
que les Latins donnoient à la féconde peau des ar-
bres, fur laquelle on éciivoit, & dont on faifoit en-
fuite les livres. Quoique l'on fît des livres d'autre
matière que d'écorce d'arbres , on ne laiila pas de leur
donner toujours le nom de livres que l'iifage avoit
confacré. Ainh, comme on le voit dans la vie de
l'Empereur Tacite, par- Vopilcus, on appela livres
éléphantins, des livres faits de petites lames d'ivoire ,
comme l'a cru Turnébe , ou des livres faits d'inteftins
Ai'éléphant , félon la penlée de Scaliger. Les livres
« des Grecs & des Romains n'étoient que des rouleaux
de papier en forme de petite colonne. Les livres de
figures carrées n'ont prefque point été en ulage avant
Céfar.
Les Livres d'Eglife , font ceux qui fervent à la
célébration du Service divin , comme les Antipho-
niers, Milfels , Graduels , Rituels, Proceffionels ,
&c. On appelle particulièrement Livre d'Eglife ,
celui qui fert aux Paroilllens pour reciter l'Omce
qui fe chante à l'Eglife.
Il y avoit autrefois , comme aujourd'hui , plu-
sieurs Livres Eccléiiaftiqucs : on nommoit Sacra
mentaire , celui qui contcnoit les prières que le
L I V
Prêtre devoir dire en l'adminiftration des Sacre-
mens , & principalement en la célébration du (àint
Sacrifice i tout ce qui fe devoit chariter, étoit mar-
qué dans un autre volume , nommé Antiphonier.
Les Leçonsétoicnt comprifes dans un autre volume,
nommé Letfionnaire -, & celui qui comprenoit les
Evangiles , s'appeloit Evangcli.iire , ou Evangé-
liftaire. Les Pfeaumes étoient à part dans le Pfeau-
ticr ; & pour montrer les règles que l'on devoit
obferver dans la pratique , & que nous nommerions
Rubriques , il y avoit un autre volume nommé
Ordre. Les Grecs ont encore ainfi plulieurs Livres
féparés , pour les différentes parties de l'Office. Nous
avons aulli des Pfeautiers , des Annphoniers, des
Milîels , des Bréviaires , des Pontificaux , des Ri-
tuels , des Proceffionaux , & des Ordres ; ou Di-
rectoires j pour réciter l'Office j & pour dire la
Melfe.
Livre noir. Nom qu'on donne aux livres de Né-
cromantie , de Magie , de Sortilèges. Liber niger.
Livre de Paix. Terme de Liturgie. Liber pacis. C'eft
le livre qu'on donne à baifcr à la Meflé. Dans l'Eglife
Greque il y a un livre qui fert à l'Office divin j on
l'appelle Livre de Mufique , liber muficalis. C'eft
un livre qui contient des Pfeaumes , des Tropaires ,
& d'autres prières fcmblables qu'on a courumede
chanter à l'Office. Ce livre eft noté félon l'ufage
des Grecs. Livre des Liturgies , Liturgiarum liber,
autre /ivre d'Eghle : chez les GrecSj il ne contient
point toutes les Liturgies , mais quatre feulement
qui font en ulagc aujourd'hui dans l'Eglife Greque;
favoir , la Liturgie de Saint Bafile -, la Liturgie de
Saint Jean ChryToftôme , celle qu'on appelle des
Prefancliftés , iip.r/'«cr'"M Scelle de Saint Jacques,
qui n'eft en ufage que dans l'Eglife de Jérufalcm
feulement une fois l'an. Livre des Leçons , Leclio-
nes , eft encore un Lwre d'Eglife chez les Grecs.
Voye\ Leçons.
Livres Spir'ituels , font particulièrement ceux qui
traitent de la vie fpiritucUe , ou chrétiaine , & de
fes exercices , qui expliquent & apprennent la ma-
nière de les faire , leurs ufages , leurs pratiques ,
ceux qui fervent à la contemplation , à la médita-
tion , & généralement tous ceux qui excitent à la
dévotion , comme ceux de Saint François de Sales ,
de Sainte Thérèfe , de Grenade , de Rodriguez.
Les livres prophanes , font des livres d'Auteurs
qui ne parlent point des choies qui regardent la
Religion. Les livres cenfurès ^ font des livres hé-
rétiques, ou contre les bonnes mœurs, qui ont été
condamnés &: défendus par les Supérieurs Eccléfiaf-
tiques. Les livres mis à l'indice.
Livre de Bibliothèque , eft un livre 113" qu'on ne
lit point de fuite , mais qu'on confulte à %,nefurei
qu'on en a befoin, comme un Didionnaire. DanS'
une Bibliothèque , on arrange ordinairement les li-
vres fuivant -l'ordre des matières. Les Livres d'Ecri-
ture Sainte , les Livres des Saints Pères , les Livres
de. Théologie , de Philofophie , de Mathématique,;
de Grammaire, de Langues , d'Hiftoire , &c.
Livre de Musique , c'eft dans l'ufage ordinaire dm
livre où il y a des airs , des chanfons pour apprendre
à chanter. On appelle aulli, Lnjlrumcns de livres y
les Didionnaircs , les Commentateurs ou Recueils
dont on fait un pareil ulage. Les livres en blanc,
font ceux qui ne font point reliés. Les livres manuf-
crits , ceux qui ne font pas imprimés. Les livres
anonymes , font ceux qui n'ont point de nom d'Autemr.
On diftingue aulFi les livres par leur taille , & fui-
vant que leurs feuilles font pliées (Je repliées, w-
folio,in-4" , in-S" , in- r 2 , in-i() , m 24. Les Re-
lieurs fe fervent de plufieurs façons de parler , ou
le mot de livre entre , & que Von trouve exph-
quécs en leur place. Ils difent , Etendre un livre ,
.allcmbler un livre, plier , battre , coudre un livre.
Grequer un livre , fouetter un livre , ficeler un
livre , palier un livre en carton , en parchemin ,
en veau. Coller, preftcr, rogner , jafper un livre.
Tranclicnler un
liyi
le marbrer
le dorer , le
polir.
0
LI V
olir , &c. ColLitionncr un livre , c'efl: voir fi le
vre eft entier & parfait , & s'il n'y manque point
uelqucs Feuillets j ou s'ils ne (ont point tranlpoles.
;atalogue àz livns , elt l'inventaire dune Bibliothc-
ue pour trouver làcilcment ceux dont on a ktoin.
RE relié à la corde. C'elt celui qiu elt coulu avec
es ficelles , qu'on appelle Nerfs , mais qui n'eft
as ouvert.
On appelle Livre blanc , un livre qui elt tout
e papier blanc , <Sc dans lequel on n'a encore rien
:rit. ^ .
On appelle Livre d'or, le Regiltre où font ini-
rits les noms des Nobles Vénitiens.
On dit qu'un homme connoît bien les livres ,
lon feulement quand il en fait le prix , comme un
ibraire , mais encore quand il fait ce que contien-
lent les livres , lorfqu'il a long-temps feuilleté les
livres. On dit qu'un homme elt toujours fur les
livres ; pour dire , qu'il étudie beaucoup. On dit
tuflî, qu'il dévore les livres; pour dire, qu'il les
it avec bcaucong d'application & de promptitude.
On a dit en Latin dans le même fens , Helluo lihro-
um , ôc cette exprelfion eH de Cicéron. On dit ,
ju un homme n'a jamais mis le nez dans un livre ,
jour dire , qu'il n'a jamais Ki. Acad. Fr.
On dit qu'un Auteur fait des livres ; qu'il a mis
ks livres en lumière ; pour dire , qu'il les a fait
mprimer ; &: qu'il vit de fes livres j quand il en
ôiblifte : c'eft le moyen de faire mauvaife chère.
;Jn Libraire appelle bons livres , ceux-là. feulsdont il
ji bien du débit. Il appelle livres ufés , ceux dont on a
âéja fait plufîeurs imprellîons ^ & qui , à caule de cela
le fe débitent guère. Les Curieux appellent bons
'ivres j les livres rares,, quoique les bons livres (oient
"în effet les plus communs. On dit parmi les gens de
Lettres, approuver un livre , cenfurer un livre , met-
cre un livre fous la prelTe , châtrer un livre dont on
retranche certains endroits. Examiner un livre. Pur-
ger les /ivra des Poètes anciens, c'eft en retrancher
'les ordures.
jr Livre, feditaulîî des principales parties dans lef-
quelles un volume, ou un ouvrage eil divifé. Le Di-
gefte ell compris en cinquante livres , le Code en
douze livres. Le premier , le fécond livre des l'ois.
Le premier livre de l'Iliade , de l'Enéi'de.
Ivre, fedit abufivement dans le commerce, des diffé-
lens regiftres où les Marchands tiennent leurs comp-
iles. Codex. On enfeigne aux Apprentifs Marchands
à tenir des livres de compte , des livres à partie dou-
ble, en débet & crédit-, c'eft ce qu'ils peuvent appren-
dre dans le livre du parfait Négociant de S.avari , &
dans quelques autres de même nature. Ces livres font
des livres faits pour y mettre des comptes. Computo-
I Tum , rationum liber.
\ L'Ordonnance veut que les Marchands, tant en
'gros, qu'en détail, aient un /ivrs qui contienne tout
leur négoce. Leurs livres doivent être paraphés &c
numérotés par un des Juges- Confulsj à l'égard de
ceux qui doivent faire foi en Juftice. Les Marchands
doivent avoir régulièrement neuf livres. Le premier,
intitulé Livre d'achat, qui doit être paraphé. Le fé-
cond ^ eft l'extrait du premier qu'on tient en débet &
en crédit. Le troilième , eft un livre journal , où l'on
doit écrire toute la marchandife qui fe vend par jour
à crédit. Le quatrième, eft un extrait de celui là en
débet & crédit. Le cinquième ^ eft un livre de vente
»u comptant. Le lixième, eft un /; vre d'argent payé ,
tant aux Marchands, que pour la dépenfe de la mai-
fon. Le feptième j eft un livre de cailfe qu'on doit
tenir auftl en débet , ou crédit. Le huitième , eft un
livre de numéro , auiîi tenu en débet , ou crédit , pour
connoître le compte de toute la marchandile qu'on
a achetée & vendue toute l'année. Le neuvième eft
un livre de teintures.
Livre de factures, eft celui où l'on écrit le contenu
des marchandifes qu'on reçoit d'ailleurs, & qui font
envoyées à autrui.
Livre quarnet , eft un livre dans lequel on rapporte
Tome V.
L 1 V 577
tous les comptes courans qui fe terminent aux foires
ou autrement, en peu de tems.
Livre de mémoire, eft un livre où l'on tient regiftre
des attes qu'on a pallés , des lettres de change qu'on
accepte , hc de toutes les aftaires dont on defire fe
rellouvcnir.
Livre de raison, eft un livre dans lequel un bon Mé-
nager, ou un bon Marchand, cent tout ce qu'il re-
çoit Ik. depenfe, pour fe rendre compte 6c raitbn à
lui- même de toutes fes affaires. Codex iinpcnfi & ac-
cepti. Les Marchands tiennent aufti ce livre en débet
ik crédit , qui n'eft en eftct qu'un extrait de leurs au-
tres livres.
On dit aulli d'un Seigneur fort endetté , qu'il eft
bien écrit fur les livres des Marchands.
Livre de strace , eft un livre qui fe fait après la Com-
pagnie finie , contenant les reliquats d'icclle , qui eft
proprement le rapurement du négoce fini.
Livre, fe dit aufU des regiffrcs & papiers publics»
Codices publici. Il y a lin Ofhcicr à la Chambre des
Comptes, qu'on appelle Garde des livres , i;ui a foin
des titres, papiers & regiftres de la Chambre.
Livre, fe dit tigurémcnt en choies fpirituelles & mo-
rales. On appelle le livre de vie , celui où font écrits
les noms des Predeftinés. Ce mot eft pris de l'Ecri-
ture. Phllipp. IV , 3- Qu'il foit eft'acé du livre de vie,
& qu'il ne (bit pas écrit avec les juftes, dit l'Ecriture.
On appelle le grand livre du monde , toute la nature
où l'on voit la grandeur des ouvragesde Dieu, les
Cieux qui nous racontent la gloire , la grandeur &
notre ballefte. On appelle auIlI le livre du monde y la
converlation des honnêtes gens , où l'on apprend à
vivre , à fe conduire dans le monde. C'eft le grand
livre du monde, qui apprend l'ufage des autres livres ,
& qui peut faire d'un homme favant , un fort hon-
nête homme. S. EvR.
On dit encore en Mulîque, chanter fur le livre ,
quand les deftlis font des accords fur le champ par
habitude, tandis que le chœur chante le plain-chant.
A Livre ouvert. Terme adverbial qu'on dit en ces
phrales. Chanter à /ivre ouvert, fans .avoir étudié ni
concerté la note. Ad apenuram libri.^ Expliquer un
Auteur à livre ouvert, c'elt-à-dire , (ans glofe, fans
commentaire. Malherbe fe fervoir de cette phrafe en
plaifantant , Lifez-vous à livre ouvert? pour demander
à quelqu'un s'il étoit toujours prêt à fervir les Daines à
point nommé.
On appelle populairement un jeu de cartes, le livre
des Rois. Et un homme qui a joué aux cartes, die
qu'il a feuilleté le livre des Rois.
En termes de BalTette & de Pharaon , on appelle
livre , treize cartes qu'on donne à chaque ponte.
Livre, s'emploie proverbialement en ces phrafes. On
dit , je viendrai a bout de cette aftaire , ou je brûlerai
mes livres. Naudé a dit dans (on Mafcurat , par ma-
nière de proverbe , Nous voici dans l'Hiftoire de M.
de Saumaite qui fait un /iv/d, ne penfant faire qu'une
page. Mascur. M. Cornet D. de S. diloit que pour
faire des livres , il falloir être ou bien fou, ou bien
lage. 'ViGN. DE Marv.
On dit aufti , qu'il faut fermer le livre , quand on a
dit tout ce qu'on pouvoit dire fur quelque iujet. On
dit aufti , qu'un homme eft écrit fur le livre rouge ,
quand il eft noté pour qijelque faute dont le Magiftrac
ou le Supérieur pourroient fe louvenir en tems &
lieu.
Livre, fe ditauffi du troifième ventricule des animaux
ruminans. On l'appelle autrement le millet. Voye^
Millet.
Livre, f. f. Eft aufti un terme de Compte , &: le prend
en France pour vingt fous , qui eft la valeur d'une
monnoie qu'on appeloit autrefois jranc , &c qui eft
fynonyme. Libra Turonlca. La livre de compte nu-
méraire , compofée de vingt fous , & chaque fou de
douze deniers, dont nous nous fervons aujourd'hui
avec prefque toute l'Europe , commença (c)us Char]e-
magne. Boizard, P. L c. J. car les François fe fer-^
virent de la livre Romaine jufqu'au tems de ce Prince ,
qui la changea en livre Gauloife. Le Blanc. On tailla
Dddd
578
L I
les fous de celle manière, qu il s'en trouvoit vingt à
la Ilvi'c de poids ■, en lorte qu'on fit une livre de
compte compolée de paicU nombre de pièces. Amll
depuis ce tems-là , quand il ell parlé de livres , cela le
doit entendre de la livre de compte , compolée de
vingt lousj à moins que le mot de poids ou de la
aiiatière n'y foit ajouté. Le Blanc.
Il n'y a peut-être point de mots François où la bi-
zarrerie de notre Langue pareille davantage , que dans
l'emploi de francs j ou tîe livres. Ils lont purement
fynonynies, & ont cependant un utage très-diftérent.
On ditj j'ai trente mille /ivrej de rente , & ce fcroit
mal parler que de dire , j'ai trente mille francs de
rente : on ne met jamais francs avec mille & renie.
On ne dit point, cela m'a coûté une livre , deux /i-
v«.f, trois livres ., cinq livres, ni il me doit cent li-
vres. Mais quand la iomme palfe cent, il femble
qu'on uie inditiéremment de l'un & de l'autre : il me
doit deux cens livres ou deux cens francs. Il n'y a
que 1 ulage qui puilîe apprendre l'utage capricieux de
ces deux termes. Bouh. Voici pourtant quelques rè-
gles qu'on doit obferver : i". En chiftrant, ou en
comptant avec des jetons, on peut due une livre j
deux livres j trois livres, &c. Mais dans le difcours
ordinaire , on dit plutôt vingt fous , quarante fous ,
un écu, quatre francs, cent lous, fix francs, &c. Il
en faut excepter quelques nombres rompus ; car on
dit plutôt quarante-trois livres que quarante trois
francs, deux mille cinquante-hx livres j que deux
mille cinquante lix francs. i°. Il faut fe fervir du mot
de livre toutes les fois qu'on y doit ajouter un nombre
de fous; ainfi on dit, trois livres cinq fous, & non
pas trois francs cinq fous. 3°. On fe ferr du mot de
livres toutes les fois que le mot de rente fuit. Trois
livres, dix livres de rente. L'Acad.
En Angleterre, les livres fterlings valent environ
vingt-deux livres de France. Autrefois la livre ller-
ling étoit une livre de vingt deniers -.fterling , en ces
tems-là , vouloir dire denier. La livre Parilîs vaut
vingt-cinq fous. Elle augmente du quart en fus les
livres tournois. La livre Bourdelois ne vaut que de-
mi livre Pariiîs. La livre tournois étoit de vingt fous.
La livre Bretonne étoit plus forte de cinq (ous ôc
plus ; en torte que dix livres tournois ne valoient que
huit livres fix lous huit deniers de Bretagne. Lobi-
NEAU. Glojf. de l'HiJl. de Bretagne. Je trouve dans
Ja même Hiftoire, T. II. p. J24, des livres Angevi-
nes; mais je ne trouve point ce qu'elles valoient. Je
ne fais s'il y avoit autrefois deux lortes de livres tour-
noisj les grandes & les petites; ce qui eft certain,
c'eft que dans les lettres d'éreéfion de l'Ordre des
Fous , il elf parlé d'une amende de trois grandes livres
tournois, /'qye^ ces lettres dans Schoonebeck j Hijl.
des Ordres militaires , T. II. p. 22 p. Se dans le P.
Hélyot, T. VIII. C.40. L'Arithmétique apprend à
calculer'les livres, les fous &: les deniers, à réduire
les fous en livres , 8c les livres en fous. Une tonne
d'or ell ellimée cent mille livres en Hollande. Un
nuUion de livres , c'eft le tiers d'un million d'or, ou
d'un million d'écus.
Plaife au Roi me donner cent livres ,
Pour des livres & pour des vivres :
De livres je me pajferois ,
Mais de vivres je ne /aurais. Marot.
On dit au Palais, que les Créanciers feront payés
au lou la livre , au marc la livre , quand ils font collo-
ques à proportion de leur dû fur des eitets mobil'iniics
ce qu'on appelle par contribution , ou lorfqu^en ma-
tière hj'pothécaircj ils lont en concurrence, ou éga
lité de privilège , & qu'il y a manque de fonds , ou
encore lorfqu'en matière de banqueroute, ou de dé-
confiture j il faut qu'ils fouffrent &: partagent la perte
totale j chacun en particulier, auiîi à proportion de
fon dû.
En termes de Marine , on dit livre à livre, au lieu
de dire, au fou la livre; c'eft-à-dirCj que chacun
L I V
participe au gain , ou à la perte , à proportion d'
ce qu'il a contribué à la dépenfc. ;
Les Romains avoient aulîi une efpèce de monnoi
qu'ils appeloient libra , ou libella , qui faifoit I
dixième partie du denier, à caufe qu'elle valoit ui
as, qui au commencement pefoit une livre de cui-
vre ; & Scaliger ajoute qu'ils fe fervoient auiîi di
mot de livre pour une moniioie de compte. Liiri
non erat nummus ■, fed colleclio nummorum. Dans h
Droit Romain , il y a des Loix qui règlent que L
livre d'or fera de foixante &: douze fous ; & la livu
d'argent de cinq fous.
L'origine de ce mot vient de ce qu'ancienneraeni.
chez les François la livre étoit un poids fur lequej
ils régloicnt la taille de leur monnoie , & cettt'
taille l'Ut arrêtée de vingt fous à la livre. Enfuite çljc
devint livre de compte; de force que tout ce.^ui
valoit 20 fous , étoit nommé livre. Dès le tei^
de Charlemagne , les marchés & les contrats ont
ete faits lur le pied de cette monnoie imaginaire j
quoique les fous aient changé de poids èv' d'alra.
Depuis on fabriqua des pièces d'or qui valoient 10
lous, &• lous Henri III. en 1^75. des efpèces djÈiir
gent de pareille valeur. L'un & l'autre lurent u^
mes francs , & ainli cette monnoie imaginaire œ-
vint réelle.
Pluheurs perfonnes célèbres ont cru que les Uvrti
d'or, dont il eft il fouvenc parlé dans les titres, ii'c-
toient pas des livres de poids, mais une monnoie
d'or qu'on apeloit une livre d'or , parce qu'elle va-
loit 2Q lous; c'eft à dire , une livre, comme fous
le Roi Jean on appela franc d'or , une monnoM
d'or, à caule qu'elle valoit 20 fous, ou une livn^
que nous appelons aufll un franc , parce que cetts
façon de compter par livres de 20 fous , doit Ibr
origine aux François. Deux raifons me font rejettei
cette opinion. La première, c'eft qu'il eft fouvcni
parlé de ces livres d'or fous la première Race ; tk
forte qu'on ne fauroit l'entendre d'une moniiÉf
d'or valant une /ivre , ou 20 fous, puifque la /ilp
de compte , compofée de 20 fous , n'a été inrro-l
duite que lous le commencement de la leconde Race
Secondement , la manière dont les amendes à livrer
d'or font conçues , fait alfez voir que ce font de; |
livres de poids. Le Blanc, p. 160. où pour prou-
ver ceci , il rapporte pluheurs titres, ou libra &I
pondo lont fynonymes, & ne peuvent lignifier qu'une if
livre de poids. Une Ordonnance de Charles le |
Chauve pour les monnoies ^ faite au Parlement de,
Pifte le 7 des Calendes de Juillet de 1 an 854. porte II
que la livre d'or ne vaudra que 12 livres d'arr-ent
fin.
Livre DE terre. Terme de Coutumes. C'eft une /ivre J
de rente en terre _, ou autant de terre qu'il en fà^f 1
pour fliire une livre de rente.
Livre , eft auiîI une mefure du poids des corps gra^
ves , qu'on pèle , qui eft diftérente Iclon les lieux.
Libra. Celle d'Avignon, de Provence & de Langue-
doc , eft de 1 3 onces. La livre de Lyon eft de i j
onces. La livre de Paris , & la livre marchande
dans une grande partie de la France, eft de 16 on-
ces, celle de Médecine eft de 12. Chaque once eft
divilée en huit dragmes , ou gros ; la dragme en
trois Icrapules , ou deniers ; le Icrupiile , ou de-
nier, en 24 grains, & le grain en 24 karats. De
forte que la livre de Paris contient 9216 grains.
Dans bien des cndrcfits , on vend toutes chofes à
la livre , juiqu'au bois j charbon , au vin , au poif-
fon , comme à Lyon. Les balles de moufquet doi-
vent être de vingt à la livre. Les canons de b.itterie
portent depuis 24 jufqu'à 36 livres de boukt ; ce
canon pèle ordinairement fix milliers, ou 6000
livres, & l'aftuc autant. On a mis lîx quintaux de
poudre pour faire jouer ce fourneau ^, c'eft- à-dire,
600 livres. Les Romains avoient uii^ livre pondé-
rale , & une livre menfurale pour les longueurs. La
livre de bled contient, fuivant le Père Merfenne,
13760 grains. Bouteroue a fait de belles Tables
de divilîons de la livre Romaine , (^ du rapport
L I V
à nos grains , &c de mcmc de l'as &■ de fcs parties.
Ce mot eu ce i'cns vient du Latin /ifra.
Un ancien Auteur écrit que chez k's François la
'livre c(l de 20 Ibus, le iou de 11 deniers , & que le
dernier efi; la vingtième partie d'une once. Les An
nalcs de Fuldc dilentauiii que la iivre eft de io ibus.
La /ivn de poids d'argent étoit de z/ Tous chez les
Ecolfois du temps de Robert IIL Hn Angleterre j
après la conquête qu'en fit Guillaume le bâtard Duc
■de Normandie , la /zvrt" étoit de 20 Ions, &c le (ou
quelquefois de 16 deniers, mais plus ordinairement
de 20. ious la domination des Saxons, la /ivre
avoit été de 48 fous d'argent , & le fou de cinq de-
niers feulement. L'a livre prime en Languedoc , /i-
ira prima , eil de 20 fous.
Ce mot \aent de /lim , qui lignifie' la même chofe.
, Zif>riZ a cté pris dfi Celtique iijfr , félon M. Pézron.
Le poids de la /ivre lut pris par les Romains des
Siciliens, qui le nommoient liera. Les Romains ont
changé la prononciation du T en B. Ce poids ell
divilé en douze onces, qui ne pefoit même que dix on-
ces & demie de notre poids. Les parties de 1 ancienne
livre Romaine étoient l'once , qui en étoit la dou-
zième partie ; le fextans , qui pefoit deux onces ,
& en étoit la lixiome ; le quadrans en peloit trois ,
& étoit le quart -, le triens en pefoit quatre , &
étoit le tiers ; le quincunx en pefoit cinq ; le femis ,
fix , & faifoit une demi livre -, le Jeptunx en pefoit
fept ; le bes , huit; le drodrans , neuf; le dcxtans ,
dix; le deunx , onze; enfin l'as peioit douze on-
ces , ou une livre. Voyez As. Les onces Romaines
ii'étoient pas égales à celles de notre poids de marc ,
elles éioient plus foibles d'un neuvième ; de forte
que les douze onces dont a été compofeé la livre Ro-
maine, n'en pefoient que 10 & 2 tiers des nôtres.
Le Blanc , p. j. La livre d'Efpagne cft environ d'un
Jîxièmc & I tiers pour cent plus foible que notre
poids de marc. Elle fe divile en Caftillans , qui en
font la centième partie , & le Call-illan en huit
tomines. On le fervitde \:^ livre Romaine en France
pour la monnoie d'or & d'argent , jufqu'au temps
de Charlemagne , Ou même jufqu'à Philippe L en
1 09 3 .auquel temps on commençaà compter par marc,
& non plus par livres. Voy. Le Blanc. La dragme ,
& l'obole (ont des noms Grecs. Bouterouf.
Dans ta Préface du IV^ iiccle des A^ta Sancl.
Benedicl. §. VU, n. 1^2 , p. CIX. le Père Ma-
billon fait une dilfertation fur la livre de pain que
le Concile d'Aix-la-Chapelle ordonne pour chaque
Moine;' (^- il prétend qu'elle étoit de 18 onces de
pâte qui revenoicnt à 14 ou même à i6,.quand le
pain étoit cuit. Il montre dans le n. fuiv. ly'j. que
la livre de Théodémare , Abbé du Mont - Callin ,
revenoit au même. D. de Rancé , Abbé de la Tra-
pe , dit dans (on Commentaire fur le 39 Chap. de
la Règle de S. Benoît , que' dans la Congrégation
du Mont Calhn , on tie'nt que la livre àt pain étoit
de trente trois onces & demie , & que d'autres difcnt
qu'elle en devoit pefer vingt-huit ; mais il rejette ces
deux (cntimens.
Dans les vieux Titres , on appelle une livre de
témoins , 72 témoins ; & une livre d'années , 72
ans , à caufe que la livre qu'ils appeloient Libra
occidua , étoit alors partagée en 72 fous, ou mon-
noie d'or. Il frlloit 72 témoins pour condamner
un Evcque , fuivant un Concile tenu en l'an 3 20.
à Rome ; ce^qu'on appeloit Likra tefiium.
Dans les vieux Titres , on a appelé aulïï livre de
terre, un arpent de terre, félon le P. Sirmon, après
Spclman» jugerum ; mais d'autres prétendent que
c'cft autant de terre qu'il en falloit pour faire le revenu
d'une /nrd en argent, (iiivant la monnoie du pays
qui couroit alors. Dans la baiïe Latinité on l'appeloit
likra ou librata terr.'..
Livre. Terme de Salines. Efpace d'un marais falant
contenant vingt aires , nombre de vingt aires d'un
matais falant. On compte la valeur d'un marais falant
parles livres, c'cftà-diie, par la vingtaine d'aires.
En termes de Mécanique , on réduit l'cliimation
Tome K.
L I V y79
de toutes les forces mouvantes à hi livre. Une livre
dans une certaine diftance du centre , contrepele
cent livres.
On dit aullî , des livres de légèreté , quand on
enferme de l'air' dans des veilles, ou des outres,
autant qu'il en faut pour contrepefcr a un corps
qui enfonce dans l'eau , &c le tenir en équilibre ,
ou plus élevé.
Poire de Livre. Nom d'une efpèce de poire. Pyrum
librale. La poire de livre , que quelques-uns ntnn-
mcnt gros râteau gris , & d'autres poire d amour ,
cit fort groile , témoin le poids qu'on lui donne j
elle e(l peu longue pour fx grollcur; elle a la peau
allez rude , & le coloris d'un roux fort obfcur j
la queue courte, & l'œil fort enfoncé : elle fait une
belle & bonne compote , de quelque manière qu'on
la fallc cuire , foit dans la cloche , (oit fous la cen-
dre , ("oit autrement. La Quint. Le Catillac, le
Tont.irabie , le Parmein , àc. ont une âcreté , qu'au-
cun (ucre ne (auroit vaincre , & peu s'en faut que
les poires de livre &: d'amour , ne foient de ce
nombre-là. La Quint.
Livre, terme de Botanique. La partie intérieure de
l'écorce, celle qui touche le bois , & qui t(t elle-même
prête à devenir bois. L'union de la gretie &c du
iujet commence à fe faire par les fibres de la cou-
che la plus intérieure du livre. Mercure , Octobre
1733. Le vrai mot eft liber.
§3" LIVRÉE. (. f. Couleur pour laquelle on a du
goût, & qu'on a choiiîe pour dirtinguer (es gens
de ceux des autres , & fe faire reconnoître loi-
même des autres. Infigne , vejliaria tejfera , vejlia-
rium fymbûlum. Les livrées fe prennent par atiec-
tion & par fantaifie , &C démentent par fucceillon
dans les familles. Les anciens Chevaliers qui pa-
roilloient dans les tournois, fe tailoient difîinguer
par les livrées de leurs Dames , qu'ils portoient.
Ce tut de- là que les Grands-Seigneurs firent por-
ter leurs livrées à leurs domeftiques. La fignification
du mélange , & l'union des couleurs dans les livrées ,
(ont expliquées en détail par le Père Méneftrier dans
(ont Traité des Caroufels & Tournois. Dion dit
qu'Onoinriis tut le premier^ qui'inventa les couleurs
vertes & bleues pour les Quadrillesuu Cirque, pour
reprélenter les combats de terre , &C de mer.
Livrée. Terme du Rubannier. Galon uni & façonné
ou à figures , dont on borde les habits des domefti-
ques.
^ La livrée du Roi eft la plus belle & la plus noble.
La livrée de la Reine ell la même , excepté qi.e ce
qui eft cramoiil dans celle du Roi , eft bleu dans
celle de la Reine.
|!C7 On appelle Gens de livrée , tous les domefHques
portant les couleurs.
Ce mot fe prend quelquefois colleétivement pour
tous les gens qui portent une même livrée. Fa-
rnulitium tcjjerâ veftiariâ injlructum. Toute la livrée
d'un tel Prince accourut au bruit. Faites fuivre la
livrée. Dites à la livrée qu'elle attende. La livrée
arrivera t-elle bientcitî
^fT On le dit auill de tous les laquais. La livrée s'eft
révoltée. Livrée de la noce , livrée de la mariée. Ce
font les rubans de couleur dont la mariée fait prélent
à fes parcns & à fes amis, à un certain nombre de
jeûnes gens &: de jeunes filles. Ce qui n'eft plus
d'ufage que dans-ks noces de village.
Livrée, fe dit ligurément en Morale , & fignifie,.
Parti. Fexillum,Jîgnum. Ls'iCWicûcns combattent
fous les livrées , fous l'étendard de la Croix.
Livrée , (îgnifioit autrefois une délivrance qu'on fai-
foit chaque jour à un Officier d'un Grand Seigneur ,
ou à un membre d'un Chapitre , des chofes qui lui
étoient allîgnées pour (a fubfiftance , comme pain ,
vin , bois , chandelle , èc autres chofes pour vivre
chaque jour , & pour s'habiller. Sporta. C'eft ce
qui a donné le nom aux livrées. Les livrées d'habits
fe faifoient anciennement deux fois l'année , &: on
les appeloit, livrées de Noël, & livrées de l'Jf-
fomptlon. C'étoit la coutume ( fous S. Louis ) que
^ Dddd ij
580 L I V
le Roi aux fèces de Noël , fit piéCent aux Seigneurs
qui é:oicnt à C.\ cour , de certaines capes , ou cala-
ques, dont ils le revctoient lur le champ. C'eft (ans
doute ce qui dans des anciens comptes de la Mai-
lon du Roi , qu'on voit à la Chambre des Com-
ptes de Paris j eft appelé du nom de livrées , parce
que le Roi donnoit ou livroit lui-même ces habits.
P. Daniel, HijL de France , T. II , p. 7/. Cha-
que Cour plenière que tenoic autrefois le Roi , il
fui falloit habiller fes Ofiiaiers , ceux de la Reine
& des Princes. CeshalSits s'appcioient livrées , parce
qu'on les leur livroit aux dépens du Roi. Le Gendre ,
Alœurs des Franc, p. lyp, iSo.
On appelle encore dans la Maifon du Roi , gran-
des & petites livrées , des droits qui font payés à
de certains Officiers , comme les Maîtres d'Hôtel
du Roi par les Trétoriers de la Chambre aux de-
niers , &c cela outre & par-delïus leurs gages.
Ce mot vient de liberata , ou lïberaùo , qu'on a
dit dans la balle Latinité en la même lignification.
Il y en a qui difent qu'en Bretagne on .appelle
livrée un appât avec lequel on prerid du poillbn.
Efca medicata.
Livrée de terre. Terme de Coutume. Les livrées de ter-
re , font tant de livres de rente. Soixante /ivrf'ej de ter-
re jfoixante livres de rente. Lobineau , GIo^. C'eft à-
dire , une terre rapportant foixante livres de rente.
l^oye-^ l'Hiftoire de Bretagne, T. II , p. 440. La
livrée de terre étoit un fonds produilani une livre
de rente , ce qui fe confirme par d'anciens ailes
de l'Abbaye de Remiremont , où il paroît qu'au
commencement du XV* liècle en 1402. les filles
qui entroient dans cette Abbaye renonçoient au
profit de leurs autres frères & lœurs , à tous les biens
& héritages quelconques , qui pourroient leur
écheoir , à la réferve ue quinze livrées de terre de
vingt gros par livrée pour chacune d'elles pendant
leur vie, P"oye\ le P. fîÉLYOx, T. FI, C. ji. Le
gros étoit un fou. Voyei Gros, f-^oyei^ ci-dellus
î.ivre de terre.
LIVRER, v. a. Donner , mettre entre les mains de
quelqu'un , en la pollellîoii , en ton pouvoir. Tra-
dere , dare jpndere. On lui a livré les clcts de l'ap-
partement qu'il a loué. Livrer une place aux enne-
mis. Ablan'c. Quand un Marchand a livré fa mar-
chandife , il ne la reprend point. Livrer du pain de
munition aux troupes.
Ce mot vient du Latin libcrare , qui fignifioit
quelquefois donner, comme piouve Du Cange ,
qui dit aufiî que ddiherare fignifioit in manus tra-
dere. Les Bollandiftes ont remarque la même chofe.
April. T. /j ;'. 2S1. Us ajourent que ce mot a
pallé de France en Angleterre , où- l'on dit déli-
vrer, ëc dans les Pays-Bas , où l'on dit leveren au
même tens.
UO° Livrer, fe dit aufli parmi les Artiûns en par-
lant des chofes qu'ils ont promis de faire, «Is: des
ouvrages qu'il mettent entre les mains de quel-
qu'un , lelon les conventions fûtes avec lui. Li-
vrer un ouvrage pour un certain prix ; le livrer
fait & parfait. On doit me livrer tel ouvrage dans
un tel temps.
Livrer , fignifie aufti Abandonner, relâcher. Dimit-
terc. Pilace livra JÉsusChrist aux Juifs pour le
faire mourir. On a tiré ce tcélérat d'un afile , é\: on
l'a livré à la Juftice.
^CFOn dit dans le même fens livrer au bras féculierj
renvoyer à la Jurifdidlion féculière , en parlant
d'un Ecoléfiaftique qui a mérité peine affliftive , à
laquelle il ne peut être condamné par le Juge tcclé-
fiaftique , qui le renvoie pour cela au Juge LaVc.
§3" En terme de Guerre on dit , livrer un a!làut. Voy.
Assaut. Livrer bataille , donner bataille. Com-
miîtere.
On dit aufll dans un lens figuré, Zivr^r bataille ,
livrer allant j livrer combat pour quelqu'un , pour
<iire j foutenir fortement fes intérêts auprès d'un
autre.
Livrer , fe dit aulli au jeu de Dci. Livrer chance ;
L I V
c'eft amener un certain nombre de points, qui de-
vient la chance de celui contre qui on joue.
Livrer , (e dit figurément en chofes morales , & figni-
fie , Abandonner ^ le lailler aller à cjuclque chofe.
Dunittere , committere , relinquere. Ne livrer point
vos lecrets à des imprudens. M. Se. Il femble que
par un févère jugement de Dieu , les Grands du
monde ne loient tirés du néant que pour être livrés
à l'orgueil. Flech. Le Roi étoit livré à l'avarice &
à la volupté. FÉN. Nous livrons nos cœurs aux vai-
nes douceurs d'une vie molle & oiùve. Fléch. La
lolitude me livre tout entière à l'amour. L. Port.
Faut-il que vous livrie^ tant de beautés à la merci
de la douleur ? Malh. Etre livré , fe livrer à fon
malheur , à la mauvaile fortune , à la fureur de fes
ennemis , à Fenvie , à toutes les pallions , à fon
imprudence _, &c. ^3" Livrer une ville au pillage, à
la fureur du loldat. Urbem diripiendam iniiuibus per-
mittere. On l'emploie fouvent avec le pronom perfon-
lael. Se livrer à l'amour. Darefe , tradere , dedere.
Ce mot fe dit fouvent dans la converfation fami-
lière j pour Garantir, allurer. Spondere , ajjercre.
Je vous livre cette femme-là mariée avant qu il foit
un an. Si cet homme continue à vivre comme il fait,
je vous le livre ruiné dans deux ans. On dit aulli , je
vous livre un tel chez vous avant midi , à une telle
heure , pour dire , je vous .alfure , je vous réponds
■qu'il ira chez vous à l'heure qu'il faudra. Si vous
avez befoin de cet homme dans une telle afiaire , je
vousle/ivTC, pour dire, je vous réponds qu'il vous y
lervira.
On dit pfoverbialement , tel vend qui ne livre pas ,
pour dire qu'on ne réulîic pas toujours dans les me-
lures que l'on prend pour tromper quelqu'un.
Livrer. Terme de billard. Mettre une bille en état
d'être laite. Je fuis toujours livré. Je n'ai pas voulu
tâcher cette bille j de peur de me livrer.
$3" En termes de Challe , livrer le cerf aux chiens ,
c'eft mettre les chiens après le cerf.
LIVRE , ÉE.part. Traditus , datus.
LIVRET, f. m. diminutif. Petit livre. Libellas.
Les Maîtres Écrivains appellent aufll ZiiTtf ce que
les Mathématiciens appellent la Table de Pythagore.
Jbacus Pythagora. C'eft- une Carte où font conte-
nues les multiplications des nombres iunples, l'un
par l'autre julqu'à dix. C'eft-à-dire, tous les produits
poilîbles des neuf premiers chiffres. Cette table
iert aux multiplications des fommes qui font plus
groiles.
Livret. C'eft encore le nom d'un petit livre dbnt les
feuillets font rouges, où les Batteurs d'or mettent leur
' or en feuille. L'or battu le vend par livrées.
fCT Livret, ou Livre. A la Balfette , su Pharaon,
ce lont les treize cartes différentes qu'on donne à
chacun des pontes.
LIVRON. Nom d'un bourg du Duché de Valentinois
en Dauphiné. Libero , Libronium. Il eft près de la
Drome , environ à quatre lieues au deftous duCreft ,
& à une du Rhône. Maty.
LIVRY. Nom d'un village avec Abbaye. Livriacum ,
Liberidcum. Il eft dans l'île ,de France , environ à
deux lieues de Paris , vers le levant. Maty.
Il y a encore Livry fur la Vêle , en Champagne ,
Liberiacum ad Vidulam , entre Louvercy & Sept-
Saux. Hadr. Valef. Not. Gall. p. 6oj.
La Forêt de Livry , en Latin Sylva. Liberiacenjis ,
autrement la Forêt de Bondis , Bongeienfis. Hadr.
Valois 3 Not. Gall. p. 264. '
LIVV. Nom d'une petite ville de la MazoviCj en
Pologne. Liva. Elle eft capitale d'unç des Cha-
tel'enies du Palatinat de Czersko , &: fituée fur la
rivière de Liwier , à dix fept lieues de la ville de
Czersko j & à vingt de celle de Warlbvie , vers le
levant. Maty.
Ip LIUXUN. Nom d'une ville de la Chine , dans le
Gunnan.
fCTLïUYANG. Nom d'une ville de la Chine, dans
la prdvince de Huyr.ang , au département de Heng-
cheu.
L IX
L I X.
LIXE. Foye\ Larache.
LIXIVIAlION. f. £ Terme de Chimie. L'adion
de tirer des tels par Li lelîive. Lïxïvïaûo. Les iil-
rres de //;fivw^it)/zj ayant rttcini un peu plus ou mouis
de Icliîve , feroiu trouver une petite diiiérence dans
les tels tixes. Hombert , Ac. des Se. lépp. Mcm,
p./i- Le tel tîxe le lépare de la terre par la Lixivia-
tion. Id. p. 1 ! )-.
LIXIVIEL, ELLE. adj. Terme de Chimie, qui ledit
des tels qui le tirent par la lellive , par la lotion ,
c'elt à dire , par le lavage des cendres a l'eau chau-
de, ou a 1 eau froide ^ luivant les cas. Lïxïviojus y
a , um. Les Tels alcalis IlxïvuIs , bien loin de retroi-
dir l'eau dans laquelle on les mêle , ils l'échautlent
plus ou moins , (elon qu'ils ont été bien calcinés.
Geoffroy , Acad. des Se. i/o O. Além.p. 112. Les
Tels lixiviels purement alcalis j & bien calcinés ,
comme le tel de tartre , échauflent la liqueur bien
loin de la refroidir. Id. ^. 114-
UXIVIEUX , EUSE. adj. m. & f. Terme de Chimie,
le même que lixlviel qui eft feul en ulage aujourd'hui ,
qui fe dit des fels qui fe rirent par la lelîive, par
lavure. Lixiviofus. Les tels lixivkux font les tels
fixes des plantes, &c. On les tire par lacalcination
des plantes., ou en réduitant les plantes en cendres ,
& en faitant enfuite une lellive de ces cendres avec
de l'eau, d'où vient le nom qu'on leur a donné.
Boile dit que la marque qui tait diftinguer les tels
iixivïcux de ceux qui tont unneux , ell que les tels
/i.wV^c'^/.v changent la dilîolution du tubhmé dans de
l'eau commune , en couleur jaune. Voye^itsExpé-
riences fur les couleurs.
L I Z,
LIZ. f. m. Terme ufité parmi les Payfans & ceux qui
prennent des pluviers, pour tignitier une Lizière de
terre fendue comme une gouttière de maiton, dans
laquelle te cache le filet qui doit couvrir la forme ,
& qui borne la même forme d'un côté , ce qui
lui donne, comme il parok, ce nom de /q , ou
lizière de la torme.
LIZAINE. Nom d'une petite rivière de Normandie ,
en France. L'in^mus. La Li^aine palle à Penéci , en-
tre HonHeur & Pont-au de mer , & fe jette entuite
dans la Seine. Valois, Noc. Gall.p. 482.
LIZARDES. f. f pi. Toiles qui fe fabriquent au
Caire.
LIZER , ou ÉLIZER une pièce de drap. C'eft la tirer
par les lizières lut ta largeur , atin de la bien éten-
dre, pour en ôter les ribaudures &: anguilles,
c'ell-à-dire , les elpèces de faux plis ou bourlets
qui s'y tont formés en la faifant fouler.
LIZIER. f^oye^ Licar. »
L L A.
LLAMA. f m. Mouillez les deux //. Nom d'un animal
du Pérou. Ce font de petits chameaux que les In-,
diens du Pérou appellent Llamas , ceux du Chili
Chdlehueque , ôc les Etpagnols Canieros de la tierra.
Moutons du Pays." Camelus Peruvianus. Ils ont la
tête petite à proportion du corps, femblable en quel-
que chofe à celle du cheval & du mouton ; la lèvre
fupérieure comme cc-lle du lièvre , eft fendue au mi-
lieu , par là ils crachent à dix pas loin contre ceux
qui les inquiètent ; & fi ce crachat tombe fur le
vifige , il y fait une tache roullâtre , où fe torme
fouvent une gale. Ils ont le cou long, courbé en bas ,
comme les chameaux, à la naillance du corps, &
leur rcffemblsroient alfez bien à cet égard , s'ils
avoient une bolTe fur le dos. Leur hauteur eft d'en-
viron 4 à 5 pieds & demi. Fresier, p. i sj &•
1 sS. Ils ne portent ordinairement que cent livres
péfant ; marchant la tête levée , avec une efpèce de
gravité. La nuit il eft impolîible de les faire marcher
L I O
y8i
avec leur charge ; ils té couchent jufqu'à ce qu'on
les débarrallé du fardeau , pour aller chercher à paî-
tre. Leur nourriture ordinaire crt: une herbe qui ref-
témble allez au petit jonc , excepté qu elle cit un
peu plus mince , iL' qu'elle a une pointe piquante
au bout. On l'appelle Vcho. Ils mangent peu, &
on ne leur donne jamais à boire j de lorte que cet
animal eft de peu d'entretien. Quoiqu'il ait le pied
fendu comme les moutons , on s'en tert néanmoins
dans les minières, pour porter le minerai au mou-
lin: dès qu'ils ont leur cUargc , ils vont tans guide
au lieu où l'on a accoutumé de les décharger. Au-
dellus du pied ils ont un éperon , qui leur rend le
pied tùr dans les rochers , parce qu'ils s'en fervenc
pour s'accrocher. Leur laine rend une odeur forte ,
& même défagréable ; elle eft longue , blanche ,
grife & rouHè par taches , &: allez belle , quoique
beaucoup intérieure à celle &t^ Vigognes.
LLANES. Petite ville ou bourg d'Efpagne. Lann. Ce
lieu eft dans l'Auftrie de Santillana , à cinq lieues
de S. Vincent , du côté du couchant , & à deux de
la mer de Bitcaye.
L L A O I N. Nom d'une montagne du Chili , où
l'on trouve beaucoup d'or , c^' où le minerai eft
tendre & prefque friable, & l'or y eft en poudre ti
finej qu'on n'y en voit à l'œil aucune marque.
Frézier , p. 104.
^CFLLANTU. 1. m. Nom que les Péruviens don-
noient à une petite bandelette de la largeur d'un
doigt j attachée des deux côtés fur les tempes par un
ruban rouge , qui fervoit de diadème aux Incas du
Pérou.
L L I.
LLIRIAS. Foye^ Lirias.
LLIVIA.
Foye^l LiviA.
L L O.
LLOBREGAT Foyei Lobrégat.
LLORA. Foyei Lora.
Les Etpagnols' mouillent la première fyllabe de
ces mots ; mais nous ne le faitons point : ainli il eft
mieux de les écrire par une / leule.
L O.
LO. f. m. Les Chinois nomment ainfi une forte de gaze
qui te fabrique à Canton.
Lo. f. m. Nom d'homme. Lauco , Laudus , Launus.
Le nom de Saint Lo eft fimeux dans l'Eghic de
France , quoiqu'il ait manque d'Hiftorien. Baillet ,
au 21'^. Jour de Septembre. Saint Lo tut élevé au
Siège Epitcopal de Coutances ^ en Ballè-Normandie ,
après la mort de Pollelieur qui avoir tuccédé à Léon-
tien , &: fut facré vers l'an jiS , ou 529. Saint Lo
adifta au II'^ Concile d'Orléans en f 3 3. & au IIP.
& V^. en 538. & J49. & envoya Senbillon, Prêtre
de fon Eglile , au IV^. tenu en J41. La mort de
Saint Lo arriva entre ^6^ & ^6S. mais on ne tait
pas précifément en quel temps.
Chanoines de Saint Lo. Le Prieuré des Chanoi-
nes Réguliers de Saint Lo de Rouen aVoit été b.âti
par Saint Melon , Archevêque de cette ville. On
l'appeloit d'abord l'EgUfe de la Trinité; mais pen-
dant les ravages des Normands, le corps de Saint Lo
ayant été apporté à Rouen, Se dépoté dans cette
Eglife j elle prit le nom de ce Saint , qu'elle a gardé
depuis. Rollon , Duc des Normands , s'érant fait
Chrétien , accorda cette Eglife à l'Evêque de Cou-
tances & à tés Chanoines, pour y faire le térvice
divin , julqu'à ce qu'ils fullent rétablis dans leur
propre ville. Quatre Evêques de Coutances y ont tenu
leur Siège pendant lioans. En 114.4. Algare, Evê-
que de Coutances, y mit des Chanoines Réguliers,
êc en 1639. ils furent réunis à la Congrégation de
France. P. Hélyot , T. LL. c. 6 0.
Saint Lo. Nom d'une petite ville de Normandie,
582 * L O A
en France. Oppidum, Fanum Sancli Laudi , Laudo-
nis , ou Lauwms , anciennement Bnovaa. Ce lieu
ert fur la Vire, à lix lieues de Coutances , vers le
levant. Hadr. Valois , l\ot:Gai/. p. pi'- Mat y. Long.
16. d. 32'. lat. 49. d. 7'. .
LO LOO, LOHE. Quoique ces mots , qui lont tous
la même choie , ne loient point François , ils en-
trent cependant dans la compolition de tant de
noms de lieu qui font dans ce Diilionnaire , que
l'on a cru qu'il étoit à propos de les expliquer une
fois ici, pour n'être point obligé d'y revenir li lou-
vcnt. Les Auteurs ne conviennent pas de ce que li-
gnihc /00. Dans le Flaut Alkm-md , lo , loo , ou lohe ,
veut dire la Hamme, & l'ardeur des charbons allu-
més -, & on appelle en Haut Allemand les Comtes
à'Hohcnlo:, on à'Hohenlûo, ou d' Hokcnlohe , ceux
qu'on nomme en Latin Comices ah alta flamma ;
ainfi que Lazius & d'autres l'ont remarque. Dans
la Balle-Allemagne , comme en Wellphalie , _ Se
dans les Pays Bas , il lignifie forêt, Sylva, ainli
qu'on le voit dans la Vie de Saint Godehoi de Cap-
■penberc;, c. XI IL n.ûi. & dans Divœus, L. II.
Rerum^ Brabanûc. ou bien il veut dire «/2 to haut,
ekvé, comme Jufte Lipfe l'a cru dans Ion Lova-
nïum,L. I. c. 2. & Goropius Becanus , On^. i.
/. mais néanmoins un lieu haut , fitué près des eaux
& des marais. C'eft en ce fens qu'on l'a pris dans les
mots de Looveai, V'em-Lo. Locn , fe prend aulii
au même fens, comme en ces mots, Stadt-loen ,
ou Stadt-loo , ville de Weftphalie. Et dans les
Pays-Bas , Loen a été ainli nommé , parce que c'cft
un lieu élevé entre les marais de Donnerftag & de
Péel. Borchloen de même -, & LocaJIre , Caflrum
Loo. De même encore en Angleterre , Cambden dit
que Stanlaw , dans le Comté de Cefter , lignifie
Saxeus collis. Il y a pluficurs noms dans les Pays-
Bas formés de ce nom , comme Tongerioo , TeJJen-
derloo , Standoo , Calloo , W^jhdoo , Sec. Kilianus ,
dans fon Etymologique, dit qu'outre lahgnification
qu'on vient d'expliquer , loo fignifioit encore ancien-
nement un lieu bas ; mais il n'allègue fur cela aucun
Auteur. BoUand. Jcl. Sancl. Jan. T. I. p. i'sf-
Noc. d. Le même Auteur , dans fon Index Ono-
maftkus, dit qiie ce mot lignifie un lieu ombragé ,
ce qui revient à la lignification àefo/êc.
L O A.
LOANDA. ( Saint Paul de ) Nom d'une ville bâtie
fur une petite île de même nom , qui cil tout auprès
de la côte du Congo , en Atàique. Loandas. Cette
ville , qui appartenoit aux Portugais , & qui eft la
réfidence de l'Evêque d'Angola , a un fort grand &
vafte port. Elle eit grande & belle pour le pays ; on
prétend qu'il y a environ trois mille mailons de
Blancs , ou Européens , qui font bâties de pierre &
de chaux , & couvertes de tuiles ; Se un plus grand
nombre de maifons de Nègres , ou Congoians , qui
ne font bâtiîs qu'.ivec du chaume Se de la terre. Il y
a un prodigieux nombre d'Efclaves. Les Jèlukes y
font les fonétions de Curés , &: ont foin des Ecoles.
Il y aulli des Carmes , des Obfervantins Se des
Capucins. On n'y a point d'eau douce que celle
qu'on va chercher dans les rivières ib la Terre terme
avec des canots. On y mange du pain deManioque,
comme dans le Bréfil , & des moutons , dont la queue
ell plus pelante qu'aucun des quatre quartiers , mais
dont la chair eft mal faine. On n'y trafique point avec
de l'argent nionnoyé : pour petite monnoie , on fc
fcrt de Zimbis , qui font uneefpèce de coquilles du
Con^o , des pièces de toiles ; Se les Négi-es tiennent
lieu de la groUe monnoie , & fervent à faire les
échanges.
Loanda". Petite île d'Afrique , dans la mer d'Eihiopie,
fur la côte du Royaume d'Angola, &: vis-à vis de la
ville de S. Paul de Loanda.
LO ANGEOIS, OISE. f. de t. g. Nom des Habitans
de Loango , Se du Royaume de Loango. Loan^i/s ,
Loagcnfis.
LOB
LOANGO. Nom d'une ville d'Afrique , capitale du
Royaume de Loangç. Loangum.
LOANGO , ou LOVANGO. Le Royaume de Loango,
ou de Lovango , ou le pays des liiamas. Loangum
Rei^num. C'ell un Royaume de la Baflé-Ethiopie. 11 eft
borné au fud par celui de Congo , Se au nord par
celui de Gabon. Il a les peuples Anzicainsau levant.
Se la mer du Congo au couchant. La terre y eft fi
fertile, qu'on y recueille le millet trois fois l'année.
Il y a une fort grande quantité de palmiers, dont on
tire du vin , que les habitans eftiment plus que celui
de l'Europe. Le principal commerce du Royaume de
Loango, conlifte en ivoire , en cuivre , en etain , en
plomb , en fer. Se en cfclaves : leurs monnoies font
de petites pièces de toile carrées de la largeur d'un
mouchoir. Les Loangeois, ou Bramas , fontrobuftes.
Se de belle taille : ils reconnoillcnt un Dieu , & ils
adorent les Démons ; ils circoncifent leurs entans fans
lavoir pourquoi : ils n'ont pour toutes armes, que
le fabre , l'arc Se les Hèchès. Us ont deux coutumes
remarquables; l'une que les femmes y font tout le
tr.avail de la terre ; l'autre que les enfans ne luccédent
pointa leurs pères, mais les frères, à la charge d'éle-
ver les enfans du défunt , Se cela s'étend jufqu'à la
famille Royale. La ville capitale porte le nom de
~ Loango , elle eft près des confins du Congo , & de la
mer. "Les Européens n'y peuvent trafiquer qu'en
achetant la permilFion par des préfeus^ qu'ils font au
Roi&àfcsOfliciers.
^LOANS, ou LOHANS. Voyei Louans.
LOB.
LOB, LOBE, ou LOBES. Nom d'un village avec un
Monaftère. Laubi& , Laubienfe Monafierium. Il eft
dans lEvêché de Liège , fur la Sambre , à mille pas
de la petite ville de Thuyn. C'eft le lieu que l'on
nommoit anciennement Lahieni Cajlra, Se enfuite
Lauhium , ou Lauhaeum. Hadr. Valois , Net. Gall.
au mot Laubi£. Maty. Corn.
LOBAO. Nom d'un ancien bourg de l'Eftramadure
d'Efpagne , qu'on appelle aulFi Lebon , ancienne-
ment ^Lycon. Il cil: fur la Guadianc , entre Mé-
rida Se Badajox, à cinq liAies de l'une & de l'autre.
Maty.
LOBAW. Nom d'une petite ville avec une cita-
delle. Lobavia. Elle eft dans la Michovie^, contre'e
de la Prulfe Ducale , vers les confins du Falati-
nat de Plosko , en Pologne , Se au midi de la
rivière de Dribents. Maty. Long. 37. d. 3'. lar.
LOBE. f. m. Terme d'Aratomie , qui fe dit de cha-
que patrie du poumon , divifée l'une de l'autre. Pa?-
monis lohus Jihra, lacinia. On dit que cette léparatioh
fert à le dilater , à recevoir plus d'air , Se à empê-
cher que quand on plie le dos , fi ehair ne foit fou-
lée. C'eft pourquoi 1^ bêtes qui font toujours pen-
chées vers la terre , ont plus de lobes au pou-
mon que les hommes. Leur foie même eft divile
par- lobes. Celui de l'homme eft continu. Ces
lobes s'appellent quelquefois ailes , aller 0 ns , pointeï,
ou j?ir--j , parce qu'ils fe dilatent, s'étendent & fe
ramallent.
Lobe , fe dit auffi du bout de l'oreille qui eft plus grasK
charnu, pendant au dellus dç l'aileron, qui eft la
partie fupérieure de l'oreille.
Du Laurent dit que ce mot de lobe de l'oreille , vaent
du Grec A^of. , qui ivj,mEc faire At)^« , parce que ce
bout-là rougit ordinairement quand on a honte.
Lobe , fe dit aulFi des fruits cSi des graines qui lont natu-
rellement partagées «n deux parties égales, .^/a. Ma-
riote dit que les deux lobes des graines de melon lont
blancs d'eux-mêmes. Il appelle .-luliî lobes de la fève ,
les deux parties qui compofent fon corps , au milieu
desfquelles eft le germe , <.'*>: qui font enveloppées par
la pe.ru extérieure. Toutes les autres graines, & mc-
me les phis petites , fe divifent comme la fcve en
deux lobes , ou parties égales, comme l'a montre M.
Grtv,cn fon Anatomie des Plantes.
LO C
jpC? Dans les femenccs , ce font les amandes ou les
cotyledones , ou ces corps de grolfeur quelquefois
aile,: confidcrable j qui Ibnc attaches au germe, &
qui iiourrilîent les jeunes plantes, jufqu'à ce qu'elles
aient produit des racines, /'bjej Semences , Se Ce
tyledones.
Loiit , eft ai/ffi un vieux mot François, qui fignifie
raillerie, &c qui ctoit encore en ufage du temps de
Ronfard.
LOBNA. Nom d'une ville de la Terre Sainte. Lohna.
C'etoit une ville Sacerdotale de la Tribu de Juda.
Jofué ,XXI I s. Lorfque les Iduméens, Ibuslc règne
de Joram , fe_ retirèrent de la domination de Juda ,
Lobna s'en affranchit aulli. 4^ Livre des Rots , VIII.
22. On ne fait point iî en fe retirant de la domination
de Juda, elle fe gouverna elle-même comme une Repu
bhque , ou fi elle fe fournit à quelque Prince voilîn.
Mcnochïus.
LOBON.^^qyeç Lobao.
LOBOS. île de Lobos ; c'eft à-dire , Ile des loups. Nom
d'une Ile de la mer du Sud , fur la côte du Pérou.
Lifula Luporum marinorum , ou Luciorum marino-
rum. Elle eit à huit lieues au nord de Ylo , à
une heue & demie au nord-oueft de Mono Qué-
mado. Elle eft de moyenne hauteur , d'environ
trois quarts de lieue de longueur , dans fon plus
grand diamètre fud-eft & nordoueft. Frézier ,
p. i6z.
LOBRÉGAT. Rivière de la Catalogne. Ruhricatus.
Elle prend fa fource aux confins de la Cerdagne,
traverle toute la Viguérie de Manrellà , & une
partie de celle de Barcelone , baigne Berga &
Martorel , reçoit le Cardonner , & la Noya , &c
le decnarge dans la mer Méditerranée, environ à
trois lieues de la ville de Barcelonne , vers le cou-
chant. Maty.
LoBRÉGATj ell encore une rivière de la Catalo-
gne. Lobreg&tus , anciennement Clodianus. Elle
coule dans l'Ampurdan , baigne le château d'Empu-
rias, & fe décharge dans le Golfe de Lyon , près de
Rofes. Maty.
LOBULE, f. m. Terme d'Anatomie. Petite lobe. Lobu-
lus. Chaque lobe du poumon eft divifé en plufieurs
autres lobes, ou lobules , attachés de part & d'autre
aux plus gros rameaux de la trachée artère : chaque
lobule eft compofé de plufieurs petites véficules ron-
des j qui ont toutes communication les unes avec les
autres; c'eft dans ces vélicules que l'air entre par la
rrachee-artcre .dans le temps de l'infpiration , & d'où
il fort par l'expiration. Dionis. Chaque petite bron-
che du poumon , produit un paquet proportionné à
ion étendue & au nombre de fes ramifications. On
donne à ces petits paquets véficulaires ou cellulai-
res le nom àc Lobules; tk comme les grolfes bron-
ches fe divifent en petites bronches , de même les
gros lobules fe divifent en plufieurs petits lobules.
WiNSLOW.
Lobule eft dérivé de lobe , dont il eft un dimi-
nutif.
j- L O C.
LOC RENAN , ou S. RENAN. Petite ville de Fran-
ce ^ avec une Abbaye de Filles, en BalTe- Bretagne,
au Dioccfe de Léon.
LOCAL , ALE. adj. Qui concerne le lieu. Localis.
Defcartes ne reconnoit point d'autre mouvement
en la nature que le mouvement local. Il y en a plu-
fieurs qui ont fait un art de la mémoire locale,
pour fe fouvenir de plufieurs chofcs diificiles à re-
tenir , en les appliquant à d'autres images, qui font
déjà dans leur mémoire , ou devant leurs yeux.
On appelle auili Coutume locale , celle qui eft
p.yticuiière à un lieu , à une Seigneurie , Se qui
n'elt pas conforme à la Coutume générale de la
I rovince. Gifors , Tournai , Langres , font des
Coutumes locales. Lyon , Lagni &c autres, ont des
ulages locaux.
Droit Local, droit particulier quife paye à l'en-
trée de certaines villes à un territoire , à un palfage , à
LOC ySj
un pont, &c. Il y a beaucoup de droits Locaux fur
a nvicre de Loue, auili bien que dans la Province de
Mandre.
Local , fe dit aufll fubftantivement. Le local , con-
noître le local. C'eft à dire , ce qui concerne îa dif-
podtion d'un lieu. Si l'afliégeant va par ddibus terre
Se s il procède par contremines , l'Ailiégé qui à
les fienncs bien laites de longue m.ain. Se qui con-
noit le local louterrain , a un avantage infini. M.
DE S. Rémi.
Local, en Peinture. On appelle. Couleur locale, h
couleur qui convient à une place pour le bon effet
du tableau. Les couleurs locales de Le Brun font
mauvaifes; les Peintres Vénitiens ont excellé dans les
couleurs locales.
LOCANDE. adj. Chambre qu'on loue. Locanda , con-
duclitia. Loger en Chambre /owrzc/e. Ce terme n eft
pas François.
LOCARNÔ, ou LUGGAR. Nom d'une petite ville
duDuciié de Milan. Locarnum. Elle eft fart agréa-
ble par fa fituation dans une petite plaine , qui eft
entre le pied d'une montagne, & le Lac Majeur, à
quatre heues de Bcllizonte, & à cinq de Gévio , vers
le midi : les douze premiers Cantons Suilfes prirent
cette ville, l'anijiz. & l'an i /31. ils en démolirent
le Château , bâti fur le bord du Lac ^ qui paffoit pour
le plus fort de la Lombardie , après celui de Milan.
Ils en font encore les Maîtres c^ du Bailliage qui eri
dépend , Se qui renferme les vallées de Centum-Valli,
d'OIIernon & de Verzafca, pays fort fertile. On
l'appelle Bailliage de Locarno , en Latin Locarnenfis
Pr^eclura. Le Bailli , qui eft envoyé par chacun des
douze Cantons alternativement , fait fa réfidence à
Locarno , dans le Palais des anciens Comtes de Ruf-
que. Maty. Long. 26. d. 16'. lat. 46 d. G'.
LOCATAIRE, f m. Se f. Celui qui prend une portion
de maifon , ou une mailon entière à loyer , 3 bail.
Conduclor, locator. On appelle, '^nn.ciçaX locataire ^
celui qui loue toute la maifon. Se en reloue les ap-
partemens Se les chambres à d'autres particuliers. Les
principaux locataires font tenus des charges de ville ,
défaire les deniers bons aux maîtres. Il y a plufieurs
ménages , plufieurs locataires en cette maifon. Les
grains & les meubles d'un locataire répondent pour
payer le falaire des moifFonncurs, Se le loyer de la
maifon.
On dit par manière de proverbe , un locataire
doit être tenu clos & couvert; cela fignifie qu'ondoie
lui louer une maifon en bon état.
Ip- LOCATAIRE, FERMIER. Le premier fe dit de
celui qui tient à louage une maifon ou une portion de
maifon. Le fécond de celui qui prend à loyer une fer-
me , un héritage. Dans les baux ils font défignés l'un
& l'autre par le terme de Preneur.
LOCATE. Â^ay^i; Leucate.
LOCATI. 1. m. Terme populaire , pour fignifier un
carofle de louage. Rheda conduclitia. Prenons un
locati. Quelques uns prononcent locatis. On le dit
plus communément d'un cheval de louage.
LOCATION, f f. Terme de Jurifprudence. Action
par laquelle on donne à ferme. Locatio. Le Titre II.
du XIX*'. Livre du Digefte , eft de la location Se con-
duâion. La location Se condudlion font des termes
relatifs , dont le premier convient à celui qui donne
fon héritage à ferme j & le fécond à celui qui prend
à loyer. La location tacite fe fait lorlque le locataire
demeure après le temps du bail expiré; elle eft préfu-
mée faite encore pour un an aux mêmes conditions.
Ce mot n'efl en utage qu'au Palais.
LOCATIVE. adj. f. Se dit en cette phrafe. Réparations
locatives. Un propriétaire eft tenu par le bail d'en-
tretenir la mailon de toutes réparations locatives
Se nécellaires pour la rendre logeable. Voyez Ré-
parations.
LOCAYE. f f. Nom de femme. Leocadia. Le nom de
Sainte Léocadie , que nous appelions vulgairement
Sainte Locaye , eft^ fort célèbre par toute l'Efpagne,
Se fon culte s'eft étendu en beaucoup d'endroits de
la France , Se en Italie. Baillet , au p. de Décem-
5S4 L O C
bre. Sainte Locaye étoit de To! -de ; c'.le fouffm le t
mai-cyre l'an 504 de J. C. par ordre de Dacien, Gou-
verneur de rEfpagnc Tarragonnoile , & lous x Empuc
de Dioclétien.
I OC-DIEU. Nom d'une Abbaye de France. Locus-
' Dci Ellceftcn Picardie, enclavée dans le Marquil.u
deGamache, & fituée dans le terrkou-e du vilLige
de Beauchamp. Elle eft de l'Ordre de Citeaux Elle
fut fondée en 1191 > P-^"-' Bernard, Seigneur de S.
Valéry, avec le confentemcnt de Thomas ion hls, \:
d'Enore fa femme. Cette fondation fucconhnnet par
Guillaume, Archevêque de Rheims. & Tlubauld
Evêque d'Amiens, l'an 1195- Quelques Auteurs di-
fent qu'Adémar , Évéque de Rhodes , vei-s l'an 1 1 3 ;.
donna des biens conlidérablcs pour la fondation de
l'Abbaye de Loc-Dieu, qu'elle etoit hlle de Dalo-
nes & qu'elle fut réunie avec elle à l'Ordre de Ci-
reaux. MM. De Sainte Marthe, Davity , & M. Cor-
neille , difent iieu-^ie"-
LOCH. f. m. Terme de Manne. Voyei LocK.
Loch Nom d'un ancien droit. Loch cabaliis. Voyez
\r0. ieBm. T, II. p. 73- Lobinhau, GloQ.
LOCi^ABYR. Voyei LoquabyR. ^
LOCHE, f. f. Petit poilfon de la taille d un eperlan ,
qu'on trouve dans les petites rivières , qui le darde avec
une grande vicacité. C'eft un poillon allez tendre &
alTez fain. Apaa , cohues. Les Anglois appellent ce
même poilTon loch , les Allemands lock , les Efpa-
<mols loxa , & les Italiens lochia. Ménage.
LOCHEM. Nom d'une petite ville des Provinces-Unies.
Lochemum. Elle eft fur la rivière de Berckal , dans
le Comté de Zutphen , en Gueldre^ à deux lieues de
la ville de Zutphen. Nous la prîmes l'an 1671,
& nous l'abandonnâmes en 1674. Long. 25. d. ;8 .
lat. ji. d. 15'. ■ r -c ■ c ■ i
-LQCHER. V. n. Vieux mot qui lignihoit autretoisi!>rj«-
Ur FacïUarc.W s'eft dit pour Eflocher , à'Exlocare ,
ioco movere. De Lochcr on a fait Hoc/W dans le
même feus. M. Huet , Dijfen. rcc. par M. L Ahhi de
Tilladet. ,,,,,• 1
Il ne fe dit plus qu'en Marechallene , en parlant
d'un fer à cheval qui branle , 8c qui eft prêt à fe dé-
ta'-hertout à-fait. Regardez aux pieds de ce cheval,
i'entens un fer qui loche. De-là vient cette phrale
proverbiale , il y ^ toujours en fon fait quelque fer
qui loche , pour dire , quelque choie qui va mal en
fon corps , ou en (3. fortune.
Une file toujours a quelque fer qui loche.
Regnard, Com. du Bal.
On dit encore en quelques Provinces, lochcr un
arbre, c'eft-à-dire le fecouer pour en faire tom-
ber le fruit. MÉNAGE. Alors il eft aftif
Quelques-uns dérivent ce mot de loche , à caule
du prompt mouvement de ce poilfon.
LOCHES. Nom propre d'une petite ville de la Tou-
raiue Province de France. Lucca , Locis , Luccx ,
Lachia , Locu , Caflrum Lucaccnfe. Elle dl déten-
due par une citadelle , & lituée lut l'Indre , a lept
lieues d'Amboifc , du côté du midi. Hadr. Val. Not.
Gall. p. 2SS. Maty.
LOCHET de Flandre , f. m. Sorte de bêche , dont
la partie plate eft plus alongée que dans les bê-
ches ordinaires. Cet outil eft turtout à l'ufage des
Mineurs- .
a^-LOCHI. Ville de la Chine, dans la province de
Suchucn, au département de Tungchuen , pre-
mière grande cité de cette piovince.
LOCHIES, f. f. pi. Terme de Médecine. Evacuation
qu'ont les femmes immédiatement après l'accouche-
ment. On les appelle autrement Fuidunges. Foyei
ce mot. , I r.
Les Grecs ayant employé ce mot daii'; leur Para-
clétique, on leur a imputé d'avoir voulu dire que
la Vierge avoir enfanté avec douleur , & avec les au
très infirmités des femmes ; parce que ce terme ligni-
fie proprcme;it un accouchement douloureux : mais
LéoAllatius, qui d'ailleurs ne leur pardonne rien.
L O C
fait voir que c'eft une chicane qu'on leur fait mal à
propos fur un mot , puifque le même Paraclécique
marque cxprclTcment que la Vierge a enfanté J. C.
lans aucune douleur.
Le mot de lochies eft Grec , /»/.^'« , parcus , puer-
perïum.
LOCHING. Il y a deux villes de la Chine de ce nom,
l'une dans la Province de Péking, gîTau départe-
ment de Chinting , quatrième Métropole de cette
Province; l'autre dans la province de Quanfi , au
département de Licuchen , féconde Métropole de
cette Province.
LOCHTA. Nom d'un bon bourg de la Suéde. Lochta.
Il eft dans la Cajane , en Finlande, fur le bord du
golfe de Bothnie, environ à vingt-trois lieues de la
petite ville d'Oulo , ducêité du midi. Maty.
^ LOCHUEN. Nom d'une ville de la Chine , dans
le Quangfi , au département de Guchen.
grJ-LOCING. Ville de la Province de Chekiang, dé-
partement de'Vencheu.
LOCKIREC, Locus Varcoi. Ce nom eft venu de celui
de Saint Gucrec: ^o\x'i: Loc Guérec on a dit Locki--
rec, qui eft le lieu ou Saint Guérec , difciple de S.
Tugal de Tréguier , avoir commencé un Monaftcrc ,
(^- ou , après fa mort , fon corps fut porté de Laudcr-
noc , au Diocèfe de Léon , où il étoit mort. Cette
Églite de Lochirec eft en Bretagne , à l'embouchu-
re du Menou, près le Havre de Toullarkyry , à
une lieue deKerfeuntun. Chastelain , /Jitrrjr. //>
Fév.p. 66 S.
LOCMAN. Terme de Marine. Foye\ Lamaneur.
LOCOMOTRICE, adj. f. Terme de Philolophie, qui
fe dit en cette phrafe: on attribue à l'ameunc tacuke
locomotrice , pour tranfporter le corps d'un heu a un
autre. Locomotrix. Ce mot ferok allez commode i
mais il n'eft pas ufité.
LOCQUETS. f. m. pL Terme dont on fe ferten Nor-
mandie , aux environs de Rouen & dans le pays de
Caux , pour lignifier la laine que l'on coupe de dellus
lescuiilcs des bêtes à laine. Elle eft la moins eftimee
de toutes.
LOCRE. f. m. & f. Nom de peuple. Locrus , a. Il y
avoit anciennement trois peuples de ce nomdansl'A-
chaïe. Les Locres Ozolans étoient auprès du golfe de
Patras, & celui de Lépante, entre l'Etolie, laDoride
,Sc la ?\-\oddz;Naupaclus , aujourd'hui Lépante , étoit
leur ville capitale. Les Locres Opuntiens & les Epic-
némédiens étoient le long du golfe de Négrepontj
entre la Thell'alie , la Phocide & la Bœotic. Ils pre-
noient la ditïerence de leurs noms de yiUes d'Opus
& de Cncmis , dont la première ne lubiifte plus,
à moins que ce ne foit Talandi , comme le croit
le Chevalier Whéler ; l'autre porte le nom d'E-
réria. ,. ^
Il y avoit aulfi une ville de Locres en Italie. Foy.
GlRACE. , ^
LOCRENAN. f. m. Nom que l'on donne a une lortc
de grollè toile de chanvre écru, qui tire Ion nom
du lieu où elle fe frbriquc en Bafte-Brctagnc , appelé
Loc Renan. Foye^ Loc.
LOCRIDA. royt-jOcRiDA.
LOCULES. f. m. pi. Mot forge du Latin locuh , orum^
Bourfe cofre à mettre de l'argent. Il eft dans Coc-
grave.
Il devint riche ^ & fit de beaux fi atuts
Pour gouverner les tréfiors de Plutus ;
les divifiant en deux portïoncules , ■ ^
Dont la première entroit dans /es locules.
Et le refiant s' adminifiroit fi bien ,
Qu'en fin de compte on ne trouvoit plus rien.
Rousseau, Allégorie F. intitulée , 'hlid:is , p-
102. du 2. T.del'edit. d'Amfi. 1726.
LOCUMBA. Petite ville du Pérou , à dix ou douze
lieues du port d'Ylo. Locumha. Le vin de Locumhatii
un des meilleurs du Pérou.
LOCUSTE. Foyei Sauterelle. _
LOCUTION, f. f. Parole qui fak partie d un dilcouis,
expreliion
L O D
gCTexprelIionj façon de parler. Bonne ou maiivaifc /o
cuùon. Locution propre , impropre. Ce terme eft corn -
munément employé dans le Di.la:tique. Locuùo. \Jn
Orateur ne le doit fervir que de locutions propres ,
naturelles , ligniHcatives , 6c en ufage; il doirs'ablle-
. nir des vieilles , des barbares locutions , îkc. Locution
pUhés : Balzac s'eil lervi de cette exprelFion pour li
gniher une hiçon de parler , qui n'ell en ulagc que
parmi le petit peuple. Locutio Plcbcïa ,J'(:nno Plc-
hecus. 3Sf Perlonne ne l'a dit après lui. Cela pour
roic tout au plus palier dans le ftylc Marotique.
On doit dire une locution balle , triviale , popu-
laire.
LOCUTIUS. r. m. Terme de Mythologie. Nom pro-
pre d'un dieu du Paganilme. Locutius. On le nom-
I moit aulli Aius. Les Romains firent le dieu Locu-
■ tius , à l'occalion d une voix qu'on entendit , diloicnt
, ils , à R omc , quelque temps avant que les Gaulois ar-
rivalient pour s'en rendre maîtres. Cette voix ordon
noit aux Romains d'avertir les Magiltrats que l'enne
mi approchoit. On ne douta point que te ne tût la
voix d'un dieu , & on le nomma Aius , du verbe aio ,
je dis j ou Locutius , du verbe loquor , je parle.
Arnobe en parle dans (on premier Livre, Tite-Live ,
L. V. c. fO. joint les deux noms, & l'appelle Aius
Locutius. Il dit qu'on lui bâtit un temple dans la rue
neuve j après que les Gaulois eurent été repoulIés.Un
morceau de 'Varron , rapporté par Aulu-Gelle , L.
Xri. c. /7. dit qu'on lui érigea un autel au bas delà
rue neuve, parce que c'étoit l'endroit où la voix
avoir été entendue. Il fubliltoit encore de (on temps.
La voix du prétendu Zocu/iz^^étoit .apparemment celle
du premier des citoyens qui s'apperçut de l'eqtrée des
ennemis.
L O D. •
LOD. Nom d'une ville de la Terre-Sainte. Lod. Elle fut
bâtie par Samad , qui étoit de la Tribu de Benjamin ,
d'où Adrichomius conclut qu'elle étoit dans cette
Tribu ; mais il la place lur le bord du Jourdain :
on n'en voit pas la raifon. P. Lubin. Voye-^ L.
Paml. FUI. /1. félon M. Reland ^ c'eft la ville de
Lydde.
LODABAR , ou LODEBAR. Nom d'une ville de la
Terre- Saiute. Lodcibar , Lodebar. Selon le P. Lubm,
c'étoit un lieu , ou un village , peut être une ville.
Selon M. Reland , c'étoit une ville. Elle étoit au de
là du Jourdain, comme on l'infère du fécond Livre
des Rois , IX. 4. s. & XFII. zj. Le P. Lubin la
metalTez vraikmblablement dans la Tribu de Gad.
M. Reland ne dit rien de fa lîtuation , T. II. p. S/ j.
mais il croit que ce pourroit être la même que la
Vulgate appelle Dahir, Jof. XIIL. 26. &c le texte
Hébreu Lidbir. Il fuppofeque Saint Jérôme s'eft trom-
pé en prenant c€ 7 lamed , po\ji une prépohtion :
il le falloit prouver.
LODADID. Nom de lieu. Ce mot fe trouve dans Ef-
dras j L. L. c. 2. v, jj. La Vulgate en fait deux noms
&: deux villes. Lod^Adid. Les Septante, tels au moins
que nous les avons , n'en font qu'un nom , Lodadi ;
Se Efdras, L. II. C. VII. v. j/. Lodadid. Ce lieu
étoit dans la Tribu de Benjamin.
LODÉ , ÉE , adj. Qui a été mouillé , inondé. Du Latin
lotus. Foin Iodé , prés Iodés , c'eft-à-dire , gâtés par
quelque débordement d'eau qui y a laillé de la lange.
C'eft un mot de Province.
LODÉGA y Lac. Voyc\ Ladoga.
LODÉSAN. Contrée du Duché de Milan , en Italie.
Laudenjis ager. Elle eil entre le Pavéfan , le Mila-
nois propre, le Crémalc , le Créraonois & le Plai-
fantin. Les fromages du Zoi/eyâ/z font forteftimés,
&: fes lieux principaux iont Lodi , capitale , &: Co
dogno. C'eft de Lodi que ce pays prend le nom de
Lodéfan.
LODÉVE. Luteva, Leotera , Leutera , Forum Ncronis ,
Civitas Leoterenfium. 'Ville de France dans le Bas-
Languedoc , fur la petite rivière de Lerguej à douze
lieues de Montpellier, vers le couchant feptentrional.
Elis a un Évcché fuffraganc de Narbonne. Habitant
Tome V,
LOD y8y
de Lodéye^ Foroncronicnfis , Leutcranus , Leotera-
nus, LeiMrenfis. On trouve TLWiW Lutuba , Loteba ,
Loteva , Lodeva , Lodcve , & Lutubenfis , ou Lotoben-
Jis , Lotavcnfis , Lutovenjîs , Lodavenjis , qui eft de
Lodéve. Celt Je.ui XXII. qui lan 1316. érigea io-
deve, en Evêché. Le Dioceic de lodévs comprend
t;ierniont de Lodéve, Monrpeyroux , Celles, Lcs-
Ribes , la Vaccaiie , Saumont , Lou Puech-d Au~
baigne , Saint Martin de Combes , Saint Martin
de Caltrcs , tic la Gurigue. Madr. Valef Not.
Call. p. 274, 2JS- Voyc/cfur cette ville, Catel^
Uijl. de Languedoc, L. II. c. ^.p.Zffû.&fuLv.Lon^.
II. d. lar 4j. d. 47'.
LODI. Ville capitale du Lodcfm , contrée du Duché
de Milan. Laits Pompeia nova. Elle Cil: ailè/i ;<rj.iide ,
Epi fcopalcj fortifiée , <Sc iituée fur l'Adda , environ
à lept heucs^ de Milan , dont elle eft fufragante.
Lodi a été bâtie Tan iijSj par l'Empereur Frédéric
BarberouHe , des ruines de l'ancienne Laus Pom-
peia , que les habitans de Milan avoieiit ruinée , ik
qui n'eit plus qu'un village que l'on nomme Lodi-
VecliLo , ou Lodive , lîtué à deux lieues de Lodi ,
vers le couchant. Maty. Grégoire IX. fupprima l'É-
vcché de Lodx en 1142. pour punir cette ville d'a-
voir commis de grands excès contre des Eccléfiafti-
ques (Si des Religieux. Innocent IV. le rétablit en
I2J2. Lodi eft ainfi nommé du mot Italien qui
iignifie Aiz/a«^e , qui n'exprime qu'une partie defon
véritable nom. Elle s'appeloit Louange de Pompée,
Laus Pompai , parce que Pompée Strabon , père de
Pompée le Gr.ind, y avoir amené une Colonie j
mais elle doit £a fondation aux Bo'iens , peuple Gau-
lois. Il y a en Latin une Hiftoire de Lodi, Rerum
Laudenjium,^ compofé par Othon & Acerbo Moré-
na. Félix Olîo l'a donné au public , & M. de Leib-
nitz l'a fait eniLer dans Ion Recueil des Ecrivains
de Brunfwic. On en a trouvé à Milan un m.anufcri:
tort diAérent de l'imprimé. Long. 17. d. i'. la: 4?.
d. 18'.
LOEÏÏER , ou LOUDIER. f m. Lodix. Terme de Com-
1 mercc. Grollc couverture de lit, piquée Se gamiede
I bourre, ou de laine , entre deux toiles.
U-^ L'Académie dit loiicr qui paroit le plus ufité. Ce
mot_ vient de Lodix. Du Cange dit qu'on l'a appelé
aulîi Lutherium.
LODRINO. Le golfe à^Lodrino. Les Cartes Marines de
Michelot, de Térin Ôc de Berthelot difent Lodrin. Du
Loir dit Loudr'in.
LODRONE, LONDRONE. Bourg, ou petite ville de
l'Évêché de Trente ^ en Italie. Lodronium , Londro-
nium. Ce lieu eft fitué fur le petit lac de l'Idro ,
à l'endroit où il reçoit la rivière de Chicfe , Se à
la frontière du Brellàn , contrée de l'Etat de Venife.
Maty.
LODS. I. m. Vieux mot. Approbation, agrément. ^^p-
probatio , confenfus , vo.witas. La Chronique de Saint
iOenis : Ils y entrèrent fans fon lods , Se fans fjn
gré. Lequel mot eft encore demeuré pour fignifier
Tapprobition du Seigneur pour la vente des terres de
fon Vaifal , que nous appelons communément lods
Se ventes. Foyei le Traité de Franc-aleu du Sieur
Galland, c. 6. Du Cange , GlojJ] de FUlekard. Dans
les Etats du Dauphin , c'étoit le Baile qui recevoir les
lods , les amendes, & les autres droits cafueli. Foy,
M. le Préildent de Valb. Mém. pourl'Hifi. du Dau-
phiné , c. 7. & Chorier, Hi.jL du Dauphiné , c.
1 1 . p. 24. Ce dernier Auteur écrit Laods.
Lods. 1. m. pi. On écrivoit autrefois Laods , Se préfen-
tementplufieurs écrivent lots Se wemcs; mais il f\uc
écùis lods , luivant l'étimologie. Foye^LotK , plus
bas. Terme de Jurilprudense féodale. Laudimia , lau-
des , laudationss. C'eft un droit en argent que doit
un héritage au Seigneur dont il relève immedi.rte-
ment, quand on en fait la vente j en contîdération
de la permiilion qu'il eft- préfume donner au 'Vailal
pour ,^Péncr fon héritage. Jus rats, emptionis. On
doit auflî les ventes , quoique ces termes ne I'oi;nt
pas tvnoninics dans quelques Coutumes. En vertu
de l'Edif de 1673 , Se d'un aucie de 1674. on doit
Eeee
jS^ L G E
maintenant des tods & ventes pour 1 eckinge d'un
fonds contre des rentes conilituéfs à prix d'argent ,
ou d'échange général , qui. ne fe payoient autrefois
qu'en cas de vente réelle, & en deniers comptans.
Le droit de /oc/j eil de vingt deniers pour livre en la
Coutume de Paris , c'eO: à-dirc , le douzième ; en
d'autres plus , en d'autres moins. En quelques lieux
on ne paye que des mi-lods. Les Fermiers compo-
fent ordinairement des lods èc ventes. A Paris l'a-
cheteur doit les lods. En la Coutume de Meaux c'eft
le vendeur , s'il n'a ftipulé les deniers francs. A
Troyes ils fe payent par égales portions : l'acheteur
paye les lods , &: le vendeur les ventes. Pithou dit , que
la Coutumes de Troyes a fixé les droits de lods Se
ventes à trois fous quatre deniers pour livre , qui font
quarante deniers , parce que , dit il XcfoUdus Galli-
cus erat 40 dcnanorum. Les lods Se ventes lont dus
par un adjudicataire par décret, quoiqu'il y ait ap-
pel interjette de cette adjudication , lauf à les répéter ,
Il elle eft infirmée. Les lods & ventes lont dus dou-
bles dans les Châtcllenicsde Corbeil & de Tournant.
Les lods & ventes ne lont point dûs d'un contrat de
vente d'un héritage , dans lequel le vendeur eft rentré
faute de paiement. Les lods & ventes ne font point
dûs des ventes forcées faites en Juftice par décret ,
dans le Beaujolois. Lods 8c ventes ne font point dûs
(ur les fiefs en Bourgogne. Lods Se ventes ne font point
dûs, dans les domaines de la Couronne , par les
Chevaliers du Saint-Elprit, les Maîtres des Reciuêtes,
les Maures des Comptes , les Secrétaires du Roi _, ni
leurs veuves.
Ce mot vient du Latin laudimia , à caufe qu'en
payant ce droit, le Seigneur approiivoit le contrat,
& l'enfaidnoit. Loyfeau dit qu'il vient de lod , ou
lodis ventes; c'eft à dire , le lot Se la portion du
Seigneur lur le prix de la vente ; Se que c'eft-là fa
vraie étymologie , fans l'aller chercher chez les Ro-
mains , auxquels ce droit étoit inconnu.
L O E.
LOÉE. f. f. 'Vieux mot, qui fignifie lieue. Leuca;
a.
D'une loée les peut-on bien o'ir. R. de Garin.
kuga.
N'ejl loin d'ilefques que de demiloée. Id.
LOÉMIEN. f ou adj. m. Surnom que les Lydiens don-
noient à Apollon , parce qu'il guérilloit de la pcfte.
Loemius.
Ce mot vient de ''if-'^ ,pcjie.
LOER. V. a. "Vieux mot qu'on a écrit & prononcé de-
puis louer , dans la balle Latinité laudare. Ce mot
autrefois vouloir dire , confeïller , approuver , agréer.
Probare , confentire , authorem e]]e. Sire , nos vos
loons que vos le pregniez , Se li le vos prioiis. "Vil-
LEHARD. Et pour ce louoit'On qu'on tint le Roi
d'Angleterre. Chron. de Flandres.
Et loa qu'il tenoit Juftice
Seut bas & haut , & pauvre & rice.
MOUSKES.
De-là le mot hds , pour agrément. Du Cange.
Glof. de Villehard.
LOERRE. f. m. Vieux mot, qui fe trouve dans les
Chartres; il fignifie leurre, dans la balle Latinité,
lorra. Ce leurre appelé loerre dans les Chartres , fe
prend en particulier pour un appât avec lequel on
prend du pollfon en l'engourdillant , l'enivrant. Ci
bus medicatus.
LOET. Le Loet. Nom d'une petite rivière de France.
Loa. Elle coule dans la Beauce , & fe décharge dans la
Juiiie , à Etampes. Elle n'eft remarquable que par la
bataille qui s'y donna entre Cloraire &iphéodoric ,
Rois de France. Maty
LOEUVE. Nom du pays qui eft aux environs du Lys ,
rivière des Pays Bas, Loccicus ,ou Letigus , ou £.c-
LOF
tienfis , Se Legienfis pagus. Les Allemands difent
Lijlraugangius. Hadr. VA. Not. Gai. p. 160.
LOEWENSl EIN. Qu'on prononce Louweinflein , en
Latin Lovenftenium.'Qon îott avec un beau château,
qui fert ordinairement de prilon aux prifonniers
d'Etat. Il eft dans l'Ile de Bomel , contrée de k
Hollande méridionale au contluent du Wahal & de
la Meufe , un peu au-dellus des villes de Gorcum
& de Worcum. Quelques Géographes cftiment que
Lowenftein eft le lieu où étoit anciennement le village
appelé Levx Fanum , que d'autres placent à Lewen ,
village de laGucldre , iituéfur le bord méridional du
Wahal j environ à deux licucs au-delîus de Tiel.
Maty. f^oy. Levé. J
Comté de Loeweinstein ,en Latin Lovenftenienfis
Comitatus. Petit pays du Cercle de la Franconie. Il
eft enclavé dans celui de la Souabe , à l^i rélcrve d'un .
petit endroit, qui confine vers le nord avec le Comté 1
d'Holach , en Franconie. Ce Comté , long environ
de quatre lieues. Se large de deux , n'a que des bourgs
& des villages , avec le château de Loeweinflein qui
lui donne le nom. Ses Comtes lont delcendus des
Comtes Palatins du Rhin. La Mailon de Loeweinf-
tein eft divilée en plufieuis branches, qui poftédent,
outre ce Comté , celui de Wertheim , & la Seigneu-
rie de Breuberg, en Franconie; le Comté de Wir-
neton , entre les Archevêchés de Trêves Se de Colo-
gne ; celui de Rochefort , avec les Seigneuries de .
Neuf Château , d'Herbimont, & de Challc-Pierrc,
dans le Duché de Luxembourg. Matv.
LOF.
LOF. f. m. Terme de Marine. C'eft proprement la
partît du vailleau qui eft depuis le mât , jufqu'à un de
les bords, ou la moitié duvaifteau divifépar une ligne
tirée de poupe en proue. Intcrcapedo ab navls mal»
ad lacus. Ce mot a différentes lignifications , luivant (
qu'il eft joint à d'auttcs. La partie qui eft au vent
s'appelle lof. Quand on dit bouter de lof , c'eft
mettre les voiles en écharpe pour prendre le vent de
côté; c'eft la même chofe qu'a/Zerà la bouline. Être
auloj, lignifie être lur le vent, fe maintenir lur le
vent , garder le vent. Tenir le lof, c'eft ferrer le
\em, prendre le vent de côté. On dit. Au /o/, lorf-
qu'on commande d'aller au plus près du vent. Sur la
mer de levant on dit , être au /o/, quand on parle du
côté du vailfeau qui eft vers la meri 6e être à rive,
quand on eft à celui qui regarde la terre. Lof a.u lof,
eft un commandement qui le fait lur mer , pour faire
mettre le gouvernail de telle lorte qu'il fille venir le
vailleau vers le lofj c'eft- à-dire, vers le vent. Lof
pour lof, autre commandement, pour virer vent
arrière , en mettant au vent iln côté du vailfeau pour
l'autre.
Lof , lignifie aulli le point d'une balle voile qui eft vers
le vent. Lever le grand lof, c'eft lever le lof de k
grand'voile. ^C?" Lever les lofs , c'eit larguer les amu-
res des ba'ilcs voiles quand on vire de bord, & que le
vailfeau eft vent dellus , afin de les décharger plus
aifément.
^C? LOFER. Venir .au vent. On dit en ce fens, fiire
une olofée.
I&LOFNA. C. f. Terme de mythologie. Déefle des
anciens Goths , dont la fonélion étoit de réconcilier
les époux Se les amans délunis. Une pareille divinité
auroit chez nous beaucoup d'occupation.
LOFUNG. Ville de la Chine , dans la Province de Jun-
nan , au Département de Junnan , première Métro-
pole de la Province.
L O G.
LOG. Foye^Locr..
LoG. f m. ft3*Nom d'une- ancienne mefure des liqui- ;
des chez les Hébreux, qui conrenoit un caph Se un
tiers. Dans le Lévitique, ch. XI f. i' 12. ç^ mot dé- [
figne la melure d'huile que les Lépreux porroieni au ji
temple iprès kur ijuériloiî.
L O G
LOGAN. Villes & fortcrcire de la Chine, la piemicre
ville dans 1.1 province de Kiangfi, la féconde dans la
province de Xantung, & la foitcrelle dans la Pro-
vince de Nankin.
LOGARIASTE. C. m. Nom d'Office dans l'Empire de
Conftantinoplc. Logariujlcs. C'ccoit ce que nous ap-
pelons Commillaire dans nos Années. Les Logariaf-
tes faifoicnt la revue des troupes , comptoient les
foldats , & leur payoïent leur iolde, Foyc^ Bullcn-
gcrus. De Imp. Rom. L. VIII, c. /2. Le Logariajle
delà Flotte, Logaiiajles claffis ; c'eft le Trélbritr de
la Marine.
LOGARITHME, f. m. Terme de Géométrie & d'A-
lithmétique. Logaritlimus. Ce font des nombres pro-
portionnels qu'on applique à d'autres nombres aullî
proportionnels, qui gardent entr'eux une égale ditté-
rence , (oit en croillant , (oit en diminuant. Les loga-
rithmes (ont des nombres en progrellion arithméti-
que , que l'on fait répondre à d'autres nombres en
progrellion géométrique, dont ils (ont les Logarith-
mes. BouGUiER. Par exemple, des nombres 4, 8 &:
1 C , qui font en proportion double , les logarithmes
feront 5 , 4 & 5 , ou 7 , 9 & 1 1 , qui croillent égale-
ment d'une ou de deux unités en montant , ou bien
z8 , Z4 & io , qui décroillent également de 4. C'ell
une invention merveilleule de Jean Néper, Ecolîois ,
Baron de Marchiftron. Elle a été enluite perfedfion-
née par Henri Briggs , Profelleur de Géométrie à
Oxford. Parla, avec le fecours de quelques tables,
qu'on prépare à cet effet , on lait toutes les multipli-
cations 6c divilions par le moyen de l'addition Se de
la fouftraAion , ce qui épargne un travail infini, (ur-
tout dans les calculs a(l:ronomiques. Il y a pluiieurs
tables de logarithmes d'Adrien Ulacq, de Briggs, de
Pitifcus & de Caramuel , de Clavius, de Jean-Baptifte
Morin , &c. Caramuel , dans fon deuxième tome
in-folio de (es Traités de Mathématique , explique au
long les logarithmes depuis la page /Sj , jufqu'à la
page ^20. Il y met les tables des Sinus, Si toutes les
plus belles règles de la Logarithmique , de laquelle il
fait une des plus notables parties de ("es Traités de
Mathématique ancienne & nouvelle , qu'il traite en
quarante parties diftérentes. §3" Gregori , Mercator ,
Newton, Halley, Taylor, ont auiîî donné diftéren-
tes méthodes pour la confhruélion des tables des loga-
rithmes.
Les logarithmes font donc une fuite de nombres
artificiels j inventée pour faciliter les calculs trop
difficiles Se trop longs , & qui e(t en proportion
arithmétique, comme les nombres qui leur répon-
dent font en proportion géométrique. Par exemple ,
I , i, 4, 8j i6j 52, 64, 118, ijô ,511. font
des nombres qui procèdent depuis l'unité en pro-
portion géométrique continuée. Que il fur ceux là
on place un autre fuite de nombre qui commence
par o , & qui foit en proportion arithmétique , on
aura ,
o, 1,2, 3,4, 5, (5,7, 8, 9,
I , 1j4,8, 16, 32,64, iz8, 2j6 ,;i2,
' Et ainfi des autres nombres qui fuivent jufqu'à l'in-
fini. Or de ces deux (uites de nombres , c'e(t celle
qui commence par o , qui eft en proportion arith-
métique , qui s'appelle Logarithme.
L'addition & la (oudradiion des logarithmes fc
fait à la place de la multiplication 6c de la divi-
lion des nombres qui leur répondent, & y (upplée
d'une manière bien plus facile Se bien plus courre.
Ainfij (î j'ai à (avoir quel fera le produit de 128,
multiplié par 4 ; au lieu de faire la multiplitation ,
je n'ai qu'à prendre les logarithmes de ces deux
nombres , Se en faire l'addition -, je trouverai que
le nombre qui répondra au logarithme qui fera la
fomme de cette addition , fera juftemenr le produit
de la multiplication des deux premiers nombres. Le
logarithme de 4 , c'eft 2. Le logarithme de 1 28
c'eft 7; ajoutez 2 à 7 , la fomme eft 9. Voyei^ le
nombre qui répond au logarithme 9 , c'eft j x 2 i ce
Tom.e V.
LO G
y87
I même nombre yi 2 eft le produit de 128 multiplié
par 4. Tout de même pour la fouftractioii , le lo-
garithme 5 ôté du logarithme 9 , refte 4. l'rtnez
le nombre qui répond au /o^'unfA/72e4 ; c'eft à due,
16. C'eft le quotient de divilion de 512 par 32.
Ce nom elt compo(é de deux noms Grecs , y.-.y^- ,
raifon , proportion , a^âft.i)- , nombre. Logarithme ,
nombre en proportion , proportionnel.
LOGARITHMIQUE, f f. Science, Art des Logarith-
mes. Logarithmice. La Logariihmi^jue eft une des
plus belles Se des plus utiles parties de la Mathéma-
tique.
LocARiTH.MiQUE. adj. m. Se f. Qui a rapport aux Lo-
garithmes , qui en dépend ^ qui (e tait par les loga-
rithmes. Logarithmicus , a. Les Tables Logarithmi-
ques de Henri Briggius. La courbe que l'on ap-
pelle Logarithmique eft telle que fes abeilles étant
prifes en progrellion aritJimétique , les ordonnées
correlpondantes (ont en progrellion géométrique, Se
de-là vient (on nom. Elle repvélente par fes ab("-
ciiles &: par fes ordonnées une table de logarith-
mes , difpo(és j comme ils le font d'ordinaire , vis-
à vis des nombres auxquels ils répondent-, car cha-
que abciftede la courbe eft le logarithme de fon or-
donné. L'infiniment petit , ou la diftérentielle d'un
abfcilfe quelconque eft une diftérentielle logarithmi-
que , Se cette abfcifte eft le tout , ou l'intégral.
^ LOGARITHMOTECHNIE. f. f. Confliudion
des tables des Logarithmes. Nicolas Mercator publia
en 1 668 fa Logarithmotechiûe j où il donnoit par une
fuite ou férié infinie la (luadrature de l'hyperpole.
Font.
IP'LOGE. f. f. Petite hutte faite à la hâte. Cafula ,
gurgujiium. La logeà'mi Ermite. C'eft fouvcnt un
petit réduit fait de cloilonnage. Les Bergers qui par-
quent fe (ont de petites loges roulantes.
§3° On le dit de même d'un petit réduit auftî de cloi-
fonnage , capable de contenir plufieurs perlonnes.
La loge d'un Suilfe , d'un Portier. Cella janitoris.
Loge , fe dit quelquefois lur mer de l'appartement de
certains Officiers. Loge de l'Aumonier , loge du
Maître Canonier.
Loge , fe dit aulîI d'une petite boutique , qu'on loue
pour un temps , ou pendant une Foire. Taberna.
Les loges de la Foire S. Germain des Prés. Louer une
loge. Loges des Lingères , des Merciers. |K? Dans
quelques villes , comme à Lyon , à Marfeille , &c.
on appelle loge du Change, loge des Marchands,
un certain lieu dans les bourfcs où les Marchands
s'allcmblent pour traiter des aftaircs de leur négoce.
§Cr Loge , plus ordinairement Comptoir. C'eft ainli
qu'on appelle un bureau général de commerce établi
dans quelques villes des Indes pour chaque nation de
l'Europe. Voye'^ Comptoir.
Loge , ou Log. On a employé anciennement ce mot
pour lignifier une Eglife -, & il y a en Bretagne beau-
coup de veftiges de cet ufage-là : Log-Chrijl , Log-
Ma^é, Log-Maria , Log-Geldas , &c.
Du Cange dérive ce mot de logia , ou de logea ,
ou de lorgea , qu'on a dit dans la balfe Latinité en
la même fignification.
Loge , eft aulli une petite prifon (éparée j un petit
réduit , où l'on enferme les fous , les furieux. Gur-
gujiium. Les loges des Petites - Maifons , de S.
Lazare.
§:C?Dans les Ménageries , on le dit aufti des réduits
où l'on enferme les bêces féroces. La. loge du Lion,
du Tigre , &c. Cavea.
ifT Dans les Balfes-Cours , on dit aufti la loge d'un
chien , d'un dogue.
Loge , fe dit aulti des féparations qui fe font dans
des galeries autour d'un théâtre, pour y voir plus
commodément les fpeftacles qui fe repréfentenr.
Ccllula. La loge du Roi eft toujours la première
loge. Il y a d'ordinaire deux rangs de loges. On voit
mîeux du parterre que des loges. §CF Ces loges
font des petits réduits faits de cloifonnages , capa-
bles de contenir plufieurs perfonnes , féparées les
unes des autres par des cloifons à jour , Se décorés
Eeee ij
588
L O G
L O G
a ordinairement crois rangs de
par dehors. Il
loges.
§Cr Loge , en Botanique. Local amentum. C'eil; une
cellule ou cavité , qui fe trouve à l'intéticur du
fruit , & qui renferme les lemenccs. De-la on dit
Biloculans , cnloLularis fruclus.
IJCF Les Fadeurs d'orgues appellent audl loge dans un
buiîet d'orgues le lieu où font les fouftlets.
Loge. Les Italiens appellent ainli une galerie, ou
portique formé d'arcades , fans fermeture mobile ,
comme il y en a de voûtées dans les Palais du Vati-
can & de Monte Cavallo , & à Sofite , dans celui
<ic la Chancellerie à Rome. Les Italiens donnent
. encore ce nom à une efpèce de donjon , ou belve-
der , au-delFus du comble d'une maiton. C'eft ce
que Vitruve appelle Mœnianum. Dav. f^oye^ ci-
dellbus l'étymologie que Du Cange donne à logis.
Droit de Loges , eft un droit qui ert dû au Seigneur
chaque année , par (es fujets , pour les loges qu'ils
tiennent au-dedans de fou château, pour s'y retirer
en temps de guerre. Vccligal ex hofpiûo. Vov. Chaf-
fanée , fur la Coutume de Bourgogne , au titre des
Mains -mortes , Art. S.
On dit proverbialement : N'eft p.as Mercier qui
ne fait (a loge ; pour dire , que chacun doit s'éta-
blir , fe loger , hc fe mettre à couvert.
LOGEABLE, adj. m. &: f. où l'on peut loger commo-
dément. Ce logis efl: bien logeable. Cette apparte-
ment eft fort logeable.
LOGEMENT, f. m. Lieu où on loge, où l'on fait fa
demeure ordinaire. Habkatio ,diverforium. J'ai loué
un logement à l'année. Cet Officier n'a chez fon
Maître que la table & le logement. De ce lieu aban-
donné il a fait un logement , un appartement fort
commode, ft? Logement coniiflant en pluhcurs piè-
ces. Logement de Jardinier , de Concierge , &c.
On dit qu'il y a beaucoup de logement dans une
maifon j peur dire , qu'il y a de quoi loger beau-
coup de monde. Ac. Fr.
Logement , fe dit aullî des gîtes , ou retraites , qu'on
prend à la pall'ade , pour peu de temps ," loit dans
les hôtelleries pour des voyageurs , loit chez des
bourgeois à l'éi^aid des Officiers ^ auxquels on al-
fîgne & on marque des logis. Diverfonum. Les
logcmens font chers à la fuite de la Cour. Les Maré-
chaux des logis , ou Fouriers , font ceux qui mar-
quent les logemens des Officiers du Roi. ÇCFOn
dit en ce fens , Faire les logemens , c'efl-à dire , faire
la lifte des perlonnes de la Cour que les Maréchaux
des logis doivent loger : Se envoyer au logement, en-
voyer avec les Maréchaux Aes logis un domefti-
que pour reconnoître le logement deftiné à ion
Maître.
1^ Logement , dans l'Art Militaire j fignifie quelque-
fois la même chofe que Campement. L'Arméeà peine
croit dans les logemens , qu'elle fut attaquée par
l'ennemi ; elle fut contrainte de faire trois logemens
en huit jours.
Logemens , fe dit aufti des logemens de foldats , qui
font en garnifon , ou en quartier d'Hiver dans une
ville , & qui logent chez les habitans. Ceux qui ont
été Maires , ou Echevins dans les villes , font exempts
de logemens. Les logemens de gens de guerre font
très-incommodes.
fKTDans ce fens. Faire le logement, c'eft régler avec
les Officiers municipaux les maifons de bourgeois
où les foldats doivent loger.
§3" Logement , fe dit encore , dans l'attaque des pla
ces , d'une efpcce de retranchement qu'on fiit pour
fe maintenir dans un pofte dont on a chafté l'ennemi ,
& pour fe mettre à couvert du feu des ouvrages
voilîns qui le défendent. Munitio -, munimentum.
Quand on a gagné quelque terrain qu'on veut con-
ferver , on fait des logemens (ur la brèche , fur une
demi lune , fur la contrelcarpe , dans le folle. On
fait lauter fouvent des logemens par des fourneaux.
Faire un logement lur le chemin couvert , fur la
contréfcarpe. Les logemens fe font avec des gabions,
des fafcincs , des facs à terre , £jç.
ifT LOGER. V. n. Habiter dans une maifon , y faire
fa demeure ordinaire j ou y prendre le couvert en
pallant. Habitare , dlverfari. On loge chez foi , ou
chez les autres. Ces deux amis logent enfemble.
L'homme que vous cherchez , demeure dans telle
rue , & loge en hôtel garni. Les voyageurs logent
fouvent dans de mauvaifes hôtelleries. S. Jofeph &
la Vierge ne purent trouver ou loger dans Bethléem.
§3-LoGER , Demeurer , fynonymes dans le fens où
ils lignifient la réfidence ; mais demeurer^ dit M.
l'Abbé Girard , le dit par rapport au lieu topographi-
que où l'on habite , &: loger par rapport à l'édifice
où l'on le retire. On demeure à la campagne , à la
ville. On loge au Louvre , chez loi , en hôtel garni.
Quand les Gens de diftinélion demeurent à la cam-
pagne , ils logent dans des ch.îteaux.
Ce mot vient de locare , ou At locus ^ ou du Bas-
Breton loig. MÉNAGE,
Loger, eft aufti adfif, & lignifie , Donner retraite à
quelqu'un , lui donner le couvert ; le recevoir dans
fa maifon , dans Ion logis. Hofpitio excipere. C'eft
une femme qui loge les étrangers. Il y a des Hôpi-
taux bâtis pour loger les Pèlerins & les palfans. Où
logerei-voas tout ce monde-là ? Il eft bien loge';
il eft loge' au large.
^^Se Loger , lignifie quelquefois , Se bâtir une
maifon. On dit qu'un homme s'eft bien loge' k la Cam-
pagne j pour dire qu'il a (m bâtir une belle mailon.
Quelquefois il lignifie limplement embellir l'apparte-
ment qu'on occupe, le rendre commode & agréable.
Loger , le dit aufti figurémenc , tant au neutre qu'à
l'aétif. On a dit de Galba , que fon elprit étoit mal
loge', parce que Ion corps étoit mal fait. Bouh.
Le dcjïrpeut loger che\ une Précieufe. La Font.
L'ame qui loge la Philofophie doit être contente
&c paihblc. Mont. L'amour loge en vos yeux. MÉn.
On dit , loger les afteélions en bon lieu ; pour dire ,
aimer une perfonne qui le mérite.
Loger , le dit à l'aélif par les Fadeurs d'orgues. Loger
les fouftlets de l'orgue , c'eft les placer où ils doi-
vent être. Locare , fiatuere.
Loger , en termes de Guerre , fe dit de la diftribution
des quartiers d'une Armée , où l'on aftîgne à cha-
que Of'icier ion logement pour lui ik. fa Compagnie.
Sedem dare y ajfignare. Les Maréchaux des Logis
ont le foin de loger les Troupes
§CF Loger j dans l'Art Militaire, fignifie auffi Camper.
Loger une Armée , la faire déloger, la faire camper, &
la faire décamper , termes fynonymes , avec cette diffé-
rence que /o^T^r veillit. L'Armée étoit logée à l'étroit
entre des montagnes; c'eft-à dire, campée. On dit auffi,
qu'on s'eft logé fur la contrefcarpe , fur une demi-
lune , fur la brèche , lorfqu'on a gagné ces poftes,
& qu'on y a fait quelque retranchement pour s'y
maintenir. Invadere , occupare , munire. Voyez Lo-
gement.
On dit en raillant , qu'on a /o^e quelqu'un ; pour
dire , qu'on l'a mis prilonnier. Si vous fiites le
méchant, je vous ferai loger, je vous logerai. Ex-
prelîîon populaire,
et? On dit familièrement pour marquer l'humeur,
l'opiniâtreté ou le défaut de lumières de quel-
qu'un ; il en eft logé-là ; il n'en démordra pas ; il
ne voit pas plus loin.
On dit proverbialement , qu'un homme eft logé
chez Guillot le longeur ; pour dire , qu'il a quelque
méchante afiaire qui le rend penfif On dit aullî,
qu'on eft logé aux quatre vents , quand on eft dans
une maifon mal fermée ; ou à la belle étoile , quand
on couche dehors, quand on n'a point de retraite.
LOGÉ , ÉE. part.
LOGES. Lo<^i<t. C'eft un bourg de l'île de France, à
quelques lieues au couchant de Paris , près de S. Ger-
main , &i dans le pays appelé la Forêt de Laye.
La Forêt aux Loges , en Latin , Logium fylva; elle
étoit proche de Fleuri , ou S. Benoît fur Loire.
LOGETTE. f. f. Diminutif. Petite loge. Cafula,
magale.
L O G
LOGH. Nom d'une rivicic de la Connacie. Logha.
Elle a l"i fouicc près de Shroule , t-c après avoir
coule quelque temps entre les Comtes de Mayo 6c
de Galloway , elle tr.iverk les lacs de Carrib &
d'Horrib , & peu après elle f"e décharge dans la
Baie de ce nom. On prend cette rivière pour \' Au-
foba de l'tolomée. Mat y.
LOGf lOR. C'ctoir anciennement une petite ville des
Silures; maintenant ce n'cft qu un village du pays de
Galles , en Angleterre Longliorlcuni , aurrelois Lcu
curum. Il efl: dans le Comte de Glamorglian , lur
la petite rivière de Loghor , à une lieue & demie de
fon embouchure , dans le canal de S. George , ik
du bourg de Lanelbie, ou Lanelli. Maty.
LOGICIEN, i. m. Qui pollede 1 art de railonner fui
vant les règles. Logicus , d'ialectus. Il faut être bon
Logicien, pour reconnoître le dctaut des argumcns
fophiftiques.
Logicien , le dit aulll j tant de celui qui fait profef-
iion de la Logique , que de celui qui l'étudié, io-
gicxprojcjfor , vel candidatus.
On dit d'un homme qui met tout en conteftaiion ,
en dilpute , Se qui veut tout réduire en argumens
dans une converlation libre &c familière j que c'e'à
un Logicien perpétuel. Ce n'ell: qu'un Logicien.
^3" Et l'on dit d'un homme accoutumé à raifoniier de
travers, que c'eft un mauvais Logicien.
Logicien. Nom d'une ancienne feéle de Médecins.
Logicus. On les nommoit ainli parce qu'ils fe 1er-
voient des règles de Logique pour traiter des mala-
dies oc de la Médecine. Les Anciens appeloicnt Lo
giciens , ou RationauXj Logicij ou Rationales , les
Médecins qui railonnoient fur les maladies , en cher-
choient les caules & les railons ; par oppolition aux
Empiriques , qui s'en tenoient à la feule expérience.
On nommoit aulll les Logiciens Dogmatiques. J^oy.
ce mot\ oti nous avons expliqué ce quec'étoit que
cette lecle de Médecins. Quelques-uns difent que
Podalire pofa les principes de cette feéte , d'autres
en font Hippocrate auteur. Ménécrate fê rendit
célèbre dans cette lecle , fous Tibère & lous
Claude.
i§C?LOGIE. f. f. Mot tiré du Grec , & qui fignifie
Difcours , Traité. Il entre dans la compofition de
plulieurs mots François , comme Chronologie ,
Aftrologie , &c.
LOGIES. lenne de Coutumes. Le droit de logies ,
eft un droit que le Roi prend tous les ans fur chaque
Prévôté de la Sénéchaullée & Comté de Poitou.
Ce droit eft de huit livres cinq (ous au deflus du
prix auquel les Prévôtés ont été mifes , & quinze
lous pour le droit des gens de Comptes.
LOGIQUE, f. h Science qui enfeigne à perfedion-
I ner le raifonnement ; qui donne des règles certai-
nes«pour définir , divifer & argumenter. Logica. La
Logique n'ell point un art de bien difputer , ni d'é-
vader par une lubtile diftinétion, ni d'oppofer des
objeèlions fpécieules contre toutes fortes de vérités ,
c'eft un art de raifonner jufte , & d'expliquer nos
idées clairement & diftindement. Zenon d'Elée tut
l'inventeur de la Logique , & Ariftote , ce génie
fi plein de raifon Se d'intelligence , y apporta la
dernière main. Le P. R. On le figure d'ordinaire,
fous le nom de Logique une fcience compofée
de termes barbares , Ik de mots artificiels , plus
propres à exercer les efprits à chicaner , qu'à les
inftruire à bien raifonner. Il eft vrai aulli que dans
fon origine , elle n'étoit autre chofe que l'art de
chicaner Se de dilputer. Les Grecs qui aimoient à par-
ler , fe faifoicnt un honneur de dilcourir fur le
champ , Se d'être toujours prêts à défendre tour-à-
tour les opinions oppofées. Ainlî les Dialeéliciens
pour être armés de toutes pièces dans cette (orte
d'etcrime , inventèrent des termes plutôt que d^
raifons , parce qu'ils s'étudioient moins à cherch "
la vérité , qu'à contefter Se à contredire , fans *fe
rendre jamais. La Logique n'étoit donc qu'une
fcience de mots , qui fort fouvent ne fignifioient
rien , ou qui n'ctoienc inventés que pour cacher
L O G J89
l'ignorance. Tout ce fatras eft fi peu utile dans le
train de la vie ^ Se li oppofé au commun ufage,
que l'elprit qui ne s'y attache qu'avec peine , Se
n'a rien qui 1 y retienne attaché , s'en décharge
bientôt , Se perd ailément toutes les idées qu'il
en avoit conçues , parce qu'elles ne font jamais
rcnuuvellécs par la pratiqua. Mais la Logique dé-
gagée du jargon de l'Ecole , Se réduite à ui.e mé-
thode claire Se intclligilile , eft l'art de tioiiver la
vérité. Le Clerc. L-i. Logique eft l'ait dL- bien con-
duire la railon dans la connoiiîance des chofes ,
tant pour s'en inftruire foi nicmc , que pour en
inllruire les autres. Log. Platon a cnfcigné une
Logique plus naturelle Se plus utile que celle qui
regnoit avant lui. Il ne la traite point en Docteur
de l'école , par des" fyllogifmes étudiés : mais en
homme du monde , par des exemples , Se par des
converfations libres. Dac. Il y a eu pluficurs Lo- .
giques modernes. La Logique de Port-Royal , la
Logique de l'Abbé Mariotte , la Logique de Crouzas.
LOGIQUE. Terme de Collège , qui fe dit du lieu où
l'on enfeigne la partie de la Philofophic , nommée
Logique , ou plutôt où l'on fait les leçons de la pre-
mière année du cours de la Philofophie, qui eft de
deux ans. On la nomme ainli , parce que les le-
çons do Logique , [ont les premières que l'on y donne.
Il y a dans ce Qqjj^c une belle Se grande Logique.
La Logique de ce^rollégc eft voûtée.
|fc? On dit dans ce fens , Faire la Logique , être en
Logique , aller en Logique , étudier dans la clalle où
l'on enft.igne la Logique.
On appelle Logique naturelle , la difpofition na-
turelle que l'on a à raifonner jufte. Ac. Fr-
il^ Et l'on dit qu'il n'y a point de Logique dans un
Ouviage , pour dire , qu'il n'y a point de méthode ,
de pjrincipe.
LoGic^uE. Ce mot eft quelquefois adjeflif. Aigument
logique. Ce livre commence par les notions les plus
ilmples Se les plus logiques; puitqu'on explique
l'objet , la fin , le lujet , l'origine ce la divilion de
la Médecine. Mém. de Trév.
iP^LOGIS. L m. Habitation , maifon où l'on demeure.
DomiciLium , domus j ddes. L'appartement eft la
partie du logis, que l'on occupe. On dit qu'un /o-
gis eft beau , grand , commode -, garder le logis ,
changer de logis.
îjhT Ceux qui parlent bien , dit le P. Bouhours , difent ,
Il eft venu au logis. Il n'y a que le peuple qui dife
à la maifon. Quand quelqu'un monte en carrollc pour
s'en retourner , il dit , Cocher au logis.
Ce mot , félon Du Cange , vient de logium , qu'on
a dit dans la balle Latinité en la même lignification ;
mais il ajoute , qu'il lignifioit principalement une
galerie , Se le plus haut étage de la maifon , ainlî
appelé de ao^os , difcours , parce que les Anciens
s'en fervoient pour fe promener. Se y converfer
enlemble.
Corps de Logis. C'eft la malfe , ou la principale partie
d'un bâtiment, u^des , &dijicium. Il y a un grand
corps de logis entre deux gros pavillons.
Corps de Logis , le prend aulIi pour un logement
détaché, de la malfe du bâtiment principal. Il oc-
cupe un petit corps de logis fur le devant.
Logis garni , c'eft une maifon toute meublée , où
on loge pour de l'argent. Domus fupelleciili inj-
trucla. Cette hôtelïè tient un grand logis garni ,
pour loger les étrangers.
A^aréchal des Logis , eft un Officier chez le Roi qui
a foin de marquer les logis pour la fuite de la Cour ,
quand le Roi fait voyage. RegH, contubcrnii 'de-
fignator.
Maréchal des Logis, eft auffî un Officier d'armée, qui
a foin du logement des troupes. Mditaris hofpiûi
metator. Il y a en l'armée un Maréchal général des
Loais. En chaqiïe Compagnie de Cavalerie , en
chaque Régiment d'Infanterie , il y a un Maréchal
des Loois ; les Compagnies d'Ordonnance en ont
deux , "se les Moafquetaires fix.
On dit proverbialement , quand quelqu'un d'une
jcjo L O G
compagnie prend le devant , qu'il s'en va marquer
les Logis. On dit aulli dun ^ou , qui a de bons
intervalles : quand on lui parle d'une telle choie,
il n'y a plus perfonne au logis ; c'eft a dire , la
raifon s'égare , il entre en hireur. On dit aulîi , il
n'y a plus pcrlonne au logis , d'un homme qui
vient de mourir , ou d'un mourant , qui n'a plus
de connoillince , qui eft à l'agonie. On dit des
violons , qu'ils ne trouvent pomt de pire logis que
le leur. , , j \f
lOGISTE. C. m. Terme d'Antiquité. Nom de Ma-
giftrat à Athènes. Logyia. Les Logi^s etoient
ceux qui étoient prépofés pour recevoir les comptes
des Magilkats qui lortoient de charge. Nous pour
rions les appeller Maîtres des Comptes i niais la
jurifdidion Se l'inCpedion de nos Maîtres des Com-
ptes ne s'ctsnd pas a tous les Magiftrats comme
celle des Logijles d'Athènes. L'Auteur de lEtymo
logique Grec les confond avec ceux qu on nom-
moit EreïNoi , mais Ariftote les en diltingue au
dernier chapitre de fon Livre VI. des Pohuques
& il •en doit être cru. L'office de ces deux fortes de
Magiftrats étoit pourtant bien femblable. Les uns &
les autres étoient au nombre de dix. Les Logijles
étoient tirés au fort , & les autres élus. Ceux - ci
étoient comme les Ail'e Heurs dés. Logiflcs , ou bien
les Io^//?« étoient comme nosÀlaitres des Comptes;
& les Euthyncs , comme le"Auditeurs des Com-
ptes. Ceux-ci faifoient rendre les comptes, & puis
en faifoient leur rapport aux Logiftes , &c tous en-
femble jugeoient les Comptables. Les Logijles ne
connoillbient que des affaires pécuniaires, ils ren-
voient les autres matières à d'autres Tribunaux. Foy.
Cujas , fur le Tu. de Excufat. L. XV, adL. XXX.
Decur. & ad L. ir, C. De Tabular. L. X. Et
BuUengerus , De Imp. Rom. L. LU, c. 22.
^fj" Ce mot vient du Grec ^oyl'l^£;«' > compter.
LOGISTILLE. L f. Terme de Mulîque. C'ell une pièce
de mulîque. La Logiftille de Rolland.
LOGISTIQUE, f. f. Partie de l'Algèbre ; efpèce d'A-
rithmétique littérale qu'on appelle Logijiique fpé-
cicuje. Logijlica fpedofa. C'ell la pratique des rè-
gles de l'Algèbre , de l'addition , fouftraclion , &c.
■On l'appelle Logijiique , parce qu'elle apprend à
compter; du mot Grec A.-v6^,-af , compter , & Jpe'-
cieuje , parce qu'elle ne fe fert pas de chiffres pour
compter., mais de lettres, qu'on appelle efpèces ,
fvecies. tfF L'Art de faire un calcul avec des car.ac-
tères repréfentati fs.
LOGITZ. Nom d'un village de la Carniole , iitué à
fept ou huit lieues de Laubach , du côté du midi.
Logitiium. On prend ce lieu pour l'an-cienne Ixvi-
■gaticum , ou Longanicum , petite ville du Nori-
que. Maty.
LOGNINA STATIONE , ou , il porto di Lognines ,
en Latin Logmus portas. C'eft un village avec une
tour & un port. Il eft fur la côte de la vallcc de
Démona en Sicile , entre le golfe de Catémia , &
celui de Sainte Thécle , vis-à vis des îles de Fara-
gluni. On prend Lognina pour le lieu appelé an-
ciennement Ulyjjis portas. Maty.
iOGODURO , Capo di Logoduro , ou , el Judicado
di SalCrri. Promontorium Saffaritanum , Logudu-
riurn , ou Loci aurci ; Provincia Turitana. C'ell
une des deux Provinces de la Sardaigne. Elle com-
. prend toute la partie feptentrion.ile de l'île. Ses villes
principales font Sallari , capitale , Alghéri , Bofa ,
Caftel Aragonèfe , Terra nova 6c Sarda ; qui a
donné le nom à l'île.
LOGOGRAPHE f. m. Nom d'un Officier de l'Em-
pire. Logoi^raphus. C'étoit celui qui tenoit les
comptes ,'\ui laifoit & gardoit les rcgiftres publics.,
comme fon nom le fignifie. Il eft parlé des Logogra-
phes dans les loix de l'Empereur Arcadius. Voyei
le Code Théodofien , Z. FUI , &c.
Ce mot vient de >.h'' , compte , & y (i^a , j'écris.
\in Logographe étoit encore la même chofe qu'un
■Notaire j iiu Tabellion. Notarius, TabelUtius , Li-
L OG
brarius. 'Voyez. Cujas ., ad L. I. Cod. Théod. ne
collatio.
^ LOGOGRAPHIE. f f. Partie de l'Ortographe qui
prcfcrit les règles pour repréfenter la relation des
mots à l'enfemble de chaque propolîtion , &; la re-
lation de chaque propolîtion à l'enfemble du dif
cours. Encyc.
LOGOGRIPHE. f m. Sorte de fymbole en paroles énig-
matiques : îfT petite énigme qu'on propofe à devi-
ner , & qui conlifte à prendre en diftérens fens
les différeiftcs parties d'un même mot. Logogriphus.
Il conlîrte en quelque allulîon équivoque , ou mu-
tilation de mots , qui fait que le lens littéral dif-
fère de la chofe lignihéc ; enlorte qu il tient le mi-
lieu entre le rébus ik. la vraie énigme, ou l'emblème.
Expliquer un Logogriphe. Les Logogriphes , lelonle
P. Kirker , font comme les armes parlantes ; ainfi
un homme nommé Léonard , qui mettoit dans fes
armes un Lion & du nard , frifoit un Logogriphe ^
dit ce Père , (Edip. .^gypt. T. Il, P. I , p. 14.
Ce même Auteur , ;;. 2 i*. définit le Logogriphe
une énigme, qui dans un nom, ou quelque autre
mot , propofe plulîeurs lignifications , porte à l'ef-
prit dirtcrentes idées en ajoaitant ou retranchant
quelque partie. Il en apporte plulîeurs exemples,
p. jj. Les Arabes connoiffoient aullî cette forte
d énigmes, &c d'Herbelot dit que Saad Ben Ali al
■Varrak , furnommé Hadhiri , a fait un traité de
Logogriphes & d'énigmes j fous le turc de Aâgiàs
fil Ahàgiou alalgà^. |f3" Le meilleur Logogriphe
ne vaut pas la peine qu'on prend à le deviner. ^
Ce mot vient de â)7»« , difcours , & de -tf^K ,
filet.
LOGOMACHIE, f. f. Ce terme qui eft Grec , figni-
he Quertion de nom , dilpute de mots. Logoma-
cjiia. Samuel Werentels donna en 1691 Se 1701
une Dilîertation au public lur les Logomachies des
Savans , où il enfeigne non feulement Ce que c'eft
que logomachie , ik ce qui les produit ; mais il
propofe encore des préceptes & des préfervatifs
contre les nouvelles logomachies. Les Dillcrtateurs
fur les matières de Méthaphylîque &: de Bel-Elprit
font fort fujets à la logomachie. L'Abbé des Fon-
taines. Ludolte loupçonne qu'il y a eu de la logo-
machie dans les dilputes fur l Incarnation , & il
propofe des conlîderations qu'il croiroit pouvoii
faciliter la réunion ; mais les Ecrivains Orientaux ne
regardent point ces queftions comme des queftions
de nom, ils entrent fur ce lujet dans des dilcuffions
fort fubtiles , & il n'y a point de prétexte qui puille
juftifier les exprelîîons des Monophy lires que l'E-
glife a condamnées. Journ, des Sav. Ce mon
vient de A.y-f , J'ermo , & de ^ar>, , pugna.
LOGOTHÈTE. f m. Terme d'Hiftoire. Maître des
Comptes. Logotheta. C'étoit un des principaux Of-
ficiers de l'Empire Grec. Le Logothète ètoit le Con-
trôleur Général des finances , & des depenfes pu-
bliques. Baillet. Le Logothète étoit une charge
plus conliderable que celle des Maîtres des Comptes
chez nous. J'aimerois mieux l'appeler Contrôleur
Général des finances , ou même Surintendant des
finances. Il lîgnoit aulli les Edits S<. les Ordon-
nances de l'Empereur , comme le Chancelier fîgne
ceux du Roi. On trouve Grand Logothète , Logo-
thète General. Builenger. L. VIII. De Imp. Rom.
c. 2. Il y avoir encore d'autres Logothètes , conv:
me le Logothète , ou Surintendant des Portes. Lo-
gotheta Curfùs. BuUengerus , de Imper. Rom. L.
VIII i c. 2g. Le Logothète des fccrets. Logotheta.
fecretorum. C'étoit le Chancelier. Bulleng.L. VIII -.
De Imp. Rom. c. jO. Logothète des aftaires par-
ticulières j ou domeitiques, Comes rei privatie, Lo-
gotheta privatorum , ou domefiicorum. BuUengerus .
^^ X. VIII, de Imper. Rom. c. .r/. Le Logothète
9 des troupeaux , Logotheta gregum. Builenger croit
-•que c'étoit le Sitocome de la Cour , c'eft-à dire ,
celui qui .avoir loin de l'annone &: des vivres. Voy-
Di Imp. Rom. L. VIII , c. 3Ç. Le Logothète^ di
trélor militaire , Logothet.i ccrarii militais ; c'ctoi
L O H
le trcfoticr des Guerres. BuUengerus , Ib. c. c/. Voy.
encore \' Onomajtkon àa Ro(wcyd, & le Glollaire
de Meiiriius , outre Ccxfin ^ De Offuiis. _
Il y avoir aulîi un Zo^'tvAcVe daiisl Eglife. Le I.o-
gothècc du Patriarche, outre les i'oiu'lions qu il tai-
loit d'arrêter les comptes de L\ mailon _, & de les
fcellcr, aulli bien que les lettres, tenoit le pain
béni dans un hallin , lorlque le Patriarche le dilhi-
buoit. Le Grand Logothète étoit au delliis de tous
les aunes Logothètes ; il étoit proprement le Chan-
celier de l'Empire ; ^ un Empereur à l'on avène-
ment à l'Empire, laifoit entre (es mains le ferment
accoutumé dans l'H^Jift; des Blaqucrnes.»
Ce mot vient de à'>v<" , compte , &; ji('£»«f' , met-
tre, Nicétas explique le nom de Logochèce par ce-
lui deChancelier ; & Symmachus appelle le Logo-
thète du nom de Contrôleur , D'tjcujjor', ce qui
montre que le Logothète, qui eft quelquefois ap-
pelé Rationalis en Latin , faitoit les fondions d'un
Contrôleur (^ d'un Chancelier.
LOGOWOY, ou CZÉRÉMISSES. Logoway. Nom
d'un peuple de la Molcoviej eu Europe. C\erem'iJ
fus y a. Ils habitoient autour du Volga , ik. lont
bornés au levant par les Royaumes de Cafin & de
Bolgar ; au midi par celui d'Altragan ; a u cou-
chant par les Morduates , <Sj par le Duché de Ni-
finovogorod-, ik au nord par la province d'OulHoug,
& par le Duché de Viadski. Ces peuples , qui dé-
pendent du Royaume de Calan , lont Tartares ,
Maliométans , & tributaires des Mofcovites. Le
Volga fe divile en deux parties , dont l'une fe
nomme .'es Czérémilles Logovjoy , ik l'autre les
Czérémilles Nagornoy. Les Czérémilfes Logowoy
font au nord de Volga , dans des vallées abon-
dantes en foin , Se c'eft de là qu'ils ont pris leur
nom. Ils ne cultivent point la terre & ne recueil-
lent point de giams _; mafc ils vivent de lait , & de
la chair de leurs troupeaux. Maty. Nous parle-
rons des Czérémilfes Nagornoy en leur place.
-OGRE. i. m. Terme de Coutumes. C'eft en quel-
ques endroits le gain nuptial.
Ce mot vient du Latin Lucrum , qui veut dke gain.
De Lauriere , dans fes additions à Ragueau.
OGRONO , ou LOGROGNO. Nom d'une ville de la
Caftille vieille en Efpagne. Lucronium. Elle efl: dans
la contrée de Rioxa , lur l'Ebre , aux confins de
la Navarre. Logrono s'eft agrandie des ruines de
la petite ville des Bérons , nommée anciennement
yaria , qui n'ell plus qu'un petit village qui por-
te le nom de Varea , & qui eft environ à une
lieue de Logrono , fur la petite rivière de Madrés.
Maty.
i-OGUDORO. ( La Province de) Contrée de l'île de
Sardaigne , dans fa partie feptentrionale , avec une
petite ville de même nom.
.OGUES. Termes de Coutumes. Droit de lègues ,
eft un droit qui appartient au Sous-Cellérier de
l'Abbaye de Déots fur certaines dixmes de l'Ab-
baye.
}3"L0GUETTE. f. f. Terme de rivière. Cordage
que l'on ajoute à un cable pour le tirage des bat-
teaux.
L O H.
-OHANEC. Village de Bretagne au Diocèfe de
Treguier. Saint Yves fut Curé de cette paioilfe, &
y mourut.
-OHARDE. ( La Préfedure de ) Petit canton de Dane-
marck , dans le Sud- Jutland , dans la Préfedure d'Ha-
d«rs-Leben.
-OHARRE. C'étoit anciennement unç petite ville des
Nalcicains , en Efpagne ; ce n'eft aujourd'hui qu'un
village de l'Arragon , ficué fur la rivière Galégo ,
entre les villes d'Hucfca &: de Jacca. Laborra ,
anciennement Calaguris. Julla Nafcica. Maty.
LOHNE. Nom d'une Principauté. Foyei Hesse, la
Haute Heiïe, L'A en ce mot & au fuivant, ne fait
qu'alonger la première fyllabe.
LOI ^91
LOHNE. Nom d'une rivière de la Bafle partie du Cer-
cle du Haut Rhin. Loganus , Loguna , Lanus. Elle
a fa fource aux confins de la Haute-Hellè , traverfe
la Badè, & les Etats de Nallaw , & fe décharge dans
le Rhin j au dcllus de CcAilcnrs j près d'Ober Laenf-
tein , après avoir baigné Marpourg , Giégen We^tf-
l.ir , Weiburg , Limpurg, Dietz ik Nalliiw. Maty.
L(JHO. Ville de la Chine , dans la Province de Nan-
king , au département deNanking, qui en eft la pre-
mière Métropole.
LOHH. Foye-^ Lora.
LOI.
LOI. f f. Conftitution ou ordonnance générale qui
vient d'une autorité fupérieure, à laquelle un inférieur
eft contraint d'obéir. Lex. Loi naturelle , natura-
lis ; loi divine ,divina; loi humaine , humana; loi
EccléiialHque , Ecelejlajlica ; loi ewi\e ,civilis ; La
/oi éternelle j xterna , c'eft la même que la loi natu-
relle, mais conlidérée du côté de Dieu , & par
rapport à Dieu , qui en eft l'auteur. La première des
loix eft celle de la nature. Les premiers hommes
vivoient félon la loi naturelle. La loi naturelle eft uir
rayon de lumière, & un principe de la droite railon,
que Dieu a imprimé dans tous les hommes , & qui
leur fait appercevoir les règles communes de la juf-
tice & de l'équité. Le premier principe de la Loi na-
turelle eft , félon Hobbe, la conlervation propre , Sc
par conléquent la défiance & la précaution mutuelle.
Thomailius veut que ce foit le bonheur propre , ce
qui revient au fentiment d'Hobbe ; Puffendorf, la
focialité ; Valentin Alberti , la créance que nous fouî-
mes l'image de Dieu; Henri & Samuel Coccéius ,
la volonté de Dieu; Grotius j la droite railon; Vel-
thenius , l'honnêteté, ou la turpitude intrinléque des
aftions ; Striméfius 8c Janus , ce principe , il fiut
aimer Dieu, nous-njêmcs, & le prochain. M. Régis
dit que les loix naturelles font des préceptes de la
droite raifon^ qui enfeignent à chacun comment il
doit ufcr du droit naturel: & les loix des gens ,
des préceptes de la droite raifon, qui enfeignent à
chaque état comme il doit agir envers les autres. Il y
a des gens qui par un refte d'équité, ne rompront
pas les loix ; mais ils les emploieront à leurs inté-
rêts. FlÉch. Le Sage vivroit bien quand il n'y auroit .
point de loix. Amelot. L'amour propre nous empê-
che de violer les /oi.v, par la crainte du châtiment Nie.
Quand la loi a parlé d'une manière claire & pofitive ,
il n'eft pas permis de s'en écarter ; quelque dure
qu'elle loit , il faut s'en tenir à fa déeilion. C. B.
C'eft aftbiblir les loix que d'en rechercher les motifs
avec trop de curiofité ; car on s'imagine que du mo-
ment que la railon a celle, l'on eft difpenlé â'obéir à
la loi. Id. Dans le moment que Dieu créa l'homme
il lui impofa la loi naturelle, & lui donna encore un
précepte pofitif j de ne pas manger du fruit de l'arbre
de la fcience du bien & du mal. Genèse , II. Les loix
humaines ne défendent que les mauvaifes aélions. Les
/ui.vdivines défendent jufqu'auxmauvaifespenfées. Id.
Les loix humaines font toute la vertu de bien des gens.
Bay. En 1 254. le Pape Innocent IV. fit une Conftitu-
tion célèbre touchant les études , dans laquelle il
défend d'cnfeigner les loix civiles dans les pays cou-
tumiers. Dès l'année izicj. Honorius III. avoir dé-
fendu d'enfeigner le droit civil à Paris , par la fameufe
décrétale i'if/'£r_^£c/^/fl. LeConcile de Rheims, tenu
en 1 1 5 I. Cizn. 6 . défend aux Moines & aux Chanoi-
nes Réguliers d'étudier les/oj.v civiles ôc la Médecine.
03° Un être , indépendant de tout autre , n'a d'autre rè-
gle à fuivre que les confeils de fa propre raifon ; &: par
une fuite de cette indépendance , il fe trouve affran-
chi de tout alfujettiffement à la volonté d'autrui : en
un mot J il eft maître abfolu de lui Ik de fes atfions.
Mais il n'en eft pas ainlî d'un être que l'on fuppofe
dépendant d'un autre , comme d 'un Supérieur & d'un
Maître. Foyc:( dépendance & états de l'homme. Le
fentiment de cette dépendance doit naturellemsiit
engager l'inférieur à prendre pour règle de fa con-
J92 LOI
diiite la volonté de celui dont il dépend ; puifque
l'p.nujettilleraent où il fe trouve ne lui permet pas
d'cfpcrer raifonnablemem de pouvoir le procurer un
folide bonheur , nidépcndaaiment delà volonté de ion
Supérieur, & des vues qu'il peut lé propoler par rapport
à lui. C'ell donc une conléquence nccellaire de l'état
dans lequel on conhdére l'homme loumis à la puil-
Gnce & à l'autorité d'un Supérieur qu'il reconnoit ,
qu il reconnoille aulli la volonté de ce Supérieur
pour la règle de Tes adions. C'eft là le droit ^ dit
Burlamaqui , qu'on appelle loi.
^fj Bien entendu pourtant que cette volonté du Su-
périeur n'ait en elle même rien de contraire à la
raifon , qui elt la règle primitive de l'homme. Foy.
Raison, Règle, Obligation atin qu'une loi Ibit la
règle des aébions humaines , il faut ablolumenc qu elle
s'accorde avec la nature &c la conltitution de l'hom-
me , & qu'elle fe rapporte en dernier rellbrt à Ion
bonheur _, qui eft ce que la raifon lui tait uécellaire-
ment rechercher.
§Cr D'après cela Burlamaqui définit la /<Ji , une règle
prelcrice par le Souverain d'une lociété à les fujcts,
foit pour leur impofer l'obligation de faire ou de
ne pas faire certaines choies, lous la menace de quel-
que peine ; foie pour leur lailler la liberté d'agir ou
de ne pas agir en d'autres choies , comme ils le
trouveroicnt à propos, & leur aliurer une plaine
jouillance de leurs droits à cet égard.
IJC?" On dit que c'elt une règle pour marquer ce que
la loi a de commun avec le confeil : l'un Se l'autre
font des règles de conduite ; &: en même temps pour
diitingucr la loi des ordres palïàgers qu'un Supérieur
peut donner , qui n'étant point des règles perma-
nentes de la conduite des lujets , ne font pas pro-
prement des loix. L univtrl.ilité & la perpétuité étant
deux caraétères cllentiels à la règle conlidérée en
général , fervent auljl à diilinguer la loi de toute autre
volonté particulière du Souverain. C'cll une règle
j/refcrite, parce qu'une fimpleréfolution du Souverain,
qui ne feroit manifeftée par aucun ligne extérieur , ne
feroit pas une loi ; il laut que cette volonté foit no-
tifiée d une manière convenable , afin que les fiijets
puillent connoître ce que le Souverain exige d'eux ,
& la nécellité où ils lont d'y conformer leur conduite.
La loi ell prefcrite par le Souverain : c'efl: ce qui la
diftingue du confeil , qui vient d'un ami , d'un égal ,
qui commetel , n'a aucun pouvoir lur nous_, Se dont
les avis ne produilent pas la même obligation que la
loi , laquelle émanant du Souverain a pour appui le
commandement & l'autorité d'un Supérieur.
|Cr La loi ei\ prekrire par le Souverain d'une fociété ,
c'ell; à dire de pluficurs perfonnes unies pour une
certaine fin , qui ait quelque avantage commun.
F'oyè^ Société, Union, Fin, & Souverai-
neté.
^fJ Non-feulement la loi doit être fufïifamment noti-
fiée aux lujets , afin qu'elle puille régler leurs adions
& leurs mouvcn-.ens ; elle doit encore être accompa-
gnée d'une /i«cZio/2 convenable. La. fanclion eft cette
partie de la loi qui renferme la peine établie contre
ceux qui la violent. La/Jei/ie eft un mal dontle Sou
verain menace ceux de fcs lujets qui entreprendroient
de violer les loix , Se qu'il leur inflige ettedtivement
lorfqu'ils les violent ; i?c cela dans la vue de procurer
quelque bien; comme de corriger le coupable , de
donner une leçon aux autres; Se en dernier rellbrt,
afin que les loix étant refpeâées Se obfervécs \
la fociété foit fûre , tranquille Se heureufe.
§3° Ainli toute loi a eirentiellemenr deux parties : la pre-
mière c'eft la dilpoiition de la loi , qui exprime le
commandement ou la défenlç. La féconde , c'ell la
fanclion , qui prononce le châtiment ; & c'ell la
fanclion qui fait la force propre Se particulière de la
loi. Car fi le Souverain le contentoit d'ordonner
fimpleraent ou de défendre certaines chofesjlansy
joindre aucune menace, ce ne léroit plus une loi
prefcrite avec autorité , mais un fige confeil. Iln'eft
pourtant pas nécelîliire que la qualité de la peine
ibicfonueilcment fpéciiiée dans ia /« : il lulKc que le
LOI
Souverain déclare qu'il punira , en fe réfervant de
déterminer Tefpece Se le degré du châtiment fuivanc
la prudence.
Cû On divife la loi, i°. en loi Divine, Se en loi
hum.iine, félon qu'elle a pour auteur ou. Dieu, ou
les hommes.
§Cr La loi Divine ell encore ou naturelle, ou pofitjve
ou révélée.
^La loi naturelle ell celle qui ctl fi néceffairement
attachée à la natiire & à l'état de l'homme , que fans
l'obfervation de lés maximes, ni les particuliers, ni
la lociété ne lauroicnt le maintenir dans un état hon-
nête & avantageux , & comme cette loi a une conve-
nance elfentielle avec la conllitution de la nature hu-
maine,on peut parvenir à la connoître par les feules lu-
mières delà raifon:c'eft pour cela qu'on l'appelle natu-
rclU.lAloi Divine pofitive ou révélée, efl celle qui n'eft
pas fondée fur la conllitution générale de la nature '
humaine, mais feulement fur la volonté de Dieu-
quoique d'ailleurs cette loi foit établie fur de bonnes
raifons , Se qu'elle procure l'avantage de ceux qui la
reçoivent.
^ On trouve des exemples de ces deux fortes de loix.
dans celle que Dieu donna autrefois aux Juifs. Il eft
aile de diilinguer celles qui étoient naturelles d'avec
celles qui étant purement cérémoniellcs ou politi-
ques, n'avoicnt d'autre fondement qu'une volonté
particulière de Dieu , accommodée à ce que deman-
doit l'état aéluel de ce peuple.
I^La loi Divine ell ancienne ou nouvelle. Voyer
Ancien Se Nouveau Testament , Écriture-,
Sainte j &c.
^f3' Vom ce qui efl des loix humaines, confidérées
précilément comme telles , c'efl à dire , comme ve-
nant originairement d'un Souverain qui commande
dans la lociété ; elles font toutes politives : car quoi-
qu'il y ait des loix natitfelles qui font la matière des
loix humaines, ce n'ell; point du Légillateur humain
qu'elles tirent leurs forces obligatoires : elles oblige-
roient également fans fou intervention , puifqu'elles
émanent de Dieu.
IJCFLes loix humaines font Eccléfialliques ou Ci-
viles.
Loi, ledit en ce fens, des Religions. La /oj dénature,
c'efl celle dans laquelle les hommes ont vécu avanc
qu'il y eût aucune loi écrite , depuis le commence-
ment du monde jufqu'à Moyfe , où les temps delà
loi écrite commencent. Elle fut donnée à Moyfe 930
ans après la vocation d'Abraham, 856 ans après le
déluge , Se la même année que le peuple loftit d'E-
gypte. Cette date ell remarquable, parce qu'on s'in
lert pour défigner tout le temps qui s'écoula depuis
Moyle julqu'à Jefus-Chrifl. Tout ce temps efl appelé
le temps de la loi écrite , pour le diilinguer du temps
précédent qu'on appelle le temps de la loi de nature,
où les hommes n'avoient, pour fe gouverner , que la
raifon naturelle Se les traditions de leurs Ancêtres.
BOSSUET.
L'ancienne loi , ou la loi de Moyfe , la vieille loi ,
la loi des Juifs , efl la loi que Dieu a donnée à fon
peuple par la bouche de fon Prophète. La loi de Grâ-
ce ^ ou la loi Chrétienne, la loi Évangéhque, efl
celle qui nous a été apportée par Jefus-Chrill, c'efl
la vraie loi. Les mondains trouvent les loix de
l'Evangile dures & infupportables. Le P. Lamy. Lex
vêtus j Judaica , Mofaica. Lex Evangelica , Chrilîiii-
na , nova.. Les Turcs fuivent la loi , ou la religion de
Mahomet , leur Prophète. On dit les Tables de la
loi , parlant des dix Commandemens de Dieu.
Loi , fe dit aulli de la diftérente Police des Etats &
des peuples , des maximes dont ils font convgius,
ou qu'ils ont reçues de leurs Magillrats , pour vivre
en paix & en fociété. Ainlî on dit les loix de Solon ,
de Lycurgue. Les loix de Dracon étoient rigoureufes
& fmguinaires. Tous les peuples ont chacun leurs
loix Se leurs coutumes , qui font dilférentes , luivant
le ditlérent génie des Nations. Les loix célèbres de
l'Antiquité, lont celles de Moyfe , de Solon, de Ly-
curgue ^ ô\:. /'bv fj au mot Législateur jlïs prin-
ciDau.ï
L O I
cipaux' Léginateurs. Les loix des douze Tables , font
les anciennes loix des Romains, qu'ils cnvoyèienc
cheiclicc en Grèce par les Décemvirs , ik. qui onc
toujours fervi de fondement à leur Juiilprudcncc.
Dans les temps plus recens, les loix célèbres (ont la
loi des Angiiens , Wèrines, ou Thurinijencs ; la
loi des Allemands , les loix Angloifes , la loi ilcs
Boyens , ou Bavarois , les loix Bourguignones , la loi
des Danois, ou Norvéi;iens , le loix des l-'rancSj celles
des Frifons , les /yi.v Gothiques, celles dci Lombards,
la loi Martiane , ou Merciennc , des Mcrciens , la
/oi Molmutinc, \,\ loi d'Olcron , les loix Kipuaircs
oudesRiquaircs, la loi Salique, la loi des Saxons,
des Scots, ou Écollois , des Siciliens, des Viligots ,
la loi Somptuairc , la loi Gombettc , &c. f^oyt:^ Ri •
PUAIRE, SaLICJUE , SoMPTUAIRE , GoMBETTE , &C.
Chez les Romains , porter une loi , c'étûitTctablir ,
legan rogare : abroger unu loi , c'étoit 1 anéantir ,
l'annuler, lui ôter fa force, abrogare ; déroger à
UJie loi , c'étoit en annuler , en anéantir une partie ,
quelque article , derogare ; fubroger une loi à un au-
tre, c'étoit par une nouvelle loi ajouter quelque
chofe à une autre loi déjà portée , fubrogan. Voy .
Ulpien, tit. i. Injlic. y.
Le mot de loi chez les premiers Romains figni-
fioit proprement , une Ordonnance du peuple faite à
la réquilition d'un Magiftrat , d'un Coniul , rogaine
Confule. Ces Ordonnances diftéroient des Plébilcitcs
& des Sénatufconlultes , & même des Ordonnances
faites à la réquilltion d'un autre Magilhat que le
Conful j quoiqu'on leur donne aulfi le nom de loi :
ainfi quoiqu'Aquilius ôc Falcidius ne tullcnt que Tri-
buns, quand ils firent leur réquilition , on ne laille pas
de dire, la /oi Aquilia,la/tiz Falcidia, ou la quarte Falci-
die. Les /oiAT des Romains (edill:inguent&' ledelignent,
i". Par le nom de celui qui en a fait la réquilition;
la loi Cornélia , la loi Julia , &c. i°. Par la matière ,
le fujec de la loi ; de là les noms de loix judiciaires ,
loix teliamentaires , &c. 3°. Quelquefois par les cri-
mes contre lek|ucls elles étoient portées ; par exem-
-ple , loix touchant les empoifonnemens, les parrici-
des , à'c. loix de concullion , de péculat , &c. Le Code
& les Remarques (ont les loix & Conif itutions des
Empereurs Romains. Le Digerte elf une compilation,
faite par l'ordre de Juifinien , de phiheiirs Senten-
ces & F(épon(es de Droit des plus célèbres Jurilcon-
fultes Romains , auxquels il a donné la force de loi
par l'Epîtrc qui cft au devant de l'Ouvrage; Se c'ell
ce qui compote le Droit Romain , ou les loix
Romaines. Le Droit Romain ne fait point loi
en Pays coutumier. Il ii'elt allégué que pour
raifon.
Loi , fc dit plus particulièrement de chaque article de
cette compilation. La loi 2, ff. de Refcindendâ veridi-
tione , veut qu'on falfe calfer un contrat pour lélion
énorme , <X' d'outre moitié de jufte prix. Pofer l'elpè-
ce d'une loi. Un Confeiller récipiendaire eft reçu fur
la loi.
Loix Civiles j ou Romaines. Il n'y a point de guide
plus sûr , pour ce qui regarde les loix Civiles , que le
célèbre feu M. Domat , qui les a rangées dans un très-
bel ordre.
// démontre des Loix la confiante équité ,
Sur leur nuage épais il répand la clarté ;
Celles qu'un ^ns mal pris fait paroitre con-
traires ,
Ou qu'on n'entend pas bien malgré les Com-
mentaires j
Il les met dans leur jour fi naturellement ,
Que les Lecteurs en font frappés d'étonnement,
Merc. d'Avril 1716.
Les loix anciennes font abrogées par les nou-
velles.
La loi du Talion efl: la plus ancienne , & la
plus jufte des loix. lex Talionis. Elle étoit obfervéc
chez les Hâbrcux. Foye\ Talion.
Loi , fe dit ^iculièrement de la volonté abfolue d'un
Tome F.
LOI ^93
Souverain qu'il fait publier par un aélc authentique ;
comme une Ordonnance, une Conllitution , ou un
Édit pour le règlement de Ion Etat. Ordinatio ra-
tionis à Principe promulgata. Les Tribunaux font
peuplés d hommes qui fe précipitent dans la Magif
nature, & qm fe tout interprètes des loix, fans
les entendre. Tol'R. '1 ibère crut qu'il y avoit de
1 mlullif.ince , ou de la ioiblelle , à garder les loix.
S. EvR. Les loLX ne lient point le Légiilatcur : il
lemble que par reconnoillànce pour celui qui les fait
obfervcr,ellcs lui permettent de les enfreindre. Tour.
Veut-on que les Rois tremblent devant la loi , qui
elt leur propre ouvrage? Elle s'adoucit, elle plie
pour l'intérêt des particuliers, &: s'armcra-t elle d'une
rigueur inflexible contre les Souverains r Id. La Répu-
blique retourna lous les propres loix. Dac. Rien ne
donne uneplus hautcidée d unMonarque.quc devoir .
qu'il maintient la vigueur des loix , fans les muti-
ler, ni les étendre , ou les re(freii:dic , félon les
recommandations intéreilées d'un favori. Bay. Les
loix ne foudroient pas toujours, lorfqii 'elles tonnent;
elles ont le vifage levère pour faire peur, &: rete-
nir , pat le frein de la crainte , la licence audacieufe
des hommes ; mais on en peut tempérer la ric,ueur.
Le Mai.
On voit tous les jours l'innocence aux abois ,
Errer dans les détours d'un dédale de loix.
BoiL.
Du Digejle & du Code ouvre nous le dédale.
Qui dans fes propres loix embarraJJ'e Thémis.
Id.
En France , les loix font les Ordonnances des
Rois , & la Coutume des lieux ; dans quelques Pro-
vinces, on fuit le Droit Ecrit ou le Droit Romain,
pourvu que quelque Ordonnance n'y air pas dérogé»
Il faut dans cette matière , prendre le nom d'Ordon-
nance dans une lignification plus étendue , pour les
Ordonnances proprement dites , les Edits lïc les Dé-
clarations , & tout aète de l'autorité Royale , qui
établit quelque chofe d'une manière ffable & per-
manente ; ce qui n'ell ordonné qu'en pailant à une
perfonne , pour peu de temps, eft un commande-
ment, &c non pas une loi. Suivant cette notion
cxadte du mot de loi , les Commandcmens de Dieu
font de véritables loix. En France le Roi feul peut
faire des loix , &: les interpréter par des Déclaratic.is.
Les loix diftéroient autrerois des Capitulaires , en ce
que c'étoit le confentement du peuple feul qui faifoic
les loix j au lieu que les Capitulaires fe ûifoicnt par
les Rois &c les Princes avec le coni'entement du peu-
ple. Enfin , on confondit les Capitulaires avec les
loix.
Loi , fe dit aulli de certaines règles & principes fonda-
mentaux , écrits ou non écrits, pour le gouverne-
ment de l'État. Confuetudo mvribus recepta. La loi
Salique en France veut que le Sceptre ne tombe
point en quenouille; que la fuccelîîon du Royau-
me aille de mâle en maie. Du Cangc dit qu'il y a eu
deux fortes de loi Salique ; l'une qui eut lieu avant
que le Chriftianifme fût reçu en France, qui fut faite
par les quatre principaux Chefs de la nation , Wifo-
gaft J Bofogaft , Salogaft & Widogaff ; lautre qui fut
corrigée par les Rois Chrétiens, qui eft celle donc
parlent du Tillet, Pithouj Lindembrock, &c. La
loi Salique a été ainii appelée , parce qu'elle a été
faite pour les François qui demeuroient le long de
la rivière de Sale en Allemagne, l'oyez Salique.
Les Coutumes & Uiages locaux fervent de loi en
Pays coutumier.
{J*3"On appelle loix de la guerre les maximes que les
nations font convenues d'obferver entre elles, même
pendant la guerre.
Loi, en Pays coutumier , fignifîe la Coutume locale ,
(Se les loix particulières par lefquelles une ville eft
gouvernée. Leges Patrie. On le dir aulli du Siège
de U Jurifdiétion & des Officiers de Juftice , & ainfl
Ffff
594 LOI
on a ditj qu'Amiens «Se Calais, loiu villes tic loi.
La loi d'Amiens \ pour dire , les Courûmes. Jui^e-
menc de loi.
On dit aiiffi , Gens de loi , Records de loi , Ordon-
nances de loi , Abus de loi , en parlant d'Ofticiers j
des rcglemens , ou des abus de la Julticc.
On a dit aullî , Recourir à li/oi , droit &: loi, main
de loi , prifonnier en loi , en parlant des OtKciers ,
& de ceux qui font en la main & au pouvoir de la
Juftice. On a appelé CEuvres de loi ,_ les actes ou
tranfports faits pardevant le Seigneur , Ion Bailli , ou
fesOfKciers de Juiticc, ou pardevant des Échevins.
On appelle en Normandie, loi outrée , quand quel-
que diderend cil déterminé par enquêtes; & /oz de
créance , quand les témoins dépofent qu'ils croient
que la chofe eft ainîi.
Loi outrée , fe dit pour enquête &' bricf ', c'eft le
* {entiment de M. de Lauriere, qui rejette ropinion de
ceux qui dilént que loi outrée , fignihe loi de ba-
taille , ou de duel , parce que le duel eft appelé
combat à outrance : fa raifon eft que dans le chapitre
de la Coutume de Normandie , où les termes de loi
outrée (ont employés , il eft parlé des mineurs qui
ne poucroient pas te battre en duel. Ainlî , félon JVl.
de Lauriere , loi outrée j en général , n'eft autre
chofe que loi appariflanr.
Loi villaine j Le.x villuna , c'eft le nom qu'on
donnoit autrefois aux loix des villageois j aux loix
qui concernoienc les gens de la campagne.
Loi apparoilîant , ou apparillant , eft oppofée
dans la vieille Coutume de Normandie à loi fimple,
ou à fimple ferment. Loi lîmple eft aufti la Defrène.
M. de Lauriere , dans fes Notes fur Ragueau , dit
qu'il eft évident par plufieurs textes de l'ancienne
Coutume de Normandie , qu'il y a plufieurs fortes
de loix apparillànts : la première eft l'enquête de
Droit &: de Coutume , qui eft aulli appelée loi de
reconnoilfant. L'Auteur de la Glofe fur la Coutume
de Normandie , prétend que cette enquête n'eft point
une loi apparillant. M. de Lauriere le rétute dans
l'ouvrage qui vient d'être cité. La féconde efjpèce
de loi apparilfant , eft le duel , ou la bataille ; Se on
l'appeloit par excellence loi apparillant. La troilième
efpècc de loi apparilfant , eft le reconnoillant , ou
l'enquête d'établi llement. On appelle quelquefois la
loi apparillant, loi apertej & loi apparente. Cla
meur de loi apparente , ou apparillante , dans le
ftyle de Normandie , eft la demande qu'on fait en
Juftice pour la propriété d'un héritage qu'un autre
retient depuis quarante ans. Loi de crédence eft la
dépofition des témoins qui dilent ce qu'ils croient^
quod opinantur , fms aHurer la choie , parce qu'ils
ne la favent pas lùremenr.
Loi de bataille , Lex duelli , dans la balle Latinité ,
7,e.v PatriA étoit autrefois la /oi concernant lesduels,
lorfqu'ils étoient autorités & permis.
Loi plénière , c'eft la même choie que loi appa-
roilîant. Lex plenaria. Les loix de Guillaume le Bà-
tar difent pléncr Ici.
Loi probable & monftrable , Lex prohalis monf-
tralis , eft celle qui eft appuyée du (erment d'une
ou de plufieurs perfonnes. Gager la loi ^ Legem
vadiare , c'eft f.iire ce que la loi prelcrit , ce qu'elle
ordonne.
Le mot de loi fignitîe aullî dans les Coutumes , dans
les Chartres, la même choie qu'amende , mulcla : de-
là font venues ces expreffions , émcnde loi ; loi &
émende ; émende en loi. Emende de loi , c'eft l'ameiide
réglée &c prefcrite par la loi , Lmpojlta à lege pœna
pecuniaria. Loi de fept tous t:x deniers, eft dans
quelques Coutumes une amende de (ept tous fix de
niers, prefcrite par la loi; c'eft l'amende ordinaire
de juftice. En général , ce mot de loi , joint à quel
que fomme quecefoit, fignilîc dans les Coutumes
la même choie qu'amende.
Loi Diocl'faine , ctoit une taxe que les Evêques
impofoient anciennement dans le befoin fur tous les
Eccléliafl'iqwcs de leur Diocêfe.
Gens de loi j hommes de loi j tout les Juges, Its
L O I
officiers de Juftice. Judices , Magijlratus. Jours de
loi , lont les jours qu'on plaide , tk. qu'on lait les fonc-
tions ordinaires de la Julnce. ZJ/fj^iî/Z^/j. Œuvre de
loi , c'eft œuvre , action , fondtipn j exercice de Juf
tice. Palfer par la loi , venir à la loi , c'eft en venir
à un terment , faire un ferment en Juftice , pour prou-
ver quelque choie. Sacramento conjirmare. Se taire Hc
recourir à la loi., c'eft avoir recours aux loix , à la
Juftice , aux Magiftrats. Legis opem implorare. Loi de
grands lix louSj eft la tomme de quatre francs Bour-
delois & au-dcllus. Zui de petits lix tous , eft la tom-
me qui eft au deftous de ces quatre francs. Ville de
loiy eftune ville policée, qui a des Magiftrats, comme
un Maire, des Contuls , des Échevins, &c. Toutes
ces exprcliions tont tirées des Coutumes, ou prifes
de la Juritprudence féodale.
Loi MENTALE. C'eft une loi de Portugal. 'Voici ce que
M. De la Neuville en dit dans ton Hiftoire de Por-
tugal, T.I.p, 402. Jean de Régras, Jurifconfulte,
de qui la profonde &c fubrile capacité étoit générale-
ment reconnue du règne de Jean L X^ Roi de Portu-
gal , trouva l'expédient de faire revenir au Domaine
les biens qui en avoicnt été aliénés par le Roi Jean,
&C de tauver de tout reproche l'honneur de ce Prin-
ce , &: celui d'Edouard I. fon tucceireur. Il lui con-
feilla de publier ce que le Roi , fon père, lui avoit
déclaré au lit de la mort -, & qu'il avoit eu inten-
tion , en faitant tant d'aliénations de biens de la Cou-
ronne que ces mêmes biens paftallent d'enfans mâles
en entans mâles de ceux à qui les donations en
avoient été originairement faites,; afin de redoubler
en eux leur zèle pour le tcrvice &c pour la perfonne
du Roi-, mais auiii qu'il avoit prétendu que fi ces
biens ou en général , ou en particulier , tomboient
en quenouille par le défaut de la ligne mafculine , ils
f ulknt déclarés réverhbles à la Couronne , à laquelle
ils teroient réunis. ALiis pour donner au Royaume une
plus pleine connoiftance de cette intention , que le
Roi Don Jean avoit toujours tenue fort lecrctte, &
qu'il n'avoir déclarée qu'aux derniers momens de
la vie. Régras eftima que le Roi devoir faire une
loi nouvelle, fous le nom de Loi mentale. Cette loi
eft li célèbre, & ii régulièrement obtervée en Portu-
gal , que depuis ce temps là , on a réglé tur ce même
pied j la jouillance des donations que les Rois font
aux particuliers , pour en jouir teulement durant leur
vie; & par ce moyen, ces Princes rentrent infeufi-
blemcnt en polleftion des fonds aliénés. On voit par-
là pourquoi cette loi fut appelée Loi mentale. C'eft
que le Roi Jean l'avoit portée teulement en lui-mê-
me , & ne l'.xvoit point publiée , ni même déclarée
qu'à 1 article de la mort.
§3° Loi, lignifie aufli pui 'Tance , autorité. Alexandre
rangea toute l'Afie tous les loix. Les Romains avoient
mis fous leurs loix une partie de l'univers. La loi da
plus fort , eft la puillance qu'il exerce (ur le plus
foible, tans autre raifon que celle d'être plus fort
que lui.
On dit aulîî , Voilà un homme hautain , qui veut do-
miner , faire la loi à tout le monde , qui veut maî-
tiifer par-tout où il fe trouve. Faire la loi, c'eit
ordonner avec une autorité abtolue.
Fier de votre valeur, tout ^Jl je vous en crois.
Doit marcher j doit fléchir jÊoit tomber fous vos loix.
Racine.
|t? Dans cette acception où le mot loi eft fynonyme
d'autorité, de puillance , on dit recevoir la loi de
quelqu'un j fe foumettre à ce qu'il lui plaît d'or-
danncr. Subir la loi , fe foumettre à la volonté de
celui qui a le pouvoir en main. La loi du plus tort
eft la puilTimce que le plus fort exerce tur le plus
loible , fans autre raiton que celle d'être plus fore
que lui.
Loi, fe dit aullî d'un qfdre, d'un commandement
d'un Maître, ou Supérieur, qu'oiiiJ|ïcute. Man-
diituni j prafcrlvtum.Wo'iVj. mon pouvoir, je ne puis
LOI
l'outrcpafTer , c'efl: ma loi. La volonté d'un pcre cft
la loi {'ouveiaiiie dans fa famille. C. Bauh.
Loi, fe dir aulli en parlant de l'enipire que l'amour,
les pallions ont fur nous. Cet Amant vit fous les
cruelles loix de fa Maitrcflc; il fc plaint de fcs du
res loix ; il obéit à fes loix. Je ne puis m'aftranchir
des loix de l'inhumaine. S. EvR. Si la raiion fouf-
frc que la colère s'élève , clic fe met en danger de
recevoir la loi de cette paillon puillànte & impé
ncule. M. Esp. Animum rege , qui nifi parec, impé-
rat. HoR. Les voluptueux ne fuivcnt d'autre loi que
celle du plaifir. Le P. Lamy.
K^ Le mot de loi s'applique encore aux obligations
de la vie civile. On dit les loix du devoir , de la bien-
féance, de l'honneur, de la focicté , pour dire les
chofes auxquelles on cft obligé par devoir , par
bienféance , &c.
Je fus toujours fournis aux loix de mon devoir ,
Ec fais de mon plaifir une fuprême loi.
Un Monarque afouvent des loix à s'impofer. Corn.
IJC? Ce mot s'applique encore aux règles générales de
Ja Nature. L'Eclipfe de Soleil qui parut au temps
de la paillon de J. C. fe fit contre les /oi.v ordinaires de-
la Nature. Dieu agit toujours d'une manière lunple
&z uniforme , & félon les loix générales qu'il a éta-
blies. Bayl.
^^ On dit en phyfique les loix à\x mouvement, pour
dire les règles qui s'obfervent dans la communica-
tion du mouvement , ou fuivant lefqucUes un corps
communique fon mouvement à un autre.
^C? On dit à-peu près dans le même fens , les loix de
l'optique , de la pefanteur j de la réikxion, &c. Sui-
vant \ts loix de l'optique, les angles d'incidence
font égaux à ceux de réflexion. Regulx
§Cr On le dit encore des règles du jeu. La loi du jeu
veut que celui qui quitte la partie j la perde.
Ville de Loi. Terme de manufaéture. C'efl: une
ville ou il y a Communauté , Apprcntillage &: Mai-
trile de quelques fabriques d'étoftes.
Loi, en termes de Monnoies , fe dit du vrai titre , ou
carat , où elles doivent être fabriquées -, on appelle
remède de loi , le défaut de deux ou trois grains
qu'on y fouifre , parce qu'il eft difficile de les faire
•dans une parfaite exaétitude. Titre , loi , fin , &
bonté intrinsèque , font des termes fynonymes. Boi-
ZARD, P. I. c. 4. On dit Remède de loi , largelfe
de loi. Voyez REMÈDE & LARGESSE.
Loi, le dit proverbialement en ces phrafes. Nécciîîté
n'a point de loi. C'efl: un méchant homme , qui n'a
• ïâfoi J ni loi , c'efl: à-dire qui n'a ni religion ni
probité. On d't aulîî en devife, un Roi, une foi,
une loi. Loyfel expliquant ce proverbe , Qui veut
le Roi , il veut la loi, dit que cela fign'fie. Que
le Roi ne veut rien que ce que veut la loi. On dir
proverbialement : Ce que je vous dis , c'eft la Loi
&■ les Prophètes , pour dire que c'eft une vérité in-
conteftable. Ac. Fr. '^S" Les loix vont où les Rois
veulent , proverbe Efpagnol , fiit autrefois fur ce
qu'Alfonfe VI , Roi de Caftille , voulut , malgré
roppofition du peuple & du clergé j qu'on quittât
dans la plupart des Églifes de fon royaume le rit
mozarabiquc , &c qu'on prît le Romain.
LojA. Petite ville d'Efpagne, fituée fur le Xénil , dans
le Royaume de Grenade j à fept lieues au-dellous
de la ville de ce nom. Loja fournit des chanvres
& des laines eftimées. Loxa. Mat y.
■LOJA. Eft aulTi une petite ville du Pérou , dans l'Amé-
rique méridionale, dans la Province de Quito j &
à quatre-vingt-cinq lieues de la ville de ce nom ,
vers le midi. Loxa.
LOIAL. -. ç LOYAL.
LOL\LEMENT. ^ Voyez.< LOYALEMENT.
LOIAUTÉ.. J L LOYAUTÉ.
LOIDORER , V. a. Vieux mot. Lijurier, Il vient
Grec Àtt=f«ff<. , qui fignifie la même chofe. On a
aulîî Loedorer.
Tome V.
t
LOI J9J-
LOIÉ , ÉE , adj. Vieux mot. Lié.
LOIEH. Foye-^ Loyer.
LOIER. Vieux mot. Loger.
LOIGNIER , vieux v. a. du Latin Elongare , Éloigner.
LOIGNON. Voyei LOUGNON.
LOIMILR , f. m. Vii.ux mot. Limier, forte de chien.
LOIN. adv. de litu & de temps , qui lert à marquer
la diftance , &C fe joint avec diverfes particules qui
font des phrafes propres & figurées , la plupart pro-
verbiales. Longé , procul. Le jour de notre mort
n'cft pas loin , n'elt pas fi loin que nous penfons.
Il ne me rend viiite que de loin a loin , c'eft-a dire,
rarement. Cette ville n'eft pas peuplée , les maifons
y font loin à loin. Placer les colonnes loin à loin.
Ablanc. c'eft adiré, dans une diftance confidéra-
ble. Or, eft une particule dont il ne faut ufer que
de loin à loin. Vaug. Rem. Les lecours qu'on tire
des Ecclélîaftiques pour les befoins du Royaume ^
ne font tirés que de loin à loin , c'eft à dire, qu'a-
près une cfpace de temps confidéiablc. Il cft allé
voyager au haut Se au loin , c'eft à-dire , dans des
pays reculés. Les lunettes d'approche font voir de
loin, & les trompettes d'Angleterre font entendre de
loin. On dit aulII qu'on voit venir de loin un hom-
me, lorfqu'on prévoit ce qu'il veut dire, & qu'il
n'ofe pas l'expliquer du prime abord. On dit aulli
qu'un homme ira bien loin , quand il a un beau
génie , un beau commencement , pour poulfer bien
loin fa Icience , ou fa fortune. On dit qu'un hom-
me va plus loin qu'un autre , pour dire qu'il a plus
de pénétration qu'un autre. On dit aullî que la jeu-
nellê revient de bien loin, pour dire que les jeunes
gens réchappent fouvent des maladies les plus pé-
nlleufes. On dit aulli, rejetter, renvoyer quelque
choie bien loin , pour dire la rebuter. Cette affaire
ira loin, vous mènera loin, pour dire vous coûtera
bien du temps Se de la dépenfe , vous engagera
plus que vous ne penf;z. C'eft du plus loin qu'il
me iouviennej d'avoir mangé avec vous, pour dire
qu il y a long temps. Il y a des choies qu'il vaut
mieux voir de loin que de près. Nous ne fommes
parens que de fort loin , en un degré éloigné. Il ne
faut pas prévoir les maux de fi loin. Il ne voit pas
plus loin que fon nez , c'eft à-dire , il eft (ans pré-
voyance. Nous fommes bien loin de compte; bien
loin de vous devoir , c'eft vous qui me devez. On.
dit figurémentj qu un homme cft /oi/7 de fon comp-
te j pour dire qu'il s'en taut beaucoup qu'il foit prêt
de réulKr dans (es prétentions. Ac. Fr. Cet hypo-
crite dit cela au plus loin de fa penfée. On dit d'un
Voyageur, a beau mentir qui vient de loin, pour
dire qu'un homme qui vient d un pays éloigné, peut
dire tout ce qu'il voudra fans craindre qu'on le
convainque de faulicté. On dit aufli d'un homme
fort infirme, qu'il n'ira pas loin, pour dire, qu'il
mourra bientôt. On dit en menaçant, il ne le por-
tera pas loin. Non feret diu impunè , inultum id à.
me nunquam auferet. Pour dire , je me vengerai bien-
tôt de l'artront qu'il m'a fait. On dit auili , porter
loin , poulfer loin fa haine , fon animolité , fa crici-r
que , (a vengeance. On dit aulîî, je ne luis inter-
relïé aucunement dans cette aftaire,, ni de près, ni
de loin. On dit quand on s'ennuie en quelque en-
droit , Je voudrois être à cent lieues loin d'ici. Orx
dit aulîî. Vous allez chercher bien loin, ce qui eft:
bien près. Cette comparaifon eft tirée de trop lo'in •
on va bien loin depuis qu'on eft las. ■ ; .
On dit dans un fens impératif: : Loin d'ici , pro-
fanes. Procul efle , profa.ni. Loin de nous des projets
fi funeftes. Apage. Loin d'ici cet art de flatter les
Grands. FlÉch. Pour dire , nous préferve le Ciel de
projets fi funeftes, de fi foneftes penfécs.
Loin de moi , profanes mondains :
Contre l'ordre du ciel tous vos efforts font vains,
• L'Ae. Tét.
Loin , eft quelquefois prépofition , & fe dit avec régi'
me. Procul à. Vous êtes trop loin de mt)i.
Ffffij
T9^
L O I
Loin , fignifie quelquefois éloigne. On n'efl: pas loin
d'aimer , quand on ell perluadé d'être aimé. B. Rab.
Heias ! dans cette Cour,
Combien tout ce qu'on dit eji loin de ce qu'on penfe ?
Racin£.
On dit proverbialement , qui eft: loin des yeux , efl: loin
du cœur. Près de l'Églilc j loin de Dieu , fe dit d'un
homme qui loge près de l'Églife, Se qui n'eft guère
dévot. On dit auliî d'un amoureux qui n'ell point
aimé de (a Maîtrcllë : Il eft auprès de cette Belle ,
comme le bénitier efl: dans l'Églife; près de la porte
& loin du cœur. Les honnêtes gens ne le fervent plus
de ces fortes de comparaifons , & de ces jeux d'ef-
prit fondés fur des allulions balles. On dit prover-
bialement : Pas à pas on va bien loin , pour dire
qu'un homme qui va toujours fans difcontinuer ,
ne lailfe pas d'avancer chemin , quoiqu'il aille dou-
cement.
Loin, eft aufîî quelquefois une conjonûion , qui fe
met au lieu de la conjonftion Bien loin. Non modo ,
fcd etiam \ tantîim abefi ut. Il iïgnitie , Tant s'en faut ,
&c fe conftruit, ou à l'infinitif avec la particule de ,
ou au fubjonftif avec la particule que. Loin de fe
repentir, il m'a fait de nouveaux outrages. Loin
qu'il fe dilpofe à vous faire làtisfoèlion j il eli tout
prêt à vous outrager. Loin d'efpérer, je crains tout.
|fc? C'cfl une faute en profe , où il faut toujours dire
bien loin, & jamais /oi/2 tout feul. Mais en vers loin
tout feul a bien meilleure grâce que bien loin j qui
feroit trop languilfant , & fentiroit trop la proie.
C'^j^ i' 'effroi de VAJîe, {Pompée) & loin de l'y
chercher,
C'eJlàKome, mes Fils y que je prétends marcher.
Racini;.
LOIN ou LOING. Autrefois Loen , ou Luen 5c Louain.
Nom d'une rivière du Gâtinois en France. Lupa,
Luva. Elle baigne Chàtillon fur Loing, Montargis ,
Château-Landon , Nemours, & fe décharge dans la
Seine, entre Aielun & Montereau-Faut- Yonne. Hadr.
Valois^ Not. Gall. p. ^oS. & 36 p. col. 2. Maty,
le P. Daniel , & d'autres écrivent Loing.
LOINTAIN , AINE. adj. Qui efl fort éloigné du lieu
cij l'on ell, ou dont on parle. Longinquus , remotas,
dljjitus. Il ne fe dit que des paysj terres, régions^
peuples , nations. Il eft allé voyager en des pays
lointains. Les peuples lointains ont des mœurs &
des croyances bien différentes des nôtres. On dit ,
les bords lointains ^ Se non pas les lointains bords.
Lointain , f. m. En termes de peinture, §a"fe dit de
la partie d'un tableau qui n'efl: pas fur le devant ,
mais qui paroît la plus éloignée, qui eft la plus re-
culée à la vue dans le fond du tableau. On dit qu'un
lointain efl fort beau , qu'une figure fait bien dans
m lointain. Reccjfus. L'œil juge qu'il y a une grande
diftance du devant au lointain.
l-OJOWOGOROD. Petite ville de la Bade Volhinic ,
en Pologne. Lojovogorodium. Elle efl fur le Boriftène'
aux confins de la Lithuanie , environ à vingt-trois
lieues de Kiovie, vers le nord. Maty.
CCFLOIR, f. m. Rat dormeur, efpèce d'animal fem-
blable au rat, qui vit dans le creux des arbres. Se
qui dort durant tout l'hiver. Glis. Delà vient le pro-
verbe , il dort comme un Loir. Les Loirs étoient re-
: gardes comme uo mets délicat chez les Romains.
On en mange encore en Italie. En France c'efl uii
allez mauvais ragoût. Quelques-uns difent Liron.
f^oye-^ ce mot.
Loir. ( k ). Nom d'une tivière de France. Lidus , Leda^
Ligerus, Lidericus , Legrus. Elle a fa fource dans le
Perche, traverfe le Blaifois , le Vendômois & l'An-
jou^ baigne Chàteau-Dun ^ Vendôme, la Flèche,
& fe décharge dans la Sarre à Angers. Maty. Il
faut écrire Loirj, Se non pas Loire.
LOIRE (la). Grande rivière de France. Liger, Lige-
ns. La Loire a fa fource en un lieu qu'on nomme
LOI
pour cela la fontaine de Loire. La Loire a près de
deux cens lieues de cours ; elle efl navigable pen-
dant cent foixante lieues, depuis Roanne jufqu'a la
mer. Elle prend fa fource dans le Vivarais , au pié
de la montagne de Gerbier, fur les confins du Vélay.
Elle coule quelque peu au couchant , puis tournant
au feptentrion , elle palle a. deux lieues du Puy
partage le Vélay en deux, & baigne Montbrifon*
Roanne, Nevers, la Charité, Cofne, Celle, Ncuvy'"
Briare, Gien Sully, Fleury, Jargeau , Orléans!
Blois, Amboife, Tours, Saumur, Pont de Ce,
Nantes; après quoi elle fe jette dans la mer. Depuis
le Lyonnois jufqu'à Orléans elle court au nord-ouefti
depuis Orléans jufqu'à fon embouchure, à l'ouell.
Elle reçoit de très grolfes rivières, l'Allier^ le Cher,
l'Indre, la Vianne , ou Vignane; & beaucoup d'au-
tres moins conlidérables. On en compte jufqu'à cent
douze. La Loire divifoit autrefois les Celtes de l'Aqui-
taine. La Loire ell un grand torrent qui fait quel--
quefois de grands défordres par fes débordemens.
On a dit autrefois Laire pour Loire, au moins
en Bren-igne. Voyez le Glollaire du P. Lobineau,
a la hn de l'Hilloire de Bretagne.
Loire. Nom d'un bourg de l'Anjou, en France. Lau^
nacum. Il y a des Capitulaires faits dans le bourg
de Loire en Anjou. Lauriac, ou Loire , en Anjou.
Fleury. Le Concile de Meaux de l'an 84; , efl un
recueil des Canons de quelques Conciles précédens,
qui étoient demeurés fans exécution ; lavoir , de
Thionville, de Lauriac , ou Zo;Vt; en Anjou , &:c.Id.
LOIRET (le}. Nom d'une petite rivière de France.
Ligericinus y Liserittus , Ligerula, Ligeretus. Elle
coule dans l'Orléanois propre , baigne Olivet , on
S. Alutin de Loiret, Se fe décharge dans la Loire,
du côte du midi , environ à une lieue au-delfous
d'Orléans. Cette rivière a cela de remarquable ,
qu'encore que fon cours foit fort court , elle efl na-
vigable prefque dès fa fource. Hadr. Valois , Not.
Gall. p. 2jS. dit Loiret, ou Loret; mais ce der-.
mer eft une mauvaife prononciation du peuple. Le
Loiret ell un miracle de nature. En fa fource, il
jette continuellement la groHèur d'un poinçon d'eau,
qui s'étend & rend fa fource large d'environ 80 toi'
ks , comme fi c'étoit un lac capable de porter un
dis plus grands vailfeaux , de deux mille tonneaux
de mer. ipT C'eil une exagération de la plupart I
de nos Géographes qui fe font copiés les uns les
antres. On voit, dit M. de Fontenu, fortir'du fein
de la terre, par deux fources feize à dix-huit pieds
cubiques d'eau qui rendent le Loiret capable dès-
lors de former un ruiflèau allez confidérable , mais
non pas allez pouj.- porter bateau. Il n£ mérite le
nom de rivière qu'un peu au delîus de St. Memin.
Son cours ell de deux petites lieues ; à demi-quart
de lieue de l'Abbaye de S. Memin il fe jette dans
la Loire , au lieu appelé le Rué. Cette rivière donne
à la lource un ligne des crues Se des débordemens
de la Loire, parce que deux ou trois jours avant
l'accroillement, le bouillon de la fource du Loiret
s'enfle , 6c ell trouble , ce qui montre que fa fource
vient de la Loire; car quand la rivière de Loire eft
balle, la fource du Loiret efl balfe. Se les fontaines
qui font au delfous. Ses eaux font chaudes en hiver,
& froides en été. La fource du Loiret, où il jette
fon bouillon n'a point de fond. On a employé en
ij8? , pour le fonder, trois cens bralfes de cordes
fans le trouver. Le Maire , Hijf. d'Orléans , c. XFL
P- 44 5 4S- Voyei encore Dom du Plellîs , dans fa
Defcript. de la Fille , & des environs d'Orléans,
page 7J.
LOIRRER. V. a. Vieux mot. Dérober.
LOISER. Terme de Marine , qui fignifie Eclairer. Pri-
lucere. Envieux François on diïoit , eloifer , pour
lignifier éclair , qui étoit encore en ufage du temps
de Montagne ; car il s'en ell lèrvi. Il vient du Latin
eliicere.
LOISIBLE, adj. m. & f. Licitus. Qui ell permis. La
Coutume de Paris dit : Il ell loijïble à un voifin ds
feloger ou édifier au mur mitoyen. Tout m'ell loi-
L O K
fihle j mais tout n'efi: pas expcJieiit ; tout m'efi: loi/ï-
bU , mais toute cliofe n'édifie pas. Lovanistes , /.
aux Corintk. X , ZJ. Omnia mihi licenc , fed non
cm/lia expcdiunt ; omnia mifii licenc , fed non omnia
ad'ijicant.
Quoique ce mot commence à vieillir , on s'en peut
fcTvir encore dans le ftyle familier tk comique.
Hi! bien ! alle^ ^ fonci , il vous eji tout loifiblc.
Mol.
On dit auflî au verbe. Il leur loijl. Licet. A l'ar-
ticle iSo de la même Coutume, il ell: porté, Hom-
me iS: femme conjointe par mariage , peuvent cîc
leur loiJl faire donation mutuelle , &c.
|KJ" LOISIR, f. m. Temps vide que nous lailfent nos
devoirs ou nos affaires , & dont nous pouvons dil-
pofer comme il nous plaît. Oduni. Jouir d'un doux,
d'un honnête lo'i/îr. Ufer bien de loii loifir. Ocia
reclè ponere. Remplir agréablement le /oj/Tr que lail
fent les emplois. Intcrvalla negodorum déganter
otio difpangere. On aime le loijïr ; mais on fuit Toi-
fiveré. Ablanc. L'amour eft l'enfant du loiJlr. Corn.
Sallufte dit de Sylla que fon loiJîr écoit voluptueux.
S. EvR.. On vit plus en deux jours de loifir. Se l'on
y fent mieux la vie , qu'en deux ans d'embarras.
Ch. de m. Jouilfons doucement d'un heureux loiJir.
S. EvR.
Non, non, reviens, Amour : chajfe par ta préfence ,
Cet ennuyeux loilîr qui fuit l'indifférence. Dis H,
XoisiR , fe dit auiîî d'un certain efpace de temps fuf
filant pour faire quelque chofe commodément. Spa-
tium , tcmpus. Vous voulez que je fallè cela , & vous
ne m'en donnez pas le loifir. Je n'ai pas eu le lo'fir
d'y penfer. ffT Je n'ai pas le loifir d'écrire. Ocium
non eft fcrihendi. Si j'en ai le lofir. Otium reififu.
On dit d'un homme qui s'amufe à des bagatelles , ou
qui s'applique à quelque ouvrage qui lui donne
beaucoup de peine , & dont il ne tire aucune uti-
Jiré, qu'il eft bien de /oj/îr, qu'il faut qu'il ait bien
du loifir à& refte. Cui multum eft abs refuâ otii. Ter.
On dit aulïï d'un homme qui fait quelque chofe
dont on croit qu'il fentira long temps les fuites , qu'il
aura tout le lofir àz s'en repentir.
Loisir. S'emploie quelquefois au pluriel dans la Pocfie.
D'heuicux loifirs. Ac. Fr.
Ce mot vient de licere , fuivant Nicod , comme
plaifir , de placere. Cela eft vrai , félon M. Huet ,
quand loifir eft pris dans le fens d'être permis ; mais
quand il fignifie celfation de travail,, fclon le même
Auteur , il vient à'otium , d'où l'on a fait d'abord
oifir, puis loifir, en joignant l'article.
,A Loisir. Sorte d'adverbe. Tout à fon aife , fans fe
prellèr. Otiosè , per otium. Tous les beaux Ouvrages
le doivent faire à lofir. On ne fait rien qui vaille ,
lorfqu'on ne travaille pas à lofir.
A Loisir , fignifie auili , en y prenant plaifir. Otiosè.
Que malgré la pitié dont je me fens faifir ,
Dans le fang d'un enfant je me baigne à loifir.
Eacine.
On dit proverbialement d'un homme fort occupe ,
qu'il n'a pas le lofir de fe moucher, d'être ma-
lade.
LOIST. Vieux mot. Qui eft loifible , permis. On a
dit aufll Luit,
L O K,
LOK. f m. Terme de Marine, C'eft un morceau de
bois fervant à mefurer la viteife d'un vailfeau. Il
eft de 8 à 9 pouces de long, fait quelquefois com-
me le fond d'un vailfeau , ou comme dii M. Har-
ris , en figure triangulaire , qu'on charge d'un peu
de plomb , afin qu'il demeure fur l'eau dans l'en-
droit ou on le jette. Lignum oneratum plumbo. Les
Anglois difent Log.
Uguc deLoK, c'eft une petite corde attachée au M,
L O L 5-97
par le moyen de laquelle on eftime le chemin du
vailicau , en niefurant la longcur de la partie de
cette corde qu'on a dévidée pendant un cert.ua
temps, qui eft ordinairement une demi-minute, ou 30
fécondes, pend.rnt lequel le vailfeau poulie par le vent
eft écarté du lok , qui eft demeuré comme immobiJe
au dtlîus de l'eau, dans l'endroit où on l'a jette.
Frézier.
Cette divifion de la ligne de lok eft fautive. Nos
Navigateurs font accoutumes de n'y donner que 41
pieds 8 pouces par nœuds , ou tiers de lieue , taifânt
la lieue marine de quinze mille pieds 1-rançois; en
quoi ils (c trompent lourdement , li un degré clt de
J70C0 toifes, &c la lieue marine de 2853 de celle du
Châtelct de Paris, comme Melficurs de l'Acadé-
mie l'ont mefuré par ordre du Roi en 167Z. Car fui-
vant ce calcul j la hcue étant de 171 18 pieds, la li- ne
de lok devroit avoir pour chaque naud , par rapport
à l'horloge de 3 o fécondes , 47 pieds 6 pouces , 7
lignes. Id.
J'ai reconnu l'incertitude du /o/t, qu'il faut que l'ex-
périence & le bon fens corrige fur la manière de le
jetter & fur l'inégahté du vent , qui eft rarement d'un
même degré de force pendant deux heures d'inter-
valle qu'on ne le jette pas : la chute des courans in-
connus eft encore une nouvelle caufc d'incertitude :
de forte qu'il eft fouvent arrivé que la table de lok.
quadroit avec la hauteur obfervée. Id. M. Norwood
Anglois , a aufli corrigé la ligne de lok. Voyez M.
Harris au mot Log , où il rapporte les correétions
de M. Norwood.
Nœud de la ligne de Lok. Ce font des nœuds efpa-
cés les uns des autres le long de la corde , d'en-
viron 41 pieds 8 pouces , fuivant certains pilotes,
pour le tiers d'une lieue : de forte que il l'on file
l'intervalle de trois nœuds pendant une demi-minu-
te , on eftime qu'on fiit une heue de chemin par
heure. Id.
Table de Lok , c'ell un morceau de planche divifc
en quatre ou cinq colonnes , pour écrire avec de
la craie , l'eftime de chaque jour. Dans la première
colonne , font marquées les heures de deux en
deux; dans la féconde , le rumb de vent j ou la di-
redion du vailicau , par rapport aux principaux
points de l'horizon indiqués par la boullole ; dans
la troifième , la quantité de nœuds qu'On a filés en
jettant le lok ; dans la quatrième, le vent qui fouf-
fie 5 dans la cinquème , les obfervations qu'on a
faites fur la variation de l'aimant. Id. Ce font des
Officiers^qui ont foin de régler la table-de lok.
fp^ LoK. 1 erme de Pharmacie. Foyei Looch.
lp°LOKE. f. m. Terme de Mythologie. C'eft le nom
que les anciens peuples du Nord donnojent au dé-
mon. Il étoit fils d'un Géant. Il eut pour femme
Signie dont il eut plufieurs enfans : il en eut aufïi
de la géante Angerbode melfagère des malheurs. Il
faifoif une guerre éternelle aux dieux qui le prirent
enfin , l'attachèrent avec les inteftins de fon fils , Se
fufpendirent fur fa tête un fcrpent dont le venin dé*
gouttoit fur fon vifagc. Signie alfife auprès de lui re-
cevoir ce venin dans un baliin qu'elle alloit vider de
temps en temps. Alors le venin tomboit fur Loke , le
faifoit frémir & hurler avec tant de fureur que la
terre en étoit ébranlée. Telle étoit , fuivant les Phi-
lofophesdes Goths,la caufe des tremblemens de terre..
LOKET. l^oye^ Ellebogen.
gcr LOKIANG. Ville de la Chine , dans la province
de Suchuen , au département de Chingtu.
LOKIREC. ^ojejLocciREC.
LOKIM. Foye^ Lécum.
L O L.
LOLARDS , LOLHARDS , ou LOLLARDS. Nom
de leâe. Les Lollards font une fede qui séleva en
Allemagne au commencement du XIV*^ fiècle. Elle
prit fon nom de fon Auteur j nommé Lolhard Wai-
ter, qui commença à dogmatifer en ijij. Il ôtoit
le facrifice de la Alelfej rEstrême-Oudtion , & les
^c)'è L O M
Luifaûions propres pour les péchés j difant que celles
de J. C. fufliroicnt. Il rctcanchoit encore le Baptême ,
qu il foutenoic n'avoir aucune efficace j &: la Péni-
tence qu'il diloic n'éac point néceilaire. Il enicignoit
que les bons Anges mcritoient mieux l'Enter que les
mauvais , ôc que Luciler même ; qu'on n'étoit point
obligé d'obéir aux Magiftrats , &c. Lolhard Waltcr
fut brûlé vit" à Cologne l'an i^iz. Les LoliarJs in-
linuoient à leurs Lectateurs que Dieu ne connoillbit
& ne punilloit point tout ce qui lé faiioit (bus terre.
C'eft pourquoi ils tenoient leurs aflémblées dans des
lieux fouterains , où ils commettoient des abomina-
tions effioyables. Jovet, T. I , p. 7S-
Il y a eu aulîî des Io//ari^ en Angleterre depuis le
règne d'Edouard III. foit que des LoUards d'Alle-
magne y eulfent porté leur dodrine hérétique , &
que Wiclef l'eût embrallée : foit que Wiclet fût hé-
léllarquc lui-même; fes dogmes impies avoient tant
de rellemblance avec ceux des Lollards , qu'on ap-
pela Lollards les difciples de Wiclef. Le fentiment
de Trithémius eft qu'ils venoientdes Lollards d'Al-
lemagne. Pour l'étymologie du Moine de S. Au-
,guftin de Cantorbéri , qui dit qu'ils furent ainfi ap-
pelés de lolïum , mot Latin , qui lignihe de l'ivraie ,
parce que c'étoit de l'ivraie femée dans le champ du
Seigneur; cette étymologie j dis-je, n'efl: pas vraie.
L'Archevêque de Cantorbéri , Thomas d'Arundel ,
Se le Concile d'Oxforr j condamnèrent les Lollards.
Quelques-uns donnent aujourd'hui en Angleterre le
nom de Lollards ^nx Nom-Conformiftes; c'elf-à-dirCj
à tout ce qui n'ell pas de l'Eglife Anglicane. J-^oye^
Spelman. Glojf. Archs.ol. Abelli , Hijl. des Hcref.
Jovet, T. I ,p. /4, dit que Lolard lignifie Louant-
Dieu ^ apparemment de l'Allemand loben, louer , Se
hcer , Seigneur ; parce qu'ils faifoient profellîon
d'aller de côté & d'autre en chantant des Pleaumes
ôc des Hymnes ; ce qu'ils ne failoient que par hy-
pocrilie , & pour abuler plus tacilement de la lîm-
-pliciré du peuple.
En France on appela atifïi Lollards les Pauvres de
Lyon , Se Mézeray les appelle encore ainfi j T. I ,
p. soo. ^oyeç Pauvres , &ci-deirus Léoniste.
Ip- LOLING. Nom d'une ville de h Chine , dans la
province de Xantung , au département de Cinan.
XOLLEN , ou LELLEN. Nom d'une petite ville de la
Livadie, en Grèce ,fituée près de la lourcedu Céphifo.
C'eft l'ancienne Ld&a , que quelques uns mcttoient
dans la Doride , & d'autres dans la Phocide. Maty.
lOLODA. Le Royaume de LOLOD A. Lolod^regnum.
C'eft un petit Royaume de l'Afie. Il occupe la plus
grand partie de l'île de Gilolo ; Se il prend fon nom
de la petite ville de Loloda , qui en eft la capitale.
MAxy.
L O M.
Ï-OM. f. m. Terme de Relation. Figure dedragon à cinq
ongles , que les ouvriers Chinois repréfentent fur les
ctoftes. Lom , Lomus , Draco unguibus quinque. Par-
mi les différentes figures que les Chinois repréfen-
tent fur les étotfes , celle du dragon eft très-ordi-
naire. Il y en a de deux fortes; celui auquel on donne
cinq ongles , Se qui fe nomme Lom , eft unique-
aiieut employé fur les étoffes que l'on deftine pour
l'Empereur : ce font les armes que Fohi , fondateur
de l'Empire , prit le premier pour lui Se pour i'es
fuccelfeurs , il y a plus de quatre nulle ans. La fé-
conde efpèce de dragon n'a que quatre ongles, il
s'appelle Man. L'Empereur Vouvan quirègnoit il y a
deux mille huit cens trente deux ans, ordonna que
tout le monde en pourroit porter , & depuis ce
lemp là , l'ufage en eft ^devenu commun. P. Le
Comte.
LOMADH , ou LOMAD. f. m. Terme de Grammai
re , & nom propre d'une lettre Syriaque. Lomadh
C'eft la même que le h Hébreu. Cartel dit que dans
Us nombres elle vaut 50000. Il s'eft trompé. Le lo
mad(c\A ne vaut que jo comme le S Hébreu; quand
il y a un point delTus, jl vaut 300; quand il v a
LOM
une petite ligne deftbus , fi elle eft pofée oblique-
ment de droit à gauche , il vaut 3000. Si elle elt ho-
rizontale, c'eft 300000. S'il a fous loi deux lignes
poiées en chevron A , il vaut joocooooo. Foyer \^
Grammaire Syriaque de George Michel Amira ,
L. /, c. 6.
LOMAGNE ( la ). Nom d'un petit pays de la Gafco-
gne , en France. Leomania , Leomanierifis Vicecomi~
tatus. Il eft entre l'Armagnac j le Comté de Gaure
& la Garonne, qui le lepare de 1 Agénois. Le bourg
de 'Vie en eft le lieu prmcipal. Maty. Autretois
Leitoure étoit capitale de hLomagne ; de là vient que
les Vicomtes de Lomagne font appelés dans les ti-
très Vicecomitcs Lactorenfes , 'Vicomte de Leitoure,
Hadr. 'Valois , Notit. Gall. p. 2^p. Car la Loma.'
gne a titre de Viiiomte. Quelques uns écrivent Lo-
maigne.
LOMAIN. f. m. Y\omà:\\oK\\\\z..Lumanus. A Odrym
au Comté de Meath dans la province de Lagénie en
Irlande. Saint Lomain , premier Evéque de cette
ville. Chastelain, Martyr , T. L , p.ûyj , au 17
Févr. Jocelain dit que S. Lomain étoit neveu de S.
Patrice , Se qu'il eft un des quatre qui écnvireuc là
vie. Colgan dit qu'il l'écrivoit lorfque S. Patrice étok
encore vivant , Se que Saint Lomain mourut avant
lui. Tout cela paroit fabuleux. Le culte de ce Saint
eft ancien dans la ville de Port Loman , au Comte
de Méath , qui en a pris le nom. Id. p. 6jff.
LOMBAIRE, adj. m. & f. Terme d'Anatomi;. Qui
appartient aux lombes. C'eft une épithète qu'on
donne à des rameaux de l'artère aorte defccndante
qui porte le fang aux miifcles des lombes. Lumbaris.
11 y a aulfi des veines lombaires qui reportent le fang
des mufcles des lombes , dans le tronc de la veine
cave defcendante. C'eft auflî le nom d'un mufcle de
la cuilfe. Foye^ Psoas. C'eft la même chofe.
Lombaire. Se dit encore de quelques nerfs. Les cinq
paires de neiis lombaires ont cela de commun , qu'el-
les jettent en arrière des filets pour les mufcles ver-
tébraux, qu'elles communiquent enfemble avec le
grand nert fympatique de chaque côté , Se qu'elles
lont couvertes par les mufcles pfoas. On fuit le dé-
nombrement de ces paires de nerfs , lelon le dénom-
brement des vertèbres lombaires , lous lefquelles
elles palîent. Winslow.
LOMBAR. f m. Terme en ufage dans l'Ordre des Char«
treux. Ceinture de corde. Lumbare. Les Chartreux
portent continuellement le cilice & le lombar , ou
ceinture de corde lur la chair nue. P. HÉlyot.
LOMBARDS. Anciens peuples d'Allemagne. LongO"
hardi , Langobardi ^ Lancobardi. Les Lombards étoienc
d'anciens peuples de Germanie , qui habitoient dans
le pays qu'on nomme maintenant la Nouvelle Mar-
che de Brandebourg. Ils prirent leur nom , félon:
quelques-uns , de leurs longues barbes , & feloa
d'autres , de leurs longues pertuifanes , ou Halle-
bardes, qu'ils appeloicnt Barden. En eff'et. Tacite
dans fes Annales, Z. /7, c. 4s. L. XI. c. i/jSc
de Morib. German. c. 40. appelle Lombards , les
peuples fitués fur l'Oder ; & Strabon avec Ptolomée ,
ceux qui lont au delà de l'Elbe. Mais on a donné
fur-tout ce nom à ceux qui s'établirent en Italie, &
y formèrent une Monarchie puillànte dans la Gaule]
Cifalpine , à laquelle ils firent perdre fon nom , pour
lui donner celui de Lombardie.
Les Lombards , dilent quelques-uns , étoient lesj
'Vinules. Ils fortirent de la Scandinavie. C'étoient;
des Gépides , qui étoient originairement Goths. Ils'
battirent les Bourguignons , & vinrent fe placer
fur le Danube. Profper d'Aquitaine eft le premier
qui en parle fous le règne de Théodofe. Vers l'an
592. ils fe donnèrent un Roi, Se mirent Agilumude
lur le thrône.
Paulus Warnefridus , appelé communément Paul
le Diacre , a écrit l'hiftoire des Lombards en VI. Li-
vres. Il dit que cespeuplesfe rafoient le derrière de
la tête ; que par-devant ils lailfoient croître leurs
cheveux jufqu'à la bouche , Se les rangeoient des
deux côtés du vifage; qu'ils avoient des habits lar-
L O M
ges , &: ordiiiaiicmciit de l.iinc , ornes de bandes
de di.icrentes couleurs. Leurs ioulicrs ctoienc ou-
verts prefque julqii'.ui gros doiL;t du pié; ils les f'er-
iTioient 5 6c les lioieiit avec des corroies dont ils les l.i
çoient. Foye^ L. 1 , c. S & fuiv. Speiman écrit que
\ts Lombards y que Narsès appel.i en Italie j étoient
une Colonie de Saxons. Grégoire de Tours , Hijl.
de Franc. Epitom. N. é y. dit que les Lombards
ayant palIe le D.inube avec leurs femmes & leurs
enLnis, les Chunes leur \oulureiit taire Li guerre ,lk
leur envoyèrent demander pourquoi ils palîoient dans
leurs terres ; alors les Lombards dirent à leurs lem
mes de le lier les cheveux le long des joues & du
menton, afin que les Chunes les prenant pour des
hommes j ils crullent avoir en tcte un plus grand
nombre de guerriers qu'ils n'en avoient en etlet , ik
qu'ils n'olallent pomt les attaquer ; & c'eft de ce
ftratagème , lil'on en croit Grégoire de Tours , qu'ils
furent appelés Lon^obardi , Longues Barbes , Lom-
bards. Quelques uns dilent qu'ils étoient originai-
res de Norwégc.
Quoiqu'il en foit du lieu de leur première dcmcu
re , l'Empereur JulHnien les ht venir en Italie , pour
s'tn (ervir contre les Goths , & en récompenfe de
leurs fervices, il leur donna l'an J48, la NoriquCj
& une partie de la Haute-Pannonie; d'où l'an J78
ils paflèrent en Italie , lollicités par Narsès , ou
poulies fimplement par le delà- de polléder un pays
dont ils connoillbient la bonté. Alboin j leur chei ,
fut déclaré Roi par fon armée 1 an 570. à Milan.
Ce Royaume lublilLi lous le nom de Royauine de
Lombardïe julqu'en 772. que Charlemagne prit Dé-
lidérius , ou Didier , Roi des Lombards , & fe ren-
dit maître du Royaume j qui comprenoit , outre la
Lombardie d'au; jurd hui , tout lEtat de 'Venife ,
julqu'a riftrie excluhvement, l'Evêché de Trente
<^' une partie du Tirol , le pays des Grifons j la
République de Gènes, laTokane,& même d'autres
pays. Maty. Adalgife j fils de Didier , fe réfugia
a Conftantinople : Conftantin Copronyme le fit Pa-
tricien ; mais étant repallé en Italie pour recouvrer
ics Etats , il y perdit la vie , après avoir perdu la
bataille.
Le dieu des Lombards Ce nommoit 'Wodan ,&c félon
d'autres exemplaires, Wifodan , qui au rapport du
L^iacre Paulj dans Ion Hiftoire des Lombards j étoit
le Mercure des Romains.
Ce mot vient de iang , long , & bardt, barbe ; ou
bvden, lance. Car, Iclon la remarque de Paul
Walfride, dans la langue de ces peuples, lan§ li-
gnifie /ong _, Se baert veut dire barbe. C'eft aulfi le
fentiment de Guntherde Rubci , de Trédequaire , &
de prelque tous les Auteurs. Quelques uns dérivent
ce nom de celui de certains peuples de la Saxe j
qu'on appeloit Bardes j en Latin Bardi.
Outre les NI Livres de P.iul Diacre , de Gcjlis
Lan 'obardorum , voyez encore Aimoinj de Gejlis
Franc. L. II. c. i j, ^i , jj. L. III. c. 17 , 36 ,
37 ■>79 :, &^c- Adelmus à l'an 7// , 773 , 776. Clu-
vier, L. III. de l'ancienne Allemagne, & Pafquier,
Rech. L. I. c. 6 . Et fur le Caroccio des Lombards ,
f^qyeç ci-delliis Chariot , & Mafcurat. /j. /20.
On a appelé Lombards en France , les Marchands
Italiens , qui venoient y commercer , parce qp'cn
effet Venile Se Gènes tailant tout le commerce du
Levant , les Marchands qui nous apportoienr des
marchandifes de ces deux villes , étoient tous Lom-
bards , ou de cette partie de l'ItaUe que l'on nom-
moit Lombardie , & que les Lombards avoient polîé-
dée. Enfuite , parce que ces Marchands Lombards
étoient ou padoient pour être uluriers , on nomma
les ufuriers du nom de Lombards. Prêt Lombard. On
1 appela ainfi , parce qu'autrefois ceux qui faifoient
métier en France de prêter à intérêt , étoient la plu-
part lombards ou Juifs. Le prêt Lombard eft un
prêt (ur gaines à tant par mois. Cette forte de prêt à
ufure, après bien des difputcs , a enfin été approu-
vée par autorité publique dans les Pays - Bas ; juf
ques là que les Eccléfiaftiques mêmes y font valoic
L O M
5'99
leur argent de cette manière , fins que pcrfonne y
trouve a redire.
On a donne le nom de lombards aux Gibelins ,
Se à ceux de leur faction , qui s'établirent en France
& en Allemagne, où ils failoient le commerce & le
change d'argent. Foyei Froilîàrt. La place du change
sappelle a Amilerdam la place Lombarde. Q^' Et
l'on appelle maifon des Lombards , une maitbn où
tous ceux qui font preilés d'argent trouvent à en
emprunter llir les cttcts qu'ils y laillci.t pour gages,
à un intérêt réglé par le Magi'trat à tant par mois.
Cfc3" Lombard. { droit) Loix Lombardes. Le dvoii Lom-
bard ell celui que les Lombards établirent parmi eux ,
en Italie. Nos Rois après les avoir tubjugués, leur
lailîerent la liberté de luivrc leurs loix. On a tait
une coUertion des loix des Lombards , cunnuc fous
le nom de Lombarde. Il y a aulii un droit féodal Lom-
bard , divilé' en deux livras. Lettres Lombardes.
Voye':^ Lettres.
L'École 'Lombarde , c'eft le nom que l'on donne
aux Peintres illuftres qui ont fleuri dans la Louibar-
die. Les plus bizarres compolitions de l'Ecole Zoot-
barde ont-elles quelque chofe de plus choquant :- Un
Peintre qui ignore ce qu'on nomme U cojïume , ne
peint rien avec vérité. Les Peintres de l'ticole Lom-
barde , qui ont d'ailleurs fi naïvement repréiénté la
nature, ont manque de fcience en ce point. Ils ont
peint le Grand Prctrc des Juifs , comme un Pape. Fen.
Tu charges tes riches tentures
De Bruxelles , des Gobelins ,
De tout ce qu'ont produit de plus rares- peintures
L'Ecole des Lombards , & celle des Romains.
SÉNECÉ.
Lombard. C'eft le nom qu'on donne à une des moyen-
nes lortes de papier propre à l'impreliion.
LOMBARDIE. Nom dune grande partie de l'Italie,
& qui comprend prelque toute lancienne Gaule Ci-
\ falpine Longobardia , Lombardia. Elle eft vers le
nord , Se on la divife en haute & balle Lombardie , V
aufli en Lombaadie deçà & delà le Pô. Maty.
La Haute-LoMBARDiE , Longobardia fuperior. C'eft la
partie occidentale de la Lombardie. Elle comprend le
Piémont , avec les dépendances , Se les Duchés de
Montferrat Se de Milan. Id.
La Balfe-LoMBARDiE, Longobardia inferior. C'eft la
partie orientale de la Lombardie. On y renferme les
Etats de Parme , & de Modène , le Duché de Man-
toue , celui de Ferrare & le Bolonnois , Province de
l'Etat de l'Églife ; le Padouan j le Vicentin , le Vé-
ronois , le Brellan , le Cremafc Se le Bergamafc ,
Province de l'État de 'Vcnife. Id.
La Lombardie , au deçà du Pô. Longobardia Cifpa-
dana. C'cll la partie de tous les Etats de la haute &
balle Lombardie , qui eft entre le Pô d^- le mont
Apennin, Id.
La Lombardie au-delà du Pô. Longobardia Tranfpa-
dana. C'eft la partie des Etats de la haute Se baile
Lombardie , qui eft au nord du Pô , entre cette rivière
& les Alpes. Id.
La Congrét.ation de Lombardie , eft une Congréga-
tion de 1 Ordre des Ermites de Saint Augultin. C eft
la plus noiTibreufe (Se la plus lioiiliantc de celles qui
lont gcuvernées par des "Vicaires Généraux. Lliecom-
prend 8u Couvents , dont Sainte Marie du peuple à
Rome eft un des plus confidérables. Jean Roch Por-
zii de Pavie, Jean de Navarre & Grégoire de Cré-
mone, furent les Auteurs de cette réforme, qu'ils
introduifirent en 1450. félon quelques-uns. Se (eloii
quelques autres en 1438. dans les anciens Couvents,
Se dans d'autres qu'ils érigèrent de nouveau. Celui de
fainte Agnès de Mantoue dépend de cette Congréga-
tion, Celui de Notre Dame de Brou, proche de
Bourg - en - Breife , dont l'Eelile fetvoit autrefois
de fépulture aux Princes de Savoye , & qui appar-
tient préfentement aux Augufrins Déchaullés de Fran-
ce , étoit aulfi de cette Congtégaticn. P. Helyot ,
P, ///. p. i.c. s.
6oo
L O N
LOMBARDîQUE. adj. m. & f. Qui appartient , qui a
rapport à la Lombardie. Lombardicus j Longobardi
eus. Les villes Lombardiques.
LOMBARDO. C^^d Lombardo. Nom d'une petite
ville autreFois Épikopalc. Caftellum Lombardum ,An
cicuncment Jucape. Elle efl: far la côte méridionale
de l'Anatolie , vis à vis l'île de Chypre.
LOMBERS. C etoit le nom d'une ville du diocèfe j &
à deux lieues d'Alby en Languedoc Lombenïum. Cette
Ville a été ruinée à caufe de la rébellion de les Habi-
tans , & elle n'a point été rétablie. Voye\ Carel^ Hijl.
de Lani^o. L. 11. p. yj-
LOMBES^ f. m. pi. Terme d'Anatomie. Lumbi. C'eft la
partie inférieure de l'épine du dos , compolée de cinq
vertèbres qui font plus groll'cs que celles du dos ,
parce qu'elles leur fervent de bafe ; Se dont les articu-
lations ne font pas Ci ferrées, alîn que les mouvemens
des lombes (oient plus libres.
Ce mot s'ell form? du Latin luméi , qui félon Ifi-
dore , vient de libido.
Lombes. Prononcez toujours Is finale , ou Lombez.
Nom d'une petite ville Epifcopale. Lombena , Lwn-
bcrium , Lumberia , Lumbertium. Elle eft lîtuée dans
le Comté de Cominges en Gafcogne , fur la rivière
de Save, au couchant de la ville de Touloufcjdont
elle ell fuffragante , & éloignée de huit lieues. Maty.
Lombes étoit autrefois du diocèle d'Auch , il y avoit
«ne ancienne Abbaye de Notre ^ Dame de l'Ordre
de Saint Auguftin. Lombes fut érigé en Évéché par
JeanXXIL avec Montauban .Saint P.ipoul& Rieux,
l'an 1 5 i7.Long i8. d. 35', lat43d. ^]'.
L'ancien nom de cette ville eft Lombers ; 8c Valois^
Not. Gall. p. 2y. prétend qu'on la doit encore ap
peler ainli , & non pas Lombes , mais l'ufage eft
contraire.
LOMBIER. Fbye? LuMBiER.
LOMBIS. C m. Teime de Rocailleur. Groife coquille
vermeille. Cochlea ruhicunda. Voilà un beau lombis.
On l'appelle aulll lambis.
LOMBOYER. v. a. Terme des Salines. Méliorcr, faire
cpaillîr le fel. L'on ne mixtione le f el par mélange quel-
conque , laut que quelquefois pour lui donner plus
de vit , on y jette des pièces ( ce que l'on appelle Lom-
hoyer) c'eft-à-dire , méliorer, épaiftir. Gollut , Mé-
moires delà Franche-Comté ., L. 11. c. 26 .
LOMBRICAL. adj. Terme d'Anatomie. Epithète que
les Médecins donnent à quatre muklcs qui font
mouvoir les doigts de la main. J'ermijormis. Ils les
appellent lombricaux , ou vermiformes , parce qu'ils
ont la figure de vers. Il y en a pareil nombre aux
pieds.
LOMBRON. Bourg de France dans le Maine , Eledion
du Mans.
LOMOND. Le Lac Lomond. Lomondus , ou Laman-
dus Lacus. Ce Lac eft dans le Comté de Lennox ,
en Ecolle , au nord de la ville de Dunbriton. Il peut
avoir lix lieues de long , & trois de large. On y
voit plufieurs petites îles dont les principales font
"Mérin , Fadd , Laanack , Connaghan & Ôavannan.
Les Habitans de ces îles vivent dans une grande
union les uns avec les autres , & fe fournilTent réci-
,f roquement ce dont ils ont befoin. Leur Lac eft fort
poillonneux , & il a fa fource dans la rivière de
Le-win. Maty.
LOMSA. Voyc^ LuMSA.
L O N
L'ON. Voyei^ ON.
LONATO. Nom d'un bourg de l'Etat de 'Venife^ en
Italie. Lonatum. Il eft dans le Breftan , à une lieue du
Lac de Garde, du côté du midi.
LONCHITE, ou Lonkite. f £ Du moins e'eft ainfi
qu'il faut prononcer. Pour l'Orthographe , Lonchice
vaux mieux. C'eft un genre de plante femblable à la
fougère. LonckicLs. Elle n'en diffère qu'en ce que Tes
feuilles ont une oreillette à la bafe de leurs découpu-
res; ce qui leur donne un port particulier. La lonkite
xit porte point de Heurs. Ses femences vienuent fui le
L O N
dos de fes feuilles; elles font fi petites , qu'on ne peut
lesdiftinguer {éparément qu'avec le inicrofpope : elles
ont la figure d'un ter à cheval. Il y en a de plufieurs
efpèces.
Ce mot vient du Grec ^ofj c lance j parce que les
feuilles de cette plante (ont pointues , (^; en forme de
lance. C'eft aufti pour cela qu'on l'a appelée en Fran-
çois lancelée.
LoNCHiTE. 1. m. En termes d'AftronomiCj efpèce de
Comète, ainii appelée , parce qu'elle relîemble à
une lance , d'où lui vient auifi le nom à'HaJiifor-
me. Lonchites. La tête du Lonchite a une for-
me elliptique ; fa queue eft comme des rayons très-
longs , très-déliés , &c qui (e termine en pointe. Har-
kis. Ce terme n'eft plus en ulage.
LONCLOATH. f. m. Terme de Commerce. Toiles de
coton blanches ou bleues , que l'on tire de la côté de
Coromandel.
LONCZ. Foyei Lienz.
LONDANO, ou LANDANO. Nom d'une petite
ville de la Morée. Londanum , Laudanum. Elle
eft dans la Zaconie , ou félon d'autres , dans le
Belvédère, à huit lieues de Calamata, du côté du
nord. Maty.
LONDARIO. Foyq LÉoNTARi.
LONDEN,&: LONDON. Foy. Londres,
LONDINIERE. Bourg & Baronie de France , dans la
Normandie, au pays de Caux, (ur ladroite de l'Eaune.
LONDON-DÉRY. Nom d'une ville de l'Ultonie, ou
province d Ulfter j en Irlande. Deria , Derium, Lon-
dino-Deria. Elle eft dans l'île d'Owen , lur la rivière
nommée le lac Foyle , environ à une lieue audelTus
de la Baie qui porte le mén;e nom. Cette ville ^ ca-
pitale du Comté de London dery , eft une Ccloiiie de
la ville de Londres; elle a un Évêché luftragant d'Ar-
magh : & elle s'eft rendue célèbre dans la dernière
révolution d'Angleterre, par le liège qu'elle foutim
julqu'à fouitrirks dernières extrémités de la faim,
contre l'armée du Roi Jacques II. qui la commandoii
en perfonne , & qui (ut obligé de lever le fiége.
Le Comté de London-Derv. Derienfis , on Lan-
dinodenenfis Comitatus. Contrée de l'Ultonie en Ir-
lande. Elle eft entre les Comtés d'Antrim , du Ty
ronne , & de Doneghal , ou Tyrconel ; l'océan Cal-
cédonien la baigne du ■ ôté du nord. Ce Comté peu
avoir douze lieues de long &: huit de large. Il ef
compolé de l'ancien Comté de Colraine , & de 1:
partie (eptentrionnle de celui de Tyronne ; fes lieu
principaux (ont Colraine, Lamiievadi , & London
Déry capitale. Maty.
LONDRE. f. m. 'Vailleau de bas bord en façon d(
galère; mais d'une conftruétion plus matérielle, &
plus pefante à la rame. Triremis crajfior. Il n'a n
rambade, ni couradoux; mais au lieu de château d(
proue & de rambade , on y met un parapet pliant
Il y a des londres de diri-érente capacité.
LoNDRE. Lundinum. Ville de la Tucumanie , dan
l'Amérique méridionale , bâtie par Jean Gomez Zu-
rita , l'an i j^S. Elle étoit près de la vallée de Cal-
chaquin, afin d'arrêter les courles des Calchaquin
&: des autres Barbares du voihnage. Del Techo
Hijl. Paraq. L. Le. 20.
LONDRES. Nom de la capitale d'Angleterre ,qui
les Anglois appellent London , les anciens Habitan
de l'île Lundein , ou Caerlud ; les Allemand
Londcn , ou Lunden ; les Italiens Londra; en Fran
çois nous dilons Londres : en Latin Londinum , Lan
dinium , Longidinium ^ Lundinia j Lindsnium.'^iM
du Comté de Middellex, en Angleterre, fituée (u
la Tamile , à dix lieues de (on embouchure dan
la mer d'Allemagne. Cette ville , le fiége ordinair
de (es Rois , eft ancienne. Les Hiftoires (abuleule
alfurent qu'elle a été fondée l'an du ^monde 294«
1108. ans avant la naillance de J. C, & jS^ a''
avant la fondation de Rome. Quoi qu'il en l'oit d
fon ancienneté , Londres eft une des plus grandes
des plus magnifiques :, des plus peuplées, des plr
riches, des plus marchandes villes de 1 Europe ; le
plus grands vaifteaux y pouvant remonter de la me
F
LON
par la Tamlfe, Elle efl compofcc de deux villes ,
Wclbninrter & Zo/zi/«j, éloignccsautiet'oisciiviioii
d'une lieue, ^ jointes maincenant par des batiniens
qu'on a faits entre les deux. Il y a encore le grand fau-
bourg de Southwarch , (iparé de Londres par la Ta
i-nif'c , que l'on y palle lur un beau pont de dix neuf
arches, long de huit cens pies, large de foixante ,
ëc borde de maiions des deux côtés. Ji y a plulîcurs
châteaux à Londres : le plus coniidérable ell celui
qu'on nomme la Tour, qui commande la ville &:
la rivière. Le premier acle de louveraineté que font
les Rois d'Angleterre , après leur avènement à la
couronne j eft de prendre pofrclUon de cette foitc-
relle : on y bat monnoie , on y tient les joyaux de
la Couronne, les Archives du Royaume, & les
Regidrcs de tous les Tribunaux : on y enferme les
I^rifonniers d'Etat, (Se on y voit un bel Arfenal , où
il y a de quoi armer loixante mille hommes.
Les Rois d'Angleterre ont trois Palais à Londres;
celui de Withal , où ils font leur rèlîdence ordi-
naire; celui de Saint James , Se celui de Sommerlet.
Celui de Weftminfter où ils rèhdoicnr autrefois ,
ne Icrt plus que pour l'airemblèe du Parlement, iSj
de pluheurs Chambres de Juftice, & de Finances.
Le tombeau des Rois , Se le lieu de leur couron-
nement eft dans l'Églife de Weftminfter, qui cft
fort grande Se fort magnifique. Celle de S. Paul ,
qui cil la Cathédrale, eft le plus beau bâtiment
qu'il y ait en ce genre. Londres a un Évéque , qui
précède tous ceux du Royaume ; il a la qualité
de premier Baron : il cft fuftragant de l'Archevêque
de Cantorbéry. Les Habitans de Londres èlilent leurs
Magiftrats à la pluralité des voix. Les Aldermans ,
qui compoient le Sénat de la ville, font à vie; mais
les deux Shérifs , qui (ont les Chefs de la Police ,
Se le Maire , qui eft celui de la Juftice ^ font renou-
velles tous les ans. Ce dernier a un fort grand pou
voir ; il eft le premier Milord du Royaume, Se en
cas de vacance du Trône^il gouverne l'Etat en qua-
lité de premier Miniftre. La ville de Londres, en
qualité de capitale du Royaume, nomme quatre Dé-
putés pour le Parlement d'Angleterre, outre les deux
qui font fournis par la ville de Weftminfter. Matv.
jLondres eft bâtie dans une vallée, & iur un co-
teau qui s'élève infenliblement. Son terroir , bien
qu'un peu lablonneux, ne lallFe pas d'être fertile.
Elle eft couverte de collines du côté du nord & du
fud. On dit qu'elle a fept mille Se demi de long ,
depuis Limchoufe , du côté de l'orient, julqu'à For-
thillj ou Tuffleftreèl, vers l'occident; & deux milles
Se demi de long , depuis le bout de Biakmanftreet ,
dans le Southwark, jufqu'au bout de S. Léonard
Shoreditch.On compte dans Londres cinq milles rues
environ cent mille maifons,& un million d'habitans.
Les.Hiftoires fabuleufes prétendent que cette ville
fut bâtie par le troifième Fondateur de la Monar-
chie Angloile, nommé Brutus , arrière-petit-fils d'Enée,
qui la nomma Troynovaut, ou Nouvelle Troye.
Son ancien nom Lunden , fe trouve encore fur
bien des monnoies. On trouve auiTî dans d'anciens
Auteurs Lundi , orum. Arnoldus , Abbé de Lubec ,
dans fa Chronique Sclavonne , L. IV-, c. iS. Dû-
minus Abfalon Lundenfis Archiepifcopus ^'^^g^
Jua Ecclejiis & Monafier'âs conferens maxime Cathe-
dralem Ecclejlam Beau Laurenûi Martyris Lundis
dicare & ornare ftudebac : Et dans Henri Olaiis, Hijl.
Suev. Goth. L. LV. Scanenfes contra Alemannos
erecîi , mulcos eorum occiderunc in Heljlnborg & Lun-
dis. Et fur d'anciennes monnoies d'Angleterre on
trouve Luntis , pour marquer qu'elles ont été frap-
pées à Londres. Londres eft à 17 degrés 42 minutes
de longitude j & à 51 degrés 30 minutes de lati-
tude feptentrionaie.
Londres. Nom d'un petit bourg de Languedoc. Lon-
iinum. Il eft dans les Sévénes , à cinq lieues de
Montpellier , du côté du nord. Matv.
Londres. La nouvelle Londres : c'eft Bofton , que les
Anglois appellent New-London. C'eft une bonne
ville de la Nouvelle Angleterre , dans l'Amérique
Tome y.
LON
601
feptentrionaie. Londinum novum ^ Bojlonicim , Fa-
num Sancfi Botholphi. Cette ville elt lur la intr de
Canada , où elle a un bon port , entre la ville de
Briftol , Se la nouvelle Pleymouth.
LONDRIN. f. m. Drap qui fe fabrique eft France,
particulièrement en Languedoc , en Provence Se en
Dauphiné, dont la deftination eft pour les Echelles
du Levant. Ces draps font appelés Londrms , parce
qu'ils imitent ceux qu'on fait à Londres.
LONG , GUE. adj. Il fe dit d'un corps qui cftconfidérc
Iclon la première diiiknlion , dans la plus grande
étendue en ligne droite , fans avoir égard à ia lar-
geur. Longus. \Jn Jeu de mail doit être droit Se
long. Ces allées font longues à perte de vue. Les
Lieues (ont }p\us longues en Allemagne qu'en Italie.
Ce nom s'cil formé de longus , par le retranche-
ment de la terminailon Latine , longus, longue ,
long: mais (elon le P. Pezron, longus , long ,\icnz
de langue ou lag, mots Celtiques, qui fignifient la
même chofe. PtzRoN.
Long , fe dit aulli de ce qui eft plus étendu que la chofe
ne le requiert , qui eft au de-là de fa jufte propor-
tion. Prolixus j fufus j produclus. Il a le nez trop
long. Sa barbe cft longue , il ne s'eft pas fait rafer.
Il faut rogner vos ongles , ils font trop longs. On
appelle par raillerie , longue échine , un îiomms
grand & menu. Je vous demande pardon fi ma let-
tre eft il longue ; Je n'ai pas eu le temps de la faire
plus courte. Pasc. (CT On appelle voyages de long
cours , en termes de Marine j les voyages des Indes
Orientales ou Occidentales , ou des autres pays
éloignés. On appelle habit long, celui des OfSciers
& des Eccléfiaftiques, qui va jniqu'à terre. Pour ces
derniers , ia foutanc Se le manteau. Chirurgien
de robe longue Se de courte fcience. On a appelle
Philippe le Long , le Roi Philppe V. à caufe qu'il
étoit haut Se de belle taille.
Long, fe dit aullî à l'égard de la durée. Dvuturnus ^
diudnus. Une éternité eft bien longue. Un DiÛion-
nairc eft un travail de longue haleine. Les chênes
font /o/2^-temps à venir. Il faut attendre que les
jours foieiit plus longs , pour travailler à cela.
Longs regrets. Voit. Longue abfence. Longue après-
dînée. Mol.
Quelquefois' /0«^ mis avec les parties du temps,
fignifie Pluiîeurs, un grand nombre de ces parties
du temps. Après de /o/i^j llècles , c'eft-à-dire , Après
un grand nombre de iiècles. Ils ont rompu les liens
les plus forts , qui depuis de longues années les arrê-
toient. EouDALOUEj Exhort. T. I , p. iiy. C'eft-
à-dire , Depuis plufieurs années.
On dit au Palais , une ailignation à longs jours ,
quand on donne un délai plus long que celui de l'Or-
donnance , ou que l'ordinaire. Vadimoriium pro-
longatum. On appelle un bail à longues années , un
bail qui eft pour plus de neuf ans.
§0* Long , fynonyme de Lent , ou Tardif. On die
qu'un homme eft long, quand il emploie plus de
temps à fe réfoudre, ou à faire les choies j qu'il ne
faudroit. Lentus , piger , cardus. Sur quoi il faut
remarquer que lorlque long j pris en ce fens , eft
iuivi d'un verbe j il régit ce verbe à l'infinitif j avec
la particule à. Les Ouvriers font ordinairement longs
à travailler; mais fouvenr on eft aufti plus long à les
payer. Un valet qui eft /o/z^ à faire lès meiiageSj fa
belogne , eft un mauvais valet. Lorfque long eft
accompagné du verbe êcre , pris imperfaftnelle-
inent , il veut le verbe qu'il régit à l'infinitif, avet
la particule de. Il feroit trop /0,-2^ de reprendre cela
dès le temps d'Apollon. Aelanc. Mais lorfque ce
mot long eft fuivi du nom , il veut après loi la pré-
pofition en , ou dans. C'eft ,un homme fort long en
tout ce qu'il fait. lia été long dans (on difcours.
A la Guerre , on dit. Faire long bois, pour dire ,
Lailfcr beaucoup d'ouverture entre les rangs. On a
fait une longue marche. L'armée eft fouvent obli-
gée de prendre le plus long , pour éviter les défilés,
•Au Manège j on appelle un cheval long jointe ^
quand il a le paturon long , effilé Se pliant.
Gggg
6o:
L O N
Long , fe dit quelquefois des chofes incorporelles.
Une longue fuite d aycux. Longa ferles avorum. Un
long enchaînement de pacoles ; une longue kyrielle
de titres. Ces longs dilcours lailfent échapper la vé-
rité _, &c font plutôt le car.idère du Sophille que du
Philosophe. Dac.
Long , ell quelquefois fubftantif ^ &: fignifie , Lon-
gueur. Long'uudo j proccritas. Cette courtine a 60
roifes de long. Le lit du Roi Og étoit de fer , & .avoit
9 coudées de long, &: 4 de large. Deucer. III. 11.
Cet homme étoit couché tout de Ion long.
Long j en ternies d'Anatomic , ell le nom de plufieurs
mufcles. Longus. Le fécond des mulcles extenfeurs
du carpe eft le long , aiiid nommé par comparaifon
au troilîèmc des extenlcurs du carpe , qui s'appelle
le court , parce que celui là eft plus long , & celui-
ci plus court que l'autre. Le long prend fon origine
de la partie la plus balle de l'humérus , & étant cou-
ché le long du layon , va palier lous le ligament an-
nulaire , & s'inférer à l'os du carpe , qui foutient
le doigt index. Dionis.
Le lecond mufcle des fléchilïèurs du cou , s'appelle
aulll le long , ou le droit. C'eft celui qui prend fon
origiiie de la partie latérale du corps des quatre ver-
tèbres Supérieures du dos, & va s'inférer au corps
des vertèbres lupérieures du cou , & quelquefois à
l'occiput ; il Hécliir le cou conjointement avec le
fcalène. Id.
Le troilième des (ix mufcles du coude , ou du
bras , qui eft le premier de les extenfeurs, s'appelle
de même le lor^g, parce qu'il eft plus long que les qua-
tre autres extenleurs. Il prend Ion origine de la
côte fupéricure de l'omoplate proche du cou , & en
detcendant par la partie poftétieure du bras, va s'in-
lérer à l'olécrane par une forte aponevrofe , qui lui
eft commune avec le fécond & le troifième des ex-
tenfeurs du bras.
Le fécond mufcle du pouce, qui eft le premier
à» (es extenfeurs , s'appelle encore long ; parce qu'il
i'eft plus qu'un autre extenfeur du même pouce ,
nommé le coure. Le long part de la partie fupérieure
& externe de l'os du coude , monte par-dellus le
rayon, & vient s'inférer, par un tendon fourchu ,
au fécond os du pouce qu'il étend.
Un des quatres mufcles du rayon , s'appelle aulTî
le long ; c'cft le premier des deux fupinateurs, qui
a fon origine trois ou quatre doigts au deftus de l'apo-
phyfe extérieure de l'humérus , & qui eft couché fur
le radius , va s'inférer à la partie interne de fon
apophyfe inférieure. Il s'appelle long par rapport à
i'.juti"e fupinateur , qui eft & qui fc nomme court.
Ces deux mulcles font tourner le rayon ; enforte
que la paume de la main regarde en haut , ce qui
fait la fupination.
Enfin , le premier des abdufteurs de la jambe eft
le long , &■ porte ce nom à plus jufte titre que tous
les autres, puifqu'il eft le plus /o/zi,' mufcle qui l'oit
au corps. On l'appelle aulîi le Coi^rurie/" , parce que
t'cft lui qui fait plier la jambe en dedans de la ma-
nière que l'ont les Couciiricrs , quand ils travaillent.
Il prend fon origine de l'épine fupérieure & anté-
rieure de l'os des lies , & va s'inférer obliquement
à la partie interne Se fupéricure du tibia , qu'il tire
en dedans. Dionis.
On dit , Prendre le plus long ; pour dire , Aller
en quelque lieu par le plus long chemin.
Qn dit aullî en matièie d'aftaires , Prendre le plus
long; pour dire, Sefervir des moyens les moins pro-
pres à faire réullir promptement ce qu'on a entre-
pris.
LONG , f. m. Terme des Salines & Sauneries de Sa-
lins. C'eft une longue auge, où la muire , c'eft-à-
dire j l'eau falée eft diltribuée. Canalis , carialis lon-
gus. Les eaux élevées du fond du puits par une
roue, font reçues dans une auge de bois, depuis
laquelle la muire eft diftribuée à deux autres auges,
qu'ils appellent /o«_i'i , foit pour leurs longueur,
foit par une didion fîgnificative, & de l'ar&, vu
que la ville de Longs-\z-S2.\xmtx. , en Latin , Ledon,
L O N
en eft appelée : chacun de ces longs contient vingt-
quatre muids. GoLLUT , Mémoires de la Franche-
Comté , L. II. c. 28. Percer les longs , c'cft les
lâcher , pour envoyer la muire dans les barncs qui
en ont befoin. Id. c. 3 i .
Long , fe dit adverbialement en plufîeurs phrafes , avec
l'adjonétion de quelques particules , comme à ,de ,
du, (Sec. Toutes chofes s'ufent à la longue. Diutur-
nitate. A la longue on perd patience , on fe fâche.
Au long aller on s'ennuie. Il a traité cette Matière
fort au long. Fufè , copiofè. Un Scieur de long , eft
celui qui fcie des ais. On les appelle ainfi , parce
qu'ils fcient les arbres , dont ils font des planches,
non pas de travers , mais de long. Il faut coucher
de long cette pièce , de peur qu'elle ne rombe. On
dit. Tirer de longue , quand on fe fauve par la fuite ,
ou quand on chicane , quand on diffère un paye-
ment dans ces deux derniers fcns , on dit plutôt.
Tirer en longueur, que tirer de long , ou de longue.
Au Long, du Long , le Long , fe mettent aufîi com-
me prépofitions de lieux, & fignifieni en côtoyant.
Ad latus. L'AcAD. Au long du bois. Je me fuis
promené fur les bords de la rivière , & vous y
voyez tout du long des arbres plantés. On apperçoit
des dunes qui régnent le long de la côte , & qui
repréfentent dans la perfpettive , quelque chofe de
femblable à de vieux Palais ruinés. Bouh. Le Ré-
giment des Gardes-Suiiles avoir été placé du long
de la ligne. De Bussi.
Du Long , & le Long , font auftî des prépofitions de
temps , & flgnifîent , durant. Per. Il travaille , il étu-
die tout du long de l'année. Il jeûne exaftement tour
le long du Carême. A quoi penfe un Iroquois tout
le long de fa vie î Nie. Tout le long de l'hyver.
Quàm longa ejl hyems.
A LA Longue, adv. Avec le temps. A la longue i
elle efpéroit de tirer de grands avant.iges. B. Rab.
Les amans à la longue, deviennent des maris. S.
EvB. Peu d'efprit avec de la droiture , ennuie
moins à la longue , que beaucoup d'efprit avec du
travers. La Roch. Il eft difficile qu'une haute élé-
vation fe foutienne à la longue. Boil.
De Longue , adv. Il ne fe dit guère qu'avec le mot
tirer, ou aller, & alors il fignihe avancer, gagner
pays , Abire , difiedere. Il tire de longue , il com-
mence à aller de longue ^ c'eft-à-dire à avancer, à
(faire du chemin. Vaug. Rem. Ces exprefllons font
maintenant encore moins en ufage que du temps de
'Vaugelas.
De Longue-main. Phrafe adverbiale. Depuis longtemps.
Dudùm , pridem , jam dudîim , jam pridem , à longo
temporc ; Dm ejl cùm. Nous fommes amis de longue
main. ^Iascur. On dit que des gens fe connoillènt
de longue main , qu'on ménage une atl:iire de lon-
gue main; pour dire, depuis longtemps.
Long , fe dit proverbialement en plulieurs phrafes. Il
eft de bonne amitié , il a le vilage long. On dit
d'un homme qui a été bien battu , ou maltraité en
quelque aftaire , qu'il en a eu tout du long de l'aune,
ou tout du long Se du large. On dit qu'on fait le
court & le long d'une affaire , lorfqu'on en fait tou-
tes les particularités ; qu'on en fait les brèves & les
longues , qu'on en eft parfaitement inftruit. On dit,
C'eft un pain bien long, en parlant d'un travail dont
on ne peut pas voir iitôt le profit. Vous m'avez don-
né le Carême long ; pour dire , Vous prenez un long
terme. Cela eft long comme un jour fuis pain. On
dit aulîi , qu'un homme a les dents bien longues ,
quand il y a longtemps qu'il n'a mangé. On dit ,
qu'il tire la langue d'un pied de long , quand il a
quelque grande nécelîité. On dir d'une chofe longue
Se étroite , c'cft le chemin de Ville- Juive , /0«^ boyau.
C'eft que le chemin de Juvify à Ville-Juive s'appelle
le long boyau. Cela eft long comme un vielle , com-
me une flûte. On dit par manière de fouhait. Dieu
vous donne bonne vie & longue. On dit aullî en dé-
bauche , Boire à longs traits; pour dire, de grands
coups. On dit figurement d'un homme qui a eu df
grandes affliilions , qu'il a fouffenes dans toute leur
L O N
étendue, qu'il cii a hii toute l'amertume à longs
■traits; &z cette exprellioii n'ell point balle , ni pro-
verbiale. On (.lit encore, que les Princes ont les
, -mains j les oreilles bien longues. An ncj'ds longas
■ Regihus eJJ'e manus? Pour dire , qu'ils atteignent, tk
qu'ils entendent de loin. On dit aiilli , Faire couite
Melle , & long dîner. On dit aulii , qu'un homme
ne la fera pas longue ; pour dire , qu'il ne vivra pas
longtemps.
Il s'e(t introduit depuis peu une maiivaife façon
■de parler , qui a commence par le plus bas peuple ,
&c qui a tait fortune à la Cour. C'ell , il en fait bien
• long ; pour ditCj que quelqu'un eft fin & .adroit...
Suite des Mots à la mode. C'elf un coinpere, qui,
quoique jeune , en lait long. Lettres HijL & Gai.
Cela eft du flyle Kimilicr.
LONGANICO. C'étoit anciennement une ville de
l'Élide , contrée du Péloponncfe. Longamca , autre-
fois Olympia , Olympia Pija. Elle étoit tameufe par
les jeux Olympiques qu'on y célébroit , de par le
Temple de Jupiter Olympien, qui n'en étoit éloi-
gné que de demi lieue. Ce n'eft aujourd'hui qu'un
• petit bourg , litué dans le Belvédère , en Morée , fur
la rivière d'Alphée , à trois ou quatre lieues de
Ton embouchure j dans le golic d'Arcadie. Maty.
LONGANIME. adj. Celui qui fupportc longtemps ,
& fans s'irriter , toutes (ortes d'oftenfes. Longanimus.
■ Ce mot n'eft pas reçu par l'ulage. Quelques Au-
teurs l'ont intfoduit pour rendre plus à la lettre les
termes de longanimis , longanimuas , dont l'Ecriture
fe lert pour exprimer la patience avec laquelle Dieu
iufpend la jufte colère , & attend le pécheur à péni-
tence. Le mot Grec f.xKfoSauiu exprime cela plus heu-
reulement, parce que ^f,<,! en Grec lignifie (ouvent
la colère. Le refpeét qu'on a pour l'Écriture Sainte ,
fait qu'on tranlporte les exprel'ions d'une Langue
à une autre, en y failant le moins de changement
qu'il eft poflible, & qu'on regarde comme des
termes coiîlacrés j des exprellîons qui , hors de là ,
feroient barbares ; mais il ne faut le faire que dans
la néceffité ; c'eft à-dire , lorfque la Langue ne peut
fournir aucun mot qui ait la même force. Longani-
mité' fe dit plus que longanime.
LONGANIMITÉ, f. f. Patience qui vient de bonté
& de grandeur d'ame , & qui confifte à lupportcr
long-temps les otïenfes , fans longer à les punir.
Longanimitds. Ce prince n'a diftéré fi long temps
la punition de ce rebelle , que par une longanimité.
Méprifes-tu les richellcs de la bénignité, de la pa-
tience j &: de la longanimité de Dieu , qui te convie
à repentance? dit S. Paul , au Chap. II de /on Ep.
aux Rom. La longanimité eft un don du S. Elprit.
Ce terme fe dit particulièrement de la clémence de
Dieu qui diftete la punition des méchans -, & dans
le ftyle foutenu , appliqué aux Rois , il défigne cette
vertu qui les porte à foufttir patiemment & par gran-
deur d'ame les injures dont ils pourroient le venger.
LONGAROLA. Nom d'une rivière de la Morée. Longa-
rola , autrefois Neda , Nedas. Elle prend fa lource
dans la Zaconie , près de la petite ville de Landa-
nOjtraverfe Belvédère, coulant lur les confins de
l'ancienne Èlide & de l'ancienne Melfénie , & elle
fe décharge dans le golfe de Zonchio. Maty.
LONGCHAMP. L'Abbaye de Longcham.p , près de
Paris , du côté du couchant, fut fondée par la B
Ifabelle , lœur unique de S. Louis. Les Religieules
If entrèrent en clôture la veillede la S. Jean, zj^Juin
1261. Voyez les Antlq.de Paris , par Du Breuil.
03" LONGÉ, f. f. Lorum. C'eft en général une lanière
de cuir, une bande étroite & longue , lervant à
diffcrens ufages. On dit la longe d'un cheval, en
parlant d'un morceau de cuir coupé en long, en
forme de courroie par le moyen de laquelle on mène
un cheval. La longe du Licou eft une corde ou une
bande de cuir attachée à une têtière , & arrêtée à la
mangeoire , poutÇaifujctrir la tête du cheval. On
dit.aulli , en termes de Manège , troter un cheval à
la longe , en parlant de la cord; d'une certaine éten-
due , placée à l'anneau du caveçon, fervantà tenir
Tome F.
L O N
60^
un cheval que l'on trote fur des cercles. Les longes
fervent pour gouverner les chevaux , ou pour les
attacher a l'écurie.
tt/ On appelle a.ui\\ longes , les petites lanières qu'on
attache aux pieds des oifeaux de proie.
CO" Longe CUL , en F.iucoimerie, eft la petite ficelle
qu'on attache aux pieds de l'oifeau , quand il n'eft
pas bien allure.
^' Les Carriers appellent aulîî longes , de moyens
cordages avec lelqucls il font des anfcs aux panias
d'olicr dont ils fe krvcnt pour vider les trous , quand
ils ouvrent une nouvelle carrière.
Ce mot vient de longa , eb quod in longum extcn-
datur.
Longe de veaUj eft la partie du veau qui eft depuis
les côtés jutqu'à la queue , & où le rognon eft atta-
ché. Lumhus vituimus. Au bœuf, c'eft toute la par-
tie qui eft depuis les alloyaux jufques vers la cuillè,
qu'on divile en pluheurs morceaux , où font le
flanchet , la pièce parée , &c. Longe de cerf. Quand
on dit leulement , Une longe , lans rien ajouter , on
entend toujours une longe de veau. Manger d'une
bonne longe. Ac. Fr. ffT Mais on obfervera qu'on
ne le lert du mot de longe , en parlant de ces ani -
maux , que quand il eft queftion de les accommoder
pour manger.
On dit proverbialement des gens dont le voifinage
eft mauvais , Que la longe en vaut mieux que le fran-
corps.
Ce mot vient de lumbus , Ménage ; ou plutôt de
l'Italien lon^a. On trouve dans la relation des mi-
racles de Saint Simon , Ermite de Saint Auguftin ,
longia , pour le dos , les reins. Et rota dicli currûs
Jlc onerati afcendit fuper renés à' longiam ipfius pueri.
Sur quoi les Bollandiftes font une remarque qui n'e'lpas
vraie. Longia , dilent-ils , lignifie l'épine du dos de
l'homme ; maintenant il ne le dit que d une partie
de chair de porc. Il n'y a point de raifon de pren-
dre la longia pour l'épine du dos , & il n'eft point
vrai qu'on ne dile , au moins en François, lonfe ,
que du porc ; on le dit bien plus du veau. On dit
aullî une longe de chevreuil. ^
LONGÉ , ÉE. adj. Terme de Blafon , qui le dit de
l'émail des longes de l'oileau de proie , ou plutôt
de l'oileau de proie qui a des longes d'un autre
émail que le corps de l'animal. Longé d'azur, c'eft-
à dire , qui a des longes de couleur d'azur.
LONGER. V, a. Terme deChafle, qui fe dit des bê-
tes qui mènent loin la chafle. Recio tramite fugere.
On dit aullî , qu'une bcte longe un chemin , pour
dire , qu'elle enfile un chemin. Sal. Quand
une bête va d'allurance , ou qu'elle fuit , on die
qu'elle longe le chemin ; ôc quand elle retourne
lur les voies , cela s'appelle rufe Se retour. Id.
En termes de Guerre , §3° on dit longer un bois ,
marcher le long d'un bois : longer une rivière , pour
dire , y naviger en sûreté , ou aller librement le
long de les bords. C'eft dans ce fens que les gens
de guerre dilcnt , il lauf attaquer ce porte, ce pont,
afin de pouvoir longer la rivière , parce qu'un porte
que les ennemis occupent fur une rivière , empêche
qu'on ne puiile aller librement fur cette rivière , ou
marcher en sûreté le long de l'es bords.
LONGFORD , ou LONGFORT. Petite ville de l.i
Lagénie , en Irlande. Longofordium. Elle eil: capi-
tale du Comté qui porte fon, nom , &c lituéc lur la
rivière de Camelin , à deux lieues du Shannon ; Se
à huit ou neuf d'Athlone , du côté du nord. IvIaty.
Long. 9. d. 50', lat. 55. d. 38'.
Le Comté de LoNcroRD. Longofordienfis Comitûtus.
Contrée de la Lagénie , ou de la province de Leinfter,
en Irlande. Elle eft entre les Comtés de Cavan ,
d'Eaft-Méath, de Weft - Méath , & la rivière de
Shannon , qui la fépare de la Connacie. Ses lieux
principaux font Longford, qui a voix au Pailement
d'Irlande , de même que les bourgs de Jameft..wn
&z du Lanesboroup. Ardacgh 5 ville Epiicopale du
même Comté, eft privée de ce droit. ÀIaty.
LONGILS. f. m. Nom d'homme. Lonnogifîlits , Leo-
G g g g ij
6o4 L O N
negt/ilus j Lenogijllus , LonegUus. Saint Long'ds ,
qu au Maine 1 on prononce Longis , dv au Perche
LangLS , 6c que quelques-uns de nos Ecrivains ont
appelé Lourgejîl , étoit originaire d'Allemagne , né
de parens nobles , mais engagés dans le Paganilme.
Baillet , 2. AvnL II vint en France , y lut inihuit &
baptilé vers l'an 194. Il le retira à Boilî'elière , dans
le pays de Sonnois au Maine , en 618. & 625. Il y
bâtit un Monaftère dont il fut Abbé , & qu il gou-
vernajulquc vers l'an Gy^. qu'il mourut âgé de 72
ou 73 ans. Morérj l'appelle Longis &: Longïfon.
XOWGLVIANUS. Voyei Longue maim.
LONGIMÉrP.IE. f. f. Art de meluier les longueurs,
tant acceilîbles , comme un chemin , qu'inaccellî-
i)ics j comme un bras de mer. Long'imetna. C'eft
une partie de la Trigonométrie , tic une dépen-
dance de la Géométrie, de même que \ Altïmctne y
la P Idnimétrïe , Stéréomctrie , &c.
LONGIN. Foyei Longis.
JLONGIS. f. m. Nom d'homme. Longinus. Sous le
nom de S. Longin , rEglite honore la mémoire de
deux hommes, qui allîllèrent à la Pallîon de notre
Sauveur, de laquelle l'.un fut le miniftre, & l'autre le
-témoin. Le derniei' eft S. Longin le Centenier , Se
l'àUtic S. Longin le Soldat ^ que le vulgaire appelle
autrement S. Longis. Ce S. Longis eu. le Soldat qui
ouvrit d'un coup de lance le coté de J. C. déjà mort ,
i& que la tradition dit avoir été martynlé à Cé/arée
deCappadoce. Pour l'autre , les Grecs croient qu'il
le fut près de Thyanes , en Cappadocc. f^oye:^ les
Bollandiftes , au 15. de Marsj T. LI , p. jj6. &
fiibv. Mais on ne corrompt point le nom de celui ci ,
& on l'appelle toujours Longin. Il n'y a qu'au Sol-
dat que 1 on donne le nom de Longis. Voy. encore
LONSILS.
On emploie ce mot de Longis en ftyle populaire ,
& il fe dit des gens froids & parelleux, qui font
longs à fiire tout ce qu'ils entreprennent. Mot
allez ulité , pour un homme bon à aller quérir la
mort , ainli que parle le peuple; c'eft à-dire , hom-
me mufirt , & qui, envoyé en quelque endroit^
met un long tenipsà revenir, dit Tnppault MÉ-
KAGE, DiB. Etym. C'eft un vrai Longis, un Saint
Longis. Cicéron diloit d'Antoine ^ Tcucrifdla ^ Un-
tum negoùum,
Longin , s'emploie dans la même lignification en plu-
fieurs Provinces , & fur-tout en Champagne.
Longis. f. m. Fils de carrct limplemcnt étendus ,
ou taifceauxde fil qui ne iont point tortillés.
IJCT Longis. f. m. Terme de Marine. Principales piè
CCS de bois des barres de hune &c de perroquet j lur
lelqucUes s'étendent les traverfes. Les longis (ont
chevillés lur les joutereaux , & ceux-ci fur le mât.
Le Manœuv.
lONGISARlA. Petite ville du Royaume de Barca ,
en Barbarie. Longifaria , anciennement Aptuchi
Fanum. Elle eft iur la pointe orientale dii golfe de
Sidra , & au nord de la ville de Tolométa.
LONGISON. Voyei Longils.
LONGITUDE, f. m. Terme de Géographie. C'eft la
diftance qu'il y a du méridien d'un certain lieu juf-
. qu'au premier méridien. Longitudo. Elle fe compte
par les degrés de l'Equateur d'occident en orient
jufqu'à 360 degrés ; & elle eft marquée dans les
Cartes par les méridiens qui coupent l'Equateur.
La longitude fe compte en France , depuis le pre-
mier méridien qui pallè en l'Ile de Fer, l'une des
Canaries. Les Efpagnols l'ont mis aux îles des Aço
res. Les Pilotes comptent depuis le méridien du
Port du partement. Cette ville a tant de degrés de
latitude , & tant de longitude. On connoît fur mer
fi on avance vers l'orient , ou vers l'occident , par
les degrés de longitude. La Icience des longitudes a
été cherchée inutilement julqu'à préfenr. La France j
rAns^leterre Se la Hollande , ont promis de gran-
des récompenfesà celui qui trouveroit la vraie Icience
des longitudes. Jean Baprifte Morin , fameux Ma-
thématicien, mais trop encêté de l'Aftrologie judi-
.ciaircj a prétendu l'avoir troiivée, ik en a iaiprimi
L O N
iesdémonftrationsdansun Livre qu'il en a fait •, mais
cette voie aftronomique n'a pas pu être pratiquée fur
la mer. M. Huygens prétendoit aulli l'avoir trouvée
par les pendules , qui Iont plus juftes que les pou-
driers J ou horloges de fable , dont on s'eft fcrvi
julqu a prélent pour le même eftct -, mais leur mou-
vement ne s'eft pas encore trouvé allez exadt, & le
balancement d un vailleau en mer apporte de grauds
inconvéniens , auxquels on n'a pu encore bien re-
médier. D'autres Aftronomes avoient écrit aupara-
vant du moyen de trouver les longitudes par la Lu-
ne , entr'autres Gemma Frilon, Métius , Vemerus,
Nonius , Oronce Finée , &c. Deux Anglois ont
prétendu les trouver par les coups de canon ; mais
c eft une chimère à laquelle on u'a pas même fait
attention. J. B. Moiin imprima à Paris en 1647,
la Science des Longitudes réduite en pratique. ;
Le plus sûr moyen dont le Icrvent aujourd'hui les
Aftronomes pour trouver les longitudes , eft par l'ob-
fervation des éclipfes des Satellites de Jupiter , qui
Iont très-fréquentes S<. très nombreufes. On fe fert
fur tout des émerlions tk immerlions du premier
Satellite , qui arrivent au moins de deux jours l'un ,
Se qu'on peut obferver ailément près de cent fois
en un an.
^Zr Le mot de longitude fignifîe originairement la mcrae
chofe que longueur. Les connoillânces des anciens
Géographes ncs'étendoient pas fort loin vers le nord,
ils croyoient que la zone la plus proche du pôle,
c'eft à dire , la zone glaciale , & la zone la plus pro-
che de l'Equateur J c'eft à-dire , la zone torride,
étoient inhabitables , l'une à caufe du froid , l'au-
tre à caule des chaleurs exceflives. Regardant donc
la terre comme inhabitable au nord ik. au midi , ils
conccvoient que la zone tempérée , ou , ce qui
revient au même dans leur lyftême , la terre habi-
tée , étoit beaucoup plus longue que large; Se fa
longueur devoir (éprendre d'occident en orient. C'elt
pour cette raifon que l'on compte les longitudes
d'occid.-nt en orient , Se les latitudes de l'Equateur
vers le pôle. L'habitude étoit prife de compter ainli.
Se cette méthode a liiblifté , quoique l'on foit re-
venu de l'erreur qui luppoloit la zone torride &
les zones glaciales inhabitables.
1/3° Comme le ciel tourne , ou plutôt femble tourner
autoutde la terre, il n'y a aucun point fixe dans le
ciel , d'où l'on puifte commencer à compter la
longitude. Il faut donc prendre ce point fixe fur la
terre s & ce point fixe eft un premier méridien ,
d'où le prennent les diftances d'occident en orient,
c'eft à-dire , la longitude du lieu que l'on examine
par rapport à ce point fixe , ou la diftance qu'il
y a entre le premier méridien , & le méridien du
lieu dont on cherche la longitude. C'eft l'arc de
l'Equateur célefte intercepté entre ces deux méri-
diens qui détermine ces degrés de longitude.
Longitude , en termes d'Aftronomie , eft l'arc du
Zodiaque compris entre le premier degré d'Ariès
jufqu'au centre de l'étoile fixcj ou de la planète
dont on cherche la longitude ; Se elle (e compte
jufqu'à 360 degrés dans le Zodiaque, comme les
longitudes terreftres fur les degrés de l'Equateur. La
longitude d'un Aftre depuis le point équinoxial le
plus proche , c'eft l'arc , ou le nombre de degrés & ■
de minutes qu'il y a depuis le commencement d'A-
riès j ou de Libra , jufqu'à cet Aftre , foit devant,
ou après. Cet arc ne peut jamais être de 180 pè-
gres. Harris.
L:i longitude d'une étoile eft l'arc de l'Ecliptiqiie,
compris entre la fedion laite au ligne du Bélier , &
l'interfeûion de l'Ecliptique &: du cercle de latitude
qui palfe par l'étoile.
La longitude d'un lieu fur la terre , eft l'arc de l'E-
quateur compris entre le point de l'interledlion com-
mune de l'Equateur & du méridien de ce lieu , Se un
autre point fixe dont on eft convenu.
M. Calîini a trouvé une méthode pour déterminer
les longitudes par les écliples de loleil , comme on le
fait par celles de la lune. Voyez l'HiJî. de l'Ac. des
L O N
L O N
Sciences y lyoo. p. i oj & fuiv. M. Samuel Swen-
denborg donna à Uplal en i 7 1 S , I.i mccliodc de tiou
ver les /onguudcs p.ir la lime. Koye\ les Acla I.'ur.
Suce. lyzo.p. zj. M. Aliniari, Mathcmatiticii de
VeiiiCe, a piopolc en Angleteire l'an 171 jj deux
manicres de trouver la longitude par la déclinailon du
ioleil, l'une pour les .Savans, &c l'autre pour ceux qui
font moins habiles. La première dépend de plulicurs
figures & de pludeurs propohtions qu'il huit voir
dans fou Livre imprimé a Londres en 171 j. Voici le
Îrécis de la féconde. Pour trouver la longitude d'un
eu par le moyen du (oleil , il taut avoir des Ephémé-
rides du mouvement journalier du (oleil avec lés lon-
gitudes (ur le méridien de l'île de Fer j qu'on fuppofe
le premier; des tables exactes des akennons droites
d'une étoile des plus remarquables & des plus con-
nues ; d'autres tables des a(ceiii:ons droites du foleil
■pour tous les degrés de l'Ecliptique , & une pendule
dont l'exaditude loit éprouvée.
Ayant ccsquatre chofes , i". Après avoir obfervé le
momcntdu pallagc du (oleil par le méridien du lieu de
roblcrvation , on met dans le même moment l'aiguille
delà pendule (ur (on midi. 2°. On ob(ervele temsdu
pallage d'une étoile (îxc qu'on a choilie par le même
méridien , ik. on convertit proportionnellement en
degrés, minutes & fécondes de l'équ.iteur le tems qui
s'ell écoulé entre le pallâge du folcil & celui de l'é-
toile iîxe par le méridien du lieu de l'obfervation,
3°. En retranchant le nombre trouvé par cette con-
verfion de celui que donnoit ce jour là ra(cenhon
droite de l'étoile (ur le premier méridien , ce qui
refte après la fouftraélion , tait connoître l'alcendon
droite du (oleil. Enfuite on examine à quel endroit
de l'Ecliptique répond cette aicendon droite du folcil.
4°. Ce point de l'Ecliptique étant trouvé, on le com-
pare avec la longitude que le (oleil avoit le jour de
l'obleiTation fous le premier méridien, &c on marque
la différence de cette longitude d'avec celle de l'obfer-
vation. j°. On prend fur les Ephémérides le mouve-
ment journalier du foleil de ce jour-là. On retranche
du mouvement journalier la différence trouvée entre
la longitude du foleil fur le premier méridien , ik. fa
longitude (ur le lieu de l'oblervation, le refl:e de la
fouttraAion efi: la véritable longitude du lieu de l'ob-
fervation.
Exemple. J'ai obfervé^ dit M. Alimari, le foleil
fur le méridien de Venife , le 3 Avril 1708. Ayant
mis fur le midi l'aiguille de la pendule que j'avois
préparée, après 9 h. 4'. 14". 4'" , j'ai obfervé le paf-
60$
Cigc de Régulus, ou du cœur de lion paj: le même
méridien. I.'a(cen(îon droite de cette étoile étoit ,
fclon les tables, 148". 45'. 26". Par-là j'ai connu l'af-
cenlion droite du lolcil qui étoit de 12" 39'. 20", à
laquelle répond dans la table des afcen(ions droites
du (blcil le I 5°. 4;'. 44". dU' ligne du Bélier. Compa-
rant ce nombre avec la longitude que le (oleil avoit
ce jour-là (ur le méridien de 1 ilc de 1er, qui étoit de
15". 51' 28". ;'ai vu que la ditiércnce de ces deux
longitudes du (oleil étoit de j'. 44". Le mouvement
journalier du folcil étoit ce joui là j (iiivant les Ephé-
mérides, de 58'. J7". ou de iy-,-j'' . Aind j8'. ^j" .■=.
3J37 : 36o"=2i6o'::/. 44"=344: 2i';;>' = 3j°.
longitude de Venife. ; ,
Quand on n'a point d'Ephémérides dreffcL ; fur le
premier méridien , on peut (e fervir de celles q li font
faites pour tout autre lieu , pourvu qu'on (a ;'ae de
combien ce lieu eft éloigné du premier méridien.
Sur mer il faut eftimcr le chemin qu'a (ait le vaif-
feau depuis la première ob(ervation jufqu'à la fé-
conde , & prendre la diltérence de la longitude , &
après avoir réduit cette longitude en tems , félon
que le vaifleau elt ou à l'orient , ou à l'occident , il
faut ajouter ce tems à celui qui s'efl: écoulé entre les
deux oblervations , ou l'en retrancher & continuer
enfuite l'opération à l'ordinaire.
Outre que ces opérations (ont longues.,il y entre tou-
jours de l'eltime. De plus , en mer la pendule fe déran-
gCj non feulement par le mouvementdu vp,i(]cau,mais
encore par les dittcrens degrés de chaleur des diffé-
rens parages ou climats où l'on clL Eiilînj le pallage
du (blcil ou d'une étoile par le méridien , ne fe peut
jamais favoir bien juftc , à caule du roulis & du mou-
vement du vailfeau. Ainlî cette méthode u'a pas fait
plus de fortune que les précédentes. Pour remédier
aux dérangemens de la pendule , Sully , Horloger
Anglois, établi à Paris, avoit inventé une pendule
dont les vibrations fe faifoient verticalement. •
Il eft important à plulieurs Arts de connoître les
longitudes tk les latitudes de tous les lieux de la terre ,
où les Aftronomes «Se les Navigateurs les ont pnfes.
C'eft pour cela qu'on les a recueillies de tous les A.u-
teurs qui les ont oblervées, ou qui les ont recueillies
d'après ceux qui les ont déterminées. On a jugé plus
à propos de mettre ici les latitudes avec les longitudes,
que de les mettre au mot Latitude. On fuppofe le
premier méridien à l'île de Fer, &c cette île éloignée
de celui de l'Obfervatoire de Paris, de 19°. ji'. 30"..
C'eft fur ce pied là qu'on les a réduites.
6o6
Longitude & Latitude connues de tous les Vieux du monde , avec les noms des
u4uteurs d'où elles font tirées.
Noms des lieux
& des Auteurs.
difFcr. du mciid. de Paiis.
H.
Abheville,
Lieuraud o''.
de la Hiie ... o
Des Places ... o
CaiTîni ... o
Abo en Suéde.
Lind'heim ... i
Acapulco.
Harris ... 6
Agde.
Des Places ... o
Calîîni ... o
Agra au Mogol.
Lieuraud ... 4
De la Hue ... ;
Des Places ... 4
Hairis .... 5
Calîîni ... 4
P. Gaubil ... 4
Aire en Artois.
Calîîni ... o
Aifou.
Gaubil ... S
Algue-mortes,
Calîîni ... o
Aix en Provence.
Lieutaud ... o
De la Hire ... o
Des Places ... o
Street ... o
Calîîni ... o
'Albano.
Calîîni dans Des Places, o
Alby.
Lieutaud, Des Places, o
Calîîni ... o
Alcniaer.
Calîîni . . .
Alencon.
Lieutaud ... o
De la Hire , Des Places, o
}
M.
I .
2
I
I
20
55
4
4
J7
24
57
^5
57
58
^3
12
12
12
13
42
o
o
9
9
9
Calîîni . . .
Alep en Syrie.
P. Feuillée . . ,
Lieutaud . . .
Des Places ... 2
Calîîni ... 2
Harris ... 2
Strépt ... 2
Akxandrete en Syrie.
Lieutaud ... 2
Chazelles ... 2
Des Places ... z
Calîîni ... 2
P. Feuillée dans Des PI. 2
Alexandrie en Egypte.
Lieutaud ... i
De la Hire ... i
Chazelles, Des Places, i
Harris ... 2
Street ... i
Calîîni ... I
I
Alger.
Calîîni ... o
Bouche orient, dAlgouey.
P. Gaubil ... j
Bouche occid.
V. Gaubil ... j
Almérie au. Royaume de Grenade.
P. Feuillée . . .
Fin ou Oueft des Monts Altay.
P. Jartoux ... G
20
20
15
^5
16
1(5
16
16
20
51
5i
51
2
51
59
51
44
41
H
48".oc.
12
5^
48
30
49 occ.
3 3 or.
33
30 or.
o
36
19
3<î
o
14 or.
26 or.
2j or.
48 or.
^5
48
19
48
4 or.
48 occ.
48
o occ
30
o or
o
19
19
o or.
o
o
o
o
6 or.
o
36
19
19
49
46
29 occ.
26 or.
26 or.
i or.
D.
Longitude.
M.
19".
24.
30
20
i4
30
20
19
30
20
^4
30
20 or. 39
i7
17
17
17
44
36
53
15
20
50
45
20
59
45
74
22
50
81
0
0
74
i4
0
80
49
45
94
15
30
74
30
0
15
95
0
80 .
n
?o
co .
5«
30
21
4i
3?
^3
3
30
22
57
45
^3
3
30
^3
II
15
^3
3
30
30
22
30
19
51
18
19
39
30
30
G
30
54
51
30
54
51
30
5",
41
15
56
1 1
15
53
51
30
Si
51
30
53
51
30
53
51
30
54
51
30
47
38
0
47
51
3°
57
45
30
50
26
15
47
41
15
47
56
45
47
48
0
19
44
15
lOJ
58
0
Ï05
28
0
Latitude.
D. M.
S.
50°. 7'.
C"
50 5
0
50 7
0
50 7
0
50
15
17
30
43
19
0
43
19
0
26
43
0
28
30
0
26
45
0
28
30
0
26
43
0
26
48
0
50
38
20
41
30
0
43
34
15
43
31
20
43
31
0
43
31
0
43
33
0
43
• 31
20
113
43
SS
20
43
55
20
5a
38
34
48
48
48
^5
^9
25
0
0
0
35
45
i5
6
0
0
iS
45
iî
}7
2Q
0
36
^5
0
3<î
3<î
35
35
10
31
1 1
20
36
55
10
31
li
20
31
12
0
31
12
0
31
30
30
7
58
5^
0
0
0
31
II
20
36
49
30
43
30
43
20
3^
51
18
46
20
0
Noms des lieux
Diffcr.
du mer.
id. de Paris.
& des Auteurs.
H.
M.
S.
leur fin.
P.Giubil...
6K
2'.
i4".or.
Amiens.
Lieutaud . . .
0
0
80CC.
Oc la Hire . . .
0
0
12
Des Places . . .
0
0
8
rlariis . . .
0
9
3^
Callini . . .
0
0
S
Amour. Voyez Oni.
m.
Amjlerdam.
Lieutaud . . .
0
10
j(îor.
De la Hire . . .
0
10
10 .
Harris ....
0
9
19
Street . . .
0
II
19
Caiîini . . .
0
10
J-î
Hortcnfius . . .
0
II
3^
Ancone.
De la Hire . . .
0
47
40 or.
Des Places . . .
0
47
40
Angers.
Lieutaud . . .
0
II
56 OCC.
De la Hire . . .
0
12
i;
Des Places . . .
0
II
3<J
Callini ... .
0
II
3«
Antibe.
Lieutaud . . ,
0
19
II or.
Des Places . . .
0
19
II
De la Hire . . .
0
19
II
Caflîiii . . .
0
19
II
Antioehe.
Street . . .
2
^S
19
Anvers.
Lieutaud . . .
0
8
40 or.
De la Hire . . .
0
8
30
Des Places . . .
0
7
40
Harris . . .
0
II
0
Vindelinus . . •
0
8
40
Calîini . . .
0
8
40
A racle.
De la Hire.
i
50
0 or.
Stréer . . •
2
3;
49
Argentan,
Callîni ...
0
9
28 OCC.
Anca au Pérou.
P. Feuillée, Minime. 4
/4
40 OCC.
Arles.
Lieutaud . . .
0
9
24 or.
De la Hire . . .
0
8
20
Des Places . . .
0
9
^4
Caflîni . . .
0
9
i4
' Arras.
; Lieutaud . . .
0
I
36 or.
Des Places . . .
0
I
40
De la Hire . . .
0
I
40
CalIini . . .
0
I
36
Affife. _
Eianchini . . .
Athènes.
De la Hire . . .
I
53
0 or.
Ava dans le Royaume d'A
'va- ■
P. Du Chatz . . .
Avignon.
Lieutaud . . .
0
9
44 or.
De la Hire . • .
0
9
4^
Des Places . . •
0
10
8
Harris . . .
0
8
49
Street . . ,
0
9
19
Calîini . . .
0
10
8
Avranches.
Caffini . . .
0
14
51 OCC.
Aurillac.
Lieutaud . . .
0
0
2 9 or.
Des Places . . ;
0
0
28
Callini . . .
0
0
28
Auxerre.
De la Hire . . .
0
4
20 or.
Longitude.
D. M. S.
120"
i<5
45
i3
II
4;'
19
49
30
19
48
30
»9
49
JO
'9
41
i;
19
49
i7
20
3
0
22
28
0
22
10
IJ
22
41
i/
22
30
30
22
44
30
31
46
30
31
46
30
16
57
30
16
47
4;
\6
57
30
16
57
30
M
i9
1;
i4
39
i/
i4
i9
15
^4
39
IJ
IJ
22
I
30
21
59
0
22
3'î
30
"2
I
30
22
I
30
6z
21
30
58
48
4J
17
29
30
306
II
30
17
22
30
»1
J6
30
22
22
30
22
12
30
20
15
30
20
16
30
20
16
30
19
55
16
22
. 47
30
22
47
4J
22
23
30
22
3
45
22
18
4;
22
23
30
1(5
8
45
19
58
45
19
58
50
19
;8
30
D.
4(5°.
Latitude.
M.
60J
3^
48
20',
49
54
4<î
49
55
4<î
49
54
0
49
54
0
49
54
4<;
52
12
45
5"-
21
30
Ji
21
0
47
^9
0
5^
22
45
5i
22
4;
43
54
a
43
54
0
47
^9
Q
47
27
0
47
2-7
0
47
28
10
4?
34
12
43
34
0
43
34
12
43
34..
12
15
51
15
30
51
10
0
49
54
0
5ï
15
30
51
13
10
36
0
0
3'î
0
0
48
46
40
18
x6
38 mér,
43
34
12
43
34
0
45
40
0
43
34
11
5°
18
0
50
18
25
50
18
^5
50
18
0
43
I
24
37
40
0
21
0
0
43
57
0
43
51
0
4'.
57
0
43*
51
0
43
52
0
43
57
0
41
15
44
59
10
44
55
10
44
55
10
20
5<^
47
35
^o8
Noms des lieux Dirfc. du mérid. de Paris, Longitude.
H. M. S. D. M. S.
êc des Auteurs.
49
12
ij
6
3°
ij
6i
30
ij
31
31
i^-
6
30
1^3
51
30
1^3
Jï
30
118
16
0
118
li
J<5
Des Places... o\ 4'- 4o". ^1°' »• 3°
Calîini ... o 4 40 ^i I 30
Bahylone j ou Bagdat.
Harris ... 5 4 49 or. " l '^^
Street ... 510 <î5 6 30
Bakan an Royaume d'Ava.
Du Cliatz . . . 6 12, cor. "^ ^' 3°
Calîmi . . . o z 4or. ■ 20 22 27
Barbade, IJle.
Harris ... 2 4 11 occ. 3°4 5
Barcelone.
Lieutaud ... o o 28 occ. ^9 44 3°
De la Hire . . . o 4 o 16 p 30
Des Places . . . o o 28 i? 44 3°
Caffini ... o o 28 19 44 30
Barcelor, capitale du Royaume de Canora.
V. Thomas . . .
Bajle. ^
Lieur.iud ... o 21 oor.
Des Places ... o- 22 o
De la Hiie ... o 22 40
Caflmi ... o 21 o
Bajion.
Harris ... 4 ^i 41 occ. 306 j6 ij
Batavia.
De la Hire ... 6 j6 o or.
Des Places ... 6 ;6 o
Harris ... 6 3} 49
PP. Jéfuites, Cafllni . 6 33 38
Bateca/a.
P. Thomas ...
La Baye de tous les Saints au Bréjîl.
P. Noël . . .
Baycux.
Caffini ... a li 10 occ. jé
Bayone.
Lieutaud ... o i j i j occ.
De la Hue ... o ij ij
Des Places ... o i / i j
Harris ... o ij u
Caffini ... o ij IJ
Beauvais.
Lieutaud ... o . i o occ.
Des Places ... o i o
Caffini ... o i s
Bellefme.
Caffini ... o 7 8 occ.
Bengale.
Harris . . . • 6 n 39 or-
Bergen en Norvège,
Harris ... i 41 3 4 or.
Bergues S. Vincent.
Caffini ... ï 19 ;i or.
Berlin.
Lieutaud ... o 44 29 or.
Des Places ... o 49 29
Maraldi ... o 43 24
Kirch ... -y
De Lifle ... Q^ q 44 29 50 j8 45 5^
Hoffinan ... y
Caffini . . . . J ,
Bermudes, ij^es.
Street... ,4 14 19 occ. 318 46 4;
Harris ... 4 23 11 ^j^ 3 45
Befancon.
Lieutaud ... o 14 o or. ^j jq 30
Des Places ... o 14 48 ^j jj jo
Caffini ... o 14 o 23 10 30
Béthune en Artois.
Cafllni ... o i 12 or. 20 9 36
Be-^iers.
Caffini ... o 3 32 or. 20 44 30
Blois.
ÇaiUni ... o 4 i occ. iS /i 10
16
2
45
16
2
45
16
2
45
16
3
45
1(5
2
45
19
3'î
30
19
36
30
19
35
î5
•
i8
4
36
112
46
15
^5
^3
30
19
57
39
30
58
45
3i
13
45
30
■ 42
30
Latitude.
D.
M,
S
47°.
46'.
20".
47
46
20
34
30
0
35
0
0
21
3
0
5»
S
8
13
30
0
47
55
0
41
26
0
41
26
0
41
26
0
13 49
47
55
0
47
40
0
47
40
0
47
55
0
4i
25
0
6
15
0
6
15
0
6
15
0
14
6
0
12
54^
13
49
16
12
43
29
45
45
29
35
43
30
0
43
^^
0
43
^9
45
49
iG
0
49
z6
0
49
16
0
48
22
30
21
56
0
61
0
0
49
58
3
5i
33
0
52
33
0
ii
3î
25
0
32
^5
0
47
18
0
47
20
0
47
jS
0
50
31-
36
43
ao
25
47
35
10
Norns
Woms des lieux
&c des Auteurs.
Diff. du mer. de Paris
H.
M. S.
Bocachica fou près de Carchagènc , en Amérique.
r_) ;„ -h . .' . _" „ -
Hanis
Boulogne.
Mantrcdi & St.inkab . o
;'. Riccioli . . .
Boulogne en Italie.
Lieuniud ... o
Des Places ... o
De la Hire ... o
Callîni ... o
Boulogne en Picardie.
Picard , Lieutaud ... o
Des Places ... o
Bourdcaux.
Lieutaud ... o
Des Places ... o
Harris ... o
De la Hire ... o
Callini ... o
Bourges.
Lieutaud ... o
Des Places ... o
De la Hire ... o
Cailiiii ... o
Brandebourg.
De la Hire . . .
Brejlau en Siléfie.
Lieutaud ... o
Des Places ... o
Cailini , P. Heinrich . o
Bref.
Lieutaud ... o
Des Places ... o
De la Hire . . .
Harris . . .
Callîni . . .
Brie Comte Robert.
Callîni . . .
Brijlol.
Srréet . . ,
Bruges.
Des Places, Callîni..
Bruxelles.
Lieutaud . , .
Des Places . . .
De la Hire . . .
Street . . .
Callîni . . .
Buenos Ayres.
P. Feuillée , Minime
Porto Cabello.
P. Feuillée, Minime
Cadix.
Lieutaud , Des Places ,
De la Hire ....
Harris . . ,
Callîni ....
Caen.
Lieutaud . . .
De la Hire . . .
Callîni . . .
Caifonfou , ou Caifonfu.
P. Gaubil, Jéfuite .
Caifumfu.
P. Gaubil , Jcf. . .
Tome V.
o
o
o
o
o
3'
37
37
38
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2
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10 or.
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3.6 occ.
8 or.
20 or.
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Longitode.
D. M. S.
301°. /5'. o".
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10
50
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il
il , o
Hhhh
éïO
Noms des lieux
& des Auteurs.
Le Caire en Egypte.
Lieucaud . . .
Des Places . . .
Harris . . .
Street . . .
Chazelle , Xl^affini .
Calais.
Lieucaud . . .
Des Places . . .
Harris . . .
Callîni . . .
De la Hire . . .
Diffc. du mérid. de Patis.
H.
1 .
I
1
2
I
I
O
o
M.
S6'.
18
17
15
56
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2
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Longitude.
D. M.
25". or.
20
I
o
41
19
20
10 occ.
10
50
21
10
10
48°.
49
54
Ji
53
49
49
19
19
18
15
19
19
Lieu de la défaite de CALDÂN, à deux lieues du mont Han.
P. Jartoux . . .
Calécut.
P. Noël . . .
Camhoia aux Indes.
De la Hire . . .
Des Places . . .
Harris ...
Camhray.
Lieutaud . . .
Des Places ...
Caffini . . .
Cambridge.
Street . . .
Camoul.
P. Gaubil . . .
G
6
6
7
59
4
2
o
5
46 or.
oor.
o
39
5 6 or.
41 occ.
18 or.
1^5
Cananor ^ Capitale du Royaume de même nom.
P. Thomas . . .
Can-cheou.
P. Gaubil ... 7
Candie, ville.
Lieutaud ... 1
Des Places ... i
De la Hire ... i
Harris ... i .
P. Feuillée, Caffini . 1
La Cance en l'île de Candie,
Des Places, P. Feuillée. i
Harris ... i
Cantcheou.
P. Gaubil ... 6
Cantès, mont.
P. Gaubil ... J
Cantiano.
Des Places ...
Canton , port de la Chine.
P. Fontenay , Jéfuite. )
Lieutaud ... S
Des Places ... 7
i4
31
31
46
i5
31
31
i7
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I
12
8 or.
52 or.
5i
o
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30 or.
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26 or.
s or.
De la Hire
P. Noël . .
P. Gaubil .
Caffini . .
Cantorbery.
Street . .. .
7
8
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45
16
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53 or-
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0
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0
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0
51
17
e
6n
Noms des lieux
& des Auteurs.
Ditfér. du mcrid. de Paris.
H. M. S.
Longitude.
D. M. S.
Cap de Bonne Efpérance.
Lieutaud . . .
i".
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y8".or
Des Places , . .
I
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De la Hire . . .
I
14
0
Marris . . .
I
10
20
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39
PP. Jéfuites, Callîni .
I
10
58
Cap de Comorin.
Harris .... s
Cap de Sete. Voyez Sete.
Cap Verd.
Lieutaud , Des Places. -\
Varin,DuGloir. .. S-i
Des Hayes ... ■J
De la Hire ... i
Harris ... i
Caffini ... I
Carcaffonne.
Des Places , Caffini . . o
Carmarthen.
Street ... o
Carocheu.
P. Noël ... 9
Carta^ene en EJpagne.
P. Feuillée ... o
Carthapene en Amérique.
Lieutaud , Des Places . . $
P. Feuillée j Caffini . . j
Cafcar , ou Cachgar.
P. Gaubil ... S
CaffeL
Street ... o
Landgr. de H. CalTel. 1 ^
Caffini ... j
Cuftelnaudaty.
Caffini ... o
Cajlres,
Callini ... o
Cateau Cambrejîs.
P. de Rebeque ... o
j La Cayeniie, île de l'Amérique.
j Richer . . .
! Lieutaud . . .
Des Places . • •
Calîini . . .
De la Hire.
Harris . . .
■ Cete Voyez Sete,
I Ceylan, île.
Harris ...
Châlons en Champagne.
Caffini . . .
I Chamcheu.
P. Noël ... 5,
' Cham Xo.
P. Noël ... Q
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44 or.
40 occ.
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or.
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23 occ.
o occ.
o
II
39 or.
9 or.
44 or.
24 or.
Chan-cheu.
P. Noël ... 8
Ckandernagor aux Indes.
Des Places ... ")
De la Hire ... $^
P. Boudier ... j
Chandou. Voyez Claudou.
Changtou.
P- Gauba au N. NE. de Peking.'
Tome y
32 or.
o or.
37"
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20
49
3-8
10
55
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13
10
0
0
612 X
Noms des lieux Diffé. du mcrid. de Paris, Longitude.
& des Auteurs.
H. M. S. D. M. S,
Chaokim,
P.Noël... 8^ 41'. 28". or. i;o°. 13'. 30.
Chaotchun.
P. Gaubil . . . 7 ii 4Sor. 130 33 30
Chartres,
Lieutaud , Des Places . . o 3 20 occ.
Callini ... o 3 24
Chafgar. Voyez Cafgaf.
Chatcheou.
P. Gaubil ... 6 12 46 or.
Chateaudun.
Caffini ... o 4 4 «ce.
Lieutaud . . .
Des Places . . .
De la Hire ... o i(> o
Chefter.
Des Places ... o 20 2j occ.
Street ... o 19 41
Ckeujon ^ à la Chine.
Harris ... 8 ij 41
Chicheu.
P. Noël ... 8 ;9 44
Chinkiam,
P. Noël ... 9 7 4
Chïrangaparan , capitale du Royaume de Maffur.
P. Thomas , par eftime. i } i J
Choram ,îleà 2000 pas environ de Goa.
P Noël ... 4 43 10 or. 9«> 39 ©
Ciandu, ou Chandou. Voyez Chanotou.
Cienhien.
P.Noël... 8 s 5 36 or.
Cimho-
P. Noël ... 9 j 36 or.
Ci/7z Ngan.
P. NoëL 8 jo jéor,
Cim Yven.
P. Noël ... 8 45 ^(S
Clermont en Auvergne.
Lieutaud ... o 3 o or.
Des Places ... o 5 g
De la Hire .... o 3 q
Clermont en Beauvoifls.
Callini ... o o 20 or.
Cochin aux Indes.
Harris ... 4 53 ^ç, or.
P. Thomas . . .
Coilan , ou Caticoulan.
P. Thomas j Jéfuite ... 8 48
Cologne.
Lieutaud . . .
Des Places . . .
De la Hire . . .
Callîni . . .
Colioure.
Callini ... o 2 j8 or,
Cap Comorin j au haut de la montagne.
P. Thomas, Jéfuite . . 6 ^x 26 or. nj 28 o
Dans la Baffe terre , plus aujud que la montagne.
P. Bouchet , Jéfuire . . .
Compojlelk.
De la Sire ... o 48 o occ. 7 ji 30
<La Conception en Amérique. *
Lieutaud ... j 2 10 occ. 304 19 o
P. Feuillée . . . ")
Des Places... S^ ^ '*^ ^°^ '^
Callîni ... j 2 10 304
Conimbre.
™f"s ... o 48 il occ. 6 $& 1/ 40 30
Conon. V. Poulo Condor.
Conjlantinople.
Lieutaud ...
Chazclles l, 46 14 or. ^6
y. Fcuillee ... 3
De la Hire . . .
JO
55
0
45
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36
44
30
36
4i
53
i5 o 41
58 o 49 21 30 14
Noms des iicux
ôc des Auteurs.
différ. du mérid. de Paris.
H.
.h
M.
46'.
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46
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39
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41
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Des Places i*
Harris . . .
Strcer . . .
Callmi . . .
Corck.
Street . . .
Copenhag-ue.
Licutaud . . .
De la Hire . .
Des Places . . .
Harris . . .
Cailîni . . .
Picard, Romcr
Coquiinbo.
P. Fcuillée . . .
Cailîni . . .
CoraCiio.
P. Feuillce , Minime . .
Cordouan , Tour.
De la Hire, Des Places, o 14
iCallîrii ... o 14
i Cordoue.
P. Brancas. ... o zi
Corvo , lie.
Harris ... 2 ij
j Coutances.
[CaHini ... o 15
\Cracovie-.
iLieutaud ... i 10
De la Hire ... i 12
Des Places ... i 12
jHarris .... i 8
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|Callini ... I 10
Cul de fac F.obeK , à la Martinique.
P. Feuillécj Minime. .
Cumim. Voyez Tfumim.
S.
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Noms des lieux Di£
Se des Auceurs.
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Calîini .... o'".
Douvres.
Des Places ... o
Dreux.
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Dublin.
Des Places ... o
Hanis ... o
Street ... o
Molineux , Cairini , . o
DuiUier proche de Genève.
Fatio , Diiillter ... o
Dunquerque.
Lieutaud ... «
De la Hire ... 0
Des Places ... o
Hanis ... o
Street ... o
Caflîni ... o
Dura\Jio en Dalmatie.
Harris ... i
Edimbourg.
Lieutaud . . .
De la Hire . . .
Des Places . . .
Harris . . .
Street . . .
Callliii . . .
Embden.
Harris . . .
Embrun.
Lieuraud . . .
Des Places . . .
Calîini ....
Enchuyfcn.
Calîini dans T>ti Places.
Erfort.
Kirch ... o
Montagne d'où fort r Ergot
P. Gaubil ... 6
Sources de l'Ertchis.
P. Jartoux ... 6
Er^eran en Arménie.
P. de Beze ... 3
S. Efprit dans l'île de Cuba.
CalUni ... j
Falaife.
Caiîîni ... o
Ifle de Fer.
De la Hire . . .
Harris . . .
Caflîni . . .
Ferrarc.
Lieutaud ...
De la Hire . . .
Des Places . . .
Calîini . . .
La Fené-Bernard.
Calîini . . .
Fe^ en Afrique.
Harris . . .
La Flèche.
Lieutaud , Des Places .
De la Hire . . .
Calîini ...
Florence.
Galilée . . .
Lieutaud . . .
De la Hire . . .
Des Places . . ,
Harris ...
Street ...
Caflîni . . .
Fontainebleau.
^liîiù . . .
du mer.
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30
Noms
loMS des lieux
des Auteurs.
difFcr, du mérid. de Paris.
M. S.
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'rancforc fur le Mein.
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Noël ... 8 5(5
umchim.
Noël ... 8 49
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unchal, capitale de l'île de Madère.
i Laval, Jéluite . . . i 7
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jallini . . .
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i'. Jéfuites . . .
Laiîîni . . .
9oes en Zelande.
bes Places . . .
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"rolconde à la mine de diamans
;. Noël . . .
Yooulcou. Voyez Ergot.
\(le de Gorée , près du Cap Verd.
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Noms des lieux
& des Auteurs.
Grenoble,
Lieutaud . . . c*".
De la Hire ... o
Des Places ... o
Harris ... o
Scréec ... o
Çalîini ... o
Grïpfwolddt en Poméranle.
Pylius ... o
Guadaloupe , île.
Des Places ... 4
Hariis ... 3
Va i lin & Deshayes . . 4
Jiaitou , rivière ,fafûurce.
Gaubii ... 6
Hambourg.
De la Hire, Des Places.
Harris . . .
Street . . .
Cailîni . , ■.
Hamcheu.
P. Noël . . .
Hami.
P. Gaut.il . . .
Hankcou.
P. Jartoux . . .
P. Gaubii . . .
Camp de Harcas.
P. Jartoux . . .
P. Gaubii . . .
Harlem.
Caliini dans Des Places
La Havane.
Caiîini ... j
Le Havre de Grâce.
De la Hire, Des Places.
Harris ....
La Haye.
Des Places . . .
Cailini . . .
Héathéot.
Harris . . .
Heidelberg,
Harris . . .
Street . . .
Sainte Hélène , île.
Halley , Ca/lîni . , .
Hia-Kiam.
P. Noël . . .
Hian-Xan.
P. Noël . . .
Huir.
P. Noël . . .
Hoaingan.
P. Noël . . .
Diftér. du mérid. de Paris.
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7 26 or.
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40 occ.
If) or.
39 or.
39 or.
19
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8 or.
56 or.
40 or.
o or.
P. Gaubîl . . .
Harris ... 7 46
Hoiin, au nord du défert de Sables
P. Gaubii ... 6 54
Hoorn.
Cailîni dans Des Places.
Hotcheou.
P. Gaubii ... 6
Source de iHotomni.
P. Gaubii ... ; ..^
L'Hotomni fe perd dans les fables.
P. Gaubii ... f 3j
Hou hou-tou , lac.
P. Gaubii . . 6 f
Hu-Keu.
P- Noël ... g ^,
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39
42 or.
54 or.
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3 2 or.
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14
0
0
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43
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53
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49
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o mer.
33
31
15
}}
31
45
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20
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0
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II
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38
45
30
10
0
)9
50
0
3S
20
0
48
4
0
5C'
Noms
6i7
Noms des lieux
Dirfe. d
u mcric
. de Paris.
Longitude
.
Latitude.
Se des Aiireurs.
H.
M.
, S.
D.
M.
S.
D.
■ M.
S.
Nul.
Srrccc . . .
o".
lo'.
41". occ.
19".
40'.
49".
55"-
50.
0".
Jamaïque , Pon Royal
.
Harris . . •
5
13
1 1 occ.
301
33
45
17
40
0
Jaocheu.
P. Noël . . .
8
5^
ji or.
1/4
14
30
Jént en Thunnge.
Hambergerus . . .
Calliiii . . .
}
o
l<^
16 or.
28
55
30
54
^5
0
Jénïfda.
P. Gaubil . . .
6
39
1.G or.
10
4i
45
53
0
0
Jérufalem.
Lieuraud . . ,
2
II
0 or.
52.
51
30
31
50
0
De la Hire ....
2
34
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5S
i9
30
31
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30
Des Places . . .
2
14
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53
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30
31
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,0
Stréct . . .
2
20
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II
30
3^
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Callini . . .
2
I 2
0
5i
51
30
31
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Saura de l'I/i.
P. Gaubil . . .
5
i?
26 or.
102
13
0
43
35
0
Jmte , ville.
P. Gaubil . . .
8
3y
44 oi-
14S
47
30
^4
8
0
Ingrenat , où efl un
tem
pie fameux.
P. Nûcl , Jcfuite .
, ,
19
So
0
Infpruk.
Harris . . .
o
37
39 or.
^9
\G
J5
47
15
0
Irghen, ville.
P. Gaubil . . .
/
ij
4 or.
ICI
7
30
38
20
0
Source de l'Irtis.
P. Gaubil . . .
6
9
26 or.
112
12
45
46
4
0
\Irtitche , rivière.
P. Gaubil...
6
7
26 or.
III
43
0
4(î
4
0
Ifpahan.
iLieutaud . . .
«^
Caiiini . . .
l
5
22
0 or.
7^
21
30
3^
i5
0
Des Places . . .
5
De la Hire . . .
4
14
0
83
21
30
32
40
0 '
Juo-Chsu.
P. Nocl . . .
8
S^
j2 or.
154
4
30
Juthia. Voyez Siam.
L an-Hay. V. J^p-
Omo.
Kdnton. Voyez Canton
,
Kao-Ym,
P. Nocl . . .
9
G
3 2 or.
i;6
^9
30
'
Keheck, en Canada.
Des Hayes . . .
■y
Lieutaud ...
Des Places . . .
c
4
48
52 occ.
307
38
30
46
55
0
Calhni . . .
^
De la Hire . . .
4
jo
0
307
31
15
46
55
0
Harris . . .
4
49
21
30^
38
4;
70
0
0
'iKem. Voyez Ohy.
\ Source du Kérolen
, ou
Kerlon^ dans les monts Keutchen.
P. Jartoux . . .
7
7
14 or.
126
39
45
48
33
0
Kertouma.
P. Gaubil . . .
J
8
46 or.
97
3
0
29
M
0
Kia Hun.
P. Noël . . .
9
i;
8 or.
ij8
30
30
Kiam Pu.
P. Nocl . . .
9
3
j6 or.
155
50
30
, Source du grand Kiang
P. Gaubil . . .
S
49
26 or.
107
12
45
35
30
0
Kia-Xcm.
P. Noël . . .
9
12
48 or.
158
3
15
Kia-Yu-K oan.
P. Gaubil . . .
G
i3
42 or.
115
49
0
^^
49
20
Par cblervation .
6
i;
io
11(5
9
0
y
Kiel.
Calfini, Reyerus .
, ,
o
35
5 2 or.
20
44
30
54
i5
0
l'ien-Cham.
P. Noël . . .
l
8
55
20 or.
15}
II
30
s
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J7
20
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20
30
Kie ngan.
P. Noël . . .
8
Ji
5 2 or.
142
44
30
Kien Kiam.
P.Noël.
8
53
48 or.
153
18
30
Tome F.
liii
^î8
Noms des lieux
Difler.
du mér
.d. de Pans.
Longitude.
& des Auteurs.
H.
M.
S.
D
M. S
Kien-Tan,
>
P. Noël . . .
9".
f
7 •
3 2".or.
176°.
44'.- 30".
Kie-X'ui.
P. Noël . . .
8
57
14 or.
i;4
li 30
Kin-Yum.
P. Noël . . .
9
;
56 or.
i/é
30 30
Kirin zn Tartark , à vingt deux Ikucs d'Ulac , vers le Sud.
P. Verbiefi ...
Kokotum en Tartark.
P. Peréira & Gerbiilon. 7 30
Source du Kolon.
V. Gaubil ... 7 4
Le Kolon fc jette dans l'Orgoun.
P. Gaubil ... 6 56
Kong-ki-Tao , capitak de la Corfe.
P. Gaubil .
Kon'igsberg.
Harris . . .
Caflnii . . .
Linémanius
Kor-Camp.
P. Gaubil .
Kouke.
P. Gaubil .
Lanores.
Des Places .
Lieutaud . .
Cailîiii . . .
Lanka , lac.
P. Gaubil .
}
}
36
17
34
9
II
li
5 or.
(5 or.
6 or.
5 or.
39 or.
10
22 or.
16 or.
6 or.
o
9
8
S
26 or.
C or.
46 or.
<5 or.
Lac au-dcfjus de Lanka.
P. Gaubil ... j
Source du Lantfan.
P. Gaubil ... (T
Lapama , lac.
P. Gaubil ... y '12
Larnea , en Chypre.
Chazelle . . .
JJ^es des Larrons , ou Mariannes.
P. Morales, Jéf. par
eiT:ime. Des Places.
La P & la plus méridionale j Guan ou Guahan.
La 2"= Rcta, ou Sarpana, ou Ste Anne.
3* Aguignan, ou i'. Ange,
4*^ ri«;a«, ou 5/^t;/z<2 Fijla , Mark Anna.
f. Saipan, ou S. Jofeph.
6^ Anatahan, ou J. Joachim.
7^ Sarigan, ou i". Charles.
8*^ Guguan, ou J. Philippe.
•f Alamagan, ou /a Conception.
10 Pagon, ou S. Lgnace.
Il' Agrïgan ^ ou i". François Xavier.
1 2^ Songfon , ou l'AJfomption.
15^ Tu^uj, iyfa.'/^^. 5-. Laurent.
14' t^r^îCj ou /'7/?e a«.v Oifeaux.
Chcfca Peak.
TranCad. Philofoph.
lianlad:. Philofoph.
Xiî// j , . ri/A-.
PP. Gerb. i<c Dorville. j
i5i
^5
50
108
22
0
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Ji
30
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0
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0
HZ
3
0
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55
0
154
41
5 3
Latitude.
D. M. S.
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{
13
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17
17
18
19
19
20
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5°
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15
55
6
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fepr.
o.
47
18 or.
io(>
41
Noms des lieux
Diff.
du mer
de Paii
Se des Auteurs.
H
M
S.
Latac.
P. Gaubil ....
4"-
j6'.
40 .0
Le^bcm.
Haiiis . . .
o
41
39 or.
l.e'ipjkk.
Rivinus Junius . . .
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Callini , Licutaud . .
c°
40
cor.
Des Places . . .
J
De la Hire ...
o
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Hanis . . .
o
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19
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Cailini ...
0
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0 or.
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Hanis , . .
o
;i
39 or.
Kepler, Caffini . . .
o
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Lsyie.
Street . . .
o
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1 9 or.
Zunibach . . .
o
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Liampo. Voyez Ningpo.
Liège.
Lieutaud . . .
o
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Des Places . . .
o
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o
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o
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Calîîni . . .
0
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0
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P. Noël . . .
9
8
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P. Noël . . .
9
8
8 or.
Lih'iangfou,
P. Gaubil . . :
6
31
26 or.
Lima , au Pérou.
P. Teuillée, Minime
Lieiuaud . . .
;
35
0 occ.
De la Hire . . .
o
55
0
Des Places . . .
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Street ...
Q
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41 occ.
Lir.coping en Suéde.
Scharlchuch . . .
O
55
24 or.
CcHiiis . . .
I
16
II
jOu plutôt ...
Lindaw , dans le lac de Confiance.
Gaupe.
O
16
0 or.
Lin~kiam.
P. Noël . . .
8
48
1 2 or.
Lints. Voyez Lent\.
Lipjîch. Voyez Leipfi
:L
Lisbonne.
jDes Places , Lieutaud
, o
45
0 occ.
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o
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o
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Des Places . . ,
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o
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19
41 occ
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Des Places . . .
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Lieutaud . . .
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o
Q
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Tome V.
O
9
9
10
41
Longitude.
Latitude.
D. M. S.
D.
M.
S.
94". 3'. 0".
30°.
4;'.
0
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o
o
51
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0
Jî
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51
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0
lui 1;
• 20
Noms des lieus
& des Auteurs.
différ. du mérid. de Paris-
Longitude.
H. M.
S.
9'
10
15
3
10
34
;8
41
41
Harris o"
Street ... o
Wrigth , . .
Flamftad . . .
Caiïîni . . .
Lop Omo ou lac.
P. Gaubil . . .
Lopcvno , lac.
P. Gaubil ... j ji 2(5 or.
Fort-Louis ,fur le Rhin.
Caiïîni ... o zi
Fan-Louis à S. Domingue , ou Caye.
Caiïîni . . .
Port Louis.
Caiïîni . . .
Louvain.
Street . . .
Louveau.
PP. Jéiliites . . .
Lu-hi.
P. Nocl . . .
Lumenk.
P. Noël ...
Lund , ou Lunden, en Schonen en Suéde
16 or.
S 7 or.
6 occ.
ji occ.
1 9 or.
46 or.
jz or.
■ï
o
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Picard
Conrad , Quenfel .
Att. Lit. Sun. 1724
F- S-^S-
Lyon.
Lieuraud . . .
De la Hire . . .
Des Places . . .
Caiïîni . . .
Harris . . .
Lypen-paffe.
pp. Jartoux , Frédéli
& Bonjour . . .
Macao.
Lieutaud . . .
De la Hire . . .
Des Places . . .
Harris . . .
P. Noël ...
Caiïîiii . . .
PP. Thomas & No'Jl
Harris . . .
Madrajl , ou Madrafpatan.
P. Munaos . . .
Madrid.
Lieutaud . . .
De la Hire . . .
Des Places ... ^
PP. Caiïammen & i
44
4'
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10
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40
19
o or.
Petreus
Harris ....
Stréct . . .
Caiïîni ....
Maduré.
P. Bouchet . . .
Majorque.
Harris . . .
Caiïîni . . .
Malaca.
Lieutaud , Des Places .
De la Hire . . .
Harris . . .
P. Noël . . .
Caiïîni . . .
PP. De Beze, Camille.
S. Malo.
Lieutaud .
De la Hire
Des Places
Caiïîni ... ■ \
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Latitude.
D.
M.
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D.
M.
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10
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39 or.
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4S
38
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48
48
3S
38
3S
20
70
30
621
Noms des lieu:-: DifFc.
du niériJ
. de Paris
8c des Autcuij.
H
M.
S.
Mahhe.
Lieutaud ... o''.
48'.
40". or.
De la Hirc . . . • o
48
34
Des Places ... o
48
3;
Callîni ... o
48
40
Chazellcs ... 1
P. Fciiilléc ... S
48
3jor.
Manapar.
P. Thomas , Jéfuitc . . 5
5
0 or.
Manas.
P. Gaubil ... 5
38
46 or.
Manchejîcr.
Street ... 0
18
41 occ.
Md'iguelor.
P. Thomas, Jéf... ">
P.Ciaya, Jéf. . . j"
Manille.
Lieutaud ... 7
5i
0 or.
Un OtHcicr Efpagnol. 8
4
5 -»
Le Mans.
Lieutaud, Calhai , . 0
9
0 occ.
De la Hire ... 0
S
50
Des Places ... 0
S
jo
Mantoue.
, De la Hire , Des Places. 0
5;
0 or.
Sainte Marie du Pon du Prince , en l'île de Cuba.
Des Places . . .
;
22
38 occ.
Sainte Marie dans
l'ile de Cuba.
Calhui . . ,
5
22
38 occ.
M a ri Y à la Tour.
Calhni . . .
0
0
54 occ.
Marfeille.
Lieutaud . . .
0
II
28 or.
De la Hire . . .
G
12
30
Des Places . . .
0
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Harris . . .
0
12
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Srréet . . .
0
II
19
Sainte Marthe.
P. Feuillce . . .
5
4
24 oc.
Callini . . .
5
5
38
Des Places . . .
5
;
58 or.
Icï Martinique au
Fort Roy-i
;/.
Lieutaud . . .
4
13
15 oc.
Des Haycs . . .
7
Du Glos . . .
C 4
14
45
De la Hire.
j
Des Places . . •
4
13
16
Harris . . .
4
22
I
}:
Calhni . . .
P. Laval , Jéfuite ... 4
La Martinique au Fort S.
P. Feuillée , Minime . .
Confluent du Matcheou & du Gange.
13
13
15
Pierre.
If
28
'5
P. Gaubil
Mayence.
Des Places . . .
Lieutaud, Caillni
Meaus.
Des Places . . .
Callîni' . . .
Méllapor, ou San-Thomé.
P. Thomas , Jéfuitc
Menton , près Alonaco
P. Laval . . .
Mcffïne.
De la Hirc . . .
Des Places . . .
Harris . . .
Met\.
Des Places . , .
Callini . . .
Mexique.
Lieutaud j Calîini .
De la Hirc . . .
49
16 or.
Longitude.
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21
30
30
20
20
0
10
0
0
^22
Noms des lieux
Se des Auteurs.
P. Feuilléci Min.
Des Places . . .
Différ. du mériJ. de P.iris.
}
H.
-,11
6
7
}
Haiiis . . .
Street , . .
Mont. S. Michel.
Caffini . . .
MUa.
P. Gaubil . . .
Mi/an.
Calîini , Lieutaud
De la Hiie . .
Des Places . . .
Street . . .
Milo en Vile de Milo
P. Feuillée . . .
Modhie.
Lieutaud ...
De la Hire . . .
Des Places . .
P. Riccioli . .
P. Fontana . .
Caflîni . . .
Monaco.
P. Laval ....
Mantagnes d'où vient la Jén'ijia
M.
4-
o
}
o
o
o
48
16
^4
i;
3;
5J
p. Gaubil
Montargis.
Cailîni . ., .
Mont Ca[fel. V
Montdidier.^
Caflîni . . .
Monte Video.
V. Feuillée j Minime
Mont han.
P. Jartoux, Jéluite
Mantlhéry.
Cailîni . . .
Montpellier.
Cailîni , Lieutaud . .
De la Hiie . . .
Des Places . . .
Harris . . .
Street . . .
Montagne.
Caflini . . .
Mofcou.
Lieutaud , Caffini . .
De la Hire . . .
Des Places . . .
Hairis . . .
Street . . .
Cclluis . . .
ou plutôt . . .
Timmennanus . . .
Munich.
Lieutaud, Caffini . .
De la Hire . . .
Des Places . . .
Harris . . .
Munjler.
Stréec ...
N,im-Cham.
P. Gaubil . . .
P. Nofl . . .
Nam-Cheu.
P. Noël . . .
Namur.
Harris ...
Nan cham fou,
>P. Gaubil . . .
Nancy.
Caflini, Lieutaud .
De la Hire . . .
Des Places ...
Harris . . .
59
Caifcl.
o
o
o
o
o
2
1
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30
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3 2 or.
S 6 or.
46 or.
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I o or.
10
10
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I I occ.
o or.
o
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o or.
10
o
30
19 or.
4 or.
Longitude.
D.
273^
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• 39 or. îi
l'Ouell: de Pékinsr
o or.
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Noms dc"! lieux
<Sj tics Auteurs.
Nan fum.
P. Noël ....
Nan^apatan.
P. Nocl , Jt'diirc . . .
Nangafaqui , au Japon
Harris . . .
P. Spinol.ij Jéluitc . .
Nang yong.
P. Gaubil . . .
Nanhium,
P., Nocl . . .
Kan kam.
P. Nocl . , .
P. Gaubil . . .
Kanhim . . .
P. Nocl . . .
Nankin.
V. Nocl ...
Nankin^ , ^ la Chine. '
P. Nocl . . .
Callnii ....
Nanngan.
P. "Nocl . . .
Nantes.
Licutaud . , .
De la Hire . . .
l"'cs Places . . .
Harris . , .
CaHini ...
KapUs.
lieut.iud, Callîni
DifF. du mér.
H. M.
-' 'C la Hire . . .
Des Places . . ,
Harris . . .
Narhonne.
Licutaud , Calîlni . . .
De la Hire . . .
Harris ...
Des Places . . .
' 'arfinga.
: u-ris ...
Ncubourg\ en Brifgaw.
l'P. Jcfuites, Caliini .
Nevjcajlle.
i'ti''' ...
iV ^:n kim.
i-. Nocl . . .
J^-gan Tuni.
> . iMocl . . .
Ngan y.
P. Noël . . .
Nice.
Harris . . .
Des Places
Cadîni . . .
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S.
4S".or.
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J2 or,
3 2 or.
I (5 or.
1 2 or,
iij or,
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1^ or.
Longitude.
D. M, S.
1/4°.
6i^
Latitude.
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3
i?
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30
i55
55
55
30
30
Nierica^à jo lieues d'Ula vers l'EJl
^ieuport.
gfl-i ... o X
^ingpo^ ou Liampo , à la Chine.
Harns ... _
P. Noël ... Y
Nipcheu, en Tartaric.
P. Pereira-, . >
P- Gerbillon . . . S '^
Nipchou, Ville.
P; Gaubil ... 6
Nipchou , rivière , fafource.
P. Gaubil ... 6
Ni/mes.
Caffini , Des Places . o
^o^^ra , au Monte acu:o.
Bjanchini . . .
Norvich.
Street ... ,,
31
44
S
30 occ.
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0 or.
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16 or.
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45
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5^ 45 o
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5^ 44 o
^24
Noms des lieux
Se des Auteurs.
diffl-r. du mciid. de Paris.
H. M.
54
54
59
? +
54
5°
30
i9
Source du Noukang.
P. Gaubil 6"^
Nuremberg.
Lieut.iud . . .
De la Hire . . .
Harris . . .
Scréet . . .
CaOîni . . .
Wurzelbaug . .
Eimpiart . . ,
Source de l'Ohy.
P. Gaubil ... 9 21
Oiindc au Brcfd , ou Pernambouc.
Licutaud , Callini
De la Hire . . .
Hes Places . . .
Harris . . .
Sauu Orner.
Callini ... o
Source de l'Onon , ou Amoui^
P. Gaubil ... 7
L'Ononfe jette dans un lac.
V. Gaubil ... 7
L'Orient, Port.
CaOîiii ... Q
Orléans.
Lieutaud .
De la Hire
Des Places
Street . . .
Calîinr . .
Or m us.
Des Places
Omar fur la cote de Malabar.
P. Thomas, par eftime.
Oftende.
Des Places ... o
Gaillni dans Des Places, o
o
o
o
o
o
3
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I
3
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T9 or.
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26 or.
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20 OCC.
6 or.
46 or.
J2 OCC.
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45
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D.
Longitude.
M.
112"
28
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160
342
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54^
542-
19
124
124
14
19
19
19
iS
19
1")
4 or.
4 or.
OuLi , ou Ula , autrefois ficge de l'Emp. des Tartarcs.
7
o
o
o
o
o
p. Verbieft
Oute , ou Outi ., ville.
P. Gaubil . . .
Oute, ou Outi^ rivière
P. Gaubil . . .
Oxford.
Harris . . .
Street . . .
Des Places . . .
Callini . . .
Halley . . .
Oiaca au Japon.
Harris .... g
Padoue.
De la Hire , Des Places, o
Harris ... o
Street ... o
Callini ... o
Port de la Paix.
Des Hayes ... 4
Paliaport , à. V embouchure de la rivière
P. Thomas , Jcfuite . .
Palkafi, lac.
P. Gaubil . . .
Palme , île.
P. Noël . . .
Panama.
D. Jean de Herrcra.
Pao r,n.
P. Noël . . .
Parin . . .
P. Gaubil . . .
Paris , à l'Obfervatoirc^
Licuraud ... 10
De la Hire ... i
Des Places ... 1
CaOiiii ... I
47
14
14
14
14
14
14
14
4i
3<î
5J
36
5
i?
2 or.
46 or.
46 or.
21
41
16
16
16 OCC.
39 or.
40 or
39
19
54
4 OCC.
46 or.
o OCC.
24 or.
20
20
156
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16
16
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17
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30
33
45
15
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50
30
15
15
15
o
30
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30
30
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30
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Latitude.
D. M.
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20
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8
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51
51
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51
51
51
51
51
51
35
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13
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5^
50
10
50
0
5'3
I
50
10
Noms
Noms des lieux
& des Auteuis.
Ditfc. du ménd. de Vjlùs.
LoiiLiiude.
H.
M.
Panne.
De la Hiie , Des Places, o'".
Par-rm.
P. Noël ... 9
Pau.
Lieutaud ... o
Des Places , Caffiiii . . o
«y. Paul de trois Châteaux.
Caffini ... o
Péking.
De la Hiie .... 7
PP. Jéluites . .
5 3'
6
7
9
10
38
jo . or.
24 ot,
^6 occ.
i6
31 or.
oor.
D.
17
M.
^
7
7
7
37
36
G
9
38
26
134
154
19
i7
J/
ii
30
21
Callîni . . .
Lieutaud . . .
Des Places . . .
Harris . . .
P. Noël . . .
P. Gaubil . . .
Port Pentagouec
Richer . . .
Perinaldo , dans la Comté de Nice , patrie de feu M. Caïïini
134
133
16
I
Des Places
Perpignan.
Lieutaud . . .
Des Places . . .
Caffiiii . . .
Port: Pefcatore en la Nouvelle Angleterre.
Richer . . .
14 or.
Pétersbourg.
Lieutaud . . .
i
58
0 or.
Caffini . . .
I
i2
0
De Lille . . .
I
J5
G
Pic des Açores.
Lieutaud, Callîni . .
X
2
0 occ
Pic de Ténérif.
Lieutaud j Callîni . .
I
12
0 occ
Pi cheu.
P. Noël.
9
3
12 or.
Pife.^
Callîni dans Des Places
. 0
3i
4 or.
Pithiviers.
Callîni . . .
0
0
20 occ
Piti.
P. Gaubil . . .
4
49
26 or.
Poitiers.
Lieutaud, Callîni . .
0
S
20 occ
De la Hirc . . .
0
7
2;
Des Places . . .
0
8
40
Pondichéry.
De la Hire, Des Places
y
10
0 or.
Harris . . .
5
2
20
Callini ....
;
I 2
0
PP. Jéluites . . .
4
40
3i
Pontorfon.
Callîni , . .
0
15
28 oc.
Portobelo.
Lieutaud . . .
6
37
59 occ
Des Places ... ')
P. FcuiUée ... S
S
zS
40
Callîni ... 3
Poulo condor.
P. Gaubil , Jéiuite . .
7
0
0 or.
Pourima.
P. Gaubil . . ,
J
8
46 or.
Poutala.
iP. Gaubil . . .
S
51
3 4 or.
Poyan, lac.
P. Gaubil . . .
'Commencement . . .
Fin. . .
'
Pragues.
De la Hire, Des Places
0
49
30 or.
Harris . . .
Street . . .
Tycho, Callîni . . .
0
0
0
4<î
49
39
19
40
Tome y.
ij
20
J4
47
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I
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98
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31
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30
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Latitude.
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G
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4.
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Kkkk
6i6
Noms des lieux
& des Auteurs.
différ. du méiid. de P.iiis.
H.
d'Ava.
M.
o
o
o
o
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o
o
2.
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G
\6
17
17
16
2
44
Prom , nu Royaume
P. Du Chatz, Jcfuicc.
Fum-Cc.
P. Noël, Jcfuite . . .
Pumical.
P. Noël . . .
Qua-Cheu.
P. Noël . . .
Quanton. V. Canton.
Ouanton-Cham.
P. Noël . . .
Québec. V. Kebec.
Qucn Xam.
P. Noël . . .
Qu'unpcr.
.CaiL'ni . . .
Kachol , aux Indes.
P. Noël . . .
Ratisbonne.
Ha ni s . . .
Street . . .
Regio , en Italie.
Harris . . .
Reims.
Licutaud . . .
Des Places . . .
CaOIni . . .
Rennes.
Lieutaud . . .
Des Places ...
De la Hire . . .
Calllni . . .
Rhodes.
Chazelle . . .
Harris . . .
Street . . .
Rimini.
Des Places ; . .
L' IJle Rocca.
P. Feuillcc, Minime.
La Rochelle.
Lieutaud . . .
Des Places . . .
De la Hire ...
Hanis . . ,
Calllni . . .
Rochejler.
Street . . .
Callîni . . ,
Rodes.
Lieutaud . . »
Des Places . .
Caflîni . . .
Rome.
Lieutaud . . .
Des Places . .
Calîini . . .
Bianchini . . .
De la Hire . .
Harris . . .
Street . . .
La R.oquette , au Royaume de Gren
P. Feuillée . . .
Rojioch en Saxe.
Bruccius . . .
Harris . . .
Raterdam.
Harris ....
De la Hire . . .
Callîni . . .
Rouen.
Lieutaud , Cafluii
De la Hire . . .
Des Places . . .
Roy an.
Callîni . . .
13
14
14
7
14
41
4i
4i
4i
41
41
10
10
10
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4 or.
44 or.
Jl occ.
I or.
3 9 or.
19
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o or.
o
Ji
20 oc.
20
O
10
39
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3 3 occ.
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3i
41 occ.
10
j(5 oc.
13
19
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38 or.
39 or.
59 or.
o
o
o oc.
jo
s s oc.
Longitude.
D. M. S.
153
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13
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22
21
30
18
18
18
36
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36
50
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30
Latitude.
D. M. S.
19°. 20'. o"
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59
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27
50
49
27
0
l(î
22
4J
45
3<î
jo
Noms des lieUx
& des Auteurs.
Diff. du mer. de Paris
H. M. S.
Salamanque.
Harris .... o'^
Street ... o
Salonicjue.
P. Feuillée ... T
Lieutaud ... (
Des Places ... C
Cailini ... -J
Sang-Yang.
P. Gaubil ... 7
San-Keri ta-Uj Lie,
' P. Régis ... (5
San-Xui.
P. Noël ... 8
Saumur.
Caflini ... o
Scanderona. V. Alexandrie de Syrie
SchiU , lie du TexeL
Calîîni dans Des Places.
Seès.
Calîîni ... o
Source du Sélingué.
P. Gaubil ... 7
Lieu où paffe le Sélingué.
P. Jartoux ... ■^
Frédéli ... y 6
Bonjour ... -j
Embouchure du Sélingué , dans le lac Païcal.
V. Gaubil ... 7 i i6 or.
Senlis.
CalHni ... o i
Sens.
Lieutaud ... o 3
De la Hire , Des Places, o 3
CallIni ... o 3
Le cap de Sétc.
De laHire, Des Places, o ;
Séte au fanal du port.
6'
14
23
17
4i
9
S
39
44
39 .oc.
19
li or.
28 or.
26 or.
o or.
38 occ.
41 occ.
26 or.
o or.
o or.
3 5 or.
40
36
Callini .
Séville.
Harris . . .
Callmi . . .
Se\ane en Brie.
Callini . . .
Shrewsbury.
itréet . . .
Siam.
Lieutaud . . .
Des Places . . .
Caflini . . .
PP. Jéfuites . .
De la Hire . . .
Harris ... 6
P. Noël ... 6
Sienne.
Calîîni dans Des Places, o
Sighanifu.
P. Gaubil ... 7
Caflini ... 7
Source du Sihun.
P. Gaubil ... f
55
34
1
]
6
}
Sin Chim
P. Fontenay
P. Gaubil .
Sin Chu.
P. Noël ... 8
Si ngan fu.
P. Fontenay , Jtiuite. 7
Sin-hoei.
P. Fontenay , P. Gaubil. 7
Sin-hoi.
P. Fontenay, P Gaubil. 7
Sining.
P. Fontenay, P. Gaubil. 6
Sin-Kan.
P. Noël ... 8
Tome l^.
34
3i
33
33
o
J
J9
26
21 occ.
o
32 or.
19 occ.
o or.
35
39 or.
G
47 or.
3J
26 or.
4 or.
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4 or
5
3; or
16
40 or
ly
42 or
36
23 or
5i
48 or
Longitude.
D. M. S,
18°.
16
40
17
134
120
II- 45
16 4;
39
41
43
51
21
30
129 ij o
106 13 o
150 31 30
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15
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II
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15
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14
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19
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II
30
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15
118
118
16
15
30
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15
15
15
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15
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Latitude.
D. M. S.
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14
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34 i6 30
22 26
K k k k ij
6zS
}r
}
Noms des lieux
& des Auteurs.
Source du Su:
P. Gaubil . . .
Smyrne.
Lieutaud . . .
Calîîni . . .
P. Feuillée . . .
Hairis .... i
Des Places ... i
So-Civeni.
P.. Noël . , . 5,
Scetin.
Stréc: ... o
Scocholm.
Lieutaud , Ciflîni ... i
De la Hire , Des Places, i
Harris ... i
Strasbourg.
Lieutaud ... o
De la Hire , Calîîni . . o
Des Places ... o
Su-Cheu.
diftér. du nu'rid. de Paris.
H. M.
1 1'.
o
39
39
48
8
;
o
21
22
21
}
3
1 1
P. Noël-. . .
Sum-Kiam.
P. Noël ... 5
Sumatra.
P. Noël ... 8
Idem étant à l'ar.cre . . 8
Surate.
Lieutaud . .
Des Places .
Caliini . . .
PP. Jéfuites .
De la Hite .
Surlan.
P. Du Ciiatz j par eftime 6
Syracufe.
Karris ... o
Tai'Ho.
P. Noël ... 8
Tai-'TJam.
P. Noël ... 5,
Jangaor.
P. Boucher , Jéfuite . . j
Tangapatan.
Des Places . . .
Tanger.
Harris ... o
Tanor . capitale delà Principauté de
PP. Thomas, Jcfuite
Tan-Yam.
P. Noël . . .
Tao-Yven.
P. Noël . . .
Tarfîenlou.
P. Gaubil . . .
Tchan^kiakeou.
P. Gaubil . . .
Tchajiting.
P. Gaubil . . .
Source duTckoucôu.
P. Gaubil . . .
Tegouric , rivière.
PP. Jartoux . . .
FrédéJi . . .
Bonjour . . .
Thionville.
Callini ... o
T hury,
Callini ... o
Tido,près d'Arofen en Suéde.
Oxienllern ... o
T'idore.
Harris ... 6
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38 or.
Longitude.
D. M. S.
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30
30
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30
15
30
30
30
49 occ.
15
54
15
même nom.
i<) or.
157
13
45
28 or.
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58
30
4«? or.
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0
2(5 or.
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4^
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46 or.
95
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26 or.
95
43
0
Latitude.
D, M.
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45
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39 or.
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lé
4é
15
0
?é
Noms des lieux
Diffé.
du mc'ric
. de Palis
& des Auteurs.
H
M.
S.
Source du Tobocul ,
ou Tohol.
P. Gaubil . . .
4".
19'.
t6". or.
^
Tolcdc.
Licutaud . . .
o
2Z
40 occ.
De la Hiie . . .
o
28
0
Haiiis . . .
o
4
39
Stréct ...
0
6
19
Toinourtchen.
P. Gaubil . . .
4
47
2.6 or.
Tongoi Patchi.
P. Gaubil . . .
î
0
5a or.
Ton^ofco. V. Angara.
TouL _
Calîîni . . .
o
14
16 or.
Source du Toula.
P. Gaubil . . .
7
3
1 4 or.
Embouchure du Toula
, dans la mzr G
orientale.
'. Gaubil . . .
7
57
(1 or.
Toulon.
jeutaud _, Calîîni . .
o
14
2i or.
De la Hire . . .
o
14
22
Des Places . . .
o
14
21
-^airis . . .
o
13
39
Toulouplian. V. Tourphan.
Touloufe.
-ieuraud .
Des Places ... Ç o
Zafîini .... 3
De la Hire ... o
^oitmourù.
'. Gaubil ... 4
\a Tour de Cordouan. V. Cordouan.
^oiirphan , Touroupli^in. , Touloupkan.
5
J8
400c.
40
(S or.
Gaubil .
L
S
'. Noël
ours.
.JLutaud , Des Places .
).■ la Hire ....
liiîini . . .
^rchi-^onde.
\ De Beze.
M Ville de la Trinité'.
Des Places . . .
"nntjuemale.
ripoli de Barbarie.
j-ieutaud, Calîîni . .
Harris
1 ys-s Places
( \. Feuillée
i Vroyes en Champagne.
-ieutaud ...
Calîîni . . .
Des Places . .
^runquilapali.
■lémoires de Phyfique. 5
Teproug.
\ Gaubil ... j
^finyven hien.
\ Gaubil ... 6
," Min. S
gne
}
47
40
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Longitude.
D.
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M.
42.
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12-5
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Jum-Mim, lie entre la Chine & ^ Japon, à l'embouchuie du Kiam.
'. Noël . .
"■'>■■ nge,
■ ^ is . . .
'-C . . .
lui . .\
■lœîthinus
•cickardus
^um lieu.
'. Noël . .
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Latitude.
D. M.
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H.
65O
Noms des lieux
&c des Auteurs.
Tum-lim.
P. Noël . . .
Turin.
Lieutaud . . .
De la Hii-e . . .
Des Places . , .
Street . . .
Calîini . . .
Tutucurin, côte de la Pêcherie.
P. Noël . . .
Valence en Efpagne.
Harris ... o
Callîni ... o
Valparalfo au Chili.
Lieutaud
Kffér. du mâid. de Paiis.
S.
M.
\
G
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41
40
40
40
12
P. Feuillée . . .
Des Places . .
Callîni . . .
Vannes.
Callîni . . .
Van ngan.
P. Noël . . ,
Varfovïe.
Lieutaud . . .
Nucedini . . .
De la Hiie . .
Des Places . .
Callîni . . .
Venïfe.
Lieutaud . . .
Calîîni . . .
Mauhedi ... o
De la Hiie ... o
Des Places ... o
Hanis ... o
Verdun.
Callîni ... o
Verneuil,
Callîni ... o
Verfaïlles.
Lieutaud . . .
Callîni . . .
U-ho.
P. Noël ... 5,
Vienne en Autriche.
De la Hiie ... i
Des Places ... o
Haiiis ... o
Stiéet ... o
Lieutaud . . .
Callîni . . .
Mont Royal . . .
Vdne en Pologne.
Stréct ... I
Vintlmllle.
Callîni dans Des Places, o
Vire.
Callîni ... o 8
Vifapor, capitale du Royaume de
Des Places . . .
Upfal en Suéde.
Sténius . . .
Spole & Dryander . . ,
Bilberg . . .
Jonas Wallerius . . .
Elvius . . .
Burman . . .
Andié Celfius . . .
Hiorter ... i o
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39 OCC.
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48 or.
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10 or.
^6 OCC.
Decan.
12 or.
Harris . . .
Callîni . . .
Uranibourg.
Tycho , Picard
De la Hire . . .
Des Places . . .
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2 39 °^'
10 14
42 1 0 or.
Longitude.
D. M. S.
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Noms des lieux
DifFdr.
du mc-rid. de P
£c des Autciu-s.
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Street . . .
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Uticcht.
Harri'j . . .
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19 or.
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P. Noci . . .
9
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4 or.
VuSïe.
P. Noël . . ,
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io or.
Wïttcmbcrg , en S
:xe.
Harris ...
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59 or.
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o
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C.iiïini ....
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Ma-ilhimis . . .
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Sciekaidas . . .
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Harris . . .
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39 or.
Xam Haï.
P. Noël . . .
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ij
iS or.
Xao Cheu.
P. Noël ...
S
47
28 or.
Xao -K in.
P. Noël . . .
Xc-Muen.
P. Noël . . .
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P. Noël . , .
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20 or.
Xan: Chcu.
V. Noël . . .
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P. Noël . . .
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''i en 'I hé OU' ou.
1'. Gaucil . . .
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1-1 j au Pérou,
.irer.i . . .
. : alta . . .
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12 oec.
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P. Noël . .
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Calîini . . .
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12 or.
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P. Noël . . .
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44 or.
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Jubérus . . .
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30 or.
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Longitude.
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Latitude.
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D.
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3»
4i
15 mer.
10
532
LO N
Longitude de mouvement , ou de motion , c'cft un
terme dont Wallis Se quelques autres Mathémaci-
cieiis fe font lervi dans leurs traités de Méchaniquc ,
pour hgniher la melure du mouvement cftimé lelou
la ligne de direttion; de (orte que c'cft la diftancc
ou la longueur , l'efpace que le centre d'un mobile
parcourt, comme s'il k mouvoit fur une ligne droite.
Harris. Nos Mathématiciens François ne le lervent
point de ce terme , ils difent Teipacc que le mobile
parcourt, la ligne qu'il décrit, &c.
LONGITUDINAL, ALE. adj. Ce mot, félon l'étymo-
logie , veut dire qui ell étendu en long ; mais quoique
tous les Arts & toutes les Sciences aient beioin de
ce mot là, il eft propre de l'Anatomie & de la Méde-
cine , & fignifie qui s'étend en longueur , ou (elon la
longueur d'un membre, ou d'une partie. In longum
extenfus , fecundùm long'uudinem fitus , pojitus. Ca-
nal longitudinal. Les membranes qui compofent les
vailfeaux , lont tiirues de deux plans de libres , les
unes longitudinales , & les autres circulaires , qui
coupent les longitudinales à angles droits. Les longi-
tudinales font teadincuies &: élaitiques \ les circulai-
les font mulculcutes & motrices. Les longitudinales
font au dellous des circulaires; les circulaires font
au-dellus des longitudinales qu'elles ceignent & em-
bralîenr. Celles-ci lont élaftiques, les circulaires font
motrices , iemblables à des fphinélers qui compri-
ment. L'élafticité des longitudinales rélifte à la com-
prelîîon. Hecquet.
LONGITUDINALEMENT. adv. En longueur. Les
deux mufcles génioglolles peuvent (ucceilîvement ou
tout à la fois , rendre la langue longitudinalement
creufe , en forme de gouttière. Vinslow.
LONG-JUMEAU. Bourg dans l'île de France, à quatre
lieues de Paris , (ur la petite rivière d'Iverte.
LONGOBARDO. Nom d'un bourg du Royaume de
Naples. Longobardum. Il eft dans la Calabre Cité-
rieure , près de la mer Ionienne , à deux lieues d'A-
mantéa, du côté du nord. Maty.
LONGOSARDÔ. Nom d'une petite ville avec une ci-
tadelle. Longojardum. Elle eft dans la Sardaigne ,
vers la côte feptentrionale de l'île. Maty.
LONGOVY. Foyei Longwic.
LONG-PAN. f. m. Terme de Charpenterie. Le plus
long côté d'un comble , qui a environ le double de fa
largeur. Canterius oblongior.
LONGRET. Longum rete , Longo retum. C'eft un
bourg du Diocèle d'Autun, en Bourgogne. Il eft près
de la Loire. Il y avoir à Longret un ancien Monaftcre
qui a été lécularilé ; c'eft aujourd'hui une Collégiale.
LONGRINES. f f. pi. C'eft la même chofe que Raci-
naux. Voyez ce dernier mot.
LONGTEMPS, adverbe. Pendant un grand efpace, ou
une grande durée de temps. Diu. 'Vivre longtemps.
Il y a longtemps qu'on ne l'a vu. Cette guerre a duré
longtemps , trop longtemps. Etudier longtemps.
LONGUAY. Nom d'un village avec Abbaye. Longum
vadum. Il eft dans la Champagne , Province de
France , à fix lieues de Langres , du côté du couchant
Maty.
LONGUE, f f. Terme de Grammaire & de Profodie,
ou Poëile C'eft le féminin de l'adjeélif long, employé
fubftantivement. Les longues , ccdii Ane. , les voyel-
les ou fyllabes longues, le marquent par une petite
ligne horifontale tirée fur la voyelle longue. Par
exemple :
Odi profanum vulgus & arceo.
Et c'eft dans ce fens qu'on dit d'un homme extrême-
ment circonlpect & exadt en tout ce qu il fait , qu'il
oblerve les longues &c les brèves. Et d'un homme ha
bile & intelligent en quelque affaire , qu'il en fait les
longues Se les brèves. Ac. Fr.
Longue, f. f. Terme de l'ancienne Mufique , eft une
note blanche figurée par un carré avec une queue qui
vaut le tiers dune maxime, ou quatre mefures.
Longue. L'île Longue. Infula Longua. Il y a deux pe-
tites Ues de ce nom dans l'Amérique feptentrionale ;
L O N
l'une dans le golfe d'Acadie, &: l'autre fur la côte
méridionale du nouveau Pays Bas , vis à vis de la nou-
velle Amilerdam. Les Hollandois Se les Anglois ap- '
pellcnt celle-ci Lange Eyland. Maty.
LONGUEIL. Bourg de France , dans la Haute-Nor-
mandie , au pays de Caux , à une grande lieue de
Dieppe.
LONGUEMAIN. adj. m. Surnom qui fur donné à
Artaxerxcs Roi de Perfe , fils de Xerxès. Longimanus.
Artaxercès fut appelé Longuemain , parce qu'il avoir
une main plus longue que l'autre. Nous retenons
aufti louvent le nom Latin Longimanus. Et nous di-
fons, C'eft la lo^ année d'Artaxercès Longimanus
régnant avec Ion père , que commencent les feptante
femaines de Daniel. M. Boftuet ne dit ni l'un ni l'au-
tre, mais Artaxercès à la longue main. Voyez Hi^,
Univerf. p. s S- Artaxercès furnommé Longuemam j
ne fut pas plus heureux que fon père. Larrey.
LONGUEMENT, adv. Pendant un long tems. Dih ,
multo tempore.
Père & mère honoreras ,
Afin que vives longuement.
Vaugelas & Corneille difent que ce mot eft demeuré
dans le Décalogue , & qu'on n'oleroit s'en lervir dans
le beau langage. Cependant il me temble que l'on
peut fort bien dire : Cet homme-là dîne longuement y\
lorfqu'il eft long temps à table. Il a parlé longuement'
Se a fort ennuyé la compagnie.
LONGUET, ETTE. adj. Diminutif de long, qui eft un;
peu long. Longiufculus. Le (ermon a été aftez lon-\
guet , il commençoit à ennuyer. Il eft familier.
§Cr Longuet i. m. Terme de Faéteurs de Clavecin.
C'eit ainli qu'ils appellent un petit marteau dont ils fe
fervent pour enfoncer les pointes auxquelles les cor-
des font attachées. On lui donne ce nom à caufe de
la longueur de Ion fer.
LONGUETTE, f f Petit livre couvert de bafanne
que les Merciers de Pans vendent , i^ dont les petit;
enfansfe lervent lorfqu'ils commencent a aller a l'é-
cole.
LONGUEVILLE. Bourg de France , fitué dans le pay:
de Caux , en Normandie , fur la petite rivière de Sie .
ad Sedam , à fept lieues de Rouen , du côté du nord,
Longa-Villa. Il fut érigé en Duché non-Pairie^ ai
mois de Mai i jo j. C'eft ce lieu qui a donné le noir
à la mailon de Longueville. Il a porté anciennemeni
le nom de Longuevdle-la-Giffart , parce qu'il a ap-
partenu à des Seigneurs de ce nom , alliés aux Ducs
de Normandie. Dom Dupleffis conjecture que ce
doit être l'ancien PiJIis du pays de Caux. Defcr.
Géogr. & Hijlor. de la Haute-Normandie , T. I. p.
121 & 214.
Il y a d'autres lieux qui portent aufli ce nom. Lou'
gueville en Champagne , dans le Rémois. Longue-
ville en Brie , entre Provins &: Bray lur-Seine. Lon-
gueville en Tartenois. Ces lieux ont pris ce nom de
leur figure longue. Longua villa , eft la même chofe
que Longus vxus.
LONGUEUR, f. f. Dimenfion des corps confidérés par
leur plus grande étendue dans l'extenlion de l'un des
bouts à l'autre. Longitudo. Tout corps naturel a
longueur, largeur & profondeur. La ligne eft une
longueur fans largeur. On melure les lurfaces en
multipliant leur longueur par leur largeur. Tl Ji'ap-j
préhendoit pas tant les blellurcs que la longueur du!
chemin , la longueur d'une allée , d'une pique , d'un
bâton , &c. Ablancourt. On appelle une épée de
longueur, celle qui eft propre à fe bartre en combat
lîngulier , qui eft d'une bonne &: jufte longueur.
Longueur , fe dit aulll de la durée du tems. Diutumi-
tas j longinguitas temporis. La longueur des jours, des
nuits. La longueur du tems lui a fait oublier tout ce
qui s'éroit palîé. La longueur du licge en hiloit atten-
dre une mauvaife illiie. Voit. La /on^af/zr de fa ma-
ladie le chagrinoit. Ablanc. La longueur des vilites,
des complimens de cet homme-là m'incommode.
Cependant
L O N
Cep.::: Jane fa v'ifuc û[f:^ infupponable ,
i raine en une longueur encore épouvantable. Mol.
On clic anlîi la longueur d'imQ catk-ncc j i.i longueur
d'une période, la longueur d'une fyll.ibe, la longueur
d'un liifcoius.
ONGUEUR , lignifie aullî , Diftaucc relative à quel-
que autre chofe : comme , Il n'y a plus que deux lon-
gueurs, deux travers de champ pour arriver au village.
Dïjlancia , intcrcapcdo. La longueur d'une ligne de
déknle tft de i lo toiles, parce que c'cll [3. longueur
de la portée d'un moulquct. Longueur d'un cable ,
c'ell en termes de Marine, lix vingt bralles de long.
ONGUEUR, le dit audî de la lenteur avec laquelle on
Fait quelque chofc. Tarditas , cunelano. Les /0,7-
^ueurs des procès tout inlupportablcs par les fuites &
us chicanes des Procureurs. On ne peut te fervir de
te valet à caufe de les longueurs. Tirer les chofcs en
lil lot^gueur. In longum ducersj crahcre.
.^la'is la Jufîice marche avec tant de langueur ,
' jic k'ien fouvent le cr'ime échappe à fa longueur.
Cor.
7L0NGUERIES. L f. Vieux mot. Montagne parlant
; du tenis & du foin qu'un Auteur met à préparer les
iécsj à les amener, à les lier, dit que toutes ces
.^uer'us ne font qu'étoulfer ce qu'il y a de vif.
r Oîs'GUI. 1. m. Terme de Relation. C'eft un morceau
[ de linge dont on fc fert au bain en Turquie. De la
BouLAYE. Linteurn.
DNGUION. Petite ville du Duché de Bar, aux fron-
riàcs du Luxembourg. Luguio. Il ne faut point la
, confondre avec Longwy, comme a fait Maty. Lon-
; fuion eft fitué lur le Chiers, à deux lieues plus bas,
&■ phn au lud que Longw'ic ^ ou Lonv.'y ^ entre Thion-
, ville i^j Stenay.
ONGWIC. Nom d'une petite ville fortifiée. Lonv'i-
gum , Longus v'icus. Elle eft dans le Duché de Bar,
aux confins de celui de Luxembourg , fur la petite
rivière de Chiers , à iîx lieues de Thionville , du côté
I du couchant. Un habitant de Longwi , en Latin Lon-
\ govicamus. 'Valois ne met point de c à la fin , non
plus que M. Corneile qui écrit Longwy.
■ijMîGO. Nom d'un bourg de l'Etat de Venife , en
Italie. Leon'icum. Il «ft dans le Vicentin, à quatre
lieues de Vicenze , vers les confins du Véronois & du
Padouan. Maty. '
TLONKITE. Foyei Lokchite.
ONLEY. Nom d'une Abbaye de France. Lonlcyum.
Elle eft dans la Normandie , aux confins du Marne ,
& à deux lieues de Domhont, vers l'occident fep-
' tentrional. Maty.
.'ONREY. Longoretum. Ce lieu , qu'on appelle aujour-
d'hui Saint Siran en BrennCj Monajler'ium fincii S'i-
giran'i in Br'iona , eft lur les confins du Berry & de la
Touraine. Il a pris le nom de S. Siran, parce que ce
Saint y a bâti un Monaftère.
■ONSBAY. f. m. Nom que l'on donne communément
en Hollande, à une elpèce d'oiièaux. Ils font leurs
: i nids dans les lieux les plus inacceiîîblcs & les plus
efcarpés des montagnes. Il y en a quantité dans l'île
d'Orange . &: parce qu'il y en a plus dans un des ports
de cette île qu'en aucun autre endroit , il a été nom-
mé le port de Lonsbay. Quant à leur figure , ils ont le
i' corps grand & les ailes petites, à proportion de la
grandeur de leur taille. Ces oifeaux ne pondent qu'un
œuf & ne craignent point les nommes quand même
ils les furpreiidroient couvans dans leurs nids , parce
j qu'ils (e défendent généreufemcnt.
iONS-LE-SAUNIER. Foyei Lion le-Saunier.
ONVY. Nom d'un bourg de Bourgogne , fur les coji-
iin.s de la Franche-Comté. Lovigenna. Il eft près de
Dole. Hadr. Val. Not. Gall. p. 2S8.
ON- YEN. f. m. Nom d'un petit fruit qui croît à la
Chine. Lon yen fignine œil de dragon. Les arbres
qui le produilent tont grands comme nos noyers. La
figure de ce fruit eft tout- à fait ronde, l'écorcc exté-
Tome F.
L O O 611
lieurc unie & grife, mais fur la {\\\ elle tire fur le
jaune. La chair en cfthlanche, aigre, pleine d'eau
& plus propre a amufcr ceux qui n'ont point d'appé-
tit , qu'a rallahcr quand on a taim : il eft cxtiémc-
ment frais, &: ne fait point de mal. P. Le Comte.
D'autres écrivent LUNGYEN , & difent que fon
écorcc rclîemble fort à celle du L'iclû , mais qu'il
n'eft pas li gros; (a peau eft un peu plus dure & plus
couve;;tc d'écaillés. Les Chinois le fèchent très- propre-
ment , & en débitent aux étrangers. Le nouveau Lun-
gyen eft plus eftimé que le vieux , à caulc que fon fuc
n'eft pas lî fort évaporé. Ils en expriment aulFi une
liqueur dont ils font du vin aflez doux, mais rare.
Atnb. des Hollando'ts à la Clùne , p. j)0.
LONZAC. Bourg de France, dans la Saintongc, Dio-
cèle îk Election de Xaintes.
L O O
LOO. Nom de lieu. Il y en a dclix de ce nom dans les
Pays Bas , l'un en Flandre , à deux lieues de Dixmude,
du côté du couchant; l'autre dans la Gueldre Hollau-
doifcj environ à trois lieues de Déventer, vers le
couchant. Maty. Il y a une fort belle maifon de
campagne qui appartenoit au Prince d'Orange. Foye^
Lo.
LOOCH. f. m. Terme de Pharmacie. C'eft une com-
polition a'une confiftance entre celle du fyrop &
celle des élcduaires mous, deftinéc pour les mala-
dies du poumon. C'eft un mot Arabe qui eft demeuré
en ufigc chez les Apoticaires. Les Latins l'ont appelé
l'inclus , (Se les Grecs UMff-ii , à caule qu'on le prend
en léchant. On fait de plulîeurs fortes de loochs.
Voyez ÉCLEGME.
LOOM. f m. Sorte d'oifeau de rivière des pays feptcn-
trionaux. Loomus , avis. Il a le bec court &; pointu,
les pieds fort courts, ce qui l'empêche de marcher fur
terre, de forte qu'il eft oblige ou de voler, ou de
nager toujours. Scheffer dans sa Lap. C'eft une
efpèce de canard une fois plus gros que les nôtres. Il
a auliî le bec plus large. Les Lapons écorchent le
Loom , (Se le font des habits de la peau à laquelle les
plumes lont fortement attachées.
LOOPEN. i. m. Mclure pour les grains dont on fe fert
à Riga. Les 46 loopens font le laft de cette ville , ils
font aulli le laft d'Amfterdam.
LOOPÉR. f. m. Mefure de grains dont on le fert dans
quelques lieux de la Province de Frife , particulière-
ment à Groningue, Leeuwarden & Haarlingen. 36
loopers font le laft de ces trois villes , qui eft de 3 j
muddcs ; ils font aulli 3 hoeds de Rorerdam.
LOOSDUYNEN. Village des Provinces Unies en Hol-
lande, à une lieue & demie de la Haye.
LOOT. 1. m. C'eft ainfi qu'on nomme à Amfterdam Ja
3 1^ partie de la livre poids de marc. Le looc fe divili
en dix engels, & l'engel en 32 as.
LOOTS, BORCHLOEN. Nom d'une petite ville de
l'Evêché de Liège. Los Cafirum , Lojfenfis urbs. Elle
eft capitale du Comté de Loots, Se fituée environ à
cinq lieues de la ville de Liège , vers le feptentrion
occidental.
LooTS, ou Los, comme écrit Hadrien Valois, Noc.
Gall. p. 2 S 2. Le Comté de Loots , en Latin Lomen-
fs , & Laumcnfis , Lummenfis pagus , ou LoJJenJîs
com'itatus. C'eft une contrée des Etas de l'Evcque de
Liège. Elle eft entre la Hasbaye au midi , & la Cam-
pigne Liégeoife au nprd, ayant le Duché de Brabant
au couchant, & celui de Limbourg au levant. Ce
pays avoit autrefois fes Comtes particuliers. Jean,
Comte de Loots , le donna aux Evêques de Liège l'an
1302, au cas que fa poftérité mafculine vînt à s'étein-
dre; ce qui arriva l'an 1 37Z. Ses principaux lieux lont
Loots, capitale J dont le Comté prend le nom , Ton-
gres, S. Tron, Herck, Halfelt & Bilfen. Au refte,
on donne quelquefois une plus grande étendue au
Comté de Loots, & on y comprend route la Cam-
pigne Liégeoife , avec la Comté de Horn. Maty,
Les Flamans dilent Loon , ou Loen, pour Loots. Va-
lois, Not'it. Gall. p. 282.
LUI
634
L O Q
L O p.
LOP. Le dcfcrt de Lop. Lopi defcnum. Ce de(ert cft
dans la giaiide Tarrarie. Les cartes ordinaires le con
fondent'avec celui de Xamo , & le pkcenc autour de
Li Chine, au couchant fepcentrional &r au nord de
cet Empire -, mais M. de Witi'en dans la nouvelle
carte, laillàm le delert de Xamo au couchant- de la
Chine, place celui de Lop à plus de deux cens lieues
de l'autre, vers le couchant , entre les Tarrares Mun-
guls, & les Kalmakesj au couchant des montagnes
d'Ifmaiis , & au nord occidental du Royaume de
Tihetj &: des fources du Théfel. Maty.
LOPE. Ville de la Chme dans la Province de Quangfi ^
au département de Taiping , huitième métropole
de la Province.
LOPIDOIDE. Foyei LÉPIDOIDE.
LOPIN. 1". m. Terme populaire , qui fignihe , Mor-
ceau de chair, ou de pain , de quelque chofe à man-
ger. Fruftum , rcfegmen. De-là vient Hapelopin , qui
attrape ce qu'il peut dans les cuifines. J'ai fi bien
fait que j'en ai attrapé un bon lopin.
Ce mot vient de lohïnus , dirannitif de !of-us ,
partie. Nicod.
On le dit quelquefois d'une partie confidérablc
d'une chofe qui étoit à partager. Il y a plulieurs
Procureurs oppofans à ce fcellé , qui veulent attra-
per chacun leur lopin de cette (uccelfion.
LOPING. Nom de plufieurs villes de la Chine , l'une
dans la Province de Xangfi ; l'autre avec une forte-
rellè du même nom dans la Province de Qucichcu j
& une autre dans la Province de Kianglî,
LOPO GONSALVES. Cap de Lopo Gonfalves. Caput
Lupi Gundifalvi. Ce Cap eft dans la balfe Ethio-
pie , en Afrique, en la côte du Royaume de Gabon ,
& il fépare le golfe de S. Thomas , de la mer de
Congo. Maty.
LOPOS. f. m. pi. Peuples fiuvftges de l'Amérique mé-
ridionale, au Brélil. Ils font voihns des Motayes ^
' petits de taille , de couleur brune , de mœurs rudes
iSc farouches.
LOPPE. f m. Ce mot {e trouve dans Pomey, pour
fignifier cralfe de métal. Scoria.
LOPPIE. Nom d'un pays que l'on met dans la Tar-
rarie Mofcovite , au levant de l'Oby , Se vis-à-vis de
l'embouchure de l'Irtis. Luppia.
L O Q.
LOQUABYR , LOCHQUABYR. Nom d'un comté
d'Écolïe. Jiria , Loquabria. Il eft entre ceux de Rohs ,
de Murray , d'Athol , Broad -Albin , d'Argilie & de
Lorne , &c la mer d'Ecolfe j qui en baigne une bonne
partie j vers le couchant. Le Loquahyr peut avoir
vingt lieues du couchant au levant , Se environ dix
du nord au fud. Il a pris fon nom du lac qu'on
nomme Loch , lequel avec la rivière qui en fort ,
le partage en deux parties, dont l'ocidentalc , qui
eft la plus grande , n'ell: prelque que montagnes ,
forets & déferts; rorientale a plufieurs villages, &
quelques bourgs , dont celui d'Innerloch eft le prin-
cipal. Maty.
LOQUE, f. f. Terme populaire , qui fignifie une pièce,
un morceau d'un habit déchiré. Pannus détritus. Cet
habit eft f: vieux , qu'il s'en va en loques.
ffCF En termes de jardinage, on dit palillcr à la lo-
que , attacher le long des murs les branches des ar-
bres fruitiers avec des loques , en y fichant un clou.
Il y a des endroits où l'on préfère cette manière
de palilfer aux treillages ordinaires. Quoique moins
propre & moins élégante, on la croit plusavanta-
gcufe. Les branches ainfi contenues par les loques
ne (ont nullement gênées : au lieu qu'étant ferrée?
. & garottécs avec de l'olier ou du jonc tur le bois
du treillage, les jeunes poulies peuvent être bief
fées ou endommagées , & la circulation interceptée.
Je crois au refte qu'il eft aifé de parer à cet incon-
vénient. Un peu d'attention de la part du Jardinier
i O R
à ne pas trop ferrer fes liens fuffit pour cela.
LOQUENCE. f. f. Vieux mot dont on le fervoit autrcT
fois au lieu d'éloquence ; pour dire , une facilité de
s'exprimer. Eloquentia. Il eft tout a-faithors d'u-
fage. Il lignihoit aulli , Paroles j difcoursce qu'on
avoit à dire.
LOQUET, f. m. Terme de Serrurerie. Petit morceau
de fer plat , ou battant , qui fert à fermer une porte,
lorfqu'il s'abaifte par Ion propre poids , dans le cran,
ou mentonnet d'une autre pièce pofée en travers
(ur l'huillerie. Cadivus pcj]ulus , poflicus obex. Le
battant s'appelle clenche , ou clinche , en quelques
lieux. La queue du battant cft attachée contre la
porte avec un clou qui lui lailfe du mouvement. Ce
battant le lève par le moyen d'une autre pièce de
fer qui traverfe la porte , Se qui eft enclavée dans
un écullon , ou plaque de fer , au délions duquel eft
une poignée : le bout de ce morceau de ftr fur
lequel on met le pouce ^ s'appelle poucier^ & le
refte qui traverfe la porte , & qui lève le battant ,
le nomme le bout de la queue du poucier. Il y a
des loquets o^\ au lieu de poignée j & de poucier,
s'ouvrent avec des clefs, dont les unes le nomment
loquets à vielle , les autres loquets à cordelière.
Les BoUandiftes dérivent ce mot de la langue
Teutonique, dans laquelle luhen fignifie fermer; de-
là nous avons fait loquet -, & les Anglo-Saxons lohe ,
pour lignifier un inftrument qui fert à fermer. Voy.
Acla Sanci. Mail. T. I. p. jfor. E.
Loi^UET , en terme de Marine , font des barres pour
fermer les écoutilles , cabanes , &: autres choies fem-
blables. PeJJulus nauticus.
0C?" Loquets. Terme de commerce de laines. Voy.
L0CQ.UETS.
fcy Loquet. Terme de Vergetier. Petit paquet de
chiendent ou de foie dont on remplit les trous du
bois de la brolfe.
Ménage veut que ce mot vienne de lukettus ,
diminutif de lucus. Les Anglois dilent lock , pour
dire , ferrure.
LOQUETEAU. f m. eft une efpèce de petit loquet
qui fe met au haut des volets Se contrevents, cii
l'on ne peut atteindre avec la main ; qu'on ouvre
en tirant un cordon , & qui fe ferme par un relforr.
LOQUETEUX , EUSE. adj. Pauvre , déchiré , dont les
habits pendent en Ifcques. Pawiofus. On a préfençé
pour caution un fort vêtu qui n'eft qu'un pauvre
loqueteux. Ce mot n'eft pas François.
LOQUETTE, f f. Diminutif de loque. Petite pièce,
petit morceau. Frujîulum, Une loquette de morue.
Il eft tout à-fait bas.
LOQUIS. f m. pi. On nomme ainfi fur les côtes d'A-
frique^ particulièrement au Sénégal j une des fortes
de verroterie qui entre dans le commerce que les
François y font avec les Nègres. Les loquis font
rouges, en forme de petit cylindre ou de canon.
L O R.
LOR , pronom. Leur. Po'èf. du Roi de iVav. Ce mot
eft vieux Se hors d'ulage.
LOR A. Nom d'un bourg d'Efpagne. Lora. Il eft aux
confins de l'Andaloulie, à lîx lieues de Malaga , du
côté du nord. On prend communément Lora pour
l'ancienne Llurgis , ou Llurgia : Il y a cependant des 1
Géographes qui y mettent l'ancienne Arcilacis, pe- r
tire ville des Turdulesj laquelle d'autres mettent à
Hardalesj bourg de l'Andalouhe, à trois lieues de
Lora , vers le couchant. Maty.
Lora. Nom d'un autre ancien bourg, fitué dansl'An-
daloufie, en Efpagne, fur le Guadalquivir, à dix
lieues au-delTus de Séville. Lora, autrefois Flavium
Axalitanum , Axalita. Maty.
LORA j ou LOHR. Nom d'un bourg, chef d'une
Seigneurie qui avoit autrefois titre de comte. Lora.
Lora eft dans le comté d'Hohenftein , en TuringCj
entre la ville de Northaufen &: celle de Mulhaufen,
à quatre lieues de l'une & de l'autre. Maty.
LORCA. Nom d'une ancienne ville de^ Baftetans, en
LO R
Efp:igne. Ilorci , EUocraca y elïocraca. Elle eft petite j
mal peuplée , &: licuéc dins la Miiixie , fur le Gu.icia
lentin , à quatorze ou quinze lieues de la ville de
Murcie, &: celle de CarthagèiiCj veis le couch.iiic.
Maty.
LORCADIAN , golfe. Foyei Arcadie.
.LOIICH. Nom d'un bourg du Duché de Wurtenbcrg,
en Souabe , iîtué lut la rivière de Kemnis, à liuit
lieues d'Eflinguen , vers le couchant Septentrional.
Lorcha. Ce bourg avoir autrefois une Abbaye fort
riciie , dont les revanis (ont employés à l'entretien
de l'Univerlité de Tubingue. Maty.
..LORCK. Lauriacutn. C'étoïc anciennement une ville
du Norique. Elle fut enfuite Archiépifcopale. Ce
n'cft plus qu'un village de la Haute Autriche j litué
lur le Danube , vis-à vis de la ville de Math.iufen.
Maty. Le iîége Archiépilcopal de Lorck a été trans-
. feré à Juvare ^ ou Salsbourg , depuis le X^ liècle.
LORCO. Foyci Orco.
||^LORD. 1. m. Titre d'honneur qu'on donne en
Angleterre aux perlonnes conllituées en dignité. Il
ilgni'ie Seigneur, Dom'inus : de là Milord , Monfei-
gneur. Il le donne à ceux qui font nobles , &c qui
lont de plus revêtus de la dignité de Baron.
|J3° On le donne aulîî par polkelle aux fils des ducs j
des marquis, cS: aux fils aînés des comtes j aind qu'à
quelques perlonnes dirtinguées par de grands emplois.
Lord Chancelier , Lord Maire , &c.
^3" On le donne encore à ceux qui polîédent des
terres (eigneuriales , & les loix d'Angleterre diftin-
guent deux tortes de Lords. Le Lord Paramount,&
le Lord Melne. Le Lord Paramount ell la même
choie que Seigneur Suzerain ; c'eil celui dont le
fief ne dépend point d'un autre Seigneur. Le Lord
Mclne elf celui dont le tîef relève d'un autre Sei-
gneur; le Seigneur d'un fiefiervant.
LORDE. Fovei Lourde.
|3° LORÉ , ÉE. adj. Terme de blafon , qui fe dit des
nageoires des poiirons qui font d'un émail différent
de celui des pcilions.
LORÉDO. Nom d'un bourg du Duché de Vcnife , en
Italie. Lauretum , Laurecanus pa^us. Il eft iur l'Adi-
r. ge J à huit lieues de Rovigo, vers le Golle de Ve-
nife , dont il n'el^ éloigné qu'environ de deux lieues.
Maty.
LORÉE. Vieux mot. Sur le bord , le long. GLoj]. fur
Mofot.
LOREINS. f m. pi. Vieux mot. Rênes.
LORESTAN , ou le pays de LOR , ou LOUR. Pays
de Perfe , dans le Khouliftan j dont il faifoit partie.
Il ne faut pas confondre ce pays avec le Lariftan.
Il ef: aujourd'hui compris dans le Curdiftan.
LORÉTAN, ou LAURETAN PARTICIPANT, f.
m. Nom des Chevaliers de l'Ordre de Notre-Dame
de Lorette. t'''oye\ Laurette. Un Chevalier Loritan,
les Chevaliers Lorctans.
LORETTE , pu LAURETTE. Nom d'une ville de
l'Etat de l'Eglife y en Italie. Lauretum. Elle eft dans
la Marche d'Ancone , à cinq lieues de la ville de ce
nom, & fort près de l'embouchure du Mulone ,
dans le GoUe de Venilc. Cette ville, lituée Iur une
colline, eft bien f-ortiheCj iSc a un Évêché; mais ce
qui la rend célèbre , c'cft la fameufc Chambre dans
laquelle on dit que la Bienheureufe Vierge conçut
le Sauveur du monde. Cette Chambre , félon la tra-
dition vulgaire du Pays , fut tranlportée par les An-
ges de Nazaret en Dalmatie ; de là à Venife ; de
Venife dans le champ d'une Dame du Diocèle de
Récanati , nommée Lonnc , dont elle a pris le nom ;
& dc-là enlm dans le lieu où elle eft prélentcmcnt.
On la enfermée dans une magnifique Eglife. L'on y
va en pèlerinage de tous les endroits de l'Europe ,
& on l'a fort enrichie par les prélens qu'on y tait.
Le P. Turlelin , Jéluite , a écrit élégamment en Latin
l'Hiftoire de la Maifon de Lorette.
Ordre de Norre-Dame de Loretth. Chevalier
de Notre-Dame de Lorette. C'eft un Ordre de Che-
valerie , inftitué par li^^ape Sixte V. l'an 1587.
lorf-ju'il érigea l'EglifeTO Notre-Dame de Lorçtti
Tome f.
L 0 Pv 635-
en Evêché. Ordo Sancla Maria^auretana , Equités
Lauretani. Paul ill. lavok déjà établi, mais Gré- "
goirc Xlll. le fupprima. Le nom que la Bulle d érec-
tion leur donna, tft celui de Lauretani Parcicipanti.
Ils doivent être djux cens. La hn de cet Ordre eft
ladéfcnfe de la Marche d'Ancone j & de la ville
de Lorette. Voyc^ 1 Abbé Juiliniani , T. II, p. 560.
Les Chevaliers de Notre Dame de Lorette , s'appe-
loient Chevaliers dorés, comme tous les autres Che-
valiers, parce qu'ils avoiciu droit de porter l'éperon
doré. C'étoit le Pape qui faifoit ces Chevaliers j &
on mettoit dans cet Ordre des gens de robe , aulîî
bien que des gens d'épée. Ils avoient de ^u'ands privi-
lèges; entre autres ceux de faire des doClcurs en tou-
tes les facultés, des Notaires publics, ô{ de légiti-
itier des bâtards. Le Saint Siège leur faifoit à tous
une penfion. Voyez Favin, Théâtre d'honneur, ^
de Chevalerie , & Herman , c. 6 ^.
Notre-Dame de Lorette , ville de l'Amérique
méridionale , iituée au conHuant du Pirape & du P.i-
rapana. Urbs Virgïnis Lauretaim , Lauretum Amcri-
canurn.Lllc fut bâtie en i éio. Elle ^t peuplée d'abord
d'environ deux cents tamilles d'Ii^diens , qui demeu-
roient en cet endroit là. Il y avoir dans ces contrées
ving-trois villages d'Indiens , d'où plufieurs fe ren-
dirent à Notre Dame de Lorette y en li grand nom-
bre , qu'il fallut bâtir à t^uelque dilfancc de là une
autre ville , qu'on appella la Ville de Saint-Ignace. '
mjl. Paraq. L. IIL c. 32.
LORETZ, (. m. Rivière de Suilfe, au Canton de Zug; **
elle a fa Iburce dans le lac d'Egéri , & fe perd dans
la RulE
LORGHA, ou LORHOE. Nom d'un bourg de la
Momonie , en Irlande. Lurra. Il eft dans le Comté
de Tipérari J près du Shannon, au dellus du Lac
Berg. Maty.
§CF LORGNER, v. a. Regarder en tournant les
yeux de côté , & comme à la dérobée. Tranfver/is ,
limis oculis intueri. On lorgne quelquefois par mé-
pris, par orgueil , quelquefois par envie de voir &
de polleder quelque choie.
|jO"LoRGNER , regarder une perfonneouune chofe avec
complailance ou avec attention. Plus je lorgne cette
fille , plus je la trouve jolie.
IJCF II fignifie plus ordinairement regarder amoureu-
femcnt une perfonnc , pour lui infpirer de la ten-
drelTe. Je m'apprêtai fur nouveaux frais à lorgner
la fille de D. George. HiJ}. de Gilhlas.
§CF On dit aulFi qu'un jeune homme lorgne wm fille,
pour dire qu'il a des vues fur elle pour le mariage.
Et l'on dit lorgner une charge , une maifon, avoir
des vues fur une charge , fur une maifon ; tout cela
elf du difcours familier.
Lorgner , regarder avec une lorgnette. Voye\ Lor-
gnette.
LORGNÉ, ÉE. Part.
LORGNERIE. f. f, Adion de lorgner. La parole lui
étant retranchée, les lorgneries & les petits foins
allèrent leur train, Merc. d'Août ijjp. Les lorgne-
ries d'un fat.
fCr LORGNETTE, f. f. ConfpicïUum. On donne ce nom
à une forte de petite lunette dont on (e lert pourvoir
plus diftinrtemenr les objets qui font peu éloignes.
Une lorgnette d'Opéra. C'eft une lunette à un feul
verre , concave pour les Myopes , & convexe pour les
presbytes , qu'on tient à la main. Il y a aulli des Lor-
gnettes compofées de deux verres , enfermés dans un
petit étui, qu'on tient aufli à la main. Il ne faut pas
confondre les lorgnettes avec les loupes.
On fait des éventails à Paris, d.ans le milieu def-
quels il y a une petite ouverture garnie de verre ,
on d'un petit treillis, par le moyen duquel les
Dames voient fans erre vues , & ces .ouvertures
s'appellent des lorgnettes. Ménage. Dicl. Etym. au
mot Lorgner.
ILORGUES. Nom d'une petite ville avec Viguerie.
LeonicA , Lonas , Leonas y Caftrum de Leoncis. Elle
eft dans la Provence , près de la rivière d'Argenrs ,
i deux lieues de Draguignant, du coteau couchant.
LUI i;
(>l6 L O R
Mat Y. Bouche, en fon Hiftoirede Provence, T. /.
p. II. mec Lorgnes Tous la latitude de 43 degrés
entre 10 & 50 minutes.
LORIOT, f. m. Oifeau de plumage verd-jauiûtre, &
de la grolleur d'un merle. Galbula,Galgulus , Fin-o.
Le loriot vit dans les bois , & héquente le bord
des riuireaux. Belon. Il ell fort friand de cerifes &:
de guignes. Le loriot eft grand comme une grande
grive j &c fon pennage eil de deux couleurs, ayant
le corps &: latcted'un très beau jaune. Ariftoce rap-
porte que cet oifeau fait une guerre mortelle à la
tourterelle, & qu'il la tue; il aie bec comme les
pics, fort& robuile, mais un peu courbé, & de
couleur rougeâtre , lorfqu'il eil âgé; & lorlqu'il efl
jeune , un peu obfcur : la couleur de tout le corps
du vieux elf jaune & dorée , excepté les ailes & les
plumes du delllis de la queue; & dans le jeune,
verdâtre ; le vieux a entre le bec & les yeux une
tache noire , le jeune n'en a point; le vieux a les ailes
très noires , mais les grandes pennes blanchâtres à
leur extrémité; le jeune a celles de delfus pâles,, &
celles d'en bas noirâtres; la poitrine & le haut du
ventre blanchâtre, & diverfitié de quantité de lignes
noires : le bas du ventre tire fur le jaune ; la queue de
tous les deux eft également grande , favoir , de quatre
ou cinq doigts; le vieux a les plumes d'en- haut noi-
res , lîsr celles d'en-bas dorées; c'eft ce qui paroît dans
le jeune d'un jaune verdâtre , & c'eft La couleur qui
domine , & qui paroit d abord en cet oifeau.
Le chant du loriot eft extrcmemeju haut & extraor-
dinaire pour fi diverlité. L'on n'en tient guère en
cage , parce qu'il eft d'un naturel tout à fait l.Hivage :
on en peut nourrir dans les grandes volières à caufe
de fa beauté , mais il ne s'y plaît pas , parce qu'il aime
les fruits , comme les ccrifcs, les figues & autres fcm-
blablesj ce qu'on ne peur lui donner facilement en
volière : il cherche aulli des vers que l'on appelle
communément Achces.
h fait jufqu'à cinq petits & attache ion ma fort
adroitement avec trois ou quatre brins de lilalle, ou
de racines d'herbe , au-deilous d'une branche d'arbre ,
en forte qu'il demeure (ufpendu en l'air ; il eft de
pallàge j & on ne le voit qu'en été : quelques uns
difent qu'il fe pend par les pieds pour dormir.
"Loriot d'Inde. Chlorio Indtcus. Cet oileau a la plus
grande partie du corps, ou pour mieux dire, le corps
tout entier de couleur jaune , excepté une couronne
qu'il a fur la tête , & quelques taches (ur les ailes
& fur la queue 3 qui font bleues, avec le bec &c
les pieds , qui font d'un rouge éclatant.
Ménage , après Nicod , dit que ce mot vient du
Grec ^/i' 1.-,.» , ou du V.2.im hirldottus , diminutif de
luridus , & rapporte l'opinion de Belon , qui croit
que ce nom lui vient de ce qu'il femble crier , Com-
père loriot; & celle de Scaliger, qui croit qu'il vient
d'aureolus.
LORME. Bourg de France, au Nivernois , aux con-
fins de la Généralité de Moulins & de celle de Paris.
LORMERIE. C f. Ouvrage de lormcric. Sous ce mot
font compris tous les menus ouvrages de fer , com-
me gourmettes de chevaux , trourots de brides , an-
neaux de licols , & autres femblables , qu'il eft per-
mis aux Maîtres Clouriers - Lormiers de la ville &c
faubourgs de Paris de forger & fabriquer.
g-CF On appelle auftî Lormerie , tous les ouvrages que
forgent & vendent les Eperonniers, mors , éperons,
cavdFons , étriers , &c. Dict. de Comm.
LORMIER. f m. Qui fiit des ouvrages de Lormerie.
Ce terme fe trouve dans les Lettres de Maîtrife de
quelques Artifans , comme dans celles d'un SeUier ,
on l'appelle Maître Sellier , Lormier,dc Carolîîer. Mi-
nuû operisferrariifabcr. Il eft aullî en celles d'un Epe-
ronnier. On difoit autrefois Lorimiet.à faciendis Ions.
LORNE. Nom d'une contrée de l'Ecolfe méridio-
mle. Lorna. Elle eft bornée au levant par l'Ar-
gille propre, &c au midi par la Knapole ; la mer
d'Irlande la baigne au couchant , & un golfe la
répare au nord du Loquabyr. Ce pays peut avoir
■di.ï lieues de long, & cinq de large; il eft plein de
L O R
golfes , de lacs & de rivières , & il n'a rien de
conddérable que la petite ville de Dunftafag. Mat y.
^Zt LOROS. f. m. Les Elpagnols donnent ce nom à
une efpèce de perroquet de la nouvelle Efpagne ,
qui a le plumage vert , mais la tête li<. l'extrémité
des ailes d'un beau jaune.
LOROUX. Nom d'une Abbaye de France. Lorontia,
ou Oratorium. Elle eft dans l'Anjou , (ur la petite
rivière de Latan , à quatre lieues de Btaufort , vers
l'orient. Maty.
Il y a aullî le Loroux en Touraine. Leprofus vicus.
Sévère Sulpice en parle dans la Vie de S. Martin.
Il eft fur l'Efchaudon , entre Mautelan & Dole.
Hadr. Valois , Not. Gall. p. 2j2.
De Leprofus , en retranchant le p , on a fait Le-
roux , & puis Loroux. Valois , Not. Gall.
LORRAIN , AINE. f. m. c\; f. Qui eft de Lorraine,
natii , originaire , habitant de Lorraine. Lothann-
LORRAINE. Nom d'un petit Etat fouverain , fitue
entre l'Allemagne &c la France. Lotharingie, Ditio ,
Lotharingia. Guibert , Abbé de Nogent , dans la
Préface de fon Hiltoire de Jérulalem , dit que la
Lorraine s'appeloit de fon temps Lotharingia ; mais
qu'auparavant elle le nommoit Aujlria. En effet,
c'eft l'ancienne Auftrafie. L'Empereur Lothaire
l'ayant laillée à fon fils Lothaire , avec le titre de
Royaume , ce Prince lui fit changer l'ancien nom
d'Auftiaiie. Les Allemands difent encore Lotthc- ,
ringen , ou Lottringen. Othon I. en fit un fief de
l'Empire. Foye^ Hadr. Valois , Not. Gall. p. 2S ^,
& fuiv.
La Lorraine eft bornée au nord par le Duché de
Luxembourg , &: par l'Archevêché de Trêves ; au
levant par le Palacinat du Rhin, Se par l'AUacc;
au midi par la Franche Comté , & au couchant par ■
la Champagne. On lui donne foixante lieues du ■
fcptentrion au midi , & quarante de l'orient à
l'occident. L'air y eft tempéré & fain , étant fous
le 49 & jo^ degrés de latitude. Il eft arrolé par
plufieurs rivières , dont la Meufe , la Mofelle , le
Meurte & la Sare font les principales. Le terroir y
eft allez fertile en blé , en vin, en chanvre ôc eu
pâturages ; il y a de bonnes falines , quantité de
mines de fer , <!n: quelques-unes d'argent & de
cuivre. On le divife en deux Duchés , qui (ont ce-
lui de Lorraine , & celui de Bar. Les Evêchéi de
Metz , de Toul & de Verdun , y font enclavés ;
mais ils font à la France. Nanci en eft la ville capi-
tale. Louis XIV. Roi de France a polfédé ce pays
pendant plufieurs années ; mais il le rendit par la
Paix de Ryiwich au Duc de Lorraine , qui vint
en perfonne à Verfaiiles lui rendre hommage du
Duché de Bar, qui eft un fief de la Couronne de
France.
La Lorraine avoir anciennement beaucoup plus
d'étendue -qu'elle n'en a aujourd'hui. Elle compre-
noit la plus grande partie de l'Auftraiie , & elle
étoit divifée en Haute & Balle Lorraine. La Haute
Lorraine , ou Molellane , comprenoit outre la Lor-
raine d'aujourd'hui , le Duché de Luxembourg, avec
les Diocèfes de Strasbourg, de Trêves, de Toul, de
Metz & de Verdun. Lotharingia fuperior , Mofel-
lana , Ducatus Mofcllanorum , Lotharingia Mofd-
na , Lotharingia inferior , Ripuariorum , c'eft-à dire,
Ripuariorum Ducatus.
La Balle Lorraine renfermoit le Brabant, avec
une partie de l'Evêché de Liège & de la Gueldre.
Le Duché de Lorraine. Lotharingie Ducatus. C'eft
la partie orientale des Etats de Lorraine. Ce Duché )
eii: incomparablement plus grand que celui de Bar. i
On le divife en Terres du domaine , & en Terres ;
annexées. Les Terres du domaine comprennent les
Bailliages des Nanci , de Mirecourc & de Vaiidre-
vanje , où l'on voit enrre les villes capitales de
chaque Bailliage, celles de Luncville, ae Roiie-
res , de Chaligny , de Neuchaftel , de S. Diey ,
de Remircmont ^"c ^ Sar-Lonis. Les Terres an- .
nexées comprennent R Marquiiat de Hatcon-Cnal-
L O R
tel , les Comtés de Blamond , de Vaudénioiu , de
Sarboiirg , de Sai-Albe , de Salni , avec les Seigneu-
ries ou Picvôtcs d'Efpinal , de M.ulal j de Bitich ,
de Phalsbouig , de Deiiewre , d'Apieinont & de
Commeicy.
|p° Par la mort de Stanillas I , Roi de Pologne , Duc
de Lorraine, ce Duché (e trouve réuni au Royau-
me de France j fuivaiu le Traite de Paix conclu à
Vienne le 18 Novemlne 1738 , par lequel la io/-
ruùie cà cédée à Staniflas pendant la vie , pour
être réunie à la Couronne de l'rance après la mort
de ce Prince.
La Mailon de Lorraine. C'cfl: une des plus illuflres
de lEurope. Elle tire ("on origine de Gérard d'Allace
qui étoit petit iils d'Adelbert ou Albert , Comte Mar-
chis d'Allace , & à qui l'Empereur Conrad donna la
Lorraine en 1048. La îvLùlon de Lorraine porte
coupé de quatre pièces en chet"j loutenucs de qua-
tre en pointe au premier de Hongrie , au 2 de Na
pies Sicile , au 5^ de Jérulalem , &: au 4' d'Arra-
gon. Au premier & 5^ de la pointe d'Anjou ancien,
au û'^de Gueldres, au 7^ de Juliers , au 8"^ de Bar ,
&: iur le tout d'or à la bande de gueules , chargée
' de trois alérions d'argent.
La croix de Lorraine , en termes de Blafon , efl: une
croix double, comme les croix Patriarchalcs. Voye-{
au niot Croix.
Ce nom Lorraine s' e(\: fait par corruption de La
tharuigia , comme Lotharingia s'étoit fait de Lo-
tharu riegnum j c'eft à dire , Royaume de Lothaire.
Au relie , ce Lothane qui a donné fon nom à la
Lorraine , n'ell pas l'Empereur Lothaire , fils de
Louis le Débonnaire , mais Lothaire fils de l'Empe-
reur Lothaire L & frère de Louis IL auiïï Empe-
reur. Ce Lothaire tut Roi de Lorraine au milieu du
IX' liècle ; car il mourut en 869. & ce fut pour
lui que le pays qui eft entre TElcaut , la Meule &
le Rhin , prit le nom de Lorraine.
De Lotharii Regnum , nous avons fait Loher-
regne j puis Lorrène , tic enfin Lorraine , Hadr.
Valois, Not. Gall. p. 2S6. Charles, hère de Lo-
thaire, fe fit vallàl de l'Empereur Othon IL qui
érigea la Lorraine en Duché , & l'en invertit.
LORRÉ _, ÉE. adj. Terme de Blafon. Se dit des na-
geoires des poilFons , (uivant les anciens Hérauts.
Pinnatus. Il porte d'azur au Dauphin couronné
d'or , /orre de gueules. ^
LORREY. Bourg de France , au Gàtinois , au Diocèfe
de Sens , Election de Nemours.
LORRIS. Nom d'un bourg de France , fitué dans le
Gàtinois , à (\\ lieues de Montargis , vers le couchant.
Lauriacum. Ce bourg doit avoir été autrefois le chet-
lieu de quelque Seigneurie -, car il donne Ion nom
à un petit pays, que l'on nomme pays de Lorris. Lau-
riacenjîs pagus , • Lauriacenje terrhorium ; & il a
une Coutume finguliète , qu'on nomme la Coutu-
me de Lorns , & qui s'étend fort loin-, elle fut ré-
digée en 1551. Elle eft obfervée es Bailliages de
Montargis , de Cepoy , au Duché de Nemours ,
au Comté de Gien , en celui de Sancerre , quoiqu'il
foit de Berri , aux Baronnies de Baugency , de Sully ^
de Montfaucon , d'Aubigny ; au pays & Seigneurie
de Gàtinois, jufqu'à la rivière d'Yonne , de BeaulFe,
de Saulogne , dcCourtenay , de Puilaye, pays &
Duché de Berri , fous le relfort de Concreifant. De
la Thaumallière , Avocat à Bourges , a fait un Com-
mentaire fur cette Coutume , imprimé à Bourges ,
in-fol. en 1 679. & a recherché tout ce qu'on pouvoit
fouhaiter fur cette Coutume. I^ove^ Berroyer &c Lau-
ricre. Lifte Alphabétique des Coutumes j p. itS.
& fuiv. Au refte il faut écrire Lorris , comme font
MM. De la Thaumaflïère , Berroyer & de Laurière ,
& non pas Lori , comme Hadr. Valois j dans fa
Notice des Gaules, /'. 26 ^.
C'eft de cette Coutume que l'on dit proverbiale-
ment , C'eft comme en la Coutume de Lorris , les
battus payeront l'amende. J'oy. Coutume.
LORS. adv. de temps, qui fignifie , Alors, en ce temps
la. Tune , ûtni. Il ne le dit guère que tuivi d'un gé-
LOS ^37
nitif. Lors de la bataille , lors de fon éledion , lors
de ion mariage, lors de fon décis. Alors il eft 'pré -
polition. Vaugelas & Corneille le condamnent dans
cette conftruclion. Il eft fupponable dans la con-
verfation , ainfi que dans les phrafes de formule ,
parce qu'il abrège un grand tour qu'il fiudroit pren-
dre fans cela.
Dès-LoRs. adv. Dès ce moment-là, dès ce temps là.
Jam , tuni , ab eo tempore. Dès lors il commença
à me prendre en haine. Il preiendit dès-lors que je
dcvinde Ion cfclave. On vit bien des-lors ce qu'il
avoit dans le cœur. Oa dit au Palais , Dès à préfcnc
comme dès-lors &c dès lors comme dès à préfent.
Ce mot vient de illâ hora. Nicod.
Pour Lors. adv. Alors , en ce temps là. Tum , tune,
tune temporis. Quand vous ferez bien établi , pour-
lors nous vous irons voir. Il eut recours à moi dans
fon bcfoin , mais pour lors je n'avois point d'argent.
Son érat me parut bien trifte , mais pour-lors je n'y
pus apporter de remède.
LORSCH. Foyei Laurisham.
LORSQUE. Sorte de conjonélion , qui fignifie. Quand,
dans le temps que , &: qui régit l'indicatif. Chm , dum ,
quando. Lorfque vous êtes devajit les méchans , met-
tez un frein à votre langue. Je m'acquitterai de ce
devoir , lorfque vous le voudrez. Lorfque je faurai
votre logis , je vous irai voir.
Mais lorfqu'il me fouvint que parmi tant d'alarmes ,
Hermione à Pyrrhus prodiguoit tous fes charmes.
Rac. •
U3" Lorsque Se Quand , confidérés dans une fignifi-
cation lynonyme. Ces deux mots font de l'ordre
de ceux qui font établis pour marquer de certaines
dépendances Se circonftanccs dans les événemcns
qu'ils joignent -, mais lorfque femble mieux conve-
nir pour marquer la circonftance de l'occaiion , &
quand, pour marquer celle du temps. Ainli je di-
rois, Il faut travailler quand on eft jeune; il faut
être dociles lorfqu'on nous reprend à propos. Le
Chanoine va à l'Eglife quand la cloche l'avertit d'y
aller; & il fait fon devoir lorfqu'il affilie aux Offi-
ces, /'cy. au mot Quand.
L O S. •
LOS. F'oye^ Loz.
Autrefois ce mot de los s'eft dit pour gre' , vo-
lonté. Payer à quelqu'un fon los ôc gré. F'oye::
LODS.
La conquête de Los. Terme de Fleurifte. Nom d'un
œuillet. La conquête de i.05 eft de couleur d'ardoife,
8c le trouve à Lille. Morin.
LOSANNE., royei Lauzanne.
Ce nom s'eft formé de Lutofa , qui fignifie Boueu-
fe , pleine de boue. Lutofe , Lethofe , Leofe , Lof.
LOSANGE, f. f. prefque toujours mafc. En Géomé-
trie. Efpèce de parallélogramme , ou figure compo-
lée de quatre côtés ou lignes égales &: parellèles ,
dont les angles ne lont point droits , mais dont deux
oppolés lont aigus , & les deux autres lont obtus.
Quelques Géomètres ont appelé le lofmge Hib-
muaym , & le trapèle Hebmuaripte. En Géométrie
cfn l'appelle ordinairement rhombe,&: quand les
côtés contigus lont inégaux , rhomboïde. Figure
en forme de lofange , carré à angles inégaux , dont
deux font aigus &c égaux entr'eupc , &c deux obtus ,
& auilî égaux & oppolés l'un à l'autre. Rkombus.
Un lofange fort aigu , & même un peu tranchant
d'un côté. De la Hire. La plupart écrivent lo-
fange , & non pas losange. Il faut que ces mots
foient pris de l'Arabe, f^uye^ ci-delFous les étymo-
logies.
Losange , fe dit auffi des morceaux de verre qui fe
mettent dans les plombs des panneaux de vitres ,
parce qu'ordinairement on les faifoit tous de cette
figure , quoiqu'on fe lerve du même mot en par-
lant des verres taillés de toute autre façon. Rhomius.
638
LOS
Losanges de Couverture. Ce font des D.bles de
plomb difpoites diagonalcment j & jointes a cou-
ture j pour couvrir la Hèche d'un clocher. Qua-
àrs, tcàoriâ. plumhsiz.
Losange , en vieux François, fignifioit, tromperie :
Dolus. D'où l'on prétend que les Italiens ont foit
lufingar , qui lignifie fijccene , qu'on ne fait pouit
fans tromper; & en ce fens ce mot vient de los ,
parce que la flatterie ell; une louange faulle. Lofan-
gier& lofangière , qu'on a dit autrefois pour flatteur ,
trompeur & trotnpeufe , viennent aull'i du mot de
Lofange pris dans le fens qui vient d'être expliqué.
Aiulator. Li faux ami qui fervent de lofangerie en
lieu de confeil. L. des Moral. Faux lofangicrs &
defleaux. H. Plagon.
Par dons aucuns j ne pour lofange. GuiART.
Cil appilla fept de fcs Pautonnicrs
Ne font pruedonte , ainçois font lofangers.
Garin.
Ce niert par bile lonzangière
Mais fine & voire droiturière. GuiOT.
Faux lolangeour e/lre ejlut
Celui qui monde plaira veut.
Gautier de
Metz.
Losange, eft auflr un terme de Blafon. Teffellafcu-
taria , fymholica. Les filles portent leur écu en lo-
fange ; il eO: appuyé fur la pointe. La lofange diftère
de la fufce , qui eft plus rellerréc par le milieu, &:
un peu en rond , & non fi aiguë par les bouts. Elle
dift'ère des macles & des ruftres, en ce que les
lofanges font pleines -, au lieu que les macles font
percées tn lofange , &' les ruftres en rond. On dit
auflî qu'un Ecu eft lofange , quand il_ eft chargé
de figures de lofange , foit tout plein , foit en quel-
ques unes de fes parties.
Scaliger croit que ce mot vient de Laurengia , à
caufe que cette figure imite en quelque façon celle
<le la feuille de laurier. Il y a plus d'apparence de
dire avec le Père Méneftrier , qu'il vient de l'Italien
lofa , ou de l'Elpagnol lofas , qui eft une efpèce de
partage de pierres', d'ardoife j ou de carreaux tail-
lés à angles aigus , d'où l'on a fiit lofe & lofante ,
& infeniîblement lofange , comme de vider on a
fait vidange. Il dit aufli que plufieurs ont cru raal-
à-propos , que l'Ecu à lofange que portent les filles ,
repréfentoit un carreau à coudre dont elles fe fervent
pour leurs ouvrages , parce qu'il vient d'une cou-
tume du Pays-Bas , où tous les ans au mois de
Mai , on attache à la porte des nouveaux Conluls ,
des Capitaines °<. des autres Officiers , des vers &
des louanges , qu'on appelle en Flamand lofjange j
c'eft à-dire j 'chant de louange , Iclquelles s'écrivent
fur des planchettes en lofange. Les jeunes gens en
font de même aux portes de leurs Maîtrelles Se
des nouvelles maiiées. Et cette coutume apaflé ju(-
qu'aux lunéraillcs : car lorfqu'une perfonne de qua
lire eft morte, on expole un an durant une grande
lofange fur ft porte avec (on nom , les armoiries , &
le jour de fa mort -, & comme les armoiries des
femmes ne paroilfent guère qu'à leurs noces &:^ leur
inorr, c'eft ce qui a donné occanon de repréfentcr
les Ecus de leurs armes en lofange. D'autres font
venir le mot de lofange du Grec , acç»,- oblique , &
y«!y. , ang'e , parce que les angles à.e\x lofange ne
font point droits. Un homme d'elprit qui a voyagé
en Orient, & qui nous a envoyé quelques additions
pour ce Diélionnaire , croit que lofange eft dérivé
deTiS/o^, mot Arabe qui fîgnifie cr/nawife. Il dit que
l'on fait au Levant une cfpècc de begnets ou bignets
coupés en figure de lofange , & farcis d'amandes ,
qu'on appelle Lau^inag , :!X3»n'7.
Il y a aulli des lofanges curvilignes. Ce font des
figures rcnieimées en quatre petits arcs de cer
cle; ou eu voit dans certains compartimeus de mar-
LOT
brc , qu'on fait pour les pavés des Eglifcs , &c. Les
Marbriers appellent ces fortes de lofanges à points
perdus , parce qujls lont eftectivcment tracés par
des points perdus. Voye-^ DAviLhK , planche loj.
& p. 3 S 4- ,
LOSANGE, EE. adj. Terme de Blafon , qui fe dit
de l'écu j quand il a la forme d'un lofange , & des
figures qui font couvertes d? lofanges.
LOSE , ou LOZE. Nom d'une petite rivière de France
du Duché de Bourgogne. Lutofa. Elle le jette dans
la Brenne au pied de la colline lur laquelle eft Alife.
Had. Valois , Not. Gall. p. 12.
LOSÈRÉ , ou LESÈRE. Nom d'une montagne des
Sévennes en France. Lefera , Lefura , Lefora. Elle
n'a rien de confidérable que la lource du Tarn. Maty,
C'eft une partie des montagnes des Sévennes. Sido-
nius ApoUinaris dit qu'elle eft plus haute que le
Caucafe. Hadr. Val. Not. Gall. p. Z14.
LOSSA. Nom d'une petite rivière du Comté de Mur-
ray , en Ecoile. Loxa. Elle baigne Elgin ^ & peu
après elle fe décharge dans le golfe de Murray.
Maty.
fKF LOSSE. Rivière de France , en Guienne. Elle
prend ix fource dans l'Eftarac , aux confins de la
Bigorre , & fe perd dans la Gelife.
LOT.
LOT. f. m. Portion d'une chofe divifée en plufieurt
parties , pour la partager entre plufieurs perfonnes,
ou leur en faire la diftribution. Portio , pars , fors.
Quand un aîné fait les lots d'une fuccellion , c'eft
le cadet qui choifit. Quand c'eft un étranger , on les
tire au fort. Les Marchands font des lots de mar-
chandifes dans le Bureau de leur communauté , pour
les partager entre eux.
On trouve dans les coutumes les expreflîons fui-
vantes. Lot & portionj ce lont deux mots lynonymes.
Droits de lots Se retenue ; ils lont dûs par l'ac-
quéreur d'un héritage au Seigneur cenfuel/ /om se-
crit ici pour lods. Lots Se gct^ de biens , en fait de
partage , cela lignifie que les lots , quand ils foni
faits , font jettes au fort. Lots 8c partages , ces deux
termes fignifient la même chofe.
|fcJ" On le dit de même du partage des revenus d'un
Bénéfice entre l'Abbé & les Religieux. On fait trois
lots des terres & des, revenus d'un Bénéfice : l'Abbé
a le choix des lots; les Religieux choihflent enfuite;
c^' le tiers lot , deftiné à l'acquit des Charges , de-
meure entre les mains de l'Abbé. Les revenus de;
Oiiices conventuels n'entrent jamais dans les lots.
03" En termes de Loterie, on appelle lot , la part qui
revient à celui à qui il échet un bon billet. On ledit
auilî du billet qui porte ce lot. Il 'a eu un lot , un
bon lot dans telle Loterie. On appelle gros lot ce-
lui qui eft le plus confidérable. Un tel a eu le gros
lot, le gros lot lui eft échu.
Ce mot vient du Flamand lot, qui fignifie yîw.
En haut Allemand on dit loff. Se en Bas Breton
loden. Ménage. Palquiet le dérive de Icud , vieux
mot François , qui lîgnifioit héritage ; Se dit que A-'-
tir fignifioit partager une chofe qui eft en cenfive , &
\oi,part Se portion. Ce mot de lot lignifie quelque-
fois dans les Coutumes , un certain cens , ou trioiit ,
qu'on lève fur les perfonnes j fur les héritages , ou
lur la marchandife.
Lot, fe prend quelquefois dans un lens burlefque &
figuré , pour iîgnifier une portion de quelque choie ,
comme gros lot , pour figniher ce qu'il y â de
meilleur Se de plus confidér.able dans cette chofe.
Portio. Le don d'ennuyer eft Ion lot.
Le bel efprit au fiècle de &4arot ,
Des dons du Ciel p.ifoit pour le gros lot. Des-H.
Lot. f m. Meûiie des liquides. Ménage fe contente
de dire dans fo)i Dittionnairc Etymologique , qu'cn-
tr'aunes fignifications de ce mot j il fe prend pour
unemefurede chofes liquides ^ & ncas renvoie a.i
LOT
Gloflaire de Du Cange , qui ne dit licli de plus. En
Flandre , où le mot de lot cil encore en ufage dans
ce (ens-là , c'ell un peu plus de deux pots , nie-
lure de Paris :& c'ell ce que dit c^prellcmciu Cot
grave dans fon Dicirionnairc lrani.(Hs-Anglois. lio-
rel remarque dans Ion Trclbr de Recherches «Se Kn
tiquirés Gauloifes , fur le mot Monnaie , fécondes
Additions, qu'en 1551. le lotàc vin ne valoir que
deux deniers. M. Cofle , Note g. fur le 2. cha-
pitre du II. L. des EJJais de Montagne , qui rapporte
ce Fait : J'ai vu un grand Seigneur de mon temps ,
perfonnage de hautes entrcpriles , & fameux (uc-
cès , qui (ans eftort , & au train de fes repas com-
muns , ne beuvoit guère moins de cinq lots de
vin. . . .
L o T. Nom d'une rivière de France. Ola , ol-
dus. Elle prend la tource dans les montagnes des
Sévennes , baigne Mende dans le Gévaudan , En-
traigue dans le Rouergue , Cahors dans le Quercy ;
& après avoir traverlc TAgennois, elle fe déchari^c
dans la Garonne. Maty.
LOTS & VENTES. Foyei Lods.
îfT LOTE, ou LOTTE, f. f. Pollfon de rivière fort
eftimé , peu diftérent de la murtelle de mer. Elle
a un barbillon au bout de la mâchoire de delîous j
la queue en forme d'épée , le corps couvert de pe-
tites écailles , de couleur mêlée de roux Se de brun ,
avec des petites taches noires en ondes. Lota ,
mufiella fluviatilis.
LOTERIE, f. f. Jeu de hafard , où l'on met des lots
de marchandifes , ou des fommcs d'argent §CF qui
font diftribués à ceux auxquels le halard fait tom-
ber des billets favorables. Sortitio , fortitus. On
mêle plufieurs billets noirs & blancs ; fur les uns
font infcrits les lots mêmes , ou les numéros qui
marquent un bon lot , & fur les autres rien : chacun
enachette telle qumtité qu'il lui plaît , à un certain
prix. Ces billets iont enfuite diftribués au fort ; quel-
ques uns tirent de bons lots , ou les bons billets , &
la plupart des autres , rien du tout. Il s'eft fait plu-
fleurs loteries en Angleterre &: en Hollande par
permillion du Magiftrat. On en fait aulll plufieurs
en France par permiiîion du Roi , en faveur des
Hôpitaux , i&cr. Tirer une loterie , ouvrir une lote-
rie _, fermer une loterie. M. le Clerc a fait un petit
Traité fur ce qu'il peut y avoir de louable ou de
bJâmable dans les loteries. Le L. de Gregorio Léti
fur les loteries , a fait bien du bruit en Hollande ,
& a attiré bien des affaires à fon Auteur. Nous avons
un bon Traité des loteries par le Père Méneftrier ,
imprimé à Lyon in- 12. en 1700. Il y a parlé de
leur origine ^ & de leur ufige parmi les Romains.
Il en a djftingué plufieurs efpèces , & par occahon
il a parlé des forts , & traité divers cas de con-
fcience touchant ces loteries ^ dont quelques fcru-
puleux fembloient décrier l'ufage comme illicite.
I^oye-[ encore fur les loteries , de la Mare j Traité
de Police, L. III , Tit. IV , c. 2 , p. 44p. & Juiv.
On donne encore le nom de Loterie à un certain
jeu de cartes qu'on a inventé en conformité des
véritables loteries , & qui eft des plus amufans. Il
fc joue avec deux jeux de cartes complets , dont
l'un fert à faire les lots de la loterie , & l'autre les
billets. On y joue jufqu'à dix ou douze , & pas
moins de quatre ou cinq. La partie dure jufqu'à
ce que le fonds de la loterie toit tout tiré , & ce
fonds conllfte en un nombre d'elpècesou de jetons
que chaque Joueur fournit également à la malle que
l'on met tout enfemble au milieu de la table, f^oye:^-
en les règles dans l'Académie des Jeux.
3THAIRE. (. m. Nom d'homme. Lotharius. \Jn
des fils de l'Empereur Louis le Débonnaire , eft le
premier qui ait porté le nom de Lothaire , qui ne
fe trouve que dans le IX^ & X^ fiècle. Dans ce
temps . cinq ou fix Princes l'ont porté. Lothaire I.
Empereur , fils de Louis le Débonnaire ; Lothaire II.
Empereur , Duc de Saxe , fils de Gebhard , Comte
d'Arnsberg ; Lothaire , Roi de Lorraine , qui lui
donna fon nom , Se qui étoit fils de Lothaire I. Lo-
LOT ^39
tkaîre fils de Hugues , Comte de Provence , que
fon père fit Roi d'Italie en 952. Si Lothaire XXX«
Roi de 1 rance , qui ("uccéda à Louis IV. fon pèra
en 9j6. léloii la Chronologie de Du Tiller.
LOTHIANE. f f. Laudania. Nom d'une province
de lEcollc méridionale, bornée au fud par la Mer-
che, laLauderdale Se la Tuwedale ; au couchanc
par la Ciuydifdale , & le Comté de Sterling; au
nord par le golfe d'Edimbourg , & au levant par la
mer d'Allemagne. Ce pays peut avoir environ dix-
huit licucs du couchant au levant , Se cinq ou fix
du nord au (ud. Il eft allez fertile. Se divifé en trois
Bailliages , qui prennent leurs noms de trois tic ces
villes, qui Iont Edimbourg , capitale du Royaume ;
Linlitquo & H^ddington ; outre lefquelles on y
remarque encore Lytk , Dalkel , Dumbar Se Nort-
Berwick. Matv.
LOTHIER. 1. m. Vieux mot j qui s'eft dit autrefois
pour ce que nous appelons aujourd'hui Lorraine.
Lotkaringia. Jean , par la grâce de Dieu , Duc de
Luthier, de Braibant Se de Lembourc. C'eft le com-
mencement d'une publication de paix' de l'an 1 300 ,
entre le Duc de Lorraine Se le Duc de Brabanr.
LOTIDE. (. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
Nymphe. Lotis. Cette Nymphe voulant éviter la
violence que le dieu Priape lui vouloir faire , fut
changée en arbre, auquel elle donna le nom. Lotus.
Quelques-uns , & Ovide même , Métamorphofes ,
L. IV j V. 348. la nomment Lotos , ou Lotus. Il
ne hut point la contondre avec Dryopé , qui fut
aufli changée en Lotus , comme Ovide le décrit au
même endroit.
§Cr LOTIEN. Nom d'une ville de la Chine , dans
la province de Huquang , département de Hoan-
cheu.
LOTIER. L m. Plante qui poufTe plufieurs tiges me-
nues , jcttant des queues qui foutienncnt chacune
trois feuilles en leur extrémité , Se deux autres
feuilles en Icurbafe, femblablesà celles du trcHe,
d'un goût aftringent. Lotus. Ses Heurs font ramalfées
les unes proche des autres comme en ombelle ,
légumineufeSj jaunes, quelquefois verd.âtres , fem-
blables à celles du genêt , contenues dans des ca-
lices dentelés faits en cornet. Lorfque ces fleurs
font paflccs , il leur (uccède des goullès qui renfer-
ment des femences prefque rondes , ou ayant la
figure d'un petit rein. Sa racine eft ligneufe , divi-
fée j longue j noire , garnie de fibres j rampante.
Cette plante eft déterlive^ apéritive j vulnéraire. En
Latin Lotus five Melilotus pentaphyllos minor gla-
bra. C. Baoh. Pin. jj2. Il y a plufieurs efpèces
de lotier. |G° La plus iîngulière eft celle qu'on ap-
pelle Trèfle mufqué , ou faux baume de Pérou ,
plante annuelle qu'on cultive dans les jardins à
caufe de fa bonne odeur. Trifolium odoratum y me-
lilotus major, odorata , violacea.
LOTING. Ville de la Chine , dans la province de
Peking , au département de Jungping , huitième
métiopole de cette Province. Il y en a une aurre
dans la province de Quantung , qui tient le rang de
grande cité.
LOTION, f. f. Terme de Chymie , qui fignifie Ablu-
tion , aélion de laver. C'eft la même chofe
qu'Edulcoration , qui eft plus ufité. C'eft une pré-
paration de médicamens, qui fe fait en les lavant
de quelque liqueur , foit qu'elle fe falle légère ^
pour en ôter feulement les ordures , foit qu'elle
loit pénétrante , pour en emporter quelque lel , ou
efprit corrofif , comme la lotion de l'antimoine ,
des précipités , des magiftères , &c. foit pour ôter
quelque mauvaife qualité du remède , ou lui en
communiquer une bonne. Lotio. ffT On tire des
fels d'un mixte par plufieurs lotions réVtérées. En
Métallurgie on dit Lavage. Foye:i ce mot. On fait
aulFi des lotions pour déterger les plaies , fortifier
quelques membres j amollir quelque tumeur , é-f.
Lotion , eft auifi un remède qiii tient le milieu entre la
fomentation Se le bain. Lotlo fomentitia. Il y en
a de rafraîchillàntes Se de fomnitères pour les fé-
6.10 L O T
biicifaîTS, faites de piufieurs fcuilks , 4--eurs «Sj ï.i-
cmcs bouillies , dont on Lr.c les pieds Se les m.iiiis
des malades, les enveloppant dans des linges trem-
pés dans la me-me décoction , jnlqu'à ce qu'ils le
deljèchcnt. On £ùt aullii une loclon pour la tcte &
les clteveux , avec de la cendre de (arment. Il y
en a d'autres pour les faire croître , ik pour les
maladies de la peau.
Lotions des Philosophes. Terme de Chimie. C'cft
une cohobation que fait la nature de ce qui c!i:
élevé , & qui retombe au fond du vaiHeau Inr le
corps noir. F'oys^ Lavement des Philosophes.
LOTIR. V. a. Faire des lots , des portions de fu.ccf-
fions à partager entre plulieurs peribnnes. Inpr.nes
dividtrc , fordri ^paniri.Ds.ns ce i'ens, on dit /ofir une
fucceiiîon , ou ies c*iets d'une iiiccelFion. il fe dit aûlii
de toutes lesautreschofesqu'on partage entre plulieurs
§5° Dans ce lens on dit de plulieurs Marcliands , qu'ils
lotijjlnt un foiîd de boutique qu'ils ont acheté en
comuiuii. Mais on le dit particulièrement des Mar-
chands forains , qui , par les ordres de la Police ,
font obligés d'apporter leurs marchandiies en un
Burcm public pour les lotir, c'eft-à dire, en faire
pluheurs lots, afin que chaque Maître du métier
en puillc avoir un lot , pour empêcher les mono-
poles des gros Marchands , qui ruineroient les pe-
tits , en achetant toute la marchandife qui viendroit
de dehors. Les Gantiers ^ les Chaulletiers, 6y. vont
acheter au Bureau, où on lotit les marchandiies de
leur métier.
Du mot allcui cft venu ce que nous appe-
lons lotir , pour partager une choie qui eft ccniive ,
& lot , pour part ik portion. Pasq,uier , Rech.
L. II, c. I ).
LOTI , lE. part. & adj. In partes divifus.
On dit proverbialement , qu'une perfonne eft
bien lotie , quand elle a mal rencontré dans le choix
qu'elle a fait , ou en quelque chofe qui lui d\ arrivé
par hsfard. Cecte fille a époufé un gueux , la voilà
bien lotie.
LOTISSAGE. f. m. C'cft la divifion que l'on foit de
quelque chofe en divcrfcs parts , pour être tirée au
fort entre plulieurs perlonne;.
tpF Ce terme n'eft guère uiîté que parmi les _ A'Iar-
chands de Paris qui lotilîènt les marchaydiles fo
ivjnes.
CCTLonssAGE. Terme de Métallurgie. C'efl une opé-
ration qui confifte à faire un tas avec le minéral
pulvérifé , et à prendre dans diftérens endroits du
monceau , & même dans fon intérieur, de quoi
en fjire l'ellai , pour procéder avec plus d'exacti-
tude.
^CTOn connoîr par ce moyen la quantité de métal
que contient la mine. Amli cette opération eft très-
importante.
LOnSSEMENT. f. m. C'eft la même chofe que Lo-
Cfllage. Ce terme eft très nouveau , & l'on ne le
l-javicnt paS' de l'avoir lu dans aucun Règlement ,
avant celui du 4 Mars 1724. pour les verre^s à
vitres ,deftinés à la fourniture de Paris, ou Ion dit
toujours Lotijfetnent ^ è'c jamais Lotiilage. DicT. de
Co.MM.
LCynSSEUR. l. m. Celui qui bit les lots des mac-
chiandifes. Qui dividit in partes. Partitor. Il y a des
Lotijfeurs de cuirs, créés en titre d'Ofiice par Edit
du mois de Juin i<5i7.
LC/TIZÉ. adj. Terme de Coutume. Parti, partage,
c'ivifé en lots , par lots. In partes divijits. Fief
lo;i-^é.
LOTOP'HAGE. f. m. & f. Nom de quelques anciens
peuples d'Afrique. Lotophagus , a. Les Lotophages
croient ain(^ appelés^ patcc qu'ils vivoicnt du fruit
du lotus. Les Lvtopkas;es habitoient fur la cûte d'A-
fiique , vis .\ vis des Syrtes , ou, comme dit Pline,
dans le fond du golfe de la grande Syrte; c'eft cchù
que nous appelons gobe de Sidra. Ainfi , les Loto-
f liages habitoient la côte de Barbarie , où font au-
jourd'hui Cafar , Sarton , Sabcio ^ Satitores , Tim ,
Lareudia , ou, pour le moins, quelques-uns de
L OU
ces lieux. Il y en avoit aulïi plus à l'occident, vers
la petite Syrte.
Ce nom vient de ?.W®' , lotus , & 4^7:,«^^;, ^j
mange. Nous ne pouvions pas lavoir luv quels riva-
ges nous étions ; on me rapporta que les to:opha°ts
. en étoient les Maîtres. Ils ne vivent que de fruits ,
qui font d'un goiàt merveilleux. Ils reçurent fort
honnêtement ceux que j'avois envoyés. Ils leur ii-
rent part de leurs ftuits , dont ceux qui en mangè-
rent furent enchantés ; car il eft vrai que leur dou-
ceur eft charmante : en effet , tous ceux qui en-
mangent , oublient tout ce que leur propre pays a
déplus agréable -, ils ne le louviennent plus de leurs
païens , ni de leurs amis -, ils ne peuvent fe dé-
fendre contre les délices de ce huit. Je fus obligé
d'enlever d'entre ces peuples , ceux qui étoient allés .
découvrir le pays. Ils s'en trouvoient fi bien , qu'il
fallut ufer de violence pour les faire rentrer dans
les vailleaux. De la Valterie , Trad. d'Homire,
Odyjf. L. IX. C'eft Ulille qui parle. Le lotus que
les Lotophages mangcoient , etoit celui qu'on nom- '
me autrement Micocoulier. "Voyez Lotus.
LOTOl'HAGITE. Nom d une île d'Afrique. Loto-
ph.igues. Cette Ile étoit habitée par des Lotopha-
ges. On la nomme aujourd'hui l Ile de Gerbes. ,San-
lon dit l'Ile de Gelbes ; quelques uns écrivent Gcl-
ves , &c dilent que c'eft le nom que les Étpagnols
lui donnent. Elle eft fur la côte de Barbarie , 3
l'entrée du golfe de Carpes , du côté de l'orient.
LOTOS, eu LOTUS. Foye^ Lotide.
•LOTTERIE. Foyei Loterie.
LOTTIR Foyei Lotir.
LOTUNG. Ville de la Chine , dans la province de
Queicheu , au département de Tucho _, huitième
métropole de la Province.
LOTUS, f m. Plante qu'on appelle autrement Lotier
Foye-{ Lotier.
Lotus ,ié dit auiîi d'une autre forte de plante, dont parle
Diolcoride , qui croît en Egypte _, au bord du Nil.
Sa tige rellembleâ celle de la fève , & il poulie
quantité de fleurs blanches comme celles du lis. Ces
Heurs fe reilerrent , &c plongent la tète dans l'eau ,
quand le foleil fe couche-, & elles fe redreiïènt
quand il paroît fur l'horizon. Il porte une tête Se
une graiiie comme le pavot, lemblable au millet^
dont les Egvpticns faifoient autrclois du pain , com-
me le die Théophrafte. Cette plante a une racine
faite comme une pomrae de coin , qui eft bonne
à manger crue & cuite. Quand elle eft cuite , elle a
la même qualité que le moyeu d'un œuf. C'ell: une
efpcce de nénuphar, que quelques uns appellent
Nymphjia alha iiuior ^gyptiacd , five lotus j¥.-
gyptia. Perfonne n'a bien décrit cette plante que
Profper Alpin , dans fon fécond Livre des Plantes
exotiques j ou étrangères, c. 16 , p. ^41. Pline
parle d'un lotus qui avoit plus de 4)0 ans , L. XFI ,
c. 44.. Le lotus étoit une eipècc de lis, dont Héro-
dote dit que l'on failoit du pain. Pictro délia Falle.
Le lotus , la fleur du lafran , & celle du jacinthe
compofoient les couronnes printanières. Athénée ,
en Ion L. III , dit que le lotus produit une lieur
propre pour les couronnes. Théophrafte dit que
la rieur du lotus écoit trois fois plus grande cius
celle du pavot. l'oye\ Triftan , T. I , p. s"? >
& fuiv.
Il y a encore un arbre qu'on appelle Lotus , qui
croît en Afrique. On l'a^jpelle autrement Micocju-
lier-., il porte un fruit tort agréable , &c qui a donné
le" nom de Lotophages aux peuples qui habitent
la contrée où il croît. Foy. Micocoulier.
L O U.
LOU , ou LOUR. Foyei Leu.
LOUABLE, adj. m. & f. Ce qui mérite d'être loué,
ce qui eft di^ne de louange. Laudakïlis , digr.us
Liude. Les vertus font louables. Toutes ies bonnes
qualités j les bonnes aélions , les bonnes dodiines,
font louables. Il doit être indifférent d'être loue ,
mais
L O U
mais non pas de fiiic des chofcs louables.
Louable, cil: le titre d'iior.neuf que les Stiillcs iiirem-
blés en corps, le donnent ordinairement. Laudaln-
lis. Les Louables Cantons de Zurich , de Ber-
ne , ic.
Ip" Louable, fc dit aullî de ce qui cft de la qualité
dont il doit être dans ion genre. Ainfi l'on dit en
Médecine que les matières, que les déjcélions l'ont
louables. On fit une incihonau nombril, qui ctoit cx-
traordinaircmcnt enlié ; il en loriit luut ou dix pin-
tes de pu^ louable. DtGORi.
LOUABLEMENr. adv. D'une manière louable. Lau-
dahilïter. Ce Religieux fe comporte fort louablemenc
envers Tes Supérieurs.
LOUADE. f. f. Terme de Coutumes. Voyt-^^ Laude
& Leude.
(t? LOUAGE, f. m. Tranfport de l'ullige d'une chofc
pour un certain tems, moyennant un certain prix.
Locutio, conduclus. On entend par ce terme l'action
de celui qui loue, 6c l'adion de celui qui prend à
loyer. Il comprend les baux à ferme, aulîî bien que
les baux à loyer. Donner à louage , prendre à louage ,
tenir a louage. Le contrat de louage diitere du con-
trat de vente , de la donation, du prêt, 6c. En par-
I lant de la cliole qu'on loue du maitre ou^ proprié-
taire , on dit , un carolFc de louage. Un pré , une niai-
fon qu'on tient à louage , qu'on a prife à louage. Un
cheval de louage n'ell eftimé en juftice que cinquante
livres, & en parlant du prix qu'on donne de la chofc
louée, on dit : il m'a tant coûré en louage de maifon.
Je paye trop cher ce louage. Le Roi paie le louage
des Bureaux. Le tejns du louage étant fini, le loca-
taire a huit jours pour vider, après lelquels on l'y
contraint par exécution & mile de fes meubles fur le
carreau.
'fJ Louage de tems & d'induflrie , efi: celui qui fe fait
par des ouvriers , des domcftiques qui le louent pour
un certain tems, pour faire quelques ouvrages, ou
pour fervir, à la charge de recevoir le lalaire con-
venu.
On appelle dans un tableau figures de louage , ou
figures à louer, certains perlonnages inutiles & defti-'
r,js uniquement à frire nombre. DicT. de Peint. &
d'Arch.
On dit proverbialement, vente, mort & mariage ,
rélolventrout /o«a^6' j ce qui n'ell pas néanmoins ob-
lervé , puifqu'il ell: certain qu'en cas de mort les héri-
tiers du bailleur ou du preneur, font obligés de tenir
les beaux. On dit aulîI vendue ou achat , palfe louage.
Vendue veut dire ici vente. Le proverbe eft vrai,
puilque le louage ne donne que l'ulage de la chofe,
mais la vente ou l'achat tranfportent le domaine & la
propriété du vend':ur à l'acquéreur.
LOUAGER. f m. Vieux mot qui s'cft dit pour louage.
Il s'eft aullî dit pour locataire. Voyez ces mots.
LOUAN. f. m. Nom d'homme Linentlus. Chaste-
LAiN , au iS' de Janv. p. 44J.
LOUANDIER. f. m. Vieux mot qui fe trouve dans
les Coutumes; il lignifie /ocari?irc. Conduclor.
LOUANGE, f. f. Témoignage d'eftime qu'on donne à
la vertu j au mérite, dilcours par lequel on relève le
mérite de quelqu'un , de quelque choie. Laus , lau- \
datio. Les Panégyriques , les Oraifons funèbres , lont *
des diicours à la louange des Saints &: des grands hom-
mes. Il faut beaucoup d'arc &: de délicatelîe , pour
bien allailonner les /ci<vj/;^<;j-. Bell. On proftitue au
jourd'hui les louanges fins choix & fans dilHndrion.
Id. La louange cft une fl.itterie délicate , qui fuisfait
différemment celui qui la reçoit & celui qui la doniie.
L'un la reçoit comme une recompenle de fon mérite ,
Imitrc la donne pour fiire remarquer Ion elprit i!v'
fon difcernement. La Rochef. On a rendu les louan-
I ges fi communes, & on les donne h indiftéremment
à tout le monde , qu'on ne fait plus qu'en conclure.
Cette profufion de louanges eft fi abondante , qu'il eft
furprenant qu'il y ait des perfonnes qui en foient £,
avides, & qui amairent avec tant de foin celles qu'ort
leur donne. Log. La modellie qui femble rcfufer des
louanges , n'eft en etfec qu'un uciir d'en avoir de plus
Tome y.
LOU 641
délicates. La Roch. On eft fi avide de louanges ,
qu'on les a difpcnfées de la jullelle & de la v-nté!
Font. J'aimerois mieux entendre des injures que les
louanges triviales; que certaines gens proftituent à tous
vcnans, fins difcernement tk fans choix. Bell. Les
louanges grollièrcs font honte; les louanges ^na Hat-
tcnt la vanité , fins blellèr la modellie. BouH. On
cherche moins la vertu que les louanges qui y font
attachées. Disc. d'Él. Quel relief peuvent vous
donner les louanges que des fots vous prodiguent?
BtLL, La louange agréable eft l'anie des beaux vers.
BoiL. Il n'y a point de Prédicateur fi décrié, qui ne
cherche dans les yeux de fes auditeurs des louanges
que tout le monde lui refufe. Bell. Les louanges tu-
mulfueules, données par bienféance, ou par coutu-
me, m'importunent plus qu'elles ne me plaifent. M.
ScuD. Les louanges ne (ont croyables , que quand on
a la liberté de blâmer. Qu'eft-cc que la plupart ces
louantes dans le ftyle du monde; Vous le lavez, des
menlonges obhgeans , des exagérations oflicieufes,
des témoignages outrés d'une eftime apparente , Se
qui ne vient ni de la raifon , ni du cœur, fouvcnt des
contre-vérités déguifées & couvertes du voile de
l'honnêteté, des termes fpécieux& honorables, mais
qui ne hgnifient rien; en un mot, des impoftures
dont les hommes entr'eux fe font un commerce , &
dont leur vanité fe repaît. Bourdaloue. Le même
Perc Bourdaloue a dit dans fon oraifon funèbre de
Louis de Bourbon, Prince de Condé. C'étoit un Hé-
ros ennemi de la louange , même la plus fincère ; car
il etoit difticile qu'on lui en donnât d'autre; mais c'é-
toit allez qu'elle fût louange ^ pour qu'il ne pût la
foutenir.
Pour un cœur qui cherche la gloire, *
Les louanges ont mille appas ;
Mais, belle Iris, il m'en faut croire ,
Qui les dejire trov , ne les mérite pas. M. Scud.
Ce breuvage vanté par le peuple rimeur
Ce nectar que l'on fen au Maître du tonnerre ,
Et dont nous enivrons tous les dieux de la terre ,
C'ejl la louange. La Font.
L'or Je peut partager , mais non pas la louange.
Le plus grand Orateur, quand ceferoit un Ange ,
Ne contenteroit pas , en fembables dejfeins ,
Deux Belles , deux Héros, deux Auteurs , ni deux
Saints. La Font.
Ce mot vient de laus ; Se laus , félon quelques-
uns , vient de aï'-î , peuple , parce que la louange eft
la voix du peuple qui loue.
Louange, lignifie quelquefois, remercîment, bénédic-
tion. Les grâces commencent par ces mots : Louange
à Dieu , paix aux vivans , Se repos aux morts. L'Ecri-
ture dit auHî : Je te facrifierai une hoftie de louan<ie.
Pf.so.
Louange, fe dit proverbialement en ces phrafes. Vos
mépris vous fervent de louanges ; ce qu'on appelle ni^Ék.
compliment de la place Maubert, qu'on méprife par-^
ce qu'il eft trop commun ; aufli ne fe dit il plus qu'en
badinant. On dit à un homme à qui on montre quel-
que libelle fait contre lui , ou quelque exploit par
lequel on lui demande de l'argent : Voilà des vers à
votre louange. On dit .aufli , la louange de foi même
eft une couronne de merde , ce qui eft un proverbe
Italien, Laude di/e flejjo corona di merda, ou bien, Chi
fe lauda s' embroglia.
LOUANGER. v. a. Vieux mot qui fignifioit autrefois
louer. Laudare , celebrare. On ne le dit qu'en plai-
lanterie. C'eft un homme qui veut qu'on le louange
fur tout ce qu'il fait.
LOUANGEUR, f m. Qui donne des louanges. Lauda-
tor. Il ne fe dit que par mépris. C'eft un fade louan- •
geur. C'eft un louangeur à gages. On appelle aride
louanpeur , un homme qui ne loue pas les chofcs
autant qu'elles le méritent. Ac. Fr. Je ne luis pas
Louangeur. Bu s s y.
M m m lu
6^1
L O U
|tJ- On dit de même louangeufe. C'efl: une louangeufe
cteniellc, faftidienfe. Laudamx.
LOVANGIRI , ou LOANGIRI. Contrée d'AFnque ,
dans la Balle-Ethiopie , au Royaume de Loango.
LOVANGO. Foyc-i Loango. .
•LOVANISTE. f. m. Dodeur ou Membre de l'Univer-
iiré de Louvain. Lovanicnfis. Les Lovantflcs ont
donné une Traduction de Li Bible en François. L'E-
dition de S. Augurtin par les Lovani/les , fut imprimée
par Plantin. On cite Ibuvent les Auteurs , ou Prohcl-
feurs , ou Membres de l'univerficé de Louvain , par
le nom de Lovan'ijlcs ; mais ce mot ne fe dit , ni des
citoyens de Louv.un , ni de quelque autre corps , que
de cette Univerlité.
LOVANOIS, OISE. f. m. ôc f. Qui eft de Louvain.
Lovanienfis. Marlien dit que les Lovanois (car il
allure que ce mot le dit ) font les anciens Grudïi de
Céfar, queS.anfon prend pour ceux de Bruges. Hadr.
Vai. kv. Gall. p. 2SS.
fcrLOUANS,LOHANS, ou LOANS. Petite ville de
France, dans le Ch'ilonnois, à fix lieues de Chàlon ,
à quatre de Tournus , dans une efpèce dile, entre
trois petites rivières. Lovincum.
LOUBACÉ. Foyei Libessé.
X.OUCERVE. f.f. Femelle du loup cervier. Lupa cer-
varia.
Il mefuffit que mon troupeau préferves
Des loups , des ours j des lions , des loucerves,
AIarot.
LOUCHE, adj. m. ôc f. Qui a la vue de travers , qui re-
garde de travers , ou qui femble regarder d'un côté ,
' & regarde de l'autre. Strabonus , Jlrahus , Jlrdho.
C'eft le plus Ibuvent la faute des nourrices quand les
cnfans deviennent louches. Les louches , o^aznà ils ne
le font pas avec excès, ne déplaifent pas. On aimoit
dans le Duc de Montmorenci fon œil un peu tourné.
Cela s'appeloit à la Cour de Louis XIII , avoir l'œil
à h Montmorenci. Mel. Hist. Les Médecins appel-
lent/rj^z/wz^^j la maladie qui caule la diltorlion &
l'inégalité de la vue^ ce qui fait hs huches. Delcar-
tes avoir de l'inclination pour les perfonnes louches^,
& il en rapportoit la caufe à ce que ta nourrice l'é-
roit. De ViGN. Marv. Dans le Paganifme, on con-
lacroit les louches au fervice des autels.
Ce mot vient de lufcus , qui hgniiîe /'or^/ie, &:
dans la balle Latinité, higle. Nie.
Louche , fe dit aullî de ce qui eft trouble, qui n'eft pas
bien clair j fur tout du vin , des pierreries , des perles.
Ohfcurus , opacus. Une perle qui a un œil louche., elf
celle qui n'eft pas d'une belle eau, qui n'eft pas bien
nette. Du vin louche qui eft trouble, qui pèche en
couleur.
Louche , fe dit figurément en Grammaire. Cette phra-
fe, cette conftrudion eft louche , c'eft à-dire, n'eft
pas bien nette , bien jufte. Une exprelllon louche , eft
celle dont le fens littéral eft double^ &: ambigu , en
^ forte qu'elle peut fignifier deux chofes diiiérentcs en
* même tems , celle qui paroît fe rapporter à une
choie , & fe rapporte à une autre : de même que
l'homme louche paroit regarder d'un côté & regarde
de l'autre. Mais une phrafe n'eft point cenfée louche
quand elle eft déterminée néceftairement à une cer-
taine lignification par le fens & par le lujet.
On dit proverbùilement que l'envie eft louche j
parce qu'elle ne juge jamais iainement des adions
d'autrui , qu'elle ne les voit que de travers.
LOUCHER, v. n. Avoir la vue de travers. Torvis ocu
lis incueri , oculos diforquere. 'Voilà un bel ciifant ,
c'eft dommage qu'il louche. Il fignifie aulli regarder
de travers , à la manière des louches. Vous vous ac-
■coutumez à loucher, cela vous gâtera la vue.
Régnier l'a fait aftif dans ces vers ,
Et, me prenant au ne-{, loucher dans un bajfin
Des ragoûts qu'un malade offre à fon Médecin.
Régnier.
L O U
^LOUCHET. f. m. Terme d'Agriculture & de Jar-
dinage. Efpèce d'hoyau propre à fouir la terre. Ileftn
plat, tranchant , tiré en ligne droite, & avec fonj
manche, il rell'emble à une pelle. Foyei^ Hoyau et; ,
Pelle.
LOUDAIN. f. m. Nom d'homme. Ludanus. ANorthjjJ
en Alface, près de Strasbourg, Saint Loudain , Coti-
felFeur. Ch ast. au i 2. de Février. Il y a une Eglife du j
nom de Saint Loudain , près de Strasbourg. Idem.
LOUDIER. (L'Acad. ditLODIER). Toyq ce mot.
LOUDUN. Nom d'une petite ville de Fraiice, capitale
du Lodunois , en Poitou. Lodunum y Juliodunum,
Laufdunum , Lojdunum. Elle a eu titre de Duché , &
elle a .aujourd'hui lîege de Juftice, tk unWuxchâ.
teau fort avantageufement litué. Elle eft à neuf ou
dix lieues de Poitiers, vers le nord. Maty. Juliodu-
num n'eft point le nom de cette ville. Les premiers
qui lui ont donné ce nom dans leurs vers , font Salo-
mon Macrin , & Scévole de Sainte- Marthe , qui
étoient de Loudun. Us ont voulu donner du relief à
leur patrie, en lui donnant le nom de Jules Céfir.
Val. Not. Gai. p. 26 s- Les Religieutes de Loudun,
les Pollédées de Loudun , font des Religieufes Urluli-
nes de Loudun , que l'on difoit pollédées du démon il
)' a plus d'un fiècle, & qui ont fait beaucoup de bruii
dans le monde. fCT C'écoit la patrie d'Urbain Graiv
dier , Curé & Chanoine de cette ville , homme con-
nu par fon mérite, ëc plus encore par le malheii
qu'il eut d'être brûlé vif, par jugement du 18 Aoû
1 6 3 4 , étant accufé de crime de magie , de maléfice i
pojjeffîon arrivée par fon fait es perfonnes d'aucune.
Religieufes Urfulines de Loudun ù autres Séculières
Bien des gens ont douté que le crime de Grandier fi
réelj &: n'ont vu dans cette cruelle exécution qu
l'effet du relfentiment d'un Miniftre que Grandit
n'avoir pas allez ménagé. Long. 17 d. 41' lat. 4;
d. 1.
Il y a encore dans le bas Languedoc une petite vill
de ce nom. Elle eft fur le Tave , à deux lieues de fu
confluent avec le Rône.
LOUDUNOIS, OISE. f. m. & f. Qui eft de Loudur
Laudunenfis , Lodunenfis. MM. de Sainte-Marthe
Salomon Macrin, Po'cte célèbre, & BouilleaUj fa
vant Aftronomc , étoient Loudunois.
LouDUNois, ou LoDUTiiois. Cobtréc de France, qu
prend fon nom de Loudun, f; capitale. Laudunenfi.
pagus. Lodunenfis agcr. Le Laudunois a le haut Foi
toù au couchant & au midi , la Touraine au levant
l'Anjou au nord. La peute rivière de Dive le fépan
de l'Anjou & du Poitou. Le Loudunois a fa Coutume
particulière appelée Coutume du pays de Loudunois
M. René Chopin , De Commumb. Gall. confuet
PrAcept. P. LL. qu&Jl. 6. num. i. obferve que le Par
lement n'a point d'égard à cette Coutume qui n'apai
été cnregiftrée au Greffe de la Cour^ finon loifquc
les Parties donnent un confentement réciproque
pour être jugées fuivant fes dilpolitions, & il en rap-
porte un Arrêt du 1 7 Avril i 564 , qui eft aufti remar-
qué par M. Ant. Mornac, fur la L. p. ff. de Legib,
Dans une caufe appointée le 2 Décembre 1636. T.
IL. du Recueil de M. Barder^ Liv. V. c. 2$. M. l'A-
vocat Général Talon dit encore que cette Coutume
n'éroit point reconnue. Il y a depuis des Arrêts ren-
dus dans la Coutume du Loudunois , ians aucune men-
tion du confentement des Parties. Foye^ Brodeau fur
Louet, L. D.fomm. $6. & le Journal du Palais, P.
III. p. ifi. & Berroyer & de Lauriére, Lifte Alpha-
bétique des Coutumes. Le dernier a lait un Com-
■mentaire fur Ja Coutume du Loudunois , .avec une
Hiftoire abrégée du pays. *
LOUENT , f. m. Nom d'homme. Livtntius. PrèT de
Chinon , S. Louent , Moine, du nom duquel il y a
une Eglife en ce lieu. Chastelaim, au 2^ de Janvier ,
p. 401. Le Prieuré de S. Louent, près de Chinon en
Touraine , dépend de l'Abbaye de S. Florent de Sau-
^mur. Il eft mal nommé linerw, au Martyrologe im-
primé à Cologne en 1490. Les Chartreux de Co-
logne , en leurs additions à Ufuard, ont liit la même
Lute. ivlaurolvcus Ta r.ommé fort bien Livenims i
L O U
comme dans le Martyrologe de Ponc-Ii Roy. Ferrarius
f"c figure que ce Saint pourroit être le même que S. l'i-
Vf/zr, iiefacliancpasqueS. yivent tfiun S.iiiude Boirr
gogne , qui n'a pas le moindre rapport avec celui-ci.
Chai les De laSaullàye, ou plutc>t Ion Imprimeur , l'a
mAnommcLincntius en fcs Annales de l'Eglife d'Or-
léans ;&: André Du Saullày l'a nommé de même. lo.p.
407 , 408.
LOUER j V. a. Donner des témoignages d'cftimeau mé-
rite , à la vertu. Relever le mérite d'une perfonnc
ou d'une choie par des termes qui témoignent l'eftime
qu'on en fait. Laudare cdchrare. Le Plalmilte invite
toutes les Créatures à louer le Seigneur. Le genre dé-
monftratif enfeigne à louer , de à bhàmer. L'art de
bien louer eft difficile. S. EvR. C'efi: le privilège des
Poctcs de fe louer (ans fcrupule. M. Scud. Les Phi-
lofophes louent fobremcni. C'eft la plus grande foi-
blelle de l'homme, 'de vouloir qu'on le loue £ins
celfc , & encore plus celle des femmes. Rien n'ell:
plusagréablc que de s'entendre/oaêraux autres, & rien
de fi importun aux autres, que d'entendre quelqu'un
fe louer foi même. M. Scud. Le plailîr qu'on prend
à être loue', n'eft que le plaifir d'être alfuré de fon
propre méiite , &: ce delîrlà eft le premier dcfir du
■ cœur humain. M. Scud. On ne /o«e d'ordinaire que
pour être loue'. La Rochef. Il y a des reproches qui
louent &: des louanges qui médifenr. Id. Si c'eftun vice
de louer toviZ-, c'eft une injuftice de ne pas louer ce
qui mérite d'être loué. Bell. On ne loue que bien
fcchcmcnt ce qu'on n'aime pas , quelque bonne opi-
nion qu'on en ait. Le Ch. de M. Il y a une cer-
taine délicatelfe à louer , qui redouble le prix des
louanges. M. Scud. La v.anité de ceux qui fe louent
fans pudeur, rebute tout le monde. Bell. C'eft un
grand art que de favoir bien louer , nul genre d'é-
loquence ne demande des penféés plus fines , ni des
tours plus délicats. Bouh. C'eft louer les gens grof-
lîèrement que de les louer en face , &: d'une manière
qui ne ménage point leur pudeur. Id. Il ya des gens
qui ne rejettent les louanges , que pourfe faire louer.
M. Scud. S'il eft permis de fe louer foi même, il faut
que ce foit d'une bonne adion , & jamais des qualités
perfonnelles , & que ce foit dans l'adverfiré ; c'eft
orgueil que de fe louer dans la profpérité. M. Scud.
Et pour louer un Roi que tout le monde loue ,
Ma langue n attend pas que l'argent la dénoue.
BoiL.
Louer , fe dit quelquefois des chofes inanimées. Les
Cieux louent le Seigneur , & le Firmament annonce
la gloire de les œuvres.
Louer, lignifie quelquefois. Remercier. Grattas agere.
Je loue Dieu de ce que je ne ine fuis passçrouvé en
cette querelle.
Louer , avec le pronom perfonnel , fignifieÊtre fatisfait,
être content du procédé de quelqu'un à notre égard.
Sïbi gratulari , probare. Tous ces foldats fe louent de
leur Capitaine. Ce maître fe loue fort de fon laquais ;
il eft bien content de lui. Je me loue fort de l'ac-
cueil, de la civilité, qui m'a été faite dans cette maifon.
On dit de même que bien des gens fe louent d'un
remède , font fatisfaits de l'effet qu'il produit.
LOUÉ , ÉE. part.
On dit proverbialement Dieu foit loué; pour dire ,
J'en fuis bien aife. Laus Deo.
LOUER , dans le commerce, v. a. Donner à ferme ,
à louage , des héritages , des maifons , des droits , pour
en jouir fous certaines conditions , & pour un cer-
tam temps ; & fe dit tant à l'égard du bailleur que
du preneur ; enforte qu'il fignifie aufli , prendre à
louage de celui à qui appartient la chofe qui eft à
louer. Locare , elocare. Je lui ai loué ma maifon un
tel prix. Il l'a louée pour un tel temps. Il loue des
appartemens tous garnis , des chambres garnies.
Ce mot vient du Lunn^locare.
Louer j fe dit aufti des meubles, des voitures , 'des
beftiaux. Conducere. Les Fripiers louent des habits
aux mafques &c à d'autres. Les Tapifliers louent àz%
meubles pour les cérémonies. Les Bédaux louent des
Tome V,
L O U ^43
chaifes au Sermon. Les Maquignons louent des che-
vaux. On loue des carroftès & des litières. Ce troupeau
de vaches n'eft pas à ce Métayer , il les loue , il les
lient à loyer de divers Bourgeois.
Louer, fe dit aulfi des perfonnes, & de leur travail
Conducere. Louer des valets Hc des fervantes , des
Tapillîèrcs, des Couturières, des Compagnons de mé-
tier, des gens de journée, des Moiilônneurs, 'Ven-
dangeurs , Bûcherons. |p" Dans les funérailles des
anciens Grecs & des anciens Romains , on louait
des Pleureufcs pour allifter aux funérailles du mort.
Les Mahométans & les Indiens idolâtres pratiquent
encore la même chofe dans leurs obfèques.
Louer j fe dit proverbialement en ces phrafes. Cet
homme a des chambres à louer dans la tcte , c'eft- à-
dire , qu'il manque de cervelle , qu'il a la tête vide,
qu'il clt un peu fou. On dit aulli , qu'un homme
a loué ion ventre, pour dire , qu'il s'eft engagé daller
manger avec quelqu'un. On dit aulli à celui qui de-
mande quelque corvée qu'on ne veut pas faire , Je ne
luis pas loué pour cela. On dit d'un homme qui eft
hors d'emploi , qu'il eft à louer. Ac. Fr.-
LOUE, EE , paît. & adj. Locatus. Une maifon /o/^eV.
Il tant dire , un cheval de louage, plutôt qu'un cheval
loué, à moins qu'il ne faille msrquer le lieu, ou
le temps où il a été loué. C'étoit un cheval loué à
Paris. C'eftun cheval loué le premier du mois , loué
pour trois femaines. Il en eft de même d'un carrollc.
Un carrofte de louage , & un carrolFe loué devant
le Palais Royal , loué pour toute la journée.
LOVER , f m. Terme de Marine. C'eft plier un cable
en rond en forme de cerceau , pour être prêt à le
filer pour le mouillage. R.udentem orbiculatim colU-
gère. Les prifonniers n'avoient pour lit qu'un cable
lové. La Guill.
LOUEUR , f m. Qui donne des louanges. On ne ledit
gueres qu'en mauvaife part de ces Hatteurs qui louent
à tout propos. Laudator. C'eft un loueur perpétuel ,
un loueur à gages. C'eft un caradère bien fade que
celui de loueur perpétuel. I^ll. Je voudrois que l'on
punît les loueurs impertinens , & le zèle ne devroic
pas excufer le ridicule de la façon. Bouh. Rien n'eft
plu? tuant que ces loueurs de profellion , qui font
toujours préparés à débiter leurs fortes flatteries. S.
EvR. A'Ioliére .a dit en général, que les hommes
éioient loueurs impertinens, ou cenfeurs ridicules.
On dit au féminin loueuje. C'eft une loueufe à gage.
Laudatrix.
LOUEUR , EUSE , f m. & f. Qui donne des meubles,
ou des voitures à louage. Locator. On ne le dit guère
qu'en ces phrafes. Un loueur de chambres garnies.
Une loueufe de chaife. Un loueur de chevaux. Uii
loueur de carrolfes.
I.OUGBOROW , LENGBOROW, bourg d'Angleterre,
fitué dans le Comté de Leicefter j à trois lieues de la
ville de ce nom , du côté du nord. Lugenburgus.
Quelques Géographes prennent ce bourg pour la pe-
tite ville nommée anciennement Laclodurum _, que
d'autres placent à Steny-Stradfort , dans le Comte
de Buckiiigham Maty.
LOUGNON. Rivière qui a fa fource dans les montagnes
de Vauge , aux confins de la Lorraine , rraverfe une
partie de la Comté de Bourgogne , baignant Servance ,
Monbonlon , Bellevaux , Moncley , Marna , Pefme ,
& peu après fe décharge dans la Saône j vis-à-vis
de Talenay, à trois lieues audelfousde Grey.
LOUI. 1. m. Terme de Relation & de Calendrier. Ce
nom , qui fignifie crocodile , eft approprié dans le Ca-
lendrier des Cathaïens , & des Iguréens, au cinquième
de leur giagh , ou cycle d'années , auxquelles ils don-
nent le nom de douze animaux différens, D'Herbelot.
LOUIS, f. m. Nom d'homme. Ludovicus , Lôdovicus j,
Lodoix , & même Clodovœus , comme on le verra
dans l'étymologie. Quinze Rois de France ont porté
le nom de Louis ; & il eft fort commun en France
depuis Saint Louis , IX^ du nom.
Le Roi qui règne aujourd'hui eft le XV^. du nom,
Louis le Débonnaire eft le premier du nom , qui
par conféquent n'a commencé que dans la féconde
Mmmra ij
^44 ^ ^
Race ; car dans lapremiere Race on difoit Clovls. Char
lemagne , père de Louis le Débonnaire , le fir Roi d'A-
quitaine , l'an 78 I. Il fut couronné Empereur au com-
mencement de 1 année S14. &il mourut le 20 Juin de
l'an 840. 11 nous relie deux Tous d'or de Louis le Débon-
naire de dirrérent poids ; le premier ell très-bien hit, Ik
porte du côté de la croix cette Légende remarquable ,
MuNUS DiviNOM. La tête de Louts le Débonnaire
cd: toujours couronnée de laurier lur les monnoies ,
fur lelquelles il eft appelle Empereur Augujie &
Pieux. Louis le Bègue eft le fécond du nom , qui
anonta fur le Trône en 879. félon Du Tillet , _&
mourut en 8S0. I.ous IIL régna avec Carloman (on
frère. Louis d Outremer eft le IV* du nom. Il fut
furnommé d'Outremer , parce que Hugues le Grand ,
Duc de France , dont elt illue la Maifon qui règne
en France depuis plus de fept cens ans , fit revenir ce
Prince d'Angleterre. Il fut ficré à Laon , le id de
Juin de l'an 956. & mourut le 16 d'Odobre 954.
Louis V. le dernier de la leconde Race , ne régna
qu'un an. Louis 'VI. le premier de la troilième Race
qui ait porté ce nom , fut lacré le i.z Août 1108.
éc mourut le premier jour du même mois de l'an
1 1 3 7. après avoir régné 19 ans. C'eft lui qu'on nomme
Louis le Gros. Du Tillet , dans fa Chronique des Rois
•de France , ne le fait commencer qu'en 1 1 1 o. Louis
'VII. fon fils , qui avoir été ficré à Rheims pendant
le règne de fon pcre , mourut l'an iiSo. le 18. Sep-
tembre, après un règne d'environ 45 ans. L'Hiftoirc
l'appelle Louis le Jeune. Louis VIII. eft le père de
Saint Louis , qui eft Louis IX^ du nom. Joinviile
l'appelle ioyj. Saint Louis cÇt le premier depuis Hu
gués Capet qui ait rétabli les monnoies en France,
par les réglemens falutaires qu'il fit. Le Blanc. Il
monta fur le Thrône en 122.7. & félon Du Tillet
en 1228. fous la tutelle de Blanche de Cailille fa
mère. Il régna environ 47 ans , & mourut le 2j
. Aoik I 270. Saint Louis fut un prodige de raifon &
de vertu dans un (lècle de fer. Fén.
Louis Hutin , ou iouis X. âgé de 23 ans , fuc-
céda à fon père Philippe le Bel , le 20 Novembre
15 14. &c ne régna que trois ans. Louis XI. âgé de
39. ans , fuccéda à Charles VII, fon père, le jour
de la Magdelène de l'an 1461. tk. finit après 23 ans
de règne l'an 1483. Louis XII. qui commença fon
règne le 7 Avril 1497. fuccédant à Charles VIII.
mort fans enfans _, fut furnommé le Père du peuple ,
& mourut en 1514- Louis XIII. ou L.ouis le Julie ,
le fécond Roi de la Branche de Bourbon , fut 3 3
ans entiers fur le Trône, ayant fuccédé à Henri le
Grand fon père , le 14 Mai 16 10. & étant morr le
14 Mai 1643. Louis XIV. fon fils, furnommé à jufte
titre par toutes les Nations , Louis le Grand , fuc-
céda le même jour à Louis XIII. fous la tutelle
d'Anne d'Autriche fa mère j &: mourut le premier
de Septembre 171 j. âgé de 77 ans, moins 5 jours,
étant né le 5 de Septembre 1658. Ainfi il a régné 72
ans , 4 mois , moins 9 jours , & a été , de l'aveu
même des Etrangers , un des plus grands &: des plus
glorieux Princes que la Monarchie Françoife ait eu
depuis fon ctablillement.
Son amt efl au-dejfus de la grandeur fuprcme ,
La vertu brille en lui plus que le diadème :
Ec quoiqu'un vajle Etat foit fournis à fa loi ,
Le Héros en Louis efl plus grand que le Roi. FlÉch.
Et c'eft avec juftice que M. Fléchier l'a appelé
Leplusfage des Rois , le plus grand des Monarques.
Pour te repréfenter après tes grands exploits ,
Ce n'était pas affe'^ d'un Hercule Gaulois :
Invincible Louis , fous qui le monde tremble ,
llfalloit avoir peint tous les Héros enfernbU.
Idem.
. A ce grand Prince a fiiccédé Louis XV. fon rroi-
£ème arnère-petit-fils , frèi-e de Louis Duc de Bie-
L O U
ngne , mort jeune , & de Louis qui fut Dauphin
cniq ou fix jours après la mort de fon père , arrivée
le 18 Février 171 2. l'un & l'autre fes aînés; & étant
comme eux fils de Louis Duc de Bourgogne , &: en-
fuite Dauphin , & petit fils de Louis Dauphin , lils
de Louis le Grand. U naquit à Verfaiiles le 1 5 Février
1710. & règne depuis le premier de Septembre 171 j.
Il a mérité le glorieux titre de Bien-Aimé.
Les Faifes de Louis le Grand. Voye:^ Fastes.
Ce nom, Louis , eft la même chofe que Clovis;
on a dit Clovis , Se puis Louis , comme on a dit
Clothaire , & puis Lothaire : ainfl , c'eft un nom
Franc. De Cklodovœus , en changeant la terminaifon,
s'eft fait Cludovicus , Ludovicus , Ludovic s , Ludvics ,
Luics , Loys , & Louis , ou Clodovée , Clovis , Clouis ,
Louis , Cludovicus fe trouve jufques fur les monnoies
de Louis le Débonnaire avec une H. Chludovicus y
comme l'a remarqué Cluvier dans fes Floridu , c. IX.
p. //.Delà en ôtant le C 2.[^'nc , Ludovicus , Ludo-
vics ; Ludvics , qu'on prononçoit Loudovics; & en
retranchant le d , Louvics , Louics , Louis. Mais Clo-
dovée , ou plutôt Clodovicus , s'eft fait , félon la re-
marque de Du Tillet, de Luit-Wkh; qui fîgnifie ,
Homme excellent du peuple. Ainfi, c'eft là propre-
ment la lignification àt Louis dans Ion origine , formé
de Luit, ou. Lud , qui comme a remarqué Chorier ,
dans fon Hiftoire de Ûauphiné, lignifioit Peuple &
de W^ich j qui vouloit dire , Homme excellent. Voyez
Du Tillet au mot Luitwich.
Le C. qu'on a retranché du nom Clovis , eft une
lettre étrangère à ce nom , puif'que c'eft la première
lettre du mot Tudefque Conig , ou Kor.ig , ou du
mot Saxon Cyning , qui veut dire Roi , de forte que
Clovis, fignihe le Roi Louis , ou Louts Roi. Quoi-
que fui vaut cette étymologie, les Rois qui s'appeloient
Clovis, aient porté le nom de Louis, on ne les met pas
dans la fuite des Rois du nom de Louis : on ne com-
mence à les compter qu'à Louis le Débonnaire.
Les Italiens difent Aloifius , pour Louis , & nous
difons quelquefois Ludovic en parlant de quelques
étrangers , mais jamais des François, /oye^ Ludovic.
Ordre de Saint Louis. Nom d'un Ordre militaire
qui fut inftitué par Louis le Grand en i<;93. Le
cordon eft couleur de feu pafTé de gauche à droite.
Le Roi en eft Grand-Maître. Il y a huit Grands-
Croix , & vingt-quatre Commandeurs. Le nombre
des Chevaliers n'eft point limité. Le Roi alligna en
même temps fur fes Domaines un fonds de 3000QO
livres pour les penfions des Commandeurs Se des
Chevaliers.
LOUIS, i. m. IJCF efpece de raonnoie qu'on commença
à fabriquer fous Louis XIII, ainfi appelée du nom
des Rois qui en ont fait fabriquer , nummus. Quoi-
que notre écu blanc , qui elt ur.e monnoie d'argent,
ait porté le nom de Louis d'argent , & qu'il y ait
eu des Louis de cinq fortes : on ne dit plus aujour-
d'hui dans le difcours ordinaire Louis d'argent. On
dit feulement en ftyle de pratique, payer en Louis
d'or & d'' argent & autre monnoie ayant cours. On
déligne alors par Louis d'argent les écus blancs &"
les autres pièces au-delfous de l'écu. Il y a des Louis
d'or qui ont valu d'abord 10 livres, puis onze j &
enfin jufqu'à 1 2 &; 14 livres, tantôt plus, tantôt
moins. La tête du Roi eft élevée d'un côté avec fon
nom , & de l'autre une croix compofée de huit L ,
adoffées Se cantonnées de couronnes. La Légende eft,
Chrlfus régnât , vlnclt , Imperat. On a touvent change
le revers 11 y a des louis blancs, on louis d'argent de
Go fous ^de30, i5,5,&4 fous , 011 d'un côté eft la
tête du Roi , & de l'autre l'éculfon des armes de
France, avec la Légende, Slt nomcn Domlnl hens-
dlclum. La valeur des écus a été jufqu'à 3 livres 16
fous , & les autres pièces d'argent ont augmenté &
diminué à proportion. Les louis d'or fuivant l'Or-
.donnance doivent être au titre de 22 karats, à un
quart de remède ; &z les louis d'argenr au titre d'onze
deniers, à deux grains de remède. Il faut remarquer
que quand , en terme de Monnoie , on parle àe louis
d'or, on entend parler de la pièce de j livres 10
L O U
fous; celk- d'onze livres s'iippdlc doui/e lauis. Celle
de 11 livres s'appelle le quadruple. Mais dans l'u-
làge oïdinaire , quand on parle ablblunient d'un louïs,
ou entend la pièce de ii livres. La taille des louis
d'or de / livres lo fous efl de -ji & demi au marc ,
& la taille des louis d'argent , elè de 9 pièces de 60
fous au marc. La fabrique des louis d'or a été établie
le j I Mars 1640. & celle des louis d'argent au mois
de Septembre 1(^41. Ce /o^w d'or pèle deux deniers
I j grains j & celui d'argent 2 i deniers 8 grains.
L'Ordonnance de Louis XIIL du dernier jour de
Mars 1640. pour la fabrication des louis d'or, porte
qu'ils feront fabriqués à la taille & au remède portes
par les Ordonnances pour les écus d'or , au titre des
piltoles d'Elpagne, & qu'ils auront cours j le louis
d'or de deux deniers ij grains, trébuchant pour j
livres ; le double- louis du poids de trois deniers 6
grains trébuchant pour 10 livres, &c. Boizard, P.
I. c. 50. Environ l'an 1648. le peuple ayant fait va-
loir les louis à'o): julqu'à 12 livres, le Koi en 16/2.
ordonna qu'ils auroient cours pour leur ancien prix ;
lavoir de 10 livres. Ils ont enluite fouvent changé
de prix , comme on le peut voir dans Boizard , à
l'endroit cité , &c dans le Blanc, ^. 390 , 591. Sur la
fin du dernier règne , on en fit de 20 livres. Les
louis d'or fabriqués en 1640. & depuis , étoient de
21 karats , &c par conféquent plus loiblcs d'un karat
que les écus d'or. On fit aulîî des àcmi-louis , des
doubles-/c>Mj , des quadruples, &z des pièces de dix
louis. Mais ces deux dernières efpèc.es ne turent que
des pièces de plaifir , & n'ont point eu de cours
dans le commerce. Le Blanc j p. 10, & p. 57J >
376. Le célèbre Varin en avoir fait les coins; ja-
mais les monnoies n'ont été ni fi belles, ni li bien
monnoyées , que pendant que cet habile homme en
a eu l'Intendance. On n'avoir encore jamais fabriqué
d'elpèce d'argent aulfi pelante que les écus blancs ;
& il eft bon de remarquer que par- tout où il elt
parlé d'écus avant l'an i 641. il faut toujours l'entendre
de reçu d'or. Le Blanc , p. 376.
Qn trouve chez les Curieux , des àtmi-louis ôc
des quarts de louis de cinq tous avec le portrait du Roi
(Louis XI F) lortqu'ilétoit jeune; mais ces efpèces
n'ont jamais eu de cours , & ne turent faites que
pour pièces de plailu". Le Blanc , p. 5S9.
Louis XIII. établit aullî la tabrication des louis
d'argent par Ordonnance du mois de Septembre 1 641.
qui porte qu'ils teront fahxiqués j favoir les uns de 60
fous & les autres de 3 o tous, i j tousj,&: 5 louSj tous au
titre de 11 deniers de fin , au remède de deux grains.
Les louis de loixante fous de 2 1 deniers huit grains
' trébuchant chacun ^ à la taille de huit pièces tt de
pièce , au remède d'un douzième de pièce : & les
autres à proportion. Boizard, P. I. c. 30. Les louis
d'at^ent , c'ell: ce qu'on appelle communément un
écu blanc , ou iimplemcnt un écu.
Les louis d'or de Louis XV. fabriqués par Edit
d^i mois de Novembre 17 16. le repréicncent d'un
côté avec la couronne en tête. De l'autre ce tont
quatre écalFons, deux de France , & deux de Navarre :
pofés en croix, leurs pointes oppofées. Il font fur-
monrés chacun d'une couronne de France , & can-
tonnés de quatre Heurs de lis; la lettre de la ville
où ils font fabriqués au centre du champ. L'inlcription
eft: la même. Ils ont valu jufqu'ici trente livres. Se
ils étoient à la taille de vingt au marc. L'Edit de
rnai 1718 les fait monter à trente- fix livres de va-
leur jutqu'au mois d'Août , après quoi ils feront
décriés ; & il ordonne la fabrication d'autres louis
d'or du titre de 22 karats , du poids de tept deniers
16 grains -.t à la raille dfe 25 au marc, au remède
de poids de i 2 grains j & d'un quart de karat de
fin par marc , qui auront cours pour trente-fix livres
la pièce : les doubles & demis à proportion.
Les louis blancs de Louis XV. ont été jufqu'ici à
la taille de huit au marc , Se valoient cinq livres.
L'Edit cité les fait monter à fix livres jufqu'au mois
d'Août , ap:ès quoi ils feront décriés , & il ordonne
la fabrique de nouveaux écus au titre d'onze deniers
L O U 64s
de fin , au poids de fix gros i denier - chacun à la
taille de dix au marc, qui auront cours pour ùx
livres la pièce , les demis , les quarts, dixièmes Se
vingtièmes, à proportion. L'empreinte fera d'un coté
la tête du Koi couronné de laurier, au revers un
écu écartelé de France Se de Navarre j Se furmonté
d'une couronne de France.
L'empreinte de ce nouveau louis d'or, fera la tétc
du Roi couronné de laurier , & au revers une croix
du Saint Ltprit, dont les pointes lont terminées par
des perles , Se un globe chargé de trois Heurs de
lis brochant tur la croix.
Afin de faciliter le commerce dans le Canada ,
le Roi (Louis XIF. ) fit fabriquer pour cent mille
livres de louis de quinze fols, de cinq fous & de
doublesjde cuivre pur. Ces monnoies de même cours,
poids Se loi que celles de France. Sur les louis d'ar-
genr de quinze tous Se de cinq fous , au lieu du
Sit nomen Domiiu benediclum , il y avoir , Gloriam
Regni mi dicent; Se fur les doubles, ZJoaWcj de l'A-
mérique Francoife. Le Blanc,/'. 388.
ICr Aujourd'hui quand on dit fimplement un louis ^
on entend toujours un louis d'or , nummus aurtus ,
valant 24 livres en 1771, \x\\ louis -, un Atmi-louis
valant i 2 livres un double louis 48 livres.
Louis, lignifie de l'argent en général.-
Gratis eji mort; plus d' amour fans payer :
Eri beaux ïomsj'e content les fleurettes. La FonT.
J'ai cent mille vertus en louis biencomptés, Doil.
On dit ironiquement , qu'un homme a payé fes
créanciers en louis , quand il a obtenu des Lettres
d'Etat , ou des Lettres de répit , parce qu'elles ont
au commencement , Louis par la grâce de Dieu.
Louis Triomphant. Terme de Fleurifte. Nom d'un
œillet cramoili Se blanc : L\ Heur n'efl: pas bkn large,
mais û plante porte beaucoup de marcotes,' il eft
fin , il porte graine , Se ne crevé point en lui lailfant
tes boutons. Morin.
Le Fort Louis. Arx Ludovicia. Bonne fortereiïe
qui porte le nom du Roi de France Louis XIV. qui
l'a fait conflruire. Elle eft forte par tes ouvrages ,
Se par ta iituation dans une petite lie du Rhin , au-
deHous de Strasbourg , entre la ville de Bade Se
et lie d'Haguenaw. Maty.
Mont-Louis. Laudiacus vicus. Ancien village de
la Touraine en France. Il eft près de la Loire, à
deux lieues de Tours , vers le levant. Il y a auHI
^■•{onx.- Louis près de Paris , du côté du Faux-bourg
Saint Antoine, & d'autres encore.
Mont Louis. Mons Ludovici , ou Ludovicaus. Petite
ville de la Cerdaigne , lituée à deux lieues de Puy-
cerda, vers l'orient. Cette ville bâtie l'an 1680. Se
défendue par une bonne citadelle , porte le nom de
Louis XIV. Roi de France, qui en eft le fondateur.
Maty.
Le Port-Louis. Portus Ludovici , ou Ludovic^us.
Village & port de la mer Méditerranée. Il eil fur
la côte du Languedoc , à l'entrée du fameux canal
de Sette , au midi du lac de Maguelone. On donne
auHî ce nom à la ville de Blavet. l^oyc\ Blavet.
Le Cap S. Louis. Cap de l'Acadie. Sancli Lu-
dovici ou Ludovicaum promontonum. Le cap. S. Louis
eft éloigné de plus de 2j lieues du cap de Camp-
feaux.
Saint-Louis, Lac. /^oye:^ Ontario.
Voye-^ encore Luis.
LouLS , fi l'on croit le Père Hennepin , Récollet , eft
le nom que les liabitans de la Louifiane , ou du
MiHiHipi donne: it au toleil , qu'ils honorent comme
une divinité , ne faitant rien qu'après lui avoir rendu
hommage fous ce nom de Louis.
0Cr LouisBOURG , petite ville de l'Amérique fep-
tentrionale , dans la nouvelle France , capitale de
l'ile Royale. On la nommoit précédemment le havre
à l'Anglois.
LOUISE, f. f. Noip de femme, Ludovica j Lolfa. La
^4^
L O U
mère de François î. fut Louife de Savoye , qui cpoulâ
Charles, Comte d'Agoulême en 1488. Elle tut Ré-
gente du Royaume pendant que François I. fut en
Italie j & mourut peu de temps après fa prife en
-153 I. f^oyc\ le Père Daniel , Hijhnre de France ,
T. m. p. 9 , no , 125 , 181. 6- fuiv. Henri III.
époufa Mademoifelle £oz^{/« de Vaudemontj qui lut
•une trcs-vertueufe Princelfe. Louife de Marillac ,
Religieufe de PoilFy , a fait une Paraphrafe fur les
Pfeaumes Pénitentiaux. On a dit autrefois Eloïic pour
Louife , & c'eft la même chofe. On difoit autrefois
Loyfe , comme font Du Tillet Se d'autres Anciens.
Ce nom vient de celui de Louis , en ajoutant un
e à la fin.
LouiSE-BoNNE. f. f. Nom d'une efpèce de poires. La
Louife-bonne ell: d'une figure allez approchante de celle
de la Saint Germain, & même delà Verte-longue d'Au-
tomne, fmon qu'elle n'eft pas tout à-fait fi pointue:
•on en voit de beaucoup plus grolfes & plus longues
les unes que les autres ■■, les plus petites lont les meil-
leures; la queue en ell fort courte , un peu charnue
&c penchée , l'œil petit &: à Heur , la peau fort douce
&c fort unie , le coloris verdàtre , tiqueté & deve-
-nant blanchâtre en mûrillanf, ce qui n'arrive point
aux greffes. La première marque de fa maturité elf
cette blancheur : mais il fiut encore qu'en lui ap-
puyant le pouce auprès de l'œil , on le fente un peu
enfoncer. Son mérite conlifle en ce qu'elle eft mer-
-veilleufement féconde , & qu'elle fournit près de
deux mois , Novembre & Décembre -, que fa chair
efl extrêmement tendre j pleine d'une eau allez douce,
&: un peu relevée. Les tonds humides rendent cette
; poire fort groire ; mais en même temps fort mau-
vaife , ayant un goût de vert & de fauvage , &: une
manière de chair particulière, qu'on ne fauroit dé-
finir , qu'en difant qu'elle eft à peu près comme de
l'huile figée : cette chair ne tait point de corps ,
fes parties ne tenant pas plus l'une avec l'autre que
des grains de miel, ou de fable mouillé; mais en
revanche le plein air lui eft très favorable , & le fe-
roit bien davantage , fi elle tenoit à la queue un peu
•plus qu'elle ne tient. La Quint. T. I. p. ^ii , 315.
La Louife-bonne , comme toutes les poires d'hyver
qui font bonnes à manger crues , eft admirable
•cuite, pourvu qu'on la mette au feu avant qu'elle
loit arrivée en maturité j autrement la cuiiron la ré-
duit en bouillie. La Quint.
LOUISETTF. C f. Nom de fille , diminutif de Louife.
Ludcvica. C'ell; un nom qui ne ledit que dans le peu-
ple, qui appelle quelquefois Louifeue une petite fille
nommée Louifeau baptême; Louifon efl plus ordinaire.
Onditaulïï plus communément Zz/Êrre pour Louife.
LOUISIANE. Grande contrée de l'Amérique. Ludovi-
Jiana. La Louifiane eft au fud oueft de la nouvelle
France, & s'étend jufqu'au golfe du Mexique , vers
l'embouchure du Hcuve Millillipi. On la nomme
louvent MitlIlTipi du nom de ce Heuve. Elles a les
Apalaciies &: la Virginie au levant, le nouveau Mexi-
que au couchant. Elle a été nommée Louifiane , en
l'honneur de Louis le Grand, tous le règne duquel
elle fut découverte l'an i 678. par le fieur Robert
Cavelier de la Salle , Gouverneur du Fort de Fron-
tenai. Le fieur d'Ibcrville y a fait depuis un éta-
blillement au midi , & bâti un fort vers l'embouchure
du Millillipi. C'cft depuis ce temps- là fur tout qu'on
l'a nommée Millillipi. La Louifiane eft un pays fort
gr.as, & .abondant en toutes fortes de chofes.
LOUISIEN , ENNE ,adj. Ludovicianus , a , um. Quel
ques uns prétendent que l'on dit le Code Louifien ,
& la Période Louifienne. Je n'ai jamais trouvé en au-
cun Auteur ces mots; on dit bien le Code Louis ,
pour fignifier le Code des Loix faites par Louis le
Grand ; mais le Code Louifien n'eft pas d'ufage. Pour
la Période Louifienne , on ignore ce que c'eft. Louifien
eft le nom d'une ancienne monnoie.
LOUISON. f. m. Ludovicus. Nom propre, diminutif de
Louis. Ludovicus. Petit Louis. Il ne fe donne qu'aux
petits garçons , &' parmi les gens du peuple. Ce nom
fe dit aufli des filles, & alors il eft du genre féminin,
LO U
C'eft le diminutif de Louife , q ui ne fe dit que des
filles du peuple. Dans le Malade imaginaire la fé-
conde des filles d'Argon, encore petite & jeune, fe
nomme Louifon. Ah ! ma pauvre fille j ma pauvre
petite Louijan ! Molière.
LOULE. Petite ville de Portugal , dans la ProviiKe
d'Algarve , au nord oueft de Taro , fur la côte mé-
ridionale.
LOUMAZE. f. f. Nom de femme. Foye\ Néomaie.
LOUNG. f. m. Drogue pour peindre en jaune , dont
on fe fcrt dans la Chine, à Camboya, & en plu-
fieurs autres lieux des Indes Orientales. Elle fe trouve
dans les Royaumes de Camboya & de Siam.
LOUNIGUIN. f. m. Terme de Relation, i". Portage
d'un canot d'une rivière à un autre , ou d'un endroit
de la rivière que l'on ne peut palier à un autre endroit
au-dellus ou au defTous. i". Chemin d'une rivière à
un autre ; efpace de terre qui fait la diftance d'une
rivière à un autre -, & pendant lequel il faut porter
le canot pour palier de l'une fur l'autre. CyrnbuU gef-
taûo , Jpatium terra ab uno flumine ad aliud , quo
cymba humeris jerenda efl. De la rivière de S. Jean
à d'autres rivières qui conduilent dans le Heuve S.
Laurent , &: à d'autres rivières , il y a à chaque tra-
verfedeux ou trois portages de canots, au travers des
bois, où l'on trouve des chemins qui vont d'une ri-
vière à l'autre , que les Sauvages appellent Louni-
guins ; les autres portages font des endroits dans les
rivières où la navigation eft empêchée par les fants
ou chûtes d'eau , caufées par des rochers qui les re-
tiennent &c en rétreciflent le pallage , ce qui rend
le courant fi rapide , & fait que l'eau tombe de
' fi haut, que l'on eft obligé de porter les canots fur
les épaules , ou fur la tête , jufqu'au lieu où le cours
de la rivière eft uni. Le plus fouvent ces portages
font de cinq à fis lieues , quelquefois jufqu'à dix ,
ce qui eft rare , dont les Sauvages entreprennent
volontiers le trajet , par la facilité qu'ils ont de por-
ter leurs canots , qui font très-légers. Denys.
LOUP. f. m. Louve, f. f. Animal farouche demeu-
rant dans les bois ^ l'ennemi le plus dangereux du
bétail, parce que c'cft le plus goulu, le plus car-
naflier , 6c le plus fin des animaux , Lupus j Lupa.
Il reftemble à un grand chien. Il a un odorat exquis.
C'eft une efpèce de chien fauvage qui a une tête
quarréej & dont les côtes font pofées félon la lon-
gueur de fon corps , ou parallèles à l'épine du dos.
Aller en quête pour le Loup. Saln. Détourner un
loup. Id. Forcer un /o://i. Ael. Lancer un /0///'. Chaffet
le loup. Saln.
F^it on les loups brigands , comme nous inhumains f\
Pour détroufferlesloups , courir les grands chemins? \
BoiLEAU.
On appelle cheaux , plus communément louve-
teaux, les petits de la louve ; & on dit, ligner lai
louve , pour dire la couvrir. Le loup ne porte rienj
à fes cheaux qu'il ne foit laoul , & même il ôtcl
la prébende à la louve &c à fes cheaux. La louve fait I
le contraire. On dit que la faoulée Awloup dure huicj
jours.
Les Egyptiens avoient en vénération cet ariimal,!
parce qu'ils croyoient qu'Ofiriss'étoit fouvent déguifél
en loup. C'eff que ce Prince portoit pour habille-
ment de guerre une peau de loup. Le loup étoit même 1
adoré àLycopolis, qui fignifie la Ville du/o;^. CetI
animal étoit confacré à Apollon.
Laétance^ Lnftic. Ckrift. L. L. c. 10. dit, que les j
Romains rendirent des honneurs divins à la/L)av«>|
parce qu'une louve avoir fauve Remus & Romulusl
en les alaitant, quand ils furent expofés. Arnobe,!
Z. LF. adv. Gentes , dit que de cette louve , ilsl
firent la déelle Luperca. Voyez encore fur cela Pro- 1
perce ^ Eleg. IF. L. IF. v. ;;. Ovide, Fafl. L.
IL. V. 41 3 ,415. Tite-Live, I. /. c. 4. & Plutarque I
dans la vie de Romulus. C'eft que leur nourrice s'ap- 1
pelloit Lupa , qui figninoi: louve.
Loup & Louve, fur les médailles figniiîent ou l'ud-
L O U
ginc de la ville de Rome , fondée par ks deux Acres
Komulus tk Hcmus , qu'on diloic avoir été alnités
parune/oai'c'.ouiiiiiplcnicnt laduiiiiiiirioii Hoiii.iuie,
à laquelle les peuples étoienc ("(ninii'i. l'eut erre déli-
gnent ils le pays où il le trouvoïc qiMiuitéde loups ^
comme l'exprime la médaille de Mérida. .S'
,>ouveiit on
voir les deux hères attachés aux têtes de la louve. P.
JOBEIIT.
Il y a trois fortes de loups. Le loup mâtïn , qui ne
vit que de charogne ,. Lupus moloj^us ; le loup //-
vrier , qui vit de rapine qu il attrape par la légèreté-.
Lupus vcnagus. L'un & l'autre loin graiids & ra
blcs, ayant une gueule épouvantable à double rang
de dents tk de crocs qui coupent comme de l'a
cier. Ils vont toujours deux enfemble. Le loup-
cervcernc vit que de gibier qu'il furprend ; il cil
plus grand que le renard , & habite d'ordinaire les
montagnes : Lupus ccrvanus. Quelques uns croient
que c'elt la même choie que le lynx, dont les Au-
teurs ont parlé , que d'autres croient être un ani-
mal fabuleux. Nicod dit que le loup-cervier eft un
chat iauvage de la grandeur d un léopard. Herbert
dans fa Relation de Perle dit aulli , que les loups-
ccrvïers font de la race de nos chats , qui changent
de nature en changeant de pays , comme les chiens
d'Europe ont dégénéré en loups dans la nouvelle Ef
pagne. Borel dit que quelques Auteurs le nomment
rhaphlus ; & que c'ell wnloup racheté comme un léo-
pard ; tk que ce nom, félon Bochard , eft dérivé
de i'f^ébreu rhaham , qui fignihe affamé.
Les Mémoires de l'Académie des Sciences en don-
nent des connoilfances plus certaines. On y a tait
la dillèclion de celui qu'on a nourri long-temps à
Verlailles. On a cru jufquici qu'il étoit ainll nom-
mé , parce qu'il avoir la forme de loup , & qu'il
leiremblok en quelque façon au cerf par la cou-
leur de fon poil. Mais la vérité ell qu'il ne reflem-
ble aucunement au loup , & que le peu qu'il tient
du léopard, ou du cerf, lui eit commun avec
quantité d'autres animaux. U y a plus d'apparence
qu'il a été ainll nommé , parce qu'il challe les
cerfs , comme le loup les moutons. U rell'emble
plus au chat qu'à aucun autre animal. Il a les pieds
divifés comme les lions , les ours , les tigres & les
cnats. Sa langue eft couverte de pointes , comme
celle des chats & des lions. Ses oreilles font toutes
femblables à celles d'un chat, & ont au haut une
houppe de poil fort noir : ce qu'Elien attribue aulli
au lynx. Il a le dos roux marqué de taches noires;
le ventre &; le dedans des jambes d'un gris cendré ,
marquetés de mêmes taches , mais plus grandes ëc
plus féparées. Chaque poil dans la longueur eft de
trois couleurs , ayant la racine d'un gris brun , fon
extrémité blanche , & fa partie du milieu prefque
roulle. U y en a de plulieurs efpèces , &c de poil
diftërent , félon les lieux d'où ils viennent. Le lynx ,
le thos , les chaos & les panthères des Anciens ,
ont été pris par quelques Modernes pour le loup-
cervier : mais M. Perrault en a bien fait voir la dif
férence. Foye^ fur le loup 'Volîlus , de Idolol. L.
III , c. ss, S9 i 62, 72 , 73 ,y4,j6, 77.
Les Seigneurs amalfent leurs payfans pour aller
à la chalfe au loup , Se font un triquetrac , ou des
battues. Lupum condamant. Le loup fe prend avec
des haulfe pieds ou chalïe-pieds , c'eft à-dire , avec
des chaulletrapes &- creux couverts , ou avec autres
pièges & amorces. Il eft difficile de forcer un vieux
loup ; car s'il trouve de l'eau , il courra trois jours
& trois nuits. Il n'y a point de loups en Angle-
terre, depuis qu'ils furent exterminés par Elgarus ,
ou félon d'autres , par Etheltan , Rois du pays. Al-
berto Lazari dit qu'Edouard père de Henri Roi' d'An-
gleterre , pour exterminer tous les loups de fon
Royaume , offrit cent écus de la tête de chaque
loup qu'on lui porteroit , & qu'on n'y en a point
vu depuis ce temps-là; quoiqu'il y en ait encore
beaucoup dans rEcolfe. D'autres difent qu'Elgard
Roi d'Angleterre au X^ fiècie , après avoir fubju
gué deux fois les habitans du pays de Galles , leur
L O U 647
impofi pour tribut 300 têtes de loup tous les ans
Parla il extermina k'i loups d'Angleterre, ou' les
ht tuir en Ecolle, depuis cette challe, & on n'en
voit plus dans l'Angleterre. Les anciens Grecs ap-
peloient le loleil a„«„ , loup ; non pas du nom ^;.„
loup ; au contraire le nom de a««, loup , étoit pris
du nom du loleil. /^«., , comme on le peut voir aux
étymologies : mais de >:.., , lumière , crépufculc.
Foyc'^ Macrobe , Z. /, c. ij.
Le loup , en termes de l'dalon , s'appelle tantôt
paffant , tantôt courant ; tantôt rampant lV raviffant.
Un Poète a fait ce mot adjedil dans une hible j
fiilant parler les brebis au loup qu'elles traitent dé
votre Majefté louve , {k de Monarque loup.
Prene-^ , Monarque loup , dit le haîlant troupeau ,
Contre le maître coq , prene^ notre défenfe ,
Prene^ fur nous toute licence ,
Et comme il vous plaira j tonde^ Jur notre peau ,
Tout eft à vous ; en vous eft notre confiance j
Et votre louve Majefté
Peut au gré de fa 'volonté
Difpofer de notre fuhftance.
#3'Loup Garou. C'eft, dans l'efprit du peuple , un
efprit dangereux &: malin , travefti en loup , ou un
foreier transforme en bête effrayante , qui court les
champs & les rues pendant la nuit. Opinion aullî
ridicule que celle qui étabht les levcnans , les lu-
tins , les larves, les fées. Cette idii, toute extra-
vagante qu'elle eft , fubiîfte depuis long temps.
Pline fe moque de ceux qui croient que quelques
. hommes font transformés en loups-garous , & re-
prennent enfuite leur première forme. Aujourd'hui
on fait peur du loup-garou à un enfant. E>ans bien
des endroits le peuple croit que les excommuniés
& ceux qui n'ont pas fait leurs Pâques, fon chan-
gés en loups garous. Il y a un arrêt du Parlement
de Dôle de 1/74 , qui condunne au feu Gilles
Garnier qui ayant renoncé à Dieu , & s'étant
obligé par ferment à ne plus fervir que le Diable ,
avoir été transformé en loup garou.
IfT Le plus étrange effet de la force de l'imagina-
tion eft la crainte déréglée de l'apparition des ef-
prits , des fortiléges , des loups garous j & de tou-
tes les autres rêveries des Démonographes. f^oyer
dans la 3* Partie du P. Malbranche , où il traite
de la communication contagieufe des imnginations
fortes , quelle eft la fource de cette crainte , !k com-
ment l'on peut avec une imagination déréglée &
échauffée le perfuader foi même , oc perfuader les au-
tres de l'exiftence de ces prétendus efprits. S'il y a des
loups'garous j ce ne peut être que des hommes atra-
bilaires , qui s'imaginent être devenus Joups , par
une maladie que les Médecins nomment Lycantro-
pie. f^oye'^ ce mot.
|lcr Du Cançe dérive ce mot de l'Anglois Were ,
homme , du Latin vir. Loup-garou , homme
loup.
§CF D'autres difent loup-garou, loup dont il faut fe
garer ou garder. Aullî dans quelques endroits on
l'appelle guère loup. C'eft le fentiment des Bollan-
diftes, Acla Sanâ. Mart. T. 2 , p. yoj.
Loup-garou , fe dit figurément d'un homme bourru Ik
'fantalque, qui vit feul , Se éloigné de toute com-
pagnie. Morofus , difficilis , peracerhus. Cet hom-
me vit en loup-garou , il ne veut voir perfonne , il
ne fort que la nuit en loup garou. Ils nous traitent
par tout comme des loups-garous. Voit. Ils veu-
lent que leurs femmes vivent comme 'des loups-
garous. Mol.
Je ne prends point pour vertu
Les noirs accès de trifteffe
D'un loup-garou revêtu
Des habits de la Sageffe. R.
Loup df mer , ou Loup marin. PoilTon qui eft
Icmé de taches qui a le dos blanc 6c bleu , qui
^48 L O U
ell giMiid , gras, épais j couveiT de moyennes écail-
les , ayant une grande & longue tcte , avec une
grand ouverture de gueule. Rohd. Lupus , ou lucius
mannus. Les loups marins de la mer du Sud , y (ont
en il grand quintité , qu'on en voit Couvent les
rochers couverts autour de lile de la Quuiqume :
ils diîicrent des loups marins du nord _, en ce que
ceux-là ont des pattes , au lieu que ceux-ci ont
deux -nageoires alongees à peu près comme des ailes
vers les épaules, & deux autres petites qui enter -
ment le croupion. La nature a néanmoins confervé
au bout des grandes nageoires quelque conformité
avec les pattes ; car on y remarque quatre ongles ,
qui en terminent l'extrémité , peut être parce que
ces animaux s'en fervent pour marcher à terre , où
ils fe plaifent fort , & où ils portent leurs petits ,
qu'ils y jiourrilfent de poillbn , & qu'ils carellént ,
à ce que Ton dit , tendrement. Là ils jettent des
cris femblahes à ceux des veaux , d'où vient qu'on
les appelle dans pluiieurs Relations, V taux marins ;
mais leur tcte reifemble plutôt à celle d'un chien,
qu'à tout autre animal ■; &c c'eft avec rahon que
les Hollandois les appellent Chiens marins. Leur
peau ell couverte d'un poil fort ras & tourfu j leur
chair eft fort huileufe , de mauvais goût : on n'en
peut guère manger que le foie -, néanmoins les In-
diens du Chiloé la font lécher , &• en font leurs
provifions pour fe nourrir. Les vailfeaux François
en tirent de l'huile pour leurs befoins. La pêche en
eft fort facile; on en approche (ans peine à terre
&• en mer, & on les tue d'un leul coup fur le
nez. Il y en a de différentes grandeurs ; dans le
Sud ils font gros comme de bons mâtins , & au.
Pérou on en trouve qui ont plus de 1 1 pieds de long.
Leur peau fert à faire des Balfas , ou balon.s plems
d'air j dont les Américains fe fervent au lieu de ba-
teau. Frézier ^p. 7/. On voit quantité de loups-
marins au Chili , tant à terre qu'à la mer. Les Hol
landois les appellent Lions marins, & quelques-uns
Veaux marins, parce qu'ils jettent un cri femblabie
à celui d'un veau. D'autres les appellent Chiens
marms , parce qu'ils ont la tête allez femblabie à
celle d'un chien. Les Efpagnols les nomment com-
me nous , loups marins. Ils font amphibies.
ffT On trouve dans les Mémoires de l'Acad t. 5. part. I.
la defcription de cet animal. On remarque que (es
poumons font partagés en deux lobes : fon cœur efl;
rond &c plat , Se l'on y voit deux ventricules fort
grands. Ces deux ventricules communiquent en-
femble par le trou ovale , qui ne le ferme pas , com-
me dans les animaux terreftres , quelque temps
après leur nailBnce ; mais qui lailFe circuler le fing
du ventricule droit dans le ventricule gauche fans
palTer auparavant par les poumons.
^3° D'où l'on doit conclure que le loup marin doit
vivre aulFi facilement dans l'eau que dans l'air.
:^Cr Pour s'en convaincre il faut remarquer 1°. que
dans les Jiommes & dans tous les animaux tcrrel-
tres , le fang va de la veine cave dans le ventricule
droit du coeur -, du ventricule droit dans l'artère
pulmonaire ; de l'artère pulmonaire dans la veine
pulmonaire ; & de la veine pulmonaire dans le
ventricule gauche.
z°. Que la poitrine des hommes , comme celle
de tous les animaux terreftres , a deux mouvemens,
l'un d'infpirarion Se l'autre d'expiration. Dans le
premier elle fe dilate , & reçoit l'air extérieur :
dans le fécond elle fe rétrécit , Se elle rend l'air
extérieur qu'elle ayoit reçu.
3°. Lorfque dans le mouvement d'expiration la
poitrine fe rétrécit , les poumons en mc-me temps
fe compriment , Se le fang qu'ils avoient reçu du
ventritule droit du coeur par l'artère pulmonaire,
eft obligé de fe rendre dans le ventricule gauche
par la veine pulmonùre. C'eft pour cela fans dourc
que la refpiiarion eft abfolument nécellaire à la vie
<le l'homme & de tous les animaux reireftres , puif-
que fias ces nuuve.n.-ns alternatifs d'mlpiratiaa Se
LO U
d'expiration , le Cane, n'auroit pas fon mouvement
de circulation.
§3° Il n'en n'eft pas ainfi du loup marin , Se de tous
les animaux amphibies. Comme ils ont le trou ovale
ouvert , leur (âng va du ventricule droit aCi ventricule
gauche du cœur , lins pafler auparavant par les
poumons. Il a donc fon mouvement de circulation
dans le temps même qu'ils ne rcfpirent pas , & par
conlcqucnt ces fortes d'animaux peuvent vivre dans
l'eau.
§Cr On peut appliquer ce principe à quelques effets
analogues à celui dont on vient de parler.
1°. Les enfans n'ont pas beloin de refpirer dans*
le fcin de leur mère ; parce que leur fang va du
ventricule droit au ventricule gauche du cœur par
le trou ovale qui ne fe ferme que quelque temps après
leur naiilance.
2°. Veut-on favoir (1 un enfant trouvé mort eft
venu au monde mort ou en vie? On n'a qu'à met-
tre un morceau de fon poumon dans l'eau. S'il va
au fond , l'enfant étoit mort avant que de naître j
Se s'il nage , l'enfant elT: venu au monde en vie.
§Cr En effet j li l'enfant étoit venu au monde en vie ,
il auroit relpiré ; s'il eût relpiré , il (croit refté de
l'air dans fes poumons ; s'il fiit refté de l'air dans
(es poumons , ils auroient été relativement plus lé-
gers qu'un pareil volume d'eau , Se par conféquenc
ils auroient lurnagé. On doit donc conclure que
s'ils vont au fond , l'enfant étoit mort avant que de
naître ■■, 8e que s'ils nagent , l'enfant eft venu au
monde en vie.
3". Ce qui caufe la mort des noyés, n'eft pas
l'eau qu'ils boivent , puifqu'ils en avalent peu ; c'eft
qu'ils ne peuvent pas relpirer dans l'eau.
4°. Ceux qui demeurent long temps dans l'eau ,
fans avoir beloin de re(pirer , tels que font les Pê-
cheurs de perles , doivent avoir le trou ovale ou-
vert.
03" Pline dit que l'on faifoit voir à Rome des loups
marins qui répondoient quand on les appeloit , Se
qui de la voix & du gefte (aluoient le peuple dans
les Théâtres. Sévérinus dit aulïl qu'il y a eu un
loup marin qui témoignoit de la joie , quand ou
iiommoit les Princes Chrétiens j & de la rrifteire,
quand on nommoit les Mihométans. Crcdat Judxus.
Dent de Loup , eft un outil dont le fervent les Gra-
veurs , Orfèvres Se Doreurs , pour polir leurs ou-
vrages. Dens l&vi^acorlus. C'eft en etiet une dent de
loup , attachée à uii manche .
Loup , eft aulli un terme de Libraire , qui fignifîe un
inftrument de bois , fait en manière de triangle , dont
on (e fert pour dreiîer les paquets , loriqu'ils font
cordés. Trlangulus Typographicus.
Loup des Anciens. C'étoient des cifeaux courbes Se
dentelés , attachés au bout d'un cordage , avec le(-
quels on pinçoir le bélier , en le détournant à droite
ou à gauche. Cette machine failoit le même effet
que les lacs courans.
Loup, eil aullî un petit morceau de latte , au bout duquel
les enfms attachent une petite corde , avec laquelle
ils font tourner cette latte en l'air ; ce qui faiiant
un bruit qui a quelque chofe du hurlement d'un
loup , a été caufe que les enfms ont appelé Loup ce
morceau de latte. AJJlculus rotatUls.
Velfe de Loup , eft uneefpèce de Champignon. Voye-^^
au mot Vesse.
On appelle Saut de loup , un folTé alfez large
pour n'être pas franchi par un loup , Se qu'on creufe
au bout des allées d'un parc , pour les fermer, (ans
leur ôter la vue de la campagne.
Loup, le dit'fîgurémenr en Morale d'un Hérétique,
d'un hypocrite , on d'un ennemi de l'Églile. Jélus-
Chrift nous avertit de nous garder de ceux qui vien-
nent avec des habits d'agneaux , Se qui dans l'in-
térieur (ont des loups raviftans. Qui venlunt ad vos
In vefllmentls ovlum , intrinfecus autem /uni liipi
rapaces. Le peuple les appelle des Pattes de loup ,
des pattes pclues.
Loup, le du iigurcment aullî des perfounes maiisnes,
inédilar-tes.
L O U
médiraïues , ou qui dccliircnt impitoyablement les
autres. Les hommes font des loups les uns aux
autres. Homo homïn'i lupus.
PuiJ qu'entre fous , humains , vous vivc^ en vrais
Joups. tIP
On ne me reverra de ma vie avec vous. Mol.
loup , en Chirurgie , efl: une efpèce de maladie
qui vient aux jambes ; ulcère chaiicreux qui ronge
& confume les chairs voilines. Carcinoma , cancer
crurum.
|tCr LouPj en chimie , eft un des noms qu'on donne
à l'antimoine, parce qu'il divilc !k. dillbut tous les
métaux avec Icfqucls on le lait fondre , excepté
l'or & l'argent.
Loup, ell aulll uneefpècé de mafquede velours noir,
que les femmes ont porté pendant quelque temps
• pour le préferver du haie. Il n'étoit point attaché ,
& elles le tenoieiit avec un bouton dans la bou-
che. Il pendoit depuis le front jufqucs lous le men-
ton , à la dirtérence des mafques carrés qu'elles por-
toicnt auparavant. Elles lui ont donné ce nom ,
parce que d'abord il fiifoit peur aux petits enfins.
Loup, ou la Panthère. Terme d'Allronomie. Conllel-
lation méridionale. On l'appelle aulli bète du cen-
taure, parce que le centaure la traverle. Lupus. Cette
conrteilition elt compofée de 19 étoiles : deux de
la troifième grandeur , onze de la quatrième, &
lîx de la cinquième.
Loup , le dit proverbialement en ces phrafes. Il eft dé-
crié comme le loup blanc. On dit que la faim challc
le loup hors du bois j pour dirCj que la nécelfité
contraint les gens à travailler , ou à mendier. 'Villon
dit en fon Teltament, nécelllté fait gens mépren-
dre , tk tait faillir le loup du bois. On dit qu'on
met les gens à la gueule du loup, pour dire, qu'on
les expofe à des périls évidens. On dit , qui fe fait
brebis, le /o^^^ le mange , pour dire, que quand on
eft trop facile j ou patient , on eft fujet à être pillé,
ou infulté. On dit ironiquement, qu'une choie eit
facrée , comme la patte d'un loup. On dk d'un hom-
me enrhumé , qu'il a vu le loup : ou plutôt on de-
vroit dire , que le loup l'a vu le premier , luivant
ce mot des Bucoliques de Virgile , Lupi Mcenm vi-
derepricres. C'eft une erreur populaire fondée fur un
patlage de Pline; maiscepallage de Virgile iait voir
que l'erreur eft plus ancienne que Pline. On le ditauùl
de celui qui a vu le monde, qui eft aguerri & expé-
rimenté. On dit encore j que des gens vont queue à
queue comme les loups , quand ils s'entreluivent ,
quand ils arrivent l'un après l'autre. Car on dit que
quand la louve eft en chaleur , il y a une grande
tramée de loups qui la fuivent queue à queue , com-
me dit Phœbus de Foix en fon livre de la Challé.
On dit encore , qui parle du loup en voit la queue j
lupus in fabula , quand quelqu'un arrive dans une
compagnie dans le temps qu'on parloir de lui. On
dit aulli , Marcher à pas de loup , pour dire , dou-
cement , & pour furprendre quelqu'un. On dit
aulli j Entre chien & loup , quand il fait obfcur,
au temps qu'on ne peut difcerner lî c'eft un chien
ou un loup. Entre chien & loup ; cette expreftîon
eft ancienne en France, elle fe trouve dans Mar-
culfe. Infra horam vefpeninam , dit il , inter canem
o" lupum , Sec On dit qu'on a couru un homme
comme un loup gris , poui dire , qu'il a été vivc-
menr pouifuivi. On dit qu'on tient le loup par les
oreilles , quand on eft embarralle dans une aft'aire
doureule , & où l'on envifage du péril de tous cô-
tés. Aurihus teneo lupum. Ter. On dit que la lune
eft à couvert des loups , qu'elle eft en sûreté. Ce
proverbe vient du Latin , Luna tuta à lupis. On dit
aulll , Donner les brebis à garder au loup , comme
on dit , Au plus larron la bourfe , pour dire j
Merce une chofe en une main infidèle. Ce pro-
verbe eft encore tiré du Latin , & fe trouve dans
Tcicnce. Ou dit aulfi, qu'il fiut hurler avec les loups ,
pour dire, qu'il faut s'accommoder à l'humeur de
Tome y.
L O U
^49
ceux avec qui on a à vivre. On dit encore, que la
guerre eft bien forte , quand les loups fc mangent
l'un l'autre,, ou que les loups des bois ne s'entre-
imngeiit pas, pour dire , que les gens d'une même
protcliion s'cntrefoulagcnt : ce qui le dit des Au-
teurs ou des gens de mcnic prorcllion , lorfqu'ils
le déchirent , ou qu'ils plaident les uns contre les
autres. On dit en Chirurgie, qu'on enferme \c loup
dans la bergerie , quand on laillc refermer une plaie
uns l'avoir bien fait luppurcr,pour empcciier qu'il ne
s'y forme un lac qui obligeroit à la rouvrir. On dit
aulll , le loup mourra dans la peau , pour dire , qu il
arrive rarement qu'un méchant hoinme s'amcnd.-.
On dit aulli , A brebis comptées , le loup les mange ,
pour dire , que quelque loin que l'on ait de garder
ce qu'on a , Hc d en lavoir le compte , on ne laillè
pas quelquefois d'être volé. On dit aulfi qu'un hom-
me eft connu comme le loup , pour dire, qu'il eft
extrêmement connu , & cela ne le dit que d uri
homme de qui on peut fe donner liberté de dire ce
qu'on en penle. On dit aulli lavoir la patenôcre du
loup , pour dire , favoir de certaines paroles magi-
ques pour empêcher que le loup n'étrangle les bre-
bis. On appelle une femme dirbauchée, une louve.
On dit : Qui fauroit les coups , on prendroit les
loups , pour dire , Que fi l'on lavoir deviner , on
feroit de belles chofes &c de beaux profits.
Quiconque ejl loup , agijfe en loup :
C'ejl le plus certain de beaucoup. La Font.
Danler le branle du loup , eft un proverbe qui ne
fe trouve point dans nos Diiilionnaires. En voici
l'explication. Cosme. Tu parles haut, comme fi j'é-
tois lourd Simplicien. Par-là vous pouvez connoitrc
que je ne danfe pas le branle du loup , la queue
entre les jambes , c'eft à dire , que je n'ai point de
peur. Cosme. Il eft vrai que \z loup étant un animal
cruel & lâche , porte ordinairement la queue entre
les jambes, qui eft un fignc de fa lâcheté & de mau-
vaile nature , aulli- bien que de celle du chien,
duquel un Poëte a dit que les chiens de mauvaife
race replient leur queue fous le ventre.
Dtgenerefque canes caudamfub ventre refiecîunc
Foyei CHIEN.
On difoit anciennement , leu , Se on le dit encore
en Picardie. Il en refte des marques dans un jeu de
petits enhns appelé, à la queue leu , leu\ &: dans
le nom de Saint Leu &c Saint Gilles. Sanài Lupi Se
uîgidil.
On difoit aullî autrefois loin , pour fignifier la
même chofe. L'Abbaye de Fille- Loin eft appelée
Villa-Lupa. La rivière de Loin , ad Lupam.
Illes aux Loups marins. Il y a fur la côte de l'A-
cadie , dans la nouvelle France , des îllcs qu'on ap-
pelle les îlles des Loups marins , parce que les loups
marins vont là faire leurs petits. Ils y viennent pour
mettre bas vers le mois de Février , montent lur les
rochers , & te mettent autour des îles , où ils font
leurs petits , qui font en naillaiit plus gros que le
plus gros porc que l'on voie. Se plus longs. Ils ne
demeurent à terre que peu de temps , après quoi
leurs père 8e mère les emmènent à la mer ; ils re-
viennent quelquefois à terre ou fur des rochers , où
la mère les fait téter. La pêche s'en tait au mois de
Février , lorfque les petits y font : on va tout autour
des lies avec de forts bâtons j les père & mère fuient
à la mer , Se on arrête les petits qui tâchent de
fuivie , en leur donnant un coup de bâton fur le nez ,
dont ils meurent. L'on va le plus vite que l'on 'peut,,
car les pcre & mère étant à la mer , font un grand
bruit j qui donnant l'alarme par-tout, les fait tous
fuir; mais il fe lauve peu de petits : on ne leur en
donne pas le temps. Il y a des joutnées que l'on en
tue jufqu'à fix , fept , Se huit cens. Ce font les pe-
tits qui font les plus gras , car les père Se mère font
maigtes. L'hyver il faut bien trois ou quatre petits
N n n n
é^o
L O U
pour faire une barique d'huile ; qui cft bonne à
manger , étant fraîche j & auflî bonne à briiler que
l'huile d'olive , & n'a point d'odeur en bridant ,
comme les autres huiles de poillon^qui font tou-
jours pleines de lie épallFe , & de laletes au fond
des bariques.
LOUP. f. m. Nom d'iiomrpc. Lupus. Saint Loup , Evo-
que de Troyes, fur cleié à cette dignité l'an 426.
après la mort de S. Ours , &: mourut en 478. le 29*^
Juillet j jour auquel l'Eglilé célèbre fa mémoire. Saint
Loup , Evéque de Lyon , pallii les années de la jeu-
nelle dans la vie folitaire ou monaftique. Il fuccéda
à S. Viventiol , vers l'an 5i^ alUlla en 538. au 111'=
Concile d'Orléans , & mourut avant l'année J41.
F'oyei Bailler , au 2 s de Septembre.
Le Loup. Nom d'une petite rivière de France. Lupus.
Le loup cil: dans la Provence. Il a fon embouchure
près de celle du Var. Hadr. 'Val. Not. Gall. p.
308.
L'île des Loups , s'appelle autrement llfle S. Roch.
Elle ell par la latitude 6 degrés ;/ minutes , & non
pas 6 degrés 14 minutes , comme a dit Danipierre.
Elle eft à 1 5 ou 14 lieues de la côte du Pérou.
Il y a encore un peu plus au nord une autre île ,
appelée auflî l'ile des Loups.
Ces îles font ainfi nommées à caufe des loups ma-
rins qui s'y retirent.
La féconde ell plus grande , plus haute & plus
unie que la première, fuis eau , lans bois , &z (ans
verdure. Elle a deux lieues de long , 6c eft à deux
lieues de la terre-ferme.
LOUPÇAVO. La Congrégation de Loupçavo proche
de Luc. C'eft une Congrégation religieufe , l'une de
celles qui furent unies par Alexandre IV. pour for-
mer l'Ordre des Ermites de S. Auguftin. P. Mélyotsp
P. ///. c. 2.
Loupe. Nom d'une petite rivière. Lupa. La Loupe
efl: en Normandie , «Se fe décharge dans l'Eure. Hadr.
■V.alois, Noc. Gall. p. 308-
LOUPE. f. f. terme de chirurgie. Ganglion , panus. Tu-
meur contre nature , quelquefois molle , quelquelois
dure , toujours ronde , prenant naillance le plus
fouvent aux lieux durs , fecs & nerveux. Elle fe forme
d'une matière qui eft enveloppée dans une petite
bourfe, ou tunique, qui eft tantôt comme du fuilj
tantôt comme de la boullie , ou du miel , & tantôt
dure comme une pierre , ou un petit os.
{CT Ces tumeurs formées par un amas de facs lym-
phatiques viennent lous la peau , dans les cellules du
tiffu adipeux. Elles crollfent par degrés infenlibles,
& augmentent quelquefois julqu'à une grollcur con-
fidérable. Elles ont des couleurs & une conliftance
ditfércntes félon la nature des fucs lymphatiques. Il
y en a qui deviennent skirreufes & carcinom.ateufes ,
luivant la nature des lues qui y font renfermés. On
coupe , on extirpe les loupes.
i,ouPE, en termes d'Optique, eft un verre taillé om-
phaloptre , ou convexe des deux côtés , qui grolîit
les objets. fHirum convexo convexum. Il fert aux Gra-
veurs £c aux Ouvriers qui travaillent lur quelque
chofc délicate , pour en découvrir les moindres par-
ties, aux MéJailliftcs & Antiquaires j pour déchilrer
les'ancienncs médailles & leurs infcriptions. On l'ap-
pelle autrement Lentille.
Loupe, terme de Joallier, le dit des perles ou pierres
précieules que la nature n'a pas achevées , qui lont
demeurées imparfaites. Gemma imperfecla , infecla.
Ainfi on dit des loupes de faphirs , des loupes de
rubis , des loupes d'émevaudes , qu'il ne faut pas con-
fondre avec cette efpèce qu'on appelle Prime d'éme-
raudc. Les loupes de perles ne font proprement que
des nacres de perles qui ont quelqu'endroit relevé &
à demi rond , que les Lapidaires ont l'adrelle de Icicr
& de joindre enfemble.
loupE DE Bois , en termes d'Eaux & Forêts , fe dit
des bolfes, on gros nœuds , qui s'élèvent fur l'écorce
des arbres. Nodus. Ce font des excroilfanccs ligneu-
fes qui viennent fur la risc i?c aux branches des
arbres.
LO U
Loupes, f. f. pi. Termes de Monnoies. Ce font les
briques & carreaux des vieux fourneaux qui ont
fervi à la fonte de l'or t^c de l'argent. Ces loupes fe
broient & le concallent , pour en tirer , par le moyen
du moulin aux lavures , les pyticules de ces mé«
taux qui peuvent s'y être attacjfcs.
LOUPEUX , EUSE. adj. Qui a des loupes. Il ne fe dit
guère de l'homme : mais on le dit des arbres qui
ont des loupes. Les vieux frênes loupeux font recher-
chés par les Armuriers & les Ebéniftcs pour faire
de beaux ouvrages , ainfi qu'il eft marqué dans ce
Dictionnaire au mot Frêne.
LOUPIAC. Petite ville de France, en GuiennCj dans
l'Armagnac , à la tource de Gélife.
LOURD, LOURDE, adj. Le d final ne fe prononce
jamais , pas même devant une voyelle. ICJ" Terme
relatif à la pelanteur , & qui s'applique à ce qui
charge le corps , à ce qui eft difficile à remuer , à
porter. Dans ce fens il eft oppolé a léger. Pnegravis.
Les leviers j les mouftles élèvent les plus lourds (ic-
deaux. Un fardeau trop lourd. L'or eft le plus lourd
de tous les métaux. Le poids le plus lourd emporte
la balance de fon côté.
Lourd, fe dit aulli de ce qui n'eft pas agile, difpos.
Segnis ^ gravis. Les bœuts , les ânes , les éléphans,
font des animaux lourds , fe remuent pefamment. On
dit d'un homme gras Se replet , ou qui eft fur
l'àge , qu'il eft lourd, pour dire, qu il a de la peine
à marcher.
Lourd, fe dit figurément en choies fpirituelles Se
morales. §CJ" Un homme lourd , qui n'a nulle iînef-
fe, ni d'idées, ni d'exprelîions. Un elprit /oi/r^, At-
èes , pefant , grollîer. Il faut dire efprit pefant plutôt
que lourd. On appelle une lourde faute , gravis , une
faute qui ne pourroit être faite par un habile hom-
me , une faute grollîère. On dit aulli qu'une affaire
eft trop lourde , lorlqu'il y faut taire trop de dépenle,
qu'il y faut avoir trop d'application, qu'elle eft au-
dellus du bien , des forces , de la capacité de celu:
cjui la voudroit entreprendre.
On le dit aulli de ce qui eft onéreux. C'eft unj
lourde charge que lîx entans. On dit , une lourde
taxe j quand elle eft grolLe , & une lourde Com-
me quand on n'eft pas en état de la fournir. Or
dit qu'un travail eft louid , lorlqu'il eft pénible, &
qu'il doit être de longue durée.
§Cr En Peinture , ce terme délîgne l'eifer de la peine
dans les parties du mécaniime. On dit d'un peintre
que fa touche eft lourde , que les contours ionx. lourds,
faits avec peine. Compolîtion lourde , maullàde Se
fans grâce. Lourd de couleur , lourd de delfein , dra-
perie lourde.
En termes de Jardinage , on dit terre lourde. Les
terres trop lourdes , trop grades iSj trop fortes , font
beaucoup de peine. La Quint. Pour les terres (ablon-
neufes, il eft difficile , mais non pas impolîiblc lie
les rendre plus lourdes &c plus grades. Le feul expc-
dient confifte dans un grand tranfport d'autres terres
fortes , pour les mêler parmi , ou bien il fiut faire
couler dans le fond quelque décharge d'eau qui le
répande par-tout. La Quint.
Lourd, fe dit aullî parmi les Libraires, en parlant
du débit des livres , & il lignifie , Qui le vend len-
tement , qui eft dur à la vente. Ce livre eft bon ,
mais il eft lourd.
§3" Lourd, pefant , fynonyme. Le morde lourd le-
garde plus proprement ce qui charge le corps : celui
de pefant a un rapport plus particulier à ce qui
charge l'elprir. Il faut de la force pour porter l'un;
de la lupérioriré de génie pour loutenir l'autre. Syn.
Fr. L'homme foible trouve lourd ce que l'homme
robufte trouve léger : l'adininiftiation de toutes les
affaires d'un Etat eft un fardeau bien pefant pour
un feul.
LOURDAUD, AUDE. f. m. & f. Le d final ne (c
prononce point , même devant une voyelle. Pelant,
grollîer , mal adroit, Barrus, bardus , tardus , inep-
tus , fiupidus. Les Payfans font lourdauds pour la
plupart. Il ne faut donner rien de délicat a manier
L G U
à ce lourdaud, il 11- brifera. Ce v.ilct crt: bien lour-
daud, il ne lait pas taiic un niellàgc. Il y a un conte
agréable du Lourdaudàc Champagne , tians les Nou
velles qu'on attribue au Roi Louis XI.
^ Ne forçons point notre talents
Nous ne ferions rien avec prace.
/iîOT(7/.r ^'^ louïclaud , quoiqu'il jajje j
Ne faurou pajjer pour galant. La Font.
Du Cange dérive ce mot de lurdus, qu'on a dit dans
la balle Latinité en la même lignihcation, ou de
1 Italien lordo.
LOURDE. 1. m. Teimc d'Argot , qui fignifie porte.
Je Javois débrider la XomAzfans tournante.
C'eftàdire, je ûvois ouvrir la porte (ins clef.
Poème de Cartouche.
LOURDE, LORDE^ Bourg de France, fitiié dans le
Bigore, en Gafcogne, lur le Gave de Pau, à fept lieues
au dellusde la ville de ce nom. Il eil dans le Lavédan ,
ik. c'en eft le lieu principaj. Lorda , Lapurdum. On
dit que c'elt un nom Galeon ou Bikaïcn , qui a été
anciennement donné aux habitans de ce lieu , à caule
de leurs vols & de leurs brigandages. D'autres croient
que Lapurdum ell Baïonne , qui hit nommée Civitas
Laotcum , & (es habitans Laotes , & enfuite Larda,
Lapurdum. Car quelques-uns la prennent pour l'an-
cien Lapurdum-
gcr LOURDEMENT, adv. Dans le fens propre , pe-
larament, rudement. Au figuré , grollièremenr. Gra
viter , inepte. Marcher lourdement. Se tromper lour-
dement. Cet homme eft tombé lourdement , de tout
fon poids, fans le foutenir. J'appuyai lourdement l\n
le cifeau. Ablanc. Cet Arithméticien s'ell: trompé
lourdement dans ton calcul. On s'abule lourdement,
quand on s'en rapporte au jugement de fes fens.
LOURDERIE , f. h Faute groillère contre le bon fens,
contre la civilité, contre la bienféance. Staliditas ,
ineptia. Vous avez fiit une étrange lourderie. Il ell
du ftyle familier.
LOURDIER. f. m. pour Lourdaut , étott en ufage dans
le quinzième fiècle : témoin les /o^/rifiêrj de Troyes,
dont il eft parlé dans la ioixante-quinzième des cent
' Nouvelles iNfouvelles , & les quatre gros Lourdiers
Charretiers, Bouviers, de la Nouvelle 98*.
LOURDIiiE. 1. f. Action de lourdaud. Stupor, tarditas.
Ce mot eft peu en ulage.
LOURDOrS , OISE. adj. Vieux mot. Sot , défagréable.
LOURE. f. f. Vieux mjt , qui (îgnihoit autrefois mu-
fette , qui vient de lyra. On appeloit aulîi Zo^rj/zr?
Celui qui en jouoit.
§CrOn appelle encore loure , en mufique , une forte
de danfe qui fe bat à deux temps , & d'un mouve-
ir.ent marqué. Le premier temps eft un peu plus
marqué que le fécond. La Gigue eft une elpèce de
loure , dont le mouvement eft plus vif que celui de
la loure ordinaire.
§3" LOURER. V. a. Terme de mufique. Lourer des
notes j lourer nn airj c'eft lier les notes entr'elles
en les chantant ou en les jouant, de façon qu'on
nouriffe les fons avec douceur, & qu'on marque un
peu plus fenfiblement la première note de chaque
temps, que la féconde qui eft de même valeur.
LOURGESIL. Voy. Longils.
LOURPIDON. f. m. Terme de mépris.
Ha fafraniére ! Ha vieille lourpidon !
De ma franchife ejl- ce là le guerdon ?
M. Rousseau. .
C'eft un terme emprunté de Rabelais, L. J. c. 49.
Le pauvre Cholérique , racontant (es maies fortu-
nes , tut advilé par une vieille lourpidon , que fon
Royaume lui feroit rendu à la venue des Coqueci
grues. ... Ce mot n'cft point connu en Bourgogne,
quoique M. Ménage allure qu'on l'y prononce Or-
pidon,^ qu'il s'y dit d'une femme mal propre. Dicl.
Etym. au mot Orpidon. M. le Duchat, ou plutôt
M. D • la Monnoie , Note j. fur le chap. cité.
Tome y.
L O U 6^1
LOUS. f m. Terme de Calendrier. Nom d'un mois
des Macédoniens Ik des Grecs de Pergamc j d'Ephèfe,
&:c. Lous. l'iiiiippc , Roi de Macédoin^ en parle
dans une lettre a ceux du Péloponnèlc. J^oye^ 1 (Jrai-
fon de Dcmofthène pour la, couronne. Plutarquc ,
dans Alexandre , bit répondre les Lous des Macé-
doniens a l'Ecatombcon des Athéniens i c'eft à dire,
à peu près à noire mcji; de Juin. Che-c les Tyrjens,
le mois Lous répondoit à une jurande partie de notre
mois de Septembre ; & chez les Lyciens , & les Si-
doniens, il répondoit a peu près à notre mois d'Oc-
tobre. Enfin chez les Achéens, il répondoit à notre
mois d Août.
LOUSCHE. Foyei Loucun.
LOUSCHER. Koye:( Loueiir.R.
LOUSCMEF. roye:^ Louchet.
LOUSES. Lutofi. Ce lieu eft dans lediocèfe deTroyes,
en Champagne. C'étoit autrci-ois une 1 erre du do-
maine de nos Rois , dans la première Race. L'Abbé
Betchaire y bâtit une Ëglife fous le nom & l'invo-
cation de Saint Martin. Ce lieu prit ce nom , parce
qu'il étoit dans un endroit marécageux, plein de boue,
in loco Lutofo. Et de Lutofz , on a fut Lutofis ,
Luofcs , Loufes. Voyez Hadr. Valois , Not. Gail.
p. 309.
LOUTARY. f. m. Poifton de l'île de Aladagafcar. Il
ne fe prend dans un lac qui eft au pied de la mon-
tagne des petits hommes, que dune forte depoilfon
fcmblable à la truite , & long d un pied tic demi.
Comme il ne fe nourrir que d'une liqueur grade qui
nage fur l'eau, il porte avec lui la lauce ; car loit
qu'on le mange bouilli , frit , ou rôti ; fi tôt qu'on
vient à l'ouvrir , il remplir un grand plat d'un fuc
délicieux , qui lui fert d'allàifonnement. On appelle
ce poilîon Loutary. Furctiriana.
LOUTH. Nom d'un bourg de la Lagénie, ou province
de Leinfter en Irlande. Louta, L^utum , Lugum. U
donne fon nom au Comté de Louth , dans lequel il
eft lîtué , à deux lieues de la petite ville d'Atherde,
& à deux de celle de Dundalke. Maty.
Le Comté de Louth. Lugenjls , on Luthenfis Cc-
mitatus. Contrée de la Lagénie, en Irlande. Elle
eft bornée au fud par le Comté d'Eaft. Meath ; au
couchant par ceux de Cavan & de Mongham ; au
nord par celui d'Armagh , & par labaie de Carling-
fort j Ik. au levant par la mer d'Irlande. Ce Comté
peut avoir dix lieues de côtes, & quatre ou cinq
dans fi profondeur moyenne. Ses lieux les plus
confidérables font , le boui'g de Louth , qui lui donne
le nom , Se les petites villes de Carlingfort , de
Dundalke , d'Atherde, & de Droghéda. Maty.
LOUTRE, f m. &: f Animal amphibie comme le caf-
tor , & qui vit de poilfon. Lutra. Il a les jambes
courtes j la queue longue , & eft de la grollèur d'un
matou. Ses oreilles font petites comme celles du.
caftor J avec lequel plulîeurs Auteurs le confondent.
Pline & Bélon difent qu'ils ne diiierent qu'en ce
que la queue du caftor eft couverte d'écaillés, &
que celle de la loutre eft fort pelue. Son poil n'eft
pas la moitié fi long; car il n'a que huit lignes, au
lieu que le plus long du caftor en a jufqu'à dix-huit.
Les femelles ont à la matrice des nymphes , & un
clitoris commes les femmes'. Ses reins approchcnc
de ceux de l'ours; mais au lieu de dnquante-rleux
petits reins qu'on trouve dans l'ours , la loutre en a
feulement dix , féparés les uns des autres , ayant cha-
cun leur parenchyme , leur veine &- leur artère émul-
gente à part. Elien l'appelle chien de rivière, parce
que les dents de l'un & de l'autre fe relfemblent touc-
à fiit. Ariftote attiibue à la loutre , ce que Pline die
du caftor ; que quand il mord un homme , il ne
quitte jamais prife , qu'il n'en ait fenti craquer les
os fous les dents. Il y a dans le Canada des loutres
d'une grandeur extraordinaire. Les Saiivages font des
robes de leurs peaux , qui étant portées^ & engiaif-
fées J tant de leur lueur, que des grailles qu'ils ma-
nient , fervent à faire de meilleurs chapeaux que
ceux du fcul poil de caftor, parce _qu'il eft difficile
de mettre en œuvre le poil, quand il eft tout feul ,
N 11 n n ij
^52-
L O U
à caufe qu'il eQ: trop fec. Ces peaux ainfi maniées
par les Liuvages, font ce quoii appelle le caltor
gras. On tait de beaux manchons de la peau d un
loutre. Les loutres tont.de grands dégâts dans les
rivières . étangs & viviers. Sur les loutres , voyez le
Traité de Police de M. de la Mare, T. II. p. 13 ,70.
C ell un m^niger intérieur au caftor.
Ce mot vient du Latin lutra , ou du Grec >'-■'?" ,
qui iignihe lavoir^ parce qu'il ne ic plonge jamais
que dans leau douce propre à faire un bain ; au
lieu que le caftor va dans la mer ôc dans les rivières.
Quind ce mot l'c prend pour un chape.ui fait de
poil de loutre ,i[ cftmafculin. Pikus Lutreus. Voilii
un beau Loutre. Le loutre n'cft pas li bon à l'ufé que
le vigogne.
LOUTREE. M. de Lauiisre ^ qui ecnt amli ce mot
dans Tes additions à Ragueau ,. écrit Vautrée dans 1 ex-
plication de ce mot. f'oyei Outrée.
LOUVAIN. Nom d'une ville de Pays Bas. Lovonium,
Lovoniiium , Lovanium , Luanum , Luvanum. Elle elt
capitale du Quartier de Louvain , contrée du Br.i-
bant, & lituee fur la Dyle, a. cinq lieues de Btuxc-lles ,
& à quatre de Malmes , vers le levant.^ Cette ville
a quatre milles de cir-uit ; elle eft fortifiée , & con-
fidérable par l'on Univerhté., qui ell fort célèbre ,
& qui a vingt Collèges, où l'on enfeigne toutes lortes
de fciences. Elle a eu autrefois fes Comtes particu-
liers , qui pollédoient une grande partie du Brabant.
Les Flamands difcnt Loeven Se Lueven. Hadr. Va-
lois , Not. Gall. p. 2SS. Maty. long. li. d. 26'.
ïf. lat. ;o. d. 50'.
Le Quartier de Louvain. LovanïenJIs Tetrarchia.
C'eft une des quatre contrées du Duché de Brabant.
Elle a au nord le Quartier d'Anvers ; au couchant
celui de Bruxelles ; au midi le Comté d; Namur ; &
au levant le pays di Liège. Ses villes principales (ont
Louvain , Arlchot , Sichem ^ Dielt , Leuwe , Tilmont ,
JuJoigne , & Gemblours.
LOUVA^T , f. m. Ce mot eft du ftyle buricfque , il
fignifîe la même chofe que Louveteau. Lups. catulus.
Au bout de quelque temps que mejjlcurs les louvars ,
Se virent loups parfaits , & Inands de tuerie.
La Font.
LouvAT , f. m. Petite rivière du Comté de Novogo-
rod WelikijenMofcovie.iavjr<iOT. Elle fe décharge
dans, le lac d Ilmen , ôc elle eft prife par quelques
Géographes pour l'ancienne Cherjinus , que d'autres
croient être h rivière de Narva , qui b.iigne la ville
de ce nom , & fe décharge dans le golfe de Fin-
lande. Maty.
LOUVE, f. f. La femelle d'un loup. Lupa. La lome ne
porte que deux mois , & fait cinq , li.'ï & itpt pe
titSj qui font aveugles lorfqu ils viennent au monde.
La louve aime il épcrduement fes louveteaux , qu'elle
ne les quitte point jufqu'à ce qu'ils voient clair.
Et pendant ce temps Là , le loup qui a couvert la
Jouve , lui apporte à manger. D'autres dhent le
contraire. ;JCr On dit dune femme abandonnée à la
débauche , que c'eft une louve. Pour les autres figni-
lications du mot louve , loit propres , foit figurées ,
Voye:^ Loup.
|tT Louve. Terme d'Achitedure. Outil de fer qu'on
place dans un trou fait exprès à une pierre qu'on
veut élever. Lupus traclorhts. C'eft une efpèce de
coin plus large par en bas que par en-haut, qu'on
engage dans le trou qu'on t.aille exprès dans la pier
re , & qui a un anneau par en haut , avec lequel
on l'attache au cable. Comme il refte du vide dans
le trou de la pierre au côté de la louve , parce
qu'elle va en étrécillant par en-haut, on y met une
efpèce de coin de fer de chaque côté , qu'on appelle
louveteaux , pour la reikrrer. On prétend que c'eft
ce que Vitruve a appelé forcipes. Dans les grands
bâtimens il y a un ouvrier deftiné à faire le trou aux
pierres pour les/ouver,c'eft-à diie , pour les élever par
le moyen de la louve. On appelle cet ouvrier Louveur.
£ouvE. Terme "de mer. Baril défoncé mis fur l'une
L O
des écoutilles d.ans les navires de Terre Neuve, par
lequel pallent 6î tombent les morues , loilqu'tîles
font haDlUees. Iourm. Cudus utrmque exjundatus.
Louve, lerme de Pécheur. Sorte de nlet rond pour
prendre du poilfon. Orbiculare reiie. Ce tilct eft une
manière de petite ratle , ou plutôt ce n'eft que le
cotre de la ratle , qui eft une efpèce de filet avec
lequel on prend torce poillon. Pêcher avec la
louve. Rus. s INNOCENTES.
La Louve. Nom d une petite rivière de France. Lupa.
Elle eft dans la Francbe-Coaite , & va groftir le
Dou au-dellous de Dole. Quelques Auteurs du
moyen âge la .nomment Loa. Elle coule entre Sa-
lins tk la Saône. La Chronique de l'Abbaye de S.ijnt
Bénigne de Dijon , dit que la Louve eft très-rapide.
Hadr. Valois, Not. Gall. p. 70S.
IpT 11 y a une autre rivière de même nom qui a fi fource
au Bearn , & fe perd dans 1 Adour un peu au-def-
fous de Caftelnau.
LOUVE , LE. Terme dont on fe fert à l'Amérique
f)our figniiiet un ferpent plié & roulé en fpirale. Ce
fcrpent étoit louve dans un coin avec la tête levée.
Labat.
LOLiVENT. adj. f. m. 'Nomd'homme. Lupentius. Saint
Louveiit étoit Abbé de S. Privât dans l'ancienne
ville de Javouls , au pays de Givau.lan dans le V P fiè-
cle. Le Comte Innocent le pcrlecuta , &z ne tinit
les indignités (Se les maux qu'il lui ht ioutfrir , qu'ea
lui coupant la tcte. Ce fut vers l'an ^84. ou J90.
Baillet , au 22' Cciobre , après Grégoiie de Tours j
HiJL L. VI , c. 37-
LOUVER. V. a. Faire un trou dans une pierre , pro-
pre pour y faire entrer la louve , afin de 1 élever. Ljiw-
ver une pierre. Voye^ Louve.
LOUVERCi'. Luperaacum. Ce lieu eft fur la Vêle , ri-
vière de Champagne , entre la Neuville & Livry.
Hadr. Valois , Not. Gall. p. 603.
Ce nom lui vient àe quel ^u un nommé Lupercus.
Valois , Lb. ou peut-être_ parce qu'autrefois les Lu-
perqucs y taifoient leurs facnfices , iS: qu il étoiî dé-
dié à Pan.
LOUVET. f. m. Loup de médiocre taille. Lupusminor.
Il n'eft d ufage que dans les Campagnes.
Louvet. adj. Terme de M.uéchallene. Ce mot fe dit
auftî en parlant du poil de certains chevaux ,& ne
fe dit guèfe qu'au inaf:ulin. U veut dire une forte
de poil qui tire fur le poil de loup. Poil louvet.
CKÎ" Cheval louvet, ilabelle foncé, mêlé d Uii ifa-
belleroux, le tout approchant de la couleur du
poil d'un loup.
LOUVETEAU, f. m. Le petit d'un loup qui eft fous fa
mère. Catulus lupd. On l'appelle audi Chcau.
Louveteau , fe du auiîi des deux petits coins de fer
qu'on met des deux côtés de la 1 juve , pour empê-
cher qu'elle re forte du trou où on la veut engager
pourélever une pierre. Lupi helciaru cuneus. Voyez
Louve.
LOUVETER. V. n. Qui fe dit de la louve, quand elle
fait des petits. Catulos luplnos edere.
LOUVE iERIE. f. f. Équip-agede chalfe pour le loup.
Irifîruclus lupanus. Il y a pluùeurs Officiers dans la
Louveterie. *En phifieurs Provinces il y a des Lieute-
nans de Louveterie.
ffJ" On .appelle auih Louveterie dans quelques Maifons
Royales , le lieu deftiné pour loger cet équipage.
LOUVETIER. f m. Officier qui comniande al équipage
du Roi , entretenu pour la chaile du bup. Venator
luparius. Autrel-ois il y avoic en France Ats Louve -
tiers entretenus dans toutes les Forêts , qu'on nom-
moit alors Loutiers , Louviers , & ChaJJeleus.^
Le GtxnA-Louvetier de France met deux têtes de
loup au deftous de l'écu de fes armes, pour marquer
fi Charge. C'eft François I. qui en ijio. créa la
Charge de GmA Louveticr de F..ince. Il prête fer-
ment de fidélité entre les mains du Rui, & les antres
Officiers de la Louveterie le prêtent entre fes mains.
La raifon qui fit créer des Charges de Louvetiers ,
fut que les incurfions des Barbares dans les Gaules,
ayant fait périr un nombre infini de mgnde , ces
L O U
bêtes farouches femiikiplic-renc beaucoup. De là vin-
rent les loix que l'on ht pour obliger les peuples à
lesdâruire. Celles des Bourguignons, ik. les Cipi-
tulaires de nos Rois, ordonnent qu'on avertille lev
ô'cigneurs du nombre de loups que chacun aura tué ;
qu'on en prcl'ente les peaux au l^oi ; qu'au mois de
Mai on cherche , 6c on prenne les louveteaux ; que
les Vicaires ou Lieutenans des Gouverneurs aient
chacun deux Louvctkrs dans leur dillrict. On pio-
j3o(à aulîi des prix à ceux qui prendroicnt des loups.
Hnluite on établit des Louveùcrs dans chaque fo-
rêt de France , &c un Gïa.nà~Louvetier auquel les
autres étoicnt tous fubordonnés. La Coutume de
Haynaut , chap. çp. traite des Offices & des droits
des Louveùcrs.
Les places de Louvcders en chaque Province ,
n'avoicnt été ordinairement que de (impies Com-
millions. François L les créa en titre d Office , &
au dellus d'eux tous , l'Office de Giwnd-Louv.ecier
de France. Les Louvetiers eurent d'abord pour fa-
laire l'attribution de deux deiriers pour loup, &
trois deniers pour louve , comme il parok par un
Arrêt du Parlement du nf Mai IJ37. & cela fut
depuis augmenté d'un denier à l'égard des louves ,
par un autre Arrêt du 27 Avril 1564. Ce droit leur
doit être payé par chaque feu de village , à deux lieues
à la ronde du lieu de la prife. Les Habitans de la
Banlieue de Paris en font exempts. De la Mare ,
Traite de Police, T. II , p, 14.0^,
LOUVETTE. f. f. Foyei Tique.
LOUVEUR. f. m. Celui qui dans les ateliers louve les
pierres , qui y fait un trou pour y engager la louve.
Cavacor c&mentar'ius Voyez Louve.
LOUViÈRE. 1. f Vieux mot. Tanière , ou contrée à
loup. Il a auOi fîgnitié une Robe, ou un Manteau
fait de peaux de loups.
LOUVIERS. Petite Ville de France , fituée en Nor-
mandie , 'ur l'Eure , entre Evreux & Rouen , envi-
ron à cinq lieues de l'une & de l'autre , &c à deux du
Pont - de l'Arche. Maty. Long. d. jo', lat. 49.
d. 10'.
LOUVOYER. V. n. Terme de Marine. C'eft voguer
quelque temps d'un côté , & puis virer le cap , &
aller autant de l'autre; afin de le confcrver toujouis
dans une même hauteur , ou parage , & dériver le
moins qu'on pourra de fa route. Navem varié dc-
ficclcre , ad loxodromiam navigarc. Courir pluheuis
bordées ; ou faire plulicurs routes , tantôt à basbord ,
tantôt à (tribord , pour chicaner le vent. On eft
obligé de louvoyer , quand on a le vent contraire.
On doit aufli louvoyer, quand on arrive le foir vers
des côtes inconnues, afin de palTcr la nuitj & n'y
arriver que de jour pour les fonder. On a louvoyé
fur tant de pointes. Louvoyer iur onze pointes ^ c'elt
aller à la bouline, &: tenir le lit du vent. On dit
àuffi bordéger , ou couvir plulieurs bordées; & fur
la Méditerranée j on dit carréger.
XOUVRE. f m. Palais des Rois à Paris. Lupara , Ba-
filica regia. Il s'eit dit premièrement du Palais magni-
fique qui eft à Paris , qui eft appelé dans les vieux
Titres Lupara. Ce Palais fut commencé par Phi-
lipppe-Augufte , l'an 1114. Il le bâtit pour y met-
tre fcs Titres & fes Finances j Se pour y tenir les ■
prifonniers de ccnfidération , comme on les met
aujourd'hui à la Baftille. Le Comte de Flandre fut
mis en prifon au Louvre , fous Charles le Bel en
1321, royeila P. Daniel ^ HiJI. de France , T. II ,
p. 421. François I j Henri IL Ion fils , & Louis XIII.
ont fait travailler au Louvre. On l'a agrandi &
changé fouvent fous Louis XIV. mais on n'a point
encore achevé le plan qui en avoir été formé. Entre
plufieurs dcflcins qu'on donna à François I. pour
le Louvre, deux parurent excellens ; l'un étoit d'un
Itahen nommé Sébafticn Serlio, & 1 autre d'un Pa-
rillen , appelé l'Abbé de Clagni. Scrlio faifoit le
métier depuis plus de quarante ans ; il n'y en avoir
qiie dix que de Clagni s'y appliquoit ; fon dellèin
néanmoins fut trouvé fi noble & fi beau , que ce fut
celui qu'on fuivit , de l'avis même de Scrlio. Le Gen- \
L O ^^
DRE. Le nouveau Louvre eft d'un Architefte nom-
mé le Veau; & la façade de ce magnifique édifice
eft de Perrault. lo.
Il y a le vieux Louvre , & le nouveau Louvre.
Le nouveau aété coiilhuit Ibus le règne de Louis
le Grand, qui fit venir tous les plus habiles Architectes
de l'Europe pour y travailler. La façade du Louvre
eft un des plus beaux morceaux d'Architeéirure
qui foit au monde. L'Académie Françoife , celle
des Sciences , celle des Belles-Lettres , '& celle de
Peinture !<c Sculpture , ont des appartemens au Lou-
vre , is: y tiennent leurs allbmblées.
Quelques Auteurs croient que le Louvre s'eft
dit d'abord pour l'ouvre, c'eft-à -dire , l'œuvre,
l'ouvrage , & que ce Palais fut ainli appelé par
excellence , comme un ouvrage admirable ; quen-
luite on ne fit qu'un mot de l'article & du nom ,
& qu'on dit Louvre , comme on a dit loijir , pour
l'oi/ir. Le ientiment le plus commun eft que ce
nom vient dcloup, &: qu'il fut donné à ce château,
parce que c'étoit une ménagerie , où l'on gardoit
des loups. Le mot Latin Lupara autorife ce fejiti-
ment.
Louvre, fe dit aufti desautres Mai fons Royales, quand
le Roi y demeure eftectivcment , comme à Saint
Germain , à Fontainebleau ; & quelquefois ce mot
fe prend pour la Cour même. Regia bafiUca. Les
Ducs ont les honneurs du Zo^^vre, |tTc'eft à-dire,
le privilège d'entrer en carollè dans la cour du Lou-
vre &c des autres miifons Royales. Henri IV. qui n'ai-
moit pas Je;an-Louis de Nogaret, Marquisde la Valette
& Duc d'Épernon , ne lailioit pas de le traiter avec
une grande diftinéirioii , julqu'à lui permettre d'en-
trer au Louvre en carolfe , ce qui n'étoit permis
qu'aux Princes. D'Epernon eft le premier Duc qui
ait joui de cet honneur. La même diftinétiou fut
accordée au Duc de Sully en 1609.
Ce ne tut que tous la régence de Marie de Médicis
que les autres Ducs ik Pairs , 8c les Grands Officiers
obtintent le même avantage. Le Gendre.
§3° Quoiqu'on dite accorder les honneurs du Louvre
dans le fens dont on vient de parler , c'eft toujours
par abus que l'on donne le nom de Louvre à toutes
les maifons où le Roi loge. Ce terme ne convient
proprement qu'auPalais magnifique qui eft à Patis. On
le dit plus communément en parlant des maitonsfuper-
bes des particuliers. Ce n'eft pas la maiion d'un par-
ticulier , c'eft un Louvre.
LOUVRES EN PARISIS. Bourg de l'île de France,
entre Paris & Senlis , environ à quatre lieues de
l'un Se de l'autre. Maty.
LOUWENB: 'URG. Nom d'une ville de la Poméranie
Ducale. Louwenburgum , Lauwenburgum , Lembur-
gun. Elle eft dans la Seigneiu'ie de Louwcmbourg y
lur la rivière de Lobo , environ à dix lieues de la
ville de Danrzick , vers le couchant. Maty.
La Seigneurie de LouwENBOURG. Louwenburgenfe
Dominium. Contrée de la Poméranie Ducale. Elle eft
le long de la mer Baltique , aux confins de la Po-
mérélie , dont elle dépendoit autrefois. Ce pavs a
environ onze lieues de côtes , & huit de profon-
deur dans les terres. Ses villes principales font Lou-
wenbourg , capitale , Smolfin &c Lébe. Id.
LOWICZ. Petite ville de la grande Pologne , fituée
fur la rivière de Bfura, dans le Palatinat de Rava , à
dix lieues de la ville de ce nom , vers le nord. Lovi-
tïum. Lo-wic\ eft la rélidcnce ordinaire de l'Arche-
vêque de Gnefne. Elle eft défendue par une bonne
citadelle, & a le fiège d'une Chàtellenie. Maty.
LOWLAND. Voyei Ecosse , Basse-Écosse.
L O X,
Ip- LOXAN. Nom d'une ville de la Chine , au dé-
partement de Juning, dans la province de Honan.
LOXE. Voyci LojA.
LOXIAS. f. m. Loxias. Qui fignifie ambigu , équivo-
que. C'eft un lurnom qui fut donné à Apollon à rai-
654
L O ^
^
fon des OiMcles qu'il rendoit j qui écoicnt tous am-
bigus , obtcurs, équivoques.
Ce mot qui cil Grec, i'ut forme de ;.4^.-, tonu ^
oblique.
LOXODROMIE. T. m. Terme de Marine. Loxodro-
m'm. Ligne courbe que décrit un v.u!ii:au en luivant
toujours le morne rumb de vent.
|Cr LOXODROMIQUE. f. £ L'arc , la méthode de na-
viger obliquement au moyen de laLoxodromie. C'ell
une invention , une pratique , un_ calcul , dont on fe
fert fur mer pour conduire un vailfeau A' fùre une plus
sûre eftime , & un appointage plus certain. Le
premier qui inventa les tables loxodromiques fut
Pierre Nonius , en l'an 1530. H les appela Rumhs ,
en fa langue , 5cil en ht la fupputation par les triangles
fphériques , à quoi s'appliqua aulli Gérard Mer-
cator & Stcvcn, & en Bretagne Edouard Wrichtj
puis Robert Hues. Elles ont été portées à la dernière
pcrfedion par Wi'ilebrordus SnellitiSj appelé ïhi-
phys Batavus , en fon Hutiodromie imprimée en
1-624. où il a traité cet art d'une manière géométri-
que, & en a compofé plulieurs Tables copiées par le
P. Fournier j Hérigone & autres ; & au devant de
fon livre , il a mis une curieuk tk favanre Prélace
qui contient toute l'hilfoire & le progrès de la na-
vigation. Tous les Pilotes ont de ces tables pour
régler leur courfe , qu'ils appellent tables loxodro-
miques. Ce mot (ignihe un cours oblique , car on
décrit une ligne courbe , ou Ipirale.
Ce mot vient de >,tila» oblique , &de Sfiftof y courfe.
Le chemin que tait le vailfeau , en fuivant les
rumbs d«-vent, eft toujours comme une loxodro-
mie, excepté lorfqu'il court nord <.'!,: fud ; car alors
il décrit un arc de méridien , & par conléqucnt de
grand cercle de la iphère ■■, ou lorlqu'il court ell &
ouefl: , car pour-lors il décrit une arc de parallèle ,
& par conféquent d'un petit cercle de la Iphère, a
moins qu'il ne loit fous la ligne. Hors de là le cours
du vaideau ira toujours obliquement & en fpirale,
cnforte que fuivant le rumbs nord nord ouelf , par
exemple, on tourneroit toujours à l'entour du pôle
feptcntrional , fans y arriver jamais. Il lemble d'a-
bord qu'on feroit mieux de naviger par le grand cer-
cle , en faifant toujours décrire au vaillêau àcs arcs
de grand cercle delà fphcre , que de (uivre la loxo-
drornie ; mais la navigation par le grand cercle deman-
de une li parfrite connoillance de la Trigonométrie
fphéiiquc. Se des calculs fi longs & il embarralîés ,
qu'elle eft ablolumcnt impraticable en mer; & quand
les Pilotes pourroientiSc voudroient s'all'ujettir à cette
méthode , je crois qu'elle ne les avanceroit pas plus
que la loxodromie , au moins dans les rouies ordi-
naires, f'oye-^ la comparaiton de l'une Se de l'autre
méthode dans Riccioli , le Père Fournier , le Père
Déchoies , &c. Il eft certain que l'ulage cft pour la
loxodromie , & perlonne ne s'aviie de naviger par
le grand cercle. La réduiftion des cartes marines eft
très-exadVe , Se rcpréfente parhritement les mêmes
proportions que la fphère.
Lo xoDR 0 MiQU E. adj. Terme de Marine. Qui con-
cerne la Loxodromie, ce qui y appartient, qui y a
rapport. Loxodromicus. Tables loxodromiques , font
les tables de la Loxodromie, qui fervent à réibudre
promptement &c facilement les problèmes princi-
paux de la navigation. Ligne loxodromique , eft la
ligne que décrit un vaillêau faifrnt route , en fuivant
un des trente -deux vents , cette ligne n'eft pas droite.
LOXON. f. f. Terme de Mythologie. Surnom que
l'on donnoit à Diane. Loxo. C'eft le Scholialle de
Callimaque , qui nous l'apprend dans fes Scholies
fur l'hymne de Diane, f^oyei 'Vollîus , de Idolol.
L. II , p. 2p.
L O Y.
LOY. Voyei Loi.
§Cr LOYAL , ALE. adj. Ce terme vient de Loi , Se
fignifie proprement , qui eft conforme à la Loi. On
le dit des pcrtonncs Se des choies. Appliqué aux
perlonnes , il défi^nc quelquefois un homme plein
LOY
d'honneur Se de probité. Prubus. C'eft un hoinmc
franc Se loyal. Un cœur loyal. On le dit aufll en
parlant de la droiture & de la probité dei peifon-
nes. Son procédé eft franc ls: loyiil.
§3°QuelqucIois aulli il eft lynonyme de Fidelle. Fi-
dus , Jideiis. Un vallal doit être loyal a Ion Seigneur.
IJCr Dans le ferment que les Ducs ex Pairs font au Par-
lement , le premier Prélident leur dit , Vous pro-
mettez de vous comporter comme un loyal Se ma-
gnanime Pair ;
^CT Au-rcfte Ce terme n'eft guère d'ufige dans le ftyle
ordinaire. Dans cette dernière acception , il vient
de leudes , qui lignihe vaQaux Se fujets , qu'on a ap-
pelle aulli leodes Sefidellesy le aux , jeaux.
Loyal, le dit aulli de la bonne qualité des chofesi
de ce qui a la condition requik par la loi , par l'or-
donnance. Ce Receveur doit une rente de trois muiJs
de blé bon , loyal Se marchand. Ce blé n'eft pas
loyal , if a trop de feigle , de nielle, il eft plein de
charençons. Le poids de ce Marchand eft loyal. Se
bien étalonné.
On dit aulîî au Palais en matière de retrait , qu'il
faut rembourler les trais Se loyaux-coms , c'elt-à-
dire , les dépenles légitimes faites par l'acquéreur.
On appelle aufli /oyiîu.v- coûts , impenfic à lege pnf-
cripu , ce qu'il en coûte pour laite expédier & lever
des contrats.
Cette expreflîon de loyaux-coMS vient de ce que
les dépenles qu'on appelle de ce nom , (ont confor-
mes à la loi , ibnt réglées , taxées par la loi , Se \oïÇ-
qu'on rembourfe les loyaux coûts , on ne rembourfe
que ce que la loi régie & prétérit : li quelqu'un a
trop payé par la taute, ou plus qu'il ne faut par li-
béralité , on ne rembouiie que ce qui eft dû loyale-
ment.
Loyal , en termes de Manège , fe dit d'un cheval qui
emploie toute fa force pour obéir, qui ne fe défend
point , Se qui fait les manèges qu'on lui demande.
On dit aulli j qu'il a une bouche loyale, quand il a
la bouclie excellente , quand il a une bouche à pleine
main. Loyal dans plulieurs Comédies de Molière
& autres , elf le nom d'un Sergent , d'un Notai-
re, oc.
LOYALEMENT, adv. D'une manière franche Se loya-
le, i'CFavec droiture, avec fidélité. Fideliter , cum
fide , fide intégra optimâ. Se comporter loyalement.
Vendre loyalement.
LOYANG. Nom d'une montagne de la Chine , au
fommet de laquelle on ne peut grimper qu'en deux
jours entiers. Loyangus mons. Elle eft près de Lin-
gnan. Jmbalf des Holl. P. L, c. 22. f/CT II y a
aullî une ville de ce nom dans la province de Quin-
glî, au département de Taiping.
LOYAUMENT. adv. s'eft dit autrefois pour Loyale-
ment.
Mais quoi ! au fort , par loyaument fervir.
Je tafcheroye à bien le dejjervir. Marot.
LOYAUTÉ, f. f. Qualité de ce qui eft loyal. Fidéliœ ,
probité. Fidelitas , fides. Quand on fait hommage
d'une terre au Seigneur dominant, on lui promet
foi Se loyauté. On promet en le mariant une foi &
loyauté réciproque. Ce mot eft vieux , 6c ne peut
palier qu'en ftyle de Pratique.
LOYE. f. m. «Se f. Les Loves font naturels du Royaume
de Tlîompa. Ils ont elîuyc une longue guerre contre
les Cochinchinois , Se en font enfin devenus tribu-
taires par un tr.iicé de paix qui fut conclu entre ces
deux peuples au commencement de ce iiècle. Rou-
tier des cotes des Indes Orientales.
UCTLoYE. Ville de la Chine , dans la province de Ho-
nan , au département de Queite.
gcTLoYE ( la ). Petite ville de France , dans la Breflè,
fur la rivière d'Ain.
LOYER. L m. Prix qui eft dû pour le louage , la jouil-
fànce , l'occupation de quelque mailon , ou héri-
tage. Pretium locationis ; iSc dans la balfc Latinité
logenum , loquerium ^ locarium.^ Ondii^tcndve&C
LO Z
donner une maifon à loyer. P.iycr un gros loyer de
fa maifon. Les loyers des maifons font payés (ur les
meubles , prcférablcnient à toutes les autres dettes.
Le mot de loyer exprime piopicmcnt le prix de la
lo;;ation , mais on le dit [larticulièrcmcnt du prix du
louage d'une maifon. L'on donne (Se l'on prend à
louage les cliofes mobiliaircs, un clicvai , des meu-
bles.
§0°L'on donne '& l'on prend a. loyer une terre, une
ferme , un héritage ; mais s'il eH queftioii du prix
du bail , du prix qu'on paye ou qu'on reç,oit du
bail , on irc (e fert point alors du mot de loyer.
On ditaullî. Donner, ou prendre des beiU.aux à
loyer, pour dire , en retirer du profit de ceux à qui
on les donne à nourrir. Ce marché s'appelle chep-
teil.
|Cr Loyer , fignifie aulîî Salaire. On ne doit point
retenir le /c)yf r du feryiteur & du mercenaire. Dans
cette .acception il eft fynonymedc récompenfe. Prdi.
mlum, merces. On le dit aullI du châtiment. L'hon
. neurefl: le loyer de la vertu. On dit d'un homme
condamné en Juftice , qu'il a reçu un digne loyer
de fes crimes. Dans ce fens il n'a point de pluriel.
Très peu de gré , mille traits de fatyre
Sont le loyer de quiconque ofe écrire. Volt,
Serait- ce la raifon, qu'une même folie
N'eut pas même loyer? Malh.
Ç3°Il ert: peu ufitcen profe , & ne s'emploie guère en
vers que dans le ftyle Marotique.
Ménage dérive le mot loyer àe. locarium , qui s'eft
dit dans la balle Latinité.
On dit par manière de proverbe , Qui fert & ne
parfert , (on loyer perd , c'ell-à-dire , que celui qui
s'eft engagé à fervir quelqu'un , & par fa faute ne le fert
pas pendant tout le temps de fon engagement , perd
fon loyer. On dit proverbialement dans le ftyle fa-
milier : Qui bon Maître fert , bon loyer en a. Anon.
Vie de S. Louis.
Loyer, v. a. Vieux mot. Réçompenfer. Poéf. du Roi
de Nav.
LOYO. L m. Les Loyos. C'eft le nom que le peuple
donne en Portugal aux Chanoines Réguliers de la
Con9;régatiun de S. Jean l'Évangélifte. P. HélyoTj
T. II, c.jû.
LOYOLA. L m. Les Loyola , les Difciples de Loyola ,
les Enlans de Loyola , les Loyoliftes font des noms
udtés dans le ftyle familier, pour fignitier les Jéfui-
tes. On croit qu'il entre du Loyola là-dedans. Mad.
I Du Noyer.
iLOYOLISTES , ou LOYOLITES. f. m. pi. C'eft ainll
; que Gui Patin appelle les Jéluites , à caufe de Saint
• Ignace de Loyola, leur Fondateur. Il a fait auftl l'ad-
jedif Loyolitique , Jékiitique , appartenant aux Jé-
fuites , ou venant d'eux.
tOYRE. f f. Terme de Flcurifte. Sorte d'anémone,
-OYS. f m. Ancien nom qui s'cil; dit pour Louis. Lu-
dovicus. Voy. Louis.
.OYSE , ou LOYSETTE. f f. Nom de femme. Lu-
dovica , Loyfa. Nos Anciens prononçoient & écri-
voient ainli ; aujourd'hui nous dilons Louife & Loui-
fette.
Car je faifois chanter à ma mufette
La mort kelas! la mort de Loyfettte. Marot.
-OYTZ. Petite ville du Comté de Gutzkow , en la
Poméranie Ducale. Lutetia , Leutitia. Elle eft lur le
Pêne , à trois ou quatre lieues au-deftiis de la ville
de Gutzkow,
L O Z.
,0Z. \. m. Vieux mot , qui fignifioit autrefois louange.
Laus , laudacio. Il eft abrégé du Latin laus. Marot
dcmar.dant au Roi de l'ar^em à emprunter j lui en
promet un billet en ces termes ;
L U B
^rr
Si vous voulci , à payer ce fera
Quand votre loz & renom finira. AL\rot.
On s'en peut cncoïc fervir dans le ftyle badin,
avec La Fontaine qui a dit :
Puiffent mes vers & votre nom ,
Aller fi loin j que notre loz franchijj'e
La nuit des temps.
Ou comme le P. Mourgues a fait dans un joli vii-e-
lay lur le rimeur rebuté.
Ce maigre loz oii j'afpire
Remplit-il ma tire lire ?
En ai je mieux de quoi frire f
S' habille- 1- on de velin , Sec.
René d'Anjou j Comte de Provence , fit un ordre de
croillanr. C'ctoit un croilfant , fur lequel étoi:
gravé ce mot , Loi ' PO""^ 'lire en rébus loi en croif-
fant.
LOZANGE, Ffiyei Losange,
L U A.
LU. f. f. Vieux mot. Lumière.
LU A. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une divinité
payenne.ZM.Titc-Live, L.FIII. dit qu'après un com-
bat , le Conful qui commandoit l'armée des Romains ,
coniacra Se voua à la déelfe Lua les armes des morts ,
qui^ furent trouvées fur le champ de bataille. Lo-
méïer , dans fon traité de Luflrationihus GentiUum ,
c. IV. dit que c'eft qu'il y avoit befoin d'expiations
après un combat. Ainfi il fuppofe que Lua étoit la
déeftè des expi.itions. §0° Le Conful faifoit une of-
fiande des armes des morts pour expier fon armée
du fing humain répandu. Ainfi Lua feroit la même
chofe que purgatrix , du Latin luere. Dempfter ,
dans fes Paralipomena ad Rofini Antiquitatis ,
L. II j c. S. dit qu'il fuit dire Luna , au lieu de
Lua , & il dit que les Généraux d'armée faifoienc
des dons à la Luiie , parce que la Lune & la
nuit leur fervent à beaucoup d'expéditions ; mais
Turnébe , Adv. L. XFI , c. 20. 3. montré qu'il
faut lire Lua , & Voftîus , Loméïer , & d'autres l'ont
fuivi. Lua. Voy. Loméïer cité , & Voffius , de Idolol.
L. IL,c. 63, L. Fin, c. iS.Lua, félon Voftius,
étoit un divinité mihtaire.
LUE.
LUE Aïs. f. m. Nom d'homme. Leopatias , Leupatius.
A Senevière fur la rivière d'Indre en Touraine,
S. Lubais , Confelfeur , Abbé de ce lieu , à préfenc
pareille , où eft fon corpsi Chastelain , au 2 j Janv.
p. 400. S. Grégoire de Tours a écrit fa vie , en îz%
Vies des Pères. Id. p. 40 j.
LUBAN. Nom d'une petite île de l'Océan priental,
Lubana. C'eft une des Philippines^ & lîtuée fur la
côte méridionale de l'île de Manille , & au levant
de celle de Mindora. Maty.
Luban , eft aulli un bourg de la Livonie. Lubanium.
Il eft dans la Lettonie , à trente lieues de la ville de
Riga , vers le levant. Maty.
LUBANSKEN-SÉE , ou le lac de Luban. Lubanius
Lacus. Ce lac eft dans la Livonie, vers les confins
de la Curlande j & de la Lithuanie , entre la ville
de Dunenburg j & le bourg de Luban , dont il
emprunte fon nom. La rivière de Rolitta décharge
fes eaux dans ce la'".
LUBECK. Ville du Cercle de la balfe-Saxe, en Alle-
magne. Lubeca , Lubeeum. Elle eft dans le Duché
de Holftein , fur la rivière de Travc , qui y reçoit
le Stékenits , &: le Wackenits forme un marais an-
tour de fes murailles j &: après avoir traverfé la ville ,
va le décharger dans la mer Baltique , à deux lieues
au-dellous. Lubeck eft ville Impériale , la pre-
6^6
L U B
raicre des Anfé.itiques, & k lieu où elles tiennent
leurs archives. Elle eft grande , bieia bitie , allez
bien peuplée , & allez marchande. Elle l'a etc beau-
coup davantage , mais une partie de Ion commerce
fi été tranlporté à Wifmar & à Hambourg. Elle
fuit la cont'elîlon d'Ausbourg depuis Tan IJ50.
Maty. Le liège de Lubeck a été à Adelbourg , ou
Oldembourg , depuis le milieu du X* fiècle que
1 Empereur Otton le Grand le fonda , jufqu'au mi-
lieu du Xir iiècle que Gérold XIF. Évêque d'Al-
den.bourg , obtint en 11 6 5 . qu'il fiit transféré à
Lubeck. Voyez fur cet Évêché , Imhoft", Z. ///j
c. 22.
L'Évêché de Lubeck. Lubecenfis Epifcopatus. Petit
pays de la Wagrie , contrée du Holliein. Il ell divilé
en deux parties, dont l'une cil le long de la TravCj
&c l'autre autour du lac d'Eutin. Ses lieux princi-
paux font Travemunde &c Eutin , rélidence de l'É-
vêque. Cet Evêque ell de la Maitoii de Holltein-
Gottorp depuis \.\\n 1587. quoique le Chapitre ré-
liidant à Lubeck en falle une elpèce d'éledtion ; il eil de
la confelllon d'Ausbourg , de même que les Chanoi-
nes. Maty. L'Évêché de Lubeck eft le feul qui loit
demeuré entre les mains des Luthériens. L'Eglile
cathcdr.ile eft dans la \'\\\t àt Lubeck , mais l'Évêque
qui eft un Prince proteftant de la Mailon de Holf
tcin-Slelwick , lait fa rélidence à Eutin , qui cil
un lieu fort agréable fur un lac à 4 lieues de Lubeck.
Les Princes de cette Maifon le font approprié cet
Évêché, y luccédant de frère en frère ,& d'oncle
encoufin, depuis l'an 1547. HErs , Hljl. del'Emp.
L. VI i c. 6. Et de tous les Princes d'Allemagne qui
ont envahi les terres & les domaines de l'Eglile , ce
font les (euls qui s'y foient conlcrvé une elpèce de
jurifdiétion Eccléfialliquc.
jLe golfe de Lubeck. Lubecenfis finus , anciennement ,
Lagnus finus. Ce golfe eft une partie de la mer Bal-
tique. Il eft entre l'ile de Fémerin , la côte orientale
de la Wagrie , en Holfteiu , & celle du Duché de
Mékelbourg. Maty.
tUBEN. Nom d'un bourg, ou petite ville de la Balfe-
Lufice. Luha. Ce lieu a un pont lur la Spree , à lix
lieues au délions de Cotbus. Maty.
LuDEN. Autre petite ville de la Principauté de LignitSj
en Siléùc. Luba. Elle eft lur la rivière de Kattebach^
à trois lieues de la ville de Lignits,vers le nord , elle
eft défendue par un bon château. Maty.
lUBENCE , ou LUBENTINE. f f. Terme de Mytho-
logie. Nom d'une décile honorée par les Romains.
Lubcnûa , Lubentma. Varron croit que cette décile
eft celle qu'on appelle ordinairement Vénus.
Ce nom , lelon Varron , vient du verbe luhet. S.
Auguftin le dérive du mot //lî'ia'o. Voy. LIBENTINE.
LUBERNE. f. f. C'eft le nom qu'on donne à la femelle
du Léopard. Quelques uns l'appellent aulliPii/^rAére.
LUBIANA. Foyei LAUBACH.
LUBIE, f. f. Caprice, fantailie qui prend à quelqu'un
de faire quelque chofe qu'il ne feroit pas en un au
tre temps. F'uïofi libide. On dit dans Virgile travefti,
en parlant de la renommée :
Car il lui prit une lubie
D' aller prôner par la Libye ^ <Sr.
Ce terme eft familier , bon pour le ftyle maro-
tiqué.
LUBIEUX , EUSE. adj. A qui il prend quelquefois des
lubies. Malè feriatus. Ce mot n'eft plus d'ufage.
LUBIM. f. m. Nom d'homme. Leobinus , Leovinus ,
Leubinus , Leovinus, Leubenus. Saint Lubin eft un
Evêque de Chartres du IV*^ Iiècle , natif de Poitiers.
Saint Lubin allifta au V^. Concile d'Orléans , tenu
en 549. & au IF de Paris, vers l'an 555. Il ligne
dans le premier Lubenus , &c dans le fécond Lcubi-
Tius. Il y a dans le pays Chartrain & dans le Per-
che , des bourgs & villages qui portent le nom de
■ce Saint. Saint Lubin , ik Saint Lubin le Crevant,
font entre BréfoUes ôc Nonancour dans la Bcauce.
Saint Lubin , Se Saint Lubin le ChaJJunt font dans le
L U B
Perche j le premier entre Bazoches & Nogent , &z
le lecond entre Nogent ik. Illcre. Il y a encore Saint
Lubin de Ze/F^/zy , proche de la Loire, SdÀni Lubin
de 1^ ignés j ikc.
LUBLIN. Nom d'une ville de la Haute-Pologne. Lu-
blinum. Elle eft capitale du Palatinat de Lubiin,èc
lituée (ur la petite rivière de Viftricza , à feize lieues
de la ville de Sandomir, vers l'orient feptentrional.
Lublin eft une ville aftez bien bâtie , célèbre par les
Foires , Se détendue par un bon château. Maty.
Long. 40. d. 50'. lat. 51. d. 41'.
Le Palatinat de Lublin. Lublinenfis Palatinatus,
Ce Palatinat eft une des trois Provinces de la Haute-
Pologne. Elle eft au couchant de celle de Sandomir,
& elle n'a rien de conlidérable que Lublin , fa ca-
pitale, & les bourgs de Kazimiers & de Piotrowin.
Maty.
LUBLINITZ. Petite ville de Siléfie , dans la Princi-
pauté d'Opelen , vers les frontières de Pologne.
LUBLO , LUBAW , LUBOULA. Petite ville du Pala-
tinat de Cracovie, en la Haute-Pologne. Zz^iioa/za,
Lubloa. Elle eft fortifiée , défendue par une bonne
citadelle , &c lituée lur le Propuci , à cinq lieues
au dellus de Sandec , & vers les confins de la Hon-
grie , dont elle dépendoit autrefois. Maty.
LUBOLO. Pays d'Afrique, dans l'Ethiopie orientale,
au Royaume d'Angola.
l^UBRICITÉ. f f. Qualité d'une chofe glillanre , & qui
coule avec facilité. M. Arbuthnot , dans le deuxième
chapitre de fon Eifii fur les effets de l'air , explique
fa Huidité, la lubricité, la gravité, ion relfort, fa
condenfabilité, fa dilatabilité , Sec. Se en détaille les
difterens eftets. L'Abbé des Fontaines.
ffS" Ce mot iieft point d'ufige dans le phyfique , quoi-
que le mot de lubrifier loit employé comme terme
didadrique.
C^r Lubricité , au moral , délîgne un penchant vio-
lent dans l'homme pour la femme , ou dans la fem-
me pour l'homme, un amour immodéré j qui ne
lait pas relpeéfer la décence. Salacitas. Ce n'ell
proprement ni la lafciveté , ni l'impudicité. La lu-
bricité tient du tempér'amment : elle rélulte de la dif-
polition des parties -, Se les difterens dégrés dépendent
de la concurrence accidentelle des caufes phyliques.
La lafciveté tient plus aux mouveniens qu'à la fen-
fition.
ifT On nous alTure dans l'Encyclopédie qu'on dit de
certains animaux , comme les boucs , les chats , qu'ils
font lubriques; mais qu'on ne dit pas qu'ils font
impudiques : Il Icmble donc , ajoute t-on , que l'/ffz-
//^flfiaVtf loit un vice acquis, & la. lafciveté un défaut
naturel.
§3° Il eft bien vrai que le terme d'impudique ne peut
être apphqué aux animaux , parce qu'étant relatif
aux mœurs , il ne peut convenir qu'aux êtres rai-
fonnables qui font alfujettis aux loix de la pudeur.
Par la même raifon , quoique les termes de lubricité
Se de lubrique délignent un défaut naturel, étant
aulli relatifs aux mœurs , &: exprimant des adions
contraires à la décence , ils ne devroient de même
s'appliquer qu'aux êtres railonnables. Je dirois donc
du bouc qu'il d\ lafcif. Se non pas qu'il eft lubrique.
Juvénal inveétive fort contre la lubricité de Mef-
faline. On doit citer tous les objets qui portent àla
lubricité. Ce n'eft pas à moi à fournir de quoi en-
tretenir vos lubricités. Malherbe. On ne peut la
voir fortir des chaînes du père, pour rentrer dans
celles du fils , fans concevoir une elpèce d'horreur
pour la lubricité. Ckitiqv^ de Télémaquc. Les hom-
mes ( il eft queftion des efclaves que l'on vend chez
les Turcs ) fe voient deftinés aux lervices les plus
vils. Se les femmes à l'infatiable lubricité de ces
démons de luxud"e. Du Loir , page j/.
Trop heureux f le Sexe, en fa lubricité
Renjcrmoit tout l'excès de f malignité.
LUBRIFIER. V. a. Terme de Médecine , .qui lignifia
oindre. Se rendre glillant. La mucoiîcédes inreftins
ICiT
LUC
fert à les lubrifier , & les diFcndrc contre l'acrimo-
nie des flics. L'iiuilc d'aiiLinde douce /«/-r//;';; les in-
tciuiij ; on en donne dans la colique pour amortir
l'a-lion des humeurs acres.
LUBRIQUE, adj. m. & f. Salax impudkus. Il fe dit
des choies j auill bien que §3' des perfonncs de fcxe
dilïcrent , qui font entraînées lune vers l'autre par
un penchant violent , Se le portent à des actions
contraires à la décence. Et en parlant des choies ,
on le dit de celles qui portent à la lubricité. Les
femmes Maures (ont fort lubriques. Jofeph fit fa for-
tune pour avoir réiillc aux deiirs lubriques de la fem-
me de Putiphar.
Rien n'arrête le Sexe cnfon ardeurluhnquc ;
Il redoute moins Dieu, qu'Une craint L'Authentique.
Ce mot vient du Latin lubricus , gliffant ; pour
figniher un homme qui n'a pas la force de fe rete-
nir.
LUBRIQUEMENT. adv. d'une manière lubrique, im-
pudicè. Danfcr lubriquement.
LUBS. f. m. On appelle Sous lubs à Hambourg & en
pluheurs villes dAllemagne , une monnoie de compte
qui vaut un cinquième plus que les fous tournois
de France •■, enforte qu'il ne laut que 48 fous lubs
pour faire l'écu de foixante fous. On dk an marc-
lubs , un lous lubs , un denier lubs.
•L U C
LUC. C. m. Nom d'homme. Lucas. Saint Luc , Eva.n-
gélifte. L'Evangile de S. Luc , ou félon S. Luc. Tous
les Anciens difent que S. Luc ctoit d'Antioche. S.
Paul, ColoJJ. IV. I ^. nous apprend quil étoit Mé
decin. U na point été du nombre des Apôtres j non
■plus que S. Marc. Ainlî il n'a point écrit dans ion
Evangile ce qu'il avoit vu lui même , mais ce qu'il
.avoit oui de ceux mêmes qui l'avoient vu, félon
qu'il le témoigne au commencement de fon Evan-
gile. TertuUien dit que l'Evangile de S. Luc s'atrri-
buoit d'ordinaire à S.Paul, c'eft à dire que cet Apô-
tre l'avoit didté à S. Luc. S. Luc a écrit en Grec ,
& plus purement que S. Marc & S. Jean. Des ma-
nufcrits Grecs de fon Evangile , & d'anciens Au-
teurs , difent quil l'écrivit quinze ans après l'Afcen-
iîon de Notre Seigneur. S. Luc eft aulîi l'auteur du
Livre des Aéles des Apôtres. Quelques-uns ont cru
qu'il étoit un des LXXII. Difciples de J. C. mais le
commencement de fon Evangile n'eft pas favorable
à cette opinion. Quelques uns croient qu'il n'étoit
point Juif, parce que S. Paul le fépare des circon-
cis; la preuve eft bien foible.
Grotius croit que Lucas elt la corruption du nom
Romain Lucilius , qu'il avoit pris , comme tous les
Affranchis prcnoient ceux de leur Patron; qu'il
avoit exercé la Médecine à Rome ; qu'étant de re-
tour en Syrie^ il embralTa le Chriftianifme à Antioche,
où il entendit S. Paul prêcher.
^ On appelle en ftyle bas &c populaire, un èœufj
l'oileau de S. Luc , parce que des quatrcs animaux
d Ezéchiel , qui font les figures des quatre Evangé-
life j le bœuf eft celui qu'on attribue à S. Lucj &
qu'on le peint toujours à fes côtés,, comme l'aigle
à côté de S Jean. §3" L'on dit aulli d'un homme
groftîer , ftupide , qu'il reftemble à l'oifeau de S. Luc,
qu il a de l'efprit comme l'oifeau de S. Luc.
On dit familièrement qu'une chofe n'eft pas félon
S. Luc , lorfqu'elle n'eft pas dans les règles ; qu'Un
homme n'eft pas félon S. Luc, lorfqu'il pafte pour
infid.le & fripon ; qu'Une propofition n'eft pas
félon S. Luc , lorfqu'elle eft erronée.
Luc. Bon bourg de la Provence , fitué dans un terroir
j fo" agréable & fort fertile , à fept lieues de Fréjus
I &^ dHières , & à huit de Toulon. Lucus. Quelques
Géographes prennent ce bourg pour l'ancien Forum
yocon:i , ou Vocontii , que d'autres mettent à Dra
guiî^nan , ou au Canet. Maty. Hadr. Valois Not.
Gall. p. 2Sg. l'appelle Lucus Focontiorum. Il re-
Tome y.
LUC 65-7
marque J p. 3;!. que Tacite en parle au premier
Livre de ks hiftoires comme d'une ville muni.i-
palc, Hc que Pline le nomme Lucus Augujli , L. III.
c. 4. Mais certainement Pline diftinguc lort le Lucus
Augujli ,A\x Forum Voconu , que Bouche ^ Hijl. de
Prov. Liv. Ill ,c. 4. p. iso.ëc après lui , le Père
Hardouin dans fes notes, placent au Canct.
Il y a encore lue en Provence, proche de Bri-
gnole,qui donne aujourd'hui fon nom à la maifon
de Vcntimighe. Il elt fous la latituiie de 3 4 degrés,
entre 20 & 50 minutes. Bouche, Htjl. de Prov.
p. II. T. I.
Luc. Autre petit bourg du Dauphiné, fitué près de
la Drome , à cinq lieues au-deilus de Die. Lucus
Saliorum. Il y a un petit lac près de ce lieu , «il- qui
porte fon nom. On dit qu'une montagne s'étanc
éboulée , & ayant fermé le lit de la Drome , fes
eaux ainfi retenues , formèrent ce lac & fubmer-
gcrent l'ancienne Lucus , ville des Salyens.
LUCAINS. Nom d'un ancien peuple d Italie, habi-
tant de la Lucanie. Lucanus , a. Les Lucains vinrent
autrefois des Samnites. 'Vigénere, fur Céfar. La ri-
vière de Lave fépare les Lucains de la Calabre. Id.
Les Romains eurent anciennement de grandes guer-
res contre les Lucains , comme gens mal-aifés à con-
quérir. Id.
LucAiN. f. m. Nom d'un ancien Poëte Latin , qui vi-
voit fous Néron. Lucanus. Il a écrit en vers la guère
civile de Célar & de Pompée. Ce Poëme s'appelle
la Pharlile de Lucain. Brébœuf a traduit en vers
François la Pharlale de Lucain. Le Traduilcur n'eft
pas moins guindé que l'originah ^oyêç Lucaniste,
Lucain étoit de Cordoue en Efpagne ; il étoit fils
d'Anna-us Mêla, & neveu de Sénéque le Philofo-
phe. Foye:^ la Bibliothèque Latine de Fabricius , T.
I. p. iyS. & fuiv.
LUC A LA. Rivière de l'Ethiopie occidentale, au pays
d'Angola.
LUCANIE. Nom ancien d'une contrée d'Italie. Z«-
cania. Selon Ptolomée , la Lucanie étoit la troifièmc
région d'Italie dans la première divifion d'Augufte,
La Lucanie étoit dans la grande Grèce, que nous
appelions aujourd'hui la Bafilicare , & une partie de
la Principauté citérieure dans le Royaume de Na-
pies. Au Septentrion, elle étoit féparée des Picen-
tins par le Sélo , ou Selle, &■ de la Panille parle
Brandano ; au midi le Léo , ou Lave , la féparoit des
Briitiens. Elle avoit le golfe de Tarente au levant,
&c la mer de Tolcane au couchant. Voye^i Ponipo-
nius Mêla , L. II. c. ^. Il y a un grand nombre de
belles médailles frappées dans les villes de ce petit
pays. nosiAoïJEAT.iN, ïeaht-qn , urtTTiiiN, ma-
Mtl'TINQN , rHriNKN, AO:CPi2N , ZECÏfïF.nM . KAÏ-
AQNriATAt*, K?i2TrîNlATAN, eoTi'inN, &c, Voji-î
Goltzius, Nonnius & le Chevalier Marsham , Ca-
non. Chronol. ficuî. XFII.
LUCANISTE. f m. Partifan du Poëte Lucain. C'eft
un terme dont s'eft fervi Balzac en écrivant à Cha-
pelain, Liv. 1 p. Lett. I. Vous avez , dit-il, plaidé la
caufe de Virgile admirablement , & je ne crois pas
qu'après cela il 7 ait de Lucanijle qui ne fe cache ....
On lit dans le I. tome des Mélanges de Vigiieul Mai-
ville, ce trait remarquable. M. de Brébcuf, dans (a
jeunefte, n'avoir d'inclination que pour Horace. \}\\
de fes amis , nommé Gautier, qui eft mort Lieute-
nant Général de Clermont en Beauvoifis , avec la ré-
putation de bel efprit , n'avoit au contraire d'attache-
ment que pour Lucain , & le préréroir à tous les au-
tres Poètes. Cette préférence canioit (ouvent des dif-
putcs entr'eux ; mais à la fin , fatigués de toujours dif-
puter & de ne rien terminer, ils convinrent que cha-
cun d'eux liroit le Poëte de fon compagnon, l'exa-
mineroit & en jugecoit avec équité. La chofe tut
faite comme elle avoit été réfolue, & il arriva que
M. Gaurier ayant lu Horace, en fut fi charmé, qu'ij
ne le quitta jamais depuis , & que M. de Brébeuf
ayant lu Lucain , s'y abandonna de forte , qu'enivré
Ide fon génie, il devint auftî Lucain que Lucain mê-
me , & encore plus , Lucano Lucanior, dans la Tra-
O o o o
6^8 LUC
duiSion en vers François qu'il nous en a donnée.
LUCANISTE. Foyei Lucianiste.
ICTLUCAR. Terme d'Hiftoire ancienne. A Rome on
délîa'^oit par ce mot le lalaire des Comédiens qui
étoit pris fur les bois confacrés aux dieux. Il ne vient
donc pas de locus , place, ce que chaque {peétateur
payoït pour la place; m.iis de lucus , bois iacré. Le
jour de la célébration des Lucarics , on payoit les Co-
médiens des deniers provenans des coupes qu'on fai-
Ibic dans les bois confacrés aux dieux. V. Flutarque.
SAN-LUCAR DE BARRAMÉDA. Nom d'une ville de
l'Andaloufie , en Efpagne. Fanum. S. Lues, di Bar-
rameda, Lucifeii fanum. Elle ell à l'embouchure du
Guadalquivir & à dix-fept lieues au delFous de Sé-
ville. San-Lucar ell: une allez jolie ville; elle a un
bon port & un château.mais point de murailles. Mat y.
San-Lucar la Major. Nom d'une petite ville, avec
litre de Duché. Fanum S. Luca Majoris. Elle cil
dans l'Andaloufie, en Efpagne , à qiutre lieues de
Séville, vers le couchant. Maty.
Rio San-Lucar. Rivière de l'Amérique, dans la Caf-
tiUc d'or. Elle court à l'oueft, &c le décharge dans la
mer du Sud.
LUCARIES & LUCERIES. f. f. pi. M. Blondel dit
Lucariens & Lucariennes. Terme de Mythologie.
Nom de fête chez les Romains. Lucaria. Sextus
Pompeïus dit que les Lucanes le célébroient dans un
bois où les Romains , battus & pourfuivis par les
Gaulois, fe retirèrent & fe cachèrent : ils les célé-
broient au mois de Juillet j en mémoire de l'afyle
qu'ils avoient trouvé dans ce bois, qui étoit entre le
Tibre & le chemin appelé via Salaria.
Ce nom de Lucaries vient du mot lucus , qui veut
dire bois ; c'eil le fentiment de Sextus Pompe'ius &
de Feftus. Varron le dérive du mot luce , qui eft l'a-
blatif du nom lux ) qui i'is,niîie lumière & liberté : en
le prenant dans le dernier fens , on a formé le nom
de Lucaria , pour marquer que les Romains avoient
prefque perdu la liberté en perdant une bataille con-
tre les Gaulois. Cette étymologie cft moins naturelle
que la première; elle eft aullî moins vrai-lemblable ;
car il cil vifible que les Romains n'auront point établi
«ne fête en mémoire d'un événement trille &<. fâ-
cheux; il cil, au contraire , très probable qu'ils célé-
broient une fête dans un lieu qui leur avoir fervi à
conlerver leur liberté.
LUCARNE, f. f. Petite fenêtre qui eft-audeflus de l'en-
tablement d'une maifon , ou dans les toits j pour
éclairer les greniers ou les chambres en galetas.
Il y a des lucarnes rondes qu'on apelle autrement œz/
de bœuf. Il y en a de carrées , de bombées. Les Latins
l'ont appellée aulîl luccrna. Des lucarnes Flamandes
qui font élevées lur l'entablement &z couvertes d un
fronton. La lucarne Flamande eft évaluée dans un
toifé, \ une toife, & fi elle a un fronton j à toile &
demie. Des lucarnes damoifelles (ont des lucarnes de
charpente qui portent (ur les chevrons, & qui lont
couvertes en triangle ; elles font évaluées à demi toile.
Il y a aulfi des lucarnes faîtières, qui font de lîmples
ouvertures dans le toit, couvertes d'une tuile laitière.
SAN-LtJCAS. Nom d'un cap. Prom'ontorium S. Luc£.
Ce cap ell à la pointe la plus méridionale de l'île de
Californie , en Amérique. Il ell fous le tropique du
cancer , à l'entrée de la mer Vermeille.
LUCAW, LUCHA, Nom d'une petite ville ou bourg
de la Haute-Saxe. Lucha , Lucca. Ce lieu ell dans le
Duché d'Altenbourg , à trois lieues de la ville de ce
nom , de de celle de Zeitz. Maty.
LUCAYES. Les Îles Lucayes. Lucaùc InfuU. Ces îles
font de l'Amérique, & elles font fituécs dans la mer
du Nord , au feptentrion de celles d'Hilpaniola & de
Cuba, &c au levant de la Floride, dont elles ne font
réparées que par le canal de Bahama. On les renfcr-
iTie quelquefois fous les Antilles; & parmi un grand
nombre de petites, on en dillingue vingt qui lont de
quelque conlîdération; Lucayonéque, Abacoa, Ama-
guana, Amana, Bahama, Bimini, Caicos, Cigua-
reo, Guanahani , Guanima , Manéga , Majagiuna,
Samanaj Triangulo, Inagua, Yuma «Se Yumcto. Maty.
LUC
LUSAYONÉQUE. Nom de la plus feptentrionile des
îles Lucayes , la principale , & celle qui a donné à ces
îles le nom général qu'elles portent. Att<.'(îZ(3/?c;ca. Maty.
LUCCIOLE. f. f. Mouche luifinte. Il y en a une pro-
digieule quantité près deSamogia, qui eft un village
à dix mille de Boulogne. Scincinicla , ou cicindela
mufca. Elles couvrent les haies par millions & en
font comme autant de buinonsardens. Ces petits in-
leCles lont à peu près de la forme dts hannetons , mais
beaucoup plus petits. L'endroit brillant ell lous le
ventre. C'ell un petit poil velouté de couleur de ci-
tron , qui s'épanouit à chaque coup d'aile , & qui
jette en même tems un tr.iit de feu tort vif.
LUCE. f. m. Nom d'homme. Lucius. S. Luce , Evêque
d'Andrinople & Martyr, au IV^ fiècle. Foye^ les
Acla Sancl. à l'onzième de Février. Il y a encore un
S. Luce , maityr en Afrique au Ili*^ liècle, & dilciple
de S. Cypricn. /'. Bailler au 14 de Février. S. i«i:t;,Pape
du même liècle, fut élu en 2 jiaprèsS. Corneille. S. la-
ce premier Roi Chrétien des îles Britanniques au W fic-
elé, vers l'an 179. Bailler en parle au 3 de Décembre.
L'Empereur Zizccr-Aurele-'Vere étoit hère de M. Au-
rele, lurnommé le Philolophe, qui l'allocia à l'Em-
pire après la mort d'Antonin Pie. Foye^ Lucius.
Luce. f. f. Nom d'une femme Lucia. Sainte Luce ^
■Vierge & Martyre, dont la fête fe fait le 13. Dé-
cembre , étoit de Syracule. On ne l'appelle point
Sainte Lucie en François , quoi qu'en dile M. Bailler.
Sainte Luce fut couronnée du martyre durant la
perfécution de Dioctétien & clc ALixiraien , l'air
504. ou 50 y. de J. C.
LUCÉ. Nom d'un bourg, ou village de France. Il eft
dans le Maine , près d'Oftille , ou de S.iint Mars
d'Ollille, Eleélion du Châteaw-du-Loir , .avec titre
de Baronnie. Hadr. Valois Ait que l'ancien Lucien .
Lucianum , eft Luce , ou Luche , tous deux au M.ainc.
LUCÉNA. Il y a trois lieux de ce nom en Elpagne j
un gros bourg dans l'Andaloufie, près de l'embou
chure de Tinio , dans le golfe de Cadiz; un autri
fous le Xénil, au-dcll'ous d'Ecija , près de la Grc
nade , & un troifième dans TErtramadure, entre Me
rida & Alcantara ; celui-ci eft la iitia/Zij des Anciens
LUCÉPARA. Nom d'une île de l'Océ.in Indien. Lu
cepara. Elle eft à l'entrée du Détroit de Banca , que
Ton trouve après celui de la Sonde. La mer ell balît
aux environs de cette île; on n'y marche que la
fonde à la main , à droite (Se à gauche du vailleau ,
& à une portée de fulil on fait' la même manœuvre
dans le canot, pour diriger le vallFeau dans fa courfe.
Lett. Édif. Rec. XXF. p. 2$i.
LL^CÊRA delli pagani , Nocéra , Lucerira Paganina,
ou Paganorum Luceria , Nuceria , NuceriaSaraceno-
rum. "Ville du Royaume de Naples. Elle eft dans la
Capitanate, à huit lieues de Manfrédonia , du côté
du couchant. Lucéra , conlîdérable par fés belles
laine_s , eft le lîége du Gouverneur de la Province ,
&c elle a un Evêché lutfragant de Bénévent. Maty.
Foyei LUCÉRIE.
LUCERES. f m. pi. Nom que l'on donna à la troifième
partie , ou troifième Tnbu du peuple Romain au
commencement de fr fondation. Luceres Romulus
divifa les habitans de fa nouvelle ville en trois
parties , qu'il appela Tribus. La première fe nomma
les Tatiens, qui prirent ce nom de Tatius ; la fé-
conde les Rhamnes , ouRhamenles, aini: nommes
de Romulus , & la troifième les Lucères , qui pri-
rent leur nom de Lucumon. Ce font les paroles de
Varron , De L. L. L. LF.
LUCÉRIE. Nom d'une ancienne ville d'Italie. Luccria.
La Lucérie dont parle Céfar, L. I. c. 6. elt celle de
la Pouille D.iunienne , fi nous voulons nous aircter
au texte de cet Auteur. Strabon dit, L. FI- qu'il y
avoit autrefois en cette ville un fort beau temple oc
Minerve. Cenc Liu crie hoix. anciennement une fort
belle ville des Daunicns , fondée par Dionedc ;
mais au temps de Strabon elle étoit ruinée. Ses
ruines montrent encore fa grandeur. Elle étoit vers
la frontière des Samnites , ou de l'Abruzze. Les
Romains déiibéranr environ l'an 434. de Rome ,
II
LUC
fi en la dttruiioi: , aiinèicnt mieux y envoyer une
Coioiiie'dc i^oo ciroycns. l'Jiin;,X. ///. f.^. parle
de cette Lucérie; aind ceux là le mceomptcntj qui
ccntondent Luunc ik Nocère. Ce qui ks trompe ,
t'ell qu'il y avoic deux Noceres ; l'une en (^mbriej
& l'autre en la contrée des Picentins , & non pas
du Picène, ou marche d'Ancone : ce qui a trompé
quelques Auteurs , à caule de l'affinité des noms.
rojei Ptolomée j L. III. c. I. & Pline , I. ///. c.
J4. Lucérie fut rebâtie depuis le iiccle de Strabon ,
& fublilla jufqu'à Conftantin III. Empereur de
Conftantinoplej qui l'ayant prife fur les Lombards,
la ruina environ l'an 66j. de Jésus-Christ , fous
le Pontihcac de Vitalien de Scigni , comme écrit
Paul Diacre en fou hift. des Lombards , L. V. Elle
fut encore rétablie depuis, & vers l'an ii6o. Fré-
déric II. la donna aux Sarrazins , comme écrit Bien
del au XVF L. de fes hiftoires , & elle prit alors
le nom de Lucèrc des Sarrasins. Huit ou dix ans
après, Charles II. fils de Charles, Comte de Pro-
vence , Roi de Sicile , les en challa le jour de l'Af
fomption de la fainte Vierge , ce qui fit qu'il lui
donna le nom de la Sainte Marie. L'uiage cependant
prévalut, &c elle fut toujours appelée Lucère. Vigé-
nère fur Céfar,
LUCÉRIUS^ A, ou LUCÉRIEN , ENNE , f. m. & f.
Surnom que l'on donna à Jupiter & à Junonj parce
que l'on croyoit dans l'Antiquité payenne que c'é-
toient eux qui donuoient la lumière au monde.
Lucerius , a.
Ce mot vient de lux, lucis , lumière. J'aimerois
mieux retenir le mot Latin , que de dire Lucéricn ,
qui fembleroit être plutôt Lucerianus. On appela
aulll Jupiter Lucetius.
LUCERNAIRE. f m. Terme de Liturgie. Luccrnanum.
Ce mot a deux fignifications, 1°. Il veut dire dans
le Rit Ambroficn un Répons qu'on chante à Vêpres.
2°. Il fignifie aulîi quelquefois les Vêpres mêmes.
Le Lucemaire qui eft dans l'Eucologe des Grecs ,
eft beaucoup plus long que les Vêpres de l'Office
des Eglifes du Rit Latin. C'eft un amas de prières,
telles à peu près que font les Orailons de la Melfe,
pour la forme feulement ; car elles font beaucoup
plus longues. Entre ces Orailons on récite , ou on
chante des Verfets & des Répons , qui forment des
prières femblables à celles qui le difent dans le Rit
Latin , à Prime & à Vêpres les jours de férié ,
& .qu'on appelle du nom général & commun de
Prières , preces. Ce font des Prières que l'on difoit
à Soleil couchant , lorfqu'on allumoit les Cierges
pour Vêpres , & que l'on dit encore à Milan.
Chastelain. Lucernarium. Dans la Règle de S. Cé-
faire , §. 11. qui contient l'Ordre de l'Office" divin ,
on lit : Au Lucernaire ; le petit Direélanée , ôc trois
Antiennes, &c. Id.
Ce nom de Lucefnaire vient du Latin luarna :
il a été donné aux Vêpres , ou à un Répons des
Vêpres j parce que ces Prières le difoient le foir à
la lumière des lampes , ou des bougies , ou dans le
temps qu'on allume les lampes & les bougies.
-UCERNE. Nom d'une petite ville du Piémont , en
Italie. Lucerna. Elle eft capitale du Comté de Lu-
cerne , qu'on nomme autrement les vallées des
Vaudois , «Se fituée fur la Pélice , à deux lieues de
Pignerol , du côté du midi. Maty.
UCERNE. Nom d'un village avec Abbaye. Lucerna.
Il eft dans la Normandie , à quatre lieues d'A-
vranches . du côté du nord. Maty.
-UCERNE. Nom d'une ville capitale du Canton de Lu-
cerne , en Suiftc. Lucerna , Luceria. Elle eft à treize
ou quatorze lieues de la ville de Berne, du côté du
levant , fur le bord occidental du lac de Lucerne.
On dit qu'elle a pris l'on nom d'une lanterne , en
Latin Lucerna , que l'on tenoit autrefois fur le bord
de ce lac , pour guider les Pilotes. Elle eft partagée
en deux par une des branches de la rivière de Rull',
qui va fe décharger dans le lac , &c elle eft jointe
par trois ponts couverts & embellis de peintures ,
dont deux ont plus de cinq cens pas de lony;ueur.
Tome V.
LUC
6s()
Cette ville qui eft environnée d'une fimple muraille
garnie de tours, eft médiocrement grande; elle eft
belle, bien peuplée, & riche par le commerce des
marchandilw qui (e tranfportcnt d'Italie en Alle-
magne. On y voit deux choies curieufesj les orgues
de fi grande Eglife , qui font fort belles , 6c d'une
grollcur extraordinaire, & la rcpréfentation d'un
fquélette de Géant,- qu'on 3it avoir été trouvé dans
un des Bailliages du Canton de Lucerne, Lucerne a
encore un Arlcnal allez bien pourvu j & un beau
Collège de Jéluitcs. Lucerne eft la réfidence ordinaire
du Nonce du Pape aux Cantons Catholiques Ro-
mains. Maty. Habitant de Lucerne ^ Lucernas , aùi.
long. 16. à. i'. lac. 47. d. 5'.
Le Canton de Lucerne. Lucernenjls pagus. C'eft
une des treize Républiques de la Suifte. Elle eft
bornée au levant par les Cantons d'Underw.dd , de
Swits Se Zug ; & environnée de tous les autres côtés
par le Canton de Berne. Ce Canton entra dans la
Confédération des Suiftès , l'an 1331. Il eft tout
Catholique j & on dit qu'il peut mettre fur pié juf-
qu'à feize mille hommes. Son étendue eft de douze
lieues , du nord au lud ; & de huit , du levant au
couchant. Il a fon grand & fon petit Confeil ,
comme celui de Berne , & fes Avoyers; deux Cours
de Juftice , l'une Civile Se l'autre Criminelle ; &
pour fes caufes matrimoniales, il dépend de l'Offi-
cialité de Conftance. La ville de Lucerne en eft le
leul lieu confidérable ; celle de Surcée, qui y eft en-
clavée , n'étant pas lous l'obéiflànce , mais feulement
fous la proreétion du Canton. Maty.
Le lac de Lucerne ou LucernerzÉe en langage
du pays. Lucernenjls Lacus j ou Lacus quatuor ur-
bium fylvatïcarum. Lac de la Suifte , allez étendu
du couchant au levant , mais peu large. Il eft fur
les confins des Cantons de Lucerne , d'Onderwald ,
d'Uri , & de Swits. Il prend fon nom ordinaire de
la ville de Lucerne , «Se il porte quelquefois celui
de lac des quatre villes Foreftières , à caufc de Lu-
cerne , qui eft fur fes bords j & de Stants , d'Allorf &
de Szhwits , qui n'en font pas beaucoup éloignées.
LUCÉTIEN , ou plutôt LUCETIUS. f. m. Terme de
Mythologie. Surnom que l'on donnoit à Jupiter
dans la Langue Ofque. Lucetius. C'étoit la même
chofe dans cette Langue que Diefpiter Se Dijovis,
en Latin. Ce mot venoit de lux , lumière ; &• on le
donnoit à Jupiter , à caufe que c'eft lui qui donne
la lumière au monde, f^oye^ Aulu-Gelle,Z. F. c.ii.
Une Inkription rapportée par Gruter , p. LVIII.
n. j. donne aulli cette épithète à Mars , mais elle
écrit Leucetius.
MARTI LEUCETIO.
PRO SALUTE IMP.
DOMINI N. AUG. PIL
Q. VOCONIUS VITU.
LUS LEG. XXIL PR.
P. F. CURA VIT.
LUCHA, ouLUCHAW. Foyei LUCCAW.
LUCHE. , Nom d'un ancien bourg de France. Luccium.
Il eft dans le Maine près de Mayet Se du Loirer,
Hadr. Valois, Not. Gall. p. 513.
LUCHEN , LUCHENTE. Nom d'un ancien bourg
des Conteftans , en Efpagne. Lucentum , Lucentia.
Il, eft dans le Royaume de Valence, entre Xativa Se
Gandia, à trois lieues de l'une & de l'autre. Maty.
LUCHEU , Nom d'une ville de la Chine. Lucheum.
EUe eft la neuvième de la Province de Nanking,
&■ elle a fept autres villes lous fa jurifdidion. Maty.
LUCHING. Ville de la Chine dans la Province de
Xangfij au Département de Lugan , quatrième mé-
tropole de la Province.
LUCHO. C'étoit anciennement une ville de la Mar-
marique , en Afrique : maintenant c'eft un petit
bourg (itué dans le Royaume de Barca , fur le cap
de Lucho , nommé par les Anciens , Cat&onium pro'
montorium. Lucheum , anciennement Acropolis , An-
tipis^us , Tetrapygia. Maty.
LUCI'ANISTE, f. m. & f. Nom de fede, qui prit
OoQo ij
66o
X U G
ion nom de Luci.mus, ou Lucanus, Héiécique du
lecond iîècle. LucLaniJla. Peut être taudroit il dire
Lucanljle\ car Tertullien , L. de Rejunccl. Carnis ,
c. 1. Origène , L. II. contre Celle , & l'Auteur de
l'Addition au L. des Prelcriptions, appellent l'Au-
teur de cette Se61:e Lucanus , au lieu de Lucianus ,
qu'on trouve dans S. Epiphane , Hercf. XXIII. ou
XIIIÎ. & après lui dans S. Jean Damalcène des
Hérel". n. 45. Cet Hérétique fut Difciple de Marcion ,
dont il luivit toutes les errreurs , auxquelles il en
ajouta même de nouvelles. C'eft ce qu'en dit S. Jean
Damafcène. S. Epiphanie dit qu'il abandonna Mar-
cion , en enfeignant qu'il ne falloit point le marier,
de crainte d'enrichir le Créateur. Cependant comme
a remarqué le P. Le Quien dans les Notes lur S.
Epiphane, c'étoit là une erreur de Marcion, & des
autres Gnoftiques. Il nioit l'immortalité de l'ame ,
qu'il croyoit matérielle ; ainlî l'Auteur de l'Addi-
tion a tort de dire qu'il différoit aulU en cela de Mar-
cion ; c'eft encore une remarque du P. Le Quien.
Il y a eu d'autres Lucïanïjles qui ont paru quel-
que temps après les Ariens i ils difoient que le Père
avoir toujours été Père , & qu'il en avoir pu avoir
le nom avant que d'avoir produit fon Fils , parce
qu'il avoir la vertu de le produire i ce qui iuppole
l'erreur des Ariens au fujct du Verbe y ou la ren-
ferme , ou du moins quelque autre erreur qui en
approche.
Le nom de Luciamfte vient de celui de Lucien ,
qui eft regardé des Ariens comme un Martyr.
LUCIDE, adj. m. & f. Terme didadique. Lucidus. Qui
jette de la lumière. Le loleil eft le premier des
corps lucides. Le ver luilant , le phoiphore font
lucides , &c.
^fT Dans ce fens ce mot n'eft guère d'uCige. Mais
on dit quelquefois intervalles lucides , lucida inter-
valla , en déhgnant certains momens où ceux qui
ont le cerveau attaqué , raifonnent bien, ont l'ufage
de leur raifon.
Lucide , f. f. Terme d'Aftronomie. Nom qui fe donne
à plulîeurs étoiles de diftérentes conftellations remar-
quLibles par leur éclat. Lucida.. On les appelle ainfi ,
parce qu'elles lont plus brillantes que les étoiles
voilmes. La Lucide d'Ariès , ou du Bélier. La lucide
de la Couronne. La lucide du dos du Lion. La. lucide du
front du Scorpion. La lucide du front du Sagittaire.
La lucide de la cuilfe orientale du Verfeau. La lucide
de la Couronne , s'appelle auffi le diamant de la Cou-
ronne. Gemma corons.
San - LuciDo j Nom d'un bourg de la Calabre ciré-
rieure , Province du Royaume de Naples. Fanum S.
Lucidi. Il eft lur la mer de Tolcane , à une lieue
de Paula , vers le midi. Quelques Géographes pré-
tendent que l'ancienne Témefa , ou Tempfa , ville
des Brutiens, ruinée par Annibal, étoit au lieu où
eft maintenant S. Lucido ; mais d'autres la mettent
à Meluito , au couchant de S. Maico , Se d'autres
encore à Torre Loppa , bourg fitué fur la mer de
Tolcane j aux confins dies deux Calabres. Maty.
LUCIE , f. f. Nom de femme. Lucia. Voyez LUCE.
L'île de Sainte Lucie , eft une des îles du Cap
vert : elle eft fort haute.
§Sr Bois de Sainte £ade. F^ovei bois,
gcr LUCIENNE, adj. Se f. f "Terme d'antiquités Ecclé-
lîaftiques. On donne ce nom à la verfion des Septante
revue & rélormée en quelques endroits fur l'hébreu
par S. Lucien d'Antioche, Prêtre & martyr^qui vivoit
au IIF. liècle. Les Ei:liles de Conftantinople Se d'An
tioche fuivoient l'édition des Septante nommée la
Commune & la Lucienne. D. Ceilher.
LUCIEUSE, ou LUCIOSE , f. f. Nom de femme.
Luciofa. Voyez M. Chaftelain , au 27*^ de Février ,
P- 794 > 799-
LUCIFER, fubft. mafc. C'eft .ainfi que les Poètes
Payens ont nommé l'étoile de Vénus , lorfqu'ejlc
parojt le matin, quand elle eft orientale au Soleil.
Lucifer. L'écriture lui attribue aullî le nom de cet
aftre , en ces mots : Numquid producis Luciferum
in tcmpore fuo , & Vefperum fuper filios tertiz con-
LUC
/urgere facii } Job. 38, v. 32. Et tu Lucifer qui
mane oricbaris. ifaïe , 14, v. iz. Ante Luciferum
genui te. Pf. 109 , v. 5. L'étoile de Lucifer précède
le Soleil le matin , & paro'it avec l'aurore. Ce qui
a fait dire aux Poètes qu'il étoit fils de l'Aurore. Le
loir il paroît quelque temps encore après le coucher
du Soleil, &c alors on l'appelle Hcfperus ,om Vefpe-
rus , & à la campagne , l'Etoile du Berger. Les
Poètes difent encore pour la même railon , qu'il eft
le chef & le conduéteur des Aftres -, qu'il a foin
des chevaux &: du char du Soleil : qu'il attelé _, &
qu'il dételé avec les Heures, auxquelles feules d'autres
ont donné cette charge. Quelques Anciens ont dit
que c'étoit Adonis , &: d'autres l'ont pris pour Cai-
tor. f^oye-^ Baithius , dans les Notes lur Stace , L.
IV. Sylva VI. V. If. Les Poètes donnent des che-
vaux blancs à Lucifer. Les chevaux de main , de-
fultorii , étoient confacrés à Lucifer.
Lucifer , eft aulîi un nom d'homme. Lucifer de Ca-
gliari fut célèbre au IV' fiècle fous le Pape Libère ,
par fa légation au Concile de Milan , par quatre
exils auxquels il fut condamné pour la Foi : Conf-
tantius l'ayant relégué d'abord à Germanicic , en Sy-
rie , puis à Eleuthéropolis en Paleftine , eriluite en
Thébaïde , & enfin en un autre endroit dont on ne
fait pas le nom. Il fut encore célèbre pai» fa fer-
meté & les écrits contre cet Empereur Arien , par
les louanges que lui donna S. Athanafe , par les per-
fécutions (S: les maux que lui firent fouffrir les
Evêques Ariens des lieux où il fat exilé j & par le
fchifme qu'il fit dans l'Eglife. Foyei LUCIFÉRIEN.
Lucifer , dans le Chriftianifme , eft un nom qu'on
donne au Prince des ténèbres , au chef des Démons.
Cette exprellion eft prile d'Ifaïe , XIV. 12. où on lit:
Comment es tu tombé du ciel , Lucifer , toi qui pa-
roiffois (î brillant au point du jourt & où les Inter-
prètes difent que le Prophète parle de Satan , ou qu'il
lait allufion à la chute. Il le nomme Lucifer , par
rapport à la beauté Se aux dons dont il étoit orné
avant fon péché , & qui le failoient paioîtrc comme
une étoile brillante. Cela fe doit entendre de la ver-
fion Latine de S. Jérôme ; car dans le Texte il y a
trois mots diftérens en ces trois endroits , dont l'un
fignifie les étoiles en général , Se les deux autres
quelque Aftre en particulier , fans qu'on lâche trop
bien lequel.
LUCIFÉRIEN , ENNE. f. m. & f. Nom de fede. Luci-
ferianus, a. On appelle Zucii/èrze/zj, ceux qui adhé-
rèrent au fchifme de Lucittr de Cagliari , au IV'
fiècIe. S. Auguftin , dans Ion Livre des Héréiies , c,
61. femble indiquer qu'ils croyoient que l'ame étoit
tranfmile aux enfans par leurs pères. Théodoret dit
que Lucifer fut Auteur d'une nouvelle erreur. Les
Lucifériens le multiplièrent beaucoup dans les Gaules,
fur-tout à Trêves, à Rome , en Efpagne , en Egypte
Se en Afrique. L'occalion de ce fchilme fut que Lu-
cifer ne put fouftrir qu'on annulât rien de ce qu'il
avoir fait. Il y eut peu d'Evcques Lucifériens , mais
beaucoup de Prêtres &-dc Diacres , Se cette Ceâe ne
dura pas longtemps. Les Lucifériens ne vouloient
point recevoir dans leur communion les Evêques
Catholiques , que la perfécurion avoir lait trahir la
vérité en faveur de l'Arianilme, quoique ces Evê-
ques culTcnt reconnu Se délavoué leur fiute , Se
que l'Eglite les eût reçus dans fi communion.
Ce nom de Lucifériens vient de celui de Lucifer:
c'étoit un Évêque de Cagliari , qui donna le nom Se
le commencement au fchilme dont on vient de par-
ler; ceux qui le fuivirent, & qui limitèrent dans
fon opiniâtre dureté , furent appelés Lucifériens
|tF LUCIMtTRE. C. m. Terme fcientifique formé d'un
mot Latin & d'un autre Grec. Lucimetrum. Machine
pour mefurer la torce , le degré de lumière. On
trouve dans le Traite d'Optique fur la gradation de
la lumière , ouvrage pofthume de M. Bouguer , la
conftruélion d'un lucimètre propre à mefurer la force
de la lumière , lequel a plufieurs propriétés de la
chambre obfcure.
LUCINE. f. f. Nom de divinité chez les anciens Ro-
LUC ■
main:. Luc'ma. C'étoic la dcelfc qui préfidoit aux ac-
couchemens des femmes , 6c à la naillancc des en-
ftns. Tantôt c'elt Diane , &c tantôt Junon , mais plus
Touvent Junon. On la nomme aullî Lucecie , & on
l'appelle ainlî j auflîbien que Lucine , du mot lux ,
lumière, parce que c'efl; clic qui donncle jour , la
lumière aux enfans ; ou bien de /ucus , un bois , parce
que fon Temple étoit dans un bois.Ces étymologies font
. d'Ovide, faji. L. II , v. 44p , £■ ^5/. Les fem-
mes invoquoient Lucine , dans le travail d'enfans,
comme on le voit dans Tércnce, Anirïâ , Acl. III.
Scen. /, V. //. & Jdclpk. Acl III, Sccn. IF. v.
41. I^ElIe prclîdoitaux Bois, & fon nom venoit
de Lucus Bois. Mais une petite équivoque, je veux
dirCj le rapport du mot Luc'ma avec celui de lux ,
la fit invoquer dans les couches, comme li elle fc
fut mêlée de faire arriver les enfans à la lumière.
C'ell ainlî que nous invoquons S. Clair pour les
maladies des yeux , S. Aurelien pour les maux d'o-
reilles. On la nommoit encore Ilithye , Zigia , Opi-
gêna. Térence la nomme Juno Luc'ma. Une ancienne
infcription antique dans Gruter , P. LXI. Diana Lu-
■ cina invicia. Le culte de Lucine avoit pallé des Grecs
aux Romains. C'étoit la Lune qu'ils honoroient lous
ce nom ,^ parce qu'elle contribue à la génération de
tous les Etres d'ici-bas. Lucine portoit une couronne
de diélamne, parce qu'on étoit perfuadé autrefois
que cette herbe facilitoit l'enfantement aux fem-
mes, & avoit la propriété de les faire délivrer heu-
reufement de leur fruit. Il y a dans le cabinet du P.
Kirker une figure de Lucine. Voy. aufli VolliuSj de
, Idolol. L. II, c. 26.
Lucine. f. f. C'eft le nom d'une efpèce de poire ,
■ qu'on nomme autrement citron j ou citron vert. Voy.
Citron.
LUCINIENNE. adj. f. Terme de Mythologie. Junon
avoit un autel à Rome fous ce nom, qui paroît être
le même que Lucine. On dit que les cendres qui
y reftoient au lacrifice demeuroient immobiles , quel-
que vent qu^il fît.
LUCIUS. f. m. C'efl: un prénom Romain qu'il faut
retenir en notre Langue dans la forme Latine. Lucius.
Pour le féminin , on dit Lucia , & Lucie. Au mal-
culin , on dit quelquefois Luce , comme Luce Au-
réle 'V^ère , mais il n'y a guère qu'en parlant de cet
Empereur , que l'on donne à ce nom cette forme
Francoife.
LUCKÔ. Foyei Lusuc.
LUCO, Bourg du Royaume de NapleSj fitué près du
bord occidental du lac de Célano , en la Brulle
ultérieure. Lucus. Quelques Géographes le prennent
j pour le lieu du Latium , que Ton nommoit ancien-
i nement Cap'uulum , ou Capitolias. Maty.
' LUCOMORIE , ou LOCOMORIE. Nom d'un pays
de la Tartarie Mofcovite. Lucomoria. Sanfon dans
fa grande Carte de la Mofcovie , le place au-delà de
l'Oby , au midi oriental de la Sibérie; mais M. de
Witfen le met autour de l'Oby , vers fon embouchu-
re, & au nord de la Sibérie. Maty. Les montagnes
de Lucomorie (ont au midi de cette Province.
LUCOMORIEN , ENNE. f. m. & f. Habitant de la
Lucomorie. Lucomerianus , a. Les Lucomonens ha-
bitent fous des tentes de bois , ou des baraques.
LUÇON. Petite ville fans murailles ; mais Épifco-
pale , & fuffragante de Bourdeaux. Luc'io. Elle efl:
dans le Poitou , en France , à deux lieues de la mer ,
& à fix de Maillezais , &; de la Rochelle. Le Pape
Jean XXIL divifa en trois le Diocèfe de Poitiers ,
y érigeant en Évêchés les deux Abbayes de Mail-
lezais & de Lucon. Celle de Lucon étoit ancienne ,
ayant été ruinée par les Normands ^ vers l'an S77.
Elle fut rétablie avant 1040. mais on ne fait par qui.
Jean XXIL érigea ces deux Evêchés par une même
Bulle du 13 d'Août, 15 17. Long. 16. d. 29'. iG" ,
lat. 46. d. 27'. 14".
l-uçoN J ou LussoN. NoiT) d'un ville qu'on trouve
clans les Cartes, fur la côte occidentale de Lucon ,
ou de Manille j mais on croit qu'elle eft la même
que la ville de Manille. F. Lussonia, ville & île.
LUC
661
LUÇONNOIS. Territoire de Lucon. Lucinioncnfs
ager^ , ou pagus. Hadr. Valois écrit Lujfonnois &
I.u(Jon.
LUCQUE. f. f. Terme de Fleurille. Tulipe panachée
de gris de lin , lur un beau blanc. Morin.
LUCQULS, ou LUQUES, ou LUQUli. Ville d'Italie,
capitale de la petite République de Lucques , Ôc fituée
fur la rivière de Scrchio , environ à cmq lieues de
Pile , vers le nord. Luca. Cette ville cit médiocre-
ment grande J fortifiée régulièrement par onze bâf-
rions qui l'environnent , bien peuplée , & riche par
la grande quantité d'étoffes de foie que l'on y fabri-
que, 8c qui lui ont fait donner le nom de Lucques
l'indultrieufe. Elle a un Évêché , autrefois luftragant
de Pile , mais maintenant dépendant immédiate-
ment du Pape. Maty. Sur une monnoie de Char-
lemagiie(' rapportée par M. Le Blanc) la ville de Z//c-
ijues , où elle -a été faite , efl: furnommée Flav'ia. J'ai
vu une monnoie de cuivre de Didier , Roi des Lom-
bards , avec cette inlcription j Luca Flav'ia. Auta-
ris , un des Rois des Lombards , ayant pris le iiir-
nom de Flavius, fut imité par fes fuccelTcurs. Ce
lurnom fut donné aux principales villes de leur
Royaume , ainlî qu'autrefois celui à'AuguJla avoit
été donné aux plus conhdérablcs villes de l'Empire
Romain. Un tiers de fou d'or du même Didier , Roi
des Lombards , fur lequel on lit Flavia Med'iolano ,
juftifie cette penfée. Le Planc,/». ^/. Long. 31. d.
4 >
lat.
43-
50.
La République de Lucques. Lucenjls Ager , ou Ref-
pubiica. C'efl un petit État de l'Italie j borné par ceux
de la Tofcancjde Modène, de Malle, & par la
mer Méditerranée. Il peut avoir dix lieues de long ,
& autant de large. Son terroir efl: peu fertile en blé ,
mais beaucoup en vin , en huile , en châtaignes , en
foie & en laines. Ses lieux principaux font Lucques ,
capitale j Viaregio , Camajor , Montignofco , MI-
nutano & Caftiglione. Cette République , feuda-
taire de l'Empire , efl: gouvernée par un premier
Magiflrat , que l'on nomme Gonfalonnier , qui a
cent foldats pour fa garde , & réfide dans le Palais
de la République. Il efl choifî d'entre les Nobles ,
& il n'efl: que deux mois en charge , de même que
neuf Conlcillers qu'on lui adjoint j pour l'adminif-
tration des affaires , cependant , ni le Gonfalonnier ,
jn fes Confeillers , ne peuvent rien faire d'impor-
tant fans le confentement du Grand Confcil , coin-
pofé de fix-vingt Bourgeois. Maty.
LUCQUOIS. Le Lucquois en Italie. /( Luchefe. C'efl
la même chofe que la République , l'Etat de Lucques.
LucQ,uois J OISE. f. m. & f. Qui elf de Lucques. Lu-
cenfis. Les Lucquois ne permettent point qu'on porte
des armes dans leur ville. En entrant on demande
aux Étrangers leurs pifl:olets, leurs épécs, & leurs au-
tres armes j qu'ils retrouvent à la porte par laquelle ils
doivent fortir. Un Cardinal François , que l'Empe-
reur Charles IV avoit laiffé à Lucques pour Gouver-
neur , donna la liberté aux Lucquo'is. Corn. Une
Dame Lucquoije nommée Lucretia Civitads , fit im-
prime!: à Lyon l'an ij'48. des Scholies Latines fur
les trois premiers livres des Diftiques de Caton.
Mascur.
LUCRATIF, IVE.adj. m. & f. Qui apporte du gain,
du profit. Q^udtjîuofus j lucrofus , compend'tofus. Une
Charge lucrative. Les Ofïices de Greffiers font fort
lucratifs. Les emplois font rarement honorables &
lucratifs tout enfemblc.
LUCRE, f m. Gain , profit , gp^qui fe tire de l'induf-
trie , du travail , d'une profelîion qui a l'intérêt pour
objet plus que l'honneur. Lucrum qutjlus. Les âmes
baffes ne confidèrcnt que le lucre , &c les généreufes
que l'honneur. Il a peu d'ufage.
LUCRE CESSANT. Terme de Jurifprudence & de
Théologie morale. Lucrum cejfans. Il y a des cas
dans lefqucls il peut être permis d'exiger au-delà du
principal qu'on a prêté. Les deux premiers de ces
cas font le dommage nailfant ou émergent. Se le
lucre cejjant dans lefquels on fe fait payer non pas
des uluies , mais des dommages & intérêts , parce
662
LUC
L U D
que perfonne n'eft oblige cte procurei' le bien d'autiui
à fou défavantage. Dans le cas du lucre cejj'ant , pour
pouvoir tu-er quelque chofe au-delà du principal ,
il faut que le prêc foie la véritable caufe de la priva-
tion du gain i que celui qui prête avertille qu il ne
peut prêter ians le priver d'un gain , que le dedom-
migenient ne foit jamais au dellus du taux de l'or-
donnance , qu'on ne le retienne point , que le prêt
ne foit pas fait à un pauvre. Conf. De Paris.
^LucRE, Gain , Profit^ Émolument , Bénéfice,
fynonymes. Le gain femble être quelque chofe de
très cafuel, qui fuppofe des lifques & du halard. Le
profit paroît être plus sur , & venir d'un rapport ha-
bituel , foit du fonds j foit d'indultrie. Le lucre cOi
d'un fiyle plus foutenu, & dont l'idée a quelque
chofe de plus abftrait «Se de plus général. Son carac-
tère confifie dans un iîmple rapport à la p.ailion de
l'intérêt , de quelque manière qu'elle foit latisiaite.
■Voilà pourquoi l'on dit très-bien d'un homme , qu'il
aime le lucre , &c qu'en pareille occafion on ne fe
ferviroit pas des autres mots avec la même grâce.
Syn. Fr. Tout ce qui n'a que le lucre pour objet eft
roturier. Foye\ les autres mots.
Les Anciens adoroient le Lucre fous le nom de
Mercure. C'eft pour cela qu'on le repréfentoit une
bourie en main.
LUCRÈCE, f m. Nom d'homme. Lucretius. Le Pocte
Lucrèce eft un Épicurien qui a mis en vers Latins élé
gans , la Phyfique d'Empédocle & de Démocrite. Il
étoit contemporain de Varron & de Ciceron^ un
peu plus vieux néanmoins qu'eux.
Lucrèce j f f. eft aufti un nom de femme. Lucreda.
La charte Lucrèce étoit fille de Lucrèce Tricipifin ,
Préfet de Rome fous Tarquin le Superbe , &c fem-
me de Tarquin Collatin. La violence que Sextus
Tarquinius fit à Lucrèce , fut caufe que les Rois fu-
rent chalîés de Rome. Les Poètes fe fervent de ce
mot quand ils parlent d'une femme charte j fage 6c
vcrtueufe.
Et Jlleur fang tout pur avecque leurnobleffe ,
Eft pajfé jufqu'à vous de Lucrèce en Lucrèce.
Despr.
Lucrèce Morelle étoit favante en Grec , en Latin ,
en Italien , &: en Efpagnol , auftî-bien que fes fœurs
Camille & Diane.
LUCRIN. Lac. Foye^ Licola.
LUCUBI. C'étoit anciennement une petite ville de
l'Efpagnc Bétique -, ce n'eft maintenant qu'un village
delà Grenade, lltué au midi d'Alcala Real, ville
de l'Andaloufie. Matv.
LUCULENTEMENT. adv. Vieux mot. Comme il
faut , fort bien. Luculenter.
LUCULLÉES. f. f. pi. Nom d'une fête que les Grecs
inftituèreiit en l'honneur de Lucullus , LuculUa. ou
jeux LucuUiens. Ludï LucuUïam. Les Grecs de l'Alie
mineure inftituoient des fêtes en mémoire des Gou
verneurs qui les gouvernoient avec une probité &
une équité lingulicre. C'eft pour cela qu'ils'en éta-
blirent pour Lucullus , dont ils furent extraordi-
nairement contens. U gouverna cette Province vers
le temps de Pompée & de Cicéron. Voye-{ Plutar-
que , dans fa vie , Appien , dans l'on Hift. de la
Guerre de Mïthrïdate , & Voflius j deldolol. L. III ,
CI/.
LUCUMO. f. m. Nom d'un arbre du Pérou, dans l'A-
mérique méridionale. Lucumo. On commence à voir
dans ce climat ( de Coquimbo ) un arbre qui ne
croît point dans tout le refte du Chili ; & qui eft
pauiciilicr au Pérou. On l'appelle Lucumo : la feuille
relfemble un peu à celle de l'oranger & du Hori-
por.dio. Son fruit relTemblc auffi fort à la poire ,
qui enferme la graine de ce dernier. Quand il eft
mûr , l'écorce eft un peu jaunâtre , & la chair fort
jaime, & à peu près du goût & de la coniiftance
du fromage fr.aichement fair. |Ï3° Au milieu on trou-
ve deux ou trois novaux qui, djns leur maturité ,
ont la figure &c la couleur de nos châtaignes. Fré-
zier écrit Lucumo , d'autres Lueuma.
Ip- LUCUMON. Les Chefs des Républiques Etrufques
prcnoient le nom de Lucomon , ôc en mémoire
de ce fait , l'Académie Etrufque de Cortone donne
ce même titre à fon Préfident.
LUCUNAGNO. Nom de lieu , au Royaume de Naples.
Cafale Lucunagni. U eft dans la province d'Otrante ,
à 1 3 milles au couchant de Nardo. Les Grecs l'ha- •
bitoient encore au XIII* fiècle , & ils y étoient au-
nombre de 250 ou environ.
L U D.
LUDAY. Ludaya, autrefois Jlyda , Aludda. C'étoit
anciennement une ville de la grande Phrygie^ en
l'Alie mineure. Elle eft maintenant dans le Becfan-
gil , en NatoUc ; mais elle eft réduite à un fott petit
nombre d'habitans. Maty.
LUDE. Bourg , ou petite ville , .avec titre de Duché.
Lufdum , Lufdium , Leudum , Luds. , Ludium. Ce
lieu eft dans l'Anjou , province de France , aux
confins du Maine, environ à dix lieues de Saumut ,
du côté du nord. Hadr. Valois, Noc. Gall. p. jog.
Maty.
LUDERSBOURG. Petite ville du Cercle de la Bafle-
Saxe , en Allemagne. Ludershurgum. Elle eft fur
l'Elbe , dans le Duché de Lawenbourg ^ à deux lieues
au-dcfl'us de la ville de ce nom. Maty.
LUDGER. Voyei Léger.
LUDIM. 1. m. pi. Nom de peuple dans l'Écriture.
Ludïm. Jofeph , Euftathius d'Ancioche , Eufébe ,
S. Jérôme , Ifidore & beaucoup d'autres , difent
comme une choie conftante , que ce nom Ludim^
vient de Lud , fils de Mifraïm , &c père de ce peu-
ple , qu'on appella de fon nom Ludim , V que ces
Lud'im lont les Lydiens. Les Grecs dilcnt que les
Lydiens s'appelèrent d'abord Mœones , ou Méo-
niens ; qu'ils avoient pris ce nom de Méon , an-
cien Roi de Phrygie &c de Lydie , qu'enfuite ils pri-.
rent celui de Lydiens , de Lydus fils d'Athis. Bo-
chart croit que tout ceci eft hiux , & que le nom
de Lydien eft plus ancien -que Lydus ; mais il ne
veut poim que Ludim Se Lydim viennent de Lud; il
le dérive de vh , Luz , qui en Hébreu fignifîe
dcclinare , obllquare , torquere , biaiferj détourner,
être oblique. Il prétend que Moyfe avoir pris des
Phéniciens la plus part des noms de Lieu : que
les Phéniciens axoient changé le t en T , éL' dit yh
au lieu de ilV ; qu'ils avoient donné ce nom à deux
peuples fort difterens & fort éloignés l'un de l'autre.
Les Lydiens & les Ethiopiens. Pourquoi ? parce que
ces peuples étoient fitués proche de deux Heuves fort
tortueux , qui lont beaucoup de tours & de détours ,
le Méandre & le Nil. En effet, Etienne de Byzance
dit que les Lyndiens furent appelés Méoniens, du
fleuve Méon, qui eft le Méandre. C'eft que les anciens
Grecs crurent que Ludim venoit de 1/', parère. Se
qu'ils interprétèrent comme S. Jérôme natos , fils ,
enfans , 6ç que de ^«i«ï Se ftameui j qui , félon les
Septante, Exod.I, //. & Gen. XXXV, /7. eft
la même chofe que iS» , ils avoient fait Ma;on ,
Mœonie , & Mxoniens. Foye\ cet Auteur , Pha-
leg. L. II j, c. 12.
LUDIUS. f. m. Peintre Romain , florilfoi: fous Au-
gufte , & étoit dans une grande eftime. Ce fut lui
qui commença le premier à peindre en dehors les
maifons de Rome. Il repréfentoit tantôt des pây-
lages , tantôt des fabriques. Dïcl. de Peine. & d'Jr-
chitecl.
LUDLOW. Nom d'un bourg du Comté de Shrop , en
Angleterre. Ludloa. Ce bourg a féance & voix
dans le Parlement d'Angleterre , &: il eft fitué fur la ri-
vière de TèmCj entre les villes de Schrowcsbury &
d'Héreford, à deux lieues de l'une & de l'autre. Maty.
LUDON (le ). Rivière de France en Gafcogne; ellea
fr fource dans le Marfan , & fe jette dans Je Midou-
LUE
LUDOVIC, f. m. Nom «d'homme. Louis. Ludovkus.
Ce nom ne fe dit que de quelques crrangers. Lu-
dovic de Gonzague, Duc de Nevers ik de Herbe -
loiï , l'air de Funce , Prince de Mantoue , Chevalier
de l'Ordre du Hoi , Capitaine de cent hommes d'ar
mes de les Ordonnances , Gouverneur ôc Lieute-
nant Général des Provinces de Champagne & de
Brie , fut le premier rei^u Chevalier du S. Efprit ,
après que le Roi eut été reçu , Se qu'il eut fait prêter
ferment aux Officiers de l'Ordre , qui firent leur
première fonâion à la réception de ce Duc, P. An
SELME. Ludovic Sforcc s'étant tait tuteur de Jean Ga-
léas , Sforce fon neveu , Duc de Milan , s'étoit
rendu maitre de tout cet État , tk en reteiioit toujours
l'adminiftration, quoique Jean Galéas eut déjà vingt
ans. P. Daniel, Hift. de France. T. II , p. i S44-
Le Comte Ludovic de Ledron étoit lous François l.
un Capitaine des troupes 'Vénitiennes. I^oy. Mézc-
ray , T. II , p. 4.6 j. Ludovic , frère du Duc de
Mantoue , fii: fait prifonnier à la journée de S.
Quentin. Mézeray,;?. 4^/.
LUDOVICUS. f. m. Sous Louis XIL le Blanc fut
appelé Ludovicus. Decunx GaUicus.
LUDRÉ. f. m. Nom d'homme. Lufor. S. Ludre étoit
'- fils d'un Sénateur fort qualifié de la ville de Bour-
ges , nommé Leucade , & qui delcendoit de
l'illuftre S. Épagate , l'un des plus célèbres Martyrs
de Lyon , du temps de l'Empereur Marc - Aurele.
Baillet , au 4 Novemb. S. Ludre mourut aullî-tôt
* après fon baptême , portant encore la robe blanche.
Voye-{ Grégoire de Tours , Kift. L. I , c. ji.
De Lufor on a fait Lufre , Luire , Ludre.
LUE.
LUENCH. adv. Vieux mot. Loin.
LUES. adv. Vieux mot. Aulîî-tôtque , après que. Il peut
venir de l'Elpagnol luego , au(li-tôt , incontinent.
LUET. f. m. Terme de Coutumes. Droit de luets , eft
un droit qui coniifte en un bollfeau de feigle fur
chacune tenue, &. chacun ménager tenant feu &
famée, & labourant terre dans une Paroille.
LUETTE, f f. Morceau de chair molalle qui eft fuf-
pendu à l'extrémité du palais, auprès des conduits
des narines perpendiculairement fur la glotte. Gur-
gulio i uva^uvula. Les Médecins l'appellent YUvule.
Elle fert à rompre la force &: l'impétuofité de l'air
trop froid , de peur qu'il n'entre avec trop de pré-
cipitation dans les poumons. On lui a remis la luette
qui étoit démife.
LUEUR, t. f. Foible , ou palTàgère, Lux mallsina.
Les éclairs font une lueur momentanée. On dit à la
lueur du feu , de la chandelle & de la lune. La
lune dans Ion éclipfe a encore quelque fombre/«e«r.
La /i/tf2/r des armes jettoit comme des éclairs. Vaug.
Marcher à la lueur'dts fiambcaux. Ablanc.
Figure coi Pyrrhus , les yeux étincelans ,
Entrant à la lueur de nos Palais brùlans.
Racine.
Lueur j fe dit auflî au figuré, & fignifie légère appa-
rence. Species j, radius. Je vois quelque lueur d'ei-
pérance. Effulgec fpes aliqua. Il y a des Politiques
qui s'évaporant en mille penlées chimériques, pré-
fèrent les plus vaincs lueurs de leur imagination j
aux plus droites lumières du fens commun. Val.
Le peuple fe lailfe aifément éblouir par la lueur A'un
faux mérite. Bell. Cette vertu qui éblouilloit les
yeux , n'étoit qu'une faullc lueur. G. G. Il y a quel-
que lueur d'efprit dans cet Ouvrage. l'Acad. Il y a
de faulles lueurs que l'on prend fouvent pour de
vciitables lumières. Elles amufenr, on s'y arrête, &
1 on n'en connoît la vanité , qu'après qu'on a eu le
malheur de s'y attacher & de les fuivre. Ab. de la
I Trape.
IP° LuEURj CLARTÉ , SPLENDEUR , fynonyme^. La.lueur
e(l un commencement àz clarté , Se hfplendeuren
L U G
66^
¥
crt la perfeftion. Ce font les trois différcns degrés
de l'efiet de la lumière. Syn. Fr.
gC^Tout le (ecours de la lueur fe borne à faire apper-
cevoir & découvrir les objets. La clarté k'i fait pleine-
ment dilHnguer & connoltre. Lajflendeur les mon-
tre dans leur éclat.
L U F.
LUFAN. Ville de la Chine , dans la province de Quei-
cheu , au département de Queijang , première mé-
tropole de la Province.
^LUFFA-ARABUM. Plante de la fimille des con-
combres, connue aullidcs Botaniftesious le nomde
Cucumis reticulatus uî,gyptius. Son fruit n'cft pas
charnu , mais un peu fec. Le tilîu intérieur eft une
elpèce de réleau ttès-fin , qui contient les fcmcnccs.
L U G.
LUG. Nom d'une rivière d'Angleterre. Logus. Elle
prend fa fource dans le Comté de Radenor, traverfe
une partie de celui d'Héreford j & fe décharge dans
la Wye , au dellous de la ville d'Héreford.
LUG. f. m. Vieux mot. Corbeau. Bocliard le fait venir
de l'Arabe Lukcha j qui veut dire la même cliofe.
LUGAN. Nom d'une ville de la Chine. Luganum.
Elle eft la quatrième de la province de Xanli , Se
elle a lept autres villes fous la jurifdittion. Elle eft
i^tuée fur la rivière de Chang , dans un terroir fort
fertile. Ambajfade des Hollandais à la Chine j, P. I.
p. 241.
LUGANO. Nom d'une ville du Duché de Milan, en
Italie. Luganum. Elle eft capitale du Bailliage de
Lugano , & lituée fur un lac de même nom , à (Qua-
tre lieues de Bellinzonne vers le midi. Les Suiiles fe
rendirent maîtres de cette ville l'an 1512. &; ils la
pofledent encore. Maty. Long. 2.6. d. 28' lat. 4J.
d. ;8'.
Le Bailliage de Lugano. Luganenjls Prs.fed.ura.
C'eft le premier en ordre de gouvernemens des
SuilfeSj en Italie. Son Bailli porte le titre de Capi-
taine général de tous ces Gouvernemens , & il com-
mande aux autres Baillis j au cas qu'il arrive quelque
guerre inopinée. Il eft litué entre ceux de Mendrys
iSc de Locarno , appartient aux douze premiers Can-
tons, depuis l'an 151 2. & il n'a rien de cdnfidéra-
ble que la ville de Lugano. Maty.
Le Lac de LuG.'VNO. Luganus lacus. Lac du Duché
de Milan. Il eft entre le territoire de Como , & les
Bailliages des Suilfes ; il a environ cinq lieues du
nord au lud ; & il décharge fes eaux dans le lac ma-
jeur , par la rivière de Tretîa. Maty.
LUGDE. Nom d'un bourg de l'Evêché de Paderborn,
en Weftphalie. Lugda , Luda. Il eft htué fur la ri-
vière d'Emmer , à fept lieues de la ville de Lemgow ,
vers le levant. Maty.
LUGDUS. f. m. Ancien nom d'une mal.adie. Lugdus.
Je ne (ais fi cet incendie arrivé par un feu du ciel,
n'auroit point été caufe du nom de Lugdus , qui tut
donné à une maladie , qu€ nous appelons le fçu S.
Antoine, dont M.atthieu Paris dit que l'Empereur
Frédéric fut frappé l'an i 249. Cette maladie eft de
celles qu'Hippocrate , Se la plupart des Médecins
après lui , ont appelé des maladies divines j parce
qu'il eft difficile d'en reconnoître les caufes , & plu«
difficile encore d'y trouver des remèdes dans la Mé-
decine; ce qui oblige de recourir aux Saints j pour
obtenir de Dieu ce qui eft au dellus des forces de
l'Art. Cette maladie eut grand cours pendant deux
ou trois fiècles. MÉniTRiEK.,Hifl. de Lyon j,p. i /j.
LUGO. Nom d'une ville fort ancienne de la Galice.
Lucus Augufli. Elle eft Epilcopale , Se fituée fur le
Minho, à vingt-fept lieues de Compoftelle ^ dont
elle eft fuffraganre. U y a dans cette ville des eaux
minérales, qui font chaudes julqu'à bouillir. Maty.
LuGo , eft auiîl le nom propre d'un bourg de l'Etat
de l'Eglife , en Italie. Lugum. Il eft dans le Ferrarois ,
entre Ravenne Se Boulogne : il donne ce nom à la
604
L U I
Sétra , c'eft àdire , à la foret de Lugo , nommée an-
ciennement Litania Sylva, & célcbrc pat la dctaite
des Romains Tous Lucinius Pollhumius , auquel les
Gaulois tuetent vmgt-cinq mille hommes. Maty.
LUGODOBI. yoyci Logudori.
JUGUBRE. adj. m. & f. Ce terme f applique a tout
" ce qui marque ou qui ml'pue de la trilkUe de la
douleur. Lugubns , luctuojus. Il y a des muhques,
des chants , des voix , des tons lugubres. Les clo-
thcs ont quelquefois un fon lugubre.
Objets lugubres & funèbres.
Dont U nature a tant de peur y
Tombeaux, que j'aimc votre horreur.
Que je méfiais dans vos ténèbres ! L Ab. i etu.
Les femmes qui font gloire d'une belle & immor-
telle douleur , prennent unperfonnage lugubre , pour
faire croire que leur déplailir ne hnira qu avec leur
vie. La Roch. Il n'y a nen de plus ennuyeux que
de longs récits lugubres.
Voiles, crêpes, ^^è^w , lugubres ornemens. Corn.
L'orfraie , le hibou , la chouette , font des cris
lugubres. Les logis obfcurs, ou tendus de noir, ont
je ne lais quoi de lugubre. ^ , r
Lugubre, fe dit aulîi quelquefois des perfonnes mê-
mes. Trillis , lugubns. Voila , pour un jeune homme,
des domeftiques bien lugubres. Mol. On dit .aulli ,
Éfprit lugubre. Morale lugubre. Penfees lugubres.
âCr L'orfrai , le hibou , la chouette (ont regardes chez
nous comme des oUbaux lugubres : leur cri eft iugu-
ire. Nos voyageurs parlent dun oileau du Brelil ,
■ de la groHeur du pigeon , dont le plumage ell gris ,
auquel ils ont donné le nom d'oiiem lugubre , parce
qu'il a un cri lugubre, qu'il ne fut entendre que
pendant la nuit. Les Sauvages du pays croient que
cet oifeau eft chargé de leur apporter des nouvelles
des morts : c'eft pourquoi Us tont fort attentifs au
cri de cet oileau. ■-. , \ rr/
LUGUBREMENT, adv. D'une manière lugubre. I-le-
biliter , lucluosè , mifirabiliter. Les lamentations de
Jérémie fe chantent lugubremeiu. Un tel eft vctu lu-
gubrement.
L U L
LUL Pronom pcrfonnel. Il fait à fon féminin ^ Elle.
Is, ea/id, ille, &cc. Ceft lui qui me l'a donne.
Cela lui convient. Dieu le luffit à lui-mcme. Maleb.
L'amour eft un feu qui s'éteint à la fin de lui-mcmc.
M. ScuD. On prétend qu'il ne faut fe fervir du re-
latif lui , qu'en parlant des perfonnes , Se rarement
en parlant des choies. Par exemple , ce cheval eft
-fougueux , ne vous approche^ pas de lui : il faut dire,
ne vous en approchez pas. Bouh.
|Cr Quand la prépolition à eft fous-entendue , comme
quand on dit, vous lui parlerez, ce pronom eft
commun aux deux genres , lorfqu'il précède le verbe,
ou lorfque le verbe eft à l'impératif. J'ai rencontre
ma lœur , &c je lui ai parlé. Si vous la rencontrez ^
pa.rkz-lui. Dans tous les autres cas, il n'appartient
qu'au malculin. ^
Lui. f. m. Terme de Calendrier. C'eft la même choie
chez les Turcs , ou Tartares , ou Turcomans , que
lung chez les peuples du Catay. Foye^ Lung.
LUICHEU. Nom d'une ville de la Chine. Lmcheum.
Elle eft la neuvième de la Province de Qu.antung ,
&: elle n'a que deux autres villes lous fa jurifdidion.
LUINES , ou MAILLE. Malliacum. Ville de France
en Touraine , avec litre de Duché Pairie.
LUIRE, v. n. Jetter , répandre de la lumière. Lucere ,
collucere. ftTJe partirai des que le loleil commen-
cera à luire. Le jour , la clarté qui nom Juit , du feu
qui luit, qui ne luit point. Les Ardens lont des feux
(\m ns lui/i/it que pour nous égarer.
Luire , fe du auUi des choies qui jettent une foiblc
LUI
lumière, qui ne paroillcnt que dans l'obfcurité ,""
comme la pierre de Boulogne , le phofphore , les
vers luifans, le poiilon corrompu , le bois pourri,
les yeux dun chat , luifent &c jettent du feu. Pel-
lucere, tranflucere. ,
Luire ^ le dit aulli des corps polis qui rehechitlent la
lumière qu'ils reçoivent. £mif are. J'ai vu /i^ire quel-
que chofe dans le fable ; c'eft un diamant , c'eft
un morceau de cryftal , ce n'eft qu'un caillou poli.
Tout luit dans cette maifon , tout y eft net & poli,
les chenets j les planchers^ la b.atterie de cuihne,
luifent beaucoup. L'or bruni luit davantage que l'or
mat. On voyoit luire de loin les épées , les cuiraf;
fes, les armes de cette cavalerie.
Luire , le dit figurément en choies Ipirituelles & mo-
rales , & lignifie , Paroître , briller , éclater. Micare,
emicare , illucere. Un bon Prélat eft un Hambeauqui
luit dans l'Eglile. Quand la toi luit dans un cœur,
elle l'éclairé , elle rend toutes choies faciles. Les
Martyrs & les Saints^ font autant d'aftres qui lui-
fent dans le ciel, dans la gloire. Je brûle du feu
qui luit dans vos yeux.
Iris ferait l'amour de la terre & de l'onde ,
Sl vos beautés ne luilbient/7oi/2f au monde. Voit.
Et dès qu'un mot plaifant vient luire à /non efprit.
Je n'ai point de repos qu il ne foit en écrit. Boil.
On dit auffi qu'un gouverneur ne s'eft point rendu,
tant qu'il a vu luire une efpérance de iecours. Voila
un rayon d'efpéiance qui nous luit. Spes afulget.
Malherbe a dit aulÏÏ dans la dernière Ode au Roi :
Et ton front cette fois , ^
Sera ceint de lauriers , qu'on ne vit jamais luire
Sur la tête des Rois.
San-Luis de Maragnan. Nom d'une petite Tille di
Brélîl, dans l'Amérique méridionale. Fanum S
Ludovici. Elle fut fondée par les François dans 1 III
de Maragnan, l'an 1612. Elle eft maintenant au;
Portugais , ôc elle a un Evêque futfragant de San i
Salvador. Maty. , J
San- Luis de Zacatécas , ou -fimplement Zacatecas t
Fanum S. Ludovici Zacatec& : ville de l'Audience d( '
Guadalajara , en Amérique. Elle eft capitale de h :
Province dt Zacatécas , & conlldérable par fes mi-
nes d'argent. Maty. • /n- l ■
LUISANT , ANTE. adj. Qui jette , ou qui reHechii
quelque lumière. On le dit aulll des choies qui oni
quelqu'éclat. Lucidus , collucens ,fulgens. Le Soleil,
la Lune, Se Vénus, font les Allies les plus luifans.
Lucentemque globum Lunx , &c. Des vers luifans.Ui
diamans,les criftaux, font luifans. La queue du
paon , la gorge des pigeons, font luijantes au So-
leil. Le fatin eft la plus luifnnte de toutes les ctoi-
fes. Un taftetas lufant eft le plus cher de tous les
taftetas. Dans cette dernière acception , ce mot elt
auffi fubftantif. Le luifantÀ'ymt étofte, d'un ruban,
d'un galon. On appelle ainll certaines parties qui
font plus éclatantes que les auties. Ce lont cert.unes
portions de la chaîne qui levant continuellement
pendant un certain nombre de coups de n.ivette ,
& n'étant point par ce moyen compriies dans le
travail , forment un compartiment de foies traînan-
tes fur l'ouvrage , qui fait le luifant. On fait rentrer
ces foies qui forment le luifant , dans la chaîne ,
defpace en efpace, pour en interrompre la continuité.
LUISANTE, f. f. Terme d'Aftronomie , qui fe dit de
quelques étoiles , qu'on appelle autrement lucides.
Voyez ce mot. Lucidu. Au commencement de 1 an-
née 1740. la poiition de la luifante de l'aigle ctoit
en afcenfion droite 194 d. 51'. 10". en déclinailon
8 d. 12'. io". en longitude 28 à.6\^zf. dn Ui-
pricorne, en latitude 29 d. iS'. 47". î S. Le h on-
NIER. ^, ^ j;
LUISSEL. f. m. Vieux mot. Peloton de hl. Un a ait
aulîi luifau & luijjelet. LUIT.
il
L U L
LUIT. Nom de lieu , dont il cfl: parle dans ifaie , XV.
J, & d.iiis Jércmic, XLVIIL ;. Luit , en Hébreu
luhinch. C etoit une ville de la contrée de Moab ,
ou des Moabites; elle échut à la Tribu de lluben ,
& écoic lituce près d'Oronaïmc. Au temps de iaint
Jérôme, elle le nommoit Lu'uha.
LUI i £S. Terme de Challc , qui (e dit des tefticules
d'un (ànglier. Aprugni cejlkidi, ccjics.
LUITMEIEH. f. m. Nom d homme. Ancien mot Cel-
tique , ou Franc , qui (iyiiihe , l^répolc au peuple ,
tk qui par corruption a dégénéré en celui de C'io-
domire. Du Tillet, I. pan. p. i6.
LUITON. f. m. Efl: la même chofe que Lutin, efprit
foltt , qui fe plaît , dit-on , à luter avec les hommes,
pour leur taire peur ; & une preuve que ce mot
vient de là , c'eli qu'au lieu de Iule , on difoit an-
ciennement lune , dont on a fait lutton dans le même
fens. . . M. le Duchar, Note i. fur le 3 ;<•'. chap.du 1
Livre de Rabelais. Voye'^ l'Etymologique de Ménage,
au mot Lutin.
Notre ami , Monjicur le Luiton ,
J^it l'homme , vous perdc-:^^ un peu trop tôt courage.
La Font.
M. Huer dit que Luiton efl: corrompu de Nuiton ,
par;e que les Lutiiis apparoillent plus ordinairement
la nuir. Dijfirt. recueillies par M. de Tilladet.
LUIl WlCh. 1. m. Nom d homme. Ancien mot , qui
figni.'ïe, Homme excellent du peuple, & dont par
corruption l'on a fait Clodovée , &: cnfuite Clovis,
puis Louis.
■ ' §3° LUKAU. Petite ville d'Allemagne, au cercle de
la Haute -Saxe, dans l'Olterland , à 4 milles de
Leiplick.
LUKL Ville de la Chine , dans la Province de Hug-
nang* au département de Xincheu , douzième mé-
tropole de la Province.
Il y a encore une ville de Luki à la Chine , dans
la Province de Kiangli, au département de Kien-
chang , lîxième métropole de la Province.
|3= LUKIANG. Il y a à la Chine deux villes de ce
nom ; l'une dans la Province de Kiangnan ou Nan-
king , département de Lucheu; l'autre dans la Pro-
vince de Junnan , département de Jungchang. Il y
a encore une forterelîe de même nom, dans la mê-
me Province de Junnan.
L U L.
LUL. f. m. Nom d'un arbre qui croît en Perfe , &
qu'on appelle ber hir la côte , vers Ormus , & /;//
à Surate. Lui. Piétro délia Valle dit qu'il en y 'a un fort
grand à Surate , que les idolâtres du pays ont en
grande vénération , a caufe de fa vatle étendue & de
fon antiquité. Ils vont fouvent faire leurs cérémo-
nies fuperfliitieufes fous cet arbre , qu'ils croient être
chéri d une de leurs déellès, à laquelle il ell dédié.
C'eit la déelfe Parvéti , qu'ils tiennent pour la fem-
me de Mahadeu, un de leurs plus grands dieux. Ils
ont gravé lur cette pierre fort grollîcrement le vifa-
ge de la déelFe, qu'ils tiennent toujours peint d'une
incarnat vit , comme les Romains peignoient le vi-
fage de Jupiter en vermillon, au rapport de Pline.
Ce M elt toujours entouré de fleurs, &c de quantité
de feuilles d. 1 arbre qu'on appelle /7i:« , & en d'au
très endroits de l'Inde bétel. De la Boulaye nomme
I cet arbre kafla. Les François le nomment arbre des
I Banianes. l'^oyei Baniane's.
Le lui elt un grand arbre fort beau , que les
Perles appellent Ml daghell, comme qui dnoit
lui larmenteux , parce que de ces branches, il
tombe beaucoup de firmcns qui pendent julqu'à
terre. Cet arbre ne vient qu'aux Lides , & fous la
Zone torride, & en Perfe, à demi-journée de la
mer , parce que c'efl: un climat peu éloigné de la
Zone torride. Il pend des branches du lui en bien
des endroits de petits rameaux déliés , & comme
une d;>jcc de farment ; ils n'ont point de feuilles.
Tome y.
LU M 66y
ils font ronds , longs, & un peu pliables; il> ref-
fêmblent prcfqu'à ujic petite corde, ou hccUc. Au
bout ils ont un petit paquet de branches tout fcm-
blable à de la racine. Ils s'allongent julqu'à terre,
& quand ils y font arrivés , ce petit paquet de libres
s'y inlinue, s'y attache, ik devient nne véritable
racine; le petit fument groflit, <& devient un tronc
d'arbre, qui, à fon tour, en produit d'autres de la
même hiçon ; enforte qu'un lui reilembleà un por-
tique h. plufieurs colonnes, conn.îe dit Strabon ;
ou, comme nous l'avons dit ailleurs, produit feul
une forêt.
Le lui elf le plus bel arbre du monde ; (es feuilles
font épailles, ovales , & prefque lemblables à celles
du cognalller , mais beaucoup plus grandes ik plus
grolles. Son fruit cft petit, la couleur el1: entre l'in-
carnat L^c le jaune; mais tirant plus lur l'inc.iDiat ,
& un peu (ur le noir , qumd il elt mûr , ou lur la
couleur des prunes. Par dehors il ell lille & rond;
en dedans quand on a rompu l'écorce , qui eft un
peu grolle & dure , niais qui néanmoins fe mange ,
on le trouve plein tout autour de petits grains fem-
bLibles à ceux de la figue ; au milieu il efl vide.
Il a au goût une aigreur qui n'ell point dcfagréable ,
mais il le corrompt aiiément , & les vers s'y mettent
bientôt. On y en trouve même quelquefois avant
qu'il foir mûr , ce qui fait croire qu'il n'eft pas fort
lain. Le bois du lui eft tout poreux , & fait en de-
dans comme des filamens , ou des fibres dirtérentes
unies enlemble. De-là vient qu'il eft fort léger.
Piétro délia Valle, Lndia , Lettre XTLL. p. 4Û4.
46 s.
L U M.
LUMBIER , Nom d'une ancienne petite ville d'El-
pagne. Lumbarla , Llumberls. Elle eft dans la Na-
varre , lur la rivière de Salazar , environ à deux
lieues au-delfus de Sangucfta. Maty.
LUMELLINA , & LUMELLO. Voyei Laumellina.
LUMIÈRE , f. f. Corps fubtil, prompt & délié , qui
caufe la clarté , qui éclaire , qui donne la couleur
à toutes choies , (jui ébranle les yeux, & rend les
objets vilibles. Lumen , lu.x. Les Philolbphcs drftin-
guent entre lumière primitive , ou radicale, & lumière
féconde ou dérivée , que M. de la Chambre appelle
extérieure , parce qu'elle eft- hors du corps lumineux.
La lumière primitive, ou radicale , eft celle qui eft dans
le corps lumineux , & qui conlîfte dans un certain
mouvement de fes parties , qui les rend capables
de poufter à la ronde la matière iubtile , qui rem-
plit les pores des corps tranlparens. Et la lumière
féconde , ou dérivée , qui eft dans le corps éclairé ,
n'eft autre chofe que l'mclination à fe mouvoir, ou
la tendance qu'a cette matière fubtile à s'éloigner en
ligne droite du centre du corps lumineux. Rohault.
La lumière conlîfte dans un écoulement d'une infi-
nité d'atomes , ou de corpufcules ignées , qui fortant
du folcil comme d'un grand océan de feu , fe répan-
dent de toutes parts avec une viteile incroyable,
C'eft le fentiment de Démocrite Se d'Epicure , que
Lucrèce a mis élégamment en vers. Gatiendi l'a
adopté. Defcartes & M. Huygens ont nié qu'il fe
fit aucun cranfport de corpufcules du corps lumineux
jufqua nous. Ils n'ont pu comprendre que les corps
lumineux pullent , fans s'épuifer , répandre une ii
prodigieufe quantité de matière dans tout l'efpace
immenfe qu'ils illuminent ; Se que fi la lumière étoit
compofée de patticules enflammées , elle ne fit pas
fen.rir de chaleur en même temps qu'elle ébranle
les fibres du nerf optique. M. Huygens concevoir
donc une longue fuite de globules, qui forment
comme autant de petits balons , dont l'une des ex-
trémités touche le foleil , & l'autre le fond de l'œil;
après quoi il doit s'enfuivre , qu'au même inftant
que le (bleil prelle l'extrémité qui lui eft contiguë ,
celle qui appuie fur l'œil eft aulïï prelîce. Ainfi la
lumière parvient du corps lumineux julqu'à nous,
par quelque mouvement impiimé à la matière fub-
Pppp
666
L U M
die qui efl: eiitrs-deux ^ & ce mouvement s'étend
fuccelïivem.ent pnr des i'urfaces , & des ondes Iphé-
riqaes. M. Huygens a fupputé que la lumicrc em-
ploie onze minutes à venir jufqiia nous-, c'eft-à-
dire, à pLiixourir douze nulle diimètres de la terre.
ffT Dans le fyfteme de Defcartes , qui fait con-
£iler la/i/witvvdansla prellion des globules. {Voyc-[
monde de Defcartes ) , on trouve une infinité de
diiïicuités inexplicables. Aullî le P. Mallebranche ,
peu content des globules , les répudia pour leur
llib.lituer une infinité de tourbillons extrêmement
petits qui remplirfcnt tous les grands tourbillons ,
comme les grands remplillént tout l'univers. P''oyc\
Tourbillon.
tfT Ces vorticulcs ou petits tourbillons font com-
pofés d'une matière éthérée très-fubtile & très-fiuide :
la force qu'ils ont de fe dilater , & de fe preikr
mutuellement , les maintient dans un équilibre per-
pétuel , tout de même que les grands tourbillons y
•font maintenus par leur preilîon réciproque.
.§3° L'action du corps radieux fur les vorticules ,
& la réacciou foudaiiie des vorticules fur le corps
radieux , leur donne un mouvement d'ondulation
ou de vibration qu^ils s'cntrecommuniqucnt juiqu'à
nous. Ce mouvement fait la lumière , & la lumière
• eft plus ou moins forte , luivant qu'il efl plus ou
moins tort lui-même.
^fT C'efl aux divers degrés de promptitude dans les
vibrations , ou dans les fccoullcs , que les cou-
leurs doivent leur naiiiance : enlorte que fi la matière
des vorticules vient exciter , par exemple , 50 vibra-
tions lur notre rétine dans un temps déterminé , une
certaine couleur nous frappera, au lieu que nous en
verrions une autre , Il dans le même inftant le nombre
■des vibrations étoit plus grand ou plus petit. La
grande difficulté eft de déterminer quels degrés de
promptitude les vibrations doivent avoir , pour for-
mer chaque couleur en particulier. Voye^ Couleur.
Ce lyftême eft d'autant plus léduilant, qu'il nous
oftle des rapports merveilleux au mécanifme du fon.
Les vibrations excitées dans l'air par un corps fo
nore que l'on frappe , & comiûuniquées par l'air
au nerf auditif, font naître en nous la tenf ition du
fon. Tout de même les fecoulles imprimées à la ma-
tière étiiéiée par un corps lumineux , & communi-
quées par cette matière au nert optique , font naître
en nous l'idée de la lumière ce des couleurs.
^3° Un corps fonore ne rend aucun (on lorfqu'il
eft enfermé dans la machine pneumatique d'où l'on
a cliallé toutes les particules d'air. Si l'on pouvoir
de même chalfer toute la matière éthérée d'un en-
droit , où l'on placeroit un corps lumineux ^ nous
ne lui venions aucun éclat.
^fT Comme les fons nous parollfent plus ou moins
forts , fuivant la diftérente force des vibrations de
l'air ; ainfi la lumière nous paroît plus ou moins
vive , fuivant la grandeur des fecoulïes de la matière
éthérée.
fer Enfin félon que les vibrations de l'air font
multipliées avec plus ou moins de promtitude , l'o
reillc entend diftérens tons, tels que la balle _, le
deilus, &c. par la même loi , félon que les vibra
tions de la matière (ubtile lont répétées plus ou moins
promptemcnt j l'œil voit le jaune , le rouge , & toutes
les autres couleurs , qui font les tons de la lumière.
Plufieurs vibrations oppofées fe croifent & s'entre-
coupent mutuellement dans l'air fans fe détruire ,
même fins troubler l'ordre de leur marche : c'elt
pour cela que dans un concert les accords d'un
inftrunient ne nous dérobent point ceux des autres.
Avec la même netteté plufieurs vibrations de ma-
tière fubtile nous peignent diverfes couleurs & di-
vers objets ; elles fe rencontrent , elles s'entre-
coupent , Se n'en vont pas moins à leur but.
^ZT Voilà le grand avantage des petits tourbillons :
ils peuvent par leur fluidité tranfmcttre différentes
vibrations en différcns lieux; annoncer d'un côté le
rouge , Se de l'aune le violet : comme l'air répand
des fons diftingués à droite Se à gauche j on n'eu
LU M
pouvoit pas efpércr autant des globules de Defcartes ;
leur dureté s'y oppoloit abfolument.
Le foleil elf la lource de toutes cette lumière que
les planètes ne tout que le renvoyer les unes aux
autres j après l'avoir reçue de lui; d'une planète à
l'autre , il s'étend de longues traînées de lumière
qui te croilent , & fe traverfent en mille façons
différentes. Font. Il eft démontré par les écliples de
Jupiter , que c'eft en vain que les fcttateurs de Def-
cartes ont prétendu que la lumière étoit inftantanée.
Son mouvement fe fait fuccellivement , quoique
d'ailleurs il (oit très-rapide , la lumière venant à nous
avec une vitede qui doit nous étonner. Elle emploie
environ fept minutes à palfer du foleil jufqu'à nous.
Newton , [trad.
^fT Des particules de matière infiniment déliées,
& prefque infiniment petites , que les corps lumi-
neux envoient en ligne droite avec une vîtelle in-
compréhenlible ; voilà à-peu- près l'idée que les Ncw-
toniens le forment de la lumière. Il eft évident ,
difent-ils , que la lumière eft compolée de particules
prelque infiniment petites , puisqu'elle s'inhnue à
travers les pores du verre , qui eft impénétrable à
l'air que nous relpirons. Il ii'eft pas m.oins évident que
le mouvement de la lumière eft un mouvement en
ligne droite , puifque dans une chambre obfcure où
il ne le trouve que deux petits trous parfaitement
correlpondans , l'un à la fenêtre , l'autre à la porte ,
l'on voit un rayon du loleil entrer par l'ouverture
pratiquée à la fenêtre , & fortir par celle que l'on a
tait à la porte , (ans éclairer l'intérieur de la chambre.
Enfin il eft évident que la vîtelle de la lumière eft,
pour ainll dire incompréhenlible , puifqu'il eft dé-
mo]-ijtié par les expériences qu'elle parcourt en 14
minutes environ 66 milions de lieues. , On ne doit
pas être (urpris de cette vîtelfe incioyable , lî l'on
fait attention qu'on doit l'attribuer à la terrièle ciiet-
velcence qui règne dans le (ein du (oleil.
03" La difficulté la plus apparente que l'on puillc
faire contre ce fyifême , conlîfte à dire que pat
cette émilÏÏon ou émanation continuelle des cor-
pulcules lumineux , qui doivent remplir tous les
points (enfibles de l'univers ( Koye^ Émission ik.
Émanation ) le foleil auroit perdu depuis longtemps
(a (ubftance. Cependant , malgré toutes (es pertes ,
il eft le même aujourd'hui qu'il étoit au commen-
cement du monde. La lumière ne fe fait donc point
par émifiion.
^fT On peut répondre que (î c'eft à des corps opa-
ques, comme les planètesdu premier & dulecond or-
dre, que le foleil envoie (a lumière, cette wiènxçlumicri,
après ditférentes réflexions, d'une planète à l'autre
fe rendra enfin dans l'atmolphère (olaire. Si c'eft à
des corps lumineux , tels que "les étoiles fixes , celles-
ci à leur tour envoient de leur lumière au foleil. Ce
commerce rend nulle la diflipation de fubftancc dciit
parlent les Cartéliens.
J'appelle lumière (împle, homogène Se (îmilairej
celle dont les rayons font également rétrangiblcs ;
Se j'appelle lumière compofée , hétérogène Se dilli-
milaire , celle qui a des rayons plus réfrangibles les
uns que les ■autres. J'appelle la première,, lumicrc
homogène , non que je veuille allurer qu'elle le
foit à tous égards , mais parce que les rayons qui
conviennent par rapport à leur réfrangibihté , con-
viennent du moins dans les autres propriétés.
Les rayons de lumière qui diftcrent en couleurs ,
diffèrent auilî en degrés de réfrangibilité. La lumière
du foleil eft compofée de rayons diivéreînment in-
frangibles. La lumière du foleil eft compoLe de
rayons diftérens en réHexibilité , Se les rayons qui
font plus réfrangibles que les autres . font auili plus
réflexibles. Ce font les trois premières propolitions
que M. Newton prouve dans fon Optique , par un
grand nombre de belles expériences. Voye\ RÉrRAc-
TION , RÉFRANGIBLE ET RÉPR ANGIBILIji.
ft? Lumière feptentriOnale , que quelques phyli
ciens confondent avec l'aurore boréale. \ "^oyc^ ce
mot ,). Celle ci ne pai-oît que de temps en temps ;
p4
L U M
celle là au contraire eft un phénomène journalier.
Dans une relation du Groenland nous lifons que
dans ces contrées il le levé pendant tout l'hyver une
lumière avec la nuit , qui éclaire tout le pays , comme
il la lune étoit au plein. Plus la nuit eft obkure ,
plus cette lumière luit. Elle fait Ion cours du côté
du nord. Elle rellemble à un feu volant , & elle
s'étend en l'air comme une longue &: haute pahlfadc.
Elle palle d'un lieu à un autre avec une légèreté &
une promptitude inconcevable. Elle dure toute la
nuit , Se elle s'évanouit avec le loleil levant. M. de
Mairan nous allure que l'air grollier que l'on rel-
pire dans les pays près du pôle arélique , & les
glaces qui fe trouvent dans ces contrées , font trés-
propres à réfléchir les rayons de lumière , (k à
caufer une clarté que les habitans du pays nomment
lumière feptentrionale.
ffT Lumière Zodiacale. M. de Mairan appelle
ainil une clarté ou une blancheur aifez fembl.ible
à celle de la voie ladlée que Ton apperçoit dans
le ciel en certains temps de l'année , après le cou-
cher du foleil ou avant fon lever , en forme de
lance ou de pyramide le long du zodiaque , où
elle eft toujours renfermée par fa pointe & par fon
axe , & appuyée obliquement (ur l'horifon par fi
bafe. L'atmolphère lolaire ( voye^ ce mot) eft la
caufe de ce phénomène lumineux , que Ton avdit
fait entrer fans raifon dans la clalle des météores.
fCF M. de Mairan remarque que plufieurs des
circonftances qui ont été caufe qu'on a connu fi
tard la lumière zodiacale ^ ou qu'on l'a confondue
avec quelques autres apparences céleftes , peuvent
encore fouvent nous empêcher de l'appercevoir. Sa
pofition oblique & peu éloignée du plan de l'é-
cliptique , ne nous permet guère de la voir diftinc-
tement , & allez élevée fur l'horifon , que quelque
temps après le coucher du foleil vers la fin de
l'hiver & dans le printemps j ou avant le lever en
automne & vers le commencement de l'hiver.
De plus , dit M, de Mairan , un crépufcule trop
fort l'empêche de fe montrer , & un trop grand
clair de lune la fait difparoître : la première de
ces raifons nous la cache pendant l'été , & la fé-
conde , une grande partie de l'année , dans quelque
faiion qye l'on fe trouve. yoye\ M. de Mairan.
LuMiânE fe dit aufli de toutes les autres clartés fub-
lunaires , tant de celles qui viennent du feu , de
la flamme, des chandelles, des flambeaux j que de
quelques .'utres corps naturels ou artificiels j comme
le ver luilant , le bois pourri , le poillon gâté , les
yeux de chat , &c. Lumen j fax lucida. La pierre
de Boulogne , le phofphore , imbibent la lumière
le jour , & la rendent dans l'obfcurité. La lumière
vive & forte des corps lumineux les fait toujours
paroître blancs. C'eft ime condition néceflaire à la
lumière pour paroître bleue j d'être difcontinuée.
Ainfi la flamme du foufre & celle de l'efprit de
vin font bleues. Le bois pourri , les vers luifans ,
les écailles de quelques poilTons de mer , jettent
des lumières qui tirent fur le bleu, à caufe de la
fubtihté des exhalaifons de quelques fels volatils,
ou de quelques matières fulAuées qui en fortent^
car ce n'ell pas une matière allumée , puifque l'eau
ne l'éteint point, qu'elle ne fe confume' point, &
qu'elle n'a aucune chaleur fenfible.
Lumière, le prend quelquefois pour la vie, pour le
temps qu'on jouit de la lumière du jour, f^ita. Et
l'on dit poctiquement , Dès qu'il commence à voir
la lumière ; pour dire , Dès qu'il eft né : & qu'il
a perdu la lumière , qu'il eft privé de la lumière ;
pour dire , qu'il eft mort. Jouilfez des avantages
de la lumière , tant qu'il vous fera permis. S. EvR.
On dit prefque en ce fens , Mettre un Ouvrage
en lumière , edere in lucem , lui faire voir la lumiè-
re ; poui dire , lui faire voir le jour, le rendre
public : en ces derniers temps on ne le dit que
des Livres imprimés ; autrefois on le diloit de ceux
^ui couroient en manufftrit.
Tome F,
L U M
66y
Sitôt que Chapelain met un Livre en lumière ,
Chaque Lecteur d'abord lui devient un Linière. Boil»
Lumière fe dit auilî d'une petite ouverture par oii
le feu, la lumière, ou l'air peuvent palier. Rima ^
jenejira. La lumière d'un canon , d'un moufquet,
ou autre arme à feu , eft un, trou proche de la
culadc , qui répond à leur charge , où l'on met
l'amorce pour le tirer. On cncloue les canons en
fourrant un clou à force dans la lumière. Nettoyer
la lumière d'un canon.
La lumière des tuyaux d'orgue , eft le trou par oii
entre le vent. Os. Celle des flûtes & hautbois,
eft le trou qui eft près du côté par où on les em-
bouche.
La lumière des inftrumens aftronomiques , eft un pe-
tit trou , une petite fente qu'on fait dans les an-
neaux , ou pinnules qui (crvent aux obfervations
mathématiques , & qui admettent un petit rayon
de lumière ; c'eft l'endroit par où l'oji regarde l'objet.
Oculus J ocellus.
En termes de Mécanique j lumière eft l'ouverture
dans laquelle entre le mamelon d'un treuil , ou
d'un cylindre, où il eftfufpendu, &: où il tourne.
Foramen.
Lumière de pompe. C'eft l'ouverture qui eft à côté
de la pompe , & par laquelle l'eau fort pour en-
trer dans la manche^
Lumière, en terme de Marine, fe dit des trous, ca-
naux , ou égoûts par où l'eau coule dans la fentine ,
ou à la pompe , qui régnent à fond de cale , de
poupe , en proue , fous les varangues , à côté de
la carlingue. On les appelle auffi bitonnières j ou
dnguilliers.
^3" Lumière, en terme de Peinture, fe dit, non
de la lumière confidérée en elle-même , mais de
l'imitation de fes effets repréfentés dans un tableau.
Ainfi l'on dit , une belle diftribution , une belle
économie de lumière ; des lumières bien entendues,
bien ménagées dans un tableau , c'eft-à-dire , que
les endroits qui doivent paroître plus éclairés que
les autres , y font bien touchés. Le grand art con-
fifte à éclairer toutes les parties d'un tableau félon
les diftérents degrés de lumière. ( 'Voyez Jours
& Clairs. ) Il y a une lumière naturelle , telle
que celle du foleil ; 8c une artificielle , telle que
celle d'un corps enflammé : une lumière dirèâe ,
& une de reflet. ( Foye^ B éflet : ) une lumière
principale, & une accidentelle, comme celle qui
entreroit par une porte , par une lucarne. La lu-
mière accidentelle doit être fubordonnée à la lumière
principale en étendue &c en vivacité. Les objets
éclairés doivent participer à la nature des corps
lumineux qui les éclairent.
§CF Lumière fe dit dans un fens figuré, pour intel-
ligence , connoiflance , clarté d'efprit ; & s'appli-
que aulfi à tout ce qui éclaire l'efprit. Ainfi l'on
dit, la lumière naturelle j la lumière de la Foi, de
la Grâce , de l'Evangile. Les lumières de la Foi Ôc
de l'Evangile ont dilfipé les ténèbres &c l'aveugle-
ment du genre humain. Si la raifon eft une lu-
mière trompeufe & infidèle , nous fomnies réduit
à agir fans principe certain. Les payens n'ont
connu Dieu que par la lumière naturelle ; ils
ont abufé de leurs lumières j des connoilîances
qu'ils avoient acquifes par l'étude. La morale ne
fait que retracer dans l'homme tout ce que la
lumière naturelle la plus épurée lui pouvoir dic-
ter J avant que les paffions y eulfent apporté le
trouble & la confufion. Le P. Lamy. Il fort du
milieu des ténèbres & des nuages que forment [es
paffions, une lumière importune , qui lui découvre
jufqu'aux plus fombres replis de Ion ame. Fl. Plu-
fieurs preuves entalfées les unes fur les autres , font
comme plufieurs rayons qui forment enfemble un
corps de lumière , auquel il n'eft pas poffible de
réfifter. Cl. On peur avoir beaucoup de lumières
dans l'efprit, fans avoir beaucoup de vertu. S. Real.
Pppp i;
668
L U M
Dès que la colère eft allumée , elle empoite l'ame ,
& éteint la lumière de la raifon. M. Esp. Le je
ne fais quoi de l'amitié a plus de lumière que celui
de l'amour , parce qu'il agit avec plus de calme.
S. EvR. Les plus grands efprits ont des lumières
fort bornées. Nie. Ne précipitons rien ; aidons-nous
des lumières de notre raifon. S. EvR. Il y a des
gens qui voient mal , à force de lumière. Mol.
Quand on eft appelé à enfeigner les autres , il faut
avoir des lumières qui aient de l'éclat & de la vi-
vacité. Le p. Mabillon. L'homme doit uler des
lumières que lui prêre la raifon. S. EvR. On dit en
ce fens , qu'un homme a peu de lumière , pour
dire peu d'ouverture d'eiprit ; qu'il a bien manqué
de lumière , pour dire qu'il a fait une grolle faute.
Les Théologiens appellent lumière de gloire j
lumen glorix , un fecours que Dieu donne aux
âmes des Bienheureux , pour les fortifier j afin qu'el-
les puilfent voir Dieu face à face , comme dit Saint
Paul ; ou intuitivement , comme on parle dans
l'Ecole : car lans ce fecours , elles ne pourroicnt
foutenir la préience immédiate de Dieu. On dit
communément que la lumière de gloire eft un ac-
cident abfolu; elle eft nécelfaire pour former l'aéte
de la vifion intuitive. Les Théologiens en parlent
dans le Traité de Dieu.
§3" Lumière fe dit encore pour éclairciiremcnt , com-
mencement de preuve , indice (ur une aftaire. In-
dicium , indicatio. La connoilTance d'un fait jette
fouvcnt une grande lumière dans une aftaire. On
tire de grandes lumières des pièces d'une procédure.
Je n'ai encore aucune lumière fur Taftaire dont
vous me parlez-.
Lumière, eft aulfi un éloge figuré qu'on donne aux
grands hommes qui ont éclairé l'Egliie , ou excellé
dans les Sciences. Decus , ornamentum , lux. Saint
Ambroife eft une des grandes lumières de l'Églife.
S. Thom.is eft la lumière de l'Ecole. Albert le Grand
eft une des grandes lumières de fon fiècle.
Lumière, fignifie encore au figuré , Éclat, feu, viva-
cité. Il fort de vos yeux je ne (ais quelle lumière fi
vive, qui fiit qu'on vous reconnoîtra toujours à une
clarté fi brillante. Bouh. Dieu habite une lumière
inacceflîble, qui éblouit j au lieu d'éclairer ^ 8c qui ,
en nous failant entrevoir (a grandeur , nous convinc
de notre foiblclle. Fl.
On appelle ablolument lumière , de la bougie, de
la chandelle allumée. Apportez nous de la lumière.
La falle étoit éclairée d'un grand nombre de lumières.
Ac. Fr.
On dit proverbialement, que celui qui pèche fuie
la lumière: qui malè agit, odit lucem , pour dire,
qu'il craint qu'on le voie. Il ne faut pas cacher la
lumière fous le bollfeau : c'eft un proverbe facré ,
qui veut dire , qu'il faut employer les avantages que
Dieu nous a donnés pour le falut &c l'édification du
prochain.
En termes de Philofophie hermétique, on ap-
pelle le mercure des Sages , du nom de lumière , qui
éclaire dans les ténèbres.
Lumières , en termes de Blâfon, fe dit des yeux de
certains animaux qui font d'un émail diftérent de
celui de l'animal. Oculi , lumina. \]ï\ fangher d'or
aux lumières de gueules. Je n'ai vu ce mot employé
que pour le fanglier , & le porc épie.
LUMIGNON, f. m. Bout de la mèche de la chandelle,
bougie , ou lampe , qui eft allumée. Ellychnii pars
extans. Les lampes à trois ou quatre becs ont autant
de lumignons. On trouve dans la balle Latinité lici
nium , & licinum , pour ellychnïum. Voyez les
Acla Sancl. April. T. /, p. 321.
^3" On le dit auftî de ce qui refte d'un bout de bou-
gie ou de chandelle qui achève de brûler. La bou-
gie va finir , il ne refte plus qu'un petit lumignon.
AcAD. Fr.
LUMINAIRE, f. m. Qui répand de la lumière. Lu
minare. Dieu a créé deux grands luminaires ; le fo-
leil pour le jour , & la lune pour la nuit : ce qu'il
iuut entendre populairement i car la lune eft un des
L U M
plus petits luminaires du ciel. On les AççtWt grands
luminaires par rapport à la terre , parce qu'ils l'éclai-
renr plus que les autres planètes.
§Cr Ce terme confacré dans l'exemple dont on vient
de parler , ne s'applique point aux autres corps na-
turels qui éclairent.
ifT C'eft encore un terme colleftif qui comprend les
cierges , les torches , les lampes , qu'on allume dans
les Eglifes pendant le fervice divin. L'ufage des lumi-
naires eft très ancien dans l'Eglife. S. Athanafe fe
plaint dans la Lettre aux Orthodoxes , de ce que les
Ariens avoient pris les cierges des Eglifes , pour les
brûler à l'honneur des idoles. S. Jérôme dit qu'on
allumoit des cierges pour lire l'Evangile , même après
que le foleil étoit levé. Eufébe rapporte un mira-
cle accordé aux mentes de S. Narcilî'e , qui piouve
l'ufige des luminaires , &c qu'on allumoit des lam-
pes dans les Églites. En une telle Fcte il y avoir un
beau luminaire dans une telle Églife. Dans les pom-
pes funèbres on fait des herfes , des chapelles arden-
tes , qui conlument bien du luminaire. Le Crieur
demande tant , pour avoir fourni le luminaire. En
Efpagne , les Grands donnent par galanterie un lu-
minaire à leurs Dames , il font la dépenfe d'un grand
luminaire dans quelques Eglifes. Entre plufieurs Ré-
elemens que fit pour le Service Divin S. Aldric,
Evêque du Mans , l'an 84a. dans un Synode de fon
Diocèfe , celui du luminaire m'a paru le plus re-
marquable. Il ordonne que dans fa Cathédrale il y
auroit toutes les nuits quinze lumières , dix d'huile ,
& cinq de cire , pendant Matines ; les Diman-
ches j trente d'huile, & cinq de cire -, & ainfi à
proportion en augmentant, jufqu'aux Fêtes les plus
folennelles , qui en dévoient avoir au moins cent
qu.ure-vingt dix d'huile , & dix de cire. On peut
juger par cet exemple , comment les autres Eglifes
étoient éclairées j & pourquoi dans les fondations 3c
les donations qu'on leur fiiloit , il eft tant parlé de
luminaire. Fleury. On voit auftî par-là que le lu-
minaire n'étoit pas pour la feule utilité , & pour
pouvoir lire ce qu'on chantoit.
Les Aftrologues appellent abfolument le foleil Se
la lune les luminaires ; & lorqu'ils dilent les luminai-
res du temps , c'eft le loleil pour ceux qui font nés
le jour , & la lune poiu: ceux qui font nés la nuit.
Il eft avantageux d'avoir les luminaires bien difpofés
dans fon thème généthliaque. Quand les Aftrologues
trouvent les luminaires affligés dans une figure na-
tale , ils en concluent que le lujet deviendra aveugle.
On dit proverbialement , qu'un homme a ufé fon
luminaire , qu'il a perdu fon luminaire , quand il
a perdu la vue, foit par excès d'étude j ou de dé-
bauche.
Un carojfe fexagénaire
D'abord s'offre à mon luminaire ,
Atelé de fix chevaux blancs. R.
Il n'y a que les Poètes qui fê fervent de ce mot
dans le ftyle Marotique. ■
LUMINEUX, EUSE. adj. Lucens , lucidus. Qui éclai-
re , qui répand , qui jette de la lumière. L'air que
nous relpirons n'eft pas la matière par laquelle les
corps lurflineu-x. tranfmettent leur adivité. Il leur
faut un véhicule , ou un fujet beaucoup plus fin.
Huygens. Le foleil eft \c ç\ns lumineux de tous les
aftres.
J'appelle proprement un corps lumineux , celui
dans lequel la lumiùe eft comme dans Ca. fource.
Bern. La lune & les autres planètes , ne font pas,
à proprement parler , des corps lumineux. Id. parce
qu'elles n'ont qu'une lumière empruntée du loleil.
Je mets le feu , & principalement la flamme , au
nombre des corps lumineux. Id. Pendant que Conf-
tantin aftîégeoit Maxcnce dans Rome , une croix
lummeufe lui parut en l'air devant tour le monde,
avec une infcription qui lui promettoit la victoire.
BoSSUET.
l §^ Ainfi lumineux Se édairé différent en ce que l'ob-
LUN
jet lumineux contient en foi la lumière , comme le
foleil & le feui& l'objet éclairé \.x reçoit, comme
lescorps opaques qui l.i rc-/léchillcnt.
§Cr Ce mot cft (ouvent employé au figuré. Appliqué
à l'efprit , & aux ouvrages d'elprit , il déiignc quel-
que chofe d'élevé , de lublime , rempli de grandes
connoillances. En matière de Sciences on le dit audi
d'un principe qui répand une grande clarté , &c
dont on tire quantité de belles connoillances. Les
penfées de M. Pafcal ne pouvoicnt être ni plus fo-
lides j ni plus lumineufes. Bail. Le véritable Ora-
teur n'orne fon dilcours que de vérités lumineufes , que
de fentimens nobles , que d'exprclTîons fortes &c
proportionnées à ce qu'il tâche d infpirer. Fenelon.
Toutes les vérités deviennent plus lumineufes les
unes par les autres. Fontenelle, Un principe fé-
cond & lumineux.
Colonne lumineufe , c'eft une colonne faite d'un
chaflis cylindrique j couvert de papier huilé , ou de
gaze rouge, enforte qu'ayant au dedans des lumières
par étages , elle paroit toute de feu. Cette colonne
le fait aullî par divers rangs de bougies en ligne fpi-
rale.
LUMINIER. f. m. C'eft ainfi que dans la Coutume
. d'Auvergne on appelle ceux qu'on nomme ailleurs
MarguilUers. Luminarius. On les nommoit Lumi-
niers , parce qu'ils avoient foin du luminaire, f^oye'^
Du Cange, dans fon Glollaire. Dans la balfe La-
tinité on a appelé Luminaria Ecclejîarum , l'Œuvre
ou la Fabrique des Églifes.
LUMSA , LOMSA. Nom d'une petite ville avec Châ-
tellenie. Lumfa. Elle eft dans le Palatinat de Czers
ko , en Pologne , fur la rivière de Narew , à vingt-
une lieues de la ville de Bielsko , vers le couchant.
Maty.
LUN.
L'UN ET L'AUTRE j L'UN SUR L'AUTRE.
Foy. Un.
LUNA. Nom d'un Bourg d'Efpagne. Zi^/za. Il eft dans
le Royaume d'Arragon , à huit lieues de Saragofle,
vers le nord. On y met communément l'ancienne
ville des Vafcons j nommée Forum Gallorum ; quoi-
que Zurita la mette à Gurréa , bourg du même
Royaume , fitué fur le Galléco , à cinq lieues de
Saragoffè , vers le nord. Maty.
LuNA DisTRUCTA. NoiTi de Ueu. Luna. Luna dejlrucla.
C'étoit anciennement une ville de la Tofcane. On
en trouve les ruines dans les terres de Gènes , à l'em-
bouchure de la Magra. Maty.
XUNAIRE. adj. m. & f Lunaris. Qui appartient à
la lune. Les mois /a/zaire.? périodiques ne font que de
ay jours fept heures, & quelques minutes. Les mois
lunaires fynodiques moyens font de 19 jours &:
demi , & de quelques minutes par delà •■, les années
lunaires font de 5 54 jours , ou de douze mois fyno-
diques. Dans l'antiquité la plus reculée , l'année de
toutes les nations étoit lunaire. La variété du cours de
cette planète étant plus fréquente , & par confé-
quent mieux obfervée, elle étoit plus connue aux
hommes. Les Romains ont réglé en partie leurs an-
nées par la lune jufqu'à Célar. On fait des cadrans
lunaires , où l'on voit quelle heure il eft par le
moyen de la lune. Chez les Juifs les mois étoient
lunaires. Quelques Rabbins prétendent qu'on ne
comptoit le commencement du mois lunaire , que
du moment que la lune commençoit à paroître , &
qu'il y avoit une loi qui obligeoit celui qui l'avoit
découverte le premier , à en venir donner avis au
Sénat , dont le Préfîdent prononçoit que le mois
étoit commence; & on en donnoit avis au peuple
par des feux , qu'on envoyoit allumer fur des mon-
tagnes par des couriers. Cela eft impraticable, &
paroît un conte fait à plaifir. Cycle lunaire. Voyez
Cycle , &: Lunaison. On appelle dans le Levant
Intérêts lunaires , les intérêts ufuraires que les na-
tions Chrétiennes payent aux Juifs chaque lune ( les
'Turcs comptent par lune, de non par mois), pour
l'argent qu'elles empruntent d'eux.
LUN
66^
LVNAIRE. C. f. C'eft un nom qu'on donne à quelques
plantes que M. Tournefort met parmi les cfpcces
d'ofmondc. La lunaire , qu'on appelle ofmonda fa-
lus lunatis , & C. Bauhin , lunana racemofa minor
& vulgaris , eft une petite plante , haute environ
comme la main : elle poulie une queue grêle ,
ronde , lilfe , foutcnant une feule feuille , épaille ,
découpée, ou diviféc d'un Hc d'autre côté en qua-
tre , ou cinq , ou lix , ou fept parties fur un même
côté ; chacune de fes patties eft arrondie , & formée
en croillant , ou en lune. Il lort de cette queue uu
pédicule tendre , & rempli de fuc , qui foutient en
(a {ommité des grappes, ou bouquets , dans Icfqucls
les fruits naillent. Chaque grappe eft compofée d'un
amas de coques Iphériqucs &: membraneufes , qui
s'ouvrenr chacune comme une boîte à favonncrte en
deux parties, & répandent quelques femences oblon-
gues. La lunaire n'a point de ricuts. Elle eft aftrin-
gente , & propre pour arrêter les dyllbnteries , les
flux de menftrues & d'hémorrhoïdes, & pour delfé-
cher les ulcères. On l'a ainfi appelée , parce que
fes feuilles ont la^gure d'un croillant, ou d'une
demi lune.
Lunaire ,eftaulîî une plante j dont M. Tournefort a
établi un genre fous le nom de lunaria. Ses Heurs
font à quatre feuilles difpofées en croix; le calice
pouffe du fond un piftil , qui , lorfque la fleur eft
pallécj devient un fruit très-aplati , femblablc aune
lilique plus ou moins étroite. Ce fruit eft compofé
de trois peaux , dont celle du milieu eft un chaflis
couvert d'une membrane , fur le bord duquel font
appliqués & comme collés parallèlement , deux
panneaux. On trouve entre ces panneaux & le
challis quelques femences , de la figure d'un petit
rein , élevées en lentille , &c dont les bords font dé-
liés. Voye\ Elem. Botan. iSj.
En termes d'Anatomie , Lunaire , fe dit de quel-
ques cartilages. Lunaris. L'apophyle de la partie
lupérieure du tibia , a deux cavités à fes côtés , qui
reçoivent les têtes du fémur , & la profondeur de
chacune de fes cavités eft augmentée par un carti-
lage lunaire , qui , quoiqu'il foit attaché par des
ligamens , ne lailTe pas d'être nnobile , parce qu'il
eft mou , glillant , & abreuvé d'une humeur gluan-
te y ce cartilage lunaire eft épais au bord , & délié
vers le centre ; c'eft ce qui lui a fait donner le nom
de lunaire. Dionis.
La Pierre Lunaire, F'oye'^ S^lénite , c'eft la mê-
me chofe.
LUNAISON. C. f. Menftruus lundi curfus. Révolution
de la lune qui fe fait dans un mois. §3" Efpace de
temps compris entre deux nouvelles lunes con-
fécutives. C'eft la même chofe que le mois fyno-
dique , qui eft de 29 jours , 1 2 heures & quelques
minutes. Voye'^ au mot Lune la raifon de la diffé-
rence des mois fynodiques & périodiques. Les
Aftrologues difent lunation. Au bout de 19 ans les
mêmes lunaifons arrivent, & reviennent au même
jour , mais non pas précifément au même point ; il
s'en faut une heure & 27 minutes, 35 fécondes.
C'eft ce qui a trompé les Anciens, & leur avoit fait
croire l'ufage du nombre d'or plus sûr & plus infail-
lible qu'il n'eft. On a trouvé depuis qu'au bout de
3 1 2 ans & demi , les lunaifons avançoient d'un jour
vers le commencement du mois ; enforte que lorf-
qu'on voulut réformer le calendrier j les lunaifons
arrivoient dans le ciel quatre ou cinq jours plutôt
qu'elles n'étoient marquées par le nombre d'or :
pour remédier à cela , on fe fert maintenant du
cycle perpétuel des Epaéles. On prend 19 Epaftes,
qui répondent au cycle de 1 9 ans^ , & lorfqu'au
bout de 3 GO ans la lune a avancé d'un jour , on
prend 29 autres Epaftes, ce qu'on fait auflî , lorf-
que par l'omillîon d'un jour intercalaire qui fe fait
trois fois en 400 ans , on remet le calendrier d'ac-
cord avec le foleil. On a réglé de ne changer l'indice
des Epaéles qu'au bout des fiècles , lorfqu'il en ell
befoin , à caufe de la mécemptofe, ou ptoemprofe ^
c'eft- à-dire , de l'équation lunaire , ou de l'équation
éyo L U N
loLure. Quand il y a fuppi-cirton d'un biljexre ou
mteccalaire laiis équation lunaire , on prend l'indice
luivant , ou infaicur , comme on a fait en lyoo-
quand il y a équation lunaire fans lupprellion de bi-
icxte , on picnd l'indice précédent ou (uperieur ,
comme on fera en 2400. quand il y a équation &
fupprelîîon , comnae en 1800. ou qu'il n'y a m
l'un , ni l'autre , comme en 1000. on retient le me
me indice. Faryei l'Ouvrage de Clavius fur le Ca-
lendrier , Calîendi , Blondel, &c.
LUNATIQUE, adj. m. & f. Lunancus , lunaticis aj^t^c-
tionihus obnoxius. Qui fe gouverne félon la lune.
IP'Ce mot ne s'emploie au propre qu en parlant
d'un cheval. Foyc:^ l'art, fuiv. Au figuré, dans le
ftyle familier feulement , les gens fantalques & ca-
pricieux font appelés lunatiques, parce que tantôt
ils font de bonne humeur & complaifans , tantôt
farouches & de difficile accès : ce qu'on attribue à
la lune. On a donné aulli ce nom aux fous & aux
épilcptiques, .
On appelle auffi un cheval lunatique , celui qui
eft atteint ou frappé de la lune , c eft à-dne , qui a une
débilité de vue plus ou moins grande ^ félon le cours
de la lune , qui a les yeux troublés ou charges fur^le
déclin de la lune, & qui s'éclaircilfent peu à-peu.*
Ce mot ert aulîi fubft. & l'on dit d'un homme
fantafque ôc capricieux , que c'eft un lunatique. Ac.
Franc.
LUND , ou LUNDEN. Nom d'une ville fans murailles ,
lituée dans la province de Schonen , en Suède , à
quatre lieues d'Ellebogen vers le levant. Lundis,
Lundinum Scanoriim. Cette ville étoit autrefois ca-
pitale de toute la Province , & Archiépilcopale :
mais depuis qu'elle eft aux Suédois , elle déchoit beau-
coup , quoiqu'elle ait un Évêché & une Univeriité
érigée l'an 1668. Maty. Lunden fut érigée en Ar-
chevêché l'an 1103. & non-feulement tirée de la
dépendance de Hambourg , mais encore donnée
pour métropole aux trois Royaumes de Dannemarck ,
de Suède j de Norvège. Fleury , Hift. Eccl. L. 64,.
L'Archevêque de Lundeni\xi établi Primat de Suède
& de Norvège, l'an 1151. par Nicolas ^ Evêque
d'Albane, Légat du Pape, & depuis étant Pape lui-
même , il confirma cette Primatie. Adrien IV. jetta
les premiers fondemens de la Primatie de Lunden ,
étant Cardinal 8c Légat en ce Royaume. Il l'érigea
depuis étant Pape , & il régla que l'Archevêque de
Lunden ordonneroit l'Archevêque de Suède , c'eft-
à dire , d'Upfal , & lui donneroit le pallium de la
part du Pape. Innocent III. confirma tout cela en
|p=- LUNDE. f. f. Oifeau terreftre cV aquatique. Il eft
un peu plus gros qu'un pigeon : fon bec eft fort
& crochu, & l'oifeau a beaucoup de courage. Dans
Jc£ lies de Feroe , au nord de l'Écolfe, la Lunde ell
toujours en guerre avec le Corbeau j & commune
ment la vidoire fe range de fon côté. Collect.
ACADÉM.
LUNDEN, ou LUNDER. Nom d'une pente ville du
Duché de Holftein. Lundis , Lunda. Elle eft dans
la Ditmarfe, près de l'Eydcr , à deux lieues de Fri
dérickftad , vers le midi , ôc à quatre de Tonnin
gen , vers l'orient. Maty.
LUNDI, f. m. Le fécond jour de la femaine , & le
premier jour ouvrable , que dans le Bréviaire on ap
pcWc h féconde férié. Dies luim. On le nomme ainfi,
à caufe que la lune préfide à la première heure du
jour, comme veulent ceux qui admettent les heiires
planétaires. Le lundi des Rogations eft une Férié
majeure qui a des Rubiiques particulières. Pierre
Damien dit que le lundi eft dédié aux Anges & aux
Morts. ,
On PDpelle Lundi gras , le lundi qui précède le
jour de Carême prenant; Se Lundi faint, le i.tndi de
la femame (aime. Ce mot de lundi fignifie le jour
de la lune. Il a été formé du Latin luriA dies. Les
Italiens difent liinedi.
Ce fécond jour de la femaine fe trouve peifonni-
fié dans les monumcns , par une figure de Diane
LU N
qui porte un croillant fur la tête , ornement ordi- .
nairc de Diane.
§0" LUNE. (. f. Luna. L'une des planètes la plus pro-
che de la terre. C eft un corps fenliblemcnt ipheri-
que , folide & opaque , qui ne luit que de la lu-
mière empruntée & réHéchie du lolcil. Comme la
lune n'cll pas tort éloignée de la terre , les irrégula-
rités font plus fcnlibles & en plus grand nombre , &
c'eft ce qui rend la théorie de la lune plus embarraftée
que celle du foleil. Le volume de la lune eft environ
50 fois moiniheque celui de la terre , mais la den-
fité eft a peu-près quatre fois plus grande. Elle tourne
autour de notre globe d'occident' tn orient en 27
jours , 7 heures & 43 minutes dans une orbite fen-
fiblement circulaire , mais réellement tUiptique j, en
nou5 préfentant toujours la même face ou le même
hémifphère , le même vifage que notre imagination
lui compofe fur le fondement des taches qu'elle nous
montre ; deforte que fi la lune étoit habitée , la
terre ne feroit apperçue que par ceux d'un hémil-
phcre , à qui la terre (érviroit de lune pour les éclai-
rer. De ce phénomène , les Aftronomcs ont conclu
qu'elle avoitun mouvement fur fon axe , qui dévoie
commencer & finir avec fon mouvement périodique.
Il eft impoffible en eftet qu'un homme parcoure
une circonférence de cercle , en tenant conftatn-
ment les yeux fixés fur le centre , fans bue en
même temps un tour (ur lui même.
$3- On appelle Phafes de la lune , lun^ phafes^
les différentes apparitions de fa lumière à l'égard da
la terre. La mokié de la lune eft toujours éclairée par
le foleil i mais parce qu'elle change continuelle-
ment de fituation autour de la terre , & qu'elle fc
trouve quelquefois entre nous & le foleil ; elle ne
peut pas toujours nous montrer toute la moitié que
le foleil éclaire. Elle nous en montre tantôt plus ,
tantôt moins , félon qu'elle eft plus ou moins éloi- •
gnée du foleil. Lorfque la lune fe trouve entre la
terre & le foleil , elle ne nous montre aucune lu-
mière , parce qu'alors fon hémifphère éclairé par le
foleil , n'eft pas tourné vers la terre. C'eft-là ce
qu'on appelle la nouvelle Lune , ou la lune en con-
jonftion , c'eft a. dire , la lune fe trouvant lous le
même figne célefte que le foleil. Après nous avoir
lailfé pendant trois jours dans l'obfcurité , elle com-
mence à fe montrer fous la forme d'un arc lumi-
neux , c'eft-à-dire , qu'elle nous montre une petite
portion de fa moitié éclairée ,' c'eft ce qu'on ap-
pelle Croillant, à caufe des deux effèces de cor-
nes qu'elle nous montre. Quatre ou cinq jours après,
elle nous montre une plus grande partie de fon
hémifphère éclairé , & (cmble avoir acquis la moi-
tié de l'étendue d'une furface circulaire-, m.ais coin
me la lune eft un corps fphérirue , cette lumière
occupe réellement le quart de fa circonférence ; &
c'eft ce que nous appelons premier Quartier. Lorf-
qu'elle defcend jufqu'^u point d'oppofition j c'eft-
à-dire , loifqu'on la voit fous le ligne direélement
oppofé à celui fus lequel on voit^ le foleil , elle
nous préfente to'^i fon hémifphère éclairé; c'eft là
ce qu'on n^n^o.t pleine lune. On voir la lumière
s'effiicer gi.- élément du côté où elle avoit com-
mencé à p;\:oître; la furface éclairée fe rétrécilfant
fcnfiblcmeu: tous les jours , forme au côté gauche
fon derniei qiwrrier-, puis déclinant toujours , elle
devient une arc fenfiljlement plus étroit, jufqu'à ce
quelle difparoifte tout à-fait , pour reparoître , au
bout de trois nuits.
flCF On appelle premier &: dernier Quartier , qu.and
die eftdansles quadratures, ou éloignée du foleil,
de 90 degrés ou de trois figncs céleftcs : c'eft à-dire,
que d:ins ces deux temps elle eft également diftantt
du foleil, vers lequel elle retourne après (on oppo-
fition , & duquel elle s'éloigne après fa conjonc-
tion. La lune a les mêmes phafes en décroillant
qu'en croilTànt : mais lorfqu'elle va du point^ de
conjonétion au point d'oppofition , fes deux eipeces
de cornes regardent l'orient; elles 'p^ardenc au
LU N
•contraire l'cccidcnt, loifqu'cUc remonte de l'oppo-
fition à la conjonction.
§CJ" Quelques - uns nomment vieille Lune, ce qu'on
appelle communément déelni , c'cll-a dire , l.i de-
gradation de la lumière de la lune , depuis qu'elle
ccliê de former un cercle , tk particulièrement de-
puis Ton dernier quartier, que l'on appelle auiîi Dé-
cours.
^CTTous ces diSerens cliangemens démontrent évi-
demment que la lune tourne périodiquement autour
de la terre j &: qu'elle reçoit du (olcil toute la lumière
qu'elle envoie lur la terre.
ÇCT Les Aftronoines appellent Sizygies , les deux points
de la conjonclion & de l'oppolicion. Suivant eux
la lune ell dans fes hzygies , lorfqu'elle cfl nouvelle
ou pleine. La lune , comme nous l'avons dit , par-
court le Zodiaque en 27 jours , 7 heures, 43 min.
mais elle ne rattrape le loleil qu'en 29 jours , i 2
heures , 44 min. Le premier mouvement s'appelle
cours , ou mois périodique ; & le z*^ , cours ou
mois lynodique , ou de conjoncftion. L'on compte
donc toujours 29 jours, 12 heures, 44' d'une lune
à l'autre , & la railon en ell évidente. Tandis que
la lune a parcouru les 12 lignes du Zodiaque, le
foleil en a paru parcourir prcfque un entier. La lune
ne peut donc redevenir nouvelle qu'après avoir
parcouru réellement le ligne que le foleil paroît avoir
parcouru. Or la lune ne peut parcourir ce ligne que
dans dL'ux jouis, j h. Se 1 min. L'on doit donc
compter 29 jours, 12 h. 44 min. d'une lune a.
l'autre.
§3" Le mouvement diurne de la lune d'orient en occi-
dent n'eft qu'un mouvement apparent. Il a pour
caufe le mouvement diurne de la terre fur fon axe
d'occident en orient, f^ojei le fyftême de Co-
pernic.
^' On appelle taches de la lune , des endroits moins
propres que les autres à réliéchir vers nous la lu-
mière du foleil. Il y en a de permanentes Se de chan-
geantes. Les premières font, dit-on j occalîonnées
par desbois j des antres, des lacs, des fleuves, des
mers , qui lailFant palier au travers d'elles-mêmes
une partie de la lumière , en renvoient moins , &
paroillent par conléquent comme des taches obf-
cures ; au lieu que les terres qui par leur folidité ren-
voient toute la lumière , iont des endroits plus
brillans. Les fécondes viennent de l'ombre que ré-
pandent fur la lune des rochers , des montagnes
que l'on prétend découvrir fur fou hémifphère
éclairé. Ce qui paroit d'autant plus probable que j
fi le foleil eft oriental par rapport a la lune , ces
taches font occidentales. Si le foleil au contraire
eft occidental , ces taches deviennent orientales.
fC? Riccioli a compté 48 taches dans la /i/ne auxquelles
il a donné des noms diftérens. On conjeéture que
celle qu'il appelle Tycho eft une grande ville. Il a
même prétendu montrer les chemins qui aboutil-
fent à cette grande ville , & eft entré dans le dé-
tail de ce qu'on y Fait , & de ce qu'on y pcnfe. F'oy.
les Principes de Dioptrique de Hartloeker. f-^oye^
I aulîI le Cofmotheoros de M. Huygens.
^CT Tout cela eft très-vrai , il y a dans la lune des iné-
galités , des endroits plus hauts & d'autres plus bas
I qu'on peut appeler des montagnes & des mers ; mais
I cela ne prouve point du tout que la lune loit habi-
tée par aucune forte d'animaux j & bien moins en-
core par des hommes. Aulîî ne parle t-on de la lune
habitée que comme d'une folie , d'une vilion.
§3^^!. Bougucr combat l'opinion de ceux qui croient
que les taches de la lune (ont des mers ou des lacs ,
dans un Mémoire qu'on trouve dans le Recueil de
l'Académie des Sciences, année 1757.
'Il n'eft pas encore bien décidé parmi les Aftrono
mes Cl la lune a ane atmofphère , ou fi elle n'en a
point. Les Anciens ne lui en donnoient aucune :
les Modernes ne penfent pas tout à-fait de même.
M. de Mairan,à la fin de fon Traité de l'aurore
Boréale , prouve très-bien qu'il n'eft rien de moin'
concluant que les raifons que l'on apporte pour
L U N 671
regarder la lune comme dénuée de toute atmof-
phère.
§^' La lumière de la lune eft deftituée de chaleur fcn-
lible , cnlorte que , ralfcmbléc dans le foyer d'un
miroir ardent , elle n'agit pas même fur le thcr-
momi.tre préfenté au point qui réunit les rayons , Se
n'occafionne aucune dilatation dans l'efprit-de-vin ,
qui en eft cependant très fulccptible.
0G"Ladiftancc de la lune a la terre eft de 55 demi-
diamètres de la terre dans Ion périgée. Se de 61
dans fon apogée , ou dans Ion plus grand éloignc-
ment. Selon M. Callini , la plus grande diftance de
la lune à la terre eft de 61 demi-diamètres de la
terre, la plus petite de 52 , & la moyenne de 56.
M. Newton croit, qu'elle eft d'environ 61 demi dia-
mètres; qu'ainli la moyenne diftance doit être de 60.
Mais 11 la terre Se la lune tournent autour du loleil,
comme autour de leur centre de gravité , il prétend
montrer que la diftinétion entre le centre de la
terre. Se celui de h lune eft de 60 7 demi diamètres
de la terre, ^oye^ Ces Principes de Philojophie j L. J j
Propof. éo.
La plus grande latitude de la lune , à l'égard de
l'écliptique , ne lurpaile jamais 5 degrés. Selon M.
Flamftéed dans les Tranladions Philolophiqucs , N.
I S4- les meilleures Tables du mouvement de la lune
trompent de 1 2 minutes Se plus , pour le lieu appa-
rent de cette planète -, ce qui caufe une erreur d'une
demi-heure , ou de 7 degrés &" demi de longitude de
la place que l'on cherchoit. Quand la lune eft dans
fa conjonction _, ou dans ion oppofitioii avec le fo-
leil , ce que les Aftronomes appellent les Syzygies ,
elle eft alors dans fa plus petite diftance de la terre ;
c'eft-à-dire , dans fon périgée. Quand elle eft dans
fon premier ou Ion dernier quartier , ce qu'on ap-
pelle les quadratures , elle eft dans la plus grande dil-
tance , c'eft-à-dirc , dans Ion apogée : du moins les
Cartéiieiis l'ont fuppolé ainh , pour rendre railon.
du llux & reflux , qui eft plus grand à la nouvelle
& à la pleine lune , que dans les quadratures. Ils
fuppolentaulli qu'elle eft alors dans le plus petit dia-
mètre de l'elliple qu'elle décrit. D'autres croient tout
cela faux , parce qu'elle eft pleine , ou nouvelle ,
par rapport à ion oppolition , ou à fa conjonâioii
avec le ioleil; & qu'ainh il arrive aulîi fouvent quelle
fe trouve , ou dans fon apogée , ou dans le plus
grand diamètre de J'ellipie qu'elle décrit , au temps
de Ion oppofition , ou de la conjonétion , qu'au
temps des quadratures.
Les Anciens appeloient la lune , la Reine du lîlen-
ce , parce qu'elle iembloit préfider fur la nuit. Dac.
Nox £> Diana quéi filentium régis , arcana dum fiunc
facra. HoR. Voiture appelle la lune , la blanche cou-
rière de la nuit ; Deiporte a dit de même ,
Et toi , fœur d'Apollon y vagabonde courière.
On appelle la lune de Mars celle qui commence
au mois de Mars , &: dont le 14^ jour , ou la pleine
lune , tombe après l'équinoxe , c'eft à dire , après le
21 de Mars. Car.fi la pleine lune échet avant le 21
de Mars , c'eft la lune de Février. Cependant les
Computiftes prennent pour règle certaine , que la
lune appartient au mois dans lequel elle finit , &
non pas à celui dans lequel elle commence. In quO
finitur , mcnfî lunatio detur. Ou bien , illius eft men-
fis _, cui dat lunatio finem. C'ell là-delfus qu'on fe
régie dans l'ufage de l'Epatte , Se dans la lecture
du Martyrologe. C'eft aullî par-là qu'on règle les
années de douze. Se celles de treize lunes. La lune
pafchale eft celle dans laquelle arrive Pâques. Les
bornes des nouvelles lunes pafchales font le 8 de Mars
& le J d'Avril , & les quatorzièmes lunes pafcha-
les font entre le 21 Mars & le 18 d'Avril. La
célébration de la Pàque eft entre le 22 Mars Se
le 25 d'Avril.
Quand la lune eft entre le foleil Se nous , que
fa moitié oblcure eft tournée vers nous qui avor.s
le jour , l'ombfc de cette moitié obfciure fe jette
6m
L U N
vers nous : aind fi la lune fe trouve judcment fous
le lolcil , çecce ombre nous le cache , & voila une
éclipfe de (oleil. Quand la lanc eft pleine , la terre
eft entre elle & le foleil , & conte la moitié obi-
\ cure de la terre ell tournée vers toute la moitié
lumineufe ae la lune: mais il l'ombre de la terre
tombe fur le corps de la lune , alors elle noir-
cit cette moitié lumineufe de la lune que nous
voyons ; & c'ell ce qui fait une éclipfe de lu/ie.
On appelle Pleine lune écliptique , celle en la-
quelle une éclipfe de lune doit arriver; & Nouvelle
lune écliptique , celle où une éclipfe de foleil doit
arriver. Quand la lune palfe par le milieu de l'om-
bre de la terre , elle demeure écliplce alfez long-
temps , comme de trois ou quatre heures ; ce qui
prouve que le diamètre de l'ombre ell beaucoup
plus grand que celui de la lune. Plus aufîi la lune
c[\ proche de la terre, plus l'éclipie dure ; parce
que le diamètre de l'ombre qui obfcurcit la lune ,
eft alors plus grand. Deux caufes peuvent empê-
cher une éclipfe de lune. La première , que la lune
foit tellement éloignée de la terre , que la pointe
de fon ombre ne la pût atteindre ; mais quand même
la lune leroit à l'apogée de fon excentrique , & de
fon épicycle , elle feroit encore aflez proche de la
terie pour être dans la pointe de fon ombre , ou
du moins dans l'ombre de l'atmofphère de la terre ,
& foutfrir une éclipfe. L'autre caufe eft la latitude
de la lune dans le temps de l'oppoinion; & c'eft
la ieule qui empêche que la lune ne loir éclipfée
tous les mois. Ainfi pour être écliplée, il faut que
dans le temps de l'oppohtion elle foit dans les
uœuds , ou à une certaine diftance de l'un des
nœuds , hors de laquelle il n'y a point d'éclipfe :
les Aftronomes ont borné cette diftance à i z ou à
I j degrés. Lorfqu'elle eft dans cette diftance , elle
s'enfonce dans l'ombre , (elon qu'elle eft plus ou
moins éloignée des nceuds. Elle y revient environ
tous les cinq mois , & c'eft ce qui fait qu'il y a
ordinairement éclipfe de lune de de (oleil tous les
cinq mois. Les Anciens avoient la luperftition de
faire de grands cris durant l'éclipfe de la lune y &
même les Romains ftifoient plufieurs fons lugu
bres ; d'où vient qu'ils appeloient luna laborcs , les
éclipfes de la lune. Entre les corps célciles , li quel-
qu'un peut avoir quelque influence à l'égard de la
terre, ce devroit être la lune f à caufe de (a proxi-
mité. AuiU le peuple eft-il bien perluadé qu'elle a
une grande vertu pour bien des chofes. On croit
coniiiiunément qu'elle fait croître & diminuer la
moelle des animaux ^ qu'elle régie la pluie & le
beau temps : fi le temps eft pluvieux à la nouvelle
lune, on s'imagine qu'il ne changera qu'à la pleine
lune ; & s'il ne change pas alors , il faudra atten-
dre jufqu'à la nouvelle lune. Il femble que c'eft
aux oppofitions , ou aux conjonétions de la lune
à régler le temps. Cependant ceux qui fe font ap-
pliqués à obferver tout cela , ont trouvé que ce
font des erreurs populaires. En quelque temps de
la lune que ce (oit^ il y a également de la mol-Ile
dans les animaux ; & la viciftitude du temps ne dé-
pend nullement des changcmens de la lune. Bay.
M. Newton prétend que la force de la lune fur
la mer , par rapport au Hux & reflux , eft à celle
du foleil comme 6 [ eft à i .
On raconte que fous P'.iilippe-Augufte , après le
meiutre d'Artur , Duc de Bretagne , par Jean {ans
Terre j Roi d'Angleterre , il parut cinq lunes en
même temps ; la première au nord , la féconde au
midi , la troidème à l'occident , la quatrième à
l'orient , la cinquième au point du Zénith envi
tonnée d'étoiles, avec lefquelles elle tourna cinq
ou fix fois autour des autres , puis le tout difpa-
rut. î^oye-^ Mézeray , T. I. de fon Hifioire , p. 494.
Si ce n'eft pas une fable , c'étoient quelques exlia-
laifons enflammées dans la région fupérieure de
l'air.
Le nom do Lune vient du Latin Luna , qu'on
dérive de lucere , qui veut dire, luire, éclairer^
L U N
hrlller. 'Quelques uns ont dérivé ce mot de lune i
à lacunis , à caufe dts divcrles inégalités qu'on y
oblerve, des taches aulquelles les Aftronomes mo-
dernes ont donné divers noms.
Ce mot de Lune eft pris de Lan des Celtes , qui
dilent Ddun , pour marquer le Lundi , ou le jour
de la lune. Or les Celtes ont formé leur mot de
lun , fur celui de llun , qui veut dire image, ou
repréfentatioUj parce qu'on croit voir dans la lune
l'image d'un homme. Ou bien il vient de leun , qui
lignihe plein chez les mêmes peuples qui hono-
roient beaucoup la lune , quand elle étoit pleine, j:
Pezron. Comme li Dilun étoit un mot Celtique,
& qu'il ne vînt pas manikftement du Latin Dies
Lunat,
Lune eft aullî une mefure de temps dont fe font fervi
plufieurs peuples de l'antiquité qui avoient des mois
& des années lunaires. Les Romanciers fe iervent
de cette fupputation. Il y a quelques lunes, c'eft-
à-dire , il y a quelque temps. Quelques uns appel-
lent lunes ou lunules , les fatellites de Jupiter , &
ceux de Saturne. Ils fuppofent que ces lateilitcs fon:
la foncirion de lunes à l'égard de ces deux planè-
tes, de même que notre lune à l'égard de la terre,
dans le tourbillon de laquelle elle fe trouve en-
fermée.
Depuis trois mois & plus , les lunes renaijfantes
Ont bigarré les nuits de leurs faces changeantes ^
Sans qu'un mot feulement par ta plume tracé
M'annonce unfouvenir dont je fuis emprejfé.
SÉNECÉ.
Les Aftrologues difent que la lune eft une pla-
nète froide &c humide , bienfaifante , &: de couleur
d'argent. On la met au rang des planètes fémini-
nes, à caufe de (on humidité.
|C3° Les mers, les étangs , les lacs, que l'on pré-
tend y découvrir , peuvent avoir donné lieu aux
Aiftiologues de regarder la lune comme une pla-
nète froide & humide. Ils lui attribuent aullI dif-
férentes qualités fuivant les afpeéts qu'elle a avec
les autres planètes , & par rapport aux lignes. Rê-
veries qu'il eft inutile de rapporter ici.
sK? Quant à l'influence de la lune fur la terre,
rien de démontré. A l'égard des effets qu'on lui
.attribue relativement à la fanté cc à la maladie des
animaux , les fentimens font partagés. Dans l'éco-
nomie végétale on mer fur 1011 compte bien des
etiets auxquels elle n'a vraifcmblablement aucune
part. Labourer , femer , planter , grefter , &c. in-
diftindlement dans telle ou telle phale de la lune,
paroîr chofe ablolument indiflérente , lorfque les
circonftances favorables à ces opérations fe rencon-
trent d'ailleurs.
Lune fe dit quelquefois de la figure d'une lune ^ foit
pleine , foit en croilfant. Saint Amand en parlant
d'un fromage :
Pourquoi toujours s'appétiffant.
De lune devient-il croiffant?
Les Géomètres cherchent la quadrature d'une lune,
c'eft à-dire , de la figure d'un croifthnt fonné par
l'intcrfedion de deux cercles. Il y en a un pro-
blême dans Ecrtinus , Jéfuite , en (on Apiarium. Les
Turcs mettent des lunes ou croiiïans au haut de
leurs maifons , comme on fait en France des girouet-
tes. On appelle .aullI demi-lune une efpèce de (uni-
fication. Voye\ Demi Lune ou Ravelin.
On appelle aullî lune une plaque de métal ronde
qui eft au-devant & aux côtés de la tête des mu-
lets , iSj où font gravées les armes de la perfonne
de qualité à qui appartiennent les mulets. Semiluna ,
lunula.
Lune , en termes de Chimie, iîgnifie l'argent dont on
Elit divcrfes préparations. f^oye:[ Argent.
En termes du grand arc on appelle le mercure , •—
hcrmérique lune des Phibfophcs , ou /-«^ ^'i"<^- jf
Lune
L U N
Lune fe prend aiilli poiir blancheur , comme fulcil
" pour rougeur ; tk quand les Sages difent que la /une
aura l'otihce du foleil , ils vculenr due que la blan
cheur paroitra à (on tour. La /u/ie elt pariaitc quant
à la qualité lunaire feulement j mais iniparKiite Ic-
lon l'intention de la nature. Ce jargon veut dire
que l'argent ell parfait dans fon cfpèee , (^- en qua-
lité d'argent , mais que la nature tend à quelque
chofc de plus qu'à hiire de l'argent ; ce qu'elle pré
tend fiirc , c'ell l'or qui e(l plus partait.
Lune. Poillon de mer qui ell tout rond, à la réferve
(d'un petit bout de queue & du bout du bec : c'eft
■ce qui lui a hit donner le nom de lune , ou peut-
être à caufe de deux longues mouftaches qu'il a,
l'une fur le dos & l'autre ioiis le ventre , qui re-
préfentent un peu la lune , loriqu'elle eft en fon
croidant. On trouve des lunes dans les mers de
l'Amérique. Elles ont lix ou huit pouces de diamè-
tre , & environ un pouce d'épailfeur. Leur peau
efl: blanche & argentée ; la chair en ell aulli blan-
che , ferme & allez gralle. Les Inlulaires les man-
gent bouillies , rôties , ou frites ; car elles (ont éga-
lement bonnes de toutes ces manières ^ & dettes facile
digeftion. Labat. J^oye-^ Mola j c'cft la même
chofc.
Lune , en terme de Maquignon , fe dit de la maladie
des chevaux lunatiques. Ce cheval a de la lune , il
eft frappé de la lune ; c'eft-à dire, qu'il a la vue
gralfe , qui fe charge & s'ob("curcit de temps en
temps.
L'UNE le dit proverbialement en ces phrafes. On pren-
droit auili-tôt la lune avec les dents , c'ell à-dire ,
la cho(e eft impotlible. Faire un trou à la lune ,
c'eftà-dire, s'échapper furtivement fans payer (es
créanciers. On dit , Coucher à ren(eigne de la lune ,
ou à la belle étoile ; pour dire , Coucher dehors ,
n'avoir point de lieu pour (e retirer. On dit aulli
de celui qui a la lace large , le vifage plein , que
c'eft un vilage de pleine lune. On dit aulîî , qu'un
homme a des lunes , qu'il eft lujet à des lunes ,
quand il eft fantalque &c inégal. On dit aufti , qu'une
perfonne a la lune dans la tête, ou un quartier de
la lune , pour dire qu'elle eft un peu folle ou lé-
gère. On dit aulli à ceux qui inveélivent contre des
gens à qui ils ne peuvent nuire , qu'ils aboient
contre la lune.
Lune, en Mythologie, divinité des Anciens. Quel-
ques-uns l'appellent Anna ou Jana , ôc difent qu'elle
étoit fœur du foleil , & fille de Théa , ou de la
grande Mère ëc d'Hypérion. Les autres difent que
c'étoir Diane j fœur d'Apollon , 8c fille de Jupiter
& de Latone. Les Poètes fuivent communément
cette opinion. En Syrie on avoir plus de vénéra-
tion pour elle que pour le foleil , aulli -bien que
chez les Germains , & tous les anciens peuples du
nord. Elle étoix honorée en Syrie fous le nom d'Al
tarte ; & Lucien dit dans fon Livre de Dea Syria ,
qu'il croit qu'Aftarte eft la lune ; & l'on donnoit
le nom d'Uranie a l'une & à l'autre. Apulée , dans
fon Liv. II. des Métamorphofes , dir que fous le
nom de la lune on comprenoit toutes les Divinités
femelles , Cérès , la mère des dieux , Minerve ,
■Vénus, Diane, Prolerpine, Junon , Bellone, Hé-
cate , Rhamnulia , Ifis ; de même que l'on honoroit
toutes les divinités mâles fous le nom du foleil. Il
ne faut donc point s'étonner (i l'on confond (ou-
vent la lune avec Junon. Macrobe dit _, Saturn. L. 111.
c, S. que. les hommes facrifioient à la lune déguifés
en femmes , & les femmes habillées en hommes.
Julius Firmicus dit la même choie de Vénus , &
Maiemonides, dans fon Moreh Nebuchim , P. III.
c. jS. croit que c'eft-là la railon de la défenfe que
Dieu fait aux Ilraëlitcs, Deuteron. XXII. /. aux
hommes de s'habiller en femmes , & aux femmes
de prendre des habits d'hommes-
La lune étoit honorée par les Orientaux fous les
noms d'Uranie ou de Célefte , d'Aftarte , de Baal-
tide , de Vénus, de Salambo, de déelfe Syrienne,
de Junon Alfyricnnej &c.. Les Afiiquains l'hono-
Tome y.
L U N 673
roient aulîi fous le nom d'Aftarte , dont les Grecs
par corruption & par ignorance de la Langue Phé-
nicienne , lireiit Aftroarche. En Egypte , c'étoic
Oluis cV Ilis. Voyei Voliius, de Idol. L. II. c. iS ^
\(j,2o, 21 , £4, 2p , Hc L. VII. CI,!), 10.
Vollius, de Idol. L. IX. c. 10. croit que le ©agon
des Philillins étoit la lune.
Ordre de la Lune. L'Abbé Judiniani, .après quel-
ques autres , parle d'un (Jrdre de Chevalerie dans
l'Empire Ottoman y qu'il appelle rt)idre de la Lune ;
mais on ne (ait m le temps de l'inllitution de cet
Ordre , ni par qui il a été ir.ftitué. Ils foupçonnent
que c'eft .après la prile de Conftantinople par Ma-
homet II. en 1453. L'Abbé Julliniani remarque,
&: cela eft vrai , que la lune ou le croiHant étoienr
anciennement le Symbole de la ville de Byzance,
& il le prouve fort bien par les anciennes médail-
les de cette ville. Il veut que les Ottomans s'en
étant rendus m.iitres , aient confervé ce même Sym-
bole ; cela eft très-vraifemblable , mais quils aient in-
ftitué. un Ordre de Chevalerie , appelle l'Ordre de
la Lune , c'ell ce que l'on ne prouve point.
Les montagnes de la Lune ou de BtD. Lun& mon-
tes. C eft une grande chaîne de montagnes tore
hautes. Elles font fur les confins de l Ahillinic &C
du Monoémugi , près des lacs de Zaïre &: de Za-
flan. Les anciens Géographes y mettoient les four-
ces du Nil; mais le P. fdieronymo Lobo, JéfuitCj
les a trouvées beaucoup au - deçà de ces monta-
gnes.
Il y a aulfi en Portugal une montagne de la
Lune. C'eft celle qui à l'embouchure du iage fait
le cap que Pline appelle P romomorium magnum-.,
Villanovanus Ponta dï Luna , c'ell-à dire , la pointe
de la Lune ; & d'autres Caho de la Rocca , Cap de
la Roque, dans la Carte de M. de L'ille. C'eft la
pointe du nord à l'embouchure du Tagc.
LUNEBOURG, ville de la B.ilIe-Sax-c , capitale du
Duché de Lunebourg , & lituée liir la rivière d ll-
menow , à cinq lieues de Lawcnbourg. Luneburgum ,
Lunxhurgum. Cette ville fondée l'an 1 190 des ruines
de Bardewick, eft Anféatique; elle a été Impériale,
mais elle dépend maintenant des Ducs de Lunebourg.
Elle ell détendue par une bonne citadelle , qui la
domine ; elle a un de ces Collèges , qu'on appelle
en Allemagne des Ecoles illullres , & de bonnes
fources d'eau filée. Long. 28. d. 15'. lat. J3 d. 28'.
Le Duché de Lunebourg. Luneburgenjis Ducatus.
C'eft la partie feptentrionale des Etats de Brunlwick,
en Balfe-Saxe. Il confine au levant avec le Marquilat
de Brandebourg, & le Comté de Daneberg; au
nord avec le Duché de Lawenbourg ; & celui de
Holftein; au couchant avec ceux de Brème, lïc de
Ferden ; & au midi avec celui de Brunfwick. Il peut
avoir vingt trois lieues du nord au f ud , & vingt du
couchant au levant. Il eft chargé en pluheurs en-
droits de bois & de bruyères , & arrofé par les rivières
d'Ebe , d'Aller & d'Ilmenow. Ses villes principales
font Lunebourg, Zell , Harbourg , Gyhiorn & Ult-
zen. Maty.
LUNEGIANA , petit pays de l'Italie , qui a pris fon
nom de la ville de Lune, qui eft maintenant rui-
née. Lunenfis Ager. Il eft .au levant de la rivière de
Magra , le long de la côte , & il ell divifé en deux
parties : l'Occidentale , dont Sarzana, la captalc,
eft aux Génois; & l'Orientale eft une partie du
Duché de Malî'a. Maty.
LUNEL. Nom d'une petite ville de France. Lunate ,
Lunellum. Elle eft dans le Bas Languedoc , à mi-
chemin de Montpellier à Nifmes, & à quatre lieues
de l'une & de l'autre. Rabbi Benjamin , qui en parle
dans (on Itinéraire, p. 5. de l'Edition d'EIzévir de
l'an 1633. dit qu'il y avoir une Synagogue des Juifs;
&: l'on prétend que c'eft de là que R. Schelomoh
a pris fon nom de Jarhhi , qui revient à celui de
Lunel.
De Lunate l'on a fait Lunet, 8c de Lunet, Lunel.
Hadr. Valois , Not. Gall. p. jf{ , ^ 3<> S-
LUNELS , f. m. P- Terras de Blafon , qui (e dit ds
Qqqq
^74 L U N
quatre crollFans appointés , comme s'ils fomioicnt
une rofe de quatre feuilles. LiinuU_ advcrfa. Les
lunels fe trouvent particulièrement lur les ccus des
Efpagnols, ou des Portugais.
LUNERA , ALUMÉRA. Nom d'une montagne de la
Terre de Labour. Luncra , anciennement Leucag£us
Collïs. Elle elt entre Naplcs & Pouzzol. On dit
qu'il y a quantité de foufre & d\ilun , & qu'il en
fort des fontaines dont les eaux font propres à gué-
rir les blellures. Maty.
LUNETER, V. n. Se fervir de lunettes. Bon pour le
Ifyle badin & marotique.
Comci-nous donc votre fejîin ,
Si du Parnaffe afironom'm
La Troupe en parue fort émue.
Le grand Hugues (i), & ie Cajjîn (2) ,
Ont-Us fué Jbir & matin
A luneter malgré la nue
Dans tout L'Olympe Cryjlalin? Chapelle.
( I ) M. Huygcns. ( 1 ) M. Cafllni.
LUNETTE, f. f. Terme d'Optique. Confpidllum,fpecu-
lare. Verre taillé de façon qu'il devient propre à grolîir
les objets , à conferver , à faciliter l'aClion de la vue.
Les Auteurs qui ont écrit des lunettes , & fur-tout du
Télefcope , ont été, entre Auaes, Kepler , dès l'année
161 1. Jùannes Hevclius _, Scheincrus , Emmanuel
Magnan , Galilée , De/cartes , Sirturus , Mauroly-
£us , Ântonius de Dominis y iMalapertius , Aquilo-
nius , Vuellio , Tardeus , Fontana , le P. Scot _, Jé-
fuite , le P. de Rhe'ua , Capucin , èc Pierre Borelli ,
dans divers Traités d'Optique , de Perfpedive &
d'Aftronomie. Les Ouvriers £imcux ont été Toricelli,
Fontana, Fév-rier , Chore^ , Campani Divini. Le iieur
Borelli, Chymilk de l'Académie Royale des Sciences,
A fait les verres des lunettes de l'Oblcrvatoire.
Le Télefcope eft une lunette à longue vue , qui
approche les elpèces des corps éloignés, 8c qui les
groffit. On l'appelle aulll lunette de Hollande, ou
d£ Galilée, parce qu'on prétend que Galilée en a
été l'Inventeur. Il ell vrai pourtant qu'il n'en a pas
eu la première idée , comme ill'avoue lui même. Ce
fut un Hollandois de la ville d'Acmaer , nommé
Jacques Métius , vers l'an 1607. M. Delcartes ra-
conte que ce Hollandois s'appliquant à faire des verres
brûlans , regarda par halard au travers d'un verre ,
& s'apperçut qu'il grolIIHoit les objets éloignés. Bo-
relli, dans fon Traité du teiclcope , die que l'in-
vention du télefcope ell due à Zacharias Johannides,
Marchand de MidJclboutg. Il y a de ces lunettes
/Impies à deux verres, qui (ont l'objedlif & l'ocu-
laire , & d'autres à quatre verres. La lunette de l'Ob-
fervatoire de Paris a 76 pies du tuyau. Meilleurs
Defcartes & Hoolc , n'ont pas défefpéré de pouvoir
découvrir quelque jour des animaux dans la lune par
le moyen des grandes lunettes : mais M. Auzout a
prétendu qu'on n'en peut taire de plus longues que
de 300 pies i & qu'en ce cas on ne pourroit voir
la lune que comme on la verroit de loixante lieues
loin fans lunette , à laquelle diftance on ne pour-
roit découvrir des animaux fur la terre. Les étoiles
fixes nous paroiffent plus grandes à la vue (impie
qu'à la lunette , félon Galilée. J^oye^ TÉLESCOPE.
On a rendu les obfervations beaucoup plus fa-
ciles & plus exaéles , depuis qu'on a mis des lu-
nettes aux inftrumens d'obfervation à la place des
pinnules. Pour achever la perfeifion des lunettes ,
on a trouvé le moyen d'appliquer un treillis on
grille de filets très-déliés au foyer du verre oculaire
convexe; ce qui rend l'obfervation plus jufte. On
en voit la figure dans le Journal des Sav.uis de l'année
1667. C'eft le Micromètre.
Le Microlcope efl: une autre lunette courte ^ qui
fert à découvrir les plus petites parties des objets
qu'elle grolîît extraordinairement. Il s'en fait aufll
à plufieurs verres. Il y a d'autres microfcopes ii
petits , qu'ils font faits d'un verre qui n'eft gros
L U N
que comme la tète d'un épingle , &: ils font des ef-
fets merveilleux. Gallendi dit avoir vu émeutir un
ciron avec le microlcope. Il y en a aulli pour le
peuple , qu'on appelle lunette à puce , qui ne font
autre chofe qu'une petite bouteille d:.ns laquelle on
regarde par un fort petit no\x. Microfcopium.
Lunette polyèdre , ou à facettes , ell ce que le peupl
appelle lunette d'avaricieux , qui fe fait avec
verre taillé , qui multiplie autant de fois l'objet qu'il
a de faces. Il fe fait de belles perfpeclives de pièces
rapportées avec des lunettes à facettes , dont l'art eflr
décrit par le P. Nicéron dans (a Perfpective , &:
par le P. Kircher en fon Livre de la Magie, 4e la
lumière & de l'ombre.
Lunettes j au pluriel , Confplcilla , font deux verrèsl
enchâlfés dans de la corne j ou autre matière, qu'oni
applique fur le nez & devant les yeux, pour aiderl
aux vieillards, &c à ceux qui ont la vue courte, à
lire & à écrire , ou à découvrir mieux les objetfc
On les appelle aullî Bcficles. Il y en a qui fervejtit|
à grollir les objets ; l&s autres à conferver feulement
la vue , qu'on appelle Conferves. On a fait aulll des
lunettes à longue vue , pour appliquer aux deux
yeux , qu'on appelle Binocles j dont a écrit le P.
Chérubin , Capucin , Se avant lui le P. Rheita, du
même Ordre , en Ion Livre intitulé Oculus Enoch.
& Eli& , lequel avoir trouvé auffi l'invention des
lunettes à trois ou quatre verres. Voye\ BINOCLE.
Les lunettes ont certainement été inconnues aux
Anciens ; mais aulli elles ne font pas fi modernes
que le télefcope. Francefco Rédi prétend que l'in-
vention en a été faite au XIIF liècle, depuis l'an 1180.
jufqu'en 1 5 1 1 . & qu'Alexandre Defpina de l'Ordre
des Frères Prêcheurs de Sainte Catherine de Pife ,
qui mourut dès l'an 151}. en communiqua l'inven
tion , qu'il trouva de lui-même , après qu'il eut
appris qu'un autre en avoir trouvé le lecrct , lequel
il ne vouloit pas communiquer. Cela eft écrit dan;
la Cronique de ce Couvenr. Il dit encore, que dan;
un vieux ALmufcrit compolé en lijip. qu'il a parm;
fes Livres , il eft parlé des lunetus comme d'une
chofe inventée en ce temps-là : qu'un fameux Jaco-
bin , nommé Jourdan de Rivalto , dans un Traité
qu'il compofa en 1505. dit exprelfément qu'il n'y
avoit pas encore zo ans que les lunettes étoient
trouvées. Il cite encore Bernard Gordon , dans fon
Livre du Lilium Medicins, , compcfé en la mêtDe i
année , où il parle d'un collyre, qui étoit bon pour
faire lire un vieillard lans lunettes. Du Cange dii
qu'il y a un Poëme Grec , qui fe trouve en Manufcrit
dans la Bibliothèque du Roi , qui montre que les
lunettes étoient en ulage dès l'an 1 1 jo. Et il eft fait
mention de ces lunettes dans le Dicfionnaire de la
Crufca , au mot Occhiale. On cite là un endroit
des Prédications du même Frère Jourdan , qui dit
qu'il n'y avoir pas 20 ans que les lunettes avoienc
été inventées. Or , Salviati a remarqué que ces Pré-
dications furent faites depuis l'an 1300 jufqu'en
1356. Il en eft aulli fait mention dans le Livre de
Gui de Chauliac , Profelleur de Médecine à Mont-
pellier , intitulé La Grande Chirurgie, compofédès
l'année 1563. Il y a aullî un Arrêt du li Novembre
1416. rapporté par Ménage en fon Livre Aminitatts
Juris , qui fait mention de ces lunettes ■■, &c d'autres
témoignages anciens cités par le fieur Comiers en
fon Traité des lunettes, ^oye^ lur- tout le Traité de
M. Rédi j Médecin Italien , qui en a écrit fort doc-
tement.
M. Tinélis , dans le Journal de Médecine du
premier Odobre 1681. dit que M. Rohault s'eft
trompé en écrivant dans la Phyfique , après M.
Delcartes , qu'on doit la découverte de la lunette de
longue viie à Jacques Métius , Hollandois , qui la
trouva par halard j il n'y a point d'apparence que
cette hiftoire foit luppolée. M. De Monconis, Au-
teur digne de foi , témoigne daiis les Voyages , qu'il
logeoit à Alémacr, en Hollande, chez un Peintre
nommé Métius , neveu de celui qui avoit trouve
l'invention des lunettes d'approche.
L U N
L U N
M. Dcfcartes qui avoir été longtemps en Hollande
dans un commerce perpétuel avec les Savans i^- les
Curieux de ce pays la , pouvoit bien s'alliacr de
la vérité ou de la taulltcé de ce faitj rapporté* par
les Auteurs contemporains. Le Rolli , entre autres,
die que Galilée étant à Vcnife , on lui rapporta qu'un
Hollandois avoit trouvé une efpèce de lunccu , qui
approclioit les objets ; & qu'ayant con^u , lut le
rapport Se la delcription qu'on lui on fit , ce que
et pouvoit être , il donna le mieux qu'il put , la
forme à deux verres , les attacha aux deux bouts
d'un tuyau d'orgue ; & fit voir à Meilleurs de Ve-
nife de dellus la Tour de S. Marc , les merveilles
de cette nouvelle invention. Cet Auteur ajoute que
depuis cette heure-là , Galilée avoit beaucoup tra-
vaillé à perfed^ionner les lunettes d'approche , tic
mérite par la perfedlion qu'il leur donna, que l'in
vcntion lui en fût attribuée.
Il ne fertdc rien de dire que Jean Baptifte Porta j
avanc, l'an 1609. que l'on prend pour l'époque de
cette découverte , avoit parlé dans le dix Icptièmc
Chapitre de fon Traité de la Magic naturelle , des
verres concaves j qui approchent les objets éloignés ,
& des verres convexes , qui grolllllènt les objets qui
font proches. Ce que cer Auteur dit à ce fujet , clt
fi embrouillé & h obfcur , que Képlérus .après l'a-
voir examiné par l'ordre de l'Empereur Rodolphe,
déclara à ce Prince qu'il étoit inintelligible.
Il eft vrai que le P. Mabillon témoigne dans fon
Voyage d'Italie , qu'il avoit vu , dans un Monaftcre
de fon Ordre , les Œuvres de Commeftor écrites à la
main par un nommé Coradus au treizième fiècle ,
où fe trouve à la troifième page un portrait de Pto-
lomée , qui contemple les Aftres avec un tube à
quatre tuyaux ; mais ce P. ne dit point j que ce
tube fût garni de verres : & en effet on ne fe fervoit
de tube en ce temps-là , que pour conferver & di-
riger la vue , ou la rendre plus nette , en féparant
par cette invention , les objets qu'on regardoit , des
autres dont la proximité auroit empêché de voir
ceux-là bien diftinûement. L'expérience eft con-
forme à ma conjeâure ; car lans tube même , &:
en regard.ant feulement entre nos doigts un peu ou-
verts J ou par un trou d'épingle dans une feuille
de papier , les objets nous en paroillcnt beaucoup
plus nets. Et pour moi , qui ne faurois lire lans
lunettes , je lis allez facilement de la forte l'écriture
que j'ai de la peine à lire quand je la regarde avec
les deux yeux.
Quoiqu'il en foit , il faut avoifft que les principes
d'Optique, fur lefquels fe font les lunettes d'approche,
fe trouvent dans Euclide ôc dans les anciens Géo-
mètres, & c'eft faute d'y avoir réfléchi ^ quon a été
fi longtemps fans découvrir cette merveilleufe in-
vention , comme beaucoup d'autres qui demeurent
cachées dans leurs principes , & dans la majefté de
la nature , comme dit Pline , jufqu'à ce que la ré-
flexion ou le hafard les développe, & les mette au
jour.
C'eft par la raifon des contenances , que toutes
les pcrfonnes confidérables en Efp.agne & à Venife
portent des lunettes fur le nez ; folie qui a fa fource
dans l'orgueil de la Nation , qui le pique d'une pro-
fonde fagelfe , & de conlidérer toutes choies de tort
près , comme les vieillards , &: les perfonnes qui
ont ufé leurs yeux à force de regarder. La dernière
Reine que la France a donné à l'Efpagne , fe voyant
environnée de tous ces gens à lunettes , qui l'éplu-
choient depuis la tête jufqu'aux pieds, dit plailam-
ment à un Gentilhomme François , qui étoit auprès
d'elle , Je penfe que ces Meilleurs me prennent pour
une vieille chronique, dont ils veulent déchiftrer
jufqu'aux points ôc aux virgules De Vign. Marv.
On appelle en Architefture , des voûtes à lunettes ,
une efpèce de voûte qui traverfe les reins d'un ber-
ceau ; c'eft lorfque dans les côtés du berceau
d'une voûte , on y fait de petites arcades pour y
pratiquer quelques jours , ou des vues. On la nomme
lunette biaife , quand elle coupe obliquement un
Tom< y.
^75*
berceau; &: rampante , lorfquefonccintrc eft rompu.
La lunette elt une portion de voûte percée dans une
autre, dans laquelle elle forme une efpèce de li-
gure de croillant de lune , d'où elle tire fon nom.
Frézier. Ainli lunette en ce (cm fignitie petite
lune ; c'eft un diminutif de lune.
Lunettes , fc dit aulll par antiphrafc en matière de
Uâtiment , d'un mur qui bouche ou qui ôte la vue.
Cette mailon avoit vue fur pluficuis jardins; mais
le voihn , a élevé fon mur ^ tic A lui a donné les
lunettes.
Lunettes J eft aullî un terme de Capucin, qui fe dit
d'un morceau de cuir , ou d'étofte en forme de
lunettes , qu'on donne aux jeunes Capucins qui ont
égaré la vue , qui n'ont pas allez baillé les yeux.
Porter les lunettes.
Lunette , fe dit aullî d'une petite ouverture qui fe
fait dans le toit d'une maifon , ou dans la Hèche
d'un clocher, pour donner du jour à la charpente.
Lunette ^ en terme de Menuiferie , eft une planche
de bois percée en rond , pour fervir de fiége à un
privé, ou à une chaife percée. On a commandé à
ce Menuilîer une lunette pour un privé. On appelle
aullî lunette , cette ouverture qui eft au derrière des
foufflets , par où entre le vent , & qui fe ferme en
dedans par la foupape.
Lunettes ^ en termes de Fortifications , font des
enveloppes qui fe font au-devant de la courtine. Elles
font compolées de deux fices qui font un angle
rentrant , & fe conftruifent ordinairement dans des
folles pleins d'eau , pour y faire l'etfet d'une faulle-
braicj ôc en difputer le pallàgc. Elles ont cinq toiles de
large , dont le parapet en a trois. Les lunettes font une
petite demi-lune , ou un petit ravelin. On s'en l'en
pour couvrir ou défendre tel ouvrage que l'on veut.
Souvent on les place de côté 8c d'autre d'une d.emi-
lune , en manière de contre-gardes. Il y en a de
deux fortes , les grandes Se les petites lunettes. Les
petites flanquent lîmplement les demi lunes , Se les
grandes les couvrent entièrement. Elles ont un rem-
part, un pampet, une banquette , Se dans le milieu
de chaque côté on pratique un retranchement.
Lunette. Terme de Corroyeur Se de Peaullîer. C'eft
un inltrument qui eft d'acier , grand comme une
allîette qui a un trou au milieu pour palier la main
qui eft bien aiguile tout au tour. Se dont le Cor-
royeur Se le Peaullîer fe fervent pour parer les peaux
de mouton , de veau , de chèvre , Sec. P.arer à la
lunette. Ces fortes de lunettes fe font en Allemagne.
Lunettes , en termes de Manège , font deux petites
pièces de feutre relevées en bollè , qu'on apphquc
fur les yeux d'un cheval vicieux, ou qui ne veut
point fe laillèr ferrer , ni monter. Oculares offucu
pr£tent<t oeulïs.
On dit auflî. Ferrer un cheval à lunettes ^ ou à
demi-ler , c'eft-à dire , avec un fer dont on a retran-
ché la partie des branches qui eft vers le quartier du
pié ; ce qu'on appelle les Eponges.
On appelle en Horlogerie lunette , le cercle de
métal qui enferme & foutient le ctiftal d'une montre.
Il fe dit auliî de la partie de l'étui qui répond à
ce cercle. Cryjlalli margo.
ffT Lunette J en Orfèvrerie , c'eft la partie d'un fo-
leil deftinée à placer l'hoftie. Elle eft fermée de
deux glaces. Se entourée d'un nuage d'où lortent de
rayons.
Lunette , chez les Tourneurs , eft cette pièce de bois
trouée qu'ils appliquent lur leui; tour , pour faire
divers ouvrages qui le tournent en l'air.
Lunette , fe dit au jeu de Dames , lotfque l'un des
Joueurs joue de telle manière , que l'autre Joueur
peut mettre une de les dames entre deux de celles de
fon adverlaire ; enforte que l'une des deux foit né-
cellairement en prife-
Au jeu d'Echcts, on Appelle auf[i lunette au mê-
me fens , quand on peut placer une pièce entre deux
autres , de manière que l'une ou l'autre foit nécef-
fairement en prife. Cette cxprelfion vient de ce que
Qqqq ij
676 L U N
CCS trois pièces font une efpèce de figure de lunette ,
ou de ni.uî^le.
Lunette , cil la partie d'un chapon , d'un poulet ,
d'une perdrix , ^c. qui eft entre le cou & 1 ellomac ,
qui ell (outenue par deux petits os qui foinient un
aiigle aigu. On tient que la /unettc cù. la partie la
plus délicate du chapon.
On dit proverbialement , à celui qui s'eft trompé
en regardant quelque chofe. Trenez vos lunettes,
chauliez vos lunettes. On dit aullî , en le moquant
d'un grand nez , Voilà un beau nez à porter lu-
nettes.
Dans le temps que je dis adieu aux Mules , je dis
•à M. De Court: Un vieillard ne doit plus s'occuper
à faire des vers. Ni à faire l'amour , répondit-il ,
principalement lorfqu'il commence à fe fervir de
lunettes. C'eft le proverbe qui le dit : Bon jour
lunettes, adieu fillettes, c'en eft fait pour l'amour.
LUNET i"IER. r. m. Ouvrier qui fait & qui vend des
lunettes. Specularius. Les Miroitiers &: les Lunet-
tiers ne font qu'un Corps & une même Maîtrile.
LuNETTiEU. , 1ÈRE. adj. Celui ou celle qui met des
lunettes.
// s'en fallut bien peu
Que l'on ne vu tomber la Lunettière. \..K Font.
LUNEVILLE. Que les Lorrains prononcent Lunévïlle.
Nom d'un bourg du Duché de Lorraine. Lunevilla ,
Mortana. Il eft fur la petite rivière de Vézoule , près
de la Murte , à fix lieues de Nancy , vers le cou-
chant. Maty.
LUNGGAN. Nom d'une ville de la Chine. Lungga-
num. C'eft la feptième capitale de la province de
Suchuen. Elle n'eft pas éloignée de la lource du
fleuve de Feu. Elle eft défendue de très-lolides mu-
railles , parce «que c'eft la clef de la Province. Elle
a au nord le mont de Cungtung , qui s'avance jul-
qu'aux terres du Royaume de Sifan. AmbajJ. des
HolLindois à la Chine , P. I , p. 2 s S-
LUNGH. f. m. Terme de Calendrier. Nom que les
Tartares du Catay donnent au cinquième de leurs
mois céleftes , au cinquième lîgne du Zodiaque , à la
cinquième année de leur cycle duodénaire , à la cin-
quième des douze heures du jour. Ce mot dans
leur Langue lignifie ^/-«.o-cn j /erjPe/zf , crocodile.
LUNGLL Nom d'une ville de la Chine. Lunglium.
C'eft la quatrième ville militaire de la province de
Quiecheu. Elle eft au couchant de celle de Sintien ,
& commande à deux fottcreftes dont les territoires
■ font habités par des montagnards , qui prennent
quelques teintures des mœurs & des loix des Chi
nois , depuis qu'ils trafiquent avec eux. Ambajf. des
Hollandois à la Chine , P. I , p. 2jS.
1^7" LUNGMUEN. Nom d'une ville de la Chine,, dans
la, province de Quangtung , au dépaitement de
Quangcheu. ^
IKFCeftaulli le nom dune petite forterelie de la Chi-
ne , dans la province de Péking , au département
de Si fen & d'une montagne dans la même province.
0::TLUNGNAN. Nom dune ville de la Chine^ dans
le Kiangfi , département de Cancheu.
^ LUNGNIEN. Nom d'une ville de la province de
Fokien , au département de Changcheu.
|tT LUNGPING. Nom d'une ville de la province de
Péking , au département de Chinting.
fc5"LUNGTE. Nom d'une ville de la Chine, dans
la province de Xenfi , au département de Pingleang.
LUNGYEN. Voye^ Lon-yen.
§3" LUNGYNG. Forterclïè de la Chine, dans la pro-
vince de Chekiang , département de Kiiicheu.
§CrLUNGYO. Fortcrelfe de la province de Suchuen ,
au département de Jungning.
LUNI-SOLAIRE. adj. Terme d'Aftronomie , & de
Chronologie , qui fe dit de ce qui eft compolé de
la révolution du foleil iSc de celle delà lune. Luni-
folaris. Il le dit dans cette phrale , l'année Luni-fo-
laireciï une période d'années faite par la multiplica-
.îioii du cycle de la lune, qui eft 19. par celui du
L U N
foleil , qui eft 2,8 , ce qui donne 55 z. dans lequel
elpace de temps ces deux Aftres reviennent aux mê-
mes points. Harris.
^' Cette période eft appelée Dionihenne de Denis
le Petit , fon inventeur.
LUNISTES. f. m. C'eft le nom que l'Auteur de la
Lettre fur les prétendues influences de la lune,
donne aux gens trop crédules , qui attribuent à
cette planète une infinité d'événemens , dont il fou-
tient qu elle n'eft pas la caufe. Merc. d'Août /73.^.
LUNULE, f. f. Terme de Géométrie. Plan terminé
par les circonfcrcnces de deux cercles qui fc touchent
en dedans. Foye-^ Ozanam. La quadrature des lu-
nules , ou lunes d Kypérocare de Scio , nous a fait
trouver un triangle reétiligne , parraitement égal à
deux lunules; par conféquent lî le triangle eft ifo-
cèle , Se les lunules égales , on fait que la moitié du
triangle eft égal à chacune des deux lunules ; mais 11
le triangle eft Icalène , Se les lunules par conféquent
inégales , il eft impoftible de déterminer la partie
du triangle qui eft égale à chaque lunule; ce pro-
blême revient à celui de la quadrature du cercle,
& l'un eft aulîî difficile que l'autre.
On appelle aulfi lunules en Aftronomie , les qua
tre Satellites de Jupiter , & les cinq Satellites de
Saturne. Lunule.
Lunule. Terme d'Antiquité. Ornement que les Patri-
ciens portoient lur leurs fouliers , peut-être pour
marquer l'ancienneté de leur race , ainli que les
peuples d'Arcadie , qui prenoientle titre de jr^ioja-.oi,
parce qu'ils prétendoKnt être plus anciens que la
Luné , & l'être autant que Jupiter, f^oye^ Sénéque
le Tragique , ( in Hippolyto ) qui déligne la Lune
par cette périphrafe :
Sidus pojl veteres Arcades editum.
Le Roi Numa fut l'inventeur de czi ornement.
Martial ( lib. 2. epifi. 2p. ) parlant d'une ancienne
nobkfte , dit :
Non hejlerna fcdet lunatâ lingula planta.
On touve dans Stace ( /. /. Sylv. 2. v , 2S.) Pa-
tricia Luna.
Plutarque , dans fes Queftions Romaines , nous
apprend que ces petites lunes étoient un lymbole qui
lignihoit que les âmes de ceux qui les portoient,
dévoient un jour ttre élevées au-dellus de la Lune , ou
qu'elles étoient l'emblème de l'inconftance de la For-
tune , à caule des diïîércntes phafes de la planète
dont il s'agit.
Cependant Ifidore ( Orig. l. 5^, c. 34) prétend
que cet ornement n'étoit point la repréfentation de
la Lune en fon croillant , mais la figure de la lettre
C , pour défigner le nombre de cent , Se qu'on vou-
loit par-là conlerver le fouvenir de celui des Sé-
nateurs établis par Romulus.
Les Savans ne font pas d'accord fur l'endroit du
loulier où l'on plaçoic cette petite lune. L'opinion
la plus généralement reçue eft que c'étoit une elpèce
de boucle d'ivoire qu'on att.ichoit lur la cheville du
pied. Albert Rubenius a remarqué que les anciennes
ftatues ont cette boucle lur la partie du pied la
plus élevée ; mais Ferrarius ( in Analeclis de Re
Feft. c. jj. ) allure que cette boucle n'étoit pas la
petite Lune des Patriciens , qu'elle ne fervoit qu'à
ferrer le foulier , & que la petite Lune étoit placée
aux talons, i» To,f «f/iw^Aois. D'où venoit le proverbe:
KoUlitas in AJlragalis. Ceux qui penfent ainfi,
croient que , félon Philoftrate , dans fes Vies des
Sophiftes , ( /. 2. in Herode Attico ) , cette boucle
ne fe mettoit pas ur la partie antérieure du loulier
mais autour du talon. Il faut s'en tenir au fentiment
des premiers. Les autres ne paroilfent pas avoir
entendu le mot ur.rô:*'»; dont fe fcrt Philoftrate , Se
que Didyme , en parlant de la chaufture àes Héros
d'Homère ( // A v. /<S') &: Hcfychius exph>-uerit
L U P
par malUorum cegumcnta , ^pufo» , fianific la cheville
du pied , &: non pis le talon.
,UNU:>. (". ni. lerme de Mythologie. Nom d'une
divinité pnycnne. Lunus. Le dieu Lunus étoit le dieu
de Chaïaii , ou Chancs , dans la Melopotamie. C'cft
Spaitien, dans la vie de Caracalle, qui nous l'ap-
prend. Il ajoute que le dieu Lunus n'ctoic autre
que la Lune ; que ceux qui en failoient une divinité
iTiàle , l'appcloient Lunus, tk. ceux qui en faifoient
une divniité kmelle , luria : que les plus habiles
difoient que quiconque donnoit le genre féminin à
cette divinité, etok toute la vie fujec &C fournis aux
femmes : & qu'au contraire , ceux qui la faifoient
mâlcj étoicnt les maîtres dans leur ménage. Se avoient
l'empiic fur leurs femmes; que c'elt dans cette pcn-
fée que les habitans de Charres failoient un dieu
j de la Lune , & le nommaient Lunus ; que les É-
gyptiens & les Grecs en avoient la même idée ; &
que quoiqu'ils lui donnallent un nom féminin dans
leurs myllcres , ils la prenoient pour un dieu. Dans
pluheurs Langues de l'Orient , la Lune a un nom
nialculin ■■, en d'autres un féminin , en quelques-
unes , comme en Hébreu , elle en a deux ,• un maf-
culin & un féminin. De-là vient que les uns en
ont fait un dieu , les autres une décile , &: quel-
ques uns une divinité Hermaphrodite, f^oyei Sau-
niaile fur l'endroit de Spartien , dont nous avons
parlé , Hiji. Aug. p. 264. C. fur Trebellius Pol-
îion, p. 2S0. D. Se fur Vopifcus, p. jjo , col. i.
& 2. Et M. Spon , Recherch. Cur. d'Antq. LLL.
Diffère, p. 62 , 6 j. Triftan a trouvé lur une mé-
daille d'Adrien une figure qu'il prétend être celle du
Àïtu Lunus . C'elt un homme debout, qui de la main
gauche s'appuie fur une javeline , ou lur un épieu.
Il porte un bonnet à l'Arménienne lur la tête, «Se a
un croillant par derrière qui élève fes pointes au dcf-
fus de fes épaules. De la main droite il tient une
patère. Sur les médailles frappées en Carie , en Phry-
gie & en Pilidie, le dieu Lunus eft fouvent repré-
lenté fous la forme d'un jeune homme , ayant lur la
tête un chapeau à la Phrygienne , & un croilfant
fur le dos , portant de la main droite une bride j &
dj la gauche un flambeau. Le dieu Lunus fur les mé-
tliilles eft diftingué par le croiflant qu'il porte lur les
épaules, par le bonnet d'Arménien qui lui couvre la
tète , &: par un coq qu'on met auprès de lui , parce
que Latone , mère de Diane , avoit fait du coq fon
oileau favori, depuis qu'il- lui avoit été d'un grand
fecours à les couches. P. Jobert. Cela montre que
, Diane ou la Lune & le dieu Lunus font la même
divinité.
L UP.
UPADI , ULUBAT. Petite ville de la Natolie pro-
pre , en Afie. Lopadium , Apollonïa. Elle eft au
midi de la ville de Burle , fur la rivière de Lupodl ,
qui va le décharger dans la mer de Marmara j à Pa-
I lormi , & qui eft la même que les Anciens nom-
I moient Rhindacus. M AT y.
jUPANNA. île de la mer Adriatique , dans l'Etat de
la petite République de Ragule , proche de l'île de
Mezo : elle a un port alTez grand & atTez sûr.
UPANTO. f. m. Ceft le nom que les habitans de
Pégu donnent au lerpent qui féduilît la première fem-
me. Lupanto. Ces peuples ont une tradition très-
marquée de la chute du premier homme. Il n'y a que
les noms de changés. Feniand Mendez Pinto la
rapporte dans fes Voyages , pag. jj. 8c dit l'avoir
apprifed'un Prêtre du pays. P. Fauner l'a copié dans
fon Syftcme de la Théologie des Gentils , t. F'LL. au
dernier Ç.
pPERCA , ou LUPERQUE. f. f. Terme de Mytho-
! logie. Nom d'une décile chez les Romains. Luperca.
J^oye-{ au mot Louve.
JPERCAL. f. m. Nom d'un lieu de l'ancienne Ro-
me. Lupercal. Ce lieu étoit fous le mont Palatin ,
quoique Ferrarius le place au pied du mont Aventin.
Car il en faut plutôt croire les Anciens , Tite-Live ,
Servius, &i. Le Lupercal éiok confacré au dieu Pan.
L U P 677
C'ctoir là que les Luperques fes Prêtres lui faifoient
leurs facriHccs. *
Servius , fur le VIII' L. de l'Énéidc, v. J42.
dit j qu'au pied du mont Palatin il y avoit une grotte
dans laquelle on lailoit un lacrifice d'un bouc, de
capro luebatur ; id ejl , facr'ificabatur ^ & que quel-
ques uns croient que c'étoit de-là que ce lieu fut ap-
pelé Lupercal. D'autres difoient que c'étoit parce
que la louve avoit alaité Romulus (Se Pémus en ce
lieu : mais , ajoute t il , le (cntiuient le plus vrai-
femblablc eft , que ce lieu fut ainll appelé parce qu'il
étoit conficré à Pan , dieu de l'Arcadie , auquel
le mont Lycée en Arcadie étoit aulli conlacré ; que
cette montagne étoit ainli nommée j parce que Pan
défend les brebis de la fureur des loups; qu'Évandre,
qui étoit Arcadien , étant venu en Italie , il dédia
de même un lieu au dieu de la patrie , & le nomma
Lupercal , parce que c'eft par le fecours de ce dieu,
que les beftiaux lont préfcrvés des loups.
LUPERCA LES. 1*. f. pi. Terme de Mythologie. Fêtes
inftituées dans l'ancienne Rome à l'honneur de
Pan. Lupercolia. Les Lupercales fe célébroicnt le
ij des Calendes de Mars , c'ell-à dire j le 15 de
Février , ou , comme die Ovide , Faft. L. IL. le
troilième' jour après les Ides. On croyoit qu'elles
avoient été établies par Évandre. Voye\ Lupercal,
Tite Live , L. l , c. /. & Martial , L. IV. Ep. 28.
Dès le matin de cette fête , les Luperques , ou Prê-
tres de Pan , couroient tous nuds les rues de Rome ,
frappant d'une peau de, chèvre les mains & le ventre
aux Icmmes qu'ils rencontroient , & leur promet-
tant la fécondité , & d'hcureules couches. La raifoii
qui falloir qu'ils célébroient ces fêtes d'une manière
li peu décente, venoit de Romulus & de Rémus;
car pendant qu'ils célébroient un jour ces fêtes , des
voleurs profitèrent de l'occafion , & enlevèrent
leurs troupeaux. Les deux frères & route la jeuneire
qui étoit avec eux , s'en étant apperçus , mirent bas
leurs habits , pour courir plus ailément après ces vo-
leurs , Se les ayant atteint , leur enlevèrent leur bu-
tin. Comme cela leur avoit réullî j la coutume de
célébrer ainfi les Lupercales prit delà naillance , &
s'établit. Les Lupercales s'aboliffoient du temps d'Au-
gufte , il les rétablit. Suet. c. 31. Elles durèrent
jufques fous l'Empereur Anaftafe j & le Roi Théo-
doric. Denis d'Halicarnaire . L. L. Servius fur l'E-
néide, L. Vlll , Verf. 342 , & 663. Martial,
Eplgr. FLLL. du L. IV. Varron , L. V. de ling.
Lat. Tite-Live , L. L , c. /. Plutarque , dans la
vie de Romulus, & dans celle d'Antoine, parlent
des Lupercales. Voyez encore J. Rolhius , Anciq.
Rom. L. LV, c. 6 . Valère Maxime , L. LL , c. // ,
n. (). &: Plutarque n'en rapporte l'origine qu'à Ro-
mulus & à Rémus. Le Pape Gélafe en parle aulli
dans fa Lettre à Andromachus. Baronius dit que le
Pape les abolit. Voye:^ l'an 496. Confultez encore
les Ohfervatlones Variorum fur Valère Maxime , &
Voilîus, de Idol. L. /X_, c. ^4. Natalis Comès ,
L. p. Mythol. c. p. appelle aulli Lupercales les
fêtes appelées Lycées par les Grecs. Voy. Lycées.
LUPERQUE. f. m. Nom que l'on donnoit autrefois à
Rome aux Prêtres du dieu Pan. Lupercus. Les Luper-
ques étoient les plus anciens de tous les Prêtres de
l'ancienne Rome , ayant été inftirués long temps avant
la fondation de Rome par Évandre. Ils étoient divi-
fés en deux Collèges ou Compagnies , dont l'une
s'appeloit les Fabius , &■ l'autre les Quintilius ,
fCi'pour perpétuer la mémoire d'un Fabius & d'un
Quintilius, qui avoient été les chefs, l'un du parti
de Romulus, & l'autre du parti de Rémus. Jules
Céfar en ajouta une troilième , qu'il nomma les Ju-
les. On les nommoit en Latin Collegium Fabiorum ,
Collegium- Quinnliorum , Se Collegium Juliorum.
L'inftitution de cette dernière Compagnie eft appa-
remment celle dont parle Suétone dans la vie de
Jules Céfrr , c. j6. &c qui fut une des chofes qui
rendit cet Empereur plus odieux. Il paroît même
par cet endroit de Suétone , que cette Compagnie
de Luperques ne fut point inftituée par Céfar , ni
67?>
L U P
pour Pan , mais par les aJiiis de Ccfar , ôc en Ton
honneur ; car il l'ourait , die il , qu'on lui décernât
les honneurs qui font au délias de l'homme : un
fiége d'or dans le Sénat & fur le Tribunal ; un bran-
card aux jeux du Cirque, des temples, des autels j
des ftatucs auprès de celles des dieux , un carreau ,
une Hamine , des Luperques , & qu'il y eût un mois
qui portât l'on nom. Du reftc , P^oyc^ Lupercal ,
& LuPERCALES. Un honnête homme ne pouvoit être
Luperque. Cicéron reproche à Antoine de l'avoir
été , dans la féconde Philippique , & dans Ion
Orailon pour Cœlius , il traite le Corps des Luper-
ques de iociété agrefte , inllituée avant l'humanité
& les loix , c'eft-à-dire , avant que les hommes
fulTent humanifés & policés.
LUPIFÈRE. f. m. Nom d'Office, Porte-loup. Lupifer.
Pierre le Diacre , dans ("a Chronique du Mont Caf-
fîn , L. IV 1 c. j/. met des Zapi/èr^j au nombre de
ceux qui portent les étendards de l'Églife de Rome.
Ce mot vient de Lupus , loup; &c fera , je porte.
Apparemment qu'il y avoit une figure de loup lur
l'étendard qu'ils portoient , ou qu'il s'appcloit loup ,
lupus.
LUPIN, r. m. Plante dont il y aplulîeurs efpèces. Lu-
pïnum y lupïnus. Celle que C. Bauhin appelle lupinus
fatïvus flore albo , poulie une tige à la hauteur
de deux pieds j médiocrement grolle , ronde ,
droite ^ revêtue de feuilles rangées en main ouverte ,
divifées chacune en iept ou huit parties oblongues,
étroites , de couleur de vert-de mer en-delluSj blan-
châtres & lanugineules en-dciFous. Ses fleurs naif-
fent aux fommités de la tige Se des rameaux-, elles
font légumineules j blanches , foutenues chacune
fur fon calice fait en godet dentelé. Lorique ces fleurs
font pallées, il leur luccède des goufl'es plates, com-
polees de deux cofles qui renferment cinq ou lix fe-
mences prelque rondes , aplaties , plus grolFes que
des ,'pois , dures , blanches en dehors , jaunes en
dedans , d'un goût amer. Sa racine eft dure & blan-
che.
Ce mot vient de lupus , loupj parce, dit-on, que
le lupin dévore la terre où il cil cultivé ; ainli que
le loup dévore les animaux qu'il peut attraper.
Lupin fe dit aullî de la femence du lupin , laquelle
eft en ulage en Médecine. On en fait une décoc-
tion, qui étant bue, charte les vers du corps ; ik
fi on l'applique extérieurement ^ elle guérit les dar-
tres, la gratelle, les démangeaifons. On en fait aulli
de la farine qu'on emploie dans les cataplafmes
pour amollir j pour léfoudre, pour digérer.
^C? LuriNus peregrinus major ^ vel villofus curuleus
major. Cette elpèce que l'on croit venir des Indes ,
réullît bien en France ; elle eft annuelle. Sa tige
grolfe , ferme , cannelée , haute de trois à quatre
pieds j couverte d'un duvet tirant lur le brun , fe
divife par en haut en plufieurs branches où font
des feuilles découpées en main-ouverte , compolées
de neuf ou onze lobes velus , étroits à leur bafe ,
s'élargilHint enluite par degrés , &• arrondis à leur
extrémité fupérieure. Les fleurs grandes j d'un beau
bleu , forment des épis verticillés à l'extrémité des
branches. Il leur luccède desiîliques, dans lefquel-
les on trouve trois larges femenccs rudes & d'un
rouge brun.
tft Le lupin rofe ne diffère de celui-là que par la
couleur.
|i:3" Il y a encore un lupin qui vient fans culture.
Lupinus fyiveftris flore lucco. Tous les lupins font
un allez bel ertet dans les jardins pendant qu'ils font
en fleur, lur-tout le lupin à fleur jaune à caufe de
fon odeur.
§2" Les Comédiens & les Joueurs à Rome fe fer-
voient quclqiietois de graines de lupins au lieu d'ar-
gent. Cette monnoie fiétive n'avoit cours qu'entre
eux. .Nec tamen ignorât quii diflent ara lupinis. Il
fait la différence qu'il y a entre le bon argent & la
faulFe monnoie , entre les gens de bien &: les fri-
pons, entre les honnêtes gens & la canaille.
LUPIN AIRE, f. m. Marchand de Lupins. Lupinarius.
LUS
Lampridius , dans la vie d'Alexandre Sévère , dit
que cet Empereur lit des corps de tous les métiers -,
6c il nomme entre autres les Lupinaires. Cepen-
dant , comme on ne trouve point qu'il foit parlé
ailleurs des Lupinaires , Cafaubon dans fes Notes
fur cet endroit , doute s'il ne faut pas lire Popi-
nariorum, au lieu de Lupinariorum. Cabaretiers, au
heu de Lupinaires.
LUPO-GLAVO. Nom d'une petite ville ds llftiie.
Lupolianum. Elle eft fituée vers les montagnes délia
Vena , à fix lieues de S. Veit , vers le couchant. Elle
appartient à la Maifon d'Autriche. Mat y.
LUQUOISES, f. f. pi. Etoffes de foie imitées en
France lur celles qui fe fabriquoient à Luqucs.
LUR.
LURE. Nom d'un bourg avec une Abbaye célèbre.
Ludera, Luura ^ Ludra , Lucra , LutrenJ'e monafie-
rium. Il eft dans la Franche Comté , près de Lou-
gnon , à huit lieues de la ville de Montbéliart , du
côté du couchant. Maty. Hadr. Val. Noticia Gall.
p. 30g. L'Abbaye de Lure , Ordre de S. Benoit,
vers la ville de Manofque, fut fondée par des par-
ticuliers -, & la fondation en fut confirmée par Guil-
laume VPj Comte de Forcalquier , vers l'an 1180.
Bouche, mfl. de Prov. T. II. p. 118 & 16 j.
Noftradamus dit qu'elle fut fondée en 11 91. par
le Comte Guillaume , mais il fe trompe. Imhoff^.
Not. Imperii, L. III. c. XXFI. 3. prétend qu'elle
a été bâtie par la Reine Berhtilde, & enrichie par
le Roi Clotaire.
LURI. Nom d'un ancien bourg de l'île de Corfe. Lu-
rinum. Il eft entre la pointe du Cap Corfe , ik. les
villes de Baftia & de S. Fiorenfo. Maty.
LURIA. Foyei Lauria.
LURY. Petite ville de France , dans le Berri , à fix
lieues de Bourges.
LUS.
LL^SACE. Province d'Allemagne, bornée au midi pat
la Bohème propre , au levant par la Silélie , au
nord par le Marquilat de Brandebourg, & au cou-
chant par le Duché de Saxe Se par la Mifnie. Lu-
fatia. Ce pays a environ trente lie-ues de long , &
fcize de large. Il eft fort fertile en grains , & on
le divife en deux parties. La haute-ii^/ice eft au
midi , vers les fources de la Sprehe. Ses lieux prin-
cipaux l'ont Gorlitz capitale , Bautzen , Zitraw Se
Camens. La balle Z^^yicê eft vers le nord : on y voit
Soraw capitale, Gubeuj Luben , Sprehenberg Se
Cotbus ; ce pays a titre de Marquilat ; il apparte-
noit autrefois au Marquis de Milnie : il hit uni au
Royaume de Bohème l'an i^iSS- Enfin, l'Empereur
Ferdinand II. le donna l'an iGii. à Jean-George I.
Electeur de S.ixe , & Marquis de Mifnie , en re-
connoillance des fervices qu'il lui avoit renaus en
Siléfie , comme dit Heis , &: en payement de fept
millions qu'il avoit dépenfé pour fon fervice dans
la guerre de Bohème: mais les Ducs de Saxe pollc-
dent ce pays en qualité de fief du Royaume de
Bohème.
La Luface , que les Allemans nomment Lau/hia[j
étoit autrefois habitée par les Sclavons ; mais ils en
furent chaflés par les Saxons , qui l'occupent en-
core. Heis, Hifl. de l'Empire, L. FL. c. i'. L'Em-
pereur Henri I. l'érigea en Marquifat , Se Henri IV.
l'annexa à la Bohème. In. Les Allemans l'appellent
Die fechs Sratce , qui veut dire les fix villes, dont
la Luface eft coinpofee ; lavoir , Gorlitz , qui eft la
capitale, Bautfen j Zittaw , Camits, Luben & Gu-
ben. Id.
LUSARCHE. Bon bourg de l'île de France , fituc
dans la France propre , à lix lieues de Paris , du
côté du nord. Lu/raca , Ufarchia. Maty.
LUSEAU , f. m. Lieu où l'on met les morts. Châlle
de Saint. Lat. Ferecrum. De locellus pour lecuîu*.
Voyez Du Cange. Ménage , Dicl. Ecym.
LUS
LUSERNE. Il cfl: mieux d'ccrirc LUZERNE f. f.
Planrc que les Lacins appclleiu Mcdica, paixe que
Ja icnunce de l.i Luicrne ordinaire a cré apponéc
de la Medie. Il y en a plulieurs cfpèces. Celle
que J. Bauhin aj)pclle Mcdica major ercclior flori-
hus iKiqmrafcambus , 2. jS2. poulie des tiges a la
hauteur de deux pieds , rondes , droites, allez urof-
fo, rameufes. Ses feuilles font rangées trois à trois
comme «lie dti trcHe. .Ses Heurs font leguin.neufes
de couleur violette purpurine , ioutenues par des
calices dentelés. Lorlque ces Heurs lont palfo, il
paroit des fruits compolés chacun de deux lames
qui jointes p.u" les bords , font une bande roulée
ik couchée (ur elle-même, comme le pas dune
Vis ou dun tireDourre. On trouve entre ces deux
lames des lemcnces menues qui ont la figure d'un
petit rein. Sa racine eft l^rt longue , ligneufe , mince.
On cultive cette plante en plufieurs endroits ; on
la huche julqu'à lix fois l'année ; elle fcrt pour la
nourriture des belfiaux ; elle les cngraiirc beaucoup.
Un la leme ordinairement avec le trèHe
^ LUSERNIÈRE, f. f. Terre femée 'en luzerne.
La graine de luzerne fe vend bien , & il en tombe
toujours allez pour garnir de mieux en mieux la
lujcmiere. Speft. de la Nat. On devroit écrire lu-
\ernlerc.
LUMGNAN. Petite ville de France dans le Poitou,
ur une pente rivière à cinq lieues de Poitiers, vers
le couchant. Liciniacum , Liiiniacum. On trouve
aulh Liiincium , mais mal , pour Lklndum. On
trouve encore Lifinio. Ce lieu a donné le nom à
1 ancienne Mailon de Liifignan , dont il y a eu
des Rois de Jérufalem, de Chypre (k d'Arménie.
royci Valois , Nor. Gall. p. 276. Cet Auteur
prétend qu'on a dit Ufigmn Se Lufignan. La Mai-
lon de Lufignan. C'eft une Maifon illuftre qui re-
monte jufques dans le X^ lîècle à Hugues I, Sei-
gneur de Lufignan , dit le Veneur. Long. 1 7. d
4^'- lat. 16. A. 28'. ^
LUSIN. Foyei Luzin.
LUSITANIE. Nom d'une partie de l'Efpagne , dans
les divihons anciennes. Lufitania. C'eft ce que nous
nommons aujourd'hui Portugal. Foyei ce mot.
C'ctoit la troifième partie de l'Efpagne. Elle étoit
leparee de la Bétique par la Guadiane , & de la Ga-
lice par le Douro. Strabon & Mêla y renferment
la Galice , & la bornent au midi par le Tage , au
couchant 8c au feptentrion par l'Océan, au levant par
les Carpétans, les Vcttons, les Vaccéiens , les Cal-
_ laïques, & quelques autres peuples moins connus.
. Appien dit Lifuanie au lieu de Lufuamc. Etienne
de Byzance dit que les Bélitains , ou les Lufitains font
la même choie. Le même Auteur dit que la Lufita-
nii eft une partie de la Bétique.
Quant à l'origine de ce mot, quelques uns difent
qu'il vient de Lufus , fils, ou félon d'autres, com-
pagnon de Bacchus , que VoHïus appelle LyJÙ
Voyez cet Auteur, de Idol. L. I. c. jj. Mais fé-
lon Bochart , ce font les Phéniciens qui ont donné
ce nom à la Lufuanie. Ces grands Navigateurs ap-
pelloient fouvent les heux du nom des fruits que
la terre y produifoit : ainfi ils appellerent Jéricho
ville des Palmes, parce qu'elle étoit fituée dans un
terrein plein de palmes. Or nS /ui en Hébreu , &
laus en Arabe , fignifîe des amandes , amygdala,
& il croît en Portugal des amandes excellentes , ne
leroit-ce donc point de-là que vient le mot de Lu-
I Jitanie , aufli bien que celui de Luta donné à Bé-
' theh Gen. XXFIII. i g. XXXF. 6. Jof. XFI. 2.
X/W. /^. & celui d'un autre Lu-^a qui étoit dans
la tribu d'Ephraïm , & dont il eft parlé dans les
Juges, I. 23. Voyez Bochart, Chanaam , Z. /.
c. 5/.
LUSO. Petite rivière d'Italie dans l'État de l'Églife,
dans la Romagne; elle n'eft remarquable que parce
quelle elt 1 ancien Rubkon.
LUSSAC -Petite ville de France dans le Poitou , au
Diocefe & Eleftion de Poitier».
LUSSEUL. Foyei Luxeol.
LUS 670
LUSSO. Rivière d'Afrique en Barbarie, au Royaume
de i-cz. C eft le Lixus des Anciens
LUSSON. Foyei LUÇC^N.
CCr LUSTRAGE, f. m. Terme de Manufadurc en foie
Ceft le nom dune machine qui fert a luftrcr la
. loie tante, en laill.mt les échcvaux tendus pendant
I ikVuT,"""A"c^' ?""' '^" augmenter le brillant.
LUSIRAL, ALE, adj. m. & f. Qui fe fait de Idtrc
en lultre , c elt adiré ; tous les cinq ans. Lujlralis e
L Empereur Conllantius accorda aux Ckrcs par
un Edit du mois de Mai 353. l'exemption de la
contribution lujirale qui fe levoit fur les Marclwnds
Fleury. mjl. Ecd. L. XllL n. X. Cette contri-
bution s appeloit Aumm lujirale. Lampride l'appelle
dans Alexandre Sévère Aurum negotiatorum. Cenfus
lujtrahs , capitation de tous les cinq ans.
^- Lustral , ale , adj. Luflralis. Qui a rapport à
la luftration. Foye^ ce mot. L'eau lujirale étoit une
eau dans laquelle on avoit trempé & éteint un ti-
on arc-lent , pris iur l'autel , tandis qu'on brÛloit
a vichme. On mcttoit cette eau dans un vafc à
1 entrée du Temple. Tous ceux qui entroient fe la-
voient de cette eau facrée , s'il n'aimoient mieux
s en faire laver par les Prêtres. On en mettoit en-
core aux avenuesde la place publique, aux portes
des maifons, lorlqu'il y avoir quelque mort dans la
lamille. On arroloit de cette eau ceux qui alKf-
toient aux funérailles, & on fe fervoit de branches
d olivier pour faire cette afperlion. Les Juifs avoient
leurs purifications & leur eau lujirale. Peut être les
Payens avoient ils pris d'eux cette cérémonie.
Les Chrétiens l'ont imitée & fanftifiée en faifant
1 eau bénite des Egliles. Les Payens appeloient dies
lujtricus , jour lujlr.zl , celui auquel on faifoit des
luftrations fur un enfant, & qu'on lui dohnoit un
nom. C'ctoit le neuvième après la nallfancc pour
les garçons , & le huitième pour les filles. Macrob.
L. I. Saturn. c. 16. D'autres faifoient cette céré-
monie le dernier jour de la femaine , & d'autres
le cinquième jour depuis la naiifance. C'étoit un
jour de fae auquel la déelfe Nundina préhdoit. Les
iages femmes tk les domeftiques palfoient & repaf-
loient 1 enfant autour du feu qui étoit fur les autels
des dieux , puis ils jcttoient de l'eau fur lui par
alpcrhon. De vieilles femmes mêloicnt dans cette
eau de la fihve & de la pouiîîère qu'elles prencieut
ordinairement dans les bains. Enfin , on faifoit un
grand feflin. Foyeiiom. Rofin. Anûq. Rom. L II
c. I ç. & Barthohn, de Puerp. Fet.
LUSTRATION, f. f. Terme d'Antiquité. Expiation,
lacrihces, cérémonies par lefquelles les Payens pu-
rihoient ou une ville , ou un clump , ou une ar-
mée, ou les perfonnes fouillées par quelque crime
ou par quelque impureté. Luflratio. Il y avoit des
luJlratLOns publiques , & d'autres particulières. On
failoit auHi une efpèce de lujlraûon , (ans viéfime,
poiir les enfans, le huitième jour pour les filles,
& le neuvième pour les garçons. Luftration eft la
même cnofe que purification. Il y en avoit de trois
lortcs, ou elle le faifoit en trois manières; par le
feu &' le foufre; avec l'eau & par l'air , ou en re-
muant & agitant l'air autour de la chofe que l'on
y vouloit purifier. Foyei le Traité de Jean Lomeïer,
de Luftrationïhus GentUium.
LUSTRE , f. m. Terme de fupputation des temps parmi
les Romains : c'eft une efpace de cinq ans. Luftrum.
Ce terme eft moios ufité en profe qu'en poëfie. A
peine at-il atteint fon cinquième luftre. Mon âge
s'en va bientôt frapper à mon neuvième luflre
BoiL. ■'
Varron fait venir ce mot de luo , qui fignifîe
payer, parce qu'au commencement de chaque cin-
quième année on payoit le tribut qui avoit été im-
pofé par les Cenfeurs , dont la charge duroit cinq
ans par leur première inftirurion. Depuis elle devine
annale. Servius Tullius avoit établi cette coutume
environ l'an 180. de la fondation de Rome.
D'autres le font venir de lufitare, luftro , puri-
fier par ua faciificc , à caufe du facrifice cxpiaroire
58o
LUS
qui Te faifoic tous les cinq ans pat le Cenfcur apies
le dénombiement du peuple.
Lustre , étoit aulli une céiémonie ,• ou facrifice que
faifoicnt les Romains , après avoit fait le dénom-
brement du peuple de cinq ans en cinq ans.
^ Lustre, dans l'ufage ordinaire, Se dans les arts ,
fe dit d'un certain luifant qu'on donne à une choie,
{bit en la polillant , l'oit en la frottant avec quelque
compofition. Nicor. Le latin a plus_ de lu/lre que
le tatïetas. Les étoiFes qui font expofecs long temps
à l'air p'erdent leur /ujïre. \Jn habit neuf paroit avec
{on lujire. On fait palier les draps ibus la calendre
pour leur donner du luJlre. Les tableaux, les ver-
nis perdent leur luJlre avec le temps.
Lustre eft aulll un agrément qu'on donne aux cha-
peaux ou aux pelleteries j en leur abattant le poil,
ik en les frottant ou d'eau llmple , ou d'eau teinte
en noir , qui les fait paroître comme neufs. On
iujln aulTi les bas & autres étoffes de laine. On le
dit aulîl de la compofuion dont on fe ferf.
Lustre le dit aufiî d'une certaine compolition faite
de noix de galle, de couperole , d'alun de Rome,
& de mecUe de bœuf , &cc. dont les Pelletiers fe
fervent pour luftrer , c'eft-à-dire , pour- donner une
couleur noiie & luifante à leurs peaux , & parti-
culièrement à celles dont ils font des manchons de
femmes.
Lustre fe dit auffi au figuré du relief que donnent la
beauté , la parure , le mérite , les dignités. Dans les
grandes charges , la valeur Se la vertu paroilïent
dans tout leur lujire , dans tout leur éclat. Cette
beauté a paru au bal dans fon lujire. La Républi-
que Romaine s'eft coniervée long temps dans Ion
lujire ; fon plus grand lujire étoit du temps de Ci-
céron. Tout l'éclat des grandeurs n'a point de
luJlre pour les gens qui font dans les recherches
de l'efprit. Pasc. C'eft dans l'Hiftoire que les Prin-
ces découvrent que le luftre qui vient de la flatte-
rie eft fuperficiel , & que les faulles couleurs , quel-
que indurtrieulement qu'on les applique , ne tien-
nent pas. Boss. Je veux vous faire voir cette vé
rite dans tout fon lujire. L'avarice donne du lujire
à la libéralité. M. Es p.
C'cjl un ombre au tableau qui lui donne du luflre.
BoiL.
§3" Lustre j brillant , éclat, fynonymes. Nous avons
déjà oblervé que l'éclat enchérit tur le brillant , &
celui-ci lur le lujire ; 3c que ces mots ne font pas
faits pour être fous le régime l'un de l'autre; cn-
forte qu'il faut opter pour l'un des trois , félon le
goût ou la force de ce qu'on veut exprimer; ou fi
l'on veut les appliquer tous trois au même fujet,
il faut que ce loit fans régime , & par forme de
gradation , en difant j par exemple , d'une étoffe ,
qu'elle a du lujire , du brillant, & même de ['éclat.
ip- Il femble , dit M. l'Abbé Girard , que le lujire
tienne du poli. Les couleurs récentes ont plus de
lujire que les couleurs ufées. F'oyei .les autres mots.
|Cr M. l'Abbé Girard oblcrve encore qu'on ne fe fert
guère du mot de lujire que dans le fens littéral pour
ce qui tombe fous la vue ; mais qu'on emploie quel-
quefois celui d'éclat , & encore plus fouvent celui
de brillant dans le fens figuré , pour le difcours &:
les ouvrages d'efprit. Etant confidérés dans ce fens,
il me paro'it , dit-il , que c'eft par le choix des mots ,
la convenance des termes , & l'arrangement de la
phrafe , qu'on donne du lujire à ce qu'on dit. f^oyei
les deux autres mots.
|CF Lustre. Chandelier de cryftal ou de bronze à plu-
fieurs branches, qu'on fufpend au plancher pour
éclairer un appartement. Candelabrum multijldum
penjllc. La falle où l'on d.mloit étoit éclairée de
pluheurs luflres.
Xustre. Il fignifioit autrefois clarté, illuftration. Glojf.
fur Marot.
LUSTRER , V. a. Donner da luftre. Fulgorcm addere.
Il ne fe dit que des étoffes , des iiianckoiis ik des
LUT
chapeaux. Lujlrerâu taffetas , du fuin. Ce manchon
eft parfaitement bien luJlré ; il eft bien noir Se
bien luifant. Le Héros du Roman Bourgeois fit
lujlrer fon chapeau , pouf fe mettre plus propre-
ment devant la Maitrellc.
Lustrer une glace. C'eft la rechercher avec le luf-
troir , après qu'elle eft achevée de pour, On dit aulfi
moleter une glace, parce que les ouvriers appellent
quelquefois le luftroir une molette.
LUSTRÉ , ÉE , part. & adj. Fulgens , fulgidus.
LUSTREUR , f m. Celui qui luftre , qui donne du
luftre. Séries, vejlis concinnator. Il ne fe dit qu'au
propre , & même affez rarement. Un Luflreur de
fourrures , de chapeaux , d'étoftes.
LUSTRINE, f f. Sorte détoft'e de foie à fleurs, qui
a beaucoup de brillant. Le Comte d Eu avoit un
habit de luftrine gris de perle , avec broderie en or.
Mercure de Septembre i J 39-
LUSTROIR , f. m. C'eft dans les Manufadures des
glaces une petite règle de bois doublée de chapeau ,
de trois pouces de long , fur un pouce Se demi de
large. On s'en fert pour rechercher les glaces quand
elles font polies, & pour en enlever les taches qui
ont échappé au poliffoir. Cet inftrumentfe nomma
aufli une molette.
LUSTUCRU,f m. Terme de mépris. Nom injurieux
qu'on dit des perfortnes : il figniHe , vil , méprifable ,
léger , qui n'eft de nulle confidération. Ce terme eft
bas & populaire. C'eft un beau lujiucru. Lepidum
caput, ridiculum caput. Quel lujiucru l Vous crai-
gnez un tel , c'eft un pauvre lujiucru.
M. Chapelle, ami de M. Defpréaux , avoit trouvé
un vieux Almanat , à la fin duquel il y avoit une
méchante pièce en vers burlefques fur le mariage de
Lujiucru, laquelle finiffoit ainfi :
Et le pauvre Luftucru
Trouve enfin fa Luftucrue.
M. Broffette, fur la dix -neuvième Epig. de M.
Defpréaux.
LUSU , Nom d'une rivière de l'Etat de l'Eglife , en
Italie. Lufus fluvius. Elle a fa fource aux confins du
Duché d'Urbin , &: après avoir traverfé une partie
de la Romagne , elle fe décharge dans le golfe de
■Venife , à quatre lieues de Rimini, du côté du cou-
chant. Quelques Géographes prennent cette rivière
pour le Rubicon des Anciens , qui féparoit la Gaule
Cifalpine de l'Italie, & ce fentiment eft plus pro-
bable que celui des autres, qui prennent cette an-
cienne rivière pour celle qu'on nomme aujourd'hui
Pifatello; parce que Pifuello fe décharge dans le
Savignano , au lieu que le Rubicon fe déchargeoit
dans la mer. Maty.
LUSUC , ou LUCRO. Nom d'une ville du Royaume
de Pologne. Luccor'ia , Lucceria. Elle eft capitale de
la haute Volhinie, nommée anciennement le Pala-
tinat de Luj'uc , &c fituée fur la rivière de Steir,
environ à trente deux lieues de Lembourg , & ^
trente-cinq dc^ Kamenieck. Lujuc a un évêché fuf-
fragant de Gnél'ne , quoique la plupart de les habi-
tans foient Grecs Schifmatiques , ou Juifs. Elle .i
une bonne citadelle, qui eft couverte en partie par
un petit lac, fur lequel la ville eft bâtie. Maty.
Lusuc. Palatinat. Foye\ Volhinie , la Haute -Vol-
hinie.
LUT.
LUT , f m. En termes de Chimie , fe dit de toute forte<
de ciment ou d enduit , qui fert , tant pour le bâti-
ment des fourneaux, que pour mettre aurourdes
vaiffeaux de verre Se de terre qui doivent rélîfter
à un feu violent. Lutum. On le fait déterre gtaffe,
de fible de rivière , de fiente de cheval , de la poUr
dre des pots de beurre caffés , de la tête morte du
vitriol , du mâchefer , du verre pilé &deia bourre,
ou laine courte des Tondeurs , mêlés avec de 1 eau
filée , ou du fang de bœuf. Il y a aulfi un lut qui
fert à lutter les chappes avec les cucurbites ou rc-
cipiens,
LUT
eipiens , ou pour léparcv les fentes des vallFcaux,
qui fc fait avec l'amidon cuit, ou de la toile de
poilFon diiroute dans l'cfprir de vin &: des Heuis de
ioufre , du inaltic Se de la chaux éteinte dans du
petit -lait. On appelle aulfi /uc d^ fapiencs , Lucum
fapkncU , le (ccau herniériquc qui (e tait eu fon-
dant le bout d'un mattas de verre au feu de lampe ,
& en le tortillant avec la pincctte._
Ce mot vient de lucum , qui iignilîe la même chofe
en Latin. Le lue le plus ordinaire cR de la boue , de
la terre détrempée.
LUTACH. C'étoit anciennement une petite ville du
Norique ; ce n'eft aujourd'hui qu'un village du 1 irol ,
fitué fur la rivière d'Aycha, environ à quatre lieues
deBruneckjdu côté du nord. Lutachum , autrefois
Littamum. Maty.
LUTATION , f. f. Lutatïo. L'aftion de lutcr les vaif-
■feaux dont on fe fert pour les opérations de Chymie,
ou de barbouiller les parties du corps avec du limon ,
pour en delFécher l'humidité fuperflue. Cette mé-
thode étoit fort en ufage en Egypte , ainii que nous
l'apprenons de Galien. Dict. de James.
LUTAWIE. Voyei Lithuanie.
iLUTÉCE. Nom ancien de Paris, ville capitale des
Parilicns. Luteûa. Voyez le Traité de Police du Com-
milTaire de la Mare , T. I. p. 68. & fuiv.
Ce mot eft fait du Latin , &: s'emploie en vieux
ftyle ou en vers badins.
Près d'un palais dont Lnitcc efl ornée
Par un Prélat à toque ~ enluminée ,
Il eft un lieu de Mimes habité ,
Et de badauds en tout temps fréquenté. R.
C'efl l'Opéra près du Palais Royal , bâti par le
Cardinal de Richelieu.
Cambden prétend que ce mot vient de Leucotetia ,
& que Leucotetia fignifie Belle tour , qui vient de
Lucus, ou Lugus , qui fignifie cour. Foyei les ety-
inologies du mot Lyon, Lugdunum. Ce mot Leute-
tia a ce fens dans la langue Britannique, qui ell la
même que la Celtique. Chorier , dans fon hiftoire
de Dauphiné , I. //. p. 96. tire ce mot de Lut ,
ancien nom Celtique , qui lignifie multitude qui ha-
bite quelque ville , ou en quelque endroit confidé-
rable d'un pays. Guillaume le Breton, qui vivoit fous
Philippe- Augufte , dit au L Livre de fa Philippide ,
que Paris fut appelé Lutéce à Luto , de la boue ,
parce qu'elle étoit dans un terroir gras & maréca-
geux. C'cft que d'abord Lutéce étoit toute dans l'île
de la Seine , que nous nommons l'île du Palais.
Voye\ Paris.
LUTENBERG. Nom d'un bourg du Cercle d'Au-
triche. Lutemberga. Il eft dans la baffe Stirie , fur le
Muer , vers la Hongrie , & à fix lieues de Kanife.
On croit qu'il pourroit être l'ancienne Lentudum ,
petite ville , ou bourg de la Haute Pan nonie. Maty.
LUTER. V. a C'eft un terme de Chymie , qui figni-
I fie enduire de lut , boucher un vaifleau avec du
lut. §3° Appliquer une matière tenace aux vailleaux
chimiques pour les prémunir contre l'adion du feu ,
ou pour fermer les jointures des vaiffeaux qu'on
adapte les uns aux autres , ou enfin pour boucher
les fentes de ceux qui font fêlés. Lutare.
LUTH, f. m. (On peut écrire aufll Lut) Inftrumenr
de mufique à cordes. Il n'avoir autrefois que iix
langs de cordes ; mais avec le temps on y a ajouté
quatre, cinq, ou fix autres rangs plus bas. Le Luth
eft compofé de quatre parties ; de la table de fnpin,
ou de cèdre ; du corps , compolé de neuf ou dix
écliftes , qu'on appelle aufti le Centre ou la Donte ;
du manche, qui a neuf touches ou divifions* mar-
quées avec des cordes de boyau ; & de la tête, ou
de la crofte , où font les chevilles qu'on tourne
pour monter les cordes aux tons convenables. Il a
aulTî une rofe au milieu de la table par où lort le
fon ; un chevalet où font attachées les cordes , &
un filet , ou morceau d'ivoire qui eft entre le manciie
& la tête , fur lequel les cordes portent par l'autre
Tome V.
L U f
681
exhémité. On pince les cordes de la main droite ,
& de la gauche on appuie fur les couches. Joucr du
luth. Accorder un luth. Toucher le luth. On appelle
le tempérament du luth , l'altération convenable que
roncli: oblige de faire des iutervales, tant à l'égard
des confonances , que des dilfonances , pour les
rendre plus juftes fur l'inftrument. Cjeharc/ , lyra ,
tejludo.
Quelques-uns tiennent que ce mot vient de l'Alle-
mand laute , qui fignifie la même choie , ou de lauten,
qui fignifie j'onare. Jofeph Scaligcr & Bochart le
dérivent de l'Arabe , allaud. Les luths de Boulogne
font les plus eftimés par la qualité du bois , qui eft
caufe qu on en tire un plus beau fon. Les concerts
fe font avec des defl'us & des balles de luths. On dit
qu'un luth eft bien monté , quand on y a mis de
bonnes cordes , qui font bien d'accord bc au ton
convenable. Un Auteur digne de foi dit, qu'on a
vu à Paris un luch d'or qui revenoit à jiooo mille
écus.
LUTHEE, adj. f. Eft une épithète qu'on donne à \i
mandore lorfqu'elle a plus de quatre rangs de cordes,
& qu'elle approche plus près du luth.
LUTHÉRANISME, f. m. Sentiment du Dofteur Lu-
ther lur la Religion. Luthéranifmus. M. Maimbourg
a fait une Hirtoire du Luthérunifme , & Seckendort
y a répondu. Le Luthéranifme qui pour Auteur , dans
le XVF lîècle , Martin Luther, dont il a pris fon
nom. Cet Héréfiarque naquit à Illében, ville du
Comté de Mansfeldt , en Thuringe , l'an 1483.
Après fes études, il entra chez les Auguftins. Eu
IJ08. il vint à Vittemberg , & y enfeigna la Phi-
lofophie , dans l'Univerfité qui avoir été établie
quelques années auparavant. En 151 2. il prit le
bonnet de Dotteur en Théologie. Il commença en
1/16. à s'élever contre la Théologie Scholaftiquc ,
qu'il combattit cette année là dans des thèfes. En
IJ17. Léon X. ayant fait prêcher des indulgences
pour ceux qui- contribueroient aux dépenlts de l'é-
difice de S. Pierre de Rome , il en donna la com-
million aux Dominicains. Les Auguftins prétendirent
qu'elle leur appartenoit préférablement à eux ; Se
Jean Staupitz , leur Commilfaire Général en Alle-
magne , donna ordre à Luther de prêcher contre
ces Quêteurs. Luther, homme violent & emporté ,
& d'ailleurs fort vain & fort plein de lui-même ,
& de fon prétendu mérite , s'acquitta de cette com-
milîîon d'une autre manière que fon Supérieur ap-
paremment n'avoit voulu. Des -Prédicateurs des In-
dulgences , il paffa aux Indulgences mêmes ; il dé-
clama également contre les uns & contre les autres ;
il avança d'abord des propofitions ambiguës : engagé
enfuite par la difpute , il les foutint dans un mau-
vais fens , & il en dit tant , qu'il mérita d'être con-
damné & excommunié par le Pape l'an 1/20. Il
goûta fi bien le plaifir flatteur de fe voir chef de
parti , que ni l'excommunication de Rome , ni la
condamnation de plufieurs Univerfités célèbres , ni
tout ce que l'on put faire pour le ramener à fon
devoir , par charité & par douceur , ne fit point
d'imprelTion fur lui. Ainfi il fit une fede que l'on
a nommée Luthéranifme , ôc dont les Seélateurs font
appelés Luthériens , du nom Luther , qui a une
forme Grecque, & qu'il prit au lieu de celui de fa
famille qui émît Lotter , ou Lauther; c'étoit la cou-
tume des gens de lettres dans ce fiècle , de le donner
des noms Grecs , témoins Capnion , Erafme , Me-
lanchthon, Bucer,ôcc. En 1524. Luther quitta tout-
à-fait l'habit religieux, & en IJ25 il féduifit une
Religieufe , nommée Catherine de Bore , la débau-
cha , & l'époufa enfuite publiquement. Après avoir
perverti l'Allemagne , fous la proredion du Duc
de Saxe George; il mourut à Eiflèbe fa patrie , l'an
I «-.6, le 18^ de Février, dans la foixante-troifième
année de fon âge. _^
Le Luthéranifme a beaucoup varie pour le dog-
me , comme on le peut voir dans le Livre de M. Bof-
fuet'. Cl connu fous le titre de Fariations ; &c le
Luthéranifme d'aujourd'hui n'eft rien moins que le
Rrr r
682 LUT
Lutkéranifme de Luther. Luther rejcttoit l'Epître de
(àint Jacques , & quelques autres Livres de l'Ecri-
ture. Les Centuiiateurs de Magdebourg en appor
cent la raifoii ; c'eft , dilcnt-ils y que cette Ep'itre
eil contraire aux lentimcns de (aine Paul lur la juL
titîcation. Les anciens Luthériens fuivoient le fcnti-
ment de Luther , & traitoient cette Epitre , celle
de (aint Paul aux Romains j & l'Apocalyple , de
Livres apocryphes. Les Luthériens aujourd'hui les re-
gardent comme des Livres divins, ainfî que le déclare le
nouveau Rituel de l'Eglifé Proteltante de Strasbourg.
Ordo E<:i.kjut Argamncnfts rev'ifus. C. de Coqwrc
dochins, , p. 7. Luther n'admettoit de Sacremens
que le Baptême & l'Euchariftie. Il croyoit limpa
nation , c'eft-à-dire , que la matière du pain ôc dû
vin refte avec le corps de J. C. ; que ce corps & ce
fang facrcs n'y doivent point être adorés, & qu'ils
n'y (ont que dans l'ulage -, que la Mclie n'efl: point
un Sacrifice. Il rejettoit la pénitence , la contellion ,
toutes les œuvres latisfliéloires , les indulgences , le
Purgatoire , le culte & TuCige des images. On l'a
pourtant mis au commencement de les Ouvrages
imprimés à Wittemberg eu cinq volumes, lui d'un
côté , le Duc de Wittemberg de l'autre , à genoux
devant un crucifix. Luther combattoit la liberté, &
foûtenoit que nous lommes nécellltés en toutes nos
œuvres j que toutes les aftions faites eu péché mor-
tel, & les vertus mêmes des Payens, font des cri
mes ; que nous ne fommcs juftes que par l'impu-
tation des mérites & la jullice de J. C. -, que cette
imputation ne fe fait que par la foi ; qu'un fi-
dèle ne peut être damné j & qu'il n'y a de péché
que l'infidélité; que les commandemens de Dieu font
impoilîbles ; que dans le Nouveau Teftameut il n'y
a pas un leul précepte , que ce ne font que des
exhortations ; que l'Egiife n'eft point vifible ; que
fon Chef de les Conciles mêmes peuvent errer. Il
blâmoit le jeûne Se l'abftinence de viande , les
vœux monafliqucs, contre lefquels il compofa un
Livre dans ia folitude d'Alftat , & le célibat de toutes
perfonnes confacrées à Dieu. Entre les erreurs des
Luthériens on compte encore celles-ci ; que tous les
péchés font mortels ; qu'Adam & Eve ont été créés dans
l'état de pure nature ; que l'homme a perdu la liberté
par le péché; que la toute-puhîànce & l'immenfité
font communiquées immédiatement à l'humanité de
Jésus Christ ; que le Baptême exempte les fidèles
de la dépendance des Puillances humaines. Il y a
des Luthériens rigides, & des Luthériens mitigés,
qui ont adouci en quelques choies les fentimens
des Luthériens rigides.
Les premiers qui reçurent le Lutkéranifme , fu-
rent ceux de Mansfeld ^ & ceux de Saxe. Il fut
prêché à Kreichiaw en 15Z1. Il fut reçu à GolJan ,
à Roftoch, à Riga en Livonie , à Reutlinge & à
Hall en Suabe , à Augsbourg , à Hambourg, à Trept
en Poméranie en i jiz, en Prulle en 1525 , à Ein-
bech, dans le Duché de Lunebourg ; à Nuremberg j
& à Breflau en i ji j , dans la Helle en i jKî , à Âl-
denbourg, à Stfasboiug & à Brunfwich en ijzSj
à Gottingen , à Lemgou , à Lunebourg en 1530^
à Munfter & à Padcrbom en Weftphalie en i 552 ,
à Ethngen & à Ulm en 1555 , dans le Duché de
Crubenhagenj à Hanovre, & en Poméranie en
1J34, dans le Duché de Wittemberg en 1555, à
. Corhus en la balfe Lulace en 1J37, dans le Comté
de Lipe en 1558 , dans l'Eleftorat de Brandebourg,
à Brème , à Hall en Saxe, à Lexpfik en Mifuiej
&■ à Quetlembourg en 1539, à Embend dans la
Frife orientale , à Hailbron , à Halberltad , à Mag-
debourg en IJ40 , au Palatinat , dans le Duché
de Neubourg , à Regensburg & à Wilmar en 1542 ,
à Buxtende , à Hildesheim & à Ofnabruck en i 543 ,
dans le bas Palatinat en i 546 , dans le Mekelbourg
en IJ52, dans le Marquifat de Dourlach Se de
Hochberg en lyjô , dans le Comté de Bentheim
en 1J64, à Haguenav/ , &: au bas Marquifat de
Bade eu i 568 , & en i çyo dans le Duché de Mag-
debourg. JovET, T. L. p. ^ûo , 4.61. Il ell forti
LUT
du Luthéranifine trente-neuf Sedes toutes difFéreri-
res; favoir , les Confefhoniftes , appelles les Miri-
cains , Anrinomiens , les Samofatenles , les Inférains,
les Antidiaphorirtes, les Antifwenfeldiens , les An-
tofandrins , les Anticalviniftes , les Impofeurs de
mains , les Biiracramentels , les Trificramentels ,
les Contellioniftes , les Mous Philofaphes , les Maio-
niftes , les Adiaphoriftes , les Quadrifacramentels ,
les Lutéro-Calviniftes , les Anmétiftes , les Médio-
(andrins , les Confelîloniftcs opiniâtres & récalci-
trants , les Sufeldiens , les Onandrins , les Stanoan-
riens , les Antilancariens , les Zuingliens lunples,
les Zuingliens fignificatifs , les Carloftatiens , les
Tropiftes Evargiques j les Arrabonaires , les Sucé-
feldiens Ipirituels , les Servétiens , les Davitiques,
ou Davidi-Georgiens 3 & les Mennonites. JoveTj
T. I. p. 47 s- _^^
Il s'ell formé diftérentes Seétcs dans le Luthéranifme^
qui ont retranché de ces erreurs , les ont changées,
y ont ajouté. En général , aujourd'hui ils abandon-
nent le dogme de Luther & des anciens Luthériens
touchant la liberté Se la prédcfiination , la grâce j
Se tous ceux qui s'enluivent. Se les combattent même
très fortement. C'eft pour cela qu'ils regardent au-
jourd'hui l'Epître de S. Jacques, l'Epître aux Hé-
breux, &: TApocalyple j comme des Livrés Cano-
niques, I
LUTHÉRIEN , f. m. Celui qui fuit , qui profelfe le '
Luthéranilme J les fentimens de Luther. Lutheranus.
Les Luthériens prirent autrefois pour devile dans
leurs guerres contre les Catholiques, Plutôt Turc,
que Papijîe. hes Luthériens font aujourd hui de tous
les Proteftans les moins éloignés de l'Eghle Catho-
lique. Les Luthériens font divilés en pluiieurs Sec-
tes , dont les principales fe trouvent aux articles
fuivans , & à leur rang , comme Intérimirte à l'I.
Le grand Soliman haVlfoit la Religion des Luthé-
riens, dilant que ces gens-là n'étoient que des brouil-
lons Se des leditieux. Brant.
Un luth peint tout feul dans un tableau , fans y
rien ajouter autre choie , ell le rébus de Luthérien ,
luth & rien.
Luthérien Mitigé. Hérétique Luthérien , qui a adouci
la doélrine de Luther j ou qui luit la doctrine de
Luther adoucie. Lutheranus mollis. Mélanchthon
eft le premier des Luthériens Mous.
Luthérien Rflàché. C'eft un des noms que l'on
donna à ceux qui luivirent l'Intérim , qui firent trois
partis diftérens ; celui de Mélanchthon , celui de
Paciusou de Pfeffinger, & de l'Univerhté de Leyp-
fik J Se celui des Théologiens de Fianeonie. l^oye\_
Interimiste. Car on leur donne aullî ce nom.
Luthérien Rigide. Hérétique qui foutient encore l'an-
cien Luthéranifme de Luther, Se des premiers Lu-
thériens. Lutheranus Rigidus. Il n'y a j principale-
ment fur là prédeftination & 1.» grâce ^ plus ou
prelque plus de Luthériens Rigides. Le chef des
Luthériens Rigides fut Flaccius Illyricus , le premier
des quatre Auteurs de l'Hiftoire Ecclélîaftique di-
vifée en Centuries , Se connue fous le nom de
Centuries, ou Centuriateurs de Magdebourg. Il ne
pouvoir loutlrir que l'on changeât rien à la doc-
trine de Luther.
LUTHÉRISTE. f. m.&f. Qui s'eft dit autrefois pour
Luthérien. Lutherianus , a.
Point ne fuis Luthérifte _,
Ne Zuinglien , & moins Anahaptifle. Marot.
LUTHÉRO-CALVINISTE. Luthero-Calvhiifla. Celui
ou celle qui foutient les erreurs de Luther conjointe-
ment avec celles de Calvin , autant que cela fe
peut.
LuTHÉRo Osiandrien , ENNE. Luthcro- Ofiandrionus.
Celui ou celle qui fait un mélange de la doftrine
■ de Luther Se de Luc Oliander.
Luthero-Papiste. Luthcro-Papijla. , Luthcro-Pontifi-
dus. C'eft le nom qu'où a donné aux Luthériens,
LUT
LUT
68
qui fe fciToicnt d'excommunication confie les Sa-
ciamcntaiix's.
Lu T II É R o-Z u I n G L I >^ N T s M F. r. m. Héréfie des Lu-
cncro-Zuinglr.-iis. Liuhero - Zuingliatnfmus. Calvin
n ctoit point auteur , ni inventeur , c'ccoit un pur
compilateur , qui avoit pillé Luther & Zuingle ,
iJc chacun dcfqucis il avoit pris quelque chofe , dont
il compofa fon Hérélic , qui n'ell qu'un pur Luthc-
lo-Zuuigliamfine.
LuTHERo-ZuiNGLiEN y ENNE. Cclui OU Celle qui mêle
les dogmes de Zuingle à ceux de Luther. Luthero-
Zumglijnus, Les Luthero - Zu'inglicns curent pour
chef Martin Bucer j de Schélellat en AlfacCj où il
naquit en 1491. &: qui de Dominicain qu'il étoit ,
fe ht, par une double apoftaficj Luthérien. Les Lu-
thero Zuïngiuns firent moins un mélange de la doc-
trine de Luther & de Zuingle , qu'une fociété de
Luthériens & de Zuingliens, qui le toléroient mu-
tuellement, &c convinrent enfemble de iouftrir les
dogmes les uns des autres. Les Calviniftes font Lu-
thcro-ZuingHens. Maimbourg fe fert fouvent de ce
terme dans Ion Hiftoire du Calvinifme.
Dans les commenccmens du Protcftantifmc , on
appeloit Luthérien en France, en Elpagne & ailleurs,
toutes les feétes de cette héréhe en général. Ainli
l'on trouve dans les Auteurs de ce temp-là , comme
dans Marot , Luthérien Se Luthériju , pour Calvi-
nirte.
LUTHIER, f. m. Ouvrier qui fait & qui vend des inftru-
mens de Mufique , comme violons, guittares j <&<:.
On les appelle aulll Faifeurs d'ïnjlrumens.
LUTIN, f. m. Efpèce de démon , ou d'ciprit follet
l/CF qui j dans l'elprit du peuple & des gens luperlU-
tieux, vient la nuit faire des malices, du dég^t ,
du délordre dans les maifons, inquiéter & tourmen-
ter les vivans. Lamïa. On a donné différens noms
à ces prétendus elprits. Larves , Lémures , La-
MiES , &c. Voye-^QZS mots. C'eft notre loup-garou,
notre moine bourru , notre Roi Hugon , &c.
^CT On dit proverbialement d'un enfant turbulent, qui
fait continuellement du bruit , que c'eft un petit
lutin , un vrai lutin , qu'il fait le lutin. On dit aulîî
d'un homme agilTant , &z qui donne très-peu de
temps au fommcil , qu'il ne dort pas plus qu'un
lutin.
Je vais comme un lutin de-^à de-là courant.
Régnier.
LUTINER. V. n. Faire le lutin. Il ne fait que tempê-
ter , que lutlner toute la nuit. Il n'a d'ufagc que dans
le familier.
Il eft: aullîaftif, & fignifie tourmenter quelqu'un,
comme feroit un lutin. Il nous a lutines toute la
nuit.
M. Regnard , Scène XIII. du Retour imprévu ,
fait dire par Merlin , que le diable s'efl; emparé de
la maifon de Géronte , èc qu'il y revient des Lutins
lutinans. Le même Auteur , Scène XII. du troifième
Acte du Diftrait , fait dire par Carlin , à Léandre
fon Maître :
Dans votre cabinet , Monteur , j'entends du bruit ,
Q«e veut dire cela ? N'ejl-ce point un efprlt
Qui lutine Clarlce ?
LUTINE, ÉE. part.
Tandis que dans la folitude
Ou le dcjlin m'a confiné ,
J'endors , par la douce habitude
D'une oijive & facile étude ,
L'ennui dont je fuis lutine. R.
LUTKENBOURG. Bourg , ou petite ville du Duché
de Holftein. Lut:[enburgum. Ce lieu eft chef d'un
grand Cercle de la Wagrie , 6c il efl; luué près de
la mer Baltique , à cinq lieues de la petite ville de
Plocn. Maty.
Tome y.
LUTRI. Ville de Suilîe , aux pays de 'Vaux , au bord
du lac de Genève , au Canton de Berne.
LUTRIGOT. f. m. Pol'mc (atyrique contre M. Def-
préaux. Il fut imprimé à Marfeille; &: Bonnccorfe,
qui en eft l'Auteur , en envoya le premier exemplaire
à M. de Vivonne..„. Si le lutrin eft une imperti-
nente imagination , dit M. Dcfpiéaux , le Lutri-
got efl: encore plus impertinent, puifque ce n'cft
que la même chok plus mal exécutée... M. Brof-
fette , fur le Vers û ^. de la neuvième Epure de
Boileau. Le LutrlgotcÙ. une fotte imitation du Lu-
trin , contre l'Auteur du Lutrin même. Idem y fur
la quatrième Eplgramme.
LUTRIN, f. m. Pupitre fur lequel on met les Li-
vres d'Églife , auprès duquel les Chantres s'allcnv-
blent. Pluteus. On le dit principalement de celui
cjui efl: au milieu du chœur ; mais on le dit auili
de ceux qui (ont placés fur les hautes chaifes. On
dit d'un Marguillicr de Village , dont on veut van-
ter la capacité , qu'il chante bien au lutrin , & fait
tout fon Office par cœur. Dclprcaux a fait un Pocme
admirable , qu'il a intitulé le Lutrin.
Ce mot vient de letraln , car c'étoit ainfi qu'on
l'appeloit autrefois. On dit aullî leclraln ôc llentraln. ,
leterl : Se ce mot vient de leclorlum , ou leclrum ,
qui Çi^mficnt pupitre. On a ditaulli leclrlcium, leclri-
num , Se letrlnum , leglum , & leglnum : tous ces
mots font dérivés de lego , parce que c'étoit le lieu
où on lifoit l'Evangile.
LUTRUDE. Foyei Lindru.
LUTTE, f. f. Combat de deux hommes corps à corps ,
pour éprouver leur force , & voir qui terralFcra ion
adverfaire. La lutte èxoix. un des plus fameux exercices
chez les Anciens. Ils fe frottoient d'huile , pour
donner moins de prife à leur ennemi. Mercure étoit
le dieu de la lutte. Il y avoit des combats &: des prix
de lutte aux jeux Olympiques.Les crocs en jambes font
des tours de lutte. Ils font en ufage en Bretagne , où
les gens de la campagne s'exercent encore à la lutte.
Lucla , paUftra. La lutte eft très-ancienne ,■ elle était
en ufage dès les temps héroïques. Hercule lutta avec
Antée. Voye^ Dempflier , Paralip. ad Rofin. Antiq.
L. II y c. 20. PafchaliuSj de Coronls . L. FI y c.
14. ôc Hleronym. Mercurlaiis , de Arte Gymnaf-
tica y c. 8.
On doute fi ce mot vient de lliere , pris au fens
de folvere , le délivrera; parce que les lutteurs tâ-
choient de fe délivrer de leur adverfaire : ou bien
de luxare , démettre , déboîter , parce qu'un lut-
teur tâchoit de démettre les membres à fon antago-
nifte, de l'abattre, de lui ôter l'ufage de fes mem-
bres. Lucla , lulte , combat , eft pris du Celtique
luydd, qui veut dire lieu de combat , armée. Pezron.
On dit figuréinent , Emporter quelque chofe de
haute lutte , pour dire , venir à bout de quelque
chofe par l'autorité , par la force. Et on dit dans
le même fens , Faire quelque chofe de haute lutte.
Ac. Fr.
Lutte , fe dit auflî dans un fens un peu figuré , lorf-
que deux hommes fe battent à coups de poing, ou
fe prennent aux cheveux. Pour arrêter cette lutte
Barbare , on crie. Bon.
LUTTER. V. n. Combattre corps à corps pour fe ren-
verfer à terre. Luclarl , luclà certare. Les Anciens
s'eierçoient fort à lutter. Jacob lutta contre l'Ange.
Lycurgue voulut que les filles lutfaffent lomes nues,
pour paroître plus robuftes. Abl. Mercurial a écrit
un Livre , de Arte Gymnaftlca.
Lutter , fe dit figurément en Morale de^ toute forte
de combat fpirituel , ou corporel, & fignifie Fa-ire
effort pour vaincre & (urmonter jin choie', pour
s'en défendre. Zwf^r contre la Fortune. Lutter conn-e
l'orage, contre les vents. On peut dire que le bon
deftin de la République de Venife lutta feul contre
la fortune de toute l'Europe. Taieman, Les dieux
ine faurorent rien voir de plus grand que Caton lue-
tant contre l'advcrfité. M. Esp.
Rrrr ij
684
LUX
Fous feul , Seigneur , vous feul , après quarante
années ,
Pouvei encore lutter contre les dejlinces. Rac.
Lutter , le dit suffi parmi les Bergers , lorfque le
bélier couvre fa femelle. Lé bclier lutte (es brebis.
J.UTTER. Petite ville j bourg du Duché de Bruniwi.k,
en Balle-Saxe. Lutra ,Lotharia. Elle cil fur ks con
fins de lEvêche d Hildesheim , à deux lieues au cou-
chant de Gollai-. Ce lieu eft connu par la viétoire
que Tilli , Général des Impériaux , y remporta lur
Chriftian IV. Koi de Danemarck l'an iGiC. Maty.
LUrrEKBERG. Le Comté de Lutterberg, Luttcrber-
genfis Comaatus. Petit pays du Duché de Brunfwick,
en Balle Saxe. Il elf aux confins du Comté de Ho
henftein , dont les Comtes le polfédoient autrefois
en fief de la Maifon de Brunlwicki mais leur pol
térité mafculine ayant manqué , il a été incorporé
au Duché de Grubenhaçue. Ses lieux principaux
font Luttenberg 6c Ofterode. Maty.
LUTTER WORT. Nom d'un bourg avec un château.
Luttervonïum. Il elf dans le Comté de Leicefter , en
Angleterre , aux confins de Warvick.^ Celf de Lut
terworti^z Jean Wiclefétoit Curé; étant mort Tan
13 84. il fut condamné par le Concile de Conftance
l'an 1415. à être déterré & brûlé.
LUTTEUR, f m. Qui combat corps à corps , qui
lutte. Luclator , PaUflr'ua. Il y avoit des combats
lie Lutteurs aux Jeux Olympiques.
// faut Je reconnaître , ilfe faut effayer.
Se fonder, s'exercer, avant que s'employer:
Comme fait un Lutteur entrant dedans l'arène ,
Qui fe tordant les bras , tout en foi fe démène ,
S'alonge , s' accourût , fes mufcles étendant.
Et ferme fur fes pieds , s'exerce en attendant , &c.
Régnier.
LUTTTER. Voyei Lutier.
LUTTIS. f. m. Ce mot fe trouve dans Pomey , pour
fignifier une forte de petite loge bâtie de terre _&
de chaume. Luiea Jlru^aira. Il fe retira dans fon
luttis.
LU TZELSTEîN. Qui fignifîe , Petite pierre. Lutielf-
tcinum. Parva petra. Bourg avec un château , litué
fur une montagne , à trois lieues de la ville de Sa-
verne , en Alface , du côté du nord. Ce lieu ell
chef de la Seigneurie ou Principauté de Lut^elJIein,
fiiuée dans les montagnes de Vauge , entre la Lor-
raine & l'Alfice. Cette Seigneurie a eu autrefois fes
Seigneurs particuliers : niais l'an 14JJ. clic entra
dans la Miifon P.ilatine. Maty.
LUTZEN. Nom d'une petite ville ou bourg de la
Haute-Saxe. Lutia , Luf^enum , Lucena. Ce lieu ell
en Mifnle, dans le Duché de Mersbourg, entre la
ville de ce nom & celle de Lcypfik. Lut^en eft fa
meule par la bataille que les Suédois y gagnèrent
fur les Impériaux l'an 1652. au commencement de
laquelle le Roi Guftave- Adolphe fut tué ^ &: à la fin
le Comte de Pappenheim j Général des Impériaux.
Maty.
L U W..
LUWOU. Foyei Lîmberg.
L U X.
LUXAN. Ville de la Chine , dans la province de Ho-
iian , au département de Juning , métropole de la
même province.
Ip" U y a un autre ville de même noni , dans la pro-
vince de Suchuen , département d'Yacheu ; & une
forterelTe dans'la province de Queicheu , au dépar-
tement de Queiyang. Atlas Syn.
fO" LUXATION, f. f. Terme de Chirurgie. Déplace-
ment d'un os hors de fon affiette natureUe ; ou dé-
boîtement d'un, ou de plufieurs os hors de l'endroit
où ils font naturellement joints. Ainfi la vraie luxa-
tion eft quand l'os eft entièrement hors de la cavi:
LUX
où fe fait fon mouvement. Luxatio. Dijlocatio,
§CJ Les caufcs de la luxation loiu uiternes , comme le
relâchement des ligamtns , qui eft caule que les os
•fe déboîtent , ou ne font pas fermes dans leur fi-
ruation naturelle , la paralyfie des muicles j le gon-
riemcnt des têtes des os , &Cé ou externes , comme
un eftort violent , une chute , un coup , &c.
LUXE. f. m. Dépeiife fuperHue , fomptuofité excef- L
live , foit dans les habits , loit dans les meubles, f
foit dans la table, &c. Luxus , luxurws. Létionc
dépenfoit Ion bien , non pas dans la débauche,
mais dans un luxe poli ik curieux. S. ÉvR. La
fimplicité des Anciens étoit bien éloignée de notre
mollefte & de notre luxe. Boil. Le luxe a caufc
la décadence des efprits. S. ÉvR. Le luxe eftémina
les Rc^mains,& vengea l'univers vaincu, en cor-
rompant les vainqueurs. Bon.. S. Bernard indigné
du luxe , 8c des dépenfes exceftlves des Prélats ,
leur prêcha que la modeftie eft la vertu qui leur eft
propre. Fl. La vigueur fe relâche , & s'amollit par 1
le luxe ik la bonne chère. M. Esi>. Le luxe des |
h.abits eft une vanité , Se même une puérilité. Id.
Saint Louis étoit ennemi du luxe pour Ion particu-
lier ; mais pompeux &c fuperbe dans les cérémonies
publiques. Mez. Sénéque qui a tant crié contre le
/xve, étoit fuperbement logé. M. Esp. Les tréfois
de l'Amérique ont amené le luxe en Europe. Le
luxe des meubles , des tables , des équipages en Fran-
ce , a égalé celui de l'ancienne Rome. Les Prédica-
teurs ne peuvent corriger le luxe. Us déclarent en
vain la guerre au luxe. M. Esp. Le luxe s'eft intro-
duit dans le langage , aufti-bien que dans les ha-
bits. Art de Parler. Comme les Ahatiqucs -ai-
ment le luxe , leur difcours exprime leur humeur,
& leurs paroles font accompagnées de vains orne-
mens. Id. Ceux qui cultivent leur laifon , Se qui
aiment la vertu , peuvent-ils comparer le luxe vain
& ruineux, qui eft en notre temps la perte des
mœurs &c l'opprobre de la naiion, avec l'heureufe
& élégante fimplicité que les Anciens nous mettent
devant les yeux ? Fénel.
Ce mot , 6c celui de luxure , félon quelques uns
viennent de ce que le luxe ëc la luxure énervent le
corps , &: lui ôtent la force & la vigueur. Luxât
membra. 1
LUXEMBOURG. Ville des Pays Bas , capitale du Du- '
ché de Luxembourg, &c fituée lur la rivière d'Al-
litz , environ à lix lieues de Tionville , du côté du
nord. Luxemburgum , Lucilihurgus. Les François
prirent cette place lur les Elpagnols l'an 1684. Elle
étoit déjà très forte , &C défendue par un château
extrêmement fort. ^ Louis XIV en fit une des
plus fortes places de l'Europe. Elle fut rendue à
î'Efpagne en 1697 par le Traité de Ryfwich. Les
François la reprirent de nouveau en 1701 j mais i,
elle hit cédée à la Maifon d'Autriche par le Traité 1
d'Ucrecht. Long. 15. d. 4i' , lat. 49. d. 40'.
Quelques-uns de nos vieux Auteurs écrivent Luit-
■[cmbourg.
Ce nom s'eft formé de Lucilii burgus , ou Lucili-
burgus , dont on aiVit Luciliburc, Luceleborc , Luce-
lenhurg , Lu^elemhourg , Lucembourg , Luxembourg.
Tous ces noms fe trouvent dans des Auteurs anciens.
Fovei Hadrien Valois, Not. Gall. p. 2S ç.
il y en a qui dérivent le nom de Luxembourg de
ceux d'Elue, ou El-[at , & bourg : le premier elt le
nom d'une petite rivière qui palfe devant la ville
dont nous parlons ; le fécond , qui s'écrit burg en
Allemand , fignifie ville. De ces deux mots , on a
fpir El\embourg , Lel\cnhourg , Luxembourg ; c'eft-
à-dire , ville de l'Elze, ou qui eft proche del'Elze,
qui eft fur l'Elze. D'autres trouvent l'origine du nom
de Luxembourg dans les fables de Mélufine. i
Le Duché de Luxembourg. Luxemhurgenjls Ducatus. '
C'eft une des plus grandes Provinces des PavsBa.s. Elle
eft bornée au levant par l'Archevêché de Trêves ; au
fud par la Lorraine ; au couchant par une partie de
la Champagne, & par l'Évêché de Liège ,_ lequel , 1
avec une petite partie du Limbourg , le confine aulli [
LUX
<la côte du nord. Ce Duchc , dans lequel celui de
Bouillon d\ enclavé , peut avoir dix-iepc lieues du
nord au fud , & vingt du couchant au levant. Il elt
dans la forêt d'Ardenne , une des plus famcufes de
l'ilurope. Son terroir ell couvert en plulxurs en-
droits de montagnes & de bois : il ne laille pas de
pader en général pour fertile en blé & en vin ; on y
trouve auUî un grand nombre de mines de fer. Il elt
baigné par plulieurs rivières j dont la Mofclle , la
Sour , l'Ourte & le Senioy , font les principales. On
divife ce Duché en deux quartiers. Le quartier Alle-
mand ell au levant , & il renlerme les villes deThion-
ville , de Luxembourg , capitale du Duché , de Ke-
mich j de Gravenmacheren , de Dieskirk , de Bid-
burg j de Clervaux , & de S. Veit. Le quartier Wal-
lon eft au couchant. On y voit les villes de Mont-
médi.j d'Yvoix , ou de Garignan, d'Orchimont , de
Virton , d'Arlon , de Chiny -, de Neuchalkl , de Baf-
togne , d'Homhilile , de Roche enFamenne,de Mar-
che en Famenne , de Rochefort, de Durbuy , &c.
Les François polFédent depuis long- temps Thionville,
Montmédi , & Yvoix , avec leurs territoires , qui
leur furent cédés par la paix des Pyrénées , Se qu'on
appelle pour cette railon , le Luxembourg François.
L'an 16S4. ils le rendirent maîtres du Luxembourg
Efpagnol , qu'ils ont polFedé en vertu d'un Traité lait
à Trêves la même année , julqu'à la paix de Ri(-
wick , par laquelle il a été rendu aux Efpagnols. Ce
Duché s'appelle hmplement le Luxembourg. Nos
Troupes ont pris des quartiers dliiver dans le Luxem-
bourg.
La Maifon de Luxembourg. C'eft une des plus il-
luftres de l'Europe. Elle a produit cinq Empereurs,
dont trois ont été Rois de Bohème. Elle delcend de
Henri I , Comte de Limbourg , qui vivoit l'an 1 07 1 ,
&c dont un des delcendans , Valéran II du nonl ,
époufa Ermanlon de Namur, Comteile de Luxem-
bourg qui porta dans cette Maifon le Comté & le
nom de Luxembourg.
Le Luxembourg , ed auiïi le nom que l'on donne
communément à Paris au Palais d'Orléans , litué au
faubourg Saint Germain, dans la rue de Vaugirard.
Le Luxembourg , ou Palais d'Orléans , un des plus
parfaits édifices & des mieux entendus qu'il y ait en
Europe , e(l d'un François nommé la Brolle. Le Gen-
dre. C ert Marie de Médicis qui l'a fait bâtir.
LUXER, v. a. Terme de Médecine & de Chirurgie.
■ Faire fortir un os de la place où il doit être naturelle-
ment. Luxare. Sa chute lui a luxé l'os de la cuilfe.
Koye'^ Luxation.
LUXË , ÉE. part. Il a les lignifications de fon verbe.
LUXEUL^ ou LUXEU, félon Hadrien Valois. LU-
XEUIL, félon M. Corneille. Nom d'un gros bourg
avec une Abbaye & une Jurifdidtiou aflez étendue.
Luxovium. Il eft dans la Franche-Comté, à quinze
lieues de la ville de Befançon, vers le nord & les
confins de la Lorraine. Valois prétend que c'eft une
faute de dire autrement que Luxeu. Cependant M.
Corneille, comme on l'a remarqué, veut qu'on pro-
nonce Luxeuil. De plus Vx fe prononce comme un
c , LuceuU.
CO*LUXLIRE. f. f. Terme qui comprend dans fon ac-
ception l'incontinence , la lubricité , toutes les ac-
tions qui procèdent du penchant déréglé d'un fexe
pour un autre. Luxure eft un des'-fept péchés capi-
taux. Impudlclûa , impun libidinès. Ce mot n'a guè-
re d'ufage dans le difcours ordinaire. '•'• -' ■ ■•'
LUXURIANCE, f f. Excès, fuperfluitc , détail ou
explication trop longue. Rien ne fatigue plus que la
luxuriance dans la narration d'une hiftoire ou d'un
conte que l'on fait en compagnie/ Quelle apparence
que Virgile eût employé fept very.pour le Nil feul.
C'eft une luxuriance qui ne ferait pas pardonnable.
Bea.u VAL, après Segrais. Ce mot vient du Latin
- luxurla j ou luxurlei. ■ Il n'eft pas reçu par l'uiage.
|Cr LUXURIEUX , EUSE. adj. Qui eft adonné à" la
luxure. Libidinofus , luxuriofus.
L Y C
Luxurieux point ne feras j
De fait ni de confentemcnt.
68y
C'eft un des commandcmens du Décalogue. On
ne fe fert guère de ce mot que dans les difcours gra-
ves &C de piété, encore ne s'en doit- on fervir que ra-
rement.
^CFOn le dit aufli de ce qui peut induire à la luxure.
Regards luxurieux. Penfées luxurieufes.
LUY. FoyciLvï.
L U Y.
U Z.
LUZ , LUZA , ou LUZE. Foye^ Béthel.
LUZ. BcuLg ou village de France. Il eft dans le Langue-
doc à moitié chemin de Touloufe , à Carcallone.
Hadr. Val. Not. Gall.p. iSS , croit que c'eft \Elu.-
fo , o\i Elujio des Anciens.
S. Jean de Luz. Foye:^ Jean.
LUZA. Eft encore une ville de la Terre de Hétim , ou
Chettim. Jug. L. 26. c'eft-à-dire de l'île de Chypre.
P. LUBIN.
LUZARA. Ancien bourg de la Lombardie. Lucaria y
Nuceria. Il eft dans le Duché de Mantoue , près du
Pô , & de la petite ville de Guaftala, entre Mantoue
& Reggio , à cinq ou fix lieues de l'une Se de l'autre.
Le Roi d'Efpagne y gagna une grande victoire le i ^^
d'Août 1702, lur les troupes de l'Empereur, com-
mandées par le Prince Eugène.
LUZERNE. Foyei Luserne.
LUZERNIÈRE. f. f, C'eft ainfi qu'il faut écrire. Voye-^
LusERNiERE pour l'explication.
LUZES. Nom d'un bourg ou village de Languedoc, en
France. Il eft près de Luz. L'un ou l'autre de ces deux
lieux eft I'^Vit/Oj ou [' El ujîo des Anciens; mais c'eft
plutôt Lui j que Lu^es. Hadr. Valois , Not. Gall.
p. iSS.
LUZIN. f. m. Terme de Marine, eft une efpèce de
menu cordage qui fert à faire des enfléchures. Funi-
culus.
\X]22A. Gli Luffi. Lu^fium. C'eft un bourg du Royau-
me de Naples, fitué dans la Calabre citérieure , près
de la rivière de Craté, à une lieue de Refigniano , du
côté du midi. On croit qu'il eft le lieu qu'on nom-
moit anciennement Theb& Lucam.
L Y.
LY. f. m. Sorte de mefure itinéraire de la Chine , qui
n'a que deux cens quarante pas géométriques. Il faut
dix lys pour faire le pu , qui en contient deux mille
quatre cens. Le P. Noël , Jéfuite , dans les Obfetva-
tions Mathématiques & Phyfiques, faites aux Indes
& à la Chine, depuis l'an 1648, julqu'à l'an 170S,
& imprimées en Latin à Prague , l'an 1710. cAd/j. 2.
§. /. n. 2. dit que le ly eft le ftade des Chinois, fla-
dium Sinicum , & qu'il faut environ douze lys pour
faire une lieue d'une heure de chemin. Il s'enluit de-
là qu'en (uppolant la lieue d'une heure de trois mille
pas géométriques , le ly contient deux cens cinquante
de ces pas.
03" Ly. Nom d'une villede la Chine j dans la province
dePeking, au département de Paoting, & de deux
forterefles , l'une dans la province de Quanglî, l'autte
dans celle de Suchuen. ,.,,■,
L Y A.
LYANTE. f. f. Terme de fleurifte. Nom d'une Tulipe
amarante, tirant fur le violet & blanc. Morin.
L Y C.
LYCANTHROPÉ. f. m. |t70n appelle ainfi un hom-
me qui, fuivant l'idée fuperftitieufe du peuple, eft
transformé en loup par un pouvoir magique^ court
686
L Y C
ks rues & les chiraps pendant la nuit en poulTànt
des hurlemcns aftreux. Lycanthropus. C'efl: ce qu'on
appelle ordinaiiement Loup-garou. Voyez ce mot.
^CT Le vrai Lycanckrope elt celui qui a l'imagination
blelFée, 8c qui croit quelquefois devenir loup, court
la nuit , & maltraite ceux qu'il rencontre, f^oye-^ l'ar-
ticle (uivant.
LYCANTHROPIE. f. f. Fureur , ou maladie qui fiit
courir la nuit les rues &; les champs. Lycanthropia j
Lupina infanïa. La Lycanthropie elt une efpècc de
délire mélancolique , dans lequel les malades s'imagi-
nent être changés en loups , hurlent comme eux ,
courent la nuit les rues &: les champs, marchent à
quatre pattes, outragent ceux qu'ils rencontrent, &
fuient le jour la compagnie des hommes, ^CTlont
trifles , rêveurs , ont le vilage pâle , les yeux enfoncés,
" la vue égarée. Le Lycaon de la fable étoit un mélan-
colique de cette efpèce. y. dans le P. Malebranche les
caufes de la Lycantropie. V. encore Mélancolie.
Ce mot vient de amoî, lupus, loup, & à'^-viiomoi ,
homo , homme , comme qui diroit homme loup.
LYCAON. Roi d'Arcadie, qui s'eft rendu célèbre par
fa cruauté, f^oye-;^ les Métamorphofcs d'Ovide.
Lycaon , un des fils de Priam , qui prêta à Ton frère P.t-
ris fa cuiraire& fonépée, pour le combat fingulier
qu'il avoit à foutenir contre Ménélas.
LYCAONIE. Nom d'une province de l'Ade mineure^
entre la Cilicie , la Cappadoce , la Pamphylie , h
grande Phrygie & l'Arménie. Lycaonia. La Lycaonie
étoit la partie méridionale de la Cappadoce. Elle avoit
au couchant l'Ifaurie, la Cihcie au midi, & l'Armé-
nie mineure au levant. La capitale de la Lycaonie
étoit Iconium , qui donne aujourd'hui Ion nom à ce
pays qu'on appelle Cogni. Ce pays fat habité d'abord
par ceux qui bâtirent la Tour de Babel, ou par leurs
delcendans , parce qu'il n'eft pas éloigné du lieu où
ils croient au tems de la confufion des Langues. Nous
ne favons point quel fut dans les premiers tems
l'état & la forme du gouvernement de ce pays :
nous favons feulement que le grand Roi , c'eft à-dire,
!e Roi de Perfe , en étoit maître, lorfqu'Alexandre
porta Tes armes en Alie, & en fit la conquête. Le Roi
de Perfe eut bien de la peine à foumettre les Lycao-
iiiens : ils fe tenoient enfermés dans leurs montagnes,
& n'en fortoient que pour aller piller ks terres. Le
Roi de Perfe avoit (uccédé aux Roi*, des Médes, à
ceux des Allyricns «SvT des Babyloniens , qui étcn-
doicnt leur domination dans l'Ahe que nous appelons
aujourd'hui Natolie j & qui n'étoient maîtres de la
Lycaonie , que parce qu'elle eft entourée de provin-
ces qui leur croient foumifes. Sous les fucceilcurs
d'Alexandre, ce pays foulfrit différentes révolutions
jufqu'à ce que les Romains s'en rendirent m.iîtres; &
dans la divilîon de l'Empire, la Lycaonie fit partie de
l'Empire d'Orient, & fe trouva Ibus la domination
des Empereurs Grecs. Depuis ce tems-là , ce pays
. fut poffédé pardiftérens Souverains grands ou petits,
&c ulurpé par plufieurs Princes , ou Tyrans , qui y
firent la guerre pour s'y établir _, on le ravagèrent
pour l'ôter à leurs concurrcns. Sa iîtuation l'expo-
foit aux incuilions de plufieurs Nations barbares ,
Arabes , Sarafins , Perfes , Turcs , Tartares ; tous y ont
fait la guerre & l'ont ravagé jufqu'à ce qu'il foit de-
meuré entre les mains des Turcs qui le poffedent de-
puis plus de trois cens ans. Le pays qu'on appeloit
Lycaonie , eft fitué à-peu près entre le 38 &: le 40^
degré de latitude feptentiionale , & entre le 49 ou
je, 6c le 52^ degré de longitude. Les villes de Ly-
caonie font Iconium , aujourd'hui Cogni , Thébafe
fituée dans le Mont Taurus, Hyde, fituée fur les
confins de Galatie Se de Cappadoce.
Le pays qu'occupoit la Lycaonie , s'appelle aujour-
d'hui grande Caramanie , ou pays de Cogni.
LYCAONIEN , ENNE. f. m. eV' adj. Qui eft de Lycao-
nie. Lycaonius , a. Les L.ycaoniens reçurent la Foi
de Saint Paul , qui prêcha à Icône. Le peuple ayant
* vu ce que S. Paul avoit fait , ils élevèrent leurs voix,
& dirent euLangue Lycaonienne : Ce font des dieux
■ qui font defceudus vers nous en forme d'hommes.
L Y C
Port Royal. Aci. XIK. 10. Jablonski a fait une
Dillertation favante fur cette Langue Lycaonienne , ;.;
lur ce partage des aéles. Elle fut imprimée à B^iiia
en 1714. Il prétend que cette Langue Lycaonienne
n'avoit nulle lelîemblance avec la Grequc , non plus
que les Langues Scytique, Perfique , Egyptienne, &
qu'elle n'étoit point diftérente de celle de Cappadoce.
C'eft aufti le (entiment de Grotius. Le pallage des
Aftes des Apôtres , où il eft parlé de cette Langue , a
fort exercé les Savans &c les Interprètes de la Sainte
Ecriture. Lis élevèrent la voix parlant Lycaonten,
dit l'Auteur facré, Acl. XIF. 10. Voilà une Langue
appelée Lycaonienne , parce que les peuples de Ly-
caonie la parloient. Quelle eft donc cette Langue dif-
férente de celle que parloir S. Paul ; Pour entendre
ccpalfage, & l'expliquer commp il faut, on doit fe
fouvenir que qua:id les Grecs portèrent leurs armes
& leur Langue en Ahe, ils n'abolirent pas les Lan-
gues naturelles des peuples qu'ils (oumirent. Non-
feulement il fe forma du mélange de la Langue Gre-
que, avec ces Langues, diftcrens dialectes Grecs;
mais la Langue naturelle fe conierva en diftérens
pays, & les peuples continuèrent à la parler : cela fe
prouve par le iLChap. des Aftes des Apôtres, v. S ^
où les ParthcSj les Médes, les Elamites , ceux qui
habitoient la Méfopotamie , la Judée , la Cappadoce ,
le Pont, l'Alîe, ( c'eft à-dire , ep cet endroit la Ly-
die , ) la Phrygie , la Pamphylie , l'Egypte , la Libye ,
ceux qui étoient venus de RomCj les Cretois , les
Arabes parurent extrêmement furpris de ce qu'ils
entendoicnt tous les Apôtres parler la Langue de
chacun d'eux en particulier. Il faut fuppoier main-
tenant que S. Paul parloit GreCj ou Latin. Il p.irloit
GreCjfclon la plupart des Auteurs , parce que cette
Langue étoit entendue dans toutes les 'Terres de l'Em-
pire Romain , qui croient à l'orient de Rome au-delà
de la mer , &: où elle pouvoit être entendue des Gen-
tils & des Juifs Helléniftcs , qui étoient établis dans
ces Provinces , ou qui y voyageoient. Il parloit La-
tin , félon d'autres , & félon eux pour les mêmes rai-
fons; car on entendoit la Langue Latine dans tout
l'Empire Romain , les Troupes & leurs Officiers en
établilfoient l'ufagc \ les Officiers de Judicature ren-
doient la Juftice en Latin, ceux des Finaoccs le par-
loient: tout cela en rendoit l'intelligence nécelfaire.
Les Romains curent à la vérité la complaifance de
ne point abolir l'ufage de la Langue Grcque , ils fe
faifoient un mérite de l'entendre & de la favoir,
parce qu'ils avoient appris des Grecs les Sciences &:
les Arts; mais en confervant la Langue Greque, ils
portèrent aufti la leur, & ils en établirent tellemenr
l'ulage dans l'Afrique j dans l'Efpagne , dans les Gau-
les, que les Langues de ces peuples, que les Romains
regardoient comme Barbares , fe lont entièrement
perdues. Quoi qu'il en loir de ces deux fentimens,
luf lefquels il n'eft pas nécelfaire de prendre ici de
parti , & qui ont rapport à une queftion encote plus
importante que celle que nous traitons , on doit re-
garder S. Paul prêchant à Lyftres , comme un Pré-
dicateur François , qui prêcheroit dans quelqu'une
de ces Provinces , où l'on parle un langage parti-
culier diftérent de la Langue Françoile qui te parle
dans tout le Royaume. Or c'eft cette Langue de Ly-
caonie que parloit le peuple de Lyftres , que nous
cherchons.
Qu'elle fut diftérente de la Greque , cela eft hors
de doute ; car quelle apparence y a-t il qu'on par-
lât Grec dans, la Lycaonie , qui eft au miheu àfi
terres , environnée de Provinces où l'on parloit des
Langues différentes ; Ajoutez qu'excepté les Ioniens ,
les Doriens & les EolienSj qui étoient Grecs d'ori-
gine, tous les peuples de l'Afie font appelés Barbares
par les Grecs ; ce qui fignific dans la Langue Greque
qu'ils ne fuivoient pas les Loix , les coutumes, &
les ufages des Grecs. Au refte on ne doit pas être
furpris que S. Luc n'ait point nommé les Lycaoniens,
parmi les différens peuples qui entendirent les Apô-
tres parler leur Langue , la Lycaonie faifoit alors
partie de la Phrygie. Pline noiK apprend qu'elle etoic
L Y C
fous la junfclidtion de l'Intcnil.int de cette Pioviiice,
qui rendoic la jullice aux Pluygiciii Se aux Lycao-
niens. Chacun de ces peuples avoit Li Langue parti-
culière , même depuis que les Grecs eurent tait la
conquête de l'Afie , & que les peuples curent appris
la Langue de leurs Vainqueurs.
Le fentinient de Grotius , que M. Jablonski a fui-
vi, paroît le plus raifonnable & le mieux appuyé.
Ce lavant Auteur croit que la Langue des Lycao-
niens ctoit la même que celle des Capp.idociens ,
des conjcdhires générales appuient ce fentinient , Se
des raifons particulières le prouvent. Les conjeélu-
res font que la Lycaonie étoit entourée de monta-
gnes j hormis du côté de laCappadocc, &: qu'ainfi
ceux qui habitèrent les premiers la Cappadoce ,
palferent en Lycaonie; que dans les anciens Auteurs
la Lycaonie elt louvent comprife fous le nom de
Cappadoce ; qu'elle a fait partie du Royaume de
Cappadoce ; qu'il n'y avoit point de peuples qui ref-
femblalfent plus aux Cappadociens par leurs Loix ,
leurs uLiges , leurs coutumes que les Lycaoniens ,
ce qui marque une même origine, 8c par conféquent
une même Langue. A ces conjectures il faut joindre la
preuve qui fe tire du pallàge de Strabon au com-
mencement du Z. XII. Nous y lifons qu'on parloir
une même Langue dans le pays qui eil borné à
l'orient par l'Arménie & la Colchide ; au nord par
le Ponc-Euxin, jufqu'à l'embouchure du fleuve Ha-
lys ; au couchant par la Paphlagonie & la Galatie ;
jufqu'à la Lycaonie &; la Cilicie montagneufe ; &
au midi par le mont Taurus de Cilicie. Voilà donc
la Cilicie proprement dite , la Galatie , la Paphla-
gonie , le Pont-Euxin , la Colchide &c l'Arménie ,
qui font les bornes d'un pays où l'on parloir une
même Langue, & ce pays s'étendoit jufqu'en Lycao-
nie , & en cette partie de la Cilicie , qu'on appcloit
la Cilicie montagneufe , Cilicia afpera. Et ailleurs
le même Auteur dit que la longueur de la Cappa-
doce , où Ton parle une même Langue , ell depuis
l'Euphrate , jufqu'à la Lycaonie & à la Phrygie. Et
dans un troihème palfage il explique fa penke , en
difant que le mont Taurus s'étend autour de la Ly-
caonie & de la Cappadoce , & qu'il les lepare du
pays des Ciliciens , qu'on appelle Trachiotes , à
caufe des montagnes rudes & hautes qu'ils habitent.
Voilà donc un pays diftingué en deux contrées qui
n'ont rien de ditférent que le nom. Quand il arrive
des changemens parmi les peuples de quelque paySj
leur Langue eft la dernière qui les reçoit. Une ré-
volution dans la domination & dans la forme du
Gouvernement fe fait fouvent en moins d'une cam-
pagne; mais la Langue ne change que peu- à-peu ,
1 & en plulleurs années. Cela efl: fans doute arrivé à
I la Langue Lycaonienne , qui ayant été dans fon ori-
' gine la même que celle de Cappadoce, dans la fuite
n'en a plus été qu'un dialede , jufqu'à ce qu'elles
aient été toutes deux dominées & abforbées par la
Langue Greque.
Pour connoître quelle efl; l'origine de la Langue
de Cappadoce , il faut remonter jufqu'à l'origine de
la Nation qui la parloir. Plufieurs Auteurs anciens
Se modernes croient que les Cappadociens étoient
une colonie d'Alfyriens. En effet , le Géographe
Etienne les appelle Leucofyriens , ou Syriens blancs ,
pour les diftinguer des autres AlTyriens qui habi-
toient le long du Tigre , des deux cc)tés de cette ri-
vière , ôc qui étoient plus bafmés. On lait que le
chmat de Cappadoce eft beaucoup plus tempéré que
celui d'Alfyrie, foit à caufe de fa fuuation par rap-
port au Ciel , foit à caufe du voifinage de la mer.
Le Scholiafte d'Apollonius dit que cet Auteur appelle
la Cappadoce du nom d'Alfyrie , & qu'autrefois elle
s'appeloit Syrie. Hérodote , L. I. chap. y 2. remar-
que que les Grecs donnoient aux Cappadociens le
nom dcSyrienSj & que ces Syriens étoient fous la
domination des Médes avant l'établilfement de l'Em-
pire des Perlés. Le nom même de Cappadoce , eft le
nom que les Perfes donnèrent à ces nouveaux Alfy-
riens , apparemment après qu'ils les eurent fubju-
L Y C 687
gués : c'eft encore Hérodote qui nous apprend ce fiir.
Enfin , l'ancienne capitale de Cappadoce s'appeloit
Mazacha , nom dérivé , félon Holfténius & Pinédo ,
de celui de Mofoch , un des fils de Sem , & petit fils
de Noé. Cette ville étoit Métropole du pays, & So-
lin remarque que les habitans l'appeluicnt la mère des
villes; ce qui lignifie la même chofc , comme fi les
autres villes voilmes n'avoiciu été fondées que par les
colonies qu'elle envoya en ditiérens endroits. Il rc-
lulte di.- tout ceci , que la Langue Lycaonienne étoit
dans les premiers temps la même que la Langue Alfy-
rienne , ou Chaldaïque ; mais du temps de S. Paul
elle n'en étoit plus qu'un dialedle _, peut être plus
éloigné de ta Langue originale j que le François , l'Ita-
lien , l'Efpagnol ne le (ont de la Langue Latine. Il
ne nous reftc aucuns monur.icns écrits en la première
Langue de Cappadoce: à peine les anciens Auteurs
nous en ont ils confervé quelques mots qui donnent
quelque marque de ton origine. Ce n'eft qu'à la fa-
veur de l'Hiftoire & de la Géographie , qu'on peut
découvrir quelque chofe fur la Langue Lycaonienne.
Par où l'on voit que fi la connoilfance Azs Langues
donne du jour à l'Hiftoire j & fert à faire connoître
quels peuples ont fondé les Et,its , & habité difterens
pays , l'Hiftoire à fon tour nous apprend quelle eft
l'origine des Langues, comment elles fe font for-
mées, & quels changemens y font arrivés.
LYCE. f. f. Chienne de chalTe. Canïs venatïca. On écrit
Lice.
Ce mot vient de lycïfca , qui fignifîe une chienne
engendrée par l'accouplement d'un loup &: d'une
chienne. Quelques Auteurs l'ont appelée letiffa.
On appelle Lyces ponières , des chiennes qu'on
nourrit dans la bade-cour , fans les mener à la chaf-
fe , & qu'on garde feulement pour avoir de leur ra-
ce. Les lyces font tous les ans deux portées , & on
peut garder julqu'à fix chiens de chaque portée.
P'^oye'^ Lice.
Lyce , fe dit figurément encore d'une femme effrontée.
En ce fens Régnier a dit ,
Voyant que cette lyce ,
Effrontément aïnji me préfentoit la lice.
Et cela d'autant que les Anciens appeloient lupa, ou
louve , une femme débauchée ; d'où ils ont fa;t le mot
de lupanar , bordel.
LYCEE, f m. C'eft le nom de la fameufe Ecole où
Ariftote cxpliquoit ta Philotophie à Athènes. LycMim.
Ce lieu étoit compofé de portiques , & d'arbres plan-
tés en quinconce , IJCT où les Philofophes agitoient
des queftions en fe promenant. Le Lycée avoit été
auparavant, fuivant quelques uns , un Temple d'A-
pollon bâti par Lycus ; & fuivant quelques autres j
un lieu d'exercice bâti par Pififtrate ou par Périclès.
§3" Le Lycée fignifioit l'Ecole d'Ariftote , comme
le portique fignifioit l'Ecole de Zenon. La Philofo-
phie du jfyçée , c'eft la Philofophie d'Ariftote , la
Philofophi^éripatéticienne. Cicéron fit bâtir à Tuf-
culum , aujourd'hui Frefcati , une efpèce de Lycée ,
fur le modèle de celui d'Athènes.
§C?" Le nom de Lycée fe donne aujourd'hui par
extenfion à tout lieu où s'afTemblent les Gens de
Lettres , à nos Univerfités , à nos Académies , à la
PhilofopJïie. Tout le Lycée fut ému d'une telle doc-
trine , (içft à-dire , toute l'Univerfîté , toute l'Aca-
démie , ,'ou autre alTeniblée de Savans. Çék n'eft bon
que pour le ftyle élevé.
LYCÉES. ''if.. f. pi. Ternkide. Mythologie. Fête de Ju-
piter en Arcadie, que. l'on y célébroit fur le mont
Lycée. Paufrnias ( 8. 58. ) dit qu'on y faifoit des fa-
crifices , fuivant u» tues-ancien ufage qu'il n'ofoic
décrire. La raifon en eft qu'on y égorgeoit un hom-
me; ce que les Romains, alors maîtres dé la Grèce, *
n'auroient pas fouftert , s'ils- en. avoienr été mfor-
més. C'eft Porphyre qui nous Vsç'pïtnA , De-Abftiii.
2. 2y. .. .. -. ■ . tÏ
Lycées, autre fête qui fe faifoit en l'honneuf d^gœt.^
/■"
6n L Y c
Ion, qui donnoit la chaire aux loups du pays d'Ar-
gos.
LYCHE. roye-^ Laodicée.
LYCHNIS. i". m. Eft une plante dont il y a un grand
nombie d'e/pcces. Le lychnis , que C. Bauhin ap-
pelle Lychnis coronaria Diofcondis fadva , poulie
plulîeuLS tiges à la hauteur d'un pied & demi , ou
de deux pieds , droites , rondes. Ses feuilles font
longues de trois ou quatre doigts, larges d'un doigt
& demi , un peu plus grandes que celles de la lauge ,
pointues, laHUgineufes , blanches , molles. Ses Heurs ,
font belles , compofées chacune de cinq feuilles
difpofées en œillet , de couleur variée^ quel-
quefois d'un rouge enflammé , d'autres fois d un
rouge plus clair, d'autres fois blanches. Il leur fuc-
cède un fruit de figure conique , qui s'ouvre par la
pointe j (Se contient des femences prefque rondes.
On cultive cette plante dans les jardins. Elle tire fon
noiTi de lychnus , lampe , à cauie de la couleur ref-
plendillante de fa fleur.
LYCHNITE. f. m. C'cft le nom d'une pierre pré-
cieufe qui fe forme dans les rochers de Thrace &
des lieux circonvoifins. Lychnitcs. Elle eft fort ref-
plendillànte & rayonnante ; ce qui lui a foit donner
le nom Ac Lychnite , de ?";«'«, qui lignihe h-'nipe ,
ou luminaire , parce qu'on prétend que cette pierre
lance des rayons de lumière ^ comme fcroit la flam-
me d'une lampe.
IJCF On donnoit auffi le nom de Lychnïtes à un mar-
bre blanc qu'on tiroit de l'île de Paros , fans doute
à caufe de fon éclat. Les plus belles Statues de l'an-
tiquité en font faites.
LYCHNOMANTIE , ou LICHNOMANCE , f. f.
Sorte de divination chez les Anciens. Lychnomantia.
C'étoit l'art de deviner par l'infpedtion d'une lam-
pe. C'eft probablement la même chofe que la Lam-
padomancie.
Ce mot eft Grec, compofé de >J>x.i" lampe ^ Se
eniTrlo/^rti , jt conjîdère.
LYCIARQUE. f. m. Nom d'un ancien Magiftrat,ou
Pontife de Lycie. Lyciarcha. Strabon, I. XIF.'àï'i
que le Lyciarque étoit créé dans un Conleil com-
pofé de Députés de vingt-trois villes de Lycie, c'eft-
à dire , de toutes les villes de cette Province. Quel-
ques-unes de ces villes avoient trois voix, ou trois
Députes , d'autres deux , & les dernières feulement
un. Le Cardinal Noris dit que le Lyciarque préfi-
doit aux choies de la Religion. Et en eftét , il en
croit du Lylîarque comme du Syriarque & de l'Alîar-
que. Quoique ces Magilfrats hUlent les Chefs des
Confeils, ou des Etats de ces Provinces, on leséta-
blilîoit néanmoins principalement pour avoir foin
des jeux & des fêtes que l'on faifoit à l'honneur
des dieux, dont ils étoicnt aulîî inaugurés Prêtres,
en même-temps qu'ils étoient faits Lyjlarques , Aliar-
ques, ou Syriarques. Ils étoient pourtant auiîî Ma-
giftrats , & les Chefs des Magiftrats. Cette Charge
étoit annuelle. Voye-{ Saumaife furSolin , p. S o ). &
le Cardinal Noris , dans fes Epoques Syromacédo-
niennes, DiJJert. III, p. 220.
LYCIE. Nom d'une Province de l'Afîe iriineure. Ly-
cia. Elle étoit entre la Pamphylie à l'orient. Sels.
Carie à l'occident, la mer au midi , &■ la Phrygie
au nord. La Lycie étoit renommée pour avoir d'ex-
cellens parfurns , dont elle trafiquoit par tout , &
que les Lyciens compofoient de narcilfes j de fifran ,
& d'autres fleurs de leur pays , Se dont l'odeur fur-
paffoit toutes les fleurs des autres Provinces de l'Alie.
Pline j L. XII. c. derii. Il y avoir une autre Lycie
proche de la Troade ; luais ce n'étoit qu'un même
peuple , celui de l'une de ces régions étant origi-
naire de l'autre.
La mer de Lycie. Lycium mare. C'étoit autre-
fois la partie occidentale de ce que nous nommons
aujourd'hui iricr de Caramanie.. EUeavoit à l'orient
la mer de Pamphylie j & à l'occident la Carpatliien-
ne; 6c prenoit fon nom de la Lycie , Province de
l'Afie mineure , fur les côtes de laquelle elle s eten-
doit.
L Y C
LYCIEN , ENNE. f. m. Se f. Qui eft de Lycie. Lydus.
Les Lyciens furent très-fidelles aux Romains contre
Mithridate.
LYCIUM. f. m. Arbriffeau épineux , ainfi appelé ,
parce qu'il croiflbit autrefois abondamment en Ly-
cie. LycLum GalUcum. C. Bauh. Il a pluheurs ra-
cines ligneufes , & fon écorce eft grisâtre. Ses feuil-
les font épaifles , alfez femblables à celles du buis ,
nerveufes , faciles à fe détacher. Ses fleurs font pe-
tites j attachées plulieurs eiifemble. Il leur fuccèdede
petits fruits , gros comme des grains de poivre ,
noirs, à trois ou quatre angles , & quelquefois faits
en forme de cœur, félon le nombre des noyaux , d'un
goût aftringent & fort amer. On appelle ces fruits,
graine d' Avignon , ou graineite , ou graine -jaune.
Les Teinturiers s'en fervent pour teindre en jaune.
Cet arbrifleau croît dans des lieux rudes & pierreux.
LYCOGÈNE. adj. m. Surnom d'Appollon , de /.«jj ,
loup.
LYCOMÉDE. f. m. Roi de l'île de Sciros , père de k
belle Déïdamie , dont Achille eut Pyrrhus.
0CF LYCOMIDES. ( les ) C'étoit une famUle Sacer-
dotale d'Athènes , confacrée au culte de Cérès Eleu-
fîenne. Cette famille avoir l'Intendance des Myftères
de la déelfe.
IP" LYCOPHTHALMUS. Nom donné à une pierre
précieule , efpèce d'onyx , parce qu'on avoir cru y
trouver quelque reflemblance .avec l'œil d'un loup.
Pline dit que cette pierre étoit de quatre couleurs.
LYCOPOLIS. Nom d'une ville d'Egypte. Lycopolis.
Ce nom hgnihe Ville des loups ; de ^1"»'« , loup ,
& raoAiî, yille. Diodore de Sicile dit dans fon 11^
Livre , que les Ethiopiens étant entrés en Egypte &
ravageant les campagnes , des loups s'alTemblèrent en
une efpèce de corps d'armée , chaflèrent les Ethio-
piens , & les pourfuivirent jufqu'à Eléphantine ;
qu'en mémoire de ce fait , les Egyptiens bâtirent une
ville dans l'endroit où ces animaux s'étoient airem-
blés , & la nommèrent de leur nom Lycopolis. Elle
étoit près du Nil , iSc capitale d'un Nôme ou Ter-
ritoire , auquel elle donnoit fon nom. 0\\ l'a nom-
mée depuis Munia; c'étoit une ville Epifcopale. On
ufa d'indulgence à l'égard de Méléce ; on lui per-
mit de demeurer dans fa ville de Lycopolis , mais
fans aucun pouvoir ni d'élire , ni d'ordonner. Fleu-
RY.
LYCOPOLITE. f. m. & f. Habitant de Lycopolis.
Lycopolites , Lycopolita.
LYCOPSIS. f. f. Plante qui poulie une tige à la hau-
teur d'un pied & demi, droite, rameufe, velue. Ses
feuilles font rangées fans ordre vers le bas de la tige ,
femblables à celles de la buglofe fauvage , dures,
couvertes d'un poil rude. Ses fleurs font petites ,
tendres, de couleur purpurine, placées aux fomiui-
tés des branches. Sa racine eft rouge. Lycopfis.
C. Bauh. Elle eft déterflve , vulnéraire , confon-
dante.
Ce mot vient du Grec ^'«-'i , loup , Se 'i4"s , face ,
comme qui dkpk , face de /oap, parce que la tige
Se les feuilles de cette plante fon couvertes d'un poil
rude comme la peau du loup.
CCF LYCOPUS. f. m. Nom d'une plante communé-
ment appelée marrube aquatique , parce qu'elle
croît au bord des eaux , Se qu'elle relfcmble au mar-
rube noir. On la croit propre à arrêter le cours de
ventre , & bonne contre les hémorroïdes. Elle eft
labiée & prefque campaniforme. Il fort du calice
un piftil attaché comme un clou à la partie pofté-
rieure de la fleur , & entouré de quatre embryons qui
deviennent dans la fuite des femences arrondies , &
enveloppées dans une caplule qui a été le calice de la
fleur.
LYCORIAS. f f. Une des Nymphes que Virgile donne
pour compagne à Cyrcne , mère d'Ariftée.
ffJ- LYCURGÉES. f. f pi. Foye:{ l'Art, luivant.
LYCURGUE. f. m. Nom d'homme. Lycurgus.Q\ie\-
ques-uns difent Lycurge , comme Thaumaturge; mais
la plupart de nos Ecrivains difent Lycurgue. Lycur-
gue , Roi de Lacédémone , rétablit les jeux Ol>m-
piques ,
L Y D
piques. Tourueii. C'ell le Lôgiliatcur des Laccdc
iiionicns. Laccdcmone , illulhe par fcs .uiciciis Rois ,
avoit acquis un cclat ious Lycurgue , un de ces hom-
mes nés pouL- gouverner les autres j«i!<: les moiigé
ner. Bon Roi j & du moins aulli bon Lcgillateur ,
il entreprir la reforme de Ion Etat , Ik commença
par celle des mœurs , qui leulc ptuc maintenir l'or-
dre qu'elle établit. Il exécuta ion plan , <k. après
avoir fait jurer les Sujets qu'ils oblcrveroient les
Loix , julqu'à Ion retour , il le bannir à perpétuité.
Déjà pour les autoriler d.ivantnge , il avoir employé
im autre artifice , & fait accroire au peuple qu'A-
pollon les lui avoit diélées. On ne con(,oit pas qu'un
Payen , à la vérité , trop indulgent lur l'adultère & liir
le larcin ^qu'il pardonne en ceir lins casj ait pi'i , dans
tout le relie, lî fort approcher delà Mora le Chrétienne,
&. quelquefois y atteindre. Tourreil. Lycurpie
avoit bien compris que l'intelligence parfaite entre
le peuple & le Souverain cil: la baie &: le fonde-
ment de leur félicité réciproque. Id. Harpocration
'■ fait le Rhéteur Lycurgue , pctit-hls du Légillateur de
ce nom. Le contraire le déniontie par l'iutarque,
qui dit que le grand père de ce Rhéteur étoit des
Etéobutades , autrement d'une ancienne race de vrais
Athéniens, &: vivoit Ious les trente Tyrans j qui le
firent mourir. Plutarque dit dans la Vie de Lycur-
gue , que les Lacédémoniens le mirent au nombre
des dieux. ^CT On lui éleva un Temple après
fa mort; on ordonna qu'on lui fit des Sacrifices
anniverfaires. Les tètes qu'on célébroit en Ion hon-
neur furent appelées Licurgées.
L Y D,
LYDDA , ou LYDDE. Petite ville de la Terre Sainte,
l.tuée dans la Tribu d'Ephraûn , entre Jérufalem &
Joppé , à huit de la première , & à deux de la der-
nière. Lidda , Lydda , Diofpolis. Maty. La ville
de Lydda , de la Tribu d'Éphraïm , ell encore au-
jourd'hui appelée des Arabes Lydde y c'eft à dire ,
édifiée. Les Grecs la nomment AiosnuAi^ , c'eft à-
dire , Ville de Jupiter. Elle eft fituée dans une gran-
de plaine , dilfantc de Ramatha d'une lieue , vers le
feptentrion. C'ctoit une des onze Toparchies , ou
Principautés de la Terre-Sainte. Ce lieu ell: agréa-
ble , tant pour la fituation , que pour le terroir _,
qui eft bon & fécond , où on recueille abondance
de coton. C'eft a Lydda que Saint Pierre guérit le
Paralytique dont il eft parlé au Ch. IX^ des Aèfes
des Apôtres. Les Grecs y ont une Eglile dédiée à
S. George. C'eft un lieu de dévotion pour tous les
Chrétiens de la Terre Sainte , parce qu'ils croient
que c'eft en ce lieu que S. George fut maityrifc.
Aujourd'hui Lydda n'eft plus qu'un bourg. P. Ro-
ger , F'oyage de la Terre Sainte. Quelques uns di~
fent qu'on la nomme Ruma. M. Réland dit que
les Arabes l'appellent Loddo , & il prétend que c'eft
la même chofe que Lod. Lydde fut une des trois
Toparchies , que Démétrius j Roi de Syrie , dé-
membra de la Samarie , pour les donner aux Juifs. /.
Mach. XL. ^4. Joj: Anùq. L. XIV. c. S. AÛius ,
Evcque de Lydde , étoit au Concile de Nicée , & y
foufcrivit.
LYDIE. Nom d'une ancienne Province de l'Afie mi
neure. Lyd'ia. Elle étoit bornée au midi par la Ca
rie , au couchant par l'Ade propre , au leptentrion
& au levant par la Phrygic. On nomme aujourd'hui
ce pays leSarcan. D'autres mettent la Mcelîe à fon
feptentrion , & la Phrygie feulement au levant. On
le renfermoit quelquefois dans l'Ionie , qu'elle avoit
au midi. Après le fac de Troye , les Phrygiens s'y
retirèrent , & lui donnèrent le nom de Phrygie.
C'étoit dans la Lydie qu'étoient ces Heuves li van-
tés par les Poètes ^ le Caïftre j l'Herme &: le Pafto
le. Avant Lydus la Lydie s'appeloit Mœonie.
Lydien , ENNE. f. m. & f. Qui eft de Lydie.
Lydïus , a. Les Lydiens avoienr pris leur nom de
Lydius, leur premier Roi , fils d'Athyes , Chef de la
première des trois Dynafties qui ont régné en Lydie;
I Tome y.
\
L Y M ^89
ou plutôt de Itt(/, comme il paroît par Ifaie LXVI.
ly. par jciem. XLVL 10. tiéch. XXVII. 10. &
XXX. j. Les Lydiens étoient renommés dans les
combats pour l'.igilité de leurs chars, &: leur vîtef-
fe. La Cavalerie Lydienne avoit aulli de la réputa-
tion. Les Lydiens venus en Italie furent ou palle-
rcnt pour les Inventeiii', du jeu, qui prit d'eux le
nom de Ludus. D'anciens proverbes (iiccs montrent
qu'ils étoient lort décriés pour leur déiicatelié dans
la bonne chère j tk. leurs débauches. Les i.ydiens por-
toient des pendans d'oreille. Le Royaume des Ly-
diens étoir un des plus anciens du monde. Il finit
à Crœfus après 675. ans de durée Ious les deux
dernières DynalHes iculemcnt ; dont , par confé-
quent , celle des Héraciides commença à régner
pendant qu Aod (Se Samgar étaient Juges du Peu-
ple de Dieu. On ne iait point quand commença
la première qu'on nomme celle dés Atnyadcs. Eu-
fébe lui donne dix-neuf Rois. Le Chef de la pre-
mière fut Athyes, ou Lydus ; le Chef de la féconde
fut Argon , fils d Hercule; & le Chef de la troiiîème
hit Gygès. Les Tolcans étoient originairement Ly-
diens ; car les Lydiens conduilirent des Colonies
en Italie j & peuplèrent la Tofcane. ^ojf^ Ludim,
où nous avons rapporté le fentiment de Bocharr.
Les Lydiens j en quelques endroits de l'Écriture ,
font un peuple d'Afrique , comme E\éch. XXVII.
1 0. XXX. j. Je'rem. XLVI. ç. Ceux-ci defcendoient
de Lud , fils de Mefraïm. Le P. LuMn conjecture
qu'ils habitoient entre la Libye &c 1 Afrique propre-
ment dite. Sa raifon eft , que dans le Livre de Judith
11. /5. les Septante joignent Lud à Phud , quil
croit être l'Atrique propre.
Lydien j enne. adj. Qui appartient à la Lydie, ou aux
Lydiens. Lydius , a. Un char Lydien. Une colur.ie
Lydienne. La pierre Lydienne eft le nom que l'Anti-
quité a donné à l'aimant, &C à la pierre de touche.
Voye'^ Saumaile , fur Soliii, p. iioj.
^fT On appelle Jeux Lydiens , les exercices , les amu-
femens , les cérémonies que ces peuples Aliatiques ,
chalfés de leur pays , apportèrent en Etrurie où ils
fe rctugièrent. Les Romains en introduilircnt l'ufage
chez eux , les appelèrent Lydi , par corruption Ludi.
Ces amufemens étoient des jeux d'adrelle ou de ha-
fard , comme le palet , les dés , &c.
L Y E.
LYE. f. f. Lye. Surnom que les Siciliens donnoient à
la Lune , parce qu'elle les avoit délivrés d'une mala-
die contagieule.
Ce nom vient de >.iJii , folvo , lihero , Je délivre.
|p° LYGODESMIENNE. adj. f. Terme de Mytho-
logie. Surnom donné à Diane Orthienne , parce que
la ftatue étoit venue de la Tauride à Sparte empa-
quetée dans des liens d'olier. Des mots Grecs^ ^vyc,- ,
ofier y ôc àitfics , iien.
L Y M. * *
LYMBACH. Nider-Lymbach , ou Afolindua. Limba-
chum , autrefois Olimacum. C'eft un ancien bourg de
la Haute Pannonie. Il eftprèsdu Muer iSc de la Sti-
rie , à quatre lieues de CanilCj vers le couchant. &
à pareille diftance d'Ober-Lymbach , vers le midi,
Maty.
g^LYME , ou LYME-REGIS. Voyei LnfE.
LYMEN. VoyeT^ Ramsey , & Piymlimen.
LYMFIORD. Le canal de Lymfiord , ou d'Alborg.
Lymicus fmus. C'eft un golfe de la mer Baltique. On
lui donne communément le nom de canal, parce %
qu'il n'eft pas large , mais fort long , s'étendant de-
puis le Catégat , où il a fon entrée , julqu'à une heuc
de la mer d'Allemagne , & féparant prefque entière-
ment la prefqu'ik de Wenluffel du refte du Jut'
land.
LYMNE. C'étoit anciennement une petite ville des
Canticns ; ce n'eft maintenant qu'un village du
Comté de Kent , en Angleterre, Limenus , Lemanis ,
Sffi"
éoo L Y M
Lemcinus. Il cil fui' le Pas de Caliis , où il avoir aune-
fois un porc , que les fables onr gare. Maty.
LYMPHATIQUE, adj. m. ëcï.Lymphaticus a.^ 1 ci-
me d'Anaromie. C'eft un nom que les Moacrncs
ont donné à des vaiffeaux conrenanr une humeur
aquculc , qui Ce lepare en plulieurs endroirs du corps ,
& qui palle dans les veines &i dans le cœur par
ces petics conduirs.
.gj Oii dirtmgue les glandes e^- les va.neairx lymphaa-
ques. C'eft par le moyen des glandes lymphatiques
placées dans prefque tous les endroirs du corps que
la lymphe le fepare de la maik du lang. Llles ont
dirtéi-cns noms, de cervicales , thorachiques , me-
fenténques , £-c. luivant les parties ou elles le trou-
venr. Les Anciens croyoienr que la lymphe le lepa-
roit du lang par-le moyen de quelque krment qui
fe trouvoit renfermé dans les glandes lymphatiques.
On croit aujourd'hui que ces glandes ont une ou-
verture tellement configurée , que les leules molé-
cules dont la lymphe eft compoke , peuvent y
palier. , . r ; z.
iCr On appelle vailkaux lymphatiques , vaja lympha-
tïca tous les conduits qui lervent à tranlporter
1? lymphe de toutes les patries du corps dans le
réfervoir du chyle. La plupart de ces vailkaux le
trouvent entre deux glandes lymphatiques. Il y a
beaucoup de ces vailkaux iur la peau & lur le
blanc de Toeil. Les Modernes en ont trouve plulieurs
dans les vilcères où ils n'ont encore pu découvrir au-
cune glande lymphatique. Les vaillcaux lymphati-
ques ont de diftanceen diftance deux valvules kmi-
lunaires, lune vis-à vis de l'autre , qui permettent à
la lymphe de coukrvers k cœm ., mais l'empêchent
de rétrograder. ■ r i- i i
LYMPHE, f. f. Terme d'Anatomie, qui le dit des hu
meurs aqueuks qui palknt par les petits conduits du
corps. Lympha. îp" C'ell: une liqueur claire & limpi-
de , une humeur Huide , qui k lépare de la malle du
fans par le moyen des glandes dont on vient de par-
ler , & qui eft renfermée dans des vailkaux particu-
liers qu'on appelk Lymphatiques.
|0"Dms l'analyfe chimique que fit le Docteur Keil de
la lymphe , il la trouva compofée de beaucoup de kl
volatil , d'un peu de flegme Se de loufre , & d'une
petite quantité de terre. Dict. de Medec. La lym-
phe krt principalement à délayer & à perkdionner
le chyle , lorfqu'il k mêle avec la malle du lang ^
puilqu'elle k rend de toutes les parties du corps dans
le rékrvoir du chyle. Les Médecins prétendent que
toute la lymphe qui k kpare du fang eft nécellaue
pour cet ulage. Foye^ au mot Lymphatique com-
ment fe fait cette féparation.
fCTEn Botanique, on .ippelle lymphe:, une humeur
flegmatique qui fe trouve dans les plantes, ^uye^
Flegme. On appelle vailkaux lymphatiques , des
vailkaux , ou au moins des organes qui en font la
fonétion , & qui font remplis d'une liqueur tranlpa-
. rente &■ aqueuk. Cette lymphe que l'on peut tuer
de la plupart des arbres , quand ils font en pkme
sève , eft peu diftérente de l'eau fimple. Vers le com-
mencement du Printemps , quand les boutons ne
font pas encore ouverts , on voit Ibrtir beaucoup de
lymphe de tous les farmens nouvellemenc coupés :
c'eft ce que les Vignerons expriment en difant , que
la vigne pleure. En Hiver , quand la vigne eft dé-
pouillée de les feuilles, ou en Été, quand elle en eft
«•arnie , fi on coupe l'extrémité d'un larment , il n'en
fort aucune liqueur : il n'en coule point non plus
vers le milieu du Printemps , quand la sève eft dans
fa plus grande aftion. La liqueur qui en fumte , quand
♦ on prelk un farment , rentre dans fes vaifleaux ,
aulli-tôt que la prcllîon ceftc.
|Cr M Duhamel obfcrve que cet écoulement plus ou
moins confidérable de la lymphe , ne produit point
d'etktknfibk fur la plante , «i quant à la production
du bois, m quant à cclk du fruit , la lymphe ne couk
jamais plus abondamment que quand , après une
forte gelée , il vient un e;rana dégel. Dans k remps
de cecce effufion , l'écorce eft adhérente au bois , & ks
L Y O
boutons n'ont fait aucune produétion. A mefure
qu'ils s'ouvrent , la lymphe couk moins abondam-
ment , & elle contrade un goût d'herbe. Quand les
feuilles paroilknt , l'écoulement celk totalement.
Ce goût d'herbe , dit M. Duhamel , viendroit-il de
ce que cette liqueur changcroit de nature , ou de ce
qu'elle k mclcroit avec quelques fucs particuhers >
^ La hqueur qui s'échappe des plantes par la tranfpi-
ration , paroît ii'être qu'une liqueur lymphatique.
L Y N.
LYNCÉE. f. m. Fils d'Aphenée , Roi de Meffénie,
fut un des Argonautes. Il fut tué par PoUux. Lyn-
cxus,
Lyncée , fils d'Egyptus , fut le feul de cinquante frères
qui échappa au mâllacre des Danaïdes. Il fuccéda à
fon beau-père au trône d'Argos , & l'occupa quarante
ans. Sa ftatue fe voyoit dans le Temple de Delphes,
parmi celles de tous les Héros de la Grèce.
LYNCURIUS. f. m. Sorte de pierre que les Anciens
croyoient être formée de l'urine du lynx coagulée.
Lyncurius. Quelques-uns veulent que ce loit l'ambre
jaune; & d'autres cette efpèce de pkrre Békmnite,
qui eft tranfparente , ou qui attire la paille comme
l'ambre jaune. Boot croit que le lyncurius eft une
efpèce de jacinthe , qui eft de la couleur de l'ambre
jaune j dont on ne peut la diftinguer qu'en ce qu'elle
eft plus dure , & qu'elle ne tire pas la paille. De
Laet croit auffi que c'eft une efpèce de jacinthe. C'eft
une pierre commune en pluheurs lieux , grofte com-
me le petit doigt : il y en a beaucoup proche de
Caën. .. /- 1
LYNGODE. adj. & f. f. Lyngodes^ Ficvre lingultueu-
fe , accompagnée de hoquets. Foy. Fièvre.
LYNNE ou KINGES-LYNNE. f. m. Petite vilk
du Comté de Norcfolck , en Angleterre. Linum ,
Linum Régis. Cette vilk qui a un porc à l'embou-
chure de l'Ouk , apparcenoic aucrefois à l'Evcque de
Nortwick; mais le Roi Hemi VIII. k l'appropria..
& c'eft pour cette raifon qu'on la nomme depuisj
KingesLynne .c'ert-à dire , ïzLynne du Roi. Maty.
LYNX. Voye:^ Linx.
L Y O.
LYON. C'eft une des plus grandes villes de France ,
& la plus confidérable après Paris, félon ce prover-
be: Pans , fins p.air i Lyon, fans compagnon. Lug-
dunum y Lugdunum Scgufianum , Lugdunum Celta-
rum. Elle eft capitale du Gouvernement du Lyon-
nois , &z fituée dans k Lyonnois propre , aux con-
fins de Dauphiné , fur le confluent du Rône & de
la Saône , à lix lieues au-delîlis de Vienne, picn eft
une ville fore ancienne i ks amphicéâcres , les aque-
ducs , & ks ruines des Palais de pluheurs Empe-
reurs Romains , qui y onc demeuré , lont des preu-
ves de fon antiquité. Elle eft partagée en trence-
kptQuartkrs, que l'on noiraiie Pennonages, donc
chacun a fon Capitaine , &c ks autres Officiers de
Milice. Elle eft bien bâtie , & on y voie quantité de
fomptueux bàcimens , tant faims, que prolanes.La[
Mailbn de Ville palk pour un des plus luperbes édi-
fices de l'Europe ; fon Hôpital pour un des plus grands
& des plus propres , & fon Arknal pour un des
mieux fournis. Elle eft fortifiée , & on y voie le
Châceau de Pierre Encife , qui la domine , & ou l'on
mer fouvenc ks prilbnniers de conléquence. Cetce ;
grande ville eft extrêmement peuplée, à cauk de,,
l'on commerce, qui eft très-conlidérablc , & de iesj
raanufachues. Elle eft aulfi une des plus riches de |
France. Il y a un Prélidial , une Ekdion , une Cour
des Monnoies , une Chambre des Tréloriers de
France , un Tribunal de Commerce , un Prévôt des
Marcha'nd,s, comme à Paris. La dignité d'Echevm,
ou de Conful de cecte ville , ennoblit tous xeux qui,
V font élevés. Enfin , il y a dans Lyon le hege d uuj
Archev-êque , qui a pour futfragansks Evêques a Au-,
tun ,: de Langres, de Chaloiis & de Mkon , c\' '-,
L YO
porte le titre de Primnt des Ciulcs. Maty. En 1079.
Grégoire VII accorda à l'Archevêque de Lyon l.i
Primatic fur les Provinces de Rouen , de Tours <^c
de Sens ; &: par confcquent lur les quatre Provinces
Lyonnoifes. Dans le premier Tome des Acla Sanci.
Bcned. Prdtf. Le P. Mabillon prétend montrer qu'au-
trefois il y avoit toujours révélation pour l'éleétion
de l'Archevêque de Lyon. Lyon ell à ii degrés 55
minutes de longitude , &■ à 45 d. 4; minutes de lati-
tude feptentrionale.
Il y a trois Icntimens ditîerens lur l'origine de
Lyon. Le premier donne à cette ville pour fondateur
Lucius Munaticus Plancus , Conlul Romain , & fixe
le temps de fa fondation à l'an 710. de Rome, 44
années avant la naiilance de J. C. Le fécond fenti
ment efl que trois cens cinquante ans avant Muna-
tius Plancus j deux frères, Momorus 6c Arepoma-
rus J Princes Gaulois venus de Languedoc , bâtirent
cette ville par l'ordre d'un Oracle. Le troiiième fen-
timenr, remontant encore àdesfiècles plus reculés,
attribue le^ commencemens As Lyon '3. Lugdus,qna
torzième Roi des Celtes , que l'on prétend avoir
donné fon nom à la ville de Lyon. Cette dernière
opinion eft une invention d'Annius de Viterbc. C'eil
en faire fufHfamment connoître la fiufleté. La pre-
mière paroît la plus vraif'emblable. M. Broiiette la
fuit dans fon Hijloire abrégée de la Ville de Lyon.
Et félon cet Auteur, Lucetia , la ville de Comnjin-
ges , qui eft appelée Lugdunus par les Anciens,
Lugdunus auprès de Vienne j qui efl aujourd'hui
Montléans , & Lugdunum Batavorum , qui eif Ley-
deiî , n'ont pas d'autre origine. H!jl. des Daupk.
Li IL. p. ç6 . Le P. Hardouin , dans les Notes fur
Pline , femble approuver l'opinion de Chorier. Le
P. Méneflrier dans fon Hifloïre de Lyon , la réfute ,
/. i j6 , parce qu'il refte plus de trente infcrip-
tions antiques où {e.VLOnxcle.i'notAcLugudunum^Sc
plus de foixante où eft celui de Lugdunum ; que les
médailles d'Antoine , & des tables d'airain gra-
vées fous l'Empire de Claude , la nomment Lugu-
dunum ; que Dion Se Plutarque la nomment, ainfî ;
que Tacite, Suétone, Strabon , Sénéque ,_Florus,
Pline, Tite-Live , Paterculus, & plus de cent au-
tres Auteurs des premiers fiècles la nomment Lug-
dunum ; & qu'il n'en eft pas un feul qui la nomme
Lucdunum , avant Chorier. Cambden, dans fa Bri-
tannia Antiqua , prétend que lugus , ou lucus , en
ancien Celtique , flgnifîoit une tour^ en effet, Pom-
ponius Mêla appelle Turrim Augujli , le lieu que
l'Itinéraire d'Antonin nomme Lugo Augujli. De-là
il croit que Lucotetia , d'où l'on a fait Lutetia , li-
gnifie Belle tour, parce qu'il a ce fcns dans la langue
Britannique , la même que la Celtique \ & il veut
que Lugdunum foit Turris in colle , une tour fituée
fur luie colhne. Et véritablement, c'eft ce qui pa-
roît le plus vraifemblable.
Ce mot Lyon s'eft formé de Lugdunum , ôc
Lugdunum eft compofé de deux mots , Lug &c du-
num. Le fécond en Celtique fîgnifîe colline , hau-
teur , montagne ancienne : msis la diiHculté eft de
fivoir d'où vient Lug, & ce qu'il figniiîe. Quel-
ques-uns tirent ce nom de Lugdus, qui fut , dit on.
Roi des Celtes \ d'autres de Lugdi dunum , la mon-
tagne de Lugdus. Plutarque & Strabon , fuivis de
quelques autres, difént que ce nom fignitie la mon-
tagne des corbeaux , Se qu'il fut donné à cette ville,
parce que Momorus , Prince Gaulois , ayant reçu
ordre d'un Orasle de bâtir une ville au confluent
de la Saône Se du Rhône , il fut déterminé à la
mettre à l'endroit où elle eft par une troupe de
corbeaux qu'il vit voler fur cette colline , Se qu'il
prit pour un bon augure ; car Ciitophon ,^ dans
Plutarque , remarque que Loug , ou Lug , fignifie
lin corbeau -, mjis toutes ces étymologies fentcnt la
fable. Plufieurs croient que Lugdunum vient de
Lucii dunum , colline de Lucius , parce qu'elle fut
fondée par Lucius Munatius Plancus. Quelques-uns
difent que Lugdunum eft la même chofe que Lugens
dunum, colline pleurante, ou Lucius dunum, col-
Tome V
L Y O
691
Ime de deuil, parce que cette ville avoit été ruinée
deux ou trois tois par diliércns accidens. Ils difent
qu'auparavant elle s'appelloir//ff à caufe de fa fitua-
tion , étant alors placée entre les deux rivières , à
la pointe de terre où elles fe joignent j mais Lyon
s'appeloit Lugdunum , avant les incendies qui la
ruinèrent. On a dit qu'une lésion de Céfar nommée
Lugda , avoit campé en cet endroit , 6j y avoit laillc
fon nom. Goropius Bécanus prétend que Za-' en
langue Cimbrique , fignifioit jorcune , Se que lug-
dunum eft la même chofe que colline de la fortune ■
mais on fait combien la plupart des étymologies
de cet Auteur font mal fondées. M. de Sainte-Mar-
the cite un ancien Itinéraire de Bourdeaux à Jéru-
falem, qui dit que Lugdunum en langue Gauloife ,
fignih'e Alonc dê/iré. Quelques Auteurs Eccléfiafti-
ques , gens communément peu heureux dans leurs
étymologies, prennent ce nom pour lucis dunum,
colline de la lumière. Le P. Méneftrier croit qu'il
pourroit venir du Grec ^i-/» t^;>o» ^ qui figiîifîe Mon-
tagne du difcours , Se que ce nom lui put être donné
à caufe de l'autel , dont parle Juvénal , Sat. /. v. 4.4,
Se devant lequel les Orateurs difputoient pour le
prix de l'éloquence. Il conjeéfure encore que ce
nom pourroit s'être formé de Luci dunum, qui veut
dire la montagne du bois facré ; qu'il y avoit là un
bois où les Druides faifoient leurs fàcrifïces , & où
ils coupoicnt le Gui , comme nous l'avons dit au
mot Aguilanneuf, que le faubourg de Lyon nommé
la Guillotière n'a pris ce nom que parce que c'étoit-
là qu'ils dépofoient le Gui lacré. Foye:^ Hadr. Va-
lois , Not. Gall. p. 2(11. & fuiv. Dion raconte,
Liv. XLVI. que le Sénat craignant que Lyon ne
prît le parti d'Antoine , qui venoit d'être déclaré
ennemi de la République , ordonna à L. Munatius
Plancus d'y conduire une colonie de Viennois , qui
avoient éié chaffés de leur ville par les Allobroges:
& en effet, Lyon porte le nom de colonie dans
les Infcriptions antiques. C'eft ce qui a fait dire à
tant d'Auteurs, que Lyon a été fondé par.L. Mu-
natius Plancus.
Chorier tire rétymologie de ce nom de Lut ,
qui /îgnifie multitude qui habite quelque ville , ou
en quelque endroit confîdérable d'un pays. Il veut
qu'on ait dit d'abord Lutdunum , c'eft à-dire , le
peuple de dun , ou de la montagne.
LYONNISTE , f. m. & f. Nom de feéfe. Lugdunifta,
Pauper de Lugduno. Mézeray donne ce nom aux
Pauvres de Lyon. Avant que Valdo, ce Marchand
de Lyon , qui pour affeder une pauvreté Evangé-
lique , diftribua fes biens aux pauvres , eût donné
commencement aux pauvres de Lyon , nommés auflî
Lyoniftes , Lolards & Turelupins , ce qui ne fut
qu'en l'an 1160. Cette nouvelle doélrine avoit pris
de profondes racines dans le pays de Languedoc.
MÉZERAY, T. L, p. yoo.
LYONNOIS. (k) Province de France, enfermée
entre la Brefle , le Beaujolois , le Forez & le Dau-
phiné. Elle a environ douze lieues du fud au nord,
& fîx ou fept du couchant au levant : le Rhône
Se la Saône l'arrofent. Ses lieux principaux font
Lyon capitale , S. Chaumont , Condrieu , Brefle Se
Ance. Lugdunenjis Provincia.
Le Gouvernement du Lyonnois. Lugdunenjls Prs.-
feclura. C'eft un des douze grands Gouvernemens
de la France. Il eft borné au nord par le Berry , le
Nivernois Se la Bourgogne ; au levant par la Breflè
Se le Dauphiné ; au midi par les Sevennes Se le
Rouergue ; Se au couchant par le Quercy , le Li-
mofîn Se le Poitou. Ge Gouvernement baigné par
le Rhône , la Saône, la Loire Se l'Allier, renferme
toutes ces Provinces ; le Lyonnois particulier, le
Beaujolois , le Forez , le Bourbonnois , l'Auvergne
Se la Marche. Lyon en eft la capitale,
LYONNOISE. Nom que l'on a donné à quatre Pro-
vinces de France , qu'on nommoit anciennement
dans les divifions des Gaules , Se qu'on nomme
encore aujourd'hui en parlant de l'Antiquité , &
fur tout en termes d'Hifloire Eccléfiaftique ; la
Sfff ij
6cjz . L Y R
Piemière, la Seconde, la Tioilièmc , & la Qua-
rriè'.ne Lyonnolfc.
La Première Lyonno'ifi , en Latin Prima Lu^du-
nen/is , comprcnoit tout ce qui dépend de la ir.é-
tropole de Lvon , c'ell-à dire , l'Archevcché de Lyon
& les Evcchcs d'Autun , de Langres , de Châlons
êc de Màcon.
La Seconde Lyonnoife , en Latin , Secunda Lug-
dunenfis , eft la Normandie , ou l'Archevêché de
Rouen , &c tous Tes luffragans , Bayeux , Avranches ,
Evreux , Sécz, Lizicux & Coutances.
La Troihème Lyonnoife , dans les Auteurs Latins ,
Ténia Lugdunenjïs , renferme les Dioccies de Tours ,
métropole , du Mans , de Rennes , d'Angers , de
Nantes , de Quimper , de Vannes , de S. Paul de
Léon, & de Uol.
La Quatrième Lyonnoife , en Latin , Quana Lug-
dunenfis , comprend les Dioccfes de Sens , de Char-
tres , d'Auxerre , de Troyes , d'Orléans , de Paris
& de Meaux. Voyez les Notices anciennes des Pro-
vinces de France données par le P. Labbe dans les
Hifioriit, Francorum fcriptores , au commencement
du L Tome.
Il n'y eut d'abord qu'une Lyonnoife. L'Empereur
Augufte qui lui donna ce nom , la compofa d'une
partie de ce qui compofoit du temps de Célàr la
Gaule Celtique. Dans la luite , vrailemblablemcnt
fous Dioclétien , cette Lyonnoife fut partagcc en
deux. Enfin , fous l'Empire de Gratien , ou au plus
tard fous celui d'Honorius , chacune de ces deux
Lyonnoifes fut encore partagée en deux autres : de
la première, on fît la première & la troifième; &
de la féconde, on fît la féconde & la quatrième.
Lyonnoise. f. f. Terme de Fleurifte. Anémone qui a
de grandes feuilles, & la frai fe ou cordon verte-
blanchâtre , à tond colombin : fa peluche colom-
bincj à l'extrémité gris. Anémone Lugdunenfîs. Morin.
L Y P.
LYPÈZEj ou LIPSCH, Nom d'une petite ville de la
Haute Hongrie. ii^wvM. Elle eil capitale du Comté
de Lypczc , & iituce (ur la rivière de Gran , à deux
liciics au-dellus de Biftricz. Maty.
Le Comté de Lypèze. Liptovienfis Comitatus.
Contrée de la Haute Hongrie, lîtuée entre lesComtés
d'Arva, de Turofc , de Biftricz , de Gomer, de
Cépus, & du Mont Krapach, qui le fépare de la
Pologne. Lypèfe Se Saftatt en font les lieux prmci-
paux. Maty.
LYPIRÎE. Il faut écrire LIPYRIE. Efpèce de fîèvre
ardente. T'^oye'^ ce mot.
LYPO. Ville de la Chine dans la provir.ce de Quangfi ,
au Département de Kinggyucn , troifîème Métropole
de la Province.
LYPY , f. m. Terme de Fleurifte. Nom d'une tulipe
rouge brûlé , & jaune-terni. Morin.
L Y R.
LYRBÉ, Ville de l'Ahe mineure, aii-delTus de Cy-
bire.
LYRE , f. f. Ancien inftrumcnt de Mufique qu'on
peint entre les main d'Apollon. Lyra , ckelys , tef-
tudo. Il eft: de fîgure prelque circulaire , & il a un
petit nombre de cordes au milieu, tendues comme
celles de la harpe ^ & qu'on pince avec les d oins.
On fc fert aullî de ce mot en parlant de toute forte
d'harmonie. Quelques- uns croient que la lyre des
Grecs éroit notre guittare. D'autres difent que c'é-
toit un inftrument fait d'une coquille de tortue
qu'Hercule vid a _& perça , & puis la monta de cordes
de boyau , au l'on delquelles , il accorda fa voix ,
comme le dit Horace .- aufli l'appeloit-on tefludo.
On en voir plufieurs figures diftérentes flir les mar-
bres & médailles de l'Antiquité. Il y avoir une lyre
à quatre cordes , & une à fept. Dac. Baudelot dit
que les anciennes lyres n'avoient que trois cordes.
Timothée qui en ajouta de nouvelles fut acculé
LYS
dans Lacédémone de corrompre la Mufique. Dion
Chryf. p. 41 1. Baudelot , Hijl. de Ptol. Aul. P,
IL C. FUI. p. 368. On dit poétiquement ^ Je
chanterai fur ma lyre j c'eft-à-dire , de vive voix ,
accompagné de quelque inftrument. Les uns attri-
buent l'invention de la lyre à Orphée , d'autres à
Linus, d'autres à Amphion , d'autres enfin à Mer-
cure & à Apollon. L'Ecriture nous apprend que
Tubal inventa la lyre , pour adoucit les fatigues du
travail par fes fons harmonieux. Les Anciens n'em-
ployoient la lyre que pour louer les dieux : & la
riùte poMr les hommes. Dac. Les Grecs fe fervoient
de la lyre dans les chœurs de la Tragédie. Id.
Les lyres des Bardes , anciens Poètes des Gaulois,
avoient de la relfemblance avec les Mandores ,
inifrument de Mufique qui commence à être né-
gligé. Chokier , Hift. de Dauph. L. II. p. 104.
La lyre moderne eft un inftrument dont la figure
eft peu différente de la viole , m.ais Ion manche eft
beaucoup plus large , auftî-bien que fes touches,
parce qu'ils font couverts de quinze cordes , dont
les hx premières ne font que trois rangs. Que fi
on vouloir doubler chaque rang , comme au luth ,
on auroit 22 cordes. Son chevalet eft aufti plus
long , plus bas & plus plat. On n'en ufe guère en
France , quoiqu'elle foit fort propre pour accom-
pagner la voix. Le fon de la lyre eft languiffanc ,
& Dropre à exciter la dévotion. Mers.
Lyre , s'emploie aufll figurément. Mufe , il faut
prendre ta lyre , Armand nous aime. Mai. Prens la
lyre de Chapelain & la guitarre de Voiture. Sar.
Le Père Mourgues a fait un Virelay fur le Rimeur
rebuté, qui coiTimence patj
Adieu vous dis , trijle lyre ,
C'efl trop apprêtir à rire.
Lyre. Conftellation feptentrionale. Elle eft compofeedc
dix étoiles. Lyra. Une de la première grandeur ,
deux de la troihème , & fept de la quatrième. Baïer
& Harris lui donnent treize étoiles , dont il y en a
une de la première grandeur , deux de la troilième ,
une de la quatrième , fix de la cinquième j & trois
de la iixième.
LYRIQUE , adj. Ce qui fe chantoit fur la lyre. Lyricus.
On le dit des Odes , tk des Stances qui répondent
à nos airs , qu'on peut chanter , & mettre fur des
inftrumens. Les Anciens ont fort éftimé les vers ly-
riques. C''eft le nom qu'on donne aux vers qui ne
fé peuvent rapporter aux deux autres genres de vers,
c'eft-à-dire , Hexamètres & lambiques. Ils fer-
voient .TJX Odes , & aux chœurs des Tragédies. Pin-
dare évite avec foin cet ordre méthodique , &z ces
liailbns exactes , qui ôteroient l'ame à la Poëfic
lyrique. Boileau.
|CF Nous avons étendu ce mot à nos vers François
qui font propres à être chanrés. Le caractère de la
Poclle lyrique eft la noblelfe, pour les fujers héroïques,
& la douceur pour les t'ujets badins ou galans
^3" On appelle Poètes lyriques ceux qui compofent des
Odes ou des Poëfies propres à être miles en Mufique.
Rouileau & Quinaut font nos meilleurs Poètes Ly-
riques.
LYS.
LYS. ToyqLis.
LYSANDER , ou LYSANDRE , f.m. Nom d'homme.
Lyfander. Pourquoi ne pas dire Lyfandre , comme
Alexandre y Timandre , Caffandre , Ménandre ? 6jc.
Cependant , M. Tourreil & d'autres difent Lyfander.
Lyfandre fut honoré comme un dieu à Samos.
Voii: de Idolol. L. L. c. 13.
LYSIARQUE , f. m. Voye^ Lyciarq,ue.
LYSIMACHIE , f. f. Genre de plante qui tire fon nom,
félon Pline , du Roi Lyfimachus , lequel fut le pre-
mier qui mit une efpèce de ce genre en ufage.
Ly /ïmachia. Voyez Corneille. C'eft la même plante-.
LYSIMACHUS , ou LYSIMAQUE , f. m. Nom d'hom-
LYS
me. Lyftinachus. M. ToiuTcil iSc d'aurres difent tou-
jours Lyjimachus. D'autres Lyjimaque.
LYSIPPEj f. m. Sculpteur fameux de Sicyone , vivoit
du temps d'Alexandre, environ 360 ans avant J. C.
Un de les plus beaux ouvrages etoit la llatue d'un
homme qui fe frotte en lortaiit du bain. Agrippa
l'avoit mife à Rome devant les Thermes qu'il lit
conrtruire. Le peuple étoit lî enchanté de cette lla-
tue, que Tibère l'ayant fait enlever pour la mettre
dans fon Palais, les Romains la lui redemandèrent
en plein théâtre , &c forcèrent leur Empereur de
la rellituer. Lyjippe lailla trois fils , dont le plus
célèbre hit Eutycratc. Dicllonnaire de Peïnturii ù
d'Architecture.
LYSPONDT , f. m. Sorte de poids qui pèfe plus ou
moins, luivant les endroits où l'on s'en fert.
IP" LYSSA , f. f. Mot Grec qui lignifie rage , défef-
poir. Euripide en fait une divinité qu'il met an
nombre des Furies, avec l'emploi de louftler dans
Tefprit des hommes la fureur & la rage.
LYSTON. Bourg d'Angleterre , litué dans le Comté
de Dévon , près de celui de Cornouaille , & de la
rivière de Tamer , à llx lieues au dellus de Pli-
mouth.
LYSTRE. Nom d'une ancienne ville de Galatie , dans
l'Afie mineure. Lïfira. , Lyjira. Elle étoit dans l'Ifau-
L Y T 69^
rie , à quatorze hcues d'Icône , vers le couchant.
S. Paul ayant guéri miraculeufcment un impotent
de Ly/lre , les Lylhiens voulurent lui offrir des fa-
trifices comme à une divinité ; mais peu de temps
après, étant irrités par les Juifs léditieux J» ils le
lapidèrent , ëc le tr.ainèreiu h<jrs de leur ville ,
comme un cadavre , mais il n'en mourut pourtant
pas. L'Évangile s'établit à Ly/lrc , qui fut Épifco-
palc , fuftragantc d'Iconie. Elle eft maintenant entiè-
rement ruinée. Maty.
LYSTRIEN, ENNE, f. m. & f. Qui eft de Lyftre,
habitant de Lyftre. Lyjlnus. Les Lyjl riens parloient
la langue Lycaonienne , comme il paroit par le
XIV* Ch. des Adlcs des Apôtres.
L Y T.
LYTAN , ou LYTHAN , f. m. Terme de Calendrier,
Lycanus. C'eft le nom d'un mois de l'année des
Cappadociens. Il y a dans Uirérius un fragment qui
nous apprend que ce mois répondoit au mois de
Janvier des Romains.
LYTH. Foyei Leith.
LYXIM. Petite ville de la Principauté de Phalczbourg ^
à quatre lieues de Saverne. Lyximum,
694
■?gqTg^E^WW^*r?n^H'''J'".JtBti.'<g<-' "J» m
0^ Lettre confonne, la treizième
lettre de notre alphabeth françoisj
('. f. fuivant rancieniie appellation ,
qui prononçoit emmc : Se i. m. fui-
vant l'appellation moderne , qui pro-
nonce me.
(pr Cette lettre a un fon fort
fourd , & qui fe prononce fur rextrémité des
lèvres, en frappant la lèvre d'en -haut (ur celle
d'en bas ; en quoi la prononciation de cette lettre
efl femblable à celle du è : elle n'en diftère que
dans un petit mouvement qui le fait dans le nez
quand on prononce I'/tz , & qui ne fe fait pas
. quand on prononce un b ; Se comme ce mouve-
ment ne fe peut faire quand on a le nez cmbar-
ralfé , il arrive que ceux qui font enrhumes pronon-
cent prefque I'ot comme anb,Sc difent , par exemple ,
je ne fiurois /Ranger , au lieu de dire , je ne faurois
OTanger. C'eft la remarque de M.. l'Abbé Dangeau.
§CF Ain/i l'articulation repréfentée par la lettre m eft
labiale & nalale : labiale , parce qu'elle exige le
rapprochement des deux lèvres : nafale , parce que
l'aciion des lèvres ainfi rapprochées , fait refluer par
le nez une partie de l'air fonore que l'articulation
modifie. Ainfi , comme nous venons de le dire,
ceux qui font enrhumés prononcent m comme b,
parce que l'air ne pouvant entrer dans le nez ,
l'articulation de cette lettre devient totalement la-
biale.
§C? Quand la lettre m eft la fin d'un mot , elle ne
rend qu'un fon nafrl. Ainli nom , parfum ,faim , Sec.
fe prononcent comme non y parfun , faln, ôcc. Il
en faut excepter les mots étrangers , comme Jéru-
falem , Scoholm , Salm , Krim , Sec. où i'm coiilerve fi
-véritable prononciation. Il y a pourtant quelques noms
Somme dans Jdum , Abfalom , où 1'/« eft un fimple
figne de nafalité. Il faut là delfus confulter l'uiage.
§3" Cette lettre fe prononce encore comme n quand
elle eft au milieu d'un mot devant b , p ,n , comme
dans emblème , embarras , emploi , empire , condam-
ner ^ Sec. que l'on prononce, anploi , anpirc ^, an-
blême , anbarras, condaner , Sec. Il en faut excepter
quelques mots pris du Grec , ou empruntés des
autres langues où elle retient ta prononciation ,
comme dans amnijlie j Memnon , Mnémofyne , Aga-
memnon , Sec.
^3" Quand cette lettte eft redoublée dans les mots
compofés de la particule en, comme emmener, em-
maillouer , Sec. la première fe prononce encore
comme n , anmener, anmaillotter.
Cette lettre étant précédée immédiatement des
voyelles a , e , i, o , u , forme avec elles un fon
nafal & obtus , qui cil une vraie voyelle lîmple -,
& quoique dans l'uiage on l'exprime par deux ca-
raûères , ce fon ne laifte pas d'être fimple , &
capable d'un port de voix , comme Jes voyelles or-
dinaires , a, e, i, o, u; on peut remarquer cela
dans les mots ewbralfer , impie , orabre , Sec. Ce fon
obtus que \'m forme avec les voyelles qu'elle fuit
imlnédiâtement dans une même fyllabe , eft le même
que \'n forme avec les mêmes voyelles , quand elle
les fuit immédiatement dans une même fyllabe ; cela
peut fe remarquer dans les mots (uivans impie, in-
jufte , erabranèr , e/jtendre. Il y a quelques mots où
\'m conferve le ion qui lui eft propre , mais alors
elle eft fuivie d'une autre m , ou d'une n ; comme
dans ces mots , i/nmodeftc , iOTmodeftie , i/wmodef
tement , amniftie , hymne , int/tf/Tznifer , int/tf/Tznité ,
Memnon, Aga/Tzemnon , Sec.
M quand elle eft lettre numérale , fignifie Mille
chez les Ansiens, fuivant ce vers :
M. caput ejl numeri quem fcimus mille cenere.
Quand on y ajoute une ligne^ horifontale au-dcf-
fus, elle fait mille lois mille. M.
La lettre M, dans des tables Aftronomiques , &
autres ouvrages lemblabks , marque le midi; par
exemple , que la latitude d'une planète eft méridio-
nale.
M. Cette lettre, dans les Ordonnances des Mé-
decins , eft l'abréviation de mifce , mêlez , ou de ma-
nipulus , poignée.
La lettre M, eft formée de deux ^f^ approches
Se renverlés w , M.
La lettre M, eft la même que le iWz des Grecs,
qui s'eft formé de l'ancien mem Hébreu. F'oye':{^ la
Diirertation du P. E. Souciet Jéfuite, fur les médail-
les Samaritaines.
L'ot fur les monnoies , eft la marque de celles
qui font frappées à Touloufe.
M A.
MA. adjeélif pronominal féminin. Mea. Le mafculin
eft Mon. Ma maifon. Ma robe. Ma tante. On dit
mon , devant les mots qui commencent par une
voyelle. Mon ame , mon épaule , &c.
Ma. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une femme
que la frble dit avoir iuivi Rhéa , & à laquelle Ju-
piter confia l'éducation de Bacchus.
Ce nom fe dcnnoit quelquefois à Rhéa même,
fur-tout en Lydie , où on lui Licrihoit un taureau fous
ce nom.
Ma. f. m. Terme de Calendrier. Nom du fcptième
mois des Tartares du Cathai.
M A A. ,
MAACHATL/-"oyq Mach.^ti.
MAAGNIÉ , ÉE. vieux adj. C'eft la même chofe que
Meshaigné.
MAAMAR BASCHI. f m. Terme de Relation ; nom
d'office à la Cour de Perfe. Le Maamar bajlhi eft
le grand Architecte du Sophi j le Contrc)leur-
général df s batimens , ou Surintendant des bâtimens
du Roi de Peife.
MAANSELHE. Nom d'un ifthme, qui joint la Lapo-
nie Mofcovite j Se la Finlande, province de Suède,
avec le Kargapol , province de la Molcovie. Maan-
felha, ou ifthmus Suecia. Il eft entre la mer Blan-
che Se le lac Onega. Il peut avoir environ vingt
lieues de largeur. Matv.
MAARA. Nom d'une place des Sidoniens. Maarj.
Sidoniorum. C'eft-à dire , .Caserne des Sidoniens,
Jof. XII. 4. On la nomma enluite Cavea Tyri,
Cage de Tyr. C'étoit un pofte imprenable ; ce fut dans
la fuite une ville des Chrétiens. Elle éroit dans la
Tribu d'Afer. Au midi font les Hévéens , toute la
terre de Chanaan , Maara , qui eft aux Sidoniens.
Saci.
MAAYPOOSTEN. f. m. Sorte d'étoffe de foie qui eft
apportée en Europe par le retour des v.iilfeaux de
la Compagnie des Indes Orientales de Hollande.
M A B.
MABAN. Bourg de l'Écofle méridionale. Mahanum.
Il étoit de ceux qui avoient (éance Se voix au Par-
lement d'ÉcolTe , & il eft fitué près d'un lac où l'on
prend une efpèce de poilfon nommé Vendèfes , qui
fe file Se fe débite dans les provinces voilmes,'&
fiit un des piij^cipaux revenus du pays.
MAC
MABOUJA. f. f. C'cll: le nom d'une racine de l'Amé-
rique dont les Sauvages tont les niallucs , qui lonc
leurs armes pour attaquer ou pour le dércndrc , &
dont parle Biron dans fcs cunolités de l'art ëc de
la nature , apportées des Indes. Cette racine eft
extrêmement compadle , Se e(l plus dure & plus
pelante que le bois de fer. Elle ell noue Ik toute
garnie de nœuds gros comme des cliàtaigties; ce
qui la rend fort propre pour l'uiagc qu'ils en tont.
L'Arbre qui produit cette racine n'eft pas commun.
On en trouve iur le haut de la montagne de la
Soufrière en la Guadeloupe. Les Américains ont
donné le nom de Mabouja à cette mallue , parce
que ce mot (îgniHe chez eux le diable , & qu ils
dilent que c'ell une racine de diable , ou qu'ils ont
la force du diable lorlqu'ils en font armés.
MABOUYA. f. m. Chez les Cara'i'bes Sauvages des
îles Antilles j c'eft le diable ou rcfprit malin dont
ils redoutent le pouvoir. C'eft pourquoi on lui rend
une clpèce de culte , en le repréfentant lous de
petites figures de bois aulli bizarres que hideutes.
MABOUYAS. f. m. Sorte de lézard , qui fc trouve
dans les lies de l'Amérique , &: que les Sauvages ont
nommé ainlîi , à caule qu'ils font les plus laids &
les plus hideux de tous ceux que l'on y voit , &
que Mabouyas eiT: un nom qu ils donnent commu-
nément à tout ce qui leur fait horreur. Ces lézards
font médiocrement grar.ds , Se ont rarement un
pied de long _, &: quand on leur a coupé la queue,
ils paroifFent être de véritables crapaux. Ils ont les
doigts des pattes plats , larges Se arrondis par les
bouts , & à l'extrémité de chacun , il y a une pe-
tite griffe femblable à l'aiguillon d'une guêpe. Ils
font de différente couleur j & ont tous la peau
comme frottée d'huile. Ils le retirent ordinairement
fur des branches d'arbres , fur le faite & Cm les
chevrons des calés, & delccndent rarement en bas.
Ils n'ont d'ordinaire qu'un peu plus d'un pouce de
grolfeur. Pendant la nuit ils jettent de temps en
temps un cri efttoyable , qui elf un infaillible pré-
fage de changement de temps. Ils le jettent fur ceux
qui les agacent ; on n'a pourtant jamais remarqué
qu'ils aient mordu ou fait mourir perfonne.
MABRA. "Ville du Royaume d'Alger , en Barbarie ,
Mabra , anciennement Aphrodlfium. Elle eft dans
le Royrume de Conflantine , fur le golfe de Bonne ,
au couchant de la ville de ce nom. Maty.
MABY. f. m. Breuvage dont on fe fert dans les îles , &
qui n'y eft guère moins en ulage que le Ouycou.
Cette boillon fe fait dans un Canaris où l'on met
vingt à trente pots d'eau , avec deux pots de firop
de cannes clarifié , une douzaine de patates , & au-
tant d'oranges aigres , coupées par quartiers. Cette
liqueur fermente en moins de trente heures , & fait
une efpèce de vin clairet allez bon , & plus agréa-
ble que l'ouycou , m lis plus malfailanti car le Mahy
enivre plus facilement , & donne la colique , pour
peu qu'on en falFe d'excès. Voyc\ le P. Labat.
♦ MAC.
MACABÉE , MACCABÉE , ou MACHABÉE. f. m.
Il y en a qui écnv cnt Machabée , & d'autres iV/i/c-
cabées , mais on prononce fuivant la première or-
thographe , ôc on peut la retenir. Mackabaus , fé-
lon la Vulgate , Maccabxus , félon les Septante. On
appelle du nom de Machabe'es les fils du Prêtre Ma-
thatias , du nom de Judas Macabée , Sec. M. Bof-'
fuet ajoute l'article , Se dit Judas le Macabée. Ce
nom fut donné à ces iHuftres guerriers de la race
Sacerdotale , qui délivrèrent le peuple Juif de la
tyrannie des Rois Grecs de Syrie. Le premier qui ait
porté le nom de Machabée eft Judas fils de Matha-
tias. Il n'y a même que lui qui foit appelé Machabée
dans le Texte de l'Ecriture i mais les deux Livres de
l'Ecriture qui comprennent les aftions deJudas& de
fes frères , Jonathan Se Simon , font intitulés Livres
des Machabées , Se donnent .ainfi ce nom à tous ces
trois frères ^ qu'on nomme autrement Afmonéens.
MAC 6çs
Il n'en eft pas dcmême des Auteurs Eccléfiaftiqucsj
ils donnent le nom de AJachabées k tous les Afmo-
néens. Les Machabées n'eurent d'abord que le titre
de grand l'rctre , de Commandant des armées ^ V.
de Chef. Enluite le peuple donna à Simon celui de
Grand Prêtre Se de Prince du peuple. Enfin j Arif^
tobnle Ion petit- hls prit la qualité de Roi , que lui
Se fes fucceflèurs •gardèrent jutqu'à Hérodes , qui
les dépolléda.
Ce nom François de Macabée vient du Latin
Machabdus , Se du Grec m«ki»</3^ioî-, mais d'où vien-
nent ces noms là eux-mêmes r' Sixte de Sienne rap-
porte fur cela le fentinicnt d'un Rabbin , qui pté-
tend que Judas ayant fait mettre dans fes drapeaux
ces lettres , '3. 3. '0 mi. eu. ba. i. on en a formé le
furnom de Macabée. Ce font les lettres iiiitialcs
des premiers mots du verfet onzième du chap. quin-
zième de l'Exode : mn> D>n4a nDtaa 'a. Ces mots en-
tiers veulent dire, Quis j7mUis tui in fordbus ■, Do-
mine ? Qui eji femblable à vous parmi les forts ("ou ,
entre les dieux , ) Seigneur !" D'autres prétendent
que c'eft là une faulle opinion , inventée par les
anciens Rabbins; que Judas porta le nom de Ma-
chabée dès la jeunede ; que d'ailleurs on fiit par
d'anciens monumens des Juifs qu'il avoit fait met-
tre un lion fur fes étendards. Jofeph Ben Gorion ,
dont on a une hiftoire en langue Hébraïque , dit
que le courage de Judas fils de Math.atias lui lit don-
ner le furnom de Machabée , ce qui a fait croire
à quelques Savans que ce mot étoit formé des
mots Hébreux '3 n3a Maccak bi , en Latin plaga
per me , à me , ex me , c'eft-à dire j C'eft de moi
que vienc la défaite des ennemis. Le P. Pierre Re-
deau , Jéfuite Irlandois, croit que le nom de Ma-
chabée vient du verbe Grec f:>îx'»,«-« , pugno , Se qu'il
fut donné à Judas , à caufe de la valeur , puis à
d'autres qui fe diffinguerent par leur courage. Oïl
le dérive encore du verbe n33 cabah , qui veut dire
éteindre , ajfoupir , lequel au participe de la con-
jugaifon piel a ï\223 , mecahbeh , extinguens y fur-
nom qui convient fort bien à Judas Maccahée ,
pour avoir éteint les dillenrions domeftiques de fa
nation. Il y a encore d'autres étymologies fembla-
bles de ce mot qu'il eft: inutile de rapporter.
liidore de Pélule , L. III. Ep. ^. dit que Macca-
hée en Langue Periîque , lignitioit Seigneur; ainfi
il faudroit que ce fulîcnt les ennemis des Machabées ,
qui leur eulfcnt donné ce nom.
Ceux que nous appelons communément Macha-
bées , ne font point ces Chefs du peuple , mais les
fept frères qui fbuftnrent fi généreutement les fuppli-
ces les plus cruels , &: la more , plutôt que de violer
la loi de Dieu ; comme il ell; décrit ,iu Chapitre VII,
du I. Livre des Machabées. La mère des J^achabées
les animoit elle-même au fupplice.
Les Livres des Machabées font deux Livres Cano-
niques de l'Écriture , qui contiennent l'hiftoire de
Judas , de Jonathas , Se de Simon Machabée. Luther
Se Calvin ont ôté les Livres des Machabées du Ca-
non ; mais le Concile de Laodicée , un Concile de
Carthage , le Concile de Trente , innocent I. dans
la Lettre à Exupere , le Pape Gélafe , S. Auguftin ,
Liv. II. de Docl. Chrifl. c. S. liidore , Etym. L.
VI. c. I. Ca/iodorc, L. I. Divinar. Infit. Se R.i-
ban , de Injlitut. Clericor. L. II. les y mettent , Se
leur donnent le titre Se l'autorité de Livres divins.
Koye^ Bellarmin , de verbo Dei . L. Le. 'lo. Se
Téna , Difficalr. XFII. Secl'. 4. Les Pères Grecs ,
& Latins Origène , Eufebe de Céfirée , Euftathe
d'Antioche , Théophile d'Alexaildrie, S. Grégoire
de Nazianzcj Clément Alexandrin , L. I. Strom.
c. II. S. Jean Chryfoftôme , S. Jean de Damas,
Tevtullien, S. Cyprien,S. Ambroile, S. Auguftin ,
Alcuin , Raban , Kidore, Sulpice Sévère j 1.7/.
Junilius , de Partibus Divins legis , L. /. Callîdiore,
de Divinis UFl. c. 0. S. Prolper, Bède , Lucifer de
Cagliari,S. Bernard, l'Avbbé Rjipert , o-c. citent ces
deux Livres comme partie de l'tcrirure Sainte. Voy.
Bcljarmin, de Verbo Deij Liv. L c. 10. Médina, de
69e
MAC
reclâlnDeumfide, Liv. FI. t. ^. Sixte de Sicuiie ,
Liv. V^lII. On cite un troilième & un quaiiième
Livre des Machabées ; mais ils font apocryphes. Le
troilième , lelon 'I éna , quoiqu il ne loit pomt Ca-
nonique , ne laillc pas d'avou' beaucoup d'aucoiite.
MACADObiiLN. 1". m. Nom d'une drogue qui vient de
l'Amérique. Foye:^ Méchoacan.
MACAF. f. m. lerme d'Impaimeur. Nom que don-
nent les Imprimeurs à un trait qui joint deux mots
enlemble. Par exemple, Qu'a t-d jaic?
Ce mot & le petit trait horilontal qu'on appelle
Macaf , font pris des Grammairiens Hébreux qui
s'en fervent au même ufage. Il vient du Syriaque
{)pa , Nekaph , qui l'ignitie , joindre , d'où te tait f]pQ ,
Mahkaph , conjonétion. Les Grammairiens & les
Savans , prononcent toujours maccaph , comme l'Hé-
breu le demande. Les Imprimeurs & leurs Ouvriers,
ne fe fervent plus de ce terme.
îvlACAIRE. f. m. Nom d'homme , que plufieurs grands
pcrfbnnages diftingués par leurel'prit , leurs dignités,
leur fainteté , ont porté. Macarius. S. Macaire à'^-
gypte , dit l'ancien j Se S. Alacaire d'Alexandrie,
•dit le jeune j font deux célèbres Macaires du IV*^ fiè-
cle qui ne dirtéroient en âge que de cinq ans l'un de
l'autre. Baillet , 2 Janvier. S. Macaire Evêque de
Jérufalem au IV° liècle , mourut vers l'an 5 34. Ma-
caire , Patriarche de Conltuitinople au VIP fîècle,
étoit Monothélire.
MAÇAM. L m. Nom d'un petit fruit des Indes orien-
tales de la grolFeur & de la figure de ces petites pom-
mes fauvages , qui croiirent dans nos bois. Il a au
milieu un noyau fort dur. Ce Fruit eft acide j & fent
le lauvagin. L'arbre qui le porte n'eil: pas fort grand ;
Il rell'emble allez par fes feuilles & (.\ figure au coi-
gnallîer : fes feuilles font d'un verc-jaune , ou tirant
fur le jaune.
Le nom de macam veut dire , pomme , en Portu-
gais. La reffemblance du fruit dont on vient de par-
ler avec les pommes , lui a fait donner par les Portu-
gais le nom de ma^am.
MACANDON. f'. m. Arbre conifere, qui croîrau Mala-
bar , où on l'appelle Cada calava. Bontius dit que f on
fruit eft entièrement femblable à la pomme de pin ,
avec cette feule diflércnce que ces cônes ne font pas
C pointus j qu'ils ne font pas durs comme de la pierre;
qu'ils font au contraire un peu mous j & d'un goût
foible , ou plutôt inlîpide ; il compare fes Heurs à
celles du mélmet. Les habitans du Malabar font cuire
ce fruit fous la cendre ^ & le mangent dans la dyllen-
terie ; il calme la violence du choiera morbus ; ëz ils
le regardent comme falutaire dans les maladies de
la poitrine , telles que l'afthrae , La phthilîe & la
pleuréfiCj en conféquence de la qualité emplaftique
de fes parties muaueufes.
tfr MACANILLE.' f m. Nom d'un arbriffeau fort
commun fur les bords de Porto Rico. Cet arbrilleau
pouffe quantité de Heurs qui fc nouent en petites
pommes rachetées d'un beau rouge , &c dont l'odeur
eft admirable. Si l'on dormoit fous le macanille , on
deviendroit enHé , & fl quelque goutte de rofée
tombe de delTus fur la peau , elle la brûle comme
il c'étoitde l'eau-forte. Ces pommes , dont les poif-
fons font fort avides , leur font mortelles.
MACAO, AMACAO. Nom d'une ville de la Chine.
Macaum, Amacauni. Elle eft dans la petite île de
Goaxam , fituée fur la côte de la province de Quan-
tung , à l'orient feptentrional de l'île d'Hainan.
Macao eft une grande ville, où l'on fait beaucoup
de commerce ■■, l'Empereur de la Chine l'enleva l'an
1668. aux Portugais , qui en étoient les maîtres.
Ils ont pourtant encore un forterelfe pour la sûreté
de leur commerce. Foye^ le P. Le Comte , Mémoi
res de la Chine , Lettre I. Macao, félon MM. de
l'Académie , eft au 1 50"^. degrés 5 j minutes de lon-
gitude. Selon le P. Noël, Jéfuite, il eft au 131*.
degré 7 minutes, 30 fécondes. Pour la latitude^
il eft au 22'. degré iS minutes de latitude nord.
MACARÉE. f. m. Nom d'un fils d'Eole , dieu des
vents. Macarcus. L'iucefte que Macarse coiumit
MAC
avec Canacé fi fasur étant venu à la connoiftàncc
d £ole , il ordonna que le fils qui en étoit né fût ex-
pofé aux chiens. Il envoya une épée à Canacé, elle
en fit 1 ufage qu'il fbuhaitoit , en fc- tuafit. Maca-
. ne évita un fort pareil par la fuite, & étant venu à
Delphes J il y fut fait Prêtre d'Apollon.
Macaree. f f. Fille d'Hercule e^: de Dejanire , qui fe
facfifia généreufcment pour le falut des Héraclides.
MACARESE. Nom d'une Mailon de Campagne ,
fituée fur un petit lac , près de la côte de la province
du Patrimoine , en l'Etat de 1 Eglife ^ entre la ville
de Porto, Se l'embouchure de l'Arone. Macarefa.
Quelques Géographes croient que c'eft le lieu où
étoit l'ancienne Fregens., ou Fregena , ville de l'Hé-
trurie , que d'autres mettent à la ïorre di S. Geor-
gio, qui eft une Tour fituée à 1 embouchure de
l'Arone , à une lieue de Macareje. Maty.
MACARET. f m. Nom que l'on donne enGafcogne,
à un Hot , ou gros tourbillon d'ea,u , qui àz temps
en temps remonte delà mer dans la Garonne. Fluç-
tus decumanus Garumnd. Le Macaree roule fur la
Garonne avec tant d'impétuofité , qu'il renverf'eroit
les plus gros navires. Le Macaree eft de la grolleur
d'un tonneau. Les navires évitent le Macaret en fe
mettant au milieu de la rivière , parce qu'il fuit
toujours le bord. On entend de trois lieues le bruit
du Macaret. f'çye:^ Garonne.
Saint MACARI. Fanum Sancli Macarïi. Bourg de
France, fitué dans la Guienne propre, fur la Ga-
ronne , à huit lieues de Bourdeaux , & à trente
de la mer , dont le Hux remonte jufqu à ce lieiu
Maty.
MACARIEN , FNNE. adj. On appelle dans l'Hif-
tûire Ecclélîaftique , les temps Macariens , le temps
que l'Empereur Conftans envoya dans l'Afrique le
Conful Macarius , avec le Conf ulaire Paul , deux
perlonnages d une grande piété , & qui avoient le
titre d'iUuftres ,pour tacher de ramener les Dona-
tiftes à l'Eglife." Le prétexte de leur léi^ation fur de
foulager la miière des pauvres par les libéralités de
l'Empereur. Optai de Mileve , & S. Auguftin , par-
lent fouvent des temps Macariens , qui furent ainlî
nommés du nomdeMacarius ^an des Légats ou Com-
miftaires de l'Empereur en cette atfairc. Ces temps
Macariens tombent à l'an de Jésus Christ 34S.
J'oyei Baronius & Pagi à cette année , n. XFI.
MACARISME. f. m. Terme de Liturgie. Mackarifmus.
Dans l'Office Eccléhaftique des Grecs , les macarif-
mes font des hymnes ou des tropaiies à l'honneur des
Saints.
Ce mot vient du Grec f.xxKucul;,
On appelle aulH de ce nom dans la Liturgie Grec-
que , les Pfeaumes qui caiïimenceut en Grec par le
mot fi^xific: , heureux , qui font le i , le 5 i j le 40 , le
1 1 1 , le nS , le I 27. & neuf verfets du chapitre V.
de l'Evangile de S. Mathieu , depuis le troiflèrae
verfet juiqu'au onzième.
MACARMÉDA. Nom d'une petite villede laBarbarie,
en Afrique. Macarmeda. Elle eft dans la purovince
de Fez , à l'orient feptentrional de lavi'lc de ce nom.
Quelques Géographes la prennent pour l'ancienne fr-
pis ôc Herpis , petite ville de la Mauritanie Tingita-
ne ; mais d'autres Géographes mettent cette ancienne
vi'le à Mernila , bourg du RoyaumedeFez, firué dans
l'Errifib ,fui- le Nocor , aux confins des provinces de
Garera lV de Chaus. Maty.
MACARON, f m. Petite pàtiirerie fiite de fucre , de
firine & d'amandes, taillée en petit pain platj&de
figure ronde ou ovale. Anolaganus faccareus & amyg-
dalinus.
Friper un bon morceau , croquer des macarons.
BOIVIN.
Macaron, f. m. Terme de Tablerier - Peignier. 0»
appelle Peigne à macaron une forte de petit peigne
dont les deux extrémités font arrondies; ce qui repre-
fenteaffez 'bien cette efpèce de pâtilîerie qu'on nomnir
maCiirc:',-
MAC
macaron. On leur donne cette forme , afin que les
grollcs dents ne puillént bleller.
MACARONÉE. f. f. Pièce de vers en ftylc burlcfquc ,
Latin d'une cfpèce particulière. Macaronca Po'éjis ,
Rujlica. IKTElle eft compofcc des mots de diftcren-
tcs Langues avec des mots du langage vulgaire latini-
fcsj c'e(l-à-dire , auxquels on donne une terminai-
fon latine. Par exemple , on fiit dire à un foldat fan-
faron dans ce ftyle de Macaronéc :
Enfilavï omnes fcadrones & regimandos , Sec.
Autre exemple.
Archcros , pijîoliferos , furlamqne Manantum ,
Et grandem cfmcutcim , qui inopinumjacla RuelU
'fi'
Toxlnumque alto troublaiitem corda clochera
Totius populi , quùdque ejl miferabïU diclu ,
Trouhlantcm mirvos incincliz in ventre parcnth ,
At Prejlrcs omnes , hardito dirmine dicam.
Mufi nudipedes ,feu vos ad lutora Chatou
Gardetis vaccas , feu desjeunctis In agrïs ,
Seu potiùs vos nocîurno brandone Lentù
Bouchonare juvet vues , grappafque volare ,
Dicite cur anïmïs tanta vigneronibus ira.
Autre exemple.
Extemplo efmeutitjîgnum Toxinus ab altâ
Turre Jlrepens , rauco quajjatx murmure docks
Tin j tan , tin iterans , don don don donquefonahat.
Extemplo effroyati animi, qui vis maifone reliclâ
Indomiti accurrunt , magno (Imul omnc tumultu
Trouklatur querulo vulgus , jeuneffaque favit
Effera , grifon 'que fenes , pleurojaque jemma j
Et trépida matrcs embraffavere puellos , &;c.
Macaroné , chez les Italiens , comme remarque Cœ-
lius Rhodiginus , L. X^^TI. c. j. veut dire , un
homme grolîier &■ lourdaut ■■, Se parce que cette
Poëiie pour être compofée de diftcrens langages , &
de paroles extravagantes , n'ell: pas Ci polie & cou-
lante que celle de Virgile. Les Italiens , chez qui
elle eft née , lui ont donné ce nom de Macaronée ,
ôc de Poëlie macaronique. Si toutefois ils n'ont mieux
aimé la nommer ainfi à Macaronibus , qui eft une
certaine pâte filée &: cuilînée avec des ingrédiens qui
la rendent l'un des plus agréables mets de leurs fef-
tins & débauches. Mascur , 2jr , 2 j2. Ce nom
vient des Macarons d'Italie ; car comme ce font de
petits gâteaux que font les Paylans , &oùil entre dif-
férentes chofes , de la farine non blutée , des œufs ,
du fromage , &c. de même la Poëfie Macaronique eft
compofée de Latin , d'Italieril^ de François , d'Ef-
pagnol j &c.
Théophilus Folengius j Moine Bénédiéfin de Man-
toue, a été te premier qui a , finon trouvé & inven-
té , au moins cultivé cette forte de poëlie; car quoi-
que nous ayons une Macaronea Ariminenfîs de fort
vieille lettre , qui commence ,
EJl Autor Typhis Leonicus j atque Paranfus ,
Je crois néanmoins qu'elle eft d'un certain Guari
nus Capellus Sarjlnas qui fit imprimer l'an i ji(j. à
Rimini , fix Livres de Poëlie Macaronique , In Ca-
brinum Gagamagogiz Regem. Mais comme l'une &
l'autre eft d'une date poftérieure à la première édition
de la Macaronée que Folengius publia lous le nom
de Merlin Coccaye avant l'année ijio. aullî lui
font-elles de beaucoup inférieures , tant pour le fty-
le j que pour l'invention , & les riches épilodes qui
fe rencontrent- dans l'f^iftoire de Balbus, qui eft
le fujet de Ion Poëme , Ma se. La Macaronée eft à
mon avis j la plus divertitlànre raillerie que l'on puilFe
jamais faire; & je me Harte d'avoir en cela aufti bon
goût que le Cardinal Mazarin , lequel en récitoit
Tome V.
MAC
^91
quelquefois des trois & quatre cens vers tout de
fuite.
La Macaronée a été traduite en profe rrançoife ,
& notre Lucien , M:iitre François Kabel.iis , en a
tiré par forme d'imitation, les plus riches pièces de
fon Pant.agruel -, &i en clfet , l'applaudillcmcnt qu'en
reçut Merlin Coccaye fut tel , qui lui prit envie de
compofer un autre Livre en partie feulement Maca-
ronique , intitule // Chars del tri per uno ; mais le
fuccès en fut fort diiférenr. C'eft pourquoi il quitta
le ftyle marcaronique , pour compoicr en îitrnicfque
rOrlandino per Linierno Piiocco da Mantoa. Après
quoi il fe mit dans les Sciences, & compola un gros
Poëme in ottava rima , del/ humanità di Chrijlo.
Enluite de ces premières poéhes macaroniques , il
en parut un autre en Italie qui avoit pour titre , Ma-
caronica j de Jyndicatu 6" condcmnatione T)vclûris
Samjhnis Lembi , aulh courte qu'elle eft froide &
languilîantc. Après quoi le P. Bernardmo Stefonio ,
Jékiite , compola Se fit réciter avec un applaudilfe-
ment uuiverfel un Poëme macaronique , qu'il appe-
loit Macaronis for^a j quo nihil fieri potejl in eo gé-
nère venujlius , dit Janus Nicius dans l'éloge de ce
Père. André Bai'ani en fit imprimer un de fa fa-
çon, l'an i(5io. fous le nztic de Carnavale fabula Aia-
caronca ; mais il y a bien de la ditférence de l'un à
l'autre. Le dernier Italien qui ait fourni la même car-
rière , fe nomme Célar Urlinius , de qui nous avons
Capricia Macaronica Magiflri Stopini PoétA Pouza-
nenfis , Fenetiis i 6j 6. Les Italiens ne nous ont
rien donné de meilleur en ce genre depuis la Maca-
ronée de Merlin. Gioan Giacomo Ricci prefque en
même temps nous a donné quelques compofuiçns
macaroniques , tant en fes Poéta rivali , qu'en fes
Diporti di Parnaffo , imprimés tous deux à Rome en
1632 , &: 163 y. Bartolom.-EO Bolla a fait au iîl iVo-
va novorum noviffima flylo Macaronica ; mais il a
Il mal réulil , qu il ne mérite pas qu'on en parle
parmi nos François. Antonius de Arena Provenfa-
iis de bragardiffuna villa de Soleris , eft le premier
qui fe foit heureufemenc exercé en cette façon d'é-
crire , par les deux poèmes qu'il nous a laillés , De.
arte danfindi , Se De Gucrra Neapolitana , Romana.
& Genuenfi. lia éré luivi par un autre Jurifconfulte ,
qui nous a décrit avec pareille froideur , la guerre de
Provence par Charles - Quint. Hijlona bravijjima.
Càroli V. Imperatoris ,à P ravin cialihus Payfanis
triumphanter jugaù , desbifati , ' &c. per I. V. D.
Jaannem Germanum in fede Forcalquerii Advoca-
tum campofta. Quelque temps après le célèbre Poste
Rémi Belleau mêla parmi fes poëfies Françoifes ua
Dïclamen mecnfcum de Bello Hugonotico & Rujiico-
rum pigliamine ad Jodalcs ^ de très bon goût, au
jugement de cevm qui s'y entendent ; je ne fais quel
autre s'égaya à compofer la Cacafanga Reijlro-Suiffo
Lanfquenetorum per M. A B. Lichiardum Recatoli-
catuni , Spaliporcinum Paëtam ; à laquelle Etienne
Tabouret , ou des Accords , Avocat de Dijon , ré-
pondit en même gamme. Enfuite Jean Edouard du
Monin entra fur les rangs , Se nous lailîà inter tere-
tifmata fia , Carmen Arenaïcum de quorumdam Nu-
gigerulorum piajffa infupportabili. La defcription dit
tumulte arrivé entre les Vignerons du village de
Ruel Se les Archers de Paris j faire par AL Frey, Se
intitulée , Rccitus veritabilis fuper terrihili cfmeùta
P ayfanorum deRueUio , eft une des meilleures pièces
macaroniques qui foit en cette langue. Il y a une
Elégie macaronique compofée par Antonius de
Arena à la louange du Prélident d'Oppède , & impri-
mée au commencement des Arrêts Se appointeinens
faits l'an IJ4Z. par le Pailemenr de Provence; mais
en vérité les vers macaroniques ne conviennent
pointa des matières fî férieulcs, & en général oa
peut dire de toutes les macaionées :
Turpe efl difficiles habere nugas ,
Ec Jlultus lahor efl ineptiarum.
Les Allemans & les Flamans ont eu aulîi leurs
Ttct
6'98 MAC
Poètes Macaroniques ; rcmoin le Certamen Catho-
Ikorum cum.Calviniflisà'nn ceruiii Mardnius Ham-
conius Frilius , qui contient plus de douze cens
veiSj dont toutes les paroles commencent par la
lettre C. Le goût de ces plaitantcries a palle , & il
faudroit qu'une Macaronée tùt bien hiite &_ bien
placée , pour plaire aujourd'hui , & pour avoir iuccès.
Tout ceci eft tiré de Naudé dans Ion Dialogue de
Ma(curat.
MACARONI , f. m. Sorte de mets dont les Italiens
font fort friands. C'eft une pâte taite de firme, de
fromage , & autres ingrédiens. On en fait des po-
tages ôc autres mets. Quand ils font taillés en menus
filets j on les appelle vermïcelli. Ménage dit que ce
mot vient de f^""- <■? fdïx , qui en Grec lîgnitîe heureux,
comme fi c'éroit le mets des Heureux.
MACARONIQUE, adj. m. & f. Efpèce de Poëfie
burlefque faite de mots écorchés du Latin & de la
langue vulgaire. Macaromcus. Par exemple , ce vers ,
Hic fol et anùquo bnhas ponare bïfacco.
Il y a un Poe'me macaronique , de bello Hugono-
tico , ou en parlant des cruautés que les Huguenots
exerçoient fur les Moines , on ajoute ,
Deque illis faciunt faucijfas atque bodinos.
Nunquam vifa fuit canaïlla hrigandior ïfiâ.
T. de Beze a fait de la profe macaronique. Il a écrit
une lettre dans ce llyle-là contre le Prélident Lizetj
pour le tourner en ridicule. Il dit de Calvin : Neque
magnus , neque parvus ;. fed ïnter duos : Non dares
• liardum de ejus mina. Merlin Coccaye, Moine Bé-
nédidlrin de Mantoue , a mis les vers macaroniques
en crédit. Il fe nommoit en fon vrai nom Théo-
phile Folengi ; & eft mort en i /44. Il a fiit la Ma-
caronée qui porte le nom de Coccaye. La Poëfie
Macaronique , félon Naudé , eft la troilîème efpèce
du Burlefque Latin. Macaroné , chez les Italiens ,
fîgnifioit un homme groflier ôc ruftique ; ce qui vient
des macarons d'Italie , comme nous l'apprend Tho-
mafîni , qui font de petites pâtes , ou des gâteaux
fiiits de firine non blutée , d'œufs & de fromage ,
qui font les principales douceurs des Villageois. La
Poeiie macaronique eÙ: un ragoût de diverîés chofes,
compofé d'une manière qu'on peut appeler payfanne.
Il y entre du Latin , de l'Italien , ou de quelque autre
langue vulgaire , aux mots de laquelle on donne une
terminaiion latine. F'oye-^ ci-deflus Macaronée.
MACARONISME. f m. Genre de Poëfie Macaronique.
Pièce macaronique , compofition macaronique. Poéfls
Macaronica , Carmen Macaronicum. Naudé le prend
au dernier lens. J'ai fu autrefois ce Macaronifme par
cœur. Mascur. p. 2jy.
MACARSKA. Nom d'une petite ville , avec un grand
port. Macarfca. Elle eft fituée fur le golfe de Vemfe ,
dans la Dalmatie , vis à vis de la pointe orientale
de 1 lie de Brazza, entre la ville de Spalato , & celle
de Narenta. Maty.
AIACASSAR. Nom d'une ville de l'Afîe. Macafaria.
La ville eft dans l'île de Célèbes , fur la côte méri-
dionale , où elle a un bon port , fort fréquenté par
les Hollandois. Elle eff capitale du Royaume de
Macajjar, Macatar oa Mancaçar qui renferme une
grande partie de'l'ile,& elle donne quelquefois fon
nom à toute l'île , qu'on nomme autrement Cé-
lèbes. Maty.
Le détroit de Ma cas s ar. Maccafafu Fretum. Ce
détroit eft dans l'Océan oriental , entre la côte nié
ridionale de l'île de Célèbes, &: l'île de Solaio. Il
prend fon nom de la ville de Maciilar , qui eft fur
fes bords. Maty.
MACASSAR , ARE , f. m. & f. Nom de peuple , ha-
bitant de la ville de Macaflar. Macajjar. is. La ré-
volte des Macajfars ôc des Malais. On a vu en Prance
un Prince Alacajfar.
MACAULT , f m. Vieux mot. Belace, poche. On a
dit aulli Magaut. "■
MAC
MACAXOCOTL f. m. Fruit qu'on voit aux Indes
occidentales. Il eft rouge , d'une forme oblongue ,
de la grolfeur d'une noix ordinaire j contenant des
noyaux aflcz gros , avec une pulpe molle , lâche &
fucculente , jaune au dedans, comme le noyau. Ce
fruit fe mange , &c les Européens qui y font accou-
tumés en font beaucoup de cas ; il lâche le ventre ;
il eft d'une douceur mêlée d'un peu d'acidité , ce
qui le rend très-agréable au goût. Il y en a de cinq
fortes. Les arbres qui portent ces fruits, croiflent
dans les lieux chauds , en plein champ -, on les y
cultive , (Se on a foin de les arrofcr. La décoction
de leur écorce guérit les démangeaitons éc les en-
flures aux jambes , & l'on fe fcrt avec iuccès de la
poudre de cette écorce , pour faire cicatrifer les ul-
cères. Les jeunes femmes fe fervent des cendies de
ce bois j pour peindre leurs cheveux en jaune. Ray.
hifl. Plant.
MAÇAY. Majciacum. L'Abbaye de Maçay. Monajle-
num Mafciacum , Abbatia fan&k Martini Mafcia-
cenjîs. Ce lieu eft en Berri , à une lieue environ de
Vierzon.
MACCALEIN , f. m. Nom d'homme. Maccalenus.
Saint Maccalein fut premièrement Moine de Vazor ,
près de Naniur, puis Abbé de S. Michel en Tié-
rache. Chastelain , au 2 1 Janvier. S. Maccalein
étoit Irlandois. Flodoard le quahtîe virdni •■, c'eft-à-
dire , Fir Domini , homme du Seigneur ; &c non
pas viRDUNi , comme a conjefturé Pithou. Ainfi
l'Auteur du Matyrologe d'Angleterre , Ferrarius &
du Sauffay , ont tort de le placer à Verdun , où il
n'a jamais été ; & plus encore ceux qui , fur la même
conjefturé , le font Abbé de S. Michel en Lor-
raine.
§C? MACCHIA. Terme de peinture , de fculpture , qui
fignifîe en Italien , première ébauche faite par un
Peintre , un Sculpteur, pour un ouvrage qu'il pro-
jette d'exécuter ; où rien cependant n'eft encore di-
géré , & qui paroît comme un ouvrage informe ,
comme un atlcmblage de taches irrégulières à ceux
qui n'ont aucune connoiftance des arts. Ces efquiffes ,
que nous nommons en trançois premières penfe'es ,
lorlqu'elles partent du génie des grands Âlaîtres ,
font précieufes aux yeux d'un connoiffenr parce
qu'elles contiennent ordinairement une franchif'c ,
une liberté , un feu , une hardiefk , enfin un certain
caraftère qu'on ne trouve point dans des defleins
plus finis. Encyc.
Macchia. Village , ou bourg , avec titre de Du-
ché. Macchia. Il eft dans la Capicanate, province du
Royaume de Naples , aux confins du Comté de
Molitle , & au couchant de la ville de Volturana.
Maty.
MACE , ù f. On a.^iffi écrit autrefois le mot de
majji.
MACEDA, ou MAKEDA. Ville de la Tribu de Juda ,
à liuit milles d'Eleuthéropolis.
MACEDO , f. m. Fils d'Ofiris, ou feulement un de
fes Lieutenans , félon Diodore , eut part aux hon-
neurs que les Egyptiens rendirent à fon père; <Sc
comme il portoit pour habillement de guerre une
peau de loup , les Egyptiens avoient en vénération
cet animal.
MACÉDOINE. Nom d'une partie de la Grèce. Ma-
cedorua. Elle eft renfermée dans un grand demi-
cercle de montagnes , qui s'étend depuis le bord fep-
tentrional du golfe de Contefîa , jufqu'au fond de
celui de Négtepont , & qui la fépare au nord de
la Romanie &: de la Bulgarie; au couchant de l'Al-
banie ; & au midi de la Livadie. Elle eft baignée au
levant par plufîeurs golfes de l'Archipel. On la di-
vife en quatre provinces. Jamboli eft au levant,
entre le golfe de Salonichi , & la Romanie : les
trois autres fe luivent en cet erdre , du nord au
fud, la Macédoine propre j le Comenolitari & le
Janna , ou la Theffalie ; Salonichi en eft la viLe
capitale : on marquera les autres en parlant de chaque
province en particulier. L'ancien Rovaume de Ma-
\ ce'doine avoir plus d'étendue que la Macédoine à au-
MAC
jourd'hui ; car il iciiFcrmoit encore l'Albanie &: h
Tlirace qui eft aujoiud'iuii la Romanie , fans comp-
ter les conquêtes d'Alexandre le Grand en Alie.
Maty. Le Royaume de Macédoine , qui a duré 700
ans , tk avoir près de 200 ans donne des Maîtres ,
iion-ieulcmcnc à la Grèce, mais encore à tout l'O-
rient j ne fut plus qu une province Romaine. Bos-
SUET.
y Macédoine PARTicuiiÈar. Province de la Macédoine ,
en Grèce. Macedoma propria. Elle a le Jamboli au
levant, le Conienoluari au midi, l'Albanie au cou
(chant , & la Bulgarie au nord. Ses lieux princi
paux lont Salonichi , capitale , Sercs , Zuchria j
autrefois Pella , Véria autrefois Berrhée , tk Chitio
autrefois Pidna.
La mer de Macédoine. Macedonkum mare. C'eff
cette partie de l'Archipel , qui baigne les côtes de
la Macédoine. Elles renferme les golfes de Zeiton ,
d'Armiro , de Salonichi j de Monte-Saniflo ik de
Contclla. Maty.
MACEDONE , ou MACÉDONIUS , f. m. Nom
d'homme. Macedonius . S. Macédone , Prêtre d'An-
tioche & Solitaire , & lurnommé le Critophage ,
vivoit au V ficcle. Sa vie a été écrite par Théodorer,
PhUotk. c. I j. 7^. S. Macédone , Patriarche de
Conlbnrinople , vécut au V &c VP fiècle , & fut
élevé au iiége Patriarchal l'an 495. de Garde des vafes
ûcrés de la grande Eglife qu'il étoit ; il mourut en
j 1 6. Voyc\ les Bollandilles , Aprïl. T. III. p. ^6 q.
& d'après eux Bailkt au ij d'Avril. Saint Macédone
le Critophage. Chastelain , au 24 Janv. On re-
tient aulli allez communément le nom de Mace-
donius en notre langue.
MACEDONIEN , ENNE , f. m. & f. Nom de peuple.
Macedo. Les Macédoniens conquirent l'Empire d'O-
rient fous la conduite d Alexandre tils de Philippe.
Macédonien , Terme de Droit , fc dit d'un Séiiatus-
Confulte qu'Hottoman croit avoir été fait du temps
de Vcfpafien. Le Sénatus-Confulte Macédonien dé-
fendoit à ceux qui avoient prêté de l'argent à un
fils de famille , qui eft fous la puillànce d'un père ,
toute forte d'adion contre ce lils de famille , même
après la mort d'un père. Senatus -Confultum Mace-
donianum.
Le nom de Macédonien fut donné à ce Sénatus-
Confulce , à caufe d'un jeune débauché , nommé
Macedo , qui le ruinoit en empruntant de l'argent
à ufure ; c'ell le fentiment du Jurifconfulte Théo-
phile : mais la plupart des favans croient que Macedo,
bl qui a donné le nom au Sénatus-Confulte Macédonien,
'I croit un fameux uturicr , qui ruinoit les enfans de
famille par fes ufures.
MACÉDONIENS. Nom de Sefte. Anciens Hérétiques^
qui nioient la divinité du S. Efprit. Macedoniani.
Les Macédoniens ont été ainli appelés du nom de
Macedonius j Evêque de Conftantinople , qui fut
condamné dans un Synode de 150 Evêques , tenu
dans la même ville : les Macédoniens foufcrivoient
au Concile de Nicée , reconnoifiant la divinité du
Fils. J^oye:^ Pneumatomaq.ues.
MACELERIE. f. f. Vieux mot qui fîgnifîe boucherie.
Il vient du Latin macellum , marché , lieu où l'on
vend les denrées.
MACELIER. f. m. 'Vieux mot qui veut dire Boucher.
Il efl: formé du mot Macellarius ^ de macellum.
On a donné le nom de Macelier à quelques braves
qui fe diftinguoient à la guerre par le carnage qu'ils
failoient de leurs ennemis.
MACÉLOTH. Ancien nom d'un lieu dans le defert
d'Arabie. Maceloth. Les Ifraclites campèrent à Ma-
celoth , Se ce fut leur 21^ campement. Liv. des
Nomh. XXXIII. 16.
MACÉMUTINE. f. f. Monnoie d'or. Pierre II. Roi
d Arragon, étant venu l'an i 204. en perl'onneà Rome,
fe faire couronner par le Pape Innocent III. mit fur
J'autcl une lettre patente, par laquelle il otfroit fon
Royaume au Saint Siège , & le lui rendoit tributaire ,
«'obligeant à lui payer tous les ans deux cens cinquante
Tome V.
MAC ^99
Macémuûnes. C 'étoit une monnoie d'or venue des
Arabes , autrement nommée Maho\émuiins. Fleurv
Hilloire Eccléfiajlique.
MACE1-{. f. m. ccorce du tronc d'un arbre du même
nom qui croit en Barbarie. Elle eft groHe , rougeâtrc,
d'un goût amer & acerbe. ïV/atcr. Quelques-uns con-
fondent mal à propos le macer avec le macis, qui cil
la féconde écorce de la mufcadc. Le maaTeilalttin-
gent , ik propre pour arrêter la dyllcntcrie, &: les
autres coins de ventre.
MACilRATA , Ville de l'i'tat de""' l'Eglife, en Italie.
Maceraca. Elle elt une des principales de la Marciie
d'Anconc, ayant une Académie , & un Evêché , au-
quel eft uni celui de Toientino , tk qui eft fuftra-
gant de Fermo. On la trouve fur la rivière de Chiento,
à cinq lieues de fon embouchure dans le gohe de
Venile , tk de la ville de Lorctte. On croit qu'elle
a été bâtie des ruines à'Helvia Reiina , détruite par
les Goths. Maty.
Macérata, eft aulli un bourg de l'Etat de lÉglife en
Italie. Maceraca. Ileft dans le Duché d'Urbin , entre la
ville de ce nom &: celle de S. Léo. Quelques Géogra-
phes la prennent pour l'ancienne Piiinum Pifaurcnft: ,
petite ville de l'Ombrie , que d'autres mettent à
Pietra Molina , village de la même contrée. Maty.
Macérata, Macérata, eft encore le nom d'un bourg
du Royaume de Naples , fîtué dans la terre de La-
bour j environ à une lieue de Capouc , en tirant
vers Naples. Maty.
MACÉRATION , f. f. Terme de Dévotion, Mortih"-
cation , >KT douleur qu'on fe procure par les exer-
cices de l'auftiérité , dans l'intention de plaire à Dieu.
Elle étoit autrefois le partage des cloîtres. La macé-
ration de la chair conflfte dans la mortification par
les jeûnes , les cilices , les haires , & les difciplines.
Maceratio j aujleritas vus. Que dirai je de leurs
faintes macérations 'i Pat.
Macération , en termes de Pharmacie & de Chimie ,
fe dit d'une préparation de médicamens , qu'on ap-
pelle autrement digeftion. Quelques-uns n'emploient
ce mot que pour fignitîer la digeftion qui fe fait dans
des matières épaiffes comme quand après avoir mêlé
des rôles dans de la grailfe pour faire l'onguent rofat,
on expole ce mélange pendant quelques jours au
foleilj afin que la qualité des rofes fe communique
à la grailfe. îCFEtre en macération , mettre en macé-
ration.
MACÉRER. V. a. Mortifier fon corps , l'affliger , fe pro-
curer de la douleur par les divers exercices de
pénitence &c d'auftérité , pour l'amour de Dieu.
Macerare, atterere. Les grands Saints fe font macérés
par de longues abllinences , des aufférités, des dif-
ciplines, des haires , en tourmentant tk affligeant
leurs corps.
Macérer , en termes de Pharmacie & de Chimie,
filCF faire tremper , faire féjourner un mixte dans
l'eau ou dans quelque autre liqueur , pour y recevoir
une chaleur douce qui en dégage les principes. Ala-
cerare. Macérer , digérer , infuler , ne diftérent que par
le degré de chaleur du menftruc que l'on emploie.
Macérer une plante dans du vin pendant quelques
jours.
MACERONjf. m. Plante qui poufle des tiges à la
hauteur de trois pieds j rameufes, cannelées, un
peu rougcâtres. Smyrnium Mathioli , ou fmyrnium
femine nigro. Ses feuilles font femblables à celles
de l'acKe,- mais plus grandes, d'une odeur aroma-
tique , d'un goût approchant de celui du perlil.
Ses fleurs font petites , blanches , compofées cha-
cune de cinq feuilles , difpofées en rofe. Szs femences
font jointes deux à deux, grolleSj prefque rondes ,
cannelées , noires , d'un goût amer. Sa racine eif
groffe , blanche , d'une odeur & d'un goût appro-
chant en quelque manière de celui de la myrrhe.
On fe fert en Médecine de f\ racine &c de fa fe-
mence: elles font apéntives , propres pour exciter
l'urine & les, mois aux femmes, pour la colique
venreufe , iScc.
MACHABÉE. Voye\ Macabee.
T 1 1 1 ij
700 MAC
ÂIACHACACA , MACHICACA , ou MACHASACO.
Le Cap de Machacaca. Machacacum , ou Machafa- .
cum promontonum. C'cft un grand cap de la Bilcaie ,
qui s'avance dans la mer de Bifcaie , au feprenuion
de la ville de Bilbao. Maty,
J,IACHAC01RE, ou MAQUE, f. f. Terme d'économie
rullique. Inllrumenrà rompre &; à broyer le chanvre,
pour en féparer la filalfe de la chévenotte.
MACHA-MONA, f. f. Calleballe de Guinée, ou
Callebalfe d'Afrique. C'eft un fruit de l'Amérique
long d'environ un pied, de lix pouces de diamètre.
Son écorce eft ligneufe & dure : on en pourroit
fabriquer des talles &: d'autres uflenfiles , comme
on fait avec le coco. Quand le fruit cil mûr , fa
chair a un goût aigrelet , un peu llyptiquc ; on le
trouve délicieux dans les pays chauds. Voyc\ le
DicT. DE James.
§C? MACHANj f. m. Animal féroce , efpcccde lion ,
qui fe trouve dans l'ile de Java. Sa peau eft mar-
quetée de blanc , de rouge & de noir. Le machan
eft la plus terrible des bctcs féroces.
MACHANEEj f. m. Terme de Calendrier. Nom du
onzième mois des anciens habitans de l'île de Corfou.
Machaneus , en Grec ^-''-a,''""^.
AIACHAO , f. m. Oifcau cKi Brefil , d'un plumage
noir _, mais lî bien mêlé de vert , que quand les rayons
du foleil tombent deftus , rien n'eft plus éclatant.
Il a les pieds jaunes , le bec & les yeux rougeâtres.
C'eft feulement au milieu du pays qu'il aire , <5l on
le trouve rarement auprès du rivage.
MACHAON, f. m. Prononcez Macaon. Il étoit fils
d'Efculape & d'Arfinoé , ou félon d'autres , de Co-
ronidc j & félon d'autres d'Mélione , ou de Mérops ;
& félon d'autres enfin, de Xanthione. AiTac/^^w/i fut
un Médecin habile , & père de Podalyre , qui n'ex-
cella pas moins dans cet Art. Il fut de l'expédition
de Troye , & Virgile dit , qu'il fut un de ceux qui
s'enfermèrent dans le fameux cheval , qui ht prendre
la ville. Il fut tué par Eurvpite. Son corps fut porté à
Gérénie, où il fut inhumé , & fur fon tombeau on éleva
un temple , un autel , une ftatue. On y alloit deman-
der du fecours dans les maladies.
MACHARY. f. m. Sorte d'étoffe dont il fc fut com-
merce en Hollande.
MACHASOR. f. ni. Nom d'un Livre de prières , en
ufigc chez les Juifs dans leurs plus grandes Fctes. Il eft
très-difficile à entendre , parce que ces prières font
en vers & d'un ftyle très-concis.
MACHATl. Nom d'une ville des Amorrhéens. Ma-
chaû. Elle étoit fituée fur le bord du Jourdain,
près de la contrée de Gelluri & du mont Hermon.
Cette ville fe trouva dans la demi-Tribu de Ma-.
nalFé qui étoit à l'Orient du Jourdain ; mais les
Ifraélites n'en purent chalFer les anciens habitans.
Machati. MachaCL. C'étoic anciennement une petite
ville ou bourg de la Judée. Ce lieu étoit dans la
Trachonire , à une lieue du Jourdain , & à cinq de
Céfarée de Philippe , vers le midi oriental. Cette
ville fut détruite par les Ifraélites. -Dcuf. IK 14.
Quelques - uns difent Maachad fuivant l'Hébreu
'Xiayo , qui fignific comprejfus , de ^0y , compref-
fit.
MACHAU. Vieux mot qui eft lefté dans quelques
provinces : il fignific une grange lans toit. Horreum
fine ticlo y Se dans la balfe Latinité , machale.
MÂCHE, f. f. Plante que les Latins appellent Fale-
rïandla , parce qu'elle relfemble à la Valériane.
Elle poulfe une tige à la hauteur d'environ un pied ,
foiblcj rondej rougeâtre, cannelée, creufe. Ses feuilles
font oblongucs , femblibles à celles du nard des
montagnes , allez épailles , d'un goût aromatique.
Ses fteurs font amallées en bouquets d'une belle
couleur purpurine , & quelquetois blanche , fms
odeur. Ses fruits font oblongs , aftez larges , repré-
Tentant de petits vales , lefquels contiennent encore
un autre petit vafe , où l'on trouve enfermée une
femence un peu longue. Sa racine eft fibreufe ,
petite, blanche. En Latin Valcrïanclla Cornucopoï-
dss flore gakato Morïfonï. Elle eft vulnéraire , apc
MAC
ritivc , détcrfivc. Il y a plufieurs autres efpèces de
mâche.
Celle que Morifon appelle valenantlla arvenjls
pmcox , humilïs , femine comprcjjo , i>c C Bauhia ,
valeria campefitis j inodora , major, a une_ petite
racine fibreufe , d'un goût un peu doux ôc prelque in-
lipide j d'où iortent plufieurs tiges anguleules , me-
nues , rameufes , qui fe lubdivitent en deux bran-
ches à chaque nœud. Ses feuilles font oblongues,
tendres , délicates, de couleur d'herbe , fans queue,
de même goût que la racine. Entre les feuilles qui
font aux fommités des branches, naillent de petites
fleurs aftéz belles , blanches ou purpurines , décou-
pées en cinq parties. Ses kmences font rondes j un
peu aplanies , blanchâtres. La mâche croit dans les
champs & dans les jardins ; elle eft un peu laxa-
tive ; on la mange ordinairement en talade. Quel-
ques-uns la nommait Doucette.
MÂCHE. Mot Arabe. C'eft un grain rond j fain j &
un fort bon légume. On le mange comme les len-
tilles ; on le donne aux malades en Orient pour
nourriture légère, & qui purifie le fang. On fait un
mets compofé de riz Se de mâche , appelé Quéché-
ri , ou Kechérï,
MÂCHE, f. f. Mot bas & populaire , qui fignifie l'ac-
tion de mâcher ou de manger gloutonnement , &
fans mefure. Faire la mâche , faire une bonne mâ-
che , pour dire Manger avec excès , taire un grand
repas.
MACHECOU. Nom d'une petite ville de France.
Machicolium. Elle eft capitale du Duché de Retz ,
en Bretagne , & fituée fur la rivière de Tenu, à deux
lieues de fon embouchure dans la mer , & à cinq
ou lîx de Nantes , vers le fud-oucft. Long. 1 5. d. 48'.
lat. 47. d. 2'.
MACHE-COULIS, f. m. M. Felibien dit Wi^R. mar-
che coulis , ou mâchicoulis Se majjtcoulis. Efpèce de
fortification ancienne. Per^ula canalïtia. C'étoit un
parapet en faillie , ou galerie , garnie d'une devan-
ture , faite de dales ou de briques , & foutenue
par des efpèces de lupports , qu'on faifoit au haut
des tours & des châteaux ; l'eipace des lupports
de pierre de l'un à l'autre étant à jour , fervoit au-
trefois à jetter des pierres & autres choies , pour
empêcher qu'on n'approchât du pied de la murail-
le ; il y en a à la Baftille de Paris. On fe Icrt quel-
quefois de ce mot pour fignifier une galerie balle,
ou pallàge qui va tout autour d'un château.
MÂCHEDRU. f. m. Gourmand. Mot populaire for-
mé de mâcher Se de dru. Neufgermain dans fes
vers au Duc d'AngoulcmCj a dit d'un goulu :
// mâchoit dru de chaque dent.
GlOSS. BOURGUIGN.
MÂCHEFER, f. m. ( La première fyllabe eft longue.)
Ecume de fer , fcoiie qui fort des forges & four-
neaux , & du fer quand on le bat rouge fur l'en-
clume. C'eft la p.irtie foufreufc du fer , qui s'unil-
lant avec la partie lôufreufe du charbon , font en-
femble les malles poreules comme des éponges ,
qu'on voit dans les forges des Maréchaux. Ferri
excretum , recrem.entum , retrïmentum. C'cft aaili
l'écume qu'on tire du fer dans les forges où on le
fond. Matthxus Silvaticus l'appelle cacajerri ,fcoria
ferri , Se fquamma ferri. IJ ne faut pas confondre le
mâchefer ?i\ec les petites parties du fer qui s'en écar-
tent quand on le forge.
MÂCHELIÈRE. adj. f. Épithète qu'on donne aux
grortes dents , qui fervent à broyer les gros alimens.
Molaris , maxillaris. On a arraclii une dent Mâche-
Hère. On «les appelle aufti molaires Se autrefois oto-
. iK'Tcs. Il eft aulli fubft. fém. Les mâchelièrcs de
delliis, les mâchelicres de dellous. Acad, Fr.
On appelle aufti mufcles mâcheliers , ou rr.a^
cheurs , des mufcles qui font mouvoir la /«-•^A''"'' >
Se qui la relèvent. On les nomme autrement ^i.!]-
fctcrs.
Î^LlCHEMOURE. f. f. Terme de Mai-ins. Débris du
MAC
bifciiit réduit en miettes & menues parties. Il faut
que le morceau de bilcuit foit moindre qu'une noi
fette pour être réputé mùchemoure. Si! c(l de la
grolîcur d'une noifctte , l'équipage cil obligé de le
recevoir comme faitant partie de la ration. Punis
nautici micd.
MÂCHER , ou MAQUER le Chanvre. C'eil le bri-
fcr avec la Machacoire , ou Maquc.
MAcher. V. a. Broyer les alimens fous les dents ,
les brifer, les moudre avec les dents pour les pré-
parer à être plus bellement avalés & digérés. Man-
derc j niolerc. Quand on a les dents molles , ou aga
cécs , on ne fautoit plus mâcher. Avaler les mor
ceaux lans mâcher. Les alimens qu'on a bien mâ-
chés , font à demi digérés, f^oye^ Mastication.
Mâcher a vide, c'eft-à-dire , /ans avoir rien dans la
bouche. Ce qui (e dit proverbialement &: populai
rement d'un homme qui voit manger , & qui au-
roit bonne envie de manger aulîi. On dit figurément
& populairement d'un homme qui a long temps
attendu une choie j qu'il a long-temps mâche' à vide.
Et nous torchant le bec , alléguoit Simonide ,
Qui dit j pour être fuin, qu'il faut mlditï à vide.
Régnier.
On dit , d'un homme qui mange fins appétit,
qu'il mâche de haut. Il elt du ftyle tàmilier.
Ce mot vient du Latin mafiicare.
MÂCHER. Se dit aulli populairement pour manger
beaucoup. On dit d'un homme qui mange avec
avidité j qu'il aime, qu'il fe plaît à mâcher.
On dit en termes de manège qu'un cheval mâ-
che ton frein j pour dire qu'il fe joue de fon mors,
qu'il le ronge. C'elT: un ligne de vigueur & de
fanté : & frdna ferox fpumantia manda. Cette écu-
iTie exprimée par l'aCtion du cheval, lui rafraîchit
continuellement la bouche.
On dit hgurément mâcher la befogne à quelqu'un ,
la lui donner toute mâchée , c'eft à dire , la dégrof-
fir, la préparer de façon qu'il n'y ait plus qu'à y mettre
la dernière main.
L'on dit de même d'un homme qui ne veut pas
fe donner la peine qu'il faut pour entendre une
allaire , qu'il faut lui mâcher tous les morceaux.
Figurément, en parlant de quelque chofe de dé-
fagréable, de fâcheux , qu'on a dit à quelqu'un du-
rement & lans adouciffement , on dit, je ne le lui
ai point mâché. Acad. Fr. Toutes ces phrafes li-
gurées lont du ftyle très-familier.
On dit proverbialement qu'un homme mâche à
vide , pour dire , qu'il n'a pas de quoi vivre , ou
qu'il n'a pas de la belogne pour travailler & gagner
fa vie. On dit aullî qu'un homme mâche fon hein ,
quand il endure quelque chofe fort impatiemment,
& lans oler en dire un mot, par une allulion qu'on
fait au frein des chevaux. On dit auiîl , Mâchei^-\\x\
les morceaux , & il les avalera; pour dire , Faites-lui le
plus difficile de la belogne , «Se il achèvera le refte.
MÂCHÉ , ÉE. Part.
MACHERA, f £ Arme ofFenfive des Anciens. C'ctoit
une efpèce de fabre court & renforcé , qui frap-
poit d'eftoc & de taille , perçoit & coupoit les
cafques & les cuiralles à l'épreuve. C'étoit l'épée
Efpagnole dont l 'Infanterie Romaine le Ici voit
quand il talloit combattre de prés.
MACHERON, ou MACHERONTE. C'étoit ancien-
nement la meilleure forterelfe de la Judée , après
Jéruialem. Macherus , Mach^rus. Elle conlîftoit en
une ville bien fortifiée j lltuée fur une montagne
efcarpée de tous côtés, & un château placé au-delîus
de la ville , au fommct d'un rocher d'une prodigieufe
hauteur. Ce lieu étoit dans la Tribu de Ruben ,
partie de la Pérée , près de l'embouchure du Jour-
dain dans la mer Morte. On dit qu'en ce lieu étoient
les fipulcres des Prophètes Elifée &'Abdias j & que
Saint Jean-Baptifte y fut emprifonné , & enfuite dé-
capité par l'ordie d'Hérode. Maty.
MACHEROPHORE. f. m, Efpèce de milice chez les
MAC 701
Egyptiens Se les Grecs. Machdrophorus. Les Soldats
appelés Machérophores n'étoicnt armés que d'épées ,
à la dirtérence de ceux qui étoient armés de pi-
ques , ou de javelots , ou de mallues , !kc. Ainti nous
avons dillmgué en France en diHéiens temps, les foldats
les uns des autres, par les armes dont ils fe fervent,
bc par le fervicc qu'ils font à la guerre , en Ar-
cliers , Crancquiniers , Fuliliers , Bombardiers ,
Moufquctaires , Grenadiers , Carabiniers , Piquicrs ,
&.-C.
Ce nom cil compofé de ceux de f^zc-'c jépée Se
<pifa , je porte.
MÂCHETIE. f f. C'efl ainlî que les Boucaniers de
Saint Domingue appellent un gros couteau, dont ils
fe fervent pour fendre les cochons & les bœufs fau-
vages. Culter majoris modi.
MÂCHEUR , EUSE. f m. & f. Qui dîne bien , qui
mâche bien. Manda , comedo. Ce patahtc cil un
grand mâcheur. Il efl bas. On dit aulii un mâcheur
de tabac. Alors il n'ell point bas
MACHEURÉ, ÉE. adj. fiabelais écrit Mafchourré y
que M. le Duchat , not. 12. fur le c. 40. du If^.
Liv. de Pantagruel , explique par , Qui a le vifage
fali de charbon & de fuie. Il ajoute qu à Met-c on
appelle Rois Macheuré y l'Odlave des Rois. C'eft de
même en Champagne : mais il n'y a que le petit
peuple qui prononce machcuré j les autres dilent
machure.
MACHIAN. Nom d'une île de l'Océan oriental. Ma-
chianum. Elle eft une des vraies Moluques , & lituée
fur la côte occidentale de l'île de Gilolo , fort près
de l'Equateur. Elle peut avoir dix ou douze lieues
de circuit. Se elle eil allez bien peuplée. Les Hol-
landois y tiennent les forts de Mauritio , de Tafailo ,
de Tabillola, Se de Nahacao, ou Natfaquia , «Se ils
en tirent une très-grande quantité de clous de girofle.
Maty.
MACHIAVÉLISME, f m. Maximes de Machiavel
touchant la Politique Se l'art de régner. Machia-
yeUifmus. MachiavcUi fecla , doclrina. Le Machiavé-
lifme J tout abominable qu'il. ell, ne laille pas d'a-
voir fait allez de progrès dans le monde. Le Clerc.
Alais l'on commence à s'en guérir , Se l'on s'en
guérira tous les jours. Montesq. Nicolas Machiavel
de Florence , homme d'une érudition très médiocre ,
Se qui ne favoit que très peu le Latin , fut dilciple
de Marcel Virgile. Il fut accufé d'avoir eu part à
la conjuration de Sodérini , & fut mis à la quellion ;
mais n'ayant pu être convaincu de rien , pour le
confoler, les Médicis lui donnèrent une pcnlion
pour écrire l'hilloire. Il le fit , &: nous avons de lui
huit Livres de l'hiftoire de Florence ; fcpt de l'Art
Militaire ; quatre de la République ; trois Dif-
cours fur Tite-Live ; la Vie de Caftruccio ; une
Comédie intitulée, Cli^ia j des Traités du Prince,
du Sénateur , &c. Dans tous ces traités , il répand
des principes & des maximes d'une politique très-
dangercufe ; quoiqu'en dilè la Houllaye , qui a pré-
tendu l'exculer dans la Préface qu'il a mile a la
tête de fa Traduélion du Prince de Machiavel. Ce
font ces principes Se ces maximes dangereules
qu'on appelle le Machiavélifme. L'anti Machiavel -
ell une réfutation du Machiavélifme. Machiavel
vécut miférable. Se en Athée , & mourut d'une dro-
gue qu'il voulut prendre comme un pféfcrvatif
contre les maladies. La tyrannie ell aullî à craindre
dans la République des Lettres , que dans l'Etat
Civil , & l'on doit fe précautionner coi\tre cer-
tains génies altiers , fuperbes , qui afteélent de do-
miner fur les autres , qui décrient tout ce qui n'ell
pas marqué de leur fceau , qui oppriment par des
cabales la liberté que chacun a de penfer-, en un
mot , qui introduiiènt le Machiavélifme dans les
Sciences. Mém. de Trév. Il a paru fur cela une
Diirettation impiimée de Machiavelifnio literario ,
c'eft à dire, du Machiavélifme litéraire.
MACHIAVÉLISTE f m. Se f. Qui fuit la doélrine
de Machiavel, qui donne dans les fcntimens de ce
Politique impie. Machiavtlli difcipulus , ajfecla ,
yoi
MAC
Machiavdijîa. Un Chrcàcn ne peur ctre Machia-
vélijle. Un Machuivdific cil un impie , àt un dcl-
tructeur de la Ibciétc humaine. |Cr Les Machiavélijlcs
prônent envain leurs dangeicufes maximes. Il y a
une grande difrerence entre la fourbe & la pru-
dence. Le Mentor de M. de Cambrai eft un Héros.
Le Prince de Machiavel eH: un tcciérar.
MACHICATOIRE. (". m. Ip" Terme de Médecine qui
dehgne une fubftance , une drogue qu'on tient dans
û bouche & qu'on miche , loit pour en avaler ,
foit pour en rejettcr le lue. On le dit particuliè-
rement du tabac dont on exprime le Tue en le mâ-
chant. Le tab.ic eft un machkacoire , prendre du
tabac en machicacoirc.
MACHICORE. Grand pays de l'ile de Madagalcar,
il s'étend depuis Dynouronhehoc , jufqu'à Carca-
noflî.
. IVIACHICOT. f. m. Officier de lEglite de Notre-
Dame de Paris , qui eft moins que les Bénéliciers ,
êi plus que les fimples Chantres à gage. Les Ala-
chccors font obligés de porter chappe aux Fêtes
femi-doubles , & de tenir le chœur. Chori minïftn
minores. C'eft un Machicot. îfT Delà on a Lut ma-
■ chkoter , v. n. Chanter un vertet_, en y ajoutant ou
en retranchant des notes qui font lur le Livre ;
rendre le chant plus lîmple ou plus compoféj en
ajoutant de l'agrément à la mélodie cV à l'harmonie.
^d lUncum occïnere. Il machïcotc. Il fait bien ma-
chicoter.
MACHICOULIS, f. m. C'eft ainfi qu'écrit M. De
Feuquicres. Voyc\ Mache-coulis.
MACHINAL , ÂLE. adj. Qui (e dit des mouvemens
naturels , où la volonté n'a point de part de ce qui
s'exécute par le mouvement leul de la machine ,
fans aucune participation de la volonté. Son plus
grand u&ge eft dans ces phrafes , Mouvement ot^z-
c/ïi/2d/ ;aftion machinale ; T.'^vi. d'une manière pure-
ment machinale. ^
MACHINALEMENT, adv. D'une manière machi-
nale. Agir machinalement. Si l'on veut que nos
mouches fellent tout ce qu'elles font machinalement ,
ce font alîurément des machines bien lurprenantes.
De RÉaumur. Que .ce foit machinalement ou de
tête qu'elles en viennent à bout , la gloire en eft
toujours due à l'Intelligence qui leur a , comme à
nous, donné l'être. Idem.
Î^IACHINATEUR. f. m. Terme hgure, qui (e dit de
celui qui fait quelque confpiration Iccrère contre
quelqu'un , qui fe fert de rufes & d'artihccs pour
le tromper. Machinator. Les plus coupables de
-cette rébellion font les machinateurs de toute l'in-
Les Anciens ont donné l'épichète de Machina-
teur à Jupiter.
MACHINATION, f. f. Ac1:ion par laquelle on dredc
des embûches à quelqu'un pour le furprendre. Ma-
ckinatio, molitio. On recherche les Auteurs d'une
■telle machination. Découvrir les plus lourdes ma-
chinations. S. EvR.
MACHINE, f. f. Machinatum , machina , machina-
mentum. Ce terme dans fou acception générale s'ap-
plique à tout ce qui fert à augmenter l'aftion des
forces mouvantes , de tout inftrument propre à
faire mouvoir , à tirer , lever, traîner , lancer quel-
que choie. ,
|Cr Les machines font ou (impies , comme le levier ,
le plan incliné, le coin , &c. ou conipofécs, dont
le nombre eft infini. Ces dernières font dites com-
pofées , parce qu'elles font en effet un allêmblage
de plufieurs pièces ou machines fimples combinées
cnfemble. On donne le nom de machine en général
à tout ce qui n'a de mouvement que par l'artifice
des hommes, comme les fcènes & les théâtres mo-
biles, les chars, les nues, les v.iifl'eaux , &c aulli ce
<îui fert aux hommes pour faire des choies qui
font au dedus de leurs forces , comme les vols ,
les dcfcentes , 8cc. Les Anciens ayoient une infi-
nité des machines de guerre, de béliers, des balil
>tesj des catapultes, onagres & efpioas , Se autres
MAC
pour battre les murailles j lancer des traits &c des
pierres contre les ennemis , dont 'Vcgèce a écrit
autrefois -, mais parce que nous n'avons pas les
figures qu'il faudroit joindre au Livre de Végèce
pour le rendre intelligible en pluhcurs endroits ,
les Critiques modernes ont taché d'y luppléer , &
fur tout Jufte Lipfe y a bien réulli. Maintenant les
machines de guerre ne confiftcnt qu'en artillerie,
bombes , pétards & carcalfes. Il taut remarquer
qu'on appelle proprement machine , ce qui conhfte
plus en art tk en invention , que d.ins la force &
la folidité de la matière. C'eft pourquoi les inven-
teurs des machines ont été appelés Ingénieurs.
Ce mot vient du Grec a")X«'^> machina , inventio;
machine , invention , art , adrejfe.
^CJ" Machine Infernale. Machine d'Artillerie ainfi
nommée à caufc de fes terribles effets. L'Inventeur
eft un Italien de Mantoue , nommé Frédéric Jéni-
belli , que Strada a appelle Jambelli. Ce fut à An-
vers en 1583 , dans le temps que le Prince d Orange
alfiégeoit cette ville , qu'il fabriqua qu.atre de ces ma-
chines , pour rompre le pont que les aftiégeans
avoient dreifé fur l'Efcaut. Il conftruifit j dit Strada,
quatre bateaux plats, mais très-hauts de bord , &
d'un bois très-fort & très épais , & imagina dç faire
des mines fur l'eau de la manière fuivante. Il fit dans
le fond des bateaux, dans toute leur longueur j un
maçonnage de briques &: de chaux de la hauteur
d'un pied , & de la largeur de cinq. Il éleva tout à
l'entour fur les côtés deux petites murailles , & fit
la chambre de fa mine haute & large de trois pieds.
Il la remplit d'une poudre très-fine , & la couvrit de
tombes , de meule de moulin & d'autres grolles pier-
res. Il mit par-delliis des boulets , des morceaux de
marbre j des crocs j des clous & autres ferrailles,
& bâtit fur tout cela comme un toit de groffes
pierres. Ce toit n'étoit pas plat , mais en dos-d^âne ,
afin que la mine venant à crever , l'effet ne s'en fit p.as
feulement en haut , mais de tous côtés. L'eipace qui
étoit entre la mine iSr les côtés des bateaux , fut rem-
pli de pierres de taille maçonnées & de poutres liées
avec les pierres par des crampons de fer. Il fit fur
toute la largeur des bateaux un plancher de groffes
planches , qu'il couvrit encore d'une couche de bri-
ques , & fur le milieu il éleva un bûcher de^ bois
poiffé pour l'allumer. Ces quatre bateaux ainfi pré-
parés dévoient être accompagnés de treize autres plus
petits , où il n'y avoit point de mines , mais qui étoient
de fimples brûlots. Ces brûlots échouèrent pour la
plupart contre l'eftacade & aux deux bords de la
rivière. Un des quatre deftinés à rompre le pont,
fit eau & coula bas \ deux autres furent poulies par
un vent qui s'éleva, & portés par le courant au ri-
vage du côté de la Flandre : le quatrième , le plus
fort de tous , brifi l'eftacade , & continua fa loutc
vers le pont. Il creva avec un fracas épouvantable.
On vit en l'air une nuée de pierres , de poutres, de
chaînes , de boulets. Le château de bois auprès du-
quel la mine avoit joué , une partie des bateaux du
pont , les canons qui étoient dellus , les foldats fu-
rent enlevés & jettes de tous côtés. On vit l'Ekaut
s'enfoncer en abyme , t\' l'eau poullée d'une telle
violence , qu'elle palla fur toutes les digues , &: un
pied au dellus du Fort de SainteMarie. On feiitit
la terre trembler à près de qu.ure lieues de là. On
trouva de ces grolïcs tombes , dont la mine avoit été
couverte, tranfportées à mille pas de l'Elcaut. Telle
eft l'époque des machines infernales ik de ces mines
fur l'eau.
%fT La machine infernale qui a fait le plus de bruic
parmi nous , eft celle qu'on appella la machine in-
fernale de S. Malo , parce que les Anglois & les
HoUandois l'avoient conftruite pour détruire S. Malo.
Elle avoit 34 pieds de long , iS de hauteur, Se
prenoit 9 pieds d'eau. Elle étoit à trois ponts. Le
premier ou le plus b.as étoit rempli de vingt mil-
liers de poudre , avec un pied de maçonnerie au-
deffus. Le fécond étoit garni de 6co bombes à (eu
& carcaffières , & de deux pkds de maçonnerie |'
MAC
aii-dciTus. Le troilième pont écoic garni de 50 ba-
rils à cercles de fer j remplis de toutes fortes d'ar
ti/ice ; & le tilLic étoit garni de vieux canons de
fer Se de mitraille. La machine vint julqu'.iux pieds
des murs de la ville , tout auprès de 1 unique porte
d'entrée ik de fortie qu'il y ait. Le feu prit , une
partie (àuta, brila des vitres, découvrit des mailons
par le fracas & par l'agitation de l'air , (ans cauler
aucun autre dommage. Ce qui relia de la machine
fur la place, er. ht connoitre la conltruction. f^oyc^
les Mcni. d'Artiller. de M. de Samt-Hemy , is: l'Hiit.
de la Mil. Franc, par le F. l^aniel , '!'. JI. p. y pi.
tfT Machine j en Architechire , aliemblage de pic-
ces de bois , dilpolces de manière qu'avec le Iccouis
des poulies , mouHes 6c cordages, on peut enlever
de gros fardeaux , comme lont le vindas , l'engin ,
la grue j le treuil , ikc. qui fe montent & le dé-
montent lelon le beloin qu'on en a.
ffï Machine Hydraulique. On appelle ainfi une
leule machine qui lert à conduire &: à élever les
eaux , comme une éclule, une pompe , &c. ou plu-
iicurs machines jointes enfemble , qui agillent d ac-
cord , comme la machine de Marli. Foye-^ Marli.
^O" Machine a feu. Il y a de ces machines hydrau-
liques que l'on appelle à feu , parce qu'elles ont
pour moteur les vapeurs d'une petite quantité d'eau
cchauiée par le rcu qu'on entretient continuelle-
ment tous une forte chaudière.
Machine Pyrique , c. à d. de Feu. Terme d'Artifi-
cier. Suivant le mot Grec , l'jf , iignitie toute forte
d'allcmblage de pièces d'artifice rangées lur une
carcalle de tiingles de bois ou de fer , dilpofces
pour les recevoir &c diriger la communication de
leur force. Telles font celles qui paroillènt depuis
quelques années lur le Théâtre Italien à Paris.
On appelle machine de Boyle , ou machine pneu-
matique , une certaine machine qu'on a inventée
pour pomper l'air , avec laquelle les Phyliciens font
qurntité d'expériences très-curieules, dont on voit
les eftets au travers du récipient qui elf de verre.
On la nomme communément machine de Boyle j
non que ce Phylicien Anglois l'ait inventée j car
Otco Guerickc , Bourguemellre de Magdebourg , en
cft l'inventeur ; mais parce que Boyle l'a perfec-
tionnée en y ajoutant une double pompe ik un
double pifton , qui font un eftet merveilleux. Elle
a encore été perfectionnée depuis par le fameux
Hauxobée. Voyez Pneumatique.
Machine à Mater. Terme de Marinç. C'efl: une ma-
chine à peu-près faite comme une grue , ou un engin,
qui fert à mater les vailFtaux.
Machine fe dit en termes de Poëhe Dramatique &
Épique, de l'artifice par lequel on a recours à quel-
que Puilîance fupérieure , ou à une Divinité , pour
exécuter une chofe qui efl; au delîus des forces de
la nature. Machina comica. Les Anciens ne fe 1er-
voient de machines que dans la nécelîîté de faire
venir quelque dieu : encore les Poètes étoient ils
prefque toujours trouvés ridicules de s'être laillés
réduire à cette nécellué. S. EvR. Il eft permis aux
Poètes de faire intervenir des machines pATZout , &
d'employerfansceieleminiftèredes dieux. LeP. le B.
Arilfote veut que le dénouement de la fable naille de la
lable même , & non de quelque machine. Mais
cela n'efl: que pour le Théâtre. L'ufage des machi-
nes eft plus fréquent dans l'Épopée que dans la
Tragédie -, mais il faut apporter cette diftinétion ,
c'eft que le Pol'te Epique fe gardera bien d'employer
une machine pour fe retirer d'un mauvais pas où
il le feroit engagé mal à- propos; mais il s'en fert lorf-
qu'il peut s'en palfcr , & feulement pour faire hon-
neur à (on Poëme , & fon à Héros de l'allîftance des
dieux. Il ne faut pas qu'on lui puille reprocher que
faute d'art & d'invention , il a été obligé d'avoir
retours à des puillances furnaturelles. Ainfi la ma-
chine dans le Poëme Épique n'eft point une inven-
tion pour fe tirer d'une difficulté embarralfante ;
mais c'eft la préfence de quelque divinité, ou une
aétion furnaturellc tk extraordinaire ^ que le Poëte
■MAC 703
insère dans fon Poëme , pour le rendre plus ina-
jeftueux Se plus admirable. Le. mélanije doit être
fait de telle forte , que i on puille reaanclier les
machines , fans rien ittranciier de l'action. Le P.
le B. Les Grecs Se les Latins en avoient fait un
proverbe , JJeus ex machina. C'eft à ce propos
qu'Horace a dit dans fon art Poétique , Nec Dcus
interju , niji dinnus vindice nodits incideric.
$3" Machines de Ballet. Ce font des inventions
pour faire changer les décorations , exécuter des
vols, faire mouvoir des animaux , Se autres artifi-
ces qui furpremient Se divertiilent les fpcctatcurs.
On .appelle Tragédie à machines , Comédie à
machines , une Tragédie , une Comédie , dont la
repréfentation eft accompagnée de machines , exige
des machines, comme des volsj des ch.mgemcns
de décorations , &c. La Toifon d or , Amphitryon ,
Pfyché , Sec. font des pièces à machines. Acad.
Franc.
Machine , en général , fe dit des automates , Se de
toutes les chofes qui fe meuvent d'elles mêmeSj foit
par art , foit naturellement. §0" De tout aliemblage
de rellorts , dont le mouvement Se leifet , le ter-
mine en lui-même. Automaca. Les horloges font
les plys belles machines qui aient jamais été inven-
tées. La tête fabriquée par Albert le' Grand , Se qui
parloit par artifice , étoir une machine bien ingé-
nieule. La machine de notre corps eft compolée
de mille rellorts cachés : elle peut être toute prête
à fe brilcr , Se à tomber en ruine fans que per-
fonnc s'en appcrçoive. Nie. C'eft une étrani^e ciufc
que la fragilité de notre machine ; Se la pâ/t que
prend nette ame à fes bonnes , ou à. l'es niauvai-
lés difpohtions. M. de S. Toute la beauté du yenie
n'eft qu'un pur eftet du hafard j Se d'un certain
arrangement des parties de la machine. Val. Que
verrons-nous dans notre mort? une vapeur qui s'ex-
hale , une machine qui le dilfout j Se qui fe mec
en pièces. Boss. Quelques Philofophes modernes
ont foutenu que les animaux n'étoient que des
machines.
La hite n'eft qu'une machine j
Telle eft la montre qui chemine
A pas toujours é^aux , aveugle , <S" fans deftein :
Ouvrez-la , life^ dans fon ftein;
Mainte roue y tient lieu de tout l'efprit du monde.
La Fontaine.
Machine fe dit encore de l'airemblage &c de la con-
ffruétion de l'Univers. Mundi machina. Si l'homme
contemple la machine du monde , il le portera na-
turellement à reconnoître qu'il n'y a qu'une puif-
fance infinie qui ait pu créer tant de merveilles, &
les maintenir dans un ordre fi régulier, Jac^. Con-
lîdérez ces globes merveilleux -, qui peut comman-
der à ces épouvantables machines , qu'une puilîance
infinie; S. ÉvR. Les Poëtes l'appellent la machine
ronde.
Car de s'imaginer qu'un Dieu tourne le monde ,
Et règle les rejforts de la macliine ronde , &c.
BoiL.
On met aulTi au rang des machines tout ce qui
augiTiente les forces humaines, tout inftrument pro-
pre à produire du mouveinent. Le levier, le coiiij
la vis, la poidie , les mouHes , les venins , le guin-
dal J les grues , le cabeftan , font des machines fort
nécelfaires. Le prellbir, la calandre , font de puif-
fantcs machines. Les pompes , les moulins , & tout
ce qui agit par le moyen de l'eau , ou du vent, font
des machines hydrauliques ou pneumatiques.
§Cr Dans toute machine on diftingue trois chofes , la
puiftdnce, le poids , Se le centre de mouvement. L'on
comprend fous le nom de puiftance , tout ce qui
peut foutenir , ou mouvoir un poids appliqué à une
machine. L'on donne le nom de poids à tout ce
qui réfiftc à \\\\& pu[[fanc'. appliquée à m-\z machine.
704 ■ MAC
Enfin l'on nomme centre de mouvement , ce point
fixe autour duquel la machine le meut , ou tend à
fe mouvoir.
Machine fe dit aulli des chofcs peûntes & difficiles
à remuer. Moles. Un galion ell: une puillante raa-
chine. La. gtolfe cloche de Rouen , les Obélilques
de Rome , font de puillantes mac /unes , qu'on a de
la peine à remuer , à tian(poitcr.
-Mac.hi:îe eft auffi un terme_ de Cordonnier , qui fe
dit d'une certaine compofition de cite blanche &:
de foufre , qui (êrt à blanchir les points du talon
du foulier. Sidphurata cera.
Machine Se dit hgurément en chofes morales , des
adrelies , des artifices dont on ufe pour avancer le
fuccès , & pour venir à bout d'une aifaire. Machi-
namentum. La machine la plus propre à remuer le
peuple , c'ell: la Rehgion. S. ÉvR. Il a fait jouer
toutes fortes de relions & de machines pour venir
à bout de cette entreprife. Il n'a pas befoin de
reifort ni de machine pour laire entrer la railon
dans les âmes. Boa. Songeons prcfenrcment à d'au-
tres machines. Mol.
Sur-tout refufe^ les préfens ;
Des m:ichines d'amour c'eji la p!us redoutable. La Font.
On dit auili figurément & par manière de pro-
verbe j d'un homme qu'on a peine à émouvoir ^
qu'il ne fe remue que par machine , ou , qu'il faut
des machines pour le faire remuer.
|Cr Dans les arcs le terme de machine fe dit encore
au figuré d'un grand ouvrage de génie. Une Tra-
gédie bien conduite eft une belle machine. Un ta-
bleau où il y a une grande intelligence de lumières
eft une belle machine. Le temple de S. Pierre de
Rome' eft une étonnante machine. La Chaire de
S. Pierre de Rome eft, en Iculpture, une des plus
grandes machines que l'on connoilfe. Une grande
machine déiîgne une belle intelligence de lumière,
& une grande compolition.
^Cr On dit d'un Peintre qui fait bien ménager les lumiè-
res , qu'il entend bien la machine.
MACHINER , V. a. Former , projetter quelques mau-
vais deftéins contre quelqu un ; faire agir pluficurs
reliorts fecrets pour le perdre , pour lui nuire.
Machinari , moliri j Jlruere aliquid. Les mécontens
de la Cour font fujets à machiner cownt les Minil-
tres. On a pris un homme qui machinait une graride
trahilon contre l'Etat. Il machine quelque trahilon.
Ablanc. Il avoit déjà machiné ma mort avant que
je vinlfe à la Couronne. 'Vaug.
Machiner eft aullî un terme de Cordonnier, qui
figriifîe §3" cirer le fil avec la cire préparée, qu'on
appelle de h machine. Se donner une façon au fou-
lier , en pallnnt le machinoir lur les points du
foulier. Cerâ fulphuratâillinere. Machineries joints.
MACHINÉ , ÉE , part. & adj. Machinatus.
MACHINEUR , f m. pour MACHINATEUR.
Son [ait , dit-on , confijle en des pierres de prix ,
Un grand coffre en eji plein, fermé de dix ferrures.
jMi-même ouvrit ce coffre , & rendu bienfurpris ,
Tous les Machineurs d'impojlures. La Font.
MACHING. Ville de la Chine , dans la Province de
Huquang , au départejnent d'Hoangcheu , cinquième
métropole de la Province.
MACHINISTE , f m. Ingénieur qui invente , qui fiit
conftruire des machines , pour augmenter les for-
ces mouvantes. Machinarius , Machinator. Il faut
être fort favant dans les mécaniques pour être bon
Machinifte. On appelle auftî Machinijle celui qui
invente des machines pour les décorations de Théâ-
tre , pour des vols, pour l'hydraulique, &c.
MACHINOIR , f. m. Outil dont fe fervent les Cor-
donniers pour blanchir les points du derrière des
fouliers. î'CF C'eft un petit outil de buis, fort mince,
arrondi par les deux boucs , à l'un defquels il y a
des efoècc; de dents.
MACHIRITE , i. m. 2c f. Nom d'une ftmille de la
MAC
Tribu de Manalfé , ainfi appelée parce qu'elle dcf-
cendoit deMachir. Machirita. De Âlanallé fortit Ma-
chir , chef de la famille des Machirites. Saci.
Nombre XXFI. 2p.
MACHLET , ou MACHENLOTH. Nom d'une ville
des anciens Ordovices , maintenant c'eft un bourg
du pays de Galles , en Angleterre. Maglona , Aîa-
glùvà. Il eft dans le Comté de Montgommeri , aux
confins de ceux de Cardigham & de Mérioncth.
Maty.
MACEIESNA. Nom d'une rivière de la Turquie en
Europe. Machlejna , anciennement Cydarus. Elle
coule dans la Romanie j & après avoir Icparé Con-
ftantinople du hiubourg de Galata , & formé le beau
port de cette ville ; elle le décharge dans le canal
de Conltantinople. Matv.
MACHLIS , f m. Nom d'un animal , dont Pline
parle, Liv. FUI. c. //. Machiis. Cet animal étoit
fort commun dans la Scandinavie. Il avoit les jam-
bes tout d'une venue , fans jointures ; ainli il ne fe
couchoit jamais, mais il dormoit appuyé contre un
arbre i de forte que pour le prendre , on fcioit un
arbre en partie ; l'animal s'appuyant , l'arbre tom-
boit & l'animal aulf; , qui ne pouvoit plus fe rele-
ver. Il étoit d'un vitelle lî grande , qu'on n'eût pu
le prendre autrement. Il étoit fort femblable à l'Alcc.
11 avoit la lèvre de deilus fort grande ; de forte qu'il
étoit obligé d'aller à reculons , quand il paiftoit.
MACHMAS. Ville de la Tribu d'Ephraïm, donc il eft
parlé au /. Liv. des Rois , XIII. 2. Machmas. De-
puis les Croilades , ce fut un fort château des
Templiers. On la nomme aujourd'hui Dira. Elle eft
à quatfc lieues au nord de Jérulalem , du côté du
mont Garilim , d'où elle n'eft guère plus éloignée.
MACHMETAT. Nom de lieu dont il eft parlé, Jof.
XFI. 6. XFII. j. Machemtath. Il étoit dans la
Tribu d Ephraïm aux confins de celle de Manalfé.
MACHO , 1. m. On appelle en Elpagne Quintal- '
macho , un poids de i 50 livres , c'eft-à-dire , de
jo livres plus fort que le commun qui n'elt que
de cent livres. »
MÂCHOIRE j f f. Partie de la tête de l'animal qui
lui lert à mâcher & broyer les viandes , ou la pîi-
tute qui lui eft convenable. Maxilla , mandibula.
Elle conlirte en deux rangs de dents avec les os &
les gencives , où elles (ont enchâlfées. La mâchoire
eft compofée de deux parties , l'une lupérieure , &c
l'autre inférieure. La lupérieure eft immobile dans
l'homme , aullî-bien que dans tous les autres ani-
maux , excepté dans les perroquets , dans les cro-
codiles , & dans le poillon appelle acus vulgaris.
Elle conlirte en onze os , dont il y en a cinq de
chaque côté , & un déparié au milieu. L'inlérieut
n'a que deux os qui s'unillent au milieu du menton
par l'interpohtion d'un cartilage qui fe durcit à l'âge
de fept ans , & fe tourne en un os qu'on ne peut
plus feparer. Les mâchoires ont des alvéoles , ou
trous, où les racines des dents font enchâllees. Sam-
foii défit les Philiftins avec une mâchoire d'âne. Ce
fut avec une mâchoire d'âne que Caïn tua (on frère.
Cela n'eft point dans l'Ecriture. Ce n'eft qu'une
opinion populaire ^ qui n'a de fondement que dans
l'imagination de quelques Peintres qui le reprefen-
tent ainii. On a quelquefois la mâchoire démife.
MÂCHOIRE, le dit chez les Artifans, de deux pièces
de fer qui fe lâchent Se fe lerrent , qui fervent à
tenir quelque chofe , comme les deux extrémités
d'un étau de Serrurier, celles d'un chien qui tient
la pierre des armes à feu , Sec. Labrum.
On appelle figurément un homme grolîier , un
efprit lourd, mâchoire pefante, mâchoire dàne', &
on dit auflî branler la mâchoire, pour dire manger
goulûment, remuer les mâchoires, efcrimer de la
mâchoire , jouer de la mâchoire. Tout cela eft bas.
Didon dit fon bénédicité , *
Puis on joua de la mâchoire. ScAR.
MACHOMETTA. Foyer Mahometta.
MÂCHONNER,
MAC
MÂCHONNER j V. a. Mâclier quelque chofe avec
dilîicukc ou avec négligence , la tcnif long temps
flans l'a bouche. Manjuare. Ce vieillard a de niau-
vailes dents , il ne hiit que mâchonner les vjandcs.
Ce terme n'elè pas noble.
Mâchonner , v. n. C'eft parler entre £cs dents ,
n'articuler pas alFez diftiniîtcment. Cet homme ne
Îmx. a^we. mâchonner , on n'entend prefquc rien de ce
qu'il dit. Ce terme elt du llyle des Halles.
MACMOKAN j f. m. Nom d'un poilfon qui fe pêche
lut la côte du Pérou, près d'Arica. Il elî uns écail-
les i il .1 la peau fine , la chair blanche. Il a des
deux côtés de la tète des efpèces de filandres ou bar-
bées , à peu-près lemblables à la barbe d'un chat.
C'cft ce qui a hit apparemment que quelques Au-
teurs le nomment chat marin , ou chat de mer. Il
y a une iniinité de Machorans à l'île S. Vincent
du Cap vert. Frézier.
I/iACHURAT. f. m. Terme d'Imprimerie. C'eft ainfi
qu'on appelle les Compagnons Imprimeurs qui ap-
prennent leur métier, qui font fujets à barbouiller j
a gâter les feuilles qu'ils tirent. Typographicus tyro.
fij'M. Naudé nomme Mafcurat, 1 Imprimeur qui eft
un des interlocuteurs dans (on Dialogue intitulé. Ju-
gement de tout ce qui a été imprimé contre le Cardinal
Ma\arin.
MACHURER. v. a. Barbouiller, ou noircir quelqu'un ,
ou quelque chofe , Denigrare , nigrore infufcare,
Machunr le vilage , les habits. Il ne le dit que parmi
le peuple. Les Imprimeurs appellent machurer ^ bar-
bouiller une feuille, ne la tirer pas nette.
On dit proverbialement en Languedoc , que le
chaudron machure la poëlc : pour dire la pelle le mo-
que du fourgon. Mefcara en Touloulain , fignifie ,
charbonner, barbouiller. C'eft delà que nous vient le
terme de mafcaradc. Marquis dans les additions qu'il
a faites au Diétionnaire de Nicot, remarque que Icï
Lyonnois, Dauphinois & Savoiliens, prennent ma-
ckurer pour barbouiller quelqu'un au vilage , mais
qu'en François on It icnd généralement pour tacher
& touiller.
J.ÎACHURÉ, ÉE. part.
\fT Les Imprimeurs difent qu'une feuille eft machurce ,
quand elle n'eft pas tirée nette, <^' appellent iMachu
rats, les Apprentits, parce qu'ils font lujcfs à gâter
les feuilles. C eft par alluhon à Machurat , que Naudé
ïiomvaç. Mafcurat } l'Imprimeur qu il fait parler dans
Ion Dialocue.
I.IACIEU , ou iMASSIEU. Voye^ Mathieu.
MACIQUOPATAN. Foye^ Manicapetan.
MACIS. f. m. C'eft le nom qu'on donne à la féconde
ccorce de la noix mulcadc. Macis. Cette écorce eft
tendre , odorante , de couleur rougeâtre , ou jaunâtre :
elle fe fépare de la mufcade à mefure qu'elle fe sèche ,
& elle prend une couleur jaune. On l'appelle impro-
prement j^t'.'^/- de mufcade. Le macis a la même pro-
priété que la mulcadc. Le macis eft rouge quand il
eft frais , &: devient peu-à peu jaune en fe delléchant.
Ben Beïtar dit dans Ion Mogni, que le macis étant ré-
duit en poudre , & pris par le nc!z en guife de fternu-
tatoire , eft excellent contre les maux de tête qui pro-
cèdent de vapeurs. Les Arabes l'appellent Besha£ach ,
•& les Perfes Be\ha-[é. D'Herbelot.
Ce nom eft Indien. Les Hollandois font grand tra-
fic de macis, qui eft une drogue des plus eftimées.
Foye^ Macer. Foye^ Dalécamp , Hijî. Plant. T. II.
L. iS. c. 32. Et l'Auteur anonyme de \'HiJl. Orb.
Terr. c. 10.
MACLE. C f. Fruit d'une herbe marécageufe , qui eft
pointue en quatre ou cinq endroits , & qui eft de la
giolTeur d'une noix. C'eft une efpèce de châtaigne
aquatique ou trefte d'eau. Trihulus aquaticus. M.
Tournefort, Injl. rei herb. 655 , l'appelle Tribuloïdes
vulgare aquis innatans.
Macle, eft aulTI un terme de Blafon. C'eft une pièce
de l'écu faite en lozange percée. Ceux de la maifon
• Ai Rolian portent de gueules à nzxsi maclcs d'or pofées
trois , trris & trois , & ont pour dcvife , fine macula.
Quelriucsuns difent qu'ils ont pris ces macles , à
Tome V.
MAC 705-
caufe que les macles fe trouvent en très-grande abon-
dance lur leurs terres ; ce font des efpèces de cailloux
qui , étant coupés en deux , repréfenteut la figuré
marquée fur leurs écus. La macle a quelque rcllein-
blance avec la lofange. Celle-ci eft un peu plus étroite
tk plus alongée , «Se la macle eft percée au milieu; elle
diHerc des ruftres , en ce que celles- ci font percées en
rond, & que celles la font percées en carré. D'autres
ont cru que les macles font des mailles de hautber-
gcon , qui lont des lozanges vidées comme celles des
filets. Les Latins ont donné un nom commun à ces
deux fortes de maille , ûvoir , macula. Les macles
étoient les anciennes armes de Bretagne. Favyn.
Ce mot vient de macula.
CCT Macle. Terme d'Hiftoire Naturelle. Pierre ou
fubftance minérale que l'on trouve dans quelques en-
droits de la Bretagne , de la forme d un priflne qua-
drangulaire, renfermé dans une ardoife. Foyei l'art,
précédent.
MACLEi^ou MACQUES, en termes de Marine. Ce fdnr
des cordes qui traverfent, ridées, ou bandées en lo-
lange, qui font des mailles de cette figure. Funiculi
in rhomboidcm exten/î.
MACLIAVE , ou MACLOU, Voyei Malo, Ma-
cliave , ou iMaclou , Comte Breton. Mézerai T I
p. 66. ' ■ '
IP" MACOCK. 1. m. Quelques-uns donnent ce nom
au fruit appelé macoqucr. Foyer ce mot.
MACOCO. f. m. Animal de la groffeur d'un cheval ,
qui fe trouve dans le Royaume de Congo. Il a les
jambes longues Se grêles, le cou long, de couleur
gvife , rayé de blanc , deux cornes extrêmement lon-
gues , minces & aiguës. La fiente de cet animal eft:
faite comme celle des brebis, & a une odeur qui ap-
proche du mufc & de la civette, mais elle n'eft pas li
forte. On tient que fes ongles font un remède contre
l'engourdiftcment des nerfs. Le mot de Macoco, veut
dire^ grande bcre dans la langue du pays.
Macoco. Royaume. Macocum Regnum. Le Royaume
àt Macoco eft dans l'Ethiopie, en Afrique, fous l'é-
quateurj entre les Royaumes de Gabon,, deMujac,
ou de Givimgbomba , & les peuples Anzicains &:
Giaques. On dit que le Roi de Macoco eft fort puif-
fmt;, & qu il a dix Rois ou Roitelets pour tributaires,
&: qu'on tue tous les jours dans Ion Palais deux cens
criminels, ou efclaves de Tribut, qui font lervis fur-
la table, & fur celle de les Courtilans. La ville ca-
pitale de ce pays porte le nom de Monfbl , les Portu-
gais de Loango y envoient tous les ans des efclaves ,
de l'ivoire c^" du cuivre , qui font les marchandi'.es du
pays. Les peuples y portent le nom de Monfoles , ou
deMéticas, & ils font mangeurs d'hommes^ de mê-
me que leur Roi , & les Giaques qui font leurs voi-
fins. Maty.
^KFMACtlMEIRA. /^e^- Palmier.
MACOMER. C'étoit anciennement une ville de la
Sardaigne. Macomerum , anciennement Macopfijja.
Ce n'eft maintenant qu'un village de la partie fepten-
trionale de l'île, à l'orient d'Alghieri.
MAÇON, f. m. Celui qui entreprend la conftruébion
d'un bâtiment , d'une muraille. Faher lapiiarius ,
cœmentatarius. On trouve dans la balle Latinité Mu-
rarius. Il a fait marché avec un tel Maître Maçon
pour lui bâtir une telle maifon , fuivant un tel deftein ,
& pour un tel prix, la clef à la main. On nomme
des Jurés & Maîtres Maçons , pour eftimer des ou-
vrages , pour vifiter des bâtimens quand il y a quelque
conteftation fur ce fujet en Juftice.
On appelle aulïï Maçon , celui qui travaille fous
ces Maîtres à li conftruclion d'un bâtiment, & qui
emploie le plâtre & le mortier. \Jn aide à Maçon ,
eft un manœuvre qui lert au Maçon à gâcher le plâ-
tre , & à porter les matériaux.
le? On dit proverbialement d'un homme qui travaille
groflîèrement fur quelque ouvrage déhcat, que c'eft:
un Maçon, un vrai Maçon.
Ifîdore dit que ce mot vient de machir, & de ma-
chines , à caufe qu'un Maçon eft obligé de fe fervir de
machines , pour travailler fur le haut des maifons.
Y v V V
6
MAC
70
Plulieurs le dérivent de machino. Du Cange le dérive
de maccrïo , parce qu'on a appelé macerU , ces lon-
gues murailles de clôture qui enfermeiu les vignes &
autres hérit3v,cs , &C qu'ainii un Mjcon efl mactrïarum
conftruS.or. M. Huet croit que ce mot vient de mas ,
vieux mot , qui lignitioit mailon ; ainii maçon elt ce-
lui qui t'ait des mas j c'eft à dire , des marions. Sui-
vant cette étymologie , on devroit écrire majfon ;
mais l'ulage a prévalu, il elt pour maçon ^ & la pro-
nonciation des deux mots elt la même.
On appelle un Maçon dan-; la balle Latinité, Ma-^
g'iftcT Comacïnus : ce'que Lmdembrok dit être dérivé
de Comacïna , ile de la Romagne , où du tems des
Lombards, le trouvoient les meilleusr Archited:es._
-MÂCON. Matifio , Madfcona. Cafirum Macifconenjc,
ou Matijcenfi , Matacenfc oppidum. Civitas Matej-
ccnfium. Cafirum Matefcanum , Madafco j, Madajco -
na , MaCifcus. C'elt une ancienne ville de France ,
capitale du Mâconnois , en Bourgogne , avec un
Evêché lurt'ragant de Lyon, & lituée fur^la Saône
qu'on y palTe l'ut un pont de pierre , à douze lieues
au-delfus de Lyon. Long. 21. d. 23'. lat. 46. d. 20'.
MAÇONNAGE. T. m. Travail du Maçon. Struclura
muralïs. Il en a tant coûté pour le maçonnage de
cette maifon, & tant pour la charpente. Qz maçon-
nage ne vaut rien.
AIAÇONNEK. V. a. Travailler du métier de Maçon,
employer la pierre, la brique, le moellon, le plâtre, 6'i:.
& pour la conftruétion d'un bâtiment. Fabrile opus
faxeum exercere. Les Limoulms font ordinairement
ceux qui apprennent à maçonner. On dit aulll de ceux
qui tont travailler trop Ibuvent aux réparations de
leurs maifons , ou qui y lont louvent des change-
mens , qu'ils n'aiment c\\\ii maçonner.
Maçonner, fignihe aulli boucher avec du plâtre &: du
moellon, les ouvertures d'un mur. Cœmentisjïruerc ,
ohftruere. Ce n'eft pas alfez de condamner cette por-
te , je veux qu'on la flilfe maçonner.
Maçonner. Se dit Hgurément pour dire travailler grol-
fièiTment. 'Voyez comme il a maçonné ct\z. Acad. Fr.
MAC NNÉ, ÉE. part.
Maçonné j en termes de Blafon, fc dit du mortier qui
paroît en forme de filet entre les pierres de taille , ou
les briques d'un bâtiment, que les Maçons appellent
trait de rujlique , &: il eft d'ordinaire de lable. Furns -,
domus ,&c. murus fulvis comml£uris farcus , dijlinclus.
Il portoit d'azur à une tour fenêtrée d'un avant mur
d'argent , maçonné de fable.
MAÇONNERIE, f. f. Art de maçonner, arrangement
de pierres .avec le mortier. Ars fahricx, lapidant ,
Jlruclura. On le dit aulli de l'ouvrage & du travail du
Maçon. Ce ALiître efl bien entendu au lait de ma-
-conneric. On a fait un devis de maçonnerie , des ou-
vrages de maçonnerie. La maçonnerie de cette mailon
eftbicn faite', bien folide. ]..i maçonnerie a.iV\\.'clui un
roc doit être encaftrée de quatre ou cinq pouces dans
le roc vif. Une cloifon de maçonnerie elt celle qui elt
faite avec de la charpente & du plâtre , ou de la bri-
que. Il y a de la maçonnerie maillée , qu'on appelle
en échiquier ; elle elt laite de pierres carrées dans leur
parement , lefquelles lont pelées enlorte que les joints
vont obliquement , & que les diagonales lont l'une à
plomb , & l'autre de niveau. Cette maçonnerie en
échiquier e(t la première des lix efpèces qui étoient
en ufage chez les Anciens, &: dont parle 'V'itruve , L.
II. c S. La féconde étoit de carreaux de brique de
plat garni avec des moellons. La troilième de cailloux
de montagne, ou de rivière, à bain de mortier. La
quatrième de pierre incertaine, ou rultiqucj comme
croient p.avés les grands chemins. La cinquième de
carreaux de pierres de taille en liaifon. Lalixième de
templage qui fe falloir par le moyen de certains cof-
fres fcmblables aux bârardeaux , qu'on remplilloit de
moellons avec mortier.
Toutes les efpèces de maçonneries fe réduifent au-
jourd'hui à cinq : la maçonnerie en liailon , injcrtum ;
celle de brique, lateritium ; de moellon, ccementa-
tum , &: mieux ccementitium opus ; de limolînage ,
■£mj)lecIonj Se i.c\Aocz?,fi , Jlruclura ruderaria. La. ma.-
MAC
connaie en liaifon cil celle qui elt faite de carreaux
6c de boutilles de pierres bien pofées en recouvre-
ment les unes fur les autres. La maçonnerie de brique ,
elt une manière de bâtir , dont les corps & faillies , &
naillances de pierre, renferment des chanips, tables,
panneaux, &c. renfoncés de brique polee en liaiion
ëc proprement jointoyée avec du plâtre & de li
chaux. La maçonnerie de moellon , eft celle où les
moellons d appareil ou de hauteur, font équarris,
bien gifans, polésde niveau, & piqués en leur pare-
ment. La maçonnerie de limolînage, elt celle qui le
fait de moellons pofés fur leur lit en liaifon , fans être
drclles en leurs paremcns. La maçonnerie de blocage ,
elt celle qui eic laite de menues pierres jcttées à bain
de mortier. Davileb..
On appelle colonne de maçonnerie , une colonne
faite de moellon bien gilant , enduit de plâtre ou faite
de brique par carreaux moulés en triangle, & recou-
veite de Ituc. Columna Cccmentnia.
Maçonnerie, elt aulli le nom d'une Jurifdiftion parti-
culière pour les Maçons; elle le tient au Palais à Pa-
ris , & les appellations font portées au Parlement.
Cette Jurildiction a été établie en 164/. Ceux qui
l'exercent lont appelés Généraux des œuvres de ma-
çonnerie de France ; ils connoilîent des didérends en-
tre les ouvriers concernant le tait des bâtimens, de
tout ce qui concerne la conflruttion &: la police rela-
tive à leur siireté & à leur folidité. La maçonnerie a
des Procureurs particuliers dnîérens de ceux du Par-
lement , qui cependant peuvent y plaider.
MAÇONNES, f cV' adj. pi. f. ^fT Efpèce d'abeilles fau-
vages, ainli nommées, parce qu'elles maçonnent vé-
ritablement leurs nids lur les pierres les plus dures,
I^oyei l'Abrégé de 1 Hilt. des Infectes.
MACONNOIS. Nom d'une contrée de la Bourgogne.
Matifcouenfis , ou Maticenjîs ager. fKF Ce pays elt
fitué entre le Beaujolois Se le Chàlonnois , & iéparée
de la Brelîe par la Saône.
MÀcoNNOis , OISE, f m. Se f. Qui elt de Màcon. Ori-
ginaire, habitant de Mâcon. Matifconenjïs.
MACOPIN. Nom que l'on donne depuis peu à une
partie de la rivière des Ilinois, comprile depuis la ri-
vière de Chegagon , jufqu'aux Miamis.
MACOQUER. f. m. Selon quelciues-uns , MACOCK.
C'eft un huit qui eft tort commun dans toutes les îles
de l'Amérique, Se dans la plus grande partie du con-
tinent. Il elt prelque lemblable à nos melons ou ci-
trouilles. Se d'un goût fort agréable. Macoquerium.
Il y en a de dittérente grolfeur Se de diîtérente figure.
Son écorce eft dure , ligneule , polie , brune , ou rou-
geâtre eu dehors ; noire en dedans. Il contient une
pulpe, qui étant bien mûre, devient violette , de
blanche qu'elle étoit auparavant. Dans cette pulpe
lont enveloppés plulieurs grains plats Se durs. Les
Chafteurs le lervent de ce truit pour étanchcr leur
foif, & ils difent qu'il a le goût de vin cuit , mais
qu'il rellerre un peu trop le ventre. Les Lrdiens en
prennent la pulpe Se les grains par un petit trou
qu'ils font à l'écorce , puis l'ayant rempli à demi de
petits cailloux , ils le bouchent Se ils l'agitent afin
qu'il talle du bruit : c'eft un divertillemeiit pour eux
dans les tems de réjouiftance. Rochefort & Du Ter-
tre appellent l'arbre qui porte ce Iruir, Calehajfier ,
Se d'autres cohym , ou hysutro.
MACORIS. Rivière de l'île Efpagnole, qui fe décharge
dans la mer du Sud , à lix ou lept lieues de San Do-
mingo.
MACOUBA. Rivière de l'Amériqu" dans une des An-
tilles, qui donne fon nom à un bourg & à une pa-
roilf' de la Bande du noid de la Martirique. fiCTOn v
pêche une elpèce de poiilon que l'on nomme indittc-
remment Tejlar , ou Macouhas. Il a la tête large Se
charnue , le corps prelque rond , & la peau noire &
fine. Sa chair eft blanche , grafte (Se délicate.
03° Tabac du Macouba. Excellent tabac , ainfi nommé
d'un canton de la partie du nord de la Martinique,
où quelques habitans en cultivent. Il fent la rofe. Il
eft fort rare & fort cher en France.
MACOUTE. f. f. Efpèce de monnoie de compte, ou
MAC
de manit-ic de comptcf , en ufagc parmi les Ncgrcs ,
dans quelques endroits des côtes de l'Afrique, parti-
culièi-emcnt à Loango de Boiriej fur la côte d'Ango-
la. La macoute vaut dix.
MACQUE. (. F. Terme de Marine. Il y en a qui pro-
noncent ainfi, au lieu de dire MACLE. AVycj ce
mot.
Macque. f. f. Inftrnmcnt de bois dont on fe fert pour
brillr le chanvre 6c le réduire en filallc.
MACQUER. V. a. Brilcr avec la macque. Macquer du
chanvre.
MACRAN. Voyei Makeran.
MACRE. Voyei Magra.
Macre. Nom d'une petite ville de la Natolie. Macra ,
Macris. Elle eft dans la contrée de Mantefeli , lur le
golfe de Macre , qui ciï vis à-vis de l'île de Rliodes ,
& qui portoit anciennement le nom de Glaucus Jl
nus. Maty.
Macre. Plante. Voye^ Tribule; c'ell la même chofe.
MACRES. Nom d'une rivière d'Afrique. Mac^r, an-
ciennement Clnypkus. Elle prend fa fource dans le
Fezzen , contrée du Bilédulgerid , traverle le Royau-
me de Tripoli, & fe décharge dans la mer Méditer-
ranée , un peu à l'orient de la ville de Lébéda
Maty.
MACREUSE, f. f. Oifcau de mer , |p- refTemblant à-
l^tu près au canard, mais plus gros, du genre de
ceux qui ont Ift chair noire. Anas nïger. La tête &
la partie lupérieure du cou , font d'un noir verdàtre ;
tout le relîe du corps eft noir , à l'exception d'une
bande tranlverfale lur le milieu des aîles.
fC? On dit que la macreufe a le fang froid. L'Eglife en
permet l'utage pendant le carême. Sa chair eft dure,
coriace, fentant le marécage. L'huile dont elle eft
chargée la rend infupportable au goût. La meilleure
manière de l'apprêter eft de la faire cuire à demi à la
broche, & de la mettre en falmi avec vin, fel &
poivre.
fCFLes anciens Naturaliftcs ont débité je ne fais com-
bien de rêveries fur l'article des macreufes , en attri-
buant leur origine à l'écume de la mer , au bois
pourri des vieux' vailleaux , en général à la corrup-
tion. Cet oifeau vient comme les autres, d'un œuf.
J^oye-[ Génération, Animal.
il y a aullî un autre oifeau nommé macreufe , ( Po -
mey dit macourle aulîi bien que Nicot ), qu'on ap-
pelle autrement. Diable de mer , en Lutinfu/icu/a ma-
jor, qui eft une elpèce de poule de mer fort noire.
Voye\ Diable de Mer au mot Diable.
MACRI. Nom d'un village de la Romanie , fitué fur
le détroit des Dardanelles, au midi de Rudifto. Ma-
cer. Ce lieu étoit anciennement une ville nommée
Macrontickos ; c'eft-à-dire , la longue muraille ,
parce qu'elle étoit près de la muraille qu'on avoit
bâtie au travers de l'ifthme, qui joint la prefqu'île de
la Romanie, avec le refte de la province.
Maori , eft encore un ancien bourg de l'ile Samo , qui
eft dans l'Archipel , fur la côte de la Natolie. Macer ,
anciennement Panormus.
MACRIDE. Nom d'une île appelée autrement Hé-
lène. Quelques-uns difent MACRIS. Au refte, il
faut dire en François Macride , ÔC non pas Macris.
C'eft l'analogie. Les noms Grecs en •; , qui ont aux
obliques tia; , têts , &c. notre ufage eft de les terminer
en ide dans notre langue, & l'analogie doit être la
règle , quand il n'y a point d'ufage établi fur quelque
mot particulier.
MACRIEN. f. m. Nom d'homme. Macrianus. Ful-
vius Macrianus , homme de baffe condition , s'é-
tant fort diftingué par fa valeur , mérita que Valérien
l'employât dans le gouvernement de la République.
On prétend qu'il engagea Valérien dans des lieux
d'où il ne fe pouvoir tirer, & que ce Prince ayanr
été pris , Macrien fauva les reftes de l'armée , ik.
convint avec Ballifta Préfet du Prétoire , qu'on le
feroir Empereur avec fes deux fils , Titus Fluvius,
Junius Macrianus Quictus ; ce qui fut exécuté. Les
médailles des deux Macriens font rares , mais fur-
tout du pcre , dont quelques Antiquaires prétendem
Tome F.
MAC 707
même qu'il n'y en a point. Foye^ Bandouri T
I,p. 271 & fuiv. & Trebell. Pollion , de XXX.
Tyr. Il n'eftpas nécelfure d avertir qu'iUaut l'.appL--
Icv Macrien , Se non pas M^criti , ou Marcien, puif
que Trébellius PoUion & les médailles difem tou-
jours Macrien.
MACRIN. C m. Nom d'homme. Macrinus. Marcus
Opélius Sévérus Macrinus étoit Maure d'origine. Il
s'éleva par tous les degrés aux plus grandes charges
& fut fait Avocat du Fifo, & Préf t du Prétoire
fous Caracalié , auquel il fuccéda à l'Empiie. Il alib-
cia fon fils Diaduménicn , qui n'avoir que dix ans.
Sa dureté pour les loldats le leur rendit odieux ; ils
le tuèrent après 14 mois de règne , l'an de J. C, zi8.
Capitolin a écrit la vie de Macrin.
MACRINE. f f. Nom de femme. Macrina. La fainte
Vierge Macrine étoit fœur de S. Baille , 6c de S,
Grégoire de Nyflé. Foye\ ce faint dans fon i pitre
à Olimpius. La grand'mère de ces Saints s'appeloic
aulli Macnne.
MACROBE. f. m. Nom d'homme. Macrobius. Ma-
crobe , qui porte à la tête de fes ouvrages les noms
d'Aurélius Théodolius Macrobius, auxquels M. Fabri-
cius ajoute celui d'Ambrofius, tioriûbit fjus Hono-
rius 6c Théodofe le Jeune , comme il paroît par
le Code Théodofien , I. FI, Tu. S. Il fut Con-
ful & Gentilhomme de la Chambre. Pr^feclus facri
cubiculi , & fait honoré du titre d'homme illuftre.
Firillujlris. Il fut habile Antiquaire & Critique. Il
nous refte de lui deux Livres fur le fonge de Sci-
pion, & fept Livres de diftérentes matières, qu'il
a intitulés Repas des Saturnales , Convivia Saturna-
lia , &• qu'on appelle communément Saturnales tout
courr. Nous avons fur Macrohe des Notes de Pon-
tanus , de Meurfius 6c de Jean Gronovius.
Ce mot Grec , compoféde/««xfi«, long , iSc^/„ , v/e.
Macrobe , qui vit long-temps.
Il y a un faint iWûcroi^e dont on fût la Fête le 16
Février. Il eft dans le Calendrier de Carthage , &
dans le Martyrologe de faint Jérôme. Les Exemplai-
res de Corbie & de faint Vandrille le nomment fauti-
vement Marcope. Chastelain.
On a donné le même nom à quelques peuples
d'Afrique, habitans de l'île Méroé , 6c d'Ethiopie,
mais l'ufage ne feroit point qu'on les appelât ilfacrci-
hes en François , il faudroit dire Macrobiens.
MACROBIE. f m. C'eft le nom qu'on donne à ceux
qui ont vécu un nombre d'années extraordiiiaire.
Ce mot vient du Grec , ^«ixp.î long , & ^.t;, vie. Les
anciens Patriarches étoient des Macrobies. Le nom-
mé Dantho , Richard , Jean des Temps , S. Séverin ,
Evêqiie de Tongres , Oger deDace, le Philofophé
Ariftce , & plulieurs autres dont parle l'Hiftoire
étoient aulTi des Macrobies.
MACROCÉPHALE. f m. Nom d'un ancien peuple,
Marcocephalus. Mêla II, 19, met les Macrocépha-
les le long du Bofphore ; &c Etienne dit qu'ils
croient voifins de ceux de Colchos ; 6c Pline, L.
FI, c. 4. dit qu'ils l'étoient de Cézarunthe , ville
de Cappadoce.
Le nom de Macrocéphale veut dire longue tête ,
peut être que ces peuples Tavoient ainfii , & que les
Grecs qui appelèrent Hamaxobites , ceux qui vivoienc
à la campagne, & dans des chariots, donnèrent le
nom de Macrece'phales à des peuples qui avoient la
tête longue.
MACROCHERE. f f. Prononcez Macrokere. Nom
d'une ancienne tunique à longues manches. Macro-
chera. L'Empereur Alexandre Sévère fit revenir la
mode des Macrocheres de pourpres. Lampride j
c. 33.
Ce mot vient de, ^âx(i« , long , & de , ;k«?j main ;
ce vêtement fut ainfi nommé parce que les manches
en étoient longues. Saumaife fur Lampride cité.
MACROCOSME. f m. Ce mot ne fe dit que par op-
pofition à celui de microcofme. Macrocofmus. Par
le mot de macrocofme on entend le monde entier ,
l'univers; 6c par celui de microcofme ^ qui veut dire
petit inonde , on entend l'homme.
Vvvv ij
7o8
MAC
Ce mot de macrocofme vient de, |«««fW , grand ,
& K.wfiti! , monde. On n'emploie point aujourd'hui ce
mot dans un dilcours (éricux & poli.
MACRONISO. Nom d'une petite île de l'Archipel.
Macris , Macra. Elle eil près du Duché d'Athènes j
fur le cap qui fépare le golfe d'Engia de celui de Né-
grcpont. Les Anciens l'ont appelé Hélène , ou He
lena , parce que c'ell le lieu où Paris débaucha Hé
lène. Maty.
MACRONTYCHOS , c'eft-à dite , longue muraille.
C'étoit une ville de Thrace , (ur la côte de la Propon
tide , de laquelle julqu'au golte Melanis , on avoir
tiré une muraille , qui lépar.oit la Cherfonèfe du Con-
tinent. Il y avoit encore une autre grande muraille
dans la Thrace pour garantir lllthme de la Thrace
des Ennemis.
MACROPHYSOCÉPHALE. f. m. Celui à qui quel-
que atfedion Hatulente a diftendu la tête au de-là de
fa longueur naturelle de ^««p,; , long , de ^'ku , Hatu-
lence , &• de '^e?»^., , tête. Did. de James. |t? Am-
broife Paré fait de ce terme un (iibftantif féminin ,
& entend par là la diltenlion, la tuméf.tdion de la
tête d'un lœtus produite par des ventolités.
MACROS. Nom de lieu. Macrodama , Macromades.
C'étoit anciennement une ville de la province Biza-
cène , ei) Afrique. Ce n'ell maintenant qu'un village
du Royaume de Tunis j il eil fitué fur la côte occi-
dentale du golfe de Capez. Maty.
MACROSIVIS. f. m. Géant dont le corps fut trouvé ,
félon Phlégon , dans un tombeau près d'Athènes j
qui avoit cent coudées de long.
MACROSTICHE. adj. m. & f. Terme de l'Hiftoire
Eccléhaftique , lîgnilîe un écrit de longues lignes.
Macroflicos. Ce nom fut donné dans le IV^ f.ècle à
la cinquièm* formule de foi que firent les Eufébicns
dans le Concile qu'ils tinrent à Antioche l'an 54J.
Dans ce Concile ils firent une nouvelle formule de
foi , qui pour fa longueur fut nommée Macroftiche ,
ou à longues lignes , elle ne contient rien que l'on
puille ablolument condamner. Fleury , HiJI. Eccl.
L. XII. p. jso.
MACSARAT , ou MACZARAT. Café 3 ou habita
tiondes Nègres; Mailon grande j Ipacieufe & forte
à leur manière, où ils le retirent pour fe garantir
des incurlions de leurs ennemis. D'HePvBElot. Mu-
nititm Afrorum rtceptaculum.
MACSURAH. f m. Nom que les Mahométans don
nent à un lieu fép.-lré dans les Mofquées où fe pla-
cent les Princes \, ce lieu eft ordinairement fermé de
rideaux. C'eft de là que les Elpagnols ont introduit
dans les Eglifesce qu'ils appellent /ij Cortina , qui elf
faite en tour de lit j & dans laquelle s'enferment
les Rois J les Princes , &c. pour ailîfter au fervice
divin. D'Herbelot.
MACTIERNE. f. m. & f. Ancien nom de dignité en
Bretagne , qui fignifie proprement fils de "Piince.
Macliernus , Principis filius. Les qualités que pre-
noit la noblelfe du premier rang , étoient celles de
Princes, de Tyrans , de Comtes & de Macliernes ,
la plupart fynonymes. Le dernier fignifie en vieux
langage Breton, fils de Prince. L'autorité des Mac-
rkrnesémn grande-, il ne le faifoit rien d'authenti-
que dans tout le reflort de leur jurifdiftion fins leur
autorité. Les Evêques prenoient quelquefois la qua-
lité de Macliernes , ioit qu'elle leur convînt , à
caule de leur patrimoine , foit que leurs Églifes
eulfent des fiefs £c des (eigneurics temporelles allez
confidérables pour donner aux Evcques le droit de
s'appeler Macliernes , &c d'en faire les fonélions.
Ces fondions n'étoient pas fi atfedées aux hommes ,
que les femmes ne s'en acquittalfent quelquefois
par ordre des Souverains. Lobineau. Hifl. de Bret.
L. II , p. 71. Femmes Macliernes. ft3'"0n trouve
peu de Macliernes dès le XIF fiècle. Ils étoient
déjà remplacés par les Comtes. Vicomtes, Barons,
■Vicaires & Prévôts. Id.
Ce nom vient de Mab , ou Mac, qui veut dire
JJ'ls , & de tyran , qui fie;nifie Prince, Lobin. Gloff.
hLVCUCAGUA. f. m. Oifeau du Biefil , qui relTemble
M AC
fort au faifan, & qui cft plus gros que les poules de I
l'Europe , il a trois peaux & beaucoup de chair. Il
pond deux fois tous les ans 12 ou 1 j œufs. gCr II ,
court fort vite ; mais il ne peut voler ni haut , ni j
loin. Cependant il s'élève & vole fur les arbres, '
quand il voit des hommes. Sa chair clt délicate , ôc
excellente à manger.
MAÇUETTE. f. f. Vieux mot , qui s'eft dit pour
majjue. Clava.
Un ribaut mal vêtu & nu ,
En fa main une maçuette ,
Se lance en celé riverette. Gui art.
MACULATURE. f f. Feuille d'Imprimerie mal im-
primée , dont les caradères font pochés , ou peu li-
hbles J Ioit qu'elle Ioit mal tirée , ou trop tôt battue.
Folium maculofum.
Maculatuke, fe dit en ce lens d'une méchante feuille
d'Imprimerie, qui fert à des enveloppes , & à au-
tres ufages. Maculatura.
iyJ" On appelle par extenfion maculature grife , une
feuille de gros papier gris , qui fert d'enveloppe à
une rame de papier,
Maculature, fe dit auffi parmi les Imprimeurs en
taille douce , d'une feuille de papier qu'on met
entre Timage & le lange. Charta typo fuppoJlM
Maculature, e(l aulli un terme ^e Papetier, qui
fignihe du méchant papier , qu'on fait avec du dra-
peau, où l'on mêle du charbon pour le rendre noir. ■
Charta Jlupea rudis.
MACULE, i. f. Terme de l'Écriture-Sainte, & de
Théologie. Maculh. On fe fert de ce mot au propre ,
quand on veut parler des vidimcs qu'on choililfoit
pour les facrifices de la Loi de Moyfe ; & alors il
lignifie tache j auquel fens on dit, Il falloit choi-
fir une vidime , un agneau fins macule.
On s'en fort au figuré , & alors il fe prend pour
la fouillure qui vient du péché. L'Agneau uns ma-
cule s'eft dit de Jéfus-Chrift , exempt de péché.
Quelques Auteurs fe fervent de ce mot en parlant
du péché, 6c diftinguentla otûcù/ê, & la peine : la
diftinction eft bonne & vraie; mais l'exprelhon eft
mauvailc , du moins elle eft aujourd'hui peu en u{à-
gc , ■& en tout lens on dit communément tache.
Une vidime , une agneau ians tache. Jélus-Chrift
eft l'Agneau fans tache.
Macule , s'eft dit originairement §3° des taches ou
marques de fang que les enfans apportent du ventre
de leur mère. Elles font produites, dit-on, par la
force de l'imagination de la mère qui délire une
choie qu'elle ne peut avoir j fur la partie du corps
du fœtus qui répond à celle où la mère s'eft grat-
tée ou frottée.
Ce mot vient du Latin macula.
Macule. Terme d'Aftronomie , fe dit des taches qui
paroiiîent fur le dilque du loleil. Quand elles (ont
conftantes , pluiieurs croient que ce lont des aftres.
Quand elles fe ditîîpent comme des fumées j on les
appellent facules. On dit aulli en ce fens taches , &
c'eft aujourd'hui l'ordinaire.
ce? MACULER. V. a. TACHER, BARBOUILLER.
Commaculare ,macuHs ////iVer^. C'elf un terme d'Im-
primerie qui fe dit des feuilles qu'on relie, ou qu'on
bat avant qu'elles f'oient sèches. L'adion du marteau
fait fortir l'encre des bornes de l'ccil de la lettre ;
cette encre s'étend d'autant plus facilement que le
papier eft encore humide, les caradères font po-
chés , & les feuilles fe barbouillent. Ainll il ne faut
pas battre les feuilles fraîchement imprimées, de
peur de les maculer.
ît? Ce verbe eft aulfi neutre , &: l'on dit que des
feuilles maculent, loilque l'imprellion eft trop fraî-
che & qu'elle fe décharge.
Maculer , fe dit auilî par les Imprimeurs en taille-
douce , lorfque l'imprelTion fe déchargeant , bar-
bouille la feuille par deinèïC. Mdculis infiçere. Voilà
qui macule. Feuille maculée, .. ;„• . :.
MACUN. f. m. Terme de Relation."- Ckinifette que
M A D
M A D
portent les Indiens du Chili. Tunka ChUknfis. Elle
leur va julqu'a la ceinture; elle eli: t-erniée de nia-
nièie qu il n'y a que le pallagc de la tête, & d un
bias pour la luettie. I-'rezier.
MACi-iUlNAH. Ville du pays nommé Arbafchah ^c'ell
à-direj des AbilHns, ou de l'Ethiopie, leloii d'Her
belot, elle cil lituée fur la mer Rouge à l'orient de
la ville de Calgiun.
MACUSAIN. adj. m. Epithète que quelques médailles
de Pollhunie le père donnent a Hercule. Mafcufa
nus. L^Éloge de Macujin tire plutôt Ion origine du
nom du lieu où Pollhume conlacra un Temple en
l'honneur d'Hercule , que d'aucune chofe que la
Théologie fabuleule lui attribue. Chorier. Hiltoire.
de Dauphiné, L. Fil j, T. 1 , p. jpf. Le même
Auteur conjecture que ce nom pourroit bien venir
ds Macieu, ou de Mellicu, deux territoires conli-
dérablcs de Dauphiné , qui peut-être ont eu autrefois
le nom de Macufium, Voyez encore lur ces médail-
les, Trillan, T. III , p. 146. Se Oifel ,p. 2jç.
IP" MACUTE. f. f. Les Nous de la côte d'Afrique
ont un ligne des valeurs fans monnoie. C'eft un ligne
purement idéal , fondé lur le degré d'eltime qu'ils
mettent dans leur elprit à chaque marchandile , à
proportion du beloin qu'ils en ont. Une certaine
denrée ou marchandife vaut trois macutes , une autre
lix macutes , une autre dix macutes. C'eft comme
, s'ils diloient lîmplement trois, iix, dix. Montesq,.
|iO° Ne leroit-ce pas la même choie que la Macoute ,
dont on a parlé, quoique les explications ne s'ac-
cordent pas î
MACZUA. Nom d'une petite île de la mer Rouge.
Mac\ua. Elle eft près de la côte d'Abec, & de la
ville d'Ercoco. Quelques Géographes la prennent
■ pour l'ancienne Macarïa , & d'autres pour l'ancienne
Orneum , ou Orine. Maty.
M A D.
MADABA , ou MÉDABA. Nom de ville. Madaba. Le
Géographe Etienne dit que les Nabathéens avoient
une ville de ce nom. La Madaba de l'Écriture étoit
une ville de la Tribu de Ruben. Jof. XIII , p. &
par conléqucnt à l'orient du Jourdain. Elle étoit
dans la plaine , & avoit été autrefois la principale ville
des Ammonites. Les Amorrhéens la poflédèrent en-
fuite. Depuis rétabliirenient du Chriifianifine, elle
■ eut un Evêque futfragant de Bofte. Quelques - uns
l'appellent Medhah , félon la prononciation Hébraï-
que , & la placent dans l'Arabie Pétrée , aux con-
fins des Moabites, ce qui revient à ce que nous
avons dit.
MADA-DORO , ou M^DA DOURO. f. m. Mon-
noie d'or de Portugal qui vaut fix patacas ou pièces
de 8 & I 5 vintins.
MADAGASCAR. Nom d'une île qui fignifie llle de
la Lune. Les Portugais l'ont appelée l'ile de iaint
Laurent , ou parce qu'ils la découvrirent le jour de
la fête de ce S. Martyr l'an ijotî. ou parce que
Laurent , fils de François Almeyde , Général des
Portugais aux Indes , fut celui qui la découvrit. Les
François lui ont donné le nom de 1 ile Dauphiné ,
à l'honneur de Louis XIII. qui n'étoit encore que
Dauphin. Madagafcana Infula , Infula S. Laurcn-
tu , Infula Delphina. Cette ile eft dans l'Océan
Etliiopien , au levant des côtes des Cafres , & de
Zanguebar , fous le Tropique du Capricorne , partie
dans la Zone torride , & partie dans la Tempérée.
Elle eft renfermée entre le 1 1 & 16^ degré de la-
titude méridionale , & entre le 72. "^c 81 de lon-
gitude. Elle peut avoir trois cens lieues du nord
au lud , & environ quatre-vingt dix dans la plus
grande largeur , du couchant au levant. Ainfi cette
lie eft une des plus grandes du monde , & la plus
grande fans exception de toutes celles de l'Afrique.
L'.iir ne peut y être que fort chaud ; on allure
p'.Hirtant qu'il ne laille pas d'être fort fain. Le terroir
y eft arrofé par un grand nombre de rivières , qui
ont toutes leurs lources dans une grande chaîne de
/c9
7<
montagnes , qui s'étendent du nord au fud , vers le
milieu de l'ilc. Elle eft fertile en oranges, citrons,
melons, légumes, riz, coton, lucre, gingembre,
{iifrnn, tabac , c\: une cfpèce de chanvre, donc les
feuilles étant mâchées , comme le tabac , ctourdillenc
&c plongent dans un fommcil , dont on le réveille
fort gai (Se fort joyeiix. Il y a aulTi quantité d'arbres
rares , l'ébène , le bréfil , le f uidal rouge , jaune , Se
blanc , les palmiers de plufieurs fortes ■■, les cannes
qu'on appelle bamboches , dont on tire une efpèce
de lucre. Les Inlulaires recueillent quantité de miel^
dont ils font leur boilFon la plus ordinaire ; ils eu
font aulli .avec du fucre, & une troilièinc efpèce fe
fait de Bananes: elle reilcmble au cidre. On y trouve
des pierres précicufcs de toutes les efpèces_, a la lé-
lerve dCs diamans. Il y a de beau criftal, des mines
de fer , d'acier, tk. d'or, qui eft beaucoup plus pâle
que l'ordinaire j & qui fe fond aufti facilement que
le plomb. Quelques - uns alFurent qu'il y a aullî des
mines d'argent , mais d'autres difcnt que ce métal
y eft fort rare , & qu'on n'en voit qu'autant qu'il y
en a été tranfporté d'ailleurs. Les Lions, les Élephaiis
y foiit en grand nombre , de même que les cha-
meaux , les bœufs , les moutons , & les autres bêtes
doraeftiques.
Les habitans de l'île de JSiadagafcar ne couvrent
ordinairement que les parties que la pudeur oblige
de cacher; ils lont en partie noirs j & en partie
blancs , en parties Mahométans , & en partie payens ;
leur langage eft Arabe , & leur écriture aulii ; ils
prennent autant de femmes qu'ils en peuvent acheter
& entretenir ; ils font gouvernés par un grand
nombre de petits Princes, ou Seigneurs , leurs villes
font toutes bâties de planches , entourées de pieux ^
«Se quelques-unes encore d'un folle ; &: leurs villages
ne font compolés que de petites huttes^ que quatre
hommes peuvent tranfporter. Les François y avoient
bâti le fort Dauphin , celui de S. Aiiguftin , & y
avoient établi quelques Colonies, mais on alliire
qu'ils ont abandonné tout cela. Au refte, on croie
que cette île eft la Ménuthias de Ptolomée , la Cerne
JiLthiopïca de Pline. Maty.
MADAG-ASCAROIS, OISE. f. C'eft le nom des ha-
bitans de l'île de Madagafcar. M. Souchu de Pien-
nefort dit dans fon hiftoire des Indes Orientales ,
que nos plus belles femmes ne font rien auprès d'une
belle Madagafcaroifc.
MADAIN. 'Ville d'Àlîe ^ dans l'Itaque Babylonienne,
ou Chaldée. Elle eft fituée fur le Tigre au midi de
Bagdct , dont elle n'eft éloignée que d'une journée
de chemin.
^ MADAME, f. f. Titre d'honneur autrefois réfervé
aux femmes de qualité , Princelîes , DuchelFes
Marquifes , aux femmes des gens titrés ^ ou des
Gentilshommes. Madame la Marquife , Madame la
Préfidente, &e. Domina. Aujourd'hui ce titre fe donne
communément aux femmes mariées, foit en parlant
d'elles , foit en parlant à elles j loit en leur écrivant.
On l'a même étendu jufqu'aux lîmplesbourgeoifes. On
dit au pluriel mefdamcs , en parlant à une alFemblée
de femmes , de quelque condition qu'elles (oient.
{CT En parlant d'une Reine , on ne dit point madame
la Reine, mais fimplement la Reine. Si on lui parle,
ou h l'on lui écrit , on fe fert du titre de madame.
Madame y je fais bien que votre Majefté n'a que faire
de toutes nos dédicaces. Mol. Madame , fi l'Aca-
démie prend la liberté de faluer votre Majefté j &c.
IJCF On donne aullî ce titre aux filles de France, en
parlant d'elles ou à elles.
C^T Par le mot de Aladame , Cans fuite, on entend la
fille aînée du Roi.
ifT Ce nom fe donnoit autrefois aux Saintes, 6«: l'on
difoit Madame Sainte Geneviève , comme on difoic
Monfieur Saint Pierre.
0O" Il y a plufieurs Abbayes & quelques Commu-
nautés où l'on donne le nom de Madame aux
.Rcligieufes.
^ Dans les Tragédies on appelle auffi les filles Ma-
dame.
7îo M A D
Madame , fe dit auffi abfolument de la maîtrefle d'une
maifon , ùu' tout à l'égard des valets & des domefti
ques. Voilà Madame qui heurte. Madame veut que
cela foit ainli. Laquais de Monfieur. Laquais de
Madame.
On dit proverbialement , jouer à la Madame^ , en
parlant d'un jeu que font les petites filles, jorfqu'elles
s'amiifcnt à contreFairc les dames qui le font des
complimens & des vifitcs les unes aux autres.
On dit qu'une femme fait la Madame , quand
elle atfefte les manières , les façons de fane des
perfonnes de qualité , quoiqu'elle n'en foit pas. Le
mot de Madame ne reçoit d'article que dans cette
phrafe bourgeoife.
On dit auifi , Madame vaut bien Monfieur , ou
Monlîeur vaut bien Madame , quand on veut con-
tredire ceux qui mettent de la diftércnce entre le
mérite de l'un & de l'autre.
Cuisse-Madame, f. f. Nom d'une efpèce de poire.
La Cuiffe-Madame eft une efpèce de Rouilelet. La
figure & le coloris y conviennent affez bien. Elle
a fa chair entre tendre & catîante , accompagnée
d'une eau alfez abondante , un peu mufquée , &
fort -agréable quand elle eft bien mûre. Cette poire
&: le gros blanquet font mûres en Juillet. Elles font
de fort beaux builfons , &C le feul défaut que j'y
trouve j c'eft que les arbres font très difficiles à
mettre à fruit ; mais auflî font-ils merveille du mo-
ment qu'ils ont commencé. La Quint.
Madame d'Humieres , eft en termes de Fleurifte , un
œillet de couleur de rofe claire , fa Heur d'un grand
blanc tracé de gros panaches , large j mais tardive ;
fa plante eft extrêmement difficile à prendre racine ,
elle eft forte & robufte, & crève fi on ne luilaille
cinq boutons. Morin.
Madame d'Oneux , autre œillet j ne diffère en rien
du précédent , finon que fa couleur eft plus p.ile. Id.
Tripe Madame. Nom d'une petite herbe qu'on mange
en falade.
Trou Madame. Nom d'un certain jeu, où l'on joue
avec de petites balles de plomb , ou d'ivoire , ou de
bois qui entrent dans des trous diveriement mar-
qués, qui font perdre ou gagner. Je viens.de perdre
deux écus au Trou-Madame.
MADAMS , f. m. pi. Terme de Relation. On appelle
ainfi dans les Indes Orientales , du moins dans le
■lioyaume de Maduré , un bâtiment drellé (ur les
grands chemins , pour la commodité des pallans ,
ce bâtiment fupplée aux hôtelleries dont on ignore
rufage;dans certains Madams , on donne, a. manger
aux Brames , communément on n'y trouve que de
l'eau &: du feu , il faut porter le refte.
MADARA. Village du Royaume de Tunis , fitué entre
Bonne , & les ruines de Carthage. Madara. On le
prend pour l'ancienne Madaura , ou Madurus ^ ville
d'Afrique , où il y avoir une Académie , & un
Evêché (uffiagant de Carthage. Elle étoit la patrie
du célèbre Apulée. Maty.
MADARATE , f f. Nom d'une forte de bâtiment de
mer dont on fe fcrvoit autrefois iur la mer rouge.
Madarate.
MADARAVAN. Ville d'Afrique au Royaume de Fez ,
dans la province de Fez , à trois lieues du Grand
Atlas.
MADBACHUS. f m. Terme de Mythologie. Surnom
que les Syriens donnèrent à Jupiter lorfqu'ils curent
adopté fon culte. M. Huet , qui a cherché l'origine
de ce mot dans les langues orientales , croit qu'il
fignifie préfent partout , qui voit tout.
MADDALENA. Rio de la Maddalena. Voyez FOR-
NELLO.
MADEFACTION , f. f. Adion d'humefter. Terme
didactique , d'ufage en pharmacie pour défigncr
l'introduition d'une humidité dans une fubftance.
MADELEINE. Voyei MAGDELÈNE.
MADELGAIRE. Voyci MAUGER.
MADELGISIDE. Voye-^ MAUGUILLE.
MADELONNE , f f. Mademoifelle de Sévigné ,
femme du Comte de Grignan , eft louvent appelée
M A D
la belle Madelonne dans les lettres du Comte de
Buft)'. Je croirois que Madelonne eft la même choie
que Madelon , pciite Magdelène , h Mademoifelle de
Sévigné n'eût porté le nom de Françoife. Il y a plus
d'apparence que M. de Bufty a voulu lui donner
celui de la Maitrefte de Pierre de Provence, fi connu
par l'ancien Roman , intitulé : Hiftoire de deux vrais
&c parfaits Amans Pierre de Provence & la belle
Maguelonne , fille au Roi de Naples , in 4°. Go-
thique. Et in-S". Avignon i5i4..,.Allufion fondée
fur ce que le Comte de Grignan étoit Provençal ,
& Lieutenant général , Commandant en Provence.
• M. Aftruc , Partie 3. de fon Hiftoire n.atureile
de Languedoc , nomme l'Auteur de ce Roman. C'eft
Bernard de TrcwieZj Chanoine de l'Églile Cathé-
drale de Alaguelonne ,\i\\e ruinée au bas Languedoc.
Il vivoit en 1178. f^oye:^ la Bibliothèque des Ro-
mans , &C le neuvième tome des Oblervations fur
les Ecrits modernes.
MADEMOISELLE , f. f. Titre d'honneur qu'on donne
|CF aux filles de quaUté. Puella nohUis. Aujourd'hui
on le donne indiftéremment à toutes les filles , même
bourgeoiies.
^fj" Mademoiselle eft auffi un titre d'honneur qu'on
donne aux filles des frères ou oncles du Roi. L'aînée
s'appelle tout court , Mademoifelle. La fille aînée
de Monfieur , frère unique de Louis XIV , s'appe-
loit abfolument Mademoifelle. Pour les puînées ,
on joint à Alademoifelle un nom de terre.
Un de nos Poètes s'eft fervi du mot de Made-
moifelle dans une Comédie , en quoi il n'eft pas à
imiter ; il faut fe fervir de Aladame , fans diltinc-
tion de fille ou de femme. Mademoifelle n'entre point
dans la Poëfie. On a dit autrefois Mademoifelle.
MADÉRASPATAN. Nom d'une petite ville , avec un
bon port , & une Citadelle. Maderafpatanum. Elle
eft dans la prelqu'ile de l'Inde deçà le Gange , lut
la côte de Malabar , près de S. Thomas , & elle
appartient aux HoUandois. Matv.
MADERE île de l'Océan Atlantique , fituée entre les
Açores & les Canaries , au couchant du Royaume de
Maroc , fous le i degré de longitude , &: le 5 2*^ de la-
titude. Madera. On lui donne 10 lieues de long, lept
ou huit de large, 48 de circuit. L'air y eft fort tempéré,
le terroir fertile en blé , en lucre , en miel , en fruits ,
& fur-tout en vin , qui palle pour excellent. Ses
habitans ibnt prefque tous Portugais d'origine; ils
la découvrirent l'an 1420. & ils lui donnèrent le
nom de Madère , qui en leur langue fignifie bois ou
forêt , parce qu'ils la trouvèrent toute couverte de
bois , auiqucls ils mirent le feu qui brûla , dit-on ,
pendant lept jours. Ses lieux principaux font Mon-
cérico , Saint Croce & Fonzal , capitale &: réhdence
du Gouverneur pour le Roi de Portugal , auquel
cette île appartient. Au refte , quelques Géographes
la prennent pour la Cerne Adanûca de Ptoloméc.
Maty.
MADERE. Rivière. Voye\ Cayenne.
MADERNO. Nom que l'on donne aux ruines d'une
ancienne petite ville de l'Etrurie , qu'on nomma
Sudernum , Tudernum , & enluite Mudernum (S" Ma-
dernum. Elles font dans le Duché de Caftro , fur la
rivière de Fiore , un peu au delfus des ruines de
Caftro. Maty.
MADI , ou MADIR. f. m. Nom d'homme. Emerï-
tus. Prudence , l'un des plus anciens & des plus
célèbres d'entrés les Poètes Chrétiens, compofalur
la fin du IV"^. fiècle de l'Eglile , un Poëme impor-
tant fous le titre des Couronnes nEPiSTE-PASUN ,
Periflephanon , divifé en XIV. Chants ou Hymnes
à l'honneur de quelques illuftres Martyrs , nés ou
matyrifés en Elpagne. Le premier de ces chants
eft confacré à la mémoire des deux Saints Frères,
Emétere , ou Hémitere , vulgairement Saint Madir,
&c de S. Chélidoine. Baillet , j de Mars.
En Latin on trouve Emeritus , Emeterus & Eme-
therlus. Voyez les Bollandiftes , i^iiAf. T. I.p.22:
& 22S. &c. Le dernier paroîc le véritable nom.
C'eft celui des anciens ades du martyre de ces Saints.
\
M A D
Delà on a f.iit Emiurc , Emeur ^ Méter ^ Méder ,
Madcr , Madir. Pour Ûém'itirc , je ne l.iis où M.
Bailler l'a pns. Il f.iut cependant qu'il l'ait trouve
quelque part. Les Bollandilles dilcnt Mad: j p. 2^^.
T. cité , & M. Baillct , Madir.
MADIA. Nom d'un bourg de Suille. Madla.
Le Gouvernement de Madia , ou de Magia Ma.-
diana prxjcclura. C'ell le plus (epteiurional &c le
dernier en ordre ^^' en valeur des Gouvcrnemens ,
que les Suiiles po!!^|fcnc dans le Duché de Milan. Il elt
prclqu'entiércmcnt environné de celui de .Locarno ,
dont il dépendoit autrefois , il comprend les vallées
de Madia , & de Lanze , & les principaux lieux
font Mddia & Gévio , capitale. Maty.
MADIAN. (Terre de) C'étoit anciennement une con-
trée de l'Arabie Pétrée. Terra Madian , Madïani-
tis , Madin'uurum Regio. Elle étoit le long de la
mer Rouge , au midi de la montagne de Sin.aï , &c
elle avoit fa ville capitale de même nom , fituée
l;ir le bord de la mer. Les Madianites delcendus de
ALiJian , fils d'Abraham & de Cétura , vivoif nt
aiurelois à peu près comme une partie des Arabes
c-'j des Tartares vivent encore aujourd'hui. Ils tranf-
portoicnt leurs tentes & leurs bcftiaux dans les
pays où ils trouvoient les meilleurs pâturages. Ils
dévaftcrent pendant 7 ans le pays de Chanaan par
leurs courtes annuelles ; &c enfin , ils y furent mi-
raciileuiement défaits par Gédéon , avec les Ama-
iecjtes , & quelques autres Peuples Orientaux qui
s'ctoient joints à eux. L'hiftoire-Sainte remarque qu'il y
i| pént environ fix vingts-quinze mille hommes j avec
1 1 quatre de leurs Rois. /. 6. 7. S. Ef. p.
'MADIANITE. f. m. & f. Nom de peuple. Madla-
! I mta. Les Madianites defcendoient d'Abraham & de
, Cétura. Ils h.ibiroient la Terre de Madian.
MADIENA. 'Ville d'Arabie, fur la mer Rouge. C'étoit
; la capitale , & peut-être l'unique ville du peuple
! Madiaiiite de ce canton là,
JVIADIENE. Juron ancien j qui fignifie per jovem, par
Jupiter.
MAUIER. Vieux mot. Groire table de Pàtiiîîer. Axis
I dccunianus.
VIADIERS. f. m. pi. Terme de marine. On appelle
midicrs des pièces de bois clouées en égale diltance
fur la carène d'une galère.
VIADIR. Foyci Madi.
VIADjiNA. Foye\ MédÉmÉna.
VIADON. Noi-n d'une ville de la Terre Sainte ^ dont
il efl parlé dans Jof. XL i.
MADONIA MONTE. Nom d'une Montagne de la
' Sicile. MadoniA Montes , anciennement Nehrodes ,
ou Nevrodes Mans. Elle s'étend dans la partie occi
, dentale de la vallée de Démona , Se dans l'orien-
tale de celle de Mazara , vers les confins de celle de
■ Noto. Elle cd la plus haute , & la plus célèbre
montagne de la Sicile , à la réferve du mont Gibel.
Matv.
MADOUINE. f. f. C'eft la piftole d*Piémont. Elle
vaut 13 livres du pays ,& loliv. 16.I. 8 d. de France j
en comptant l'écu fur le pied de 60 (ois.
IMADRA. Royaume d'Afrique dans la Nigritie. Il a le
Royaume de Borno au feptenrrion , celui de Gorham
au levant , celui de Semen au midi. Se celui deDau
mi au couchant.
Madrague, f. f. eu une pêcherie faite de cables
& de filets , pour prendre des thons , qui occupe
près d'un mille en carré , dont il eft parlé dans
l'Ordonnance de la Marine.
^IADRAN. Nom d'un village de la haute Carinthie,,
: en Allemagne. Madranum. Il efl: entre Willach &
Saltzbourg , & il efl: pris par quelques Géographes
pour l'ancienne Magifirica, petite ville, ou bourg
I dn Norique. Maty.
MADRAS , ou Madrafpatan , que les Indiens nom-
ment Gennapattenam. 'Ville des Indes , fur la côte
de Coromandel , à une lieue au nord de S. Thomé.
Elle appartient^aux Anglois. M. de la Bourdonnaye
s'en rendit maître en 1746, & en tira une rançon
de plulleurs millions.
M A D 711
MADRE, f. m. 'VaiHéau à boite , où l'on met du via
pour boire. Ce mot a été fort en ulagc autrefois.
Poculum , poculum vinarium. Etienne de la Fontaine,
Argentier du Roi , dit dans un compte de l'an i 350!
Madrés &c cailliers pour boire vins nouveaux. On
trouve fouvcnt hanap de madré.
Madre , ou MÉANDRE. Nom d'une rivière de la
N.itolic. Meandcr. Elle prend fi fource dans la
grande Caramanie , traverfe la Natolic propre,^
fe décharge dans l'Archipel , entre Ephefc ik. Me-
lazzo. Cette rivière a été célèbre anciennement à
caufe de fes contours , qui étoient en ^\. grand nom-
bre , qu'Ovide lui compara le Labyrinthe de Dé-
dale. Baudran rapporte qu'on y comptoit jufqu'à
fix cens de ces contours , tant elle ferpentoit. Maty.
CCT On dit toujours Méandre en parlant des ouvra-
ges des Anciens , & Madre dans les relations mo-
dernes.
MADRE , ÉE. adj. Tacheté ou diverfifié de couleurs.
Il le dit du Léopard qui ert tacheté. Varius , rnacu-
lofus , crifpans. On dit aullî Lézard madré. Il n'eft
guère d'uLige au propre. Acad. Fr. On le dit aulTi
du bois veiné , comme du noyer , du hêtre , 6cc.
Lorfqu^on le met en œuvre , on y remarque cer-
taines parties plus condenfées que le relie , qui pa-
roilîent comme des taches brunes , plus folides ,
& plus dures , & qui font un peu luifantes quand
le rabot y a pallé. C'eft ce qu'on appelle du bois
madré. Materia crifpans. Table de bois madré. Pan-
terinx menf&.
Ce mot vient par corruption de marbré. On pronon-
ce eu quelques lieux marbré. En général on appelle
madré , tout ce qui eft tacheté i^ diverfifié de cou-
leurs , comme nos porcelaines , que Cardan &: Sca-
ligcr croient être la même chofe que ce que les
Anciens appeloient Murrina pocula , que Du Cange
dit avoir été .appelées dans la balle Latinité , Ma-
■^er , ma\erium , ma\arum , & mafdrinum ; qui ajou-
tent , que dans la maifon de nos Rois il y avoit
un Officier appelé Madrinier , qui avoit foin des
vafes précieux du Roi , faits d'une pierre qu'on
tient être celle de l'Onice , qui étoient appelés ma-
^ers , ma:^erins , ou madrés, d'où font venues ces
anciennes cxpreilions du fin , comme madré , ôc
d'efprit madré.
Madré. Terme de Fauconnerie. C'eft le nom qu'on
donne à un oifeau qui a mué plufieurs fois.
Madré. Au figuré fignifie , Fin , adroit , qui trompe ,
& qui ne fe laille point tromper. Jjîutus , verfutus.
Vous avez aftaire à un homme trop madré , pour
l'attraper.
A'Iadré, ée j fe prend aullî quelquefois fubftantive-
ment. C'eft un fin madré , ne vous fiez point à lui.
C'eft un madré qui pourroit bien vous attraper.
Comme adjeétif ou fubftantif j il ne peut être em-
ployé que dans le ftyle familier.
ïfT MADRENAGUE. f. f. Efpèce de toile qu'on fabri-
que aux îles Philippines , dont la chaîne eft de coton ,
& la trame de fil de palmier,
ffT MADREPORE, f. m. Les Naturaliftes donnent ce
nom à un corps iTiarin pierreux , qui reflemble à
une végétation; c'eft-à dire, qui a la confiftance de
la pierre, & la forme d'un arbrilleau, avec des ra-
meaux partant d'un efpèce de tronc. Madrepora.
Ils nomment en général toutes ces produétions qui
tiennent de la plante & de la pierre , Litkophytes ,
ou Pierre plantes ; mais ils en diftinguent une ef-
pèce particulière qu'ils nomment Madrépore , qui
ne diffèrent du corail qu'en ce que leurs branches
font percées de rrous dilpofés alfez louvent en étoi-
le. La couleur des madrépores eft ordinairement
blanche J quelquefois grile , 6r quelquefois rouge
marquetée de blanc. On en compte au moins de
fept efpèces rapportées par Impérial! , Bauhin ,
Tournefort & autres. Quoique le madrépore nailfe
ordinairement dans la mer , on ne laille pas d'en
trouver dans des lieux même fort élevés. M. Juftîeu
en trouva un lur la montagne de Chaumont en
Normandie , entre Magni &c Gifors j où il avoit crû.
712
A D
Il croit poreux , léger , blanc , Se tout femblable au
madrépore vulgaire , rellembLiiit au corail blanc.
M. Jullieu apporta ce madrépore à l'Académie des
Sciences en 1709. On lui a donné le nom de ma-
drépore , comme qui diroît mlllepores , parce qu'il
elt percé de beaucoup de trous. If^ Bien des Na-
mraliftes prétendent que les madrépores font des
corps qui lérvent de retraite à des polypes & autres
infcdes marins qui (e batillént eux-mêmes la de-
meure où ils habitent. Foye^ les articles relatifs.
On appelle Madrepofites les Madrépores follîles ,
c'eft-à-dire , ceux qu'on trouve dans le (éin de la
terre , & qui y ont été portés par les mêmes cauks
qui font qu'on y trouve des coquilles & des autres
corps marins folîïles.
MADREURE. Foyei Madrore.
MADRID. "Ville capitale du Royaume d'Efpagne, fi-
tuée près du Mançanarès , à douze lieues de To-
lède , du côté du nord , & à quatre d'Alcala de
Hénarès, du côté du couchant. Madrhum , Matrl
tum. Cette ville peut être divifée en vieille & nou-
velle i'ia dernière eft fans murailles , &c la première
eil enceinte d'une muraille de cailloux rougeâtres,
ce qui a donné lieu aux Efpagnols de dire qu'ils
ont une ville environnée de murailles de feu. Ma-
drid n'entre dans les Etats de Caftille qu'en qualité
de bourg. Elle n'eft pas à beaucoup près il grande
que Paris, Se elle eft mal - propre , & malbatie i
Jes maifons n'y font ordinairement que de terre ,
& n'ont que le plein- pied, (Je le galetas, parce
que tous les premiers étages appartiennent au Roi
d'Efpagne , à moins que les propriétaires des mai-
fons ne rachètent ce droit. Il y a un fort beau
pont fur le Mançanarès , quoique cette rivière foit
prefque à fec en été. Le Roi d'Efpagne y a deux
fort beaux Palais , celui où il demeure ordinaire-
ment , & celui de Buenréiiro , qui ell hors de l'en-
ceinte de la ville. Madrid s'efl agrandie des ruines
de l'ancienne Mantua Carpetanorum, qui n'eft plus
qu'un village nommé Filla Mantua , & iitué à une
XxcKxz è,z Madrid. M AT y. Madrid z'k i.\.\ 14'' degré de
longitude , & au 40*^ degré 14 min. de latitude nord.
Herrcra dit que ce fut en i j6o, que Philippe II quit-
ta Tolède j le féjour ordinaire des Rois de Caftille ,
pour aller demeurer à Madrid, qui devint par là ca-
pita,le du Royaume.
En ce mot la finale d , ne fe prononce point
dans l'uQge ordinaire. Madrl eft grand , iMadrl eil
bien mal-propre ; &: non point Madrl-d-eil grand.
MADRID. Nom d'une maifon Royale de l'Ile de
France j firuée au nord du bois de Boulogne, & au
couchant de Paris. Madrltum , Matrhum. François I ,
Roi de France la fît bâtir , & lui donna le nom qu'elle
porte , pour marquer qu'il n'avoit pas honte de la
prifon. QCrC'eft une erreur de croire que François I
ait fait bâtir ce château fur le modèle du Palais Royal
de Madrid en Elpagiie , où ce Monarque fut enfermé.
•Ces deux édifices n'ont aucune reilemblancc cntr'eux.
MADRIE. Ancien nom d'une contrée de France. Ma-
mcenfis , om Madrlcenfis pagus. Madrecifus. La. Ma-
drie étoir arrciée de l'Eure, de l'Iton , de l'Aure &: de
la Mandie , de laquelle apparemment elle prenoit
fon nom de Madfie. De Valois , Not. Gall.p. 32 j.
MADRIER, f. m. Terme d'Ingénieur. Planche fort
;épaiHê qui fert à ditférens ufages dans l'Artillerie &
dans la guerre des fiéges. Pyloclajlrl afferculus. La
plate forme des batteries de canon fe fait avec de gros
madriers. Il fit un grand amas de planches, de ma-
driers, de facs à terre j &c. Rel. de Rocroi. L'on
porta des madriers à la tour que l'on vouloit ruiner.
De Bussi Rab.
L'effet du pétard fe fait par le moyen d'un madrier
qri'on applique fur la bouche du pétard. Quelques-
uns fe fervent auftî du mot madrier , pour lignifier
fommler , ou poitrail. Il y a apparence que ce mot
vient de madera , qui , en Efpagnol , fignifie du bols ;
d'autres difent de materla.
On appelle aulîî madriers , en Architedure , les
. pkisgros ais'qui font en raamère de pîatc forme, &
M A D
qu'on attache fur des lacinaux pour alTcoir fur de la
glaile , le mur de douve d'un rétcivoir, ou tout autre
mur fur un terrein de foible conliftance. Daviler.
MADRIGAL, f. m. Terme de Poëfie Italienne, Efpa-
gnole & Françoife. Petite Poëlie amoureule , com-
pofée d'un nombre de vers libres &: inégaux j qui n'a
ni la régularité gênante d'un fonnet , ni la fubtilité
d'une épigramme , mais qui confifte en quelque peii-
fée tendre & délicate. Le madr'u^l eft , lelon M. le
Brun , une épigramme , dont la^Rute n'eft pas vive &
brillante, Latendrelle & la galanterie en font ordinai-
rement les lujets. Une certaine limplicité , belle,
noble & fage , en fait le caraâère.
On regarde le madrigal comme le plus court des
petits Poëmes , parce qu'il peut .ivoir moins de vers
que le ionnet ik. le rondeau. On n'y prend point
d'autre règle pour le mélange des rimes & des vers de
diftérentes efpèces , que le choix & la commodité de
l'Auteur. On y doit cependant prendre la licence
moins que dans tout autte , loit pour la rime , foit
pour la célure du vers , foit pour la pureté de l'expref-
lion. P. MouRGUEs. Les petits génies qui n'ont pas
la force de ftire de grands ouvrages , fe retranchent
fur les Madrigaux.
Ménage tient qu'il vient de mandra , qui fignifie en
Latin iSc en Grec , une ajfemblce de bétail , parce qu'il
prétend que c'étoit originairement une chanfon de
Bergers , dont les Italiens ont fait madrlgale , 6c nous
madrigal. D'autres croient que ce mot vient de ma-
drugar, qui fignifie en Etpagnol , fe lever matin , par-
ce que les madrlgau.x ét'oient chantés autrefois le ma-
tin par ceux qui donnoient des aubades. D'autres di-
fent qu'il vient de Madrid ^, parce qu'on dit qu'ils
ctoient en vogue du tems que François I étoit prifoii-
nier à Madrid.
On prétend que Mélm de Saint-Gelais eft le pre-
mier qui a introduit le mot de madrigal dans notre
J'oche. On en trouve un feul imprimé dans fes œu-
vres. Comme ce madrigal ell: le premier qui ait paru
& qu'il n'a que dix-lept vers, on a établi pour lègk
que le madrigal ne doit point aller au-delà de dix-fcpi
vers, &: fi toute l'étendue de la penfée ne pouvoit )
être enfermée , il feroit mieux de le mettre en ftancc:
libres. P. Mourgues.
Le Madrigal plusjimple & plus noble en fon tour,
Refplre la douceur, la tendrejje & l'amour. Bon.
MADRIGAL. Ville d'Efpagne , dans la vieille Caftille,
au voifinage d'Olmedo , à quatre lieues de Médina
del Campo. long, i 5. d. 36'. lat. 41 d. 25'.
Madrigal eft aulli le nom d'une ville de l'Amérique
méridionale , à 3 5 lieues de Popayan.
MADRIGALEJO. Nom d'un village de l'Eftramadure
d'Efpagne. Madrlgalexum. Il eft près de la ville de
Truxillo , & il n'eft connu que parce que Ferdinand
V , Roi d'Arragon y mourut l'an i j 1 6. Maty.
MADRIGALET. f. m. Petit madrigal. Il me femble
que nous neus envoyons pour étrennes toutes les
bourfes du pays avec des madrlgalcts. Bus si. Lctt.
à Madame la Comteffe de la Rocfie.
On veut que chacun vous étrenne ,
Mais on veut qu'il prenne la peine
De vous faire un madrigalet.
Pour moi Jl je n'avois mon papa pour rejfource ,
Belle de la Roche-Mllet,
Vous n'aurle'^ rien eu que ma hourfe.
i
Le petit Comte de R.rbutin , p. 63. du I. T. des
nouv. Let. du Comte de Bulîy fon père.
MADRIGALIER. f. m. Qui fait des madrigaux. Ce
mot ne s'écrit point; mais on appelle M. delà Sa-
blière, le grand Madrjgalier de France, à caufe qu'il
ne faifoit que des madrigaux , & qu'il y excelloit.
MADRINIE'R. f. m. Nom d'un Officier qui avoir foin
autrefois dans les maifons des pots & des verres. Ma-
drlnarlus dans la balfe Lariniré. Il y aura un Madn-
nier qui lervira de voires & de hanaps. Compte de la.
dépenfi du Roi en /jr^. Voyez ci-deifus Madré,
ou
N
MAE
où il eft dit que le Madrmter étoic celui qui avoit
foin des vaics précieux qui ii'écoient que d'une
pierre.
MADRISE, ou MANDISE. Arbre qui fc trouve dans
1 lie de Mftdagafcar. Son bois eft marbré &c de cou-
leur violette au milieu. Il a les feuilles petites comme
l'cbénier.
MADROGAN, ou Banamatapa. Ville d'Afrique, ca
pitale de Monomotapa , .ivec un grand Palais où
loge l'Empereur.
MAi3RURE , f. f. Ce font des veines de couleurs ,
& de figures diftérentes qui paroillenr fur le bois.
Ou le dit aufli en termes de Pelleterie , des taches
qui font lur les peaux de quelques animaux , comme
du tigre , du léopard , de la panthère , du chat ,
& de quelques autres. La moucheture des peaux
d'hermine s'appelle quelquefois de la Madrure ,
mais plus improprement.
MADRUZZO , ou MADRUCE. Nom d'un bourg
qui a titre de Baronnie. Madrucium. Il eft dans
l'Évcché de Trente , entre la ville de ce nom &
celle de Riva. Ce lieu a donné le nom à deux Car-
dinaux , l'oncle & le neveu , qui ont été tous deux
fuccelîîvcment Evcques de Trente. Maty.
MADURE. Nom d'une petite île de l'Océan Indien.
Madura. Elle eft fur la côte feptcntrionale de l'île
de J.ava , près du détroit de Balambuan. Il y a dans
cette île un Royaume, & une ville capitale de même
nom. Matv.
MADURÉ. Nom de la ville capitale de l'Etat de
Naïque de Maduré. Madura. Elle eft dans la prel-
qu'île de l'Inde deçà le Gange , au pied des mon-
' tagnes de Gâte , & à vingt lieues du détroit de
Manar. Maty.
'La Principauté de Maduré. Madurenjis Principatus.
C'eft un petit Etat de la côte de Coromandel, en
la prefqu'île de l'Inde deçà le Gange. Il s'étend de-
puis le Cap de Comorin jufqu'à celui de Négapa-
tan , étant borné au nord par la Principauté de Tan-
jaor , &: au couchant par les montagnes de Gâte ,
qui le féparent de la côte de Malabar , la mer le
baigne aux autres endroits. La côte de cet État , qui
a environ foixante & quinze lieues de long , porte
le nom de Côte pêclierie , parce qu'on y fait tous
les ans , vers le mois d'Avril , une grande pêche
de perles , à laquelle on emploie cinquante ou
foixante mille hommes , pendant quinze jours ou
, trois femaines , & qui fait toute la richelfe du pays.
Les principales villes du Naïque , ou Prince de Ma-
duré, font Maduré , capitale, Manancor , Tulu-
cory , Manapar & Jacancury. Maty.
MADYAN. Ville d'Afie , dans l'Arabie , fur la côte
orientale de la mer Rouge. C'eft à Madyan qu'é-
toit le puits fameux dont Moïie abreuva les trou-
peaux de Schoaïb.
MAE.
M/£CIA , adj. f. Nom de Tune des XXXV Tribus du
peuple Romain. Tribus m£cia. La Tribu Macia ctoit
la iS*^. Tite Live, L. FUI. dit que ce fut l'an 421.
de Rome , fous le fécond Confulat d'Aulus Corné-
lius Colîus Arvina, &: de Cn. Domitius Calvmus,
que la Tribu M&çïa fut ajoutée avec la Tribu Scap-
tia , en faveur des habitans de Lanuvium , des Ari-
ciniens, des Nomantins & des Pédains , à qui on
avoit un peu auparavant donné le droit de Bour-
geoilie. On lui donna le nom de Mttcia , d'un Châ-
teau qui étoit près de Lanuvium , & qui s'appeloit
Alxcium. Ceux qui écrivent Meda^ écrivent mal.
M/ECILIUS , M.^CILIA , f. m. & f. Nom d'une
ancienne famille Romaine. Macilius , a. Il y a eu
deux familles Miccilla , l'une Patricienne , &c l'au-
tre Plébeïenne. Denis d'Halicarnalfe dit que la Pa-
tricienne étoit originaire d'Aibe; que cette ville ayant
été détruite fous le règne de TuUus Hoftilius , les
MdLcUius furent reçus à Rome ; qu'on lui donna
leur droit de Bourgcoifie , ik place dans le Sénat.
Titc Live parle d'une autre Plébéienne qui eut un
Tome V,
MAE 713
Tribun du peuple , Sp. M^cUius. Patin ne rapporte
qu'une feule médaille qui foit furement de l'une
ou de l'autre de ces familles. Les autres n'ayant que
Mae , peuvent être de la famille. M&via.
MAELSTRAND. Nom d'une petite ville de la Nor-
vège. Malftrandïa. Elle eft dans le Gouvernement
de Bahus j dépendant des Suédois , à quatre lieues
de la ville de Bahus, du côté du couchant. Cette
ville eft fituée (ur un rocher eftarpé , que la mer
environne prcfcjue de tous côtés , & elle eft défen-
due par un bon château , qui eft à l'embouchure de
la Trolctta. Les Danois la prirent l'an 1678. maii
ils la rendirent par la paix. Maty.
MAELSTROAL Nom d'un grand goutfre de l'Océan
lepientrional. Maetjlromlum , umbUkus nuxrïs. Il eft
près de la côte occidentale de la Norvège, au nord
de la ville de Dronthim. Ce gouffre a , dit-on, une
eipèce de flux & reflux, qui pendant lîx heures en-
gloutit tout ce qui tombe dans fon tourbillon, &
pendant lix autres heures rejette tout ce qu'il a en-
glouti. Maty.
§3° Il ya peut-être bien à rabattte delà peinture qu3
les voyageurs iious en font. François Néri Italien
quia voyagé en Norvège j dit qu'il n'y a aucun gouf- ■
fre en cet endroit-là , mais feulement un courant de
mer qui fait grand bruit en montant tous les jours
pendant iîx heures , après lefquellcs il eft plus calme
pendant le même efpace de temps. Il ajoute que
pendant que ce calme dure , les petites barc^ues peu-
vent aller d'une île à l'autre , (ans courir aucun dan-
ger J & que le bruit que fait ce courant n'cft caufc
que par de petites îles ou rochers qui repoullent les
vagues tantôt au feptentrion , tantôt au midi , de
manière que ces vagues paroiirent tourner cn rond.
Cette rédudlion , dit La Marcimère j eft peut-être
plus contorme à la vérité , que le fracas Poétique
qui eft attribué au Madjhom dans beaucoup de
voyageurs J & fur-tout dans le Curiofus antiouarius ,
Livre Allemand , qui en donne une idée effrayante.
CtTM^MACTE, M/EMACTERIES , M.EMAC-
TERION. Foyei Mhmacte.
M^NA. (. m. Eipèce de hareng qui eft marqué à cha-
que côté d'une tache ronde , noire , azurée , ou
jaune , & quelquefois variée par tout le corps de
beaucoupde couleurs différentes. Il naît dans l'Océan
comme l'autre hareng. Les plus grands ne paftent pas
la longueur de la main. Ils le nourrilTent d alga Se
d'herbes qu'ils trouvent au bord de la mer. On les
confit dans la iaumure j comme les autres harengs ,
& ils lont aufti bons qu'eux.
M^RA , ou MERA. f f. Nom que les Poètes don-
nent au Chien d'Orion , placé dans les Aftres. Al^ra.
Ce nom pourtant lignifie une Chèvre d'un blanc
laie, qui tire lur le noir. Voye\ Héiychius, Rho-
dig.Z. XFII , c. iS. VofCms, de IdoLL.J,c.jo.
Quelques-uns croient que Mura lignifie brûlante ,
parce que fous cette conftellation le (oleil eft très-ar-
dent. De fixlfo , je brûle,
MAERGETE. adj. iti. Terme de Mythologie. Surnom
donné à Jupiter , & qui iîgnifie le conduéieur des
Parques , parce qu'on croyoit que ces divinités ne fai-
loient rien que par l'ordre de Jupiter. Maérgates.
MAERSDIEP. Foyei Masdiep.
MAES. Foye^ Meusï.
MAESLAND. Qui fignifie le pays de Meufe. Alofe-
landia. C'eft une contrée de la Mairie de Boifleduc ,
dans le Brabant Hollandois. Elle eft le long de la
Meufe, entre la Hollande j le Comté de Mégen ,
& la Seigneurie de Raveftein. On y renferme quel-
quefois CCS deux derniers pays .avec la terre de Cuyck,
parce que tout cela eft fitué le long de la Meufe.
MAESMUNSTER. Nom de lieu. Mafonis Monafle-
rium. Il eft en Alface. Valois, Not. Gall. p. ji8.
MAESTRAL ,MESTRAL, M^ESTRE, MAESTRO,
ou GALLIÉGO. Terme de Marine. C'eft le «om
qu'on donne au nord-oueft iur la Méditerranée ,
qui eft entre le (eptentrion & le couchant , qui
eft oppofé a Siroco. On appelle ce vent-là maefiro.
Nos François difent m^Jlre. On m'en dit affez de:
X X X X
714 M A G
b beauté de la fituation d'Aigincufe , & de la bonté
de l'air qu'on y lelpire , pour en donner une meil-
leure opinion que Vitruve , quand il écrit que le
yent de midi rend malades Tes habitans , que le
mdtflre les fait touller , & que le feptentrion les gué-
rit. Du Loir,/. 3/. Lorlque la bouflolc eft nord-
ouell 5 c'ert à-dire , lorfque la variation eft occiden-
tale , on dit fur la Méditerranée qu'elle maeflrd'ifi.
MAESTRALISER , & MAESTRÉLISER. v. n. Ter-
me de Marine de la mer Méditerranée. Tourner du
jiordvers l'oueft ; il fe dit de la boullble qui maef
xralïfe- , lorfque le bout qui regarde le jiord eft
tourné vers le nord oueft. Cette variation s'appelle
variation occidentale.
Ce mot vient de celui de Maeftial , qui eft le
vent du nord-oueft.
MAESTRICHT. Foyei Mastricht.
MAP.
MAFFA. royex Masfa.
MAFFLÉ, ÉE. adj. Qui a le viCige plein Se large j
03" qui a de grolTes joues. Vifige mafflé. CraJJus ,
phtguis. Il eft aulîi lubftantif.*C'eft une greffe maf-
flée. Ce terme eft populaire.
MAFLU , UE. adjeélif pour mafflé j ée.
Là vivant à difcrhion ,
La galante fit chère lie ,
Mangea , rongea ; Dieu fait la vie y
Et le lard qui périt en cette occafion.
La voilà , pour conclufion ,
GraJJe , maliîue , & rebondie. La Font.
MAFORTE. f. f. Manteau Monacal. Les Moines d'É-
gypve portoicnc par-delTus la tunique un manteau
nommé Majone , qui couvroit le cou &: les épaules ,
&c n'étoit que de lin comme la tunique ; 3c par-deffus
une mélote ou peau de mouton. Fleury , Hiji. Eccl.
MAFRACH. Terme de ReLuioni c'eft une groITe va-
life , dont les Perfiens de condition (e fervent pendant
leurs voyages pour mettre leurs habits , leur linge &
leur lit de campagne. Le dedans de cette valife eft de
feutre , & le dehors eft un gros canevas de laine de
diverles couleurs. Deux niafrachs font la charge d'un
cheval j ik ïc valet fe mer encore deffus.
MAC.
"MAGA. f m. Arbre qui croît aux Indes occidentales ,
Se qui (e trouve dans l'île de S. Jean. Maga arbor.
Il eft d'un bois extrêmement dur , Se non fujet à la
vermoulure , ce qui fait que l'on s'en fert en char-
penterie.
MAGADE. f. m. Nom d'inftrument de Mufique chez
les Anciens. Il y en avoit de deux fortes ; l'un étoit
inftrument à cordes , dont quelques uns attribuent
l'invention à Sapho , & d'autres aux Lydiens. L'au-
tre magade étoit une elpèce de tlùte , qui donnoit en
même-temps des tons hauts Se des tons bas. Maga-
dis , magas. Le Magade étoit de l'invention de Ti-
mothée de Milèt. Il dittéroit des inftrumens dont on
s'étoit fervi jufques-là , en ce qu'il avoit plus de cor-
des. On fit un procès à Timothée , fur ce que par l'in-
vention du Magade , Se l'augmentation des cordes ,
il gâtoit l'ancienne Mufique ,>!<>: la décréditoit. Athé-
née, z. xir.
MAGADOXO. Nom d'une ville de la côte d'Ajan , en
Ethiopie. Elle eft fituée près de l'embouchure de la
rivière de Magadoxo , à vingt lieues de la ville de
Brava , Se environ à i\\ lieues de celle de Méliude ,
du côté du nord. Magadcxa. Cette ville eft grande,
défendue par une citadelle , Se elle a un bon port ,
d'où l'on tire beaucoup d'or Se d'ivoire : elle eft ca-
pitale du Royaume qui porte fon nom : dont le Roi
& tous les habitans font Mahométans , & originai-
res d'Arabie. M'aty.
MAGALAISE , qu'on appelle .luflî MÉGANAISE ,
MAGNE, ou MAGNÈ:)E. f. f. C'eft un minéral
M A G
aftez femblable à l'antimoine , à la réferve qu'il efl
plus tendre , Se qu'au lieu d aiguilles on y voit de
petits brillants. Il y en a de grife Se de noire. C'eft de
cette dernière que fe fervent les Emailkurs Se les
Potiers de terre , l'autre étant très - roux. Les Ver-
riers en emploient auiîi pour purifier leur verre. La
magdalaije vient de Piémont , où on la tire de quel-
ques carrières en morceaux de difiérentes groftéurs
Se figures. Il faut la choifir tendre j brillante , la
moins remplie de roches &: de menu que 1 on pour-
ra. Quelques-uns la confondent avec le (afre Se le
périgueux ; mais ces minéraux font bien diftérens les
uns des autres. f^oye\ Magnésie.
MAGAM. f. m. Terme de Calendrier. Nom d'un des
douze mois lunaires de l'année , chez les Indiens du
Mogol : il eft le onzième de l'année ', Se répond au
mois de Février. Indorum Mogolenfium Februarius ,
ou Menfis duodecimus.
MAGASIN, f. m. Lieu où l'on ferre , où l'on garde
un amas de marchandifes , de vivres , de munitions.
Taberna apotheca , penu , horreum. ffS Magafin d'é-
toftes , de livres. Magafin de blé , de farine pour la
fubhftance des troupes. Alagafin d'armes , de pou-
dres , &c.
On appelle un Marchand en magafin , celui qui
ne tient point boutique , qui vend en gros fes étof-
fes , lés marchandifes. On appelle auffi magafin,
l'arrière-boutique , ou la chambre d'enhaut j où l'on
ferre les meilleures marchandiles. Taberna remota ,
interior. Les Libraires ont aullî des magafins de li-
vres dans des greniers. On appelle aullî magafin
d'atelier j un angar fermé en manière de baraque ,
où un Entrepreneur fait ferrer tous les équipages d'un
atelier, comme échelles jdoffes , cordages, outils,
&c. Se y entrerient un homme , pour y travailler
Se lés tenir en ordre. On dit aullî \ç magafin géné-
ral de marine : c'eft un lieu où l'on enferme Se où
l'on diftribue toutes les chofes nécelTàires à l'arme-
ment des vaillèaux. foye^ Daviler. A Breft , cha-
^ que vailleau de Roi a Ion magafin , qui eft comme
une grande mailon à belle porte cochère. On garde
dans ce magafin tous les canons & agrès du vaiffeau.
Il y a à la fuite des armées navales des vaiffeaux qui
fervent de magafins. Dans les villes de guerre il y a aullî
. des magafins qui font des bâtimens où l'on enferme
les provitions de bouche & de guerre , les machines,
les armes j les inftrumens, &c.
On appelle aullî magafin , l'amas des chofes né-
cellaiieSj commes les fourages qui s'amaffent dans
une elplanade j ou ailleurs. On a brûlé aux ennemis
deux magafins de fourrage.
IJ3" On appelle Garçon de magafin , chez les Mar-
chands celui qui fert dans le magafin. C'eft la même
choie qu'un garçon de boutique.
§3° Garde Magasin , eft celui qui a foin des marchan-
difes ou des provifions enfermées dans un magafin.
p''oye^ Magasinier.
§;? Dans le commerce en gros , on appelle Garde-
magafin , ce qu'on appelle Garde- boutique dans le
commerce en détail, une marchandife qui n'a plus
de débit , qui ell hors de mode.
Magasin j fe dit aullî des paniers qui font au devant
Se au derrière d'un coche , Se aullî du lieu où l'on
ferre les malles Se marchandifes des pallagers , ou
qu'on tranlpoite par cette lorte de voiture.
Magasin. Ce mot s'emploie figurément en plulieurs
occalîons. Il y a des elprits lubalternes qui ne lem-
blent faits que pour être le recueil , le regiftre , ou le
magafin des autres. La Br. Que feroit-ce que l'ami-
tié , lî chacun tailoit un magafin de tout ce qui
échappe a. fes amis j pour leur nuire dans la luiteî
NicoD. La mémoire eft un magafin. Mont.
On dit proverbialement d'un homme qui achette
beaucoup de choies de même nature , qu'on croit
qu'il en veut faire magafin.
Ce mot vient de l'Arabe machafin , qui lîgnihc
le lieu où l'on met fes richeffes. Aléiuge après Eo-
chard.
MAGASINAGE, f. m. C'eft ce que les Négocians Se
1
M A G
les Commiiïîonaircs pafTciir en compte à leurs
Corrcfpond.ins, pour louage de niagaliii des inar-
cliamliies qu'ils onc eues pendant quelque temps en
magalin pour eux.
MAGASINER, v. a. Mettre des marchandifes en nia-
gahn. On dit Emmagafîner.
MAGASINIER, f. m. Commis qui cft cliargc du dé-
tail d'un magafui. C'efl: la même chofc que Garde
niagafîn.
MAGAZA. Nom d'une Province de rAbiflinie. Ma-
gaïa. On la met le long de la rivière de Tacaze ,
entre le Royaume de Tigre , & celui d'Angote.
Matv.
MAGDALENA. Port de la Magdclcne , ou Puerto de
la Magdalena. MagdaleriA portus. Petit golfe ou
port qui eft fur la côte méridionale de l'île de Cali-
fornie. Ce lieu cft fréquenté par les Efpagnols dans
les voyages qu'ils font de la Nouvelle-Efpagnc aux
îles Philippines. Maty.
Magdalena , Rio de la Magdalena. Voyc-[ R i o
Grande.
MAGDALÉON. f. m. Cylïndrus. C'eft ainfi qu'on
appelle un rouleau ou petit cylindre de foufre j
d'cmpl.ltre , &c. tels qu'on les vend chez les Epiciers
& Apoticaires. C'eft fous cette forme qu'on garde les
emplâtres dans les boutiques.
Ce mot vient du Grec k«v^«^'« fignilîant la même
choie. Les Médecins appellent encore ainii leurs mé-
dicamens bits en forme de paftille.
MAGDAL-GAD. Ville de la Tribu de Juda. Ce mot
lignifie la tour de Gad , félon l'interprétation de D.
Cal me t.
MAGDALUM. Nom d'un château de la Terre-Sainte.
Magdalum. Il étoit fur le bord de la mer de Galilée ,
ayant au nord &: à l'occident une grande plaine, il
croit dans la Terre ou Tribu de Zabulon , à deux ou
trois lieues de Betfaïde , & à deux lieues à l'orient
de Jotapata. Quelques Auteurs fe font imaginé que
ce château appartenoit à Marthe Se à MagdelènCj
que celle-ci y étoit née , que c'étoit de- là qu'elle avoit
pris fon nom. Baronius a réfuté cette opinion dans
fes Annales. M. Tillcmont dit Magdale, & prétend
que c'eft la même chofe que Mageddan , ou comme
il écrit Magédan. Foyc^ Hiji. Ecclef. T. II ,
Magdalum , etoit encore un lieu en Egypte près
de l'endroit où la mer s'ouvrit pour laifter palferles
Ifraclites. On foupçonne ordinairement que ce nom
fut donné à ce lieu à caufe d'une tour pofée fur une
montagne voiline ; mais on n'a aucune raifon de
le dire. M. de Saci l'appelle Magdala , je ne fai
pourquoi , car dans le Grec il y a wàycS'aAoi' , & Ma-
gdalum en Latin. En Hébreu S^JO , migdol.
Ce mot eft Hébreu, & vient de SlJO , migdal ,
qui iîgnifie une tour, parce que ce château étoit bien
fortifié , & muni de bonnes tours & autres ou-
vrages.
MAGDEBOURG. Nom d'une ville de la Balfe-Saxe ,
capitale du Duché de Magdebourg , &c fitué lur
l'Elbe , à huit ou neuf lieues au-deftous de la ville
de Dellaw. Magdeburgum , Parchenope , Partheno-
polïs. Cette ville eft Anféatique, & Tune des plus
grandes & des plus riches de la Balfe-Saxe. Elle eft
allez bien fortifiée i elle étoit autrefois Impériale -,
mais elle dépend maintenant de l'Eleéieur de Bran-
debourg. L'Empereur Charles-Quint mit cette ville
au ban de l'Empire l'an 1 547. parce qu'elle avoit
chalfé les Chanoines de l'Eglife Cathédrale. Il le-
nouvella ce ban l'an IJ49. parce qu'elle ne voulut
point recevoir r//2fcri/72. Maurice Duc de Saxe, Exé-
cuteur du ban, la tint affiégée pendant quinze mois,
& il en leva le fiége par accommodement. L'an 1651.
ayant été prife par Tilli , Général des troupes Im-
périales , elle fut laccagée pendant trois jours , &
enfuite brûlée. Elle eft maintenant bien rétablie.
Maty. Long. 83. d. 50', lat. 62. d. 18'.
Othon qui la bâtit à la follicitation de fa femme
Edithe , fille d'Edmond Roi d'Angleterre , fit trans-
férer l'an .530. à Alagdeboarg l'Archevêché que
Tu /ne y.
M A G
715-
' Charlemagne avoir fondéàStyde, que Henri l'Oi-
feleur avoit fait transférer à Wallerllow , & qu'on
avoit enfuite placé à Vrcle. L'an 937. le 23 Septem-
bre Otton I. Roi de Germanie , tk. enfuite Empe-
reur , fonda un Monalfèrc a Magdebourg. En 961.
il y fit apporter le corps de S. Maurice , &c de quel-
ques-uns de fes compagnons. En 962. qui étoit la
première année de l'Empire d'Otton , Jean XI°. à
la prière de ce Prince ^ érigea Magdebourg en
Métropole , par une bulle du i x de Kvrier indic-
tion f. la 7*^ année du Pontificat de Jean.
L'Empereur Otton avoit fait fortifier Magdebourg.
Le monaftère fut établi le 1 3 Septembre 9 3 7. la fé-
conde année du règne d'Otton , tk. dédié à Saint
Pia-re , à S. Maurice , & S. Innocent. Magdebourg
fut auftî nommé ParthenopoUs , c'eft-à dire, la ville
de la Vierge. En élevant Magdebourg à la dignité
de Métropole , on lui donna cinq fuftragans , Meif-
fcin , Mersbourg , Zeits , Halvelberg îk. Brandebourg.
Elle fe nomme aulli Meidbourg. On l'a nommée Par-
thenopoUs en Latin j parce qu'il y avoit une ftstue
de Vénus dans un char avec les trois Grâces , & qu'on
l'honoroit ious le titre de Venus Parthenia,ct^\-
dire Venus Virginale.
C'eft de là aufti qu'cft venu le nom de Magde-
bourg , qui en Allemand fignifie la même chofe,
ville de la Vierge , ou de la fille , étant compofc de
magd, ou de magdelein , qui veut dire, une jeuns
fille, Scburg, qui fignifie ville. C'eft pour la mê-
me raifon qtie Jean Capnion l'appelle Domadum
pyrgus , ôc JEnéa.s Sylvius , Virginopolis. Quelques-
uns l'ont prife pour l'ancien Mefvium. Les Arche-
vêques de Magdebourg portoient le titre de Primats
de Germanie. Cet Archevêché fut fécularilé Ious le
titre de Duché , &: donné en dégrèvement à l'Elec-
teur de Brandebourg par le Traité d'Ofnabrug. Voy.
encore au mot Poméranie.
Les Centuriateurs de Magdebourg font Matthias
Flaccus Illyricus j Jean Vuigand ^ Matthieu Le Juge
& Bafile Faber , ou Le Febvre. Voye\ Centuria-
TEUR.
Le Duché de Magdebourg. Magdeburgenfis Ducatus.
C'eft un des Etats du cercle de la Balle Saxe. Il eft
fait en forme de croiftant , borné au levant & au
nord par le Marquifat de Brandebourg , au cou-
chant par le Duché de Wolfenbuttel , & au fud
par les Principautés d'Halberftat & d'Anhalr , Se
par le Comté de Barby. Son circuit eft environ de
quarante - cinq lieues , & fa largeur de fept. Son
terroir baigné par l'Elbe, l'Havel & la Selke, eft
des plus fertiles de l'Allemagne. Ses lieux princi-
paux (ont , Magdebourg , capitale , Broch , Sandow 3
Oesfelde Se Staftiirr.
MAGDELÈNE, MAGDELAINE, plus communément
MAGDELEINE, f. f. Nom de femme. Magdalena.
Ce mot de Magdelène eft le furnom de Marie ,
fœur de Marthe & de Lazare; on prétend qu'il lui fut
donné parce qu'elle avoit une mailon à Magdal ,
petite ville de Galilée.
C'eft une queftion qui a fort agité les Savans , fr-
voir fi Marie Magdelène , Marie fœur de Marthe ,
& la femme pécherefte , font trois femmes , ou 11
c'eft la même. Origène eft le premier qui ait mis de
la diftindion entre ces femmes. Après lui S. Jean
Chryfoftôine, Macaire , Tite de Boftres, & Vicfor
d'Antioche , ont été du même fentiment ; mais Ori-
gène & les autres ne diftinguent que Marie, fœur
de Marthe, de la pécherelfe , & ne parlent point de
Marie Magdelène. De plus Origène avoue qu'il
s'éloignoir du fentiment de k% maîtres , Clément
Alexandrin & Ammonius ; & que le fentiment com-
mun confondoit ces deux femmes. S. Grégoire eft
le premier qui ait enfeigné nettement que Marie
Magdelène , Marie fœur de Lazare , ôc la femme
pécherelfe , font la même perfonne. La difpute
s'échauffa au feizième fiècle entre Jacques le Fèvre ,
&■ JolTè Clictou , qui les diftinguoient, d'un côté;
& de l'autre, le favant & pieux Cardinal Fifcher,
mort pour la Foi , Se Marc Grandval , qui les con-
Xxxx i;
7ï6 M A G
fondoicnt. Ce dernier parti prévalut. En ifii. le
^'^ Novembre , la Sorbonne condamna l'autre. En
En 1636, Louvet imprima ime Dillertation pour
faire revivre ce fentiment condamne. Sur la fin du
fiècle pailë , les Dofteurs que l'on chargea de re-
voir quelques Bréviaires de France j y firent entrer
ce kntiment. En i6Sj. le P. Mauduit fit un Livre
fur cette qucftion , qui n'elt prelque que celui de
Louvet. Mellieurs TiUemont lV" Baillet ont écrit
avec beaucoup de chaleur pour loutcnir la diftinc-
tion. Le Père Alexandre, le P. Mauduit dans fon
Analyfe des Évanjiiles , iSc le P. Pezron , ont dé-
fendu l'ancienne opinion. Monfieur Anquetin , Curé
de Lyon , imprima en 1699, à Rouen, une Diller-
tation pour la diftindtion de ces trois femmes. M.
Trévet a tâché de la réfuter par une Dillertation
imprimée à Paris en 171 3.
Jesus-Christ , en dilant dans S. Jean XII , 7.
Sinite ut in dïem fepultuTS, mea fervec illud, mon-
tre que la iixur de Lazare & de Marthe dont il
parle , ell: la même que Marie Magdelène qui alla
pour embaumer le corps du Sauveur. Marc ^ XVI.
I. Car ces mots ne fignifient point , fouffrei qu'e//e
garde ce parfum pour le jour de ma fépulture ; puil-
que le vafe étoit calfé, & le parfum déjà répandu;
mais iaijfc-^ - la en paix , afin quelle en jajje au-
tant le jour de ma fépulture : fi)uffre-[ qu'elle con-
. ferve cette bonne volonté pour le jour de ma fépul-
ture. On ajoute que Jesus-Christ a prédit que
l'aétion de cette femme feroit louée par-tout où
l'Evangile feroit publié. Si cette femme n'eft point
Marie fœur de Marthe &: la pécherelfe , la prédic-
tion de Jesus-Christ ne Icroit pas accomplie. Car
c'eft d'elle qu'on l'a publié jufqu'ici. L'autre fenti-
ment a été à peine connu. On dit encore que faint
Jean montre bien clairement que la pécherelle &
Marie lœur de Marthe font la même perlonne,
lorfqu'au c. XI ■, v. 2. il dit que Marie fœur de
Marthe & de Lazare ell celle qui avoit parfumé
le Seigneur , & ejfuyé les pieds du Seigneur avec
fes cheveux ; que puifque le S. Evangile dit : Qui
avoit parfumé i qui avoit ejjuyé , & non pas qui de-
vait parjumer , qui devait efuyer , il marque une
adlion pallée ; que quand il veut caraétérilcr Judas
par la trahifon future , il ne dit pas qui avoit trahi ,
ou qui a trahi , ou qui trahit , mais qui devait tra-
hir; qui erat eum traditurus ; que S. Jean parle donc
d'une aftion palfée , & par conléquent de celle
de Naïm faite par la pécherelfe , & non pas de
. celle de Jérufalem , qui fe fit pendant la dernière
cène i qu'ainfi Marie lœur de Lazare dont il parle ,
cfl: la même que la pécherelfe.
Ceux qui diftmguent ces trois perfonncs , le fon-
dent fur ce que Marie fœur de Marthe écoit de
Béthanie ; que S. Jean le dit c. XI, v. i. que Ma-
rie Magdelène au contraire étoit de Galilée ; que
S. Luc la met au nombre des femmes Galiiccnnes
qui fuivirent J. C. depuis la Galilée jufqu'à Jéru-
falem i que les Evangéliftes les dillinguent par des
lurnoms différen* ; qu'ils appellent toujours Marie
de Galilée, Marie Magdelène, & Marie de Bétha-
; nie , Marie lœur de Marthe ; que leur caradtère
eft différent autant que leurs noms; que Marie Mag-
delène , vive & fervente , eft toujours dans l'ac-
tion; que Marie lœur de Marthe paroît plus con-
templative ; que S. Luc ayant dit au c. VIII. que
Marie Magdelène étoit att.achéc à J. C. introduit
au X^ chap. Marie lœur de Marthe lur la fcène j
comme un nouveau perlonnage. Telles font les
railons qu'on apporte pour diftinguer Marie Mag-
delène de Marie fœur de Marthe.
Voici celles qu'on a de diftinguer la pécherelTc
de CCS deux Maries. La pécherelle étoit de Naïm ,
& non de Magdalus , ni de Béthanie. Magdelène
ctoit pollédée de fept démons , femme atfreule par
conféquent. L'autre au contraire étoit une femme
du monde , galante , & à qui fes agrémens & it^
charmes faifoient des amans. Le Fils de Dieu au-
roitil retenu à fa fuite une femme notée , une
M A G_
proftituce ? S. Luc n'auroit-il pas plutôt défigné 1«
Magdelène par quelques circonilances de la con-
verlion , que par la pollcifion de fept démons ;
Enfin , le chap. Vil" finit par 1 hifloire de la pé-
cherelle ; & dans les premiers verlcts du VIil=.
l'Evangélifte parle de Marie Magdelène comme d'une
autre perlonne.
On ajoute en répondant au:c raifons contraires
que S. Jean , c. XII. 7. dit , laijfe:(-là faire ; fouf-
fre-^ quelle garde cette coutume , & quelle m'em-
baume comme au jour de ma mort ; que ce lens a
plus de rapport à ce que S. Matthieu & S. Marc
font due à J. C. dans la même occalion. D'ailleurs,
quoique l'Evangile n'en diie rien , il eft très poffi-
ble que Lazare, que Marthe & Magdelène fes
lœurs aient allîfté à la mou du Sauveur , cv que
celle-ci ait eu part aux honneurs qu'on rtndit à fon
corps avant que de le mettre dans le tombeau ; que
le filence de l'Ecriture ne prouve rien; qu'ils étoient
du nombre des perfonnes de la connoillance de
N. S, dont parlent les Evangéliftes ; que pour que
la propliétie de J. C. Matth. XXVI , 13. foit ac-
complie , il fuflit que l'action foit louée par tour
où l'Evangile eft prêché , lans qu'il foit beluin que
le nom d-e la femme qui embauma J. C. (oit connu ;
que pour l'endroit de S. Lucj XI , 2. Il y a beau-
coup d'endroits de l'Ecriture , où par anticipation
le pafté eft mis pour le futut ; que quand S. Jean
écrivoit , l'onftion dont il parloit étoit paftée ; que
l'ontftion faite en Béthanie, devenue lamcule , ctoic
la feule propre à caradlériler Marie, &: la diftin-
guer de Marthe; que la pécherelle lava d'abord &
elîuya de izs larmes les pieds du Sauveur , puis les
parfuma ; au lieu que la lœur de Marthe les par-
Kima d'abord , puis les elfuya de fes cheveux ; que
c'eft ce que dit S. Jean ; qu'ainfi il marque l'onc-
tion de Jérufalem, & non celle de Naïm.
Ceux qui font du premier fentiment répondent
à ces railons , que nul des Evangéliftes ne dit que
Marie Magdelène fût GaliléennCj qu'ils les déhoient
d'en citer aucun; que S. Matthieu j XXVII , s S'
dit feulement qu'il y avoit au Calvaire plufieurs
femmes qui avoienc fuivi J. C. depuis la Galilée,
qu'il ne s'enfuit pas qu'elles fulfent toutes de la
Galilée ; que ces paroles peuvent lignifier leulement,
que dans ce dernier voyage de J. C. elles l'avoient
accompagné de Galilée à Jérufalem ; que Magdelène
pouvoir avoir été cette année-là en Galilée trouver
le Sauveur , &c être revenue avec lui à Jérufalem ;
qu'elle pouvoir avoit encore fait la même chofe
d'autres fois ; que née en Béthanie , elle avoit pu
même s'établir en Galilée , ou du moins y être de-
meurée quelque temps avec Notre-Seigneur ; que
les Evangéliftes ne l'appellent lœur de Marthe , que
lorfqu'ils rapportent ce qui s'eft pailé chez fa lœur;
que il les diilérens lurnoms font une raifon de mul-
tiplier autant les perlunnes que les furnoms , il
faudroit diftinguer Simon Bar-Jona de Simon Cé-
phas , ou Pierre ; Jean furnommé Boancrges , de
Jean fils de Zébédée, &c. Que pour avoir été une
fois en fa vie tranquille aux pieds de J. C. à l'écou-
ter , il ne s'enfuit pas que Marie fœur de Marthe
ne fiit point fort agillante & fort vive^ fur -tout
quand il s'agilfoit de l'honneur ou du fervice de
fon bon Maître ; qu'il eft faux que S. Luc l'intto-
diiife au chap. X. comme un nouveau perfonnage
fur la fcène , qu'au contraire il a pu vouloir faire
connoître Marthe, en difant qu'elle étoit fœur de
cette Marie dont il avoit déjà parlé , comme d'une
femme attachée à J. C. & qu'il repréfente encore
i comme telle , & uniquement appliquée à l'enten-
dre.
Quant aux raifons qui attaquent la réunion de la
pécherelfe avec les deux Maries ^ on dit que la pé-
cherelfe n'étoit point une proftitiiée , que la pol-
fellion de Magdelène lui lailfoit de bons interval-
les ; qu'elle étoit même purement intérieure; que
J. C. a pu fouft'rir à fa fuite une pécherelle con-
vertie ; que le lîfence de S. Luc , qui ne dit point
M AG
le nom de la péclieicire ne pioiive rien ; qu'on ne
peut rien concluie non plus de ce qu'il ne c.v
radtéiifc Magdelcne qu'en dilant que J. C. l'avoir
délivrée de fcpt démons ; qu'il n'ell point vrai que
S. Luc au chap. FUI. parle de Marie Magdelcne
comme d'une perfonne diftérente de la pcclierelîe ,
dont il a rapporte la convcrlion au Chapirre pré-
cédent; qu'au contraire , après avoir raconté la con
verllon de cette femme , il dit que depuis elle fuivit
J. C. & fe joignit aux femmes pieufes qui l'accompa-
gnoient , & lui fournilloient de quoi vivre.
On ajoute que les Auteurs qui tiennent pour la
diftinâion de ces trois femmes , réfutent mal les
raifons de ceux qui n'en font qu'une ; que le pallagc de
S. Jean XII. j. même dans le fcns qu'ils y donnent ,
lie prouve rien pour eux , & n'efl: point contraire
à leurs adverfaires; que ce fera une preuve de moins
pour ceux-ci, qui en ont allez d'ailleurs; que le Ir-
lenee des Evangéliftes lur l'abfence de Marie fœur
de Marthe au temps de la mort du Sauveur , quoi-
qu'on en dile , eft un préjugé bien fort ; qu'il eft
étonnant qu'on veuille fur des conjeéhures en l'air _,
& lur des poffibilités , alTurer qu'elle y étoit préfente ,
tandis qu'on ne veut pas j vu le filcnce des quatre
Evangéliftes , qu'on puille du moins douter : que dire
qu'ils étoient des perlonnes de (a connoillance ,
Notiejus , Luc XXIII , ^o. c'efi: ignorer les langues
naturelles des Ecrivains faciès j des perfonnes dont
ils font i'hiftoire , & des pays où fe palloient ces
chofes , que le Noti de Saint Luc n'eft autre chofe
que le D'yilD & le D'pTD des Hébreux , qui lignifie
les parens , & non pas les gens de la connoillance ;
qu'une preuve que r.oti ejus eft pris dans le fens que
je dis , c'eftque S. Lucdiftingue/îo^ie/z/j-j des femmes
qui fuivoient J. C. &c qui étoient de la connoillance ,
mais qui n'étoient pis de fa parenté , V qu'il les
riomme les premiers ; qu il n'eût pas f-dlu faire cette
diftinétion , fi ces mots ne fignifioient que des per-
fonnes de fa connoiffance ; que le Grec du nouveau
Teftament eft plein de ces fortes d'Hébraïfmes; &
qu'il ne faut point rejetter ceci fur ce que S. Luc
écrit en Grec , &c non point en Hébreu.
Au milieu du XIIF. fièclc , on croyoit que le corps
de Sainte Magdelène étoit à une petite journée d'Aix.
Quelques années après on difoit qu'il étoit dans une
chapelle où S. Maximin premier Évcque d'Aix la-
voit enterrée. En 1 279 , Charles Prince de Salerne
ôc fils de Charles Roi de Sicile le fit chercher , Ri-
chard de Clugni , &c Bernard Guyon de l'Ordre des
Frères Prêcheurs j qui en ont écrit la Relation ,
difent que le S. corps fut trouvé non dans le tom-
beau d'albâtre où S. Maximin le mit d'abord , mais
dans un autre de marbre placé vis à-vis la droite en
entrant- Dans le même tombeau , difent-ils, on trouva
Eres du corps fainr un écriteau rrès-ancien fur du
ois incorruptible , contenant ces paroles: L'an 700.
de la nativité de J. C. le 6^. jour de Décembre , ré-
gnant Odoïn Roi de France, du temps de l'incur-
fîon des Sarrazins, le corps de Sainte Marie Mag-
delène fut transféré la nuit très-lecrettement de fon
fépulchre d'albâtre en celui de marbre par la crainte
des infidelles. On trouva auflî dans le tombeau un
autre écriteau fi ancien qu'à peine le put on on lire ;
il étoit fur du bois couvert de cire , ôc portoit : là
repofe le corps de Marie-Magdelène. Le Prince Ch.arles
ayant fait cette découverte , affembla les Archevêques
de Narbonne , d'Arles , &C d'Aix , avec d'autres Evê-
ques, des Abbés & des Religieux , fa Noblelfe , le
Clergé 8c le peuple, le 5 de Mai l'an 1280. & en
leur préfence il leva le corps faint , & le mit dans
une châlTe d'argent ornée d'or & de pierreries ; pour
la tête il la mit dans un reliquaire de pur or. De-
puis , le Prince Charles étant devenu Roi de Sicile,
établit en ce lieu un couvent de fircres Prêcheurs à
la place des Moines de S. Victor de Marfeille , trans-
férés ailleurs par l'autorité du Pape Boniface VIIL en
129J. Tel eft le récit des deux Auteurs que j'ai cités.
Mais il eft difficile de l'accorder avec d'autres
faits. Car 1°. Jamais Roi de France ne fe nomma
M A G 717
Odoin, ou Odoic l'an 700. c'cft Ciiildibci: H
qui régnoit depuis l'an 698 , qu'il avoit fiiccédé à
Clovis IIL fon licre aine, Se il eut pour fuccclltiir
en 716. D.igobert IL félon Dii Tillet dans fa Cro-
iiique , & IIL félon d'autres. 2". L'an 1 267 , S. Louis
accompagné du Légat Simon de Brip , alla à Vézelai ,
& y alHfta à la tranllation des reliques de Sainte
Magdelène d'une ch.illc dans un autre. En ixmon-
tant plus haut, l'on trouve que dès l'an 11463 on
croyoit avoir ce faint corps à Vézclai , lie qu'en 898.
l'Empereur Léon le Philolbphe l'avoir fiit apporter
(d'Lphelc lelon Cédrénus) à Conftaïuinoplc. Foyer
Bzovius à l'an 1270. §, 19. & la Diftèrtauon de M.
De Launoy fur cette Sainte. Ce Dodteur prétend
avoir prouvé, que la Magdelène n'a jamais été en
Provence , ik fcs preuves l'ont ii fortes , que les Ja-
cobins n'y ont jamais répondu comme il faut.
La MAGDELiNE. Lafétcdc Sùmc Magdelène le 22 Juillet
jour qui eft confacré a l'honorer. Sancla Magdalen&
jejîum. Les deux Rois de France & d'Angleterre ,
Louis le Jeune & Henri II. avoient marqué le jour
de leur conférence au lundi d'avant la Magdelène ,
c'eft à-dire, au 20 de Juillet 11 70. Fleury, Hift.
Ecd. L. LXXII. p. J.J./.
Magdelène. En ternies de fpiritu.ilité , eft le fymbole
de la vie contemplative , comme Marthe l'eft de la
vie adrive ; parce que lorfque Notre-Scigiieur alla
loger chez ces deux, fœurs , Luc X. Magdelène dc-
meuroi't aux pieds de Notre-Seigneur à l'écouter ,
tandis que Marthe s'occupoit à lui préparer à man-
ger , & à le fervir. Il fe remit devant les yeux les
deux formes de vie li ditférentes , dont l'une fur le
modèle de Marthe , eft toute occupée au fervice du
prochain ; & l'autre à l'exemple de Magdelène n'a
point d'autre emploi que le repos de la contem-
plation. BouHOURs , vie de S. Ignace , L. III. Quel-
que peu de reft'emblance qu'il y ait entre Marthe ôc
Magdelène , elles lont fœurs , & ne fooc pas enne-
mies. Id. 16 : c'eft-à dire , que l'aétion ôc la contem-
plation ne font point incompatibles.
Sainte Magdelène. Nom d'un Ordre de Chevalerie.
L'Ordre des Chevaliers de Sainte Magdelène n'a
point été inftitué. Il fut feulement projette par Jean
Chefnel , Seigneur de laChappronaye, Gentilhomme
Breton. Il propofa le projet de cet Ordre au Roi &
à la Chambre de Nobletle l'an 16 14. Pendant la
tenue des États à Paris. Louis XIII. en vit les ca-
hiers, & lui marqua qu'il agréoit fon delfein. La fin
de cet Ordre étoit d'empêcher les duels & les que-
relles parmi la Noblelle , & à l'exemple de Sainte
Magdelène , parfait modèle de pénitence , faire re-
venir les Gentilshommes de ces défordres , ôc des
autres qui y donnoient occalion , ôc auxquels ils s'a-
bandonnoient , comme les juremens, les blafphêmes
&c. La Croix de cet Ordre que les Chevaliers dé-
voient porter au cou ôc fur le manteau , finllFoit en
fleurs lis aux trois branches, afin de rcnouveller la
mémoire de l'Ordre du lis , qui l'étoit de Navarre ,
& le pied commençoit en croilfant , nom d'un autre
Ordre établi par René Duc d'Anjou. Cette croix
étoit au dehors cantonnée de petites palmes double-
blement agencées en rond , pour marque du voyage
de la Terre-Sainte fait par l'inftituteur de cet Ordre.
La Magdelène, patrone de l'Ordre, étoit repréfeutée
au milieu dans un ovale , ôc devoit donner le nom
à l'Ordre , dont la croix étoit cantonnée de fleurs
de lis , rayonnées de foleil , pour montrer l'excel-
lence du Royaume de France , le plus illuftre de la
Chrétienté. Les Règles ôc Statuts de l'Ordre dreffes
par Chefiiel font compris en 20 articles que l'on
peut voir dans Favin , qui parle de cet Ordre dans
le I, Tome de fon Théâtre d'honneur , p. Sj2. &
fuiv. Hermanc en parle aullî , Chap. 6 ç.
Rcligieufcs de la Magdelène , Magdelonettes. Il y
a plufieurs fortes de Religieufes qui portent le nom
de Sainte Magdelène , qu'en bien des endroits le
peuple appelle Magdelonnettes.
' Les Magdelonettes de Mets , comme il paroît par
une Sentence dp Conrad Bayer de {Joppart, Evêqvfc
7 1 8 M A G
de Mers , étoient déjà établies en 1452- fous Ni-
colas V. Elles prétendent l'avoir été dès l'an looj.
mais il n'y en a point de preuve. Elles n'ont point
tiré leur origine de celles de Paris , qui ne turent
établies qu'en 1491. Il femble qu'elles Ibient plutôt
du même Ordre que celles d'Allemagne j parce
qu'elles ont le même habit. Les Magdelonnettes de
Mets le difcnt Chanoineircs , & prétendent qu'il
paroît qu'elles le font par des monumens qui font
dans leur Monaftcre, & par des figures des anciennes
Religieufes -, & que leur robe & leur icapulaire
blanc ne vient que de la dévotion de leurs anciennes
pour S. Dominique , lefquelks prirent l'habit de
fon Ordre, lotfque vers l'an izzi. il établit fos
Religieufes à Mets, & leurs Sœurs Converies. Le
P. Helyot croit tout cela peu fondé . Voyez T. 111.
chap. 4Ç. Elles fo nomment auilî Sœurs Pénitentes ,
mais communément Magdelonnettes.
les Religieufos de la MagdelÈne à Naples , ont été
établies d'abord pour fervir de retraite aux pé-
cherelles publiques qui voudroient quitter le déf-
ordre ; maintenant ce font de (aintes Vierges , telles
que les autres Religieufes. Elles furent fondées en
1324. & dotées par la Reine Sanche d'Arragon ,
femme de Robert Roi de Naples. Elles ont la Régie
de S. Auguftin , & un habit noir ceint d'une corde
blanche. Les Religieux Conventuels de S. François
en ont eu la diretlion julqu'cn ij68. que Pic V. la
leur ôta pour la donner aux Obfervantins, P. Hé-
liot , T. m. c. 4ç.
le; Religieufes de la MagoelÈne, ou Magdelonnettes
de Paris , de Bourdeaux , & de Rouen , font un
Ordre différent des précédens , qui prit naillancc à
Paris l'an 1618. par les foins du Révérend Père
Athanafe Mole , Capucin , frère de M. Mole , Pro-
cureur Général du Parlement de Paris , d'un riche
marchand de vin nommé Montry^ &c de M. du
Frefne , Officier dans les Gardes du Corps. La
Mal'quife de Maignelay fe déclara leur Fondatrice.
On leur donna des Religieufes de la Vilitation pour
les gouverner. Elles l'ont fait pendant 100 ou lio
ans. Des Urfulines leur ont fuccédé pendant 50 ans;
à préfent ce font des Hoipitalières de la Miléricorde
de Jéfus. Les Conlfitutions de ces Monallères furent
drcdées l'an 1657. &^ approuvées par Jean François
de Gondi , Archevêque de Paris, qui en avoir reçu
commillion d'Urbain VIIL Les Monaftères de Rouen
& de Bourdeaux , font fortis de celui de Paris. Il
y a trois fortes de perfonnes & de Congrégations
dans ces Monaftères. La première efl: de celles qui
font admifcs à faire des vœux , elles portent le nom
de Magddenc. La Congrégation de Sainte Marthe
eft la féconde , compofée de celles qui ne peuvent être
admifes , ou qu'on ne juge pas à propos d'admettre
aux vœux. La Congrégation du Lazare efl: de celles
qui font dans ces maifons par force. Toutes ces
Congrégations ont chacune leur quartier féparé, P.
HÉLYOT , T. 111. chap. )0.
Le; Religieufes de la MagdelÈne , à Rome, dites les
Converties , furent établies par Léon X. dans une
ancienne paroiffej bâtie par Honorius L l'an GiG.
Se dédiée à lainte Luce Vierge & Martyre. Clément
VIII. allîgna pour celles qui y feroient réformées j
cinquante écus d'aumônes par mois , Se ordonna
que tous les biens des femmes publiques qui mour-
roient fans tefter j appartiendroient à ce Monaftère ,
«Se que le teftament de celles qui en feroient feroit
nul , Cl elles ne lui lailfoient au moins le cinquième
de leurs biens. Ces Religieufes fuivent la règle de S.
Auguftin , ôc font habillées de noir, avec un fca-
pulaire blanc , &c portent au chœur un manteau
noir. Ce qu'il y a de plus fmgulier c'eft que ces
Religieufes n'y font point de Noviciat , <Sc qu'en
prenant l'habit elles font leur profellion. Il y a dans
la même ville un autre Monaftère du même Ordre ,
mais plus aultère. C'eft: celui de la Lougare , fondé
en iGiS. Voye-^ le Père Hélyot, T. III. c. //.
Religieux de la Pénitence de la MacdelÈne. Foyez
PÉNITENCE.
M A G
Sainte MagdelÈne de Pazzi , eft: une Carmélite du
XVI*^. hècle. Elle ne mourut même qu'en 1607,
Le corps de Sainte MagdeVene de Pazzi , fut trouvé
encore entier en 1667. cinquante-fix ans après fa
mort , lorqu'on la vifita. Elle étoit de l'illuftre famille
de Pazzi. Elle avoir fouvent à la bouche ce beau mot,
plein d'une charité héroïque , Ne point mourir , mais
fouffrir.
MagdelÈne. Nom de pêche. Il y en a de plufieurs
efpèces , la Magdelène blanche , la Magdelène rouge.
1.3.Magdelène blanche mûrit à la rai-Août. La Quint.
IJCT Elle eft d'un bon goût , quand elle vient dans
un bon fonds , & à une bonne expofition , les four-
mis lui font un peu trop la guerre.
La Magdelène rouge , mûrit aulIî à la mi Août. La
Quint. "Lz Magdelène rouge, qui eft: la même que
la double de Troie , & la Payfanne , eft ronde ,
plate , camufe , extrêmement colorée en dehors &:
aftèz en dedans. Elle eft médiocrement groHe , &
fujette à devenir jumelle, ce qui n'eft pas agréable,
& empêche de faire un beau fruit. Sa Heur eft grande
& haute en couleur ; la chair en eft peu fine j &
le goût aftèz bon. En certains lieux elle eft très-
grolle &c de bon goût.
MagdelÈne. Nom de poire. Les poires Magdelène
viennent au mois Juillet. La Quint. T. p. 26^.
La poire Magdelène eft une alfez grolfe poire verte ,
& allez tendre , approchant beaucoup des Berga-
motes ; elle mûiit dans les coinmencemens de
Juillet, & ainfi elle eft des premières d'été; mais
il ne faut pas attendre qu'elle commence à jaunir^
car pour lors elle fe trouve paftée & pâteufe. La
Quint. T. I. p. 340.
Il fe dit aulîi de l'arbre. Un Poirier Magdelène.
La Quint. La Poire Magdelène. Id. T. I.pag. 33c y
340.
MAGDELENE. ( Rivière de la ) Grande rivière de
l'Amérique dans la Louifiane. Elle prend fa fource
dans les montagnes- qui fcparent la Louiliane du
Nouveau Mexique , & fe jette dans la mer du fud.
Il y a deux autres rivières de ce nom dans l'A-
mérique.
MAGDELON , ou plutôt MADELON , f f. Nom pro-
pre, diminutif de celui de Magdelène. On donne
en ftyle bas & populaire le nom de Magdelonxax
petites filles qui s'appellent Magdelène.
MAGDELON , ou MADELON. f m. eft auffi un
nom propre d'homme. Magdalenus , ou Magdalena.
Magdelon Jarry , Seigneur de Vrigny au Maine,
s'acquit de la réputation dans le XVI*^. iîècle par fes
vers François & Latins, & mourut en i f7j.
MAGDELONNETTE , ou MADELONNETTE , f. f.
Couvent où l'on enferme les filles de mauvaife vie ,
pour les châtier , ou les retirer de leurs délordres.
On le dit aufli des Religieufes , & de celles qu'on
enferme à caufe de leur mauvaife vie. Voye^ Reli-
gieufes de la MAGDELENE , ci-deftlis.
MAGE , f. m. Nom que les Orientaux donnent à
leurs Sages , à leurs Philofophes , à leurs Rois.
Magi. Dans l'ulâge ordinaire , ce mot ne fe dit que
des trois pertonncs qui vinrent des quartiers de l'O-
rient pour adorer J. C. Des Mages vinrent de l'O-
rient à Jérufalcm , & demandèrent : Où eft le Roi des
Juifs qui vient de naître? Hérode ayant fait venir
fecretemcnt les Mages , s'informa exaétement d'eux
du temps auquel ils avoient vu paroître Tétoile. En-
fuite voyant que les Mages l'avoient trojnpé , il fc
mit fort en colère , &c envoya tuer tout ce qu'il y
avoit d'enfans dans Bethléem & aux environs , de-
puis l'âge de deux ans & au-delfous , félon le temps
dont il s'étoit informé aux Mages. P. Bouch. Mat.
1. Quelques-uns croient , que les Mages , qui vin-
rent adorer Jésus-Christ , étoient Rois, & les au-
tres non. Balz. La Fête qui fe fait en cette commémo-
ration , s'appelle Epiphanie , & par le peuple j les
Rois. Les Mages étoient les Prêtres du Soleil chez
les Perfes. Le peuple les refpeéloit infiniment , de
les confidéroit comme les dépofitaireç des fciences ,
& de la Religion. On dit que Zoioaftre fut le Chef
M A G
Jes Mages. Ils s'appliquoient fort à l'Aflronomie.
Lcui" dod:riiie conlifloit en la Thcologie naturelle-
fondée fur la connoillànce d'un Dieu, f'oyc-^ Ar-
nobe , Z. /. contra Genres , Biilion , De Reg. PreJ.
Voliuis j c. I. de fecl'ts Philofoph. Mage , chcic les
Perles j comme l'a remarque Porpiiirc , figniHoit
Interprète Se Miniilre de Dieu. F'oye:^^ Jean Pic de la
Wnindolcj De Dignit. homyn.
Les Savans font en peine fur l'étymologie de ce
mot de Mage. Tous conviennent que ce mot Frnnçois
ell: dérivé du Latin Magus , ou du Grec hùp; ; mais
on cherche l'origine de ces mots là même. Platon ,
Xénophoii , Hérodote , Strabon , Pline , & plulîcurs
autres difent que ce mot vient de la langue des
■ Perfes , dans laquelle il fîgnihc Prêtre , ou qui a
foin de la Religion , comme un Druide chez les
Gaulois , un Gymnofophifte chez les Indiens , un
Lévite chez les Hébreux. D'autres difent que les
Perfes l'avoicnt pris des Grecs , Se que ,«:y«; ^ qui
veut dire ^m^'^ , ayant pallé de Grèce en Perfe j il
clt revenu enfuite en Grèce fous la forme de mcV»-. Il
y en a qui le font venir de VX2 , dont les Rabbins
fe fervent pour exprimer ce que nous appelons in-
diquer , faire connoure quelque chofe j innuere. Quel-
ques uns difent qu'une Province de Perfe appellée
Magadie , a fait donner le" nom de Mages à ceux
qui en étoit tirés , pour être occupés des fciences
de la religion. Volllus tire ce nom de l'Hébreu
' î\^n , haga , qui fignific méditer , &c d'où il forme
- D»:nB Maaghim , en Latin meditabumdi , des gens
'■ adonnés aux méditations.
iMAGE , ou M A JE. adj. Ce mot ne s'emploie que
dans cette phrafe , Juge-Mage , qui eft le titre qu'on
■ donne en plufieurs provinces du Royaume, comme
s à Touloufe , au Lieutenant du Sénéchal , quafi judex
major.
MAGEDDO. Nom d'une ville de la Terre-Sainte.
' Mageddo , Magiddo , félon l'Hébreu elle étoit dans
la demi-Tribu de Manalfé d'en-deça du Jourdain.
,^ Jof. XVII. II. Salomon la fit rétablir , 3 . X. des
Rois , IX. Tj. Quelques-uns difent qu'elle s'appelle
aujourd'hui Subirribre , & d'autres Suberge.
MAGELLAN, f. m. Nom d'homme. Magellarius. C'cft
un fameux Navigateur Portugais du XVl^ fiècle. Son
nom eft Magalhanes , ou MugalLanes , dont nous
avons fait Magellan.
Le détroit de Magellan. Fretum Magellanicum. Ce
' détroit qui eft la pointe de l'Amérique méridionale,
entre la Terre Magellanique & la Terre de Feu , a
été découvert par le célèbre Ferdinand Magellan ,
dont il porte le nom, l'an ijio. Il a fervi quel-
que temps pour palfer de la met du Nord à celle
du Sud; mais depuis l'an 1616. qu'on a découvert
celui de Le Maire j on ne pall'e plus dans celui de
Magellan^ tant parce qu'il eft long d'une centaine de
lieues j que parce que la navigation y eft dangereufe,
à caufe des tempêtes. Le détroit de Magellan a plus
de 100 lieues de long , & gît de l'Eft à l'Oueft.
MAGELLANIQUE. adj. m. «c f. Qui a rapport à Ma-
gellan , ou au détroit de Magellan. Magellanica. La
Terre Macellaniq.ue. Magellanica Regio. C'eft une
vafte Région de l'Amérique méridionale. Elle eft
bornée au nord par la province de la Plata , par
le Técuman & par le Chili ; elle eft baignée au Sud
par le détroit de Magellan ; au couchant par la
mer du Sud , & au levant par celle du Nord. On
appelle autrement ce pays le Chika , ou le pays des
Patagons , à caufe des peuples de ce nom , qui
font les plus connus de la Région. Ils font piefque
fauvages , &: ils vont fans habits , quoique leur pays
loit allez froid. Les Efpagnols avoient bâti deux
Colonies , Nombre de Jejus & S. Felippe , dans ce
pays J fur le détroit de Magellan , pour fe rendre les
maures de ce pallage , mais elles font péries de mi-
fère , & les Européens ne s'y font plus établis depuis.
Maty.
La mer Magellanique. Mare Magellanicum, Oceanus
Magellanicus. On donne ce nom à la partie de l'O-
céan qui environne la Terre Magellanique , ôc les
M A G 719
îles de ce nom. Elle renferme vers le couchant une
partie de la mer du Sud , ëc vers le levant uiie par-
tie de celle du Nord.
Magellanique , île. Voyei Feu , la Terre de Feu,
MAGHIAN. Une des plus toiifidérables villes de
l'Yemen , à trois ftations de diftance de Zabid , fituée
dans une plaine. Long. 6i.d. jo'lat. 16. d. i'.
MAGICIEN , ENNE, f m. & f. Enchanteur , celui qui
(G" par un art occulte fait , ou paroit faire des
chofcs extraordinaires , ôc qui paroillént au dellus
du pouvoir humain, Magus. Voyez magie. Corneille
Agrippa a pallé pour un fameux magicien. La fable
nous dit que Circé étoit une grande magicienne.
Elle changea les compagnons d'UlylTe en pourceaux
par la force de certains breuvages qu'elle leur fie
avaler. Dans les fiècles d'ignorance les Philofophes
ont pallé pour des magiciens. Il y a des loix des
Empereurs «outre les Mathématiciens, c'eft à dire,
contre les magiciens tk ceux qui faifoient profellion
de l'Aftrologie judiciaire. Les loix ont toujours févi
contre les prétendus magiciens. Si les magiciens
etoient aullî puillans qu'on le dit , & qu'on a même
paru le croire , comment ne craignoit-on pas de les
oftenfer , Se comment s'imaginoit-on pouvoir di(-
poler d'eux ? C'eft une étrange contradiélion que
l'antiquité grecque s'eft permifc. Les illulions de
l'antiquité ont été adoptées par nous ; les Juges ont
o(e juger des forciers ; mais il s'étoit répandu une
opinion aulli ridicule que celle de la magie même,
& qui lui lervoit de correéfif ; c'étoit que les ma-
giciens perdoient tout leur pouvoir dès qu'ils étoienc
entre les mains de la Juftice.
L'Ariofte & le Tafte foii heureux imitateur , prirent
un tour plus heureux : ils feignirent que les enchan-
temens poiivoient être détruits par d'autres enchan-
temens ; cela leul mettoit de la vraifemblance dans
ces ftbles, qui par elles mêmes n'en ont aucune.
Ariofte j tout fécond qu'il étoit , avoit appris cet
art d'Homère : il eft vrai que fon Alcine eft prodi-
gieufement fupérieure à la Circc de l'Odilfée ; mais
enfin Homère eft le premier qui paroît avoir ima-
giné des préfervatifs contre le pouvoir de la magie ,
& qui par-là mit quelque raifon dans des chofcs
qui n'en avoient pas. Volt.
On dit figurément qu'un homme n'eft pas magi-
cien , pour dire qu'il n'eft pas fort habile. Acad. Fr.
MAGIE, f. f. Science qui apprend à faire des chofes
furprenantes & merveilleufes. Magia , magice. Au
commencement le nom de magie fe prenoit en bonne
part , & iîgnitioit fimplement étude de la fagelle. Mais
parce que les Mages s'attachèrent à l'Aftrologie , aux
divinations, aux enchantemens & aux maléfices, la
terme de magie devint odieux , & ne lignifia plus
qu'une fcience odieufe & défendue. Si l'on s'étonne
que cette fcience trompeufe ait acquis tant de cré-
dit. Se tant d'empire fur les efprits , Pline en rend
cette raifon : c'eft , dit il , qu'elle a fu fe prévaloir
des trois fciences les plus eftimées des hommes, ea
prenant d'elles ce qu'elles ont de grand & de mer-
veilleux. Perfonne ne doute qu'elle ne foit née Je
la Médecine , & qu'elle ne fe foit inlinuée dans les
efprits fous prétexte de donner de* remèdes plus efli-
caces que les communs. A ces douces promeires,
elle ajouta ce que la Religion a de fplendeur & d'au-
torité J pour aveugler Se captiver le genre humain y
elle y mêla enfuite l'Aftrologie judiciaire , faifant
croire aux hommes curieux de l'avenir , qu'elle
voyoit dans le ciel tout ce qui devoit arriver. On
prétend que cette fcience eft vaine & chimérique ,
& que le Démon n'intervient point dans les opé-
rations que l'on attribue à cette fcience. Du moins
l'on ne fait pas trop bien en quoi confiftoit l'art
des Magiciens dont parlent les Anciens, Se fur- tout
les Livres facrés. On comprend feulement qu'ils
avoient bien étudie la nature , qu'ils s'attachoient
à obferver le cours des étoiles , & qu'ils étoient pro-
fonds dans la Mythologie. Mais de favolr comment
ils faifoient des prodiges , Se en particulier comment
les Magiciens de Pharaon imitèrent les miracles de
720 M A G
Moyrc , fi c'étoit par illufion , par fupcrchciie , ou
par le fecours du Démon, c'eft de quoi on ne con-
vient pas. Bien des gens croient que le Démon n'a-
voit nulle part aux prodiges par Icfqucls ils trom-
pèrent Pharaon , & que ce n'étoient que des pref-
tiges , & de pures fourberies , par lelqudles ils
éblouirent les Ipedateurs, Mais le léns littéral du
texte, & la nature des faits, nous portent à croire
que c'étoient de vrais miracles , & des opérations
fort au-deflus des forces humaines. Scot , Anglois ,
a écrit exprès pour prouver que tous les effets qu'on
attribue à la nuigie font des illufions , & que les
enchantemens des Magiciens ne font autre choie que
des fubtilités , & des fraudes pour tromper le Vul-
gaire ignorant & fuperftitieux. Le Roi Jacques I.
dans fa Démonologic , répondit à Scot fon fujct.
Les Théologiens foutiennent aulli les opérations de
la magie par l'entremife des Démojis. On_ préteud
même que les Magiciens exercent une clpècc de
commandement fur les Démons qu'ils évoquent j &
qu'ils peuvent forcer toute la nature à leur obéir.
Lucain en parle fur ce pied : Brébeuf lui fait dire qu'ils
Savent: mieux nos dejlins que les dieux qui les font.
L'Univers les redoute & leur force inconnue
S'élève impudemment au-dejjus de la nue.
La nature obéit à leurs imprejjîons ;
Le foleil étonné fent mourir fes rayons :
Sans l'ordre de ce dieu qui porte le tonnerre y
Le ciel armé d'éclairs tonne contre la terre :
L'hiver le plus farouche ejl fertile en moijjons ,
Les flammes de l'été produifent des glaçons ,
Et la lune arrachée a fon trône fuperbe ,
Tremblante & fans couleur, vient écumerfur l'herbe.
Quel foin aux Immortels , quels pénibles devoirs ,
D'aJJervir leur concours aux forfaits les plus noirs !dcc.
Les Magiciens fe fervoicnt d'herbes particulières
auxquelles ils attribuoient des qualités extraordinaires.
Et dont le fuc infpire au charme impérieux ,
L'infaillible pouvoir de contraindre les dieux. Id.
Agrippa divife la magie en trois elpèces ,1a magie
naturelle , naturalis ; la magie célelle , cxlcftialis ,
comme parle cet Auteur ; & la magie cérémoniaie ,
ou lupcrintieule cxrenionialis. La magie naturelle
n'eft autre chofe que l'application des caufes natu-
relles actives aux caules pallîves par le moyen def-
quelles on produit des eftets furprenans , mais natu-
rels. C'cft l'étude même de la Nature j & les fe-
crets admirables qu'on y découvre. Agrippa même
dans fa Magie Naturelle , ne raiionne pas en Philo-
fophe. La magie célelle tient beaucoup de l'Aftrolo-
gie judiciaire; elle attribue à des efprits une certaine
domination fur les planètes, 6c aux planètes fur les
hommes j & fur ces fondemens elle bâtit un fyftême
ridicule. La magie fuperftitieufc confîfte dans l'in-
vocation des démons, &: elle produit des effets or-
dinairement mauvais & nuifibles , qui palîent les
forces de la nature en vertu d'un padte exprès ,
ou tacite , avec ces efprits malheureux ; mais ils
n'ont pas toute la puilfance qu'on s'imagine , & ils
■ ne font pas tout ce que le peuple leur attribue. }ci.\\-
Baptifte Porta a écrit de la magie naturelle , des fe-
crets pour faire des chofes qui font produites ex-
traordinaircment par des caufes naturelles. La ma^ie
naturelle des Chaldéens n'étoit autre chofe que la
connoillànce des fimples , & de la pui'Jânce des
minéraux. La magie qu'ils appeloient Théurgique ,
confiftoit uniquement dans la connoillànce des cé-
rémonies qu'il falloit oblerver dans le culte des
dieux pour leur être agréable. Ils croyoient par le
moyen de ces cérémonies , pouvoir s'entretenir avec
les intelligences céleftes , & guérir par-là les mala-
dies. La magie Théurgique , félon quelques uns ,
etoit un art divin , qui n'avoit pour but que de per-
• feâionner l'cfprit , & de rendre l'ame plus pure.
L'appareil de cette magie étoit conforme à la grande
idée qu'on en avoit. Au contraire la magie C-jcri-
que étoit un art détcftable où l'on n'avoic commerce
M'A G
qu'avec les mauvais démons j qui ne tendoit qu'à
nuire tk à porter au crime. Elle ne faifoit fes opéra-
tions que dans dei lieux iouterrains. Il falloir des
viélimes noires , & des oilemens de morts. Il fal-
loit même quelquefois égorger des entans. On y
ajoutoit des paroles : & li les paroles ne luffifoient
pas , on avoit recours aux herbes ; & toutes les cé-
rémonies étoient fi compliquées, qu'il étoit difficile
de n'en pas omettre quelqu'une d'clîeniielle : ce qui
faifoit échouer toute l'opération. Naudé a fait une
Apologie pour tous les grands hommes foupçonnés
de magie. Mascur.
^fs" Le peuple a toujours cru , & croit encore à la
magie ; la Religion condamne cet art déteftable,
également illufoire ^ mépàCable ; la Politique le
fuppofe ; la Philofophie s'en moque.
^fj" La Magie Bianche , eft la même chofe que la
Magie Naturelle. C'eft un art qui par des opé-
rations inconnues au vulgaire , produit des eftets
merveilleux , 6c qui paroiilènt au dellus des forces
humaines.
Magie Noire, eft un art déteftable, qui apprend à
invoquer les démons , en conléquence d'un pade
avec euXj & à le fervir de leur miniftère pour faire
des choies au-deftus des forces de la nature. Le Pjpe
Sylvcftre II. en 1202. fut accufé de magie, dont
il ell juftifié par Bzovius : c'eft parce qu'il iàvoit les
Mathématiques.
^fT Le terme de magii eft quelquefois employé au
moral. On dit d'une chofe où l'on ne comprend
rien, que c'eft de Xz magie noire. Res abjirufa. On
dit d'une -chofe facile à faire , que ce ii'cft pas
la magie noire. Cela eft du ftyle familier.
§3" Il eft aulli employé comme lynonyme d'Enchante-
ment pour exprimer l'illufion des iens qui naît des
arts d'imitation. C'eft ainh qu'on dit la magie de la
couleur, la m.agie du clair-obfcur.
§3" On dit de même la magie du ftyle , la magie de
la Poëlîe , pour marquer l'illufion qui en réfulte.
MAGIQUE, adj. m. & f. Qui fe fait par la magie na-
turelle , ou la magie noire. Magicus. La lanterne
magique eft une invention d'Optique , qui fait pa-
roitre contre une muraille toutes fortes de Ipedrcs
& de figures , par le moyen de plulicurs verres di-
verlemcnt colorés, à travers lelquels palîe la lu-
mière d'une lampe réHéchie par un miroir concave.
J^oyei Lanterne. L'Art magique où l'on invoque
les démons eft détefté par tous les peuples. Caradè»
res magiques. Paroles magiques. Agrippa dit que les
paroles magiques , dont ceux qui ont fait pade avec
le démon fe lervent pour l'invoquer , & pour réuf
fir dans ce qu'ils entreprennent , font Dies ,
mies , jefquet , benedoefet ; douvima enitemaiis. Il
y a encore cent autres formules luperftitieufes &c
ridicules compofées de mots faits à plaifir , ou tirés
de différentes langues j ou pris de l'Hébreu , ou
formés à la reilemblance des mots Hébreux. H y
a aulll un problême en Arithmétique qu'on ap-
pelle le Carré magique. M. Preftet en a parlé fort
au long dans la féconde édition. J^oye\ Carré.
MAGIQ.UE , s'emploie auiîî figurément pour fignifîer
tout ce qui a quelque charme , quelque force fe-
crète. Les yeux ont un fecret magique pour gagner
les cœurs. Voit.
MAGISME. f. m. Ancienne Religion des Mages de
Perfe. Antiqua Magorum apud Pcrfas Religio.
D'Herbclot s'eft iervi de ce mot dans fa Bibliothè-
que Orientale , p. 243. Les Orientaux ne font pas
d'accord fur la Religion de Caiumarath , premier
Roi de Perfe , que quelques Hiltoriens de cette na-
tion croient avoir été le premier Roi du monde, &
le même que l'Adam des Hébreux ■■, car quelques-
. uns veulent qu'il ait cmbrallé la religion des Patriar-
ches Seth & Enoch -, mais les autres le font auteur
du Magifme -y c'eft à dire , de l'ancienne Religion
des Mages de Perle qui font les adorateurs du Fca ,
laquelle Zoroaftre rétablit après quelques ficelés.
D'Herb. On fe fert aujourd'hui volontiers du mot
Magifme. L'Auteur des Lettres Perfannes dit égale-
ment:
M A G
lïient : Tranfportez vous dans ces ilcclcs reculés,
roue vous parlera du Magïfmc , ik rien de la fedtc
Mahomctane.
MAGISTER. L m. Maître d'Ecole de village, qui
enfcigne à lire aux jeunes jjaylàns. Il aide aulli à faire
■ rOiîice au Curé Se au Vicaire. Magijîer paganus.
Ce mot cft pur Latin , tV s'applique aulli quelque-
fois à toutes fortes de Péd.ms.
MAGISTÈRE, f. m. Dignité du Grand-Maître de Mal
te , Magïftenum. Il afpire au Magijière. Il fc dit
audî du temps du gouvernanent. Pendant \t Magif-
tire d'un tel.
Magistère, f. m. Terme de Chimie & de Pharma-
cie. C'eft un précipité de quelque dillolution , fait
par un fel , ou par quelque autre corps qui rompt
la force du dilïblvant : poudre médicinale très fine ,
faite par l'opération de Chimie appelée Précipita-
tion. Magifterium. M. Harris dans Ion Traité de
Morbis acutis infantum , réprouve les magijlères de
perles , & de pierres précieufes pour les enfans.
On fait des magijièr^s d'étain , de plomb , de tartre ,
de perles , de coraux , de jalap , d'agaric , de turbit,
&c. Par ce mot on a voulu entendre une chofe fort
exquife.
MAGISTRAL , ALE. adj. Qui tient du Maître. Im-
periofus. Cet homme a une mine magijlrale; iXcaxlti
d'un ton magijlral. IJCT Ce terme convient particu-
lièrement à celui qui parle comme ayant droit
d'enfeigner. Un de nos Poètes a dit de Juvenal :
" Avec fon tonaïgre & mordant ,
Ses bruyants éclats de paroles ,
Son air magiftral 6" pédant j
Ses emphafes , /es hypierboles. P. Du Cer.
Dans l'Ordre de Malte, on appelle Commande-
. ries Maglflrales , celles qui font annexées à la dignité
. de Giand-Maître. Il y en a une dans chaque Grand-
Prieuré ; favoir , au Prieuré de S. Gilles , la Com-
mandcrie de Pézénas -, au Prieuré de Touloule , la
Commanderie de Puy - Soubran ; au Prieuré d'Au-
vergne , la Commanderie de Salins ; au Prieuré de
f rance , la Commanderie de Haynaut ; au Prieuré
d'Aquitaine , la Commanderie du Temple de la Ro-
chelle ; au Prieuré de Champagne , la Comman-
derie de Mets ; au Prieuré de Lombardie , la Com-
manderie d'Inverno-, au prieuré de Rome j la Com-
manderie de Muguano \ au Prieuré de Venife , la
Commanderie de Trécufo; au Prieuré de Pife, la
Commanderie de Prato -, au Prieuré de Barlette , la
Commanderie de Brindes -, au Prieuré de MelUne ,
la Commanderie de PoUezzi ; au Prieuré de Cata-
logne , la Commanderie de Mafden ■■, au Prieuré de
l^avarre , la Commanderie de Cal chetas j en la
Châtellenie d'Empofie , la Commanderie d'Aliaga ;
au Prieuré de Caftille , les Commanderies d'Olmos
& de Vifo ; au Prieuré de Portugal , la Commande-
rie de Villacova \ au Prieuré d'Allemagne , la Com-
manderie de Buez ; au Prieuré de Bohême , la Com-
manderie de Wadillaw ; au Prieuré d'Angleterre , la
Commanderie de Pefccns ; au Prieuré d'Hibernie ,
les Commanderies de Kilbary ^ de Killurye & de
Ciobe , & la Commanderie de Sinica au Royaume
de Chypre. P. Hélyot , Ri[l. des Ordres Relig.
T. III, en.
Magistral. Terme de Médecine. Extemporaneus.
Nom qu'on donne aux médicamens compofés qui
s'ordonnent fur le champ par les Médecins j à la
diliércnce de ceux qui fe tiennent dans les boutiques ,
& qu'on appelle compofitions officinales. Col. de
ViLLARs. Potion J compofition magijlrale. Sirop
magijlral.
On appelle en quelques Eglifes Cathédrales , Pré-
bende magijlrale , Prébende qui dans d'autres s'ap-
pelle , Préceptoriale. Acad. Fr .
Magistral. Terme de Génie. Les Ingénieurs appel-
lent ligne magijlrale , le principal trait qu'ils tracent
furleterrcinoufur le papier, pour repréfenter ico-
Tome V,
M A G 721
nographiquement le plan d'une ville , d'une fortifi-
^ cation.
MAGISTRALEMENT, adv. d'une manière inagiftralc.
Superbiàs , dej'poticè. Cet homme commande ma-
gijlralemertt , & avec autorité. Quand on atfeftc
une fois de faire l'impie , on nie hardiment les chofes
les plus claires J &c on allure fièrement j magiflra-
Icment , celles qui font les plus éloignées de la
vérité. Le P. Mal.
gcr MAGISTPAT. f. m. Magijlratus. Officier établi
pour rendre la Juftice, & pour maintenir la Police.
Ce nom fc donnoit autrefois à tous ceux qui étoienc
revêtus de quelque portion de la puiilànce publi-
que. Aujourd'hui il ne fe dit que des grands Offi-
ciers , de ceux qui tiennent un rang difUngué dans
l'adminiftration de la Juftice. Magijlrat intègre,
incorruptible. I-e Magiftrat doit garder une honnête
gravité , & ne jamais ravaler fon caraAère , pour faire
refpedter en lui la perfonne du Prince qui lui a
confié une partie de fon autorité. S. EvR. V. Juge.
L'argent feul au Palais peut faire un Magiftrat. Bon,
Magistrat , fe dit auili colUeftivement de ceux qui
ont le foin de la Police , ou du gouvernement de
la ville , ou de la République. Magijlratus. Il faut
s'adrefTer au Magijlrat ; c'eft-à-dire, à la Juftice.
Dans les féditions populaires , le Magijlrat n'eft
plus reipefté. Le Magijlrat de Cologne , de Liège ,
des villes Impériales , a le commandement & le
gouvernement de la ville.
Chez les Romains il y avoir de Magijlrats ordi-
naires, Magijlratus ordinarti ; &c des Magijlrats
extraordinaires , Magijlratus extraordmarii. Les Ma-
gijlrats ordinaires étoient ceux qui étoient établis dans
tous les temps pour le gouvernement de la Républi-
que. La Police* des villes, &c. comme les Confuls,
les Préteurs J les Tribuns , «S-c. Les Magijlrats extra-
ordinaires n'étoient établis qu'en cenains temps , &c
pour les befoins extraordinaires , tels étoient le Dic-
tateur , le Préfet de l'annonc , &c. Les Grands Ma'
gijlrats , majores , étoient ceux qui avoient un ample
pouvoir &c une jurifdiftion fort étendue ; ils pou-
voient faire mettre en prifon les citoyens : c'étoicnc
les Confuls , les Préteurs , les Cenfeurs. Les moin-
dres , ou les petits Magijlrats , minores , n'avoient
qu'une adminiftration particulière & moins confi-
dérable , une jurifdiftion bornée , & un pouvoir
moins étendu , comme les Ediles , les Tribuns des
deniers publics , les Quefteurs j &c.
MAGISTRATURE, f. f. La charge , dignité de Ma-
giftrats , & le temps qu'on l'exerce. Magijlratus.
Les Magiftrats doivent être en habit convenable à
leur dignité , quand ils font dans la fondion de leur
Magijlrature. La Maqijlrature n'eft que trop fou-
vent un titre d'oifiveté qu'on n'achettc que par hon-
neur &C qu'on n'exerce que par bienféance. Fl. Les
Tribunaux font peuplés d'hommes qui fe précipitent
dans la Magijlrature , & qui fe font interprètes des
loix fans les entendre. Tour. On brigue la Magif-
trature par ambition , Se non point pour en bien
remplir les devoirs. La Pl. Vieillir dans la Magif-
trature avec éclat. Pat. Les Magiftrats Romains pen-
dant le temps de leur Magijlrature , ne pouvoient
faire d'acquifitions dans la Province où ils comman-
doient.
IP" C'eft auflî un terme coUeftif j qui défignc tous les
Magiftrats d'un Etat.
MAGISTRIEN , ou MAGISTÉRIEN. f. m. Nom d'un
ancien Office à la Cour des Empereurs de Conftan-
tinople. Magijlrianus. On nommoit Magijlriens ,
c'eft à dire , "officier du Maître des Offices, ceux
que l'on nommoit autrement Agens de l'Empereur.
Fleury. Le P. Rofweid , Jéfuite , dans fon Ono-
mafticon , dit que c'étoient des Officiers des troupes
de la Garde de l'Empereur j qu'on les trouve quel-
quefois nommés Cajlrenfes , ou Cajlrenjîens , Caf-
triani , Cajlrenfiani ; que cependant le Code Jufti-
nien diftingue ces deux Offices , qui étoienc l'un &
l'autre fous le Maître des O^ces,
Yyyy
722, M A G
Il y avoir aufll des Magi/Iériens dans l'Eglife ,
qu'on appeloit auffi Canijhiens j de canïjtrum , ui^
corbeille. Voy. Suidas &c Meurdus , Diction. Gracob.
£'; Du Cange.
JklAGUANO. Nom de plufieurs lieux , en Italie. Man-
liana , Manlïanum. Un bourg en Tolcane , à quatre
lieues d'Orbitelle , vers le nord. Un autre dans le
Patrimoine de S. Pierre , près du Tibre , à deux Iicues
au dell'us de Rome. Un rroifième dans l'Abrulle ul-
térieure , au nord du lac Célano , & à deux lieues de
la ville de ce nom. Une petite ville dans la Terre-Sa-
bine près du Tibre , vis-à-vis de Città Caftellana.
Cette ville a un Evcché duquel dépend toute la Terre
Sabine , & qui efl: toujours polîédé par un desfix plus
anciens Cardinaux.
M AGLOIRE. r. m. Nom d'homme. Maglonus. S. Ma-
gloire étoit du pays de Galles dans la Grande-Bre-
tagne. Il aiaquit vers la Hn du V* liècle. Il fut Abbé
de Dol , & Evcque régionaire en Bretagne. Il mou-
rut en j7 j. A Paris , S. Magloire efl: une Mailon Se
un Séminaire gouverne par les Pères de l'Oratoire ,
qui a pris fon nom des Reliques de ce Saint , qui au
temps des incurlions des Normans fous Charles le
Chauve , fijrent apportées à Paris , & inifes dans
■une chapelle du Palais , qui étoit où elt aujourd'hui
l'Eglife paroillîale de S. Barthelemi , auprès de la-
quelle Hugues le Grand Comte de Pans , fonda un
Monallère de Bénédidlins fous le titre de S. Ma-
gloire. Us fe tranfportèrent enfuite dans la rue S.
Denis , & enfuite au faubourg S. Jacques , &c gar-
dèrent toujours leur nom , avec les Reliques de S. Ma-
gloire. En i6i8.ils cédèrent cette Maifonaux Pères
de l'Oratoire.
MAGMA , f. m. Terme de Chimie. C'eft: la partie la
plus épaiife, où la réfidence d'une matière Uquide
qui a été exprimée.C'ell: ce qu'on appelle vulgairement
marc. Il y a des trochifques qui entrent dans la thé-
I riaque , lefquels on appelle magma hedychoon , c'eft-
j â-dire, pâte de belle couleur, à caufe du lafran qui
[ y entre. Ce mot vient du verbe Grec /^ax-a j'e.x-
prime.
MAGNAN, f. m. Cefl: le nom qu'on donne aux Chau-
dronniers enplulieurs provinces, parce qu'ils crient
dans les rues magnan , magnan.
En province , on nomme les vers à foie des
magnons , & les femmes fe demandent les unes aux
autres , comment vont vos magnans ? Que font vos
magnanst Mes magnans montent. Et on dit en pro-
verbe j d'un homme qui n'a pu exécuter un delléin ,
oii qui efl mort fans avoir pu achever un ouvrage
qu'il compofoit , qu'il efl: mort la graine dans le
ventre , comme les magnans.
Il faut mouiller le gn en ce mot , & en tous les
fuivans , excepté en ceux où nous marquerons qu'il
ne le faut point faire.
MAGNANIME, adj. m. & f. Ce mot vieillifl'oit du
temps de Vaugclas , dont il avoit uia extrême regret;
mais il s'eft rétabli. Magnanimus , magni animi vir.
Il lignifie , Qui a une grandeur d'amc & de courage j
qui l'élève au-delhjs du commun des hommes. Il
lignifie beaucoup plus que brave & vaillant. Le ma-
gnanime ed orné de toutes les vertus , &c les exerce
d'une manière fublime. M. Es p. Les aétions fortes
& réfolues donnent de l'admiration , parce qu'elles
relfemblent aux actions magnanimes. Il ne faut pas
-être orgueilleux en prétendant être magnanime. S.
EvR. On le fait aufli lubftantif. Le magnanime ne
fe rebute point pour les difticultés. Le magnanime a
toujours le cœur au delfus de fr fortune. Bouh. Une
des plus elfentielles marques du magnanime , efl une
certaine confiance au-dellus de la railon , qui lui
fait entreprendre les chofes les plus difficiles , &
qui le fait parler quelquefois _, comme s'il étoit sûr
des évènemens. M. Se. La vanité a plus fait faire des
aélions magnanimes que la vertu. M. Es P. Ariftote
A fait le portrait du magnanime j & Coftar a copié
Ariftofte. S. Evr. Un ami magnanime ne change ja-
mais avec la fortune. M. Scud. On doit mettre au
rang des Héros ces hommes magnanimes , qui (up
M A G
portent avec conflrance les plus grandes calamités de
la vie. M. Esp. On ne regarde Alexandre & Céfar
comme des hommes magnanimes , que parce qu'il y
a dans tous les fiècles des ambitieux , qui ont de l'ad-
miration pour ceux qui le lont louverainement, Id.
... Il ejl bien dur pour un caur magnanime.
D'atcendre des fecours de ceux qu'on méfejlime,
M. Voltaire.
Ce mot s'emploie aufll quelquefois en riant,
pour lignifier un faux brave , un fanfaron. Gloriofus,
tkrafo.
Qu'ai-je fait à ce magnanime.
Qui me regarde de travers f Gon.
Ce mot vient du Latin magnus animas , grande
ame , grand courage.
MAGNANIMEMENT, adv. D'une manière magna-
nime. Forciter , magno animo. Les Héros font toutes
les chofes magnanimement , d'une manière extraor-
dinaire. La femme de Sénèque voulut partager avec
lui une mort magnanimement foufterte. M. Esp.
L'ufage de ce mot efl rare.
MAGNANIMITÉ , f. f. Grandeur, élévation d'ame , &
de courage. Magnanimitas , magnitudo animi. La
magnanimité efl la vertu des Héros. On ne peut
aflez louer la magnanimité de cette Princelle : la
fortune ne pouvoit lien fur elle ; ni les maux qu'elle
a prévus , ni ceux qui l'ont lurprife , n'ont point
abattu fon courage. El. C'eft le caractère d'une ame
forte que de fe rendre à la vertu , & de refpeéter
la magnanimité dans le malheur. Mont. La ma-
gnanimité de Ciceron ne plie ious aucun pouvoir ,
n'efl furmontée par aucune paflaon , ni ébranlée par
la mauvaife fortune : elle relève les autres vertus :
elle leur fert d'ornement , & leur communique l'é-
clat & la grandeur qui lui font propres. La magnani-
mité des Conquérans n'efl autre choie que le fou-
vcrain degré de l'ambition. M. Esp. La magnanimité
eft un nom honnête qu'on a donné quelquefois à
une fureur brutale. Dac.
MAGNAVACCA. Nom d'un village avec un port &
une tour fortifiée. Magnavacca. Il eft dans le Fer-
rarois,à l'embouchure du lac de Comachio, dans
le golfe de Venife. On alhire que ce lieu eft celui
que Pline a nommé Caprgjia , ou S agis.
MAGNE , ou MAGNÈSE. f. f. Efpèce de minéral qui
a quelque rapport avec l'antimoine, l^oye'^ Ma-
GALAISE.
MAGNENCE , ou MAGNENTIUS , f. m. Nom
d'homme. Magnentius. Ne mouillez point le^/z en
ce mot , mais prononcez - le comme en Latin. Ma-
gnence ufurpa l'Empire vers le milieu du IV* fiècle.
On ne connoît julqu'ici qu'une leule médaille que
Mezzarbaba cite de fon cabinet, où Magnencc pone
le titre de Magnius. Magn. Magnentius Aug. )
(Beatitudo PuBLicA.... } Vaincu en 351 par Con-
ftantius , Magnence fe retira à Aquilée, & enfuite
à Lyon. Enfin, il devint furieux, blelfa Didier fon
frère , tua fa mère Se quelques-uns de ks amis ; Sc
enfin fe tua lui-même en 5^3.
MAGNÉS ARSENICAL. Terme de Chimie. Ne mouil-
lez point le gn. C'eft un mélange de parties égales
d'arlénic, de ioufre & d'antimoine, fondus enlemble
fur le feu , Si condenfés en forme de pierre. Magnes
chymicus , arfenicalis. Le Magnés arfénical eft un
cauftique fort doux , dont Angélus Scala eft l'auteur.
On l'appelle ainfi , parce qu'on peut le porter , dit-
on , comme un antidote pendant les maladies ma-
lignes , & la pefte même , dont il préferve par une
propriété magnétique.
MAGNESIE , ou MANISSA. Nom d'une ville Epif-
copale de la Natolie propre. Magnefia Lydi£. Ne
mouillez pas le gn dans Magnéfie. Elle eft (ur le
Sarabat , à neuf lieues au-deflus de la ville de Smyrne,
dont fon Évêché eft fuftragant. Cette ville qui a été
quelque temps le iiége de l'Empite Otioraan, eft
|i
M A G
M A G
encore grande , bien peuplée & riche. Elle cil /îtuée
fur un cminence , commandée par une autre , fur
laquelle on a bâti une citadelle. Les Chrétiens y font
en petit nombre. Maty.
MAGNESIE , ou MANGRÉSIA. Ville de la Narolie ,
en Aiie, fur la rivière de Madré j environ à neuf
lieues de la ville d'Ephefe , vers le levant. Alagnefia
ad Mœandrum. Cette ville cil encore conlidérable ,
& elle a un Evcché fuftlagant d'Ephefe. Maty.
Magnésie. La rivière de Ma<;néjla , ou de Mangréfie.
Magncjlus j anciennement Lechétusfluvius. Petite ri-
vière de la Natolie. Elle baigne la ville de Mag-
nélie , & le décharge peu après dans le Madré.
Maty.
MAGNÉSIE j f. f. Ert une pierre minérale, follîle j
noire , op.aqua,, tirant de la couleur de fer au pourpre,
qui ne contient aucun métal, mais un fouFre hxe&;
peu inHammable. Magnefius lapis. Elle entre dans
la compolîtion du vcrrCj le purifie iv' le blanchit ,
fi elle eft en petite quantité ; autrement elle le rend
bleu , ou de couleur de pourpre. On donne aulll
aux pots de terre cette couleur , fi avant leur cuite
on les peint de cette magnéjie dillbute. C^eft la
même chofe que le faftie. On l'appelle aulfi Man-
' ganèfe ; & chez les Artifans , Périgueux , parce
qu'on l'apporte du Périgord. La meilleure vientdc Pié-
mont.
^' Magnésie ^ en Chimie &c en matière médicale.
Magnéiie blanche , autrement panacée folutive _, pa-
nacée Angloifej fécule alcaline , poudre du Comte
de Palma !kc. C'eft une poudre abforbante blanche ,
précipitée de l'eau mère du nitre & d'un alcali fixe.
Magnésie Opaline. Magnefius opalinus. Terme de
Chimie. C'ell une eipèce de foie d'antimoine , fait
avec égales parties d'antimoine , de nitre & de fel
marin décrépité.
On lui a donné ce nom , pairce qu'il a une cou-
leur rouge qui approche de celle de l'opale , &c une
figure de marcaiîire. On l'appelle aullï liub'me d'anti-
moine. La magnéjie opaline eft vomitive.
En termes du grand Art j magnéjie lignifie l'ou-
vrage de la pierre des Sages , & le mercure philo-
iophal. La magnéjie compolée , c'eft le même ouvrage
des Sages ; il eft compote de corps , c'eft la terre fine
du foleii ; & d'ame , c'eft la teinture du foleil
& de la lune. Magnéjie blanche & rouge , c'eft la
pierre parfaite au blanc ou au rouge.
MAGNÉSIEN , ENNE , f. m. & f. Qui eft de la ville
de Magnélie. Magnefianus. Ne mouillez point le gn.
Il y a une lettre de S. Ignace Martyr, aux Magnéjiens.
Il la leur écrivit de Smyrne , comme il le marque
lui même à la fin , lorfqu'on le conduifoit chargé de
chaînes à Rome , pour y être expolé aux bêtes ; &
il l'écrivit en reconnoilîance de ce que Damas , Évê-
que de Î4agnéfie lur le Méandre , étoit venu 1: vi-
fiter, accompagné des Prêtres Balîus ik Appolloniusj
& du Diacre Solion , députés par leur Églile. C'étoit
l'an 98. de Jesus-Christ.
^3" MAGNÉTIQUE, adj. du Latin OTà^^ei aimant, fe dit
de ce qui appartient à l'aimant, de ce qui y a rap-
port. Alagncticus Propriété magnétique. Fluide mag-
nétique. L'aiguille aimantée (e tourne vers le pôle
par une propriété magnétique, l^oyei Aimant.
^fT On prononce ordinairement le^dur ,fans mouiller
gn , de même que dans magnétifme.
MagnÉtiq.ue, fe dit aulfi par analogie, de ce qui a
quelque fympathie, ou convenance pour faire mou-
voir un corps vers un autre , ou pour produire quel-
que eftet dont on ne peut découvrir la caufe. Quel-
ques uns ont penfé que les corps graves ne tendent
au centre de la terre que par une force magnétique du
centre qui les attire ; que les mouvemens qu'on at-
tribue à la terre fe font par une force magnétique.
Quand un Phyficien ne peut rendre raifon d'un
j phénomène , il dit qu'il eft produit par une vertu
I magnétique j ou fympachique. Les Charlatans ven-
dent des remèdes , des emplâtres magnétiques , Se
les ignorans croient qu'il y entre cffeftivement de
l'aimant pilé. Il entre dans l'emplâtre Divin.
Tome V.
7^3
^ Magnétisme , f. m. Terme de Phyfiquc. Nom
générique qu'on donne aux dift'érentcs propriétés
de l'aimant , lavoir l'attradion , la direction & b
déclinaifon. Voye^ ces mots, & le mot Aimant.
Alagnetifnius. Les Philofophes ont fait plufieurs
hypothèfes ingénicufes..pour expliquer les eifets du
magnétifme. On ne (auroit douter que ces phéno-
mènes ne foient produits par une matière extrême-
ment déliée, & dirtérente de l'air , puifqu'ils arrivent
également dans le vide. Mais quelle eft cette matière.
Hic opus , hic labor ejl. On n'a pas encore trouve
le mot de l'Énigme.
MAGNÉTISME. Terme dont quelques Chimiftes fe
fervent pour lignifier une certaine qualité qui fait
qu'une choie lent en même tems que l'autre , foit de
la même manière , foit d'une manière ditlérente,
Magnetifmus , fympathia. C'eft ce qu'on appelle au-
trement Sympathie. Le fondement du magnétifme
confifte , à ce que dit Ettmuler , dans l'archée ou ef-
prit vital , dont une portion étant détachée du corps
& attachée à un autre lujet , reçoit diverfes altéra-
tions , lur quoi elle forme diverfes idées femblables
aux diverles pallions de l'ame. L'archée fait la même
chofe dans le tout que dans la portion , &: prend di-
verfes déterminations, leloii la diverlité des idées. Il
y a , par exemple , dans l'archée du fang qui fort d'une
plaie, une idée de hireur & d'indignation, qui, ve-
nant à s'appaifer par l'application de l'onguent ma-
gnétique , à raifon de l'ulnée ou moulfe de crâne hu-
main, ou par la poudre de fympathie à raifon du
loufre anodin de vitriol ^ la même idée s'appaife pa-
reillement dans l'.T.rchée de la partie blefléc , à caufe
du fymbole d'unité qui eft entr'eux ; d'où il arrive que
tous les lymptômes qui proviennent de cette idée ,
s'arrêtent d'abord, & l'empêchement n'eft pas plutôc
ôté J que la partie eft guérie. Ainii la même altération
que la poudre de fympathie donne à l'efprit vital du
ûng forti de la plaie , eft donnée à l'efprit vital de la
partie diftante qui n'efT: qu'un , & le même efprit. Ce
fondement de magnétifme n'eft pas fort folide ; &
cette idée de fureur & d' indignation de l'archée ou ef-
prit vital , de même que le fymbole d'unité qu'il y a
entre l'archée du fang forti de la plaie (Se celui de la
partie bleifée , font des termes quij en bonne Philo-
fophie , ne lignifient abfolument rien.
MAGNETTES. f. i. pi. Toiles qui le fabriquent en
Hollande, & dans quelques provinces voilines.
MAGNÈZE , ou MAGNE, f f. Efpèce de minéral.
Voye^^ Magalaise.
MAGNI. Gros bourg du Vexin François, dans le Gou-
vernement de l'Ile de France. Mafgniacum , félon
Fulbert de Chartres, iSc par contï^&ion Magniacum.
Il eft entre Paris & Rouen. Quelques Géographes le
prennent pour l'ancien Petromantalum , que d'autres
mettent à Mante. Sur cette ville, voye^la. Dejcript.
Géogr. & Hifl. de la Haute-Norm. Tome II. p. 2S g
& fuiv.
MAGNI-SIAH. Ville d'Afie, dans la province de Se-
rham, ou Sarouskanj au pied d'une montagne.
MAGNIE. f f Vieux mot. Mélange de gens. Plufieurs
perfonnes enfemble.
M^4GNIFIC^'JT. Terme de Bréviaire. Cantique de la
Vierge qu'on chante àl'Eglife, à vêpres &: au falur.
De dix cantiques que l'on récite à l'office, il y en a
fept de l'ancien teftamenr que l'on a diftribués dans
l'office des fept jours de la femaine. Les trois autres
font du nouveau Teftamcnt. Le premier eft le m,agni-
ficat qui fe dit à vêpres, comme à_ la première &
principale partie de l'office. Benzo, fur le Magnificat
C. XX. L. I.
Seul à Magnificat f me vois encenfé. Boil.
On dit proverbialement , corriger magnificat à ma-
tines, pour dire, faire des ccrreélions &: des cenfu-
res en des lieux ou en des tems où il n'y a pas raifon
de les faire. Il feroir à fouhaiter que par tout ou le
fensdes A.uteurs eft clair & net, Mefheurs les Criti-
ques lie s'efforçalfent pojnt de le rendre encore meil-
Yyyy i;
pas fi
724 M A G
leur, ou plus intelligible, ils ne coiTigcroicnt pas u
l'ouvent qu'ils font may/îijîcac à matines. Mascur.
On dit d'un homme alîidu à quelque choie , ou
qui ne manque jamais à en faire une autre , ou à le
trouver dans quelque lieu, qu'il n'y manque non plus
(Mit magnificat à vêpres.
3tlÂGNIFICENCE. f. f. Vertu qui enfeigne à depenlcr
fon bien avec honneur & avec éclat. Magnficcntia.
|p=-C'cll, dit Arillote, un ulage bien entendu de (es
richeiles dans les chofcs publiques , ou qui font un-
ies, avantageufes au public, dans les préiens, dans
les dons, dans les ouvrages publics, dans les fpett.i-
cles, dans les temples. Ainfi il faut bien diftinguer la
magmficenu de la lihcralïté. La libéralité, dit -il, ne
concerne que l'ufage des dépenfes ordinaires &: mé-
diocres. La magnificence, M contraire , ne concerne,
que les grandes dépenfes, les dépenfes extraordinaires
faites pour de grandes & belles choies. Les extrêmes
de cette vertu font une fomptuofité mal entendue, «S:
une fordide mefquinerie. La magnificence eft quel-
quefois un devoir des grands, des Rois; elle n'appar-
tient pas à de fimples particuliers; elle eft vicieufe^
quand elle eft fans bornes. La Reine de Saba vint ad-
mirer la magnificence de Salomon. La magnificence
eft une vertu d'éclat , & qui doit fe montrer au grand
jour. M. Se. La magnificence eft un fentimcnt 01-
gueilleux & un défefpôir de ne voir rien en nous-
même de grand , qui nous fait recourir à des fecours
extérieurs. M. Esp. La magnificence des Grands n'eft
qu'une montre orgueilleufe de leurs richeiles. Id.
On emprunte à pleines mains pour foutenir le luxe
& la magnificence , qui feule eft honorée. Fl.
On a donné autrefois aux Rois le titre de Magni-
ficence , comme on leur donne aujourd'hui celui de
Majefté.
^MAGNIFIER, v. a. Vieux mot qui fignifioit autrefois ,
exalter, élever la grandeur. ExtolUre , celebrare
magnifiée. Les anciennes verfions de la Bible por-
tent : Mon amc magnifie Dieu mon Sauveur, Vaugclas
regretroic fort la perte d'un fi beau mot, d'autant plus
que nous n'en avons point d'autre qui ait la même
force &■ la même fignification. C'eft pour cela qu'il
fouhaitoit qu'on s'en fervît toujours duis les grands
ouvrages. On croit qu'on le peut employer encore
dans les Ouvrages de dévotion. L'Académie l'admet ,
en dilant fimplement qu'il fe dit principalement de
Dieu , en y ajoutant cet exemple : Mon ame magnifie
le Seigneur. Maucroix n'a fait aucune diificulté de
s'en fervir dans (a. tradudtion des Homélies de S.
Chryfoftcime. On magnifie la puiiFancc de Dieu év"
la conftancc des Maityrs.
^MAGNIFIQUE, adj. de t. g. fouvent employé fubftan
tivemenr. Celui qui eft fplendide , qui fc plaît à don
lier & à faire des dépenfes éclatantes , principalement
dans les choies publiques. Magnificus , fplendidus.
C'eft une qualité néceftaire aux Princes que d'être
magnifiques. Le magnifique ne fiit état des richeiïcs
que pour faire paroitre la grandeur de fon ame & là
libéralité , en les répandant.
On le dit auffi des chofes qui ont de l'éclat, dans
îefquelles la magnificence éclate. On a fait au Roi
une entrée magnifique , c'eft-à-dire, qu'on n'a rien
négligé de ce qui pouvoir lui donner un grand éclat.
Rien n'a été plus magnifique , en matière de bâti-
mens , que les Pyramides d'Egypte. Les Comédiens
François font magnifiques en habits. L'Opéra a des
décorations magnifiques. Son chariot n'étoit en rien
plus magnifique que les autres chariots. Vaug.
^3" On le dit de même d'un feftin , d'un Palais , d'un
meuble, d'un fpedtaclcj d'un train , é'c. Appliauc
aux choies & aux perfonncs , ce mot défigne tout ce
qui donne un idée de grandeur iSc d'opulence.
|(C? On dit auftî des titres magnifiques , pour dire ,
pompeux, éclatans.
1^ En" marier* de Langage, des termes magnifiques ,
pompeux & brillans. Style magnifique , plein de peu
(éts nobles et choifies ; élevé &: fublime. Eloge
magnfiqûe , qui donne une haute idée de celui qui
le iajt ik. dt celui à qui U eft adrellé.
M AG
On appelle , promeflcs magnifiques , de s pro-
melî'es qui font cfpércr de grandes chofes. Acad. Fr.
C'étoit autrefois un titre d'honneur que l'on don-
noit au Préfet du Prétoire , au Maître de la Milice,
au Maître des Offices , au Maître des Agens , aux
Quefteurs , ou Ttéforiers , & aux Comtes des Do-
meftiques. P^oye^ L. 16. du QoAe^ , de Tefi. mil.
la dern. loi. Et C. Ubi Sen. L. 33. C. de Appellat. §.
adifium. Dans l'Authentique, Ut divinit jujf. Jufti-
nien donne le titre de Tïcs-magnifique à un Enquê-
teur. Aujourd'hui dans quelques Univerfités on ap-
pelle le Redeur , Retteur magnifique , Se les Ma-
giftrats de quelques Républiques , Magnifiques Sei-
gneurs.
MAGNIFIQUEMENT, adv. D'une manière magnifi-
que. Magnficè , fplendidè. Il eft vêtu, meublé &■
logé magnifiquement. Il reçut magnifiquement les
Ambaftadeurs.
MAGNOAC. Petit pays fur les confins du pays d'Aira-
zac , & qui fait aujourd'hui partie de celui d'Ar-
magnac.
MAGNOLE. f. f. Magnolia. Plante. Sa Fleur eft en
rofe , elle eft compofée de plufieurs feuilles pla-
cées circulairement , du cahce defquelles s'élève un
piftil qui dégénère enfuite en un fruit conique Se
dur, garni d'un grand nombre de tubes ou d'émi-
nences qui contiennent chacun une noix durCj qui
venant à fortir , demeure fufpcndue par un long fil.
|G° Cette plante a été ainfi nommée en l'honneur de
M. Magnole , célèbre Botanifte.
MAGNUS. f. m. Nom d'homme. Magnus. Les habi-
tans de la Scanie , au pays de Schoncn , fe donnè-
rent à Magnus Roi de Suède , pour le délivrer de
plufieurs petits tyrans qui les opprimoient. Fleury.
Hift. Eccl. L. p^. Magnus envoya au Pape Be-
noît XII. (en 155S). le priant de lui confirmer la
pollellion de la Scanie , à lui & à la poftérité , &
lui permettre de retirer encore, s'il pouvoit, d'au-
tres terres d'entre les mains des tyrans. Id.
Magnus. f. m. Nom d'homme. Magnus. Un Traité
de Théodulfc , Evêque d'Orléans , eft adrellc à Ma-'
gnus , Archevêque de Sens , fon Métropolitain.
Fleurv.
Ce mot eft purement Latin , ôc fignifie grand.
Nous le retenons pour ce nom propre ; mais nous
le changeons dans la compofition en magne, &c nous
dilons Châtie magne , en Latin Carolus magnus. "
MAGO. {. m. ( L'Académie dit MAGOT). Amas d'ar-
gent caché. Thefaurus ahfconditus.Ctx.3.\nït Cïoyoïx.
avoir bien caché Ion argent , mais les Payfans ont
trouvé fon mago. Cette lemme a fait fon mago pen-
dant la maladie de fon mari. Ce mot s'eft dit par
corruption de Mugot , qu'on difoit autrefois pour
fignifier la même choie. IVL F^uet dérive ce mot de
l'Hébreu nViia , mcos j pecunia , mot en ufige chez
les Rabbins. Il eft du ftyle très - familier ou popu-
laire.
MAGOG. f. m. Nom d'homme , et du peuple qui en
eft defcendu , clont il eft fait mention dans l'Ecriture.
Magog. Magog étoit fils de Japheth. Cen. X. 2. /.
Pural. I. f. Il paroît par E\éch, XXXVHI. 2. que
Magog & Gog font le même pays , le même peu-
ple ^ ou que Gog eft le nom du pays; & Magog le
nom du peuple : Dieu dilant au Prophète , fils de
l'homme, Tourne ton vilage du côté de Gog_, terre
de Magog ; c'eft-à dire , du peuple Magog ; car il
y a en Hébreu iijan , hammagog ; avec l'article,
qui ne fe mettroit point à un nom propre d'homme.
Gog eft donc appelé Terre de Magog. Et Saci a
mal fait de répéter deux fois vers , vers Gog , vers ,
la terre de Magog. Au verlct fuivant il eft dit que ■
Go ■ eft le Prince de Roich , deMofoch, que quel- !
ques-uns difent être la Cappadoce , & de Thubal,
que les mêmes prennent pour l'Ibéric; ou bien qu'il
règne , qu'il commande au commencement de Mo-
foch & de Thubal. Il eft allez mal nifé de détermi-
ner quel peuple c'étoit. S. Ambroife dit que Magog
fut le père des Goths. Eusèbe dit des Celtes & des
Galates ; Ja Chroniqucd'Alexandrie , des Aquitains;
les Chaldéens cioyoient que les Germains en croient
M A G
dcfccndiis; ce font des T.utaics, fcloii les Auteurs
Arabes. Selon Jofeph , Eullathius , S. Jérôme &
Thcodorct , ce font les Scythes ; Bocliart embrallc
ce dernier (eutinieiit. F'oye-^ Ph.ileg. L. III , c. i j.
MAGOPHONIE. 1^ f. Nom d'une fête chez les anciens
Pcrits. Magophonla. Le Mage Smcrdis , que Juftin
appelle Grapafta , s'érant emparé de l'Empire des
Perles après la mort de Cambile 511 ans avant J. C.
fcpt Azs principaux Sciijneursde la Cour conjurèrent
pour kchallerdu trône. Ils exécutèrent fort hcureu-
ïèraent leur dellein , & tuèrent Smcrdis Hc l'on frè-
re J autre Mage nommé Pitizithes , cnfuite le peu-
ple fît main-balFe fur tous les Mages; de forte qu il
n'enfcroit pas échappé un feu!, ii la nuit n'étoit lur
venue. Darius ^ fils d'Hylbfpc , fut cnfuite élu Roi.
En mémoire de ce meurtre des Mages, les Perfes
célébroient tous les ans une grande fête qu'ils ap-
^lAo'xtw. Magophonie , dit Hérodote, L. III ,c. jp.
Ce mot vient de Mayosj Mages, ik. ^Uk , meurtre.
MAGOT, f. m. fîgnifîe un gros (ingc. S'unius major.
Les plus braves magots entrent à la file dans le jar-
din , ik fontpaifer les melons de mam en main, &c.
De Choisi.
Magot , fedit fîgurément j & familièrement des hom-
mes difformes , laids , comme les linges. Monfirum ,
dijj'ormis. On a marié cette iille à un vilain magot ,
à un gros magot.
Magot, fignitie encore des figures CC?"cn terre, en
cuivre , en porcelaine , malfaitcs , bizarres , grotef-
ques , que nous croyons reprelenter des Chinois ou
des Indiens. Magot de la Chine. Ornemens précieux
dans un lîècle entêté de tout ce qui s'appelle colifi-
chet. On peur bien au refte aimer les magots , quand
on a fu s'amufer .avec des pantins.
ft? Dans ce lens , magot vient d'imago. Huet.
^iCT Dans Naudé , Mafc. Un ignorant appelle les fla-
tues antiques , de vieux magots de l'Antiquité.
|K? Magot. Argent caché. Quelques-uns écrivent ma-
go. P^oye^ ce mot.
île des Magots. Elle eft fituée à l'embouchure du
Forth. Toute l'île n'eft proprement qu'un rocher j
au haut duquel efl le Château , où l'on ne peut
monter qu'avec le fccours d'une machine, qui tire
en haut une corbeille , où fe met celui que l'on veut
introduire. Beaugé écrit que cette ile tient quelque
chofe de ces lieux enchantés, dont parlent les Ro-
mans. Il dit que la garnifon du château , qui eft
ordinairement de cent hommes , ne vit que des
poilîons que jettent lur le bord certains oifeaux ,
qui relfemblent à des oies lauvages ; & qu'elle n'a
point d'autre bois poux te chautter, que celui qu'elle
tire de leurs nids, Larrey traite tout ceci de fible.
Il rapporte néanmoins que la Hotte d'Edouard VI.
ayant tenté de corrompre le Gouverneur, en lui
promettant autant d'or qu'il en faudroit pour con-
tenter toute la garnifon , il répondit avec autant de
générolité que d'efprit , qu'une fi grande quantité
d'or ne pourrait entrer dans fa forterejfe , où il y
avait à peine paffdge pour les oifeaux.... que pour
lui & fa garnifon , ils n'avaient hcfoin de rien , 6-
que les oifeaux prenoient foin tous les jours de faire
leur provfion.
MAGRA. Nom d'une rivière d'Italie. Macra. Elle
prend ta (ource aux montagnes de l'Apennin, dans
la vallée de Magra , où elle baigne Pontrcmoli ; en-
fuite elle palfe à Sarzana , qui ell de l'Etat de Gè-
nes , & te décharge peu après dans la mer Médi-
terranée. Maty.
La vallée de Magra. l^allis Macr£. C'etl un petit
pays de la Tot'cane, fîtué vers les tources de la ri-
vière de Magra , entre les Etats de Gènes , de Par-
me, de Modène & de Malfa. Ce pays peut avoir
onze lieues de longueur, & fix de largeur. Il ap-
partient au grand Duc de Tofcane , à la réferve
du petit Marquifat de Fotciinovo, qui a fon Sou-
verain particulier , & de la ville de Minucciano ,
avec deux ou trois villages voihns , qui font à la
République de Lucques. Poncremoli capitale , villa-
M A G
/
^S
Iranca &: Ulla ^ font les principaux lieux de ce
pays. Maty.
MAGR ABINES , ou MAUGUERBINES. C f. pi. Toiles
de lin qui fe fabriquent en plulieurs lieux d'Egypte,
6c qui fe vendent au Caire.
MAGRADA. roye^ Guadilharbar.
MAGRAN. Montagne d'Afrique au Royaume de Ma-
roc , dans la province de Tedla , les habitans fc
nomment ordinairement Maga^oas.
MAGRI. Nom d'une petite île" de la nvjr Méditerra-
née. Macris. Elle elf au nord de celle de Rhodes ,
fur la côte de la Natolic , près de la ville de la
Rolla. Maty.
MAGRON , ou MIGRON. Nom de lieu dans la
Terre-Sainte. Magron , Migron. Ce lieu étoit à
l'extrémité de la Terre de Galaad, vis à-vis de Mach-
mas. If aie 20 , 28.
MAGSTAT. Nom d'un village ou bourg de la Lor-
raine, fîtué à quatre lieues de la ville de Sarbruck ,
du côté du midi. Quelques Géographes prennent
ce lieu pour l'ancienne Amagetobriga , ville de l'E-
ledorat de Maycnce. Maty.
MAGUA. C'eft le nom d'un des cinq Royaumes qui
conipofoient l'île Efpagnole , lorfque ChriAophe
Colomb en fît la découverte.
MAGUELONE. Nom d'une ville de Languedoc autre-
fois Epifcopale. Magalo j Magalona.EWc étoit fur une
petite île dans le lac de Maguelane. Les Sarrazins
ayant conquis l'Efpagne , fe rendirent maîtres de
cette ville l'an 750. & delà ils entrèrent dans la
France. Charles Martel la leur ayant enlevée l'an
755 J ou 756. la fit démolir, alin qu'elle ne fcr-
vit plus de planche aux Infidelles. Son Evcché fuc
tranfporté à Sullantion , &c de -là à Montpellier.
Maty. Foyei auiXi 'Valois, Not. Gall. p. }i2. Il
dit que Maguclone a pris Ion nom de Magdus , fou
fondateur , ou de Magdalum , nom d^une tour i
ou ce qui lui paroît plus vrai, «m» t. ?^.îj,««5 à>,,i,
de la grande mer, parce que la moitié de la ville la
voit. La Notice d'Antonin & de Conllantin font
mention de Maguelone ; &: un Arabe , nommé Rate»
cité par Mariana, dit que Maguelane fut une des vil-
les marquées par Couftintin dans la Gaule Narbon-
noite , pour être epifcopale -, il .ajoute qu'elle étoit fcut
peuplée , & qu'avant Conflantin elle avoit déjà un
Evcché. Quelques uns confondent mal-à-propos Ma-
guelone avec Àgde , qui ne fut jamais dans une île.
D'autres la nomment en Latin Metina, ou Blafer ;
d'autres pour la ditlinguer d'Agde , la nomment Ag-
de , ville & île , Agatha urbs & infula. Les Sarrazins
s'en étant emparés , & en ayant fait une place d'ar-
mes, Charles Martel, après la grande victoire qu'il
remporta fur eux en Touraine, l'an jij, ou 751,
félon d'autres, les ayant poutlés par-tout, & s'étanc
rendu maître de Nîmes , d'Agde & de Maguelone ,
brûla & détruiiît ces places qui leur avoit fervi de re-
traite. Pierre Gariel , Doéleur en Droit , & Doyen de
l'Églife Cathédrale de Alontpellier j a fait la fuite
chronologique des Évêques de Maguelone & de
Montpellier, imprimée à Touloufe en i6/z. Gariel
prétend que le premier Évêque de Maguelone fut Si-
mon le Pharifien , hôte de Notre Seigneur. Il avoue
cependant que l'hiftoire de ce Prélat et! fort embar-
raflée & fort défeélueufe jufqu'au IX' fîècle , & à
Arnaud I , qui fit tout ce qu'il put pour rétablir Ma-
guelone, S<: y remettre fon fiége. ^KTIl y a un Ro-
man intitulé , hiftoire des deux vrais & parfaits
Amans, Pierre de Provence & la belle Maguelone , .
faifant aujourd'hui partie de la Bibliothèque bleue. Il
fut compofé par Bernard Treviez, Chanoine de l'ii-
glifc Cathédrale de cette ville, en 1 178 , & imprimé
pour la première fois à Avignon en i J24.
Le lac de Maguelone, ou de Latte, ou de Péraui.
Magalonenfis lacus , Stagna volcarum , Stagna Late-
TA. C'eft un lac ou étang qui prend l'on nom, tantôt
de l'ancienne ville Maguelone , & tantôt des villages
de Latte , ou de Péraui qui font fur les bords. Cet
étang eft dans leLanguedoc, & il s'étend le long de
la côte, depuis lavillç d'Agde , jufqu'auprès de celle
726 M A H
d'Aiguës Morces , ayant environ quatorze liojes de
longi mais il n'en a guète plus d'une de large. Il fe
décharge dans la mer Méditerranée , par un canal
qu'on nomme la Grau de Palavas, en Latin Fauccs
Latent Stagni , qui eft le commencement du fameux
canal du Languedoc.
MAGUEY. f. m. C'eft un arbre fameux dans les Indes
Occidentales, que les Efpagiiols appellent Cardon j
parce que les feuilles font épineules & fort amères
en leur extrémité. Maguycus arbor. Elles lont fort
grodés & longues d'environ demi aune. On en tire
une efpcce de chanvre extrêmement fort , dont on
fait de la ficelle , des cordes , & une étofle qui relfem-
ble à du canevas de Flandre. On en tire aullî un
" chanvre délié dont on fait des filets pour prendre les
oifeaux. Cesfeuilles tout cannelées, &il s'y ramalle de
l'eau de pluie qui Icrt à différentes maladies , à fiire
mourir les vers, à guérir les plaies chancreulcs & en-
flammées , & à ôter les taclies des habits. C'eJt au
xeftc un arbre fort laid, dont le bois eft léger, l'é-
corce allez déliée. Sa hauteur eft de vingt pieds. Il eft
gros comme la cuille. Sa moelle eft fpongieufe &
légère , tk fert aux Sculpteurs & aux Peintres. Les
Indiens en font un breuvage extrêmement fort, en le
mêlant avec le maïs, comme aullî du miel , du vi-
naigre , du {avon , qui fait croître les cheveux & les
teint en noir. Cela eft tiré du P. Blas Valéra , & rap-
porté dans l'hiftoire des Incas. Le Maguey eft une
cfpèce d'aloës : on l'appelle autrement Karata, ou
•Caraguata guacu. Voyez Karata.
M A H.
MAHADIA. Voye\ Elmadia & Afrique.
AlAHAFALLE.Prwince de l'île de Madagafcar, dans la
partie méridionale.
MAHAGEN. "Ville de l'Arabie heureufe , où elle fépare
deux provinces de ce pays-là j ixvo'n Jemahak &z Te-
mahah.
t^ MAHAL , ou MAHL. C'eft le Palais du grand Mo-
gol , où (es femmes & fes concubines (ont enfermées.
Le Mahal eft pour le grand Mogol ce qu'eft le Serrail
pour le grand Seii;neur.
3V1AHALEB, ou MAGALEP. f. m. Efpcce de cerifier
fauvage, dont le bois eft gris, rougeiitre, agréable à
la vue, compadte, allez peL^nt , odorant, couvert
d'une écorce brune, ou d'un noir tirant fur le bleu.
Cerafus racemofa. Ses feiulles rcllemblent à celles
du bouleau, ou à celles du peuplier noir; mais elles
font plus petites j un peu moins larges que longues,
crénelées aux bords, veineules, d'une couleur verte
réjouiftante. Ses fleurs font lembables à celles du ce-
rifier ordinaire , mais plus petites , blanches , de bon-
ne odeur. Elles lont fuivies de petits fruits ronds ,
noirs , ayant la figure de nos ccrifes, amers, un peu
charnus , contenant un noyau dans lequel on trouve
une amande amcre. Quelques-uns .appellent ce petit
fruit Faccinium. Les Ebéniftes fe fervent du bois qui
eft tire du tronc de cet arbre pour leurs beaux ouvra-
ges ; on l'appelle Bols de Sainte Lucie, tk. il nous eft
apporté de Lorraine.
1/Iahaleb, ou Magalep, fe dit auliI de l'amande du
noyau de ce fruit : elle eft groftc comme l'amande
d'un noyau de cerife , & a ordinairement une odeur
^fez délagréable. Les Parfumeurs en emploient dans
leurs (avonnettcs.
MAHALEU. Ville d'Egypte , capitale de la Garbie ,
l'une des deux provinces du Delta. Il y a dans cette
ville des fours à faire éclore des poulets par la cha-
leur.
MAHAN , ou MAKHAN. Ville de Pcrfe dans le
Khoraftan , auprès de Mezu Schagehan.
ê3"MAHA-OMMARAT. f. m. Terme de Relation.
C'eft le nom que l'on donne dans le Royaume de
Siani au Seigneur le plus diftingué, qui eft le chef
de la Noblelfe , qui repréfente le Monarque , & en
fait les fonétions pendant fon abfence.
MAHARAS, ou MACHRES. Place Maritime d'A-
frique , dans la Barbarie , au pays de Tripoli.
M A H
MAHARUM. f. m. Tevne de Calendrier. Nom que
les Arabes donnent à celui de leurs mois qui réoond
à peu près à notre mois de Septembre. Ils l'appel-
lent aulîi Almuhartam , almahanam , muharamu ,
mueharrcm , mohanamo , moharrum.
MAHAUD. f, f. Nom de femme. Mathildis. Ce nom
s'cft fiit du Latin Mathildis , comme Brunchaud
s'eft fait de Brunechildis. On dit auili quelquefois
Mathilde. l^oyei^ ce mot, mais dites toujours Ma-
haud , Comtefle de Boulogne & de Dammartin ,
Epoufe de Philippe de France, fils de Phihppe Au-
gufte , & enfuite d'Alphonfe, qui fut roi de Por-
tugal , IIP du nom. Mahaud de Chaftillon , Ma-
haud de Courtenay.
MAHAULT. Foyei Mathilde.
MAHE. f. m. Nom d'homme , le même que Mat-
thieu j qui s'eft fait par corruption du Latin Mat-
th£US.
S. Mahé. Nom d'un cap de France fur la côte occi-
dentale de Bretagne. Gobiium promontorlum. Il eft
dans le pays de Cornouaille, proche du Conquet,
environ à quatre lieues de Breft. Il prend fon nom
du Monaftère des Bénédidins , & du bourg de S.
Mahé ,(\u\ y eft fitué. Quelques-uns croient que c'eft
le Gohocum promontorium de Prolomée.
MAHEUL. f. f. Voyc\ Mathilde , c'eft la même
choie.
MAHEUTRE. f. m. Vieux mot. Spadaflîn , bandit.
C'eft ainfi que les Ligueurs appeloient les Soldats
Royaliftes.
Ce mot eft dans le Diétionnaire de Cotgrave , &
dans l'Etymologie de Ménage , qui avoue que l'origine
ne lui en eft pas connue. Un Carabin Maheutre , c'eft-
à-dire , du parti du Roi de Navarre , ou de Henri IV.
pendant la Ligue. Mascur.
Il y a uu Dialogue fort curieux entre un Maheutre
& un Manant , à la fin du 5. T. de la Satyre Menip-
pée in-S°. où toutes les menées des Ligueurs &c des
Royaliftes font parfaitement bien débrouillées. M. le
Duchat dans fesRemarques T. 2 , p, S4.& ijj. pro-
pole différentes explications du mot Maheutre , cii-
tr'autres de Cavalier , fur ce que la figure , qui eft
au devant d'une édition de ce Dialogue , repréfente
un Cavalier armé de pied en cap. Mais Maheutre
eft (1 bien une injure, que quand le Manant veut
donner ce nom à l'autre Interlocuteur , celui - ci
lui répond : Tu m'injuries, moi qui fuis Gentil-
homme & homme d'honneur.
MAHMORE. Ville de la province de Fez , en Barba-
rie. Mahmara. Elle eft très-forte , &■ fituée à l'em-
bouchure de la rivière de Suba , dans l'Océan Atlan-
tique. Les Efpagnols poftédoient cette place ; mais
les Maures la leur ont enlevée l'an 1689. Il y a en-
core Mahmora Fecchia , fur un golfe , à quelques
lieues de cette ville , du côté du nord. Maty.
MAHOMERiE. f. f. Vieux mot, qui veut dire Mof-
quée , Temple chez les Turcs. Fanurn Turcicum , 5c
dans la balle Latinité Mahomeria , Mahumeria. Et
étoit le Mouftier en la Mahomcrie des Turcs, Joinv.
Et font fans trop grande crierie.
Dédier la Mahomerie. Guiart.
MAHOM. Mahomet; mort-mahom , parla mort de Ma-
homet, qui étoit un jurement, auquel les Croilades
avoient donné cours. Gloff. des pays du Roi de Nav.
MAHOMET, f. m. Nom d'homme. Muhammedes ,
Mahometus , Mahometes. L'Auteur de la Religion
Mahométane a rendu ce nom fameux. Il étoit de
la lie du peuple , fils d'un Payen nommé Abdalla ;
cé}.-3.(Xne , Serviteur de Dieu , Se d'une Juive qui
s'appeloit Emine , qui i'i2,nïhejidelle. Il naquit vers
la fin du VF iiècle. Il commença à répandre (a doc-
trine extravagante au commencement du VII*^ fiècle.
EnCzi. il fut obligé de s'enfuir de la Mecque , le
16 de Juillet. Ce qui fonda la fameiile époque de
l'Hégire, c'eft à dire, de la fuite , & mourut âgé de
65 ou 65 ans. Mahomet I. Mahomet II. Sec. l'onz
des Sultans des Turcb; mais Mahomet touc court.
1^
îvl A H
c'cftlcfaux Fiopliètedoiunous venons de pailcr.jWiz-
homet Fuc un homme iliperbe , ambitieux , .cruel ,
dcb.uichc à l'excès , ignorant , ne fîichant ni lire , ni
écrire , Se toUt à-fait indigne d ctrc l'Envoyé de
Dieu. ., v'.j;;, :.; : ■ •■ ■
Ce nom vient de non Hhamada , qui en Arabe
lignifie Louer, de lorte c[\ic Hahkammcd>, qui cdlc
vrai nom dont nous avons fait ALihomet , lignifie
■^l Louable, célèbre , famcuK. ^•sili'^ il .■!.. i--MJ,v
.MAHOMÉTA. Foyci{ Hahma ^^ & AbRUMET. '•. -
MAHOMÉÏAN , ANNE. f. m. & i Celui ou. celle :
qui hiir prokllion du Mahométidnc. Mahumctanus .
Les Mahomçtans reconnoiU'ent.que la Religion Juive
j, & la Religion Chrétienne font des Religions véri-
j, tables & divines. Comme le Baptême f;iit les Chré-
tiens , la Circoiicifion fait les YlfaAoOTeW^j , ou pour
parler en leurs termes, hiit les. Muiulmans , c'ell-à
direj FidcUes. Du Loir./?, i Sf. Les Mahometans
font incomparablement plus modeftes S< plus rel'pec-
tueux dans leurs Molquces , que les Chrétiens dans
les Eglifes. Voye\ le même Auteur , p. 14S, &c.
•_ yoyii\ Tavernier dans les Voyages.
•Mahométan., anKne. Eli aullî adjeftif. Mahometa-
nus , Muhhammedanus ^Muhhammedkus. La Reli-
gion Mahomécanc. Un ville y une armée Mahomé-
tane. Les Derviches j les Santons j les Abdals 6c les
Chcyks , les Torlaquis & Kalendres j font des Re-
ligieux Mahometans. Voyei^ Du Loir , Voyage du
Levant , Lettre V. Un Prêtre , un Curé Mahomé-
tan , s'appelle Iraan. Les Diacres Mahometans font
les Kodgias & les Talifmans. Id. p. 1^6 . Voye^
il d'Herbelot , Bibliotèq. Orient. Du Loir , Voyage du
\;_ Levant Lettre V'. Ricaud de l'Empire Ottoman,
i>- .Maraccio. Refutatio Alcorantfin'u
"MAHOMÉnSME. 1". m. Les ftntimens de Mahomet
;■ en matière de Religion. Mahumetïs ïmpïa religio ,
: Aîahometifinus. Les Turcs , les Perians , quelques
- Indiens , quelques peuples d'Afrique , & autres,
fuivent le Mahométifme. Le premier & le principal
t article de la croyance des Mahometans , eft fondé
f fur l'unité de Dieu , c'eft pourquoi ils diient fans
, ceife , // liy a point d' autre Dieu que Dieu. Ce
,• qu'ils ont pris del'Alcoran, où ces mots fe trouvent
iouventj// n'y apoint d'autre Dieu que lui; votreDieu
■ ' ejl feul Dieu ; Je fuis Dieu , & d n'y apoint d'autre
• . Dieu que moi. Ce premier axiome de leur Théo-
i ' logie femble avoir été pris des Juits , qui répètent
-..fans celle ces paroles du Deutéronome : Ecoute'^,
Jfraël : le Seigneur notre Dieu ejl un. C'eft pour-
quoi ils traitent d'Idolâtres ceux qui reconnoilîent
i- quelque nombre dans la Divinité. AullI une des pre-
t'mières inftru étions qu'ils donnent à leurs enlans ,
- eft que Dieu n'eft ni mâle, ni femelle ; & par con-
féquent il ne peut point avoir d'enfans. Cela eft tiré
de l'Alcoran. Le fécond article fondamental du Ma-
hométifme confifte en ces paroles , Mahomet eft
l'envoyé de Dieu i Ik par-là ils prétendent exclure
toutes les autres Religions , fous prétexte que leur
faux Prophète eft le plus excellent & le dernier des
Prophètes que Dieu devoir envoyer aux hommes :
& comme la Religion des Juifs a éré abrogée par la
venue de J. C. de même ils prétendent que la Re-
ligion Chrétienne ne peut plus fubfiftcr depuis Ma-
homet. Ce n'eft pas qu'ils ne confidèrent Moyfe
& J. C. comme de grands Prophètes ; mais ils
tiennent que Mahomet eft le Prophète par excel-
lence , qu'il eft ce Paraclet & Confolateur dont il
eft parlé dans l'Evangile.
Ce font là les deux articles fondamentaux du
: Mahométifme ; en forte que quand quelqu'un en
veut faire profeffion , l'on fe contente de lui faire
proférer ces paroles : // n'y a point d'autre Dieu
que Dieu j & Mahomet eft envoyé de Dieu. C'eft
fur cette Miflîon que leur croyance eft fondée.
Les Mahoniétans ont ajouté à ces articles celui
du bain , ou purification , à l'exemple des Juifs.
Ils ont en fi grande vénération ces iortes de puri-
fications , qu'ils femblent n'avoir retenu la circonci-
fion , que par rappon à la manière de fe laver ; car ils
M A H
■72
7
prétendent avec les Juifs, que fi la moindre partie
du corps demeuroit fans être lavée , le bain ne
vaudroit rien. Et c'eft principalement pour cette rai-
fon qu'ils le font circoncire , afin que la peau étant
coupée , la partie qui étoit couverte de cette peau
avant la circoncifion , puillc être lavée. Audi met-
tent ils la circoncifion .parmi les purifications.
La prière eft aulli une des cliolès auxquelles les
Mahometans font obligés-, &c ils la font cinq fois
le jour , pour fc diftinguer des Juifs qui ne la font
que trois lois. Il y en a qu ils regardent comme d'obli-
gation divine & de nécellitc , &c d'autres qui ne font
que de conleil & de bienféance. Celle de neuf heu-
res du matin n'eft point d'obhgation ; mais les priè-
res de midi , & d'après-inidi , font parmi eux d'o-
bligation divine. Ils font obligés d'obferver une infi-
nité de chofes , s'ils veulent être exaucés. S'ils par-
lent , ou s'ils rient en priant , leurs prières font
nulles. Il en eft de même s'ils pleurent tout haut ,
à caufc de quelque malheur qui leur foit arrivé , ou
piour d'autres railons, fi ce n'eft qu'on falTe men-
tion du Paradis , ou de l'Enfer. Ils font aulïï fur leurs
chapelets de certaines prières. Voye:^ Chapelet. Ils
croient , aulli-bien que les Juifs &c les Chrétiens ,
la rélurreétion générale à.es morts. Ils prétendent
qu'alors il viendra un Anti Mahomet j que Jésus-
Christ defcendra du Ciel pour le tuer , .& qu''il
établira la Religion Mahométane. A quoi ils ajou-
tent pluiieurs autres rêveries touchant Gog & Ma-
gog , & la bête qui doit fortir de la Mecque : les
montagnes voleront en l'air comme des oifeaux -, &
enfin les Cieux fe fondront & couleront en terre. Ils
difent néanmoins que quelque temps après Dieu
rétablira la terre ; & qu'enfuite il rellnfcitera les
morts , qui .'paroîtront tous nuds depuis la tête juC
qu'aux pieds ; mais que les Prophètes , les Saints , les
Doéteurs &: leis Juftes, feront revêtus d'habits , Se
portés par les Anges , & par les Chérubins au Ciel
Empirée.
MAHON. f. m. &: adj. Nom propre & appellatif. C'eft
un vieux mot qui s'eft dit autrefois pour Mahomet ,
& Mahométan. Mahumetes. Mahumetanus.
Vous penfe\ tenir le ferment à Mahon.
Chron. de B. du Guescl.
El nom Jéfu qui foffrit pajfion <
Qui nos preft force contre la gent Mahon.
R. DE Loherans
Voye-{ Gent.
Mahon. Voye\ Maon.'
Mahon. f. m. On nomme ainfi en quelques lieux les
gros lous de cuivre , ou pièces de douze deniers. M.
Ménage dans fon Etymologique, remarque j à la
fin de l'article Médaille , que dans le Boulenois ,
en France, on appelle les médailles anciennes des
Mago , mot qui paroît corrompu de celui d'imago ;
&c qu'on les appelle des mahons en Normandie.
Or nos mahons lont de la grolTeur des médailles de
grand bronze , & les demis reifemblent aux moyen-
nes. Si l'on y joint les liards fabriqués en même-
temps , & qui ont une marque toute femblable ,
on aura les trois grandeurs.
MAHONER. Terme bas & populaire , ufitc en Picar-
die : il lignifie , le battre à coup de poing. Pugnis
certare.
MAHONE. f. m. Sorte de vailTeau Turc en forme de
galère beaucoup plus petit & moins fort que les ga-
léalFes. Navium Turcicarum genus majoris modi , tri-
remis Turcica.
MAHOT. f. m. Arbrilfeau rampant qu'on trom'c aux
Antilles , Se qui croît dans les marais parmi les ro-
feaux. Il poulie une infinité de branches qui fe traî-
nent de tous côtés , & qui embarralfent fi fort le
chemin , qu'il eft prefque impoffible de marcher
dans les endroits où elles s'étendent , fi on n'y lait
un palTàge à coups de ferpe. lia quantité de feuilles
rondes , larges comme le fond d'une afllette , lilTes
& douces au toucher. Ses fleurs font jaunes ^ & prel-
728 MAI
•. que lemblables a celles des mauves mufquccs. Qnoi-
- que l'écorce de cet arbrilleau ioit allez cpaille , elle
- ell pourtant aifée à lever. On la coupe par longues
aiguillettes , qui fervent à faire des cordages aux ha-
bitans : elles font beaucoup plus fortes que l'écorce
de bouleau. On les emploie ordinairement à monter
les rouleaux de tabac. Kecrma Indica -tdU jolio ,
inji. rti hcrb. /00. il y a un autre arbrilleau qu'on
appelle Mahot d'herbe , qui eft plus droit que
l'autre , & qui a ïes feuilles plus longues : on s'en
fert au défaut du premier , mais il n'eft pas li fort ,
& il pourrit facilement.
^3" Les habitans de l'Amérique donnent le nom de
Mahot à plufieurs arbres qui croillent fur leur
continent , comme le Mangue ou Mangle blanc ,
le mahot coton , ou cotonnier. Voyei ces mots.
§3" Les terreins occupés par des mahots s'appellent
makotières.
MAHOUSA. Ville d'Afie dans l'Irac Arabique , lîtuée
à Nez , près de Bagdat.
MAHOUT. Foyei Malo.
A-IAHOUTS. {■. m. pi. Draps de laine dcftinés pour
les Echelles du levant , qui fe manufafturent en
Angleterre. Il s'en fait préfentement quantité en
France , particulièrement en Languedoc , Dauphiné
& Provence.
MAHU. Ville de la Chine , dans la Province de Su-
chuen , où elle a le rang de huitième métropole.
Maha , en langue Chinoife figniiîe le lac du Cheval ,
on prétend qu'on vit autrefois dans le lac voiliii
<le cette ville un cheval qui avoit la figure d'un
Dragon , & que c'eft ce qui a fait donner le mê-
me nom à la ville , au lac ^ & à la rivière voifine.
MAHURAH, ou MAHOURAT. Ville d'Afie, dans
l'Indoflan , à peu de diftance de celle de Cambaye.
MAHUT. f. m. Nom d'homme. C'eft un nom que
les Orientaux donnent à S. Barthélemi. Mahutus.
L'Obélifque de S. Mahut , ou de S. Barthélemi j
c'eft un Obélifque qui a été tiré des fondemens
d'un temple d'Uis , & que l'on a fait placer à Rome
<lans l'Eglife de S. Barthélemi. Mahuteus obelijcus.
Voyez le Cabinet du Collège Romain desJéfuites,
p. 12.
MAHUTE. Vieux mot qui fe trouve dans la fignifi-
c.ition de Bras. Il fe trouve aulli dans celle d'un
homme fot.
MAHUTES. Terme de Fauconnerie , qui fignifie le
haut des ailes près du corps , la partie des ailes des
oifeaux de proie , qui tient au corps. Ayls alamm
initia.
MAL
MAL f. m. Le cinquième mois de l'année, à compter
depuis Janvier , durant lequel le ioleil entre dans
le ligne des Gémaux. Malus , menfis malus. Je ré-
ponds de ma chafteté dans tous les autres mois de
' l'année; mais dans le mois de Mal , je n'en réponds
point. M. DE S. Les {uperfticieux font un grand cas
de la rofée de Mal. Bien des gens font Icrupule de
le marier au mois de Mal , comme un mois mal-
heureux. Cette fuperftition eft venue des Romains ,
qui célèbroient la fête des cfpiits malins Lémurlenne le
neuf du mois de Mal. Et c'eft à propos de cette ihz
qu'Ovide dit au cinquième Livre de fes Fartes ,
Nec yldui t&dls eadem , nec vlrglnls apta
Tempora ; qua nupfit , non dluturna fuit.
Hâc quoque de caufà ,fi te proverhla tangunt ,
Menfe matas Malo nubere vulgus ait.
Ce mois étoit perfonifié fous la figure d'un hom-
' me entre deux âges , habillé d'une robe fort large
& à grandes manches, qui porte une corbeille plei
ne de Heurs , & tient de l'autre main une Heur
qu'il porte à fon nez , ce qui peut avoir rapport
aux jeux Horaux. Le Paon qui eft à fes pieds mon-
tre par fa queue une image du.mois de Mal , temps
où tout fleurit dans la natute.
M A I
Papias dérive ce mot de Madlus , qu'on a dit dans
la balle Latinité -, eo quod tune terra madeat. Il y a
plus d'apparence qu'il vient de Malus. Quelques
Anciens -ditoient que ieanois de Mal tiroit fon nom
d'une déeHé nommée Mala , à laquelle ce mois écoit
corjlacré. Voye\ Maia.
|fcl? D^utres difent qu'il fut ainfi nommé par Romulus
en conlidération des Sénateurs & des pcrlonnesdif-
tinguées de la Ville, qu'on appeloit Majores; de
même que le mois fuivant fut appelé Junlus^ en
l'honneur des plus jeunes , In honorem junlorum. ■
\jAi, eft aufli un arbre ou gros rameau de verdure,
|C?" qu'on plante le ptemier jour de Mai à la porte
d'une perfonne de conlidération , pour lui faire
honneur. Malalls arbor. Cette cérémonie n'eft plus
en -ulage qu'à la campagne Se chez les Artifans.
Néanmoins les Clercs de la Baloche vont encore
planter folennellement un Mai dans la Cour du
Palais tous les ai-.s •, & les Orfèvres préfentoient à
la Vierge un grand tableau , qu'on appeloit le ta-
bleau de Mai , & qu'on attachoit ce jour là à la
porte de l'Églile. Ils ne le font plus depuis quelque
temps. En plufieurs villes on plante encore à préfenc
des Mais aux portes des Gouverneurs , des Évêques ,
des premiers Magiftrats , & même des Chefs des
quartiers , ce qui fe fait au fon des Tambours &
des Trompettes , avec décharge de mouiqueterie ; on
y attache les Armoiries de ceux à qui on les élève,
& on les pare de fèftons & de rubans. Les Impri-
meurs de Lyon en faifoient élever un devant la
porte du Gouverneur , où ils affichoient des vers ,
& imprimoient des placards , fous ce titre , le Mai
des Imprimeurs. Marot a fait des vers pour un Mai
des Imprimeurs de Lyon , planté à l'honneur du
fieur Trivulfe.
Mai , en termes de Marine , eft un grand efpace de
bois grillé par le fond , où l'on met égoutter le
cordage qui eft nouvellement forti du goudron. Fo'_
rus , forum.
Mai. En termes d'Economie ruftique , fe dit auflî du
fond d'un preflbir, où l'on met les chofes qu'on
veut fouler & pteifer, comme les raifins , les pommes ,
ou poires pilées , &c. pour en exprimer le fuc.
Prœll forum , foras.
Mai , f. f. Se dit encore d'un inftrument fait en ma-
nière de coffre , plus étroit par en bas , ou en demi-
rond , dont on fe fert pour pétrir ^fF le pain. On
l'appelle autrement huche, ou pétrin. Maclra 3 ma-,
gis.
Mai. F'oyei Mari
Llle de Mai. Maia Infula. C'eft une petite île dÉ-
cofle. Elle eft à l'entrée du golfe de Forth , près de
la côte feptcntrionale & du bourg de Carrail. Quel-
ques Géographes la prennent pour l'ancienne Emo'
nia , que d'autres mettent à S. Colme , petite île
fort avancée dans le golfe , & environ à une lieue
du bourg d'Aberdoure. Maty.
La rivière de Mai Maia Fluvlus. C'eft une grande
rivière de la Floride , dans l'Amérique feptentrio-
nale. Elle prend fa fource dans un grand lac , qui
eft dans les montagnes Alpalaches , traverfe la Flo-
ride Françoife , pafîe fort près de Saturioa , & fe dé-
charge dans la mer du Nord.
MAIA , f f. Terme de Mythologie. Nom d'une Nym-
phe , fille d'Atlas & de la Nymphe Pléion. Mala.
Elle eut Mercure de Jupiter. Et Cencius , Auteur
cité par Macrobe , difoit qu'elle fut femme de Vul-
cain. Voye\ Saturn. Llv. c. 12. La raifon qu'il en
apportoit , c'eft que la Flamine , ou Prêtre de Vul-
cain , faifoit un licrifice à cette déelfe le premier
jour de Mai. Mais Pilon , autre Auteur cité par Ma*
crobe au même endroit , foutenoitque la femme de
Vulcain fe nommoit Majejla , & non pas Maia.
An refte Macrobe diftingue Mala , fbmme de Vulcain,
de Mala , merc de Mercure -, & d'autres difoient
que le mois de Mai avoit pris fon nom de cette .
déefTe , & non pas de l'autre ; patce que tous lesL:^
Marchands otFroient ce mois-là des facrificesà Mala
Si à Mercure. Cornélius La^béo & d'autres, difent
que
M A I
que 1.1 Mala, à qui le mois de Mai ctoic conficrc ,
ctoir 1.x rciLc; & qu'elle portoic ce nom à laifonde
fa graadciu- & de (bu étendue , comme on l'appcloit
auUi Mater ma^^na , Grande dtejj'c , Grande mcre.
Us îe fondoien: ilir ce qu'on lui immoloit une
tniic pleine , qui étoit la vidime propre de la
l'crre.
Maia , croie encore une autre décile fille de Faune.
On lui o.flroit du vin , mais dans un pot à miel.
MAIADE. Foyci MAJESQ.UE.
fcr MAIADIN ,. i. m. Terme de relation. Monnoic
turque qui vaut environ 20 deniers de notre monnoic.
Thcvenoc die que le fequin turc vaut 70 maïadins ,
& le lequin vénitien yj.
MAJAGUANA. Nom d'une ile de l'Amérique. Maja-
guana. Elle cil: du nombre des Lucaycs, it htuéc au
nord de l'île Efpagnole.
MAIANIUS j MAIANIA j f. m. & f. Nom d'une Fa-
mille Romaine. Maianius , a. Il y a des médailles
Conliilaires , mais rares & en petit nombre, fur le(-
quellcs on lit c. maiani , ou félon d'autres c. maia vi.
Cette diflérente leçon vient de ce que le quatrième
& le cinquième caractère étant joints enfemble , &
n'en failant qu'un , on peur le prendre pour un A ,
&: une n , comme dans les médailles d'Antoine ; ou
pour un A & un v , comme on le voit quelquefois
dans le mot aug. En un mot , li l'on joint les deux
premiers jambages d'une n , par un trait horizontal
au milieUj quf fille un A j on pourra le prendre
ou pour AN , ou pour av. C'eft ce qui arrive ici.
Patin lit j*!Aianus , & il a pour lui une inlcription
. rapportée dans Gruter p. lxxxvi. n. 6. où il ell: fait
mention d'un Maianus Homerus , & d'une Maïana
ou Maïania Homeris ; mais s'il y a Maianius &
Malania , comme d'autres lifent, ce n'etl: plus une
preuve pour Patin. En lifant comme il fait an , (ur
les médailles en quefcion , cer Auteur croit que cette
^ fair.ille Maïana , ell la même que celle que les Tables
du Capirole appellent M^nia , ôc Mainia. D'autres
lifent Aloiavius , & trouvent lur ces médailles une
famille Maiovia.
MAIAVIUS , MAIAVIA. Foyei Meanius.
MAIBEU , f. m. Nom d'homme. Maymbodus. S. Mai-
bcu ^ Irlandois , fut malîacré par des voleurs près
d'un lieu nommé Dampierre , au Diocèfe de Be-
far.con. Chastel. au 2 f. Janv. Le P. Chifflet a
extrait la vie de S. Maibeu fur d'anciennes Chartes
de l'Eglife de Befançon. On la trouve dans BoUin-
dus: S. Maibeu ell titulaire de la Chapelle en laquelle
on conferve le S. Suaire à Bclançon. Id.
MAIDA. Nom d'un ancien Bourg des Bruticns. Maida,
anciennement Malanium , Melanium. Il eft dans la
Calibre ultérieure , lur la rivière d'Amato , à ti'ois
lieues de Nicaftro , vers le midi. Maida porte le titre
de Principauté. Mity.
MAIDAN , & MAYDAN , f m. Terme de Relation.
Non que l'on donne dans l'Orient, en Perle, aux
Indes , aux marchés , aux places , aux lieux où l'on
'tient le marché. Forum. On écrit Maidan Se May-
dan. Il y a un fort beau Maidan à Ifpahan , il elf
carré; d'un côté ell le Palais du Roi de Perfe : aux
, trois autres ^ il a des galeries couvertes , remplies
de boutiques où l'on trouve toutes lortes de mar-
chandifes.
MAIDIEU. Ancien ferment, qui vouloit dire , /«"ai/Tze
IDicu , ou m'aide Dieu.
MAIDIN , C. m. Foyei Meidin.
MAIDESTONE. Bourg ou petite ville du Comté de
Kent , en Angleterre. Madus , Madcjlonium , ancien
ncnient Vagniacum. Ce lieu a léance & voix dans
le Parlement, & il eft iitué fur la rivière de Méd-
v/T.y , à deux lieues au-de!ius de Rochefter. Maty.
MAIE , f. f. Dans quelques provinces on appelle la
maie des mefures , l'amas des gerbds qui font le
paiement des Moilonneurs pour leurs peines d'a-
voir moilTonné. Acervus manipulorum.
Maie , (. m. Nom d'une Fctc prophane qui fe célèbre
en Provence. Maia. Quelques Auteurs rapportent
M A J 729
la licence de faire la fctc ou réjouHrincc , qui fe fait
en beaucoup de villes de Provence , le premier jour
de Mai , d'habiller une jeune fille , comme une
déelib , qu'on nomme Mce , ou Maie , avec de
riches ornemens ^ &: de convier les pailans à lui
donner quelque pièce d'argent; fête &: réjouilfancc
qu'on croit être celle , qui anciennement étoit nom-
mée Majuma , dont il eft fait mention au L. XL du
Code , Tic. 4^. De Majuma Bouche , hifl. de Prov.
L. II. Scci. J. p. sus.
MAJE. adj. m. C'clt une épithète qu'on donne en
plulicurs provinces de France aux Juges qui prélî-
dent à une Jurifdiélion fubaltcrne , foit royale ou
autre. Major jude.x. Il y a pludeurs Juges majes en
Languedoc i il y a un Juge maje à Cluny , un Juge
maje à Amiens , Sic. Le Juge maje eft le Préli-
dcnt dans une Sénéchaulfée ou Préhdial ; ce qu'on
appelle ailleurs Lieutenant Général; à Paris au Châ-
telet Lieutenant Civil. On écrit plus communément
Mage. ^
MAIED. île d'Afie , dans l'Océan Oriental, fur la côte
de la Chine, à quatre journées de navigation de l'île
de Soborma.
MAIELLA. Montagne d'Italie, au Royaume de Na-
ples , dan TAbruzzc citérieurc , près de la rivière de
Pefcairc.
MAIECQUE. Foyei Majesque.
MAJENFELD. Foyei MEYENFELD.
MAIESQUE. f f. Terme de la Coutume de Béarn.
Droit de vendre feul Ion vin pendant tout le mois
de M.ai , à l'exclulion de toutes autres perlonnes. Jus
vini vendendi menfe maio , c£Ceris vini mercatoribus
cejfantibus. Le Comte Centule fe réferva le droit
de vendre fes vins &c fes pommades , ou cidres pro-
venant de les rentes ou devoirs pendant tout le mois
de Mai. Les Communautés de Béarn le fervent au-
jourd'hui du rerme de Maiefque , lorfqu'elles font
la délivrance de la Maiefque du vin à leurs Fer-
miers : car ce droit de vendre fon vin , privativement
à tout autre pendant le mois de Mai , eft un droit
domanial , appartenant au Seigneur Suzerain dans
les terres qui lui font immédiatement fujettes , Se
aux autres Seigneurs particuliers en leurs villages,-
qui eft nommé dans les Vieux tincs Maiade , Maienc-
que Se Maiefque , prenant fa dénomination du mois
de Mai. |t? Ce droit n'eft prefque plus uiité , parce
que les Seigneurs en ont traité avec les Communau-
tés , moyennant une petite redevance en argent , que
l'on appelle Maiade. On a aulTi donné le nom de
Majefque au contrat , que les Communautés dépour-
vues de vin pallent avec un Fermier , pour en faire
le fourniffement néceftaire aux conditions qui font
arrêtées entr'eux. Et comme ces fortes de monopoles
font détendues , ces contrats ne font valables qu'au-
tant que le Parlement en accorde la perniifllon. Voye^
M. de Marca, Hijl. de Béarn. L. IF. c. /7.
|CF MAJESTÉ J f f Grandeur augufte & fouveraine.
Caraétère de grandeur & de fupériorité qui fait ré-
vérer les puillances fouveraines. Majefias. Ce mot
défigne une chofe digne de notre culte. Il s'applique
proprement , & par excellence à Dieu. Les Anges
adorent Dieu, & tremblent devant fa Majefté àS.s\\\z.
On ne peut trop s'humilier devant la Maj efié à[\\\nç..
IP" On le dit aullî des Rois. La Afiz/«/?t-' Royale. Crime
de lèfe-M7/d/?c;' divine & humaine. Les Perfes n'ont
rien de plus facré que la Majefié du Prince Vau.
IP" La Majefté des Rois infpire plus de refpeél que
de tendrelfe. Fl.
§3° Les anciens ont aufll appliqué ce mot aux images
des Saints. TertuUien s'en eft fervi en parlant des
dieux des pavens.
^ Horace a dit à Augufte , Majefias tua.
âCF C'eft un titre particulier qu'on donne aux Empe-
reurs, aux Rois & aux Reines. Votre Majefié en
parlant à eux , en parlant d'eux , leurs Majefiés.
Votre Majefié , Sire, a ordonné... Plaife à votre
Majefté. . . dans les requêtes Se dans les placets. Sa
n
Majefié partit tel jour de Verfailles.
aux Empereurs Arcadius Se Fionorius l'inflitûtion ou I §3° C'eft aulîi un titre qu'on donne aux Rois vivans.
Tome F. Z z z z
730 MAI
& qui leur fert fouvent de nom pour les diftinguer. On I
appelle l'Empereur , Sa M.rj c/lé Impénile , &c quand
on lui parle, lacrée Aîajejlé. Le Roi de France s'appelle
Sa Alajeflé très-Chrérienne. Louis XL fur le premier
Roi de France qui prit le titre de Majejle , que l'Em-
pereur fcul portoit. Le Roi d'Elpagnej Sa MajeftéCa.-
tholique: celui de Portugal j Sa Majcjlé crès-tidelie.
Pour les autres Rois , on ajoute le nom de leur État.
Sa Majeflé Britannique , Sa jSlajeJté Polonoife , Sué-
doife , Danoile &c. pour àna le Roi d'Angleterre ,
le Roi de Pologne , de Suéde , de Dannemarck , &c.
^fT Quelques-uns ont auilî donné ce titre aux fouve-
verains pontifes. Pafquier a remarqué que nos pères
ufoienc de cette qualité avec beaucoup de lobriété,
& que le fréquent utage qu'on en fait prclentement
ne commença à avoir cours que (ous le régne
d'Henri IL II rapporte des lettres de S. Grégoire ,
qui écrivant aux Rois Théodebert & Théoioric,
les traire feulement à'Exccllence. Il fait aulli men-
tion d'une lettre de la Chambre des Comptes , la-
quelle parlant de la mort de Charles le Bel , rap-
pelle Monfieur Roi. Avant Charles - Quint on ne
donnoit au Roi d'Elpagne qiie le titre à'Alceffe. Aux
Etats d'Orléans on ne voulut point permettre à la
Reine Catherine de Médicis de prendre le titre de
Majejlé. Loy. A la paix de Munfter il y eut une
conteftation entre les Amballadeurs de l'Empereur ,
& ceux de France. Les premiers ne vouloient donner
que le titre de Sérénité au Roi de France , &: ceux
de France ne vouloicnt point non plus donner ce-
lui de Majejié à l'Empereur. On convint que le
Roi écrivant de fa propre main à l'Empereur lui
donneroit le titre de Majcfié ImpénaU , & récipro-
quement que l'Empereur écrivant au Roi , lui don-
neroir celui At Majcjlé Royale. Wicq. Sous la Répu-
blique Romaine , le titre de yV/i7/e/?t;'appartenoit à tout
le corps du peuple , & aux principaux Magillrats
réunis. En forte que diminuer , ou blelfcf la Majdjlé
de la République , c'étoit manquer de refped: pour
l'Etat , ou pour les Miniftres. Cette puiilànce ayant
palle entre les mains d'un feutj le nom à'i. Majeflé
fur transféré à l'Empereur j & à la famille Impériale.
Pline loue Trajan de s'être contenté du titre de
Grandeur^ 8c traire fort malles Princes qui ont atfedé
celui de MajeJlé. Cependant , c'eft le moins flatteur ,
& le moins menteur que l'ont pût donner aux Sou-
verains , puifque dans le fond il ne iîgniSoit autre
chofe que la Royauté, ou le fouverain pouvoir. Pasq.
§Cr Dans ce fcns le motdeiW^/e/?tf's'applique parexten-
fion aux Empires , aux loix , aux compagnies au-
guftes qui font revêtues du caradère de 1 autorité
publique. Alexandre Sévère difoit qu'en adoucillar.t
la MajeJlé de l'Empire, on la rendoit plus fuppor-
table. Abl Cette réponfe étoit digne de la MajeJlé
du Sénat. La Majcjlé du Parlement , des loix. La
MajeJléÀt la Monarchie Françoife, &c. Quelques-uns
prétendent que c'ell un folécifine de dire Votre Ma-
jeJlé zi\. maître , & qu'il frut conftruire le mot maître,
comme celui de vicloricux & de triomphant. Votre
MajeJlé eft v'iclorieujc. Les autres prétendent que
Fotre MajeJlé eft maître , eft beaucoup mieux que
Fotre MajeJlé eu. maitrejjc ; parce que les noms ap-
pellatifs fe conftruifent mieux avec la perfonne li-
gnifiée. Quoique^ maitrejjc paroille plus félon la
Grammaire, /na/Vre femble plus félon l'ufage. Bouh.
Le terme de MajeJlé ne s'emploie qu'en parlant
des Rois vivans , ou aux Rois vivans. Je ne fâche
que Varillas qui le dife en parlant des morts; par
exemple dans fon Hiftoire de Louis XL Sa Majefté
réfolut. Sa MajeJlé ïéçonAix. a l'Ambafradeur ; Sx
MajeJlé Angloife. Comme ce n'eft point la coutume,
cela choque le Ledleur.
On voit par un endioit de Marot que ce titre ne
fe donnoit pas feulement aux Rois , mais même à
d'autres Princes. Glojf. fur Marot.
Ce mot femble compofé de deux mots Latins ,
major , plus grand, &: Jlatus , état ; on le donne aux
Rois & Empereurs, parce qu'ils font le plus grands
entre ceux qui souvernent des États , ou qui
M AJ ,
ont un pouvoir fouverain. C'eft pour cela qu'il con- I
vient plus proprement a Dieu fcul , qui elt le Roi
des Rois , de tous les temps , de tous les Etats , &
de tous les liècles , duquel le Royaume n'aura ja-
mais de fin.
CCF Majesté, fe dit figurénient principalement dans
le difcours oratoire, en parlant des chofe; qui ont
un air de grandeur, qui artirent notre admiration,
& infpirentdu relpecl:. La MajeJlé du lieu où s'affem-
blent ceux qui font chargés du dépôt lacté des
Loix ... Le Palais du Louvre a un air de Ma-
jeJlé. On dit auflî du port , de la taille d'une per-
lonne grande & bien faite , qu'elle a un certain
air de MajeJlé. On dit aulfi , que des vers font
pleins de majejié , quand ils font graves , pom-
peux , &: quand ils contiennent un grand fens.
Sa vanité lui failoit trouver une fauffe majejlé dans
les écrits des Philofophes , qui lui donnoit du dé-
goût pour la limple & modefte fagellé des livres
facrés. Fl. Il y a beaucoup de grandeur &: de ma-
jejié dans ces paroles de Moyfe : Quela lumière foit,
& la lumière fut. Boil. L'éloquence le cède à la
poëiie pour la majejlé de l'exprellion. Abl.
Majesté , le dit aulli j d'un air grave & férieux avec
lequel on fait les chofes. La majejlé & l'amour ne
conviennent pas enfemble , difoit Agélilaiis.
Non bené conX'eniunt , nec in unâ Jede morantur
Majejlas & amor.
Majesté , le dit aulli burlefquement & ironique-
ment j à l'égard des gens de petite conlidération.
Hé bien pour avoir fait cette raillerie , eft ce que
votre majcjte s'en tient oftenfée t A-t-on choqué
votre majejlé?
On appelle , crime de Xh^c-majejlé , celui qui fe
commet contre la perfonne du Souverain , ou con-
tre l'Etat. Cnmen majejlatis. La connoilLince du
crime de ïèie.-majejle au premier chef appartient
au Parlement , privativement à tous Juges.
Crime de Vde-majejlé divine j eft l'impiété & le
blafphême qui s'attaque à Dieu même. Cnmen Uft
majejlatis divind:. On condamne toujours à faire
amende honorable dans les crimes de lèfe majejlé
divine & humaine. Les Latins j pour dire crime de
li-i'c-ma/ejlé , Se acculé de crime de \èCe-majejte ,
nous dilent limplement crime de majejlé , Se accufé
de majejlé. Pelisson.
Majesté. En Mythologie. Majejlas. Divinité des Ro-
mains. Ovide, au IIP. L. des Faftes j v. 2.^. & fui-
vans , dit que la Majejlé fut lille de l'honneur Se
de la révérence , que c'eft elle qui gouverne tout
le monde ; qu'elle fut grande dès qu'elle vint au
monde j qu'elle alla fe placer au plus haut du ciel
fur un trône ; que la pudeur & la crainte l'accom-
pagnèrent ; qu'aulîi-tôt tous les dieux fe formèrent
lur ellej & tâchèrent de prendre fon air.
Majesté , ou Majesta , f. f. Quelques anciens di-
foient que la femme de Vukain fe nommoit aulfi
majejla. Voyez Macrobe Saturn. Z. /. <r. /^. & ci-
dellus au mot Maia.
MAJESTUEUSEA-IENT. adv. D'une manière majef-
tueufe. Multd cum majejlate , pr^.Jlanciâ , excelkn-
tiâ , dignitate. Le Roi reçoit les Amballadeurs fort
majcjlueufement , avec un grand éclat , une grande
majefté. Ce Prélident prononce un arrêt bien majef-
tueufement. Il parle, il marche, il fait tout majejlueufe-
ment. La narration doit couler wûyf/A7£;i//^OTc'« comme
les fleuves , & non pas avec rapidité comme les tor-
rens. S. EvR. Conlidérez ces grands globes qui rou-
lent fl maj ejlueufement fur nos têtes. Abl.
MAJESTUEUX, EUSE , adj. Noble, grand, augufte,
qui marque de la grandeur, qui attire du relpecl:,
de la vénération ; Se le dit particulièrement de la
raine , du port , de la raille , de tour l'air d'une
perfonne. Auguflus , majejlate venerandus. Air ,
port , front majeflueux. Taille , démarche majef
tueufe. L'Eglife de S. Pierre à Rome a un air ma-
jef lieux. Corneille eft celui qui a f.iir les plus
M A J
beaux vers & les plus majejlueux. Un ftylc , ma
jeflueux.
La Majestueuse. Terme de Fleurifte. Nom d'un œil-
let qui eft un pourpre fur un fin blanc , la Heur
eft groHe , ik. fa plante vigoureuic : (on vert eli:
bien conditionné. Il ne lui fiiut lailler que cinq bou
tons. MoRiN.
MAÏEUL. r. m. Nom d'homme. Majolus. Saint
Maieul , quatrième Abbé de Cliuiy , fils de l'oucher,
l'un des plus puillans & des plus riches Seigneurs
de la Provence , vint au monde dans la petite ville
de Valenzo , au Diocèfe de Kiez , ou dans celle
d'Avignon, vers l'an 906. Il fut reçu en l'Abbaye
de Cluny par l'Abbé Aymard j vers l'an 945. Il
fut fuccellîvement Bibliothécaire , Apocrifiaire , &
vers l'an 948. ou félon d'autres 954. Abbé. Il mou
rut l'an 994. le onzième de Mai. f^oye:^ Hcnlché-
nius dans les ^cla Sancl. Mau , T. II. p. 6 sj- 6'
fuïv. les Acl. Sancl. Bencd. fie. V. tk Baillet au
onzième de Mai.
MAIEUR. f. m. On appelle ainfi en quelques endroits
les Chefs du peuple , &c des Communes. Major ,
major populi. Ce mot le trouve dans pludeurs Cou-
tumes. Ma'ieur des fiefs j c'eft celui qui juge en la
Cour Féodale avec les valÏÏrux. Maieur du métier ,
Maieur des poelfées. On écrit aulli & on prononce
Mayeur.
MAJEUR , EURE , adj. Qui eft plus grand , pkis fort j
d'une plus grande importance , plus conddérablc
qu'un autre. Major , pre&jlanùor , podor. Perlonne
ii'eft garant de la ioicc ma/eure , des faits du Prin-
ce , des accidens imprévus. L'Eglife a des excom-
munications majeures & mineures , des Fériés ma-
jeures, comme celle de la kmaine-lainre.
§CF On appelle force majeure , une force à laquelle
on ne peut réhfter.
|Cr On appelle caufes majeures des caufes d'une cer-
taine importance ; concernant la Religion & l'Etat.
Dans l'ancien droit canon on en diftingue trois
efpèces. Les unes regardent la foi ; les fécondes ont
, pour objet les points douteux & importans de la
difcipline -, les dernières regardent les Evcques ,
lorfqu'ils méritent la dépofition. Jean Gerbais en
a fait un Traité fur le Chapitre du Concordat de
Caufîs. Entre les Doéleurs , les uns prétendent que
dans les caufes majeures on peut appeler au Pape :
les autres foutiennent qu'en quelque cas que ce
foit j il n'eft point permis d'appeler. Il y a de fa-
vans hommes de part Se d'autre. M. de Marca &:
M. de Launoy , ont écrit qu'on ne doit point en
appeler au Pape. Le P. le Loup a réfuté M. de
Launoy. M- Dupin dans la DilTertation , de antiqua
HEcclefix, difcïplïna , a répliqué au P. le Loup. Il
foutient que par l'ancienne difcipline , Se félon les
Canons anciens j chaque Province jugeoit en der-
nier relfort : & que les Orientaux ont toujours cen-
furé les Occidentaux j pour s'être ingérés de con-
noître des jugemens portés en Orient. Il eft vrai
que depuis il arriva quelque cirangcment, êc que
ceux qui avoient été condamnés par les Conciles
Provinciaux , obtenoient quelquefois des Refcrirs
de l'Empereur pour faire revoir le procès dans un
autre Concile. D'autre côté j les Occidentaux voyant
que les Orientaux condamnoient quelquefois les
Orthodoxes , donnèrent dans le Synode de Sardique
le droit au Pape , non pas de recevoir des appella-
tions J mais le droit d'examiner fi la caufe méri-
toit un nouvel examen : auquel cas on lui donna
la permilTion d'envoyer un Légat pour alîîfter à
un nouveau jugement qui feroit rendu par les Evc-
ques de la Province voifmc. Cependant ces Canons
du Concile de Sardique n'ont point été reçus en
Orient J & ne l'ont été que fort tard en Occident^
les Evêques d'Afrique & des Gaules y réliftant tou
jours vigoureufement. Le Pape Léon premier , &
Grégoire le Grand j firent tous leurs efforts pour
faire valoir ces Canons , comme les Canons du Con-
cile de Nicée , & pour s'attirer les appellations ;
mais ils trouvèrent toujours de grandes oppofitions. |
Tome V,
M A J 731
Les Papes eux-mêmes ont reconnu qu'on ne pcu-
voic porter les caufes de France à Home ^ avant
que le Synode de la Province en eût jugé ; &: il
y a beaucoup d'exemples de Métropolitains con-
damnés dairs leur Province-, mais il arriva que fous
la troihèmc Race les Evcques fourtiircnt qu'on les
citât à Rome , & qu'on les y jugeât , contre les
anciens Canons reçus en France. Les Papes s'em-
parèrent du droit de juger en première Inftance
les caufes majeures à Rome , prétendant qu'elles
leur appartcnoicnt de droit divni. Le Concile de
Bâle tâcha d'y remédier ; & enfin le Concile de
Trente a attribué au Pape , à l'excluhon de tous
les autres , le pouvoir de juger les Evêques. Il eft
vrai que l'Egliic Gallicane a refulé de fe foumettre aux
Décrets de ce Concile qui regardent la Difcipline.
En effet J en 1569. le Parlement de Paris, ordoima
que le Cardinal de Chaftillon , comme Evêque de
Bcauvais , (croit jugé par (on Métropolitain , ik. par
les Evêques de la Province , (auf le rélpeét: qui eft
dit au Siège Apoftolique. L'Eglife Gallicane (ouffrit
pourtant qu'on donnât atteinte à fes libertés du
temps du Cardinal de Richelieu. Le Pape Ur-
bain VIII. députa quatre Evêques- de France pour
faire le procès à quelques Evêques de Guienne &:
de Bretagne , qui furent chalfés de leurs Sièges. On
blella encore la Dilcipline de l'Eglile Gallicane dans
l'aftaire de Janlénius, en (outFrant que le Pape pro-
nonçât en première Inftance. Les Evêques s'excufè-
rent furies difficultés d'affembler un Synode; mais
le Pape Alexandre VIL ayant nommé à la réqui-
fition du Roi , neuf Evcques , pour dépoler les qua-
tre qui refuloient de ligner la condamnation des
cinq propofitions , & cela feulement en qualité de
Commiffaires du Pape -, les Evêques de France firent
leurs remontrances au Roi & au Pape , déclarant
nettement que les Evêques ne pouvoient être jugés
que par douze Evêques choihs par la Province , le
Métropilitain préfidant au jugement. Le Roi eue
égard à leur requête , & la choie en demeura-là.
M. Du Pin prétend même qu'originairement les
caufes majeures dévoient être jugées par le Concile
de la Province, non-feulement en première inftan-
ce , mais aullî en dernier rellort. Il foutient qu'on
ne trouve aucun appel au Pape , ni même aucune
prétention là-dellus jufqu'au V^. ou VI=. liècle ;
mais depuis le V^. fiècle , les .appellations au Pape
fe mirent en u(age. Cependant on n'avoit pas tou-
jours égard au jugement du Pape , & les Evêques
failoient exécuter leur décifion nonobftant l'appel.
On en trouve des exemples julques dans le IX^
(ïècle. Quelques-uns ont cru que le Pape Inno-
cent XII. a donné atteinte aux droits de rEgli(c
Gallicane , en condamnant le Livre de M. l'Arche-
vêque de Cambrai des Maximes des Saints , par
ion Bref du 12 Mars 1699. lequel a été accepté
unanimement par tous les Prélats de la France. Ils
ont protefté qu'ils étoient en droit déjuger en pre-
mière inftance les caulcs de la foi. Voyc^ le Livre
de M. Hauteferre contre le Livre de M. Fevret , de
alufu.
Entre les fept Ordres Eccléûaftiques , il y en a
trois qu'on appelle les Ordres majeurs , ou abfo-
lument les majeurs , comme on appelle aulH abfo-
lumcnt les mineurs , ou les moindres les quatre pre-
miers, parce que dans les uns & dans les autres on
fous-entend toujours Ordres. Monfieur un tel en-
trera l'annnée prochaine dans les majeurs. Il va en-
trer dans les majeurs. Les Majeurs font le Soudia-
conat , \e Diaconat & la Prêtrife.
Majeur , fe dit auftî des Anciens ^ ou des Ancêtres»
Majores. Nos Majeurs qui ont fait les loix, étoient
aulli (âges que nous. Il faut fuivre les traces , mar-
cher (ur les pas de nos Majeurs. On ne le dit
plus. _ ^
Majeur , (îgnifie auflî dans le négoce des Echelles
du Levant , les Marchands qui font le commerce
pour eux-mêmes ; ce qui les diftingue des Com-
miffionnaires , Coages &: Courtiers. Ceux-ci appel-
Z z z 2 i j
3
M A J
M A I
lent aulH quelquefois leurs Commettans j Icuis Ma-
jeurs.
Majeur j en Juiirprudence , eft celui qui a acquis
l'âge Hxé par la loi du pays , pour ufer de tes
droits & pour pouvoir contracter valablement. L'gref-
fus annos alien.t tutcU ; egreffus viccnos quinos annos.
Par le Droit Civil on n'elî majeur c^\^' 3. zj ans. En
Normandie , le pays de iapience , on eft majeur a
20 ans. Les Rois de France font majeurs à 1 3 ans
& un jour , depuis l'Ordonnance du Roi Charles V.
On ne calfe point les contrats fait entre majeurs ,
s'il n'y a fraude ou léfion énorme. Le mineur re-
lève le majeur. On dit autl: au palais , majeur d'ans j
de celui qui a 2j ans. On appelle HUe majeure ,
ufante Se jouillluite de fes droits , celle qui peut
agir en JufticCj & difpofer de fon bien.
Majeur , eft quelquefois un furnom d'homme. Ainfi
nous appelons S. Jacques Apôtre fils de Zébédé , &
frère aîné de S. Jean 1 Evnngcliftc, nous l'appelons,
dis je, S. Jacques le Majeur, pour le diftingiier de
l'autre S. Jacques Apôtre , que nous furnommons
le Mineur. Ces furnoms ne viennent pas, comme
on l'avoit dit dans la première édition de ce Livre ,
de ce que le fils de Zcbédée étoir plus âgé que l'au-
tre S. Jacques , car on n'a rien de certain lur leur
âge ; mais de ce que celui-là fut appelé à l'Apollo-
lat plutôt que celui-ci.
Majeure, f. f. En termes de Philofophie, eft la pre-
mière propofirion du Syllogifme. Propojido major.
J'accorde la majeure , & je nie la mineure. Concéda
majorem , nego mïnorem. Q\\ l'appelle majeure ,
parce qu'elle doit avoir un fens plus étendu que
la propoiîtion mineure , & parce qu'elle contient
le terme le plus étendu , majus excremum. V<.y. i)YL-
rOGISME.
Majeure ordinaire ou fimplement majeure j fe dit
en Sorbonne de l'Aéle qu'on fait dans le cours de
la Licence , où l'on foutient tout le jour de la Lo-
fitive. 3p° Cette Thcfe doit contenir l'Ecriture-
Sainte , la Tradition & les faits hiftoriques de l'Hif-
toire Sacrée <?>: Eccléiiaftique. Elle commence à huit
heures du marin , & finit à iix heures du foir.
Les Archirecl:es appellent colonnes majeures ,
les grandes colonnes qui lont dans les faça-
des j qui régiirent les ordonnances , & qui font ac-
compagnées de colonnes mineures , ou beaucoup
moindres , qu'elles renferment. Columnn majores.
Majeur & mineur, adj. le dit en Mulique des con-
fonances qui diftérent entr'elles d'un demi ton. Il
y a des tierces & des llxtes majeures &c mineures.
Le ton majeur eft la diftérence de la quinte & de
la quarte , & le demi-ton majeur eft la diftérence
de la quarte & de la tierce majeure. Le ton majeur
furpalFe le ton mineur d'un comma. §3" La tierce
majeure eft compoice de deux tons. La tierce mi-
neure a un ton éc demi. Ut mi, eft une tierce ma-
■ jeure.
Quelques uns difent au Piquet , une tierce , une
quarte , une quinte majeure , au lieu de dire major.
■ Voyez ce mot.
On dit prendre les voix à la majeure , pour dire
fe dctetminer par la pkualité des (uftrages. Dans
les Tribunaux on prend les voix à la majeure ; fou
vent il (croit plus à propos de les recueillir à la
mineure : & cela eft bien naturel ; car il y a très-
peu d'efpiits juftes , & tout le monde convient
qu'il y en a une infinité de faux. Lettres Persa-
MES.
MAIEUR. Dans quelques villes fynonyme de Maire.
f^oyei ce mot.
MAIGNA , MAINA , & MOUGNA. Manière de
parler fort commune en Dauphiné ; elle iîgnifie ,
mes enfans ; & ce mot eft compofé de deux mots
Grecs , mot , Sc teneia qui ont le même fon en
cette langue. Chorier.
MAIGNÉ , ÉE. f. m. & f. ou adj. Puifné , c.ulet.
NarM minor. En la Duché de Bourgogne fut quct-
tion entre le fils puifné & la fille de l'ainé après
la mort du Duc Eudes ; la fille étoit mariée au fils
aîné du Comte de Nevers , & nonobftant la cou-
tume particulière de Bourgogne , où reprétentation
a lieu , le fils maigné y tuccéda par Arrêt. Ainfi
parle vers le miUeu du XIV^. fiècle , Jean de Mont-
fort contre Charles de Blois , au lujet de leur con-
teftation fur la Duché de Bretagne , Hiji. de Brec.
T. II. p. ^So. On dit aulii mainfné , d'où s'eft
formé maigné.
MAIGNEN. f. m. Vieux mot. Chaudronnier. On
l'appelle encore quelquefois ainll , quand on veut
faire peur aux petits enfans.
MAIGNIE. f. f. Vieux mot , qui fignifie tous ceux
qui compofcnt une famille , train , luite , maifon
d'un Seigneur , comme qui diroit maijbnie _, &: par
abrégé maifnie ; nous nous dilons aujourd'hui mé-
nage , familia , domus , comitatus. On a dit aulîl
mefgnie , mejgnée , mérite , mefnie.
MAIGiMIER. f. m. Vieux terme , qui figniSoit un
domeftique , ou familier , & plus communément ,
ceux des Eccléliaftiques. Alaygnerius , Mainerius ,
Magnerius. Dans l'aéle de celhon faite en 1558.
par le Chapitre de S. Maurice en faveur du Dau-
phin Humbert , de la garde de la ville & des châ-
teaux de Vienne , il eft fait mention exprelfe de
cette efpcce d'Officiers parmi ceux du Chapitre. Il
y eft dit qu'ils dévoient jouir des privilèges du
Corps que le Dauphin s'obligeoit de maintenir. On
peut attribuer avec quelque fondement l'origine du
mot Magnerius à celui de Mayneria , qui étoit
pris dans cette province ( Dauphiné ) pour ce qui
s'appeloit ailleurs Maifnada , Mainada , Mefnada ,
feu Familia , dont on a pu former enfuite celui
de Maygnerius , feu Familiaris , qui étoit le me- '
me que Serviens , ou Apparicor , Sergent , ou Be-
deau. Et c'eft le fens que Maygnerius a dans plu- '
fleurs aétes. Les fonétions du Alaygnier étoienr d'af-
figner, d'exploiter, &; mettre fous la main de Juf- I
tice , d'exécuter les ordres & les lettres des Cours
dont ils étoient Maygniers , telon leur forme &: te-
neur. Les fonélions du Bannier avoient quelque ;
rapport à celles du Maygnicr. Valbonn. Mém. pour 1
l'HijL du Dauphiné. c. 13.
MAIGNîNE. île d'Afie , dans la mer de Marmora, 1
fur la côte de la Natohe, devant le golfe de Poli- ,
meure.
MAIGNOAC. Nom d'un petit pays de la Gafcogne.
Manhoacus , ou Magnoacenfis pagus. Il eft renfermé
dans le Comté de Cominges -, mais on n'en lait pas
les bornes ; Caftelnau de Magnoac en eft le lieu prin-
cipal. Maty.
ïfT MAIGRE , adj. de t. g. Macer , macilentus. Qui n'a
point de grailfe , ou qui en a peu ; qui eft dans un
état oppofé à l'embonpoint. f^oye-{ ce mot , & Mai-
greur. Un tel devient maigre de jour en jour. On
acheté des chapons maigres pour les engraillèr. Bien
des gens n'aiment pas la viande maigre.
§3" Maigre , en terme de jardinage & d'agriculture,
fe dit d'un terroir (te & aride , qui rapporte peu.
Aridus , exfuccus. Le Gâtinois eft un pays maigre.
Il faut amander les terres maigres.
On appelle , jours maigres , les jours où l'Eglife
défend de manger de la viande ; comme le Carême,
les Vendredis, Samedis j &c. Dies quihus pr^cipi-
tur abjiinencia à carnibus. $3" On dit en ce fens,
un repas maigre , une loupe maigre.
Maigre, fe dit figurément en Morale, de ce qui eft
miférable , fec , aftamé. Jejunus , exfuccus , exilis.
On dit d'un ftyle , qu'il eft maigre Ik décharné ,
quand il eft fec , dur , quand il n'a ni belles ex-
prcftîons , ni belles penfées. Il ne faut pas que la
narration hiftorique foit maigre , Se décharnée. Le
PERE Lamy. On dit auilî , qu'un fujet eft maigre,
quand il eft ftérile , quand il ne fournit point d'oc-
cafion de dire de belles chofes.
Quoi ! pour un maigre Auteur que je glofe en paf
fant ,
EJl-ce un crime , après tout , & (l noir & fi grand?
Bon.
M A I
|ÎO° On dit aulll familiL-rcmcntj que deux hommes fc
font brouill-s poui un ruMi^re lujcr , poui- dire un
lujct léger j qui n en valoit pas la peine. Voilà im
maigre f'ujcc de rire. Faire maigre chcre , c'eH faire
mauvaife chère. Une maigre réception , une récep-
tion hoi'Jc.
|fcIF" En écriture , un caraftère maigre , eft celui qui cil
trop dclic, dont les traits ne font pas allez nourris;
graciUs.
IJCF En termes de Maréchallerie , un chcv.!l maigre cil
celui dont le ventre , au lieu de pouller cn-dchors j
rentre du côté des Hancs.
^fT Le mot de maigre s'emploie aulli adverbialement
en cette phrafe , étamper maigre , comme on dit
étamper gras. Etamper maigre , c'eft percer les trous
du fer d'un cheval trop près du bord extérieur ; &
érampcr gras j c'eft les pratiquer près du bord inté-
rieur. l''oye\ Etamper & Etampure.
Les ouvriers difent , qu'un Angle ell: maigre , lorf
qu'il eft trop aigu , comme ils appellent angle gras
celui qui eft plus grand que le droit , & que les
Géomètres appellent obtus. Ils difent aulîl , qu'un
morceau de pierre , ou tenon , eft trop maigre ,
lorfqu'on en a trop emporté en les taillant , & qu ils
font trop minces pour remplir juftement le trou où
ils doivent être pofés.
^3" Les Maçonsdilent que le mortier eft maigre j(\\x\nà
il n'y a pas allez de chaux mclée avec le lable.
ff^" En termes deConftruclion, on dit qu'un vaiire.ui
eft maigre , quand il eft relferré des côtés , qu'il
n'eft pas allez ouvert. Quelques vailFeaux ont été
bâtis lur la forme des poilîons avec un avant plus
. enHé , & un arrière plus maigre : mais ils n'ont
point réulîî. Lettre Jur /a confiruclion des vaijfeaux.
IJCJ" En Fauconnerie , on dit voler bas &c maigre. Voyez
Voler.
Maigre j fe dit proverbialement en ces phrafes. On
dit qu'une perlonne eft maigre comme un hareng
(oret , comme un Iquélette. On dit qu'un cheval eft
chargé de maigre ; pour dire qu'il n'a point de graille.
On dit aulîîj il revient de la Rochelle, il eft chargé
de maigre j'^ovit dire, qu'il a beaucoup jeûné, à caule
de la longueur du iîége ; d'autres difent que c'eft à
caule d'un poitlon nommé maigre , qui vient de ce
pays là. On dit aulïï _, à chevaux maigres vont les
mouches 5 pour dire , qu'on fait tomber les charges
plutôt fur les petits que fur les grands. On dir quand
on voit deux perlonnes fort diftérentcs fur l'embon-
point , que ce font deux chapons de rente, l'un gras
& l'autre maigre. On dit aulli , qu'un homme va du
pied comme un chat maigre ; pour dire j qu'il eft
bon piéton. On appelle par plaifanterie , maigre
échine , une perfonne qui eft maigre.
§Cr MAir,RE. f. m. C'eft lapai tic de la chair de l'ani-
mal , où il n'y a point de graille. Le maigre d'un
jambon. Donnez -moi du maigre Ac ce morceau de
bœuf. Faire maigre , manger maigre ; c'eft s'abftenir
de manger de la viande. A carnibus abfiinere. Les
Chartreux font maigre toute l'année.
%fT Maigre, f m. Nom d'un poilfon de mer dont on
vient de parler. Il a deux nageoires près des ouies^
deux fous le ventre, une au-delà de l'anus, & deux
fur le dos. La première de celle-ci eft garnie de huit
piquans. Dans le premier âge , il eft prefqu'en en-
tier de couleur argentée. En grandilfant , il devient
livide & noiritrc fur le dos & fur les côtés. Il pefe
jufqu'à foixante livres. Acad. Fr.
•MAIGRELET, ETTE. adj. Diminutif A^ maigre. Il fe
dit des enhns &c des jeunes perfonnes. Un enfmt
maigrelet. Une jeune femme maigrelette. Il n'eft que
du ftyle familier.
MAIGREMENT, adv. ^ N'eft point d'ufage au pro-
pre. Au figuré on l'emploie dans le ftyle familier pour
petitement. Modicè ^exiliter., tenuiter. Nous avons
été traités bien maigrement. Il a de quoi vivre , mais
bien maigrement.
MAIGRESSE. f f. Vieux mot. Maigreur.
MAIGRET , ETTE. adj. Diminutif de maigre. Suh
MAI 733
macer , fubmacilencus. Il eft un peu maigret. 11 eft fa-
milier.
MAIGREUR, f f Etat d'un homme ou d'un animal
dont le corps eft maigre. Macies , macror. ifT L'état
du corps où le tillu graiftèux fe trouve prcfquc dé-
truit , foir fous la peau , foit dans l'intervalle des
nuikles. Les cellules de ce tillu fe trouvant privées
de 1 huile qui doit les remplit, s'aftailient les unes
fur les autres , & ne laillcnt prcfque plus aucune
trace de leur exiftcnce. Le délaut d'alimens , un vice
particulier dans les digeftions , tout ce qui peut di-
minuer ou altérer les lues nourriciers , les maladies ,
&CC. font les caufes ordinaires de la maigreur.
j?3" On peut être maigre _, fans que la fanté en foit al-
térée. Les gens qui travaillent beaucoup, principale-
ment pendant les grandes chaleurs , ceux qui ont
des pallions vives , &c. ont communément peu d'em-
bonpoint, & ne s'en portent pas plus mal.
MAIGRIR, v. n. Devenir maigre. Macère , macefcere ,
macie conjîci. Ce malade maigrit à vue d'œil.
MAIGRI , lE. part. Macie confeclus.
MAIGUE , ou MÉGUE. f m. Petit lait^ ou lait clair ,
la partie féreufe du lait , qui en fort quand il fe
caille. On donne du maigue aux cochons. Ce mot
n'eft guère en ulage que chez les payfans. Sérum
laclis. Ménage le fait venir par corruption de maigre
de lait.
MAIGUE. f f. Poilfon de mer que les Latins appel-
lent Umbra , & mefga , ou thynnus. On l'appelle en
Italien Umbrino , tic fur les côtes de Gafcogne
Boomgat.
MAIL. L m. Ce mot eft d'une fyllabe , & n'a pour
voyelle que Va , qui eft bref, \'i , fe mouille avec 1'/.
Il a au pluriel, mails. Lu Jus tudicularis Jpkara mi-
noris. Jeu d'exercice , où l'on poulie avec force
Se adrelfe , une boule de buis qu'on doit fiire à la
fin palier dans un petit arc de fer qu'on nomme la
palle. Le Alail eft un jeu honnête auffi-bien que la
Paume. Il y a quelques endroits où l'on appelle ce
Jeu Pale-mail.
MaiLj fc dit aulîî de l'inftrument avec lequel on poulie
la boule, qui eft une petite malle de bois fort dure
&: ferrée , qui a un long manche 8c fort pliant. Ta-
dicula , tudes. Il eft venu en palfe en trois coups de
mail.
On appelle boule de Mail ^ la boule avec laquelle
on joue au Mail. Acad. Fr.
Mail , fe dit aulli d'une allée d'arbres battue & bordée,
& fermée de planches , dans laquelle on joue au
Mail. PaUJlra, velftadium tudicularis fph^riz mino-
ns. En beaucoup de villes on va fe promener aa
Mail. On a fait un MailAàns ce parc. Davilerveut
qu'un mail foit une allée d'arbres de trois ou quatre
cens toifes de long , fur quatre à cinq de large , bor-
dée d'ais attachés contre des pieux à hauteur d'ap-
pui , avec une aire de recoupes de pierre , couverte
de ciment , où l'on chalîê des boules de buis avec un
Mail ou maillet ferré à long manche. Le Mail de
Saint-Germ.iin-en-Laye eft un des plus beaux , parce
que les arbres qui le bordent , font de haute futaie.
Celui de Paris , eft près de J'Arfenal.
Mail , fe dit quelquefois pour MAILLET. Voye:^ ce
mot.
Mail. 1. m. Efpèce de ciment compofé de chaux vive ,
fufée au vin , de fuif de cochon , & de figue fraîche.
Maltha.
MAIL - ANSCHI. f m. Efpèce de Rhamnus , qui
croît au Malabar. On recommande la décoétion de
fes racines dans la goutte , Se celle de fes feuilles ,
avec du fucre , dans la jaunilfe. On prend aulïï ces
feuilles feules dans du lait -, le fuc qu'on en exprime,
mêlé avec du lait de vache & du fucre , fait éva-
cuer les urines blanches & purulentes. Ray j Htjl.
Plant.
MAIL-ÉLOU. f m. Grand arbre du Malabar -, qui eft
toujours vert , Se qui poite Heurs & fruits en même-
temps , & même deux fois l'année. On fait de fes
feuilles Se de fon écorce broyées Se bouillies dans
une infufîon de riz, un apozcme qui palfe pour un
734 MAI
•très - bon ïemè-de dans les doirleuis qui luis'cnt r.ic-
couchement , qui expulfe l'aLTière - faix , & facilite
les vidanges. Foyc^i les Dicl. de James. Arhor haccï-
fera , tnfolia , MaUibanca , fimplici officulo , cum
plurimis nudcïs ^ Lufitanïs Cardia.
MAILLARD. (". m. Nom d'homme. Malardus. S. Mail-
lard de Chartres foufcrivit au troilieme Concile de
Châlons , avec trente-huit autres Evcques , fix dépu-
tés d'abfens , iîx Abbés , & un Archidiacre. Quel-
ques uns dilent Malard ;nyî\s l'ufage a changé ce mot
en celui de Maillard , Vi fe mouille avec les deux // ,
& Va clf long.
MAILLE, f. f. L'a eft long, & l'i le joint avec les deux
II, pour les mouiller. Pente monnoie de cuivre va-
lant Ja moitié d'un denier. Sejcuncia , obolus , dena-
rioli femis; dans la balle Latinité, malUa. Il y a eu
aulli des jjiailles blanches battues l'an 1503 , fous
Philippe le Bel. La maille &i l'obole étoient la même
chofe , & ne valoient que la moitié du denier ; c'ell:
pourquoi il y avoir des mailles Parijis , & des mailles
Tournois. Il y avoit aulli des demi-mailles. Le Bl.
Il eft parlé de mailles blanches dans le if Se 14^
lîccle. Les mailles de Meun fur Ycvre fabriquées par
ordre de Robert d'Artois , étoient de trois dcn. 6 gr.
de loi d'argent du Roi , & du poids de 20 fols au
marc de P.aris.
Ce mot fignifie quelquefois une monnoie de peu
de valeur. Sur ce marché vous ne perdez pas la
maille. Cette marchandife ne vaut pas une maille.
On ne rabattra pas la maille de ce qu'on vous a dit.
Il fait rendre compte à fon Faâeur jufqu'à la der-
nière maille.
Du Cange dit qu'il y a eu une maille d'or , qui
étoit une monnoie de Conftantmople. On trouve
dans l'Ordonnance des vieilles monnoies , qu'il y
avoit du temps de François I. une monnoie d'or ,
en forme de petit écu d'or , qu'on appeloit maille de
Lorraine , qui avoit cours en France pour 33 lous
6 deniers , & pefoit deux deniers quatre grains. Cette
maille avoit d'un côté pour figure la tête d'un Duc
de Lorraine , & de l'autre côté elle avoit une croix ,
& d'autres pièces dans Ion état. On a appel.: aulîî les
pites j mailles Poicîevines , mafcula Piclavienjïs , ou
mafcidus Pïclavienfis : ce nom Latin fut donné a
cette monnoie par les Notaires & les Ecrivains igno-
rans, lefquels entendant prononcer majle ou. mâle ,
au lieu de maille , rendirent ce mot par celui de maf
culus , dans les aéfcs qui fe failoient en Latin.
Ménage dérive le mot de maille de mafcula ; mais
il y a plus d'apparence que ce mot vient de macle ,
terme d'Armoiries , ou de la maille des filets , qui
■ont la même figure, puifque Borel dit que la maille
ctoit autrefois carrée , lelon Clérac , au traité des mon-
noies ; & d'ailleurs le mot Latin mafcula , ou mafcu-
ius , vient de celui de mâle j qu'on difoit pour maille.
D'autres difent qu'elle a été ainli nommée , à caufe
qu'elle étoit faite de cuivre , ou de bas billon ; que
dans les monnoies on appelle métal. Du Cange pré-
tend que ce mot eft dit par contradion de medalia.
Voye-{ MÉDAILLE.
Maille, en termes de Monnoie , eft la cinquième divi-
f.on du poids de marc , qui contient 3 xo mailles. C'eft
la moitié d'un eftelin.
Maille d'or. Terme de Coutumes. Le droit de maille
d'or, eft un droit dû au Seigneur en quelques en-
droits , pour la garde des Foires.
Maille , lignifie aulli l'ouverture qui demeure entre
les Ouvrages de fil, de ficelle , de laine ou de foie,
qui font noués , ou tricotés. Macula. Les mailles d'un
filet , d'une raquette. Le tramail eft fait de trois ibr-
I tes de mailles , de deux grandes , & d'une petite
. maille dans la nappe qui eft au milieu. Les Ordon-
nances des Eaux &c Forêts règlent les ouvertures des
mailles des filets. Du temps de S. Louis , il filloit
qu'il y pût palier un gros tournois de plat. Les bas
de foie ont des mailles fort ferrées. Les Ravaudeules
reprennent les mailles d'un bas de foieiî proprement ,
qu'il n'y paroît pas.
1\Iaii.le , fe dit aulli des ouvertures qu'on lailFe dans
MAI
un treillis de fer. La Coutume de Paris , art. 20 ,
parlant des fenêtres à fer maille', veut que les ou-
vertures n'excèdent pas quatre pouces. ftC? On appelle
aulli maille , en jardinage ■, les aires ou efpaces qui .
iont entre les fils de »cr qui tout un rezeau , ou entre
les échalas qui forment un treillage. Daviller dit que
la grandeur ordinaire de chaque maille eft de quatre
à cinq pouces en carré peur les berceaux & cabi-
nets -, de lix à fcpt , &c de neuf à dix pour les échalas.
Maille , fe dit aulli du tillii de plufieurs filets de fer ,
ou petits annekts de fer , dont on faifoit des armures.
Fibula , hamulus , hamus. On portoit autrefois des
chemifes de mailles , des Jacques de mailles , lorica.
conferta hamis , fous le pourpoint , fous la cafaque,
pour fe défendre de l'épée & du poignard. On fai-
foit auffi des gants de mailles. Cotte de mailles. Hau-
bergeon fait de mailles.
Ce mot vient de macula , ou de macla ; ce qui
s'eft dit tant des mailles de chaînes , que de celles
des filets , de celles des hauberts. Du Cange.
Maille , en termes de Blafon, lignifie une boucle ronde
ians ardillon. Annellus.
Maille , en termes de Monnoyeurs & d'Orfèvres ,
fignifie un petit poids qui vaut deux félins , ou la moi-
tié d'un eftelin. C'eft la quarrième partie d'une once.
UnciA triens.
Maille , terme de Chalfe , fe dit auflî du changement
de couleur qui arrive aux plumes du perdreau , quand
il devient fort & qu'il fe couvre de mouchetures.
Plumaria macula , tejjera. Ce perdreau prend maille.
Le p. Pommey. l'^oye\ Mailler.
Maille, eft aulli une tache ronde qui vient fur la pru-
nelle de l'œil , dérivé du même mot macula. Argema.
L'Italien dit macchia d'occhio.
Maille , en termes de Jardinage , fe dit de l'œil ou nœud
d'où foiT le fruit des melons , des concombres & du
raifin. Voye-{^ Mailler. Gem^ma.
Maille , en termes de Marine , ie dit aulîî de la dif-
tance qu'il y a entre les membres d'un vaifteau. In-
tcrlaterium. Maille fe dit encore d'un menu cordage ,
ou d'une ligne qui fait plufieurs boucles au haut d'une
bonnette, & qui fert à la joindre à la voile. Funiculus
anncllatus.
Maille ,. fe dit proverbialement en ces phrafes. On
appelle un pince maille , un homme fort attaché à
fes intérêts. On dit qu'une choie vaut mieux un écu
qu'elle ne valoit maille , quand on l'a beaucoup amé-
liorée. On dit aulli que des gens ont toujours maille
à partir enfemble ; pour dire , qu'ils Iont en une dif-
fcnlion perpétuelle. On dit aulli qu'un homme n'a ni
denier , ni maille , qu'il n'a pas vaillant la maille ;
pour dire qu'il eft fort gueux. On dit aulli qu'un hom-
me fait la maille bonne -, pour dire , qu'il garantit que
le compte y eft jufqu'à une maille. On dit aulli , maille
à maille fe fait le haubergeon ; poiu" dire qu'il faut
faire les choies l'une après l'autre.
Maille. Nom de lieu. Malliacum Turonum. Il y a deux
lieux de ce nom en Touraine; l'un dans une lie de
la Loire au delfous de Tours , célèbre par un Monaf-
tère où repofoit le corps de S. Solenne : &c l'autre fur
la Vienne , au delfus de l'île Bouchard. 'Valois , NoU
G ail. D, 314.
MAILLÉ , ËE. part. & adj. Murus teffellatus. Il y a
une forte de Maçonnerie particulière , qu'on appelle
Maçonnerie maillée ; elle fe fait en échiquier , &• fes
joints font obliques. Il y a aulli ter: maillé- 'Voyez Fer.
MAILLEAU. C m. Petit inftrument de bois en forme
de maillet , qui fert au . Fondeurs de draps pour
faire mouvoir celui des deux couteaux des forces à
tondre j que l'on nomme le mâle. Quand le mail-
leau n'a point de manche , on lui donne le nom de
ciireau.
MAILLEBOIS. MalU Bofcum. Seigneurie de France
dans le Timerais , au Diocèfe de Chartres , dans l'E
ledion de Verneuil.
MAILLER. V. a. Armer de w^i/Zw. 'Voyez Maille. Ce
Cavalier s'étoit maillé pour aller au combat. Il faut
mailler les chiens à la chalfe du langlier.
Mailler , le dit en termes de Challe des perdreaux ,".
M AI
M A I
I
quand il leur vient des mouclieturcs , ou madruics.
Les pcidicaiix ne font bons que quand ils lont mailles.
Alors il cil réciproque. Les perdreaux le maillent ,
comniLi-Lent à fe mailler.
Mailleu. 7. n. Eft un terme ufité parmi les Jardiniers ,
pour hgniîîer pouUer des bourgeons. Ccrmïnare ,
Gemmas producere. Le raifin blanc maille bien plutôt
que le noir. Luer.
Liger prétend qu'en ce fcns maille Se mailler
fignidcnt tache & tacher , parce qu'il ne naît rien
dans les végétaux , qu'auparavant ils n'en donnent
des marques.
Mailler. Autre terme de Jardinage , Efpacer des écha
lats montans , traverlans par intervalles ég.aux , car-
rés j ou en lozangc pour les treillages.
On dit aulîî mailler, en fait de Jardinage , pour
faire un parterre d'après un dellîn. C'cll propre-
ment d'après un petit dclîîn de parterre graticulé ,
le tracer en grand par carreaux en pareil nombre,
fur le terrain.
Mailler une toile de Baptiftc. C'eft la battre' fur une
pierre de marbre avec un maillet de bois bien uni ,
pour en abattre le grain & lui donner un œil plus
Hn.
MAILLET, f. m. l'a eft bref, \'i fe mouille. Mar-
teau à deux tètes, ordinairement de bois, qui lert
aux Menuificrs , Tonneliers , Tailleurs de pierre ,
aux Fendeursde bois, & à plulîeurs autres Ouvriers.
Malleus , tudes ligneus biceps. Les Sculpteurs tra-
vaillent avec le maillet Se le cifeau.
Maillet, dans l'Art Militaire. Les François fe
font fervis de cette arme dans les combats , en 1551.
à la bataille des Trente , fi rameule dans l'Hiftoire
de Bretagne , ainll nommée du nombre des combat-
tans , qui étoient trente de chaque côté, les uns du
parti de Charles de Blois Se du Roi de France , & les
autres du parti du Comte de Montort & du Roi
d'Angleterre , on fe fervit du maillet.
La Populace de Paris, fous Charles VL força
l'Arfenal , & en tira quantité de maillets , dont elle
s'arma pour alfommer les Commis des Douannes ,
ce qui leur fit donner le nom de Maillotins.
Ce mot vient de malleolus.
Maillet de Calfat. C'eft un maillet pour calfater ,
qui eft emmanché fort court , & qui a la malfe fort
longue & menue , avec une mortoife à jour de
chaque côté , &c qui a les tètes reliées avec des cer-
cles de fer. Rimarum nauticarum obturatoris malleus.
Maillet d'Artificier , eft une malle de bois dur Se pc-
fant , proportionnée à celle de la tufée dont elle
'. : doit fouler la compofition à grands coups ; ainli
chaque moule doit avoir fon maillet.
On appelle Maillets, en termes de Blafon, les
marteaux de bois , dont plufieurs chargent leurs
Ecus : mais on les appelle mailloches , quand ils
font de fer, &c plus petits que les maillets. Mal-
leoli.
§3" MAILLETAGE. f. m. Terme de Marine. On ap-
pelle ainfi la furface du doublage de la carène d'un
vaiileau recouverte de clous.
|3° MAILLETER. v. a. Terme de Marine. Couvrir
le doublage du vaillèau de clous fort près les uns des
autres , &: de façon qu'il en foit entièrement garni ,
pour empêcher les vers d'y mordre. Manœuv.
MAILLETON. f. m. Vieux mot. C'ejl , dit Nicot,
un nouveau jeclon qui eft forti du bois ou ferment de
l'année précédente , & eft appelé mailleton , parce
qu'en la partie & endroit d'où il eft coupé du vieil
ferment , il rejfemble à un petit maillet.
MALLEZAIS. Valois écrit MAILLEZAY , mais mal.
La dernière fyllabe eft ouverte. Petite ville de Fran-
ce. Malliacum Piclonum. Elle eft dans le Poitou ,
au confins dupays d'Aunis , à quatre ou cinq lieues
de Niort , du côté du couchant. Malle\ais a un
Evêché j qui fut transféré à la Rochelle l'an 1648.
Maty. Valois croit que Malle-^^ais a pris ce nom
de quclqu'uri nommé Alallius. Voy. Not. Gall.
p. 313.
Le Pape Jean XXII. divila en trois le Diocèfe de
-^sr
/
Poitiers, y érigeant en Evcché les deux Abbayes de
Maillerais Se de Luçon. Celle de Maillciais avoir
ete fondée l'an lo-o. par Guillaume V. L'uc d'A-
quitaine en l'honneur des Apôtres S. Pierre Se S
Paul. Le Pape érigea ces deux Evcchés par une
Bulle du I \ d'Août 1 3 1 7. Se il donna les deux nou-
veaux Evêchés aux Abbés des mêmes Eglifcs, celui
de Maillerais à Gcoflioi Ponerelle. L'Evèché de
Maillerais fut tranféré à la Rochelle en 1 648.
MAILLIER. f. m. Artitan qui fait des armes compo-
fees de petites chaînettes ou mailles de fer. Cet
Ouvrier s'appelle Chaineticr.
MAILLIERE. f. f. Vieux mot qui fignifie la même
chofe que MARLIERE. Voye^ ce mot.
MAILLOCHE, f. f. Petit maillet de bois, ou fimple-
ment maillet de bois. Ligneus malleus , malleolus.
En termes de Blafon , on appelle mailloches des
petits maillets de fer.
,?Cr MAILLON, f. m. Terme de Chaînetier , fyno-
nyme de CHAÎNON , fe dit de chaque portion du
tilh.! qui forme une chaîne flexible. La chaîne fe
forme par l'allemblagc de plufieurs maillons ou chaî-
nons, f^oyer ce mot.
Maillon. Terme de Gazier. Efpèce de petit anneau
d'émail qui dans les métiers des Fcrraiidiniers-Ga-
ziers fert à attacher les lifettes aux plombs.
Maillon. Vieux mot. C'eft une efpèce de nœud , que
font les Jardiniers, quand ils lient avec de l'ofier,
les perches Se la vigne d'une treille. On a dit aullî
maillon , pour dire le maillot d'un enfant.
MAILLOT, f. m. Couches Se langes dont on enve-
loppe un enfant à Ca. nailFance , Se pendant fi pre-r
inière année. Panniculi , panni ,incunabula. Cet en-
fant eft encore en maillot. Mettre un enfant dans
fon maillot , lui ôtet fon maillot.
MAILLOTIN. f. m. Vieux mot , qui fignifioit une
arme ancienne , une efpèce de malle de bois ou de
fer , qu on portoit pour enfoncer les cafques Se les
cuiralîes. Tudicula. Il y a eu une faclion en France
qu'on appeloit des Maillotins. Voye^ Maillet.
MAILLURE. f. f. En termes de Fauconnerie , fe dit
des taches , mouchetures , ou diverfités de couleurs
qui font des efpèces de mailles fur les plumes de l'oi i
feau de proie. Teftéllataplumarumfuperfiùes. On les
appelle aulli émaillures Se tavelures. Celles de devani;
s'appellent Paremens.
MAILLY. Nom de heu. MaHiacum, ad Vidûlam. Il eft
fur la Vêle près de Reims en Champagne. Valqis ,
Not. Gall. p. 6 0 3.
MAIMACTERION. 1'. m. Terme de Calendrier. Nom
du cinquième mois des Athéniens , qui répond à-
peu-près à notre mois d'Oélobre.
Ce nom vient de celui de maimacle , qui fignifie
impétueux , turbulent , Se qu'on donnoit à Jupiter.
MAIMBEUF , ou MAIMBEU. f. m. Nom d'homme.
Magnobodus. Sainï Maimbeuf , Evêque d'Angers.
S. Mainbeuf vïnv au monde vers l'an J74, dans
l'Anjou , de parens des plus confidéiables de la
province. En 60;. il fuccéda à S. Lézin dans l'E-
vêché d'Angers. Il alîîfta l'an 6ij. au Concile de
Reims , & mourut, comme on le croit, le 16 d'Oc-
tobre de l'an 654. après un Epilcopat de 48 ans.
Bailler jû« 16 d Octobre.
MAIMONT, ou MÉMONT, Nom de lieu. Magnus
mons j Grandis mons. il étoit en Touraine. Valois ,
Not. Gall. p. 3S4-
MAIN. f. f. Partie du corps de l'homme qui eft à l'ex-
trémité de fes bras , & que la nature lui a donnée
pour fervir à diiférens ufiges. Manus. Les mains
font un tiflu de nerfs &: d'oifeîets enchâflés les uns
dans les auties, qui ont^ toute la force Se toute la
fouplelfe convenable pour tâter les corps voifins ,
pour les fâifirjpour s'y accrocher, pour les lancer,
pour les attirer , pour les repoulTcr , pour les démê-
ler , pour les détacher les uns des autres. Fénelon. La
main droite , la main gauche. Dextra , Uva ,finiftra.
On dit le plat de la main , le revers de la main. Ces
beaux monumens font échappés aux brutales mains
des Barbares qui ont ravagé l'Empire. La Chap,
ll^
M A I
M A I
Les Turcs fe fervent d'une main pour cuiller &
pour fourchette, & du creux de l'autre pour allktte ,
avec laquelle en même-temps ils reportent le man-
ger à la bouche. Du Loia , ^. i68.
Bérénice cft charmante , & de Ji belles mains
Méritoient de porter kfceptre des humains. Rac.
La Main, en termes d'Anatomie, s'étend depuis l'é-
paule jufqu'aux doigts , & fe divife en trois parties.
La première s'étend depuis l'épaule jutqu'au coude ,
& s'appelle proprement bras. Humérus, brachium.
La féconde , depuis le coude jufqu'au poignet , &
s'appelle Xavant-bras ; 3c la troifième la mai/i pro-
prement dite. Celle ci fe divife encore en trois par-
ties ; l-i carpe, qui eft le poignet, le métacarpe,
qui eft la paume de la main , que les Latins ap-
pellent Fola ; Se enfin les cinq doigts. Ces mots
font expliqués à leur ordre. Il y a plulicurs nerfs fe-
més par toute la main , qui fe dilhibuent dans di-
vers mufcles qui font l'organe du mouvement vo-
lontaire. Les petites bolfettes que font la peau &
la charnure de la main , s'appellent monts , (ur lel-
quelles les Chiromaciens font diverfes prédidtions ,
& ils les rapportent aux fept Planettes._ Us confi-
dèrent aulli les lignes , ou incifures qui font dans la
main, dont il y en a 14 principales. F'oy. Mont,
& Ligne. Chez les Egyptiens la main eft le fym-
bole de la force. Chez les Romains c'eft le fymbole
de la foi , & elle lui fut conficrée par Numa. Une
main qui jette des cendies fur un brader ardent ,
avec ce mot Teget tien extinguet, eft une devife
qui marque que le fouvenir , la gloire des grands
hommes fe conferve fous les cendres du tombeau.
^fT Ce terme a une infinité d'acceptions diftérentes,
tant au propre qu'au figuré , dans le ilyle noble &
dans le familier. Nous en marquerons ici plufieurs.
On trouvera les autres fous les articles particuliers.
En Chirurgie , on appelle main de Fer , une
main artificielle que les Chirurgiens appliquent au
bras dont la main a été coupée. Manus arte facla.
Elle a prelque tous les mouvemens de la main ordi-
naire par les moyens des pignons j broches, gâchet-
tes , étoquaux , boutons & rellorts -, dont la figure
& la defcription fe trouvent dans les Œuvres d'Am-
broife Paré.
Main , fé dit auOî en parlant de quelques animaux ,
comme les finges , les ours , les firènes. Pedcs an-
tici j priores , anteriores. La trompe fert dï main
aux éléphans.
-Main, en termes de Fauconnerie j fe dit proprement
du faucon , duquel on dit qu'il a la main habile,
■ gluante , fine , bonne , forte , déliée Se bien on-
glée j qui font les bonnes qualités , & au contraire
qu'il a la main gralTe & charnue , &c. Accipitris
pes , manus. On dit auili les doigts Se fes ongles,
fi ce n'eft que les ongles des doigts de derrière s'ap-
pellent les Avillons. Pour les autours ^ les éperviers
mouchets & pies-grièches , on dit le pied Se non pas
la main. Et pour les aigles , on dit les griffes , &
leurs ongles s'appellent crochets. Digiti uncati ,
falcati.
Main , fe dit figurément en chofes fpiriiruelles Se mo-
rales , pour Puillancc , vertu. Tous nos jours , tous
nos biens (ont en la main de Dieu. Il huit reconnoî-
tre l'ordre & la main de Dieu en toutes choies.
Nie. L'homme , le monde , eft l'ouvrage de (es
. mains. Dieu a appefanti fa main fur les coupables.
La mort de ce Tyr,ui eft un coup de la main de
Dieu.
IVIain , fe dit aufll de la compofition des Ouvrages.
Voilà un livre anonyme qui part d'une bonne main.
Docla manus. C'eft une main hardie qui a lait cette
voûte, cette ttompe qui paioit iufpendue en l'air.
Audax.
Main , fe dit auftî eii parlant de l'éducation d'une
perfonne , des enleignemens qu'on lui a donnés.
Difciplina ,inlHtutio , educatio. Ariftote a été inftruit
■ -de la main de Platon. Cet homme a pailé fa jeunellc
fous la main d'un tel , il eft formé de fà main. Il lui
a mis la main kir le luth , il lui a mis la plume à la
main , les armes à la main , pour dire , il a com-
mencé à lui enteigncr à jouer du luth, à écrire, à
faire des armes.
Main , fe dit aulli de la part , du côté d'où vient quelque
choie. Pars. Il haut recevoir toutes nos aftliâions
comme venant de la main de Dieu, bénir tout ce
qui part de fi main. Cette nouvelle eft fort sûre , je
la tiens de bonne main. On doit prendre en bonne
part tout ce qui vient de la main de nos amis. Je
veux un domcftique de votre main ^ c'eft-à-dire, de
votre choix.
Main , en terme de Manège , eft de grand ufage , &
fignifie d'abord les pieds de devant du cheval. Pe-
des equi anteriores.
Main , fe dit aulli de la divifion du cheval en deux
parties , à l'égard de la main du Cavalier. Pars
antica , pojlica. Ce cheval eft beau de la main en
avant , c'cft-à-dire , il a la tête belle Se l'encolure.'
Il eft mal fait de la main en arrière , c'eft à-dire , '
de la croupe j du train de derrière.
Main de la bride, c'eft h main gauche du Cavalier.
Sinijlra. Main de la lance , c'eft la droite. Dextra.
IJCT On dit , en terme de Manège , que la main doit
ctte ferme , douce & légère. On appelle main ferme
celle dont le fentiment répond à celui qui réfide
dans la bouche du cheval quand il eft dans un de-
gré d'alfurance Se de fermeté. Il caraftérite le point
d'appui que tout bon Cavalier recherche toujours.
On entend par main douce celle qui mitigé le point
d'appui ferme & alfuré , Se qui fe relâchant ua
peu , modifie la force du fentiment dont on parle.
La main légère eft celle qui diminue encore le point
d'appui modifié par la main douce. Le fin de l'art
eft de palier comme il faut de la main ferme à la
main légère , & de la main légère à la main ferme.
Il ne fiut jamais franchir tout-à coup le point d'ap-
pui de la main douce : autrement vous étonnez le
cheval , vous l'eftarouchez , vous manquez au liant
nécelfaire , vous le précipitez lur les épaules , vous
lui gâtez la bouche , & vous faliifiez les allures. Il
faut que le poignet feul conduife tous les mouvemens
de la main, en la roulant j pour ainfi dire , félon
l'adion qu'on doit faire. Le N. Newe. On dit
qu'un Cavalier n'a point de main , quand il ne fe
fert de la bride que mal à-propos. Tenir fon cheval
dans la main c'tSi en être toujours le maître. Un,
cheval qui eft bien dans la main , eft celui qui
obéit à la main , qui répond à la main du Cavalier.
Rendre la main , ou donner la main , ou lâcher la
main , c'eft , lâcher la bride. Soutenir la main,
c'eft , Tirer la bride. Travailler , ou conduire un
cheval de la main à la main , c'eft-à dire , le chan-
ger de main. An Manège , changer de main , fe dit
auffi quand dans les reprifes on change de côté,
& qu'on fait aller fon cheval du côte oppofé 1 ce-
lui où il alloit ; de forte que le Cavalier ait la
droite où il avoir la gauche , iSc la gauche où il
avoit la droite.
On dit qu'un cheval bat à la main , quand il fe-
coue la tête , ou quand il la branle , ou quand il
lève le nez. L'appui de la main eft le lentimeiit
réciproque que le Cavalier donne au cheval, ou le
cheval au Cavalier , provenant du maniement de la
bride. Pefer à la main , le dit d'un cheval .qui s'a-
bandonne fur la bride par lalîitude , ou autrement.
On dit qu'un cheval tire à la main j quand il rélilte
aux effets de la bride , aux eftorts du Cavalier. On
dit aulli j faire couvrir les cavales en main , c'eft-a-
dire , en les ten.ànt par le licou , ou par la bride.
Cheval qui fcirce la main , eft celui qui s'emporte
malgré le Cavalier, qui ne craint point la bride.
Faire partir un cheval de la 7nain , ou le laiflcr
échapper de la main , c'eft le pouller de vîteir(?j' &-'
un beau partir de main , fe dit de la courfe qu'on
lui fait faire fur une ligne droite. Equum adcu!-
fum incixarc. On dit aullî , qu'un cheval tourne .1
toutes mains ; qu'il manie &: tourne au pas, au trot
M A I
au galop. On dit qu'il cft entier k.uncmain, quand
il n'a de la difpohtion à couiner que d'un côté, à
une même main.
On appelle un cheval de main j celui qu'on mène
en main, c'eft-à-dire , fans monter dclius , com-
me font les excellens clievaux que mènent les l'aie-
freniers , & qui (ont téfervés pour monter le Maî-
tre dans les occaiions où il veut changer de ciie-
vaux. Equus honorarius.
On appelle un cheval à deux mains , un cheval
commun qui peut fervir à la ("elle & à la charrue ,
ou au caroire , qui porte iSc qui traîne. Ephippia-
rius & carrucarius.
On le dit Hgutémcnt en ce fens des Valets qui
peuvent fervir à des ulages diftércns , qui ont plus
d'une forte d'emploi dans la mailon.
On dit d'un cheval de carrolle qu'il eft lous la
main , quand il eft du côté dont le Cocher tient
la verge ; & hors la main , quand il eft à gauche.
Main. Terme de Marine. Eipèce de petite fourche de
fer , dont on fe lert pour tenir le til de carrer dans
l'auge , quand on le goudronne.
Main ^ change fi fouvent de lignilication félon les
, noms j ou verbes qu'on y joint , qu'il en faut met-
tre la meilleure partie félon l'ordre alphabétique.
Main-avant , en termes de Marine , fignitie deux
chofcs, 1°. C'eft un commandement pour faire pal-
fer alternativement les mains des travailleurs l'une
devant l'autre en tiraiit une longue corde. i°. Ces
mots fignitient avec l'aide des mains feulement.
Monter main-avant , c'eiT: monter aux hunes le long
des manœuvres, lans inHéchures, & en s'aidant leu-
lement des mains & des jambes.
Avant MAIN , f. m. C'cfl: un coup qu'on frappe ayant
la main étendue , (Sj qu'on poulfe en avant en lui-
vant Ion mouvement naturel.
'Arrière-main , f. m. C'eft le coup qu'on frappe du
- derrière de la main en la remettant en Ion ét.at na-
turel. Il y a des joueurs de paume , qui ont l'ar-
rière-main plus sûre que ravant-main. /'^oyeç Avant
& Arrière.
Avoir quelque choie en main , c'eft en être faili , l'a-
voir à la difpofition , pour en uler quand on vou-
dra. Habere ai manum , prôiflo ejji. Avoir le cœur
dans les mains , c'eft être ouvert , n'être point dif
/Imulé.
Que le vrai du propos était coujln germain.
Et qu'un chacun parlait le cœur dedans la main.
Régnier.
iBaifer la main , fe dit du baifer qu'on donne fur
• la main en figne de refpeét , comme on fait aux
Princclfes , &c aux Évêques officians. Manùs ojlu-
lum.
Baise-main , en ce fens , eft l'offrande qu'on donne
aux Curés. Oblatio. Les Curés de Paris n'ont point
de dîmes; ils n'ont que le baifc-mai/z.
La première audience que le Grand-Seigneur donne
aux Àmballadeurs s'appelle un baife-main , parce
qu'autrefois les Ambalfadeurs la bailoientà ce Princej
avant qu'un Croate , à ce que rapporte Busbequius
dans fi première Lettre , fous prétexte de vouloir
parler à Amurat , l'eut tué pour venger la mort d'un
Defpote de Servie , l'on maître. Depuis on ne lui
baifoit plus qu'une longue manche de fa vefte faite
exprès. Mais aujourd'hui les Amballadeurs ne lui font
la révérence que de loin , comme les autres de leur
fuite. Du Loir , p. S S.
On dit aulfi par civilité à la manière d'Efpagne ,
Je vous baile les mains , ou fxites mes hddtt-mains
à un tel de ma part -, pour dire , donnez-lui des té-
moignages d'amitié. Saluta meo nomine. En écrivant
autrefois aux Dames on finiftoit par , Je vous haije
Us mains. On ne loutfriroit pas cela préfentement.
Malherbe outroit les chofes d'un autre côté ; en écri-
vant à fa Maitrefte il finiftoit par , Je vous baifi les
pieds, MÉH. On dit au contraire ironiquement à ceux
dont on ne veut pas entendre les propofitioas , Je
Tome V,
MAI 737
vous baifc les mains ; pour dire, je n'en ferai iien ,
je n'en crois rien.
Main-13asse , eft un terme de Guerre, qui lignifie,
point de quartier , qu'il faut paft'cr tout au fil de l'é-
pcc. Internecio , occifio. Faire main bajje.
Battre des mains. _ C'eft donner un témoignage pu-
blic d'applaudiftcmcnt , comme frit le peuple en
lailant du bruit avec les mains. Plaudere manibus.
Main Blanche , fe dit en cette phrafc : il m'a écrit
de Limain blanche ; propria manu , jiour dire de fa
propre main. Il eft populaire & tamilicr.
On dit fimilièrement , qu'une cliole eft en bonne
main , quand on ne veut pas reprendre ce qu'on
a lailfé manier à quelqu'un , pour lui en faire pré-
lent honnêtement.
On dit aulii qu'une terre ou uu autre poflc-llloii
eft en bonne main ; pour dire , qu'elle eft poflédéc
par une perfonne puiftante , de qui on ne la peut
tirer que difticilement. On dit aulli qu'une caule,
qu'une artaire eft en bonne main ; pour dire , qu'on
l'a confiée à une perfonne c]ui laura bien la détendre.
On dit aufti ironiquement , qu'un homme eft tombé
en bonne main , pour dire qu'il aura .aftaire à forte
partie , foit pour le railler , pour le plaider, ou pour
le perlécuter.
On dit auft) qu'un homme a la main bonne ,
quand il a de la dilpolition pour apprendre plufieurs
arts qui demandent de l'adrefle , &: de la délicacefte
dans la main. Manus expedita ,folers.
Main CHAUDE. Nom de jeu. On appelle ioneïd. main-
chaude un jeu , un exercice oià quelqu'un le courbe
appuyant la tête lur les genoux d'un autre , qui eft
allis : puis met la main éter.due lur Ion propre dos ,
alors un de ceux qui lont du jeu donne un coup
de la main lur celle qui eft étendue ; ce qui dure
jufqu'à ce que celui qu'on trappe ait deviné celui
qui l'a frappé , lequel fe met à la place.
Coup DE main , eft un coup hardi éc dangereux. Fa-
cinus audax , memorabde , promtum. Faire un cbup
de fa main, c'eft, taire un coup de délefpoir , de té-
mérité, entrepris de l'on chet , &: fms conlulter
perfonne.
03" A la guerre on appelle coup de main , toutes les
attaques qui le font avec les armes qu'on tient à
la main , comme l'épée , Lx hallebarde, le moufquet,
«Sic. & l'on dit qu'une place eft bonne contre les
coups de main , pour dire qu'elle eft bonne pour fe
défendre contre des gens qui n'ont point d'artil-
lerie.
On dit auftî un combat de main à main ; pour
dire un combat de près , à l'épée, ou au piitolet.
On appelle aufti un homme de main. Acer^con-
fidens , Jirenus , un homme d'exécution , hardi, en-
treprenant.
A DEUX mains , Phrafe adverbiale. Avec les deux mains.
Ambabus manibus. Boire à deux mains.
A DEUX MAINS , le dit aulîî de ce qui tait ou qui ferr
en deux manières , comme épée à deux mains , che-
val à deux mains , ou de ce qui fe prend doublement,
Anceps , ambifarius.
A DEUX MAINS j s'emploie auftî quelquefois figurément.
Ainfi on dit prendre à deux mains ; pour dire , pren-
dre de tous côtés , à droite & à gauche. Utrinque
corradere , aripere. On dit aulli dans le même lens ;
Prendre des deux mains , prendre à toutes mains.
Tendre la main , fe dit proverbialement pour de-
mander l'aumône.
CCr Au figuré , tendre la main à quelqu'un , c'eft lui of-
frir du fecours. Il étoi: perdu h je ne lui euii'e tendu la
main. Dieu nous rend la main , une main fecou-
rable.
Donner la main , fignifie , mener une Dame , ou
une perfonne incommodée , lui aider à marcher.
Manum prdbere , commodare.
Donner ou prêter la main , fignifie figurément y fe-
courir , aider quelqu'un dans (on bcloin. Juvarc.
Il lui a donné ou prêté la main pour fe relever.
Tous ces gens- là le donnent la main les uns aux
autres, c"cft-à dire, fe fecourent mutuellement.
A aa aa
738 MAI
§Cr Tendre la main à quelqu'un , lui offrir du fccours.
Au propre , demander l'aumône.
Donner la main eft aulîï , faire honneur à quel-
qu'un en le mettant à fa droite , en lui cédant le
pas , le haut du pavé , & toutes les places hono-
rables. Honorab'dïorem locum cederc. Cet Amballa-
tieur ne donnoit chez lui la main à perfonnc.
Donner la main , flgnifie aulli , promettre la foi
de mariage , & fur tout en Poclie , hiire un don ,
un prêtent de, fa main. Après vous avoir donné mon
cœur, aurois je de la peine à vous donner vni.main'i
En donnant la main on ne donne pas toujours le
cœur. Corn. F^oye:^ plus bas, mettre fa main dans
la main d'un autre.
Donner les mains , fe dit figurcment pour confen-
tir , approuver. Acquiefcere , prohare. Il a donné
les mains à cette propolition , à ce mariage. Il s'é-
toit oppofé à la réception d'un tel j mais cwRn il y
a donné les mains.
On dit qu'on a mis la dernière main à un Ou-
vrage; pour dire, qu'on l'a achevé, qu'il eft bien
fini. Extremam operi manum impofuijfe.
Être aux mains , lignifie , (e battre aéluellement , Con-
férera manus. Dans cette vie nous fommes lans celle
aux mains avec la mifère , & encore plus avec nous-
mêmes. NiCOD.
^ans doute , ils font aux vnMns , il n'en faut plus parler.
Corn.
En venir aux mains , c'eft commencer à fe battre.
Enlanglanter fes mains, c'eft, fe rendre coupable de
s quelque meurtre. Manus crucntare. Delà vient que
les mains fe premient quelquefois pour les aftions
mêmes que l'on fait , que l'on commet avec les
tnains.
Grâces au Ciel , mes mains ne font point criminelles ,
Plût aux Dieux que mon cœur jut innocent comme elles.
Racine.
Faire fa main , c'eft faire un gain , un profit in-
juftc dans quelque emploi ou eommiflîon. Remfa-
ccrc quocumque modo. Le voilà fur la fin de fi com-
millîon^ il va iaire la dernière main. On dit qu'une
fcrvante lait bien la main , quand elle ferre la mulle,
qu'elle prend quelque choie fur l'argent qu'on lui
donne pour la dépenfe de la maifon.
Erappe-main , eft un jeu où l'on frappe dans la main
de quelqu'un par derrière , & il eft obligé de devi-
ner qui c'eft. Ludicra m.anuum percujjio. Ce jeu eft
fort en iilagc chez les Matelots -, mais ils l'appellent
Main-chaude. Les Gardes Marines y jouent aullî ,
lorfqu'ils ont perdu tout leur argent ; ce qui ariive
après quelques jours de navigation ; & ils appellent
cela jouer au_ comptait , parce que cela fe paye
comptant & fur le champ.
Gagner la main, Amcvertere , pritvertere. C'eft ga-
gner le devant en quelque affaire. On dit aulH dans
le même fens ; gagner de la main. Acad. Fr.
Main gauche. Époufer de la main gauche , iTgnifie
époufer une femme d'une condition inférieure,, dont
les enfans n'auront qu'une portion des biens que le
mari ailigne le lendemain des noces, fins qu'ils puif-
fent luccédcr au pcre dans tous fes biens, ni les par-
tager .avec les enfans d'un autre lit , s'il y en a. Voye-
Mariage.
Main gourde, Pr^frigore manus Jlupidst , torpentes
font des mains gelées, tranfies de froid.
On dit d'un homme qui eft lujet à piller à
prendre des droits qui ne lui lont point dus, qu'il
n'a pas les /nains gourdes. GrelFer la main , c'eft,
faire quelque préfent à un Juge , ou à un Miniftre
de Juftice , pour le corrompre , pour en obtenir
quelque palle-droit.
Haut à la main , fe dit d'un homme altier , qui com-
mande impérieufcment , Superbus , arrogans. Il eft
haut à la mam.
On dit aulli tenir la main haute à quelqu'un ;
M A I
pour dire , le traiter avec févérité , lui laifler peu de
liberté. Cocrcere , cohiiere.
Faire une choie haut la main, c'eft à-dire , d'autorité
ablolue , avec hauteur. Defpoticè agere.
Main harmonique , fe dit de l'ancienne gamme fur
laquelle on apprenoit à clianter quand on fe fervoit
de muances , parce que Gui Arétin avoit difpoféles
notes qu'il avoit inventées , ut , re , mi ,fa^ fol , la,
fur les doigts d'une main étendue. Manus harmonica.
Il changea les lettres de l'alph.-ibeth a , b , c , d , e f,
gj dont on fe fervoit auparavant pour marquer les
notes du chant , dans ces fix fyllabes qu'il tira de la
ftrophe de l'hymne de Saint Jean-Baptifte, compofée
par Paul Diacre. j
Ut queant Iaxis , tcfonare fibris ,
mi-ra gejlorum , ia-muli tuorum ,
foli'e polluti , \a.-bii reatum.
Sancle Joannes.
On a luivi jufques à préfent l'ordre de ces fyllabes. >
Les Maîtres ie lont longtemps fervi de la figure de '
cette main pour l'enfeigner.
Impoler les mains , c'eft donner les ordres facrés à quel-
qu'un , faire une cérémonie où l'on met les mains fur
la tcte, en ligne de pouvoir & de la million qu'on
lui donne d'exercer les fondions Eccléfiaftiques con-
venables à fon Ordre. Manus imponerc , facris or-
dinihus initiare. Les Apôtres ont commencé à donner
leurs millions par l'impofition des mains. Aux Aétes
des Apôtres, c. i j. v. j. Foye^ Imposer, ou im-
rOSITlON.
On dit ironiquement, faire impofition des mams
fur quelqu'un-, pour dire , le battre. Manibus percu-
terc.
Joindre les mains , fupplices manus tenderc , fignifie fe
mettre en polture de fuppliant.
Prier à mains ]ointes , c'eft prier inftamment, & avec
grande foumillion.
L.îcher la OTai/z, fignifie j relâcher du prix des condi-
tions qu'on avoit demandées. Remittere de pretio. Sï
vous voulez vendre votre blé , il faut un peu lâcher
la main , en taire meilleur marché. Vous ne tran-
ligercz point enlemble , li vous ne lâchez la main ,
chacun de votre côté.
On dit aulli lâcher la main à quelqu'un; pour dire ,
ne le plus retenir , lui laifter faire une choie dont
on l'avoir empêché julques - là. Remittere manum ,
vim. V
Se laver les mains d'une chofe , c'eft , témoigner qu'on
n'a aucune part en une attaire , qu'on n'en veut
point être relponfablc , ainli que Pilate dit aux Juifs
à la Pallion de Notre Seigneur : & en ce fens on
dit , qu'un homme a les mains nettes de quelque
.chofe; pour dire, qu'il n'y a point participé , qu'il
ne s'en eft point mêlé ; Et abfolument qu'il a les
mains nettes , en parlant d'un Juge qui ne fe laillè
point corrompre par des préfensj d'un |fCF comp-
table & ou d'un homme qui a quelque' maniment
d'argent , qu'il n'a point fait de profit illicites.
On appelle de la pâte a laver les mains , celle
qui fe fait avec des amandes amères pilées; éc d'autres
ingtédiens. Smegma deterforium.
On dit qu'un homme a la main légère , quand il
eft prompt à happer ; manu promptus ; &c on dit au
contraire j vous lentirez ce que pèle ma. main; pour
dire , le poids de mes coups.
On le dit aulli de l'habileté de la main , Manus
expedica folers. Un Barbier a la main légère j quand
il fait la barbe avec adrelfe & ficilité & prefque
fans qu'on le lente , de même d'un Chirurgien qui
faigne , qui fiit les opérations délicatement ; d'un
Écrivain qui a grande facilité à écrire , à faire des
traits ; de joueur d'un Luth j qui le touche avec déli-
catcllc; d'un Cavalier qui manie bien la bride: & au
contraire on dit qu'il a \amain lourde , quand il fait
ces choies rudement & mal proprement.
Lever les mains au Ciel , Manus ad Deum tolleie, ten-
dere , lignifie , avoir recours à Dieu , implorer la
N
M AI
iTiircricorde. Lever les mains pures & innocentes
vers le Ciel. Fl. Lever la main , cil faire un fcinicnc
en Jullice , ayant la main haute , &c piomtttic a
Dieu de dire la vérité. On tait lever la main aux
Prêtres en leur faifant mettre la main au petb ; pour
dire , ad pcclus ^ ou à l'eftomac , & par corruption
on dit au pis.
On dit \ulli, lever la main fur quelqu'un, pour
dire , le frapper , ou le menacer de le frapper j en
élevant la main ^ & fe mettre en devoir de le faire.
Manum minacem attolltrc.
Lier les mains , lignifie figurément , empêcher qu'un
•homme ne paie , ou ne talle quelqu'autre choie.
Cette lailîe a lié les mains au payeur. Cet oppoh-
tion a lié les mains au Curé , il ne peut plus marier
ces perfonnes. Ce Juge a les mains liées par une
évocation.
On appelle lignes de la main , les traces & mar-
ques qui paroillent dans la paume de la main , (ur
l'obfervation defquclles cft fondée la vaine fcience de
la Chiromance. Manùs Uneamcnta.
On dit que les Princes, les Minières ont les mains
bien longues ,lonoas Regibus ejjc manus ; pour dire,
que leur pouvoir s'étend loin.
Mettre la main , fe dit premièrement de l'application
de la main fur quelque chofe. Mettre Tépée à h
main, c'eft la tirer du fouteau. Enfcm dijlringerc
Mettre la main à lépée , c'ell mettre la main fur la
garde de fon épée. Mettre la main au chapeau , c'ell
fe mettre en devoir de laluer. Acad. Fa.
On dit dans un fens figuré , mettre la main dans
la main d'un autre i pour dire , lui promettre la foi ,
répoufer. I/CT Donner fa main , difpolcr de fa main ^
le marier. Refufer fa main , c'ell l'oppole.
|Cr Comme dans la cérémonie des Époufailles , les per-
fonnes qui fe marient , Me donnent la main en ligne
de foi conjugale \ Corneille a introduit dans nos
poëmes dramatiques ctu.e façon de parler , qui eft
Efpagnole , afin de diverfihcr les mots de mariage ,
de marier & d'époufcr j qui fe rencontrent fouvent
dans ces fortes de poèmes , & qui ne font pas fort
nobles. Corneille a été fuivi en cela par nos autres
Poètes dramatiques. Cette exprellion qui a réuilî , a
été critiquée trop lévèrcment , par le P. Bouhours.
gCT Quelque mérite , & quelque réputation qu'aient
ces Po'ëtes , dit il , je ne puis m'empêcher de dire que
donner la main , en ce fens là , n'eft pas une ex-
picllîon bien Françoife. Donner la main à une Dame,
c'eft lui aider à marcher , ou à monter en carrollb.
Ainfi toutes les anrhitèfes qui roulent fur le cœur
ôc fur la main , me parollfent fitullcs. Mais comme
ces Poètes fe font perfuadé que la main lîgnifioit le
mariage , ils ne fe contentent p.is de dire donner la
main j ils difent prêter la main , en voulant parler
d'un mariage apparent : prêtez moi votre main , je
vous donne l'Empire.
ÇCT On dit à un homme, dont le fecours nous eft
nécelVaire pour nous venger par la plume ou par
l'épéc, prêtez-moi vorrc; main, piciez-mol votre iras j
mais fins cela je ne fais ce que fignifie en notre
langue, prcicz mol votre main, ôc j'aimerois autant
dire , prêtez moi votre pied.
Çcr Donner la main fignifie plufieurs chofes. On dit
donner la main à une Dame , pour lui aider à mar-
cher, pour lui aider à monter en carrolle. On dit
donner la main à quelqu'un, pour dire le mettre
à la droite. M. le Chancelier ne donne pas chez
lui la main aux Évêques. Nous dilions anciennement
bailler la main , pour dire conlentir , dextram tcn-
dere ; dexterâ data , allcul rel ajjentlri ; dare dextram
ïd quld rogatur obllgandd fidel , parce que , pour
promettre avec , ou fans ferment , les parties met-
toient la main dextre , en celle des Notaires. Nicod.
L'ufage de fe donner la main quand on accordoit
qtielque grâce , ou quand on promettoit quelque
chofe , eft trèsancien. Puifque donner la main , dans
le fens de fc promettre mariage , eft une exprellion
reçue parmi nous dans les pièces de -théâtre , Cor-
neille a pu dire , comme il a dit dans Pulclicrie ,
Tomç y.
MAI 739
prêtez moi votre main , je vous donne l'Empire , pour
dire faites leinblint de m'époufcr. Ménage nitmc
allure qu'il a oui dire plulieurs fois à Corneille que
ce vers étoit un des plus beaux qu'il eût jamais
fait.
Que dans fa main encor toute fumante ,
J'allafje mettre ^ hélas ! la main de votre Amante?
Racine.
On dit auffi j j'en mettrois ma main au feu; pour
dire j'en jurerois.
Il fignifie aulli, prendre, s'emparer. Arrlpere , ca-
père. Si cet homme met la main fur cet argent,
fur ces titres , on aura de. la peine à les retirer.
Mettre la main fur quelqu'un j fignifie aulli le fai-
fir , le frapper. Manus aj}erre In , injkere. Quand
on met la main fur une perlonne facrée , cela em-
poite excomunication. Un Sergent a mis la main
fur le colet d'un malfaideur ; il a la mine de palier
fous les mains du bourreau.
Mettre la main , fignifie aulli , fe mêler de quel-
que chofe. Manus admovere. Le déforJre d'un tel
Royaume eft fi grand, que tout y efl perdu, fi Dieu
n'y met la main. On va mettre la main à l'œuvre;
pour dire , on va commencer une entreprile. Met-
tre la dernière main à une affaire , c'eft la confom-
mcr.
Mettre la main à l'encenfoir , fignifie , entre-
prendre fur les droits de l'Eglife. Quand les Princes
ou les Séculiers singèrent de faire des fondions
Eccléfiaftiques ,- entreprennent de faire des choies
qui dépendent de l'autorité Eccléfiaftique , ils met-
tent la main à l'encenfoir.
On dit aulli , mettre la main à la confcience ou
fur la confcience , pour dire, examiner fi on a fait
quelque injuftice , quelque tort , afin de le réparer.
Main MORTE, f. f. 'Terme populaire , tiui fignifie
main foible. On dit d'un homme qui a donné un
coup violent J &z qui a caulé quelque blcllure , qu'il
n'y ailoit pas de main morte : ôc figurément, qu'un
Auteur n'y va pas de main-morte , quand il a ré-
futé puillamment fon advcrfaire. Cela efl familier.
Par les mains de Mo'ife , de David , de Jérémie,
de Daniel , &c. eft une phralé de l'Ecriture , prife
de l'Hébreu, ôc qu'on a conlervée dans la "Vuîgate
latine. On la conferve aufli dans les bonnes traduc-
tions Françoifes , ôc on la regarde comme confa-
crée. Elle fignifie par le moyen , par le miniftère,
par l'entremife , ou quelque chofe de femblable.
Dieu opéroit des miracles non communs par les
mains de Paul. P. Bouh. Aci. i ç. il.
Partir de la main , c'eft à dire , Sortir avec promp-
titude , à deftein de faire quelque chofe, f oit qu'on
exécute le commandement de quelqu'un j foit qu'on
ioit emporté par fa pallion.
A PLEINES-MAINS. Phtafc adverbiale. Affluenter, cu~
mulatè , largâ manu. Abondamment , libéralement.
Verfer à plelnes-malns. Donner à pleines-mains.
Avoir la main bien placée : Avoir un beau port de
main : porter bien la main. Toutes ces façons de
parler fonr ufitées parmi les Joueurs d'inftrumens.
Main-pote. Terme populaire. Main eftropiée , impo-
tente , ou qui paroît telle , dont on a de la peine à
fe fervir. Mancus.
Première main , fe dit en terme de Négoce , quand
on acheté quelque chofe de la rnaln de ceux
qui l'ont recueillie , ou manufaâurée ; & on l'op-
pofe à revente , qui fe dit quand elle a pafté par
les mains des Marchands , ou Revendeurs. Prlmus
propola.
Main-propre, fedit de la main de la perfonne mê-
me qui a intérêt à l'affaire. Manus propria. On lui
a rendu la lettre en main propre ; pour dire , à lui-
même. Il m'a écrit de fa propre^ main ; c'efl àdire ,
Il ij'a emprunté la main de perfonne. Je lui ai de-
mandé un mot de fa main ^ c'eft- à -dire, figns.
de lui. J'ai reconnu fa main; pour dire, fon écri-
Aaaaa ij
740 MAI
tuie, fon cafadèic. Les Latins difent aufli manus
en ce fens.
On appelle Lettres de la main , les lettres écri-
tes , ou iîgnées de la propre main du Roi. Manu
fcripta.
Regarder dans la main , c'eft , Tâcher de deviner
par l'art de Chiroinance les avantures d'une per-
fonne en regardant les lignes &; lignes qui font dans
fa main. Chiromanciam obfcrvure.
Remettre en la main , c'eft , Retirer une terre d'un
Fermier , pour en jouir par les mains. Fundum
clientilarem vindicarc, C'eft aulli retirer un fief ler-
vant par une puilfance de fief : pour le réunir à la
Seigneurie.
Revers de main , ou Revers de la main. f. m. C'eft
la même chofe qu'arrière/Tzai/z ; il fignifie Touftlet.
Alapa
Pour châtier fon infolence extrême ,
Il faut que je lui donne un revers de ma main.
Moi-
Avoir la main rompue i c'eft avoir la main faite
& dreirée à quelque chofe. Il a la main rompue à
l'écriture. Manum affuetam hahere.
On dit qu'une chofe eft fous la main de quel-
qu'un ; pour dire , proche. Prope adejfe , ejfe ad
manum. Il a pris dans la colère tout ce qu'il a
trouvé fous fa main. On dit aulli d'une perlonne
qu'elle eft lous la main de quelqu'un; pour dire,
fous fon pouvoir , fous fa férule , comme on dit
qu'un cheval eft fous la main d'un Cocher j lorf-
cju'ii eft à fa droite , Se plus à portée pour être
frappé du fouet ; c'eft de-là que la métaphore eft
prife.
On dit auflî tenir une terre par fes mains ; pour
dire la faire valoir loi-même , la fùre labourer par
fes gens j lans le fccours d'un Fermier. On dit aulli
des gens qui lont d'intelligence, qu'ils fe tiennent
tous par la main.
On dit , Tenir la main; pour dire. Prendre gar-
de , avoir loin de l'exécution de quelque choie.
Obfervare , invigilare. La Cour ordonne au Subfti-
tu: du Procureur Général de tenir la main à la
publication & exécution des Edits & des Régle-
mens.
Main-tierce , fignifie un Séqueftre j une perfonne
entre les mains de qui on dépofe une chofe con-
teftée, & qui n'a aucun intérêt en l'aftaire, pour
la rendre à celui qui aura Ion jugement à Ion avan-
tage. Sequefler , média manus , arbiter.
Tomber entre les mains de quelqu'un , c'eft fe trou-
ver réduit fous fa puillance. In potejiatem alicujus
devenire. Il eft dangereux de tomber entre les /7wz«i-
d'un ennemi irrité.
Tournemain, f. m. Un moment , petit intervalle de
temps. Momentum. Ce valet eft fi diligent , qu'il
aura fait ce mellâgeenun tournemain 3Ct[\-3.iïnç. ,
en moins de temps qu'il n'en faut pour tourner
la main , comme on dit en un clin d'œil , &c.
Quelques uns dilcnt en un tour de main j & je ne
lais même fi ce n'eft pas le plus ordinaire.
Tremper les mains dans le lang innocent , innocentis
Ciide manus inquinare , comm.aculare , fe dit des Ty-
rans, ou des fcélérats, qui font , ou qui ordonnent
des meurtres, des alîaflînats, des jugemens injuftes
de mort.
On dit aller les mains vides ; pour dire , Se préfenter
à quelqu'un fans avoir de quoi lui foire un préfent.
C'eft une coutume chez les peuples Orientaux , de
ne fe point préfenter aux Supérieurs les mains vi-
des. Saijl n'ofa fe préfenter à Samuel les mains vi-
des.
Main en termes de Blafon, eft un fymbole de la foi ,
lur-tout quand on en reprétente deux jointes enfcm-
ble ; & on l'appelle foi parée , quand les mains
font habillées jufqu'au poignet. Son alîîette ordinai-
re eft d'être pofée droit en pal , les doigts vers le
clief &c le poignet vers la poijue. i
M A I
Main , fe dit aulîi de plufieurs chofes inanimées qui
font l'office de h main ^ qui ont quelque reiïemblance
avec elle.
Main de carrosse , fe dit des morceaux de fer atta-
chés aux moutods & au bas du corps. du carrollé,
par où l'on palTe les foupcntes pour le loutenir ca
l'air. Fibulx carrucariî. Quand une main du carroifc
eft rompue , il faut qu'il verfe.
On appelle encore ainli , les cordons, ou gros
tiflus de loie qu'on attache dans le carrolle le long
des portières , pour fe foutcnir avec la main. Pen-
Jihs rhedis, rcjliculà.
Main , fe dit chez les Financiers d'un inftrument de
cuivre qui leur fert à ramaller l'argent qu'ils ont
compté lur leur bureau pour le remettre dans les
fies. Batillus monetarius.
Main , en Mécanique , eft ce qui tient la roue de la
poulie tulpendue , le bois , ou le fer dans lequel
elle eft enchâftée. Quelquefois on l'appelle chappe ^
ou écharpe. Et quand il y a plufieurs poulies , on
l'appelle moufle. Trociea.
Main de pressoir, eft ce qui fert à relever le marc.
Batillus torcularius.
Main , fignifie encore une pièce de fer à relTort qui
eft au bout de la corde d'un puits pour y attacher
le leau. On appelle aufll main de fer , les autres
crampons ou «crochets qui fervent à tirer quelque
choie en haut ou d'un lieu profond, ou couvert
d'eaux , comme la main de la louve faite en forme
d'S ; des mains à tirer des cables , &c. Uncus fer-
reus.
Main-d'œuvre, f f. Façon , travail de l'ouvrier.
Toutes chofes d'ailleurs égales^ la main-d'œuvre eft
infiniment meilleure , quand elle eft dirigée par
les mains d'un Delîînateur.
On le dit aulîi du prix que donne l'Entrepreneur
pour la fabrique ou la façon d'un ouvrage. La main-
d'œuvre de cet ouvrage a coûté beaucoup. Alors il eft
fans pluriel.
Main. Poids des Indes Orientales j qui ne fert guère
qu'à pefer les denrées qui le confomment pour
l'ulage de la vie. Il le nomme plus ordinairement
Mao.
Main. Terme d'Horlogerie. C'eft une pièce que l'on
emploie quelquefois dans les Répétitions. Elle eft
divifée en quatre doigts ; quoique fon ufage foie
fort bon , on ne s'en lert à prélent que dans cer-
tains cas. Elle faitia fonétion de la pièce des quarts
dans les anciennes répétitions à la Françoife.
Main de gloire , eft une racine de mandragore qui a
ordinairement deux cuiires : on la tire de terre , on
en forme deux jambes, un corps 5c une tête; on la
replante , & un mois après on la retire , elle a la
figure humaine , quelques - uns la nomment Dou-
dain. C'eft cette racine de mandragore enfermée
dans une boîte , que donnent les Sorciers ou Char-
latans à quelques avares crédules, auxquels ils font
accroire qu'en faifant quelques cérémonies, l'ar-
gent qu'on mettra auprès doublera tous les jours.'
Au refte , on trouve encore dans les anciens Dic-
tionnaires mandegloire pour :i:.mdragore ; c'eft ap-
paremment de là qu'eft venu main de gloire , par
une fuite de coïïU'px.ion , mandragore , mandegloire ,
main de gloire. Remarquez que la main de gloire
ne fe fait pas toujours avec la mandragore , &
qu'on lui attribue d'autres propriétés que celles de
multiplier l'argent. Des voleurs condamnés à mort
ont avoué à la torture , qu'ils s'en lervoient pour
ftupéfier & rendre immobiles ceux à qui on la
piéfentoit , de manière qu'ils laiftoient voler leur
argent & leurs meubles , fans pouvoir fe remuer ,
ni avoir la force d'appeler à leur fecours. A l'égard
de la compofition , ils déclarèrent que cette main
de gloire fe faifoit avec la main d'un pendu , qu'on
enveloppe dans un morceau de drap mortuaire,
où on la prefte pour en faire forrir le lang , s'il
y en refte ; puis on la met dans un vale de terre
avec de l'azimut , du falpêtre , du fel , & du poi-
vre long, le tout bien pulvérifé. On la laille quin-
M A I
ze jours dans ce pot, puis on la tire , & on l'ex-
poi'c au fokil de la canicule , julqu'à ce qu'elle
loir bien feche : ik li le_ Iblcil ne fuiKt pas , on la
mer dans un luur chaufic avec de la fougère îk de
la verveine. On compole enluite une chandelle avec |
de la graille de pendu , de la cire vierge , ik du
zizance de Laponie. On fe ferc de cette main coni
me d'un chandelier; & dans tous les lieux où l'on
va avec cette chandelle allumée, ceux qui y (ont
demeurent immobiles. Voilà ce qu'ils .appellent la
main de gloire. On voit alFez ce que l'on doit pen-
fcr de la main, de gloire.
Main de Justice , efl: un fceptre ou bâton d'Une
coudée, ayant la figure d'une main d'ivoire à l'ex-
trémité , avec lequel on peint les Rois revêtus de
leurs habits royaux , comme ils (ont au jour de leur
Sacre. Les Auteurs l'appellent Firga. Ce (ut Louis X.
qui fit (a devi(c d'une main , que nous appelons
maintenant , main de Jujlice.
Main de Jujlice , clt la puillànce & l'autorité publi-
que qui a fon e(iet dans la Juftice , ou qui eft
exercée par les Gens & OlHciers de Jul^ice , fous
l'autorité du Roi ; car la main de Juftice qui ell
d'ivoire, au-delfus d'une verge, e(l: une marque de
la puilïïince de nos Rois , comme le fceptre , la
couronne & l'épée.
Main de Dieu. Manus Dei. C'eft le nom d'un em-
plâtre vulnéraire , réfolutif &c fortifiant , dont on
trouve la delcription dans la Pharmacopée univcr-
felle de Lémery.
Main d'oubliés , fe dit de fepc ou de huit oublies
qu'on prend à chaque fois dans le corbillon avec la
main pour jettcr fur la table. Cruftullarum miliita-
rum fcapus. Le corbillon d'oubliés palîé pour
20 mains.
Main de papier , eft un airemblage de 24 ou zj
feujlles de papier pliées enfemble. Charu Jcapus.
Il y a 20 mains à la rame.
Main , à tous les jeux de cartes , fe dit de l'avantage
qu'on a à chaque levée de cartes , par le moyen
d'une plus forte qu'on jette deilus. Celui qui a le
plus de mains , ou de levées , gagne à la Bete , ga-
gne les cartes. On dit au Lanfquenet , il a fait tant
de mains , pour dire ; Il a g.igné plulïeurs coups
de fuite toutes les cartes : En ce cas , on dit qu'un
homme a la main chaude , la main heureufe , pour
àirt qu'il eft en train de gagner. Cela eft famihcr.
Main , fe dit au Lanfquenet & dans quelques autres
jeux de la diftribution des cartes que fait celui qui
les mêle à fon tour. C'eft à vous la main; pour
dire , C'eft à vous à faire , à mêler les cartes. H
faut couper pour voir à qui aura la main , à qui
fera. On dit aulîi tirer , jouer à qui aura la main ,
c. à d. à qui jouera le premier , à qui aura la
primauté. On dit au Piquer , La main fuit ; pour di-
re, 11 ne faudra point couper à la fin de chaque
i partie pour favoir à qui fera. On dit auffi à ce jeu,
if Je vous donne dix <Sc la main , pour dire ; 'Vous
- aurez l'avantage de dix points , & celui d'être le
premier. On dit auftî , Je ne veux pas être fous la
main d'un tel ; pour dire , fous fa coupe.
i.|MAiN , fejit aufll en plufieurs phrafes adverbiales.
Cela eft ïait à la main j pour dire , par collufion ,
par complot , par intelligence , tout exprès. Ex com-
paclo , ex compofuo. Cela eft écrit à la main , ou
manufcrit. Ces oifeaux fe prennent à \a.main, avec
les mains. Il a bien les armes à la main ; pour dire ,
Il manie les armes adroitement , & de bonne grâ-
ce. Les ennemis font entrés à main armée. On a
enlevé cette fille à main armée , avec violence.
Vous avez cette balle à la main; on dans \cs mains ,
pour dire , Vous avez la facilité de la jouer.
Acheter de la viande à la main ; c'eft l'acheter fans la
pefer. Ad manum emere.
C'eft une chofe faite à la main , fe dit au propre d'un
ouvr.agc fait de main d'homme -, & au figuré , il fe
»J dit d'une chofe concertée &c apoftée qu'on fait au
I préjudice de quelqu'un. On dit ^ A main droite ,
a main gauche.
M A I
741
I
Demain en main , per manus , c'eft à dire , de la main
d une pei(onne dans celle d'une autre, 6c de ctUe-
là dans une autre , ik ainfi de fuite jufqu'à la per-
(onne à laquelle s'adrellc ce que l'on (ait pallei de
main en main. Donner cela de main en main a un
tel.
On le dit audi pour marquer la tradition. Nos
ancêtres nous ont tianfmis cette tradition de main
en main. Les Juiis ont plufieurs traditions qui leur
ont ete données de main en main par kus Prédé-
celleurs.
En main. On dit être en main , être dans une fitua-
tion convenable, dans un lieu commode pour (aire
une cho(e. Je ne fuis pas en main pour (aire telle
cho(c. Etre bien à la main,ità\t d'une chofe (aite
de manière qu'on peut s'en fervir ailémcnt. Cette
raquette eft bien à la main, 8c figurément des cho-
fes proches , Se dont on peut fe fervir aifément.
Vous avez là toutes chofes à la main. Tout cela eft
fimilier.
Avoir en main , ad manum , in promtu aliquii habere.
Avoir une choie fous (à main, l'avoir toujours toute
prête. Faites vgs affaires , pendant que vous .avez
l'occafion en main. J'ai en main de quoi détruire
une telle allégation. J'ai en main des gens qui me
(cront avoir raifon d'une telle injure. Paratos ha-
beo j qui , &c. J'ai pouvoir en main d'en traiter. Il
a pris en main (a defenfe , fa caufe en mdm; pour
due , il a pris fon fait & caufe.
Longue-main. Longimanus. Artaxerxès , fils de Xerxès
(on (ucccdeur dans l'Empire des Perfes , fut fur-
nommé Longuemain , parce qu'il avoir une main plus
longue que l'autre. M. Boifuet l'appelle Artaxerxès à
la longue-main.
De longue-main. .adv. Depuis longtemps. Ces gens là
lé connoiflènt de longue-main. Dudum.pridem , jam
dudum.
Sous-MAiN. adv. Clandcftinement , en cachette. Clam.
On lui a donné fous main un tel pot de vin pour le
dédommager , pour l'empêcher d'enchérir. On l'a
fait menacer fous-main de l'aHàlliner , s'il continuoit
cette pourluite criminelle. Ce traité a été wt^odxe fous-
main entre ces Princes.
On dit aulli au pluriel , Dieu nous verfe ie% grâ-
ces à pleines mains , abondamment. Un mauvais
Ecuyer tient l'arçon à deux mains. Ce Maître d'ar-
mes joue merveilleufement de l'épée à deux mains ;
ce qui fe dit des chofes dont on fe fert j en les tenant
avec les deux mains. On dit d'un avare , qu'il tient
tout à deux mains , tant il a peur que quelque chofe
ne lui échappe _, qu'on ne la lui prenne. Ce Juge
prend à deux mains , à toutes mains; pour dire ,
prend des prélens des deux parties.
Celui qui reçoit de l'argent pour un autre, dit : Cet
argent ne fera que changer de main.
On dit en fait d'aumône , qu'il ne faut pas que la
main gauche fâche ce que fait la main droite, cela eft
tiré de l'Evangile S. Matthieu , c. VI. Il donne d'une
main , & prend de l'autre.
Dans le Droit , dans les Coutumes , ôc dans toute la
Jurifprudence , le mot de main a. quantité de figni-
fications différentes. En général , le mot de main veut
dire , puiffance y autorité , faculté ; & c'eft de là que
la plupart des expreftions fuivantes prennent le fens
qu'elles ont.
On dit en Jurifprudence féodale j qu'un Vaffaldoit
à fon Seigneur la bouche &: les mains ; pour dire ,
un aéle de foi & hommage , qui fe (aie en jurant
fidélité entre les mains du Seigneur ; & en les lui
baifanr. ClienteU pnftatio.
Main Brève , ou abrégée. Terme de Droit; c'eft un
paiement qui le fait au dernier des créanciers par
le premier débiteur, de plufieurs qui fe doivent par
ordre l'un à l'autre. Par exemple : Je dois à quel-
qu'un ; celui-ci doit à un autre ; cet autre doit à un
quatrième , &c. fi je paie au quatrième , le paiement
fe fait en main-brève.
A DEUX MAINS. Terme de Coutumes, qui fignifie dou-
ble droit qu'un Seigneur lève. Par exemple , il lève
742. MAI
Cix gerbes .pour la dixme , Sz fix pour le terrage :
cela s'appelle dixme ou terrage à deux mains , parce
que le Seigneur a la dixnic & le terrage lur un incme
champ ; car il lève d'une main la dixme , & de l'autre
le terrage , «Se prend la lixième gerbe.
Changer de main , fignitie ; Changer de maître. Mutare
dominum , herum. Quand un héritage change de main ,
palle d'un propriétaire à un autre, il doit des piohts
de fiefs.
CoNFoRTE-MAiN , eft un terme de Chancellerie , qui
fe dit de certaines Lettres que le_ Roi donnoit au-
rrefois pour fortifier la main-miCe , ou laiiie qu'a-
voir fait un Seigneur féodal fur les tenanciers , de la
fimple autorité de fon Juge. Cette formalité eft hors
d'ufage. Ce mot de Conforte- main , lignifie la puif-
fance fecourue.
Fermer la main à quelqu'un , c'efl Saifir entre Tes
mains , l'empêcher de payer ce qu'il doit.
Main-ferme, eff un vieuxternie de Coutume qui fi-
gnifîoit autrefois un bail à cens de quelques hérita-
ges j ou terres roturières qu'on appeloit autrement
Cocceries. Fundi locatio. Côtoient proprement des
héritages chargés de rentes , qui n'étoient point fu-
jets aux droits de retenue. Quelquefois on a appelé
main-ferme en général , manu firmitas , tous les im-
meubles qui n'étoient point fiets. La main-ferme dif-
féroit d'un fief j en ce qu'elle n'étoit accordée que
pour la vie , ou tour au plus d'un héritier ; au lieu
que le fief étoit pleinement héréditaire : 6c que la
main-ferme étoit chargée de redevance , au lieu que
le fief n'étoit tenu que d'un fimple hommage. On
l'a appelle main-ferme , eh qubd manu donatorumjir-
mabatur.
Main-forte , fe dit des perfonnes puiflantes qui poflè-
dent quelque chofe. On ne peut pas exercer le retrait
de cette terre , car elle eft en main-forte.
Main forte , fe dit aufli du fecours qu'on prête à la
Juflice j afin que fes ordres foient exécutés. Prfjl-
dium. On enjoint aux Prévôts des Maréchaux de prê-
ter main-fone à l'exécution des arrêts. Il eft entre avec
main forte dans ce château pour prendre un prifonnier.
Main-garnie. Poflcfîion de la chofe contef1:ée. Praoc-
cupatio , poffeffio. On dit que le Roi plaide toujours
main-garnie. On dit j quand on fait une faitie de
meubles , qu'il faut garnir la main du Roi , pour dire ,
donner un gardien , ou dépoiitaire. Dans un léns
plus général , main-garnie fe dit des chofes faifies
en la puiflance de la JufHce. §3° C'efl la faiiie &
arrêt que le créancier peut faire fur fon débiteur en
vertu d'une Ordonnancede Juftice. On l'appelle ainii,
parce que l'Ordonnance qui permet de faifir , s'ob-
tient fur une fimple requête , avant que le créancier
ait obtenu une condamnation contre fon débiteur.
Main-levée, f. f. Acte qui détruit unelaifie , foit qu'il
foit confenti par la partie , loit qu'il foit prononcé
en Juftice : liberté qu'on obtient de difpoferdescho-
(es qui avoient été fiifies. Vindiciarum datiojvindi-
CLA addiclw. Il y a des mainlevées définitives; d'au-
tres provifoires , en donnant caution , ou à la caution
juratoirc.
^fT II y a aufîl des main-levées d'oppofition ; c'eft à-
dire , qui détruifent l'empêcheiTienc réfultant d'une
oppolîtion.
§3° On donne à ces aftes le nom de main-levée , parce
que leur effet eft d'ôter la main de Juftice , de l'au-
torité de laquelle l'empêchement avoit été formé.
§3" Il y a des /«ai« 7ev<;'« fans autorité de Juftice , fans
ordonnance.
On dit aufli qu'un homme a eu main levée de fi per-
fonne & de fes biens ; pour dire , qu'on l'a mis hors
des prifons , & rétabli en la jouiifance de fon bien. Po-
tejîatem dare ,facultatem trlbuere. Donner main-levée ,
c'eft délivrer les biens laifis de l'autorité de la Juftice.
Mettre la main au bâton , ou à la verge , dans pluficurs
Coutumes , fignifie fe delfaifir d'un héritage ^ parde-
vant le Seigneur féodal , ou cenfuel , ou pardevant
fon Officier. Cette expreflion vient de ce qu'autrefois
le vêt & le dévêt , la faifîne &' la deffaifine fe fiiif oient
par la Tradition d'un petit bâton.
M A I
Main-mettre. V. a. Terme de Coutumes. Affranchir
de condition fervilt. Manupiiitere. Quand le vafîal
main-met fon homme de corps , il vient &c retourne
de ce même fait au Roi en pareille condition quil
étoit ci fon Seigneur avant la manumiflion.
Ce mot vient de maniimittere.
On dit auîli , fans main mettre ; pour dire , fans faire
aucuns frais , ni dépenfe. Les dixmes , champarts &
droits Seigneuriaux j font des revenus qui viennent
fans main-mettre , qu'il ne faut fumer , ni labourer.
Main-mis , isE. part. & adj. Qui eft affranchi de {eï~
vitude jqui eft tiré de condition fervile. Manu miQus.
Main-mise. f. f. Terme de Coutumes & de Jurilpru-
dence féodale , Prife , faiiie , adtion de faifu' , de pren-
dre. Occupatio , apprehenjio. Main m'i/e îcvdzle cilla.
faifie que le Seigneur du fief dominant fait du fief
mouvant de lui par défaut de foi & hommage non
rendus j & de droits & devoirs non payés. Ala^r. mife .
eft oppofé à main-levée. Manus injecla. Le Roi com-
mence à plaider par la main-mife , car il plaide tou-
jours main garnie.
On appeloit aufîi autrefois main-mife , ManumâJJio,
la manumiflion que les Seigneurs faifoient de leurs
hommes , quand de ferfs ils les rendoient francs &
bourgeois.
Main-mise. Se dit aufli quelquefois de certaines voies
de fait , employées contre la perfonne de quelqu'un
en le frappant, en le maltraitant. C'eft ainfi qu'on dit
qu'il n'efi pas permis d'ufer de main-mife.
Main MORT AELE. adj. Servus. Terme de Coutumes,
qui fe dit des gens ferfs , dont les biens , qu on .ap-
pelle aulliOTi2/«-/«orw^/c'.f, appartiennent au Seigneur;
quand ils font décédés fans hoirs iilus ds leurs corps ,
& procréés en légitime mariage ; car ils ne peuvent
tefter que jufqu'à cinq fois fins le congé de leur Sei-.
gneur. On les appelle auffi corréahles ù taillables.
Dans une CUtoniqnt à.<:Vhnàit , Chrome. Feneoli ,
p. ^0 2. il efl remarqué qu'un Evêque de Liège,
nommé Albero , ou Adalbero , mort en 1 141 , abolit
une ancienne coutume du pays de Licge , qui étoit
de couper la main droite de chaque paylan décédé ,
& de la préfenter au Seigneur , envers lequel il écoit
main-mortable , pour marquer qu'il ne feroïc plusiujet
à la fervitude. Berroyer & De Lauriere.
Main-.morte. f. f. C'eft-à dire , puiflance morte. On
appelle de main-morte , celui qui eft main-mortable ,
qui cfl de condition fervile. Homo fervus. 11 y a en-
core une infinité de familles dans la Province de Bour-
gogne , qui font gens de main-morte. Il y a des hom-
mes de main-morte en tous biens, meubles & hérita-
ges; les autres en meubles feulement, les autres en
héritages feulement. Ce droit n'eft pas uniforme dans
toutes les Coutumes.
Le Nom de main-morte , vient de ce qu'après la
mort d'un chef de famille fujet à ce droit , le Seigneur
venoit prendre le plus beau meuble qui étoit dans fa
maifon , ou s'il n'y en avoit point , on lui orhoii la
main droite du mort , pour marque qu'il ne le fer-
viroit plus , comme on voit dans les Chroniques de
Flandre. Chopin , Liy. I. Tit. ^. num. 1 0. fur la Cou-
tume de Paris , donne une autre étymologie des gens
de main-morte. >■> Gens de main morte ,^|pbur ce que
» leur main comme morte ne peut prendre ni rendre
» fans l'autorité du Roi , ni pareillement rendre ou
» quitter fans l'autonré du Supérieur Eccléfiaflique ".
On appelle Gens de main-morte , caducaria. legis per-
emptorii clientes , tous les corps Se Communautés
qui ne meurent' point , quoique ceux qui les compo-
fent meurent ; la fubrogation des perfonnes qui fac-
cèdent les uns aux autres , rendant le corps de la coni-
munauté immortel. C'eft toujours le même corps :
comme font les Couvens , les Hôpitaux , les Collèges ,
les Chapitres, Confréries , & autres Sociétés ôc Com-
munautés. Quand des héritages tombent en main-
morte , les Seigneurs feroient privés des droits cafucls
qui arrivent aux mutations des pofîèft'eurs , fi on ne
leur donnoit un homme vivant , mourant Ck confif-
cant . & le droit d'indemnité. On a appelé les Ec-
cléliaftiques gens de main-morte _, parce qu'ils ne pou- |.|
M A I
voient pas tefter de leurs biens , ncn plus que les cf •
claves , fui' kiqiielsle Seigneur avoic droit de main-
monc. Ou plutôt on les appelle gens de maïn-monc ,
parce que les héritages qu'ils acquièrent tombent en
main-mom , &c ne changent plus de main: cnlortc
que les Seigneurs par -là font privés des profits de
hef. C'elt pourquoi on oblige les gens de main-mone
à payer l'nidemnité au Seigneur pour les rotures qu'ils
acquièrent, parce qu'à 1 avenir il ell privé du quint ,
& requint , & des lodi & ventes qui font dûs aux mu-
rations des poUcHèurs. Ils font aulll obligés de bailler
au Seigneur homme vivant , mourant & confikant ,
à l'égard des fieh qu'ils acquièrent , pour faire la foi clL'
hommage , & payer les droits de relief Tenir un hé-
ritage en main mont.
\}n enfant appelle main-mone , &c faire mainmorte ,
lorlqu'il lailié aller fa main au gré de fa mie , ou de
quelqu'autre qui la conduit , de manière qu'il en re-
çoit de petits fouftlets : & lorfquc fa main cft bien en
mouvement , la perfonne qui la conduit , la ftit frap-
per fur la joue de l'eniant.
Main-pleine. Terme de Coutume. Faire rapport de
main pleins , c'eft garnir les mains de la Julbce de
biens fui^ilans pour la fomme , pour laquelle un Ser-
gent fait exécution lur le débiteur oppolant.
Prendre la main , fignitie dans quelques Coutumes,
recevoir le confentement £z\c ferment des contrac-
tans. Bailler h main , c'eft donner fon confentement.
Main du Roi ,.onmain de jujiicc , veut dire la puilîàncc
du Roi , ou de la Juftice. Main du Commilîaire ; c'ell:
l'autorité du Commilîaire. Dans les Coutumes , on
trouve , mettre & alieoir la main du Roi j ou de Juf
tice, lur un héritage , ik dans le même fens , main
adilc. On dit qu'on a mis des meubles j des héritages
lous la main du Roi & de Juftice , pour dire , qu'on
les a faifis , qu'ils font gouvernés judiciairement. Ma-
r.us Régis injiccre.
Main Souveraine, fignifie puidance &: autorité fou-
veraine , la puillance , l'autorité du Supérieur , qui
juge en dernier rellort. Suprema poteftas. Il y avoir
différend entre le Châtelet & le Bailliage j à qui léve-
roit un tel tcellé j on l'a fait lever par mainfouverainc ,
par un Conieiller de laCour. Ainfidans les Coutu-
mes on lit J lé raire recevoir par main fouveraine ; ce
qui veut dire, le faire reconnoître pour vallal , par
l'autorité du Roi -, ce qui fe fait lorfque le Seigneur
féodal refuie fans caufe de recevoir fon valfal en foi
& hommage : ou bien quand deux Seigneurs préten-
dent la tenure féodale d'un même fief; alors la récep-
tion eft faite par le Juge Royal; mais cette main fou-
veraine ne Ipolie perfonne.
ÎvIain TENUE, f. f. C'ell la puilliince qui eft donnée au
propriétaire de garder ion bien. C'eft aulîi le jugement
qui confirme dans la poftefiîoa d'un bénéiice un titu-
laire trouble. P^oyci Maintenue.
Vider les mains : c'eft payer des deniers faifis à celui
qui a obtenu le jugement à fon profit.
Main-Tierce, f f. Terme de Melureur de grain , qui
eft en ulage à Landrecie. Il fignifie ce qu'ailleurs on
appelle raz , c'eft-à-dire , l'oppoféde comble. Ainfi
mefurer un boilfeau de blé de main tierce , c'eft le
mefurer raz.
Main de Mer. f. f. Manus marina. Plante qui a la fi-
gure d'une main avec fon poignet. Elle eft épailfe ,
charnue , blanchâtre , membraneufe. Elle naît dans
la mer. Elle a une odeur de marine , & un goût lalé.
Elle eft atténuante &: rélolutive , étant écrafée & ap-
pliquée extérieurement. §3^ Pour avoir une notion
plus exadte de cette produdtion d'Infeftes de mer,
voyez les Mém. de l'Acad. Roy. des Sciences , année
174-0.
tfS" Main j terme de Botanique. On appelle en Bota-
nique , mains des Plantes , ce que les Latins ont
nomme CapreoU , Claviculi , Claviculit. Ces mains
font des produélions menues , ou efpeces de filamens ,
par le moyen dcfquelles les plantes larmenteufcs s'at-
tachent & s'entortillent aux corps folides qu'elles
trouvent à leur portée. Comme ces produélions fe
roulent en tire boure , on les nomme aulli vrilles.
MAI 743
On voit affez la pofitiou de ces mains ou vriller fur
les plantes où elles croillént. Quant à l'organifarion
dit M. Duhamel J celles de la Vigne 6c delà Grena-
dillc font fcmbiables aux queues des raifins. Elles font
formées d'enveloppes corticales , défibres ligncufes ,
de vailléaux propres J de trachées Se de lillu cellu-
laire. ( Foyei ces mots, j On n'en doutera pas quand
on faura que l'on trouve quelquefois au bout de ces
mans deux ou trois grains de raifin bien formés.
^fT Ces mains fc roulent , les unes de gauche à droite
les autres de droite à gauche , (uivant qu'elles y font
déterminées par le contaél de la branche lur laquelle
elles s'entortillent.
MAiNjfc dit proverbialement en ces phrafcs. On dit.
Jeu de main , jeu de vilain ; pour dire , qu'il n'y a
que les gens ruftiques & mal appris qui fe frappent ,
ou fe mettent en danger de fe blelfer en jouant. On
dit , Froides mains , chaudes amours ; pour dire , que
la hoideur de la main , eft une marque que la chaleur
eft concentrée dans le cœur par la violence de l'amour.
On dit , donner d'une main Se retenir de l'autre , pour
dire , faire donation de quelque chofe j fins néan-
moins s'en delîâihr. Acad. Fr. On dit auflî , qu'il vaut
mieux tendre la main que le cou ; pour dire , deman-
der l'aumône ^ que de voler , & fe mettre en danger
d'être pendu. On dit ironiquement , qu'un homme a
la main bonne pour chanter , & la voix pour écrire;
pour dire , qu'il n'a aucune difpofition ni à l'un , ni
à l'autre. On dit de deux parens, de deux frères , de
deux amis qui fe font joints étroitement enfemble ,
ou qui fe rcftèmblent fort , que ce font les doigts de
la main , qu'ils font comme les doigts de la main. Et
quand ils font de différente humeur , on dit que tous
les doigts de la main ne fe rclTemblent pas. On die
d'un homme qui dépenfe beaucoup d'argent j que
l'argent ne lui arrête pas dans les mains , qu'il lui
fond dans les /«a;/2j-. Acad. Fr, On dit d'un homme
lujet à dérober ^ qu'il ne va pas fans fes mains ■ qu'il
lui faut regarder plutôt aux OTa/^5 qu'aux pieds , qu'il
n'eft pas (ûr de la main ; qu'il a les mains crochues ,
faites en chapon rôti. Pecuniarum accipiter. On dit
aulîi , De Marchand à Marchand , il n'y a que la
main ; pour dire , qu'il leur fuflit de toucher dans la
main pouriaire un marché, fins aucun écrit ; & figuré-
ment on le dit pour marquer la fociécé ou l'intelli-
gence qui doit être entre deux perfonnes de même
prcfeilion. OnditaulH à celui à qui on reproche fa
fainéantife, qu'il a toujours les mains ànns (iis poches,
qu'il a des mains de laine , Se des dents de fer. On dit
aullî qu'un homme a les mains de beurre , pour dire
qu'il ne lésa pas fermes^ qu'il laiffe tomber tout ce
qu'il tient.On dit aullî , qu'un Marchand fait crédit de
la main juiqu'à la bourfe , pour dire , qu'il veut ven-
dre argent comptant. On dit aulFi , qu'une main lave
l'autre , pour dire , qu'il fiut fe rendre des offices ré-
ciproques. On dit qui a longue main , atteint de loin j
pour dire , que les grands Seigneurs peuvent faire bien
des choies. On dit aulll qu'un homme a la main à la
pâte , quand il a quelque maniement , quelque bou
emploi où il peut bien ftire fon profit. On dit aullî ,
qu'on a mis le pain à la main de quelqu'un ; pour
dire , qu'on a été la première caufe de la fortune.
On dit auilî , que les mains lui démangent. Plante
a dir , pugni prariunt -, pour dire, qu'il a eîivic de le
battre, ou d'écrire quelque fatire , quelque ciirique.
On ditaufti , qu'il faut aller dans une aftaire bride en
main ; pour dire , avec prudence Se retenue , fans
précipitation.
Main. 'Vieux mot. Matin. Man'è.
Dolent étoit foir & main. Guil. de S. A
ND.
Main, aine. Vieux adjeélif , pour dire, moyen. Mé-
dius. M.onz-main , mons médius. Aîain-vilic , Media-
villa.
MAINA. Petite ville de la Morée, lîtuéeau pied des
montagnes de Maina , fur le golfe de Coron , à fix
lieues de Chiclifa , du coté du midi. Ce lieu eft dif-
férent de Caftro di Maina, fortereire bâtie par leî
744 - M A I
Turcs fur le c.ip de Matapan , pouf brider les Mai-
notes l'an I j70. & mince par les Vénicieus la incmc
année. Maty.
Les montagnes de Maina , ou de Mainotes , ancien-
nement le mont Taygète. Taygccus nions , AmicUus
nions. Grande montagne de la Zaconie , en Morée.
Elle commence entre la ville de Lacédémone &
celle de Zarnata; & elle s'étend du nord au lud ,
entre le golfe de Coron, & celui de Colochine ,
jufqu'au cap de Matapan , qui en eft l'extrémité mé-
ridionale. Maty.
Maina. Contrée de la Morée. Mainotarum Regio.
Bracchio de Maina, ou le pays des Mainotes, ou
des Magnotes. Elle s'étend depuis la ville de Cala-
mata jufqu'à celle de Cartel Rampano , tout le long
des golfes de Coron & de Colochine. Les Mainotes
qui ont donné le nom à ce pays, font des_ Grecs,
■qui à la faveur de leurs montagnes , confervcrent
"longtemps leur liberté , malgré la puillance des
Tjircs i mais ces Infidelles ayant pris Candie l'an
i66c), les Mainotes craignant d'être opprimés, il
s'en retira cinq ou fix cens familles dans l'Ile de
Corfe, & un millier dans les Terres du Grand Duc
de Tofcane. On dit qu'ils tiennent de l'humeur des
anciens Lacédémoniens , & qu'ils tont fort portés
au larcin & à la cruauté. Au refte , on donne quel-
quefois plus d'étendue au pays des Mainotes , & on
le confond .avec la Zaconie. f^oyei Zaconie.
MAINADAIRIE, MÉNADAIRE. f. m. Ancien titre
de dignité en Efpagne , & principalement dans le
Royaume d'Arragon. On donnoit ce nom à ceux
qui étant du rang des hommes riches , au moins du
côté de leur père , étoient mis dans la Mailon du Roi ,
parmi les OiKciers de (a Mailon. Mainadarius ^ Mef
■nadarius. Domefiicus. Ce mot s'étoit fait de Mofna-
da , qui fe difoit par contraction pour Alaïfonada ,
en Latin Manjio ; de forte que Mainadaire étoit la
même chofe que Manfionaïrc. Alanjionanus. Les
Mainadaires étoient gens d'épée , &c d'un rang im-
médiatement au-deifous des riches hommes. l^oye\
Du Cange.
TvIAINADE. f. f. Compagnie. On excommunie les
pillards Arragonnois & leurs mainades ou compa-
gnies , avec ceux qui leur donnent retraite ou pro-
tciflion. Fleury , Hiji. EccUf.
MAINBRAY , ou MAYENBRAL Village de France
fur la petite ri\'ic"rc de Tonvcns en Franche Comté ,
proche de la ville de Iley. Quelques-uns croient
que c'elt V Amagetobriga dont parle Célar dans fes
Commentaires.
MAINBURNIE. f. f. Ancien terme de Droit. Garde.
Cujiodia. Ce terme le trouve dans les loix Ripua-
riennes , tit. de Tabular'ds ; art. T 4. & i s- La Reine,
fes enlùnSj qui lont en (a inainburnic , c'eft en la
garde. Bardin.
MAINBURNIR. v. a. Vieux mot qui ùgnAe. protéger ,
défendre j tueri , &: dans la balle Latinité mamburnire.
On a dit aullî en François mainbornir.
Il n'aura ja fi grand avoir ,
Ne fi grand terre à m.ùnburnir. Baudouin de
COND.
Au douzième an qu'il terre maintint & mainborni.
R. DE Vacce.
MAINDRE. v. n. Vieux mot, qui lignifie Demeurer.
Manere. On difoit à la troiftèmc pcrfonne , il maint,
manet ; tk au parfait , il a mani j manfit.
Ce mot de maindre vient de manere , en retran-
chant le premier e , \'n ne peut plus foutenir l'rqui
fuitj iuivant les remarques de M. l'Abbé Dangeau,
il faut ajouter entre-deux un d.
îvlAINE, LE MAINE, ou le pays du MAINE. Ce
nomanenfîs Provincia , Ccnomania , Cenomannicum ,
Cinomannicum , Pagus Ccnomannicus , Cenomani ,
Auleréi Cenomani. C'efl: une province de France qui
a confervé une partie du nom des Ccnomans , (es
anciens habitans. Elle cfl bornée au nord parla Nor-
M A I
mandie ; au couchant par la Bretagne; au fud par
l'Anjou , & la Touraine ; & au levant par le Ven-
dômois Se le Perche -, on lui donne trente lieues du
couchant au levant , & vingt deux du nord au fud.
Elle cft baignée par la Miyenne , la Sarte & l'Huifnei
fon terroir elf .ibondant en blé, en vin, en lin, en
bétail. Il y a aulii quelques mines de fer. On ladivjfe
en haut & bas Maine ; le premier eft vers le levant ,
& l'autre vers le couchant. Ses lieux principaux font
le Mans , capitale, la Feité-Bernard , le Château du
Loir , Beaumont le Vicomte , Sablé , Laval , Mayen-
ne-, (Se Domh'ont. Maty. Le Maine a le titre de
Duché depuis très- longtemps. La vie de S. Conftan-
tin , & les Gefta Dagoberti Régis l'appellent Ceno-
mannïcus Ducatus. Valois , Not. p. 64.
Ce nom s'ell fait de Mania , qui s'étoit formé de
Cenomania , par aphérefe , c'eft à-dire j par le re-
tranchement des deux premières fyllabes.
MAINEVILLE. Bourg de France en Normandie , à neuf
lieues de Rouen , à trois de Lions , (Se de Mor-
temer.
MAINFROY. f. m. Nom d'homme. Manufridus ,
Manf ridas , Manjredus.
MAINLAND. Nom d'une île de l'Océan Calédonien.
Mainlandia , anciennement Romania. C'eft la prin-
cipale des Iles Schellandiques , qui appartiennent
au Roi de Danemark. Elle peut avoir vingt lieues
de long J & cinq de large. Ses habirans ne le te-
noient autrefois que le long des côtes, &c ne vivoient
que de poillon -, mais maintenant ils cultivent les
terres. Maty.
Mainland. Autre île de l'Océan Calédonien. Main-
landia , anciennement Pomonia. Elle eft à quatre ou
cinq lieues de la côte feptentrionale de l'Ecolfe ,
entre les îles Orcades , dont elle eft la principale.
Elle n'a que huit lieues de long , &c deux de large j
mais fon terroir , garanti de la violence des ondes
par de grands rochers dont elle eft environnée , eft
fort beau & fort fertile. C'eft pour cette railonque
les Anciens lui donnèrent le nom de Pomonie , du
nom de Pomone , qui étoit celui de la déelfe des
fruits : la petite ville Airkvall en eft le lieu princi-
pal. Maty.
MAINOTE. f m. & f. Habitant de Maina. Mainenfis.
Maty dit aulli Magnote , mais mal. Voye\ Maina.
Mainote , f. m. & f. lignifie aufll un habitant de la
côte méridionale de la Morée qui regarde l'Afrique,
où (ont les villes de Coron & de Modon. Mainotn.
Peloponnfi meridionalis incoU. On croit que ce (ont
les mêmes que les Lacédémoniens qui (ont devenus
prefque entièrement Barbares , & qui cherchent
par tout des établilfemens hors de leur pays. D'Her.-
ellot.
Ce mot vient <ie ce qu'on appelle Braccio , ou
Brazzo di Maina , cette côte méridionale de la
Morée.
MAINSNÉ. f. m. Vieux mot , qui fignifioit puifné ,
cadet de deux frères , le plus jeune, duorum fratrum
minor , natu minor. On diloit aulli maifné. Voyez,
Maisné.
MAINT J AINTE. adj. Creber, multus. C'eft un an-
cien mot, ciui lîgnihe, Pluiieurs, un bon nombre.
Maint eft un mot qu'on ne- devoit jamais abandon-
der , & par la tacilité qu'il y avoit à le couler dans
le ftyle , & par fon origine qui eft Françoile. La
Br. On peut encore s'en fervir dans la haute Poëfie ;
hors de-là il ne le dit plus guère que dans le ftylc
fatirique & burlefque. MÉN.
Maint Auteur antique & récent. Sar.
'MàWMc veuve fouvent fait la déchévelée .,
Qui n abandonne pas le foin du demeurant.
La Font.
Il y a apparence que ce mot vient de maint 8c
ment , qui en langue de Galles , &: de BalLe-Bretagne ,
lignifient quantité, grandeur. Huet.
Maint j s'emploie quelquefois réduplicativement. Par
maints
M A I
màïnts &: maints travaux. Mainte Sc mainte con-
quête.
J4AINTEF0IS. adv. Souvent. S^pè fnpiùs. On a
vu maintcfois arriver ce prodige. Ce mot e(l vieux ,
& ne s'emploie plus guère qu'en plai(.intjnt. «
■MAINTENANT, adv.de temps. Préllntemcnr facette
heure, au lièclc prelent. Nunc , modo , mox , hoc
ipfo tcmpore. On vit bien maintenant v^ec plus de
luxe qu'on ne faifoit autrefois. Nous fonimes main
tenant (.hns un heureux fiècle. Nous avons compté
du pallé , voyons maintenant pour l'avenir. L'Arrêt
porte qu'il jouira dès maintenant , & par provilîon ,
de la chofe conteltée. Il lignifie aulil , Tantôt. Il
veut maintenant ceci , maintenant cela , tantôt ceci ,
tantôt cela. Dans ce fens il cft vieux , & hors
d'ufage.
Ce mot vient de manus , &: de tenere , comme
qui diroit j qui tient en main. Men.
MAINTENEUR f. m. Nom que prirent les Inftituteurs
des Jeux Floraux de Touloufe. Confervator. Voyez
Floraux.
MAINTENIR, v. a. Je maintiens , je maintenais ,je
maintins. J'ai maintenu , je maintiendrai , que je
maintienne ,je maintiendrais , que je maintinjje. lfJ'1 e-
nir au même état , conicrver en état. Sujhntare,
confervare. Cette barre de kr maintient la charpente.
La clef de la voûte eft ce qui \z. maintient en état.
Maintenir , le dit aulli en choies morales , pour dire ,
Donner fecours & protection , loutenir , défendre ,
faire lublifter , conferver. Salvum & integrum pr<tf-
tare. Les Rois , & les Magiftrats font établis pour
maintenir les Loix , & la Religion ; pour maintenir
la paix , pour maintenir les peuples dans le repos &
dans le devoir. Il a été maintenu & gardé en la pof-
lelîîon de ce Bénéfice , de cette charge , de cet hé-
ritage. C'eft un tel qui le maintient à la Cour , qui
le protège, qui allure fa fortune. Un Juge maintient
f.i jurifdiélion, la délend par toutes fortes de moyens.
Maintenir an établillèment. Pat. Maintenir la Jufti-
ce. Abl. Maintenir fon honneur. Pasc.
IfT Ce verbe eft auffi réciproque , & lignifie Demeu-
rer dans le même état , en état de conliilance. On le
dit également au propre & au figuré. Les anciens
bâtimens fe maintiennent en tout ou en partie contre
le temps. Cette femme fe maintient bien , elle ne
veilJit point. Ce cheval ne maigrit point, ilfe /;zizi/2-
tient bien. Les Loix fe maintiennent dans toute leur
vigueur. La dilcipline le maintient dans les troupes.
On le maintient dans fa religion.
'fT Maintenir , fignihe aulli , Soutenir qu'une chofe
eft vraie , foutenirla vérité de ce qu'on affirme. Af-
ferere. Je vous maintiens que cela eft vrai. On de-
mande à une partie li elle veut s'aider d'une pièce
I qu'on maintient faufte , li elle veut la loutenir véri-
! table , avant qu'on reçoive l'infcription en faux.
klAiNTENiR & garder le change. ^fF Terme de Chaf-
, fe , qui fe dit des chiens quand ils chaifent toujours
la bête qui leur a été donnée , & la maintiennent
I dans le change.
Cf Maintenir fon cheval au galop , c'eft en termes
] de Manège , la même chofe qu'entretenir. Il eft
évident que maintenir vient des mots Latins , manus
&C tenere. Manutenere , tenir par la main.
MAINTENU, UE. part.
4AINTEN0N. Nom de lieu. Mefleneo. On a dit d'a-
bord Mejlenon, 8c puis par corruption Maintenon.
C'eft un gros bourg entre Chartres & Nogent le-Roi ,
fur la rivière d'Eure , qu'on a fouvent appelée la
rivière de Maintenon , depuis le loinprueux canal
que le feu Roi fit faire les années 1686 j 1687,
1688. Ç3° pour conduire à 'Verfailles les eaux de
la rivière d'Eure. Il le fit appelicr Canal de Mainte-
I non par honneur pour la célèbre Françoife d'Aubi-
1 gné , veuve de M. Scarron , qu'il avoir qualifiée
I Marquife de Maintenon.
IIaintenon. f f. Petite croix qu'on porte au cou,
dont le bâton Se la traverfe font ronds. On y met
quclquelois trois boutons , aux trois extrémités d'en-
haut & des deux bras , &c quelquefois même trois
Tome F.
M A J 74;
diamans. Françoilc d'Aubignc, "Ù.wwzi^e Maintenon ,
a donné le nom à ces croix , parce que ce fut clic
qui en porta la première.
.MAINTENUE, f. f. Terme de Palais. C^T C'eft la
confirmation par autorité de Juîbcc dans la polîèllioii
proviloire de quelque choie d un héritage , ou d'un
bénéfice : un jugement par lequel fe Juge taitant
droit au Demandeur en complainte , le maintient
dans la pollellion , en attendant qu'on fallé droit
aux Parties fur le pétitoire. Pojjcjfio , &c. Le Juge
maintient en polfellion celui qui a le droit le plus ap-
parent. En matières bénéficiales, lorlquc la pollellion
n'eft adjugée que proviloirement , &c pendant le pro-
cès , cette maintenue s'appelle récréance : ôc pleine
maintenue j lorfque le bénéfice eft adjugé définitive-
ment , eft déclaré appartenir à celui qui étoit ti'oublé
dans fa polfellion. Fay. Co.viplainte , Récréance
&: Réintegrande.
MAINTIEN, f m. Atfermillcment d'une chofe dans
le même état. Précautions que l'on prend pour la
conlerver dans le même état. Confervatia , integritas y
falus. Les lupplices &i les exécutions iervent au
maintien des loix & de la dilcipline. Le pouvoir des
Officiers eft le maintien de l'autorité Royale. Il faut
être prêt de mourir pour le maintien àeli. Religion^
delà Vérité , & de la Foi. Le maintien du bon ordre,
de la tranquillité publique.
§3° Maintien , le dit dans une fignification bien diffé-
rente , de toute l'habitude du corps , & déligne la
contenance , l'air du vifage , & le port de tout le
corps. Oris & carporis habitas & compojitio. Les Ju-
ges , les Vieillards , doivent avoir un maintien grave
& Icrieux. Un modefte &: doux maintien eft bienféanc
aux femmes. Cet homme qui vous paroît li iimple ,
eft très-lage dans le fond : il ne lui manque que des
mots , & un fevère maintien. Font.
La Dame était de gracieux maintien. La Font.
La femme prude paie de maintien Sx. de paroles;
elle cache bien des foibles fous de pailibles dehors.
La Br. Cette teinme a un maintien férieux , mais
naturel , &C qui n'a rien de compofé. S. EvR.
Quoi ! repric certain fat qu'à fa mine difcrète ,
Et fan maintien jaloux j j'ai reconnu Poète. Bon.
MAINUNGEN. Ville d'Allemagne ^ en Franconie, au
milieu du Comté de Henneberg lur la Were. Long.
28. d. 10' , lat. 50. d. 36'. ^
MAJONGO. Montagne de l'île Célèbes. Majongus.
Elle eft dans la province de Camarinha , près de la
petite ville de Cacérès , & elle eft célèbre , parce
qu'elle vomit continuellement des flammes par trois
ouvertures. IvIaty.
MAJOR, f. m. Officier de Guerre qui a différentes qua-
lités 8c fondrions. Major , prxfeclus. Le Major Géné-
ral de l'armée §3" eft un des principaux Officiers de
Tarmée , qui eft chargé de tous les détails du lervice
de l'Infanterie. Il reçoit Tordre de l'Officier Géné-
ral , qu'il donne à tous les Majors des brigades. Il
règle l'emploi des troupes pour chaque jour, foit
pour les gardes , foit pour les détachemens , & les
elcortes.
Major de Brigade de l'armée , foit Cavalerie, foit In-
fanterie, eft celui qm reçoit l'ordre & le mot du
Major Général , & qui le donne aux Majors des
autres Régimens. Major.
ÇCr Major dans un Régiment. C'eft un Officier qui
fait à peu-près dans le Régiment les mêmes fondions
que le Major Général fait dans toute l'Infanterie.
Il donne aux autres Officiers de fon corps les ordres
qu'il a reçus des CommandanSj & il eft ordinaire-
ment chargé de tout le détail du Régiment.
Major d'une place , eft l'Officier qui y commande après
le Gouverneur , & le Lieutenant de Roi. Il a le foin
de la garde , de la patrouille , des fortifications de
la place.
Major des Gardes du Corps. Pr^torianorum maio
Bbbbb
74<5 M A J
kgatus. C'eft l'Officiel- qui feit fcrvir les Gardes au-
près du Roi , &c qui a l'œil fui- le Coips de Gaide ,
> pour Elire obfervcr exademem l'intention de Sa Ma-
jefté.
Il y a aufli des hïàcs Majors , Fomnets- Majors j
Ta.mboins Majors j & autres Officiers , ainlinom^
mes , à caule de la prérogative ou ancienneté qu'ils
ont lur les autres.
Ce mot clt quelquefois adjectif, comme quand on
dit , Ecac Major , Chirurgien-Major , Tambour Major,
&c. Il eft encore adjettif en termes de jeu de Pi-
quet, comme dans tierce -/nay or , &:c. quatrième-
major, &c.
Èt^z-Major , un état qui contient le dénombrement
des Officiers qui font dillingués du refte du corps
par une plus grande folde , ou une plus grande
fourniture de l'étape , ou de l'uftenlïlc , ou par l'au
torité qu'ils ont. Status Major. Il y a un Éiiz-Major
dans tous les Régimens de Cavalerie , & d'Infan-
terie; tels font le Colonel , l'Aide -ATa/ or , le Ma-
réchal de Logis , &c. Le Chirurgien, l'Aumônier,
S:c. Il y a un Ém-Major dans les places de guerre i
il eft compofé du Gouverneur , du Lieutenant de
Roi, du Major, 'des Aides Majors , des Capitaines
des portes , des Commillaires d'Artillerie , &c.
On dit audi l'État-iV/iz/or dans la Marine , de tous
ceux qui ont table du Capitaine par le droit de leur
charge , ou emploi lur le vailîèau.
Le Major dans la Marine , eft un Officier qui a
foin de faire alfembler aux heures marquées les
foldats pour monter la garde ^ viliter les corps de
garde , donner les portes.
On dit au Piquet une quinte /«a/or , quand on a
les cinq plus hautes carres d'une même couleur :
quatrième-/7w/or j quand on a quarre cartes: tierce-
niajor quand on n'en a que trois: ainli de même,,
(îxicme major j Se feptième major, loriqu'on en a
lix ou (ept.
MAJOR , f. m. Nom d'homme. Major. A Gaze en
Paleftine j S. Major , foldat Maure , martyrilé lous
Dioclétien. Chast. au rj Février.
RIO MAJOR. Nom d'une petite rivière d'Efpagne.
Magnus fluvius , anciennement Mearus , metaurus.
Elle coule dans la Galice , & fe décharge dans la
mer de Bifcaye , à S. Martha , à quelques lieues du
Cap d'Ortégal , vers le levant. Maty.
Rio Major , eft aulli une grande rivière de l'Afrique.
Fluvius magnus , anciennement Nafabath &: Nabar.
Elle naît dans le Biiedulgérid , en la contrée de
Alezzab , traverfe celle de Zeb , & après avoir (é-
paré les provinces d'Alger & de Bugie , en Barbarie ,
elle fe décharge dans le golfe de Bug , à la ville de
ce nom.
MAJORASQUE, MAJORAT, ou MAYORASQUE.
f/CT Majorât eft fcul en ufagc. Majoratus. C'eft une
diipofition par laquelle une perfonne dans la vue
de conferver le nom , les armes & la fplendeur de
ù maifon , lailfe les biens ou un immeuble à une
famille, pour y être déféré par ordre fucceliit per-
pétuellement , en entier , à l'aîné le plus proche :
c'eft un fîdeicommis graduel, fuccelîif, perpétuel ,
fait à la famille , indivihble , &; deftiné j)our l'aine.
Ce nom a été donné à ces lortes de hdeicommis &
fubftitutions perpétuelles , parce qu'elles allurent les
biens du teftateur à ceux de fa maifon qui font &■
feront ÇnQoe&vczneiM Majores natu, lesftînés. De droit
commun , les Majorats font des fubftitutions perpé-
tuelles : s'il y en a qui ne le foient pas, il faut que cela
provienne de la volonté précife & expreJÏe du tePra-
teut J qui ait déclaré en termes formels qu'au défaut
de certaines perlonnes , en faveur deiquclles eft fait
\e Majorât , il veut & entend qu'il foit éteint. Fer.
|0" Comme le Majorât eft lailfé à la famille entière,
les femmes y font auffi appellées , de manière néan-
moins que, comme les Majorats font indivilîbles,
en parité de dégrés, & dans la même ligne, le mâle
eft préféré à la femme.
ffT Les Majorats ont commencé en Efpagiie : aujour-
■ d'hui il y en a en Italie & ailleurs : nous en avons
M A J
même dans la Franche-Comté qui a été confervée dans
tous fes Privilèges quand elle a p.illé au Royaume
de France.
MAJORDOME , f, m. Maître d'Hôtel. Œconomus. Ce
mot «ft venu de l'Italien. On s'en fert auffi en Ef-
pagne. 03" On appelle Majordome du Pape , le
Surintendant de fa maifon ; & en Efpagne le Grand
Maître de la maifon du Roi &c de la Reine porte
le même nom. Il y a long-temps que Régnier s'en
eft fervi. D'un nez de Majordome , &c qui morgue
la faim.
MajordomEj eft aufll un Officier de Galères , quia
foin des vivres. Le titre de Majordome s'cft donné
autrefois dans les Mailons des Princes , 6c dans les
Cours J à trois fortes d'Officiers , i°. au Maître d'Hô-
tel , au Grand Maître de la maifon d'un Prince , à
l'Officier qui avoir loin de tout ce qui concerne la
table Se les vivres^ qu'on appeloit autrement Eiea-
tcr , Pritfeclus menfx , ArchitricUnus , Dapifer , &
Princeps Coquorum, Voyez le mot Dapifer. i°. On
a appelé Majordome , celui qu'on a nommé autre-
ment Maire du Palais. Major Palatii, (Econome,
Œconomus , Domeftique , JJomeJiicus , Se dans le
Bas Empire Grec, Mégadomeftique , Megadomefticus,
Se que nous pourrions appeler Intendant. 3°. Celui
qu'un Prince chargeoit de toutes les affaires de l'É-
tat , tant des affaires étrangères , que des affaires du
dedans , & tant de celles de la paix , que de celles
de la guerre -, un premier Miniftre qu'on a nommé
autrement Préfet du Palais , Préfet de la Cour,
Comte du Palais , Se Préfet du Prétoire. On trouve
plulicurs exemples de Majordomes aux deux premiers
fens dans les anciennes Cours de Bourgogne , de
Ncuftrie & d'Auftrafie, auftî-bien qu'en France &
en Angleterre. Charles Martel eft appelé Majordome
dans nos vieux Hiftoriens. Le titre de Majordome fe
changea enluite en celui de Sénéchal, parce que la
même perlonne , par exemple Thibaud , Comte de
Blois , fe trouve nommé tantôt Majordome , & tan-
tôt Sénéchal. Il le pourroit faire néanmoins que ce
fuftcnt encore deux charges différentes dont la même
perlonne filt pourvue. Les Reines avoient aufti leur
Majordome. Il y avoir encore des Majordomes de
1 Églife Romaine, des Majordomes des Évêques,
qui peut-être n'étoient autre que les Vidâmes, f^oye^
Du Cange dans fon Glôtlaire.
MAJORIN , f. m. Nom d'Office , ou de Magiftrature,
en utage autrefois en Elpagne. Majorinus. M. Du
Cange en diftingue de deux fortes, les uns qui étoienc
à peu près ce que font chez nous les Maires des
villes , mais qui avoient pourtant une jurifdiélion
plus étendue , Se les autres qui étoient comme les
Majordomes des Princes, d'où vient que iouventle
Majorin ligne dans les Chartes.
MAJORITE, 1. m. Certains Hérétiques fureAt ainlî
appelés de George Major , l'un des dilciples de Lu-
ther , qui foutenoit que perfonne ne pouvoir être
bienheureux lans bonnes œuvres pas même les enfans.
MAJORITÉ , f. f. Âge réglé <Sc fixé par les loix ,
pour jouir pleinement de fes droits, faire certains
aéles, Se avoir l'adminiftration de Ion h\en. Jujla agendi
& gerendi £tas. Il a atteint l'âge de majorité. Il a con-
tracté en pleine majorité. Par un Edit de l'an 1575,
la majorité des Rois a été fixée à l'âge de 14 ans
commencés , c'eft à-dire , treize ans & un jour. On fît
une belle cavalcade à la majorité du Roi. Les femmes,
ainfi que les hommes , ne font majeures qu'après
qu'elles ont palîé le dernier moment de leur vingt-
cinquième année. Cependant les filles , pour certains
égards, font cenlées majeures quand elles lont ma-
riées. Ainlî quand un legs eft fait à une fille pour
en jouir à fa majorité , elle eft en droit d'en jouir
dès qu'elle eft mariée. Dans quelques coutumes on
a appelle majorité le droit d'aînelfe.
Majorité , lignifie aullî la charge de Major. Majoris
dignitas , munus. La Majorité d'Arras eft vacante.
On lui a donné la Majorité des Gaixles. Le Roi
donna la Majorité de Valcnciemies à Chczerat.
PÉLISSON. I
M A I
MAJORQUE. Ville capitale de ilcs de Majorque &
de Minorquc , fituée lur la côte occidentale de la
premicrc , où elle a un bon port. Majorka, an-
ciennement Palma. Cette ville eft grande , peuplée
& foite. Elle eft le fcjour du Vice roi du Royaume
de Majorque, a une Univcilîté, &: un Évêchc futira-
gant de Tarragone , V une Cour des monnoies , où
ie fabriquent la plus grande partie des Héales , ou
patagons d'Efpagne. Maty. On érigea un Évcché a
Majorque en 1530 après que le Roi Jacques d'Ar-
ragon , âgé feulement de vingt un ans en eut fait
la conquête. Ce Prince dota libéralement l'Eglife ca
thédrale, &en l'airemblée de Poblct, tenue la même
année, Bércnger Évcque de Barcelone , & fon Cha-
pitre , qui préteiidoient que Majorque étoit de leur
Dioccfe , y confentirent j & convinrent que l'Évcque
Icroit nommé pour la première fois par le Roi ; mais
qu'après la mort de ce premier Évêque , l'éleélion
fe feroitparl'Évêque & le Chapitre de Barcelone , du
confentement du Roi , & que l'élu feroit tiré, s'il
fe pouvoir , de l'Eglife de Barcelone, finon de celle
de Majorque , ou d'un autre. l'^oye\ le VII"^. Tome
du SpicUegium du P. d'Achcry , p. 211. Le Pape
Il 'accorda la pcrmilîîon d'ériger cet Évèché qu'en
_îi57.
L'île Majorque. Majorïca , anciennement Balearis
major. C'eft la plus. grande des iles de Majorque^ &
de Minorque. Elle eft dans Ja mer Méditerranée ,
vers les côtes de la Catalogne , entre l'ile de Mi
norque & celle d'Ivice. On lui donne cinquante à
lojxaiite lieues de circuit. Elle efl: fertile , riche , &
fes habirans font grands Pirates ; on pêche quantité
de corail le long de fes côtes. Ses villes principales
■font Majorque capitale , & Alcudia. Maty.
La mer de AIajorque. Balearïcum mare. C'eft une
partie de la mer Méditerranée. Elle s'étend entre les
îles de Majorque & de Minorque , jufqu'aux côtes
du Royaume de Valence j & de la Catalogne.
Maty.
îles &: Royaume de Majorque & Minorque. Voyei
Baléares.
MAJORQUIN , ou MAYORQUIN , INE , f. m. & f.
Qui eft de l'île de Majorque, ou de la ville de Majorque.
Majoricanus. Un Gentilhomme Mayorquin , Ga-
zette , de 171 j. f. iS. Un Efclave Chrétien &
Majorquïn de nation. Du Loir , f- 20S.
MAJOUR. (Le Lac^ Lacus magnus , Ferbanus lacus.
C'eft un grand Lac du Duché de Milan. Il eft en
partie dans le Comté d'Anghicra ^ & en partie dans
le Bailliage des SuUres. Il a douze Jieues du nord au
fud , & environ deux de largeur; le Telfein le tra-
verfe , & l'on voit fur fes bords les villes d'An-
ghiera , de Sefto , d'Arona , de Palanza , & de
Locarno , avec un fort grand nombre de villages.
Maty.
MAÎRAIN. /^ojqMERRAiN.
MAIRE j f. m. Nom d'homme. Mar , Maris, Ma-
rius. S. Mar , ou Maris , qui fut appelé Marius en
Italie, & que quelques uns parmi nous appellent
Aialre , étoicnt des confins de la Perfe. Il vint à
Rome avec fa femme Marthe , & fes enfans Au-
difix & Abachuc , fous l'Empereur Claude le Go-
thique, & foufirirent le martyre fous l'Empire d'Au-
rélien. P^oye^ BoUandus & Biillet , au ig Janvier.
S. Mary , que d'autres appellent Maire , fut premier
Abbé de Beuvoux en Provence au VF. hècle. Ma-
rins. Voyez Mary.
Le détroit du Maire j ou de le Maire. Murum fretum.
Ce détroit que les Eipagnois appellent quelquefois
le détroit de faim Vincent , eft un célèbre pallage
de la mer du Nord , à celle du Sud. Il eft vers la
pointe la plus méridionale de l'Am.érique, entre la
Terre de Feu , & l'ile nommée Statenland. Il n'a
que fept lieues de long , & il n'eft point dangereux ,
voilà pourquoi on le préfère à celui de Magellan.
Il fut découvert l'an 161 6 par Jacob le Mauc, Hollan-
dois , duquel il porte le nom. Maty. Le détroit du
Maire a huit lieues de long , fur quatre ou cinq de
large. Il court du Nord au Sud. Le Moréri 6c Cor-
Tomc F.
MAI 747
ncille difent le détroit de le Maire; mais les voyages
récens tant imprimés que manulcritsdc nos Marins,
difent le détroit du Maire. Nous fimcs voile pour
aller chercher le détroit du Maire ; on le reconnut
facilement par trois mondrains unitormes , nommés
les trois frères , contigus les uns aux autres dans la
terre de Feu, par-deilus lelquels on voit une haute
montagne en pain de fucre couverte de neige , Hc
reculée avant dans la terre. Frezier.
MAIRE, f m. Maire du Palais. C'étoit autrefois la
première dignité du Royaume. Magijler palatii ,pr£-
feclus prœtorio. Charles Martel étoit Maire du Palais.
C'étoit d'abord le Grand Maître de la Maifon du Roi,
qui avoir commandement lur tous les Otticiers do-
meftiques. Il fut appelé Maire du Palais , par abré-
viation , au lieu de Maître du Palais, c'étoit un
nom emprunté des Empereurs Romains, qui avoient
un Maître du Palais. Magijler Palatii. Du Tillet ,
pag. II. prétend que ce mot vient de Mer , qui
veut dire Préfet , il n'avoir d'abord que la furinten-
dance de la Maifon du Roi: c'étoit prefque la même
chofe que le Grand Maître de la Maifon du Roi
aujourd'hui. La grandeur des Maires commença à
s'acroître fous le règne de Clotaire II. Ils s'agran-
dirent encore plus par la foiblelîb des derniers Rois
de la deuxième Race , enforte qu'ils régloient la dé-
penfe du Roi, & dirigeoient toutes les afiaires. Pé-
pin réunit cette charge à la Royauré : il ne la fup-
prima pourtant pas abfolument. Il en réduifit les
fondions fur le pied de l'ancien établillemenr. Mais
ils reprirent bientôt toute leur autorité dans la dé-
cadence de la deuxième race. Comme ils avoient le
maniement des affaires de la guerre , de la Juftice &
des finances , il ne leur fut pas difficile de s'élever
au-delfus des autres Officiers de la Couronne. Ils
commandoient aux Ducs , & aux Comtes , qui
étoient les Gouverneurs des Provinces. C'eft pour-
quoi on les appela Ducs des Ducs , ou fimplement
Ducs de France. Huges Capet étoit lui-même Duc
de France , quand il fe fit proclamer Roi. Mais les
Rois de la troifième R.ace ayant compris combien il
étoit dangereux de confier une fi grande autorité à
une feule perfonne , abolirent l'office de Maire du.
Palais ou Duc de France ; ils en partagèrent les
fondions, & créèrent les quatre Grands Officiers de
la Couronne. Ils donnèrent le commandement des
Armes au Connétable; l'idminiftration de la Juftice
au Chancelier ; le maniement des Finances au Grand
Tréforier, & l'intendance de la Mailon du Roi au
Sénéchal, quis'eftdepuis appelé Grand-Maître. Pasq.
Loyseau. Le Maire du Palais s'appelle aulll Comte
du Palais. Cornes Palatii.
îvjAiRE , fe dit maintenant du premier Officier de ville
qui préfide aux Échevins & aux Confuls en plufieurs
villes J Bourdeaux , Dijon , &c. Major Civitatis ,
Conful. Le Maire eft un Magiftrat populaire , Se
qui repréfente le peuple. Le Maire prête ferment
devant le Juge Royal de la ville. Il ne préfide point
en l'alfemblée générale des habirans. C'eft le Lieu-
tenant Général en l'abfence du Gouverneur. En cer-
taines villes les Maires ont baflè-Juftice , de même
que quelques Maires de villages. Le Roi Louis XIV.
par un Édit du mois d'Août 1691. a créé dans toutes
les villes du Royaume , excepte Paris & Lyon , des
charges de Maire perpétuels , qui font les premiers
Officiers des villes. Auparavant , le Ma:ire s'élifoit
par l'alfemblée des Notables de la ville._
On appelle quelquefois Maire , un fimple Juge ,
comme le Prévôt, Maire de Pontoife. Le Juge Maire ,
& garde de Juftice. On a appelé de même Maire ,
le Juge du bas Jufticier , & celui du moyen. Juge
majeur. L'Abbaye de Sainte Geneviève à Paris a un
Maire de la haure Juftice.
Ce mot vient de l'Allemand mayer , qui fignifie
maître , ou plutôt , du Latin major , c'eft à dire ,
majeur , ou fupéiieur, Nicod. Du Cange le dérive
de majoratus.
Maire, f. m. Nom d'une forte de bateau. Un ba-,
Bbbbb ij
A I
te:ia-maire. Il en eft parlé dans rOrdonnance pour I
le tel. . . , '
Maire. Nom d'une rivière de Piémont : elle prend û
foiirce dans les Alpes , traverle b vallée de Maire ,
partie du Marquiiat de SaluUbs j baigne Saviglan , &
après avoir reçu la Grana , &c pallé à Rocognimi ^
elle Te décharge dans le Pô , à quelques lieues au-
delî'us d<; Caingnan.
Maire. Nom d'un lieu litué dans le Poitou , &: dans
le Diocèfe de Poitiers. Alariacum. V'alois ^ Not. Gall.
p. 316.
Maire de Chatel. Terme de Coutumes. C'eft le
lieu , l'endroit , la marque du Seigneur Châtelain.
Voye,\ Merc.
Maire de Londres. Premier Magiftrat , entre les
mains duquel eft le gouvernement civil de la ville
de Londres. Londïnï major , prafeclus civilis. Il eft
élu tous les ans à la laint Michel par les Bourgeois ,
ik pSr tous les corps de Métiers : c'eft toujours un
Marchand en gros , ou en détail , qui eft choili pour
cette charge. On le prend toujours du corps ou du
nombre des vingr-fix Aldermans , c'elt d'ordinaire le
plus ancien qui eft élu , quand il n'a pas encore été
Maire. Les vingt-lix Aldermans font les Confeillers ,
■ou Sénateurs de la ville. Après la mort du Roi , le
Maire eft la première perfonne du Royaume , jufqu'à
ce que (on luccelleur loit proclamé. Le jour de l'on
couronnement , le Maire fait l'Office de grand Echan-
fon. On donne au Maire le titre de Milord , bien
qu'il ne foit point Pair du Royaume. Il tient table
ouverte , & on lui donne dix mille livres fterlings
pour en faire la dépenle. , Voyez -en la defciiption
dans les lettres de Grégorio Léti. Il fait fon entrée
folennelle dans Londres , & va prêter le ferment
de fidélité au Roi le 29 Odobre , &c ce jour-là s'ap-
pelle le jour de Milord-Maire. Il a une Cour pour
maintenir les loix , privilèges , franchifes & com-
munes de la ville. Il eft le Tuteur des Orphelins. Il
a vingt- lix Cours dans les vingt- fix quartiers de la
Ville , pour maintenir l'ordre dans la Ville , cSf c. Après
que les Normands eurent conquis l'Angleterre , le
premier Magiftrat de Londres s'appeloit Bailli. Ri-
chard I. en II 89. changea le nom de Bailli en celui
de Maire , qu'on a confervé depuis ce temps-là. Ce
privilège de la ville de i-ondres , d'élire un Maire ,
eft porté par une ancienne Chartre ^ nommée Ma^na
Charta. Le Roi Charles IL &: Jacques II. révoquèrent
ce privilège. Il a été rétabli fous le règne de Guil-
laume Ili. & confirmé par un aéte du Parlement.
Voye-{ Chamberlain , & les nouveaux Etats d'An-
gleterre.
MÂIRERIE. f. f. Vieux mot , qui s'eft dit pour Mairie.
MAIRIE, f. f. Dignité , ou OfKce de Maire. Tribunatus
politicus ,popularis. En plufieurs endroits Ix Mairie
ennoblit. Il a exercé long-temps la Mairie d'un tel
lieu. Wiilimer , qui étoit un perfide , mourut la fé-
conde année de fi Mairie. Mez. Du temps de Thierri
■IL on ôta la Mairie à Rainfroi. Id. Hugues Capet étei-
gnit la Mairie du Palais , parce que le Mute, du Palais
avoir trop d'autorité.
ifT Mairie de France. C'étoit la dignité du Maire du
Palais.
'^Cr Mairie foncière. BalTe Juftice qui appartient aux
Maires &c aux Echevins.
IJC? Mairie perpétuelle. Voni^ion à' an Maire en ti-
tre d'OfSce.
îfS" Mairie Royale. C'eft dans quelques endroits ce
qu'on nomme ailleurs Prévôté.
Çr? Mairie Seigneuriale. Juftice d'un Seigneur qui a
titre de Mairie ou Prévôté.
Il y a aulîi quelques fiefs qu'on appelle Mairies ,
ou Fiefs bourjlers. Ces Mairies font inhérentes à cer-
taines terres , & ne confill:ent qu'en certains droits
Se émolumens , fans domaine. Il y en a plulieurs
au pays Chartrain. Du Cange dit , que les Mairies
étoient héréditaires , & fe donnoient en fief On les
a appelées dans la bafte Latinité marix & majorid:.
Mairie y fignifie aujourd'hui dans le Droit, Balle-
-J.ufliee.
M A I
Mairie , fe dit auflî du temps qu'on a exercé la charge
de Maire. Majoracus. Il s'eft acquis beaucoup de ré-
putation pendant fa Maine.
Mairie. Voye-^ Manderie.
MAIRIEN , MARRIEN. Vieux mot. Foy. Merrain.
MAIS , MAIZ , ouMAYS. f m. Ceft ce qu'on appelle
autrement Blé d'Inde & de Turquie. Frumentum In-
dicum , frumentum Turcïcum , ou Tricicum indicum..
Il y en a de plufieurs fortes , fort différentes par la
couleur de leurs épis. Il y en a de blancs , de rouges,
de prelque noirs, de pourprés, de bleus , & de bi-
garrés de plufieurs couleurs , le tout par l'écorce,
car la farine en eft toujours blanche. Il eft tempéré
& fort nourrillanr. Jamais les fauvages qui en ul'ent
ne font travaillés d'obftruétions , ils n'ont jamais mau-
vaife couleur ; c'eft leur meilleur remède contre les
maladies aigucs , & on en donne fans danger aux ma-
lades de toutes les maladies. On en fait un breuvage
que les Mexicains appellent atolle , dont ils ufcnt
ordinairement j & que les Médecins donnent au lieu
de tifane. Les Indiens fe nourriilent de gâteaux de
mais cuits dans une terrine. Us les mangent tout
chauds avec un peu de fel & de poivre long. Quel-
ques-uns en mangent les grains tout verts , & les ■
trouvent fort nourrilîans , & d'aulfi bon goût que
nos pois verts. DeLaetj Acofto, & de Léti , en ont
amplement écrit.
Au Mexique, les Prêtres faifoient de longues Pro-
cédions pour bénir le mais. Ils l'arrofoient du fang
qu'ils tiroient de leurs parties honteufes , &: divi-
foient les gâteaux qu'ils en faifoient comme du pain-
béni j qu'ils donnoient à manger au peuple. Her-
rÉra.
Il y a deux fortes de mais. L'un eft dur , qu'on man-
ge au lieu de pain , grillé , ou bouilli dans l'eau.
L'autre eft tendre &c délicieux. La femence du dur
le cultive maintenant en Efpagne , de non pas celle
du tendre. On fait de fa farine des begnets , de la
galette & des bifcuits. Les Médecins les plus ex-
perts préfèrent la farine du mais à celle du blé com-
mun. De cette firine & de l'eau fimple , les In-
diens font leur breuvage ordinaire , qui enfuite fe
tourne en excellent vinaigre. Des tuyaux de ce mais
qui font fort doux avant que le grain fe mûriftè ,
il fe fait d'excellent miel. Quand on y mêle quel-
ques ingrédiens , il s'en fait un breuvage qui eni-
vre -, c'eft pourquoi il eft défendu. Ses feuilles &
fes tuyaux font une bonne nourri.ure pour le bétail.
Le fon en etl allez tendre , & peut faire d'aftez bon
pain.
MAIS. Particule adverfative , qui fert à lier le difcours
en apportant la raifon pourquoi une chofe n'eft pas ,
ou ne fe fait pas. J'irois volontiers me promener ,
mais il fait trop chaud. Quand il s'agit de fes inté-
rêts , il eft vif & ardenr ; mais quand il s'agit de ceux
de Dieu , il ell indiftérent. On met louvent cette con-
jondlion à la fuite de quelque éloge pour y fervir de
correflif , & pour faire palier la médifance avec plus
d'artifice. C'eft un beau métier que la guerre , mais
il eft fort dangereux.
Mais , s'oppofe fouvent à non-feulement j pour mar-
quer quelque augmentation , ou quelque contra-
riété. Non modo , verhm etïam. Il lui a donné non-
feulement la propriété de fa terre , mais aulîI l'ufu-
fruit. Les Marcirs non feulement fouiFroient les fup-
plices , mais encore ils les cherchoienr. J'avois pris ce
remède pour me rafraîchir , mais au contraire il m'a
échaaflé.
^fT On dit encore mais même , après non feulement.
Non-feulcmen( il lui a pardonné , mais^ même il lui a
fait du bien. Quelques uns, dit Vaugelas, font diffi-
culté de s'en fervir à caufe de la rudefte de ces trois
fyllabes , ou pour mieux dire , à caufe da fon d'une
ir.ême fyllabe répétée trois fois. Mais en matière de
cacophonie ou de mauvais fon , les chofes qui fe di-
fent ordinairement, n'oftenfcnt jamais l'oreille , parce
qu'elle y eft toute accoutumée. Outie cela la troi-
fième fyllabe de mais même j a un fon fort différent
des deux autres , les deux premières ayant la termi-
M A I
r.iifon nnafjuiinc; , & la dei-niàc la tcrminaifon fé
uiiiiine.
ÇO" Il y a de plus bien dp la diftcrcncc entre mais même,
& mais aujji, qu'on met en (a place. Celui là em-
porte un Ibns bien plus fort , & a bien plus d'eni-
phafe que l'autre.
Mais , kn quelquefois de liailon aux dileours , ou
d'interrogation , ou de paliage à uiie objedion ,
qu'on prévoit qu'on peut i\iitc. On dit aulli , Mais
luppofc que cela (oit ? Mais que pouvez -vous ré-
pondre à cette pièce que je rapporte îMiJw pourquoi
avez-vous voulu ufer de violence î ALiis quand fe-
rons nous payés; Mais qu'avons-nous tait , qu'avons-
nous dit qui nous rende fi coupables ; Mais il cil
. temps d'abréger , ëcc.
Mais , fe dit aulli dans des defcnfcs , & fert d'excufe.
Je lui dois telle fomme , mais il m'en doit d'aill.urs
une plus grande. Ce Gentilhomme a donné un fouf-
flet , mais on lui avoit donné un démenti.
Mais , eft aullî adverbe en cette phrafe : Je n'sn puis
/;Zi2w ; pour dire , Je n'en, fuis pas caufc , j'en fuis
innocent j je n'en fuis pas rcfponfable. Cette fiçon
de parler autrefois fort à la mode , n'efl plus du
bel ulagc , & ne peut plus palier que dans le ftyle
familier ou dans le burlefque. Elle difoit aux Alites
qui n'en pouvoicnt mais ^ tout ce que fait dire la
ra^e , quand elle ell maîtrellè des fens. Sar. S'il ell
cocu , il n'en peut mais. S. Evr. On fait dire à un
Médecin que la mort avoit épargné :
Grâce à ma qualité, je me forte fort bien :
Mais , comme j'ai promis, la mort n 'j perdra rien;
Pour unfujct que perd, l' Empire J'ombre ,
Tant d'autres qui n'en peuvent mais ,
Vont pour moi tous les jours en augmenter le
nombre ,
Que Pluton ne pourra loger tous fes fujets.
On dit aulîî proverbialement , Mais ne vous en dé-
plaife i quand on veut contredire quelqu'un.
Mais. f. m. Cette même particule dont on vient de
parler , devient en plufieurs occafions un fubftantif ^
& elle fignifie alors en général obfiacle , empêchement.
L'ulage de ce mot en ce fens vient de ce que la parti-
cule {72j;j eft adverfative , & marque oppolîtion ,
contrariété. On joint ce mot de mais avec celui de
/, qui devient auiîi fubllanrif en ces occafions. lia
toujours quelque Jî & quelque mais , qui ne lailfe
pas ce grand Poète jouir en paix de fa réputation.
Madame Dacier. Il y a toujours quelquey? , ou quel-
que mais , qui l'empêche de tenir fes promeilés. Cela
ne fe dit que dans la converfation familière. Il y a
des gens dont les louanges font toujours fuivies d'un
mais tunefte qui gâte tout.
jMcVis _, joint avec_^«e, étoit autrefois un adverbe de
I temps^ Se fignilîoit , Lorfque. Cum , quando. Je vous
paierai mais que le terme foit venu , mais que les
autres créanciers y confentent , pour dire , pourvu
qu'ils le veuillent, quand ils y auront confenti. On ne
le dit plus_ en ce fens que parmi le peuple.
Mais , fignilîoit aulîî autrefois^ plus , davantage. Magis.
On le dit encore en Lyonnois. 'Vous dites qu'il n^y à
là que quatre aunes de ruban , il y en a mais ; pour
dire , il y en a davantage.
Ce mot vient de magis , davantage.
On diioit autrefois , A toujours mais : pour dire ,
A toujours , & les Italiens difent encore fempre mai \
Se giamai. Nous difons encore /awa/j.
Mars. Vieux adverbe qui vient de magis. Plus. Magis
plus. A toujours mais. Lobineau , Hifloire de Bre-
tagne,T. II. Glojf. Ceft le npiobB^ dès Hébreux,
la aternum & ultra.
Mais , ou Mes , prépoJ!t. qui fignifie mal , quand elle
clt jointe à un verbe ou à un nom : mais-imt ;
w^« parler: mal-faire , mal-parler; ;«e5-aife, mal-
aile , peine , incommodité. GloJf. des Poïf. du Roi
Ile Navarre. -^
JMais , f. m. Terme de Calendàer. Nom que les Turcs
MAI 749
donnent au cinquième mois , qui répond à notre
mois de Mai.
Il eft évident que ce mot vient de maius.
MAISELER, Se MAISSELLER. adj. vieux mot , qui
s'eft dit des dents. Maxillaris. Dents maifellers ,on
a dit depuis dents machelières , molaires.
MAISHUY , adv. de temps. Nunc , modo , hodiè. Prc-
fcntement , aujourd'hui , tantôt. Cet ufage a duré juf-
qu'à maishui. Vous ne verrez pas maishui , qu'on foie
de (\ facile créance. Ce mot eft vieux Se. ne fe dit
que parmi le peuple.
On difoit autrefois , & le peuple dit encore , dans
quelques Provinces , il eft maishuy temps que vous
loyez iage , que vous commenciez à faire quelque
choie , à gagner votre vie.
MAISIÈRE, f. f. Vieux mot. Borel croit qu'il vouloic
dire une haie , ou quelqu'autre cirofe qui faifoit la fé-
paration d'un champ ou d'une vigne.
Maisiere en-Brene. Maceri&Turonum in Briona , ou
in Brionisfaltu. Ce lieu avoit autrefois tiire de Ba-
ronnie , c'ell aujourd'hui un Marquifat. Valois, iVor.
G ail. p. JI 2.
MAISIÈRES. Foye:( MEZIÈRES.
MAISNARDIER , f. m. ( L's ne fe prononce pas. )
Terme d'Hiftoire , elpèce de noblefte d'Arragon qui
formoit un corps de troupes qu'on appeloit Maif-
nardiers : Ces Gentilshommes éroient des familles de
ceux qu'on appeloit hommes riches , iîicoj hombres ,
Se ils n'étoient vallaux que du Roi , des Princes du
fang , ou des Seigneurs Eccléfiaftiques.
Le nom de Mefncrdier vient , félon Oyhenart dans
fa Notice de la GaTcogne , de mefnada , qui veut dire
maifon. Les Mefnardiers étoient ordinairement Do-
meftiques du Roi ; ils étoient de la mailon , du nom-
bre de fes Officiers, ^oyeç Mainadairie.
MAISNÉ j ÉE , ( L's ne fe prononce pas. } f m. Se f.
Terme qui eft commun dans les anciennes Coutumes
Se Hiftoires ; pour dire , puîné Se cadet. Natu minor.
On diioit autrefois ainfné , pour dire ï'aifné. On a
dit aulTî maifné.
MAISNETÉj Se MAINETÉ^ f. f. Terme de Coutu-
mes. Etat d'une perfonne née après une autre , à qui
on la compare ; qualité , condition d'un mailné. Il y
a deux droits de maine té dans les Coutumes ; le droit
de maineté n\oh'A\a.iïe , qui confifte en trois pièces de
meubles qui aient fervi aux père Se mère , Se que le
maifiié prend : Se le droit de maineté immobiliaire
fe prend en quelques lieux en héritage de main-
ferme j ayant mailon manable appartenant aux con-
joints décédés, tant en ufufruit que propriété j &: dans
lequel ils ont eu leur domicile Se réfidence au temps
de leur trépas.
MAISNIL, f. m. Voye\ Mesnil,
La bonne femme du Maifnil.
A ouvert l'uis defon courtil. R. de Renard,
Ce mot vient de mafnile , qui dans la balle Lati-
nité a fignifie une portion de terre avec une petite
maifon. De manjio , qui eft bien Latin , on a fait dans
la balfe Latinité manjionile , enfuite manfnile , maf-
nile , Se mefnil.
MAISON. L f. Bâtiment deftiné à l'habitation des hom-
mes ; lieu 011 l'on peut fe retirer , Se mettre à cou-
vert Ion bien Se fa perfonne des injures du temps.
Domus , ades , manjio. On bâtit les maifons de pierre
de taille , de moellon j de brique ou de charpente.
Il ell délendu de faire des maifons à plus de quatre
étages carrés. Les Notaires de campagne appellent ,
une maifon haute , moyenne Se batfe , celle où il y
a trois lieux habitables les uns lur les autres. Cette
maifon a plulieurs appartemens , plufieurs corps de
logis ; c'eft une maifon bien dSrée , bien bâtie. L'an-
cienne Rome étoit compofée de quaranre-huit mille
maifons ifolées. Paris n'en a environ que vingt mille.
(fT La Reine Elilabeth dit un jour à Bacon, Garde
des Sceaux d'Angleterre , votre maifon eft jolie; mais
elle eft bien petite. Madame , répondit-il , elle eft
^yo
/
M A I
adez grande pour moi , miis votre Majcfté m'a fait
trop grand pour ma Maifort.
On dit f-aire les honneurs de la maifon , en par-
lant des civilités qu'on fait à ceux qui rendent vi
fite , ou qu'on a invités à quelques cérémonies de
famiJl-e.
Ce mot vient de manjio , Se de manere. MÉn. En
vieux Gaulois on difoit mas Se mafage , d'où viennent
encore plufieurs noms des maifons de campagne &
de familles.
On dit tenir une maifon à louage , quand on n'en
cil pasle propriétaire , quand on la loue à prix d'ar-
gent ; maifon garnie , quand on la loue toute meu-
blée. Domum conducere , conducîam habsre.
On appelle une mafon de plaifance , une maifon
de campagne , qu'on prend plnilir à embellir Se à
orner pour s'y aller'divertir. f-ll/a , rus , ndcs pfiudo-
vrhanx. C'eft ce qu'on appelle bajlide en Provence ,
caffmc en quelques endroits , en d'autres lieux , do-
ferie , &c. En Italie vigna, en Elpagne & en Por-
tugal quinta. Le mot de vigne cft venu en ufage en
-François , pour fignifier les maifons de campagne des
'Seigneurs Romains ; la vigne Farnèfe , la vigne Bor-
ghèfe , &c. Chez les bourgeois on les appelle mai-
fons de bouteille. Maifon de bouteille eft une petite
maifon près de la ville , où l'on va quelquefois ,
•comme l'on dit , boire bouteille, c'eft-àdire , fîirc
de petits repas avec les amis. On pourroit l'appe-
ler en Latin Mica , comme Domitien avoir appelé
une petite maifon qu'il avoit bâtie pour y manger
quelquefois avec fes amis j iSc dont Martial parle. Liv.
II. Epigr. SQ-
On appelle maifon ruftique , une ferme ou une
métairie, pour faire valoir les biens de la campa-
gne.
Le P. Bouhours prétend que maifon de campa-
gne ne fe dit que des maifons qui appartiennent à
des perfonnes de qualité ; & que maijon des champs
ne fe dit que des maifons qui appartiennent à des
familles bourgeoifcs.
Mais-on de dépens , fignitîe dans quelques Coutumes
une efpèce de prifon différente des priions ordinai-
res , dans laquelle un débiteur eft enfermé faute de
paiement.
Maison Dieu , ou Hôtel- Dieu , eft un Hôpital où
l'on reçoit les malades. Nofocomium. On a fait plu-
fieurs réglemens pour les Maifons-Dicu Se Mala-
deries.
On dit aulfi en termes de l'Ecriture , que l'Egli-
fe ePt la maifon de Dieu. Jésus-Christ en challanr
les Aiarchands du Temple , dit que fa maifon étoit
une maifon de prière, 8e qu'on en avoit fait une
boutique de larrons. Domus Dei.
En termes de Blalon on appelle une maifon ejjo-
re'e , quand la couverture eft reprélentée d'un autre
^mail que le corps du bâtiment.
Maison forte , eft un château folfoyé , ou fortifié
à l'antique .5 qui fe peut défendre des coups de
-main.
Maison, fe dit aulli d'un Couvent, d'un Monaftère.
Ce Chef d'Ordre a tant de Maifons dépendantes
de fa Filiation. Monafterium , Cella. On a ordonné
la réforme de plufieurs Maifons Religieufes en par-
ticulier. Les Clercs réguliers donnent le nom de
Maifons à leurs demeures , & non celui de Cou-
vens , ou Monaftères. Les Maifons des Barnabites ,
des Théatins , des JéUiites. Les Jcfuitcs ont des Mai-
fons profeftès & des Collèges; ils nomment les No-
viciat des Maifons de probation. Ils ont des Mai-
fons de retraite pour les exercices fpirituels , où ils
reçoivent les perfonnes féculières j ôe les Eccléliaf-
tiques qui veulent .pratiquer ces exercices durant
huit ou dix jours.
On noiTîme Maifons forcées , les lieux où l'on
enferme les filles Se femmes de mauvaife vie, mal-
gré elles. On dit plus ordinairement Maifon de
force.
Maison de force , c'cft un lieu où l'on enferme les
feain;cs ou filles débauchées ; on l'appelle z'i'XiMai-
M A I
fon de Corredion. Meretricum Carcer , ou Cuflodia,
C'cll le Lieutenant de Police , qui envoie à la Mai-
fon de force les femmes qui l'ont mérité. Il y a un
Règlement pour la Maifon de force de la Salpétriè-
re , ou Hôpital Général de Paris. Voyez le Traité
de Pohce de M. de la Mare, T. I.p. 4Ç)6.
Maison de la paix , c'eft dans quelques Coutumes ,
l'auditoire du Juge : on le nomme ainfi , parce que
c'eft le lieu où l'on termine les diiiérens.
Maison de Santé. Maifon établie pour faire quaran-
taine , quand on a eu communication avec des gens
ou des lieux infeûés ou fufpefts de maladie con-
tagieufe. Voye:^ le Traité de Police de M. de la
Mare , Liv. IF. Tic. XIII. c. S. T. I. p. 62p. &
fuiv.
MA.rsoN , dans le commerce. C'eft un lieu de corref-
pondance qu'un Négociant établit dans les villes
de Commerce , où il a une maifon louée en fon
nom , avec un Fadleur ou un aflociè pour la sûreté
& la facilité de fon Commerce. Les gros Marchands
& les Banquiers tiennent ainfi Maifon dans plu-
fieurs villes du Royaume , Se même chez l'étran-
ger.
Maison de Ville , eft le lieu où s'afiemblent les
Officiers qui ont foin de la conduite des affaires des
habitans , Se de la police de la ville. Comitium , .
<tdes confularis , baficila civilis. Les Officiers de la ' j
Maifon de Ville , après le Gouverneur de Paris ,
font le Prévôt des Marchands , quatre Echevins , &
vingt-fix Conleillers de Ville. Le Bureau de \3. Mai-
fon de Ville. Les rentes fur la Maifon de Ville. On
le dit aullî des Officiers qui tiennent ce Bureau. La
Maifon de Ville eft allée en corps foire fes remon-
trances , fes préfens au Roi , eft allée au-devant de
lui a fon entrée. Ainfi Maifon de Ville fe prend
pour les gens qui ont foin de la Ville , qui en font
les Magiftrats , qui s'afiemblent dans la Maifon de
Ville. Senatus civilis.
Maison Royale. uî,des Regia , Maifon qui appar-
tient au Roi , où il fait quelquefois fa demeure.
M. le Brun a fait repréfenter en une tenture de tapif-.
ferie de douze pièces, autant Ae Maifons Royales,
qui font les feules aftuellement entretenues par le
Roi : le Louvre , le Palais Royal j le Château de
Madrid au Bois de Boulogne ,Verfailles, SaintGer-
main-en Laye, Fontainebleau, le Château de Vin-
cennes , Marimont en Flandre , Chambord , le Châ-
teau desTuilleries , le Château de Blois j Monceaux.
On peut ajourer à ces douze Maifons que M. le
Brun a reprèlentées pour faire allufion aux douze
Maifons du Soleil , qui eft l'cmiblême du Roi , les
Maifons de Compiègne, Saint Cyr, Marly^ Meu-
don, Chaville, Se du Plellîs lès-Tours. Il y a plu-
fieurs autres anciennes Maifons de nos Rois , Se
même quelques-unes qui font peu connues des meil-
leurs Antiquaires , Se des plus Savans dans notre
hiftoire. M. de Valois , M. Du Cange , le P.
Mabillon , ont travaillé là-delfus. Voye^ les bâti-
mens de France de Jacques Androuet du Cerceau.
Garder la maifon ; c'eft refter au logis. Sur ce que les
Chinois ont foin d'empêcher que les pieds des filles
ne croifientj le P. le Comte dit que quelques uns ont
cru que c'a été une invention des Chinois , qui pour
mettre- les femmes dans la nécellité de garder la
maifon , mirent les petits pieds à la mode. P. Le
Comte.
On dit par reiremblancc Se extenfion , qu'une
tortue porte fa maifon fur fon dos ; que la maifon de
Diogène étoit un tonneau.
Maison , fignifie auflî le ménage , les perfonnes qui
compofent une famille ^ qui habitent une maifon ;
Se le revenu dont elle fubfifte. Familia. Il n'a que
lui lîv' deux valets pour toute (a mai/en. C'eft un
enfant de la maifon. Le maître , la maitrefte de la
maifon. Cet homme a fait une bonne maifon , a
bien établi fa maifon. C'eft une maifon bien réglée,
une maifon ruinée. Les rentes de la ville font rou-
ler la maifon , le ménage. On dit auffi , qu'un hom- .
me tient maifon , quand il tient ménage, quand il "
M A ï
a des valets , lorfqu'il ii'eft ni en pchfioii , ni en
auberge. On die aulli , faire fa maifon , pour dire ,
prendre des domcfiiques. li cft arrivé un Auibaf-
ladeuï; mais il n'a pas encore fait fa maifon. Cela
ne fe dit que des perfonnes qui lunt dans une haute
élévation.
En ce (ens , on dit , la maifon du Roi , ou des
Prmces; pour dire tous les Otlicicrs de bouclie, de
chambre , de garderobe , !kc. Domejlici Régis. La
dépenfe de la Maifon de Louis XL qui n'étoic au
commencement de ion règne que de iS à 38 mille li-
vres , monta fur la fin jufqu'à 80605 liv. fuivant
la fupputation qu'en a fait Matthieu. On a fait l'ér.it
de la Maifon de Monfeigneur le Dauphin , de Mon-
teur, à l'inllar de h Maifon du Roi. Il a fait cou-
cher un tel fur l'état de Ca. Maifon. Toute (a. Maifon
étoit d'un tel voyage.
On appelle aulli Maifon du Roi , Maifon Militaire
du Roi, les quatre Compagnies des Gardes du Corps ,
les Gendarmes de la Garde du Roi , les Chevaux-
léga-s & les Moufquetaires i on y a joint une Com-
pagnie de Grenadiers à cheval qui campent à côté
des Gardes du Corps en campagne ; mais qui ne
font pas du Corps de la Maifon du Roi. Pntwriani
Milites. C'efl: ce qu'on appelle tout court , la Mai-
jon du Roi. On y comprend aulfi les deux Régimens
des Gardes-Françoifes , & des Gardes-SuilTes. On
tient que la Maifon du Roi fait fept ou huit mille
hommes , qui font les meilleures troupes de l'ar-
mée.
La Maifon Royale ; c'efl: ainfi qu'on appelle en France
tous les Princes du Sang.
Maison , fe dit auili d'une race noble , d'une fuite de
gens illuftres venus de la même louche , qui fe font
lignalés par leur valeur , ou par leurs emplois , ou
par de grandes dignités. Familia , genus , firps ,
gens. Les Maifons de Bourbon & de Saxe palient
pour les deux plus anciennes Maifons de l'Europe.
La Maifon de Lorraine , d'Orange , fe font lort
, fignalées. Le grand Cônoe de Médicis a été l'hon-
neur de fa Maifon. Ce Gentilhomme a époufé une
fille de bonne Maifon , de grande Maifon. Il n'y a
que les perfonnes un peu dillinguées par leur naif-
fance , & élevées par leurs dignités , qui puilfent
dire , ma maifon. Cail. On ne voit que trop de ces
ufurpateurs de nom illuftre , qui reirufcitent des
maifons éteintes depuis long-temps , & s'en font
defcendre par des généalogies imaginaires. Id. Dans
ks grandes Maifons , on facrihe d'ordinaux les plus
jeunes entans à la fortune des aînés , pour éviter
les parta^jes qui les aftolbUlfcnt. Boss. La Maifon
de Jagellon , qui avoit régné près de deux cens ans
dans la Pologne , fut éteinte. Fléch.
I Maison, famille, lynonymes. Famille , dit M. l'Ab-
I bé Girard , eft plus Bourgeois : Maifon eft plus de
qualité, f^oye^ au mot Famille.
Traiter quelqu'un en fils de bonne maifon , ou quel-
qu'une en fille de bonne maifon. Cette phrafe a
deux fens. 1°. C'efi: traiter quelqu'un en homme
de condition , avec honneur & avec difliinétion. Le
P. le Comte l'a prife en ce premier fens dans fes
Mémoires. 2°. On le dit de ceux qu'on a févère-
ment puni";. Je ne fais pourquoi ,• il ce n'eft parce
que les enfans de qualité étant autrefois élevés avec
beaucoup de foin , on ne leur pardonnoit rien , on
les puniiroit de leurs défauts pour les en corriger,
au lieu que les enfans du peuple n'avoient point
d'éducation , qu'on ne faiioit point d'attention à leurs
défauts , ni à les en corriger. Ce dernier fens efl: le
plus ordinaire.
Les Petites-Maifons. C'eft ainfi qu'on appelle à Paris
l'Hôpital où l'on renferme ceux qui ont l'elprit
aliéné. C'eft un homme àmct::ie aux Petites-Aiai-
fons.
D'oh vient, chérie Vayer, que l'homme le moins fage.
Croit toujours feul avoir la fogeffe en partage ;
Et qu'il n'ejl point de fou , qui par belles rSlfons ,
M A I
Ne loge jon voifin aux Petites-Maifons ;
Boa.
7JI
Un Efpagnol a dit , que dans le Chriftianifme il
ne falloir que deux fortes de pnfons , des prifons
de l'inquilition , & àziPctitcs-Maifons ; ^?,x.cc que
ii l'on ne croit pas ce que la foi nous enleignc ,
c'efl: être infidcllc ; li on ne le pratique pas , quand
on le croit , c'ell être fou. Il pouvoir dire qu'il ne
falloit que des Petites Maifons ; car la Religion eft
ii bien prouvée , qu'il n'y a pas moins de folie à
ne pas croire , qu'il y en a à ne pas vivre confor-
mément à fa créance.
Maison, Caleftis folis domus , en termes d'Aftrolo-
gic , cft une douzième partie du ciel , dans laquelle
on feint que les Allrcs qui s'y rencontrent ont de
certaines influences bonnes ou mauvaifes , fur les
corps fublunaires , & à chacun dcfqucls les Aftro-
logucs aflignent des vertus particulières , fur quoi ils
drcHcnt &: jugent leurs horofcopcs. Cette divilion
fe firit par fix grands cercles qu'ils appellent de po-
fîtion, qui ont leurs pôles , &: qui té coupent dans
l'interfeèlion commune du Méridien , &c de l'Ho-
rizon , fuivant la façon commune de Domifier ,
qui eft de Régiomontanus ; car les Anciens en
avoicnt trois autres. Ces cercles divifent l'équateur
en douze parties égales , fans aucune relation au
Zodiaque. L'Horizon &z le Méridien , font deux
cercles de maifons céleftes , qui divifent le Ciel en
quatre parties égales _, dont chacune occupe trois
Tîhïifons. Il y en a fix au-defllis de I Horizon , & fix
au-deflous : il y en a fix Orientales , &c fix Occi-
dentales. Le thème , ou figure célefte , eft compofé
de douze triangles , qu'on appelle auffi maifons ^
dans lefquelles on marque les aftres , fignes & pla-
nètes qui fe trouvent compris entre chaque efpace
de ces cercles de pofîtion. Chaque planète a deux
maifons particulières , où elle exerce plus fortement
fon aélion. Le Soleil & la Lune n'en ont que cha-
cun une. Le Lion eft la maifon du Soleil ; le Can-
cer , celle de la Lune , ^c. Quelques-uns appellait
aufîi ces maifons, dodécatemories & Angles. Mais
le nom de dodécatemories convient mieux aaix douze
fignes , ou douze parties du Zodiaque. Les maifons en
Artrologie ont aulfi leurs noms fuivant leurs qualités.
La première eft la maifon de la vie; c'eft l'afcendant qui
contient f degrés au-delfus de l'Horizon à l'Orient ,
& le refte eft deflbus. La 2^. qui fuit , eft appelée
la maifon des richeffes. La f. la maifon des frères.
La 4^. dans le plus bas du ciel , la maifon des pa-
rens , ôc l'angle de la terre. La f. la maifon des
enfans. La 6^ la maifon de fonte. La 7'. la maifon
de mariage , & angle d'Occident. La 8^ la maifon
de la mort , & porte fupérieure. La 9^ la maifon
de la piété. La 10«^. la maifon des Offices. La 1 1^ la
maifon des amis. La 11^. la maifon des ennemis.
On dit poétiquement & communément , que le
Soleil a douze maifons; par- là on entend les douze
fignes , quoiqu'en etiét le Soleil n'ait que celle du
Lion : outre que la divifîon de maifons fe fait par
l'Equateur , &c non par le Zodiaque. On commence
à compter les maifons par l'afcendant , & on fuit
en paft'ant par le Nadir , ou le bas du Ciel , enforte
que celle du point vertical cft la dixième.
En termes du grand Art , on appelle uu niatras
la maifon de verre des Sages; & le fourneau philo-
fophal , ou l'œuf hermétique , s'appellent la maifori
du poulet des Sages.
Maison , fe dit proverbialement en ces phrafes. On
dit qu'un homme n'a ni maifon , ni buron ; pour
dire qu'il n'a aucun héritage. On dit aulli. Qui veut
tenir nette fa maifon , n'y mette femme , prêtre ,
ni pigeon. On dit auiïï , Faire maifon nette ; pour
dire , Challer tous fes valets enfemble, pour en re-
prendre d'autres. On dit aulîî , que le Charbonnier
eft maître en fa maifon ; pour dire , que chacun eft
maître chez foi. On dit aulli , maifon faite & fem-
me à faire ; pour dire, qu'il faut rechercher une
7J1 M A ï
hlle qui ait des bien tout acquis , oc un efpric do-
cile qu'on puiil'e dteller à la faintaiiie. On dit aiilH ,
Vous loyez le très bien venu comme en votre mal-
fon de l'ilc Boucharc. On dit aullî de la ma'ifon
a'un avatc , que c'eft la maifon de Dieu , où on ne
boit , ni on ne mange. On dit aulk , Quand on voit
brûler la maifon de l'on voilin , on a lujet d'avoir
peur; quand quelqu'un prévoit qu'on lui va faire
le même mal , qu'on a fait à Ion compagnon d'of-
fice, à fon allocié. On dit aulîl , qu'un homme ell
fait en brûleur de maifon , quand il eft mal ha-
billé & en défordre. On dit aulli, qu'on a vendu
une choie par dellus les maifons ; pour dire , qu'on
l'a vendue fort chèrement. On dit d'un écorniHcur,
qu'il eii comme les violons j qui ne trouvent point
de pire mai/on que la leur. On dit que les maifons
empêchent de voir la ville j quand on voit tant de
belles choies enfemble , qu'on n'a pas le loifir d'en
■conlidérer chacune en particulier. On dit aullî ,
qu'on traitera quelqu'un en enfant de bonne mai-
fon ; pour dire , qu'on le châtiera févèremcnt. Voyez
ci dellus. Les maifons d'Ulcrche , petite ville du Li-
moulin , font bien bâties , Se couvertes d'ardoife.
Leur lolidité Se leur propreté ont donné lieu au
Proverbe : Qui a maifon à Ulerche , a château en
Limoulin. M. Piganiol delà Force , Defcription de
la France, in-i2. ij22. T. 6. p. jSi.
Sorel a fait un Livre qu'il appelle la maifon des
Jeux , où il lait un recueil des jeux , où l'on le
divertit. On a fait aulîi la maifon ruftique ; qui eft
un beau recueil qui fert à l'agriculture j &z au mé-
nage de la campagne.
MAISONCELLE. f. f. Vieux mot. Une petite mai-
fon.
MAISONNAGE f. m. Terme de Coutumes. Bois de
haute futaie quon coupe pour bâtir des maifons.
Materiamen.
tfr MAISONNÉjÉE. adj. Garni de maifon. C'eft la
plus belle rue que je crois qui loit en tout le monde j
ik la mieux maifonnée. Commines, en parlant de
la grande rue de Venile. Il eft vieux.
MAISONNÉE, f. f. Terme populaire qui lignifie tou-
tes les perfonnes d'une famille qui demeurent dans
la même maifon. Familia. Quand on prie ce bour-
geois à dîner, il amène toute la maifonnec , ft fem-
me , les enfans , la lervante , les garçons, &c.
MAISONNER. v. n. Bâtir des maifons. J¥.dificare.
Hauts bois , bons à maifonner de édifier. Cout. de
Sens , art. I s2. Il eft dans Nicot, dans Monet, lit
dans Cotgrave. Il eft vieux.
%p- MAISONNEMENT. f. m. Vieux mot , qui figni-
fîoir amas de maifons. Et fut bien émerveillé de voir
un iî grand maifonnement , &■ tout en l'eau , & le
peuple n'avoir autre forme d'aller qu'en barques.
Commîmes.
MAISONNETTE, f. f. Diminutif. Petite maifon. ^-
dicula , domuncida , attegis..
M'AIST DIEX. Vieux mots. Efpècc d'affirmation ,
de ferment. Il fîgnihe , Dieu m'ait en aide , s'il
plaît à Dieu. Polf. du Roi de Nav.
MAISTE. f. f. Vieux mot. Majefté.
MAISTREMENT. Vieux adv. En maître. Nous di-
■fons aujourd'hui Magijlralement. Hugues de Berri
maiflrcmcnt , qui eft moins Latin. Rech. de Paf-
qui'cr , liv. S. cliap. s > P- "^- ^^3 > ^"- ■^^
MAISTRIE. f. m. Vieux mot. Domination. On a dit
aullî Maijlrier , pour. Dominer, & Maijlrement,
pour Magiftralement.
MAÎSTRIER , MAISTROYER. v. a. Vieux mot.
Maîtrifer , gouverner , dominer. Poëf. du Roi.
SCr MAÎTRE, f. m. Celui qui a des Sujets, qui com-
mande , de droit ou de force , qui a des domaines,
qui peut difpofer comme il lui pblc des chofes.
ÎDûminus, Dieu eft le Souver.iin Maître de l'Univers,
qui l'a créé , qui le peut détruire. Les Rois font maî-
tres dans les Etats ; ils y peuvent parler en maîtres ,
ils les gouvernent en maîtres. Dire que le Prince eft
maître abfolu des biens de fes" Sujets lans égard , ni
difcuûîon , c'eft le langage de la flaterie. La Br.
MAI
Les François ne lauroient recevoir de maître fans
chagrin , ni demeurer les leurs fans dégoût. S. Evr.
Naturellement on hait le nom de maître. S. Evr.
Les anciens Grecs faifoient conlifter leur félitité, à
ne point fouttrir de maître. Boil. Les Romains fe
virent les maîtres en Italie , & commencèrent à re-
garder les aftaircs du dehors. Bossu et. Rome, qui
devoir être la maîtrejfe de l'Univers , & dans la
fuite le liège principal de la Religion j fut fondée fur
la fin de la troihème année de la iîxième Olympia-
de. Id.
// efl beau de mourir maître de l'Univers. Corn.'
Les Grands n'auroient qu'un plaifir imparfait à
être les maîtres , s'ils ne taifoient lentir le poids de
leur domination , & l'étendue de leur pouvoir.
Bell.
La foi ne règne plus où règne plus d'un Maître ,
Et chacun fe croit feul ajjèi digne de Vitre. Bréb.
Un particulier eft maître de fa terre , il la peut
vendre , engager , donner , 6c. Le mari eft le maî-
tre de la commimauté, il en peut dilpofer comme
il veut. IJCT Un Ambalfadeur ou autre Étranger ,
en parlant du Prince dont il eft Sujet , l'appelle fon
Maître, Le Roi mon Maître m'ordonne j &c. Être
Maître , être le Maître de faire une chi^e , avoir la
la liberté , le pouvoir de la faire.
Maître , fe dit aulli d'une qualité qu'on donne à plu-
lîeurs Chefs & Officiers qui ont quelque comman-
dement j quelque pouvoir d'ordonner", & premiè-
rement aux Chefs des Ordres de Chevalerie. Ma-
gifler. Le Grand Maître de Malte. Le Gmnà-Maî-
trc de Saint Lazare , de l'Ordre de la Toilon , d'Aï-
cantara.
Chez les Romains on donnoit le nom de Maître
à plulîeurs Officiers. Le Maître du peuple. Magif-
ter populi , c'étoit le didateur. Le Maître de la Ca-
valerie , Magifler Equitum , c'étoit le Colonel gé-
néral de la Cavalerie ; dans les armées , il étoit le
premier Officier après le Didlateur, parce que quand le
Dicl:ateur commandoit l'armée, il n'y avoit point dans
l'armée de Commandant lous le nom de Général.
Imperator. Dans la fuite j & fous les Empereurs , il
y eut des Maîtres de 1 Infanterie , Magiflri pedi-
tum. L'étendue prodigicufe de l'Empire obligea de
mukiplier ces charges , & d'établir en Otient & en
Occident des Maîtres de la Cavalerie , tk. des Maî-
tres de l'Infanterie.
Maître des armes , dans l'Empire Grec , étoit un Offi-
cier au-delfous du Maître de la milice : il étoit com-
me le Contrôleur de ce qui regardoit les armes. Ma-
gifler armorum. On le confond quelquefois .avec le
Maître de la Milice , appelé Magifler militum.
Maître , ou Maire des bourgs , ou villages , Ma-
gifler Vicorum. Nom d'un ancien Magiftrat établi
par les Romains dans chaque bourg ou village , pour
les gouverner , Juge d'un bourg. C'étoit le dernier ,
& le plus bas Magiftrat de ceux qui gouvernoient
les dix-fept provinces des Gaules. Voye\ de la Mare,
Traité de Police , T. I , p. 2j. a.
Le Grand-Maître de la Mailon du Roi , eft le premier
Officier de fa M.aifon. Celui qui prend aujourd'hui
le titre de Grand-Maître de la Maifon du Roi , s'.ap-
peloit autrefois le Souverain Maître d'Hôtel du Roi.
Magijierregii palatii. Cette charge répond à celle de
Maaifler officiorum des Empereurs Romains. Il étoit
apparemment le feul chef de toute la Maifon du Roi,
éc avoit la furintendance lut tous les Officiels indif-
tinétement. C'eft pourquoi tous les autres Officiers
qui fe font faits Officiers de la Couronne , font en-
core à préfent couchés lur l'érat général de la Maifon
du Roi , qui eft le vrai état des Offices, qui font fous
le Grand Maître , Se font tous Jufticiables du Pré-
vôt de l'Hôtel , qui étoit le Juge anciennement éta-
bli par le Grand-Maître. Loyseau. Les Maires du
Palais avoicnt autrefois l'Intendance de la Maitbn du
Roi
M A I
Roi. Lorfqu'on en partagea les fondions pour en
aftoiblii' le pouvoir Tous la dcuxicmc Kacc, l'Inten-
dance de l.i Mailon du Roi fut donnée au Sénéchal :
& le Grand Maure a luccédé au Sénéchal, l^a (up-
predion de l'Office de Maire du Palais donna auCon^
nctable toute la jurifdichon fur les gens de guerre; &■
au Grand-Maure de la Maifon du Roi , lur toutes
les aftions qui le palloient dans les Mailons Royales.
De la Mare, Tr. de Police, T. I , p. r^S. Le
Grand Sénéchal , ou Grand-Maure , outre les émi-
nentes tonCtions attachées a fa charge, eut aulli d a-
bord le droit de connoitre avec les Maures d'Hôiel
du Roi de toutes les adions , tant civiles , que cri-
minelles _, qui ie paiiuient dans les Maifons Roya
les. Id. p. 1 j2. Aux funérailles du Roi , il jette fon
b.lton de commandement lur le cercueil , pour mon
trer que fa fondlioii celfe.
Le Grand-Maure des Cérémonies. Cette charge fut
créée par Henri II. en 15S5. Le Grand Maure des
Cérémonies picte le ferment de tidélité entre les
mains du Grand-Maure de la Mailon du Roi. Rituum
(i' ojjîàorum magijler. Pour marque de là charge , il
porte le bâton de Cérémonie , couvert de velours
noir j le bout & le pommeau d'ivoire. Il allifte à tou-
tes les cérémonies : c'ell à lui à qui il appartient d'en
ordonner , , & de rigler les rangs & la piéféance.
Quand le Grand Maure des Cérémonies va porter
les ordres du Roi aux Cours Supérieures, il prend
place entre le dernier j & le pénultième Confeiller;
il a l'épée au côté , &: le bâton de Cérémonie en
main. Aux premières de dernières audiences des
Amballadeursj il les reçoit au bas de l'efcalier, &c
les accompagne en marchant un peu devant à la
droite. Il y a aulli un Maître des Cérémonies , qui
£îit les fondions conjointement avec le Grand Maî-
tre. Il y a à la Cour du Pape un Maître des Cérémo-
nies , qui ne prend point le titre de Grand. Dans les
Cérémonies Ecclélîaftiqucs j on établit un Maître
des Cérérrionies , dont l'emploi elT: de régler les rangs ,
& l'ordre de la Cérémonie.
Le Grand-Maître de la Garderobe. Cette Charge A. été
créée en 1669. Le Grand-Maître de la Garderobe
prête ferment de fidélité entre les mains du Roi. Il a
loin des habits & du linge du Roi. Rei vejliaru PrA-
feclus. Il donne la chemile au Roi , eji l'abfcnce des
Princes du Sang , du Grand Chambellan , &: des
premiers Gentilshommes de la Chambre. Quand le
Roi donne audience aux Ambalîadeurs, le Grand-
Maître de la Garderobe a. ix place derrière le fauteuil
du Roi. Il y a aufli àexn Maîtres de la Garderobe qui
lervent par année.
Le Grand-Maître de l'Artillerie. Supremus rei tormen-
tafiA préifeclus. Il a luccédé au jGrand-Maître des
Arbalétriers , Loise au. Maître des Arbalétriers j Maî-
tre desCranequiniers. ^oye^ Artillerie, Arbalé-
trier , CRANEQ.UINIER. Le Grand-Maître 6c Sur-
Ihtendant du Commerce. Le Grand-Maître des Pof-
tes. Les Grands-Maîtres des Eaux de Forêts, f^oje^
Eaux.
Maître du Cens. MagiftratRomain établi par Augufle,
Magijler Censâs. Augufte s'étant réfervé toute l'au-
torité de la Cenfure , créa un Officier pour faire feu-
lement fous les ordres du premier Magillrat de-Po-
lice , la delcription du peuple Romain, & de (es
revenus. Cela s'obfervoit principalement , afin Je re-
connoitre dans les beloins publics , ou en temps de
guerre , ce que chacun devoir contribuer légitime-
mentaux charges de l'Etat ; d'où cet Officier fut nom-
mé , Magijler Censâs. Il étoit encore de les foins de
tenir unRegiftrede tous les Etrangers qui anivoicnt
à Rome , de leurs noms , leurs quahtés , leur pays,
& le fujet de leur voyage ; & lorfqu'ils y vouloient
demeurer oififs & inutiles après leurs affaires finies,
il les obligeoit d'en fonir. De la Mare , Traité de
Police , L. I , Tit. IV , c. jf.,p. 20. Au refte , cet
Auteur cite mal à ce fujet Suétone , c. X. Suétone ne
parle point , que je fâche , de linftitution de ce Ma-
girtrat pat Augufte. Le Maître du Cens , comme il
parojt par Dion dans CaracaUa , ivétoit rien moins
K Tome F. -'•■'■
M A I 75-3
qu'unCenfeur,ouunSous-Ccnfcur : c'étoirlc même
(;llicier que celui qu'on appeloit le Prévôt des Fru-
mentaires , ou des Commis des Polies ou des voitu-
res publiques Pr^pojîtus Frumentariorum. Il avoir
foin de faire avertir luigneulëment 1 Empereur de tout
par les Frumentaircs, ou par desCouriers qui lui por-
toient les dépèches des Provinces. Foyei Saunuifc
lur Spartien , ;;. 2S. On puurruit dire en François
Maire du Cens ; car en fait de Magiilraturc , de Ma-
gijler ^Mmuq, nous avons fait Maire, aulfi-biea
que le Major , comme Maire du Palais , de Ma-
gijler Palatii.
Maître des Chambriers , Magijler cubiculariorum , c'eft
ce que nous appelons aujourd'hui Grand-Chambcl-
¥
lan , ou Premier Gentilhomme de la Chambre.
Maître des Chantres , Magijler Cantorum , étoit autre-
fois dans l'Eglile de Milan, ce que nous appelons
aujourd'hui Grand-Charnre.
Maître des Citoyens, ou des Bourgeois , Magijler ci-
viz-'OT j étoit autrefois en Allemagne ce qu'on appelle
en langage du ^3.ys Burgermejler , en François Bour-
gmejlre.
Maître de la Cour , Magijler curin , efl un nom qu'on
a donfié autrefois aux Confeillcrs du Parfement. ,
Maître des Dipofitions. Officier de l'Empire Romain.
^lagijler Dïfpofitionum. Il avoit le titre de Comte.
C'étoit une efpèce de Secrétaire d'Etat qui avoit pour
fon département toutes les Difpofitions que l'Empe-
reur faÎLoit. Voye\ Saijmaife fur l'Hill. Aug. p. 2ps
& 2S1.
Maître des Enfins , Magijler infantum ; étoit dans les
Monaftères , le nom de celui qui étoit chargé de l'é-
ducation des enfims qu'on y élevoit.
Maître des Exercices. Officier de l'Empire Romain, qui
prélidoit aux exercices de la Jeunelfe. Magijler Ojjz-
ciorum. C'étoit toujours un homme de beaucoup d'au-
torité.
Maître Jufticicr, Magijler Jujliciarius , éwh le pre-
mier Officier de Juftice à la Cour des Rois de Si-
cile.
Maître des Lertres. Officier de l'Empire Romain. Se-
crétaire d'Etat pour les lettres qu'écrivoit l'Empereur.
Magijler Epijlularum , ou Epijlolarum ^ad Epijlolas ,
ouab EpifloUs.yoy. Saunililclurl'Hiif. Aug.^. /J'3.
Maître es Lo'ix , Magijler , Doclor /d^/^/w. Nom qu'on.
a donné à ceux que nous appelons Avocats.
Maître des Malîîers. Magijler Majfariorum. C'étoit
l'Intendant dans les grandes Maifous : il avoit (oiii
des biens, des domaines, des terres, des fermes,
qu'on appeloit Manfœ. , & ceux qui les faitoienc
valoir Manjfarii , ou Majfarii.
Maître de la Milice. Officier de l'Empire Romain ,
Chef des troupes de l'Empire , ccriiime autrefois le
Connétable en France. Militiœ Magijler. Conftanrin,
ou plutôt Dioclétien , établit dans tout l'Empire
deux Maîtres de Milice , l'un pour la Cavalerie , Se
l'autre pour l'Infanterie , avec pouvoir de régler tout
ce qui regardoit les foldats , & de les punir quand ils
auroient fait des fautes. Dans la fuite ces deux char-
ges fe réunirent dans la même perfonne , comme on
le voit fous Conftanr, l'an 349. Mais en augmentant
leur pouvoir , on augmenta aulli leur nombre , &
on en fit un pour la Cour, appelé Prœjcntalis, un pour
la Thrace , un pour l'Orienr , un pour l'iUyrie , Se
un pour les Gaules ; on trouve ces quatre Maîtres de
la Milice dès le rcmps de Confiance , 8e on prérend
que Théodofel. en fit même plus de cinq. Il y a quel-
ques raifons pour croire que les Maîtres de la Milice
avoienr été établis dès avant Conftantin ; mais M.
de Valois ne les juge pas fortes. Ces Maures de h
Milice qu'on appela enfuite Comtes , s'élevèrent
bien-tôt au rang des premiers Officiers de 1 Empire ,
& curent le titre d'iUuftres , qui étoit le plus relevé
de tous. Le pouvoir qui leur fut donné , ne fut qu'un
démembrement de celui qui appartenoit auparavant
au Préfet du Prétoire, qui par ce moyen devint Offi-
cier purement civil , de judicature &: de finance. Zo-
iïmc précend que cette fouftradion des foldats à la
Cccc'c
7J4 MAI
jiuifcliaion des Préfets du Prétoire , ruina la difci-
pline militaire; mais nous n'en croirons pas Zozime.
Aurélus Vidor , Zozime , p. 6SS. Cod. Theod. 1 1 ^
1. 1 , l. p. 6. Tillemonr, Emp. T. IF ^p. 2S 3.
Ailleurs, c'eû à-duc , T. IF, p. S7 > ^ 7^3 ' 7^-f-
il croie , malgré Zozime ^ qui fait Conftantin Auteur
de ces Maures de la Milice , qu'il vaut mieux en at-
tribuer l'origine à la politique inquiète de Diocléticn,
puifque Ladaiice met ces Ma/ms entre les nouveaux
Officiers que ce Prince avoir établis. Foye^ aulîi Sau-
maife fur l'Hifloire Augufte ^ p. 2pj s 3i^ ■: S3P-
On a donné le nom de Maître de h Milice aux
Couverneurs de Naples , fous les Empereurs Grecs.
Dans plufieurs pays on appelle aujourd'hui Capitaine
Général j ou Gouverneur des armes, celui qui com-
mande les troupes.
Maître des Mœurs. C'efl: un nom que Ton donna
aux Cenfcurs. Foy. ce mot.
JdAÎTRE CEcuménique. C'eft le nom que l'on donna au
Direcleui Gisnérald'un Collège que Conftantin fonda
à Conftantinople, Magijier Œcumenicus. On l'ap-
pela ainfi , ou parce qu'il avoit la connoillancc de
tout ce que doit favoif un habile homme , ou plutôt
.parce qu'il àvoit la direction univerfelle de ce Collè-
ge. Car Œcuménique fe prenoit pour général , uni-
verfel. C'eft ainfi qu'on donne à Paris le ritre de
Gïa.ni-Maitrc au Direéteur général de quelques Col-
lèges , qu'on appelle Principal dans les autres. Les
Empereurs confidéroient beaucoup le Maître CEcumé-
nique. Foy. Théophane , Zonaras, Ccdrenus, &c
l'Hift. des Iconoclaftes de Maimbourg.
^Iaitre des Offices. Nom d'un Officier de l'Empire
Romain. Magijier Officiorum. Le Maître des Offices
avoit l'Intendance de tous les officiers de la Cour. On
l'appeloit Magijier Officii Palatini , ou limplement
Magijier, & (a Charge s'appeloit Magijleria , Maî-
trife. Une Loi du 5 Juillet 372. Cod. Théod.â. t. 7,
l. p. jj , j g. ordonne que le Quefteur , le Maî-
tre des Offices , & les deux Intendans des LargefTes ,
auront le pas fur les Proconfuls. Foyei Saumaife fur
la vie de Gallien , par Trébel. Pollion , c. / 7. & de
Tillemont, £mp. T. F. p. 62. Saumaile lur l'Hif-
toire Augufte , p. S j , S 4. iSû , 20 S , 2()j.
Le Maure des Offices , étoit à la Cour des Empereurs
d'Oceidentj le même que le Curopalate à la Cour
des Empereurs d'Orient.
Maître du Peuple. Nom que l'on donna au Diûateur.
Foye\ ce mot.
En un mot , Maître , dans l'hiftoire & dans les loix
Romaines , fc dit de tout Officier qui eft le premier
en Ion genre , Si qui a fous lui tous les autres de
même etpcce j ou qui ont les mêmes fondions : en
Latin Magijier , & louvent Proximus. Voyez Sau-
maife aux endroits que l'on a cités. Nos Auteurs
Françoij le fervent du nom de Maître , pour exprimer
ces Offices , comme on le peut voir fouvent dans
MM. de Tillemont , Fleuri , &;c.
On donne le titre de Grand-Maître à quelques
Supérieurs de Collège. Collegiiprxfecius. Le Grande
Maître de Navarre. Le Grand-Maître du Cardinal le
Moine.
JvIaÎtre , fe dit auffi de quelques Officiers fubalternes.
Maître de la Garderobe , Maître d'Hôtel ordinaire
chez le Roi , chez les Princes , chez les Seigneurs
particuliers. Foyei Hôtel, Le Maître de la Chapelle
du Roi. Maître de l'Oratoire du Roi , fa charge a été
créée par Louis XIV. Maître des Courriers , Maître
de la Porte. Maître de Monnoie , ou Fermier de
Monnoie , Officier des Monnoies dont les fondions
font marquées dans les Ordonnances des années
IJ07, 1540, ijyi, IJ54, ij66&i;S6, dans
Boizard , Traité des Monnoies , P. /. c. 1 4. Maître
de la Monnoie d'un tel lieu. Maître Queux chez
le Roi. Maître Veneur. Maître Fauconnier. Maître
de la Chambre aux deniers. Ils font trois chez Je
Roi , un ancien , un alternatif , & un triennal :
ils ont (oin de folliciter les fonds pour la dépenlè
de bouche de la maifon du Roi , êc de les donner
aux Officiers i ils alliftent au Bureau du Roi , qui fe
MAI
tient pour délibérer fur ce qui regarde la dcpenfe de
bouche de la Maifon du Roi J & les Officiers qui en
font chargés.
Maître de Chambre, en Italie, fe dit de celui qui
introduit à l'audience des Cardinaux j qui commande
dans leur chambre. Magijier Caméra.
Maître du Sacré Palais. Magijier Sacri Palatii , eft
un grand Officier qui loge au Vatican. Il a foin de
revoir tous les livres qui s'impriment a Rome. Il don-
ne permiffion de lire les livres défendus. Il entre en la
Congrégation du Saint Office , & en celle de l'Index,
lia féancc dans la Chapelle du Pape , après le Doyen
de la Rote. Cette charge eft toujours poffédée par un
Dominicain.
On appelle fur la mer , Maître des Ports , l'Offi-
cier commis pour la levée des impolitions & traites
foraines. Sur les rivières , il y a des Maîtres des
ponts & pertuis , pour faire palTer les bateaux .dans
ces pafl'ages difficiles : ils font obligés à réfidence ,
& à travailler en perfonne , >?c ont pour aides des
Chableurs.
Maître , fe dit auffi de plufieurs Officiers de Robe ,
ou de Finance. Les Maîtres des Requîtes , Libellorum.
fupplicum Magijlri , font ceux qui rapportent les
requêtes & les placets au Roi , Se à Ion Confeil.
f^oye^ Requêtes. Les Maîtres des Comptes, font les
Juges Souverains des Comptes, des deniers du Roi.
Foyei Comptes. Du Tillet obferve qu'on difoit
auii] jVIaître du Parlement; pour dire , Confeiller du
Parlement. On les appelle ainli dans une Ordonnance
de l'an 1 3 ii. Ce nom eft demeuré à Meflîeurs de la
Chambre des Comptes. Maître de la Chambre aux De-
niers J eft celui qui ordonne de la dépenfe de la
Maifon du Roi. On donnoit autrefois en Bretagne la
qualité de Maître à tous ceux qui ctoient dans la
Robe , ou dans l'Eglife , de quelque condition qu'ils
fulfent. LoBiNEAU , Glojf.
Maître Rationnai , nom d'Office , & de Charge. Ma-
gijier rationalis. Rationum magijier. On a d'abord ap-
pelé indiftéremmcnt Maîtres rationnaux , Auditeurs ,
ou Gens des Comptes, les Officiers qui avoient inf-
pedion lur les Receveurs des deniers des Dauphins ;
&c pardevant qui ils étoient tenus de rendre compte
de leur maniement. Leur établilîement étoit beau-
coup plus ancien que celui du Confeil Delphinal. Il
en paroît lous le Dauphin Jean dès l'an 1 3 10. Val-
LEEONN. JSIém. pour l'hijl. du Dauph. IF. Difc. La
Cour des Maîtres Rationnaux. Id.
Maître , fe dit aulli d'un particulier chef de famille ,
qui commande à (a femme , à les enfans , à fes valets,
à fes domeftiques , à fes elclaves. Dominus , herus.
Vous ne haïllez peut-être le nom de mari , que parce
que c'eft un nom de Maître. S. EvR. On doit traiter
fes enfans en père , & non en maître. Un maître doit
traiter humainement fes elclaves. Les valets doivent
obéir à leur maître , le refpeder. Il y a des devoirs ré-
ciproques entre le maître Se Ces domeftiques. En ce
feus , on dit , compter de clerc à maître ; pour dire ,
comme un commis teroit à Ion maître , c'eft-à-dire,
exadement. On le dit aulli des animaux. Voilà un
chien qui cherche maître. L'Ecriture dit que le bœuf
connoît rétable de fon maître. On dit , heurter en
iftaître , pour dire frapper à la porte de Jla maifon
plufieurs coups de fuite , ou feulement frapper bien
fort.
Maître , fe dit encore de la fubotdination qui eft en-
tre les valets. On appelle un Maître Falet , celui des
domeftiques en qui on a le plus de confiance , à qui
on donne pouvoir Se autorité lur les autres valets.
Maître Clerc , eft chez les Procureurs , celui qui eft
le mieux verfé en pratique , qui drefte les ades. Au
parlement , c'eft celui qui inftruit les appellations.
Maître Garçon , chez les Artifans , eft le plus an-
cien dans la boutique du Maître , ou celui qui fait
le mieux travailler , qui a quelque avantage fur les
autres.
Maître j fe dit auffi figurément en chofes morales. Le
Sage doit être maître de fes paffions , Se de tous les
mouvemens. Sapiens régit cupiditaces'fuas j Us im-
M A I
pcrat. Il faut qu'un Amb.illàck'ur foit bien maure de
lui mcrac. Pour être poli , il faut être maure de foi ,
de fes paroles , du mouvement de Tes yeux & de (on
vifagc. Bell. Je préfère aux Coiiqucrans , ces illullres
oilifs , ces pailibles Héros , qui travaillent uniquement
à fe rendre maîtres d'eux-mêmes. M. Hsp. Un am-
bitieux a autant de maîtres qu'il y a de gens qui lui
font utiles. La Br. L'adverlité cil une dure , mais
utile maitrejfe, qui par des cnfeignemens vifs &c fen-
llbles , nous ramène de nos égaremens. Fl. Nous
fommcs maîtres de nos propres lecrcts ; mais nous ne
fommcs pas maîtres de ceux d'autrui. Boun. La raifon
eft [ovLVi^ni un maître fâcheux. La I'l. Un Rapporteur
c^maîtrc d'une aftaire ; il la tourne comme il lui pla'it.
Un premier Juge eft maître del'inftrudtiondes procès
criminels. Se rendre maître de l'efprit du peuple.
Ablanc. Luther avoue que ce qu'il ajoute ^ ou qu'il
change à l'opinion commune C touchant i'Lucharif-
tie ) cft indirtérent ^ & il nous en laille les maîtres.
Pkusson.
Maître , fe dit encore de celui qui eft fupéricur d'un
autre à l'égard de l'éducation , de l'inllrudion dans
les Sciences & dans les Arts. Magifter ,prœceptor. On
a donné à cet enfant un Maître , un Précepteur pour
l'élever , pour le conduire en clalfe ,pour lui appren-
dre les Lettres humaines. Un homme fait comme
vous, eft un meilleur Maître du vice que de la vertu.
Lettre d'HéloÏse a Abail. Nous avons tous une
jMaitreJJe commune , qui eft la nature. Fél. Un bon
Maître épargne bien du teiTips , & abrège bien du tra-
vail , même aux plus éclairés. Ch. de M. Quand on
apprend ài faire une choie d'un mauvais maître, on
apprend à la faire mal ; & il eft plus difHcile de choi-
hr un bon ma'tre pour l'adrelle de l'elprit , que pour
celle du corps. Id. Naudé appelle le diable, le maître
de Luther. Campanellc fut accufé Se emprifonné à
r.ige de vingt ans , par les Inquilîteurs de Naples ,
comme trop lavant Se trop univerlel , pour ne s'être
pas (ervi du maître de Lifther. Mascur.
Maître , ou Maîtresse d'École , font ceux qui ap-
prennent à lire & à écrire aux enfms. MagiJler,priE-
ceptor. Maître du Catéchifme , celui qui leur enfeigne
les preiniers articles de leur croyance.
Maître des Novices , c'eft dans les Communautés
rcligieules, celui qui eft le direâeurdes Novices,
qui a foin de les inftruire. On dit de même dans
les Communautés de filles , MaitreJJ'e des Novices.
Chez les Chanoines, on dit le Maître des enfans de
Chœur. Le Chantre eft le maître du Chœur.
^L'.ÎTRE , eft auiïï celui qui enleigne divers exercices ,
Maître à danfér , qui fait profelHon de montrer à
danfer. Maître de luth , de guitarre , de clavecin.
Maître à chanter. Par un Edit de 1686 , le Pape In-
nocent XL lit défenfes à toutes filles & femmes d'ap-
prendre à chanter , ou à jouer d'aucun inftrument
d'un Maître , à caufe des inconvéniens. Ces fortes
d'Edits font pour l'Etat Eccléfiaftique , & les terres
du domaine temporel du Pape. Maître à voltiger.
Maître de Langues. Maître de Mathématiques. Maître
en fait d'armes , eft un Maître d'cfcrime , qui enfeigne
à manier les armes, fur-tout l'épée &le Heuret. Maî-
tre des hautes armes , celui qui enfeigne à manier la
pique , le moulquet , l'étendard.
§T On appelle Maître de l'art ou en l'art , celui qui eft
diftingué en quelque profeftion. C'eft aux Afa/frej de
l'art à décider ce qui regarde l'art. C'eft ainfl qu'on
dit d'une chofe bien faite j bien travaillée; qu'elle eft
I de main de Maître.
i Ocr Grand MaÎtre , fe dit en ce fens de ceux qui ex-
cellent , qui font diftingués parmi les Maîtres même
de l'art. C'eft l'imitation de la nature , & non celle
des modèles qui a formé les Gîands-Maîtres. Mém.
deTrév.
Ç'O" Maîtres , fe dit au pluriel, del grands Peintres
qui ont illuftré les Ecole?. Les Maîtres Italiens & les
Maîtres Flainands fe refl'emblent peu. Les plus grands
Maîtres de l'Ecole Vénitienne , donnent d'excellen-
tes leçon* pour la couleur.
§3" On appelle \z%peiïts Maîtres , un certain nombre
Tùmi F
MAI 75-5-
de Graveurs qui font ainfi défignés d-ms les catalogues
des Eftampes , & cette défîgnation cft reçue. Acad.
Franc.
ifr On appelle les Tableaux des ^ra;j</jAf<2i'/:/-ej , ceux
de Kaphaël , du Poulfin , de Jules Romani , de Paul
Vcronèfe, ikz.
IP' En Eltampes, Albert , Lucas , Marc-Antoine, font
les grands Maîtres ; les petits Maîtres , Olbcns ,
Ilbens , &c.
Pere-MAÎTRE. C'eft ainfi qu'on appelle dans quelques
Ordres de lieligieux, celui qui a le foin des Novices.
Je voudrois bien parler au Pere-Maître. On dit aulFi le
Maître des Novices , comme on l'a marqué ci dellus.
Les jeunes Religieux qui étudient en Philolophie &
en Théologie, difént aulH notre Maître , pour dire ,
notre Régent , notre Profellcur. Maître Général , efî
le titre que prend le Général des Dominicains. Ma-
gifler Generalis.
Maître ès Arts , eft celui qui a des Lettres d'une Uni-
verlité pour pouvoir enfeigner la Rhétorique , la
Philofophie , &c. C'eft le premier degré qui donne
droit aux Bénéfices en qualité de Gradué. Magijler
Artium. M. l'Abbé Fleury , Hift.Eccl. L.LXXXIII,
p. 620 & 6 21 , dit Artifte , au lieu de Maître es
Arts. Ce n'eft pas l'ufage ordinaire. C'eft en ce fens
qu'on a donné aux Avocats , aux Doéleurs , aux
Magiftrars , aux Prêtres , le titre de Maître , comme
Maître Charles du Moulin , Maître René Chopin ,
&CZ. C'eft une qualité qu'on joint toujours avec les
noms propres & les furnoms. Les Confeillers , pour
fe diftinguer, y ont fait ajouter Monfieur Maître ,
& ce titre de Maître s'eft étendu abulivement aux
autres Officiers de Robe, Procureurs , Greffiers , &c.
Ce nom de Maître leur eft venu par degrés. C'étoic
au commencement un titre de puillance & d'office ,
plutôt que de fagcffe & d'érudition. On l'a donne
premièrement aux Maîtres des Ecoles , & aux Pré-
fets des Collèges. Enfin , on l'a donné aux Maîtres
des Arts & des Sciences , & aux Dodeurs. Ainfi on
a appelé Ifo Magïfter , ou le Moine de Saint-Gai ,
Florus Magijler, Thomas Magijler, 8c Petrus Co~
mejlor j ou le Mangeur , qu'on a traité de Maître de
l'Hiftoire Scolaûique , & Gratien le Maître des Ca-
nons &: des Décrets , Maître Duval , Maître Gama-
che , Maître Grandin. Le titre de Maître _, qui figni-
fie Doélieur , & qui s'eft avili dans les derniers temps ,
étoic très-honorable au XlPfiècle, & on le donnoit
aux Évêques mêmes , & aux Cardinaux, Fleury ,
mjl.Eccl. T.XF.p.642.
C'eft dans le même fens qu'on a appelé Maîtres ,
ceux qui ont excellé en quelque Science , qui ont en-
feigne les autres , qui font reconnus pour les Maîtres
du métier. En Théologie , Pierre Lombard a été appelé
le Maître des Sentences. Archimède a été un grand
Maître en Géométrie.
Maître ès Arts , fe dit aufîî en riant , & en ftyle d'a-
pologue des animaux.
Le Lion pour bien gouverner.
Voulant apprendre la morale.
Se fit un beau jour amener
Le Singe , Maître ès Arts, chei la gent anïnâAe.
La Font.
Molière a dit en badinant , que ma'tre vient du 'L\~
un. magijler , c'eft-à-dire , trois fois plus grand.
Maître , fe dit auffi des Marchands & des Artifans ,
qui ont droit ou privilège d'ouvrir boutique pour
vendre des marchandifes , ou pour travailler à toutes ■
fortes de manufaéfures. Opijex , propola jeritus ,
clajficus. Il faut être apprenti avant que d'être maî-
tre. Il n'y a que des Maîtres de Lettres qui ont
privilège , des Maîtres d'apprentiirage , & des fils
de Maîtres , qui puillent entrer dans le Corps des
Marchands & des Artifms. Pour être reçu maître ,
il faut faire Ion chef d'œuvre en prétence des Maî-
tres & des Jurés. Les Jurés ont droit de vifite'chez
les autres Maîtres parmi les Artifans -, mais chez les
C c c c c ij
yy^ M A I
^Marchands , les Vifitcurs s'appellenr les Maures &
■Gardes du métier. .
Aux Ai'tifjns on donne l.i qualité à.z Mwire , jointe
à leur nom pi'opre ieulenicnt , lans y metcic leur luv-
nom , comme on fait aux Avocats. Maîcn Pierre ,
Maître Jean le Savetier,
On s'en ferc aufli quelquefois dans le burlefque ,
en l'attribuant à quelques animaux. ■
Maître Corbeau , fur un arbre perche ,
Tenait en /on bec un j ramage ;
Maître Renard , par l'odeur alléché ,
Lui tint à peu près ce langage. La Font.
Maître , esse. Se dit aulTl de ce qui cft principal ,
dominant j iS<: de plus confidérable dans une choie.
Le maître - autel d'une Eglife , cft le! grand autel du
Chœur, ^ra princeps j altare primarium. La mai-
•treffe arche d'un pont, celle qui eft la plus large j
& où l'eau eft la plus creule j où palTent les bateaux.
Le maître brin d'une louche d'arbres , celui qui eft
•de la plus belle venue. On appelle aulFi maitreQ'e
voûte , celle qui fert à couvrir quelque notable par-
tie d'un bâtiment J à la différence de celles qui cou-
vrent feulement quelques portes , ou fenêtres. Une
maitreffe ferme de charpente , un maître cjitrait ;
pour dire , la ferme , l'entrait le plus confidérable.
Ce JÉSUS Christ crucifié, folie aux Gentils , fcan-
dale aux Juifs , portoit en cela même les marques du
véritable Christ, étoit cette maitrejfe pierre j mais
rejettée , &c. Péliss.
Maître Fleuve. On a ainfi appelé le plus gros des bras
du Nil , au-delfous du Delta. C'eft celui que les An-
ciens nommoient Canopicum , Se Heracleoticum fiu-
men , ou Canopicus , Heracleoticus alveus.
Maître , en termes de Guerre , lîgnihe un Cavalier.
Eques. Les Compagnies de Cavalerie iont de quaran-
te , ou cinquante Maîtres.
Maître de Camp, l^oyei;^ Mestre de Camp; c'eft ainfi
qu'il faut écrire & prononcer , failant fonner Vs.
Maître , en termes de Marine , fignifie le Comman-
dant d'un Navire. Sur l'Océan , on An Maître ; fur
la Méditerranée , Patron; Se dans les vailleaux con
iidérables, notamment ceux qui font les voyages de
long cours, on l'appelle Capitaine. Turba nautica
j>mfeclus. Un Maître de Navire , doit avoir navigé
cinq ans au moins , avoir été examiné en l'Amirauté ,
& doit repréfenter les journaux de les voyages. Il
a pouvoir de faire l'équipage du vailleau, de lever
des Pilotes & des Matelots , le tout fuivant les ré-
glemens de la dernière Ordonnance de h Marine ,
Liv. 2 , Titre I. Les Grecs l'appeloient a-if/^S" , c'eft-
à-dire , homme de confiance ; d'où vient qu'en quel
ques ports on l'appelle par corruption Maître pajl if _,
qui eft oppofé à Maître bourgeois j ou propriétaire ,
ou combourgeois.
IJCT Le Maître a fous lui de féconds Maîtres pour l'ai
der dans fes fondions , & pour le luppléer dans
J'occafion. Il y a dans chaque vailfeau , Maître Pi-
lote , Maître Cannonier , Maître Calfas , Maître Ar-
murier ^ Maître Tonnelier, ALùtre Failier.
^Dn appelle Maître de hache , le Charpentier du
^Sfteau •, &: Maître Valet , celui quidiftribuedcs pro-
vilîons de bouche. Maître de port , ou du port , fe dit
quelquefois pour Capitaine de port. Maître mâteur ,
eft celui qui a foin des mâts.
AIaÎtre de Grave. Celui qui ordonne aux écha
fauts , & qui a foin de faire fécher le poilfon en
Terre-Neuve.
IJCF Maître Valet , en Marine. C'eft un homme de
l'équipage qui a foin de diftribuer les provifions de
bouche , & qui met les vivres entre les mains du
Cuifinier , félon l'ordre qu'il reçoit du Capitaine.
Il a fous lui un Maître-Valet d'eau.
Maître Valet d'eau. Celui qui diftiibue l'eau douce.
Dans les moindres vailleaux , une feule perlonne fait
les deux fondrions.
Maître Valet j f m. En terme de Papeterie, eft
un Ouvrier qui a inlpedion lur tous les autres Ou
M A I
vricrs du Moulin à papier , qui fait les décomptes.
Maître de Quai , eft celui qui a la police & l'inf-
pedion fur les Quais. Ses fondions confiftent à faire
ranger & amarrer les vailleaux dans les ports , & à
veiller a tout ce qui concerne la police des Quais,
Ports . &■ Havres.
Maître de Pelle. Terme de Boulanger , particuliè-
rement en ufage parmi ceux qui font le bifcuit de i
mer. C'eft celui qui enfourne les galettes à mefure •
que le pétrifteur à piques les a croifées & 'piquées,
& qu'elles Iont aftez reilliyées. On l'appelle aulli le
Gindre.
Maître, ou Général des (Euvres , eft un Archi-
tede , ou Officier prépofé pour avoir infpedion fur
les batimens de la ville , afin qu'ils foient conftruits
fuivant les réglemens de la Police ,' & les ftatutsde
la Maçonnerie. Prsfeclus fabrûm. lia pour cet effet
une Chambre ou Jurifdidtion dans l'enclos du Pa-
lais , où il fait alllgncr ceux qui ont fait des conf-
trudions contre les règlemens , &c il en ordonne
la démolition.
Maître des basses Œuvres , cft le nom honnête
qu'on donne aux Cureurs de retraits. Foricarius.
Voyez Ecureur.
Maître des hautes Œuvres , eft le nom honnête
qu'on donne à l'Exécuteur de la haute- Juftice, au j
Bourreau. Tortor , carnije.x. f
Maître de Quartier. C'eft le nom qu'on donne
dans les Collèges , à ceux qui ont l'infpedion fur
un certain quartier du Collège , & qui font char-
gés de la conduite de ceux qui y logent. Il y a à la
Salpêtriere J qui eft l'hôpital général de Paris, des
MaitreJJcs de Quartier , dont les fondions font les
mêmes à proportion que celles des Maîtres de Quar-
tier des Collèges.
Quartier Maître. Voye^ Quartier.
Maître J fe dit aullî odieulement à l'égard de ceux
qui fe fîgnalent par quelque mauvaife qualité. Frau-
dum , fcelerum , &c. artifex , caput. C'eft un maître
fourbe , un maître Gonin.
Un /naifre Palatin , un maître Allborum , un maître
maraut. Que veut donc conter par-là ce maître ivrogne î
Mol. Maître fripon.
ifT Petit Maître. C'eft ainfi qu'on appelle un jeune
homme qui cherche à fe diftinguer par un air avan-
tageux , par un ton décilif, beaucoup de fuffifànce
& d'étourderie , en un mot par tous les ridicules à
la mode. Voye^ au mot Petit Maître.
Maître , en termes de Blafon , fe dit de la plus grande
partie d'un écu , quand le bas n'eft garni finon d'une
pointe , qui eft le même que le chappé. Trabeatus.
Il porte d'argent au maître ployé ou arrondi de
gueules.
Maître , fe dit proverbialement en ces phrafes.
Pour bien fervir & loyal être.
De ferviteur on devient maître.
On dit que les bons maîtres font les bons valets.
On dit aulli, tel maître , tel valet; pour dire que
les valets fuivent l'exemple des maîtres , Se particu-
lièrement en mal. On dit aulli , qui lert bon maître ,
bon loyer en reçoit. On dit aufti que quelqu'un a 1
maître ; pour dire , qu'il eft au fervice , ou dans k 1
dépendance d'un homme puiliant , & qui faura
bien le protéger. On dit aulli par une façon de parler
tirée de l'Ecriture - Sainte , que nul ne peut fervir
deux maîtres à la fois. On dit aufîî , qui a compa- -,
gnon a maître ; pour dire , que dans une Société on .'
ne fruroit difpofer de rien de fon chef. On dit aufîî,
qu'il faut être compagnon de fa femme , Se maître
de fon cheval , pour dire , qu'il faut traiter douce- j
ment l'un , & gourmander l'autre. On dit aufll , que "
le Charbonnier eft maître en fa maifouj pour dire
que le moindre particulier eft maître quand il eft
chez foi. On dit aulTî qu'on a pallé maître quelqu'un ,
quand on ne l'a point attendu pour diner. On dit aulîi,
qu'un homme a trouvé fon maître , quand il a trouve
quelqu'un plus fort , plus lavant que lui j foit dans
M A I
le combat , loic dans la difpurc. On dit au/îî , pain
coupe n'a point de maure. On die aiilii , c'cft un
maure Sire, un maicre homme; pour dnc , c'cd un
homme d'importance , qui fait bien le faire valoir.
On dit auUi , c'ell: la Cour du lioi Pcto , où tout
le monde eft maître. Ce proverbe fe die de l'allém
blée des gueux qui lont tous égaux. On l'appelle la
Cour du Roi Peto , parce que tous vivent de men
dicité <?i que le mot Latin Peto, (ignitie mendier,
demander. On dit aulll , il fait bon être maître , on
ell valet quand on veut. Efl: hardi qui a bon maître.
Les apprentifs ne lont pas maîtres , pour dire qu'il
ne faut pas attendre beaucoup de ceux qui ne font
que commencer.
^3" Maîtresse, 1. f. Ce mot a prefque toutes les ac-
ceprions de maître. Rome étoit la maitreJJ'e de l'u-
nivers. Dame & maitrejfe d'une Paroillb, d'une Terre,
d'un Château. MaitreJJe du logis, d'une hôtellerie.
Maitrejje de (es paillons. P'ave^ Maître.
On appelle Maitreffe d'école , MaitreJJe des No-
vices , celle qui enleigne dans une École , ou qui
gouverne des Novices.
On appelle auJîî Alaitrejfe , les femmes qui ont
des Lettres de maîtrife pour certains métiers. Mai-
treffe Lingère , &:c.
Maîtresse. Principale. Maitrejfes allées. Jardins de
propreté. |JCF On appelle la pièce principale d'une
machine -, la MaitreJJe pièce. Maitrejfe conduite des
eaux, c'eft la conduite principale qui fournit à plu-
1^1 lieurs branches j & dans laquelle il pailè autant
d'eau que dans toutes les autres branches auxquelles
elle en diftribue.
On dit auill une maitrejfe femme ; pour dire , une
femme habile, qui lait gouverner fa famille , les
aftaires de la mailon ; qui eft: intelligente , ferme &
■ rélolue : qui lait faire valoir Ion autorité. Domina ,
hera inteUigens , gnara.
On dit particulièrement maitrejfe j d'une fille qu'on
recherche en mariage. Il a tait de beaux préfens de
noces à (a. MaitreJJe , à fon accordée. Amajlapuella ,
[ amata.
On le dit aulîi en général d'une perfonne pour
qui l'on a de l'attachement & de l'amour : J'adore
une Maitrejfe cruelle & impitoyable. Les Poètes ont
d'ordinaire une Maitrejfe Poétique , qui leur fert de
lujct à dire tout ce qui leur plaît. Bay. C'eft ce que
les Italiens appellent faire l'amour à la façon de
Pétrarque. Petrachevolmente. Flatter tous les caprices
& toutes les bizarreries d'une Maitrejfe. S. EvR.
Cléopatre Reine d'Egypte étoit la Maitrejfe de Marc-
Antoine ; &c elle le charmoit par la nouveauté des
plaifirs qu'elle lui préfentoit tous les jours. Citri.
1 Nous n'avons qu'un honneur , il eji tant de Maitreires.
Corneille.
i
J'ignore ce grand art qui gagne une Maitrefle.
BoiLEAU.
Accabler l'Amant , 8c la Maitrefe. Rac. Les efpé-
rances d'un Amant font quelquefois injurieufes à
une Maitreffe. M. Scud.
Maîtresse , te dit encore de tout ce qui nous occupe,
de tout ce qui nous domine. Domina».
Charmante liberté.
Soye^ à l'avenir mon unique Maitreire. M. Scud.
[MAITRISE, f f. Dignité j ou charge qui donne la
qualité de Maître. Dominatus , imperium, dttio , ju-
nfdiclio. La grande Maîtrife de l'Ordre de Malte , de
Calatrava, &c. (ont des dignités éledtives.
On le dit particulièrement des Sièges des Eaux &
Forêts , iJc de leurs Officiers. Il y a un procès pendant
c;i la Maîtrife de Bourges. Cette forêt eft dépendante
de la Maîtrife de Rouen. Il y a tant d'Ofnciers en
cette Maîtrife. Il eft pourvu de la grande Maîtrife des
Eaux &: Forêts d'une telle Généralité. flCF Les gran-
des Maîcrlfcs font les départemsns des Grands Mai-
MAI 7J7
très. Lc% Maitrifes particulières, font le territoire de
chaque Maure particulier.
CC7' Maîtrise des Eaux ik Forets, eft une Jurifdidion
qui connoît, en picmière initancc , des bois, des
nvièifs, ruilFeaux, chaftc, pèche, &c. tant au civil
qu'au criminel.
Maîtrise, parmi les Artifansjfe dit de h qualité qu'on
acquiert , quand on eft reçu Maître dans quelque
Corps. Magijlri titulus. On fait fùre un chef-d'œu-
vre aux a(pirans à la Maîtrife. Les veuves jouHlènt
du privilège de la maîtrife. Les Maîtrifes jurandes
étoient une belle invention de Police, quand elles
ont été établies par l'Ordonnance de Fançois I ; main-
tenant ce n'eft que cabale, ivrognerie è^ monopole.
Les lettres de Maîtrife.
Maîtrise, fe dit dans les Cathédrales 8c les Collégia-
les, du logement deftiné aux enfans de chœur 8c à
leur maître.
MAITRISER. V. a. Gouverner avec une autorité abfo^
lue , commander en maître. En parlant des pallions ,
c'cft les vaincre , les dompter. Imperare , imperium
exercere ; regere imperio , dominari , domare , vincere y
fuperare. Les Grecs &c les Romains ont eu de la peine
à te laiirer maîtrtfer par les Empereurs. Cet homme
veut maîtrifer par-tout où il eft. Agricola reçut de la
Fortune le privilège de ne fe point entier de (es prol-
péritésjde (avoir /72a/fri/lT la Fortune. M. Esp. L'or-
gueil gouverne & maîtrife l'homme. Id. Cette fem-
me impérieufe fur elle même, maîtrife fon cœur par
raifon. S. EvR . La colère met le délordre dans les
di(cours de ceux qu'elle maîtrife. M. Esp.
Tu l'emportes. Amour, je cède à ta puijfance :
Tu maïtriles enfin ma raifon & mes Jens.
La Suse.
La France fous tes loi.x maîtrife la Fortune.
BoiL.
MAÎTRISÉ, ÉE. part.
MAITOS , MADYTO. Macidos , Madytos. Nom d'un
ancien bourg de la prel'qu'île de la Romanie, litué fur
le détroit des Dardanelles, entre Gallipoli 8t. Sefto.
Maty.
MAJUME. f. f. Nom d'une fête que les Romains célé-
broient le premier jour de Mai , en l'honneur de
Mâïa , ou de Flore. Majuma. La majume fut établie
par l'Empereur Claude. C'étoit la même fête que les
Florales , à cela près qu'elle étoit moins la("cive 8c
moins criminelle. Elle fe célèbroit avec beaucoup de
magnificence & de dépente en feftins & en offran-
des , comme il paroît par l'ouvrage de Julien appelé
Mifopogon. Cette fête dégénérant dans les anciennes
impuretés qui s'y commettoient , le Concile in Trullo
la défendit. Arcadius & Honorius la permirent de
nouveau, mais avec beaucoup de précautions, l'an-
née première de leur Empire; le Code en fait foi,
L. II. T. 4S' mais quatre ans après elle fut abolie
par les inftances de S. Jean Chryloftôme. Les mêmes
Auguftes la défendirent encore en 390. Cependant il
y a de l'apparence qu'elle fut encore continuée en
quelques lieux , en retranchant toutes les impuretés
qui avoient été caufe de fes défenfes. La Majume
étoit une fête toute de débauche & de licence.
TiLLEM. Emp. T. IV. p. 4.3c. On écrit que cette fête
de Majume fe faifoit originairement fur le Tibre &
fur le bord de la mer, d'où elle s'étoit répandue dans
les Provinces de l'Empire, 8c qu'elle a tiré fon nom
du mois de Mai , auquel elle fe célèbroit , ou des eaux
qu'on nomme maiumes en Syriaque , parce qu'on
voit qu'elle fe célèbroit à Daphné 8c en d'autres
lieux , où il y avoit beaucoup d'eau. Elle duroit fept
jours. Id. p. 440. Voyez Suidas, Baronius à l'an
399. n. ^2 8c JJ. Godefroi fur le Code Théod. T.
V. p. 3 (S , 3SP, 8cc.
Bouche , dans l'on Hifloire de Provence , dit que la
fête de la Maie , qui fe f\iit en pludeurs villes de cette
Province, eft un refte de la Majume.
MAJUSCULE, adj. de t. g. fouvent employé fubftanti-
vement. Vs de ce mot fe prononce ; il fe dit des
yjg M A K
grandes lettres oii capitales. Majufcula Ihcra. Il faut 1
écrire fe titre de ce chapitre en lettres majufcules.
Les noms propres, les premiers mots d'une période
ou d'un vers , doivent commencer par une lettre
majuJcuU. îl y a dans ce Didionnaite des mots écrits
en grandes majufcules , à' s.wzie.s en petites majujcuUs.
Il paroît, par cet exemple, que quoique majufcuk
fignifie proprement la grandeur du caradère , il ne
fe prend pourtant pas pour la grandeur , mais pour
la forme du caradtcre; car il y a des majufcuks plus
petites que certaines qui ne tout pomt majuJcuUs ;
par exemple, que du gros canon i mais la torme ell
toujours différente. A, B, C, D, E, F d-c. font
.majuJtules,Si a, b, c, d, e, f , <S'c , ne le font pomt.
Il y a des langues, comme l'Hébreu , le Syriaque,
l'Arabe , &c. où les majufcules ne diftérent que par
leur grandeur , &C nullement par leur forme,
MAJUSCULE, f. m. Nom d'une dignité eccléhaftique.
Majufculus. C'eft dans quelques églifes une dignité
qui répond à celle de Chantre.
îvIAIXENCE. f. f. Nom de femme. Maxencia. L'hil-
toire de Sainte Maisence paroît fabuleulé. Il ell:
pourtant certain que dès le VII* fiéck , fon corps
étoit honoré dans l'île de France , en un heu litue
près de Verneuil & de Liancourt , fur la rivière
d'Oife , & qu'on nomme Pont Sainte Maixence j ou
Maxence , comme portent quelques Chartes. SanclA
Maxenûm, pons. On prononce communément Pont
Saint Maixent, quoique ce foit de Sainte Maixence
qu'il a tiré fon nom.
MAIXENT. f m. Nom d'homme. Maxenûus. Pro-
noncez Maicent, ou MeJJenc. Saint Maixencézoh de
la ville d'Agde , dans la Gaule Narbonnoife , que
nous appelons aujourd'hui le Languedoc. Il reçut au
baptême le nom d'Adjuteur , qu'il garda jufqu'à ce
qu'il changea de pays Se de genre de vie. Saint
Maixent étoit d'une noblellé dlftinguée. S. Maixent
vint en Poitou , attiré par la réputation de Saint Hi-
laire, que la mort n'avoit point diminuée. Il fe mit
fous la conduite de S. Agapit, Abbé ; & après 67 ans
d'une vie pleine de vertus &: de mérites, il mourut le
16 de Juin vers l'an j i j , & fut enterré dans Ion Mo-
naftère, qui, du tems de S. Grégoite , s'.ippeloit de
fon nom , la Cellule de S. Maixent. Voyez les Bol-
landiftes , Acla Sancl. Juin. T. F. p. 269 & fuiv.
Mabillon,/ic. /. J. p. S^S. Baillet, au 26 de Juin.
Il ne faut dire iVfji.vj/2f qu'en parlant de ce Saint, &
des chofes qui portent (on nom. En parlant des au-
tres qui ont porté en Latin le nom de Maxentius, il
faut dire Maxence.
S. Maixent. Nom d'une petite ville de France. Fa-
num S. Maxentii. Elle eft dans le Poitou j fur la
Seure Niortoilé , à quatre lieues au dellus de Niort.
Il y a dans S. Maixent une Abbaye, un Siège Royal ,
& une Eleftion.
S. Maixent. Nom d'un Monaftère fondé en Poitou
par le Saint dont on vient de parler. Sancii Maxen-
tii monaftcrium ; Ce l lui a S. Maxentii ; Ccuiobium
Sancii Maxentii. Il fe forma bientôt autour de ce
Monaftère une ville qui porte le même nom. Ce
lieu eft dans le Diocèfe de Poitiers, fur la Seure Nior-
toife. Voyez Val. Not. Gall. p. 32 j.
MAIZZI. f. m. Terme de Calendrier. Nom du cin-
quième mois des Arméniens, il répond au mois de
Mai. Ce mot vient de mains.
M A K.
MAKÉLAER. f. m. Terme de Commerce. C'eft à Am-
fterdam ce que nous appelons en France Courtier ,
ou Agent de change. Trape^ita.
MAKERAN, MACRAN. Nom d'une partie du Kher-
man , en Perfe. Macrama. Ce pays eft borné au
couchant par le Herman propre , au levant par le
Send , &• au nord par le Sififtan i la mer le baigne
au midi. Il a fon Prince particulier , tributaire de la
Perfe, & fes villes principales font Makcran , capi
raie de Firk , Kambélc , Bilguri , Darci , Rafée , &c
Guadel. M.\Ty.
MAL
MAL.
MAL. f. m. §C?Ce terme dans le langage ordinaire s'ap-
plique à une fenfation qui fait fouftrir : mais on en
fait un terme vague, auquel on attache diftérentes
idées. Quelquefois on en fait un terme fynonyme
de douleur. C'eft ainfi qu'on dit mal de tête , mal de
dents. Quelquefois on s'en fert pour exprimer un
TOt7/-aife,un état plus incommode que douloureux,
C'eft dans ce lens qu'on dit des maux de cœur,
des maux d'eftomac. Souvent il ne dél^gne qu'une
afteétion indéterminée. C'eft ainfi qu'on dit qu'on
a mal à la jambe. Souvent auili il eft fynonyme de
maladie. C'eft ainfi qu'on dit , mal caduc j mal de
Naples , mal de Siam. Dolor , morbus. L'homme
eft lujet à une infinité de maux. Souftrir les maux
patiemment , eft tout ce que peut faire la vertu ^
mais elle ne rend point infenlible. S. EvR. Le plus
grand fecrct de la Médecine , c'eft de connoître d'où
vient le mal , la caufe , la fource de l'infirmité. Les
vieux maux , les maux invétérés , font incurables.
Le mal , la douleur qu'on tait foutfrir à ceux à qui
on donne la queftion , leur arrache la vérité. Cette
viande fait mal à l'eftomac ; y caufe quelque indi-
geftion.
Mal des Ardens. J^oye'^ Ardens. Mézeray appelle
aulîi Mal des Ardens , ce qu'on appeloit autrefois
Lues inouinaria ,dom nos Rois guériftoient. Foye'^lz
règne de S. Louis, T. I. p. 6 ^6.
Mal des Ardens. On a donné ce nom à l'éryfipèie,'
ou à une fièvre éryhpélateufe , accompagnée d'une
chaleur ardente. Cette maladie a donné lieu autre-
fois au miracle de Sainte Geneviève des Ardens,
l'an II 30. fous le règne de Louis VII.
Mal-d'aventure , eft un petit apoftême qui vient au
bout du doigt, caufé par quelque piqmlre, ou blet-
fure , ou un panaris. Paronichia , ad imum ungucrn
abfcejfus.
Mal CADUC , qu'on appelle autrement le haut mal ,
ou populairement le mal de S. Jean , eft l'épilepfie ,
qui attaque le cerveau , &c trouble le jugement
Alorbus comitialis , epilepjîa , Morbus Lunaticus , ou
Herculeus. Voyez Caduc j & Danse de S. Jean,
au mot Jean,
Mal contagieux, eft celui qui fe communique, ou
par l'attouchement d'une perfonne infeûée , ou par
la refpiration de l'air corrompu j comme la pelle,
la vérole , la lèpre. Lues.
Mal d'armée. C'eft une forte de maladie contagieufe
qui règne dans une armée , &: qui eft caufée par les
fatigues & par la mauvaife nourriture. Cajirenfis
morbus , lues.
Mal de c<eur , eft un foulèvement de cœur qui eft
caufé par quelque dégoût. Cordolium. Ce qui le dit
aulli au figuré , du deplaihr qu'on a en voyant faire
une chofe pour laquelle on a de l'avcrfion.
Mal d'enfant, c'eft le travail d'une femme qui ac-
couche. Parturientis dolor. Mal de tête , c'eft la nii-
graine ; mal de ventre , la colique.
Mal s. Jean. Comitialis morbus. C'eft la même chofe
que le haut mal ^ l'épileplie.
Mal Saint Main. C'eft la gaJle , ou la lèpre. EU'
phantiajis , pfora , lepra.
Mal de Mer , eft un foulèvement de l'eftomac qui
fait aller par haut & par bas ceux qui ne font pas
accoutumés à la mer. Naufea. On l'attribue au lou-,
lis ou mouvement du vaillcau.
Mal de Mère. C'eft une fuftocation dont les Anciens
attribuoient la caufe à des vapeurs malignes qui s'é-
lèvent de la matrice , ou à ia matrice même qui mon-
te vers les parties fupérieures, & qui empêchent la ref-
piration. Hyflericus dolor. On l'appelle autrement
pajjion hyjiérique. Voyez HYSrÉRiQ.uE.
Mal de Naples. C'eft le nom qu'on donne en France
à la vérole, à caufe que les François l'apportèrent
autrefois du Siège de Naples. Morbus Neapolitanus ,
venereus , lues vencrea. Les Italiens l'appellent au
contraire le mal François , il mal Francefe. Le pre-
II
MAL
niiei nom que les Efpagnols lui ont donné eft la
maladie de S. Job , ik maintciiant farnadi Indïas.
On l'appelle aullî le vilain mal , ou la maladie véné-
rienne , ou abfolument le mal. Le commerce avec
les femmes débauchées donne du mal.
Mal de Rate , eft une maladie dont on attribue or-
dinairement la caufe à des vapeurs que la rate en-
voie au cerveau. Splcnicus dolor.
Mal de Saint. C'eit ainll que l'on appelle les mala-
dies auxquelles la Médecine ne peut apporter du
remède. C'efl un mal de Saint ; pour dire , C'eftun
mal qui ne peut être guéri que par les Saints. C'elt
ainfi que le peuple appelle le haut mal.
Mal de sein. Foye^ Danse de S. Jean , au mot
Jean.
Mal de Siam. Maladie contagieufe , qui fc fait (In
tir dans les îles de l'Amérique. On l'appelle Mal de
Siam:, parcs qu'il a été apporté de Siam par un Na-
vire François nommé lOriHamme. Les lymptômes
de cette maladie font diftcrens , fuivant les tempe
ramens de ceux qui en font attaqués. Elle cominen-
ce ordinairement par un grand mal de tête & de
reins , qui font fuivis tantôt d'une grollè fièvre , Se
tantôt d'une Hèvre interne. Ordinairement on vomit
du fang , & fouvent il en exfude de toutes les par-
ties du corps j & quelquefois même par les pores.
On rend quelquefois d.es vers par haut & par bas.
Il paroît à quelques uns des bubons fous les aillel-
les & aux aînés , dont les uns font pleins de feng
caille , noir Se puant , & les autres pleins de vers.
■ Cette maladie emporte les gens en fept ou huit
jours. Quand elle dure plus long temps, on eft pref-
que sûr d'en réchapper. On a vu des gens attaqués
de ce mal ne fentir qu'un léger mal de tête, & tom-
ber morts dans les rues : & prefque tous avoient
la chair noire , & aullî pourrie un quart-d'heure après
, être expirés , que s'ils eulfcnt été morts depuis qua-
tre ou cinq jours. Les maux de tête & de reins
font les fymptômes les plus ordinaires du mal de
• Siam. Le P. Labat. La Maladie contagieufe appelée
Je Mal de Siam fait fortir à certains fujets le fang
par toutes les ouvertures du corps fenlibles ou in-
fenfibles. Aliot de Mulay.
Mal de terre. C'eft le fcorbut. Voye'^ Scorbut.
Mal subtil , en termes de Fauconnerie; c'eft la prin-
cipale maladie des oifeaux , qui eft une efpèce de
. phthifie ou catharre qui leur tombe dans la mulette ,
& empêche la digeftion , & qui les tait mourir mai-
gres. Avium phthijis.
Mal j fe :iit aullî de ce qui approche de la douleur ,
& fignitie Déplaifir j peine , fatigue , aftliétion. Ma-
lum, miferia , tadium , pcena. L'efclavage eft le plus
grand de tous les maux. Avec un peu de raifon on
goûte doucement les biens , ôc on s'accommode pa-
tiemment aux maux. S. EvR. La mort n'eft point au
nombre des maux que la prudence apprend à éviter.
CosTAR. Dans la compallîon que nous avons pour
les 7naux d'autrui , il y a une léHexion fecrètc fur
nous-mêmes , par laquelle nous nous regardons com-
me pouvant fouffrir les mêmes maux. Nie. Il faut
tâcher de le dérober à foi même la connoilTancc de
fes propres maux. S. EvR.
A raconter fes maux fouvent oa fe foulage.
Corn.
I Souvent de tous nos maux la raifon efl le pire,
\ Boil.
Quoiquà peine à mes maux /e puijfe refjler j
J'aime mieux les fouffrir, que de les mériter.
Corn.
On a fouffert bien du mal durant ce fiège. On aura
bien du mal à prendre ce prifonnier. Un Amant a
bien du mal à quitter ce qu'il aime. Ces deux der-
nières façons de parler ne font plus en ufige. Il faut
dire-, on aura bien de la peine à prendre ce prifon-
nier. On a bien de la peine à quitter ce qu'on aime.
MAL 7J9
Mal, /ignifie aulli , Perte, ruine, dommage qu'on
(oiiHie. Damnum , detrimentum , pernicies , calami-
tas. Le débordement de la rivicre a caufé bicii du
mal à cette Province, a caufé de grandes ruiuei.
Ce chicaneur nous fiit tout le mal qu'il a pu ima-
giner. Tout le mal eft fiit , il n'y a point de remè-
de. Il y a des gens qui ne cherchent à s'élever que
pour le^ rendre coniidérables par le mal qu'ils peu-
vent faire. Saint Real. Les Paycns avoient imagi-
né deux Puillànces ennemies & oppofées , dont
l'une failoit le bien , S: 1 autre h mal ; parce qu'ils
ne poiivoient concevoir que les biens*& les maux
coulallent d'une même fource. Ils adoroient la Di-
vinité bicnl-ailante , ik trembioicnt fous le redouta-
ble empire du Dieu qui verfoit les maux fur -les
hommes.
IJCF Mal , douleur. Le plaifir eft toujours l'oppofi de ! i
douleur. Se le bien l'eft du mal. Voyez au mot
Douleur les nuances qui diftinguent ces deux mots
conhdérés comme lynonymes , c'elt à dire , dans le
lens où ils marquent une forte de fenfation difgia-
cieufe qui fait fouftrir.
î^ On dit , par lentence philofophique , que la mort
n'eft pas un mal , mais que la douleur en eft un.
0CF Mal , en morale , défigne ce qui eft contraire au
bien. Il n'y a point de bien fans quelque mélange de
mal.
V^ On le dit particulièrement des mauvaifcs aétions ,
du vice , & de tout ce qui eft contraire à la vertu ,
& à la droite raifon : auquel lens le mot de mal n'a
point de pluriel. Mahmi , vitium, La plupart des^
gens ont une pente , une inclination au mal. Notre
repos coniifte à ne point faire de mal : les méchans
mènent une vie pleine de troubles : ils ont autant
d'inquiétudes qu'ils font de mal. S. EvR. Fuyez le
mal:, & faites le bien. Arn. Quel mal y a t-il
d'aller dans un champ , & de s'y promener en at-
tendant un homme? Pasc. Les Philofophes ont fort
dilputé pour favoir , quelle eft la caufe & l'origine
du mal. De caufâ , de naturâ , de origine mali. Mâ-
nes apporta de la Perfe l'opinion des deux Princi-
pes, dont l'un fait le mal , & l'autre le bien. Tertul '
lien , qui tomba dans les erreurs des Manichéens ,
fait allez comprendre la difficulté par ce raifonne-
ment : Ou Dieu , dit-il , n'a pu empêcher le mal ,
ou il ne l'a pas voulu. S'il ne l'a pu , c'eft un Dieu
foible & impuillant ; s'il ne l'a pas voulu , il en eft
l'auteur: car pourquoi a-t-il permis le mal, s'il ne
le vouloit pas; ôc s'il ne le vouloir pas, pourquoi
y at il conienti ; Il faut que le mal arrive, ou par
fa permillîon, ou par fon impullfance ; & l'un ou
l'autre de ces deux lentimens annéantit , ou la toute-
PuilTimce , ou la bonté de Dieu. S. Auguftin , Se
après lui les Théologiens , répondent à ces argumens ,
6c il n'eft pas lî difficile de le faire , que certaines
gens le prétendent.
On attribue à Edouard IIL la devife de l'Ordre de
la Jarretière. Flonni foit qui mal y penfe. On dit fa-
milièrement , mettre une lemme à mal , la débau-
cher.
Mal, fe dit aulîî de ces troubles , de ces agitations,
que l'amour caufe.
L'amour ejî un mal agréable ,
Dont mon cœur ne peut pas guérir ;
Mais quand il ferait guérijfable ,
Il eft bien plus doux d'en mourir. M. Scud,
Mal , fe prend aulfi pour les défauts , les imperfec-
tions , foit du corps , foit de l'cfprit , que la médi-
fance , ou la iatyre découvre aux yeux du pubhc. Il
a dit de lui tous les maux du monde. Sitôt qu'il
eft en compagnie , il fait tomber la converfation fur
le mal qu'il fait du prochain. Après la mort du
Cardinal de Richelieu , Corneille fit ces quatre
vers;
Qu'on parle bien ou mal du fameux Cardinal ,
Ma profe ni mes vers n'en diront jamais rienj
7^0
MAL
// m'a trop fait de bien pour en dire du malj
// m'a trop fait de mal pour en dire du bien.
Corn.
Le mal qu'on du d' autrui , ne produit que du mal.
BoiL.
On dit , Vouloir du mal à quelqu'un i.pour dire ,
le haïr , lui fouhairer quelque malheur , quelque
fujec d'afflidion, quelque perce. Odijfe , odw proje-
qui. Si je vous veux du mal , qu'il me puille arriver.
Regn. §3° Vouloir du mal eft une exprelliou tout à-
fait Bourgeoife. En PocfiCj c'ell une expreflion de
Comédie.
On dit , Tourner une chofe en mal , l'expliquer
en mal ; pour dire , lui donner un mauvais lens.
In malam partent. Et prendre une choie en mal ;
pour dire s'en oftenfcr. Cet homme elT; incommo-
de j il s'otfcnfe de tout, il prend tout en ot^î/.
Mal, lignifie quelquefois , danger , auquel on s'expo-
fe y en failant quelque chofe ; inconvénient. Peri-
■culum, difcrlmen. Il n'y a point de mal de donner
ce foir un petit remède à ce malade. Si on le laille
un peu manger , il n'y a pas grand mal. Nihil eft
incommodi , nihil vetat.
^Ial , fe dit aulli adverbialement. Malè , perverse ,
perj-'eram. C'ell un grand homme mal tàiC, mal bà-
tj. Il y a des mots qui fonnent mal aux oreilles. On
Juge fon procès , mais l'affaire va mal pour lui.
Ce Courtifan n'eft ni bien ni mal à la Cour. On dit
' aulllj qu'un homme marche mal, qn'ïl danCc mal ,
-qu'il écrit ma! ; pour dire , qu'il fait ces chofes de
mauvaife grâce , qu'il ne lait pas bien les faire. On dit
aullî , qu'un homme (e porte mal ; pour dire j qu'il
eft malade. Oii dit aulli , ils font mal eufemble :
On m'a mis mal avec lui : Il vous lied mal de fou-
tenir une telle propohtion.
Mal , fe dit proverbialement en ces phrafes. Mal fur
mal n'eft pas fanté , en parlant de plulieurs intortu-
îies & aftlidions qui arrivent coup fur coup. On
dit aulli ironiquement &: en contre-(ens , Mal lur
mal eft fanté , par une méchante équivoque , en
ce qu'il n'y a point de T, en ce ces trois mots ;
comme fi on difoit fans T. On dit aulli , le mal
d'autrui n'eft que fonge; pour dire, qu'on n'en eft
pas li vivement touché que diâ iîen propre. On dit
aulli d'un remède , ou d'une chofe indiftérente ,
C'eft de l'onguent miton-mitaine, qui ne tait ni bien
ni mal. On dit au(H , qu'on eft tombé de fièvre en
chaud mal ; pour dire , d'un petit accident en un
plus grand. On dit aulli , Chacun fent fon mal ,
en fe plaignant de quelque aflliétion lecrète , &
dont on ne veut pas dire la caule. On dit aulli en
• difant adieu, ou en éconduiiant quelqu'un. Allez,
Dieu vous garde de mal.
Au fécond iens , on dit que de deux maux il faut
-éviter le pire ; pour dire , il faut fouftrir une petite
perte pour en éviter une plus grande. On dit aulli ,
Mal vit qui ne s'amende , en parlant de ceux qui
commencent à le remettre dans le bon chemin.
On dit; aulli de celui dont les affaires ont mal réul-
li J qu'il eft en grand danger , qu'il eft mal à cheval ,
que ion cas va mal. On dit aulli , que toutes cho-
ies vont de mal en pis ; pour dire , que tout dé.s^'é-
nère , que les fiijets d'afflictions augmentent tous les
jours.
Mal , fe joint aulli à plulieurs mots , tant au mafculin
qu'au féminin j tantôt comme adverbe , tantôt com-
me adjectif, comme on verra à leur ordre.
Mal , fe joint à quelques mots dans le Blafon , & li-
gnifie la difpoiltion des choies dont ont parle.
Mal ordonné , malè difpofnus , fe dit de trois piè-
ces , dont une eft en chef, 8c deux autres parallè
les en pointe. Mal taillé, malè feclus , fe dit des
manches d'habits taillées bizarrement ; il y en a
des exemples en Angleterre. Banes en Vivaiais Se
en Dauphiné porte d'azur à trois croillans, adollcs j
<5c mal ordonnés. Hafting , en Angleterre ^ porte j
MAL
d'or à une manche mal taillée de gueules.
Mal, Mâle. Vieux .idjcdtif. Mauvais, mauvaife. Poé-
Jie du Roi de Navarre. ^fT Son plus grand ufage eft
dans quelques mots compolés , comme Malaife ,
malheur , à la mal-heure , &: autres qu'on trouvera
chacun à fa place.
MALABAR. Nom d'un grand pays de la prefqu'île
de l'Inde deçà le Gange. Malabaria. Il s'écend le
long de la côte occidentale , depuis le cap de Co-
morin , jufqu'à la rivière de Cangerecora , qui le
fépare au nord du Canara ; & au couchant les mon-
tagnes de Gâte le iéparent du Coromandcl. Ce pays
peut avoir environ cent lieues de côtes j &■ vingtde
largeur , vers le Canara , laquelle va toujours en étré-
ciftant julqu'au cap de Comotin , où elle n'eft que
de cinq ou lix lieues. L'air du Malabar eft fort chaud ,
mais fort fain , & le terroir fort fertile en riz , en
mais , en fruits , en drogues & en épiceries , mais fes
principales richcfles viennent du poivre & des pier-
reries.
MALABARE. f. m. & f. Nom de peuple, habitant deMa-
labar.iWa/a^uT. Les Malabares ont tellement le larcin
en horreur , qu'ils condamnent fouvent à mort ceux
qui ont volé une grappe de poivre j ou quelque chofe
aulli peu de coniéquence. Les Malabares ont la fu-
perrtition de ne toucher rien de laie de la main droite.
Les Malabares font grands Corlaires , & braves , ils
vont d'abord à l'abordage ; fans craindre le canon.
Les Malabares y qui ont donné le nom au pays,
font ctiangers , & Mahométans ; ils font tout le com-
merce du pays; ils font aulli célèbres parleurs pira-
teties. Il y a parmi eux quelques Juifs qui s'appli-;
quent au commerce. Entre les naturels du pays il
y a quelques anciens Chrétiens, qu'on nomme Chré-
tiens de S. Thomé, parce qu'ils prétendent que l'A-
pôtre S. Thomas a prêché l'Evangile dans leurs pays,
& qu'il a fouftert le martyre à Méliapor dans le Cq.»
tomandel. Les autres naturels du pays, à la réferve de
quelques nouveaux convertis , font payens. Ils font
divifés en plulieurs Caftes , ou Tributs , Princes ,
Grands-Sacrificateurs , fimples Prêtres , Gentils-hom-
mes , qui font proprement les gens de guerre , arti-
fans , laboureurs, pêcheurs j &c. Voy. Caste. Quel-
ques richefles qu'ils acquièrent , ils ne peuvent pas
s'élever au-deftus de la condition dans laquelle ils font
nés ; mais il y a ceci de particulier , que les enfans
iuivent la condition , non des hommes , mais des
femmes , leiqucUes époufcnt plulieurs maris. Les
éttangers ne peuvent voyager dans ce pays fans avoir
un Gentilhomme pour guide , & les guides font iî fî-
delles , qu'ils te font un point d'honneur de fe faire'
tuer , plutôt que d'abandonner ceux qu'ils conduifent.
Tout ce pays a dépendu autrefois du Samorin , ou
Roi du Calécut -, il a enfuite été partagé en plulieurs
Royaumes , qu'on allure être maintenant réduits à
ceux de Calécut &c de Cochin. Le premier pofsède
Calécut, Cananor , Manigate & Cranganor; & le
dernier J Cochin, Porca , Calecoulan , Angemale,
Coulan & Travancor. Les HoUandois font un grand
commerce en ce pays , &: ils font maîtres des villes
de Cananor , de Cochin & de Coulan.
Malabar, adj. m. & f. qui appartient au Malahare.
Malabarius , a. S. Xavier entcndoit & parloir la
langue Malabare , foit qu'il en eût acquis la con-
noilFance par ion travail, l'oit que Dieu lui en eût
imprimé les efpèces d'une manière furnaturelle,
BoUH.
Malabare. f, m. Langue du Malabar. Lingua Mala-
barica. Deux Eccléliaftiqucs qui iavoient le Mala-
bare. BouHouRS , Vie de S. Xavier, L.II.
MALABATRUM. 1". m. Feuille médicinale qui entre
dans la compolition de la thériaque. Elle ne croit
pas au marais des Indes , nageant fur l'eau fans racine
comme la lentille des marais , ainli que DiolcoriJe
& Pline l'onr écrit. C'eft la feuille d'un grand arbre
qui vient au pays de Cambaie. On l'appelle autre-
ment/t.'/.(/7/e d'Inde, onjolium Indum. Les Indiens
la nomment tamalapatru , d'où eft venu le moc/na-
labathrum. Voy. Feuille d'Inde.
MALACA,
MAL
MALACA , ou COSTAGNA. f. m. Nom d'une mon-
tagne qui ell lui" les contins de la Macédoine ik de
la Homanie , près de la ville de l'hiiippes. Mala-
ca , Cojlagna , anciennement Pangdius morts. Maty.
Malaca. Nom d'une ville de la prei'qu'ilc de Malaca ,
dans l'Inde de-là le Gange. Malaca. Elle ell licuée fur
Je détroit de Malaca , vis-à vis de l'ile de Sumatra.
Cette ville cft défendue par une bonne citadelle , &
très conlîdérable par (on commerce. Elle ell capitale
d'un petit pays , qu'on nomme le Royaume de Ala-
laca , &C les habitans les Malais, célèbres négocians
des Indes & Mahométans. Cette ville Se fon Royau-
me dépendoient autrefois du Roi d'Ihor. Les Portu-
gais s'en rendirent les maîtres l'an ijii. & les Hol-
landoisqui la prirent aux Portugais l'an 1 641. après iix
mois deliégej la polsèdent encore aujourd'hui. Maty.
Vartomin écrit , L. f^I , c. /7. que cette ville fut b.i-
tie en 1410. par un Roi du pavs.
MM. de l'Académie des Sciences placent Malaca
. au l'^d. 4i min. de latitude nord, & au 1 17^. 50 m.
de longitude. Le P. Noël , Millionnaire Jéfuite à la
Chine, la place au 117^ degré J3 min. ou 117' d.
3 8 min. i ^ fécondes.
Laprclqu'île de Malaca. Malac£ peninfula ancienne-
ment Aurea Cherfonefus. C'ell la partie méridionale
de la prefqu'ile de l'Inde de là le Gange. Elle s'étend
depuis le cap de Sincapura , jufqu'à lifthme de Té-
nacérim , entre le premier degré de latitude lepten-
trionale , & le deuxième : ainli elle a deux cents lieues
de longi fa largeur eft fort inégale : tout compenfé
elle n'iroit pas au-delà de cinquante lieues. On tire de
ce pays 'quantité de riz , du poivre , de la mutcade ,
. du macis j du bois d'aigle & de Calambe, desdia-
. mans,de l'or plus bas que le nôtre, la pierre pore,
dont on fe fert contre le venin , à-peu-près comme
du Bézoard , & du bois pour conrtruire les navires.
Ce pays avoit autrefois pluheurs Royaumes ; il n'y a
aujourd'hui que ceux d'Ihor & de Patanc , tous deux
tributaires du Roi de Siam. Ses villes principales font
fur la côte orientale, Ihor, Pahan j Patane , Siiigora
& Ligor i & fur l'occidentale , Ténacérim , Junca-
laon , Quéda , Péra -, & Malaca , qui ne dépend que
des HoUandoiSj & ne paie aucun tribut. Il croît dans
ce pays une efpèce d'arbre très-dngulier , il porte des
fleurs femblables à celles des orangers , mais qui ont
plus d'odeur-, elles naillent toutes les nuits, & elles
tombent tous les matins au lever du foleil , c'eft pour
cette raifon qu'on l'appelle l'arbre Trifte. Maty.
Le détroit de Malaca, ou de Sincapura. Fretum Ma-
lacenfe , Fretum Sincapun. Ce détroit eft dans l'O-
céan Indien , entre la prefqu'île de Malaca , ôc l'île
de Sumatra. Il eft fort long , alTez large , & fort fré-
quence. Il prend fon nom tantôt de la ville de Ma-
laca , Se tantôt du cap de Sincapura. Maty.
MALACHBEL. f. m. Nom que les Paimyréniens don-
noient au foleil , qu'ils adoroient comme un dieu.
Malachbelus. Ce nom en langue du Pays , c'eft-à-
dite , en Syriaque & en Hébreu , fignihe Roi Bélus.
On fait que Bel., ou Baal , étoit honoré en Syrie \
ces peuples vouloient que ce fût Saturne j ou le So-
leil. Selden croit que Agiibel , Malachbd , Élagabal ,
Moloch , étoient la même chofe. D'autres difent que
c'étoicnt différens noms que l'on donnoit au même
Dieu, c'eft-à-dire, au foleil en différens endroits j
à Émèfe on l'appeloir Élagabale , en Perle Mithra,
à Palmyre Malachbd , ou Aglibole , comme il pa-
roît par une infcription rapportée par Gruter , p.
S6 , n. S. Saumaife , fur la vie d'Aurélien par 'Vo-
pifcus, c. 2 s , à 31. Voy. aufti Aglibole , où il
faut corriger , Gruter,/). S6. au lieu de p. Si. Ma-
lachbd Se Agiabel ; félon Voffius , de Idolol. L. II,
c. s- font les mêmes que le Soleil Se le dieu Lunus ,
ou la Lune.
MALACHIE. f. m. Nom d'homme. Malachïas. Le
Prophète Malachïc eft un des douze petits Prophè-
tes , & le dernier dans l'ordre des Bibles Hébraïques ,
Greques & Latines, & félon l'ordre des temps; car
il a prophétilé un peu après Aggée & Zacharie , lorf-
que le Temple étoit déjà rebâti , ou que l'on ache-
Tomc F.
MAL 7^1
voit de le bâtir , environ 460 ans avant Jiisus-
Christ , foiislcregiic d'Artaxcrxès Longimanus , fils
de Xerxès , qui donna ordre de rebâtir le temple l'aa
3590. du monde, 4/4 ans avant Jhsus - Christ.
Quelques - uns conjecturent encore qu'il vécut au
même temps que Néhémias, parce qu'il reproche
aux Juits les mêmes délordrcs que lui.
Le nom de Malachie lignitic un Ange en Hébreu ,
& ce Prophète cft cité par Clément d'Alexandrie,
Se par Tertullitn fous le nom d'Ange. Sacj. Mala-
chie ne lignitic point feulement Ange; mais Ange de
Dieu ou Jkliniltrede Dieu, de "M^.ùMaleack, Ange,
Miniftre , Se n» Jah , nom de Dieu. Quelques uns
placent Malachie fous Darius tils d'Hyttatpc , grand-
père d'Artaxcrxès Longimanus.
Malachie , le dit auftî pour la Prophétie de ce Pro-
phète. Malachie n'a tiue quatre Chapitres. S. Jean
le Précurieur , &: Jésus -Christ , font prédits au
c. III. de Malachie. Acofta a fait un Commentaire
ilir Malachie.
Quand on parle de quelqu'autre que le Prophète ,.
on peut retenir le mot Latin Malachias. Malachias ,
Archevêque d'Armach , Auteur de quelques Pro-
phéties, vraies ou prétendues, mourut en 1148.4
Clairvaux , entre les bras de S. Bernard.
MALACHIN, ou MALAQUIN. f. f. Nom d'une ef-
pèce d'ancienne monnoie d'Elpagne. Malachinus .
Vous payerez dix malachins , dit Innocent JII. L.
XIII. Ep. //.à Ferdinand Confalve , Grand- Maî-
tre de l'Ordre de S. Jacques; iSc à tout l'Ordre, vous
nous payerez dix malachins par an , à nous , &: à
nos luccelfeurs , en reconnoillance que c'eft du S.
Siège que vous tenez ces privilèges. Le malachin , a.
ce que l'on dit , valoit fept tous. Il y a bien de l'ap-
parence que c'étoient les Mantes quiavoient donné
ce nom à cette monnoie , Se que malachin eft la mê-
me chofc que réal, qui eft encore aujourd'hui le nom
d'une monnoie d'Elpagne. En Arabe , qui eft la lan-
gue des Maures , & eu Hébreu ihn mdech , fignilie
Roi, 8e malachin, lignifiera- rts/ , c'eft à-dire ,
Royal.
MALACHITE, f. f. Pierre précieufe qui eft d'une na-
ture mitoyenne , entre le jalpc & la tnrquoife , oc
qui eft tout-à fait opaque. Malachites lapis. Elle a des
veines blanches mêlées de taches noires , & de plu-
licurs autres couleurs , qui en font faire pluiieurs dif-
tindion. La plus eftimée eft celle qui approciie le plu.s
de la turquoite , Se qui a le plus de bleu. Il y a qua-
tre elpèccs de Malachites , dont paile Boctius de
Boot. La première e9i purement verte ou de couleur
mauve. La 2^ a un fond vert , mais elle eft entre-
mêlée de veines blanches & de taches noires. La 3^.
eft verte Se entremêlée de bleu. La 4^. approche de
la couleur des turquoifes , &: eft la plus eftimée de
toutes. Ces pierres font aftbz grolles pour qu'on en
puiftè faire des manches de couteaux Se des vailfeaux
à boire. On leur attribue quantité de propriétés , com-
me de purger fortement par haut & par bas , en en
prenant lix grains en poudre j de guérir les maux de
cœur & la colique , d'exciter les mois aux femmes,
d'arrêter le lang , de guérir les vieux ulcères, d'arrêter
les convulfions étant appliquées fur les jointures , Se
de fortiher les parties du corps. Malachites. Ce nom
vient de f<«>.«j;ii ,quitignitie mauve ; parce que la cou-
leur de cette pierre approche de celle de la mauve.
ip- MALACIE. f. f. Termes de Médecine. Appétit ex-
ceflif , qui fait que l'on defue avec une paftion ex-
traordinaire , Se qu'on mange avec excès , certains
alimens particuliers , mais communs Se ufités. ilfa-
lacia. C'eft une maladie des femmes grolîes , ou des
filles qui ont les pâles couleurs. Quelques-uns con-
fondent cette affeèlion avec un autre qu'on appelle
pica , qui eft un appétit dépravé , qui fait qu'on de-
lire des chofes ablurdcs , comme de la chaux , du
plâtre , du charbon , &c. La malade vient de la mau-
vaifedifpolition du levain de l'eifomac , ou de quel-
que dérangement de l'imagination , qui détermip.c
pour une choie , plutôt que pour l'autre.
Ce mot eft Grec , & vient de M>ùy.<^ , mou, la ma-
Ddddd
7^2, MAL
lacie étant comme une moUelTe de l'eftomac , qui
délire ce qui ne lui ell pas propre.
MALACODERME. adj. de t. g. Terme d'Hiftoire na-
turelle. Epithète que l'on donne aux animaux qui
ont la peau molle , pour les diltinguer des OJlraco-
dermes «««xoJtp^.s; ^ ou des animaux teltacces. Mala-
coderme vient de /j-xmk.®- , mou _, &: de (^if^* , peau.
MALACOIDE. f.f. Plante. Elle a la Heur & la forme
de la mauve. Son fruit rellemble à celui du buiiron j
il ell compofé d'une multitude de caplules qui for-
ment une tête , ou un amas de grappes i ces capfules
font pleines de femenccs femblablcs à des reins. Ma-
lacoides vient de f-xxaxx , mauve , & de uàt^ , appa-
rence , comme quidiroit, qui a la rellémblance de
la mauve. La malacoïde a aulli les propriétés de la
mauve.
MALACTIQUE. f. m. Ternie de Médecine. Médica-
ment émoUient & réfolutif Les malaciiques lont la
mauve,, la guimauve, la graine de lin, les oignons
de lis , les figues gralfes , i'c. Il eft aullI adj. Médi-
camens malaciiques.
Ce mot eft grec , & vient de itx-hUcmi , amollir.
MALADE, adj. m. & f. JEger, agrocus ^ itgrè ajfec-
tus. ffT C'eft celui qui ne jouit pas de la fanté ; dans
lequel l'état de la vie faine ou lanté , reçoit quelque
altération par quelque caufe que ce (oit. f^oye\ Ma-
L.ADiE Se Santé. On eft légèrement malade , griè-
vement , dangereufement malade , malade à mou-
rir , malade à la mort. Dans la Relation de Michel
Angelo de Goatini, Millionnaire Capucin a Congo ,
il eft dit que dans ce Royaume-là on ailigne un temps
à un malade pour guérir , Se s'il ne guérit point ,
les pareils le tuent ^ Se le mangent.
§Cr Ce terme convient non feulement à l'animal, mais
encore à la partie du corps qui eft atfeélée. C'cft
ainii qu'on dit , Appliquer le remède à la partie
malade. On le dit de tous les animaux vivans.
IJXT Dans un fens figuré , on le dit des Corps politiques.
Quand l'Etat eft troublé par les guerres civiles , il eft
malade. En Morale on le dit encore de l'elprit & de
l'imagination. Elprit malade. Il eft plus malade de
l'elprit que du corps. Il eft malade d'imagination.
Un efprit malade de délicatelfe fe fait des dégoûts de
mille plaiius dont ilpourroit jouir. S. EvR.
|Cr Malade j fe dit aufti des plantes qui dépériifent,
Voye^ au mot Plante. Maladies des plantes. Un ar-
bre malade , loit jeune , loit vieux , donne des
fruits lans pépin ; & fur le même arbre une branche
vigoureule donne des poires avec des pépins, & une
branche infirme en porte lans pépins.
§CF On dit d une perfonne , qu'elle a la couleur ma-
lade , qu'elle a le teint mauvais : Se figurément , que
du vin a la couleur malade , quand il perd fa cou-
leur.
|i3° Malade imaginaire. roye:[ Imaginaire.
|CF Malade, eft aulli fubftantif. C'eft une œuvre de
miféricorde d'alîlftcr , de fecourir les malades. Guérir ,
vifiter les malades. Ce Médecin a beaucoup de ma-
Jades.
Nicod dérive ce mot du Grec ^«/««W; Ménage ,
du Latin malatus ; qui fe malè habec.
Malade ^ fe dit proverbialement en ces phrafes. Oh
dit ironiquement à celui qui fe plaint de quelque
mal léger, de quelque perte qu'il a faite , Vraiment
le voilà bien malade. On dit aulli , il n'en mourra
que les plus malades , quand on le moque d'un dan-
ger commun dont on croit pouvoir ie tirer fans
peine. On dit auflî , Eft bien malade qui en meurt j
prcfquc dans le même leiis.
MALADERIE. Voye^ Maladrerie.
fer MALADIE, f f. Difpolîtion contre nature qui
blelTè immédiatement l'aélion de quelque partie ;
empêchement qui furvient dans le corps ou dans
quelqu'un de {as organes , qui caufe une lélion plus
ou moins fenhble dans l'exercice des fondions de
la vie fiine. Morhus. L'Auteur du Traité Latin de
la Puigation , imprimé à Paris en 1714 , c. 4.
prétend que la maladie n'eft autre chofe que le dé- /
ïàut de l'équilibre , qui doit être entre les folidcs /
MAL
& les fluides , pour maintenir la fanté , & comme la
fouplelle des lolides eft néceftaire pour entretenir
cet équilibre , il infère delà que la tenfion convul-
five de ces mêmes folides , elt une des principales
caufes qui détruifent cet équilibre. L homme eft lu-
jet à une infinité de maladies. De tous les animaux ,
l'homme eft le plus fujet aux maladies , Se parmi
les hommes , ceux qui vaquent aux méditations &
à l'étude j y font plus fujets que les autres. Les au-
tres animaux ont leurs maladies , mais en plus petit
nombre. Les plantes mêmes ont leurs maladies. Les
anciens divinifoient les maladies. Vollius , de Idolol.
L. FUI. c. s^ 6.
Il y a des maladies chroniques , qui font très-lon-
gues, ou qui viennent règlement en certains temps:
l'une & l'autre fignihcation peut venir du Grec
_j;po»ixi« j des maladies incurables , qui durent toute la
vie ; des maladies aiguës qui emportent bientôt un
homme. Il eft relevé d'une grande maladie. Il y a
des liècles où il court certaines maladies , dont on
n'entend point parler en d'autres.
fjCT On appelle maladie du pays , le defir violent que
quelqu'un a de retourner dans Ion pays ; quelquefois
julqu'à en être malade. M. Gaftaldy a imprimé une
queftion de Médecine fur la maladie du pays. C'eft
un regret d'avoir quitté fa patrie , Se un delir inquiet
d'y retourner. Les caufes éloignées de cette maladie ,
font: 1°. Une maladie dangereule Se longue', fur-
tout h les lecours manquent. 2". La diftérence d'air.
3°. Le changement de noiuriture , la diverlité de
manières Se de coutumes , quelquefois des railleries
à elluyer, (Sec. Les caules prochaines font dans les
efptits Se dans les fibres du cerveau. Les elprus tien-
nent de la grollicreté du fang , Se font moins fub-
tils ; enlorte que le fouvenir de la patrie revenant
fouvent à l'efprit , ils font par leur malfe de pro-
fondes traces dans les fibres du cerveau ; ainii ils
continuent de couler par là, &c ils détournent l'amc
de toute autre penfée que de celle de la patrie. Les
remèdes à la maladie du pays , font de procurer au
malade plus de contentement Se de joie dans le lieu
où il eft , qu'il n'en auroit dans fon pays ; ou fi le
mal a gagné , de l'y faire retourner. Si le retour
eft impollîble , le lui faire efpérer , le divertir , dé-
tourner fon imagination de la penfée de fon pays,
ufer de remèdes apéritifs & émolliens , propres à
rendre au fang fa Huidité , aux efprits leur volati-
lité , & aux fibres du cerveau leur flexibilité , re-
commander le bain , appliquer des cataplafmes. Si
les forces ont diminué , les rétablir par les cordiaux ,
Se par une bonne nourriture légère Se fucculente.
M. Gaftaldy prétend«que les Suilfes font plus fujets à
la maladie du pays que les autres nations.
Il en eft quelquefois des maladies comme des biens,
elles font héréditaires. Les maladies héréditaires ,
{om des maladies ou de tête, ou de poitrine , ou du
ventre , ou des maladies extérieures. Les maladies hé-
réditaires de la tête , font la frayeur , ou la crainte ,
fur-tout noélurne , les vertiges , l'épilepfie , la ftu-
pidité Se la folie. Celles de la poitrine, font la pal-
pitation du cœur , l'afthme Se la phthilie. Celles du
ventre , lont la pierre , les maladies vénériennes, le
fcorbut , l'alfeétion hypocondriaque Se la mélanco-
lie. Les maladies extérieures héréditaires , font la
goutte , la petite vérole , Se toutes les efpèces de
gales ; on y peut ajouter la mauvaife conformation
des membres. Les caufes pour lefquelles ces maladies
font héréditaires , la qualité du fang &: des efprits
animaux dont le fœtus eft formé, la liqueur dans
laquelle il nage , les humeurs de la mère , Se les ef-
prits animaux qu'elle fournit. Ces maladies font plus
ou moins fortes , lelon que le ferment morbifique
eft plus acre , ou plus fixe. Les meilleurs remèdes
pour les guérir , au fentiment de quelques Méde-
cins , ou les tempérer , font le lait acidulé , la fa-
livarion.
Corneille du Bontecoc a déduit du fcorbut toutes
les maladies du corps humain ; d'autres les ont re-
gardées comme les eftecs d'un virus véroliquc , qui
i
MAL
- efl demeuré caché dans la icmcncc depuis le déré-
i- glemcnt de nos premiers pères. Hehnon & iierrci-
I nus Danus ont cru que toutes les maladies dépoi
doient d'un levain étranger qui fe lornioit en nous ,
ou hors de nous. Les oblervations de Pline , celles
du P. Kirker , & de M. de Lang, qui prouvent qu'il
y a de petits vers dans le fang fiévreux , dans les
puftules Se dans les charbons , ont fait dire à quel-
ques Uoiftcurs, que toutes les maladies nailloient des
vers.
Maladif , fe dit abfolument , en ftyle populaire , de la
pelle , de la vérole , & autres maladies ccjntagieufes.
Il y a de la maladie en telle province. Il ell mort
,■ dix mille perfonnes de la maladie.
Maladie , le dit figurément en chofes morales , pour
. marquer une aftedion déréglée , un attachement ex-
celllf. Morbus , furor. C'eft un homme qui a la ma-
ladie du jeu , des femmes. On le dit auili en chofes
honnêtes. Il a la maladie des livres , des antiques ,
des médailles , &c. On dit aull: , en général , que
les pallions lont les maladies de l'ame. Les mala-
dies de lame (ont plus difficiles à guérir que celles
du corps. On le dit de tout ce qui peut troubler le
repos de l'ame.
MALADIF , IVE. adj. Qui eft infirme , fujet à être
malade; J^aletudinarius , morbofus , infirmas. Ce jeune
homme avoir époulé une femme fort maladive , &
cependant elle l'a enterré. Ce mot n'ell pas fiit pour le
ftyle noble.
MALADRERIE , C f. Lieu fondé pour retirer & af-
filier les malades, & particulièrement ceux qui ont
la lèpre , d'où vient le nom de léproferie. Nofoco-
mium , valetudinarium leproforum. Prelque toutes les
Egliles des Maladreries font fondées fous l'invoca^
cion de Saint Lazare , de la Madeleine & de Sainte
Marthe. On a fait la réforme des Maladreries qui
' etoient polîedées par des particuliers & par des Com-
munautés , & on en a fait des Commanderies , pour
rétablir l'Ordre des Chevaliers de N. D. du Mont-
Carmel & de Saint Lazare. Il y a eu depuis quelques
autres changemens. Voye\ Léproserie.
|Kr MAL-ADRESSE, f. f. Défaut d'adreffe. Voyei ce
mot. On le dit au propre des exercices du corps ,
& au figuré des fonctions de l'elprit. On dit d'un
Ouvrier &: d'un Négociateur , qu'ils ont de la mal-
adreffe. Ainfi il ne but pas confondre ce mot avec
mal habileté , qui ne fe dit que des fondrions de
l'elprit. On ne dit pas un Joueur de paume mal-
habile. î-^oye-!i Habile & Habileté. Je nepuis louf-
frir vctre mal-adreffe. Cet Ouvrier a donné des preu-
ves de fa mal-adreffe. Il ne faut pas s'en prendre (ur
cela ni à la négligence , ni à la mal-adrejje de l'Ob-
' feiTateur, mais uniquement à fes fens, ik à l'imper-
. feftion nécelFairc des inftrumens. Anecdotes phyfi-
ijues & morales.
■|Cr MAL ADROIT , OITE. adj. Ce terme convient
à celui qui a peu d'aptitude pour une chofe. Au
propre , c'efl: celui qui a peu d'aptitude pour les exer-
cices du corps. Ineptus , parum dexter. C'eft un ou-
vrier , un joueur de paume mal-adroit. Au figuré ,
c'eft celui qui 'n'a pas l'art de conduire fes entre-
prifes d'une manière propre à y réurùr-, qui ignore ,
ou ne (ait pas employer les moyens qui peuvent
en procurer l'exécution. Il ne faut pas qu'un Négo-
ciateur (oit OT(ï/-a£/roir. On dit aullI fubftantivement ,
c'eft un mal-adroit.
MAL-ADROITEMENT, adv. Sans adre(re. Inepte.
Vous faites tout mal- adroitement.
MALA-ELENGI. f. m. Arbre du Malabar , qui eft
toujours vert , & qui porte du fruit une fois par an.
On fait avec fes feuilles bouillies avec du poivre ,
& le calamus aromatique ,dans de l'huile de féfame ,
un liniment pour la tête , extrêmement recommandé
dans le vertige , l'épilepile , & autres affedions cé-
phaliques. Arhor baccifera , indica , flore compofîto.
MALAGA,ou MALGUE. Nom d'une ville d'Eipagne.
Malaca. Elle eft fituée lur la côte du Royaume de
Grenade , à vingt &: uije lieues du détroit de Gibral-
tar j vers le levant. Cette ville n'eft pas grande ,
Tome V,
MAL 7^3
mais elle eft bien peuplée : clic a un beau pou, dé-
fendu par deux citadelles , &c un Evêché liifi'ragaiic
de Grenade. On y fait beaucoup de commerce, &
on en tire de fort boiîs vins. On allure que les Phé-
niciens , qui en ont été les fondateurs , lui donnè-
rent le nom de Malaca , de nSa Malach , qui en
leur langue lignifie faler , parce qu'on y faifoit un
grand commerce de poillons & de chair (alée. Matv.
long. 13 d. 4'. lar. 56 d. 4?'.
Nous dilons fouvent Alalguc , au lieu de Mala-
gua. Un habitant de Malgue , en Latin Malacita-
nus. La bataille de Mr^/^we , eft une bataille navale,
■gagnée le 24 Août 1704 , par l'armée navale de
France , commandée par M. le Comte de Touloufe,
Amiral , fur les Anglois , dans la Méditerranée , à la
hauteur de Malgue.
MALAGE. f. m. Vieux mot. Mal , fouffrance , maladie.
Le Chaflelain de Coucy.
MALAGME. f. m. Ce terme eft ordinairement fy-
nonyme à cataplafme -, quoiqu'a parler Ihidement il
ne convienne qu'aux cataplalmes émolliens. Un
malagme eft un médicament topique , & peu dilté-
rent de l'emplâtre. On ne donna ce nom dans le
commencement qu'aux cataplalmes émolliens ; mais
on rétendit dans la (uite aux aftiingens , & à tous
les cataplafmes en général. Le malagme eft compofc
principalement de gommes, d'aromates , &c d'autres
ingrédiens ftimulans , tels que les iels & d'autres
lubftanccs femblablcs. Malagma. Voyez le Diction-
naire de James.
MALAGRA, Nom d'un ancien Ixjurg de la prefqu'ile
de la Romanie , fitué fur la côte , près de Sefto. Ma-
lagra , anciennement Agora. M AT y.
MALAGUETTE. Voye:^ Mallaquette. On dit aulîî
Maleguette.
Malaquette. f. f. Poivre long. Piper oblongum. Voyez
Malaguette.
MALAIS , AIE , f. m. c^' f. ou MALAY , AYE , ou
MALAYE. Nom de Peuple. Malacencis. Les Ma-
layes font les peuples du Royaume de Malaca , dans
la prefqu'île de l'Inde , au-delà du golfe de Ben-
gale. Les Alalais (ont Mahométans ; mais ils difte-
rent en quelque chofe 'des Perlans & des Turcs. Les
Malais font bons (oldats pour l'Inde ik grands vo-
leurs, f'^oye^ MatFée , Hifl. des Indes , L. V. Ce Pi-
lote étoit un Malay , qui connoilloit parfaitement
les mers des Indes. Baravia eft très-peuplée de Hol-
landois , de Portugais , de Chinois , de Malayes ,
«Sec. La conjuration des Malayes & des Macaflars.
P. Le Comte.
MALAIS , ou MALAI. f. m. Le Malais , ou le Ma-
lai. Il eft auffi adj. Malais , Malaife , & Malay e.
C'eft la plus pure d€ toutes les langues des pays de
l'Inde Orientale. C'eft la langue des Savans & des
Dodeurs de la loi du pays , & autrefois il n'y avoir
prefque qu'eux qui la (avoient. Depuis elle eft de-
venue un peu plus commune ; prefque tous les Nc-
gocians de ce pays la lavent parfaitement. David
Hanc fit imprimer à Rome , en 1631 , un Didion-
naire Alalais-Lix'm. M. Boyfe avoit tant de zèle pour
la propagation de la Religion Chrétienne , qu'il fit
imprimer à (es dépens en langue Malaife , le nou-
veau Teftament , &c en envoya les exemplaires dans
les Indes. Mokbki ^ édic. de Holl. 1741.
|Cr MALAISE , Se MÉSAISE , f. m. Le premier eft
le plus ufité. On a dit autrefois MAL-AISANCE , f. f.
Ces termes défignent une fituation de fortune, dans
laquelle on eft privé des commodités de la vie. On
dit d'un homme dont les affaires font dérangées , Se
qui ne peut plus luftire à la dépenle ; qu'il eft dans le
malaife , qu'il eft mal-aifé.
Malaise. Terme ufité dans les priions. C'eft ainli que
l'on appelle un cachot étroit Se bas , où l'on ne peut
fe tenir debout , ni couché qu'avec peine. Arca ,
Barathrum. Ce prilbnnier étoit féditieux , pour le
punir , on l'a mis en malaife. Le Règlement pour la
Mailon de force, ordonne qu'on punira les juremens,
la parelfe au travail , les emportemens , Se les autres
fiuces que les femmes qui y font enfermées , pour-
Ddddd ij
7^4 MAL
ront commettre , en les mettant au carcan , ou dans
les maiaifes , &cc.
|Cr MAL-AISÉ , ÉE. adj. Dans la fignification du fub-
flantif mal-aife , fc dit d'un homme incommode dans
fes aftaires , qui ne peut plus fournir à la dépenfe
ordinaire , ni le procurer les commodités de la vie.
Ce Marquis eft mal-aifc , il doit de tous côtés. OU-
ratus.
^3" Dans rEncyclopédie , un homme mal-aift , eft ce-
lui qui manque des chofes nécellaires aux befoins
de la vie. Je ne crois pas que ce ioit là l'idée que
prélente ce mot , qui ne paroît déligner que le man
que des commodités & des agrémens de la vie ,
l'état où l'on a de la peine à faire la dépenfe qu'on
eft obligé j ou qu'on a coutume de faire.
1^ Dans une acception tout à-fait diftérente , le mot
de mal-aifi eft à-peu près fynonyme de difficile , &
marque une chofe qui fe fait avec peine. Imped'i
tus , difficUis , arduus. Ainh l'on dit qu'une attaire
eft mal aifee. Qu'un homme eft mal-aifd à gouver-
ner , qu'un cheval eft maiaij'é à ferrer ; qu'il eft
mal-aifé de faire une chofe.
§Cr On dit encore d'une chofe dont on ne peut fe fer
vir aifément , qu'elle eft mal-aïfée. Cet inftr-ument
eft mal-aifé , je ne puis m'en fcrvir. Un elcalicr
mal-aifé , qu'on monte ou qu'on delcend avec
peine.
On dit en proverbe , Il eft aifé de reprendre , &:
mal-aifé àz faire mieux. C'eft ce que Ronlard dit de
lui-même.
MAL-AISÉMENT, adv. Difficilement , avec peine.
u^grè , difficuUer. Il te tirera mal-aifémentàt cette at-
fiire , de cette maladie. Une ame trop élevée , s'ac-
commode mal-aifement au train commun de la vie.
S. EvR. Il y a des diftérences délicates entre les mê-
mes qualités que nous découvrons mal-aifémciu. Id.
On ne fe perluade pas mal-aifement ce que l'on fou-
haite. B. Rab.
MALAMOCCO. Nom d'un bourg avec un bon port.
Malomoccum , Medoacus portas , Methamaucum. Il
eft dans une petite île du golfe de Venife , envi-
ron à deux lieues de ce nom. Il y avoit aurretois
dans cette île la ville Epifcopale de Malamocco ,
qui fut engloutie par la mer , & fon Evêché transféré
à Chioggia.
MALAN. f. m. Vieux mot. Défiut.
MALANDRE. L £ Maladie des chevaux , gales ou
crevafles qui viennent à la jointure du genou des
chevaux , & qui (uppure quelquefois. Scabies equi
genihus adnata. On s'eft fervi aulll de ce mot en par-
lant de la lèpre , &i même de toutes lortes de mala-
dies, ou d'auttes accidens qui rendent une partie
mal affeélée. MarceliusEmpiricus .appelle un lépreux.
maladriojus.
Malandres , en termes de Charpenterie , fe dit des
nœuds gâtés & pourris, dans les pièces de bois, qui
empêchent qu'elles ne puilfent être employées. Nodi
putridi. On rabat les malandres , quand on a fait un
roifé de bois de charpente qu'on acheté des Mar-
chands. Bois malandreux.
On dit proverbialement , quand on veut vanter un
cheval pour être fain & net. Il n'a ni luros , ni ma-
landres. On le dit auiîi figurément d'un homme
d'âge , pour dire _, qu'il ne fent aucime incommo-
dité.
Ce mot vient du Latin melandrlum , qui fignifie
blé vitié , gâté ; & ce qu'on a étendu par métaphore
aux chevaux & aux bois gâtés. On difoit autrefois
mélandre. Quelques-uns font venir ce mot de l'Ita-
lien malandare , aller mal.
MALANDREUX , EUSE. adj. Terme en ufige dans
le commerce des bois carrés. Voye\ Malandre.
MALANDRIN, f. m. Vieux mot , qu'on a donné au-
trefois aux lépreux , comme fi la lèpre étoit une cf-
pèce de malandre , maladie dont on a parlé dans l'ar-
ticle précédent. Malandrinus , maledrinus , Elephan-
tiacus , leprofus.
Dans les Croifades , oi\ donna aullî ce nom par
mépris aux voleurs Egyptiens & Arabes. Peut-être
MAL
auilî le leur donna ton , parce que plufieurs de ces
voleurs étoient lépreux , des milérables qu'on ne
fouftrbit point dans les villes &c autres habitations , L
parce qu'ils avoient la lèpre qu'on appeloit malan- |l
drc -, ou parce qu'ils couroient la campagne , comme
les lépreux qu'on châtie des villes. Voye\ Du Gange,
Giofi:
Malandrin ^ eft auffi le nom que le peuple donna fous
Charles V , à des brigands qui firent beaucoup de
mal. Ces pillards parurent deux fois en France dans
ce tiècle; d'abord tous le Roi Jean , &c cntuite fous
Charles V fon tîls. C étoient des foldats licenciés
qui s'adcmbloient , & qui pilloient impunément les
pallans^ les villages & ks petites villes. Le: piilards,
qu'on nommoit les Tards-venus , tous la hn du rè-
gne du Roi Jean , s'étoient accoutumés à l'inipunité.
Il étoit dangereux de s oppcter à leur première furie.
AuBÉ DE CiioisY ,HiJî. de Charles F ^ L. I. p. S6.
Les pillards à qui le peuple donna le nom de Malan-
drins , te rallemblèrent en divers cantons , choitircnc
des chefs ( fous Charles V. ) , iSc en pillant obfervèrent
quelque difcipline. Ils fe mirent .aintî hors d'état
d'être attaqués , & prirent le nom de grandes Com-
pagnies. Ils ravageoient tous les pays par où ils paf-
toient , & n'épargnoient ni les maifons Royales , ni
les Eglifes. Leurs principaux chefs étoient , le Che-
valier Vert , frère du Comte d'Auxerre , Hugues de
Caurelée , Matthieu de Gournai , Hugues de Varen-
nes , Gautier Huet , & Robert Letcot , tous Che-
valiers. Id. Bertrand du Guetclin en délivra le Royau-
me en les menant en Efpagne j en apparence contre
les Maures , mais en eftet contre Pierre le Cruel.
jMALAPt-iE. adj. peuutité. Terme d'Imprimeiie qui fc
dit ironiquement aux Ouvriers qui ont de la peine
à lire , &c qui fe fervent de leurs confrères. Jgnarus^
indoclus.
MALAQUE, Quelques Auteurs appellent aintî une
ville célèbre des Indes orientales , qu'on appelle
plus ordinairement Malaca. Voyez ce mot.
MALAQUETTE , L f. Nom que les Américains
donnent au poivre de la Jamaïque , vulgairemenc ■
appelé Graine de girorfe. Quelques-uns le confon-
dent avec le cardamome ou maniguette , à caufe que
ce dernier s'appelle aulïï Malaquette ; mais ces deux
poivres font diîiérens.
MALAQUIN, f. m. Voye\ Malachin. Il y en a qui
écrivent méléquin ^ &c qui croyent que ce mot vient
de l'Hébreu, ou de l'Arabe "ha, mélec , qui veut
dire Roi , comme on l'a dit au mot malachin.
MALART, f. m. le mâle des cannes fruvages. Anas .
mas fera. Monet. Anas férus. Nie. ||
AlALAiTHIA. Nom d'une petite ville de la Romanie.
Malathia. Elle eft lur la côte de la mer Noire , en-
viron à quinze lieues du Détroit de Conftantinople.
M AT Y.
MALASSAI. Royaume d'Afrique dans la haute Etliio-
pie , alfez près des frontières de l'Abilîinie.
M.ALAT. Montagne de l'Amérique téptentrionale , au
Mexique dans la Province de Seiton , c'eft un des
plus grands Volcans de toutes les Indes.
MALATHIYAH. Nom d'une ville de la Turquie eu
Afie. Melitene , Melitine , Meiita. Elle eft dans la
Natolie , lur l'Euphrate , à cinq ou fix lieues au-
detfus de Marafch. Il y a dans la Malatiyah le tlége
d'un Archevêque. Maty.
MALATOUR , Anciennement Mars-la-Tour. Martis
turris. Ville de France au pays Meffin , chef-lieu
d'un petit territoire.
MALAVENTURE , f f. Rencontre fâcheufe qui fe fait
par hafard , par mauvaite fortune. Infortunium. Il a
trouvé par malaventure , fon ennemi , qui l'a oblige
à fe battre. Il eft vieux.
MALAVERT. Petite ville dePerfeà douze lieues d'It-
pahan , en tirant à l'Orient. Son territoire produit
les meilleures Piftaches du Monde, Se en grande
abondance.
MALAVISÉ , ÉE. adj. Employé autfi fubftantivement.
Imprudent, qui dit ou hrit des chotes mal-à propos,
& fans y prendre garde. Imprudens , incaucus , in-
MAL
confultus. Vous êtes un téméraire, un maIav}fc\AQ
lui rcprochti (a faute, à (on nés. Cette femme' cit
malavifee , de fe remarier ayant tant dciifans
, MALAUTRU, UE. f^oye^ ci-dellous Malotru.
' MALAXER. Terme de Pliarmacie. Amollir , pétrir
des drogues pour les unir, les lier cnfcmblc , ^ en
hire quelque préparation douce , molle .coulante,
ix capable de s étendre. Mollire , fubipere. UO" Ma-
laxer un emplâtre.
lA\nh,^^b ""^ MALAYE. Foyc^ Malais.
MALBATI , lE. adj. Qui elt mal tait. Smc anefaclus ,
d'Jtonus, tneptus, inconcinnus. On le dit au propre
des batimens qui n'ont point de (ymétrie , ou qui
on: etc batjs de mauvais matériaux; & au figuré ^
dcsperionnes qui ont le coips ou l'el^rit mal fait,
mal tourne , qui iont laids ou bourrus. Mettez donc
votre perruque droite, accommodez votre cravate ,
vos bas & ne paroiHez pas en l'état où vous t-tes i
vous voila tout malbdtL Un efpric malbâcc.
Ceft un corps ajfe^ m.ilbâti ,
Pour j aire rougir la nature.
^ On le dit auffi de la ûnté : Je ne fais ce que j'ai ,
J ai mal a la tcte , & des lallîtudes dans les jambes ,
)e luis tout malbâti ^ indifpolé.
MalbÀti , lE , au figuré fe prend auiïi quelquefois
lublhnnvemcnt. Ceft un grand malbâû C'<:^ une
glande malbatie. Dans toutes fes acceptions il elt du
Ityle tres-hmilier.
^^^n^^.^^P^'^- ^'"°'^ anciennement une petite
ville du Norique ; maintenant c'eft un village de la
Cannthie , htué aux confins du Frioul , fur la ri-
vière de Fella, au-deilus de Pontera Impériale.
Matv. ^
^li'V^' °".PLCHUS, f m. & nom d'homme.
f'^l-hus Tillemont de Baille: appellent Malch un
Saint Martyr de Céfarée , en Paleft^ne, qui fouàrit
la mort au IIP. liecle, & le ferviteur du Grand Prêtre ,
a qui S Pierre coupa l'oreille dans le jardin des
. Olives. Mais la Veriion de Mons, le P. Bouhours,
M SuBoncn S. Jean XVIIL lo. difent to^^s Mal-
chus , &: c cil: lufige.
Ce nom eft Hébreu & Syriaque , & vient de nSo ,
gie/dc/z , & en Syriaque K3^D, Malcho , qui fignilie
MALCHUS , f m. On prononce malcus. Nous appe-
lions aiiili anciennement un coutelas. Nicot. Mal-
cus enfis falcatus. Nous appelons aujourd'hui de
la forte un demi - confelfionnal , qui n'a qu'une
oreille parce que Malcus n'avoit qu'une oreille , faint
MALCHIN, petite ville du Duché de Meckelbourg ,
en balle Saxe. Malchinum. Elle eft dans la Vandalie
a l'embouchure du Pêne dans le lac de Camrow!
entre Waren & Demmin . à cinq lieues de l'une &
de 1 autre. Mat Y. long. 30. d. 18'. lat. r? d ç8'
MAL CONTENT ENtL adj. IfT &\iù.v.
hir,quina pas obtenu ce qu'il fouhaitoit. Synonyme
de mécontent, avec cette différence que mal-œntent eft
plus de la Cour, pour défigner ceux qui ont reçu
quelque dcplailir. Les malcontens de la Cour. Ilfe
dit au(ri plus particulièrement du fupérieur à l'éeard
de hafeneur. Le Roi eft mal-content des fervices
d un tel ofhcier. Son Maître eft mal-content de lui.
Le mot de mécontent convient dans les autres oc-
çalions, & sapphque à ceux qui fe plaignent de
la <.our, du Gouvernemen:, du Miniftère , de l'ad-
miniftration des affaires: & l'on dit les mécontens ,
pour dire les rébelles, les fadieux. On appeloit K
rueneTl'E "°"'"'^- I '"^ "°"?^°'^ ^"' '''^--^ 'a
Son "^ k''^', °" "' ^''' P'' ^°"'°"« ""e dif
Z/Z: f " '^" S'"' emploient indifféremment
maUontent éc mécontent. Vous ne ferez pas ma
content ou mécontent de moi. Non contentus cTh
coutume des mal-contens Se des malheuSux de fe
plaindre. Bouh. Ceft le propre des Sages d?t et
MAL
765
contens à eux-mêmes. Nie. Marora fait un Epitre a une
mal-contente d'avoir été lobrement louée , '&: fc pU
gnant non fobrement. On nomme le j^u de He«
ir "'fT'"'-' '^"^'^- =>" -'-^content, il
mal-content cii celui qui a un as, qu'il ne peut changer
avec Ion voilin qui a un Roi ^nangcr
Malcontent eft en particulier le nom d'une fac-
tion qu, s éleva en France fous Charles IX. vers
Pn//^^^'i ''"', ''""" "°™"^ ^"'^' 1« Politiques.
l'oiiticus. Les mal-contens ctoient ceux qui fe pjai-
gnoient du mauvais gouvernement , i<c de l'inob-
lervationdes Edits , & qui demandoient qu'on af-
kmblat les Etats pour remédier aux abus & aux
delordres dont ils fe plaignoient. Les principaux mal-
contens aoicmHemi de Montmorenci, & Guillaume
de la Tour Vicomte de Turenne. Ils choifirent
pour chef le Duc d'Alençon frère du Roi. royez
Pull de M. de Thou, Z. L^JI. & Mézerai dans
Charles IX.
MALDER, ou MULDER, f m. Nom d'une mefurc
d Allemagne. Un fetier de Paris contient un ma/der
ce demi , ou un peu moins.
MALDISANT , ANTE. adj. & quelquefois f Ce mot
dans le ftyle Marotique a la même lignification que
medijant. '
Oà tous lesjours contre Rome & la Grèce.
De inaldilans fe tient bureau d'adrejfe.
Voltaire.
MALDIVES. Ç f. pi. Les îles Maldives. Maldtv^
irJuU. C'eft un grand amas d'îles, fituées dans l'O-
céan Indien , entre le troifième degré de latitude
méridionale, Se le feptième de h feptcntrionale , &
entre le 107 & le i Kî. de longitude. Ces îles font
divifces en treize Pelotons, qu'on nomme Atollons,
qui le luivent en ligne droite du nord oucft au fud-
eft. Ces pelotons fjnt féparés les un- des .autres par
dou^e petits détroits , & chaque peloton eft diVifc
en un prodigieux nombre de petites il-'- n-r d^
petits canaux que la nature y a formés. Quoiqu'elles
loient fous l'Equateur, la chaleur n'y eft pas mlup-
portable , étant tempérée par les grandes rofées qui
tombent toutes les nuits ; mais lair y eft fort mal fain
pour les étrangers. Elles font fertiles en millet, en
noix de cocos & autres fruits, & l'on en tire de
belles écailles de tortue, du corail noir, & de l'am-
bre gris Se noir. Les habitans de ces îles fou: o!i-
va:res , de petite taille , mais proportionnée , Se
Mahometans: on croit qu'ils font originaires de l'île
de Ceylan. Ils ont leur Roi particulier, qui porte
les titres de Roi de 13. provinces, & de iz mille îles;
car on croit qu il y en a autant ; mais elles (ont fi
petites , que celle de Mâle , qui eft des plus grandes ,
& la rchdence du Roi , n'a qu'une lieue &: demie
de circuit. Aurefte ceft de cette île. Se du mot de
nive qui en langage du pays fignifie une île , qu'on
a fait le nom des Maldives. On appelle la mer qui
les environne , l'Archipel des Maldives ; cette mer
eft dangereufe à caufe de la gr.inde quantité de
courans , qui vont pendant fix mois du côté du le-
vant, 6c pendant lîx autres du côté du couchant,
& qui emportent fort loin les vailfeaux qui s'y
trouvent engagés. Matv.
MALDON. Nom d'une ancienne petite ville des Tri-
nobantes, en Aii^leferre. Malodunum. Camudola-
num. Elle eft dans le Comté d'Elfex , à l'embou-
chure de la rivière de Chelmers, à quatre lieues de
la ville de Colchcfter, vers le midi. Maty.
MALE, adj. f Vieux mot , qui veut dire , mauvaife.
De Beaumanoir dit , Maie chofe feroit qu'on def-
leuvrât les mariages; cela veut dire, ce feroit un
mal , une mauvaife chofe qu'on féparât ceux qui
font mariés en déclarant les mariages diffous. Malus,
perverfus.
MÂLE f m. Qui eft du Sexe le plus noble Se le plus
fort. C'eft le corrélatif de femelle. Mas, mafculus.
La Loi Salique veut que les mâles feuls fuccédent à
la Couronne. La plûparr des fubfti:utions font faites
7^^ . MAL
de mâle en mâle. Le bclier eft le mâle , dont l.i bix-bis
eft la femelle. Le taureau cfl le mâle de la vache.
Les hermaphrodites ne lont ni mâles , ni femelles.
La gén nation ne le fait que par l'accouplement du
mâle &c de la femelle.
tP' MÀXE Eft aulîi adj.' un enfaJit m^lle , une perdrix
mâle.
MÂLEj fe dit aufll en parlant des arbres & des plantes.
Il y a des palmiers mâks , des ormes mâles & fe-
melles. Voye\ Fleur &: examine. On le dit aufù
des minéraux. Le rubis Oriental eft appelé le mâle,
de le rubis fpincile eft appelé la femelle. Encens
mâle. Voyez Oliban.
MÂLES ET FEMELLES. Terme de mer. Ce font les pen-
tures & les gonds , ou les charnières qui entrent
l'une dans l'autre pour tenir le gouvernail ftilpendu
à l'étambord , & qui fervent à lui donner le mou-
vement. Epijlalmi & verticillt , cardines.
^3" Dans les efpèces des animaux le mâle ayant plus
de force & de courage que la témelle , le terme de
mâle a été tranfporté au figuré , pour défigner la
vigueur j la fermeté, la force. Vinlis , noh'dis ,ge-
nerofiis. Un courage mâle. Une vertu mâle. Une
conftance mâle. Une aflurance mâle. Une voix mâle ;
pour dire, forte & haute. Un ftyle mâle ; pour dire,
ferme, énergique. Il eft oppolé à efféminé, lâche.
Il y a des hommes privilégiés , & dont la vieillelTe
a quelque chofe de mâle j & de beau. Bouh. C'eft
le caraéfère d'une ame forte de fe rendre a la vertu ,
& de refpeder une vigueur mâle j & la magnanimité
dans le malheur. Mont. Tacite eft le plus riche
des Auteurs en penlées mâles Si. conciles. Bouh.
Une mâle trijleffe , une grave douleur
Règne fur fon vifage. Bréb.
^3" En peinture , de même qu'en matière de ftyle ,
le terme de mâle marque la force ^ l'exprelllon ,
l'énergie. Ainfi l'on dit une compolition mâle j des
figures mâles.
On dit proverbialement qu'un homme eft un
laid mâle, un vilain mâle , pour dire j qu'il eft mal-
fait & difforme; qu'il a la gorge noire j que c'eft
un franc OTc/e; pour dire , qu'il eft vigoureux. On
dit aullî J mariage d'épervier , la femelle vaut mieux
que le mâle , parce qu'en eftet parmi les épervicrs
le mâle eft le plus foible.
MÂLE. île des Indes, la principale. Scia plus fertile
des Maldives, elle eft prefqu'au milieu de toutes
les autres.
MALE AS. ( les ) (. m. pi. Peuples de l'Inde dans la prcl-
qu'île au deçà du Gange j aux confins du Malabar,
& du Royaume de Maduré.
MALEBETE , f. f.. Qui eft dangereux , dont on le
doit défier. Nequam. C'eft une malehète qu'un Chi-
caneur. ^KT II eft du ftyle très familier.
MalebÊte, f. f- Dans le propre c'eft une méchante,
une cruelle bête qui dévore les gens. On dit allez
communément que ce font des loups cerviers , ou
fimplement des loups accoutumés à manger des ca-
davres à la luite des armées. Les malebètes font fou-
vent bien du dégât. On lonne le tocfin dans les Pa-
loilles de la Campagne quand quelque malehcte court
le pays. Nous trouvions partout des payions armés
de bâtons ferrés , pour fe dérendre contre les maie-
lires. J'ai vu en pludeurs endroits du Poitou derriftes
vefHges de fa fureur. Nous vîmes à Morteirolles une
fille , à laquelle la malebête avoir mangé le vifage.
Nous continuâmes notre route , & la malehêie fai-
foit autant de chemin que nous , remplilLoit tout
de carnage. Mémoire de Madame Du Noyer.
Maleeéte , ou Peteraffe , fe dit en termes de Mrrine,
d'une elpcce de hache à mirreau , qui a le côté du
taillant fait comme un callat double j qui fert à
pouffer l'étoupe dans les grandes coutures. Securis
fnata.
Malebête. Nom qu'on donne à un monftre fabuleux
à Touloufe. Malaheflïa , mionflrurn. A l'an 1496.
l'Auteur des Annales de Touloulc j s'eft divcrci à
MAL
faire peindre fur les deux premières pages la figure
bilarre d'un homme gij,antefquc , n'ayant qu'un œil
au milieu du Iront , monté fur un cheval monftrueuxj
qui a pluueurs j.imbcs longues & menues , comme
celles d'une écrevilfe ; &: à côté eft repréfenté un
homme couronné à cheval , avec une lance à plu-
fieurs lances , ou bâtons dont il renverfe d'autres
hommes , auftl à cheval. L'Aureur a accompagné cette
peinture d'un ftyle femblable à celui de l'Apocalyplèj
plein de lamentations & de prélages terribles. Cette
peinture jointe à ce difcours , qui n'eft au fond qu'un
galimatias, donna naiilance par luccelTïon de temps à
un bruit , qu'il y aurait de la peine encore aujour-
d'hui à déraciner de l'efprit de beaucoup de gens,
qu'en ce temps là ce monftre , qu'ils appellent la
malehète couroit les rues de Touloufe aux heures de
la nuit ; & que tous ceux à qui il fe montroit , mcu-
roicnt infailliblement le lendemain. J'ai vu des Cu-
rieux de la Campagne venir demander dans l'Hôtel
de ville qu'on leur fît voir la malebête. La Faille ,
.■4nn- de Touloufe , à l'an 1 4p6 . p. 274. <& 2js,
MALEBOSSE, f. f. Grolfe bolFe. Nodus major. Régnier
a dit.
Et le Frlppier Martin
Avec fa Maleboire_)' perdait fon Latin.
Malebosse. Vieux mot, qui fignifioir autrefois le bu-
bon de la pefte ; Anthrax ; êc on dit encore en in--
terjeétion , loir par admiration , loit par impréca-
tion J La malebojj'e ! comme on dit , La pefte ! &:c.
MALEBOUCHE, i: f. Vieux mot. Méditant. Glof.fur
Maroc. IJCJ" C'eft aulîi le nom d'un perlonnage méta-
phylîque que nos anciens Poëtes introduifoient pué-
rilement fur la fcène , avec d'autres de cette efpèce ,
à la place des divinités anciennes. Ils fe livroienr à
des imaginations bifirres : ce n'étoit plus Jupiter ^
Junonj Marsj Neptune-, c'étoit Faux femblant.
Bon-accueil, Franc-vouloir ,!Mal-bouche qui agiftbient
dans tous les Poëmes.
MALEBR ANCHISME. f m. Doftrine , fentiment du
Père Malebranche de l'Oratoire de France Male-
branchd doclrina. Le Malehranchfme n'eft que le
Cartélianilme corrigé & mitigé. Le P. Malebran-
che , dit M. Fontenelle dans léloge qu'il a fait du
P. Nicolas Malebranche , Hijl. de l'Acad. des Scien-
ces iji^.p. çj. le P. Malebranche étoit Cartéfien,
mais quoiqu'il pensât comme Defcartes j il ne pa-
roilloit pas l'avoir tuivi , mais rencontré. Le Ma-
lebranchifme eft contenu dans le Livre de la Recher-
che de la Vérité , &c pour le faire plus particuliè-
rement connoitre , nous n'avons qu'à rapporter ce
qu'en dit le Secrétaire de l'Académie au même en-
droit, p. çj. Le Livre de la Recherche de la Vérité
eft plein de Dieu. Dieu eft le feul Agent , & cela dans
le fens le plus étroit : toute vertu d'agir , toute aétion
lui appaitient immédiatement , les caufes lecondes
ne fjiit point des caules , ce ne font que des occa-
fions qui déterminent l'acrion de Dieu j des caufes
occaiîonnelles. D'ailleurs, quelques points de la Re-
ligion Chrérienne (ont prouvés , ou expliqués dans
ce Livre ; cependant le P. Malebranche n'avoir pas
encore expolé fon fyftême entier par rapport à la
Religion , ou plutôt la manière dont il accordoit
la Religion avec Ion fyftême de Philolophie. Il le fit
à la lollicitation de M. le Duc de Chevreule dans
les converlarions Chrétiennes en 1677. Là il prou-
ve à fes Auditeurs, ou leur fait découvrir par eux-
mêmes l'exiftence de Dieuj la corruption de la ra-
ture humaine par le péché originel , la néceflîté
d'un Réparateur J ou Médiateur, & celle de la Grâ-
ce. Du refte , le MaUbramhifme a paru & paroît
encore à bien des gens non-leulement mal fonde,
mais encore très dangereux par rapport à la Reli-
gion. M. Foucher , Chanoine de Dijon , écrivit
des premiers. M. Arnaud le fit enluite , & l'année
que le Pcre Malebranche mourut (en i7ij. 13 Octo-
bre ) le Père du Tertre Jéluite , publia une ample
réfutation de tout fon fyltcrae. Ce qui s'appelle le
MAL
Malebranchifme n'clt qu'un cilfu d'imaginations, fri-
voles à la vcricc , mais tcpciidaiir capables de taire
des imprcllions fàchcules fur des cfpnts gâti^'s > ou peu
folidcS. MÉM. DE Tr.
MALEBRANCHISTE. f. m. &c f. Philofophe qui
fui: la Dodhine du P. Malebranchc. On die qu'il
y a des piétendus Athées Caitéliens & Malebran-
chijles , c'eft un fait _, & le dite, ce n'eit pas at-
taquer le R. P. Malebranchc. Mém. de Tr. Un
MaUbranchiJle ne peut (ouftrir qu'on s'occupe d'au-
tre chofe que du monde intelligible; il regarde en
pitié les Poètes , les Orateurs les plus diltingués. Id.
M. Prévôt , après avoir rapporté un paradoxe avan-
cé par l'Auteur des RéHexions fur la Poëfie en gé
néral , s'écrie, p. loj. du H. Tome du Pour &
Contre, Malebranche Pocte! Malebranche maïtrilé
par la verve , Se puil.int dans le fein de la Pcclîe
les principes les plus abftraits; Les Malebranchijles
ieiiont ils contens de cet éloge de leur Maitr-e î Les
Malebranchijles apprendront ( de M. Leibnitz )
qu'Ariftote, ou plutôt Avcrroès fon Commentateur,
a le premier imaginé la raifon univerfelle , qui agit
fur nos railons particulières. Id. Il parut il y a quel-
ques années , une Réfutation du Malebranchifme.
L'Auteur ne s'y propofe rien moins que de détruire
de fond en comble toute la doclrine des Malebran-
chijles. C'elt celle du P. du Tertre Jéfuite.
MALÉDICTION. 1. f. Imprécation qu'on feit contre
quelqu'un , en fouhaitant qu'il lui arrive du mal.
Execratio , dir£ , decejlatio. La malédiclion qu'un
père donne à fcs enfans cft extrêmement redouta
ble. Noé chargea de fa malédiclion fon fils Cham ,
pour n'avoir pas caché fa turpitude. Les Maltôtiers
&C les Ufuriers difent qu'ils s'engrailfent de malédic-
tions. Les blafphémateurs voniilfcnt mille malédic-
tions contre le Ciel.
Malédiction , en terme de l'Ecriture , fe dit de la
condamnation des Réprouvés. Malediclio. Dieu a
donné fa malédiclion aux méchans , & les a envoyés
au feu éternel. Au temps du Déluge , les hommes
avoient attiré Is. malédiclion de Dieu. Dès qucJ. C.
eut donné fa malédiclion au figuier ftérile , inconti-
nent il devint lec.
^CT On dit que la malédiclion eft fur une maifon ,
quand le malheur paroît attaché à cette maifon ,
fans en voir de caule apparente : & qu'il y a de la
malédiclion fur quelque chofe j quand on y trouve
des difficultés infurmontables.
Malédiction. Terme de Droit Canonique. C'eft une
fentence , un degré d'aggravation , qu'on ajoute au
réaggrave dans le diocèfe d'Avignon ; c'eft une dé-
. pendance , ou une des cérémonies & des parties de
l'anathême dans ce diocèfe-là. '
MALEE. Malea , Promontoire du Péloponncfe dans
la Laconie j la mer eft fort orageufe auprès de ce
Cap.
MALEFAÇON. Foyei Malfaçon.
MALE- FAIM. Foyei MAL FAIM.
MALEFICE, f. m. MaUficium , fafcinum , fafcinatio.
§Cr Ce terme pris , généralement s'applique à toutes
fortes de crimes. Dans cette fignification il n'eftpas
d'un ufage ordinaire. Dans une acception moins
étendue , il fe dit proprement de l'aétioH par la-
quelle on procure du mal foit aux hommes , foit
aux animaux & aux fruits de la terre , en employant
le fortilége , le poifon , ou autres chofes femblables.
Faire mourir les troupeaux par maléfice. Quand on
ignore la caufe d'une maladie j on dit qu'il faut qu'il
y ait quelque maléfice.
MALÉFICIÉ, ÉE. adj. Enforcclé, enchanté, à qui on
a donné quelque fort , à qui on a nui par quelque
maléfice. Fafcino illigatus , impUcatus. Les Magi
ciens ^ fi Dieu le permet , peuvent empêcher qu'un
homme maléficié , ou une femme maleficiée , ne
puille engendrer fon fcmblable. Thiers , fuperfi.
Maleficiée , ée. Mot du peuple , pour dire , langou
reux , tout malade. Infirmus , morbidus. Cet homme
eft maléfiicié , tout maléficié.
MALÉFIQUE, adj. Se dit feulement en Aftrologie
MAL 767
d'une Etoile , d'une Planète , dont on croit que les
influences font inauvaifcs. Malefiicus. Saturne Hc
Mars font deux Planètes maléfiques. La tête de Mo-
dule , le cœur du Scorpion , font deux étoiles malé-
fiiques. Ces idées des Aftrologucs fur des influences
malignes des|Planètes , & fur tout des Etoiles ^ adop-
tées par la fottife & par la fuperftitionj font au-
jourd'hui dans le décri.
MALEG. Clc) Rivière d'Ethiopie dans l'Abiflinie,
qui a fa fource dans le Mont Gança au Royaume de
Damot , & qui fe jette dans le Nil.
MALEGOUVERNE, ou MAL-GOUVERNE, f. f.
Eft le nom qu'on donne dans les Monaftèrcs des
Chartreux à l'avant-court , & aux bâtimens qu'elle
contient. Cette partie extérieure & avancée des Mo-
naftères des Chartreux s'appelle Mal-gouverne , parce
que la régie ne s'y obferve pas , & que ceux qui y
demeurent , qui y viennent , & les domeftiques ,
peuvent y manger de la viande , ce qui ne fe fait
pas dans l'intérieur du Monaftère , & que les fem-
mes peuvent y entrer pour aller prier Dieu dans
une chapelle qui eft diftérente de celle où les Char-
treux chantent l'Office. Chez les Feuillans le réfec-
toire des valets s'appelle Male-gouverne.
MALEGUÉTE , ou MALEGÉTE. f. f. Foyei Car-
damome.
MALEIÇON. f. m. Vieux mot. Malédidion. On a
dit aulîi Maleir ; pour j Maudire , &c Malait Se Ma-
lerit j pour Maudit.
MALEMBA. Nom d'un Royaume. Malemb& Regnum.
Ce Royaume eft dans la Baft'e Ethiopie , entre le
Royaume d'Angola, & le lac de Zembre. On affure
qu'il eftfujet.ou tributaire de l'Empire de Monoé-
mugi. Mcti Se Debfan en font les lieux principaux.
Maty.
MALEMORT. f. f. Mort funefte , tragique. Mors
acerba j turpis , infamis. Cet homme a la phyfiono-
mie patibulaire , il mourra de malemon. Il eft po-
pulaire.
MALENCONTRE. f. f. Malheur , màuvaife fortune.
Mot furanné. Infortunium jfors adverfa , inimica. Il
arriva par malencontre , c'efl- à-dire ^ par niauvaife
fortune.
On dit proverbialement , qu'un homme porte ma-
lencontre , quand on croit que c'eft lui qui eft caufe
d'un malheur , parce qu'il nous arrive en fa pré-
fence. On dit aulfi , Qui fe foucie, malencontre lui
vient.
MALENCONTREUSEMENT, adj. Malheureufemenr.
Infeliciter ,inaufpicato. Il arriva malencontreufement ,
on ne le dit plus.
MALENCONTREUX , EUSE. adj. Celui qui porte ,
ou qu'on croit porter malencontre, ou à qui il arri-
ve quelque malencontre. Se marier en un jour ma-
lencontreux. PoRT-R. Il ne fe dit plus guère que dans
le fatyrique «?c le burlefque. Inaufpicatus , ominofus ,
perniciofus , funefius.
Et pour furcrou de maux un fon malencontreux^
Conduit en cet endroit un grand troupeau de bœufs.
Boileau.
MALENGIN, f. m. Vieux mot , qui fignifioit autre-
fois dol , tromperie. Fraus , dvlus malus. Ils ont
traité cnfemblede bonne-foi, fans aucune fraude j ni
mal-engin, bonâfide.
MALENPOINT. adv. Qui eft en mauvais état, foit
pour la fanté , foit pour la fortune. Cet homme a
une fièvre eétique qui le mine , il eft malenpoint.
Il eft toujours mal propre , mal vêtu & malenpoint.
Il eft venu de nouvelles preuves contre cet accufé, il
eft fort malenpoint. Prosus malè , pejfimè.
§Cr On dit mieux , il eft en mauvais point , comme
on dit il eft en bon point , le mot point défignant
alors l'état de la fortune ou de la fanté. F'oye:^
Point.
et? MAL-ENTENDU, f. m. C'eft dans fon acception
générale la même chofe qu'erreur, méprife. Error.
7^8 MAL
Il y a fouvent du mal- entendu dans les affaires. Un
mal entendu lui a tait perdre Ion procès.
UCT On le dit aulfi des paroles priles dans un autre fens
qu'elles n'ont étc dites , qui caufent quelque conte!
ration , ou des adions mal-intei prêtées qui produi-
fent quelque divifion. Quand on ne s'explique pas
clairement, \z mal entendu caufe ordinairement des
contertations. Ils fe font brouillés par un mal-en
tendu.
MALENUIT. L f. Vieux mot. Nuit qu'on palfe avec
infomnie y inquiétude , ou douleur. Nox infaujla_,
laboriofa. Il y a des Charlatans , des Sorciers , qui le
vantent de donner la malenuit à une perfonne éloi-
gnée.
MÀLEI'ESTE. Jurement Gafcon qu'on fait contre
quelque chofe,, & quelquefois avec admir.ition. Va.
Malepcjle , que ce potage eft chaud ! Malepejle ,
que cet homme ell: méchant , qu'il eft cruel !
^lÂLERAGE. f. f. Ne le dit guère qu'en cette phra-
fe : il a bien jeûné , il a la malerage de faim. Famés
canina. On dit par imprécation, la malerage le fai-
fiHe.
MALES-GRACES , l. f. Inimitié -, mauvaifes grâces.
Offcn/a. Il eft tout à fait dans Ces males-gra.ces. Ce
mot n'eft plus en ufige.
MALES SEMAINES, f. f. pi. Se dit des ordinaires des
femmes, de leurs fleurs, de leurs menftrues. vVfe/z/"
trua. On dit plus communément régies , ordinaires.
MALESTROIT. Nom d'une petite ville de la Dteta-
• gne j en France. Malefinuctum. Elle eft fur la rivière
d'Ouft , dans le Diocèle de Vannes , à lîx Ueucs de
la ville de c'e nom.
MALETOTE. Foyei MaltAte.
MALETOTIER. Foyei Maltôtier.
MALETTE. Foye^ Mallette.
MALÉVOLE. adj. Malveillant. Malevolus. Il ne con-
vient qu'au ftyle buiielque , & c'cft lur le ton de
goguenard qu'il faut le prendre , sulll bien que Bé-
névole , dans l'Avcrtilïement du Roman Comique de
Scarron , dont voici les termes : Voilà , Lecteur Bé
névole , ou Malcvole , tout ce que j'ai à te dire : lî
mon Livre te pl.tit allez pour ce faire fouhaiter de
le voir plus corrc'-T: , achettes-en allez pour le fiire
imprimer une féconde fois ; &: je te promets que
tu le verras revu , augmenté & corrigé.
MALBURTE. f. f. Vieux mot. Méchanceté. Poëf. du
Roi de Nav.
AlALFAÇON. f. f. Dans les Arts mécaniques ce mot
lignifie tout défaut de matière & de conftrucfion , eau
lé par ignorance , ou par négligence j ou par épar-
gne. Erratum , noxa , vitïum , defeclus , error. La
mal -façon d'un bâtiment , d'une muraille,, d'un
habit.
Mal FAÇON , en Maçonmerie , c'eft pofer des pierres
de lit en joint i faire des plaquis ou incruftations
dans les murs de médiocre épailleur , & particuliè-
rement dans les chaînes ou jambes fous poutres ,
au lieu d'y mettre des carreaux & quartiers de par-
paings bien en liaL^.on ; fermer des cours d'affife par
de trop petites claiifoires, & en faire les joints iné-
gaux & fes paremens gauches ; alfeoir des moellons
de plat dans la conftruétion des voûtes , au lieu de
les mettre en coupe , laillèr des vides dans les maf
llfs j ou les remplir de blocage à fec ■■, fe fervir de
fentons de boit au lieu de fer dans les tuyaux Se
languettes de cheminées ; &: ne pas recouvrir fuffi-
famment de plâtre les chevrettes ; employer du mor-
rier qui n'a pas alfez de chaux , aulî; bien que du
plâtre cvenfc, ou noyé-, ériger les murs fans empa-
temens , retraites , & fruits néceiraires ; laill'er des
jarrets & balèvres aux voûtes , &cc.
Malfaçon , en Charpenterie , c'eft mettre en œuvre
des bois défeélueux , ou Haches , ou plus forts qu'il
n'eft nécellaire , pour augmenter le toifé ; ne pas
peupler fuffilamment les planchers , cloifons, &: com-
bles; faire de méchans allemblages , &c.
;Mal FAÇON j dans la Couverture, c'eft employer de
la tuile mal cuite , ou de l'ardoife trop foible ; leur 1
MAL
donner trop de pureau) en laire les plâtres maigres,
&c.
Mal-façon , en Serrurerie , c'eft fe fervir de fer aigre ,
cendreux , paillcux , ou avec d'autres défauts ; faire
les menus ouvrages trop légers , les ferrures mal
garnies , Se le tout fans bonne rivure , Sec.
Mal-façon , en Mcnuifcrie , c'eft employer du bois
trop vert ; faire des panneaux Se parquets trop min-
ces avec aubier , nœuds vicieux j gales , tampons,
futée j &c.
Mal FAÇON, en Vitrerie , c'eft mettre en œuvre du verre
moucheté , onde , cafilleux , ou fi gauche qu'il foit
forcé par les pointes , Sec. Les Jurés Experts (ont
obligés par leurs ftatuts & régkmens de viliter les
ateliers , pour réformer ces mal fafons , Se autres
abus qui le commettent dans l'art de bâtir. Davu.
Il en eft de même à proportion des autres arts. Il n'y
en a prelque point dans lequel l'avarice ou l'igno-
rance n'ait introduit les mal-facons. Il y a aufti des
malfaçons dans la plaidoirie , c'eft ce que Budéc
appelle folœcïfmï forenfes.
Mal-façon , fe dit aulli au figuré , |tT pour figniiîer
fupercherie dans le commerce de la vie , dans la
conduite , tout ce qui n'eft pas fait avec fidélité Se
iincérité. Il y a dans cette aftaire quelque mal-façon
que je n'entends pas. L es Intendans de maitons ,
les gens d'affaires font fouvent accufés de mal-fa-
çon.
MALFAICTEUR. f. m. C'eft en général celui qui fait
de méchantes actions , qui commet des crimes. Ma-
leficus ,facinorofus , rei capitalis reus. Il ne faut point
avoir pitié en Juftice des Malfaiteurs.
MAL-FAIM, ou MALE FAIM. f. f. Mala, dira fa-
més , faim mauvaile, cruelle. Ce mot ne fe fouffrc
que dans le burlcfque. Se dans les vers de ftyle art-
tique 1^- libre , comme l'a fort bien employé l'Au-,
teur du Virelay fur le Rimeur rebuté.
De tous les métiers le pire j
Et celui qu'il faut élire ,
Pour mourir de male-faim ,
EJl à point celui d'écrire. P. Mourgues.
MAL FAIRE, v. a. Faire du mal, Nocere , malè age-
re. La nature corrompue eft encline à §S" mal faire.
Il y a àe.% gens malheureulement nés qui ne fe plai-
fent qu'à mal-faire. Hors delà il eft d'une ufagc
allez rare. Se ne s'emploie qu'à l'infinitif.
MALFAISANT , ANTE. adj. Qui nuit^ qui fait du
mal ; qui fe plaît à mal faire. Noxius ■, maleficus. Il
y a des gens qui ont un naturel malfaifant. Une
humeur malfaifante. Ablanc. Cicéron ne reconnoît
point pour magnanimes ces Héros malfaifans qui
vont détrôner les Rois. M. Esp. Il n'y a point ei>
cote eu d'homme fur la terre , qui ait pu gagner,
ni lur les autres j ni fur lui même, d'établir dans le
monde , qu'il eft plus eftimable d'être trompeur, que
d'être ilncère ; d'être emporté Se malfaifant, que
d'être modéré Se de faire du bien. Fenel.
Desjinges malfaifans , 6" des leups pleins de rage.
Mol.
Malfaisant j fe dit auflî des chofes qui nuifent à la
fanté. Un vin aigre , un vin frelaté eft malfaifant.
Une viande indigefte eft malfaifante. Noxius.
MAL-FAIT , AITE. adj. Qui n'eft pas fait dans les
règles , qui n'a pas les qualités & les agrémens re-
quis. Deformis , pravè fruclus j compofitus , \itio-
fus. Il le dit tant des perfonnes que des chofes au
propre Se au figuré. Un boHu , un homme de mau-
vaile niine , un homme mal fait. Un homme bour-
ru J eft un efprir mal fait. Un cœur mal fait. Voit.
Un bâtiment mal fait , un habit mal fait. Lettre
mal faite Se mal écrite. Marot.
Nos anciens Poëtes ne nommoient point autre»
ment les diables que li mal faits , à caufe qu'ils font
du mal , ou peut-être parce qu'on les repréfente
fous des formes hideufes.
Oà
MAL
Où font Us qui faïnts Apofloles ,
D'aubes vêtus j d'amis coeffês ,
Qui ne font ceints fors que d'ejlolles ,
Et par col prinrent li mal faits. Clopinel.
MALFAITEUR. A^oy^ï Malfaicteur.
MAL FAMÉ , ÉE. Qui a mauvaiCc icputation. Faino-
fus , injamis , malo nomine. Les gens mal famés
lont exclus des charges publiques. Une femme mal-
jamée. IjCT On a die auticfois tamc pour renommée ,
& f«mé j qui a de la renommée. Fama notus. De-là
infamer , diffamer , &c. Bien ik mal famé , relative-
ment aux mœurs.
MALFI , ou AMALFL Petite ville de la Principauté
citéneure , au Royaume de Naples. Amalphis. Elle
eft fur le golfe de Salerne , environ à trois lieues au
couchant de la ville de Salerne. Malfi eil un Siège
Archiépilcopal , dont les luftragans font Capri , Sca-
la j Minori , Lattere &: Ravello. Il fut érigé en Du-
ché le liècle pallc en faveur du fimeux Picolomini ,
Général des armées de l'Empereur. C'ell la patrie de
Flavio Gioa , que quelques-uns prétendent être l'in-
venteur de la boullble. Malfi donne fon nom à la
côte qui s'étend depuis le cap de la Minerve , juf-
qu'à Salerne.
MAL-GRACIEUSEMENT, adv. D'une manière mal-
gracieule. Inurbanè , rufiice. Il cil du ftyle familier ,
■ ainfi que mal gracieux.
MAL-GRACIEUX , EUSE. adj. Groilier , rude , in-
civil. Deformis , agrcftis ., rujîicus. Il le dit des pcr-
fonnes &c des chofes.' Les Marchands qui font mal-
gracieux perdent bientôt leur chalandile. Votre père ,
le plus mal-gracieux àe. tous les hommes, m'a chaf
iéj & j"ai couru rifque d'être battu. Mol. Réponfe
mal-gracieufe. *
MALGRÉ. Prépofition qui régit l'accufatif. Contre le
gré de quelqu'un. Invité , irzvitb. Les mariages qui le
font malgré père & mère font punis par l'exhéré-
dation.
On le dit des chofes inanimées. Il eft parti /wa/^re
la pluie &: la grêle ^ malgré les mauvais préfages.
§3" Malgré , Hgnifie la même choie que Nonobf-
tant , (ans avoir égard. On agit contre la volonté ou
contre la règle , & malgré les oppofitions. Les valets
parlent fouvent contre les intentions de leurs maî-
tres, & malgré leurs défenfes. La témérité fait en-
treprendre c<?/2Cre les apparences du fuccèsj & la fer-
meté fait pourluivre l'entreprife malgré les obftacles
qu'on y rencontre.
On dit proverbialement , Je ferai cela malgré lui
& malgré fes dents , pour dire , il ne pourra l'empê-
cher. Eo invita.
On dit aulîî , Bongré malgré ^ ôc c'eft une forte
d'adverbe qui iignihe , en dépit qu'on en ait ; non-
obftant tous les efforts que l'on pourroit faire pour
s'y oppofer. Omnibus invitis & reluciantibus , invitis
hominibus dïfque. Il fera cela bongré malgré. Il eft
familier.
Malgré QUE. Sorte de conjondion. Malgré que vous
en avez , je pallerai t)utre. Vaug.
MALGUES. Foye:^ Malaga.
CG" MAL -HABILE, adj. de t. g. Qui n'a point d'in-
telligence ni d'aptitude aux chofes qu'il fait. Incp-
tus j parum idoneus. Ce n'eft point un mot nouveau ,
comme le dit Bouhours. On le trouve dans Nicod.
Il n'eft point fynonyme de mal-adroit qui le dit au
propre Se au figuré , des exercices du corps & des
fondions de l'efprjt; au lieu que mal-habile ne le
dit que des dernières. On eft mal-habile dans les affai-
res , dans les négociations. Un malhabile homme
en affaires, eft celui qui n'a pas allez de talent , &:
qui a trop peu d'habitude à les traiter, aies manier.
^ MAL- HABILETÉ, f. f. Manque d'habileté, de
capacité , de difpofition. Foy. Mal Habile. Sa mal-
habileté lui a fait perdre fon emploi _, fon procès. Foy.
aulfi Mal Adresse &c Mal-Adroit.
MAL-HARDI , lE. adj. Parùm audax , ignavus , fo-
cors timidus. Ce mot fe difoic autrefois , fur-couc en
Tome y.
MAL 7^9
Poëfic , pour fignitîcr un homme qui manque de
cœur, ou de hardiclié; mais il n'eft plus en ulagc.
La plupart de ces compolîtions de mots réullilicnt
en notre langue moins qu'en Latin , & Quintilicna
remarqué qu'elles réullîlloient moins en Latin qu'en
Grec.
MALHERBE, f. f. Eft une plante d'une odeur forte
qui croît dans le Languedoc &: dans la Provence,
qui krt aux Teinturiers.
0G-' MALHEUR, f. m. De l'ancien mot heur, & mal,
mauvais. Malus. Voy. Heur. Ainlî ce mot iîgnifie
proprement un événement fâcheux , une mauvaile
fortune. Mais on l'applique particulièrement aux
événemens de fortune &: de choies étrangères à
la perfonne. C'eft un malheur de perdre fon argent:
c'eft un plus grand malheur Az perdre fon ami. Voy.
Accident, Désastre, Infortune. Sou-
vent on donne à ce mot une lignification plus
étendue , & on le dit de l'infortune , des accidens
fàchciux & dommageables. Cafus adverfus , cala-
mitas , infonunium. Je luccombai fous le poids de
tant de malheurs, S. E v R. L'homme eft fi mal-
heureux , qu'il ne fait qu'augmenter les malheurs en
le connoiftant (oi même. Nic. L'homme dans le gouf-
fre de malheurs où il eft, plongé, ne reçoit de con-
folation que de fa vanité. M. Esp. Les malheurs épa-
tent nos delîrs , & nous font perdre le goût du mon-
de. Boss. LaPhilofophie elle-même s'enfuiroit à la
vue de tant de malheurs j, i\ elle les voyoit venir à
elle tête baiffée pour la renverfer. S. EvR. Sage par
mes malheurs , je méprile les douceurs de l'amour.
Vill.
Le bruit de mes malheurs fait retentir les airs.
BoiLEAU.
Il y a des malheurs où les hommes approuvent
qu'on loit lenhble julqu'à l'excès, 6c où il eft per-
mis de s'oublict avec bienféance. Disc. d'Él. Je
ferai plus grand que mes malheurs , Se je ferai voir
par-là que jen'enétois pas digne. B. Rab.
Pourquoi toi-même en proie à tes vives douleurs ,
Cherches - tu fans raifon à. grojfir tes malheurs î
Boileau.
^fT Un Joueur dit quelquefois qu'il eft en malheur , que
le malheur lui en veut. On ne làit pas bien précifé-
ment ce qu'on entend par le terme de malheur dans
le fens d'un événement lortuit, ou des coups du ha-
fard. Foye:^ Bonheur. Il y a de la différence entre un
malheur Se le malheur, un malheur eft un événe-
ment fâcheux. Le malheur eft une fuite de ces évé-
mens.
Malheur , eft quelquefois une imprécation, un fou-
hait qu'on fait pour la punition des raéchans , ou une
prévoyance de leurs fupplices. Fit. Malheur à vous ,
Scribes , Pharifiens, & Hypocrites , dit plufieurs fois
JÉSUS -Christ dans l'Évangile. Malheur &c défef-
poir aux vaincus.
Par Malheur , fe dit quelquefois ' adverbialement.
Forte , infeliciter. Par malheur il rencontra fon en-
nemi. Se il le tua.
// advint d'aventure ,
Que le Lion pour chercher fa pâture ,
Saillit dehors fa caverne & fon fiége ,
Dont par malheur fe trouva pris au piège.
Marot.
Malheur, fe dit proverbialement en ces phrafes. Le
malheur n'eft pas toujours à la porte d'un pauvre
homme. Un malheur amène fon frère , ou ne vient
jamais feul.
On dit bien vrai , la mauvaife fortune
Ne vient jamais du elle n'en apporte une ,
Ou deux , ou trois avec elle , Sire. Marot.
On accufe auffi un hom;Tie déporter malheur, quand
£ e e ee
77© MAL
il arrive plufieurs malheurs en fa compagnie. On dit
aiilFi , Il n'y a qu'heur & malheur en ce monde ,
pour dire , qu'il a des gens qui réullillbnt en des
aftaires où les autres le ruinent. Lorlqu'on voit arri-
ver plulîeurs malheurs iuccclllvement , ou qu'après
plufieurs difgrâces, il arrive quelque coup de for-
tune , on dit proverbialement à force de malheur ,
la chance vient , à quelque cbofe malheur eft bon.
La Fontaine a employé ce proverbe fort hcureufe-
meiit :
Quand le malheur ne /croit bon
Qu'à mettre un fot à la raifon.
Toujours Jeroit ce àjujle caufe
Qu'on le dit bon à quelque chofe.
A la Malheure, adv. Malheureufement. Inaufpicato.
Il eft arrivé à la malheure.
MALHEURE , ÉE. adj. Vieux mot. Malheureux. On
a dit aulli Malheureté y & Malheurté , pour mal-
heur.
^ MALHEUREUSEMENT, adv. Par malheur , d'une
manière malheureufe. Infeliciter, inaufpicatè. Il eft
arrivé malheureufement que le feu a pris chez-lui. Il
s'eft noyé malheureufement.
|îr MALHEUREUX , EUSE. adj. Ceftl'oppofé d'heu-
reux. Il fe prend, de même qu'heureux, dans plufieurs
acceptions diftérentes.
^CrMALHEUREUx cft quelquefois fynonyme de Dam-
né , & déligne celui qui eft privé de la vue de Dieu ,
dans laquelle confifte la béatitude. Ceux qui meu-
rent en état de péché mortel , feront éternellement
malheureux.
^^3" Malheureux , fe dit auffi de ceux qui manquent
des choies nécelfaires aux beloins de la vie , ou qui
peuvent rendre l'homme content. Mifer. Alors il eft
adj. &: fubft. Mener un vie malheureufe. Etre dans
un état malheureux , dans une lituacion malheureufe.
Mifer. Dieu louftre qu'il y ait des malheureux pour
exercer leur patience , & pour donner lieu aux ri-
ches d'exercer leur libéralité. Les malheureux ont
tant de peur qu'on ne les méprife , qu'ils en font
moins modeftes. Le plus fenfible outrage qu'on puille
faire aux malheureux , c'eft de triompher de la mi-
sère qu'on leur a caulée.
Engraiffe-toi , mon fils , du fuc des malheureux.
Bon.
Du fort des mallieureux adoucir la rigueur
C'ejl de l'autorité le droit le plus flatteur. Gresset.
Faire une fin malheureufe , c'eft mourir finis avoir
donné aucune marque de piété , ou finir ù vie par
la main du Boureau. C'eft le fort d'un pécheur im-
pénitent ou d'un criminel livré à la Juftice.
Malheureux , fe dit dans le même Icns de ceux dont
la vie eft trifte & défagréable , ou par des aftlidions
ou par les partions qui les tourmentant. Injelix ,
miferabilis. Avec un ami fidelle, quelque bizarrerie
du deftin que j'aie à efluyer , je défie la fortune
de me rendre malheureux. S. Evr. Son Amant avoir
tant de mérite , qu'il étoit difficile de le rendre
malheureux fans en avoir pitié. P. de Cl. L'amour
ne fait guère moins de malheureux que la fortune.
ViLL. Vous êtes bien malheureux d'avoir en tête un
ennemi implacable. Pasc. Il vaudroit encore mieux
cicc malheureux enamoai ,quedc n'aimer rien. Vill.
Ton malheureux Amant aura bien moins de peine ,
A mourir par ta main qu'à vivre avec ta haine.
Corneille.
Malheureux , fignifie auffi , Méchant , fcéiérat. Sce-
Icratus , Sceleflus. C'eft un malheureux qui a attente
à la vie de Ion Prince. Le pécheur n'eft-il pas bien
malheureux , de s'attaquer à Ion Dieu , à fon Sou-
verain ;
Malheureux , lé dit auffi de celui qui ne réuifit point
MAL
dans ce qu'il entreprend j foit par fon peu d'adreflè , i
foit par le halard, foit par la mauvaile conjonéturc
des aftaires. Infelix , injauflus. Il faut s'.abftenir du
jeu , quand on y eft malheureux. Etre malheureux \
en amis , en parens , en valets. En matière d'Etat , !
être malheureux , ou imprudent , c'eft prefque la
même chofe. S. ÉvR. On parle de Catilina comme
d'un homme déteftable : on eût dit la même chofe de
Céfar , s'il eût été auffi malheureux que Catilina. Id.
Les mêmes aétions font blâmées généralement j parce
qu'elles ont été malhcureufes , qui feroient exaltées ,
fi l'événement eût répondu aux mefures qu'on avoit
prifes. Bell.
^3" On appelle coup malheureux , celui qui eft arrivé
par malheur & inopinément , & qui eft plus dan-
gereux qu'il ne devroit être. *
^3" Au )eu 3 c'eft un coup du hafard , qui arrive par
un malheur extraordinaire.
Malheureux , lemble marquer un accident qui arrive
tout'à-coup, & qui ruine une fortune naillante^ou
établie ; infortunatus , au lieu que miférable lemble
marquer un état fâcheux , foit que l'on y foit né , foie
que l'on y foit tombé. Mifer , miferabilis , miferan-
dus. Ainli on plaint proprement les malheureux y ôc
on affifte lesmiférables. 03" On eft malheureux au jeu.
Se l'on devient miférable quand on y perd beaucoup.
Le mot miférable a encore d'autres iens qui ne con-
viennent point au mot malheureux. Ainli on ne doit
pas dans tous les cas les employer inditléremment
l'un pour l'autre.
Malheureux, fignifie auffi , Ce qui caufe du malheur,
ou qu'on croit le caufer. Funeftus j lucluofus. On dit
qu'un homme eft né fous une étoile malheureufe ,
comme Saturne &: Mars , qui ont de mauvaifcs in-
fluences ; c'ell une croyance fuperftitieufe , c'en eft
encore une de ^imaginer qu'il y ait des jours heu-
reux , &c malheureux. §3" J^oy. Heureux. Dans ce
fens on ne le dit point des perlbnnes. On dit au jeu
qu'un homme a la main malheureufe , pour dire ,
qu'on ne gagne point quand c'eft lui qui donne les
cartes , ou quand on eft fous fa coupe. On dit d'un
homme qui calfe tout ce qu'il touche , qu'il a la
main malheureufe : & figurément , cet homme à la
main malheureufe à faire des mariages. On dit à peu-
près dans ce fens , une phyfionomie malheureufe ,
une mine malheureufe. Il a quelque chofe de mal-
heureux dans le vilage. Dans ce fens on le dit de ce
qui lemble marquer du malheur. Infauflus , malè
ominatus.
Malheureux j fe dit auftî par mépris de ce qui eft vil
&c peu conlidérable. Vilis , nihili , ignobUis. lia eu
un procès pour un malheureux arpent de pré , qui l'a
ruiné. Pour un malheureux cc\i qne cet avare a voulu
épargner , il lui en coûtera cent en réparations.
§3° On l'emploie auffi dans le fens d'inluffilance , de
compataiton &: de dilproportion. Pendant qui! ha-
bite un palais , fon frère eft réduit à une malheureufe
chambre. Avec vingt mille livres de rente il n'a
qu'un malheureux valer.
^O'Enfin , on le dit de ce qui eft méprifable , mauvais
dans fon genre, de ce qui n'a pas les qualités qu'il
devroit avoir. Un malheureux Ecrivain , un malheu-
reux Auteur. Incptus , infulfus. Miférable conviea-
droit mieux. Une mémoire malheureufe , qui man-
que au befoin.
Malheureux , fe dit proverbialement en ces phrafes.
On dit quand un homme eft malheureux , qu'il fc
noieroit dans un crachat. Les malheureux n'ont point
de parens , c'eft-à dire , que tout le monde les aban-
donne. On dit aufti , que le gibet n'cft fait que
pour les malheureux , parce que les riches s'en fiu-
vent pat leur crédit A' par leur adrelle. Onditauftij
que la conf olation des malheureux ^ c'eft d'avoir des
femblables , des compagnons de leur misère. On dit
auffi d'un homme qui eft malheureux au jeu , qu'il
fera heureux en femme. On dit encore qu'un hom-
me eft malheureux comme un chien qui (e noie.
On dit aulll , qu'il eft malheureux en fricallce , pour
dire , qu'il ne réuffit à rien. On dit auffi , il efl des
MAL
cnfaiis âe Tuilupin , malheureux de natnfe , c'eft à-
tliœ , malheureux par la iiaillàncc , parce oue du
temps du Roi Charles V , on condamna ik on pro-
Icrivic non feulement tous les furlupins qui ctoicnr
des Hérétiques; mais aulîi toucc leur race Se pof
tenté.
MALHOMINIS. Peuple fmvage de TAmérique fep-
tenciionale , dajis la nouvelle 1-ranec , vers la i3.iic is:
au couchant du lac des Ilinois.
r? MAL-HONNETE, adj. de t. g. C'cft loppolé d'hon
nece. Voyez Honnête. Indxens , ïndecoras. 0\\ le
dit des perlonnes qui n'obkrveut pas les bienféan-
ccs & les ut.iges de la fociété , & des adions qui y
font contraires. Cet homme z\kmal-hontiète. Action ,
procédé mal-honnète. Il ne faut pas confondre mal
honnête & dèshonnêce.
^ Mal-honncte homme, de \\ommz mal honnête , fi-
gnihent deux choies abfolunient dirtérentes. Le pre-
mier de ces mors cft l'oppofé à' honnête homme ,
pris pour homme de probité &c d'honneur. Alors
l'adjecHhdoit toujours précéder. Le fécond efl: l'op-
polé à' homme honnête. Voyez au mot Honnête,
honnête homme tk homme honnête.
MAL-HONNÈTEMENT. adv. D'une manière mal-
honnête. IlUberaliter , Inurbanc. Il ne me veut pas
rendre ce que je lui ai prêté , il en ule fort mal-
honnêtement.
MAL-HONNETETÉ. f f. Manque de bienféance.
llUberalitas. Il y a de la malhonnêteté à refufer les
petits {erviccs_ qui ne nous coûtent rien, quand on
peut obliger fans peine. Il fentit la mal-honnêteté de
Ion procédé.
MALIAPOR. Voyei MÉLIAPOB.
MALICA. i. m. Nom que l'on donnoit à Hercule dans
la ville d'Amathus , aujourd'hui Linullo. Maiica.
Voyez HÉSYciiius.
!MALICE. f f. Qualité mauvaifc qui fe trouve en quel-
que chofe morale. Malitia , nequ'itia , maiignitas. La
malice du péché , & fon énormiré , dépendent des
circonitances. La bonne intention n'excule point la
malice de l'adion. Pasc. Il y a un fond de malice Se
de méchanceté , dans cctcfprit la ; c'elt l'ertét d'une
malice noire , diabolique.
0\\ dit en JurifprudencCj que la malice fuppléc à
l'âge, quand un mineur eft plus adroit à faire mal
que {on âge ne permet. Malitla fupplct atatem.
Malice , fe dit aulli de 1 inclination qu'on a à faire
mal , & des adfions qui font nuiiîbles à quelqu'un.
Mala mens , malus ammus. C'cft un homme qui ne
pèche pas par ignorance, mais par /7za/;ce , pu pure
malice. Salomon s'elf plaint de la malice des femmes ;
il dit qu'elle lurpalfe celle des hommes. Dans le fiècle
d'or , les hommes étoient fimples &: fans malice. C'eft
un_ malheur attaché à la condition des plus grands
Princes , de fe lailler prévenir par l'adrellc & par
k malice de ceux qui les approchent. Herman. Pen-
lez-vous avoir plus de patience que la fortune n'a
de malice ? H. S. de M.
On dit en ce fens , dans le ftyle familier , c'ed: belle
malice à vous , fi vous ne faites cela bien , fi vous
ne vous en tirez à votre honneur ; pour dire , il ne
tient qu'à vous , vous pouvez le faire aifément , &
(ans vous^ donner beaucoup de peine.
Malice , le prend quelquefois pour l'adion même
qui eft faite avec malice. Aclus vitiofus , aclio mala.
Il m'a fait toutes fortes de malices. Vous ne fivez
point encore toutes les malices dont il.eft capable.
C'eft une malice fort noire', & qui mérite châti
ment. Abl.
I Malice ., fe prend quelquefois en bonne part , ou d'une
manière moins odieufe. Fallacia , deceptio , illufio.
Il lui a fait une petite fupercherie , une peur légère ,
c'eft une innocente malice. Qu'y a-t il de plus en-
nuyeux , que ces bonnes ftupides qui n'ont ni ma
lice , ni agrément ? M. Scud. Il y a des malices in-
gciiicufes qui rendent la converfition plus piquante
& plus enj:.uée. S. EvR. Vos médifances font toutes
pleines d'cfprit , & je pardonne à la malice , en faveur
Tom& J^.
MAL
771
des cxpreffions. H. S. de M. Faire mille agréables ma-
iices à ks amis. Voit.
On .appelle proverbialement un innocent fourré de
malice , un méchant homme qui fut le fimple uour
faire plutôt réuiln- la méchanceté.
f/J Le mot de malice , pris pour 1 inclination ou la dif-
pohtion à nuire , à moins qu'il ne foit modifié par
quelque épithètc , marque plus de rufe que de force.
Elle ne renlerme aucune idée d atro.ité. Elle fe borne
.aux petites peines. On ne taxeroit pas de malice ce-
lui qui chercheroit à caufcr de grands malheurs
MA.JCIEUbEMENT. adv. Avec malice. Malitiosê ,
maligne. Ce niot fe peut interpréter en bien , & eu
mal , mais je fiis qu'il a été dit mal icieufe ment.
MALICIEUX , EUSE. adj. Qui a de la malice. Mali^
tiofus._ Homme malicieux , dclfcin malicieux. C'eft
un elprit malicieux , qui tâche de piquer les gens
par quelque trait o.fenlant. Une femme un peu ma-
hcieufc , Ck qui a de l'efprit , réjouit une couver -
fition. M. DE Scud. On tiroit des conféqucnces ma-
Ikieufcs de mes démarches les plus^nnoccntes. H. S.
DE M.
IP" Malicieux , Malin, Mauvais , Méchant, fy-
nonymes. Le Malicieux ^àlv. M. l'Abbé Gnard,l'eft
par caprice ; il eft obftine : s'il nuit , c'eft de rage :
pour l'appaifer , il faut lui céder.
CCF Le Malin , l'eft de lang froid ; il cft rufé : quand il
nuit , c'eft un tour qu'il joue : pour s'en défendre,
il faut s'en défier.
tP" Le Mauvais , l'eft par emportement ; il cft vio-
lent: pour n'en rien craindre, il ne faut pas l'of-
fenfer.
IP Le Méchant l'eft par tempérament ; il eft dange-
reux; quand il nuit , il fuit fon inclinaticn : pour en
_^ être à couvert, le meilleur eft de fuir.
I/CT L'.imour eft un dieu malin , qui ie moque de ceux
qui l'adorent.
|Cr Le poltron fait le mauvais , quand il ne voit plus
d'ennemis.
§Cr Les hommes font quelquefois plus méchans que les
femmes ; mais les femmes font toujours plus mali-
cieufeî que les hommes.
On dit qu'un cheval eft malicieux , pour dire ,
qu'il tire à létrier, & qu'il rue à côté , qu'il me
d adrefte contre celui qui le monte ou qui l'approche.
On dit proverbialement : il eft m.alicicux comme
un vieux linge ; à caulé que ces animaux fe plaifent à
faire du mal.
MALICORIUM. f. m. Ce mot eft Latin , & c'eft ainfi
qu'on appelle l'écorce de la grenade , comme qui
diroit Cuir de pomme , parce que cette écorce eft dure
comme du cuir.
MALICORME. Bourgade de France dans le Maine,
Eleftioii de la Flèche.
MALÎCUT.. Nom dune petite île de l'Océan Indien.
Malicutia Infula. Elle eft entre les îles Maldives,
& celles de Divandurou. Elle n'a que cinq lieues
de circuit ; &c elle eft une dépendance du Royaume de
Lananor , ou Malabar. Mat y.
MALIGNEMENT, adv. D'une manière maligne , avec
malignité. Malitiosè , maligne. Il y a des gens qui
louent les autres malignement. Son adion étoit inno-
cente ; mais on l'a interprétée malignement. Mali-
gnement avare d'encens. Boil.
MALIGNEUX. adj. Vieux mot. Méchant.
go- MALIGNITÉ, f. f M. Le Maître a obfervé que
malignité dit plus que malice j & qu'il y a quelque
chofe de plus profond 3c de plus caché. Ainfi l'on
peut dire queh malignité eft une /7Z(7/^cs profonde ,
cachée , réftéchie. Malignitas , voluntas ad malum
prornta j prona. La malignité enchérit fur la malice
& la méchanceté fur la malignité.
ffJ" Il faut encore remarquer que l'adjedif wa/f/z , dit
quelque choie de moins odieux , que le flibftantif
malignité. On pafle à un enfant d'être malin ; on ne
lui pardonne pas d'avoir de la malignité. Ce terme
s'applique aux perlonnes & aux chofes. La malignité
du cœur humain applaudit à la médifaiice , & cette
même malignité s'oppofe aux louanges d'autiui.
E e e e e ij
yyi MAL
M. ScuD, Admirez la malignïtî de ce fatyriqoe. La
malignité du liècle eft grande. Il y a des gens qui
ne pouvant Gtisfaire leur vanité en fe bilan: grands ,
taclisnt de (atisfoire leur malignité en rabaillant ceux
qui le font. Nie. Il y a Ats gens qui ont l'aigreur
Se la malignité de la colère , quoiqu ils n'en aient
pas les emportemens. M. Esp. Je luis pouriuivi a
toute outrance par l'implacable malignité de .a tor-
tune. FlÉch. La malignité naturelle eft iniinimcnt
plus vive & plus agillànte , lorlqu'eile a un prétexte
honnête pour fe couvrir &c pour le déguiler. Nie.
On trouve dans k modération , un retranchement
contre la malignité de la fortune. Bell. En remar-
quant nos déf.iuts les premiers, nous délarmons la
malignité des autres. Nie. Il y a je ne lais quel fonds
de balfe malignité dans le cœur des hommes , qui
fait qu'on ne peut loulftir dans les autres un mérite
extraordinaire. Bell.
Malignité , fe dit aulTi des chofes inanimées , & défi-
gne les quilités qui nuilent à l'homme. Maiignitas.
La malignité de cette humeur acre donne la goutte.
Cette fièvre a beaucoup Je malignité. Les médians
s'excufent fur la malignité des aftres qui ont préfidé^
à leur naillance. La pelle ne vient que de la malignité
de l'air inkélé.
MALIN j IGNE. adj. & f. Enclin à fiire du mal.
Maiignus. Il fe dit par excellence du Diable , qui
elc malin par nature. On l'appelle Vcjprit malin , ou
abfolument le Malin. Mon Dieu ! penfez que c'eft
le malin qui vous tente. Sar. Ce dernier n'eft que
du ityle familier.
AIalin , fe dit aulîi des hommes qui ont une difpoll-
tion à nuire; qui prennent plailir à hire ou à dire
du mal. F'oye^ Malice & Malignité. Volonté
maligne. Efprit malin. Les hommes font naturelle-
ment li malins , qu'ils ne s'attachent qu'aux débuts
des autres , & ne regardent prefque pas leurs ver-
tus , qui mérircroientbeaucoup plus d'attention. Bell.
Notez que quand on dit d'un homme . c'ell un ma-
lin efprit , l'on en fait entendre davantage que lî l'on
difoit fimplement , C'eft un ejprit malin. Le pre •
mier marque une plus proicinde malignité.
^T Le terme de malin s'applique aulli au ton , aii fou-
ris, au regard, au difcours , aux penfees. Dilcours
malin. Interprétation mali :ne. Donner un (ens ma-
lin. Souris malin. Regarder d'un œil malin. Il nous a
dit cela d'un ton malin.
On dit qu'un homme a un malin vouloir , du ma-
lin vouloir contre quelqu'un , pour dire qu'il a mau-
vaife volonté , maiivaife intention. Il eft du ftyle fa-
milier. AcAD. Fr.
I^Ialin , fe dit auili des choies inanimées qui font nui-
lîbles. Exitiofus ,pernicioJus. Cette pefte , cette fté-
rilité vient de quelque maligne influence. Saturne
& Mars font des aftres malins. Le quadrat eft un
afped malin , à ce que difent les Aftrologues , & à ce
que croient les fots.
On le dit aufti des maladies , & des mauvaifes qua-
lités qui les caufcnt. Le pourpre eft une maladie ma-
ligne. Il coutt des fièvres malignes. Les ulcères malins
qui réliftent aux remèdes , font fort dangereux. Les
poifons & les venins , ne tuent que par les qualités
malignes qu'ils contiennent.
AIalin , fe dit auiïî des pallions & des mouvemens
du cœur. Pravus. Les pallions malignes ne donnent
jamais de contentement doux & ttanquille. S. Real.
Le mépris des difcours défobligeans les décrédite ,
& ôtcnt à ceux qui les font le plailîr malin qu'ils
trouvent à médire. Bell. On ttouve une maligne
joie à mortifier les perfonnes vaines. S. Evr. On
appelle maligne joie , une joie fecrète que caufe le
mal d'autrui.
M ALINE j f. f. Terme de Marine. On appelle maline ,
le temps des grandes marées à la nouvelle ou à la
pleine lune. jÏ.(Ius maris major. Les grandes ma-
Unes , c'eft le temps des nouvelles & pleines lunes de
Mars & de Septembre.
Maline (la.). Rivière de l'Amérique feptentrionale ,
MAL
qui fe jette dans le golfe du Mexique , au pays des'
Ql^amoucchs.
MAIINES. Ville des Pays Bas , fituée dans le Brabant
Autrichien , fur la Dyle , entre Anvers & Louvain , à
quatre lieues de l'une '&: de l'autre. Mechimia , Madi-
ns. , Marina , Malifnti. , Maquelma. Cette ville eft
belle , marchande & riche. Elle eft le liège du Con-
feil Royal de tous les Pays Bas , 6c d'un Archevê-
ché , dont l'Archevêque porte le titre de Primat des .
Pays-Bas. Le terroite de cette ville porte le nom de
Seigneurie de Malines , & il eft une des dix fepc
provinces des Pays-Bas , quoiqu'il n'ait pas trois
heues de long & deux de large. Maty. long, ii d. ;'.
lat. 51 d. 2'.
Malines fut érigée en Archevêché l'an 1559 j P^r
Paul IV , qui lui donna pour fuftr.agans les Evéchés
d'Anvers ,de Gand , de Bruge , d'Ypres , de Boideduc .
& de Ruremonde. Valois , Not. G ail. p. J^i-
Ce nom vient de Malina , qui lignine en ancien
langage du pays , une grande marée , telle que celles
des pleines lunes & des nouvelles lunes , comme
ledû lignifie une petite marée , une marée ordinaire.
Il a été donné à cette ville , parce que le Hux re-
monte jufques là , &c même à une lieue au-delà.
Foyei Bède, De Rat. Temp. c. XXFIII. Et Adr. de
Valois , Not. Gall. Pour malina , maline , ou maligne,
comme on prononce en Xaintonge ; il peut venir
de l'Allemand malien, qui lignifie , être en fureur ;
parce que ce grand Hux eft une efpèce de fureur
de la mer. Selon d'autres , ce nom vient de Ma-
ckelen , qui eft le nom Flamand de cette ville , que
Vendelin croit avoir été formé de Machale , qui
dans la balle Latinité a lignifié une grange fans toit,
où Ton amalfe du foin & du blé : il y a beau-
coup de ces granges dans le pays où eft la ville de
Malines.
Malines. Terme de Commerce. C'eft le nom qu'on
donne à ces fines dentelles que l'on fait en Flandre,
parce que le plus grand commerce s'en fait dans la
ville de Malines. Mais généralemenr toutes les den-
telles très-fines s'appellent Malines. Une garniture de
Malines ; vingt aunes de Malines.
MALINGRE, adj. m. & f. Terme populaire , qui fe
dit des gens qui ne font pas en bonne fanté^ou
qui font convalefcens , ou valétudinaires , & fur-
tout de ceux qui fcntent des incommodités fans en
connoître la caule. y^ger.
Ce mot eft tiré du Jargon de \ argot , où les gueux
s'appellent malingres , quand ils excitent les gens à
leur donner l'aumône , en faifant paroître quelque
maladie ou difformité vraie ou apparente.
Malingre. Sorte de poires.
MALiNGRIER. f. m. On a autrefois appelé de ce nom,
en quelques endroits ^ ceux que nous appelons .au-
jourd'hui Sacrlftains. ,
MAL-INTENTIONNÉ , ÉE , adj. fouvent employé
fubftantivement. Qui a deilein de nuire j ou de f^re
du mal ; qui a de mauvaifes intentions, /^/j/è affec-
tus. Votre Rapporteur eft mal-intentionné contie vouî.
Il y a toujours des mécontens j des mal intentionnés
à la Cour dans le temps des troubles. Il y eut des gens
mal intentionnés , qui tâchèrent de le mettre mal dans
Tefprit du Pape. Mauc.
MALIO. Capo Malio , ou de S. Angelo. Malea. Ce
cap eft dans la Morée , à l'entrée méridionale du
golfe de Napoli , & à fix lieues de Malvalia , du
côté du levant. Maty. / /■ i.n.
MALITORNE. adj. Qtdinairement employé fubftanti-
vement. Qui eft mal-adroit , qui ne peut rien faire
de bien , ni à propos. Ineptus , bardus. On ne lauroïc
rien commander à ce valet , c'eft un vrai malitorne.
Ce terme eft populaire ; il vient du Latin maie
tornatus , donc s'eft fervi Horace en parlant de vers
mal faits.
Et mais tomates incudi reddere verfus.
ffT MAL-JUGÉ. f. m. Jugement rendu contre le droit
de la Partie qui a été condamnée. Le maljugcà\.M\z
MAL
Sentence donne lieu à l'appel ; mais le mal -juge
prononcé par arrêt, ne donne point lieu à la calîà
tion d'arrêt, ni à la requête civile. SenteniM ïnï-
quïtas. L'Avocat a fait voir clairement le mal-juge
de cette Sentence.
MALLAGUETTE , MANIGUATTE. Grande contrée
de la Guinée , prile en général. Mallaguetta , main
guata. Elle s'étend depuis la mer de Guinée , depuis
le cap de Sierra Liona , jufqu'à celui des Palmes ,
ayant la Guinée propre au levant , & la Nigritic au
jiord &C au couchant. Ce pays , qui a pris Ion nom
de la Mallagucui , qui y croît en abondance , &
qui eft ce^ qu'on appelle le poivre long , eft partagé
entre piulîeurs Princes &: peuples , dont on a Fort
peu de connoillance. Maty.
MALLARD. 1. m. Marchandiie employée dans le tarif
de la Douane de Lyon. Il paraît que ce font les plus
petites meules à Rémouleurs.
MALLE. 1. K Petit coHrc ou valifc propre à tranf-
portcr des bardes à la campagne , qu'on met or-
dinairement (ur la croupe du cheval que monte un
valet , ou portillon ; plus particulièrement l'efpèce
de valife que les couriers & les poltillons ont der-
rière eux , & dans laquelle ils portent les let-
tres. Saccus farcinarbu , lûppopera. Cette lettre ne
partira pas cette ordinaire , la malle du portillon ert
fermée.
Périonius dérive ce mot du Grec ftâ»»? ^ figni-
fiant vellus , toifon , parce qu'au commencement
on fàifoit ces malles des peaux de bêtes avec leur
toilon.
Du Gange le dérive de l'Allemand mael , qui fi-
gnifie malle ; 8c M. Huet de mal , qui en Bas Bre-
ton fignilie la même choie.
^3° Malle , fe dit plus particulièrement d'une efpèce
de coffre plat par dertous & par les deux bouts ,
ordinairement rond par delTus & par les côtés, cou-
vert de peau , & qui eft propre pour porter des bar-
des à la campagne j en voyage.
On dit , faire fa malle ; pour dire , Ranger fes
hardes dedans. Convafare , vafa collïgcre , J'arnicu-
las componere. Il n'eut pas plutôt fait la malle j qu'il
partit.
Malle , fe dit aurtî de certains paniers que des Mer-
ciers de campagne portent fur leur dos , qui lont
pleins de menues marchandifes. Sarcina , pera dof-
Juaria.
On dit proverbialement qu'un homme a été trouf-
fé en malle , lorfqu'une maladie lui a peu duré ,
qu'il eft mort en peu de temps. On le dit aulîî des
chofes qu'on enlève promptement. Il entra dans la
chambr£ , & trouùa en malle tout ce qu'il y trouva.
On dit auiîl d'un bollii , qu'il porte toujours fa
malle , qu'il a fou paquet fur le dos. On dit à Pa-
ris , A faire malles , on gagne la vie ; à bien faire,
on eft repris. G'eft une allufion du mot mal , à
celui de malle , qui dans la prononciation ne dif-
fèrent pas -, & un équivoque du mot repris , qui li-
gnifie réprimandé , & pris une féconde fois. De forte
qu'en dilant que taire des malles , eft un métier au-
quel on gagne (a vie , & qu'on prend une (econde
fois un ouvrier qui travaille bien , qui fait bien ;
fcmble qu'on dife qu'on gagne fa vie à faire mal ,
&■ qu'au contraire , on eft réprimandé quand on fiit
bien. ,
MALLÉABILITÉ , f f. C'eft félon les Chimiftes , cette
difpofition naturelle & artificielle des métaux qui
les rend duétiles , &: capables d'être travaillés au
marteau. Malleahiiuas. La malléabilité eft oppolée
à la fragilité, ou à la friabilité. Dicl. de James.
MALLÉABLE, adj. m. & f. Ce qui eft dur &c duftile ,
qui fe peut battre , forger & étendre fous le mar-
teau : matière qui peut fouffrir le marteau fans le
brifer. Mallei patiens , duclilis , malleabdis. Tous les
métaux font malléables. Le vit- argent ne l'eil: point.
Les Chimiftes cherchent la fixation du mercure pour
le rendre malléable. C'eft une erreur populaire , de
croire qu'on ait trouvé l'invention de rendre le verre
I malléable , fa nature y répugne j car s'il étoit duûilc ,
MAL 773
fcs pores ne feroient plus vis à vis l'un de l'autre,
ik. parconléqucnt il ne feroit plus tranfparcnt, 6c
il peidroit (à principale qualité. Cette erreur eft
fondée 'ur dcs| Hiftoricns anciens.
MALLEAMOTI lE , f. m. Arbrillèau qui croît au Ma-
labar. On f.iit des manches de couteau avec fa ra-
cine. Ses feuilles fervent à fumeries terres, &àles
préparer ; frites dans de l'huile de palmier j on eu
fait un liniment pour la teigne , &; pour les puftulcs
de la petite vérole. Leur décoéfion dans de l'eau
commune , calme les douleurs des hémorroidi.s en
fomentipn. Roi cité par James.
MALLEMOLLE, i. f. Moullcline ou toile de coton
blanche , claire ik. très fine ^ qui eft apportée des
Indes Orientales.
ifT On appelle aulïî mallemoles , certains fichus de
moulleline des Indes, quelquefois rayés ou bordés
d'or j que les femmes mettent fur leur cou.
MALLÉOLE, f. f. Terme d'Anatomic. Eminence qui
eil: en la partie intérieure de la jambe tout auprès
du pied. Malleolus. Il y en a une interne & une
autre externe. L'interne eft une eminence du ùb:a ,
& l'externe l'eft du péroné. On les appelle aullI les
chevilles du pied.
MALLERAGE. ( la ) Château de France en Norman-
die , au pays de Caux fur le bord de la Scme.
MALLETIER , f. m. Ouvrier qui fait des malles.
Sarcinularius opifex. Il y a un corps d'Artifans à
Paris qui s'.;ppelle CoSitûens Malletiers , qui font
des malles , des callettes , des fourreaux de piito-
lets.
MALLETTE , f. f. diminutif. Petite malle. Sarci-
nula.
Mallette, eft auflî un terme de Capucin. C'eft une
forte de petit fac fait de grolFe toile que le Capu-
cin porte au bras , & où il met fes fermons quand
il va prêcher en campagne. Sarcinula. Sa mallette
étoit pleine de fermons.
MALLIENS. ( les ) Mallii. Anciens peuples des Indes ;
voihns des Oxydraques , vers la fource de l'Indus ,
Alexandre le Grand courut rifque de la vie en atta-
quant une place chez ces peuples.
MALLIER, f. m. Cheval de valet , ou de poftillon ,
qui porte la malle. Equus farcinarius. Les malliers
font fujets à être écorchés , s'il n'ont de bons
couftinets. Il n'a non plus de fens que fbn mailler.
GoN.
MALLO. Mallus. C'étoit anciennement une ville ÉpiC-
copale , fuftragante de Tarie en Cilicie. Ce n'efl
maintenant qu'un village fîtué fur la côte de la Na-
tolie , entre la ville de Tarfe &: celle de Lajazzo.
Maty.
MALLON , ou M ALLEN. Ancien bourg du Royau-
me de Navarre , htué aux confins de l'Arragon ,
fur la rivière de Quéféts , à trois ou quatre lieues au-
dcifus de Tudelle. Maty.
MALLOPHORE , adj. f. Épithète qui fe donnoit à
Cérès dans la Mégaride. Mallophoros. Ce nom li-
gnifie , Qui porte la laine , def««a«» laine, fi^' je porte.
Rhodiginus, Z. XIII. c. jr. croit que ce font les
premiers qui nourrirent des troupeaux qui donnèrent
ce nom à cette déelfe.
MALMEDY. Valois dit Malmdi, ou Malmdir. Nom
d'un bourg avec Abbaye. Malmundarium. Il eft dans
le Comté de Franchemont , contrée de l'Évêché de
Liège , fur la rivière de Rechte , à trois lieues de
la ville de Limbourg , vers le fud. Maty. Voyei^
auffi Valois J Not. Gall. p. 3^4-
MAL-MENER. v. a. maltraiter j battre, réprimander j
faire du mal à quelqu'un. Malè accipere , malè
multare. Ce joueur d'Échecs a mal-mené fon adver-
faire , il lui a donné trois échecs & mat tout de
fuite. Ce Procureur a été mal-mené à l'audience
pour fes friponneries ; on l'a interdit. Les troupes
ont été mal menées en un tel combat.
MALMESBURY. Nom d'un bourg qui avoir autre-
fois un célèbre Monaitère. Maldunum , Maldu-
nenfe Cœnobium. Il eft dans le Comté de Wilt en
Angleterre J fur l'Avon , à fis lieues de la-vUle de
--p.\ MAL
Glocefcei- , à fepî de celle de Briftol. Mat y.
MALNilSTRA, ou CORNUI. Rivièie delà Natohe.
Mamijira , anciennemeiu Pyramus. Elle coule d.ins
l'Aladuli , & k dechaige dans le golte de Lajazzo ,
à MdlmiJ'cra , un peu au levant de 1 eaibouchuie du
Caraûi KIatv. .
Malmistra. Nom d'une ancienne ville Archiepiko-
pale , lltuée dans l'Aladuli en Natolie, à l'embouchure
de la nviere de Maluujira , qui la partage en vieille .V
nouvelle ville. Mamijira, Mamejlra, A'iamejla , An-
. ciennement Mopjuejtia, Mopfus. Elle eft entre la ville
de Tharfe , tk celle d'Adena. Maty,
MALMOE , MALMUYEN. Nom d'une ville de Suéde.
Malmogïa. Elle cil dans la Province de Schonen,
fur le détroit de Sund , à quatre lieues de Lands-
kroon , & de Lunden. Mamuyen a un grand port ,
& une bonne citadelle , &c elle porte aulli }c nom
d'Ellebogen, qui lignitie un coude, dont cette ville
a la figure. Maty.
4fr MALMPULUE. adj. f. Terme de vénerie , qui fe
dit des fumées du cerf mal digérées. Fumées mal-
moulues , mal digérées.
MAL-NOMMÉE, l. t Ceft le nom d'un herbe qui
entre dans la compohtion du remède dont on le
lert contre la moifure du ferpent. Cette herbe qui
vient dans les îles eft fine , pointue , allez douce au
toucher , mais fort âpre au goût. On en trouve
prefque partout , enforte que lorfque la couleuvre
fe bat contre le ferpent & qu'il lui a donné quel-
que coup de croc , elle va fe frottera la mal-nommée ;
ce qui la guérit fur le champ & la met en état
de revenir au combat, f^oyci le P. Labat dans fes
voyages.
Jtl ALNOUE, Nom d'un village avec Abbaye. Malnoda.
Il eft dans la Brie Françoife , entre Pans &: Meaux ,
à une lieue de la Marne , du côté du midi. Maty.
M^LO, f. m. Nom d'homme. Machutus , Machutcs ,
Maclovius , Maclavius. Saint Malo , dit auHî S. Ma-
clou ; & S. Mahout, étoit fils d'un Geiuilhomine
de la Grande Bretagne, nommé Went , ou Gucnt,
& coufin de S. Samfon & de S. Magloire. 11 vint
en France vers l'an 538. & aborda à une prcfqu'ile
voifine de la ville d'Alcth. Il le fit difciple d'un So-
litaire nommé Aaron , qu'il y trouva. 'Vers l'an 541.
Il fut fait premier Evcque d'Aleth , Se mourut vers
l'an J65. Ceux qui ne mettent la mort de Saint iV/a/o
qu'en 6io. ou 615. femblent vouloir favorifer l'o-
pinion de ceux qui lui ont donné i^o ou 135 ans
de vie ; ce qui n'a nulle apparence de vérité. Baillet,
■au I ^ de Novemh.
MALO , [ SAINT ] ou S. Malo de l'île Metum , Sanal
Machunsfanum. Maclovium , Malcaviopoits. Sanclus
Maclovius de Infula. ville de France , en Bretagne ,
■environ à trois lieues de Dole, vers le nord. S.
Malo eft fitué fur une petite île, qu'on appeloit
autrefois l'île d'Aaron , & qui porte aujourd'hui le
nom de S. Malo , & eft jointe à la Terre ferme
par une chaullée. Cette ville eft fort marchande j
riche , fortifiée , &: défendue par un bon fort , qui
eft au commencement de la chaullée : elle a un bon
port , Se un Evêché lurlragant de Tours. Lorlqu'on
y a fonné la patrouille , on lâche fur les remparts
douze ou quinze dogues , qui déchireroient imman-
quablement ceux qui auroicnt l'imprudence de les
y attendre : c'eft pour cette railon qu'on dit qu'elle
eft gardée par des dogues , quoique ces chiens ne
foient deftinés qu'à empêcher que l'on ne prenne
rien fur le port. S. Malo a été bâti des ruines de
l'ancienne Alecha, dont la place qui eft fur le boid
de la Terre-ferme , porte encore le nom de Guich-
Afleth. Maty.
S. Malo eft au if degré 30 minutes de longi-
tude , & au 48*^ degré 30 minutes de latitude.
Académie des Sciences.
Cette ville a pris le nom de S. Malo de fon pre-
mier Évêque. S. Malo. Maclovius , &c lelon quelques-
uns Machutes,on Macutus.
MALOGNE , f. f. Nom de femme. Apollonia. C'cft
la même que Sainte Appoline. Chast£J.ain.
MAL
iMALOGNITL Nom d'une rivière de 111e de Candie.
Malogn'uus j anciennement Lethxus Fluvius. Elle
<:ouic''dans le teiritoire de la ville de Cai.die, & fe
décharge dans la mer de Barbarie a Piovila.
MALOMli'^ES. Petite nation de l'Amérique feptcn-
trionale dans la nouvelle France.
MAL-ORDONNÉ, LE. C'eft le contraire de bien or-
donné. Malè difpojltus. Voyez ordonner.
On nomme en Armoiries pièces mal-ordonnées ,
celles qui étant au nombre de trois , au liai d'être
deux Se une comme nos fleurs de lis, c'eft à dire,
deux en chef, & une en pointe j font au contraire
une feule en chef Se deux en pointe , comme on
voit trois Heurs de lis en quelques Armoiries d'El-
pagne P. MenestrieR.
MALOTRU, adj. Se plus fouvent fubft. Terme popu-
laire, qui fe dit des gens malfaits, malbâtis, niifé-
ïihhs. Aijeclusj conccmcus , vilis , inepcus , homme
malotru. La caution qu il a préfcntée eft un malotru
de chicaneur qai cil mfolvable.
Celle-ci fit un choix qu'on n'aurait jamais cru.
Se trouvant à la fin toute aife & toute heureufe ,
De rencontrer un malotru. La Fontaine..
Borel dérive ce mot de mauvais a/lre , Se tient
qu'il faut écrire malofiru , qui iîgnihe proprement
malheureux ; ou bien du Celtique Bas Breton malou~
TUS , qui lignifie pauvre ùmiferablc. Palquier dit que
c'eft un vieux mot François qui fe trouve dans Hugues
de Berci. Ménage dérive malotru de malè infiruClus.
MALOUIN , INE , f m. f. Se adj. Habitant de S. Malo.
Malclovienfis , Alethenfis. Les Malouins font les
meilleurs gens de mer qui foient en Europe. Les
Armateurs Aîrt/o«i«5. Ce Gentilhomme , ce M.agiftrat
a époufe une Malouine très riche. Un vaiftèau Ala-
louin. Un Capitaine Malouin.
MALOWOUDA. Nom d'une rivière de la petite Tar-
tarie. Mala-vouda , anciennement Agarus, Sagaris,
Hypanis. Elle fe décharge dans la mer de Zabache,
à quinze lieues du lac de Suka Morzi , vers l'orient.
. Maty,
MALOZ j f. m. Vieux mot. Bourdon , forte de mouche.
IP" MALPAS. Nom d'une montagne de Languedoc.
Elle fut percée à grands frais pour le ctlèbre canal de
Languedoc qui palfe delîous l'efpace de S; toiles.
MALPELO. L'île de Malpelo. C'eft une île de la mer
du Sud j fur la côte occidentale de la Callille d'or,
& du gouvernement de Papayan. On éprouve tou-
jours fur le paragede Malpelo des pluies j des vents, ;
des tonnerres. C'eft une petite ile , haute , & où il j
y a toujours quantité d'oiléaux.
MALPESTE. Il y en a qui écrivent ainfi. Foyei\
Malepeste qui vaut mieux.
MALPIGHIA, f f. Plante dont le calice eft petit,
d'une feule pièce , divifce en cinq parties Se en deux -
fegmens. Sa Heur eft en rofe , pentapétale , Se à
étamines , qui croiffant à côté les unes des autres ,
forment un tube. Son ovaire qui eft placé au fonds
du calice , dégénère en un fruit charnu, fpherique,
mou , monocapfulaire , Se contient trois noyaux
ailés qui ont chacun une amande. Cette plante n'a
aucune propriété Médicinale qui f'oit connue. IjCT Elle
a pris fon nom du célèbre Malpighi , DoCl:eur en
Médecine de l'Univerfité de Boulogne.
MAL PLAISANT , ANTE , adj. Fâcheux. Scarron dit
de Charon.
// ne fut jamais créature ,
De plus inal-plaifante ftruclure,
îp* MALPLAQUET. Nom d'un lieu dans les environs
de Mons , célèbre par la bataille qui s'y donna le
II Septembre 1709 , entre l'armée de France &
celle des Alliés. C'cft la plus fanglante bataille qui
fe foit donnée depuis long-temps. Les ennemis l'ap-
pellent la bataille de Blangies du nom du bois de
Blang,ies. Ils gagnèrent le champ de bataille. M. Je
Marechai de Bouliers tic la retraite i M. le Maréchal
MAL
de Villars ayant rc(jU une blcllurc qui le mit liors
de combat.
MAL-PROPRE, adj. m. & f. Sale, dégoûtant. C'cft
J'oppofc de propre, f^oye^ ce mot. Squatidus , itn-
mundus , fordidus. Cet homme cfl: toujoms mal-
propre , &: mal mis. Il loge dans une m.iilun (!de Se
malpropre. Il cft mal-propre en Ion manget. Il a
toujours les mains mal propres.
Mal-propre , lignifie aulli , Celui qui n'a pas les dif-
polîtions j & les qualités reqùilcs pour réuliir à
quelque choie. Ineptus , parum habïiis aut idoiieus.
Un poltron ell mal -propre pour la guerre. Cette
agent eft mal propre pour faire réullîr cette négo-
ciation ; il n'a ni adrelle , ni intrigue. En ce lens ,
on dit plus ordinairement, il n'eil pas propre pour
la guerre , que il ell mal-propre pour la guerre.
L'un & l'autre fe trouvent dans de bons Auteurs,
mais mal propre ell moins ulité. Dans toutes les
acceptions il ell; banni du llyle noble.
MAL PROPREMENT , adv. Dune manière mal-pro-
pre. Squalïdè , fordidè. Ce cuihnier aprête les vian-
des mal-proprement. On dit qu'un Ouvrier travaille
mal-proprement , pour dire , qu'il travaille mal Si
grollièrement. Acad. Fr.
MALPROPRETÉ, f. f. Saleté, qualité de la choie
mal-propre. Fbye^ propreté Squalor , immundities.
Ceux qui ont de I3. mal propreté ionz fort dégoûtans.
La mal-propreté d'une chambre.
MAL-SAIN , AINE , adj. Qui n'a point de fanté , ou
qui nuit à la fanté. Infirmas , vel valetudini nocens,
infalubris. Cet homme eft mal fain. Sujet à être ma-
lade. Les fruits crus font malfaïns aux eflomacs dé-
biles. C'eft l'oppolé de fain. Voye\ ce mot.
En termes de Marine j mal fain , fe dit des côtes
dont le fond n'eft pas net , Se où il y a du danger.
Malè tutus. Cette île a des côtes mal-faines à ap-
procher, à cautè des rochers. Des environs mal-
fains.
MAL-SÉANT , ANTE , adj. Qui n'eft pas convenable
à l'état d'une perfonne j à fon âge, à fa profelllonj
qui eft contraire à la bienféance. F'oye^ ce mot, &
féant. Indecens , non conveniens. Il eft mal fiant à
un Confeiller de jouer des Comédies, même par
divertilîement. Il eft mal feant à une vieille de s'ha-
biller de couleurs éclatantes. Il eft mal féant à une
fille d'être hardie & effrontée. C'eft la même chofe
que Meiréant.
I^S" MAL-SEMÉ , adj. Terme de vénerie, qui fe dit
des bois des cerfs , & des têtes de daim & de che-
vreuil , quand le nombre des andouillers eft impair.
MALSONNANT , ANTE. adj. Terme Théologique.
C'eft une des qualifications dont on fe fert dans la
condamnation qu'on fait d'un livre ou d'une thcfe.
Il eft des propolitions de bien des fortes de natures ,
qui ne font pas également condamnables & qu'on
ne fléttit pas des mêmes termes. Il en eft qu'on qua-
lifie d'hérétiques , d'autres d'erronées , d'autres de tcn -
dantes à l'erreur , d'autres d'impies, d'autres de blal-
■ phématoires & de quantité d'autres qualifications ,
. entre lefquelles fe trouve celle de mal fonnant ou
maifonnante. Une propofition mal fonnante n'eft
pas ablolument hérétique , ni même tendante à l'hé-
réfie ; mais elle a en foi quelque choie qui répugne,
qui choque , Se qu'il vaut mieux lupprimer que
lailler dans l'Ouvrage d'un homme dont les feuci-
mens font fufpedls.
MALT. f. m. Les Anglois appellent ainfi le grain ger-
mé avec lequel ils brallcnt les diftérentes fortes de
bières qu'ils font. Il y a en Angleterre un impôt con-
fidérable fur le malt.
MAL-TAILLÉ, ÉE. adj, /'oydç Tailler.
MAL-TALENT, f. m. Mauvaife volonté qu'on a con-
tre quelqu'un. Infenfus alicui animas, mens infefia,
■ infenfa , inimica fimultas. Depuis l'injure qu'il a
foufterte , il a toujours gardé quelque mal-talent con-
tre fon ennemi. Ce mot cft vie.ux. Il vient de ce
qu'autrefois le mot de talent fignifioit volonté & defir.
Talentù le fignifie encore en Efpagnol. Sainte Thé-
refe met dans une de fes lettres, qu'elle voulojt que
MAL 775"
fes Religieufes fullent àc bucn talcnto , c'eft à dire,
qu'elles culîent bonne volonté , un defir fincère de
fervir Dieu , de fe conficrer à l'exercice de la morti-
fication , de rOraifon dSc de toutes les vertus chrétien-
nes & religieufes. On a traduit, bon talent , je fuis
perluadé que c'eft une faute.
MALTALENT. Méchanceté. Chagrin , afflidlion.
Glof]'. fur Marot.
MALTALENTINE. On a dit. Être en maltalentine ,
pour dire, avoir dépit, être en mauvaife volonté.
MALTE, ou MALTHE. Nom d'une ile de la mer
méditerranée. Melita , Meiue. Elle eft à vingt-cinq
lieues de la côte de Sicile , en tirant vers le Royaume
de Tunis. Cette île , célèbre dans l'Hilloire Sainte ,
par le naufrage Se parles miracles de S. Paul, a la
forme d'une ovale , dont le circuit eft environ de
vingt lieues. Elle eft alfcz fertile en avoine, en coton
Se en huit, mais peu en blé Se en vin. Elle ne laillc
pas d'être allez peuplée. Elle appartient à l'Ordre
des Clicvaliers de Malte , auquel Charles Quint la
donna l'an 1530 , après que les Turcs eurent pris
Rhodes. Ses lieux principaux font la Citta Vecchia ,
ou Médina, qui en étoit autrefois capitale. Se Malti
qui l'eft aujourd'hui. Maty.
Malte , ou Malthe. 'Ville capitale de l'ile de Malte.
Melita. Elle eft fituée (ur la côte orientale de l'ile ,
dans un petit golfe , où elle a quatre ports dirrerents ,
dont l'un eft uniquement deftiné pour les Galères de
l'Ordre de Malte. Cette ville eft grande, belle, S<.
l'une des plus fortes du monde. Elle eft féparée eu
trois parties , fituée fur trois petites prefqu'iles ou
rochers ; on les nomme la Vallette, le Bourg Se
l'ile de S. Michel, ou de la Sangle. Ces troi; quar-
tiers font très-forts, Se par leur fituation Se par les
ouvrages qu'on y a faits. Se ils font encore défendus
par les châteaux de S. Elme , de S. Ange , & de Torre
délia Bocca. Le Grand Maître & le Grand Prieur de
l'Ordre de Malte y font leur réfidence ordinaire.
Il y a aulîî un très-grand nombre de Chevaliers,
entretenus aux dépens de l'Ordre dans fept magni-
fiques auberges, qui portent les noms des fept lan-
gues ou nations , qui lont , Provence , Auvergne ,
France . Arragon , Caftille , Italie Se Allemagne. Il
y a encore dans cette ville un tribunal de l'Inqui-
(îtion , de beaux Arfenaux , Se un Evêché fuifragant
de Païenne en Sicile. Le Grand -Maître de Malte
eft Souverain de l'île de Malte _, & de celles de
Gofe , de Cumin, &: de Cuminot; celles de Limofa
&: de Foriala lui appartiennent aulllimais elles font
déferres. Maty. Malte eft au 32^ deg. 4^ min. de
longitude , «S:: au 35'' deg. 40 min. de latitude. Acad.
DES Sciences.
Ordre de Malte. C'eft le nom d'un Ordre Religieux
militaire , qui a eu piulieurs noms. Les Hofpicaliers
de Saint Jean de Jérulalem , ou les Chevaliers de
S. Jean de Jérulalem. Les Chevaliers de Rhodes ,
l'Ordre de Malte , la Religion de Malte:, les Che-
valiers de Malte, Se c'eft le nom qu'on leur donne
toujours dans l'ufage ordinaire en France- Des Mar-
chands d'Amalfi , au Royaume de Naples , environ
l'an 1048 , bâtirent à Jérulalem une Eglife du rit
Latin , qui fut appelée Sainte Marie la Latine. lis
y fondèrent aullî un Monaftère de Religieux de l'Or-
dre de S. Benoît, pour recevoir les pèlerins. Se en-
fuite un hôpital tout près de ce Monaftère , pour y
avoir foin des malades , hommes Se femmes , fous
la direélion d'un Maître , ou Rcûeur , qui devoir
être à la nomination de l'Abbé de Sainte Marie la
Latine , & on y fonda une Chapelle en l'honneur
de S. Jean-Baptifte. Gérard Torn , Provençal de l'île
Martigue, en fut le premier Direéleur. En 1059 ,
Godefroi de Bouillon ayant pris Jérufalem , enri-
chit cet hôpital de quelques domaines qu'il avoit
en France. D'autres imitèrent encore cette libéra-
lité ; & les revenus de l'hôpital ayant augmenté
confidérablement , Gérard , de concert avec les Hof-
pitaliers , rcfolut de fe féparer de l'Abbc &: des Re-
ligieux de Sainte Aîarie la Latine , Se de faire une
Congrégation à part , fous le nom & la procsction
77^ MAL
fie S. JeanBaptiftc; ce qui fut c.iufe qu'on le« ap-
pela Hofpitalieis , ou Frères de l'Hôpital de S. Jean
de Jérufalem. Pafchal II j par une Bulle de l'an un,
continna les donations faites à cet Hôpital ^ qu'il mit
fous la protection du S. Siège j ordonnant qu'après
la mort de Gérard , les Redeurs fcroicnt élus par les
Hofpitaliers. Raymond du Puy , de Daupliiné , fuc-
cellcur de Gérard , fut le premier qui prit la qualité
de Maître. Il donna une Règle aux Hofpitaliers ;
elle fut approuvée par Calixte II , l'an 1120. Quel-
ques uns difent qu'elle l'avoit déjà été par fon pré-
déceireur Gélafc II , l'an 11 18. Elle fut confirmée
par Honorius II j Innocent II ^ Eugène III, Lucius
III , Clément III , Innocent III , Bonifacc VHI _,
Sec. Comme Raymond mit dans cette règle quel-
que chofe qu'il tira de celle de Saint Augullin ,
on a mis cet Ordre au nombre de ceux qui fuivent
fa règle.
Tel fut le premier état de l'Ordre de Malte. Ce
premier Grand Maître , voyant que les revenus de
l'hôpital furpalloient de beaucoup ce qui étoit né-
ceilaire à l'entretien des pauvres pèlerins & des ma-
lades , crut devoir employer le furplus à la guerre
contre les Infidèles. Il s'oftrit au Roi de Jèrulalem.
Il fépara fes Hofpitaliers en trois clallcs; les Nobles j
qu'il deflina à la profelllon des armes, pour la dé-
fenfe de la foi & la protedfion des Pèlerins; les Prê-
tres ou Chapelains , pour faire l'Office ; & les Frè-
res fervans , qui n'étoient pas nobles , furent auilî
deftinés à la guerre. Il régla la manière de recevoir
les Chevaliers -, & tout cela fut confirmé , l'an 11 50 ,
par Innocent II , qui ordonna que l'étendard de
ces Chevaliers feroit une croix blanche pleine en
champ de gueule , qui font encore les armes de cet
,_ Ordre.
Après la perte de_ Jérufalem, ils Ce retirèrent d'a-
bord à Margat , enfuite à Acre , qu'ils défendirent
avec beaucoup de valeur l'an lipo. Après la perte
entière de la Terre Sainte , l'an 1191 , les Hoipita-
liers j avec Jean de Villiers leur Grand-Maître , fe
retirèrent dans l'île de Chypre , où le Roi Henri
de Lulîgnan , qu'ils y avoient fuivi j leur donna la
ville de Limillon. Ils y demeurèrent environ dix huit
ans. En 1508 , ils prirent l'île de Rhodes fur les
Sarrazins , & s'y établirent. Ce n'eft: qu'alors qu'on
commença à leur donner le nom de Chevaliers. On
les appela Chevaliers de Rhodes , Equités Rhod'd.
Andronique , Empereur de Conftantinople , accorda
au Grand -Maître Foulque de Villarct , l'invelfiture
de cet Ordre , & le Pape en confirma la donation.
L'année fuivante , fecmirus par Amédée IV , Comte
de Savoie , ils fe délendirent contre une armée de
Sarrazins , &: fe maintinrent dans leur île. En 1480,
le Grand Maître d'Aubullon la de^endit encore con-
tre Mahomet II , & la conferva malgré une armée
formidable de Turcs ^ qui l'allîégea pendant trois
mois. Le P. Bouhours a décrit ce fiège dans la vie
de ce Grand - Maître. Mais Soliman l'attaqua l'an
IJ21, avec une armée de trois cens mille combat-
tans , & la prit le 24 Décembre , après que l'Ordre
l'eût poflédée deux cens treize ans. Après cette perte ,
le Grand Maîtie & les Chevaliers allèrent d'abord
en l'île de Candie ; puis le pape Clément VII leur
donna Viterbe. Enfin Charles-Quint leur donna l'île
de Malte , où. le Grand Maître de l'île Adam Se fes
Chevaliers arrivèrent le 16 d'Odobre 1530. C'cll
delà qu'ils ont pris le nom de Chevaliers de Malte ;
mais leur véritable nom ell celui de Chevaliers de
l'Ordre de S. Jean de Jérufdem , & le Grand-Maître
dans fes titres, prend encore celui de Maître de l'Hô-
pital de S.Jean de Jérufalem , & Gardien desTauvres
de Notrc-Seigneur Jesus-Christ.
L'Ordre de Malte ne polfède plus en fouverai-
neté que l'île de Malte , & quelques autres petites
aux environs , dont les principales font Gole c'^^-
Comino. Le Gouvernement cft monarchique & arif
tocratiquc : monarchique j fur les Habitans de Malte
8c des îles voifines ; & fur les Chevaliers , en tour
■ce qui regarde la règle &: les ftatuts de la Religion :
MAL
ariftocratique , dans la décifion des affaires impor-
tantes , qui ne le fait que par le Grand-Maître &
le Chapitre. Il y a deux Confeils : l'Ordinaire ,
compolé du Grand - Maître comme Chef , & des
Grands- Croix : le complet eft compofé des Grands^
Croix & des deux plus anciens Chevaliers de cha-
que langue.
Les langues de Malte , font les différentes nations
de l'Ordre. Il y en a huit : Provence, Auvergne,
France , Italie , Arragon , Allemagne , Caflille & An-
gleterre. Leurs Chefs fe nomment Piliers & Baillis
Conventuels. Le Pilier de la Langue de Provence efl
Grand- Commandeur -, celui de la Langjie d'Auver-
gne eit Grand -Maréchal-, celui de France eft Grand-
Hofpitalier ; celui d'Italie Grand Arniral ; celui d'Ar-
ragon Grand-Conlervateur , ou Drapiers , comme on
difoit autrefois. Le Pilier de la Langue d'Allemagne
Grand-Bailli ; celui de CalfiUe Grand-Chancelier.
La Langue d'Angleterre , qui ne fubhfte plus depuis
le fchidne d'Henri VIII , avoir pour chet le Turco-
poher , ou Général d'Infanterie. La Langue de Pro-
vence eft la première , parce que Raymond du Puy,
Grand-Maître , &: qui a drelfé les ftatuts de l'Ordre,
étoit Provençal.
Dans chaque Langue il y a plufieurs Grands-Prieu-
rés & Bailliages Capitulaires. L'Hôtel de chaque Lan-
gue s'appelle Auberge , à caufe que les Chevaliers
de ces Langues y vont manger j îk. s'y aftèmblent
d'ordinaire. Chaque Grand-Prieuré a un nombre de
Commanderies. Les Commanderies font , ou Ma-
giftrales , ou de Juftice , ou de Grâce. Les Magiftrales
font celles qui font annexées à la Grande-Maîtrife.
Il y en a une en chaque Grand-Prieuré. Voye:^ Ma-
gistral. Les Commanderies de Juftice , iont celles
qu'on a par droit d'ancienneté , ou par améliorif-
femcnt. L'ancienneté fe compte du jour de la récep- '
tion ; mais il faut avoir demeuré cinq ans à Malte ,
& faire quatre car.avannes. Les Commanderies de
Grâce j font celles que les Grands-Maîtres ou les
Grands-Prieurs ont droit de conférer. Ils en confè-
rent une tous les cinq ans , & la donnent à qui il
leur plaît.
Les Chevaliers nobles , font appelés Chevaliers
de Juftice , & il n'y a qu'eux qui puiffent être Baillis,
Grands-Prieurs & Grands- Maîtres. Les Chevaliers
de Grâce , (ont ceux qui n'étant pas nobles , ont ob-
tenu par quelque fervice important , quelque belle
adiion , d'être mis au rang des Nobles. Les Frères
fervans font de deux fortes, i". Les Frères lervans
d'armes , dont les fondions font les mêmes que cel-
les des Chevaliers ; & les Frères fervans de l'Eglife,
dont toute l'occupation eft de chanter les louanges
de Dieu dans l'Eglife Conventuelle , ik d'aller cha-
cun à Ion tour fervir d'Aumônier fur les vaifleaux
&■ fur les galères de la Religion. Les Frères d'obé-
dience , font des Prêtres qui , fans être obligés i'û-
Icï k Malte , prennent l'habit de l'Ordre , en font les
vœux, & s'attachent au fervice de quelqu'une des
Eglifes de l'Ordre , fous l'autorité d'un Grand-Prieur,
ou d'un Commandeur , auquel ils font fournis. Les
Donnés j ou Demi-Croix , ne peuvent porter qu'u-
ne demi-croix de toile blanche fur leurs habits , &
elle ne doit pas pafler les deux tiers d'une palme de
Sicile -, quelquefois on leur accorde qu'elle loit d'or.
Les Chevaliers de Majorité , (ont ceux qui , félon
les (fatuts , font reçus à (eize ans accomplis. Le$
Chevaliers de minorité , font ceux qui (ont reçus
dès leur naiftànce , ce qui ne (c peut faite lans difpcnfé
du Pape. Les Chapelains ne peuvent être reçus que 1
depuis dix ans julqu'à quinze. Apvès quinze ans, il j
faut un bref du Pape. Jufqu'à quinze , il ne feuc
qu'une lettre du Grand-Maitre. On les nomme Dia-
cots ; ils font preuves qu'ils font d'honnête famille.
Ils paient à leur réception une lomme j qu'on nomme j
Droit de pajjage.
Pour les preuves de Nobleffe j dans le Prieuré d'Al-
lemagne , il faut feize quartiers ; dans les autres , il
fuffit de îemonter jufqu'au bilaïeul paternel , oui
maternel. |
MAL
niaceniel. La profelîïon ne ic fait plus iiiimcdiatcmcnr
apics le Noviciat , comme autrctois.
Tous, les Chevaliers font obligés j après leur pio
• fedion , de porter fur le manteau , ou fur le Jullc-
au-corps , du côté gauche , la croix d'étoile blan
che à huit pointes ; c'ell le véritable habit de l'Or-
dre. La Croix d'or n'cll: qu'un ornement. Loiiqu'iis
Vont combattre contre les Inlidellcs , ou qu'ils font
leurs caravanes , ils portent fur leur habit une (ou-
brevefte de la même forme que celle des Moufque-
taircs de la Garde du Roi , ornée par devant es: par
- derrière d'une grande croix blanche pleine , qui cil
. celle des armes de la Religion. L'habit ordinaire du
Grand Maître j eft une foutane de tabire , ou de
drap , ouverte par devant , & ferrée d'une ceinture
■ où pend une bourfe , pour marquer la charité en-
. vers les pauvres. Par-delfus cette foutane , il porte
; une efpcce de robe de velours , fur laquelle il y a
au côté gauche & lur l'épaule la croix de l'Or-
dre , qu'il porte auffi fur la poitrine. Le manteau
à bec , eft celui qu on donne à la prot-cilîon ; il
• eft noir , Se s'attache au cou avec le cordon de
l'Ordre , qui eft de loie blanche & noire j où font
■ rcpréfentés les inftrumens de la Paillon de N. S. en-
^- trclacés de paniers , qui repréfentent la charité qu'ils
doivent avoir envers les pauvres. Ce manteau a deux
■ manches longues de près d'un aune , larges au haut
d'environ demi-pied , Se qui fe terminent en pointes.
Elles fe rejettoient autrefois fur les épaules , &: fe
nouoient fur les reins. Il paroît par une monnoie
• d'or du Grand -Maître Déodat Gozon , & par le
fceau du Grand - Maître Philbert de Naillac , dont
• l'un fut élu en 1 34e ^ & l'autre en 1 596 , qu il y avoir
alors un capuce à ce manteau. L'habit des Grands-
Croix , quand ils (ont à l'Eglife , eft une efpèce de
robe noire appelée Cloche , ouverte par devant ,
avec de grandes manches , ayant lur l'épaule ik fur
la poitrine à côté gauche la croix & le cordon de
l'Ordre , avec 1 épée au côté. Quand ils vont au
■ Confeil , ils ont une pareille robe , mais fermée par
devant , avec la grande croix fur la poitrine , Se ils
ne portent ni l'épée , ni le cordon. Les Frères Cha-
pelains hors de la maifon ne lont dilérens des au-
tres Eccléfiaftiques , qu'en ce qu'ils ont la croix à côté
gauche fur la foutane & fur le manteau. A l'Eglife ,
ils ont un rochet de toile , Si par deilus un camail
noir , où eft aulli la croix de l'Ordre. Clément XI a
' • accordé à foixante , de porter le camail violet. f^Oye:^
■ le Père Hélyot , hift. des Ordres Religieux , T. III. c.
XIII. Se les Auteurs qu'il cite, aulli bien que Qua-
icfimius , L. II. ehap. jz.
Il y a aullî des Religieufes Hofpitalières de l'Ordre
' Je S. Jean de Jérulalem , aulîî anciennes que les Che-
valiers , & établies à Jérulalem en même temps
qu'eux , pour avoir foin des temmes pèlerines dans
un hôpital différent de celui des hommes. li y en a à
Sienne j à Pife^ à Florence, àBeauIieu ,àTouloufe,
Sec. Il V en a de Réformées en France. On les nomme
ciulîî Chevalières. La Réforme fut faite par la Mère
<'jalliote de Gourdon Genouillac & Vaillac , dite
Sainte Anne, au commencement du dernier fiècle,
I^oyei Guillaume de Tyr , L. XFIII ,c. /. Polydore
Virgile , L. FIL Kt-ox , Injlu. Moral. L. XIII.
Mainbourgj hift. des Croifades , L. III. Le Père
- Hélyot , T. III. c. i^ & I s.
PoiaE DE Malte. Nom d'une efpèce de poire , qui
n'eft pas mauvaife , & qui même eft eftimée en cer-
tains endroits. La Quint.
MALTHE. f. f. Ciment dont on fe fervoir autrefois ,
& qui étoit un mélange de poix , de cire , de plâtre &
de graille. Maltha. Dans le Pontifical , il eft parlé de
ciment dont on avoir befoin quand on faifojt la
dédicace des Egiifes. En Latin , malca, d'où quel-
ques uns prétendent qu'on a fait les mots de fmalûre ,
d'où viennent eWi//£r _, & émeutir. Il y a une autre
efpèce de malihe , dont les Romains p!itroici;t Se
blanchilToient le dedans des aqueducs. Si^'nini operis
genus , maltha faclitia. C'étoit un ciment très fin ,
compofé de chaux vive , fufé au vin , incorporé avec
Tome V,
MAL 777
I fain de pourceau &: chair de figue fraîche , ou poix
fondue. La malthc naturelle eft une forte de bitume
dont ks Aliariques platroicnt leurs murailles. Quand
certe malthc , ma/thu nativa , clt une fors allumée
l'eau ne peut l'éteindre , Se ne fait même que l'al-
lumer davantage. On appeloit aulli mahhe^nm com-
polition de cire Se de poix, dont on platroit les ta-
blettes des Juges. Monet. Ou difoic malther, pour
plâtrer de malthc , maltharc.
03' MALTHON. Ville d'Angleterre , en Yorckshire,
fur une rivière. Elle envoie des Députés au Parle-
menr.
CCFMALTOTE. f. f. du vieux moz tollir , oa de mali
tolta, maltollue , mal levée. C'eft proprement une
cxadion indue , la perception d'un tribut impofs
fans fondement , fans néccllitc j Se fans autorité lé-
gitime. Acerha tributi cxaclio. Cependant le public
eft dans l'ulage d'appeler ainlî toutes les impoîitions
nouvelles j & de donner le nom de Maltôtiers à ceux
qui ont pris en parti des contributions impofées
par une autorifé légitime. On leur fuppofe un cœur
dur.
Mala toka , maltôte , vient de malè tollere ; & de ce
mot tollere les Anciens avoient fait colhr & touldre,
pour dire j ôter , enlever.
La tête vous touldrai par-dejjus le menton y
Si que jamais n'aure^ befoin de chaperon.
Rom. de Bert. du Guesciin.
Le premier impôt qui fut appelé de ce nom , fut
celui qui fe leva l'an ix<)G. pour faire la guerre aux
Anglois , comme remarque M. Bignon fur Marcul-
phe : d'où vient que ce mot, fuivant Ragueau , veut
dire lublide extraordinaire , ou levé à l'opprellion du
peuple. On l'appeloit alors maltoute.
Maltôte , fe dit du Corps des Gens d'affaires , des
Partilans. Collegium exaclorum. La Maltôte s'eft biea •
enrichie pendant cette guerre. Toute la Maltôte çft
défoléc des nouveaux Edits.
Qui déformais à la Maltôte.
Ofera difputer le rang ,
Depuis quelle va côte à côte
Avecques les Princes du Sang?
Ce Quatrain fut fait à l'occafion de la Capitation ,
où les Maltôtiers furent taxés à la même fomme que
les Princes , & mis quant à cela dans la même claf-
fe ; & Maltôte fe prend là non pas pour impoiîtion ,
mais pour le Corps des Maltôtiers, de ceux qui lè-
vent les impoîitions.
Maltôte , fe dit auffi d'un grand bateau fur la riviè-
re, où il y a un bâtiment pour loger les Commis ,
à detTein de prendre garde à tout ce qui vient à Pa-
ris par la rivière de Seine. Navis expLoratoria , obfer-
vatoria. Les Commis font à la maltôte. A Paris Se
dans quelques autres endroits on l'appelle Patache.
MALTOTIER. Le peupk dit MALTOUTIER. f. m.
c'eft celui qui exige des droits qui ne font point diâs ,
ou qui lont impofés (ans autorité légitime. Acerbi
tributi exaclor i coaUor.
Le peuple appelle abulîvement maltoutiers , tous
ceux qui lèvent les deniers publics , fans diftinguer
ceux qui font bien ou mal impofés, ni les exaétions
des contributions légitimes pour les nécelïltés de
l'Etat.
// prit parti dans les Finances ,
C'eJI-là que fin art excella ;
Jamais Maltôtier n'égala
Son brigandage affreux j fcs dures impudences,
Mlle. l'Héritier.
MALTRAIRE. v. Maltraiter quelqu'un. Poëf. du Roi
de Nav.
MALTR AIT. 1. m. Malheur , mauvais traitemens. Poëf
du Roi de Nav.
MALTRAITER, v. a. Outrager quelqu'un, foit de
paroles , loit de coups de main , foit par quelque iu-
Fffff
77 8'
MAL
MAL
digne réception. Aliquem incUmenter acdpere , ma
■le in aliquem comfuUre. Ceft plus que tr.iiter ma! ,
qui ne renferme pas l'idée d'un trairemcnr outra-
geant èc violent. Un brave homme ue fe laide
^omx maltmicer ^■xz des injures, par des reproches.
Les injures d'un Amant maltraité font des louan-
ge$. M. Se. Ce pauvre homme a été maltraite par
des allàilîns. Ces Auteurs Te font fort maUtraites :
fe font dit beaucoup d'injures dans leurs critiques.
Un hiftoricn a tort , de maltraiter des gensiiluftres ,
d'en parler -indignement. \}n AmbalFadeur prétend
avoir été maltraité en une Cour étrangère , quand
on ne lui a pas rendu tous les honneurs dîîs à fi
qualité, & qui ont été rendus ù fes prédécellèurs.
AIaltraiteu j fifl.iiifie auffi , faire tort à quelqu'un , ne
lui rendre pas la jufticc qui lui cil: due, ne le traiter
pas favorablement. Ce fils a été maltraité dans le
teftament de Ion père. Acad. Fr.
%fl' Maltraiter , dans le fens de faire mauvaifc clière ,
n'eftcn ulage qu'au pallif. Nous dinâmes hier dans
une Auberge , où nous fumes fort maltraités.
MALTRAITÉ , ÉE. part MaVe habitas , exceptas
malè.
^MALUA. Royaume d'Afic dans l'Indoftan , où il fait
partie des Etats du Mogol , à l'occident de Bengale
& du Halabas. Ses Villes principales font Sarampor
& Ougel plulleurs écrivent Malvay.
i^ MALVACLES. ( plantes) malvacAplantx. Les Bo-
tanilfes dé(ignent p.ar ce terme, les plantes dans Icf
quelles , ainli que dans la Mauve , les étaniines de
la Heur font réunies en un feul corps qui forme
une eipèce de colonne. Ceft pourquoi quelques Bo-
taniftes donnent à cette clalFe de Plantes le nom de
colomnifère.
MALVASIA , ou MALVOISIE. Nom d'une ville
nommée autrement Napoli de Malvoiiîe. Alalvafia j
anciennement Epidaurus , Limera , Moncmbafia ,
Ville de la Morée. Elle eft lîtuée fur une petite île,
ou un rocher , qui eft à l'entrée du golfe de Napoli,
à fix lieux du cap Malio , &c a. douze de Lacédémo-
ne. Cette Ville eft extrêmement forte , elle eft défen-
due par une bonne citadelle, & elle a un bon port,
£c un pont de bois fort long , qui la joint à une
petite langue de la Terre-ferme. Cette Ville , qui
donne le nom à la Malvoijîe , vin fort cftimé , fut
célèbre anciennement par fon Temple d'Efculape,
elle fut enfuite Archiépifcopale : les Vénitiens fu-
rent obligés l'an 1537. de la remettre à Soliman II.
par un traité de paix -, mais il s'en font encore ren-
dus maîtres après un fort long ilège ^ ou blocus,
l'an 1687. & l'ont depuis perdue avec toute la Mo-
ree. Berthelot , Profeflcur d'Hydrographie à Alar-
Icillc , dit Malvefia. Tous les autres que j'ai vu
dilent Malvafia.
MALVAY. Le Royaume de Malvay, JMalvs.um Re-
gnum. Voyez Malua.
MÂLVE. adj. Vieux mot. Méchant. On a dit aullî
Malvois , m.alfei & maufe^ dans le même fens.
]\IALV£ILLANCE. f. f. Mauvaife volonté , delléin
. qu'on a de nuire à quelqu'un. Malevolentia , male-
volus animus. Quand on eft tombé dans la malveil-
lance du peuple , on n'en fiuroit revenir. Il s'eft
attiré le blâme , la malveillance j ou plutên l'horreur
de tout le monde. Cost. Ce mot <^- le fuivant com-
mencent à vieillir.
MALVEILLANT, f m. Qui veut mal à quelqu'un.
Malevolus , malevokns , invidus , imquus , infejlus.
Ce mot eft plus ufité au plurier , qu'au fingulier.
Ceux qui ont le plus de mérite , ont toujours des
malveillans qui cherchent à les détruire.
:MALVEISINE. f f. Vieux mot. Ceft le nom d'une
machine de guerre qui étoit autrefois en ufage: Mat-
thieu Paris dit que c'étcit une efpèce de pierrier.
Du Cange croit que ce nom vient de mauvais voi-
Jîn ; parce que le voifinage de cette machine eft
fort incommode aux ennemis qui en font près.
Guillaume II. Roi d'Angleterre, appela 7Wa/i'<{/r«
lin fore qu'il fit conftruire auprès \i. Bambourg, pour
■'incommoder ce lieu-là.
MALVERSATION, f. f. Faute not.ible commife dans
l'exercice d'une charge , d'une commiftlon , d'un
maniement; comme concuiiion, exaétion , divertif-
fement de deniers. Mala ni adminijlratio , prcva-
ricatio , concujjio , exaclio. On i'accufa de malver-
fation dans ta charge. Taleman. On a établi une
Chambre de Jullice , des Grands- jours , pour la re-
cherche des malverfatLons commifes dans les Finan-
ces , dans l'exercice de la Juftice.
MALVERSER, v. n. Commettre des malvcrfations
dans l'exercice de quelque charge , de quelque em-
ploi , en failant des profits illicites. Rem malè gè-
re re , adrninijlrare . Les Comptables font punis de la
peine du quadruple, quand ils ont /;zû/ver/?.
MALUITO. P^oyey^ Méluito.
AlALVM. Mot Latin , que les Anatom.iftes donnent
à un os de la face. Il y a trois apophylès à l'os
malum. Dionis. f''^oye^ l'os de la pomettc , au mot
PoMETTE.
MALVOISIE. Ville. Foyei Malvasia.
Malvoisie, 1. f. Vin Grec , ou de Candie. Ce mot
vient de Malvafia , qui eft une ville du Pélopon-
nèfe , qui eft l'ancienne Epidaurc , d'où eft venu
d'abord ce vin li renommé. Edouard VII. Roi d'An-
gleterre, fit noyer George Duc de Clarence Ion frè-
re dins un tonneau de vin de Malvoifie. Il y a cer-
taines maladies où les vers Encéphales régnent. M.
Andry , dans Ion Traité des vêts, en cite un exem-
ple ; c'étoit une hèvre contagieufe , dont prefque
tout le monie mouroir , lans qu'on y pût apporter
aucun remède. On s'.avila d'ouvrir le corps d'un ma-'
lade que cette mortalité avoit enlevé , & on lui
trouva dans la tête un petit ver tout rouge & fort
court ; on elTaya divers remèdes fur ce ver pour
découvrir ce qui le pourroit tuer , tout fut inutilcj
excepté du vin de Malvoifie , dans lequel on fit
bouillir des raiforts ; on n'en eut pas plutôt jette fur
ce ver, qu'il mourut. On en donna à des malades,
& on les lauva prefque tous.
Malvoisie, eft auffi un vin mufcat qui vient de Pro-
vence, qu'on fait cuire , &c dont on fait évaporer-
environ le tiers.
On donne généralement le nom de Malvoifie au
vin mulcat cuit, de quelque pays qu'il foit.
Il fe dit aulll du raifin dont on le tire , &: de la
vigne qui le porte. Des Malvoïfies. Des Corinthes.
La Quint.
MALZION. ( le ) Petite ville de France , dans le Ge-
vaudan, Diocèfe de Mende , à fix lieues de Saint»
Flour,
M A M.
MAMACHOCHA. f. m. Nom d'un dieu des habi-
tans du Pérou. Mamachocha. Ceft l'Océan que ces
peuples appeloient ainli , & qu'ils adoroient fous
ce nom , comme ils adoroient aulïi les fleuves &
les fontaines , ainh que le témoigne Acofta , L. F",
c. 2. Si c. 4,
MAMAN, f f. Terme dont les enfans fe fetvcnt pour
appeler leur mère. Mater , mamma. Ma bonne ma-
man] Maman mignone , la grand'm£îOT^2/z. Ceft ainh
qu'ils appellent leur %X3.\\^\tizx.t. Maman téton ^ eft
le nom qu'ils donnent à leur nourrice.
Ce mot vient de Mam , qui en langage Celtique,'
ou Bas-Breton , hgniîîe mère ; où l'on dit aulli ma'
men , pour iigniher une fource , parce que la mère
eft la lource de la vie. Les Grecs diloient D3X dans
la même lignification. Et le Celtique & le Grec ve-.
noient de l'Hébreu DOf?, amam, d'oùs'étoit fait DK,
em , qui lignifie mère.
Au Pérou , on a donné ce nom à des Religieules
vierges, qui lervoient dans le Temple du Soleil de
Cufco , au nombre de i yoo.
MAMANGA. f. m. Arbriileau fort commun dans le
Brcfil , dont parle Pifon dans fon Hiftoire naturelle
des Indes. Sa feuille approche de celle du citron-
nier , mais elle eft plus molle, & un peu plus lon-
gue. Ses rieurs (ont jaunes , attachées à des queues.
Se pendantes. Il leur fuccède desgouiles oblongues>
M A M
vertes d'abord, puis noires. Se i'c pourrilfcnt. Elles
foin remplies de (cmcnccs. Ses feuilles font déccr-
fives & vulnéraires. On tire de les goulles un (uc
huileux propre à foire ré(budre les abcès.
MAMAN 1'. 1". m. Produdlion de la nature qui fe
trouve uniquement en Sibérie , & qui ell fort lingu
lière. On la trouve dans la terre, Ik principalement
dans les lieux lablonncux. Elle relFemble parfaite-
ment a l'ivoire par la couleur iS; par le grain. L'opi-
nion la plus commune dans le pays , efi: que ce font
des vraies dents d'éléphant qui lont rell:ées-là de-
puis le déluge. Quelques uns croient que c'cft de
l'ivoire follile j & par conléquent une produélion
de la terre. Jean-Bernard Muller dit dans fa de/
criptiondcs mœurs & des ufa^cs des 0/?;jXm ,*qu'il
a été 15ng-temps de ce dernier (entiment. Mais il
en revient à croire que ce lont des cornes d'un tort
grand animal qui vit lous terre dans les lieux bas
& marécageux y qui ne fe nourrit que de lang , qu'il
fe fraie un chemin avec fes cornes , jufqu'à ce que
rencontrant un terrain lablonneux , il s'écroule ik
fe ferre de manière qu'il perd le mouvement & pé-
rit dans l'endroit où il le trouve ainfi lupris; &c ce
qui le confirme dans cette opinion , c'eft; qu'on trou-
ve de ce Mamaru qui elt quelquefois tout fanglant
lors qu'on le calle vers fa racine qui eft creule , &:
qu'on trouve au(fi louvent avec fes cornes des crâ-
nes , des mâchoires garnies de dents , des côtes &
autres ollemens. Plufieurs perlonnes ont alïïué,
dit il , qu'ils avoient vu de ces animaux fouterrains
dans les cavernes au de la duBerelowa ; qu'ils ont 4
ou j aunes de hauteur Se environ autant de long ,
qu'ils lont de couleur grisâtre, ont la tête longue,
le Iront très large avec deux cornes aux dellus des
yeux qu'ils remuent à difcrétion.
HAMBOURG. Quelques uns ont dit par corruption
Mainbourg. Vieux terme de Coutumes , qui ligni-
fie , Garde-noble & tutelle d'un pupille. Tutela no-
bïlïs. Il s'ell: dit aullî de celui qui avoit la puillànce
■■ ■& l'autorité fur quelque choie , comme d'un Capi-
taine , ou Gouverneur d'un pays. Il s'eft dit même
de la garde & proteélion d'un Souverain mineur. On
l'a dit audl d'un tuteur, ou curateur.
Ce mot vient de mamburgus , qui lignifie curateur
dans la bafle Latinité. Il en e!t parlé dans les Cou-
tumes de Hainault , de Namur ^ de Mons 6c de Va-
lenciennes.
MAMBOURNIE. f. f. 'Vieux mot , qui fignifioit au-
trefois garde & tutelle; il fignifioit aulïï la puifTànce
paternelle, &c la famille d'un homme de lerve con-
dition. Cuflodla , tutela. En quelques lieux , quand
on parle de la nourriture , charge &c garde du bé-
■ tail 3 on l'appelle encore rnambournie. Voyez Ra-
gueau. Dans la balle Latinité on a dit mamhournia ,
pour dire tutela; 8c mambournïre , pour dire weri.
Du Cange dit que ces mots de mundiburdus , mun -
diburdum , mundiburda , &c mundeburnïum , font des
mots qui viennent des Allemands & des Saxons ;
qu on appelle aullî mundehurnïa , les parentes par
lefquelles les Rois & les Empereurs mettoient les
Egliles & les Monaftères en leur proteélion &: fau-
vegarde. %T Quelques uns dérivent ce nom des deux
mots de la langue Tudefque mont , qui fignihe bou-
che , & bar ou baer , qui lignifie ouvert , parce que
le Mambourg doit avoir la bouche ouverte pour dé-
fendre ceux qu'il a pris fous fa protection. Du
Cange le fait venir dd mund, qui fignifie en Saxon
paix , sûreté , & de burg , qui veut dire Ville. Le
Mambourg maintient la paix &: la sûreté dans les
lieux où il commande.
MAMBRÉ , ou MAMRÉ. Nom d'une agréable v.rllée
de la Judée. Mambré. Elle eft à demi-lieue de la
ville d'Hébron , vers le midi. Ce lieu eft célèbre ,
parce_ que le Patriarche Abraham y fît long-temps
ion léjour , &c y fut enfcveli dans la caverne de
Macpela , avec plufieurs de fes defcendans. Les ha
birans du pays , qui fivent profiter de la curiolîté
des Chrétiens qui y vont en pèlerinage , leur font
voir un Tércbinthe , qu'Us difeut être le lieu où
Tvme V
M A M 779
Abraham reçut les trois Anges qui alloient détruire
Sodomc , & qui lui promirent la naillance d'Ifaac.
Matv.
La fcte de M ambré. C'étoit une fête que l'on célébtoit
autrefois auprès du chêne ou Térélnnthe de Mam-
bré , où Abraham avoit exercé l'holpitalité envers
les trois Anges. Cette fête s'y faifoit tous les ans en
été , ik. l'on y tcnoit une foire , où venoit un grand
nombre de Marchands du pays même -, & des parties
les plus éloignées de la Palefline , de la Phénicie"&
de lArabie. Chacun célébroit cette fête félon fa
Religion : les Juifs honoroient la mémoire de leur
Patriarche -, ks Chrétiens , l'apparition du hls de
Dieu ; car les Orientaux pour la plupart croyoient
qu il avoit apparu lui-même à Abraham avec les
deux Anges. Les Payens honoroient les Anges. Ils
y avoient drellé des idoles , & un autel , à ce que
l'on croyoit , pour les repiélentcr comme des dieux,
ou des démons favorables. Ils les invoquoient , &
leur oftroient des libations de vin , &: de l'encens.
D'autres immoloient un bœuf, un bouc, un mou-
ton, ou un coq. Chacun nourrilloit avec foin pen-
dant toute l'année ce qu'il avoit de meilleur , pour
en faire avec les liens le feftin de cette fête. Ils
avoient tous un tel refpeét pour ce lieu , ou crai-
gnoient tellement la vengeance divine , s'ils l'eulTent
profané , qu'ils n'oloient y commettre aucune im-
pureté, ni avoir commerce avec les femmes j qui
y paroilloient toutes avec plus de liberté , & plus
parées qu'à l'ordinaire. C'étoit un camp fans bâri-
ment , où les hommes & les femmes campoient
pèle mêle. Il n'y avoit de maifon que celle où l'on
diioit qu'avoit logé Abraham auprès du chêne. Il
y avoit aullî un puits j dont perfonne ne puifoit de
l'eau pendant la fête , parce que les Payens la gâ-
toient en y jettant du vin , des gâteaux , des pièces
de monnoie , des parfums lecs ou liquides j outre
les lampes qu'ils allumoient lur le bord. Eutropia , Sy-
rienne de nation , mère de l'Impératrice Faufta, &
belle mère de Conftantin , étant allée en Paleftine
pour accomplir un vœu & ayant vu ces fupcrf-
titions , en écrivit à l'Empereur fon gendre , qui or-
donna au Comte Acace de faire brûler les idoles ,
de renvcrfer l'autel , & de punir lelon leur mérite ,
ceux qui après fa déicnlc , leroient allez hardis pour
commettre encore en ce lieu quelque impiété. Il
ordonna même que l'on y bâtit une Eglile , & recom-
commanda aux Evêques de l'avertir s il s'y palloic
quelque chofe de contraire à les ordres. Voye\ So»
zomène , L. II. c. 4.
^ MAME , ou MAMELOS. f. m. ArbrilTeau du Ja-
pon dont les branches font droites Se longues , le
bois dur, mais léger j plein de moëlcj les feuilles,
comme celles de nos cérifiers , les fleurs blanches ,
pendantes, & fins pédicules.
MAMEI on MAMEYA, ou MAMEYES. f. m. Arbre
fort beau qui croît en plufieurs endroits des Indes
Occidentales. C'eft un aibre des plus agréables qu'on
puillevoirj non tant par fa grandeur remarquable,
que par la bonté de fon fruit & la beauté de Ion
feuillage , dont il eft couvert en tout temps. Ses
feuilles font attachées deux à deux, vis-à vis l'une
de l'autre , & foutenues par des pédicules allez épais ,
courts &' ridés. Elles relfemblent à des femelles de
foulier , longues de neuf à dix pouces , &c larges
d'environ quatre', étant arrondies vers l'extrémité,
& tant foit peu étroites & pointues vers le pédi-
cule. Leur confiftance eft forte , membraneulê ,
unie , vert gai , & foutenue par une grollé nervure ,
& de plufieurs petites côtes traverlières. Les fleurs
font compofées de quatre feuilles très blanches j_ un
peu charnues J difpofées en rôle , ovales , creufes ,
& deux fois plus larges que l'ongle. Leur calice eft
d'une feule pièce , rougeâtre & fendue en deux
quartiers en façon de deux petites cuilliers ; il poulFc
un piftile entouré d'une belle touffe d'étamines très-
blanches, & furmontées chacune d'un petit fom-
met de couleur de fafran. Le piftil devient , lorf-
I aue la fleur eftpallee.un fruit à-peu près fembla-
^ F ff f f ij
M A M
780
ble à nos pavies , mais bien loavenr audî gros que
■la tête d'un eiihnt. Il ell pourtant termmc par une
grolîe pointe conique. Sa peau , ou ecorce , elt
épailîe comme du gros cuir. Elle ell grisâtre , <!s:
toute raboteufe en dehors par plulîeurs petites ver-
rues. Elle ell fort adhérente à une chair jaunâtre ,
un peu plus ferme que celle de nos pavies, mais de
même odeur , «S: de même goût. Le milieu de ce
fruit efl occupé par deux , trois , & bien louvent
quatre noyaux allez durs , mais filalleux , de cou-
leur de châtaigne , & un peu plus gros qu'un œut
de pigeon. Cet arbre fleurit vers le mois de Fé-
vrier , ou de Mars , & fes fruits ne font mûrs que
vers le mois de Juillet , ou d'Août. On en voit en
plufieurs endroits des îles de l'Amérique j mais plus
particulièrement dans 1 ile S. Domingue. Oviédo les
appelle mamey dans Ion Hift. des Indes , L. FUI.
c. 20. &les habitansdes Iles les appellent Abricots
de S. Domingue. P. Plumier , Minime.
MAMELIÈRE. f. f. Efpèce d'armure, ou partie de
l'armure. Mamdlana , dans la balFe Latinité. C'é-
toit apparemment la partie de l'armure qui couvroit
la poitrine & les mammclles. Etienne de la Fontai-
ye , Argentier du Roi , parle en autre choie de
deux mamelières dans un compte de l'an ijjz.
C^ MAMELLE, MAMELON , MAMELU. Je pré-
férerois cette ortographe. Foyei Mammelle pour
l'explication.
MAMERS. f. m. Terme de Mythologie. Nom que les
Olques donnoient au dieu Mars. Mamers. Ce mot
étoit fait de Mars , par l'addition d'une fyllabe. C'eft
de-là que vcnoit chez les Romains le nom Ma-
mercus , &■ Mamercïnus.
MAMERTINS (les;. Ancien peuple d'Italie dans la
Campanie , ils pafsèrent en Sicile , & fe rendirent
maîtres de Mellîne.
MAMESELLE. f. f. Certaines gens difent Mamefelle ,
pour Mademoifille ; mais ceux qui parlent bien ne
le dilent jamais.
M'AMIE. Foyei M'Amour.
AlAMILIUSj MAMlLIA.f. m. <Sj f. Nom d'une an
cienne famille Romaine. MamlHus , a. Prefque tous
les Auteurs conviennent que la famille Mamilia ,
qui étoit Plébéïenne , tiroit pourtant Ion origine de
Mamllia, fille de Télégone , fils d Ulylîe & de
Circéj lequel fonda Tivoli. C'ell pour cela que
nos Antiquaires prennent pour Ulylfe arrivant chez
lui & reconnu par fon chien , ainh qu'Homère le
lappoite , Odyli: Z. Xnil. ils prennent, dis-je ,
pour Ulyllè un homme qui e(l au revers des mé'
dailles de cette famille , en habit de voyageur ,
un bâton à la main , Se qui a devant lui un chieii
qui (emble le carellér. Foy. Sextus PomoeTns
Plutarque , Acron , Pomponius, Porphyrion fu'
Horace , Tite-Live , L. I. 8c Patin , Fam. Rom
p. 16 i, 164.
MAMILLAIRES. Foye^ Mammillaires.
MAMISTA. Voyei Malmistra.
MAMMAIRE, adj. Terme d'Anatomie. On difoit au-
trefois mammak. Mammarius. C'ell le nom qu'on
donne à deux artères qui portent le fang aux mamel-
les , &c qui font des rameaux des artères fouclavières.
11 y a aulli deux veines mammaires qui reportent le
fang des mamelles dans les veines fouclavières
^^^f^}};\l'^''r^^^^^^^^ P^"5 communément
MAMELLE, f. f. Partie charnue & élevée du corps
plus ou moins ronde , qui ell lltuée extérieurement
des deux cotés du thorax , ou de la poitrine. Mamma
uber Les mamelles p3.éines font celles des femmes '
qui font compofées d'une infinité de petites glandes
entretiffues d'une grande quantité d'artères , de vei^
nés & de nerfs. C'ell dans ces glandes que fe fait la
leparation du lait qui a été porté par les artères con-
fondu avec le fang. Les hommes ont aullî des ma
melles mais elles font impartaites; car elles ont beau
coup de grailfes & peu de glandes. Ces mamelles ont
de petits bouts qui font rouges comme des fraifes
aux jeunes filles , que les nourrices ont livides , & les
veilles noires. Les Médecins les appellent huons
M A M
& mamelons. Mamm& petiolus , eapuulum. Le pe-
tit cercle tirant plus ou moins fur le brun , qui efl; au-
tour du bouton , s'appelle aréole^ du n^ot Latin areola ,
petite aire , ou du Grec (pin , ou rayon. Quand les
mamelles des filles croillent , foronant ; & à l'é-
gard de celles des hommes , fracrant , parce qu'elles
croilfent également comme des jumeaux. On ap-
pelle aulîî les bouts , tetins ; &c a l'égard des ani-
maux , tettes , en Latin papuU &c papilU , & ma-
milldi , d'où a été fait le mot de mamelle.
On peignoit autrefois la Diane d'Éphèfe avec
plulîeurs mamelles lans nombre , comme on le voit
encore lur beaucoup de médailles de cette ville ; ëc on
lui donnoit l'épitbète de Mammofa , qui a plufieurs
mamelles ; on le donnoit aullî à Ilis & à|Céres.
On dit qu'un enfant efl: à la mamellei, lorfqu'il
tette encore , &: qu'il n'ell point levré. On jette du
plomb fondu dans les mamelles de ceux qui ont at-
tenté à la perlonne du Roi. Les femmes de l'île d'Ana-
bon ont les mamelles li longues qu'elles alaitenc
leurs enfans par-dellus l'épaule. François Pyrard.
Aux Maldives, les femmes cachent leurs mamelles
aulli foigneulement que les parties honteufes. Elles
croient que c'ell une choie deshonnète de les nom-
mer. Les Amazones le brûloient la w^OTe/Ze droite,
afin de mieux lancer le javelot.
Ce mot fe dit aulli des femelles de certains ani-
maux. Ubera. Ainli on dit les mamelles d'une ba-
leine , les mamelles d'une chauve iburis. L'Ac. Les
mamelles d'une lice. Sal.
Les Selliers appellent les mamelles de l'arcon,
l'endroit où finit l'arcade. Tubercula ephippii ante~
riora.
MAMELLES de Biobio , ou TETTAS de Vivio , com-
me difent les Elpagnols. Ce font deux montagnes
fort proches l'une de l'autre, & qui rellcmblent à
des mamelles. Elles font (ur la côte du Chili , plus
au fud qu'à l'entrée de la baie de la Conception.
MAMMELON , ou plutôt MAMELON, f. m. Le pe-
tit bout des mamelles. On l'appelle aulli le bouton.
Papilla.
Mamelon , fe dit encore en Anatomie de quelques
autres parties du corps , & fignilie petite mamelle.
Avant Jacques Bérenger , natif de Carpi en Italie *
& Profelleur de Chirurgie c\' d'Anatomie dans les
Uniyerfités de Pavie & de Boulogne, vers l'an 1520,
perlonne n'avoit apperçu les mamelons , qui daiK
les reins fervent à la fécrétion de l'urine. CCFDe fa
tunique papillaire delà langue s'élève quantité de
petits filamens , qiii fe terminent à la liirface de la
langue en petites éminenccs , ou houpes nerveulés.
On donne a ces tubercules le nom de mamelons , à
caule de leur relFemblance avec le petit bout de' la
mamelle. C'ell dans ces mamelons que confiflie la
fenlation du goût. ^'oj. Goût, Saveur. Il y en a
fur plufieurs autres parties du corps.
Mammelon , Chez les Artifans ,' ell une extrémité
ronde de quelque pièce de fer, ou de bois, qu'on
a fait entrer en un trou où elle doit être mobile.
Cardinis capïtulum. Ainh on dit le mamelon d'un
gond , pour dire , la partie qui entre dans le trou
de la penture : le mamelon d'un treuil : l'extrémité
amenuifée du cylindre fur laquelle il fe meut. Le
trou dans lequel on le met s'appelle Lumière.
Mammelon. Terme de Conchyliogie. Il fe dit de la
partie ronde <Sc élevée qui fe'voit fur la robe des
Ourfins , de laquelle le petit bout s'engraine dans
les pointes ou piquans , dont la coquille de cet
animal ell revêtue : on l'appelle en Latin Papilla.
>3Cr On donne aulli ce nom en Minéralogie aux con-
crétions pierreufes & minérales dont les furfaces pré-
fentcnt des efpèces d'excroillànces allez femblables
au bout d'un téton.
|?Cr Mammelon, en Jardinage, C'ell le bouton d'un
huit.
iMAMMELU, ou MAMELU, UE. adj. Qui a de
grolk-s mamelles. Mammofus. On le dit particulière-
ment des femmes qui ont trop de gorge, Se de gros
tétons. Il ell familier. On le dit aulli lubf-
M A M
tantivement j C'cll un gros mamclu , une gfcjfc ma-
me lue.
2^AMMELUS. f. m. Nom d'une Dynnftic , qui a icgnc
en Egypte. Mammeluchus. Les Mammelus lonc une
race de Sultans d'Egypte. C'étoient des cfclavcs
Turcs & CircaHîcns , que Meliclaleh avoir achetés
des Tartares au nomlire de mille \ il les avoir tait
élever & dreiîèr à la guerre , & en avoir mis quel-
ques-uns dans les plus grands emplois. Ils tuèrent
le Sultan Moadan en ^1150. irrités du traité qu'il
avoit conclu avec S. Louis Ion prilonnier , lans leur
participation. Ce Moadan fut le dernier des Sul-
tans Aïouhïtes j auxquels les Mammelus fuccédcrent.
Le premier de ces ^\i\xans Mammelus tut Azcddin ,
autrement Mouz Ibec , le Turcoman.
D'autres dilent que les Mammelus étoient com-
munément choilis d'entre les elclaves Chrétiens ,
que c'étoit à-peu près la même choie que ce qu'on
appelle en Turquie Jannillaire. Ils n'étoient point
mariés. On dit encore que les premiers vinrent de
Circallie , Se quelques uns dilent qu'ils commencè-
rent à hiire parler d'eux vers l'an 869. l^oy. encore
d'Herbelot , p. 5^/ , &c.
Ce mot vient de iho , regere , imperare , dont
le participe pallîf Arabe e(t nVoa , mamluc,
qui lignihe Sujet , qui e(l fous la domination H'un
autre ; 8c de vrai nna , Mammeluc , iignilie en Arabe
fervus , elclave , & en général miles , J'oldat ; Se il a
été appliqué en particulier à ceux que nous nom-
mons Mammelus.
Scaliger dit que ce mot ell Arabe , & qu'il veut
dire , acheté à prix d'argent. D'autres dUent que
inaa veut dire , qui ell acquis , ou pour avoir été
pris , ou pour avoir été acheté , &: ils dérivent ce
dernier mot de 1*70 , qui veut d'ne polJeder , acqué-
rir , régner. M. Fleury j dans ion Hi/L Eccl. écrit
Mammelucs avec un c.
Mammelus. Nom de fadlion. On donna ce nom en
ijzô. à Genève à ceux des citoyens qui (oute-
noient le parti du Duc de Savoie. C'étoit un re-
proche qu'on leur taifoit de vouloir fe rendre ef
claves de ce Duc y comme les Mammelus l'étoient
autrefois du Soudan d'Egypte.
Mammelus. f. m. pi. Habitans du Brelil , brigans
originaires de Portugal , qui par leurs héquentes
irruptions , font venus à bout de ruiner plulieurs
anciennes peuplades d'Indiens convertis à la foi.
Ohf. yr Bccr. mod. t. 2^ , p. 12 j
MAMMÈS. f. m. Nom A'hommt. Mamas y amis.W
y a peu de Martyrs dans toute l'Églife Grecque qui
foient plus célèbres que ce Saint. Mammès , mar-
tyr de Cappadoce j appelé autrement S. Marnant j
du Grec Mammas , ancis. S. Balile a tait l'éloge de
S. Mammès. Voy. Bailler au /7 Août.
ItS-MANLMEY , ou MAMMEYE. Plante. Voy. Ma-
MEi. C'efi: la même chofe.
MAMMIFORME. adj. m. S: f. Terme d'Anatomie. Qui
a la rellemblance , la forme d'une mamelle. Mammï-
formis , Majloïde. C'ell un nom qu'on donne à deux
apophyfes d'un os de la partie poftérieure du crâne.
En notre langue nous ditons plutôt Maftoïde, que
mamm'iforme. Voy. Mastoïde.
MAMMILLAIRE. adj. Terme de Médecine. C'eft une
épithète qu'on donne à deux petits boutons, ou bof-
fettes , qui rellemblent à des bouts de mamelles , qui
font fous les ventricules antérieures du cerveau , &
qu'on tient pour organes de l'odorat. Mammillaris.
On les appelle Apophyfes mamillaires II y a aullî
un mulcle qu'on appelle Mammïllaïre , ou majloi-
de , qui fert à bailler la tête.
Mammillair.ES. f. m. pi. On appelle ainlî certains
Hérétiques de Hollande , du Latin Mammillarll , qui
font une fede particulière des Memnonïtes. Un jeune
homme ayant mis la main fur la gorge d'une fille qu'il
étoit prêt d'époufer , il y en eut qui foutinrent qu'il
le falloir excommunier. Les autres ayant condamné
cette rigueur J furent nommés Mammillar'd , tk cela
caufi un fchifme entre eux.
MAMMO. f. m. Arbre du pays des Noirs qui fe trouve
MAM 781
au Royaume de Quoja. Il ell haut &; épais , ik pro-
duit un huit d'un lue piquiiUj qui rellcmble a des
prunes blanches. On s'en fert pour des remèdes , &
il le conlerve toute une année , pourvu qu'on le
tienne couché en terre.
MAMMONA. f. m. Nom d'un dieu des Syriens , qui
préiidoit aux richellcs. Mammona. Cela eif fondé fur
ce que J. C. dit, en S. Matthieu VI. 24. Vous ne
pouvez lervir Dieu & le démon des richeliès. Bouh.
Ce mot vient de HOO Mamnon , qui , félon la
remarque de R. Elias Lévita dans fon Tisbi , le
prend pour le bien , les richellcs.
MAMMUT , ou MAMMOT , f. m. Efpèce d'animal
dont on trouve des dents & des os dans la grande
Tartarie Mofcovite , fur le bord des rivières de Je-
nilia , de Trugnan , de Mongamfea , & du Lena,
près de Jakutskoi, Se jufqu'à la mer glaciale. Ou
trouve des os Se même des carcalles de Mammut
dans les terres après un dégel. Il faut , fuivant la
grolleur des os de ces Mammuts , que ces animaux
fullènt de la grolfeur des Éléphans. Les Jakutes &
les Offiaques , qui font les peuples de ce pays là ,
difcnt des chofes extraordinaires des Mammutes. Ils
prétendent qu'ils ne fortent jamais de la terre , Se
qu'ils y vont de côté & d'autre comme les taupes.
Ils difent même que l'on voit quelquefois la terre
s'élever par delfus les lieux où ils palî'ent , 8e enluite
quelle s'aftaille quelquefois de manière que cela
produit des folles allez profondes. Ils alfurent que
ces animaux meurent litôt qu'ils voient la lumière :
c'eft pourquoi on n'en voit jamais de vivans; que
ceux qu'on trouve fur les bords des rivières ^ y tont
reliés après un éboulement de terre caufé par un
dégel. Mais les Rulllensqui habitent dans la Sibérie ,
difcnt que ces os Se ces carsalfes que l'on trouve
dans la terre , lorfqu'elle s'enrrouve Se s'éboule , y
font depuis le Déluge , où ils furent enfevelis dans
les entrailles de la terre , qui n'étoit alors qu'une
malle de limon , Se que le grand froid & la gelée
continuelle qu'il fait dans ce pays- là, les a empê-
ché de fe pourir. Ce fentiment eft alfcz du goût
de nos Naturaliftes modernes. Relation du voyage de
M. Isbrants à la Chine. Voyei Ivoire follîle au
mot IVOIRE.
MAMOERA y f. m. Arbre des iles Antilles, auquel
les Portugais ont donné ce nom à caufe que fon fruit
qu'ils appellent Mamaon, reiremble en quelque
forte aux mammelles. On l'appelle autrement Pa-
paya , ou papayer. Voyez Papaya.
MAÂIORE fia) Ville d'Afrique, au Royaume de Ma-
roc dans la province de Fez propre.
MAMORÉ. Voye?^ Mahmore.
MAMOTBANI. Moulleline ou toile de coton blanche,
fine &e rayée qui vient des Indes Orientales. Les plus
belles fe tirent de Bengale. Les pièces ont huit aunes
de long fur trois quarrs à cinq , fix de large.
MAMOUDI , f. m. Monnoie d'argent qui a cours en
Perfe. Un mamoudi vaut neuf fous trois deniers ,
monnoie de France. Deux mamoudis font un aballî.
Six mamoudis Se un chayet font un écu de France
de foixantc lous.
M'AMOUR , M'AMIE,f. m. &: f. Termes de cageol-
lerie familière, qui font abrégés de mon timour ,8c
de mon amie. Meum corculum. Ils ne font en ulage
que dans le burlefque Se dans les chanfons. Mon
cœur, m' amour, fe dit par une jeune femme à fon
mari , par une nourrllFe à fon nourriçon. Il fe die
aullî par un mari à fa femme. Vous ne connoilfez
pas m' amour, la malice de la pend^ude. Mol. M"a-
mour^ voici le fils de M. Diaforus. Id. Pour m' amie ,
il ne fe dit jamais que par le mari. Je voudrois ,
rnamie , que vous eulîlez été ici tantôt. Mol. Il fe
dit auffi à une jeune enfant.
Et cependant avec toute fu diablerie ,
Il faut que je l'appelle , & mon cœur & m'amie.
Molière.
782 M A N
M'amie, fe dit aufli quand on parle à des feivanres. '
M'amie j faites cela.
la curiojlté qui vous prejfe ejl bien forte.
M'amie , à nous venir écouter de le forte. Mol.
M A N.
MAN , ou MANNUS , f. m. Terme de Mythologie.
Nom d'un dieu des anciens Germains. Mannus. Il
ttoit fils de Tuitcon , Teuton , autre dieu des mêmes
peuples. Les Allemands prétendoient delccndre de
Man, &C en avoir pris leur nom. Voilius croit que
ce que les Germains diloicnt de iVfi7«j & que Tacite
en rapporte , ell pris de l'hiftoire d'Adam & de Nof.
Voyez de IdoL. L. I. c. jS. Il croit que le nom de
Man en efl: une preuve. Car il lignifie en vieux Tu
defque & encore aujourd'hui en Allemand la même
choie que Adam , en Hébreu , c'ell-à dire , homme.
MaNj ell aullî en terme de Relation, une figure de
dragon à quatre ongles , que l'on reprcfente à la
Chine lur les étoftes. Man , Manus , Draco unguibus
quatuor. Tout le monde peut porter le man fur fes
habits-, mais il n'y a que les étoftes deftinées à l'Em-
pereur où il loit permis de mettre le iom _, ou dra-
gon à cinq ongles. Voye':^ Lom.
Man en terme de Relation , cil encore en Pcrlicn ce
que nous appelons le poids d'une livre. D'Herbelot.
Pondo , Libra.
Man, oUjMem, ou Mao ^ f. m. Poids dont on fe
fert aux Indes Orientales , particulièrement dans les
Etats du Grand Mogol. Il y a deux lortes de man ;
l'un qui eft appelé Man de Roi au poids de Roi ;
1 autre que l'on nomme limplement Alan. Quarante
livres de Paris font égales à un Alan de Roi.
C'cft enfin le nom du troilième jour d'un petit
cycle de XII. jours que les Catha'iens ont dans leur
Calendrier. D'Herbei.ot.
L'île de Man , Alannia Infula , anciennement
Monoeda , Monapia , Menavia , Eubonia. C'eft une
île d'Angleterre. Elle eft dans la mer d'Irlande ,
entre les côtes d'Ecolle , & celles de la Principauté
de Galles. Sa longueur du nord au fud ell d'environ
neuf lieues j & la largeur de trois. Elle ell partagée
en dix - fept pareilles , a un Evêché fuftragant
<i'Yorck , &c fes lieux principaux font Dougras , &
Péel. Maty.
ïvIANA , f. f. Terme de Mythologie. Nom que les
Romains donnoient à une déelle qu'ils croyoient
préhder aux acouchemens. Alana Gencta. Les Ro-
mains lui donnoient , par rapport aux enhintemens ,
le même Office que les Grecs donnoient a. Hécate.
On lui lacrifioit un chien; & dans la prière qu'on
lui falloir , on lui demandoit qu'aucun de ceux qui
naîtroient dans la niailon ne tulfent bons , ce que
l'on n'entendoit pas des hommes, dit Plutarque, mais
des chiens j qui dévoient être mauvais, pour bien
garder la mailon. f^oye^ cet Auteur dans les Que/
fions Romaines j p. j2. 'Voy. Genitamana.
MANACA , f. m. C'eft un arbrllfeau du Brehl , dont
parle Pifon. L'écorce en eft grife , le bois dur iSc
facile à rompre. Les feuilles approchent de celles
du poirier. Ses Heurs lont dans de longs calices dé-
coupées comme en cinq feuilles de couleurs difté-
lentes , & lur le même arbrifteau on en trouve de
bleues , de purpurines ôc de blanches , toutes d'une
odeur de violette 11 forte , qu'elles embaument des
bois entiers. Il fuccède à ces fleurs des bayes fem-
blables à celles du genièvre , enveloppées dans une
écorcegrile , fendue par dellus en étoile , renfermant
chacun trois grams gros comme des lentilles. Cet
arbrilfeau croît dans les bois & autres lieux ombra-
geux. Sa racine qui eft grande , folide & blanche ,
étant mondée de fon écorce, eft un violent purgatif
par haut & par bas , comme la racine d'élule. On
s'en fert pour l'hydropilie. On ne l'ordonne qu'aux
perfonnes très robuftes , avec des correélifs , & dans
■une dol'e raifonnable : elle a un peu d'amertume &
d'aigreur. Ray. ////?. P/an.
MAiWkCARONGHA. Contrée de l'He de Madagafcar,
MAN
entre les rivières de Mananghaze & de ManenzavI ;
du côté de la mer.
MANACHIE. Nom moderne de l'ancienne Magnéfic
du Mont Sypiles.
-jZT MANAH. Idole adorée par les anciens Arabes
Idolâtres. C'éroit une groftc pierre à laquelle oa
oftroit des facrifices.
MANAGUAIL , f. m. Bête fort pefante qui fc trouve
dans la nouvelle Elpagnc. Elle ell toute couverte de
pointes comme un hérifton , Se fes pointes ont en-
viron un pied de longueur. Herinaceus Americanus,
La chair en eft exquile.
MANAIE,ou MÉNAIE. Du Latin manere. Mémoire, re-
connoillance , retour. ClojJ. des Poéf. du Roi de Nav.
MANAIGEj & MANAGE, f. m. Vieux mot, qui
veut dire , maifon , demeure. Le manage eft relevé
par trois fous. Anc. Coût, de Norman.
Dejlendu font en l'or maigre manaige. R. D'Aubery.
Ce mot vient de Managium , qui s'eft dit dans la
balle latinité pour domus : il ell dcrivé de manere,
habiter , demeurer.
MANAIM , ou MAHANAIM. Nom de lieu. Maha-
naïm , Cajlara. Ce lieu étoit à l'orient du Jourdain,
vers l'endroit où Jacob pafta ce fleuve. C'eft à Ma-
hanaim que Jacob vit deux troupes d'Anges j d'où
vient qu'il lui donna le nom de Alahanaim , qui li-
gnifie des camps. Cajlra Alahanaim , ou Alahanaim ^
tut ime ville Lévitique , lituce lur les confins delà
Tribu de Gad.
MANAMBOULE. Grand pays de l'île de Madagafcar ,
où il y a des mines de ter & d acier.
MANANT, f m. Terme de Pratique. Payfan, habitant en
un village , en une métairie à la campagne. /«■
digena , incola rujiicus. On a fait alFembler les manans
6c habitans de la Paroifle pour élire des Colleélcurs.
Lajplupart des caufes de la Cour des Aides , font pour
des manans Se habitans des Paroiflés , qui loutien-
nent les taxes des tailles. On appelle proprement
manans, ceux qui font originaires du lieu, & habitans
ceux qui y lont venus demeurer.
§C?" On appelle abfolument manant un groflîer, un
ruftre: c'cil un manant , un \ [ai manant,
MANAO. Nom de l'une des îles des Larrons. Mona.
Elle eft dans l'Océan oriental , entre celle de Chéa-
mocor J Se l'Angloife. Maty.
MANAR. Nom d'une petite île de l'Océan Indien.
ALmaria infula. Elle eft fur la côte occidentale de
l'île de Ceylan , Se a une petite ville qui porte fon
nom. Elle appartenoit autrefois au Prince de Maduré,
mais maintenant les Hollandois en font les maîtres.
On pêche de belles perles près de fes côtes , Se elle
donne fon nom au détroit de Manar , qui eft entre
l'île de Ceylan , &: la côte de Coromandel. Maty.
MANAR. Nom d'une ville de l'Inde delà le Gange.
Alanaria. Elle ell capitale d'un Royaume , dépen-
dant de celui de Pégu, & fituée lur la rivière de
Ménauj aux confins du Royaume de Siam. Maty,
MANASSÉ , Se MANASSÈS , f. m. Nom d'homme.
Alanajfes. Le Patriarche Manajfé étoit fils aîné du
Patriarche Jofeph & d'Aleneth , fille de Putiphar,
Prêtre d'Héliopolis : & il fut le chef d'une Triba
qui porta ion nom.
La Tribu de ManassÉ fe dit Se des defcendans du fils
de Jofeph , dont on vient de parler j Se des terres
qui leur furent alFignées dans la Terre - Sainte. La
Tribu de Alanajfe fut divifée en deux. Une partie
eut fon partage à l'orient du Jourdain, dans la terre
de Galaad , au nord des Tribus de Gad & de Ruben.
Parce qu'ils avoient beaucoup de troupeaux j Moyfe
leur donna ce pays qui étoit abondant en pâturages.
L'autre partie de la Tribu de ManaJfe im placée de
l'autre côté du Jourdain, entre la Tribu d'Ephraïm au
midi , Se celle d'Illachar au nord , ayant à l'orienr
le Jourdain , & la mer Méditerranée au couchant.
On ne dit Aîanaffe qu'en parlant du fis Je Jolèph
Se de la Tribu. Pour les autres qui ont porté le
même nom , il taut dire Manafsès- Le Roi Alanafsès ,
Ij'h d'Ezéchias , auquel il fucceda , fut un impie. Dieu ,
M A N
pour le punir de Ces crimes , le livra à AlaradJon
qui remmena captit a B.ibyilone. Il fe recoiiiuit daiiv
ia prifjn , & (e convertir. L'oraifoii de Ma/nifiès j
c'ett l'oraifon qu'il tic à Dieu en cette occalion.
L'oraifon de Alanafsès elt très belle,, tk quelques
Percs la citent; mais elle ii'ell pas canonique.
MANATI , L m. Vache marine des Indes. L'os pier-
reux de la tête qu'on appelle Alanad lapis eft la feule
partie de cet animal qui foit d'ulage. Il ell crullacce ,
blanc , iemblable à de l'ivoire , & de ditiérentes
formes. Il palle pour avoir la propriété d'emporter
Ja piîrre des reins , & de la vcilie , Ik de calmer
les douleurs néphrétiques & celles de la colique.
Nous liions dans Geoii'roy , qu'on lui attribue aulli
la propriété de prévenir les liémorrhagies en le por-
tant au cou. Frédéric HofFman le recommande dans
l'épileplie. L'animal palle pour être très - ami de
l'homme.
MANBOTE. f. f. Terme de Jiuirprudence. Vieux
mot j qui fignifie l'amende qu'un meurtrier paie au
Seigneur de celui qu'il a tué. Mulcia in pœnam ho-
■ micidÏL , dans la balle Latinité mjnboca. Guillaume le
• Bâtard dans les loix qu il fit pour la Normandie ,
hxe, ck. S. la manboce al Seignor per le Franchome
■ lo (ous , Ik pur le ferf 20 (bus.
MANBOUR j f. m. C'eft la même chofe que Mam-
bourg. f^oye^ ce mot.
MANCA. f. f. Nom d'une ancienne monnoie d'An-
gleterre. Manca , mancufa. C'étoic une pièce d'or
carrée qui valoir communément 50 lous. Harris.
• Ce mot le trouve fouvent dans Matthieu de Wi.it
minfter , dans Dunelus , dans Guillaume de Mal
mcsbury , & d'autres Hilloriens Anglois. f^oye-^ aulli
les loix du Roi Canut.
MANCAÇAR. Royaume. yoye\ Macassar.
MAi'VfÇANARÈS, (\c) petite rivière d Epagne dans
l'Algarve ; il y a aullî une petite ville qui porte ce
nom dans la nouvelle Caftille aux confins de la
vieille.
MANCEAU. /''oye^ Manseau. C'eft ainfi qu'il faut
écrire.
MANCELLE. f. f. Terme de Charretier. Petite chaîne
qui tient au collier du cheval , au bout de laquelle
il y a un grand anneau qu'on met au limon , &
qu'on arrête avec l'ateloire ; ce qui fert tout à-fait
pour tir.'r. Catena tracloria.
MANCELLINIER , ou M ANC AR VILLIER. f. m. Man-
canilla. Arbor texica & laclca , jruclu fuavi pomi-
formi , quo indiam fagittas injiciunt. Arbre grand
&c très beau , mais très-dangereux, des Indes Oc-
cidentales qui croît en la plupart des iles Antilles ,
■ dont le bois ell: lort eilimé. On en tire des planches
qu'on nous apporte. Il le polit très bien , eft d'un
■ beau grain è^- dure longtemps. Avant de couper cet
• arbre on a grand loin d'en delFécher l'écorce ; au-
trement on feroit expofé à perdre les yeux , s'il ar
rivoit qu'un peu de la fève atteignit ces organes.
Cette lève eft d'une couleur laiten(ê j & fi caultique
qu'elle lait élever des ampoules à la peau , & qu'elle
brûle le linge & le perce. Il ell quelquefois aulli
grand que les noyers d'Europe. Ses feuilles relfem-
blent à celles des pommiers ou des poiriers (auvages,
& fon fruit que l'on appelle mancenille , eft tout
fcmblable à une pomn>e d'api: il eft pannaché de
ruuge, fort agréable à la vue , Se d'une fi bonne
odeur que l'on auroit d'abord envie d'en goûter , li
l'on n'étcit averti de fa qualité mortelle ; car quoi-
qu il foit doux à la bouche , c'eft un poifon fi dan-
gereux qu'il tue en fort peu de temps. Le mancdlinicr
croît fur le bord de la mer & des rivières ; &: fi le
fruit tombe dans l'eau , les poilfons qui en mangent
meurent infailliblement. Le tronc devient quclque-
l^ois d'un pied & demi de diamètre , & rarement
de deux pieds. L'écorce eft un peu lilfe & grilàtre,
mais le bois a prefque la incme confiftance & cou-
leur que celle des novers d'Europ'", & même il eft
plus recherché à caufe qu'il eft mêlé de quelques
veines grifcs & noirâtres. Enfin c'eft un des plus
beaux boii & des plus propres qu'on puilïè employer
M A N
783
à faire des cabinets , des tablettes &: toute forte de
meubles. Les Heurs font des chatons en épis, longues
d'environ un demi-pied , & couvertes de plulicurs
petits (ommets charnus &: rouge» comme du car-
min. Les fruits naillent féparément , mais fur le
même arbre. Les embryons rellemblent à deux pe-
tits tefticulcs un peu plus gros que le fruit des
mcrcuriiles mâle d'Europe , &: ils deviennent enluite
des fruits tout à fait fcmblables , &: aulli gros que
les pommes d'api , ou de reinerte. Plulicurs Euro-
péens s'y font trompés & en ont mangé : les uns
en font morts , les autres ont beaucoup fouffert.
Elles (ont jaunâtres , ^ leur chair eft toute remplie
d'un lait très blanc , de enferme dans (on milieu un
noyau tout ligneux &: un peu plus petit qu'une noix.
Le fruit J les feuilles & l'écorce de cet arbre , jettent
un lait très-blanc en quelque endroit qu'on les coupe.
C'eft un poifon très dangereux que ce lait; 8c même
fi on fe hazarde de repofer ik de dormir fous ces
arbres , les yeux s'cnHamment & deviennent enflés.
Le remède à cela eft de les balliner avec du lait de
vache , mêlé avec de l'eau fraîche, ou avec de l'eau
claire qu on trouve dans la coquille d'un limaçon
qu'on appelle foldac , ou avec l'huile tirée fans feu
du même infeête. Ray. Hiji. Plant. On a oblervé en
Amérique que le bétail ne le mettoit jamais à l'ombre
fous cet arbre Se qu'il ne croilloit dans Ion voifi-
n.^ge prefque aucune plante. Cependant il y a beau-
coup de perlonnes qui mangent de fon fruit faiis
qu'elles paroillent en être incommodées. Niller ,
boc. off. Le fuc de cet arbre calme & arrête les gon-
Hemens &c l'indammation. Ray. Hifl. Plant. Les
Cara'i'bcs trempent le bout de leurs Hèches drns ce
fuc blanc pour les empoilonner; & les blellures
deviennent prefque incurables , li l'on n'eft prompte-
ment fecouru. Quand ils veulent en tailler l'écorce
pour le tirer , ils tournent le vifage en arrière , de
peur qu'il ne leur en rejallille quelque goutte dans
les yeux. Peke Plumier , Minime.
Comme il y a plufieurs mance tuiliers fur les che-
mins , fi fins y prendre garde vous froilfez en paf-
fant quelqu'une de fes branches , ce lait en fort Se
rejaillit (ur vous : s'il tombe fur votre chemile , il
y fait une vilaine tache qui paroît comme une brû-
lure. Si c'eft fur la chair nue j & qu'on ne lave promp-
tement l'endroit qui a été touché , il s'y forme aulli-
tôt des veilles. La rofée ou la pluie , après avoir de-
meuré quelque temps fur les feuilles du mancenil~
lier y produilênt le même effet; Se fi elles tombent
fur la peau , elles l'écorchent comme feroit de l'eau
forte. Il n'y a pas jufqu'à la viande cuite au feu du
bois de cet arbre , qui ne contracte je ne fais quoi
de malin qui brûle la bouche & le gofier. Les Ma-
telots en éprouvent fouvent le venin ; s'il leur ar-
rive, en faifant le bois à feu , de couper de celui-
ci , & de s'en faire rejaillir le lait au vifige , ou
d'en manier le bois , aulli - tôt la partie enHe j Se
les fait fouffrir pendant plufieurs jours. Lorlque les
pommes du Afi2/2f«//i«ier tombent à la mer,& que
les Bécunes en mangent , elles leur rendent la dent
jaune, & ce poilfon devient un poifon. Frézier.
p. 2 s.
MANCHA , ou la MANCHE. Nom d'une contrée A^
la Caftille nouvelle , en Efpagne. Manica , Sparta-
vius campus. Elle eft enfe ia rivière de la Gnadiane ,
& l'Aiidaloufie ; mais on n'en connoît pas bien les
bornes. Ciudad Real en eft le lieu principal. Maty;
Don Quichoie a rendu fameux le furnom qu'il a
pris de la Manche. Nous difons en François Manche ,
Se non pas Mancha. M. de Lille a pourtant mis dans
fa carre d'Efpagne , La Mancha.
MANCHE, f f. Partie du vêtement qui couvre les bras,
en tout J ou en partie. Manica.
Les manches d'une foutane vont jufqu'au poignet.
Les manches d'ange , que portent les femmes , ne paf-
fent guère le coude. Les manches d'une cafaque ,
d'un manteau à manches , d'une brandebourg , font
fi longues , qu'on les rendouble. Ce pourpoint eft
chamarré far les manches. Cette robe eft ouverte par
71^4 M A N
les manches. Les Efpagnols portent cies manches
pendantes , attachées au dos de leur poiupoint. Les
Pages delà Chambre en portent aulîi. Les Confeil-
1ers d'Etat portent des robes à manches pendantes.
Autrefoisil étoit honteux à un homme de porter des
• manches à la tunique. Il eût pallé pour eftéminé.
Il n'y avoir que les femmes qui en portallent. Ces
tuniques à manches , s'appeloicnt Dalmatiques. L'u-
lage changea , & tout le monde en porta , & même
- les plus laints Evcques. Foyei Odaviiis Ferrai-ius ,
. Z>e Re veftiaria , P. L. L. III. c p.
Ce mot vient du Latin manica.
On appelle des faujjes manches , de grands poi-
■gncts qui fervent au lieu de m.ancAes de chemiles
fines , &: dont on change pour la propreté , ou de
•doubles manches de ratine , & d'ouate, qui font pol-
tiches, pour tenir plus chaudement les bras. Munies
infertiles.
Gardes-manches , font des fourreaux qu'on met
fur les manches pour les conferver. Des tours de
manches , font des garnitures de dentelles ou de ru-
bans qu'on met entre le bout de la manche Se la man-
chette. On appelle des bouts de manches , de petites
manchettes qui font coufues au bout des manches du
pourpoint des Eccléfiaftiqucs , ou des gens qui por-
tent le grand deuil.
On appelle Cordeliers à la grande manche , des
■Cordeliers qui ont en effet des /Tza/zcAei- fort larges,
ik qui dificrent des autres , en ce qu'ils font rentes.
Francifcani Cordigeri mitigati. Il n'y en a guère
<5u'en Provence , en Dauphiné, & en quelques en-
droits du Languedoc j en Savoie & en Italie. Il y
avoit de ces Cordeliers à la grande Manche , ou
Frères Mineurs Conventuels , dans plufieurs endroits
de France : ce fut le Cardinal d'Amboife qui les
iupprinia.
On appelle chez le "Roi, Gardes de la Manche,
Jes Gardes qui , dans certaines occafions , comme
dans fa Chapelle, font aux deux côtés du Roi , vê-
tus de hoquetons & armés de pertuifaiies. Praji-
.diarii jlipatores. Il y a vingt -cinq Gentilhommes
Gardes de la Manche de la Compagnie Ecoilbife.
Dans les Chapelles , &c dans les Eglifes où le Roi
va entendre la Melle ou le Sermon , deux Gardes
de la Manche vont l'attendre , revêtus de leur ho-
queton , ou côte-d'armes en broderies , tenant leur
pertui&nc frangée d'argent à la lame damafquinée.
Ils le tiennent à fes côtés , & tournés du côté du
Roi , pour avoir toujours l'œil fur fa perlonne. Ils
accompagnent le Roi aux cérémonies extraordinai-
res, comme à fon ficre , à la création des Cheva-
liers de l'Ordre, au Parlement j &cc. Voye:^ Garde.
IJCT Gentilhomme de la Manche. Ce font des Officiers
dont la fonction eft d'accompagner continuellement
les Fils de France , quand ils font jeunes.
En termes de Blafon , on appelle manche malta-
lée , ou maltaïllée , des reprélentations de manches
de différentes figures qui fe trouvent lut lesécus, &
qu'on delllne tantôt d'une laçon , & tantôt d'une autre.
■Ces manches ont dégénéré en manipule à l'occalion
de Charles de Villers , Evêque de Be.tuvais , qui fur
fou tombeau a un manipule d'hermine, quoique dans
Tes Armoiries il eût une manche en forme de mou-
choir pliffé. Il eft mort en 153 5.
En termes de Guerre, on appelle manche d'un
bataillon _, une petite troupe de foldats détachée du ba-
taillon , & qui demeure fur les ailes , eu les diftérentes
divillons d'un bataillon; & on appelle \x manche de
main droite, & la manche de main gauche , Ala ,
cornu dextrum , finïjlrum. On les divife en demi-
manches , & quarts de manches ; ce qui facilite
l'ordre pour défiler. C'étoit autrefois un petit corps
dz Moufquetaires qu'on mcttoit à chacun des an-
gles d'un Bataillon. Ils détachèrent une manche de
Moulquetaires , qui venant à moi , m'alloient faire
effuyer une rude falve. De Bussy. Le Roi Louis
XIV , dans les remarques (ur ce qu'il a traduit
des CommcMtaircï de Célar , a dit Maache^ de
yéiites.
M A N
La Manche. Nom que l'on donne à une partie de
la mer Océane. Fretum , ou mare Brkannicum. Ocea-
nus Britannicus. C'eft la mer qui s'étend entre les
côtes de France au midi , & celles d'Angleterre au
feptentrion , depuis les îles d'Oueffant , jufqu'au
pas de Calais, qui la fcpare de la mer d'Allemagne.
On l'appelle autrement le Canal , ou la mer de Bre-
tagne.
On appelle encore ainfi les autres Détroits qui font
entre deux terres ; «Se fi on ne peut monter qu'en
pleine mer , on l'appelle Barre.
Manche. Nom d'un petit pays d'Efpagne. Foye-iç^ Man-
CHA.
Manche. Se dit dans les Vaiffeaux , d'un tuyau de cuir
qui fen à vider les liqueurs d'un tonneau dans un
autte ; dont on fe fert en plufieurs occafions. Tubus
coriaceus. Manche de pompe j c(l un long tuyau de
toile goudronnée , qui conduit l'eau de la pompe
hors du vaiffeau. .
(fT Manche a vent. Inftrument de Marine , qui
fert à purifier & renouveller l'air de la cale & des
entre-ponts des Vaiffeaux : c'eft une invention Da-
iioife. M. Duhamel en donne la defcription & la
figure ; en perfeélionne la forme (Se en facilite l'u-
fage , dans Ion livre intitulé : Moyen de conferver
la fànté des Equipages , &c.
Manche d Hippocras. Efpèce de fac , au travers du-
quel on fait palier le vin par les épiccs , tic autres
drogues qui fervent à faire cette liqueur. Colum.
Voyez ChaulTcs.
Manche, f. m. Ce qui fert à prendre , à manier , ou
à fe fervir de quelque choie , Manubrium , capulus.
Le manche d'une éclanche , d'une épaule de mouton ,
de veau. Le manche d'un balai , d'un houlloir. C'eft
un bâton rond , d'une groileur de trois ou quatre
pouces , & d'une longueur de trois ou quatre pieds.
Le manche d'une pelle , d'un marteau , d'une coi •
gnée , d'une faux. Les Turcs font les manches de
leurs couteaux , de leurs cimeterres , de jade ^ d'a-
gate , &c.
Ce mot eft dérivé du Latin manubrium. On difoit
autrefois mange ; ou plutôt ce mot vient de ce qu'on
le manie avec la main.
M. Huct croit qu'il vient de manica , qu'on trouve
en ce fens dans Optât de Milève. Nemo cenens ma-
nicam aratri.
On appelle manche de la charrue, la partie que
tient le laboureur , & qui lert à la gouverner.
Stiva. Le Seigneur dit que quand on a mis la main
au manche de la clwrrue , il ne faut point regarder
derrière; pour dire, que quand on veut travailler à
fon falut , il ne faut point retourner la vue vers le
monde.
Manche , fe dit auffi de la partie des inftrumens de
Mufiquc où font les touches , & où l'on pofe \ei
doigts de la main gauche pour former les tons dif-
férens. Il s'étend jufqu'au lieu où font attachées les
chevilles qui bandent les cordes. Manubrium , ca-
pitulus. Le manche d'un luth a neuf touches ou di-
vifions , qui font marquées avec des cordes de boyau.
Le moyen de faire entendre la muliquc à un fourd,
c'eft de lui faire luordre le manche de l'inftrumeni
dont on joue.
§C? On dit qu'un homme eft fur de fon manche , qu'il
connoîtfon manche ; pour dire , qu'il touche les cor-
des avec juftefte & précifion.
Il y a de certains oifeaux que les Pilotes appel-
lent Manches de velours , qu'on trouve vers le
cap de Bonne - Elpérance , qui ont les bouts des
ailes noirs , &.' le refte du corps blanc , qui vont par
bandes flottans fur l'eau , (In: qui le nourrillent de
poillons.
Manches , en termes de Monnoies , eft un fourneau
dont on le fert pour l'affinage des CalFes &c des det-
tes. Fornax monetariu , vafls fcoriifque purgandis ac
purificandis. C'eft un fourneau de quatre à cinq pieds
de haut en manière d'un manche , qui a quatre pieds
en carré par le haut , entre quatre angles qui vont
en glacis , en manière d'entonnoir plat ; il y a trois
de
M A
\de ces angles , qui ont environ deux pieds de Iiaut ,
& le qu.itiième , qui cit celui du devant , n'en a qu un,
atiii de jettcr les matièics par cet endroit I4. Le reftc
de la manche n'a qu'euv-iron denii-picd eu carré en
dedans , pat le bas une ouverture d'environ deux
pouces de dianictre , pour jaidcr couler les niatièrcs
de la calFe à melure qu'elles fondent. Cette manche
cil faite de gros grais les plus durs , qui font taillés
en manière de pavés , & liés enlenible avec de la
terre dont on fait les fours. Boizard. Changer la
manche de matières. Id.
Manche , le dit proverbialement en ces phrafes au
premier fens. On dit qu'un homme a la confcience
large comme la manche d'un Cordclicr ; pour dire ,
qu'il n'eil point Icrupuleux. On dit qu'un homnxc
tient un arrêt dans fa manche ; pour dire qu'il en
eft fur : qu'il a les Juges dans fa manche j pour due
qu'il les gouverne , qu'il difpofe de leurs f uftrages.
On dit audî , qu'il a mis une chofe dans û manche ;
pour dire qu'il s'en ell laiii , qu'il s'en ell emparé.
On dit , c'eft une autre paire de manches ; pour dire
c'efl: bien une autre aftaire. On dit encore , cela étoir
bon du temps qu'on fe mouclioit fur la manche ;
pour dire au temps jadis , quand on n'étoit pas ii
raffiné qu'on ell. Ce proverbe vient de ce qu'autre-
fois on mettoit un mouchoir lur la manche pour
fe moucher. Il en eft refté une marque dans cet or-
nement Eccléfiaftique , qu'en Latin on appelle Ma-
nipulus , en François fanon , & en terme de Bla-
fon deJ?rochele ; ce qui étoit un vrai mouchoir , que
portoient les Prêtres autrefois fur la manche , pour
elTuyer les larmes qu'ils verloient en fongeant aux
péchés du peuple au temps de la confécration. La
prière qu'ils difent encore en le revêtant de cet or-
. nement , en rend témoignage : Meuarporcare j Do-
, mine , manipulum flctûs & doloris.
Au fécond lens on dit , jetter le manche après
la coignée ; pour dire fe dépiter , abandonner une
.affaire , parce qu'elle ne réulîit pas d'abord. On
dit aullî qu'un homme branle au manche , quand
il eft irréfolu , quand il eft tenté de changer de
parti j de Religion , de delfein ; & de celui dont
la fortune eft ébranlée : fon état elt bien douteux j
il branle au manche. Il eft du ftyle familier. Acad.
Françoise.
Manche de Couteau j ou ^ac7z7e. Ternie de Conchy-
liologie. Coquillage bivalve , appelé en Grec SoUn ,
& en Latin jÇ/?«/a ou cana/is. Figure qui refl'emble
à un manche de couteau , eft toujours la même , &
très-aifée à reconnoître. Ce coquillage fe prend dans
le golfe de Tarente , & autres ports de mer , dans
les trous qu'il fait lur le lable , où l'on jette du Ici
pour les faire fortir. Dans le pays d'Aunis , on le
nomme Coutellier j les Italiens Cannolkhie. Ce poil-
fon, en allongeant fa tête , refpire l'air , &c attire
l'eau par deux tuyaux qu'on remarque au bout d'en
haut, &C par le moyen d'une jambe qu'il allonge &
qu'il retire par le bout d'en bas , il s'enfonce à deux
pieds de fond , & s'élève tout droit dans le fable ;
c'eft tout le mouvement qu'on lui remarque. Pline
prétend que ces coquillages, par leur fucglutineux,
reluifent dans les ténèbres, iur la terre , fur les ha
bits , fur la main , & même dans la bouche de ceux
qui les mangent.
MANCHEREAU , & MANCHERON, f m. Vieux
mot. C'efl , dit Nicod j lediminunfde Manche , maf
culin. Amfi on dît , Manchcreau de charrue , les deux
empoignures que le Laboureur happe pour enfoncer le
foc en labourant. Quand Manche eji féminin , fon
diminutif eft Mancheron , qui fignifie la couverture
du bras depuis le coude jufques aucou du bras. Selon
ce , on dit Mancherons de femmes , ces demies man-
ches qu elles portent à leurs robes larges & pendan-
tes manches.
MANCHESTER. Mamdueffedum. C'étoit ancienne-
ment une petite ville des Coniaviens , en Angle-
terre. Ce n'eft maintenant qu'un petit village du
Comté de 'Warwick. Il eft à trois lieues de Coventri ,
vers le midi. Maty.
Tome V.
M A N 78;
MANCî^£STHR. Autre perlrc villj ancienne cl'An;^iercrre,
Mancunium. Elle elt fur la rivi^-re de Mcrfey , dans
le Comté de Lancaftcr , & aux confins de ceux de
Chcfter & d'Yoïck.^ Matïchejler cil un lieu bien
peupléj & renommé poar les draps qu'on y fabri-
que. Matv.
MANCHETTE, f. f. Petit ornement de toile qu'on
met fur le poignet , aU bout des manches. Irns. ma-
nies. , lac/nia adfcijtitia , lincola , fimhna. Le rabat
&c les manchettes étoient ordmaiicment du même
point , de même foitc. Des manchettes unies fans
dentelles ; des manchettes fimples , doubles &:c.
Les gens d'Eglifes , ou ceux qui font en grand
deuil , portent de petites manchettes , ou feulement
de petits rebords de toiles , attachés au bout de leurs
manches.
|i^" Manchette. Terme d'Imprimerie. Les Impri-
primcurs appellent un ouvrage à manchettes ^ un
Mnnufcrit dont les marges font chargées d'additions.
MANCHON, f. m. Fourrure qu'on porte en hiver
pour garantir les mains du froid. Pellita manica hi-
berna. Les manchons n'ércient autrefois que pour les
femmes ; aujourd'hui les hommes en portent. Les
plus beaux manchons font faits de martes zibell;-
nés ; les communs de petit gris , de chien, de chat.
Les manchons de campagne des Cavalie-rs font faits
de loutre , de tigre. On i\'^. point , à la Chine , Tu-
fige des gants & des manchons ; mais comme les
manches de la vefte font fort longues , on y retire
la main durant le froid , pour la tenir chaude. P. le
Comte.
MANCHOT , OTE. adj. Qui n'a qu'une main ou un
bras dont il puilfe fe fervir , de quelque manière
qu'il ait perdu l'ulage de l'autre. Mancus j manu,
captus , impos , mutilus. Il a reçu à l'armée un coup
qui l'a rendu manchot. Il a eu un rhumatifme qui l'a
rendu manchot pendant iix mois.
Ménage dit que ce mot vient de mancotus , dimi-
nutif de mancus. M. Du Cange dit que le nom Ita-
lien des Mancini a la même origine , & qu'il vient
de mancus.
On dit proverbialement & figurément, qu'un hom-
me n'eft pas manchot ; pour dire , qu'il eft habile
rufé, qu'il fait bien défendre fa perfonne &c fés in-
térêts, qu'on ne le peut pas lluprendre ailément.On
le dit auOi de celui qui a beaucoup d'avidité à piller
qui fe fert bien de fes deux mains.
MANCIPE. f m. 'Vieux mot. EfcLwe. Ce mot vient
du Latin Mancipium formé de manu captus , & a
fait celui d'émanciper.
^ MANCIPIUM. Terme d'Antiquités Romaines ,
qui exprime le droit de propriété qu'avoient ks féuls
Citoyens Romains fur les fonds d'Italie iS^r leurs ap-
partenances , comme les Efclaves & le bétail. Delà
le verbe mancipare , aliéner avec les formalités re-
quifes, en fe fervant de certains termes formels,
en préfence de cinq témoins , & de celui qui por-
toit la balance & pcloit l'argent , nommé Libripens.
Voyez ce mot. Ces fonds privilégiés aux Citoyens
Romains s'appeloient res mancipii j ou Juris Civilis.
MANÇOIS, &MANSOIS. f m. Nom d'ime mon-
noie qui .avoit cours dans le Maine , & que le Sei-
gneur particulier de cette province faifoit battre. Ce-
nomanenfis denarius ; dans la baflé Latinité m j/^^t.
\3r\ ancien regiftre porte que les Manfois vaudront
vingt deniers moins la livre , que tournois petits ,
c'eft-à-dircj que les treize manfois ne vaudront que
deux fous petits tournois. Sur les pièces de cette
monnoie, on lifoitdun côté SicNUiM Deium , & de
l'autre , Moneta Cenoman , & quelquefois d'ua
côté SiGNUM Dei vivi, & de l'.iutre Comes Ceno-
MANN. Une charte de l'an 1 3 1 j. porte que les man-
fois avoicnt cours pour vingt deniers moins que la
livre tournoife du Roi compofce de 140 deniers. La-
dite livre de deniers manfois valoit à cette raifon
&c étoit compolée de i68 deniers. On a dit aufïï
Manceau pour Mançois , Se c'efl de-là que l'on a
dit proverbialement Manceau , Normand & demi.
Voyez Manceau.
Ggggg
^%û M A N
-MANGOUNAH. Ville d'Afrique dans l'Ethiopie fur
la met rouge à cinq journées du chemin de Zaleg.
MANCUP. Nom d'un bourg fitué fur le haut d'une
montagne & fortifié. Mancupia. Il eft dans la Tar-
tarie Crimée , près de la rivière de Karbata , à
huit lieues de Bacie-Saray , vers le couchant. Matv.
MANCUSE. f. f. C'étoit autrefois en Angleterre un
terme de monnoie. Mancufa. La mancufe étoit la
même chofe qu'un marc d'argent. Harris. Elle va-
ioit trente fous , qui revient à fix fchélins de la mon-
noie d'aujourd'hui , ou 72 fous. Mancufa s'étoit for-
mé de manu cufa. lu. On difoit aulîî mancus , 6i ces
mots étoient Saxons.
MAND. f m. Vieux mot , dont on fe fervoit pour
maniement. Voyez Mandement.
CCTMand. f m. Terme de Commerce. Efpèce de poids
ufité dans l'Indoftan. Il varie dans les différentes
provinces. A Bengale le mand eft de 76 livres i à
Surate de 371. En Perfe il n'eft qucdefix livres.
MANDAR. Province de lile des Célèbes, dans la
mer des Indes au Royaume de Macaçar , dont elle
occupe la partie feprentrionalc. La Ville capitale
porte le même nom que la Province.
MANDARIN. Terme de Relation. C'cft un nom que
\ç.% Portugais ont donné à la Noblclfe des Orien-
taux , que les Chinois nomment Quaon , ou plutôt
£ohen , qui fignifie , non pas gouverner , & com-
mander j comme on l'a dit dans la première Edi-
tion de ce Did:ionnaire , mais au contraire Icrvir,
être Miniftre d'un Prince , ôc qui à mon fcns , vient
de l'Hébreu Tn3 Cohen , qui lignifie Miniftre , &
qui cft le nom que Dieu donna à fes Prêtres dans la
loi de Moyfe. Il y a à la Chine neuf Ordres de Man-
darins , ou degrés de Noblelle , qui ont pour mar-
que divers animaux. Le premier a une grue pour
marque de fon rang ; le fécond un lion , le troifième
un aigle , le quatrième un paon , 8cc. Il y a en tout
52 ou 3 5 mille Mandarins à la Chine. Il y a des
Mandarins de lettres, & des Mandarins d':ivmcs;
les UHS & les autres palTènt par pluficurs examens.
Depuis que les Tartares fe font rendus maîtres de la
Chine , la plupart des Tribunaux font mi partis,
c'eft-à dire j qu'au lieu d'un Préfident , on en a éta-
bli deux; l'un Tartare, & l'autre Chinois. F'oyei
les Mémoires du P. le Comte ^ les relations précé-
dentes étant moins cxadtes, tant parce qu'on n'étoit
pas (i bien informé de la manière du gouvernement
des Chinois , que parce que cette manière a changé
depuis l'invafion des Tartares. Il y a de certains
plaiiirs dont les Mandarins font oblieés de s'abftc-
iiir. Pafler quelque temps avec leurs femmes , dont
la pluralité eft pcrmife, eft prcfquc le fcul divertif-
fement des Mandarins.
Mandarin, f m. Terme de Relation. C'eft le nom
que les Chinois donnent à la langue lavante du pays.
Mandarinum , Mandarinorum lingua. Car outre le
langage propre & paniculier de chaque nation &
de chaque Province ; il y en a un commun à tous les
Savans de l'Empire , & qui eft à la Chine ce qu'eft
en l'Europe le Latin. C'eft ce langage qu'on appelle
le Mandarin. C'eft la langue de la Cour. Les Offi-
ciers publics , comme les Notaires , ou Greffiers ^
les Jurifconfultes , les Juges , les Magiftrats , par-
lent & écrivent le Mandarin. Maffée , Hifl. Indic
L. FI.
Mandarin , ine. Eft auffi adj. Qui appartient aux Man-
darins. Mandarindius^a. La langue Mandarine a cours
dans tout l'Empire , & on l'entend univerfelleracnt
par-tout. P. LE Comte.
MANDARINAT, f m. Charge , office , dignité de
Mandarin. Mandarinatus. Mandanni d:gnuas , mu-
nus. Le Mandarinat n'eft point héréditaire. Il n'y a
que les Lettrés qui font élevés au Mandarinat. J.e
Mandarinat coû'c bien des extmcns , mais il donne
beaucoup de conlidérarion & d'autorité.
MANDARU. f m. Arbre du Malabar portant des fîii
ques & des feuilles divifées en deux. Àrbor Jî.'i-uj-
fa , Malakfirica , foUis bifid s ., fol U<^ purpura (Iriavs.
Dans l'île de Zeilan on ctoit que les marques rouges
M A N
qui paroilfent fur les feuilles font des taches du (âng
de S. Thomas , qu'on croit avoir prêché l'Evangile
dans cette contrée & dans le Malabar. Le Docteur
Hcrman l'appelle Arbor SanUi Thomm.. Il y en a
quatre elpèces. F'oye'^i James.
MANDAT, f. m. Terme de Chancellerie Apoftolique.
C'eft une grâce expedative, un refcrit du Pape , pat
lequel il mande à un CoUateur ordinaire , de pour-
voir celui qu'il lui nomme du premier Bénétîceqqi
vaquera à fa collation. Jujj'um, edicium , mandatum.
Un Mandat Apoftolique pour la provilîon des Bé-
néfices, eft ime lettre monitoriale & comminatoire
du Pape à un Evêque , par laquelle il lui ordonnoic
qu'il donnât de quoi fubiifter à ceux qui avoient été
ordonnés par lui , ou les Prédécelfeurs , depuis la
tonfure jufqu'.iux Ordres facrés inclulivement , &
qu'il leur louLniife ainh leur fubfiftance, jufqu'à ce
qu'il leur eût conféré un Bénénce. Etienne de Tour-
nai dans une Lettre à Innocent III^. fe plaint de
l'abus des Mandats Apoftoliques. Ces Mandats
Apoftoliques étoient jugés néceflaires , parce' que
les Evcques impofoient les mains à un très grand
nombre de Clercs , qu'ils abandonnoient enfuitc
dans la misère , & dans un état qui les rendoit mé-
prifibles au peuple. Les Mandats n'ont plus de heu
en France que dans-certains cas. Ils s'étoient intro-
duits en France fous Philippe le Bel j & du temps
que Clément V. vint tenir fon Siège à Avignon.
Auparavant les Mandats , Réferv.ations , & Grâces
ExpeéVatives , étoient inconnus, &: il n'en eft point
fait de mention dans tout le Décret de Gratien. Au
commencement , les Papes donnoient des Mandats ^
ou refcrits , qu'on appeloit Monitoires , qui s'adref-
loient direétement aux Collateurs : c'étoient des
monitions, ou de (impies prières qui n'engagoienc
point le Collateur. Enfuite ils donnèrent des Man-
dats préceptoires , qui n'annulloient point les provi»
fions de l'Ordinaire : enfin , l'on inventa les Man-
dats exécutoires , & les claufes irritantes j par lef-
quelles les provifîons que l'Ordinaire donnoit au
préjudice du Mandat , étoient déclarées nulles ; &
îur le refus de l'Ordinaire , l'exécuteur du Mandat
conféroit le Bénéfice au Mandataire. Mais depuis le
Concordat on a réglé une certaine forme de Mandats
que le Pape eft obligé de luivre. On a abrogé ces
Mandats monitoircs & préceptoires ; Il n'y a plus
de décrets irritans , &c l'on n'admet les Mandats exé~
cutoires que dans la forme prefcrite par le Con-
cordat.
Mandat , fe dit aulIî en Jurifprudence , d'un Contrat
obligatoire de part & d'autre , qui fe forme par le
fcul confentement des parties, par lequel on charge
d'une affaire, pour la gérer gr.atuitement j une per-
fonne qui confent d'en prendre le foin.
La Procuration le donne par écrit : au lieu que
le Mandat peut n'être que verbal.
Il eft vifible que ce mot vient de Mandatum.
MANDATAIRE, f m. Celui qui eft porteur d'unMan-i
dat Apoftolique , qui peut requérir un Bénéfice. Man-
datarius , habens mandatum. Le Mandataire doit li-
gnifier fon Mandat au Collateur. Les Mandataires
font préférés aux Indultaires, comme les Irdultai-
res le font aux Gradués. On ne peut être Mandataire.
pour un bénéfice qui eft en patronage laïc. Ces rè-
gles font inutiles dans la pratique , depuis que l'ufik-
ge des Mandats eft aboli.
Mandataire j fe dit auffi en Jurifprudence j d'un Corn-
miffionnaire , d'un Procureur , & de celui qui a reçu
une commiffion pour agir , ou pour faire quelque
chofe. Mandatarius. Le Mandataire ne doit point
excéder les termes de fon pouvoir.
Ce mot vient de mandatarius , qui a été forme de
mandatum.
Mandataire , f m. Nom d'un Officier. Mandata-
rius j Mandaerius. Le Mandataire , ou Maire étoit
un Officier des Dauphins de Viennois , dont les fonc-
tions font peu connues. Peut-être étoit-ce un Procu-
reur , ou un Agent. M. du Cange ne les diftingue pas
du Mandataire t Mandatarius , dont s'cft pu former
M A N
M A N
Mandacrlus , fau mandata exequcns. La conjciflrure
cft fonjée fur ce que Mandatanus &c FiUicus font
quelquefois pris l'un pour l'autre. Or , ou laie que
ce dernier , &: qui étoic Receveur du Cens iv des
Rentes du Seigneur, cft fouvcnt confondu avec le
ChcKj ou Maire du lieu, que le mot àc Mandacrlus
rcpiélentc. Les Oiiices par lucceilion de temps font
devenus féodaux , & ont été poirédés par des parti-
culiers fous la prédation de toi &: hommage. C'eft
ce que les anciens titres appellent indifféremment
du nom VïlLicado , Mandaeria , MandaCa.ia , Se
qu'on appelle en François Mandcrie , ou Mairie.
Valbonn. Mem. pour l h'.fi. de Dauphïné , c. XI.
MANDATUM. La cérémonie du Jeudi Saint pour
le lavement des pieds , & la Cène , (e nomme manda
tum, à caule que l'on y chante Alandatum dedi vobts.
Le Roi hit le mandatum , il lave les pieds à douze
pauvres. Cette cérémonie ell décrite en bien des
Livres.
MArJDE. Ville, royc^ MENDE.
MANDÉ, f m. Ce mot eft en ufage dans l'Ordre de
fontévraud, pour (ignifier la cérémonie de laveries
pieds aux pauvres , iSc de leur donner l'aumône.
Ablutlo pedum pauperum ; Mandatum. Au 23^. Cha-
pitre des Conftitutions de Fontévraud , il eft ordonné
aux Religieules de Communier les l^imanches de
l'Avent, &C du Carême; &: aux autres temps, deux
fois le mois , & toutes les Fêtes folennelles , & de
faire le Alandé la veille de la première des deux Com-
munions de chaque mois. Chastelain , Martyrol.
■ T. I. p. 7S4-
MANDEB , MANDAB j ou comme on prononce vul-
gairement , Mandil. Montagne & promontoire d'A-
frique , dans l'Ethiopie j au détroit de la mer Rouge
qui en prerid le nom de Bai al Mandée , ou com-
me d'autres prononcent , Babel Mandel.
MANDEGLOIRE. f f. Voyci Mandragore , &
MAIN DE GLOIRE. C'eft la même choie.
MANDEMENT, f m. Ordre d'un Supérieur, par écrit,
& rendu public afin qu'on 1 exécute. Ediclum , man-
datum. On a publié un Alandement de M. l'Arche
vêque pour allembler le Synode. Un Mandement
pour l'ouverture du Jubilé. Il y a un Mandement
de la ville pour faire des feux de joie , pour faire
une telle cérémonie. On difoit autrefois ^««i/ pour
Mandement , Se Command , pour Commandement.
Mandement , fe dit aulli en pratique. Mandatum ,
Ediclum. On a envo}'é les mandemens , ou commif-
fions pour le département des tailles. Un mandement
à un tel Officier de payer. On appelle mandement ,
les Ordonnances que délivrent les Commillaiiesdu
Châtelet , pour fiire payer par le Receveur des con-
iignations les Créanciers utilement colloques dans
un ordre. CCF On appelle encore mandement , la
lettre , le billet qu'on donne à quelqu'un portant
ordre à un Receveur ou Fermier de payer une cer-
taine (omme. Un Fermier accepte le mandement ,
& paie en conféquence. C'eft auilî une formule
qui termine tous les Edits _, Si donnons en mande-
men: z nos amés & féaux Confeillers , c'eft-à dire ,
nous mandons , damus in mandatis.
M VNDHMENT , ligniiîe auilî une injondion de venir.
JuJJlim j vadimonium. Il y a un veniat contre un tel
Juge ; s'il ne vient au mandement de la Cour j il fera
interdit.
Mandement , fîgnifîe encore. Ordre , ou commilîîon
de faire quelque choie. Le Droit accorde une action
de mandement contre celui qui a donné commilîîon
de faire quelque chofe de fa part , pour être payé
ou indemnilé. Aclio mandati. Le mot Latin manda-
tum ne fignifie chez les bons Auteurs Latins autre
chofe que commijjion , & non pas ordre , ni julîîon.
Mais dans notre langue , mandement a quitté peu-à-
peu cette fignification. Il ne fignifie pas cependant
la même choie que comm.andement y Se mander n'ed
pas la même chofe que commander. On garde en-
core cette différence dans le ftyle de la Chancel-
lerie.
Mandement des tailles, indiclïonum defcriptio. C'eft
Tome y.
787
l'état j l'arrêté de ce qu'une Province doit payer de
taille pour une année : cet état cil arrêté au Con-
feil Royal j tic enluitc envoyé aux Intendans , qui
en font la répartition dans chaque pareille ; ce qu'ils
appellent alleoir les tailles.
Mandement , prière j demande. Le mot Mandement
a aujourd'hui un fens plus abfolu : il lignifie j ori^rt,
commandement. GloJJ. des Poéf. du Roi de Nav.
Dans les ades du moyen âge , qui regardent quel-
ques- unes de nos Provinces , le mot de Mandement
fignifie la même c'hofc que diftriét , territoire. Dans
la Brelîe , le Lyonnois (S: le Dauphiné on com-
prend fous le nom de Mandement un territoire ou
un certain nombre de Paroilîes qui en dépendent.
C'eft à peu-près ce qu'on appelle ailleurs bailliage.
On difoit en Latin Mandamentum.
MANDÉ, ÉE. part.
Mandé & bl.îmé. Mandé & admonefté. Termes de
Droitj qui fe trouvent dans les Sentences & Arrêts.
Le premier fe dit de celui qui elt mandé par une
Cour de Juftice , pour être blâmé des excès dont
il eft accufé ; c'eft une peine infamante. Le fécond
fignifie que quelqu'un eft mandé pour être averti
par les Juges de ne pas ufer à l'avenir des mêmes
voies que par le palfé , ce n'eft pas une peine infa-
mante.
MANDER. V. a. Donner un ordre à un inférieur de
faire quelque chofe. Mandate , commendare. Dans
toutes les lettres de Chancellerie, le Roi mande ^
ordonne à fes Juges de faire aux parties bonne Se
briève juftice. Le Roi dans fes lettres de Privilège ,
dit à fes Officiers: Du contenu delquelles ( lettres)
vous mandons Se enjoignons de faire jouir , &c.
Mander , lîgnifie auilî , enjoindre de venir à loi.
Accire J evocare , convocare. Le Roi a mandé le ban
& arrière- ban , a mandé le Parlement. Il a mandé
le Prévôt Se fes Archers pour conduire ce piifon-
nier. Ce Général a mandé tels Regimens, leur a
ordonné de le venir joindre. La Cour a mandé un
tel Juge , ordonné un veniat contre lui. Un tel a été
mandé à la Cour.
Mander , fignifie auilî , Inviter à fe trouver à quelque
cérémonie. Invitare , accerfere. Il a été mandé pour
allîfter à la noce j à l'enterrement. On mande de
notables bourgeois de fe trouver au Bureau de la
Ville pour l'éleftion des Echevins. Cet homme eft
bien malade , il faut mander un Médecin j un Prê-
tre.
Mander , fignifie auilî, Ecrire à quelqu'un, ou lui
envoyer un meflager pour lui faire f'avoir quelque
chofe, pour le prier j le charger de faire quelque
affaire. Mittere , fcribere , nunciare , Jîgnificare per
literas. On lui a mandé cette nouvelle par un bil-
let. On lui a mandé par un exprès tout ce qui s'cft
palfé en une telle affaire. Cette partie a mandé à
fon Procureur de mettre Ion procès en état. J'ai
mandé à mes Fermiers qu'ils payallent cette fomme.
On dit proverbialement pour faire entendre qu'on
n'a point craint de dire en face à quelqu'un une
chofe fâcheufe : Je ne lui ai point mandé , je lui ai
dit que. . . Acad. Fr.
MANDERIE, ou MAIRIE, f f Office, Charge de
Mandataire. Voyez ce mot.
MANDERSCHEIT. Nom d'un lieu du cercle Eledo-
ralduRhin. Manderfchida , Mangerici Limes. Il efl
divit'é en deux bourgs , qu'on nomme OberMander-
cheid , & Néder-Mandercheid : il eft chef d'un Com-
té de Mandercheid , qui eft entre le Diocèfe de Trê-
ves & le Duché de Juliers. Maty.
MANDEUR. f m. A Lyon, on nomme Mandeurs ,
les Sergens de ville, ou Huilliers qui marchent de-
vant le Prévôt des Marchands & les Echevins , avec
leurs verges , Se l'Ecufton brodé des armoiries de
la ville fur leurs raandilles ou cafaques. Accenfus ,
apparitor.
MANDEURRE. Nom d'un bourg , avec titre de Com-
té. Manduria , anciennement Fpamanduodurum ,
Epamantadurum. Il eft dans le Comté de Monbéliart,
environ à une lieue de la ville de ce nom , vers
Gggsg ij
88
M A N
le midi. Maty. Il eft fur le Doux. Valois. Not. Gall. '
}\ 120.
MANDI,MANDINGA, GORISA , DORBOGLIZA.
Anciennement Mantinée. Mamïnca. Petite ville de
la Zaconie , en Moiée. Elle ell dans l'ancienne Ar-
cadie , vers les fources de l'Alphce , à quinze lieues
de Lacédémone. Mantinée eft célèbre par la viétoire
qu'Epaminondas , Général des Thébains , y remporta
fur les Lacédémoniens, & fur les Athéniens, l'an de
Rome 591.
MANDIANT , MANDICITÉ , MANDIER. Voyc^^
Mendiant , Mendicité , Mendier.
MANDIBULE, f f. Terme d'Anatomie , qui fignifie
la mâchoire. Mandïbula. La mandibule inférieure ,
fupérieure. Le crocodile ne peut remuer que la man-
dibule fupérieure. Les Anciens au moins l'ont écrit ■,
mais cela n'ell pas vrai , comme on l'a remarqué au
mot Crocodile. Voye\ Mâchoire.
MANDIL. f. m. Terme de Relation. C'cil un mot
Perfien. Le mandd eft le bonnet , 6c comme le tur-
ban des Perfes. C eft une grande enveloppe ronde
& fort grolfe. Ils tourneiu premièrement autour de
leur tête une pièce de toile blanche fine , de cinq
ou lîx aunes de long. Par dellus cela , ils tournent
de même une écharpe de même longueur , & qui
louvent eft de grand prix. Il faut, pour .avoir bon-
ne gr.îce , que l'écharpe loit tournée de telle forte ,
que les diftérentes couleurs , en le rencontrant dans
les différens plis j falfent des ondes , comme nous
en voyons fur le papier marbré. Cet habillement
de tête eft fort majeftueux ; mais aulli il eft bien
pefint. Il met la tête à couvert du grand froid , &:
de l'ardeur excellîve du Soleil. Le coutelas & le
moulquet ne peuvent percer un mandd. La plui; le
g.ueroit , li les Perfans n'.avoient une efpèce de ca-
puchon de gros drap rouge j dont ils couvrent leur
mandïl en temps de pluie. La mode du mandil a un
peu changé depuis quelque temps : pendant le rè-
gne de Cha-Abbas (econd , le mandïl étoit rond par
le haut , & tout uni ; du temps de Cha- Soliman
on faifoit (ortir du milieu du mandd & par dclîiis
la tête , un bout de l'écharpe ; & enfin fous le rè-
gne de Cha Ullein , le bout de l'écharpe, au lieu
d'être ramaflé comme auparavant , eft déplié en rofe ,
& les Perlans trouvent que cela a beaucoup plus de
gr.îce. C'eft ainll qu'ils le portent maintenant , fur-
tout à la Cour.
l^lANDILLE. f. f. Manteau que portoieiu il n'y a pas
long- temps les laquais j qui leur étoit particulier,
& qui les lailoit diftinguer des autre.*: valets. Penula 3
paUiumfervde. Il étoit fait de trois pièces , dont l'une
leur pendoit fur le dos, & les deux autres fur les
épaules. Quand on veut reprocher à quelqu'un fa
balle naiftance J on luidk ciue Ion père a porté \.\man-
ddle , qu'il a été laquais. L'origine de ce mot vient
de manteau j parce que c'en étoit une efpèce. Man-
ddle fe dit aufti pour les Soldats , fagum , pour les
Sergens , Huillîers , Lioquetons , &:c.
MANDENGA. Le Royaume de Mandenga. iV/i2/2i/t;;2^iC
Regnum. Ce Royaume eft un de ceux de la Nigritie ,
en Afrique. Il eft au midi de celui de Tombut , le
Niger coulant entre deux , & il prend fon nom de
Mondinga , fa capitale, laquelle on nomme aulîi San
go. Maty.
MÀNDOE ^ MANOE. Nom dune île de l'Océ.in
fcptentrional. Mandoa , Manoa. Elle eft fur la côte
du Duché de Slefwick , après la ville de Rypen.
Cette île appartient au Roi de Dannemark , & elle a
été connue par les Anciens , fous le nom de Mana ,
de Manda. Maty.
Îf3- MANDOLINE, f. f. Efpèce de petite Guitiare.
Voye\ ce mot.
MANDORE. f. f. Inftrument de mufique , qui eft un
diminutif, & une efpèce de petit Luth , dont il a la
figure. Cuhara minor ,pandoron. ha mandore Acs An-
ciens n'avoit que quatre cordes, dont la chanterelle
fcrvoit à j')ner le fujer , & on la pinçoit avec le
doigt index , auquel une plume étoit attachée , qu'ils
nommSiCiiz plscirum j onpeclen. Les trois autres cor-
M A N
des faifoient une oélave remplie- de fa quinte j Se
étoient frappées l'une après l'autre par le pouce. Athé-
née fiit mention à'unzmandore ^qij^ùa^'pcW^Pando-
ron. Il y a encore maintenant des mandons qui n'ont
que quatre cordes. Mais on en fait quelquefois à fix
cordes , &C même à un plus grand nombre , pour
imiter davantage le luth, & alors on l'appelle wan-
dore luthée. Les Turcs ont une efpèce de mandore dont
ils jouent. Du Loia , p. /7^.
Ménage tient que ce mot vient par corruption
de Pandore ; & que les Grecs difcnt a^'cio-f ou
Tixtèmfii , qui fignifie , tout de bois ; les Efpagnols
l'.appellcnt bandunïa j les Allemands pandor , les
Anglois bandore , &c les Italiens pandora. Mais il fe
trompe , en ce que la pandore des Italiens eft un
inftrument diftérent de celui de la mandore , vu que
les cordes & (es touches font de laiton , comme celle
du ciftre.
MANDOUA , DOGACIN, c^ GACIM. Nom d'une
grande rivière de la prefqu'ile de l'Inde deç.à le
Gange. Mandona. Elle prend fa fource dans le Dc-
can , où elle baigne Andanager ; enfuite cntranc
dans le Cunéan , elle pafle à Vifapor , à Soliapor,
à Panranda &c à Goa j où elle fe décharge dans l'O-
céan Indien. Maty.
MANDOUAVATE. f. m. Arbre de l'Ile de Mada-
galcar , dont l'écorce eft verte , dure , & pleine de
piquans , & qui produit un fruit femblable à une
noilette. Son bois tert à laire des poignées pour les
zagaies.
MANDOUTS. f. m. Efpèce de ferpent qui fe trouve à
Madagafcar , &: qui a la groftcur du bras j ou de la
jambe. Il n'eft point venimeux.
MANDRAGORE, f f. Plante lans tiges, dont il y.a
deux efpèces. Mandragora. La première eft .appelée
Mandragora fruciu fubrotundo. C. Bauh. c'eft la
Mandragore mâle. Ses feuilles fortent immédiate-
ment de la racine , longues de plus d'un pied , plus
larges que la main en leur milieu j & étroites en
leurs bouts, lilfeSj de couleur verte brune , d'une
odeur délagréable. Il s'élève d'entre elles des pédi-
cules courts foutenant chacun une fleur faite en clo-
che, fendue ordinairement en cinq parties; un peu
velue , de couleur blanche , tirant lur le purpurin.
Lorfque la fleur eft palîée , il lui fuccède une petite
pomme ronde , grolfe comme une nèfle , charnue ,
de couleur jaune -verdàtre : elle contient quelques
lemences blanches qui ont fouvent la figure d'un
petit rein. Sa racine eft longue , grofte, blanchâtre,
fendue ou divilee en deux branches confidérables ,
entourées de filamens courts & menus comme des
poils , repréfcntant , quand elle eft entière , les par-
ties balles d'un homme -, ce qui l'a fait appeler p.ar
quelques-uns Antropomorphon : comme qui diroic
figure d'homme. La leconde efpèce eft appelée iV/.: ; -
dragora flore fubcceruho purpurafcente. C. Bauh. c'eft
la Mandragore femelle. Elledrftère de la précédente,
en ce que iz% feuilles font plus petites , plus étroi-
tes , plus ridées , plus noir-âtres , répandues à terre ,
d'une odeur forte ^ puante , en ce que fes fleurs
font bleues, tirant fur le purpurin ; en ce que fon
fruit eft plus petit & plus pale , rond , odorant , rem-
pli de lue, ^ contenant des femences plus petites
& plus noirâtres. Ces deux elpèces de Mandragore
font narcotiques , rafraichilïantes , ftupéfiantes , ré-
folutives. On a appelé la Mandragore , Mandegloire.
^3" Il n'y a guère de plantes dont on ait raconté plus
de propriétés & d'eftets merveilleux ; mais à la ré-
ferve de (a qualité foporativc , il n'y en a peut être
aucune que nos Botaniftes vouluilent aujourd'hui
garantir.
Ce mot vient du Grec fottS^xyifas ; il eft formé de.
fticii^(x , qui fignifie une érable , ou une de ces caver-
nes où l'on enferme les cochons à la camp.agne ; car
on prétend que les premiers qui ont connu la Man-
dragore , l'ont oblervée auprès de ces fones de lieux:
cependant il eft certain que notre Mandragore n'eft
pas celle des Anciens.
Il y a dans la province de Péking , une efpèce
M A N
de Mandruj^ore , qui cil; une racine dont une livre
vaut une livre d'argent ; car on dit qu'elle relHtue
tellement les efprits vitaux aux niorilionds , qu'ils
ont louvent ailes de temps pour le lervir d'autres
remèdes , pour recouvrer leur lancé. Les Chinois
l'appellent GinSfng. P^oje-^ ce mot. Un Million-
naire Jcluite l'a trouvée en Canada , & l'a appor-
tée en l'rance. On en a planté plulieurs pieds au
Jardin du Roi ; ils ont poulie un peu , puis ils (e
font fanés.
On contrefait les Mandragores avec la racine de
tbrionia j ou couleuvrée , qu'on taille en forme de
VMandragore. On la pique, ou on la larde avec des
l^rains d'avoine , puis on la met quinze jours dans
IJa terre. L'avoine qui germe s'y incorpore , tx la
fcouvre de petits poils qui achèvent la rellemblancc.
:s Charlatans , à la Foire Saint Germain , il y a peu
'd'années , en expofèrent uneainli faite par artifice ,
& abufèrenc de la crédulité du peuple, qui crut voir
une choie fort rare. Les Sorciers s'en fervent pour
faire leur prétendue 'main de gloire, l^cyc^ Main de
Gloire.
MANDRANELLE. Nom d'une ville de l'île de -là
le Gange. Mandranella. Elle ell fur la rivière de Pégu ,
environ à cent lieues au dellus de la ville de Pégu.
Elle eft capitale du petit Royaume de Mandranellc.
M AT Y.
fer Ai ANDRE, f. f. Ce mot dans les Ecrivains Ec-
clélialliques , fur-tout de l'Eglife d'Orient , iîgnilie
Monaftère , Couvent. On a appelé en Lacin Mandra,
non-feulement une caverne , un antre f ervant de re-
traite aux bêtes fauvages , mais encore le creux d'un
rocher où le retire un Solitaire. De-là Mandrita ,
Mandrite , Ermite , Solitaire, Moine. Les Solitaires
étoient logés dans des grottes , dans des creux de
rocher.
MAN'DRENAQUE. f f Efpèce de toile dont la trame
eft: de coton , &: la chaîne de fîl de palmier. Il s'en
fabiique quantité dans plufieurs des îles Philippines.
MANDRERIE. f. f. Terme de Vannier. C'eif cette
Partie du métier des Maures 'Vanniers, où l'on tra-
vaille aux gros ouvrages. Les deux autres font la
clôture ik. la failfene. f^oye^ ces mots.
MANDRIA. Nom d'une petite île environnée d'écucils ,
& délerte. Mandria , anciennement Miniya. Elle eft
dans l'Archipel , entre 1 île Samo & celle de Lango.
Elle dDnne le nom de mer de Mandria à la partie de
l'Archipel , qui eft à les environs , & que les Anciens
appelloient Mdre Myrtoum. Maty.
■MANDRIER. f". m. Vannier , qui fait des ouvrages de
mandrerie.
MANDRIN, f. m. Eft le principal outil d'un Tour-
neur , l'arbre qui tourne dans la lunette , au bout
duquel on monte , où on attache les pièces que l'on
veut tourner en l'air, & hors les pointes. Veruculum ,
■pugïunculus.
Ç^" On donne ce nom dans différens Arts&: Métiers ^ aux
pièces fur lefquelles font allujettis les ouvrages qui
ne peuvent être travaillés entre les pointes.
Mandrin , fe dit aullî de plufieurs poinçons qui fer-
vent aux Artifans à percer à froid ou à chaud le fer
ou les métaux fur lefqucls ils travaillent. Pugiunculus ,
veruculum. Il y en a de diverfes figures ; les uns en lo-
znige pourf-'.ire des grilles, les autres ronds , carrés,
ou en triangle.
Mandrin. Terme d'Horlogerie. C'eft un outil qui
donne fa forme à un trou dans lequel on le fiit entrer.
MANDSJADI. f m. Arbre Indien , qui porte des bali-
liques ^ dont la tfcur eft pentapétale &: en épi. Ses lili-
ques contiennent des fèves noueufes &c de couleur
d'écarlate. Cet arbre croît au Malabar. Il vit loo ans.
Les Payens font ulage de les feuilles réduites en pou-
dre dans leurs cérémonies religieufes. Ray. Hijîoire
Plant.
MANDUBIÉNS ( les ). M.indubji. Ancien peuple de la
Gaule , dont parle Jules Céfar. Bell. Gall. Lib. y.
Le pays qu'ils habitoicnt j eft aujourd'hui enclavé dans
le Diocèfe de Langres.
MANDUCABLE, adj. Mangeable ^ bon à manger. Peut-
M A N 789
être s'agit-il de quelque chofe de manducable. Mer^
CURE , Murs 1 7Jj.
MANDUCATION. f. f. aéfionde manger. On ne le die
guère qu'en f héologie , en parlant du myftère de 1 Lu-
charillie. Efus , manducatio. Les Catholiques croient
la manducation réelle du corps de Jlsus - Christ.
Les Calviniftes difciit que cette manducation n'eft
que par figure , en ce qu'elle fé fait feulement p.ir
la foi. L'opinion de Calvin conlifte à pofer une
manducation réelle du corps ( de J. C. ) (ans au-
cune prélence réelle du corps; ôc c'eft ainh qii il s'en
explique par tout ; ce qui lait une contradiction tiès-
formelle dans notre pcnfée , tk dans la volonté de
Dieu. l'ÉLissoN. Lifez les ouvrages de vos Docteurs
fur l'examen de vous mêmes. Voilà votre mandu-
cation fpirituelle déjà toute faite. Id, Il n'y a , fcloii
eux ( les Zuingliens ) , ni changement à la fubftance
du pain , ni préfence réelle , ni manducation réelle.
Id. Saint Auguftin , & les Théologiens à Ion exem-
ple , ont appelé par figure &: par métaphore la man-
ducation du Sacrement , accompagnée de la toi ,
manducation fpirituelle , feulement parce qu'elle ve-
noit enfuite d'une autre manducation non figurée ,
mais véritable &: réelle ; & lui donnoit toute la per-
fedtion ; tout fon fruit , toute fon utilité. Id. Nous
appelons cet aele de foi manducation , à l'exemple
de ce grand Saint ; mais il ne s'enfuit pas que les
Juifs , à qui N. S. parloir j pulfent & dullent jamais
entendre , que manger étoit penfer & croire , ou que
penfer & croire , fe pouvoit appeler manger. Id.
Ce que S. Auguftin a appelé manducation par figure ,
qui eft l'atiion de la foi , fur le fondement d'une man-
ducation réelle & orale, n'étoit point encore connu ,
quand N. S. parloir. Id.
IP" MANDUCUS. f.m. On donnoit ce nom chez les
Romains à certaines ligures ou marionnettes hidcu-
fes qu'on faifoit paroître dans les comédies , avec une
grande bouche ouverte & de longues dents, pour faire
rire les uns , & faire peur aux autres. Les mères en
faifoienc un épouventail pour les petits enfans. C'é-
toit la bête par qui on leur failoit appréhender d'être
mangés. Il y a long - temps qu'on a comivencé à
gâter l'efprit des enfans , en leur infpirant de v.rines
frayeurs.
M ANE AGE. f. m. Terme de Marine. Travail de main
que les M.itelots doivent à un Marcliand fans aucun
lalaire. Oj^ms manuale. Gratuitum minijlerium , opcra.
gratuita. Il conlifte à décharger le merrain , les plan-
ches , le poillon tant vett que fec ^ fans en démander
de falaire au Marchand.
Ce mot vient de celui de main ^ parce que ce tta-
vail fe fait avec les mains. Manu açere.
MANEDO , MAGNEDO. Village de la province d'en-
tre Duro (Se Minho , en Portugal. Magnetum. Il a
été une petite ville Epitcopale , dont l'Evêché a été
tranféré à Porto. Maty.
MANÉE. f^ f Vieux terme de Coutumes ; c'eft pro-
prement ce que la main peut contenir. Pugillus ,o\i
pugillum. Droit de mance de fel , eft un droit de pren-
dre une poignée de fel , ou une quantité à-peu près
égale fur chaque voiture de fel.
MANÈGE, f". m. Lieu propre & deftiné à manier & à
faire travailler les chevaux dans les Académies.
Equaria paUJlra , hippodromus. Dans un manège il
y a un terrain marqué pour les voltes autour d un
piHer , une carrière pour courre la bague , & à ccité
des piliets , entre lefquelson met les chevaux deftinés
aux airs relevés.
Manège , figrifie aulfi l'exercice du cheval , (S: la façon
particulière de le faire travailler. Ars domandi ecjuos
cquorum domitura , difciplina equeflris. Il y a plufieurs
fortes de manèges. Chaque cheval a fon manège par-
ticulier. Ce cheval n'eft pas encore drelfé à ce ma-
nège.
Ce mot vient de l'Italien maneggio. Quelques uns
difent à manu agendo. Ménage.
Manège par haut. C'eft la façon défaire tvavaillcr les
fauteurs , qui s'élevant plus haut que le terre à terre ,
manient à courbettes , à ctoupadeSj à baliotadcs. On
790 M A N
appelle ce manège autrement les airs relevés.
■Manège de guerre ■, eft le galop inégal dans lequel
le cheval change aifément de main en toutes les
occafions oii l'on en a befoin. Curfus campejlris , caf~
trcnfis.
Ce mot devient fort à la mode dans le figuré.
Agendï modus , ratio, dexteritas. Il le dit dans le di(-
"cours ordinaire , des façons de faire de certaines gens.
En parlantd'un Courti&n habile .. on dit qu'il entend
le manège. Le manège de la Cour de Rome ell difficile.
BouH. Il déiigne des manières d'agir adroites, & or-
dinairement artificieufes. Il y a quelques rencontres
dans kvie^jOÙ la vérité & la fimplicité font le meil-
leur wanè^e du monde. La Bruy. Êtes vous en laveur,
tout manège eft bon , vous ne faites point de fautes ,
tous les chemins vous mènent au terme. Id. On dit
aulll 5 il y a long temps que vous me promettez de me
payer , & n'en hiites rien lous divers prétextes ; je fuis
las de tous ces manèges.
Manège, fe dit aullî de l'art de manier les efprirs , &
de les conduire à fes vues ou à fes fins. Par exemple ,
on dit de Guillaume III , Prince d'Orange & Roi
d'Angleterre , appelé , on ne lait comment ni pour-
quoi, Jacques II , dans la continuation de l'hilloire
de M. -de Toiras , que la prudence conlommée dans le
manège des clprits , Ion expérience dans les affiiires
politiques , l'opinion que l'on avoir de la capacité mi-
litaire , &c. lui gagnèrent la confiance , Sec. Journ.
de Trévoux , Février I y ^6 .
MANÈQUE. f. m. Nom que les Hollandois donnent à
une elpèce de mulcade une fois auifi longue & un
peu plus grolle que la mulcade ordinaire. En France ,
on l'appelle mulcade mâle.
MANEQUIN. Foye-{ Mannequin.
MANEQUINAGE. f. m. En termes d'Achitefture j eft
la Sculpture qu'on emploie dans les édifices, y?////'-
tura. Nie.
JMANERE. f. m. Terme de Mytologie. Nom d'un faux
dieu desanciens Egyptiens. Manerus. Jullius PoUuxdit
que dans la Théologie Egyptienne , Manere étoit
l'inventeur de l'Agriculture , & le ditciple des Mules.
Foyei L. IF. c. /.§.ii. Voffius , de Mol. L. I. c.
j8. croit que ce Manere pourroit bien ctie le Man
des Germains j c'eft-à dire , félon lui , Adam.
|Cî" MANES, f. m. pi. Les anciens appeloient ainfi les
ombres, les âmes des morts, les âmes léparées des
corps. Mânes. Les Payens lailoient beaucoup de cé-
rémonies & de facrifices , pour appailer les mânes
de ceux qui n'avoient point eu de lépulture. Polixène
fut immolée aux mânes d'Achille. On s'en fert en-
core quelquefois dans le ftyle lublime &C dans la
Poëfie.
Mânes des grands Bourbons , brillans foudres de
guerre ,
X^ui fûtes & l'exemple & l'effroi de la terre ;
Et qu'un climat fécond en glorieux exploits _,
i*our lefoutient des Lys vit finir de fes Rois.
Corneille.
Et mes Mânes contens aux bords de l'onde Koire ,
Se feront de ta peur une agréable hifloire. Boil,
;0CF On dit poétiquement , troubler les mânes de quel-
qu'un, troubler les cendres, blefter la mémoire d'un
mort. Alicujus mânes Udere.
Les dieux Mânes étoient les dieux infernaux qui
tourmentoient les hommes. On leur faifoit des fa
,, orifices pour calmer leur indignation. La Théologie
des Payens eft fort incertaine fur ces dieux Mânes ;
car les uns tenoient que ces Mânes étoient les âmes
des morts , d'autres qrie c'étoient les Génies tute-
laires des hommes. Cette dernière opinion s'accorde
mieux avec i'étymologie du mot. Les Payens atta-
choient apparemment toutes ces idées aux AÎJnes :
enforte que ce mot fignihoit tantôt les âmes des dé-
funts j, Se tantôt les divinités infernales Se louter-
raines , iS,: généralement toutes les divinités qui
prtfidoicnt aux tombeaux, ^ojfj Lares &■ Larves.
MAN
On a encore employé le mot de Mânes pour dé-
figner les enfers en général , comme quand Virgile
dit , h£c Mancs veniet mihifamafub imos , c'eft à-dire ,
dans ces lieux louterrains où les amcs des hommes
le rendoient après leur mort , d'où les bonnes étoient
envoyées dans les Champs Elifées , Se les méchantes
dans le Tartare.
MANEVIEU. Foyei Ménelé.
MANEUVRE. Foye-^ Manœuvre.
MANFRÉDONIA. Ville Archiépifcopale , défendue
par une bonne citadelle Se htuée dans la Capitanate ,
province du Royaume de Naples , près des ruines
de Syponte , à l'Archevêché de laquelle elle a fuc-
cédé. Manfredonia. Elle a un bon port, fur le golfe
de Manfredonia , qui eft le Sipontinus Jinus des An-
ciens. Maty.
Manfredonia a pris ce nom de Mainfroi , Roi de
Napies , fils de l'Empereur Frédéric IL
MANFROY. Foyei Puymanfroy.
MANGAj ou MANGAS. f. m. Arbre grand &rameux
qui croît en pluiieurs provinces des Indes Orientales.
Il y en a de deux efpèces , l'un eft domcftique Se
cultivé &: l'autre eft fauvage. Le Mangas domeftique
a les feuilles longues Se larges , il porte un fruit
plus gros qu'un œuf d'oie , pelant en certains lieux
julqu'à Jeux livres , Se même davantage : on en trouve
de diverfes couleurs fur un même arbre , les uns
d'un vert gai, les autres d'un vert tirant fur le rouge,
les autres jaunes, tous d'un très bon goût, doux &
fivûureux j d'une odeur agréable. Les Indiens en man-
gent de cru , 6c ils en confifent : ce fruit contient
un noyau un peu long , de la grolfeur d'un gland ,
amer étant cru , couvert d'une pelure blanche , &
d'une coque tort dure , qui eft remplie au-dellus de
bourre, ou de fibres, qui vont de long Se de tra-
vers. Il fe trouve une efpèce de ce fruit qui n'a
point de noyau. Se qui eft d'un très bon goût. Le
noyau du manga- étant rôti eft employé pour arrêter
les cours de ventre , Se pour tuer les vers ; on le
prend par la bouche. Le manga lauvage eft plus pe-
tit que le domeftique : fes feuilles font plus courtes
Se plus épailles : Ion fruit eft gros comme un coin ,
d'un vert clair Se un peu refplendillànt i il jette un
lue laiteux & a fort peu de chair ; car fon noyaa
dur &: cartilagineux , n'eft que couvert d'une grolîe
écorce. On appelle ce fruit mangas bravas; il eft
extrêmement venimeux. Se l'on dit que ceux qui
en mangent , meurent fur le champ.
Manga , ou Mangua. Se dit aullî d'un autre arbre
qui vient aux Indes Occidentales , Se qu'on appelle
autrement Mangle j ou Mangue , ou Paretuvier. '
Vovez Mance.
MAN'gAIBA. f. m. Grand & bel arbre du Brelîl, dont
dont parle Pilon. Il fe multiplie tellement , qu'il
remplit des forêts. Il eft grand comm.e un de nos
pruniers , & il porte beaucoup de fruit. Ses feuilles
font petites, oblongues, dures, rangées l'une vis-à-
vis de l'autre , fur une branche qui en porte plu-
fieurs. Elles font d'un beau vert , marquées dans '
leur longueur de pluiieurs lignes parallèles très me-
nues. Ses rieurs font petites, blanches , fort odo-
rantes & en étoile , comme celles du Jalmin. Son
fruit eft rondj reflemblant à un abricot &: bon à
manger , de couleur dorée quand il eft au loleil , Se.
marqueté de taches rouges. Il eft couvert d'une peau
très tiéliée , Se contient une pulpe moelleufe , fon-
dante dans la bouche , fucculente, laiteule , d'un
goût délicieux. Se cinq ou lix petites pierres. Il ne
mûrit que lorlqu'il eft tombé de l'arbre. On le cul-
tive dans les terres graires Se humides. Son fruit
cueilli fur l'arbre avant la maturité , a un goût ftip-
tique & très amer , Se eft aftcingent ; mais quand il
eft mûr, il humedle & rahaichit les entrailles, ap-
paife l'ardeur de la fièvre , Se lâche le ventre.
A1ANGAI-IS. f. m. Petit poids des Ind.-s Orientales,
qui pefc environ cinq grains. On ne s'en fert que
pour pefer les diamans-, les énieraudes Se les autres
pierres fe pefant par caris de trois grains chacun. Le
Mangaics eft différent du raangelin.
M A N
MANGALOR , ou MANGUELOR. Nom de la prcf-
qu'îlc de l'Inde deçà le G.inge. Mangaloru. Elle e(t
litucc (ur la côte du pays de Canaia , ôc clic a un
bon port , & une bonnnc citadelle. On conjefture
que c'crt la ville que les Anciens nommoient Mo~
noglojjum , ou celle de ALiiidagora. Matv.
MAi^JGAN. r. m. Nom d une ancienne machine de
guerre. Mangarium. Ce nom lîgnitioit en général une
machine, comme dit Hclychius ; mais ou l'appli-
quoit en particulier à la plus forte & à la plus vio-
lente des machines de guerre , qui lançoit des pierres
d'une grolleur extraordinaire, & des catapultes nicmcSj
des cadavres d'hommes j de chevaux , &c. & qui por-
toit plus loin que toutes les autres machines. Si on
l'appeloit fronde, funda , ce ii'cll pas que ce fût
une fronde ou un inftrumcnt fcmblable à la fronde ;
mais parce qu'elle jettoit des traits , des fardeaux ,
à fundaido. On la nommoit auili balifte j parce
qu'elle lançoit , de /Si^ia ; Tormentum à torqucn-
do , pour la même raifon , Petraria , c'eft à dire ,
Pierrier j parce qu'elle lançoit des pierres. Le mangan
avoit quelquefois tant de force , qu'il jettoit des
pierres de 360. liv. Il fervoit également à la défenfe
& à l'attaque des villes , & on l'employoit même
fur mer. On dit qu'on conferve un mangan à Bâie.
t^oyci Jufte Lipfe , Poliorcet. L. III. dial. j. & le
ClojJ'. Arch&ol. de Spclman.
MANGANELLE. f. f. Efpcce de machine de guerre
dont on fe fervoit autrefois. Voye\ Mangonneau.
MANGANÈSE. Terme de Minéralogie. Eft une terre
minérale qui eft obfcure comme le fer. Magancfia.
On n'en fauroit tirer aucun métal , mais accompa-
gnée , elle donne une fort belle couleur au verre ,
& la mettant dans du verre fondu , elle le purge &
flic devenir blanc , encore qu'il loit vert , ou jaune j
& au grand feu elle s'évapore comme le plomb.
BiBiNGUCcio. La manganèfe préparée par la calcina-
tioii , eft comme une poudre noirâtre. Si on en met
beaucoup dans le padelin , c'eft à-dire , le pot où l'on
fait fondre la matière du verre , il fera d'un rouge
de pourpre.
^CF On dit aulfi Magalaife , Magnéfie «Se Magnéfe. Mag-
rtefia. Cette fubftance minérale ne lert que dans les
verreries pour nettoyer le verre, &: le dégager de
la couleur verte qui lui eft très-ordinaire.
MANGARE. Petite île de la mer des Indes auprès des
îles de Jura & de Madura.
MANGARZAHOC. f. m. Efpèce d'âne fauvagede l'île
de Mad.igafcar. Il eft beaucoup plus gros que les ânes
ordinaires.
MANGAS. Foyei MangA.
^lANGATE. Nom d'une ville de la prcfqu'île de l'Inde
deçà le Gange. Mangata. Elle eft dans le Malabar
près du Canara , & des montagnes de Gâte , &
elle eft capitale d'un Royaume dépendant du Roi
de Calécut. Maty.
MANGÉ, EÉ. parc. Voye:^ le verbe.
MANGEABLE, adj. m. Ce qui eft propre à fervir d'a-
liment aux animaux. Edulis; vefcus , efculentus. Cet
homme mange , s'accommode de tout ce qui eft
mangeable. On dit des fruits qui ne font pas murs ,
du pain trop dur & des viandes mal aprccées , qu'ils
ne lonc pas mangeables.
ÇCr MANGEAILLE. f. f. Ce que l'on donne à mai'.ger
à quelques animaux domeftiques , aux oifeaux. Efca,
cibus. Il faut piéparer de la mangeaille pour ce per-
roquet, pour ce roflignol. Ces ferins n'ont plus de
mangeaille dans leur auge.
§3" On le dit en ftyle populaire de ce que mangent
les hommes. Ainfi l'on dit qu'un homme aime la
mangeaille , c'eft-à-dire , à manger , à_ être à table.
Monfieur at il invité les genspourlesallallineràforce
de mangeaille î Mol.
MANGEANT, ANTE. adj. Qui mange. Edens , co-
medens. Il a fix enfans qui fe portent bien j tous
bien buvans & bien mangeons. Elle fe porte bien ,
je l'ai laifle bien buvante & bien mangeante.
MANGELIN. f. m. Terme de commerce. Poids dont
on fe fert pour pefer les diamans aux mines de Raol-
M A N 791
conda & de Gavi , autrement Coulour?. Le man"elin
de ces deux mines pefe un carat ce trois qu.ut's de
carat , c'eft à due , fept grains. Il y a aulli dans les
Royaumes de Gonconcla Hc de Vifapocu des man-
gelins qui pèlent un carat &: trois huitièmes de carati
MANGEOIRE, f. f. Crèche, auge des chevaux, qui
eft appliquée lous le r.uclier où l'on mec l'avoine ,
le fon, ou autre choie qu'on leur donne à leur or-
dinaire. Pr&jcpe. La profondeur de la mangeoire s'ap-
pelle enfoncure , & le bord , devanture. Alexandre
commanda qu'on fit les mangeoires des chevaux plus
hautes qu'à l'ordinaire. Vaug. C'eft un vice aux
chevaux de mordre leur mangeoire , qu'on appelle
le Tic.
On die figurémenc & proverbialement j qu'un
homme tourne le cul à la mangeoire , pour dire
qu'il fait tout le contraire de ce qu'il devroit faire.
Il y a quelques années qu'un homme gagna bien de
l'argent à la foire Saint Germain , à très-peu de frais*
Il avoit affiché qu'il avoit un cheval qui avoit la
tête où il devoir avoit la queue. Bien des gens cu-
rieux de voir cette efpèce de monftre , y accoururent,
& donnèrent leur argent. L'homme les mena dans
fon écurie , où il leur fit voir un cheval qu'il avoit
fait attacher à la mangeoire par la queue : les plus
figes n'en firent que rire , &c furent bien aifes que
d'autres qu'eux y fullent attrapés, Ainfi ils ne s'ea
vantèrent point , &: cela dura quelque temps.
MANGER, v. a. Prendre des alimens folides pour le
nourrir. C'eft les mètre dans la bouche, les mâcher,
les avaler 6c les digérer. Voyez majlication , déglu-
tition , digejlion. Mandere , manducare , edere. Il
n'eft point dégoûté , il mange tout ce qui eft bon
à manger. On ne mange pas de chair les Vendredis &C
les Samedis , ni en Carême. C'eft un pauvre homme
qui ne mange que du pain (?c du fromage. L'aufté-
rite de ces Religieux vajufqu'à ne mander que pour
la faim : ils s'arrêtent à la nécellité ^ lans aller juf-
qu'au plaifir. Fl. Les Cordeliers ont longtemps fou-
tenu qu'ils n'avoient pas la propriété du pain qu'ils
mangeoienc. N. S. dit en termes exprès qu'il donnera
fa chair à manger, & fon laiig à boire. Manger &c
boire , font des termes que l'on n'entend que de
la bouche du corps dans l'ufagc commun. Pe-
nssoN. §3" Les chevaux mangent du foin & de
l'avoine. Le loup mange la brebis. Les chenilles
mangent les fn^its. Les rats mangent les grains. Les
oifeaux mangent les moucherons. Nos corps font
mangés des vers dans les tombeaux.
Manger fe dit aulli abfolument & fans l'égime. Il
n'a mangé d'aujourd'hui. Il mange comme un chancre.
Salle à manger. Cœnatio , cœnaculum.
Manger , lignifie aulîi , faire un repas , prendre fes
repas. Edere , comedere j vefci. Les moines réguliers
mangent en commun. Manger feul , c'eft manger
comme les lions & les loups ; manger avec des in-
connus , ce n'eft que cérémonies ; manger avec des
importuns , le repas eft un fupplice ; li bien qu'il
faut plus prendre garde avec qui Ion mange ,
qu'à ce que l'on mange. S. EvR. Ce Seigneur ne
veut pas qu'aucun skçfes gens mange avec lui à fa
table. Il a table oMerte , & donne à manger fort
proprement ; beaucoup d'honnêtes gens vont manger
chez lui. Cet homme mange à l'auberge , il mange
où il fe trouve , où il peut.
Manger , fe dit auffi du bien que l'on confume ,
^ & fe dit ordinairement en mauvaife part de
ceux qui le diffîpent en débauches ou en folles dé-
penfes. Abligurire , abfumere , conficcre. Cet homme
a mangé ç\m d'or qu'il n'eft gros; il a mangé tout
fon bien en folles dépenfes. Il a mangé fon fait à
plaider , à bâtir , à répondre pour autrui. Il a mangé
tout fon patrimoine , fes terres , fes rentes.
Paul vend fa maifon de Saint Clou «
A fes Créanciers engagée.
Il dit que e'eji qu'il en eft faoul :
Je le crois ; car il l'd mangée. Furetiere.
«Kr On dit figurément de quelqu'un , que fes chiens.
79^
M A N
fes valets , fcs m.iitredes le mangent > le ruinent.
Les Procureurs mangent leurs parties , les confumcnt
en frais. J'admire le train de la vie humaine ; nous
plumons une coquette, la coquette ^«/2^« un homme
d'atlaires.
Manger , fe dit par extenfion de plufîeurs chofes
qui rongent, corrodent, détruifent, font dépérir
quelque chofe. Le temps mange & détruit tout.
Tempus edax rerum. La lime tic la rouille mangent
le ter , le cuivre. L'eau forte mange l'argent , le
diirout. L'eau régale mange l'or:. La ligne, les vers,
mangent les draps, les étoffes. Le grand air mange
les couleurs. Les grofles ufures mangent le gage. Les
poudres cauftiques mangent les chairs. Le cancer j
la vérole le mangent. La rivière mange fes bords. Il
y a des gens qui croient que la lune mange les pierres.
On dit auiîl , qu'une planche , une écriture font man
gées j pour dire , qu'elles font ufées , eilacccs , qu'il
n'y paroît plus rien. On dit en termes de lucrerie ,
donner à manger à un moulin , pour dire , lui four-
nir des cannes pour en exprimer le lue , &: les
faire palier entre les trois tambours deftinés à cet
ufage.
Manger. On fe fert encore de ce terme en matière
de jeux de cartes, à l'égard àcs triomphes fupé-
rieures qui emportent les inférieures. Il fe dit prin-
cipalement au jeu de l'impériale, où l'on mange les
cartes marquantes de fon Adverlaire , lorfqu'on en
joue de fupérieures qui les emportent. Alors on
inarque non-feulement les fiennes , mais encore
celles de la partie qu'on a mangée. On mange auilî
quelquefois des as au Piquet , lorfque pour faire la
dernière main qui vaut le double des autres , de
deux cartes qui relient on joue la plus balle , pour
garder l'as , croyant que la Partie a deux cartes de
la même couleur, & qu'on s'ed trompé, car alors
la Partie mange votre as.
JvÏANGER , fe dit aufh pour confumer beaucoup. Con-
fumtre , ahfumere. Une forge mange bien du charbon.
De h larges fondemens mangent bien du moellon , du
mortier. Ces légumes mangznt bien du beurre , il en
faut beaucoup pour les apprêter.
On dit fur mer , qu'un Timonier a mangé le fa
ble , lorfqu'il a prelié l'horloge de pafler , ou qu'il
l'a tournée avant que le lable lut tout pallé. Que la
huic a mangé , ou qu'elle mangera, pour dire ,
qu'elle dillipera les nuages. Qu'on eft mangé de la
mer, ou par la mer, pour dire qu'elle eft extrêmement
agitée, qu'on en eft fort tourmenté.
On dit qu'un cheval mange le chemin , quand il
avance beaucoup.
Manger , fe dit ligurément -, pour dire. Regarder at
tentivement , avec palîion , avec amour &c tendrelle.
Avïdè afpicere , ïntuerï. Ces deux Amans fe man-
gent des yeux. Ces amis fe font retrouvésj & fe font
mangés de carelles , fe font faits de grandes carelies.
On dit d'un enfant joli , beau , qu'il eft joli à
manger.
Une Dame parlant d'un jeune homme beau & bien
fait , Il eft , dit elle , joli à manger ; je penfii lui de
mander à qu'elle faulfe elle vouloir le mettre. Mots
à la mode. ^
On dit aulE , pour 'marquer une grande colère.
Manger quelqu'un , c'eft à-dire , le gronder , le
quereller violemment. Torvis oculis afptccre . durius
increpare. Ces gens fe font querellés, & ont failli à
ie. manger; i\s Ce mantjfroieru' le blanr àes yeux. Si
cc-^ homme avoit fiit une affaire lans fa femme , elle
le mangerait.
En quel Jiècle fuis je venu ?
L'on fe déchire j l'o:i fe mange. GoN.
Quand on veut marquer qu'on eft excclîîvement en
colère contre quelqu'un , o:> dit qu'on lui mangerait
le cœur, fi on le tenoit. C'cft ce que les Sauvages,
& fur-tout les Iroquois , font h la lettre , ils man-
gent le cœur des captifs , qu'ils font mourir. Toutes
CCS exprelBons figurées font du ftyle familier.
MAN'
On dit à un homme qu'on le mangerait avec un
grain de lel, quand on lui veut marquer qu'on le
croit plus foibie que loi. Il eft bas.
Manger , en termes de grammaire , fignifie j faire
une clilion , ne pas prononcer quelque lettre. Eli-
dcre , intereidere. En François le féminin in mange
devant une voyelle. En fcandant le vers Latin , tou-
tes les voyelles , & \'m aulh fe mangent devant une
autre voyelle, /^oye^ Elision,
En ce lens , on dit qu'un homme mange la moi-
tié de fes mots j quand il n'en prononce pas diftinc-
renient toutes ks lyllabes. Quelques Chanoines man-
gent la moitié de leur Office en le difant. On dit
d'une femme en travail , qu'elle mange fes douleursi
pour dire , qu'elle s empêche de crier.
Manger , fe dit proverbialement en ces phrafes. Cet
enfant a mangé fon pain blanc le premier ; pour di-
re , il a été traité plus délicatement en fa jcunelîe ,
ou que le commencement de fa vie a été plus heu-
reux que la (uite. On. dit au contraire , qu'on a
mangé de la vache enragée; pour dire, qu'on a beau-
coup p.ui , qu'on a appiis à travailler , à être fage,
Ow dit auliî , qu'un homme mange Ion bled en
vert ; pour dire , qu'il mange fon revenu avant qu'il
foit échu. On dit encore : Pauvres gens vivent de
ce qu'ils mangent ; pour dire , qu'ils ne font pas
grande chère , ou que chacun fait la figure qu'il
peut dans le monde.
On dit aulîî , Sa part eft mangée ; pour dire , Il
ne peut plus rien efpérer de cette artaire , de cette
prétention. On dit auffi j Voilà ce que les rats n'ont
pas mangé , quand on produit quelque chofe qu'on
gardoit fécretement. On dit auili , qui fe fait bre-
bis , le loup le mange ; pour dire , qu'on n'eft pas
fitôt attaqué, quand on témoigne qu'on fait le dé-
fendre. On dit aullî , qu'un homme lait bien fon
pain manger ; pour dire qu'il entend bien les inté-
rêts, qu'il fait bien fe tirer d'affaire. On dit aullî
que la guerre eft bien forte , quand les loups, fe
mangent les uns les autres r ce qui fe dit au figuré ,
quand des gens de même profellion fe plaident , fe
déchirent, fe détruifent les uns les auttes.
On dit aulfi, que l'appétit vient en mangeant , tant
au propre qu'au figuré \ pour dire , que l'ambition
& l'avance croiffent toujours. f^oye\ l'origine de
ce proverbe à Appétit. On dit aullî ironiquement
d'un demi lavant , il eft lavant jufquaux dents , il
a mangé fon Bréviaire. On dit auili , A petit manger
bien boire. On dit encore d'un homme & d'une
femme qui ont même habitation ,
Boire & manger, coucher enfcmble,
C'eft mariage ce me femhle.
On dit aulîi , des papiers & autres chofes inutiles
qu'on garde , Cela ne mange point de pain. On dit
aullî , que les gros poilfons mangent les petits ; pour
dire , que les puilFans oppriment iSc pillent les foi-
bles. Régnier a dit ,
3à tout apprivoifé je mangeois fur le poing.
C'eft-à-dire , Je vivois familièrement. C'eft une me-;
taphore rirée des oileaux qu'on apprivoifé.
Et bien que nos dîneurs mangealTent en Sergens ,
La viande pourtant ne priait point les gens.
Régnier.
On dit qu'une perfonnc mange comme un chancre;
pour dire , qu'elle mange beaucoup. Brebis bien
comptées le loup les mange, c'eft apparemment ce
qu'ont dit les Latins , Numerum non curât lupus. Il
ne fuffit pas de les avoir comptées, il faut les
garder.
Ce mot vient du Latin manière , ou manducare.
Manger, f. m. Met^ , alimens dont on f; nourrit.
Cibus , Efca. Le nedar eft le breuvage des dieux ,
& leur manger l'ambroilie. Abl. Cet oifeau eit un \
manger |
M A N
man<;er délicieux , uti man<;er dclicat. On dit f.imi-
lit-ifinciit d'un hoiniuc qui s'occupe cntiètciiicnc d'une
cliolc, qu'il en perd le boire d" le manger. Blanc
manger. Garde manger. Voyez à leur ordre.
MANGEKIE. f. f. ^ Aelion de manger. Ce terme
ii'cii: prclque point d'ulage au propre, que dans cette
phra(e , relever mangerie , recommencer à manger.
Il ell populaire. Au figuré on le dit des frais de
chic.iiie qui ruinent les Plaideurs , des exadtions
par lefqueiles on ruine les pauvres gens, l'^cxatio j
exaclio. Les mangerïes du Palais font effroyables.
On invente tous les jours de nouvelles mangerïes.
Il cft familier.
MANGEUR , EUSE. f. m. & f. Qui mange beaucoup.
On le joint ordinairement avec une épithète. C'cll
un grand mangeur. Edo , edax , comcdo , homo
mulù cihï.
Mangeur , fe dit figurément & populairement de ceux
qui font des concullions & exadtions. On appeloit
autrefois mangeurs , les Sergens , ou OtKciers , qui
éfoicnt envoyés en garnilon pour contraindre un
débiteur au paiement de Ion dû , ou à (ouftrir l'exé-
cution de quelque arrêt , ou ordre de Jullice , les-
quels vivoient aux dépens du débiteur : ce qui a été
aboli par le Roi Philippe W. en l'an 1304. & par
les Rois qui l'ont (uivi. On n'envoie plus de gens
en garnifon que pour les contraindre au paiement
des deniers royaux.
On appelle proverbialement Se populairement les
gens de chicane , des mangeurs de Chrétiens ; un
Fanfaron , un mangeur de charettes ferrées , un
- ri
mangeur àt petits entans ; & un fainéant, un man-
geur de viandes apprêtées ; un Bigot , un mangeur
de crucifix , un mangeur d'images ; un homme il:u-
dieux , & d'une grande lecîture , un mangeur de li-
vres , helluo lïhrorum.
AIANGEURE. f. f. prononcez manjure. Endroit man-
gé rongé dans un drap , dans une étofte. On le dit
des vers j des fouris & mangeure de vers , mangeure
de fouris.
AIangeure , en termes de Chalïe , fe dit aulîl de la
, paillon du (anglicr. Apri pajlio ,pabulatio. A l'égard
de celle du cerf, on dit viandis.
MANGH-CHUN. f. m. Terme de Calendrier. Nom
d'un des 24 mois de l'année lolaire des Chinois; il
répond à la première partie du mois de Juillet. Le
mot de mang chun veut dire femence des herbes ,
le mois de Juillet eft le temps où la plupart des her-
bes ont des icmences.
MANGHISL Nom d'une petite prefqu'ile de la Sicile.
Manggijïa peninjula , anciennement Tapfus ,Thap-
fus. Elle eft fur li côte orientale de la vallée de No-
to , entre Siracufe & Ahufta. Maty.
MANGL Contrée de l'Afie, à l'extrémité orientale du
Continent à la partie méridionale de la Chine.
MANGLE , ou M aNGUE. f. m. C'eft un des princi-
paux arbres qui naillent communément dans les In-
des occidentales. Il croît dans des lieux marécageux,
fur le rivage de la mer , «Se le long des rivières &
des torrens qui entrent dans la mer. Ses feuilles
font femblables aux grandes feuilles du poirier , mais
elles font un peu plus épailles & plus longues. Ses
Heurs font plus petites , contenues en des calices
oblongs. Il porte des goulles qui ont la longueur
d'un demi-pied, ou davantage j grolles comme les
bâtons de caffes , brunes , remplies d'une pulpe fem-
blable à la moelle des os , d'un goût amer. Les In-
diens en mangent faute d'autre nourriture , & ils
difent que c'eft un. aliment fain. Sa racine eft molle
& humide. Son bois eft (olide &c pefant , il lert
pour les bàtimens, & pour faire des meubles, &
du charbon. La manière dont le mangle croît eft ad-
mirable ; caries rameaux , après s'être élevés & éten-
dus , fe courbent jufqu'à terre , où ils prennent ra-
cine , & croillent de nouveau en arbres aulfi gros
que celui d'où ils fortent. Rochefort & du Tertre
l'appellent Paretuvier. Il y a quelqu'autre clpcce de
mangle. Cet arbre eft fort commun dans les îles de
l'Amérique , & même dans la Terre-ferme, On n'en
Fome y.
M A N 793
fiuroit déterminer la grandeur ; on en voit pouitant
en quelques endroits d'aulii hauts que les noyers
d'Europe , mais ils (ont prelquc tous bas , à caufe
du grand nombre de branches par lefqueiles ils fc
jirovignent , en forte qu'un fcul arbre eft capable
d'occuper une longue traite de côte de mer, ou de
rivière, & quil eft bien dilKcile de difcerncr la pre-
mière , ou mère tige. Le bois de ces arbres eft cou-
vert d'une double écorce , l'extérieure eft allez min-
ce , cendrée , ik. toute gerlée par des fentes qui for-
ment des lames carrées , ou barlongues. L'écorce
intérieure eft allez épaille , un peu moins rouge que
le bois , &c très propre pour teindre les filets des Pê-
cheurs.
Les arbres ont leur racine hors de terre fort éle-
vée , &c quelquefois de plulieurs pieds , de forte que
le tronc de l'arbre cft entre les branches &: les
racines. Ils font tellement entrelacés par leurs raci-
nes les uns dans les autres, que l'on pourroit faire
quelquefois plus de dix lieues fur ces arbres fans met-
tre pied à terre. Il y a des Indiens dans certains en-
droits de l'Amérique , qui bàttlFcnt des maifons del"
lus. On voit fouvcnt des branches de ces arbres fl
avancées dans la iner , qu'il s'y amalfe des rochers
d'huîtres. Les jeunes branches ont leur extrémité
chargée de plufieurs feuilles , ovales , longues
d'environ trois pouces, larges de près de deux , &
épaiftes comme les feuilles du pourpier ; mais plus
fermes &: plus lolides , ayant le delfous vert clair,
relevé d'une leule nervure blanchâtre , & tout pi-
queté de petites pointes rouges comme du carmin;
le delfus eft uni Se poli , & comme rayé par de
petites côtes internes. Ses Heurs naiirentdeux à deux
parmi toutes ces feuilles. Elles rellemblent à de
petits lits divifés en quatre parties très blanches, qui
iortent du fond d'un calice vert jdivifé aufti en qua-
tre parties pointues. Le fond de ce calice eft occu-
pé aulli par un petit piftil enflé & entouré de quel-
ques petites étamines. Ce piftil devient enf'uite un
fruit fait en fufeau pendant , pointu , long d'environ
un pied , Se gros comme le petit doigt en fa partie
la plus enllée. Il eft tout parfemé de petites puftu-
les, & tout vert-brun , excepté l'extrémité d'en-
bas , qui eft rouge foncé , l'extrémité d'en-haut eft
enfoncée dans une tête femblable à une petite poire
charnue grife & couronnée de quatre pointes rele-
vées en haut. Ce bout , enfermé dans cette poire ,
reiremble à un gland tendre un peu rouge j ou jau-
ne , tk couvert d'un bonnet pointu , jaunâtre, ou
blanc.
Chaque fufeau eft couvert d'une pellicule fort dé-
liée Se eft tout rempli d'une pulpe compofée de très-
petites fibres très-courtes Se fort condenfécs. Ces
fufeaux étant mûrs , ils fe détachent de leur tête en
poire , & tombant droit dans la terre , ils s'y plan-
tent & ils y prennent racine , & les feuilles com-
mencent à iortir par la petite glande jaune. Ce n'eft.
pas feulement par ce moyen que cet arbre fe mul-
tiplie , c'eft encore par de certaines branches fem-
blables à des bâtons très unis , ronds , & fans nœuds ,
de même que des baguettes. Ces bâtons ont environ
iix à fépt ou huit pieds de long , ils n'ont pas plus
de dix lignes d'épailfcur. Ils fc fourchent trois ou
quatre fois jufqu'à ce qu'ils aient atteint la terre ,
où ils pouffent des racines très-blanches, longues d'en-
viron un pied , Se aufti épailles que des plumes à
écrire , ces bâtons font tous moelleux , de même
que nos fureaux. Les Cara'ibes en ôtent la moelle
& en compof'ent des flûtes , qu'ils joignent deux
enfemble , n'y faifant que deux trous à chacune eu
bas, vis-à-vis les uns des autres. On voit en plu-
fieurs endroits le bas de ces arbres , c'eft à-dire , la
partie du tronc & des branches , où l'eau de la mer
atteint , tout couvert de très bonnes huîtres noires ,
mais plus petites que celles d'Europe. On appelle-
ces arbres non feulement mangles , mais encore
parétuvïers , Se parelivîers rouges , pour les diftin-
guer de certains autres arbres à- peu près de même
port (\nç>i\i^';^d\t parétuyiers blancs i PïConL.JF^-
H 11 h h h
794 M A N
chap. LXXXni. appelle cet arbre Guaparlaha.
Il dk que fa racine Fendue, rôtie, & appliquée fur
la piqu-ire d'un poilîon qu'il appelle Niqui ( & qui
peut être une elpcce de fcorpius marmus ) en appaif e
la douleur , quoique d'abord ce remède lemble
irriter la partie bleilée. Il faut auparavant avoir fca-
riiîé ou élargi la piquûre. P. Plumier.
MANGI.IER. f. m. qui fe du auili pour MANGLE,
Les Mangliers font des arbres fort communs à la
côte occidentale de la Caftille d'or. Ils croilfent au
bord de la mer , tk dans la mer même. Leurs bran-
ches tombent à terre & au fond de la mer , &
quand elles y touchent, elles y reprennent racine,
& fe multiplient cSc s'entrelacent en cette manière.
II y a dans la Terre ferme des Indes orientales des
arbres qui fe multiplient de même , & Quinte-
Curce en fait mention. Le premier Archevêque de
Lima rebâtit l'Églife ruinée ^ & la couvrit de man-
gliers. Frezihr , p. 2 0 j.
La côte àts Mangliers , ou des Manglares. Ceft
une côte de la Caftille d'or, fur la mer du Sud , où
il croit beaucoup de ces arbres. Elle ell entre la
Ligne & Panama.
La pointe des Mangliers j ou la Punta dfs Mangla-
res , eft un cap de l'Amérique méridionale, fur la
mer du Sud, dans le Gouvernement du Popayan ,
aux contins du Pérou.
MANGONNE. f. f. Maqiiignone , fripière. C eft l'ex-
plication de Gotgrave , qui auroit pu ajouter ma-
querelle. Obfervez ces deux piédellal (piedeftaux)
fur lelquels font polces deux vieilles Mangon-
nesj ( tenant j tenantes en main leurs lanternes , &
portant au nez doubles lunettes , pour mieux
conlidérer ceux qui entrent Se iortent. Nouvelles des
Régions de La Lune , p. 26 p. du l To. de la Sat.
Mon. in S°. ^3' Mango fignifie un Marchand d'ef-
claves , un corrupteur de jeunelle , fripier , ma-
quignon , courtier.
MANGONEAU. f. m. Il y a de nos vieux Auteurs
qui diicnt Mangonniau. Pomei die Mangonelle , 1. f.
& Monct dit Mangoneau & Mangonelle. Vieux mot
qui fe difoit autrel-ois des traits &c des pierres qui
fe jetroicnt dans les villes alliégées par le moyen des
Baliftesj &: autres machines, avant l'invention de
l'artillerie. Balifla.
Méiwge dit que ce mot vient du Grec «âyfa»»» , qui
fignitie machine , du nom de l'inftrument qui fervoit
aies jetttr. Cette machine tire ion origine des Phé-
niciens , fclon Bocnart , & étoit une elpèce de
fronde. Ce mot s'appliquoit tant à la machine, qu'aux
pierres qui étoient lancées par Ion moyen. On le
trouve fouvcnt dans les Hiftoriens.
Ip- MANGOREIRA. f. m. Arbrilleau de l'Indoftan.
Efpècc de jafmin à fleurs blanches , qu'on nomme
Mangorius ^ d'une odeur plus douce que celle du
jafmin. Les Heurs du Mangoreira om un autre avan-
tage lur celles du jafmin , c'eft qu'elles (ont compo-
fées de plus de cinquante feuilles ou pétales.
MANGOSTAN & MANGOUSTAN, f. m. Fruit cx-
rrêraement eftimé qui vient en l'île de Java , aux en-
virons de Bantam. Il eft très rond , & gros comme
une petite orange. Son écorce eft grife j ou quel-
quefois d'un vert obfcur , iemblable à celle de la
grenade j un peu amère. Cette écorce eft ep.nlfc
d'un ligne, & rouge en dedans avec des petits fila
mens jaunes. Elle eft couronnée de petits rayons de
répailfeur d'une demi ligne , ronde par le bout , &
qui fe réunillent en pointe. Sa chair eft blanche j
fort molle , allez femblable à celle de l'orange, d'un
goîir doux &c fort agréable , &c approchant de celui
des fraifes. Elle eft diviféc en pluficurs lobes qu'on
peut féparer les uns des autres , comme ceux dçs
oranges , quoiqu'ils ne foient pas enveloppés de
pellicules. Il y a autant de lobes que de rayons à la
couronne, oïdinairement fix ou fept. On trouve dans
les plus gros mangoujlans une amande verte en de
hors & blanche en dedans , allez inlipide ; ce qui
fait qu'on la rejette ordinairement ; dans les plus
petits te n'cft qu'un germe fort teudte qui fe mange
M A N^
avec le refte. Ce fruit eft rafraîchiffant , & ne fait
aucun mal , quelque quantité qu'on en mange. Ceux
qui ne lont pas laits a l'odeur du Durion , donnent
au mangouftan le premier rang parmi les fruits des
Indes , c'elt en etict un des plus délicats. On fait
de la décoftion de Ion écorce une tifane aftrin-
gente , fort bonne pour la dylfenterie & le flux de
lang.
Le mangouftan eft excellent ; mais il donne le flux
de ventre j quand on en mange beaucoup. Il eft
dans une manière de coque , qui , cuite au teu , ref-
ferre , & guérit le devoiement. Abbé de Choisi ,
Journal du voyage de Siam.
L'arbre qui porte le mangouftan , eft grand Se
touffu. Il a les feuilles longues de fix à fept pou-
ces , larges de deux , d'un beau vert : outre les
fibres J qui du milieu vont aux extrémités , il y en
a un double rang , lefquellcs partant de la queue,
vont par les bords fe réunir it la pointe. La fleur eft
compoléc de quatre petites feiulles vertes alfez épaif-
fes , 8c arrondies par l'extrémité , leiquelles venant
à s'ouvrir , font voir le fruit qui commence à fe
former , auquel elles reftent toujours attachées par
le bas , lui fervant comme de ioucien.
Il y a une efpèce de mangouftan (auvage que les Por-
tugais appellent pour cela de mato , qui a allez de
rapport à celui-ci , mais qui n'eft pas bon à manger.
MANGOURS. f. m. Petite monnoie qui a cours en
Egypte : on l'appelle plus communément Falle.
MANGOUSTE, f. f. Nom d'un animal des Indes. /cA-
neumon. Voy. ce mot. La Mangoufte pour la forme
extérieure , approche alfez de la belette , fi ce n'cft
qu'elle a le corps plus gros & plus long , les jam-
bes plus courtes, le mufeau plus délié , l'œil plus
vif, & je ne lais quoi de moins fauvage. Cet animai
eft en eftet extrêmement frmilier , &: il n'y a point
de chien qui joue & qui badine plus agréablement
avec les hommes •, cependant il eft colère , &c traî-
tre quand il mange y grondant alors preique tou-
jours , &C fe jettant avec fureur fur ceux qui fe met-
tent en devoir de le troubler.
Il anne iur-tout les œufs de poules ; mais com-
me il n'a pas la gueule alfez fendue pour les fai-
fîr , il tâche de les rompre en les jettant en l'air j
ou les roulant lur la terre de cent manières ditféren-
tes. Si pour lors il trouve une pierre auprès de lui,
il lui tourne incontinent le dos , & élargillant les
jambes de derrière , il prend l'œuf avec celles de
devant , & le poulfe de toute (a force par-delfous
le ventre , julqu'à ce qu'il foit calfé contre la
pierre.
Il chalTc non -feulement aux rats & aux fouris,
mais encore aux ferpens , dont il eft le mortel en-
nemi , & qu'il prend lur la tête fort adroitement , y
lans en recevoir aucune blelfure. Il n'eft pas moins
contraire aux caméléons , qui , à fa feule vue , lont •
iaifis d'une fi grande frayeur, qu'ils deviennent tout
d'un coup plats comme une feuille j & tombent or-
din.iirement à demi-morts ", au lieu qu'aux appro-
ches d'un chat , d'un chien , ou de quelque au-
tre animal encore plus à craindre, ils s'enflent, fe
mettent en colère , prennent le parti de fe défendre ,
ou de les attaquer.
MANGUE , ou MANGUA. f. m. Arbre des Indes
Occidentales. Voye\ Mangle
MANGUIER, f. m. Arbre qui croît aux Indes .
Orientales , tSc qu'on appelle autrement Mz/z^a , ou
Mangas. VoyeT^ Manga.
MANHARTZBERG. Nom de la partie feptentrionale "
de la Balfe - Autriche. Manharf^bergenfts traclus.
Elle eft féparée de la méridionale , qui eft le Wien-
ner Wald , par le Danube , ik bornée au couchant
par la Haute-Autriche; au nord parla Bohême, &
au levant par la Hongrie. On divife ce pays félon {à
fituation fur le Danube en Haut & Bas Manharc{-
herg. Le Haut eft au couchant ; Krembs , Stain ,
Thyrftain , en font les lieux principaux. Le Bas eft
nu levant. Se on y diftingue Corncubourg, Laba &
Retz. Maty.
M A N
MANHATE. Ile de l'AnKiique fcpteiitrîonale fur la
côte de la Nouvelle Vorck , entre l'île Longue & le
continent , à remboucliure de la liviire d'Hudion.
MANHEIM. Ville du PaLitinat du Kliin , lituée au
conljuent du Rhin Se du Nccvc. Manhemïum. Cette
ville bâtie depuis peu , étoit ,illez jolie , fortifiée &
défendue par une bonne citadelle. Les François l'ont
entièrement ruinée l'an i()89. Mais depuis la p.iix
de Kifwick , l'Eledeur Palatin a fait travailler à
fon rétablillement. Maty. Long. xG. à. 8' , lat. 49.
d. 2^'.
§:3"MANL Voyc-^ au mot Manicongo pour l'expli-
cation.
§C? MANIA. En Mythologie. Voye:^ Manie.
MANJA. 1. m. Poids dont on le fcrt en quelques lieux
de la Peife , particulièrement dans le Servant & aux
environs de Tautis : il pèle douze liv. un peu légè-
res. C'efl: à ce poids que (e vend le ruynas, forte de
racine propre à la teinture.
MANIABLE, adj. m. & f. Ce qu'on manie facile-
inent , ce qui le prête à l'aèlion de la main , Taclï-
lis , tracîaMlis. Un bon drap efl: doux & maniable.
Un cuir bien corroyé , un buftlc bien palfé obéit , ik
efl maniable.
^tJ" Maniable j défigne quelquefois ce qu'on peut
toucher lans danger. Le fer , quand il ell refroidi ,
eft maniable.
Maniable, fe dit auflî dans les Arts , de ce qui efl: fa-
cile à mettre en œuvre. Il y a des bois Se des pier-
res qui ne font pas maniables , qui ne valent rien
pour la fculpture. Les métaux aigres ne font point
* maniables ; le vit argent n'efi: point maniables caufe
de fa fluidité , de fa fubtilité. L'or eff le plus duc-
tile Se le plus maniable de tous les métaux.
|Cr Maniable , terme de Marine. Temps maniable ,
c'eft à-dire , un vent qui n'eft ni trop fort, ni trop
foible , mais qui eft convenable pour bien manier ,
( c'eft-à dire , manœuvrer ) le navire , Se pour lui
faire faire toutes fortes d'évolutions.
Maniable , fe dit aulli au Moral & fignifîe un hom-
me traitable , d'un humeur facile. L'.cfprit d'un
Tyran n'eft point Hexible ni maniablè.~~Le peuple
n'efl: pas lî maniable dans une République , que
dans une Monarchie. Docilis , cractahiUs , fiexibi-
lis. La vertu (ouple Se maniable d'Atticus lui attiroit
une croyance Se une approbation qu'il ne méritoit
pas. S. Real.
MANJAPUMERAM. f. m. Grand arbre des Indes Oc-
cidentales. Ses fleurs qui font d'un blanc d'eau j Se
qui ont l'odeur du meilleur miel , font tant foit
peu amèrcs au goût ; les habitans des lieux où il
croit lui .attribuent la propriété de fortifier la tête ,
& leurs Médecins comptent fa lemence entre les
cardiaques. On croit que l'eau diftillée de les fleurs
ell bonne pour les yeux. Rai , Hiji. Plant.
MANIACAL. adj. m. Galien donne cette épithcte à
une elpèce de délire violent. Dicl. de James.
ifj- MANIAQUE, adj. Se L m. Se f. Furieux, pollédé
de quelque manie, yoye-^ ce mot. Furiofus. Ceux
qui aimonçoient les oracles entroient dans une telle
fureur , qu'ils paroiiroient maniaques. C'eft un ma-
niaque , une maniaque.
MANICAPATA. Nom d'une ville de la prefqu'ile de
1 Inde deçà le Gange. Manicapatanum. Elle efl; fur
la côte du Royaume de Golconde j & prife par
quelques Géographes pour l'ancienne Minagara,
Matv.
MANICHÉENS. ( Manichù ) Anciens Hérétiques qui
ont pris leur nom de Manès ,_ ou Manichée , Per-
fan de nation. Cette pernicicul'e Héréfie commença
vers l'an 277. 8c elle fe répandit principalement
dans l'Arabie , dans l'Egypte & dans l'Afrique. S.
Epiphane , qui en a parlé fort au long , liAr. 66 . a
obfervé que le nom de cet Héréfiarque étoit Cu-
brieus , Se qu'il fe fit appeler Manès , qui dans la
langue Perfienne ou Babylonienne fignifîe vafe. Une
veuve fort riche dont il étoit l'efclave , Se qui mou-
rut fans enfans , lui laiffa par tefl:ament beaucoup
d'or & d'argent, Il fe qualifigit du titre d'^fotre j
Tome y.
M A N
'9T
ou Envoyé de Jéfus - Chrift, C'eft la quijitc qu il
prend à la tcte d'une de fes lettres rapportée par
S. Épiphanc. H établifîbit deux principes ; favoir ,
un bon , «^ un mauvais. Le prenuer qu il n^jinmoit
lumière , ne faifoit que du bien ; Se le fécond , qu il
appeloit ténèbres , ne failoit que du mal. Cette l'hj-
lolbphic eft très ancienne. Piutarquc pario au long
de ces deux principes dans fon 'Iiaité d'Ilis Se d'Ofl-
ris. Les âmes .ivoicnt été faites , félon Manès , par
le bon principe , Se les corps par le mauvais ; ces
deux principes étoient coéteriuls , Se indépcndans
l'un de l'autre. Il avoit emprunté beaucoup d. jho-
fes des anciens Gnoftiques ; en forte que l'nerclic
des Manichéens étoit comme une branche des Gnof-
tiques , c'étoient plutôt des Philofophes , que de
véritables Chrétiens Ils avoient mêle une infinité
de fables dans la Religion. Us le fcrvoicnt d'Auiulè-
tes , à l'imitation des Baiilidiens , Se ils en impo-
foientà bien des gens , fiifant profcflion d'Aftrono-
mie Se d'Aftrologie. Us ne croyoient pas que J. C. eût
pris une véritable nature humaine , mais feulement
une imaginaire. Ils prétendoient que la loi de Moyfe
ne venoit point de Dieu , ou du bon principe , mais
du mauvais. Se que c'eft pour cette raifon quelle
avoit été abrogée. Ils s'.abftenoieiit entièrement de
manger de la chair d'aucun animal , fuivant en cela
les maximes des Philofophes Pythagoriciens. Us
avoient plulleurs autres erreurs qu'on peut voir dans
S. Epiphane , & dans S. Auguftin , qui ayant été
de leur lede , la connoifioit à fond.
Quoique les Manichéens fîticnt profelîîon de re-
cevoir les livres du Nouveau Teftament , ils n'en
prenoient que ce qui s'accordoir avec leurs idées ;
ils donnoient tour à leur raifon , Se prefque rien
à l'autorité. Us s'étoient formé une certaine idée
du Chriftianifme , fur laquelle ils régloient les éciirs
des Apôtres. Us prétendoient que tout ce qui n'é-
toit point conforme à cette idée , avoit été inféré
dans les livres du Nouveau Teftament par les Ecri-
vains poftérieurs , qui étoient demi-Juifs. C'eft
ce que nous apprenons de S. Auguftin , dans fes
Traités contre Faufte , à qui il oppofe le comiùua
confentement de toutes les Eglifes. Il appelle fo-
lie y inj'aniam Se demcnùam , la manière de r.îifoii-
ner des Manichéens , qui ne pouvant accorder les
écrits des Apôtres avec la faulle idée qu'ils avoient
formée de la Religion Chrétienne , ou (bus pré-
texte de quelques contraditfions prétendues dans
l'Ecriture , lefquelles ils ne pouvoient réfoudre ,
ofoient aflurer que ces livres avoient été co.npofés
long temps après les mêmes Apôtres par des Au-
teurs incertains. Il leur reproche avec force de faire
pafter au contraire des fables & des livres apocry-
phes pour des ouvrages Apoftoliques. En effet j les
Manichéens avoient forgé pluiieurs livres , pour
mieux appuyer leurs erreurs. S. Epiphane af donne
le catalogue de quelques uns qui avoient été publiés
par Manès j & il en rapporte même des extraits.
Manès ne prenoit pas feulement la qualité d Apôtre
de Jéfus Chrift , il fe vantoit aulîi d'être le Para-
clet que Jéfus-Chrift avoit promis d'envoyer. Il lailla
plufieurs difciples , &: entre autres Addas , Thomas
& Herméas. Il envoya ceux-ci de fon vivant prêcher
fa dodtrine en diverfes Provinces. Herméas eut lE-
gypte pour fon partage. S. Epiphane avoit appris plu-
fleurs particularités touchant les erreurs ' des Mani-
chéens de ceux même qui les favoient de la bouche de
cet Herméas. Manès ayant entrepris de guérir le fils du
Roi de Perfe qui étoit malade , ne réuflit point dans
fon entreprifej Se ce jeune Prince mourut. Le Roi
fit mettre en piifon cet impofteur , qui s'échappa Se
fema fon héiéile ; mais étant retombé entre le; mains
du Roi , il le fit écorchcr tout vif.
La Sede des Manichéens prit une nouvelle face vers
le milieu du VIF fiècle ; car fous le règne de Conftan-
rin, on plutôt Conftant , petit-fils d'Hcraclius , il y avoit
nn Arménien nommé aufli Conftantin dans le bourg
de Manalale , près de Samofate. Il reçut dans fa
maifon un Diacre captif, qui venoit de Syrie . &
Hhhhh \]
"V
79^ M A N'
lerournoit en Ton pays portant deux livres , l'Evan- I
gile j &: les Épitres de S. Paul , qu'il donna à Conf-
cantiiî , en reconnoiUànce de fon holpitalité. Conl-
tantiii qui étoit Mciucheen , voyant que ia doctrine
croit en horreur à tout le monde , à caufe des blat-
phêmes & des impuretés qu'elle contenoit, rcfolut
de la renouvellei;, '& de ne foire lire autre livre
que ces deux, l'Évangile, & S. Paul; mais de les
expliquer de manière qu'on y trouveroit toute la
■doctrine de Manès. Il fuppnma donc tous les livres
des Manichéens ; il rcjetra tous les rêveries des Va-
lentiniens , &: leurs trente Éones : la fable de Mâ-
nes fur l'origine de la pluie , qui étoit la fueur d'un
jeune homme courant après une tille , & quelques
autres abfurdités pareilles j mais il conferva les im-
puretés & les abominations de Bafilide. C'eft ainli
qu'il réforip.a le Minichéifme ; enlorte que les iec-
tateurs ne faifoient point de difficulté d'anathéma-
tiferScythienj Bouddas, & Manès lui même; maisils
tenoient pour des Apôtres Conftantin , &: ceux qui le
fuivirent. Il quitta fon bourg de Manalale , Se vint
s'établir à Cibofle j petite ville de Colonie en Ar-
ménie , où il demeura 27 ans , de léduilit un grand
nombre des gens du pays. Il fut lapidé par ordre de
l'Empereur , qui voulut qu'on pardonnât à les dil-
ciples , comme trompés par ignorance, pourvu qu'ils
Ce réunîllent à l'Eglile : mais loin de s'y réunir , ils
pervertirent Siméon , Oiîicier de l'Empereur chargé
-de cet ordre & l'attirèrent à eux.
Les Manichéens fiirent nommés Pauliciens , ou
Athinganes , dans le IX*^ iiccle.
f^oye^ dans la Bibliothèque Orientale de d'Her-
belot,/". S4S , j4P , ce que les Hitforiens Arabes
diient des Manichéens.
Le nom de Manichéen vient du mot Latin Mani-
chœus 3 que d'anciens Auteurs dilcnt avoir été formé
de deux mots Gtecs , ,««»»« , manne & Kta , je répands.
Les Manichéens vouloient dire par-là que la doctrine
de leur maître étoit comme une manne qu'il répandoit
par-tout. J-^oye^ S. Auguftin dans fon Traite des
Héréfies.
MANICLE. f. £ ou TASSEAU. Terme de Tondeurs
de Draps. Il tîgnifie un inllrument qui leur fert à
faire agir leurs forces.
On dit d'un homme adioit , qu'il entend la ma-
nicle.
MANICLES. f. f. Ce font des fers qu'on met aux
mains des prilonniers. Alanica. De grolles manicles.
On dit plus ordinairement menottes.
Les Contiteurs , & autres ouvriers le fervent aulli
de ce mot , pour fignifier quelques morceaux de
papier qui leur fervent à lever la pocle de delliis le
feu , de peur de fe brûler les mains. Se faire des
manicles avec du papier. Maneque eft plus ulîté.
MANîCONGO. f. m. Tout ce qu'on appelle Ethiopie
méridionale & occidentale portoit autrefois le nom
de Congo j & le Souverain de ce vafte Empire sap-
peloit Manicongo , C'eft-àdircj Maître j Empereur,
Souverain du Congo. Le P. Labat.§CP Mani , dans la
balfe Guinée figniiîe Seigneur. Manicongo , Seigneur
de Congo.
MANICORDION. f. m. Inftrument de Mufique fait
en forme d'épincttc , qui a 49 ou 50 touches , ou
marches. Se 70 cordes , qui portent fur cinq chevaletSj
dont le premier eft le plus haut , les autres vont en
diminuant. Il y a quelques rangs de cordes à l'u-
nillon , parce qu'il y en a plus que de touches. Cha-
-rOue chevalet en contient divers rangs. Il y a plu-
'■'^Mfurs petites mortoifes pour faire palier les fi.ute
Tifaux armés de petits crampons d'airain , qui tou-
chent & hauilênt les cordes, au lieu de la plume
de corbeau qu'ont ceux des clavecins & des épi-
nettes. Ce qu'il a de particulier j c'eft qu'il a plu-
lieurs morceaux d'écarlate , ou de drap , qui cou-
vrent les cordes , depuis le clavier jusqu'aux mor-
toites , qui rendent le fon plus doux , & l'étoulîcnt
tellement qu'on ne le peut entendre de loin ; d'où
vient que quelques-uns le nomment épinette fourde ,
«u muciLe. Aufli eft il particulièrement en ufâge chez
M A N
les Religleufes , qui apprennent à en jouer , & qui
craignent de troubler le hlence du Dortoir. Cet inf
trumcnt eft plus ancien que le clavecin & l'épinette
comme le dit Scaliger , qui ne lui donne que trente-
cinq cordes. L'Académie écrit manichordion.
Du Cange dérive ce mot de monocordum , (appo-
fmt que cet inftrumenr n'a qu'une corde : mais il
le trompe.
On dit proverbialement & burlefquement qu'une
fille s. joué du manicordion , quand elle a eu quel-
que amourette lecrète qui a duré long-temps fins
taire bruit.
^3°MANICOU. Quelques-uns écrivent ainfi. L'ar-
ticle eft à Manitou. On dit aulH Manitàcaca , 8c
Filander.
fer MANIE, f. f. Terme de Médecine. Délire perpé-
tuel Se furieux , fans fièvre. Infania , furens mania.
Ceux qui font attaqués de cette maladie fe jettent fur
tout ce qui fe prélente à eux , brifent tout , mal-
rr.iiîent autant qu'ils peuvent , enlorte qu'on eft
obligé de les enchaîner. Ils ont un regard audacieux ,
les yeux eiiBammés , le vilage pale , ne craignent
pas le. plus grand froid : ils le mettent aifément en
colère ;, ils ont une force iî furprenante , qu'il y en
a qui rompent de grolles chaînes de fer dont o)i les
a liés. La caule immédiate de la manie eft le mouve-
ment déréglé des efprits animaux j Se leur mauvaife
qualité. Quelques-uns veulent que ces efprits foient
devenus fort acides , & ils les comparent à des eaux
fortes. La caule éloignée eft la malle du fang qui eft
groUière , épailîc , atrabilaire , & dans une agita-
tion véhémente j d'où vient que les Maniaques font
fort chauds, & qu'ils fupportent fans peine le grand
froid. On dit que la cervelle du chat mangée produit
la manie. Ce mal eft fort long & très difficile à gué-
tir. Le mot de /Tj^î/z/deft GreCjilfignifie, Démence ,
fureur, yM/M,
Manie , eft encore une paillon exceffive qu'on a pour
quelque chofe. Ardor , juror ^ libido. Ctz homme
a eu quelque temps la manie des tableaux , & puis il
a eu celle des coquilles , des tulipes. En ce monde
chacun a ij. manie. Q'uifque fuos patitur mânes. J'ai
cette manie de donner dans tout ce qu'il y a de beau.
Mol. Il n'y a pas de manie plus inutile que celle de
ces gens qui s'érigent en réformateurs du fiècle.
S. EvR,
Maudite ambition 3 détejlable manie ! Corn. ■
ffJ" On le dit dans un fens approchant , pour Caprice,
fantaifie :
Malheureux mille fois celui dont la manie
Veut aux règles de l' Art ajjervir fon génie.
BoiLEAU.
Manie. Mania. Nom d'une divinité des Anciens. La
déelle Manie étoit mère des Lares & des Mânes.
iC? Le jour de fa fête , qui étoit le même que celui
de fes enfans , on lui otfroit autant de figures de
laine qu'il y avoir de perfonnes dans chaque famille ,
en la priant de s'en contenter. Se d'épargner les per-
lonnes qui lui rendoient cet hommage.
On appeloit aulli Manies , chez les Anciens, des
figures hideules , dont les nourrices menaçoient
Se épouvantoient les petits enfans. Voyer Feftus ,
Arnobe, Z. f^I. Se Saumaile kir le Traite de Ter-
tullien, de pallio 3 p. 337. ManU.
MANIEL. Nom d'une montagne de l'Ile Efpagnole ,
une des Antilles. Maniolus. Cette montagne a huic
lieuesde circuit , elle eft fort haute. Se i\ efcarpée ,
qu'elle eft prefque inaccellîble. Maty.
MANIEMENT, f. m. Adionde manier, de prendre,
de tâter avec la main. Attreclatus , contreclatio. On
connoît la bonté d'un caftor au maniement. Il y a
des Médailliftes fi fins , qu'ils connoillent la qualité
d'une médaille au maniement, iî elle eft antique ou
moderne.
Maniejient des armes , c'eft l'exercice de pied ferme
M A N
qu'on cnfcigne aux foldats de rcciuc , pour leur don
nci- des difpolitions de corps convenables à toutes les
actions de la guerre. On l'appelle ainli pour le dif-
tinguer des évolutions.
MANiEMENT/cditaullIdu fréquent palûge des chofcs par
, les mains, qui leur apporte quelque dommage. Dctri-
tïo. Le frai &c maniement des nioinioies leur caule
quelque déchet, quelque diminution. Les étoticsde
loic fe gâtent par le maniement.
Maniement, fe dit du mouvement des parties des ani
maux. Mcmbrorum flexib'ditas , ai;u'uas. fCrllétoit
perclus de les meiiibres ; il commence à en avoir le
maniement allez libre. Le maniement agréable des
bras , & des jambes pour danler des Sarabandes.
#3" Maniement , fe dit au figuré pour Adminiftration ,
direélion , en parlant de certaines aftaires où il y a
dilhibution foit de finance , foit d'occupations , aux
quelles on ell commis pour y maintenir l'ordre con-
ven.ible. Adminijiratio , orJmatio. Maniement des
finances. Maniement des affaires. Exclure quelqu'un
du maniement des allaires : lui confier le maniement
des deniers du Roi.
§3" En termes de Finance &: de Banque , maniement fe
dit de l'argent que reçoivent les Cailliers, Tréloriers ,
&c. & dont ils font comptables. On dit en ce fens ,
qu'un Tréforier a un maniement confidérable , beau-
coup de maniement.
ffr MANIER. V. a. Tâter avec la main. Traclare ,
contreaare. Manier des papiers , des livres. Manier
de l'argent. Manier une étoile pour juger de la
bonté. Quelquefois c'eit fimplemenf toucher avec la
main. Il n'c'ft permis qu'aux Eccléliafhqucs de ma-
nier les vafes facrés , les hofties confacrces.
fp" Manier , Toucher fouvent , avoir fouvent entre
fes mains. Il manie fouvent fes livres. La monnoie
s'ufe à force d'être maniée.
g:3' Manier , Donner de la fouplelTe à une chofe en
la faifant palier & repalfer par les mains. Ferfare
manu. Les Corroyeurs manient le cuir pour le rendre
doux. 1 . • n
{|::f'On dit qu'un homme manie bien un Inltrument,
la harpe , un luth , £'c. Cythar^ fciens , pour dire,
qu'il s'en fert bien. Savoir manier une epee , &c.
ter En termes d'Arts , on dit manier le pinceau, le
burin , la plume, le crayon, manier la terre en mo-
.délant. • i • i
Ip-On dit figurément qu'un Peintre manie bizn la
couleur , qu'il fait l'employer comme il faut : é<
qu'un Sculpteur manie bien le marbre , pour dire ,
nu il a l'adrelle de le bien travailler,
r-^ On le dit de même dans pluheurs Arts. Ce Serru-
"■ rier manie bien le fer. Ce Boulanger lait bien ma-
nier la pâte. ^ 7 1
|a Manier , Toucher , fynonymes. On tùuehe plus
légèrement. On manie à pleine main. On touche
une colonne , pour favoir fl elle eft de marbre ou
de bois. On manie une étofîe , pour connoître fi elle
a du corps & de la force. Syn. Fr.
Manier , le dit figurément en chofes morales , & figni
fie , Conduire avec adrefle , gouverner comme on
veut. Traciare , componere , reoere , moderari. Ceft
le talent des Orateurs de manier les efprits , de leur
ijilbirer les pallions , les mouvemens qu'ils délirent.
L'efprit de la populace eft difficile à manier ; il fe
manie plus parla crainte que parla raifon. Les Geo-
mètres accoutumés à ne raifonner qu'après avoir bien
manie leurs principes, fe perdent dans les chofes
de finelï'e , où les chofes ne fe laillent pas ainfi ma-
nier. Pasc. Un flateur grofïïer , & qui ne fait pas
manier finement les louanges, fe récrie à la moin-
dre bagatelle. Bell. Platon maniolt adroitement l'i-
ronie. Dac. Il avoir l'adrelfe de la bien employer ,
de s'en fervir à propos. On dit d'un Auteur , qu'il
a bien manié fon fujet , pour dire , qu'il l'a bien trai-
té. Il n'y a point de Prédicateur qui manie un texte,
comme celui là. Quand un homme fe veut mêler
d'un atlaire où il n'entend rien , on lui dit , cela ne
fe manie p.is ainfi, cela n'elt pas liaifé à mamer que
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vous le penfez. Le peuple dit , cela ne s'emmam/ie
pas comme cela.
Manier , fignihe aulli , Avoir l'adminiflration , la
direction, f^oye'^ Maniement. Admlnljlrare , gere-
re, rej^ere. LcsMiiiiltres manient les affaires publiques.
Le Surintendant manie les finances.
Manier, en termes de Manège. Manier un cheval j
pour dire j le faire aller , le mener avec art. Equum
ex artt repère. Manier un cheval de bonne grâce.
Abl. Il fe dit des chevaux drellcs , qui ont de l'é-
cole. Ce cheval manie bien à courbettes , manie
bien terre à terre , manie bien à toute, fortes d'airs.
F.aites manier, travailler votre cheval fur les voltes.
Il eft neutre en ce fens.
On dit figurément , Manier quelqu'un , le faire
aller à courbettes, pour^dire, le gourm.ander , le
maltraiter , lui foire faire ce qu'on veut par vio-
lence, par autorité.
Manier, fe dit parmi les Marchands de blé, pour
Remuer avec la pelle. Ventilare bazlllo. Manle^-
bien ce blé, il y a long temps qu'on ne l'a manié.
Manier à bout , parmi les Couvreurs , c'eft relever la
tuile ou l'ardoife d'une couverture , &C y ajouter
du lattis neuf avec les tuiles qui y manque;u , fai-
fant rellervir les vieilles. C'eft auili parmi les Pa-
veurs, fur une forme neuve alfeoir du vieux pave,
& en remettre de nouveau à la place de celui qui
eft callé.
On dit proverbialement , qu'on ne peut manier
du beurre fans s'engraifler les doigts , pour dire ,
qu'on profite toujours a manier àe: l'argent, qu'il en
demeure une partie au Financier. _
MANIÉ , ÉE. part. C'eft une chofe que je n'ai ni
vue , ni maniée, dont je n'ai point de connoif-
fance.
Manié. On dit des mots de la langue , qu'ils font
bien ou peu maniés , pour dire , que ces mots font
dans la bouche de tout le monde , ou qu'on s'en fert
rarement. On dir dans le même fens , qu'une phrafe
eft bien maniée , qu'elle n'eft pas encore allez ma-
niée. AcAD. Fr.
Au Manier. Sorre d'adv. En mani.mt. 'Vous reco«-
noîtrez la bonté de cette étoffe au manier. La meil-
leure laine eft celle qui eft douce au manier. Trac^
tando Uvls.
gC? MANIÈRE, f. f. Ce terme dans fa fignificarion la
plus générale , delîgne les ufagcs établis pour rendre
plus agré.able &z plus doux le commerce que les
hommes ont enrr'eux. Les manières fervent à expri-
mer le refpedl: , la foumillion , labienveiUance , î'ef-
fime , en un mot , les différens fentimens des hom-
mes lès uns envers les autres , relativement aux dif-
férens états. Elles règlent le maintien , & le prefcn-
vent aux diftérens ordres àzs cnoysns.Lts manières
tenant de lî près aux mœurs, doivent être , & font
cftedivement différentes , félon les ditlérentes for-
mes de gouvernement. ^
ffT Dans un fens moins étendu , le mot de manières
fe dit de la façon ordinaire d'agir de chacun en par-
ticulier à l'égard des autres. C'eil une habitude de
certaines avions , de certains geftes , de certains
mouvemens , de certains fignes extérieurs de nos
fentimens envers les autres hommes. Agendl ratio.
Oris & corporis habitas , compofiti. Les manières
que l'on néglige comme de petites chofes , font
fouvent ce qui fait que les hommes décident de
vous en bien ou en mal. La Bru y. J,es manières
douces & polies donnent cours au mente , & le
rendent agréable. Avoir Àts manières baires & rem-
pantes. Platon avoit des manières douces &■ inli-
nuantes , mêlées de gravité.
"kFLes manières honnêtes font une marque d atten-
" tion. Les . manières civiles font un témoignage de
refp'eft. Les manières polies font une démonftration
d'eftime. Les manières gracieulés font une pteuve
d'humanité. Les manières affables font une infinua-
tion de bienveillance. ,,,,,-^- ,
gCFMANiÈRES & AiR. Vair, dit M. 1 Abbe Girard,
fcmble être né avec nous -, il frappie à la première
/
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M A N
vue. Les manières viennent de l'éducation ; elles fe
développent rucceffivement dans le commerce de
la vie. Ce fout les belles manières qui diftinguent
l'honnête homme. L'air dit quelque choie de plus
■fin; il prévient. Les manièns difent quelque choie
de plus tolids ; elles engagent. Tel qui déplaît par
fon air ^ pijit enîuite par tes manières. On lé donne
un <iir. On aiicdre des manières. Se donner des airs
de grandeur. Les manières qui liéent , quand elles
font naturelles , rendent ridicule quand elles font
atfeétccs. On compofe fon air , on étudie fes ma-
nières. Pour être hon courtilan , il faut (avoir com-
pofer fon air, folon les différentes occurrences j
& iî bien étudier fes manières ^ qu'elles ne décou-
vrent rien des véritables fontimens.
Manières , Façons. Le mot de manières exprime
quelque choie de plus naturel , qui tient du carac-
tère ou de l'éducation. Celui de façons dit quelque
choie d'afleété , qui tient de l'étude ou de la mi-
nauderie. Les manières deviennent façons quand
elles font affeélées. Les manières de la Cour Ae.-
y'iznntni façons dans les Provinces. Les façons dé-
■fignent un caradère petit & vain. F'oy. Façons.
Ce mot vient demanenas. Voyez Ménage. D'autres
le dérivent de mania , en tant qu'il lignifie le génie
de quelqu'un. Les Auteurs de la balfe Latinité ont dit
manerin en la même iignihcation.
Manière , le dit aulll de ce qui cil: ordinaire j qu'on fiiit
par coutume. Mos j confuetudo , agendi ratio. Les Sau-
vages marchent tout nuds ; c'eft leur manière. On a
reçu cet Amballadeur en la manière ordinaire & ac-
coutumée. On a fait ce procès dans les formes , & en
la manière accoutumée.
§Cr Manière, le dit très fouvent comme fynonyme
de façon. Modus. En toute manière , de quelque fa-
çon que ce foit. Je ne veux pas que cela foit de cette
manière. De quelle manière voulez-vous que je nie
conduife ? Les lettres d'abolition portent cette claule ,
en quelque forte ôc manière que le cas foit arrivé.
Quoûuo modo.
§C? On dit adverbialement de manière que , ira ut ,
adeb ut, pour fervir de tranlîtion , Se recommencer
une période. Cette manière n'eft pas élégante.
§Cr On dit qu'un homme fait une chofe par manière
d'.acquit ,perjuncloriè , négligemment , & parce qu'on
ne peut s'en dilpenler.
'^fT On dit proverbialement qu'un homme a été traité,
étrillé de la belle manière , pour dire qu'il a été mal-
traité , battu outrageufement.
^O" Par manière de dire , par manière d'entretien j fa-
çon de parler adverbiale ^ qui lignifie, fins avoir au-
cun dellein formé de parler d'une chofe.
Manière , fe dit auHi du langage. Modus loquendi. C'efl:
une manière de parler élégante. Cette manière de par
1er eft hardie, mais elle cft Françoise ; c'ell un galli-
cilme ; cette manière cft tirée du Latin. Une belle
manière de parler , de s'énoncer , eft une belle cx-
prellîon. Une traduction de l'Ecriture n'eft point lit-
térale autant qu'elle doit l'être , loilqu'en conlcr-
vant même le fond de la penfée , on en change le
tour & la manière de l'exprellion. P. Bouh. Prèf.
du N. T.
Manière , fe dit aulIi de l'invention , de l'art de faire
les chofes. Modus , ratio agendi. Ce Chimifte a trouvé
une nouvelle manière de fondre le verre , d'allier les
^ métaux. On a trouvé de nouvelles manières de bâtir ,
d'.ittaquer les places, de naviger, de faire des mon-
tres , de chanter , &c. Les Fondateurs des Ordres ont
établi des règles , des manières de viyrc toutes diffé-
rentes.
A-IaniÈre , fe dit aullî en parlant des chofes dont on ne
peut faire une fpécification précife, ou qui ont l'ap-
parence de la chofe qu'on fpécifie. Species , genus
quoddam. Celui qui vous eft venu demander , eft une
manière de 'Valet-de Chambre , de Gentilhomme.
C'eft une manière de Demoilelle ; pour dire qui a
apparence de Demoifelle , mais qui eft en mauvais
ordre. Une manière d'honnête homme , foit dilanc
Ai^encier du Maréchal de Schomberg. DeBussi R.
Je faifois des réflexions là-delTus , lorfqu'il entra
deux manières de Petits-Maîtres fort leftes. Ils avoient
des habits de velours avec.de très-beau linge garni de
dentelles. Hift. de Gil-Blas de Santillane.
§CF Manière , en Peinture. C'eft la façon particulière
que chaque Peintre fe fait de compoler & de pein-
dre. Duclus y lineamentum manus. C'eft proprement
le ftyle du Peintre. On reconnoit un Auteur à fon
ftyle , & un Peintre à fa manière. Le mot de ma-
nière s'applique à l'invention , au deftin , éc au co-
loris. Manière de deflîner , de compoler , d'exprimer,
de colorier. Cette manière eft bonne ou mauvaife ,
félon qu'elle approche plus ou moins de la nature,
& de ce qui eft décidé beau. La première manière "
d'un Peintre vient de l'habitude qu'il a d'imiter la
manière de fon Maître. Ainfi l'on reconnoît la ma-
nière de Michel-Ange , de Raphaël , &c. dans leurs
Elèves ; &c en voyant un tableau de quelqu'un de ces
Elèves , on dit , il eft de l'Ecole de Michel-Ange,
de Raphaël , &c. La féconde manière d'un Peintre
eft le fruit de la réflexion , d'une étude particulière
des beautés de la nature &c des plus grands^iiodèles :
c'eft ordinairement la meilleure.
§3° On dit dans le même fcns , qu'un Poëte a pris la
manière de Pindare ou d'Hor.ice. On le dit de même
en Architetfure , en Sculpture. Manière gothique ,
antique j moderne , gracieufe , grande , féclie , mef-
quine.
IfT A'IANIÉRÉ,ÉE , adj. qui a des affeftations par-
ticulières & trop marquées , des manières affeclées ,
trop étudiées , trop recherchées. Cet homme eft fore
maniéré. Le Chanteur lui paroit trop maniéré. On dit
d'un Auteur , qu'il eft maniéré ,qat fon ftyle ell: ma-
niéré. Le ftyle de Balzac eft ce qu'on appelle maniéré.
Voyez Affecté J Affectation.
^fT Maniéré , en Peinture ,-déligne l'abus de la ma-
nière. C'eft une luire d'habkudes priles dans la façon
d'opérer ; une affectation qui s'oppofe a la variété. Des
figures maniérées. Des draperies ne doivent pas être
maniérées. AcAD. Fr.
^fT On appelle compofition maniérée y c^z où les ob-
jets font dilpolés avec affeifation. Une couleur ma-
niérée y celle qui eft l'effet d'un habitude prife j & ^
d'un fyftême qu'on s'eft fait.
%T Le mot de maniéré ne fe dit qu'en mauvaife part.
MANIÉRI6TE. f. m. C'eft unPemtrequi s'eft fait une
manière qui n'a rien de la nature; & qui ayant
pris l'habitude de tr.availler fans la^ confulter , n'eft
plus capable de l'imiter , lors même qu'il veut y avoir
recours.
MANIES, f f. pi. Déelfesqui avoient un temple près du
rieuve Alphee,en Arcadie. Quelques-uns les croient
les mêmes que les furies. Voye-{ Manie.
MANIETTE. f f. Terme d'Imprimeur en toile. C'eft un
petit morceau de bord de chapeau dont on fe fert
pour frotter le chaftis. Donnez-moi la maniette.
MANIEUR de hlé fur hanne. C. m. Nom que l'on
donne à des gens qui font fur les ports de Paris ,
& qui gagnent leur vie à remuer le blé avec des
pelles.
Manieur, f. m. Qui manie , qui touche , qui a en fa
difpoiition. Le manieur d'argent , l'homme d'affaires
eft un ours qu'on nelauroit apprivoilcr : on ne le voit
dans fi loge qu'avec peine : que dis je ? on ne le voit
point , car d'abord on ne le voit pas encore , ôc bien-
tôt on ne le voit plus. La Bruyère , ckap. des Biens
de fortune , p. iSo. de la neuvième édition.
MANIFACTURE. f. f C'eft ainfi qu'on écrivoit &
qu'on prononçoic autrefois. Le mot eft Manufac-
ture.
MANIFESTAIRE. f. m. & f Nom de Sedre. Mani-
fejlarius. Les Manifejlaires étoient des Ambaptiftes
de Prulfe : ils en foutenoient du moins les erreurs , &
croyoient que c'étoit un crime de nier leurs impiétés ,
loifqu'ils étoient interrogés ; ce qui les fit nommer
Manifejlaires , parce qu'ils fe manifeftoient eux-mê-
mes , & ne diilîmuloient point leur doéf rine. Pratéole.
MANIFESTATION, f. f. Action par laquelle on ma-
nifefte , on fait connoîtrc , on produit au dehors.
M A N
■ Jndicatio y Jignijkaiio. Dieu n'a voulu faire une ma-
nifejldtion de la gloire , de fa loi , de les myllcres ,
de fes jugemcns , qu'au peuple Juif , qu'il avoic
choili , &c enfujte à tout le Peuple cluctien. Le Sei-
gneur ht une mamjcJLznon de la gloire lur le mont
Thabor. Vous aniallè^ un tréfor pour le jour de la
colère &c de la manïjcjlat'ion du jugement de Dieu,
PoRT-R. 03° Il n'ell d ulage que dans les matiàcs de
Religion.
§Cr MANIFESTE, .adj. de t. g. Manifejius , clarus ,
aperçus. Notoire , eonnu de tout le monde. C'ell une
erreur maïujejle : c'eft une chofe manifejîe 6c pu-
blique. Rendre une chofe mamfcfle. Le larcin ma-
nifejîe ctoit puni chez les Romains de la peine du
quadruple.
Manifeste, f. m. Eli une déclaration que font les Prin-';
ces par un écrit pubhc , des intentions qu'ils ont en
commençant quelque guerre, ou autres entreprifes,
& qui contient les railons & moyens fur lefquels
ils tondent leur droit iSc leurs prétentions. Apologe-
ticus. On le dit aulli de pareils écrits que font pour
la défenle de leur bien , ou de leur innocence , les
grands Seigneurs qui lont acculés. Ce que les Princes
appellent Manïfejlcs , les particuliers l'appellent
Apologie.
^CF Dans les Echelles du Levant , les François, les
Anglois & les HoUandois appellent Manifejle , ce
qu'on nomme ordinairement ZJe'c/awfiow. Les Ecri-
vains de Vailfeaux font tenus de donner des mani-
feftes fidèles de leurs chargcmens , à peine d'être
punis comme contrebandiers j &: challés du fervice.
MANIFESTÉ , EE. part.
MANIFESTEMENT, adv. D'une manière manifefte ,
évidente. Apenè , clarè , manifejlè. Cette vérité paroît
manifcjlcmcnt par les titres &^ pièces qu'on a produites
au procès.
ICT" MANIFESTER, v. aft. Faire connoître ce qui
étoit ignoré , produire au dehors , rendre manitelle.
Manifejlare. Il étoit piqué de le voir contraint de
manijejler au monde une dépendance fi foumife.
RocH. Le temps , les expériences ont manifejlé plu
Iieurs vérités inconnues aux Anciens.
§3° Ce terme eft principalement en ufage dans les ma-
tières de Religion. Dieu a manifejlé fon pouvoir.
Avec le pronom perfonnel , fe faire voir & connoî-
tre , apparoitre. Apparere , fe manifejlum pr&bere.
J. C. s'eft manifejlé à fes difciples plufieurs fois après
fa réfurrection.
|C? Dans les autres matières , c'efl; produire au-dehors
fes fentimens intérieurs. Les courtilans ne fe mani-
fejlent pas aifément. ^oyeç Découvrir , Déclarer,
Déceler , Révéler.
MANIGANCE, f. f. Terme populaire , qui défigne un
procédé artificieux qu'on emploie pour faire réullir
une aifaire. Dolus , jraus , ajluciu. On a de la peine
à découvrir toute la manigance des Fripiers , & autres
canailles , pour attraper les gens. Le mari ne fe doute
point de la manigance. Nicot prend manigance , pour
mauvaife contenance , contenance mal compofée ,
gejlus incompojitus , ou pour un brouilli d'atlaires;
ce font fes termes. Il s'eft trompé.
MANIGANCER, v. a. Terme populaire. Tramer quel-
que petite rufe. Dolos neclere , Jlrophas excogicare ;
& dans la balTe Latinité j Manïculare. Il a mani-
gancé toute cette aftaire.
MANIGUETTE, ou MALEGUETTE. f f. Efpèce de
graine qu'on appelle autrement Graine de Paradis ,
ou grand Cardamome. Voyez Cardamome. Ce nom
lui a été donné à caufe qu'il s'en fait un grand trafic
fur la côte de Guinée , qu'on appelle Manigueite , ou
Malaguette.
iC? On donne aullî le nom de Maniquctte ou Mala-
quetce j au poivre de la Jamaïque , autrement appelle
Graine de Girofle. Voyez Malaquette.
MANIHOT. f m. Voye^ MANIOC.
MANIKOUAGAN. Lac de l'Amérique feptcntrio-
nale , dans la terre de Labrador , aux confins du Ca-
nada , & des Kiliftinous. Ou l'appelle aulïï lac de iaint
Barnabe.
M AN
799
MANILIUS. {. m. Terme d'Aftronomie. C'eft le nom
de la vingt quatrième tache de la Lune , fclon l'ordre
du catalogue qu'en a fait le P. Riccioli. On lui a donné
cenomdel'Altronome Manilius, qui a lait un Pocme
des Etoiles fixes.
MANILLE. Nom dune ville des Philippines. Manilla.
Elle eft fituée dans l'île de Manille , lur le fond d un
goUc qui porte le même nom , ou celui de C.avita ,
dans lequel elle a un fort beau port. Cette ville elt
grande , défendue par une bonne citadelle , Se habi-
tée par des Efpagnols & par des Chinois. Elle a deux
Collèges , l'un de Jéfuitcs , <.\: l'autre de Jacobins , &
un Archevêque qui ell Viccroi des Philippines , Se
c[ui prélîdc au Confeil d'État. Maty.
L'Ile Manille , ou de Luçon. Jnfula Manilla , ou lu-
fonia. C'efl: une ile de l'Océan oriental , la principale
- des Philippines. On lui donne environ cent lieues du
nord au lud , autant du couchant au levant , &C quatre
cent de circuit , lans compter les golfes. Elle eft fer-
tile en blé , en riz , en fruits Ik en bcftiaux , & elle
nourrit aullî des Crocodilles fort dangereux. Ses lieux
principaux font Manille , capitale ^ Luçon , Cagajon ,
ou la nouvelle Ségovie , Porto de Mandato , Se Cace-
rès. Maty.
La Baie de Manille, ou de Cavita. Sinus ManilU ,
ou CavitA. C'efl: un golfe de l'Océan oriental , il s'a-
vance de vingt cinq à trente Ueues dans lile Manille ,
Se a lur Ion fond la ville de Manille y dont elle a pris
le nom. Maty.
Le Détroit de Manille. ManilU Sinus. Ce détroit eft
entre l'ilc de Tandaie & la pointe la plus méridionale
de l'île de Manille , dont il prend fon nom.
tpS" Manille, f f. Terme du Jeu d'Hombre , du Qua-
drille & du Tri. C'efl en noir le deux,&: en rouge
le lept de la couleur dans laquelle on joue ; c'eft la
féconde triomphe : c'eft un matador. Au jeu de la
Comète , c'eft, le neuf de carreau qu'on fait valoir
pour telle carte qu'on veut.
Manille , ou Ménille. f. f. C'eft une des marchandi-
fes que les Européens , entr'autres les HoUandois ,
, portent fur les côtes d'Afrique , pour traiter avec les
Nègres. La manille elt uneelpècede grand anneau de
cuivre jaune en forme de carcan ou de braceler , donc
les habitans de l'Île de Madagafcar fe fervent pour fe
parer. Cet ornement fe met au bas de la jambe , au-
deftus de la cheville du pied , Se au gros du bras au-
delîus du coude.
MANILLES. îles. On appelle quelquefois Manilles ,
toutes les Philippines , du nom de la principale. Voy.
Philippines.
MANIMA. f. m. Serpent du Brefil qui vit dans l'eau. Il
y en a de vingt cinq ou trente pieds. Ce ferpenc a des
taches de diftérentes couleurs : les Sauvages difent
que c'eft dc-là qu'ils ont pris la coutume de fe pein-
dre le corps. Ils l'eftiment tellement , que celui à qui
le Manima s'eft fait voir , demeure perfuadé qu'il
vivra long temps.
MANIOC , ou MANIHOT. f. m. Plante de l'Améri-
que, dont la racine préparée tient lieu de pain. C'eft
un arbrilleau qui vient à la hauteur de cinq ou fîx
pieds , ou davantage , & dont la tige eft ligneufe ,
tortue , noueufe , fragile & moëlleule. Sa grolîeur
eft diftérente , félon la qualité du terroir. Ses feuil-
les font divilées en cinq ou lix , ou fept autres feuil-
les étroites , oblongucs , rangées à main ouverte ,
comme celles de l'ellébore noir. Ses fleurs lont des
baflîns d'une feule pièce , de près d'un pouce de
diamètre , découpées allez protondénient en cinq
pointes. Elles lont rubicondes , Se le piftil qui eft au
miUeUj devient un fruit un peu plus gros qu une noi-
fette , relevé en dehors de lix côtes , & divilé au-
dedans en trois cellules , remplies chacune d'une fe-
mence oblongue , Se un peu plus groife qu'un pignon
de pomme de pin. Sa racine eft femblable à celle du
panais , plein d'un fuc laiteux ; elle eft II féconde ,
qu'un arpent de terre qui en !era planté , nourrira plus
de perfonnes , que n'en pourroient nourrir lix qui
feroient enfemencés du meilleur troment : au bout de
neuf mois elle eft dans fa maturité. Pour la faire ve-
§oo
M A N
nii , il faut prendre des bouts des rameanx du ma-
/2/t)c,d"uii pied de long c's: d'un doigt d'épais, puis
£iire des folles avec une houe , & mettre trois de
ces bâtons en triangle dans la terre que l'on a tirée
de ces folles , & dont on a fait un petit monceau re-
levé. On appelle cela Planter à /afojfe. Mais il y a
une autre manière de planter le manioc , que 1 on
nomme Planter au piquet , qui cil plus prompte &
plus ailée , mais qui ne produit pas du manioc li
eftimé , ni lî beau ; elle ne conlille qu'à faire un trou
en terre avec un piquet , &: à y planter tout le bois
de manioc. Les Indiens n'y font point d'autre façon.
Il y a plulleurs fortes de ces arbnlleaux qui ne font
diftércns qu'en la couleur de leur bois & de leur
racine. Ceux qui ont l'écorce grile , ou blanche , ou
verte ,font un pain de bon goût, & ils croillent en
peu de temps ; mais les racines qu'ils produiient ne
(ont pas de ii bonne garde, & elles ne foifonnent
point tant que celles du /Tzanioc rouge , ou violet,
qui eft le plus commun , le plus cftimé , & le plus
profitable. Le fuc de cette racine c(l un poiton fi
puillant , que les Indiens des grandes Iles , perfécutés
V^t les Efpagnols qui mettoient tout à feu & à lang,
voulant éviter une mort h cruelle , fe lérvoient de ce
venin pourfe faire mourir eux-mêmes-, mais au bout
<ie vingt quatre heures que ce fuc lî venimeux pour
toutes i'ortes d'animaux , efl: tiré de (a racine j il perd la
qualité maligne ; & n'a plus rien de mortel. Quelques-
uns appellent celte plante maniaque , ou rnandioque.
Quelques uns la nomment aulll CaJJave ■ pluheurs In-
sulaires de l'Amérique la nomment Tucu , ëc les Me-
xicains Quauhcamotli.
^CF C'eft de la racine de cette plante qu'on fait une el-
pice de pain dont ufent la plupart des peuples qui
habitent les pays chaudsde l'Amérique.Chaque plante
produit deux ou trois racines giolles comme la cuilfej
& qui pèlent fouvent jufqu'à loixante ou loixante-dix
livres. On les fépare des tiges , on les lave & on les
ratilfe pour en ôtcr toutes les malpropretés ; enluire
on les grage , c'elt à dire qu'on les râpe avec des râpes
de cuivre courbées en demi cylindres , longues de
dix huit à vingt pouces, un peu moins larges, à-
•peu-près femblables à celles dont on le lert pour râ-
per le lucre. On met cette rapure dans de grands lacs
de toile forte & claire , qu'on met les uns lut les au-
tres , avec des bouts de planches entre deux j & on
les lait palier fous une forte prelfe pour en expri-
mer le lue , qui efl: un vrai poifon. Après dix ou
■douze heures de preile, c'eft- à-dire quand la rapure
de manioc eft fuflifamment dégagée de fon lue , on
Ja pallé dans un gros crible , & on la porte dans le
lieu deftiué à la faire cuire , pour en faire de la cal-
five, ou de k farine de manioc.
^T Pour faire la caJJave , il faut avoir une grande
platine de fer , élevée fur quatre pieds , entre lel-
qucls on allume un teu modéré. Quand la platine
commence à s'échaufter , on la couvre également de
rapure de manioc bien étendue & un peu appLuie.
On la lailfe cuire fans la remuer. Il s'en forme une
erpèce de galette , qu'on retourne fur la platine , afin
de la faire cuire également des deux côtés. C'eft cette
rapureainfipréparée&: cuite, qu'on appelle caffave.
tfT La farine de manioc j ne diffère de la caffave ,
qu'en ce que les parties de la rapure ne font point
liées les unes eux autres. On jette la rapure dans une
poêle de cuivre , quand elle ell échautiée , on la re-
mue en tout fens avec une efpèce de rabot _, pendant
qu'elle cuit. Ce mouvement empêche les parties de
s'attacher les luies aux autres j qui demeurent en pe
tits grumeaux. Quand cette làrine eft cuite &c re-
froidie , on la met dans des barils pour s'en Icrvir
au befoin.
Les Sauvages font le pain de manioc de la même
manière ,avec cette différence , qu'au lieu de râpe .
ils le fervent d'une elpèce de bois , dans lequel ils
cnchâilènt de petites pierres dures &c pointues. Au
liet de lac de toile , ils ufent d'écorce d'arbre j dont
Hs font un ti'ïu fort propre ■, (!s: pour des platines de
fer jils en ont de terre qu'ils font eux mêmes.
M A N
Cette racine eft aulll utile en Amérique , que !e
blé en Europe. On en fait une boiflon , qui vaut
bien notre bière. Cet arbrilleau ne vient point de
femence comme les autres ; mais de bouture , qu'on
a foin de planter les nœuds en haut ; car autrement
elles ne produiroient rien.
MANIPULAIRE. f. m. Terme de l'ancienne milice des
Romains. Manipularius. C'étoit le chef d'une petite
troupe de gens de guerre , appelée Manipulus. Le
Manipule contj-noit plus ou moins d'hommes , fé-
lon que la légion étoit plus ou moins forte.
t^oye\ Manipule. Le Manipulaire qui en étoit le
chef, s'appela aulli Ordinaire, he Manipulaire axoh
droit de porter des caliges. P^oye^ ce mot.
Manipulaire. adj. m. îk f Qui appartient à un mani-
pule. Alanipularis. Manipularis &c manipularius , fe
diloient aulfi des loldats qui compofoient la troupe ,
appelée Manipulus , &z de ce qui y appartenoit. Un
(oldat manipulaire. En habit manipulaire. L'enfeigne
manipulaire , étoit une botte d'herbe & de foin, &
c'eft de - là que venoient ces noms , parce qu'une
botte d'herbe & de foin s'appelle en Latin Manipu-
lus. C'eft Ovide , Fafl. L. III. v. itj , ii^ ^ôc
Plutarque dans la vie de Romulus , qui nous l'appren-
nent. ifT Cet ufage fubfifta julqu'au temps où les
Romains fubftituèrent les aigles à la botte de foin.
MANIPULATION, f. f. Eft un terme dont on fe fert
en minières d'or & d'argent , pour expliquer le mé-
canilme par lequel on tire l'or & l'argent du mi-
nerai ; c'eft à dire de la terre &: des pierres qu'on
tire des mines , & qui renferment ces précieux mé-
taux. Colleclio gleharum aurearum & argentofarum ,
term aut glebit aure& & argento/ie.M. Freziere , dans
fon 'Voyage à la mer du Sud , p. 140 & fuivan-
tes , décrit la manière de tirer l'or & l'argent des
minières , ou la Manipulation du Minerai pour faire
les pignes.
03" Le terme de Manipulation eft également en ulagc
parmi les Chimiftes , les Diftillateurs &c plufieurs
autres Artiftes , pour déligner la manière d'opérer.
C'eft une facilité acquife par une longue habitude ,
préparée par une adrelle naturelle à faire les difte-
rentes opérations de l'art. De là manipuler. Ce n'eft
pas allez de lavoir les principes , il faut favoir ma-
nipuler.
MANIPULE, f. m. Ornement Excléfiaftique que les
Officians , Prêtre , Di.acre & Soudiacre portent au
bras gauche. Manipulus. C'eft une petite bande , large
de trois à quatre pouces , & faite en forme de pe-
tite étole, &c de la même étoffe que les chafubles &
tuniques. Il fignifie ts: reprélente un mouchoir que
les Prêtres de la primitive Eglile portoient au bras,
pour eftuyer les larmes qu'ils verloient continuelle-
ment pour les péchés du peuple , dont il refte en-
core une marque dans l'oraifon que dilenr ceux qui
s'en revêtent , Merear , Domine , portare manipulum
fletùs & doloris. En beaucoup d'endroits on l'appelle
\e fanon. Les Grecs & les Maronites portent deux
manipules , un à chaque bras. Les Evêques , dans
l'Eglife Latine , ne prennent le manipule qu'au bas
de l'autel , après la confellion des péchés ; alors le
Soudiacre le leur met au bras.
On l'a appelle auflî en Latin Sudarium&c manuale,
& mappula , qui lignifie mouchoir.
Manipule , en terme de Médecine , eft une mefure
d'herbe , qui s'entend de ce que la main peut ferrer ,
une poignée. Manipulum , ou maiiipulus , pugillus.
Les Médecins le déhgnent dans leurs ordonnances
par M. En quelques Provinces on dit encore mannée.
Se dans la balle Latinité on dit mannua bladi; pour
dire poignée de blé.
Manipule j lignifioit encore chez les Romains , une
petite troupe d'Infanterie , laquelle étoit , du temps
de Romulus , de cent hommes i & du temps des
Conluls & des premiers Céfars , de deux cens. Ma-
nus y manipulus. Le Manipule avoir deux Centu-
rions qui le commandoient , ik. dont l'un étoit
comme le Lieutenant de l'autre. Ces Centurions
étoient ce que nos Capitaines font aujourd'hui.
Ablanc,
f'
M A N ^
Ablanc. Chaque Cohoite étoit divifce en trois ;^/a-
n'ipules , & chaque Manipule en deux Centuries.
Dan.
Il eft vrai que dans Aulu-Gcllc , Z. XVI. c. 4. un
aiiciïn Auteur que nous n'avons plus , nommé Ce-
cius, qui vivoit du temps d'Aniiibai _, dont il fut
prifonnier , 8c qui avoit écrit de la Milice , dilbit
que la Légion écoit compoléc de foixante Ccntu
ries , de trente Manipules , de trente Cohortes. Mais
Varron , L. IV. de ling. Lat. Se Végèce , L. II.
c. /_^j difent que c'étoit le plus petit corps de trou-
pes qu'il y eût , & la dixième partie d'une Centu-
rie ; ik. Spartien , dans la vie de Pefeenius Niger ,
dit qu'il n'étoit que de dix Soldats; ce qui mon
tre que le manipule n'a pas toujours été la même
choie.
Les Romains donnoicnt le nom de Manipule à
cette troupe , parce que chez eux le manipule , ma~
nipulus j fignifioit au propre une poignée de foin ,
qu'ils attachoient au bout d'une perche pour fe re-
connoitre, avant qu'ils eullent pris les aigles pour
enfeigne ; de - là vient que nous difons encore en
ce fens , imc poignée de gens. Végèce , Z. III. c. i j.
Modelte & Varron 3 en apportent une autre raifon.
Celui-ci dit , Z. IF. de Ling. Lac. qu'il vient de ma-
nus , qui (ignifîoit une troupe , une poignée de gens
qui (uivoient un même étendard. Ceux-ci diient ,
quj c'eit parce qu'ils comSattoient en fe donnant
tous la main , ou tous cnfemMc. Quod conjunclis
manihus pariter dinûcarcnt j & il paroît par ce que
ces deux Auteurs difent que le manipule étoit jufte-
\ ment ce que nous appelons Chambrée. Contuber-
nium autem manipulus vocabatur , ab eo quod con-
junclis manibus pariter dimicahant. Ce lont leurs
pai'oles.
Manipule pyrotecniq.ue , fe dit à la guerre , d'une
certaine quantité de pétards de fer , ou de cuivre
joints enfemble par un hl d'archal , & chargés de
poaire grainée & de balles de moufqucts , qu'on
peut jetter à la main fur les ennemis. La manière de
les faire cil enfeignée par Calimir dans fon Livre de
l'Altillcrie.
tp- MANIPULER. Foyei Manipulation.
MANIQUE, ou MANICLE./. f. Termes d'Artifans ,
qui le dit d'une certaine défcnfe ou couverture qu'ils
{è mettent à la main , ou aux poignets , pour les faire
rélîfter au travail,, où ils font obligés de les em-
ployer , comme les Chapeliers, Cordonniers , Save-
tiers , Mnnicafutoria , &c. Une manique de cuir.
MANIQUETTE. 1. f. Elpèce de poivre dont on fait
traiic du côté du Sénégal , qui ell moindre que le
poi'Te des Indes.
MANîS. f. m. Terme d'agriculture. On appelle ainfi
dans pluiieurs endroits les fumiers compofés de
Go'jemon. Dans quelques Provinces , on appelle
mj;:':s , les fumiers en général.
MANISSA. Foyei Magnésie.
MANISSE. f. m. Idole qui efl adorée en Tartarie, dans
les Royaumes deTangut & de Baratola. Le Père Kir-
chcr dit que cette Idole eft monftreufe , ayant neuf
^1 têtes dilpofées en pyramides ; trois au premier rang ,
P trois au (econd , deux au troificme , & la neuvième
fai: \\ pointe de cette pyramide.
MAN'I SSIERE. f. f. Terme de Fleurifte. Tulipe qui a un
■| rou^^e ferme , un peu de rouge couvert , & un très-
^' beia bb.nc & bien net. Morin.
MANISSIQUE (la.). Petite rivière de l'Amérique fep-
tenri ionalc , dans la nouvelle France , qui tombe dans
le lac des Ilinois , à la bande de l'Ell.
MANITOU, f m. Animal qui fc trouve dans l'île de la
Grenade. On le nomme. Opajfum dans la Virginie. Il
■ ail tête d'un cochon , la queue comme un loir , avec
r ' \\v. fie fous le ventre , dans lequel il porte & nour-
rit fcs petits. Il eft d'ordinaire de la grandeur d'un
moyen chat. Voyé':^ dans le Diftionnaire des Arts, la
dcfc. iption d'un Manitou , fnte par le P. du Tertre.
Ces animaux fcntcnt li mauvais , que les chiens les
fuiciT-. Leur queue eft fi forte , qu'elle leur fert à fe
pcnâte par le bout aux branches des arbres.
Tome V.
M A
N
8or
ifT Maniîou. Dans l'iiiftoire des égarcmens de l'Elptit
humain ; c'eft le nom que les Algonquins , peuple
fiuvage de 1 Amérique kptentrionale , donncntà cer-
tains génies ou clprits iubordonnés au Dieu de l'uni-
vers. Il y en a de bons & de mauvais. Chaque hom-
me , chaque lemme a les Manitous. On fait des
offrandes & des facridccs aux uns & aux autres ;
aux bons, pour s'attirer leur faveur & leur protec-
tion ; aux mauvais , pour détourner les maux qu'ils
pourroient taire.
MANIVEAU. f. m. Petit panier plat._ Cifla , Ciftella,
Il ne fe dit guère qu'en cette phrafc ■■, un maniveau
d'éperlans , parce qu'on en vend d'ordinaire dans de
tels paniers une quantité fuftilante pour en faire un
plat.
MANIVELLE, f. f. Terme de Mécanique. Pièce de fer
qui fc replie deux fois à angles droits , qui eft d'ot-
dinairc au bout de la broche de l'ellieu d'une ma-
chine , pour la faire tourner. Manuhrium ,verforium.
Il y a des doubles manivelles pour faire mouvoir le
pifton des pompes. Il y a aiillides manivelles aux bro-
ches à main.
Ce mot vient de manuela. Huet.
La manivelle , en termes de mer, eft la pièce de
bois que le Timonnier tient à la main , qui fait jouer
le gouvernail. Voye\ Manuelle.
Les Imprimeurs appellent manivelle , ce qui fett à
rouler la prelle. Manuhrium.
ifT Ce terme eft encore d'ulage dans plufieurs autres
arts & métiers. Il s'entend généralement de ce qui
fett à faire tourner quelque cliofe avec la main.
A'IANKISCHLAK. Petite ville d'Afie , au pays de
Khowarefm , fur le rivage de la mer Cafpienne.
M AN LAT & MANULAT. f. m. Efpècc de monnoie
de l'Empire Grec. Manlatus , Manulatus. Les man-
lats étoient d'or & de cuivre mêlés enlemble -, ils va-
loient beaucoup moins que les Belans d'or.
Ce nom vient de celui de l'Empereur Manuel
Comnène, qui fit battre cette monnoie joiiil fit met-
tre (a figure &: fon nom.
MANLIEU. Nom d'un village , avec Abbaye , dans l'Au-
vergne , près de la ville d'Illoire. Magnus locus. Il efl:
fur la Doire , & a été fondé par laint Genès , évcque.
Valois. Not. Gall. p.jij.
MANLIUS , MANLIA, f. m. & f. Nom d'une fa-
mille Romaine. Manlius , a. La famille Manlia a
été féconde en hommes illuftres & en Confuls. C'eft:
ainfi que parlent nos Antiquaires. Il ne faut pas dire
la famille des Manliens. Les Manlius , à ce qu'on
croit , defcendoient de Manlius , gendre de Tarquin
le Superbe.
MANNACAVOS , ou MANANCAVOS._ Peuples fau-
vagcs des Indes Orientales , dans la prelqu'île de Ma-
laca , au voihnage de la ville de ce nom.
MANNE, f. f. ( Prononcez màne ). Terme de Phar-
macie. Drogue médecinale. C'eft un lue ou une li-
queur blanche , douce , qui découle d'elle-même , ou
par incifion , des branches & des feuilles même des
frênes-, tant ordinaires que fi.uvages, pendant la ca-
nicule , & un peu auparavant. Manna , mel cœlejle.
On ne la trouve que fur ces arbres , encore n'eft-ce
pas fur tous , mais principalement en Calabre & aux
environs de Briançon. C'eft pourquoi ceux-là fe ttoni-
pent lourdement , qui difent que c'eft un miel de
l'air , ou une efpèce de rofée qui vient d'une vapeur
élevée de la terre , & digérée dans l'air , condenfée
par le froid qu'on recueille dans les pays chauds
avant le lever du foleil , tant furies plantes & les ar-
bres , que fur les rochers & la terre même , qui dif-
paroit lorfque la chaleur furvicnt. Car, au contraire,
on l'amaflé en plein foleil , lequel la sèche Se lacon-
denfe. Deforte qu'on la doit mettre au rang des gom-
mes qui s'épaiflUrent par la chaleur , Se fe réfolven:
dans l'humidité. Les Italiens en connollfent de trois
fortes , manna di corpo , qui fort d'elle - même des
branches de l'arbre dès le mois de Juillet : la leconde ,
manna formata , ou for^atella , qui ne fe recueille au
mois d'Août qu'après l'incifion de l'arbre , & lorfque
la première a celte de couler : la troihème , manna di
liiii
:So2
M AN
fronda , qui fort d'elle-même en lorme àc petires
gouttes d'eau , comme une efpècc de (ucur , de la
paitie nerveule dts Feuilles du frêne , qui lonc de la
grolfeur des grains de froment , & qui s'endurcillent
âu foleil au mois d'Août. On voit quelqueluis ces
feuilles ii chragces de ces grains , qu'il lemble qu'elles
loient couvertes de neige.
i^ Les Marchands Droguiftes vendent plulleurs fortes
de mannes , qui ne font diftérentcs que par le nom
des lieux d'où elles viennent , ou par la ligure qu'el-
les ont. Manne de Calabre , de Sicile , en larmes, en
grains , &c. La Manne en larmes n'ell point fadfice,
comme on le croit communément. Elle prend d'elle
•jnême cette figure , parce que ceux qui font les inci-
fions aux frênes, y mettent des bnns de paille ou de
petits bâtons , le long dcfquels la manne coulant tk.
le condenlant à melurc qu'elle iort , prend la fi-
gure qu'on voit aux larmes.
'<fF La Manne de Briaiiçon , ainfi nommée de la ville
de Briançon en Dauphiné , d'où elle vient , découle
des branches du Mélelle ou Larix.
La Manne purge doucement. Altomarus , Médecin
de Naplcs, en a fait un traité exprès , ls: Jofeph Don-
zellus confirme ce qu'il en a dk. La Manne purge la
bile, quoiqu'on la tienne une clpcce de miel ; & au
contraire , le miel ordinaire l'augmente. Fuchfius dit ,
que les payfans du Mont-Liban mangent ordinaire-
ment la Manne y comme ailleurs on fait le miel. Au
Mexique , ils ont de la Manne que l'on mange comme
on fait le fromage en Europe.
Dans la Perle & dans l'Afie Majeure , on cueille
fur les feuilles de plulicurs fortes d'arbres ou arbril-
feaux , une matière liquide & gluante , qui cft blan-
che , douce &: prefque fembl.able à du miel blanc ,
dont les habitans font un grand débit. Ils nomment
cette drogue Therenïahln , & nous la nommons en
François Manne liquide j parce qu'elle ne le condenfe
pas comme notre Manne de Calabre. Elle cil purga-
tive comme elle, & les Egyptiens cv: les Indiens s'en
fervent ; mais elle ell: fort rare en France.
Manne , en termes de l'Ecriture , cil: une nourriture mi-
raculeufe que Dieu fit tomber du ciel pour nourrir fon
peuple dans le Délert pendant quarante ans. Manna.
1^:1 Manne croit faite en façon de coriandre, & fa cou-
leur étoit comme la couleur du bdcllion. Les Ilraëli-
tcs appelèrent cette (orte d'alimeiit Manne , ou du
mot Hébreu manah , qui fignifie don , pour dire ,
que la Afiz/2/2eétoit undonduCieli ou du moi mi n-
nah, qui fignifie préparer , pour dire, que \x Manne
étoit toute prête à manger , fans avoir befoin d'autre
préparation , que de l'amaller -, ou du mot Egyptien
man , qui fignifie qu'efi-cc} &C dont les Ilraëlitcs
avoicnt bien pu fc fervir au lieu de mah , qui veut
di-ie en Hébreu la même chofe. En ettet , ce dernier
lentiment eft d'autant plus vrailemblable , que l'E-
ciiture nous apprend que les Ifra'èlites furent dans
im grand étonnement , loriqu'ils virent tomber la
Manne pour la première fois , ne ûchant ce que c'é-
roit. Les uns croient que ce mot man , qu'ejl-ce ?
croit une marque de leur joie -, & les autres, au con-
traire , croient que c'étoit une marque de leur mépris ,
parce que Moyfe leur ayant promis que Dieu leur
donneroit du pain en abondance , ils s'étoient atten-
dus à du pain ordinaire. De forte qu'ils dirent entr'cux
man hu , qu'efl-ce que cela ? Comme s'ils avoient
voulu dire , Éll-ce donc là ce que l'on nous avoit
promis ?Saumaife ne convient point de cette origine,
il dit que les Arabes & les Chaldéens appeloient man,
une efpèce de iofée , ou de miel qui tomboit fur les
arbres , tk. C[\.\e. l'on recueillait en abondance lur le
Mont Liban. Ainil les Ifral lires ne demandèrent point
par un mouvement de furprife , ce que c'étoit que
ces grains ronds & blancs , & lemblables à la corian-
dre , qu'ils voyoient defcendre du Ciel , & le dilli-
fer par les rayons du foleil ; mais ils les appelèrent
man , parce qu'ils tomboicnt avec la rofée ,& à peu
{)rès de la même manière que le miel qui leur étoit
très- connu lous le nom de man. Saumaiie ajoute que
cette Mànne des Ifraclices i/étoit autre choie que cette
MAN
graille, & cette rolée épailfe qui fe condenfoit , &
que c'étoit la même choie que le miel fauva^e donc
Saint Jean fe nourrilfoit dans le Détert. Ainfi le mi-
racle ne confiftoit point dans la nouveauté Si. dans la
formation d'une nouvelle lubltance , en faveur des
liraëlites : mais dans la manière pontbuelle dont elle
étoit dilpenlée parla Providence, enlorte qu'une 11
grande multitude étoit pleinement rallaliée. Les Krac-
lites murmurèrent contre la Manne , & en eurent du
dégoût : ils diloient , pour marquer ce dégoût , que
leurs yeux ne voyoient que Manne. La Manne cft une
des figures de l'Euchariftie. Quelques Ecrivains Ec-
cléhaftiques ont aulll donné ce nom à un certain bau-
me ou poudre odorante qui lortent des fépulcres
des corps des Saints. Claude Saumaife en fait une
Dillcrtation.
Manne j le dit aulTi figurément des alimens de l'efprit,
Anim& pahulum. Il fout le nourrir de la lubftance
de la vérité , & fe repaître abondamment de cette
manne célefte. Maleb.
Manne , fe dit par extcnfion de toutes fortes de viandes
& de fruits , principalement quand ils lont abondans
dans un pays j & qu'ils fervent beaucoup à nourrir
un peuple. C'eft une bonne manne , une vraie munne.
Manwe d'Encens , eft de l'encens mâle choili en petits
grains les plus ronds , les plus nets , ayant la couleur
de la belle manne. Lachryma churis. On donne aulli
ce nom aux miettes farineufes d'encens qui le trou-
vent au fond des facs dans lefquels on l'a traniporté ,
tk qui fe font faites par l'agitation & par le frotte-
ment qu'ont caulé les voitures.
Manne fe dit auill d'une couche de terre minérale fur
la veine du métal , dont elle eft la marque. Segul-
lum , marga. Ainfi on dit manne d'or' pour fignifier
une forte de fable , qui eft un indice qu'il y a quel-
que mine d'or cachée fous ce fable. En Latin fegu-
lum. PoMEY, après Monet. On dit aullî manne de
fer , manne d'airain dans le même lens , ferrari& ,
&rari& ven£ , index marga. Monet.
En termes du grand Art , manne fignifie la matière
terreftre , & manne divine veut dire la matière de U
pierre des Philolophes.
Manne , eft aulll une manière de panier grand & plat
avec des anfes à chaque bout , & où l'on met la
vaiilelle lurfqu'on a delfervi. Manne à deftervir.
Benna j corhita , farcina , cifla.
Manne d'Enfant , eft un autre ouvrage de Van-
nier,, en forme de berceau, avec une anie à chaque
côté & quatre pieds delfous , où l'on met coucher
un enfant au maillot. Cunit vimine^.
Manne a Marée. Sorte de panier grand, rond. Se
creux , où l'on met de la marée. Cijia pifcaria.
MANNEQUIN, f m. Ouvrage d'ofier. Cijla, cifiula.
Panier |f3° long Se étroit , dans lequel on .ippoxte
du fruit ou de la marée au marché.
03° Mannequin , en jardinage. Panier de gros ofier,
fait à claire voie, rond, plus ou moins profond,
dans lequel on élève certains arbres deftmés à re-
garnir un jardin , à remplacer ceux qui manquent.
Mannequin , en termes de Peinture , fe dit d'une ftatue
qui elt ordinairement de cire , & quelquefois de bois, '
de laquelle les jointures font faites d'une manière à
lui pouvoir donner telle attitude qu'on defire , &
difpofer les draperies & les plier comme l'on veut.
Simulacrum in omnem hahitwn verfatile.
gCT On dit qu'une figure fent le mannequin , pour dire
qu'elle n'a pas été étudiée fur la nature.
En cette dernière lignification mannequin vient de
l'Allemand man , qui fignifie homme , & mannequin,
périt homme. En la première lignification mannequin
vient de manne , qui eft encore en ufage en Fran-
çois , & mannequin fignifie petite manne , comme
on a fait, plufieurs diminutifs en y ajoutant quin.
Mannequin , En Anglois Maund étoit autrefois une
mcllue d'Angleterre, qui contenoit 8 baies, ou z
cuves. C'étoit une manière de gi"and panier. Harri».
fp- MANNEQUINÉ. ÉE. adj. Terme de peinture. On
dit que des draperj^i font mannequinées , pour dire
M A N
qu'elles font tlifpofées avec art'cctation F'oyei Man-
NhQUIN.
MANNETTE. f. f. panier d'oficr à deux anfes , qu'on
nomme aiilii Manne iSc Banne.
AlANNUS. Dieu des Germains. F'oje^ Man.
MANOA ELDORADO. Nom d'une ville que l'on pla-
ce dans la Cujane , dans l'Amérique méridionale , liir
■ Icbord occidental du lac de Parinie. Manoa. Les
Efpagnols s étant laillc perfiiadcrj que cette ville étoit
pleine de trelors , (c font quelqueKjis mis en dépenle
pour la chercher ; mais ils n'ont jamais pu trouver ni
cette ville , ni le vafte lac de Parime fur lequel on
l'a fituée j d'où l'on peut juger , que ni l'une ni l'autre
ne fublirtent point ertedtivement. Maty.
MANOBARBULE. f. m. Mambarbulus. Holfman à ce
mot &: au mot Plumhau , dit toujours Manohar-
imlus. Cependant on lit Martiobarbide dans Végècc.
Ainli Hotiman le trompe. Foye':^ Martiobarbule.
MANOBL f. m. Efpècc de fruit du Biéfd & des An-
tilles qui vient fous terre comme les trurtes. La plante
qui le produit, a une tige haute d'un pied ou d'un pied
& demi j carrée ou cannelée , roullâtre & velue. Il en
fort plulicurs rameaux qui portent chacun quatre
feuilles allez fcmblables à celles du mélilot. De la
jointure de ces rameaux nailfent de petites Heurs
jaunes , rouges fur les bords, corapolces de deux
feuilles , &c attachées à des pédicules longs d'environ
lin doigt & demi. Sa racine ell menue, filamentcufe ,
lur laquelle viennent les fruits qui font des goullès
grifes j oblongucs , de la grolleur des myrobolans ,
fragiles: chacune contient deux noyaux gros comme
une avelme, dont le dedans elt blanc, oléagineux j
&c du même goût que nos piftaches. On les préfente
au delïcrt , mais cette forte de fruit caufe le mal de
tête à ceux qui en mangent trop. Lorfqu'ils font
entiers & qu'on les remue , ils font du brait. Quel-
ques uns les nomment muemtnt piftaches. Marcgrave
appelle la plante Munduhï Brafdicnfibus.
jMANOÉ ou MANDOÉ. Petite île de Dannemarck ,
fur la côte occidentale du Duché de Slefwig près
de la ville de Ripen.
MANŒU'VRE. f. m. Ce mot fignifie proprement
celui qui travaille de fes mains : Opcra operarius ,
mais on ne s'en fert guère qu'en parlant d'un aide
à Maçon , d'un aide à Couvreur, c'eft-à-dire , d'un
homme qu'on prend à la journée pour fervir les
Maçons & les Couvreurs , & faire les fondions qui
n'ont befoin d'aucun art , ou apprentilfagc. On ap-
pelle manœuvres ceux qu'on emploie à gâcher du
plâtre , à nettoyer les calibres, à porter le mortier^
les moilons, les terres, &c. On appelle goujats ,
les moindres manœuvres, comme ceux qui portent
le mortier furl'oifeau , &c. Daviller.
Ce mot vient de manopera , ouvrage de main.
MÉNAGE.
On appelle proverbialement & ironiquement un
homme fin & adroit , un rufc manœuvre. Un fùté
manœuvre.
Manœuvre , à la campagne , fe dit des pauvres gens ,
qui vivent du tnivail de leurs bras, & qui n'ont au-
• cun bien , ni commerce , ni induftrie. Operarius. En
cette Paroirte il n'y a qu'une douzaine de Laboureurs ,
de Vignerons , ou de Marchands : tous les autres ne
font que des pauvres manœuvres , & gens de jour-
née, qu'on emploie à faucher , faner , moillonner,
vendanger , &c.
Manœuvre, f. f. En termes de marine , tf^" c'efl: en
général tout ce qui fert au gréément du vailléaa ,
cordes, poulies, voiles, &c. On le dit particulière-
ment des cordes &: cordages qui fervent à manier
les voiles en' diverfes façons , comme les iffas ou
drejfes , qui lont le long des mats , fervant à les
hauller. Funium inftruclus nauticus ; manœuvres hautes
font celles qui fe font de delTus les vergues , & de
delTus les hunes. Les manœuvres bajfes font celles qui
fe font de delfus le pont du vailfeau. Les Balancincs
fervent à faire pencher les antennes d'un côté ou
d'autre. Lts h ras tirent le bout des antennes vers la
paupc. Lés écoutes ou contre-écoutes ûzimcm le bout
Tome V,
MAN 803
des voiles. Les hrcuUs ou martinets fervent à em-
brouiller promptement les voiles, ^\c^ garcettes^
les ferler , les ralingues à les fortifier. Les boulines
ou houlinettes fervent à ouvrir les bords des voiles
pour recevoir le vent qui vient de biais. Cela fait
dix ou onze cordes qui lont le plus fouvent doubles,
tV étant nuiltipliécs par les dix voiles font plus de
zoo cordes ou manœuvres Vitacle elt la plus grolîc
At:i manœuvres. Elle fouiiciit & élève l'antenne,
pallant a une poulie qui e(t fous la hune,(Sc aboutie
à un mouffle de poulies où font les illàs.
Il y a des manœuvres dormantes , qui font fixes,
auxquelles on touche rarement , & d'autres cou-
lantes ou courantes, qui iont prefque en mouvement
continuel , comme celles qui fervent i. manier les
voiles.
Manœuvre de hune, ou guinderelle, terme de î^a-
rine , c'efl un cordage amarré au grand mât de hune ,
afin d'ilfer (Sj d'amener ce mat par la force du ca-
bellan lorlque le gros tems y oblige.
MaisŒuvre, fignifie aulfi l'ufage &: le fervice de ces
cordages , & lelervice des Matelots qui les font mou-
voir. Opus , aclio , minifterium nauticum : ffT c'eft
proprement l'art de foumettre les mouvemens d'un
vaillèau à^ certaines loix , pour le diriger le plus
avantageufement dans fes évolutions. On dit bonne
ou mauvaile manœuvre , Fine manœuvre. Sans une
m-anœuvre faite à propos , nous étions perdus. Ce Ma-
telot entend bien la manœuvre , il exécute i'oudain les
commandcmens. Il faut qu'un Capitaine de vailfeau
entende bien la manœuvre , car fans cela il ne peut
pas la bien commander. Le pilotage & la manœuvre
lont^ les deux chofcs nécellaires pour conduire urr
vailîeau. Une laulfe manœuvre peut faire perdre la
bataille.
ItTAinii manœuvre 8c manœuvres fignifientdes choies
ablolumentditférentes. Lz manœuvre eft l'art de con-
duire un vailfeau , de régler fes mouvemens , tout
ce qui fe fait pour le gouvernement du vailTeau ; au
lieu que les manœuvres font des cordages deflinés à
flaire agir , à manier les vergues & les voiles , & à
faire les autres lervices du vailfeau.
Manœuvre, fignifie aulfi dans l'art de bâtir, le mou-
vement libre des Ouvriers , & des machines , dans
un endroit ferré & étroit , pour y pouvoir travailler,
comme dans une tranchée, pour lever un mur d'a-
lignement au cordeau. Dans un batardeau , pour fon-
der une pile de pont , il doit y avoir au moins fix
pieds d'efpace entre le batardeau & la pile pour lailîèr
la manœuvre libre.
§Cr Manœuvre , en peinture , fe dit d'un tableau où
les couleurs font bien fondues. La manœuvre de ce
tableau eft belle , il eft bien empâté.
Manœuvre , fe dit figurément en morale en parlant de
la conduite qu'on obferve pour faire réuflir quelque
alïliire ou entrepi ile. Il ne fe difoit guère autretois
qu'en mauvaile part. Vous avez fait là une mauvaife
manœuvre; c'eft-à-dire, vous avez fiit quelque faute,
ou quelque mauvaile démarche qui nuira à votre
delTèin. Mais le terme de manœuvre &: quelques autres
termes (ont venus beaucoup à la mode depuis un cer-
tain temps. Les Officiers de Marine parlent toujours
marine , & fe fervent des termes propres de leur art
pour exprimer les chofes les plus communes. M. de
Seignelai étant Miniftre de la marine , introduifit à
la Cour beaucoup d'exprelîions tirées de la marine ,
& on s'en fervit à fon exemple dans le difcours
ordinaire , par une elpèce de métaphore qui eut beau*
coup d'agrément. Voilà une bonne manœuvre , une
fine manœuvre , pour dire , une conduite fage , pru-
dente , adroite pour arriver à Ion but. Cacher ou
dérober fa manœuvre , c'eft agir fecrétement , fans
faire femblant de rien , fans que perfonne s'en ap-
perçoive.
Manœuvre , (e dit aufli en parlant des mouvemens
qu'un Général ou un autre homme chargé du com-
mandement , fait à la guerre. Les ennemis croyoient
I l'avoir renfermé , mais il fit une manœuvre à laquelle
1 ils ne s'attendoient pas. On le dit dans le même fens
I i i i i ij
8o4 M A N
de toutes les auttes aftaires , comme de la conduite
d'un procès, de la pouiiuice d'une charge , &c.
MANŒUVRÉE. (". f. Terme de Coutumes. Ouvrage,
travail des mains. Alinijhrïum corporis , manaïun ,
dans la balle Laiinité manopera. Les Valfaux doivent
des manœuvrées à leurs Seigneurs.
MANŒUVRER, v. n. \fr Faire taire des évolutions au
navire, à une armée navale. On dit aulh manœuvrer,
quand , fans changer de route , on diipole certaines
voiles , qu'on en i'trre quelqu'une , ou qu'on fait
quelque changement dans la difpofition aftuellc de
la voilure. Travailler aux manœuvres , les gouverner ,
& faire agir les vergues & les voiles d'un vaiffeau.
Nauticos funcs verfare , fleclen. Il faut du temps a
un iiMtelot pour apprendre à bien manœuvrer.
^ Il eft aulli ad:if , & l'on dit manœuvrer un vailleau ,
manœuvrer les voiles. Déjà les matelots Anglois avoient
pallc fur le vailfeau entièrement démâté , pour le
manœuvrer. Volt. Les Anglois qui étoient dans le
vailleau occupés z manœuvrer leur prifcj furent pii-
(onniers eux mêmes. Id.
|CF On le dit aullI en parlant des mouvemens que
des troupes exécutent. Ces troupes ont bien manœu-
vré.
|CF Manœuvrer. Se dit au figuré , ordinairement en
mauvaife part , employer des moyens pour faire
rcudir une affaire, une entreprife. Manœuvrer ioM^i.-
demciit. Il a bien manœuvré A\\\s cette atfaire. •
MAN(5UVRIER. f. m. Terme de marine. Qui entend
bien la manœuvre. Operis nautici peritus. Qui (ait
tout le détail de la manœuvre d'un vailleau. C'eil un
bon , un excellent , un fin manœuvrier. L'Officier ma-
nœuvrier el\ celui qui commande & qui dirige les
mouvemens du vailleau. On appelle aulli manœuvriers
les gens de l'équipage deltinés à exécuter les diffé-
rentes manœuvres.
MANOIE. f. f Vieux mot. Mémoire.
lilANOIR. f. m. Vieux mot , qui fignifioit autrefois
une maifon. Domkdium , fedes.
En termes de Pal.iis , manoir , fe dit encore d'un
certain lieu fixe & diftingué , où un homme cit
préfumé fiire fa demeure , & où l'on va pour rendre
les hommages & devoirs qu'on doit rendre au domi-
cile. Ainli il fe faut préfenter au manoir feigneurial
pour y faire la foi & hommage , y faire fîgniher Ion
aveu &■ dénombrement. \Jn aîné partageant noble-
ment , doit avoir par préciput le principal manoir.
On dit auifi le manoir Épilcopal , en parlant de la
maifon de l'Évêque.
Ce mot vient du Latin manere , ou de manerium ,
qui fignifioit une habitation avec quelques terres
autour. On a dit aulli manfio. Il vient plutôt de ma-
ner , qui en langage Celtique ou Bas Breton fignilîe
Maifon de nohlejje.
En Poche ce mot s'ell aulTî confeivé : les Poètes
appellent les Enfers , le lombre manoir. Ainfi Habert
a die en décrivant le Temple de la Mort ,
Et cet obfcur manoir
Afesfunejles murs entourés de drap noir.
Et la Fontaine ,
Peu s'en fallut que le folell
jVe rebroujjat d'horreur vers le manoir liquide.
ïfT MANOMÈTRE, f. m. Terme de phyfîque , du
grec , f<«' ' , rare, & ^.t(>o ^ mefure. C'ell un inftru
ment inventé pour mefurcr la denfité de l'air. Mano-
metrum. Le baromètre ne fait connoître que le poid';
de l'atmofphère , ou de la colonne d'air. Le mano-
mètre mefure en même temps la denfité de l'air dans
lequel il fe trouve , laquelle dépend non-fculemcnt
du poids de l'air , mais encore de l'aition du chaud
& du froid , & malgré certe diflintlion on confond
allez fouvenr ces deux inftrumens.
MANON, f. f Nom propre de fille qui eft une efpèce
de diminutif de Marie. Maria.
MANOPLES. f. f. pi. Cœjlus. C'cft ainfi que quelques-
M A N
uns ont appelé les certes ou gantelets dont on fe fcr-
voit dans les anciens jeux. 1^ oye^ le combat de Darès
& d'Entellui dans le cinquième livre de l'Enéide. Les
celles ou manoples étoient laites de courroies de cuir.
Il y a fur quelques médailles des figures de manoples
au revers. Ce mot vient peut-être de manlpulus ,
poignée, peut être naiYi de manus , main , &c da Gtec
cTtxov , arme.
MANOQUE. f f. Rouleau de tabac. Ce tabac eft , ou
n'eft pas d'une bonne ynanocle. On voit par la fignih-
cation de ce mot, qu'il n'eft pas fort ancien dans la
langue Françoife.
MANOSQUE. Ville de France , fituée dans la Pro-
vence , entre fifteron & Aix , à fept lieues de la pre-
mière , à huic de la dernière , & à une de la Durancc.
Manuafca. Cectc ville eft dans un terroir fort fertile ,
elle eft agréable & ornée d'un grand nombre de bel- .
les fontaines , de deux Egliies paroilllales , de cinq
Couvens de l'un & de l'autre fexe , <ic d un château
fortifié a l'antique. On croit qu'elle a été bâtie des
ruines de trois ou quatre villages qui étoient aux en-
virons , & que c'eft pour cette raifon qu'elle porte
quatre mains dans fes armes. Les Comtes de Forcal-
quier la donnèrent aux Chevaliers Templiers, on y
voit encore les ruines de leur Couvent. Cet Ordre
ayant été exterminé , celui de Malte a été depuis maî-
tre de Manofque. Maty.
MANOTTE. roye:^ Menottes.
MAi'^IOUF. f m. Sorte de lin qui vient du Levant par
la voie de J^larfeille.
UCr MANOUVRIER. f m. Homme de peine. Ouvrier
qui travaille à la journée , & de t'es mains. Opera-
rius. Qui vit du travail de les mains.
MANQUE, f m. Défaut. Le manque d'argent, de
vivres , de munitions , fait échouer les meilleures
aifaires, ou rendre les meilleures places. Defeclus ^
inopla. Le manque d'amis, de crédit lui a fait faire ban-
queroute. Les femmes pardonnent aiiémentun manque
de refpeét , quand il ne vient que d'un excès d'a-
mour. S. EvR. Quelques talens que l'on ait j le
manque de politelle détruit l'eftime. Bell. M 'atta-
quer fur le manque de relped: à mon maître! De Bussi.
tfT On dit qu'on a trouvé un écu de manque dans
un lac de mille francs, pour dire qu'on l'a trouvé
de moins.
On dit aullî adverbialement, /72^7/2^«« de (ôin , man-
que de fanté , il a lailfé perdre (a fortune. Ce n'eft
pas manque de foins, faute de ioins, s'il ne profite
pas en cette aftaire.
îfT MANQUEMENT, f. m. Faute que l'on commet
en manquant de faire ce que l'on doit. Culpa. Voyez
Omijjlon. Il n'y a perfonne qui ne foit fujet à quel-
que petit manquement.
ifJ' On dit aulh manquement de parole , manquement
de foi , manquement de refpeét. Le manquement de
parole ne mérite pas de pardon entre gens d'hon-
neur. Se venger d'un manquement de foi. RocH.
Manquement , en ce (cns n'eit plus en ufage. Nous
difons manque.
MANQUER, v. a. LailTer échapper une occafîon de
faire quelque chofe, n'en favoir pas pronter. Il avoit
dellein de llirprendre cette ville , il 1 a manqué d'une
lieure. Un tel hazard lui a fait manquer Ion coup.
Ce Prévôt vouloir piendre ce ptifonnier , mais il a
manqué fon homme. Il l'a manqué belle, c'eft à di-
re, il a palfé une bonne occalion fins s'en fervir.
On dit aulli , il l'a manqué belle , en mauvaife part,
il eft échappé heureufemcnt d'un grand péril , peu
s'en eft fallu qu'il n'y foit tombé. S'il me manque ,
je ne le manquerai pas. J'ai manqué ce lièvre , pour
dire, je ne l'ai pas tué. Je ne l'ai manqué que d'une
heure , c'eft à-dire, je l'aurois trouvé fi j'étois venu
une heure plutôt. Son retardement lui a tait manquer
la partie. Toutes ces manières de parler font du flyle
familier &c de converfation.
Rarement on peut voir , fans en être piqué ,
PoJJéder par un autre , un cœur qu'on a manque.
Mol.
M A N
Manquer, v. n. (îgnifie , Faillii- , fiiiie quelque faute.
Pcccare ^ dclinquerc , offenderc. Il cft de l'iiiiinnuc
humaine de manquer. Il y a peu de perfoiincs qui
ne manquent quelquefois. ,
Manquer, fe dit aulH dans le même fens , désarmes
à feu ; Dcjicere , pour dite , ne pas tirer , ne pas
prendre feu. Il m'auroit tué, fi fcs piltolets n'avoient
pas manque. Son tulil manqua.
^*° Manquer de, avoir fiute. Carere , deficere. Man-
quer d'ugein , d'amis j de fantc. Manqueras réfolu-
tion , d'occalion. On dit qu'un homme ne manque pas
de vanité , de bonne volonté, pour dire , qu'il a de
la vanité , de la bonne volonté.
^CF On dit également d'un homme , qu'il manque
d'argent , ou que l'argent lui manque. Les allîégés
manquoïcnt de vivres, de munitions j ou les vivres
les munitions leur manquaient. Manquer de parole ,
c'eit ne pas tenir la parole. Manqueras foi, n'avoir
point de bonne-loi.
§Cr Manquer à, c'efl: ne pas faire ce que l'on doit j
relativement à une perfonne ou à une chofe. On
manque à Ion devoir , à (on honneur j à (à paro-
le , a Tes amis , &c. DeeJJe ojficio.
^3" On dit dans le même fens fe manquer à foi mc-
me. Le Roi pourluivi par l'implacable fortune , ne
s'eft jamais manque' à lui même. FlÉch.
sJS" Manquer, tomber, périr. Cadere , deficere. On
dit qu'une mïiiow manque par les fondemens; qu'un
cheval manque par les jambes , qu'un homme man-
que par le poumon. Si ce père de famille vient à
manquer , fa maifon eft ruinée.
lier Manquer , défaillir. On dit que les forces man ■
quent à quelqu'un, deficiunt ïllum vires ; que les
jambes lui manquent ; que le cœur lui manque,
quand il ell prêt à s'év.anouir. Il fut fi interdit , que
la parole lui manqua. On dit que le pied a manqué
à quelqu'un quand il a glillé.
IJCT Dans le commerce , manquer, c'eft faire faillite
ou banqueroute, f^oye-:^ ces mots. La perte d'un
tel vailîeau elf caufe qu'un tel Marchand a manqué.
^3° Manquer, être de moins , ou ne pas être , en
parlant des choies ou des perfonnes qui ne {ont
pas, ou qui (ont de moins où elles devroient être.
Il manque plulieurs livres dans cette Bibliothèque.
Vous nous ave^ bien manqué aujourd'hui.
^3" On dit d'un portrait fort rellemblant j qu'il ne
' lui manque que la parole.
Manquer , fignifie aullî , Omettre , oublier de faire
quelque choie. DeeJJ'e , oMiviJci. Quand un Procu-
reur manque de le trouver à l'alîïgnation , on donne
défaut contre lui. F^adimonium dejerere. Je ne man-
querai pas de faire ce que vous voulez. Ne manquez
pas de me venir voir. Malhcureufement il manqua
d'aller voir Ion Rapporteur.
|KF On dit familièrement qu'un homme a manqué
d'être tué , pour dire , peu s'en eft fallu qu'il n'ait
été tué. Paràm abfuit.
MANQUÉ , ÉE. part. Foyei le verbe.
. MANRÉSE. Nom d'une petite ville autrefois épifco-
pale. MmoriJJa. Elle eft dans la Catalogne , fur le
Chardoner , entre Barcelone & Cardonne , à dix
lieues de la première , & à cinq de la dernière.
M AT Y.
MANS. Suindinum, Subdmnum , Cenomani. Y^tMans^
ville de France , capitale du Maine , & fituée au
confluent de la Sarte , & de l'Huifne , à quinze ou
feize lieues de Tours , du côté du Nord. Cenoma-
na/K, anciennement Vindinum. Le Mans a un Pré-
fidial , & un Évêché futfragant de Tours. Maty.
Val. Not. Gall. p. 64.
Ce mot ne fe dit jamais fans l'article. Le Mans ,
du Mans , au Mans , & non pas Mans , de Mans ,
à Mans. Le Mans eft au 17'. d. 45. m. de longi-
tude , & au 48^. deg. 4. min. de latitude. Acad.
des Sciences.
Ce mot s'eft formé par aphérèfe de Cenomanum ,
c'eft-à-dire , en retranchant le commencement de
ce nom Latin. Le mot Mans vient , félon quelques-
uns , de Manfus , 8c lelon d'autres j de Cenomani.
MAN
8oy
MANSAL adj. On a dit autrefois manfai pour man-
Jeau , ou iiatil de la ville du Mans j ou du pays
du Maine. Vindinius , Cenomanenfis. Le dernier
nianfai étoit une monnoie fabriquée au Mans, &
qui valoit les deux deniers tournois , ou bien un
Normand & demi. Foye^ Manseau. Il y avoir
aulli le (ou manjai , double du fou tournois.
MANSARDE, f f Ternie d'Arclutedure. Comble
coupé , ou brilc. Deprejj'o jajtii^io uclum. C'eft une
manière de charpente , ou de couverture de maifon ,
qui (e hiit par des toits recoupés, tk qui ont une
double pente , rompue par le brids au lieu de celle
qui étoit droite &c pointue dont on fe fcrvoit autre-
fois. Son nom vient de Man/àrd , célèbre Arclii-
tedte moderne qui en eft l'inventeur. On tient pourtant
que cette penlée lui eft venue de l'aflémblage des
bois de charpente , que Sangallo Architeéi:e avoir
figuré pour hiire les cintres de Saint Pierre de Ro-
me , dont Michel-Ange s'eft fervi. tes figures en
font données par le Muet d;uis Ion Palladio. Tous
les beaux bâtimens d'aujourd'hui lont couvertjd'une
manfarde , ou à la manfarde.
MANSE. Foyei Mense.
Manse , terme de Coutume, /^oye^ Mas.
MANSEAU , ELLE. f. m. & f Qui eft du Maine , ha-
bitant du Maine. Cenomanus ,Cenomanus Autercus ,
Cenomanenfis. Les Man/èaux iom les Aulcrquesde
I ancienne Gaule, mais les Aulerques Cénomans,
ùk non point les Aulerques , DiabJintes , ni les Au-
lerques Eburovicicns.
Les Manfielles (ont fines &c rufées.
On dit proverbialement , Un Manfieau vaut un
Normand Se demi. Il n'eft pas odieux, comme plu-
iieurs pen(enr , du moins il ne l'eft pas originaire-
mcnr. Il vient de ce qu'autretois la monnoie de
cette Province valoit une moitié plus que celle de
Normandie. Ces dilïérentes monnoies s'appeloient
' Manfieaux & Normands. Le Manfieau étoit de
plus grande valeur & palToit pour un Normand
&c demi. î^oye\ Mansai & Mansois. Il eft vrai
néanmoins que qui dit un Manfieau , dit un hom-
me fin &: adroit : d'où vient le Proverbe , c'elt
un Manfieau , c'eft tout dire. La Fontaine dit en
parlant d'un chapon du Mans ,
Le Normand & demi laïjfioit les gens crier.
MANSÉE , ou MONSÉE. C'eft-à dire , le lac de la
lune. Lun& Lacus. Ce lac eft dans l'Archevêché de
Saltzbourg , en Allemagne, au levant de la ville de
Saltzbourg, & près de l'Autriche. Maty.
MANSFELD. Petite ville de la Thuringe , en Haute-
Saxe. Mansfeldia. Elle eft capitale du comté de
Mansfeldy fortifiée par un bon château , & fituée
près de la rivière de Wipra , à lept lieues de la ville
de Hall , vers le couchanr. Maty.
Munfter dir que ce pays a pris fon nom de Man ,
ou de Mannus , fécond Roi des Germains : car
Mansfeld , fignifie le Champ , la Campagne de
Mannus.
Le Comté de Mansfeld. Mansfeldienfis Comitatus.
C'eft un petit pays de la Thuringe, en Haute-Saxe.
II eft au midi de la Principauté d'Anhalt , & au cou-
chant des Duchés de Hall & de Mersbourg. Il a
environ dix lieues de long , &: fept de large ; les
lieux principaux fon EilTebe & Mansfeld. L'Eledeur
de Saxe pofsède prefque tout ce Comté , depuis plu-
fîeurs années y il n'y refte aux Comtes de Mansfeld
que les Seigneuries de Sé£bourg,& de Schrapelaw,
avec les droits de Chalfe , de Pêche Se de Patro-
nage.
L'île de Mansfeld. Mansfeldia infiula. Cette île eft
dans l'Amérique Septentrionale , dans la mer Chd(-
tiane , à l'entrée de la baie de Hudlon. Maty.
MANSFELDOIS. f. m. pi. Nom de certains Protef-
tans d'Allemagne , qu'on a appelés ainfi , de ce que
dans le feizième fiècle les jeunes Comtes de Manf-
feld ne pouvant goûter la doétrine d'Ofiander , de
Stancarus , & de quelques Docl:eurs Luthériens , fi-
So6
M A N
•Kent une fcûe à p.uc; ce qui futcaufe que l'on nom-
ma leurs lujcts Alansfeldois ou Mansjcldiens.
MANSFÉNY. 1". m. Oifeau de proie des îles Antilles.
On croit qu'il re!îc'mhle tout à Fait à un Aigle , ex-
•cepté qu'il tit plus petit. L.i chair en eft excellente.
On ne voit point d'Aigles dans les Antilles , ce
qu'on y appelle mansféni. , manfcni , ou majéni , ne
'font proprement que des faucons , ou des éperviers.
On voit bien une efpcce de faucons dans les Gre-
nadines, noirs comme du .velours , dont les ferres
ik le bec font jaunes. Ils volent fort haut, de même
que ks aigles, & c'ell peut-être ce qui a fait croire
que c'eft des aigles. P. Plumier. Minime.
§3" MANS-JA. f. m. C'efl: le nom d'un poids dont
on le fert dans quelques endroits de la Perfe , aux
environs de Tauris. Il pefe douze livres un peu lé-
gères.
MANSION. r. f. Demeure , habitation. Il n'ed: plus
d'ufige. Glojf.fur Maroc.
4JC7 Ce terme que notre langue n'a point encore adop-
té dans l'ufage ordinaire , peut être employé dans
la Géographie de l'Empire Romain , comme a hit
Bcrgier dans fon Livre des grands chemins. Il ligni-
fie proprement demeure , kjour : & il a dans les
Auteurs Latins plulieurs acceptions relatives à celle-
là.
|CI" Les Camp où les Romains ne s'arrêtoicnt qu'une
nuit ou deux , pour lailier repofer les Troupes ,
s'appeloient Manfiones. Ceux où ils palloient un
temps plus conlidérable , s'appeloient Stadva. Ceux
qui étoient deftinés pour y palier l'Eté , s'appeloient
Jî/iiva. S'ils étoient deibnés pour y palier l'Hiver ,
Hiberna.
|iC? Il y avoit aullî fur les grandes routes de? lieux
marqués , où les légions ou les recrues , & les Gé-
néraux avec leur fuite , trouvoicnt tout ce qui leur
étoit nécelTiiire pendant leur féjour. Ces mailons
étoient afteélées à la commodité des Troupes, ou
des hommes revêtus de charges publiques , auxquels
on foumilloit tout des deniers publics. Celui qui
avoit l'Intendance d'une Manfion , étoit nommé
Manccps ou Stationarius.
ffT II y avoit aulîi des Maafîons où les particuliers
qui voyageoient , étoient reçus, en payant les frais
de leur dépenfe. C'étoic proprement des A'ubcr[,es
ou Hôtelleries. De ce mot Manfio j par corruption
Mafw , nos ancêtres ont formé le mot Mailon , iyno-
nyme de Gîte , lieu où Ton couche quand on voyage :
& comme la journée du Voyageur finit au Gîte, ou a la
Manfion, delà étoit venu l'ulagede compter les diliin-
ccs par Manjions j ou ce qui ell la même choie par
journées de chemin, /^oyeç La Mart.
MANSIONAIRE. f. m. Terme de l'Hiftoire Ecclé-
' fiaftique. Manfîonarius . Les manjionaires étoient au-
trefois des Officiers qui demcuroient auprès des
Eglifes , & qui avoient loin de les garder. Aujour-
d'hui il a à Notre - Dame de Paris un Prêtre qui
couche dans l'Églife toutes les nuits , & qui fait
l'office de Manfionaïre. Il y avoit à Rome au "VP.
& "VIF. ficelé, &c. quatre fortes d'Egîiles. Les Pa-
triarchales j les Titulaires , les Diaconies , & les
Oratoires. Les Egliles Patriarchales , nommées par-
ticulièrement Baliliques , appartenoienr proprement
& immédiatement au Pape ; comme faint Jean de
Latran, faint Pierre du "Vatican, lainte Maiie Ma-
jeure , faint Laurent hors la ville , faiiue. Croix de
Jérufalem. Elles avoient des Manjionaires , ou Gar-
diens, chargés de les nettoyer, ou les orner. Fleur y.
Mansionaire , eft aullî un nom d'office qu'il y avoit
à la Cour des Rois de France. Les Manflonaires
avoient foin de fiire meubler les maifons où le Roi
logeoit, ik, de préparer tout ce qui étoit nécellaire
pour le logement du Roi Se de fa Cour , & de
ceux que le Roi logeoit. Manfionain en ce fens étoit
ce que nous appelions Concierge j ou Gouverneur
d'une maifon Royale. Le Comte Manfwnaïrc éroit
le chef des Manflonaires,
Le nom de Alanflonaire vient de celui de Man-
Jtonarius , qui efl dérive de muncre , demeurer.
M A N
MANSIONERIE. f. f. Charges des Manfionnaires.
Voyc\ le traité des Bénéfices.
MAiMSIONIER. f. m. Terme de Coutumes. Manjlo-
narius dans la balle Latinité. Dans les Coutumes ,
Manjlonier eft oppolé à féodal.
MANSOIS. 1. m. Vieux mot qui s'cft dit autrefois
pour Manfeau. Cenomanenjls. On a appelé /'/a/z/ôii
des deniers qui le fabiiquoient autrefois dans la ville
du Mans , & fur lefquels on liloit d'un côté, Signum
Deium , &c de l'autre Monhta Cenoman. Quel-
ques uns ont dit en Latin barbare Manceus , pour Ce-
nornanenjls. "Voyez Mansai.
MANSORE. Petite ville d'Afrique dans la province de
Tremecen au Royaume de Fez.
MANSUORE. Manjura, grande & forte ville d'Egypte
fur le Nil.
MA'NSU^ ou MANSUY. f. m. Nom d'homme. Man-
fuetus. L'homme Apoftoliquc à qui l'Eglile de Toul
en Lorraine eft redevable des premicres lemences
de la foi , s'appeloit Manfuet , que le vulgaire nom-
me prélentement S, Manfuy , &c en quelques en-
droits S. Manfu ; & elle le reconnoit pour le pre-
mier de fes Evêques , &: prétend qu'il étoit difciple
de S. Pierre. Baillet , au j de Septembre. Il y a
un autre S. Manfuet , Evêque &C Confelleur d'Afri-
que , que le peuple ne tonnoît point en France, &
dont par conféquent l'ulage n'a point changé le nom.
H ne faut point appeler celui-là Manfuy , ou Man- I
fu , mais Manfuet. Il en eft de même de S. Manfuet y '
Evêque des Africains, martyr lous les Vandales, au
V^. fiècle. M. de Tillemont dit même Manfuet, ou
Manfui, en parlant de l'Evêque de Toul.
MANSUET. f. m. Nom d'homme. Manfuetus. AMi-
lan S. Manfuet ,YLWcq\.\e. Se Confelfeur. Chastelain,
au II) Févr. Ou plutôt, le Vénérable Manfuet. Id.
On trouve la loulcription de ce Manfuet au Coii'i
cile de Rome fous le Pape Agathon contre les Mo-
nothélites. Id. Galéfinius veut , mais fans preuve,
qu'il ait allifté au VF. Concile. Id. /^oy«ç encore
Mansu.
MANSUÉTAIRE. f. m. Nom d'un bas Officier de la
maifon des Empereurs Romains. Manfuetarius ,
ferarurn domitor. Les Manfuétaires étoient ceux qui
apprivoifoient les lions , les ours , les léopards , Se
les autres bêtes féroces , que ces Princes nourrilloient
pour leur plaihr. C'étoient des Officiers , des Valets
de la Ménagerie de ces Princes.
MANSUÉTUDE, f. f. Terme d'un fervicc alfez rare,'
Se qui paroît lynonyme de douceur. Manfietudo , le~
nitas. C'eft le nom qu'ondonne à la vertu qui rend un
homme doux , traitable & facile ; qui a Lame ferme
Se conftantc pour s'oppofer aux emportemens & à
la colère. La manfuétude eft la vertu d'un Chrétien;
c'eft le titre qui eft donné au Sauveur dans (a Royau-
té. Eece Rex tuus manfuetus venit. Saint Paul re-
commande aux Evêques de tempérer par la man-
fuétude ce que l'autorité a de févere. Le P. Gail.
MAN-SURAT. f. m. Poids dont on lé fert à Bandaar
ou Bander Gameron, ville lîtuée dans le Golfe Per-
fique. Il eft de trente livres.
MANSUY. /^tiyq Mansu.
MANT. 5° perf. fing. du préf. ind. Mande, écrit.
Poef du Roi de Nav.
MANTA. Ville ou bourg du Marquifat de Saluées.^ H
Manta. Le lieu de la A/û^fii , l'un des plus agréables
du Piémont , eft fitué dans l'endroit où les Alpes
maritimes fe joignent inlenfiblement auxCottiennes,
entre Saluées Se Verzolo , Se éloigné de l'un &
de l'autre d'environ joo pas. La ville eft fituéedans un
lieu bas. La fortereire ou le Palais eft plus élevé.
Manta eut premièrement fes Seigneurs particuliers.
Mainfroi IL en acheta une partie vers l'an i loo.
Les Barletti , ou Barlattini , retinrent l'autre ; mais
en 151 J. les Barletti ayanfété acculés d'avoir conl-
piré & porté les armes contre l'Empereur Henri VIL
leur fief, qui relevoit de ce Prince, leur lut ôré,
(i^f Mainfroi IV. Marquis de Saluées s'en empara,
pour lui & pour la poftéiité. Théâtre de Piémont,
T. I, p. /-'/, /_-.\
M A M
Manta. Nom d'une ville du Pérou , /îruéc fous la
ligne , ou aux environs de h ligne. Manta.
MANIE, f. h Grand voile noir, traînant jufqu'à
terre, que portent les D.imes dans les ccrénicjnies j
& fur tout dans le deuil. Pcplum. On a appelé les
balandrans , c.ipes de Bearn à long poil j & autres
couvertures que portoienc des Voyageurs , des man-
tes. Gaufapa , pcnula compeflris , endromis , pcnula
fconea , &c dans la balle Laîniité manta. Les Bohé-
miens qui roulent le monde, appellent encore man-
te , la couverture qu'ils portent ku' l'épaule , & qui
ne leur couvre qu'un bras. Et les Ouvriers appellent
aulli mantes , les couvertures de lit.
^3" On donne auiîl le nom de Mantes à certains habits
que portent quelques Religieufes,
La mante ancienne, mantus , mantum , étoit dif-
férente de ce qu'on appelle aujourd'hui mante , i\
ce que dit Ilîdore cft vrsi , que c'étoit un habille-
ment fort court que les Efpagnols appeloient mante ,
parce qu'il ne couvroit que les mains , c'ell-à dire ,
les bras. Martial , L. Xiy^ Ep. 2 g. appelle man-
tatus un homme couvert d'une mante , qui a une
mante. Il y avoit aulli une elpèce de mante , qu'on
nommoit autrefois mantuelïs , & que l'Hiftorlen
Pollion appelle Chlamys Dardanka mantuelïs , dans
la vie de Claude , chap. XFII.
Ce mot vient de mantellum, qui fe trouve dans Plan-
te. Il eft diminutit- de mantum, eo qubd manus tegat
tantùm , dit Ilidore. Il peut fort bien venir de manta ,
qui s'ell dit dans la balle Latinité dans le même
(ens.
On appelle aullî Mante Papale , une chape de
laine avec un capuchon que porte quelquefois le
Pape. Autrefois le premier des Diacres inveftilloit le
Pape du Souverain Pontificat en lui mettant une
mante, ôc lui difant , £^0 invejllo te de Papatu ,
ut prafîs urbï & orbï.
Mante j lignifie aulli une grande couverture de lit
faite de Lune. Stragulum , lodix. On en fait à Mont-
pellier, à Avignon 6c à Paris. On en appelle quel-
ques-unes paj]cgrandes , ou fleurons , ayant trois
aunes de loi'g ; à'amtes pajj'e paffe. Leur diftérence
■ conlifte en leurs longueurs & largeurs , & à être mar-
quées de cniq ou iix points , ce cjui eft réglé par
les ftatuts des Tapiiliers.
Mante. Ville du gouvernement de 1 Ile de France,
■ fituée fur la Seine , entre Paris & Rouen , à douze
lieues de la première, & à fcize de la dernière. Pe-
tromentalum , P etromentallum , Petromanontalum ,
■ Medantes , Medantia j Medonta , Medunta. Mante
cfl: une jolie ville ^ il y a quelques Couvents de
i'un& de l'autre fexe , une Eleclion , un Bailliage,
& un Prélidial j & elle donne le nom aux Mantois ,
dont on ne connoit pas bien les limites. On diftin-
■ guoit autrefois Mante la ville , Medunta villa , &
Mante le Château , Medunta caftrum. Sur cette
ville î^oye-[ Valois , Notit: Gall. p. 44-6 . & la
Defcrïp. Geogr. & Hijl. de la Haute-Norm. T. II ,
p. 24.S- Long. 19. d. 20', lat. 48. d. 58'.
|3° MANTEAU, f. m. Ample vêtement qui fe met
par-deflais l'habit, fe porte fur les épaules, & pend
ordinairement jutqu'au delfous des genoux. Pallium,
lacerna. Un habit complet confilloit aurrelois en
pourpoint , haut de chaulfes , et manteau. Maintenant
on ne porte de manteau fur le julte-au corps qu'en
hiver & à la campagne , pour fe garantir des injures
de l'air. Les gens de robe Ik d'Églife ont des man-
teaux longs tramans a terre. Pallium talare. Les
. féculiers ont des manteaux courts , qui ne vont que
jufqu'aux genoux. Les malades ont de petits man-
iteaux fourrés qui ne vont quejulqu'jux coudes. Les
gens en grand deuil poitent de longs manteaux de
drap noir. Quelques Moines portent aulli des man
teaux fur leurs robes, & il y en a eu qu'ona appelé
Blancs- Manteaux , autrement Guillemins, Leurs
maifons qu'ils avoient à Paris , appartient mainte-
nant aux Bénédiclins , quoique le nom de Blanc-
Manteau lui foit toujours demeuré : l'Églife des
Blancs-Manteaux j la rue des Blancs Manteaux. Le
M A N 807
manteau étoit autrefois l'habit des Pnilofophes ëc
le premier apanage de ceux qui failoient profellioa
d'une vie plus aullèrc , de même que leur barbe.
Les Grecs portoient un manteau fort large , dont
ils relevoicnt les deux bouts de chaque côté , & les
attachoicnt derrière les épaules avec une agraffe ■■,
enforte qu'on ne voyoit que la tunique qu'ils por-
toient par deflous : c'étoit leiu- vêtement fort ordi-
naire. On fit un crime aux Chrétiens d'avoir quitte
la toge liomainc pour prendre le manteau des Grecs.
TertuUien les julblia par un Traité qu'il fit exprès ^
qui nous a été conférvé , &C qu'il prononça , dit-on ,
publiquement à Cartilage. Les Cyniques portoient
le manteau fur l'épaule ôc fans tunique. Un Jurif-
coniulrc Allemand, nommé Pagenftecher , dans uu
Recueil de pièces imprimées b. Brème, in-/ 2. en a
mis une qui ell 1 éloge du manteau.
On diioit autrefois mantcl pour manteau.
On prétend que ce mot , aulli bien que celui de
Mante, efl dérivé du Grec vulgaire f4«KS*>i) ,oudu Per-
fan mandré , d'où l'on dérive aulli mandille ,• ou bien
de mandica , beface , parce qu'on porte les manteaux
comme les bcfaces , partie devant , S>c partie der-
rière ; d'autres enfin de manus & de lego. Borcl
après Papias & Ilidore. Servius le dérive du Grec
mandyas , qui étoit une étoile velue donc on cou-
vroit les tables , aulli bien que les épaules. Périonius
le fait venir du Grec .'«ire», qui fignihe habit, vête-
ment •, mais il vient plutôt de mante l , qui en langage
Celtique , ou Bas-Breton, comme aulli en Flamand ,
fignifie la même chofe.
Manteau , a été aulli l'habit que tous les Anciens onc
porté par-delîus leur robe. Pallium. Élie donna le
don de Prophétie à Elifée en lui laiflant fon man-
teau. On reprochoit à Diogène , qu'on voyoit fa
vanité à travers les trous de fon manteau. Les Ro-
mains fe couvroient la tête d'un des bouts de leur
manteau.
Il ne fut guère en ufage chez eux avant le temps
des Antonins : cependant on trouve fur des marbres ,
fur des médailles & fur des pierres gravées antiques ,
des dieux & des héros repréf'entés aulli avec des
manteaux. Tel eft Jupiter fur une des plus belles
agathes du Cabinet du Roi , gravée & expliquée
dans le premier Tome des Além. de l'Acad. des
Belles Lettres. Apollon en a un qui defcend un peu
plus bas que les genoux dans une autre pierre gra-
vée J donc Béger nous a donné le deffein. Et une
belle cornaline gravée pu Diofcoride , qui y a
mis fon nom j reprcfente Mercure de face &c debout j
avec un manteau fcrablable à celui que porte Jupi-
ter fur l'agathe du Cabinet du Roi. Télefphone,
fils d'Efculape , &: particulièrement honoré à Per-
game , eft repréfentc fur quelques pierres gravées &
fur plufieurs médailles du temps d'Adrien , de L.
Verus &C d'Llagabale , avec un manteau qui def^
cend communément jufqu'à mi-jambe , & quelque-
fois plus bas. Il a d'ailleurs cette fingularité , qu'il
paroît tenir à une efpèce de capuchon qui lui cou-
vre une partie de la tête , & forme exadement le
Bardocucullus de nos Moines. Buonaritti , Planch.
VI. On trouve fur une médaille Confulaire de là
famille Mamilia , l'hiftoire d'Ulylfe qui arrive chez
lui , & qui y eft reconnu par fon chien ; & ce Hé-
ros eft repréfenté avec un manteau tout pareil à
ceux que nous avons décrit ci-delfus. Patin. Famil.
Rom. p. 162.
On dit communément : Quand il fait beau , prends
ton manteau ; quand il pleut , prends-le fi tu veux.
Anthifthène , fondateur de la fedte des Cyniques,
fit porter a fes difciples le manteau fur l'épaule , &
fupprima la tunique. Diogène jeune encore en de-
manda une pour fe garantir du froid. " Le manteau.
» f'uiHt , lui dit Antifthène , en hiver mettez le dou-
» ble , en été comme vous Voudrez ». Si la réponfd
eft dure , la dernière partie , qui a quelque plaifan-
terie , pourroic être l'origine éloignée de lefpèce
de diéfion que j'ai d'abord rapportée.
On appelle manteau d'un drap ou de quelque
8o8
M A N
autre étoffe de laine apprêtée & pliée , le bout de
la pièce du côté du chef j qui en fait comme l'en-
veloppe ou la couverrure , & qui efl: airctée avec du
fil ou de la menue ficelle par quelque points dai
guille.
Manteau. _Rôlcs à manteau. On fe fert de ce terme
pour défigner certains pcifonnap;es de Comédie,
auxquels ce vêtement croit plus particulier à caufc de
leuràgc , de leur condition ou de leur caractère.
Manteau couleur de muraille. C'eil uneex-prellîon ba
dine qui /îgnifie un vêtement fait pour les bonnes ^
fortunes , dit Renard dans le Joueur , Scène 4.
Manteau. Droit de manteaux^ pour lequel appartient la
fomme de 10 liv. par chacun an , à chaque Secrétaire
de la Mailon éc Couronne de france , qui elf gagé
félon l'Edit du Roi Henri II. de l'an IJ54. comme
aulH les Confeillers du Parlement prenoient giges
& manteaux accoutumés , & dont elf fait mention
par une Ordonnance du Roi Charles VI. de 1 an
15 88. & encore de préfent les Confeillers d'Eglifc
en Parlement , ont ce droit de manteaux. Eufebe de
Lauriere , GlolFaire du Droit François.
Manteau , en termes de Blalon , c'efi: la repréfen-
tion de la cotte-d'armes du Chevalier j qu'on met der
rière Ion écu ; & on le chamarre des les armoiries.
Pallium tejjerarium. Ces anciennes cottes d'armes ,
ou manteaux , étoient ouvertes fur le côté , & def-
cendoient plus bas que le nombril , en forme de jupe
volante , avec les manches racourcies à l'endroit du
coude , comme celles que les femmes appellent man
ches d'anrje. Les Princes qui ne tont pas Souverains
& les Ducs !?>: Pairs de France , en couvrent leurs
écus , & il eft fourré d'hermine. Il y fait le même
effet que le pavillon fur celui du Roi. Ils font ar-
moriés fur les replis. Ceux des Préfidens ne le font
pas de même. Ils font d'écarlate doublés d'hermine
&de petit gris. Celui du Chancelier efl de diap d'or.
François I. Se Charles IX. mcttoicnrun grand man
teau de gueules rebralîé d'argent fur leurs armoiries.
Les mantea\x font appelés dans les anciens Manu
fcrits , blafons j enfeignes d'armes & houffes d'Ecu.
P. MÉNÉTRIER.
Manteau Royal. C'cfl un riche vêtement de céré-
monie qui s'attache fur l'épaule droite , &: fe relève
fur la gauche , traînant devant &~ derrière jufqu'à
terre. Trahea , paludamentum. Il eft chargé de fleurs
de lis d'or en broderie , & doublé d'hermine. Le
Roi le porte dans (on facre , & en d'autres occa-
lions. Voy. Port-Manteau.
^fT Les Princes & les Grands Seigneurs portent aullî
dans certaines occafîons des m nteaux de cérémo-
nies , qui font des longs manteaux fourrés ou dou
blés i tralnans à terre. On le dit aulli de l'habit de
cérémonie que portent les Grands-Maîtres &c Che-
valiers des Ordres Militaires.
0CTC étoit aufli autrefois un ornement Papal, lV on djn-
noitl'invefliture auxPapes par \t manteau. ^. Mante.
^fJ" Manteau à bec. C'eft le vêtement diftinétif du
Grand-Maître de Malthe.
§Cr On appelle manteau long , celui que portent les
Eccléfiafliqucs quand ils font en f.nitane, & les
Laïques dans les cérémonies de deuil. Manteau court ,
c'cff le manteau ordinaire, par oppofition au man-
teau long.
ffF On appelle aufTi manteau , un habillement plilfc
& troullé , que les femmes ferrent avec une cein-
ture.
^O' Manteau de nuit , plus ordinairement manteau de
lit , c'eft un efpèce de manteau fort court , le plus
louvent fourré , dont les femmes & les malades fe
fervent dans la chambre & dans le lit.
Manteau en Fauconnerie , fignifîe la couleur du poil
de pl'jfieurs animaux & de plulieurs oifeauXj en-
tr'autres de ceux de proie _, d'où efl venu le nom de
corneille emmante/ee.Acc/pi!r'schlamYdes,penuU. On
dit que le faucon a le manteau trop bigarré. ='0^ Man-
teau dans ce fens fe die particulièrement des plumes
àzi épaules, dudeffusdes aîles & du dos.
|CJ" Manteau, terme de Fleuriîle. La culotte d'une
MAN
anémone, c'eft la nailTance des pétales ou feuilles de
la Heur. Le manteau efl l'extrémité de ces mêmes
pétales. La culotte de cette anémone tire fur le vio-
let , le manteau tire fur le blanc.
Manteau , en Architecture j eft ce qui paroît d'une
cheminée dans une chambre. On appeloit autrefois
manteau, le haut de la cheminée qui empêche que
la fumée n'entre dans la chambre Camini tefudo.
Les anciens manteaux de chemir.ée étoitnt faits
en hotte, comme celui de la grande chambre du
Palais de Paris, qui eft ce quon appelle aujour-
d'hui faux manteaux. Depuis on les a faits avec de
grands ornemens d'Architeéture. Enfin , on les a
réduits à une petite faillie où l'on met quelques bas
reliefs _, «Scaune corniche où l'on met quelques buf-
tes , ou porcelaines. Ce motfe dit donc , félon l'u-
fage moderne , plutôt de la partie inférieure de la
cheminée , compofée des jambages , du chambran-
le , de la gorge , ou attique & de la corniche , que
de la partie fupérieure , qui ne comprend que le
tuyau couronné de fa corniche , «Se orné d'un cadre
avec un bas relief, ou d'une bordure avec tableau.
Il eft ainfi nommé parce qu'il couvre la hotte , Se le
tuyau de la cheminée. C'eft ce que les Italiens appel-
lent nappa , & M. de Cambrai dans fa Traduélion de
Palladio , s'eft fervi de nappe , pour fignifier le man-
teau d'une cheminée. On appelle manteau de fer,
la barre de fer qui fouticnt & fert à tenir la platte
bande , ou anfe de panier de la fermeture d'une che-
minée. Davilier.
|K? Manteau de porte. Ce font les deux pièces d'une
porte qui s'ouvre des deux côtés. C'eft ce que depuis
on a nommé vantaux. Voyez Vantail. Il y en a
aux chambres & aux dunettes des vaifteaux.
Manteau , fe dit figurément en Morale, des prétextes
qu'on prend pour déguifer , & faire approuver de
mauvaifes aétions. Species. Il y a bien des gens
trompés fous le manteau de dévotion. Les hypocrites
fe couvrent du manteau de la Religion , du prétexte
de la charité. Comme il n'eft point d'étoffe fi fouple,
ni fi maniable que celle du manteau de la Religion ,
les hypocrites trouvent toujours quelque raifon de
couvrir de ce vénérable manteau le parti qu'il
leur plaît de choifir. S. Real.
Que l'impojleur fait bien de traitrcffe manière , ;
Se faire un beau manteau de tout ce qu'on révère l
Mol.
Manteau , Ce dit proverbialement en ces phrafes :
On dit d'un avare j qu'il mange fon pain fous fon
manteau , pour dire , qu'il mange tout feul , qu'il
ne fut part de Ion bi.-n à perfonne. On dit d un
homme qui demeure à ne rien faire , pendant que
les autres font occupé':, ou qui ne participe point
aux plailirs de ceux qu il a accompagnés , qu il garde
les manteaux. On dir auili d'an homme qui a les
fièvres quartes en Sejr.-mbre, qu'il a un vilain man-
teau pou. Ion hiver. On dit aufll , faire une chofe
luus le manteau , pour dire , en cachette. Les livres
détendus fe vendent fous le manteau.
MAN LÈGUE . f". f. Sain -doux du porc fanglier,'
que les BûucMir.icvs de Saint "Domingue ramalfent
de la graifle de ces a.,imaux qu'ils tuent dans leur
chafïe.
MANTEL. f. m. Vieux mot, qui lignifie , Manteau,
Se qui ne peut plus avoir d'ufage que dans le burlef-
que. Pallium.
MANTELAN. Nom d'un lieu célèbre autrefois en Tou-
raine. Montalomagus , Mantalomagenjls vicus ,Mon-
tolomails. Valois, Not. Gall.p. j f^.
MANTELÉ , EE. adj. Terme de blalon qui fe dit d'un
écu chargé d'une efpèce de chape un peu plus éten-
due , dont la pointe qui prend la naillance des an-
gles de la pointe de l'écu, finit au tiers vers le chef.
Lacernatus , palliatus. Cujis porte d'azur à la tour
couverte d'argent mantelée ou chapée de même. On
appelle aufli des lions mantelés , ceux qui portent
des
I
M A N
. des manteaux ou mantelets. On le dit de même des
■ aunes animaux.
'MANTELET. f. m. En termes de Blafon , étoit au-
trefois une cfpccc de lambrequin large 6c court ,
donc les Chevaliers couvroient leurs caU]iics & leurs
cens , que quelques Auteurs ont nommé cainaïL PaL-
liolum.
^Iantelet , le dit aullî des courtines du Pavillon, des
Armoiries , quand elles ne iont pas couvertes de leurs
chapeaux. Laccrnula.
MantiiLet , en termes de Guerre , efl: un parapet por-
tatif. Machine compofée'de plulicurs madriers, &
roulant lur des roues , dont le couvrent les pion-
niers qui font employés au travail d'un liége. Plu-
teus , vuica. Pierre IV' , Hoi d'Arrayon , dans fa Chro-
nique , L. III , c. 2j j l'appelle Mantcllaum. Il ell
fait de gros madriers doubles de cinq pieds de haut ,
6v: Je trois de large , qui Iont attaches cnlemble
avec des barres de ier , & qui Iont quelquefçus un
angle & deux faces. Les Anciens s'en lervoient aulfi
à la guerre , comme il paroit dans Végèce; mais ils
ctoient bâtis de bois léger , hauts de huit ou neuf
pieds , larges d'autant ^ longs de feize j couv-erts à
double étage , l'un de planche , & l'autre de claies ,
avec les côtés d'olier , & revêtus par dehors de cuirs
trcnxpés dans l'eau de peur du leu. Davelours.
Mantelets , terme de Marine. Ce iont les lenctres qui
ferment les labords. Ils iont attachés par le haut , &
battent iur le feuillet du bas. Ils doivent être bien
doublés j & cloués fort lerré en lofange. La dou-
blure en doit être un peu plus mince que ledcllus; on
les peint ordinairement de rouge en dedans. On lait
de faux mantcicts , ou de faux labords peintsde blanc,
à quelques vailleaux marchands, atin de les taire pa-
roîtrc plus en état de dérenie.
Manielet , fe dit aullî d'un petit manteau violet j que
mettent les Evcques fur leur rochet , lorlqu'ils Iont
devant le Légat ^ ou devant le Pape , pour témoigner
que leur autorité ell lubordonnée. Pailio/um.
^O" Mantelpt. Dans le commerce de modes , c'eft un
ajuftement de latin , de taffetas j ou d'autre étofte , que
les femmes portent fur leurs épaules pour fe garan-
tir du froid , pour couvrir leur gorge & leurs épau-
les. Cet ajullemént eft devenu fort à la mode depuis
quelques années. C'eft une elpccc de petit manteau ,
mais plus court &■ plus léger : delà le nom de yV/a/2-
telet. Le Mancelet a fuccédé à la Mantille , & il en
dirtère en ce qu'il eft tout rond, comme les manteaux
des hommes, & qu'il n'a point de pointe.
Mantelet , fe dit aulli des cuirs qui s'abattent fur les
portières & aux côtés d'un carolle ou d'un coche ,
pour défendre de la pluie , ou du vent, & qu'on re-
lève pendant le beau temps pour avoir de l'air. La-
cerna penfilis.
MAN TELINE. f. f. Petit manteau , que portent les
femmes à la campagne. Lacernula.
MANTELURE. l. h terme de 'Vénerie. Ce terme s'en-
tend du poil du dos d'un chien , quan3 ce poil eft
d une couleur diftérente de celle du poil des autres
parties.
MANTENAY. Nom d'une ville de France , ancienne ,
qui n'ell plus qu'un bourgs qui le nomme Saint Lie.
Mentuniacum , Mantuniacum , Sancli Leonis vicus.
Il eft en Champagne, près de Troies, Se fur le bord
de la Seine. Val. Noc. Gall.p. 336.
MANTENEN. f m. Terme de la marine des Galè-
res. C'eft la partie de la rame que tiennent les El-
paliers & les Vogue -avans : c'eft l'extrémité j le
bout du manche de la rame qui eft amenuilé pour
qu'on puillè le tenir à la main. Pars ultïma manu-
hrïi.
Ce mot vient de main & de tenir ^ parce qu'on tient
de la main cette partie de la rame.
MANTIL. f m. Ancien mot François qui lignifie le
linge de table , particulièrement la nappe qui fert à la
couvrir. C'eft fous le nom de mantïl , que cette forte
de linge fe trouve tarifé dans le Tarif de la Douane
de Lyon de 1(552.
MANTILLE, f f. La Mantille que les Dames ont tant
Tome V,
MAN 809
porté fur les épaules pendant Ihivet de lyij , cil
une cfpèce de grand fichu à trois pointes , dont celle
de derrière eft arrondie. On les falloir ordinairement
de velours , ou de drap écarlate , &c elles ctoient bor-
dées d'un galon , ou d'une broderie d'or. C'eft un
ornement très-utile pour garantir du froid le cou,
la gorge & les épaules. Merc. de Mai IJ26.
MANTINÉE. Mantinea. Ville d'Arcadie , dans le Pé-
loponèfe , au midi, aux confins de la Laconie. Anti-
noils , le favuri de l'Empereur Adrien , y avoir un
Temple , des lacrificcs & des jeux qui te célébroient
tous les cinq ans en fon honneur. Antinoi:; étoit
repréfenté dans les ftatues fous la forme de Bacchus.
Ce fut par 1 ordre d'Adrien que Mantince rendit tous
ces honneurs à Antinoils , parce que ce jeune hom-
me étoit de Bytinium, Colonie des Mantineens. Man-
tinéc étoit célèbre par une viéloire qu'Epaminondas
y remporta fur les Lacédémonicns.
AL\NTO. 1. f. Terme de Mytiiologie. Fille du devin
Tirélias, avoir , comme fon père , le don de prédire
l'avenir. Elle fut la mère de Mopfus. Onvoyoit en-
core du temps de Paufanias à Thèbcs , la pierre fur
laquelle elle s'affeyoit pour rendre les oracles , qu'on
appeJoit , dit il , la chaire de Manto. Homère a fait
ulage dans les Poëmes de plufieurs oracles que Alanto
avoir , dit-on , laiflés par écrit.
MANTOIS. Territoire de Mante. Petromaritalinjîs
ager , Meduntanus pagus,
MANTONNET. f m. Terme de Serrurerie. C'eft une
petite pièce de bois , ou de fer , ayant un cran , ou
entaillurc ; qu'on .attache aux jambages d'une porte ,
ou ailleurs, pour foutenir & arrêter quelque choie ,
comme le battant d'un loquet , ou autre femblable.
Admiffaria lamina pejfuli lingulati.
MANr'ONNETTÈ. f. f. Vieux mot. Sorte de drap ou
de tourure.
MANTOUAN ( le ). Le Duché de Mantoue. Man-
tiianus ager , ou Ducatus. C'eft un des Etats de la
Lombardie , en Italie. Il eft entre les Etats de l'E-
glife , de Venife , de Milan , de Modène , & de la
Mirandole. Sa longueur du couchant au levant , eft de
di^ fept lieues , &c fa plus grande largeur de douze.
Ce pays elf baigné par le Pô , l'Oglio , le Mincio , Se
pluiieurs autres rivières; il efl très-fertile , & bien
peuplé , (Se fes lieux principaux font Mantoue, Guaf-
ralla , Borgoforte , Bonco-Ferrato , Redoldefco , Se
Canéto. Maty.
MANTOUAN , ANE. f m. & f. Nom d'un peuple
d'Italie. Originaire ou habitant du Mantoiwn. Man~
tuanus , a.
MANTOUE. Ville capitale du Mantouan. Mantua.
On allure qu'elle ell plus ancienne que Rome de
4^0 ans , ou lelon d'autres de ioo ans. Elle eft bâ-
tie au milieu d'un lac formé par la rivière de Min-
cio , & qui a vingt lieuej de circuit : on en donne
quatre à la ville , dix - huit Paroilles , &: quarante
Maifons Religieufes^ On y fouftre des Juifs qui ont
leur quartier féparé , & qui doivent porter un ru-
ban jaune au chapeau , pour fe diftinguer des Chré-
tiens. On y fabrique une grande quantité d'étoftes
de foie , & les Ducs de Mantoue y font leur léjour
ordinaire dans un Palais, qui paffe pour un des plus
magnifiques de l'Italie , & des mieux meublés. On
aifure qu'il y a cinq cens cinquante chambres. Au
refte , Mantoue eft une place très forte par fa litua-
tion , &: par quelques ouvrages qu'on a faits aux en-
droits qui en ont befoin ■■, on n'y peut entrer que par
deux chaulfées qui ont leurs ponts-levis. Tout cela
n'empêche pas que l'an 1 6S0 , Colafto , Général des
troupes de l'Empereur j ne la prit , & n'y fît de
grands défordrcs. Maty.
MANTUANE. f f. Terme de Fleurifte. Anémone de
couleur de citron à" fond incarnat. Morxn.
MANTURE. f f terme de Marine. Violentus undarum
incurfus. Grand coup de mer. Agitation violente des
houles. PoMEY.
MANTURNE. f f terme de Mythologie. Nom d'une
1 déelle des anciens Romains. Manturna. On l'invo-
Kkkkk
Sro
M A N
quoit dans les maii.iges , afin qu'elle fît que la nou-
velle cpoute dean.ui:,ii: dans la maiton.
Ce mot vient de mantrc , demeurer.
MANUBA J6ÏE. C m. Ce que les anciens appcloient
Manuhdijie j s'étoïc appelé auparavant Icorpioii ,
parce que celte machine tuoit avec des dards mmces
& dcliés. Manu-balijla , balijla manualïs. Voyez
Scorpion , & Arbalète.
MANuCJODIATA. t". m. C'eftun nom que les Voya-
geurs (ïc les Indiens donnent à 1 oiteau de Paradis ,
qui iignihe oi/«^a de Dieu, décrit au livre 2;. d'Am-
èioiieParc, &c en plulieurs autres \\z\x^. Manucodia-
■ta avis. Il eil commun aux Moluques. Il habite au
haut de l'air. Il rellemble a Ihuondelle par le bec iic
le corps , & conlîfte prelque tout en plumes. Celles
de la tète rellembknt a de l'or pur; celles delà gor-
ge a celles d'un canard ; ôc celles de (a queue & de les
ailes à unpanache. On a foit d abord accroire aux Eu-
ropéens , qu il a'avoit point de pieds , &z que quand il
vouloit dormir , il fe pendoit par (es plumes aux ra-
meaux de quelque arbre ; mais c'ell en eftet que les
Marchands les coupent , pour les rendre plus extraor-
dinaires, ou, comme dilent d'autres, que les gran-
des fourmis qui font abondantes en ce p.iys la les leur
mangent. On dit que le mâle a une cavité (ur Ion
dos , où la femelle couve (es petits. On leur coupe
les pieds , de peur qu'ils ne gâtent leurs plumes ,
qui font fort fines. On ne les trouve que morts , le
bec fiché en terre , dans une île proche des Molu-
ques , & on n'a pu découvrir d'où ils viennent. Ils
volent toujours ,& (e nourrillent des mouches qu ils
prennent en l'air. Le mâle ell de couleur plus vive
que la femelle.
MANUDUCTEUR. f. m. On a donné autrefois ce
nom à celui qui du milieu du Chœur , où étoit fa
place , doniioit le lignai de chanter à tout le Chœur,,
è<. marquoit la melùre , régloit le chant. Manu-
duciof. Les Grecs l'appeloieiu Méfochore, parce qu il
étoit au milieu du Chœur. Dans lEglile Latine j on
le nonimoit Alanuduàeur , àt manus , mainj&- de
duco , je conduis ; parce qu'il conduifoit & gouver-
noit le Chœur par des mouvemens , des geftcs de la
ma m.
MANUEL , ELLE. adj. Qui fe fait avec la main.
Manualïs , rnanuanus.Omï3.'!,t , travail manuel. Opé-
ration manudk. Quoique la Chirurgie (ou une opé-
ration manuelle, il faut pourtant que le Chirurgien
fâche quelques principes de phyfique.
^ Dans les Chapitres, on appelle diftributions /72^-
nuelles , ce que les Chanoines reçoivent pour leur
alîiftance à certains offices ou fcrvices particuliers.
UCF Manuel, eft aulll fubftantif mafcuhn , & deligne
la manœuvre, la pratique. Le manuel chïmiquz , e(i
l'art de fe fervir à propos des agens , c'eil a dire ,
du feu & des menftrues,&: des inftrumens chimi-
ques , c'eft-àdire , des fourneaux , des vailleaux -, &
dans les opérations chimiques , le (uccès d'une opé-
ration dépend (ouvent des circonlîances du manuel.
Manuel. Se dit aullî des petits livres , ou des abrégés
qu'on peut porter , ou qu'on doit toujours avoir à
la main. Enchiridion , manuale. Le manuel d'Epiftère.
Le Manuel de Dévotion. Un Manuel de Théologie.
On l'a ainfi appelé , quod in yromcu fie , & ad ma-
num habeatur.
Manuel , ou comptant du pillage. M. de Courtin ap-
pelle Manuel du pillage , ce que les Romains appe
loieiit manubiA : c'étoit , félon Favorin , l'argent qui
provenoit des chofes qu'on avoit prifes à l'ennemi ,
& qui éroient vendues à l'encan.
MANUELLE , ou MANIVELLE.!", f. Terme de Ma-
rine. C'eft une barre de fer, laquelle eft jointe par
une boucle de fer appelée Goujfet, à la barre du gou
vernail , 8c que le Timonier tient à la main pour
gouverner le vai'Teau. Temonis manuhrium.
MANUELLEMENT, adv. De la main à la main. In
manum , ad manum. Je lui ai payé les vingt écus que
je lui devois , manuellement. La livraifon de meubler
qui fe fait manuellement, tranfportela propriété.
MANUFACTURE, f. f. Lieu où font réuiis plufi eurs
M A N
Ouvriers pour travailler à une même forte d'ou-
vrages. Ojjicina , opificium. On a établi depuis quel-
que temps, en France, plulieurs manufactures pour
des étoifes , des bas , des chapeaux , des glaces de
miroirs , des dentelles j &c. Il y a une Ordonnance
du mois de Juillet 1667 , portant règlement général
(ur les manufactures , établillement des Jurés , & Maî-
tres & Gardes des Marchands , & Maîtres Ouvriers
en drap d'or , d'argent & de foie , &: autres écolfes
mélangées , & pour leur laçonnerie , compagnons,
apprentis, (Sec.
^fT On appelle Manufactures royales , celles qui font
établies en conléqucnce des Lettres Patentes des
Rois.
Manufacture , fc dit aufli du travail , de la fabrique
qui (e tait de ces ouvrages dans les lieux publics.
Opificium , labor , manujaclum. Ce drap e(t d'une
bonne manufacture.
MANUFACl URER. v. a. Faire des ouvrages de Ma-
nulâéture. Fabriquer eft plus d'ufage. Elaborare ,
perficere , manu effingere. Ces draps ont été manu-
jadures à Sedan , ces velours à Tours , ces Serges à
Amiens.
MANUFACTURIER, f. m. Maître d'une manufac-
ture, qui travaille dans une manufadlure. Opifex y
operarius. On a fait venir des Manujacturiers étran-
gers pour établir des manufadtures de bas au métier ,
&c.
IKF On appelle proprement Mariufaclurier , celui qui
établit une Manufacture , qui la conduit , qui fait
agir ceux qui y travaillent. On donne quelquelois le
nom de Manufacturiers aux ouvriers mêmes. Manu-
facturiers en laine , en foie , &c. Mais on les appelle
plus ordinairement les Ouvriers fabricans.
MANVIEU , f- m. Nom d'homme. Manvxus , comme
écrivent les Bollandiftes , &c non pas Manvoeus j
comme Baillet. On dit que S. Manvieu , Evêque de
Baïeux , mourut dans cette ville , vers le milieu du
cinquième (lècle. Son culte eft fort célèbre dans les
Diocèles de la Balfe Normandie.
MANUMISSION. f. f. Action par laquelle on donne
la liberté à un elclave. Manumiffio , vindicta. L'Au-
teur du Traité de Police définit les Manumijfijns ,
des aétes par lefquels les Seigneurs aftranchilfoient
les habitans de leurs terres , qui .avaient été julques
alors lerfs , & dans une efpèce d'efclavage qui ne
convenoit ni à la faintete de notre religion , ni à
nos mœurs. Ils les déchargèrent en même-temps de
plulieurs engagemens attachés à cette dure condi-
tion , tant par rapport aux biens , qu'aux perfonnes.
La manumijjion eft donc en France l'alfranchilfe-
ment des gens de condition fcrve , ou de mainmorte.
Il y a un titre à S. Germain des Prés, de la manu-
mijjion des habitans de leur Seigneurie, qui n'a pas
plus de deux cens cinquante ans. La plupart des
manumiffions ont été faites du temps du Roi Saint
Louis ; c'eft environ ce temps là qu'elles commen-
cèrent. "*Les gens de mainmorte condition dévoient
faire confirmer la manumijfwn qu'ils avoient obte-
nue de leur Seigneur par des Lettres Patentes du
Roi , vérifiées à la Chambre des Comptes , & dévoient
payer pour cela certaines finances. On en trouve un
titre du 27 Juin i 500.
Les Romains faifoient quelques cérémonies en la
manumiffion de leurs elclaves. La manumijjion fe faiioit
en trois manières. 1°. Quand de l'aveu de (on maître
un elclave taitoit mettre fon nom (ur le cens , ou les
regiftres publics des citoyens. 2°. Lorfque l'efclave
étoit conduit au Préteur , & que ce Magiftrat lui mer-
toit la baguette fur la tête. 3°. Lorfque par (on tef-
tament le maître l'aftranchilloit , 3c lui rendoit la
liberté.
^pT Ulp. appelle ces fortes d'affranchis par le tefta-
ment de leur maître , liberti orcini. On les appeloit
aulfi Charoniaci , ou Charonit£ , parce qu'ils ne jouif-
fuient de la liberté que quand les Patrons étoient
dans les enfers , in orco , & quand ils avoient palfé la
barque à Caron.
On dit que ce fut le Roi Servius Tullius , qui fut
M A N
auteur de la première , Publiu'; Valerius Publicola ,
qai iiiftitua la ("cconde. Il cd p.ulc l'or: au long de
la tLoilièmc, dans ks Inllitutcs tic Juflinicn. Il ne-
toit pas nécellairc que le Préteur iùt fur Ion Tri-
bunal pour faire la cérémonie de la manumijjîon ; il
la faifoi: partout où il fe trouvoit j chez lui, dans
les rues , en allant au bain , &.c. Il mettoit (ur la fête
de l'efclave une baguette appelée J^md'icla , en di-
fanc , Je dis que cet homme efl libre lelon les us Ik.
coutumes des Romains ; enliiite il doiuioic fi ba-
guette au Lifteur , qui en trappoir la tête de l'efcla-
ve : enlîn il lui frappoit le vilage & le dos de la
main. Et le Greffier ou Scribe mettoit le nom du
nouvel affranchi dans les regilhes , avec la caufe de la
manumijfiùn. L'Empereur Conflanrin tit hiire les ma-
numijjions à Rome dans les Egliles , comme le dit
Sozomene.
Ce mot vient du Latin tnanumiffio , quia fervus
mhtebatur extra manum , feu potejiatem domïni fui.
03" On mettoit, pour ainfi dire , fon efclavc ou
fon ferf hors de la main. En France nous difons plus
communément atîranchifTement.
In MANUS. Terme Latin , que l'ufage a rendu
François. Il n'a qu'à dire ton in manus. Quand je me
vis entre les mains de ces brigans, je dis mon in
manus.
Guillain répondit là deffus.
La vieille a dit fon in manus.
La Monnoye.
Malgré fon in manus , la vieille fera nôtre.
Idem.
Ip- MANUSCRIT , ITE. adj. Quieft écrit à la main.
Manufcriptus liber, codex manuexaratus. Il y a tant
de volumes dans cette bibliothèque , imprimés ou
manufcrits. Pièce manufcrite , copie manufcrite. Ce
terme eft aullî très-fouvent lubftantif malculin. Manu-
fcriptum. J'ai lu cette pièce en manufcrit. Cet ou-
vrage ne court qu'en manufcrit.
§3" On le dit particulièrement de l'original d'un livre ,
de la copie de l'Auteur lur laquelle il a été imprimé.
Autograplvum. Ce terme s'applique à des écrits con-
fidérables ou par leur ancienneté j ou par leur ra-
reté. Manufcrits curieux, rares. Vieux manufcrits,
anciens manufcrits. C'eft le nombre des anciens
manufcrits qui fait la richeOè d'une biblothéque.
Confronter les Auteurs avec les manufcrits origi-
naux des anciennes bibliothèques.
MANUS DEL Sorte d'emplaire. Foye^ le Dicl.
Œconom. au mot emplâtre. Manus Dei.
CP-MANUSTUPRATION , MANSTURPATION ,
MASTUPRATION , fynonymes , formés des mots
Latins , manus main , & fluprejjîo ou Jlruprum. Ce
funefte ufage de la main d'un homme qui cherche
à fe fuffirc à lui mcmej elt défigné par un Auteur
moderne ( M. Tilfot ) par le titre à'onanifme du
nom d'onam , l'un des fils de Juda , dont il eft
parlé dans la Génèfe j c. jS v. p , & lo.
MANUTENTION. 1. f. Action par laquelle on conferve
en même état quelque choie , ou loin qu'on prend
pour faire exécuter une choie. Confervatio. On ne
le dit guère qu'en parlant des choies moraks. Les
Magiftrats doivent avoir foin de Xa manutention At la
Police , & des réglemens;les Généraux , delà diici-
pline militaire ; les Supérieurs des Monaftères , delà
manutention des Statuts de la Règle de l'Ordre. Le
Concile & l'Ordonnance appellent les Ordinaires à
la manutention de la difcipline. Pat.
MANY. f. m. Nom d'im fruit du Pérou. Il fe forme
dans une goulfe qui ne fort pas de terre , dans laquelle
font quelques grains comme des haricots ronds ,
lefquels étant rôtis au four dans leur goulfe j ont un
goût agréable de noilette rôtie. On en mange beau-
coup , quoiqu'il échauffe extraordinairement. C'ell:
apparemment l'Araquidua de quelques Botaniftes :
les habitans l'appellent Many. FrÉzier , p. i6 S.
MANZANILLA , MANZÉRA , ou MANSILLA,
Tome V.
MAO 8ii
Nom d'un ar.cien bourg d Efpagne. Maniamlia ,
Pumcriola. Il ell dans le Royaume de Léon, à qua-
tre ou cinq lieues de la viile de ce nom j en tirant vers
Palcncia. Maty.
MANZEL. f m. Terme de Relation. Manfin , flatio.
C'ell ainli qu'on appelle en Perfcle rendez-vous des
voyageurs 6z des carav.ines à la lin de la jAirnée : un
manuel eît un caravanler.ii. Les ,V!aniels font éloi-
gnés les uns des autres d'une dilb.nce raifonnable ,
alîn que les chevaux chargés puilicnt dans un jour
aller commodément de l'un à l'autre. Cette diftance
cependant n'ell pas par-tout égale , elle eft quelque-
fois de cinq, ou de fix , quelquelois de huit ou -dix
lieues. Cette diiférence vient de l'eau & de^ lieux
habités , qui ne le rencontrent pas égalenicnt dans
la Perfc. La diftanced'un lieu à un autre le compte
par le nombre des manuels. Ainfi , on dit que d If-
pahan à Cand.aharj il y a 40 manuels , oa man^ils ,
c'eft-à-dirCj 40 journées.
MAO.
MAO. Poids. Foyex Man.
MAON. Nom d'une ville de la Tribu de JuJ.i , dans
la Terre-Sainte. Maon, Elle étoit dans la plaine à
cêité de Jéfimont, & à l'orient de Daroma. Foye:^^
Jof XF, s S- Se le /. Livre des Rois , XXIiL 24.
Maon, ou Port-Mahon. Nom d'une petite ville j
(îtuée fur la côte orientale de l'île de Minorque , à
huit lieues de Citadella. Mago. Port-Mahon a un
lort beau port, & la ville eft défendue par la cita-
delle de Saint Philippe.
MAO'U. 1. m. Terme de Calendrier. C'eft le nom que
les Cathaïens donnent au quatrième de leurs Cycles
ou Tchags , que les habitans de Turqucftan nom-
ment Thiukhcan , ik les Perliens Kerkhoulch ,
noms qui lignifient en leur langage un lièvre. D'Her-
BELOT. P'^oy. Giac , ou Tchag.
MAOZIM, ou MAUZZIM. f. m. Nom d'un dieu,
lelon quelques-uns. Mao\in , Mao\im. Daniel en
prédilant au chap. XL ce que devoit taire un Roi qui
affligera le peuple de Dieu , dit , il révérera le dieu
Mao'^im , dans le lieu qu'il lui aura choill , &c.
Mao^im en Hébreu D'iya lignifie les forces. Selon
Calvin & quelques autres , il s'agit là des Romains ,
& on dit J qu'ils honorèrent le dieu des forces ,
parce qu'ils attribuoient à eux-mêmes la divinité &c
ne donnoient à leurs dieux de force & de puiffance ,
qu'autant qu'il leur plailoit , ne faifant aucun cas
ni des hommes , ni des dieux , en comparaiton de
l'eftime qu'ils avoient pour eux mêmes. D'autres di-
lent que Mao\im étoit un dieu particulier , adoré à
Modin par Antiochus , dont il s'agit-là , Se non pas
des Romains. Grorius croit que c'eft le dieu de la
guerre à qui les Phéniciens donnoient ce nom , qui
vient deny ( a\ai ) ' qui lignifie fortis , validus ; il
falloit dire VJ a-{. Se non pas a-^a^ : que c'eft le dieu
que Julien appelle A'^i^us , dans l'hymne du Soleil ,
qu'en ajoutant une lettre héémantique j on fait au
plurielD'TJ/'O Mau^im, que c'eft delà que s'eft fiic
le mot François magasin. Que de plus en pronon-
çant le ain :? en o , & changeant leT en 1 , comme
font les Chaldéens & les Arabes, de Maoiim,o\\
avoit fait Modin , nom du lieu où ce dieu avoit un
temple , «Se qu'Antiochus avoit voulu qu'on adork
ce dieu comme fiifoient les Phéniciens. Sanclius
croit que c'étoit le dieu de l'argent , le Plutus des
Grecs, dont tout le monde vante la pui''Ancej&
auquel tout obéit j comme dit l'EccIéfiaitique, X.
I p. que les avares adorent; & qu'Antiochiib étoit II
palfionné pour l'argent, que fouvent il étoit allé en
Egypte , & avoit pillé les temples &: les autels , &
violé tous les droits divins Se humains pour en
amalfer. Géjerus croit aufli que c'étoit un dieu parti-
culier ; il veut avec Heinfius que ce fût Mars. Cor-
nélius à Lapide dit que c'eft un démon familier qu'a-
voit Antiochus. Maldonat le prend pour Jupiter
Olympien , qui étoiC le plus puiftant des dieux ,
c'eft ainfi que l'Écriture appelle Jehovah, le Dieu
Kkkkk ij
8i2 MAP
des vertus, & des armées. En elfet, continue Mal-
donat j Antiochus plaça Jupiter Olympien dans le
cemple de Jérufaleai , &: l'y voulut faire adirer.
Willet & Mélanchton font aullî de ce fentiment.
Junius Se Trcmellius avec Polanus , dilent que le
dieu Mao\im lignifie des fortcrellcs, ou des torti
fications /<}ue c'efl le vrai dieu j le dieu d'Ifracl , qui
cft ainli nommé , parce qu'il eft adoré à Jérulalcir,
.qui cil appelée fouvent la ville des lortilîcations , que
l'Ange ne dit pas qu'Antiochus l'adora , mais que
dans fon lieu , c'eft à-dire , dans le lieu qui lui étoit
confacré dans le temple de Jérulalem , il adoroit un
autre dieu que lui. Enrin, d'autres entendent en gé-
néral les démons.
MAP.
MAP. Voyei Mépe.
MAPPE. Foyei l'art, fuiv.
MAPPAIRE. f m. Nom d'Office. Mapparlus. Chez
les Romains le Mappaire étoit celui ,qui, dans les
jeux publics , comme ceux du Cirque tk des Gla-
diateurs , donnoit le lignai pour commencer , jetoit
une mappe, mappa , qu'il recevoit auparavant de
l'Empereur ^ du Conful , ou de quelqu'autre Ma-
giftrat , app.aremment du plus diftingué qui fut pré-
fent , ou de celui qui donnok les jeux. P^oye-^ Sau-
maile fur Solin, p. Joi & 022.
%fF On appeloit mappa circenfis chez les Romains,
un rouleau qui lervoit de lignai pour annoncer le
commencement des jeux du Cirque.
En France , on appelle Mappaire , celui qui ,
quand le Roi avoir lavé , lui prclentoit la ferviette
pour s'ellliyer les mains. Foy. le Patriarckhim Bi-
turenfe, chap. ^0. &c Aimoinj Hljloïrc de France ,
L. 4. c. 2.
MAPPE. f. f. Torchon , efpèce de petite ferviette de
grolfe toile , dont on ie fert pour torcher les meu-
bles. Du Latin Mappa. Ce mot n'eft point en
ulage.
MAPPEMONDE, f. f. Terme de Géographie. Uni-
verji orlns delïneatio. C'eft la delcription ou la déii-
néation de la figure du monde , ou plutôt de la terre
fur un plan , ou dans une carte. La Mappemonde ,
eft ordinairement comprile en deux cercles, qui
font les deux Hemifphères; /'un contient le monde
ancien , c'eft à dire , l'Europe , l'Aiie & l'Afrique ;
& l'autre le nouveau monde, c'eft-àdire, l'Ame:
rique. Euftachius témoigne qu'Anaximandre fut le
premier qui lit les cartes géographiques, o\x Map-
pemondes ; Se enluite Hécataïus _, Democrite , Eu-
doxe, & autres. La Mappemonde de l'Obfervatoire
de Paris a le pôle (eptcntrional pour centre. Tur
quet vouloit qu'on fit toujours les Mappemondes de
cette manière , & qu'on repréfentàt la terre en
deux cercles , qui fullent terminés par l'équateur ,
& qui euflent pour centre , l'un le pôle auftral ,
& l'autre le pôle boréal. La commodité de ces
fortes de Mappemondes , c'eft que tous les méri
diens font repréfentés par des lignes droites, & les
parallèles par de vrais cercles parallèles , au lieu
que félon les règles de la projedion ordinaire àesMap-
pemondes , il n'y a que le premier méridien qui
foit leprélenté en cercle , Se un autre méridien en
ligne droite ; les autres aulli-bien que les parallèles ,
font des portions de lignes courbes ou de cercles j
dont le centre eft hors de la carte , mais l'incom-
modité de ces fortes de Mappemondes de Turquet ,
c'eft que le milieu de la carte demeure vide , étant
deftiné à reprclenter les environs des pôles qui nous
font inconnus. Je crois cependant que ce qui fait
ÇK^cïiiT \e.s Mappemondes ordinaires à celles de Tur-
quet , c'eft qu'on eft accoutumé aux unes , Se qu'on
ne l'eft pas aux autres.
^fT Ce mot vient dt mappa , qui dans fon origine fi-
gnifie la nappe que l'on étend fur une table où l'on
mange. Nous en avons fait le mot nappe j & nous
avons confervé \'m , en parlant d'une carte que l'on
étend comme une nappe fur une table , Se fur la-
M A Q
quelle on voit le globe terreftre aplati , d'où lui vient
aulli le nom de Plamfphère. On conçoit aifément
que l'on ne peut voir que la moitié d'un globe à la
fois ; c'eft ce qui s'appelle Hémijphère. Voyez ces
mots.
MaPPER. V. a. Frotter pour ôter l'ordure , nettoyer
en trottant. Madame Mazaiin aimoit li fort la pro-
{jrété , qu'elle tailoit alfez fouvent mapper Se broftêr
Ion appartement à la manière d'Angleterre, deux ou
trois fois le jour. Il eft inulité.
Qu'on auroit vu de propreté ,
De netteté !
Qu'on eût frotté !
On auroit vu dans ce faint lieu ,
Alicux qu'à la Trappe ,
Par brojfe & mappe
Honorer Dieu. S. ÉvREMOND.
M A Q.
MAQUE^ ou MACHACOIRE. f. f. Infliumenr avec
lequel on donne la première préparation au chan-
vre pour le réduire en iilaftcj après qu'il a été roui.
On l'appelle plus communément brayoire.
MAQUÉDA. Nom d un bourg avec un château Se
titre de Duché. Macheda. Il eft dans la Caftille
vieille j à (ept ou huit lieues de Tolède , vers le
couchant. Maty. La Mailon de Maquéda eft une
branche de celle de Cardcnus.
MAQUER, ou MACHER le chanvre. C'eft le rompre
avec l'inftrument appelé Maque j ou Machacoire.
MAQUEREAU, f. m. Poilfon de mer qu'on pêche
aux mois d'Avril , Mai , Juin , Se Juillet. Scomber.
C'eft un poilfon de mer vivant en troupe , long
d'environ un pied Se demi , lans écaille , rond de
corps , épais , charnu , hniûant en pointe par les
deux bouts. Car il a le muleau pointu , Se l'extrémité
vers la queue , pointue. La queue iinit en deux poin-
tes. Sa bouche reftcmble à celle du thon : il a les
yeux grands & dorés. Quand il eft dans l'eau , il
paroît couleur de loufre , Se quand il eft hors de
l'eau. Se qu'il eft mort , il ell bleuâtre , Se tout tra-
verlé de plufieurs traits noirâtres. Rondelet , des
Poijfons , Liv. FUI , chap. 7. J'ai connu des gens
fort verfés dans l'Architecture navale , qui préten-
dent que lé maquereau eft de tous les poillons celui
dont la tigure doit lervir de modèle à la conftrudrioa
des vaideaiix. On mange le maquereau frais ou lalé.
L'eau dans laquelle on fait cuire les maquereaux ell
fort lumineule , quand elle eft remuée.
Ce mot vient à maculis , parce qu'il eft fort
tacheté. Quelques Auteurs modernes l'ont appelé
Maquerellus.
^3" Maquereau , elle. f. m. & f. Terme groflîcr ,'
prolcrit parmi les honnêtes gens. Il déligne celui
ou celle qui fait métier de débaucher Se de profti-
tuer des femmes <!n: des filles. Leno , lena
Ce mot , auili-bien que celui de Maquignon ,
vient de maque, qui en vieux François, lîgnifioit
vente. Il y a encore à Paris l'Hôtel de la Maque , où
les Picards venoicnt vendre leurs marchandifes : ce
qui eft fort vraifemblable. Quelques uns tirent ce
nom de l'Hébreu "133 macar , qui fignifie vendre,
parce que ces peftcs publiques font trafic de la prof-
titution. Tripaut le fait venir de aquarlolus , qui a
lignifié en Latin un homme qui follicite la pudicité
des filles. Et quelques-uns ont ajouté j que alca-
huete àoni(e. fervent les Efpagnols en la mêmefigni-
fication , vient de aquahucte , qubd aquam ferat.
Ménage orétend qu'il vient de macula , à caufe que
ceux qui reprélentoient les maquereaux dans les
anciennes Comédies , étoient vêtus de diverfes cou-<
leurs, comme on voit dans Tertullieiij de Pallio,
Se à caufe qu'on appelle maquereaux , ces taches "
qui viennent aux jambes , Se les poilfons d'Avril qui
(ont pareillement tachetés. Nicot rapporte les mê-
mes ctymologici que Ménage , qui les a priles de
lui. Donat , en parlant des habits que les Anciens
M A Q
M A R
donnoient à Icuis pcifonnagcs tic Comédie , dit , que
Icno palitis varii coloris uticur.
Maquereaux , au pi. font des taches de la peau qui
viennent particulièrement aux jambes S-c aux cuilles,
pour s'être chaulté de trop près. Ils (ont ainfi nom
niés , parée qu'ils imitent les taciics du maquereau.
MacuU.
On appelle proverbialement un maquereau , un
poillbn d'Avril. On dit aulîî de celui qui ne paie
point fon écot , fa part de quelque dépenic commu-
ne , qu'il efl; franc comme un ma^iucrcau.
gO-MAQUEHELLAGE. f. m. Term'e maliionnête
qui déligne le métier de débaucher 0<c de prulhruer
des femmes & des filles, 6c les moyens qu'on emploie
pour cela. Lenocïnïum.
MAQUERELLE. f. f. Nom d'un petit poillon, dont
les Pêcheurs le fervent comme d'appât.
MAQUETTE, f. f. C'eft un terme emprunté de l'Ita-
lien Macchïa ou Macchietta , qui iignihc dans
cette langue j comme dans la nôtre , une première
ébauche faite par un Peintre ou par un Sculpteur ,
pour un ouvrage qu'il a de'Xein d'exécuter. C'ell
{à première penfée , ou rien n'efl encore digéré , Se
qui ne paro'it que comme un ouvrage informe, ou
un alfemblage de taches , à ceux qui n'ont aucune
connoillance des arts. Aullî le mot Macchia , pris
dans le propre , fignifîe t il chez les Italiens une
tache.
MAQUIGNON, f. m. Qui vend les chevaux , qui les
refait , & qui couvre leurs défauts. Mango. Ce mot
eft fouvent pris dans un fcns odieux. ftCTIldéhgne
proprement un homme qui achète des chevaux dé
feâueux , ruinés , qui couvre leurs défauts , pour
les vendre plus cher qu'ils ne lui ont coiité : un
homme enfin qui veut tromper j & dont il faut fe
défier. Si l'on parle d'un homme de bonne-foi , on
dit aujourd'hui un Marchand de chevaux. Dans le
Dift. de l'Acad. on ne fait point cette diftinétion
qui paroît bien fondée.
Maquignon , fe dit au figuré , mais dans le ftyle fa-
milier feulement ,des gens d'mtrigue qui fe mêlent
de faire des mariages , de fiire vendre des Offices ,
des Charges , & qui font tout autre trafic odieux.
Mango, proxcneta , fequejler. On appelle aullî Ma-
quïgnons Se J^endeurs de chair humaine , ceux qui
débauchent les jeunes gens pour les enrôler, & les
vendre à des Capitaines. Scar. Je crois que tu es
«quelque maquignon d'enfant. Abl. Quelques verhons
de la Bible font dire à S. Paul , qu'il n'cll point ma-
quignon de la parole de Dieu, pour dire qu'il n'en
trafique point.
Maquignons de la gloire , ils en font le partage.
GoM.
Ce mot , auffi-bien que celui de maquereau , vient
de maque , vieux mot , qui fignifie vente , marchan-
dife. Ménage dit qu'il vient de l'Italien machinogne ,
qu'il croit être fait de mangone. On a dit dans la
balfe Latinité mangonare , pour fignifier trafiquer ;
& mango, manganus , pour lignifier un trompeur.
MAQUIGNONNAGE, f. m. Métier de Maquignon ,
finelfes , tromperies que le Maquignon emploie
pour refaire Se vendre les chevaux. Alangonium. Il
entend bien le maquignonnage.
On le dit aulîî de certains commerces fecrets , &
de négociations peu honnêtes. C'ell un maquignon-
nage où je ne comprends rien.
MAQUIGNONNER. v. a. IfJ- Au propre , c'eft ufer
d'artifice pour refaire des chevaux ruinés ou défec-
tueux j pour les faire paroitre meilleurs qu'ils ne
font , afin de s'en défaire. Au figuré , c'eft s'intri-
guer pour faire vendre quelque Charge , quelque
Office , pour faire quelque marché , quelque maria-
ge , à delfein d'en tirer du profit. Il eft du ftyle fa-
milier dans cette dernière acception. Mangonr^are.
Les chevaux qui ont été maquignonnés ne valent
jamais rien. C'eû une vieille qui a maquignonné
une telle affaire.
813
MAQUIGNONNÉ, LE. parc. Se sdj. Mangonixatus'^.
MAQUILLEUR, f. m. Terme de mer. Navicula Jiom-
hris pifcandis. C'eft un bateau de lîmplc tillac, dont
on (c Icrt pour la pêche des maquereaux.
MAQUIS. Nom d'un heu de l'Aiidaloulie , en Efpa-
gne. Ma:piifium. Il cil fur le Guadalquivir , à deux
lieues au-dcllus d'Anduxar , & on y voit les ruines
de l'ancienne Ofijlgi Laconium , petite ville du terri-
toire de Cordoue. Maty.
M A R.
MAR. f^oyc:( Maire.
MAR. f. m. Nom d'homme. Marus. S. Mar ctok
Evêque de Trêves, f'^oye-^ BoUandus , j^cla Sanc-
torum j Se Chaftelain , notes (ur le Martyrol. au
2(5 Janvier. Quelques-uns le nomment Alarcus , mais
mal.
MARA. Nom d'un ancien lieu du Defcrt de l'Arabie.
Mara. C'ell: à Mara que tut le cinquième Camp
àcs Ifraëlites dans le Delert. Ce lieu fut ainlî nom-
mé de Tm , marar, qui iignihc être amer , parce
que les eaux qu'il y avoit en ce lieu, étoient amè-
res d'une (alure pleine d'amertume. Moyfc en cor-
rigea l'amertume, iSc les changea en eau douce, en
y fiilant tremper d'un certain bois. Exod. Xl^. 2j.
Num. XXXIIL S.
MARABOTIN , & par corruption MARMOTIN. f.
m. Nom d'une ancienne monnoie d'Elpagne & da
Portugal. Marahotinus , Marmotinus , Mafamutinus,
Le marahotin étoit une monnoie d'or des Maures ,
que les Efpagnols nommèrent ainlî.
Il y a eu dans ces derniers temps de grandes con-
tellations parmi les Savans , touchant l'origine &
la valeur des marabotins ; comme il eft fouvent parlé
de cette monnoie dans plufieurs titres de la ville de
Montpellier , dont les Évêques de Maguelone ont
été en partie les maîtres , on a cru que le maraho-
tin pouvoir être une monnoie d'or de ces Evêques ,
qui ont long-temps joui du droit d'en faire battre.
Cette opinion a femblé d'autant plus certaine, qu'il
paroît par deux vers de Théodulphe Evêque d'Or-
léans j que la monnoie des Evêques de Alaguelone
étoit marquée avec des caradères Arabes.
Ipfe gravi numéro nummos fert divitis auri ,
Quod Arabum fermo , five characler erat.
Delà on a conclu que le nom de marahotin avoît
été donné à la monnoie des Evêques de Maguelo-
ne , à caufe de ces caradtcres Arabes , dont fe fer-
vent les Maures d'Afrique. Pour moi , je fuis perfua-
dé que cette monnoie d'or, qui eft appelée ordinai-
rement Marahotinus , Se quelquefois mauraboti-
nus , marmotinus , marbotinus , niarahutinus , mera-
hdtinus , Se marbotinus , doit fon origine à l'Efpa-
gne. Henri IL Roi d'Angleterre Se Duc d'Aquitai-
ne , rendit une fentence arbitrale l'an 1177- entre
Alfonfe Roi de Caftille , & Sanche Roi de Navarre ,
par laquelle le premier de ces deux Rois eft obligé
à payer au fécond la lomme de jooo marabotins.
Quelle apparence que le Roi d'Angleterre eût obli-
gé le Roi de Caftille à payer une penhon au Roi
de Navarre en monnoie étrangère 1 La Reine Blan-
che de Caflille à la fin du XIIP. fiècle , fut dotée
de 14 mille marabotins. Plufieurs ritres des Rois
d'Arragon , dans le même fiècle , font mention des
marabotins. C'eft pour cela qu'il en eft fi fouvenc
parlé dans les titres de la ville de Montpellier , donc
les Rois d'Arragon ont joui long-temps.
Le Portugal avoit aulîî fes marabotins.
Les marabotins eurent cours en France , particu-
lièrement dans les provinces voifines des Pyrénées.
Il n'eft pas facile de dire la valeur des marabotins:
En 1215 , 3160 marabotins en Portugal, pefoient
f6 marcs d'or. Ainh chaque marc contenoit 60 ma-
rabotins , qui par confî;quent pefoient chacun 76
grains , qui valent de notre monnoie 7 livres 5 fols
k deniers. Les Confuls de Montpellier promirent à
M A R
Innocent III. deux marcs d'or, comptant 100 ma-
famutins pour le marc. Ce ne leroit que 46 grains
■r; de grain pour chaque maraboûn. F. Nicolas d'Ar
lagon qui fut fait Cardinal en 1356. dit qu'un ma
rabonn d'or valoit un Horinj lequel en ce temps-la
étoïc d'or fin , & pcloic 66 grains , de forte que le
marahcnn valoit alors 6 liv. 8 fols de notre monnoie.
Le marahûtin étoit une clpèce de Bezan d'or ; lïc
Un titre cité dans l'hiftoire de Bretagne j T. IL p.
34/, 34's. dit unum aurï By\anuum , quod ms.-
rabocm mncupatur. Plulieurs ont cru que Covarru-
vias & Mariana ne parlant point de cette monnoie ,
elle ctoit la même que le maravédis , tk. que de
fr.arahotin on avoit fait mamve'dis. Si cela étoit , il
y a beaucoup d'apparence qu'ils nous en auroicnt
dit quelque chofe. J'ai de la peine à me perluadcr
que maraboûn &c l'ancien maravédis loient lanicmc
chofe ; car en l'an m 5. le maraboûn peloit 76
.grains , comme je viens de dire , & le maravédis
d'or j qui avoit encore cours en liio. pefoit 84
grains. Peu de temps après il fut tellement aftoibli ,
que les fix nouvellement faits n'en valoit qu'un an-
cien. Le Blanc. On pourroit aulll conclure de ce
qui a été dit , que le mafamutin & le maramoûn
ai'étoient point la même chofe. On a aullî appelé
cette monnoie des noms de marhotïn j marcbaûn ,
maraboûn , morhoûn , mauraboûn.
Du Cange conjeélure que ce mot vient de ceux
de boûno , qui veut dire buûn en Elpagnol , & de
Maran , qui ell: le nom qu'on a donné aux ^L^ures
d'Efpagne; de forte que Mauraboûn veut dire buûn
fait fur les Maures , dépouilles des Maures: on nom-
ma ainiî cette monnoie , parce qu'elle fut faite de
l'or qu'on avoit enlevé aux Maures. Si les marabo-
dns font la même chofe que les maravédis , cette
étymologie eft faulle , fclon ALiriana , qui dit dans
fon livre des poids & des mclures, que les mara-
vidis avoient cours en Elpagne dés le temps des
Rois Gothsj & avant l'irruption des Maures.
MARABOUT, f. m. Terme de Marine. C'eft une voi-
le de galère qu'on ne met que de beau temps. On
l'appelle aulîî Me^about. Felum fereniori expanden-
dum cœlo. On fe fcrvoit autrefois de miarabouts lur
les galères ; depuis fort long-temps on ne s'en fcrt
plus , à caufc de fon énorme grandeur , qui les ren-
doit prefque inutiles.
Marabout , eft aulll le nom d'une Dynaftie d'Ara-
bes , qui furent appelés depuis par les Efpagnols
Al Moravides. Marbouth , ou Marabech , Se au plu-
riel Morabctha , fignifie en Arabe une perionne liée
plus étroitement aux exercices de fa Religion , &
que nous appelions communément un Religieux.
Ce nom fut donné à une race d'Arabes , qui étant
fortie du pays des Homérites, vint s'établir en Sy-
rie du temps d'Aboubec , premier Kalife dzs Mukil-
raans. De-là ils pafsèrent en Afrique , 8c pénétrant
jufqu'à la partie la plus occidentale , ils le canton-
nèrent dans le Défert de Sahra, pour y vivre lépa-
rés dés autres peuples de l'Afrique^ & y exercer
plus librement & plus parftitement tous les devoirs
de leur Religion. C'cft eux qui dans la luitc con-
quirent l'Efpagne. Leur Prince fe qualifioit d'Emir
AI Moflemin , c'efl-à-dire , Prince des Mufulmans.
•La Dynaftie des Marabouts commença à faire des
progrès en Afrique l'an 44S. de l'Hcgire , Se 1069.
de J. C. qu'Aboubec ben Olmas Allam &c Hounis,
devenu Souverain des Marabouts , prit Segclmelle
en Mauritanie. Cette Dynaftie challa d'Afrique les
Zeïrides , appelles communément par nos Hiftoriens
les Zégris , & elle étoit arrivée au plus haut point
de fa grandeur l'an 461. Elle fut détruite l'an 510.
de l'Hégire , de J. C. 11 16. par les Almoades. C'eft
ce que les Arabes en difent ; mais les Hiftoriens
Efpagnols, & autres, écrivent que les Al Moravi-
des régnèrent en Efpagne & en Afrique julqu'en
559. & 540.de l'Hégite. Voyc\ d'Herbelot ,/>. 62;.
au mot Morahethah.
Makabout , dans une lîgni'îcation plus particulière
Hgnifie un Prêtre , ou Religieux Mahométan quidef-
M A R
fért une Mofquée, particulièrement en Afrique.
Marabout , le dit populairement d'une pcifonne
qu on trouve laide Se malpropre, le vilain Ma-
rabout. Cela s'eft dit depuis l'arrivée de l'AmbafTa-
dcur de Perfe , qu'on apptloit par mépris Mara-
bout.
On appelle encore marabout une cfpèce de coque-
mar de fer blanc Se battu , qui eft fort large pat
en bas , & qui vient de Turquie.
MARABOUTIN. f m. C'eft le nom que l'on donne
à la grande voile du grand mat des galères.
MARACAIBO , ou MARACAY. Nom d'une ville
de l'Amérique méridionale. Maracaybum. Elle eft
dans le quartier de'Venézuella ., en Terre-ferme , fur
le bord occidental du lac de Maracaybo , auquel
on donne environ cent lieues de circuit. Cette ville
étoit bien bàtie a la moderne, & habitée environ
par quatre mille Bourgeois , ou Marchands -, mais
elle a été délolée deux fois par les François, l'an 1669.
& l'an 1678.
MARACAS , autrement Cochines. On appelle ainfi
dans le Pérou les vafes qui fervent à recevoir le
baume précieux qu'on ne trouve qu'en cette partie
de l'Amérique J Se qui en porte le nom.
MARACOC. f. m. Plante qui croit en plulieurs en-
droits de l'Amérique , Se qui eft connue dans la Vir-
ginie fous ce nom. On l'appelle autrement Crena-
d'dle , ou Fleur de la paffîon.
MARAGER. f. m. Jardinier qui cultive un marais i
qui eft Fermier d'un marais. OUtor , paludicola. Il
y a un grand nombre de Maragers dans les fau-
bourgs de Paris. On dit plus communément Maraî-
cher , qui eft le terme adopté par l'Académie.
MARAGNAN. L'ile de MARAGNAN. Maraniana
Infula. C'eft une petite ile de l'Amérique méridio-
nale. Elle eft dans un golfe , qui s'avance dans la
côte feptentrionale du Bréfil. Elle a une petite ville
qui porte l'on nom , Se qui eft capitale de la Capi-
tanie de I^aragnan , qui eft dans la Terre-ferme j
entre celles de Para & de Siara. Maty.
MAR AGNON , ou XAUCA. Nom dune grande riviè-
re de l'Amérique méndion^le. Maranonnius Fluvius.
Xauca. Elle a fa fource dans un lac , près de Gua-
nuco , dans le Pérou , coule vers l'orient méridio-
nal, jufqu'aux confins du pays des Amazones , &
enfuire tournant vers le nord , elle lepare ce pays
du Pérou J Se du Pacamores , où elle baigne Saint
J.ago de las Montanas , & va fe décharger dans la
rivière des Amazones. Maty.
MARAIS, f. m. Terres balfes & humides, couvertes
d'eaux croupilTantes qui n'ont point de pente pour
s'écouler. Palus , paludofa loca. Les villes plus fortes
l'ont celles qui font lîtuées au milieu d'un marais,
où l'on n'arrive que par des chauirées, à cauie de
la difficulté qu'il y a de faire des approches. Le Ma-
rais ou Palus Mcotide eft une province qui eft à
l'embouchure du Tan.a'is.
Ce mot vient de marajî , Allemand , qui fignifie
lieu bourbeux ; ou de marefc , qui vient de marifce-
tum , à marifcis , c'sft-à dire , des ]oncs ; ce qui mon-
tre qu'il faudfoii écrire marejc , d'où l'on a iûi ma-
récageux. Mem. Stumaif; dérive ce mot de mare.
qu'on a dit pour un amas d'eau. On a dit dans la
balle Latinité manftu-n , marefcagium , £■ marefcheius,
Somner fait venir ce mot du Saxon merfc , qui fi-
gnifie la même chofe. |Cr A Paris on appelle Ma-
rais, des terrains bas , mais éljvés au-dellus du niveau
de l'eau , où l'on cultive des herbes & des légu-
mes. Palis eft environné de ces fortes de marais. Le
quartier qu'on appelle le Marais du Temple a été
bâti fur un pareil terrain qu'on a élevé depuis.
Ceux qui cui'ivcnt ces marais font .appelés Ma-
ragers , Maraîchers Se Maréchés.
Marais desséches. Ce font des terres autrefois cou-
verres d'eaux qu'on a fait écouler en leur donnant
de la pente &: des décharges par plulieurs folfés Se
fi ignées. Paludes exficcat&.
Marais salans , (ont des lieux préparés pour faire
le fel. Palus falinaria. On les lallFe couvrir de l'eau
M A R
de la mer j qu'on y hiit cnnef par des rigoles , la
grande chakiir du foleil fait évaporer l'eau , Se fa
partie la plus cralle demeure fur la terre, & fe con-
vertit en fcl marin. Il faut du vent, du foleil , &
point de pluie j pour tirer du kl des murais fa
lans. Ces wara/'j-fontpartagés en plulieurs petits coni-
partimens de dix ou douze pieds de largeur , fur
quinze de longueur, ou environ. Cela s'appelle des
œillets ; les Paylans qui en ont foin s'appellent Pa
ludiers dans le pays du Croilic Se de Guérandc en
Bretagne , où il y en a beaucoup. Ces œillets font
d'un grand revenu , & il y en a qui rapportent i j
ou 10 francs par an , Se fouvent davantage , tous
frais faits.
Pour un marais (aIolUZ , on c\\o\Çn un terrain bas,
& dont on a examiné le fond par des trous que
l'on y perce , & on le crcule eniuite beaucoup au
dcn<.)us du niveau de la haute mer, en y obfervant
pluheurs compartimens. Les terres que l'on enlève ,
du plan de ce marais , forment la chaullée , que
l'on élève j ou contre la mer ^ ou pour (outenirles
eaux du chenal & les bolîîs qui le léparcnt d'avec
leurs vivres , Se d'avec les autres marais • voici le
détail de toutes les parties , en commençant par les
plus élevées & les plus proches de la mer.
Le jas eft le premier rcfervoir du marais , Se n'eil
feparé de la nier , ou du chenal qui communique
à la mer j que par une petite digue de terre gardée
par un revêtement de pierres fèches. Il eft ouvert
en un endroit qui fe ferme avec une ventelle. Se
lui fert d'éclufe , Se cette éclufe de jas le nomme
f'araigne ; on l'ouvre d.ans les grandes malines de
Mars pour introduire l'eau dans le jas ; enfuite de
quoi dès que la mer commence à bailler , on re-
ferme la varaigne , Se l'on conferve le jas plein
d'eau , pour le temps propre à faire du (el. Et com-
me il fe trouve des marais falans fort avant dans
les terres , & qui ont befoin de leur jas, on a con-
duit par tout ce pays de longs canaux qui viennent
de la mer , Se au long defqucls font routes les édu-
fcs des jas avancés dans les terres.
Le jas a fa Icde Se les branches , ou doues. La lède
du jas eft le milieu Se le plus grand efpace j autour
duquel on approfondit une efpèce de canal de deux
ou trois pieds plus creux que le jas , Se de douze à
quinze pieds de large : ces canaux (e nomment
branches , ou doues , Se lorfque l'eau du jas eft tout-
à-fait évaporée , ils conticimcnt encore allez d'eau
pour en fournir les couches par le gros mâts : les
élévations de terre , qui parollFenr dans le jas , font
formées de celles qu'on tire des doues.
L'eau de ce jas fe communique lorfqu'on en a be-
foin dans un iecond réfervoir partagé en deux, trois,
ou quatre féparations, que l'on nomme conches , Se
elle y eft introduite par un gros bout de mât percé
dans le milieu , que l'on bouche d'un tampon de
bois , lorfqu'on veut empêcher l'eau d'entrer. L'ou-
verture de ce mât eft d'environ fîx pouces de dia-
mètre.
Quelquefois les couches Jie font féparées du ta-
rais que par une vette ouvrée , & l'eau en coule par
les trous d'une petite planche. Ces couches ont en-
. viron dix-fept à dix-huit pieds de largeur. On y
introduit peu d'eau ( car moins il y en a , & plus
elle s'échaufte ailément ) , & les chauilées qui les
partagent , n'ont pas plus d'un pied de large , &
deux ou trois pouces au plus de hauteur , on les
nomme venes ouvrées. L'eau qui entre du jas dans
les couches , eft obligée de faire quatre fois le che-
min de leur longueur, pour entrer dans le réfervoir
fuivant.
Ce réfervoir fe nomme Mort , plus petit que les
autres; il eft terminé d'un côté par le bolTîs à\i ma-
rais J & de l'autre par un petit chemin large d'un
pied , Se haut de quatre ou cinq pouces , Se l'eau
s'y rend par un autre mât percé , qu'on appelle ame
d'eau. Ce mât paffe fous une élévation de terre ,
dont la figure eft fouvent alfez i:régulière , de cinq , I
fix à dix toifes de large j & de cinq à fix pieds de '
M A R
8iy
hauteur ; on nomme ces élévations Bofls ; c'eft la-
dellus qu'on 'mer le fel par gros tas , que l'on nom-
me vjc/^«i- de fel , lorfqu'ils font longs ; & pilots ,
lorfqu'ils font ronds. Et entre chacun de ces tas ,
les i>aiM)ievs labourent la terre reftante ^ (S^ y lé-
mcnt toutes fortes de grains , de légumes, comme
blé , froment, avoine , pois , icvss , lentilles ,vefce,
chanvre, &c. Le lalicot, la ciéte marine, ou perce-
pierre , lcfantoniquC(:<c la bointhe,s'y trouvent abon-
damment , Se ce terrain eft fort fertile. Du mort l'eau
palfe dans la table, ou fleur d'eau. La table eft le qua-
trième réfervoir ^ à-peu-près de la largeur du mort ;
(Se il y a des marais qui en ont deux , une grande &
une petite. C'eft dans ce réfervoir que ,l'o]i lailTè
echaulfcr l'eau avant delà faire entrer dans les méans ,
où on l'introduit par le pertus , ou chargette. Ce Per-
tus eft une planchette enfoncée dans la terre du m.a-
rais , Se percée de plulieurs trous que l'on bouche avec
autantdechevjlles , Se quand l'eau commence à man-
quer dans les méans , on tire les chevilles les plus
hautes , Se amfi de fuite , jufqu'à ce qu'il en loit entré
fufhfamment.
Le Méan , ou Muan , eft un cinquième réfervoir
de vingt-deux pieds de large , ou environ , féparé d'ef-
pace en elpace , par de petites chauilées de terre qu'on
appelle Croifées. On laille dans l'eau ces nuians jufqu'à
ce que le temps paroillint propre à faire du fel ^ on la
diftribue enfin dans les aires par les bralleaux &*par
les bouches d'aires.
Les Braffèaux , font les petites rigoles qui font
entre deux aires. Se par où l'eau des méans Te com-
munique aux aires par les bouches que l'on y fait avec
la palette. Ces bouches fe coupent obliquement fur
la croix lîmple qui fépare les deux aires , & fe referme
incontinent après qu'on y a introduit l'eau.
Ces aires , que l'on nomme 3.aî[i foyers , font des
carrés de quinze , feize , dix-lépt à dix huit pieds ,
dans lelquels le fel fe forme. Le nombre de ces carrés
eft indéterminé , parce qu'il y a des marais plus
grands les uns que les autres : lorfqu'il y a deux dou-
bles rangs d'aires , avec des méans entre deux , on
appelle oes marais , Marais de champ double.
Chacun de5 petits chemins & chauilées qui font
dans ces marais , ont leur nom particulier.
Vettcs , font les deux chemins qui bordent les tables
du côté des aires.
Uanterncau , eft la petite chaulfée qui fépare les
méans d'avec les aires , Se qui eft terminée de chaque
côté par les bralTeaux.
Vie , ou Vée j eft la chaulfée qui (epare les deux
rangs d'aires , Se fur laquelle on met égoutter le fel
que l'on tire des aires par petits monceaux , appelés
pilots ; ce chemin eft un peu plus large que les
autres , & peut avoir deux pieds ou deux pieds Se
demi.
Croi.v , font les chemins qui traverfent & divifent
les aires.
Lignon , eft le double rang de carrés, d'un bout à
l'autre du marais.
Demi'Lignon , eft un 't'ang de carrés /impie.
La livre de marais eft compofée de vingt aires ,
Se l'on compte la valeur Se le revenu des marais
par livre.
Lorlque les marais font inondés par les eaux de
pluie , Se qu'on veut les delfécher pour les rétablir ;
il y a une varaigne, ou bien un mât percé, que l'on
nomme coy , ou acoyement , Se dont l'ouverture don-
ne dans le mort : on fait écouler par là toutes les
eaux du marais pendant la balfe mer.
Il faut obferver , en conftruilant un marais, <\uz
depuis le jas julqu'aux aires , il y ait aftez de pente
pour y conduire l'eau par tous les détours qu'elle
fait i c'eft pourquoi le Saunier fait avec le bouger
une rigole qu'il appelle la Jauge ,_ Se l'enfonce juf-
qu'à ce qu'il voie que l'eau le fuive , faifant ainlî
tout le tour du marais Se de fes vivres. La règle
qu'ils ont entr'eux pour cela , eft qu'il faut que
chaque vivre en approchant des aires , fait d'im
gros de ligne plus bas que l'autre ; ce gros de h-
2i6
M A R
gne lignifie la giolleui- du coiJeau dont ils fe fervent
pour tracer leurs marais ; ce qui peut être de neulr'à
dix lignes.
Plus un marais a de vivres, plus il donne de lel;
parce que ces vivres contenant beaucoup d'eau , qui a
le temps de s'achaler ( c'ell-à dire jdcs'échauiter) &
qui outre cela a de grands détours à faire , le marais
cù: toujours prêt à laumurer ; ce qui fait que quand
on a de la place , on donne au marais deux ou trois
nions , & autant de tables.
D'ailleurs la lituationdu marais contribue encore à
le rendre abondant j & pour qu'il foit bien orienté,
fa longueur doit être dans l'alignement du vent du
nord cft , parce que ce vent contribue beaucoup à
former le fel.
Il elt bon de dire aufîî que comme tons les ter-
rains propres a bâtir des marais , ne lont pas régu-
liers , il ne faut pas s'imaginer qu'ils aient tous la
jnême figure ; car les uns ont plus , les autres moins
de vivres ; leurs morts , tables j méans , &c. font
autrement placés •, les uns mettent des pertus à
tous les réfervoirs , les autres ferment d'une autre
manière. Cependant tout cela revient au même
principe..
Le terrain le plus propre à faire du fel , ert: le
chalon , ou terroir gris, & doux ; le bleuâtre y eft
bo/iaullî •, la terre glaile produit le fel doux , le fonds
fablonneux mêlé de terre grade , le rend plus âpre ,
de le fable de bris de couleur jaune -"k noire n'y vaut
rien àm tout.
Les outils dont fe fervent les Sauniers pour for-
mer leurs marais , les racommoder , Se en tirer le
fel , font la Bogue , le Bouquet , la Ferrée _, l'Etole ,
la Palette , le Roable , le Survion , les Ellàgoire , &
le Panier porte lel.
La Bogue , le Bouquet , & la Ferrée _, fervent à en-
lever les boues amaifées pendant l'hiver j Se couper les
terres inutiles , & enfin à dreller les marais , lorf-
qu'on en conllruit un nouveau.
L'Ecole , dont le manche ell; appelé Simoche ,
fertaulïï à tirer la boue , lorlqu'on lime le marais ;
fa planche peut avoir deux pieds de Uing j & lix pou-
ces de haut.
La Palette fert à couper les bouches d'aires.
Le Roable fert à tirer le fel lur la vie , aullî bien
que le furvioujavec lequel on tire leulement la Heur
du fel , que l'on nomme lel blanc.
Les EJJ'agoires fervent à prendre le fel fut la vie ,
& le charger dans le panier porte-fel , avec lequel il
eft porté lur les bollis.
Les Sauniers commencent leur travail vers le mois
de Mars , par l'écoulement des eaux dont le marais
a été couvert pendant l'hiver ( & qu'ils y ont rete-
nues , pour conlerver les façons , ou compartimcns
du marais , & pour empêcher que les terres ne le
crèvent & ne s'écoulent } ; ce qu'ils appellent, met-
tre le marais à coi , ou le faire égoutter , ces eaux ,
qui font prelque toutes de pluie , n'étant pas pro-
pres à faire du lel.
Le marais étant égoutté , on le lailTe fécher pen-
dant douze ou quinze jours , après quoi on rétablit
les façons que les eaux ont gâtées, par de nouvel
les terres qu'on y porte ■■, Se comme le féjour de ces
eaux a amalfé au fond du marais de la boue Se du
limon , quelques jours avant que d'introduire l'eau ,
& vers la fin d'Avnl , ou le commencement de
Mai , on lime le marais j c'eft: à dire , qu'on le net
toie de ce limon , qui le jette lur les boflîs , Se leur
fert de tumier.
Pendant que le marais fe prépare ainlî , il faut
penfcr à remplir Ion jas d'eau , & cela fe frit dans
les marées des équinoxes, que l'on ouvre la varaigne
du jas pour y laiîler entrer l'eau de la mer ; après quoi ,
lorfqu'elle commence à fe retirer , l'on ferme la ven-
telle de cette varaigne , Se l'eau refte en bonne quan-
tité dans le jas ; mais comme une partie de cette
eau s'évapore, & que l'eau tranfpire par les terres ,
il n'en refle ordinairement que ce qu'il en faut pour
Je marais : ainfi il eft de conféqacncc de ne poiiit
M A R
manquer ces grandes malines , qui fournident quan-
tité d'eau , vu que c'elt de- là que dépend le bon ou
mauvais fuccès de l'ouvrage.
Le jas plein , on laillc entrer peu à peu l'eau
dans les conches , auxquelles le jas en fournit à
mefure qu'il s'en' évapore , comme les conches en
fournillent au refte des vivres du marais jufqu'à la
table , dont on lailfe le pertus qui communique au
méan , bouché julqu'à ce qu'on s'apperçoive que les
méans commen(sent à manquer d'eau , Se alors on
• leur fournit en tirant les chevilles les plus hautes du
pertus , comme on l'a marqué dans la defcription du
77îarais.
Par cette méthode , le marais eft toujours prêt à
fiire le fel au premier beau temps , & la chaleur
du foleil ayant échauffé le fonds , on s'apperçoit qu'il
commence à devenir roufsâtre , &: enfuite rouge
comme la mine de plomb.
Alors les Sauniers nettoient les aires avec le roa-
ble , en jettant par dellus les vertes Se les anterneaux ,
l'eau échauffée qui étoit dedans , Se rendent le fond
de ces aires uni comme une glace. Aptes quoi ils
prennent la palette , & coupent les bouches d'aires ,
pour y faire entrer l'eau du méan , qui eft déjà fott
échauffée ; & lorfqu'il y eft entré envu-on deux pou-
ces de hauteur , on referme ces bouches i & alors s'il
furvient un vent de nord-eft,ou un nord oueft , qui
eft encore meilleur , avec du foleil , le fond des aires
rougit en trois ou quatre heures de temps , Se il s'é-
lève une écume fur l'eau ; fous' cette écume qui fe
dilîîpe , fe forme un voile mince , comme quand
l'eau commence à fe glacer , & ce voile , à l'exanii-
ner de près, eft tout compofé de petits catrés , qui
font autant de grains de iel qui commence à fe for-
mer : plus ce voile refte fur l'eau , &: plus les grains
groHiilent par l'addition des parties qui s'y joignent
par-deilous; Se quoiqu'il foit plus pcfant que l'eau , il
ne s'enfonce point , parce qu'il occupe une grande
fuperficie ; mais dès qu'il eft brilé par le roable, tous
les grains tombent au fond.
Lorfqu'on veut avoir du fel fort blanc , on tire ce
voile de delfus l'eau avec le furvion j comme quand
on écume du lait , Se ce fel rend une odeur de vio-
lette fi agréable & h fenfible , qu'il lemble que l'on
foit au milieu d'un parterre de ces fleurs.
Mais lorfque l'on veut tirer ce lel pour l'entaffer
comme à l'ordinaire , les Sauniers viennent rompre
chaque jour ce vojle de fel , & le brifant avec le roable,
font que plulieurs grains te joignent Se grolîîftent par
ce mouvement. Enfuite de quoi le Saunier tire ce fel
fur la véc , lorfqu'il y en a allez de fait dans l'aire pour
l'eau qui y eft , que l'on ne laiffe pas toute conver-
tir en fel , afin de le tirer plus blanc & plus net; Se
que ce qui refte d'eau ferve de ferment pour dilpoicr
la nouvelle qu'on y introduit à fe convertit plutôt
en fel.
On dit proverbialement dans le pays où il y a des
faillies. Il n'eft que pois & froment de marais ,ç3.ict
que ceschofes, & toutes fortes de légumes , viennent
fort bien fur les bolîîs d'un marais (alant , où les Sau-
niers ne manquent pas d'en femer entre les pilots &
les vaches de fel.
On dit proverbialement , qu'un homme s'eft fauve
par les marais , pour dire , par des lieux difficiles , Se
au figuré , c'eft fe tirer d'embarras par de mauvaifes
raifons.
MARAISCHER. Foye^ MARAGER.
MARAMARUS. Nom d'une petite ville de la Haute-
Hongrie j fituée fur la rivière de Maramarus , ou d'U-
gog, à neuf lieues de la ville d'Ugog , vers l'orient
(cptenmonû. Maramarus cft capitale d'un Comté qui
porte fon nom , Se qui eft le long du mont Carpak,
autour de la Teilîe. Maramarufa , Moramarufa, Ce
Comté a été uni à la Tranlvlvanie. Maty.
ïfT MARAMBA. f. m. Nom de la fameufe Idole adorée
par les habitans du Royaume de Loango en Afrique ,
à laquelle ils font tous confacrés à l'âge de douze ans.
On la confulte pour connoitrc l'avenir , les bons &
les aiauvais-iuccès qu'on aura, & pour découvrir les
auteurs
A R
M A R
auteurs des enchantemens &c des maléfices auxquels
ces peuples ont beaucoup de foi,
ÇCr MARAMEH. Ville d'Afrique , au royaume de M.i-
roc , dans la province Duquela.
MARAM , eu MARltAN, ANE. f. m. &f. Nom que
les Elpagnols ont donné autrc|-uis aux Maures éta-
blis en Elp ii,'nc. Marcnus , Alarranus. En France ,
on les appelle Marons , ou Marrons. Quelques uns
. veulent que ce nom (e loit formé par corruption de
Mauricn , Maunanus , nom que l'on donna fous Ere
déric Barberouire , aux Maures qui renonçoient à
la Foi chrétienne qu'ils avoient embralléc. D'autres
croient qu'il vient de Maranat'ia , dont nous allons
parler , ÎJi qu'on le leur donnoit par mépris. Ma-
riana , d-ins Ion Hijîolre d'E/pagm: , L. Fil , rap
porte une do.udon d'Aurélius , Roi de Galice , dans
laquelle anathJmc , marran ,Sz excommunie , font (y-
nonymes , de même (\naiiachLmi &c maranatha , le
loat , lelon S. Paul /. Cor. Xf^I y 22 ; ce qui fem-
ble coniîrmer ce fécond fentimenr. Cependant Sca-
li^'er , de Emendat. Tcmp. L. VI , croit qu'il vient
d'un Marawan , dont parle le Géographe Arabe , &■
qui ayant ufiirpé le Califat , & l'ayant fait palTer de
la poltérité de Mahomet à la lîenne , fur caufe qu'on
appela les Mahométans Marrans , de fon nom Ma-
rawanjoun , comme on les nomme Mahométans, de
celui de Mahomet.
MARANA, MARANELLA. Nom d'une rivière de la
Campagne de Rome , en Italie. Marana j ancienne-
ment Cu^m. Elle baigne le bourg de Grotta Ferrata ,
&: le leparc en deux branches ,dont l'une le décharge
dans le Tévérone , à Quarticiola , & l'autre dans le
Tibre à Rome^ Maty.
MARANATHA. Mot barbare , ou Syriaque, qui fe
trouve dans le Nouveau Tellament , /, Cor. XVI. J2.
&■ que nos Traduéleurs conlcrvent dans leurs Ver-
lions. Maranacha. Si quelqu'un n'.iime point Notre-
Seigneur Jesus-Christ , qu il loit anathcme ^mara-
nitha. P. Amelote. Port-R. Simon , &cc. C'ell à-
dire, qu'il foit maudit & exterminé. Saint Paul pro-
nonce cette fentence contre ceux qui ne vouloient
point rcconnoître J. C. pour Mellie , 8c apparemment
contre les Juifs , qui anarhémanloient de la même
manière les premiers Chrétiens. Ce font deux mots
Chaldaïques , ou Syriaques, qui fignitient le Seigneur
ert venu , ou le Seigneur vie.t ■■, c'eft-à-dire , il ell
venu , ou il vient pour les exterminer -, enforte que
l'Apôtre ne fait aune chofe qu'exprimer en Chaldaï-
que , qui étoit alors la langue des Juifs, les deux mots
Grecs qui précèdent - ce qu'il fait aulîl en d'autres en-
droits. Il femble que cette exprelîlon foit prife de
MaLichie , IV. 6. Simon.
On auroir parlé plus exaélrement , fi l'on avoir dit
que l'Apône mettoit en Chaldaïque une impréca-
tion qui répondoic à celle qu'il avoit mife en Grec ,
mais nun pas qui l'exprimoit ; car le lens d'anathê-
me , .Si: celui de maranatha , lont tous ditrérens.
S. Jérê)me a remarqué , il y a long temps , que
ces deu.'i mots lignifient le S' igneur vient ; ou Notre
Seigneur vient , no , M.ir.in , Seigneur , ou Mara-
na , Notre Seigneur , &c nnn , atka , Il vient , ou il
eft venu.
MARANAY. Foyq Marimay.
MARANCE. f. f. Vieux mot , qui fignifie une amende
quon paie pour les fautes légère. , 6<r pour ablcr.ce.
Dans les temps plus reculés on a dit mJranche.Alulcîa
pro kviorihus deliciis , & dans la balfe Latinité ma-
rar.cïa.
j MARANDA. f m. C'etl une efpèce de myrte qui
' croît dans l'Ile de Ceylan , & qui porte une petite
baie. Ladécodtion de les feuilles palle pour excellente
dans les maladies vénériennes , pourvu qu'on obferve
en même temps une diète légère.
MARANDE. f. f. MARANDER. v. n. Danet, dans
fon Diétionnaire Latin & François , explique Mcnn-
da par goiiter, collation, petit repas entre le dîner
& le louper. Il ajoute , comme il eft vrai , qu'en
Lorraine & en Champagne ils appellent cela la
Tome V.
8,7
Maraude t &C qu'ils difcnt auili marandcr , faire Ix
collation.
MARANDiiR. V. n. Ci^Termc de Marine, mais peu
ulité, même parmi les Matelots. Il elt fynonyme de
gouverner,
MARANE. f. m. Foyei Marrane.
MARANO. Petite ville du Frioul, en l'Et.at de Venife,
Mcranum. Elle a une bonne citadelle, «Scelle eft fi-
tuée à cinq lieues de Palma-Nova, du côté du midi
entre les marais de Marano, qui en rendent l'accès
diliitiie. Maty.
MARANS. Petite ville de Fiance. Marantium. Elle tfT.
d.ms le paysd Aunis, lur laSeurc Niortoife, entre la
Rociielle, Maillezais & Luçon , à la diftancc de
quatre ou cinq lieues. Maty.
I^O- MARANE , MARAND ik MARANIE. Petite
ville de Perle, dans l'Adirbetzan , où les Arméniens
croient par tradition que Noé a été enterré, lis
croient aullI que la montagne qui eft près de ce lieu,
eft celle où l'Arche s'arrêta.
M ARAS A. Petite ville d'Afrique. Marafa. Elle eft
dans le Royaume de Gangara, en Nigritie, fur le Ni-
ger , aux confins du Royaume de Zanfara. Maty.
MARASH. Nom d'une ville de la Natolie^ en Alie.
Marajîa. Elle eft fur l'Euphrate, à cinq ou fix lieues
audeflous de Malatiyah. Elle eft grande, bien peu-
plée, <Sc capitale du Beglerbéglic de Marafch, qu'on
appelle autrement le Bozoc , & qui eft renfermé en-
tre les montagnes du Taur, de l'Antitaur & de la
rivière de l'Euphrate. Maty.
MARASME, f. m. Terme de Médecine. Maigreur
extrême, ou conlom.nion de toute la fubftance du
corps ; c'eft le dernier période de la maigreur , de
l'atrophie & de la conlomption. Marafmus , macies
fumma , fuprema. Cette maigreur eft quelquefois II
grande, que le malade paroit caimme un Iquelette ,
n'ayant que la peau collée fur les os. La fièvre écique
caule ordinairement le marafme. Je ne pus empêcher
que le malade , qui étoit d'un tempérament mélanco-
lique , ne tombât dans le marafme. Degor.i.
Ce mot eft Grec, il vient du verbe j«»(i«i',£;» , qui
fignifie delfécher , flétrir.
MARAT. l oye-[ Marona.
MARATA. /•''ciyeç Mexique nouveau.
MARATHON.' Nom d'un village de la Livadi-^ en
Grèce , htuc à l'entrée du golte de Négreponr. Mara-
thon. C croit aurretois une petite ville , célèbre par la
vidloire que Miltiade, avec dix mille Athéniens, y
remporta fur les Perles qui avoient plus de cinq cens
mille hommes , «S: qui en perdirent plus de cent
mille. Maty. Quelques uns difcnt qu'on la nomme
aujourd'hui Marafon. Quand on parle de l Anti-
quité, il faut toujours dire Marathon.
Marathon n'étoit point une ville j mais un bourg
de l'Attique. La bataille, ou la journée de ylAirarAon,
eft une bataille que les Athéniens j fous la conduite
de Miltiadcj gagnèrent contre les Perfes la 3^ année
de la LXXIF olympiade , c'eft à-dire , 49 1 ans avant
J. C. Vuye^ M. Tourrcil dans fes Remarques fur \x
première Philippique. Les Athéniens ne purent ja-
mais adembler plus de dix mille hommes pour la
journée de Marathon. Tourreil. Les Perles en
avoient cent mille. Non, Me/lîeurs, non, vous n'a-
vez point failli , j'en jure par les mânes de ces grands
hommes qui ont combattu pour la même caufe dans
les plaines de Marathon. C'eft une penfée de Dcmof-
thène , dans l'Oraifon/ro Coronâ , par laquelle Lon-
gin montre combien l'apoftrophe a de force iSc de
fubhme. Il ajoute qu'il y en avoit qui prétendoienr
que l'original de ce ferment fe trouvoic dans Eupolis ,
quand il difoit :
On ne me vcrr^ plus affligé de leur joie ,
J'en jure mon/ combat aux champs de Marathon.
Etienne de Byfmce trouve encore un bourg de ce
nom dans la Tribu Léontide.
MARÂTRE, f. f. Belle-mère, femme d'un fécond lit,
qui maltraite les enfans auc fon mari a eu d'un pre«
Lllll
St8
M A R
mise lit. C'efl; toujours nn terme de mépris Se d'in-
jure. Noverca. Conllaïuin hi mourir Ion fils par les
.inftigationsdefii mariîfre. Critpe, rils de Conftantin ,
mais d'un autre mariage, àccufé par Faufte ia marâ-
tre , de l'avoir voulu ^corrompre, trouva Ton pàe in-
ilexiblc.^Bossohf.
Ce mot vient du Latin matrqfta , fuivant Ménage.
Marâtre, fignifie auili une mère dénaturée, qui n'a
point de tendrellé pour (es enfans, qui les maltraite ,
qui n'a'pas foin de leur éducation, ni de leur fortune.
Injufia noverca,- Médée n'étoit pas une mère, mais
une marâtre.
MARATRE, s'emploie auilî au figuré. Il ne peut s'ima^
giner que la France , où l'holpitalité fut toujours lî
fi.inte, devienne pour lui la marâtre des Etrangers.
Pat. Cette exprellion eft un peu hardie.
fCFMARAVA. Petit Royaume des Indes, entre les
cotes de la Pêcherie & de Coromandcl , tributaire du
Royaume de Madure.
-MARAUD, AUDE. C m. & f. Terme injurieux, qui
fe dit àss gueux, des coquins , des hipons, qui n'ont
ni bien , ni honneur , qui font capables de faire toutes
fortes de lâchetés. Improbus , nequam. Il ne faut
point ajouter foi à tout ce que dit ce maraud. Cette
femme eïl une maraude. Ma foi, marcLuds , vous ne
vous rirez pas de nous. Mol.
Voyant la fplendeur non commune
Dont ce maraud ejl revêtu.
Qui ne diroit que la Fortune
Veut faire enrager la Vertu? Gomb.
ifT On le dit quelquefois en plaifintant, comme les
autres termes d'injures.
Ce mot vient de l'Hébreu maroud, qui hgnifie un
^uiux. MÉNAGE. D'autres le dérivent de marucinus ,
qui fe trouve dans les Auteurs Latins , ou du Grec ,
f-i«$« , qui fignifie un méchant , un fcélérat.
MARAUDAILLE.f £ Nom colleétif , qui fe dit de la
canaille , des gueux , des lâches , des gens fans hon-
neur. i\£.Vj greximprohorum. Ce Régiment n'eftcom-
pofé que de maraudaille. Les féditions ne commen-
cent que par la maraudaille. Ce terme eft populaire
& bas.
MARAUDE, f f. On appelle à la guerre, la Ma-
raude , la petite guerre qui le fait par des foldats
qui fe dérobant du camp , & qui vont fans ordre &
lans chef pilier le Payfan. On punit les loldats qui
vont à la maraude. Pcxdatio.
Ce mot vient de maraud.
MARAUDER, v. n. Pr.edan. Aller en maraude j aller
à la petite guerre, (ans permilîîon des Comman-
dans. Les (olJats (ont allés marauder. On le dit tou-
jours en mauvaite part.
MARAUDEUR, f. m. Soldat qui va à la maraude j
en* qui fort du camp ("ans ordre ■, Se va piller les
villages des environs. Prxdator.
MARAVÉDIS. (. m. Petite monnoie d'Efpagne qui
vaut un peu plus d'un denier de France. Alarabitmi.
Les Efpagnols comptent prefque toujours par mara-
védis. Il faut 170 niaravcdis , monnoie d'Efpagne,
pour faire une livre de France. Il (aut jzj mara-
védis pour faire un ducat. Les 56 maravédis valent
iine réa'le fimple. Les Marchands de Séville tiennent
leurs livres par maravédis , Se les (ommes par
dixaine ; & aiull c'eft de la monnoie de compte.
La plus ancienne mention qu'on fait des maravédis ,
c'eft (ousle règne du Roi Alphonfe ,lors de la bataille
<le las navas ; Se on les appela Aljonjîs de fon
temps, à caufe qu'il en fut l'inventeur. Il y a eu
auffi des maravédis d'or Se d'argent. Les anciens
maravédis vûoïznt la troiiième partie d'une réale du
même poids & valeur qu'à préfentj Se ainfi cha-
cun valoit douze maravédis de maintenant. Maiiana
die qu'au temps d'Alphonlc XI. le maravédis en
valoir 17. Et au temps de Henri II. & de Jean I.
il en valoit dix. Au temps d'Henri III. il en valoit
cinq. Au temps de Jean II. deux & demi.
On trouve dans les loix d'Efpagne différentes
M A R
efpèces de maravédis , Maravédis (ans additioi- ,
Maravédis AltonluiSj Maravédis blancs, Maravc
dis bons, Maravédis de bonne monnoie, Maravé-
dis de la bonne monnoie , Alaravédis combrenos ,
Maravédis de cette monnoie , Maravédis noirs ,
Maravédis vieux. Quand on trouve maravédis tout
court, ceh fignihe les maravédis des temps où l'on
parle. Les Maravédis Alfonlins , les Elpagnols di-
(ent Alfonfies , ("ont ceux que le Roi Alphonfe le
Sage ht fabriquer. On n'en fait pas ccrt^iincment
la valeur. Ils étoient peu diftérens en cela de ceux
d'Alphonfe XI. On ne (ait pas non plus la valeur des
maravédis blancs. Tout ce qu'on peut diiCj c'eft
qu'ils etoient de plus bas alloi que les noirs ; car
blanc en terme de monnoie d'Elpagne , fe prend
pour ce qui eft de bas alloi.
Maravédis de bonne monnoie , font les meilleurs de
ceux qui couroienr au temps où l'on parle.
Maravédis de la bonne monnoie , e.ft la même chofe
que bon maravédis.
Maravédis bon , eft le même que maravédis du plus
précieux métal, c'eft à-dire maravédis d'or ; au temps
d'Alphonfe le Sage , ces deux noms étoient lyno-
nymcs , aulli-bien que fous les règnes d'Alphonfe
XI. fon arrière pctit-hls , de D. Juan I. & D. Juan
II. qui eif le dernier qui fait mention dans fes loix
de bons maravédis. Le maravédis d'or d'Alphonfe
le Sage , valoit iîx maravédis d'argent du même
Prince. C'eft l'eftimation que fait Alphonfe XI. des
maravédis bonSj dans les Etats de Léon , ère 1387.
j& par coniequsnt les maravédis bons, ou d'or,
ou delà bonne monnoie j valoient trois réaies, 8c
un peu plus d'un tiers. Dans l'eftimation com-
mune , le maravédis bon ne pafloit pas lix mara-
védis d'argent.
Maravédis combrenos , on ne (ait ni de quel titre ou
carat ils étoient, ni quelle étoit leur valeur. Caranza
conjeeture que ce pourroit être un nom de fomme
de petites monnoies de cuivre, ou de quelque mon-
noie particulière de cuivre.
Maravédis de cette monnoie , c'eft à-dire j de la
monnoie courante. On entend par-là les maravédis
courants au temps qu'on écrivoit , ou qu'on par-
loit.
Maravédis noir , on n'en fait rien de particulier , finon
qu'ils étoient de meilleur alloi que ceux qu'on
nomme blancs , car c'eft en 'Il^v.^ne le (ens de ces
deux mots , en fait de monnoies.
Voye'^ Corvarruvias , de Vet. Numifmat. & le
Licencié Alphonfe Caranza , El Jljujlamiento y pro-
portion de las Monedas j Sec. P. II j c. j. §. uni-
co j où il traite exadement des Maravédis. Antoine
de Nébrixa , dans (es répetitioas ^ t,v .r^'daqu^ ^o- ^
varruvias , Collât. Vet. Num. c. 3. traitent au long
du poids & de la valeur des maravédis. Mariana,
dans fon Traité des poids & des mcfures j c. 2j. pré-
tend que cette monnoie eft plus ancienne que les
Maures, qu'elle vient des Gothsj Se qu'elle valoit
dix deniers, comme le (ou d'or en valoit douze fous
les Romains.
Ce mot eft Arabe , Se eft venu des Maures Al^
moravides qui palsèrcnt d'Afrique en Elpagne , &
qui imposèrent leur nom à cette monnoie , qui de-
puis par corruption a été appelée Maravédis. Co-
VARRUVIAS. Car en ôtant l'article al de Moravides,
on fit maravédis par tranfpoiltion. Caranza , p,
i6i. Il eft fait mention de cette- monnoie dans le
chapitre ij,. de privilegiis :iuy. Décrétales. Là ils font
appelés , aulîl-bien que chez les autres Auteurs La-
tins , Marabitini , parce qu'ils viennent des Maures,
Se qu'ils ont été ainfi nommés quafi Maurorum Jpo-y
lia ; car botino en Efpagnol lîgnifie butin.
Maravédis ; eft aufli un nom de fomme ou de mon-
noie de compte. Les maravédis font le compte nu-
méraire en Efpagne. Chaque maravédis y vaut trois
deniers, monnoie de France. Boizard.
MARAZ. Voyei Marach.
MARBACH.'Petite ville du' Cercle de Suabc , (îtuée
dans le duché de Wurtenberg , fur le Nécre, où elle.
M A 11
a un poit ciitic U ville de ScutgarJ , ce celle d'Hall-
bron. Marbaclùum. Les François la piifc;ic , & la
birilcieiit en Juillet 1695.
Chanoine régulier de Marbjch , Congrégation de
i\'arhath. C'ell une Congrégation de Chanoines ré-
vulicrs , iniHtuéc par un iaint homme nommé Ma-
negoldc , qui prêcha en Allace contre le {"chilnie
de l'Empereur Henri IV &: d'Othon Evêque de
otrasbourg (on adhèrent. Coiiorcgatio Marbachien-
fis ,Canonkus n-'^ular'is Marhachlcnjis. Elle prit ("on
nom du premier Monallèrc que ce (aint homme fit
bâtira Marbcch , & qui devint cher d'une Congré-
gation crès-conlidérablc , qui commença à (iiivre
la règle de S. Augultin , dans le XIF (iècle. Voye\
Jranc. Giiilliman, HiJl.Epif. Argentin. Dans la vie
d'Othon 45^ Evêque. Du Chesne , Hijl. Franc. T,
s 7K, p. Sq. Le P. HÉLioT, T. II, c. /j.
MARBELLA. Nom d'une petite ville ou bourg de l'An-
daloufic en E('pagne. Marhella. Ce lieu elit à l'em-
bouchure du Rio Vcrde , entre Malaga & Gibral-
tar , à neuf lieues de la première , & à douze de
la dernière. Quelques Géographes prennent cette
ville pjur l'ancienne Barbcfola , petite ville des Ba(
tulcs , que d'autres mettent à Ellepoua. Maty.
MARBONÉEN. Foyc-:; Masbotheen.
MARBRE, f. m. Sorte de pierre extrêmement dure ,
•foiide, qui reçoit un beau poli , qui ell ditficile à
tailler. Marmor. On en Fait les orncmens des beaux
édifices , comme les colonnes , les autels , les (ta-
tues , & quelquefois des EglKes entières , dans les
lieux où il abonde. Les incruftations de marbre
étoicnt fort à la mode au llècle pallé. Le ftuc cft
fait de poudre de marbre.
Il y a plulieurs (brtes de marbres , qu'on ne dif-
tinjue que par les diftcrentes couleurs , ou par les
pays d'où on les tire. Il n'y a que le marbre blanc
qui foit tranfparcnt , quand il eft débité par tran-
ches minces. Sous le genre de marbre on comprend
le Porphyre , qui eft le plus dur , &. qui fe tiroit
autrefois de ia Numidie , en Afrique. Le plus beau
eil celui dont le rouge e(f le plus vif, & les taches
les plus blanches & les plus petites. Le Serpentin ,
qui eft Cl un vert brun. Le Granit , qui fe tiroit de la
ThébaVde , & dont l'un eft rougeatrc tacheté de
blanc , & l'autre bleuâtre tacheté de gris. On con
lidère les marbres , eu comme antiques , ou comme
-modernes. Par les antiques , on entend ceux dont les
carrières font perdues , ou inacccllibles à notre
égard , & dont on ne voit plus que des morceaux.
Par les modernes , on entend ceux dont les carrières
' font ouvertes, & dont on peut tirer des blocs d'é-
chantillon. Celui qui eft compofé de diverfes cou-
leurs s'appelle Jajpe. Le marbre de Grèce eft ex-
trêmement cftimépour (a blancheur. On tire de très
beau marbre des montagnes de Gènes. On a trouvé
des carrières de marbre dans les Pyrénées. On ap-
pelle marbre Jlatuaire , le marbre qu'on emploie à
faire des ftatues.
Le marbre Africain cft en partie rouge-brun , avec
quelque veine de blanc (aie, &: en partie de couleur
de chair, avec quelques filets verts, hc marbre d'Au-
vergne eft couleur de rofe , mêlé de violet , de
vert & de jaune. Le marbre de Bacalcaire en Gaf-
cogne eft verd.itre , avec quelques taches rouges,
& un peu blanc. Le marbre Bal\ato , eft d'un
brun clair (ans taches , mais avec quelques filets gris
Ç\ déliés , qu'ils reft'emblent aux cheveux qui com-
me;icent à grifonner. Le marbre de Barbançon en
Kainaut , eft noir veiné de blanc. Ce marbre eft
aftez commun. Le marbre de la fainte Baume en
Provence eft blanc & rouge , mêlé de jaune. Le
marbre gris noir eft antique. Le marbre blanc des
Pyrénées vers Rayonne , eft moins fin que celui de
Carrare , ayant de plus gros grains. Il rcllenible au
marbre blanc Grec antique , dont les ftatues Gre-
ques font fculptées , mais il n'eft pas fi beau. On
s'en fert pour les ouvrages de Sculpture. Le marbre
blanc veiné , cft mêlé de grandes veines , de taches
grifes , & de bleu foncé (ur un fond blanc. Il vient
Tome V.
M A R 819
de Carrare. Le marbre blanc fc noir antique cft
très rare , parce que l';s carrières en font perdues.
Il eft mêlé de blanc pur, &: de noir très noir par
plaques. Le marbre bleu ïurquin , cft mêlé de blanc
(aie , &L vient des cotes de oênes. Le marbre de
Boulogne en Picardie ^ eft une cfpèce de brocatcllei
mais les taches en font plus grandes , ôc mêlées de
quelques filets rouges. Le marbre de Bourbonnais cft
d'un rouge fale', 6z d'un gris tirant fur le bleu ,
mêlé de veine d'un jaune laïc. Il y a encore une forte
de marbre qn'on appelle /^rècAf. C'eft un nom com-
mun à plulieurs fortes de marbre , qui (ont par ta-
ches rondes j de diverics grandeurs, iSc couleurs,
formées du mélange de plulieurs caillous , Se qui
n'ayant point de veines comme les autres , fe caftent
par brèches : ce qui leur a fait donner ce nom par
les Ouvriers, f'^oye:^ Daviler , qui en compte juf-
qu'à 78. fortes. U y a à un vieux village , diftant
de deux lieues de Cacn , une lorte de marbre rou-
geâtre avec filets j ou détaches blanches en forme
de jafpe. Ce marbre eft très- beau (Se fort eftimé;on
l'appelle aufti marbre de Caën. Il y a long-temps
qu'on n'en a tiré de la carrière. Le marbre de Carrare
fur la côte de Gênes eft très blanc -, c'eft le plus par-
fait pour les ouvrages de Sculpture.
En parlant des défauts du marbre , on dit qu'il
cdfii^r, c'eft à-dire, trop dur, & fujet à s'éclater j
fllardcux , c'eft à dire, qu'il a des filets ipouf, c'eft-à-
dire, qui ne retient pas (es arrêtes , terrajj'eux , c'eft-
à dire , qui a des tendres qu'on appelle terrajjes ,
qu'il faut remplir avec du maftic. On dit que le
marbre eft brut , quand il eft par blocs d'échantillon ,
&■ tel qu'il vient de la carrière ; marbre dégrojji,
lorfqu'il eft équarri avec la fcie , & avec la pointe ,
félon une forme d'échantillon de commande ; marbre
ébauché , eft celui qui eft: travaillé à double pointe
pour la [cn\'^i\xïe. Marbre fini , eft celui qui eft tra-~
v.aillé avec le petit cifeau , & \.\ râpe qui adoucit ,
& dont les creux font évidés avec le trépan , pour
dégager les orncmens , & mettre l'ouvrage en l'air.
Marbre poli , eft celui qui après avoir été frotté avec
le grais& le rabat j & eiiiuite repafté avec la pierre
de ponce , eft enfin poli au bouchon de liiige à force
de bras avec la potée d'émeri , pour les marbres de
couleur , & de la potée d'étain pour les marbres
blancs. En Italie on polit le marbre avec un mor-
ceau de plomb , &c de l'émeri. Les taches d'huile
fur le marbre blanc ne fe peuvent citer , parce
qu'elles pénètrent.
On appelé marbre artificiel, une compolîcion de
gyp en manière de ftuc, dans laquelle on mêle des
couleurs pour imiter le marbre naturel. On appelle
marbre feint, toute peinture qui imite autant la
diverfité des couleurs que les veines & les accidens
du marbre.
On dit par comparaifon , qu'un homme eft froid
comme marbre , qu'une chofe eft dure comme mar-
bre. On dit d'une chofe extrêmement froide j qu'elle
eft froide comme marbre. Les Artifans difent meur-
trir le marbre , pour dire le travailler à plomb , en
frappant deftus avec quelques outils. On dit aulîî
dans un fens figuré, une mailon , une ville eft toute
de marbre, pour dire , qu'elles font remplies d'ou-
vrages de marbre. M. L'Abbé de la Chambre , en
parlant du Cavalier Bernin , a dit , Rome lui eft
redevable de fes plus beaux ornemens. Il la trouva
toute de brique , & il l'a lailTée toute de marbre.
On avoit dit la même chofe d'Augufte, qui avoit
embelli Rome de plufieurs temple^ & édifices pu-
blics j ce qui a donné occafion à Ovide de l'appeller
Templorum pofinr , templorum fanclc repcrtor.
Ce mot vient du Latin marmor. Et marmor du
Grec ^c:;fiaf~n , qui (îgnifie reluire.
On appelle aulfi le marbre , la pierre qui fert à
broyer , foit des couleurs , foit des drogues. Les Im-
primeurs appellent aulll marbre , la pierre fur la-
quelle ils mettent les carattères arrangés pour les
impofer & corriger les formes. Les Poètes dilcn't
qu'ils chargeront le marbre & le porphyre des faits
L 1 1 1 1 ij
820
M A R
d'un Héros , pour dire , qu'ils rendront ù gloire
immonelle. Le P. Kircher enlcigne le moyen de faire
gue les couleurs qu'on appli(jue fur le marbre pé-
nètrent toute la lublbnce , en forte que li on le
coupe en plulîeurs râbles parallèles , on y trouvera
la même image qu'on avoit peinte fur la furface
extérieure ; c'efl en fon fécond volume du Monde
foutcrrain.
Au Palais, on appelle Table de Marbre , la Ju-
rifdidion des Eaux èc Forêts , celle de la Connéta-
blie , & celle de l'Amirauté , parce qu'autrefois ces
Jurifdiéfions fe tenoient auprès d'une grande table
-de marbre qui occupoit la largeur de la falle du Pa-
lais , & qui lervoit auiîî aux feftins Royaux. On re-
lève au Siège de la Table de Marbre , les appella-
tions des Maîtres particuliers des Eaux ^'c Forêts , &
celles des Gruyers des Seigneurs particuliers. On peut
appeler des Jugemens rendus au Siège de la Table
de Marbre , quand ils n'ont point été rendus en
xlernier rellort. Ils font fouvcrains quand le premier
Préfidcnt , ou un autre Prélîdcnt du Parlement va
tenir la Jurifdidion des Eaux & Forêts avec les Con-
fcillers de la Grand'Cliambre, & les Officiers de la
Table de Marbre. Il faut qu'il y ait deux fois autant
de Coiilcillers au Parlement que d'Officiers de la
Table de Marbre. Pour les Jugemens rendus à l'Or-
dinaire j on en appelle au Parlement. Ils font feule-
ment exécutoires par provifion , nonobftant l'appel ,
jufqu'à la fomme de 200 livres. Foyei Eaux, pour
le Siège de la Connétablie , & MarécliauHèe de la
Table de Marbre du Palais. Voye^ Maréchaussée.
A l'égard de 1 Amirauté, il y a appel des Sièges par-
ticuliers au Siège de la Table de Marbre. Il y a
trois Sièges généraux de la Table de Marbre ; un à
Paris , un à Rouen , & le troifième en Bretagne.
l'oye-^ Amirauté.
Marbre. Terme de Philofophie hermétique , c'eft
l'ouvrage de la pierre. Cuire le marbre , c efl cuire
la pierre au blanc.
Les marbres d'Arondel, fur lefquels ferrouve une
très ancienne Chronique d'Athènes, gravée en lettres
capitales dans lile de Paros , l'une des CycladeSj
265 ans avant Jésus Christ , ont été ainlî nommés
de Thomas Comte d'Arondel , aïeul du Comte Ma-
réchal d'Arondel , qui les fit venir du Levant à grands
frais. Ce qui cft déplorable, c'eft que durant les trou-
bles d'Angleterre, la plupart de ces marbres intcnt
employés à réparer des portes & des cheininées.
Les marbres d'Oxford , font les marbres , ou les
pierres antiques de marbre que l'on garde dans le
Collège & la Bibhothèque d'Oxford en Angleterre.
Ce font ceux d'Arondel , que Henri Comte d'Aron-
del , Maréchal d'Angleterre , pair -fils de Thomas ,
qui les avoit fait venir d'Orient, a donnés au Collège
d'Oxford ; ceux que Selden y a légués par teftament
à la même Bibliothèque & quelques autres que di-
vers particuliers y ont aulli donnés. Humfroi Pri-
dcaux fit imprimer en 1576. à Oxford au Théâtre ,
les inJcriptions de tous ces marbres qu'il appelle
iW^ri^rw d'Oxford , avec un Commentaire, Marmara
Oxonïenfia.
|p° MARBRE. Terme de marine. On appelle ainfi le
cylindre fur lequel s'enveloppe la drolîc ou cordage
qui fait agir la barre du gouvernail.
MARBRER, v. a. Peindre, ou dilpofer des couleurs,
enlorte qu'elles reprétentent celles qui fe trouvent
dans certains marbres. In moiwn marmorïs \ariare,
variegare. On marbre le bois. On marbre les livres ,
tant fur cuir que fur tranche. On marbre le papier ,
quand on en fait du papier marbré. On fait aullI des
bas de laine , ou de foie marbrés , qui font tilfus de
brins de diverfcs couleurs.
Ce mot eft aulli employé par les Bonnetiers , 8c
Faifèurs de bas. C'eft mêler fi agréablement leslaincs
de divcrfes couleurs dans les bas qu'ils font , que ce
mélange relfemble en quelque forre à du marbre.
Marbrer des bas.
MARBRÉ , EE. part. Se adj. In modum marmorïs varia
sus. On appelle , truffes marbn'es , des uuftes qui
M A R
font grifes &: blanches en dedans. Acad. Fr,
^^ MARBRÉ. Se dit en Botanique des Heurs qui ont
un panache irrégulier. Voye^ Panache.
§Cf Papier marbré. C'eft un papier peint de diverfes
nuances qui imite en quelque forte les diftérentes
veines du marbre: étoffe marbrée, celle où il y a des
laines ou des foies de différentes couleurs mêlées en-
iemble.
Marbrée de Botre. Terme de Fleurifte. Nom de
Tulipe. C'eft un gris-de-lin mouvant ; un beau
rouge & relevé d'un incarnadin fort éclatant. Morin.
Marbrée Grenier. Autre Tulipe rouge, colombin,
&C blanc. Id.
Marbrée Saint Germain. Autre Tuhpe qui eft gris
montant , incarnat & rouge. Id.
Pêche Marbrée, /-'byej Violette Tardive.
gCT MARBRERIE, f. f. Ce terme dèfignc non-fcule-
mcnt 1 ulage ^: la manière d'employer les diftérens
marbres , mais encore l'art de les tailler , de les polir,
& de les rendre propres aux ouvrages où ils doivent
être employés. On fait différens ouvrages de mar~
brerk. Marmorado.
MARBREUR. f. m. Ouvrier qui marbre la tranche des
livres , & fait du papier marbré.
MARBRIER, f. m. Ouvrier qui taille, qui polit le
marbre , qui le tire des carières. Marmorarius. Il fe
dit auili du Maître qui conduit , & entreprend les
ouvrages. Il eft défendu aux Marbriers , de le dire
Maître Marchands, Scieurs & Polillcurs de marbre,
faifèurs de tombes , épitaphes , fépulturcs , manteaux
de cheminée , &c. & de vendre aucuns ouvrages de
pierre &: de marbre , tant fimples que polis , au
préjudice des Sculpteurs, par Sentence du 2.6 Mars
1608.
MARBRIÈRE, f. f. Quelques uns appellent ainfi les
lieux d'où l'on tire le marbre. On dit plus com-
munément carrière de marbre. Les Marbrières lont
toujours le long d'un coteau. Gollut dans les Mé-
moires des Bourguignons , dit,£. //. c. 20. qu'il y
a des marbrières près de S. Loutain , à Toraife & à
Torpers , en Bourgogne.
MARBRURE, f. f. Terme de Relieur. L'imitation da
marbre fur le papier marbré , ou lur la couverture
d'un livre. 'Voilà une belle marbrure.
MARC. 1. m. ( le C ne le prononce point^. Elpècaf
de poids qui fert à pefer les choies précieules , ou
qui font en petit volume. Bes Romanus,feHbra Fran-
cica. Marca. Mariana dans fon Traité de Ponderibus
& Menfuris , dit marcus mafculin, & non pas marca
féminin. Il eft fait de cuivre , & eft lubdivifè eu
plufieurs petits poids qui s'enchâflent l'un dans l'autre,
& qui vont toujours en diminuant de la moitié. Le
poids de marc de Paris vaut 8 onces , ou une demi-
livre, 192. deniers, ou 460S grains. On divile le "
marc en 8 onces , l'once en 8 gros ou en 20 elle-
lins-, l'eftelin en deux mailles , & la maille en deux
félins , qui font expliqués à leur ordre. Le marc ou
les 8 onces font 64 gros ,192 deniers , 160 eftelins,
320 mailles j 640 félins, & 4608 grains. On vend
l'or & l'argent au marc. Se à l'once. Quand la mon-
noie eft rognée , on ne l'expole qu'au marc. Le marc
d'argent eft de douze deniers, ik chaque denier ell
de 24 grains. Pour les pierreries fines & les perles,
le marc d'aloi que les Orfèvres &: les Joailliers ap-
pellent once , le divile en oèfaves ^ en carats &c en
grains. Le marc ou l'once contient 8 oètaves, l'oc-
tave contient 20 carats, le carat contient 4 grains.
A Boulogne en Italie , le marc ou 1 once d'aloi le
divifc en 640 grains, & chez les Maîtres des mon-
noies en 579 giains feulement. Rapias dit, que le
m^irc étoit d'une livre -, mais il le trompe: la Chro-
nique de Mayence , dit que la livre d'or contient
deux marcs d'or f^oye-^ Gronovius , JDe Pecuniâ
vct. L. IL C.6.
Ce mot vient du Latin marca , lignifiant la même
choie. Mais George Agricola dit que c'eft un nom
Allemand. Il y a eu plufieurs fortes de marcs en
France, & dans les pavs étrangers, qui font am-
plement diftinguès par Dis Cange.
M A R
M A R
821
fCTAvantle rcgne de Philippe picmicr.ronnefcfervoit
en France, (iir - tout dans les nionnoies, que de la
livre de poids , compolée de 1 1 onces. Sous ce Prince
on introduiiit dans le commerce Se dans la nionnoic
le poids de marc , dont il y eut d'aboid de diverfes
fortes , le marc de Troie , le marc de Limoges ,
celui de Tours ik celui de la Rochelle ; difterens
cntr'cux de quelques deniers ; mais qui turent enhn
réduits au poids de marc , fur le pied qu'il ell au-
jourd'hui.
En pratique , on dit qu'on fera paye au marc la
livre, ou au lou la livre, quand on vient à con-
tribution avec d'autres créanciers lur des ctîéts mo-
biliaires , chacun à proportion de (on du.
Marc , étoit autrefois une monnoic d'argent qui avoit
cours chez les Allemands , & qui fe divifoit en huit
parties. Il en cil: parlé dans la Bulle d'Or de Charles
IV.
Marc, eft aulli une nionnoie de Suède , qui vaut en-
viron deux fous (ix deniers de France.
Marc franc. C'eft la première des quatre fortes de
marc dont fe fervent les Charpentiers pour marquer
les pièces de bois façonnées qui doivent être em-
j ployées à la conftrudlion de quelque bâtiment , pour
connoître celles de chaque côté.
Marc d'oRj elt un droit qu'on lève fur tous les Offi-
ces de France à chaque changement de Titulaire.
Bes auri. Il a été établi par Henri III. au lieu d'un
droit qu'on prenoit pour la preftation de ferment.
On taxoit certains Ofhces à un marc d'or en efpèce,
& quelques autres à proportion ; ce qui a été depuis
évalué en argent. Ce fonds étoit deftiné pour payer
les appointemens des Chevaliers du S. Efprit. Il faut
avoir une quittance du Trétorier du marc d'or at-
tachée aux provifions. Du Cange dit qu'il eft fait
mention dans les Ordonnances de Louis XI. du
marc d'or payé par les Officiers.
^pr Marc Poids d'or ou d'argent , compofé de huit
onces, ou 64 gros, ou 191 deniers, ou 160 fter-
lings, ou 300 mailles, ou 640 félins , ou 4608
grains.
Le marc d'or en monnoie à 14 carats étoit eftimé
il n'y a pas long-temps, à 415 livres, 10. lois,
10 d. rf j & le marc d'argent à 27 liv. 1 3 fols fr. Mais
cela a changé de temps en temps, félon le change-
ment de la monnoie. ^J' Quand M. Colbert entra
dans le minifl-ère, il trouva la valeur numéraire du
marc d'argent à 26 livres il ne la poulla qu'à 17.
• Sur la fin du régne de Louis XIV , il monta jufqu'à
40 livres: mais à fa mort il n'étoit qu'à 18 livres, le
3oMllet i720.Lesefpèces furent portéesauplus haut
point où elles aient été : (avoir , le marc d'or à 1800
liv. &: le marc d'argent à 1 10 liv. Depuis plulieurs
années nos Louis d'or font à 24 liv. , Se les écus
à 6 liv. 2 liv. 10 fols de plus qu'ils ne valoient
à la mort de Louis XIV. 3 Louis & demi pèfent
un once; 28 font le marc, qui vaut 67 ■• liv. Nos
gros écus pèfent une once , les petits , demi -once :
huit gros font le marc , qui vaut 48 liv. mais le
marc d'argent fin eft de 54 liv. 6 d.
Marc d'argent. Droit que les Notaires payent au
Roi en pays de Droit écrit , pour le joyeux avène-
ment à la couronne. Le droit de marc d'argent, eft
un droit domanial. Charles VII. par fes Lettres du
2j Août 1452. ordonna que les Notaires qui refu-
foient de le payer , y ("croient contraints. Il y a auffi
un droit de marc d'arpent , eftimé dix livres parifîs ,
qui eft dû par les valleaux du Seigneur féodal. Il eft
parlé de ce marc d'argent dans les Coutumes.
Marc , lignifie auftî , ce qui rcfte des fruits ou des
herbes dont on a tiré le jus. fCT Parties groffières
qui reftent après que l'on extrait une liqueur de
quelque fruit , herbe ou autre chofe , par expreffion
ou par ébuUition. Magma^ retrimentum.fpijjamentu^.
Quand on a foulé la vendange dans la cuve, on
porte le marc au prcfToir. Après qu'on a prelluré les
raifins, on fe fert encore du marc. On met dans le
marc ceux qui ont des fluxions , ou des paralyfîes ,
pour les échautfer. On repaffe le vin vieux fur le
marc : on en fait du petit vin pour les valets.
Ménage dérive ce mot du Latin amitrca.
On appelle aulli un marc , la quantité qu'on met à
chaque fois fous le prelïoir de ce qui eft à prelliucr.
On n'a fait cette après diné que deux marcs a un
tel prelïoir. On taille , on recoupe les bords du
marc.
On dit la même chofe des olives , des noix , des
pommes, &c de toutes autres choies dont on ex-
prime le fuc.
Marc f. m. Nom d'homme. Marcus. Prononcez ce
nom Marc comme il clt écrit, c'eft- à-dire, en fii-
Cint fonncr le c final. Saint Marc , Evangélifte , étoit
difciplc de S. Pierre , qui à la fin de (a première
Epitrc l'appelle fon fils. Ce n'eft point le Marc dont
il eft fouvcnt parlé dans les Aftes Se dans les Épitres
de S. Paul. Il écrivit (on Evangile à Rome, à la
prière de ceux qui avoient ouï prêcher S. Pierre. Eu-
fèbe dit qu'il l'écrivoit la 5^ année de Claude, qui
eft la 45^ de J. C. Des Manutciits Grecs de l'É-
vangile marquent que ce fut 12 ans après l'Aicenûon
de J. C. & par conféquent la ^f de J. C. à moins
qu'on ne (uppofe deux ans entre la naillànce de
J. C. & le commencement de l'ère vulgaire. Eu-
fèbe dit que Saint Marc s'en alla en Egypte avec
l'Evangile qu'il avoit compofé , qu'il y prêcha la loi
nouvelle , 6c qu'il fonda l'Eglile d'Alexandrie. Quoi-
qu'il fuive Saint Matthieu dans fon Evangile , Se
qu'il ne faile (ouvent que l'abréger , il y a pourtant
des chofes particulières , Se des circonftances que cet
Apôtre n'a point marquées. La tradition eft qu'il écrivit
en Grec , comme Saint Luc Se Saint Jean. Eufèbe
marque que Saint Pierre approuva l'Evangile de Saint
Marc. Voy. cet Auteur, HijLL. II. c. 1 s t 16 . Saint
Marc eft lé Patron des Vénitiens.
On a appelé autrefois la proceffion qu'on fai-
foit le jour de S. Marc , la Grande Litanie. Voye:{_
Litanie.
On prétend que l'autre Marc , difciple de S.Paul,
fut l'Apôtre des Bavarois.
On dit auffi Marc Antoine , Marc Antonin Pie ,
Marc Aurèle.
Nous retenons auffi fouvent le nom Latin Marcus.
Marcus Attilius Regulus , Marcus ^milius Lépidus.
Marc , ou Marcus, eft un prénom d'une infinité de
familles Romaines.
Congrégation de S. Marc , Chanoines Réguliers
de S. Marc de Mantoue. C'eft une Congrégation de
Chanoines Réguliers , fondée à Mantoue , par un
Saint Prêtre , nommé Albert Spinola , (ur la fin du
XIP (lècle. Spinola fit une règle qui fut approuvée
par Innocent III, l'an 1204 , confirmée en 1220 ,
par Honorius III , après avoir été corrigée Se confir-
mée de nouveau par Grégoire IX, en 1228, Gré-
goire X, Jean XXII , Calixte III , Nicolas IV. Ces
Chanoines , félon Penot , ayant été réformés vers
l'an 1452, n'embralfèrent qu'en ce temps-là la règle
de S. Auguftin. Cette Congrégation , qui étoit com-
poiée d'environ dix-huit ou vingt maifons d'hom-
mes , Se de quelques-unes de filles , qui éroientil-
tuées dans la Lombardie , Se dans l'Etat de Venife ,
après avoir fleuri pendant près de 400 ans , diminua
peu à peu, & fe trouva réduite à deux Couvens ,oii
la régularité n'étoit pas même obtervee._ Celui de
S. Marc de Mantoue , qui étoit le chef , fut donné ,
l'an 1 584 , aux Camaldules , par Guillaume , Duc de
Mantoue , avec le conléntement du Pape Grégoire
XIII , Se cette Co.ngrégation finit.
Ordre de Saint Marc , eft l'Ordre de Chevalerie
de la République de Venife , qui eft fous la protec-
tion de S. Marc l'Evangélifte. Les armes de cet Or-
dre , font un Lion aîlé de gueules , avec cette de-
vife , Paxtïbï , Marce , Evangelïfla. On ne le don-
ne qu'à ceux qui ont rendu de grands fervices à la
République.
Marc-Lub. f m. Nom d'une monnoie d'Allemagne ,
Marca Lubecenjis. Le marc-lub vaut un marc, ou feize
fous lubs i c'cft-à-dire, feize fous de Lubec.
822 M A R
Ce nom vient de ce que cette monnoie fe fabiique
à Lubec.
Saint-Marc , ou San-Marco. Nom d'une ville Epit
copale du Rov.iume de Naples. Marcopolis , Fanum
S. Mard. Elle ell dans la Calabre citen.-uie , a fix
lieues dcRollano , vers le couchant. San-Marco eft
futtragant de Cofenze j & on le prend communément
■çiowcX' àncizwwz Argentana , ville des Biutiens, que
quelques uns placent au bourg A' Argenùna.
Saint- Marc, ou San-Marco. Nom d'une petite ville
de la vallée de Démona^ en Sicile. Fanum S. Marci.
Elle efl; près de la côte fcptentrionale j environ à qua
tre lieues du cap d'Orlando , vers l'occident méri
dional. Quelques Géographes prennent S. Marco
pour la ville appelée anciennement Agathyrlum , Aga
thyrfium , Agatlrna , Agarcnum , &. d'autres pour l'an-
cienne Calacla ; mais il y en a qui croient que l'une
& l'autre de ces anciennes villes eft entièrement rui
née. Maty.
'Saint-Marc, ou San-Marco. Nom d'un village du
Royaume de Naples. Fanum S. Marci. Il elt dans la
terre d'Otrante , entre la ville de ce nom , èc celle de
Blindes. On prend communément S. Marco, pour
la petite ville de Mellapie , appelée , Balejinum, Fa~
letïum , Vakntium , que quelques uns placent au
bourg San-Cataldo.
Marc ï^oyei Saint Mars.
MARCA. Nom d'une petite île du golfe de 'Venife.
Marca. Elle ell: environ à deux lieues de Ragufe ,
dont el'e dépend. Cette ile n'a qu'environ quatre
mille pas de circuit , & elle a eu une ville Epilco-
pale qui eft ruinée. Son Evêché a été uni à celui de
Trébigna. Maty.
MARCAIGE. f. m. Nom d'un droit qui efl: dû au Roi
fur les paniers de poillon de mer qui font vendus à
Ja halle. Droit de marcalge. tfJ" Ce droit a été aliéné
du domaine, &z cédé aux Vendeurs de marée moyen-
nant finance.
MARCASSIN, f. m. Petit fanglier, qui eft encore à la
fuite de la mèrCj qui ell: au dellous d'un an. Les
Chalkurs font fort friands de marcajjins. Nefrens apcr,
ou annkulus aper , aperculus.
Ce mot vient de meracus , parce que cet animal
ne va pas en troupe , mais leul ^ Se fms compagnie.
HOET.
MARCASSITE. f f. Minéral métallique , dont il y a
beaucoup d'elpèces , car toutes les pierres qui con-
tiennent un peu ou beaucoup de métal , font appe-
lées de ce nom •, mais on entend ordinairement par
marcajjius , trois efpèces de minéraux métalliques,
appelés marcajjice d'or , marcajpxe d'argent , & mar-
cajjîce de cuivre. Cadmia , caicuis. Les deux premières
font en petites boules , grolles comme des noix , pref-
que rondes , pelantes , de couleur brune en dehors;
elles diftèrent en dedans par leurs couleurs ; car l'une
a la couleur d'or , & l'autre celle d'argent , toutes
deux Uiifantes & brillantes. Lamarcajfue de cuivre eft
grolîe comme une petite pomme , ronde ou oblon-
gue j brune en dehors , jaune Se criftalline en dedans ,
brillante , luilante , facile à rouiller. Les marcajjices
font tirées des mines métalliques : elles contiennent
beaucoup de (oufre Se de fel vitriolique , principale
ment celles de cuivre.
^3" Les rnarcajfues (ont le germe & la matière première
des Métaux. Ainfi il devroit y avoir autant de iMar
cajfues , que de Métaux ; & il y a apparence que cela
tll aulli : mais il n'y a de connues que celles dont
on vient de parler.
Ce nom ell originairement Arabe.
MARCEL , ou MARCEAU, f m. Nom d'homme.
Marcdlus. Nous ne connoilfons point de Saint à
qui la ville de Paris ait eu l'avantage de donner la
iiaillànce avant S. Marcel. Il naquit dans le IV'= fiècle ,
de parens qui étoient de condition médiocre. Sa ver
-tu , fon émiuente fainteté , & un grand nombre de
miracles , le firent élever lur le lîége Epilcopal de l'E
glile de Paris. Il vivoit au V^ liécle. Bailiet,au troi
iîème jour de Novembre , dit S. Marcel , nommé en
quelques rencontres S. Maraau par le Vulgaire, En
M A R
effet , on dit à Paris , le fiubourg S. MaYceaa ; c'eft
un des huibourgs de la ville , qui eft au tud eft , entre
le faubourg S. Jacques , & celui de S. Victor. L'E-
glilé ou la Paroille de S. Marceau , ou S. Marceau
tout court , c'eft une Eglile paroilîiale de ce tau-
bourg. On ne dit point autrement dans l'ufagc or-
. dinairc ; mais en toute autre occafion on dit Aiar-
cel , Se non pas Marceau. S. Marcel , Evcque de
Paris , Se non pas S. Marceau. La châfl'e de S. Mar-
cel eft à Notre Dame. Quand on porte la châlfe de
Sainte Geneviève en procellion , on porte auffi celle
de S. Marcel.
Marcel fe dit auflî pour Marcule. Marculus. S. Marcel,
Prêtre à Nicodémieen Bithynie , Se martyr, s'appelle
en Latin Marculus. Le Martyrologe Romain l'appelle
néanmoins Marcellus j après Bède , dont quelques
exemplaires portent néanmoins. Marculus. Voyez les
Notes de Baronius lur le xG de Novembre. Et celles
du P. SoLlier , Jéfuite , fur le Martyrologe d'Ufuard ,
au 25 Novembre.
Saint Marcel. Fanum S. MarccUi. C'étoit autrefois
une ville léparée ; ce n'eft maintenant qu'un fau-
bourg de la ville de Paris. Maty. Pendant que les
dedans de Paris le peuploicnt au XIIF fiècle , de
nouveaux faubourgs le formèrent aux environs.
L'Abbé de Saint Germain donna de fes vignes , de
fcs terres j & ia garenne entière , pour y b.âtir aux
environs fon Abbaye. Evrard de Lourline & quel-
qucs autres firent bâtir aux environs de S. Marcel ,
Se dans le terroir de Mouftetard , qui étoit en vi-
gnes. Cela forma deux gros de mailons & d'édifi-
ces : comme ils ne tcnoient pas aux murs de la ville,
ils prirent les noms de faubourgs , & quelquefois
même de ville de Saint Germain Se de Saint Marcel
lez Paris. De la Mare, T.I ,p. 7S. En 1558,
Henri II ayant révoqué une défenle d'augmenter
Paris, qu'il avoir faite en 1549 , on commença à
joindre le faubourg S. Marcel a la ville. Et en \G%G ,
la porte de S. Marcel fut démolie , & le tenain de la
contrefcarpe du folié S. Victor fut abailfé , le fofté
comblé , Se des maifons bâties le long des murs de la
ville , Se les rues que }'on fit j achevèrent de joindre le
fiubourg. S. Marcel , aux faubourg S. Jacques , & au
quartier de S. Viftor. Id. p. S 0 & ()0.
MARCELLE, f. f. Nom de femme. Marcclla. Sainte
Marcelle , eft la première qui ait fait profellîon de
la vie monaftique à Rome , comme il eft marqué
dans fon ancienne vie donnée par Rofweydus à la
fin du I. Livre de fa vie des Pères. Chastelain , 31,
Janvier.
MARCELLÉES. f f. pi. Nom d'une fête que les Syra-
cufiens inftituerent à l'honneur de Marcellus , & en
mémoire de ce qu'il avoir bien & (agement gouver-
né la Sicile. MarcelUa. Verres abolit les Marcellées,
Voyez Cicéron , In Vcrr.L. II , n. //.
MARCELLIANISME. f. m. Doéliine , dogmes, er-
reurs des Marcelliens. Marcellianifmus.
MARCELLIENS. Nom de fede. Anciens HérétiqueSj
ainli appelés du nom de Marcel d'Ancyre leur chef,
qui a été acculé d'avoir renouvelle les erreurs de Sa-
bellius. Marceliiani. Quelques-uns néanmoins ont
cru qu'il étoit orthodoxe , Se que c'étoit les Ariens fes
ennemis qui lui avoient imputé ces erreurs. On a été
fort partagé fur cette Hérélîe de Marcel , dit S. Epi-
phane , & il n'y a que Dieu qui lâche véritablement
ce qui en eft. Mais pour ce qui eft de (es Setlateurs , il
eft conftant qu'ils n'ont poLnt voulu reconnoître les
trois hypoftales , cnlorte que le Marcellianifmc n'eft
point une Héréfie imaginaire. Koye-;ç^ Saint Epiphanc ,
hir. 24- où il rapporte la profellîon de foi que Marcel,
préienta au Pape Jule , après avoir été dépolé de fon
Siège par les Ariens : ce Pape le rétablit ; mais après
tout , il eft difKcile de juftifier Marcel d'Ancyre de
Sabellianilme.
Saint MARCELLIN. Nom d'une petite ville bien peu-
plée. Fanum S. Marcellini. Elle eft dans le Dau-
phiné , province de France , entre Grenoble & Ro-
mans, à fept ou huit lieues de la première. Se à cinq
de la dernière. Maty,
M A Pv
AIARCELLINO. Nom d'une petite nvictc de la vallée
de Noto , en Sicile. Marcel/ina, anciennement Afy-
la , My/as. Elle (c décharge dans la nier Ionienne^ à
deux lieues d'Agufta j vers le midi. Matv.
MARCGR AVE. ^oyc- MARGRAVIAT.
MARCGRAVINE. Foyei MARGRAVINE.
MARCHAGE. 1'. m. Ternie de Coutumes. IfTCcfi une
iociété que des Communautés d'iubitans de l'aroillcs
voiinies contiadlenc enlemble , pour avoir droit de
faire marcher & paître les belUaux de part ik d'au-
tres , fur les terres du village joignant. Dans les Cou
tûmes d'A.uvcrgne iX' de la Marche , c'ell le droit que
les habitans d'un village ont de laire marcher & paî-
tre leurs rroupcaux lur le territoire d un autre vil-
lage.
§cr MARCHAIS, rovei Mare.
§cr MARCHAND , AN DE. f. m. & f. Celui ou celle
qui trafique ou qui hit commerce , qui fait profef-
lion d acheter & de vendre, ou qui fait fabriquer des
niarchandiles pour les vendre en boutique ou en ma
galin , pour les débiter dans les foires, ou pour les
envoyer dans les pays étrangers. Mercator. Les Mar-
chands de foie i^ont manufacturer leurs velours ,
leurs brocards , à Vcnife , à Gènes , à Lyon , à
Tours. Y)es Marchands de bois , font ceux qui font
abattre & façonner le bois dans les forets , pour le
vendre en chantier. Marchand grollier , ou en gros.
Marchand en m.igafin. Barfeus ^ dans la harangue
qu'il prononça en 1631, le jour de Iti dédicace de
l'Ecole d'Amllerdam , fit voir que la qualité de Mar-
chand ne doit pas préoccuper le leéteur au défavan-
tage d'un livre ; qu'anciennement il y a eu des Phi-
lolophes qui ont exercé le commerce , &: qu'il n'y a
point d incompatibilité des études avec le négoce. Il
a intitulé cette harangue , Mercator fapiens. Nous
avons eu àes Marchands Auteurs. Philippe Sylvcftrc
Dufour, de Lyon, adonné au public plufieurs Trai-
tés. Ponietj Marchand Droguifte à Paris j a donné
un gros volume fur les Drogues. N. Pelletier , de
Rouen , mort il y a quelques années, étoit un A'Iar
chand habile & l'avant j qui avoit beaucoup de ju
gcment , de la leéture , de la connoillance des lan-
gues vivantes & des langues favantes. M. Goetzius ,
Sur Intendant de Lubeck , a fait une Dllfertation
fur les Marchands lavans ; il en diftingue de deux
fortes i les uns font des Marchands qui le font atta-
chés à 1 étu.le , Se font devenus lavans , ou des gens
qui ont fu allier le commerce (Se l'étude. Il compte
parmi ceux la , entre les anciens , Solon , Thaïes ,
Hippocrate , Platon , Démocrite & Socrate , c'ell: à-
dire , tout ce que la Grèce eut de plus dilfingué par
l'efprit & l'érudiiion. Entre les nouveaux , Baum
gartner Carpzovius , Dufour , Pomet , de balle Nor
mandie , & un Marchand àe Rouen, dont il igno-
roit le nom ; c'efl N. Pelletier , dont nous venons de
parler. Une autre lorte de Savans Marchands , font
les Savans qui"", comme Platuer tk Braud , époufent
des veuves de Marchands , &: coiitinuent le commerce
que failoient les premiers maris de leurs teimnes. En
fin il y joint les Libraires favans , parmi Itfquels il
n'en compte que trois , tous Allemands , Frihus j
'Wefteinius & Fritfchius , comme fi les Etiennes, les
Manuces , &c. ne méritoient pas beaucoup mieux
d'être nommés.
Marchand , fe dit auflî des revendeurs ou détailleurs ,
qui achettent des niarchandiles des t^Yos Marchands ^
pour les revendre en détail dans leur boutique. In
tcrpolator. On le dit aulîi de ceux qui ramallent
plafieuis marchandifcs . pour les porter dans les foi-
res Se marchés. Marchand de 'laline , de blé , de
bois , de chaux , de tuile , de pôillon. Marchand de
chevaux.
Marchand forain , eff non feulement celui qui fré-
quente les foires & les marchés , mais encore tout
Marchand étranger qui vient apporter dans la ville les
marchand! fes, pour les vendre aux Maîtres qui tien-
nent boutique. La Police ordonne que les Marchands
forains de bas j de cuirs j de gants , Se autres chofes
femblablcs , apportent leurs marchandifcs dans un bu-
M A R
8z3
rcau public , pour être lottics entre les Maîtres , &c
empêcher le monopole des plus riches. Mcrcacor ex~
trancus.
On appelle à Paris les lix Corps des Marchands ,
les antiennes Communautés des Marchands qui ven-
dent ks plus notables in.irchandiles. Les premiers
font les Drapiers - Chaulletiers ; les féconds font
les Epiciers ; les troilièmes les Merciers ■■, les qua-
trièmes les Pelletiers , qui étoient autrefois les pre-
miers , mais qui ont vendu leur primauté aux Dra-
piers ; les cinquièmes font les Bonnetiers , & les
lixièmes les Orfèvres. Les Alarchands de vin ont
voulu former un leptième corps; mais il ii'cll: pomr
reconnu des autres. Quant à ceux des autres Com-
munautés qui tiennent boutique , ils pallenr pour des
Artilans , quoique quelques-uns prennent la qualité
de Marchands , comme les Chapeliers , les Tan-
neurs , les Mégilliers , les Ouvriers en drap d'or Se
de foie , S<c.
Marchand , fe dit aullI de ceux qui achettent. Emtor.
Cette boutique ell fort achalandée; il y vient bien des
Marchands. On drelle les enfans Se les garçonsde bou-
tique à appeler, à faire venir , à attirer \cs Marchands.
Ceux qui vendent à faux poids Se à faulfe mefure,
trompent les Marchands.
Prévôt des Marchands , efl: à Paris le premier Offi-
cier du Bureau de la Ville j oiiiljugCj avec les Eche-
vins , les différends qui concernent la Police , & les
marchandifes qui font fur les ports, fur les rivières,
& fur l'étape. Urbis prjipofLius j mcrcatorum pr<zjeclus.
La Jurifdiition pour les autres Marchands , efl: celle
des Juges Confuls , qui jugent fommairement toutes
les affaires de Marchand à Marchajid ^ 8e pour le fait
de la marchandife dont ils fe mêlent.
^3" Le terme de Marchand s'applique dans un fens fi- '
guré , aux hommes qui cherchent à tirer quelque pro-
fit de leur mérite , de leurs talens. Tous les hommes
font des Marchands qui expofenten vente, ou la va-
leur, ou les fciences , ou les arts , ou leur efprit , pour
en tirer du profit j & de la réputation. M. Esp.
Marchand , fe dit proverbialement en ces phrafes.
Marchand qui perd ne peut rire. Acad. Franc. Et
au contraire on dit , n'eft pas Marchand qui tou-
jours gagne. On dir auifi , quand on voit arriver plu-
fieurs perfonnes en une compagnie , .La foire iera
bonne, voici bien des Marchands. On dit , De Mar-
chand à Marchand il n'y a que la main ; pour dire ,
que les Marchands font leurs traités lans écrit , &
en fe touchant dans la main. On dit à celui qui a
acheté une chofe à vil prix , Vous avez trompé le
Marchand ; Se quand on la demande à trop bon
marché ; on dit , Ce n'eft pas le profit du Mar-
chand. On dit qu'un homme Iera mauvais marchand
d'une chofe , quand il frit quelque affaire où il y
aura à perdre , quand il fait quelque adion dont
il aura lu) et de fe repentir. On dit aullî , qu'il faut
être Marchand, ou larron , pour exciter ceux qui
achètent à fe fier à la foi , à la parole de celui qui
vend. On dit aufîî riche Marchand , pauvre pou-
lailler. On dit aullî , dîné de Procureur , fouper de
Marchand; à caufe que ks Marchands ne peuvent
fe repofer , ni faire bonne chère , que le fcir.
Marchand , ande. adj. Ce qui eft de bon de-
bit , Se de bonne qualité , qui a les qualités requi-
(es par les Ordonnances. Fendib'dis , venalis. Ce
blé eft germé, il n'eft pas marchand , il m'en faut
fournir qui foit loyal & marchand. Farines marchan-
des. De la Mare , T. II. p. 732.
On appelle un vailleau marchand , un vaifleau
qui n'eft point armé en guerre , qui ne fert qu'au
tranfport des marchandifes.
On dit que la rivière eft marchande , quand elle
eft propre pour la navigation , quand elle a alfez
d'eau pour porter les bateaux , quand elle n'eft ni
glacée , ni débordée.
On a rendu par art Se avec des eclules plulieurs
rivières marchandes , en des lieux où elles ne l'étoienc
pas aupar.avant. La Loire n'eft pas marchande une
bonne partie de l'année , à caufe de fes fables. Les
Il24 M A R
villes font marchandes , quand il y a des ports de
mei- , ou de grandes vivicres qui tacilitenc le ciant-
port des marchandiles.
■gCr On appelle place marchande , une place comniode
pouf vendre de la marchandée.
On dit aullî 1-igurémenc , qU'Un homme efl; en pla-
ce marchande , quand il eil en un lieu où il fe peut
l'aire voir ,& entendre de plulieurs pcrfonnes. li.x-
preilion lamilière.
Marchand , ande. Qui fcnt le Bourgeois , qui a
quelque choie des manières d'agir des Marchands.
Il n'y a rien de plus marchand que ce procédé.
Mol.
Marchand, f. m. Soxte d'oifeau , qui ne vit que de
bêtes mortes. Il y a quantité de marchands dans l'ilc
de Cuba. îjCTC'eftune efpèce d'épervierfort commun
dans l'Amérique. (Exmelin en diUingue deux efpè-
ces. Les premiers (e nourriirent de bctcs mortes. Les
autres attaquent les veaux, les poulains, &c.
MARCHANDEMENT. adv. Ce terme n'ell pas ufi-
té. A la manière des Marchands ; comme un Mar-
chand. Vivre marchandement ou roturièrement , ne
pas vivre noblement. Cûut. deChaumont en BaJJigny ,
arc. I 0 .
MARCHANDER, v. a. Faire des offres pour acheter
quelque chofe , tâcher de convenir de prix. Plu-
fieurs perfonnes marchandent cette terre , en oftrent
de l'argent. Preclum offerre j mercari. Il y a des gens
qui lont long temps à marchander , qui ne veulent
pas être pris au mot.
^lARCHANDER , k dit aullI au figuré, pour tâcher de
gagner ; tâcher d'obtenir quelque choie , en imitant
ceux qui marchandent , qui font des offres. Mercari,
Si quelqu'un vient près de vous marchander votre
cœur pour dentelle ^ ou rabis , réfutez ces préfens.
Sar. Avec l'entreprife de ces femmes d'aftaire,on
fait un mariage comme une emplette; on marchan-
de , on lurfait , on méfoffie ,> enfin , on eft pris au
mot. Amus. Ser. &c Com.
Marchander , fignifie aullî. Etre irréfolu, balancer
encre deux partis. Duhitare , hdrere. Il y a long-
temps que cet Hérétique marchande à fe convertir.
Nous marchandons mon frère & moi , à qui parlera
le premier , & nous avons tous deux quelque chofe
à vous dire.
Je me meurs , ceft trop marchander ,
Pour vous dire ma peine cxtrènn. Sar.
Avant que d'entrer en étude ,
On cherche encore à marchander;
// faut toujours quelque prélude ,
Et du temps pour échafauder. P. du Cerc.
tfT Dans ce fens marchander efl: neutre.
|tcr On dit adivement qu'on n'a point marchandé
quelqu'un , qu'on ne le marchandera point , pour
dire qu'on l'a attaqué ou qu'on l'attaquera brufque-
nient, loit de bit j loit de paroles. Prelfé par /on
ennemi , il ne le marchanda point , & le tua d'un
coup de pifl;olet. Il lui reprocha fon infidélité en
facej lans le marchander. Il ne. hwt ^omx marchan-
der cette place , il faut l'attaquer brufqucment. Stylç
de conver'aiion.
fS" Corneille a employé ce mot très-heureufement
dans Nicomède. Leur Flaminius marchandait Anni-
bal. Cette cxprellion populaire, dit Voltaire, de-
vient ici très-énergique & très-noble , par l'oppofi-
tion du grand nom d'Annibal qui infpire du ref-
peél.
?iCr On diroit très-bien , même en profe , cet Empe-
reur , après av#ir marchandé la Couronne , trafique
du lang des nations.
MARCHANDÉ , ÉE. part.
MARCHANDISE, f. f. Terme collcdtif qui défigne
toutes les chofes qui fe vendent Se débitent en ma
gafin , en boutique , au marché. Merx , mercimonium.
Cette boutique efl: fort achalandée , on n'y vend
que de bonnes marchaniifcs. On le dit auOi-bien
M A R
des petites chofes que des grandes, des draperies,
foierics , épiceries, pelleteries, ortévreries, grains,
&c.
Marchandise de contrebande, efl: une /re^zrcAiîwt/i/ê
1)^" prohibée ou défendue par les ordres du Souve-
rain , toit pour l'entrée & la lortie , loit pour le
débit , le port & l'ufagc dans l'étendue de fes Etats.
MtrK pri^h'-hita. Les armes, munitions, inftrumens
de guerre , &:c. font en France des marchandifes
de contrebande pour la fottic. Plufieurs étoffes font
marchandifes de concrehande pour l'entrée j le dé-
bit , le port &: l'ulage. Ce mot vient de l'Italiei»
contrabando , contre le ban & publication des dé-
fenfes. Les livres défendus font des marchandifes de
contrebande.
Marchandise , fe prend quelquefois pour Trafic.
Mercatura. Faire marchandifc. Aller en marchandife.
On dit figurément , en llyle de converfation ^
Faire métier & marchandife de quelque choie ; pour
dire , faire quelque choie ordinairement. Il fait mé-
tier ôc marchandife de faufletés.
Qu'un honnête homme une fuis en fa vie 3
Fafj'c un fonnet , une ode , une élégie.
Je le crois bien :
Mais que l'on ait la tête bien raffife y
Quand on en fait métier & marchandife j
Je n'en crois rien. Aeb. R.
On dit auffi , Faire valoir fa marchandife ; pour
dire , fe faire valoir , faire valoir ce qu'on a , ce
qu'on dit , ce qu'on fait , faire valoir fon mérite.
§3" On dit d'un vaiffcau qui efl: arméj & en état de
fe détendre , quoiqu'il toit chargé de marchandifes ,
qu'il efl équipé moitié guerre ^ moitié marchandife.
On dit proverbialement , Moitié guerre , moitié"
marchandife , quand on obtient quelque chofe ,
moitié gré , moitié de force. Cet homme a gagné
cette femme , tant par argent , qu'à force de cageol-
lerie ; c'efl: moitié guerre , moitié maichandife. On
dit auffi , Marchandfe qui plaît , eft à demi-vendue.
MARCHASITE. f. f. Foyci Marcassite.
MARCHE. (. m. Traité , convention , accord par le
moyen duquel on achette, ou l'on troque quelque
choie J ou l'on fait quelque aéfe de commerce. Li^
citatio. §C? Ce mot te dit particulièrement dans le
commerce, des conventions que les Marchands font
les uns avec les autres pour fournitures , achats ,
ou trocs , moyennant une certaine fomme. Il a
fait marché de cette terre à cent mille écus. Le
marché n'en eft pas encore rédigé par écrit. Il ne
reviendra pas contre un marché conclu. Il a mis
cette condition dans fon marché. Je lui ferai bien
tenir fon marché. Perfonne n'eft venu fur mon mar-
ché, n'a couru fur mon marché j n'a enchéri fur
moi. Je crois avoir fiit un bon marché. Faire un
faux marche , c'eft être trompe en quelque achat.
Borel dérive ce mot de l'Hébreu meiker , qui fi-
gnifie vente.
Marché , fe dit auffi du prix de la chofe vendue.'
Emtionis pretium. Il a eu grand marché de cette
Terre. Les vivres font à bon marché. Dans les pro-
vinces on vit à grand marché. C'eft un prix fait,
un marché fiit. Ils tont allés boire le vin du mar-
ché, comme font quelques Marchands après le mat'
ché conclu.
Marché d'ouvrage. C'eft une convention par écrie
entre l'Entrepreneur, & celui qui tait bâtir , tuivaiit
les defleins , & devis. Licitatio , conventio. On fait
marché à la toife , c'eft-à-dire , à payer un certain
prix par toile. On iYn marché la clef à la main j
c'cftà dire , que l'Entrepreneur s'oblige à fournir
tout ce qui ell néccllaire pour la conftrudion d'une
maifon. §3" On appelle marché en bloc 8c en tâ-
che , celui qui te fait d'une marchandite fans dif-
tingucr ni féparer le bo!i & le mauvais, le fort Se
le foible. Marché au rabais , eft un marché pour les
ouvrages publics , & qui fe fait en public , <&: par
adjudication
M A R
adjudication à celui qui offre de foire l'ouvrage r.u
nieiikur marché.
Marché , fe dit rigurémciu en ce km de ce qui ne
c )Litc guère à obtenir, dont on vient facilement à
i'Oiir. Ce Général a eu bon marché des ennemis,
lis te lont mal défendus. Il eut bon marché d'une
h grande Se ii mémorable victoire. Vaug. La mo
dération que je connois eu votre elprit , me fait
tfpércr que vous aurez meilleur marché de cette
aiiliclion , qu'un autre. Voit. Cette cxprellion n'clt
guère lérieule.
03" On dit fiire aulTî bon marché d'une chofe , la pro-
diguer , l'expofer. Un homme qui va des premiers
aux coups j fait bon marché de la vie. Un ouvrier
milérable fait bon marché de la peine. Un tel fait
bon marche de la réputation.
Marché, lignifie aulli, la halle j le lieu où l'on étale ,
où l'on vend des marchandites. Forum. Le marché
au blé , le marché aux poirées , le marché aux che-
vaux , le marché Neuf, le marché Palu , font des
. marches de Paris. Dans la baile Latinité on l'a ap
pelé marchctum , mercatwn ,. mcrcatus &; mercada.
Cujas remarque que le marché elt diftérent de la
foire j en ce que le marché efl: pour une ville , ou
un lieu particulier ; & la foire regarde toute une
province.
Ce mot de marché fe met avec un datif de la
chofe qu'on vend dans le lieu appelé marché. Mar-
ché aux herbes , aux bœuis , aux chevaux , &c.
Marché des herbes, des bœufs , des chevaux, &:c.
r.uroit l'autre fens dont on a parlé aux articles pré-
cedens. Nous allâmes tenir une elpèce de marche
ai.ix chevaux. De Bussi.
JvÎAnciiE , fe dit auHî du temps où l'on fait la vente.
K:.ndLnarius dies. Il y a dans les villes deux jours
de marché. On ne doit faire les ventes à l'encan
qu'aux jours & heures du marché. L'heure du mar-
che fe palîè. Les marchés & les foires ne fe peu
vent établir que par la permiiîîon du Pvoi. Fevret.
Marché , fe dit auffi de la vente &c du débit qui s'y
fait à beaucoup , ou à peu d'avantage. Mercatus.
Il (aut voir le cours du marché. Le marché n'a rien
valu aujourd'hui. On doit enregillrer au Grefte le
prix courant du marché des grains , à chaque jour
de marché.
Marché , fe dit proverbialement en ces phrafes. On
appelle un marché donné, ce qu'on a eu à fort
vil prix. Un marché d'enfant , un marché qui n'a
point eu d'effet, dont on s'ell dédit. A bon payeur
bon marché. On dit auffi , qu'un homme n'amende
I pas Ion marché , quand en diftérant la conclufioii
d'une affaire , ou en faifant quelque inauvaife dé-
marche , il ne rend pas la condition meilleure.
On dit auffi en menaçant quelqu'un , qu'il le payera
plus cher qu'au marché , qu'il fe repentira de ce
qu'il a fait. On dit auffi , Mettre le marché à la
. main à quelqu'un ; pour dire , lui donner le choix
de conclure , ou de rompre IJCT le marché , l'enga-
gement qu'on a pris avec lui. C'eft encore lui otfrir de
prendre telle voie qu'il voudra pour fe iatisfaire.
On dit auffi , qu'un homme a bientôt frit Ion mar-
ché ; pour dire , qu'il a bientôt pris fa réfolution.
On dit encore , Il n'y a au marché que ce qu'on
y met , quand on fe plaint que la claule de quel-
que contrat eft onéreufe. On dit auffi , qu'on n'a
jamais bon marché de mauvaife marchandife ; pour
dire , qu'on achette toujours trop cher une choie
qui ne vaut rien. On dit auili , qu'il y a des gens
qui le ruinent en hons marchés , parce qu'ils achet-
tent trop de chofes , par la feule raifon qu'ils les
trouvent à bon marché , 8c ne peuvent enluite
s'en défaire. On dit auffi , C'ell marché com-
me de raves , comme de paille; pour dire , c'eft grand
marché. On dit auffi d'un homme qui eft forti d'mi
grand péril avec moins de dommage qu'on ne pen-
loit , qu'il en eft quitte , qu'il en eft forti à bon
marché. On dit auffi , Bon marché vide le panier j
mais il ne remplit pas la bourfe ; pour dire , que
quand un Marchand vend trop bon marché , il
Tome V,
M A R 825-
débite bientôt fa marchandife; mais qu'il fe ruinc
MAKCHE RAOUL. Abbaye d'honnnes de l'Ordre de
Préniontré , fondée en iiii. dans le Vexin Fran-
çois, (ur les Frontières duBcauvaifis. Voyez la Def-
crip. Géograph. & Iliflor. de la Hautc-Normandic ,
T. 11. p. p2.
MARCHE, f. f. Signifioit autrefois Frontière , borne,
limites, confins. Conjhùa , limites , fines. Marca j
marchia. Les Marquis étoient les Gouverneurs des
villes lituées fur les marches , ou frontières d'un
Etat. C& Le Seigneur qui commandoit fur la fron-
tière , s'appeloit Marchcus , d'où s'eft formé Mar-
chis , aujourd'hui Marquis. Le Livre de M. de Marca
lur les frontières de lEfpagnc &: de la France eft
intitulé: Marca hifpanica.
De ce mot eft dérivé celui de Comarca Efpagnol ,
qui lignifie la contrée , les terres qui font aux en-
virons.
Ménage dérive le mot de marche , de mark. Alle-
mand j qui i\^^nïfic frontière ; Se Vollius de merken ,
qui lignihc marquer. D'autres le dérivent du Latin
margo. On difoit autrefois warcAir ,• pour dire , Con-
finer Se aboutir , parce que les bornes éroient
Appelées marques ^ d'où eft venu \e raot de marquer.
Dans la balfc Latinité on a appelé commarchia , la
frontière. Foye:;^ Marchis. Marches , limites ,
vient du mot Breton Mars , qui lignifie la même
choie. LociN. Glojfaire.
^fT On appelle marches communes , certaines paroif-
fes qui .léparent des provinces l'une de l'autre , ou
les chofes par moitié indivifes, & dont les habi-
tans font jufticiables des Jurifdicfions de l'une &
de l'autre province , par droit de prévention , de
JurildiCton ; enforte que la Jurifdiéfion qui eft la
première lailie pour quelque demande ou plainte j
exclut l'autre d'en connoître.
Marche, f. f Nom qu'on donne à quelques provin-
ces , parce qu'elles étoient fronricres , parce qu'elles
étoient fur les limites d'un Etat , qu'elles confinoient
avec des Etats voillns & appartenans à d'autres
maîtres. Marca, limes , traclus. La Marche d'Ancô-
ne J en Italie. En France , il y a haute & balîe
Marche , fituée entre le Berri & le Limolîn. La
Marche Trévilane , la Marche de Brandebourg , la
Marche en Ecolîe , province méridionale qui con-
fine à l'Angleterre.
Marche avantagÈre. On nomme ainfi en Breta-
gne , en Poitou Se en Anjou , les limites qui fépa-
rent ces trois Povinces. Elles font appelées avanta-
g'eres , à caule de pluhcurs privilèges & avantages
dont jouillent les habitans des Bourgs & Villages,
qui forment la ligne de et^marehes j dont la plu-
part lont lîtuées dans le dép.mement Se la direélion
de Montaigu.
AiARCHE , (\^) province de France, bornée au cou-
chant par le Poitou , au nord par le Berri , au le-
vant par l'Auvergne , & au midi par le Limofin.
Marchia , Marcha Gallica. On divife cette province
en haute Se balfe Marche. La première eft au levant,
&: l'autre au couchant. Ses lieux principaux font
Guércr , capitale. Dorât, Bélac, Bourganeuf, &c.
Maty. L'Auteur de la vie de S. Thibaut , Chanoine ^
marque que cette province a été ainfi appelée, parce
qu'elle étoit aux confins du Limofin Se du Poitou.
La haute Marche eft celle qui eft dans les monta-
gnes ; la baffe Marche , celle qui eft dans la plaine.
Valois, Not. G ail. p. srj.
Marche d'Ancônej de Brandebourg , Trévifanej cS,:c.
Cherchez AncÔne , Brandebourg , Trévisane ,
& ainfi des aurres.
Marche. Bourg du Duché de Bar, en Lorraine. Mar-
chia. Il eft entre les fources de la Meufe & de la
Saône , près de la Champagne , à treize lieues de
Toul , vers le midi. Matv.
Marche d Efpagne. Marca Hifpanica. Q'e^Xe nom.
qu'on a donné autrefois à la Catalogne, Se aux
autres lieux d'Efpagne , voifins de la France. Voye^^
le Traité de M. de Marca , intitulé , Marca Hif-
panica.
M m m m m
%i6
A4 A R
Marche en Famine , ou en Famine. Petite ville
avec Prévôté. Aïarca , ou. Marna Famlna. Elle eft dans
le Luxembourg , province des Pays Bas , à neut
lieues au midi de la ville de Liège , vers le midi.
Maty.
M-ARCHE. f. f. Adioii par laquelle ou fe meut en
avant. CtlT Ce terme s'applique aux particuliers j mais
plus ordinauement aux perlonnes attroupées , à une
armée. On le du aulîî des procellîons & des céré-
monies folennellcs. lur , via. Nous avons été huit
jours en marche , Après tant d'heures de marche.
L'armée eft en marche du côte de Flandre. A l'en-
trée du Roi j toutes les procellîons de la ville étoicnt
en marche dès cinq heiuxs du matin. Les Compa-
gnies Souveraines furent en marche après les Corps
des Marchands éc de la Ville. L'ordre de la marche
iut fort beau & bien oblervé. Cette marche dura
depuis le matin jufqu'au loir. La Noblelle & les
Princes fermoient la marche , étoient les derniers.
Ce mot en ce fens vient de marcher.
Marche , fe dit aulU quelquefois de la traite, du chemin
qu'on fait d'un lieu à un autre. Iwr ^ via. Ils ont
fait une longue marche. Il y a tant de jours de mar-
che , depuis Alep juiqu'à Hilpahan.
03° En termes de Guerre on appelle une marche for-
cée , celle qui eft plus forte que la marche ordi-
naire qui eft de trois ou quatre lieues. Lorfque
dans un certain efpace de temps on fait faire aux
troupes beaucoup plus de chemin qu'elles n'en font
ordinairement dans le même eîpace , c'eft une mar-
che forcée.
§C? Les marches forcées fatiguent beaucoup l'armée ,
ainlî l'on n'en fait faire que dans des cas prellans ,
pour furprendre rcnncmi , pour gagner un pofte
avantageux , &c.
§C? On appelle faujfe marche , le mouvement que fait
une armée qui feint de marcher d'un côté , & qui
tourne d'un autre. On amule fouvent les ennemis
par de faillies marches.
1^ Battre , lonner la marche, C'eft donner par le
fon des trompettes ou des tambours , le lignai aux
troupes pour le mettre en marche j Eundi y gra-
diendi Jignum dare , canere.
^fj On appelle aulli marche , un air de mufique com-
pofé pour caratlérilcr la marche de certaines trou-
pes. On dit dans ce lens la marche des Mou(quetai-
res. La marche des Suilles. Il y a une belle marche
dans l'Opéra de Thélée.
Marche. On dit figurément , Cacher (a marche , pour
dire , cacher les melures qu'on prend. Tous deux
C M. Fléchier & M. Bolfuet) dévoilent un peu trop
le méchanifme de leuL OTiZ/tAt;. Idée des Orais. Fu-
nèbres. "^
Marche. Au jeu des échecs , on appelle marche , le
mouvement que peuvent faire les pièces. Je ne lai
pas les échecs j j'en lai leulement la marche. Acad.
Franc.
Marche, feditaulll entre Chadeurs j des vertiges de
la loutre ; comme pied ou toies , des \ eftiges du cerf.
NicoD. yejîigia , pedcs.
Marche, fignihe aulli un degré lur lequel on pofe le
pied ; une partie d'un etcahcr lur laquelle on pofe
le pied pour monter ou pour dekendre. Gradus. On
fait des marches de pierres , de bois , de marbre , de
gazon dans les jardins. On diftingue les diftérentes
marches , qu'on appeloit autrefois degrés , par leur
hauteur , & leur giron , c'eft à dire , par leur lar-
geur. On appelle marche carrée, ou droite, celle
dont le giron eft contenu entre deux lignes parallèles.
Marche d'angle , celle qui eft la plus longue d'un
quartier tournant : marches de demi-angle , les deux
plus proches de la marche d'angle. Marches giron-
nées _, celles des quartiers tournans des cfcalicrs
ronds , ou ovales. Marches délardées , celles qui
font démaîgries en chamfrein par-dell'ous, & por-
tent leur délardement , pour former une coquille
d'cfcalier. Marches coulées , celles qui ont une
moulure avec filets au bord du giron. Marches
courbes , celles qui iont cintrées en devant , ou
M A R
en arrière. Marches rampantes , celles dont le
giron fort large , eft en pente , & oti peu-
vent monter les chevaux. On appelle marches de
ga^on , celles qui forment des perrons de gazon
dans les jardins , &: dont chacune eft ordinaire-
ment retenue par une pièce de bois , qui en fait la
hauteur. Daviler.
Marche , fe dit aulli des pièces de bois fur lefquelles
pluheurs Ouvriers pofent les pieds pour faire mou-
voir leurs métiers en diverlcs manufactures , com-
me les Tourneurs , les Tillcrands , Tilfutiers , &
Ouvriers en foie.
Marche, lignifie aulli chaque touche d'un cLavier d'or-
gue , d'épinctte, ou de claveftln. ^Jjula^ palmula ^
indicula.
Marche, en termes de Blafon , fignifioit autrefois la
corne du pied des vaches.
MARCHECOULIS. Voye^ Machecoulis.
MARCHENA. Petite ville de l'Andaloulie , en Efpa-
gne. Marchena , Marcïa j ou Machiana Colonia.
Elle eft à quatre lieues d'Olîune , au couchant , tirant
vers Séville. Maty.
MARCHENOIR. Lacus , niger , Mari/eus niger ,
Marchefneium. Ce lieu eft dans la Beauce , entre
la Loire & le Loir , ou entre Chiteaudun ôc Bau-
genci.
Ce mots'eft fait de Mari feus niger, c'eft-à-dire.
Marais noir , Valois , Noc. Cal. p. ji y.
MARCHE-PALIER, f. m. I^larche qui fait le bord
d'un Palier.
MARCHEPIÉ, ou plutôt MARCHEPIED, f. m.Sca-
bellum , fcamnuni. Petite marche ou elcabeau qu'on
met ious les pieds pour s'élever , ou pour empêcher
qu'on ne touche à terre. Il faut monter (ur ce marche-
picd pout atteindre à cette tablette. Auxcarrolles il y
a un marchepied ou plancher pour fourenir les pieds
du Cocher , en Grec ù^iraocio»
Marchepied, eft aullî une manière de petite eftrade
Ious des formes de chœur , œuvres d'Eglile , ou con-
fellional j ou tout autre ouvrage de menuilerie.
fubfellium.
On s'en fert figurément. L'Écriture dit que la
terre eft le marchepied du Seigneur , que c'eft l'ef-
cabeau de fes pieds. Scabellum pedum. Siéds-toi à
ma dextre, dit Dieu à Jésus -Christ , juiqu'à ce
que j'aie mis tes ennemis pour le marchepied de
tes pieds.
Marchepied, en termes de Marine , fe dit des corda-
ges qui font au deftous , & à l'arrière des vergues , qui jj
fervent aux Matelots à ferler , & à déferler les voi-
les. Scandulani. funes.
Marchepied, ledit aullî des bords des rivières qu'on
doit lailler libres pour faciliter la navigation , & pour
faire remonter les bateaux. Ora fluminum pervia.
L'Ordonnance enjoint aux River.ains des rivières na-
vigables , de lakier des deux côtes des marchepieds
de la largeur de trois toiles. Les Seigneurs dans leur
Jurillticfion , font tenus d'entretenir de bonnes plan-
ches & ponts lur les ruiffeaux & fofTés traverlans
les marchepieds ou chemins du h.âle des bateaux.
MARCHER. V. n. Faire des pas en avant , ou en
arrière , pour fe tranlporter d'un lieu à un autre.
Ingredi , ambulare , ire , pergere. On marche natu-
rellement , dit S. Auguftin , & fans qu'il foit be-
foin de préceptes. Il ne ferviroit de rien pour ap-
prendre à marcher, de dire , par exemple , qu'il
faut envoyer des elprits en certains nerfs ; remuer
certains mufcles ; de faire certains mouvemens dans
les jointures ■■, mettre un pied devant l'autre , & fe
repofer fur l'un pendant que l'autre avance. On
peut bien former des règles en oblervant.ee que la
nature nous fait faire ; mais on ne fiit jamais ces
aétions par le fecours de ces règles. Log. Cet enfant
commence à marcher tout feul. Ce malade marche
fins bâton. Cet homme marche bien, marche àvoit,
marche ferme : cet autre marche doucement j légè-
rement : on diroit qu'il craint de fouler la terre.
La Br. Il marche gravement , majeftueufement ;
il marche à petits pas , à pas comptés , à pas de tor-
M A R
tue. Les animaux marchent à quatre pattes , les écfe-
villcs marchent à reculons. Oji dit qu'on marche à
faux , quand on marche lur quelque choie qui man
que fous les pieds. On dit auilij .qu'une pei(onnc
marche bien , quand elle a bonne gniee à marcher.
On le dit auili des perlonnes qui marchent avec
atl'edation. On dit qu'une homme marche toujours
bien accompagné , pour dire , qu'il mène toujours
.avec lui des gens capables de le dét'endte.
M. l'Abbé Le Gendre j/'. çj. des Mœurs lV Cou-
tumes des François, i/2-/ J.Paris i/i i. a péché contre
La Grammaire , en dil'ant : Le Roi prit cette excufc
.pour un reproche qu'on lui faifoit de n'être pas /ntzr-
cAe en perfonne. Il folloicdire , de n'avoir pas mar-
ché. M. Reftaut dans (a Grammaire Françoifc , fait
à ce (ujet une bonne oblcrvation , qui autorifb ma
critique. Les verbes neutres , dit il , dont les par-
ticipes palîIFs lont adjcétifs déclinables , c'eft-à dire ,
peuvent être joints à des ("ubltantiFs mafculins ou
féminins, avec des terminaifons diftérentes pour le
genre Se pour le nombre , fe conjuguent avec l'auxi-
liaire être ■ au lieu que les verbes neutres , dont les
participes pallifs font indéclinables , & ne peuvent
être joints à aucun nom fubftantif , fe conjuguent
avec l'auxiliaire avoir. Ainlî les verbes tomber arri-
ver, fe conjuguent avec l'auxiliaire être ; parce qu'on
peur dire, un homme tombé , une femme tombée , un
homme arrivé , unejemme arrivée , & en conléquen-
ct i me voilà tombé j me voilà arrivé. Régner & dor-
mir , au contraire , ie conjuguent avec l'auxiliaire
avoir , parce qu'on ne peut pas dire , un homme ré-
gné , une femme régnée , un homme dormi j une fem-
me dormie , ni conféquemment , me voilà régné ,
me voilà dormi.
Ce mot vient du Latin varicare , qui fignifîe enjam-
ber, pajfer un pied devant l'autre. Ménage.
Marcher , (e dit aulîî des voitures. Iter facere. Les
coch'es & carolFes marchent les fctes aullî bien que
les autres jours; ils marchent atitanc de nuit que de
jour en hiver ; en été ils marchent à la fraîcheur.
On dit qu'un homme marche , quoiqu'il foit à
cheval.
Marcher , fignifie auflî , Aller bien du pied. Ce va-
let marche bien , il fait i j ou lo lieues par jour ; il
marche comme un Bafque , comme un chat maigre.
Marcher , le dit aulli des Armées & des Corps qui
marchent en rang. Ingredi j incedere , procedere.
L'Armée marchoit en ordre de bataille , elle mar-
chait fur trois colonnes. Il y avoit tant d'efcadrons ,
de bataillons qui marchoient de front. Cette Procef-
fion marchoit en belle ordonnance. Tous les Corps
marchoient en ordre à cette cérémonie.
En ce fens on le dit des préléances. C'efl; tenir
un certain rang dans les cérémonies. LaChambre
des Comptes marche à côté du Parlement. Ces
Compagnies marchent devant tous les autres Corps.
Il veut avoir le pas devant, marcher devant lui. Il
faut marcher dans l'ordre de réception. On dit aullI
que le Confeil marche , que la Chancellerie marche ,
quand ils (ont commandés pour aller à la fuite du
Roi en quelque voyage.
|jO"On dit marcher fur quelque chofe, mettre le pied
delFus en marchant. Pedibus ohterere. Marcher fur
le pied de quelqu'un , iur fa robe. Marcher à terre.
^3" On dit figurément , mais familièrement , de quel-
qu'un , qu'il eft dangereux de choquer j Qu'il n'elf
pas homme à fe lailler marcher fur le pied.
Marcher, fe dit aullî en parlant du mouvement des
chofes inanimées. Incedere , progredi. Saturne mar-
che le plus lentement de toutes les planètes. Conii
dérons les aftresqui ;;zar6-/^€:2rlur nos têtes avec tant
d'ordre & de régularité. Jaq- Cette horloge ne
marche pas toujours , elle s'arrête. Le Rhône mar-
che fort rapidement.
IJCTCe verbe reçoit plufieurs acceptions au figuré.
Marcher droit , c'eft faire bien fon devoir. Faire mar
cher droit , c'eft obliger quelqu'un à le faire. Ce
Maître eft févcre , il laut marcher droit devant lui.
Cette affaire marche bien^ eft bien conduite. Bdlc
Tome V,
MA R 827
procedit. Il y .1 des allaites qui marchent toutes feu-
les , qui n'ont befoin ni de foins,. ni de follicita-
tions pour aller leur train. Les peuples marchoient
chacun eu la voie , Hc oublioient celui qui les avoit
faits. Boss. Toux marche par ordre en cette maifon j
elle eft bien réglée. Ce difcours , ce raifonncment ,
cette tragédie , marchent bien , pour dire , ont une
belle luite , un bel ordre . ^.fj" une diftribution juftc.
On le dit de même des vers qui ont une belle ca-
dence , & d'une période qui eft bien nombreufe.
Il faut marcher dans le monde comme dans un pays
ennemi. S. EvR. La railon eft un guide pour wjr-
cher avec plus de sûreté dans les diverfes routes de
la vie , où il eft fi aifé de s'égarer. La Pl. Je ne fais
fi le terrain de la Cour eft bien folide ; mais j'ai
vu de nouveaux débarqués y /^Zi^rcAfr avec confiance ,
& de vieux routiers n'y marcher qu'en tremblant.
Amus. Sér. & CoM. On ne lauroit allez s'éton-
ner de rimprudence avec laquelle les hommes mar-
chent vers la mort , qui les lait entrer dans l'abymc
de l'éternité. La Pl.
On dit aullî , qu'un homme marche à tâtons dans
une affaire , quand elle eft oblcure & difficile , &
quand on en laille conduire une partie au hafird.
(CF C'eft manquer des lumières nécelîaires pour s'y
bien conduire. Marcher fur des épines , c'eft fe
trouver dans une conjoncture délicate. Marcher en-
tre des précipices, c'eft fe trouver engagé dans des
conjondiures périlleufes.
Marcher , fe dit aulli de l'ordre , du rang que les
choies doivent garder. Procedere. Il faut que l'aînée
marche devant fa cadette. On le dit .aullî de la mort.
Un vieillard doit marcher devant un jeune homme.
Les hommes marchent incelïàmment vera \x mort j
la loi de la nature les prelle , & ne leur permet pas
de s'arrêter. Nie. On dit aulîî , que deux chofes mar^
chent enlemble , quand elles ne vont guère l'une
fins l'autre. La vaillance & la juftice lont deux ver-
tus qui ne marchent guère enlemble. Voit. On dit
aulîî de deux choies , qu'elles marchent du même
pied J quand elles font également du progrès. On dit
qu'un homme marche à grands pas à l'Évêché , aux
charges, aux dignités; pour dire, que fon mérite,
la faveur pu la fortune le mettent en état d'y parvenir :
qu'il marche à l'immortalité, à la gloire ; pour dire qu'il
fe rend illuftre par fes aéfions , par les ouvrages.
Il marche fur les pas de fes Ancêtres , fur les pas de
Céfir & d'Alexandre , d'Homère & de Virgile ,
c'eft-à dire , il les imite , il luit leurs traces.
0CF Marcher après quelqu'un , le Inivre de près.
Infequi. On dit d'une fille déjà grande, qu'elle mar-<
che lur les talons de fa mère , pour dire , que la mère
doit longer à l'étabhr : qu'une cadette marche lur
les talons de fon aînée , qu'elle la fuit de fort près,
quant à l'âge. Cela eft familier.
Marcher , fe dit proverbialement en ces phrafes. Ils
marchoient deux à deux comme Frères Mineurs ,
pour dire, en ordre. On dit aulîî d'un homme qui
eft bien obligé à un autre, qu'il dcvroit baifer tous
les pas par où il marche. On dit aulîî , Quand
l'argent marche , tout va bien , pour dire , quand ou
veut bien employer de l'argent en une aftaire, elle
réulîît. On dit aulîî , qu'un homme marche fur des
épines , fur des précipices , qu'il marche fur. des ^
aufs , pour dire , qu'il va lentement & avec cir- '
confpedion en des aflàires délicates & dangereufes.
On dit aulîî à un homme de mauvaife humeur , Sur
quelle herbe avez-vous marché aujourd'hui?
Marcher l'étofte d'un chape.au. Terme de_ Chapelle-
rie. C'eft manier avec les mains , foit à iroid fur la
claie , foit à chaud fur le balîîn , l'étoffe , c'eft- àr-
dire , le poil dont on a drellé les quatre capades
d'un chapeau avec l'arçon ou le tamis. Dans ce feijs
il eft aaif.
§3" Marcher , Chez les Potiers de terre , c'eft fouler
la terre avec les pieds, après qu'elle a trempe pen-
dant quelques jours dans l'eau. L'Ouvrier qui pétrit
ainh la terre , s'appelle Marcheur.
Marcher, f. m. Adion d'un homme qui marche. In-
Mmmmni ij
828
M AR
ceffus , grejfus. J'ai connu cet homme par dcrricre
à Ion niaixha. Voy. le veibc.
MARCHÉROUX. Nom d'un vilLige avec Abbaye.
Marchafium Radulphi. Il clt dans le Gouvernement
de l'île de France , à ttois lieues de Beauvais , du
côte du couchant. Maty. C'eft une Abbaye de Pré-
moncrés fondée en 1 1 22. dans le Diocèfe de Rouen.
Du mot Latin on a fait Marchais Raoul ^ Marche -
roui , Marchcrous , comme Châteaurous de Caf-
trum B.adulphi. Valois , Noc. Gall. p. 344.
MARCHES. Voyei Merche.
MARCHESSE. 1. f. Vieux mot , qui s'eft dit pour
MarsÈche quieftà préfent en ufage. Voy. ce mot.
MARCHESVAN. 1". m. Terme de Calendrier. Nom
du 8"= mois des Hébreux , qui répondoit en partie
à notre mois d'Oélobre, & en partie à notre mois
de Novembre. Il fe nommoit autrement Bul. Le
mois Marchefvan n'avoit communément que 29
jours; mais quelquefois on lui en donnoit 30 ,&
alors l'année avoit 355' jours j au lieu qu'elle n'en
avoit communéiuent que 5 54 , & fi elle étoit em-
bolifmique, elle en avoit 385 , au lieu que les an-
nées embolilmiqucs ordinaires n'en avoient que
384. ^ojf^ Jacob. Chrillmanus, de Calendario
Hehraorum, p. z^s- H y e" ^ 1"' mettent le com-
mencement de Marchefvan , au 14 d'Oélobre.
MACHETTE, f. f. Terme d'Oifelier. C'eft un petit
bâton qui tient en état une machine , fur laquelle
l'oifeau venajit à marcher , fe prend , ou du moins
il fait que la machine (e détend , & fe met au ha-
(aid d'être pris. Kcruculum decipula.
IJCF Marchftte. C'eft ainh qu'on appeloit en Angle-
terre , le droit de prélibation , droit étrange que s'ar-
rogeojcnt les Seigneurs de coucher .avec leurs valFales
roturières la première nuit de leurs noces.
MARCHEUR , EUSE. f. Qui va bien du pied. Homo
agili pedc. Il ne fe dit guère qu'avec une épithète ,
pour défigner celui qui marche beaucoup , ou qui
marche peu. Ce vieillard eft un mauvais marcheur.
Les femmes ne font pas bonnes marcheufcs , il leur
faut toujours des carrolles, des voitures. Il eft du ftyle
familier.
ffTOn donne ce nom dans les Tuilleries à l'ouvrier qui
paîtrit la terre , qui en fait la pâte propre à être mou-
lée. Comme c'eft avec le pied qu'il la paîtrit , on lui
a donné le nom de marcheur.
MARCHIENNES. Nom d'un bourg avec Abbaye.
Marcian£ , MartiariA ^ Marcen&. Il eft dans la Flan-
dre , fur la Scarpe , entre Douay & S. Amand. Ce lieu
eft diftérent de Marchienne au Pont , litué fur la Sam-
bre , à une lieue au-dclFus deCharleroi. Maty. L'Ab-
baye de Marchiennes a été fondée par S. Amand.
Valois , Not. Gall. p. 31 s.
MARCHIS. f. m. Marchio. C'eft ce qu'on appelle
maintenant Marquis. On appelle marches , ou terres
marchi [jantes , toutes les terres limitrophes, & ceux
qui les pollèdent Marchis. Ainli le Duc de Savoie
qui tient les Marches d'Italie , fe dit Marchis en Ita-
lie ; le Duc de Lorraine Marchis en Allemagne, dont
il tient les Marches. Le pays de la Marche au Pays-
Bas. Il y a une terre nommée les Marches , à l'extré-
mité de la Savoie , pour entrer dans le Dauphiné.
Voye:^ Marche.
Les Ducs de Lorraine , de la dernière Maifon ré-
gnante , ont toujoius porté dans leurs qualités le nom
de Marchis. En cette qualité , ils étoient comme les
Grands -Voyers de l'Empire au -deçà du Rhin , &
étoient chargés de la Sauvegarde & Intendance des
grands chemins , <& des routes par terre &: par eau
dans cette vafte marche , qui s'étend depuis le Rhin
julqu'à la Meufe , & qui lépare les deux grandes
Monarchies de l'Empire d'Allemagne , & du Royau
me de France. Dijfercationfur les grands chemins de
Lorraine , Brochure in 4°. Nanci , 1727. Cette Dif
fertarion eft bien travaillée , & pleine de reclierchcs
cuiieufes. On ne s'en étonnera pas , quand on liiura
qu'elle a été faite par le célèbre Dom Calmet , Abbé
de Senoncs.
MARCHPURG. Nom d'une petiteville du Cercîed'Au-
M A R
triche. Marchpurgum , Marcopurgum , Maniana caf-
tra , Marjena. Elle eft dans la Stiric , lur la Drave , à
cinq lieues de Pettau , vers le couchant. Il y a dans
cette ville un bon château , qu'on avoit bien fortifié ,
lorlque les Turcs tenoient Canila.
MARCIAGE. f. m. Terme de Coutumes. Droit de
marciage _, eft un droit qu'un Seigneur cenfier &
dire6t prend en retirant de crois années , la dépouille
d'une pour les fruits naturels de la terre , comme
laules , prés , &c. ou la moitié des fruits pour les biens
d'induftrie , comme terres labourables, vignes.
MARCIAIGE , MARCIER. f. m. Termes de Coutu-
mes i qui fignifient la même chofe que Marciage.
Voyez ce mot.
MARCIGLIANO. Nom d'un bourg de la Terre de La-
bour. Marcilianum. Il eft au feptentrion de la ville
de N.iplcs , entre Acerra & Nola. Maty.
Marcigliano vecchio. Ceft-à-dire , Marcigliano le
vieux. C'étoit autrefois une petite ville de la Sabine.
Crujlumeria , Crujlumerium. Ce n'eft maintenant qu'un
village , fitué (ur le Tibre j à crois lieues au deflus de
Rome. Maty.
MARCIGNY.iVf(zra/ZMca;n. Nom d'un bourg du Duché
de Bourgogne , fitué fur la Loire j à deux lieues de
Semur , du côté du couchant.
MARCILLAC. Marciliacum. C'eft une ancienne Vi-
comte , qui a aujourd'hui titre de Principauté. Elle eft
à la branche Ducale de la Mailon de la Rochefou-
cault J dont l'aîné porte ordinairement le titre de
Prince de Marcillac. C'eft un ancien château , Caf-
trum Marciliacum , fitué entre la Charente & une
petite rivière qui tombe dans celle ci.
Il y a encore Marcillac , ou Marfàlac , dans le
Querci , fur la Selle , où il y a une Abbaye de même
nom. Marciliacum. Il eft à quatre lieues au couchant
de Cahots. Corn.
Il y a aulll Marfîllac , bourg dans le Rouergue ,
entre le Lot au midi , & Rhodes au feptentrion. Mar-
ciliacum.
MARCILLY. Nom de lieu ^ qu'on appelle Marcilly
fur Jubé , ou Marcilly ou fauc Aube , ou Marcilly
fur Seine , parce qu'il eft au confluent de ces deux
rivières. Marcelliacum. Voyez Valois j Not. Gall.
p. jry.
MARCIONITES , ou MARCIONISTES. Nom d'une
des plus anciennes & des plus pernicieul'es leéles qui
ait été dans l'Eglile. Alarcionijlie. Ils étoient répan-
dus , au temps de S. Epiphane , dans l'Italie , dans
l'Egypte , la Palcftine , la Syrie j l'Arabie j la Perfe ,
& dans plulîeurs autres pays. Marcion , qui a été
l'Auteur de cette ledtc ^ étoit de la province du Pont;
c'eft pourquoi Eufèbe l'appelle le loup du Pont. Il
étoit fils d'un très- laint Evêque j & dès fa jeanelîè
il fît profellion de la vie monalbque ; mais ayant
débaucl*; une fille , il fut excommunié par Ion pro-
pre père , qui ne voulut jamais le rétablir dans la
communion de l'Eglile , quoiqu'il fe fût fournis à la
pénitence. C'eft poutquoi ayant abandonné Ion pays,
il s'en alla à Rome , où il fema les erreurs. Il ad-
mettoit deux principes , un bon & un mauvais. Il
nioic la vérité de la nailfance iJc de la chair de Jesus-
Christ , dont il avouoit néanmoins la PalFion , mais
apparente feulement. Il croyoit deux Christs ; l'un ,
qui avoit été envoyé par un Dieu inconnu pour le fa-
lut de tout le monde -, l'autre , que le Créateur dévoie
envoyer un jour pour rétablir les Juifs. Il nioic la ré-
furretlion des corps , & il ne donnoit le Baptême
qu'aux vierges , ou à ceux qui gardoienc la conti-
nence -, mais il foutenoit qu'on pouvoir être bap-
tilé julqu'à trois fois. Comme il fuivoit les fenti-
mens de l'Hérétique Cerdon , il rejettoit la Loi Se
les Prophètes. Teitullien a écrit un Ouvrage con-
tre Marcion; fes Difciples diloienc , que leur maître
n'avoit apporté aucune nouveauté dans la Religion,
loifqu'ii avoit léjiaié la Loi d'avec l'Evangile ; qu'il
avoit feulement rcJrellé la règle de la foi qui croit
corrompue. Cet Eléréfiarque prétendoic que l'Evan-
gile avoit été corrompu par. de faux Apôtres , &
qu'on fe fervoit d'un exemplaire interpolé. Il ne re-
M A 11
coiinoilfoit pour véritable Evangili; , que celui de
Saint Luc , qu'il auoit altéré en ])luficurs endroits,
que les Epirres de S. l'aul , d'où il avoit ôté ce qu'il
avoit voulu. Il avoit retranché de fou exemplaire de
i). Luc tout le coninicnccment jufqu'à ces mots :
L'an If de l'Empire de Tibcrc ; c'ell a dire, les deux
premiers Chapitres, /^oyt^ S. Epiph. h^r. ^^. & M.
Simon , dans Ion Hilloire critique du texte du Nou-
veau Tedamcnt , ch. 1 1.
MARCIR. V. a. Vieux mot. Affliger.
MARCITE. f. m. c\' f. Nom de kôit. Marcha. Les
Marches font des Héréticiues du IF lîèclc , qui fe
iiommoient les Parfaits , & fiiloient profellion de
faire tout avec une grande liberté , & fans aucune
cramtc. Ils avoient hérité cette dodlrine de Simon
le Magicien. Il ne fut pourtant pas leur chef; car
ils furent nommés Marches , d'un Héréfîarque ap-
pelé jMarctJS ou Marc , qui , comme a rcmarc]ué
Marcel dans fcs Tables , conféroit le Sacerdoce &
l'adminiftration des Sactcmcns aux femmes. Il s'ap-
pliquoit fur tout à les fédiiirc , & en abufoit. Foye^
S. Irénée , L. II , c. p & c. 20 . tk Eufébe , Hift.
Eccl. L. IF , CIO.
MARCIUS , MARCIA. f. m. Nom d une ancienne fa-
mille Romaine. A/aa7'«^ j (Z. La famille Aftzrdtz avoit
des branches Plébéiennes , &: d'autres Patriciennes.
Il y a des médailles de la famille Marcia , qui ont
d'un côté la tête du Roi Ancws M arcius , avec un dia-
dème , derrière un lituus , &c pour infcription An-
cus. D'autres ont deux têtes, avec l'infcription nu-
MA POMPILI , ou NUMA POMPILI j ANCI MARCI.
Ce qui montre que les Marcius defcendoient de ces
deux Rois. Foye^ les familles Romaines de Patin,
pag. i6ô ia fuLV.
MARCK. Le Comté de Marck ou Mark. Province du
Cercle de Weftphalie. Elle efl en forme d'une étoile
à trois pointes , bornée au nord par l'Evêchc de
Munfter , au levant par le Duché de Weftphalie ,
& au couchant par celui de Berg. Marcia ^ ou Mar-
chia. Ce pays peut avoir dix-huit à vingt lieues de
l'une de les pointes à l'autre. Il efl: allez fertile , &
il appartient à l'EleiSteur de Brandebourg. Drot-
mouth , qui y efl enclavée , n'en dépend pas. Ses
lieux principaux font , Soell , Unna , Neuft.ad , Ham.
Ce ch.iteau a donné au pays le nom de Comté de
Marck , au lieu de celui de Comté d'Alténa , qu'il
portoit autrefois. Maty. On joint aullîl'articlc à ce
nom , & on dit , la Marck. Le Comté de la Marck.
La Maifon de la Marck defcend des Comtes d'Al-
tène & d'Altemberg , qui vivoit dans le Xr lîècle.
MoTlÉRI.
MARCO, f m. Poids dont on fc fert à Goa, capitale
des Etats que les Portugais polfèdcnt encore aux Indes
Orientales. Le marco eft de huit onces Portugaifes ,
c efl- à-dire j d'un demi rotolis.
tfJ" MARCOL. f. m. terme de Mythologie. Le Marcol ,
ou le Mercure des Can.anéens , n'étoit qu'Anubis ou
la Canicule dans l'exacte vérité. Pluche.
MARCOMAN. Nation Sucve , qui s'établit dans le
pays que nous appelons aujourd hui BohêiTie & Mo-
ravie.
Ce nom , félon l'étymologie , fignifîe homme de
marche; il efl compofé de deux mots de la langue
Tudefque , mark , qui veut dire marche, &c man, qui
figiiifàc homme , de forte que par le nom de Marco
mans ^ on entend des hommes ramalîés de différentes
marches , de diffcrens pays.
MARCOMIR. f m. Nom propre d'homme. Marcomi-
rus. Il étoit chef, ou Roi des François , &: fut père de
Faramond.
Ce mot efl pris de la langue Tudefque ; Marck-
meyer , dans cette langue , lignifie Gouverneur d'une
frontière , d'une marche.
MARCOSIENS. Nom de Seûe. Anciens Hérétiques
du parti des Gnofliqucs. Marti fcclatorcs. Saint Iré-
née parle fort au long du Chef de cette leéle, nom-
mé Marc, qui étoit réputé pour un grand Magicien;
le fragment de S. Irénée , qui mérite d'être lu , fe
trouve en Grec dans S, Epiphanc , h&r, j^, \\ reii-
M A R 829
ferme plufleurs chofes très - curicufcs rouchaiit les
prières ou invocations des anciens Gnoltiqucs. On
y voit de* velliges de l'ancienne cabale Juive fur les
lettres de l'alphabet , (k fur leurs propriétés , aulli-
bicn que fur les myllères des nombres ; ce que les
Juifs <Jc les Gnolliques avoient emprunté de la Plii-
lofophic de Pythagorc & de Platon. Ce Marc étoit un
grand impoflcLU- , qui taifoit illulion aux limplcs , &
principalement aux femmes. Il favoit l'Art de la Ma-
gie , qui étoit comme une efpèce de métier dans l'E-
gypte j d'où il étoit; év: pour en impofer plut ailcmcnc
à fcs Seélareurs , il fc fcrvoit de certains mots Hé-
breux , ou plutôt ChaldaVques , qui étoienc fort en
ufige parmi les Enchanteurs de ce temps là. Ces Sec-
taires Marcofiens avoient un grand nombre de livres
apocryphes , qu'ils mettoient dans le même rang que
les livres divins. Ils avoient tiré de ces livres pluf'ieurs
rêveries touchant l'enfance de Jksus Christ , qu'ils
débitoicnt comme de véritables hiftoircs. Il eft éton-
nant que ces fortes de fables aient été du goût de
pluheurs Chrétiens , & qu'elles fe trouvent encore
aujourd'hui dans des'livres manufcrits, qui font à l'u-
fige des Grecs j fur tout des Moines. Foye:^ S. Irénée ,
qui ne s'cft pas contenté de rapporter les rêveries &C
les impiétés de Marc , chef des Marcofiens , mais qui
les a aulli réfutées.
Ip- MARCOTTE, f. f. terme de Jardinage. On appelle
ainfî une branche de vigne , de figuier , de cognaf-
fier , & de plulieurs plantes ligncufes , que l'on cou-
che en terre à cinq ou fîx pouces de profondeur ,
fans les féparer du tronc , pour leur faire prendre ra-
cine. Ces branches féparées enfuite de l'arbre auquel
elles tiennent J s'appellent marcottes. Fiviradix. C'cd
un moyen très-commode , & fouvent le fcul qu'on
puilfe employer pour multiplier les arbres rares Se
précieux.
^3" Ce terme de Marcotte fe dit particulièrement , en
parlant de certaines fleurs , & furtout des œillets ,
d'une jeune branche à laquelle on fric une petite
entaille au-deffous d'un nœud , & que l'on couvre
de terre fine j foit dans un pot en pleine terre ■,
quand les branches font allez balles pour y êtra
couchées , foit dans un cornet de plomb ou de fer
blanc , attaché en l'air j pour les branches qui font
trop hautes pour être couchées en terre.
§>? En couchant la bran*.hc , on lui fait fiire un coude
dans l'endroit de l'entaille , & quelquefois on l'ar-
rête avec un petit crochet de bois. Par ce moyen ,
la levé ne pouvant plus continuer fon cours , efl
forcée de s'engorger j de former ce qu'on appelle un
bourrelet , d'où forcent les racines. FoycTi^ Bourre-
let & Bouture.
MARCO! TER. v. a. Provigner , coucher des mar-
cottes de vigne , ou planter des marcottes d'œillets.
Fiviradicibus' propagare. Quand on marcotte une
branche, de quelque plante que ce foitj il faut bien
prendre garde de la détacher de la plante en la cou-
chant dans la terre.
IJO" Coucher , Marcotter , Provigner , fynony-
mcs. Le premier , fe dit des arbres. Le fécond , des
œillets. Le troilièmc , des feps de vigne. Propagare
rites infulcos.
MARCOUCI , ou MARCOUSSIS , Bourg de France ,
environ à fix lieue, de Paris.
MARCOUL , ou MARCOU. f m. Nom d'homme ,
qui s'eft formé de Maiculphe. Marculphus. S. Mar-
coni étoit de Baïcux , d'une bmille noble. Il fut
Bénédiclin , &c Abbé de Nanteuil , où il mourur
en J58. Ne prononcez jamais \'l finale de ce nom,
6j dites Marculfe , en parlant de tous les autres An-
ciens qui ont porté le nom de Marculfus. Les Formu-
les de Marculje.
MARCSUL. Nom d'un bourg de la fhuringe , en
Haute-Saxe. Marcojula , Marofula. Il efl fur la ri-
vière de Wcna j à deux lieues de la ville d'Eyienac ,
du côté du midi. Maty.
MARCULFE. Foye^ Marcou.
MARD. 'Foyei Saint Mars.
MARD. Foyei Médard, de Mézeray , T. I ,p. 420.
2^o M A R
MARD. f. m. Terme dcCalcndiiïr. Nom que les Turcs
donnent à un de leur mois , qui répond à notre mois
de Mars.
Il eft vitible que ce mot vient de celui de Martius
en Litin , ou de mar\o en Italien , ou du mot François
Mars , car les Turcs ont plulîeurs lettres qui partici-
pent du fon des lettres d , s ,r ,1-
MARDAITES. f. m. pi. Nom que les Hérétiques du
Levant donnèrent autrefois aux Maronites , du Sy-
Tuc marad , en Latin rebcUavic , ou de l'Arabe Wi;-
rada, rchellis faclus. Sur ce qui donna occallon à
cette dénomination j confultez M. de la Roque,
dans fon J^'oya;-:;e de Syrie & du Monc-Lihan jT. II ,
page 61.
MARCELLE, ou MARGELLE, f. f. Eft une grande
pierre ronde & percée, pofée à hauteur d'appui, qui
couvre tout le bord d'un puits , ou Ton ouverture lu-
péri;ure. Putd crepido , vel marge. Elle doit être ova-
le , avec languette pour un puits mitoyen. 0\\ dit en
quelques endroits , Margelle Se Margeole. D.iviler
aime mieux qu'on dife Margelle , & le fait venir de
Margo.
Ce mot vient du Latin magiola j margella , & mar-
gua , qu'on a dit pour marge.
MARDES. Mardi. Anciens peuples de Médie, aux fron-
tières de Perfc , fubjuguées par Alexandre.
MARDI, r. m. Second jour ouvrier de la femaine ; la
troilicme férié lelon le Bréviaire. Dies Marcis , feria
tertia. Ce jour étoit confxcré par les Payens à la pla-
nète de Mars , & c'eft de là qu'il a pris fon nom.
On appelle Mardi gras , le dernier jour du carnaval.
Le Mardi gras eft appelé Lardanum dans quelques
Auteurs de la bslfe Latinité , de lardum , qui veut
dire lard , graiffe.
Ce mot eft aulîl un jurement que bien des gens
prononcent à tout moment (ans dclfcin de jurer : on
ne s'en fait pas même le moindre fcrupule , parce
que le changement ■îv' le retranchement de quelques
lettres empêchent qu'on en connoiire l'origine ; quel
qucfois on le prononce de manière qu'il eft ailé de le
reconnojtre , tant on approche des mots dont ce ju-
-remem eft compofé , & dont ce mot a été formé. Ce
jurement a été formé par adouciftément de Mordi j
mort Dieu.
Mardi , s'eft dit autrefois pour Martin; S. AJardi pour
S. Martin. Lobineau, Glojf. & hijî. de Bnc. T. II,
p- ^ y-^-
MARDIK. Bourg du Comté de Flandre _, ficué à une
lieue & demie de Dunkerque , du côté du couchant.
Mardicum. Il y avoit autrefois un bon fort , nommé
le fort de Mardik , à une lieue du bourg , fur la côte ;
mais il eft maintenant ruiné. Maty.
?»1ARD0CH1ÎE. f. m. Nom d'homme. Mardochms.
. L'hiftoire de Mardochée c\\tcnK dans le livre d'El-
■ther;& l'on croit même que Mardochée eft Aiiiteur
de ce Livre, fuivant ce qui eft dit j Efth. IX. 20.
I'. Mardochée Nathan , Nathan , ou félon d'autres ,
R. Ifaac Nathan , eft le premier Auteur des Concor-
dances Hébraïques , qu'il fit depuis 1458 jufqu'en
1445- , à l'exemple des Concordances Latines. On l'ap-
pelle R. Mardochée Nathan. Sur ce Rabbin & fur fon
•Ouvrage , qui eft fort imparftit , ou qui n'eft même
qu'une traduétioii des Concordances du P. Arlot ,
Cordelier , voyez la Préface des Concordances Hé-
braïques de Buxtorf 5&'Volphiusdans la Bibliothè-
•que Rabbinique.
Le jour de Mardochée , en Latin ^ Dies Marâo-
chf-i , c''eft la fête des forts, en Hébreu Phwim, ap-
pelée jour de Mardochée^ par l'Auteurdu IP L. des
Machab. c. XV. v. .,'7- parce que ce kiw Mardochée
(Se hftherqui l'inftituèrent. Foye? Efther, IX. 10.
MARDOINE. f. m. Nom d'homme. Mardonius. Voy.
BoUandus & Chaftelain au 14'= Janvic:-.
AIAUE. f. f. dans quelques endroits Marchais. Eau
qui s'amalfe dans des terres bafteSj & qui n'a point
d'ilkie, qui fc fèche fouvent dans les grandes cha-
leurs. Aquarium, aquarum ftagnatitium colluvies. Il
y a bien des villages qui n'ont que des marcs pour
abreuver leurs bcftiaux. L'Ordonnance -des Eaux &c
M A R
Forets défend d'avoir mare à foftés , ni foftes , ni
chantepleures qui boivent à rivière.
Ce mot vient du Latin marca , dit Ménage , ou de
l'Allemand marajl , qui fignihe un lieu bourbeux <j\x
marécageux. D'autres croient qu'on l'a ainh appelée ,
quaji referens parvum mare. D'autres le dérivent du
Saxon Maer , qui fignihe la mer ; d'autres de mara ,
qui fignihe une rigole, ou conduit d'eau qu'on fait dans
les prés pour les arrofer. Ilidore eft de cette opinion.
Madame de la Mare. f. f. Terme de Danfe. C'eft
le nom d'une lorte de danle.
MARÉAGE. f. m. Terme de Marine, qui fe dit d'une
manière de louer les Matelots , qui Lont obligés au
fervice du navire pendant tout fon voyage , quoiqu'il
aille plus loin qu'on n'avoir projette , & toujours
pour le même prix; mais ceux qui (ont loués à de-
niers & non pas à maréage s doivent bien luivre,
mais peuvent faire croître leurs loyers vue par vue ,
& cours par cours , comme on dit en termes de ma-
rine , c'eft-à-dire , à proportion du chemin & du
tcms. Conduclio nautica.
MARÉCAGE. L m. Lieu abreuvé d'eaux qui ne s'écou-
lent point. Locus palujlris t paludofus. Les fiules,
les peupliers, les aunes, viennent bien dans les ma-
récages. Les oifeaux aquatiques te plaifent d.ms les
marécages , fe retirent dans les marécages , fentenc
le marécage.
MARÉCAGEUX, EUSE. adj. Qualité du terroir hu-
mide & bourbeux, à caufe des eaux qui y croupil-
fent. Paludofus. Il eft dangereux de marcher dans
des lieux marécageux. Les tartes bourbonnoilcs ,
font' des creux d'un pays marécageux j où les Cava-
liers s'enfoncent , s'abyment.
On dit un .air marécageux , pour dire un air tel que
celui qui s'élève ordinairement des marécages.
On dit de cert.ains oifeaux j comme les canards, qu'ils
ont un goiit marécageux, pour dire qu'ils fentent le
marécage. Acad. Fr.
MARÉCHAIS, MARAISCHER, ou MARAGER. L
m. Jardinier de marais. Celui qui cultive un jardin
d'herbages. Olitor. Ln Quiiitime, qui fe lertde ce
mot, écrit tantôt maréchais y comme dans ia Pré-
face , (Se tantôt marchés , comme dans fon expli-
cation des termes du jardinage. Le premier parole
meilleur; car comme de marais on fait marécage ^
on doit faire aulîi w.aréchais plutôt que marchés. Les
Jardiniers maréchais font des Jardiniers qui cultivent
des jardins particuliers d'herbages autour des grandes
villes. Peut être que ces lieux avoient été des marais
qu'on avoit deftéchés; fi bien que dans le vulgaire
ces Jardiniers furent nommés Maréchais 3 comme
voulant ciire , Jardiniers des marais deftéchés. La
QuiNTiNfE. Leurs jardins s'appellent marais ,_ quoi-
que fouvent le terrain ne foit que du table fort tec. Id.
|p° MARÉCHAL, f. m. Ce terme a pluheurs fignifica-
tions , comme on le verra par les articles tuivans.
IP" Dans quelques Royaumes, le titre de Maréchal
s'accorde à plufieurs grands Officiers. L'Eledeur de
Saxe eft Grand Maréchal de l'Empire. Le Grand Ma-
réchal de Pologne. Le Grand Maréchal de Lithuanie.
Le Maréchal de la Diète.
Maréchal de France, f. m. Officier de la Couronne-
qui commande les armées. Caftrorum pr.ifeclus pri-
marius , vulgo Marefcallus , Polemarchus. On trou-
ve auiÏÏ Marfchalcus. On dit qu'on a donné à' un
homme le Bâton de Maréchal , ou fimplement le
Bétcon , pour dire qu'on l'a iùi Maréchal Ae. France j
parce que le Roi leur met en main un bâton Heuideli-
Ic , pour marque de leur dignité , & qu'ils mettent,
deux bâtons d'azur femés de Heurs de lis en fautoir
tous lîcu de leurs armes. Ce font les Maréchaux de
France qui font Juges du point d'honneur entre les
Gentilshommes &z Officiers d'armée , qui accordent
leurs querelles. En écrivant à un Maréchal de
France , on le traite de Monfeigneur. La dignité de
Maréchal de France ne fut pas d'.abord à vie , comme
elle eft aujourd'hui; les Maréchaux n'étoient que les
premiers Ecuyers du Roi tous le Connétable; mais
depuis ils devinrent les Lieutciians du Connétable
M A R^
dans le commandement des arnijcs , comme le Con-
nétable étoit devenu lui-même le chef des Armées.
Us nctoienc que deux dans le commencement. Du
tcms de Philippe de Valois , les Maréchaux de
France n'avoicnt que cinq cens livres tournois d'ap
pointemcn', pendant la t;ucrre , Se rien pendant la
paix. Bourillier dit que lous le règne de Charles VIII,
il n'y avoit que deux Maréchaux de France. Il y en
avoir eu quatre (eus Charles VII , & ils avoient été
réduits à la première inftitution fous Charles VIII.
François I en créa quatre par la nécellité où il fe
trouva d 'oppofcr plulleurs armées au grand nombre
d'ennemis qu'il avoir fur les bras. Il en ajouta un
cinquième , qui fut François de Montmorenci , à
condition que le cinquième dcmeurcroit fuppriaié
par la mort de l'un d'eux. Foyi:^ Choili. Les Maré-
chaux âo'vtnz anciennement les principaux Ecuycrs,
ou Grands Officiers de l'Ecurie du Roi. Leur vraie
charge étoit de ranger l'armée fous le commande-
ment du Connétable , &: ils commandoient en fon
abfence. Ils hiloient proprement la fonètion des
Maréchaux de Camp , auxquels ils ont donné leur
nom &c la fondion la moins confîdérable. Cepen-
dant, comme les Rois ne fàifoient pas toujours des
Connétables , les Maréchaux de France ont pris la
première autorité dans la guerre , cV- fc font i^m
.Officiers de la Couronne. Pasq. Depuis François I,
le nombre n'a point été précifémcnt fixé. Loui's XIII
ne les limita point, & Louis XIV l'a augmenté, ou
diminué félon qu'il l'a jugé à propos pour le fervice
de l'Etat. On ne peut leur ôter cette charge qu'avec
k vie. Le premier Maréchal fait fondtion de Con ■
nétable dans Icsallemblées des Maréchaux de France.
Les Prévôts des Maréchaux , font des Officiers
Royaux & Juges d'Epée établis pour la fureté de la
campagne ^, pour prendre & juger les voleurs , vaga-
bonds ôc gens non domiciliés. Latru?iculatores. On
leur a auflî attribué la connoiffimce des cas royaux
par prévention. Us font reçus à la Connétablie , & y
ont attribution de Jurifdiclion , & font réputés du
corps de la Gendarmerie.
Maréchal de Camp , ed le fécond Officier de l'armée ;
le premer Officier après le Lieutenant Général : c'eft
celui qui ordonne du campement & du logement de
l'armée , & qui prend les devans pour la faire mar-
cher en fureté , &c reconnoître le terrain. Cajlrorum
prxfeclus , trïbunus mïlicum.
Maréchal de Camp Général. Officier Général de
. guerre , fupérieur à tous les autres , de quelque rang,
& en quelques degrés qu'ils foient. Generalis Caf-
trorum Prxfcàus. Les Maréchaux de Camp Généraux
ont été faits pour faire la fonélion de Connétable.
11 y en a eu peu jufqu ici en France : cette charge
a été créée pour faire efpérer l'épée de Connétable
à celui qu'on en pourvoiroit : & cependant pour en
faire une partie des fondions ious un autre titre. Je
ne fâche guère que le Maréchal de Biron , le Con-
nétable de Lefdiguieres & Monfieur de Turenne ,
qui en aient été pourvus. Une railon convaincante
qui fait voir que la charge de Maréchal de Camp
Général , cfl: au-delfus de celle de Maréchal de France ;
c'eft que quand le Maréchal de Biron fut fait Ma-
réchal de Camp Général , il étoit Doyen des Maré-
chaux. Si on n'avoir pas voulu lui donner quelque
chofc au - delFus de ce qu'il étoit , on l'eût lailFé
comme il étoit. Mais pour ajouter l'exemple à la
raifon , au liège de Clérac , Monfieur de Lefdi-
guiere , qui n'étoit encore que Maréchal de Camp
Général , commanda le Maréchal de S. Géran.
§CF Depuis M. de Turenne , M. le Maréchal de Vil-
lars fut pourvu de cette charge en 1753 , ik M. le
Maréchal de Saxe en 1 746.
Maréchal de Bataille , étoit autrefois un Officier
qui rangeoit les troupes en bataille , qui avoit foin
de leur marche & de leur ordre. Struendi excrci-
tùs primarius magifler. Ce font aujourd'hui les Ma-
réchaux de Camp ôc les Majors Généraux qui en font
la charge.
Ç3" Ce titre qui fut créé par Louis XIII , ne s'eft con-
M A R
831
fcrvé quejufqu'au commenccnK-ntJu régne de Loui*
XIV.
Maréchal des Logis ^ ell un Officier de guerre qui
a foin du logemenr des foldats. Milirarium hojpi-
ûùrum defignator. Il y en a un dans chaque Régi-
ment d Intantcric , ôc en chaque Comp.agnie de
Cavalerie , deux en chaque Compagnie de Gendar-
mes ôc de Chevaux Légers , ôc lix en chacune des
Compagnies de Moulquct.iircs.
^CT Le Maréchal Général des Logis de la Cavalerie,
en France , ell un Officier dont les fondions ôc les
détails font à-pcu-prcs les mêmes que ceux du Major
Général àxns l'Inbntîric. l-^oyei ce mut. Il a fous lui
deux Offi.icrs , qui ont le titre de Maréchal des Logis
de la Cavalerie ; qui, dans fon abfence , font fcs fonc-
tions ,& jouilleiu des mêmes privilèges que lui.
^fT Le Maréchal Général des Logis de l'armée , cft un
Officier donr les fondions conliftent à diriger les
marches avec le Général , à choifu- les lieux où l'ar-
mée doit camper , & adilfribucr le terrain aux Majors
de brigade. Il doit inftruire les Officiers Généraux de
ce qu'ils ont à faire dans les marches , ôc lorfqu'ils
font de jour. Il a fous fes ordres deux Fourriers en-
tretenus par le Roi.
I/CF Le Maréchal général des Logis de l'armée, efi: en
titre d'office ; mais le tirulaite ne fait pas toujours les
fondions de cette charge. Le Roi nomme iouvcnt un
autre Officier pour l'exercer.
Il y a aulîl un Gïxnà-Maréchal des Logis chez le
Roi , qui , quand le Roi fait voyage , marque les
logemens de la luite.de la Cour , ôc de toutes les trou-
pes de la Maifon du Roi. Manfwnarïus defignator.
Il prête ferment de fidélité entre les mains du Roi.
11 a fous lui douze Maréchaux des Logis fervans par
quartier j & qui prêtent ferment de fidélité entre (es
mains. Il y en a aufîl chez la F{eine j &; chez les Fils
de France.
Ce mot vient premièrement des Maréchaux mili-
taires , qui ordonnoient du campement des armées :
év depuis il a été étendu aux Maréchaux des Logis
de la Cour. Dans les vieux titres , on les appelle
ManfionarÏL.
Maréchal de la Cour , eft un grand Officier des
Cours d'Allemagne. L'Empereur & les Eledeurs ont
un Grand Maréchal de leur Cour. Il y a outre cela lin
GxM\à ■ Maréchal de l'Empire \ c'efi: l'Eledeur de
Saxe. Il y a auffi un Maréchal Général des troupes de
l'Empire; c'eft le premier Officier de guerre de l'Em-
pire : cette charge fe donne au mérite, & n'cft at-
tachée à aucune famille , comme celle de Grand-
Maréchal de l'Empire l'efl à la Maifon qui poflèdc
l'Eledorat de Saxe.
Autrefois on a appelé en quelques pays , Maré-
chal du ban du Roi , un Officier qui étoit chargé
de la garde des prifonniers. On difoit aulfi Maré-
chal de Champagne , de Bourgogne , d'Aquitaine ,
&c. comme on difoit , Amiral de NormandiCj de
Bretagne , ôcc.
Maréchal de la Foi, eftun nom qu'on donna dans
le treizième liècle à Gui de Lévi, qui commandoic
l'armée contre les Albigeois.
Ce titre d'honneur a été conlervé depuis ce temps-
là aux aînés de la maifon de Lévi , qui en confé-
qucnce ont le droit de porter derrière l'écu de leurs
armes deux bâtons en fautoir , femés de Heurs de
lys & de croix d'or.
Maréchal, dans l'Ordre de Malte. C'efl la deuxième
dignité de l'Ordre de Malte , n'ayant que le Grand
Commandeur avant lui. Le Maréchal ou G raa.i Ma-
réchal, eft une dignité attachée à la langue d Auver-
gne , dont il eft le chef ôc le pilier. Il commande
militairement à tous les Religieux , à la réferve des
Grands Croix, de leurs Lieutenans & des Chapelains.
En temps de guerre , il confie le grand Etendard
de la Religion , au ChevaUer qu'il en juge le plus
digne. Il a droit de nommer le Maître Ecuyer : &
quand il fe trouve fur mer , il commande le Géné-
ral des Galères , ôc même le Grand-Amiral. L'Abbé
DE ViRTOT.
8jz
M A B
On trouve dans nos vieux Aureui's Mcrefchal, '■
Marïfchal _, (S: iMiinlJihal , pour Maréchal.
Maréchal Ferrant , ou limplemenc Manchal , efl:
un Artilan qui ferre les chevaux , & qui les panle
quand ils lonc malades. Faberfcrranus , veterinanus.
tn Elpagne j ce font deux métiers léparcs : les premiers
s'appellent Sterradarcs ; &c les autres Alveytares. On
difoit autrefois -, MaréckauJJir les chevaux ; pour
direj les panier & les ferrer. On a appelé en Laiin
Mulomedicus , celui qui guéiillbit les chevaux Se le
bétail.
Ce mot vient , félon Nicod , de Polemarchus ,
comme qui diroit Maure de Camp. Mattliieu Paris
dit quil vient de Martis Senefcallus. En vieux Gau-
lois, & encore en Breton , marc , lignifioit cheval,
comme on le recueille de Paulanias , qui die que ce
.mot étoit eji uiage chez les Celtes. Maréchal ell aulîî
peut-être un mot Allemand, dont il cil fait mention
dans la Loi Salique , &c dont on a fiit Maréchal ,
pour dire , celui qui commandoit la Cavalerie. Mé-
nage le dérive de Mare/ihalus , qui le trouve dans
les loix des Allemands, compolé de marck ,o\i ma-
rak , cheval ; &: de Schalk , qui he,mhs pu'ijjanc , ou ,
félon Cluvier dans fon Allemagne ,ytTViV«;iir.- ce qui
a donné ce nom à celui, qui panle les chevaux ,
Se par tuccellion de temps à celui qui les commande.
Borel dit qu'originairement Maréchal , lignifioit Gou-
verneur de jumens , Se que mari lignifie jumenr ,
dont les Anciens le lervoient d'ordinaire pour
épargner le fourrage , parce que les jumens gâtent
moins de litière , à caufe qu'elles jettent en arrière
leur urine. Il dit aulîî que ce mot de mark , qui en
vieux Gaulois & en ancien Allemand hgnifioit che-
val , vient de l'Hébreu ramah , où il (îgnifie une
jument. Quelques-uns ont dit que le mot de Ma-
réchal, étoit un abrégé de mire cheval ;.ca.r: mire li-
gnifie Médecin , & les Rois en avoient autrefois
pour leur chevaux , comme témoigne Nicod. Paf
quicr tait diftinction pour l'origine, entre Maréchal
des Logis , Se Maréchal de Camp ; Se cnrre Maréchal
de France , Se Maréchal j errant. A l'égard des pre-
miers , il dit que ce mot vient de Marche , ou mar-
chir ■ qui lignifie marquer , limiter ; Se il prétend
qu'il faut dire. Marchai , Se non pas Maréchal. A
l'égard des derniers , il dit que le mot ell compofé
dq Maire , qui lignifioit Maître , & de chai , qui h-
e;nihoit cheval.
MARÉCHALERIE. f. f. L'art des Maréchaux , ou l'art
de traiter les chevaux. Nous avons plufieurs ouvra-
ges fur la Maréchal crie. Veterinaria medecina.
MARÉCHAUSSÉE, f. f. Jurifdidion des Prévôts des
Maréchaux de France. Marefchallorum Jurifdiclio ,
forum. Il y a dans l'enclos du Palais , la Connéta-
blie & Maréchaujfee de France , à la Table de
Marbre , où font des Juges de robe qui prennent
connoifFance de la réception des Officiers des autres
MaréchauJJées , Se de leurs différends. Il y a d'ail-
leurs cent quatre vingt Maréchaujfees en France , qui
foijt des lièges de Juges d'Epée , qui inffruifent les
procès des voleurs & des vagabonds , Se autres cas
dont ils font compétens , & qui les jugent fouverai-
nement , avec fept Officiers du plus prochain Prélî-
dial. Le Prévôt qui tient à Paris cette Maréchaujfee ,
s'appelle le Prévôt de l'Ile. Les Officiers de la Con-
nétablie & Maréchaujfee de France , connoilîent de
tous crimes commis par les gens de guerre , tant de
pied que de cheval ; des calîations de gens de guerre ;
des aéiions perfonnelles entre gens de guerre ; des
matières qui concernent le fait de la guerre; du paie-
ment des gens de guerre ; des Lettres de rémilîîon
pour crimes commis par gens de guerre j Sec. Ils ne
jugent en dernier reirort que jufqu'à la fomme de
cent livres. Au delfiis de cette fomme , les appella-
tions reirortident au Parlement.
On dit aulîi , que la Maréchaujfee fe tient chez
un tel Doyen des Maréchaux de France , quand quel-
ques Exempts Se Gardes fe trouvent chez lui pour
exécuter les ordres qu'il aura à donner dans les oc-
cafîons pour les querelles de la NoblclFe.
M A R
MARécMAussi' , a fîgnifié aulîî en Lorraine , un grand
lieu , ou enclos , où l'on enferme le bétail; d où le
Bon , Médecin de ce pays là j trouve occafion de dé-
river le mot de Marechaujjee ; parce que , dir-il , il
y avoir plulicurs lieux marécageux qui obiigeoient a
faire des places relevées pour mettre à lec le bétail ,
lefquelles on appeloit chauffées , comme tout autre
chemin levé 6c pavé; Se parce que dans ces lieux
on faifoit fouvent des vols de bcfciaux , on y établie
un Juge qui jugeoit dans l'étendue de la Maréchaujjée ,
ou village ; ce qu'on a depuis étendu à d'autres Offi-
ciers.
On a aulîi appelé autrefois les érables à chevaux,
mares chaujjees. On a encore donné ce nom à un
droit qui le levoit par les Maréchaux des Logis.
Dans plulieurs Coutumes , on appelle maréchauf-
fèes les matériaux allemblcs pour bkir , comme
en celles de Montreuil , Artois , Bapaume , iScc.
^fS MARECHER. f. m. Jardinier qui cultive un ma-
rais ; la même choie que Marager.
MARÉCHIA. Nom d'une rivière de l'Italie. Mare-
chia y Ariminus. Elle a fa fource dans l'Apennin ,
près de la fource du Tibre , traverfe une petite
partie du Duché d'Urbin , & de la Roraagne , &:
le décharge dans le Golfe de 'Venife , à Rimini.
Maty.
MARÉE, f. f. Le flux & le reflux de la mer. VoyeT^
ce mots. jUJIus marinus , dtjlus maris rec'proquus j
àtjlus maritimi accedentes , recedentes. La marée eit
lix heures douze minutes à venir , & autant à s'en
retourner. Elle monte & dtfcend quatre fois en 24
heure & 48 minutes. Les marées pendant la nou-
velle & pleine lune font plus hautes que dans les
auttes lunaifons ; de-là vient que les Auteurs Latins
ont appelé ces marées , malina , Se leduia , ou ledo ;
celui-ci étant la moindre marée; Se celui-là la
plus grande , ce qui arrive pendant quatre jours
devant Se après la nouvelle & la pleine lune :
Se ils croient que le mot de malinû vient à ma-
jore lunâ , Se leduna , à Utâ luni , ou de litfâ
undl. Mais Jofeph Scaliger Se Spelman dilent que
leduna vient du Saxon leid , qui \\s,mfx. doux : S:
'Worinius dit que ces deux mots (ont Danois, ou
Runiques; frivoiL malina de magie , qui Ciznifie grand;
leduna de liten , qui lignifie petit. Sur la mer on
appelle le flux, ejlef d'eau , Se le reflux eau morte
oppofée à eau vive , ou éée. Les marées de Mars &
de Septembre lont dangereufes pour les digues j car
elles font les plus hautes Se les plus violentes.
M. Callini avoit réduit les marées en règles pour
Dunkerque Se le Havre, com.ne on a pu voir dans les
Méipoires de l'Académie 1610. En examinant un
Journal d'obfervations faites à Breft par M. de Lond-
champ , il a eu le plailir de voir que les règles
peuvent de même s'appliquer à ce port. Une des
principales ell pour ajuffer les grandes m.arecs avec
le temps précis de la nouvelle Se de la pleine lime,
auquel elles ne font pas tellement attachées , que
quelquefois elles n'a\'ancent , Se quelquefois elles
lie retardent. Or , félon les obfervations faites à
Breft , le temps moyen entte ces inégalités ell 3
heures 4 y m. auquel il faut ajouter ou ôter deux
minutes pour chaque heure, que la nouvelle ou
pleine lune anticipe , ou fuit fur ce temps moyen de
la haute mer.
On remarquera encore ici ce que l'on a remarque
dans l'hilfoire de l'Académie des Sciences de l'an
171 z. que les marées des équinoxes , non plus que
celles des folftices , n'ont rien qui les diftingue. Les
marées dans le cours de l'année s'élèvent plus ou
moins, félon que la lune approche ou s'éloigne de
la terre ; Se pour s'en convaincre , fuppofons la
moyenne diffance de la lune à la terre 1 00000 par-
ties. Le 10 de Novembre 171 1. jour de la nouvelle
lune , la dilîance de la lune étant de 536000 parties,
c'eft-à-dire, qui cil des plus petites, la mer monta
à 19 pieds 5 pouces. Le 15 du même mois, jour
de la pleine lune, la dillance de la lune étant de
106/40. qui efl; un* des plus grandes , la mer ne
mor.ra
M A R
M A R
monta qu'à 16 pieds 9 pouces. Suivant cette règle
àe l.i dillance de la lune à la teriCj le 26 de Sep
tcmbre, jout de la pleine lune, qui {uivoit imnic-
diatement l'équinoxe , la hauteur de la mer fut de
17 pieds j pouces, & le lendemain de 17 pieds
(ix pouces : alors la dillancc de la liuie étoir de
103871. mais le 12.^ d'Octobre, jour delà nouvelle
lune , qui n'étoit que de 84600. la mer monta à
19 pieds j pouces , & le lendemain à un pouce
plus haut. Il elt donc confiant que les grantles marées
arrivent quand la lune elt dans le périgée.
On dit, qu'on a vent Se marée ; pour dire , qu'on
a le cours de l'eau & le vent favorables , ou , Aller
contre vent «Se moirée ; pour dire les avoir contraires.
Ces deux exprcliions le difent aullî figurémcnt dans
les affaires , g3" povit: dire avoir toutes choies ta-
vorables pour réulHr, ou les avoir contraires.
On appelle la morte marée quand la marée eft
balle. On dit étaler \cs marées , quand on mouille
l'ancre pendant un vent , ou une marée contraire
à la route. Refouler la marée , c'eft aller contre le
cours de la marée. Le vent reroule la marée , lorl-
qu'avec l'aide du vent on va contre la marée. On
dit les /«are'« portent au vent, c'eftà dircj qu'elles
vont contre le vent. Entrer , & fortir de toute marée ,
c'eft entrer, &: (ortir en quelque état que foit la mer.
On nomme aullî œuvres de marée , le radoub qu'on
donne aux vailkaux pendant que les eaux font
balfes.
Prendre la marée, c'eft prendre le temps que la
marée eft favorable pour entrer dans un port , ou
pour en fortir. Acad. Fr.
On dit proverbialement : ce qui vient de flot s'en
retourne de marée , pour dire que les grands profits
faits trop promptement , s'en retournent fouvent
de même.
Marée , fignifie aulîi poilTon de mer , qui eft frais ,
qui n'eft point lalé. Alarinus pifcis , vel plfcatûs an-
nona. Il y avoir aujourd'hui bien peu de marée, au
marché. On appelle Chajfe-marée , le Voiturier qui
apporte la m.arée. Les Chajfcs-marées lont arrivés
trop tard aujourd'hui , vous n'aurez point de marée.
Les Vendeuis de marée , font des Officiers Royaux j
qui font établis en faveur des ChaJJes- marées , & qui
fe chargent' du recouvrement de l'argent qui leur
eft dû par les femmes qui vendent la marée en
détail.
fJCT Chambre de la marée. C'eft une Jurifdiélion com-
pofée de membres du Parlement de Paris , qui con-
noît de toutes les affaires civiles & criminelles ,
relatives au poiffon de mer frais, leCj falé , & d'eau
douce.
MARELLE, f f. "V^ieux mot. Tromperie.
MARENGE: MARVEJOL , MARUÉJE. Nom d'une
petite Ville de Languedoc , iituée dans le Gévaudan ,
lut la petite rivière de Colangc , à quatre ou ciriq
lieues au couchant de Mcnde. Marengium , Marue-
cum , Marologium.
MARENNES. Marina, petite ville de France en Sain-
tonge avec une életftion , renommée par les Huitrcs
verres qu'on pêche fur les côtes , iSc par le fel qu'elle
fournit. Long. 16. d. 27. lat. 48. d. 48'.
MARÉOTE. Nom d'un quartier d'Egypte. Contrée d'E-
gypte. Maréods. L'analogie demanderoit , ce (emble ,
que l'on dît Maréodde , car nous terminons en ide
les noms Grecs &c Latins en is , qui ont au génitif
idos , comme nous l'avons déjà remarqué ailleurs.
Cependant je trouve la Maréote. Les Eufébiens per-
fuadèrent au Comte Denis qu'il falloit envoyer des
CommlIfairGS à la Maréote , qui s'inftruilîftent exac-
tement de la vérité tur les lieux. Fleury. Ils dépê-
chèrent un Courier , pour faire venir des Méléciens
de tout le refte de l'Egypte dans la Maréote , où il
n'y en avoir point encore. Id.
MARÉOTIDE. f f Nom ancien d'un lac d'Egypte.
Maréotis. On l'appelle aujourd'hui lac d'Alexandrie.
J'oyei Alexandrie. Quelques uns difent zudi Ma-
réote. L'analogie demande qu'on dile Maréocide ;
mais l'ufage ne fuit pas toujours l'analogie.
Tom; V.
833
MARESA. Nom d'imc ville de la Terre faintc. Maréfa.
Elle étoitdans la Tribu de Judi. Jof XV. 44.. C'eft
Roboam qui la fit bâtir. IL Parai. XL S. C'éroit la pa-
trie du Prophète Michée. Il ne faut point ccrir»
Mare\a , comme a tait Saci.
MARESCAGE. Foyc^ Marhcace.
MAKESCAGEUX. Foye:( Marécageux.
MARESCALCIE. f f Vieux mot. Tribunal , jutifdic-
tion des Maréchaux : aujourd'hui on rappelle Coii-
nétablic Se Maréciiauftée de France ; les Maréchaux
de France en font les chefs , depuis que la charge
de Connétable eft fupprimée. On trouve aullî Ma-
réchafie , Hc Marefcalfie dans le même feus.
MARESCAUClEIi. v. a. Vieux mot, qui veut dire ferrer,
mettre des fers. Marefcaucïer un cheval. Solets fer^
reis equi ungulam munire.
MARESCHAIS. Foye^ MarÉchais,
MARESCHAL. Foye^ Maréchal.
MARESaïAUSSÉE. Foyei Maréchaussée.
MARESCFilÈRE. f. f Vieux mot, qui fîgnihe ma-
rais, lieu marécageux, marécage. Palus ^ lociis pa-
lufirls. Li Flaniens fe font rendus à grant prelle près
d'une Marefchière. Guiart.
MARESHUAN , ou MÉTASVAN. f. m. Nom du
VIIF muis de l'année des Juifs , dans lequel il n'y
avoir ni tête, ni aucune autre chofe remarquable.
Mareshuanus menfis. Voyez Sigonius , Kalend Hebr.
&c Torniel aux années du monde 2544 & 2)-45.
Foye\ Marchesvan.
MARÉTAMO , ou MARETIMO. Nom d'une petite
île de la mer Méditerranée. Maritima , Hiera , The-
rafia. Elle eft vers la pointe occidentale de la Si-
cile : on en tire quantité d'excellent miel , & elle
eft célèbre par la viftoirc que Catulle , Généial de
la Hotte Romaine j y gagna lut celle des Carthaginois.
Maty.
MARETH. Nom d'une ville de la Tribu de Juda dans
la Terrc-fainte. Mareth. Voyez Jof. XF. s p.
MAREUIL. Nom d'un bourg de France fur les con-
fins du Eerri , du Bléfois éc de la Tourraine , &: fur
le bord du Cher , d'où vient qu'on l'appelle Ala-
reuil fur Clier. Maroilamim Turonum , Marolaier.fis
vicus. Valois j Not. Gall. p. 31 j. On trouve aullî
Marogilum ; mais je ne fais fî c'eft le même lieu.
MARFIL. ou MORFIL. i. m. Eft un nom que les Mar-
chands en gros donnent gCT aux dents d'éléphant
non débitées. On les appelle ivoire quand elles font
en morceaux ou façonnées en ouvrage. Ebur. lis
l'ont pris de l'Efpagnol , où il fignifie la même cholcj
& vient de l'Arabe fil , qui lîgnifie éléphant.
MARFORE , ou MARFORIO. f. m. Furetiere a con-
fondu Marjorio avec Pafquin. 11 n'avoir pas été à
Rome , ni lu les antiquités de cette ville , ni fiit ré-
flexion à la plupart des pafquinades , où Pafquin
& Marforio font introduits comme des perfonnages
diftérens. Ils font placés à Rome en des quartiers allez
éloignés l'un de l'autre pour les diftinguer , & ils ne
fe relTemblent guère. Pafquin eft une grande figure
couchée de Ion long , qui repréfente , félon quel-
ques-uns , Panarium Jovem , &c félon d'autres le
fleuve du Rhin , ou celui du Nar j .appelé aujour-
d'hui la rivière de la Néra , qui arrofe l'Ombrie.
Pour ce qui ell de Marforio , l'on n'en (ait point
l'origine. Quelques-uns difent qu'il vient de ce qu'il
écoit dans le Forum Augufli , où il y avoit un Teni-
ple de Mars. De vign. Mari'. C'eft à cette figure
qu'on attache les faiires que l'on fait à Rome , aulïï
bien qu à celle de Pafquin. On les fait répondre ré-
ciproquement. Quand Marjorio eft attaqué, Pafquin
répond ; Se fi c'eft Pafquin ^ Marforio lui réplique.
La ripolfe doit toujours être vive , & piquante.
MÉLAN. d'P^ist. et de Lit.
|3" MARFORIO eft plus ufité que Marfore. Pafcuin
étoit un Tailleur de Rome , grand railleur de pro-
felîîon , un momus cadet , qui dans les entretiens
avec un de fes voilins nommé Marforio , fe diver-
tiftoir aux dépens du public, L. C. d'Oxenftirn.
MAPvGAJAT. f m. Temie populaire & de mépris
qui défigne un homme petit & mal fait, ianî a'a-
N n n n n
834 M A R
cune mine. C'eft ainfi que Pierrot appelle Elbpe
dans Bourlault , Acl. 2. fc. 6. de la Com. des Fab.
d'Ejope.
Eh mordié , que de joie aurait notre Village !
On n'a jamais tant ri que nous ririons tretous ,
De voir un MiH-ga.)3.zfagote comme vous. Rich.
MARGALINE. f. m. Efpèce de marcalÏÏte dont il eft
fait mention dans le Taiif de la Douane de
Lyon , au nombre des drogueries & épiceries.
MARGAN. Ville des Indes dans le pays de Salcctte.
MARGANATIQUE, ou MORGANI TIQUE, adj. On
appelle en Allemagne , Mariage marganatique , un
mariage contradré avec une femme d une condition
infériei^re à celle du mari qui 1 époufe. Matrimonium
cum mulïcre conditionis d'ifparis inferioris. C'eft ce
que nous appelons un mariage de la main gauche ,
dans lequel il eit ftipuli par le contrat que 1 epoufe
demeurera dans la première condition , que ce fera
aullî celk des enians qui naîtront. Les Univeriitcs
de Leiplîclc & d'Iéne fe font déclarées contre cette
forte de conventions du mariige marganatique , fou-
tenant qu'elle ne peut préjudicier aux enfatis , lors
principalement que le contentement de l'Empereur
eft intervenu pour le mariage, /'bye^ Ludolf j Tracl.
Nomapol. De Jure Fœmin. Illujlr.
|3" MARGARITINI. Ccft ainfi qu'on appe41e à Ve-
nife & en Italie de petits morceaux de tuyaux de
baromètre, auxquels on fait prendre fur le feu une
forme ronde , & dont on bit des colliers pour les
femmes du commun , & des chapelets.
MARGATM. C'étoit anciennement une petite ville de
la Syrie. Marathus. Ce n'cft maintenant qu'un vil-
lage , htué entre Tripoli de Syrie , & Hama. Mat y.
MARGATS. f. m. Ternie de Calendrier. Nom du on-
zième mois des Arméniens , qui répond à peu près
au mois d'Août. On l'appelle auffi Marchais.
^ MARGAUTER. Terme de chall'e , le même que
Margater. Voye-:^ ce mot.
MARGE, f m. Blanc qu'on lallfe à chaque côté d'une
page écrite , ou imprimée. Margo. Dans les grollés
d'un compte on faille des deux côtés de grandes
marges , pour y écrire les apoftilles & les débats à
gauche , & tirer les fommes en ligne du côté droit.
"Les citations s'écrivent maintenant à la marge. On
ci]:ime les livres en grand papier , à caufe de la beauté
des marges. Les privilèges portent permiiiion dim-
primer les livres en telle marge & caraètère qu on
voudra.
Marge j le dit aullî des Notes, Annotations, qu'on
met à la marge d'un livre. Notit marginales. Lifez
les marges. Les marges de ce hvre font pleine des
fautes.
Marge, fe dit aulfi parmi les Imprimeurs en Taille-
douce , pour lignihcr une feuille de papier qui fe
met (ous la planche de cuivre , pour fervir à marger
l'eftanipe. Margo.
MARGELLE , ou MARGEOLLE. Foye- Maudelle.
MARGER. V. a. Terme d'Imprimerie. Faire des marges,
aptare : ce qui fc lait
&: les compaller. Ala
lorfque l'on met une feuille blanche fur la forme k
le plus jufte qu'on peut, pour fervir de règle fur le
timpan à celles qu'on doit tirer après.
Marger un four. Terme de Verrerie. C'eft boucher
les ouvreaux du four avec de la terre glaife , pour
y entretenir la chaleur les Fêtes &c Dimanches , ou
les autres jours qu'on ne travaille pas.
MARGERÎDE. Foye-^ Mariaride.
MARGEUR. (. m. Celui qui marge un four à verre.
MARGIANE. Nom de contrée , c'étoit anciennement
une partie du pays des Parthes. Margiana. Elle étoit
bornée au levant par la Bac"briane , au midi par l'A-
ric , au couchant par l'Hircanie , & au nord par
la mer Calpienne: ce pays eft aujourd'hui cette par-
tie du Choraftan qui eft vers la mer Calpienne , &
à l'embouchure de l'Abiamu. Maty.
MARGINAL, A LE. Ce qui eft en marge. Ad mar
glnem , marginalis. Il y a piulleurs Notes mar^i-
MAR
nales , dans le Droit j dans les Ordonnances , qui
fervent beaucoup à les échircir. Les notes marsii-
nales palfent touvent dans le texte. Il n'a guère
d'autre uLige.
MARGISARAM. f m. Terme de Calendrier. Nom
d'un des douze mois lunaires chez les Indiens du
Mogol : c'eft le neuvième de leur année , il répond
au mois de Décembre.
MARGONICHA. C'étoit autrefois une petite ville ;
maintenant c'eft un village de la Liburnie en Dal-
matie , litué près du bourg d'Ottokhalz. Margoni-
cha , anciennement Ardotium. Maty.
MARGOSEST. Nom d'une ville de la Turquie , en
Europe. Marcodava. Elle eft lur la rivière de Ba-
dalach en Moldavie , environ à douze lieues de
Jallîe & autant de Tergorod. Maty.
MARGOT, f f Nom de femme. Diminutif de Mar-
guerite. Margarita. Marguerite , Duchelfe de Sa-
voie , dans fon épitaphe , qu'elle fit fur mer étant
prête à périr , en allant épouler Dom Jean Inlant
des Efpagncs , dit :
Cy gifi Margot , la gente Damoifelle ,
Qu'eut deux maris, & Jl mourut pucelle.
Margot, f. f. Sorte d'oifcau qu'on appelle autrement
Plc. Pica. Une jolie margot.
L'Aigle, Reine des airs , avec Margot , /a Pi>j
Traverfoient un bout de prairie. La Font.
Margot, f m. Nom d'un oifeau de mer , qui eft
oileau de proie , & vit du poillon qu'il prend. On
le trouve dans les mers de l'Amérique méridionale
lur les côtes orientales , & dans les mers des Indes.
Les Margots iont blancs. Quelques-uns lont mêlés
de gris , peut-être cette différence eft elle la mar-
que du lexe.
ffT MARGOTAS. f m. C'eft le nom qu'on donne à de
petits bateaux accouplés deux enfemble ^ ordinaire-
ment chargés de fjin , d'avoine , ou de blé.
MARGOTER , ou MARGAUTER. v. n. Terme de
Chalfeur. Raucum murmur edere. Ce mot (e dit des
cailles, lortqu'elles font un cri enroué de la gorge,
avant que de chanter. Les cailles margotent.
|ÎO=MARGOUILLET. f. m. Terme de marine. Boule
ou colle de bois arrondi , & qui porte une canne-
lure pour l'eftroper. Le margouillet lert à frire pai-
tcr les manœuvres courantes. Il y en a dans le fond,
des huniers , des balfes voiles , pour lervir de con-
duite aux cargue - fonds & aux cargue- boulines.
Manœuv.
MARGOUILLIS. f. m. G.ichis plein d'ordure. Vobuta-
hrum. Il a mis le pied dans le margouillis. Il a ren-
verlé un feau dans la chambre , il a fait un grand
margouillis. On dit aullî de celui qui/mêle enlemble
plulieurs fauces , potages, ou autres mets avec mal-
propreté ,■ qu'il fait un vilain margouillis.
Margouillis. Lieu plein de boue. Il alla tête baillc'e
jufques lur le bord d un méchant ruifteau ou mar-
gouillis. PÉnssoN. Ce mot n'eft pas noble.
MARGOZZA. Petite ville du Duché de Milan , en
Italie. Margotia. Elle eft dans le Comté d'Anghiera,
fur le petit lac de Alargona, qui eft environ à di.'j
lieues de celui d'Orta , vers le nord. Maty.
^ MARGRAVE ou MARGGRAVE. f. m. Foyei
l'art, (uivant.
MARGRAVIAT, f m. Sorte de Comté dans l'Empire
d'Allemagne. Le Prince qui en eft revêtu s'appelle
Margrave _, & jouit dans Ion Etat des droits de Sou-
veraineté. i)Cr Dans l'origine le Margrave étoit un
Comte ou Marquis qui veiUoit à la sûreté des fron-
tières. Cette dignité eft devenue héréditaire , com-
me bien d'autres , que le Souverain accordoit aux
Grands , toujours révocables à la volonté. Voye\^
Grave.
'Kr MARGRAVINE & margrave, f. f. Nom de
dignité en Allemagne. Marquif:. Femme ou veuve
d'un Margrave.
M A R
MARGRIETTE. f. f. C'eft la plus grolTe des Verro-
teries qui entre dans le commerce ^ que les Euro-
péens font avec divers peuples de la côte d'Atri-
que; elles font ordinairement d'un bleu foncé ti-
rant fur le noir , avec des raies ou jaunes, ou blan-
ches.
MARGRITIN. f. m. Efpécc de ralÏÏidc ou rocaille
très-rinc. Il s'en bit de pluliciirs couleurs (iv; de di-
vers degrés de finellc. Le plus beau Mar^ricin fe
tire de Venife. Il s'en tait aulli à Rouen &c en Alle-
magne.
IvlARGUERITE. f f. Nom de femme. Margarka.
Prefque tous les Grecs x^^ûïcni Lxmic Marguer'ue ,
Marine. Le Pape Gélafe L met la vie de lainte
Marguerite parmi les pièces apocryphes. Marguerite
de France , Reine d'Angleterre , puis de Hongrie ,
étoit fille de Louis le Jeune & de Conrtance de Caf-
tille. Marguerite de l'arme fut Gouvernante des Pays-
Bas, f^oyei iitrada , hiltoirc de Flandre. Marguerite ,
Reine de Navarre i^' fœur de François L aimoit les
lettres avec paillon j & ctoit éloquente.
Marguerite, f. f. Sorte de pl.inte dont il y a plu-
lîeurs elpèces. Belhs. Celle que M. Tournefort ap-
pelle Leucanthemum vulgare , Injl. rei herb. 491.
a une racine fibrcufc , rampante , acre au goût :
elle poulie plulicurs tiges à la hauteur d environ
un picdj pentagones, folides, rameufesj accompa-
gnées de beaucoup de feuilles oblongues , grades ,
dentelées. Ses Heurs font rondes , belles , radiées ,
de couleur jaune en dedans , mais couronnées de
feuilles blanches, foutenues par des calices qui font
des elpèc^s de calottes compofées de pluheurs feuil-
les en écailles , &: qui ont le bord noirâtre. Cette
plante eft fort déteriive & fort apéritive^ on en hilt
prendre la tihne à ceux qui crachent du pus. C.
Bauiin l'appelle Beliis filvejîris , caule joliofo y ma-
jor. Pline. Les marguerites om les teuiUes d'en bas
fcmbl '.blés à la bétoine. On les ^^■pçWc marguerites ,
parce que les Heuis , qui font quelquefois limples,
& quelquefois toutes pleines de teuilles , font d'un
blanc pâle , & rellémblent à des perles. Elles veulent
être cultivées dans une terre gralle , humide , & bien
au fjleil. MoRiN.-_
La petite Margkente autrement pâquerette j bellis
minor j a une racine vivace , qui ne forme point
de tige. Les Heurs font radiées. Elles font blanches ,
ou blanches ilfc rouges. Elles Heurillent au printemps.
On en cultive dans les jardins. La plante & la Heur
portent le nom de Marguerite. Un bouquet de mar-
guerites. On en diftingue pluheurs efpèces.
La Reine Marguerite. C'cft le nom qu'on a don-
ne à une plante de la famille des afters , qui nous
a été apportée depuis peu d'Amérique. La Heur en
eft très belle , &: fait en Automne la principale dé
cotation des jardins. Il y en a de ditlérentes cou-
leurs, de fimples &c de doubles. On n'élève que les
doubles.
Madame Marguerite de France j fœur d'Henri II.
5c fille de François I. ayant époufé Emanuel-Phih
bcrt Duc de Savoie , tk. allant en Savoie trouver ce
Prince', on lui préfenta eii quelque endroit fur la
route , une corbeille de Heurs , où il n'y avoir que
des marguerites y avec ces vers ,
Toutes les fleurs ont leur mérite ,
Mais quand mille fleurs à la fois
Se préfenteroient à mon choix ,
Je choifirois la Marguerite.
On appelle proverbialement les Marguerites Fran-
çoifes , un livre qui contient les plus beaux com-
plimens qu'on faifoit au fiècle palFé , & qui font
méprifés , parce qu'ils font devenus trop communs ,
en forte qu'on les appelle aulli les compUmens
de la place Maubert. En leur donnant le nom de
marguerite , on a fait allufion aux Heurs de Rhéto-
rique. On dit aulli , Jetter des marguerites devant les
pourceaux; pour dire , Parler de belles chofes devant
dcsgensqui les méprifent, parce qu'il s ne s'y coniioif-
Tome V.
M A R * 83^
fcnt p.-\s. En ce fcns on fut allufion au mot Latin
margarita , qui lignnie grojje perle. On difoit autre-
fois marguerite en ce fenSj fur-tout dans les tra-
duit lions.
Marguerite. Petite étoffe mêlée de foie , de Laine,
& de fil , qui fe tait par les HautgliHeurs de la Sayct-
tcrie d'Amiens.
Marguerite de Martelleti. Terme de Flcurifte.
Anémone de couleur Siamèfe ■■, fi peluche qui ref-
fcmble alfez bien à une Heur de marguerite , cfl:
fouvent entremêlée d'une autre peluche , qui vient
plus large que la première. Morin.
Marguerite. 1. f. Terme de Mer. C eft un certain
nœud que l'on fait lur une m.inauvrc pour agit
avec plus de force. Nodus nauticus. rj3" Faire /72ar-
guerite y c'eft mettre un appaieil fur le cable Se au
Cabeftan , quand on ne peut lever 1 encre avec le
tourne vire. ManŒu'V'.
La Marguerite. Marguerita. C'cft une des Antilles
de Sottovento. Elle eft vers la côte de l Andalou-
fie, à vingt ou vingt cinq lieues de ta nouvelle Cor-
doue. Cette île eft médiocrement grande; mais elle
eft ftérile , tk fans eau douce. Elle ne laiHè pas*
d'être habitée par pluheurs riches Marchands , qui
y font pêcher par des Nègres les plus belles perles
de l'Amérique. Ce qui a fait donner à 1 ik le nom
de Marguerite , qui en Latin fignihe une perle.
Maty.
MARGUILLERAUT. f. f. Petit Marguillier. Terme
de mépris. La Satyre contre les Marguilliers de. . . .
a dit.
Ridicules Marguilleraux. .
MARGUILLERIE. f. f. Charge de Marguillier. ./«û'/^
tui munus. Les Bourgeois briguent fort la marguillc
ne. Il a été continué quatre ans dans la m.arguillerie.
Un Commiflaire du Châtclet fut déchargé en 1694.
d'une marguillerie comptable , par Arrêt du 27 Fé-
vrier. De la Mare , Traité de Police , T.I. p. 21 7.
La Satire contre les Marguilliers de. . . dit en parlant
des Bedeaux.
Fojfoyeurs qu'en termes plus beaux ,
Dans l'Eglife on nomme Bedeaux ,
Fermiers de la Marguillerie ,
Dont les abus font infinis ,
Gros Portefaix de Confrérie ,
Gouffres béants de pains bénis.
MARGUILLIER, f. m. Celui qui a l'adminiftation
des artaires temporelles d'une Eglife , à une Paroif-
le , qui adminiftre les revenus de la fiuiique. ^di-
tuus , (nditimus , £dis curator 6" cuftos. Dans la balle
Latinité matncularius. Il y a dans les grandes Paroif-
ies deux premiers Alarguilliers , ou Marguilliers
d honneur , qui font d'ordinaire des OfHciers ou
Masiftrats , & deux Marguilliers comptables , qui
font Marchands , ou Bourgeois. Les Marguilliers
vont les premiers à i'oftrande , à la proceilion , Se
reprélentent tout le corps des Paroilîiens. L Inten-
dance de la fabrique de 1 Eglile apparte.ioit ancien-
nement à l'Evêque. Les Evêques s'en déchar.;èrenc
fur les Archidiacres , & les Archidiacres fur les
Curés. L'avarice , ou la néjigencc des Curés, tut
caufe qu'on choifit des perfonnes notables & zé-
lées , entre les Paroilliens , pour prendre la direc-
tion des atfaires de l'Eglife : cependant les Evêques
ont prétendu que ces Marguilliers , -quoique li'ùiues,
n'étoient point dil'penfés de rei'de compte de^eur
adminiftration devant le Juge Eccléiiaftique. Ils y
ont été maintenus par divers Edits & Arrêts du Con-
feil. Les Juges léculiers fe font pourtant maintenus
en poHeirion , attendu qu'il s'agit de biens tempo-
rels , Se que les Marguilliers , qui font les comp-
tables , font de condition la'iqne. Ainii les Marguil-
liers ne font jufticiables des Evêques , ni pour leur
éleftion, ni pour leur deftitution, ni pour leurs comp-
tes. FÉVRET.
Niinnn i;
Z^G M A R
Ce mot vient de Macncularius. La matricule ctoit
un regiftre public ; où l'on enrôloit les pauvres qui
demandoient l'aumône à la porte des Egliles , &
les Marguitlicrs étoient les gardes de ces regillresj
& les diftributeurs de ces aumônes. Depuis j on l'a
dit de ceux qui ont eu le foin & la garde du revenu
des Eglifes. Ménage. Borel le dérive de Maire de
l'Eglïft. Originairement on choilillbit quelques-uns
d'entre ces pauvres qui étoient aux portes des Egli-
fes , pour y rendre les menus fervices , comme de
les balayer, de les orner, & de fonner les cloches,
dont les MargmUïers d'aujourd'hui ont pris la pla-
ce, <Sc qui autrefois fe tenoient aux portes des Egli-
fes pour les garder _, & avoir loin des autres pau-
vres. On a depuis établi des MarguiUiers dans les
Cathédrales à l'imitation des Paroiifes. Odoii Eve-
que , en a établi dans l'Eglife de Paris , quatre
Clercs &: quatre Laïques, qui à caufe de leur mar-
guUlerie , font un hommage lige à l'Évêque. Ils dé-
voient garder l'Eglife , & fonner les cloches.
On difoit autrefois Marreglkr ^ & on dit aujour-
d'hui en quelques Provinces , Manlller.
A la campagne, [e MarguUlier ell celui qui fert
à l'Eglife , éc qui eft une efpèce de Bedeau. Ceux
qui ont foin de l'œuvre s'appellent Gagers. En Au-
vergne on appelle les Marguilliers , Luminers.
MARL f m. Celui qui eft joint & uni à une femme
par un contrat civil, & avec les cérémonies de 1 E-
gljfe. Mar'uus , vir , conjux. Les femmes en France
font fous la tutelle perpétuelle du mari ; elles ne
peuvent faire aucun aétc ians être autorilées par
leur mari. Le mari eft le maître de la communauté.
Alettre le fer entre les mains d'un mari pour venger
fon propre honneur, ce n'ert pas violer les loix, c'eft
les obferver. S. EvR. En prenant un marij on prend
un maître. M. Scud. Une femme fe détait d'un
Galant quand elle veut ■■, mais il faut qu'elle garde
un mari tant qu'il dure. Le Ch. de M. Il lemble
qu'aujourd'hui un mari fe fait une ridicule honte
d'aimer ia femme , &c que la tendrelîe conjugale
foit une pratique bourgeoife. S. EvR.
Le pouvoir des maris en Allemagne , même des
Princes de l'Empire à l'égard de leurs femmes &
de leurs enfans , n'eft point delpotique & fouverain.
Pagenftecher , Jurifconfulte Allemand , a fiit une
Dillertation pour prouver que lelon le droit natu
rel j un mari n'a pas un pouvoir defpotique fur La
femme , Se que le mariage n'eft pas une Monarchie.
Il s'eftorce d'expliquer le V. 21*^. du Chap. V"^. de
l'Epître de frint Paul aux Ephéliens.
Quand Boileau dans, fes vers nous dépeignit les fem-
mes ^
On crut qu'Hymen allait éteindre fon flambeau ^
Mais Renard aujficôt en ralluma les flammes ,
En donnant des maris aux femmes de Boileau.
Jean - Philippe Palthen , Profelfeur de Droit à
Grypfwald , a fait une Dillertation lur un Mari de
la Reine , qui n'eft pas Roi , de Marito Régime ^
qu'il définit un homme marié avec une Princelfe,
qui par droit d'héritage poisède un Royaume , mais
qui n'a contradté mariage avec elle qu'à condition
que fon mariage ne changeroit point fon état de
lui mari j &c qu'il ne lui donneroit point d'empire
fur fa femme , qu'il ne pourroit partager avec elle
la Royauté , ni après fa mort avoir aucun droit par-
ticulier fur fon Royaume , en vertu de fon contrat
de mariage feul , Si fans qu'il intervienne aucun
autre aéfe. De là il conclut que dans ce cas c'eft la
Reine qui eft véritable Roi. Ce qui n'empêche
pas que fon mari ne puille être Roi d'ailleurs j &
Supérieur à fa femme; car une fille Reine peut
fe marier , ou à un Prince régnant , ou à un fujet ,
foit qu'il foit fon fujet , ou fujet d'un Royaume
étranger. Il donne des exemples de tous ces difté
rens cas , qui font Ferdinand & Kabelle , dont le
mariage ne donna point de droit à l'un fur le Royau
trie de Caftille , ni à l'autre lur celui d'Arragon. i
M A R
Jeanne , fille d'Ifabelle & Philippe d'Autriche ;
Philippe II. & Marie Reine d'Angleterre ; les deux
Jeannes , Reines de Naples , dont l'une époufa en
premières noces André, puis Louis Prince de Ta-
rente , enfuite Jacques Baléare , & en quanicmes
noces Otton , Duc deBrunfwic;& l'autre Jacques de
Bourbon , Comte de la Marche. Marie , Reine
d'EcolIe , mariée au Dauphin de Frauce; Se enfin j
la Reine Anne , qui a compté fon propre mari par-
mi fes fujets ; ce que Palthen prouve , i". Parce
que le peuple d'Angleterre ne l'a traité que de .
Prince de Dannemarck. 1°. Parce qu'il rendoit
hommage à la Reine comme les autres vallaux.
3". Qu'il lui prêtoit lerment de fidélité comme fou
Miniltre. Enfin , M. Palthen examine quels font
les Royaumes où ce cas peut arriver , Se il dit
qu'il ne peut arriver dans un Royaume éledlif ,
qu'il peut arriver quelquefois dans un Royaume hé-
réditaire , jamais dans un Royaume uluhuc^uaire,
d'où il conclut qu'on ne le verra jamais en France,
ni en Allemagne , ni en Pologne ; mais qu'il y en
a des exemples , Se qu'il peut encore y en avoir
dans toutes les autres Monarchies de l'Europe. Il
dit qu'une Reine ne doit point choifir pour mari
un Roi , mais un Prince du Sang Royal , ou au
moins un homme qui ait les qualités d'un Roi ;
que quand elle devient Reine , elle ne doit point
faire pour cela divorce avec (on mari j Se que fon
mari ne doit point exiger d'elle qu'elle partage avec
lui , ou qu'elle lui communique la fouveraine puif-
lance ; qu'il n'eft contraire ni à la loi naturelle , ni
à la loi divine pofitive , qu'une femme ait la fou-
veraine puilfance civile ; que fins violer la nature
de la fociévé conjugale , le mari peut être fournis à
la femme; Se enfin, il répond aux difficultés qu'on
pourroit lui faire , fur tout au endroits de l'Ecriture
qu'on lui peut oppofer. Jf. III. 11. Cor. XIV.
34. Gen. m. 16. Eph. V. 23. Col. III. iS. L
P. III. I.
Le P; Bellati a fait en Italien un fort beau traité
fur les obligations d'un mari Chrétien.
Nos femmes de Paris , au lieu de mon mari , di-
foient, mon mafi. Mascur.
Mari commode. A'^ove^ Commode.
MARIABA. Ville de l'Arabie Heureufe. Ce mot
lignifie une Métropole , une ville qui a autorité fur
les autres.
MARIABLE. adj. m. Se f. Qui eft bon à marier; qui
eft en âge de fe marier. Matrimor.io aptus , ma-
turus , nuHUs. Une fille à douze ans eft mariable
par les loix. Un garçon n'eft mariable qu'à quatorze
ans.
^3° MARIAGE, f. m. Contrat civil , élevé à la dignité
de Sacrement , par lequel 1 homme & la femme
font joints d'un lien indillôluble , qui ne peut fe dif-
loudrequepar la mort de l'un d'eux. Matrimonium^
Conjugium. On entend ici par contrat civil , le con-
fentement des conjoints donné félon les loix de
l'État. Car pour la validité du mariage , il n'eft pas
nécellaire qu'il y ait un contrat par écrit , qui ne
fert qu'à conftater le droit des parties connaéfantes
touchant la dot, le douaire, le préciput , &c.
§CT Le mariage eft: un Sacrement , mais un Sacrement
dépendant du contrat civil ; def'orte que h le con-
trat eft nul par défaut du confentemcnt légitime , le
Sacrement ne peut y être attaché.
IJCT Le Sacrement étant une choie fpirituelle , il dépend
uniquement de la puilîance de l'Eglife ; mais comme
le Sacrement de mariage fuppofe une convention
qui précède, convention qui eft un contrat civil,
ce contrat eft dans la main du Prince & de l'Etat :
c'eft pourquoi il dépend de fa prudence de le régler,
foit par rapport à l'âge des perfonnes , foit par rap-
port au confentemcnt des pères & mères , foit par
rapport à d'autres objets.
L'ellénceduOTi7r/iî^e confifte dans le confcntement
mutuel. Le roan'a "e eft du droit des gens, & en ulage
chez tous les peuples. Le mariage nous aftocie pour
la bonne Se ia mauvaile fortune. C. B. Le mariage
M A R
" cft un lien fatal à notre libcrti.-. S. Hvr. Les filles
cherchent Jans \c manai^e le bonheur de l'indépen-
dance. M. Esp. Le joug àa managc qui doit allwjc
tir les maris & les tenmies fous les mêmes loix de
• fidéiitéj n'adervit plus que les (-"emmes. M. Esp. Il
y a peu de mariages bien aliôrtis : cependant le
mariage eft une focicté , & non pas une tyrannie.
Bhll. L'une des fources des malheurs du mar.age ,
c'ell que la rillc n'y envilage que la perfonne, <:<c la
mère n'y coniidère que le bien. In. On enviliige
d'ordin.iire le mariaiic comme le tombeau des fou-
pirs &: des petits ioins. S. ÉvR. Je veux toute votre ten-
dreffe indépendamment des devoirs & des fujérions
du mariage. P. Com. Le mariage n'apprend point
à aimer : il veut feulement qu'on fe laille aimer.
Le Ch. d'H. Les cngagemens du mariage m'ef
frayent : s'il n'eft pas heureux j l'on ell réduit à
attendre que la mort vienne à pas trop tardifs rom
prc & brifer fa chaîne. S. Éva. La mariages des
gens de qualité font des unions de politique , plutôt
que de fympathie. Vill. Ce n'ell pas aimer que de
vouloir trouver du bien & des dignités dans les em-
bralfemens d'un mari : c'eft chercher dans un ma-
riage Cl médité à contenter fon ambiton plutôt que
foncœur. L. d'ÉloÏse a. Abel. fp^LesÉtas fouverains
ne fauroient trop mettre en honneur le mariage. Plus
on diminue les mariages qui pourroient fe faire , plus
on corrompt ceux qui font faits; 8c moins il y a de
gens mariés, moins il y a de fidélité dans les iriaria-
^ej ; comnie lorfqu il y a plus de voleurs, il y a plus
de vols. MONTESQ.
v^ï? On appelle mariage de confcience , un maria ^e
oij les formalités &c les cérémonies de l'Eglife n'ont
été obfervées que fecrétement. Matnmonium fecre-
tum. On appelle ces fortes de Mariages , Mariages de
confcience , parce qu ils font légitimes devant Dieu ,
& dans le for intérieur.
'On appelle mariage de Jean des Vignes j autrement
mariage en détrempe , un commerce criminel lous
quelque apparence de mariage.
IfT On dit aulH :
Boire & manger, coucher enjemble ^
C'ejl mariage , ce me femble.
Le Concile de Trente déclare anathème ceux qui
diront que les caufes de mariage n'appartiennent pa^
aux Juges d Eglife. Quand le Roi , ou les Parlemcns ,
annullent les mariages clandeftins , ils ne touchent
point au Sacrement ; mais ils annullent le contrat
civil , qui lui fert de fondement. La dilfolution du
mariage ne fe fait que par la mort , ou par l'impuit
fance du mari. gCT Avant J. C. le mariage netoit
qu'un contrat civil , qui de fa nature , établi (fou
entre l'homme & la femme une fociété indiilbluble ,
c'eft-à dire , qui lubfifle toujours , qui ne fe peut
rompre. Il efl: vrai qu'il étoit permis aux Juits de ré-
pudier leurs femmes ; mais cela leur avoir été accotdé
à cîufe de la dureté de leur cœur : la chofe n'étoit
pas ainlî dans Ion origine. Dieu a inftitué le ma-
riage pour être une focicté indilfoluble jutqu'a la
mort entre l'homme & la femme. Le mariage doit
erre célébré par le propre Pafteur des parties , ou
fie (on confentement. La proclamation des bans eft
iiécelîaire pour la validité du mariage ^\ l'égard des
mineurs, & des enfans de famille, même majeurs:
mais il n'eft pas nul à l'égard des perfonnes libres
&: majeures , faute de proclamation de bans. Les ma-
riages clandeftins font nuls quant aux eifets civils ,
fuivant l'Ordonnance de 1659. Par la même Or-
donnance les mariages contractés à l'extrémité par
ceux qui époufent leur concubine en moufant ,
pour légitimer les enfans j font déclarés nuls, & les
enfans illégitimes. L'âge requis pour la validité du
mariage eft fixé à la puberté , c'eft à dire , à douze
ans pour les filles, & à quatorze pour les garçons.
Outre cette capacité naturelle , il faut avoir la ma-
jorité légale , & l'âge marqué par les Ordonnances :
car avant l'âge de zj ans les enfans de faïaiilie ne
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peuvent comrader mariage fans le conlcntement
de leur père &c nùrc, Ik. s'ils fe marient avant 30
ans pour les garçotis , & avant ij pour les filles,
feins ie confentement de leur père & mère , ils peu-
vent être exhérédés. Entre parens en ligne directe ,
la prohibition du mariage eft perpétuelle. En ligne
collatérale le TOijria^e eft prohibé par les Canons juf-
qu'aux quatrième degré incliilivcmcnt. Il en eft de
même de l'atHnité : la prohibition s'étend jufqu'au
quatrième degré, l^oye:^ Degré. Sanchez ik. Bona-
cina ont beaucoup écrit fur le mariage.
Mariages fiits in extremis , font ceux qui commen-
cent par une débauche , que des hommes ont entre-
tenue avec des femmes qu ils épouleiit a l'extrémité
de leur vie. fCF Ces fortes de mariages . quoique
valables , quant à la confcience , font nuls quant
aux ertets civils.
Il y a une efpèce de mariage en Allemagne , où
le mari donne à fa femme la main gauche, au lieu
de la droite; & alors les enfans qui en proviennent
font réputés bâtards à l'égard des Ci.cts civils , quoi-
que légitimes en eftet ; car ils ne portent m le nom ,
ni les armes de la maifon , comme le dit Nicolaus
Mylérus en fa Gamologie. Il n y a que les Princes
& grands Seigneurs d'Allemagne qui puilfent con-
tradter ces fortes de mariages. Les grandes Maifons
d'Allemagne font en polfeUlon de croire que les Prin-
ces , s ils n'époufent des Princ.fles , n'ont point d'en-
fans qui puillent fuccéder a la Principauté ; c'eft ce
qu'on appelle des mariages àa côté gaucfte. Pelisson.
Mariage , fignine aulli le bien qu une femme apporte
en mariage. Dos. Cet homme a trouvé un bon
parti, un grand mariage. Ce mariage elt de cent mille
écus. Il faut rendre le mariage de la femme , quand
elle meurt fans enfans. La dot eft donnée pour l'ou-
tenir les charges du mariage. Dotem recentiores
macrimonium appellarunt. Ainii en plulicurs Coutu-
mes on .appelle la dot, le maria je i Se on appelle
en Normandie, Bref de mariage encombré, 1 ac-
tion de réintégrande , qu'a la fenime pour rentrer
dans les biens dotaux , ou de Ion mariage j qui ont
été aliénés par fon mari.
Mariage, fe dit aulîi des cérémonies qui fe font à la
paftation de ce contrar. Sponfalia, Ils font en pro-
melïe de mariage. On a donné les articles de maria-
ge. Il eft détendu de faire des contrats de mariage
par paroles de prcfent. Perverba de prîfenci. On a
publié les bans du futur mariage. La célébration du
mariage fe doit faire en face d'E^life, & devant
fon propre Curé. On doit tenir à 1 Eglife des regif-
tres des mariages , pour donner des certificats des
mariages. Le douaire ne fe gagne que par la con-
fommation du mariage. Les mariés font tenus ae fe
rendre réciproquement les devoirs du manage , de
fe garder la foi de mariage.
Les Turcs ont trois fortes de mariages , &c trois
fortes de femmes ; des femmes légitimes , des fem-
mes à Kabin , &des elclaves. Ils époufent les pre-
mières J ils louent les fécondes , &c achettent les
troifièmes. Du Loir , p. lyi. Cet Auteur décric
au même lieu , & pag. fuiv. la manière dont fe
font les mariages légitimes : pour le mariage à Ka-
bin, l'homme n'a qu'à paffer devant le Magiftrac
un contrat de mariage pour la fomme qu'il eft con-
venu de lui donner , quand il lui plaira de la quitter ,
à condition pourtant qu'il nourrira les enfans qui
en proviendront. Quelquefois les Turcs en ont
aiitfi des Chrétiennes , & cette forte de mariage eft
aulTi fouvent pratiquée par les Chrétiens étrangers,
qui font ici ( à Conftantinople j , & qui ont auili la
liberté d'avoir des efclaves , mais de leur religion
feulement. Les Turcs feuls en peuvent avoir de tou-
tes fortes de religions. Du Loir, p. 17s , 17S.
Voye^ encore Kabin.
Mariage, fe dit aulîi de la folennitédes noces. Être
invité à un mariage.
Mariage avenant. Terme de Coutumes. Matrimo-
nium conveniens. Il eft ainli défini dans l'ancienne
Coutume de Normandie. Mariage avenant eft, fc
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elle (une fille) eft mariée à convenable perfonne,
félon Ton lignage & fes poirellions. Managedcjave-
nant eft oppofé à managc avenant. Matnmomum
minus convmicns. ÇCF Le manage avenant elt ce
qu'une fille noble, non mariée , peut demander a
fes frères , après le décès de fes père & mère ^ qui
n'eft autre chofe qu'une dot raifonnable non limi-
tée , &c qui eft à l'arbitrage de fes frères , quand ils
troiivent à marier leur fœur , (ans la dcparagcr m
méfallier. ^ " , ,-. ,„
Devoir de Mariage , fignifie dans quelques Coutu-
mes , non pas ce qu'on appelle après S. Paul Debc-
tumlmûs l'obligation de le marier. Pour entendre
ceci, il faut remarquer que les femmes veuves &
les filles au dellus de foixante ans qui polledoient
des fiefs de corps , ou charges de lervices perlon-
nels & militaires dévoient autrefois fe marier , pour
faire rendre aux Seigneurs ces lervices par leurs ma-
ris , ou indemnifer les Seigneurs ; & cela s appeloit
Devoir de manage , ou fervice de mariage.
Mariage divis , ou distinct & sépare a lignihe
autrefois dans les Coutumes la dot d'une fille diftin-
guée duiefte des biens du père & delà mère.
Mariage par Échange, s'eft dit lotfqu un père ma-
rie fa fille dans une maifon , ou il prend une hl e
pour époufe de fon fils , laquelle il (iibroge a la
place de fa propre fille , pour lui fuccedcr.
Mariage réchauffé, s'eft dit autrefois pour fécondes
noces.
Mariage a mort-gage , ctoit autrefois un manage
par le contrat duquel une terre étoit donnée par un
père & une mère à leurs enfans pour en percevoir
les fruits jufqu'à ce qu'elle eût été rachetée.
Mariage Philosophal. Terme du grand Art. C'eft
l'union du foleil Se de la lune dans le mercure her-
métique. ,
Mariage. Terme de Cordier. Les Jures Cordiers , ap-
pellent de la forte , la corde qu'ils font obliges de
fournir au Bourreau de Paris, pour étrangler les per-
fonnes condamnées à être pendues. Rejlis Jlrangu-
latoria. . .,, , t i j
MARIAGER. Nom d'une petite ville du Jutland , pro-
vince de Danemark. Mariacera. Cette ville eft fur
une grande baie du Catégat , dans le Diocè(e d'Ar-
hufen , à dix lieues de la ville de ce nom , vers le
nord. Maty. ^
MARIALE. f. m. Nom d'un livre de prière chez les
Grecs. Mariale. Ce livre contient l'Office de la Sainte
Vierge. , xt ■
Le nom de Mariale vient de celui de Marie.
MARI AN A DISTRUCTA. Nom de lieu. C'étoit au-
trefois une ville épifcopale de la Corle. Mariana.
Elle étoit fur la rivière de Golo , à cinq lieues de la
Baftie ,du côté du midi. Mariana eft ruinée, & fon
Evêqucj fuffragant de Gènes, fait la réfidence à la
Baftie. Maty.
MARIANE. f f. Nom de femme. Mariamne , Ma-
ria Anna. Nous difons Mariane pour Mariamne,
& pour Marie-Anne. Ainfi la femme d'Hérode que
Jofeph appelle Marianne, tk dont il décrit la fierté
& la mort dans le XV' Liv. de fes Antiquités, c.
j.ôc L. Xnil.c. II. Triftan l'appelle Marianne,
Si il intitule Marianne , la Tragédie qu'il en a faite.
Quoi ! Mariamne ejl morte ? O deftins ennemis .'
La Parque l'a ravie , &C vous l'ave^ permis !
Tristan.
Nous appelons encore Marianne les femmes qui
portent le nom de Marie & à' Anne , n'en failant
qu'un de ces deux ci. Et c'eft ainfi qu'il le faut pren-
dre p.ir rapport à toutes celles qui portent le nom
de Marianne dans le Chriftianifnie. Les violences
d'Hérode furent fatales aux Innocens , & particuhè-
icmentà cette illuftre Marianne, dont il avoir ulurpé
îe lit & la liberté avec la couronne de Judée. Trist.
Il y a une Sainte Marianne honorée en Orient ; eV
Jes Menées la difeiit fœuc de S. .Philippe , {ans dire
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duquel , fi c'eft l'Apôtre , ou le Diacre. Chaste-
lain , au 17 Février. .
Les îles de Marie-Anne. Foye^ Larrons , les Iles
des Larrons.
MARIARIDE , ou MARGERIDE. Nom d'une mon-
tagne du Gévaudan , Margarida , Margarua. 'Va-
lois, Not Gall. p. 21 s , S<^ 3-
MAilIATO. La pointe du Mariato. Cap de la côtft
occidentale de la Caftille d'or , dans le Gouverne-,
ment de Papayan , fur la mer du fud.
MARJAUD , AUDE. f. m & f. Ce mot ne fe die
que par plaifanterie , d'un enfant joli &; éveillé.
Venujlus & alacer. Plaifant marjaud. Jolie petite mar-
jaude. C'eft apparemment un terme ufité dans quel-
que province.
MARIAULE. f. m. Témoin peu digne de foi , dans
la Coutume de Hainaut , chap. s 3 > ^ 91- vient
de Marivolo des Italiens. Marïaule n'eft point ulitc
ailleurs. Furetière s'eft trompé lorfqu'il a confondu
ce mot avec Marjaulet. L'i eft voyelle dans ces deux
mots , au lieu qu'il eft confonne dans Marjaulet.
MARJAULET. Foye:( Marjolet.
MARIB. Nom d'une ville de l'Arabie heureufe, en A-'
fie. Mariaba , Mariania. Elle eft fur le bord du lac,
dans la principauté de Farrach , au nord de la ville
de ce nom , dont elle eft éloignée environ de trente-
deux lieues. Maty.
tfT MARlCA.f. f. Terme de Mythologie. C'eft le noin
d'une déelfe de Minturne , qui avoir un bois facré
qui menoitde Minturne à la mer. Voye\ Marique.
MARICO. Ville de l'île de Tidore , l'une des Mo-,
lucques.
MARIE, f f. Nom de femme. Maria. Moyfe avoit
une fœur qui s'appeloit Marie. Marie , Mère de Je-
sus-Christ. Sainte Marie , mère de Dieu , priez
pour nous , maintenant & à l'heure de notre mort.
La Vierge Marie. On l'appelle ainfi par excellence , ■
parce qu'elle fut Mère , & Vierge tout à la fois,
& la plus pure des Vierges. Ncftorius fut condamné
au Concile d'Éphèfe , parce qu'il nioit que la Sainte
Vierge fût mère de Dieu.
Ce mot eft Hébreu, mais on ne fait pas trop fon
étymologie , ni fa lignification. Quelques Auteurs,
entr'autres S. Grégoire de Nilfe dans fon Homélie
fur la Nativité de N. S. difent que ce mot fignifie
grâce ; c'eft un mécompte. Peut-être ont-ils con-
fondu celui de Sainte Anne , mère de la Sainte Vier-
ge , avec celui de la Sainte Vierge même. S. Jérôme,
& d'autres , prétendent qu'il fignifie Dame , comme
fi c'étoit le féminin du nom Syriaque Knu, Morio,
qui fignifie Seigneur. C'eft en ce fens que nous appe-
lons en François la Sainte Vierge du nom de Notre-
Dame. Ihdore le tire de mx , or , lux , lumière , 6c
dit qu'il fignifie Illuminatrix , le formant du parti-
cipe en hiphil. S. Jérôme rapporte , que de fon
temps la plupart interprétoient ce mot par ceux-ci.
Illuminant me i/Ii , ou illwnir.atrix , &C le tiroienc
par conféquent du même participe, TK3 ^ m»XO.
Le même Père , fur le Pf. XVIII. v. /. l'explique
Stella maris. D'autres amarum mare, mer amere , de
"la, mar ^ qui fignifie amer , & D» , jam, qui veut
dire la mer. Péarlon croit qu'il vient de DIT , rum ,
qui fignifie haut , élevé. Quelques-uns le dérivenc
du mot Rabbinique "10 , qui veut dire , Docteur , &c
ils expliquent celui de Marie d.ins un fens figuré ,
par celui d'illumination. Il y en a qui le tont venir de
10 J goutte , & D' , mer _, ou de nt3 , Docteur j 6c
0]! , peuple ; cette dernière étymologie paroît la
moins naturelle.
Les trois Maries. On fait tous les ans le jour de
P.iques à quatre heures du matin dans l'Eglile Pa-
triarchale de Bourges , une proceiîion folennelle .
qu'on appelle la ProcelTîon des trois Maries , pôun
honorer la Réliureftion de N. S. & en mémoire
de ce que Marie Magdelène , Alarie mère de Jacques
&: Salomé , allèrent au fépulcre de grand marin le jour
de la Réfurrcftion de J. C. ceux qui ont donné à
cette cérémonie le nom de Procelîîon des trois Ma-
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ries j ont fuppofc qu-' Salomc Ce nommoic aiilTi
Marie.
La. ville des crois Maries cft une ville de Pro-
vence, f^il/u Sanilis, Marix, de Mari. Elle cit dans
la Camargue , près la côte du gras d'Orgon , qui cil
une des bouches du Rhône.
§3° Ce lieu eft célèbre parmi les Provençaux,|)arcc qu'on
croit que c'eftla que débarquèrent les trois Mûries,
favoir, Marie - Madeleine , Jacobc & Salomé , avec
la tète de Saint Jacques le mineur. Il s'y lait un fa-
meux pèlerinage. Il y avoit autrefois un Temple de
Diane d'Ephèle.
Les Maries eilaullî le nom d'une fctc , ou rèjouilTance
qui fc falloir autrefois à Venilc , en mémoire de ce
que les Vénitiens avoicnt repris quelques jeunes Vé-
nitiennes que les Illriens enlevèrent dans l'Églife
de S. Pierre. Douze jeunes filles bien parées , &c
accompagnées d'un jeune homme habillé en Ange ,
couroient la ville en danfinr. Les abus qui s'y glif-
fèrcnt firent abolir cette réjouilïïmce pendant la
. guerre des Génois, 300 ans après qu'elle eut été inf-
rituée. Le Doge tk la Seigneurie continuèrent cepen-
dant d'aller en procelîion tous les ans le zj Février
àl Eglife de Notre Dame.
Sainte Marie. Nom de plufieurs Egliles dédiées à la
Sainte Vierge, ^des Sanclte Marin. Sainte Marie
Majeure , eft: une Eglile de Rome , ainfi nommée ,
pour la diftinguer d'une autre qu'on nommoit Sainte
Marie Mineure , ou Sainte Marie la Neuve.
Sainte Marie. Nom d'un Ordre Pveligieux. Ce font
les Religieufes de la Villtation. f-'^oye^ Visitation.
Les filles de Sainte-Marie.
Sainte Marie. Nom d'île. Infu/a Sancis. Maru. L'île
de Sainte Marie , l'une des Açores , peut avoir fix
ou iept lieues de traverfe. C'eil: la première des
Açores que l'on trouve en venant du nord. L'île de
Samte-iV/iîrie eft fur la côte du Chili proche la ville
de la Conception , par les 3 6 degrés 3 6 minutes de
latitude iud, félon les derniers voyages. Les Mé-
moires de Trévoux, ijo^. p. 1606. la metioient à
37 deg. de latitude fud.
Ordre Militaire de Saint Blaife & de Sainte Marie.
Voyei Blaise.
Le Cap Sainte Marie. C'eft un cap de la mer du Sud
en Amérique , Promontorium fanctii Maris.. Les EI-
pagnols l'appellent Morro de Puercos y Le Morne des
porcs. Il eft dans le Gouvernement de Véragua fur
la côte méridionale , vers le 5^ degré quelques mi-
nutes de latitude , & le 293. degré de longitude. Ce
cap eft gros , & de moyenne hauteur , les terres du
dedans font fort hautes , &: forment plufieurs cou-
pées.
Sainte Marie du Chardon. Ordre militaire. J'oye-^
Chardon.
Sainte Marie de la Conception. Ordre militaire, /"ojej
Conception.
Sainte Marie de l'Eléphant , ou des Éléphants , comme
dit l'Abbé Juftiniani,^ chap. yi. Ordre militaire de
Dannemark. Voye\ Eléphant.
L'Ordre militaire de Jéfus & Marie. Foye^ Jésus ,
l'Abbé Juftiniani , Hift. de tuti gl'Ord. Miiu. c. jy-
L'Ordre Militaire de Sainte Marie de Laurette. Voyei
Laurette.
Sainte Marie des Lis. Nom d'un Ordre de Chevale-
rie au Royaume de Navarre. Ordo militaris Sancla
Maria de lUUs. Cet Ordre fut inftitué par Garcias
VI. Roi de Navarre en 1045. &c non point en 1025.
comme quelques Auteurs le difent; beaucoup moins
. 1 548 , comme a dit l'Auteur de la Delcription des
Ordres militaires imprimée à Paris en 1671. Il a
voulu dire en 1048. L'enleigne de cet Ordre étoit
l'écu de Navarre entouré d'un collier , compclé
d'une chaîne d'or , chargé d'elpace en efpace de cinq
G Gothiques , première lettre du nom de l'Inftitu
tcur. De ce collier pend une médaille, fur laquelle
eft reprélenté un lis ouvert & couronné. Cet Ordre
s'appelle aulîi flmplemenc l'Ordre du Lis. f^oye:^
l'Abbé Juftiniani , Hijl. de tutti gl'Ordin. Milit.
c. iS.
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Sainte Marie ^c Mcrcede , ou de la Rédemption. Or-
dre de Chevaliers qui lurent établis par Jacques Roi
d'Arragon, &: nommé ainli à caufe qu'on les obli-
geoit de racheter les efclavcs. Ils portoient un habit
blanc , avec une Croix noire , èc ctoieiu de l'Ordre
des Cifterciens. Leur établillènient commença vers
l'an 1232. tic le Pape Crégoire IX. les confirma.
Sainte Marie du Mont Carmcl , Ordre militaire en
Erancc. f^oye^ Carmel.
Le Port Sainte Marie dans l'île de Cuba, eft le. port
de la ville du Port au Prince. Foye^ à la lettre P.
Sainte Marie du Port Adriatique. Nom d'une Con-
grégation de Chanoines Réguliers. Sancla Maria de
Portu Adriaiico. Elle prit fon nom de fon premier
Monallèrc , fitué fur le bord de la mer Adriatique ,
près de Ravenne. Onefius de Ruhcis , dit de Havenne ,
parce que c'étoit le lieu de ia naillance , le forida
en conféquence d'un vœu qu'il fit dans un naufrage:
il s'y retira avec plufieurs Clercs qu'il allembla, & aux-
quels il donna des Conftitutions qui lurent approuvées
par Pafchal III. Plufieurs Monaftères les prirent , &
quelques-uns fe foumirent à celui du Port Adriati-
que , comme à leur Chef , & formèrent ainii la
Congrégation dont nous parlons. Ce Monaftère ay^fnt
été ruiné & détruit , la Congrégation le difiipa fous
le Pontificat de Grégoire XII.
Sainte Marie du Rofaire. Ordre militaire inftitué, félon
l'Abbé Juftiniani , HiJl. de tutti gl'Ordin. Milit. c. jy.
par S. Dominique , l'an 1209 , ou 121 3. pour
combattre les Hérétiques. F^oyeii^ cet Auteur.
Sainte Marie des Teutoniques. Juftiniani appelle ainti
l'Ordre Teutonique. Voyi\ Teutonique.
L'Ordre du Vafe de la Vierge Marie. Voye^^ Vase.
Ordre de la Glorieufe Vierge Marie , ou de la Mcre
de Dieu autrement les Frères de la Glorieufe Vierge
Marie , ou les Frères Joyeux , ou les Frères de la
Joie , quelques uns difent Frères de la Jubilation.
Ce font les noms d'un Ordre.de Chevalerie , inf-
titué en 1233 , ëc confirmé par le Pape Urbain IV'
en 1 262. Les Chevaliers portoient une foucane blan-
che j & fur l'eftomac une croix pâtée de rouge ,
avec deux étoiles de même couleur en chef Ils
avoient fur la foutane un manteau de gris cendré.
La tin de cet Ordre étoit principalement d'avoir
foin des veuves ik des orphelins , & de réconcilier
les perfonnes & les familles qui étoient mal enfemble.
Cet Ordre avoit un Supérieur Général qui portait
le nom de Grand-Maître ; mais parce qu'ils n'avoient
point de maifbns dans Iciquelles ils vécullent en, com-
mun , Se qu'ils dcmeuroient chacun en particulier
dans fa famille, on leur donna par dérifion le nom
de Frères Joyeux , ou Soldats Joyeux , Fratres Gau-
dentcs , Aiilites Gaudentes.
Favyndans fon Théâtre d'honneur,?". //.jP. 1 4)0. &
fuiv. parle d'un autre Ordre de la très heureufe Vierge
Marie , Mère de Dieu , qui fut inventé par trois
Frères Gentilshommes de Spelle , en Italie j appelés
Pierre , Jean Baptifte , & Bernard , furnommés les
Pétrignans. Paul V. à qui ils en préfentèienc les Mé-
moires , l'approuva en i6i8- fous la Règle de S.
François d'Allife. La fin de cet Ordre étoit en par-
ticulier de réprimer les courfes que font les Turcs
fur les côtes de la Méditerranée. I^'oyc-^ les Statuts
de cet Ordre dans Favyn , à l'endroit cité.
Religicufe de Sainte Marie Des Vierges. C'eft le nom
d'une Communauté de Religieufes Auguftines , établie
à Rome , qui portent une robe blanche, avec un
fcapulaire noir. P. Helyot , Part. III. c. 7.
ifT L'Ordre de Marie Thérefe. Nouvel Ordre de Che-
valerie, à l'inftarde l'Ordre de Saint Louiî, inftitué par
l'Impératrice Reine de Hongrie, iT/ancThérèfe d'Au-
triche , en mémoire de la victoire' remportée i
Choztemits en Bohème , par le Maréchal Comte
de Daun , le 18 Juin 17J7 fur le Roi de Pruffe , &:
de celle du 20 du même mois que le Prince Chailes
de Lorraine fit lever le Siège de Prague.
ffT Leurs Majeftés Impériales ont mis la dernière main
à rétabblfement de cet ordre au commencement de .
Mars i-jCo , en lui ailîgnanc des revenus , &c en
B40 M A Pv
réglant les piivilèges dont jouiroar ceux qui en font
décorés. , j vm
ffr L'Empercui- , en qualité de Grand Maître de 1 Ur-
dre militaire de Marie - Thérèle , ayant voulu con-
férer lui même en perfonne cet Ordre au Prince
Charles de Lorraine , <Sj au Fcldt Maréchal Comte
de Daun j premier Se fécond grand croix ; la cei-e-
monie de leur inftallation fe lit le li Mars 1758 ,
avec beaucoup d'éclat.
Marie. Nom d'une monnoie d'Efpagne & de Portu-
gal, fur laauelle on voit une M, qui eft la première
lettre du nom de Mark. Ce nom de Mane^en ce
fens cit un nom d'efpèce , c^ fe dit de difterentes
monnoies qui ont la moitié ou le "quart de la va
leur d'une plus grolfe qui a aulîi le nom de Marie.
Il en eft de même du nom de Louis , quand il lignihe
une monnoie ; car on dit un louis blanc j ou un louis
d'un écu , un louis de trente fous ; un louis de quinze
fous , un louis de cinq fous , mais on ne dit point un
louis de dix fols pour déiigner une pièce d'argent
de la valeur de dix fols , on ne dit point aulli un
louis de quatre fols.
MARIÉE, f. f. Sorte de vieille danfe figurée que dan-
fent un homme Se une femme , & qui s'appelle la
mariée, parce qu'on la danfe ordinairement aux no-
ces des Bourgeois. Sahado nuptialis. La mariée eft
gaie & agréable , Se remplie de poftures fort plai-
fantes. On l'appelle sailli Dame mariée.
Mariée. Jeu de cartes fort récréatif & araulant. On
le nomme plus communément la Guimbarde. Voyez
ce mot.
MARIE GRAILLON. Mot burlefques du petit peuple ,
qui fignifieiit une femme mal-propre , l.ile , vilaine.
Imrnunda, fordida , vilis. C'eft une marie- graillon.
MARJEN , ou MARIEN. C. m. Nom d'homme. Ma-
riamis. Saint Mariai , que l'on nomme Saint Ma-
rein en Bcrri , Se Saint Marjain en Guyenne , me-
noit une vie fort dure , mais prefqu'entièrement ca-
chée aux hommes dans le Vr lîècle. Baillet. au i g
Août. Grégoire de Tours parle de ce S. Solitaire de
Berri dans l'on Livre, de Glor. conf. c. Si. Uluard
&: le Matyrologe Romain en font mémoire le 19^
d'Août; mais les anciens Bréviaires de Bourges mar-
quent fa Fête au 19" de Septembre. Le Martyrologe
de France diftingue deux Saints du Berri du nom de
Marein , onMarien , tous deux au 19' d'Août.
MARIEN. adj. m. Terme de Mythologie. On donna à
Rome ce nom à Jupiter, à caufe d'un Temple que
Marins lui avoir fait bâtir. Marianus Jupiter. C'étoit
le Jupiter de ce temple, qu'on nomme iw'pko: Marier..
Mariem. C'étoit un des cinq Royaumes qui compo-
foient l'île Efpagnole lorfque Chriftophe Colomb en
fit la découverte.
MARIENBERG. Nom d'itne petite ville, ou bourg
de la Mifnie , en Haute Saxe. Marienberga. Ce lieu
eft entre les rivières de Schop Se de Floé , aux con-
fins de la Bohême , à douze lieues de Meilfein, vers
le midi. Marienherg a été bâtie l'an 1J19. pour la
commodité de ceux qui travaillent aux raines , qui
font fort riches en cette contrée. Maty.
MARIENBOURG. Ville des Pays-Bas , fituée dans le
Hainaut , fur la rivière de Blanche-Eau , à deux heucs
dePhilippeville, vers le midi. Mariaburgum. Marien-
bourg a été une place fortifiée. Les François à qui
elle a été cédée par la paix des Pyrénées , l'ont dé-
mantelée. Maty. Long. iz. d. 5'. lat. 50. 4'.
Le nom de Marienhourg eft compolé du mot de
Imr'^ , qui veut dire ville en Allemand , Se du nom
de ^Marie , que portoit la fœur de Charles - Quint
Empeieut.
Marienbourg , eft aufll le nom de la ville capitale
du Palatinat de Marienbourg , en Prulle. Manœhur-
gum. Elle eft fur une des branches de la Viftule , à dix
lieues de la ville de Dantzick,c\: .à fix de celle d'Elbing.
Cette ville ne fut d'abord qu'une petite torterelfe ,
bâtie parles Chevaliers Téiitoniques ; majs leGrand-
- Maître l'ayant choilie pour le lieu de la rélidcnce ,
elle ftit agrandie , embellie & fortifiée. U y a un bon
M A R
château. Les Polonois la polfèdent depuis l'an 1470.
Maty.
Le Palatinat de Marienbourg , Maruhurgenfis Pala-
tinatus. Province de la Pruflc Royale. Elle eft bornée
au couchant par la Pomérellie ; au nord par le Frifch-
Hatf-, & ailleurs par la Prulle Ducale. La Vl'armie
dépend de ce Palatinat , & fes villes principales font
Marienbourg, capitale ^ Elbing , Trawenberg , Braunf- -
berg Se Heilfperg. Maty.
MARIENDAL, ou MERGENTHEIM. Nom d'une
petite ville de la Franconie , en Allemagne. Mer-
gemhemum , Mehgethum , Mafu Domus. Elle eft
fur le Tauber , à fix lieues de Wurtzbourg , vers
lefudoucft. Cette ville défendue par un bon châ-
teau , eft capitale d'un petit pays de la Franconie :
elle appartient aux Chevaliers Teutoniques. C'eft la
rélidence ordinaiie du Grand -Maître de l'Ordre.
Maty.
Mariengros. f. m. Monnoie de compte dont les
Négocians de Brunfwic fe fervent pour tenir leurs
livres Se écritures. Trente-fix mariengros font la ri-
chedale.
MARIENWERDER. Petite ville de la Prulle Ducale.
Marienvcrda. Elle eft dans la Poméranie , entre Ma-
rienbourg Se Graudens , à fix lieues des deux.
MARIENZELL. Nom d'un village de la Stirie , fituc
aux confins de l'Autriche. Marixcella. U n'eft connu
que par l'aftluence des pèlerins, qui y vont en dé-
votion. Maty.
MARIER. V. a. Joindre un homme & une femme par
le lien conjugal fuivant les cérémonies de l'Eglife.
Se marier c'eft le recevoir. Matrimonio copulare ,
conjungere. C'eft le Curé ou le Vicaire qui les a ma-
riés , en face d'Églife. On ne marie point pendant
l'Av'ent , ni le Carême. Quand on fe marie , il faut
fe maner çiT raifon. M. Scud. Epoufer une femme
pour fon bien , ce n'eft pas fe marier , c'eft négocier.
S. ÉVR. La plupart des gens fe otjw/7/ lans le coii-
noître Se fans s'aimer. M. Scud. On ne parle point
de marier ceux qui s'aiment également , mais ceux
qui font aimés également de la Fortune. S. EvR.
Se marier en dépit de Vénus & des Grâces. Abe.
îpT Marier, Se dit non-feulement du Prêtre qui unit
un homme Se une femme,, fuivant les cérémonies
de l'Égliie ; mais encore en parlant de ceux qui lont ou
qui procurent un mariage , foitpar autorité paternelle,
foit par office d'amitié. C'eft un tel Prêtre qui les a
marié. Son père l'a marié fort avantageufement.
Marier , fe dit figurément en chofes morales. Allier
deux chofes enfemble , les joindre l'une à l'autre.
Accommodarc , jungcre , maritare. On dit , Marier fi
voix avec un tuorbe ou une balle de viole. On ne peut
pas marier le vice avec la vertu. Les dieux ont marié
la peine avec le plaifir. Se le travail avec la gloire.
Cos. On a dit du mariage de deux perfonnes peu
fevorifées des biens de la fortune , que c'étoienc
la faim Se la foi/ qui fe mariaient enfemble. Saint
tfJ- On dit dans ce fens qu'une epithete le marie bien
avec un terme , qu'un adverbe ne fe marie pas bien
avec un verbe.
On dit aulfi marier des vignes avec des ormeaux ,
pour dire , les attacher enfemble.
Marier des ruches. Terme d'économie ruftique.
C'eft en faire une feule de deux , faire palier toutes
les mouches de l'une dans l'autre ; ce que l'on
pratique lorfque l'on a des ruches mal peuplées.
MARIÉ, ÉE. part & adj. Il eft iuiïi inbii. Conj^ugio
illigatus. Le marié amène (x mariée à l'Egliie. Celles
qu'on a mariées malgré elles reçoivent à la fin pr
devoir le joug qu'on leur a impofé par tyranie. L u-
fage des mariages intéreilés^, fait que l'on compte
d'être infidèle dès que l'on fera marié. Bell.
On dit proverbialement , que la mariée eft trop
belle, quand on fe défie d'une atraire qu'on propole,
parce qu'on y voit trop d'avantage , ou quand on le
plaint d'une choie dont on dcvroic fe louer.
{iCr Dans la po'cfie Françoife on appelle nmesmanees ,
elles qui ne font point fcparécs les unes des autres,
^ c'eft- a-dire.
M A R'
c'eft-à-diic , dont les deux m.ifculincs fe fiiivcnt im-
mcdi.ucmcnt, & les deux fcminiues de mcme. C'efl:
ce qu'on appelle rimes plates.
MARIÉRI. i. m. Terme de Calendrier. Nom du
dixième mois de Juillet. On l'appelle aulli Marin.
MAKIESTAD. Nom d'une petite ville de la Suède.
ManA fladiwn. Elle elt dans la Wcllrogotliic , fur
le lac Wcner , à neuF ou dix lieues de la ville de
Lingkiopid , vers le nord. Matv.
MARIGALANTE. Nom d'une des Antilles de Barlo-
vcnto. Marlgdlanta. Elle eft. entre la guadaloupc ic
l'île de S. Dominique. Elle a environ dix-huit lieues
de circuit , palle pour fertile , & appnrtient aux
François, qui y ont b.âti un fort. Matv.
MAR1(.;NAN , ou MELIGNANO. Nom d'une pe-
tite ville d'Italie. Marïnïanum , Melignanum. Elle
eft dans le Milmois, fur le Lambro , à trois lieues
au levant de Milan. Marignan eft célèbre par la
victoire que l'rançois I. y remporta fur les Suillés l'an
ijij. Maty.
MARIGNY. (. m. Petit moucheron du Brelîl , dont la
piquùrc eft fort douloureufe.
Marigny. Nom de lieu. Marennium. Il eft en Nor-
mandie. Valois , Noc. Gall. p. yoj.
MARIGOT. Terme de Pécheur. Courir le marigot,
ou aller au marigot , fe dit des Pêcheurs parelleux ,
qui au lieu d'aller lur le fond , vont fe cacher en
quelque endroit , ou à l'abri des rochers , pour y
faire rôtir du maquereau , pour l'y manger, &: pour
y dormir quelques heures ; après quoi ils vont rejoin-
dre les autres Pêcheurs qui font lur le fond. Dinis ,
HisT. DE LA Mer.
Marigot, f. m. C'eft le nom que l'on donne gé-
néralement dans les Iles, aux lieux bas, où les eaux
de pluie s'allemblent & fe contervent. C'eft la dé-
finition qu'en donne le P. Labat , t. 2 , c. lâ , de
{ts voyages. Le Lundi failli à l'habitation du Ma-
rigot. Id.
MARILAND. Voyei Maryland.
MARIN , INE. Qui vient de la meir , qui appartient à
la mer. Marinus , maritimus , pelagius. Monftre
marin , loup marin , conque marine.
ffj" On appelle les dieux de la mer , les dieux marins.
Ce fut un monftre marin , qui tît périr Hippolyte.
On peignoit le char de Neptune attelé de chevaux
marins. Il y a des veaux marins , des chiens & des
loups marins. Le fel marin , eft celui qui le fait de l'eau
de la mer , qui eft de tîgure cubique , & le plus fore
de tous les lels.
Ce terme s'applique aulTI à ce qui fert à l'ufige de
la n.avigation. La cane marine , ou hydrographique,
eft celle qui fert pour la conduite des vailleaux , où
font marqués les rumbs des vents , les côtes , les
rades , & les bancs de fable. Foye:( Carte.
En Architeélure , on appelle colonne marine ,
une colonne taillée de glaçons ou de coquillages par
bandes ou bolfage , ou continus fur la longueur de fon
fût , ou bien par tronçons en manière de manchons.
Columna marina. Dict. de Peint. & d'Arch.
83°" En termes d'Hiftoire naturelle , les corps marins font
des coquillages , des coraux , des poillons & autres
corps ftmblables que l'on trouve enfouis &c pétrifiés
dans le fcin de la mer.
fp" Atgue marine. Efpèce de pierre précieufe tendre ,
& de couleur à-peu-près de l'eau de la mer.
On dit qu'un homme a le pied marin , quand il eft
accoutumé à l'air & a la fatigue de la mer , quand il
a été longtemps furies vailfeaux.
Homme marin. Outre ce que nous avons dit au
mot Homme , on peut ajouter ici qu'on prit un
homme marin en Illyric , fous le Pontificat d'Eu-
gène IV; que fous l'Empereur Maurice on vit dans
le Nil un homme ts: une femme marine , qui fe
lailfèrent voir , pendant trois ou quatre heures, hors
de l'eau jufqu'au nombril ; qu'en 1526 , on prit en
Frife un homme marin , qui avoit beaucoup de barbe
ëc de cheveux; un autre dans la mer Baltique , en
15^1. Il fut envoyé à Sigifmond , Roi de Pologne,
& vécut trois jours à fi Cour, Un autre jeune fut pris
To/nc y.
M A R 841
près de la Rocca de Sintra , comme rapporte Damieii
Goès. Olyjppon. Enarrat. Le Roi de l'oitugal (Se le
Grand-Maure de l'CJrdre de S. Jacques , ont eu au-
trefois un procès , pour (avoir à qui des deux ces
monftrcs appartiendroieiu.
La trompette marine , eft un inftrumcnt qui n'.i
qu'une grolfe &c longue corde de boyau , tendue lur
un chevalet , & qu'on touche avec archet. Elle a
le corps triangulaire , &■ elle imite fort bien le Ion
des trompettes ordinaires, /-^ojf ^-Tkomi'i. tti-. Tuba
marina , ou tuba monochordon. CJuclques-uns préten-
dent qu'il faudroit dire Trompette manint , parce
qu'au lieu de Trompettes ordinaires que l'on embou-
che pourfonner, celle ci fe joue avec un archet , &
le mouvement de la main ; d'autres dilent , qu'on l'a
nommée marine , parce que l'on s'en fert fur la mer ,'
où elle rélonne beaucoup mieux. L'ulage eft pour
trompette marine , & cela lulHt.
Nous difons Marin fubftantivcment , pour dire un
homme de mer ; mais nous ne le dilons que des
Officiers de Marine. In re maritimâ , ou navali
Prdfeclus ,pr£fecluram aliquam gerens. J'ai demeuré
longtemps à Breft & à Toulon , je connois tous nos
Marins. Nos Marins ne demandoient qu'à fe battre.
L'oihveté gâte les Marins fur les vaifteaux.
Saint MARIN. Foye'^ San-Marino.
MARINADE, f f. Terme de Cuifine. Ragoût , prép.a-
ration de viandes qu'on fait en les laillant tremper
dans une lauce de vinaigre , poivre , lel , épice , clou ,
citron , orange, oignon , romarin , lauge , &cc. Em-
bamma nauticum. Et en les faifant cuire & mitonner
dedans. On (ert aux entrées des longes de veau , des
poulets à la marinade.
MARINAI, MARIANARI , GLIUBOTIN PLANINA.
Montagne de la Turquie , en Europe. Marineus Mons ,
anciennement Scardus & Scodrus. Elle s'étend d'orient
en occident , entre l'Albanie , la Bulgarie & la Servie.
Le Drino Nero , & la Morave y prennent leurs four-
ces. Maty.
MARINE. (. f Eft la fcience de la navigation ; ce qui
concerne la navigation fur mer ; ce qui a rapport au
fervice de la mer. Res nautica , nautica , hijliodro-
mia. On^divife la marine en militaire 8c œconomi-
que. La Marine militaire , comprend les vailleaux
armés en guerre : Vceconomique , les vailleaux mar-
chands. Pierre Nonius ou Nugnez , eft un célèbre
Mathématicien Portugais , qui le premier en a écrit
deux livres en l'année 1530 , à l'occadon de quel-
ques doutes que lui propofa Martin Alphonfc Soia.
Enfuite Pierre Médina , Elpagnol. Et en 1606 , André
Garcia Celpédès fit imprimer Regimento de la na-
vigation. En 1 608 , Simon Stevin , Mathématicien
du Prince d'Orange. En 161Q , Willebrordus Snel-
lius a fait imprimer fon Typhis Batavus. En 163 1 ,
Adrianus Mérus a écrit de l'art de naviger par le
globe. En 1640, le Père Fournier , Jéfuite, a écrit
de l'Hydrographie. En 1661 ,\t Père Riccioli , &
le Père Galpart Schottus , Jéfuites , en ont donné
quelques traités dans leurs Œuvres. Et en 1666 ,
le fieur Denys , Hydrographe & Profelfeur à Dieppe,
Rodéricus Zameranus , Pierre Appian , Podéricus
Crefcentius , Auguftinus Csfanus Robert Dutlé ,
Jacques Colomb , Jean Janlon , & le Père Mer-
fenne , Minime , en ont fait quelques Traités. Le
Père Defchales , Jéfuite , en a écrit : ce qui vient
d'être dit , eft tiré de les (Euvres , en faveur de ceux
qui s'adonnent à la navigation , que maintenant on
cultive heureulement en France. Les livres ordinaires
de Marine qu'ont les Pilotes , font les Routiers de
Pierre de Médine , de ALanuel Figuérido ; le Miroir ,
le Tréfor , la Colonne de la mer ; le Flambeau de la
Navigation , drellé par Guillaume Janfzoon , iScc.
Pere Deschales. Le P. Hofte _, Jéfuite , a donné , en
1697 , l'Art des armées navales : c'eft un traité des
évolutions navales.
La connoillance parfiite de la Marine renferme
o\i fuppofe la connoilfancc de quantité d'Arts & de
Sciences. Elle Icdivile en trois parties générales; qui
font l'Architedure navale , le Pilotage , & l'Art des
Ooooo
8a2 m a R
évolutions ; rArchitecture navale apprend à conf-
triiire toutes lottes de batimens de mer ; le Pilotage
€i\ l'art de les conduire en mer feuls & (ans com-
pagnie ; & l'art des évolutions apprend à conduire
plurieursbkimensenfemblej c'efl-a-dirc , les Hottes,
ou les armées navales.
Marine. Se dit en général pour tout le corps de la
Marine , ou pour ce qui concerne la navigation.
ifT Dans cette acception , il comprend tous les Ofti
ciers , l'oldats , matelots dellinés au iervice de mer ;
les vaiOeaux de guerre ; en un mot tout ce qui fait
la puillance navale d'un état. C'elc ainll qu'on dit , la
iMariae de France.
Après les Loix Romaines touchant la Marine ,
répandues dans le Digefte & dans leCode^les plus
anciens Réglemcns dont on ait connoillànce j lont
ceux qui furent publiés fous le titre de rôle d'Ole-
ion , par Eléonore , Duchelle de Guyenne , ik Com-
teiïe de Poitou , qui ayant été répudiée par Louis
VII , avoir époulé Henri II , Roi d'Angleterre. Ils
furent même reçus en France , comme il paroit par
la compilation de Fontanon ; &: ils leivirent aulli de
modèle aux villes Anféatiques , pour drelfer les Or-
donnances de Visbui , ainli nommées de Visbui , dans
l'île de Gothland. f-^oye-^ MevviWc, Ordonnance de /a
Marine , du mois d'Août lôSi , commentée & con-
férée , &c. Il y a une Ordonnance de la Marine , du
mois d'Août i68i , que Pierre MervJlle , Avocat au
Parlement de Paris , a commentée &c conférée avec
les anciennes Ordonnances , le Droit écrit , &: les
nouveaux Réglemens.
Marine , fignitie aullI le goût, la fenteur de la mer.
Maris odor. Cela fent la marine. Cela a un goût de
marine.
tf^" Marine , lignille quelquefois Plage ou côte de
mer. C'elt ainii qu'on dit , le promener fur la ma-
rine. Delà le terme de marine , en peinture.
§3" Marine , terme de Peinture. Les Peintres appel-
lent marines , des tableaux où ils repréfentent des
mers , des porrs , des vailléaux , des tempêtes j & au-
tres fujcts lemblables.
§3" Ce terme peut (e tranfporter à une peinture poéti-
que. Les Paftorales de Sannazar j n'ont pas été fort
goûtées. Son nouveau genre d'Eglogues a paru trop
fombre & trop mélancolique. Il a tranlporté des
bois &c des prairies , la fcène paftorale fur le ri-
vage de la mer. Ce ne font plus des agneaux qui
bondillent dans la plaine ; ce lont de gros poilîons
qui (e promènent lous les eaux. Les Alcions repré-
fentent les rolllgnols. Un panier d'huitres préfenté
à Am.arillis y fait l'oltice d'un bouquet de Heurs. Un
beau payfage peint par Sannazar , auroit mieux valu
que toute cette marine. MÉm. de TrÉv.
Marine. Fbyez Marguerite.
MARINER. V. a. Aceto & aromatibus macerare. Pré-
parer de la viande , du poiHon dans un adàifonne-
ment appelle marinade. Voyez ce mot. On marine
^uili le poillbn frais que l'on veut garder quelque
temps , & on le conlerve dans l'huile , ou dans le
vinaigre, & avec des herbes fortes. On marine des
poulets J pour les manger fur le champ. On marine
du thon , pour le conlerver.
MARINÉ , ÉE. part. & adj. Des huîtres marlnces , des
champignons marines , du thon mariné.
lier En fiit de commerce de mer , on appelle marchan-
difes marinées J celles qui ont été imbues ou mouil-
lées d'eau de mer , par quelque accident arrivé au
vailïeau. Tabac mariné. Mulcade marinée.
Mariné, en termes de Blafon , fe dit des animaux dé-
peints lur les écus , avec une queue de poiHon comme
les Sirènes. Caudâ in pifcem dejînenie. Il portoit de
gueule au cerf eftropic ( ou qui n'a point de pieds ) ,
mariné d'or. ImhoH', en Allemagne , porte de gueules
au lion mariné d'or.
MARINES. Bourgdu Vexin-François, à trois lieues de
Pontoife. Il y avoit autrefois un Prieuré de Chanoines
Réguliers, auquel a fuccédc uneConmiauté de Pères
de l'Oratoire. Defcrin. Géogr. & Hijl. de la Haute
' Norm. T. II ^ p. S4-f-
M A R
MARINETTE. f. m. Vieux mot qui fignlfîoit autrefois
la pierre d'aimant , & même la bouHok qui en cil tou-
chée , parce qu'elle lervoit principalement a la Marine.
Lapis magnetuus , pi.xis nautica. Voyez BoussoLï.
MARINGOUIN. f. m. C'eft ainfi qu'on appelle dans
les îles de l'Amérique , une efpèce de petit infcftc
fort incommode. CuUx. Il approche de celui qu'on
appelle coufui en France. Il y a des maringoums en
Ahique , comme dans l'Amérique méridionale.
On ell venu avertir M. l'AmbaHadetn.- ,que la mai-
fon étoit toute pleine de Maringouins , ou petites
mouches infupportables. Abeé de Choisy. Nous fom-
mes arrivés a Banko ; nous avons été<mangés des mouf-
quites ou marmgouins. la.
Les peuples du Brelil appellent en leur lingue cet
inleéte Marïgouy , d'où elf venu le mor MaririPoum.
HUET.
MARINGUES, petite ville de France, en Auvergne,
dans l'élection de Riom , près de l'Allier.
MARINIER, f. m. OiKcier qui commande à un équi-
page de Matelots. Homo mar'ainius , Nauta. Il ne
faut pas confondre les Ofliciers mariniers , avec les
Officiers de marine. Les Otiiciers de la marine font
les Capitaines, les Lieutenans, les Enleignes. Les Offi-
ciers mariniers , lont le premier Pilote , le Maître
Charpentier , le Maître Canonnierj le Contremaî-
tre , le Bolleman , le Maître de hache , le Maître
Voilier , îkc. Ceux qui font fous eux s'appellent plus
ordinaircmenr Matelots.
Marinier , fe dit auiîide ceux qui conduifentles grands
bateaux lur les rivières. Naviculanus , nauta. hts
Mariniers fe préparent à tirer l'angdille , i'oiion.
Marinier de Rame. Terme de Marine. Homme de
mer , Marinier , Matelot qui lert à ramer , fans y être
condamné comme les Forçats.
MARINO. Nom d'un bourg de la campagne de Rome ,
à quatre lieues de la ville de Rome , vers le levant.
Mannum , villa Marina. Maty.
Marino. Autre bourgdu Milanois, en Italie. Marinum.
Il ell à cinq lieues de la ville de Milan , vers le nord.
Maty.
Marino. C'ell encore un village de la Capitaïuite j pro-
vince du Royaume de Naples. Marinum. Campo Ala-
rino. Ce lieu lltué fur le Tiferno , à une lieue de fou
embouchure , ell la petite ville qu'on nommoit an-
ciennement Claterna , ou CUternia. Maty.
San-Marino , ou Saint-Marin. Nom d'une ville en-
clavée dans le Duché d'Urbin , province de l'Etat de
l'Eglile. Fanum S. Mar'ini , Marinum , anciennement
Mons Titanus , ou Acer. Elle eft à deux lieues de
S. Léo , vers le nard. San-Marino eft une ville forts
par la htuation , fur le lommet d'une montagne ,
par fes fortilîcations qui font aHez régulières , & par
quelques bons châteaux j qui en gardent les avenues.
Elle ell: lur le pied do République , depuis l'an 6co ;
mais la jurifdiclion ne s'étend que lur dix ou douze
villages voifins. Ses premiers JVlagiftrats lont deux
Capitaines J que l'on change deux fois l'an. Les Ita-
liens la nomment par mépris la Repuhlichetta ; c'eil-à-
dire la petite République, & elle nomme par fierté
la République de Venile ^fa carijjimajorclla , c'ell-à-
dire, la très-chère petite lœur. Maty.
MARIO. Nom d'une montagne de la Campagne de
Rome J tout auprès de la ville de ce nom. I\Iûns
Marii , Mons Gaudius , Monte Mario. Maty.
MARJOLAINE, f f. Plante dont il y a quelques ef-
pèces. Amaracus , Sampfuchus. La marjolaine ordi-
naire eft haute d'environ un pied , !k pouH'e plu-
lieiirs branches ligneuies , le plus louvent carrées ,
un peu velues , rougeàtres. Ses feuilles lont rangées
vis à-vis l'une de l'autre , lemblables à celles de l'ori-
gan •■, mais beaucoup plus petites , molles , blanch.î.-
tres J d'une odeur forte j aromatique , & d'un goûc
acre &■ un peu amer. Ses Heurs nailTent en les fom-
mités , ramaHées en manière d'épis , ou de têtes plus
rondes & plus courtes que celles de l'origan, compo-
Tées de quatre rangs de feuilles polées par éc.iillcs.
Ce? fleurs fonr petites en ;;ueu!e ; chacune d'elles eft
un tuyau découpé par le haut eu deux lèvres, de cou-
M A R
leur blanche. Ses fcmcnces font menues , prcrquc ron-
des j de couleur roulle, odorantes , amcrcs. En La
tin , Majoranu vulgaris. Cb.pi/i. 22.f. La marjolaine
cil bonne dans les maladies du cerveau & de la poitii-
ne ; elle fortifie l'cflomac : on en mêle dans les pou-
dres ilernutatoires , dans les erriiines , dans les fonicn-
tuions. On lui a donne ce nom , à caufc qu on prend
grande peine à la cultiver, & qu'elle n'ell point (ir
jette à fe tàncr j ni à pourrir.
AlAHIOLA. Monta2,ne d Efpagne , au Royaume de
Valence , dans le voifinagc de la ville d'Alcoy , on y
trouve une quantité extraordinaire de iimples Ik. de
plantes médecinales.
MAIilOLE. f. f Vieux mot, qui fi:;ni!îe imaa;c de la
lainte Vierge. E^gïes , imago D.Virginis ; Se dans
la balle Latinité , MaiioU.
Aubes jfros, chafuhUs , ejlocles
Crois , Cruccfis , & Ivlarioles. G
>les. GuiART.
IVL\RJOLET. f m. Terme injurieux tV populaire , qui
ic dit de ceux qui veulent taire les galants ou les en-
tendus. C'ell un franc majorlet. Scar. Si vous ères
j,£ns modeftes & (crieux , qui alliez rondement en
befogne j qui ne cherchiez qu'un gain honnête &
modéré , qui ne lalliez point les muguets , les marjo-
kts , les enfarinés, les fanfarons , &c. Mascor.
Entendre an marjolec , qui dit avec mépris ,
Ainjl qu'ânes , ces gens font tous vêtus de gris.
RÉGNIER.
Ce mot originairement figniiîe témoin , comme
on voit dans la Coutume de Hainaiit, Se parce que
les témoins font quelquefois odieux , on l'a dit par
mépris des jeunes gens à qui on vouloir reprocher
qu'ils n'étoient pas dignes de foi. f^oyc:^ Mariaud.
AIAKION. f. f. Nom d'une femme, diminutif de ALr-
rie. Maria. Ce n'ell que le peuple qui appelle Ala-
non les filles qui fe nomment JVIarie.
|Cr MARIONETTE. f. f. Petite figure de bois ou de
carton ou d'autre matière , qui repréfente des hom-
mes ou des animaux , & que les Bateleurs tont remuer
par rellbrts , pour amuler les enfans , le peuple , Se
quelquefois ce qu'on appelle la bonne compagnie j
les honnêtes gens. ImagunculaJignsoU hominumjigii-
r&. C'eil: apparemment ce qu'Horace appelle aiienis
nervis mobile lignum. On dit , jouer les Marionettes ,
donner les Marionnettes , aller aux Marionettes. Jean
Brioché eft regardé comme l'inventeur des Marionet-
tes-, mais il ne fit que les perfectionner. De Ion temps
un Anglois avoit trouvé le lecret de les faire mouvoir
par des rellbrts & fans cordes ; mais l'on prêtera
celles de Brioché à caufe des pl.i.ifanteries qu'il leur
iaifoir dire. Ce Speftacle n'eft pas tait pour notre
nr.tion feule. Du Loir dit que les Turcs ont des
joueurs de Marionettes plus adroits que les nôtres.
^0°0n dit ironiquement d'une petite femme, que
c''eft une Marionette , une vraie Marionette. Cela
eft du ftyle de converfation.
Defcartes prétend que les bàes n'agilTent que comiric
des Marionettes , & que l'agitation de leur fang leur
rient lieu de relforts ■■, qu'on ne doit pas plus ad-
mirer leurs petites adrelfes , que les rellorts d'une
horloge, qui fans ame marque mieux les heures
qu'un homme ne pourroit faire.
M. Ménage fait venir ce mot de marions , ou pe-
tites Maries , en prenant l'efpèce pour le genre.
Marionette. f. f. Monnoie d'or qui fe fabriquoic au-
trefois en Lorraine & en quelques lieux d'Allema-
gne ; elle pefoit deux deniers treize grains.
MARIPENDA. f m. Sorte d'arbrillcau des Indes occi-
dentales , qui le trouve dans la province de Mé-
choacan. Son tronc efl: haut environ de cinq pieds.
Ses branches font noirâtres , & fes feuilles lembla-
bles au fer d'un dard , larges & épaiifes , de couleur
verre , tirant fur le purpu.in , mais plus verres dans
leur partie fupérieure , attachées à des queues rou
ges. Ses fruits font en grappe, langs de près de huit
Tome V.
M A R 843
pouces , compofés de grains fcmblablcs à ceux du
laiiin, mais plus clairs , verts preuiiêremcnt , rou-
ges cnfuite , t<. enfin d'un pourpre obfcur. Les ha-
bitans prennent les rejcttons & les rameaux de ce:
arbrilieau , & les ayant coupes fort menus , ils ic
font bouiUir jufqu a ce que l'eau s'cpailliUc , Se
quelle vienne en conlillancc de miel. Ceft un
baume qui guérit les plries les plus difficiles , Se
arrctc le tang de celles qui font récentes. C. Bau-
hin appelle le martpe.nda , Ilalf&mum fruclu race-
mofo ex Hifpaniola. Pin. 401.
MARIQUE. f. f. Nom d'une Nymphe. Marica. Elle
époufa Faune , Se elle en eut Larinus. Quelques-uns
pren.nent Manque pour Vénus.
MARIQUITES. Peuples errans de l'Amérique méri-
dionale dans le Brélil. M. de l'Iflc les met a l'o-
rient de Fernambuc , Se au nord de la rivière de
S. François.
MARIS, royei Limyra.
Maris, f^oye^ Maire.
Maris , ou MARISCH. f'oye-^ Marcs.
MARISE , ou MARIZA. Nom d'une grande rivière
de la Romanie. Mari-^a , anciennement Hehrus ,
Rhombus. Elle a les lources dans les montagnes
de Collegnas , baigne Plulippopoli , Andrinople ,
Trajanopoli , & fe décharge dans 1 Archipel à Eno ,
vis a vis de l'île de Samandrachi Maty.
MAHISQUE. f. f Marifca, &. Petite excroillance char-
nue , molle , fongueute , indolente , qui vient au
tondement , au périnée , & à la partie interne lu-
péncurc des cuilles dans les temmes. Ceft une ef-
pêce de fil J & fouvent un lymptôme de la groile
vérole. Son nom vient de la reliemblance , avec
une efpèce de figue appelée marifque. Col de ViL-
LARS.
Marisque. f. m. Efpèce de figue grolTe Se fans goût
En Latin marifca.
MARiSSON. f. f. Vieux mot qui fignifie dommage,
dégât , Se la douleur , le chagrin que les pertes ont
coutume de cauler. Detrimentum , jaciura, dolor ,
mœrtir ex , Sec. dans la balle Latinité marritio.
Dame Guiborg faifoit grant mariffon.
Girard de Vien.
Voyei encore Marrisson.
MARITACACA , ou MANICOU , & FILANDER.
1. m. Sorre d'animal du Bréiil, grand environ com-
me un chat , & approchant de la forme du turet.
Il a lur le dos deux lignes bien diftinguées , l'une
blanche , Se l'autre brune , qui le traverfent en
croix. Il vir d'oileaux , dont il mange aulh les œufs.
Se eft tellement friand d'ambre , que fouvent il fc
promène la nuit le long du rivage de la mer , pour
en chercher. Cependant il exhaie une odeur puante
qui pénétrant au travers des bois Se des pierres, eft
mortelle pour les hommes oe les bêtes. Elle dure
quinze Se vingt jours , & quelquefois plus , enforte
qu'on eft contraint d'abandonner les villages, donc
cet animal s'eft approché de rrop près.
MARITAL, ALE. adj. m. Se f. Qui appartient au mari.
Mantalis. La puilfance maritale. Scopfer , Allemand ,
prétend que l'autorité maritde s'étend à la correc-
tion , & aux châtimens , pour réduire la femme à
l'obéilTImce.
MARITALEMENT, adv. Terme de pratique. En ma-
ri , comme doit taire un mari. Le Juge lui ordonna
de rraiter maritalement fa femme , de vivre marita-
lement avec elle.
MARITIME, adj. m. Se f. Qui concerne la mer , qui
eft proche de la mer. Maritimus. Conftantinople
eft une ville maritime. Les côtes maritimes de Hol-
lande font bordées de fortes digues. Région mariti-
me. Vaug. Peuples maritimes. '^ Ce terme s'appli-
que aulTî aux chofes qui concernent la marine. Aintl
l'on dit les. forces maritimes d'un État , pour dire
les forces de mer. Les Puilfances maritimes.
MARIUS , MARIA, f. m. Se f. Nom propre d'une
famille Romaine Marïus , a. La famille Maria écoit
G o o o 0 ij
84A
M A R
iio(i feuleiiieiit plubcïcnne , mais oblciire jufqu'à C.
JManus ^ qui fut Icp: ion Conlul j comme il paro'ic
p.ir ce qu'en dit Salulle dans l'on Hilloiie de la yueirc
de Jugurtha. Il étoit d'Atpinum , compatriote de
Cicéron. La.fùmiUe Maria fubiîltoit encore au temps
d'Augurte , malgré les guerres & les proicriptions de
Sylla. Il y a des médailles d'un Caïus Marias Pro m
viK. fous Augurte.
Il ne faut jamais dire Marie , ni au mafculin ni au
féminin, pour Marins ., & Maria, quoiqu'on dUc
Marcie, Porcie , au moins au féminin, &c. Voyt\
encore Mary.
MAfllZA. Rivière de la Remanie , elle a fa fource
au pied du Mont-Hémus , & fe jette dans le Golfe
de Mégarjfe.
MARKAB. Terme d'Aftronomie. C'eft le nom d'une
étoile qui eff devant l'aile du Pégale.
MARKEK. Bourg de la Balle-Autriche , aux confins
de la Hongrie, fur la rivière de Mark, ou Mardi,
qui le jette dans le Danube prclquc vis à-vis d'Haim-
bourg.
AlARKHELHEM. Ville de France dans la Haute-Al-
fice, Diocèfe de Balle, Conlcil louvcrain, &: In-
. ter.dancc d'AJlace.
MARLE. f. f. C'eil la même chofe que MARNE.
/ oyf^ ce mot , qui eft le plus en ulage.
Marle. Nom d'une petite ville de la Tiérache en Pi-
cardie. Maria. Elle ell lur la rivière de Serre , à
quatre ou cinq lieues au nord de Laon.
Marle. Nom du lieu qui s'appeloit autrefois Marne.
Marna , Maria. Il efi: dans le Laonois , fur la Sarre.
h'n s'eft changée cnl , comme dans Aumale ; Albe
marie , A' Albcmarne.
Ce mot vient de marna., de la marne, terre blan
che quon tire de bien avant dans la terre , pour
en fumer & en améliorer les champs. 'Valois , No-
\tit. Gall. p. ^[-. & p. Aparemment qu'on en
• ■ 'trouvoit en ce lieu.
• MARLEBOROUG , MALBOROUG , MARLEBO-
ROW, & MARLEBROW. Nom d'un bourg du
Comté. de Wilt , en Angleterre. Margabcrga. Il clt
fur la rivière de Kennet , à fept lieues de la ville
de Salcsbury , vers le nord. Quelques Géographes
mettent à ce bourg l'ancienne Cunetio, ville des
^Belges, que d'autres mettent à Kennet, village iîtué
à deux lieues au couchant de MarleboroAV. Maty.
Le Duc de Marlborow a rendu ce nom fimcux.
MARLEM , ou le Bourg de Mariera. Bourg de France
dans la balle Alface ., entre Saverne &: Molsheim.
C'étoit autrefois une Ville très-conlidérable.
MARLER , v. a. Foye^ Marner qui elt feul en ufige.
5f3" MARLI. i. m. On écrie marlïe. C'eft un ouvrage
de mode ou d'ajuftcment. C'eft une cfpèce de gafe ,
dont on diftingue deux fortes , le marll limple , &
le marli double , qu'on appelle marlï d'Angleterre.
vemtts texcilis.
MARLIÈRE, 1. f. On dit aujourd'hui marnicre. On a
die autrefois maUlière en François , Hc marlcria dans
la balfe Latinité.
MARLO. f. m. Bois de corde qui fert à chauffer les
fours dans la nianutaéture des glaces de S. Gobin. Il
y a trois fortes de bois pour ce chaullage -, favoir ,
les marias ., les billettesj & le bois de charbonnage.
MARLOW^ , ou MERLO'W. Mdlotum. Petite ville
"■ d'Allemagne au Cercle de Balle Saxe , au Diocèfe de
, Mecklenbourg fur le Reckenits.
MARLY. Nom de lieu. C'eft une maifon Royale ,
iîmée pntre Verlailles iSc S. Germain , à l'extrémité
d'une forêt qui porte le même nom.
§^"La Machine de Marly z^ une célèbre Machine
hydraulique que Louis XIV. fit conftruire pour con-
duire des eaux à Verfailles. Ellecft placée fur le
'; -dos d'une montagne , &: fait monter les eaux de la
", Seine julquc dans un Aqueduc élevé au-dellus de
fon fommet. L'ame de tout le jeu de cette Machine
.font huit grandes roues établies fur la Seine j qui
'\ font mouvoir chacune quatre grandes pompes fou-
■ lanres &: afpirantes. Depuis la conftrucfion du Ca-
nal de Maintenon j la Machine ne fournit plus d'eau
M A R
à Verfailles , mais elle fert pour en conduire au
Château de Marly , dans le voilinage duquel elle
eft fituée , 5c d'où elle a pris fon nom.
MARMAILLE, f f. Nom collectif Troupe de petits
enhms. Pueri , puerorum grex j turba pucrilis. Il n'a
place que dans le difcours familier. Qu'on chaffe
d ici cette marmaille.
MARMANDE. Mannande en Agénois. Nom d'un
bourg de l'Agénois, en Guyenne. Marmanda. Il
eft lur la Garonne , à cinq lieues au levant de Ba-
zas. C'étoit autrefois un Château , maintenant ce
n'eft qu'un Bourg. Marmanda cajîrum ^ ou villa.
Sur la fin du fiècle précédent , le Parlement de Bour-
dtaux fut quelque temps transféré à Marmande.
ALtty met Marmande dans le Bazadois , 'mais il fe
trompe. On l'appelle même Marmande en Agénois.
Marmande , ou Mormande. Nom d'une rivière,
qui fe décharge dans le Cher. Milmandra , Milmen-
dra. Elle eft dans le Berri. Valois , Not. Call. p.
33S.
MARMANTEAU. Foyei Marmenteau.
MARMARA. Foye^ Marmora.
MARMARES, Peuples de la Cilicie , vers les frontiè-
res de cette province j du côte de l'Allyrie.
MARMARIQUE. Grande contrée d'Afrique , entre
l'Egypte & les Syrtcs, mais qui n'a pas toujours eu
le même nom j & dont les bornes ont beaucoup
varié.
MARMARITE. f. m. Nom que l'on donnoit à une
Légion Romaine , lans qu'on en fâche la caufe.
Marmarita. La Légion des Marmarites étoit à Ama-
fée. Je ne trouve rien dans la Notice pour expli-
quer ce que c'eft cjue la Légion des Marmarites cam-
pée à Amafée. Seroit ce quelque corps levé origi-
nairement dans la Libye Marmarique , 6c qui en
auroit pris le nom , quoique les recrues ne s'en fii-
fent pas toujours dans le même pays. Bollandus , 7^.
Febr. p. 2j. §. 2. parle allez des Mariandènes
dans le Pont , dont on prétend que S. Théodore
d'Héraclée étoit Capitaine , ou Gouverneur. Je ne
fais 11 c'eft la même chofe. Tillem. Kïjl. Eccl.
T. V. p. 73-4: Quel rapport y a-t il du nom Ma-
riandène à celui de Marmarite ?
MARMELADE, f f. Pâte confite , à demi liquide ,
faite de la chair des fruits qui ont quelque confif-
tance , comme les prunes , les coins , les abricots.
Pulpajrucluum condicorum. On le dit auili des fruits
qu'on fait trop cuire , &C qui perdent leur figure.
Vous avez fait trop cuire ces pommes , ce n'eft plus
que de la marmelade , de la bouillie.
Ménage dérive ce mot de marmclada , qui eft
Portugais , & qui vient de mermello , qui hgnihe
coin ; aulii eft-ce une elpèce de cotignac.
MARMENTEAU. adj. Terme d Eaux ^ Forêts. C'eft
un bois de haute futaie , qui eft en réferve , & qu'où
ne taille point , qu'on appelle quelquefois Bols de
touche _, lorfqu'il compofe les avenues , forme un
abri j ou lert â la décoration d'un Château ou Mai-
fon de campagne , ou d'une terre. Sdva incdtduay
nemus voluptarium. §CF II eft détendu aux ufufrui-
tiers d'abattre les bois marmenteaux. On ordonns
que les bois marmenteaux feront abattus ou étêtés ,
quand le propriétaire eft condamne pour crime de
lèfe-Majefté.
MARMITE, f f. Pot , vailfeau où l'on fait bouillir
la viande dont on fait le potage. Lcbe's , alla , ca-
cabus. Une marmite de fer , de cuivre , d'argent. Les
marmites d'argent doivent être marquées au corps,
au couvercle , aux anfes Se aux griftès.
On dit figurément & balïement ," que la marmite
eft bonne en une telle maiion , c'eft-à-dire , qu'on
y fait bonne chère. La marmite eft renverfée ; c'eft-
à-dire , on n'y va plus dîner. On appelle populai-
rement les écornifleurs, des écumeurs de marmite.
On dit qu'une certaine chofe fait bouillir la mar-
mite , ou fert à fiire bouillir la marmite ^ qaani
elle contribue à l'entretien de ia maifon. Le feu des
vers ne fait plus bouillir la marmite. Mai. Tout
cela eft du ftyle familier. On dit qu'un homme a
[ A R
le nez fair en pied de marmite , quand il a un nez
lirge par en bas , tk retiouiiii. On iioninic bœuis
de la marmite , les Sœurs de la Chance , qui portent
des bouillons aux malades , «Se des potages aux pau-
vres des Paroilles.
fp- MARMITEUX , EUSE. adj. Pitucux , qui eft mal
du côté de la fortune Se de l.i finté. Mifer , indii^us.
11 ell tout marmiteux ; &C lubrtantivement , c'elt un
pauvre marmiteux. Il efl vieux.
On ne vit onc un tel goûteux ,
Qui fans paroùre marmiteux ,
Comme toi fa goûte mâtine. Sar.
Life la marmiteufe au teint de pomme cuite. Gon.
Marmiteux. Trifte, abattu de douleur , ou du moins
qui aftcdre de l'être. GloJJ'. fur Marot.
Ce mot n'efl plus d'ufage que dans le (lylc maro-
tique.
MAKMITIER. f. m. Terme de Rôtilfeur de Paris.
C'eit le garçon qui dans la boutique du Rôtilleur ,
a loin de l'aire revenir les viandes j de les mettre en
broche , & de les faire proprement rôtir. Ajj'ator.
Le marmit'.er gagne plus que les autres garçons rô-
tilleurs. Celui qu'on appelle Marmitier chez les Rô-
tilfeurs , s appelle Hâtier chez le Roi.
MARMITON, i". m. 'Valet de cuihne , qui prend garde
à la marmite , qui a loin de la tàire bouillir. Lixa
culinarius.
MARMITONNER. v. n. Faire le Marmiton. Lixam ,
cul.nar.um a^ere. Il a peu d'ufage.
MARMO^ EJO. Marmoleium j anciennement Utica.
C cioit autretois une ville de l'Efpagne Bétique. Ce
n'efl: mainteirant qu'un village , htué lur le Guadal-
quivir_, à une lieue au delfous d'Anduxar.
MARMONNER, v. a. Terme bas & populaire , qui
iîgnifie murmurer , & gronder tout bas i^ entre les
dents, fans oler (e plaindre. Mufjare , mutité , muf-
Jitare. Les vieillards îJc les valets font fujets à mar-
monner , quand ils ne font pas contens , quand ils
foat de mauvaife humeur. Qu'eft-ce que vous mar-
monnez-la. ?
Marmonner. Terme burlefque , pour dire, parler,
ou même travailler , félon les conjontiures. Olojj.
fur Marot.
MARMORA. La mer de Marmora , ou de Marmara ,
ou de Conftantinople. Mare Conflantinopolitanum ,
Propontis. C'cll un golfe de la mer Méditerranée.
Il eft entre h. Romanie en Europe , & la Narolie en
Afie , & il a communication avec l'Archipel par le
détroit des Dardanelles , iSc avec la mer Noire par
celui de Conftantinople. Maty.
Nos Géographes modernes veulent que la mer de
Marmora tire ce nom de Marmara, ou Mermera , du
marbre, qui fe tire des îles de cette mer, & que les
Turcs appellent en leur langue Mermer. D Herbe-
LOTj p. JS7-
Marmora , ou Marmara. Nom d'une petite île
del'Afie. Marmora , anciennement Proconnefus Neu-
ris. Elle efl: dans la mer de Marmora j près des côtes
de la Natolie & du détroit des Dardanelles. Elle ren-
ferme des carrières de marbre fort eftimé , dont elle
a pris Ion nom moderne qu'elle a communiqué à la
Propontide, où elle eft lîtuée. Maty.
MARMOT, f. m. Efpèce de gros finge , qui a de la
barbe c>: une longue queue. Un vilain marmot. Cer-
copithccu: , firnms caudatus.
Marmot , le dit aulÏÏ des petites figures de pierre ou
de bois , ridicules & grotefques. Cet homme a un
cabinet rempli de marmots.
Ce mot vient du Latin marmor , qui lignifie des
figures de maibre.
M. de Lauriere dérive ce mot marmot, 6c ceux de
marmoufit & de mermiau , du vieux mot François
mermc , qui veut dire petit, minor.
On dit de ceux qu'on lailfe long-tems attendre à
unepo'te, dans un veftibule, qu'ils croquent le OTizr-
mot.
M
A R
84
Onappc'le aullî ironiquement des enfanSj de nctir;
marmots. Un petit marnwt j une puite marmotte.
Mademoifclle likriti:r fe Icrt de te mot dans le
ilyle lamilicr.
;p MAKMOlIN. Foyei hA^KAZonn.
MARMO I i"E. f. f. Efpèce de gros rat de montagne ,
fort commun dans les montagnes de Savoie & de
Dauphine. Mus alpinus. Il eft d^- la grandeur d'un
chat, il eft; f-orc gras; il a li tête comme un li.-vre ^
de très-petites oreilles. 11 a quatre dents de devant
comme les lièvres , avec Icfquelles il mord forte-
ment, (Se gâte ik. ronge tout, ies pieds fjiit couits,
fon ventre plat , ion poil allez grand 6< de diveife
couleur, comme le blaireau, ou tailion, la queue
courte &C è.z% ongles fort aigus. Il marche fur les
pieds de derrière; il le drclle coinm:; l'ours. Ces bê-
tes ont une elpècc de locièté, &i quuid elles amaifenc
du loin pour leur hiver, elles mettent des fentinellcs
fur toutes les avenues , qui avertiilènc les autres par
leur lirtlcment de fe retirer dès qu il paroit des Ghaf'
leurs. Les jeunes rnarmotcs le peuvent apprivoifer ,
mais elles tont un grand dégât où il y a des meubles.
Les fuivagcs le cachent en hiver dans du foin Se de
la paille. Elles dorment fix mois comme les loirs, &
deviennent fi gralles, qu'elles lont quelquefois mon{^
trucules. Elles ont cela de particulier, que leur épi-
ploon eft double, triple & quadruple, quoiqu il foie
unique dans tous les autres animaux. El'es font les
unes iur les autres toutes remplies de graille qui ferc
à les entretenir quand elles ne mangent point. On
en mange quand on les a falées & digraillées.
Ce mot vient de 1 Italien marmotta, ou du Latin,
mus montanus. Men.
MARMOTTER, v. a. Parler entre fes dents, remuer
les lèvres fans fe faire entendre. Muffitare , mutire.
Les vieilles marmottent tou le jour leurs patenôtres.
Marmotter fes prières.
Que niarmottez-vous-/i j^crire impertinente?
Mol.
Ce mot ne peut trouver place que dans le difcours
familier.
MARMOTTIER. f. m. Eft un ndm injurieux que
donne le peuple aux curieux qui font un cabinet de
plufieurs pièces rares & antiques , de petits buftes de
pierre ou de bronze , qu'il appelle des marmots,
faute de s'y connoître. Antiquarius , operum yefluto-
rum fludiofus.
MARMOTTIN. f. m. Foye^ Marabotin.
MARMOUSER. v. n. 'Vieux mot. Remuer les lèvres
comme les marmots, les Imgcs. Il eft inulîté.
MARMOUSET, f. m. Petite figure grotefquc. Effor-
mata rïdiculum in modum effigies. Les enfans , le peu-
ple j aiment les marmoufets. On dit d'un curieux,
mauvais connoilleur , qu'il n'a que des marmoufets
dans fon cabinet. Naudé lait plailammenc appeler
par un ignorant les ftatues antiques , des marmoufets ,
de vieux magots de l'antiquité , qui ne font plus bons
qu'à faire de la chaux, à réparer des brèches, ou à
calfer des noix 3c broyer de la moutarde.
On dit aufti ironiquement à un petit garçon qui le
mêle de vouloir railonncr avec les grands : 'Vous
êtes un beau marmoufet. On le dit aufti d'un homme
mal bâti.
Faut-il qu'un marmoufef , qu'un maudit étourneau , &c,
Molière.
Le peuple dit aulîî proverbialement , quand on
voit des gens à la fenêtre, il fera demain fête, les
marmoufets font aux lenêtres.
Ménasi;c dérive ce mot du Bas-Breton warmous ,
qui figuific \m finge. Cependant ce mot lîgnifioit au-
trefois le mignon d'un Prince ou d'un Seigneur,
comme on voit dans Froillart.
MARMOUTIER. Majus monaflerium. C'eft ainfi que
s'appelle une célèbre Abbaye des Pères Bénédièiins,
près de Tours. Le Collège de Marmoutier à Paris
8-4^ M A R
ttoit un Collcge de Bénédidins de l'Abbaye de Mar-
mouiicr. Le Cardinal de Richelieu le donna aux Jc-
luices du Collège de hiris. De-ià vient que ce nom
elt aullî demeuré à un quartier du CoUeyc de Louis
le Grand. Le vieux bâtiment a fublifté julqu'cn 1702.
Ce mot s'cil tait du Latin par corruption, Hc \r
montre que c'eft des cas obliques qu'il sert: forme ,
Maioris monaficrïï. L'Abbaye de Marniouiier a été
fondée par Saint Martin. On écrivoir autrefois Marc-
monjlier , Se Ivlarmonjhcr.
fCTMARMOUTltB., ou M.-VURMUNSTER. Mauri Mo-
naficrium. Petite ville de l'rance , dans la Br.irc-Al-
lace, à une lieue de S.iverne, avec une Abbaye de Bé-
nédictins.
MARNAS, f. m. Terme de Mythologie. Nom d'un
dieu des Syriens. Marna. Dans Lampridius , Alexan-
dre Sévère s'écrie: O Marnai O Jupiter! O dieux
immortels! car il faut lire, O Marna, & non point
0 Num'mal Saumaile l'a très-bien corrigé lur un ma-
nufcrit de la Bibliothèque Palatine. \}\\ Empereur
Syrien, dit-il, invoque un dieu de Syrie. S. Jérôme,
dans la vie de S. Sérapion, & dans La lettre à Lœta,
fait mention de ce dieu , comme a remarqué Sau-
niaiie. Les liabitans de Gaze, en Palellinc, ado-
roient Jupiter de Crète , lous le nom de Marnas.
V. Etienne de Byzancc , & le Chevalier Marsham ,
Can, Chronol. Sac. I. Se Volîms, dd Idol. L. IX.
Ce nom en Syrien , fignifie Seigneur des hommes ,
na , Mars i Seigneur , è'v de NMiX , anafch , Se par
aphérefe KB3 , nafa Se Z'2 , nas , qui veut dire homme.
MARNAY. Nom d'un ancien lieu de France , iitué
dans le WuïH'poix. Madrinlacum ., villa in Morivieuji
Comitatu. Valois, Not. Gall. p. jiâ.
ZvIarnay , ou Marné. Nom d'un château, aujourd'hui
d'un village. Materne nfc , ou Elebromenfe cajirum ,
î:laternenfis vicus. Il elr près d'Autun. Valois, A'bf.
Cuil. p. 322.
M/\RNE. f. f. Terre follile, gralfe Se molle , ou pierre
tendre, gralfe au toucher, qui ierc à engraillèr les
terres & à les rendre tertiles. Marga. La marne fert
aulli à faire de la chaux, & on la cuit dans des four-
neaux comme l'autre pierre. Quand on mouille la
marne , elle fuie à l'air & fe réduit d'elle-même en
poullJère. La bonne marne eft un excellent engrais.
Si on en met trop elle brûle la terre Se la rend flérile.
Il y a de la marne blanche, rouge, colombinc. Se
fl'autre qui tient de l'argile, du tu^(Sc du Lablc. Cette
manière de terre blanchâtre qui le trouve dans les
entrailles de quelques pièces de terre & qu'on ap-
pelle marne. Se qui paroît être dans une difpolltion
prochaine à devenir pierre , doit être confulérée
comme un amandement propre pour aider à la pro-
duction de certaines choies. La Quint.
Ce mot vient de marga , ancien mot Celtique ,
dont Pline fait mention. Depuis on a dit margila.
MÉMAGEj & auflî marginellaSe marma. Palilli en a
cnicigné l'ulage dans fon livre. On a dit autrefois
marie.
MARNE. Nom d'une grande rivière de France. Matro-
na. Elle coule dans la Champagne ^' dans l'île de
1 ïance. Les principales villes qu'elle baigne, font,
Langres, Ciiâlons Se Meaux. Efle fe décharge dans la
Seine, à une lieue au dcllus de Paris. IvIaty. La
Marne reçoit le Vignory , la Bloife , le Saux , la Sande ,
le Morin j l'Ourcq, le petit Moiin. Valois, Not.
Gall. p. J23.
îilARNER, autrefois MARLER. y. a. Mettre de la
marne fur les terres ce qu'il en haut pour les rendre
plus fertiles. Margâ flercorare , pinguefacere , Utifi-
care , opimare , Se dans la balFe Latinité, marnare. On
oblige les Fermiers à marner les terres quand il eft
befoin. Il ne feut marner les terres que tous les 20
ans. Après qu'elles ont été marnées elles font encore
mieux la leconde c<i: la troifième année, que la pre-
mière.
AL'iRHER. v. n. Terme de Marine qui fe dit de la mer
loilqii'elle le retire , & qu'elle découvre des terres
qu'elle couvroit auparavant. Recedere. A l'île de
M A R
Saiiitc Catherine , parce que les marées font fort: fcn-
fibles, quoique peu réglées & peu cbnnuc'Sj&: que la
mer ne marne que de cinq à fix pieds , nous afourchà-
mes. E. N. O. S. O. Frézier. c'efl à-dire , monte &
dclcend. Id. Il fe peut faire que la mer marne. Se dé-
couvre dans un temps , ce qui étoit couvert dans l'au-
tre. Id. p. 2pT.
MARNÉ, ÉE.part.
MAKNERON. i. m. Ouvrier qui tire la marne des car-
rières , & qui perce les marnières.
MARNIÈRE. f f. Efpèce de carrière d'où l'on tire l.i
marne. Il a fiic percer une marnière dans Ion champ.
Il eft tombé dans le puits d'une marnière. Margaria.
Fojj'a unde eriutur terra. Stercorandis agris apta.
MARNOIS. f. m. Efpecede bateau médiocre qui vient
de Brie Se de Champagne fur les rivières de Alarne Se
de Seine , en defcendant julques aux ponts de Paris.
Les plus grands ont douze toifes de long , & Icize
pieds de large en fond , Se dix-huit lur le bord , qui elt
haut de quatre pieds.
MARO , MATR(3. Nom d'une petite ville de la côte
de Gênes , en Italie. Marium. Elle eft à trois lieuesau
nordd'Oneille , dans la vallée de Maro , qui a titre
de Marquifat : ce lieu ell annexé à la Principauté
d'Oncille.
MAROC. Ville capitale du Royaume de Maroc , en
Barbarie. Marochium. Elle eft fituée dans la province
de Maroc , fur la rivière de Nifiis , à cent lieues de
la ville de Fez , du côté du midi , & environ cin-
quante-cinq de la mer Atlantique. Maroc eft une èiÇ%
plus grandes villes de l'Afrique : on lui donne qua-
tre lieues de circuit , & lés murailles , fort hautes
&: fort épaillcs , ont vingt -quatre portes. Il y a un
vafte Palais de l'es anciens Rois , qui lert de force-
relle , & plufieurs belles Mofquées ; mais les mai-
fons , qui pouvoient aller au nombre de cent mille,
font beaucoup diminuées à caule des guerres. M. de
S. Olon , dans fa relation de l'Empire de Maroc , af-
fure que cette ville n'a pas plus de vingt-cinq mille
habitans, & que les maifons lé rinnent tous les jours,
fins qu'on preime aucun loin de les rétablir. Ce qui
vient , fans doute , de ce qu'il n'y a plu'; de Roi par-
ticulier de Maroc , Se que ceux de Tafîlet , qui ont
conquis ce Royaume, n'y font pas leur réiidence,
mais à Miquenez. Maroc a donné le nom aux peaux
qu'on appelle Maroquins , Se l'on croit qu'elle ell
l'ancienne Bocanum Hemerum , ville de la Mauri-
tanie Tingitane. Maty. En 1237 , le Pape Gré^
goire IX mit un Evêque à Maroc en Afrique , où
le nombre des Chrétiens étoit grand au milieu àts
Inhdèlcs.
Le Royaume de Maroc. Marochium, ou Marc-
canum Regnum. C'eft une région de la Barbarie , •
en Afrique , & une partie de l'ancienne Mauritanie
Tingitane. Elle eft bornée au nord par le royaume
de Fez ; au levant par le Ségelmefte &: le Dartha;
6c au midi par le Tellét ; l'Océan Athr.rique la bai-
gne au couchant. On donne à ce Royaume cent
lieues de côtes , & fix-vingts de profondeur. Ses
principales rivières font , le Sus , le Tenf ^- l'Om-
mirabi. Son terroir , quoique montueux en plufieurs
endroits -, fablonneux , fec Se ingrat en d'autres ,
n'eftpas beaucoup peuplé , ni fertile en grains-, mais
011 y trouve quantité de chameaux , des amandes , ■
de la cire , Se des mines de cuivre. S. Olon , Rt-
lacion de l'Empire de Maroc. Ce même Auteur af-
fure que dans les campagnes de Maroc , i! y a trente .
mille cabanes ou tentes d'Arabes , qui mangent &
couchent pèle mêle avec leurs chameaux, leurs bœufe,
leurs moutons , Sec. qu'ils paient annuellement ,
depuis l'âge de quinze ans , la dixième paitie de tous
leurs biens au Roi , Se qu'ils compolent un grand
nombre d'Adouars ou villages ambulans , dont cha-
cun a fon Marabon, c'eft à-dire , Prêtre Mahoméran,
&: Ion Chef qu'ils élilsnt entr'eux. Il dit auiîî qu'ils
fonr porter Se baft .Se charge à leurs bœufs. On divife
ce Royaume en Icpt Provinces. Il y en a trois le long
de la côte : on les trouve dans cet ordre du nord au
fud , Ducala , Heu , Sufa. Les quatre autres éloi-
M A R
gnées de la cote , fe fiiivent ainfi en remontant cUi
fud au nord , Gazula , Maroc , Hatcora , Tcldcs. M.i
roc elt la ville capitale de ce Royaume ; les aiiticv lunt
Afainoi- , Tefz.i , Taïudani , Tavagoll , Tajiita, Aza-
(la. Les Portugais tiennent lur les côtes Mazagan ,
Tite & Guargellén. Ce Royaume , celui de Ixz , &c.
ont été conquis par le Roi de Tafilet. f^oyc:^ FtZ ,
Royaume. Matv.
La Province de Maroc. Marochia Provincia. Cette
Province eft une des plus conlidérablcs du Royau-
me de Maroc. Elle elt entre les rivières de TenliF
& d'Almual , depuis leurs confluents jufqu'au Do-
rha , qui la borne au levant. Ses lieux principaux
ioni Maroc , capitale, Dclgumulia, TemmcliajTu-
meglalla, &c.
L'Empire de Maroc. Impcrïum Marochhim , ou
Marocanum. C'eil un des plus puillans Etats de l'A-
ij frique. Il a été tonde par Mouley Archy , fils du
' Roi de Tafilet , qui ayant pris les armes contre
Mouley Méhémet Ion frère , & fuccclleur de Ion
père , s'empara du Royaume de Tafilet j après (a
mort; conqtiit enluite j avec une rapidité extrême,
le Royaume de Maroc , de Fez , de Sus , Se la con-
trée de Darha , forma de tous ces pays l'Empire de
Maroc , & mourut âgé de quarante ans Iculement ,
l'an 1671. Cet Etat, qui lubhlle encore, peutlvoir
deux cens cinquante lieues du nord au lud , & cent
quarante-iix du levant au couchant. Il eft borné au
nord par la mer Méditerranée ; au couchant par
l'Océan : au midi par le TelFet , contrée du Biledu-
gériJ ; & au levant par le Ségeimelle , ik par le
Royaume d'Alger. L'air de ce pays eft tort pur &
alfez tempéré , principalement au nord du Mont-
Atlas. Les terres , quoique fablonneufes Se lèches
en quelques endroits,, lont li fertiles en d'autres,
& les huits en lont fi bons , de même que les pâtu-
rages j qu'on en feroit un pays fort délicieux j li on
le cultivoit bien. Les habitans du pays font blancs
ou bafanés , Mahométans , fains , robuftes , infati-
gables , fpirituels , adroits à monter à cheval 8c à
manier la lance ■■, mais peu aguerris & peu braves ,
point polis , jaloux , impudiques j menteurs , (u-
perftitieux , hypocrites , fourbes j cruels , & (ans foi.
Ils font de deux fortes : Arabes , dcmeurans dans
des Adouars , qui font des villages ambulans com
pofés d'une centaine de tentes ; & Béréberes , qui (ont
les anciens habitans du pays , & qui occupent les
bourgs & les villes. Il y a quantité d'efclaves Chré-
tiens , Se quelques négocians fur les cc)tes , & un
grand nombre de Juifs , qui font prefque tout le
commerce. Ce commerce le fait par terre avec les
Ncgres , Se fur les côtes de l'Océan Se de la Mé-
diterranée , avec les Chrétiens. Les villes les plus
conlidérablcs de ce pays , outre Fez & Maroc , (ont
Sainte-Croix , Safi ou Afafi , Salé , la Mahmorre ,
Larache ,, Arzile , Tanger & Magazan , toutes hir
l'Océan , Se la dernière tenue par les Portugais :
Zaftarine , Tetoiian , Mélille & Ceuta , fur la Mé-
diterranée , les deux dernières pollédées par les E(-
pagnols. Le Roi de Maroc règne defpotiquement , la
volonté feule eft la loi de l'Etat. Il exige ordinai-
rement la dixième partie des biens de les lujets Ma-
hométans par an , Se fix écus des Juifs mâles , depuis
l'âge de quinze ans. Il impofe extraoïdinairement
aux uns & aux autres ce qui lui plaît. Il peut mettre
cent mille hommes fur pied , moitié Cavalerie ,
moitié Infanterie , mal armés & peu aguerris. Ses
forces de mer ne confident qu'en quelques bri ;an-
tins , qui ne lervcnt qu'à pirater avec ceux de Salé Se
de Tetouan. M AT y.
Maroc. Nom^'une efpèce de raifin. f'^oyei Marro-
Q.UIN.
Maroc. Rafes de Maroc. Ce font des efpèces de petites
lergettes qui fe fabriquent à Reims.
MAROCOSTIN , INE. adj. m. & f. Epithète que l'on
donne à un extrait cathartique que Zwelfert a décrit
dans la Pharmacopée d'Ausbourg. Elle eft coaipolée
de marum Se de coftus , deux ingrédiens de l'extrait.
Lémery donjie la préparation du Marocojlin j dans
M A R 847
la Pharmacopée univerfellc ^ fous le titre de Pilluks
rnarcoùnes. Il domie aux piilulcs marocoîlines réfor-
mées une autre compolition. liâtes a iiiféié les pre-
mières dans la l'irarmacopec.
MAROGNA. Nom dune ville Archiépifcopale de la
Turquie en Europe. Maronea, Maroma , Ifmaros.
Elle eft dans la Romanie, fur la côte de 1 Archipel ,
à dix lieues de l'embouchure de la Marize , Se à douze
de la ville d'Eno , vers le couchant. Matv.
MAROLLE. Nom d'un village qui eft dans la fo-
rêt d'Orléans. Maroialum. Valois , Noc. Call. p.
317-
MAROLLES. Nom d'un lieu que .Molan dit être dans
le Haynaut , Mardis. , Se dans Molan , MarïcoU.
Valois, Not. Gall. p. 316.
MAROLY. f. m. Nom d'un oifcau fort extraordinaire.
Il eft de la grandeur d'un aigle , Se il a la forme d'un
grand oileau de proie ; il a le bec aquilin , Se deux
clpèces d'oreilles d'une énorme grandeur , qui lui
tombent fur la gorge -, il a le fommet de la tête élevé
en pointe de diamant, & enrichi de plumes de di;l"é-
rcntes couleurs; la tête Se les oreilles lont d une cou-
leur qui tire (ur k noir. Cet oileau eft pallagcr , Se
vient de l'Afrique ; il frit Ion pallage plus ordinai-
rement au mois de Septembre Se d'Otlobre. Les lia-
bitans du cap de Cotoche Se de Frie , en lile de Ju-
catan , ainfi que les autres Infulaires , le nomment
Maroly , les Perfans l'appellent Pac. Il prend fi nour-
riture ordinaire du poillon qu'il trouve mort au ri-
vage de la mer , Se bien louvent les lerpens Se les vi-
pères lui^crvent de pâtures : c'cft ce qui lui pourroic
donner le nom d'aigle de mer y aulîi bien qu'à l'or-
h'aie j appelée halïcctos en Grec.
4MARON y compagnon d'Ofiris. C'eft le même que
Bacchus. Il donna Ion nom à la ville de Maronée en
Thrace , qui devint tameule par fes bons vins.
Maron , un des grands Capitaines qui fignalèrent le
plus leur courage au combat des Termopyles. Après
la mort, on lui dédia un Temple comme à uu dieu ,
dit Paufauias.
^fT Maron. Efclave fugitif. ^^tJj'fç Marron.
MARONA, ou MARAT. Nom d'une ancienne petite
ville de la Syrie , en Afie. Maronïa , Maronias.
Elle eft au midi de la ville d'Alcp, Se au levant de
celle d'Antioche.
MARONAGE. f. m. Vieux mot. Bois pour maronage ;
c'eft du bois pour bâtir.
MARONNÉE. Ville maritime de l'ancienne Thrace.
MARON Y. Rivière de l'Amérique méridionale, dans
la France équinoxiale qu'elle borne à l'Occident ;
elle le décharge dans la mer , à quarante cinq lieues
de l'embouchure de la Cayeune.
MARONITES. Habitans de Maronée. Les Maro-
nites fe plaignirent amèrement des violences que
la garnifon de Philippe exerçoit dans leur ville.
M. RoLUN.
Maronites, f. m. C'eft le nom qu'on donne à une
fociété de Chrétiens du rit Syrien , qui (ont fournis
au Pape ; Se dont la principale demeure eft au Mont-
Liban. ( Maronitd. ) On ne convient pas de leur ori-
gine ; plufieurs favans hommes , Se entr'autres le Perc
Morin Se le Cardinal Bona , ont cru que c'étoit un
nom de Sede, auffi bien que celui de Neftorien & de
Jacobite. Ceux qui portent le nom de Maronms ,
prétendent qu'ils viennent d'un certain Abbé Maron ,
qui vivoit au commencement du cinquième fiècle ,
Se dont Théodoret a écrit la vie. Le Jéluite Sacchi-
ni , dans l'Hiftoire qu'il a compofée de (a Compa-
gnie , s'eft déclaré pour ce fentiment , & il prérend,
aulli-bien que les nouveaux Maronites , que ce_s peu-
ples ne (e font jamais féparés de l'unité de l'Eglife.
Il ajoute que ce qui a donné lieu à croire qu'ils ont
été dans le fchifme , eft qu'on a pris le renouvel-
lement de leur réunion avec l Eglife Romaine pour
un véritable retour à la foi Caihohque, Se que les
erreurs qu'on a trouvées parmi eux , leur ont été im-
putées ,' comme s'ils en enflent été les auteurs , au
lieu qu'elles venoient des Hérétiques , parmi Icfcuels
ils viyoieut. L'opinion contraire eft fondée fur les
(
S4B
M A R
témoignages d'Eiitychius , Paniarchc d'Alexandrie ,
& de Guillaume de Tyr , de Jacques de Vitii , &
de plulieurs autics , qui alluient que les Maronites
ont été véritablement dans le parti des Jacobites Mo-
notheiites. Selon eux , Maron , que les Maronites
qualifient de Saint , aura été un Hérétique. Vers l'an
ii8i , Aimeri ^ troiùème Patriarche Latin d'Antio-
che , réunit les Maronites à l'Egiite Romaine. Ils
étoient Monothélites, attachés aux erreurs de Ma-
caire , Patriarche d'Antioche , condamné au lixième
Concile général , en 68 1 ,• & ils étoient tellement
connus pour être dans cette hérélîe , que les Chrétiens
orientaux écrivant en Arabe , n'ont point d'autre
nom , pour figniiier les Monothélites , que celui de
Maronites. Cette nation étoit alors conipolée d'en-
■ viron quarante mille âmes , difperfées lut le Mont-
Liban , & aux environs , dans les Diocèfes de Gi-
bier , de Botron & de Tripoli. Ils étoient gens de
guerre , braves , & fort utiles aux Latms contre les
Infidèles. Ils prirent tous les ufages de l'Eglife La-
tine , les mitres , les anneaux , les crollcs pour les
Evêques , les cloches dans les Eglifcs. TouteFois ils
fe fervoient j comme ils font encore , de la langue
Chaldaïque dans l'Office divin , & l'Arabe étoit leur
langue vulgaire. Fleury , Hift. Ecclef. T. XF ^p. $iS.
Voyez Jacques de Vitri , Hijl. Hierofol. c. jj.
M. Faufte Nairon , Maronite , neveu d'Abraham
Ecchelienfis , Profefleur en Arabe dans le Collège
de la Sapience à Rome , a publié deux livres , où il
fait l'Apologie de fon laine Maron , &c de toute fa
nation. Son fentiment ell: que Maron , de qui les
Maronites tirent leur nom , ell le même que celui
qui vivoit vers l'an 400 , dont il eft parlé dans faint
Chryfoftôme , dans Théodoret , & dans le Méno-
loge des Grecs. Il prétend de plus , que les Dilci-
ples de cet Abbé Maron fe répandirent dans toute
la Syrie , oii ils bâtirent plulieurs Monaftères , &
entr'autres un fort célèbre , fous le nom de Maron ,
près du Heuve Oronte. Il ajoute , que tous ceux d'en-
tre les Syriens qui n'étoient point infeétés d'héréfie j
fe réfugièrent chez les Difciples de l'Abbé Maron j
que les Hérétiques de ces temps-là nommèrent pour
xxtte raifon Marvnites. Lss Maronites ontxxn Patriar-
che qui réfide au Monaftère de Cannubin au Mont-
Liban ^ & il prend la qualité de Patriarche d'Antio-
che. Son éleûion fe fait par le Clergé &' par le Peu-
ple , félon l'ancienne dilcipline de l'Eglik ; mais
depuis leur réunion avec l'Eglife Romaine , il ell:
obligé de prendre du Pape des bulles de confirma-
tion. Il garde un célibat perpétuel , auilî-bien que
^les autres Evêques fes fudragans. Comme il ne peut
pas haire par lui - même la vifite de tout le Mont-
Liban , il tient auprès de fa perfonne deux ou trois
Evêques ; ëc outre ces Evêques du Mont Liban , il y
en a encore à Damas , à Alep^ dans l'île de Cypre,
& à Tripoli.
A l'égard des autres Eccléfiaftiques, ils peuvent
tous fe marier avant l'ordination , il n'y a pas même
long temps que leur Patriarche obligeoit les Prêtres
à (e marier avant que de les ordonner , à moins
qu'ils ne fe fillent Moines. La vie monaftique ell en
fort grande recommandation parmi les Maronites.
Leurs Moines lont de l'Ordre de laint Antoine ; ils
font retirés dans les lieux les plus cachés des mon-
tagnes , &c éloignés de tout commerce. Leur vête-
ment ell: pauvre & grollîer ; ils ne mangent jamais
de chair , même dans les plus grandes maladies , &
•ils ne boivent du vin que très-rarement. Ils ne font
point de vœux , enforcc qu'ils gardent la continence
fans s'y engager par aucun vœu. Ils ont en propre
des biens &: de l'argent , dont ils peuvent dilpofer
à la mort. Il ne leur çll point permis de faire au-
-cunes fonétions Eccléfialliques étant Moines , ils ne
font que pour eux-mêmes. Ils travaillent de leurs
mains , & cultivent la terre , conformément à leur
,inllifution. Ils exercent l'hofpitalité envers tout le
monde, principalement dans le Monallère de Can-
nubin , où il y a table ouverte pendant toute \'?.n-
-lace.
M A R
Pour ce qui eft de la croyance des Maronites ,
elle ne diffère point de celle des autres Orientaux ,
à la réfcrvc de ce qui étoit particulier à leur fchif-
me , avant qu'ils fullent réunis avec l'Eglife Romaine.
Ils conlacrent même avec du pain lans levain : leuis
Prêtres ne difent pas la Mellc en particulier ; ils la
dilcnt tous enfemble étant autour de l'autel , &: ils
allillent le célébrant , qui leur donne la communion.
Les laïques communioient tous , il n'y a pas encore
longtemps , fous les deux ei'pcces ; mais la commu-
nion fous une elpèce s'y eft introduite peu à peu.
Leurs jeûnes lont fort diftérens des nôtres , ils n'ob-
lervent que le Carême , & ils ne commencent à
manger en ces jours - la que deux ou trois heures
avant le coucher du (oleil. Ils ne jeûnent point les
Quatre-Temps , ni les veilles des Saints ; mais ils
oblervent fort rigoureufement d'auttes abftinences.
Le Mercredi &: le Vendredi , ils ne mangent ni chair,
ni œuh , &: en ces deux jours là, ils ne goûtent de
quoi que ce (bit , que midi ne loit pallé. Ils jeûnent
de la même manière vingt jours avant la Nativité de
Notre-Seigneur : ils jeûnent au llî pendant quinze jours
à la fête de laint Pierre & de laint Paul , & autant à
la fête de l'Allomption de la (aime Vierge. Ils ont
pluf leurs autres coutumes différentes des nôtres, qu'on
peut voir plus au long dans le Voyage du Jéluite Dan-
■dini , au MontLiban , & dans l'hiftoire du lieur de
Moni.
Sur la fin du XVI* lîccle , Grégoire XIII envoya
aux Maronites les PP. Jean Elicn , ôc Jean Bruni ,
qui furent très-bien reçus. Ils trouvèrent beaucoup
de fimplicité , &z nulle erreur (îonnue ik volontaire.
Ils remarquèrent quelques veftiges des erreurs de
Diofcore dans leurs Livres , &: des abus dans l'u-
fage des Sacremens , &: en quelques autres chofes }
mais ils promirent de corriger tout : &c ils n'y avoienc
aucune attache. Ces Pères leur firent tenir deux Sy-
nodes , où en effet tout fut corrigé. Le Patriarche
envoya au Pape deux des fiens ; l'un Evcque, nom-
mé Georges de Belluchito , & l'autre Archiprêtre ,
appelé Clément de Hecden. Pour témoignage de
l'antiquité & de la conftance de leur foi & de leur
union au faint Siège , ils prélentèrent à Grégoire
XIII , l'autographe d'un Bref d'Innocent III , en-
voyé en 1215 à Jércmie , qui étoit alors leur Pa-
triarche. •
La langue vulgaire des Maronites , eft l'Arabe,
Leur langue lavante eft le Chaldéen. Ils s'en fervent
dans leurs livres. Peu l'entendent. Quelques uns la-
vent le Grec. Ils font pauvres , à caufe des fréquen-
tes avanies & des vexations des Turcs. Foye\ le P.
Sacchini , Jéfuite , dans l'hiftoire de fa Compagnie ,
PII. L. IF. n. so. &c. 8c L. IF. L. FI. n. jo.
& fulv. cs: le Père le Quien fur faint Jean Damai -
cène. Ce Père dit qu'ils ont été tantôt catholiques ,
& tantôt hérétijques. Les héréfies qu'il leur attribue ,
font celles des Monothélites & des Monophyfites.
Voyei encore M. Chaftelain, dans fon Martyrologe y
au 9 Février, p. sP3i Faufte Néron , Profelleur en
Arabe au Collège de la Sapience à Rome_ , dans
fon Apologie pour les Maronites , Se dans (on Evo-
plie , la Relation du Peic Dandini , Jédiite , écrite
en Italien , & traduite par M. Simon , avec des re-
marques.
Le nom de Maronite , vient de celui de Maron ,
foit qu'on le prenne pour le nom d'un homme-
dont il eft parlé dans cet article , (oit qu'on le pren-
ne pont le nom d'un Monaftère de Syrie j en Grec
Mx^ci, D'autres prétendent qu'il pourroit venir du
nom de Maronée, ville de Syrie , dont parle Ptolomée.»
MAROQUIN. /ojc^Marroquin. .
MAROS , MARONS , MARISCH. Nom d'une grande
rit'ière de la Turquie , en Europe. Alarifus. Elle
prend (a fource dans le Mont Crapack , traverfe du
nord au lud une grande partie de la Tranhlvanie , où
elle baigne Albe-Julie ; enfuite tournant au couchant,
elle va palfer à Lippa &c à Chonad , en la haute
Hongrie , & le décharge dans la Tcilfe ^ vis-à-vis de
Ségédin, Maty,
MAROSTICA ^
M A R
MAROSTICA , MOROSTICA. Nom dune forterelTc
(.iii Domaine de Venife , en It.ilic. Marojlica. Mo-
rojlïca. Elle cil dans les montagnes du Vicentin , à
quatre lieues de Viccnce , du côté du nord. Matv.
MAROTH. Nom d'un ancien bourg de la balle Pan-
nonie. Mards Cafira. Il clt dans rEtclavonic, lui la
Bozwtha j à lix lieues de la ville d'Ellex , vers le midi.
Matv.
MAROTIQUE. adj. m. & f. Qui fe dit du ftylc , S<. de
l'imitation du Po-Jte Marot. Marotkus , Marotianus.
UneEpitrecn ftylc Maroûque. Une Epigfamme Ma-
rocique. Les na'iVetés Murociques. ;]3" Le llylc Maro-
tique , eft une manière d écrire particulière , gaie ,
.igrcable j limple & naturelle , &: qui exclut toutes
les exprellions balles , rampantes , profcrites par la
décence 8c par le bon goût.
Marot ayant le premier attrapé le vrai tour du
genre na'\T,il a été cenlé depuis avoir déterminé le
point de perfeélion , où notre Langue pouvoit être
portée dans le genre naïf. Jufque-là , qu'aujourd'hui
encore , malgré tous les changcmens arrivés dans le
François, le ûylc Alarotique fait parmi nous comme
une Langue à part , dans laquelle notre oreille ell
faite à (cntir des lîneires & des agrémens que l'on ne
fauroit lui remplacer dans un autre ftyle. M. l'Abbé
d'Olivet, r.//^ de l'Hift. de l'Acad. Franc.
On appelle aulli Maroûque, le Pocte qui, pour
me fervirde l'exprellîon de Boileau , imite de Mirot
l'élégant badinage. Un Pol'te Maroûque emploie le
mot à: affairé y dans la belle pièce des Tilons.
Gens importans j gens affairés. Dict. NÉol.
On ne doit pas confondre le ftyle maroûque , avec
le burlefque. 11 ne faut pas croire qu'en copiant les
exprellions furannées de Marot , on air atteint les
grâces & (a bonne manière. C'eft allez louvent néan-
moins tout ce qu'on remarque de maroûque dans
certains lambeaux de Poëlîes qui coiuent le monde.
Mém. de Trév.
0Cr MAROTTE, f. f. Efpèce de fceptre au bout duquel il
y a une petite figure ridicule , coitfée d'un capuchon
de dirtérentes couleurs , & garnie de grelots que por-
toient autrefois ceux qui taifoient le perlonnage de
fous. Kïdiculum figillum quod przfert moiio. En Alle-
magne j il y a des fous en titre d'ofhce , qui (ont obli-
gés de porter de telles marottes. En France , tous les
fous ne portent pas àts marottes. Fou à marotte. Fou à
porter marottes. Mas.
Marotte. Se dit aulli d'une paillon violente , d'une
fanrailie , ou de quelque attachement qui approche
de la folie. Chacun a la marotte. Suus cuique attrï-
butus eft error. Cat. Quifque fuos patitur mânes. Ce
jeune homme eft entêté d'une telle fille , c'eft fa
marotte. Des Enthoufialtes , les uns s'entêtèrent de
l'Eglife Gallicane, les autres du Calvinifme; quel-
ques-uns fe firent des marottes particulières.
Marotte, f. f. Nom Je femme , diminutif de Marie.
Petite Marie. Maria.
MAROTTE I. m. Grand arbre qui croît au Mala-
bar, dont les feuilles rellemblent à celles du laurier,
& qui portent un fruit rond , oblong ; au-dedans
duquel il y a un noyau dur , large & jaunâtre , qui
contient dix ou onze amandes. Si l'on frotte les
parties affectées de galle &: de démangeailon , &
celles où l'on lent de la douleur , de l'huile extraite
de la kmence de ce fruit , on en fera loulagé. Elle eft
bienfailante dans les maladies des yeux , caufées par
des humeurs falées. Rav , Hijl. Plant.
MAROUCHIN. f. m. Sorte de paftel de mauvaile
qualité , que l'on fait de h. fixièine récolte des feuilles
de la plante qui produit cette drogue 11 utile pour
les teintures en bleu. Le marouchin eft le moindre de
tous les paftels. Il n'a pas plus de force que le
vouède de Normandie.
MAPiOUFLE. f. m. Terme injurieux fC? qui s'applique
à un fripon, à un mal-ho mête homme. C'eft un ma
roufle , un franc maroufle. Il eft du difcours familier.
On dit proverbialement à ceux qui parlent mal
Tome V
^yî A R 849
des Oilia^is , Hé quoi ! les gens du J^oi font ils des
maroufles !"
ifj- MAROUFLER, v. a. Terme de peinture. C'eft en-
duire le revers d'un tableau peint en huile fur toile ,
& rappliquer fur du bois, du plâtre ou de la pierre
avec une certaine colle nommée maroufle , ( avec
de la terre d'ombre qu'on a fait bouillir ) c'eft le
coller avec la colle forte ^ ou des couleurs grolles,
en l'appliquant.
Ip" MAROULLÉ, ÉE part.
ce? M A ROUTE. Efpèce de Camomile. Voye'^ ce mot.
MAROZZO. Bourg d'Italie , au Royaume de Naples.
Quelques-uns croient que c'eft l'ancienne Buca , ou
Buba.
MARPACn. Petite ville d'Allemagne dans la Suabc,
lituée fur le Necker, près de l'endroit où la Islurr le
jette dans ce fleuve.
MARPAUT. f. m. Vieux mot. Homme qui prend
toujours quelque chofe.
MARPURG. Ville d'Allemagne , fituce dans la Helfe,
fur la Lahne , à cinq lieues au-dellus de Giéfen , 6c
à lîx de Vetzla. Marpurgum , Mattiacum , Caftcllum
Mattiacorum. Marpurg eft une ville allez grande Se
allez bien bâtie , défendue par une bonne citadelle.
Il y a une Univerfité , érigée l'an j ; 1 6. par le Land-
grave Philippe le Magnanime. Cette ville appartient
aux Lande;raves de Heire-Callél, Maty.
MARQUADERIE. f. f. Fromagerie , lieu où l'on féche
les fromages , ou bien le marché où on les vend.
MARQUADISSE. f. f. On nomme ainfi au Levant,
particulièrement à Smyrne , les veines & points
couleur d'or , qui le trouvent dans le Lapis Lazuli.
MARQUAiREj ou MARCAIRE. Ville des Indes fur
la côte de Malabar , au royame de Calecut.
MARQUANTE, adj. f. Terme de Jeu d Impériale. On
appelle ainfi les cartes pour lelquelles on marque
des points , quand on les a. Le roi , la dame , le
valet, l'as, le Icpt , font des cartes marquantes, les
huit , les neuf & les dix ne le (ont point. J'ai qua-
tre triomphes marquantes , & vous n'avez que le
valet de marquant, &c.
5CF MARQUE. (. f. Ce terme a différentes acceptions
particulières , & s'applique généralement à tout ce
qui (ert à défîgner ou à diftmguer quelque choie.
53° Marque. Se dit des taches ou lignes qui vien-
nent de naillànce , qu'un homme ou un animal ap-
porte en naiflant. Navus. Cet enfant ne fera pas
changé en nourrice , il a un figne , une marque fur
le dos , fur la cuilfe , d'une olive , d'un raiiin , &c.
On m'a volé un cheval qui a une marque blanche
au Iront: je le reconnoîtrois entre mille autres.
Marque , eft encore un ligne naturel qui fut con-
noitre la qualité bonne ou mauvaife d'une chofe ,
qui en fait diftinguer l'efpèce. Characler, nota. C'eft
une bonne marque à un cheval , quand il trépigne ,
quand il bat du pied, quand il mange bien ("on
avoine. Quand un enfant eft éveillé , c'eft une
marque qu'il aura de l'elpric & du cœur. |KF Dans
cette acception j il eft à-peu-près fynonyme de
ligne ou indice. Quelquefois il eft fynonyme de pré-
fage. Quand le Ciel eft rouge le foir , c'eft une
marque de beau temps pour le lendemain. En chofes
morales j il hgnifie la même chofe que témoignage ,
preuve., Teflimonium , documentum. L'opiniâr-reté
dans le vice eft une marque de réprobation. L'ad-
miration perpétuelle eft une marque d'ignorance. Je
ne puis douter de fon amitié j il m'en a donné trop
de marques. ifT Laillèr des marques de (a reconnoif-
fance , de fa bonté , de iâ cruauté.
fC? On dit une marque que j'ai fait cela , 8c abfolu-
ment dans le difcours familier, marque que j'ait fait
cela , pour dire , une preuve que j'ai fait cela.
Marque, eft aulli la trace , l'jmprelîîon que lailîe un
corps , quand il a pallé fur un autre , quand il l'a
tou:hé ,(bit par fon poids , foie par quelque autre qua-
lité. Vefligium, indicium , nota. Les roues qui palfent
fur la terre, fur les neiges, y laillent des marques
de leur pallage. L'huile , la poix, laillent des marques ,
I des taches fur les écoifes. La petite vérole Luifc fou-
Ppppp
.8jc M A R
vent de fes marques ^ des creux, des coutures fur 1
le viGige. Il porte eiicoie des marques des blelUues
qu'il a reçues.
On dit taire porter fes marques à quelqu'un, pour
dire , le maltraiter de telle toice , que les marques
lui en demeurent. Il ell du ftyie hunilier.
Marques de Judas. Ce (ont eu termes bas & iati-
riques , des taches de roulleiu-. On dit que ceux qui
ont des marques de Judas , font ordinairement mé-
dians. Tout Ion vifageeft plein de marques de Judas.
Marque j fe dit auili des lignes artificiels qui viennent
de l'inllitution des hommes , & premièrement des
grands monumcns de l'antiquité. Monumentum , nota-,
infigne. Les Pyramides d'Egypte , les Cirques , les
Amphithéâtres , font des marques de la grandeur
des anciens Rois d'Egypte , de la Répubhque Ro-
maine.
'Marque , fe dit aufll des habits , des crncmens ,
ou autres choies qui diiringuent les perfonncs', qui
font connoître leur dignité. Infigne. Il quitta les
/Tzari^iif j de fa Magillracure. Ablanc. A RomCj les
faifccaux & la hache étoienc la marque du Conlulat.
En France , le mortier ell la marque des grands Pré-
fidens. En Efpagne, la marque du Grandatj c'ell: de
le couvrir devant le Roi. Les Armoiries lont des
marques qui font connoitre la Mailon , la dignité
de ceux qui les portent. On les donnoit autrefois
pour des marques de bravoure , en mémoire de quel-
que ai^tion lignalée. Tous les Ordres de Chevalerie
ont chacun des marques qui les ditlinguent , la Croix
de Malte , du Saint-Efprit , le Cordon Bleu , la Jar-
retière. Dans le Blaloii on apprend à connoitre toutes
ces marques de dignité , comme chapeaux , mitres ,
couronnes , crolles , croix, colliers , &c, /-'by^j tous
ces mots à leur ordre , & à celui de Dignité.
IJCJ" En armoiries on appelle war^i^e d'honneur, les pièces
qu'on met hors de l'écuj comme le bâton de Maréchal
de France, le collier des ordres du Roi , &cc.
§0° En termes de guerre , on appelle marques A'honntni
les conditions honorables qu'on accorde à une garni-
{on qui fe rend par capitulation. La garnifon de telle
ville ell lortie avec toute les marques d'honneur.
fpT AiARQUE d'infamie. C'e/l tout ce qui prouve , tout
ce qui fait connoître l'infamie de quelqu'un.
Marque , (ignihe encore, confidération, diftiniflion ,
mérite. Dignitas , aucîorkas , potejias. C'eft là un
homme de marque , une Dame de marque : ce qui fe
dit tant pour l'élévation de la dignité ^ que pour celle
du mérite.
On dit aulli , Arbre de marque ; pour dire , un
arbre fruitier à haute tige.
TvIaruque, le dit aulli d'un caraélère qui s'imprime par
autorité publique fur plufieurs choies , foit pour y le-
ver quelques droits, Ibit pour la police. Index ,noca.
On mer une marque fur la vailfelle d'or & d'argent ,
tant du poinçon du Maître qui l'a frite , que du poin-
çon de la Ville ou Communauté , pour en marquer le
titre & la bonté. La marque de la monnoie ell l'image
du Prince , & de fon autorité ; c'ell la marque qui lui
donne du cours dans le commerce. Le papier porte la
marque àe. la papeterie où il a été fabriqué. On met des
marques au papier timbré , fur les tonneaux dans les
caves , fur les chailes qui vont fur la place , fur les
jeux de carte , fur les^to&s , pour la confervation des
droits qu'ils peuvent devoir. Chaque Marchand met
la marque fur la marchandife. La marque d'un Li-
braire , c'ell une image qu'il met au-delfous du titre
d'un livre en la première page. Un Fermier des mon-
noies , ou un Graveur , quand ils font reçus, font obli-
gés de déclarer par un adte authentique \i marque àom
ils fe veulent fervir ; il en ell fait regillre à la Cour des
Monnoies , & ils ne la peuvent changer fans per-
iTiilIion.
Marque , ell aulîî le poinçon qui fait l'empreinfe fur ce
qu'on veut marquer , reconnoître. Teffera , nota. Il y
a une marque à la ville qu'on empreint fur les boif-
leaux , (ur lesmefures j fur les poids qui fontétallo-
nés. Chaque Marchand Orfèvre ou Potier d'étain doit
avoir (on poinçon , fa marque particulière , dont il
M A R
doit lailfer une empreinte au Grefle de la Police. Les
Commis des Bureaux ont des marques , dont ils
font des empreintes fur les marchandiles qui ont payé
les droits.
Marque, ell aulli un caraélèrc particulier, un ligne
cjue chacun fait à la fantaihe , pour diltingucr une
chofe de l'autre , pour la reconnoître. Quand un
homme ne fait pas ligner j on lui fait laite fa
marque. Les Marchands ont des marques particulières
pour reconnoître leurs balots , pour reconnoître leurs
bois qu'ils font Hottcr à bois perdu. Les Bouchers ont
une marque pour marquer leurs beitiaux dans les
marchés. Les Bourgeois font mettre leur marque
à leur vaillelle , pour la pouvoir réclamer , li elle
ell volée.
Marque , fe dit particulièrement au jeu , des jetons ,
Acs riches, ou autres choies femblables , qui fervent
de monnoie pour mettre au jeu , ou pour marquer les
points , ou les parties qu'on gagne. Tejjera. En celens
on dk d'un homme qui elt lu;et a marquer plus qu'il
ne laut , qu'il ell heureux a la marque. J'ai perdu
100 ou 203 marques. Les marques valent plus ou
moins, félon qu'on veut jouer gros ou petit jeu.
On appelle aulli marques , les coups d'ongles , les
traits de plume ou de crayon , les plis qu'on fait
dans un livre où l'on a obicrvé quelque choie de no-
table , ou le lieu où on en eft demeuré en le lifir.r.
Nota unprcjja. On dit aulli, cette épingle, ce petit
morceau de papier que j'ai lur ma manche , ell une
marque pour me faire rellbuvenir de quelque choie.
Marque , ie dit aulli de ce que l'on écrit , ou que l'on
grave iur le papier , ou Técorce des arbres ; pour être
un ligne , ou un témoignage de quelque choie.
On appelle des lettres de marque , celles que les
Rois Se auttes Puillances accordent à leurs Sujets ,
fur lefquels les Armateurs des Puillances voiiines ont
pris des vailfeaux en temps de paix. Lorfqu'on a
demandé la rellitution de ces priles , ou qu'on a re-
fiilé ou négligé d'en faire raiion , les Rois , princi-
palement ceux d'Angleterre , accordent à leurs Su-
jets des lettres de marque. Ces lettres de marque, qu'on
appelle auili de reprefailles , donnent la faculté de fe
venger fur les navires qu'on peut attraper , apparte-
nant à la nation dont on a lujet de ie plaindre. C'eft
pourquoi les Hollandois ayant pris deux vaiileaux ap-
partenant au Chevalier Courtcn &c Compagnie ,
& les États - Généraux ayant diftéié de leur rendre
jullice, Charles II. leur accorda des lettres de marque
Se de repréiailles. Le même Auteur, en parlant des
hollilités des Eipagnols lut les navires Anglois , dit
que des lettres de marque accordées , il y a déjà plu-
iieurs années , auroient fauve plulieurs millions à
la nation Angloile. On accorde en connoillance de
cauie des lettres de reprefailles, de marque & d'arrêt.
On dit aulli , que l'étranger lut lequel on laiiît en
vertu de ces lettres , ell pris pour marque. 'Voyez
Chopin & Bouchel. Ces lettres ne s'accordent que
par le Roi , ou par le Parlement ; & il fut ordonné
en l'an 1443. que ces lettres ne feroient accordées
qu'à ceux à qui le Prince étranger auroit refiifé la
jullice par trois fois.
Ce mot vient de ce que c'eû: jus concejfum in alte-
rius Principis marchas feu limites tranfeundi , fibi~
que jus faciendi. ^fT Un droit de palfer les limites
ou frontières d'un autre Prince , & de le faire jullice
à loi même.
Marque, s'entend encore d'une monnoie de compte
dont les Marchands &: Banquiers fe iervent pour te-
nir leurs livres dans plufieurs villes d'Allemagne. La
marque vaut feize fous lubs , ce qui revient à vingt
fous tournois , ou à la livre de France.
Marque , eft: pareillement une monnoie d'Écoflè ,
qui vaut treize ibus tournois de France.
Marque d'or et d'argent. Droit uni aux Aides, &
qui fe levé fur l'or & l'argent mis en ceuvtc. Ce droit
fut établi par une Déclaration du mois de Mars
ï66i, ôc fe lève fur toute la vaillelle fabriquée dans
le Royaume.
Marque des fers. Droit uni aux Aides ,5c qui fe lève
M A R
liir tout le fef & acier fait & fabriqué aux Forges
tcahlics dans les difteicntes Provinces du Royaume.
Ce droit eltaudi ancien que la Couronne. Ilctoit
autrefois domanial , ii: conliltoit au dixième de tour
ce qui fe tiroit des mines ëc nunicres du Royaume,
dont Charles VI. ordonna, par Lettres patentes du
1} Juin 141 }. la levée à {on profit j comme à lui
leul appartenant de plein droit en qualité de Roi ,
<Sj non aux Seigneurs qui le prétendoient.
Marques. En termes de Marine, on appelle wan/^ej,
certains indices qui lont lut la terre , comme mon-
tagnes, clochers, moulins à vent, arbres , &c. qui
fervent aux Pilotes à reconno'ure les dangers &c les
pâlies.
Marques j font aullî les tonnes & les balifes qu'on
met en mer , pour foire aulli reconnoitrc les dangers
& les pâlies.
^ MARQUER. V. a. Ce verbe , ainfi que le fubftantif
marque , a pluiieurs acceptions particulières. C'eit
en général mettre une marque, une empreinte, un
caractère , un ligne fur une chofe , pour la faire
connoître , pour la dilhngucr d'une autre , pour s'en
fouvenir.
Du temps de François I. on difoit marcher , au
lieu ^z marquer i qui vient de l'Allemand marchen ,
qui en fa lignification originaire veut dire borner ,
d'où ell venu le mot de marche pour frontière , &
le vieux mot François marchir , pour dire confiner
à quelque pays. Le mot de Marquis en elf aulîl dé-
rivé , parce qu'il étoit autrefois commis à la défenle
des hontières ; & les qualités de Maréchal de Camp
& de Maréchal des Logis, qui ii^niHenz marqueurs
de camp & de logement.
§3" Marquer , imprimer des caraétères particuliers
fur une chofe , y mettre quelque empreinte , quelque
fîgne pour la reconnoitre. Signare , notare , Jtgnum
vonere. On marque Ion linge , La vaillelle , fa mar-
chandile. On marque ion jeu au piquet , au triftrac.
On marque une chaife à la paume. On marque un
' palfage avec du crayon pour s'en fouvenir. On marque
par un pli l'endroit d'un livre où l'on en eft demeuré.
§Cr Marquer , faire une imprellion lur une choie par
fon poids, par un coup , par une blellure &c. Cet
homme ell; marqué de pluheurs coups qu'il a reçus
à l'armée. Il ne s'efl: pas contenté de le maltraiter ,
il l'a marqué au vilage.
§CF" Marquer, lailfer des marques, des traces, des
velliges. Les armées marquent ordinairement leur
palfage par de grands délordres, un torrent par de
grands ravages.
M ARQUER , fe dit aulll figurément en chofe morales.
Signare. L'Apocalypfe dit qu'il y avoit douze mille
hommes dans chaque Tribu qui étoient marqués pour
prédeftinés.
Marquer , lignifie aufli , mettre, appliquer VLne. marque
artificielle pour reconnoître une chofe. Les Infi-
delles marquent les efclaves au front. Les Marchands
marquent leurs balots y leurs beftiaux , leurs bois. On
marque dans les forêts le bois qu'il faut abattre en
chaque coupe. On prétend aullî que le diable marque
les Sorciers, qu'ils ont une partie du corps infen-
fible.
On dit auffi qu'un Ingénieur marque l'affiettc d'un
campj le dellein d'un travail, d'une fortification,
quand il en déiigne les extrémités , par des piquets
& autres marques. Dejignare , delineare. On dit de
même qu'un Arpenteur marque les bornes d'un
champ , quand il y met quelques marques , quel-
ques enleignes y pour les reconnoître. On dit aulîl,
marquer la tâche , la bclogne d'un ouvrier ; pour
dire , le travail qu'il doit faire depuis un tel point ,
jufqu'à un tel point.
Mar£!,uer , fignific encore , exprimer en particulier ,
fpécifier quelque chofe , la faire voir en détail. Ex
primere , explicare y indicere. Cet Avocat a bien mar-
qué toutes les circonftances de fa caufe y de fon
. fait. Ce Peintre a bien marqué tous les traits de ce
vilage. Il marque y il exprime bien les pallions. On
a marqué expredément à cet Agent dans fon inf-
Tomc V.
M A R
8yi
truâion , tout ce qu'il avoit à faire , à négocier.
On ne lui avoit pas marqué cela dans fa commif-
fion.
Marquer , fe dit aulli pour y défigncr , dcfliner à
quelque emploi, à quelque dignité. Dcjlinare y de-
jignare.
Cy gtt l'illuflre de Marca ,
Que le plus grand des Rois marqua ,
Pour le Prélat de fon Eglife ,
Mais la mort qui le remarqua y
Et qui fe phiu à lu furprife y
Tout auffi-tvt le démarqua.
f^ Marquer, fignifie audî indiquer, donner lieu
de connoitrc. Indicaie. Son air , la démarche mar-
que quelque chofe de grand. La libéralité marque
une belle ame. Les grands édifices marquent la gran-
deur d'un Roi.
HCF Marquer, fynonyme de témoigner i donner des
preuves. Marquer Ion amitié , fi reconnoillance ,
la bonne volonté. Marquer la loumillion , fon ref-
ped. Tejîari.
Marquer, fignifie aullî faire une empreinte , une
marque par autorité publique. Notam apponere ,
imprimere. Marquer la monnoie , marquer la vaitTelle
d'or ou d'argent , au poinçon de Paris. On marque
l'ctain fin pardelîous, & l'étain commun par-dellus
l'ouvrage. Alarquer \c vin dans les caves , marquer le
papier timbré , marquer les cuirs , les toiles , les
draps. Il y a des Officiers pour marquer le fer doux,
& le diftinguer d'avec le fer aigre , 8c prelque dans
tous les métiers & les privilèges on marque divctCc-
ment les chofes.
Marquer , fe dit aullî des chofes qui rendent une
perlonne odieule , ou notée. Inurere , infigere. On
marque, on rfétrit les coupeurs de bourte d'une fleur
de lis lut l'épaule. Cet homme eft marqué par une
fentence infamante, il a déjà été repris. Il tH mar-
qué lur le livre rouge.
Marquer , ell aullî un terme de Maître d'Armes, qui
fignifie , donner à plein un coup dans le corps. Re3à
impetere. Un coup qui marque. C'ell: dans ce lens
qu'on appelle une botte bien marquée , lorfqu'elle
eft demeurée long temps Se fortement appuyée fur-
ie corps de celui à qui on la porte. On dit , il lui
a donné vingt bottes, toutes belles Se bien marquées.
Botte marquée , fe dit encore de celles qui laillént
une marque de couleur , parce que le fleuret avec
lequel on les porte a un bouton noirci , ou blanchi
avec de la- craie. Marquer la botte de tierce & de
quatre , c'eft engager le fer , &: faire un petit mou-
vement pour attirer fon ennemi , ou pour lui faire
faire quelque jour d'un autre côté.
Marquer, fe dit aulli par les Sages-Femmes, lors-
qu'une femme enceinte eft prête d'accoucher , ce
que l'on connoit quand il lui prend un rremble-
ment , & que les humidités qui coulent de la ma-
trice font teintes de lang. Madame accouchera bien-
tôt ; car elle marque. Dans la même matière , mar-
quer fe dit des femmes dans un autre fcns , & figni-
fie avoir fes règles. Cette femme peut avoir des en-
fans; car elle marque encore.
On dit figurément, qu'une perfonne eft marquée
au bon coin, pour dire, qu'elle a des marques ex-
térieures de l'honnêteté , de la vertu , qu'elle pofsède
en eftet.
Marquer , en termes de Manège , fe dit des chevaux
qui ont une marque noire , appelée Germe de fève ,
qui leur vient à l'âge de cinq ans dans le creux des
coins, & qui eft eifacée vers les huit ans , & alors
on dit qu'ils ne marquent plus , & qu'ils râlent.
On dit figurément d'une femme , quelle ne mar-
que plus, pour dire qu'elle n'a plus fes règles. On
dit aullî qu'un arbre marque , quand il commence
à pouflér. Qu'un horloge, qu'un cadran marque,
ou ne marque plus , pour dire que le folcil y don-
ne, ou n'y donne plus.
On dit proverbialement Se figurément. Marque\
Ppppp ij
Jl
M A R
cette chalTc ; pour dire , fouvenez -vous de cette
aèlion j j'aurai ma revanche.
MARQUÉ , ÉE. part. Il a toutes les fignifîcations de
fou verbe. Le lens d'une penlce délicate ne doit être
ni fi vifible , ni li marqué. Bouh.
On dit proverbialement, il ell comme les moutons
de Berri, marqué lur le nez. On dit aiilli ironique-
ment à celui qui a fort envie de quelque chofe
qu'il ne peut avoir , que fon fruit en fera marqué.
On dit d'un borgne , d'un bolFu , d'un boiteux ,
d'un bigle , qu'il eft marqué au B. Donnez-vous
garde de ces gens qui font marqués ZVL B , ils font
ordinairement malins.
^fr On dit d'un enfant qui a apporté quelque figne
en nailfant , qu'il eft né marqué.
^CT On dit qu'un cheval eft marqué en tête , l'orfqu'il
a l'étoile ou la pelote au front.
tf^" Papier marqué , parchemin marqué. Foyc^ ces
mots , &: timbre.
MARQ.UÉ j fe dit parti :ulièrement en termes de Bla-
fon j de la couleur des points des dés. Trois dés d'ar-
gent marqués de fable.
MARQUESEC. f m. Terme de Pêche. Eft un filet
qui a les mailles plus petites que les autres , &: du-
quel on fe fert fur les côtes de Provence pour pren-
dre le nonnat. Rete parvis maculis contextum.
MARQUET. f. m. Nom d'homme , dimmutif de
Marc. Marcus. Il n'eft en ufage que dans le prover-
be , dont nous avons parlé au mot GEORGET.
MARQUETER, v. a. Marquer de plufieurs couleurs
ou taches ditférentes. Varïis colorïbus dijlinguere ,
variegare. La nature a marqueté les tigres , quelques
chiens & quelques chevaux. La peau de cet animal
eft marquetée. Ce marbre , ce jafpe , font bien mar-
quetés.
MARQUETERIE, f. f. Ouvrage fait de plufieurs piè-
ces rapportées, <Sc de diftérentes couleurs , & d'ordi-
naire féparées par des filets d'étain , de cuivre , ou
d'ivoire qui forment dans des compartimens diver-
fes figures & divers ornemens. Opus vermiculatum ,
Teffêllatum. On fait maintenant des ouvrages mer-
veilleux de marqueterie , loit en bois , ioit en pier-
re , en tables , buftéts j planchers , ëcc. La marque-
terie moderne furpalle beaucoup l'ancienne Mota'i-
que. La plus riche marqueterie fe fait de lames de
cuivre gravées , & chantournées fur un fonds d'é-
tain , & de bois. Les Marbriers appellent marçjue-
terie de marbre , les ornemens, comme les chiflres ,
les pièces de Blalon , &cc. qui étant de marbre de
couleur ^ font incruftés dans les panneaux des grands
& petits compartimens , pour les lambris Se pavés
de marbre.
On a trouvé beaucoup de marqueterie des anciens
Romains : on en découvrit une en 1699. dans la
prairie d'Horfeftoue près de Heyford , en Angle-
terre ; une autre à Strunsfield dans le Northamp-
ton ; elle avoit conlervé Ion luftre dans un lieu
marécageux , ôc où les débordcmens des eaux arri-
vent fort fréquemment. La marqueterie étoit faite
de petites briques , ou de tuiles carrées en forme
de dcz. Ces fabriques étoient de quatre couleurs dif-
férentes , il y en avoit de bleues , de blanches , de
jaunes & de rouges , difpofces en plufieurs compar
timens i\ réguliers , qu'il femble qu'un Peintre auroit
de la peine à les imiter. Les briques étoient fi bien
liées , qu'on les auroit priies pour une pièce de
marbre poli ; cxpoiées à l'air , elles fe relâchèrent
cependant un peu. La bordure de ce pavé eft ornée
de trois raies de peinture encore très-vive & très-écla-
tante. Bartoli dans les Àntichi fepokri , donne la
dcfcription de plufieurs de ces monumens.
Les Anciens faifoient de trois fortes d'ouvrages
de marqueterie. Les uns repréfentoient la figure
des dieux , ou des hommes , & c'étoient les plus
eftimés. Il y en avoit où l'on voyoit des figures d'oi-
feaux , ou d'autres animaux. Ceux ci tenoient le
fécond lieu. Les troifièmes étoient ceux qui ne re-
préfentoient que des arbres, des fleurs, ou d'autres
■ligures de pure fantaifie. La première elpèce étoit
M A R
appelée Ut^hty^xiplx. On donnoit indifféremment
aux deux autres le nom de rawovçKipKi. Voyez la
Differtation de M. Morton fur le pavé de marque-
terie , trouvé à Stunsfield. Pitifcus l'a tait graver dans
fon Didiionnaire des Antiquités Romaines.
On fait avec des bois de diflérentcs teintes des
ouvrages de marqueterie , qui imitent allez bien la
peinture , principalement des fleurs & des ornemens.
Elle a un défaut -, les couleurs du bois fe palfent avec
le temps , & dans la fuite tout paroit d'une même
couleur. Les gens du métier appellent ce genre de
peindre , la Peinture en bois. On tait à Florence
des ouvrages de pièces de rapport , qui eft un genre
de marqueterie. Le choix & l'alFemblagc des pier-
res précieufes diverfement colorées , forment des
efpèccs de tableaux. On voit de très belles tables de
ce genre. Le Roi Louis XIV. avoit fait venir des
ouvriers qui en ont travaillé pour lui aux
Gobelins ; mais la longueur de ces travaux les a
fait abandonner. La nouvelle Chapelle de S. Lau-
rent à Florence , deftinée pour les tombeaux des
Grands Ducs , devoir être entièrement incruftée de
ces ouvrages de marqueterie.
MARQUETINE , ou MARQUETRINE. f. f. ^oye?
Tulipe.
MARQUETTE, f. f. Nom d'un droit que les femmes
payoient autrefois au Roi , & aux Seigneurs , pour
fe racheter d'une infâme & bizarre coutume, qui les
obligeoit de pafler la première nuit de leurs noces
avec leurs Seigneurs : on attribue cet étabUlfement
à un Roi nommé Malcolin , ou Milcolumbe. Le
Roi Malcolme III. le fupprima. En Angleterre il
n'y avoit que les femmes de condition ferve qui
fuflent lujettes à un droit de marquette. Selon Pa-
pon &c Boërius , ce droit a été en ufage en France.
Quelques-uns dérivent ce mot de marquette , du
mot marc , parce que le droit de marquette étoit
d'un demi marc d'argent.
Marquette. Terme de Marchand de cire. Pain de
cire vierge. Quelques marquettes de cire. Frézier,
p. 113.
MARQUEUR, f. m. Celui qui marque. Signator. Le
marqueur de la monnoie. Marqueur de vaiffelle.
Marqueur de toiles, de fer , &:c. Ce joueur eft un
mauvais marqueur ^ il faut prendre garde à lui quand
il marque.
Marqueur, fe dit plus particulièrement d'un valet de
Jeu de Paume , qui marque les chalfes , & qui
compte le jeu des joueurs , qui les fert , qui les frot-
te. Pilaris metator , fignator. On a tant donné pour
les marqueurs.
MARQUINIER. f. m. Nom que l'on donne aux Tif-
ferans dans quelques endroits de la Picardie , parti-
culièrement à Laon , Guife , Chauni , Noyon , la
Fere , &:c. Il fe dit plus ordinairement des Tilfe-
rans qui travaillent en Batifte , que des autres.
MARQUIS, f. m. Titre qu'on donne à celui qui pof-
sède une terre érigée en Marquifat par Lettres-pa-
tentes , & qui tient un milieu entre le Duc & le
Comte. Marehio. ^fJ" Le grand nombre de ceux
qui ont ufurpé ce titre en France , a donné lieu à
Molière de choifir plufieurs de les perfônnages co-
miques & ridicules parmi les Marquis. Un riche
Bourgeois achète des terres , prétend qu'un de ks
ancêtres a dérogé , fait réhabiliter fa noblefle im.agi-
naire , & tranfinet à fon fils une terre érigée en
Maïquifit. On eit même Marquis à moins de frais.
Paris abonde en Marquis fans titre , ou qui le font
faits Marquis eux mêmes. Il femble qu'il fuflit d'al-
ler en carroflè , & de fe faire fuivre par quelques
laquais , pour s'ériger en Marquis.
tfJ" Les Marquis étoient autrefois les Gouverneurs des
Provinces ou Villes frontières qu'on appeloit Alar-
ches. Quoique Marquis & Margrave lignifient ori-
ginairement la même choie , ils ont acquis avec le
temps une fignification bien différente p.armi ceux
qui font véritablement Marquis d'origine , il n'y
en a point en France qui jouiflént des privilèges
attachés en Allemagne nu Mare:raviat. Tout Marquis •
M A R
en Fiance n'cll qu'un Gentilhomme titré , qui eft
lujet du Roi , comme tout le rcftc de la NoblcHc.
Ce mot vient (clou quelques uns , des Marco-
mans , qui oceupoient i.i Maiclie de Bandebourg ;
ou ielon d'autres de marck , mot Allemand, qui
iignihc limite ; ou de marcijîa , qui en langue Cel-
tique j (ignifioit une aile de Cavalerie , comme le
témoigne Paufanias. Nicot croit qu'il vient d'un
mot Grec corrompu "f^'ex'», lignifiant Province,
comme Daîwmarchia a été dit de la marche de
Dannemarck : Alciaf & Fauchet tiennent que ce
mot vient de OT.îr,(-, qui lignifie cheval, croyant que
Marquis étoit un OlKcier de Cavalerie. Ménage
veut qu'il vienne àc marc a, frontière. La même chofe a
été dite parKrantziusSeldenus&Hottoman. Pafquier
dit que le mot de Marquis vient de marche , qui
cn_vieux_ langage lîgnihoit limite; ou de marchir ,
qui lignihoit,cci«jf/2<;r; parce que les Marquis ho'xcm
ceux à qui l'on conhoit la garde des frontières , ou
terres marchijfames. Voyez Marche , & Mar-
CHIS.'*
On diloit autrefois Marchis pour Marquis. Le
nom de Marquis elt François : les Romains ne le
connoiiroient point. Dans la Notice de l'Empire ils
lont appelés Comités limitanei. Aymoin dit que les
Marquis étoient les Gouverneurs des frontières.
Alciat a mis en queftion fi le Marquis précède le
Comte. Pour la décider il remonte à l'ancienne
foniftion des Comtes : & il dit que les Comtes
Gouverneurs de Provinces j font au delTus des Mar-
quis y qui ne font que Gouverneurs des frontières :
6c que les Marquis , ou Gouverneurs des Villes
frontières , lont au-delHis des Comtes , ou Gouver-
neurs des petites Villes. On ajoute que c'ell en con-
féquence de cette diftinélion , que les Livres des
fiefs mettent tantôt les Marquis devant les Comtes ,
<V tantôt les Comtes devant les Marquis. Froilîart
parle même du Marquilat de Juliers érigé en Comté.
Mais aujourd'hui , que ni les Marquis j ni les Com-
tes j ne lont plus Gouverneurs , Se que ce font de
lîmples titres de dignité : il eft: fans difficulté que
les Marquis précèdent les Comtes.
MARQUISAT, f. m. Terre à laquelle ce titre a été
donné par Lettres-patentes , qui fait prendre la qua-
lité de Marquis à celui qui la pofsède. Marchionatus.
^fT On le dit également du titre de dignité attaché
à la terre , & de la terre même qui a ce
titre. Terre érigée en Marquifat. Seigneur d'un
Marquifat. Il y a des Marquifats qui font de vraies
Souverainetés. On donne improprement le nom de
Marquifats aux Margraviats d'Allemagne. Le Alar-
quifat de Salulle a été échangé contre la Brelfe. Le
Brandebourg n'eft qu'un Marquifat. Le territoire
d'Anvers eft appelé le Marquifat du faint Empires
MARQUISE, f. f. Titre qu'on donne à la femme d'un
Marquis , ou à celle qui pofsède un Marquifat.
y^oyci Marquis.
Marquise. Terme d'Artificier. C'eftune fufée volante
d'environ un pouce de diamètre, ou dix-fept lignes,
fuivant M. de St. Rémi. La double Marquife a qua-
torze lignes j félon le premier fentiment , ôc dix-
neuf félon le fécond.
Marq,uise. f. f. Nom d'une efpèce de poire, La. Mar-
quife prend deux figures fort différentes j fuivant la
différence des terres & des arbres où elle efl élevée.
Si le fond eft lec , elle retlemble allez par la grof-
feur & fa figure à un très-beau blanquet , ou à un bon
chrétien , & elle fait la même chofe en arbre de tige ;
mais dans les terres gralles & humides _,' & en buif
fon , il en vient d'extraordinairement grolfes. La
poire eft bien faite; elle a la tête plate , l'œil pe-
tit & enfoncé , le ventre afFez long , proprement
alongé vers la queue , qui eft longuette , pallable-
ment groftè , courbée , & un peu enfoncée ; la peau
en eft affez rude, le coloris eft d'un fond vert, avec
quelques placards de ronfleur , connue on en voit
au beurré ; fi elle ne change point en mûriflant ,
elle eft très-mauvaife. Cela vient du fond de terre
humide , <?c de la figure des buiffons trop touffus
M A R 8j3
dans^ ces fortes de fonds : mais fi ce vert devient
jaunâtre dans la maturité , la chair en eft tciidre Se
fine , le goût agréable , l'eau allez abondante , Se
fort fucrée. Elle a un peu de pierre au cœur , ce
qui ne doit point empêcher de l'cnimcr pour le
mois d'Ocftobre & de iNovembre. La Quint.
Marquise , en termes de Guerre, c'eft une tente
de toile qu'on met par dellus la tente à l'armée , ik
qui lui fert de furtout , pour prélcrvcr de k pluie
cV des injures de l'air. La Soldatcfque n'a que de
limplcs tentes , nommées cannonières , mais les
Ofiicicrs ont des Marquifes par delfus. Tendre une
Marquife.
Marquise. Terme de Flcurifte. Tulipe rouge, rofe
sèche, (Se jaune blanciiilLiiit. Morin.
Marquise. Nom de lieu en Picardie, un peu au-
deflus d'Ambleteufe. Cluvicr croit que ce font les
Marci de la Notice de l'Empire.
MARQUISER. V. a. qui ne le dit qu'en riant, &: fou-
vent avec le pronom perfonnel. Se qualifier Marquis.
Marchior.is nomen ufurpare , adfcifcere. Il a été em-
ployé dans ces vers burlefqucs cïe Scarron :
Depuis que de fon chef chacun s'ejl marquife ,
On trouve à chaque pas un Marquis déguifé.
C'eft ainfi qu'on zàiikMonfeigneuriferVun l'au-
tre J pour dire , le traiter de Monfeigneur.
MARQUOTTER. Foyci Marcotter.
MARR. Le Comté de xMARR. Marna. Province de
l'Ecolle feptentrionale. C'eft une langue de terre ,
qui a vingt-deux lieues du couchant au levant, de-
J3uis le Badcnoch J jufqu'à la mer d'Allemagne, mais
la largeur n'eft pas de plus de trois ou quatre lieues.
Elle confine vers le nord avec le pays de Murray ,
de Banf & de Buchan , & vers le fud avec ceux
d'Athol , de Gowré , d'Angul &c de Mernis. Cette
province J baignée par la Dée &: par le Don, eft
pleine de bois & de montagnes , vers le couchant ;
mais allez unie & fort fertile vers le levant. Sts
lieux principaux font Old Aberdéen , ou la vieille
Aberdone , & le bourg de Kintor. Maty.
MARRAJO. f. m. C'eft un poilfon aftreux ,& qui a la
gueule il grande qu'il dévore les hommes tout en-
tiers. Les Efpagnols en «prirent un qui venoit d'ava-
ler un Indien qui étoit à la pêche des perles , qu'on
trouva vif dans Ion ventre , mais qui expira un peu
après. Herréra.
MARRAINE. C'eft ainfi qu'il faut écrire. Pour l'ex-
plication , f^oye:^ Marreîne.
MARRAMAS. i. m. Nom qu'on donnoit autrefois
à une elpèce de drap d'or , pour le diftinguer. Drap
d'or mattabas & marrâmes.
MARRANE, ou MARANE. f. m. & f. Terme in-
jurieux qu'on applique aux Efpagnols , ou à ceux
d'cntr 'eux qu'on ne croit pas bons Chrétiens , qui
font delcendus des Mahométans , ou des Juifs.
Mahumetanus , Juds.us , proies Arahum.
Marrane , leroit proprement un Mahoméran , un
Africain -, mais dans les Pocfies de Marot c'eft une
injure. Dans le temps que nous autres François "
étions ennemis des Efpagnols , nous les traitions de
marranes , comme ils nous traitoient de Gavaches.
GlojJ'.fur Marot.
ifS" NÎuza Maruanes ayant conquis l'Efpagne , n'en
retint le gouvernement que pendant trois ans. Néan-
moins le nom de Maruanes demeura aux Maures
d'Efpagne. D'où il eft arrivé que l'injure la plus
atroce que l'on puillé dire à un Efpagnol , eft de
l'appeller Marane , c'eft à-dire Mahométan , ce
nom venant de Muza Maruanes j &i non pas de
l'excommunication Maranatha , comme le dit le Car-
dinal Baronius , après Mariana. De Marca , Hijl. de
Béarn.
Ménage dit que quelques-uns le dérivent de l'Hé-
breu Marha , qui fignifie changer. Mais il aime
mieux fuivre l'opinion de M. de Âlarca , qui le fait
venir de Mufa Maniane , qui conquit l'Efpagne pour
les Arabes. Borel dit que marrsane vient de marra-
8j4 M A R
' nus , qui fignifie llmpleiiient un favant Rabbin- Du
Cange dit que ce mot ne vient pas des Maures,
comme quelques uns croient , mais du mot Syriaque
maranatha j qui ell un anathcme f-ulminé avec
■exécration. Mais Scaliger dit que marrane (e diloit
d'un parti dont parle le Géographe Arabe , tormé
par un nommé iMarra wan , qui le premier ôta le
Caliiat de la lignée d'Abaz, beau-père de Mahomet ,
<^- que ce parti fut appelé Maravanïam , qui julqu à
prélent a été très odieux à tous les Mahométans.
f^qye-( Marrane.
MARRAT. Bourg de France dans l'Auvergne, Élec-
tion de Clermont.
MARRAY. Bourg de France dans la Touraine , Elec-
tion de Tours.
MARRE, f. f. Marr,!. Efpèce de houe qui fert aux Vigne-
rons pour labourer les vignes ; qui fert auOi à ellarter ,
à couper les racines des mauvaifes herbes, des arbuftcs,
d'où eil venu le nom de tintamarre , à caule du
bruit que les Paylans font lur leurs marres. Aux
«•nvirons d'Orléans , les 'Vignerons qui travaillent le
plus près de la ville , & qui entendent l'horloge ,
tintent leur marre , pour avertir ceux qui font plus
éloignés , qu'il eft temps de quitter le travail.
Prifes de Marres , dans les Coutumes, C'efi: la {aille
des inftrumens qui lervent à cultiver la terre.
Ce mot vient du Latin marra , qui lignifie la mê-
me chofe ; & c'ell en François ce qu'on appelle une
houe. Il peut venir aullî d^marr , mot Celtique , ou
Bas Breton , qui lignifie hoyau.
MARRÉ, ÉE. adj. 'Vieux mot , qui fignifie labouré
avec la marre. Vignes marrées.
MARREIN , ou MAIRAIN. Foyei Merrain.
I\IARREINE. L'Acad. écrit MARRAINE -, & cette
orthographe eft reçue, f. f. Fille ou femme qui tient
un entant fur les fonts de Baptême. Mater lujirka ,
matrlna. C'eft d'ordinaire la marraine qui nomme
les filles. Il avoir accordé cette taveur , à condition
que Madame l'AbbelIe feroit la marraine. Pat. Il
fe contraéle une alliance ipirituelle entre la marraine
Se fon filleul. On appelle aullî des parrains Se des
marraines en la cérémonie de la Bénédiction des clo
ches, auxquelles on impofe un nom.
Ce mot eft dérivé de mère ., ou de mater. Joannes
de Janua l'appelle OTiïm>2fl , comme owàiUpatrinus -,
parrain. Le Rituel Romain les nomme aullî de
même.
MARRELLE. Foye^ Merelle.
MARREMENT. f. m. Vieux mot , qui fignifie,, Dom-
mage , perte , douleur, déplailîr. Voy. Marrisson ,
Se Marisson.
MARRI , lE. adj. Repentant j fâché , qui a du regret
d'avoir fait quelque choie. Dolens , molejlià affec-
tas. La confelîîon ne vaut rien , fi l'on n'eft bien
marri d'avoir otfenfé Dieu , fi on n'en eft bien re-
pentant. Cet homme ne vous a blelfé que par ha
lard , il en eft bien marri. Il eft bien marri d'avoir lail-
fé échapper cette occallon. Oui , je fuis fon mari Se
mari très /narri. Mol. Il y a là un jeu de mots qu'il
ne faut pasimiter ^ & qui n'eft bon que dans l'endroit
où Molière l'a mis. Au rcfte,le ternie demarri eft vieux.
IMARRIN. En termes de Challe , fignifie la grolfe
branche de la tête du cerf, qui fort des meules.
Foye:^ Merrein.
Se AiARRIR. Vieux mot , S'aftliger.
MARRISSON. f. m. Vieux mot qui fignifioit autrefois
la douleur latriftelle, le chagrin , le regret qu'avoir
dansl'ame celui qui étoit marri, repentant. Dolor ,
tmdium. G/oJJ. fur Alarot. Inufité.
Ces mots viennent de marritimo , & marritio , qui
ont fignifie dans la bafte LAthmé , fâcherie , caufée
par quelque perte. MÉn. Du Cange dérive ce mot
de marrare , qui lignifie faire une fqffè avec un inf
trument de fer , qu'on appelle une marre ; Se il dit
que marrir fignifioit autrefois , s'oppofer , contre
dire , ou fiire un obftacle à quelqu'un , lui couper
le clicmin , comme on fiit par le moyen d'un
folfé.
MARRO , ou MÉTAURO. Nom d'une rivière de la
M A R
Calabre ultérieure j province d'un Royaume dcNa-
ples. Metaurus. Elle prend fa lource dans le Mont
Apennin ^ baigne Gioia , & fe décharge dans la mer
de Tolcane. Maty.
MARRON, f. m. Nom que l'on donna autrefois au refte
des Maures ou Sarrafins, chalfés d'Afrique qui s'étoient
réfugiés a Fraifnet & dans les Alpes. F. Marane, ou
Marrane. Quelques uns difent Marranes, je n'en
vois pas la raifon. Nous ne difons point les Catones
& les Cicérones , ni les Gothones , les Semnones ,
les Saxones j mais les Gothons , les Scmnons , les
Saxons j &c. On a aullî appelé les Marrons , Mar-
ruques, Marruci.
Marron, f. m. La plus grolle & la meilleure forte
de châtaigne. En Latin balanus. Balanitis caflanea.
On apporte beaucoup de marrons du Dauphiné &
■du Vivarais. Un chapelet de marrons. Des marrons
confirs , glacés.
Ce mot vient de l'Italien marrone. Borel dit que
marron fignifioit en vieux François le coupeau d'une
montagne : ce qui a donné le nom aux grolles châ-
taignes, parce que c'eft le lieu où elles croiirent.
^3" Marron d'Inde. Foy. Marronnier d'Inde.
On dit proverbialement de celui qui eft lorti du
jeu j ou qui n'a plus d'argent pour jouer , Qu'il
eft allé rôtir \ts. marrons. On dit aulh, quand on le
fert du fecours d'autrui pour quelque chofe qu'on
a peur de frire loi-même , Qu'oir fait comme le
linge , qui tire les marrons du feu avec la patte du
chat.
Marron , eft aullî un terme de Coëfteufe , qui fignifie
Boucle de cheveux qui eft fur l'oreille , & qui eft:
nouée avec un ruban. Chicinnus j ad aures deliga-
tus. Elle a des marrons aux oreilles. Cette mode
ne fublifte plus. fCT Mais on dit encore des che-
veux frifés en grolfes boucles rondes. Qu'ils font
frilés en marrons.
Marron , ou Maron , eft encore un terme dont oji
le fert dans les iles de l'Amérique , pour fignifier
un efclave fugitif; Il eft Marron , c'eft-à-dire , il a
quitté fon maître pour aller courir la campagne.
Fugitivus.
|j3°Ce terme dans cette acception, vient, dit- on,
du mot Elpagnol Simaran , qui fignifie un linge.
Les Efpagnols donnèrent le même nom aux linges
& aux efclaves fugitifs , parce qu'ils fe retiroient
comme ces animaux , dans les bois Se dans les dé-
ferts , pour y vivre en liberté.
^pt On le dit aullî des animaux , qui de domeftiques
font devenus fauvages. Ainlî l'on dit un cochon
marron.
Marron , eft aulîîun terme ulîté à Lyon , pour figni-
fier des Porteurs de chailes. Foye:^ Maronnier.
Marron. Terme uhté dans l'Imprimerie. Ouvrage
imprimé clandeftincment , Se fans permilîion.
Marron. Terme d'Artificier. C'eft une forte de pé-
tard ou de boîte cubique de carton fort & à plulieurs
doubles , qu'on remplit de poudre grenée, pour .
faire une grande détonation qu'on augmente com-
me AuxfauciJJons , en fortifiant le cartouche par une
enveloppe de ficelle trempée dans de la colle fonej
ainfi ces deux artifices ont le même effet, & ne
dilfèrent que dans leur figure.
On fait de petits marrons qu'on couvre de ma-
tière combuftible , pour les mettre dans les garni-
tures des pots , afin qu'ils brillent aux yeux avant
que de faire du bruit , alors on les appelle luilant;
leur eftet eft à-peu-près le même que celui des étoi-
les à pet.
On donne encore le nom de marrons aux boites
de cuir bouilli dont on le fert pour mettre les per-
ruques qu'on veut porter en campagne. On a
donné à des boîtes le nom de marrons , tant à
caufe de leur forme que de leur couleur. La forme
ne rellemble pourtant pas ablolumcnt au fruit que
nous nommons marron , elle approche plus de celle
de l'œuf. Elle eft coupée par la moitié dans la lon-
gueur , enlorte que les deux parties qui compofent
le delFus Se le dcllous font éi;ales. Celle de dcllous a
I
M A R
une feuillure qui entre dans le dcfTus, de même que
le bahur entre dans Ion couvercle. Toutes les pcr-
(oiMies fujcttcs à aller à cheval , ont des marrons
pour mettre leurs perruques , parce que la forme
de cette boîte , qui n'a point de carnes , eft com-
mode pour mettre dans un porte-manteau.
Marron , en termes de Guerre , cfl: une pièce de
cuivre de la grandeur d'un ccu , qui marque les
heures auxquelles les Officiers doivent commencer
leurs rondes. Les Sergens le tirent au fort dans un
fac que tient le Major, pour les Officiers de leur
Compagnie. Sur chaque marron efl: gr.avé , ronde de
dix heures , de dix heures & demie , Se ainli de (uite
fur ch.acun , pour toutes les heures (Se demi-heures
de la nuit.
Ces pièces font numérotées i. 2. £t. jufqu'à la
dernière ronde, enforte , par exemple, que celui
qui doit fiirc celle de dix heures , a autant de mar-
rons numérotés 10. 10 , qu'il y a de corps de gardes
dans le circuit qu'il doit faire. Ainh quand il arrive
au premier , après avoir donnné le mot au Caporal ,
qui doit le recevoir l'épéc nue à la main , ëc la
pointe près de l'eftomac de celui qui le lui donne j
il lui remet le marron cotté i o.
Ces marrons étant percés dans le milieu, le Ca
poral enfile celui qui lui eft remis , avec une aiguille
de fer qui le conduit dans une efpèce de tronc qu'on
.appelle Boîte aux rondes. Cette boîte , dont le Ma-
jor a la clef, eft portée le lendemain chez lui , iS:
ainfi il lui eft ailé de connoître lorlqu'il l'ouvre , (1
les rondes ont été faites hdellement , & les marrons
donnés & reçus j en voyant fi les marrons font en-
filés de fuite. Cette invention eft fort bonne pour
empêcher que l'Officer & le Caporal ne man-
quent à leur devoir.
IJCF" En Minéralogie, on appelle mines en marrons , ce
qu'on appelle autrement mines égarées, f^oye^ Mine.
^3" En Maréchallerie , marron fe dit du poil de cheval
ayant la couleur du marron , nuance du poil. Bay.
MARRONNER. V. a. Frifer des cheveux en grolFes
boucles
MARRONNE, ÉE. part. Frifé en grofles boucles.
Cheveux marronnes.
MARRONNIER, f. m. Arbre qui porte les marrons.
Jrbor cafianea. Voyez Châtaignier.
Maronnier d'Inde , eft un grand arbre j beau j la-
ineux , qui nous a été apporté de Conftantinople ^
êc dont on fait maintenant les allées des beaux jar-
dins. Ses feuilles font difpofées en main ouverte ,
cinq à cinq, ou fept à fept fur une queue ^ longues ,
alfcz larges , dentelées en leurs bords , vertes. Ses
fleurs font blanches, accompagnées de plufieurs éta-
mincs jaunes; chaque fleur eft à quatre ou cinq feuil-
les , foutenues par un calice , qui eft un godet dé-
coupé fur les bords. Son fruit eft prefque rond, épi-
neux , charnu , qui s'ouvre en deux ou trois parties,
& qui renferme une ou plufieurs ch.îtaignes allez
grolfes. Quelques uns appellent le maronnier d'Inde ,
Châtaigne de cheval , à caufe que fon fruit foulage
les chevaux pouffifs qui en mangent. M. Tourne-
fort le nomme hippogaftanum vulgare. Un Curieux
de Paris , nomme M. Bachelier , apporta de Conf-
tantinople en 1615. le premier maronnier d'Inde ,
Se les anémones doubles. Tournefort. CCF On cher-
che depuis long-temps à tirer quelque utilité du
fruit du maronnier d'Inde qui eft d'un goût trcs-âcre
& très- amer.
Maronnier. On dit plus communément Marron.
f. m. Leclicarius , SelU tracloriis. duclor , veàor. On
donne ce nom à des Payfans des Alpes qui font
métier de porter , ou de conduire les Voyageurs
fur des traîneaux qu'ils tirent & font gliller (ur la
neige , ou dans des chaifes , ou dans des litières ,
& même fur leurs épaules. Je fuis venu jufqu'à Lyon
en litière & par les Alpes ; je me fuis fait porter ,
partie en litière &: partie en chaife fur les épaules
endurcies de ces chameaux humains qu'on appelle
Marrons. Les Marrons qui méritent plutôt le nom
de chameaux que d'hommes, me portèrent en chaife
M A R 8jj
fur le Mont Cenis , &c. Le C. Bentivoglio. Ce mot
eft ancien dans la langue , comme prouve Ménage ,
qui dit qu'il a été fait du Grec i^nfum qui fc trouve
en cette lignification dans Euftathius.
MARROQUIN , INE. i. m. &c f. Nom de peuple.
Originaire , habitant du Royaume de Maroc. Marro-
chini. Les Marroquins font aullî en particulier les
habitans de la ville de Maroc. Les Marroqmns font
fiers, luperbes, &: loin gloire d'être ciniemis des Chré-
tiens. Les Marroquins loin vêtus d'une robe qui
pend jufqu'à terre , & qui eft d'un drap de couleur;
par-deftus ils portent une veftc de fin camelot , &
ont un bonnet d'écarlate en tête , accompagné d'un
petit turban. Les Maroquines font polies tic civiles;
elles fc parent de bracelets d'or & d'argent , tk. por-
tent des pierreries 6c des perles à la tête , aufù bien
qu'en pendans d'oreilles , & en colliers. Les Marro-
quines ne louent jamais que pour aller à la Mof^
quée & au bain.
Marroquin. 1. m. Cuir de bouc , ou de chèvre pafte
en galle , à la différence du Cordouan , qui eft ap-
prêté avec le tan. Hircinum corium , capr/na aluca.
On apporte du nord quantité de bouc pour faire du
marroquin.
Marroquin de Levant , qu'on apporte teint du Le-
vant. Marocenfe corium. Marroquin de Barbarie , ce
font des peaux de boucs qui viennent d'Afrique ,
& qu'on palfe en noir à Rouen. Il y a aullî du
marroquin fait à Paris. Ce n'eft pas le plus beau,
mais c'eft le plus vendu. Il y a des marroquins noirs,
rouges , violets , jaunes , &c. Des louliers de mar-
roquin. Les plus belles reliures de livres fe font en
marroquin.
Ce n'eft que marroquin perdu.
Que les Livres que l'on dédie. ScAR.
Parce qu'on préfente le livre relié en mairoquin
à celui à qui il eft dédié.
Ce mot vient de Maroc , Royaume où on le fa-
brique.
On dit proverbialement , en menaçant quelqu'un ,
qu'on lui donnera lur fon marroquin ; pour dire lur
la peau.
U^ Marroquin , dans le ftyle familier &c populaire ,
eft un terme d'injure , qui fe dit par mépris d'un
homme de peu , C'eft un plailànt Marroquin.
Marroquin. On donne ce nom à une elpèce de rai-
lin , peut-être parce qu'il vient du Royaume de Ma-
roc. Uva Marrochina. Nous eftayons par le moyen
de nos murs bien expolés , de procurer autant de
chaleur qu'il en faut aux Pallé-Mufquées , aux Per-
golèles, aux Damas, aux Marroquins. La Quinti-
nie, t. I. p. 40 S. Il l'appelle iVfarroc j ou raifinde
Marroc , p. 26 j.
MARROQUINER. v. a. Hircinum corium imitari. C'eft
façonner du veau , comme on apprête les peaux de
chèvre , pour en faire du Marroquin. Ce n'eft pas-
là du Marroquin , ce n'eft que du veau marroquiné.
MARROQUINERIE. f f. Ars effingendi hircini corii.
Art iSc ouvrage de Marroquinicr. Pomev.
|]CF Ce terme délîgne non-feulement l'art de faire le
Marroquin, mais encore le lieu ou on le fabrique ,
&C même les cuirs palîés en Marroquin.
MARROQUINIER. f. m. Hircina pellis concinnator.
Ouvrier qui travaille en marroquin ; faifeur de mar-
roquin. POMEY.
IP" Ce terme fe dit de celui qui fabrique le marro-
quin , ou d'autres peaux en façon de marroquin , &
convient au Manufaélurier , & à l'ouvrier.
MARRUBE. f. m. Plante dont il y a deux fortes, le
blanc & le noir. Marruhium. Le marrube blanc ordi-
naire a une racine ligneufe , lîmple , fîbrcufe , d'oà
forcent plufieurs tiges , hautes d'environ un pied ,
ou davantage , couvertes de laines , carrées , rameu-
fes. Ses feuilles font oppofées l'une à l'autre , pref-
que rondes , ridées , dentelées en leurs bords , blan-
châtres. Ses fleurs font petites , blanches , rangées
par étages , & comme par anneaux le long des ti-
8^6 M A R
^es : chaque fléau eft un ruyau découpé p.it le haur
en deux lèvres. Loriqu'elles lont palîées , il leur luc-
cède quatre {emences oblongues , jointes eniemble.
Toute cette plante rend une odeur forte îk aroma-
tique. Elle elt propre pour la toux j pour l'afthme ,
pour la phtilie : on s'en fert aulii dans la jaunille ,
& dans les obllructions du foie & de la rate. En
Latin inarrubium album vulgan. Il y a pluheucs au-
tres elpèces de marrube blanc.
Le marrube noir , ou puant , autrement ballote ,
pouHe des tiges à la hauteur d'un pied & demi , ou
de deux pieds j carrées , velues , tuant lur le rou-
ge. Ses feuilles font oppofées deux à deux le long
des tiges , teniblables à celles de la mélifle , mais
plus rondes ik. plus noires , velues ^ molles , ridées ,
puantes. Ses Heurs font verticillces , de couleur rou-
ge. Chacune d'elles eft un tuyau découpé par le
haut en deux lèvres. Loilqu'elles font palïées , il
leur foccède quatre Icmences un peu longues. En
Latin marrubium nigrum fœtidum , ballote Diofcori-
dis j C. Bauh. ou ballote Alathioli. La décodiondu
marrube noir eft excellente dans la paillon hyftéri-
que , & dans l'afteéiion hypocondriaque.
Ce mot vient du Latin marcïdum , qui fignifie
flétri , à caule que les Heurs du marrube font ridées ,
blanchâtres, & comme flétries.
Marrube aquatique, ù m. Lycopus paluftrïs. Plante
dont il y a plulieurs efpèces : on va parler des deux
principales. La première rellemble beaucoup au mar-
rube noir. Sa tige croît à la hauteur d'un pied & de-
mi ou de deux pieds, carrée, velue, dure, ridée;
les fouilles font plus longues, plus dures & plus
profondément découpées aux bords que celles du
marrube noir; lans poil , mais rudes j noirâtres. Ses
fleurs font petites , formées en gueule , verticillées ,
ou rangées par anneaux autour de la tige. Chacune
d'elles eft femblable à une çampane ou à un en-
tonnoir recoupé en quatre pièces de couleur blan-
che , contenu dans un calice lait en cornet, rude,
piquuit. Il lui luccède des fomences menues , prel-
que rondes. La foconde elpèce en difi-ère en ce que
fes fouilles font velues , blanches , rudes , décou-
pées profondément , crénelées, quelquefois laciniées.
Elles croillênt toutes deux aux lieux aquatiques ,
dans les prés, au bord à^s ruilleaux (?>: des folles.
L'une &: l'autre iont déterlives , aftiingentes , &
rahaîchiiliintcs. On s'en fert contre les hémorrha-
M A R
2;ies.
MARRUBIASTRE , ou faux MARRUBE. f. m. Mar-
rubiajirum. Plante qui pouHe une tige environ à la
hauteur d'un pied , carrée , un peu velue , jettant
des rameaux qui s'inclinent vers terre. Ses fouilles
font faites comme celles de la Morgcline , mais
plus grandes , dentelées en leurs bords. Ses fleurs
font en gueule , ou formées en tuyaux découpés
par le haut en deux lèvres de couleur bleue , fou-
tenus par des calices unis , rudes , qui ont la flgure
d'un cornet. Il iuccède à chaque fleur quatie le-
menccs menues , prefque rondes , enfermées dans
une capiule qui a iervi de calice à la Heur. Sa racine
eft petite , garnie de libres déliées. Cette plante qui
croît dans les champs , eft déterfive &c vulnéraire.
On l'a nommée Marrubiaflrum j parce que fes fleurs
lont femblables à celles du Marrube. Lemery.
M ARRUQUE. f. m. & f. Nom de peuple. Marrucus ^
• a. "Voyez Marron.
MARS. f. m. Terme de Mythologie. Nom d'un dieu
des Payens qu'ils croyoient prélider à la guerre.
Mars , Mavors. Ils l'appeloient dieu des batailles.
Les Poètes le font na'itre de Junon , ians aucun
commerce d'homme. D'autres difentj qu'il fut fils
de Jupiter & de Junon. C'eft Topinon d'Héliode
dans fa Théogonie^ v. ç22. Il eut de Vénus deux
fils & une fille. Les fils iont ''-«^^i , & Am^os , que
nous ne faurions rendre en François que par des
noms féminins , la Terreur & la Crainte ; mais qui
iont niafculins en Grec. La fille fut l'Harmonie ,
Theog. V. 7i.# , pjj. On la nomme aulîî Hermio-
ne , & elle époufa Cadmus. Aîars eut encore de
Rhéa Romus & Romulus -, Ik. Evadné de Thébé ,
fille d'Afopus. Il fut aufll Père de Cycne qui fut
tue par Hercule. Héf.ode dans le Bouclier d'Hercu-
le, V. S7- Mars eut pour fœur Bellonne , Déeftc
de la Guerre. Les vicfimes qu'on lui lacrifioit ,
étoient le cheval , le loup , le chien &c le pivert.
Ses Prêtres fe nommoient Saliens &C Flamines de
Alars. Salii , Flamines Martiales- La femme de
Mars éioit Nériéné. D'autres dilent qu'ils n'en eut
point J Se que tous fes enfans j qui furent en grand
nombre , furent des truies de lesdcbauchcs. Bellonne
conduifoit ion Char ; la Terreur & la Crainte 1 ac-
coinpagnoient. Il étoit l'inventeur des armes. On lui
facrifioit même des hommes. Le Gramen , le Coq
& le "Vautour, lui étoient aullI conlacrés. Arnobe
dit , qu'on immoloit des chiens & des ânes à Mars.
Us le peignoient avec des yeux furieux &c étince-
lans.
Le nom de Mars eft un mot de la langue des
Ofques , anciens peuples d'Italie , formé de Ma-
mers , qui étoit un nom du dieu de la guerre. Les
Hébraïlans dérivent le nom de Mamers du parti-
cipe hiphil J D"Da , qui vient de 0113 , contunderCy
brifer. D'autres le dérivent de nviXO , force ^audace ,
la racine eft iï'iy , formidable , robujle , Tyran ,
d'où les Grecs , félon les mêmes Savans , ont formé
le mot ''fi'.
Selon VolîïuSj Mars eft le Soleil , dams l'opinion
des Théologiens du Paganitme , & ce nom ne vient
point de ce qu'il préiide aux hommes , marïbus ,
comme l'a cru Varron , ni de mavors, qui s'eftdit,
parce que magna vertit , ni de ^'y^î , en ajoutant
un m au commencement j mais de yia , marats , qui
fignifie être fort j puiffant , robufte , ou de Dîna ,
mcchares , qui perd , qui détruit , participe enpiel
du verbe ann , charats. "Voflius croit encore que
Mars eft le même que Nemrod , dont on a fait
un dieu. Voyez de Idol. L. VII. c. lO. 8c Nata-
lis Comes , Mytkol. L. II. c. 7. Les Sabiiis l'ap-
peloient Mamers , dont on prétend que les Latins
ou les Romains formèrent Alars par aphércfe. Les
Poètes dilent Alavors par épenthèfe , ou addition
d'une fyll.abe au milieu.
0Cr On compare un grand guerrier au dieu Mars ,
(SvT dans le langage poétique le métier de Mars ^ les
travaux de Mars , font le métier &c les travaux de
la guerre. Mallet a fait un livre de iortifications ,
intitulé les travaux de Mars. On nomme l'Hôtel des
Invalides, l'Hôtel de Mars , fur lequel on a fait ce
beau vers en l'honneur du Roi:
Martis reliquias placidâ in Jlatione locavit.
Mars. (Temple de) On voit encore aujourd'hui de pré-
cieux vertiges de cet ancien Temple , dans un en-
droit de Rome appelé la place des Prêtres , entre
la Rotonde , & la Colonne Antonine. Sa forme
étoit periptère , c'eft à dire , qu'il étoit environné
d'allées en forme de Cloître. Sa manière étoit Pyc-
nortyle , ou à colonnes prellées. "Voyez le Dicl. de
Peint. & d'Arch.
Jeux de Mars. C'étoienr des jeux , des combats inf-
titués à Rome à l'honneur de Mars. Ludi Martia-
les. Ils fe faii'oient deux fois l'année , une fois dans le
Cirque le 4 des Ides de Mai ; c'eft à-dire , le 1 2*. de
ce mois , & une autrefois le premier d'Août. Ceux-
ci ne furent établis qu'après les autres , & en mé-
moire de la dédicace du Temple de Mars, qui fe
fit ce jour-là. Ces jeux confiftoient en courfes de
chevaux , & en combats contre des bêtes. Dion
rapporte, L. LVI. que dans une de ces fêtes , Ger-
manicus tua dans le Cirque deux cens lions. Jean
Rofin parle de ces jeux dans fes Antiquités Romai-
nes, Z. V. c. 16.
Mars j en Aftronomie. C'eft la cinquième des Pla-
nètes ; celle qui eft Ciure le Soleil & Jupiter ;
l'une des trois Planètes fupérieures Mars. Mars
furpalle la terre en grandeur d'un tiers , ou
de la moitié j ou félon M. de CalÏÏni , comme de
27 à 12;. Il s'écarte de l'écliptique d'un degré $0
minutes : & il parcourt fon cercle dans Telpace
d'un
M A R
d'un an & 311 jours , ou près de deux ans. D.ms
la plus glande dillance, il ell éloigné de la tcfie d<.-
jrjooo demi diamètres de la terre j & de Soood.uis
(.1 plus petite diltance. L'orbite de Murs , c'eit
l'clpace dans lequel cette Planète fc meut. Le plié
nomène de Mars acronyque , qui Ce trouve plus
près de la terrc_ que le l'oleil, quand il cil dans une
certaine opipolition avec lui , clt ce qui a rendu
l'hypothcTe de Ptoloméc infoutenable. M. Callini a
oblérvé que dans la Planète de Mars il y a plullcurs
taches différentes dans fes deux faces, ou liéniif-
plières, qui prouvent qu'il elf mobile fur un axe;
& il a obl'crvé qu'il fait (on tour lui même en 24
heures 40 minutes. M. Hook a oblérvé la même
chofe. Il a déi;ouvert lur tout une tache triangulai-
re, du mouvement de laquelle il conclut ^ comme
M. Cadîni , que cette Planète tourne fur fon axe.
En 1676. on oblcrva parfaitement l'éclipfc de
Mars faite par la Lune avec fon immerlîon & émer-
fion. Mars parojt toujours trouble, & rougeàtre,
ce qui fut connoïtre qu'il y a autour de cette Pla-
nète des nuages au travers dcfqucls les rayons de
la lumière pallant & repallànt j le font paroitre
avec cette couleur rouge & confufe. Dans fa con-
jondion ou fon oppolition avec le folcil , il nous
paroît plus lumineux , parce qu'alors fon héraif-
phère illuminé cil: prefque tout-à fait tourné du
côté de la terre.
La diftance de Mars au foleil eft à la diftance
de la terre au foleil , .comme i -Ht eft à i. Ainlî
un homme placé dans Mars verroit le diamètre du
foleil I -l- ï plus petit qu'il ne nous paroît : &
conféquemment fi lumière & (a. chaleur ne doit
être que la motié de celle qu'il fiit Icntir fur la terre.
ALais il y a beaucoup de variation dans (a chaleur,
à caule de la grande excentricité de fon orbite :
on n'y en fent néanmoins jamais tant que dans
Mercure. Harris.
M. Caiîini, & M. Flamftead Anglois , par d'exac-
tes obfervations , ont déterminé la parallaxe hori-
zontale de Mars à 25 (econdes , enlorte qu'il eft
certain qu'elle n'cft pas plus grande.
Alars tourne autour du (oleil, dans une orbite ,
qui eft entre celle de la Terre & Jupiter. Harris.
M. Hook Anglois , obfervant cette Planète le 10
Mars 1665. avec une lunette de 36 pieds ^ Ion corps
lui parut de la largeur de la lune quand elle eft dans
fon plein. Harris.
Mars en Aftrologie , eft une Planète maléfique. Les
Aftrologues l'appellent la petite injonune. C'eft une
Planète mafculine , & noéturne , chaude &c sèche.
Mars en Chronologie , lîgnihe le troidème mois de
l'année , fuivant notre façon de compter. Martius.
Il étoit le premier autrefois chez les Romains , &
on en ufc encore ainlî en quelques fupputations
Eccléfiaftiques , comme lorlqu'on compte les années
depuis l'Incarnation de Notre Seigneur , c'eft à-dire ,
depuis le ij de Mars. Les Anglois comptent en-
core de cette manière. Ce n'eft que depuis TEdit de
Charles IX. de l'an 1564. qu'on a commencé en
France à compter l'année par le mois de Janvier.
Elle commençoit auparavant à Pâques. Ainli la me
me avoir deux fois le mois de Alars , & on diloit
Mars devant Pâques , & Mars après Pâques. Le
commencement du mois de Mars étoit d'une année ,
& la fin d'une autre j lorfque Pâques arrivoit dans
le mois de Mars.
Les, Aftrologues le mettent aulli le premier, à
caufe que c'eft alors que le Soleil entre dans le
fîgne d'Aries ou du Bélier par lequel ils commen-
cent à compter les fignes du Zodiaque.
C'eft Romulus qui diviCi l'année en dix mois, &
donna le premier rang à celui ci , qu'il nomma du
nom de Mars Ion père. Ovide dit néanmoins que
les peuples d'Italie avoient déjà ce mois avant Ro-
mulus j & qu'ils le plaçoient fort diftéremment ,
les uns en faifoient le troiheme , d'autres le qua-
trième, d'autres le cinquième, & d'autres le fixiè-
me, ou même le dixième de l'année. C'écoit en
Tome f^.
M A R 857
ce mois que l'on ficrifioit à Anna Pércnna _, que
l'on payoit fes maîtres , que l'on commençoit les
Comices , que l'on faifoit l'adjudication des Baux
& des Fermes publiques , que les femmes fervoient
à table les cfclavcs & les ferviteurs , comme les
hommes le fiiloient aux Saturnales; que les Vefta-
les renouvelioicnt le feu facré. Le mois de Mars
étoit fous la protcdtion de Minerve j & il a toujours
eu 31 jours. Les réglemens de Romulus, de Nuraa
& de Jules Céfar, n'ont point varié fur cela. Le mois
de Mars palloit pour être malheureux pour les maria-
ges , aulli bien que le mois de Mai. Fuye-^ fur ce
mois Ovid. laft. L. III. Solin , c. ///. Macrobe ,
Saturn. L. I. c. 12. Rofin. y^nciqq. Rom. L. IF. c. 7.
Bochart , Hiero^. p. i. L. II. c. jO, Flot de Mars ,
en Marine, fe dit du temps où la mer s'étend Ig
plus loin fur les grèves. Ce temps arrive deux fois
l'an, à la lunaifon la plus proche des équinoxes de
Mars &: de Septembre ; mais le Hot de Mars eft
plus grand que celui de Septembre. Ainlî l'Ordon-
nance de la Marine parle du grand Hot de Mars.
On dit proverbialement , Cela vient commzMars
en Carême , pour dire ; vient bien à propos , ou
ne manque point d'arriver toutes les années. On die
en Berri ,
Mars halleux marie la fille du laboureux y
Mai pluvieux les marie toutes deux.
Mars. 1. m. plur. Terme d'Agriculture, fignifie les
menus grains qu'on sème au mois de Mars , com-
me les avoines , les orges , les millets , &:c. On a
recueilli bien des blés, mais il y aura peu de mars.
On les appelle aulli tremois , marfois , ik marfes :
tk de la elt venu le mot de marsèche , qu'on donne
à l'orge en plulieurs provinces j en Latin marcef-
chia , ou marefchia.
Mars , en termes de Chimie , fignifie le fer. Ferrum.
ifJ" Delà le nom de remèdes martiaux, par lequel on
déligne diftérentes préparations de ce métal. Teinture
de Mars. Safran àe.Mars, &c. Le Crocus Martis, c'eft
la rouille du fer _, ou du kr en pouflière impalpa-
ble ; mais en ternies du grand Art , les Sages ap-
pellent leur Mercure du nom de Mars.
Mars , ou Marts. Nom d'homme. Martius. S. Mars
ou Marts , naquit en 435, ou 440. fut Abbé en
Auvergne, & mourut vers l'an ^1$ , ou J30. Bail-
LET , 1 3 Avril.
Saint Mars. Nom de lieu. Sancli Medardi vicus. Il
eft dans la Beauce fur le Loet , qui le jette dans la
Juine à Etampes. Plulieurs l'appellent S. Marc , de
même qu'on dit l'Abbaye de S. Marc-lès Soift'ons ;
majs mal , il faur-dire en l'un & en l'autre S. Mars.
Cependant Valois croit que ce Mars eft encore mal,
& qu'il faut écrire S. Mard , puifque ce mot s'eft
fut de Médard ; mais fi l'on dit communément
Mars j il faut fuivre l'ufage. On a fait de Médard,
Méard , Mard, Mars.
MARSA. Maxula, Maxulla, Macula. C'étoit ancien-
nement une petite ville de l'Afrique propre. Elle
étoit épifcopale , fuftVagante de Caithage. Ce n'eft
maintenant qu'un village , iîtué fur la côte du
Royaume de Tunis , au nord de la ville de ce nom.
Mat Y.
MARSAC. Bourgade de France , dans le Périgoid :
elle eft remarquable par une fontaine qui a fon Hux
cV' reflux.
MARSAILLE. Qui ne fe dit qu'avec l'article. La Mar-
faille. C'eft une plaine de Piémont. Marfali a. Lihn-
taille de la MarfaUle , eft une bataille donnée le 4
Odobre 1 69 3 , & gagnée par le Maréchal de Catinat,
fur les troupes de l'Empire , d'Efpagne & de Savoie,
jointes enfemble , &: commandées par le Duc de Sa-
voie , Victor Amédée II.
MARSAL. Nom d'un bourg de la Lorraine, fitué fur
la Seille , un peu au-deftiis de Moyenvic , & à fix
lieues de Nanci , vers le levant. Marfallum , Mar-
cellum. Marfal appartient aux François; & c'eft une
place forte par ta fituation dans les marais , & par les
ouvrages qu'on y a faits. Maty. De VAois, Noc.Call,
Qqqqq
î8
M A R
p. ^jiy. ctoit que ce lieu a pris fou nom de Sal -,
du kl.
MAHSALA. Nom d'une ville de la vallée de M.u.um ,
eu Sicile. Marfala. Elle elt fui: le cap Coco , qui eil la
pointe la plus occidentale de l'ile , entre la vallée de
Mazara , & celle de Trapano. Elle a été bâtie des
ruines de l'ancienne Lyiibxum , ville épiicopale.
MATy. long. 30 d. 12'. lat. 57 d. 52'.
MAIiSAN. Le pays de Marsan. Mardanus ager. C'eft
une ancienne vicomte. Elle renlernie la partie occi
dentale du Condomois & de la Galcogne. Elle appar-
tient à la Maifon d'Armagnac , & Mont - Marfan
en eil la capitale. Manianus , ou Mons Manianus.
Oihenart, dit l'Evêque d'Aire , eft appelé quelque-
fois Epifcopus Mamanenfis à Mardano , c'eft-à-due ,
de ^iom-Marfan. Voyez cet Auteur , & Valois , Not.
G ail. p. fj.
fcr MARSAQUl-VIR , ou MARSALQUI-BIR. Ville
8c port d'Afrique , dans la province de Béni - Arax ,
au Royaume de Trémecen.
lO" MARSAUT. f. m. Plante Aquatique. Efpccedc faule,
qui s'élève allez haut. Son bois elt blanc , fa feuille
ronde , d'un vert clair , & les Heurs jaunes. Il ie
multiplie de boutures , comme le laule & l'oficr.
Salix caprea ladfolia.
MARS DIEP , ou LE TEXEL. C'eR un détroit fort fré-
quenté. Texeiium fretum. Il eft entre 1 île de Texel ,
(^- la pointe feptentrionale de la Nort-HoUande. Ce
détroit eft un des principaux pallages de la mer d'Alle-
magne , à la Zuidcrzée. Maty.
MARSÈCHE. f. f Eft un nom qu'on donne à l'orge en
plijfieurs provinces de France. Hordeum.
Ce mot vient de celui de marsès. Voyez plus bas.
MARSEILLE. Ville de France , fituée fur la côte de la
Provence, à cinq lieues d'Aix,(Sc à douze d'Arles.
Maffilia. Cette ville eft fort ancienne , grande &
belle : on y voit une rue , qu'on nomme le Cours ,
qui eft fort large , & longue environ de demi lieue.
Elle a trois ou quatre rangées d'arbres au milieu , c\:
de chaque côté un rang de maifons fort hautes & ii
femblablcs , qu'on les prendroit pour une feule mai-
fon , fi l'on n'y voyoit pas plulîeurs portes. MarfcUle
eft extrêmement peuplée , à caute de fon commerce
qui eft fort grand.
Marfdlh fut bâtie par les Phocéens , environ 600
ans av.ant Jesus-Christ. Quelques uns dilent qu'elle
fut rebâtie par les Phocéens , & qu'elle avoir été bâ-
tie quelque temps auparavant ; mais ils mettent trop
peu de temps entre ces deux époques , pour croire
qu'elle eût été fi-tôt détruite. Ces Phocéens étoient
des Grecs de l'Afie mineure j origiiuiremcnt Athé-
niens. Les Salicns Cavares voulurent s'oppoler à
leur établillement fur la côte de la Gaule ; mais on
dit que Bellovefe le favorilâ. Cinq cens ans après ,
ils conduillrent une nouvelle colonie à MarfcUle,
ôc augmentèrent beaucoup la ville, /-^oycç Sénè-
que , Confol. ad Helviam , c. i'. & Tite - Live ,
Z. XXXir. c. p. & les Annales de MarfcïlU , par
le P. Guefnay , Jéfuite. De Valois , Not. Gall. p.
jiS & fuiv.
Euftathius , dans fes Commentaires lur Denys le
Géographe , dit que les Phocéens abordans fur la
côte des Saliens , trouvèrent un pêcheur fur la
côte ; que le Patron du vailTeau qui vouloit abor-
der , jetta un câble à terre , en criant à cet homme
huir'4 , ou f-àwaf cc>.:!t , c'cft -à - dite _, Attache , pé-
cheur; Se que de ces deux mots, on nomma la ville
qu'ils bâtirent , Mafjhlia , d'où s'eft fait Marfeille.
L'interprète de Thucydide dit que ce fut , au con-
traire , le pêcheur qui cria aux Phocéens attache ,
MniTM ; qu'ils prirent cela pour un bon augure , &:
en donnèrent le nom à leur ville. Le Géographe
Etienne rapporte la même étymologie; mais il ap-
pelle Marfeille, ville de Lybie , nù>\,çns Aiconx,?, au
iieu de 171Â/Ç 7^5 Aiyo-Kt^v j ville de la Ligurie. C'eft
une faute de Copifte , Plutarque , dans la vie de
Solon , dit que Marfe'iUe a pris fon nom d'un Mar-
chand , nommé Miilâlia , qui la bâtir. Ce qui pa-
roît de plus probable , c'eft que Marfeille ayant été
M A R
bâtie fur les terres des Saliens , les Phocéens la nom-
mèrent Mûjfalia , c'eft a-dire , Forccrelle des Saliens.
f^oye^ le i-'. Guclnay , dans fes Annales de Mar-
feille j L. I. c. 2, Cet Auteur mettoit Marfeille à
24 d. 50 m. de longitude, & à 43 d. lom. de la-
titude -, mais MM. de l'Académie des Sciences ne la
mettent qu'à 23 d. 7 m. de latitude , & à 43 d.
20 m. de longitude.
Le port de Marfeille , nommé par les Anciens Hal-
cidon , Maffillenfium portus , n'eft pas extrêmement
grand , mais il eft fort lùr : l'entrée en eftfi étroite,
qu'on la ferme toutes les nuits avec une chaîne de
fer , & outre cela il eft défendu par deux Citadelles
qui font aux deux côtés de fon entrée. On y tient les
Galères du Roi , & on voit lut fon bord un bel Ar-
fenal , où l'on bâtit de nouvelles Galères , & où Ion
fait des ouvrages pour l'entretien des vieilles. Cette
ville a une Sénéchaulfce , une Cour de l'Amirauté ,
(!<>: un Evêché luifragant d'Arles. Son terroir ell tort
beau , & rempli de maifons de campagne. Elles font
dcftinées au divertilfement des Bourgeois ; mais prin-
cipalement à leur lervir de retraite en temps de con-
tagion. Maty.
La mer de Marfeille , c'eft la p.::tie de la Mé-
diterranée , qui eft fur les côtes de Provence. Mare 'h.
Maffilienfe , autrefois Mare Grdicum. Valois , Kot. "'
Gàll. p. J2T.
MARSEILLOIS , OISE, f m. & f. Qui eft de Mar-
feille. Majjaliota , Majfaliotes , Majfdiatus. Les
Marfeillois ont été célèbres dans l'Antiquité , tic p^r
l'étude , & par leur police, f^oye-:; Cicéron dans Ion
Orailon pour Flaccus : Strabon , L. IV. &c le P.
Guelnay dans (es Annales de MarleiUe , L. I. c. / j.
Dans l'Hiftoire Ecclélîaftique & en Théologie , on
appelle fouvent les Sémipélagiens Marfeillois , parce
que ce furent des Prêtres de MarleiUe , comme Cal-
iîcn , qui donnèrent les premiers dans les erreurs du
ScmipélagianiLme.
Quelques - uns difent Marflllois ; Alarfeillois eft
mieux.
MARSEL , &MARSELOIRE. Vieux mots ,qui figni-
fienr houcherie. Us viennent du Latin macellum.
MARSELIER. f m. Vieux mot , qui veut dire boucher :
il eft formé de macellarius.
MARSELLEZ. Nom d'une ancienne monnoie de Mar-
feille : il y en avoir de groiles & de petites. Maffdien-
fis moneta.
MARSÈS. f. m. Vieux mot , qui fignifie les grains de
Mars : les grains qu'on lème au mois de Mars. Mar-
ûum frumentum ; Se dans la balle Latinité, marcef-
chia , marefchia. On dit aufti rnarfois , &: \Akmarfois ,
aujourd hui on ditmarlèche ^ ou les Mars. s
Ce mot vient du mois de Mars.
MARSI. Nom d'un petit pays de l'Abrufe ultérieure.
Marficanus Ducatus. En Italien , il Ducato ii Marf,
Il eft autour du lac Célano : il a conlervé le nom des
anciens Marfes , qui en étoient les habitans. Quel-
ques Géographes croient qu'il y avoit autrefois une
ville épifcopale près du lac Célano , qui portoit le
nom de Maïf , & dont l'Evêché a été transféré à
Pifcina. Maty.
MARSIAC. Petite ville de France, de l'Armagnac , en-
tre l'Armagnac, la Nègre , & l'Eftarac.
MARSI AS , ou MARSYAS , f.^ m. Nom d'un Satyre. .,
Marfas. Le Satyre Marfias étoit fils d'Hyagnis, &
un habile joueur de Hûte de la ville de Célène , en
Phrygic. La Fable dit qu'il ola donner un défi à
Apollon _, & que ce dieu l'ayant vaincu au jugemenc
des Mules , l'écorcha tout vif pour le pimir de fa ré-
mérité.
MARSICO-NUOVO. C'eft à-dire , Nouveau Marfique.
Nom d'une petite ville du royaume de Naples. Marfi-
cum Novurn. Elle eft dans la Principauté citérieure,
fur la lource de l'Agri , aux confins de la Bahlicate.
Elle a un Evêché fuffragant de Salerne , dont elle
eft éloignée de dix-huit lieues , du côté du levant.
Maty.
Marsico-Vecciuo. C'eft à dire. Vieux Marfique. Nom
d'une ancienne ville de li Lucanie , lîtuce dans la Ea-
M A R
filicate , fur l'Agri , à deux lieues au-deirous de Mar-
fico Nuovo. Marficum , Ahdi'inum. Cette ville ell
fort petite , mal peuplée , & elle diminue tous les
jours. Matï'.
MARSIGLIA. Nom propre d'un lieu j près du lac Céla-
no , dans l'AbrulIe cuérieure. MarjUia. Il y avoic
autrefois une petite ville , ou un bourg de Marfes.
Ce lieii qu'on nommoit Archippc , ou Alchippe , a été
englouti par le lac. Maty.
MARSILIANEj f. m. Terme de Marine. C'cll une cf-
pèce de vaillcau dont (c lervcnt les Vénitiens. .Oncra-
rïa vcncta major. Il cil b.iti à poupe carrée. Il a le
devant fort gros. Il porte jufqu'à quatre mâts , & ell
environ du port de 700 tonneaux.
MARSILLIE. f. f. C'ell le nom que les Turcs donnent
à l'écu ou piallre d'Efpagne ; parce que les Proven-
çaux, patticulicrcment les Marchands de Marleille,
font les premiers qui ont porté de grandes fommes
de piallresà Smyrne & dans les autres Echelles du
Levant.
MARSIN. Nom d'une petite ville de l'Inde , dc-là le
Gange. Marjlnum. Elle cil lur la rivière de Ménan ,
à l'orient méridional de la ville de Pégu , &c elle
efl capitale d'un Royaumedépendant de celui de Pégu.
Maty.
MARSO , lago Marfo , ou Célano. Lacus Celanus , an-
ciennement Lacus Marforum , ou ficïnus. Ce lac ell
dans l'Abrufe ultérieure , aux confins de la citérieure ,
& de la Terre de Labour : on l'appelle aujourd'hui Lac
de Célano , & il prend ce nom de la petite ville de
Célano , qui ell fur fon bord.
Marso. f. m. Dans quelques Coûtâmes , ce mot (ignifie
un jeune cochon d'un an & au dellous. Sus anniculus.
MARSONOWITZ. Nom d'une grande île de la mer
de Molcovie. Marfonovlim. Elle dépend de la pro-
vince de Dwina , en Molcovie , dont elle n'ell fé-
parée que par un canal de cinq ou lix lieues. Il n'y a
. rien de conlidérable que le cap de Candenoès , qui efl
à la pointe (cptentrionale de l'île , d'où quelques-uns
ont pris occaiîon de la nommer l'île de Candenoès.
Maty.
MARSOUIN, f. m. Grand polifon de mer fort gras ,
qu'on appelle aulli Pourceau de mer, TurfiOyfus ma-
rinus. Phocœna. Il approche de la Hgure du Dauphin.
C'efl un des plus gros poiilons de mer après la ba-
leine. Il a beaucoup de lard. Il n'a point d'ouies ,
mais deux trous au delFus de la tète , qui en font
la fontlion. Il faute au-delFus de l'eau comme pour
prendre l'air , & refpirer plus commodément. Il va
dans les grandes rivières où la mer entre. Il a le mu-
feau fort plat 5 &; il ell mis au rang des poilfons à lard ,
au lieu que le Dauphin ell mis au rang des poilFons
royaux.
Ménage le confond avec le Dauphin : mais il fe
trompe ■■, on en voit la diftinélion dans la dernière
Ordonnance de la Marine , à l'article de Poiilons
royaux.
L'Anatomie d'un Marfouin , faite au Collège de
Gresham , & imprimée à Londres , en 1680 , par
Edouard Tyfon , porte que l'extérieur de cet animal
ell tout femblable à un poillon , à les nageoires de
devant près , lefquelles après qu'on en a ôté la pre-
mière enveloppe jrelîcmblent allez au bras de l'hom-
me. Quant aux parties intérieures , il rellemble plus
à un animal à quatre pieds qu'à un poilfon. Il a
même le fang chaud , contre l'ordinaire des poif-
fons. Il a fous la peau une grailfe répandue par tout
le corps comme le cochon , la membrane charnue ,
fes mufcles fort pleins de lang , & la coëtFe ou tuni-
que grade , qui enveloppe les intcftins , quoi qu'en
difent Bartolin , Cent. II. hifl. 2$. & J. D. Major ,
anno III. Mi/ce!/. Academ. Nat. Cur. obfc. 20. p. 2^.
Il a dix ou douze glandes qui font l'office de la rate ,
&c trois ventricules. Dans fes intellins on ne trouve
ni le caecum , ni le colon. Il a un mélentère avec un
pancréas , d'où partent des vailfeaux latlés. Son foie
n'a point de védcule de fiel , mais il efl entier comme
dans l'homme , & non point divifé enplufieurs lobes ,
comme l'a prétendu Raydans les Traniaitioiis Philo-
Tomc V,
M A R 8^9
fophiqucs. Ses reins font un compofé de pluficurs
glandes , enveloppées d'une incinbiane, ou tunique
commune. Celui qu'on dilléqua étoit une femelle , «Se
rclkinbloit encore parfaitement aux animaux tcrrcf-
tres à quatre pieds , par les glandes des reins , par la
veille de l'urine , p.-'r les vaill'eaux ombilicaux , par les
parties qui fervent à la génération , par le diaphragme
i\; toutes les autres parties qui l(jnt dans le cotlre , ex-
cepté qu'il y avoit un corps glanduleux , entrecoupe
de pluheurs vailleaux fanguins,& attaché aux côtes de
l'épine du dos. Jonllon s'cll trompé en parlant des
dents de cet animal ; il dit qu'elles font plates , &c (em-
blables aux dents molaires , ou mâchelieres , & elles
(ont aiguës & alKlées. Il en a 96. Il a , comme tous les
autres poiilons cétacées , au lieu de narines , un con-
duit qui lui (crt à reipirer , t<c à rcjetter l'eau qu'il au-
roit pris en trop grande abondance en avalant la proie.
Quoique Rondelet ait dit qu'aucune efpècc de poillon
n'avoitde paupières , le Marfouin en a. On remarque
dans celles d'en haut , les conduits lacrymaux de Ste-
nonj&: la glande qu'il a trouvée. Outre leslix mul-
cles des yeux qu'ont les hommes , il en a un leptième
comme les animaux terreftres , que l'on nomme Suf-
penfeur. Son cerveau ell beaucoup plus gros que celui
des autres poilfons , ouquadrupèdes : cependant il n a
point de nerfs olfiéloires , ni d'apophyles mamillai-
res , quoique Rondelet donne de l'odorat aux Dau-
phins. Ray n'avoit point remarqué de fclfes , ni de
tellicules dans le Marfouin. L'Anatomiltcdc Gresham
y en a trouvé, & il dit que les tellicules font plus
grands que les fcircs. De même , quoique Pline &
Arillote lui rctufent le fens de l'ouïe _, il en a pourtant
trouvé l'organe & les conduits, qu'il décrit fort au
long. Il finit par l'otléologie : Major ne donne au Alar-
fouin que cinquante-quatre vertèbres , Tylon lui en
compte foixante , & treize côtes de chaque côté. En-
fin , il montre l'analogie des os de les nageoires anté-
rieures avec le bras Se la main de l'homme. On fait
mettre les jambes des Icorbutiques dans le lang du
Marfouin , quand on en prend fur mer. On dit qu'il efl
fouverain pour cette maladie ; car, contre la coutume
des animaux aquatiques , le Marfouin a le fang chaud,
comme on l'a remarqué ci dellus. Les Marfouins en
troupe pronolliquent un gros temps.
On a fait le mot François Marfouin , des deux mots
Latins marinus fus.
^ On'' appelle par injure , un homme mal-propre ,
mal fait , un gros marfouin , un vilain marfou'ui. Cette
exprellion ell populaire.
MARSPERG. Foyei Staberg.
MA,RSPITER. f. m. terme de Mythologie. Nom de
Mars , dieu de la Guerre , compofé de Mars >k de
Pater , comme Jupiter du Jehovah & Pater , Diefpi-
ter , &:c. Marfpuer. Voyez Mars.
MARSYAS. Foyei Marsias.
MARTA. Nom d'une petite ville , ou bourg du Duché
de Callro , en Italie. Marta. Ce lieu donne fon nom
au lac de Marta, o\x de Bollena , fur lequel il ell fitué ,
à l'île de Martane , qui efl dans ce lac , & à la rivière
de Marca , qui fort de ce lac , baigne Tofcanella , Ic-
pare le Duché de Caflro du patrimoine de S. Pierre ,
& fe décharge dans la mer de Tolcane , à Torre di
Corneto. Maty.
Marta. Nom d'une autre petite ville qui ell capitale
d'une petite contrée qui porte le nom de Royaume
de Marta. Marta. Elle ell dans le Malabar , entre h
ville de Cochin &: celle d'Angemale. Maty.
MARTABAN jou MARTA VAN. Nom d'une ville de
la prefqu île de-là le Gan ;e. Martabanum. Elle efl fur
le golfe de Martaban. Elle a un bon port, à foixante
lieues de laviUe de Siam , ou de l'Odiaa , vers le nord-
ouefl. Martaban ell capitale du Royaume de Marta-
han , qui s'étend le long du golfe de ce nom , entre le
Royaume de Siam , & celui de Pégu , duquel il dé-
pend. Maty.
Le golfe de Martaban , ou de Pégu. Martabanus ,
ou Peffuanusfnus. C'ell une partie du golfe de Ben-
gale. Ce golfe ell à l'embouchure du Pégu , entre ks
côces du Royaume de Pégu , Si de celui de Martaban.
Qqqqq ij
rr
S6o
M A R
On croit que c'eft celui que les Anciens appeloient
Sabaracus , ou Sabaracus Jinus. Mat y.
MARTAGON. f. m. Plante qui rellemble en quelque
façon au lis. Lïiium minïatum , Hnum. Il y a des
managons blancs, oiangés, pourprés j &:c. Son oi-
gnon ou {x racine ell jaune. Ses feuilles font à peu-
prcs femblables à celles du lis blanc : elles envi-
ronnent la tige en forme d'étoiles. Us portent à la
cime des fleurs femblables au lis , attachées à une
queue fort mince , dont les feuilles font recourbées ,
mouchetées de points rouges , belles & odorantes.
Matthiole dit que ce font les Chimiltes qui lui ont
donné ce nom. C. Bauhin l'appelle idïum florïbus
refiexis montanum. Il y a d'autres efpcces de mar-
tagon. Rapportez ici ce qui a été dit d'après Motin
au mot LIS.
1VIARTANGE. f. m. F'oyei ChÀtaigner , Efpcce de
pomme.
MARTE, f. f. Animal. Voye-^ Martre.
De ce mot de marte on avoit fait autrefois celui
de manerin ; pour dire, qui cil: couvert j doublé,
fourre de peau de marte.
MARTEAU, f. m. Inftrument de fer ou de bois qui
fert à battre , & qui efl: néceilaire à prefque tous
les ouvriers. Maliens , tudes. Le marteau eft com-
pofé d'une tête Se d'un manche. L'œil du marteau
eft le trou où l'on fourre le manche. On appelle les
Maréchaux j les Chauderonniers , les Serruriers , &
.Tutres qui battent fur l'enclume , Gens de marteau.
Les Tailleurs de pierres ont des marteaux brételés
qui ont des dents ; les Paveurs de gros marteaux ;
Izs Tapilîiers , Vitriers, des marteaux à tête ronde
&i. à panne , &c. On dit dune médaille, d'une mon-
noie , qu'elle eft faite au marteau ; pour dire , qu'elle
eft frappée avec un gros marteau qu'on appelle Bou-
vart j, 6c qu'elle n'ell pas jettée en moule , ni faite
au moulin. On dit aullî de la vaillelle , qu'elle eft faite
au marteau; pour dire , qu'elle eft forgée & tra-
vaillée avec le marteau.
Autrefois on a dit & écrit martiau pour marteau ;
on a ainll écrit pluiîeurs autres mots qui fe terminent
aujourd'hui en eau.
Ce mot vient de martellus , dont Pline fe fert lorf
qu'il rapporte que Cynira , fille d'Agriope j inventa
le marteau & les tenailles; & le Latin vient origi-
nairement à Marte de Martus. Ménage.
Le marteau des forges de fer le meut par le moyen
d'un moulin, à caule de la grande peîanteur.
Marteau dépinettEj eft un petit marteau de. cuivre
qui fert à accorder l'épinette Se le clavelîin , à tour-
ner les chevilles j &: à les enfoncer. Malleolus.
Marteau d'horloge, ou de Montre, eft celui qui
frappe fur le timbre pour faire la fonnerie. Hidus au-
tomarius.
Marteau de porte, eft un gros anneau , ou quelque
autre pièce de fer , qui frappe lur un clou pour aver-
tir ceux de la maifon de la venir ouvrir. Delà vient
qu'on dit , par une façon de parler figurée 3c fami-
lière , Grailfer le marteau ; pour dire , donner quel-
que chofe au Portier d'une maifon pour s'en faciliter
l'entrée :
On n'eniroh point che\ nous ,fans graijfer le marteau.
Racine.
Marteau , eft auftî un fer avec lequel les Officiers des
Eaux 5c Forêts marquent les arbres qu'il faut couper,
lorsqu'ils font des ventes <Sc adjudications de bois ;
marculus , & il y a un Officier exprès en chaque
IVIaîtrife , qu'on appelle Garde -marteau. Marculi
■cujîos. Ce marteau eft dépofée en la Chambre du
Confeil dans un coffre à trois clefs ; fCT il porte
une empreinte d'un côté Se un tranchant de l'autre,
avec lequel on emporte un zeft d'écorce. La plaie
fe nomme miroir: puis en frappant avec le côté qui
porte l'empreinte, on marque les pieds corniers,
parois , arbres de lilières, & autres qui doivent être
réfervés.
§CF On appelle monnoie au marteau là monnoie fa- ,
MAR
briquée avant que l'ufagc du moulin eût été établi en
France : ou parce que les Monnoyeurs la marquoienc
avec le marteau, a.v3.m l'invention de ce qu'on appelle
préfentement balancier; ou parce qu'ils te fervoient du
marteau pour réduire les lames à leur épailfeur, au lieu
qu'aujourd'hui on les fait pafter par le laminoir.
Marteau d'armes , eft une arme dont fe fervent les
Polonois , qui d'un côté eft plate Se ronde comme
un marteau. Se de l'autre eft tranchante , Se faite
comme une hache. Malleus militaris.
^^3" On fe fervoit autrefois d'un pareil marteau dans les
combats. Il ne diftéroit du maillet qu'en ce que le
revers du maillet étoit carré, ou un peu arrondi par
les deux bouts.
Marteau , en termes de Marine , fe dit du traverfier
de l'arbalète , ou du b.âton de Jacob. Baculus tranj-
yerfus. Le bâton de Jacob a julqucs à quatre mar-
teaux , ou traverhers.
Marteau j en termes d'Anatomie, fe dit d'un petit
os fut en forme d'un marteau , qui eft dans l'oreille
intérieure , qui s'articule avec un autre fait en forme
d'enclume. Malleus Voyez Oreille.
Marteau , en Conchyliologie. C'cft un des plus cu-
rieux coquillages que l'on ait. C'eft une efpèce d'hui-
tre. Il a la figure d'un marteau
Marteau , fe dit proverbialement en ces phrafes. On
dit qu'un homme n'eft pas lujet à un coup de mar-
teau ; pour dire , qu'il n'eft pas ffT obligé ou af-
fujetti à une heure fixe pour certaines chofes. On
dit qu'un homme eft entre l'enclume Se le marteau j
pour dire qu'il eft entre deux puilfances qui le ty-
ranifent, dans une telle fituation , que de quelque
côté qu'il tourne , il trouve de l'embarras. On die
auiîî, qu'il vaut mieux être marteau qu'enclume;
pour dire , qu'il vaut mieux faire du mal que de le
fouffrir. On dit aufti d'un homme ferme Se conl-
tant , qui réhfte aux perfécutions , que c'eft un dia-
mant fous les marteaux , par une vieille erreur po-
pulaire , qui a fait croire qu'un diamant ne peut être
brifé à coups de marteau.
MARTÉCA, ou MARATÉCA. Nom de lieu. Martéca.
C'étoit anciennement une petite ville de la Lulita-
nie , nommée Malcéca , maintenant ce n'eft qu'un
village fitué dans i'Eftramadure du Portugal , fur
le Zadaon , à quatre lieues de Sétuval, vers le le-
vant. Matv.
MARTEGUES. /"oyq Martigues.
MARTEGUOIS. roye^ Martiguois.
MARTEL, f m. Malleolus. Vieux mot", qui fignifioit
autrefois marteau , qui fe dit encore en cette phrafe.
Il a martel en tête; pour dire , il a quelque chofe qui
lui donne du chagrin, du louci , de l'inquiétude ^ de
la jaloufic.
Quoiqu Artaut en eût dit ^ ayant martel en tête ,
Dès que la nuitvient, il s'apprête. Mll^ l'Héritier.
Quelques-uns ont cru que ce proverbe venoit de ce
que Charles Martel tounnentoit les peuples , Se les
chargeoit de taxes Se d'impôts, ce qui faifoit qu'ils
l'avoient fans celfe en tête.
Froillàrd parle du martel de la Connérablie , qui
étoit la marque de la Charge &■ de la Jurifdidioii
du Connétable. C'étoit , lelon lui , l'épée Roy.xle le-
mée de fleurs de lis.
On difoit tout de même Mantel pour manteau.
Martel , fut le furnom de Charles , Maire du Palais ,
père de Pépin , Se aïeul de Charlemagne. Il fut (ur-
nommé Martel _, c'eft-à-dire , marteau , à caule de (a
valeur extraordinaire à la guerre , & parce qu'il fut le
marteau des Sarrazins , qu'il chalfa de France.
Martel. Nom d'une petite ville de France. Martellum,
Martelli Caftrum. Elle eft dans le Querci , vers les
confins du Limohn , lur la Dordogne , à neuf ou
dix lieues de Cahors^ & environ à fix de Sarlat ,
de Brive & de Tulle. Maty. Valois , Not. GalL
p. srS.
Le Cap Martel, eft un cap de l'Archipel, appelle
autrefois C^mnum pro-zsntùrium. C'eft-là où fe trou-
M A R
voit cette pierre Amiantus, dont les Anciens fai-
foicnt de la toile qui fe blanchilloit au feu. Du Loir,
p. 2()Ç.
MARTELAGE, f. m. Terme d'Eaux & Forets Ci*? ope-
ration par laquelle les Officiers des Eaux &c Forets
marquent les arbres de réfcrve. Voye^ Marteau.
Signum mallcp imprejjum. Le Garde- marteau doit
faire le martelages en perlonnc, & en prcfcnce de
deux autres Omcicrs de la maicrife.
MARTELER, v. a. Battre à coups de marteau. Malko
tundere,fenre. Marteler de la vaillclle d'étain.
Marteler , en termes de Fauconnerie , fe dit des
oifeaux de proie quand ils font leur nid. Nidifi-
carc.
Marteler , (e dit aullî figurémcnt des peines , des
inquiétudes que donnent les affaires fachcufcs &
dangereufes ; mais il ne peut être d'ufage que dans
le llyle comique & familier. Negotïum faceJJ'ere.
T allai aux champs à la faifon nouvelle ,
Au temps qu'Amour les jeunes gens martelé. St. Ge.
Je viens pour foulager le mal qui ^e martelé. Volt.
^CT M. Boileau a employé ce mot fott heureufement
en parlant des vers de l'auteur de la Pucelle dont il
imite le llyle dur.
Maudit foit l'Auteur dur , dont l'âpre & rude verve
Son cerveau tenaillant , rima malgré Minerve ,
Et de fan lourd marteau martelant le bon fens
A fait de méchans vers dou-^e fois dou^e cens.
MARTELÉ , EE. part. En terme d'Antiquaire ou
de Médaillifte , on appelle une médaille martelée ,
celle dont a fait une médaille rare d'une qui étoit
fort commune , en fe fervantdu martelage. On prend
une médaille antique , mais fort commune ■■, on en
lime entièrement le revers qui efl: commun , & on
y en frappe à la place un nouveau qui eft rare , avec
un coin tout neuf, qu'on rend exprès le plus dans
le goût antique qu'il cft pollible. On prend garde
dans cette opération d'altérer la tête qui doit être
confervée dans la pureté. Comme c'eli à coups de
marteau qu'on empreint ce nouveau revers , cela a
donné à ces fortes de médailles , le nom de mar-
telées. Les habiles Antiquaires les reconnoillent en
comparant la tête avec le revers, dont ils appercoi-
vent bientôt la diftcrente fabrique.
MARTELÉES, f. f. pi. Ce font des fientes ou fu-
mées de bêtes fauves qui n'ont point d'aiguillon au
bout ; §CF quand elles femblent frappées à coups de
marteau par le bouc.
MARTELET. L m. Diminutif de marteau, qui fertaux
Artilans qui travaillent (ur des choies délicates ,
comme Graveurs , Orfèvres, &c. Malleolus. On
l'appelle zn[T\ flattoir.
MARTELEUR. f- m. Dans une forge, c'efl: celui qui
efl chargé de faire travailler le marteau , & de faire
les barres de fer.
MARTELINE. Eft aufll une efpèce de marteau de Sculp-
teur , qui a une pointe d'un côté , &c des dents de
l'autre fervant à gruger le marbre. Dentlculatus mal-
leolus.
MARTELLA, Punta Maitella , ou Canella, capo délia
Canella , cap de l'de de Corfc. Promontorium Can-
celU. Il eft à l'entrée du golfe de San-Fiorenzo du
côté du midi. On croi: que c'eft celui que les An-
ciens appeloient Tilox Promontorium.
MARTELLO , Capo Marcello. Foye-{ Rosocalmo ,
Capo.
MARTÉOBARBULE. Foyci Martiobarbule.
MARTÉSIEN. f. m. Nom d'une forte de milice dans
l'Empire Romain. Martefius. ■ La Notice de l'Em-
pire d'occident nous apprend que les Martcjïens
étoient (ur la frontière de l'Empire , vers Mayence ,
& aux ordres de celui qui commandou à Mayence.
Ils étoient chargés de défendre les bords du Rhin.
MARTHE, f f. Nom de femme. Martha. Sainte
M A R
8^1
Marthe, fœur du Lazare que Notre- Seigneur rcf-
fulcita , 6c de Marie que quelques- unr. ont cru être
la même que Marie-Magdelcne , cft l'exemple &c
comme le lymbolc de la vie aèlivc , comme (a fœur ■
l'eft de la vie contemplative , parce qu'elle travailloi:
à préparer à mangera Jésus Christ, pendant que
Magdelène reftoit tranquille auprès de cet Homme-
Dieu , occupée (eulcnicnt à l'écouter. Luc X. ^o.
Delà vient que ceux qui partagent leur vie entre
le repos de la contemplation tk. radion,qui don-
nent une partie de leur temps à l'oraifon , &c qui
emploient l'autre à travailler au (ahit du prochain ,
<!<c aux exercices de chariré , diient en termes de
(piritufllité , qu'ils joignent Marthe à Marie. Parla
même raiion , on appelle la condition de Marthe ,
l'état , la vie de ceux qui font employés à fervir
le prochain dans les choies qui regardent le corps
& non la fpiritualité , dans les choies temporelles.
Ainll les Frères Convcrs font dans la condirion de
Marthe. Son humilité lui fie préièrer la condition de
Marthe à celle de Magdelène. yoye\ encore au
mot MACDELâNE.
Satiété-Marthe. Nom d'une petite ville avec Evéclié.
Sancla Marth& oppidum , ou fanum. Elle cft lur le
bord de la mer , par les 1 1 degrés io min. de
latitude feptentrionale. La Cordillère commence à
cette ville.
La Congrégation de Sainte Marthe, f-^oye^ Religicufe
de Sainte MAGOEiâNE , à ce dernier mot.
MARTHON. 'Ville de France dans l'Angoumois, dans
l'Eledlion d'Angoulême.
MARTI, f. m. Terme de Calendrier. Nom du troi-
fième mois des Géorgiens: il répond à notre mois
de Mars. Ce tTiot vient de celui de Martius.
MARTIAL, ALE. adj. Belliqueux , guerrier, né pour
la guerre. Martius j bcUicofus. Cet homme a l'ame
martiale, l'humeur martiale, c'eft à-due, propre à
la guerre.
§3" En Angleterre on appelle Couï Martiale , le Cori-
■ feil de guerre , établi pour juger la conduite des Gé-
néraux , des Amiraux.
{CT Jeux martiaux , ou de Mars. Ludi martiales. Voyez
Mars.
On le dit auffi des étoiles malignes, Se qui par-
ticipent de la nature de Mars. L'œil du Taureau ,
le Cancre , le Scorpion , font des étoiles maléfiques ,
& de nature martiale.
Martial , eft auftî un terme de Chimifte , comme
les Chimiftes donnent le nom de Mars au fer , CCT ils
donnent aulli le nom de martiaux aux remèdes qu4ls
tirent du fer, ou dans Icfquels il entre du ki\
■jEthiops martial. Tartre martial. Teinture martiale.
Fleurs martiales. Eaux martiales. Préparations mar^
tiales. Synonyme de ferrugineux.
Martial, f. m. Nom d'homme. Martialis. Le Poète
Maniai vivoic fous Claude Se fous Néron , & il
étoit de Bilbao en Efpagne. Il a fait la plus grande
partie de fes ouvrages fous Tire & Domitien. Le Li-
vre de SpeciacuHs,t{\ une collection de divers Poètes,
& n'eft pas de Martial, au fentiinent de plulieurs
Critiques. Martial eft fouvenc trop libre. Le P. Jou-
venci Jéfuite , a fait un fort bon Commentaire fur
Martial , donc M. Fabricius n'a point parlé.
Saint Martial , Evcquede Limoges , vivoitlous l'Em-
pereur Dèce vers le milieu du troifième fiècle.
MARTIANI. Foyei Gircona.
MARTICLES. 1. f. pi. Terme de Marine. Funes ramofi.
Ce font de petites cordes qui ont plufieurs branches
ou pattes , qui font fourchues j & qui viennent abou-
tir à des poulies qu'on nomme Araignées , qui ic-r-
vent entr'aurres chofes aux manœuvres de l'artimon
Si. dutourmentinj Se qui embrairent les voiles , quand
on les veut ferler.
Ce mot vient è! article , qui fignifie des boucs de
corde divifés qu'on appelle autrement Fanons.
MARTINGAL. Martlnifcum. Bourg de France dans le
Querci , Eleèlion de Cahors.
MARTIGNAHO. Nom d'un ancien bourg de l'Etrurie.
Martlgnanum Larthenianum. Il eft dans le Duché de
862
M A R
Biucciano , en la pioviuce du Patrimoine , entre les
petits lacs de Marûgnano , & de Straccia Capa, à
cmq lieues de Rome, vers le couchant. Maty.
MARTIGNY, MARTINACH. Nom d'un bourg du
pays de Valais , allié des Suillès. Marûmacum , Oclo-
durum Femgrorum , ou Fallenjlum. Ce bourg ell
près du Rhône , fur la Dranle qui le divife en deux
parties , jonites par un pont , & il eft conlidérable
par fes bonnes mines de fer. Matv. C'étoit autre-
fois une ville capitale du bas Valais. Valois, Noc.
Gall. p. iÇ2 , /j?j'.
MARTIGUES, ou MARTEGUES. Ville de France ,
fituce dans la Provence , entre la mer de Mar ciguës ,
& la Méditerranée , à fix lieues de MarfeiUe , du côté
du couchant. Mardgium , Marinma Avaticorum ^ ou.
Jvatka. Marûgues a titre de Principauté. Elle con-
lîfte en trois grands bourgs , joints entcmble par deux
pontsj on les nomme Ferrières, l'île & Jonquières.
•Celui de l'île a été bâti des ruines de l'ancien bourg
de S. Génis. Plulieurs Géographes prennent Mar-
ûgues pour l'ancienne Marïtïma Colonïa , que d'au-
nes mettent à Marignane , village fitué fut le bord
oriental de la mer de Marûgues. Maty. Valois ,
Not. Gai. p, 316. long. 15. d. 5'. lat. 45. d. 18'.
La mer de Martigu£s , ou l'étang de Marûgues ,ou
deBerre. Marngïum mare , Ajlromela, Majlromela.
C'eli: un grand lac de la Provence. Il a environ dix-
fept lieues de circuit , & il a communication avec
la mer Méditerranée par un folfé de demi-lieue de
longj allez large , & allez profond, pour recevoir
les plus grandes barques. Il a fur fes bords les villes
■de Marûgues , de Bierre & d'Iftrcs-, il abonde en
bon poillbn , & on fait quantité de fel fur fes bords.
Maty.
MARTIGUOIS , ou MARTÉGUOIS , OISE. f. m. & f.
Qui cft de Martigucs. Mariûmus , Mariûmenjis.
Monet.
MARTILLE. f. f. Drogue employée dans le Tarif de
la Douane de Lyon , au nombre des Epiceries &
Drogueries.
MARTIN, f. m. Nom d'un Saint , dont on célèbre la
fête, avec grande réjouillance , le onzième Novem-
bre. Marûnus. Saint Marûn , Evêqne de Tours , étoit
de Pannonie. Il fut vingt-fix ans , quatre mois , fept
jours dans l'Epifcopat , & mourut en 40Q ou 402.
Sulpice Sévère écrivit fa vie. Grégoire de Tours en
a auiîl beaucoup parlé. S. Marûn étoit autrefois en II
grande vénération en France j qu'on portoit à la guerre
le cafque dont il fe fervoit quand il étoit dans les
armées. On y portoit aulH la chappe de ce Saint. La
Saint Marûn eft la fête de ce Saint. Sa mort étoit
autrefois une époque célèbre. Il y avoir autrefois un
Carême de S. Marun , qui duroit depuis la S. Marûn
jufqu'à Noël. yoye\ Advent.
•Ce nom entre dans ces phrafes proverbiales. Faire
'la S. Marûn , c'eft faire bonne chère ce jour-là. Boire
le vin de la Saint Marûn. Il y a plufieurs ânes à la
Foire qui s'appellent Marûn , fe dit quand on bu
quelques équivoques de perfonnes , fous ombre qu'el-
les portent un même nom. Marûn l'âne. On ne dit
guère Marûn , qu'il n'y ait de l'âne. On dit auHî ,
pour un point Marûn perdit fon âne ; pour dire , il
a perdu la partie faute d'un point. Cardin rapporte
l'origine de ce proverbe , & dit qu'un nommé Martin
étoit Abbé d'une Abbaye appelée Afello , qui avoit
fait écrire fur le portail de fa mailon.
Porta patcns ejlo , nulU claudaris honcfio.
TVIais l'ouvrier , par mégarde ou pai' ignorance , avoit
mis le point après le mot nullï ; ce qui donnoit au
vers un fens tout contraire. Le Pape palfant par-là fut
indigné de cette incivilité , & le priva de fon Abbaye.
Le fuccellcur fit réformer cette mauvaife ponétuation
du vers j auquel on ajouta le (uivant.
Pro folo punclo caruit Martinus afello.
îiiais à caufe que le mot Italien afdlo j fignifîe en Fran-
MAR
çois âne , on a ainli tourne le proverbe r Pour un
point Martin perdit fon âne ; au lieu de dire , fon
Abbaye. On dit aulli Marûn bée , des moutons qui
bêlent. On dit aulli Martin bâton , pour dire , un
bâton à battre les ânes. On dit aulli limplemcnt Mar-
tin j pour lignifier la même chofe. Martin fit alors
fon office. La Font. On appelle aulli le diable ,
rEJlafier de Saint Marûn , parce qu'on le peint à la
fuite de ce Saint.
Mais gare dans cette conduite
Que l'EJiafier de S. Martin j
De tout temps cauteleux & fin ,
Quelquefois ne marche à la fuite.
P. Du Cerceau.
On a appelé l'ivrclfe, le mal Saint Marûn j à caitfc
qu'autrefois on tenoit des Foires pour la vente du vin
vers la Saint Martin , où l'on buvoit beaucoup ; ce
qui a donné lieu a demander le vin de la S. Martin.
S. Martin d'Epernay. C'eft le nom d'une Abbaye
fondée à Epcrnay en Champagne , au commence-
ment du XIFlièclej par les Comtes de Champagne.
Elle futdellervie par des Chanoines léculiers julqu'en
1 14§ , qu'on y en mit de Réguliers. Ces Chanoines
portoient une robe blanche à l'antique ^ &c par-delfus
une efpèce de petit rocher , que quelques-uns , félon
le P. du Moulinet , appellent Sarroclum , ou Scorii-
clum. Ils s'unirent le lîècle pallé à la Réforme de
Sainte Geneviève. P. Hélyor , T. II. c. 6 :.
Cap Martin , Martlnum caput , anciennement Fer-
rarla ,Declnium , Artemifium promontorlum. C'ell un
cap du Royaume de Valence , en Efpagne. Il eft près
de la ville de Dénia , & il féparc le golfe de Valence
de celui d'Alicante. Ce cap avance trois pointes dans
la mer , dont celle du milieu porte le nom particulier
dePuntade l'Emperador. Maty.
Saint-Martin , île. C'efl une des Antilles de Barlo-
vcnto. Infula S. Martini. Elle eft au levant de S. Juan
de Porto-Rico. Son circuit eft de vingt cinq lieues ,
& elle appartient aux François depuis l'an 1645.
Maty.
Saint-Martin, île. C'eft une des îles Sorlingiies, qui
dépendent de l'Angleterre , & font fituées entre la
manche de Bretagne , & celle de S. Georges. Infula.
S. Martini. Maty.
Saint-Martin de Ré. Nom propre d'une Forterelïe
de France. Arx S. Martini. Elle eft dans l'ile de
Ré , à trois lieues de la Rochelle , vers le couchant.
Maty.
Saint-Martin de RÉ , Ile, Voye\ RÉ.
San-Martin. La Siéra' de San -Martin, Montes S.
Martini. Montagne de l'Audience du Mexique , en
Amérique. Elles font dans la province de Guaxaca,
vers le Tabufco , s'étendant du nord au fud , de-
puis le golfe du Mexique , jufqu'à la province de
Chiapa. Baudrand les met au rang des Volcans, c'eft-à-
dire jdes montagnes qui vomillent des flammes.
Martin-sec , ou Martin-sec de Champagne. Nom
d'une efpèce de poire. Le mérite AwMartlnfcc , qu'on
appelle quelquefois Martln-fec de Champagne ^ pour
le diftinguer d'un autre qu'on appelle Â/jr/i^yèc t/e
Bourgogne , confllte non pas en ce qu'il eft de la
grollcur & de la figure du Roullelet ; enforte qu'en
bien des endroits , on l'appelle Roullelet d'hiver ,
quoique cependant il y ait une autre poire qui n'a
que ce nom-là. Le mérite de ce Martin fec ne conhftc
pas non plus en ce que la couleur plaît extrêmement
aux yeux ; mais il conlifte particulièrement en ce qu'il
a une chair callànte & allez fine, en ce qu'il eft bon
à manger crud, &c admirable quand il eft cuit, prin-
cipalement en compote : enfin en ce qu'il rapport?
beaucoup , fait un beau buillaUj prend facilement
route autre figure , &: vient bien en toutes fortes de
fonds.
Pavie de S. Martin, foye^ Pavie.
Martin Sire. f. m. Efpèce de poire qu'on nomme au-
trement Rouville. Voyez ce mot.
MARTINE, f. f. Nom de femme. Martina. Sainte
M A R
Martine , Vierge , Noble Romaine , Se fille d'un
jx-ie Condilairc j (ourtiit le i-iiaicyie (ous l'l:inptitiir
Alexandre.
MARllNHLLE. r. f. Mardnella. C etoit aiincfois une
cloche porrée (ur un charriot ti.iîné par dci bauh
qui accompagnoient le caroccio des Lombards , dont
nous avons parlé à ce mot. On dit qu'il y en avoit
auili une attachée au fommet ou à côté de l'arbre qui
ctoit fur le caroccio , foit qu'il y en cîit deux , ce
qui ne paroit pas , ou plutôt qu'elle ne lût pas tou
jours portée fur un charriot dittértiit. Mascur. p.
jio , Û 21 .
MARTINET, f. m. Oifeau. Efpccc de grande Iiiron-
d(.lle , qui a la gorge «it le yeiitrc blanc , tk. le dos noir.
Apus. Les Marcïncts volent toujours fans s'arrêter,
& ne le perchent jamais que dans leurs nids. Voyc\
au mot Hirondelle.
Martinet pjècheur , ell: une efpèce d'alcyon, qui eft
un petit oiieau de plumage bleu parla tête & les ailes,
qui a le bec long & aigu , & qui hante les eaux & les
marécages. ALcedo , Ipjlda , Alcyon major j ou Al-
cyon vocalis. Cet oiieau ell appelé par quelques uns
l'oileau Notre-Dame ; d'autres le nomment Mcile
d'eau , ou Roullcrolle , mais communément on le
nomme Arte , ou iMarnn pêcheur. Ariflote le nom-
me Alcyon vocal , à caute qu'il chante , & que l'autre
ne chante point. Il fréquente toute forte de pays ,
& fuit les rivières & les marécages , Se particulière-
ment les rivières qui produilent des rouches ou des
roleiux , dans lelquels en été l'on entend (on chant ,
qui ell fort agréable. Quelques uns pour cette raiion
l'ont nommé Rollignol de rivière. Arillophane, plus
ancien qu'Ariftote , a exprimé Ion chant , en (i co-
médie des oifeaux , en cette manière : hue j hue ,
hue , hue ; tara , toro , toro , coro ; torotinx ; eieeabau _,
ciccabau , eieeabau ; toro , toro , toro , totilinx. Quant
à fa defcriprion ,Bellon dit qu'il a le bec tranchant,
tenant quelque chofe de celui de la Pie-Griêche. Il
lenible être huppé ; mais cela provient de ce que les
plumes de fi tête font longuettes; les jambes & (es
pieds font moyennement longs , & de couleur cen-
drée -, il ne vole guère bien , & bat fes ailes à la ma-
nière d'un Cochevis.
Le Martinet pêcheur fouit la terre .ivec fon bec
autour des eaux & des rivières, compoie (on nid es:
fait ("es petits en ces lieux. Un Auteur Allemand dit
qu'il le fait dans le (able , ou dans quelque roche, le
long des eaux; qu'il ell de figure ronde, qu'il en fait
l'entrée fur ufi petit angle éminenc, qu'il ell compofé
de fleurs de rofeaux qui (ont très douces , Se qu'il
produit jufqu'à neuf œufs pour une nichée.
Il y a des perfonnes qui croient qu'attachant cet
oifeau aux folives après (a mort , il renouvelle les
plumes ; l'expérience fait voir le contraire. Ce qui
l'a f^it croire, c'eft que les grandes plumes tombent
& les petites demeurent. Il ne peut vivre ni en cage ,
ni en volière.
Cet oifeau mis parmi les étoffes, empêche que les
teignes ne s'y mettent. Bellon rapporte que le grand
Alcyon fait fon nid dans un trou le long des rivages ,
mais que celui-ci le fait à découvert entre les cannes
Se les rofeaux avec de petites pailles qu'il en tire. Se
qu'il fait le plus fouvent lîx œufs; & de-là il tire la
conféquence que c'efl plutôt le nid du petit qui vo-
gue , que celui du grand qui fait Ion nid d.ms la terre
des rivages, ^oye^ Olina.
Ce mot vient de ce que cet oifeau arrive au mois
de Mars, Se s'en retourne à la S. Martin. Ménage.
Martinet. Marteau qui ell mù par la force d'un mou-
lin. Moletrina ferraria. Il fe dit des marteaivx des
moulins à papier, à tan, à Riulon , £'c. Une des
belles aventures de Dom Quichotte a été celle des
martinets d'un moulin.
Ce mot vient des grands marteaux de forge qu'on
voit à 'Vienne en Dauphiné, qui fervent à battre le
fer Se l'acier. Se à forger ces excellentes lames d'épée
qu'on nomme lames de T^isîme. Ils ontetcainli ap-
pelés , à caufc que ces forges font toutes lituécs pro-
che de l'Eglife Se dans la Paroilîe de faint Martin.
M A R
8é3
Martinet , fignifîe auljl un petit chandelier plat qui a
un manche Se un crochet, qui fert particulièrement
aux i avernicrs pour aller à la cave.
Maktinet, en termes de Marine, ell la même chofc
que les eargues point. Funes angulares , compiicaco-
rii. C'e/l auflî la manauvrc qui fert de balance à la
vergue d'artimon. Martinet ou Aragnc , fc dit de
plulieurs petites lignes qui partent d'un cap de mou-
ton fur l'étai , Se qui vont en selargillàiit en p.itte
d'oie fur le bord de la hune, pour empêcher que les
huniers ne fe coupent.
Martinet. C'étoit autrefois une petite arbalète. Lobi-
neau, Glojj".
Les Maîtres d'école a.ppcl\cni Martinet , une petite
difcipline de cordes att.ichées au bout d'un bâton ,
dont ils fe fervent pour corriger les entans.
MARTINGALE, f. f. Terme de Manège. C'efl une
large courroie de cuir qui ell attachée par un bouc
aux (angles fous le ventre du cheval , & de l'autre au
dellus de la muferolle, pour empêcher qu'il ne porte
au vent. Se ne batte à la main. Lorum ab equi cin-
gula ad infimam capijlri partem pertinens.
MARTINIQUE. La Martinique. Nom de l'une des
Antilles de Barlovento. Martinica. Elle ell entre la
Dominique & celle de Sainte Lucc. Son circuit cfl
d'environ quar.ante-cinq lieues ; fon terroir ell fertile
en tabac, manioc, (ucie, calle , coton , &c. Nos
François y (ont établis depuis l'an 1 65 j , & ils ont le
Fort Royal Se le Fort faint Pierre, avec quantité d'ha-
bitations dans la partie occidentale de 1 île. Les Ca-
raïbes occupent encore l'orientale. Maty.
SAN MARTINO, Cap. Voyei Orlando.
San Martino. Forterelîe du Florentin , en Tofcane.
Arx S. Martini. Elle efl fur la rivière de Siève , à
quatre lieues de Florence , du côté du nord.
San Martino. montagne. Mons S. Martini , an-
ciennement Trifolinus , ou Tripholinus. C'efl une
petite colline du Royaume de Naples, laquelle on
trouve près de la ville de ce nom. Maty.
MARTINOW. Nom d'un bourg de la Pokutie , en
Pologne. Martinovia. Il cil fur le Nieder, environ
à une lieue au dellus de la ville d'Halick. Maty.
SAN MARTINSBERG. Mons S. Martini , ancienne-
ment Pannonius Mons. Montagne qui prend ("on
nom d'une célèbre Abbaye qui a été conflruite par
(aint Etienne, Roi de Hongrie. Elle efl dans la Balle-
Hongrie , entre Javarin & Tata.
L'île de MARTIN \AS. Martini evafi infula. C'eft
une île pleine de montagnes Se vide d'habitans. Elle
a été découverte par les Portugais, dans l'océan méri-
dional , entre la côte des Caffres Se celle du Brehl ,
fous le premier degré de longitude Se le 20^ de lati-
tude méridionale. Maty.
§CrMARTIN-VAST. Martini Vallis. Petite ville de
France, en Normandie , Diocèfe de Coutances,
Eleélion de Valogne , à une lieue de la forêt de
Cherbourg.
MARTIOBARBULE. f m. Nom d'une arme des an-
ciens Romains. Martiobarbulus. C'efl ainli qu'on lit
dans Végèce , L. I.c. /7 , Se dans Modcflus , Se non
pas Manobarhulus , comme a dit Hotfman à ce mot ,
& au mot Plumbata. Le Martiobarbule étoit une
plombée. Turnebe dans (ts Adverjaria, L. XXI y ^
c. II. croit que le nom de martiobarbule , vient de.
martius , martial. Se barbulus , barbeau, nom d'un
poifl'on , Se que les Soldats avoient ainli nommé cette
arme par raillerie , comme s'ils avoient voulu dire
que' c'étoit un barbeau de Mars ou de guerre , Se non
pas un barbeau à manger Se à (ervir à table. D'autres
la nomment Martiobarbule , comme qui diroit Mar-
teus barbulus. Le Moine Godcfroi , dans fes Annales,
l'appelle f!mplementi?£2riîic)///j, Barbole : & Barbole
fignifîe une cognée, une hache; Se Martinus croit
qu'on le nomnioit ainlî à caufe du long ter dont cet
inftrument etoit armé par un bout , & que par com-
paraifon .à la barbe, on nommoit barbulus , Se qu'on
appeloit l'inftrument Marteobarbulus , comme qui
diroit marteau barbu, parce que fi d'un côté il avoit
un fer, comme nous l'avons dit, de l'autre côté que
€
6^
M A R
nous appelons la tête , on pouvoit s'en fcrvir comme
d'un marteau, de mt-mc que la tête de nos cognées
pcuc encore krvir, & iert etiedivemenc quelquefois
a cogner comme un marteau. Le vieux Tradudcur
de Vcgece cjit ManioharbuHn , au lieu de Man'wbar
iule. Encore mais aux Jouvenceaux doit être baillée
pour enfeigncmcns & expérience l'cxercitation des
plombéeSj que les Anciens appeloient Mardobarbu-
lins , Sec. f'^oye^ le refte à l'article (uivanr.
Martioeareule. f. m. Nom de Milice ou de Soldat
armé d'un Martiobarbule. Mariiobarbulus. On don-
na ce nom à deux Légions d'iUyrie, qui faifoient un
corps de douze mille hommes. L'ancien Traducteur
de 'Vcgece, L. I. c. ly.èÎK Manïobarbu. En lUyric-
■que, autrement dit Elclavonie, Japieca avoit deux
légions , lelquelles avoient lix mille hommes de
guerre, dont pour caule que iceux (aigement & vi-
■goureuCenient ufoient des lufdits javelots & dards,
■ctoient appelés Martiobarbuts : auilî appert que long-
tems depuis, toutes guerres & batailles ont été no-
■blement laites par iceux & miles en exécution juf-
ques ad ce que Dioclétian & Maximian lorlqu'ils
parvindrent à l'Empire , pour mérite des vertus
d'icculx Martiobarbuz, ils les auroient eftimés dignes
d être appelés Joviares & Hetculians , & lefquels
comme certains Auteurs témoignent, ils préféroient
par devant ceux de toutes les légions. Or efl qu'ils
avoient accouftumez porter cinq Martiobarbulins in
ferez & mis dedans leurs efcus, lelquels dès lorlljue
lefdits compagnons de guerre gettoient à tems opor-
tuns, étant ainii munis d'efcus & pavois j fembloienc
à peu-près enfuivre l'office des Sagittaires & Ar-
chiers , pour autant que les adverfaires avec leurs
chevaux, étoient playez & navrez pariceulx, devant
que poiïïble fut parvenir à combattre non feulement
main à main, mais aulîi aux coups deldits milîîles,
javelotz & dards.
On trouve aulîi que cette arme s'ell nommée
Mactium j au lieu de Mariïobarbule ^ & de ce nom
mactïum , ceux qui la portoient & qui s'en fervoient ,
s'appellèrent Mattiaires, Voyei Du Cange , GloJ]]
au mot Mattium.
MARTIR. V. Martyr , c'eft ainfi qu'il faute crire fui-
vanr l'étymologie , quoique plufieurs écrivent aujour-
d'hui WfjmV.Il faut dire la même chofe de martyre.
MARTON. f. f. Nom de femme. Diminutif de Mar-
the. Marcha , Marthula.
MARTORANO. Petite ville Épifcopale , fituée dans la
Calabre citérieure , aux contins de l'ultérieure , à
cinq hcucs de Colenze , dont fon Evêché ell: fuffra
gant. Aliircoranum. Cette ville , prelque entièrement
ruinée par un tremblement de terre Tan i^jS. eft
prife par quelques Géographes pour l'ancienne Ma-
mertum , ou Mamerùum , ville des Brutiens , que
d'autres mettent à Oppido , petite ville de la Cala-
bre ultérieure. Maty.
MARTOREL , ou MAKTORELO. Bourg de la Cata-
logne, lîtué au conlluent de la Noya, & du Lobre-
gar, à fix lieues au-dellous de Mauréfa, (Se à fept
ou huit de Barcelone. Marrore/ium. Maty.
MARTUS. Bourg d'Efpagne , lîtué dans l'Andaloulîe,
à trois lieues d'Anduxar , du côté du midi. Marcus.
Ce bourg eft l'ancienne Tucci, Tuccis , Augujla ,
Ccmella , ville des Turdulcs , qui fut Épifcopale ,
fuifragante de Séville , ou du moins il s'efi: agrandi
des ruines de cette ancienne ville. Maty.
MARTRE , C quelques uns difent MARTE ). f f. Ani-
mal fiit en forme de groile belette ou fouine. /c?ij ,
muftela martes. Toute la diftérence qu'il v a entre
la martre commune & la fouine j conliile en ce
que la martre a le poil tirant un peu lur le roux,
& la gorge jaunâtre : au lieu que la fouine a le poil
plus noir , & la gorge blanche. On a appelé aullî
les martres , marcrices , marturcs. On trouve aulîi
qu'on les nomme Chattes de Pannonic. Fêles Pan-
nonicœ.
^fJ" \.a martre , dit M. Regnard, approche plus de la
zibeline que toute autre bête. Elle imite n'Xez la fi-
netle de fon poil-, nuis elle l'a beaucoup plus grand.
M A R -
J'en ai rencontre de la grolfcur dun chat. Il y a peu lÊ
de pays où elle loit plus héquente qu'en Laponit.
Sa peau coûte une kisdale , & celles qui ont Ic
dellus de la gorge cendré, font plus eftimecs^ que
celles qui l'ont blanc. Cet animal fait un grand
carnage de petits gris , dont il eft extrcmemenc
friand. Il donne aulii la challe aux oifeaux.
Les martres zibelines font nommées autrement
fouris de Mofcovie. C'eft un animal lauvage , qui
le trouve dans les pays fcptentrionaux , qui a le poil
doux & noir. Il y en a deux efpcces : l'une qui fe
nourrit dans les forêts de fau , de chêne & d'yeufe :
& l'autre qui eft beaucoup plus belle , qui vit dans
les forêts de hauts fapms &: de pcftbs. Martes ^ibe-
lirid. Il s'en trouve un grand nombre chez les La-
pons , & l'on tient que c'elf une efpèce de belette.
Martre , eft auilI la peau de cet animal, dont on fait
des fourrures fort elfimées. làis corium , pellis.
Un manchon , une palatine faite de martres , font
de grand prix. Le peuple les appelle fublimes ,
au lieu de -gibelines. Les Allemands les appellent
Zobel. Elles font toutes roulfcs , excepté la gorge ,
qui eft blanche iSc mouchetée de noir. jj
On dit proverbialement , Prendre martre pour re- "
nard, pour dire. Se méprendre , prendre une cho(e
pour une autre. Si je ne prenois bien garde à moi ,
tu me ferois fouvent pafter martre pour renard.
Mascur. C'eft-à dire , tu me trompcrois , tu me
ferois prendre le change ; prendre l'un pour l'autre.
On diioit anciennement Martre , pour Martyre ;
à Lyon , le lieu où louftrirent les premiers Martyrs
de la perlécution de Marc-Aurèle , fe nomme encore
à préfent le Martre, proche l'Eglife S. Irénée; &
à Paris on appelle encore Montmartre j la montagne
des Martyrs. Mans martyrum. Et dans la ville eft la
rue Montmartre.
MARTR(3I. f. m. Vieux mot. Lieu où l'on exécute
les Criminels. Il vient de Martyrlum. Les Payfans
du Languedoc appellent Martrou , le jour de la
Toullaint , comme qui diroit Jour des Martyrs.
MARTROUER. f. f. Vieux mot. Machine à prendre
des Martres , ou belettes. Lobineau j Gloff. Mar-
tis , ou mufle la decipula. Mat.
MARTYR YRE. f m. & f. Celui qui fouffre des pei-
nes , des luppliccs , & même la mort pour la dé-,
fenfe de Jéhis Chnft , & de ion Eglile ; pour rendre
témoignage de la vérité de fon Evangile. Martyr.
S. Etienne a été le premier Martyr. Il y a dans le
Bréviaire un Office commun pour les Martyrs. On
compte 19700 Martyrs qui louftrirent le martvre
à Lyon avec S.Irénée, lous l'Empire de Sévère. 6666
Soldats de la Légion Thébéenne que la perfécutioa
fit périr dans les Gaules : le P. Papebrok compte
16 mille Martyrs A\3yî\\ns, & i/o mille autres lous
le leul Dioclétien. Les exilés pour la foi padent pour
Martyrs. Ceux qui meurent dans les guerres (âinres
font aullî tenus pour Martyrs. Les onze mille Vier-
ges martyres , ou comme lifent les Modernes , les
onze Martyres Vierges. On met_ aullî au rang des
Martyrs les Saints Innocens maflacrés^ par Hérode.
Du temps de S. Auguftin , & de S. Epiphane , 011
donnoit le titre de Martyrs aux Confefleurs qui
avoient fouftert quelques tourmens pour Jéfus-
Chrift , encore qu'on ne leur eut pas ôté la vie.
Tous ceux qui meurent lous la main des perfécu-
tcurs , ne lont pas des Martyrs de la foi. Cl. La
caufe fait les Martyrs j & non pas le fupplice. S.
ÉvR. §3" C'eft la penfée de S. Auguftin , mar-
[jrem non facit pœna j fed caufa. Ainii ce nom ne
convient proprement qu'à ceux qui meurent pour '
la vérité de l'Evangile dans l'unité de l'Eglife Ca-
tholique.
Ofe-t on comparer la foiblejfe , ou la raae
D'un Grec , ou d'un Romain , quife donne la mort ^
Au fage & généreux effort
D'un Martyr , dont le fang Jîgnale le courage !
L'Ab. f .
En
M A R
En vain de l'EgUfe naiff'unce ,
L'Enfer attaque le berceau.
Le fang des Maityrs le cimente ,
Il en naît un peuple nouveau.
Mlle De MasquiÈre.
C'eft lapenfce de TcicuUicii dans fon Apologctiqiic,
chapitre deniici". Plurcs cfficimur , quoties metimur
à vobïs ■ feinen ejl fanguis Chrijiianorum.
M. l'Abbé de la Trape dit qu'il elt évident que
les Religieux ont le bonhcuf de remplir dans l'Eglife
de Dieu la place des Martyrs. Doni Mallon , Gé-
ncral des Chartreux j /7. 141. de la Réponfe , pré-
tend que cette propolition edoutrée, &c que l'Auteur
fe iert d'exprcllions arbitraires L'Eglife , dit il , a
diflingué les Martyrs d'avec les ConFedèurSj & le
règlement de les Oflices le hiit bien voir.
Le mot de Martyr eft Grec , & lignifie propre-
ment fi.'/«o/>2. Mapjup , ou/'.âpri/ç. Ainfion le donnepar
excellence à tous ceux qui (oulhent la mort ou quel-
que lupplice pour rendre témoignage à J. C. à
la vérité , à la juftice. On conlcrvoit anciennement
avec loin les actes des foufrrances &c de la mort des
Martyrs qui avoient verlé leur lang pour conlerver
la Religion Chrétienne. Cependant malgré toute
la diligence que l'on y apportoit , il nous efl: relié
peu de ces ades des Martyrs. Le temps & la
malignité des perfécuteurs en ont fait périr un grand
nombre. Pour réparer ces pertes , quelques pcrion-
nes pieufes s'eftorccrent de recueillir ce que la tradi-
tion en publioit. Eusèbe entr'autres compola un
Martyrologe ; mais il n'a point pallé jufqu'à nous ,
& la plupart de ces ades font perdus. Ceux que
l'on a rétablis depuis iont trop fufpeds. Le P.
Ruinar a publié un Recueil des ades qui lui ont
paru d'une autorité inconteftable. Dodwel avoit fut
une dllfertation exprès, pour montrer que le nom-
bre des Martyrs qui ont fouffert fous les Empereurs
Romains eft très-médiocre. Il prétendoit que ce
qu'on en trouve dans les Pères fe réduifoit à peu
de chofe , & que fi l'on en excepte Néron & Do-
mitien , les autres Empereurs avoient feit peu de
Martyrs. Le P. Ruinart a montré au contraire que
l'on n'a point enflé le catalogue des Martyrs. Le
carnage fut grand , &c la perfécution fanglante fous
les premiers Empereurs : en particulier celle de Dio-
clénen fut très-fertile en Martyrs. Le P. Papebrock.
dans fes Àcla Sanclorum , en compte un nombre
prelque infini.
Martyr confommé. Celui qui ctoit mort dans les
tourmens.
Martyr défigné. Celui contre qui on avoit prononcé
l'arrêt de mort , fans qu'il filt encore exécuté.
Martyr , fe dit abufivement des Hérétiques & des
Payens qui ont touftert pour la défenle de leur hulîe
Religiouj & qui fe lacrifient à leurs idoles. Le Dia-
ble a de fon côté des martyrs. Toutes les Sedes
mettent au rang de leurs martyrs , ceux qui ont
péri pour foutenir leur dodrine. Chez les Lidiens
il y a des gens qui fe vont faire écrafer fous le poids
des chariots de leurs idoles , & qui en font les mar-
tyrs.
Martyr , fe dit auflî figurément Se improprement
de ceux qui fouftrcnt quelque peine pour l'amour
d'aurrui , pour gagner fes bonnes grâces, pour lui
faire fa cour. On dit d'un homme qui a beaucoup
fouffert pour l'amour d'un autre , Qu'il eft fon
martyr. Acad. Fr. Une belle femme a fes martyrs.
L'Amour confole fes martyrs par quelques plailirs
fecrets. Voit.
L'Amour efl un dangereux maître ,
Tous fes fujets font fes ma.i\.yïs. M. Scud.
On dit en badinant , qu'un homme marié qui a
une méchante femme, ou qui lui eft infidelle, Eft de la
giande confrérie des martyrs.
Tome y.
M A R
8^y
Martyr , fc dit de ceux qui fe facrificnt pour quel-
que choie. Hégulus fut le martyr de fi bonne toi ,
é: de la parole. S. Évr. Polixénc lut le premier
martyr de la Poëfie : il aima mieux être condamné
aux carrières, que d'approuver de méchans vers. G.
G. if^î' L'Italie & une bonne partie de l'Allemagne
iont partagées entre un nombre infini de petits Etais,
dont les Princes Iont à proprement parler , les mar-
tyrs de la louveraineté.
Martyr, le dit aulli figurément de ceux qui fonc
agités , tyrannilés de leur pallions. Un Courtifaa
martyr àciow ambition, a une profulion , ou plu-
tôt des torrcns de louanges pour ceux qui peuvent
contribuer à l'élever. La Bruy. Il y a des martyrs
de vanité , aufti-bien que de piete. Nie.
Martyr, fe dit aulli hyperboliquement de celui qui
(ouffre quelque douleur. Fexatus , prefjus. Cet hom-
me eft martyr delà, goutte, du mal de dents.
L'Ere des Martyrs , eft une ère que l'Egypte 3c
l'Abyllînie ont fuivie , ii\: fuivcnt encore , &: que
les Mahométans même ont fouvent marquée de-
puis qu'ils font maîtres de l'Egypte : elle fe prend
du commencement de la perfécution de Dioclérien ,
qui lut l'an de J. C. 301, ou 303. &. le 19^ de
l'Empire de Dioclétien , commenijant eu Automne ,
l'an 30i. 8c finillant en même temps l'an 305. Le
P. Pétau croit que la perfécution commença dès
l'an 302. ^oye^ cet Auteur, t/c Docl. Temp. L.
XU. c. 32. & 33. Se Ration. Temp. P. IL L.
IF^. c. 10. Voyez Jacobus Chriflmanus , d. Con-
nexione annorum , p. 4S 4. & fuiv. L'ère des Mar-
tyrs s'appelle aulU 1 Ere de Dioclétien.
Ordres des Martyrs en Paleftinc. Chevalier des
Martyrs. Ordre militaire fuppofé , qu'on nomme
autrement Ordre de S. Côme & S. Damien. f^oye^i
CosME , Se l'Abbé Juftiniani , Hifl. de gVOrd.
Milit. c. ij. p. /77.
Notre Dame de Métro de la Pénitence des "Martyrs
P''oye\ Notre Dame.
MARTYR AIRE. f. m. Nom d'un ancien OlHcier del E-
glife. Martyrarius dans Grégoire de Tours , de Mi-
racul. L. Il, c. 46. Le Martyrairc étoit la même
chofe que le ManfionaiLe , que l'on appeloit Mar-
tyrairc ; parce qu'étant Garde de l'Eglife , il étoic
ciiargé fur-tout du foin de conferver les reliques des
Martyrs. Anaftafe le Bibliothécaire le nomme Cuf-
tos Martyrum. On l'a aulli nommé Chapelain ,
Capellanus.
Macri dit qu'on appeloit aulîî Martyraire , dans
l'Antiquité , un Prêtre prépofé à une Eglile dédiée
à Dieu tous le nom d'un Martyr , & que l'on nom-
moit en Latin Martyrium.
MARTYRE, f. m. La mort , ou les tourmens endu-
rés pour la défenfe de la vraie Religion. Martyrium,
Dans le martyre on envifage la mort environnée de
ce qu'elle a de plus terrible , & accompagnée de
honte & d'opprobre. S. EvR. L'Eglife a attaché
des honneurs à l'opprobre Se aux louffrances du
martyre. S. Pierre fouffrit le martyre fous Néron.
Le martyre de S. Laurent a été un des plus cruels
martyres. S. Xavier n'afpiroit qu'à la palme , à la
couronne du martyre. Il y a dans le nouveau Re-
cueil de pièces de Poëfie , Part. 11. p. 4j. une belle
Ode fur le martyre.
Ce mot eft Grec , & fignifie témoignage. M«!r.> «>v
CtCr Ainfi le mot de martyre fignifie propremenc
un témoignage rendu à la vérité de la Religion , Se
fcellé du fang de celui qui le rend. ^
Martyre , fe dit pocriquement , ou figurément , des
peines que l'amour fait fouffrit aux Amans, &c. Il
a conté fon wjrryre à la Belle fous un nom emprun-
té. L'Inhumaine ne fait que rire de mon cruel mar-
tyre. S. EvR. Style de ruelles & de Poëfie galante.
Martyre , fe dit auiîl des malheurs, fC? & de toutes les
peines de corps Se d'efprit. Il fouffre le martyre par
une violente colique. C'eft un martyre que d'avoir
affaire à un Differtateur ennuyeux. Malum , res
'dura. On dit aufll ^ que la chafteté eft un continuel
martyre , que l'état Religieux eft un martyre lenc.
R I r r r
%66
M A R
On le dit auffi des malheurs d'un maii qui a une
femme iiihdelle.
Et plufuurs , qui tantôt ont appris mon martyre.
Bien loin d'y prendre pan ^ n'en ont rien j au que nre.
Mol.
On a dit autrefois martre pour martyre. Voyez
Martre.
MAR l^YRER. v. a. Vieux mot qui fignifie , Tour-
menter , faire ioutfrir. Cruciare j divexare. Gloj].
fur Marot.
Mais de quoi fert le dejîrer?
Sinon pour l'homme martyrcr. Ronsard.
Ce traître honneur veut pour me maxtyrer ,
Nos deux cœurs déchirer. Voit.
§3- MARTYRE , ÉE. part.
MARTYRIEN , lENNE. f. m. & f. Nom de Sede.
Martyrianus. Les Martynens étoient des Malîaliens ,
qui prétendoient avoir des Martyrs de leur lede,
qu'ils avoient enterres en certains lieux , où ils
alloiem faire leurs prières j tenir leurs allemblées,
& chanter leurs hymnes. Ces prétendus Martyrs
étoient des Malîaliens que les Gouverneurs avoient
fait mourir pour leur héréfie & leur impiété. C eft
ce qu'en rapporte S. Épiphane , Tinrej. LXXX. n. 2.
MARTYRISER, v. a. Faire endurer le martyre. Cru-
ciare J manyrio afficere. Durant les premiers llèclcs
de l'Eglile on a martyrifé une infinité de Chrétiens.
Martyriser , fignifie auilî , Faire endurer de grands
tpurmens , de quelque nature qu'ils loient. Cruciare.
Les allallins ont cruellement martyrifé leur ennemi.
La goutte , la gravelle martyrfent ce malade. En
ce tens il n'ell que du ftyle familier.
MARTYRISÉ , ÉE. part, & adj. Manyrio affeclus ,
cruciatus.
MARTYROLOGE, f. m. La lifte , ou le catalogue des
Martyrs. ■ Martyrologium. Il contient leulcment le
nom , le lieu & le jour du mirtyre de chaque Saint.
Toutes les fecles ont aulli des livres de iHilloircde
leurs Martyrs J qu ils ont aulïï appelé Manyrologe.
Cette coutume de drelfer Az% Mwtyrologes ft\it:m
pruntée des Payens, qui inlcri voient le nom de leurs
Héros dans leurs Faftes pour conlerver à la poftéritc
l'exemple de leurs belles a.lians. Baronius donne au
Pape Clément la gloire d'avoir introduit lufrge de
recueillir les aéfes des Martyrs. Le Martyrologe À."i.\x
fèbe de Céfrrée a été l'un des plus célèbres de l'an-
cienne Églifc. Il fut traduit en Latin par S. Jérôme ;
mais les Savans conviennent qu'il ne fe retrouve
point. Celui qu'on attribue à Bèdc dans le VIII^.
fiècle , ert: alfez fufpeél: en quelques endroits. 0\\ y
remarque le nom de quelques Saints qui ont vécu
après lui. Cela fait croire qu'il a été interpolé , Se
qu'en lui lallFant le nom de fon premier Auteur ,
on y a fait quelques addirionsj comme on en fait
encore maintenant. Le IX^. li îcle fut très fécond en
Alartyrologes. On vit paroitre celui de Flore Sou
diacre de l'Eglife de Lyon , qui ne fit pourtant que
remplir les vides du Martyrologe de Bède : celui
de Wandelbert , Moine du Diocèle de Trêves : ce-
lui d'Uluard , Moine François , qui le compofa par
l'ordie de Charles le Chaave. C'eft le Martyrologe
dont l'Eglife Romaine fe fert ordmairement. Celui
d'Adan Archevêque de Vienne : celui de Notker.
Moine de S. Gai. Ce font là les plus anciens Se les
plus célèbres. Nous allons en parler plus particulière-
ment ci delfous. Baronius a fait le Martyrologe Ro
main. Bcckius Allemand, a publié un Martyrologe
qu'il prétend être du VIF. fiècle. Il aifure que c'eft
une preuve d'antiquité , que le petit nombre de
Saints &: de Alartyrs j (ur chaque jour dans un
Martyrologe.
Nous avons depuis quelques années deux làvans
& excellens Ouvrages fur les Martyrologes ; l'un eft
rAvertilleiueac que M. l'Abbé Chaftçlain a mis au
MAR
commencemcnr de fa Traduâion du Martyrologe
Romain ; &c l'autre la Prétâce du Père du SoUier
Jéfuite, fur fon édition du Martyrologe dLfuard,
où il traite plus amplement encore Hc plus lavam-
ment de tous les Martyrologes ^ de leurs Auteurs,
des nianulcrirs , & des éditions qu'on en a , &c.
Ce-c Ouvrage elt plein d'érudition ik. de critique.
C'eft le meilleur que nous ayons en ce genre , &c il
doit être le modèle de ceux qui donneront des
Martyrologes anciens au public. Baillet parle aulli
des Martyrologes , dans Ion Difcours l'ur l'HiJî. de
la vie des Saints , n. XIX. & Juiv.
Les Calendriers ont précédé les Martyrologes. .9
Nous en avons parlé au mot CALENDRIER. Le
premier Martyrologe eft celui qu'on nomme d Eu-
Icbe , ou plutôt de S. Jérôme , loit qu'ils en loient
en effet les Auteurs , loit qu'on le leur ait attribué.
Quoi qu'il en foit de Ion Auteur , il eft certainement
très-ancien. Bède le cite au VIl*^. lîècle , & Caliio-
dore dans le VP. Il y en a de deux fortes de co-
pies, les unes entières, & les autres abrégées. Des
entières , trois ont été données au public celle
d'Efternach , celle de Corbie , & celle de S. Van-
driUe. La plus ancienne , autant qu'on en peut ju-
ger, eft celle d'Efternach, écrite en 718. par leiMome
Laurent , luivant 1 ordre qu'il en avoit reçu de S.
Villcbrord, premier Evêque d'Utrecht. Des copies
abrégées , D. Luc d'Achery adonné celle de S. Guil:
lem au Défert , au XIIP. Tome du Spicilct,e. Bol-
landus les treize premiers jours de Janvier de celle
de Rhinove près de Bàle , dans fr Préface. Celles
de Dongale , de Kilkenny , & de Tamladt en Ir-
lande, de Marchiennes en Flandre, de Lielîîes en
Hainaut, de S.Lambert & de S. Laurent de Liège ,
de S. Martin deTournay , de Sainte Gudule de Bru-
xelles, & plufieurs leniblables n'ont point encore j
été imprimées. C'eft apparemment ce Martyrologe
de Saint Jérôme dont on le fervoit à Rome au VP.
fiècle , comme on voit par la lettre de S. Grégoire
à Euloge d'Alexandrie , Z. Fil. Ep. 2p. Voyez le
P. du Sollier , Pmf. c. L Art. I. §. /. & 2.
II. Le Martyrologe de Bède fut écrit vers l'an 730.
On n'en a point encoie trouvé de " copie fidelie.
Celle qu'a imprimée le P. Papebrock , vaut mieux
que celle de Plantin ; mais ce Père n'a pas alfcz
diftingué ce qui eft de Bède , de ce qui cil de Flo-
rus. Foye^^ le P. du Sollier , Pnf. c. I. Art. II.
III. Le petit Martyrologe envoyé de Rome à
Aquilée par le Pape , tk. imprimé par Rulwcyd ,
fous le nom d'ancien Romain, eft très probablement
l'ancien Martyrologe Romain. Un Pape eut il en-
voyé à Aquilée un autre Martyrologe que celui dont
on fe fervoit à Rome ? De plus , 1°. On y trouve
des Saints tout particuliers à la ville de Rome.
2°. On y voit la Chaire de Saint Pierre à Rome
en fon jour bien diftinguée de ceile d'Antioche.
5°. Entre diverlcs dédicaces d'Egliles de Rome , 011
y voit celle de la Chapelle haute du Château Saint-
Ange , où elle eft exprimée par les termes d'inter
nuées. 4°. Au jour de S. Sébaftien , on y lit fon
inhumation aux veftiges des Apôtres, marquée par-
là aux Catacombes , où les corps de S. Pierre &
de S. Paul avoient été quelque temps. Il y a de I ap-
parence que c'eft le Martyrologe de l'Éghle Romai-
ne connu de tout l'Occident dès l'an 747. comme
il paroit par le Canon 13^. du Concile de Cloyef-
hovie en Angleterre. Foye-^ le P. du Sollier, Prsf.
c. II. qui l'appelle le petit Martyrologe Romain ;
ôc jugez après ces deux Ecrivains, les plus habiles
fans doute qui aient écrit lur les Martyrologes , ce
qu'il faut peiiler de ce que dit le prétendu Vigneul
Mnville, quele Martyrologe qae Rofweyd a don-
né pi^ur le véritable Martyrologe Romain, n'eft au
fond qu'un abrégé du Martyrolo;^e d'Adon , qu'on
Cm n'être pas fort ancien , puiiqu'il y fait men-.
non de la fête de tous les Saints , dont l'iuftitutiou
dans l'Eglife n'eft pas au delîus' du temps de Gré-
goire III. décédé en S 13. De Vign. Marv.
IV. Le Martyrologe de Florus écrit vers l'an S 30.
M A R
ji'cft; proprement que celui àe BèJc augmente.
Pour disHnguer ce qui cil de flotus d'avec ce qui
cil 4e Bccle , le P. du Sollier croit qu'il fout le
iervir du petit Martyrologe que Bèdc avoit £ijt eu
vers.
V. Le Martyrologe de Wandclbert & les deux au
tics qui vont fuivre , ont beaucoup de rapport a
celui d Uluard. Wandclbert étoit Moine de Proai
au IDioccfe de frèves. Son Martyrologe cft en vers ;
il récrivit en 848. luivant principalement Florus ,
mais y mébnt aulîî beaucoup de chofes de la
façon , témoin ce qu'il a mis de l'Abbé Hilduin
ion aini , au neuvième d'Otihobre j ëc plulieurs au-
tres choies , dont le P. du Sollier rapporte bien
des exemples , Pnf. c. I. Art. III. §. 1 . Wandel-
bert , qui avoit luivi Florus , ne paroît pas avoir été
hiivi de perfonne, quoiqu'il avoue lui-même qu'il
a tiré beaucoup de lecours de Florus. Le P. du bol-
iier doute qu'il le faille mettre à la fuite de Flo-
rus. Quelques-uns ont cru qu'il étoit pris de celui
de Bède. Le nouvel Éditeur d'Uluard croit que ce
Martyrologe de Wandelbert , n'elf qu'un Floniége ,
fî l'on peut fe lervir de ce mot , c'eft à-dire , un
choix de diflérens noms de Saints les plus propres
à entrer dans des vers , & pris en divers endroits.
Molan a donné ce Martyrologe Métrique de Wan-
delbert diftribué par jours dans (a première édition
d'Uluard : &c D. Luc d'Achéry l'a donné de fuite
avec fa Préface , adrellée à un Otticus , au cinquième
Tome de fon Spicilége.
VL Le Martyrologe de Raban eft une augmen-
tation de ceux de Bède & de Florus. Le P. Pape-
broclc avoit cru que Raban avoit travaillé en Alle-
magne en même- temps que Florus en France , c'ell-
à-dire , vers l'an 850. Le P. du Sollier préfère la
conjeéfure de K^. l'Abbé Chaffelain , qui croit que
Raban ne travailla à fon Martyrologe que vers l'an
845. après qu'il eut fait fa démiihon de l'Abbaye
de Fulde. Il a ajouté les fêtes particulières de cette
Abbaye. Raban prévint Adon , qui avoit projette un
Martyrologe plus ample que ceux qu'on avoit. L'un
& l'autre ont les mêmes défauts i ils font en quel-
<}ues jours longs à l'excès , en d'autres beaucoup
trop courts , n'y rapportant qu'un ou deux Saints
en très-peu de mots.
VIL Le Martyrologe de Notker , furnommé le
Petit Bègue , Moine de S. Gai , fous la règle de S.
Benoît, fut écrit vers l'an 894. Henri Canilîus l'a
donné depuis le premier Janvier jufqu'au 26 d'Oèfo-
bre incluiivement ; le refte n'ayant point été trouvé.
Ce Martyrologe eft une compilation de plulieurs
autres. Il y manque encore depuis le douzième de
Juin julqu'au dix-neuvième; depuis le deuxième de
Juillet jufqu'au fept , & depuis le dix-huit d'Août
jufqu'au vingt-fept. C'eft lur un Manulcrit de la
Bibliothèque de S. Gai , que Canifius l'a imprimé.
Il ne faut point confondre ce Notker avec llx au-
tres Moines qui ont vécu à S. Gai dans l'efpace de
deux ilècles. l'^oye^ Chastelain.
VIII. Le Martyrologe d'Adon , Moine de Fer-
rières en Gâtinois , puis de Prom , au Diocèfe de
Trêves , enfuite Curé de S. Romain en Viennois,
& enfin Archevêque de Vienne , cft une fuite & une
defcendance du Romain, fi l'on peut parler ainfi. Car
voici comme le Père du Sollier marque fa généalo-
gie , Prdf. c. I. An. III. §. ^. n. 6p. Le Martyro-
loge de S. Jérôme , eft le grand Romain. De celui-
là on a fait le petit Romain , imprimé par Rol-
weyd. De ce petit Romain avec celui de Bède ,
augmenté par Florus , Adon a fait le ficn , en ajou-
tant à ceux-là ce qui y manquoit. Il le fit en 858.
au retour d'un voyage de Rome , fe fetvant , dit il
dans fa Préface , d'un Martyrologe vétiérable &
très-ancien , envoyé autrefois par un Pape à Aquilée
à un faint Evéque , qu'un Religieux lui prêta pour
quelques jours , oc qu'il décrivit à Ravenne. C'eft
le petit Romain dont nous avons pailé , n. II.
Adon n'étoit point encore Evêque ; il ne le fut
qu'en 860.
Tome V,
M A R.
8^7
IX. Le Martyrologe d'Uluard , Moine de i>. Gcr-
mamdes Prés à Paris , fut écrit en 87;. &c dédie
a Charles le Chauve , &c non à Charleinagne , com-
me ont cru Tritheme ik. beaucoup d'autres. Char-
les le Chauve étoit déjà Empereur : or il ne le fut
qu'en 875. Ainfi il faut que cet ouvrage ait été
fait ou aciievé cette année la , ou la fiiivantc , dix-
huit ans après celui d'Adon. Uluard le ht fur un
exemplaire d'Adon qui portoit faullément le titre
de Martyrologe de Florus. Voye\ le P. du Sollier ,
Pnf. c. I. Art. III. Se les luivans, où il traite des
dirtéreiis Manufcrics &c des éditions de ce Martyro-
loge ^ qu'il donne au publia j avec de favantcs No-
ies. Ce Martyrologe d'Uluard paroiliain plus com-
mode pour l'ulage , que tous ceux qui l'avoient
précédé , fut reçu avec grand applaudillement , &
admis par-tout , même à Rome , à la place de ceux
qui avoient lervi julqu'alors ; iJc c'eft encore celui
dont on le Icrt à préfent dans les Eiilifes, où l'on
n'a pas encore pris le Romain moderne , & nom-
mément dans tout l'Ordre de Cîteaux.
X. Le Martyrologe de Nevelon , Moine de Cor-
bie , écrit vers l'an 1089 , n'eft proprement qu'un
abrégé d'Adon avec les additions de quelques Saints,
principalement des environs d'Amiens. Il cft con-
lervé dans la Bibliothèque de S. Pierre de Corbie,
«ISc n'eft point encore imprimé.
XL Quelques uns attribuent un Martyrologe à
Ditmar Evéque de Mersbourg en Mitiiie, mais il
n'en a point fait. Quand il parle de Ion Martyro-
loge au feptiémc Livre de fa Chronique , il entend
un exemplaire de Martyrologe qu'il avoir.
XII. Le P. Kirker dans fon Prodromus , parle
d'un Martyrologe des Coptes , gardé aux Maronites à
Rome.
XIII. Il y a des Martyrologes d'EgliCes particulières.
Le Martyrologe de S. Savin de Lavédan , drellé pour
l'ufage de ce Monaftère , & donné au public par
M. du Sauftay Evêque de Toul , à la fin de fon fé-
cond Tome du Martyrologe de France. Le Martyro-
loge de S. Laurent de Bourges j Abbaye de Bénédic-
tins, a été donné par le P. Labbe Jéluke , qui alhi-
le que c'eft la copie d'un plus ancien. Tel qu'il eft
aujourd'hui , il n'a guère plus de 400 ans. Il venoic
apparemment de S. î>ulpice de Bourges , Abbaye
de Bénédiéfins ; car on y voit les Fêtes particuliè-
res de ce Monaftère j & des Eglifes qui en dépen-
dent. Le Martyrologe de S. Cyriaque de Rome, vu
par Baronius , eft ainfi nommé , parce qu'il appar-
renoit à un Monaftère de ce nom , qui étoit près
de fainte Marie , in via lata y & dont il ne refte
aucun veftige. Le Martyrologe de fainte Colombe
de Sens, a palfé entte les mains de la Reine Chrif-
tine de Suède , éc Holftémus n'en parle que fous
ce nom. Il finit au 7 Septembre; le refte eft mu-
tilé.
Les trois premiers Martyrologes font comme les
fources Ik les originaux de tous les autres , qui n'en
font que des copies augmentées. Selon le lentimenc
du P. du Sollier', Prej. c. I. il n'eft pas clair d'où
celui de Wandelbert a été pris ; mais il eft certain
que celui de Raban cft venu de celui de Bède ,
qu'il a été augmenté de celui de S. Jérôme , avec
des additions ou augmentations de l'Auteur. Adon
marque allez évidemment lui-même que fi fource
eft le petit Martyrologe Romain, puifqu'il le mec
à la tête du fien , Se le tranfcrit à chaque jour. Il
n'eft pas mofns évident que celui d'Ufuard eft ce-
lui d'Adon abrégé , avec les additions des Saints
Martyrs de Cordoue , quelques-uns pris de celui
de S. Jérôme , ceux de fon pays , & peu d'autres
qu'il a pris d'ailleurs. Le premier Martyrologe _, qui
ait été reçu de toute l'Eglife , fut drelfé par l'ordre
de deux Rois de France. L'Empereur Louis le Dé-
bonnaire en infpira le delTein ; Se Charles le Chau-
ve j à qui Uluard le dédia , l'honora d'une protec-
tion publique. Chastelain.
Les Hérétiques ont aulfi fait Ifeurs Martyrologes ,
qui ne remontent pas bien-haut. Ils ne commen-
Rtrrr ij
86g M A R
cent guère qu'à Wiclet", & à Jean Hus , dont le
piemier mouiiit 1 an 1587. &: le (econd hic brûlé
en 141 5. Il parut un de ces prétendus Martyrolo-
ges à Genève vers le milieu du XVF. liècle en
Latin, puis en François en IJ54. chez Crilpin,
que plulieurs en tont Auteur , ou Traduéleur. Il y
fit quelques augmentations j & les réimprima en
Latin tous le titre d'Actes des Martyrs , qui ont
ioulibit depuis WicleF& Hus. /^cyf^ B.aïUet, -Di/c.
fur l'Hift. de U Fie des Saints , n. LXIF. Le Doc-
teur Bray , Anglois , a tait un Martyrologe. C'ell
une hiftoire de toutes les per(écutions prétenduesj
que les Protcllans ont loutkrtcs.
Ce mot vient de f^ht^f , martyr , Se de '■îy^' , dko.
Difcours, Ouvrage lur les Martyrs. D'autres dilent
de A'v» , colligo j je ramalle.
Martyrologe, le ditauiîi d'un régiftre ou rôle d'une
Sacriftie , où lont contenus les noms des Saints &
des Martyrs , tant de l'Eglife univerfelle , que des
particulières de la Ville , du Diocèle , du MonalKrc
à pareil jour. Alarcyrologium. On en fait la lecture
ou commémoration à Prime avant le Pretioja jim-
vant la Rubrique du Bréviaire. On le dit aulli des
tableaux qui lont dans les grandes Sacrifties , qui
contiennent le mémoire des fondations j obits , ou
prières , & Melfes , qui fe doivent dire chaque
jour , & qui fervent à régler l'Office Se les com-
mémorations. Aujourd'hui les Martyrologes con-
tiennent non leulement le nom des fiints Martyrs ,
mais aulïï ceux des Confelleurs , des Vierges , &c.
MARTYROLOGISTE. f. m. Auteur d'un Martyrolo-
ge. Martyrologii auclor , feriptor. Tous les Marty-
rologïftes tels que font Wandelbert, Adon «Se Ufuard.
Chastel. Martyr. T. I. p. 6 (j.
MARTYROPOI.E. Martyropolis. Ville de la grande
Arménie , dans la partie de cette Province , appelée
Sophanène fur le bord du Heuve Nimphius.
MARVART. f m. Nom d'un homme. Marcovardus.
S. Marvart fut Moine des Ferrières en Gàtinois,
puis Abbé de Prom , aux frontières de Luxembourg.
Son nom en Teutonique eft Marh-wart. Chaste-
LAiN. Alart. T. I. p. 7 94. Se joS.
MARUÉGE , & MARVEJOLS. Voyei Marenge.
MARUGIO. Nom d'un ancien Bourg des Salentins,
en Italie. Maruhium. Il eft dans la Terre d'Otran-
ge , à cinq lieues de la ville de Tarente , vers le le-
vant. Maty.
MARVILLE. Nom d'un Bourg fitué furie Vézin, près de
l'endroit où il fe jette dans le Cher, Filla Martïa.
Valois, Not. Gall. p. 60p.
Marville. Autre Bourg du Duché de Bar , en Lor-
raine. Marvilla , Mania ; Martifvilla. Il eft fur la
petite rivière d'Oftain , aux confins du Luxembourg ,
à quatre lieues de Stenay , & à une de Jamets, vers
le levant. Maty.
MARVISIA , ou ALMISLA. Nom d'une montagne &
d'un Cap de l'île de Chio , dans l'Archipel. Arvijius
nions. Cette montagne eft célèbre par le vin qui y
croît , & qu'on nommoit autrefois Marvoifie , &
aujourd'hui Malvoilîe, du nom de cette montagne;
en changeant \'r en /.
MARUM. f. m. C'eft un nom qu'on donne à deux
fortes de plantes. Il y a un marum qui eft une
efpèce de thymbre, qu'on appelle marum-majlich ,
Sz qui croît quelquefois à la hauteur de trois pieds.
Il poulfe beaucoup de branches ligneufes , garnies
de feuilles lemblables à celles de la marjolaine ,
blanchâtres, d'un goût acre & amer. Ses fleurs Se
fcs graines relîemblent tout à-fait à celle du thym ,
mais (es fleurs font verticillées , c'eft-à due , qu'el
les nailFent par étages , diipolées en rayons le long
des branches & de la tige , de couleur blanche.
Sa racine eft ligneufe. Toute cette plante a une
odeur aromatique. Elle eft propre pour fortifier
la tête Se l'eftomac , Se pour rélifter au venin.
M. Tournefort l'appelle Thymbra Hifpanka mar-
joranA folio.
L'autre forte de marum eft une efpèce de german-
drée, qui poulfe plufieuis petites verges ligneufes.
M A R
blanchâtres. Ses feuilles font approchantes de celles
du (erpolet , plus grandes que celles du thym j blan-
châtres en dellous, vertes en delius, d'un goût amer
Se acre , Se d'une odeur agréable. Ses Heurs (ont en
gueule , de couleur purpurine , femblablcs à celles
de la gcrmandree ordinaire. Ses femences font prcf-
que rondes ,»&: enfermées dans une caplule qui a
fervi de calice à la Heur. Cette plante croit dans les
pays chauds , comme en Provence , aux îlesd'Hieres ,
&c. Elle a les mêmes propriétés que la précédente.
En Latin marum cortufi. M. Tournefort l'appelle
Chamddris maritima incana frutefcens , folïis lan-
ceolatis. Les chats aiment li fort cette plante , que
lortqu'on la tranfplante dans les jardins j ils vien-
nent de toutes parts attirés par fon odeur : Se fi on
n'a pas foin de la couvrir d'une cage de fer ou d'ar-
chal, llcï" ils le roulent delfuSj la mettent en pièces.
Se finillent par tomber dans une cfpéce d'ivrelle.
MARVOYER. V. n. Vieux mot. Extravaguer.
MARWYNEN. Nom d'une grande rivière de l'Amé-
rique méridionale. Maruvams. Elle prend iâ fource
dans la Gujane , dont elle baigne une partie ; en-
fuite elle traverfe la Caribane , Se fe décharge dans
la mer du nord , au levant de la rivière de Surinam ,
ou Surnam. Maty.
MARY. f. m. Nom d'homme. Marius Le B. Mary ,
né à Orléans , de famille médiocre , s'étoit con-
facré au leivice de Dieu dès fa jeunelle dans un
Monaftère de fon pays. Baillet. D'autres l'appel-
lent Maire. Id. Il fut fait Abbé de Beuvoux vers
l'an 506. Se mourut vers l'an jjj. le 27 Janvier.
Foye:^ Bollandus Se Baillet à ce jour. Bult. Hift.
de S. Ben. L. II. c. 21. n. j. Adon appelle ce
Saint Ahbas monajlerïi Bodanenjis. Ufuard , à qui
on envoya une copie du Martyrologe d'Adon^ de
Lyon a Paris , fans lui mander de qui il étoit. Se
qu'il crut être de Florus , mit la même chofe pour
S. Mary , finon qu'au lieu de Badonenjis , qui étoit
mal écrit dans cette copie pour Bodanenjis , comme
portent tous les anciens manulcritSj ou Bodonenjîs ,
comme portent les moins anciens , il lut Bobacen-
Jis , comme on le voit en fon autographe à Saint
Germain-des-Près. Et comme toutes les Commu-
nautés prirent ce Martyrologe, on crut partout,,
hors dans le Diocèfe de Sdfteron , que Bobacum
étoit le vrai nom de ce monaftère ; & l'on prit
Bolanum pour une faute dans les manufcritSj où il
fc trouva. Et coipmc on ne voyoit point de nom
de lieu dins le iJ/iocèfe de Sifteron , qui eût plus
de rapport au mot de Bobacum que celui de Bé-
vous , tous les Traduéleurs ont interprété Bobacum
par Bévous , que plufieurs ont écrit Beuvons , Se
même Beuvoux , comme Baillet ci deflus ; mais il
n'y a point de Beuvoux dans ce Diocèfe : & pour
Bcvons c'eft un village de Provence à une lieue de
Sifteron, où il n'y a aucune trace de monaftère j
&: qui en Latin s'eft toujours dit Bevontium. Au
lieu que dans l'Archiprêtré de Valbenois , qui eft à
douze lieues de Sifteron , Se dans la partie de ce
Diocèfe qui eft en Dauphiné , on voit les ruines de
ce fameux monaftère , près du petit village , à qui
il en eft refte le nom de S. May ; car c'eft ainfî
qu'on le prononce &: qu'on l'écrit , en Latin S.
Marius , patron de la paroilîe de ce lieu. Chaste-
LA1N. , au 2-j Janvier , p. 41.^. Le P. du Sollier
foufcrit à cette critique de M. Chaftelain , & dit
que quelques manutcrits difent Maurus , ou Mace-
nus , au \ie.\.\ àc Marius , mais mal. Foye^ Bollan-
dus , (iir ce Saint.
De Marius on a fait Mary , Se en retranchant l'r,
May.
MARYLAND. Nom d'une contrée de la Virginie ,
en l'Amérique feptentrionale. Marilandia y ■ Terra
Mari£. Elle eft divifée en deux parties par le golfe
de Chefapeac. Ses lieux principaux font S. Marycs,
Calverton Se Hcrriiigton. Maty.
MARZA SIROCCO. C'eft le nom d'un petit golfe de
l'île de Malte. Alarma Sirocea. Il eft fur la côte mé-
ridionale. Les Turcs y firent une defcente l'an i j6j.
MAS
MAS
lorfqu'ils allcrcnc allicgc-r la ville de Miite; pour
prévenir un pareil malheur, les GrandsMaitrci
lie Malte y ont fait bâtir trois forts, deux à l'en-
trée du golfe , (Sr un troiliènie lur une pointe de
rtrre , qui s'avance vers le milieu du golfe, 6c qui
regarde l'entrée. Maty.
MaRZALQUIVIR. Qui lignifie le grand port. Ma-
gnus ponus , Marfalquibna. C'eit un bourg du
Koyaunif d'Alger, en Barbarie, il cft lur la côte de
Telenlui , où il a un bon porc , à l'orient de la
Ville dOran.
MARZANA. 1". f. Terme de Mythologie. Nom d'une
décile .adorée autrefois danv la Sarmatic. Marmara.
C'étoit la 'Vénus des Sarmatcs.
MARZEAU. f. m. Petite excroillance de chair grolfe
& longue comme le doigt , fort ordinaire a la
gorge des cochons. Dïcl. des Arts.
MARZILLA. Petite ville d'Efpagne au Royaume de
Navarre , lur le chemin de Âladrid à Pampelune ,
à une portée de moulquet de la l'ivière d'Arragon.
869
M A S.
MAS. f. m. Vieux terme de Coutumes , qui fignifie
le ténemcnt , & héritage miinmortable des per-
lonnes de lervjle condition , & de mainmorte. En
quelques lieux on l'appelle Mex , ou rneix. Vdla
ciiemclans. Ce terme ell: conmiun en Provence &
en Languedoc. Monlîeur elt à fon mas. Mas de
l'Archevêque ; de là ell venu le nom de du Mas ,
Il commun en toutes les Provinces.
Mas. f. m. Terme ancien encore ufité en Dauphine^^
où les terres le divifent en mas , &: les mas en
journaux. Majja. C'eft un amas de terres qui font
toutes à un même Seigneur , & que pour cela on ap-
pelle aulîi Condomine. Condomina. Un territoire le
diviloit en /7Ziî5, & ces mas en journaux. Calliodore
nomma maffa , ce que nous appelons mas ; &
Frontin , jugera les journaux. Chaque mas étoit fé-
paré de l'autre par des chemins moindres que leDé-
cuman & le Cardo. Les chemins qui étoient entre
les mas pour les divifer , étoient nommés Artuaircs.
Chorier , Hift. de Daupk. L. IV. p. /99,
Ce mot vient de maffa , qui en la balle Latinité a
fignilié forids & héritage. On a dit aulîî manjus ,
manfa , Se manfum : c'efl: une petite métairie pour
loger un paylan , à Laquelle étoient annexés douze
arpens de terre. On a dit aulIi majjum , majfa , mafa-
da , & mafiam dans la même fignification. |^ C'é-
toit proprement un lieu de la campagne où
il y avoit de quoi loger & nourrir une fa-
inille. La Coutume d'Auvergne dit : Pâturages fe
terminent par villages , mas Se ténemens. Celui
qui occupoit un mas ou mari fus , étoit appelé Ma-
nens , dont nous avons fait dans notre langue Ma-
nant , homme de la campagne. Le mot de manfus
fe trouve foiivent dans les adtes du moyen âge. On
appeloit manfum regale ceux qui étoient du do-
maine du Roi. Le nombre d'arpens que chaque
manie devoir avoir étoit borné par les Loix. Ainlî
dans les Capitulaires de Charlemagne on voit des
manies nommées manfi integri , & dans la Chroni-
que de Fonte nelle , & ailleurs, on trouve des de-
mi manfes , man^ medii , ou dimidii dans des aéles
rapportés par du Cange , & manfeUl , pour des
manies qui n'avoient qu'un très-petit terrain. Le
Fermier d'une manfe étoit appelé Manfuarius. La
Mart.
^3" Le mot de mas pris dans cette lignification , du
Latin manere , maneo , manjl ^manfum , a été joint
au nom de plulieurs lieux où étoient ces fortes
d'habitations. Le mas d'Agénois. Manfus Agïnnen-
fis , ell fur la Garonne vis à-vis de Marmande. C'ell
un bourg aux confins de l'Agénois & du Bazadois ,
à fix lieues au-dellous d'Agen. Le Mas d'Alîl , Man-
fus Afilï , c'eft une célèbre Abbaye du Comté de
Foix en Languedoc, à quatre lieues au couchant de
Pamiers. Le Mas Saintes PuelLes^ Manfus Sancla-
run Pudlanim , autrefois Recaudum , ell à deux
lieues de Callclnaudari dans le Lauragais , au biocelc
de S. P.ipoul , dans le Haut-Languedoc. C elt un
bourg. Le Mas lur la Garonne proclie de louloulé
cV de Montauban. Le Mas de la Tour , Manfus
'l'unis , ou ad Turrun. Le Mas de Cabardet , Man-
fus Caharctcnfs , ell dans le territoire de Carcallon-
ne. 'Valois, A^c>r. Gall. p. ji^. Le iW^j de Verdun.
l^oye^ VtRDUN en Galcogne.
Mas, ou Mase. f. m. Efpèce de petits poids donc
on fe fcrt à la Chine, p.irticulièrcment du côté de
Canton , pour peler tic dilhibuer l'argent dans le
négoce. Le mas le divile en dix condorins. Dix mas
font un taël.
MASAGE. f.m. Vieux mot. Village. On a dit MaJlL
MASALOTH. Nom d'une ville de la Terre Sainte.
MaJ'aloth. Elle étoit dans la Tribu de Ncphtalie,
ik. dans la Galilée Uipérieure. Les Grecs la nomment
h\uiituA(^i MœfuLoth. Bacchides prit Mafaloth , I.
Machah. IX. ^ . on \.\.nijn\mt ArbelU.
MASAMUTIN. 1. ni. Nom d'une ancicipie monnoie.
Mafamut'mus. Le Blanc croit que c'eft la même
cliofe que maramotin. Cependant le Maramottn pe-
loit 66 , & même ^6 grains , & le mafamutin n'en
pefoit que 4611-- Car les Confuls de Montpellier
étant allés à Rome , promirent au Pape Innocent
in. au nom de la ville , de payer tous les ans au
S. Siège pour être fous ta protedion , deux marcs
d'or. Centum mafamutmis pro qual'Lbet marcâ com-
putand'is. Voyez Marotin. Il y avoit des mafam.u-
t'ins d'or , & des mafamut'ins d'argent , ils valoient
chacun lix fous de réaies. Sen'is foLidis regaiium
nfl'imati ; Se ils avoient pris leur nom de Aben Jo-
leph Maholumet Miramolin, Roi des Maures en
Etpagne , comme l'a remarqué Gariel, Séries Pra-
ful. Magalonenf & Montpel. p. 227.
MASANDEAN , TABRISTAN , TABARISTAN.
Province de la Perte , en Afie. Manfanderana pro~
vincia , Tabarajiama. Elle ell une partie de l'an-
cienne Hyrcanie ; les bornes font au nord de la mer
Calpienne ; au couchant le Kilan ; au l'ud l'Yérack ,
&c au levant rAllérabat. Ses villes principales font
Farabuth capitale , Abskun , Funkabun , Sahxah, &c.
Cette province n'ell pas exaélement connue par les
Européens , comme on le peut connoître par leurs
variations; les uns faifant trois provinces du Mafan-
dcran , du Tabarillan ^ & de l'Aftérabat -, les au-
tres joignant les deux derniers de ces pays enfem-
ble , & en féparant le Mafandéran ; les autres fé-
parant l'Aftérabat , Se joignant le Mafandéran 6c le
Tabarellan , comme nous avons fait , & enfin quel-
ques uns lui donnant Mafandéran pour capitale,
dont Tavernier ne fait point de mention.
MASARANDIBA. f m. Arbre qui croît au Bréfil ,
allez temblable à notre cerifier d'Europe , avec
cette leule différence que le fruit qu'il produit n'eft
pas rond comme nos cerites. Ce fruit contient un
noyau fort dur , avec un tue laiteux , très - agréa-
ble. Les habitans du Brélil l'expriment , 8c s'en
fervent en émullion comme d'un remède contre
l'enrouement , 8c contre les afteèlions froides de la
poitrine : ils le prennent feul , ou avec d'autres pec-
toraux.
MASAT. Nom d'une rivière qui s'appelle autrement
Rio de S. Jean. Maffa. C'eft une rivière de la Ni-
gritie. Elle coule fur les confins du Royaume de
Gualata, Se de celui de Genchoa , & elle fe dé-
charge dans l'Océan Atlantique , au midi du Cap
blanc. Maty.
MASBATE. Nom d'une Ile de l'Océan oriental. Mas-
hata. Elle eft une des Philippines, appartient aux
Efpagnols , & fe trouve au midi de la Manille , 6:
au couchant de la Tendaie. Maty.
MASBOTHÉEN, ou MASBUTHEEN, ou MASBO-
THIEN , ENNE. f. m. & f. Nom de Scéle. Mes-
bothaus , ou Masboth&us , a. Eusèbe dans fon H'ifl.
Eccl. L. /^. c. .22.0U plutôt Hégéllppe qu'il cite,
fait mention de deux lortes de Masbotkéens. Les
uns font l'une des fepc Seéles qui fortirent du Ju-
daïtine , & troublèrent l'Églife. Elle fut ainti nora-
Syo
MAS
mée de NLisbothée , qui en fut l'Auteur. Les autres
étoienc une des lept ScCtes Judaïques avant J. C.
Car, dit Henri de Valois dans (es Notes, il ne
faut point contoiidre ces deux elpèces de Masbo-
th^cns , puitque les derniers étoient une leiite Juive
du temps de J. C. ik que les premiers font des
Hérétiques qui en étoient defcendus. Rutin les diL
tingue même par leurs noms : il appelle la Sedte
Judaïque Masbuchéens , Mashucheï , Se les Héré-
tiques qui en étoient venus Alashuthéaniens , Mas-
huthtanï. De Valois croit que cela elt plus exaét ,
& qu'il y a faute dans Hégélîppe. S. Jérôme les
nomme Marhonéens , Hc Ilidore Morbonécns , Mar-
boncL , Morbonei. Les Mashockccns étoient une
branche de Simoniens.
Ce mot vient de l'Hébreu TOV , Schabat , Re-
pofer , Se lignifie. Des gens oilîfs , des gens de
repos; les Tranquilles ^ les Oilifs. Eusèbe en parle
comme s'ils avoient été ainli appelés du nom de
Masbothée _, chef de leur fcCte : mais il ell bien
plus probable que Masbots.i y d'où il a été formé
en Grec , ell un nom Hébreu , ou plutôt Chai
daïque , qui eft la même choie que Sabbataire , en
notre langue , c'eft à dire , qui fiit profelîîon de
garder le Sabbat j & en effet , ces Scdbaires diloient
qu'ils avoient appris de Jésus-Christ à le garder.
Sérarius s'ell trompé lorlqu il lésa appelés Marbonai ,
après Raban Maure.
MASCALAT. Nom d'une ville de l'Arabie heureufe.
Mafcalatum , Mafcala. Elle eft à vingt lieues du
golie de Balfora, Se environ à cinquante de la ville
de Lablà , vers le levant. Mafcalat eft capitale d'un
Royaume, ou d'une Piincipauté_, qui s'étend tout le
long du golfe de Ballora , entre le Reglerbeglic de
Labla, Se la Principauté de Vodana. Maty.
MASCARADE, f. f. Troupe de perfonnes |f3"dégui-
fées& malquées pour quelque divcrtiirement. Larva-
torum ludkra caterva. Voilà une mafcurude bien
entendue. Dans le temps du Carnaval on voit de
pLiûntes mafcaradcs.
03" On le dit aullî , ou du moins on le difoit de la
Danfe exécutée par une troupe de gens mafqués.
Danfer une mafcarade.
Ce mot vient de l'Italien mafcareta , dérivé de
l'Arabe mafcara , qui fignitie raUlene , bouffonne-
rie. MÉNAGE.
Mascarade , efl: auilî un titre que quelques Poètes
ont donné à des vers qu'ils ont tait pour les perlbn-
nagesdeces petites danles ou ballets.
Mascarade, eft aullî le nom des chaulons qui fe font
en Italie pour le Carnaval , Se qui fe chantent ou
récitent avec des chars de triomphe Se diverfes re-
prélentations. Le Lafca en fit un recueil qu'il publia
à Florence en 1559 lien rapporte de plus de qua-
rante Auteurs diftérens , dont le premier eft le ma-
gnifique Laurent de Médicis , les autres font de plu-
Tieurs célèbres Auteurs , Laurent Strozzi , Pierre de
Volterre , Philippe Cambi , Antoine Alamanni ,
Marc-Antoine Vallani , &c. Les fujets de ces maf-
caradcs (oni des Gueux qui demandent la charité ,
des Ermites , des Muletiers , des Boulangers , des
Chaudronniers , Se diverles autres profellïons. Le
Lafca dit en fa Dédicace au Prince de Florence ,
François de Médicis : Trà i rarl giuochi , i diverjî
fpeciacoli , e le moite fejle che fecando i tempi , e le
Jlagioni fi fanno publicamente in Fioren^e , le Maf-
cherate a canti carnalcialefchi , fono per ogni rif-
petto fefia maravigliofa e belUJfima.
MASCARAM. f. m. Terme de Calendrier. Nom du
premier mois des Ethiopiens : il répond à-peu-près
à notre mois de Septembre. On l'appelle auili maf-
certuni.
MASCARENHE , ou MASCAREGNE. Foyei Bour-
bon , île.
MASCARET, f. m. Terme de Navigation. ^Eftus
refluus. C'eft un reftux violent de la mer qui re-
monte impérueufement dans la rivière de Dordogne ,
qui £iit le même eftct fur cette rivière , que celui
qu'on appelle la Barre fur la Seine. j^Le reiiux
MAS
s'engorgeant dans l'embouchure de ces rivières , fait
remonter le courant , &: le repoulle vers fa fource
julqu'à une certaine diftance. On voit alors fur l'eau
deux niveaux trèsditférens : celui qui eft plus voi-
lin de la mer eft plus haut de quelques pieds que
celui qui eft du côté de la lource , Se avance com-
me une barre par le travers de la rivière , en remon-
tant avec plus ou moins de rapidité j à proportion
de celle de la rivière même.
j4t cum Jummotus lunaribus incrementis
Ipfe Garumna fuos in dorfa recolUgit dfius ,
Pracipitt fiuclu raptim redit , atque videtur
In fontem jam non refiuus , Jed defiuus ire.
Le reflux de la mer repouire les eaux de la Dor-
dogne jutqu'à un endroit qu'on appelle S. Ma-
caire , à neui: lieues de Ion embouchure. C'eft peut-
être du nom de ce lieu que l'on a donné le nom de ■
JMafcaret ou Macaret à ce refoulement des ea,ux de
la Dordogne.
MASCARI. Nom d'un village de la vallée de Démona,
en Sicile. Mafcaris. Il eft au pied du mont Gibel ,
à quatre lieues de Catane j vers le nord.
MASCARON. f. m. Terme d'Architedure. Tête char-
gée , ou ridicule , & faite à fantailie , qu'on met aux
portes J aux fontaines , ou aux grottes. Perfona ludi-
cra , larva , ludicra effigies. Ce mot eft fait de l'Italien
mafcarone j qui lignihe bourfonnerie. L'Architcdfure
Gothique eft quelquefois diftbrme par le mauvais
goût de les majcarons. Daviler.
MASCATE. Nom d'une ville de l'Arabie heureufe.
Mafcatum. Elle eft fur le golfe d'Ormus , entre le cap
de Razal Gâte , & celui de Mozandan , à foixance ou
foixante & cinq lieues de l'un Se de l'autre.
MASCHE. Foyei Mâche.
MASCHEFER. Voyev^ Mâchefer.
MASCHELIÈRE. Voye-{ MâcheuÈre.
MASCHER. Foyei Mâcher.
MASCHETTE. 'Voye^ Machette.
MASCHEUR. Voyei^ Mâcheur.
MASCHIBISTUH. f. m. Terme de Calendrier. Nom
du huitième mois des Arméniens , qui répond au
mois d'Août.
MASCHICATOIRE. Foyei Mâchicatoire.
MASCHOIRE. Foyei Mâchoire.
MASCHONNER. "Voyei Mâchonner.
MASCON. Voyei Mâcon.
MASCONNOIS. Foye^ MÂconnois.
MASCOUTHECAS , ou MASKOUTENS. Autrement
Nation de Feu , Peuples de l'Amérique (eptentrionale,
dans la Nouv. France , au couchant du lac des Ilinois.
MASCULIN , INE. adj. Qui convient au mâle. Maf-
culinus y mas. Le lexe mafcalin , Se le fexe féminin.
On appelle en Généalogie la ligne mafculine , la gé-
nération de mâle en mâle, à l'exclufion des femelles.
Succellion mafculine.
03° Masculin, fe dit plus ordinairement en Gram-
maire , pour défigner le premier des genres fous lef-
quels les noms d'une langue lont diftribués , parce
que ce genre eft attribué particulièrement à l'hom-
me. Àlafculinum genus. Homme , bélier , font du
genre mafulin. Les noms d'arbres font mafcuUns en
François , & féminins en Latin. Il y a des mors qui
font mafculins Se féminins. Il y en a qui ont été maf
culins en un temps , Se féminins en un autre , com-
me affaire , planète , comète j &c. Remarquez que le
genre mafcu lin, comme le plus noble , prévaut tout
feul contre deux féminins ., quand même ils feroient
les plus proches du régime. Par exemple , l'air j la mer
Se la terre , ne pubiient-i/j pas î Quoique le mot de
terre j & de mer, féminins , foient plus proches que
celui d'air J on met ils au mafcuUn. Il n'y a que deux
genres en François , le mafculin Se le féminin , il n'y a
point de neutre , ou bien tout ce qui eft neutre eftcen-
lé mafculin.
^3" On dit dans la même acception, 2.n\c\c mafculin ,
article féminin. Le eft l'article mafcuUn , par oppoli-
tion à la, qui eft l'article féminin. Et l'on appelle ter-
MAS
minaifon mafculine , la tcimmaifon d'un mot qui n'.i
point d'e k-miinn dans la dcniicrc fyll.ibe. Le mot
main, a la tcnniiiailon mafcuiLne , quoiqu'il l'oit du
genre fcmiiiin. Le mot homme a la tciminailbji fcmi-
nine , quoiqu'il foit du genre mafculin.
Masculin , fc dit auliî en Poclîe Françoile , à l'égard
des nrncs. Rithmus mafculmus. La rime mafculine ,
c(t celle qui le tait d'un mot qui a une prononciation
forte , ouverte , ou accentuée , comme font tous les
mots a la relerve de ceux qui ont un e féminin à
k-urderniçie fyllabe.qui n'e(t compté que pour une
demifyllabe. Par exemple, amour ^ jour, bonu
Se chajleu more ^ fort, font des rimes mafculï-
nos : cV' é/amaèie & aimable , père & mire , gloire
& mémoire , lont des rimes féminines. Par confé-
quent on appelle vers mafcullns , ceux qui ont des
nmes majculines , & féminins ceux qui ont des
rimes féminines. C'elU Marot que l'on doit ce mé-
lange de vers mafculins & féminins, cV Ronfard eft
le premier qui l'ait pratiqué régulièrement. MÉn.
On a obferve depuis , pour règle certaine , de ne
mettre jamais plus de deux vers mafculms , ni fémi-
nins de fuite h ce n'eltdans les Lays & Virelays, Se
autres vers libres & irrégulicrs. Les vers mafailins
doivent toujours avoir une fyllabede moins que les
féminins, ^^qy.^ le traité delà Poëlie Françoife du
i'. Mourgues.
Les Allrologues foutienncnt que les Signes & les
1 lanetes font réellement diibngués en mafculins Se
teminins , non pas à caufc de quelque ditiérence
de lexe ; mais à caufc des qualités aftives , chaudes
& froides , qu'ils appellent mafculines , Se des qua-
Jites pallives , sèches Se humides , qu'ils appellent
S^rmnines. Sur ce principe imaginaire, ils appellent
le Soleil , Jupiter , Saturne , Mars , mafculins ; & la
Lune V enus , féminins. Mercure , participe des deux,
L)ans les Signes , le Bélier , la Balance, les Gémeaux ,
le Lion , le Sagittaire , le Verfeur d'eau , font mafcu-
lins. Le Cancre , le Capricorne , le Taureau , la
Vierge , le Scorpion Se les Poillons font féminins.
Lesrailons Se la ditïérence en font marquées par Titus
en la Philofophie célelle.
En matière de Fiefs , on appelle Fief mafculin ,
un Fief que les mâles feuls font capables de polféder
AcAD. Fr.
On diftingue auflî des Plantes mafculines Se des fé-
minines ; mais on dit mieux mâle Se femelle, f^oyer
ces mots , Se Plante.
MASCULINITÉ, f f Caradère , qualité de mâle , con-
dition des mâles. Ratio fexùs mafculini. Cet .liné ,
par la mort duquel la mafcuUnité de la maifon le
trouvera éteinte , pourra être dans un degré fort éloi-
gne. Tartarin. Il s'tn faut peu qu'on traite de chi-
mère Se l'amelfe , & la mafculinité , dont nous fil-
ions tout le fondement de notre caufe. Patru.
En France, la mafculinité (cu\t donne le droit à
la couronne. En Efpagne , où les femmes peuvent
lucceder , la mafculinité , dans quelque degré que ce
ioit , eft préférée au fexe féminin , dans un degré plus
proche.
MASCULIT. f m. Chaloupe des Indes, dont les bord v
ges font couverts par du hl d'herbe , Se dont le calfa-
tage eft de moulfe. Limbus indicus.
MASELI. Mufilum ; anciennement Gerrum , ou Gcr-
rhum. C'étoir autrefois une ville de l'Egypte , fîtuée
lur la msr Méditerranée , vers les confins Ac la
Paleftir:e. Ce n'eft maintenant qu'un petit vilh<>e
Matv. '^ ■
MA3LRÉPHOTH. Nom Hébreu que l'Ecriture donne
à certaines eaux qui étoient aux confins de la Terre-
Sainte Se de la Phénicie. Maferephoth.
MASERES. Nom d'un lieu du Comté de Foix. Ma-
ceriie.
MASETTE. foye^ Mazette.
MASEYCK. Nom d'une petite ville fortifiée. Maficum,
Mafacum, anciennement Dripolis.
MASEUBE, ou MASLOUBE. Petite" ville de France,
da)is l'Armagnac , au Comté d'Eftarac. Elle eft dans
le Comte de Loots , contrée de l'Evcché de Liège ,
MAS
871
fuiai^Meufc, à cmq lieues au delfous de Maftricht.
MASFA Nom d'une ville de l'Arabie Jleureufc. Mas-
{% lue r ^'l ^'"'-'P-^"^^- à^ l'-^n-cn , entre Maf
cat Se Malcalate. Maty
MASIERS, ou MAZIERES. Nom d'un lieu fitué dans
M ASLAC ou MATSLAC. f m. Plance dont les Turcs
principalement ceux qui habitent a Conftantinople '
le fervent comme de l'opium du Rangué ou de l'Allé-
ral , pour challer le chagrin , fe rendre plus gais Se
s exciter à la luxure Us s'en fervent aulli en plulic'urs
maladies. Voye^ Clulius , Lemeri , Se Pierre Petit
dans fon Traité de Népenthes. '
MASLE. Foye:^MAi.ï.
MASMODINE.f.f Nom d'une monnoie des Sarazins
d'Egypte.
MASMUD. /-^oye^ Ma sMODiNE.
MASMUNSTER ,ou MOÏSE VAUX , Nom d'un bourg
avec une Abbaye célèbre fondée par Mafon , Duc
d Allemagne. Mafonis Monaflenum.
MASNIE. f. f. Vieux mot. Maifon.
MASOLES. f. m. pi. Nom qu'on donne à une milice
de Croatie , qui eft obligée de fe tenir prête à marcher
en cas d'invafion de la part des Turcs. Au lieu de
folde , on afligne des morceaux de terre à ceux qui
fervent dans cette milice; mais leurs Officiers reçoi-
vent une paie. Encyc.
MASORE. Voye-^ Massore.
MASOVIE. Foyei Mazovie.
MASOX. Mifaula. Vallée du pays des Grifons : elle
donne le nom à la huitième Communauté de la ligne
Grife.
MASPHA. Ville de la Tribu de Juda , dans la Terre-
Sainte. Mafpha.
MASQUAPENNÉ. f f. Petite racine qui excède rare-
ment la grolfeur d'un doigt , & qui fe trouve dans la
Virginie. Elle eft rouge comme du fâng , & les habi-
tans s'en fervent à peindre leurs boucliers Se autres
ullenfilos.
^ MASQUE, f. m. Faux vifage de carton , de cire,
ou d'autre matière qu'on met fur fon viiàge pour fe
déguiler , ou pour n'être point connu. Larva. Pcr-
fona. On va en mafque pendant le Carnaval. Mafque
de Venife. Mafque hideux , grotefque.
^ Masque. Se dit aulli d'un faux vifage de velours
noir , que les Dames fe mettoient autrefois fur le
vifage pour fe garantir du hâle Se pour fe confcrver
le teint. Paropium , paropis. On dit que c'eft Pop-
gea , femme de Néron , qui inventa le mafque , pour
conferver la fraîcheur Se la délicatclfe de fon teint.
Brantôme dit que les femmes ne commencèrent à
çoïtei: Àct mafques , que vers la fin du XVP flècle.
Le noir du velours fait paroître davantage la blan-
cheur ck la gorge. On dit qu'une femme eft belle
fous le mafque , que le mafque lui fied bien. Mettre
un mafque. Oter fon mafque. Il y a des mafques fans
mentonnière.
§3" On appelke auflî mafque , tout ce qu'on met devant
les yeux pour fe cacher. Les Pénitens de Lyon &: d'A-
vignon fe cachent le vifage avec d£ grands voiles
blancs qui leur fervent de mafques.
IJCrOn donne le nom àz mafque non -feulement aux faux
vifages que l'on met pour fe déguifcr , mais aux per-
fonnes mêmes qui les portent. Perfonatus , larvatus.
Ainfi l'on dit une compagnie de mafques. Un beau
mafque. Faites entrer les mafques. Pendant le Car-
naval , on voit beaucoup de mafques. Mafca fe
trouve en ce fens dans les loix Lombardes , L. I,
tit. XI. §. p.
§Cr Le Peuple fe fert de ce mot pour reprocher à une
femme fa laideur ou fa vieilleffe, fur tout fa malice.
Alors il eft féminin. C'eft une mafque, une laide,
une vieille mafque.
Masque, en vieux François, fîgnifioit , Sorcière ; Se
vient de mafca , qui fîgnihe un faux vtfhge. Strix ,
faga.
Borel le dérive de talamafca , qui fignifie auflî maf-
que Se dégudfement j d'où vient qu'on appelle les
871
MAS
lettres en chiffre ^ lutem, talamafes, , comme qui di-
loit mafquees ; &c encore en quelques lieux , où l'on
-appelle talmache de bateau , la pointe où l'éperon
du bateau où l'on reprclente des mufles , ou des
tètes d'animaux qui font comme des mafques. Quel-
ques-uns dérivent ce mot de mafia-, qui ligmhe une
forcière ; d autces.' à rctïum maculis , fondés lur un
pallage de Pline.^
Masque , chez les Arquebufiers. C'eft: un des poin-
çons ou cifelets dont fe fervent , pour leurs cilelu-
res , les Arquebuhers , Armuriers , Eperonniers ,
Fourbilleurs , & autres lemblables Ouvriers cifeleurs.
fC? Ces cifelets ou poiiiçons, gravés en creux , re-
çréfenrent la tête que l'on veut graver. On donne
lur le poinçon un coup de marteau pour en imprimer
le relief fur le métal -, & quand le ma/que ell frappé ,
on le recherche , & on le répare avec d'autres
outils.
Masque j en termes d'Architetlure, fe dit de certaines
fculptures j qui reprélentent des formes de vilages
hideux , ou grotefques , ou de fatyres. Larva. On
s'en fert pour remplir Se orner quelques lieux vi-
cies , comme fiifes , panneaux de portes , clefs de
voûtes, & fur -tout dans les grottes. Il y a de ces
mafques qui repréfentent aulli des divinités , les
■fiifons , les élémens , les âges , &c.
§^ On appelle aulli ma/que , une forte de terre pré-
, parée ^ qu'on applique tur le vilage de quelqu'un ,
_ pour en prendre le moule , & pour le tirer au natu
rel. On a fait fon bufte fur le ma/que qu'on avoit tiré
f
■lur lui.
{K? -Fleur en masque. Flos perfonatus. On donne ce
nom en Botanique à des Heurs anomales ou irrégu-
lières qui rellèmblent à un mafque. Voyez au mot
Labiée , en quoi elles diftèrent des fleurs labiées.
Masque, fe dit Hgurément en chofes morales, pour figni-
lîer un déguifement , un voile dont on fe couvre , ou
faire paroïtre d'autres fentimens que ceux qu'on a. Vé-
lum j vclamcntum. Oter le mafque aux vices de Ion
temps. BoiL. La conftance des Philolophes dans les
infortunes , eft un mafque de fermeté qu'ils prennent
pour tromper les fpectateurs. M. Esp. La bienféance
eft le mafque de la vertu. Bell. On quitte le mafque
dès qu'on n'a plus de fpeétateurs dans le monde.
S. EvR. Je veux faire pofer le mafque à cet hypocrite.
Mol. Vous empruntez le malque de l'hypocrilîe.
G. G. Le mafque de k Religion eft le plus propre à
■tromper le peuple. S. Evr.
Sans cejfe on prend le mafque , & quittant la nature y
■On craint de fc montrer jous fa propre figure.
BolLEAU.
On dit , Lever le mafique ; pour dire , ne garder
aucune inclure , ne diflimuler plus , agir fans rete-
nue & lans honte. Cefut-là qu'il leva le mafique ,
& qu'il fe donna en proie à toutes fes pallions. Vaug.
On dit aulli , Etre toujours , ou aller toujours fous
le mafique , ou en mafque ; pour dire , fe déguif'er ,
cacher fes fentimens , en faire paroïtre d'autres que
ceux qu'on a. Cet homme eft toujours fous le mafi-
que , & n'a rien de naturel. Bell.
■0CF On dit d'un Aéleur dont la phyRonomie répond
aux rôles qu'il joue , qu'il a un bon mafique.
On dit proverbialement , Faire un mafque à quel-
qu'un -, pour dire lui jetter quelque chofe au nez qui
le barbouille , qui lui couvre le vifagc.
MASQUER, v. a. Mettre un mafique fur le vifage de
quelqu'un. Perfinam inducre , indere , ohducere. Il le
fiin mafquer. Voulez vous que je vous mafique''.
•fc? On dit dans un fens plus étendu , mafiquer quel-
qu'un , pour dire , lui mettre non feulement un maf-
que , mais encore des habits qui empêchent de le re-
connoître. Mafiquer quelqu'un en Scaramouche , en
Arlequin.
■iP^On le dit plus foiivcnt avec le Pronom perfonnel.
Se mafiquer pour aller au bal : fe mafiquer pour faire
un mauvais coup.-
•f3" Masquer , fe dit aufH abfolument & fans régime ,
MAS
pour lignifier aller en mafique ; alors il eft neutre.
Peu de gens mafqucnt aujourd'hui. Cette troupe de
jeunes gens a OTç/^i/e pendant tout le Carnaval. Vo-
tre Altelle aura pu favoir combien on a mafque
cet hiver. De Bussi Rab. écrivant à Mademoifelle
d'Orléans.
Masquer , fe dit aulli au figuré , pour dire , déguifer,
couvrir quelque choie de mauvais fous quelque ap-
parence fpécieufc. Tegere , obnubere. Ils mafqucnt
leur foiblelfe d'un faux zèle. Boil. Ce dévot ma/^ae
toutes fes méchancetés du prétexte de la vertu, du bien
pubhc , du falut du prochain. 11 y a des gens qui
/wa/i//^tf«f toute la nature. Pasc. C'eft à-dire , qui ne
s'expriment jamais naturellement , ik. qui fe fervent
de circonlocutions pour expliquer les chofes les plus
fimples. Quelque corruption qu'il y ait à la Cour ,
il y a toujours une certaine politelfe qui y mafque le
vice. La Che. L'homme ne fe montre jamais aux au-
tres que mafique. M. Esp.
Q^u'on ne me vante point ces biens imaginaires .
Qu'inventa notre orgueil pour mafquer nos mifiresù
D'H. ^
UCT On le dit de même avec le pronom perfonnel. Se
mafiquer d'une faulfe fageffe. Le vice fe mafique fou-
vent fous l'apparence de la vertu.
Masquer , couvrir , cacher une choie de manière qu'on
en ôte la vue. On dit qu'un b.ntiment , ou un mur
mafique une maifbn, quand il eft élevé vis à- vis , &
qu'il en cache la vue.
IjCFEn termes de jardinage, mafiquer un afped: défà-
gréable, une balle-cour, axvz montagne, c'eft planter
au devant un bois, ou de la charmille.
:|3° En termes de guerre , mafiquer une batterie , une
porte, un pont, &c , c'elt conftruire un ouvrage,
ou placer des troupes vis à-vis, afin d'empêcher les
ennemis de fortir , ou découvrir les manœuvres qu'on
veut faire. Claudere , occludere. Si j'avois différé à
fortir de mon camp , les ennemis m'auroient mafique j,
de manière qu'il auroit été impoftible d'en déboucher.
Merc. Juil. 1734-
Lorfqu'une armée eft en marche, pour qu'elle ne
foit pas inquiétée, on envoie des grenadiers fur les
avenues & aux portes des villes ennemies , auprès
defquelles elle pafte. Cela s'appelle mafiquer.
MASQUÉE, LE. part. Perfionatus , larvatus.
§3° Masqué, déguisé, travesti, fynonymes. Il
faut , pour être mafique, fe couvrir d'un faux vifige.
Pour être déguifié , il fufKt de changer fes parures or-
dinaires. Voye-[ Travesti. On fe mafique pour aller
au bal.
|3" On dit figurément qu'un homme eft toujours mafi-
que. Voyez plus haut être fous le mafque.
Masqué , en termes de Blafon , fe dit d'un lion qui a un
mafque. Larvatus.
MASSA Nom d'une petite ville du Siénois en Tofcane.
Mafia Veternenfis.
Massa di Carrera. Noin d'une petite ville de la
Tofcane. Maffia, Mafia carre riî.
Le Duché de Massa. Mafix Ducatus. Ce Duché,
qui renferme la Principauté de Carrera j eft la partie
orientale de la Lunégiane , en Tofcane.
Massa Oliveri. Nom d'un cap de la Sicile. Mafia.
Oliviera , anciennement , Plemmyrium Promonto-
rium. Il eft fur la côte orientale de la Vallée de Noto ,
un peu au midi de la ville de Siracufe.
Massa di Serrento. Nom d'une ville du Royaume de
Naplcs. Mafia Luhrenfis. Elle efldans la Principauté
citérieure, fur le cap de la Minerva, à une lieue de
Sorrento.
MASSACIUCCOLI. Nom d'un bourg de la Tofcane,
iitué fur le lac de Maffaciuccoli , dans la RépuWique
de Lucques , &c à trois lieues de la ville de ce nom.
Mafianicûlium.
MASSACRE, f. m. Tuerie cruelle que font des gens
qui ont avantage fur d'autres qui font fans défenfe.
Ccsdes ; interneciOyfiragcs. Dans les villes prifès d'af^
faut , on fait un gr.and mafiacre des habitans. Il fe fi:
un
MAS
un i^and maJJ'acrc de Hugucnocs à Paris à l.i S. B.ir '
thL-lemi. Herocte commanda le majfacre des Iimu-
cens.
On a dit dans la balle Latinité , ma\acnum , d'où
du Cange dérive ce mot.
Massacre , le dit aulli d une grande tuerie de bêtes.
BiLluaiuin jlrases ^ cœdcs. Nous allâmes a la challe
la Icmaine pallée, &: nous limes un un grand /«j//rf-
cre de langliers, de chevreuils, &c.
On dit hgurément en parlant de quelque chofe de
rare , de précieux , qui aura été gâté par niégarde , ou
autrement, c ell un maffacrc. On dit aullî d'un (3u
vrier qui travaille mal , qu'il eft un majjjcrc. Ne
vous krvez pas de cet homme la , c'ell un mulldcrc.
Ces deux taçons de parler font du llylc familier ,
même populaire.
Massacre, en termes de Vénerie , eft la tête du cerf ,
du daim, du chevreuil, léparéc du corps &: décharnée.
Saln. Cervïnum caput ahfc:jj'um. On dit , fonner le
malfacre, pour due, appeler au Ion du cor les 'Ve
ncurs Se les chiens pour taire la curée.
Massacre , le du aulli en termes de Blafon, d'une tête
de cerf coupée , qui ell lur l'écu garnie de Ion bois ,
ou ramure. Ohverjum cervl caput. Il le repréfente
ordinairement de hont ; mais il on le voit de profil ,
il faut exprimer Ion alliette en le blalonnant. On le
dit auiii d une tête de bœuf , ou d'un autre animal
décharnée.
IJCF MASSACRER, v. a. Tuer impitoyablement, af-
lommer cruellement des gens qui ne fe détendent
point. Macîare , trucidare. On ma(Jacra plus de qua-
' tre mille hommes dans cette nuit la. Il y eut bien des
Huguenots majjacrés à la Saint Barthelemi.
Massacrer j le dit aulli en parlant d une belogne mal-
faite , ou mal taillée. Turparn , decurpare. Ce Tail-
leur a tout majj'acrc mon habit , mon étofte.
U3"Massacrer des tableaux, des Ifatues, les gâter ,
les défigurer. Dans ces exemples du ftyle familier,
le mot majjacrer efl: pris au figuré.
MASSACRÉ, EE. part. pall. & adj. Trucidams. Gens
maJJ'acrés. Ouvrage majfacre. Tableaux majjacrés.
Parla main dz Cifar , mon père majjacré ;
Du trône où je le vois [aie le premier de;^ré.
Corn.
MASSACREUR, f. m. Qui fiit un mairacre. Macla-
tor, trucidator. On doit plutôt nommer les Alajfa-
creurs Ac gens, des Bourreaux, que des Gendarmes.
Les ProtertanSj dans leur Calendrier hillorique qui
eft à la tête de leurs Pleaumes &c Prières, eurent la
témérité de faire imprimer ces paroles : Le jo^ Mai
I SJ4 , mourut Charles le Ma[facreur , parlant de
Charles IX, à oaufe de la langlante journée de la
faint Barthelemi , arrivée fous Ion règne.
Massacreur de Gibier. On appelle ainli les Gentils-
hommes de campagne qui font de la chalFe leur prin-
cipale occupation. Ce mot n'efl: reçu dans aucune
acception.
Tous ces mots viennent de rAllemandycTijm , qui
fignifie efcrime. Les Anciens 3.^^e\o\cnzfcramafaxos,
une elpèce d'arme pefmte qui alfommoit, d'où efl:
venu aulli notre ejiramacon. Borel.
MASSADA. Nom d'une petite ville de la Judée pro-
pre. Majfada, Majada.
MASSAFRA. Mafafra , petite, mais forte ville d'Ita-
lie 5 au Royaume de Naplcs j dans la terre d'Otrante ,
avec un Evêché fuffragant de Tarente.
MASSAGÉTES. f. m. pi. Anciens peuples que les Hif-
toriens , fur tout les Grecs , ont placé diverfcment.
MASSAI. Mad-fciacum. Bourg de France , dans le
Berri , Diocèlc de Bourges , Elcétion d'Ilfoudun.
MASSALIENS. Nom d'anciens Seétaires qui ont été
ainil appelés d'un mot Hébreu , qui lignifie prière ,
parce qu'ils croyoient qu'il lalloit toujours être en
prière : Maffalianï. Les Grecs les nomment Euchi-
tes : (■jyjiu.i , qui fignifie la même choie en leur lan-
gue. S. Epiphane , hier. Ji'. diftingue deux fortes de
Majfaliens : favoir , les anciens &C les nouveaux. Les
Tome F,
MAS 873
premiers ne font, félon lui , ni Juifs, ni Chrétiens ,
m Samaritains-, ce font de purs Gentils j qui, rccon-
iioiilant pluiieurs dieux, n'adorent cependant aucun
d'eux; ils n'adjrent qu'un Icul dieu, qu ils appellent
le Tout Puilb.nt. Ces .inckwi Majfaliens , dit le mc-
nic S. Kpiphane , qui font fortis tics Gentils , ont fait
bitir en quelques lieux de Oiatoiies , ik en d'autres
endroits ces Oratoires font lemblables à nos Egliles,
Ils s'y alfemblcnt pour prier tk. pour chanter des
hymnes en l'honneur de Dieu, qui ont été compofécs
par des Ecrivains de leur Secte. Ces Eglifts font éclai-
rées de Hanibcaux & de lampes. Cette defcriptioii
que S. Epiphane a laite des anciens Majfaliens , ap-
proche li fort de la vie des Ellénicns, que Scaliger,
Elench. c. iS. a prétendu qu'on ne devoir point les
diftinguer des Eiléens ou Elîeniens, &c il en apporte
des preuves qui ont une grande vraiferablance; mais
le P. Pétau, dans l'es Notes fur S. Epiphane,, rejette,
après SerrariuSj ce Icntimenr, qui ne lui paroit pas
allez bien appuyé, pour l'oppoler au témoignage de
S. Epiphane, qui parle de choies dont il avoir été
témoin oculaire. Les Majjaliens ont été appelés En-
thoulialtes , Euchitcs, Saccophores j & quelques-
uns Martyriens. yoyci ces mots & S. Epiphane ,
Hsrcf. So.
A l'égard des autres Majfaliens , qui étoient Chré-
tiens de prol-elllon, cette Sedlc ne iailoit prcfque que
de naître au te.nps de S. Epiphane. Théodoret qui les
appelle Euchites , n'eft pas éloigné de ce lentiment,
parce qu'il marque leur naillance lous les Empereurs
Valeiitiniens & Valens. Ils étoient dans de très-gran-
des erreurs, parce qu'ils croyoient que la leule prière
lulHloit pour être lauvé. Pluiieurs Moines qui ai-
moient à vivre dans l'oiliveté, & qui ne vouloient
point travailler, fe jettèrent dans le parti des Majfa-
liens, Se ils le fondoient lur ce que J. C. avoir ré-
pondu à Marthe, lœur de Marie, qu'elle s'embarraf-
foit de trop déchoies, & que Marie avoir choill la
meilleure part, qui ne lui leroit point ôtée. ^q>ej
Euchites.
MASSANE. f. f Terme de Marine. Cordon de la pou-
pe qui leparc le corps de la Galère de l'aillade de la
poupe.
MASSAPÉE. f. f. Terme de Marine. Nom d'un inft:ru-
ment qui lert à mouvoir les cordages d'un bâtiment
de mer.
MASSARI. f. m. Nom d'un mois des Coptes. C'eft le
même que le MESORl des anciens Egyptiens, f^. ce
mot.
MASSAT. Petite ville de France en Gafcogne, dans le
Comingeois.
MASSE. I. f. Amas de plufieurs chofes de même on
différente nature, qui compolent un tout, qui font
corps enicmble. Majfa, moles. La majje du monde
eft compolée de tous les Etres corporels. Archimède
le vantoit que li on lui donnoit u.i point fixe en l'air,
il enleveroit toute la majje de la terre. La mer &: la
terre ne font qu'une feule majjè. Le Cahos des Poi/tes
n'ctoit qu'une majje iniorme Se conlufe de matière.
Comment concevoir que la terre , cette malle morte
8c infenhble, loit Lins principe? Nie. Comment la
maffe pelante &^rollière de la terre peut-elle flotter
au milieu de l'elpace fluide où elle nage? S. EvR.
Ce mot vient du Larin majja.
§3" Masse, en termes de Phyllque, Poids &c quantité
de matière , font termes fynonymes. Moles. On juge
de la OT.7//e des corps par leurs poids, ou ce qui re-
vient au même; le poids des corps eft proportionnel
à la quantité de matière qu'ils contiennent. Deux
corps également pelans, ont des maffes égales. Il ne
faut pas confondre majfe Se volume. Un corps peuc
avoir beaucoup de maffe , S: peu de volume , & vice
versa. La maffe , ou la matière propre , n'occupe pas
tout le volume des corps. L'or , qui eft le plus pelant
de tous les corps, réduit en feuilles minces, donne
pallàge à la lumière ; ce qui prouve qu'il y a beau-
coup de pores entre les parties.
?Cr Le terme de maffe s'applique quelquefois à un
corps informe. Cette malfe de chair dure Se infor-
^ S ff ff
874 MAS
me , qui s'engendre dans la matrice des femmes en
1,1 place du tjstus , s'appelle mole. Voyez ce mot.
C'ell une vieille erreur populaire , de croire que
l'ourle ne produife qu'une maj^c de chair iniorme,
qu'elle pertedtionne en la léchant.
^fT On dit en ce fens , d'un homme qui a le corps & l'ef-
prir grolîîcrs, ou fculemenc le corps gros & pelant,
que ce n'ell; qu'une maffe de chair.
Masse , en Architecture , Tignihc l'enfemble des par-
ties principales _, aulli-bien que la grandeur des cdi-
fi;cs. Les pyramides d'Egypte, font degrolles majj'es
de pierre. Les édifices fans ornemens, ne (ont conlî-
dcrables que par leur maffe. La façade du château
de Verfrilles , du côté du Jardin j fait une belle
mqfe.
Masse , fe prend auiîipour ce qui eftgros , maflif-, &
qui occupe beaucoup de place ; pour Monceau , amas
de plulieurs chofes conlîdérées feulement par leur
grolfeur & leurquinzité. Moles jcongeries. Où trou-
ver d'alfez grolfes /TzaZ/èj de pierres pour remplir ces
abyfmes ? Vaug.
|t3" Ce terme eft fouvcnt employé pour défigner la to-
talité d'une chofe. C'efl: ainli qu'on dit la maJJ'e de
l'air : pour dire la totalité de l'air qui pèle lur la
terre.
Masse j en Médecine , fe dit de tout le langdu corps
confidéré & pris enfemble. Mafja. On ne peut guérir
les maladies , quand toute la maffc du (ang ell corrom
pue. Décharger la majjc du fang. Dec. Rafraîchir la
maffe du lang. La Cham.
iPt Masse, dans le Commerce , fe dit d'une quantité
de marchandik's lemblables , que l'ulage a fixé à un
certain poids ou à un certain nombre , pour en faci
liter le débit.
|J3" On appelle foie en majfe , de la foie grège &
non ouvrée , telle qu'elle vient de delTus les cocons.
IJCF Plumes en majfe. Ce lont des paquets de plumes
d'Au;ruche, compofcs d'un demi cent de plumes.
tJlT Pelleteries en mafj'e _, fe dit particulièrement des
Ivlartres, Zibelines & des Hermines, dont on fiit
des paquets en les attachant deux à deux par la tête.
Masse , fe dit aulli de certaines murailles faites pour
fervir de léparation , de cloifonnage , & pour en
appuyer une autre. Moles , anterïs , erïfma , pulvi-
nus. On le dit , lur -tout à la campagne, des murailles
de bauge.
Cela vient du Latin OT(î(:er/(r.s , qui lignifie la même
choie.
Masse j en Jurilprudence , fe dit d'un amas de plu
fieurs fommes , de plufieurseftetsallemblés , qui iont
un tout. Cumulus , acervus , fumma. Il faut allcm-
bler toutes ces lommes particulières , tous ces arré-
rages , & en faire une ma{fe , un capital , pour en
faire payer les intérêts au profit d'un mineur. En
matière de contribution , on fait une maffe de tous
les effets mobiliaires d'un Marchand j d'une fociété ,
qu'on partage entre les créanciers au fou la livre. Les
enfans qui viennent en partage à la fucccllîon de
leur père , doivent rapporter .à la tnaffe , c ' qu'ils ont
reçu en dot , en avancement d'hoirie. La ma£e des
biens. Pat.
Masses , en peinture , fe dit de plufieurs parties con-
iîdérées comme ne faifant qu'un tout. On dit que
les lumières d'un tableau lont difpofées par grandes
majfes. Les figures bien groupées forment des /7;<7//èj
agréables. Une belle diftribution des majjes de lu-
mière , & des maffes d'ombre , fait un grand eftct
dans un tableau. On entend par-là la réunion de plu
fieurs lumières particulières qui n'en font qu'une ,
& la réunion de plulieurs petites ombres.
Masse , en termes d'Ordonnance pour la guerre , fignifie
une fomme qu'on retient fur chaque Soldat , (Se fur
chaque Ofiicier , &■ aulîî dans les Maréchauifées fur
chaque Cavalier , Brigadier , c'^-c. pour l'habillement
& autres fou'nitures conimunes.
Masse , s'eiT: dit autrefois pour Manfe , c'ell-à dire , por-
tion de fondî avec un dDmicile convenable, l^oye:^
Hidr Val. A^of. Gali. a.u moi Man/am : & Spelman ,
Clojf. Anheol.
MAS
Masse , fignifie encore un fort gros marteau qui fert aux
Sculpteurs à dégrollir la bclogne ; aux Carriers à fen-
dre les roches i aux Tailleurs de pierre &: à ceux qui
démolillent les vieux batimens iolides , laquelle par
fr pelanteur furmonte leur dureté. Malleus j tuia
majoris modï.
iNicot dérive ce mot du Grec i ala , en changeant
Masse , eft aulll un terme de Balancier. C'eft le contre-
poids de métal qui eft attaché à un anneau , Se qui (erc
à iaire voir la pelanteur des choies que l'on pèie avec
le pelon. Sacoma.
Masse ; en termes de Blafon , fe dit des bâtons à tête ,
garnis d'argent , qu'on porte par honneur devant le
Roi en quelques cérémonies , Se devant M. le Chan-
celier , qui les met en lautoir derrière 1 écu de fes ar-
mes pour marquer fa dignité. Clava , clavula , ca-
pitaca virga. Les Bedeaux de l'Univerlite de Paris en
portent aulli devant le Reclcur &: les quatre Falcult.s ,
quand ils vont aux Procelîions. On en porte aulli
devant quelques Chapitres , Se devant les Cardinaux ,
quand ils ofiicient dans le lieu où ils ont Jurildic-
tion.
Masse , eft aullî une arme d'haft j qui a une grolfe tête
de fer , dont on le lervoit autrefois à la guerre , qui eft
maintenant hors d'uia-,e. Alditaris clcva. On l'appc-
loit ma(fe d'armes ; & c'eft de celle là dont plulieurs
écus font chargés , comme ceux de la Mailon de Rets,
qui font pallés en fautoir. On peut le lérvir de ce
terme dans la delcription de certains fruits , qui par
leur figure approchent de celle dune majfe d'armes.
Dici. de James.
Masse , en termesde Charpentcrie,eft une longue pièce
de bois de quarante deux pie'ds de longj y compris la
calle , qui fert à tourner le gouvernail d'un bateau
foncet. Gubernaculi cemo.
En termes de Gabelles , on appelle maffe , un
amas, une quantité de fel de certaine elpèce, deftinc
à certain ulhge. L'Ordonnance porte qu'il fera fair
une majfc particulière du Ici gris de Bretagne qu'on
aura faili.
Masse , ou Chaife , ou Royal dur. Nom d'une ancien-
ne monnoie d'or en France. Clava , Cathedra. Phi-
lippe le Bel fit frire des Chaifes , ou Cadières, comme
on parloir alors , qu'on appelle Royaux durs. Regales
dun. Cette monnoie n'étoit qu'à 22 carats^ Se pefoic
j deniers i 2 grains rrébuchans.
IJC? On la nommoit Ma£e , parce que le Roi y tenoit
une maffe de la main droite , Se Cadière , parce que
le Roi y étoit allis dans une chaife.
En termes de jeu de Billard , on appelle maffe le
gros bout du billard.
Masse f f. En terme de jeu de Triéfrac. On donne le
nom de maffe à 1 amas des dames qu'on place dans
un des coins du tridtrac au commencement du jeu
d'où on les tire les unes après les autres iuivant les'oc-
currences. La mafje fe nomme autrement la pile ou le
tas. Lorfqu'on a joué les dez & qu'on touche à fa
maffe fans dire j'adoube, on eft obli-,é de jouer tout
au moins une des dames de cette majfe , fuivant la
règle: dame touchée, dame jouée.
|p° Masse, f. f. (\'A eft long j c'eft la fomme d'ar-
gent qu'on met au jeu ,^en jouant aux dés, ou à
d'autres jeux de halard. La première maffe étoit de
tant. La féconde maffe eft plus conlidérable. Summa,
maffa. Maffe en avant. Maj[fe dix piftoles, pour dire,
je veux jouer dix piftoles: celui qui veut tenir, ré-
pond j tope.
(K? Ce mot en ce fens vient de l'Elpagnol mas , qui
a été fait du Latin magis , &: fignifie davantage. Mén.
MassEj en termes de Botanique, fe dit d'une plante
dont il y a deux efpèces , une grande Se une petite.
La première croît à la hauteur d'un homme, ou
^ davantage, pouffant une feule tige , & quelquefois
plufieurs , droites J rondes , lilles, termes. Ses feuilles
font fort longues , larges d'un pouce , triangulaires ,
épailTes, de fubftance fpongieule. Ses fleurs font des
étamines rougeâtres , qui nailfent en épi au fommec
de litige: elles fe dilÉpent, (Se s'envolent en l'air en
MAS
papillotrcs. Sa racine cft lampaine , louge.'itre en. de-
hors , très-blanclic en dedans, d'un goût fade. En La-
tin Typhd yalujhis major. On prétend que c'ell de ce
rofeau qu'on mita la main de Notre Seigneur. Les
pauvres gens ielervcnt en quelques endroits des Heurs
de la mj[]c comme d'une elpece de bourre pour garnir
leur matelas : on en emploie les feuilles pour cou-
vrir les bouteilles, &: pour faire de petites chaiFcs,
oii tabourets. Se même des couvertures tiflues en for-
me de n.-lttes. La leconde efpcce de maffc , qu'on ap-
pelle Typlia palufiris rhirior , poulie des feuilles com-
iilc celles du gramcn, longues, cannelées, étroites,
pointues, roides. Il fort d entre ces feuilles une tige
haute de deux ou de trois pieds, lillc , roide , fem-
blableà celle du jonc, fans nœuds, foutcnant en fou
fommcc un épi , ou uiie malfc , petite , étroite, fou-
vent double, dont l'inférieure eft plus petite Se plus
ronde. La fupérieure , qui eil diftante de la précédente
d'environ deux pouces, eft plus groife ék; plus longue
pour l'ordinaire. Ses fleurs (oiit des étamines brtnies ,
qui s'envolent aulîi en papillottes. Ces deux plantes
Croillent dans les marais et dans les étangs : elles font
dérerfivcs &' aftringéntes.
MASSE, ou MOSSE. f. m. Nom d'homme. Maximus.
Ce nom s'cft formé du Latin, Maximus , Maxime ,
Maxmc y Mafmc, Màjjc , Mojfe.
Masse Blanche. Majfe blanche d'Utique. Majfa candi-
da Utlcenfis. Il y eut l'an 158, fous l'Empire de Va-
lérien , un grand nombre de Chrétiens martyrifés , que
l'on appela Se qu'oii appelle encore , la Majj'e blanche,
en Latin Maffa candida. Le Diacre Ponce décrit leur
martyre dans les Ades de S. Cyprien, & Prudence
dans fon Periftephanon , Hymne iji
MASSELOTTE. f. f. Terme de Fondeur. C'eft la fu-
perfluiré du -métal , qui fe trouve au moule des
pièces de canon & des mortiers , après qu'ils ont
été coulés. Metalli reliquia. On fcie cet excédent
de métal j quand on répare la pièce, ou le mor-
tier.
MASSE-MORE. f. f. Terme de marine. On appelle
ainfi du bilcuit pilé, dent on nourrit les beftiaux
lur les vaiireaux , quand ofi n'a rien autre chofe à
leur donner.
MASSEMUT. /^'bjfif Masmodine.
MASSEPAIN, f. m. Pâtifferic , ou confiture faite d'a-
mandes pilées avec du lucre. Majfa panis amygda-
linat Une tarte de majjepain glacé , tortillé.
Ce mot vient de l'Italien marçapane j c'eft-à-dire ,
Pandel Seigneur Marco, qm en fut l'inventeur. Quel-
ques-uns l'appellent marfus panis. Se d'autres marjius
panis. MÉn.
MASSER, v. a. \Ja eft long. Marquer ce qu'on vent
jouer en un coup de dez. Indicare , Jîgnifîcare ,
jiotare. Il lui a majje' une Ci grofte fomme, qu'il lui
a fait quitter le dé. On dit, Majfe tant , majje à qui
dit , majfe la pofte -, pour dire , je maffe tant , je maffe à
qui répondra, je maJfe autant qu'il y a déjà au jeu.
ÂcAD. Fr,
MASSERAN. Nom d'une petite ville d'Italie enclavée
dans le Piémont. Majferanum,
MASSETER. f. m. Terme d'Anatomie. C'eft le nom
d'un des mufcles de la mâchoire. MajJ'eter ,Menfo-
rius. ^fT II fert à tirer la mâchoire inférieure en en
haut lorfqu'on mange.
MASSIAC. Ville de France dans l'Auvergne, Éleftlon
de Brioude.
MASSICAULT. f. m. Droit qui fe perçoit à Rouen fur
la vente des vins. Ce droit eft très-ancien & doma-
nial, il fe prend fur les vins qui viennent de l'étran-
■ ger, ou des Provinces réputées étrangères, deftinés
pour la provifion , ou le commerce des Bourgeois &
Marchands de la ville de Rouen.
MASSICO. Monte Majfico^ Voyez Falérne.
Massicot. C m. Terme de Chimie Se de Peinture.
C'eft de la ccrufe qu'on a calcinée par un feu mo-
déré. Color luteus. Il y en a de trojs fortes, du blanc,
du jaune, & du doré. Leur diftérence ne provient
que des divers degrés du feu qui leur ont donné des
couleurs différentes. Le majjicot blanc eft d'mi blanc
MAS 87T
j.um'itre; c'eft celui qui a re^.u le moins de chaleur.
Le majpcoc jaune en a reçu davantage, & le majpcot
doré encore plus. Les uns Se les autres doivent être
en poudre impal|)able , pcfiins , hauts en couleurj
ils fervent pour l.i Peinture. Si on poulT'e la calci-
nation de la cérule, elle devient rouge, & fait le
miniimi.
§3' On donne aulfi quelquefois le ijom de Majjicot,
de Maftichotà une compofition dont on fe fert pour
vernilîér la fayance. C'eft une efpêcc de verre fait
•avec du fable fin , Se de l.i fonde, ou de la puralfc.
On y mêle enluitc, fuit de la chaux d'étain , foit de
■ la lithargc, foit du plomb, fuivant différentes pro-
portioiis.
Ci-3 MASSICOULIS. Voyei MAchrcouLis.
MASSIER. f. m. Celui qui porte une malle. Claviger^,
clavator y Se dans la balFe Latinité Macerius. Quand
le Kecteur marche, il eft précédé de fcs Bedeaux, ou
Ma£ters. Il y a aulîi deux Gardes, ou Alajficrs qui
accompagnent M. le Chancelier, ou le fccau du Roi.
Quelques Auteurs l'ont appelé en Latin Ma^erius^,
Les Cardinaux ont leurs M.-JJicrs. Quand le Roi mar-
che en cérémonie , principalement auxprocefllons de
l'Ordre, il eft précédé de AlaJfJers. Les Cardinaux Lé-
gats en leurs entrées, ont leurs MaJJicrs à cheval de-
vant eux. Oii troiivc dans la baiTe Latinité Majjerius
pour un Officier du Pape, apparemment un M aj/ier.
Deux de ces Ofticiers tiennent la bride de fon cheval.
Se le conduifent lorlqu'il fort en cérémonie. Ce'rém.
M/, de Déventer.
MASTEU. f. m. yoye:( Matthieu. C'eft la même
choie. C'eft àinfi qu'en Grec na fe change fouvent
en 7-1.
MASSIF , IVE. adj. Qui eft gros Se folide. Il eft oppofé
à menu Se délicat. Solidus. Cet homme eft fort majfif
Se trop gros. Avouez que le bel efprit ne s'accom-
mode point avec les tempéramens grofhers, & les
corps majfijs des peuples du Nord. Bouh. La lune
eft un corps opaque & majp.f. Font. Cette miiraille,
ce bâtiment font trop maJfijs , font trop épais; c'eft-
à-dire, que les mUrs en foiit trop épais. Se les jours
trop petits à proportion des trumeaux. On eftime les
tours de l'Eglile de Reims, parcequ'elles (ont plus
délicates , & ne font pas fi majfives que celles de
P^ris. Les montres d'Allemagne font plus grollîères ,•
plus majjlves qiie celles de France. IjCT On appelle
colonne majjïve , celle qui eft trop courte Se qui a
moins de hauteiir que l'ordre dont elle porte le cha-
piteau. ,
Massif, fe dit auffi ^fT de certains ouvrages d'orfè-
vrerie, qui font de relief, Se qui ne font ni creux en
dedans, ni fourrés d'aucune autre matière. Une croix
d'oi , d'argent OTiî//?/". Cette vallFelle , cette figure eft '
d'or majjlj.
IJCr Massif. Eft quelquefois fubftantif , &fe dit détour
ouvrage de maçonnerie, fondé en terre, pour porter
un piédeftal, un pilier, un perron, un mur, ou autre
chofe fèmblable.
On appelle majjlf de pierre, celui qui n'a ni
moellon, ni blocage. Se qui eft tout de quartiers
de pierre. Majfif de moellon, celui qui eft fait d'uii
corps de maçonnerie de brique, à bain de moitier,
pour être enfuite incrufté par-dedans, ou par-dehors
de pierre de taille ou de marbre.
Massif de Gazon, eft dans un parterre à l'Angloife
une plare bande de gazon en enroulement, laquelle
fe mêle a la broderie'. Pulvinus cefpititius.
tfT On le dit encore de l'Archiredïure dès jardins,-
pour fignifier un plein bois qui ne luilîe point de
jour , de paftage à la vue. Cette allée cft terminée
par un majjif.
^fj" Il fe prend qùelqiiefois au figuré, comme fynony-
me de péfant. Se ne fe dit qu'en mauvaife part pour
défigncr une qualité oppofée à celle qui provient de
la pénétration & de ta vivacité de l'efprit. Dans ce
fens il fè dit même de Felprit. Cet homme a l'efpric
bien maJJif. Hebes, ohtufus.
M'ASSILIARGUES. Nom d'un bon bourg du bas Lan-
guedoc. MaJfiUargA. Il cft fur la Vidourle , à quatre
Sf fff j; *
87^
MAS
MAS
lieues de Montpellier, vers le levant. M aty.
|tCr MASSIN. On donne ce nom dans l'île de Mada-
gafcar aux loix auxquelles tout le monde eft obligé
de (e conformer. Elles ne font point écrites, parce-
qu'elles (ont fondées fur la loi naturelle.
tfT MASSINGO. f. m. Efpéce de grain,' allez fembla-
ble à notre millet, qui fert de nourriture aux habi-
tans du Royaume de Congo. Ency.
MASSIVEMENT, adv. D'une manière maflfîve. Solide.
Les Goths bâtifloient leurs édifices fort mûjftvement.
Ce terme n'efl: pas reçu.
MASSIVETÉ. f. f. Ce mot ne fe trouve que dans Po-
mcy , pour lignifier la qualité de ce qui ell maffif ,
ou ce qui rend les choies maffives. SoUd'uas , craf-
Jltudo.
MASSON, MASSONNER, MASSONNERIE. Voye^,
MAÇON, .Sjc.
MASSON. f. m. Terme dont on fe fert à Smyme dans
le commerce des foies. Il fignifie la même chofe que
maffe, c. à d. un paquet de loie.
MASSORE. f. f. ou MASSORAH. Terme de Théolo-
gie Judaïque. C'eft un travail fait fur la Bible par
quelques favans Rabbins pour en empêcher l'alté-
ration , & pour fervir de haïe, à la Loi, comme ils
parlent, pour la défendre de tous les changemens
qui pourroient y arriver. Maffora ,traduio. Buxtorf
l'a définie , une Critique du Texte Hébreu que les
anciens Docteurs Juifs ont inventée, par le moyen
de laquelle on a compté les verlcts , les mots oc
les lettres du Texte, &: l'on en a marqué toutes les
diverlités. Car le Texte des Livres (acres étoit autre-
fois écrit tout d'une fuite, fans aucune diftinélion
de chapitres, ni de verfets , ni même de motsi de
forte que tout un livre n'étoit qu'un mot continu,
à la manière des Anciens, dont on voit encoie plu-
fieurs manufcrits Grecs & Latins, qui (ont écrits de
cette forte. Comme les Juifs appréhendoient qu'il
n'arrivât des changemens aux Livres iacrés , que
l'on n'en altérât le Texte , & qu'il ne s'en formât
des leçons différentes, ils imaginèrent ce moyen,
qu'ils regardèrent comme infaillible, &c propre à ga-
rantir de toute altération. Ainlî ce mot, Majjore , ne
fignifie proprement que tradition ,cou\va& li cette cri-
tique n'étoit autre choie qu'une tradition que les Juifs
avoient reçue de leurs Pères. On tient que ce lont les
Juifis d'une Ecole fameule qu'ils avoient à Tibériade,
qui ont fait, ou du moins commencé cette Ma£orc ,
comme dit Elias Lévita. Aben Efra les fait Auteurs
des points &c des accens qui lont dans le Texte Hé-
breu qu'on a aujourd'hui , qui lervent de voyelles.
Les Arabes ont fait la même choie fur leur Alcoran,
que les MalTorètes fur la Bible. Les Juifs demeurent
d'accord qu'ils ont emprunté cette invention des Ara-
bes , qu'on tient être du VIF lîècle. Il y a une grande
& une petite Majore, imprimées à Venile Se à Bâle
avec le Texte Hcbreu, en différent caractère, foyer;
là-deffus le P. Morin , &: Richard Simon, Buxtorf
dans le Commentaire Malforétique, qu'il a intitulé,
Tiherias.
MASSORÈTE. f. m. Doéfeur Juif qui a travaillé à la
Malfore. MaJJoretha. La Malfore n'ell point d'un
icul Auteur , c'cll l'ouvrage de plufieurs Doéleurs
Juifs , qu'on nomme Majjorètes , du nom de cet
ouvrage.
MASSORÉTIQUE. adj. m. Se f. Qui appartient à la
Malfore. Maffbrethicus , a. L'exemplaire Majjoréti-
que , eft le Texte Hébreu, dont on le iert aujour-
d'hui.
MASSOY. f. m. Efpèce d'écorce dont Ray fait men-
tion dans fou Hiftoire des Plantes , d'après les Ephé-
mérides Germaniques, an. ii. Elle vient de la Gui-
née , où on la met en pulpe avec de l'eau , & où
l'on s'en frotte le corps dans les temps froids & plu-
vieux. Son odeur eft agréable; elle échaufte, Se cal-
me les tranchées &: les maux de ventre.
MASSIiE. f. f. Sorte de bâton qui a le bout d'en haut
fort gros &: fort pcfant, & qui eft propre à alfom-
mer; arme laite d'une grolle pièce de bois, lourde
& grolTe par un bout, & armée de pluikurs pointes.
Clava. Hercule écoit armé de fa majfue. On aflo.mme
les bœufs avec des majjues. Dans la balle Latitiité
on l'a appellée maxuca &c ma^uca.
Massue. Arme oifcnlive dont on fe fervoit autrefois:
il en eft fait mention dans tous nos Hiftoriens. C'é-
toit un bâton gros comme le bras d'un homme or-
dinaire , long de deux pieds Se demi. Il y avoir des
majjues armées diftéremment; mais celles qu'on voir
dans quelques endroits, comme au cabinet d'aimes
de Chantilly , à l'Abbaye de Ronccvaux , ces majjues
pour la plupart, avoient un gros anneau à un bouc
pour y attacher un chaînon, ou un cordon fort, afin
que cette arme n'échappât pas de la main. A l'autre
bout du bâton étoient trois chaînons, auxquels étoit
attachée une boule. La boule étoit de fer Se ronde , ou
d'un autre métal. Elle pouvoir être du poids de huit
livres, avec quoi il étoit facile d'alfommer un homme
armé, quelque bonnes que fulfent fes armes, quand
le bras qui portoit le coup étoit vigoureux. Alors on
cxerçoit dès la plus tendre jeunelfe les enfans à porter
à la main des poids fort pefans, ce qui Icut forti-
fioit les bras; Se par habitude, ils y acquéroient une
force extraordinaire ; ce qu'on ne fait plus depuis
plufieurs ficelés.
§Cr En parlant d'un accident fâcheux Se imprévu qui
accable l'âme , on dit que c'eft un coup de majfue;
que celui à qui il eft arrivé , a reçu un coup de majjue
fur la tête. Cette exprelllon figurée n'cft que du ftyle
familier. La nouvelle de la mort de fon pète a été
un coup de majjue pour lui.
On dit proverbialement , faire de fa tête majfue;
pour dire s'expoler à quelque péril, à quelque peine,
pour faire réuilir une affaire.
MAST. Foyei Mât.
MASTER. Foye:; Mater.
MASTEREAU. Foye^ Màtereaxj.
MASTEUR. Foyeji Mâteur.
MASTIC, f. m, Efpèce de gomme , ou larme qui fort
du lentifque ^3" des îles de l'Atchipel, par incifion.
Se Bellon même alfure que cette gomme réfincufe
ne découle que des lentilques qui croillent dans
l'île de Scio. Majlix , Majliche , rejlna lentifcana.
On en cultive les arbres aullî foigneufement que les
vignes. Il donne bien au Grand Seigneur 80000 ducats
de revenu. Du Loir, p. 20.
IJCF Les orfèvres mêlent du majîic avec de la térében-
thine Se du noir d'ivoire , qu'ils mettent fous les
diamans , pour leur donner de l'éclat. On s'en ferc
aullî dans la compofition des vernis qubn emploie
pour luftier , colorer, conferver les tableaux. Se dif-
férens ouvrages de fculpture Se de menuiierie.
^3" Le maJlic a aullî quelques propriétés médicinales.
Il eft propre pour fortifier le cerveau.
Il y a aullî un maflic noir qu'on apporte d'Egypte,
qui Iert à lophiftiquer le camphre.
Mastic, eft aullî une efpèce de ciment, ou de com-
pofition dont on fe Iert pour joindre, enduire Rat-
tacher des pierres, du bois. Sec. Il eft fait de poudre
de brique , de cire Se de réfine. Les Lapidaires s'en
fervent pour tenir les pierres quand ils les taillent;
les Sculpteurs pour rejoindre les pièces d'une ftatue.
En Grec on l'appelle Ai3«xi'AAM.
MASTICATION, f. f. Terme de Médecine. Agitation
des alimens folides plus ou moins durs entre les dents,
par le moyen du mouvement de la mâchoire infé-
rieure , de la langue Se des lèvres , pour les brifer, les
imbiber de falive. Se les préparer à recevoir plus fa-
cilement la digeftion de l'eftomac , à quoi ils font
difpofés par leur brifement, & par l'imprelîîon de
la falive. Majlicatio. Le mélange des alimens Se As
la falive eft nécelfaire, à caule que la falive, en les
pénétrant, dilfout les fels qui font cachés dans les
alimens , & en les fondant , elle les prépare à la
fermentation à venir , en donnant entrée dans les
alimens au ferment de l'eftomac , qui eft à peu près
de la même nature, en forte qu'ils reçoivent de la
falive un commencement de digeftion , Se la pcr-
fedion du levain du ventricule. Foye:; Chue Se
Sang.
M A
T
t
MASTICATOIRE, f. m. Terme de Médecine, qui Te
dit des remèdes qu'on prend par la bouclie , de qu'on
mâclic pour faire força l'humeur (aiivairej comme
la nicotiane, ou tabac, l'iris , le pyrètrCj le gingem-
bre , le poivre , la moutarde j la (auge j le romarin ,
le maftic , le thym , la farrietc , ikc. Majlicatona.
En langage commun on dit mûchkacoire.
MASTICO. Nom d'un cap de la côte méridionale de
Scio, une des îles de l'Archipel. Pliant, Phana
excrema. Capo Mnjlico , Panajc. Maty.
MASTIGADOUR. f m. Terme de Manège. C'eft une
efpèce de mors uni , garni de patenôtres & d'an-
neaux , qui ferc à rafraîchir la bouche du cheval
qui le mâche. Frxnum àef£umatonum. On dit auliî ,
qu'un cheval ell Mxmaft'igadour , quand on lui mec
la tête entre les deux piliers , &. la croupe tournée
vers la mangeoire.
|p° MASTIGOPHORE. f. m. On punilfoit févèrement
ceux qui contrevenoicnt aux loix Alhlétiques. C'éroit
l'office des Maftigophores , qui par ordre des Ago-
nothètcs , frappoient de verges les contrevenants. Ce
mot lignifie porte-verge.
MASTILLY. (. m. Mefure dont on fc fert à Ferrare j
ville d'Italie j pour les liquides. Le mafiïlly contient
huit lechys.
MASTIN. Voyei Matin.
MASTINER. Voyei MÀtiner.
MASTIQUER, v. a. (\Js fe prononce. ) Attacher avec
du maltic , coller avec du maftic. Lcnûfd lachrymâ,
vel inhocôlll gludnare. Majlicj^uer des morceaux de
marbre.
MASTIQUÉ , ÉE. part. &c adj.
MASTOIDE. adj. Terme d'Anatomie. C'efb l'épithète
qu'on donne au mulcle qui fert à bailFer la tète. Maf-
toideus , mammdlans. On l'appelle autrement ma-
millaire. On le dit aulîi d'une apopjiylc ou produdtion
de l'os qui eft au crâne de derrière , &c au-dellous
de l'oreille.
Ce mot efl: Grec , & fignifie qui a la forme d'une
mamelle, f^^n^ , mamelle , & n'^-s , figure.
MASTRICHT. Nom d'une ville des Pays-Bas , fîtuée
dans le Limbourg Hollandois fur la Meufe , à qua-
tre lieues au-delfous de Liège. Trajeclum Tungro-
rum. Trajeclum Superius. Trajeclum ad Mofam ,
Trijeclum, Trieclum. Obtrkum. Long. 23. deg. zo'.
lat. jo. deg. $0.
MASTURE. Foyei Mâture.
MASULEPATAN , MUSILIPATAN. Nom d'une ville
de la prefqu'île de l'Inde deçà le Gange. Mafelepa-
tamum , Mafuleporcus.
MASULIPATAN. f. m. On nomme ainfi les toiles
des Indes à l'aunage. Ce font les mieux peintes &c
les plus fines qui s'y falfent.
Masuhpatan. On donne aulîi ce nom à des mou-
choirs qui viennent des Indes.
MASULIT. f. m. Foye^ Masculit.
MASUMATIN. Foye-{ Masmodine.
ICT MASURE, f. f. C'ell ainli qu'on appelle ce qui
refte d'un bâtiment tombé en ruine. Pariednœ.
Les oifeaux de nuit fe retirent j font leurs nids
dans les vieilles mafures. C'étoit autrefois une fort
belle maifon , ce n'ed plus qu'une mafure.
Ce mot vient de manfura , formé de manfus. On
dit encore mas en plufieurs endroits, pour lignifier
maifon. D'autres le dérivent de niacerïa.
Le fieur Claude le Laboureur a écrit l'Hiftoire de
l'ancien Monaftère de l'île Barbe , près Lyon , fous
le titre de Mafures de l'île Barbe.
^fT Ce mot eft quelquefois employé au figuré pour
' défigner une mauvailc habitation qui menace ruine.
Ce pauvre Auteur eft logé , s'eft retiré dans une
mafure , habite une méchante mafure.
MAT.
§3" MAT , M ATTE. adj. ( on prononce le t. ) Qui n'a
point d'éclat. On le dit particulièrement des mé-
taux mis en œuvre , Hc qui n'ont pas reçu le poli.
Rudïs , impoluus. L'or mat cft celui qui n'cft pas
MAT 877
bruni. L'argent mac efl celui qui cft blanchi , mais
qui n'cft ni bruni , ni poli. On fait l'argent maC
avec la pierre ponce, le grès & le blanchiment au
feu. On fe fert en beaucoup d'endroits de vaillèlic
maae en peinture , On appelle au(ii des couleurs
mattes , des couleurs fombres , des couleurs ter-
mes, & qui ont perdu leur éclat. On le dit encore
de certaines couleurs épaillcs, & dillicilcs a manier.
La terre d'ombre tk le mallicot , font des cou-
leurs macccs , n'ont aucun luifant.
On appelle , Broderie matce , de la broderie d'or
ou d'argent , qui cft trop chargée , ik qui n'eft pas
allez ilégagée. Acad. Fr. Cette broderie eft riche,
mais elle cft rtop mane.
Il vient d'un vieux mot François qui fignifioit
tnjle , confondu Se froid , dont s'eft fcrvi Villon ,
ik autres Poètes anciens.
Mat , adj. ik C Eft aulli le dernier coup qui fait ga-
gner la partie au jeu des Echecs, lorlquc le Roi cft
en échec , ou en prife , & qu'il ne (auroit fe re-
muer qu'il ne foit encore pris. ^ lufione dcjeclio.
On lui a donné échec & mac. Il y en a qui dilent
que cette exprellion vient de ces mots fchachc mac ,
Itfquels dans la langue Perfiennc , veulent dire le
Roi ejl more. On dit aufti il n'eft pas mat , mais il
eft pac ; & c'eft lorfque le Roi fans être échec , ne
peut fe remuer fans s'y mettre. L'échec & mat du
Berger , eft celui qu'on donne aux ignorans en
deux , ou en trois coups.
On dit figurément , donner échec & mat à quel-
qu'un ; pour dire , le ruiner fans rellource , le pref
fer tellement qu'il ne fâche où fe tourner. îfj' La
vie de. la Cour eft un jeu fériesx , mélancolique ,
qui applique. Il faut arranger les pièces 8<. fes bat-
teries , avoir un dellein , le luivre , parer celui de
fon adverfaire , hafarder quelquefois , & jouer de
caprice ; & après toutes fes rêveries , &: toutes les
mefures , on eft échec , quelquefois mat. Souvent
avec des pions qu'on ménage bien, on va à dame, &c.
l'on gagne la partie : le plus habile l'emporte , ou
le plus heureux. La Bruy.
0Cr MAT. i. m. Terme de marine. C'eft en général
une longue & grofle pièce de bois arrondie , élevée
perpendiculairement fur la quille du vailfeau , Se
qui étant appuyée par les haubans, cale haubans &
les étais , fert à porter les vergues & les voiles.
Malus. Il y en a quatre dans les grands vailFeaux ;
quelquefois on y en ajoute un cinquième , qui eft
un double artimon. Le grand mât ^ ou le mât de
maître , eft le principal mât du vaifleau. Il eft au
milieu du vaillèau , & porte les plus groiîes ver-
gues , & les plus grandes voiles. Le fécond s'ap-
pelle de mifaine , mât de bourcet , ou mât d'avant ,
qui eft entre le grand mât , & la proue. Le troi-
fième , l'artimon , qui eft entre le grand mât Se la
poupe. Et le quatrième , beaupré, qui cft couché fur
l'éperon à la proue , ou fur l'avant du vaillèau. Le
mât de contremifaine , ou petit artimon , eft fur l'ar-
rière dans les galions , naos , ou grands vailfeaux.
Le grand mât jufqu'à la première hune eft ordinai-
rement égal à la quille du vallfcau. Quoiqu'on dile
agréer les mâts , on ne doit pas dire que Izimits
loient des agrès : c'eft le fentiment d'un Profelîeur
royal d'Hydrographie.
On appelle aulli mât , les brifures ou divifions
des mâts qui font pofés les uns fur les autres. Le
grand mât ôc celui de mifaine , en ont chacun
trois , le grand mât , le mât de hune , qui eft au-
dclfus &■ tout d'une pièce , &: le mât de perroquet ,
qui eft fur celui de hune , Se au dellus encore eft
le bâton cha pavillon : ce qui fait quelquefois plus
de 34 toifes. L'artimon qu'on appelle aulîi mât de
foule , 3c le beaupré , n'ont qu'une brifure chacun :
on l'appelle de perroquet & non de hune. Le grand
mât eft pofé au milieu du premier pont , ou franc
tillac , éc detcend au fond de cale fur la conrre-
quille. Il n'eft pas tout à-fait perpendiculaire , mais
il penche du côté de la poupe à proportion de (a
I hauteur , depuis deux jufqu'à lix pieds. Sa plus grau-
gyS MAT
de gioircur cft au franc t.Uac , & il va en dimi-
luiaiit pai- haut , & par bas du tiers de fa grolleur.
Le mât de mifaine pall'e à travers le château d avant
■ au-dellus de Tellrade à l'extrémité de l'etcarhngue.
Le mut de beaupré eft enchâllé par le bout d;en-
bas fur le premier pont dans le màc de milaine.
Le mot de mût eft en François , en Allemand ,_ en
Flamand Se en Anglois , la même chofe, L'Icaaen
dit majlo , Se l'Efpagnol mapi- . r. r -c
MÀT GemelÉ , oa jumelle, cil celui qui eft fortihe
ppr plufieurs pièces de bois qui y tont étroitement
jointes, qu'on appelle Jumclk , oagaburons , oa
cotons. Malus mflruclus lateraiihus Jirmamentis. On
l'aopelle auffi mât redampé , renforce oujurlie ; & s il
eft anté par le haut , on le nomme mat ajjute , ajujte.
MÂT DE RECHANGE. C'eft Un mk qui n'eit pas drel-
fé & que l'on conlerve dans le vailleau pour rem-
jîlâcer ceux qui pourroient étrs endommages par
quelque fortune de mer.
On dit , aller à mâts Se à cordes , ou fe mettre
à fec , quand on a abaiH'é toutes les voiles Se les
vergues , pour éviter la furie du vent. ^
Les Pécheurs fur les rivières appellent le mat de
■leur bachot , une perche d'orme de (ept ou huit
pieds, un peu courbée, qu'ils mettent al avant ,
lorfqu'ils remontent contre le fil de 1 eau. Us y atta-
chent leur cordeau , qu'ils tirent enluite de dclius
le bord de la rivière.
Les bateaux navigeans fur les rivières ont un mat
par où pallé le cable qui fert à les tirer. ^
On .appelle aulll jnât dans un camp, les pièces de
bois qui fervent à foutenir les tentes. Tentoru or-
thoflata. Trente à deux mâts. Trente a trois ot^m. ^
En terme de Blafon , on appelle un mât dejarme
quand il eft peint fans voiles. ^ , , ^
MATACA, ou MATANCA. B.aye fur la cote fepten-
trionale de l'île de Cuba dans l'Amérique , entre la
Baye de la Havane & le vieux détroit de Bah.im.i.
IvIATACON. f. m. Le pain que mangent les habi-
tans de Madagafcar. Il eft fait d'un elpece de noi-
fette qu'ils appellent Matacon , laquelle ne croir
point à un arbre , mais s'engendre dans la terre , com-
me des trulfes en Europe. Fureteriana
\1 ATADOR. f. m. Terme du jeu d Hombre & de Qua-
drille Ce font les trois premières triomphes .Spadille,
Manille Se Bafte. Caiu luforU fuperiores. Si l'on
joue les matadors comptés ; c'eft-à dire, h 1 on paie
■; autant de jctrons que l'on a de matadors , alors les
les plus hautes triomphes après les trois matadors,
font aulTi appelées matadors , pourvu qu'elles te
fuivent dans l'ordre qu'elles ont entr'elles ; comme
•l'as rouge & le Boi , lorfqu'ils fuivent les trois pre-
miers matadors , font aullî appelés matadors ; de
même le Roi Se la Dame en noir.
Il n'y a proprement que trois matadors , Spadiile ,
Manille , Se Bafte , qui font les trois premières
triomphes de la couleur où Ion joue. Spadille eft
-toujours l'as de pique. Manille eft le deux en noir ,
& le fcpt en rouge. Le Bafte eft las de tieffle. Le
privilège des matadors eft de ne pouvoir éttc for-
cés par aucune triomphe inférieure. Jeu de l'Hom-
bre. Le nombre des matadors .augmente à mefurc
que les niomphes qui les fuivent immédiateinent ;,
leur font jointes. On appelle faux matadors ,\oxic\M' A
ne manque que Sp.adiUe pour en faire pluiieurs.
ACAD. DES JeU1{. . r r^ J
§Cr En 1714. ceux de Barcelone qui refulerent de
rcconnoîtrc Philippe V. pour leur Souverain , levè-
rent une Compagnie de milice de zoo hommes ,
pour malfacier ceux de leurs Concitoyens qui fayo-
rifoicnt le parti du Prince. Oii donna a ces foldats
le nom de matadors.
MATADORES. f. m. pi. Les Efpagnols de 1 île de S.
Domingue nomment ainfi les ChaiTeurs de taureaux,
que les François appellent Boucaniers.
MATAFION.Ï. m. Terme de Marine. Lti Matafions
font de très- petits cordages qui tervent a attacher
les petites pièces d'une Galère. Fumculi adjtr.uùru.
Les matafions font des cordes d'environ un pouce
MAT
1
de circonférence , longues chacune de deux braf-
fes , qui ne fervent qu'a lier les voiles aux anten-
nés.
Ip- MATAGASSE, ou MAT AGASSI. Foyei Pie-
GRii:CHE , au mot Pie.
MAT AGI. Matifa. C'étoit autrefois une ville de 1 île
de Corfe. Maintenant ce n'eft qu'un village , litue
à trois lieues de Bonifacio , du côté du nord. Maty.
MATAGRABOLISER. v. a. C'eft un mot invente
par Rabelais, I. /. c. 1 9. Se formé de trois autres
mots Grecs , fuivant la note ;. fur ce chapitre. Cela
veut dire , prendre bien de la peine à ne rien faire
qui vaille. Il y a dix huit jours que je fuis à matagra-
bolifcr cette belle harangue.
MATAIA. Nom d'un pays de l'Amérique méridiona-
le. Mataïa. Il eft le long de la rivière des Amazo-
nes, entre celles de Cayane Se de Tapayfa.
MATALA. Matai lum , Matalla , Matalia.^ C etoit
autrefois une petite ville , fituée fur la cote méri-
dionale de l'île de Candie. Ce n'eft maintenant
qu'un village , qui eft fur le cap de Matala , au
midi de la ville de Candie. Maty.
MATALONE. Nom d'une petite Ville , ou Bourg ,
avec titre de Duché. Meia Leonis , Magdalonum.
Ce lieu eft dans la terre de Labour, province du
Royaume de Naples , à trois lieues d'Averla , du
côté du levant. Maty.
MATAMAN. Le Royaume de Mataman , ou le pays
des Cimbebas. Matamanum Regnum , Cimbebarum
Trapus. Ce pays eft dans la Balle Ethiopie.
MATAMORE f. f. On croit que ce mot eft Arabe.
C'eft une prifon où l'on enferme fous terre les
Efclaves toutes les nuits. Barathrum, carcer objcu-
rus. La matamore eft très-incommode, & tres-cruel-
le , Se il femble qu'elle n'ait été inventée que pour
tourmenter les Efclaves. On y defcend par 20 ou
50 degrés. On n'y peut point recevoir d air ni de
lumière que pat un petit trou. Les Efclaves y iont
îiorriblemenc prclTés , Se fouvent ceux qui en lor-
tent , meurent , oarce qu'ils ne peuvent fupporter
le grand air. Ils v étouffent quelquefois de chaleur i
S: jJs y font prefquc toujours mangés des puces Se
des poux. . . , r r
Matamore, f. m. C'eft la même chofe que faux-
brave. Thrafû. Ce mot nous eft venu des Comé-
dies Efpagnoles , où l'on introduit un Capitan Ma-
tamoros , c'eft -à -dire , un Capitaine Turc - More.
MiN. Dicl. Etym. Até , déelle mal-failante , annon-
ce à Momus que fes enfans feront trois fcélératsi
Scaramouche un Matamore , Pierrot un fainéant,
& Arlequin un poltron, un gourmand. Se un fri-
pon. Mercure de Dec. IJ2). ^
MATAN. Nom d'une Île de l'Océan oriental. Ma.-
tania.
MATAPAN. Le cap Matapan. Matapanum , ancien-
nement Tenarium promontorium. C^eft la pointe la
plus méridionale de la Morée. Elle eft entre le G0I-. «
fe de Coron , Se celui de la Colochinc. Maty. |
MATARA. f. f. Mefuie pour les Liquides dont on
fe fert en quelques lieux de Barbarie. Le matara
de Tripoli eft de 42 rotolis. . , - ,
MATARAM. Ville capitale de l'Empire de Java, dans
une plaine fertile & agréable. , , ^
M-^TARO. Matarum. Nom d'un Bourg de la Cata-
'lôgne , fitué fur la côte , environ à -lept lieues de
Barcelonne , du côté du levant. . , ^ '
MATAS. Nom d'un Bourg, qui a titre de Comte.
Mafiadium. Il eft prêt de MariUac dans le Poitou.
MATASSE, f. f. Terme de Négoce , qui k dit des
foies qui font encore par pelotes Se ^ns être hlees,
telles qu'elles ont été levées de delfus les cocons.
S'encum crudum. Ce Marchand a pluiieurs balles de
foies grèges & mataffes. En Latin mataxa , onme-
toxa Quelques-uns le difent aulli du coton.
Ce mot vient du Grec /^^«ê« , qui lignihe une
foie qui n'eft m teinte , ni filée -,^=«4", ligmhc en-
tre, entrt-deux. j »/,
MATASSINADE. f. f. Aéfion folâtre , aéhon de Ma-
lallni. Jcîio mimica. Elle fit cent matajfinades.
MAT
WATASSINER. V. n. Eure le Matafîîn -, dxnCcr les
Matallins , tol.irrer. Mimicum faltatorcm a^ac. Il
mat.iffine (ans celle.
MATASSINS. r. in. pi. Efpècc de danfe folâtre. Mi-
mica fahatio. Ces Malques ont cl.mfc les Ma-
tajjins. On le dit aullî de ceux qui la danfent. Mi-
micus falcator. Voyez Danse.
MATANA. Contrée & livicie de l'ilc de Madagaf-
car , fur la côte Oi'icntalc.
WATATOU. r. m. C'ell le nom de la table dont fe
lervcnt les Inkilaiics. Le Matatou ell fait comme
une grande corbeille carrée dont le fond ell plat &
uni j& les bords ont trois ou quatre pouces de hau-
reur. Le Matatou eft tilîu de roleaux tk de queues
de latanier ; mais travaillé d'une manière li ferrée.
qu'on peu l'emplir d'eau (ans craindre qu'elle s'é-
coule. Eu le travaillant ils y pallênt quatre petits
bâtons dans les quatre coins qui (ervcnt de pieds ,
& dont les bouts d'en-haut furpadent les bords du
Matatou de trois à quatre pouces , & qui (ont
terminés en boules ou coupés à pans, l'^oye^ Le
P. La BAT.
IP" MATAVANE. f. f. Mot corrompu de martavan
ou manaban. C'eft un grand vailFeau de terre ,
verni dedans & dehors , qui fe fait particulièrement
à Martaban , dans le Pégu. Les matavanes ont la
propriété de purifier l'eau dont on les remplit , en-
lorte qu'en 24 heures l'eau la plus mauvaife & la
plus puante y perd fon mauvais goût , &: fa pé(an-
teur. Les Hollandois & les Anglois s'en fervent uti-
lement fur leurs vailîeaux.
MATCOWITS. Ville forte de la Haute-Hongrie dans
la partie Orientale du Comté de Scépus.
MATE. f. f. On donnoit autrefois à Paris le nom
d'enfans de la mate aux (îloux , parce qu'il y avoit
un lieu nommé la Mate , où ils s'allembloient pour
faire leurs complots. Nous vîmes prendre un enfanr
de la mate ; c'étoit le même qui avoit volé la vai(-
lelle d'argent de la cuidne de M. le Prince de la
Roche fur-Yon. Brantôme.
Mate. f. m. Nom que les François donnent à une
herbe du Pérou j que l'on connoît mieux (eus celui
de Paraguay , ou Paragoue , que les Américains lui
donnent , à caufe du Paraguay , où il croît quantité
de cette herbe.
MATECLU. f. m. Herbe du Pérou , qui n'a qu'un
tuyau avec une feule feuille ronde. Elle croît dans
les ruilfeaux. On mâche cette herbe , & le fuc que
l'on en tire , mis dans les yeux le (oir , avec la feuille
broyée , & appliquée dellus , guérit , à ce qu'on pré-
tend , toutes fortes de maladies d'yeux.
MATELAS, f. m. Culcitra. On a dit autrefois Materas ,
qui n'eft plus en u(age. Il fignihe un grand & ample
couffin qui tient toute l'étendue d'un lit , & qui en
'- fait la principale garniture. C'eft de la laine ou de
la bourre piquée , & enfermée entre deux toiles ,
coutils , futames , ou fatins. Les matelas de laine
font les plus chers , puis ceux de bourre - lanice ,
enfuite ceux de laveton , Se enfin ceux de (Impie
bourre. Il faut de temps en temps faire rebattre fes
matelas. A la Chine , on fait des mate/as d'une ei-
pcce d'algue marine qui eft plus déliée & plus douil-
lette que la (oie. C'eft une herbe qui entretient
un frais admirable. On y fait aulli des chevets &
des oreillers d'éclilles fort déliées de roleaux qui
ne font remplis que d'air ^ Se font fort douillets ; &
quand on fe retourne , il fort un air frais qui évente le
vil'age.
Ce mot vient de matula , ou minor matta , petite
natte ; parce que les Anciens j & (ur-tout les Moi
nés , couchoient (ur des nattes. On l'a appelé aulii
matura ; d'où l'on a fait d'abord matras , Se puis
matelas.
§Cr On le dit auffi de la garniture d'un lit de repos. Les
matelas d'un lit de repos (ont couverts d'érofte.
Matelas, fe dit aulîi des couffincts qu'on met au dof-
(îer du carofte, & aux côtes lur les accoudoirs, pour
y être plus mollement. Minores Lulcitrj:. On y mec
du cocon piqué entre des toiles de taftctas.
MAT
879
MATELASSER, v. a. Garnir une chofc de petits ma-
telas ; rcmbourcr de laine , de (oie j de coton. Mino-
rihiis culcuris infiruere. Il a fait matelaffer fon carolle
de tous côtés. Matelaffer àc% chailes.
MATELASSE , £E. part. Minoribus culcuris injlruc,
tus.
MATELASSIER, f m. Ouvrier qui fait des matelas ,
ou qui carde la bourre lanice, le laveton, le crin Se
la laine , pour en faire des matelats & des fommiers.
Culcitrarius artifex.
MATELICA. Nom d'un ancien bourg de l'État de
l'Eglifc , en Italie. Matilka.
MATELLES , ou MATILLES. Petite ville de Fran-
ce jdans le Bas Languedoc , dans la vallée de Mont-
ferrand.
MATELOT, f. m. Homme de mer , qui fert à la con-
duite , à la manœuvre d'un vailTeau. Nauticus ope-
rarius , nauta y navita. Le Pilote commande aux
Matelots , Se le Capitaine aux foldats. Il faut tant
de Matelots pour conduire un vailleau de tant de
tonneaux. La tempête étoit plus forte que l'art des
Matelots. Les Matelots (ont naturellement bruf-
ques j & la nation du monde la moins traitable.
P. LE Comte.
M. Huet (oupçonne qu'il vient de M«w«A<a-n,f ,
Marfeillois , parce que les Marfcillois étoient très-
intelligens dans la navigation. Nicot dit que ce mot
vient de mat , parce qu'originairement ce nom fuc
donné à celui qui (ervoit auprès du mât.
On appelle un vailîcau matelot j, un vaiffeau fécond
deftiné pour (ecourir un autre. N'avis in fubjîdium
fociata. L'Amiral , le Vice Amiral , le Lieutenant-
Général , le Contre-Amiral , le Chef d'Efcadre Se le
Commandant d'une dividoiijont chacun deux vaif-
feaux deftinés à les (ecourir ; le matelot de l'avant , Se
le matelot de l'arrière.
Matelot , (e dit aulîî de celui qu'un Capitaine joint &
afligne à un autre pour l'allifteren toutes (es néceftîtés,
vif ou mort. Un tel eft mon matelot.
On dit aulli Emmateloter les gens de l'équipage;
pour dire , les joindre les uns avec les autres.
Matelot j fe dit fîgurément Se balTement en Morale ,
de celui qui gouverne , Se qui tient le timon des af-
faires. Ainlî il a été dit dans un Rondeau.
Laiffei[ l'Etat , & n'en dites plus mot ,
Il ejl pourvu d'un meilleur Matelot.
Matelot d'e.au douce , fe dit en quelques ports de mer
en parlant des Matelots qui ne (avent point leur mé-
tier , Se qui (ont plus propres à être bateliers fur une
rivière , qu'à faire le fervice d'un vailleau.
MATELOT AGE. f. m. Salaire des matelots. Nauticum
opus , merces , pretium nauticum. Il coûtera tant pour
le matelotage de ce vaifTeau pendant un tel voyage.
MATELOTE. (. f. Manière d'accommoder le poifton
frais péché , avec fel & poivre , des oignons _, des
champignons j du beurre &: du vin _, comme on pré-
tend que raccommodent les Matelots. Pi/ces nau-
tico more pràtparati. On va manger des matelotes dans
les .auberges (ituées (ur le bord de la rivière.
a la matelote, adv, A la manière des Matelots. Nau-
tarum more. On a porté pendant un temps des chaulFcs
à la matelote, ferrées (ur la cuilfe.
MATEPUTAIN. Nom de lieu. Mateputena , id eft ,
devincens meretricem , dit Ordéricus Vitalis j au Li-
vre XII de fon hiftoire. Il eft près d'Aumale, en
Normandie.
MATEQUA. Ville de l'Arabie heureufe : elle eft près de
l'embouchure de la rivière de Prime, qui fe décharge
dans la mer d'Arabie.
MATER. V. a. Garnir un vaifTeau de (es mâts. Malo
inftruere. Ce vailfeau étoit bien maté ; il avoit tous
fes mâts en bon état. Maté en carvèle ; c'eft avoir
quatre mâts , (ans mâts de hune. Maté en chande-
lier ; c'e(t avoir les mâts (ort droits. Maté en four-
che • c'eft-à-dire j être maté en heu. Maté en Fré-
gate ; c'eft avoir les mâts plies , & arqués en avant.
Maté en galère j c'eft n'avoir que deux mâts ^ fans
MAT
8'8o
-mars de hune. Muté en heu ; c'eft n'avoir qu'un mât
an milieu du vaillc.iu , qui fert aullî de mât de
hune , & qui a une vetijuc qui ne s'appareille que
d'un borj.
MATER , lignifie quelquefois en général , mettre quelque
choie de bout. Rcdà [lacuere. Mater iwvz barique , e'ell
la mettre fur ies fonds.
MATER. V. a. ( 1'^ eft bref. ) C'cfl: ainfi qu'écrit l'A
cadémie. Terme de jeu des échecs. Donner échec &
mit à quelqu'un ; c'ell: à-dire , réduire le Roi par
l'échec qu'on lui donne , à ne pouvoir fortir de (a
place lans le mettre en nouvel échec \, & c'ell alors
qu'on gagne la partie fur lui. Conjîcere ludum , ah-
folvcre j vinccre. Il y a des gens qui fe vantent de
mater avec un pion coëiFé j c'eft à-dire avec un cer-
tain pion dont on convient , & que l'on marque
pour cet eftet , afin de le reconnoître parmi les au-
tres. Il a été maté en trois coups. Deux Chevaliers
Teuls ne peuvent mater le Roi. On le peut mater
avec un chevalier &c im fou ; mais il fiut être habile
joueur.
Quelques-uns difent que ces mors font Perfans ,
& que efchec mjr lignifie que le Roi eft mort. D'au-
tres les dérivenr de maclarc , qui lignifie rz/er; ou
de matare j configere. D'où les Elpagnols ont fait
matar ^ ruer.
Mater. , pris dans un fens figuré , fignifie Mortifier ,
aMoiblir le corps. Macerare. Les dévots matent leur
chair par les jeîines & les auftérités , par les haires
£c les difciplines.
Ce mor vienr de mattus , que Saumaife dit avoir
redonné à la langue Latine, qui lignifie trifte , fou-
rnis , dompté tk mort'ijie ; lequel vient originairement ,
dit-il , du Grec (t«.TH , qui lignifie amollir.
M.VTER , fe dit auilî pour , Humilier , abattre , tour-
menter. Cruciare , dejyrimere , vexare. Le mauvais
i'uccès de fes entrepriies l'a bien maté. Il eft libertin ,
mais je faurai fi bien le mater , que je le rangerai à
la r.ailon.
MATÉ , ÉE , part. & adj. Domitus ,depre{fus , vexatus.
On Àii en Fauconnerie ^ qu'il faut veiller l'oileau tant
qu'il (oit apprivoité & maté.
MATERA. Matera , Matœla. 'Ville du Royaume de
Naplcs , fituée dans la terre d'Otrante , au.'c confins
de celle du Bari , & de la Balllicate , à onze lieues de
Tarente , vers le couchant.
MATERAN. Nomd'une ville des Indes. Mataranum.
AlATERE. f f. Terme de Mythologie. Matera. Nom
d'une décile à laquelle les piques étoient conl.i-
crées, & à l'honneur de laquelle on en fulpendoit
autour de les ftatues &c de ies autels. C'eft un des
furnoms de Minerve.
Matere. 1. m, ou h Nom d'une ancienne arme propre
des Gaulois. Materis , matara , mataris j matarus.
Grand j.avelot, demi-pique.
MÂTÉREAU , ou MÂIEREL. C. m. Terme de Marine.
Petit mit , partie d'un mât rompu. Malus rnuior. On
appelle aulli quelquefois de ce nom le mât de mi-
faine 5 & les auttes moindres mâts.
MATEREAUX. Les ouvriers & le peuple parlent ainfi.
Voye\ Matériaux.
MATÉRIAIRES. Nom de Sede. Materiarii. L'ancienne
Eglifc appeloit Matériaires , ceux qui , prévenus par
la Philolophie , qu'il ne fe lait rien de rien , recou-
roient à une matière éternelle (ur laquelle Dieu avoir
travaillé , au lieu de s'en tenir au lyftéme de la créa-
tion , qui n'admet que Dieu feul , comme caufe uni-
que de l'exifteiice de toutes choies; parce qu'il eft
indépendant j ablolu & tout- puillant. Terrullien a
folidement & fortement comba;ru l'erreur des Ma-
céfiaires , dans fon Traité contre Hermogène , qui
étoit de ce nombre.
MATÉRIALISME, f. m. Dogme très -dangereux, fui-
vant lequel certains Philofophes prétendenr que rout
eft mati;re , & nient l'immortalité de l'arae. Le Ma-
térialifme eft un pur AthéVîme , ou pour le moins
un par Dé'i'ime ; car fi l'ame n'eft point efprit,
elle meure aiifti-bien que !e corps ; & Il l'ame meurt.
MAT
il n'y a plus de Religion. M. Locke difputoit pour le
Matérialifme.
MATERIALISTE, f. m. & f. Celui ou celle qui n'admet
que la matière. On donne généralement ce nom au-
jourd'hui à ceux qui loutiennent que l'ame eft ma-
tière j ou que la matière ell éternelle , ou que Dieu
n'eft qu'une ame univerfcUe répandue dans toute la
matière pour produire les êtres & former les divers
arrangemens que nous voyons dans 1 univers. Toios
diffufa per artus mens agitât molem , & magno fe
corpore mijcet.
^ MATÉRIALITÉ, f. f Qualité de ce qui eft ma-
ricre. Materialitas. La matéiialité àa l'ame , eft une
opinion intoutenable.
^3" MATERIAS. f. m. Les Efpagnols appellent ainfi ,
en Amérique, les lieux où les Boucaniers fe retirent
pour ruer les bctes , faire boucaner les chairs , & fé-
chcr les cuirs. Le matérias des Elpagnols , eft le bou-
can des François.
M.ATERIAUX. f. m. pi. Matières qui entrent dans la
conftruclion des batimens , pierre , bois , rcr , chaux ,
fable , tuile , brique , &c. Materia , materies. Cette
nvailon eft bâtie de bons matériaux. Il faut avant que
de bâtir en un lieu, voir h l'on y pourra iacilemenc
trouver des matériaux. §Cr On appelle vieux maté-
riaux , les démolitions des bâiimens. Ceux qui pro-
noncent matéreaux , prononcent mal.
Matériaux , le dit figurément des choies qu'on préparc
pour les ouvrages de l'ef prir. Materia , argumenta. Un
homme .avant que de te mettre à écrire l'Hiftoire ,
doit faire provilion de matériaux , de mémoires , de
recueils des Auteurs anciens & modernes. Doit af-
fembler , préparer , diipoler les marériaux.
MATÉRIEL , ELLE. adj. qui eft compolé de matière.
Materialis , corporeus. Les Epicuriens , les Spinoiif-
tes , ne reconnoilfent que des i\Ài^3.x\cts matérielles.
^fJ" L'ame de l'homme n'eft point matérielle. Les
caules matérielles n'ayant ni intelligence, ni liberté,
agillent toujours de la même manière , lorlqu'elles
fe trouvenr dans les mêmes circonftances.
Matériel, lignifie aulfi maftif, grofller. Rudis. Ces
murs , ces fondemens font rrop matériels. Cette
montre n'eft poinr délicate , elle eft trop matérielle.
03* On dit figurément d'un homme qui a l'efprit grof-
fier & pelanr , qu'il eft fort matériel , qu'il a l'efprit
bien matériel.
ffJ' On le dit aullî de ceax qui ne font pas affez déta-
chés de la matière , qui lonr attachés aux plailirs des
fens. Nous iommes trop matériels pour connoitre
la beauté de la vertu par elle même. Nous ne la fui-
vons que par la gloire qui en revient. S. Real.
03" C'eft aullî un terme de l'école ,& alors il eft oppofé
à formel. Caufe matériellcVoyez Cause. Cause for-
melle, l^oyei Forme & Formel. Sens matériel ,
fens formel, f^oye^ Formel Se Sens.
^fT Matériel , dans cette acception , eft auffi fubftan-
tif. C'eft ainfi qu'on dit qu'il faut diftingucr le ma-
tériel du formel. Le matériel ôc le formel du péché.
f^oye^ Formel.
Les Valentiniens appeloient autrefois Matériels,
tous ceux qui n'étoient pas de leur Setlre ; parce
qu'ils prétendoient que leurs âmes périllbient avec le
corps.
MATÉRIELLEMENT, adv. Terme de l'Ecole , qui
fignifie , par rapport à la matière. Misterialiter, ref
peclu materia. La pluparr des diftLnétions rirées de
la part de la matière et de la part de la forme , qui
font les deux principales p.arties de tout compofé ,
étant bien entendues , expriment & éclairciflent bien
des propolitions confufes.
On dit, l'homme eft morrel & immortel. Il eft
mortel matériellement par rapport à la matière , c'eft-
à dire , à fon corps qui eft matériel , qui fe peut &
fe doit réioudre en poullière ■■, S< immorrel par r.ip-
porr à fa forme , à fon ame , qui eft une fubftance
railonnablc , douée de l'immortalité , & qui iublif-
tcra par confequent quand elle (cra féparée du corps
par la mort. Ainii l'homme eft mortel & immortel
à divers égards , fous divers rapports.
MATERNEL,
MAT
MARTERNEL , ELLE. adj. Qui concerne la mère. Ma-
ternus. Un oncle macernd , une tante maternelle ,
vient du côté de la mèic. La règle de droit veut que
les biens paternels aillent aux parens du côte du
père , &c que les maternels retournent aux parens
maternels. On dit aulli une tendrclle maternelle, un
foin maternel ; qui elt propre &: naturel à une mère.
L'amour maternel attendrit & eftémmc trop les en-
tfans. Mont.
On jappclle la langue maternelle , la langue du
pays où l'on cil né. Lingua vcrnacula. On avoit
appris à Montagne le Latin , avant la langue ma-
ternelle.
MATERNELLEMENT . adv. de peu dufigc. D'une
manière matcincUe. Maternum in morem , materne.
Cette femme ne pardonne rien à Ion fils , elle ne
le traite pas maternellement.
MATER NISER. v. n. Se dit des enfans qui tiennent
de leur mère. Le P. Porée , dans Ion Dilcours lur la
naillance du Dauphin , dit que les Garçons maternï-
m yè/2f ordinairement , plus qu'ils ne paternifent. Filii
1^ vulgb patnjfant minus j matrijj'ant magis , fi ïta loqui
fas efi. ,
MATERNITE, f. f. Qualité de mère. Maternitas. La
H maternité produit une relation entre les enfans 6c la
B mère. Il n'y a eu que la mère de Jésus Christ, qui
K . ait polledé enfemble la virginité avec la maternité.
™ Caudia matris habens , cum virgïnitatis honore.
MATEUR. f. m. Qui malos accommodât. Ouvrier qui
proportionne , S>i qui fait les mâts des vailleaux.
MATHA. Nom d'un bon bourg de la Sainton^e , en
France. Matha. Il eft fur la Chalendre , à quatre
lieues de S. Jean d'Angéli , vers l'Orient. Maty.
^ MATHÉMATICIEN. C'eft proprement celui qui
fait les Mathématiques , qui eft verle dans les Ma-
thématiques. Quelquefois on djnne ce nom à celui
qui les enfeigne. Mathematicus. M. de Saint Evre-
mont étoit allez convaincu de l'avantage & de l'uti-
lité des Mathématiques i mais il avoit un dégoût inar-
qué pour cette fcience. Il n'y a point de louanges,
difoit il , que je ne donne aux grands Mathématiciens,
pourvu que je ne le fois pas. Les Mathématiques
ont plus de certitude que les autres fciences ;
mais elles exigent de trop profondes méditations :
elles vous tirent de l'aftion & des plaifîrs , pour
vous occuper tout entier ■■, & il faut être fort amou-
reux dune vérité, pour l'acheter à ce prix-là.
|Cr On donne aullî ce nom à ceux qui obfervent le
cours des Aftres , que nous appelions Ajlroaômes.
§CP Du temps d'Aulugelle , on le donnoit aullî aux
Aftrologues , comme a fait S. Auguftin , Se ceux qui
ont fait le titre du Code , De Maleficis & Mathe-
maticis ; en quoi ils ont fait voir l'ignorance de leur
fiècle , dans lequel on attribuoit lui nom fi honora-
ble à des impoileurs.
CK? M ^THÉMATIQUE, f. f. ou plutôt MATHÉMA-
TIQUES, f. f. pi. parce que ce mot eft beaucoup plus
ufité au pluriel qu'au fingulier. Mathematica , ma-
thefis. C'eft la fcience qui a pour objet la grandeur
en général , & qui en conhdère les propriétés ; ou
il qui confidère les propriétés de la grandeur en tant
'! qu'elle efl calculable ou mefurablc.
%fj On divife ordinairement la Mathématique , en Ma-
ithéma,ti<]ues pures , & en Mathématiques mixtes.
lî^r Les Mathématiques pures , conhdcrent la grandeur
abftraite. Or fous ce point de vue elle eft calculable
ou mefurable. Dans le premier cas elle eft repré-
fentée par des nombres : c'cft ce qu'on appelle Arith
métique. Dans le fécond , par l'étendue : c'eft ce
qu'on appelle Géométrie.
îfy Les Mathématiques mixtes ont pour objet les pro-
priétés de la grandeur concrète , mefurable ou cal-
culable. F'oye^ Concret. Telles font la Méchani-
que, l'Optique, l'Aftronomie , Stc.
On divife encore la Mathématique , en Mathéma-
tique fpéculative , 8c Mathématique pratique. Har-
kis. L'Arithmétique & la Géométrie font ce qu'on
Tome V
MAT
88i
appelle communément Mathématique fimplc , que
Platon appelle les deux ailes du M ithématicien ,
parce quelles s'aident l'une 1 autre. Elles font le
fondement des autres parties de Mathéni.atiques qui
compolcnt ce qu un appelle Mathématique mixte ,
comme l'Aftronomie , l'Optique , &cc. qui font ex-
pliquées par les principes de l'Aiithmétique 6c de
la Géométrie. La quantité continue eft l'objet de la
Géométrie , de la 1 rigonométiic , des Sphériques ,
des Sedlions Coniques , de l'Algèbre fpécicufe. La
quantité di(crète eft 1 objet de l'Arithmi-ti.iue , de
l'Algèbre commune. Les proportions , font l'objet
de la Mufique , de rArchiteéture,de la Perfpcctive.
L'Optique , la Caroptrique &c la Dioptrique , font
aulli partie des Mathématiques j parce qu'elles con-
noillent les caufes de la vilion direfte , de la réfle-
xion , ik. de la réfraûion par fes angles. L'Aftro-
nomie îk la Gnomoniquc , parce qu'elles mefurent la
hauteur & la grandeur des Allies , les angles & les
ombres que font leurs rayons ; & enfin les Méchani-
qucs , parce qu'elles examinent toutes les forces mou-
vantes par les angles , Se les longueurs des leviers ,
coins , roues , Se autres principes des machines. C'ell
pourquoi on fe lert le plus fouvent de ce mot au plu-
riel , parce que toutes (es parties font enchaînées en-
femble. Les Mathématiques tiennent le premier rang
entre les fciences , parce que ce font les feules qui
font fondées fur des démonllrations infaillibles. Les
Mathématiques méritent le nom de fciences lur tou-
tes les autres, parce que les principes en font clairs ,
& d'une fi grande évidence , qu'il n'eft pas permis
aux opiniâtres d'en douter. Ozanam. Les Mathéma-
tiques fervent à donner plus d'étendue à l'efprit ,
parce qu'elles l'accoutument, & l'exercent à s'appli-
quer davantage. Log. Quelques uns ont donné a la
Mathématique le nom de la Magie , parce que par
le moyen des Mathématiques , on fait des chofes fî
furprenantes , que le peuple croit qu'il y a de la
magie. Ceux qui ne s'appliquent point aux Mathé-
matiques j, ou qui ne les entendent pas , prétendent
qu'elles font inutiles. Rien n'eft plus mal fondé que
cette accufation. /^oy^{ là-dellus la Préface de l'Hif-
toirede l'Académie Royale des Sciences , année 1699.
M. Ozanam ^ Protellcur de Mathématique à Paris ,
a donné au public un Didionnaire , ou Idée géné-
rale des Mathématiques , où l'on trouve , outre les
termes de cette fcience , plufîcurs termes des arts Se
des autres fciences , avec des raifonnemens qui con-
duifent peu à peu l'efijrit à une connoillance uni-
verfelle des Mathématiques , imprimé à Paris , chez
Michalet, en 1651.
Il y traite des termes de la Mathématique fimple ,
de l'Arithmétique , de la Géométrie, Cofmographie,
Aftronomie , Théorie des Planètes , de l'Optique ,
de la Mécanique , de l'Architeélure Civile Se Mi-
litaire , de la Mufique , de l'Algèbre j de la Géomé-
trie fpéculative Se pratique , de la Navigation , de.
l'Afttonomie naturelle & civile , de l'Hiftoire , de
l'Optique^ de la Perfpecflive , de la Gnomonique , Ca-
roptrique , Dioptrique , Peinture , Mécanique , Stati-
que Se I-Iydroftatique ; le tout en François. M. Oza-
nam a fait imprimer huit volumes inoclavo , où fe
traitent toutes ces matières plus au long.
Monfirur Caramuel , Evcque de Compagna , au "
Royaume de Naples, donna au public l'an 1670.
un Traité fort ample de toutes les Mathématiques
en Latin, qui porte pour titre la Mathématique
double , Mathefis biceps , ancienne Se nouvelle ,
divife en deux volumes i/2-/o/io , où il met quarante
traités différens , des fciences Mathématiques. Il
traite au long & clairement de l'Arithmétique , de
l'Algèbre , de la Géométrie générale , de la Cofmo- •
graphie , de la Géographie , de la Centrofcopie , de
rOrométrie , Géodofie , de l'Hyftiodromie , de l'Hy-
potalatiquc , Nedique j ou art de Nager , de la i^Jau-
tique lubiunaire Se éthérée , de la Poramographie ,
de l'Hydraulique J de l'Acrographie , ou de l'art de
mcfurer & de pefer l'air, de l'Anémométrie , ou de
l'art de connoître le nombre &c la variété des vents ,
T tt tt
882
M'A T
de l'art de la Sciographie , ou de faire des quadrans
Tolaiies, delà Logarichmkique coulante Ôc rcriuen-
te , delà Corabinatoire , de l'art des Jeux qiiil ap-
pelle Kibei , de i'Aruhmomancie , ou de l'art de
deviner parles nombres i de la Trigonométrie géné-
rale & récurrente ; de la Trigonométrie allronomi-
que , éthérée redlangle , du Compas ordinaire &
du compas de proportion ; de l'Architedure mili-
taire , de la Muliquc j de la Métallique , de la Pe-
darlîque , de la Statique , Hydroftatique , &c. de la
Méthéorologte , de la Sphérique , de l'Ofcillatoire ,
ou Icience des lunettes , de l'Ofcillatoire rediligne.
Cet ouvrage eft curieux , rare & très-favant. L'Au-
teur explique les termes de toutes ces parties des
Mathémaciques , tant Grecs que_ Latins , Se toutes
leurs parties bien au long. Il a fait mettre dans fon
ouvrage toutes les figures nécelfaires , pour l'intelli-
gence de ces traités , fort bien gravées en cinquante-
deux planches , ou feuilles. On voit bien par les
ouvrages de ces Auteurs , de quelle étendue eft la
Mathématique. §C? Un des meilleurs cours de Ma-
thématique que nous ayons , elt celui de M. Wolf ,
en s vol. in ^°.
Les teriaes de Mathématique que ces Auteurs ,
& les autres qui les ont précédés & fuivis ont ex-
pliqués , fe trouvent dans ce Diéliionnaire éclaircis
& expliqués , chacun dans l'ordre alphabétique.
MATHÉMATIQ.UE. Ce mot eft aulîi quelquefois adjec-
tif, §C? & fe dit de ce qui a rapport aux opérations
& aux Ipéculations Mathématiques. Mathematicus.
Démonftration Mathématique. Cela eft vrai dans
toute la rigueur Mathématique. Horizon Mathéma-
tique , pour' dire l'horizon vrai, f^oyei Horizon.
MATHÉMATIQUEMENT, adv. D'une manière cer-
taine & géométrique , félon les règles des Mathéma-
tiques. Mathematicè , geometricè. Les vérités de
l'Evangile ne fe peuvent démontrer mathématique-
ment ; mais elles font fondées fur des démonftra-
tions morales , qui tiennent l'efprit dans un aullî
grand repos , que des démonftrations mathématiques
pourroient faire. On ne peut prouver mathématique-
ment qu'il y ait une ville de Rome ; cependant on
eu eft aullî allure, qu'on l'eft des vérités mathéma-
tiques.
Ce mot vient du Grec ftatiin , dijco , & doceo ,
J'apprends , & j'enfeigne.
San-MATHEO, ou Saint - MATHIEU. Nom d'une
Colonie des Efpagnols , en Amérique. Fanum S.
Matthai. Elle eft fur la côte orientale de la pref-
qu'ile de Tégefta , en Floride. Elle a un bon port ,
avec une citadelle pour fa défenfe. Maty.
San-MATHEO. C'eft une petite Ile defcrte. Infula S.
Matth&i. Elle eft dans l'Océan Ethiopien , (ous le
troifième degré de latitude méridionale j au midi du
cap des Palmes , en Guinée. Maty.
MATHEU. f. m. Qui fe dit par corruption pour
Matthieu. Voye\ Mahb.
MATHIAS. Foye\ Matthias.
MATHIEU. Voye-:^ Matthieu.
MATHILDE. f. f. Nom de femme, dont on a fait
celui de Mahault. MathiUis , Machtildis.
MATHURIN, ou MATURIN. f m. Religieux d'un
Ordre inftitué par Innocent 111. pour la rédemption
des Captifs. Maturinus. Il eft vêtu de blanc , & a
une croix rouge & bleue fur l'eftomac , dont la
figure eft faite de huit arcs de cercle. On les a au-
trefois appelés les Frères aux ânes , parce que
quand ils voyageoient , il ne leur étoit permis de
monter que fur des ânes , fuivant leur inftitation ,
qui fut faite en l'an 119S. (ous le Pontihcat d'In
nocent III. Ce qui fut changé par le Pape Clément
IV. en l'an iz6y. qui leur donna pcrmillîon
d'aller fur des chevaux. Ils (ont encore appelles les
Frères des ânes de Fontainehleau , dans un Regiftre
de la Chambre des Comptes de l'an 1530. Du
Cange. On appelle auffi ces Religieux , Trinitaires.
Le nom de l'Ordre eft , l'Ordre de la Sainte Trinité
pour la rédemption des Captifs. Celui de Matu-
ria leur eft venu d'un ancienne Églife de Paris,
MAT
dédiée à S. Maturin , &c nommée aupinvant l'Au-
mônerie de S. Benoît, que le Chapitie de Paris
leur donna trente ans après leur ctablillcment à
Cerfroy , qui eft leur Chef d'Ordre, f^oye^ Tri-
nitaire.
On appelle proverbialement des tranchées de S,
Maturin , des accès de folie , à caufe qu'on a cou-
tume d'invoquer S. Maturin pour la guérifon des
fous. Delà eft aulîl venu qu'on appelle par déri-
fion Maturin , un homme qu'on veut taxer de fo-
lie. Cette cxprellion eft balle Se populaire. Elle
vient peut-être de l'Italien matto , fou , matturino ,
folet , un peu fou , & cette reilemblancc de nom
fait qu'on s'elt adrellé à S. Matuiin pour les accès
de folie , comme à S. Clair pour la vue , &c.
Saijit Maturin de Larchant. Nom d'un bourg du
Gàtmois , en France. Fanum S. Mathurini. Lyri-
canthus.
MATHURINE , ou MATURINE. f. f. Rcligieufe de
l'Ordre des Matutins , ou de la Trinité. Il y en
a une Maifon à Paris, faubourg S. Antoine, rue
de Reuilli. Hift. de l'Eglife de Meaux , T. I.
p. 6pp.
§Ô- MATIÈRE, f, f. En Phyfique , c'eft une fubf-
tance naturellement étendue , c'eft à dire , naturel-
lement longue , large , profonde , capable de divi-
(lon , de figure, de mouvement , de repos. C'eft la
fubftance dont le mélange ou la liaiton compofe
tous les corps naturels. Materia. Dieu n'eft ni con-
traint , ni embarrafté par la matière : il la rourne
comme il lui plait par Ion droit (buverain. Boss.
La matière célefte eft très - fubtile , Se liquide : elle
tourne , & emporte avec elle les globes des Planètes.
On conçoit le cahos comme une matière confufe
& informe , compofée d'une infinité d'atomes
errans.
La matière première , eft celle qu'on conçoit en
faifant abftraCl:ion de toutes fes diftérentes formes-
Materia prima. ^CP Tous les Philofophes, quoique
fous des termes différens , ont admis un cahos de cor-
pulcules inditîérens à entrer dans la compofition de
toutes (ortes de corps j une matière vague , indéter-
minée , univerfelle , donr chaque chofe ont été fai-
tes , ou fe font pu faire par la feule impreflîon du
mouvement. C'eft le bloc de marbre de la Fontaine ,
qui fous le ciieau du Statuaire devient dieu , table ,
ou cuvette.
Les Pcripatéticiens difent que les principes de tou-
tes chofes (ont la matière & la forme ■■, que la forme
eft tirée de la puillance de la matière. Spinofa pré-
tend que tous les êtres ne (ont que des modifications
diftérentes delà AïMrièrtf. Delcartes fuppofe pour ma-
tière première , un premier , un fécond , & un
troidème élément. Voye^ le mot Élément , & aux
articles particuliers, les diftérens (yfttmes fur la
Colmogonie. Selon les principes des Cartéfiens , l'é-
tendue , la divifibilité , la figure Se l'impénétrabilité ,
font des propriétés ellentielles à la matière. L'éten-
due fe conçoit avec les trois autres , Se par confé-
quent l'étendue eft ce qui conftitue l'ellence de la
matière. Il eft certain que l'idée de l'ércndue eft
inléparable de la matière : & dès que l'on ne con-
çoit point d'étendue, il ne refte aucune idée delà
matière. Roh. SGT C'eft vouloir perdre le temps
que de demander fi la matière peut être privée de
fon étendue. Si cela arrivoit , elle cefteipit d'être
l'objet de la Phyfique. On dilputc fi la matière eft
divilible à l'infini. La fubtilité des Philofophes a
rendu la quertion problématique. Rohaut tient pour
la divifibilité de la matière à l'infini. M. Le Mar-
quis de l'Hôpital favorile beaucoup cette opinion ,
dans fon Traité des infinimens petits. Voye\ Divi-
sibilité. La matière ne peut être fon principe à
elle même , ni encore moins (e donner à elle-même
le mouvement. Maleb. Peur-on concevoir que la
matière aveugle , par le concours d'un mouve-
ment fortuit , ait pu compofer une machine auflt
admiiable que le monde ; Jaq.
Les Philofophes Payens , ou ignorans les princi-
ï
MAT
pcs du Cluifti.uiifmc , n'ont pu rendre raifori com-
ment 1.1 /nacièrc s'dl inùe , & arraiigce cllc-mcmc. Us
foutcnoient cependant qu'étant impolliblc que rien loit
formé de rien, toutes choies ont été Faites d'une niaùtre
éternelle par les mainî de la Nature. Ils adnicttoicnt
feulement un Dieu coétcrnel avec \x matière. ]ixY.
Mais les vrais Philofophes qui lont les Chrétiens ,
inl1:ri!its des principes de la toi , connoilltnt quj
Dieu cil ablolu , indépendant & tout puillànt , tk.
qu'il peut de rien faire toutes chofes ; qu'il ne dé-
pend point dans fes opérations , ni de ce qui ell ,
ni de ce qui n'ell pas , & que pariant il n'a pas bcfoin
de matière pour produire tout ce qu'il lui plaît. Qu'il a
créé la matière , Ik. qu'il crée quand il lui plaît de
rien une fubiiancc matérielle , ou fpirituelle , félon
Ion bon pl.ùlir. Les Philoiophcs Payens ont fup-
poié la préexirtence de la matière , parce qu'ils ne
comprenoient point qu'aucune choie pût être tàite
fins le concours de la matière. Ainh ils ont cru que
cette matière , au commencement informe & con-
fufcj s'ell arrangée elle même, ôc par-là ils ne re-
connoilfcient d'autre divinité que cette matière pre-
mière , laquelle ayant exillé de tout temps, elt in-
dépendance , & ne reconnoîc point d'auteur. Pla-
ton ne vouloir point que cette matière , qui eli: le
fujet commun de toutes les générations , fut aituef
lement infinie , mais (eulemcnt une puillance pallive :
parce qu'il ne reconnoilfoit dans la matière qu'un
principe paOîf , 3c une dilpofition à recevoir toutes
. îoites de formes , & qu'il mettoit en Dieu le prin-
cipe de toute adion , & la vertu opérative. Ainfi la
matière éternelle auroic concouru avec Dieu à la
production de toutes choies en qualité de principe
pallif , & par conféquent de caule collatérale.
Les Philofophes qui fe lont imaginé qu'en lubti-
lifantla matière , Se en la rendant moins grolîîère ,
elle deviendroic capable de penler , fe font ridicu-
lement trompés. Car la matière , pour être divi-
fée en plus de parties , ou pour être plus agitée ,
_n'eft: pas moins matière, ni plus capable de penfer :
parce qu'il ell impolllble de concevoir , qu'il y ait
aucun rapport du mouvement de la matière , avec
la penlée , & qu'une matière qui ne penloit pas lorf-
qu'elle étoic en repos , vienne à le conno'itre elle-
iTicme , dès qu'on la remue u.n peu davantage. Mais
il e'I: plus facile de comprendre que Dieu a pu tel-
lement difpofer une certaine portion de matière à
l'égard d'un elprit , que le mouvement de cette ma-
tière loit une occafion à cet efprit , d'avoir , par
exemple , des penfées affligeantes, qui efl; tout ce
qui arrive à notre ame dans la douleur corporelle.
LoG. Comme l'ame doit vivre de railon & d'intelli-
gence , elle ne pouvoit être tirée de la matière.
Boss.
MATiian , fe dit auflî des corps qui font mis en œu
vre ifT par les Manufafturiers , Ouvriers & Arti-
fans. La laine eft la principale matière qui s'emploie
dans les Manufactures de lainage, la foie dans les
Manufadluies de foiries. C'efl: ce que les Ouvriers
emploient dans le travail. Ovide en décrivant le
chariot du foleil , dit que l'arc fuipalfoit la matière.
Materiam fuperahat opus. 'Voilà un chapeau fait de
bonne matière , il durera long-temps.
Matière , en termes de Monnoie. On appelle matière
d'or & d'argent , les efpèces fondues , les lingots &
barres employées pour la fabrication des monnoies.
Ondoicporcer cts matière à la monnoie. Ac. Fr.
Matière médecinale. On appelle /«atièrd médecinale,
le grand amas de drogues qui fe cirenc des végétaux ,
des animaux & des minéraux j & qui encrenc dans
la compofition des médicamens que l'on emploie
en Médecine. Dict. de James. IJCT On dit ordi-
nairement matière médicale, pour défigner l'en-
femble des corps naturels qui fournillent des médi-
camens.
gCF Matière. Terme dont on fc ferc en Méde
cinepour déiigner les excrémens, les déjeârions du
corps humain. Exçreminta. Matières fécales. L'on
Tome y.
MAT
883
die en ce fcns que les matières font louables , de
bonne couleur , bien liées.
3^' On le dit aulli du pus qui lort d'une plaie. Il cd:
forti beaucoup de matière de cet apoltènie.
ifS'D.uvi le niLine langage on appelle matière morbifi-
que, une humeur éirangère , & vitiéc , qui en fe
milant avec le lang , tlcvient la cauIé de quelque
maladie.
Matière clt auifi un terme de Carconnicr , qui ligni-
fie les rognures de papier qui fervent à laire le car-
ton, licfcgmen. Piler la matière.
Matière, en termes de Charpenterie , & de Rivière,
le die des pièces de bois qui traverfenc un bateau fon-
cée , &: qui fervenc à encretenir les platbords qui
lont d'ordinaire de 21 pieds de long. Cleit ce que
dans les Bàtimens de mer on appelle Baus.
Matière Feuillie , efl une pièce de bois qui porte les
bouts des planches de la levée d'un bateau foncet.
fjcy Matière, lîgnihe par extenlion , le fujet fur le-
quel on écrit ,. on parle , on dilcourr. Argumentum ,
thcma. Ainfi l'on dit une belle , une ample , une
riche matière à traicer. Une matière sèche , ftérile ,
ingrace. Choifir , préparer , difpofer la matière d'un
Pocmc , d'un dilcours. Ce plaifant incident foiir-
niroit bien la madère d'une Comédie.
Le fort qui de l'honneur nous ouvre la carrière ,
Ojjre à notre confiance une illufire matière.
Corn.
A la fin de tous les livres on met la table des ma-
tières , c'eft-àdire, des points, des fujets qui y
lont craités. On dit aulli en ce fens , qu'un Auteur
a digéré , qu'il a mis en ordre fa matière , qu'il a
amallé fa matière ; pour dire , qu'il a tout préparé
fon lujet pour la compoiition.
0Ï?MatiÈre , Sujet. La matière , dit M. l'Abbé Girard ,
efl ce qu'on emploie dans le travail. Le fujet elt
lur quoi l'on travaille. La matière d'un dilcours con-
lille dans les mots , dans les phrafes Se dans lespen-
iées.Le fujet ^ ell ce qu'on explique par ces mots,
par ces phrafes & par ces penfées.
IJCF Les railbnnemens , les palfages de l'Écriture-Sain-
te , les penfées des Pères de l'Eglife , les caraélè-
res des pallions & les maximes de morale, font la
matière des Sermons. Les myftéres de la foi Se les
préceptes de l'Évangile en doivent être le fujet.
U^ le mot de matière employé fans article , ell quel-
quefois fynonyme de Caufe , occafion , fujec , Oc-
cafio , anfa. Ainfi l'on dit _, Donner , apprêter ma-
tière de rire. Il n'y a pas là matière à fe fâcher.
Un tel a donné matière de parler à bien des gens.
Matière , fe dit aulli en Théologie, de ce qui ferc
de bafe & de fondement aux Sacremens qui font
fpirituels. Materia , tes , elementum. L'eau ell la
matière du Sacrement de Baptême. 0CF Tout Sacre-
ment cil compofé de matière & de forme. Accedit
verbum ad elementum , & fit Sacramentum. 'Voyez
Sacrement. Guillaume d'Auxerre , qui vivoit vers
l'an liij. ell le premier qui ait mis en ufage les
noms dé matière Se de forme , en parlant des Sacre-
mens. Les Anciens le fervoient des m.ots de chofe ,
Res , Se de paroles Verba ; ce qui revient au
même.
Matière; en termes du Palais , fe dit desprocèsj des '
affaires, des queftions, Res, caufa , lis. La Cour a été
laifie de cette matière par un appel. On die aulli , en
matière civile , en matière polfelfoirc , en matièn
criminelle. Cec Avocat entend bien les matières bé-
néficiales. Il y a long-tems que cet Avocat plaide. Se
il n'ell point encore entré en matière. Matières fom-
maires , lont celles qui doivent être inflruiees Se ju-
gées plus lommairement que les aucres. On joint
dans le Droie ce moc de matière à quantité d'autres.
Matière perlonnellc, réelle, pétitoire, pollèllbire ,
principale, incidente j ordinaire j civile, criminelle,
d'exécution j d'allurement, de provilion,de retrait
de partage , de réintégrande , &c.
^3" Matière j par oppofition à efprit. Cet homme eil
Ttttt ij
Q ^
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A
M A T
aa delTus de ta maûè'rc , dcgagé de la maùèrc. ^ \
Ou dit tamilièrcment d'un et'piiç giolllcr & attache
aux deliis lenluels , qu'il eft enfoncé dans la madère ,
abymc dans la madère, qu'il ne s'élève jamais au-del-
lus de la matière , pour due , à la fpéculation , au lai-
for.ncnicnt.
Sonoei à prendre goût aux plus nobles plaijîrs y
Et traitant de mépris les Jèns & la matière ,
Al'efprit,.comme nous, donnei-vous toute entière.
Mol.
En Matière , fe dit adverbialement , pour fignifier le
fujer : En cas , en fait. En matière de Droit , de
Théologie , cet homme eft des plus iavans. Les Nor-
mans font Fort habiles en. matière de procès. En ma-
tière de guerre la réputation fait tout. Vaug. Les in-
clinations font libres en matière de mots. Ablanc.
MATIN, f. m. Le commencement du jour, le tems
du lever du foleil. Matutinum tempùs, manè. Il faut
prier Dieu le matin, des ^ju'on fe lève, le loueiToir
& matin. L'étoile du matin eft la Planète de 'Vénus.
Le crépufcule du matin, c'eiT: la lumière qui paroit
un peu avant que le foleil fe lève.
Matin , s'emploie aulîi fort fouvent adverbialement.
Manè. Il s'elï levé fort matin. Il travaille matin ôc
foir.
Matin, fe dit auffi du tems qui précède le lever du fo-
kil, qui eft; depuis minuit jufqu'à midi. LesAftronô-
mes, iurtout, s'en fervent en ce fens, parce qu'ils
commencent à compter le jour du point de midi , ou
du point de minuit. Les uns comptent les 24 heures
tout de fuite ; les autres , pour s'accommoder un peu
davantage à la manière ordinaire de compter les heu-
res, comptent deux fois douze heures , &: appellent
heures du matin , les douze heures depuis minuit jul-
qu'à midi ; & heures du foir , les douze heures depuis
midi jufqu'à minuit. Ainfi , d.ms la connoillânce des
tems, pour l'an 1703 , il ell dit fur l'éclipfe de lune
du 29 de Juin,que le commencement de l'éclipfe arri-
vera le i8 de Juin à 11 heures 39 minutes 24 fécon-
des du foir-, le commencement de la totale oblcurité,
le 19 de Juin à 10 heures 41 minutes nvfecnndesdu
matin, &c. Cet homme fe lève de grand matin, il
étudie'deux ou trois heures avant le jour. Il a em-
ployé tout le matin à travailler à cette aftaire.
On appelle en ce fens un réveille /nafi«, une hor-
loge qui fonne à quelque point de la nuit qu'on
defire. On dit aulli , que le chant du coq efl un ré-
veille matin ; & on le dit figurément d'une attaire
fàcheufe qui in ;uiète , qui empêche de dormir. Un
procès important fur le Bureau, eft un réveille matin.
Un amour violent, une grande jaloulie, font des ré-
veille matin. Tout cela eft très-familier.
Matin , fignifie quelquefois un jour incertain , qui
n'eft pas fixe. Aliquando. 'Vous verrez un de ces ma-
tins j qu'on fera une taxe fur ces gros Financiers.
On ira un de ces matins, un beau matin, le prendre
au collet , lui faiiir tout Ion bien , lui enlever tous les
meubles. J'irai dîner chez vous un de ces matins.
Exprelîions familières. C'eft dans peu de matins que
je croîtrai le nombre des morts. Mait. Ce dernier
exemple eft un peu poétique , & il ne faudroit pas
l'imiter ; quoiqu'on dife fort bien pluhcurs hivers ,
pour dire plufieurs années, il ne faut pas diie plu-
lieurs matins , pour plufieurs jours.
Matin, fe prend aulli politiquement pour les premières
années de la vie. Elle étoit encofe dans Ion matin.
les Poètes difent aulfi , les portes du matin, pour
dire l'aurore. On dit que les rôles ne durent qu'un
madn, pour montrer leur peu de durée. Se figuré-
ment celle de la vie & des chofes humaines.
Ce génie a vécu ce que vivent les rofes ,
L'efpace d'un matin. Malh.
Vous aurei le deflin
Le ces fleurs fi Jraïches , Ji belles ,
Qui i.e durent ^u'un matin.
Demain matin, ou demain nn matin. On demaii-
de laquelle eft la meilleure de cas deux façons de
parler. Selon Corneille , la dernière eft plus régu-
lière; Iclon Richelct , après 'Vaugelas , la première eft
plus uiitée. |Cr II eft certain que demain matin eft
plus de l'ulage ordinaire , &c l'on dit toujours jufqu'à
demain matin, & jamais jutqu a demain au matin.
Matin , fe dit proverbialement en ces phrales. On dit
qu'on a beau le lever matin , quand on a le renom de
dormir la gralle matinée; ou , A beau fe lever matin y
qui a bruit de dormir h grallè "matinée. Mas-
cuR. Pour dire qu'on a de la peine de guérir les
efprits préoccupés fur le fait de la réputation. On dit
aulli en parlant d'un homme fort fin & précautiônné,
qu'il taudroit le lever bien matin pour 1 attraper. On
dit aulli 5 en jugeant du tems qu il doit taire, rouge
au loir, blanc au OTari/z , c'eft la journée du Pèlerin.
On dit auili , Tel qui fe levé le matin ne fait pas ce
qui lui_ arrivera le loir, pour marquer la variété &
l'incertitude des entrepiifes des hommes. On dit au
Palais , quand la Cour le lève le matin , elle dort l'a-
prèsdinée, pour dire qu'elle n'entre point ce jour-là
de relevée.
Matin. Nom d'une petite rivière de l'Albanie. Ma-
this , Matis.
MATIN, f. m. (l'a eft long. ) Gros chien fervant à plu-
fieurs ulages domeftiques , à garder un troupeau, une
balle-cour, &c. Canis major villaticus molojjus. Les
Bergers , les Bouchers ont des mâtins.
Ce mot vient de majlinus qu'on a dit dans la balle
Latinité en même lignification.
MATIN , le dit aulli des hommes groflîers , mal bâtis de
corps ou d'efprit. C'eft un vilain , un gros mâtin , un
lot mâtin. Il eft bas en ce fens.
On dit ptQverhialement , voilà un bon mâtin , s'il
vouloir mordre, pour dire, cet homme leroit bien
capable de faire quelque choie , s'il vouloit travailler.
Qui abonvoilin, a hon mâtin, pour dire que quand
on a un bon voilîn, on a bonne & sûre garde. P.iche-
let écrit matin au lieu de mâtin. Quoiqu'il en foit ,
l'ulage univerlellement reçu ne permet de prononcer
ni d'écrire que mâtin dans ce proverbe.
Mâtin & chien étoient les noms propres des Prin-
ces de 'Vérone , Mâtin dcUa-kala , Canisfcaiiger.
MATINAL. ALE. adj. Qui fe lève matin. Matutinus.
C'eft une épithète qu'on donne à l'Aurore. On dit
aulli qu'un homme eÙ: matinal, qu'une femme eft 772a-
tmale , quand ils fe lèvent de bonne heure. On ne
doit pas s'en lervir fouvent. Vaug. On prétend que
matineux , quand il s'agit des perfonnes , eft plus ulité
que matinal ; mais l'Académie les adopte également
l'un & l'autre , en appliquant pourtatit le dernier à
celui qui eft dans l'habitude de le lever matin, ik. le
premier à celui qui s'eft levé matin.
MÂTINEAU. f. m. Petit mâtin.
Lui Berger pour plus de ménage.
Aurait deux ou trois mâtineaux.
Qui 3 lui dépenfant moins veilleraient aux troupeaux.
La Fontaine.
§C? MATINÉE, f. i, Matutinum tempus. C'eft la partie
du jour qui eft depuis le point du jour julqu'à midi.
On dit une belle matinée. Les matinées lont fraîches
au Printems & en Automne. Les femmes palFent la
matinée à s'habiller.
ffT On dit en ftyle de converfation, dormir la gralTc
matinée, bien avant dans le jour. In altam lucem.
Ah ! que c'eft chofe belle &fort bien ordonnée ,
De dormir dans un lit la grajfe matinée.
Régnier.
•ICTMÂTINER. v. a. Il ne fe dit au propre que des
mâtins qui couvrent des chiennes d'une belle etpèce.
Cette chienne a été mâtinée , elle fera de vilains
chiens. Coire cum dégénère. Ce vilain chien a mâtiné
ma chienne.
1^ On le dit figurément d'utie femme qui s'eft mariée
M A T
à un homme indigne d'elle. Indccore , ignohUiurnu-
bere. Exprellion tiiviile.
Màtiner , lignifie aiilli , traireravec riidedc , nultrairei- ,
.i:_;omm.uider. Son Maine le mâtine :,\e. goiirmande , le
bac. Les gens qui ont le cœur noble ne veulent point
être mâtinés. Mucincr la goutte. Sar. Il ell popu
lane.
MÂTINÉ, ÉE. part. &: aaj. Foyei le verbe.
JMATINES. f. f. pi. Pieniicie partie de l'Oflice divin de
chaque jour. ÔHice de l'Eglife qu'on dit le matin ^
quelquefois à minuit, & quclquelois la veille. Noc-
turn£ precationes j matutïnum , hors, matutlns,. Les
Rcliijieux fe lèvent la nuit pour aller à matines. Les
inrirmcsfe fontdifpenier de matines. Les laudes le di-
fent après les matines. Voyez Heures.
Les cloches dans les airs de leurs voix argentines ,
Appelaient à grand bruit les Chantres à matines.
BoiL.
Matines , fedit proverbialement en ces phrafcs. Corri-
ger le magnificat à matmes y c'clt vouloir corriger une
chofe mal à propos, à contretems & fins fujct. On
dit aullî que des matines bien Tonnées font à demi di-
tes. On dit aulli qu'un homme cil étourdi comme le
premier coup de matines , parce qu'on ell à demi en-
dormi, quand ce premier coup lonne. On dit aullî
\ que le retour vaudra pis que matines , en parlant
' " d'une aftaire dont la luite elî pire encore que le com-
mencement. Régnier, en parlant des gens entêtés
de leurs ouvrages, a dit proverbialement qu'ils s'ima-
nent ,
Que portes à l'Eglife ils valent des matines.
Tant , félon leurs difcours , leurs œuvres font divines,
Régnier.
Favyn, le Maire, & d'autres, appellent & difent
qu'on appela matines Par.Jiennes , le mallacre des
Huguenots, tait le Dimanche, fête de fiint Barthé-
lemi , 14*^ Août 1 572 , parce que le lignai pour com-
mencer cette expédition, étoit les cloches qui fon-
nent \e% matines à minuit. CCEt le 27 Mai 1600, à
fix heures du matin , à l'heure de matines , les Mof-
ccvites raailacrèrenc leur Prince Démétrius, & tous
les Polonois les adhérens , qui le trouvèrent à Mof-
cou. Cela s'appelle les matines de Motcou.
On appelle encore des matines , cette partie des tri-
pes qui ell par feuillets. C'eft le troilième ventricule
du bœuf, qu'on appelle autrement Millet. De toutes
les tripes, je n'en aime que Kesmatincs.
MATINEUX , EUSE. adj. Matutinus. On prétend que
ce mot ell un peu plus ulité que matinal , & lignihe
la même choie. ''}Cr L'Académie met cette diftérence
entre les deux. Matinal , qui s'eft levé matin. 'Vous
êtes bifen matinal aujourd'hui. Matineux , qui ell
dans l'hibitude de le lever matin. Les daines ne font
guère matineufes.
MATINIÈRE. adj. 'Vieux mot qui fignilîoit autrefois
la même choie que matinal Se matineux : on le di-
foit de l'Aurore. Matutina , matura. L'étoile mati-
nière peut trouver la place quelque part. 'Vaug.
0Cr Pour matinier , il ne fe dit plus , ni en profe , ni en
vers, ni pour les perfonnes, ni pour aune chofe.
MATIQUE. Nom d'un bourg de la Floride Françoife ,
en Amérique. Matica. Il ell chef de la province de
Matique , & fitué fur la rivière d- May , vers le grand
lac où cette rivière prend la fource. Maty.
MATIR. C'ell amfi qu'il faut écrire. Foyei MATTIR
pour l'explication.
MATITE. f. f. Pierre figurée , couleur de cendre , qui
cil faite en mamelons, ou qui a la forme du bout
d'un teton.
D3"MATO. Voyei Mamgostan.
^CTMATOBA. f m. Efp'ce de Palmier qu'on trouve
dans les Royaumes de Congo Se d'Angola , dont on
tire par incifion une efpèce de vin extrêmement
acide.
|p"MATOIR. Foyei Mattoir.
M A T 88^
MATOIS, OISE. adj. & f. Rufé, difficile à être trom-
pé', adroit à tromper les autres. Fajer, verfutus. Il
efl bien matois. C'ell un fin matois. La inatofe!
Mol. Un amant bien difrnt, matois. Voit. Il n cil
que du ftylc fimilier , ainli que le fubllantif matoife-
rie. Les filous le nomment encore entr'cux les en-
fans de la mate, qui ell un vieux mot François qui
fignih'oit tromperie , à caufe d'une place qui écoit
autrefois à Paris , où les filous ou cfcrocs s'amaf-
foient , comme a remarqué Corgravc.
MATOISEMENT. adv. Dune matière matoife. Il cil
venu matoifement. Il cil vieux.»
MATOISERIE. f f Fmeire du matois, fourberie,
qualité du matois. Faj raies , verfutia, afiuûa. Il ne
trouve place que dans le llyle familier.
Mais d'où vient qu'au Renard Efope accorde un point?
C'ejl d'exceller en tours pleins de matoifcrie.
La Font.
MATOU, f. m. Chat mâle .S: entier. Fêles mas. Les
chattes qui lont en chaleur, crient après les matous.
Les matous courent les gouttières. Le peuple croit
que les matous vont au Sabat, ou les Sorciers, fous
la forme d'un matou.
Je crains dupie'ge encor les trompeufes amorces ;
Mais fur-tout des Matous je redoute les forces.
NoUV. CHOIX DE vers.
MATRA, f. f Terme de Mythologie. Nom que les
Perles donnoicnt à Vénus. Matra.
MATRA , ou MYTRAY. Nom d'un ancien bourg de
la Rhétie. Matreium , Matreia. Il ell dans le Tirol ,
fur la rivière d'Ultz , à trois lieues d'Infpruck , du
cc)té du midi. Maty.
MATRALES. f. f pi. Terme d'Hilloire Se de Mytho-
logie. Matralia. Nom d'une Icte qui fe célébroit à
Rome à l'honneur de la déelle Matuta. Voyer ce
mot.
MATRALIENES. f. f. pi. Terme d'Hilloire. Il y en a
qui appellent ainli les MATRALES.
MATRAS. f. m. Vailfeau de verre dont fe fervent les
Chimilles pour leurs dillillarions i'n: autres opéra-
tions. Il ell lait en forme d une bouteille qui a le col
tort long & étroit. Vitreus excipulus. On lutte le
/Tzafr^j avec la terre , quand on le veut mettre fur un
feu bien ardent. On les fcelle hermétiquement ou
du fceau d'Hermès, quand on les veut bien boucher.
Dans les Monnoies , on le fert aullî de matras , & il
y a des matras d'elTais év' des matras de départ d'or.
;T? Matras de Boulogne. C'ell une bouteilk donc
le fond, hit en forme de voûte, ell d'u.ic épailîcur
conlidérable. Si l'on trappe ce fond à coups de mar-
teau , Il on laifle tomber dans la bouteille des pierres
confidérables , le matras ne fe brifera pas. Mais fi
l'on y jette un infenfible de pierre à fulil , h fond
tombera en pièces. Pourquoi , dit le P. Faulian;
parce qu'il s'ell ramalfé dans ce fond une infinité de
particules combullibles que le feu contenu dans la
pierre à fuiil, & excité par le choc, ne manque pas
d'enHammer. Ces particules entlammées agilfent con-
tre 'e fond du matras , & le font tomber en pièces.
Quelques-uns allurent que Ion a le même elfec,
loifqu'on lailFe tomber dans le matras un morceau de
diamant , d'agate , en un mot une m.irière propre à
faire une ouverture au fond, ii le fait ell vrai , dit il,
l'on ell obligé d'avoir recours à l'introdu;lion de l'air
extérieur , & l'on doit expli luer ce phénomène
comme celui que inu'- fournit la hrme Batavique.
Matras , lignifie aulli le trait de ces grolles arbalctres
qui fe bandent avec des relforts. Tragula , matera.
Ce dard ancien avoir une grolfe tête. Si ne perçoit
pas, mais meurtrilTuit; d'où vient qu'on difoit aulîî
matra(]'er , poijr die, affommer de coups. On dit
d'un étourdi , qu'il s'en va comme un 'matras délèm-
pennéj quand il n'ell pas fourni des chofes nécellài-
res pour la courfe.
88-^
M A T
Ce mot dl du vieux Gaulois très ancien dans la
Langue. Les Latins on dit Matara S< inataris , en
parlant des armes Gauloifes^ coniine on le voie dans
les Commentaires de Céfar.
JVIATRÎCAIRE. f. f. Plante qui efl: ainiî appelée , parce
qu'on l'emploie avec fuccès pour les maladies de la
matrice. Matrïcana. Il y en a pluiieurs efpèces. La
matrkalre ordinaire a une racine blanche Hc Hbrée j
-d'où lortent pluheurs tiges hautes d'une coudée &
demie , roides , cannelées , remplies d'une moelle
blanche. Ses feuilles font grandes, dilpolées en ailes
découpées comme par paires julques vers la côte ,
& recoupées fur les bords , de couleur verte jaunâtre.
Ses Heurs naillènt par bouquets aux fommités des
branches , radiées comme celles de la camomil'e ,
ayant la couronne blanche & le difque jaune. Ses
femences font oblongues. Toute la plante rend une
odeur forte, délagréable , & elle a un goût amer.
£n Latin Matrïcana vulgarïs five fatïva. Elle eft
propre pour abattre les vapeurs , pour provoquer les
mois, pour lever les obftrudions , pour exciter l'u-
rine , pour poulFer les vents.
MATR-ICAIRE. S. m. Terme d'Hiftoire. Matricarius.
On appeloit dans l'Empire Romain Matricaires ,
ceux qui dans les incendies étoient chargés d'éteindre
le feu en jettant de l'eau , & en abattant les mai-
fons.
Ce nom vient de celui de Matrlcula , parce que le
nom de ces perfonnes étoit écrit dans la matricule du
Préteur.
1^ MATRICE. C. f. Ce terme dans fa plus grande géné-
ralité s'applique à. tout lieu qui fert à la génération
de quelque corps ; foit organilé, comme la matrice des
animaux femelles pour la rcprodudion de l'elpèce -,
foit non organilé , comme des minéraux, des mé-
taux.
MATRICE. Terme d'Anatomie. La partie des femelles
des animaux où fe fait la conception, & la nourriture
du fœtus , ou des petits julqu'à leur naiilance. Vulva
matrïx , utérus, loci. Aux femmes elle eft htuée en
l'hypogalhe, au bas-ventre en cette ample ca-
pacité des hanches qui eft entre la veiîîe &: l'inteftin
droit , &c elle va jufques aux Hancs , quand elles lont
enceintes. Elle s'étend , & prend divei (es formes , iui-
vant les divers temps de la grollelfe. Sa lubllance
eft mcmbraneule & charnue , & s'épaiflit , (elon
quelques uns , lorlqu'elle fe dilatte. Elle a pluheurs
tuniques, artères , veines, nerh cc ligamens , & eft
cntretillue de pluiieurs fortes de fibrtfs. Ses nerh
viennent de la huitième conjugailon &c de la moelle
faciée. Elle a quatre ligamens , deux en haut , lV
deux en bas. Sa figure eft ronde & longue comme
une poire. On la divile en quatre parties ; l'une eft
le fond , qui eft Ion propre corps ; la (econde le
col; les autres lont l'orifice intérieur & l'extérieur.
hçs parties extérieures lont le pénil , la motte &
les lèvres. Les cachées font les ailes , les nymphes _,
les caroncules, le clitoris. Les Anciens, c'eft àdire,
les Grecs , ont appelle la matrice , ftij;« , qui
vient de i^'.tip , c'eft-à dire , mère , c'eft pourquoi les
maux de matrice lont fouvent nommés maux de mère.
Ils r.rppeloient auftl ùAfx , parce que c'eft le plus bas
des vifcèresj félon fa fituation. On l'appelle .auftî
<iuVif , ou nature , & vulve , du Latin vulva , comme
qui diroit, volva , qui enveloppe, ou, valva, porte.
Platon &C Pythagore ont ctu que c'étoit un animal
diftingué qui étoit dans un autre animal. Paul Egmette
«lit qu'on peut ôter toute la matrice à un.e femme fans
qu'elle en meure ; & on en a vu .qui ont vécu long-
temps après avoir perdu la matrice. On en a guéri
quelques unes en leur extirpant la matrice , comme
le témoignent Rhafis & Paré. On a fait voir .à l'A-
cadémie des Sciences en 1669. un enfant engendré
hors la matrice , qui n'avoir pas lailfé de croître juf-
qu'à fix pouces.
Matricf. Tqrme de phyfique , fe dit des lieux propres
à la génération des végéraux , des minéraux & mé-
taux, Matrix. La terre eft la matrice où les femences
MAT
germent. Les marcallitcs foiii les matrices des mé-
taux.
En termes de Philofophie hermétique , la matrice
ou la mcre de la pierre , c'eft le vailîeau de verre ,
nommé aulll œuf philofophal. Quelques Sages ap-
pellent matrice de nature métallique le fel commun ,
le Ici marin.
yCr Ce terme s'applique aufli , dans un fens figuré , à
certaines choies dans lefqucUcs il le fait une clpèce
de génération , & où de certaines matières prennent
un nouvel être , ou une nouvelle manière d'être ,
comme on le verra dans les articles luivans.
Matrices. Terme d'Imprimerie , qui le dit des moules
dans lelquels on fond les caradlères qui fervent à
imprimer. Prototypum , archetypiim. Pour avoir
une fonte neuve, on ne (e peut adreller qu'à tels
& tels ouvriers , parce que ce lont eux qui ont les
matrices.
On appelle auflî matrices , le moule, le coin, ou les
carrés des médailles & monnoies , gravés avec le poin-
çon , qui lervent à en mouler, ou à en faire d'autres.
C'efl un fer carré fur lequel le Tailleur général grave
l'écullon , la légende , le millélime &c. & c'eft fur ces
matrices bien trempées que fe tirent les- perits poin-
çons, dont les Tailleurs particuliet s frappent les carrés
qui fervent à monnoyer les elpèces. On appelle en
termes de Monnoies, matrice d'effigie, un carré d'acier
de hauteuf de deux ou trois pouces, &de largeur pro-
portionnée à l'efligie qu'on y veut imprimer, & à
l'efpèce , à la marque de laquelle il doit fervir , &
fur lequel on a imprimé à torce de coups cette
effigie en creux, par le moyen du poinçon d'effigie.
Il y a de même , matrice de croix ou d'éculfon ,
matrice de légende. Le Tailleur général eft obligé
par l'Ordonnance de 1554. de fournir les Monnoies
de poinçons d'effigie & de matrices d'écullbn , de
croix 6i de légende. Foye^ Boizard , P. I. c. //.
On appelle auiîi matrice l'origin.il des étalons des
poids &c mefures , qui font gardés par des Officiers
publics dans des Greftcs , ou Bureaux, & qui fervent
à étalonner les autres. Archetypum.
Ce mot s'emploie auftl adjectivement , comme
dans les articles qui fuivcnt.
Les Teinturiers .ippcUent couleurs matrices , les
cinq couleurs fimples dont toutes les autres dérivent ,
où font compolées ; favoir , le blanc , le bleu , le
rouge , le fauve ou couleur de racine , & le noir.
tfj On appelle aulli figurément langue matrice une
langue ancienne, qui n'eft point tirée d'une autre,
& originaire d'un pays , d'où quelques autres font
dérivées , comme rHébraïque , la Celtique , ou
Bas- Breton. Lmgua primaria , matrix.Yoy. Langue.
On appelle auffi l'Eglife matrice , celle qui eft la
plus ancienne d'un lieu, à l'imitation de laquelle on
en b.uit plufieurs autres. §C? On appelle proprement
Eglifes fnatrices , celles qui ont été fondées par les
Apôtres, d'où les autres ont pris naillànce. L'Eglife
de Rome, fondée par Saint Pierre & par Saint Paul
a été qualifiée de matrice des matrices. Eglife matrice.
revient à Eglife mère. On le dit particulièrement des
Monaftères Chefs d'Ordre , qui ont pluheurs autres
Couvens dépendans de leur Filiation.
MATRICIDE, f. m. La perfonne qui a tué fa mère.
Matricida. Ce mot ^3' lignifie aulll le crime de celui
qui a tué fa niere. Matricidium. T. Corneille dans
fes Notes fur 'Vaugelas , dit , Fratricide eft un mot
François ; mais pour matricide , je ne crois pas qu'on
le puilfe dire. Mais puilque nous adoptons fuicide ,
^C7 homicide, régicide 6cc. comme termes delà lan-
. gue , pourquoi ne recevroit-on pas matricide , qui n'a
point de fynonyme ni d'équiv.rlent ? C'eft enrichir
la langue.
MATRICULAIRE. adj. & f. m. Celui dont le nom eft
dans la matricule. In album , in catalogum relatas.
Ce mot fe trouve dans la déclaration du 31 Mars
1674. enregiftrée au Parlement le 16 Avril fuivant,
concernant les quatre cens Procureurs du Parle-
ment.
Les Procureurs Matriculaires , étoient des Proci;-
M A
T
MAT
reurs qui croient reçus Cms provifioii Ju Roi ; nwiç
Lulcnient par iiurriculc: c'eft-à-tiirc , qu'apics avoir
été trouvés capables , ils étoiciit reçus & inkrits dans
un Regifhc des Procureurs, & avoicnt par ce moyen
le pouvoir d'exercer leurs ofiices fans avoir eu de
provilions du Roi.
(fl^' On appelle en Allemagne contingens A/'flmfi//<7.rf.9,
les contingens que chaque Electeur, chaque Prince ,
chaque ville impériale doit fournir, fuivant la ma
tricule ou le regiltre de l'Empire.
« Autrefois on a appelle Macrkulaircs , ceux qui
croient chargés de conferver les biens des Eglifcs ,
fur-tout les dixmes.
Ce mot vient de matricule.
Matriculaire. f. m. Se f. qui fe dit auflî de celui Se
celle qui ell lur la matricule d'une Eglife. Matr'tcula-
rius , a. Ce nom s'eft dit des pauvres qu'une Egli(e
nourrillbit, Se dont elle avoit le regiftre , «Sj des Clercs
qui y fervoient.
MATRICULE, f. f. Regiftre CtT lifte , catalogue , dans
Jequel on inlcrit les noms des perfonncs qui entrent
dans quelque corps ou fociété. Comimntanus , rc-
■ cenjionis index , album , catalogus. Chez les Au-
teurs Eccléfiaftiques, il eft fait mention de deux
Cônes dt macricules ; l'une qui contenoit la lifte des
Eccléfiaftiques , l'autre celle des pauvres qui étoient
nourris aux dépens de l'Eglife.
On appeloit aulli matricule , une maifon où les
pauvres étoient nourris^ & qui pour cela avoient
certains revenus aftedés. Elle étoit d'ordinaire bâ-tie
à la porte de TEglife : d'où vient qu'on a donné
quelquefois ce nom à l'Eglife même.
Aujourd'hui on le dit particulièrement de la ré-
ception des Avocats : Se on appelle aulîi matricule ,
l'extrait de ce regiftre qui leur eft délivré, & qui
fait mention de leur réception. Ces deux Avocats
étoient en difpute fur leur ancienneté, il a fallu avoir
recours à leur matricule, ils ont levé Se fait voir
leur matricule.
On le dit auflî des Rentiers de l'Hôtel de Ville ,
qui font écrire leurs noms lur les Regiftres des
payeurs, quand les rentes changent de propriétairej &
pour cette infcription on paye un droit d'immatriculé.
Matricule, f. f. On appelle Matricule de l'Empire ,
le dénombrement des Princes & des Etas qui ont
féance aux Diètes de l'Empire. Il a été mis dans la
matricule de l'Empire. Ac. Fr.
03" Ce regiftre contient encore les contingens matri-
culaircs, c'eft-à dire,ceque chaque Eledleur, chaque
Prince , chaque ville impériale doit contribuer dans
les charges publiques de l'Empire. Cette matricule eft
confiée aux foins de l'Eledeur de Mayence , garde
des Archives de l'Empire.
Ce mot vient du Latin Matricula.
MATRICULIER , ERE. f. m. & f. Terme de l'Hif-
toire Eccléfiaftique. Qui eft écrit lur la matricule de
l'Eglife. Pauvre que l'Eglife entretient. Matricularius.
Il y avoit des pauvres nommés matricuUers , parce
qu'ils étoient inlcrits dans la matricule ou catalogue ,
foit du Dôme , c'eft à-dire , de la Cathédrale , foit
des autres Eglifes.
MATRIGA , ou GUDESCIO. Nom propre de lieu.
Matriga. C'étoit anciennement une petite ville de
h Sarmatie , en A\\e. , appelée autrefois Hermonajfa,
Hcrmoneffa. Ce n'eft maintenant qu'un village de
la Circalîie , fituée lur la mer Noire , près du détroit
de Caffa. Maty.
MATRIMONIAL, ALE. adj. Qui appartient au ma-
riage. Conjugalis , connubialis. Une caufe matrimo ■
nïale , eftunequeftion de mariage. Le lien matrimo-
nial, ou conjugal. Des conventions matrimoniales
Les caufes matrimoniales appartiennent aux Juges
d'Eglife. Se bien acquitter des fonélions matrimo-
niales. Bay. Ces Orientaux qui époufent tant de
femmes j ont fans doute la vertu matrimoniale du
plus haut étage. Mont.
MATRISYLVA. f f Plante qu'on appelle autrement
Chcvre-feuille. Voyez Chèvrefeuille.
MATROLOGUE. f. m. C'eft le nom qu'on donne à
887
un Regiftre fur lequel on a foin d'écrire tout ce qui
regarde Se concerne une ville , une compagnie , une
communauté. Le Roi Charles IX. par fcs L.ettres du
17 Oélobre ijJii enregiftiécs au Matralogue de
la ville. HuET, Orig. de Caen.CeA Pierre de l'Enau-
derie qui en i Ji J a drcfté Se écrit le Matrologue de
l'Univerfité de Caen. la.
MATRONALES. f f pi. Fête des Dames romaines.
Matronalia. Elle (e célébroit aux Calendes de Mars ,
Se à l'honneur du dieu Mars. Il n'étoit point permis
aux hommes qui vivoieiit dans le célibat , d'allifter à
cette fête.
MATRONE, f. f Terme d'antiquité. Femme fage &
vertueufe , qui gouverne honnêtement {x famille.
Matrona. Les Matrones Grecques Se Romaines ont
donné de grands exemples de vertu _, de ciiaftcté ,
de confiance , d'amour de la patrie. Pétrone a in-
venté un conte qu'on appelle , la Matrone d Eptièfe ,
Se dont on a donné bien des tradudtions Se imita-
tions en François.
Matrone j s'eft dit chez les Romains , des femmes pru-
des & chaftes, dès qu'elles étoient mariées. Matrona.
Servius donne l'explication du mot matrone dans
le onzième de l'Enéide , où il dit ; Quelques - uns
croient qu'il y a cette diftérence entre matrone , &
mère de famille ; que l'on appelle matrone celle qui
a un enfant , & mère de famille j celle qui en a eu
plufieurs. Mais d'autres eftiment qu'on nomme ma-
trone, la femme qui eft mariée , quoiqu'elle n'ait point
encore eu d'enfans , Se que l'elpérance qu'elle a d'en
avoir lui a donné ce nom de mère , ou matrone , Se
c'eft pour cette raifon que le mariage eft appelé ma-
trimoni^m. Aulu Gelle , .Sr Nonius Marcellus ap-
puient cette opinion.
Matrone. En Mythologie. On donnoit ce nom à Ju-
non dans l'Antiquité paycnne , parce qu'elle étoit
la divinité protectrice des femmes nubiles , qui font
en âge Se en état de devenir mères.
Matrone, en Jurifprudence , eft aufli le nom de celle
qu'on appelle proprement iÇa^e/è/Tz/Tze, qui a étudié
en Anatomie, qui eft examinée par les Juges de Po-
lice , & par les Olîiciaux , dont chacun d'eux lui
donne une commilîion , & un titre pour pouvoir
accoucher les femmes enceintes , vifiter les filles dé-
florées &c. Objletrix, matrona. On a ordonné que
cette fille feroit vue Se vilitée par les Matrones pour
conftater fon état. Il y a de ces rapports de Ma-
trones inférés tout au long dans le livre de Laurent
Joubert , célèbre Médecin de Montpellier.
MaTRONÉE , ou MATRONIQUE. f. m. Lieu def-
tiné autrefois aux femmes dans les Eghfes , Se féparé
de celui des hommes. Matron&um chez les Latins j
Matronicum chez les Grecs.
IJS'MATSURî. C'eft ainfique les Japonois appeUcnt
la fête que chaque ville célèbre tous les ans en l'hoi»
neur du dieu qu'elle a choiù pour fon patron. Ces
fêtes confiftent en fpeélacles , en danfes Se autres
réjouilfances publiques.
MATTABAS. L m. Nom qu'on donnoit autrefois à
une efpèce de drap d'or , pour le défigner Se le
diftinguer. Diap d'or mattabas.
MATTAIRE. f m. Se f. Nattier , homme qui couche
fur une natre de jonc. Nom de Seéte , qu'on dorma
à une branche de Manichéens. Mattarius.
MATTHANA. Nom d'un lieu qiû étoit à l'Orient du
Jourdain. Mathana.
MATTARIEN , lENE. Foyei Mattaire.
§3° MATTE. f £ Terme de Métallurgie. C'eft ainfi
qu'on appelle la matière métallique qu'on tire de
la première fonte du minerai dans le fourneau de
fufion. Matte de cuivre, matte de plomb. Sec. Comme
la matte eft encore chargée de plufieurs matières ,
étrangères , pour l'en dégager , on la fait pafler par
plufieurs autres opérations.
MATTÉES. f f. pi. La plupart de nos Auteurs pré-
tendent que les Romains entendoient par i^/ijrred^,
toutes fortes de mets délicats. Il femblc pourtant que
celle dont parle Pétrone dans fon f-eftindeTrimalciom
fignifie des Viandes farcies ; & celles que Suétone dit
888
MAT
MAT
que l'Empereur Caligula envoyoit à ceux qui l'a-
voient inftitué leur héritier j afin de précipiter leur
décès, croient de même nature. Quoiqu'il en foit ,
mattea , Se mattya fe rendent en François par mattées.
On fervit des manies , dont le fouvenir me fait en-
■core mal au cœur. Nodot,
MATTELINS. C m. pi. Sorte de laines qui viennent
du Levant.
MATTER. Tennede jeu d'Echecs. P'oye^ Mater.
MATTER , au figuré, f^oyei Mater.
MATTHIAS, f. m. Nom d'homme Matthias. Saint
Matthias fut élu Apôtre par les Apôtres , à la place
de Judas. L'Évangile félon S. Matthias , cil un
Livre apocryphe , qui couroit dès les premiers fiè-
cles de î'ÉgJife. Saint Matthias prêcha la foi en Ju-
dée j & dans une partie de l'Ethiopie.
Autrefois on diloit Macé pour Matthias.
"MATTHIEU, f. m. Nom d'homme. Matthms. Saint
Matthieu eft le premier des quatre Evangélides. Il
eft aufli Apôtre. Il avoir été Publicain. Jésus-Christ
en palfant devant (on Comptoir , ou fon Bureau ,
& l'y voyant affis , l'appela j & lui ordonna de le
fuivre ; ce qu'il fit aufli tôt. Matth. IX. p.
On abufc de ce nom dans cette phrafe , Cet hom-
me eft un FeJJe-Matthieu ; pour dire , un ufurier
qui prête à gros intérêts. On prétend que cette ex-
prelîîon vient , de ce que Saint Matthieu , avant (a
converfion , croit Publicain , & que les Publicains
font ordinairement en horreur au peuple , 8c pal-
fent pour de grands uluriers. Ainfi on a dit , fait
tomme S. Matthieu, fait S. Matthieu, F effe- Matthieu.
Autrefois on difoit Macieu , ou Mailîeu , pour
Matthieu. Ce mot s'ctoit fait en changeant les deux
tt de Matthius ei^Jf, comme en Grec les Athé-
niens mettoient "f pour r: > l'iconfn , ti-fiufts.
Saint-Matthieu. Foye:^ S. Mahé , &c Matheo.
MATTIAIRE. f. m. Mattiarius. On trouve que ce
nom a été donné aux troupes qui fe lervoient du
Marriobarbule , parce que cette arme le nomme auilî
Mattium en Latin , d'où l'on a fait Mattiaire. Voyez
Martiobarbule. Zozime. L. III. Amm. Marcel-
lin , L. XXI. c. 13. ôc d'autres parlent des Mat-
daires ; la Notice de l'Empire les joint aux Lanciers.
MATTIR. V. a. L'Académie écrit matir , & cette or-
tographe paroît la plus fuivie. Terme d'Orfèvrerie :
c'eft , Rendre de l'argent ou de l'or mat , les met-
tre en œuvre fans les brunir j ni les polir. Rude
atgue impoUtum efficere. La mode de mattir la vaif-
fefle a duré alfez long-temps. En matière d'argentj
on dit plutôt blanchir,
MATTO. Monte matto. Voyez Himetto.
MATTOIR. f. m. Petit ouiil de fer qui fert aux Gra-
yeurs , Damafquineurs , & autres Ouvriers , pour
^ amattir l'or , & le faire tenir dans les cifelures qu'ils
ont préparées pour cela. Deprejforium.
IMATTONS. f. m. pi. Mot dont quelques-uns fe fer-
vent pour fignifier de gros carreaux de brique, qui
fervent à paver. Il vient de l'Italien Mattoni , qui
veut dire des Briques.
MATTOWME. f. m. Plante qui croît dans la Virgi-
nie , &c qui eft femblablc au p.mis. Sa femence ref
femble au feigle^ mais elle eft plus petite. Les ha-
bitans eftiment le pain qui en eft fait fort délicat , ils
le mêlent avec de la grailfe des bêtes (auvages.
MATULE. f. f. Matula. Nom d'un vaille.iu dont les
Romains fe fervoient pour mettre de l'huile.
MATURATIF , IVE. adj. On appelle Maturatifs , les
remèdes qui hâtent la formation de la matière pu-
rulente. Dict. DE James. Maturantia. Remèdes ma-
turatifs. Il eft aulli (ubftantif. Un bon maturatif.
L'application d'un limplc maturatif.
|3" MATURATION, f f. Terme de Chimie. Matu-
ratlo. Opération par laquelle un métal acquiert une
plus grande perfeètion. M. Duhamel , s'eft fcrvi de
ce terme pour exprimer le progrès des fruits vers
la maturité. Je ne lais , dit-il , li ce mot eft François,
mais il rend bien mon idée. Ce mot mérite d'être
adopté ; nous n'eu avons point d'autre qui ait la '
même énergie pour exprimer la coftlon du fitC
nourricier qui fe fait dans l'intérieur des fruits , qui
de verts , acides , âpres , acerbes , deviennent doux
Se agréables au goût.
MATURE. Nom d'une petite ville, ou fort de l'île
de Céylan. Matura.
MATURE. 1. f. Art de mater les vaiffcaux. Modus
mail inftruendi. Les vaifteaux ont différentes mâtw
tes , fuivant leur diverfe conftruftion. On dit qu'un
vailfeau eft de belle mâture , quand fes mâts font
bons, beaux & bien plantés-, Se qu'un vailleaua
trop de mâture , quand les mâts font trop longs,
comme on dit voilure , envergure , Sec.
MÂTURE j fe prend encore pour l'amas * l'alfemblage
de tous les mâts d'un vailleau , Se pour le bois def.
tiné à faire des mâts. En ce lens ont dit qu'on tire de
la mâture de Norvège.
MATURIN , MATURINE. Foye^ Mathurin , Ma-,
THURINE.
MATURINADE , f f. Pour extravagance , parallu-
llon au mot Italien matto , qui lignifie fou , on a
dit que S. Mathurin guérilfoit de la folie , & de-là
vient le mot de maturinade. Ménage , Dici. Etym,
Voyez Mathurin.
MATURITÉ, f f. L'état de bonté , ou de perfeétioii
d'un fruit ■■, le temps où on le doit cueillir , où il
eft bon à manger. Maturitas. On reconnoît qu'un
fruit eft mûr à la couleur , à l'odeur &: à la conlif.
tance. On n'attend pas la pleine /wawnre des fruits
pour les confire. Il faut couper ces blés , ils font en
maturité. Il y a dans l'art un point de perfedion,
comme de bonté Se de maturité dans la nature;
celui qui le fent, a le goût parfait. La Br.
§Cr Maturité , fe dit en Chirurgie du pus des ab-
cès. Il fiut, percer l'abcès, il eft dans (x maturité.
La maturité du pus s'annonce par une diminution
de fièvre Se de fouftrancesj Se par la molleffedela
tumeur où la fonte s'opère.
^fT On le dit de même en Médecine , en parlant
d'une chofe qui eft parvenue à fon jufte degré de
perfetfcion. C'eft ainh qu'on dit que la matière mor-
bifique eft parvenue à la maturité , pour dire qu'elle
a reçu le degré de codliion , d'atténuation nécelfaire
pour en faciliter la crife où l'expulfion.
ifT Au moral , on dit qu'une affaire eft en fa matu- \
rite , pour dire , en état d'être conclue , au point
où elle doit être pour être terminée. Prmparatio ,
difpofltio. On dit de même la maturité de l'âge ,
pour défigner l'état de confiftance Se de force où
Jont communémenr les hommes à un certain âge.
Il ne faut pas marier les perlonnes rrop jeunes 5 il
faut attendre qu'elles (oient en âge de maturité. Il 1
ne faut entreprendre les affaires que quand elles
font en maturité. Il mourut au plus haut poii:t de
fa valeur , Se dans la maturité de (a iagelfe. FlÉch.
Vous verrez le progrès d'une opinion nouvelle, de-
puis fa naiflance julqu'à fa maturité.
§3" Maturité d'efpiit, état d'un clprir mûr, formé,
/^tiye^ MÛR.
§Cr On dit avec maturité, pour diie avec circonfpec-
tion Se jugement. On a délibéré avec maturité , avec
grande maturité , .avec la maturité requile.
MATUTA. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
déelfe de l'Antiquité Payenne. Matuta. La déelle
Matuta eft la Leucathea des Grecs , à laquelle ils
donnèrent encore le nom d'Ino. Elle étou fille de
Cadmus , femme d'Athamas , (Se nourrice de Bac-
■ chus. Elle le précipita dans la mer avec fon fils Mc-
licerte , pour éviter la fureur de fon mari , qui
croyant qu'elle étoit devenue lionne , &: fes deux
enfans lionceaux, vouloir l'écrafer , comme il avoit |
fait Léarque , l'aîné de fes deux enfans; Se les dieux "
changèrent la mère (Se l'enfant en divinités marines.
Les Romains célébroient le onzième de Juin les
Matrales, qui étoit la fête de la déelfe Matuta. Le
Roi Servius Talhus bâtit un temple à Rome, à
cette déeife , que le Conful &: Didrateur Camille
rétablit & dédia vers l'an jôi. de Rome. Voyer^
Vollîus , liv. I. ch. I j. & 24. 6- liv. 7. ch. /o.
Ovid.
M A U
Ovid. F.î/?. Hv. 6 . V. S40. Tite-Livc , iiv. /. Pi-
tikus , Lcxïc. Aiitïquit. Rom. Hofmaii , Ixxïc.
univcrf. Les kmmcs alloiciu au Temple de Matuta
faire leurs vœux pour les fils de leurs hères. Elles
le gardoient bien d en foire pour leurs euhuis ; parce
qu'elles craigi oient qu'ils n'éprouvallent un fort
pareil aux enlans d Inc. C'ell ce que dit Ovide au
iixicme livre des Faftes , qui confeille aux femmes
de ne point prier pour leurs cntans , une déelle
qui avoit été trop malheureufe dans les liens pro-
pres.
MATUTIN ,^ TINE. adj. M. Dcfplaces a employé-
ce mot dans Tes Éphémérides , où il le met au haut
de la colonne des afpetts de la lune avec les plané
ces. Par ce mot il entend que la planète eft orien-
tale, & qu'elle le lève avant le {o\z\\.OncntaiiS.
MATUTINAIRE. f. m. Terme Ecclèliaftique. Matu-
tïnarlus. Le Matuùnairc étoit autrefois le livre qui
contenoit l'OHice de Matines.
MATUTINAL , ALE, ou MATUTINEL , ELLE,
adj. m. & f. Qui appartient à Matines , à l'Ofiice
de la nuit appelé ALitines. Matutïnus , matutïnahs.
MATUTINEL , ELLE. adj. m. & f. Qui eft du ma-
tin , qui fc fait le matin. Matutïnus , matutïnaiis. Ce
mot ne fe dit point.
MATZUMAY. Nom d'une contrée du pays de JelLo.
Matfumïa,
M A U.
MAVALLf. m. Eft un poidon extraordinaire qu'on voit
aux Indes occidentales. Il eft long de zo pieds , <Sc
gros de dix. Il a quelque rellemblance avec le bœuf,
& a le cuir fort dur. Le Cacique Caramétex en
iwurrit un 16 ans dans un lac. Il étoit apprivoifé,
&; approchojt quand on l'appeloit. Il (ortoit même
de l'eau pour aller manger à la maifon , & man-
geoit tout ce qu'on lui donnoit de la main. Il jouoit
avec les enfans , & fe réjouifloit quand il cnten-
doit chanter en mufique. Il paifoit-des hommes fur
fon dos de l'autre côté du lac , & en portoit dix
tout d'un coup , Gns être beaucoup incommodé.
Herrera. L. V. c. 2.
MAUBEC. f. m. 'Vieux mot. Mauvaifc langue. Gloff.
fur Maroc.
MAUBERG. Ancien nom que la Loi Salique don-
ne au lieu où l'on tenoit les pLads , les aliifes, où
l'on jugeoit les procès , où l'on décidoit les affaires ,
tant publiques que particulières. Malbetgium , Mal-
lohergïum.
MAUBERGEON. f. m. Terme d'hiftoire. Il y a à Poi-
tiers la tour de Mauhergcon.
MAUBERT. Nom d'un Bourg du Rérélois, en Cham-
pagne. Malbertum, Maubcrtum. Il eft à huit lieues
de Rétel, du côté du nord. Matv.
|t3° Place Maubert. Place publique où Ton tient mar-
ché à Paris. Elle eft aiall nommée par corruption,
de Maître Albert j parce qu'Albert le Grand, gui,
de Ion temps , fut l'ornement de l'Univerlité , étant
venu de Cologne en cette ville , fut fuivi d'un fi
grand nombre d'Écoliers , que la clatle n'étant pas
alTez grande pour les contenir , il fut obligé de
donner fes leçons au milieu de cette place , qui
fut nommée place de Maître Albert, qu'on écr'voit
M*^. Albert de ces deux mots réunis , en faifant
quelque changement , on a fait Maubert.
MAUBEUGE. Nom dune ville des Pays-Bas , fltuée
dans le Hainaut , fur la Sambre , à quatre lieues de
Mens , du côté du midi. Melbod'mm , Matbodium j
Malobodium. Long. 11. deg. 3 f'. lat. 50' deg. i j'.
MABILE. Rivière de l'Amérique feprentrionale j dans
la Louifiane ^ qui fe jette dans le golfe du Mexi-
que.
MAUBOUGE. f. m. Terme de Coutume. C'eft un
droit d'entrée qui fe lève enNormaiidie, & en d'au-
tres lieux j fur les boitions qui entrent , & qui font
braftees dans les villes & lieux où il y a foire &
marché. Vecligale potabdium. Il fut inventé par un
nommé Maubougc , qui lui a laifTé fon nom. A Pa-
Tomi F.
89
M A U 8
ris le droit appelé maubouge fe lève fur les bœufs,
vaches , moutons , &c autres bctes qui ont le pied
fourché. Bruneau.
MAUCAUD. f. m. Mefurc des grains. J'^oye:^ Mën-
CAULT.
MAUCLERC. f. m. Vieux mot , qui fîgnifîoit , Lour-
d.iut , ignorant ; par oppodtion à Grand Clerc , qui
fignifie encore , favant ik habile. Ignarus , iUite-
ratus.
MAUUANE. île ou prcfqu'ile de France , avec un
Monartère fur la côte occidentale de Normandie ,
au Diocèfe de Coutances.
MAUDIRE. V. a. Je maudis, tu maudis, il maudit;
nous maudijfons , vous maudiJJ'e^ , ils maudijjent. Je
maudijjhis , je maudis, j'ai maudi , je maudirai ^
que je maudiffe , je maudirais. Souhaiter du mal à
quelqu'un j faire des imprécations contre lui , pro-
noncer la malédidion fur quelqu'un , ou contre
quelque choie, f^oye^ Malédiction. Malè precari,
diris devovere. Ch.am fut maudit par fon père Noé ,
à caule qu'il avoit découvert fa turpitude. Les Dé-
mons ne font que maudire Dieu. Lorfqu'on ordonna à
Théanode faire des imprécations contre Alcibiade ,
elle répondit qu'elle ne s'étoit pas mife parmi les
Vierges pour maudire les hommes , mais pour louer
les dieux. M. Se. Maudire la deftinée , le jour, l'heure
que
Il n'eft pas nouveau dans l'ufàge des hommes ,
qu'un mot lignifie quelquefois le contraire de fa fi-
giiification naturelle ; mais il ne s'enfuit pas qu'en
tous lieux on puifle le prendre en ce fens extraor-
dinaire & forcé. Bénir fera quelquefois maudire
dans l'Écriture , comme quand au Livre des Rois ,
Naboth eft accufé d'avoir béni Dieu & le Roi , c'eft-
à-dire , blafphémé contre l'un , & prononcé des
imprécations contre l'autre-, chofes fi abominables
en elles-mêmes , que la langue Sainte en a horreur,
c\: n'ofe les exprimer j corrigeant pour ainlî dire
l'aélion par le récit qu'elle en fait. Mais où lera
l'impertinent qui oie toutenir fous ce prétexte , que
dans le Cantique de Daniel , où toutes les créatures
jufques aux plus infenfibles , font excitées avec une
éloquence divine à bénir le Seigneur, on puifle pren-
dre ce mot de bénir en ce fens extraordinaire Se
forcé où il lîgnifîe maudire. PÉlisson.
§C? Maudire , en parlant de Dieu, la même choie
que réprouver. Dieu a maudit cette génération , a
réprouvé, abandonne.
MAUDIT , ITE. part. & adj. Malediclus , diris de-
votas.
Maudit, lîgnifîe un méchant , un feélérat , une chofe
dont on ne fauroit rien faire de bon. Impius , fce-
lejlus , nequam. C'eft un homme maudit, qui ne
fonge qu'à faire du mal; un elprit maudit.
Nomme\ le fourbe , infâme, & fcélérat maudit.
Tout le monde en convient , & nul n'y contredit.
Mol.
■Une terre maudite j qui eft ftérile , quelque cul-
ture qu'on y falfe : une ville maudite , où l'on le
coupe la gorge : fpT un temps maudit ^ un maudit
livre. Ce mot fignifîe généralement très mauvais.
tf!" Ce mot eft employé fubftantivement dans cette
phiafe de l'Écriture. Allez , maudits ^ au feu éternel.
Ite , maledicii , in ignem éiternum.
MAUDISSON. f. m. 'Vieux mot , qu'on difoit autre-
fois au lieu de malédiction , qu'on dit maintenanr.
Dira imprecatio. Cet homme a fait mille maudif
fons.
MAUDOULE. adj. Vieux mot qu'on trouve employé
dans la Coutume de Boulenois. Mal adroit. M. Mé-
nage le fait venir de malé dolatus.
MAUDRE , ou MODRE. Nom d'une petite rivière de
l'île de France. Maldra , Madria , Moudra.
MAVE. Mavica. C'étoit anciennement une petite ville
des VacéenSj en Efpagne. Ce n'eft maintenant qu'un
petit village de la Caftille vieille.
MAUFAIS. f. m. Vieux mot. Lutins ou démons ,
Vvvvv
M A U
800
comme qui diroit , Malfiiifaiis. Il Ce iiouve aulîi
dans la lignification de Méchant.
JilAUG-BUND. f. m. Sorte de foie qui fe fait dans les
États du Grand MogoL Elle eft la moindre des fix
etpcces qui s'y recueillent pendant l'année.
MAUGE. Isfom d'une petite ville d'Anjou. Mclda-
cum.
Le Comté de Mauge , ou Les Mauges. Comhatus
Mcldacenfis , ou Medakenfis , Pagus Medalgus ,
ou Mtdalgïcus , ou Madalgicus. Nom d'une petite
contrée autrefois du Poitou , aujourd hui de l'An-
jou,
MAUGÈRE , ou MAUGE. f. f. Terme de Marine.
Petit canal de cuir , ou de toile goudronnée , par
lequel l'eau s'écoule du vailfeau dans la mer. Navis
fiïUicïdia. Les maugères font au vaiileau , ce que
les gouttières font aux maifons. Pomey.
MAUGÉROU. f. m. Nom d'une efpèce de prune Pru-
nofum fpecies. Les maugaous viennent au mois
d'Aoïit. La Quint.
AiAUGRÉ. prép. Ce mot s'ell dit autrefois au lieu de
malgré , qu'on dit ordinairement , tv' vient de malè
gratiis. NicoD. Gloff. fur Marot. Maugrc vous ,
maugré vos dents, Tt invïto.
MAUGRÉ BÉ. Efpèce de ferment. Gloff. des Pci'cf. du
Roi de Nav.
MAUGRÉER, v. a. PePter ^ jurer. Execrari. Les joueurs
font fujets à jurer ik. à maiLS,réer. Il eft bas.
MAUGUILLE. f. m. Nom d'iiomme, Maddgifilus.
MAUGUIOj ou MELGUEL. Mdgorïum. Pente ville
de France , dans le Languedoc , fur l'étang de Thau.
MAULBRUN , ou MOLBRUN. Bourg du Duché de
Wirremberg , en Suabe. Maulbrunum. Molbrunum.
Il ell: fur un petit lac , d'où fort la rivière de Salza ,
aux confins du Palatinat du Rhin. Ce lieu étoit
autrefois une riche Abbaye , dont les revenus (ont
employés à l'entretien des écoles, & autres œuvres
pieufes. Maty.
MAULE. Nom d'un lieu du pays Chartrain. Mau-
lia.
MAULÉON. Bourg de France, fitué dans le Poitou,
près de la Seure Nantoife , à onze lieues d'Angers,
vers le midi. Maty. Malus Léo, Malleo.
MAULÉON DE SOULE , ou DE SOLE. Nom d'une
petite ville de Gafcogne , en France , à huit lieues
de Pau. Malleo, Malleo in Subola , ou SuboU..
MAULÉVRIER EN CAUX. Village & Comté. Sur l'é-
reftion de ce Comté Voye-[ la Defc. Géogr, & Htjl.
de la Haute Norm. T. 1. p. 216.
MAULI , MAULO. Nom d'une rivière de la vallée de
Noto _, en Sicile. Maulus , anciennement Hirmmius
Flavius.
MAULIMART , ou S. Pierre de Maulimart. Bourg
de France , dans l'Anjou.
MAUMONT. Nom d'un lieu du Limoiln , province
de France. Malus Morts.
MAUMUSSON. Le Pertuis de Maumujjon. Marmuf-
foniurn Fretum. C'eft un petit détroit de la mer de
Gafcogne.
ALAUNE. f. m. Poids dont on fe fert dans les Etats
du Grand-Mogol. Il pcfe cinquante- cinq livres d'An-
gleterre , ou cinquante livres un vingtième de Paris.
MAUNI. Nom de lieu. Mauvais nid. Malus nidus. Il
fe dit d'un lieu qu'on appelle Le Gué de Mauni , en
Latin Vadum mali nidi. C'étoit autrefois un Château
de Philippe de 'Valois.
MAUPITEUX , EUSE. ad. Ce mot fignifioit autrefois ,
Qui eft dur , cruel & (ans pitié. Immïtis , inimtfe-
ricors , impius , crudelis. Ainfi l'on difoit: Les foldits
font gens maupiteux. Si vous avez à dennnder quel-
que chofe à cet uluricr , vous aurez affaire à maupi-
V ceux. Mais préfentement il n'a plus d'ulage en ce
feus , & on ne s'en fert guère que dans cette phrale
populaire , Faire le maupiceux ; pour dire , Faire le
miférable , fe plaindre , fe lamenter j fans en avoir
autant de fujct qu'on voudroit le perkiader. Cet hom-
me eft à ton aile , cependant il fait le maupiteux.
Fbigit Je miferurn.
MAUR. f. m. Nom d'homme. M.v.irus.
M A U
La Congrégation de S. Maur. Bcnédiclins de S. Maur.
C'eft une réiorme des Bénédictins de France , une
Congrégation de Bénédictins en France. Congregatio
fanch Mauri, Benediclini fancli Mauri.
Saint Maur des Fossés. Nom d'un village fitué fur la
Marne. Fanum S. Mauri , anciennement FoJJatum
Monaftérium , Bagauda , Bagaudarum Cajlrum. Il
ell dans l'Ile de France , à deux lieues de Paris , vers
le levant j & lur la Marne.
Saint Maur sur Loire. Nom d'une Abbaye de l'An-
jou , en France. Fanum S. Mauri , autrefois Glanafo-
lium Cxnobium. Elle eft lur la Loire , à quatre lieues
d'Angers , vers le levant. Maty, yoye\ aulîi
San Mauro.
MAURABOTIN. f. m. Nom d'une ancienne monnoie
d'Efpagne. Maurabotinus. Voyez Marabotin. C'eft
la inème choie
MAURE , MAUiir.SSE, ( On prononce , plufieurs
même écrivent More , Morejfe , en alongeantun peu
la première fyllable. ) Homme noir , ou femme noire ,
nés en une région d'Atrique , appelée la Mauritanie,
Mauritanus , Maurus , Maurufius.
Ce mot eft venu en ui.ige en ces phrafes. Traiter de
Turc à Maure , c'eft à-dire j agir avec quelqu'un
dans la dernière rigueur , ne lui relâcher rien ^ le trai-
ter lans aucun égard,
Mujes 3 en vain je vous implore ,
En vain je viens vous encenfer ,
Vous me traitei de Turc à Maure j
Et ne daigne'^ plus m' exaucer.
On dit , en parlant d'une chofe impolîîble , C'eft
entreprendre de blanchir un Maure , un Ethiopien.
Lavare j/¥.thiopem. A laver la tète d'un Maure , on
y perd la leiîive , en parlant d'un homme auquel on
ne peut faire entendre railon. Quand on veut exagé-
rer la noirceur de quelqu'un , on dit que c'eft un
vrai Maure. On ditaulîî en raillant j il eft blanc com- ;
me un Maure. 1
Il a été pris comme le Maure. Proverbe qui a été \
autrefois fort en utage en France. Son origine vient
de Ludovic Sforce , Duc de Milan , qui lUt arrêté par
les François , comme il fortoit de Navarre en habit de
Suillè. On lui avoit donné le fobriquet de Maure •
parce qu'il étoit fort noir de vilage.
On appelle colliers de Aîaure j des uftenfiles de
table qui lervent à porter les plats , ou \ts allîettes
volantes , qui lont faits comme des colliers que por-
tent les Maures. On appelle auflî un chevaJ d'un poil
rouan , qui a la tête noire & les extrémités. Cap de
Maure , ou Cheval caveffe de Maure , ou More. Gris
de Maure , couleur grile tirant lur le noir.
Les îles Maures. Ce font deux petites Iles de l'Archi-
pel , lituces près de la côte méridionale de celle de
Ténédo. Maurx , anciennement Calydnx InfuU.
Maty. C'eft peut-être la feule occalion oà Maure Ce
dile des chofes.
MAURELLE , ou TOURNESOL , que les Botaniftes
nomment Héliotropium ou Ricinoïdès,_ f^'oye^ ces
mots.
MAURES. 1. m. pi. Monnoie d'or qui a cours à Surate ,
Se dans les autres Etats du Grand-Mogol.
MAURESQUE , ou MORESQUE, adj. m. & f. dont la
première eft brève , Se qui ne le dit que des chofes ;
pour les pcrfoniies j on dit Maures. Qui a rapport
aux coutumes des Maures. Manières maurefques.
Danfe maure fque. Fête maurefque. On dit lubftanti-
vement danler la maurefque ; c'eft une danle à la ma-
nière des Maures.
ifT On appelle aullî Maurefque, une forte de peinture
faite de caprice, oq il n'y a point défigures d'hom-
mes , ni d'animaux , mais qui reprélente des bran-
chages , des feuillages, iScc. qui n'ont rien de natu-
rel. Les Turcs ne foutfrent point de figures dans
leurs peintures , & n'ont que des maurefques Se des
arabefques. L'Académie éciir More & Moresque.
^LvuRESClUE , ou MoRHsciuE. Terme de Flcurifte. Nom
M A U
M A U
r
d'iine anémone, qui cil d'un mclé d'inc.inru , fa pe-
luche efttuoitc. MoR.
MAURIAC. Mauriacum. Petite ville de France , dans l-i
haute Auvergne , chef lieu d'une Election , à onze
lieues de Tulle, long. ly. deg. y) ni. lut. 4; deg-
19 m.
MAURICAUD. Foyei Moricaud, aude.
MAURICE, r. m. Nom d'homme. Maurhius.
Le J-'orr Maurice. Arx iMauntia. Ce fort appartient aux
; HoIJandois , &: il elt litué dans l'île de Maeiiiaii , une
des jVloluques.
L'île Maurice. Mauruia Infula. Il y a une Ile de ce
nom dans la mer Glaciale , près des côtes de la Mol-
i covie , & une autre dans l'Océan Ethiopien , au levant
de l'île Bour'Don.
Saint Maurice. Nom d'une petite ville de la Taren-
taile , en Savoie. Fanum S. Alauritu.
Saint Maurice , autre petite ville lans murailles. Fa-
num S. Mauncii. Elle étoit autrefois du Chablais ;
mais elle eft renfermée dans le pays de 'Valais , depuis
l'an 1475, que les Valéiiens la prirent aux Ducs de Sa-
voie , &c en ruinèrent les murailles.
L'Abbaye de S. Maurice , cfl: un Monaftèrc fondé dans
le Chablais , in Antuatïhus , par Sigilmond , Roi de
Bourgogne, vers l'an $1^. Agauncnfc Mon'Jienum.
Ahbacia S. Mauncii Agaunenjis.
La monnoie de S. Maurice, Mauriciends moneta.C'é-
toit autrefois la monnoie de l'Abbaye , appelée Agau-
nenfe Monajlerlum , &: depuis Abbaye de S. Maurice ,
parce que l'Églife étoit dédiée à S. Maurice. Appa-
remment le type de cette monnoie étoit l'effigie de
S. Maurice.
Ordre de S. Maurice , Chevalier de S. Maurice. C'eft
une Ordre de Chevalerie en Savoie , inftitué par
Amédée VIII, l'an 1434, après qu'il fe fut retiré
avec quelques uns de fes Courtifans à Rivière , qu'on
nomme aujourd'hui Polèle. La Hn de cet Ordre étoit
de combattre contre les Hérétiques. L'Ordre de S.
Maurice fut uni à celui de S. Lazare, en 1454.
MAURICK. Nom d'un lieu qu'on nomme aulfi Mo-
rich , fitué entre Grave & Utrecht j fur le bord de
la Meute , à gauche. Maunaricium.
MAURIENNE , ou MORIENNE. Nom d'une pro-
vince , ou contrée de la Savoie , Maurienna j Mauria-
na, Moriana. Elle s'étend tout le long de l'Arc, de-
puis fa fource julqu'à quelques lieues au delFus de fon
embouchure , ayant au levant les Alpes , qui la fé-
parent du Piémont; au nord , la Tarantaife , Se la Sa-
voie propre , ik ailleurs le Dauphiné.
MAURILLE. f. m. Nom d'homme. Maurilio , Mauri-
lius. C'eft le nom d'un faint Evêqne d'Angers j qui
vivoit fur la fin du IV^ &c V^ fiècle. U y a auHi
un S. Maurille , Archevêque de Rouen j dans le XI^
fiècle.
MAURISj qu'on nomme autrement Percale. Sorte de
toile de coton blanche , qui vient des Indes orien-
tales.
MAURITANIE. Nom d'une région de l'Afrique, dans
la Géographie ancienne. Mauriuinia. Elle étoit bor-
née au levant par la Numidie , & au midi par la
Gétulie. La mer Méditerranée la baigne au nord , !k
l'Atlantique au couchant.
§C? L'ancienne Mauritanie contenoit la partie oc-
cidentale de la Barbarie , où font aujourd'hui les
Royaumes de Tremaen , de Tenès j d'Alger , de Bu-
gie j de Fez & de Maroc.
ffT On diftinguoit la MauritanieTin^mne j la Mauri-
tanie Céfarienle , & la Mauritanie Sitifenfe.
MAURITZLAND , qui fignifie le pays de Maurice.
Mauritiircgio. C'eft un pays de l'Amérique méridio-
nale , &c la partie de la Terre de Feu , qui regarde le
détroit de le Maire.
MAURITZ-STAD. qui fignifie ville de Maurice. Mau-
ruia , Mauriciopoiis. Petite ville , ou fort du Brefil.
SAN-MAURO. Nomd'un village du Royaume de Na-
ples. FanumS. Mauri. Maurum. Il eft dans la Ca-
labre citérieure , à trois lieues de Rolfano , vers le
couchant. Ce village étoit anciennement une ville de
Tome V.
891
la grande Grèce. Elle fut épifcopale , fuftiagantc de
Rhege. Maty.
Ctl-MAURS , ou S, ETIENNE DE MAURS. Petite
ville de France , en Auvergne, Eledtion d'Auriilac.
Elle n'eft conddérable que parce qu'elle eft le chel-
lic'U d'une des quatre Prévôtés qui compofenr les
Et.its de la haute Auvergne , qu'on ne convoque plus.
MAUSAC^ou MOZAC. Nom d'une Abbaye de Fran-
ce. Maiijuicum , Mawjiacum , Alau^acus. Elle eft en
Auvergne , du Diocèle de Clermont , Ik. dans le terri-
toire de Riom. C'eft une obédience de Cluni. Valois,
Not. Gall.p. 326.
MAUSE. Nom d'un lieu du pays Chartrain. Maufus in
Carnutibus. Valois , l'Iot. Gall.p. Ji j.
NAUSIME. f ni. Nom d'homme. Mayfimus. Saint
Maujime iioii Curé d'un village près de Cyr, que
Théodorct loue par les grandes aumônes.
MAUSOLÉE. 1. m. Tombeau magnifique qu'on élève
pour quelque Prince ou autre perlonne illuftre.
Maufolaum , fepulchrum magnificum. On le dit aulfi
des repréfentations de tombeaux qui le font dans les
pompes funèbres. Il y avoit un luperbe Maufolée
élevé dans le Chœur de la Cathédrale j aux obfé-
ques de ce Prince. On ordonna que la Religion cle-
veroit un magnifique Maufolée au Grand - Maître.
BouH. Les fix vers que j'ai promis au marbre de ton
Maufolée , feront pleurer toute la terre. Mai. Une
Relation de la Chine dit qu'il y a dans ce pays là 6S5
Maufolées. On a appelle aulll Maufolée , la châlle d'un
Saint.
Que cet homme important , ce grand. Panégy rifle ,
Drefjé un beau Maulolée à la gloire d'Arfle ;
Quand de fes vers malins il le rend protecteur.
Et de fon cher Lutrin le complice & l'auteuj !
Anonyme.
Ce mot a été emprunté du nom de Maufole j Roi de
Carie , à qui fa veuve Artémile fit bâtir un tombeau fi
magnifique , qu'il a pallé pour une des (ept merveilles
du monde. Se qui de fon nom tut appelé Maufolée.
Et de-là tous les tombeaux ornés & luperbes le font
apellés Maufolées.
tP" MAUSSADE, adj. de t. g. Ce mot eft compofé de
fade , vieux mot François , qui fignifie propre , net ,
gentil. Ainfi mauffade veut dire , qui eft fale , mal-
propre , de mauvaile grâce. Infulfus , injucundus ,
fpurcus. Il s'applique à ceux qui font mal-propres
en habits , à ceux qui font laids de corps &c de vi-
figej & à ceux qui font d'une humeur grollîère &
incivile. Cet homme eft très - mauffade , mauffade
dans tout ce qu'il fait. Ce Juge d\. mauffade cnveis
les parties.
On le dit aufll d'un ouvrage mal fait , mal conf-
truit. Cet habit eft maufjade. Ce bâtiment eft mauffade.
AcAD. Fr.
MAUSSADEMENT. adv. D'une manière mauftade. In-
conditè , ruflice. Cet ouvrier- travaille mauffadement.
Il fait tout mauffadement.
MAUSSADERIE. f. f. Mauvaife grâce , façon défagréa-
ble , mal-propre. Cette femme eft d'une mauffaderie
infupportable. §C? Si un Peintre nous oftroit Vénus
peinte groftîèrement , d'une façon ignoble , avec le
teint hâlé d'une balfe villageoile; quand même cette
figure feroit , dans fa mauffaderie , corredle , bien
coloriée & bien peinte, ne pourrions-nous pas dite,
que celui qui en feroit l'auteur , auroit fait un mau-
vais ufage du langage de la peinture ? Coypel.
MAUTALENT. f m. Vieux mot. Colère , defir de pu-
nir, de fe venger.
MAUTÉ. Cf. Vieux mot. Diminutif de mauvaiftié , qui
a été dit pour méchanceté.
fa" MAUVAIS, AISE. adj. C'eft Toppcfé de bon. Ce mot
s'applique généralement à tout ce qui a quelque vice ou
quelque défaut , tant dans le phyfique que dans le mo-
ral, à tout ce qui n'a pas les qualités relatives à l'ufige
qu'on fe propofe de faire d'une chofe , à l'utilité
qu'on en attend ; à ce qui eft nuifible , fâcheux , &c.
acceptions dont on verra des exemples dans les ar-
Vvvvv i;
^z M A U
ticles fuivans. Ce mot fe die également des pcrfonnes
•& des chofes.
Ce mot vient du Latin Malus. Du Cange Se M.
-Huet le dérivent bien mieux de maUjîcus : le der-
nier prétend que les Italiens ont Formé leur Mdl-
vagio de mauvais , qu'il croit qu'on prononçoit au-
tretois maujais.
|p° Mauvais , appliqué aux perfonnes ^fe dit au rno-
ral de celui qui a quelque vice ou quelque déraut
eilemiel, qui ell dangereux j qui veut faire du mal.
Un mauvais honuiie , une mauvaij'c femme , un
jnauvais efprit , un mauvais cœur , une mauvaifi
tête, un mauvais voilin , un mauvais garnement. On
appelle le diable , mauvais ange.
ifT Quoique mauvais & méchant foient ordinairement
employés comme lynonymes , néanmoins méchant
cfl: un peu plus fort, & dit quelque chofe de plus
odieux. Le mauvais , dit M. l'Abbé Girard , Tell
par emportement -, il eft violent. Quand il nuit , il
fatisfait fa pallion. Pour n'en rien craindre , il ne
faut pas l'otiénfer. Le méchant , l'ell: par tempéja-
aTient',il eft dangereux; quand il nuit , il luk Ion
inclination. Pour en être à couvert, le meilleur eft
<Je le fuir. Le poltron fait le mauvais , quand il ne
voit point d'ennemis.
|Cr Mauvais , iignitie auftî qui n'a pas les qualités
qu'il devroit avoir, ni celles qui font relatives à 1 u-
tilité qu'on eu attend , à l'idée qu'on en a, à l'u-
fage qu'on en veut faire. Dans cette acception , il
fe joint comme épithète à prefque tous les fubftan-
tifs de la langue.
fCf C'eft ainli que l'on dit , mauvais pain, mauvais vin ^
mauvaife chère. Mauvais air, mauv ais \\iiL%t , mau-
vaife aciion , mauvaife réputation. Mauvais méûex ,
mauvais ouvneu , mauvais qv^icmï , mauvaife façon
de parler. Mauvais habit.
fCF Mauvais , chÉriF , confidérés comme fynonymes,
en tantqu'ils marquent une forte d'inaptitude, à être
avantageufeinent placés ou mis en ufage.
|KF L'inutilité &• le peu de valeur rendent une chofc
chétive. Les défauts & la perte de fon mérite la ren-
.deiit mauvaife. C'eft pourquoi on appelle un mau-
vais Chrétien, celui qui manque de toi , ou qui a
perdu par le péché la grâce du baptême. Un mauvais
fujet , eft celui qui fe lailfant aller à un penchant vi-
cieux , ne veut pas travailler au bien.
§3" En fait de chofes d'ufage, chétifdk plus que mau-
vais. Ce qui eft ufé , mais qu'on peut encore porter
au befoin, eft mauvais. Ce qui ne peut plus fervir,
eft chétif. Voyez ce mot. Un mauvais habit , n'eft
pas toujours la marque du peu de bien. Svn. Fr.
Il eft dit dans la Coutume de Nivernois, par ma-
nière de proverbe ou d'axiome, le mauvais emporte
le bon : cela veut dire , que quand de deux perfon-
nes mariées , l'un eft de condition fervile , &: l'autre
de condition franche , leurs entans font de pire con-
dition envers le Seigneur, c'eft à dire , de condition
fervile.
On appelle le mauvais riche , celui dont J. C.
parle dans S. Luc, XVI. 19. & luiv. dv' dont il
fait une parabole fl touchante ,& on l'appelle ainfî,
parce qu'il n'avoit point pitié des pauvres. La pa-
rabole du mauvais Riche. Le fermon du mauvais
Riche.
Mauvais , fe dit aulTî pour incommode , fâcheux, dif-
ficile. Difficilis , moTofus. Il eft tantôt en bonne , &
tantôt en mauvaife humeur.
Mauvais , fignilie aufti ce qui eft nuilible , dange-
reux. Periculafus , damnofus , trifïis. Les excès font
mauvais pour la fanté. Le ferein eft mauvais pour
les vieillards. Le fruit eft mauvais pour certains
efti'nr.acs.
tJCT Mauvais , eft quelquefois employé comme fyno-
nynie de fmiftre , qui préfage quelque mal. C'eft
ainfl qu'on dit, qu'un homme à une mauvaife phy-
fionomie , & que le peuple regarde le hibou comme
un oifeau de mauvais augure.
|JO° On nppelle mauvais lieux , des lieux de débauche ;
èc femmes de mauyaife vie , des femmes proftituées.
M A U
^pr On dit en ftyle familier , faire le mauvais , ma»
nacer de battre , de faire du défordre.
IJ3' Ce terme employé avec la négative , fîgnifîe deux
chofes aOez di.térences , & fert également à dimi-
nuer le mérite d'une chofe qu'on veut louer fobre-
inent , & à relever le mérite de celle dont on veut
faire l'éloge , félon le ton qu'on y donne. Ainfi quand
on dit qu une chofe n'eft pas mauvaife ^ c'efi dire
qu'elle eft aftez bonne , médiocrement bonne , ou
bonne , & même fort bonne : ce qui dépend de la
manière de prononcer. Les vendanges ne font pas
mauvaifcs cette année. Ce ragoût n'eft pas mauvais.
Il n'eft pas en mauvaife poff ure à la Cour. On dit
ironiquement , vraiment cela n'eft pas mauvais ,
quand on fiit connoître qu'on n'approuve pas une
chofe : cxpreflîon tamilière.
U^Trouvet une chofc mauvaife , c'eft ne la trouver pas
à fon goût. \Jn malade trouve le vin mauvais. Ce
ragoût eft mauvais.
On dit , prendre quelque chofe en mauvaife part;
pour dire, la prendre mal, lui donner un fens fâ-
cheux , un fens dcfavantageux. In malam , in fi-
niflram partem accipere.
Mauvais , fe prend quelquefois fubftantivement. Il
a cela de/77aziva/,j , qu'il ciitique fanscetle. Montagne
dit au hafnrd tout ce oui lui vient à l'efprif, rifquant
le bon pour le mauvais , ik le mauvais pour le bon.
Voye\ Vigneul Marville. Il y a du bon & du mau-
vais dans cette pièce. Le peuple appelle le /nauvaij,
le Diable.
Du Cange dit que les Anciens l'ont appelé Maufés
quafî maleficus , ou malefacius.
Mauvais, fe dit aulli adverbialement. Malè , gra-
viter. Il fent mauvais. U fait mauvais femer. Il fait
mauvais marcher en cette laifon. Expreflion popu-
laire, au moins familière. Il tait mauvais, fimple-
ment J fignitîe, le temps, ou le chemin, n'eft pas
beau.
On dit aufîl par manière d'excufe , lorfqu'on fait
quelque chofe qui peut déplaire , Ne trouvez pas
mauvais , fi je prens parti contre vous en faveur
de mon ami ? On ne doit point trouver mauvais ,
que chacun détende foji bien. Qu'on le trouve bon
ou mauvais , je n'en ferai ni plus ni moins. On par-
leroit mal fi on difoit. Ne trouvez point OTa/^va^yê,-
une fl juf1:e & fi honnête curiofité. Bouh.
Il faut dire , ne trouvez point mauvais , quoi-
que le fubftantif qui fuit , fbit féminin. Je trouve
mauvais\-x liberté que vous avez prife. Nouv.Rem.
Et la raifon en eft que mauvais , dans ces fortes
de phrafes s'emploie adverbialement.
MAUVAISTIÉ. f". f. Méchante qualité d'une chofe,
ou d'une aétion , méchanceté, malice. GloJ],fur
Marot. C'eft un vieux mot hors d'ufage. Pravitas ,
malitia.
Tu prétends finement par cette mauvaiftie.
Lui donner plus d'amour , à moi plus d'amitié.
Régnier.
MAUVE , ou MOUETTE, f. f. Nom d'un oifeau.
C'eft un oifeau aquatique , de la grofteur d'un gros
pigeon , d'une couleur blanche cendrée : Ion bec
eft long , pointu , noir , fort luifant ,• Sa tête eft
grande & greffe ; Ses pieds font garnis d'ongles
forts & vigoureux. Il fiit fbn nid fur les rochers.
On en voit de diftérentes grandeurs , fuivant les
difterentes clpèces. Il vole très- légèrement. Il eft
très vorace , & fe nourrit de portions , de vers ,
de limaçons , de fautcrelles , & de diverfes phalanges. „
|Cr II y a la mouette blanche, Larus albus ; la brune, 1
larus fufcus fvè Hyhernus , la cendrée, cincrcus ,6c '
la grande mouette grif'e , larus cinercus maximus.
MAUVE, f. f. Plante dont il y a pluileurs efpèccs.
Malva. La mauve commune a une racine fimplc ,
blanche, d'un goût doux & vifqueux. Elle poulie
plufieurs tiges rondes , velues , mocUeufes , rameu-
fes , longues d'environ une coudée &: demie. Ses
feuilles font prefque rondes , un peu découpées j
MAX
velues j molles , de coulcuc verte-brune , dcntclces
tn leurs bords. Ses Heurs font des cloches coupce:.
en cinq parties julqucs vers la baie, de couleur pur
purine-pâle, ou blanchâtre, mclcc de raies, d'un
purpurin toucé. Son huit ell aplati en rolette , ou
crbiculairc , rclleniblant à un petit nombril, d'un
goût fade, vilqueux ; il renferme des lemem es
menues qui ont Ja figure d'un petit rein. En Latin
malvu vul^aris , flore majore , jol'io flnuato. J. Badu.
Cette plante cil fort cniolliente , d'où elle a tire
fou nom ; elle cil: aulll propre pour adoucir Ik pour
humedlcr. On s'en tert pour les lavenicns, pour les
fomentations , pour les cataplafmes.
Il y a une mauve de jardui dont la tige vient à la
hauteur d'un arbrillcau , &c qui a des Heurs grandes
comme des rôles , de couleur rouge incarnate , ou
blanche j ou tirant lur le purpurin j ou rouge noi-
râtre. On l'appelle Malva rofea folio rocundo.
Il y a encore une mauve en arbre , haute de fix
ou fept pieds, dont les Heurs font pareilles à celles
des mauves ordinaires , d'une belle couleur rouge.
Ses feuilles lont grandes , prefque rondes. En Latin
malva arborea , Vencta dicia , parvo flore.
Mauve d'Inde, Mauve du Japon. P^oye':^ Rose de
LA Chine.
Mauve. Nom d'une petite rivière de France qui fe
jette dans la Loire à Mchun fur Loire , dans laBauce.
Valois , A^or. Gall. p. jij.
MAUVIETTE, f. f. Efpèce d'alouette. Une douzaine
de mauviettes. A Paris on appelle mauviettes , les
alouettes mêmes. Foye\ ce mot.
MAUVIS. f. m. Efpéce d'oifeau gros comme un pi-
geon , qui fe plait à voler fur les eaux. Il eft appelé
en Latin malvicius par quelques Auteurs, f^oyc'^
Mauve.
Mauvis , e(l auHî une efpèce de grive qui eft de la
troifième grandeur , moindre que la grive com-
mune. En Latin turdus liber. Voyez Grive.
Mauvis , font aullî de grands oifeaux qui ont des
ailes grisâtres , & le refte du corps blanc , qu'on
trouve vers le cap de Bonne-Efpérance , que les
Pilotes appelles: Gaivotons.
On dit proverbialement en Fauconnerie , les Fau-
cons ont engendré les mauvis.
Mauvis. Foyci Menelé.
MAWARALNAHRA. Nom d'une grande Province
qu'on appelle aulîl Maurenaher , Usbeck , & Za-
gaïay , grande région de l'Ahe. Mawaralnahra ,
Usbechia , Zagataia. On la comprend fous la
grande Tartarie , & on la borne au midi par la
Perfe , au levant par le Turqueftaii , & au nord par
les Tartares Kal mules.
MAUX. C'eft lepluriel.de/wi2/. Mala. Yoyez Mal.
MAX.
MAXENCE. f. m. Nom d'homme. Maxentius.
Maxence. f. f. Eft un nom de femme. Maxentia.
MAXI. Nom d'une ville de la Natolie , en Afie.
Alaxla , anciennement Loryma , Laryma.
MAXIANOPOLI. Nom d'une ancienne ville de la
Thrace , fondée par l'Empereur Maximien. Maxi-
mianopolis. Ce n'eft maintenant qu'un bourg de
la Romanie, litué à ving lieues d'Andrinople , en
tirant vers les confins de la Macédoine , & le golfe
de Contelfa. Maty.
MAXILLAIRE, adj. Terme d'Anatomie , dans lequel
il faut prononcer les deux //, & ne les point mouil-
ler. Qui appartient aux mâchoires , qui y a rapport.
Maxillaris. Ce nom fe donne aux os , aux glan-
des , aux artères & aux nerfs des mâchoires.
MAXIME, f. f. Règle, principe, fondement de quel-
que art , ou fcience. Régula , axioma , fentenda ,
cffatum , pLacitum , pronunciatum. C'eft une maxi-
me d'État de ne pomt fouftrir qu'un fujet foit trop
puillant. Machiavel établit des maximes dangereu-
ies dans fa politique. On a de la peine a établir
des maximes générales , & qui fervent de règle par-
' tout. L'enHurc des maximes des Stoïciços n'a jamais
M A Y 893
fiit de Sages qu'en idée. G. G. On ne fent guère
la Ijullèté d'une maxime donc on recueille l'uiilitc.
S. ÉvR.
Si tout périt avec la vie.
Quel droit efl /acre' pour l'impie?
Il n'cfl plus ni venu, ni foi ,
Tout efl permis & légitime ,
Il ne lui reflc pour maxime.
Que de tout rapporter a foi.
Maxime, fignifie encore. Axiome, fcntcncc, apoph-
thègmc. Effatum , axioma , pronuntiatum. Les
maximes morales de M. de la Rochefoucault font
fort ingénieules. Le ftyle des maximes doit être vif
t<c ferré. C'eft une maxime générale , que l'amour
propre eft le reftort de toutes nos adlions. C'eft une
maxime de ne point laire à autrui ce que nous ne
voudrions pas qui fût fait à nous tnêmcs.
Ce mot vient de maxima , qu'on a du dans la
balle Latinité en la même lignification. On le dit
aullî en Angleterre.
Maxime, en termes de Mufique , eft la plus grande
de les notes , qui vaut 1 2 mefures , & eft figurée
par un carré long avec une queue. Maxima. Salo-
mon de Caux dit qu'elle ne contient que huit me-
iures. §Cr On n'emploie plus guère la maxime , de-
puis qu'on fépare les mefures par des barres. On
remplit ordinairement chaque mefure de blanches
accolées par des liaifons pour marquer les tenues.
MAXIMIANISTE. f. m. & f. Nom de Sede. Maxi^
mianifla. Les Maximianifles étoient des Donatiftes,
ainfi nommés de Maximien , Diacre de Carthage ,
fur la fin du IV* lîècle.
MAXImIEN. f. m. Nom d'homme. Maximianus.
L'Empereur Maximien , qui fe nommoit Marcus
Aurelius Valerius Maximianus , comme on le voie
fur fes médailles , fut Collègue de Dioclétien à l'Em-
pire.
MAXIMIN. f. m. Nom d'homme. Maximinus. C.
Jul. Maximin, Thrace de nation, fils d'un Goth,
nommé Mic^as , & d'une Alaine qui s'appeloit
Ababa , fut de berger foldat, de foldat Officier dans
l'armée d'Alexandre Sévère , après lequel l'armée
le proclama Empereur en 23/. Voye\ Jules Capi-
tolin
Saint-MAxiMAiN. Nom d'une petite ville de France.
Fanum S. Maximini. Elle eft dans la Provence ,
fur la rivière d'Argent , à fix lieues d'Aix , vers le
levant.
§Cr MAXIMUM, f. m. Terme de Mathématique
emprunté du Latin , pour exprimer le plus haut
degré où une grandeur puifte atteindre , l'état le
plus grand où une quantité variable puiflè parvenir.
Son oppofé eft minimum , qui marque le lieu , le
point où une quantité devient la plus petite qu'il
eft pollible. Le maximum eft oppofé au mini-
mum. Courbes qui ont un maximum ôc un mini-
mum.
MAY.
MAY. F'oye:( Mai.
MAYA. Nom d'un bourg d'Efpagne. Maya. Ce lieu
eft fortifié , & fitué dans la Navarre , à la fource
de la Bidalfe , entre Pampelune & Bayonne. Maty,
Voyei la Carte de M. De Lifle."
MAYE F'oye^MAiE.
MAYENCE- Prononcez Ma-ïence, & ne faites point
un diphtongue de ay. Nom d'une ville du Cercle
Eleftoral du Rhin , en Allemagne. Magontiacum ,
dans Tacite , L. IV. hift. c. / 5. & dans Am. Mar-
cellin , Mûcontiacum ; dans Ptolomce Magontia ;
dans Plutarque Moguntia , Moguntiacum. Elle eft
capitale de l'Archevêché de Mayence , & fituée fur
le Rhin , vis-à-vis de l'embouchure du Mein , à fept
lieues de Francfort.
Mayence eft à 25 d. 45 m. de longitude , Se $0
à. X m. de latitude. Acad. des Se. Selon Ivl. de
^94
M A ^
Lj
Callini , long 15 d. ji', }o", lat, 49. d. 54'.
L"Archcvcché de Mayence. Moguniina D'uio. C'cft
un des Etats du cercle Eleifloral du Rhin , en Alle-
magne. Il eft étendu en foirai de demi - cercle ,
dans la Wétéravie , & dans la Franconie , depuis le
Comté de Spanlieim, jufqu'au Duché de Wurtem-
berg, en Souabe.
Mayence. Terme de Flcurifte. Tulipe qui entre en
fleur incarnate & chamois , puis elle hrit paroitre
du colombin & du rouge. Morin.
MAYENNE, MAYNE, ou MAYENNE DE JU-
HEL. Meduana , Mcduana Juhelli. Nom d'une
ville de France lîtuée dans le Maine, fur la rivière
de Mayenne , à dix-huit lieues au-delTus d'Angers.
Mayenne. Nom d'une rivière de France. Meduana,
Medana, Medlana Elle a fa Iburce aux contins de
la Normandie , traverlé le Maine , où elle baigne
Mayenne & Laval ; enfuite entrant dans l'Anjou
■elle reçoit la Sarte & la Loire, & ayant baigné An-
gers , elle le décharge peu après dans la Loire.
Maty. 'Vallois Not. Gall. p. 328.
^3" Mayenne. Plante. Voye-^ MÉLONcâNE.
§:7MAYEQUES. f. m. pi. On appeloit ainfi chez
les Mexicains un ordre d'hommes tributaires , à qui
il n'étoit pas permis de polléder des terres en pro-
pre j & qui ne pouvoient les tenir qu'à rente,, ar
tachés pour toujours à la terre qu'ils labouroient ,
fans pouvoir la quitter pour en prendre une autre.
'MAYET. Nom de lieu. Maiatum. C'étoit autrefois
un Château du Maine.
MAYEUL. f m. Quelques uns difent aulfi YV/a>t;/;
miis l'ufage ell pour Mayeul. En Latin Majolus.
Congrégation des Clercs Réguliers de S. Mayeul,
appelés communément Somafques. F'ojc-^ Somas-
Q,U£.
MAYEUR. f. m. C'eft ainfi qu'on appelle dans quel
• ques Provinces le premier Ofticier de l'Hôtel de
Ville , que l'on nomme Maire dans d'autres , les
Mayeur & Echevins de Calais.
MAYNEAU. f. m. Terme d'anciennes fortifications.
Tour balle, apphquée par dehors contre les murs
d'une ville pour leur déknfe. Turrls humïlïor mûris
applicata.
MAYO. Nom de l'une des îles du Cap-verd en Afri-
que. Mail Infula. Elle eft à l'orient de celle de S.
Jacques, &: elle eft conlîdcrable par la quantité de Ici
qu'y font les Portugais qui en iont lesmaïues. Maty.
Le Comté de Mayo. Majenfis , ou Mayonaifis Co
mitatus. Contrée de la Connacie , en Irlande. Elle
eft bornée au levant par les Comtés de Slégo & de
Rofcomen ; au midi par celui de Galloway , 6c
ailleurs par l'Océan occidental.
MAYON. f. m. Nom d'une monnoie de la Chine.
Un mayon vaut neuf fous de notre monnoie.
Chaque Chinois , depuis 16 ans julqu'à jj ,
paye deux mayons j qui font 1 8 fous de notre
monnoie. Abbé de Choisy.
MAYOTTE. Les lies de la Mayone , ou de Comorre.
MajûU infuU. C'eft un peloton de petites iles , li-
îuées dans la mer de Zanguébar , entre la côte de
Zanguébar , &: l'ile de Madagafcar Elles font fous le
I 2^ degré de latitude méridionale , & elles prennent
le nom de Mayota , qui eft la plus méridionale de
toutes. Maty.
MAYRE. Foyei Kilmare.
MAYS. Foyèi Mais.
MAYTEN. f. m. Nom d'un arbre de l'Amérique mé-
ridionale. Frézier, /'• I0(}^
■ M A Z.
MAZACA. Ma-{aca. Ma-{aca , grande ville métropole
de Cappadoce. C'eft la même que Céfarée de Cap-
padoce , patrie de S. Balile.
MAZAGAN. Nom d'une ville du Royaume de Ma-
roc en Barbarie. Maia;^anum. C'eft une place for-
te , fuuée fur la côte de la province de Ducala , près
de l'embouchure de l'Ommirabi ; la mer l'enviromic
d'un côté , & elle a de l'autre un folié fort large &
M A Z
fort profond , que la mer rcinplit , lorfque la ma-
rée eit haute.
MAZAGAN r. Foyei Mosta-gan.
MAZALIG. Ville , ou plutôt château d'Afrique, dans
la province de Biledulgérid , à 10 degr. 10 m. de
longitude, & 50 degr. 20 m. de latitude.
MAZANDRAN. Province du Royaume de Pcrfe. Le
Mu^andraii s'étend au long de la mer Calpienne,
c''eft f Hyrcanie des Anciens. Hyrcanïa..
MAZANGE.Bourg de France , dans la Beaullé, Elec-
tion de 'Vendôme.
MAZANGRAN. Ville d'Afrique , dans la province
de Trénieccn , à une demi-lieue de la mer , a treize
lieues d'Ortan, vers le Levant.
MAZARA. Nom d'une ville épifcopale de Sicile.
Ma\ara.
La vallée deMAZARA. Ma^arana vallis. C'eft une des
trois provinces de la Sicile. Elle eft bornée au levant
par les vallées de Démona &: de Noto , & baignée
par la mer aux autres endroits.
MAZARIN. f. m. Nom d'une famille Italienne, ori-
ginaire de Sicile , ou Romaine félon d'autres , &: de
laquelle étoic le Cardinal Maïaim. Ma\arinus Voy, .
fur les Maianns Naudé dans Ion Malcurat.
On appelle à Pans le Collège Maiann , un
magnifique Collège fondé & bâti fur le bord de la
Seine , vis à vis du Louvre , par le Cardinal Ma-
\arin , pour y entretenir quatre-vingt jeunes hommes
des quatre Nations , fur lefquelles la France a fait
des conquêtes, les Efpagnols , les Italiens, les Alle-
mands J & les Flamands , ce qui fait qu'on l'appelle
aulli le Collège des quatre Nations.
La Bibliothèque Ma\arine , c'eft la Bibliothèque
du Cardinal Ma-^arin , qu'il a léguée par 1 eftamenc
au Collège Alaiann , rendue publique.
Mazarins. (. m. pi. On donna ce nom vers le milieu
du liècle palfé , au commencement de la minorité
de Louis XIV. à ceux qui étoient favorables au
Cardinal Maiann , & qui le Ibutenoient contre les
Frondeurs. Il fut un temps où l'on croyoit dire
une grofté injure , que d'appeller quelqu'un Ma-
^arin. Au milieu des plus grandes chaleurs du Par-
lement , il y avoir beaucoup de Ma\arms dans ce
Corps. Et à l'adj. le parti Ma^arln.
MAZARINESQUE. adj. Guy Patin appelle créature
ma\arinefque , une perfonne dévouée au Cardinal
Maiann.
MAZARINISTE. f. m. & f. Terme qui fe fit durant
les troubles de la minorité du feu Roi , &: qu'on difoit
de ceux qui tenoient pour le Cardinal Alazarin. Ma-
\anni fautor.
MAZARINO. Nom d'une petite Ville , ou Bourg avec
titre de Comté , Ala-^arinum. Ce lieu , qui a donné
le nom à la maifon que le Cardinal Mazarin a ren-
due célèbre , eft dans la vallée de Noto , en Sicile ,
à huit lieues de Terra Nuova , vers le nord.
MAZEL. f. m. C'eft ainfi qu'en certains pays de la
France on nomme une boucherie , du Latin ma-
cellum , qui s'appelle encore aujourd'hui à Rome
macello. C'étoit un lieu où l'on vendoit non-leule-
ment de la viande, mais aulîî du poiffon & d'autres
viétuailles. Nous voyons la forme du macellum dans
une médaille de Néron , au revers de laquelle , fous
un édifice fort magnifique , on lit Mac. Avg. Ma-
cellum Aupufli. Le P. de Montfaucon , Antiquité
expl. T. III. part. I. p. 179.
MAZELIN , & MAZÉRIN. I. m. 'Vieux mot, qui
veut dire vaifteau il boire. Poculum.
Et apportèrent ejlreims , -
Hanas , coupes , & mazerins. Phil. Mousq,ues.
MAZENDERAN. Foyei Masanderan.
MAZEROELES. Foye^ Masiers.
MAZETTE. f. f. Petit cheval , ou cheval ruiné qu'on
ne fauroit faire aller , ni avec le fouet , ni avec l'épe-
ron. Equulus , flrigojus equus. Les chevaux de poi-
te , les porteurs de choux font des manettes.
M E A
Depuis huit jours eiiciers , avec nos lon<;ues traites ,
Nous fommes à piquer t/es chiennes de la.'.ztttes.
Mol.
I
On dit aufÏ! par cxtenfion des peiToniics qui ne
fauroienc aller loin à pied , qui ne liuiroicnt rien
porter j ou qui ne lavent pas bien faire une chofe,
que ce font de vraies ina-^ectes.
C'efl auiîi un terme de mépris, dont on fe lert
principalement contre un liommc qui ne {ait pas
jouer à quelque jeu d'elptit ou d'adreire. Il ne lait
pas jouer , c'eft une ma\ette , vous le gagnerez à
coup fur. Ac. I'r. Exprellîon himilière.
MAZIERES. Nom de pluiieurs lieux de France , qui
s'ell formé du Latin Maceriii , qui iignilie malu-
res.
^^ MAZIL. f m. Terme de relation. Nom que les
Turcs donnent aux Princes qui lont leurs tributaires,
quand ils font dépollédés de leurs Etats.
MAZITA. Nom d'une île de l'Afrique. Ala-^ira. Elle
eft fur la côte méridionale de l'Arabie Hcureufe ,
entre le Cap de Razalgate , iSc l'embouchure du
Prim.
MAZOVIE. Nom d'une des grandes Provinces du
Royaume de Pologne. Ma'^ovia , Mafovia. Elle eil
bornée au nord par la Prulfe , au couchant par la
Cujavie , &c la grande Pologne , au midi par la pe-
tite , & au levant par la Lituanie.
MAZUA. Nom d'une ile de la mer Rouge. Ma-^ua.
Elle elf près de la côte d'Abcz , &: de la ville d'Er-
coco.
MAZZAGRAN , ou MAZAGANT. Nom d'une an-
cienne petite Ville du Royaume d'Alger, en Barba-
rie. Mœzagranum , anciennement Deotum portus.
Elle eft (ur la côte à l'embouchure du Sencf , entre
Oran & Tenez. Mat y.
M E.
ME. f. de t. g. Pronom perfonnel , fynonyme de moi
ou je ; mais qui ne s'emploie qu'étant le régime du
verbe , ou llmple , ou compoft; , c'ell à-dite , lorl-
quc la prépoluion à eft fous entendue. Il s'élide ,
quand le verbe luivant commence par une voyelle ,
& devant les particules y & en. Voyez moi. Vous
me fcupçonnez mal à propos. Vous me donnez un
bon confcil. Vous m'en parlerez. Vous m'y verrez.
tfy On ne met ce pronom après le verbe , que lorf-
que le verbe eft à l'impéiatif , que la phrafe eft
affirmative j & que la paiticuie en fuit immédiate-
ment le verbe. J ai bcioin de confeils, donnez m'i;/?.
Vous m'avez mis dans l'embarras , retirez m'en.
fpr Quant à la particule y jointe au pronom , elle ne
fe met jamais apiès le verbe. Vous m'y attendrez ,
je vous prie de m'y mener. Mais on ne dira pas ,
attendez m'y ^ ni menez m'y. Acad. Fr.
M E A.
MEACO. Nom d'une ville du Japon , fituée dans
l'île de Niphon , fur un golfe auquel elle donne
fon nom. Meacum.
ME A CULPA. Mots Latins en ufage dans le dif-
cours familier. Dites votre meâ culpâ. Ces mots
font extrairs du Confiteor , Sec.
MÉAGE. 1. m. Terme de Commerce. On appelle
Droit de méage dans quelques villes de Bretagne ,
un droit qui fe paye à l'entrée defdires villes , Se
qui fait une partie de leurs deniers communs &
patrimonaux.
MÉAN. f. m. Terme de»falines. On dit aulTi muan.
Cinquième réfervoir d'un marais (ahnr: il eft d en-
viron vingt-deux pieds de large j léparé d'efpace en
efpace par de petites chaullées.
MÉANDRE, f m. Nona d'une rivière de' l'Afie mi-
neure, 'ifT famcijfe par la quantité de tours Se de
détours qu'elle fait avant que d'arriver à ton em-
bouchure. Le nom moderne eft Maire ; mais dans
Ivl E C 89J
les tradudions des anciens ouvrages : on dit toujours
le Méandre j Meander , Meandras , Meandrus. Le
Méandre eft un Hcuve de Phrygie , qui fort de la
fource d'HoIocrêne.
Par extcnlion on donne le nom de Méandres ,
particulièrement en poëlîe , aux détours & (inuo-
lltés des rivières , à caufe que le Heuve Méandre
en ctoit rempli. Ms.andri. La navigation de la Seine
eft longue, à caufe de fes méandres. M. Bernard,
dans fon Traité de la jonction des Mers, dit qu'en
coupant quelques détoufs & méandres de la rivière
de Seine, on pourroit , par le moyen du Rhône , de
la Saonc , de l'Ouche , de l'Armanlbn & de l'Yon-
ne , faire une communication de la mer de Pro-
vence à l'Océan de Normandie. IC On appelle
aufli méandre un petit chemin , un partage tortueux
& fouterrain. Par-tout l'on trouve fous la terre de
petites crevaflcs vides , des ravines plus ou moins
larges , des méandres & des pallagcs tortueux , qui ,
comme autant de puifards , reçoivent les eaux qui
coulent à la furface , Se les conduifent plus bas. Pl.
On étend même plus loin ce terme au figuré. M.
Naudé a dit dans ton Apologie pour les grands
hommes accufés de magie , que Paracelfe avoir écrit
d'une manière iî obfcuie & fi détournée , qu'un
Leftcur ne marche qu'en tâtonnant parmi de tels
méandres.
IJCF M. Perrault dans fon Poëme intitulé le Siècle de
Louis Le Grand , dit en parlant de la circulation
du Gng , qu'il croit que toute l'antiquité a ignorée ,
L'homme de mille erreurs autrefois prévenu _,
Et malgré fon /avoir ^ à foi même mconnu ,
Ignorait en repos jufqu'aux routes certaines
Du méandre vivant qui coule dans fes veines.
Les Anciens ont appelé méandre fur leurs habits ,
des ornemens lemblabies à ceux que nous appelions
Falbala. Méander j, Periclijis.
UCT MÉANDRIIE. Terme de Minéralogie. Corallites
undulatus. Les Naturaliftes donnent ce nom à une
forte de coralloïde foffile , ordinairement orbicu-
laire , & marquée par des tortuohtés & concavités
irrégulières. Il y en a qui rcflemblent à des amas
de vermilîeaux , d'autres à des éponges , & d'autres
à un cerveau humain. On donne particulièrement
le nom de méandrite à celui qui eft formé de tor-
tuofité , en forme de vermifteau , ou d'ondes ou de
vagues.
MÉATH , ou ME.DIE. Nom d'une conrrée dont
quelques Géographes font une Province particulière
de 1 Irlande , mais qui n'eft qu'une partie de la La-
génie. Media , Midia. Elle eut autrefois fes Rois
particuliers , enfuite elle fut un Comté, lequel, à
caufe de fi tiop grande étendue, fur divifé par Hen-
ri VIII. en deux , qui portent le nom d'Eft-Méath
Se de Weft Méath. Maty.
MEAUX. Ville de France , capitale de la Brie , &
lîtuée fur la Marne , à dix lieues au-deftus de Paris.
Meldorum , ou Meldarum civitas ^ Jatinum , dans
Ptolomée. C'eft une ville épifcopale , fuftraganre
aujourd'hui de l'Archevêché de Paris. Dom Duplef-
fis, qui a fait l'Hiftoire de l'Lglife de Meaux , croit
que cet Évêché n'eft qu'un démembrement de celui
de Paris , & qu'il n'a été érigé que vers le milieu
du quatrième fiècle. Long. zc. deg. 14'. zj", lat.
48. deg. 57'. 56".
MEAW , ou MEVE. Fojei Gniew.
M E B.
MF.BSESE. /'^oyei' Malmistra, Ville.
MEC.
IfT MÉCANICIEN, MÉCANIQUE, MÉCANIS-
ME. L'Acad, fuit cette orrographe. f^oye:^ MÉ-
CHANICIEN, MÉcMANiq.UE , MÉCHANISME.
MÉCASULNIL. f. m. Les Indiens appellent ainfi U
MEC
goulle qui rcnfcnnc la graine de vanille. F". Vanille.
MÉCAXOCHITL. (.m. Petit poivre long Ainéiiqiiain.
Il eft chaud & lec ; on en met dans le chocolat ,
auquel il donne un goût agréable. Il ell corrobora-
ûî; il échauife l'ellomac ; corrige l'haleine; atténue
les humeurs giolllères &: vifqueulcs , rélifte aux poi
fons; foulage dans la colique & dans la pallîon ilia
que ; provoque les urines ; iSc mêlé avec le tlixochitl ,
il hâte les règles, chalfe le tetus mort, facilite l'ac
couchement , lève les obftruiltions j lait celler le
froid, &c les douleurs qui en proviennent, tk foula-
ge dans les frillons de la fièvre. Ray , Hijl. PLant,
Il croît dans la nouvelle Elpagne.
MECCA. Vciye\ Mecque.
MECELLATA. Macomcds., Calumacuma. C'étoit an-
ciennement une petite Ville, maintenant ce n'elt
qu'un Village , litué dans le Royaume de Tripoli ,
fur la côte occidentale du golfe de Sidra. Matv.
MÉCÉivJAS , ou MÉCÈNE, f. m. Nom d'un Œeva-
Jicr Romain, favori d'Augufte, qui aimoit les geiis
de Lettres , !k qui leur taifoit du bien , (ur-tout aux
Poètes.
On s'eft fervi depuis de ce nom pour honorer
tous les grands Seigneurs qui favorilenc les Icienccs
& les Auteurs , qui les protègent. Il n'y a plus de
Mécéiias , aulll n'y a t il plus d'Horace , ni de Vir-
gile. Aujourd'hui le titre de Mécène ell: touvent
proftitué ou ulurpé.
Où chercher un Patron dans U fiecle où nous fommcs.
Il eji de grands e f pries , Il ejl de favans hommes ■
Mais il n. eft plus de Mécénas.
Poète anonyme.
MÉCHAMMENT, adv. Par méchanceté. Perverse ,
improbe , nequiter. Dans les amendes honorables
on fait dire au criminel , que méchamment , témé-
rairement , & comme mal-aviié , il a commis un
tel crime. Nous ferions bien lâches de nous fier à
leurs paroles , après qu'ils l'ont fi méchamment vio-
lée. Ablanc.
MÉCHANCETÉ, f. f. Malignité , aftion méchante.
Malitia , ncquitia , improhitas , pravitas. Cet hom-
me elt capable de toutes les méchancetés qu'on f'e
peut uiiaginer. Commettre une iuiigne méchanceté.
Ce n'efl pas par hazard, c'ell par pme méchanceté ,
qu'il vous a fait cet affront. Cette calomnie eft une
horrible méchanceté. Voyez Méchant.
MÉCHANCETÉ j fe dit aulli en riant d'une malice inno-
cente. Nous lui avons fait mille méchancetés. Je
voulus lurprcndre votre fecret , en vous failanr cette
petite méchanceté,
MÊCH.ANÉEN. adj. m. Mechaneus. Surnom de Ju-
piter. Il iîgnifie celui qui bénit les entreprifes des
hommes. 11 y avoir à Argos.au milieu de la ville,
un Cippe de bronze d'une grandeur médiocre , qui
ioutenoir la ftatue de Jupiter Mechanéen. Ce fut
devant cette ftatue que les Argiens , avant d'aller
au fiége de Troye , s'engagèrent tous par ferment à
périr plutôt que d'abandonner leur entrepnie. Du
verbe fiiKxvUficij , Je médite, j'entreprens.
MÉCHANICIEN. f. m. ( On prononce , & plulieurs
écrivent. Mécanicien. ) Homme habile en Mécha-
iiique. Ouvrier qui tait , ou qui invente des ouvra-
ges de Méchanique. Mechanicus , Alechanicorum ope-
rum artifex ,. Inventor. Il hiut qu'un Méchanicien
foit bon Géomètre.
§3" En médecine on appelle Méchaniàens , les Méde-
cins modernes qui ont adopte la méthode des Géo-
mètres dans les recherches qu'ils ont faites fur l'é-
conomie animale , re.^iardant le corps humain com-
me une véritable machine , dont toutes les parties
lont foumifes aux loix de la Méchanique. r'oye~
MÉCHANIQUE, adjedif. Philotophie Méchanique.
MÉCHANICITE. f. f. L'A ne fe prononce pas. Qua-
lité de ce c^iii ell méchanique. Cela le dit fur-tour
des Arts qui ont principalement befoin du travail
de la main , comme l'Imprimerie dans l'exemple
iuivant. XJne. remarque qui paroîtr.i lurprenantc ,
MEC
& qui fera voir à quel degré de méchanicité l'art
d'imprimer ell réduit , c'cfl que M. Oléander , Im-
primeur Hollandois d'une multitude infime de Li-
vres François & Latins , ni fes Compofitcurs ne fa-
vent point d'autre langue que celle de leur pays. Ils
ne coimoillent de ce qu'Us impriment que la for-
me des caraélères. Le Pour & Contre. Ce mot ell
en Italique, c'eft-à-dire, hazardé.
MÉCHANIQUE. f. f. Ou les Méchaniques. L'Acadé-
mie écrit Mécanique , &: il paroît, que c'efl l'ufage le
plus général. C'elf une tcience qui fait partie des
Mathématiques , qui cnfeigne la nature des forces
mouvantes , l'art de faire toutes fortes de machi-
nes , &; d'enlever toutes fortes de poids par le
moyen des leviers , coins , poulies , moufi-jes, vis , &c.
Artes machmaritz. Mechanica. nf3' La Aléchanique ,
ou la Science du mouvement fe divife en Mécha-
nique générale & en Méchanique particulière. La
première , après avoir démontré les loix générales
du mouvement &c les règles qui s'ohfervcnt dans
le choc des corps , nous apprend quand un corps le
meut en ligne diagonale , en ligne courbe , en li-
gne circulaire , en ligne elliptique. La féconde ,
qui efl proprement la fcicnce des machines , nous
apprend a mettre en équilibre des poids ou des
puiliCinces inégales. Ce qui faitqHeles/riecVza^iflttejne
font pas autant eflimées qu'elles le méritent, c'cfl
que l'on n'en a regardé que la pratique , fans faire
reflexion fur leur théorie , qui peut occuper les
efprits les plus élevés. Il efl vrai auili que les Arti-
fixns s'acquittent très bien de leur métier fans être
Géomètres, ni Philofophes; mais ce font les Géomè-
tres & les Philofophes qui ont établi par leur fcience,
les principes des arts, (Scqui ont trouvé les règlesque
les Artifans fuivent aveuglément , fans en favoir les
fondemens. D'ailleurs, quoique félon la force du mot ,
il femble que cette fcience ne regarde que la compo-
fition des machines, elle renferme cependant tout ce
qui regarde les autres arts, qui ont befoin de fon fe-
cours. Le P. Lamy. Les Auteurs qui ont éait des
Méchaniques , & machines , font cntr'autres Guid
Ubaldc , Stévin en fon HydroRatique , George Pa-
chimère , Picolomini, Monaïuholius &: Blancanus
fur les Méchaniques d'Ariflote , Héron , George
Agricola , les Forces mouvmtes de Snlomon de
Caux , Augullin Ramelli , le Thé.itre de Jacques
Bellon , & le Théâtre de Viilorio Zonca , les Pr.eu-
matiqucs de Jcan-Baptifle Porta , Strada , & Antoi-
ne Bachot. Defcartcs a fait aullî un petit Traité de
la Méchanique , où il parle du plan irxliné , du le-
vier , du coin , de la roue , de la poulie & de la
vis; fur quoi le P. Poilfon , de l'Oratoire, a frit
de favantes Obf'ervations. M. de Roberv.-.l a donné
le projut d'un livre de Méchanique , traitant des
mouvemens compofés. Il ell imprimé dans les di-
vers ouvrages de Meilleurs de l'Académie des Scien-
ces. M. Varignon a fait un excellent Traire de iV/e-
chanique , in-j^. M. de la Hire en a frit aulîî un
in- II. Jean Caïamuel , Evêque de Campanie, a
traité amplement des Méchaniques &: de toutes les
parties des Mathématiques en quarante Traités diffë-
rens , qu'il a enrichi de belles figures , où il met les
manières de faire les inftrumens propres pour toutes
les méchaniques.
Ce mot vient du Grec ^Ux'"i , machina , machi-
ne ^ art, invention, adrelfe , artifice.
MÉCHANiQ,uE , f e dit aullî de la ft?" flruclure naturelle
ou artificielle des corps, de la compohtion de leurs
parties , de leurs mouvemens & de leurs ufages. La
méchanique du corps humain. La méchanique d'une
montre , d'une machine. M. Perrault Médecin a
fait un excellent traité^ de la méchanique des ani-
maux, de tous les relions & caufés de leurs aClionj.
MÉCHANIQUE. adj. m. & f. Qui appartient aux Mécha-
niques j qui fe fait par les règles du mouvement,
& par les principes de la Méchanique. Mechanicus.
Une explication méchanique de tous les mouvemens
du corps. Une difpofition , un arrangement mécha-
nique. La Philolophie mechaniqus efl k même que
la
MEC
MEC
la Pliilofophie corpufculaiie , c'eft-à dire ^ celle qui
explique tous les etlers de la N.irure par despiinci-
pt-i de Méclianique , la hjjiUe , i arnuigemcnc , la
dilpolition, la grandeur ou la pctitclle_, le mouvc-
niein des parties qui compoleuc les corps naturels.
îfl' Puillàncts méckaniques. C'efl: la même choie que
forces mouvantes. On appelle atfciftions mcchani-
ques les propriércs de la matière qui rc(ultcnt de la
fii,ure, de fon mouvement ; &c cauics méchaniques ^
celles qui ont ces attcdions pour fondement. On dit
de même loix méchaniques. Dieu remue Icul toute
la matière par des loix méchaniques.,
MÉCH.4N1QUE, à l'adjectif, fc dit aulîi en M.-ithémnti-
que d'une conftruCtion , ou d'une preuve d'un problê-
(■ me , qui ne fe fait pas d'une manière Géométrique ,
mais en tâtonnant , ou avec l'aide des inftrumens ,
comme font la plupart des problêmes (ur la dupli-
cation du cube & lur la quadrature du cercle. Me-
chanïcus. Voyez la Géométrie de Delcartes.
MÉcHANiQUE , fe dit pareillement des Arts ^fT qui
ont principalement beloin du travail de la main , iSj
qui font oppolcs aux Arts libéraux. Arus mcchcmicx.
La Serrurerie , la Ménuiferie , &c. font des Arts
méchaniques.
IJC? On le dit aulïï d'un métier vil. Un métier bien
méchanique.
MÉCHANIQUEMENT , ou MÉCANIQUEMENT,
adv. D'une manière méchanique. Mechanicè.
Ce mot vient du Grec Midcxvi, , ars machina.
En termes de Méchanique , ce mot ell oppofé à
gtométrïquement , & le dit lorfqu'on rélout , ou qu'on
I . prouve un problême en tâtonnant j & lans une en-
tière exaétitude , en fe fervant des compas , ou
d'autres inftrumens , au lieu de le faire par le feul
railonnement , & faiiant abftraétion de la matière
avec toute la certitude & précifion imaginable.
MtCHANIQUERIE. f f. L'A ne fe prononce pas. Mcf-
quinerie, avarice, épargne iordide. S'il faut parler
de méchaniqueric , ne hiloitil pas bon voir un grand
Seigneur , voire un Roi , portant des manches de
deux pareilles? ApoL pour Hérodote , édit. delà Haye,
TJ3S- part. II. to. III. chap. 28. p. .1. Henri
Etienne , après avoir dit un peu plus bas , qu'il fe-
roit à fouhaiter que le plus mauvais ménage des
Dcmoifelles de fon temps , fût celui des cottes ou
vafquines à la nichilodo , ajoute qu'il faut cônfeifer
qu'il n'y avoir pas grand mal en telle méchanique-
rie. Ce mot n'eft plus d'ufage.
MÉCHANISME. f. m. l'Académie écrit mécanifme.
Manière d'agir félon les loix de la Méchanique.
^3" Strudlure d'un corps luivant les loix de la Mé-
chanique ; &: manière dont quelque caufe Mécha-
nique produit Ion eftet. Méchanïfmus. Le méchanifme
de la Nature eft toujours le même , & elle agit tou
jours par les mêmes loix. Val- Le méchanifme d'une
montre. Le méchanifme du corps humain.
MÉCHANISME. Au figuré. Un Orateur ne doit pas
trop découvrir le méchanifme de fon dilcours. Tous
deux (M. Fléchier &: M. Bofluet ) dévoilent un peu
trop le méchanifme de leur marche. Idée des Oraif.
Funèbres.
MÉCHANT , ANTE. adj. qui ne vaut rien dans fon
genre , qui eft dépourvu de bonnes qualités. Ce
mot fe joint prefque à tous les fubftantihs de la langue
pour marquer leurs défauts. Malus. On dit , méchante
bête j méchant pays , méchant bois , méchante pierre,
méchante humeur , méchante étoffe , méchant ora-
teur , méchant Comédien , tkc. Dans ce fens il eft fy-
nonyme de mauvais. On dit qu'un homme a mé-
chante phyfionomiej /77ecAa«r<; mine, pour dire qu'il
a la phyfionomie , la raine d'un méchant homi)ie.
On ditaulll quelquefois, qu'un homme a méchante
mine, a méchant air, pour dire feulement^ qu'il a
l'air ignoble & bas.
On dit qu'un homme eft de méchante humeur,
pour dire, qu'il eft d'humeur chnicrine. Ac. Fr.
'ifJ' En morale on le dit des perfonnes qui manquent
de probité , &: des chofes qui font contraires aux
loix j à la Juftice. Malus , nequam , improbus. Un
Tome F'.
897
méchant garnement , une méchante femme , qui a
une méchante tête , une méchante action ; un méchant
Juge. Les PoL'tcs ont fait les dieux mcchans , afin
de le pouvoir être , & de faillir avec exemple. S.
ÉvR.
§Cf MÉCHANT. Mauvais, fynonyincs. Méchant à^ix.
plusque mauvais. Le mauvais l'eftpar emportement.
Quand il nuit , il luit la patHon. Le méchant l'eft
par tempérament. Quand il nuit , il fuit Ion incli-
nation. Pour n'en rien craindre , ce n'eft pas allez
de ne le pas offcnfer; le meilleur eft de le fuir,
Ç)\\ appelle Tiw'&S méchant en raillerie , celui qui
fait une petite malice, le plus fouvent innnocente.
'Vous êtes bien méchant, de m'avoir tant fait cher-
cher ce livre. Vous êtes bien méchant , d'abulcr de
ma crédulité. Lorlque vous ne voulez pas être mé~
chante , vous êtes la plus accomplie pcrfonne du
monde. Voit.
Ménage fait venir ce mot de maie cadens , comme
qui diroit malheureux qui a mauvaifc chance. D'autres
le dérivent de mechanicus j parce que les gens pauvres
qui exercent quelque art méchanique & vil , Ion:
lujcts à être médians.
MÉCHANT , fe dit aulli fubftantivement de*s perfonnes ,
pour marquer leurs mauvaites qualités morales, leurs
vices , leurs défauts. Nejarius , nequam , impius , im-
probus. La vie des méchans , peut être aulîi utile que
celle des bons , quand elle eft bien propofée , Se
qu'on en infpire de l'horreur. Nie. Notre repos
conlifte.à ne point faire de mal : les méchans mè-
nent une vie pleine de troubles, ils ont autant d'in-
quiétudes qu'ils font de mal. S. Evremont. Le Sei-
gneur regarde d'un œil favorable les œuvres des julles;
mais les œuvres des méchans périront. Port-Pv.. Le
Seigneur exterminera tous les méchans. Id. On ap-
pelle le Diable , le méchant par excellence.
On dit d'un homme qui menace , qui fait le fan-
faron , qu'il fait le méchant. On dit qu'un homme
fait le méchant, mais qu'il a trouvé plus méchant qu£
lui ; c'cft à due , qu'il a trouvé quelqu'un plus fort ,
ou plus puillant que lui , qui l'a réduit à la raifon.
On dit proverbialement , les bons pâtillènt pour
les méchans.
Jamais cheval , ni méchant homme.
N'amenda pour aller à Rome.
On dit auIîî , il ne fera pas fi méchant qu'il a pro-
mis à fon Capitaine. Il ne fera pas tout le mal donc
il menace.
MÈCHE, f. f. Matière combuftible qu'on met dans une
lamp^ , qu'on place au centre d'une chandelle , oit
d'un fiambeau , qu'on allumCj qui brûle & qui éclaire,
lorlqu'elle eft abreuvée par l'huile , le fuif , ou la cire
qui eft .autour. Ellychnium ^ lucernizfom.es. On fait la
mèche d'une lampe avec du coton , du fil , de l'alun de
plume , du papier tortillé , Sec. Il faut qu'une chan-
delle ait une grolïe mèche pour bien éclairer. Une
lampe à quatre mèches , ou à quatre becs.
Ménage dit que ce mot vient du Grec fâi» , qui
fignifie muchus j & la mèche.
MècHE, fe dit auffi d'une matière fèche & préparée
pour prendre feu aifémcnt , le conferver , & le com-
muniquer , telle que celle dont on fe fert pour al-
lumer le feu avec un fuiîl. Igniarius funicidus. On
fait de la mèche avec du Unge , du papier brûlé ,
d'étoupe bouiUie &: de l'agaric fec. Cette mèche eft;
bonne , elle prend bien.
MÈCHE, ie dit encore dans l'art militaiie , d'une corde
préparée , qui entretient long temps le feu , donc
?t? les foldnts fc fervoient autrefois pour mettre le
feu à la poudre du balîînet de leurs moulquets , &c
dont les canonniers fe fervent aujourd'hui pour
mettre le feu au canon par l'amorce de poudre qui
fe met à la lumière, & les mineurs pour le com-
muniquer à une mine. Ignita refticula. Cette gar-
nifon eft fortie balle en bouche avec la mèche al-
lumée par les deux bouts. On dit dans l'exercice
des troupes , Mettez la mèche fur le lerpentin j com-
X X X X X
89^ MEC
palfez l.i mèch-j ji.ouCnez la mèche , tiie-z. Elle fe fait
de vieux cordages battus & bouillis avec du foulrc
& du lalpêtrc , léchés & remis en corde groiiîère,
M£CH£ de Tire bouchon. C'eft cette partie d'un tire-
bouchon qui cft en forme de vis , &r que l'on inimue
en tournant dans le bouchon de liégc quand on veut
déboucher une bouteille. Lorfque h mèche d'un tire-
bouchon eft trop foible , elle cft lujette a. fc callcr.
Il faut titcr droit un bouchon, autrement on riique
de callcr la mèche.
On appelle chez les Artilans la mèche d'an vilbre-
quin 5 d'une vrille, ou autres outils iemblables , le
fer , ou la partie qui perce ^ & qui eft attachée au
fût. CûchUau terebra eu/pis. La mèche de ce vilbre-
quin n'eft pas aflèz grolle , il la faut changer. Mèche
àj tarriére.
MÈcHE , ou Ame d'une corde. Terme de Cordier. C'eft
un toron que l'on met dans l'axe des cordes qui ont
plus de trois torons , Se autour duquel les autres
le roulent. On dit qu'un fil a une mèche , quand il
y a au centre des brins de chanvre qui ne font prel-
que point tortillés &c autour defquels les autres fe
roulent : c'eft un défaut conlldérable.
MâcHE j fe dit aulli de la partie du Hambeau où l'on
met la chandelle , 6c d'un petit morceau de fer
blanc qu'on applique au haut pour tenir la bougie
plus ferme. Candelahn tubulus. On le dit aufti de
cette languette creufe qui loutient la mèche.
MÈCHE. En termes de Marine , iîgnifie le plus gros brin
de bois tout d'une pièce , qui forme le C9rps d'un
, grand mât, qu'on fortifie avec des jumelles, qui
font pluheurs grolTes pièces de fapin qu'on y joint
pour le faire réfifter aux orages. Mail truncus ^fte-
reobata. Un tel m.ît s'appelle mât jumelle. Mèche de
gouvernail, c'eft la première pièce de bois qui en
fait le corps.
MÈCHE souFFRÉEj cft Une mèche enduite de foufre,
qui fait le même eftct qu'une allumette.
On dit figurément , Découvrir ou éventer la mèche,
c'eft-à-dire , découvrir quelque trame, quelque en-
treprife fecrète & nuiiible qu'on fait contre quel-
qu'un , par allufion à la mèche d'une mine qu'on
empêche de jouer , quand on la peut découvrir. Cette
expreiîîon eft du ftyle familier.
MÉCHEF. f. va. 'Vieux mot. Accident , malheur , mé-
faventure , malencontrc. Inforcimium. Il arriva alors
un grand méchef. On ne s'en peut fervir que dans
le ftyle marotique.
Mais par méchef , fi d'humeur faty tique.
Quelque Savant à vous tancer s'applique.
Je n'ai fait aucune chqfe
Qui doive attirer fur mon chef
Un fi déplorable méchef. Benserade.
On difoit auftl mccheoir , infeliciter accidere. Il
vous méchera de cette entreprife , vous vous en
trouverez mal , malè tihi ccdct: cela eft extrêmement
vieux.
MÉCHER. V. a. Terme de Marchand de vin. Me'cher
du vin , c'eft le foufrer avec une mèche foufrée. On
fait un trou au haut du tonneau , on y attache la
mèche foufrée allumée , & on tu'e du vin par un
autre trou au-delfous. La vapeur de la mèche entrant
par le trou d'en-haut , y introduit l'odeur du foufre.
AiECHIR. L m. Nom d'un mois (olaite des anciens
Egyptiens : c'eft le hxième de leur année ; il répond
à notre mois de Février.
MÉCHNÉSA. Foye:^ Miquenez.
MÉCHOACAN. Ville qu'on appelle aufïï Valladolid
de Méhoacan. Méchoacanum , P^allifoletum , Me-
choacania pintia nova. 'Ville de l'Amérique fepten-
CSionale , capitale du Mcchoacan , de fituée fur la
rivière de Sacatula, à fept ou huit lieues du lac de
Méchoacan, du côté du midi , & à cinquante de
la ville du Mexique , du côté du couchant,
MÉCHOACAN. Province de l'Audience de Mexique,
dans l'Amérique feptentrionalc. Mechoacanla. Elle
MEC
eft entre le Mexique propre , le Panuco, & l'Audience
de Guadalajara ; la mer de Sud ou Pacifique la baigne
au midi.
MÉCHOACAN. f. m. Terme de Pharmacie. C'eft une
grolle racine prefque infipide y cendrée au dehors ,
blanchâtre au dedans, de fubftance rarç .& légère,
qui eft apportée pat tranches de la nouvelle Efpagne,
& qui portï le nom de la province de Méchoacan ,
où elle nait. Quelques uns l'appellent rhubarbe blan-
che. Cette racine eft Icmblabie à celle de la cou-
leuvrée vulgaire. Elle pdrgc ians violence les (crolltés.
On s'en Icrt dans l'hydropifie , dans Icsrhumatifmes.
Dans l'Hiftoîre de 1 Académie des Sciences, Année
ijii. M. Bolduc donne l'Analyfe du méchoacan.
C'eft un purgatif- doux , qui contient douze fois plus
de fjl que de réliiic.
MECKELBOURG , MEKLENBURG. Nom de lieu.
C'étoic autrefois une ville Épifcopale , &c capitale
du Duché de Meckelbourg. Meclenburgum j Mcgal- jflj
burgum ,Megalopolis j Magnopolis. Cette ville eft "
aujourd'hui réduite à une feule mailon.
Le Duché de Mec!celbous.g. Ducatus Megala-
poiuanus , ou Mecklenburgenfis. C'eft un des Etats
du Cercle de la Balfe-Saxe j en Allemagne. Il eft bor-
né au levant par la Pomeranie Roy;i!ci au midi par
le Marquifat de Brandebourg , & le Comté de L)a-
nerberg ; & au couchant par le Duché de Lawcn-
bourgj la mer Baltique le baigne au nord.
Le Duché particulier de Meckeleodk.g. Ducatus
Megalopolitanus. C'eft une des fix provinces des
Etats de Meckelbourg. Elle cft le long de la mer
Baltique entre la Seigneurie de Roftok , le Comté ,
l'Evêché de Swérin j & le Duché de Lawenbourg ,
qui a donné le nom à tout le Duché; celle de Wif-
mar , qui avoit été donnée aux Suédois. Les autres
lieux plus confidérables font, Dalfow , Bolenberg Se
Renen. Matv.
MÉCKMULH. Petite ville d'Allemagne , dans la Suabe ,
fur la rivière de Jagft.
MECNÉSE. J^û^^fei MiquenÈz.
MECOMPTE, f. m. Erreur de calcul , & de fuppu-
tation. Error in numéro , errorin dicendâ ratione. Les
Commis d'un Financier font refpontables du mé-
compte qui fe trouve dans les tacs. Il a fallu réformer
le Calendrier , à caufe qu'il y avoit un mécompte de
dix jours dans la fupputation du temps.
Mécompte, le dit figurément de toute erreur qui fe
fait dans la conjedlure , dans le raifonnement , du
mauvais fuccès d'une entreptite , d'une affaire de
commerce. Error , erratum , aberratio. Quand on
raifonne fur un principe E'.nx j on trouve à la fin
bien du mécompte. Il avoit conjecturé que le blc.i fe-
roic cher cette an née j il s'eit trouvé bien du mécompte
en fon calcul. Il y a ici du mécompte. Pat. |
MÉCOMPTER. (le) V. Récip. Se tromper en fon calcul.
Errare in numéro. Il faut compter fbn argent deux
fois , pour voir il on ne s'eft point mécompte à
la première.
MÉCOMPTER, fignifie figurément fe tromper en fes con-
jedures , en fbn raifonnement , en les actions. Falli
decipi , allucinari. Pour peu qu'on le mécompte en
une obfervarion aftronomique , l'erreur groffit dans
les calculs & opérations qu'on fait dans la fuite. Les
Anciens qui neconnoilloient pas la pefanteur de l'air,
fe font mécomptes en plulicurs r.iifonnemensde Phy-
fique. Combien de gens ont cru avoir trouvé ou la
quadrature du cercle , ou le mouvement perpétuel ,
ou les longitudes , parce qu'ils s'étoient mécomptes ?
N'oferoit on dire que Benoît XIF & Eugène IV^ fe
font mécomptes t Patru. L'ame qui gouverne la ma-
chine du corps humain , en meut tous les relForts
à propos, fans les voir , fans les difcerner, fans en
favoir ni la figure, ni la lituation, ni la force & elle
ne s'y m'écompte point. Quel prodige ! Féx'el.
MÉCON. Nom d'une grande rivière de l'Inde delà
le Gange. Mécona. Elle prend fa fource dans les
Monts Damafiens , aux confins de la Chine , ttaverfe ■
le Royaume de Lao, une partie de celui de Pégu,
celui de Combrie, où elle baigne P^avccca &: Cam-
MEC
boie , & Ce décharge dans la mer de l'Inde par trois
embouchures.
MÉCONITE. f. f. Pierre compoféc d'un amas de grains
de fable marin conglutinés: elle imite aulil les graines
du pavot. Quelques-uns la prennent pour des œufs
depoilK)n s pjtririés. Mccon'ucs , pifolutus.
MÉCONIUM. (. m. Terme de Pharmacie. C'cft le
fuc ou le jus de pavot ^ tiré par c.xprcilion , Se Icthé ,
qui ditîére de l'opium , en ce que celui ci eft une
larme qui en découle après une incilion des têtes du
pavot.
Ce mot vient du Grec ^,^»» , qui fignifie pavot.
MÉCONIUM , fe dit aulli de l'excrément noir «Se épais qui
s'edamallé dans les inteftins d'un entant , pendant la
grollellé de la mère. Cet excrément rellcmblc en
couleur & en conlïïtance à la moelle de calle. Il
rciremblc aulli au Mecon'ium , ou lue de pavot; d'où
vient qu'on lui a donné ce nom.
MÉCONNOISSABLE. adj. m. & f. Qui eft tellement
changé , qu'on ne le peut reconnoitrc qj.i'avec peine.
Q^ui agnofcl non pocejL Une longue maladie change
tellement le vilage , qu'on eft méconnoijj'ahle.
MÉCONNOISSANCE. C f. Ingratitude. Ingrati animi
v'ULum. Quand on oblige certaines gens, il n'en faut
attendre que de la meconnoiffancc. Il n'y a qu'une
indigne miconno'ijfance qui nous puille fermer la
bouche. Pat. Il vieillit, & f"e dit peu.
fCr Si Ion veut faire ulage de ce mot , il paroît qu'on
ne doit pas le regarder comme ablolument fynonyme
d'ingratitude. La méconnoijfancc a quelque choie de
moins odieux. Ceft un manque de reconnoilîance
provenant de la légèreté. L'ingratitude eft un vice
du cœur. Voye\ Ingratitude. Confidéré fous ce
point de vue , il mérite d être confervé.
MECONNOISSANT. ANTE. adj. Qui^ manque de
reconnoillànce , qui ne fait pas reconnoître les biens
qu'on lui a faits. Beneficiorum immemor. Les valets
font des gens fort méconnoijfans.
M:ÎCONNOÎrRE. V. aét. Je méconnais , nous me-
connoiffons , je méconnoiffbis , /e méconnus , je
méconnoîtrai , que je méconnoijje. Ne pas recon-
noître une perfonne. Non agnojcere , non dignof-
cere. L'âge , les longs voyages changent fi fort les
perfonnes , qu'il eft aifé de les méconnoitrc , quand
on les retrouve.
MéconnoÎtre , fe dit fîgurément d'un aveuglément
volontaire qui vient d'orgueil , ou d'ingratitude ; &
qui empêche qu^on ne veuille reconnoître ceux qui
ont été autrefois nos égaux en fortune , ou qui nous
ont fait du bien. Su£ conditionis e(]e immemorem ,
oblivifcifuii fortis. Les vilains qui ont tait fortune j
méconnoijjent aifément leurs parens.
On dit en ce fens , qu'un homme fe méconnou ,
lorfqu'étant forti de bas lieu , & parvenu à uue
haute fortune , il ne fe fouvient plus de fa naif-
fance j va de pair avec les Grands , 6c méprife les
petits. Il y a de la grandeur d'ame à ne fe point
méconnaître dans une haute élévation de fortune.
M. Esp.
MÉCONTENT , EMTE. adj. Qui a , ou croit avoir
fuiet de 'e plaindre ; qui eft mal fatisfait de quel-
qu'un. Non contentas j novarum rerum cupidus , im-
patiens prajèntium. Les rnécontens de la Cour ont
cauti (juvent des troubles , des guerres civiles. La
fermeté de la Reine , & le relpett qu'on avoir pour
elle, appijfèrenr les rnécontens. La Chapelle. Quel-
. quefois pour obliger un homme , on fait pluheurs
Tuécontens. Il s'en va fort mécontent du mauvais ac-
cueil qu'on lui a fait, du jugement de fes arbitres.
Mal-content eft plus noble , & plus de la Cour ,
pour marquer les perfonnes qui ont reçu quelque
déplaifir. On dit plus ordinairement \t% rnécontens ;
pour dire les Faéfieux , ou les Rebelles , Seditiofi.
Voyez Mal content.
MÉCONTENTEMENT, f. m. Déplaifir. Offenfio ,
offenfa. Il eft forti de la maifon paternelle pour
quelque mécontentement. Donner du mécontentement
à tes parens.
MÉCONTENTER, v. a. Donner du déplaifir à quel-
Tome V.
MED 899
qu'un ; lui donner fujct d'être mécontent. Nonfatis-
facere , cadere , ojjendere. Un bon politique doit ta-
cher de m: mécontenter \->c\(<jn\\i:. Il ne faut pas /72<;'-
contcnter les ouvriers qui ont bien trav.iillé ; leur
donner un falaire moindre qu'on ne devroit.
MÉCONTENTÉ , LE. p.itt. & adj. Cui nonfatisfaa-
tum eft , non contenius.
MECQUE. Nom de ville , qui ne fedit point fans l'ar-
ticle , La Mecque , ville de l'Arabie , capitale de la
principauté de la Mecque , Se lltiiée fur la rivière de
Chaib.ir j a vingt-cinq lieues de fon embouchure ,
dans la mer Rouge , Se de la ville de Ziden , &c
à quatre-vingt de celle de Médinc. Alecca , ancien-
nement Maraba ik Mariaba.
Cette ville eft tameufe parmi les Turcs , pour avoir
donné nailîance à Mahomet. La plus célèbre de tou-
tes les mofquées Mahométanes eft fituée au milieu
de cette ville. Les Mahométans croient 1 emplace-
ment de cette mofquée faeré , pour deux raifbns '•
la première , parce que j difent ils, Abraham y bâtie
une maifon : la féconde , parce que Mahomet y a
pris naiflance. On y voit un efpace qui n'a point de
toît , & qui marque l'enceinte de la maifon d'Abra-
ham. On y entre par une porte d'argent qui eft de la
hauteur d'un homme : à côté on voit un puits très-
profond j & dont l'eau eft faléc ; mais fi eiïicace , fé-
lon leur Religion , qu'elle fert à l'expiation de leurs
péchés , quand ils en prennent pour fe laver. Dicr.
de Peint.&d'Jrck.
La Principauté de la Mecq.ue. Mccca Principatus. Ceft
un des plus puiftans Etats de l'Arabie. On le mec
ordinairement dans l'Heureufe j quoique quelques
■Voyageurs afFurent qu'il eft de la Pétrée. Il s'étend
le long delà mer Rouge j depuis le Béglerbéglic de
Pétra , jufqu'à la Principauté de Zibilh j & on lui
donne deux cens foixante lieues de long j & environ
cinquante de large.
La merde la Mecque, /'''oye:^ le Golfe Arabique. -
Le détroit de la Mecque , autrement de Babelman-
DEL. Fretum Meccanum , ou Bahelmandelium , ell
un détroit de l'Océan oriental. Il eft entre la côte
de l'Arabie heureùfé , en Afie , & celles d'Abec &
d'Ayan , en Afrique. Il fepare ht mer d'Arabie de
la mer rouge , & de la mer de la Mecque , & c'eft
pour cette raifon qu'on lui donne le nom de Détroit
de la Mecque.
MECRAN. Province de Perfe , aux confins de l'In-
doftan. Il répond à la Gédrolie des anciens.
MECRÉANCE. (. f. Vieux mot qui s'eft dit pour Irré-
ligion. On l'a dit aulli pour foupçon. Sufpicio.
MÉCRÉANT, f. m. Celui qui ne croit peint les véiités
éternelles , révélées aux Chrétiens. Incredulus. Les
Libertins font pires que les Idolâtres , les Turcs &
les Mécréans. Il fembloit donner le Mécréant , pout:
racheter le Fidelle. Pat. On le difoit particulière-
ment des Mahométans.
MÉCRÉANT j ne fe dit plus guère que par manière de
dénigrement , & en parlant d'un Chrétien qui ne
croit point les dogmes de fa Religion , & qu'on
regarde comme un impie. C'eft un Mécréant. Acad.
Franc.
Ce mot vient de mintis , ou malè credens.
MÉCRITES. f. m. pi. On appelle ainfi en Perfe des
gens h habiles à marcher dans les montagnes , qu'ils .
vont par -tout où les gazelles & les chevreuils ne
peuvent aller. 4^
MECROIRE. v. a. Autrefois ce mot s'eft dit pour /oup-
^onner ,fufpicari.
MED.
MÉDABA. Nom d'une ancienne ville de Judée j fi-
tuée dans la Tribu de Ruben , fur la rivière d'Arnon.
Medaba.
MÉDAILLE, f. f. Petite figure , ou pièce de métal en
forme de monnoic , faite pour conferver à la pofté-
rité le portrait des gens illuftres j ou la mémoire
de quelque adion mémorable , de quelque événe-
ment coiifîdcrable. Numifma nummus. Quelques
Xxxxx ij
c?ôo MED
Récens difent barbaremenc midaUla en Latin. Quel-
ques uns ont cru que les médailles anciennes ont
fervi de monnoie. M. Patin a fait un chapitre ex-
près , pour prouver que toutes les médadks anti-
ques, ont été des monnoies des Anciens , qui avoient
cours , & un prix réglé dans les paieniens , & qu'il
n'en faut excepter que les médaillons. Le P. Joubert
eft dans le même fentiment. D'autres , au contraire ,
prétendent qu'il ne nous refte aucune vraie mon-
noie des Anciens , que toutes les médailles que nous
avons, n'ont jamais fervi de monnoie. Entre ces deux
opinions, il y a un milieu à prendre, &• ce milieu
paroît plus raifonnable. Toutes les médailles font
ou antiques , ou modernes. Les antiques , font celles
qui ont été frappées jufqu'au VF ou Vir fiècle.
Les modernes , font celles qui ont été fabriquées de-
puis 500 ans. Parmi les antiques , il y en a des
Grecques & de Latines. Les Grecques font les plus
anciennes. Les Grecs frappoient des monnoies de
tous les trois métaux avec tant d'art , que les Ro-
mains ont eu bien de la peine à les égaler. Les mé-
dailles Grecc^ues ont un delléin , une attitude , une
force , & une délicatelle à exprimer jufqu'aux mu(-
cles , ôc aux veines , qui furpalfent infiniment les
Romaines. Il y a auffi des médailles Hébraïques,
Puniques , Gothiques & Arabefques , qui font un
nouvel oidre dans les antiques & dans les moder-
nes. Les médailles Confulaires , font conftamment
les plus anciennes médailles Latines. Cependant cel-
les de cuivre ou d'argent , ne remontent point au-
delà de l'an 484 de Rome , & celles d'or , à l'an
J46 : h l'on en produit de plus anciennes , elles (ont
ïaulïcs.
Les médailles Confulaires portent ce nom , pour
les diftinguer des Impériales y non parce qu'elles
ont été battues par l'ordre des Confuls ; mais feu-
lement parce qu'elles ont été frappées dans le temps
que la République étoit gouvernée par les Confuls.
Le P. Joubert en compte environ 50 ou 60 d'or ;
ijo de bronze, ôc près de 1000 d'argent; Golt-
zius les a décrites par ordre chronologique , & en
fuivant les Fartes Confulaires. Urfin les a difpofces
par l'ordre des familles Romaines. M. Patin en a
compofé une fuite complette dans le même ordre
qu'Urfm ; & il n'en compte que mille trente-fcpt
confulaires , qui fe rapportent à cent foixante-dix-
huit familles Romaines.
Parmi les Médailles Impériales , on diftingue le
haut &c le bas Empire. Le haut Empire commence
à Céfar , & finit vers l'an 160 de Jésus-Christ. Le
bas Empire comprend près de i ioo ans , c'efi: à-dire
jufqu'à la prife de Conftantinople en 1450. On ne
laide pouttant pas de compter toutes les médailles
des Empereurs jufqu'aux Paléologues entre les anti-
ques , quoique les curieux n'eftiment que les anti-
ques. Tout au plus, les belles Lnpériales ne pailent
point le règne dHéraclius, mort en 641. Après le
temps de Phocas &: d'Héraclius , l'Italie demeura
en proie aux Barbares ; ainli les monumens qui nous
refient du règne de ces deux Empereurs , finilfent les
fuites de ces médailles Impériales. On y joint les
médailles du bas Empire , & les Empereurs Grecs ,
dont on peut faire une tuite julqu'à nous , en y ajou-
tant les modernes. M. Patin a fait un ample recueil
des Impériales jufqu'à Héraclius. Les Gothiques font
partie des Impériales : on les appelle ainfi , parce
qu'elles ont été faites du temps des Goths , & dans
la décadence de l'Empire : elles rellentent l'igno-
rance de leur fiècle.
A l'égard des Médailles modernes , elles ont été
fabriquées dans l'Europe , depuis que la domination
des Goths y a été éteinte , Se que la fculpture & la
gravure ont commencé à refleurir. La première frap-
pée , eft celle de Jean Hus hérétique , en 141 ; ; <S;
fi l'on en voit de plus anciennes , elles font ou faut
{es , ou reftituées. On n'en trouve point en France
frappées avec l'effigie du Prince avant le règne de
Charles VII. L'étude des médailles modernes ell
d'autant plus utile , qu'elles donoent plus de lu-
MED
mlèrc que les antiques , & qu'elles marquent les
temps & les circonllances des événemcns : au lieu
que les infcriptions des anciennes font fort cour-
tes & fort fimplcs , & prefque toutes fans date. De
plus , les médailles antiques font fort fujettes à être
faullés , à caufe de leur prix excelllf , qui les a fait
contrefaire avec tant d'artifice , qu'il eft mal-aifé
de les diftinguer -, & qu'au contraire , l'on reconnoh
facilement quand les modernes font frappées , ou
moulées.
Au refte , les médailles ont été fabriquées de trois
fortes de métaux , qui font trois fuites difterentcs dans
les cabinets des Curieux. Celle d'or eft la moins nom-
breufcielle n'excède guère 1000 oui zoo dans les
Impériales : celle d'argent peut aller jufqu'à 5000 dans
les feules Impériales ■■, & celle de bronze de trois
grandeurs ditîérentes -, c'eft-à dire , de grand , de .
moyen & de petit bronze , au delà de fix ou fept mille
dans les Impériales.
Il n'y a point de véritables médaitles Hébraïques j
& celles où l'on voit la tête de Moyfe & de J. C.
font ou faullés , ou modernes. On trouve feulement
quelques ficles de cuivre , ou d'argent , avec une lé-
gende Hébraïque ou Samaritaine. On n'en a jamais vu
d'or. On en cite pourtant une du Cabinet du Roi de
Dannemarck. Foye^ fur ces fortes de médailles , la
dilferration du P. Souciet Jéfuite , fur les médailles
Hébraïques , appelées communément médailles Sa-
maritaines, où il diftingue exactement les vraies mé-
dailles Hébraïques des faullés , toutes les efpèces des
vraies , & où il montre que ce font de vraies mon-
noies Hébraïques frappées par les Juifs ; mais fur le
modèle des anciennes , qui avoient cours avant la
captivité de Babylone,&c. Voye\zXi'S\ Villalpandus,
l'ouvrage de Vaferus , les Paradoxes de Coringius
fur cela , & les ExeiKiiiations Samaritaines du P.
Morin. ^ ,
Les parties d'une médaille font fes deux cotes,
dont l'un s'appelle la face , ou la tête. Faciès , prima,
faciès , & l'autre le revers , Pars averfa , oxipojlica.
De chaque côté il y a le champ", qui eft le milieu
de la médaille , Area ; le tour , ou le bord , margo;
Se l'exergue , qui eft la partie qui le trouve au-del-
fous du fol fur lequel font pofées les figures que la
médaille repréfente , ima pars. Sur ces deux faces ,
on diftingue le type, & l'infcription ,ou la légende i
le type , typus , font les figures repréfentées ; l'inf-
cription ou légende, infcriptio , épigraphe ; c'efi lé-
criture qu'on y lit , & principalement celle qui eft
fur le tour de la médaille. Souvent néanmoins dans
les médailles Grecques , &c quelquefois dans les La-
tines , l'infcription eft dans le champ. Ce 'qui eft dans
l'exergue , s'appelle moins ordinairement infcrip-
tion , parce que ce ne font fouvent que quelques
lettres initiales , dont on n'entend pas le fens. Il y
a pourtant quelquefois des époques , fur tout dans
les médailles Gtecques, ou des mots qui peuvent être
nommés infcription.
Ce n'eft ni le métal , ni le volume , qui rend les
médailles précieufes , mais la rareté de la tête , ou
du revers , ou de la légende. Telle médaillç en or
eft commune , qui fera très rare en bronze. Telle
fera très-rare en argent , qui fera commune en bronze
& en or. Tel revers fera commun , dont la tête fera i
unique. Telle tête fera commune , dont le revers eft \
très-rare. Il y a des médailles qui ne font rares que
dans certaines fuites , &c qui font fort communes
à^ns les autres. Par exemple , on n'a point à'An-
tonia pour la fuite du grand bronze. Il faut nécef-
fairement fe fervir de celle du moyen bronze. L'O-
thon eft rare dans toutes les fuites de bronze , & il
eft commun dans celles d'argent. On fait monter
les Othons de grand bronze à un prix immenfe :
éc ceux de moyen bronze à quarante ou cinquante
pillolcs. On met le même prix aux Gordiens d'Afri-
que. Les médailles uniques n'ont point de prix. On
appelle médailles uniques , celles qui ne fe trouvent
pas même dans le cabinet des Curieux^ du premier
ordre , tSc qu'on ne trouve que par hafard. L'Othon
M
E D
de grand bronze cft une médaille unique. Médaille
unique fc prend dans un kns plus précis , pour
celle qui n'eftqiie dans un fcul cnbinec , & qui n y
cfl: qu'une fois. Quand les médailles palfcnr dix ou
douze piftoles , elles valent ce que l'on veut, elles
n'ont d'autre prix que celui que lui donne le Cu-
rieux qui les veut acheter. Foyei là-dellus M. Vail-
lant. Le Pefcennius Niger , & le Pcrtinax font fort
rares en tous métaux. Le Didius Julianus ne Ce trouve
guère qu'en grand bronze. Le Padouan ^le Parnielan
& Carteron Hollandois , ont fait des coins exprès
pour fibriqucr des médailles qui n'ont jamais été:
comme celles de Cicéron , de Virgile , de Priam ,
d'Enée , &c. M. Vaillant a rallcmblé toutes \csmé'-
dailles happées par les Colonies Romaines , le P.
Hardouin celles des villes Grcques !k Latines ; le
P. Noris celles de Syrie. M. Morel a entrepris une
Hidoire univerfelie des médailles. Il les a partagées
en quatre dalles. La première , contient les médail-
les des Rois , des villes 8c des peuples qui ne por-
tent ni le nom , ni l'effigie des Empereurs Ro-
mains -, la deuxième , les médailles Confulaires ; la
troilième, les médailles Impériales ; la quurième,
les médailles Hébraïques , Puniques , Parthiques ',
Françoifes , Efpagnoles , Gothiques & Arabefques.
Il a commencé par les Impériales , & les conduit
jufqu'à Héraclius. Les médailles Impériales font ou
Latines , ou Grèques. M. Morel fait marcher les
Latines les premières. Ad. Occo , A-Iédecin Alle-
mand , & le Comte Mezzabarda , les ont voulu
ranger par ordre chronologique ; mais cela eft im
pollible. Car lur la plupart des médailles Impériales,
on ne marque ni le Confulat , ni l'année du règne ;
& depuis Gallien , il n'y a aucune médaille où l'on
puille trouver aucun vertige de Chronologie. On
appelle médailles Grèques , celles où Ce trouvent
les têtes des Empereurs Grecs, ou une infcription
Grèque.
Le cabinet de médailles le plus eftimé de l'Eu-
rope , aptes ceux des Princes , étoit celui de feu
M. Foucault. Ce cabinet , grollî des dépouilles de
tant d'autres , appartient à préfent au Duc de Parme.
Mèm. de Trév. Août iy2s. M. l'Abbé de Rothc-
lin , de l'Académie Françoile , & de celle des Belles-
Lettres , également recommandable par foji efprit ,
par fon érudition , par fon bon goût , & par fa
politelfe, avoit fondu plulieurs cabinets de médailles
dans le lien, qui étoit le plus beau , le plus choili ,
& le mieux confervé qu'il y eût en France.
On appelle médaille fauffe , celle qui eft con-
trefaite , & qu'on veut faire palfer pour anti-
que, quoiqu'elle ne le foit pas ; & médaille fruf-
fle , une^ médaille qui n'efl: pas entière , & qui
eft effacée. Médailles rejlituées , nummi rejlitud ,
celles où l'on trouve ces lettres Refi. qui mar-
quent qu'elles ont été reftituées par les Empereurs
pour les perpétuer. Médailles faucées , qui font bat-
tues fur le feul cuivre , & puis argentées. On en fait
faire exprès pour avoir la fuite d'argent complète
par des têtes qu'on ne rencontre prefque point d'ar-
gent. Médailles fourrées , nommi bracleati , celles
qui font battues fi adroitement, qu'on ne s'en apper-
çoit qu'à la coupure : ce font les moins lufpedtes.
Médailles éclatées , ou fendues , Numifmata fifsâ
mar^ine , celles dont les bords font éclatés par la
force du coin. Médailles dentelées , ou crénelées ,
Numifmata /errata , celles dont les bords font den-
telés ; c'eft une preuve de bonté Se d'antiquité. Elles
font communes parmi les Confulaires jufqu'au temps
d'Augufte. On n'en trouve point après lui. Il y en a
aulfi plufieurs parmi celles des Rois de Syrie. Médailles
incufes , nummi incufi , celles où il n'y a point de
revers.^ Médailles contremarquées , celles qui font
entamées ou du côté de la tète , ou du côté du re-
vers. Ces contremarques font la marque d'un chan-
gement de prix. Les Curieux recherchent ces Cop-
ies àt médailles 3.wec km. Médailles moulées, celles
qui ne font point frappées , & qui font faites au
moule. Le P. Ménétrier dès l'année 1685. donna
MED
901
l'Hiftoirc de Louis le Grand par les médailles , jetons
autres monumens publics , dont il fit une féconde
ediiion, he.uicoup plus ample, aVec l'explication
de ces médailles , & de tout ce qui s'étoif fait de
conhcicrable fous ce règne en 1695. La première
fut contrefaite en Hollande en 165,1. à laquelle on
ajouta quelques médailles fcandaleufes. On a fait
depuis le mcme ouvrage de rimpreliion du Louvre^
in-Jol. avec les gravures les plus belles. Se encore
in-quartû. C'eft M. l'Abbé Bignon qui a préfidé à
cet ouvrage.
M. Mézerai a donné en fon Hiftoire de France
des médailles tirées de la France Métallique, qui font
des médailles nouvellement inventées , qui n'ont
jamais été frappées, Ik qui 11c peuvent fcrvir d'au-
cune preuve pour l'hiftoire , mais en altérer feule-
ment la vérité par la fauflbtéde leuts types. Au com-
mencement de l'an 1702. l'Académie des médail-
les & des infcriptions préfenta au Roi le recueil des
médailles frappées fur les principaux événcmens du
glorieux règne de fa Majelté.
§CrM. de Fontenelle, & après lui, M. de Bougain-
villeont dit que les coquillages & les poiffons pétri-
fiés dans les terres étoierit des médailles incoiuefta-
bles du déluge.
Une médaille , ou quelque antique , avec ce mot ,
Majuspojl ficula nomen , marque que la gloire des
Héros augmente avec le temps.
MÉDAILLE , eft aulîi une petite pièce de métal , ou de
pâte j ou de cire , où eft empreinte l'image d'un
Saint , ou de quelque myftère , à laquelle il y a
des Indulgences attachées par la bénédidion du
Pape. Sacrum numifma. Les médailles bénites s'atta-
chent à des chapelets , s'enchâflènt en des Agnus
Dei , en des reliquaires.
Scaliger tient que ce mot vient de l'Arabe Me-
thalia , qui fignifie une monnoie de Chrétiens , où
la figure de la tête d'un homme eft empreinte. Mé-
nage & Voilius difent que ce mot vient plutôt de
metallum.
Du Cange dit que l'obole a été appelée medalia,
quajî medietas^ nummi. Le même dit que du mot de
médaille a été formé celui de maille , qui a été
d'abord attribué à toute forte de monnoie <V m,;
ennn demeure aux plus petites.
MÉDAILLE, feditaufll en matière d'Architeéfure , d'un
certain bas-relief de figure ronde, fur lequel eftVepré-
fentée la tête de quelque Empereur _, de quelque
Roi , ou de quelqu'autre perfonne illuftre. Nummus
majoris modi.
tfS" On dit figurément & proverbialement d'une vieille
perfonne qui a le vifage d'une figure extraordinai-
re, & dont les traits font gtands &z fort marqués,
que c'eft une vieille médaille. Tournez \-i. médaille\
pour dire , examinez la choie de l'autre côté ; après
avoir vu le bon , coufidérez en le mauvais; après
avoir parlé à fon défavantage , parlons maintenant
pour lui. On dit aufîi Tourner la médaille , des
chofes qu'on retourne , qu'on met à l'envers. On
dit aulîi que toute médaille a fon revers, pour dire,
qu'il n'y a rien qu'on ne puilfe confidérer en bonne
& mauvaife part, que toute affdre a lés avantages
& fes inconvéniens. On dit aufti, La médaille^eH
renverfée , pour dire , la fortune a changé , les cho-
ses ne font plus dans le même état.
MÉDAILLIER. f m. C'eft un tablier comme celui
du tridtrac , mais moins creux, où un Antiouaire
place (es médailles , félon leur ordre , & dans des
petites loges creufées , comme on place les poids
dans un trébuchet. Médaillier fignifie aulli un petit
cabinet rempli de tiroirs , dans lefquels on range
les médailles. On apprend fans peine dans un rné-
daillierh fuite des Confuls , des Empereurs &c des
Rois, leurs noms fleurs traits & leurs adtions. Pluche.
MÉDAILLISTE. Auteur qui a écrit des médailles-
Curieux qui a fait une grande colledion de mé-
dailles. Antiquaire qui connoît bien les médailles.
Qui de riumifmatibus fcripfit. Les grands Médaillif-
us ont été Antonius Auguftinus, Evêque de Tarra-
Q02 MED
goiie , Wolf. Lazius , Fulvius Urfinus , Tavant Aii-
tiquaue, Hubeitus Goltzms , iàmeux Graveuf, ^-
neas Vicus , Oitelus , Seguin , Occo , Tnftan , le
P. Siimond, Vaillan, Patin, le P. Noris , M. de
Spanheim , le P. Haidouin , Moicl , & le P. Jou-
bert ; le Comte Mezzabaiba , M. Begher , &c. Le
Père Bandouti a mis à la tête de l'on Recueil de Mé-
dailles, Bibliotheca Nummana , five Auclorum qui
de immifmads fcnpferunt.
MÉDAILLON, i. m. Médaille d'une grandeur extraor-
dinaire. C etoit communément une elpèce de' mé-
daille dont les Princes foitoient prélent à ceux qu'ils
favorifoient de leur eftime. Nummits majoris modï.
Ceft pourquoi les Romains les nommoient mijjiiïa.
Les médaillons n'étoient point des monnoies cou-
rantes comme les médailles. On les frappoit feule-
ment pour krvir de monumens publics, ou pour
faire des préfens. On n'en peut former aucune
fuite , quand même on mêleroit les grandeurs , &
Jes métaux. On n'en trouve que quatre ou cinq
cens dans les plus riches cabinets. §C? Il y en a au-
jourd'hui un plus grand nombre dans le cabinet du
Roi , qui s'eft enrichi de plufieurs cabinets particu-
liers ; enforte qu'on pourroit exécuter le projet de
M Morel , c'eft-à dire , faire graver plus de mille
médaillons. On ne lait pas trop en quel temps on a
commencé den frapper. Quelques Antiquaires di-
fent que c'eft du temps de Théodole. Mais on en
battoit même dans le haut Empire : car il y en a de
Néron , de Trajan & d'Alexandre Sévère. Les mé-
daillons dor & ceux de grand bronze , font très-
rares. On diftingue les médaillons d'avec les médail-
les par le volume, c'eft à dire , par l'épailleur , par
l'étendue, par le relief , & par lagrolTeurdc la tête.
Patin. Le P. Joubert. Il y a une efpèce de mé-
daillons qu'on appelle contorniates. Ce font des
médaillons frappés avec un enfonçure tout autour
qui laillé un rond des deux côtés , & avec des fi-
gures qui n'ont prefque point de relief en compa-
raifon des vrais médaillons. Les médaillons font ap-
pelés dans plufieurs titres Latins , metalliones. Les
Italiens les appellent mcdaglioni , d'où nous avons
fait médaillons.
MÉDALE. ù f. Savot écrit toujours ainfi , au lieu de
médaille , qui eft la feule orthographe reçue aujour-
d'hui.
MÉDARD. f m. Nom d'homme. Medardus.
Un vieux proverbe dit , U fait la mine comme
/Saint Médardi &C cela par alluilon à quelque an-
cienne figure ou ftatue de Sûni Médard mal-laite.
Se faifant la grimace.
Régnier a dit proverbialement , Un ris de Saint
Médard , pour un ris forcé.
Glorieux de me voir Ji hautement loué.
Je devins aujji fier qu'un chat amadoué ,
Et /entant au palais mon difcours fe confondre.
D'un ris de S. Médard il lui fallut repondre.
Régnier.
IVJ^ÈDE. f m. & f. Nom de peuple. Medus.
MÉDECIN, f m. Celui qui a étudié la nature du corps
humain , & des maladies qui lui arrivent , qui fait
profeflîon de les guérir i qui fait l'art de rendre , ou
de conferver la finré. Medicus. U n'eft point permis
à un Médecin de recevoir des legs , ou des donations
de la part de fes malades. Le Médecin méthodique^
ou galénique , eft celui qui guérit avec des remèdes
doux , ordinaires , expérimentés , & qui les donne
à propos. Médecin chimique , fpagirique & empiri-
que , eft celui qui fe fert de remèdes violens , tirés
des minéraux avec le feu. On a appelé d'abord Mé-
decins cliniques , les Médecins qui vilîtoient les ma-
lades au lit , pourobfevrer les divers fymptcimes des
maladies ; pour les diftinguer des Médecins empiri-
ques qui couroient par les villes pour débiter leurs
drogues. L'antiquité a encore donné diftéicns noms
aux^ Médecins félon leurs diiférentes efpèces , ou
fondions. Elle appeloit Ajbvlogiques > ceux qui pré
MED
tendoient guérir par le moyen de l'Aftrologie -, Bota-
niques , ceux qui s'appliquoient à la connoiftance
des propriétés des fimples, & qui les employoicntj
Chirurgiens , ceux qui faifoient les opérations ma-
nuelles. Cliniques. Voyez ci-deftus. Ils appeloienc
auftl de ce nom tous les Médecins en général , com-
me ils nommoient Clinique h Médecine en général.
Cofmètes , ceux qui confervoient l'embonpoint &
la fr.aîcheur du teint ; Difjécateurs , ou Anato-
miques , ceux qui dilféquoient les corps ; Dogma-
tiques , ceux qui pofoicnt des principes , & qui
raifonnoient fur ces principes & fur l'expérience i
Empiriques , ceux qui s'en tenoient aux expérien-
ces. Sérapion fut le chef des Empiriques : AppoUo-
nius, Glauci.as &c plufieurs autres fuivirent ce fen-
timcnt. latraliptes , ceux qui ufoient d'onâions ôc ^
de friètions extérieures pour guérir ; Magiques ,
ceux qui employoiem la M.igie -, Méthodiques , ceux
qui fe faifoient une méthode fondée fur des princi-
pes dont ils tiroient des conféqucnces Se des prati-
ques fuivies; Muficiens , ceux qui employoient les
fons &z les concerts à la guérifon des maladies; Ocu- ,
laires , les Oculiftes , qui traitent les yeux ; Pracli-
ques , ceux qui exerçoient la ^iéàednt ■, Rationaux ,
ou Logiciens , ceux qui cherchoient les caulcs des
maladies i Théorétiques , ceux qui remontoient aulli
aux caufes des maladies, qui examinoient les prin-
cipes du corps humain , fes parties , leur ftrudure,
leurs fonàlions , Sec. p'ulnéraires , ceux qui pan- ;
foient les plaies. ^ . '
Il y a des Médecins de la Faculté de Paris , de
Montpellier , &c. En ce fens on dit , Il a (uivi l'or-
donnance du Médecin , il a appelé le Médecin ; il a
été abandonné des Médecins, condamné des Méde-
cins. Chez le Roi il y a le premier Médecin , le
Médecin ordinaire, les huit Médecins de qnmki ,
Se les Médecins du Commun. Un Ancien voulant
louer finement un Médecin trop hafardeux , lui du ,
Qu'il ne faifoit point languir fes malades. Abl. Il y
a parmi les morts une honnêteté, &c une difcrétion
la plus grande du monde , Se jamais on n'en voir
fe plaindre du Médecin qui l'a tué. Mol. Tant que
les hommes aimeront la vie , le Médecin fera raille
Se bien payé. La Bruy.
Entre les animaux , jamais un Médecin
N'empoifonna les bois de fin art ajfaffln. Boiu
Un Satyrique demandant la définition d'un Mé-
decin , & fe répondant à lui même , dit , un Mé-
decin eft une forte d'homme , payé pour dire des
fariboles dans une chambre auprès d'un malade,
jufqu'à ce que la nature l'ait guéri, ou que les re-
mèdes l'aient fait crever. La Br. On a fait en tout
temps des Satyres contre les Médecins. Ceux
qui n'ont point de procès Se qui fe portent bien ,
raillent les Juges Se les Médecins ; mais quand ils
ont des affaires ou des maladies , ils changent de
fentiment. L'Ecriture fait l'éloge de la Médecine en
difant , Honora Medicum propter necejjltatem : ete-
nim creavit illum Altijfimus. La méthode des nou-
veaux Médecins qui appliquent la mécanique à la
médecine , n'eft pas nouvelle ; Erahftrate en eft l'au-
teur. .
MÉDECIN , fe dit auftl , mais improprement , de ce-
lui qui communique un remède qu'il a pris ou
éprouvé , à celui qui en a befoin. Tout le monde
fe mêle d'être Médecin. Quand on eft avancé en
âge , il faut être fon Médecin à foi-même , fayoir
ce qui nous eft propre. Le Médecin de foi-même
eft un livre où l'on a prétendu enfeigner l'arc de
fe conferver la fanté par l'inftind.
On appelle aufti le quatrième doigt de la main ,
le médecin , à caufe que les Anciens le lervoient de
ce doigt-là pour délayer leurs médicamens.
Mi-iDEciN", fe dit figurément de ce qui remédie à un
mal quelconque. Le temps , cet heureux médecin
de toutes les douleurs. Cérisi. Le vin eft le me-
dcunâc la mélancolie. Le Confelfeur eft le mede-
MED
c:n des anies. Les Pic'dicLiteurs font les médecins
des mœurs. Je fuis le mcdccui de toutes les Iroitunes
dcl.ibrées. P. Com.
Mkoecin , Te dit proveibialcment en ces phrafes. Mcii
reux le Mélcun qui vje/it Ihr le déclin de la mal.i-
dic , pour dire , qu il a l'honneur de la cure qui le
fait par les forces naturelles. On dit aulli , Après la
niurt le Médecin , pour dire , qu'on apporte le
remède à une aiiaire quand elle elt ruinée , quand
il n'ell plus temps. On difoit autrefois , Apres la
mort le mire , car mire ligp.ihoit médecin. (é)r\ ap-
pelle aullî Médecin d'eau doucCj celui qui cil ignorant
en Médecine , qui n'ordonne que des remèdes trop
communs , & fins cflet. Quelques uns cro;ent que ce
proverbe vient d'un nommé Afclépiade , méchant
i'dcdccin dont parle Pliiie au Livre 16. qui alfcilta
de le rendre célèbre en ordonnant leidement de l'eau
à les malades.
MÉDECIN , guéris toi toi même , eft un proverbe ft-
cré que Jesus-Chrit a dit en l'Evangile à ceux qui
vouloient guérir les autres , & qui avoient plus bc-
foin qu'eux d'être guéris.
En termes du grand Art, on appelle le mercure ,
Médecin des planètes.
MEDECINE, f h Qui n'a point de pluriel en ce lens.
Medicina. C'cft lelon Galienj lart de conlerver la
lanté préfente, &c de rétablir celle qui efl: altérée:
& lelon Hippocrate , adjeétion de ce qui manque,
&z retranchement de ce qui redonde : & lelon Hé-
rophile , la Icience des chofes qui lont bonnes à la
lanté , ou qui y nuifent , ou qui lont indiiTérentes.
De l'aveu de Pitearn , célèbre Médecin Ecollois, la
Médecine n'eft point un art ; elle ne connoît point
alFez font objet , & fes principes ne font pas allez
sûrs pour mériter ce nom. Pour la rendre utile , il
iaut la réduire à la limple obfervation des remèdes
qui réulfillent, & de ceux qui ne reufiiilent pas. Un
^ Satyrique a défini cette Icience , l'art de tuer les
hommes impunément. Abl. Virgile l'appelle un Art
muet. Mutas artes y parce que ceux qui la prati-
quèrent les premiers , uniquement occupés à cher-
cher des remèdes dans le lue des herbes ne le répan-
doient point en vains railonnemens : mais depuis
elle devint une fcience bahillarde , parce que les
Grecs naturellement grands parleurs , en gâtèrent
la {implicite par une affluence de paroles recher-
chées. Saumaise. Hippocrate & Galicn lont les
Princes de la Médecine. Les Arabes ont été lavans
en Médecine. La Médecine n'a été introduite dans
Rome que 600 ans après la fondation, & eh France
long temps après le commencement de la III'^. Race
de nos Rois , &c lous Louis VIL L'Ecole de Méde-
cine eft le lieu où l'on enfeigne la Médecine ', qui
fut acheté par les Médecins l'an 1471. Les Doéleurs ,
les ProfelTeurs de la Faculté de Médecine. Cette Fa-
culté ne s'établit dans l'Univerfité de Paris , que
long temps après celle de Théologie & des Arts ,
aullî-bien que la Faculté de Droit. Le 6^ Canon du
Concile de Reims de l'an 1131. défend aux Moines
& aux Chanoines Réguliers d'étudier les loix civi-
les &c la Médecine. Lifter dans la dilFertation tou-
chant les humeurs, fe plaint de la manie nouvelle
de prétendre réduire la Médecirm à la Géométrie ;
de n'y parler que de mécanique , & de conduire les
malades à la mott par démonftrarion.
La Médecine , dont la fin eft de conferver la fanré,
ou de la rétablir quand elle eft altérée , fe divife en
trois parties principales , qui font la Phyhologie ,
Phyjîologia ; la Pathologie , Patlwlogia ; la Thé-
rapeutique , Therapeutica. Ces parties générales en
renferment pluheurs autres. A Paris dans les écoles
publiques , on l'enfeigne divifée en cinq parties ,
qui font autant de traites qui font donnés chacun
par un ProfelTeur, Docleur de la Faculté. Ces par-
ties font la Phyiiologie , la Botanique , la Patholo-
gie , la Chirurgie & La Chunie , ou Pharmacie ;
l'Anatomie eft renfermée; dans la Phyiiologie.
En général on diftingue la Médecine en cinq par-
ties. 1°. La Phyfiologie , qui traite de la conftitu-
M E D 903
tion du corps hiii'.iain regardé comme fliin Se bien
dilpofé ; ce qui appartient à rAnatomic. i". La Pa-
thologie , qui traite de la conilicucion de nos corps,
qui n'eft pas lelon la nature. 3°. La Sémiotique, ou
l'Indicative, qui traite des lignes, ou . indications
de la lanté t<c la maladie. 4". L'Hygicnc, qui don-
ne des règles du régime qu'on doit garder pour con-
lerver la lanté. ^". La Thérapeutique , qui enfeigne
la conduite, &: l'ulage de la dicte, & qui comprend
la Ciiirurgie , tk. la Médecine proprement dite.
Vandcr Linden a donné un Catalogue de tous les
Livres de Médecine qui ont été fiits julqu'à prélent
dans le livre qu'il a intutilé , de Scriptis Medicis.
Il y a un Lexicon Grec-Latin de Médecine de Bartho-
loma;us CalLellus & de Adiianus Ravefteinus. Il y
en a un autre de Gorrœus , in jolio. Il y a un
Lexicon étyniologicjue de M. de la Ducqncrie. M.
le Clerc Médecin à Gcnti'e , a donné un premier
Tome de VHiJloire de la Médecine , qui eft efti-
mée, & où les antiquités de cet art font fort appro-
fondies.
§C? Le terme de médecine eft quelquefois employé
comme lynonyme de remède ou médicament. C'elt
ainil qu'on dit médecine univerlelle , remède à tous
maux , chimère dont bien des gens font entêtés.
C'eft la pierre philolophale.
03° Dans cette acception le mot Ac médecine ^ dans
le langage vulgaire, lignifie un breuvage qu'on prend
pour le purger , une potion purgative , compofée
de plulieurs drogues convenables à la nature de
la maladie. Ainli l'on dit prendre médecine. Phar-
macum , potio medica. Une médecine compolée
de calîe , de fené , de rhubarbe , de tamarins ,
&c. Cette médecine a opéré de bonne - heure.
On appelle médecine douce , une médecine qui tra-
vaille peu celui qui l'a prile. On lui a donné une
médecine de cheval , c'cll-à dire , très-forte , trop
fortes , comme pour un cht val.
MÉDECINE , eft auiîî la femme d'un Médecin. Mais il
n'y a que les Provinciaux qui le dilent : à Paris , on
dit la femme d'un Médecin. Un diûon populaire j
eft que les Médecins prennent médecine le jour de
leurs noces , parce qu'ils prennent femme ce jour-
là , &c que la femme d'un Alédecin s'appelle Méde-
cine. C'eft une équivoque ridicule.
MÉDECINE , en termes de Chimie , fe dit de la grande
teinture minérale , ou du grand œuvre. Médecine
de l'ordre fupérieur , c'eft l'ouvrage de la pierre
parfaite au blanc , ou au rouge. Médecine de 1 ordre
inférieur , c'eft la projection de l'élixir parfait au
blanc , ou au rouge , lur un métal impartait.
On dit proverbialement & figurément : Argent
comptant porte médecine , quand on ne veut point
faire de crédit d'une marchandile.
MÉDECINER. v. a. Donner des médecines, des po-
tions purgatives , des remèdes en général ; ils l'ont
tant médecine , qu'il en eft mort. Cet homme s'ufe
le corps à force de fe médeciner. Medicamenta fre-
quentihs adhihere. Il n'eft que du ftyle tamilier.
MEDÉE. f f. Nom àz it\Xi\x\Q.' Medea. Elle étoit fille
d'Eéta Roi de la Colchide , Hypfée, ou Idyie,étoic
fa mère. Son hiftoire eft alfez connue. L.iMédée de
Tionomaque , Peintre Grec , eft un tableau des plus
vantés par les A.nciens ; la fureur & la compalîlon
mêlées fur fon vifage , y étoient exprimées d'une
manière admirable. Aufone a compole une Epi-
gramme fur ce tableau. Ce Peintre aimoit à repré-
fenter des adions d'horreur. Son Ajax , fi Gorgone
n'ont pas été moins vantés que la Médée. Les deux
Épigrammes d'Aufonne font des imitations de deux
Epif';rammes Grecques de l'Anthologie. Dict. de
Peint. & d'Arch.
MÉDELIN. Nom d'un Bourg de l'Eftramadure , fitué
fur la Guadiana , à huit lieues au-delfus de Mérida.
Metcllinum , Metallinum.
MÉDELPADIE. Nom d'une Province de la Suède ,
lîtuéc le long du golfe de Bothnie, entre l'Anger-
manie , l'Helfmgie & la Jemotie. Medelpadia. Ce
pnvs peut avoir 5 j lieues de long lut 10 de large.
904 MED
MÉDÉMÉNA,& fclon l'Hébreu MADMÉNA. Nom!
d'une Ville de la Tiibu de Jud.i , d.ins Liïeire-Sainte.
Medemena , Mainuna. Le PèieLubm croie que c'cft
la même chofe que Beth-marchaboth.
MÉDENBLICK. Nom d'une Ville avec un vieux Châ-
teau. Midcnhiicuni. Elle efl: fur la côte leptentrio
nale de la Nord-Hollande, à crois lieues de Hoorne
& d'EnchuKc.
MEDÉON. Ville de Grèce, dans la Be'otie. Il y en avoir
une autre dans la Phocide , allez près d'Anticyre.
MÉDES. Nom d'une petite île environnée de deux ou
trois autres beaucoup moindres. Mcda. Elle étoit
fur la côte de la Catalogne , près de l'embouchure
du Ter , du côté du nord. Maty.
MÉDÉSINON. Rivière de l'Amérique feptentrionale ,
dans la Loufianc , au pays de Nadouelli , ou des Sioux.
MEDGYES. Nom d'une petite Ville de Tranfilvanie.
Mcd^ycfinum , Mediejinum. Pirum. Elle eft fur la
rivière de Kikelleu j à douze lieues d'Hermanftat du
côté du nord. Maty.
IviÉDIAN. f m. Monnoie d'or qui fe ffappe à Tré-
mecen , Ville & Port de Barbarie. Il faut cinquante
âpres pour faire un médian.
MÉDIANE, f. f. Terme de Médecine. C'eft une vei-
ne , ou petit vailleau qui fe fait par l'union de la
bafilique , de de la céphalique^ dans le pli du coude.
Mediana vena. Ce n'clt pas une veine particulière ,
ni une troifième veine du bras , comme quelques-
uns penfent : ce n'ell: qu'un rameau de la baldique ,
qui étant porté en la partie intérieure du coude ,
s'unit à la céphalique , Se forme cette veine com-
mune , que vulgairement on appelle médiane , ëc
chez les Arabes veine noire.
MÉDIANE, adj. Terme d'Architcdure. Vitruve appelle
colonnes médianes ;, les deux colonnes du milieu d'un
porche, qui ont leur entre-colonne plus large que les
autres. Columna mediana.
MÉDIANE. En termes d'Aftronomie , on appelle Pla-
nète médiane , celle qui eft au milieu des alfres ,
& qui en a autant au dellus qu'au deflbus d'elle.
Il y a trois planètes fupérieures, trois inférieures &c
une médiane. Saturne, Jupiter & Mars font les lupé-
rieures; Vénus, Mercure & la Lune (ont les intérieu-
res , & le folt'il eft la médiane. Voyez le Petit Calen-
drier de la Cour , imprimé chez Colombar , page i.
MÉDIANOCHE. f. m. C'eft un terme originairement
Efpagnol , qui noui vient d'Italie , & qui lignifie
un repas qui fe fait au milieu de la nuit, particu-
lièrement dans le palfage d'un jour maigre à un jour
graSj après quelque bal ou réjouillance. Nous vou-
lûmes faire médianoche. De Bussi Rab. On a fait
hier chez le Roi un médianoche après un grand
bal. Chez les Bourgeois on l'appelle un réveillon.
J'ai ouï dire en quelques provinces medianox en
Latin. On fit hier un grand medianox chez Mon-
lieur l'Intendant , après que le bal fut fini. Media-
nox eft mal , il faut di:e médianoche. Ce mot dans
les Lettres de M. Péliiron , eff écrit avec un accent
aigu fur le dernier e. Le Roi a reçu la nouvelle
de la levée du liège d'Oudenarde à fon médianoche.
PÉiissoN. Il y eut hier au foir médianoche ï la Mé-
nagerie. Id.
MÉDIANTE. f. f. Terme de Mufique. C'eft un fon
élevé d'une tierce au-dellus de la finale. On l'appelle
ainfi , parce qu'elle eft moyenne , entre la finale &c
la dominante.
§3" Lotfqu'on chante les Pfeaumes ou qu'on pfalmo
die , on Elit un petit repos à la moitié du verlec
à un endroit marqué. Ce repos ou ce petit
lilence s'appelle médiante. En chantant ou en pfal-
modiant les Pfeaumes , toutes les voix doivent gar-
der la médiante.
§CF MÉDIANTE , fe dit aufti de la marque qui dénote
la divifion du verfct où il faut fe repofer. On mar-
que ordinairement là médiante par une étoile ou
un aftérifque. Ce mot vient de médians , participe
de mediare , couper par la moitié.
MÉDIASTIN. f. m. Terme d'Anatomie. Mediajlinum.
C'eft une continuation de la membrane qui s'appelle
MED
fièvre , laquelle eft tendue tur toutes les côtes , &■
enferme la région moyenne , ou virale , autrement
nommée le Thorax. Quand cette membrane eft ar-
rivée au milieu de la poitrine , elle (c double de
part & d'autre , & va de l'épine du dos au bréciict ,
féparant le côté droit d'avec le gauche: & c'eft ce
qu'on appelle vulgairement \c Aiédtajlin , qui s'étend
en longueur, depuis les clavicules julqu au diaphrag-
me ; & en hauteur , depuis l'os de la poitrine , jus-
qu'au corps des vertèbres. Il foutient les vilcères,
de peur qu'ils ne tombent d'un côté ou d'autre.
MÉDIASTIN , étoit chez les Romains le nom d'une
forte d'clclave. Alediajîinus. C'étoient ceux qui n'a-
voient point d'office marqué , lur tout à la campa-
gne. Porphyrioii & Acron cruyent que Médiajïin
étoit un homme qui demeuroit au milieu de la ville.
MÉDIASTINE. Terme d'Anatomie. Epithète qu'on
donne à une veine du médiaftin. Mediajlina , ou
Mediajiini vena.
MÉDIAT , ATE , adj. Terme du ftyle didaûique ,
relatif à deux extrêmes , qui ie dit de ce qui eft au
milieu, ou d'un moyen, & d'une caufe leconde ,
fur laquelle agit la caufe lupérieure , pour produire
quelque efïet. Médius , Mediatus. Exemple : La lubi-
tancc clt un genre à l'égard de l'homme , mais il
y a entre-deux d'aurres genres médiats , qui lont le
corps , & le vivant. Le genre immédiat à l'égard de
l'homme, c'eft l'animal. Un Juge fubdélégué d'un
Intendant , n'a qu'une puiliance médiate , qui elt
émanée d'un autre Juge , lequel n'a de puiliance
que celle qu'il tient du Roi. Caufe médiate. Auto-
rité médiate. Pouvoir médiat. C'eft l'oppole d'im-
médiat, y'oyei ce mot.
§^ On appelle médiats dans l'Empire d'Allemagne ,
ceux qui ne pofsèdent point de fiefs qui relèvent
immédiatement de l'Empire.
MÉDIATEMENT. adv. Terme didactique. Médiate.
D'une manière médiate. L'Ecole fe Çeu utilement de
ces àïixïnâiions médiatement &c immédiatement pour
réfoudre bien des difficultés. Cette caufe n'agit que
médiatement. Le Roi ne rend la juftice à les peu-
ples , n'exerce fon autorité que médiatement ,
par le moyen de fes Magiftrats , & par divers dégrés
de Jurifdièlion.
MÉDIATEUR , MÉDIATRICE, f. m. & f. qui em-
ploie fes foins , fon entremife , pour remettre quel-
qu'un en grâce , pour accorder une affaire , pour
ménager un accommodement entre deux ou plu-
fieurs perfonnes , entre dilKrens partis. Mediator ,
reconciliator , fequejler , Médiatrix. Les Chrétiens 1
reconnoiflent Jesus-Christ pour leur Médiateur ; ■
mais cette qualité Aq Médiateur ,(\\is l'Ecriture don-
ne à Jesus-Christ , ne reçoit aucun préjudice de
l'interceflion de la fainte Vierge &c des Saints , qui
régnent avec Dieu , comme elle ne nous empêche
pas de demander le fecours de nos frères vivans lur
la terre. Nous prions les Saints dans le même el-
prit de charité, &: félon le même ordre de lociété
fraternelle. Quand nous parlons à Dieu, nous di-
fons j Ayez pitié de nousj écoutez-nous; mais nous
nous contentons de dire , Saints j priez 'pour nous ,
comme nous le difbns à ceux avec lefquels nous vi-
vons; maisnous »'ons plus de confiance aux prières que
les Saints font pour nous , parce qu'ils font plus puiC-
fins auprès de Dieu , que les hommes qui font encore
fur la terre. Le Concile de Trente s'eft expliqué.
fur cet article d'une manière dont tout homme de
bon fens doit être content ; & c'cft fuivant la pen-
fée & les termes du Concile qu'il faut entendre ce
que les Dofteurs & les Prédicateurs difenc, que les
Saints l'ont nos Médiateurs auprès de Dieu. Les Prin-
ces neutres font d'ordinaire les Médiateurs entre
ceux qui font en guerre. Les amis doivent être les
Médiateurs pour accorder les querelles &c les procès
de leurs amis. La qualité de Médiateur eft une des
plus difficiles que l'AmbalTadeur ait à foutenir.
WlCQ.
ffT Sous les Empereurs de Conftantincple on nom-
I moit Médiateurs ^ les Miniftres qui avoient l'adiui-
niftration
MED
nlftration des aflaiics de la Coui". Leur Préridenc
s'appcloit le giaiid Médiateur.
MÉDIATEUR. Terme de jeu de cartes. C'cd: une cfpcï
ce de Quadrille que l'on joue à quatre. Celui à qui
il manque de quoi faire une lixième main pour
jouer fcul , demande un Roi qu'on appelle Média-
teur. Celui qui l'a le lui donne , moyennant une
fiche , reçoit une autre carte à la place de Ion Koi.
Jouer Médiateur, c'elt jouer en demandant un Roi.
tfJ" Le jeu qu'on appelle Médiateur eil la même cho-
ie que le Quadrille ; avec cette différence qu'on a
ajouté à la manière ordinaire de jouer le Quadrille,
celle de le jouer avec le Médiateur ik la couleur
favorite : ce qui rend ce jeu plus amufant. Ainlî
celui qui peut taire lix levées , en dcninadant un
Roi à celui qui a ce Roi dans fa main, joue &:
gagne leul , en donnant une de fes cartes pour le
Roi qu'il demande avec une fiche , ou deux fiches ,
s'il joue dans la couleur favorite où l'on paye dou-
ble.
MEDIATION, f. f. Entremile de celui qui accommo-
de les parties qui font en guerre, ou en querelle.
Mediatio , opéra. Le Pape a otlert fa médiation pour
pacifier l'Europe. Cet accommodement s'eft fait par
la médiation d'un tel.
MÉDIATION , elt un terme de Séminarifte de Paris, qui
fe dit de la paule qu'on fait au milieu des vcrfets
des Pfeaumes qui fc chantent à l'Office divin. Inter-
vallum y paufa , mediatio. Faire la médiation.
MEDICA, ou MEDICAGO. f. f. Plante qui a été
ainll .appelée , p.arce que fa femence a été apportée
de la Médie depuis tort long temps , puilque Vir-
gile en parle dans fes Géorgiques. On la nomme
aulli Médoife par la même railon. On la cultive en
pluiieurs endroits pour la nourriture des beftiaux;
elle les engraille beaucoup. On l'appelle encore Lu-
^erne. Voyez Luzerne.
MEDICAL , ALE. adj. m. & f. Qui appartient à la
Médecine , qui concerne la médecine. Le troillcme
chapitre de l'ouvrage cft tout pratique & médical ,
.fur l'enrouement & l'extinftion de la voix. Matière
médicale , c'eil-à dire , la coUedion 03" l'enfemble
de tous les corps , de toutes les fubftances qu'on
emploie en médicamens.
MÉDICAMENT, f. m. gCT Ce terme défigne toutes
les matières que la Médecine emploie pour rétablir
la fanté ou pour en prévenir le dérangement , foit
qu'on les prenne par la bouche , foit qu'on les ap-
plique extérieurement. Ce rnot n'eft pas toujours
lynonyme de remède. Koye^ ce mot Medicamentum.
Le médicament ell oppofe à \' aliment ; car celui-ci fe
convertit en notre fubftancc j & l'autre l'altère. Quel-
quefois l'aliment fert auiîi de médicament. D'autres
fois ce qui fert de médicament à l'un eft poilon à
l'autre. La ciguë eft aliment & médicament à l'étour-
neau , & poifon à l'oie. L'ellébore eft aliment à la
caille , & médicament aux hommes. Il y a des médi-
camens internes & d'autres externes. Il y en a de
fîmples & de compofés. Il y a des médicamens zx.-
tradlifs , réperculiîfs , rélolutifs , raréfaétils , ano-
dynsj fuppuratifs , déterfifs , incarnatifs, ou farco-
tiques mondificatifs , régénératifs , corrofifs, carmi-
natifs , roboratifs, deflicatifs & ftupéfùétifs. Il y en a
d'aftringcns , d'émoUiens, de cauftiques , pyrotiques ,
diurétiques, diaphorétiques^ épulotiques, narcotiques,
qui font tous appliqués à leur ordre. On appelle
médicamens cholagogues , ceux qui font propres
pour purger \i\À\e.\ Jîegmagogues , ceux qui pur-
gent la pituite ■■, melanogogues j ceux qui évacuent
la mélancolie ; hydragogues , ceux qui emportent
les eaux. Quand on décrète fur la plainte d'un bief
fé , on lui donne en même temps une Provilion
pour fes alimens , panfemens Se médicamens.
MËDICAMENTAIRE. adj. |p- qui traite des médi-
camens , qui concerne la préparation des médica-
mens. La Faculté de Paris a donné fon Code médi-
camentaire. Codex medicamentarius , feu P harmaco-
pf.a Parïfienjls.
MÉDICAMENTER. v, a. Medicationem adhibere.
Tome y.
MED 905^
§C? donner des médicamens à un m.ilade , appli-
quer des médicamens à un bleiré. Ce terme cft gé-
néral 6c comprend les médicamens pris intérieure-
ment & appliqués extérieurement. Ce Chirurgien a
été bien payé pour avoir p.-uifé & médicamerué ce
malade.
^fj" En termes de maréchailcrie , on dit dans le mê-
me (ens panfer & médicamenter des chevaux.
MÉDICAMENTEUX , EUSE. adj. m. &: f. Qui fert de
médicament. Les médecins reconnoiffent pluficurs
alimens médicamenteux. Ils appellent ainii certaines
matières qu'on croit propres à nouriir & à guérir
en même temps , comme ce qu'ils appellent incraf-
fans , le lait ; & ils difent de même médicamens ali-
menteux. Pierre médicamenteufe. C'eft un mélange
de matières déterfives , &: aftringentes , qu'on ré-
duit en pierre par la calcination. Voyez-en la pré-
paration dans le Supplément au Diétionnaire (Eco-
nomique. La pierre médicamenteufe eft propre pour
arrêter les gonorihées , ou pertes de femence. Elle
eft bonne pour nettoyer les yeux. On en fait des
collyres d.rns la petite vérole. Elle eft vulnéraire ,
& très propre pour arrêter le fang. Il y a plufieurs
fortes de pierres médicamenteufes .
CKFMÉDICAT. KoK{ Metkal.
MÉDICINAL , ALE. adj. m. &: f. Qui contient en foi-
même quelque propriété qui fert à la guérifon des
maladies. MedicinaUs. Le Jardin du Roi pour les
plantes médicinales , eft celui où il y a toutes fortes
de fimples. On fait venir des eaux médicinales de
Forges, de Spa, de Pougues, &c.
fCFMÉDIClNIER. Plante, l^oyei Ricin, Ricingides
&: Pignon.
MÉDIE EN IRLANDE, ^oyci Méath.
MÉDIE. C'eft le nom d'un ancien Royaume de l'Afie,
dont les Rois poirédèrcnt pendant cent cinquante ans
l'Empire d'Afie. Media. Il étoir borné au levant par
l'Hircacie &: la Parthe, au iud par la Pcrfe propre &
la Sufiane , au couchant par rAffyrie &c l'Arinénie, &
au nord par la mer Catpienne.
MÉDIÉTETÉ. f. f. Terme d'Arithmétique. Quand on
a feulement trois nombres proportionnels, cela fe
nomme médiétetè Arithmétique , ou médiéteié Géomé-
trique , ou médiétetè Harmonique , félon que la pro-
portion cft, ou Arithmétique, ou Géométrique j ou
Harmonique.
MÉDIMNE. f. f. Medimna, Medimnus , Medimnum.
Mefure des chofes sèches. Mefure Attique. La w.é-
dimne étoit égale à 48 chœniics , & le chœnix à
trois cotyles , & une cotyle à un demi-fetier Romain.
Selon M. RoUin, une médimne valoir environ quatre
de nos boiffeaux.
MÉDIN. f. m. Terme de Relation. C'eft une monnoic
de Turquie, d'argent fin , qui vaut 18 deniers, mon-
noie de France, ou deux âpres de Turquie. Jl y a
aufli des médins de Barbarie, qui eft une monnoie
Afriquaine, dont Bodin fait mention.
MÉDINA. Ce nom, que plufieurs villes portent en
Efpagne , cft Arabe , & ce font les Maures qui l'y onc
porté, &: qui l'ont donné à ces villes. Il lignifie ville,
Civitas , Urbs.
MÉDINA, ou LA CITTA-VECCHIA. Nom d'une pe-
tite ville , fituée au milieu de lile de Malte , dont elle
étoit autrefois la capitale. Metina , Médina , Melita.
MÉDINA DEL Campo. Noiu d'uuc petite ville avec un
vieux château , fitué dans le Royaume de Léon , à dix
lieues de Valladolid , vers le midi occidental. Mcdina
Campeflris , Methymna campi.
MÉDINA CÉLi. Nom d'une petite ville , capitale d'un
grand Duché. Metina cxli , Methymna cœli. Elle
eft dans la Caftille Vieille , province de l'Efpagne , fur
le Xalon , à quatre ou cinq lieues de Siguença, vers
le levant.
MÉDINA DEL PoMAR. NoiB d'uu bourg de la Caftille
Vieille , en Efpagne. Metina , ou Methymna pomana.
Il eft entre l'Ebre & les confins de la Bifoaye , au
nord de la ville de Burgos. Maty.
MÉDINA DEL RIO Secco. Nom d'une petite ville d'Ef-
pagne. Metina Fluyii Sicci.
Yyyyy
9oé
MED
MioïKA SiDONiA. Nom d'une petite ville , avec titre de
Duché. AJj'iIonia , AJîndum. Elle eft dans l'Andalou-
lie en Efpagnc, lui" une colline ^ à neut lieues de Ca-
dix, vers le levant. Mat y.
■J\iÉDiNA DE ToRRES. Nom d'un village avec un châ-
teau &z ritte de Duché. Menna, ou AIcthimna Tur-
rhtm. Il eft dans rEftramadure, aux confins de l'An-
diloiilîe. Maty.
^dÉDiMA Talnabi, ou Al-Nabi , c'eft-àdire, la ville
du Prophète. Metïna , Médina, ou Methymna Al-
nab'uij anciennement Jatrcb , Jatrib, Jatrippa, La-
trippa , ville de l'Arabie. Elle eft fituée dans la Prin-
cipauté de la Mecque , fur la rivière de Laakic , à dix
lieues de la mer Rouge , & à quatre vingt de la
Mecque.
MÉDINE. Ville de l'Arabie heureufc. Elle efl; à quatre
journées de la Mecque. C'eft dans la Mofquée que les
Mahométans appellent Très-lainre , qu'eft le tom-
beau de Mahomet. Cette Mofquée eft loutenue par
quatre cens colonnes chargées de plus de trois mille
lampes d'argent. On y voit le cercueil de Mahomet ,
fous un dais de toile d'argent, en broderie d'or, que
le Bâcha d'Egypte y envoie toutes les années , par
l'ordre du Grand Seigneur. Comme il y a peine de
mort contre les Chrétiens qui en approchent de
quinze lieues, on n'a fu que par des Pèlerins Turcs
qui fe font £iit Chrétiens , que le cercueil eft fou-
tenu par des colonnes de marbre noir, très-déliées,
& qu'il eft environné d'une baluftrade d'argent, char-
gée de quantité de lampes d'argent , dont la fumée
rend le lieu fombre & obfcur. Dict. di Peint. &
d'Arck.
MEDIOCRE, adj. de tout genre. Mediocris , médius.
Qui tient le milieu de deux extrémités , qui n'a ni
excès, ni défaut, qui eft entre le grand & le petit,
entre le bon &: le mauvais. Un homme tempérant fe
contente d'un médiocre repas. Cet homme eft d'une
taille médiocre. Il a fait une fortune médiocre. Son
bien , Ion efprit , fi beauté font médiocres. Cet ou-
vrage eft AaÛyXz médiocre ,c'tO à-dire, qu'il n'eft ni
bas ni relevé, ni bon ni mauvais. Les efprits médio-
cres font les moins timides, & veulent décider de
tout. Bell. \]n efprit bas &C médiocre , tait moins de
fliutesj parce que ne s'élevant jamais il ne hafarde
rien, &c demeure toujours en fureté. Boil. Tous les
vices médiocres font prefque approuvés. Nie. On a
fait une vertu de la modération pour confoler les
gens médiocres de leur peu de fortune & de leur peu
de mérite. La Roch. Les gens d'un efprit médiocre
font toujours contens d'eux-mêfnes , parce qu'ils
n'ont pas l'idée au-deftus de leurs petits talens. Bell.
Les efprits médiocres fe lailTènt ébranler par les plus
légères raitons qr.i font imprefîîon fur eux. La Pl.
I.es vers ne fijuffrent point de médiocre Auteur.
Il nejl point de degré du médiocre au pire.
BûIL.
Mediocribus ejfe Poëtis.
Non Di, non hommes, non concejfere columns.
HoRAT.
Lorfqu'on joint l'adverbe bien à médiocre , il figni-
fie au-dellous de médiocre. C'eft un efprit bien médio-
cre. Il a fait une fortune bien médiocre. Ac. Fr.
|0"Ce mot fe preiîd aulli fubft. Le grand art eft de fa-
voirinfpirer aux médiocres mêmes de l'ardeur pour
le rrav.ail. Les ProfeUèurs ne doivent jamais perdre
de vue les médiocres. S'il s'élève trop, les médiocres ,
les foiblcs au moins, courront rifque de perdre leur
tems. RoLLiN.
f3°On le ditaulîi des chofcs. Vous ne trouverez dans
tout cela que du médiocre. En fait .de vers , il ne faut
|3oinr de médiocre, on ne veut que du bon.
MEDIOCREMENT, adv. .D'une manière médiocre.
mediocriter. lied médiocrement gtai-id , médiocrement
dévot, médiocrement brave. On peut fe confoler de
tout quand on eft médiocrement ("agej ou médioere-
■ ment fou. Le Ch. de M, Les louanges ne couchent
MED
que médiocrement les perfonnes modeftes. Bell. Il
efl: diiiicile de ne fcntir que médiocrement ce qu'eu
a ardemment fouhaité. M. Esp.
MECIOCRITÉ. f i. Qualité de ce qui eft médiocre ,
qui tient un jufte milieu, qui n'a ni excès, ni défaut.
Mediocritas. La raifon, la juftice veulent qu'on gar-
de une honnête médiocrité en toutes chofes , entie
la clémence &: la févérité. La médiocrité eft infuppor-
table en Poëfie. La Br. Les perfonnes indolentes
demeurent dans une médiocrité de vertu qui ne les
élève à rien. M. Se. Les femmes font incapables de
fe tenir dans une jufte médiocrité. Bell. J'aime une
heurcufe médiocrité qui eft au-detlus du mépris &
au deffous de l'envie. S. Evr. Entre ignorant & fa-
vant , il y a une certaine médiocrité de lufîifance qui
tire un homme du rang des ignorans, &C qui ne le
met pas encore au rang des favans. Log. Les Ro-
mains étoient entêtés d'une médiocrité un peu fau-
vage , &: que l'indigence rendoit néceffaire. S. Evr.
O médiocrité !
Mère du bon efprit , compagne du repos. La Font.
Lifez la belle Ode d'Horace. Auream quifquis me-
diocritatem 'diligit , dcc.
MÉDIONNER. v. a. Terme d'Architecfure , qui, fé-
lon les Experts , figniiîe compenfer ; comme lorfque
dans les toifes de crépis & d'enduits , on compte
trois , quatre ou cinq toifes pour une , quand ce n'eft
qu'une réfeétion ou réparation d'un vieux mur. ' ■
MÉDIOXIME. Foye:i Mitoyen. '"
MEDIRE, v. 11. On conjugue , je médis ,\ons médife\,
& non pas vous m.édites. Vau. Réf. Mrs de l'Aca-
démie. âC? Partout ailleurs , il fe conjugue comme
dire. Donner atteinte à la réputation de c]uelqu un ,
fins nécellîté , eii découvrant par imprudence oii par
malignité, une faute qu'il a commife, ou en failant
connoître les défauts qui étoient ignorés. Ainfi mé-
dire (ïc calomnier, font deux chofes tout à fait diffé-
rentes. Dctrahere , malè dicere , fama obtreclure.
Médire de fon prochain fans fcrupule , fe faire une
occupation de médire de tout le monde. Les femmes
aiment mieux qu'on médifc un peu de leur vertu que
de leur efprit & de leur beauté. Font. Puifque nous
ne pouvons parvenir à la grandeur , vengeons-nous à
en médire. Mont. Sans nous emporter à médire ,
nous nous relâchions à d'innocentes railleries. H. S.
DE M. On ne peut guère médire d'une femme, fans
faire tort à ion mari. S. Evr.
C'ejl un méchant métier que celui de médire.
Boil.
MÉDISANCE, f f. Difcours injurieux & contre l'hon-
neur de quelqu'un , fKF fatyrc lâchée contre quel-
qu'un , dans la vue de le décrier Se de l'abailler.
T'^oyei MÉDIRE. La Bruyère dit que la médifance eft
une pente fecrètc de l'ame à penfer mal de tous les
hommes, laquelle fe manifefte par les paroles. Male-
dicentia, detreclatio , obtreclatio , aliéna fam<i. On
dit fouvenc une médifance pour dire un bon mot.
F;dre taire La médifance. Faire peidre le crédit à la
médifance. La Pl. Peifonne n'eft allez puilîant,
pour interdire la médifance à tous fes ennemis. S.
Evr. La médifance défigure tout; elle tient un re-
doutable tribunal toujours drellé pour juger les ac-
tions & les intentions mêmes qu'elle va préfbmptueu-
fement fouiller dans les cœurs. Fl. Il faut mépri(c< la
médifance, & craindre feulement de la mériter. M. ,
ScuD. La médifance vient de chagrin , & de cette
lâche envie qui tend à abailler fon concurrent. S.
Evr. La médifance convertit les vertus en vices. Bell.
Si l'envie & la médifance apprennent à la renommée
ce qui fe palfe entre deux perfonnes qui s'aiment , ce
n'eft jamais à leur avantage. Ch. de I\L En ce fîècle
corrompu j la médifance n'épargne perlonne. H. S,
DE M. Les médifances foutiennent tout le commerce
du monde. Boss.
I.IÉDISANT, ANTE. adj. & quelquefois fubft. Celui
MED
qui médit. Detraclor , maledicus. Pol'tc médlfant,
l-einine mcdifance. Langue tncdifantc. Les wcdijans
fou: coiumc les tii;Lcs ; on les craint mcmc loilqu ih
le jouent : on ne peur jamais ic fier à eux. M. Stui).
On doit faire peur aux médifans par l'exemple de
■ Zoïle j qui p.iya de la vie Ion intempérance de langue.
Bal. On regarde les médifan-j comme des bttcs fa-
rouches qui déchirent tout le monde , &c que l'on
craint d'irriter. S. LvR. Si les temmes medifantxs
lavoienc combien elles pèlent aux gens railonnables ,
elles ne le chargcroient pas d'un h vilain rôle. Bell.
MÉDITABOND.' ONDE. adj. m. & f. Qui a l'efpnt
lombre & taciturne, qui penfe creux. Ce terme cft
deux ou trois fois dans l'Efpion dans les Cours j &
n'eft que là.
CK? MÉDITATIF , IVE. adj. Meduaûonï intcmus.
Qui s'applique à mcditeri celui dont l'efprit cil for-
tement ou entièrement occupé d'un objet. C'eil un
homme méditatif, tort méditatif. Quelques uns ont
dit que la vie méditative elf plus parfaite que la vie
artive. L'une & l'autre a les avantages. L'homme
qui palferoit la vie à méditer, lans agir, leroit un
perlonnage.bien inutile. Celui qui ne méditeroit ja-
mais, ne feroit pas plus raifonnable. La méditation
doit nous diipoter à agir. Une mélancolie taciturne
accompagne d'ordinaire les elprits /nt'Wiwfi/ï. S. Evr.
Les Mylbques le retranche#>t dans la région des médi-
tatifs. Boss. Un Auteur diftrait & toujours médita-
tif, gâte une converfuion enjouée. S. EvR.
f3° MÉDITATION, f. f. Opération de l'ame forte-
ment occupée à la recherche de quelque vérité , opé-
ration de l'efprit qui s'applique fortement à quelque
objet , à approfondir quelque matière. Meditatio.
Cette queftion eft difficile à réfoudre , elle demande
une longue & une profonde méditation. Faire quel-
que méditation fur les misères de la vie. Arn. L'é-
tude des mœurs vaut mieux que les méditations abf-
traites des Philofophes. ^CTLe terme de méditation
s'applique auili aux écrits compofés lur quelque fujet
de dévotion ou fur quelque matière de Philofophie.
Ainiî l'on dit les méditations de fainte Therèfe , & les
méditations de Delcartes.
MÉDITATION , le dit en termes de dévotion , de la con-
fidération des myftères, &c des grandes vérités de la
foi. Les grands Saints ont pallé la plus grande partie
de leur vie en méditation. Les Myftiques mettent une
grande différence entre la contemplation &; la médita-
tion. Contempler un fuj«t & le méditer, n'eftpas la
même chofe chez eux. La méditation confifte en des
aft es difcurfifs de l'ame , qui confldcre méthodique-
ment 8c avec attention , les myftères de la foi & les
préceptes de la morale j pour les examiner en détail
& en connoître le fond. Cela fe fait par des ré-
flexions &C des raifonnemens qui laiflent après eux des
traces diftinélcs dans le cerveau. ^3" La contempla-
tion eft un aite fimple, permanant, par lequel on
voit tout en Dieu , comme l'œil difcerne les objets
dans un miroir. Ainli dans ce langage , la méditation
aie convient point aux (jarfaits contemplatifs qui
voient tout en Dieu d'un leul coup d'œil & fans ré-
flexion. Ainfi , quand on a une fois quitté la médita-
tion, & qu'on eft parvenu à la contemplation, on
n'y revient plus, & félon le Père Alvarez, il ne faut
reprendre la rame de la méditation , que quand le
vent de la contemplation n'enfle plus les voiles. Fén.
MÉDITATION, fe dit aulîî pour oraifon mentale. Em-
ployer une heure à la méditation. Faire fa méditation.
MÉDITER. V. a. S'attacher attentivement à la confidé-
ration 1)3^ d'une chofe pour la faire réulTlr. Meditari.
Méditer un projet , une entreprife , une bonne ou
nne mauvaife aétion , c'eft chercher les moyens de
l'exécution. Quand on eft las du monde , ou médite
fa retraite. Dans ce fens , méditer une chofe , c'eft
avoir envie, avoir deflein de la faire. Cogitare de re
cliqua.
^3" On dit aufïî méditer une vérité, méditer profondé-
ment une matière , s'appliquer fortement à la re-
cherche d'uiie vérité , chercher à approfondir une
matière.
Toms F",
MED 907
! MÉDITER , en termes de dévotion. C'eft s'occuper dans
la retraite, de la grandeur ëc la bonté divine, la pro-
fondeur des myllères, les infirmités, la mort Ik les
autres choies qui excitent à bien vivre. Meditari. Les
affaires du monde nous empêchent de méditer celles
de notre falut.
§Cr MÉDITER eft fouvcnt neutre, & fignifîej comme
à l'aèlif , penfer attentivement à fine une choie ,
chercher l'es moyens d'exécuter ce qu'on a dans l'ef-
prit. Ainfi l'on dit méditer de fe retirer du monde »
comme on dit méditer fi retraite ; méditer de faire
une chofe , comme on dit méditer une chofe. Dans
cette .acception méditer , àiWhéïCï , confultcr en foi-
même , font à peu près fynonymes. Il médite com-
ment il pourra fe tirer d'aflaire. Il médite ce qu'il
fera. Il médite s'il acceptera ou non le parti qu'on
lui propofe.
05' MÉDITER , verbe neutre, fe conftruit fouventavec
la prépoiîtion lilr , alors méditer une chofe , & mé-
diter fur une chofe fignifient deux chofes tout-à-fait
dirtérentes. Méditer une chofe , c'eft s'en occuper
fériculement pour la faire réullir , chercher les
moyens de l'exécuter : méditer iw une chofe , c'eft s'y
appliquer fortement pour la connoître. Méditer uit
ouvrage , c'elt s'en occuper pour le fiire. Méditer (ni.
un ouvrage, c'eft y appliquer fon efprit pour le con-
noître j & en porter un jugement fain. Le premier
annonce une chofe à faire , le fécond une chofe
faite.
MÉDITER fur l'Evangile, c'eft s'appliquer à un mouve-
ment de piété, ou à une penfée qui le préiente à l'ef-
prit en liiant un verfet de l'Evangile ; mais méditer
l'Evangile, ou méditer \a. loi de Dieu, c'elt remplir
Ion efprit des maximes Se des vérités femées dans
tout l'Evangile , s'occuper contir.uellement de la loi
de Dieu. M. L. T. Heureux l'homme qui met fon
aiFeétion en la loi du Seigneur, & qui la médite le
jour & la nuit. Port R.
IJCT MÉDITER. ■ Terme de dévotion, faire l'oraifoa
mentale. Dans les mailons Religieufes , il y a des
heures réglées pour méditer.
MÉDITÉ, ÉE, part. 8c adj. f^oye^^ le verbe. Les céré-
monies concertées Se les égards trop médités , gênent
la fociété. S. EvREMONT. Il avoit apporté une rc-
ponfe méditée. S. Evremont.
MÉDITERRANÉE, adj. m. c^ f. Qui cft enfermé dans
les terres. Mediterraneus. On le dit fur-tout de cette
grande mer qui entre dans les terres par le détroit de
Gibraltar , & qui s'étend bien avant dans l'Afîe, for-
mant le Pont Euxin & les Palus Méotides. On l'ap-
peloit autrefois la Mer de Grèce ou la Grande Mer.
On l'appelle Mer an Levant, comme l'Océan MerÀ\x
Ponant. On l'appelle Liguflique Ik. de Tofcane vers
'l'Italie; Adriatique , dans le Golfe de Venife; Ionique
& .Aigéej vers la Grèce; Aler de Marmara, ou Âfer
Blanche^ parce qu'on tient qu'elle eft fort sûre entre
l'Hellefpont & le Bofphore, & au-delà c'eft la Met
Noire , parce que la navigation y eft'très-dangereufei
ou Mer Majour, que les Anciens ont appelée Pont-
Euxin. 'Les Arabes appellent la Mer Méditerranée ,
le Pot de chambre , à caufé , difent ils, de fa figure.
En ce fens , il eft foiivent fubft. feni. La Méditerra-
née eft un grand golfe de l'Océan Atlantique. Mare
mediterraneum , ou internum. Cette aTier s'étend du
couchant au -levant, depuis le détroit de Gibraltat
jufques aux côtes de Syrie , ayant au fud les côtes de
l'Afrique, & au nord celles de l'Europe &: de l'Afîe.
Elle forme plulîeurs golfes, dont IfS plus confîdéra-
bles font ceux de Cidra & de Capes en Afrique ;
celui de Venife en Europe; l'Archipel, la mer de
Marmora, la mer Noire &z celle de Zabache , entre
l'Europe &C l'Afîe. On y remarque aUllî plufieurs cé-
lèbres détroits qui font ceux de Gibraltar, de Mefîine,
de Gallipoli, de Conftantinople , de CalTa, & la
bouche du golfe de Venife.
Les galères vont fur la Méditerranée , & les vaif-
feauxdehaut bord fur l'Océan.
MÉDITRINALES. f. f. Terme de Mythologie. Nom
I d'une fête du Pasanifme. Mcditrinalia. Les Méditri-
Yyyyy ij
ooB
MED
nales fe célébroient le cinquicme de ides d'Octobre ,
c'cll-à dire , le onzicinc de ce mois. Elles y tout
eu eftet m.irquées d.iiis l'ancien Calendrier , rapporte
par Gruter, page CXXXIII. 'Voyez l'article luivaiit.
MEDITRINE. 1. f. Nom d'une déellè du Pagamfme.
Méditrina. On dit que c'étoit la déelIe de la Mé-
decine. Ni Fellus ni 'Varron ne le dilcnt. Celui ci dit
leulcnient que le nom de mcdlcnna vient de meden ,
& Fertus, qu'il vient de la formule que l'on diloit le
premier jour que 1 on buvoit du via nouveau.
^3" On faifoit des libations de vin vieux & de vin nou-
veau j en l'honneur de cette déelle. On goùtoit le vin
nouveau, & on biivoitdu vieux , parce qu'on le re-
gardoit comme un remède iouverain dans la plupart
des maladies.
Ce nom vient du verbe medcri , qui fignifie ,
guérir remédier.
MEDIUM. 1". m. Terme Latin , qiii fignifie , Milieu ,
moyen d'accommodement. On s'en fert en cette
phrale Françoii'e , il faut trouver un médium pour
accominoder cette atlaire , ôter un peu à l'un , pour
donner à l'autre. C'ell ce que les Italiens appellent
un me:^\o ttrminî. Il eft familier.
JMÉDiUM. Terme de l'Ecole, c'ell un argument qu'on
propofe contre une thèle qu'on (outient dans l'Ecole.
Le i'rélident a fait l'ouverture de ces thèfes par trois
médium, tribus mediis , c'ell- à-dire , par trois argu-
nieiis , trois diftérentes difficultés.
tfT On fe fcrt aulli de ce terme en phyfique pour mar-
quer l'efpace le Huide, le milieu que les corps par-
courent dans leurs mouvemens. La lumière , le fon
fe refrangent j fuivant qu'ils pallènt par diflérens mé-
dium. Harkis. Plus un médium eft denfe , plus il rc-
iîrte. On l'appelle ainfij parce qu'il eft entre le corps
& le terme. On dit plus louvcnt milieu.
Les Ecoliers ont aulli un jeu qu'ils appellent le mé-
dium, quand ils jettent des doubles au milieu d'un carré.
Médium, f. m. le dit aulli d'une plante dont la racine
eft grolfe comme le pouce, s'appetillànt peu-à-peu,
tendre , rouge , couverte d'une écorce ridée. Il en
lort une feule tige , haute d'environ un pied , ferme ,
creufe , velue, revêtue de quantité de feuilles lon-
gues , rudes au toucher , approchantes de celles de
l'échium. Ses fleurs lont des cloches lemblables à
celles de la campanule , de couleur pâle , dilpolées
en épi. Ses fcmences lont petites, un peu jaunes. C.
Bauhin l'appelle CampanulafoUis echii. Se M. Tour-
nefort , Aledium Alpinum echdjolio ,florihusJpicatis.
MEDELIN. Nom d'un village de la Bavière , fitué fur
1 Inn j à trois lieues au delfus d'CEting. Medelinum.
Medlin. yoye\ Metlin.
MEDNIKI , ou WOMIE. Nom d'une petite ville de
la Samogitie , en Pologne. Mednicia , Vomia.
MÊDOC. Le Pays de Médoc. Medulï , Medulli , Me-
dulicus , ou Medutinus ager , on pagus. C'eft un
petit pays du Bourdelois , en Guyenne. Il eft au
couchant de U ville deBourdeaux , entre la Garonne,
le golfe d'Arcachom , & la mer de Gafcogne.
On appelle Pierres de Médoc, des cailloux bril-
làws qui fe trouvent en France , dans cette petite
contrée du Bourdelois , qu'on appelle Pays de Mé-
doc. C'eft une efpècc de diamant.
Les îles de Médoc font trois îles de la Garonne,
fituées au-delfus du confluent de cette rivière , ôc de
la Durance.
MÉDOC. Efpèce de figue qu'on appelle ainfi en Gaf-
cogne. Elle eft jaune dedans & dehors. La Quint.
T. I. p. 41 s-
MÉUOIS , OISE. adj. Qui concerne les Mèdes , qui
eft des Mèdes. Medicus , a.
MÉDOISE. f. f. Plante. Foyei Médica & Luzerne.
C'eft la même choie.
MÉDON. Nom d'un bourg , ou village de la Dalmatie.
Medona. U eft fur une montagne , près de la rivière
de bojana , un peu au delfus du lac de Scutari.
MÉDON NER. V. a. Mal donner , fe dit parmi les
Joueurs, de celui qui en diftribuant les cartes, en
donne trop , ou pas aflez. Quand on médonne au pi-
quet , le Joueur qui a la m.ain , peu: s'en tenir à l<on
M E F
jeu , ou obliger de refaire, fi l'un des deux a treize
cartes , & lautre douje i mais on recommence le
coup , lorfque d'un coté il y a quatorze cartes , un
qu'il n'y en a qu'onze.
MLDOQUIN , IJNE. f. m. & f. Qui eft du pays de
Médoc. Medulus j Medullus , a- Valois, îioc. Gali.
P,- 3^9-
MEDOK. f. m. Terine de Fleurifte. Nom d'un œillet.
C'eft un pourpre clair , qui s'appelle autrement la
Conquete-Conftant , parce que c eft un M. Conl-
lant de Compiegne qui l'a élevé de la graine de l'or-
pheline.
MÉDRARITE. f. m. & f. Qui eft de la poftérité de
Médrai. Mcdrarua. Les Medrarites font une Dynaf-
tie , ou famille principale qui commandoit ou ré-
gnoit dans la ville ^ province de Ségclmefte en
Mauritanie , pendant que la famille des Aglibites
regnoit dans la province d'Afrique , proprement due.
P'Herb.
MÉDRACH. f. m. Prononcez Médrache , & dites .lu
pluriel Medrafchim. Ce mot ne le trouve que dans
les Hébraïlans , ëc il fignifie un Commentaire allégo-
rique lur l'Écriture. Medrafck.
MEDRASCMIM. f. m. C'eft le nom que les Juifs
donnent aux Commentaires allégoriques fur l'Ecri-
ture Sainte , & principalement lur le Pentateuque.
Ils nomment communient ceux-ci Rabboch ; mais
le terme de Medrafchim eft plus étendu : non-leule-
ment il comprend ks Commentaires lur le Penta-
teuque , mais encore ceux qiii lont faits lur cinq
autres livres qui font le Cantique des Cantiques ,
Ruth _, les Lamentations, l'Eccléliaftej & Elthcr ,
qui cOmpofenc un autre petit Pentateuque. On le
donne même généralement à tous les Commen-
taires allégoriques , car Medrafchim lignifie Allégorie.
Simon.
MÉDUJARES , ou col de Médujare , ou de Méduja-
7c-^j oude Méducharei. Nom d un bourg du Royaume
d'Alger , en Barbarie. Medujaria , Meduckaria. Il
eft à /i lieues de la ville d'Alger.
MÉDULLAIRE. Terme d'Anatomie. adj. m. & f. Qui
appartient à la moelle , qui en a la nature. §CF Medul-
laris. Subftance médullaire. C'eft la moelle, l^'oyez
ce mot. Huile médullaire : c'eft la partie la plus lub-
tile ëc la plus déliée de la moelle des os. Il le dit aulli
dune partie du cerveau , appelée le corps médullaire.
Voyez Cerveau. Il y a aulli des fibres médullaires ,
qui partent des glandes de la lubftance cendrée du
cerveau. Il faut dans ce mot prononcer les deux
// & ne les point mouiller. Medullaris.
MEDUSE, f. f. Nom d'une femme, ou d'une Nymphe
célèbre dans la fable. Elle étoit fille de Phorcus 6c
de Céto , moiiftre marin ; &: elle habitoit les Iles
Dorcades dans l'Océan Ethiopien , avec fcs fœurs ,
Euryalé iSc Sthénion.
MEDWAY. Nom d'une rivière d'Angleterre. Mcduacus.
Elle a les lources aux confins des Comtés de Surrey
& deSulfex, traverfe celui de Kent, baigne la ville
de Rochefter, & fe décharge dans la Tamile , près
de llfle de Schepey. Maty.
MEDZICOZ. Ville de Pologne , dans la partie méri-
dionale du Palatinat de Volhinie , fur la rive fep-
tentrionale du Boh.
M É E.
MÉE Voye-^ Maye.
MÉEN. Vo-ye\ Mein,
MÉERBÉKE. Petite ville des Pays-Bas. Merrebecchl
Elle eft en Flandre , près de Ninove.
M E F.
MÉFAIRE. V. n. Faire du mal à quelqu'un , lui faira
tort &: préjudice. Nocere. Les Sentences en répara-
tion d'injures portent défenfes aux parties de le mé-
faire , ni médire. Il eft vieux. Mais d'ufage au Palais,
où le ftile eft allez barbare.
MÉFAIT, f. m. Mauvaile action, action contraire au bon
M E G
ordre , aux loix. Ddïclum , facinus. Ce fcclcr.it a c'tc
pris , & a été puni de tous Tes méfaits. Il cft peu
ulité, hors les Sentences, dans Iclquelles on garde
le vieux llyle.
Je prccens qu'il reçoive un digne châtiment.
De Jon méfait. M. De liiEMiiEUL.
Il y a des Auteurs qui écrivent méfet , au lieu de
méjait.
MÉFIANCE, f. f. Diffidentia. C'cft la crainte^ habi-
tuelle d'être trompé. La méfiance ik. la défiance ,
produilcnt le même cftet , c'cd-à-dirc , qu'elles nous
Font douter de la réalité des qualités qu'on luppolc
dans les pertonnes ou dans les choies; mais ces
deux mots ont pourtant leurs nuances particulières.
Nous naillons méfians : l'expérience , l'ulage du
monde nous rend dcfians. La méfiance cft le carac-
tère d'un elprit naturellement (oupçonneux. La dé-
fiance eft le carattère de celui que la réHexion a
rendu tel. La méfiance portée trop loin , nuit toujours.
Dans l'amour , la tromperie va prelque toujours plus
loin que la méfiance. Roch.
On dit proverbialementj la méfiance eft la mère
de iurcté. La Font.
MÉFIANT, ANTE. adj. qui fe méfie, qui eft natu-
rellement loupçonneux. Sufpiciofus. On prend lou-
vent plaihr à tromper les gens méfians. Le monde
devient méfiant. Pasc. Humeur méfiante. Abl. Le
loup eft le plus méfiant de tous les animaux. Saln.
Le méfiant juge des hommes par lui-même , &
les craint. ^oye:{ Méfiance.
|Cr MÉFIER, (fe) v. récip. Soupçonner quelqu'un
de peu de fincérité, de peu de fidélité. Diffidere alicui,
de aiiquo. Se méfier du caiaéTrère , des intentions de
quelqu'un. Se méfier de t«ut le monde eft le propre
d'un efprit timide & pervers, l^oyeji Méfiance. Il
eft quelquefois employé comme fynonyme de fe
défier.
ME G.
MÉGABIT, f. m. Terme de Calendrier. Nom du fep-
tième mois des Ethiopiens : il répond à peu-près à
notre mois de Mars.
MEGABYSE', ou Mégaloby^e. f. m. Noms des Prêtres
de la Diane d'Ephèfe. AlegaM^us , Megalohy:^us ,
dans Strabon j L. XIV. Les Mégabi-^es étoient Eu-
nuques. Une déelfe vierge ne vouloir point d'autres
Prêtres.
%fT MÉGADOMESTIQUE, f. m. Nom de dignité Se
d'Office à la Cour des Empereurs de Conftantinople.
Ce mot lignifie proprement le grand domeftique ,
& il répond à ce qu'on appeloit en Occident, dapifer,
archidapifer.
MÉGAHETERIARQUE. f. m. Nom d'une dignité à la
Cour des Empereurs de Conftantinople. Megahete-
riarcha. Le Mégahétériarque , que Guillaume de Tyr
appelle mal Mégaltriarque , étoit le premier Officier
de« Cohortes Palatines , que l'on appeloit Hété-
riennes, de fTO?poç, allié, parce qu'elles étoient coni-
polées d'alliés , de foldats levés chez les peuples
alliés.
L'Empereur ( Jean Paléologue ) dit : Je fuis con-
venu avec l'Archevêque Paul , & Nicolas Sigeros ,
mon Mégahétériarque. C'étoit l'Officier qui com-
mandoit en chef les troupes étrangères de la Garde
de l'Empereur , & fon vrai nom étoit Mégahété-
riarque. Fleury , Hif. Eccl.
MÉGALASCLÉPIADES , ouïes grandes Asclépiades.
f. f. pi. Fêtes qu'on célébroit à Epidaure en l'hon-
neur d'Elculape , dieu de la Médecine', & à ce titre
digne des hommages de tous les hommes.
MÉGALESIES, f. f. ou JEUX MÉGALESIENS. Nom
d'une fête , qui fe célébroit chez les Romains , le
1 1 Avril , à l'honneur de la grande mère des dieux ,
c'eft à dire , de Cybèle , ou de Rhéa , & en laquelle
on faifoit des jeux & des combats devant le temple
de cette déeffe. MegaUfia , Megalenfes ludi.
On appeloit ces jeux Mégaléfiens , du mot Grec
M E G 909
jKDy«>i« ^ grande , à caufe de Cybèle , qu'on appeloit la
grande déclic.
MÉGALOBIZE. rayer Mégabize,
MÉGALOGHAPHIE. f. f. C'étoit chez les Anciens le
nom qu'on donnoit à la partie de la Peinture qui
yaitoit.les grands fujets, comme les batailles. Mega-
Ibgraphia.
MÉGALO IRIARQUE. Foyc^ Mégahétériarque.
MÉGANIKE. 1. f. Meganua. Nom d'une femme qui
étoit honorée comme une décile en Beotic , iS: qui y
avoir un temple. Elle étoit femme de Celée , ts: mère
de Triptolêmc.
MÉGARDE. f f. Inadvertance, manque de foin , d'at-
tention. Error, imprudentia , incogitantia. Il a bledé
Ion ami par mégarde. Il a callé cette porcelaine par
mégarde. Il a marché fur un ferpent par mégarde. Il a
laillé fon coftre ouvert par mégarde , ik on l'a v6lc.
Ce mot ne s'emploie qu'.avec la particule/^ar j &c n'a
ni article j ni pluriel. Ainli c'eft une façon déparier
adverbiale.
MÉGARE. Nom d'une ancienne ville , capitale de la
Mégaride , en Grèce. Megara y anciennement Nifa ,
Nifœa , Niffœa. •
MÉGARE. f f. Fille de Créon , Roi de Thêbes , fut la
première femme d'Hercule.
MÉGARISE. Nom d'une rivière qu'on nomme autre-
ment Larijja. 'Voyez Larissa.
Le golfe de Mégarise. Megarifenusfinus , ancienne-
ment Mêlas , Melanus , Mêlants , Cardifianus finus.
Ce golfe eft une partie de l'Archipel.
MÉGASUPAN. Foyc\ Supan.
MÉGÉDUX. 1. m. Mot que Villehardouin a employé
dans la lignification de Maréchal.
MÉGÉE. Petite ville d'Afrique au Royaume de Fez ,
dans la Province de Garet.
MÉGELLES. f m. Terme de Relation. C'eft ainfi qu'on
appelle en Perfe l'Allèmblée des grands Seigneurs
à la Cour du Roi de Perfe , à l'occalio» de certaines
cérémonies j comme lorfqu'il- s'agit de doni-ier la
première audience à un Ambalîadeur, ce qu'on ac-
compagne toujours' d'un fuperbe feftin, où fe trou-
vent les principaux Seigneurs de la Perfe , & même
ordinairement les Ambaflàdeurs des autres Princes.
La veille on leur fait favoir qu'il y aura le lendemain
mégelles , ou mégélis. Le Sophi Roi de Perfe , af-
femble quelquefois le mégelles pour d'autres raifons,
& c'eft pour lors une efpèce de confeil , dont le
fecret eft encore impénétrable; quelque grand que
loit le nombre de ceux qui y alîiftent , le Prince eft
auflî fur de fon fecret , que s'il ne l'avoir dit à per-
fonne. Cette fidélité à garderie fecret du Prince , cft
d'une pratique fort ancienne dans la Perfe, & Quinte-
Curce en a parlé comme d'une chofc finguhère aux
Perles.
MÉGEN. ^oye^ Meyen.
MÉGÈRE, f f. Nom de l'une des trois Furies. Meg&ra.
Elle étoit fille de la Nuit & de l'Achéron. /''oye?
Furies.
MÉGÈRE. Terme familier dont on fe fert pour exprimer
une méchante femme. C'cft une Mégère , dit-on : il ne
faut point avoir atiaire à cctit Mégère. ÎDicl. Néolog^
Mégere. f. f. Terme de commerce. Mefure de grains
dont on fe fert à Caftres en Languedoc. Quatre mé-
gères font l'émine , &c deux émines le fericr de
cette ville. On divife la mégere en quatre boilleaux.
MÉGESVAR. Pirum. Petite ville de Tranfiivanie , fur
le Kotel , capitale d'un Comté du même nom.
IfJ- MÉGÉYMA. Ville d'Afrique , dans la Province
d'Errif, au Royaume de Fez.
MÉGHEN , ou MÉGEN. Nom d'une petite ville du
Brabant Hollandois. Mega.
MÉGIE, f. f Art de préparer les peaux de moutons ,
ou autres peaux en blanc , d'en faire tomber le poil
& la laine , & les rendre propres à plufieurs manu-
factures, comme gants, bourles, parchemins, &c,
j4rs alutaria.
Ce mot & les deuxfuivans viennent de mégir, prépa-
rer des peaux & des cuirs ; & mégir vient de medicare.
Huet.
9îo M E, H
§3" MÉGISSÉ j EE. Part, du verbe mégir, ndj. m. &c f.
l'art. IV. de ledit du mois d'Août 17J9 lut les
cuirs , porte: Ordonnons que tous les droits attribués
.-luxdits OlKciers (ur les cuirs verts , tannés & mégijfés
demeureront éteints & lupprimés.
MÉGIES. Foyei MEDGIES.
MÉGISSERIE, i. f. Tr.rfic & commerce du MégilBer.
Merciiun alutaiiamm propola , ïnjl'uor. Il y a a Paris la
rue de la Mégiffcrle IKJ" ainli nommée parce que les
Mégilîîers y demeuroient, & y faifoient leur trafic.
On appelle auili Mégillerie le métier des ouvriers
qu'on appelle mégilliers; ce qui comprend non-feu-
lement les peaux de moutons & autres pafTées en
Mégie , mais encore les laines que leurs ftatuts leur
permettent de vendre.
MEGISSIER. f. m. Artilan qui prépare & teint les peaux
-blanches qui n'ont point beloin d'être pallées par le
tan, (Se les menues peaux , qui les pallcen mégie. Alu
tarius. Il prépare auffi les fourrures , comme chiens &
chats , &:c.
MÉGNÉE. f f. Vieux mot. f^oye^ MÉgnie , qui fuit ,
c'ert la même chofe.
KIÉGNIE. f ft Vieux mot , qui fignifioit autrefois /a-
mille. Voyez Maignie.
MÉGRIGNA. Nom d'une province que iesvieilles car-
tes m.ettent dans la Mofcovic , entre le Lie Ilmen ,
& celui de Bjele-Jézéro. Elle eft maintenant en par-
tie dans le Duché de Biele Jézéro , & en partie dans
celui de Novogorod Wéliki. Maty.
MÉGUE. Voyei Maigue.
M E H.
MÉHADOU. f. m. terme de Mythologie. Nom d'une
faulle divinité des Indiens. Mehadous. C'cll le nom
que les Brachmanes des Indes donnent à une troi-
lième divinité fubalterne , que Dieu créa avant le
monde , &c dont il fe doit fervir pour le détruire.
D'Herbelot.
MÉHAIGNÉ , ÉE. adj. Vieux mot. Meurtri , maltraité
de coups j incommodé. On dit auili Alahaignié ,
Mahangné Se Makaux , dans le même fens.
MÉHAIGNER. Vieux verbe actif. Eftropier, 772«ri/a«.
Et mourir & navrer ; & battre ôc méhaigner.
RoM. DE Bertr. du Guesclin.
MÉHAIGNER. V. a. Diminuer de force , tuer , blelfer.
G/qlj: des Poe/: du Roi de Nav.
MÉHAIGNEUR. f. m. Vieux mot qui fe trouve dans
l'ancienne Coutume de Normandie. Il veut dire, qui
méhaigne , qui mutile , qui eftropie.
MÉHAIN. Vieux mot , qui lignifie mutilation , la-
quelle rend un homme impotent , & incapable de
fervir à la guerre. Mutilatio j mahamium _, dans la
balle Latinité.
MÉHAINE. Nom d'une rivière des Pays-Bas. Mehét-
nia. La Aléha'tne , ou Méhaigne a fi fource dans le
Comté de Nainur , & fe perd dans la Meufe.
MÈHÉDIE. roye:( Afrique & Elmadia.
MÉHEN. Foyci Mein.
MÉHEURDAR. f. m. Terme de Relation. Nom d'un
grand Officier du Royaume de Perfe. C'eft le Garde
des Sceaux.
MEHMONDAR - BACHI. f m. Terme de Relation.
Nom d'un OfKcier de la Cour de Petfe ; c'eft ITntro-
dudeur des Amballadeurs.
MEHNÉE. f. f. Vieux mot. C'eft la même chofe que
Mesnie. yoye^ ce mot.
MÉON , ou MEU. Foye^ Méon.
MÉHUN. Foyci MËUN.
M E I.
MEIDAN. Foye^ Meydan. Samfon écrit Meidan.
MEIDEBOURG , ou MADEBOURG. Madehurgum.
Fort château d'Allemagne , à une demi - lieue de
Landau.
MEIDIN , ou MAIDIN. f. m. qu'on nomme auffi
M E I
Para , Parât & Parafi. Petite monnoie d'argent fort
légère , que les Bâchas du Caire font frapper au nom
du Grand-Seigneur , qui a cours dans route l'Egypte.
Elle y vaut depuis i8 julqu'a 21 deniers de France j
fuivant le change.
MEIGE. I. f. TenT>e de Marine. On appelle de ce nom ,
fur une Galère , la chambre du Comité. Elle s'appelle
autrement Mé-^ance.
MEIGLE. f. f. Efpèce de pioche dont les Vignerons fe
fervent pour labourer la vigne. Ligo j Ligonisjpeaes.
A Chabli , les vignerons labourent la vigne avec la
Meigle.
MEIGNON. Nom d'un village dans le territoire de
Poilly , en l'île de France , mais du Diocefe de
Chartres. Magedo.
MEILIE. Foyei Émille.
MEILAND. Petite ville de France , dans le Bourbon-
nois , Éleélion de S. Amand.
MEILLER. V. a. Vieux mot. Mouiller.
MEILLEUR J EURE. adj. Terme de comparaifon , com-
paratif de bon. Ce qui a des qualités qui lui don-
nent de l'avantage lur un autre à qui on la com-
pare, qui a un plus haut degré de bonté. Melior , po-
tier. Ce malade eft dans un OTt/Y/ci/r état qu'il n'étoit.
Il faut attendre un meilleur temps , une meilleure
occalîon ; c'eft à-dire , plus favorable. Ce pain eft
bon ; l'autre ell meilleur.
et? Meilleur, employé avec l'article le , devient fu-
perlatif J & fignifie très bon. Optimus. CtUla meil-
leur homme que je connoille , le meilleur homme du
monde : c'eft la meilleure choie qui puilfe vous ar-
river.
Meilleur, eft aullî fubftantif. Quand on fait des em-
plettes , il faut toujours prendre le meilleur Se le plus
beau. Le meilleur ei^ de fe taire , quand on n'a rien de
bon à dire. Le meilleur eft de n'imprimer jamais.
Ben s. Dans ce fens il eft familier.
IJCr On dit familièrement demander da meilleur ; tirer,
boire du meilleur, en fous-entendant vin , àa. meilleur
vin qu'il y ait.
MEIMAC. Nom d'une Abbaye du Limoufin , fituéeà
fcpt lieues de Tulle , vers le nord.
MEIN. f. m. Nom d'homme. Meianus , Marennus ,
Mcrennus , Mainus.
Mein. Nom d'une grande rivière d'Allemagne, Mœ-,
nus. Elle p;end fa fource vers les confins de la Bo-
hème J traverfe la Franconie Se une partie de la Vé-
téravie , & fe décharge dans le Rhin , vis-à-vis
de Mayence. Elle baigne Culembach , Schweinfurt,
Wurtzburg , Wertheim, Alchaftembourg, Hanaw^
Francfort , Sec. Maty.
Mein. f. m. Poids des Indes, /^qye^ Man.
MEINGAUD. f m. Nom d'homme. Mengoldus.
MEINGOW. Nom qu'on donne à une contrée de îa
Franconie. Mœnogavia. Elle s'étend le long du Mein ,
depuis la ville de Wurtzbourg , jdqu'à Afchaften-
bourg. Maty.
MEINOW. Nom d'une petite ville de la Suabe. Mei-
novia , Augia minor. Elle eft dans k lac de Conf-
tance , entre la ville de ce nom , & celle d'Uberlingen.
MEINRAD. f m. Nom d'homme. Megindradus.
MEINUNGEN , MEININGEN. Nom d'une petit©
ville de Franconie , en Allemagne. Meininga.
MEIRA, autrement CONTA. Nom d'une rivière de
l'État de Gênes , en Italie.
MEIRE , vieux adj. m. Se f. Plus grand. Major. LoBl-
NEAU , Clojf.
MEIRIN. f m. Maire. Sous prétexte d'adminiftrer la
juftice dans les terres , il y met des Meirinsoii. Maires,
qui font fur les Églifes des exattions telles _qu il leur
plaît... FleuRY , Hijî. Eccl. Meirin , fignifie Sergent
dans plufieurs articles de la Coutume de la Bourt,
dont j'ai vérifié les citations qui fe trouvent dans l'In-
dice de Ragueau.
MEISSEN , ou MISNIE. Nom d'une ville du Cercle
de la haute Saxe , en Allemagne. Mifna. Elle cil dans
la Mifnie, fur l'Elbe, à quatre lieues aa-delLusdc
Drefde.
MEISSENHEM. Nom d'une petite ville du Cercle Elec-
M E L
toral du Rhin , en Allemagne. Mefenheimum.
MEISTRAL. /-^oyeçMAESTRAL.
MEISTRii. i'. m. Terme de la Maiinc des Galères. Ar-
bre de me'tftre. C'cll le principal & le plus grand des
deux mâts d'une Galère.
MtisTRE. f. F. Terme de la Marine des Galères. Voile de
l'arbre meïfin. Lier la meiftre.
MEIX. Terme de Coutumes. /^oy<f:j Mex.
M E K.
MEKIANG. Rivière de la Chine , dans la Province de
Quangtung. Le nom de Afe/tia^CT veut dire Encrej&
on a donné ce nom à cette rivière , parce que les
eaux font noires : cependant fes poiffons font beaux
& exceliciis.
§:?^ MEKKlEiVIES. C'efl: le nom que les Turcs don-
nent à une grande Lille où les caules le plaident &c
fe décident.
MEivLENBOURG. Foye^ Meckelbourg.
MEK FERLER, f. m. Officier de la Cour du Grand-
Seigneur : celui ci.ui a loin de fes tentes. Tentorium
Pmfccius.
M E L.
MELA , ou MILÈVE. Nom d'une ancienne ville d'A-
frique j au pays d'Alger. Il s'y ell tenu deux Conciles ,
l'un en .4.02 j l'autre en 416. Mïhvum , MUevis.
MÊLA. Nom d'une petite rivière de l'Etat de Venife.
Mêla. Elle baigne la ville de Brefcia, & fe va dé-
chirger dans l'Oglio. Maty.
MÉLAIGNE , ou AIÉLAINE. f m. Nom d'homme.
Melanius.
go- MELAMPIRUM. f. m. Blé de vache. Plante ainlî
nommée j parce que les bœufs & les vaches en font
avides. Elle croît ordinairement dans les blés. Foye^
BiÉ.
MELAMPYGE. adj. Terme de Mythologie. Surnom
donné à Hercule , parce qu'on prétend qu'il avoir
les felfes noires Se velues j de |«;A-;î ^ noir , ôc rao-/.',,
ffif"-
MÉLAN. f m. Nom d'homme. 7¥ê/iJ5. S. Me'/ an ézoit
Evêque de Rhinocollire.
MÉLANAGOGUE. Terme de Médecine, adj. & f Me-
nalagogtts. On appelle mélanagogues , les médica-
mens qu'on croit propres à purger la bile noire ou mé-
lancolie. Ce mot eft Grec , fta«>«y«7os , compolé de
^-fA«î, noir j ôc de «74; , je conduis. Col de Villars.
■ ffT AiÉLANCOLIE. f f. On donne ce nom à la plus
grollîère & la moins adive des quatre humeurs de
notre jorps. MelanchoUa. Dans le {yftcme des An-
ciens , elle étoit froide & fèche, & formoit le tem-
pérament froid & fec. Ils la regardoient comme une
humeur naturelle , filtrée par la rate. On lait aujour-
d'hui que cet humeur n'exifte pas dans l'état natu-
rel , & l'on donne ce nom à la bile filtrée par le
foie , qui devient quelquefois épaiffe , 'noire , acre , ré-
fineu(e,& capable de produire bien des maladies ,
qu'on appelle maladies hypocondriaques , affections
hypocondriaques.
fÇJ" Ce mot fignifie proprement atrabile , bile noire j
du Grec ^sAisir , noir, ôc yy^. ^ bile.
Mélancolie , en termes de Médecine , eft auffi une
maladie qui confifte daiis une rêverie fans fièvre ôc
uns turcur , accompagnée ordinairement de crainte
& de triftelîe , fins occalion apparente. Cette rê-
verie eft d'une infinité de fortes, (uivant le tempé-
rament ôc les idées de ceux qui en font atteints.
Il y en a qui fe croient des Rois , des Princes , des
dieux -, d'autres , des Infpirés & des Prophètes : d'au
très, au contraire jfe croient des animaux , comme
di-s loups , des chiens , des chats, des lapins, ôc ils
tâchent d'imiter ces animaux autant qu'ils peuveiit;
courent dans les bois , &: le battent avec les autres
animaux. On a vu des gens qui ne vouloient point
mander , difant qu'ils étoient morts ; d'autres qui
penloienf être du blé , ou de la cire j les premiers
M E L
911
craignoient d'être mangés des poules , ôc les féconds
n'oloient aller au fokil , ni s'approvhcr du feu , de
peur de le fondre. \J\\ homme qui s'imaginuit avoir
le cul de verre , appréhendoit de fe le caller toutes
les fois qu'il vouloit s'allcoir. On a vu des mélan-
coliques qui s'abftenoient de pilïcr y dans la crainte
d'inonder l'univers. On trouve une infinité d'autres
hiltoires lemblables. Les Anciens attribuoient la caufe
de cette maladie auxefprits noiis&: ténébreux , ôc aux
vapeurs de la ratte. Quelques' Modernes l'attribuent
au mouvement déréglé de ces mêmes cfprits , ôc à leur
conftitution acide. La mélancolie eft au commence-
ment aifée à guérir. C'eft une maladie plus délagréa-
blc que dangercufe : elle eft quelquefois plaifantc ,
lelon l'elpècc de délire.
|c3° MÉLANCOLIE. Se dit auifi de cette efpcce de tril-
teiïe qui vient , dit-on , de l'excès de l'humeur mélan-
colique , ou de quelque caufe extérieure. C'eft l'état
de l'ame mécontente d'elle-même &: de tous les ob-
jets qui l'environnent , qui ne lui foutniifent que
des idées lombres : état que l'on attribue à l'excès
de cette humeur noire dont nous avons parlé ^ ôc
qui eft le plus fouvent l'etfet de la foiblelTe de
l'ame & des organes. Une mélancolie fombre ôc ta-
citurne , eft ordinairement la luite d'une trop grande
contention d'efprit. S. Evr. Être enfévcli dans une
profonde mélancolie. Rac. Dans la mélancolie où
je fuis , je hais le monde ôc moi même. La (ombre
mélancolie d'un elprit chagrin , interprète tout en
mal , ôc prend tout de travers. Bell. J'ai befoin d'un
ami pour Hatter ma mélancolie , ôc diftraire mon ef-
prit attentif à mes malheurs. S. EvR.
0^' Il y a une mélancolie douce , qui n'eft autre chofe
qu'une rêverie agréable , une délicieufe triftelfe , s'il
eft permis de parler ainfi. C'eft la fituation d'une
ame qui , en fe refufmt aux fenfations vives qui la
fatigueroient , fait fe prêter aux illufions des fens , ôc
trouver du plaillr dans la méditation même de ce
qui caule (es peines. Les amans entretiennent leur tné-
lancolie dans la (olitude.
CG" En parlant d'une pcrfonne qui naturellement n'eft
pas for.t gaiCj mais qui ne laiile pas d'avoir l'humeur
douce & agréable j on dit qu'elle a une mélancolii
douce, agréable.
On dit proverbialement d'un homme qui vit fans
(ouci , qu'il n'engendre point mélancolie , ou de mé-
lancolie. On dit du vin J des contes pour rire , qu'ils
chalfent la mélancolie. On dit aulii , que la mélanco-
lie ne paie point de dettes.
DCF" Mélancolie , chagrin j tristesse , fynonyines.
Le chagrin , dit M. l'Abbé Girard j vient du mécon-
tentement ôc des tracalferies de la vie. La triflelJé
crt ordinairement caufée par les grandes afflitltioiis.
Foye^ ces mots. La mélancolie eft l'effet du tempéra-
ment ; les idées (ombres y dominent ôc en éloignent
celles qui font réjouilfantes. Le fang s'altère dans la
mélancolie , lorfqu'on n'a pas foin de fe procurer des
divertiftemens & des dilîïpations.
MÉLANCOLIE" jiypocondriaque. Foye^ Hypocondria-
que.
MÉLANCOLIER. Qui ne fe dit qu'avec le pronom
perfonnel ^ prendre de la mélancolie. Mxrori fe tr'a-
dere. C'eft être fou de fe mélancolier pour les alîàires
d'autrui. Ce mot eft de peu d'ulage , ôc ne peut être
employé ailleurs que dans le bas ôc le burlefque.
MÉLANCOLIER. V. acl. Attrifter , chagriner ^ rendi-e mé-
lancolique. Gloff./ur Maroc.
MÉLANCOLIEUX, EUSE. adj. 'Vieux mot. Mélanco-
lique.
MÉLANCOLIQUE, adj. m. ôc f. Qui a de la mélancolie,
MelanchoUcus. Il y a des animaux mélancoliques ,
comme le lièvre , en qui l'humeur mélancolique eft
prédominante. Le tempérament mélancolique eft le
plus propre pour l'étude. Les efprits mélancoliques
(ont fujcts à penfer des chofesfuneftes. S. EvR. Il eft
ridicule de combattre (érieuiement les rafinemens ôc
les illufions d'une dévotion mélancolique. Boss. Un
vifage auftère ôc mélancolique femble condamner l'air
riant ôc ouvert des auues. S. EvR.
^12
M E L
Que je hais ces Auteurs froids & mélancoliques ,
Donc les Grâces jamais ne dérident le front.
BoiL.
MÉLANCOLIQUE , fignifie encore , Qui eft , ou paroît
trifte , chagrin. Je vous trouve bien mélancolique
aujourd'hui.
MÉLANCOLIQUE , eft aulli quelquefois fubftantif. Je
ne puis vivre avec ce mélancolique. Les mélanco-
liques font quelquefois allez plailans. La B. . . . efl:
un mélancoliqne qui dit les chofes fort fpirituelle-
inent. Mén.
MÉLANCOLIQUE, fe dit fîgurément des chofes qui peu-
vent apporter , ou caufer de la mélancolie. Melancho-
licus , trijlis , ingratus. Cette maifon eft fombre &
mélancolique. Cette folitude eft un lieu mélancoli-
que. Quand le ciel eft couvert, on dit : ce jour eft
bien fombre & bien mélancolique. Cet homme eft
froid j il a un entretien fort mélancolique. Qu'ai-je
affaire de m'entretenir des penlées mélancoliques de
la mort i peut être mourrai-je fans y penler , Se je
n'aurai pas befoin de conftance. Nie. qui fait ainli
parler un infcnfé. La bière eft un féjour par trop mé-
lancolique. Mol.
MÉLANCOLIQUEMENT, adv. D'une manière mélan-
colique. Triftem in modum. Il s'eft retiré dans le
delert , pour palFer fa vie mélancoliquement. 11 jouoit
le refte de fon rôle fort mélancoliquement, Abl.
JtlÉLANGE. f. m. Agrégation de pluficurs chofes di-
verles, ou plutôt ce qui rélulte de cette agrégation.
Mixtio , confujlo. Le vin de cabaret eft un mélange
pernicieux à la fanré. Le mélange des liqueurs. Alé-
lange de toutes fortes de gens. Il y a quelquefois un
mélange de vice <Sc de vertu dans une même qualité.
S. EvR.
AIÉlange, fe dit aufîl des chofes qui font variées &
artiftement dilpofées. Concrctio ex vards ,permiJlio.
La peinture n'eft autre choie qu'un mélange agréa-
ble des couleurs , fait avec art & deflein. On fiit
d'agréables liqueurs , de bons ragoûts , par le mé-
lange convenable de plufieurs chofes qui fervent à
l'aflaifonnement.
fC?- MÉLANGE en peinture , fignifîe proprement l'u-
nion de plufieurs couleurs dont fe forment les tein-
tes qui font néceffaires au Peintre. Ce mélange fe
fait en les fondant enfemble fur la palette avec un
couteau , & fur la toile avec le pinceau. Quoiqu'on
dife mélange des couleurs, on ne dit point en pein-
ture couleurs bien mélangées , mais couleurs bien
fondues.
MÉLANGE , fe dit auflî de plufieurs ouvrages compofés
lur divers fujets , qu'on a ramaffés & joints enfem-
ble. Pcrmiftio , mifcellanea. Il y a plufieurs recueils
qui portent le titre de Mélanges. Il y a des mélanges
hiftoriques, des mélanges critiques de littérature (Se
d'hifloire, des mélanges (dxjn(\\ics ,Ae.sjnélanges de
plufieurs pièces de vers. C'eft ce qu'on appelle en
Latin mifcellanea.
MÉLANGE , le dit aulll de l'accouplement des animaux de
différentes elpèces. Imparium animalium copula. Le
mélange des animaux produit des monflres.
MÉLANGER, v.a. Faire un mélange. Permifcere ^con-
fundere. Le grand lecret d'un Chimifte , c'eft de bien
mélanger les drogues , de les affembler dans une jufte
dofe , ou proportion. La nature a bien mélangé les 1
couleurs de l'iris , de la gorge des pigeons j a bien
mélangé les élémens. Les cabaretiers mélangent leur
vin.
MÉLANGÉ , ÉE , part.
^3" On appelle Dïa.p mélangé , celui dont la chaîne &
la trame font filées de laines de différentes couleurs ,
teintes Se mêlées avant le filage. Ces draps ne vont
point à la teinture comme les autres draps qu'on fa-
ïjrique en blanc.
|3- MÉLANGISTES. f. m. qui mélange. La première
fyllabe eft longue. Notre critique à raifon de s'éle
ver contre ces Mélangifles à la mode qui voudroicnt '
M E L
ftancifer le Caftil]an_, & introduire dans cette langue
nos mots François. Mém. de Trévoux.
MÉLANIDE. ad), f. Terme de Mythologie. Surnom
que l'on a donné à Vénus , parce que , dit-on , Vénus
cherche louvent les ténèbres pour fe livrer à fes pen-
chans. Mélanis.
En Grec |K£A«t , fignifie noir , obfcur ,à'o\x Mêla-
nide a été formé.
MÉLANION. f m. C'eft le nom qu'ApoUodorc donne
à l'Amant d'Atalante , que les autres Mythologues
nomment Hippomcne.
MÉLANIPPE. f. m. Fils de Mars Se de la Nymphe
Tritia ,',Prètreftc de Minerve, fonda une ville en
Achaïe , à laquelle il donna le nom de fa mère.
MÉLANIPPE. Jeune homme Amant de Cométho^Prc-
treffe de Diane.
MÉLANTA GRANDE, ou MÉLONTA. Nom d'un
bourg de la Dalmatie , fitué fur le golfe de Ve-
nife , à quelques lieues de celui de Cattaro , vers le
couchant. Melanta , ou Melonta Major. Quelques
Géographes prennent ce lieu pour la ville appelée an-
ciennement .^rivio/Tz yAfcrivion , & Afcrovium ,qac
d'autres mettent à Caff el-Nuovo , Se Dominique Ni-
î^er à Cattaro. Maty.
MÉLANTÉRIA. C. m. Terme de Minéralogie. Melan-
teria. Eff une matière minérale, vitriolique , dont il
y a deux efpèces. La première le forme comme un
fel à l'entrée des mines de cuivre , d'où on la fé-
pare. La féconde fe trouve au haut des mêmes mi-
nes en une pierre unie , polie , nette , de couleur de
foufre. Le mélantéria nous eft aujourd'hui inconnu.
Diofcoride dit qu'il a une qualité cauftique , & qu'il
fe trouve en Cilicie & en plulieurs autres pays.
Plufieurs croient , avec Pline , que ce nefl autre
chofe que le chalcitis , qui a pris diverfes figures &
couleurs dans la mine. On lui fubftitue le chalcitis
naturel.
Ce mot eft Grec , il vient de fcUas , noir, parce
que cette drogue noircir quand on jette de l'eau def-
fus. C'eft une forte de vitriol.
MÉLANTHIE. f. f. Nom d'une fille de Deucalion Se
de Pyrra. Alelanthia.
MÉLANTHO. f. f. terme de Mythologie. Nom d'une
Nymphe , fille de Prothée. Melantho.
MÉLANTOIS. Le quartier Mélantois. Medenanten-
fis , o\i Medenentenjîs pagus y Melanthifcus , ou Me-
lantifus Ager , autrefois Medenenfe territonum. C'eft
une contrée de la Châtellenie de Lille en Flandre.
MÉLAONS , ou MÊLONS, f. m. Melaones , ou Me-
lones. Vers noir qu'on trouve dans les prés au mois
de Aiai , Se qui broyés rendent une odeur agréable.
C'eft ainfi que s'appelle encore une certaine efpèce
d'efcarbot.
MÊLAS, f m. Mêlas , nis. Tache de la peau fuper-
ficielle , noirâtre , de couleur de terre d'ombre. Ce
mot eft Grec , y-i^; , noir. C'eft une efpèce d'alphos ,
qui n'en difîére que par fa couleur. Col de Vil-
lars.
MÉLASSE, f. f. Terme de rafinerie de fucre , qui figni-
fie du fucre en firop. §C? C'eft le réfidu graiffeux des
fucres rafinés , auquel on n'a pu donner par la cuiflbn
aucune confiftance plus lolide que celle du lirop.
Les pauvres gens s'en fervent au lieu de fucre. On
en emploie beaucoup en Hollande dans la prépata-
tion des tabacs.
MÉLASSO. Nom d'une ville de la Natolie , en Afie.
Melajfa.
MÉLASSO , MÉlazzo. F'oye^ Milazzo.
MELCARTUS. f m. terme de Mythologie. Nom , ou
furnom que les Tyriens donnoient à Hercule j leur
dieu. Melcartus. Ils célébroient en fon honneur les
jeux appelés Quinquennoux.
MELCHISEDECH. f. m. Prêtre du Très-haut , Se Roi
de Salem.
MELCHISÉDÉCIENS. f. m. pi. Anciens Sedaires^ qui
furent ainfi appelés , parce qu'ils élevoient Melchi-
fédcch au deftus de toutes les Créatures, & même au-
deffus de JesusChrist. Melchifedechiani. Ils ap-
puyoient leur erreur, fur ce qu'il eft dit dans l'Ecri-
ture ,
M E L
tute , que Jésus Christ aoic Prêtre fcloii l'ordre de
Alelcliifcdech. 1,'Autcui de cette Sede , ccoïc un cer-
tain Théodote, Banquier , difciple d'un autre Théo-
dote j Corroyeur, cnionc <\\ic\c% AUlch'ifédechicns
ajoutèrent feulement à l'Héréiie des Théodoticns, ce
qui rcgardoit en particulier Melcliitédecli , qui ctoit ,
Iclon eux j la grande &c excellente vertu, t^'oyc'^
Ïhéodotiens.
MELCHITES. r. m. pi. C'eftlenom qu'on donne aux
Seclaires du Levant , qui ne parlent point la langue
Grecque, & qui ne diflcrentpref qu'en rien des Grecs,
tant pour la croyance , que pour les cérémonies.
MelchltA.
Ce mot efi: la même cliofe dans la langue Syria-
que , que Royaliftcs. Autrefois ce nom fut donné aux
Catholiques par les Hérétiques , qui ne voulurent
point fe ioumcttre aux décidons du Concile de Cal-
cédoine : ils les appelèrent de la forte , pour marquer
par-là qu'ils étoient de la Religion de l'Empereur. On
nomme cependant aujourd'hui Meknues , parmi les
Syriens , les Cophtes , ou Egyptiens , &c les autres na-
tions du Levant , ceux qui n'étant point de vérita-
bles Grecs j fuivent néanmoins leurs opinions. C'eft
pourquoi Gabriel Sionite, dans fon traité de la Re-
ligion ôc des mœurs des Orientaux , leur donne in-
dirtéremment le nom de Grecs & de Melchkes. Il
y obferve qu'ils (ont répandus dans tout le Levant j
qu'ils nient le Purgatoire , qu'ils lonr ennemis du
pape , & qu'il n'y en a point dans tout l'Orient qui
foient fi fort déclarés contre fa primauté -, mais ils
n'ont point là-delfus , ni fur les articles de leur croyan-
ce , d'autres f-ntiinens que ceux des Grecs Schilma-
tiques , à la réiervc de quelques points importans ,
qui ne regardent que les cérémonies & la dilcipline
tccléfiaftique j les Melchius font en toutes choies de
véritables Grecs. Ils ont traduit en langue Arabe l'Eu-
chologe des Grecs , & pluliears autres livres de l'Of-
fice Eccléliaftique ; ils ont aulîî dans la même langue
les Canons des Conciles , ils en ont même ajouté de
nouveaux au Concile de Nicée , qu'on nomme or-
dinairement les Canons Arabes , que plulieurs Sa
vans traitent de fuppofés , ces mêmes Canons Arabes
font aulîi à l'ulage des Jacobites & des Maronites ;
mais les uns & les autres les font parler en leur ma-
nière , pour établir leurs opinions. Les Jacobites ac-
cufent les MeUhites d'avoir corrompu les Canons
Arabes. Jean - Baptifte Léopard , Maronite, Arche-
vêque d'Efdron , dans un livre intitulé , La vendange
■des Sacremens , cité par Abraham Ecchellenfis , accufe
les Melchues d'avoir ajouté au Canon jj Arabe du
Concile de Nicée^ quelques mots touchant la répudia-
tion des femmes , & d'avoir pris cet ufage des Maho-
métans ; mais ce reproche n'eft point fondé , car les
Melchues n'ont inféré dans ce prétendu Canon du
Concile de Nicée , que ce qui étoit conforme à la pra-
tique des Grecs. V^oyei le mot Grecs.
Quelques uns écrivent Melquite. Dès-lors f 6 19.^
on nomma en Syrie Melquhes , les Catholiques qui
recevoient le Concile de Calcédoine : comme qui
diroit Royaux, ou Impériaux , parce qu'ils fuivoient
la Religion de l'Empereur. Fleury.
MELCHOM. Foye'^ Moloch.
JvlELCK. Nom d'un bourg dominé par un grand châ-
teau. Mehcum ; Medelïcum. Il eft fur une colline,
à l'embouchure de la Piéla dans le Danube , en la
Balfe Autriche j à dix-huit lieues au delfus de Vienne.
^lELDOLA. Nom d'un bourg , avec titre de Prin
cipauté. Meldula. Il eft en l'Etat de l'Eglife , dans
laRomagne, aux confins de la Tofcane , fur la rivière
de Bédèfe , à fix ou fept lieues au deflùs de Ravenne.
Maty.
MELDORP. Nom d'une petite ville du Holftein, en
baffe Saxe. Meldorpium.
MÊLE. f. f. Vieux mot , qui fignifioit autrefois nefls, ,
& qui eft encore en ufage en plulîeurs provinces , &:
fur tout en Picardie.En Latin mefpUum , d'où le Fran-
çois eft dérivé.
Mèi.E, Nom d'un bourg du Poitou , en Fiance. Metu-
Tomî V.
M E L
913
lum. Il eft à la fource de la Boutonne , à huit lieues
au-dellus de S. Jean d'Angéli.
MÉLÉAGRE. f m. Fils d'Œnée, Roi deCalydon , fut
un des Héros de la Grèce. Dans fa première jeunellè »
il eut part à l'expédition des Argonautes. Il fut le
chef- de la fameule challe de Calydon.
MELEAGRIS. f. m. C'eft un oifeau décrit par les
Anciens , que quelques-uns croient être notre coq-
dlndc, mais qui en effet eft une poule de B.arba-
rie , ou pintade. MéLcagrls. On l'a nommé ainfi,
du nom de MéUagrc , parce qu'on dit que les la;urs
furent changées en ces oifeaux , qui palfoient tous
les ans d'Afrique en Béotie y pour venir fur fon tom-
beau.
MÉLÈCE. f m. Nom d'homme. Meletus.
i,(CF' MÉLECHER. 1! m. terme de Mythologie. Idole
que les Juifs adoroicnt. C'étoit le Soleil, félon quel-
ques-uns; félon d'autres la Lune.
MÉLEDA. Nom d'une île du golfe de Venife. Meiita.
ifT MELEE, f f. Combat opuiiâtre , fouteini avec vi-
gueur de part & d'autre, où deux partis font mêlés
l'épée à la main l'un contre l'autre. Acies , confllc-
tus. Ce brave le jetta en déléfpéré au plus fort de la
mêlée , au milieu des ennemis. La mêlée fut grande
autour de fa perfonne. Ablanc. Le Prince confer-
voit cette tranquillité iî rare au milieu du combat ,
& dans l'horreur de la mêlée. Le P. Bourd.
On le dit aulIi d'une batterie de plufieurs particu-
liers , d'une couteftation ^ ou d'une affaire particu-
lière. Turba. Cet homme eft habile , il fe tirera bien
de la mêlée.
MELEMORT. Nom d'un gros bourg de France , fituc
da'.is la Provence , fur la Durance , à trois lieues au-
delfus de Cavaillon. Mdemomum. Maty.
MÊLER. Le lac Mêler. Melerus Lacus. C'eft un grand
lac de la Suède. Il eft entre l'Uplande , la Wefîmanie
& k Sudermanie. Ce lac a vingt-cinq lieues du cou-
chant au levant , & environ dix lieues de largeur. Il
fe décharge dans la mer Baltique , à Stokholm j qui
eft fur fes bords , de même que Telge , Stregnes,
Torfilia , Abroga &: Koping. Maty,
|CJ" Mêler, v. a. Faire un mélange , mettre diverfes
chofes enfemble. Mïfcere , permifcere. Mêler des
grains , des couleurs. Mêler le vin .avec Peau, La
Marne mêle (es eaux avec celles de la Seine.
^3" MÊLER , fynonyme de Brouiller. Mêler du fîl ,
des écheveaux , les brouiller enfemble deforte qu'on
ne puilTe pas aifément les féparer , les dévider.
gC? MÊLER , avec le Pronom perfonnel. L'eau fe mêle ,
fe confond aifément avec l'e.au. L'huile ne fe mêle
point avec les liqueurs aqueufes , & furnâge toujours.
Les cheveux fe mêlent , quand on n'a pas foin de les
peigner.
§3" Se MÊLER , s'engager. Immifcere fe. Il s'eft mêlé
dans la foule , je l'ai perdu de vue. Se mêler parmi
les ennemis , s'engager au milieu des troupes enne-
mies. Les troupes fe font mêlées , font entrées les
unes dans les autres.
|3° En parlant des animaux de diverfès efpèces qui s'ac--
couplent les uns avec les autres , on dit qu'ils fe mê-
lent enfemble. Coire. On dit que l'Afrique produit
des monftres , parce que les animaux de diverfes es-
pèces s'y mêlent enfemble.
Mêler , fe dit fîgurément en chofes morales , pour
allier deux chofes enfemble , les unir l'une avec
l'autre. Mifccre , confocïare , adjungere. Il faut qu'un
Auteur mêle le folide avec l'agréable. Les dévots
mêlent d'ordinaire bien des foiblefîès dans leur piété.
Le p. Lamy. Il n'y a perfonne dont la joie ne foie
mêlée de quelque inquiétude. In. Quoique la conf-
trudtion naturelle de ce verbe demande la prépofi-
tion avec , il y a des occafions où il fe conftruit fore
bien avec à & au. Il y a des femmes qui mêlent ait
détachement du monde , leur vanité naturelle. S.
EvR. Ce Magiftrat mêle la douceur à. la févérité.
L'AcAD. Dieu mêle fagement aux douceurs du mon-
de , des amertumes falutaites. Fl. Cette conftruilion
a fur-tout lieu dans la Pocfie.
Zzzzz
914
M E L
// mêle , enfe vantant fol- me me à tout propos ,
Les louanoes d'un fat à celles d'un Héros. BoiL.
Mêlons aux chants de victoire ,
Les douces ckanfons d'amour. Quin.
Corneille a dit dans les Hoiaces , Mêle tes pleurs
aux miens , pour dire , prcns part à ma douleur.
MÊLER, fignifie aullî avec le pronom peri'onnel, s'en-
tremettre j UCT s'ingérer mal-à-propos , s'occuper de
chofes qui ne nous regardent pas , qui ne (ont pas de
notre compétence , de la profellion qu'on a em-
bralll'e : Se quelquefois il lignifie funplement pren-
dre loin. Se mêler d'un accommodement , des aii-ai-
res de quelqu'un. Se interponere , curam fufcipere.
Il ne faut point fe mêler des affaires d'autrui. Epi-
cure fuppofe des dieux qui ne fe mêlent point des
chofes humaines. Le P. le B. Comment la tran-
quillité de la retraite appaifera-t-elle les troubles de
notre cœur , fi la raifon ne s'en mêle ? S. EvR. Il
ne faut pas que la raifon (e mêle des dogmes de la
Religion. Mal. Quelques Philofophes ont cru que
c'étoit une occupation trop vile pour les dieux , que
celle de fe mêler de toutes les affaires des hommes.
S. EvR. Il fe mêle de plaider, de faire la Médecine.
Il faut favoir les chofes , avant que de fe mêler d'en
difcourir. Cet homme fe we/e de plulieurs négoces ,
de plufieurs intrigues. Ce père a abandonné fon bien
à fes enfans ^ il ne fe mêle plus que de faire bonne
chère. Nihil aiiud agit , curât. On l'a mis à la Baf-
tille , parce qu'il s'eff mêlé de parler. On a taxé à
la Chambre de Juftice tous ceux qui fe font mêlés
d'affiires. On dit auffi figurément & familièrement
d^ufi homme qui s'adonne à des chofes qui peu-
vent être reprifes de Juftice , qu'il fe mêle d'un mé-
chant métier.
MÊLER , fe dit auflfî , quand il s'agit du vin , pour Frela-
ter. Permifcere j admifcere. Ce Cabaretier mêle tout
fon vin. Il ne vend point de vin qu'il ne (oit mêlé,
MÊLER , fe dit aullî en parlant d'une ferrure , pour en
faulFer quelque pièce , enlorte que la clef ne la puiire
pliis ouvrir. Seram intorquere. J'ai mêléX^. ferrure de
mon cabinet. Ma ferrure eft mêlée , quelqu'un en a
forcé les gardes.
On dit , en termes de Jeu , Mêler les cartes , &:
fimplement wJ/^r, pour dire battre les cartes. Méle-{^
les cartes. C'eft à vous à mêler. Oji dit tigurément aulîi
& familièrement j OT J/er les cartes j pour dire, em-
brouiller les affaires. Il a bien mêlé les cartes.
On dit qu'on a mêlé un homme dans une accufr-
tion , pour dire , qu'on l'y a compris , & qu'il eli: mêlé
dans une méchante affaire ^ pour dire qu'il y eft ef-
feéfivement compris ; & lorfqu'un homme vent té-
moigner à un autre qu'il n'eft pas bien aife qu'il parle
de lui comme il fait , il dit , Je vous prie de ne me
point mêler dans vos dilcours.
MÊLER j MÉLANGE. On mêle les couleurs : on frit des
mélanges de couleurs , d'agréables mélanges , de mau-
vais mélanges. Une ieule couleur eft louvent le com-
pofé de plufieurs mélanges : en mêlant les couleurs ,
il faut prendre garde de les trop tourmenter. Dicl. de
Peint. & d'Arch.
MÊLER , fe dit proverbialement en ces phrales. On dit
d'un homme qui fait plufieurs métiers , qui a ap-
pris diverfes fciences , que c'eft un Marchand mêlé.
On appelle aullî un Faélotum , un Jean qui de
tout fe mêle. On dit aullî aux femmes qui veulent
prendre connoilïànce des affaires des hommes. Mê-
/f^-vous de filer votre quenouille. On dit qu'un
homme a les dents mêlées , lorfqu'il eft fi ivre ,
qu'il ne peut parler , ni dellerrer les dents. On dit
'encore d'une chofe qu'il n'eft pas poflîble de faire ,
Qu'elle fe fera , \i le diable s'en mêle.
MÊLÉ , ÉE. part. Mixtus. On dit dans le ftyle fami-
lier , en parlant d'une Compagnie compolée de per-
fbnnes de differens caraârères , Que c'eft marchan-
dife mêlée. Ac. Fr, ^fT On le dit auffi d'une per-
fonne qui raffemble de bonnes & de mauvaifes qua-
M E L
lités. Ce verbe vient du Lzxm mifc ère , & de l'Ita-
lien mefcolare. MÉN.
MÉLÈSE. f. f. Arbre réfineux , fort haut , de la nature
des pins & faplns. Larix. Il a l'écorce tort épaillè
comme celle de la pelfe , qui eft toute crevallée , &c
rouge au-dedans. Il produit fes branches à l'entour
du tronc de degré en degré avec plufieurs petits ra-
meaux , fouples comme ceux du iaule & de l'ofier ,
jaunes & odorans. Il jette une feuille fort épaiffe ,
longue, tendre j plus étroite que celle du pin^ &c
qui n'eft pas piquante. C'eft le feul des arbres à ré-
fine , qui fe dépouille en hiver de fes feuilles. Il
porte un fruit femblable à celui du cyprès , & d af-
fez bonne odeur. Ses fleurs lont plus odorantes,
& (ortent du bout des branches au printemps ; elles
lont de couleur d'écarlate ardente , & reflemblent à
des Hocs de foie ; fon bois eft dur ôc rouge , & fur-
tout au cœur , Se eft bon à bâtir des palais. Pline
dit que ce bois ne brûle point , mais qu'il fe cal-
cine. Cependant il fe trompe , car il n'y a rien qui
filfe fitôt fondre la mine, que le charbon Aemélefe.
Au rerte , la mélèfe produit une liqueur excellente
que les Apoticaires appellent Bijon , & qu'ils fubfti-
tuent à la place de la tércbentine. Elle lort du cœur
de l'arbre , qu'il faut pour cela percer bien avant
avec une tarière. Le meilleur agaric croît fur la mé-
lèfe. On y recueille aullî quelquefois de la manne,
^qyeç Chorier , Hift. de Dauphiné ,p. S7 <& ^"^
Voyez auflî le mot Larix.
^3" MELET. f m. Poilfon de mer , long d'un pied ,
& de la grolFeur du petit doigt. Il a le ventre de cou-
leur argentée , le dos brun , la tête mêlée de jaune
Se de rouge , & les nageoires blanches. Sa chair
eft ferme , & d'alfez bon goût.
MÉLÈTE. f. f. Une des trois Mufes , dont le culte
fut inftitué par les Aloïdes à Thêbes,
MÉLÈTE. f. f. Apua. C'eft le nom d'un petit poifîbn
qu'on mange en Languedoc, & qui eft une elpèce
d'anchois , mais qui n'eft pas fi délicat.
MÉLÉTIENS. f. m. pi. Anciens Hérétiques , ou plu-
tôt Schifmatiques d'Egypte , qui ont été aiufi appe-
lés du nom de Mélècc , Evcque de Lycopolis. Mele-
tiani. Ce Mélèce ayant été dépofé pour divers cri-
mes , & principalement pour avoir facrifié aux ido-
les , par Pierre , qui étoit alors Evêque d'Alexan-
drie j il ht Une fadion particulière j & c'eft de cette
fadion qu'eft fortie l'héréfie d'Arius. S. Epiphane
s'eft étendu fort au long fur l'héréfie des Mélétiens ^
mais il dit bien des chofes qui ne font point vraies,
comme le P. Pétau l'a remarqué judicieufement,
après le Cardinal Baronius. Ce Saint Evêque étoit
tombé fur de faux adles qui avoient été écrits par
quelque Sectaire Méletien. Voyez le Cardinal Baro-
nius dans les Annales, ann. jotf. Se les Remarques
du P. Pétau fur S. Epiphane , kar. 6 S,
MÉLEUS. Toye? Miller.
MELFI, ou MELPHES. Nom d'une ville de Royau-
me de Naples. Melphis , Melphia. Elle eft dans
la Bafilicate , aux confins de la Capitanate & de la
Principauté citérieure.
MELGAÇO. Ville de Portugal aux frontières de la Ga-
lice , Se renfermée entre le Minho , la petite rivière
de Folia, Se de hautes montagnes.
MELGUEUL , ou M ALGUEUIL. Nom d'un ancien
château de Languedoc , fitué prés de Montpellier.
Melgorium. Il y avoir titre deComté. On battoit mon-
noie , & il eft fouvent fait mention dans les anciens
titres de la livre de Melgueul , du fou , du denier de
Melgueul.
IvlÉLIADE , ou MÉLIE. f. f. Nom que l'on donnoit
dans le Paganifme à uneefpècede Nymphe. Melia,
Melias.
MÉLIANE. Nom d'une petite ville du Royaume d'Al-
ger , en Barbarie. Melliana j Manliana.
MtLIANTHE. f. m. C'eft le nom d'une plante qui
vient d'Afrique , & qu'on cultive aujourd'hui dans
quelques jardins. Paul Hermans , Profelleur en Bo-
tanique à Leidcn , eft celui qui a fait connoître le
mélianthe en Europe. lien parle dans ion Catalogue
M E L
des pl.intes du Jardin de cctrc Univci-Hté. On lui a
donné le nom de mciiaiulie , à caulc que le calice
de (a rieur contient d.ins (on fond une liqueur miel-
Icule rouge j ik. parmi l.i douceur d'un goût vi-
neux 6c fort agréable. Cette liqueur efl (i abon-
dante, qu'elle découle pendant quelque temps goutte
à goutte lur la feuille qui ell (ousia Heur. Hllcii'ell:
pas feulement agréable, elle cil encore utile , car
elle ell cordiale , llomacale & nourrillànte , prin-
cipalement celle qui dilHllc d'elle même. La plante
qui donne cette liqueur cft de la hauteur d'un hom-
me , toujours verte , & dont les feuilles font fem-
biablesà celles de la pimprenellc , mais cinq ou llx
fois plus grandes. Le haut en cfè couvert de Heurs
rangées l'une lur l'autre , comme les grains d'un
épi , d'un noir rougefitre. Chacune des Heurs ell
compofée de quatre feuilles difpofécs en main ou-
verte. Sous cette fleur efl: une cinquième feuille
grande comme l'ongle , de couleur purpurine, quel
quefois mêlée de vcrdâtre. C'efl: fur cette cinquième
feuille que tombe la liqueur emmiellée. La feuille
de cette plante ell troide au toucher, de couleur de vert
de mer , d'une odeur puante , forte de narcotique ,
& d'un goiitun peu allringent. Dès que la fleur efl: j
paHée , il ne diftillc plus de miel , mais fon pillil de- i
vient un fruit en velfie , gros comme celui du Nigel-
la , membraneux relevé de quatre coins , & divilé
en quatre loges qui renferment des femcnces oblon-
gues , noires , luifantcs comme celles de la (ivoine.
Son nom vient de ^'Ai , mie/ , Se diB-cs , fleur , com-
me qui à'iron fleur de miel.
MELIAPOR , ou MELIAPOUR autrement S. Thomé.
Maliapora , Meliapora, Fanum S. Thomx. Ville
de la prefqu'île de l'Inde deçà le Gange. Elle eft fur ,
la côte de Coromandel au Royaume de Carnatc ,
au midi de la ville de Paliacate.
MÉLIBÉE. f. f. Une des filles de Niobé. On changea
Ion nom de Mélïbee en celui de Chloris , à caule
de fa pâleur. X/inçi fignifie pâle.
MÉLICA. f. m. Plante qu'on appelle autrement Blé
barbu C'efl; une ctpcce de millet qui poulFe plufieurs
tiges à la hauteur de huit ou dix pieds , & quelque-
fois de treize , femblahles à celles des rofeaux, grolles
comme le doigt, noueufes , remplies d'une moelle
blanche. De chaque nœud il fort des feuilles longues
de plus d'une coudée , large de trois ou quatre doigts ,
femblables aulîî à celles des rofeaux. Ses Heurs font
petites , de couleur j ■■.une , oblongues , pendantes :
elles naillent par bottes , ou bouquets , longues
prefque d'un pied , larges de quatre ou cinq pouces.
Lorlqu'ellcs fontpallées^ il leur fucccde des femcn-
ces prefque rondes , plus grolfcs du double que
celle du millet ordinaire j de couleur tantôt jaune ,
ou roufsàtre , tantôt noire. Se^ racines font fortes
& fîbrcul'es. Cette plante aime les terres gralfes &
humides ; on la cultive en Efpagne , en Italie , &
en d'autres pays chauds. Les Payfans nettoient le
grain J & l'ayant fait moudre, ils en font du pain ,
qui efl: friable , peu nourriflant , & fort rude. En
Tofcanc , on s'en fert plus pour engrailfer les pou-
les Si les pigeons, que pour la nourriture des hom
mes. On fait un remède de la moelle des tuyaux ,
qui efl: excellent contre les écrouelles. C. Bauhin
l'appelle Milium arundinaceum , fubrotundo femïne y
Sorgo nomïnatum.
MÉLICERIS. f. m. Terme de Chirurgie. Efpèce de
tumeur formée par une matière femblable à du miel ,
& renfermée dans une membrane propre. La caufe
ànmélicéris eft l'aliment de quelque tendon , ou de
quelque partie nervcule , ou membraneufe , qui y
eft retenue en trop grande quantité , Se qui fe change
en un autre fubftance qu'en celle qui doit nourrir
ces parties. Ce qui fait que cet aliment s'amaffe &
s'altère, c'eft que les membranes & les parties mem-
braneufcs font dillendues &: déchirées, ou par quel-
que caufe interne qui les ronge , ce qui e(l rare, ou
par quelque caufe externe violente : d'où vient que
les Religieufes & les Moines font fujcts à ces fortes
de tumeurs aux genoux , par les fréquentes génu-
T«me V.
M E L 915-
flexions qui dilatent les membranes de cette partie.
Ce mot vient du Grec /^ m , qui lignifie m:e/.
MÉLICTUAGIAAR. C m. Terme de Relation. Prévôt
des Marchands chez les ferf s, Juge des Marchandr.
Mercacorum Judex apud PerJ'as.
MtLIUOR. f. m. Terme de Fleurifte. Nom dune
tulipe panachée d'incarnat lur du blanc. Morin.
MtLIUORE. f. f Terme de Ficurille. Anémone de
toute couleur de feu, brune à fond blanc. Morin.
MELIE , ou MÉLIS. Nom qu'on donne à une forte
de toile. La toile de Mélie luit en qualité la toile
de Noiale ■■, elle fert à faire les menues voiles.
MÉLIENNE. f. f. Efpèce de terre dont parle Diofco-
ride, qui efl: rude au toucher , Se qui a une cou-
leur à peu près comme celle de l'érétrienne cendrée.
Etant froillec entre les doigts , elle pétille comme
la pierre-ponce raclée. Elle a la propriété de l'alun j
quoiqu'elle ne Ibit pas lï cfKcacc. Elle fert aux Pein-
tres pour maintenir long temps leurs couleurs. Cette
terre étoit autrefois fort en ulage dans la Médecine,
mais à préfcnt on ne s'en fert plus.
MÉLIGNANO. Foyei Marignan.
MÉLILLA , ou MÉRILLI. Nom d'un bourg de la Si-
cile. Meidlis. Il eft près de la côte orientale de la
vallée de Noto , entre Syracufe & Léontini.
MÉLILLE. Nom d'une petite ville du Royaume de
Fez , en Barbarie. Meiilla , anciennement P^yjfadi-
rum. Elle eft fur la côte de la province de Gareta ,
où elle a un bon port , à huit lieues de l'embouchure
de la Mulvia , vers le couchant.
Melille. Nom d'une petite ville de l'Amérique , fi:uéc
fur la côte méridionale de la Jamaïque. Meiilla.
Matv.
MÉLILOT, ou MIRLIROT. f. m. plante qui pouffe
plulieurs tiges à la hauteur de deux ou trois pieds,
rondes, foiblesj rameutes. Ses feuilles naiflent trois
lur une queue , comme celles du trèfle , crénelées
en leurs bords , oblongues, lifles, d'un vert obfcur.
Ses Heurs font petites , légumiueules , jaunes , ra-
mallées en épi. Lorfqu'elles font palfées , il leur fiic-
cède des caplules qui deviennent noires en murilfant,
& qui renferment de petites femences jaunâtres. Sa
racine eft blanche , menue , pliante , garnie de
fibres. Toute cette plante eft de fort bonne odeur
quand elle eft sèche. On en fait une tifanne qui eft
excellente dans la colique, dans la rétention d'u-
rine , dans le rhumarilme. On s'en fert aulfi dans
les lavemens carminatifs , & dans les cataplafmes
adouciflans Se réfolutifs. ifT Les Rotiffeurs en font
ufige pour donner une efpèce de fumet aux lapins Se
au>; perdrix. En Latin melilotus officinarum Germa-
niA. C. Bauh. Pin. 331. Il y a plufieurs autres es-
pèces de mélilot.
Ce mot vient de ftÉAi , miel , Se xciU , lotus , com-
me qui diroit melle lotus , qui fent le miel , ou qui ell
doux comme le miel. Le peuple l'emploie en ce
proverbe : J'en dis du mélilot , ou du mirlirot , pour
dire , je ne m'en foucie guère.
Mélilot. Nom d'un bourg de la Floride. Melilotium.
Il eft vers les montagnes S. Palaches, Se chef du
Royaume qui porte fon nom. M.^tv,
MÉLINDE. Nom d'une ville de l'Ethiopie. Mclinda,
Elle eft fituée fur la côte du Zanguébar , à l'emboh-
chure de la rivière de Quilimango, environ à vingt-
cinq lieues de la Montbaze , du côté du nord.
MÉLINDE. f. f. Terme de Fleurifte. Tulipe qui a
pour couleur un beau pourpre rouge très-vif. Se un
beau blanc de lait. Morin.
MÉLINET. f. m. Plante qui poufle de fa racine qua-
tre ou cinq tiges à la hauteur d'un pied ou
pied Se demi , rondes , remplies de fuc , revê-
tues d'un grand nombre de feuilles oblongues, plu<
larges vers la queue qu'à l'autre bout, un peu ve-
lues , vertes j bleuâtres , marquetées de taches blan-
ches. Il nait de leurs aillelles plufieurs petits ra-
meaux contournés comme ceux du grand héliotro-
pe , garnis tout du long de fleurs longuettes creu-
fes , & repréfentant en quelque manière un petit
gobelet , variées de plufieurs couleurs. Les abeilles
Zazzz ij
()i6 M E L
en font fort avides. Cène plante eft aflringentc ,
rafraîchilTante , vulnéiniie , propre pour les intlam-
marions des yeux. Elle croît dans les lieux ombra-
geux tk montagneux. Lemery , après Charles Bau
hin & Tourneiort. On l'appelle autrement Cerm
thée.
MÉLION. Foyei Emiuen.
MÉLIORATIE, ou MÉLIORAT. On nomme ainfi
à Amfterdam une des trois fortes d'organlin de Bo
logne dont on y fait commerce. Les mellorats le
vendent depuis ji jufqu'à 54 livres le gros.
MÉLIORATION. f. f. Adion par laquelle on rend
une chofe meilleure. Incremcntum. perfeclio. gCT On
entend par-là toutes les impenfes laites dans un hé-
ritage , qui en augmentent le prix & la valeur. Quand
on retire une terre , il faut rembourfer les impenfes
& mélloratïons utiles &: nécellaires , faites par le
polfelfèur de bonne foi. C'eft un terme de Jurif-
prudence , qu'on trouve dans les Auteurs de Droit.
On dit ordin.iirement amélïoTations , & on ne trouse
que ce dernier mot dans le Dict. de l'Acad.
MÉLIOKER. V. a. Rendre une choie meilleure. In
melïorem ftatum deducere , adducere , mclius rcddere.
^fFOn doit dire améliorer. Voyez ce mot.
MÉLISSA. Nom d'un ancien bourg de la grande
Grèce. Mélife 3 Mélefc. Il eft peu confidcrable ,
& ûtué dans la Calabre citérieure, environ à une
lieue de Strongoli , & à deux de la mer Ionienne.
Maty.
MÉLISSE, f. f. Plante qui poulTe fes tiges à la hau-
teur d'une coudée , ou davantage , carrées , dures ,
aifées à rompre. Ses feuilles font noir.îrrcs, fembla-
bles à celles ducalamenr, dentelées en leurs bords ,
couvertes de petits poils courts , d'une odeur de ci-
tron fort agréable , &c d'un goût un peu acre. Ses
fleurs naillènt dans les ailfelles des feuilles, & ne
forment point d'anneaux entiers; elles font en gueu-
le , petites , blanches , ou d'un rouge-pâle ; cha-
cune d'elles eft un tuyau découpé par le haut en
deux lèvres. Quand la fleur eft padée , il lui fuccède
quatre femcnces prefque rondes , ou oblongucs ,
jointes enfemble. Sa racine eft ligneufe, longue,
ronde , fibreufe. En Latin me/iffa horunjïs. C. Bauh.
229. La méiijfe eft cordiale , propre dans les affec-
tions mélancoliques , dans la palpitation du cœur ,
dans le vertige , dans la paralyfie. Il y a quelques
autres efpèces de méliffe. La méiijffe s'appelle quel-
quefois citragon, quelquefois piment , &c en quelque
province horeuil. Cependant il y a une autre plante
particulière qui s'appelle Piment & qui diftére de la
mélijje. IKT On en fait un eau fpiritueufe compo-
fée , connue fous le nom d'eau de MeliJJe, ou des Car-
mes , qui palIe pour fouverame dans l'apoplexie
& autres maladies de cette nature.
Ce mot vient du Grec fti^i , miel. Les abeilles
aiment beaucoup la méliffe commune ^ & elles y
ramalfent, à ce que l'on croit , la matière du miel.
On l'appelle aulîi herbe de citron , à caufe de fon
odeur.
Mélisse , ou MÉlice. f. f. Nom que quelques Poè-
tes donnent à leur Maîtrefte. Adorable MéliJJe , or-
nement de la Cour. Racine.
Cela vient du Grec fiîM j Se les Latins ont dit,
meum mel.
MÉLISSÉE. f. f. Terme de Fleurifte. Tulipe , cou-
leur de rofe , incarnat ik blanc. Morin.
JVIÉLISSES. f. f. pi. C'étoient les filles de Mélilfus ,
Roi de Crète , qui fe chargèrent de l'éducation de
Jupiter. Leur nom eft Adaftréc & Ida. On a aulîî
donné ce nom aux abeilles , ou mouches à miel qui
nourrirent ce même dieu , d'où il eft quelquefois
appelé Méliirus. Dans cette même île de Crète la
Prêtrelfe de la grande mère fc nommoit Mélijfe.
MÉLITELLO. Nom d'une petite ville ou bourg de
la Sicile. Melitellum. Ce lieu eft dans la vallée de
Noto , à trois lieues de Léontini , du côté du cou-
chant. Maty.
MÉLITIAS , ou MÉLANTRADA. Nom d'une an-
cienne petite ville de la Romanie. Mclantius. Elle
MEL
eft fur la mer de Marmora , entre Conftantinople ic
Sélivrée. Maty.
MELITITE. f. h Pierre grife , qui étant pulvériféc,
rend une liqueur laiteutc , de faveur douce comme
le miel. Melitites. On la trouve dans les mines
métalliques : elle participe du plomb , qui lui donne
cette douceur approchante de celle du feldeSatur
ne, mais beaucoup moins forte. En un mot on appelle
Pierre mélitite une certaine pierre toute femblible
en figure , qualités & propriétés galactites , excepte
qu'elle eft plus douce au goût , i^- qu'elle a la dou-
ceur du miel d où elle a tiré ion nom , car fct ligni-
fie miel. Les anciens s'en krvoient pour les inflam-
mations des yeux , & pour delfécher les ulcères.
MÉLITO. Foye^ Mileto.
MÉLITS. Ville de Pologne , fur la frontière de la
Grande Pologne , auprès de Frelban.
MELLAT. (. m. Mot Breton , qui fignifie le jeu de
ballon, appelé la loule à Vanne. Lobineau , G/o/ZT
MELLE. Nom d'une petite ville du Cercle de Weit-
phalie. Mella. Elle eft fur la rivière d'Hafe , dans
l'Evêché d'Ofnabrug , à trois ou quatre lieues au-
deflus de la ville de ce nom. Maty.
MELEE. Nom d'un ancien château de France, où l'on
battoit autrefois de la monnoie , &: dont le nom
fe trouve fouvent fur celle de nos Rois , Metullum ,
Metulum : on trouve aullî Mella dans quelques
Auteurs. Ce lieu eft en Poitou 1 Valois. Not. Gai,
p. 4S0.
MELLEE. f. f. On écrivoit ainfi autrefois le mot qui
s'écrit aujourd'hui mêlée : il fe difoit pour querelle ,
débat. Rixuj contentio.
MELLETE. f. f. Nom dune efpèce de figue. Ficus fpe-
cies. Il y a une petite figue grile approchant du tané,
fa chair eft rouge ; on l'appelle Aîelete en Gafco-
gnc. Son défaut eft , comme des autres, de rappor-
ter peu , & de n'être pas douillette. La Quint. T. I.
p. 41 s .
MELLI. Le Royaume de Melli. Mellum Regnum.
Ce Royaume eft dans la Nigiitie j en Ahique ,
entre le pays de Malaguette , les Royaumes de Man-
dingue éc de Cantor , le Niger & l'Océan Atlanti-
que.
MELLIER , ou PSEAUTIER. f. m. Eft un nom
que donnent les bouchers au troilième ventricule
du bœuf & des autres animaux qui ruminent. Ter-
tius bovis ventriculus. On l'appelle aullî millet , ou
myrcfcuillet , ou livre. Voyez Millet.
MellieRj ou plutôt Melier, eft aufli une efpèce de
raifin blanc , agréable au goiît , & dont ont fait 1»
bon vin. Ce plan de vigne eft tout de mellier. On
a dit AlicelU vîtes , des vignes où il y avoit beau-
coup de mellier.
MELLIFONT. C'eft la première Abbaye de Cîteaux ,
en Irlande. Elle eft dans le Diocèfe d'Armach , Se
fut fondée en 11 39. par des Religieux envoyés par
S. Bernard.
MELLINGEN. Nom d'une petite ville de la Suiflè ,
fituée à une lieue de Bade , fur la rivière de BulF,
qu'on y pafle fur un pont couvert. Mellinga. Cette
ville appartient aux huit premiers Cantons, qui s'en
rendirent les maîtres l'an 141 5. Maty.
MELLO , ou MERLOU. Nom d'un lieu ancien , fi-
tué dans le Beauvoifis. Mellotum. Valois , Not. Gall.
p.So.
MELLONE. Quelques-uns difent Mellonie^C f. Ter-
me de Mythologie. Nom d'une déefle des Romains.
Mellonia j Mellona. C'étoit la déefle dij Miel , qui
préfidoit à la récolte du miel. Comme on le peut
voir dans Arnobe, I. IV. adv. Cent. Se dansSainï
Auguftin j de Civit. Dci , I. /F. c. S4-
MELLUSINE. f. f. En termes de Blafon on donne le
nom de Mellujîne à une figure nue , échevelée ,
demi femme Se demi ferpent qui fc baigne dans une
cuve , où elle fe mire & fe coîfe. On ne s'en leic
que pour les cimiers. Les mailons de Luzignan Se
de S. Gelais portent pour cimier une Melluflr.e.
MELNICK. Nom d'un bourg de la Bohême , fitué
fur l'Elbe , vis-à vis de l'embouchure de Muldav,
M E L
i fix lieues de Prague , vers le nord. Melnkum ,
anciennement B'f{enia. Matv.
MEL0150S1S. r. F. Terme de Mytliolegie. Nom dune
Nymphe. Melcbojîs. Hcllodc dans (a Théogonie ,
V. 3 s 4- la '"'^t au nombre des Nymphes , qui ont loin
délever les hommes dès l'cnFancej avec Appollon
& les Fleuves.
*IEL()CARDUUS , iMRLOCACTE , ou MELON-
CHARDON, f. ni. Chardon des Indes occidenta-
les , qui croît contre terre , qui n'a ni branches , ni
feuilles. Ceft feulement une malle , ou elpèce de
tête qui paroit être un allemblage naturel de melon
& de chardon , d'où vient qu'elle a été ainli appe-
lée. Cette malle cil fort grolle , de figure ovale ,
garnie d'épines robuftcs , les unes droites , les au-
tres courbes, de forte qu'on ne (ait par où la pren-
dre. Son écorcc eft verte, divilée par côtes. Sa chair
elt blanche , épailfe , pliante , difticile à rompre ,
ayant un goût de courge. Elle poulie en haut une
efpèce de coton gris extérieurement , très blanc en-
dedans , contcnmt pku'ieurs épines menues &: pur-
purines, qui s'élèvent pcu-à-peu en fa fuperficic ,
& qui devienr.tnr duits &: piquantes. On trouve
aulîi au bas du même coton certaines follicules
membraneufes , de couleur de fang , remplies de
femences petites, noires & luifantes, comme celles
de l'amarante.
Le Père Plumier , Minime , qui a lait plufieurs
voyages dans les îles de l'Amérique , & qui s'eft
attaché à y remarquer les plantes particulières ,
prérend que celle ci doit s'appeler Malocallus ; &
voici la deicription qu'il en fait. Ceft une des plus
merveilleufes plantes de la nature. On croiioit voir
un gros melon tout hérillé de piquans j & planté
immédiatement fur la terre. Elle nait ordinairement
ou fur les rochers , ou dans les lieux fecs &: arides ,
de même que nos grandes joubarbes. Sa racine ref-
femble quelquefois à la corne d'un bœuf, mais
ordinairement c eft un corps de plufieurs grolles
fibres blanches, ligneufes & branchues, d'où il fort
immédiatement une malfe , (ouvent deux fois plus
grolfes que la tête d'un homme. On en voit de plu-
fieurs figures-, les unes rondes comme des boules,
les autres ovales , lC d'autres prelque en pain de
fucre. La furface extciicuie eft toute canioelée, à la
façon de nos melons, mais les côtes font plus fréquen-
tes & plus relevées. Elles ne font point arrondies ,
mais taillées comme en dos d'âne , & toutes ondées
par divers plis , entre d;ux delquels il y a toujours
îur le -dos un éculîon cotonneux , d'où fortent or-
dinairement deux aiguillons très pointus , roides ,
prefque olTeux, blancs , mais rouges par la pointe.
Il y a toujours un de ces aiguillons planté perpendicu
lairemcnt au cci.rrc de l'écullon. Les autres font
arrangés en rayons tout autour de la bafe de celle
ci. Le plus bas de tous eft toujours la moitié plus
long que les autres. Leur longueur ordinaire eft de-
puis demi pouce jufqu'à un pouce, & même un
pouce & demi. La peau extérieure de cette malfe
eft fort unie , d'un vert foncé , & toute picotée de
petits points un peu plus clairs , en façon de mi-
niature. Son intérieur eft maffif &: fans vide , mais
tout charnu , d'uiie fubftance fort blanche , fuccu-
lente , un peu plus ferme que celle des melons ,
& d'un goût tant loit peu acide. Du fommct de cette
mafle , il en fort une manière de colonne , ou cy
lindre, haut d'environ un pied, & épais de trois a
quatre pouces. Le dedans de cette colonne eft charnu
de même que la malTe , l'efpace d'environ deux
pouces. Le refte n'eft qu'un compofé d'un coton
très-blanc & très-fin , mêlé d'une infinité de peti
tes épines fubtiles , piquantes , rouges , dures , quoi-
que pliables , comme les foies dont on fait les ver-
gettes à nettoyer les habii^s. En eftet , on ptendroit
cetie colonne pour une vé'irable vergerte ronde. Le
fommet de cette colonne eft arrondi comme la coëffe
d'un chapeau , & tout comparti le plus agréable-
ïnent du monde en façon d'un réfeau formé de plu-
fieurs rayons courbés , fe croilant de droite à gau-
M E L 917
clie, & de gauche à droite du centre à la circon-
férence. Danï chaque lolange que compolcnt fcs
rayons ainli croifés , on voit fortir une Heur d'un
rouge très- vif , hiite en tuyau évafé , lie fendu eu
plulieurs pointes en façon de couronne. Dans quel-
ques elpèces de ces plantes , ces Heurs font doubles ,
c'eft-à dire, coinpolées de plulieurs tuyaux les uns
dans les autres. Elles ont ordinairement trois à qua-
tre lignes de diamètre , & portent toutes fur un em-
bryon, qui devient cnfuite un fruit rouge comme
de l'écarlatte, très-poli , mou , de la grolleur &c figu-
re prefque d'une olive. Sa chair eft tort tendre , fuc-
culcnte , blanche , d'un goût aigrelet très- agréable.
Elle cil aulli toute remplie de quantité de petites
femences noires , chagrinées, &: prelque aulli grof-
les que la lemencc du pavot. Quand ce fruit eft
mûr , il fort de loi-même du dedans de fa niche ,
où il étoit entièrement caché ; & quand il com-
mence à fortir , vous diriez que c'eft un beau rubis
cnchâflé parmi les piquans de cette colonne. On
voit quantité de ces plantes dans l'ile Saint Chrifto-
phe , du côté des Salines. Melocallus Indi£ occ'i-
dtntal'is. C. B. Pin. 3S0. Melocatus Amencana.
MÉLOCKIA. f. m. Plante qui croît en Egypte, &
qui poulie une tige à la hauteur d'une coudée. Ses
feuilles font alternes , femblablcs à celles de la mer-
curiale , mais plus grandes; dentelées en leurs bords ,
ayant à leur bafe de chaque côté une manière de
languette fort étroite , déliée. Ses Heurs font petites ,
ordinairement à cinq feuilles , de couleur jaune.
Lorfqu'elles font palfées , il leur luccède des fruits
cylindriques , divilcs en leur longueur en cinq lo-
ges , qui contiennent chacune plulieuts femences
menues , anguleufes , de couleur cendrée , d'un goût
vifqueux. Il n'y a point d'aliment qui loit plus com-
mun & plus agréable en Egypte. On fe fert beau-
coup de ces lemences dans toutes les maladies où
celles de la guimauve font bonnes. Elles purgent
copieufement , fi l'on en prend le poids de deux
drachmes. Le fuc des feuilles appaife la toux , &
foulage les maux de poitrine. En Latin Corchorus fivc
Mdochia. J. Bauh.
MÉLOCHITE , ou ARMÉNIENNE, f. f. Pierre grolFe
comme une noifette. C'eft ce qu'on appelle la Pierre
d'azur bleue & verte à l'ufage des Peintres. Elle dif-
fère du lapis lazuli, & elle n'a aucune veine d'or.
MÉLOCORCOPALI. f. m. Fruit des Indes, gros
comme un coing , ayant la figure d'un melon. L'ar-
bre qui le porte relfemble au cognafller par fa gran-
deur & par fes feuilles. Ce fruit a un goût de cé-
rife fort agréable. Il contient trois ou quatre grains
femblables aux pépins de raifin. Ce fruit tire fon
nom de fa relfemblance au melon , & de la Pro-
vince de Corpcopal où il croît. On dit qu'il lâche
un peu le ventre.
1^ MÉLODIE, f. f. Agrément dans le chant , qui
réfulte d'une heureufe fuite de fons; heureux ar-
rangement des fons que l'on entend fuccclîïvement
dans un même air chanté par une même perfonne ,
ou joué fur un même inftrument. Melos. Douce
mélodie. Agréable mélodie.
On confond quelquefois en parlant , mélodie Sc
harmonie ; il y a cependant de la différence entre
ces deux chofes , & on doit en mettre dans l'ufage
des mots qui les expriment. Mélodie ne fe dit propre-
ment que d'une feule voix , ou d'un feul inftrument.
ÎCT C'eft une fuite de fons qui le luccèdent agréa-
blement : mais l'harmonie fe dit de plufieurs voix
ou de plufieurs inftrumens : c'eft l'accord de plu-
fieurs parties que l'on entend en même temps; le
plaifir qui réfulte du mélange de plufieurs fons qu'on
entend à la fois. Si l'on dit quelquefois une voix
harmonieufe, cela doit s'entendre d'une voix pro-
pre à entrer dans un accord. L'ufage cependant permet
d'emplover les mots d'harmonie Sc d'harmonieux en
parlant d'une leule voix , ou d'un feul inftrument.
Ce mot eft Grec , il vient de fcuj , miel , & de
f<î' , chant. Ce mot s'emploie quelquefois d'une
manière ironique , pour djf e , tintamare , un bruic
S)i8 M E L
importun. Rumor confufus. Nous ouïmes-là une
belle nKloiie. On dit aulli , une terrible , une étran-
ge mélodie, La Fontaine a dit des cris d'un ane ,
Oh j oh ! quelle carelie , & quelle mélodie ?
MÉLODIE, f. f. Choie agréable, par allulion à la Mu-
lique. Glôff'aire fur Maroc.
"^3" MÉLODIE dans l'art oratoire. La mélodie dans le
chant eft un accord de fons qui le fuccèdent agréa-
blement. La mélodie dans le dilcours eft an accord
fuccellîf de Ions , dont une partie eft liée par les
rapports avec les fons qui précédent &c qlii luivent.
Elle confifte dans la manière dont les fons (impies
ou compofés font aflbitis tk. liés cntr'eux pour for-
mer les fyllabes , dont les (yllabes font liées entr'cL
les pour former un mot ■■, dont les mots lont liés
entr'eux pour former un membre de période j &: ainii
de fuite. f^oye\ Harmonie.
MÉLODIEUSEMENT, adv. D'une manière mélodieu-
fe. Suavicer. Les Sirènes chantoient fort mélodieufe-
ment , à ce que difent les Poètes.
MÉLODIEUX , EUSE. adj. Rempli de mélodie. Sua-
vis , harmonicus. Lé chant du roftignol eft fort mé-
lodieux. Les Pafteurs entendirent les Anges qui
chantoient un cantique mélodieux. Un concert mé-
lodieux. On a comparé à l'harmonie , & à la voix
mélodieufe des Sirènes , tout ce qui ftatte , & qui
entraine inévitablement les cœurs. Ab. Nicaise.
MELON, f. m. Sorte de fruit dont la tige rampe fur
terre. Pepon , pepo , melo , melo pepo. Sa Hgure
eft ovale S< cannelée , (a chair rouge , fa graine pe-
tite , qui eft une des quatre grandes (emences froi-
des. Son écorce , dure , cannelée &C brodée. La
plante jette force iarmens longs , ainh que le con-
combre. Sa feuille eft lemblable à celle de vigne ;
mais moins découpée , velue , & rude au toucher.
Sa Heur eft jjune. Melon de Langeais , melon de
marais , melon (ucré , melon brodé. On confit des
côtes de melon. On achette les melons à la londe ,
à la coupe. Au Pérou , dans la Vallée d'Yca, il y a
des melons dont la racine devient proprement un
fep , qui dure plufieurs années , & qu'on coupe ,
comme fi c'étoit un arbre. Il produit des melons j
parmi lefqucls on n'en trouve point de méchans. On
^n a trouvé qui pcloicnt juiqu'à 103 livres. Ligerdans
fa Culture partaite des Jardins huitiers , Liv. I.
parle amplement des melons , & enicigne à difcer-
11er ceux qui font les meilleurs. Pour choilir, dit-
il, un melon , il faut qu'en le prenant avec la
main, on s'apperçoive qu'il pcfe , puis on le porre
au nez pour éprouver s'il a l'odeur du goudron ,
qui eft celle qu'il doit avoir pour être excellent.
Enfuitc on le frappe du doigt , afin de juger s'il ne
fonne point creux _, ce qui eft la marque d'un mau-
vais melon , car il faut qu'un melon foit plein ; Se
enfin on le regarde à la queue j pour voir fi elle
commence à fe détacher ^ ce qui en marque la ma-
turité.
Ce mot vient du Grec i«;>.«> , qui fignifie une
pomme , d'où les Italiens ont fait mêle , parce que
ce fruit a la figure d'une pomme.
Melon arrêté. Melon noué , c'eft à-dire^ melon qui
au fortir de la feuille commence à grolîir ; car il
en périt beaucoup à la fleur : la même chofe fe dit
des citrouilles , concombres , potirons , &c. Afe-
/o/z brodé j c'eft-à-dire , qui (ur Ion écorce a une
manière de broderie. Melon lifté , c'eft celui qui n'a
point de broderie. Melon frappé , c'eft celui qui a
quelque marque de maturité qui fe foit apperce-
voir , foit aux yeux qui voient quelque petit endroit
jauniftant , foit à l'odorat quand en (ent l'odeur de
rntlon mûr en approchant du nez celui qui eft foup-
çonné d'être frappé.
^' La chair du melon eft humeiftantc c?c propre à
tempérer les ardeurs du fang , & fournit un aliment
agréable & aifé à digérer , fur-tout quand on le
mange avec du fucrc , 6c qu'on a la précaution de
boire de bon vin par-delfus. L'excès en eft dange-
reux , donne la fièvre , des vents & des coliques,
fuivies quelquefois de dyllentcries. Les vieillards, &
M E L
ceux qui font d'un tempérament mél.^ncolique , doi-
vent s'en abftcnir.
ffr Les meilleurs melons que l'on cultive dai:s nos
climats font le melon François ou Marêché dont la
peau eft plus ou moins brodée à la circonférence
extérieure , fans cotes marquées. Le fruit eft char-
nu, agréable au goût iSc à l'odorat , plus ou moins
approchant de la forme ovale. Sa chair rou^c cil .
d'un goût vineux tk fucré. Ses femences font ap-
platies , longuettes , ovales , terminées en pointes.
^fT Les melons des pays chauds ont la peau fort épaif-
fe , profondément fillonnéc , peu de chair , mais d'un
goût exquis.
ffJ" Les melons des Carmes , qui viennent originaire-
ment de Saumur j font longs , ronds ou blancs. Le
long eft ovale j médiocrement brodé, lans filions,
bien plein en-dedans; la chair plus ou moins rouge,
lucrée & de bon goût.
ce Le rond ne diffère du long que par fa figure &: fa
pctitefle.
{&" Il y en a un autte dont l'extérieur eft blanc. Il
eft- ovale , d'une grofteur médiocre & diftére peu
des autres.
tfT Le melon de Lengeais un peu allongé, régulière-
ment brodé , jauniftant à melure qu'il mûrit , a la
chair ferme , rouge , fucrée , vineufe , très-fon-
dante.
^pr Le Cantalon , Cantaleupi, Cantaleupe j ou melon
de Florence , vient originairement d'Arménie. N'eft
cultivé que depuis peu dans nos jardins. Son nom
lui vient de Cantaleupe , Mailon de plaiiance du
Pape d'où il a pafté en France. Il a la côte lillonnée.
Il eft très plein en-dedans , & des plus hâtifs.
|}C? Le vert eft petit , un peu allongé , peu brodé ,
chargé de verrues , jauniftant un peu du coté oppo-
fé au foleil. Sa chair eft rouge ik lucrée.
§3° Le noir d'un vert plus foncé ^ rond , petite char-
gé de verrues, a la chair très fucrée & tr;s vineufe.
Les Italiens l'appellent melon des Saints.
§C?" L'orangé , long , peu brodé , lans verrues , eft
d'un goût moins relevé.
ifT Le gros fucrin de Tours , très brodé , peu fillon-
né , a la chair ferme , rouge , pleine d'eau , d'un
goût (ucré & relevé.
tfJ" Le petit fucrin eft rond , applati , vert même dans
fa maturité , bien plein & d un goût exquis.
fiO" Melon d'eau. Foye^ Pasteq,ue.
§3" Il faut choifir un melon bien nourri , la queue
courte & grolle , pelant à la main , ferme lous le
doigt , vermeil en dedans.
ifT La graine de melon conicrvée pendant quelques
années en devient meilleure. Il huit garder par pré-
férence celle qui fe trouve dans la partie du melon
cxpofée au foleil. La graine des melons qui ont
été rafraîchis dans l'eau ou dans la glace donne des
fruits qui dégénèrent.
%fT La graine de melon eft adoucilTante , apéritive ,
l'une des quatre femences froides. On l'emploie
dans les émulfions , ou autrement j mondée de fon
écorce.
1^ On donne le nom de melon à une petite boîte
couverte de cuitj où l'on met une perruque, parce
gue cette boîte a la figure d'un melon.
MÉLONGÈNE. f. f. Plante qu'on appelle autrement
Mayenne. Elle poufte une tige à la hauteur d'un
pied , grolfe comme le doigt , ronde , rongeâtre. Ses
feuilles font de la grandeur de la main , ou plus
grandes, fituées tout autour , vertes , couvenes fu-
perficicUernent d'une certaine poudre, ou laine me-
nue & blanche. Ses fleurs font des rofettes à plu--
fieurs pointes, blanches, ou purpurines, foutenues
par des calices hérilfés de petites épines rouges, &
divifés chacun en cinq parties pointues. Il leur luc-
cède des fruits gros comme des œuls obloiigs , fé-
lidés , lilfes , de couleur purpurine , ou verdàtre ,
remplis d'une chair blanche, pleine de fuc, piquée
de plufieurs femences blanchâtres , applaties, fem-
blables pour l'ordinaire à un petit rein. M. Tour-
nefort l'appelle melongcna fruclu oblon^o , violaceo.
I
M E L
Injl'u. rei hcrh. r yr. Il y a une autre efpcce de mé-
longène , qui ne dificre de la picccdcntc qu'en ce
que fon fiuit naît bolîu , courbé, ayant à peu près
la figure d'un concombre , de couleur jaune, cen-
drée , ou purpurine. M. Tournefort l'appelle mclon-
fena fructu incurva. Inji. rei herb. if2. Ces fruits
font troids, venteux & indigeiks. Les habitans des
Antilles les font bouillir , après les avoir pelés , cn-
luite ils les coupent par quartiers , &: les mangent
avec de l'huile & du poivre. C'efl un manger in-
fipide.
MELONNIÈRE. f. f. Lieu où l'on élève les mêlons ,
fur des couches , fous des cloches de verre. Locus
in quo crefcunt pepones , peponecum. Il faut qu'une
melonière loit à l'abri des mauvais vents. Liger.
MELONTA. Nom d'un cap appelé autrement Cheli-
donio Chclidonium , anciennement Zephirium pro
montorium. C'eft la pointe de l'ile de Cypre qui s'a
vance le plus vers le midi , & qui joint la côte
occidentale de cette île avec la méridionale. Maty.
lîCF MÉLOPÉE, f. f. Terme de mufique chez les an-
ciens. La mélodie chez eux étoit l'exécution du chant,
& {à compoiition s'appeloit mélopée. Aujourd'hui
nous comprenons la compofîtion & l'exécution du
chant fous le nom de Mélodie. F'oyei au mot Pet-
TEiA, En général les Tragédies dans lefquelles la mu-
fique interrompt la déclamation , font rarement un
- grand effet , parce que l'une étoufî'e l'autre. Si la pièce
eft intérelfcnte , on eff fâche de voir cet intérêt dé-
truit par desinfltumens qui détournent toute l'atten-
tion. Si la mufique efl belle , l'oreille du Spedtateur
retombe avec peine èc avec dégoût de cette harmonie
au récit fimple.
tfT II n'en étoit pas de même chez les anciens dont
la déclamation appelée Mélopée , étoit une efpèce de
chant. Le paflàge de cette mélopée à la fymphonic
des chœurs n'étonnoit point l'oreille &: ne la rebutoit
gas. Volt.
MÉLOPHORE. f. m. Nom d'une ancienne milice des
Perfes. Melopkorus. Les Mélophores étoient les an-
ciens des Perfes.
MÉLOPORE. adj. Terme de Mythologie. Surnom de
Cérès , qui flgnifîe celle qui donne des troupeaux.
Cérès Mélophores avoir à Mégare un Temple qui
n'avoit point de toît. De f^Ao» , brebis , &c de (fi(a ,
je porte.
MÉLOQUIN. f. m. Nom d'une ancienne monnoie
d'Italie. Méloquinus. On l'appeloit auilî MOLA-
CHIN. Voye-{ ce mot.
MÉLOTE. f. f. Peau de brebis avec la laine. Huré, Dicl.
de l' Ecriture- Sainte ^zn mot Melota. Les Dilciplesde
faint Pacôme portoient une ceinture , & deflus la
tunique une peau de chèvre blanche , nommée en
Grec Melotes , qui couvroit les épaules. Ils gardoient
l'une & l'autre en mangeant & en dormant: mais
venant à la Communion , ils ôtoient la mélote Se
la ceinturcj ne gardant que la tunique. Fleury , /fi/?.
Eccl. Ce mot vient du Grec /f-^/o» , brebis. Ce mot
mélote , chez les Grecs , fe prend pour la peau de
toutes fortes d'animaux quadrupèdes , comme re-
marque Henri Etienne en fon Tréfor de la langue
Grecque, néanmoins à proprement parler , il fîgnifîe
une peau de brebis à laquelle efl jointe fa laine &
toifon. Par-deffus fes habits j le Prophète Elie por-
toit une mélote. C'étoit un manteau , puifque par-tout
où la Vulgate parle du manteau d'Elie ^ les Septantes
■ tournent la mélote d'Elie.
JMELOUÉ ou MÉLAVE. Ville de la Haute Egypte ,
fur la rive occidentale du Nil , prefque vis-à vis
d'Anfola.
MELPOMÈNE 3 f. f. Nom d'une des neuf Mufes , à la-
quelle on attribue l'invention du chant. Mdpomène.
Les Po'étes la font en particuher prcllder à la Tra-
gédie.
XlELPOMÈNE.adj. m. Epithète ,ou furnomqueles Achar-
vanes donnoient à Bacchus.
Ce mot vient de fcî^n»^«< , Je cliante , je célèbre
en vers , & fignifie celui qui efl digne d'être loué en
vers , ou qui s'égaie par le chant.
M E M 919
MELRICHSTATT, ou MELLERSTALT, Ville d'Al-
lemagne , au Cercle de Franconie , dans l'Evèché de
Vurtzbourg.
MELTE. f. f. Terme de Coutumes. Territoire d'un Ju-
ge t étendue de fa charge , de fon office. On le dit aufîî
de l'étendue de l'office d'un Sergent.
MELUN. Nom d'une ville du Gouvernement de l'île
de France. Melodunum , Meldunum Scnonum , Me-
ledunum , Mecledunum , Miledunum , Miglidunum ,
Milidunum , Malidunium ^ Maclito , Miiido. Elie cft
dans la Brie , fur la Seine , à dix lieues au-deflus de
Paris, long. io. d. i iS'. lat. 48. d. 3 j' .
MELUNOIS. Territoire de Melun. Melodunenjîs aser.
Melunois , OISE. Habitant , ou originaire de Melun.
Melodunenfis.
MELZO. Nom d'un ancien bourg , mais peu confi-
dérable. Melpum. Il efl dans le Milanois , en Ita-
lie , environ à quatre lieues de Milan , vers le levant.
Maty.
M E M
MEMAC. Province d'Afie , au Capfchac , aux environs
du Volga.
MEMACTE. f. m. Terme de Mythologie. Surnom de
Jupiter. Il fignifîe furieux violent. M<..f«««7.)f . Ce dieu
étoit regardé comme le maître des faifons ^ & en
cette qualité on lui faifoit des facrifîces au commen-
cement de l'hiver , afin qu'il en modérât la rigueur.
C'eft delà qu'a pris fon nom le mois Mémaclérion y
le premier mois de l'hiver , qui concouroit avec la
fin de notre mois de Septembre , & le commence-
ment d'Oétobre. Ajoutez auflî que c'étoit un mois
cave , c'cfl à dire de vingt neuf jours. Harpocra-
TION.
MÉMACTÉRIES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Nom
d'une Fête que les Grecs faifbient à Jupiter au com-
mencement de l'hiver j pour l'engager à être plus
doux & moins turbulent pendant cette faifon. Ma-
macleria.
MÉMACTÉRION. f m. Terme de Calendrier. M<z-
maclerion. Nom du cinquième mois des Athéniens,
félon Harpocration.
lier MÉMARCHURE. f. f. Terme de Maréchallerie ,
par lequel on déiigne l'entorfe que fe donne un che-
val au paturon , en faifant un faux pas. Pedis dif-
tortio. Cheval boiteux d'une mémarchure.
MEMBOURG. f m. M. de Courtin écrit ainfi ce nom,
que d'autres écrivent avec un a , Mambourg. C'étoit
autrefois le Gouverneur en chef de quelque lieu , qui
a droit de proteétion ou patronage fur quelque Evè-
ché , quelque Abbaye , qui ont en vertu de ce patro-
nage , leur proteélion affurée , 8c leurs caufes commi-
ks en une certaine Juftice -, comme aufîi le Membourg
avoir des droits & des avantages particuliers fur ces
bénéfices.
MEMBOURGIE. f. f. M. de Courtin parle ainfi , d'autres
difent Mambournic. C'cfl le patronage , la proteélion
du Membourg. Tutela 3 patrocinium , defenjfîo. Voyez
encore Mambourg , Mambournie.
MEMBRANE, f. f. Terme d' Anatomie , Peau , enve-
loppe des chairs & autres parties du corps humain
qui les lie , qui les borne & les enferme. Membrane.
Il n'y a que les membranes qui puilfent s'étendre & fe
retirer lans danger. Tous les mufcles font unis en-
femble par une membrane commune , comme rout le
corps par le moyen de la peau. La plèvre & le ms-
diaftin font des membranes du thorax. Le péritoine eft
une membrane du bas ventre. Le périofte eft une mem-
brane qui couvre tous les os , depuis la tête jufqu'aux
pieds. Le péricarde eft Vinzmembraneàwztswt. Le fétus
eft enveloppé de trois membranes ; favoir , le chorion ,
l'amnios & l'allantoïde. Tous les muf-lesôc les nerfs
ont leurs tuniques & membranes. Tou:e membrane ,
quoiqu'elle foit fimple , eft toutefois double; car il y
a des nerfs, des veines ;,& des arrères c; i pifFent en-
tre ces deux tuniques. Elles ont un fenriraent très-
exquis , & fervent à féparer les parties les unes des au-
tres. Il y a des membranes qu'on nomme vraies ou légi-
M E M
920
cimes i comme font celles qui couvrent le cerveau , les
côtes , &c. Il y en a d'autres qui (om faujjes , ou bâtar
des , qui le doivent plutôt nommer corps membraneux ,
comme (ont plufieurs ligamens & tendons , les deux
veilies,le ventricule, les inteftins 6c la matrice. Les
Médecins appellent quelquefois les membranes , hy
men , men'uiges , ch'uon , Se tunique. On les appelle
proprement tuniques , lorlqu'elles font déliées , (!<c for-
ment un canal , comme celles des veines , des artères ,
de l'œil , &c.
ÇCT On appelle auffi membrane , l'enveloppe des chairs
& des autres parties des fruits.
Ce mot vient du Latin membrana j qui fîgnifie^ar
chemin.
Membrane de la terre , en termes du grand Art , /i-
gnitie la matière de la pierre des Sages.
MEMBRANEUX , EUSE. adj. Qui participe de la
membrane , qui efl de la nature de la membrane. Ad
membranam pertinens , membranaceus. Corps menibra
neux. Dec. Partie membraneufe. La Chambre. La
veilîe du fiel, celle de l'urine , le ventricule, les in-
teftins j la matrice , (ont des parties membraneufes.
On donne en particulier ce nom à un muiclede
la jambe , qu'on appelle le membi aneux , parce que
c'eft une large extenlion membraneufe , qui enferme
tous les mufclesd la jambe tk. du tarfe ; ce qui fait
qu'on l'appelle aulîî Fafcia lata. Voyez ce mot, &
M. Hartis , au mot Membranosus y T. I.
MEMBRE, f. m. On appelle ainfi les parties extérieures
qui naillent du tronc du corps d'un animal , com
. .me les branches des arbres, de leur tronc, ôc dif-
tinguées des autres par quelque fondlion particu-
lière , comme le pied j la main , &c. Membrum. Le
corps efl: divilé par les Médecins en trois régions, ou
ventres , qui (ont la tête , la poitrine j & le bas ven-
tre ; & en izs extrémités , qui font les membres. Ils
font appelés en Latin arcus , de arcîare , parce que
ce font des parties qui font attachées au tronc. Il y
a deux fortes de membres ; les fupérieurs , qui font
les mains & les bras ; & les inférieurs , qui font les
cuilles & les pieds. Ainlî on dit , cet homme efl: fort
droit & bien polé fur fes membres. Il n'a pas perdu
un de fes membres. Les membres ne (e remuent que
par le moyen des mufcles Se des nerfs. On dit d'un
paralytique , qu'il eft entrepris de tous fes membres,
qu'il ne fe peut aider de les membres , qu'il efl: eftio-
pié d'un membre : qu'il faut couper , retrancher un
membre gangrené , pour fauver le reflc du corps.
Chaque membre étoit autrefois confacté , dévoué
à quelque divinité. La tête à Jupiter , la poitrine à
Neptune , la ceinture à Mars , l'oreille à la Mémoire,
le front au Génie , la main droite à la Foi, ou Fi-
délité , les genoux à la Miléricorde, les fourcils à
Junon , les yeux à Cupidon , ou , félon d'autres , à
Minetve , le derrière de l'oreille droite à Nemèfe ,
le dos à Pluron , le reins à Vénus , les pieds à Mer-
cure , les talons & la plante des pieds à Thétys , les
doigts à Minerve.
On appelle en Anatomie , membre viril , la partie
de l'homin'e qui fert à la génération, Penit.
A l'égard des animaux , on le dit de leurs quatre
principales parties , qui font les épaules Se les cuilfes.
Armus , coxa. Un membre de mouron , c'eft une éclan
che , une épaule. On appelle les quatre membres d'un
coq d'Inde , les deux ailes & les deux cuifles.
§Cr Ce mot eft aufli employé au figuté , pour défigner
les parties d'un tout moral , d un corps pohtique ,
d'un état , d'une compagnie. Les Confeillers font
membres An Parlement. Les Chanoines font membres
du Chapitre.
§Cr On appelle membre gangrené , membre gâté , un
homme qui fait deshonneur à la compagnie dont il
eft membre.
|t/" On dit dans le même fens , que les Fidelles font
les membres du corps myftique de l'Eglife , que les
pauvres font les membres de Jésus Christ.
|CrMEMBREj fe dit aufli d'une Dartie d'une Terre, d'une
Seigneurie , d'un Bénéfice , de ce qui leur eft annexé ^
. de ce qui en dépend. Msmbrum ,pars. Ce fief ccoit au-
ME M
trefois un membre de cette terre ; il en a été démem-
bré par un partage. Le Prieuré de la Charité cil: un
membre dépendant de Cluni.
^fT Membre , en Grammaire , fe dit des parties d'une
période. Membrum , pars periodi. Un dilcours com-
polé de périodes , dont les membres (ont bien dilun-
gués Se bien mefuiés , charme les oreilles , & ne
manque guère de ravir les auditeurs. Dupin. Rien
n'afîoiblit plus le dilcours j que quand les membres
en font trop coutts , étant d ailleurs comme joints &
attachés entcmblc avec des clous aux endroits où ils '
fe cftluniflent. Boil.
Membre , fe dit en Architefture , des divcrfes parties
d'un bâtiment , (oit en général des appattemens , foit
des ornemens particuliers, comme cijlra gales ^ dou-
anes ,jufaroles , cymaifes , frontons ^Sec. Pars , por-
tio , regio. Chaque membre d'Architecture fe toifepour
un pied de haut , étant couronné de fon filet. On dit
qu'jl faut que tous les /we/Tz^rej d'un bâtiment aient
rapport Se ptoportion avec leur tout , afin que la fy-
métrie y loit oblervée, Membre le dit plus particulière-
ment Se mieux des petites parties, comme des moulu-
res d'une baie , d'un chapiteau.
Membre d'un vaifleau. C'eft toute grofle pièce de bois
qui eft néceflaire pour le conftruire , comme varan^
gués , allonges , genoux , Sec.
^fT En Peinture, on dit plutôt les parties d^ine figure,
que les membres. Les parties de cette figure fon: bien
proportionnées.
^fj" En Algèbre, les membres d'une équation , font les
deux parties ou grandeurs qui lont féparéespar le figne
d'égalité = ; dans cette équation a-i- b =c , a-t-b efl:
un membre , c eft l'autre.
Membre , en termes de Blafon , fe dit d'une jambe ou
patte de griffon , d'aigle , ou d'autres oifedux , féparée
du corps. Pars , membrum. Son alliette ordinaire eft
d'être en batre.
Dans l'ancien Droit de Normandie , le membre de
fief de Haubert j Pars feudi iorici , eft ainli défini j
Membre de ficu de Haubere Se l'uitifmt partie del fieu
de Haubere.
MEMBRE j ÉE. adj. Se dit en Blafon , d'un oifeau i
loifqu'il a les jambes d'un autre émail que celui du
corps. Membrls variatis , miniatis , Sec. Il portoit
d'argent à trois aigles de gueules , membrées ôc bec-
quées d'azur.
MEMBRER. V. n. Se fouvenir de quelque chofe. Glof
faire des Poef du Roi de Navarre.
MEMBROLE,ouMON1BROLE. C'eft le nom d'une
montagne Se d'une toiterelfe qui y fut bâtie. Mons
Budelli. Ce lieu eft en Touraine, entre le ChoifiUeSC
laLoiie. Valois. iV'br. Gall. p. s^4-
MEMBRON. f. m. Terme de plomberie. C'eft la troi-
lîème pièce qui compofe les cnfaitemens de plomb ,
qu'on met au faîte des bâtimens couverts dardoifes.
Cette pièce eft en forme de quart de rond , Se fe place
au bas de la bavette.
MEMBRU , UE. adj. Qui a les membres gros & vigou-
reux. Grandibus membris prœditus , memlrofus. On
peint Hercule Se les Géans forts Se membrus. Ce
mot ne peut trouver place que dans le ftyle familier.
MEMBRURE, ff. Terme de Menuifier. C'eft la partie
la plus folide de la menuilerie ; dans laquelle s'en-
châflent les panneaux qui font moins épais , Se qui ea*
fait l'aflcmblige. Affer, tigillus , trabecula.
Membrure, fe dit aulfi des mef ures dans lefquclles on
mefure les voies de bois à brûler. Ligni combuftibilis
menfura. Elle eft compofée de trois pièces de char-,
pente , & doit avoir quatre pieds en tout fens.
Membrure , fe dit aulIî en général d'une grofle pièce de
bois de fciage , fervant à la charpenterie & à la me-
nuiferie. Tigillus. Il y en a de deux fortes ■■, l'une de
deux pouces d'épailfeur , Se l'autre de trois , chacune
de fix pouces de large. Les membrures doivent être
de bons échantillons.
On les appelle ainlî , Quia membratim fecantur.
MEMCÉDA. f. f. Mefure des liquides dont on fe fert à'
Mocha , en Arabie i elle contient trois chopines de
France j
M E M
France , ou trois pintes d'Ansletcrrc. Quarante mctn-
cédas font un téman.
MÊME. Pronom Pcrfonncl , qui fc dit d'une chofe uni-
que , qui k-rcprcfentej qui lubliile , &: quon recon-
naît pour ârc celle qu'on a vue , ou dont on a enten-
du parler. Idem. Ce cheval ell le même que j'ai monté.
IMiœbus & Apollon , c'eit la mèw.e perlonne lous des
noms diftércns. Sparte & Lacédémonc , lont des mots
Ijnonymes , qui lignihent une feule &: même ville. Il
ie décline, &c tait indifpen(ablement/«c772t'5 au pluriel.
Il vient de Tltalien medefimo.
MÊME , fignihc aulH , Pareil j femblable. Similis , par ,
aqualis. Je veux avoir du même drap ; pour dire , de
la même nature , couleur & fabrique. J'ai le même
droit , & le même privilège que vous. Il a les mêmes
traits de vifage; mais je ne fais h c'cll le même hom^
nie. Elifabethi, Reine d'Angleterre j avoic choili pour
devife , Toujours la même.
En termes de Blalon , on dit de même , pour éviter
la répétition du nom de l'émail , qu'on a déjà nommé
une fois. Il porte d'or à trois fafces de iable , furmon-
tces de trois mcrlettes de même j c'eft à dire j encore
de fable.
MÊME J s'ajoute quelquefois pour augmenter la force
de l'expreflîon. Ipfe. Le Roi cil venu lai-même en
perfonne faire vérifier cet Edit. Cet homme ell la
home même; cette femme efl: h vertu même. C'eft
la bonté même. Dieu eft la fagell'e même.
MÊME. adv. qui fert de tranfition j Se fignifie , en outre.
Infuper, etiam , pr&terea. On doit tout iacrifier , 6c
fa vie même pour Ion lalut. On m'a dit que cela étoit,
on me l'a même voulu faire voir par expérience. Même
j'ajoute à ce que j'ai dit , &:c.
Les Poètes ajoutent ou retranchent \'s de l'adverbe
même , félon le befoin qu'ils ont d'une (yllabe de plus
ou de moins. M. de Vaugelas & M. Ménage leur
accordent la liberté d'en nier ainli , & citent des
exemples pour l'autoriier. Il ieroit pourtant plus ré-
gulier d'écrire même adverbe , fans s. §3° Mais ils
font fl gênés d'ailleurs , qu'ils doivent avoir la liberté
d'ôter & d'ajouter une j à ce mot : & Corneille eft
un juge trop rigoureux , quand il dit que la licence
que les Poètes ont prife d'écrire moi même , pour
gagner une fyllabe , eft vicieufe , aulll - bien que
celle d'écrire eux-mêmes , au pluriel , quand il eft
pronom.
MÊME , eft quelquefois oppofé à non-feulement , tant
s' en faut , Se autres termes feniblables. Verùm etiam.,
fedy &c. En ce temps-ci on eft non-leulemcnt brave ,
mais même téméraire. Tant s'en faut qu'on doive efti-
mer le vice , que même il le faut abhorrer.
A MÊME. Façon de parler adverbiale _, qui ne s'emploie
qu'avec les verbes être , mettre , laijfer ; Se jamais hors
du dilcours familier. On dit , être à même , en par-
lant d'une perlonne qui aime extraordinairement quel-
que chofe , & qui peut le fatisfaire pleinement là-
delfus. Vous aimez les figues , les raiîins , les melons ;
prenez , mangez en tant que vous voudrez , vous êtes
à même. On dit , lailfer à même , mettre à même , à-
peu-prèsdans le même Cens. Il aime éperdument les
livres j je l'ai mené dans une bibliothèque , où je l'ai
laifle J où je l'ai mis à même.
A MÊME , fe dit quelquefois avec un régime , & alors il
eft prépofltion. Je l'ai mis à même les livres. L'Acad.
Je veux me faire un gendre Médecin , afin d'être à
même des confultations & des ordonnances. Mol.
Tout ce qu'on a dit fur à même , eft du difcours fa
milier & populaire.
^3» De MÊME , TOUT DE MEME. Façons de parler com-
paratives , qui lignifient (fj /a même forte. Si vous en
ufez bien avec lui , il en ufera de même , tout de même
avec vous. J'ai cru de même que vous. Etlorfqu'on
fait deux membres d'une comparaifon , & qu'on met
de même que , au commencement du premier , on
met au ni de même , au commencement du fécond.
De même que la cire molle reçoit aifément toutes for-
tes d'empreintes , de même un jeune homme reçoit
facilement toutes les imprelllons qu'on veut lui don-
Tome V.
M E M 921
Iner. En Latin : Sicut , quemadmodum ; itù. Sicutcera
introduat jilum , ita & caritas graciam.
<$-/• De Même. adv. Cette femme eft amoureufe de fit
beauté ; toutes les autres le font de même , de même
manière.
MEMLL , & CLOUPEDE. Nom d'une ville delaPrulTo
Ducale. Memelia , \MemeUum j Memmelburgum ,
Cloupeda. Elle eft dans le Cercle de Sclavonic , aux
confins de la Samogitie , & fur l'embouchure du
Curilch Haft", dans la mer Baltique.
MEMEL, rivière. Voye\ Niémen.
MÉMEMENT. adv. Qui s'emploie aulTi pour même ;
mais il eft moins en ufage , ou pour mieux dire , il
ii'cft plus ufité.
MEMENTO. Terme ecclcfîaftique Se Latin , qui fe die
de la partie du Canon de la Meflè , où l'on fiit com-
mémoration des vivans & des morts. Le mémento pour
les vivans eft avant la confécration , le mémento pour
les morts eft après la confécration. Priez Dieu pour
moi J fouvenez vous de moi dans votre mémento.
MEMERS , ou MESMERS. Nom d'une petite ville
de France , fltuée dans le Maine , fur la fource
de la Dive, à huit lieues du Mans , vers le nord. Ma-
rnerai , Mamertia. Maty.
MEMIN. f. m. Nom d'homme. Maximinus.
Saint MÉMiN de Micy. Nom d'un village avec Abbaye.'
Mitiacum. Monafterium S. Maximini. Il eft dans l'Or-
léanois , en France , fur le Loiret , à une lieue ôc demie
au dellous de la ville d'Orléans. Maty.
MEMMIE. f^ove-(MENGE.
MEMMINGUË , ou MEMMINGUEN. Nom d'une
ville Impériale d'Allemagne. Memminga. Elle efl
dans l'A Igouj enSuabsj près derUler, à neuf lieues
de la ville d'Ulm , du côté du midi.
MEMMIUS , MEMMIA. f m. Se f. Nom d'une famille
Romaine. Mcmmius , a.
MEMNON. f m. Fils de Tithon & de l'Aurore , qui
vint au fecours de Troye vers le milieu de la dixième
année du fiége , avec dix mille Perfans & dix mille
Ethiopiens d'Afie. Memnon eut une ftatue coloflale
à Thèbes , en Egypte j au-delà du Nil. On difoit que
lorfque les rayons du foleil venoient à la frapper ,
elle rendait un fon harmonieux. On croyoit encore
que Memnon rendoit par fa ftatue un oracle tous les
fept ans.
MÉMOIRE, f. f. PuilTance , faculté par laquelle l'ame
conlerve l'image &: le fouvenir des choies qu'on 3
vues , ou entendues. \fT Ce n'eft autre chofe que
l'entendement lui-même j confidérc comme ayanc
la faculté de retenir les idées qu'il fe forme des cho-
fes , & comme pouvant fe les lepréfenter au befoin :
avantage qui dépend principalement du foin que l'on
prend de répéter fouvent ces idées. Memoria ^ me-
morix, vis , recordandi facultas. En ce fens , il n'a
point de pluriel. Avoir une mémoire lieureufe &c
fidelle , ou une mémoire infidelle Se malheureufe. Le
Pape Clément V avoir une mémoire fl prodigieufe ,
qu'il n'oublia jamais rien de ce qu'il avoir lu , ou en-
tendu. S. EvR. Sénèque dit de lui même , que par un
eftort de mémoire merveilleul'e j'il répétoit deux mille
mots détachés , dans ie même ordre qu'on les avoir
prononcés. Le jugement & la mémoire fe rencontreni:
rarement cnlemble. S. EvR. Il y a des gens qui n'ont
de beaux fentimens que par mémoire. Id. Ce qu'on
apprend dans l'étude des Anciens , n'eft proprement
qu'une fcience de mémoire , Se non pas une fcience
d'el'prit & deraifon. Maleb. Il eft avantageux d'avoir
la mémoire remplie Se ornée des plus beaux endroits
des Anciens ,pour les placera propos. S. Evr. Il ne
faut pas charger la mémoire des enfansd'un trop grand
nombre de préceptes : cela les rebute & les fatigue.
Le Cl.
De toutes les facultés de l'ame , il n'y en a guère
dont on puilîe moins rendre raifon , que la mémoire.
Dcfcartes prétend que les efprits animaux , qui ne
font autre chofe que les parties les plus déliées du
fang , excitent un mouvement fur les fibres les plus
délicates du cerveau , & y laillent des vertiges , qui
font le fouvenir. De-ià vient que quand on a repMlc
Aaaaaa
^22 M E M
diverfcs fois fur les mêmes chofes , ces cfprits accou-
tumés à palier fouvenc par les mêmes portes , les
laillent ouvertes j & y repallcnt fans effort : c'eft ce
qui fait la facilite de rappeler ces idées-là. Aiiiil
le vin réveille la mémoire , parce que les elprits du
vin mettent en mouvement les efpnts animaux, &
agitent plus fortement les fibres du cerveau. Cependant
on a de la peine à comprendre quelles traces les ef-
prics animaux laillent fur les fibres du cerveau ,
pour y renouveller à point nommé les idées des ob-
jets, fins les confondre & les brouiller. On ne con-
çoit pas comment le nombre infini de chofes dont on
le charge la tête , fe rangent avec tant d'ordre dans la
mémoire, que l'une n'eftace pas l'autre, ni comment
il cil polîible que dans ce prodigieux all'emblage de
traces imprimées lur le cerveau , les elprits animaux
aillent réveiller précilément ces traces , félon les bc-
foins de l'eiprir. Le Cl. La mémoire conhfte dans les
traces que les efprits animaux ont imprimées dans le
cerveau , lelquelles font caute de la facilité que nous
avons à nous louvcnir des chofes. Maleb. Ld. mémoire,
qui eft un trélor d'images infinies qu'elle nous garde ,
& nous rend quand nous en avons befoin , eft une de
ces vérités dont la caulc eft fort cachée; M. Scud. Ce
qui fait que les vieillards perdent la mémoire des cho-
fes pallées, c'eft que leurs fibres font mêlées de beau-
coup d'humeurs qu'ils ne peuvent dillîper , parce
qu'ils manquent de feu. Maleb. Les vieillards man-
quent de mémoire, lsc ne peuvent rien apprendre,
parce qu'ils manquent d'elprits animaux pour tracer
de nouveaux vertiges , & que les fibres deviennent
trop dures , ou trop humides pour conlerver la trace
des objets. Pat la même railon , il arrive que ceux
qui apprennent avec une exttême facilité , oublient
de même, parce que les fibres étant molles & flexi-
bles , les objets font une légère imprelllon que le
cours continuel des efprits animaux emporte aifément.
Au conttaire , les fibres de ceux qui apprennent avec
plus de lenteur , étant moins flexibles , &c moins fu-
jettes à ébranlement , les traces y font plus profon-
dément gravées , & par conféquent elles font plus
durables. Il s'enfuit de toutes ces obfervations j que
la mémoire eft abfolument dépendante du corps : elle
fe fortifie , ou s'aftbiblit , félon les changemens qui
arrivent au corps ■■, une chute , ou les tranfports d'u-
ne fièvre , entraînant ou bouleverlant toutes les
rtaces , ou toutes les idées , caufent un oubli univer-
fel. Le Cl. On dit d'un homme qui n'a point de
mémoire , qu'il a oublié jufqu'à fon nom , enforte
que ces quatre vers de la Comédie des Ménechmes ,
de M. Regnard , aSe j ,fcène 1 0 , femblent avoir été
faits pour lui.
Sa mémoire eft perdue , il ne fe fouvient plus
Ni de ce qu'il a fait , ni des gens qu'il a vus,
Ainfi de lui parler dupaffé c'eft folie :
Son nom, même fon nom , bien fouvent il l'oublie.
Les Anciens avoienc rais la Mémoire au nombre des
dieux , & la nommoient Mnémofyne , d'un mot Grec
qui lignifie mémoire. Voyez MnÉmosyne.
MÉMOIRE , fe dit du fouvenir aftuel. Aftion , effet de la
mémoire. Recordado , reminifcenda. Rappeler fa mé-
moire , fe rafraîchir la mémoire de quelque chofe. Re-
vocare in mcnionam. J'ai une mémoire , une idée con-
fule de cette attion. De mémoire d'homme on n'a
point entendu parler d'un fi étrange accident. J'ai reçu
de lui un bienfait qui vivra éternellement dans ma
mémoire , que je repalle fans cefl'e dans ma mémoire.
Nous voyons tous les jours dilparoître ceux qui ont
paru avec le plus d'éclat j & il ne nous reftc d'eux
qu'une mémoire aftez languilfante. Nie. La mémoire
des riches périra avec eux. Port R.
^fT On dit en ce fens , Perdre , conferver , garder la
mémoire d'une chofe. Des aéfions , des chofes , des
événemens dignes de mémoire , d'une mémoire éter
nelle. Confacrer la mémoire de quelqu'un.
|C? MÉMOIRE, SOUVENIR , RESSOUVENIR , REMINIS-
CENCE. Ces quatre fynonymes qui expriment tous
M E M
l'attention renouvellée de l'efprit à d'anciennes idées,
font diftingués par des nuances particulières. Les deux
premiers marquent l'attention libre de l'efprit a des
idées qui ne font point totalement effacées , Se dont
l'elprit a été feulement diftrait. On fe rappelle qpand
on veut , la mémoire , \e fouvenir d'une chofe qu'on
doit faire , Se dont on a celfé de s'occuper , avec
cette diftérence , que la mémoire concerne les idées de
l'efprit , & \e. fouvenir , celles qui intérelïcnt le cœur.
La mémoire à'nn fait , \z fouvenir A' nn bienfait.
§CF Le rejfouvenir & la réminifcence défignent une at-
tention fortuite à des idées entièrement oubliées ou
effacées par quelque caufe que ce foit. On a le rejfou-
venir ou la réminifcence des chofes quand on peut ,
avec cette diftérence que le reffouvenir ramène d'an-
ciennes idées que l'efprit reconnoît ; au lieu que la
réminifcence réveille des idées anciennes que l'on
croit voir pour la première fois. Nous avons le ref
fouvanir à' nnc c\io(e , par le moyen d'une autre qui
tient à elle par des liens imperceptibles auxquels
l'efprit ne faifoit pas attention. Les Platoniciens
croyoient que toutes les connoiftances que nous ac-
quérons j ne font que des réminifcences de ce que
nous avons fu avant la naillance , pendant notre
première vie. Meminiffe _, recordari , memorem effe ,
reminifci.
On dit en termes d'Eglife , de Martyrologe , de
Rubriques , qu'on fait mémoire d'un Saint ; pout dite ,
qu'on en fait la commémoration ; c'eft à-dire , qu'on
en fait mention dans l'Office. On fait aujourd'hui
mémoire de ce Saint , dans une telle Eglife , dans
un tel Diocèfe. On fait mémoire des Apôtres , & de
plufieurs autres Saints , dans le Canon de la Meife ■■,
c'eft-à dire , qu'on les nomme dans les prières qu'on
y fait à Dieu. Il faut incliner la tête en prononçant
le nom du Saint, ou des Saintes, dont on fait mé-
moire à l'Office.
1^ On appelle mémoire locale , l'idée qui eft réveil-
lée dans la mémoire par certains lieux , par certaines
chofes. J'en ai une mémoire locale.
On appelle mémoire artificielle , certaine méthode
qu'on fuit , en attachant ce qu'on a à dire à certain
nombte de chofes qu'on a difpofées par ordre dans
fon clprit , pour fe fouvenir de tous les points que
l'on veut traiter. Quelques-uns fe font fervis de ta-
bleaux , de peintures, d'emblèmes & d'autres images.
Muret , dans un chapitre De quorumdam admirabili
memoria , qui eft dans fes Varm lecliones , rapporte
qu'un jeune homme de Corfc avoir trouve l'art de
fe frire une mémoire furprenante. Muret en voulue
faite l'épreuve lui-même : il lui didla deux ou trois
mille mots Grecs, Latins, Barbares ^ fans aucun rap-
port entr'eux J Se dont la plupart ne fignifioient rien.
Aulîî-tôt cet étudiant les répète tous fans broncher ,
& dans le même ordre qu'ils avoient été didés ,
dcfcendant du premier au dernier , & remontant en-
fuite du dernier au premier ; ce n'étoit-là , à ce qu'il
difoit , qu'un léger eftai de fa mémoire : car il préten-
doit en répéter trente-fîx mille avec la même rapi-
dité. Il fit plus , car il apprit fon fecret à un Sei-
gneur Vénitien 5 & le mit en très -peu de temps en
état de faire prefquc les mêmes chofes que lui. Il y
a encore une autre efpcce de mémoire artificielle ,
qui confifte en de certains médicamens , qui for-
tifient la mémoire à ceux qui l'ont coutte , labije ,
infidelle.
Mémoire , fe ditauflî de la bonne ou mauvaife répu-
tation quk)n laiile aptes (oi. Memoria , recordatio. On
fait le procès à la mémoire de ceux qui ont été tués
en duel , ou qui ont été homicides d'eux mêmes. On
purge la mémoire de ceux qui ont été condanmés in-
juftemem. On brûle les procès des grands criminels,
pour abolir , pour effacer la mémoire de leur crime.
Les Hiftoriens épargnent , ou noircilïent la mémoire
àcs grands hommes , fuivant leurs paflionSj ou leurs
intérêts. J'ai trop d'obligation à Euripide , pour ne
pas prendre quelque foin de fa mémoire. Rac. La
mémoire des bons Princes , effcn bénédiélion chez les
peuples , celle des médians eft en exécration. Quand
M E.M
923
on fait ir.cadon d'uii Roi moïc depuis peu, 011 dit j
d'hciucule mcmoirc , de niompii.mtc mcmoire. On
rend toutes fortes d'honneuts à Ion nom (S: à \.Mné-
woi«. Vaug. D heuieufc mémoire , de glorieuk mé-
moire , de bénite mémoire. Exprellions d'un grand
ufage 5 en parlant d un mort illuilre , qui a mené
une vie digne de louange , Se dont on regrette la
perte. Fclicis manoris.. Bénite mémoire n'cft guère
en ufigc.
MÉMOIRE , fe dit aullî d'un monument qu'on élève pour
conferver le touvtnir de quelque perioiine y ou de
quelque aélrion lignalée. Momimentum . On fait des
épitaphcs , des tombeaux , en l'honneur, en mémoire
de quelqu'un. 0\\ a tait des recueils , des épitaphes ,
des vers & des éloges faits en mémoire des gens. Les
arcs de triomphes , les médailles, (ont faits pour con-
ferver la mémoire des grandes actions. Des pyramides
ont été drcllées en vertu d'arrêts , de traités , pour un
monument perpétuel de quelque inligne réparation ,
afin qu'il en fût mcmoire à jamais.
On appelle poétiquement les Mufcs , les Filks de
Mémoire , parce qu'elles font filles de Jupiter & de
Mnémofyne ■, finifii en Grec , lignifie mémoire.
On ne me verra plus pour d'indignes fujecs ,
Invoquer le fecours des Filles de Mémoire :
Je dejline ma voix à de plus faints concerts ;
Et ce n'ejl plus , Seigneur j qu'à votre feule gloire ,
Que je veux confacrer mes vers. L'Ab. Té ru.
On a feint qu'elles ont un Temple de Mémoire , parce
que ce lont elles qui tranfmettcnt à la polléritc l'Hil-
toire des adtions dignes, d'une éternelle mémoire , &:
leurs ouvrages font ce qu'on appelle Temple de Mé-
moire,oà les noms des grands hommes font confervés.
AlÉMoiRE , dans l'Hiiloire Eccléfialliquc , ëc dans les
Liturgies , le dit d'un autel érigé à Dieu (ous le nom de
quelque Saint. La mémoire de S. Pierre. Altare, Sa-
ccllum.
On dit proverbialement , qu'un homme a une mé-
moire de lièvre , qu'il la perd en courant; pour dire,
qu'il oublie facilement ce qu'on lui dit , ce qu'on l'a
envoyé quérir.
|CF" Mémoire, f. m. Ecrit fommaire qu'on donne à
quelqu'un pour le taire rclîouvenir de quelque chofe^
ou pour le mettre au bit de quelque aftaire. Donnez
moi un petit mémoire de votre aftaire, fi vous voulez
que je m'en fouviemie. Mémoire exad: j inftrudtif.
Summarium.
IJC? On appelle aulTi Mémoire , un imprime , un Fadtum
qui contient les faits ds: les circonftances dune aftaire
qui doit être jugée.
§3° Enfin l'on appelle Mémoire j un état de frais , de dé-
penfe. Un Procureur donne un mémoire des frais , des
dépensa fa partie. Vn Maître d'Hôtel donne à ion
Maître le mémoire de la dépenfe qu'il a faite. Le Bou-
cher , le Boulanger , (Sec. donnent les mémoires des
fournitures qu'ils ont faites.
On dit auiH dans un article de compte, qui eft fim-
plement narratif, où il n'y a point de fomme à tirer
en ligne , Ci pour mémoire.
MÉiVioiRES , au pluriel , (e dit des livres d'Hiftoriens ,
écrits par ceux qui ont eu part aux affaires , ou qui
en ont été témoins oculaires , ou qui contiennent
leur vie , ou leurs principales aétions : ce qui ré
pond à ce que les Latins appellent commentaires.
Commcntarius. Ainfi on dit les Mémoires de SuUi ,
de ViUeroi , du Cardinal de Richelieu, des Mare
chaux de Thémines & de Ballompierre , de Bran-
tôme , de Montréfor , de la Rochcfoucault, de Pon-
tis, &:c. On les a appelés en Latin memoranda , ad-
verfaria , commentarii. Les Mémoires de Comines
font écrits avec une naïveté incomparable ; le bon
fens y règne par tout , avec la fmcétité fi louhaitable
dans un Hiftorien. De Vign. Marv.
fer On donne le même nom aux aites d'une Société
Littéraire ; c'eft-à-dire , au réfultat par écrit des ma
tières qui y font éclaircies. Tels font les Mémoires
Tome V
M E M_
de l'Académie des Sciences , de l'Académie des Inf-
criptions &: Belles Lettres.
MÉMOIRES , fe ditaulii des inftrumens , des recueils de
faits. Cet Hiftorien avoir de bons , de méchans mé-
moires. On ditaulii qu'un Avocat doit avoir àcs mé-
moires hgnés de (a Partie , quand il avance quelques
faits lîardis ou fujets à réparation. On dit aulii d'un
homme qui ne iait pas bien un tait , Qu'il a de mé-
chans mémoires. On dit aulli d'un Prince vigilant ,
qui cft averti de tout ce qui fe pailé chez lui , ou chez
fcs voilins J Qu'il a de bons mémoires ,de bons avis.
MHMONDAR f. m. Terme de Relation. On appelle en
Perle Mémondar , celui qui a (oui de recevoir les
étrangers. Mémondar Bachi , eft celui qui a (oin de
recevoir ceux que le Roi loge , &: (ur tout les Am-
balladeurs. Il leur marque un logis , pourvoit à leur
fubfiftance , & à leur entretien , propofe leurs af-
faires à l'Attamat-Daulet , Se même au Roi. Ce Af/-
mondar a plufieurs autres Mémondars (oM'i \\.\\. Le
Mémondar Bachi fait à la Cour de Pcrfe la fondion
de M.utre des cérémonies & d'Iiurodudteur des Am-
balfadeursi il les avertit du jour de leur audience,
il les mène à l'audience , <S'c.
Menon , ou mehenon, fignifie hôte , il faut pren-
dre garde à bien prononcer ce mot en Perfe , & ne'
le pas confondre avec Maymon , qui fignifie un
linge , un marmot. Maymandar eft le maître des
fingcs.
MÉ.\l;jNT. Voyei Maimont.
AlEMORABLE. adj. m. & f. Qui mérite qu'on en con-
ferve la mémoire. Memoria dignus. Apprenez la mé-
morable avanture de ce Prince infortuné. La bataille
que gagna Charles Martel , eft une journée mémo-
rable. On trouve rarement des Xénophons, &c des
Céfars , qui falfent des chofes mémorables , Se qui
les écrivent. Cail. Les choies mémorables de So-
crate. Fait , événement mémorable. Paroles mémo-
rables.
MÉMORATIF , IVE. adj. Qui fe fouvient d'une cho-
fe. Memor. Il n'eft tout au plus en ufige qu'au Pa-
lais. La Cour peut être mémorative des arrêts qu'elle
a rendus en pareil cas.
MÉMORE R. y. a. Vieux mot , Raconter.
MÉ.MORIAL J ALE. adj. Qui regarde la mémoire. Ad
memoriam pertinens. L'Arithmétique mémoriale. Les
deux pierres d'onyx , fur lefquelles les noms des
enftns d'Ifraël étoient gravés , Se qui étoient fur les
épaulettes de l'éphod, s'appeloient des pierres mé~
moriales.
Il eft aulîi fubftantif. Se fignifie. Signe, figure
qui renouvelle le fouvenir d'une chofe. Signum ,
mémoriale. Jesus-Christ nous a lailîé l'Euchariftie
pour un mémorial de fa Paftion. Le mémorial chez
les Juifs , étoit une partie de la viélime confacrée à
Dieu.
Mémorial, f. m. C'eft le nom que l'on donne dans
l'Ordre de Malte à l'extrait des Lettres ou preuves de
Noblefte ■, que l'on préfente à l'Ordre , lorfqu'on
demande à y être admis Se reçu Chevalier. Vertot,
Mémorial , fignifie aullî quelquefois un mémoire.
Commentarius , memorialis liber. Des Ambaftadeurs
ont donné aux Etats de Hollande _, au Parlement
d'Angleterre , des mémoriaux , contenant telles Se
telles propofitions , pour y délibérer. $3' On le dit
particulièrement en ce fens en parlant des mémoires .
préfentés au Pape ou à la Cour d'Efpagne , qui fer-
vent à inftruire une aftaire. On a préfenté plufieurs
mémoriaux au Pape. Un mémorial au Confeil des
Indes. A la Chambre des Comptes , on appelle
Mémoriaux , les Regiftres où les Lettres Patentes
de nos Rois font tranfcrites. Ac. Fr.
(fT Les Marchands , Banquiers & autres qui fe mê-
lent du commerce appellent aullî mémorial , une
cfpèce de journal qui n'eft pas au net , qu'ils appel-
lent auftî brouillard , ou brouillon , fur lequel ils
écrivent journellement toutes leurs affaires.
|3° Les mémoires que les Marchands drelîent des mar-
chandifes qu'ils envoient à d'autres , (e nomment
Faclures , &c ceux dont fgnt chargés les Voituricrs
Aa^aaaJ;
M E N
9-4
qui les conduifeiu , le nomment Lettres de voiture.
Voy. ces mots.
MÉMORIALISTE. L m. Aiiteui de Mémoires. Si on
en croit les Mémorialijlts de Trévoux , Novemore
ijzj. l'Hiftoire demande des figures lumineufcs.
C'cft donc bien f.mUcment qu'on dit qu'il hut
qu'elle foit écrite avec iimplicité. Dicl. Ne'olog.
au mot , Hijïoire. On peut dire Mémorialijle , com-
me on dit Journalifte.
MEMPHIS. Nom d'une ancienne ville c.ipitalcde l'E-
gypte. Mcmphïs. Elle étoit fur le bord occidental
du Nil. Amrus la ruina, & bâtit le Caire de les
ruines, au côté oriental du Heuve. Maty.
MEMPHITE. r. m. & f. Quiertde Memphis. Mcra-
ph'itj.. Ce mot s'eft dit plus particulièrement des Rois
d'Egypte qui ont régné à Memphis , dont Memphis
a été le lîégc &c la réfidence.
MEMPHITIQUE. aj. C'ell le nom d'une pierre qui ,
iclon Diofcoride , le trouve en Egypte auprès du
grand Caire , & qui ell gralle , de la grollèur d'un
galet , & de diverfes couleurs. On dit qu'étant pul-
vérifée & appliquée fur une partie qu'on veut cou-
jsetj elle l'amortit de telle forte, que le Patient ne
iouffre aucune douleur pendant l'opération. Lapis
Mcmphites.
M E N.
MEN. f. m. Nom d'une divinité Payenne. Mi:n ,
Menis. Strabon parle fouvent des temples du dieu
Min. Quelques-uns prennent cette clivinité pour
la Lune.
Mena. Foye^ MÈNE.
MENAC. f. m. Arbrilfeau de la grolfeur de deux pou-
ces qui a une feuille comme la vigne , ayant cinq
pointes de vert gai , la tige pourprée , jettant une
coque velue & piquante comme le châtaignier ,
dans laquelle il y a fix grains f.iirs à - peu - près
comme nos lévroles , de couleur cendrée , qui étant
féchés & prellés , font une huile de même nom.
Cet arbrill'eau vient dans l'île de Madagafcar.
MENAÇANT. ANTE. adj. Qui menace. Muiax ,
terrificus. Il le regarda avec un œil menaçant , des
gcftes menacans , des paroles menaçantes. Lancer
des K'p.iàs menacans. Il lui parla d'un ton rude &
menaçant. Ecrire une lettre menaçante.
gtTME'NACE. f. f. Parole, mouvement j gefte dont
on fe fert pour marquer à quelqu'un fa colère ou
fon rellentiment ; pour lui annoncer & faire crain-
dre le mal qu'on veut lui faire. Mlns , cowjnï-
natïo , minatio. Les menaces lont fouvent des tan-
faronades , qui demeurent (ans eftet. Les loix ufent
de menaces contre les infraAeurs. Les toudres, les
tempêtes , font des menaces du Ciel irrité ; ce ne font
pas de vaines menaces. Difcours pleins de menaces.
Ses lettres iont remplies de menaces.
La menace à grand bruit ne porte aucune atteinte j
Elle nejl qu'un effet d'impuijjance , ou de crainte.
Corn.
Ce mot vient de minacia , qui fe trouve dans
Plante en cette lignification. Ménage.
Les Poètes Payens perlonifient les menaces , Se
les mettent à la luite de Mars. Voye^ Stace, L.
VI , V. 46 . de fa Thébaïde.
MENACER, v. a. Faire des menaces; §3" rcmoi-
gner à quelqu'un par quelque figne extérieur (a co-
lère ou fon rellentiment. Voye-[ Menace. Minari,
minitari , minas intentare. Les poltrons menacent
plutôt que les braves. Dieu nous menace d'une
damnation éternelle , fi nous n'obfervons fes com-
mandcmens. Une femme a coutume de tempêter Se
de menacer dans fon ménage. Menacer de l'œil ,
de la main.
Menacer , s'emploie quelquefois abfolument. Mi-
nari. Il jure , il menace , il tempête. Il eft forci tout
en colèrç , jurant , menaçant y tempêtant, ^3" Ce
M.E N
terme eft: employé métaphoriquement dans des ac-
ceptions diftércntes.
IJCT Dans le difcours familier , on s'en lert quelque-
fois dans un fcns contraire , pour faire clpérer.
Il y a long-temps qu'on menace cette fille de la
marier. Il nous menace d'un grand repas. PoUiceri.
Menacer , lignifie aulîi donner des lignes de quelque
malheur ou accident qui eft proche , le pronofti-
quer. Ominari j mala portendere. Les guerres civiles.
menacent un Etat de ruine. C'eft une erreur de
croire que les comètes menacent de grands mal-
heurs. Ce vent du nord nous menace àt la gelée,
les lalîitudes de membres nous menacent de quelque
grande maladie. Son horofcope le menace d'une
fin tragique. ^^3" Ce Courtilan eft menacé d'une dif-
grâce prochaine , il y a apparence qu'il fera bientôt
difgracié , tout l'annonce. On dit auftl , ce bâtiment
menace ruine , pour dire -, eft prêt à tomber.
On dit figurcment & poétiquement des cbofes éle-
vées j Qu'elles menacent les cieux. Ces montagnes,
ces arbres , ces tours menacent les cieux. Cela eft
pris du Latin , gemmique minantur in coelum fcopuli.
On dit proverbialement , Tel menace qui trem-
ble , pour dire, que celui qui menace a fouvent plus
de peur que celui qu'il menace.
MENACEUR. f. m. Qui menace. Minax. Les plus
grands menaceurs ne font pas les plus dangereux.
Ce mot n'eft pas François.
MÉNADE. f. f. B.icchante, femme en fureur, qui
chez les Payens célcbroit les Orgies, ou fêtes de
Bacchus. Mœna. Voy. Bacchante.
Ce mot vient du Grec ^«t»£3-«< j être en fureur.
MENADURE. f f. Vieux terme de Coutumes. Les
ménadures de Cour font des ajournemens. In jus
vocatio.
On croit que ce mot vient de mannire , mot Latin
barbare qui fe trouve dans la loi Salique, & qui
veut dire, ajourner, femondre, femoncer.
MENAGE, f. m. Nom colledif. Les pcrfonnes qui
compofent une famille. Familia. Il y a deux ou
trois ménages logés dans cette mailon. Le Curé a
tant de ménages dans la Pareille.
Quelques-uns dérivent ce mot de maneo , &C pré-
tendent qu'on difoit autrefois manage. D'autres
croient qu'il vient du mot mets , qui lignifioit au-
trefois jardin , 5c les fruits qu'on y moiironnoit ,
comme ayant été fait du verbe meto j iSc qu'ainfi mé-
nage hgnihoit ordinairement le loin qu'on avoit des
fruits &: de la moilion. Borcl croit qu'il vient du
mot Galcon mainage , qui lignifie des enfans , parce
qu'une famille en eft compolée , & qu'on a appelé
maifne\ , tous les puinés & cadets , comme qui di-
roit mains ne:^. Du Cange croit qu'il vient de mai-
nagium , qui a (îgnihé la même choie que meinjîo.
Q\\ a dit aulfi dans la balle Latinité , menogium.
U^ MÉNAGE , fignifie aullî Gouvernement domeftique ,
ik tout ce qui concerne la dépenfe d'une lamille. Te-
nir ménage. Être dans fon ménage. Conduire , ré-
gler fon ménage. C'eft au père de famille à faire
rouler le ménage. Il donne tant à fa femme pour la
dépenfe du ménage. C'eft à elle qu'appartient 1©
menu foin du ménage , de donner ordre au ménage.
Un garçon eft fouvent obligé de rompre ménage ,
parce qu'il lui coûte trop à tcnit ménage. Quel
dégoût de fe ravaler julqu'au plus bas détail du
ménage , & à la vie plate qu'on y mène î Mol.
Çlue vous joue\ au monde un petit perfonnage ^
De vous claquemurer aux choj'es du ménage.
IJCF On dit en ce fens , Mettre une fille en ménage , h
marier. Exprellion du ftyle familier.
MÉNAGE , fe dit aullî des uftcnfiles du ménage , & des
rneubles nécelFaires pour le lervice du ménage. Sup-
pellex famdiaris. On a toujours beioin de quelque
choie de nouveau dans le ménage. On appelle toile
de ménage , tfT celle que l'on fait faire dans les
maifons particulières , ordin.airement avec plus foin
que celles qu'on vend chez les Marchands , & pain
M E N
de ménage , le pain que l'on fait Sc que l'on cuir
dans les maifoas particulières.
Ménage de Campagne , contient les charrues , liarnois j
& autres outils du labourage, quiferventà l'exploi
ration dune terre par les mains. C'ell ce que Vir-
gile appelle arma.
Dicendum & qu£ Jînt duris agrcjlïbus arma.
IVlÉ.NTAGE y fe dit aullî des fcrviccs qu'il faut faire dans
la mai(on pour tenir tout en bon ordre & propre-
ment, comme nettoyer les meubles, faire la cui-
finc j la lellive. Domcfikum minijlerium. Cette 1er-
vante eil habile à faire fon ménage , elle tient fon
ménage bien propre. Exprelîîon populaire.
|iC7" MÉNAGE , fignitie aulH , Economie domeftiquc ,
conduire qu'on tient dans l'adminillration de Ion
bien relative à la dépenle ordinaire. Admuiijîracio
rei fam'diaris. On dit en ce lenSj entendre bien le
ménage. Vivre de ménage. On peut vivre de mena
ge y lans être avare , en dépcnlant à proportion de
£on bien.
§;? MÉNAGE , MÉNAGEMENT, EPARGNE , fynonymcs.
On le lert du mot de ménage , dit M. l'Abbé Girard,
en fait de dcpcnie ordinaire j de celui de ménage-
ment Aa.ns la conduite des atTaires •, Se de celui à' épar-
gne , à l'égard des revenus. Le ménage eft le ta-
lent des femmes ; il empêche de fe trouver court
dans le befoin. Le ménagement eft du relîort des
maris ; il fait qu'on n'ell jainais dérangé. \J épargne
convient aux pères ; elle iert à amalîer pour Féta-
bliircment des cntans.
Ménage , le dit aulli de la manière de vivre des gens
mariés. Ces jeunes gens mariés font tort bon ménage y
vivent en bonne intelligence. Cette femme fait mau-
vais ménage avec fon mari , c'eft-à-du'e , qu'elle vit
en trouble & en querelle.
On le dit aulîl des perfonnes aflôciées , &: qui
demeurent enlemble. Nous tenons notre ménage
enlemble. Vorx. Ces jeunes débauchés font un bon
ménage enfemble.
MÉNAGE , fe die proverbialement en ces phrafes. On
dit , quand un méchant homme eft marié à une
méchante femme y que ce n'eft qu'un ménage de
gâté. On dit d'un homme qui vend (es meubles pour
vivre , qu'il vit de ménage . On dit que le ménage.
eft un goufre de biens , qu'il a la gueule bien gran-
de , pour dire, qu'il faut beaucoup de chofes pour
le faire lublifter. On dit aufti de celui à qui on vend
les meubles par Jufticc , qu'on lui remue fon mé-
nage.
On dit baffemcnt à celui qui a rompu , brifé , ou
fait quelques dcfoidres dans la maifon , qu'il a fait
un beau ménage , qu'on a joué chez -lui à remue
ménage. On difoic autrefois , un trïboule-ménage ,
au lieu de trouble-ménage ; & quatre-ménage , au
lieu de dire , gâte ménage , comme a remarqué
Pafquier.
Gâte Ménage. Les Domeftiques appellent ainfi celui
qui porte leur Maître à retrancher mal-à propos
quelque choie de la dépenfe ordinaire de la maifon.
C'eft un vtû gâte -ménage. Ac. Fr.
Ménage dérive ce mot de manfus , aufli-bien que
celui de mefgnïe.
Ménage, dans la nouvelle Coutume de Normandie,
fîgniSc manoir & malure à la campagne. Domus
rujlïca.
S:? MÉNAGEMENT, f. m. Terme relatif à la con-
duite des aftaires. Le ménagement fait qu'on n'eft ja-
mais dérangé. Voye-[ au mot Mé>!Age.
^Cr Mé^jagement des efprits. Art de les manier. Le
ménagement des efprits eft dilîicile en certaines oc-
• cafions. La grai'.de fcience d'un Politique elt le mé-
nagement des efprits.
§Cr Ménagemens. Attention mefurce &: réfléchie fur
la façon de fe conduire dans le commerce du monde
par rapport aux autres , & pour y contribuer à leur
fàtisfaàion plutôt qu'a la henné. Sous cette idée gé-
nérale ce mot eft fynonyme des mpts Circonfpec-
M E N 92y
tic^ft conndération , égards. Ratio , obfervantla ,
avec cette diriérence pourtant y que les ménape-
mens regardent proprement l'humeur Ik. les inclina-
tions , pour éviter de clioquer Sic de hrire de la
peine , !i<. pour tirer avantage de la Société j loit par
le prolît , (oit par le plaiiir. La fagcilc les met en
œuvre^ Voyc\ les Syn. Fr.
IJC? On a des ménagcmens avec les perfonnes qui font
d'un commerce dilHcile ou d'un fyftcme oppofé.
Tout ne cadre pas , &c rien ne cadre toujt)urs dans
les fociétés , fur tout avec les Grands : les ménage-
w««j font donc nécellaires pour les maintenir; ceux
qui loin les plus capables d'y en apporter n'y tien-
nent pas quclquelois le haut tang ; mais ils en font
toujours les liens les plus forts quoique fouvent les
moins apperçus. Les jeunes gens n'ont prelque ja-
mais cet efpnt de ménagement qui conduit les fcns
& le cœur , & qui règne lur le difcours lie fur le
filence. S. EvR. f^oye-[ les autres (ynonymes.
MÉNAGER , EUE. f. m. 6c f & adj. Bon économe
de fon bien ; qui ne fait point de dépenfe fuper-
flue ; qui fait bien valoir ce qu'on lui donne à ma-
nier. Rei œconomicA peritus , parcus , diligens , in
re augendajlrenuus. Les ma.uva\s ménagers iont bien-
tôt ruinés. On devient fouvent avare y pour vouloir
être trop bon ménager. Les jeunes - gens ne font
guèi'c y ne font pas allez ménagers. C'eft un homme
fort ménager.
MÉNAGER, s'emploie auftî quelquefois figurément. Un
homnre marié eft meilleur ménager de fa vie. H. S.
DE. M. Il y a des gens qui font ménagers de louanges.
Le Ch. d'H. î^CF Un homme ménager du temps eft
celui qui l'emploie utilement. Ménager de lafanté,
qui prend foin de la conferver.
Lefage eft ménager du temps 6" des paroles.
La Fontaine.
On appelle proverbialement Ménager de bouts
de chandelles , un homme qui épargne fordidemenc
dans les petites chofes , & qui néglige les impor-
tantes.
On dit aufll poétiquement , la fourmi ménagère.
MENAGER, f m. Ce mot dans les Coutumes fignifîe
qui a ménage , feu & maifon dans un lieu. La Cou-
tume de Bretagne dit, chacun ménager , paroiflîen te-
nant feu &c fumée, & labourant terre &:c.
MÉNAGÈRE, eft la femme ou la fervante qui conduit
le ménage. Rei domeftic<z curatnx , (^miniftra. Nous
avons au logis une habile ménagère. Parmi le petit
peuple , &C les payfans, un mari appelle fa femme
notre ménagère.
Il ne faut pas y difoit-ll en trottant ,
Dans tout ceci rien faire à la légère :
Il faut y le cas eft important ,
Enprendre avis de notre ménagère. Perrault.
IfT MÉNAGER, v. a. Dans le fens propre , c'eft ufer
d'économie dans l'adminiftration de fon bien ; en
faire une jufte difpenfation ; apporter beaucou^dc
règle dans la conduite du ménage , dans la dépenfe
de fa maifon. Benè adminiftrarc. Cet homme ménage
bien fon revenu ; ménage tout ce qu'il peut dans û,
maifon.
§Cr Dans le figuré , ce verbe reçoit différentes accep-
tions , &: lignifie conduire , manier avec adrefîe ,
avoir des égards , épargner y faire un bon ufàge , &:c.
Solerter traclare , confulere ; parcere , uti ut decet.
IJCF MÉNAGER quelqu'un , l'efprit de quelqu'un. C'eft
avoir une attention réfléchie & mefurée fur la façon
d'agir & de fe conduire dans le commerce du monde
par rapport aux autres , pour éviter de choquer &
de faire de la peine , & pour tirer avantage de la
fociété , foit par le profit , foit par le plaifir. Voye%
MÉNAGEMENS. Il faur beaucoup de fagelfe pour mé-
nager certains efprits. Les perfonnes polies ont une
adrelle merveilleufe pour ménager tout le monde.
Bell. Les loix de la fociété exigent que nous mi~
.
920 ivi E N
lierions les autres , ii nous voulons qr'on nous mé-
r.fsc. Id. Ménager les aiuires, c'eft [cfpeder leur
humeur <S: leurs inclinations.
^ Ménager une aftaivc , c'cll la m-inier, la con-
duire avec l'adrelle nccellaire pour la faire réullu'.
Cette affaire cil délicate ; vous échouerez fi vous ne
la ménagei pas habilement. S. EvR.
ftcr On dit dans le même léns , (e ménager bien avec
tout le monde. Se ménager entre deux pertonnes ,
entre deux partis contraires , fe conduire de taçon
que l'on fou toujours bien avec l'un & avec l'autre.
|3" N'avoir rien à ménager avec quelqu'un , c'cft n'a-
voir plus de mcfures à garder avec lui.
MÉNAGER , faire un bon emploi d'une chofc , en u(er
a\-ec prudence Se fagelle. Ménager fa fanté , c'elt
avoir attention à ne rien taire qui pullfe la déranger.
Vaktudincm curare , valetudini confulere. On dit dans
le même fens, qu'un homme fe ménage, pour dire
qu'il a foin de fa pcrfonne. Curare pcUkuLvn ^ cutem ,
corpus. Un conv.ilefcent qui ne fe ménage point , re-
tombe i)i!-ailliblcment.
IP" Ménager les forces, fon crédit. Un habile homme
fait menacer {on crédit tk fa fortune. S. EvR.
«3=" Ménager des troupes, c'eil ne les point- fatiguer
par des marches , par des travaux inutiles , & ne les
point expofer mal-à-propos.
t&T' Ménager fes chevaux , c'eft être attentif à ne les
point fatiguer par de trop longues traites.
^zp MÉNAGER bien le temps, c'eft en faire un bon
emploi , ou prendre fon temps bien à propos. La
vie eft allez longue , pourvu qu'on la lâche ménager.
Nie. Ce Capitaine fait bien ménager les occalions.
S. ÉvR. Une heure de vie bien ménagée vaut mieux
qu'une vaine renommée.
^3- MÉNAGER les intérêts de quelqu'un , c'cft avoir
foin de les confcrver. Commodis aiicujus confulere.
Les gens de^ Cour lavent finement ménager leurs
intérêts. S. EvR.
'e^TT' MÉNAGER fes paroles , parler peu. Ménageries
termes , parler avec une grande circonfpeclion , être
attentif à ne rien dire qui pullFe choquer , ou faire
de la peine. En Peinture , on dit qu'un Peintre
ménage fes couleurs, quand il conlerve les plus
claires pour les parties les plus proches. On dit en
parlant d'une belle peinture , Jamais la lumière &c
l'ombre n'ont été plus judicienlemeht ménagées ; ou
d'un difcours , Les figures y font merveiUcufcment
bien ménar^ées. Ce Poëie fait bien ménager ion feu.
BouH. On "dit d'un bon Muticien , qu'il lait mcnagcr
■SCr» la voix , qu'il ménage bien la voix , pour dire
•qu'il la conduit bien, qu'il en tire tout ce qu'il en
peut tirer. On dit de même qu'un Poëte a bien mé-
nagé tous les incidens d'une pièce de théâtre. Un
des plus grands ulages de la vie , c'eft d'en lavoir
ménager les plaifirs avec adrelle. S. Evr. Une com-
piaiiance polie doit être bien ménagée & bien en-
tendue. Bell.
ôo» MÉNAGER , fynonyme de procurer. Ménager une
entrevue j une penfion, employer les moyens con-
'venables pour la fiire obtenir.
«&* MÉNAGER un terrein , une étoffe , c'eft les em-
ployer fi bien qu'on en falTe tout ce qu'on en vouloit
faire , & qu'il n'y ait rien de perdu. Reciè partirï.
Un Ingénieur qui fortifie une place , doit lavoir me-
iiager fon terrein. Un tailleur qui coupe un habit ,
doit lavoir ménager l'étoffe.
«:?• On dit dans le même fens ménager un cabinet .j
un efcalier dans un bâtiment , c'eft en faire la dil-
cribution de fiçon qu'il s'y trouve une place poui'
un cabinet J pour un efcaher^ fans gâter le dellein
principal.
MÉNAGÉE J ÉE. part. palT. & adj. lia les fignifications
de fon verbe.
MÉNAGERIE, f. f. Lieu deftiné à nourrir des beftiaux ,
(Se à faire le ménage de la campagne. Villa volup-
tuarïa. Il ne fe dit qu'à l'égard des châteaux des
Princes ou des grands Seigneurs j qui en ont plutôt
par curiofité & magnificence j que pour le profit;
& qui entretiennent fouvciu des bêtes étrangètes &
M E N
extraordinaires: comme la ménagerie de Verfaille:,
de Vincennes , de Meudon. Il ne fe dit point des
balles cours & des métairies. Les Romains avoient
des ménageries , où ils cnfermoient les animaux qu'on
gardoit pour les fpeûacks : ils les nommoicnt Fi-
varia. Dicl. de Peinture & d' Archlceciure.
MÉNAGYRThES. f. m. pi. Surnom des Galles ou
Prêtres de Cybèle_, ainfi appelés parce qu'ils alloienc
tous les mois ramaller des aumônes pour la grande
Mère , Se que pour attraper de l'argent , ils failoient
des tours de loupklle , ce que lignifie ce nom.
De |K:«» mois, ik u/ufT>,iun Charlatan ,Q\\3.\.\jXàn de
tous les mois.
MÉNALE. Nom d'une ancienne montagne d'Arca-
dic , dans le Péloponnèle. M&nalus , ou au pluriel
M&nala.
MENALIPPE. f. f. Sœur d'Antiope , Reine des Ama-
zones , qui fut faite prifonnicre par Hercule , dans
la guerre qu'il leur fit. Elle fe racheta en donnant
pour la ranijOn la ceinture de la Reine , avec les
armes & Ion baudrier.
MÉNAN. Nom d'une grande rivière de l'Inde de- là
le Gange. Ménanus. Elle prend fa lource dans le
lac de Chiamay , traverfe toute la partie feptentrio-
nale de la prefqu'ile , baignant Ava , Tranliane &
Bréma. Elle traverfe enfuite le Royaume de Pégu ,
& étant entrée dans celui de Siani , elle fe divife '
en deux branches , dont l'une baigne l'île de Siam ;
& vingt lieues au-dellbus , elle le décharge dans le
golfe de Siam par deux embouchures. Maty.
MENANCABO. Nom d'une petite ville des Indes.
Menancabum. Elle eft fur la côte méridionale de l'ile
de Sumatra , vis à-vis de l'île de Nallaw , & à cer
lieues du détroit de la Sonde.
MÉNANDRIENS. f m. pi. Nom de la plus ancienne
fcde des Gnoftiques. Menandriani. Ménandre leu^
chef étoit difciple iîe Simon le Magicien , Magicier
comme lui , & ayant les mêmes fentimens. Il difoic
que perfonne ne pouvoit être tauvc, s'il n'étoit bap~
tilc en l'on nom ; il avoit un b.iptême particulier qui
devoir félon lui , rendre immortel dès cette vie ,
ceux qui le recevoient. Ménandre, félon S. Irénée ,
publioit qu'il étoit cette première vertu inconnue à
tout le monde , & qu'il avoit été envoyépar les An-
ges pour le lalut du genre humain. Il fe vantoit j
dit S. EpiphanCj hxr. 22. d'être plus grand que fon
nraitre; ce qui eft contraire à Théodoret , qui fait
Ménandre une vertu inférieure à celle de Simon le
Magicien , qui prenoit le nom de la grande vertu.
■Voyez SiMONiENS. Il eft dit dans les adles des Apôtres,
ch. 8. que Simon avoit fcduit la Nation Samaritaine ,
le faifant palier pour quelque grand perlonnage , &
que tous l'écoutoient j depuis le plus petit jufqu'au
plus grand. C'eft là , dilpnt ils , la vertu de Dieu ,
qu'on nomme la grande. P. Bouh.
MENAT. Nom d'une Abbaye de France. Manata.
Menata. Elle eft dans l'Auvergne, aux confins du
Bourbonnois , à fept lieues de Clermont. Maty.
Menât eft fur la Siole. "Valois , Not. Gall. p. JI4,
MENAY. Le détroit de Menay. Menaium^ Fretum.
C'eft un détroit de la mer d'Irlande. Il lépare llle
d'Angléfev de la Principauté de Galles. Ptoloméel'a
pris pour une rivière, & lui a donné les noms de
Tifis Se Toefobis. , , , r
MENBIGZ. Nom d'une ancienne ville , qui a ete epif-
copale. Memhigium , anciennement Menha , Manba,
Manbyce , HierapoUs. Elle eft dans la Syrie, environ
à quinze lieues d'Alep , vers le Nord-eft; mais elle
eft prefque toute ruinée. Maty.
MENCAUDÉE. f. f. Vieux mot. Nom d'une mefure,
d'une certaine quantité. Une mencaudée de bois.
MENCAULT , ou MAUCAUD. f. m. mefure des
grains dont on fe fert en quelques endroits de Flan-
dre , entr'autres à Landreci , au Quefnoy Se à Gâ-
teau.
MENCIO, ou MINCIO, & MENZO. C'eft le nom
d'une rivière de la Lombardic , en Italie. Mmcius.
Elle a fa fource au lac de Garda , qui eft dans l'État
de V«nife. Elle y baigne Pcfchiéra & Mamzanibano j
M E N
cnfuite entrant dans le Mantouati , elle forme le lac
de Mantoue; dans lequel la ville de ce nom eft bâ-
tie j ik elle va fe décharger dans le Pô , à Sachetta.
Maty.
MENUE, MANDE. Nom d'une ville de France , ca-
pitale du Gévaudan , contrée du Languedoc j 6c lituée
lut h Lot , à Icize lieues de Rhodes vers le levant.
Munacum , Mimate , Mimmacc , Mcmmace , Mima-
us J um. Mende a un Evêché lutiragant d'AUiy, &
elle a été bane des ruines de l'ancienne Gahalum ,
ou Andcmum. May. Aoyeç Valois j Not. Gall.p.
^/^. Long. II. d. 9'. 50". lat. 44. d. 3'. 47".
MENDÈS. f. m. Ternie de Mythologie. C'étoit le nom
du bouc que les Egyptiens admcttoient parmi leurs
dieux , & qu ils regardoient comme un des huit
principaux. Il éioit coniacré au dieu Pan , ou plutôt
c'étoit le dieu Pan même que les Egyptiens hono
roientj ayant toute la forme du bouc, au lieu que
chez les Grecs tk les Romains , on le peignoir avec
la face Hc le corps d'homme , ayant feulement les
cornes , les oreilles Se les jambes de bouc. Dans la
table Iliaque , le dieu Mcndes a les cornes du bouc
par-dell'us celles du bélier , de forte qu'il a quatre
cornes. Il y avoir dans la balfe Egypte une ville où
ce dieu étoit paiticulièrement honoré, &c qui prit
le nom de Mendès. Les Mendcfiens n'avoient garde
d'immoler en lacrifice des boucs ni des chèvres ,
croyant que leur dieu fe cachoit fouvent fous la
figure de ces animaux.
MENDEblEN , ENNE , f. Qui eft de la ville de Men-
dès. Les Hiftoriens Se Chronologiftes donnent par-
ticulièrement le nom de Mendéjuns aux Kois d'E-
gypte qui ont régné à Mendès , comme on donne
celui de Memph'ues ik d'Héracléopolites à ceux qui
ont régné à Mcmphis & à Héracléopolis.
MENDIANT, ANTE. adj. Souvent employé fubftan-
tivement. Gueux qui demande l'aumône. Mendkus.
On a hiit un Hôpital général pour y renfermer tous
les gueux qui font efledliveraent mendians. Les gueux
qui font elieétivement mendians ne font point com-
pris au rôle des tailles. On voyoit des troupes errantes
de mendians demander avec plus d'obftination que
d'humilité , &: importuner le monde du récit indifcret
de leurs beloins. El. Que de peine à contenir ces
mendians renfermés , qui regardent leur afylc comme
une prifon , & qui croient n'avoir rien à ménager ,
parce qu'ils n'ont rien à perdre. Id.
Mendiant, fe dit aullî des Religieux qui vivent d'au-
mône , qui vont quêter de porte en porte. Rdigiofi
mendicantes. Il y en a quatre Ordres anciens , qu'on
nomme principalement les quatre Mendians , les
Carmes, Jacobins , Cordeliers & Augullins. Les Men-
dians dès leur premier érablilîement, ne pouvoient
avoir des rentes. Les Capucins, Récollets, Minimes
& autres , font auiîi Religieux Mcndtans plus mo-
dernes. On furcharge les villes en multipliant les
Monaftères àts Mendians. FÉvret. On appelle abu-
fivement les quatre mendians , quatre fortes de fruits
fecs qu'on mange en Carême , & qu'on fert en-
lemble , qui font les avelines , les amandes , les figues
& les raifins. C'eft un plat de mendians.
MENDICINO. Nom d'un ancien bourg fort déchu.
Menecina. Il eft dans la Calabre citérieure , environ
à une lieue de Cofenza , vers le couchant. Maty.
MENDICITE, f. f Etat miférable de celui qui eft ré-
duit à demander l'aumône pour vivre Mendicitas.
C'eft (on bienfaiteur qui l'a tiré de la mendicité.
Les procès ont réduit ce Gentilhomme à la men-
dicité.
MENDIER, V. a. demander l'aumône. Mendicare. On
dit qu'Homère & le Taffe ont été réduits à mendier
leur pain , à mendier leur vie. Viclum quitritare ,
Jlipem cogère, mendicare.
Crotc jufqu'à l'échiné
Va mendie): fo>2 pam de cuifine en cuijlne. Boil.
Meî'dier. , fignifie aufti , avoir recours à l'afllftance d'au
trui , la rechercher avec emprelfement , & avec quel
M E N 927
que forte de baiïcfle. Alienam opem implorare , de-
precarï , demijjiùs efflagttari. Un Punce dépouillé , ou
foible , va mendier du lecours chez (es voilins. Les
Poètes , les Orateurs vont mendier de l'encens , &■
des louanges dont ils (ont d'ordinaire fort avides. Le
vrai moyen de n'avoir l'approbation de pcrfonne ,
c'e(t de la mendier par nus paroles , tk par nos re-
gards. Bell. Il 11 a été reçu dans cette compagnie
qu'après avoir mendié les fuftVages , &r les voix de
porte en porte. Une perfonne niodefte agit uniment,
ne cherche point à le faire valoir , Se ne mendie
point les applaudilîèmens. Bell.
J'ai mendié la mort cke'^ des peuples cruels ,
Qui n'appaifent leurs dieu.x que dufang des mortels.
Rac.
On dit en termes de Pratique , Mendier une faifie ,
rnendicryme intervention , pour dire , faire faire une
(ailie , (aire faire une intervention par quelque per-
fonne qui n'elt pas encore partie dans le Procès , Se
cela dans le deftein de tirer une aiiaire en longueur.
Ac. Fr.
MENDIÉ , ÉE part.
MENDIPHILLS. Nom de montagnes. Minarii Montes.
Elles (e trouvent dans le Comté de Sommerfet , en
Angleterre, Se font fort hautes.
MENDOCINO, Capo Mendocino. Nom d'un cap.
Mcndocinum promontorium. Ce cap eft dans la pre(-
qu'ïle de Californie , en Amérique , (ur la côte
occidentale , à l'endroit où elle fe joint à la terre-
ferme.
MENDOLE. f f. Sorte de poilfon ?J3- de la méditerra-
née. Il eft large, court j & a la tête pointue Se
plate. La Mendole change de couleur félon les diffé-
rentes faifons. Elle eft blanche en hiver Se au prin-
temps. En été elle a des caches bleues éparfes fur le
corps , principalement fur le dos Se fur la tête. Elle
a une grande tache noirâtre fur les côtés du corps.
Diofcoride dit que la cendre de la tête de ce poilîoii
appliquée en liniment, nettoie & ôte toutes les (entes,
crevalies & durillons du fondement, & que fa lau-
mure guérit les ulcères pourris de la bouche, fi on
l'en lave. On l'appelle autrement Ccrre , Cagarel
3e Jufcle,en Grec r-à'i ou^kh?. Euftathe rapporte qu'on
avoir acoutumé de facrifier ce poiilon à Diane , qu'on
croit être la cau(e de cette (orte de fureur que l'on
appelle Manie.
MENDOLIA. Nom d'un bourg de la Calabre , fituc
environ à une lieue de Bova j vers le couchant.
Mendolia.
MENDORE. Foye^ Mandore.
MENDRE. f. Se adj. Vieux mot , qui veut dire mi-
neur Se moindre. Glojf.fur Marot.
MENDRI , ou Mendris. Nom d'une ville des Suif-
fes , (ituée à trois lieues de Como , du côté du cou-
chant, Se capitale du Gouvernement de Mendris , qui
eft le plus avancé vers le midi , de ceux que les
Suidés podèdent dans le Milanois, le troifième en
ordre, mais des moindres en étendue. Mandrifium.
Il eft entre le lac de Lugano j & celui de Como.
Maty.
MENÉ , ou MENA, f f. Terme de Mythologie. Déelïè
de l'Antiquité qui étoit révérée Se réclamée à Rome
par les femmes & les filles , comme celle qui pré-
fidoit à l'écoulement de leur fang menftruel. Dans
les détangemens ou (upprelfions de leurs rcglci ou
mois lunaires , elles faifoient des oftrandcs à la
déelfe Mené. Son nom vient du Grec f » mois ,
ou i^i'i Lune. Quelques uns difent que c'étoit la Lu-
ne même. S. Auguliin parle de cette déelIe , dans
la Cité de Dieu , Liv. 4.
MENEAU, f. m. Terme d'Architeûure. C'eft la fépa-
ration des ouvertures des (enêtr^ j ou grandes croi-
fées. Médius feneflrs. fcajpus. Autrefois on laK'oit de
gros meneaux , Se croihilons de pierre au milieu
des croif;es , qui défiguroient tout un bâtiment. Les
meneaux ou croifiUons doivent avoir quatre ou cinq
pouces d'épailfeur. On appelle faux meneaux, ceuî.
928 M E N
qui ne font pas alîembk's avec le dormant de la
cLoifée, & qui s'ouvrent avec le guichet.
MENÉE, f. f. Pratique fecrcte & artificieufe dont on
k ferc pour faire réulEr une aftaire. Ciandefiinum
confilium , moiitio. On a découvert toutes les pra-
tiques & menées de ce Négociateur.
|t3° Menée fecrcte. Faire des menées. Découvrir les
menées de quelqu'un. Ce terme comprend toutes
les pratiques fourdes qu'on emploie pour taire leullir
une afeire dans laquelle on n'otc paroître à décou-
vert. Ainfi il fc prend toujours en mauvaile part.
Du Cange dérive ce mot de mina , &: de mi-
narc , qui iignilie dueere de loco ad locum , lelon
Papias. . , , .
Menée , en termes de Vénerie , fignihe la droite route
du cerf fuyant. Cervi aufugiencis via recîa. Et ainli
ont dit, fujvre la menée ^ être toujours à la menée ,
prendre la route d'un cerf qui fuit. Et c'eft de-la
qu'on dit dans le fens propre qu'une bcte eft mal
menée , quand elle eft lalle pour avoir été long temps
pourfuivie de chailée , c^' qu'elle lé laille approcher.
Îvii-NÉE. Terme en utage dans les ManufaCtiires de
lainage. Frifer tout d'une menée j c'eft frilcr à la
machine une pièce d'étofte tout d'une tire ou tout
de fuite, c'eft à dire , fans s'arrêter. Ainli l'on dit ,
Cette pièce de ratine a été frifée tout d'une menée.
§3" Les Horlogers, en parlant d'engrenage, appellent
menée ^ le chemin que parcourt la dent d'une roue
depuis le point où elle rencontre l'aile du pignon
jufqu'à celui où elle la quitte. C'eft encore le che-
min que fiit la dent d'une roue de rencontre lorl
qu'elle poulie la palette. Enc.
Dans les Coutumes , on appelle menée de Sergens ,
Se menée de Fiefs , des exploits & des lemonces
qu'il falloit faire au Vallal pour l'obliger à (atisfaire
à fes devoirs; ce qui Ce faifoit par des Sergens _,
qu'on appeloit Amencurs ^ pour le contraindre de
fàtisfaîre à fon devoir.
Henée. f. f. Efpèce de corde chaife dont on fe feryoit
autrefois. Cornu , menetum dans la baftc Latinité.
A fcpt cens grijles font fonner la menée.
R. DE RONCEVAUX.
Droit de Menée. C'eft dans l'Hiftoirc & les Ti-
tres de Bretagne , le droit qu'a un Seigneur d'avoir
un jour pour fe délivrer aux plaids avec tous fes
fujets. Jus uno die lues cuni fuhditis omnibus compo-
nendi.
MENÉES, f. f. pi. Menaia. C'eft le nom que les
Grecs donnent à douze volumes de leur Oftice Ec-
cléfiaftique qui répondent aux douze mois de l'an-
née , enforte que chaque mois a fon volume, où
l'on trouve l'Oftice des Saints de chaque jour. C'eft
des Menées qu'ils ont tiré leur Menologe qui en eft
un abrégé , ou plutôt qui n'eft qu'un ilmple Calen-
drier qui répond à notre Martyrologe. Il ne faut
donc pas confondre ce Menologe avec les Minées ,
qui contiennent tout l'Office Ecclélîaftique. Léo
Allatius.
ffT Ce mot vient du Grec ;«!)• , menjîs , mois ; d'où
les Latins ont fait menmm , & les Grecs fti""».
MÉNEHOU. f. f. Nom de femme. Manehildis , Ma-
nechildis , Manegildis , Maugenhildls. Manéchilde _,
ou Magenhilde , que nous appelons communément
fiinte Mén\hou, fut la dernière des fœurs de laint
Lindru.
Sainte Ménehou ^ Manekou , o\x Ménehoult , en
Latin, Sancl.i Manechildis oppidum , anciennemem
Auxuenna. Ancienne ville de France , en Champa-
gne , l'fT h principale de l'Argonne. Ses fortitîca-
tions ont été démolies.
MENEJOUS. f. m. Peuples de la France Equinoxiale
vers le fud-eft de Cayenne.
MENELAÎES. f. f. pi. Fête qui fe célcbroit à Téra-
phné en l'honneur de Ménélas, qui y avoir un
Temple.
MÉNÉLAS, MENELAUS, f. m. Nom d'homme. Me-
nelaus.
M E N
MENELAUS. Terme d'Aftionomie. C'eft le nom
qu'il a piû aux Aftronomes d'impoltr a l'une des
taches de la Lune , qui eft la vingt-cinquième du Ca-
talogue du P. Riccioli. Ce nom eft tiré du Mathé-
maticien Ménélaiis , qui a écrit fur la Sphère.
MENELÉ. f. m. Nom d'homme. Menelaus , Mene-
leus.
MENENIUS , MENENIA. f. m. & f. Nom d'une
famille Romaine. Meneius , a.
MENÉO , MENO. Nom d'un ancien bourg de la
Sicile , Mem. Il eft dans la vallée de Noto , près
des fources de la rivière de S. Paolo , à llx lieues de ,
Léontini , vers le couchant. Maty.
^ MENER. V. a. dueere , deducere. C'eft conduire
du lieu où l'on eft dans le lieu où l'on n'eft pas -,
c'eft faire aller quelqu'un qui ne peut ou ne veut
pas aller (eul. On mène les enfans par la lihère. On
mène une femme par la main. Un Précepteur mène
les enfans au Collège.
IfT On dit qu'un chemin mène en quelqu'endroit ,
pour dire qu'on y va par ce chemin-là.
If^' AIener, conduire, guider. Les deux derniers de
ces mots, dit M. l'Abbé Girard , fuppofent dans leur
propre valeur une fupériorité de lumières qiie le
premier n'exprime pas ; mais en récompenle ce-
lui-ci enferme une idée de crédit & d'alcendancj
tout-à-fait étrangère aux deux autres. On conduicl
Se l'on guide ceux qui ne favent pas les chemins.!
On mène ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas
aller fculs. „ '
IP" Dans le fens littéral c'eft proprement la tête qui
£onduic , l'œil qui guide , & la main qui mène. On
conduit un procès. On guide une Voyageur. On mène
un enfant.
Ce mot vient du Latin minare , qu'on a employé
en ce fens , & qui fe trouve dans Feftus , dans le
Scholiafte de Juvénal , dans Arrien Se dans Aufone.
C'eft le fentiment de Ménage. Borel le dérive de
manu agere , comme fi on écrivoit mainer.
Mener, fe dit aulli à l'égard des animaux. Dueere y
agere.Xix^xà menait paître les brebis. M«/2<;r les che-
vaux boire , les mener à l'abreuvoir. Mener des bel-
tiaux aux marchés , aux foires. Entre les animaux
qui vont en troupe , comme les oies , les canards ,
les moutons, il y en a un qui mène les autres.
Mener , fe dit aulli des choies inanimées , Ip' des
voitures, charettcs , chevaux, barques. Ce cocher
mène bien. Mener une charctte , une barque. Les
Didfatcurs Romains ont mené la charrue.
^ Mener , voiturer. Mener à\x blé au marche. Me-
ner des marchandifes à la foire. Voulez-vous que
je vous mène quelque part dans mon carrolle î
^ On dit en Géométrie mener une ligne d'un point
à un autre, tirer une ligne.
Mener , fignifie aulli , Accompagner dans la marche,
foit par honneur , foit pour aider à marcher. De-
ducere , comitari. Mener une Dame , lui donner la
main , lui fervir d'Eciiyer. C'eft un tel qui a mené
l'époufée à l'Eglife. Les nourrices mènent les cnhans
par la lihère.
go- Mener , fe faire accompagner. Secum dueere. (..et
homme mène tous fes gens avec lui quand il voya-
ge. Un Religieux mène d'ordinaire un compagnon.
Mener , fignifie aufll , Donner accès , introduire quel-
qu'un chez un autre. Introducere , adducere. Pour
rendre vifite à une Dame, il fmt quelqu'un qui
vous mène , qui vous introduile. Je mènerai dîner
chez vous un galant homme de mes amis. Il y a des
gens qui prétendent qu'oji peut dire également bien ,
mener-y moi , Se menei-my. Foyei au mot Moi.^
Mener , fignifie aulîl , Commander , erre a la tetc
d'un corps qu'on fait marcher Se agit; le faire lui-
vre avec autorité; contraindre par force à aller dans
quelque lieu. Dueere , imperare , agere. Les Om-
ciers Généraux doivent favoir l'art de mener àts
troupes. Ce br.rve menait à l'allaut les enfans per-
dus. Mener à la gu.erre , au combat. Cet Exempt
mène en priibn , au dipplice ce criminel. On 1 a
mené
M E N
M E N
mené aux galères. Le vidorieux mine en triomphe
les vaincus , les eklaves.
0\\ (.lit en termes île CiialTc , Menzr la quête j
pour dire , la battre ik. rebattre pour trouver les per-
drix.
Mener. Ce mot , en parlant d'Armée , veut dire , Bat-
tre. AJperïhs , dunùs tractare , excipcre. Les l'eties
mcnoicnt rudemcni la Cavalerie Thellalienne. Vaug.
Mener, battant ; c'ell ehaller en battant j obliger les
ennemis a (e retirer .avec précipitation , (ans oier
attendre celui qui les pourluit. ExpclUre , pcrj'c-
qui. Il menoïc battant lic t.xillant en pièce une mul-
titude d'ennemis. Vaug.
Mener mal quelqu'un , ou le mal mener ; c'efl: le mal-
traiter j le pouller de fait , ou de parole. Ferociter
in aliqucm ïnfiarc. Ils ont été mal menés en pludeurs
rencontres. On dit aulli la même choie en la di(-
pute , au jeu , aux procès , quand on remporte
l'avantage lut quelqu'un en peu de temps.
Mener quelqu'un à la boucherie ■■, c'efl l'expofer à un
péril évident. In perkulum impeller^.
Mener quelqu'un comme il faut; c'eft dans le ftyle
familier , le traiter rudement , lui donner beaucoup
de peine. Malè excipere , muttare , hahere. S'il a
affaire à moi , je le mènerai comme il faut.
fO" Mener la danle , mener un branle , c'eft être à la
tête de ceux qui danlent. Choreas ducere. Il y a un
branle qu'on appelle branle à mener ; en matière de
danfe , mener une Dame , c'eft la prendre pour dan-
fer.
On dit figurément & familièrement qu'un homme
mène le branle , pour dire , qu'il met les autres en
train, qu'il leur donne l'exemple. C'eft lui qui mène
les autres. Dux , capuc mali.
§C? Mener le deuil , fe dit d'une perfonne qui dans
une cérémonie funèbre , conduit par honneur , foit
dans le convoi , foit à l'Eglile , les plus proches pa-
rens du mort.
MeneRj fe dit en chofes morales, & fignifie , Con-
duire. Ducere , perducere. Une vie régulière wèwe en
Paradis : la débauche mène à la Grève , au Gibet.
La profufion mène à l'hcjpital. Une conduite ferrée
& circonlpeéfe mène fouvenr à une haute fortune.
S. REAL. Le vice mène la honte à fa fuite. M. Scud.
Le goût peut nous mener àins les plaifirs.
Qu' aifément l'amitié jufqu'à l'amour nous mène !
Corn.
929
On dit mener une vie fainte , heureufe , trifte
agréable. Vivre faintement. Vitam agere , ducere.
Qu'on mène une vie trifte pendant l'abfence de ce
qu'on aime. AL Scud. Ce Philolophe mène une vie
tranquille & réglée. Cet Epicurien mène une vie
voluptueufe.
|C/" On dit aullî figurément roraer quelqu'un, le gou-
verner , lui faire faire tout ce qu'on veut. C'eft un
imbécille qui fe laiffe mener, gouverner par fes
domcftiques. C'eft un pauvre homme qui va com-
me on le mène. Il y a de l'imbécillité à fe lailfer
mener dans toutes fes aétions par la volonté d'un
autre. Les perfonnes fenfées fe contentent de con-
fulter dans le doute , Se prennent leur réfolution
par elles mêmes.
|K? Mener doucement quelqu'un , c'eft éviter de le
fâcher , de le choquer j de lui faire de la peine. C'eft
un homme colère , qu'il faut mener doucement.
§Cr Mener , avoir la conduite. Adminiflrare. Mener
un procès , une affaire , une négociation.
On dit en ce fens , qu'un Intendant mène toutes
les aftaires d'une maifon , qu'une femme mène le
ménage , qu'un fadteur mène le négoce , la boutique
d'un Marchand.
|C En parlant des chofes qui fe confument tous les
jours , on dit qu'elles ne peuvent pas nous mener
bien-loin , qu'elles ne peuvent pas durer long-
temps. Cette fomme ne peut pas me mener bien
loin. Cette provifion de bois ne peut pas nous
mener jufqu'à la fin de l'hiver.
Tome y.
tfT Mener , amufer par des paroles , entretenir d'ef-
pérances. Il me mène de jour en jour. C'eft un hom-
me qu'on amufe , qu'on mène depuis trois mois,
fans rien conclure.
gC? On dit en vieux ftyie , mener grand deuil d'une
chofe ; en être fort atcrifté. On a mené grand deuil
de la mort de ce l'rince.
|icr On dit de même mener beau bruit, mener grand
bruit , faire grand fracas.
|tT On dit proverbialement en menaçant quelqu'un
de le pourfuivre , de ne lui point faire de quar-
tier , qu'on le mènera par un chemin où il n'y aura
point de pierres. Mener quelqu'un à la baguette ,
le traiter avec hauteur , lui faire faire par autorité
ce qu'on veut. On dit mener un homme par le nez
comme un buHe , ou qu'il fe laillc men(s- par le nez ,
pour dire, qu'on en fait tout ce qu'on veut, & qu'il
cft aifé de le tromper.
Qu'ejl-il befoin ici du foin que vous prenei[ ?
C'eji un homme , entre nous , à mener par le ne:[.
Mol.
On dit aulli , cela ne mène à rien ; pour dire , on
ne peut tirer aucun avantage de cela. On dit qu'une
médecine a mené quelqu'un doucement , ou rude-
ment-, pour dire, qu'elle l'a peu ou beaucoup tra-
vaillé.
Mener Boire , eft un terme de Couturière , qui figni-
fie , coudre un palfement fur une étoffe , & le laif-
fer lâche fans le tirer , ni le contraindre. Leylter
adjltere.
Mener la Table. Terme de Cartier. C'eft atfortir les
cartes , les jetter & les plier en jeu &c en fixain. Fo-
lia luforia coaptare.
ipr Mener , en termes de manège , fe dit du pied
de devant du cheval qui part le premier. Lorfqu'un
cheval galope fur le bon pied , c'eft le pied droit
de devant qui mène.
§0" Mener un cheval en main, c'eft le conduire fans
être monté deftus.
MENÉj ÉE. part.
MENERBE , ou MINERVE , félon Valois. Nom
d'un bourg du Languedoc , fîtué à trois lieues de la
ville de S. Pons, vers le midi. Minerva. Maty. Il
eft du diocèfe de CarcalTone.
0Cr MENES, f. m. Terme de Mythologie. La coutu-
me où l'on étoit d'annoncer les divers réglernens
de Police & les opérations de chaque faiion , par
les diverfes attitudes du fils d'Ofiris , ou Horus , le
faifoit communément appeler y>/e/2i.'i- , c'eft-à-dire ,
la règle du peuple ^ ou le Légiflateur. Les Egyp-
tiens réalifant ce nouveau titre, lé mirent dans l'ef-
prit que Menés avoit été leur Légiflateur, l'Auteur
de leur police , l'Inftituteur de leur année & de
leurs lois. En conféquence ils mirent ce Fondateur
imaginaire à la tête de toutes les liftes des Rois &
de leurs diftérens cantons. Comme ils le croyoienc
provenu du mariage d'Ofiris ou Ammonj & d'Ifis ,
ils le nommèrent tantôt Chamenis ou le fils de
Chams , tantôt Ofuis le Jeune , ou tout fimplemenc
Ofiris. Souvent ils réuniffoient les noms du fils &
du père en un (eul , &: le nommoient Ménofirjs.
Plus communément on l'appeloit Ménon , Mennon ,
Menophis, Mnevisj félon les divers accens des Pro-
vinces. Pluche.
MÉNESTAUDER. v. n. Vieux mot qui fignifie faire
le Méneftriel.
MÉNESTHO. f f. Une des filles de l'Océan & de
Thétis.
MÉNESTRE. Potage. De l'Italien minejlra , qui figni-
fie la même chofe. Ménage j Did:. Etym.
Mon Docteur de Méneftre en fa mine altérée.
Avait deux fois autant de mains que Briarée ,
Et n'était quel qu'il fût morceau dedans le plat.
Qui des yeux & des mains n'eût un échec & mat.
Régnier, Sat. 10. y. 2gi.
Bbbbbb
930 M E
Un Douleur de méncjlre efl: ce qu'on appelle
autrement un Docbeur en loupe falée. Ce mot ne
fe die plus.
MENESTREL, f. m. Vieux mot, qui fignifie la même
choie que Ménétrier. Les Méneflreux étoient des
boutions qui (avoient jouer des inftruniens, & qui
alloient divertir ceux qui les faifoient venir dans
leurs maifons. Scurra; joculaior , mimus , Se àa.\\s\3.
balle Latinité minijlellus.
IViENETRIER. (. m. Vieux mot , qui lîgnifîoit autre-
fois Violon , (Se tout autre Joueur d'inftrumens ,
ou Maître à danfer. Aulctes jaulddus. S. Julien efl:
lé Patron des Ménéaiers. Ce n'ell qu'aux noces
de village où on appelle les Ménétriers. C'ctoit ori-
ginairement celui qui alloit chanter , ou donner des
férénades à la Maitrelle avec des inftrumens de mu-
fique. Depuis , ce nom a pallé à toutes fortes de
Flùteurs & de Joueurs d'inftrumens. Enfuite, il a été
dit long temps des Violons. Enfin , il ell: demeuré
aux Vielleurs , & aux Violons de campagne.
Borel dérive ce mot bien ou mal de minijlere ,
ou^de manus & h'iftrïo , ou de minor hïftrio , com-
me qui diroit petit bouffon , ou qui divertit avec la
main. Du Cange le dérive de Minijlellus , à caule
que les Ménétriers étoient autrefois mis au rang des
bas-OfKciers, Miniftres, ou Serviteurs.
MENEUR, f. f. Celui qui mène une Dame. fKT Qui
la conduit par la main. Ducîor. Les Qucteufcs dans
les Egliies ont des Meneurs.
^3" On appelle Ecuyer celui qui donne la main à une
Princcfle pour lui aider à marcher.
Meneur, feditaullî de celui qui conduit un autre en
certaines cérémonies. Duclor , inducîor. Les Réci-
piendaires dans les charges , ceux qui briguent des
furlrages dans les Eleélions , ont des meneurs qui les
inrroduilent dans les mailons où ils ont aft'aire.
On donne auiîî le nom de meneur à un cocher.
Voilà un beau meneur pour entreprendre de mener
!e carrolfe.
Le trop karil meneur ne favoit pas
De^Pkaéton l'hijloire & piteux cas. Voit.
Meneur de ciseaux. Termes de Cartier. C'eft l'Ou-
vrier qui rogne les feuilles de cartes peintes &c lif-
fées pour en faire des jeux. Foliorum luforiorum ind-
for , feclor. Le meneur de cifeaux doit être le plus
habile de tous les ouvriers Cartiers.
Meneur d'Ours, ell au propre un homme qui mène
des ours dans les rues pour donner du plaihr au
peuple. Urforum aclor , ducior. Et au figuré, il fe
dit proprement d'un homme toujours habillé de mê-
me couleur, & la raifon de cela eft que ceux qui
mènent des ours , ont la f'age coutume de ne pas
porter d'habits de dirtérentes couleurs , de peur que
ces animaux venant par ce changement à les mé-
connoitre j ne fe jettent fur eux, comme fur des
mconnus. Cet homme cil; riche, & cependant il eft
toujours fait comme un meneur d'ours. Quelques-
uns appellent aulli en badinant , meneurs d'ours, un
Précepteur , qui conduit de jeunes gens , ou pour
les faire étudier j ou pour les faire voyager. Ces cx-
prellions figurées ne font plus de mode.
§3° MENEUR. Terme udté dans les Bureaux des Recom-
mandarelles à Paris. Ses fondions font les mêmes
que celles des meneufes. Foye^ ce mot.
Meneur de billettes. Terme de Verrerie. Voyer
BiLLETTE.
Meneur, adj. Vieux mot. Plus petit , moindre. On
3. Alt M.\([i mennur , mendre & menor.
MENEUSE de table, f. f. Terme de Cartier. C'cll
une femme , ou une fille qui trie les cartes, qui les
jette , & les plie en jeu & en fixain. Foliorum lufo-
riorum coaptdtrix.
On appelle à Paris Meneufe , une femme qui mène
les eufans en nourrice, qui les en ramène, & qui
vient en donner des nouvelles. C'eft à la Meneufe
gue l'on paie les mois , & que l'on donne ce qu'il
£i"ut pour les eutaus. Il y a aulli des Meneurs.
M E N
0CF MENG. Ville de la Chine , dans la province de
Honaii , département de Hoaiking.
MENGE. f. m. Nom d'homme. Memmius. Grégoire
de Tours nous tait connoltre que le culte de S.
Memmie , vulgairement appelé S. Menge , étoit
fort célèbre à Châlons fur Marne en fon iiècle , qui
étoit le VF de l'Eglife. Il l'appelle le patron '
particulier de cette ville , & il témoigne avoir oui
dire que de fon vivant , il avoit relfufcité une femme
morte. Baillet , 5"^ d'Août.
IP" MENGEIN. Ville de la Chine , dans la province
de Honan , département de Honan , quatrième
métropole de la province.
MENGEN. Petite ville d'Allemagne dans la Suabcj à
deux lieues de Riedlingen.
IP" MENGESHAUSEN. Petite ville d'Allemagne , au
Comté de Waldeck.
MENGRELIE. Voyci Mingrelie.
MENGRELIEN. Voyc^ Mingrelien.
MENGTING. FortereUe de la Chine , dans la pro-
vince d'Iunnan , au département de Mopang.
MÉNIANE. f f. M. Félibien dit que les Italiens ap-
pellent ménianes , les petites terralles & lieux décou-
verts de leurs maifons , où les femmes du commun
vont s'expofer au foleil pour fécher leurs cheveux,
après les avoir lavés , afin de les rendre blonds. Il
ajoute , lelon le témoignage des Auteurs Latins , que
les ménianes , menianu , étoient autrefois ce que nous
appelons galeries & balcons, qui ont une faille hors de
l'édifice , & que ce mot vient de Menius , Cen-
feur , qui le premier fit pofer des pièces de bois fur
des colonnes. Ces pièces de bois faifant faillie hors
de fa maifon , lui donnoient moyen de voir ce qui
fe palloit dans les lieux voilins. Il la vendit à CatQn
& a Flaccus , Confulsj pour y bâtir une balilique;
& en la vendant , il en réferva une colonne, avec
droit d'y élever un petit toîr de planches , d'où lui
&c les defcendans pulfent avoir la liberté de voir les
combats des Gladiateurs. Cette colonne fut appelée
Méniane , Se enfuite on donna ce même nom à toutes
les faillies qui turent faites à l'imitation de celle-là.
§S° Il ne faut pas confondre ces colonnes ménianes
avec celles que Vitruve appelle Médianes j column&
miiianA. Ces colonnes médianes font les deux co-
lonnes du milieu d'un porche , qui ont leur entre-
colonnement plus large que les autres.
Ip- MÉNIANTHE , ou TRÈFLE d'EAU. Voye^
Menyan-the.
MÉNIE. f. f. Voye\ MÉgnie. C'efl la même chofe.
MÉNIL." 1. m. vieux mot qui fignifioit autrefois Mai-
fon de campagne , & quelquefois village. Villa ,
qui venoit du Latin manile , dérive de maneo , ou
manfïonile , ou mafnile , ou mafniVium , qu'on a
dit dans la balle Latinité. On appelle le Ménil-mon-
tant , un village près de Paris. Il y a auili divciics
Terres qui fe nomment Blanc- Menil , Grand-Mé-
nil , Petit - Ménil , Ménil piquet , Ménil-Simon ,
Sec. Ce qui fait voir que ce terme a été fort en
ufage.
N'i u mefon , ne borde , ne mefnil. R. De Garin.
Abatei lor & viles & mefnil. Id.
MENILLE. f. f. Efpèce de bracelet. Voye-^ Majjille.
MENIN. f. m. Ce mot nous eft venu depuis peu d'El-
pagne j où l'on nomme Meninos , c'eft- à-dire, mi-
gnons , ou favoris , de jeunes entans de qualité qu'on
met auprès des Princes pour être affidus à leur taire
la cour , & être élevés avec eux. Puer honorarius.
Ip" l'on appelle Menins de M. le Dauphin , de
M. le Duc de Bourgogne j &c. un certain nombre
d'hommes de qualité particulièrement attachés à la
perfoijne de ces Princes. Bufcon appelle le^ Pauvres
qui vont aux entertemens pour porter les torches ,
& en augmenter l.i pompe , Aleninos de la muerte ,
les pauvres Menins de la mort.
l IvIenin de l'Hélicon. l.i. de Voltaire appelle les bons
M E N
Poctes; les MeninsdllcVicon , comme qui diioit les
favoiis d'Apollon , des Mules.
Menin. Nom d'une petite ville Fonifiéc. Memna.EWc
cil dans 1.1 Chatellenie d'Yprcs, en Flandre, fur ia
Lis, entre Courtr.iy & Armcnticics. {ÇT Louis XV
s'en empara en 1744- & lit râler les fortuications.
Long. 20. d. 44'. lat. ;o. d. 49'.
MENINGE, f. t. Terme d'Anatomie, qui fe dit des
tuniques , ou membranes qui enveloppent le cer-
veau. Méninges. Les Arabes les apellcnt mères : d'où
vient que nous les appelons communément hpie-
mère , ik la dure mère ; car il y en .1 deux , dont
l'extérieure , à caule qu'elle cil plus épaillc , s'ap-
pelle dure-mère. Elle cil: étendue au dedans du crâne
par toutes les cavités , & elle eft double par-tout,
de forte que quelques uns ont dit qu'il y avoit deux
dures-mères. Elle ert jointe à la pic-mère par l'en
tremile des nerfs, des veines ik des artères.^ Elle (e
redouble aufommet de la tête , & fép.ue le côté droit
du cerveau d'avec le gauche , jufqu'à la moitié
feulement. Cette rcdoublure s'appelle /a//c///e, à caulc
qu'elle rellcnible à celle dont on le fert pour cou-
per les blés. Par derrière elle le redouble aulfi , àv"
fépare prefque tout le cervc.au du cervelet. Elle cil
parfcmée de plulK-urs veines & artères. La pie mère
éft ainli nommée , p.^rce qu elle eft fine & déliée.
C'eft: l'enveloppe immédiate du cerve.au , elle entre
même dans fes plis &: replis , & defcend dans les
anhaÛuolités les plus proi-'ondes. Il n'y a propre-
inent dans le corps que ces deux membranes qui
foient appelées m-jninges. Il y a pourtant plulicurs
Anatomilles qui coiiîondent ce mot avec membrane
& tunique. 'Voyez le nouveau livre qui nous clt venu
d'Italie , Pacciomi Regienjîs de durs, menïngis fa-
hricâ & ufu. C'eft un in-i2. de 139 pages, impri-
mé à Rome.
MENINGOPHYLAX. f m. Inftrument de Chirurgie
dont on fe fert au panlemcntdu trépan. Foye-{-cn la
defcription dans le Didionnaire de M. Col de VU
lars. Ce mot eft Grec ,^ ,.:y,„y;„:^uXui , Gardiens des
méninges ; il eft compofé de u-^tyl , membrane , mé-
nins,e°, &c de *iA«: y gardien.
MÉNIPPÉE, f. f. Sorte de Satyre melee de proie &
de vers, faite en i (-94. contre les Chefs de la Li-
gue de ce temps-là. Menippea. Cette Satyre qui
porte aulli le nom de Catholicon d' Efpagne , eft re-
gardée comme un chefd'œuvre par rapport aux
manières rudes de ce liècle là. M. de Thou dit qu'elle
eft fort ingénieufc , & qu'elle fut lue avec plailîr.
Rapin, le Roi, Puhou , Pailer.at & Chrétien ,- qui
croient les beaux clp;its du temps de la Ligue , en
font les Auteurs. M.'DuPuy a fait des notes fur cette
Satyre. On l'a rcimprimé en 1696. avec des remar-
ques plus amples fur les endroits qui devcnoient
obfcurs par le temps. L'efprit de cette Satyre ne
juftifie pas les fautes de bon fens & d'anacronifme
dont elle eft pleine. Les nouvelles remarques nous
viennent d'un endroit fort fufpeft , & capable d'en-
venimer les chofcs les plus innocences. Foyei Ca-
tholicon d'Espagne. 'îfT Elle fut .ainli nommée
de Menippe , Philofophe Cynique, qui avoit com-
pofé un ouvrage en vers & en proie, rempli de
traits piquans. Le favant Varron en fit aulll de
femblables dont il ne nous refte que des fragmcns.
It^" MÉNISQUE, f. m. Terme d'Optique. Meniftus.
C'eft ainfi qu'on appelle un verre , ou lentille con-
vexe d'un côté j & concave de l'autre.
|Cr On donnoit autrefois le nom de Mewfques aux
plaques rudes qu'on mettoit fur les têtes des ftatues
pour empêcher les oifeaux de s'y repofer , 8>z de
les gâter par leurs ordures.
êCrOn a aulfi appelé OTe/zz/tY en Larin, les ombelles
ou aréoles qui te mettent autour de k tête des figu-
res des Saints.
MÉNLASCO. Foyc'^ Orio.
MÉNNITH. Ville de laPaleftine au delà da Jourdain ,
à quatre milles d'Efébon , fur le chemin de Phila-
delphie. Mennith. Ce pays fut donné à la Tribu de
Gad. L. des Juges , XL 33.
Tome V.
MENNONII'E. f. m. U.,
les Provinces - Unies , c
Anabaptiftes. Mermontu. lli le
Mcnnon dansunv;li.igc del-'iile. L. ,.iria
les enthouliafmcs des premiers Analupnltes , Ik leurs
opinions touchant le nouveau lègne de Jésus-
Christ , qu'ils prétcndoieiu rétablir fur la terre
par la voie des armes. Ces Mennonices , ou Ana-
baptiftes réformés , hérétiques du XVF liècle ,
croient qu'il n'y a que le Nouveau Teftament qui
foit la règle de notre foi, qu'en parlant du Père,
du Fils & du S.rint-Efprit , il ne f.uit point fe fervir
du terme de Perfonnes , ni de celui de Trinité ;
que les premiers hommes n'ont pas été créés juftes
ik faints; qu'il n'y a point de péché originel ; que
Jésus-Christ n'a point tiré fa chair de la lubftance
de fa Mère, mais de 1 clicnce du Père , ou que la
parole a été changée en homme ; ou qu'il l'a ap-
portée du Ciel, ou qu'on ne lait pas d'où il l'a
prifci que 1 union de la nature divine ik de la na-
ture humaine s'eft faite enforte que la divine s'eft:
rendue viliblc , fujcttc aux fouftiances & à la mort.
Les Alennonues cw'icmde plus qu'il n'eft point per-
mis aux Chrétiens de jurer , d'exercer aucune charge
de M.igiftrature civile, de fe fervir de l'épée, non
p.as même pour punir les méchans; qu'un homme
en cette vie peut arriver à un tel point de perfec-
tion & de pureté , qu il n'ait aucune louillure de
péché. Ces mêmes Mennonites croient auûi , qu'il
n'eft point permis aux Miniftres de la parole de
Dieu de recevoir de leur Egiife aucun lalaire de
leur tr.avail ; qu'il ne faut point baptiler les petits
encans ; que les âmes des hommes après leur mort
fe repofent jufqu'au jour du jugement dans un lieu
inconnu. Foyei M. Stoupp dans la Religion des
Hollandais, lett. 3. M. Spanheim parle auHi^ des
Mennonites dans fon abrégé des controverfes de la
Religion. lien fait diiïérentcs claftès dont il y en a
de plus rigides les unes que les autres. Mennon
même leur chef a varié daui fa dotlrine , lifez Elen-
ch. contr. cum Anabapt. p. S 3. dç la féconde édi-
tion. M. Stoupp a aulll remarqué dans la lettre 5.
que les Mennonites fe font partagés en plufieurs
fectes. Il y en a deux principales ; dont l'une eft
celle des Mennonites de Frife. Ceux de Flandre
exercent la difciplinc Ecclclîaftique avec beaucoup
de rigueur , excommuniant ceux de leur lede pour
des fiutes très-légères. Us croient qu'il n'eft point per-
mis de manger , ni de boire , ni d'avoir aucune com-
munication avec ceux qui font excommuniés. Ils
fouticnnent qu'il faut rompre toute lociété avec
ceux contre lefquels l'Eglife a prononcé an.ithêmf.
Ceux de Frife au contraire n'étant pas li rigides ,
reçoivent dans leur communion ceux qui ont été
rej'ettés par les autres Mennonites.^ Us ufcnt d'un fi
grand relâchement dans leur difciplinc , qu'ils re-
çoivent toutes fortes de perfonnes impures d.uas
leur fociété ; & c'eft pour cette railon qu'on les
apppelle Borborita , ou Stercorarii.
La plupart des Mennonites ont adopte pluheurs
fentimens des Sociniens, ou plutôt de l'Arianilme.
Ils recommandent avec beaucoup d'emprellemcnt
la tolérance de tomes les feèles, .aulh bien que les
Arminiens. Us reçoivent dans leurs allemblécs tou-
tes fortes de perfonnes, pouivu qu'ils (oient de bon--
ncs moeurs, & qu'ils reconnoiiknt que 1 Ecri-
ture eft la p.arole de Dieu , bien qu'ils loient tort
diftcrens d'eux fur les principaux articles de la
croy.ance. On appelle ces Mennonites , Galemtes ,
prenant leur nom d'un Médecin d'Amftcrdam nom-
mé Gilénus, grand fauteur du Socir.nilmc.
Les Mennonites paflent communément pour une
Seèle d'Anabapriftes. Mais Herman Schin , Miniftre
des Mennonites en Hollande , qui a fait une hiftoire
abrésée & apologétique de (i Seéle , prétend qu'elle
n'eftAnabaotifte ni d'oriiiine ,ni de doctrine. Quant
à l'origine ,' il prétend que Mennon Simonis leur
chef n'a été difciple d'aucun des Anabaptiftes. Pour
ladoûrine, il foutienc qu'il eft injulle de leuT st-
Bbbbbb ij
93i M E N
tiibuci" les excès de cctre Sedirc. Il .ivoue que les
Mennonïtis ne conrereiic le baptême qu'aux adultes ,
mais ils ne le réitèrent point à ceux qui l'ont reçu
dans leur enfance. Ils parlent avec beaucoup de ré-
lerve des opérations extraordinaires du S. Efpric ,
& font très éloignés du fanatKme des Anabaptillcs.
Nulle Secèe, (elon lui , ne porte plus loin l'obéil-
iance p.iffive , &: la foumillion aux Magiltrats. Loin
d'infpircr la révolte , ils condamnent ab(olument la
guerre & la vengeance qui paroît la plus légitime ; ils
défendent de jurer pour quelque caule que ce
foit.
MENOCH. Rivière d'Afrique , dans la haute Guinée ,
qui fe jette dans la mer iur la côte de Malaguette.
MÉNOISON. f. f. Vieux mot. Deiréchement." li fe
trouve dans Aldobrandui , & Borel croit qu'il faut
lire mérolfon , du Latin indiror ; douleur , aftiicfion ,
dépiailir.
MÉNOLE. Petit poilTon que quelques-uns difent naître
de l'écume de la mer , & d'autres avec plus de rai-
fon des petits œufs d'autres poillons de même cfpèce ,
qui fe trouvent dans cette écume , qui viennent
à é:lore par la chaleur. En Latin Mcenis.
MÉNOLIEN , ou MÉNOLE. adj. m. Surnom de Bac-
chus. Mœnolius , Mœnoles. Ce nom lignifie , Tout
furieux, m«i'»ii>i>i« j de ftctlvcfcai , je fuis furieux , ëc de
ô^toc , tour. Clément Alexandrin, Protrept. />. //.
de l'édition d'Oxford , dit Mcnole , Mœnoles -, &:
non pas Ménolien , Mœnolius.
MÉiNOLOGE. f. m. C'cll le Martyrologe , ou le Ca-
lendrier des Grecs, divilé par chaque mois de l'an-
née. Manyrologium Grs.corum in menfes Jingulos
diftributum , Menologium. Le Ménologe ne contient
autre choie que les vies des Saints en abrégé pour
chaque jour pendant tout le cours de l'année , ou la
fimple commémoration de ceux dont on n'a point
les vies écrites. Il y a différentes fortes de Ménologcs
chez les Grecs, comme on le peut voir dans AHatiui,
dijjcn. I. deib. Ecclcf. Grsc.où il elf parlé fort au
long de ces divers Mcnologes. C'ell à-peu près la
même choie que le Martyrologe dans l'Eglife d'Oc-
cident. Il faut remarquer que les Giecs depuis leur
fchilme , ont inféré dans leurs Ménologes les noms
de plufieurs hérétiques qu'ils honorent comme des
Saints. Baillet parle des Ménologes des Grecs dans
fon Dilcours fur l'hiftoiie de la vie des Saints N
XXFI.&fuiv.
Ce mot efl: Grec , il vient de ^càv , mois , Se de
y-ày^- , difcours.
MÉNOLOGUE. f. m. Terme de Médecine. Traité
des purgations des femmes.
MI^^ON. 1. m. Animal terreifre à quatre pieds, fem~
blable au bouc ou à la chèvre , qui fe trouve parti-
culièrement dans le Levant , de la peau duquel on
fiit le maiToquin.
MENOTTE, f. f. Anneau de fer , ou lien de corde
qu'on met au poignet des malfaiteurs pour leur en-
chaîner les mains , pour leur en ôter l'ufige. Fer-
res manica- On ne l'emploie qu'au pluriel dans ce
fens. Mettre les menottes. Oter les menottes. En
quelques lieux on les appelle Menicles.
Menotte , eft quelquefois un diminutif de main , en
parlant de celle des enfans , ^ ne s'emploie que dans le
ftyle burlefque ou familier , pour dii'e , petite main ,
main mignone.
MENOTYRAN. C'eft à-dire , Rois des mois. Voyei
Mois.
MÉNOUFIA. Nom d'une ville de la baffe Egypte. Me-
noujia. Elle efl: dans le Delta , fur une des branches
du Nil , à dix ou douze lieues du Caire , vers le nord.
Elle eft: capitale du Callîlif
MENS. Terme de Mythologie. Ce mot Latin fignific
efprit. Les Romains en avoient fait une divinité, qui
inlpiroit le^ bonnes penfées , & détouinoit les inau-
vailes. Le dieu Mens , ou le bon Efprit , avoit plu-
fieurs Temples à Rome.
A-IENSALA , vil'e d'Afrique , au Royaume de Fèz , dans
la province de Tremecen.
MENSALE. adj, f. Terme de Chiromance. C'eft une
M E N
ligne qui travcrle le milieu de la main y depuis l'index
jufqu'au petit doi.'.t , qui eft prclque parallèle au poi-
gnet j ou à la ligne qu'on appelle hépatique , ou du
foie. Menfalis , Imea hepatica. On l'appelle autre-
ment Tliorale.
MENSE. f. t. Ce mot fignifie proprement une table où
l'on mange j du Latm Mcnfa ; mais il n'cll point en
ufage en ce fens. Il eft devenu un terme E^cléliafti-
que , qui fignifie le revenu , CfC/" qui eft le partage
d'un Abbé j ou des ReUgicux. Ainti l'on dit Menfe
abbatiale , pour déligner le revenu qui eff dans le par-
tage de TAbbé ; Menfe conventuelle , qui eit dans le
partage des Religieux ; Menfe commune , celle dont
l'Abbé &z les Rehgicux jouilient en commun.
IJC? Dans quelques Monaftèrcs , il y a des Menfes par-
ticulières attachées aux Ofiices claux. Dans d'autres,
les Offices claufl:raux font éteints &c réunis a la Menfe
conventuelle.
MENSOLE. f f. Terme d'Architedlure. C'eft la pierre
qui eft au milieu d'une voûte , qui la ferme , qui 1 ar-
rête ; & qui eft quelquefois en faillie , on 1 appelle au-
trement A( Clef,&c ce mor nous eit venu Jcs italiens,
qui appellent Menfola , une ciel de voiite. Il y en a de
plulicurs fortes , félon les diiîérens ordres d Architec-
ture. Camerx tholus.
0Cr MENSONGE, f. m.'Fau'.retéque l'on avance j avec
deiîèin détromper. C'eft une propofition par laquelle
on veut tromper celui à qui on parle. Mendacium.
Il y a des menfonges d'actions , aulli-bien que de pa-
roles s & le menfonge conlifte à s'exprimer par
des paroles , ou par des lignes , d'une manière fauHe,
dans le delfein de tromper. Il y a des vertus qui ne
font qu'hypocrifîe , & un menfonge continuel. On
peut faire dire un menfonge à la bouche , mais on ne
peut pas le faire dire a l'efprit. Log.
^fJ" En flylede l'Ecriture, on appelle le diable, l'elpric
de menfonge i le pcre du menfonge.
^fJ" On appelle /TZf/i/o.-z^e officieux , celui que l'on fait
uniquement pour faire plaifir à quelqu'un , pour lui
procurer du bien , fans aucun deflein de nuire ou de
caufer du dommage à un .autre. La morale de la plu-
part des gens , en tait de fincérité , n'eft pas rigide.
On ne fe fait point une affaire de trahir la vérité par
intérêt , ou pour le dilculper , ou pour excufet un
autre. On appelle ces menjonges , officieux. On les
fait pour avoir la paix , pour obliger quelqu'un , pour
prévenir quelque accident. Miférables prétextes qu'un
feul mot va pulvérifer. Il n'eft jamais permis de faire
un mal pour qu'il en arrive un bien. La bonne in-
tention Icrt à juftifier les acfions indirlérentes , mais
n'autorile pas celles qui font détet minément iwauvaifes.
itZr On palle aufti légèrement fur les menfonres ba-
dins, les hiftoriettes feintes , les nouvelles controu-
vées. Ce font des plaifanteries qui ne nuifent à per-
fonne. Quelle_ biiarre apologie ! Une attion eft elle
donc innocente , pour ne pas renfermer deux cri-
mes ; Tous.
Mensonge , fignifie fîgurément Erreur, vanité, illu-
fîon. Le monde n'ell qu'il lulion& que menfonge. Ac.
Franc.
On dit proverbialement que tous longes font men-
fonges ; pour dire , qu'il ne faut aucunement s'arrêter
à tout ce qu'ils pronoftiquent.
§CF Mensonge. Se prend quelquefois dans le même fens
que fable , fiftion. La Poëiie vit de menfonges ; mais
elle eft morte, fi elle ne donne au menfonge un air de
vérité. Rac. F.
Le menfonge & les vers font de tout temps amis.
La Font.
MENSONGER , ÈRE. adj. Faux , uompem. Mendax ,
fallax , deccptor. DïCcoms menfonger. Hiftoire men-
fongère. Une équivoque eft une propofition ambiguë
& menfon ère. Port Royal. La civilité du mondeeft
menfongere. M. ScuD. On ne peut pas ôter aux Amans
leurs foupirs &: leurs délefpoirs trompeurs , ni toutes
leurs fraudes r72e/2/j;2j'frc;i-. S. Evr. Les gémillemens
ne font bien louvent que de vaines montres d'une
M E N
douleur menfonoère. Pat. Ce mot cfl: en ufige dans
1.1 Poclic , ik. ne doit guère s'employer en proie. Ké
gnicr a dit la foi mcnfongère d'une femme.
Vous ttcs fans arrct , foikle , vainc & lé'^ère ,
Inconjiantc , bijarre y ingrau i' mer.longère.
Voit.
MENSTRUAL , ALE. adj. Terme de Médecine , qui
iie (c dit que du ixn^ qui coule tous les mois d.ms
les purganons ordinaires des femmes. Mcnflruus. Le
fens mcnjlruul elt le relie du lang iuperHu qui fura-
bonde en la femme. On peut lederiiiir un cxcrér.ient
deftinc à la génération (Sj à la nourriture de l'animal ^
quand il elt dans la matrice j dont en un autre temps
la iiature fait 1 évacuation tous les mois. De tous les
animaux , il n'y a que la femme , & peut être la
guenon , qui aient leurs purgations/nt/î^raa/cj. Hip-
pocrate dit que le lang menjlrual ronge ëc mine la
terre comme le vinaigre. Plme & Columelle ajoutent
qu'il brûle les herbes , qu'il gâte les plantes &c les
fait mourir j qu'il ternit les miroirs , & on tient que
les chiens qui en goûtent , deviennent enragés ; mais
tout cela ell: fabuleux j puilqu'il eft certain que ce
lang eft le même que celui qui efl; contenu dans les
artères & dans les veines. Par la Loi des Juifs , tant
que le fangOTt,v2/?r/^i2/ couloir à une femme , elle étoit
immonde ; tk. l'homme qui lui touchoit , ou aux
meubles qu'elle avoit touchés , étoit immonde. Lé-
vitique , cliap. i j.
fer On dit plus communément menjlrucl , fang menf-
rruel , purgations menJlruelUs , pour dciigner le (ang
qui coule pendant les purgations naturelles des fem-
mes.
MENSTRUE. f. m. Terme de Chimie. C'efl: ai nfi qu'on
appelle une liqueur propre à dilloudre les corps
lolides ; un dillolvant humide , qui pénétrant dans
les intimes parties d'un corps fcc , ferr à en tirer les
extraits & les teintures , ëc ce qu'il y a de plus lub-
til & ellentiel. Menjlruum. L'eau régale eft le menf-
true de l'or.
Ce mot vient du Latin menjls , mois ; parce que les
<Zhimiftes prétendent que le dillolvant doit achever
Ci. didolution en quarante jours, qui eft le mois phi-
lofophique. Col. de 'Villars.
En termes de Philo(ophie hermétique, on appelle
le mercure hermétique j nienjlrue blanclii , inenjlruc
puant , menjlrue ellentiel , menjîrue des Philo(ophes.
QueLquetois menjlrue , ligni.*ie Eau ; de là vient cette
exprelHon , Ne mange pas dir tîls dont la mère abonde
en menfirue ; c'eft à dire , où l'eau abonde , &: eft plus
abondante que le teu de la nature. Menjlrue végétal j
c'eft l'eau ardente fept fois redlifiée.
«^ MENSTRUEL , ELLE. adj. C'eft ainfi qu'on doit
dire. Voye\ Menstrual , qui eft beaucoup moins
en ufage.
MENSTRUES, f. f. pi. Les purgations ordinaires des
femmes, qui leur viennent tous les mois. Aienjlrua ,
menfes , muliebria. Quand l'Ecriture vent parler d'a-
bomination & d'impureté , elle fe fert de cette ex-
^rellion. C'eft comme le linge d'une femme qui a les
menjirues. EJiher , i^, i6. Ifaïe , 64. , 6 . E-^échiel ,
22^10. On leur donne aulli les noms de mois ,
de règles , de mâles Jemaines , de temps , de Jleurs
rouges , & d'autres , félon les pays , comme en Italie ,
// marchefe , 8cc.
MENSTRUEUX .cEUSE. adj. Terme de Chimie. Ce
mot eft rare j il le trouve dans quelques Auteurs de
Chimie & du grand Art : il lignifie j qui abonde en
menfirue.
§3" MENTAL , ALE. adj. qui n eft guère d'ufage qu'au
féminin , & dans très peu de cas. Ce mot fignifie pro
prement ce qui fe fait, ce qui s'exécute dans l'elprit ,
dans l'entendement. Mentalis. Ainh l'on dit orailon
mentale , qui fe fait dans l'efprit , (ans proférer au
cune parole. On dit de même reftriétion mentale ,
qu'on fait tacitement au dedans de foi-même. Elle eft
contre la vérité. Voye":; Restriction.
^3" On parle dans les Ecoles d'une diftindion mentale.
M E N 933
c'eft l'oppofé de ce qu'on appelle diftinclion réelle,
en termes de l'ancienne Ecole , diftinclion àparterei.
Ladiftinèlion mentale n'cftqucdans l'ciprit , elle ne
porte que fur une hmplepréeilion idéale 6c mérapliy-
iiquc. L'incompréhcnlibiiité des attributs de l'Etre
fuprêmc ne nuit point à l'évidence que nous avons
de leur réalité : entre (on ellence bc (a nature, nulle
diftini^tion même mentale. Voyez Distinction.
MEN lALEMENT. adi'. D'une manière mentale. Les
Loix ne punillent point ceux qui n'ont commis un
crime que mentalement. Acad. Franc, c'eft à-dirc ,
ceux qui n'ont eu que le dellein de le comniettre.
MENTE , ou MAN lE. Nom d'un Bourg du Viennois,
en France. Mcntala M tnte eft entre Vienne & Tour-
iion , à égale diftance de l'un & de'l'aurre. Valois,
Notlt. Gall. p. 31s-
MENTES, f. f pi. On nomme ainfi à Reims des efpèces
de couvertures de laine , qui le fabriquent de plus &
autres laines communes du pays.
MENTES, f. m. C'étoit, dit Madame D.acier, un célè-
bre Négociant de l'île de Leucade , qui prit avec lui
Homère à Smyrne , le mena avec lui , t<. lui hc fiire
tousfes voyages. Le Poète ^ pour faire honneur à (on
ami , a conlacré fon nom dans (on Poëme.
fCr MENTERIE. f. f. Difcours par lequel on afHrme
pour vraie , une choie que l'on fait être faulîe. Men-
dacium. Dire une menterie ,h foutenir, la méditer.
La conduite des hypocrites eft une menterie perpé-
tuelle. Ce terme eft (ynonymc de menfonge , avec
cette diiiércnce que le mot de menfonge cîidn ftyle
noble, & celui de menterie du ftyle très- (àmilier.
On dit bien dans le ftyle (outenu , que le diable eft
le père du menfonge ; mais on ne diroit pas qu'il eft
le père de la menterie.
MENTÉSE , MEMDÈS. Nom d'une ville ancienne
de la Natolie , en A(îe. Myndus. Elle eft fur la
côte de l'Archipel, entre le cap Crio , & la ville de
Melazzo.
MENTESELI. Nom d'une contrée de la Natolie , en
A(îc. Mcntefelia , anciennement Lycia. Elle eft une
partie de la Caramanie, & renfermée dans les mon-
tagnes duTaur, entre la Caramanie propre, l'Aidi-
nelli , &z la mer de Rhodes.
ffJ' MENTEUR, EUSE. adj. fouvent employé (ubftan-
tivemcnt. Mendax. C'eft celui qui , de deftein prémé-
dité , avance une faulleté , dans la vue de tromper;
celui qui affirme pour vraie , une chofe dont il con-
noît la fauUbté. Cet homme eft menteur , un grand
menteur, un menteur fiefté. Ce terme s'applique à
ceux qui racontent des hiftoires fabuleules. Il s'eft
mêlé tant de (àble dans l'hiftoire des Grecs , que la
Grèce mcnteulc eft paftée en proverbe.
Et quidquid Grdcia mendax j
Audet in Hijloriâ. Juvenal.
0Cr On le dit aufti de ceux qui dilent des chofes flat-
teufes , qui donnent des louanges outrées. Les Poè-
tes ("ont les (euls menteurs qui méritent d'être loués.
De-là on dir en proverbe , menteur commt une orai-
fon funèbre , comme une épitre dédicatoire , comme
un panégyrique , comme une épitaphe. Le Plalmifte
dit que tout homme eft menteur, Omnis ho mo men-
dax ; c'eft à-dire, qu'il eft fujet à (è tromper.
lier Le terme de mêwrez^r s'applique aullî aux chofes dont
les apparences (ont trompeufes. Mendax , fallax.
Ainli l'on dit un vifige menteur. Une mine , une
phylionomie menteuje. Un Congé menteur. Vous ne
devriez pas avoir la mine (î m.enteufe , en recevant
avec tant de civilité un homme qui vous importune.
M. ScuD. Toutes les paillons fonr menteufes ; elles
fe déguifent autant qu'elles peuvent aux yeux des
autres. La Bruy. Il y a des regaids rrompeurs , &C
même an filence menteur. M. Scud.
On dit à la chalfe , qu'un chien eft menteur, quand
il cèle la voie pour gagner le devant. Horace a dit
en Latin , fundus mendax , un fonds menteur , pour
dire , une terre qui ne rapporte pas autant qu'elle
devoit , autant qu'on en attendoit.
9U M E N M E N
On dit piovcrbialemeiu , qu'mi homme eft men- T MENTIONNER, v. a. Terme de Pratique. Faire mc.i-
^ • • ' '"' '■-- ' non. Memiunewfacere , de aliquocommemorizre. Vous
avez tort de n'avoir pas rr.entïonné dans ce contrat la
fomme que vous avez reçue en dot. Un Notaire eft
fcz^r comme un arr.icheur de dents , c'eft à-dire ,
comme un Charlatan; parce qu'un arracheur de
<lents promet toujours de ne point faire de mal.
On dit aulîi , qu'il Faut qu'un menteur ait bonne
mémoire , afin qu'il ne ie coupe pas , qu'on ne de
couvre pas fa menterie. On appelle aulH menteur
d'hiver , ceux qui difcnt qu'ils n'ont pas froid quand
il gèle. , , - ^ ,
MENTHE, f. f. Plante dont il y a plulieurs clpeces.
Mentha. Il y en a une domtftiquc qu'on cultive dans
les jardins, dont les racines font longues , rampantes ,
Jibreufes. Elle poulie des tiges à la hauteur de d-ux
coudées ,rouge.itreSj carrées. Ses feuilles font obi jn-
gues, pointues, de couleur verte oblcure , peu ve-
lues , dentelées en leurs bords. Ses fleurs (ont en
gueule , petites , blanches , marquées de petits points
routes j rangées en forme d'épis. En \.:\x\\\ mentha
anguftifolia f-picata. C. Bauh. Cette plante rend une
odeur force & très agré.able-, fon goût eft aromatique :
on s'en fcrc dans la foiblefte , & dans la crudité de
l'ellomac , dans le vomillement , dans le hoquet ,
dans la cohquc : on l'applique aulli extérieurement
fur les mamelles des femmes , pour dijioudre le
lait qui s'y eft caillé. Il y a une menthe fauvage qui
■croît dans des lieux humides , & qui poulie des ti-
ges à la hauteur d'une coudée , carrées , velues. Ses
feuilles font prefque rondes , ridées , couvertes
d'une laine blanche. Ses fleurs font fembl.iblcs
aux rieurs de la précédente , de couleur blanche-
rougeâtre. Sa femence eft menue , noire. Sa ra-
cine eft rampante , fibreufe. En Latin mentha fyl-
vefîris rotundwre folio. C. Bauh. ou mcnthaflrum
foins orbiculatis. Elle a une odeur forte & aromati-
que ,mais moins agréable que celle de la menthe cul-
tivée'; fon goût eft amer , acre, aftringent. Phne dit
que ce nom lui eft venu à caufe de l'agrément de
fon odeur , & qu'on 1 appelloit auparavant mïntha.
Les fables difent que Minthes , fut une fille que Pro-
ferpinc ayant furprife avec 1-luton , métamorphola
en cette plante. Jésus Christ difoit .nux Phaiificns :
Malheur à vous qui payez la dîme de la menthe , de
l'anet , du cumin , de la rue , & de toutes fortes de
légumes , & qui .wez abandonné ce que la Loi avoir
de"'plus important. S. Matthieu , dup'mc i^.S. Luc,
rF^MENTHE-COQ ,ou HERBE DE COQ , ou COQ
DES JARDINS. Cojlus honorum , tanacetum hortenje ,
folïts & odore menthî. Elle poulie des tiges à la
hauteur d'environ deux pieds , cannelées , velues ,
rameufes , de couleur pâle. Ses feuilles font oblon-
gues , dentelées dans leurs bords , rarement décou-
pées,'d'une odeur forte & agréable .d'un goût .amer
& aromatique. Elle a à-peu-près les mêmes proprié-
tés que la tanélîe & l'abfynche , auxquels on la fubfti-
tuc quelquefois. • , rt: n- '
MENTHEIT. Nom d'une province de 1 EcoUe mé-
ridionale. Menthaïa. Elle eft entre les Comtés de
Fife , au levant , & celui de Lennox au couchant ,
avant au fud celui de Sterling , & au nord ceux de
Stracerne & de Broad Albain. La longueur de ce
pays eft de treize lieues, &: fa largeur moyenne de
quatre. . ^_^
MENTION, f f. Témoignage , rapport qu'on tait \fT de
vive voix ou par écrit. Mentïo , fermo , commemo-
rddû. Faire mention d'une perfonne , d'une chofe ,
en faire une légère mention , une mention honorable.
Il y a plufieurs anciens livres perdus ^ que nous ne
connoillbns que parce que les Contemporains en ont
{mi mention. C'eft un grand homme dont cet Hif-
torien a fait une honorable mention dans les écrits.
MîNTio» , fe dit auiTi d'une fimple expreffion d'une
choie dans quelque afte. ^'^ntio , exprejfto. Il n'eft
point fait mention , ni exprellém^ent , ni tacitement ,
de cette claufe , dans un tel .arrêt. Quand on a fait
un rach.at , on ftipule qu'il fera fait mention fom-
i-naii-e de la quittance fur la marge du contrat de
conftirution. Il eft en colère coatre fon parent , qui
n'a fait aucime mention de lui dans fon teftament.
obligé de mentionner les efpèces des paiemens qui le
font devant lui. Il n'eft guère en ufage qu'au parti--
cipe & au temps formés du participe. Ce qui a ete
mentionné ci dellus. Cela eft vrai par les railons ci-
delfus mentionnées. Ce Prélîdenc eft venu à bouc de
tout ce qui étoit mentionné dans fesinftruêtions.
MENTIR, v. n. Mentiri ,falfum proloqui. On conju-
gue , je mens , tu mens , il ment ; a l'impér. mens.
Dans les règles , m.enté-je ne fe dit point , & mens-
je , choque l'oreille : prenez un autre tour d'cxpref-
lîon. Corn. ^'-^' C'eft duc une chofe pour vraie, que
l'on fut bien être faulle. Donner lieu volontaire-
ment à autrui de croire vrai ce que l'on fait être
faux ; ou de croire faux ce que l'on fait être vrai. Men-
tiri. Voyez Menteur & Mensonge. Il eft défendu
par la loi de Dieu de mentir. Ce n'eft^ pas un grand
crime que de mentir galamment auprès des Dames.
S. EvR. Il eft permis de mentir en vers^ mais non
pas en profe. M. Scud. Ariftote dit qu'Homère a
appris aux Poëtes à mentir comme il faut. On ne
gagne rien à mentir , que de n'être pas cru quand
on dit la vérité. Abl. Il y a des dévots indilcrets
qui mentent par charité , en faveur des Saints qu'ils
aiment tendrement. Thiers. S. Auguftin a décidé
que s'il falloir mentir pour fauver le genre humain ,
il vaudroit mieux le laillbr périr. Mentir ingénieu-
fement , & déguifer les fcntimens avec une adrellè
délicate & polie. Bell. On dit , Mentir^ à Dieu Se
au S.iint -Elprit , quand on dit contre la confcien-
ce une choie faulle en face d'Eglifc. Saint Pierre
reprit Ananias d'avoir menti au Saint-Efpric. Ananias
en fut foudainement puni. Acles , ch. 5. v. i.
A n'en point mentir, Ik fans mentir, fe difent pro-
verbialement, quand on eft forcé de reconnoître la
vérité.
Ip-On ne doit fe fervir de ce verbe qu'avec beaucoup
de précaution dans la converfuion, parce qu'on ne
peut pas faire un plus cruel aftront à celui qui affirme
férieulément une chofe, que de lui dire qu'il ment ,
qu'il en a menti.
Mentir, fe dit proverbialement en ces phr.afes, A beau
mentir qui vient de loin , pour dire , qu'on ne peut
pas le convaincre de faullccé. C'eft un homme qui
n'enrage pas pour mentir , pour dire qu'il ment or-
dinairement. On dit auili , Peut-être eng.ude les gens
à<i mentir. On dit auili. Vous -ivcz f'.it wtf/zfiV le pro-
verbe , quand on fait une chofe qui eft contre les
opinions reçues du vulgaire. On die que bon fang ne
peut mentir , pour dire qu'on fait toujours paroftre
ce qu'on eft dans le fond de l'ame. Ou dit qu'un
homme en a menti par fa gorge, ou cent pieds dans
fi gorge , pour appuyer plus fortemeiu un démenti.
Ces dernières exprellîons lont plus balles que les au-
tres, & tout-à fait populaires. On dit encore , il ne
faut pas mentir devant les menteurs. On dit d'un
grand menteur , qu'il ne ment jamais , s'il n'ouvreJa
bouche. *
MENTON, f. m. La partie inférieute du vifage qui eft
au dctlous de la bouche , qui le termine à la bouche.
Mentum. Menton long , m.enton court , menton plat ,
m.cnton qui avance. Ce jeune homme commence à
avoir de la barbe au menton. ^
Son mcmon fur fon fein defcend à double étage.
BOIL.
Il étcjit à table jufqu'au menton , pour dire, il étoit
allîs trop bas. 1,1
On dit en termes bas &: comiques , branler le
menton, pour dire , bien manger , fiire débauche.
On dit, fecouer ou lever le menton, pour dire, le
moquer de quelque réprimande, ou de quelque
chofe qu'on exige de nous.
M E N
Pourqua, l faire tant de menaces ,
ht lever fi haut Le menton.'' Sar.
§C?On dit piovcibi.ilcmcntqu'oii doit ccic (agc quand
on a de la t laibe au menton.
On dit au lli , loutcnir le menton , pour dite , ap-
puyet la fortune, le crédit de quelqu'un On dit
aulli, les m.- uns tous le menton, les coudes fur la ta-
ble, pour dire à la commodité.
Menton, fe dit aulli de quelques animaux, & lignifie
la partie éi la lèvre de dcU'ous. Pars labri injenons.
Le menton d'un cheval , c'eft la partie de la mâchoire
inférieure , qui ell immédiatement fous la barbe.
SoLEisEL, Lorfque le buffle cil irrité, une toutfe de
poil lui pend au menton. Vie de Commandon. On
dit aulli d un bouc, ou d'une chèvre, qu'ils ont de la
barbe j u menton.
Menton, fe dit par les Heuiiftcs, d'une certaine Heur
qu'ork appelle Iris bulbeule , & lignifie les extrémités
des tr ois feuilles qui penchent vers la terre. Iris qui
a Ic; mentons jaunes , mêlés de blanc. Morin. Les
tro/.s autres feuilles qui s'élèvent , s'appellent langues.
Memton. Petite ville d'Italie, dans la Principauté de
Monaco , entre Monaco &c Vintimille.
§3 MENrONNIER, ERE. adj. Terme d'Anatomie,
'qui s'applique aux parties relatives au menton. Ainli,
l'on dit le trou mentonnïer , l'artère mentonnière.
Î.IE.NJTONNIÈRE. f. f Petite bande de toile ou d'étoffe
que les Dames s'appliquoient lut le menton quand
elles portoient des mafques carrés. Paropidis injenor
fafcia. On n'en porte plus guère.
MeiMtonn'iÈre , fignifioit auili une partie du cafque.
MENTOR, f. m. C'étoit un des plus fidèles amis d'U-
lylFe, & celui à qui en s'embarquant pour Troye , il
avoir conhé le loin de fa maifon , pour la conduire
fous les ordres du généreux Lal'rte. Ce Mtv/forétoit
un des amis d'Homère , qui le plaça dans (on po'e'me
par reconnoilîànce , parce qu'étant abordé à Ithaque
à ton retour d'Elpagne , Se fe trouvant fort incom-
modé dune Huxion fur les yeux qui l'empêcha de
continuer fon voyage , il fut reçu chez ce Mentor ,
qui eut de lui tous les foins imaginables. IKTCc
nom propre ell devenu appellatif, &: (e dit de celui
qui krt de conlcil , de guide , de gouverneur à quel-
qu'un.
MENFULA MARINA. Efpèce de fangfuc de mer
qu'on trouve ordinairement lur le rivage. Cet infecte
ell long d'un pied & gros comme un bras médiocre ,
rellemblant à la racine de Nénuphar. Il s'étend & le
retire comme une langlue ordinaire, ce qui joint à (a
configuration qui a du rapport au membre viril, lui
a bit donner le nom de mentula, qui exprime en la-
tin cette partie de l'homme. Il eft prefque aulli dur
que la corne; (a couleur ell rougcàtre. Il poulie du
devant de Çà tête certains crins qui lervent de trompe
pour attirer ce qu'il veut manger. Il ne nage point , «Se
• rampe même fort lentement. Il vit de petits poillons à
coquille , &: il a la bouche h grande , qu'il avale quel-
quefois la coquille avec le pollfon : il n'a point d'au-
tres os que les dents.
MENTULAGRE. f f. Mentulagra. Maladie delà verge ,
caulée par une contraélion ou convulhon des mulcles
érefteurs, qui caufe l'impuillance. CASTELir.
gCTMENU, UE. adj. Terme relatif à la malle, à la
grolFeur feulemeSt dont une choie manque , & quel-
quefois à la grandeur en tout fens. Exilis , miimtus.
|iC Dans la première acception , le mot de menu s'ap
plique à ce qui a peu de groll'eur. Ainfi , l'on dit
qu'une jambe eft menue , que des colonnes font trop
;nenues relativement à la grandeur d'un bâtiment.
Cette femme a la taille menue. Cette corde efi: trop
.menue pour l'ufage auquel on la deftine.
IJCT Dans la féconde acception , le mot de menu fe dit
de ce qui a peu de vohime , peu de grandeur en tout
fens. Tenuis. Ainli, l'on dit menue poulîicre. Réduire
un corps en menue poulfière. Menu plomb, celui dont
on (e fert pour tirer aux oifeaux. Menues dragées.
La nompareillc eft U plus menue des dragées. On dit
M E N
935-
aulh nompareille, du plus menu des caraftèrcs d'Im-
primerie.
^fj' Ce terme s'applique dans un fens métaphorique ou
figuré, à diiiérentes choies de peu de valeur, ou de
peu de conféquence.
^Cy Ainli , l'on appelle menue monnoie , la petite mon-
noie de cuivre ou de billun, comme les fous, les
liards. On dit de même menus droits , menus profits,
menues denrées, menue dépenle.
IJS^On appelle menu peuple, bas peuple, le petit peu-
ple. Plebecula. Le menu peuple eft ordinairemeiiC
inlolcnt.
^/"Chez le Roi , on appelle menus plaiiirs , ou limple-
ment menus , certaines dépenles qui n'entrent point
dans la dépenfe ordinaire de la Maifon du Roi , connue
l'entretien de la muhquc , les Ipettaclcs , comédies &
ballets , les têtes de la Cour , les catafalques , &c.
Il y a un Intendant, un Tréforier, un Contrôleur
ik. un Caillierdes menus plaiiirs, ou des menus.
ifT On le dit aulli en parlant des particuliers. Un père
donne tant à Ion fils , un mari donne tant à fa fem-
me pour fes menus plaiiirs.
1^ En termes d'Agriculture, on appelle menus gïûns,
l'orge , l'avoine , &c. qu'on appelle autrement mars.
Voyez ce mot.
îfT En Jurifprudence, on appelle menues dîmes, les
dîmes qui le prennent lur d'autres truits que le blé ,
l'avoine, &c. Les Vicaires perpétuels n'ont que les
menues dîmes, ou dîmes vertes, l-^oye^ Dixme.
fCF En termes de Bréviaire , on appelle menus fuffrages,
les orailons qui le difent après l'office pour la com-
mémoration des Saints.
CKrOn le dit par estcnhon, mais en ftyle de plaifante-
rie leulement , des prières courtes qui le dilent par
dévotion. Cette bonne dévote dit les menus (uftrages.
IJCF On appelle encore menus luftragcs , de petits profits
attachés à une charge. Il tire tant de la charge avec
les menus lutlrages. ♦
Les menus droits , en termes de ChalTe , font cer-
taines petites parties d'un cerf , comme les oreilles ,
les bouts de la tête, quand elle ell molle, le muHe,
les dentiers, le trancboyau, & les nœuds qui fe lè-
vent feulement au printeiris & dans l'été : c'eft le
droit du Roi. Sal. V enaticorum canum efca pradaria ^
fent extimjt partes.
CK? Menus Droits, en termes de cuifine. f^oyez
Menu , lubftantif.
IÏCFMenu Rot. On entend par-là les cailles, les per-
dreaux, les ortolans , les beccailines & autre menu
gibier. Un fervice de menu rôt.
Menus-Marchés. Terme des Eaux & Forêts & du
commerce des bois. Il lignifie la vente des chablis,
des arbres de délit & autres tels bois qui peuvent fe
rencontrer dans les forêts du Roi , & qui ne font pas
des ventes, ni des coupes réglées ou entières. On y
comprend les glandées, les pacages & les paillons.
Menu-vair , en termes de Blafon , fe dit de l'écu char-
gé de vair , lorfqu'il eft compofé de lix titres ou ran-
gées , parce que le vair ordinaire n'en a que qu.itre j
lorlqu'il n'y en a que cinq , il le taut fpéciher en bla-
(onnant, aulli-bien que l'émail, quand il eft autre
que d'argent & d'azur. Anguftum vellus varium , pe-
tafatum tenue.
Memu, eft aulli fubftantif. On appelle chez les Rotif-
feurs, du menu, les foies, bouts d'ailes, géliers, &
autres chofes dont on fiit des ragoûts &: des fricallées.
On appelle le menu d'un repas , le mémoire que
l'on fait de ce qui doit y entrer.
53' On dit qu'on a donné tant de paquets de menu à la
leflive , c'eft-à dire , tant de paquets de petit linge.
Il lignifie aulli, détail. Ce Marchand trafique tant
en gros qu'en menu. Le mot de détail eft beaucoup
plus ufité. Singillatim, figilldtim, per fingula. Les
papiers ont été inventoriés par le menu. On lui a fpé-
cifié par le menu tout ce qu'il avoit à faire. Il a
compté avec fon maître en détail & pat le menu. Tu
le fiuras, en coniidéiant par le menu, pourquoi on
a bcfoin de chaque chofe. Abl.
En matière de procédure, on appelle, faire du
95é M E N
menu , lorlque dans une affaire (Ims difficulté , on
alonge la procédure & l'on multiplie les frais.
|C? Menu. adv. i'ar parcelles , par petits morceaux.
Mïnutadm , mïnutïm. Hacher menu ; fort nieim , pro-
verbialement, menu comme chair à pâté.
|Cr Dans le ftyle familier , il eft fouvent joint avec dm.
Crcbro & comise , fn:quenur & minudm. Il pleut ira
ôc v'.cnu.
Ip-Maixher dm & menu , vue & à petits pas,
l^rOnditaulli, tcdonnerdu menu, pour dire fe don-
rcr du bon tems, le divertir. Tout cela eft familier.
On dit proverbialement , on l'a haché menu comme
chair à pâté, pour dire, on l'a cruellement mallacré ,
on lui a donné mille coups.
On a appelé autrefois menu chez les Romains , une
petite pièce de monnoie, une petite elpéct. Mumtus ,
minutulus. Il y en avoit d'argent & de cuivre. Avant
I Empereur Alexandre , la viande fe vendoit la livre ,
huit de ces pièces-, fous lui elle vint à deux. Sc.Uiger
dit que c'ell le denier qu'on appeloit ainfi, comme
on appeloit de même en Grèce la drachme y^i^fii.
MENUAILLE. f. f. Ce mot fe dit dans le ftyle familier ,
d'une quantité de petites monnoies, payer en me-
nuaUles; ou d'une quantité de petits poillons , une
matelotte de menuailles , ou généralement de toutes
fortes de petites chofes qu'on met au rebut. Empor-
tez toute cette mcnuadlc.
MENUE SEIZAINE. f. f. Petite corde propre aux em-
balleurs , qu'en termes de corderie on nomme plus
ordi nairement fil-agor.
MENUEL. f. m. "Vieux mot. Cornet.
MENUET, f. m JJTAir àdanfer, dont la mefure fe
bat à trois tems , dans lequel il y a un repos de quatre
en quatre mefures , & qui eft compofé de deux repri-
fes. A'kàz menuet. Chanter ^ jouer un wc/zi/ef.
|CrOn.le dit auili de la danfe. Danferun menuet. Pla-
cida & demijja JaltatLO. Le caraélère du menuet eft
une* noble èc élégante lîmplicité. Le mouvement en
eft plias modéré que vite. Ce n'eft point une danle
gaie , au moins dans nos bals.
ffTLt menuet eft compofé de quatre pas. Sa figure eft
celle du Z.
MRNUF. f. m. Efpèce de lin qui croit en Egypte & qui
fe vend au Caire.
r^MENUlSAILLE. f. f. ou MENUISE d'ETANG.
C'eft le goujon , le menu ftetin d'un étang, qu'on
appelle plus communément alevin.
MENUISE. f. f. Terme de ChalTe, C'eft une des plus
petites efpèces du plomb à tirer. La menuife eft au-
delfous de la dragée , & ne fert que pour tirer fur les
•petits oifeaux. On appelle autrement cette petite ef-
pèce de plomb , de la cendrée.
Menuise. On nomme ainfi dans le commerce des bois
à brûler, le bois qui eft trop menu pour être mis avec
•les bois de compte ou de corde.
MENUISER. v. a. Travailler de l'art de Menuiferie.
On ne le dit point.
MENUISERIE, f. f. Ouvrage de bois taille & alkmble
avec propreté S>C délicatelle. Fabrï lignani opus. La
/7itw///dne de ce buffet d'orgues , des formes de cette
•cglife , d'une t^Ue œuvre , eft bien travaillée , bien
/élicate. Le meuble de cette chambre eft d'une belle
menuiferie.
Menuiserie d'affemblage , eft celle qui confifte en bâ-
tis & panneaux affemblés à tenons & mortoifes, rai-
nmes & languettes collés &C chevillés ; & cette me-
nuiferie eft de deux fortes-, dormante, comme toute
forte de lambris, ou mobile , comme toutes les ferme-
turcs.
IP^Memuiserie de placage. C'eft celle qui fe fiit de
bois dur & précieux , débité par feuille, & qui eft
plaquée pta' compartimens &: faillies fur la menuiferie
d'aftemblage , comme le pratiquent les Ebéniftes.
Menuiserie, fe dit aufli colledivement , de tout le
bois taillé & raboté qui eft nécellaire dans un bâti-
ment. Opus e ligno poliùus. On a fiit un devis de
menuiferie des portes, fenêtres, lambris, plafonds
qu'il faut faire dans cette maifon. La m^nuijerie re-
vient à tant.
M E O
Menuiserie , eft auffi l'art de polir &' d'affembler le
bois. Fabrica materiaria. Le jubé d'une telle Egliie
eft un chef d'œuvre de menuiferie.
Les Ort-évrcs appellent ouvrages de menuiferie , les
petits ouvrages d'or & d'argent qu'Us fabriquent ,
comme anneaux, boucles, crochets, &c. ce qu'ils
oppofent à la grojferie , qui fe dit de toute forte de
vaiffelle c't de grands ouvrages. C'eft b. même chofe
parmi les Potiers d'étain.
MENUISIER, f. m. Ouvrier qui travaille en menuife-
rie , qui travaille en bois avec le rabot & la varlope.
Lignariusfdber, materiarius. Un Menuifiei doit lavoir
dclliner. Les Menuifiers en ébène ne travaillent guère
qu'en ouvrages de rapport , de menuifetie , de pla-
cage. Les gros Menuifiers travaillent fut des pièces
d'aftemblage.
Ce mot vient du Latin minutarius , ou minutiarius ,
comme travaillant en petit à l'égard du Charpentier.
MÉN. Comme Menuiferie vient de minutiaria , qui
s'eft dit de cet art par comparaifon aux Charpentiers
& autres ouvriers en bois qui font des ouvrages plus
grolliers , & par rapport auxquels ceux de la Menui-
ferie font menus & délicats. ,
MENUISIERES ou Percebois. Efpèce d'abeilles, ainfij
appelées , à caufe qu'elles font leurs nids dans le bois.
Jamais elles n'attaquent des arbres vivans, ni du bois
vert. "Voyez l'Abrégé de l'Htft. des InfeBcs.
MENUITÉ. f. f. Petiteft'e. On ne peut rélifter à la ten-
' ration d'apporter un exemple notable & des menuités
8c des malignités dont ce livre eft plein. Jurieu ,
dans le Dicl. de Buyle Exemple qui n'eft pas à fui-
vre.
xMENYANTHE, ou TREFLE d'eau, f. m. Plufieurs
écrivent MENIANTE. Menyanthes. Plante dont les
feuilles font attachées trois à trois fur une longue
queue , reffemblantes à celles des fèves en figure &
en grandeur , unies & douces au toucher. Il s'élève
d'entre elles une tige à la hauteur d'un pied & demi ,
unie, lillé, menue, verte, revêtue en haut de Heurs
faites en cloche , de couleur blanche , tirant lur le
purpurin , découpées ordinairement en cinq parties ,
foutenues par des calices formés en godet & dentelés.
Il leur fuccède des fruits ordinairement oblongs , ren-
fermant des femences ovales , rouges ou jaunâtres ,
d'un goût amer. Sa racine eft longue , blanche , gar-
nie de fibres. Cette plante croit dans les marais &
lieux aquatiques en terre maigre. Elle varie luivant
les dirtérens heux où elle nait. Ses feuilles font quel-
quefois arrondies & d'autres fois pointues. Le me-
nyanthe a pluhcurs propriétés. On s'en lert pour la
jaunille , l'hydropifie , la colique , pour la pierre ,
pour les douleurs néphrétiques , pour puriher les
humeurs groilières. C'eft un antilcorbutique -, il
poufte auftf pa"-' les urines. On le prend en décoction
ou en poudre , au poids d'une drachme , trois fois par
jour pendant la maladie. Sa femence eft bonne con-
tre l.-i toux pour les maladies de poitrine. Elle eft de-
terfive & propre à incifer & détacher les humeurs
groflières , & pour arrêter le crachement de fang.
MÈNZO. Voye\ Mençio.
M É O.
MÉON. f. m. Roi de Phrygie, étoit père de Cybèle,
félon Diodore. ' , ^ ^ ,' .
MÉON, MÉUM, ou MEU. f. m. Terme de Botani-
que. Plante qui pouffe une tige femblable à celle du
fenouil , mais beaucoup plus petite , cannelée ,
creufe , ramcufe. Ses femlles font longues rangées
fbr une côte , découpées ties-menu , prelquc aulii
menues que les cheveux , Ik plus fines que celles du
fenouil, ce qui lui fait donner le nom de méon , car .
fu.c, en Grec, fignifie moins. Ses fleurs naiftent en
ombelles , compofees chacune ordinairement de cinq
feuilles difpofees en rofe , de couleur blanche, odo-
rantes. Ses femences font oblongues , arrondies fur
le dos, cannelées, plus groffes -S: plus larges que cel-
les du fenouil. Sa racine eft vivacc , grolle, longue
comme le octit doigt , de couleur obfcurc en deliors ,
blancoattc
M E P
blanchâtre en dedans , de fubftancc me 8-: légère ,
d'un goût acre ik piquant, d'une odeur aromatique.
Cette racine eft employée en Médecine ; on la hii-
iiomme oïdinairement Athamantiquc , parce que la
meilleure venoit autrefois du Mont Atliamas; mais
^ ' celle dont on le fert préfentement , cil: apportée des
montagnes du Languedoc , de la Provence , du Dau-
phiné. Elle eft bonne pour les indigeftionsj pour
provoquer les mois des femmes, pour l'aftlime. Cette
plante croit dans quelques endroits du nord de
l'Angleterre, & Heurit au mois de Juin. Elle ell
chaude & sèche, carminativc &c bonne pour la coli-
que tk. les tranchées : elle e(l encore alexipharmaque ,
propre pour les maladies peftiientiellcs; on l'emploie
dans la thériaquc & le mithndate. On s'en (ert dans
le calcul , la rétention d'urine , & dans les maladies
utérines. Dïcl. des James.
MÉOT , MÉOUTEZ , MAOUT. Vieux mot. Nom
d'un ancien droit. Méot eft; le pluriel de maouc j
mouton, & marque un droit fur les moutons. Lo-
BiNEAU, Gloj]'. t^ccligal ex ovihus.
MEOT. f. m. Nom d'un pohlon que les habitans d'Elé-
phantine, en Egypte, adoroient comme un driu.
Mdotcs.
MÉOTIDE, PALU. Voyei Zabache. Mer. Nous di-
fons cependant louvent la Palu Méocide , ou les Pa-
lus Méotides , & il faut toujours le dire en parlant de
l'antiquité. Mézerai dit leS marécages Méoddes , mais
mal; il faut dire Palus Méoùdes ; c'eft l'ufage. Cette
mer a pris ce nom du mot Latin Palus, qiii lîgnirie un
marais, parce qu'elle eft très-baire, defoite qu'en la
plupart des endroits , il n'y a que des barques qui
puillcnt y être à Hot; & le nom de Méotide , des
Méotes , peuples qui habitoient fur les bords.
M E P.
MÉPHAATH. Nom d'une ville de la Terre-Sainte.
Méphaath. Elle étoit dans la Tribu de Ruben, au-
delà du Jourdain , & ce fut une ville Lévitique. Jo-
fué, Xlll. iS.
MÉPHITIS. f. m. ou f. Nom d'une déelfe des Anciens.
Mepk'ULS. Ce mot fignihe proprement la puanteur,
la corruption de la terre, caulée par des eaux (ulfu-
reules. Quelques Anciens en ont fait urt dieu ; d'autres
une déelle.
MÉPLAT , ATE. Semîplanus. Terme d'Artifte qui fe
dit des pièces des ouvrages qui ont plus d'épaillcur
que de largeur, & particulièrement des pièces de bois
de fciage, comme une lolive qui auroic fix pouces
fur trois. On dit aullî fer méplat.
It? MÉPLAT, en Peinture, f. m. Ce mot fignifie l'indi-
cation des plans des différens objets. Lorfqu'on 'fait
une tête , il faut faire fentir lés méplats , c'eft à dire,
il faut par les malles de clairs & d'ombres , faire fentir
les plans dans lelquels font difpofés les os qui for-
ment la charpente de la tête. Acad. Fr.
MEPPEN. Nom d'une petite ville fortifiée. Aleppa.
Elle eft dans l'Evêché de Munfter , en Weftphalic ,
fur la rivière d'Haffà, un peu au deflus de fon em-
bouchure dans l'Embs, à dix-huit lieues de la ville de
Munfter, vers le nord. Maty.
^ MEPRENDRE. Qui ne fe dit qu'avec le pronom per-
fonnel. Se méprendre. V. récipr. qui le conjugue
comme prendre. Il lignifie le tromper , prendre
une choie pour une autre. Lahi, errare. Ce Mi-
niftre a un efprit fi pénétrant j qu'il ne fe méprend
■ guère au jugement qu'il fait des gens. Ces jumeaux
font fi Icmblables , qu'il n'y a perlonne qui ne s'y
méprenne. Il eft dangereux de fe méprendre à la guerre.
■ Cet Auteur s'eft OTe/rii j & a fait une faulle citation.
Je déclare que pour avoir apperçu en quoi les autres
fe font mépris , je ne m'en tiens pas moins lujet à me
méprendre fut les chofes mêmes où j'aurai apperçu
leurs fautes. Font.
, ^3" MEPRIS, f. m. Sentiment par lequel on juge une
perfonne ou une chofe indigne de notre eftime. Con-
temtus. Avoir du mépris pour une chofe , c'eft la juger
indigne de notre eftime; témoigner du mépris , c'eft
Tome V.
PvlEP. (^37
annoncer par des fignes extérieurs le peu de cas qu'on
en fait. Le /«f/jr/i- devient plus ou moins ofk-nl.int ,
félon le rang & la qualité des perlomics qu il a pour
objet , Ik. prend le nom d'infolence , de hauteur ,
de fierté , &:c. Voyei ces mots & les articles relatifs.
Le mépris de la vie , le mépris de la mort , eft un
certain fentiment par lequel on s'élève au delius de
l'amour qu'on a ordinairement pour la vie , &c de
la crainte qu'on a de la mort. On dit de même le
mépris des richclles , des honneurs , des grandeurs.
^3" On entend encore par mépris , au pluriel , des pa-
roles , des aétions de mépris. Je ne luis pas frit pour
foutfrir vos mépris.
03" Tomber dans le mépris , c'eft tomber dans un état
oi\ l'on eft regardé avec des fentimens de mépris. Un
Prince fainéant tombe dans le mépris. Un avare eft
le rebut &c le mépris du monde. Le mépris de la
grandeur n'eft d'ordinaire qu'un orgueil deguilé fous
le nom de Philolophie. Nie. Le mépris eft peut-être
un des plus grands malheurs de la pauvreté. S. EvR.
Le mépris de la mott n'étoit dans les Sto'i'cicns qu'un
orgueil mal entendu. M. Scud. Le mépris des lichef-
fes n'eft pas fcnfé. Il n'y a point de bon fens à fe pri-
ver des commodités de la vie pour de vaines louan-
ges. M. Esp. On tâche à (e venger du mépris que les
autres font de foi , par le mépris qu'on bit femblanc
d'avoir pour eux. Fl. Ce n'eft qu'en amour qiiele/Tze'-
/rij éternel eft jufte , quand on a rompu avec une juftc
caufe. M. Scud. Ceux qu'on condamne au fupplice ,
aifeclent quelquefois un mépris de la mort , qui n'eft
en eftct qu'une crainte de l'envilager. La Roch. Les
Prêtres qui fe deshonorent par leur ignorance , ou
par leur dérèglement , font palier du mépris de leur
perlonne à celui de leur dignité. Fl. Le mépris de la
mort n'eft quelquefois qu'une laffitude des maux pré-
fens. S. EvR. Il n'y a point d'animaux fi farouches que
certains hommes qui font profelfion de mépris Sc
d'avcrfion pour tout le genre humain. Ir. De toutes
les oftcnlés qu'on fait à l'homme , le mépris eft celle
qu'il fcnt le plus vivement. M. Esp.
Le mépris , eft une figure dont on fe fert lorfqu'au
lieu de repondre aux mauvailes railons de quelqu'un »
on fe contente de faire connoître le peu de cas qu'on
en fait. Ainfi un Avocat employeroit cette figure ,
s'il difoit : Quant à telles railons de ma Partie ad-
verfe , elles font fi frivoles , qu'elles tombent d'elles-
mêmes , c'eft pourquoi je ne daigne pas y répondre.
Ceci eft emprunté d'une Rhétorique manufcrite.,'
Latine & Françoife, de M. Brulon de Saint Remy.
On dit proverbialement qu'il n'y a point de dette
fi tôt payée que le mépris. Vos mépris vous lervent de
louanges , eft un des complimens que l'on nomme
proverbialement de la place Maubert. Familiarité en-
gendre mépris.
MÉPRISABLE, adj. m. &: f. Digne de mépris , qui mé-
rite peu d'eftime. Contemtu dignus , afpernandus ,
contemuendus. Tous les biens qui peuvent périr font
méprifables. L'Ariofte n'eft pas un Auteur méprifahle.
Il n'y a que ceux qui font méprifables , qui craignent
d'être méprifés. La Roch.
MÉPRISABLEMENT. adv. Avec mépris , d'une ma-
nière méprilante. Danet, Dicl.des Racines Latines ,
au mot CoNTEMPTioN , fous le verbe Temno. L'Au-
teur a mis depuis méprifamment , dans Ion Diéfioji-
naire Latin & François , ce qui eft plus fupportable ,
c^uoiquel'un ne vaille guère mieux que l'autre.
MÉPRISAMMENT. adv. D'une manière méprifante.
Contemtim. C'eft un glorieux qui parle méprifamment
de tous les confrères. On ne doit jamais parler mé-
prifamment de perfonne. Muret avoir parlé trop mé-
prifamment de l'édition de Sénèquc par Erafme. Le
Clerc.
03" Ce mot ne fe trouve point dans les Auteurs qui
écrivent correétement.
MÉPRISANT , ANTE. adj. Qui marque du mépris.
Contcmtor. Les beautés font ordinairement glorieufes
& méprifantes. Elle a l'humeur fière & méprifante.
Ablanc. Ton méprifant, manières méprifantes.
MÉPRISE, f. f. Faute , erreur de celui qui fe méprend-
Cccccc
^38 MER
Error, lapfus ^ ïmprudentïa. Quand la preuve d'une
règle d'Arithmétique ne rcullic pas , il lauc qu'il y
aie eu de la mépiife dans le calcul. Ce Laquais a don-
ht un billet pour un autre , c'eft: une mcprifc qui a
cau(é bien du trouble. Reprenons ce que vous m'avez
ditj de peur de méprife. Pasc. Comment avez-vous
laillé gliller une méprife li grollièreî Boil.
MÉPRISER, v. a. Avoir du mépris, ne point Elire de
cas d'une perfonne , ou d'une chofe. Contemnere ,
fpernere. On méprife le bien qu'on poirède , & on
louhaite celui qu'on n'a pas. On méprife les choies
communes, quoique les plus nécefTiires pour la vie.
Il vaut mieux fe méprifr fans raifon , que s'eftimer
aveuglément. M. Esp. On ne méprife pas tous ceux
qui ont des vices ; mais on méprife tous ceux qui
n'ont aucune vertu. LaRoch. Lesnialheurcuxqu'on
accable , ont li grande peur qu'on ne les méprife ,
qu'ils en font moins modeftes. B. Rab. C'eft une chofe
dure d'être méprife. Nie. Les plus modeftes mêmes ,
qui ne veulent point être loués, ne veulent point aulîî
être méprifs. S. E VR. On ne méprife point la mort de
bonne-foi: ceux qui feignent de la wt^n/Jr, tremblent
dans le fond de l'amc. M. Esp. Nous ne méprfons
d'ordinaire le monde , que quand le monde nous mé-
prife. S. EvR. On dit qu'un avis n'eft ^asï méprife r ;
pour dire qu'il eft bon.
MÉPRISÉ , ÉE. part.
MÉPRISON. Vieux mot. Mépris, mauvaife-foi. i'oê/ftfi-
du Roi de Navarre.
M E Q.
MÈQUE. Vojei La Mecque.
MÉQUELLAS CAYS. Ville d'Afrique , bâtie par les
fuccelkurs de Mahomet , fut un des bords du Nil , du
côté du couchant.
MÉQUINE. f f. Vieux mot. Fille qui fert, petite fer-
vante. Borel le fait venir du mot Hébreu OTecAi/ZiZtA,
, qui llgnihe Préparant. On a dit auffi Mefhine. Il s'eft
pris en général pour fille. Nicod explique le mot de
Mefchine pat Demoilelle, & il fe trouve dans Perce-
val pour une Dame , ou fille de nailTànce relevée.
MÉQUINENÇA. Nom d'un bourg d'Efpagne , firué
dans l'Arragon , au confluent de la Sègre & de l'Ebre j
à quatre lieues de Lérida.
MER.
MER. f. f. Grand réceptacle , ou amas des eaux qui en-
vironnent la terre, & qui fe répandent fur pludeurs
parties de fon globe. Mare. Dieu fait le nombre des
grains de fable de la mer. L'Ecriture dit qu'il amis des
bornes à la mer , qu'il fait brifer fes flots contre fon
rivage. La mer venoit brifer fur le fable fes flots or-
gueilleux. Fléch.
^f La Mer fe prend en général , ou en particulier ^ &
en la divifant en fes parties. Quand il s'agit de la
mer , prifedans la plus grande étendue de fon lit j on
dit fimplement la Mer , ou l'Océan , ou la Aîer
Océane.
tfT On dit la Mer fimplement , pour dire la Mer en
général , &: pour fignifier la vafte étendue d'eaux
qui couvrent une grande partie du globe. VOtéan a
quelque chofe de plus particulier , & fe dit de la
Mer en général , par oppofition aux Mers qui font
enfermées dans les terres.
^3" De même que la terre efl; partagée en pays , de
mêflie ['Océan eft partagé en Mers. La Mer Atlan-
tique , la Mer Baltique , la Mer Glaciale , la Mer des
In4es , Sec. font également des parties eircnticUes d'un
feul &• même Océan.
fC?" Quoique les Mers enfermées dans les terres com-
muniquent à V Océan par des détroits connus, ou
par des fouterrains ignorés , & que par conféquent
elles aient une liaifon plus ou moi is grande avec
lui , on ne les appelle point Océan j mais fim-
plement Mer, en y ajoutant leur nom propie pour
les diftinguer. Lz Mer Méditerranée' , la Mer Balti-
que t &C.
M E R
U^ L'Océan lui même fe partage en diverfes Mers ,
non qu'il foit divifé par aucunes bornes , comme les
A/<;« enfermées entre des rivages, & où l'on entre
par quelque détroit , mais parce que les Navigateurs,
pour marquer en quel lieu ils (e lùnt trouvés , ont
imaginé dans cette vafte étendue des parties qu'ils
ont diftinguées par des noms particuliers. Ainfi l'on a
dit Mer du Sud , Mer du Nord , Mer d'Ethiopie ,
Mer des Indes j &c,pour marquer les diverfes parties
du même Océan.
L Ecriture appelle quelquefois la Méditerranée ,
fimplement la Mer.
Ce mot vient du Latin mare , qu'lfidore dérive
de amarum , à caule que fes eaux font amtres. D'au-
tres le font venir de marath Hébreu , qui fignihe
amertume , ou plutôt , comme Voftius , De Idololat.
L. 2 , c. 68. de la , mar ^ qui fignilîe amer , falé-.
D'auttes du mot Celtique mor , qui femble plus na-
turel.
Les Tyriens , fi l'on en cioit la plus obfcure an-
tiquité , huent les premieis qui ofèrent fe mettre fur
un fiêle vaifle.iu à la merci des vagues , qui domp-
tèrent l'orgueil de la Mer , &c réunirent tant de peu-
ples que la Mer x.'oiz lépatés. FÉn. Xerxès qui fouetta
la Mer ,8c qui y fit jetter des chaînes f»ouc la réduire
fous Ion obéiflance , la regardoit apparemment com-
me une de ces bêtes féroces que l'on châtie, & que
l'on enchaîne quand on veut les apprivoifer & les
adoucir. Bouh. Il y a des côtes où la Mer-viem avec
tant de précipitation & de violence , qu'elle couvre
en un inftant tout le rivage. Id. La Mer eft l'image
du monde , & de la vanité des choies humaines :
ces calmes & ces tempêtes qui fe fuccèdent à toute
heure _, font une fidelle peinture de ce qui fe palle
dans la vie. Y a-t-il une Mer plas inconftante que
la Cour des Princes ? Y en a-t-il même une plus pé-
rilleufe ? Id. Jufqu'à l'Empereur Juftinien , la Aler
etoit commune à tous les hommes. De-là vient que
les loix Romaines donnoient a<5tion contre celui qui
empêchoit qu'on n'y navigeât , ou qu'on n'y péchât
librement. L'Empereur Léon , par fa Novelle 56 ,
permet à ceux qui font en pofteflion de pêcher feuls
devant leur territoire , d'en défendre la pêche à tous
autres. Il permit même aux particuliers de divifer en-
tr'eux le Bofphore de Thrace. Depuis, les Souverains
ont voulu s'approprier la Mer, & la tirer de l'ufage
commun. Dans ces derniers temps les Anglois ont pré-
tendu s'attribuer l'empire de la Mer dans la Manche.
La République de Venife fe prétend tellement mai-
trelfe de fon Golfe , que l'on marie tous les ans la Sei-
gneurie avec la iV/er Adriatique. f-^-oyeiLE Bret. Les
Rois d'Angleterre prétendent à l'empire des Mers qui
environnent les trois Royaumes d'Angleterre , d'E-
colfe & d'Irlande j & cela jufqu'aux rivages des pays
voilins. C'eft en conféquence de cette prétention, que
les enfansnés fur ces mers , font déclarés naturels An-
glois , comme nés fur les terres des Rois d'Angleterre.
MiSSON.
La Aler a difFérens mouvemens. On en diftinguc de
trois fortes ; le Diurne , le Menftruel & l'Annuel. Le
Diurne eft celui par lequel les eaux de la A/eriè dé-
bordent fur nos rivages, & s'en retirent deux fois
le jour : enforte toutefois que ces inondations arri-
vent tous les jours près de quarante-huit minutes plus
tatd que le jour précédent. Le mouvement Menftruel
eft ainfi appelé , parce que les marées font plus for-
tes aux nouvelles & pleines lunes de chaque mois ,
que dans les quadratures. Enfin le mouvement An-
nuel , eft celui par lequel les eaux de la Mer fe gon-
flent plus confidérablement aux nouvelles & pleines
lunes des Equinoxes , qu'aux nouvelles & pleines lu-
nes desSolftices. Foye:^ Flux & Reflux.
§Cr La Mer préfente un autre phénomène qui n"eft
pas moins intéieflant ; c'eft celui de la talure de fes
eaux , qui vient des particules de fel de nitre & de
bitume qui fe trouvent mêlées avec fes eaux, depuis
le commencement du monde. On a cherché long-
temps les moyens de delTaler les eaux de la mer. M.
Gautier, Médecin de Nantes , en vint à bon; $n
MER
1717 , par la voie de la didiU.ition. Il mit de l'eau
de la mer dans la ciiciirbicc de fa machine pour
être échauricc 6c élevée eu vapeurs par le moyen
d'un tambour ou réchaud placé nu dslius de l'eau ,
qui dans Ion fein contenoit un ku de bois & de
charbon, di vit alors couler par le robinet de la
citerne de la machine une eau très-bonne , (i^c fans
aucun goût de (el. On paitrit du p.iin avec cette eau ,
qui tue trouvé aulli bon que celui que l'on fait avec
l'eau ordinaire. Les viandes qu'on y ht cuire, furent
très-bien cuites , &: en peu de temps , avec un feu
médiocre. F'oyt;^ les Journaux de Trévoux Se le
Regilhe des Procès-verbaux tenus au Contrôle de
la Marine au port de Breft.
Les P.iyens nommoient la mer, Thetis , Amphi-
trlte : & renoient Neptune pour le dieu de la mer.
Les Juits donnoieiu le nom de mer aux grands
lacs. G'eil en ce lens que les Thalmudiltes difent
dans le Traité Baba bathra , c. /. fol. 7^. qu'il y
a lept mers dans la Terre-Sainte, i". La merde Ti-
bériade. i". La mer de Sodome. 5". La mer d'Hélath.
4°. La mer d'Héhtha. j°. La mer de Sobéhi. 6°. La
mer d'Apamée. Et 7°. La grande mer.
Nous donnons aullI le nom de mer à quelques
lacs. Ainh nous appelions la mer Douce , un grand
lac de la Nouvelle France dans l'Amérique fepten-
trionale. On l'appelle autrement Karegnondi. Il
ert à l'oueft de la Nouvelle France, f^oyei HuaoN.
Kaïe donne aullI au Nil le nom de mer XI. tj.
félon quelques Hébreux , mais il eil plus probable
que le Prophète parle de la mer d'Egypte ou de
la mer Rouge, f^oyei Bochart dans fon Hiéroz. P.
II. L. F. c. 7.
La Mer a ditîérens noms , félon les différentes régions,
pays , ou villes qu'elle baigne , ou pour d'autres
raifons. Robb. Voici les principaux de ces noms.
La Mer Adriatique. Foyei Adriatiq.ue & Venise.
La Mer d'Afrique, autrement wêr de Tunis & de Tri-
poli , ou mer ai Barbarie. Africum , Tunetanum , Tri-
policanum , Barbaricum mare, C'efl: une partie de la
mer Méditerranée , tenfcrmée entre les cotes des
Royaumes de Tunis Hc de Tripoli, la côte auftrale
de Sicile j & la côte orientale de Sardaigne.
I-a Mta d'Allemagne. Foye\ Allemagne.
La Mer d'Anchidol. Mare Anchidolium. C'eft l'Océan
oriental , qui s'étend depuis l'île de Java jufqu'à la
Terre auftrale.
La Mer Atlantique, ou l'Océan Atlantique. Atlanti-
cum mare. Voye\ Atlantique.
La Mer d'Aufbnie. Aufonium mare. Les Anciens don-
iioient ce nom à la partie occidentale de la mer
Ionienne ; elle baigne la côte orientale de Sicile &
des deux Calabres. Quelques uns la poullent jufqu'au
Péloponnèfe , & la confondent ainli avec la mer Io-
nienne toute entière.
La Mer d'Ayan, A^anium mare. C'eft: une partie de
l'Océan Echiopique , qui baigne les côtes orientales
de l'Afrique ; c'eft la partie feptencrionale de la mer
de Zanguébar, Elle s'étend depuis le cap de Guardafuy
julqu'à Magadoxo.
La Mer Baltique. Foye-^ Baltique.
Meu Baflcj ou d'enbas. Voye^ plus bas Mer Infé-
rieure.
La Mer de Bifcaye. Mare Cantabricum. Partie de l'O-
céan qui baigne les côtes feptentrionales d'Efpagne ,
&c s'étend depuis Fontarabie jufqu'au Cap de Fi-
niftere.
La Mer Blanche. Mare Album , Jlnus Grandivkenjîs.
On appelle ainii la meràt Marmara, par oppofition
au Pont-Euxin , qu'on appelle /Tzer Noire, & parce
qu'on tient qu'elle eft fort lûre.
La Mer Bofphoriquc , ou Cimméiienne. C'eft la partie
du Pont-Euxin , qui eft près du Bofphore Cimmé-
rien. Mare Bofphoricum , ou Cïmmerïum.
La Mer du Brehl. Marc Brafilïum. C'eft une partie
de la mer du Nord. Quelques-uns l'étendcnt tout le
long de la côte du Brciil , depuis l'embouchure de
la rivière des Amazones jufqu'au Paraguay. D'autres
la refferrent à la partie de la mer du Nord qui
Tome K.
♦ MER ^l9
baigne la côte orientale du Bréiil.
La Mer Britannique, c'eft la Manche. Voyc-^ Manche.
La Mer Calédonienne , ou l'Océan Calédonien. V'oyeTf_
Calédonien.
La Mer de Candie. C'eft la partie de la mer Egée,
ou de l'Archipel , qui voit la côte li'ptentrion.ile de
l'île de Candie. Mare Cretïcum. Elle s'étend entre
le cap Salomon dans l'Ile de Candie , julqu'à celui
de Mat.ipan dans le Péloponnèfe , ou entre la mer
de Scarpanto au levant , .iSc le Péloponnèfe au cou-
chant y Candie au midi , & les îles de l'Archipel au
nord.
La Mer de Caramante & de Rhodes , Mare Afiad-
cum. Mer d'Alîe , partie de la mer Méditerranée qui
baigne la côte méridionale de l'Allé mineure , ou de
la Natolie. Anciennement elle coraprenoit quatre
autres mers , la merde Lycie , la mer de Pamphilie,
la mer de Ciiicie , & la mer Carpathicnne.
La Mer* Carpathiennc. Il ne faut ufer de ce mot qu'en
parlant de l'Antiquité. Aujourd'hui il faut dire la
mer de Scarpanto. Foye:^ Scarpanto.
La Mer Cafpienne , ou Cafpie. Foye'^ Caspienne. La
mer Cafpienne , s'appelle aulll mer de Bacu. C'eft
une merdM\s l'Ahe , vers l'Hyrcanie , qui reçoit plu-
fîeurs grands fleuves , fans avoir aucune communi-
cation apparente avec les autres mers. On l'appelle
aujourd'hui merde Bacu , ou de Sala. La mer Caf-
pie à zoo lieues d'Allemagne de l'eft à l'oueft j félon
Jean Kinfon. Mais Oléarius dit qu'il n'y a que la
moitié de cette diftance. D'autres la mettent de 800
milles de long , & de 600 de large. C'eft l'opinion
de Schérif Aldérifi , cité jufqu'à préfent fous le nom
de Géographe de Nubie.
La Mer de la Chine, c'eft celle qui eft aux environs
de la Chine , à l'oiient & au midi. Sinicum mare.
La Mer de Chypre , ou mer de Levant. C'eft la partie
de la mer Méditerranée , qui eft aux environs de
l'île de Chypre entre la Cihcie &: la Syrie. Mare Cy-
prium.
La Mer de Ciiicie. Mare Cil'Lcium, aujourd'hui merd&
Caramanie. C'eft la partie de la mer Méditerranée ,
qui baigne les côtes de la Caramanie dans l'Aile mi-
neure.
La Mer Cimbrique, ou mer dn Jutland , communémenc
WEST-ZÉE. Foye^ ce mot.
La Mer de Cyrène , ou Cyrénaïque. Mare Cyrenàicum,
C'étoit chez les An^ens la mer qui étoit entre celle
de Lybie & la grande Syrie , ou le détroit de Sidra,
comme on parle aujourd'hui, fur la partie occiden-
tale des côtes feptentrionales du Royaume de Barca ,
où étoit alors la Cyrénaïque Penrapole.
La Mer de Dalmatie. Mare Dalmaticum. Autrefois
après la décadence de l'Empire , on donnoit ce nom
à toute la mer Adriatique , ou golfe de Venife. Au-
jourd'hui ce n'en eft qu'une partie, fur les côtes de
Dalmatie.
Mer de Danemarck. Mare Danicum. Voyez Dane-
MARck.
Mer du Defert , ou de la Solitude. Mare défera , ou
folitudinis. C'eft un des noms que l'Ecriture donne
au lac ASPHALTITE. Foye^ ce mot, & Mer
Morte. Elle eft environnée d'un Defert.
La Mer d'Ecolfe. On donne ce nom au golfe de Forth,
qui fépare la Lothiane de la province de Frife , parce
que c'eft le plus grand golfe d'Ecolfe. Mare Scotid ,
ou Scoticum , Sinus Fortheanus. ,
La Mer Egée. Foyei JEoiî., Se Egée. Foye^ encorz
Archipel.
La Mer d'Egypte. C'eft la partie de la wer Méditerranée
qui arrofe la côte feptentrionale d'Egypte , & qui s'é-
tend jufqu'aux côtes méridionales de l'île de Chypre
& de Candie. Mare ^gyptium.
La Mer d'Elcatif , c'eft le golfe de Perfe, Sinus Per~
feus.
La Mer Eoliennc , Mare j^olium , ou Myfîcum. C'eft
la mer de Smyrne , ou le golfe de Smyrne. Foye^
Smyrne.
La Mer d'Éphiopic , autrement l'Océan Etliiopien;
Foye\ Éthiopien.
Cccccc ij
940 MER
La MeP. d'Eubée. Mare Eubo'kunu C'eft aujourd'hui
la mer ou le golfe de Neptune. Foyei Negre-
FONT.
Mer Extérieure. Mare externum. Quelques-uns ont
nommé la /7;tT Océane , mer Extérieure , comaie on
nommoit la Méditerranée , mer Intérieure.
La Mer de Galilée , c'eft le nom que l'Ecriture donne
au lac de Tibériade , formé par les eaux du Jourdain.
Koye^ ci dellus.
La Mer de Galilée. Mare GalïUs.. Voyez Galilée.
La Mer de Gafcogne , ou de Guyenne. Mare Aqui-
tanïcum. Voyez Gascogne.
La Mer Glaciale. Voye^ Glaciale.
La, Grande Mer, c'eft , dans l'Ecriture^ la mer Méditer
ranée , ainfi appelée par comparailon aux lacs de
Galilée & Afphaltite , qu'elle appelle aulli Mers.
La Mer de Grèce. Voyei Grèce.
La Mer Hircanienne , ou d'Hircanie. Hircanum mare.
C eft un nom de la mer Cafpicnrie.
La Mer Hyperboréenne. Les Anciens appeloient ainfi
une grande partie de la mer feptentrionale. Mare
Hyperboreum. Elle comprenoit ce que nous nom-
mons merde Mofcovie , & /TzerdeTartarie.
La Mer du Japon , celle qui entoure le Japon. Japo-
nicum mare.
La Mer d'Ibérie , ou mer d'Efpagne. Mare Iberkum
ou Hifpamcum. Elle s'étend depuis le détroit do Gi-
braltar jufqu'au cap de Gates.
La Mer d'Icare , ou Icarieime. Icarium mare. Aujour-
d'hui de NICARL Foyeictmoi.
La Mer de l'Inde , Océan Indien, mer des Indes. In-
dicum mare. On l'appelle encore Océan oriental.
foye-^ Océan.
La Mer Inférieure. Mare inferum , inferius. Les Anciens
appeloient ainfi la mer de "ftilcane , la mer qui eft
au midi de l'Italie , comme ils appeloient Supé-
rieure , le golfe de Venife qui cft au nord. Fôyeç
Toscane.
La Mer Intérieure, ou dedans les Terres. Mare ïnter-
mim ou ïntérïus. C'eft chez les Anciens^ la mer Mé-
diterranée. Qin. auroit pu appeler ainfi en général
tous les détroits qui pénétrent dans les terres ; mais
ce n'eft point l'ulage. Les Hébreux i'appeloient Mare
magnum , la Grande mer , pour la diftinguer des lacs
auxquels ils donnoient le nom de mer, comme on
l'a remarqué ci dellus.
La Mer Ionienne , ou d'Ionic.» Foyei Ionie.
La Mer d'Irlande. Foye^ Irlande.
Mer du Levant , Mare Orientale , c'eft un nom qu'on
donne à la mer Méditerranée. Delà vient que nous
appelons Vice Amiral du Levant , le Vice Amiral de
la Méditerranée , & des ports de Toulon , Marfeille ,
Sec.
Mer de Levant , c'eft la Méditerranée, qui touche la
France. Mare Gallicum. Valois, Not. Gall. p. 2/6.
La Mer de Libie. Mare Lïbycum. C'eft aujourd'hui
la partie de la Méditerranée qui baigne les côtes
feptentrionales du Royaume de Barca , en Afrique.
C'étoit autrefois la même chofc , & elle étoit entre
la mer d'Egypte à l'orient , & la mer Cyrénaïque à
l'occident , quoiqu'en dife Hoftman , qui la place
entre les deux Syrtes , ou entre la mer Cyrénaïque
& la petite Syrte , le long des côtes du Royaume de
Tripoli.
La Mer de Liguric. Mare Ligujîkum. C'étoit autrefois
ce que nous appelons aujourd'hui mer de Gênes.
Foye\ GÊNES.
La Mer de Lycie. Voye^ Lycie.
La Mer de Macédoine. Foye^ MacÉdoine.
La Mer de Magellan, ou Magellanique. Foye^ Ma-
gellanique.
La Mer Majorque, y'oye'^ Majorque.
Mer Mijour , ou mer Majeure , Mare ma/us. C'eft la
mer Noire, ou le Pont Euxin.
La Mer de Mm.lria. C'eft le Myrtoum mare des An-
ciens, ^tiye^ Mandria.
La Mer de Marmora. Voyi:-{ Marmora.
La Mer Méditerranée. Voye^ Mediter.ranÉe.
Les Anciens appeloient ia Midkerranée , Notre mxr ,
MER
parce que c'étoit celle qui environnoit leurs terres ,
àc fur laquelle feule ils naviguoient. Mare nof-
truw..
La Mer de Mexique. Foye\ Mexique.
La Mer de Mingrélie. Voye\ Mikgrelie.
La Mer Morte. Marc Monuum. C'eft dans la Vulgate ,
Jof. m. i6. le lac ASPHALTITE. Voyeice mot,
& ci dellous MORTE. La merMonc ert le nom que
l'Ecriture donne au grand lac que forme le Jourdain
en finiftant la courte , & où il fe rend. Elle a cent
milles de long & vingt-cinq de large , ftlon Pline.
La mer Morte , ou le lac Afphaltite , eft le lieu où
étoient Sodome & Gomorrhe. Les corps graves n'y
enfoncent point. On n'y peut noyer aucun corps vi-
vant. Il ne produit que le bitume. L'eau en eft fi falée
&c amère , que h l'on y jette du fel , il ne fondra
point : elle elt plus blanche & plus pefante que l'eau
de la mer. Il n y a aucun poiflon qui puilfe y vivre :
^ quoiqu'il y ait deux rivières qui y entrent, dont
l'une eft le Jourdain , néanmoins le poiiFon n'y entre
pas , & remonte contre fa lource.
La Mer de Nicari. ^oye^ Nicaria , ou Nicari.
La Mer Noire , c'eft le Pont Euxin. Pontus Euxinus ,
Mare Nigrum. Autrement mer Majour Voye-^ Noire.
La Mer du Nord. Foye^ Nord.
La Mer d'Occident. Mare Hefperium. Les Anciensap-
peloient ainh une grande partie de l'Océan Ethio-
pique entre l'Océan Ethiopique proprement dit , &
l'Océan Atlantique , lur les côtes de Guinée. C'eft
ce que nous nommons aujourd'hui mer de Guinée.
La Mer Orientale. Grande partie de l'Océan qui s'é-
tend le long de la Chine , du Japon & des Philip-
pines. Eoum mare. On dit plus communément Océan
Oriental , que Mer Orientale.
La Mer Pacifique. Voye^ Pacifique.
La Mer de Pamphyliè, étoit chez les Anciens la par-
tie de la mer Méditerranée qui baignoit les côtes de
Pamphyliè , province de l'Afie Mineure. Mare Pam-
phylium. Elle avoir la /Tzsr de Cilicie à l'eft^ & celle
de Lycie à l'oueft , & étoit au nord-oueft de l'île de
Chypre.
La Mer du Phafe. Les Anciens ont ainfi appelé la par-
tie du Pont Euxin , qui étoit lur les côtes de la Col-
chije , & dans laquelle le Phafe fe décharge. Maie
P kajîanum.
La Mer de Phénicie. Mare Phmidum. Voyez Pheni-
CIE.
Mer du Ponant. C'eft l'Océan qui baigne les côtes de
France , depuis ks Pays Bas julqu'en Elpagne. Ocea.-
nus GaUkus , Occiduum mare. Valois , Nota. Gall.
p. 2lS.
Mer du Ponant. Mare Occidentale , Occiduum. C'eft
l'Océan; par oppofition à la /wer Méditerranée, qu'on
nomme mer du Levant. De là vient qu'on nomme
Vice Amiral du Ponant , celui des Vice-Amiraux qui
commande fur l'Océan , & dans les ports de France
qui lont lur l'Océan.
Sanfon dans fa carte de la Méditerranée, appelle
aullî mer du Ponant la partie Occidentale de la mer
Méditerranée , entre les côtes d'Efpagne , celles d'A-
frique & la Sardaigne.
La Mer de Provence , Mare Gallicum , autrement
golfe de Lyon. Voye^ Lyon.
La Mer de Rhodes. Voye\ Rhodes.
La Mer Rouge, autrement mcràc la Mecque j ou dé-
troit Arabique. Mare Rubrum , ou Erythrum , ou
Erythrœum , Jinus Arabicas , Meccanum mare. C'eft
un grand golfe de la mer qui entre dans les terres
à Ormus, & s'étend entre l'Afrique 3c l'Arabie,
jufqu'à une lieue au delfus de Suez, failant avec la
Méditerranée un ifthme d'environ cinquante lieues,
qui joint l'Afrique à l'Afie. La mer Rouge git du
fud fud oucft .au nord-nord oueft. Dans fa plus grande
largeur, elle n'a qu'environ 56 lieues , fa longueur eft
d'environ ^ yo -, à Ion entrée dans les terres, elle n'en
a que fix d'une côte à l'autre le long de la côte orien-
tale ; il y a de Bc^belmandel à Camaram 44 lieues,
de Camaram à Gézam 60, de Gézam à Imbo 150.
Car il y a de Gezam à Zidem 42 lieues , de Zidem
MER .
à Juda 56 , de Jud.i à Iiiibo yi. Ce qui fait de Gézixm
à Imbo 130 licuc'Sid'luibo a Toi' j il y en a 68 , de
Tor à Suez 30135 lieues. Car Tor ell au 28' degré
10 minutes de latitude nord, ik. Suez au 29"^ degré
4j- minutes. Cela tait }47 lieues pour la côte orien-
tale. Sur la côte occidentale en dtlcendant du nord-
iiord-ouelt au fud-(ud ouell, il y a de Suez à Co-
rondolo 1 j lieues , de Corondolo à Alercer le Neuf
4J jd'Alercerà Çuaqueni 130, de Çuaqucm à Ma(,ua
70 , de Maçua aux portes de Babchnandcl 8j. Ce qui
l^iit 34; lieues. D'Alcocer au Nil , il y a 16 lieues ;
c'eft l'endroit de la mer Rouge le plus proche de
ce fleuve. Alcocer ell à 2jdég. ij min. de latitude
nord. Çuaquera eft à 19 dég. 20 min. de latitude.
De Tor au mont Sanai , il y a 18 lieues , & de
Zidem à la Mecque environ i 5. Alcocer ell un grand
pallage d'Afrique en Arabie. Je parle d^iouvel Al-
cocer , Alcocer le vieux ell à 2 lieues ainud du nou-
veau. Tout ceci e(l tiré de De Barros , Auteur Por-
tugais , Decada Secundo, de Afin , L. f^IIl. Capitula
primeiro.
Les Anciens ont confondu la Mer Rouge .ivcc
le golte Perhque & la Mer des Indes, comme Pli-
ne , Mêla Hérodote : car ils difent que l'Indus , le
Tigre & l'Euphrate s'y déchargem. On l'appelle aulH
Mer de la Mecque. Elle fut appelée autrefois Ery-
thrée , à caufe d'un ancien Roi d'Arabie , dit Ery-
thras y Se parce que i^u'i.vos en Grec , lignifie rouge
D'autres ont dit que c'eft à caufe de la couleur
rouge de ion arène , ou des marbres rouges qui (ont
aux roches voihnes : ce qui n'ell pas véritable. D'au
très croient que c'eft à caufe d'une certaine herbe
rouge fort propre pour la teinture d'écarlate, nommée
/ufo , qui fe trouve dans fon lond vers les côtes
d'Ethiopie. C'eft ce qui l'a hit nommer par les
Hébreux Bahar fuf ; bahar i\e,nih3.ni mer Se Juf rou-
ge, pat rapport à la couleur c'v' au nom de cette herbe.
S. Jérôme appelle dans (a tr.iduiilion la mer Rouge ,
la mer Sauf, comme h fouf 8c rouge vouloient dire
Ja même chofe. Cette herbe eft une elpcce de goé-
mon, ou algue marine , qui fe pourrit dans le fond
de la mer , dont il croît beaucoup en Ethiopie &
aux Indes. Elle relîemble au lafran , aulli-bien que
fa graine &c la Heur. Elle lert à teindre en rouge.
Les voilîns de cette mer l'appellent aulll d'ElcoJfum
ôc d'Ayala. Mais la vraie raifon de cette dénomi-
nation eft que les Iduméens defcendans d'Efaii ,
habitoient près des côtes de cette mer. A caufe de
cela elle fut appelée, mer d'Edom , ou d'Idumée ,
d'où les Grecs ont fait Erythrtzon , Se les Latins
Rubrum , Rouge , qui eft ce que fignifie le mot
d'Edom en Hébreu. Cela fe rapporte à ce que di-
foient quelques Anciens , comme on le voit dans
SttaboUj Liv. XFI. p. ,fj(f. de l'édition de Vignon
de l'an ijS/. & dans Pline j L. FI. c. 24.. que
cette mer avoir pris fon nom à'Erychras , hls de
Perfée , qui avoir régné en ces lieux-là; &: à ce
que d'autres , félon Strabon , racontoient encore
que c'étoit d'un Perlan nommé Erythras, qui avoir
le premier conduit des habitans fur les côtes de
cette mer Se dans fes îles. Car Erythras en Grec ,
eft la même chofe qu'Edom en Hébreu- j c'eft-à-
dire , rouge ; Se Efaii , comme on fait , fut nommé
Edom , rouge ; d'où vient le nom de l'Idumée &
des Iduméens qui habitèrent la côte d'Afiongaber
fur cette mer , Se qui probablement pafsèrent les
premiers dans fes îles. Edom , ou Efaii , a pu aaifi
être pris pour un Perfan , parce qu'il étoit fils d'A-
braham , qui étoit originaire d'un pays que les
Grecs Se les Romains appeloient la Perfe.
Les Arabes appellent la mer Rouge , Bahar Cor-
\um , c'eft-à-dire , mer fermée; nom qu'ils donnent
plus proprement encore à la mer Cafpienne. La raifon
de ce nom eft à mon fens , que l'entrée de cette mer,
qui eft déjà fort étroite , comme nous l'avons dit , eft
encore fermée par une île. Il la nomment auffi mer
de la Mecque , parce que la Mecque n'en eft pas
beaucoup éloignée. De Barros dit qu'ils font tout
étounés d'entendre que nous l'appelions mer Rouge.
MER 941
Peut être s'y font ils fiits. Mais De Barros parle des
premières navigations d'Alfonfe d'Albuquerque ,
de Dom Jean de Caftro , 6c des Portugais fur cette
mer.
La Mer lalée , mare faits , ou falfijfimum , falfum.
C'eft un nom que lEcnrurc donne à la mer Morte.
La Mer de Sardaignc, Hardoum mart. Voyez Sardai-
ONH.
La Mer SariTiatique,ou de Sarmatie. Foyei Sarmatie.
La Mer de Scythie. ^oye^ Scythie.
La Mer de Sicile, f^oyci Sicile.
La Mer de Sodome. Mer Sodome , ou Sodomium.
C'eft le lac Asphaltite. Voye'{ ce mot.
Mer de la Solitude. C'eft un des noms que l'Ecriture
donne au lac Afphaltite , & à la mer Morte. Mare
foiitudïms. Elle étoit ainfi appellée , parce qu'elle
s'étendoit le long du Dcfert , ou de la Solitude de
Juda, c'eft à dire, qu'elle eft environnée de (ables
arides , de terres ftériles , de campagne de fel. • *
La Mer du Sud. Foye\ Sud Se Pacifiq,ue.
Hoftman dit que nous appelons en François le
Zuidcrzée, mer du Sud; il fe trompe. Il ell vrai ,
que Zuidcrzée en Hollandois , eft la même chofe
qu'en François mer du Sud ; mais nous ne difons
point pour cela mer du Sud pour Zuidcrzée , ni
Zuiderzée pour mer du Sud. Ce font deux chofes
fort diftérentes.
La Mer de Suède, c'eft la mer Baltique , Mare Balti-
cum , Codanus Sinus.
La Mer lupérieure , Mare fuperum. . Les Romains
appeloient ainlî la mer Adriatique, aujourd'hui golfe
de Venile , qui tft au nord de llialie j comme ils ap-
paloicnt /nerinléricure, la meràt Tolcane,qui efïau
midi.
La Mer de Syrie , ou de Sourie. Voye^ Syrie.
La Mer de Tibérîade , Mare Tiberiadis. Voyez mer
de Galilée, c'eft la même chofe. On la nomme aulîi
OTer de Galilée , ou de Cénéreth, ou de Généfareth.
t'oye:^ ces mots.
La Mer de Tofcane. f^oye^ Toscane.
La Mer dcTrinacrie, Trinacrium mare. Dans les An-
ciens c'eft la même chofe que mer de Sicile, qu'on
appeloit Trinacrie.
La Mer de Tyr. Partie de la mer de Phénicie. C'eft
celle qui eft fur les côtes de Tyr. Mare Tyrïum.
La Mer Vermeille , Marc P urpurcum. C'eft la partie
de la wer du Sud, qui eft entre la nouvelle Efpa-
gne Se la PéninluledeCaiitornie , le golie ouïe bras
de mer qui cil entre la nouvelle Efpagne & la Cali-
fornie.
La Mer de Virginie. Mare Vlrginium. C'eft la partie
méridionale de la mer d'Irlande , qu'on a autrefois
appellée ainfi. Elle s'étend entre l'Irlande & le Cap
de Cornouaille , en Angleterre.
Mer de Zabache , ou de la Tana, c'eft la Palus-Mco-
tide. Palus M&otïs. Voyez Zabache.
La Mer de Zanguébar. Voye\ Zanguébar.
Q\\ appelle Ports de mer , les villes ou endroits
où peuvent aborder les Vailleaux : Rhades de mer ,
les endroits où les vaifleaux peuvent ancrer , Se fe
tenir à l'abri : côtes Se rivages de la mer, toutes les
terres qui font le long de fes bords. En ce fens on
dit Boulogne fur la mer , Monftreuil (ur la mer.
Golfes ou Anfes de mer, font les lieux ou les riva-
ges qui fe courbent en arc ; & bras de mer, les
endroits de la mer qui font ferrés entre le continent
Se les îles.
On appelle pleine mer Se haute mer , celle qui
eft fort éloignée des rivages. On dit , tirer à la mer ;
pour dire , s'éloigner des côtes. Quand le flux arri-
ve , on dit que la mer iiLonte ; & on appelle bafe
mer , quand il s'en retourne. On dit que la mer efï
grolfc , quand elle eft courroucée , Se agitée des
vents Se de la tempête. Et quand en dit, temps de mer,
c'eft à-dire , un orage. On dit que la mer eft calme ,
quand il ne fiit point de vent, quand les vailfeaux
ne peuvent avancer , Se alors on dit qu'il n'y a
point de mer; Se que la mer n'eft pas navigabls ,
quand il y a des vents conuaires qui régnent, com-
5?4^ MER
me dans l'Inde. Il y a fix mois qu'elle n'eft pas na-
vigable poui' retourner en Europe , il f.iuc atten-
dre la moulfon. On appelle coups de mer ,\cs vio
lentes agitations des HotSj des lames , ou des houles.
On dit encore , qu'on ne peut plus tenir la mer ,
lorfque le va^feau efl: délagréé, ôc qu'il ne peut
plus réfifter à l'orage. Une mer cÙ. dite fans fond,
lorfqu'clle a plus de deux cens bralibs de profon-
deur. BoBBE.
On appelle un Homme de mer , un Pilote , ou
un Capitaine de vailleau , qui entend bien la Ma-
rine , qui fait bien conduire un vailleau. Se com-
mander fur mer; un Ecumeur de mer, un Pirate,
ou Corfaire qui court les mers pour voler les Mar-
chands, fans pouvoir , ou commillîon d'aucun Prin-
ce. On appelle Maître de la mer , un Prince qui
couvre la mer de vailleaux , qui eft le plus fort (ur
Tner ; îk l'on dit qu'il tient la mer en ce fens. On
dit que Xerxès a autrefois fouetté la mer. Aujour-
d'hui les Vénitiens époufcnt la mer en grande cé-
rémonie. On appelle monter fur mer, quand on
s'embarque ; mettre en mer, mettre à h mer, quand
on fait partir les vailleaux j quand on les poulie de
deifus le chantier à la mer. On dit aulîi , aller à
la mer, quand on va en courfc ; qu'il faut aller à la
mer, quand on a été mordu de quelque bête enragée.
On appelle Chien de mer , tortue de mer , oijeau
de mer y des efpèces de ces animaux qui vivent dans
la mer y ou fur les bords. Du poilfonde mer, des
châtaignes de mer , coquilles & raretés de Iz mer.
Vert de mer , efl: un vert un peu foncé , qui imite
la couleur de la mer vue de loin. On appelle de
r outre-mer , de l'azur fait de lapis broyé qui vient
d'Orient. Nous difons aulli mer par hyperbole , ou
exagération , pour une grande étendue d'eau. Cette
rivière déborda & inonda toute 4a campagne ; c'étoit
une mer.
Mer d'Airin. Dans l'Ecriture , c'efl: un grand vafe
d'airain qui fe remplilloit d'eau , pour les purifica-
tions des Pièttes & des Lévites. Marc <tneum, lacus
AKeus j labrum xneum.
Me^ , fe dit figuréinent des chofes fpirituelles S< mo-
rale?. Qui voudroit fonder la profondeur des myf-
tères de la Foi ? C'eft une mer où l'elprit le perd.
La focieté cfi: une mer plus inlîdclle , Se plus ora-
geufe , que la mer même. M. Es p. Notre vie ell
une mer orageufe , fins celfe agitée par les pallions.
La prédication de l'Evangile elf comparée à un filet,
avec lequel on pêche dans la mer de ce monde
toutes lottes de poillons.
Pour moi, fur cette mer qulcihas nous courons.
Je fonge à me pourvoir d'ejquif s & d'avirons.
BoiL.
Ces fortes de figures font fi fort établies j que
chaque pallion eft confidérée comme une mer où
l'on court , afin de parvenir à fon but.
Courir les mers d'Amour de rivage en rivage.
Sar.
La Pe'éfie eft aulTI la mer où les plus beaux ef-
prits couitent fouvent rifque de fe perdre.
Cette mer où eu cours ejl célèbre en naufrages.
BoiL.
Etoile de la mer, fe dit figurémcnt de la Vierge
Marie. Au propre , c'efl: l'étoile de Vénus , ou celle
de Caftor Se Pollux, ou plutôt l'étoile du Pôle.
Mer , (e dit proverbialement en ces phrafes. On dit
qu'on porte de l'eau à la mer , quand on porte j
quelque ch(jfe en un lieu où il y en a déjà grande abon-
dance. On dit en ce fens , c'efl: une goutte d'eau
dans la mer ; pour dire , ce que vous y apportez n'y
patoîtra rien. On dit auflî , c'eft la mer à boire ,
c'eft vouloir épuifer la mer; pour dire , c'eft une
choie impolCble à faire , dont on ne peut jamais
MER
voir la fin. On dit aulli j qu'une fauce efl; fâléc
comme la mer ; pour dire , qu'elle eit trop falée. On
dit aulfi , qu'on a cherché quelqu'un par mer & par
terre ; remis velifque , velis equifque ; pour dire
qu'on l'a cherché en divers endroits. On dit d'un
homme qui mange beaucoup , qu'il avaleroit la
mer Se les poilVons. On dit aulli , labourer le ri-
vage de h mer ; pour dire, prendre une peine inu-
tile. Jrare litus. On dit d'un homme dont la for-
tune eft bien établie , qu'il vogue en pleine mer; ôc
de celui qui avance un grand ouvrage qu'il a entre-
pris j qu'il eft en pleine mef. Qui craint le danger,
ne doit pas aller fur mer. On du encore , Quand la
mer eft trouble, tout le monde pêche , pour dire,
que chacun cherche à profiter dans les défordies.
JV^Hya au bal qui n'aimera la danfe ,
Ni fur la mer qui craindra le dangtr ,
Ni au fejlin qui ne voudra manger ,
Ni à la Cour pour dire ce qu'il penfe.
Pybrac.
Mer des humeurs. Mare humorum. Terme d'Aftro-
nomie purement Latin , mais francifé par l'ufage.
Les Aftronomes ont donné ce nom à l'une des taches
de la Lune qui eft la 41*. dans le Catalogue du P.
Riccioli , Se qu'il a délignée par la lettre majulcule
A. Il y aulli Mure nuhium , Mare imbrïum , Mare
neclaris , Mare tranquillïtatis j Mare ferenitatis j
Marefcecundit.itis , Se Mare crifium , qui font les 42 ,
43 5 44 J 45 > 4^ > 47 > «^ 4^ du même Catalogue ,
Se qui font défignées par les majufcules B,CjD,
E,F, G, H.
Mer. Ville de France dans le Blaifois, entre Blois &
Baugenci , à une lieue de h Loire.
MERA. f m. Sorte d'arbre qui fe trouve dans l'ile de
Madagafcar. Ses feuilles rellemblent à celles de l'O-
livier , Se (on bois eft jaune dans le milieu, fans
odeur. Se aulli dur que celui du buis.
Mera. 1. f. Terme de Mythologie. Nom d'une Nym-
phe , compagne de Diane. Mera. Elle étoit fille de
Prothéc & d'Aulia. Un jour qu'elle étoit à la chaf-
fc , Jupiter le traveftit en Minerve , Se la furprit j
mais Diane en fut 11 outrée , qu'elle la perça de flè-
ches , &: elle fut changée en chienne , commeOvi'
de le décrit dans fes Métamorphofes j L. Fil.
Mera. Fûye\ Larissa , Rivière.
MERALERESbE. On trouve aulli Merallereffe. Vieux
mot , qui fignifie Sage-femme. Objletrix.
MÉRANj MÉRANIE. Nom d'une petite^ ville ou
bourg d'Allemagne. Merania. Ce lieu j iitué dans
le Tirol, fur l'Adigc , à douze lieues au-delîus de
Trente , étoit anciennement le chef du Duché de
Mérani , qui contenoic tout le Tirol , Se une pe-
tite partie de la Haute-Bavière. Ce pays eft entré
dans la Maifon d'Autriche, l'an 1366.
Meranie. Nom ancien de la province que nous ap-
lons aujourd'hui Tirol.
MÉRAUT. f m. Nom d'homme. Medraldus. Le corps
de S. Méraut Abbé , eft à S. Georges de Vendôme.
Chast. au 2j Février.
MERC , MERCQ Se MÈRE. Vieux mot , qui yeui
dire , Marque , ligne ^our reconnoître. Clof]] fur
Maroc. On trouve dans les Coutumes merc de Chà-
tel. yoyei Maire de Chastel. iV/c;ri: du gibet, /^«rc
^de la Juftice , c eft le lieu, la marque delà Juftice,
des fourches patibulaires. Battre au deiius , ou au-
deJbus des mens , c'eft-à-dire , au-derîis ou au-
dellous des lieux marqués. On dit auili mères dans
le même fens. Quelquefois on écrit mère au lin-
gulier.
MERCADENT. f. m. Terme de mépris , qui fignifie
un Marchand de légères merceries , ou un Marchand
ruiné. Minutus propola. Il eft pris de l'Italien un
povero marcadente .
(ÇJ- MERCANTIL , ILLE.adj. m. & f. Qui conaerne
le Commerce. Contrat mercantil. Pro!ellion mercan-
tille. Arithmétique mercantilU , pour diftinguer
MER.
MER
celle qui n'cft propre qu'aux Marchands , d|avec
celle des Géomètres.
Ç3' Il eft aulli fubftantif. Faire la mercantille , pour
dire , un négoce de peu de valeur. Mercacura.
MEKCANTILLEMENT. adv. Dune manière mer-
cantille. Il fe dit en ce fens : Il parle , il écrit , il
s'exprime mercanc'dlemenc ; pour dire qu'il parle ,
qu'il écrie, qu'il s'explique félon les maximes, les
ufages & les termes qui (ont atfedtés aux Marchands
& Négocians.
MERCANTISTE. f. m. On fe fert quelquefois de ce
terme pour lignifier un Marchand. Dic. de Com-
merce.
MERCANTORISTE. adj. Il fe dit de la manière de
parler d un Marchand. Ce ftyle cft mercantor'ijle ,
plein d'expredions aftecftées aux Marchands.
MERCAVA. f. m. Terme de Théologie Rabbinique ,
dont les Juifs fe fervent pour exprimer les fpécula-
tions fur la nature de Dieu & de fes ouvrages. R.
Moyfe dit dans fon livre More Mevochim , qu'il a
dellein d'expofer tout ce qui regarde l'ouvrage du
Berefchith Se du Mercava. Par l'Ouvrage du Beref-
th'uh, il entend la création , qui eft expliquée dans
Ja Genèfe que les Juifs appellent Brefchih ; & par
le Mercava , il entend les myllères de cette création ,
qui ne font entendus que des Sages. Le R.Juda,qui
parle aulli du Mercava ^ dit que les fecrets de ces
myftères font fi fublimes , qu'il n'eft pas permis de
les enfeigner en parcicuUer. Voyez le Diétion-
naire de M. Simon de Lyon.
TIERCE. Mot corrompu de Merci. Je ne manquerai
pas , dit le Duc de Mayenne , de Bulles & d'Excom-
munications merci de M. le Légat , ( c'ell-à-dire ,
Merci , ou grâces à M. le Légat ) qui en fait tout le
tu aucem , pour embabouiner ceux qui y voudront
croire.... Sat. Mén. t. i. p. jp.
MERCELOT. f. m. Petit Mercier §CF qui étale aux
Foires , qui porte une balle à la campagne , ou dans
la ville j une manette pendue à fon cou , & remplie
de menue mercerie. Tenais Mercator , minuta, iner-
cis propola. C'efl la même chofe que Mercerot.
MERCENAIRE, f m. & f. Homme de journée , qui
travaille pour gagner de l'argent j pour gagner fa vie.
Mercenarius , operarius. C'efl un péché criant j de
retenir le falaire des valets & des mercenaires.
Mercenaire , s'emploie encore fubftantivement dans
la fignification d'un homme intérelfé & aifé à cor-
rompre pour de l'argent. Venalis. C'efl un merce-
naire. Ac. Fr.
Mercenaire. Ordre Religieux dont il y en a de chauf.
fés & de déchaulles. On en voit principalement en
Efpagne , où ils font nommés Religieux de Xa. Mer-
ced : l'on y en compte 95 Couvens de Mitigés &
1 3 de Réformés. On dit communément les Religieux
de la Merci , mais quelques-uns les nomment Mer-
cénaires. L'Abbé de Vairac fe fert toujours de ce
mot.
fi? Mercenaire, adj.de t. g. Se dit rarement au pro-
pre. Travail , labeur mercenaire , qui fe fait feule-
ment pour le gain , pour le falaire. Il eft plus fou-
vent employé au moral. Un homme mercenaire
infpiré par un intérêt fordidc , qui fe lai (Te aifément
corrompre par l'intérêt , qui fait tout pour de l'ar-
gent. Les gens de balfe nailfance ont d'ordinaire
l'ame mercenaire Se lâche. Combien d'Auteurs tra-
vaillent par un efprit mercenaire ; font des dédica-
ces , Se donnent des éloges mercenaires ? Les Jurif-
confultes de Cour , toujours bien alTorris de maxi-
mes Hatteufes , ne manquent pas d'craler leur élo-
quence mercenaire, Toor. Cette laide avec fes ri-
chefTes ne peut avoir que des adorateurs mercenaires.
S, EvR. L'amour intéreffé des ifraëlites pour Dieu ,
étoit un amour fervile Se mercenaire. Fén. Les Mu-
fes n'étoient pas encore mercenaires , & l'on ne ven-
doit pas encore les douces chanfons de Therpficore.
Le Ct. Une armée eft une multitude d'ames pour
la plupart viles & mercenaires. Fl.
Dans les âmes vulgaires.
943
Les feux de la valeur font des feux mercenaires.
Bréb.
D'un mercenaire amour voilà les dignes fruitsi
Rac.
MERCÉNAIREMENT. adv. D'une manière merce-
naire. Mercenarium in modum. Il ne faut point agir
mercénairement , quand on veut acquérir de l'hon-
neur.
MERCERIE, f. f. Marchandifes dont les Merciers
ont droit de faire trafic. Foye\ Mercier. Le Corps
de la Mercerie de Paris eft nombreux Se fort étendu.
C'eft le troifième des lix Corps des Marchands , qui
eft divifé en lîx états diftércns : le Marchand grolficr ,
ou en gros, qui peut vendre (ous corde tout ce que
les autres cinq Corps peuvent vendre en détail , &
qui détaille aulli quelquefois ; le fécond , celui qui
vend des étoftes de drap d'or , d'argent , de foie Se
de laine : le troilième , celui d'oftades : le quatriè-
me , celui qui vend des tapilleries : le cinquième,
eft celui de la Joaillerie ; Se le fixième , celui de
la menue mercerie. Ce Corps a été inftitué en l'an-
née 1407. par Charles VI.
Mercerie , fe dit plus particulièrement des menues
marchandifes, Se de celles qu'on vend en détail.
Minuta merx. Les rubans , le fil , la foie , les ai-
guilles , coëfFes , mafques , toilettes , font de la
menue mercerie.
Ce mot vient à mercibus.
On dit proverbialement , Qu'il a plu fur la mer-
cerie de quelqu'un , pour dire , que fon trafic va
mal , qu'il eft prêt à faire banqueroute.
MERCEROT , fynonyme de MERCELOT. f. m. Pe-
tit Mercier de campagne , ou de menue marchandife.
Minuti. mercis propola. On ne le dit ordinairement
que par mépris. Ce n'cft qu'un Mercerot.
MERCEX. Nom d'une ville anciennement épifcopale.
Mercejta , autrefois Germanica. Elle eft dans la Si-
rie , près du Mont Aman , au feptentrion d'Alep.
Maty.
MERCHE , LA MERCHE , 011 LES MERCHES.
Nom d'une province de l'Ecolîe méridionale , bor-
née au nord par la Lothiane , au couchant par la
Laudercale , & au midi par la Twédale Se le Nor-
thumberland, dont elle eft féparée par la rivière de
Twèdei la mer d'Allemagne la baigne au levant.
Marchia , Merchia , Merfîa. Cette province n'a guère
au delà de huit lieues de long , Se de fix de large.
Merche , pour Marqué. Ct. Marot , Ballade à Ma-
dame d'Alençon , Marguerite de Valois , pour être
couché en fon état.
MERCHER. v. a. Vieux mot, qui fignifie marquer i
mettre une marque. Notare , Jîgnare. Mercher la
mefure pour être sûr qu'elle a les proportions ré-
glées par la coutume , ou autrement.
IJCF On difoit autrefois merc Se mère pour marque,
MERCHINGEN. Ville Se Château fort d'Allemagne
dans le Palatinat du Rhin
MERCI, f f. Ce mot n'a point de pluriel , gCT & fi-
gnifie Miféricorde. Gratia , venia. Crier merci , re-
cevoir à merci. Il y a des gens fans merci , qui ne
font aucune merci , dont il ne faut attendre aucimc
merci. Implorer la merci de quelqu'un. Au refte , il'
faut remarquer , après l'Académie , que le mot de
merci vieillit dans la plupart des phrafes où il fe mec
fans article , & qu'il n'a plus d'ufage que dans celle-
ci , Je vous crie merci , qui fe dit familièrement
pour. Je vous demande pardon.
Ménage dérive ce mot de miferefcere. Il y a plus
d'apparence qu'il vient de mereri , parce que celui
qui s'humilie, mérite le pardon. On l'a appelé en
Latin merces , mifericordia.
Merci , fe dit aufTi en parlant de ce qui eft abandonné
au pouvoir , à la difcrétion , à la vengeance d'au-
rrui. Arhitrium, pote/las. Une ville prife d'alfaut efl:
à la merci des foldats. C'eft un grand malheur de
tomber entre les mains de fon ennemi mortel , d'êfte
944 MER
il fa nierci. Remettre quelqu'un à la merci de fe5
ennemis. Voit. Les l^laideuis font à la merci des
Juges , qui difpofcnt de leurs biens & de leur vie
comme il leur plaît. Ce logis ne ferme point , tout
y eft à la merci des voleurs.
On le die aulli à l'égard des bêtes &C des chofes
inanimées. Ce Berger a laillé l'on troupeau à la merci
des loups. Être à la merci des bêtes farouches. Vaug.
Ce Pilote a abandonné fon vailléau à la merci des
flots j des vents & de l'or.age. Se mettre à la merci
de la mer & des Pirates , de l'orage , des pallions ^
de l'amour , de la haine , &c.
Ils verraient leurs écrits , honte de l'univers ,
Pourrir dans la poujjîère â la merci des vers.
BoiL.
Merci , fe joint auflî à quelques mots qui font des .ad-
verbes ou des fubftantifs dans des façons de parler
ordinaires. Dieu merci j nous voilà à la fin de nos
maux. Dieu merci , ôc à. vous -, c'eft à-dire , gr.îces
à Dicuj & à vous, j'en fuis quitte. Dieu merci.
GON.
Quelque rare que fait le mérite des Belles ,
Jepenfej Dieu merci, qu'on vautfonprix comme elles.
Molière.
^fT Grand Merci. Façon de parler du ftyle familier
qui fignifie , Je vous remercie , je vous rends gr.îce.
Grand merci fe prend quelquefois fubftantivement.
Cela ne m'a coûté qu'un grand merci. Marotadit:
Mes bons Pères Religieux,
Vous dLnc\ pour un grand merci.
O gens heureux ! ô demi-dieux !
Plût à Dieu que je fujje ainfi.
Merci Dieu , merci de ma vie , eft une manicrc de
jurer dont le fervent les femmes de la lie du peuple.
Merci. C'eft la charité d'amour, qu'on demande plus
d'une fois avant que de l'obtenir. Marot le tait allez
entendre. Glo(f. fur ce Poète.
L'Ordre de la Merci , eft un Ordre de Religieux qui
vient d'F.fpagne , inftitué pour la Rédemption des
Captifs. Ordo fancl& Maria de Mercede. Il fut inf-
titué en 1225. par S. Pierre Nolafque. S. Raimond
de Pegnafort , nouvellement entré dans l'Ordre de
S. Dominique , y eut beaucoup de part , & il lut
confirmé en 1250. par Grégoire IX. fous la Régie
de S. Auguftin. Il eft appelé Ordre de la Merci ,
qui veut dire pitié ,& miféricordc. Ou du mot Latin
merccs , qui lignifie Rançon , rachat , parce qu'ils
rachettcnt des InfiJcUes les Chrétiens efcl.ives , &
qu'ils en paient la rançon. Le nom de cet Ordre
eft proprement Notre Dame de la Merci , pour la
Rédemption des Captifs ; mais pour l'ordinaire nous
difons lîmplement la Merci.
MEP.CIANT. adv. Volontiers j de bon cœur. Pocf.
du Roi de Nav.
MERCIE. Nom d'un ancien Royaume en Angleterre.
Mercia. La Mercie comprenoit le pays des Corna
riens , des Coritains , des Dobunes , la partie tep-
tentrionale du pays des Atréb.ueSj & la partie oc-
cidentale de celui des Catieuclaniens. Le Royaume
de Mercie étoit autrefois le principal des Royaumes
que les Anglo-Saxons avoicnt fondé dans la Grande-
Bretagne. Ses bornes étoient , au nord , le Royaume
de Northumberland ; au couchant, la Principauté de
Galles ; au fud , le Royaume de W^eftlex , ou les pro-
vinces occidentales ; &C au levant , les Royaumes
d'ElFex, d'Éaft-Angles, avec la mer d'Allemagne.
Cette grande province eft divifée en dix - huit moin-
dres , qu'on nomme Shires ou Comtés; leurs noms
font Cheftcr Shrop , Héreford , Monmouthj Glo-
cefter , Oxford , Buckingham , Bedford , Hunrin-
gron j Northampton , Rutland , Lincolne , Nottin-
gham , Darby j Staftord , W^orcefter , Waiwick 8c
Leicefter,
MER
MERCIEN , ENNE. adj. Habitant du Royaume de
Mercie. Mercius , a. On appeloit autremenr les Mer-
cïens , Anglois du dedans des terres. Angli medi-
terranei.
MERCIER, vieux verbe. Remercier.
Mercier. 1. L'action de marcher , les pas par où une
perionne a marché. Poéf. du Roi de Nav.
Mercier, ère. 1. m. Se f. Marchand qui vend tou-
tes fortes de marchandites dépendantes du Corps de
la Mercerie. Mercator. Le Corps des Marchands
Merciers de Paris eft le plus nombreux & le plus
puillant des fix Corps des Marchands. Les gros
Marchands Merciers vendent toutes les belles étoffes
de loie, d'or & d'argent, & quelque marchandifc
que ce foit , tant du Royaume , que des pays étran-
gers, comme étoffes, cuirs j fourrures , tapilferies ,
palfemens , foies , joailleries, drogueries, métaux,
armes , quincaillerie, dinanderie , coutellerie, &
tous ouvrages de forge & de fonte. Les Marchands
Merciers ne doivent taire aucun ouvrage de la main ,
fi ce n'eft pour enjoliver les marchandites qu'ils ven-
dent : autli , dit-on j MtTcier marchand de tout , fai-
feur de rien. Les Merciers en détail ne peuvent pas
vendre celles qui concernent les autres Corps. Il
y aullî de menus Merciers qui colportent , qui éga-
lent de petites marchandites dans les marchés &" les
foires , qui ne font pas du Corps des Marchands
Alerciers.
On dit proverbialement , A petit Mercier, petit
panier , pour dire , que les petites gens peuvent vi-
vre de leur trafic en réglant leur dépenfe à leur
gain. On dit aufti d'un homme qui s'emporte faci-
lement , qu'il tueroit un Mercier pour un peigne.
On dit encore , qu'au jour du Jugement chacun lera
Mercier, qu'il portera fon panier, pour dire, qu'il
répondra de fes fautes.
En Latin , on a appelé un Mercier, Mercator ^
Mercerius & Mercenarius. Et c'eft de là qu'eft venu
le nom de Mercier.
MERCK. Nom d'un lieu fitué fur le bord de la mer ,
entre Calais & Gravelines. Marci , Mercha, Mer-
cur'ifius. Valois, Not. Gall. p. i/.C, 334^
MERCCEUR. Nom d'un bourg de France , fitué dafis
l'Auvergne, entre Clermont & Sainr-Flour a huit
lieues de l'un & de l'autre. Mercorïum , MarcoUum.
MERCOGLIANO. Nom de lieu. Mercuriale. C'étoir
anciennement une petite ville de la Campanie. Ce
n'eft maintenant qu'un village de la terre de Labour ,
litué à quatre lieues de Naples , vers le levant.
Maty.
MERCQS. Foyei Merc.
Mercq.s , ou Merq. Nom d'un village du Limou-
fin. Mercoria , Mercorius. Valois croit qu'il a pris
fon nom de Mercure , Not. Gall. p. 334.
IfT MERCREDI, f. m. On difoit autrefois Mécredi.
Mercredi eft le feul en ufage , au moins parmi les
honnêtes gens. C'eft le quatrième jour de la lemai-
ne , le troilîème ouvrable. Chez les payen? il étoic
coniacré à Mercure , d'où lui vient ton nom ,
Dies Mercurii : dans l'Eglife , Feria quarta.
|p° Mercredi des Cendres. C'eft le premier jour du
Carême, jour .auquel le Célébrant, après avoir ré-
cité quelques prières , bénit des cendres , & en met
fur la tête du Clergé & du peuple , qui les reçoit à
genoux, en difanr à chaque perfonne. Mémento ^
home , quia pulvis es, & in pulverem revertehs.
MERCURE, f. m. En Mythologie. C'etoit un dieu de
l'Antiquiré , ilis de Jupiter & de Maia ; il prélîdoit
au négoce. Mercurius.
On tient qu'il ctoit ainfi nommé à mercihus , qui
fignifie marchandijes. On a feint cju'il étoit le Melfa-
ger des dieux -, & pour cela on lui a dorné des ailes
& des t.ilonnièiesi un caducée, ou une verge en-
tortillée de ferpens. Voye:i^ Caducée.
Mercure , étoit aulli un dieu des anciens Gaulois,
qu'ils avoient pris, félon Bochart , des Phéniciens.
Ils l'adoroient fous le nom de Thcutates. Platon
a appelé Theut, Mercure , qui étoit un nom dérive
de »6»« j lignifiant dieu. Peut être aulli que le ità? des
Grecs
MER,
Grecs vcnoir de Tkeut , ou Thot , Egyptien.
JVl6<\cuRE , a ieivi figurément en ce leiis de titre à
plulicHis Livres qui annoncent quelque cholb de
nouveau. Le Mercure François elt une Hilloire de
France qui contient XXV Tomes , commençant de
puis l'année i6oj. jufqu'à la fin de l'année 1644.
Vittorio Siri a intitule Ion Hiltoirede France du nom
de Mercure. Le Mercure Armoriai de Ségoing qui
traite du Blafon. Le Mercure Indien de Rofnel , Or-
fèvre , qui traite des pierres précicules j des perles
& de l'or.
§Cr Le Mercure Galant fuccéda au Mercure François ,
Se a été remplacé par celui qu'on nomme Mercure
de France. M. de Vi(é commença en i672,& don-
na , jufqu'au mois de Mai 1 7 1 o , 460 volumes , fous le
nom de Mercure Galant. EnfuiteM. Dufrefny donna
44 volumes , fous le même nom , depuis Juin 1 7 1 o ,
jufqu'à Avril 1714. M. Le Févre , depuis Mai 171 4,
jufqu'à 06lobre 1716 , donna 50 volumes j fous le
nom de Mercure de France. En Janvier 1717, M.
l'Abbé Buchet y travailla, lous le nom de Nouveau
Mercure ,]u((\u' Ml mois de Mai 172.1 inclufivcment,
45 volumes. M. de La Roque y a travaillé depuis
le mois de Juin 1721 , jufqu'en 174J , fous le nom
de Mercure de France ; &: il a rendu cet ouvrage
intérellànt par le grand nombre de Pièces choiiîes de
Littérature en profe 6c en vers, dont il l'a enrichi.
M. Fufelier fut enluite chargé du Mercure. M. de la
Bucre le continua feul , après la mort de M. Fufelier.
M. de Boilly , de l'Académie Françoife , le remplaça
depuis le mois de Janvier 1755. A la. mort , le Mer-
cure palla par brevet à M. Marmontel II commença
par le volume du mois- d'Août de la même année.
Son règne n'a pas été long. On le lui ôta au commen-
cement de 1760 , pour le donner à M. de la Place,
Auteur de quelques ouvrages allez eftimés.
^3° On appelle figurément Mercure Galant , les per-
fonnes qui vont recueillir des nouvelles ^ & qui pren-
nent plaii'ir à les conter.
Pour un époiix enfin rien n'efi plus défolanti
Que d'avoir en fa femme un Mercure Galant ,
Qui ne tarit jamais fur toutes les nouvelles.
On appelle aufll figurément Mercure , l'entremet-
teur d'un mauvais commerce. Acad. Fr.
Mercure , en Aftronomie , eft la plus petite des Planè-
tes inférieures. Mercurius. ^^ Son globe fenfiblement
fphérique , eft vingt-fept fois moins gros que celui que
nous habitons. Eloigné du foleil d'environ quinze mil-
lions de lieues dans (a plus grande Qifl:ance,& d'environ
dix millions dans îi plus petite diftancejil doit être
beaucoup plus dénie que la terre. Son mouvement
périodique fe lait en quatre vingt huit jours d'occi-
dent en orient autour du Soleil , dont il ne s'éloigne
jamais plus de vingt - huit degrés , & jamais moms
de dix-huit. On l'appelle Mercure brûlé , quand il eft
dans les rayons du ioleil , où il (e perd à nos yeux.
On n'a pu jufqu'à préfent découvrir en combien de
temps fc fait fon mouvement diurne fur fon axe , ni
fi fon axe eft oblique à l'égard du cercle qu'il tait au-
tour du ioleil j parce qu'il eft ordinairement caché
dans les rayons du foleil. Il fait fa révolution fur
des pôles diftans d'environ fepr degrés de ceux de
l'Ecliptique. Mercure change de phales , comme la
lune j félon fes diftéreiites pointons avec le foleil iSc la
terre. Il paroît plein dans fes conjondtions fupérieu-
res avec le foleil , parce qu'alors nous voyons tout
riiémifphère illuminé. Mais dans les conionCl:ions
inférieures l'on ne voit que l'hémilphère obtcur^fa
lumière va en croiflant , comme celle de la lune ,
à meture qu'il le rapproche du foleil. La iîtuation
de cette planète démontre évidemment que le (yf-
tcme de Ptolomée eft faux \ car l'on apperçoit bien
quelquefois Mercure entre la terre & le foleil , &
quelqueluis au delà du foleil; mais jamais on ne
voit la terre entre Mercure & le foleil _, ce qui devroit
arriver , fi les cieux de toutes les Planètes enfct-
Tome V.
MER 945"
moîent \x terre qui en feroit le centre , comme le
fuppolc Ptolomée. Il a été oblervé dans fon difque
par Galièndi (Se Bouillaud , qui ont mis au jour leurs
obfervations : on a de la peine à les faire , fuion de
30 ans en 30 ans.
Mercure j lignifie aufti le vif- argent ^ ou hydrargyre.
Hydrargyrum , mercurius. Il eft appelé par quelques-
uns demi-métal. Il eft toujours liquide. LesChimiftes
lui donnent le furnom de Prothee , à caufe des difté-
reiites couleurs qu'il prend dans fes préparations. Et
Olaiis Bornchius Danois dans fa Chimie , dit qu'ayant
tourmenté pendant une année entière du mercure pac
plulieurs feux , & l'ayant réduit en eau , en turbit , &C
en cendre , il reprit la première forme au milieu de la
Hamme par l'attradfion, du fel de tartre. Il a fouvenc
fes propres mines , où on le trouve tout purifié &c cou-
lant j & alors il s'appelle mercure vierge. On le trouve
fouvcnt dans celles des autres métaux , ou mêlé parmi
des terres, ou des pierres , ou corporifié en cinnabrc
naturel , d'où on le fépare par le moyen du feu. Il ell
de nature volatile , compolé de terre fulfurée blan-
che, & de fon propre OTtrcure interne. Les Auteurs ne
font pas d'accord fur la nature du vif argent. Les uns
tiennent qu'il eft chaud, comme Galien , Rhafis,
Diofcoride , Platéarius. D'autres difent qu'il eft froid,
comme Avicenne , Matthiole. Mais Paracelle dit qu'il
eft chaud au dedans , & froid au dehors; & Pierre
d'Appone , dit le Conciliateur , allure qu'il eft froid,
à caufe qu'il eft aqueux; Se chaud j à caufe qu'il con-
tient du ibufre. Le pîed cube du mercure pèle 947 li-
vres , Se celui d'eau de Seine n'en pèfe que 70. Ainfi le*
pouce de /nercz/rd pèfe prefque autant que 14 pouces
d'eau. M. Huygens a expérimenté que le vif argent
purgé , demeure fufpendu dans le vide jufqu'à la hau-
teur de ij pouces.
On purifie le mercure en le lavant pluficurs fois
avec du rinaigre , dans leqtîel on dilfout du lel com-
mun , ou bien en le paflant fimplement au travers
d'une peau de' chamois. Ambroile Paré dit qu'il en
faut faire avaler à un chien une livre à la fois ,
le féparer après de fes excrémens , Se le laver avec
du vinaigre.
On fait des précipités de mercure de différentes
couleurs. Il y en a du blanc, du rouge , du jaune,
du vert, de couleur de rôle. Cette diverfité de cou-
leurs vient de la différence des acides dont on fe fert
pour faire dilfoudre le mercure , & de celle des pré-
cipitans avec lefquels on le précipite ; ou bien du
degré de feu qu'on emploie pour le calciner après
avoir été dilfout. Par exemple , fi on fait dtlfoudre
du mercure dans de l'efprit de nitre , ou dans l'eau
forte , Se qu'on le falle précipiter enfuite avec de l'ef-
prit de fel, on a un précipice blanc : fi au lieu d'ef-
prit de fel on verfe de l'urine chaude fur la dillo»
lution , on fait un précipité de couleur de rôle. Pour
foire le précipité rouge j on fait difloudre à\i mercure
dans l'efprit de nitre , Se après avoir fait évaporer
toute l'humidité , on calcine la matière qui refte , juf-
qu'à ce qu'elle (oit devenue rouge , pouffant le feu
jufqu'au troifième degré.
Le Mercure fe coagule avec du fuc de limon , en les re-
muant bien enfemble. On ne peut faire de vermeil
doré qu'avec un amalgame de mercure.
On appelle aullï le mercure , argent aqueux, ferf y
fugitif Se efprit minéral: comme l'ammoniac , l'aigle
volant , le ibufre , l'efprit puant, &: Tarfenic, l'efprit
conciliateur.
%T Fixer le rnercure , c'eft l'unir de telle forte avec
quelqu'autre corps , qu'il ne puilfe redevenir cou-
lant. On n'a pu encore trouver le moyen de fixer
le mercure.
La fixation du mercure eft ce grand ouvrage que
recherchent les Chimiftes pour la Pierre philofo-
phale , car ils travaillent prefque tous fur je mercure ;
mais quand on a trouvé la manière de le fixer , Se de
le teindre ; ce n'eft après tout que de l'or apparent ,
qui ne peut réfifter aux épreuves de la coupelle ^ ou de
l'incart.
On dit figurément & familièrement , fixer le mer-
Dddddd
94^
MER
cure ; pour dire .guérir l'inconllaace , la légèreté d'un
efpiir.
Qiund on dit que les principes de Chimie font
le {t;l , le i'oufie & le Mercure , on n'entend pas
que ce foit du vif argent adtuel , mais la partie li-
quide , ou l'humide radical , qui cft en tous les corps
n.ituiels.
Le Mercure chez les Médecins s'appelle le Furet ,
parce que par fa fubtilitc il va chercher les mauvai-
îes humeurs jufques dans les parties les plus folides.
C'efl: pourquoi on l'emploie à guérir lemal de Na-
ples ; & il a une propriété merveilleufc pour faire
mourir toute la vermine fubicement. Ceux qui travail-
lent aux mines de mercure font lujets à la paralyhe,
& tous ceux qui fe fervent du mercure , comme les
Fondeurs de caradlcrcs , les Doreurs au feu , font
fujets à des tremblemens de mains & de tête ; c'efl:
pourquoi en travaillant ils ont la précaution de te-
nir de l'or entre les dents , où la vapeur du mercure
s'attache.
Mercure doux , efl: un mercure fublimé plufieurs fois ,
lequel par le moyen de ces fublimations réitérées j de
dangereux & de violent qu'il étoit , il devient capable
d'être pris intéiieurement.
*:?* Mercure j dans l'art Héraldique, marque la cou-
leur pourpre dans les armoiries des Priiïces louverains.
Mercure. Terme de Fleurifle. Tulipe rouge incarnat &
chamois. Morin.
MERCURIAL , ALE. Qui efl de la nature du Mercure ,
qui tient du Mercure. Ad Mercurium pertinens , mer-
' curïalis. Les Allrologues , les Chimiftes & les Pharma-
ciens emploient ce mot , pour lignifier les choies qui
font de leur Icience & de leur art. Le Cigne ell: une
conftcllation de nature mercuriale. Les elprits mercu-
rldux &z arlenicauxdes mines en rendent le travail fort
dangereux. On dit aullî , du miel mercurial , à caule
du lac de la mercuriale qui entre en fa compolîtion.
On dit mieux mercuriel.
Mercuriale, f. h Alfemblée qui fe fait dans les Cours
louveraines les premiers Mercredis après l'ouverture
•des Audiences de la Saint Martin & de Pâques , où le
Prélkient exhorte les Confcillers à rendre exaélement
la juftice , à obferver les réglemens , & fait quelque-
fois des remontrances , ou corrections à ceux qui ont
manqué à leur devoir ; elles ont été établies par les
Edits des Rois Charles VIII , Louis XIÎ & Henri HI ,
afin de s'informer h les Ordonnances avoient été gar-
dées & obfervées.
^3" On le dit aullî des difcours que le Premier Préli-
dent , le Procureur Général , où l'un des Avocats Gé-
néraux font ce jour là lur les abus qui fe commettent
dans l'adminiftration de la Juftice.
Mercuriale , fe dit figurémcnt des réprimandes do-
meftiques que font les fupérieurs en particulier à leurs
inférieurs qui or.t failli. Objurgatio , reprehenjio ,
animadverfio. L'Evêque a fait à ce Curé une petite
mercuriale.
Mercuriale. Ce mot s'emploie aulîi pour fignifier une
aiïemblée de gens de Lettres , qui fe fait tous les
Mercredis chez quelque pcrfonne favante^ & où l'on
parle de plufieurs choies , foit de Lettres y loit de
nouvelles. ConJ'eJfus liucratorum. On a tenu long-
temps des Mercuriales chez M. Ménage. C'eftde-là
que ce nom eft venu , parce que ce lavant homme
tenoit chez lui des alfemblées tous les Mercredis.
Mercuriale , efl: aullî une forte de plante dont il y a
plufieurs efpèces. Mercurialis. Il y en a une qu'on ap-
pelle mercuriale mâle , qui poulfe des tiges à la hau-
teur d'environ un pied , angulcufes , noueules , don
ces au toucher. Ses feuilles relîemblent à celles de
la pariétaire , mais elles font lilfes , dentelées en
leurs bords , vertes , d'un goût nitreux. Il lort dé
leurs ailfellcs des pédicules courts , à chacun def
quels eft attaché un fruit à deux capfules , un peu
applati Ôc velu ; chaque caplule renferme dans ion
creux une femence le plus fouvent ovale. Ce fruit
naît fur des pieds qui ne fieurillcnr pas. Sa racine cft
tendre & fibreufe. C Bauhin l'appelle mercurialis j
teJlUulacu ,Jîve mas Diofcoridis & PHnii, Il y a une i
MER
mercuriale téraelle qui rellémble à la précédente en
fes tiges & en tes feuilles , mais elle porte des rieurs
à plufieurs écamines loutenucs par un calice à trois
ou quatre feuilles , !k ramallces en épi. Ces Heurs ne
font fuivies d'aucun huit. C. Bauhin l'appelle Mer-
curialis fpicata ,Jîve femina Diofcoridis ô Flinii. Ces
deux efpèces de mercuriales font purgatives; on en
tire le fuc , avec lequel on fait un lirop qui eft laxatif
& délopilatif : oia en fait aulfi le miel mercurial qui
eft fort en ufage dans les lavemens. Elles font .aullî
émollientes , propres pour la fupprelTîon des mois , &
pour les pâles couleurs.
La Mercuriale, à ce que l'on prétend , porte le nom
du dieu Alercure , qui , dit-on , la mit le premier en
ufage.
MERCURIALES, f f. pi. Nom d'une fête que les
Habitans de l'île de Crète , aujourd'hui Candie, cé-
lébroient autrelois en l'honneur de Mercure. Mercu-
rialia. Cette fête avoir été étabhe à caule du com-
merce , dont Mercure étoit le dieu , & qui florif-
foit dans cette ile. Elle fe célébroic à Rome le 14 de
Juillet.
^ MERCURIEL , ELLE. adj. C'eft ainfi qu'il faut
dire , & non pas mercurial , qui tient du Mercure.
Onguent mercuriel. Eau mercurielle. f^oye^ Mercu-
rial.
r? MERCURIFICATION. f f.Terrae d'Alchimie, qui
indique l'opération par laquelle on tire le mercure
des métaux , ou plutôt par laquelle on produit , on
prétend produire du vrai mercure coulant par une
tranfmutation' quelconque des autres fubftances mé- -
talliques en celles-ci.
MERDAILLE. Terme populaire & injurieux ^ qu'on dit
à une troupe importune de petits enfans.
MERDE, f. f. Excrément, matière fécale de l'homme.
Merda ,ftercus humanum. On le dit aullî de quelques
animaux domeftiques ,. comme du chat, du chien,
des poules , des oies , &c. On évite Tufage de ce
mot J aullî- bien que des termes obfcènês , parce
qu'il donne des idées qui blellent les imaginations
délicates.
Joleph Scaliger dit que ce mot vient de erda , qui
chez les vieux Romains fignifioit en général excrément,
comme on voit dans Sénèque , ai/ /iv. 6 , des Bienfaits,
chap. 16 . d'où vient qu'on a appelé homerda , l'excré-
ment de VhomxxiC-ibucerda , l'excrémentdu bœuf; mu-
cerda , celui d'une louris , fuccerda , celui du pour-
ceau , &c.
Merde d'Oie j eft une efpèca de couleur , entE£ le vert
<?c le jaune J telle que celle des excrémens de ces oi-
leaux.
Merde de fer , eft ce que plus ordinairement on
appelle Mâchefer. La merde de fer, eft l'écume de
fer qui ne fe peut fondre , ni redevenir fer , & qui
a les niêmes propriétés que la rouille de fer. On
l'appelle en L.atin Stercus ferri. Il y en a aullî de
bronze Se d'argent. La merde de fer &c la limure de
plomb caufent de grandes douleurs à ceux qui en
ont pris intérieurement.
On dit proverbialement. Plus on remue la. merde ,
plus elle put ; pour dire, que plus on .approfondit
une vilaine affaire , plus on deshonore ceux qui y
ont participé. On dit aullî , qu'aux cochons la merde
ne put point. On dit proverbialement d'une ailaire où
il y a quelque choie de honteux j qu'il y a de la merde
au bâton. Acad. Fr. Tout cela eft bas.
MERDEUX , EUSE. adj. Souillé , gâté , rempli de
merde. Merda infeclus. Lange merdeux. Chemife mer-
dchfe.
On dit proverbialement & balfement d'un homme
qui fe lent coupable de quelque choie , qu'il lent fon
cas merdeux. Acad. Fr.
MERDIN. Nom d'une ville de la Turquie , en Afie.
Merda. Elle eft dans le Diarbékir , près du Tigre , en-
viron à quinze lieues de Moful , vers le nord. Il y a
dans Meidin le fiègc d'un Archevêché. Maty.
MÈP.E. adj. f. Il n'a guère d'ulage que joint avec goutte ,
& laine , & quelques autres. On a.'çi'g^We mère goutte ,
le plus pur vin qui coule par lui-même de la cuve ,
M E R
G-.is que l'on ait foule le rnilin. Finum nonpre(fum.
Le vin de la mère goucre cit bien plus elliuic que ce-
lui du prelluiagc. On appelle mère laine , la l.iine
la plus Hne ëc la meilleure qui le tire d'une toilliu.
/■^oyeç Lainf.
^ MÈRE-PERLE. C'eft ainiî que l'on nomme une
fuite de poillon teftacée, une clpcce d'huitre Lx'au-
coup plus grande que les iuiitres ordinaires , où s'en-
gendrent les perles. On l'appelle aulli limplemenc
Perle. Voyez ce mot.
Ctr Langue MÈRE , qui n'cft dérivée d'aucune autre ,
& dont quelques unes font dérivées. Lini;uaalcenus ^,
aharum parais. Lingua matnx. L'Hébreu elt une
Langue mère.
On hiiloit autrefois à Dijon ^ & en quelques vil-
les de Flandre des fctcs populaires , Hc de Carnaval ,
qu'on nommoit la Mère jolie , ou la Mère folle.
Mater ftultorum , en Latin de ce temps-là.
MÈRE. 1. £ Femme qui a porté , qui a mis un enfant au
monde. On le dit aulii des temelles des annnaux.
Mater , pareils , genuiix. On le dit par excellence
de Marie, qui eft la Mère de Dieu , qui feule a été
vierge & mère. Eve eft appelée notre première Mère.
La Reine Mère eft la Remc Douairière. Cette femme
eft mère de fix enfans ; elle a pour tous une tendrellé
de mère.
Mères ayant le cœur tendre & galant.
Font rarement fevères filles. Vill.
Les petits des animaux fuivent leur mère , tettent
leur mère , Ce cachent fous l'aile de leur mère. La
Loi de Moyfe défendoit de tuer la mère ik. les petits.
On a appelé auilî mère , celle qui ne l'eft que par ti-
tre ou adoption. Le Sauveur dit à S. Jean , en lui
montrant la Vierge , Voilà votre mère : & depuis ce
temps là , cet Apôtre la prit pour fa mère.
Les Poètes & les Payens ont dit que Vénus étoit la
Mère des Amours & des Grâces : que Cibèle étoit la
Alère des dieux .• queDeucalion jetta derrière lui les
os de fa graud'^ère pour faire les hommes , c'eft à-
dire , des pierres ou les os de la terre.
Il y a des Impératrices qui portent fur les médail-
les & dans les infcripjiions le titre de Mère du Camp,
Mère du Sénat , Mère de la Patrie. Voyez Mafciu'at,
page 2JI. fur Julia Pla.
Mere , (e dit auilî d'une plante rare qu'on a cultivée ,
& qui en a produit piul,curs autres du même jar-
din. Origo , parens. Ainiî un Fleurifte dira. Voilà
une tulipe^ rare , une amido: de la belle efpèce ,
c'eft la mère de toutes les autres que vous voyez.
Mi^RE , en terme de Jardinage , fe dit encore des grof-
les branches d'arbre. C'eft une mère branche qui
eft éclatée. Les mères branches font .appelées à bon
droit de ce nom j puifque ce font celles d'où naif-
fent toutes les autres.
ïfTLts Vignerons appellent mère le fep principal qui
a tourni des larmens pour faire les marcottes. Ils
appellent aufti la principale racine , comme quand
ils difent que la vigne coule , quand la mère eft
trop humectée. Entîn on appelle mères des arbres
qu'on coupe près de terre ^ pour faire des marcot-
tes avec les branches qu'il produit , en les couvnant
de terre pour leur faire prendre racines.
MÈRE, fe dit aulli des pierres précieufes. La /Tzère d'un
rubis ; la mère d'une émeraude , c'eft à dire , les ma-
trices ou les pierres dans lefquelles elles commen-
cent à fe former.
Mere nourrice , lîgnifie celle qui dojon^r à téter , qui
nourrit un enfant au lieu de la vraie mère. Nutnx.
En ce fens on dit figurément , que la Bourgogne &
la Beauce font les mères nourrices de Paris , qui lui
fournirent le pain & le vin. On difoit la même
choie de la Sicile à l'égard de l'Italie.
MÈRE , en terme de Challe , fe dit de l'entrée ou du
trou de la tanièi e d'un renard ou autre béte. La re-
nardière n'a jamais qu'une mère.
MÈRE , fe dit aufti de la partie de la femme où fe for-
me le fétus : & on dit en ce fens , qu'une femme
Tome V.
MER
947
a des maux 4c mère. Matrix. On appelle auilî en
Médecine , Pie mère, ëc Dure-mcre, les deux mem-
branes du cerveau. Voye^ Méninge.
Mere, fe dit hgurémcnr en chofes fpi rituelles &: mo-
rales. On dit Notre i1-/è« Sainte Egiife, en parlant
de 1 hgiiie Catholique. Celili la n'aura pas DieU
pour père, qui ne voudra avoir l'Egljfc pour wc-r.;.
Mere , le dit aufti au fpirituel d'une Supérieure du
Couvent , ou des anciennes Religieufes de Chaur.
C'eft la révérende Mère Abbellc j Notre Mère Prieu-
re , la Mère Sacriftaine, Céiéuère, <<cc.
On donne le nom de mère dans le ftyle familier
à la lemmc d'un artifm , à une payfannc , quand
on ne (ait pas Ion nom, & on a coutume d y join-
dre le mot de bonne. Vous êtes bien obligeante , ma
bonne mère, de quitter toutes vos affaires, pour me
venir faire plailir. M.ademoifclle l'Hér.
MÈRE , fe dit aufti des Eglifes qui en ont fondé, ou
établi d'autres. Quand la Procellion de Notre Dame
de Paris marche , on y voit les bannières de la mè-
re, & de les quatre filles.
En matière de Bénéfices , On dit qu'un homme
ne peut pas poftéder en même-temps la mère & la
fille ; pour dire, qu'il n'eft pas permis par le Droit
Canon , de poftcder un Bénéfice , & quelau'un ' àz%
Bénéfices qui en dépendent. C'eft une efpèce d in-
cefte Ipiritucl.
Mère , fc dit auilî des caufes morales, des vices &: des
vertus. L'oifiveté eft la mère de tous les vices.* Bussi.
La méfiance eft la mère de sûreté. La Font. La né-
ceftîté eft la mère des inventions. L'Univcrfité de
Pans a été la mère de plulîeurs grands Dofteurs
qu'elle a produits , qu'elle a élevés. La Grèce a été
la mère des Arts libéraux & des fciences. Cette
nouvelle Babylone , cette mère d'impureté. Pat. On
du qu'une femme eft la mère des pauvres, quand '
elle leur fait beaucoup de charités , quand elle les
fait vivre.
MÈRE DE Dieu. Nom d'un Ordre de Chevalerie dont
parle Favyn dans fon Théâtre d'iionneur. Cet Or-
dre inftitué en 1233. fut confirmé en 1262. par le
Pape Urbain VI. qui le mit fous la Règle de S. Do-
minique. Les fins de l'Inftitut étoient d'avoir foin
des Veuves & des Orphelins , & de pacificer les Fa-
milles défunies. L'habillement des Chevaliers étoic
un (outane blanche avec une croix pâtée de rouge
avec deux étoiles en chef de même couleur fur l'efto-
mac , & par deflus un manteau de gris cendré. Ils
obéiftoient à un Grand-Maitre , mais ils n'avoient
point de maifon commune , chacun demeurant dans
la henné: ce qui. autorifa le libertinage, & fut caa-
fe qu'on les nommoit par deriiion les Frères de la joie.
Clerc Régulier de la Mère de Dieu. C'eft le nom
d'une Congrégation dont la fin eft d'enfeigner la
Doélrine Chrétienne. Congregatio Clericorum Regu-
lanum Matris Dei. Son Fondateur eft Jean Léonar-
di , né à Décimo , bourg de la République de Luc-
ques Pan 1541. Il en jetta les fondemens à Luc-
ques l'an 1J83. avec George Arrighinij &: Jean-
Baptifte Cioni , qui s'étoient joints à lui.
Pauvre de la Mère de Dieu. Voye^ Pauvre.
MerEj fe dit proverbialement en ces phrafes. C'eft le
ventre de ma mère , je n'y retourne plus ; quand on
a été mal fatisfait d'un lieu où l'on ne veut plus retour-
ner , d'une aftàire qu'on ne veut pas recommencer.
On dit auilî d'une choie qui eft devenue fort rare
on ne la trouve plus , la mère en eft morte. On
dit qu'une fille fuit ordinairement les pas de fa mè-
re ; pour dire , qu'elle prend fes manières de vivre.
On dit auftî , Il veut apprendre à fa mère à faire
des enfms , quand quelqu'un fe mêle ^enfeigner
à un autre une chofe qu'il fait mieux que lui. On
appelle des contes de ma mère l'oie , des contes de
vieille.
Belle-mère, Grande-mère. Voye\ à leur ordre.
Mère Grand. Terme populaire qui fe dit pom grand'
mère, & lignifie la même chofe; quoique l'adjecftif
fe trouve après le nom fubftantif dans ce mot com-
pofé , on ne donne pomt à cette adjecfif le genre
Ddddddij
9A^
MER
M E Pv
féminin , Se on dit mère grand , comme grand' mère,
& non pas mère grande.
Mais y tant que dans le monde on verra des enfans ,
Des mères , & des mère-grands.
On en gardera la mémoire. Mlle l'Héritier.
MÉre. Vieux terme de Coutumes, f^oye^ Merc. Ils
lignifient tous deux marque. Le mot de mère pris en
ce fens fe trouve dans l'ancienne Coutume de Tou-
raine.
MÉREAU. f. m. Petite marque faite ordinairement de
plomb , ou de carton, qu'on diftribue aux Eccléliaf
tiques, ou Chanoines pour IpJ" marque de leur al
filïance à l'Office divin , ou à quelque fonction
Eccléliallique , & pour leur lervir à recevoir enluitc
la diftribution qui leur appartient. Symbolum , tef
fera. Les méreaux ne font plus en ufage dans l'hgliic
de Notre Dame de Paris , néanmoins on y appelle
toujours du nom de méreau , un gros obit; & il fuf
fit d'en gagner quarante , pour en avoir ciiiquan-
te , c'eft-à-dire , que ceux qui alliftent à quarante ,
fouit autant payés que s'ils avoient allifté à cinquante.
On appelle encore mereau , en certains lieux , le
billet qu'on délivre à ceux qui veulent s'en aller des
Foires.
MÉREAU , eft aullî en ufage dans les Eglifes Préten-
dues Réformées , pour lignifier une petite marque
que l'on donne à tous ceux qui veulent être admis
à la Communion. Tejjera. Ces méreaux font , ou de
plomb, ou de carton. Ils étoient iur-touc en ufage
en France.
Loifeau appelle aufll méreaux certaines marques ,
ou fymboles , dont il eft: parlé dans le Code. Il y en
avoir de deux lottes. Les uns qu'on dillribuoit au
Théâtre , ou dans les réjouillances publiques ; & on
les appeloic Tefferas mijfdes. Les autres qu'on dif-
tribuoit au peuple en particulier pour aller recevoir
du blé , ou d'autres proviiions qui le donnoient aux
dépens du Public : on les appeloit Tejferas annona
rias. Pour éviter la confulion dans ces dillribir
lions j on donnoit des méreaux , (ur lefquels croit
marqué la quantité que chacu:i devoit recevoir.
Sous les Empereurs , ils étoient infcrits du nom des
Empereurs. On voit par quelques loix du Code ,
qu'on pouvoir vendre ou léguer en méreaux. On
a fait autrefois des méreaux d'argent & de cuivre
pour les fêtes de la Cour ^ parce qu'il n'efl: pas aifé de
les contrefaire comme les méreaux de plomb , ou de
carton ; les Curieux en confervent parmi les jetons
qui font du règne de François I. &■ de la Reine Ca-
therine de Médicis , qui Ht aulîî en quelques fêtes
diftribuer par les Dames aux Princes & grands Sei-
gneurs des médailles d'or , avec des devifes ou des
emblèmes. P. Ménétrier, Art. des emblèmes & des
devifes,
MÉRÈC. Nom d'une petite ville du Duché de Li-
thuanie. Merec^a , Mereltium. Elle eft dans la Polé-
fîe, à l'embouchure du Mérecz dans le Niémen,
& à onze lieues au-delFous de Grodno.
MEREIN. f. m. Vieux mot. Dépit.
MÉREL. f. m. Vieux mot , qui lignifie une marque
qu'on donnoit autrefois pour fervir de preuve que
la marchandife avoir été acquittée. Nota j fignum
foluti pretd. On a dit depuis méreau , comme man-
teau , de mantel , Se château de chajlel , Sec.
MÉRELLE. f. f. ( Quelques-uns difent Marelle. ) Le
jeu des mérelles , eft une forte de jeu de petits gar-
çons , qui confifte en une manière d'échelle faite
avec de la craie ^ & où les enfans qui jouent mar-
chent à clochepied , en poullant avec le pied une
efpccc de palet.
MÉRELLE , eft aulîî un jeu qu'on joue fur un tablier
diftingué par plulieurs lignes , avec des dames , ou
aunes marques , dont il s'en doit trouver trois en
ligne droite. Le jeu de la mérelle ne fe joue que
parmi les écoliers ■■, il eft fort ancien, Ovide en a parlé.
Sarazin dit Mérelles au pluriel. M. Guyet explique
du jeu des mérelles ^ le palfage de Liicain qu'on pré-
tend entendre du jeu des échecs. Il eft tire du pané-
gyrique que ce Poète adreik à Pilon.
Ce mot vient de marcella , & madrellum , d'où
l'on a fait aulli mareau , comme prouve fort bien
Ménage. Le Père Ménétrier le dérive de matricula ,
comme celui qui les diftribuoit le nommoit Ma-
tricularïus en Latin; & prétend que c'eft de- la que
le nom de matricule a pailé aux regiiîrcs.
En termes de Blalon , on dit que les anciens Rois
de Navarre, depuis Sanche le Fort , ont porté pour
armes des chaînes mérellées,t\\ii repréfententdes mé-
relles , quoique plulieurs Hérauts les aient prifcs
pour des chaînes Se des rais d'cicarboucle.
MEREND. Ville de Ferfe dans l'Aferbyane , à 80 deg,
50 m. de long. i& à 37 d. 55 m. de latitude.
MEKEVILlE , ou MERVILLE. Gros bourg de Fran-
ce, cloigné de quatre lieues d'Etampes.
MERGHEM. Foyei Mer ville.
îvicRGEN IHEIM. royer Mari'endal.
MERGO, ou AMERGO. Nom d'une petite ville du
Royaume de Fèz en Afrique. Mergum , Tocolo/ida.
Elle etoit dans la province de Habat , à trois lieues
de Béni-Teudi , fur la cime d'une haute montagne. ,
Elle a été ruinée par le Calite Schilmatique Caim.
MiiRI. Nom de lieu , fitué lur le bord de la Seine ,
en Champagne , dans une plaine , entre Troyes Se
Pont lur-Seine. Mauriacum , Meriacum. m
Mep.i. f. m. Nom d homme. Voye^ Merrt. il
MtRIDA. Nom dune petite Ville d'Elpagne, fîtuée
dans l'Ertramadure, fur laGuadiane , à onze lieues
au delliis de Badajos. Emerita , Augujla Emerita. Jj
Merida. Nom d'une ville de l'Ameiique feptentrio- *
nale. Emerita. Elle a été bâtie par les Efpagnols
dans la prefqu'île de Jucatan , environ à vingt-cinq
lieues de Valladolid , vers le nord occidental.
McRIDIANO. Foyei Lambro,
MnRIDIEN. f. m. Terme d'Aftronomie. Grand cer-
cle qui palle par les pôles du monde , Se par le
zénith ou point vertical du lieu où l'on eft. Merl-
dianus.
On l'appelle méridien , de meridies , midi ; parce
que ffT lorlque le loleil fe trouve dans ce cercle ,
il eft ou midi , ou minuit pour tous les endroits
fitués fous ce même cercle.
Il coupe le globe verticalement en deux parties
égales , Se l'horizon à angles droits ■, enlorte que le
méridien Se l'horizon pris enfemble , divile le ciel
en quatre parties égales. Le méridien divile l'hé-
mifphère vilible en deux parties égales , orien-
tale Se occidentale. Le méridien cif mobile , parce
qu'on ne peut le mouvoir de l'orient à l'occident
fins changer de méridien. A parler proprement , les
méridiens ne font que des demi-cercles , & chacun
de ces demi cercles contient iSo degrés j que l'on
appelle degré de latitude. On les marque toujoursfur le
preinier méridien; Se on commence à les compter de-
puis l'équateut jufqu'à l'un & l'autre pôle, c'eft à-dire ,
90 de ch.aque côté: ainli l'on appelle les méridiens
terrejlres des cercles de latitude. L'autre demi-cercle
qui fait un cercle entier avec le premier, eft celui
qui palle par le nadir: ainfi quand le loleil eft dans la
partie fupérieure de ce cercle , il marque le milieu
du jour , & il eft alors dans fa plus haute éléva-
tion fur l'horizon ; Se quand il eft dans la moitié
inférieure , il marque le milieu de la nuit , Se le
point de fon plus grand abaillemenr fous l'horizon.
On peut compter un nombre infini de méridiens.
Cependant les Géographes n'en comptent que 360.
mais ils n'en marquent que 56 fur les globes, en
les éloignant l'un de l'autre de dix degrés, comptés
. fur l'équateur. L'ulage a établi qu'on les compte de
l'occident à l'orient. Les globes ont un méridien de
cuivre , avec un gnomon vers le pôle boréal. La
fphère eft toujours attachée au méridien , qui demeure
immobile , & elle tourne fur les pôles du méridien
qui repréfentent ceux du monde.
C'eft dans le méridien que s'obferve la plus grande
élévation des étoiles. Inftitut. Aftron. p. £^4.
MÉRIDIEN uuiverfel. Si l'on conçoit un eercle irama-
MER
bile , qui parte par le foleil ôc par les pôles , ce cer-
cle ne fera pas Iculcmcnt le méridien à'xin lieu dc-
tcrmiiié, ce kra un méridien univeilcl, cnioite qu'on
comptera midi dans un endroit , lorfque le méridien
particulier à ce lieu, en tournant autoiu de l'axe ele
la terre , ie confondra avec le plan de ce mcridien
univcrfel , p. 36 s-
On donne encore le nom abfolu de méridien k l.i
ligne qui marque midi.
Le premier méridien ed; un des cercles d'où l'en
commence à compter les dcgrcs de longitude dis
lieux. Le premier méridien cil arbitraire, l'tolomce
l'avoir établi dans les Canaries, en la partie occiden-
tale de 1 Ile de 1er. Les Portugais l'avoienr tJanf-
portc aux Açores , fous prétexte qu ils avoient obfcr-
vé que l'aiguille aimantée n'y falloir aucune décli
naiton. Mais on a trouvé que cela n'étoit pas par-
ticulier à ces îles , & les Efpagnols ont cru que cela
nuiloit à la divilion des conquêtes qu ils avoient
faites en Orient , ou en Occident, Les l'ilotes, pour
compter les longitudes , ont eu de grands difiérens,
& pour placer le premier méridien , dont on voit
les particularités dans Herréra : maintenant les Fran-
çois le placent dans l'île de Fer , la plus occidentale
des Canaries; cette pohtion lut établie en 1634.
par ordre du Roij fur l'avis des plus célèbres Ma
tliématiciens. Les HoUandois le font palier par le
pic de Ténérile , qui cil la plus haute montagne du
monde dans Tune des îles Canaries. Les Agrono-
mes pour Icuis calculs , prennent ordinairement le
premier méridien du lieu où ils font leurs obferva-
tions , & compotent leurs Tables Aftronomiques :
comme Ptolomée à Alexandrie , Ticiio - Brahé à
Uranisbourg , l'une des iles de Dannemarck. Le P.
Riccioli à Boulogne : tk les François à l'Obferva-
toire Royal de Paris.
Méridien, f. m. Terme d'Hiftoire Ancienne. Nom
que les Anciens Romains donnoient à une efpèce
de Gladiateurs. Meridianus. Les Méridiens étoient
des Gladiateurs , qui fe donnoient en fpeClacle , &■
entroient dans l'arene-lur le midi, après que le matin
les Belliaires avoient coiijsattu , non contre les bètcs ,
mais les uns contre les autres , l'épée à la main.
Delà vient que Sénèque dit que les combats du
matin étoient pleins d'humanité en comparaifon de
ceux qui les fuivoicnt.
Les Méridiens , Meridiani , prenoient leurs noms du
temps auquel ils donnnoient leur fpedlacle. Lipfe j
Saturn. L. IL chap. i S-
MÉRIDIENNE , ou LIGNE MÉRIDIENNE, f, f.
La ligne méridienne , eft une ligne qu'on trace du
pôle du nord à celui du midi , qui déiigne fur un
plan le cercle rqéridien. Elle eil néceflaire pour
drelfer les cadrans horizontaux , & faire les obfer-
vations des aflres , dans les cadrans verticaux ; elle
cft toujours perpendiculaire à l'horizon.
On appelle aullî méridienne , une ligne qui fait
connoître julle quand il eft m'idi , par un point du
foleil qui vient lur cette ligne.
ffj' On appelle hauteur méridienne du foleil ou des
étoiles , leur hauteur au moment où elles font dans
le méridien du lieu où on les obferve.
^CT La hauteur méridienne eft un arc d'un grand cer-
cle perpendiculaire à l'horizon , & compris entre
l'horizon & l'étoile , laquelle eft fuppofée alors dans
le méridien du lieu.
On dit Faire la méridienne , lorfqu'on dort après
le dîner. Quelques-uns difent la méridiane ; &: ce
font ceux qui veulent conicrver l'origine de ce mot ,
qui vient de l'Italien meridiana , qui (e trouve aullî
en Latin , meridiana , dans Sidonius Appoilinaris.
Le peuple dit. Faire Mériane,
MÉRIDIONAL , ALE. adj. Qui appartient au midi.
Meridianus. Le pôle méridional eft oppolé au boréal.
Les terres méridionales. La latitude méridionale fe
compte dès qu'on a pallé la ligne. Un vent méri-
dional , qui vient du côté de l'Afrique. Un cadran
méridional, gCT celui qui eft dans le plan qui va
MER
949
du levant au couchantj Ce qui cft dircâ:cmc'nt tour-
né vers le midi.
ffS' Diftance méridionale en navigation , c'cft la dilTc-
rence de longitude , entre le niérulicii fous lequel
le vaillcau (c trouve, & celui dont il eft parti.
U3' Démon méridional. Donner Ion amc aux démons
méridionaux. Cette cxprcllion, qui fe trouve louvtnt
dans le Cacholicon d Elpa£nc,cft prilc du Ifcaume 90.
v. )■. 6. Non timehis ab incurfu & dtmonio meridiana ^ ëc
Veut duc , li nous en croyons luretière après le Père
MabiUon, une tentation diabolique, &c urie inala-
dic foudaine & violente , qui piivc de l'ufagc des
Iciis (jC de la railon ceux qui en font atteints. On
remarque, lelon Du Cange en (on Glollairc , que
même les vents méridionaux caufent d'horribles
tempêtes , qui durent encore long temps après que
ces vents ont cefté. Remarques fur la Satyre Mé-
nippée.
MEHIDIONELLE. f. f. Terme de Fleurifte. Tulipe
pourpre , couleur d'Lvcque 6»; blanc , non dci.trée,
printanière. Morin.
MÉRIGAL. f. m. Efpèce de monnoie d'or qui a cours
à Sofala &L dans le Roy.iume de Monomotapa. Elle
pèle un psu plus qu'une piftole d'Efpagnc.
MLRIN. f. m. Dans quelques Coutumes ce mot figni-
He la même choie que Sergent. Dans la Navarre
Françoite un Mérin eft un Ma'^illrat, un Ju. c.
MÉRiN. (. m. Nom de la cinquième Dynaftie des Rois
de Fèz. Merinus.
0:T MERINDADE. f f. On donne ce nom en Efpagne
au dillricl d'une Jurildièlion , comme d'une Châtel-
lenie , d'un petit Bailliage , ou d'une Prévôté , dont
le Juge eft appelé Mérino. Le Mérino mayor c'eft le
Roi. Le Royaume de Navarre elc divilé en fix iné-
rindades, La Mart.
MÉRINDOL. '"/illage de France dans la Provence,
au Bailliage d'Apt , &: dans le Diocèle de Cavaillon.
03" MERINGUE, f. f. Sorte de pâtillerie laite de
blancs d'œufs fouettés julqu'a ce qu'ils foient en
moulfe , de fucre pulvérilé j un peu d'eau de fleurs
_ d'orange.
MÉRINITE. f. m. & f. Nom d'une Dynaftie Arabe qui
régna en Afrique après les Almohades. D'Herb.
Mericin£.
MÉRIONETH-SHIRE , c'eft -à -dire, le Comté de
Mérioneth. Nom d'une province de la principauté
de Galles en Angleterre. Mercinia, Meriomethenfis
comitatus. Elle eft bornée au nord par celle de Den-
big. Elle a au fud celles de Cardignan & de Mont-
gommeri ; & au couchant la mer d'Irlande. Ce pays
peut avoir quatorze lieues de long j & cinq dans fa
moyenne longueur.
MERIR. V. a. du Latin mcrere , Payer , récompenfer^
Ce verbe iîgnifioit aulîi , Mériter , fe rendre digne.
Gloff. des Poéf. du Roi de Navarre.
MERISE, f. f. Petite cerile. Cerafa duracina. Ce fruit
eft prefque rond , petit , charnu îfT doux , avec une
légère amertume , agréable , rempli d'un fuc noir
qui teint les mains. C'eft ce que nous appelons ce-
rifes noires.
MERISIER, f. m. Arbre qui porte des mérifes. C'eft
le cerilier fauvage, Jean Bauhin l'appelle cerafus
Jîlvejîris fruaus nigro. i. pin. 220. Cet arbre a le
bois fort dur, & fon écorce blanche, fort liftée & .
unie. Ses feuilles en automne avant que de tomber,
deviennent rouges comme du feu. Ses fleurs & fes
fruits reiremblenc beaucoup aux fleurs & aux fruits
du cerilîer , excepté que les fleurs (ont un peu plus
purpurines , & que les Iruirs deviennent noirs. Du
refte il a tout le caradlère du ceiiher.
MÉRITE, f. m. Alfemblage de plu/îeurs vertus , ou
bonnes qualités en quelque perlonne , qui lui attire
de l'eftime & de la confidération. Meritum , dotes ,
\irtus excellens & pnjlans. Cet Officier a un rare
mérite ; il a de la bravoure, du (ervice iS>: de la ca-
pacité. C'eft une Drlme de mérite , qui eft belle &
vertueule. La fortune nf favorife pas toujours les
gens de mérite. Il ne faut guère s'appuyer fur les
chofes qui dépendent de la fortune ■, il n'y a que
^so MER
Je vrai meriie qui donne de viais avantages. LeCii.
DE M. A la Coiu- , ou n'ell en gaide que coniie
celui qui a du mérue & de la venu : on ne s'avite
pas de craindre celui qui n'en a point. Ab. de S. R.
Un grand ment<; éloigné de nous ne découvre pas
notre petitelle , mais celui qui eft auprès de nous
la melure Se la montre. Bouh. Le mgrue de la
guerre attire les yeux de tout le monde ; auprès de
celui là toute autre mérite elt morne tk languillant.
S. ÉVR. La jaloulieie (oulève contre an mente im-
portun , qui eftace & qui éteint celui des autres. Bell.
Celui qui'n'a point de menre s'en fait un imaginaire ,
cette imagination ku en tient lieu. S. EvR. Le mé-
rite attire d'ordinaire moins d'amis que d'envieux.
Bouh. Le mérite lans bien eft un mérite lans éclat.
La Chet. Les gens n'ont point de peine à conve-
nir de votre me'rite , quand ils croient vous avoir
perfuadé qu'ils en ont eux-mêmes. Id. Nous jugeons
d'ordinaire du mérite des autres par la manière
dont ils vivent avec nous. La Roch. Il eft rare de
voir tous les genres de mentes rallemblés dans un
même fujet. Le P. Bourd. On voit des hommes
d'un mente diftingué; mais d'un mente borné , tk.
rarement univerfel. Idem. A la Cour, rarement on
honore le mérite qui eft feul , & dénué de grands
étâbiiiremens. L. Br. Les femmes doivent moins à
leur mérite qu'à nos adul irions, les louanges qu'on
leur donne. S. ÉvR. L'ironnéte-homiue n'eft point
fujet aux préventions , & a plus d'éj,,ud au mérite
qu'à la fortune. Le Ch. de M. Un homme d'un
mérite exquis eft une elpèce d'ennemi public , à
qui tout le monde a intérêt de nuire ; il emporte
toutes les admirations. S. RÉal.
%fT En parlant des chofes , mérite fe dit de ce qu'elles
ont de bon & d'elhmable. Le mérite d'une adion ,
d'une ouvrage d'efptit. Ce qui relève le mente de
cette action , de cet ouvrage i c'eft que , &c. C'eft
une preuve du mérite des ouvrages des Anciens ,
qu'ils fe foient confervés julqu'à nous. Abl.
fer Pris dans ce fens coUedlif , ce mot ne s'emploie
qu'au iingulier , comme on vient de le voir : mais
dans un fens diftributif , il a un pluriel. Aiiill l'on dit
que Célàr & Pompée avoient chacun leur mérite ,
mais que c'étoient des mérites dilférens. Il y a ,
lans mentir certains mérites qui ne font point faits
pour aller enlemble. La Bru y.
On dit fe faire un mérite de quelque chofe , pour
dire , Tirer gloire , tirer avantage d'avoir fait quel-
que chofe ; & le faire un mérite de quelque choie
auprès de queL]u'un , pour dite , Faire valoir auprès
de quelqu'un ce qu'on a frit pour lui. Ac. Fr.
Mérite , (e dit auJî du prix , de la valeur des aéfions &
des chofes , en bonne & en mauvaife part, par rapport
à ce qu'elles ont de bon , ou de mauvais. Meritum.
Il a été traité félon fcs mérites. Pro meritis. C'eft
la qualité d'une aétion qui la rend digne de récom-
penleou de punition. Le Roiarécompenléles fervices
de cet OfKcier lelon leur mérite.
^3" Mérite , en morale. Il faut remarquer , dit Butla-
maquij que dès qu'on fuppofe que l'homme (e trouve
par fa nature & par ion érat , allujetti à fuivre cer-
taines règles de conduite ; l'obfervation de ces règles
fait la peifeftion de la nature humaine & de ion
état, & leur violation produit au contraire la dé-
gradation de l'un & de l'autre : or nous fommes faits
de telle manière , que la peffeûion & l'otdie nous
plaifent par eux-mêmes , & que l'imperfeiftion , le
défordre , & tout ce qui y a rapport, noiis déplaît
naturellement. En conféquence nous reconnoilîbns
que cpux qui répondent à leur deftination qui font
ce qu'ils doivent , & contribuent ainll au bien & à
la perfeélion du fyftême de l'hutnanité , font dignes
de notre approbation , de notre eftime & de notre
bienveillance; qu'ils peuvent raifonnablement exiger
de nous ces fentimens , & qu'ils ont quelque droit
aux effets avantageux qui en font les fuites naturelles.
Nous ne faurionsau contraire nous empêcher de con-
damner ceux qui , par un mauvais ufage de leurs
acuités , dégradent leur propre nature & leur état; j
M E R
nous reconnoilfons qu'ils font dignes de défapproba-
tion , de blâme , & qu'il eft conforme à la railon, que
les mauvais crtets de leur conduite retombent fur
eux. Tels font les fondemens du mérite &c du démé-
rite.
§3° Le mérite eft donc une qualité qui nous donne
droit de prétendre a l'approbation , a l'cftime & à la
iJiienveillance de nos fupéricurs ou de nos égaux, &
aux avantages qui en font une iuite. Le démérite eft
une qualité oppofée , qui nous rendant dignes de la
délapprobation & du blâme de ceux avec lefqucls
nous vivons , nous force , pour ainli dire , de recon-
noitte que c'eft avec railon qu'ils ont pour nous ces
fentimens, Se que nous fommes dans la trifte obli-
gation de fouflrir les mauvais eflets qui en font les
conléquences.
IJCT Ces notions du mérite & du démérite fondées dans
la nature même des chofes, font parfaitement con-
formes au fentiment commun , Se aux idées géné-
ralement reçues. La louange Se le blâme , à en juger
raifonnablement, luivent toujours la qualité des ac-
tions , fuivant qu'elles (ont moralement bonnes ou
mauvaifes. Cela eft clair à l'égard du Légillateur. II
fe démentiroit lui même , s'il n'approuvoit pas ce qui
eft conforme à fes loix. Se s'il ne condamnoit pas
ce qui y eft contraire : Se par rapport à ceux qui
dépendent de lui , ils font par cela même obligés de
régler là dellus leuis jugemens.
f(0' Comme il y a de meilleures actions les unes que
les autres , & que les mauvaifes peuvent aulîi l'etie
plus ou moins , (uivant les diverfes circonftances qui
les accompagnent, & les dilpofitions de celui qui les
fait j le mérite Se le démérite ont aulîi leurs dégrés.
C'eft pourquoi, quand il s'agit de déterminer préci- '"
fément julqu'à quel point on doit imputer une action
à quelqu'un , il faut avoir égard à ces diiiérences, &
la louange ou le blâme, la récompenfe ou la peine,
doivent aullî avoir leurs degrés, proportionnellement Û
au mérite ou au démérite. s
§3° Ainli fuivant que le bien ou le mal qui provient
d'une a(5tion , eft plus ou moins confidérable ; félon
qu'il y avoit plus ou moins de facilité ou de diffi-
culté à faire cette aClion, ou à s'enabftenir; félon
qu'elle a été faite avec plus ou moins de réflexion
(Se de liberté; félon que les raifons qui dévoient nous j*
y déterminer , ou nous en détourner , étoient plus *
ou moins fortes. Se que 1 intention Se les motifs en
font plus ou moins nobles Se généreux ; l'imputation
s'en fait aulii d'une manière plus ou moins eilicace ,
Se les efets en font plus avantageux ou plus fâcheux.
Mérite , dans le même fens fe dit en Théologie de la
bonté morale des aClions des hommes , & de la ré-
compenfe qui leur eft due. Méritum , bonitas. Les
Scholaftiques diftinguent deux*fortes de mérite des
bonnes œuvres envers Dieu. L'un de congruité , ou
de bienféance , Se l'autre de condignité. Le mérite
de congruité eft lorfqu'il n'y a pas une jufte pro-
portion entre l'aâion , & la récompenfe ; enforte
que celui qui donne fupplée par fa libéralité , ou par
fa bonté à ce qui manque à l'adtion. Tel eft Je mérite
d'un fils à l'égard de fon père : & ce mérite ne porte
le nom de mérite qu'improprement. Le mérite de
condignité eft lorfqu'il fe trouve une entière égalité ,
Se une jufte eftimation entre l'aârion Se la récom-
penfe : tel eft Je falaire d'un Ouvrier.
Tes jeûnes , tes aufiérités ,
Ne peuvent devant Dieu te faire un vrai mérite.
L'ab. Têtu.
De peur que l'orgueil humain ne foit flatté pat l'opi-
nion d'un mérite prélomptueux , le Concile de Trente
enleigne que tout le prix Se la valeur des œuvres
Chrétiennes proviennent de la grâce findfifiante qui
nous eft donnée gratuitement au nom de J. C. Se
que c'eft un eftét de l'influence continuelle de ce
divin Chef fur fes membres. Expos, de M. de M.
MÉRITES , au plur. ne fe dit guère que lorfqu'il s'agit des
matières de Religion. Les mérites de J. C. font les
MER
caufes de notre (alut. La vie éternelle , fcloa la doc-
trine de l'Églife, expliquée dans le Concile de Trente,
feJJ. 6. doit ctte piopofée aux enfans de Dieu , &
comme une grâce qui leur eft miféricordieufemcnt
promile par le moyen de N. S. J. C. &: comme une
rccompenfc qui ell ride IJemenc rendue à leurs bonnes
œuvres ik à leurs mentes , en vertu de cette pro-
melîe. Expos, de M. de M. Pelage rendoit la grâce
dépendante de nos mentes. Fléch. §Cr On appelle
les mérites de la Padion de J. C. fcs fouffrances ôc
fa mort, en tant qu'elles ont (atisfait pour nous à la
Juftice Divine , 6c qu'elles nous ont mérité la rémif-
(îon des péchés & la gloire éternelle.
fCT Les mérites des Saints , pour dire les bonnes œu-
vres.
MÉRITE , fe dit auiïï de la qualité des affaires. Momen-
tum , gravitas , dignitas. Ce Préfident a été obligé de
donner à cette caufe plulieurs audiences à cauCe du
/nenre, de l'importance de l'affaire , bc des difficultés
qui s'y -Ibnt rencontrées. C'eft un bon Avocat , qui
fera bien connoître , qui fera bien valoir le mérite
de votre caufe.
MÉRITE Militaire. Établiirement créé par Louis XV par
Ordonnance du mois de Juillet 1759 en faveur des
Officiers Suillès &c étrangers qui fervent dans fes
troupes , & qui font profellîon de la Religion Pro-
teftante. Cet établillement eft à l'inftar de l'Ordre
Militaire de Saint Louis, qui ne peut pas être conféré
à des Proteftans. La marque de di ftinélion eft une croix
d'or, fur un des côtés de laquelle il y a une épée en
pal avec ces mots , pro virtute bellicâ , Se fur le revers,
une couronne de laurier avec cette légende: Ludo-
vicus XV. Inftituit. lyjp. Cette croix eft attachée à
la boutonnière avec un petit ruban de bleu foncé,
faas être onde. Ceux qui montent au fécond degré ,
portent cette croix attachée à un large ruban de même
couleur mis en écharpe. Ils doivent _êrre au nombre
de quatre. Ceux qui pall'eront au troillème degré ,
porteront'indépendamment de ce grand cordon, une
broderie d'or fur l'habit & fur le manteau. Ils doivent
être au nombre de deux feulement.
MÉRITER. V. a. Faire une aétion bonne ou mau
vaife , digne de récompenfe , ou de châtiment. Me-
reri , promereri , veL merere. Un verre d'eau donné
au nom de Dieu , mérite le Ciel. Une li noire tr^
hifon méritoit un fupplice éternel. Quand on a tout
mérité, on doit tout efpérer. Corn. Ta lâcheté n'ofe
me mériter. Id.
Rien n'efi comparable à ma gloire :
Le plus fameux Héros qu'on vante dans l'hijloire
Ne me le /aurait difputer.
Si je n'ai pas une Couronne ,
C'ejl la Fortune qui la donne ,
// fuffit de la mériter.
Fragin. du Port, de M. le Prince.
MÉRITER DE , eft une phrafe Latine qui étoic fort en
vogue il y a long-temps, & qui s'eft confervée. Ron
fard s'en eft fervi. Benè mereri. Les Romains défé-
roient les honneurs du triomphe à ceux qui avoient
bien mérité de la République. Bien mériter de notre
langue \yT C'eft faire pour la République , pour la
langue , &c. des adions dignes de récompenfe j des
chofes dignes de louange. Cegpot s'écrit plus fou-
vent qu'il ne fe dit dans la converfation.
MÉRITER , fignifie aulîi Valoir , être digne ; avoir de
bonnes ou de mauvaifes qualités , qui attirent l'hon-
neur ou le mé'pùs. Dignum effe. Ce livre ne méritoit
pas d'être imprimé , ni d'être confervé à la pofté-
rite.
On dit qu'une nouvelle mérite confirmation _, pour
dire , qu'elle n'eft pas fùre , qu'elle a befoin d'être
confimée.
MÉRITER , avec le datif de la perfonne. Rendre digne
de . . . faire obtenir. Ce font les fervices de fon frère
qui lui ont mérité cette récompenfe. Son affîduitélui
a mérité la grâce qu'on lui a faite. Eft caufe de la
grâce qu'on lui a accordée.
M E
R 9yi
Mériter à chef de terme. Les Banquiers & les Arith-
méticiens parlent de la forte quand le principal gagne
a chef de terme, & puis le principal & le gain de
terme en terme , jufqu'à la fin du payement.
On dit provcibialenicnt , qu'un homme /nérite ,
ou ne mérite pas de vivre , quand il a des qualités
fociables , ou contraires à la fociété, qui le font re-
chercher ou fuir. *
MÉRITÉ, LE part. palf. 6c adj. Méritas.
MÉRITOIRE, adj. m. & f. Terme de Théologie , qui
fe dit des bonnes œuvres que Dieu récompenfe dans le
Ciel. Mercede dignus , meritorius. Les adtions de
charité font méritoires. Les aumônes que l'on fait
par vanité ne font pas méritoires. Us difputoient fi
la vie adive étoit moins excellente, ou plus méritohe
que la vie contemplative. Pat. Les Proteftans ne re-
connoilîcnt rien de méritoire à l'égard de Dieu. Ils
nient que les bonnes œuvres foient méritoires. La
Pl. Foyei ci deflus, au mot Mérite , les fentimcns
de la vraie Églife.
MÉRITOIREMENT , adv. D'une manière méritoire.
Modo mercede digno^mcrith , jujlè , Jure. Pour faire
^ une aftion méritoirement , il faut que ce foit fans in-
térêt ëc fans ortentation , & pour l'amour de Dieu.
MERLAN , C. m. Poillbn de mer long & menu ,
iCr ( eu égard à fa grandeur ) , fur-tout vers la queue ,
car il eft plus gros vers la tête. Ce poiilon eft allez
connu. Chaifé de haute mer par des ennemis qui cher-
chent à le dévorer _, il vient en foule vers les côtes ,
où il tombe dans les filets des pêcheurs. Afdlus
minor , merlangius. Il y a des merlans qui font de
vrais hermaphrodites, puifqu'on trouve dans leur
intérieur les œufs d'un côté Se h laite de l'autre.
La chair du merlan eft blanche , tendre , légère, de
bon fuc , nourrilfante fans charger l'eftomac. Elle
convient à tous les tempéramens , même aux con-
valefcens_& aux malades.
On dit proverbialement , que les merlans font
viandes de laquais , de poftillons , parce qu'ils n'em-
pêchent pas de courir, & ne chargent point l'eftomac.
MERLE, f. m. Oifeau médiocre , de la taille d'une
§3° pie, il a le bec jaune, convexe cn-deifus. Ses
pieds & fes ongles font noirs, le plumage noirâtre.
^ Celui de la femelle eft plus brun, varié de gris Se
de roulfeâtre. Le mâle fiHe & chante.
§3" Merle à collier. Mcrula torquata. Il a un collier
gris, le plumage couleur de fuie. Il eft commun en
lavoie , où il habite les montagnes,
fer Le Merle blanc n'eft point un oifeau imaginaire.
On en trouve en Afrique, en Arcadie , morne en
Savoie & en Auvergne. Il eft rare , & n'habite que
les montagnes. A la couleur près , il relïemble par-
faitement au merle noir. Dans quelques montagnes
comme les Alpes , on trouve aufti des merles bi-
garrés. •
%fTLt Merle de rocher ou de montagne , merulafaxa-
ri/ii , fe trouve en Laponie. lia la queue jaune avec
une bande noire dans le milieu , le menton blanc ,
le ventre rougeâtre , le bec noir. Il vit de noix. Albin
lui donne le nom de calfe noix.
^ Le Merle doré , merula aurea,ainfi nommé à caufe
de la couleur de fon corps , a les ailes d'un bleu ti-
rant fur le brun , les pieds bleus , les ongles rou-
geâtres.
IfT Le Merle bleu, merula c^rulea, fe trouve dans
les îles de l'Archipel. Il a le gofier , le cou & la
tcce d'un bleu d'azur, le deflus delà tête noir, les
ailes brunes par deflus ; le dedans , le ventre & la
queue font d'un jaune doré.
IP" Le Merle du Brefil eft d'un très beau rouge,
excepté les ailes & la queue qui font d'un beau
noir.
|p° On dit qu'en Italie il y a des merles de couleur de
rofe.
On dit proverbialement , il fifle comme un merle ,
il eft fin ; il eft rufé comme un merle. A d'autres ,
dénicheur de merles , pour dire qu'on fe fie pas à ce
qu'on dit ou promet.
On dit à celui qu'on veut défier de iâire une
95-^^ MER.
cliofe que l'on regarde comme impoiîlble > qu'on '
lui donnera un merle blanc, s'il en vient à bour.
Cet oifeau a tiré fon nom de ce qu'il va (cul &
fans compagnie. Merula , quoi mera. , id ejl ,folii
volïtat, comme dit Varron. M. Huet.
IvIiRLE , cft aulîî un poillon lemblablc à une perche
de rivière , qui a la bouche garnie de dents pointues
& crochues, & qui eft d'une couleur entre bleu
& noir. Onifcus. Sa chair eft tendre, nourrit peu,
mais d'un bon fuc , & facile à digérer.
MERLERE. Foye:^ Fanu.
MERLESSE. f. f. C'ell ainfi que les Oifeliers de Paris
appellent la femelle d'un merle. Merula femina. La
merleffe n'efi: jamais (1 noire que le merle.
JvIERLÈTTE. f. f. Terme de blâlbn. Ce font des oi-
ieaux peints fur l'écu , qui n'ont ni pieds ni bec , non
plus que les alérions. Merula mutila. Ceux-ci lont
iliftérensdes merlettes , parce qu'ils ont toujours les
ailes ouvertes , étendues ik abaillces , & (ont polés
dans l'Écu debout, &c en pal: au lieu que les mer-
lettes l'ont pallantes , avec les ailes ferrées. Les mer-
lettes lur les Écus (ont des marques de voyages
d'outre-mer , parce qu'on dit que ces oifeaux palîent
la mer tous les ans.
JvlERLîN. C. m. Merlinus. On donne ce nom aux Ma-
giciens & aux Sorciers. Et l'on s'en fert pour ligni-
fier un grand Magicien , ou un grand Sorcier. Il
vient de ce Merlin Enchanteur ou Magicien (i fa-
meux dans l'hiftoire d'Angleterre du cinquième (îè-
de. Il étoit illu , dit on, du commerce d'une Dame
Angloife avec un de ces Démons , à qui on donne
le nom d'Incubes.
•Merlin, f. m. Terme de Marine. ^fJ" Funiculus tri-
plex. Petit cordage , ou ligne goudronnée y qui fert
à faire des rabans , à amarrer de petites poulies , i^
à lier de gros cordages.
MERLINER. v. a. Terme de Marine. Merliner la
voile, c'eft l'attachera la ralingue avec du merlin.
Vélum funiculis alligare.
JvIERLON , ou TREMEAU. f. m. Terme de Forti-
fication. C'eft le plan du parapet qui eft entre deux
embrafurcs ; (a longueur eft de huit à neuf pieds
du côté des canons , & de fix du côté de la cam-
pagne , (a hauteur de lix pieds , & Ton épaiilèur de
dix-huit. Interjeclus inter tormentorum fenejlras pe-
ribolus.
Ce mot vient de merulum , ou de merla , qu'on
a dit dans la balFe Latinité , pour (igniiicr un cré-
neau , ou le haut d'une muraille entrecoupé par des
efpaces égaux. Les Italiens l'appellent encore merla.
MERLOU. f^oyei Mellq.
JvlERLUCHE. l. f. Poifloij de mer que les Latins ap-
pellent afellus , âne marin, qu'on nomme, aulîi
brochet de mer. Onifcus. Paul Jove dans Ion Livre
de pifcibus , C. I. dit Merluccia. Les Hollandois
l'appellent Stockvick , c'eft à dire , pjijffon de bâton ,
parce qu'outre qu'on le fait fécher, on le frappe
encore avec un bâton , quand on le prépare, pour
le manger. C'eft en effet de la morue sèche. Il eft
de la longueur d'un pied ou deux j de couleur de
gris-cendré , & il a le ventre blanc,
fer On appelle poignée de Merluches , deux mer-
luches jointes enfemblc.
Ce mot vient de maris lucius , qui fignifie brochet
de mer.
IvIERI.USINE. f. f Nom de femme. Se d'un ancien
Roman fait fur Merlu/îne , qui la fait palfer pour
une grande Sorcière Merlufine. Cette Merlujlne
ctoit une Comtefte de Lufignan , fort abfolue, Hc
qui commandoit à tous fcs fujets avec une telle au-
torité , que lorlqu'elle leur envoyoit des lettres ou
patentes fcellées de fon (ceau , ou cachet, fur le-
quel étoit gravé une Sirène , il ne falloit plus fon-
ger qu'à obéir abfolument , & c'eft de là qu'on a
pris fujet de dire , qu'elle étoit Magicienne , &:
qu'elle fe changeoit quelquefois en Sirène. Mas-
CURAT.
JvIERLUT. f. m. On nomme Peaux en meriut , le»;
peaux de bouc , de chèvre &c de mouton en poii
MER
&: en laine qu'on a fait fécher fur la corde , pour
les pouvoir garder (ans fe corrg^inpre , en atten-
dant qu'elles puillênt être paftées en chamois , en
mégie ou en maroquin.
MERME. adj. Vitux mot, qui fignifîe mineur , plus
petit. Minar. Dans les aftifcs de Jérulalem on trouve
mcrme d'âge.
MERNIS. Nom d'une petite province de l'Ecoffe
feptentrionale. Marmia , Mermia. Elle eft bornée
par les provinces de Marr &. d'Angus , & par la
mer d'Allemagne. Elle peut avoir neuf lieues de
côtés , & cinq dans fa largeur moyenne. Cowye ,
Dumnotir iSc Bervy en font les lieux principaux.
Maty.
MÉROLE. f. m. Nom d'homme. Merulus. S. Mé-
rôle fut Moine d'un Monaftère bâti pat S. Gré-
goire. Chastelain ,21 Janvier. '
MÉRON. Bourg de France dans l'Anjou , Eledion
de.Montreuil Beilai.
MÉROPE. f. f. (ille de Caplelus, Roi d'Arcadie , ma-
riée à Crefphonte , un des Héraclides , J\oi de Mcf
fenie.
MÉROPE. f. m. Fameux Devin du côtés des Troyens.
MÉROPÉ. f. f. Nom de l'une des Pléiades. Merope.
L'étoile de Méropé eft la plus obfcure des Pléiades,
parce que les (ix autres ayant époufé des dieux , celle-
ci n'eut qu'un mortel pour époux , c'eft-à-dire , Si-
(yphe. La honte qu'elle en a , fait qu'elle fe cache.
Foye^ le IV* Livre des Faites d'Ovide , v. /7/.
MÉROPS. f. m. Oifeau dont parle Jonfton , qui eft
grand conurie un étourneau , & qui rciremblc au
merle. Ses plumes font bleues fur le dos Se pâles vers
le ventre. Son bec eft long , dur , courbé en forme
de faux , fa langue eft longue Se déliée. Il ouvre fon
bec fort grand. Il dévore les abeilles Se les autres
mouches qu'il peut attraper , d'où il a été nommé
par quelques-uns mufcipula. Il eft fort commun en
Candie : on en voit aulîi en Italie. Il fait fon nid
dans les cavernes à (ix ou fept pieds de haut , Se
quelquefois aux environs des ruches à miel. Sa voix
approche un peu de celle de l'homme , Se il pro-
nonce alfez diftinftement grul , grulu urubul. IJ y
tn a d'une autre efpèce que les Allemans appellent
hirundo marina. Il eft un peu plus grand que le
^précédent. La chair du mérops fricalfée dans l'huile
.appaile la douleur que caufe la piqûre de l'abeille ,
en l'appliquant fur lé mal. Son fiel mêlé avec de
l'huile Se de la noix de galle , donne aux cheveux
une teinture fort noire. Le nom mérops vient de ful^u j
divido , Se •i4' ot^ç, vox , quafl quod dividat vocem.
MEROS. f m. Poiflon qui fe trouve lut les côtes orien-
tales de l'Amérique méridionale. Il a quatre ou cinq
pieds de long ; il eft fort délicat , fait à peu près
comme une carpe ; fes écailles font plus grandes
qu'un écu. Il y en a de deux efpèces. Les uns ont
les écailles rondes ; ceux ci s'appellent Me'ros. Les
autres les ont carrées , & s'appellent Salemina en
Portugais, Firaguerra en Indien. FrÉzier , p. 2 ç.
MÉROS , ou MÉRUS. Montagne de l'Inde , félon
Strabon , Théophrafte , Élien , Mêla & autres : elle
étoit confâcrée à Jupiter , Se on prétendoit que Cac-
chus y avoit été élevé. Le mot de méros en Grec
lignifie cuiff'e , c'eft ce qui a donné lieu à la fable
de Bacohus enfermé dans la cuillc de Jupiter , Se
né deux fois. Qé^ même montagne eft appelée
Ny(a par Pline.
MÉROUÉE. f. m. Nom d'homme. Merov£us. C'eft
Je nom du troilième Roi des François. Mérouée
régnoit vers le milieu du cinquième liècle.
MÉROVINGIEN , ENNE. f m. Se f. cS: adj. Nom
que l'on donne en général à tous les Princes de la
première race de nos Rois. Alerovingus , Merovin-
gius , a. parce qu'ils defcendoient de Mérouée. Chil-
déric III a été le dernier de la race Mérovingienne,
Alcrovingiî.
Les Mérovingiens ont régné en France plus de
300 ans depuis Pharamondj qui commença vers l'an
420. jufqu'à Chades Martel j environ l'an 715.
Quelques vieux Auteurs oik dit Mérovingcois , mais
aujourd'hui
MER
MER
aujourd'hui on dit Mérovingien. D'autres ccrivctit
même aujourd'iiui Merovéen j ou Mérovingien ,
mais Mérovingien eft le plus en ufage.
MERI'IN. En Latin Alclpinum. Bourg de France H
tué lur la Charente dans l'Anyouniois, ÉlcdHon de
Cognac y avec titre de Chàtcllcnic. Valois, Nut.
Gall. p. jss-
MERRAIN, ouMERREIN. f. m. Quelques-uns ccri
vent mairain , on meirain. L'Académie écrit merrain.
Bois fendu en menues planches propres à dirtérens
ouvrages.
Ce mot vient de materia , félon Nicod : iSc fclon
Ménage, de maieriamen. Ulpian dans la Loi cy. ft.
de legac. j. appelle materia, le bois à bâtir, ou
le bois d'ouvrage; & le diftingue du bois à biiiler,
qu'il appelle lignum. On l'a appelé dans la balle
Latinité , materiatura , materiamcn , maeremium ,
maremium , meremïum , marrencum , muremium <ïv'
merannum. Du Cange. Dans les Coutumes de Pi-
cardie on trouve aulli marian , méran , & merrien.
Les Efpagnols l'appellent madera. On appelle en-
core matières , les poutres ou grolles pièces de
bois qui fervent de travées aux bateaux foncets.
Les ouvriers appellent particulièrement merrain ,
le bois fendu en menues planches propres à faire des
douves de tonneaux. Il ell différent Iclon les lieux.
Le merrain de pipe eft de quatre piedS de long. Ce-
lui des muids , ciu'on appelle autrement huifferie ,
de trois pieds; celui des barriques ôc demi queues j
de deux pieds & demi ; &: chaque pièce eft ordi-
nairement nommée douve. Il a depuis quatre julqu'à
fept pouces de large. Les pièces qui font au-dellous
font réputées rebuts , ou eftautages. Le merrain des
cnfonçures a deux pieds de long , & lix pouces de
large : Se ceux au-dellous (ont réputés eftautages. Ils
doivent tous avoir l'épaiffeur de trois quarts de pou-
ce. On fait aulli du merrain pour les panneaux de
menuiferie. D'où vient que quelques-uns le veulent
dériver du Grec fc?!^'^> , qui iîgnifie divifer , mais
ils fe trompent. L'Ordonnance de la ville parle aulli
du merrain à treilles , oliers & ployons.
Merrain , ou Marrein j en termes de Vénerie , fe
dit de la tête ou ramure de cerf, de la tige ou de
la perche de chaque corne. Cornua cervina digitata ,
clavata , fibulata.
On trouve aulîi dans les vieux livres marrien 8c
■ marren. Tous ces mots viennent de materiamen.
MERRE. f. m. Nom d'homme. Metrius , Metrias.
S. Merre , que l'on appelle aulli S. Mitry , étoit de
condition fervile.
MERRIEN. f. m. Vieux mot qui fedifoit anciennement
pour bois , matière de bâtnnent. Fbje^ Merrain.
MERRY. f. m. Nom d'homme. Medencus. S. Merry ,
que l'on croit avoir vécu depuis le milieu du VIF
fiecle de l'Eglife , étoit de l'une des meilleures fa-
milles de la ville d'Autun. Baillet , au ip d'Août.
MERS , LE MERS , ou la MARCHE. Province ma-
ritime d'EcolTe , à l'Eft de la province de Twedale.
MERSBOURG. Ville de la Mifnie. Merfoburgum ,
Martiopolis. Elle eft capitale du Duché de Merl-
bourg , &■ fituée fur la Sala , entre Naumbourg &
Hall j à fix lieues de la première j & à quatre de
la dernière.
Le Duché de Mersbourg, Dominium Merfoburgenfe ,
ou Ducatus Merfûhurgenjis. Contrée de la Milnie ,
en Haute-Saxe. Elle s'étend aux deux côtés de la
rivière dcSala j ou Sale , ayant au-deftus le Duché de
Naumbourg , & au deifous celui de Hall. Ce pays
peut avoir fept lieues du couchant au levant , & cinq
ou fix du nord au (ud.
MERSBURG , ouMERSPURG. Nom d'une petite ville
ou bourg de la Suabe. Merfohurgum Merfpurgum.
Ce lieu fitué fur le lac de ConftancCj à deux lieues
d'Uberlingen , vers le levant , appartient à l'Évêque
de Conftancc , qui y fait fouvent fa réfidence , de
même qu'à Péterlingen. Maty.
MERSEN. Nom d'un lien des Pays Bas près d'Utrechr.
Marfna , Marfana. Valois , Not. Gall. p. 31 8.
MERTOLA. Nom d'un bourg fortifié. Myrtilis , Julia
Tome V.
951
Myrtilis. Il a titre de Comté j & il eft fitué dans
l'Alentejo, en Portugal , fur la Guadiane, à huit
lieues de Bcja vers le midi. Mat y.
MEKVANT. Nom d'un lieu voilrn de Partcnay , en
Poitou. Mareventum. Valois. Not. Gall. p. 444..
MEKVECH. Ville de France dans le Bas Languedoc ,
au bord de la petite rivière de Jante , à quatre lieues
au dellus de Peyrcbeau.
MERVEILLE, f f. Chofe rare, extraordinaire, &c qui
n'étant point dans la fphèrc des idées communes,
étonne l'elprit. Prodigium , mirahite , miraculum ,
mirum. Toutes les oeuvres de Dieu lonz des merveilles
inconcevables. On ne fauroit allez admirer toutes
les merveilles de la nature. S. Paul élevé au troilic-
mc ciel, fut ébloui à la vue de tant de merveilles.
C'eft la manière des voyageurs d'entaller merveilles
lur merveilles , pour fe fiire écouter. S. EvR. t^ Une
horloge chez les Chinois étoit d'abord regardé com-
me une merveille. Ils y mettoicnt des gardes pour
voir Cl elle lonnoit toute leule.
Une merveille ahfurde eft pour moi fans appas ;
L'efprit n' eft point ému de ce qu'il ne croit pas.
BOILEAU.
Ce mot vient du Latin mirabilia , ou de l'Italien
miraviglia. Ménage.
On dit aulîî des chef-d'œuvres de l'art. Artis mi-
rabilia, miranda. Ainll on appelle les fept merveilles
du monde, les murailles & les jardins de Babylone
faits par Sémiramis ; les pyramides d'Egypte ; le
phare d'Alexandrie ; le maufolée , ou le tQmbeau
qu'Artémile fit élever pour Maulole fon mari ; le
temple de Diane d'Éphèfe ; celui de Jupiter Olym-
pien à Pilé , &: le cololfe de Rhodes. On appelle
un homme fort illuftre , la merveille de fon fiècle.
Une beauté extraordinaire , une merveille d'amour.
On dit poétiquement une jeune merveille , pour
dire , une jeune pertonne extrêmement belle. Une
adorable merveille.
Par-tout où doit pajjer cette jeune merveille.
Les \éphirs parjument les airs. La Suze.
|fc7 Pafler pour Merveille , Expreffion autrefois très-
ufitée en Poëfie. Corneille s'en eft fervi dans le
Cid.
La valeur de ft}n père en fon temps fans pareille.
Tant qu'a duré fa force, a pajfe pour merveille.
Elle ne pafleroit point aujourd'hui , dit Voltaire.
Elle eft commune , froide & lâche. Les premiers
qui écrivirent purement , Racine & Boileau , ont
profcrit tous ces termes de merveille , de fans pa-
reille , fans féconde , miracle de nos jours , foleil ,
&c. Plus la Poëfie eft devenue difficile ^ plus elle eft
belle.
On dit , c'eft une merveille de voir l'adrefle , 8c
la promptitude avec laquelle fe fait la manœuvre
d'un grand vailfeau ; c'eft- à dire , c'eft une chofe
furprenante. C'eft une merveille que vous foyez li
bien fortie d'embarras.
On dit auflî qu'un homme fait des merveilles ,
dit des merveilles , eft favant en merveilles , lorfqu'il '
dit , qu'il fait ou qu'il ftit des chofes extraordinai-
res , au-delà de les femblables. Cet écolier fair
merveilles dans fa clalle pour fon âge. Un igno-
rant entêté d'un mérite imadnaire parle avec con-
fiance J parce qu'il croit dire des merveilles. Bell.
Cet Avocat a plaidé , a dit des merveilles en cette cau-
fe. Cet Officier a fait merveilles en cette occafion. Ce
Peintre réullît à merveilles en payfages. On dit auiïi
au fingulier, à merveille. On dit dans le difcours
ordinaire & familier , pas tant que de merteilles,
pour dire , pas beaucoup. Il ne m'aime pas tant que
de merveilles. Il n'y en a pas tant que de merveilles.
A t-il beaucoup d'efprit ? Pas tant que de merveilles.
On dit proverbialement , Promettre monts ôi
Eeeeec
9H M E R
merveilles , pour dire , éblouir à force de belles
promelles. Tcrence a die, Tantàm non montes aurï
pollïccns. On dit aulTi , c'eft une des lept merveilles
du monde , pour dire , c'elt quelque chofe de rare ,
d excellent. Pour rabaill'er une choie , une aclion
que quelqu'un veut faire palier pour merveillcuie ,
on dit que ce n'cll pas %,ï.d.ï\'X merveille. Voilà une
belle merveille. On dit proverbialement & par exa-
gération d'un lupeibe édifice , ou de quelque autre
chofe femblable «Se excellente dans ion genre, que
e'ctt la huitième merveille du monde. Ac. Fr.
Merveille , fe dit encore d'une plante qu'on appelle
autrement pomme de merveille , en Latin momordka.
Voye-^ Pomme de Mervelle.
Merveille d'Amsterdam. Terme de Ficurifte. Tu-
lipe t;ris -de -lin , couleur forte &c vive, blanc.
MORIN.
Merveille de Bretagne. Terme de Fleurifte. Ané-
mone moitié blanche , & moitié cramoifie. Morin.
Merveille de Camp. Autre tulipe piintannière ,
qui eft colombin , couleur d'agriote & blanc.
Morin.
Merveille de Harlem. Autre tulipe colombin obf-
cur & colombin clair temps. Morin.
Lp. Merveille d'Hiver. Nom d'une efpèce de poire.
C'cft une poire de Novembre. Elle eft à peu près de la
grolléur & de la figure des Ambrettes, oudes Lefchal-
feries. Son coloris eft d'un vert clair , qui eft un peu
tiqueté.
Merveille du Pérou. La fleur de cette plante eft
admirable , en ce qu'en cinq petites clochettes qu'elle
porte , vous n'en trouverez pas deux femblables ; les
variées de colombin &: de blanc font les plus rares. La
fleur ne fert que pour l'ornement du parterre, dans
lequel il fuffit d'eu mettre trois ou quatre , une en
chaque carreau. La graine eft noire , & pour la re-
cueillir il la faut araailér fous la plante où elle tombe,
ou la prendre dans fon fourreau,
MERVEILLER. vieux v. a. Etonner , éblouir. Poëf. du
Roi de Navarre.
MERVEILLEUSEMENT, adv. Extrêmement , d'une
manière merveilleafe, furprenante. Mlrahlllter , mi-
rljicè , mlrum In rnodum. Euripide Liit merveilleufement
exciter les paftions. Rac. Cette fc^nne eft merveilleu-
fement belle. Cet homme eft merveilleufement avare.
On ne s'en fert guère dans les choies fâcheufes. Au-
trefois il étoit plus en ulage. On trouve dans Phi-
lippe de Commines , le Roi fe courrouça merveilleu-
fement.
tpr MERVEILLEUX , EUSE. adj. Mirabilis , Mlrus ,
mlnficus j mirandus. Ce terme s'applique aux chofcs
rares , extraordinaires , £.<. qui étant , ou paroilîant
être fupérieures aux forces de l'homme , étonnent
l'efprit , & caufent de l'admiration. La providence
de Dieu eft mervellleufe. Le Louvre eft un édifice
merveilleux. On voit quelquefois paroître des hom-
mes merveilleux. Invention mervedleufc.
Ctr On le dit quelquefois des choies qui font excellentes
dans leur genre. Ce vin eft merveilleux. Lesdrapsde
telle manufaèture lont merveilleux.
§3" Il fe prend quelquefois comme fubftantif ,& c'eft
un terme confacré à la Poëfie épique pour défigner
ces fiftions hardies , mais vrai -lembLables, qui frap-
pent , qui étonnent & qui p'.ailent. Le Pocte doit
prudemment ménager le merveilleux , afin que la
concurrence du dieu n'affoiblille point la gloire du
héros. Le P. le B. Le merveilleux naît plus d'une fic-
tion ingénieufe que de la vérité. Dac. Il devient ri-
dicule des qu'il n'ell pas vrai-lemblable.
1^ S. Evremont dit que le merveilleux des anciens eft
fort peu du goût de notre iîècle. Il pouvoit ajouter
que leurs ficfions ne feroient pas tolérables aujour-
d'hui. Le merveilleux varie félon les temps, félon les
mœurs , félon les principes dans lelqucls on eft élevé.
Un Poëte pouroit il employer chez nous l'interven-
tion de Jupiter, de Junon , de Mars, de Bellone,
& des autres dieux de la Mythologie , qui jouent
un fi grand rôle dans les poëlîes d'Homère & de
Virgile i
MES
§3" On feferc encore de ce terme., pour défigncr ce
qu'il y a de vif, de noble tk d'élevé dans les expref-
hons & dans le ftyle.
^^ On dit ironiquement , vous êtes un merveilleux
homme ; pour dire , extraordinaire en vos manières :
exprellion familière.
|CF Merveilleux , pour étonnant , furprenant , eft du
ftyle de la comédie. Quand Corneille a dit dans Pom-
pée , Seigneur , cette furprife eft pour moi mervell-
leufe, il n'a pas fait attention à la force du terme.
Ce n'eft pas la lurprilc qui eft mervellleufe , c'eft la
chofe qui furprend. Volt.
MERVILLE , en Flamand Merghem. Nom d'un bon
bourg , mais tout ouvert. Mlnarlacum , Menarlacum i
Minor villa , Maurontl villa. Il eft dans la Flan-
dre , aux confins de l'Artois , fut la Lis , au-delfus
de S. Venant. Maty. Clavier , Valois , Not. Gall.
p. 33S. Mlrxus.
Mer VILLE. Autre lieu fitué dans le Luxembourg , fur
la petite rivière du Vezin. Marcl villa. Marvllla.
Valois , Not. Gall. p. s^ç.
MERW^E. Voyei Meuse.
Ip- MERXHAUSEN. Petite ville d'Allemagne, dans
la balfe Hefte.
MÉR Y- SUR-SEINE. Ville de France, dans la Cham-
pagne , Elettion de Troyes , à cinq lieues au-deilous
de cette ville, long. 11 d. 40'. lat. 48 d. 15'.
M E S.
MES. C'eft le pluriel du pronom pofTelîîf , mon , ma.
Met. Mes biens, mes enfans , mes affaires.
Mes , eft une particule indéclinable , qui entre enlacom-
pofition de plufieurs noms & verbes, qui change leur
lignification en pis , &: fait le même eflct , que fi on y
avoit mis mal. Les principaux exemples s'en verront
dans la fuite en plufieurs mots.
Mes. f. m. Vieux mot , au lieu duquel on écrit aujour-
d'hui mets , c'ell-à dire, ce que l'on fert à table. Fer-
culum.
Mes de Mariage. Droits que quelques Seigneurs ont en
certains endroits , de le faire donner un plat de chaque
mets qu'on fert aux fellins de noces.
Mes j s'eft dit autrefois pour Meffager ,i:t\m qui eft en-
voyé. Mlffus.
MESA DE ASTA. JJla , Afta Régla. C'étoic ancienne-
ment une grande ville d'Efpagne. Ce n'eft maintenant
qu'un grand amas de ruines. Elles font dans l'Anda-
louiie, fur la Guadalète , entre Arcol & Xérès de la
Frontera , qui a profité de les pertes.
MESAGNA. Ancien bourg du Royaume de Naplcs,
Mefapla j MeJJana y^pulu. Il eft dans la terre d'O-
trante, entre Oria & Brindcs, environ à trois lieuesde
l'une & de l'autre. Maty.
MÉSAIR. f. m. Terme de Manège , qui fe dit d'un cer-
tain air qu'on donne au cheval en le maniant entre le
terre à terre , & les courbettes. De l'IraheniJfeijp,
milieu. Air qui tient le milieu entre deux.
MESAISE. f m. Synonyme de mal alfe ; mais moins
ufité. yoyei ce mot.
MÉSAISE. Peine , travaux. Poëf es du Roi de Navarre.
M. de Fénelon fe fert de ce mot pour déligner un
état incommode. L'eftomac a un diflolvant qui caufe
la fiim , & qui avertit l'homme du beloin de manger.
Ce dilîolvant qui picotte l'eftomac , lui prépare par ce
méfalfe un plaifir très-vif lorlqu'il eft appaifé par les
alimens. Fénel.
MÉSALLIANCE, f. f. Alliance , mariage fait avec une
perfonnede condition fort inférieure. Insqualls co-
gna tlo , conjuncllo , affinitas , confangulnitas. Lesme'-
falUances font rares en Allemagne. Il yadesgensde
qualité qui ne peuvent faire leurs enfans Chevaliers de
Malte , à caufe des méfalllances.
MÉSALLIER, v. ad. |Cr Marier à une perfonne d'un
rang , d'une naillance inférieure. Ce Tuteur n'a point
voulu méfalller fa pupille. On le dit plus ordinai-
rement avec le pronom perlonnel. Inaquall cogna-
tione fe devlnclre , cum minus honeJlâfamUlâ cogna-
tione conjungi. Les Allemands obfervent iur-tout de
¥ M E S
ne fe point méfallier ,z'ân que leur r.ice piiilTc juli-
ficr une ancienne noblc/fir des deux côtés. Liv-U'u
ciiellc qui n'époulequ'un Gcntiliiommc, ie nuJhH'e ,
ik pciil les liouneurs du Louvre. La ncblcilc Aile-
nundc ne le méfallk poii:r.
W MÉSALLIER, fe dicriguicment en certaines occaiions , &:
* dans le Ityle badin , J'aime mieux être fcul , <."; dans
l'juaition, que de /7Z(;yi//i£,'rmacoiiverfation. BoURs.
Je ne crois pas que cet exemple aie été imiré.
MESALLIe, , ÉE. paît. &C adj. Ir^jc^uali ajjhiitace dc-
v'tnclus.
MÉSANGE^ ouMÉZANGE. f. f. Petit oifca-j qui cft
une efpèce de pinCon. Il y en a de plulieurs fortes.
Méfaiige bleue ,à longue queue. Il y a des méfang's
de montagne , de marais , de loréts ; des mcfan^jes hup -
pees, chaperonnées. Il y en a de noirâtres , qu'on ap-
pelle charbonniers , en Latin APÏthalus ^pjrus ,Jpi-
\ctes ,jingillago. Budéc l'appelle atrïcapillu , tk mc-
hnonphos. En quelques lieux on les appelle Non
nettes. Les mifanges font plus fujettes à la goutte
que quelque oileau que ce foit. Ce mot vient de
l'Allemand AL/cke , qui figni.^ie la même chofc.
MÉNAGE.
^ ^CP Les Méfangcs vivent de vers , Se font la guerre aux
' Abeilles , qu'elles attrapent en volant.
MÉSANIO. 1. m. On appelle CotxÀ Mefanio ^, une des
fortes de corail que les Marchands d'Europe envoient
dans les Echelles du Levant.
MESARAIQUE. P'oje^ MézaraÏque.
MÉSARRIVER. v. n. Tourner mal -, avoir une mau-
vaife ilfue. On l'emploie ordinairement avec quelque
terme de relation , parce qu'il déligne un accident
qui arrive à la fuite de quelque chofe. Injelidter ca-
dirc , fcchs accidcre. Il a cru qu'il en pouvoir méfar-
river. Pat. Vous pouvez hardiment entreprendre
cette aSaire , il ne vous en peut méfj.rrivcr. On ne
s'en fert plus guèie , non plus que de mifavenir. RÉfl.
& encore moins de mefchoir.
^IGSAVENIR. V. n. qui ne s'emploie qu'à la troifièmc
perfonneduiuigulicr. Réullirmal./^/zi^//.'if advcrjlacc'i-
i^L'rd. Quand vous entreprendrez ce procès, il ne vous en
fauroit méfavenir, il eft trop jufte. Il n'eft plus en ulage.
îvlÉSAULE. f. m. Terme d'Architecture. Mifaulon.
C'ell amlî que les Grecs & les Romains appeloient ,
félon Vitruve , une petite cour qui étoir entre deux
corps de logis. Se qui tail )it le même erlet que font
aujourd'hui dans pluiieurs Palais de petites cours pour
éclairer les garderobes , efcaliers dérobés , & autres
pièces des doubles corps de logis , qui feroient obfcurs
fans cette commodité.
MÉSAVENTURE, f. f. Malheur , mauv.ais fuccès. In-
fortunium , adverfus cafus. Vous partez en unemau-
vaife iaifon , Dieu vous garde de toute méfaventure.
Ce mot vieillit.
En cefaifant y méfaventure
Leur arriva. M. deThemiseul.
IVIESCAL. f. m. Petit poids de Perfe , qui hit envi-
ron la centième partie d'une livre de France de feize
onces. C'efl: le demi derhem , ou demi drachme des
Ferfans.
MESCHAMMENT. Foye^ Méchamment.
MESCHANCE. f. f. Vieux mot. Méchanceté. On a dit
aulfi Mefchcant , pour Méchant , & },Iefchcante , pour
Méchante.
MESCHANCETÉ. Foyei Méchanceté.
MESCHANT. Foye^ Méchant.
MESCHAOIR , ou MESCHEOIR. v. n. En Latin ,
Malè cadere. Venir mal , tournermal. P.éjies du Roi
de Navarre.
MESCHASIPI. Foye^ Mississipi.
MESCH'^.. Fovc^ MÈCHE.
MESCHÉANCE. f f. Malheur , infortune. Poêles du
^ Roi de Navarre.
■ MESCHEDE. Petite ville d'Allemagne ^ au Cercle de
Weftphalie , fituée fur le Ruhr.
MESCHEF. /Iiye- Méchef.
MESCHIEF. f m. Vieux mot. Accident , malheur. On
Torne F
M E S 9jy
a dit auilî Mefchef: on le d. 'ncitic encore dans Je
Itylc Marotiquc. Foyc:^^ .VIéchef.
MESCHIN , MESCHINL. f. m. Ik f. C'eft-à dire , en
vieux langage , j^une Garçon , t^c jeune Fille. Du mot
Mefchine j iios anciens l'rancois ont tué MeJlJnnage ,
qu'ils prenoienc pour bordel. D.ans les étaL)!ilIL-men>
de S. Louis ^ Liv. I. chap. i ji'. après qu'il a cté dit
que le lils fol , tavernier tk joueur , qui s'en cil allé par
le piys, revenant après la mort du père , peut pré-
tendre autant de part en les biens , que celui des hè-
res qui a aidé à les acquérir ; il elt ajouté : i^ tout
ainli une des fœurs, s'elle en étoit allée en Mejhki-
nage , ou en autre lien ailleurs , pour foy jouer , il
frarageroit elle par droit avec les autres hères comme
11. Fox. Caleneuve , Origines Françoi/is. En Cham-
pagne , le petit peuple dit Méckinc pour Servante.
Ce mot avoit la même lignilication du temps de
Louis XI , comme on en peut juger par cet exemple
tiré de la dix-feptième des cent Nouvelles Nouvelles.
Encre les autres Damoileiles Chamberieres & Ser-
vantes de (on Hôtel , celle oii nature avoit mis fon
entente de la fiire très bjlle , étoit Mefchine failantsi
le mefnaige commu.ii , comme les lits , le pain , &
'autres telz affiires. Et même on en a fait un dimi-
nutif dans la dernière de ces Nouvelles , Tome II ,
p. 3y6 . Elle fe détermina d'envoyer fa petite Mef-
chinette devers lui. Les Picards prononcent Méquim
ou Méquène.
MESCHIT E. f f. Vieux mot qui s'cft dit pour Mofquéî ,
dont on fe fert aujourd'hui.
Ce mot vient de mzfchita , qui s'efl: dit dans la baffe
Latinité.
MESCINIUS, MESCINIA. f. m. &f. Nom dune fa-
mille Romaine. Mefcinius , a. La famille Mefcini.i
étoir plébéienne; carCicéron dans fon Oraifon poui
Sextius, & dans celle qu'il fit au Sénat après (on re-
tour , parle d un Mt'/c<;«iùj , Tiibun du peuple.
MESCOMPTE. royfî'MÉcoMPTE.
MESCOMPTER. Foyei Mécompter.
MESCONNOISSABLE. Foyei Méconnoissable.
MESCONNOISSANCE. Foye^ Méconnoissance.
MESCONNOISSANT. Foye^ Méconnoissant,
MESCONNOISTRE. Foyei Méconnoitre,
MESCONTENT. Foyti Mécontent.
MESCONTENTEMENL. Foyei^ Mécontentement.
MESCONTENTER. Fovei Mécontenter.
MESCRÉANCE. /^oy^^' Mecréance.
MESCRÉANT. Voyei Mécréant.
MESCROIRE. Foyei Mécrgire.
MESDIRE. Foyei Médire.
MESDISANCE. /-"orq Médisance.
MESDISANT. Foyei Médisant.
MÈSE. Nom d'une petite ville du Languedoc , voifîne
du cap de Sette. Mefua , Mafua , Alcjoa. Voy . Pomp.
Mêla. L. II, c. 4. Valois , Not. Gall.p. 33J.
MÉSEAU. Foye-{ Mézeau.
MÉSEIME. adj. Vieux mot. Même. Il vient de l'Italien
Medejîmo.
MÉSEL. f. f. Vieux mot qui s'eft dit pour lépreux. Le-
profus.
Ce mot vient du Latin MifelLus.
MÉSEL , elle , ou Méseau. f. m. & f. Un homme at-
taqué de méfellerie , ou ladrerie ; maladie autrefois
alfez commune. C'eft: un terme plutôt d injure , que
de pitié. Il vient du Latin Mifcllus , comme on le
trouve en quelques uns de nos Poètes. Notes fur CLern.
Marot. Ce mot ne fe dit plus, ^oyc-^ Mezeau.
MÉSELLERIE. f f. Vieux mot , qui s'eft dit pour lé-
proferie & lèpre. Leproforum domus j lepra , mifellaria.
dans la bafle Latinité.
MÉSEMBRIA. Ville de la Turquie en Europe. Me-
fembria , Mefamhria , Menebria. Elle eft dans la Bul-
garie , ou félon Baudrand , dans la Romanic , fur la
mer Noire , entte Stravico &: Varne. Elle eft le fiége
d'un Archevêc' é. Maty.
MÉSENTÈRE, f. m. Terme d'Anatomie- C'eft un corps
membraneux , d'une figure à-peu près circulaire , à la
circonférence duquel les boyaux font attachés ; il eil
compofé de deux tuniques , d'une infinité de veines,
E e e e e e ij
^y6 M E S ^
-d'ai-tères , de ncd's , de vaillcaux Uûcs , lîc petites
Slandcs , & de beaucoup de graille j il ell attache à
la pL-emièi-c & a la tioilième vencbre des lombes.
Mcjhiwnum. Son ufage eft d'empêchet le mélange des
boyaux , & de les coiifeivcf dans leur lituation con-
venable. C'eft cï qu'on appelle la/ra//tf ^ quand on
habille un veau. Les Grecs l'on: appelé f^iti,lifov ^
quafiy-icto, T«v s.isf». , c'eft à-dire , enm les boyaux.
-MESENTÉRIQUE , ou MÉSAKAIQUE. adj. Terme
d'Anatomie. Epithète qui le donne à deux artères qui
viennent de l'aorte delcendante , & qui vont au me
fentère. Il y a l'artère méfenténque fupéricure , qui
va à la partie lupérieure du mélentère , &c la méfen-
ténque inférieure , qui le diftnbue dans la partie mlc-
xieure. Il y a une veine méfencérique qui eft faite d'une
infinité de veines qui viennent du méfcntère , & qui
avec la veine fplénique qui vient de la ratte , forme
la veine porte. Il y a aulli un md mejenténquc qui
vient de l'intercoftal , & qui donne plulkuis rameaux
au mélentère.
MÉSEREON. royei Mézep.eum.
MÉSESTANCE. f. f. Vieux mot. Déplaiûr,
MÉSESTIMER, v. ad. Méprifer , taire peu de cas de
quelque perConne. Parvifacere, négligera pepnis
cette aâion , je l'ai toujours méfejîimé. La lâcheté ,
l'avarice font méfejlimer les gens.
^3" Ce Verbe , en parlant des chofes , fignifîe les ap-
précier au - dellous de leur jufte valeur. Deprimere.
Vous méfejTimei mon diamant. Il y a des temps où
l'on méfefiïme les perles. Lesignorans ne méfefiimcnt
les fciences, que parce qu'ils ne les connoillent pas.
MÉSESTIMÉ, ÉE. part. & adj. Parvï s.fiimatus.
MESFAIRE , v. n. Faire ou caufer du mal ou de la
peine. Gloff. fur Marot. Voyez MÉf aire.
MESFAIT. Voyci Méfait.
MESGARDE. Voyei Mégarde.
MESGNÉE. Voyei MégnÉe.
MESGNIE. f. f. Compagnie , famille. Gloff.fur Maroc.
Voyez MÉGNiE.
MESHAING , ou MÉHAIN. fubft. Vieux mot. Mau-
vais traitement , maladie , indifpohtion. Habitudo ,
valetudo mala.
MESHAîGNER. v. a. Vieux mot , & maintenant bur-
lefque , qui fignifie , Fâcher , battre , eftropier. Ma-
te afficere, percutera, mucilare. Il le difoit propre-
ment de celui qui avoit été tué & déchiré par les
dents , &c griftes des bêtes lauvages. Foyei Mehai-
MESHAIGNÉ, ÉE. vieux adj. Mal difpolej cftropie.
MaVe affeHus. ^gcr. Voyez Du Cange (ur Ville -
hardouin. Voilà un homme tout meshaigné ^ en
mauvaife humeur, en mauvais état.
On l'a dit aufti de celui qui avoit un os rompu ,
quelque membre coupé , ou quelque autre grande
blellure qui le rendoit inhabile au fervice de la
guerre. Dans la balle Latinité on a dit mahamium ÔC
mahemiare ; pour dire , méhain & meshaigner.
Du Cange dérive ce mot de malignare. D'autres
le dérivent de mahim odium , car on a dit haing ,
pour dire haine. Ou plutôt il vient de mahaigna.,
qui en langue Celtique , ou Bas-Breton ^ lignifie
eftropié , écrafé.
MESHUI. adj. Déformais , tantôt. Deînceps , jam. Ce
mot , quelque doux & agréable qu'il foit à l'oreil-
le , a pourtant été banni de la langue. On ne le dit
Çlus.
MÉSIERES. Foye^ Maisieres.
MÉSILA. Foye-^ Micila.
MÉSINTELLIGENCE, f. f. Brouillerie, dilTenfion en-
tre perfonjies proches , ou allociées , qui font par-
tie du même corps , qui ont des intérêts communs j
qui ont été ou qui devroient être bien enfemble.
Diffidium : difcordia. Il y a fouvent de \d. méfn-
xellïgence dans le ménage , entre le mari & la
femme , entre le Chef & les membres d'une Com-
pagnie , entre des peuples voifins , entre des Prin-
ces.
Ce mot s'emploie figurément en quelques occa-
fions. Quelle méfintclUgence entre l'elprit &c le cœur?
MES
I^ PhilufopUc vit mal avec tous fcs préceptes ,^
le Politique rempli de vues & de réHcxions, ne fait
pas fe gouverner. La Bruy.
MESIRE. f, f. Maladie du foie , qui , fuivant Aviccn-
ne , eft accompagnée d'un fcntiment de pcfantcur ,
de l'enrtûre , de Tintiainm-ation , de douleurs poi-
gnantes , & de la noirceur de la langue. Dict. ut
James.
MESKIRK. Petite Ville d'.i Comté de Furftenberg,
en Suabe. Meshirckla. Elle eft allez jolie, potte le
titre de Baronnie , Hc eft luuéc fur une petite ri-
vière , à cinqKJU fix lieues d'Ubeilingen , du côté
du nord. Mat y.
MESLANGE. Foyet^ Mélange.
MESLANGER. Foyei Mélanger.
MESLE. Foyei Mêle.
MESLÉE. Foye^ MélÉe.
MESLER. Foyei Melir.
MESMARCHURE. J'oyei MÉmarchure.
MESME. Fovei Mïme.
MESMEMENT. Foyci Mêmement.
MESMîN. Foyei Mémin.
MESNAGE. Voyei Ménage.
MESNAGEMENT, Voyci Ménagement.
MESNAGER. Feyei Ménager. v
MESNAGERIE. Foyei Ménagerie.
MESNARDIER. Foyei Mainardier.
MESNIE. f. f. Vieux mot , qui hgnihc famdlt ,
matfon , tous ceux qui la compoknt. Dor,ius ,
famlia. Si dans la balle Latinité maijnada , m^JnoR-
da y mainada , mafnada.
Li granc Sdgneur £" leurs mefnie. Gui art.
MESNIL. Foyei MÉnil. ... ,
MÉSOCHORE. f. m. Nom- que les Anciens don-
noient à un Chantre qui donnoit le fignal aux au-
tres , & régloit le chant. Mefochorus.
MÉSOCOLON, f. m. Terme d'Anatomie. Mefocolon.
C'eft la partie du méfentère qui fe continue avec
les gros intcftins , & qui eft couchée fur le milieu
du boyau appelé Colon , auquel il eft joint dans
toute fon étendue \ Se par fon extrémité la plus baf-
fe, il eft attaché à une partie du reclum. Harris.
MÉSOCURE , ou Méfocuros , Se Méfocouros. 1. f.
Terme d'Antiquaire. Nom que les Anciens don-
noient à une Adrice de leurs Tragédies qui avoit
la moitié de la tête rafée. Méfocuros.
MÉSOFFRIR. v. n. Faire des off"res derailonnables ,
bien au-dcllbus du véritable prix que vaut une cho-
fe. Insqualia offerre. Comme il y a des niarchands
qui furfont , il y a des acheteurs qui mefojfrent.On.
fliit un mariage comme une emplette: on marchan-
de j on furfait , on méfoffre ; enfin on eft pris au
mot. Amus. Shr. et Com.
MÉSOLABE. f m. Terme de Gcometne. Inltrament
de Mathématique inventé par les Anciens pour
trouver mécaniquement deux moyennes propor-
tionnelles, lefquelleson n'a pu faire encore géo-
métriquement. Mefolabum. Il eft compolc de trois
parallélogrammes qu'on fait mouvoir dans une cou-
liilb jufqu a certaines interledions. Sa figure eft dé-
crite dans Eutocius en fes Commentaires lur Archi-
mède. , , ■ • ,, r
MÉSONYCTIQUE. f. m. Terme de Liturgie, ^.ejo-
nycïicum. Le Mcfonyclique eft chez les Grecs une
hymne qui fe chante au milieu de la nuit.
MÉSOPENTECOSTE. f. f. Terme de Rubrique Se de
Liturgie. Mefopentecofle. C'eft le nom que les Grecs
donnent à la quatrième femaine après Pâques.
MÉSOPOTAMIE. Contrée d'Ahe que l'Ecriture ap-
pelle quelquefois Aram , o\xl\\vium. Mijopotamia.
C'étoit anciennement une partie de l'AlIyrie pnlc
en général. Elle étoit enfermée entre le Tigre & l'Eu-
phrate , Se de cette htuation elle prenoit ion nom ,
qui fignifie un pays entre les fieiives. Elle avoit l'Al-
fyrie propre au levant , la grande Arménie au nord ,
la Syrie au couchant , & l'Arabie ave* la Babylonie
MES
MES
au midi. Ce pays poicc aujourd'hui le noin d-j Diar-
bckir. Maty.
MÉSOP.E. i. m. Terme de Liturgie. Inurvallum ïnter
horas canonïcas , paufa , meforiuni. CcX d.uis la
Liturgie Grequc l'intervalle qu'il y a entic k-s heu-
res de rOfhcc divin.
MESORL f. m. Nom d'un moi? fblairo ^ de l'année
des anciens Egyptiens , c'ell le douzième mois de
leur année ; il répond à notre mois d'Août.
MESPLAT. Foyei Méplat.
MESPRENDRE. Foye^ Méprendre.
MESPRENTURE. f. f. Erreur , mésurdc.
MESPRIS. Foyci MÉPRIS,
MESPRISABLE. Voye:^ i*'"-"msable.
MESPRI5AMMENT. Fyer^ Méprisamment.
MESPRISANT. Voyei Véprisanx.
MESPRISE. Foyei Mhprise.
MESPRISER. Foyei Mépriser.
MESPRISON. f. f. Adion mcprifabic , ou blâmable.
Gloff. fur Maroc.
§:? MESQUIN, INE. adj. (Prononcez, Vs ) Épithéte
qui s'applique aux pcrfonnes & aux choies. Pnt~
parcus , P'ifcè parcus , fo^didus. L'homme mcfquïn
eft celui qui par une épargne fordide fait une dé-
penfe fort au-dclFous de fon bien & de la condi-
tion. On le dit dans le même (cns de ce qui con-
cerne la dépenfe qui eft trop au dcllous du bien &
de la qualité de celui qui la fait. Un riche mefquin.
Une dépenfe mefquine. Des meubles mefquïns. 'Vie
inefquine. Equipages mefquïns.
On dit qu'un homme a l'air mefquin _, la mine
mefquine , pour dire qu'il a l'air bas , la mine bafle.
AcAD. Fr.
Ce mot vient du Latin mifchinus , ôc félon M.
Huetj de l'Hébreu "300 miskeu , pauvre.
Mesquin , fe dit figurément en plulicurs Arts , com-
me en Architecture j Sculpture , Peinture, &:c. de
tout ce qui eft maigre , pauvre , de mauvais air ,
ou de mauvais goût , où il fcmble qu'on a voulu
plaindre la dépenie , l'étofte , ou le travail. Sordi-
dus i ineptus -, abjcclus. On dit cela eft mefquin,
ce contour eft mefquin , chétif , §Cr de mauvais
goûtj il y règne un air de fécherellè , fansagrémens.
Figure mefquine. Compofition mefquine. Caraélcre
mefquin.
MESQUINEMENT, adv. D'une manière mefquine.
Sordide , atjeclè. Les âmes balles fe plaifent à vivre
mefquinement. V ttu mefquinement. En peinture ,
mefquincment deiîmé.
MESQUINERIE, f. f. Dépenfe & épargne fordide.
Sordida. parcimonia , fœda tenacitas. La mefquinerie
d'un avare paroît plus lorfqu'il donne , ou lorfqu'il
veut faire le magnifique , que lorlqu'il épargne. Ils
interpi'étoient tontes les adrions en mauvaile part ;
ils appeloient la frugalité de fi table , une mefqui-
nerie honteufe. D. Bart.
Ces mots viennent de \'\fx\itnmefchino , & origi-
nairement de l'Arabe elmefchm , qui i\gvn?ie pauvre.
D'autres croient que mefquin vient du mot Ficard
mefquaine , oufervance, qu'on emploie à toutes for-
tes de lervices mécaniques. Et ainlî le mot vient
du Latin machina , Si de mechanicus , ou du Grec
;«"?;;«'?. Borel dérive le mot mefquine , fervente , de
l'Hébreu mechinach , qui fignifie préparant. Nicod
croit que mefquine z. fignifîé auticFois , Demoifelle ,
8c en général , une fille de condition j &. cnfuire
une mitérable, ou une malheureufe.
MESQUITE. f. m. Arbre de l'Amérioue , grand &
gros comme un chêne ; mais la feuille en eft beau-
coup plus petite , & fa couleur d'un vert moins
chargé. Il produit une goufle femblabie à celle de
nos haricots , dans laquelle on trouve trois ou qua
tre grains plus petits que des féveroles , qu'on ap-
pelle huic^afe. On fait fécher ce fruit Si l'on s'en
fert pour la compofition de l'encre , comme nous
nous fervons de la noix de galle , & pour engraif
fer les beftiaux. Quelquefois quand les Indiens man-
quent de blé , ils font du pain avec cette graine. Le-
u^KY ,. des drogues.
îL :3 9J7
MESRAÎM. f. m. Nom de l'un des iils de Cham, Hls d«
Noc. G en. X. 6. Mcfraim>
MESRAl A. Voyei Mesurata.
MESSA. Ville d'A trique au Royaume de Maroc , dans
la province de -Sus.
MESSAC. Nom d'un lieu , griJS bourg , fitué fur la
Vilaine, en Bretagne. Locus Aleciacus , Mcciacunu
■Valois. Not. Gall. p. ag^
MESSADGE. 1. m. Vieux terme de Coutumes , il fi-
gnifie Sergent i parce que les Sergtns exécutent les
mandemens & les commillions de ia Jullicc , on les a
appelés melfadgcs. Apparitor.
MESSADGERIE. f. f lerme de Coutumes. Fonction ,
emploi des Mclfadgcs , qui exécutent les mande-
mens, les commillions d'une Cour de Jullicc.
MESSAGE, f. m. ifT Ce mot lignihe également la
commillion de dire ou de porter quelque chofe ,
&: la chofe même que le mellàger eft chargé de dire
ou de porter. Mandatum , nuncius , nuncia. L'Ange
Gabriel fut celui qui lit le w^^ti^'dà laVicrge, pour
lui annoncer le myftère de l'Incarnation. Les mau-
vaifcs nouvelles lont des mejfaf^ts dont il eft fâ-
cheux d'être chargé. Voilà un petit laquais qui fait
fort bien un mefj'age , qui s'eft fort- bien acquitté
de fon mejj'age. Ils lui vinrent conter leurs mef ■
fage. Ablanc. S'ils ne font pas tous les meffages
où leurs Maîtres les envoient , ils perdent leur fortu-
ne. Pasc.
Message , dans quelques Coutumes , fignifie la rede-
vance que le Mcllier doit au Seigneur pour fon oûicc.
Dans la balle Latinité , meffagium.
MESSAGER , ERE. f. m. ^ f. Celui ou celle qui fiit
un mellage , qui annonce quelque choie , de Ion
propre mouvement, ot: envoyé par un autre. Nuncius,
nuncia. Cet homme emprunte des laquais de les
amis pour avoir des mejjagers qui ne lui coûtent
rien. Cet homme étoit le mejfager de tous mal-
heurs. H. S. DE M.
On appelle poétiquement Mercure y le Meffagef
des dieux , Interpres Ueorum ; Iris ia Ménagère
de Junon, Nuncia Jitnonis j &. l'Aurore j la A'iefja-
gère du jour. Quelques-uns ont donné aux vents
la qualité de Mejjagers de Neptune & d'Lole. On
dit auUi , une MeJ/agère d'amour , une entremet-
teufe.
|Cr Messager , eft auflî celui qui eft établi pour por-
ter les paquets , bardes , & marchandifes des parti-
culiers, dune ville à une autre; pour fournir des
chevaux ou autres lortes de voitures à ceux qui
dans leurs voyage-s veulent fe fervir de leur minif-
tère , & qui a pour cet effet un Bureau établi par
autorité publique.
IJC? Il y avoit autrefois plufieurs fortes de Meffagers
en France , qui partoient de Parjs pour les provin-
ces , & voituroient les marchandifes & les perfon-
ncs prefque dans loutes les villesdu Royaume. Le Roi
avoit fesMelTageries, & l'Univerlîté les lîennes, fans
compter celles de plufieurs Seigneurs qui jouilîoicnt
de ce droit. Il y avoit des Meffagers à pied pour
porter les lettres , en charrette pour porter les pa-
quets & marchandifes , & à cheval pour conduire les
hommes.
ffT Sur la fin de iGy^. S. M. ayanr ordonné le rem-
bourfcment de la Finance aux particuliers propiié?
taires de ces Meifagerics , & la lubrogation aux
baux de celles qui appartenoient à 1 Univerfité en
faveur du Fermier-Général des Portes auxquelles
elles furent réunies , toutes les Mellàgcries font
aujourd'hui fur le pied de MelTageries Royales.
IJ3" On donne encore le nom de Mejjagers de l'Uni -
verliré à des fuppôrs de l'Univerfité qui ont fuccédé
à ceux qui exerçoient autrefois les Mellageries. Us
jouiilent encore des mêmes privilèges; & il y a de
grands Seigneurs qui polsèdent de ces offices.
Ce mot vient de mijjus , ou de miffuticus , qu'on
a dit dans la bafle Latinité en la même lignifica-
tion.
Messager , fe dit figurément des (ignés, des avant-cou-
reurs de quelque mal. Prcenuncius. Les fignes, les
9)8
MES
prodiges , font des Alcjjagers dz la colère de Dieu, j
Les laffitudes rpoiuaiiéts , les peûnteuis du corps j |
font des Mejjagers qui nous annoncent quelque
maladie prochaine. Boilcou a dit du hibou ,
Des défajlrcs fameux -ce Mcllager fiddle ,
Sait toujours des malheurs la première nouvelle.
Vin de meffager. Terme de Pratique. C'cft un
droit qui appartient à la partie qui demeure hors
de la Jurifdiclion où il a fallu plaider , lorlqu'elle a
obtenu gain de caufe. Ce droit ell: ainll appelé ,
parce qu'avant rétabliirenient des poftes , c'était un
droit qui fe donnoit pour lembourkr ce qu'on avoit
' payé à un homme qu'on avoir été obligé d'envoyer
fur les lieux , fort pour charger un Procureur, loit
pour faire quelque autre chofe nécelîaire pour l'iiil-
trudion d'un procès. Aujourd'hui il fe donne pour
tenir lieu de rcnibourlement des ports de lettres &
autres papiers de la Partie au Procureur, tz du Pro-
cureur à la Partie.
Messager. , fe dit en quelques endroits d'un bateau
qui part à certains jours réglés d'une ville pour une
autre. De Boulogne je partis pour Venife dans un b,i
reau qu'on ai:5pelle le Meffager. Le B. de Polinitz.
On dit pioverbialement , qu'on ne trouve jamais
meilleur Meffager que foi même. On dit auffi , d'un
homme qui put , ou du fromage trop raffiné , qu'il
fenr le pied de Mejfager. A bon Meffager ne faut
rien dire-, pour dire , qu'il n'eft pas befoin d'int
tru£fion à un habile Commiiïïonnaire.
MESSAGERIE, f. f. Bureau du Melîager , le droit de
le tenir. Nuncia ^ nuncï&, à ce que dit Nicod. Tou-
tes les Meffagerïes ont été réunies aux polfes. La
Meffagerïe d'un tel lieu eft afiermée tant.
MESSALA. Terme d'Altronomic. C'eft le nom de la
trente-troifième tache de la lune, iclon !e Catalogue
du P. Riccioli.
fC? MESSALINE f. f. Impératrice, femme de l'Empe-
reur Claudius. Elle eft renommée dans l'Hilloire par
fes infamies & fes débauches. Delà vient que nous don
nous ce nom à une femme perdue. C'eft une Mej-
falïne.
MESSALLMES. f. f. pi. Toiles fabriquées en Egypte ^
qui fe vendent an Caire & à Alexandrie.
MESSAMIME. f. h I lantc qu"oii trouve dans la Vir-
ginie , & qui porte une efpèce de railîn auftï gros
qu'une cerife. Ce railin a la chair gralFc , &: rend
un fuc fort épais quand on le prelfc. C'eft peut-
être la nîcme plante qui croît dans les îles Antil-
les , & que Rochefort & du Tertre appellent Raï-
Jînler.
MESSANA. Petite ville , ou bourg d'Efpagne. Mef-
fana. Ce lieu eft dans la Bifcaye , près de la rivière
d'Ibaycabcl , entre la ville de Vidoria & celle d'Or-
duna. Maty.
MESSE, f. f. C'cft le facrjlîce du corps &: du fang de
Notre Seigneur J. C. qui le fait par le Prêtre à l'au
tel dans l'Eglifc Romaine. Les Théologiens difcnt
que la Meffe eft une oblation faite à Dieu , où par le
changement d'une chois lenlible , on reconnoît le
fouvcrrin domaine de Dieu lut toutes chofes , en ver-
tu de l'mrtitution divine. C'cft dans le langage ordi-
naire ,1a plus grande & la plus augufte des cérémonies
de X^'^Àz. Mffa , facrum ^rcs divïna. C'eftle faint fa-
crilîce non fanglant de la nouvelle Loi , où l'on pré
fente à Dieu le c jrps & le fang de fon fils J. C. C'eft
dans le canon de la Meffe que le fait la conlécration.
L'Eglife commande d'entendre une MeQe , d'aller à la
Meffe les Fêtes & Dimanches. C'eft une chofe
pieufe de fiire dire des MelJ^es, de fonder des Meffes.
Saint Léon, Pape, dans la lettre XL qui eft à Diof-
, /core , fucccffeur de faint Cyrille, Patriarche d'A-
lexandrie, veut que dans le; grandes Fêtes, on célè-
bre la Meffe auuint de fois qu'il y aura de peuple qui
n'aura pu tenir dans l'églife j les premières fois qu'on
l'aura dite. Il déclare que c'eft la coutume Je l'églife
Romaine ; & ce qu'il y a de remarquable , c'eft que
les inftruftions que ce Pape donne à Diolcore dans [
MES
cette lettre , il les donne pour runifoiinité de cet •
dik'ipline, ne doutant pas, dit-il, que S. Marc n'eut
cnleigné à Ion églilc les mêmes règles que S. Pierre ,
dont il étoit luccelîeur. Ce qui montre que S. Léon
rcgardoit comme une tradition apoftolique , l'ulage
de dire plufieurs M<^IJès le même jour, dans la même
églile. Le Concile de Londres, tenu 1 an iioo, fait
défenfc à un Prêtre de dire deux fois la Meffe en un
jour, finon en cas de néceftité , &c alcrs il ne fera
point l'ablution du calice , & réfervcra celle des
doigts pour la prendre après la féconde Aleffe. Le
Concile de Paris, tenu en iziz, dé^end aux Prêtres
de le charger de tanr de MeJJ'es ^ qu'ils foient obligés
de s'en décharger lur d'autres pour de 1 argent , ou de
dire des MeJJes seclics pour les morts. On voit par-là
que les rétributions pour les Mejjcs , croient dcja
bien établies. Les toix d'Edgard , Roi d'Angleterre ,
défendent à tous Prêtres de dire ptulieurs A/£//é.î par
jour , fmon trois tout au plus , ce qui le Joit entendre
en cas de nécefiitc. Le Concile de Sclingftat ht la
même déienfe enitoiz. Fulbert de Chartres, con-
feille à un Prêtre, dans fa ji*^ lettre, de ne point cé-
lébrer la Meffe , qu'il n'ait deux ou trois aùlftans.
Dans la S 5^ , il veut qu'on punilfe un Prêtre qui cé-
lèbre la Meffe lans communier. C'cft Gui Paré, Lé-
gat du Pape Innocent III , en Allemagne , l'an i zor ,
qui étant à Cologne , ordonna que quand on lève
rhc/îVie à la Meffe , tout le peuple fe profterneroit à
l'égiile au Ion d'une clochette, &: c'eft delà qu'eft
venue cette coutume. La règle de fùiu Chrodegang ,
c. j2, dit que les Prêtres auront la dilpolition des
aumônes qui leur feront données pour leurs Meffes ,
pour la confciîion ou l'alliPtance des malades , fi ce
n'eft que l'aumône foit donnée pour la communauté.
C'eft la première fois que je trouve des aumônes ou
rétributions particulières pour des Mejfes Se d'autres
fondions eccléliaftiques. Fleury. Cetie règle eft en-
viron de l'an 765.
Nicod , après Baronius , dit que ce mot de Meffe
vient de l'Hébreu miffach , qui fignifiê oblatum.
^J" Selon d'autres il vient de l'ancien langage des
peuples Icptentrionaux , qui le répandirent en Occi-
dent. D'autres lui donnent une autre étymologie. Il
eft plus probable de dire que c'eft un mot tiré du La-
tin m'iQa ou niffio, qui veut dire renvoi, parce que
anciennement on renvoyoit, c'eft-à-dirc, on falloir
fortir publiquement les Cathécumcnes & les Péni-
tens avant que de commencer l'adion du iacrince.
Se on renvoyoit les fidelles quand le lacrilîcc étoit
fini , comme on le lait encore aujourd'hui. Ce dou-
ble renvoi rendit ordinaire cette façon de parler,
Meffe (c'eft- à- dire renvoi) des Cathécumènes ,
Meffe des Fidelles. On fe fervir enfuite du mot de
Meffe desCathécumèneSj pour llgnirîer tout le corps
des prières auxquelles les Cathécumènes & les Péni-
tens avoient pcrmiilîon d'aflîfter. Se Meffe àcs'Siàel-
les , le faint facrifice auquel les feuls FiJtllcs alîil-
toient. C'eft anUÎ que le mot de Meffe a été conCicré
par l'ufage pour fignifier le faint facrifice de l'autel.
Le mot de Meffe étoit inconnu à toute l'Antiquité.
Du Pin. Le plus ancien monument où l'on trouve le
nom Àc' Meffe , pour lignifier les prières publiques
que l'Eglife fait eii olFraiit l'Euchariftie , c'eft le troi-
lîème canon du fécond Concile de Cârthage , tenu en
590. Id. Avitus , Evêque de 'Vienne dans k VF liècle ,
obferve que le ternie de Meffe eft en ufage dans les
Eglifes, dans les palais Se dans les prétoires, pour
renvoyer le peuple ; mais en quelque tems qu'on ait
commencé à fe fervir du mot de Meffe , pour fignil.er
la célébration des facrés myftères, il eft certain que
de rotit tems on a célébré dans l'Eglile le facrifice non
fanglant que J. C. inftitua la veille de fa pollîon. Se
qu'on a toujours fait ce que J. C. ordonna à les Apô-
tres de faire en mémoire de lui.
l! y a aulli intro'it de la Meffe , canon de la Meffe ,
les dernières orailons de la Meffe. La Meffe en eft à
l'introir, à l'évangile, au canon, aux derniàcs orai-
lons.
Messe , («dit aulB en parlant du Prêtre qui Ce prépare
t
MES
pour cslébrcr la MeJJe. Allez voir à la facridie s'il
n'y a point de McJJc. Voilà une McJJe qui IbniiL.
On dit, voilà une A/cffe qui Tort de la LicrilliCj peur
dire, voilà un Prêtre qui s en va dire h M<:£c:. Il elt
familier. Acad. Fr. On ledit aullidc la rctribution
qu'on donne au Prêtre qui a dit la McjJ'c. C'ell: Wi
pauvre Prêtre qui vit de les Meljcs , qui n'a que (ts
MeJJcs. Il cherche fcs Meff'cs.
On donne des noms diftcrcns à la Mejj'e , fclon le
ditiérenc rit, les dirtércntes intentions, les dilîcrLines
manières (elon klquelles on la dit, (!v' pour piulicurs
autres railons , comme on le va voir.
Messe Ambroihenne, MiJJ'a Amhrofùina , Qc{i-3.-à\ïC ,
du rit Ambrolien , ou de l'Églile de Milan, yoye-^
Ambrosien.
Messe Anglicane, Miffa Anglkana , félon le rit qui
s'obfervoit autrefois dans l'cglile d'Angleterre.
Messe balle j Mijfa privaca j c'cft celle qui fe dit fins
chant, mais en recitant ieulement les prières qui (c
difent, & avec de iimples Miniftres, fins Diacre , ou
Sousdiacre.
La Messe de beacâ , oa Mejfe de la Vierge, cft: celle
que l'on offre à Dieu par l'cntremite de la fiintc
Vierge, & iousfon invocation , par Ion interce/Lon.
On appelle abulivement une MejJe de chdjjeur,
«ne Mcjffe courte & dite à la h.îte.
Dans les Chapi'res & chez les Religieux, on ap-
pelle la Mejffè du chœur, la grande Mcffl- où le Chapi-
tre, où la Communauté doit allîftcr.
On a nommé Mcffe commune j ou de la Commu-
nauté, celle qui le dit dans les Monaftères à certaine
heure pour toute la Communauté. MiJJa convcntua-
l'is. Dans lesLiturgics & les livres de Paibriques, on
appelle MeJfe conventuelle , conventualis , celle qu'on
efl: obligé de dire tous les jours en certaines égliles.
C'eft chez les Religieux la MeJJe de la Communauté,
où la Communauté aflifte.
Messe des Efpagnes, Hifpaniamm mijfa, c'eft: la même
que la MeJJè Mofarabique.
Onappelle la Mt;[fe du S. Efpric, celle qu'on cé-
lèbre au commencement de quelque folennifé j ou
d'une alîennblée eccléiîalUque qu'on commence par
l'invocation du S. Efprit.
IvIesse de la férié, MiJJa ferlalis , ou àe ferla ; c'eft
celle où l'on fait des prières & des leécures de l'écri-
rure , conformes au tems de l'année eccléliaftique où
l'on eft.
Messe de fètc, MiJfa defejlo^ comme de Noël , de Pâ-
ques, de la Pentecôte, &c. c'eft celle qu'on dit ces
jours-là, & dont les lectures &: les prières ont rap-
port aux rayftères que l'on y célèbre.
Messe Gallicane , c'eft la Mejfe du rit qui s'obfervoit
autrefois dans les églifes des Gaules.
Messe Greque, celle qui fe dit en Grec, félon le rit
Grec, par les Prêtres Grecs. MiJfa Grs,ca.
Messe haute , qu'on appelle aulli grande Mejèj eft
celle qui fe cliante par les Chorifles^ & qui fe célè-
bre avec Diacre Se Sousdiacre,
Autrefois on appeloit Meffe du jugement , miffa ju-
dicLL j celle où l'on fe purgeoit d'une calomnie , par
les épreuves établies.
Messe Latine, MijJa Latlna, celle qui fe dit en Latin
dans l'églife Latine , & félon le rit de cette églife.
La Messe pour la mort des ennemis, Miffa pro morte
inimicorum , a été long-tems en ufige en Efpagne ,
mais on l'a abolie, parce que cette incention eft con-
traire à la charité chrétienne.
On dit auffi une Mejfe des morts ou de requiem ,
celle qu'on dit à l'intention des défunts, dont l'in-
troït commence par requiem. Au XIIF fiècle , avant
que de mener les coupables au fupplice , on leur fai-
foit entendre une Mejfe des morts pour le repos de
leurs âmes. Il y en a un exemple dans l'hiftoire de
Charles d'Anjou, Roi de Sicile.
Messe Mofarabique, félon le rit des Molarabes en Ef-
pagne. Voye\ Mosarabe.
On appelle la Mrff'e mufquce , celle qu'on dit la
dernière, où vont les Dames & le beau monde.
On appelle Meffe de Paroillcj ou grande Mejfe ,
MES 9^9
celle que le Curé eft obligé de faire chanter tmitcs
les Fércs & Dimanciics pour les Paroilliens, Ik. a la-
quelle fe fait le Prône.
On appelle jfd-^irc Mejfe ^ ou Akffc l'ijj'e ^ celle qui
fe dit à des autels particuliers avec moins de cérémo-
nie.
La première Mejfe eft celle qu'on dit dès le point
du jour. On apiK-lle aulli première Mejfe, celle qui
le dit par un Prêtre la première fui; qu'il chante
MeJJe.
Messe privée, Miffa privata , qui fe dit (ans chant,
fins cérémonie, par le Prêtre, fans Diacre ni fous-
diacre , avec un limple répondant ou deux , ôc fans
que pcrlonnc reçoive rLucharillic.
Messe de requiem.' Voyez Meffe des morts.
Messe Romaine fclon le rit 6c le niillcl Romain.
La Messe d'un Saint, Mijfa de Sanclo , c'cft celle oii
l'on invoque Dieu par 1 intercellion d'un S.aint. Ainli
il y a dans le mil'èl des Mcffes des Apôtres, des Mar-
tyrs, des Confclfeurs Pontifes, des Conlelléurs fim-
ples , des Vierges , &c.
La Messe du fcrutin, Miffa fcrutinii , ^ étoit une Meffe
qu'on difoit autrefois pour les Cathécumènes le mer-
credi & le famedi de la quatrième femaine de carê-
me , lorfqu'on examinoit s'ils étoient dilpolés comme
il faut pour recevoir le Baptême.
On appelle sèche, la Mejfe oh il ne fe fait point
de confccration , comme ctUe que dit un Prêtre qui
ne peut pas confacrer , à cauic qu'il a déjà dit la
Mejfe , comme témoigne Duiandus, ou celle qu'on
fnt dire en particulier aux afpirans à la Prêtrife, pour
en apprendre les cérémonies , qui dilcnt des Mejfes
entières , excepté qu'ils ne font point de confécra-
rion. C'cft ainlî que l'appelle Hckius. Il y a une
forte de Mejjc sèche qui eft défendue dans les Capi-
tuLiites de Charlemagne. Quelques-uns l'appellent
navalis & nautica , parce que les Aumôniers des vaif-
feaux fc contentoient de dire publiquement toutes les
prières de la Mejfe ., fans faire de conlécration, lorf-
que l'agirarion du vailîeau ne penftcttoii pas de con-
facrer. Les Prêires qui fc chargeoicnt de trop de
Mcffes, difoient.iutrefoisdesAf<;//èj sèches, croyant
fiti'sfaire. Cela eft défendu, roy/x ci-deftus.
Mess E votive , vociva, eft une f-Icjje autre que celle de
l'office du jour , & qui fe dit pour quelque raifon, ou
quelque dévotion particulière. Les Meffes votives
fuivent le rit des fimples. Il y a dans le Sacramen-
taire de S. Gélafe , Pape, des Mejj'es votives pour
plulieurs intentions , pour les voyageurs, pour les
affligés , pour la ftériliré, &c.
On appelle la Mejfe Rouge , la Mejfe que les Parle-
mens font célébrer après les vacances pour leur ren-
trée, & à laquelle ils alliftent en robes rouges.
Messe , fe dit proverbialement en ces phrafes. Il a
fait courte Meffe , il fera long diner, ou il a fait lon-
gue Meffe , il fera couit dincr. On dit qu'il ne fe
faut pas fier à un homme qui entend, deux Meffes ^
pour dire qu'il fc faut défier des hypocrites. On dit
d'un homme qui déjeune avant que d'aller à la Mejfe ^
qu'il veut tromper le diable , ou qu'il va à la Meffe
des morts, qu'il y porte pain & vin. On appelle des
débauchés , des enfans de la Meffe de minuit, qui
vont au cabaret fous prétexte d'aller à la Meffe qui
fe célèbre la nuit du jour de Noël. On dit aulfi pour
marquer un fcélérat qui r.'a point de religion , qu'il
ne va ni à Meffe , ni à Prêche.
Je ne crois pas que les femmes aient jamais fcrvi ou
répondu, comme on dit , à la Mejfe dans l'églile La-
tine, depuis faint Paul. Il leur détend ablolument de
parler dans l'églife J & leur commande le filcnce. Les
plaifans du peuple difent que la raifon pour laquelle
les femmes ne répondent point à la Meffe comme les
hommes , c'eft parce qu'étant pour la plupart opiniâ-
tres , & ne voulant pas r.voir le dernier , le Kyrie
eleifon ne finiroit jamais. Vaiesiana. Cette plai-
frnterie n'eft pas nouvelle , elle a au moins deux fiè-
cles d'antiquité , puifque Nevizan en fait mention
dans fa Forêt Nuptiale, L. 4- «■ l'^f- .
MESSÉANCE. f. f. Le contraire de la bienleance ;
o6o MES
manque de bienféance. Foye^ ce mot. Ratio Inds'
cora , indecorum , turpe. L'att'cctation de marcher
toujours le premier avec fes égaux , de prendre le
Jiautbout, eftune incivUké Se Mnt mejféance. 11 y a
de la meljcancc aux vieillards de hure les jeunes.
L'AcAD. Il y auroic quelque meffiance à un Magif-
crat de dire ou de faire telle ou telle chofe. Id.
MESSÉANT , ANTE. adj. MALSÉANT , ANTE ,
qui ell contraire à la bienléance. Indecorus. Les Sia-
mois croient qu'il eft mcfjeant à un homme d'avoir
les dents blanches , & dans cette pcnlce , ils les noir-
cillent avec du vernis fait exprès. Tachard, ^oye~
AL-iL-SÉANT.
Ce mot vient de maie fedens.
MESSEL. f. m. Il y en a qui appellent ainfi le livre
d'églife qu'on appelle communément Mijfcl. C'eft:
une mauvaile prononciation qui vient de ce que le
livre dont ell queftion, contient les melFes de toute
l'année, ce qui a donné occallonà quelques gens de
l'appeler Me[Jcl , du nom de Meffe. Mijfale.
MESSENE. Ville du Péloponnèfe , capitale de la Mef-
(énie.
MESSÉNIE. Contrée du Péloponnèfe , au midi de
l'Elide & de l'Arcadie , & au couchant de la Laco-
nie , dont anciennement elle faifoit partie.
MESSENT^ Voye\ Maixent.
î>IESSEOIR. V. n. &c irrégulier , qui fe conjugue comme
fon fimple feo'tr. N'être pas convenable à la per-
lonne, au tems, à l'âge, &c. Il ne s'emploie qu'en
certains tems &c toujours à la troilième perlojme du
fmgulier ou du pluriel. Cette couleur mejfied à fon
âge. Cela ne vous mcffléroic pis. Ces ajuftemens lui
MeJJlcront. Ac. pR. 1740. aux additions.
MESSER. Mot Italien qui lignifie Meffire. f. m. Le
Mclfire, que les gens de qualité ajoutent à leurs titres,
eft compolé de Mon & de Sire. Il faut oblerver que
fi le Meffire, mis devant un nom de baptême, n'eft
pas fuivi du nom propre , il délîgne prefque toujours
un roturier. Les perlonnes de qualité le font imagi-
nées que le Monfieur , (uivi du nom de famillcj pro-
duifoit à peu ptès le même etiet , & quand ils parient
à un bourgeois titré (comme ils l'appellent très im-
proprement), ils ne manquent pas de lui tlire : Bon
jour , Monlîeur un tel. Le Mejfirc ell devenu iî
commun , que des gens dont les pères ont pallé les
trois quarts de leur vie , &: quelquefois leur vie en-
tière dans la roture , croiroient informes les aéles
^ qu'ils palfent, il Mejfire ne précédoit pas d'autres ti-
tres auHi chimériques que leurs Marquifats , leurs
Comtés. Supplcm. au Glojf. du Roman de la Rofe ,
au mot Sire.
On fe ferc quelquefois avec grâce du mot Mejfer.
A la voir d'un certain côte', [ la Royauté ]
Meller Gafier en cjl l'image. La Fontaine.
Si jurerai par Meiïer Apollon. La Visclede.
MESSERE. f. m. pour Messel. Livre d'ufage pour
l'office de l'églife. Glojf. fur Marot.
MESSERIE. f. f. Vieux mot. La mejjerie d'un lieu ,
d'un château _, d'une terre j eft l'étendue de pays, de
terres qui en dépendent. Traclus , & dans la bafte
Latinité, meffana, mejîeria.
Ce mot a la même origine que celui de MeJJler.
MESSERVIR. Vieux mot. On dit aujourd'hui dellervir
ou rendre de mauvais offices.
MESSETERIE, ou MESSETÉNE. f. f. Droit d'entrée qui
le paye à Conftantinople pour les marchandifes qui
y arrivent, particulièrement pour les pelleteries & le
caffé. Ce droit fut établi pour l'entretien de la Sul-
tane Validé , ou la Reine mère.
MESEURE. f. m. Terme de Coutumes. Salaire qu'on
donne en quelques endroits à ceux qui moilTonnent
les blés du grangeage. Mefforum merccs. C'eft ordi-
nairement la onzième gerbe.
MESSIE, f. m. Ce mot lignifie oint de facré. MeJJîas.
Il s'attribue aux Sicrificateuts es: aux Rois; mais il fe
dit par exellence du Chrift, du Sauveur qui a été pro-
MES
mis par tous les Prophètes de l'ancienne Loi. Les ■
Chrétiens ont reconnu J. C. pour le vrai MeJJle. Les
Juifs attendent encore inutilement leur Mejjie. Ils
font infatués d'un MeJJle temporel; ils fe figurent un
conquérant qui fubjuguera le monde par la force des
armes. Cluvier. Il y a eu plufieurs impofteurs qui
ont voulu palfer pour le Mejfie. Joannes Lent , Hol-
landoisj a fait un Traité de l'Hiftoire des faux Mef-
jîes , de pfeudo meffiis. La dernière édition eft un
petit in-quarto. Le premier dont il parle , parut fous
l'empire d'Adrien , 6c a été nommé Barcochab. Le
dernier eft le Rabbin Alardochaï , qui fit parler de lui
en 1682 , Se un peu auparavant , il y avoir eu Sabbe~
thai Sebi, qui fut célèbre l'an 1666, qui fut pris des
Turcs & fe fit Mahométan.
On dit figurément à quelqu'un qu'on attend de-
puis longtemps , & avec gtande impatience ,
qu'il a été attendu comme le Mejfie.
Ronfird étant à la chafle avec plufieurs Seigneurs,
& le préparant à le déchaulTer pour palier un ruif-
feau , un des Seigneurs lui dit en raillant , qu'il
l'alloit palier fur les épaules , il lui répondit fur le
champ par ces quatre vers :
Monfeigneur , je vous remercie ;
Je n'ai de vous tant mérite' ;
Carji i'étois de vous porté ,
On me prendroit pour le Melîîe.
C'eft une allufion à l'entrée de Notre Seigneur à
Jérufalem , monté fur un âne.
Ce mot eft formé de l'Hébreu Mafchuach , unc-
tus y oint , du verbe Majchach , ungere , omdre , parce
que Jésus Christ le Sauveur du monde, a été oint
comme le Roi des Rois, de tous le temps & de tous
les liècles. Secondement , comme le Chef des Pro-
phètes. Troillèmement, comme le Souverain Pontife
de la Loi de grâce, & le Prêtre éternel félon l'ordre
de Mekhiledech. André trouva fon frère Simon , Se
lui dit , Nous avons trouvé le Mcffïe ( ce qui eft:
interprété le Christ^ Si il l'amena à Jésus. En S.
JcaUj ch. S- V. ^t. La Samaritaine dit à Jésus-
Christ , Je fais que le MeJJle vient { qui s'appelle
le Christ ) : or quand celui là tera venu , il nous
déclarera toute chofes. Jésus lui dit. Je le fuis , moi
qui vous parle. En S. Jean , ch. 4. v. 2s , Se 16.
Le Fils de Dieu a divers noms fuivant fes différentes
qualités & propriétés. Il s'appelle Verbe , parce qu'il
eft Fils conl'ubftantiel du Père Eternel , engendré ds
fa fubflance de toute éternité. Il s'appelle Christ ,
de Kpi,-of, qui eft un mot Grec, qui lignifie Oint , Se
qui répond au mot Hébreu MeJJle ; Se il s'appelle
Jésus , c'eft-à-dire. Sauveur. Ce mot eft tiré de
l'Hébreu , Jehofua , Jésus ; c'eft-à-dire , Sauveur ,
parce qu'il fauve fon peuple de leurs péchés. Mattk.
I. 21. Il s'appelle Verbe , entant qu'il eft fils de
Dieu , Se vrai Dieu Éternel; Jésus, entant qu'il efl
homme ; Christ , c'eft-à-dire , Oint Se Mejffle , ou
Sauveur , entant qu'il eft vrai Dieu , Se vrai homme
tout enfemble.
MESSIE , ou MESSIA. f. f. Terme de Mythologie.
Nom d'une déelle des anciens Romains. Meffla. C'é-
toit la déelfe MeJJla qui préhdoit à la Moillon. Ter-
tullien en parle dans fon Livre des Spedlacles , ch. S.
Paméliusdans d Note fur cet eudroitjcroit que la MeJ^
Jia de Tertullien eft la même que la Ségefte dont
Pline parle , L. XFIII c. 2. Se la Ségétie de Ma-
crobe, Saturn. Z. I. c. 16. Se de S. AugulHn, De
Civit. Dei , Liv. IV. c. S. Voyez encore Turnèbe ,
Adverf. L. XX. c, ^6. Petrus Critinus , De honejl.
Difcipl. L. XXV. c. 1 1, Se Saumaife fur Solin , p.
çi 2. Les Anciens faifoienc autant de déciles Mejp.es
qu'ils connoiftoient de diftérentes moilfons en difté-
rens climats du monde. Et ces MeJJles avoient à
Rome des ftatues dans le Cirque , pofées fur des
colonnes, comme il paroît par l'endroit de Tertullien
que j'ai indiqué , où il appelle ces colonnes MeJJlas
columnas.
MESSIEN, f. m. Nom d'homme. Maxianus. S. Mejfien
fur
MES
fut compagnon du m.iityic de S. Lucien. Foye'^
Bollandus &: M. Châtcljin , au 8' de Jiuivicr. Quel-
ques-uns on An Mefmkn, conunc s'il le hk nommé
en Lacin Maxiniianus.
MESSIER. f. m. Villageois commis à la garde des fiuits
de la terre au temps de la moiilon , & particulière
ment en celui des vendanges. AlcJJium & vïncarum
cujlos. L'emploi des Mellicrs finit chaque année après
la récolte.
Autrefois il y a eu une dignité dans l'Églifc de
Cambrai fous le nom de MeJ}icr:ce\vti qui en étoit re-
vêtu avoit fom de faire garder les blés.
Ce mot vient de me£ïs , moijfon; ou de Mejfu-
rius. Dans l'Édit du Roi Henri IL de l'an i 559. le
Mejfier efl: aufli appelle Gajlier. On a appelle eu
Latm McjJ'iinus , un Garde des moillbns & des ven-
danges. Quelques-uns dérivent ce mot de AleJJder ,
qui en langage Celtique ou Bas-Breton /ignihc Bercer,
ou Gardeur de bêles , du mot mcas , qui lignifie les
champs , ovi pâturages.
MESSIEURS. (. m. pi. Titre d'honneur &: de civihtc
qu'on donne en parlant, ou en écrivant à plulieurs per-
sonnes cnlemble qui font de quelque confidération, ou
par leur qualité, ou par leur nombre. Viri ornatiJfLmi.
Les plaidoyers , les harangues , commencent tou-
jours par MeJJîeurs , S<. ce mot elt fouvent répété
dans le corps du difcours pour faire plus d'honneur.
Quand on ne parleroit qu'à des Savetiers , ou à des
Payfans alFemblés , on les appelle MeJJicurs. On le
dit aulli en parlant de tierces perlonnes. Voilà vos
McJJieurs qui arrivent, c'eft un de vos Meffieurs ,
c'cft-à-direj de votre compagnie. Place a MeJJîeurs.
Le Procureur Général préfentanc une Requête à
la Cour, met , à MeJJieurs du Parlement. On dit aulli,
Mejfieurs du Confeil , MeJJieurs des Comptes, MeJ-
llcurs de Ville.
^v? Messieurs les Etats des Provinces unies. Cette
façon de parler efl: tout à-tait étrange. C'ell comme
qui diroit Monheur le Royaume de France , Ma-
dame la République de Venife. Cependant c'eft ainfi
que parlent nos Miniftres dans Ictirs Traités avec
les Hollandois. Quelque étrange que (oit cette façon
de parler , elle eft établie , il n'y a plus moyen de
s'en dédire.
Messieurs. Terme de Verrerie. C'cft le nom qu'on
donne aux Gentilshommes de race verrière , qui ont
(euls le privilège de travailler aux verres lans déroger.
On reconnoit quatre familles vcrrièi es en Norman-
die qui font Brojfurd , Caqueray , Vaillant ik. Bon-
gard. Ce font ces familles qui produifent les Mejfieurs
qui vont s'établir & travailler dans les autres Pro-
vinces. Quand on a voulu établir de grolles verreries
en Hainautj en Champagne, en Anjou & au pays
du Maine j les Entreprenetu's de ces verreries ont été
obligés de faire venir des Mejjl:urs de Normandie.
Benneton de Perrin.
MESSILIER. f. m. Ce mot s'efl: dit autrefois pour Mef-
fier. Dans la baifc Latinité Mefjarius.
MESSIN, INE. f. m. & f. Qui eit de Metz , ou du pays
Melîîn. Mediovicus, Mediotrix, Metinfis. Valois, /20^.
Gai.
Le pays Messin. Medïotrlci , Médiatrices , Metenjîs
Traclus. C'ell: un pays enclavé dans la Lorraine , aLnfi
nommé de Metz la capitale.
MESSINE. Nom d'une ville de la Sicile. Mejjana ,
Mejfena , Meffene , Mamertina. Elle eft capitale de
la vallée de Démona, & lituée (ur le Farre de Mcffîne,
vis à-vis de Rliége j en Calibre.
Le Fare ou le Canal de Messine. Fretum Siculum. Ceft
un célèbre détroit de la mer Méditerranée -, il eft entre
les côtes de la Sicile, & de la Calàbre ultéiicure ,
ayant la mer de Tofcane au nmd , & l'Ionienne au
midi. Ce canal eft fameux par le Hlix & reflux qui s'y
fait de fix en fix heures , & qui eft quelquefois fi ra
pide, qu'il emporte les vailfcaux, malgré la réliftance
des ancres , &c les fait périr. Il y aulîi à l'entrée fep-
rentrionale du canal j les deux écueils nommes par
les Anciens Scylla &C Carvbdi";; le premier, qu'on
appelle aujourd'hui capo Svi^lio, eft un rocher de
Tome F".
MES 961
la côte de la Calibre , qui s'avance en forme de pref-
qu'ile , vers le cap de Faro en Sicile. Ce rocher eft
très dangereux , tous les vailleaux qui y loiit em-
portés par la violence du Hux , ou par celle des
vents, y pétillent fans rcllburce. La Carybdc clt
près du cap de Faro en Sicile ; c'clt un tournant
d'eau , qui a environ trente pas de diamètre. Les
Matelots le craignoient beaucoup autrefois , aujour-
d'hui ceux de Mcjfme vont s'y promener avec des
barques plattes , lie après y avoir fait plulieurs tours
au gré de l'eau , ils s'en retitcnt à force de rames.
Maty.
MESSINES. Petite ville de Flandre dans la Chàtellenie
d'Ypres.
MESSIRE. f. m. Titre, ou qualité que prennent les
Nobles , & les perfonnes de qualité dans les adtes
qu'ils pallènt , au lieu de celle de Maure qu'on
donne aux Gradués. Dominus. Fut préfent haut &
puilTant Seigneur Mejfire Pierre Séguier , Chevalier ,
Chancelierde France, MeJJîre tel. Abbé d'un tel lieu.
Ce mot vient de men , qui fignifie rr2on j ôc de Sire^
Seigneur.
Messire , fe dit quelquefois en riant , & alors il figni-
fie la même chofe, ou moins que Monfieur.
Meftîre Ambroife ne croit rien ,
Et fa femme croit toutes chofes,
MESSIRE JEAN , eft une poire roufle fort fucrée ,
qui eft mure en automne. Pirum facharatum. Quand
elle vient à fe gâter , elle eft d'une amertume in-
fupportable.
MESSO Voy^i Mezzovo.
MESSOTIER , MESSOTIZANT. Deux mots de même
valeur , inventés par Henri Etienne, pour lignifier
un Prêtre qui dit, qui célèbre la Meflè.
Il (emble que les fimples Prêtres , qui de leur
métier (ont Mejfotiers , aient railon de ne vouloir
boire que du meilleur. Apologie pour Hérodote , to.
I. part. 2. c. 22. pag. s4-0. de l'édition de la Haye
iJiS- Je dirai un mot en faveur des povres Preftres
preftizans ou meffoti'^ans. pag. S43-
On lit Meffati\ant en d'autres endroits du même
livre, par exemple , zwchap. jj, to. Ill.pag. 1 2() ,
I çj. Prêtre, Prêtrot Mejfati^ant. Ce font des termes
de mépris , dignes d'un bon Huguenot.
MESSUA. Ville de l'Afrique propre , fur le golfe de
Carthage.
MESTAYER. Foyei Métayer.
MESTEIL. royei Meteil.
MESTICE. Foyei Métice.
MESTIER , néceflaire. Glojf. fur Marot. V. Métier.
MESTIF. F'oyei Métif.
MESTIVAGE. Lm. Droit qui fe lève fur les blés qu'on
moillonne , redevance de blés. Mejlivagium dans la
balle Latinité.
MESTIVE. f. m. Voye^ Mestivage , c'eft la même
chofe. Mefliva dans la balTe Latinité.
MESTIVIER. Voye-^ Métivier.
MESTRATA. Nom d'une ccite qui s'app)elle autrement
la côte de Droca. Meflrata , Ora Drocea , ancienne-
ment Pentapolis. C'étoit anciennement la partie fep-
tentrionale de la Cyrénaïque , en Afrique , aujour-
d'hui c'eft la partie' occidentale du Royaume de .
Barca. Elle eft baignée par la rivière de Médel , & par
celle de Droca , qui lui donne le nom de côte de
Droca.
MESTRE. Nom d'un ancien bourg de l'État de Ve-
nife. Mejlra , anciennement Ad nonupi Venetia. Il
eft dans le Dogado , fur le Mufone , à deux ou trois
lieues de Venife, tirant vers Trévigni. AIaty.
Mestre. Mot Levantin , pour dire , en termes de Ma-
rine , le grand mât , qu'on appelle Arbre de mejlre ,
Malus maxionus , decumanus ; Se fa voile , voile de
meflre.
^CT MESTRE de Camp ('prononcezl'.y fortement^ f. m.
On appeloit ainfi autrefois celui qui commandoit en ^'
chef un Ré;:iment d'Infinterie ou de Cavalerie , lor^
que chacun de ces corps avoit un Colonel générai ^
F ffftl
)6z
MES
mais aujourd'hui qu'il n'y a plus Je Colonel gé'nénll
que dans la Cavalerie & dans les Dragons , il n'y a de
Ivleltre de camp que dans ces deux coips.
^fT Aiiifi l'on appelle prélentemcnt Mcjlre de camp ,
.prajeclus cquuum , celui qui coinniandc un Réyiaiïut
de Cavalerie ou de Dragons , comme le Colonel com-
mande un Régiment d Infixnterie. Prxjcctus cohonis.
^fT On appelle Mtjîre de camp général de la Cavalerie,
rOlKcier qui ell après le Culonel général Je la Cava-
lerie , qui commande en Ion ablcnce tons les Kegi-
incns de Cavalerie j Se qui a un Régiment particu-
lier qui lui eft affeCté , lequel marche le tecond en
rang.
^3° Il y a aulll un Mejlre de camp général de Dragons.
ftCT On appeloit autretois La Mejlre de camp , la pre-
mière compagnie d'un Régiment foit de Cavalerie ,
io\t d Intancene. Aujourd'hui ce nom eft aftedé à la
première compagnie d'un Régiment de Cavalerie.
Centurïa prima equicam , prima equïtum turma. Dans
llntanterie on dit la Colonelle , ou compagnie Co-
lonelle.
Mestre de Camp. Terme de Fleurifte. Tulipe colom
bin j couleur d'agriote &c blanc; elle cft printanière.
MoRIN.
IMESTRE- ÉCOLE, f. m. Nom d'une ancienne dignité
Ecclédaftique. SckoU Magijîer. Jean , Duc de Bre-
tagne fit exécuteurs de Ton tertament les amés & féaux
Confeillers M. Robert de S. Pères , &: Maître Éon
de Roger, Meftre-École de Nantes. HiJL de Brec. T.
II. pag. 4J().
MESTRI. Mefirïana. C'éroit anciennement une petite
ville , ou un bourg de la balle Pannonie ; maintenant
ce n'ell qu'un village de la baile Hongrie j lltué dans
le Comte de Welprin j vers le lac Balaton. Matv.
MESTS. 1. m. On écrivoit ainfi autrefois. Voyti^ Mets.
Mests de mariage. Cïhus nuptïalis convivii. C'eft un
droit qui ell dû en quelques endroits au Seigneur : il
conlifte en ce que de toutes les viandes qui le mangent
aux noces , il en eft du un plat au Seigneur j portable
en fa maifon.
MESUAGE. 1. m. Terme de Coutumes. Maifon où on
loge J propre à être habitée. Domus habuacioni ido-
«e^jdans la balfe Latinité, mefuagium.
MESVE , ou MÉ'VE. Nom d'un bourg de France. Ma-
fua , AJaJJava. Il eft dans le Nivernois fur le bord de
la Loire j entre Briare & Nevers.
MESVENDRE. Foye^ Mévendre.
MESVENTE. Foyei Mévente.
MESVOYER. 'Vieux v. a. Déranger, dérouter. Poëjîes
du Roi de Navarre.
MESURABLE, adv. m. Se f. Qui fe peut mefurer. Men-
furabUis. L'objet de la Géométrie eft toute forte de
quantité , entant qu'elle eft mefurable. La dillance
du Firmament cft h grande , qu'elle n'eft pas me-
Jurahle.
MESURACA, Mefuraca , autrefois Reatium. C'étoit
anciennement une ville de la grande Grèce , en Ita-
lie. Ce n'eft maintenant qu'un bourg de la Calabre
ultérieure , environ à deux lieues de Belcaftro du
côté du nord. Matv.
MESURAGE. t. m. Action par laquelle on mefurc, ou
par laquelle on examine ii la mefurc cft jufte èc
bonne. Aclio meciendi , menjio. J'ai acheté tant de
muids de blé; j'en veux voir le mefurage ; je fuis con-
tent du mefurage.
Mes UR AGE , lignifie aulîl le droit Seigneurial qu'on
prend fur chaque mefure , & la peine de celui qui
mefurc. Metiendi jus , pretlum. Quand on a achcic
le blé au marché , il faut payer le droit de mefurage.
Dans les greniers on épargne le mejurage , on fait
le mefurage foi même.
Mesurage , parmi les Arpenteurs , fignifie le procès
verbal de l'Arpenteur , auquel eft ordinairement at-
taché le plan figuré de l'arpentage. Lorfque le mefu-
rage étoit défectueux , l'Arpenteur étoit tenu des
dépens , dommages <Si intérêts des patries qui l'a-
voient employé. Injujîa . meriflonis mulcla. École
DES ArPFNTEURS.
MESURE. 1. f. Ce 'qui fert de règle pour connokie.
MES
&i pour déterminer la grandeur, l'étjnJuc , la quantité
de quelque corps. Menfura. On attribue à Ca'm 1 in-
vention des mefures , lur la feule opinion qu'il étoit
avare àc avide du gain ; conjecture toute des plus
toibles , comme on le voit , de quelque côté qu'on
la prenne. Car comment prouver la prétendue avi-
dité de Ca'i'n ; Et fecondemcnt j les mefures font aullî
contraires à l'avarice, qu'elles lui pourroient paroitre
favorables par un endroit; en eftet, fi elles empê-
chent que le vendeur ne donne trop, elles em-
pêchent aulli que 1 acheteur ne reçoive au-deft"ous
de ce qu'il doit , & de ce que l'.avidité pourroit tirer.
On dit que c'eft Pythagore qui les introduifit dans
la Grèce.
La Mesure des longueurs eft la ligne ou grain d'or-
ge, le pouce contenant douze lignes, le pied douze
pouces , le pas géométrique cinq pieds j la toife fix
pieds, la perche des Géomètres dix pieds; en quel-
c]ues lieux elle va julqu'à vingt deux pieds ; le ftade
12; pas; le mille huit ftades ; la lieue Françoife
trois nulle. Et pour les diftances céleftes , la mefure
eft le demi diamètre de la terre de ijoo lieues ou
environ J en donnant 25 lieues à chaque degré du
grand cercle. Il y a aufti pour les étoftes , l'aune j la
canne, la verge, la brade , qui (ont diftértntes, fé-
lonies lieux. Pour les lurlaces , l'arpent de cent pcr
ches carrées, l'acre, le journal j &c. Pour les corps
lolides , le pied cube , la toife cube. On appelle
mefures rondes , celles qui fervent à mefurer les
grains Ik les fruits , le litron , le boifteau , le mi-
not , ou bichet , le fetier , le muid. Pour les liqueurs ,
le tonneau J la pipe , la barrique; & en détail, le
dcmi-letier J la chopine , la pinte, la quarte j le
pot, la feuillette. La we/ire d'herbes en Médecine,
le fait par falcicules , manipules ik pugilles. Tous
ces mots feront expliqués à leur ordre.
La Mesure nouvellement réglée de l'arpentage des
Eaux &c Forets , eft de douze lignes par pouce ,
douze pouces pour le pied , vingt deux pieds pour
la perche , Se cents perches par arpent. Cela fe
garde dans la mefure des bois qui appartiennent au
Roi ; mais on n'empêche pas qu'on ne le fetve ailleurs
dci mefures diftérentes ulitées dans chaque pays.
L'Ordonnance du mois d'Oclobre 1669. règle
l'étalonnage des mefures des grains , farine , légu-
mes , fruits charbons , &c. Se les anciennes mefures
font abrogées. Il eft ordonné qu'il fera fondu de
nouvelles matrices qui feront gardées dans la cham-
bre des Mefurcurs de fel qui eft à l'Hôtel de Ville,
lur lefquelles fera fait l'épalement de toutes les me-
fures de bois, qui doivent être marquées à la lettre
courante de l'année. Les mefures de bois doivent
avoir un cercle de fer en dehors pour les cintrer , qui
fera appliqué bord à bord du fiit du minot.
Les étalons des mefures doivent être en dépôt
entre les mains de l'autorité publique. Autrefois à
Rome ils fe gardoient au Capitole , comme l'inC-
cription du Congius de Vefpafien le montre. Fbye^
Gruter , p. CCXXIII. ^. Enfuite pour une plus
grande commodité , 'Valentin ordonna qu'il y en au-
roit en chaque quartier de la ville. Après Conftan-
tin , les Empereurs donnèrent les étalons des mefu-
res aux Papes , pour en être les dépofitaires , & les
garder ; ou bien au Sénat.
Les Mesures .Romaines font amplement expliquées
par le P. Monct au mot Mefure.
Cafimir , Poionois, dans fa Pyrotechnie , fait un
dénombrement général des noms des mefures de
tous les peuples de l'Europe , tant anciennes que
modernes , & leur réduction à une certaine. Le Roi
Philippe V. en l'an 1 521. avoir rélolu de réduire tou-
tes les mefures à une feule, aulli bien que les poids
& les monnoies
Thévenot a donné un avis pour faire une mefure
générale , en prenant pour principe les cellules des
abeilles , qui font égales par toute la terre. Mouton ,
Chanoine de Lyon , en a donné un fort pl.iuiible par
le moven d'une pendule. Voyc\ fon livre. M. Picard
a aUiïI trouvé une meftre univerielle d'une pendule ,
MES
fur le pied de laquelle il a mcfuré 11 circonférence
de la terre, f^oyt:^ ion livre fur la mefure de la terre.
Les Mesures les plus connues des Anciens font
celles-ci. Le doigt , digitus /A en faut quatre pour faire
le palme , palmus , Se feize pour fane le pied , pes ;
le (emiscfl: le demi pied ;le Ipithanic chez les Grecs,
cil de l'étendue qu'il y a de 1 extrémité du petit doigt
à l'extrémité du pouce j lortquc ces doigts font ou-
verts & aulll éloignés qu'ilspcuvent l'être : les Latins
l'appellent dodrans , &c quelquefois le grand p.alme ,
palmus major. La coudée , cubitus , eft d'un pied &
demi ; le grejjus _, ou petit pas , de deux pieds ik
demi ; le pas , pajj'us , de cinq pieds; l'aune , ulna ,
cft de lix pieds ; la perche , pertica , de deux pas,
ou de dix pieds ; le pléthre , plechrum , de cent
pieds ; le juger , ou arpent , eft de deux cens qua-
rante pieds en long, & de cent vingt en large; le
ftade ,Jladium , ert de cent vingt cinq pas, qui font
fix cent vingt-cinq pieds. Le diaule , diaulus , com-
prend deux ftades ; le mille , milliarum , eft de
mille pas , ou de huit ftades ; le dolique , dolkhus ,
, eft de vingt & un ftades. Les noms àcsmefures mo-
dernes , & les noms des anciennes , quand ils font
reçus par l'ufage , fe trouvent à leur place dans l'or-
dre alphabétique.
On appelle abfolument mefure , certaines quantités
dont on emplit quelques vailleaux qui n'ont point
de nom particulier. Il faut donner deux mefures
d'avome à votre cheval. Les pauvres gens n'achet-
tcnt qu'une mefure de fel à la fois , qui eft un quart
de litron. Les Bouchers vendent le fuif à la mefure.
C'eft une jatte qui en contient environ cinq livres
& demie. On dit en ce fens , la grande & la petite
mefure , en parlant d'un même nom de mefure , qui
eft plus grande en une Seigneurie qu'en l'autre. Le
blé fe donne au moulin en mefure rafe , & on le
rend en firine en mefure comble. On excommunie
ceux qui vendent à faux poids & à faulle mefure ;
ce qu'on donne pour le par-delfus , au-delà de la
mefure réglée, on l'appelle bonne mefure. Échantillon-
ner une mefure , c'eft la rendre égale à la mefure qui
eft confervée dans les dépôts publics j & la faire mar-
quer pour faire connoître qu'elle eft jufte.
Mesure de Suif, Pain de fuif pefant cinq livres Se
demie. Sebi menfura ; febi pondo quinque cumfcmijfe.
Après que les Bouchers ont fondu leurs fuifs , ils en
rempliiîent des terrines , ou des febilles de bois , &
l'y laillent refroidir , ce qui forme dans chaque ter-
rine , ou febille , une efpèce de pain que l'on en
retire après qu'il eft alfez froid & endurci. Chacun
de ces pains eft toujours du poids de cinq livres &
demie jufte ; c'eft ce qu'on appelle une mefure de
fuif. De la Mare. Traité de Police ^ Liv. V. Tit
XX. c. IX. T. II. p. 12S6.
Droit de Mesure , eft un droit que différens Seigneurs
ont de régler les mefures dans leurs Seigneuries. Jus
Jlatuenda, ou definïendis, menfuri.
Gréavesdans Ion Traité Anglois du pied Romain,
imprimé à Londres en 1747.^1. ^0 , 6" ^i . M. Pi-
card, M. Auzout &: M. Harris , dans fon Diétion-
naire Anglois des Sciences & des Arts au mot
Mesures , ont donné des Tables des mefures an-
ciennes & modernes , comparées entr'elles , & de
leurs proportions. Voici ce que l'on a trouvé de plus
exad & de plus sûr.
Table des MefuresVe dïverfes Nations comparées au pied
Romain , tirée de Gréaves , p. ^0,
Suppofant le pied Romain, du monument de Cof
futius àRomc ,divifé en 1000 parties égales ^ les au-
tres mefures font en proportion avec ce pied en la
manière qui fuit.
Le pied Romain du monu-
ment de Colfutius. . . .
Le pied Romain du monu-
ment de Statilius à Rome.
Le pied Romain de Villalpan-
dus pris fur le Congius de
Tome y.
1000.
looj. 17. centièmes.
E
S 9^3
1019.
6; centièmes.
1041.
67 centièmes.
1104.
4 y centièmes.
1034.
1 3 centièmes.
I ZOl.
6j centièmes.
I06S5.
2 y centK-mcs.
1886.
2 y centièmes.
3306.
10 centièmes.
217f-
S centièmes.
198.
1282.
2041.
2I7I.
7114.
28y4.
2 8 centièmes.
38 centièmes
37 centièmes.
GG centièmes.
79 centièmes.
19 centièmes.
7y9. 55 centièmes.
M
Vcfpa/îcn. '. \ ,
L'Ancien pied Grec qui étoit au
Romain comme 2 y eft à 24.
Le pied de Roi de Paris. . . .
Le pied d'Angleterre
Le pied de Vcnife
Le pied du Rhin de Snellius.
Le dérath ou coudée d'Egypte.
L'aris de Pcrfe
La grande pique des Turcs à
Conftantinopic
La petite pique des Turcs à
Conftantinopic eft à la gran-
de comme 31 eft à 32.
Le braccio , ou bras de Flo-
rence
Le braccio de Siennepourtout.
Le braccio de Sienne pour la
toile
Le braccio de Naplcs
La canne de Naples
La vare d'Almetie & de Cadis
en Efpagne
Le palme des Architeéfes à
Rome, dont dix font la can-
ne des mêmes Architeftes.
Le palme du Braccio des Mar-
chands & des Tiiferands à
Rome. On voit fa mefure &:
la forme fur un marbre au
Capitule , avec cette inf-
criprioii , C v r a n t e lv
PoEro
Le palme de Gênes
L'aune d'Anvers
L'aune d'Amfterdam
L'aune de Leyde
Table de la proportion du pied de Paris , avec les
mefures de différentes Nations ; tirée de l'Anglais
de Créavss. pag. ^i.
Le pied de Roi de Paris divifé en 1068 parties,
dont chacun des douze pouces dont il eft compote ,
en contiendra 89, les autres mefures feront en pro-
portion avec le pied de Paris en la manière qui luit.
Le pied de Paris loCè.
Le pied Romain du monu-
ment de Coftùtius 967.
Le pied Romain du monu-
ment de Statilius 972.
Le pied Rom.ain de Villalpan-
dus 980.
Le pied Grec. . . , . 1007.
Le pied d'Angleterre. . . . 1000.
Le pied de Venife. , . . . iiGz.
Le pied du Rhin de Snelius. 1035.
Le dérach , ou la coudée
d'Egypte 1814.
719.
^4
centièmes.
842.
31
centièmes.
2360.
9'
centièmes.
^345-
40
centièmes.
^357-
13
centièmes.
29. centièmes.
3197-
L'aris de Perfe.
La grande pique des Turcs
à Conllantinople. . . .
La petite pique des Turcs à
Conftantinopic eft à la
grande comme 31 332.
Le braccio de Florence.
Le braccio deSienne pour tout.
Le braccio de Sienne pour la
toile
Le braccio de Naples.
La vare d'Almérie & de Gi-
braltar ui Efpagne.
Le palme des Architeéles à
Rome 732.
Le palme du braccio des Mar-
chands & des TilFcrands à
Rome 695. I deux
Le palme de Gênes. . . 81 y.
Ffffff ij
1913.
1242.
1974.
6880.
2760.
9^4
MES
656.
L'aune d'Anvers. . . .2285.
L'aune d'Amfterdam. . . 2268.
L'aune de Leydc. . . . 2260.
Proportion de plujicurs mefur»s entr elles
par M. Picard.
Le pied de Paris fuppofé de. 720.
Le pied du Rhin , ou de Ley-
de oblervc par M. Picard. 6^6.
La perche du Rhin contenant
12 pieds.
Le pied de Londres. . . 675-. i deuxième.
Le pied Danois oblervé par
M. Picard. . . . 701. 8 dixièmes.
L'aune Danoife contenant 2
pieds. . ■ . .
Le pied de Dantzick pris par
proportion fur celui de
Leyde du L. L de la Sélé-
nograpliie d Hcvchus. . ,
Le pied de Lyon fur une ob
fervation de M. Auzout. 7;7. 2 croifièmes.
Le pied de Boulogne par le
même. . . .845.
Le bracce de Florence obfervc
par le même j & le P.
Merfenne. . . .1 290.
Le pied de Suède. . . 658. i quatrième.
Le pied de Bruxelles. . . 609. 3. cinquièmes.
Le pied d'Anifterdam pris fur
celui de Leyde, félon Snel-
lius. .... 629.
Le palme des Architedes à
Rome obfervé par Mef-
lîeurs Picard &: Auzout. . 494 i quatrième.
La canne des Architedtes con-
tient dix palmes.
Le pied Romain du Capitole
examiné par Meilleurs Pi-
card & Auzout. . . 655.ou6;5. I deux.
Le même prislur le piedGrec. 6j2.
Car ce nombre 652. pour le pied Romain du Capi-
tole convient parfaitement avec le pied Grec qui cft
679. félon la proportion de 24 à 25 ; mais parce
que félon Gréaves , le pied d'Angleterre ell au pied
Romain , comme 1000 à 967, il s'enfuit que le pied
Romain, ell dans l'état qu'il ell, de 6jj parties
plus {.
Le pied Romain de Villalpan-
dus pris lur le Congius ,
félon Riccioli. . . 66^. 2 quinzièmes.
Le pied Romain du monu-
ment de Satilius. . . 6jj. i deuxième.
Le pied Romain de la Vigne
Mattei. . . . 6;/. i deuxième.
Le pied Romain pris du Pal-
me- ^ • • • . 658. 5 quatrièmes.
Ou près de . . . 6^c).
Le pied Romain tiré fur les
pavés du Panthéon -, en les
fuppolant de dix pieds Ro-
mains. . . .655.
Le pied Romain tiré d'une
bande de marbre du même
pavé , en les fuppofant de
trois pieds Romains. . . 6jo.
Le pied Romain pris lur les
portes du même temple ,
en les fuppofant de 10
pieds Romains de large. . 661. 1 troifieme.
Le pied Romain pris lur la
pyramide de Ccflius , en
la (uppofant de 95 pieds
Romains. . . . 653. i deuxième.
Le pied Romain pris fur le dia-
mètre des colonnes pris de
l'arc de Scptime Sévère. 653. i troifiènie.
Le pied Romain pris iur la
MES
bande de porphire du pavé
du Panthéon. . . 6/3. i troifiètnc.
Ceci ell pris des divers ouvrages de Mathématique
& de Phyfique pat Meilleurs de l'Académie Royale
des Sciences à Paris , 1673. iri-fol. 36 p , Se 36 j.
Mesures prifes fur les Originaux , & comparées avec
le pied du Chàtelet de Pans , par M. Au-^out.
Le pied de Paris divilé en 1440 parties égales,
c'cll-à dire , chaque ligne en dix parties, c'ell fur
cette mefure que les fuivantes lont réduites.
Le palme de Rome pris au Capitole , contient
988 Y ou 8 pouces 2 lignes 8 7 parties.
Celui des paliers cft quelquefois un peu plus grand ,
&: fait 8 pouces trois lignes. Le pallet ell une me-
fure de buis qui contient ordinairement 5 palmes , &
qui ell laite de plufieurs pièces ; qui font jointes en-
femble par des clous , pour pouvoir fe plier & fe
porter commodément.
Le palme ell divilé en 12 onces, & l'once en 5 minu-
tes, ce qui fait 60 minutes au palme : on ne le fert
point d'une plus petite divilion; lo palmes font la
canne qu'on nomme d'Architedte.
Le pied Romain , que l'on nomme ancien , qui efl:
celui de Lucas Poëtus , pris au même lieu , Contient
I 306 , ou 1 507 parties. Il cft: un peu trop petit , puif-
que le palme devant être les trois quarts du pied ,
ou I 2 doigts des 1 6 qui compofent tout le pied , il
devroit contenir y luivant la première melure , 1 3 1 8
parties.
Il relie à Rome deux pieds antiqufs fur des fépulcres de
Mallon , ou d'Architeéles ; l'un dans le jardin de Bel-
védère , & l'autre dans la 'Vigne Mattei j & quoique
les divilions en loient mal faites & inégales ; on peut
pourtant luppofer que le total en cil bon. Celui de
Belvédère contient i 5 1 1 parties j ou bien 10 po. 1 1 I.
S<. 1 partie ou ts. Et celui de la Vigne Mattei en con-
tient 1 3 1 5 , ou bien i j po. 1 1 i. j parties î ligne ; &:
comme ils peuvent être un peu diminués lur les bords ,
on peut les ellimer égaux à 1 6 onces du palme mo-
derne.
Par toutes ces mefures on peut prendre l'aune de Paris
pour 4 pieds Romains antiques.
Le pied Grec pris au Capitole a 1 558 parties, ou bien
I I po. 3 1. 8 parties , étant au Romain comme 2/ à
24 , comme l'on déduit ordinairement de diîlérence
de leurs ftadeSjdont l'une contenoit 600 pieds. Se
l'autre Gi^. Le pied Romain étant i 306 ou 1 307 , le
pied Grec feroit 1565 ^ i li le Romain étoit 1 3 1 j , le
Grec feroit 1369 H, toujours plus grand que celui
du Capitole , marqué par Lucas Poëtus.
Nota. Le pied qui efl: à Belvédère fur le tombeau de T.
Statilius Menfor , efl divifé en palmes &c en doigts ; la
divilîon en efl mal faite &: grollîère; l'autre qui efl
dans la vigne Mattei fur un autre tombeau de Coflu-
tius , n'ell point divifé en doigts. Il efl à croire que M
Lucas Poëtus avoit marqué le pied Romain &: le pied ^
Grec de jufle proportion , mais qu'à force de prendre
le pied Romain , on l'a augmenté. Si le Romain étoit
6 j2 J le Grec feroit 679 ^.
Le palme des Marchands , dont 8 font la canne^dont on
fe fert pour mefurer toutes les étoffes , a 1102 4 , par-
ties , ou bien 9 po. 2 ;; de ligne. La canne faifant juf-
temcnt 6 pieds, i po. 6 lig. elle revient à-peu près à
une aune 2 tiers de celle de Paris.
Le palme & la canne de Rome pour les Marchands , efl
précifément le pan Se la canne dont on fe lert à
Montpellier.
Le palme de Naples pris fur l'original , a i i<ji ou 1161
parties , ou bien 9 po. 8 1. i ou 2 parties.
La brade de Florence prife à la mefure publique contre la
prifon , 2580', 2f8i parties, c'efl-à-dire , i pied 9
po. Se 6 1. ou une partie davantage -, mais le premier
efl plusjufl:e.
Le pied de Boulogne , pris dans le Palais de la Vicairie ,
a 1 686 parties, ou bien i pied 2 po. & 6 parties.
Le bras pris au même lieu, a 2826 parties , ou bien i
pied 1 1 po. 6 1. ce qui ne fait pas juflement j pieds de
MES
•5 bras , comme le riippofc le P. Riccioli.
Le bras de Modcne a 18 1 i i parties , ou bien i pied 1 1
po. j J. I quanième.
Le bras de Parme pris auprès du Dôme , a 2J26 parties,
ou bien 1 pied 9 po. 6 parties.
Le bras de Lucqucs a z(5i / parties , ou bien i pied 9 po.
9 1. J parties.
Le bras de Sienne , pris fur la canne publique qui eft pofce
liorizontalemcnt {ous l,i loge de l'Hôtel-de-ville , &
qui contient 4 bras , a 2667 parties , ou bien un pied
I o po. 2 1. cV 7 parties.
Le pied deMilanprisliirletrabocode bois oùoncprou
ye les mclures , a 1 760 parties , ou bien un pied 2 po.
8 1. & le bras .dont le pied fait les deux tiers , a 2640
parties, ou bien i pied 10 pouces.
Le pied de Pavie, pris fur la canne deferquieft à la porte
du Dôme, a 20S0 parties , ou bien i pied f po. 4I.
Se le bras , dont il ell les trois quarts, a 2780 parties,
ou I pied I po. 2 1.
Le pied de Turin pris furie même de cuivre qui eft dans
l'Hôtel de-Ville, a 2 274 parties, ou bien un pied 6po.
I I 1. 4 parties.
Le pied de Lyon contient i j i j 6c f de parties , ou bien
I pied 7 lignes & i|.
La toife contient 7 pieds 7.
L'aune de Lyon contient 3 pieds , 7 pouces , S lig. & 5
parties.
Telles font les mefures données par M. Auzout dans les
divers Ouvrages de Meilleurs de l'Académie des Scien-
ces i6ç)^.p. j6S , ^<> p , jjo.
Table de différentes Mesures exactement compare'es
avec le pied Anglais , divifé premièrement en 1000
parties égales , puis en pouces & en dixièmes parties
de pouces ; tirée du Dictionnaire Anglais des Arts
& des Sciences de Manfleur Harris , T, I. au mot
Mefures.
Le pied de Londres.
Le pied de Paris. . .
Le pied d'Amfter-
dam. . . . ,
Le pied de la Brille.
Le pied d'Anvers. .
Le pied de Dort. .
Le pied du Rhin , ou
de Leyde. . . .
Le pied de Lorraine.
Le pied de Malines.
Le pied de Middel-
bourg
Le pied de Straf-
bourg
Le pied de Brcmen.
Le pied de Cologne.
Le pied de Francfort
(ur le Mein. . .
Le piedd'Efpagne, .
Le pied de Tolède. .
Le pied Romain,
L'an-
MES
1000 1 2 pouces.
1 068. ou I pied, opo. 8 dix. depo.
942.
1 103.
946.
1184.
1055.
958.
919.
991.
920.
964.
9)4-
948.
lOOI.
899.
967.
ip.
ip.
ip.
ip.
1 1 po. 3 dixièmes.
I po. 2 dixièmes.
1 1 po. 3 dixièmes.
. 2 po. 2 dixièmes.
. opo. 4 dixièmes.
, 1 1 po. 4 dixièmes.
. 1 1 po.
, 10 po. 9 dixièmes.
. 1 1 po.
. 1 1 po. 6 dixièmes.
• 1 1 po. 4 dixièmes.
, 1 1 po. 4 dixièmes.
, 10 po. 7 dixièmes,
, 1 1 po. 6 dixièmes.
cien
pied
Ro-
fCoflfutius.
uStatius
main
de
Le pied de Boulogne
en Italie.
Le pied de Mantoue. 1569
Le pied de Venife. . 1162.
Le pied de Dant-
zick
Le pied de Copen-
hague
Le pied de Prague.
Le pied de Riga.
Le pied de Turin. .
Le pied Grec. . .
Le pied de Paris ,
félon M. Bernard.
Le pied univerfel. .
972.
1204.
944.
. 1 1 po. 7 dixièmes.
ip.
I p.
ip.
. 2 po. 4 dixièmes.
, 6 po. 8 dixièmes.
. I po. 9 dixièmes.
1 1 po. 3 dixièmes.
9^5*
96;.
1026.
. I p.
. 1 1 po. 6 dixièmes.
. opo. 3 dixièmes.
I85I.
. ip.
. 9 po. 9 dixièmes.
1062.
1007.
. ip.
. ip.
. 0 po. 7 dixièmes.
. 0 po. I dixième.
1066.
1089.
12.6c).
2273.
lldo.
190;.
2260.
1908.
2217.
954-
io|3.
2147.
1903.
1913.
7JI
?P-
2 p.
2 p.
2 p.
3P-
ip.
ip.
2 p.
1 p.
2 p.
ip.
2 p.
ip.
. 1 1 po. 7 dixièmes.
, o po. 8 dixièmes.
. 3 po. 2 dixièmes.
. o po. 2 dixièmes.
. 3 p. I dixième.
. 9 po. 9 dixièmes.
10 po. 8 dixièmes.
. 3 po. i dixième.
. 9 po. 8 dixièmes.
. 3 po. 3 dixièmes.
1 1 po. 4 dixièmes.
. o po. 6 dixièmes.
. 3 po. 7 dixièmes.
I o p. 8 dixièmes.
I p. II pouces.
9 pouces.
3 pieds.
L'ancien pied Ro-
in.iin 970
Le pied de Boulo-'
gne, félon M. Au-
zout 1140,
L'aune de Lyon. . 3976.
L'aune de Boulogne. 2o;(5.
L'aune d'Amlter-
dam
L'aune d'Anvers.
L'aune du Rhin ou
de Leyde. .
L'aune de Francfort. 1826
L'aune de Ham-
bourg
L'aune de Leiping.
L'aune de Lubeck.
L'aune de Nurem-
berg. ....
L'aune de Bavière.
L'aune de Vienne. .
L'aune de Boulogne.
L'aune de Dantzick.
L'aune , ou braccio
de Florence. .
Le palme d'Efpa-
gnc ,oude Caltil-
ïe
La vare ou verge
d'Elpagne , con-
tenant 4 palmes. 3001.
La vare de Lisbon-
ne
La vare de Gibraltar
La vare de Tolède. 268 j
Le palme de Naples.
Le braccio de Na-
ples. ....
La canne de Naples.
Le palme de Gênes.
Le calamus de Mi-
lan
La coudée de Parme.
La coudée de la Chi-
La coudée du Carre.
L'ancienne coudée
de Babylone. . .
L'ancienne coudée
Grecque. . . .
L'ancienne coudée
Romaine i p. . j p. 496milhèm.
La pique de Tur-
quie 2200. . 2 p. . 2 po. 4dixièmes.
L'arach de Perfe. .3197. . 3 p. . 9 po. 3 dixièmes.
C!3° Mesure. Se prend quelquefois pour la chofe mefu-
rée , pour la quantité comprife dans le vailleau qui ferc
de mefure pour vendre en détail. C'eftainfi qu'on dit ,
une mefure de fel , une mefure d'avoine , pour dire un
litron & unpicotin. Faire donner une mefure d'avoine
à Ion cheval.
Mesure , en Géométrie & en Arithmétiquej fe dit d'u-
ne certaine quantité , qui , étant répétée un certain
nombre de fois , devient égale à une autre grandeur j
à laquelle on la rapporte. Pars aliquata. 4. eft la,'
mefure de 20 , étant répété 5 fois; j eftaulîi la mefure de
20 , étant répété 4 fois. 7 ne peut être la mefure de 20 ,
mais bien de 2 1 ou de 28 , étant répété trois ou quatre
fois.
1)3° Comme cette définition répond feulement à l'idée
aliquotCjOn pourroit dire d'une façon plus générale
que la mefure eft une certaine quantité qu'on prend
pour unité , & dont on exprime les rapports avec d'au-
tres quantités homogènes.
On dit que deux nombres ont une mefure com-
mune, quand le même nombre les peut mcfurerj,
comme de 20 & 40. la mefure commune eft j ^
étant répétée quatre fois pour le premier nombre , &c
huit pour le fécond. Ainfi tous les nombres entiers
2750.
. 2 p.
, 9 pouces.
2760.
. 2 p.
. 9 po. I dixième.
268;.
. 2p.
. S po. 2 dixièmes.
361.
. 9 po. 6 dixièmes.
2000,
. 2 p.
. I po. 2 dixièmes.
6880.
. 6p.
10 po. 5 dixièmes.
S30.
. .
. 9 po. 6 dixièmes.
6j44.
. 6p.
. 6 po. J dixièmes.
i86<î.
. ip.
; 0 po. 4 dixièmes.
ioi6.
. ip.
. 6po. 2 dixièmes.
1824.
. ip.
. 9 po. 9 dixièmes.
• •
. ip.
. 6 p. 24ccntièm.
.
• IP-
. 6 p. 1 3 centièm.
1^66 MES
fonr commenfiirables , parce que leur mefure com-
mune ell l'unité ; mais toutes Jes lignes ne le (ont pas.
Le côté du carré & fa diagonale ne peuvent jamais
avoir de mefure commune : iSc c'eft pourquoi on
appelle ces lignes Incommenfurables. Voyez Euclyde,
Livre i o.
On dit en Philofophie , que le temps eft la me-
fure du mouvement , Tempus efl menfura motûs ; & ,
au contraire , dans la Mécanique j on (e lert du mou
vemcnt pour melurer le temps , comme on voit dans
"les machines j horloges , pendules ^ cleplydres ^ &c.
Mesure , le dit chez les Artilaiis , de l'oblervatioii &
marque qu'ils font d'une certaine étendue , pour y
joindre ou y appliquer quelque ouvrage manuel qui y
convienne. Dans ce cas , mefure répond à dïmenfion.
Menfura , menfio. Ainfi un Appareilleur prend la
mefure des pierres avec fon compas & la règle. Un
Cordonnier prend la mejure des louliers avec fon
compas j &c.
Les Tailleurs appellent mefure , une longue bande
de parchemin ou de papier ^ tur laquelle ils marquent
toutes les longueurs & les largeurs de l'habit qu'ils
veulent faire. Acad. Fr.
|CF Mesure, en Poëfie , fe dit de l'arrangement & de
la cadence d'un certain nombre de lyllabes qui com-
pofent un vers. C'eft un efpace qui contient un ou
plufieurs temps. Si un temps ell: l'efpace dans lequel
on prononce une fyllabe longue , le demi-temps fera
pour une lyllabe brève. Les mefures (ont compofées
de ces temps & demi temps , Se les vers fontcompolés
des mefures. Menfura , tempus , duratio. Les vers hexa-
mètres , pentamètres, ïainbiques, iaphiques, font de
diftérentes mefures. Les mefures des vers François lont
les pieds , ou certain nombre de lyllabes. D'abord il n'y
avoit nulle mefure fixe ; fans autre règle , l'on parta-
geoit les paroles en portions égales. L'oreille feule
en faifoit le partage pour former une clpèce de ca-
<lence. Enluite on inventa les pieds, qui devinrent la
melure des vers. ^fT k'mh mefure &C pied font ici ly-
nonymcs. L'hexamètre a lix mefures ou pieds. Le
Pentamètre en a cinq. Voye\ les autres mots à leur
place.
Chez les Maîtres en fait d'armes ^ on appelle Etre
à mefure , quand on juge que la diftance qui {épare
de l'ennemi ell telle , qu'on lui puille porter un coup
de p;cd ferme, ou autrement ; ce qui arrive, quand
du demi fort de l'épée on peut toucher le toible de
celle de l'ennemi {ans bouger le pied droit , ni avan
cer le gauche , & la mefure pour palier lur l'enne-
jni j c'eft quand les deux foibles des deux épées fe
touchent, & celui qui de fon fort pourra toucher le
foible de quelque épée que ce foit , fera toujours
dans h mefure. F.C? En un mot , être à la mefure ^ c'elf
être en diftance pour parer ou pour porter un coup.
Etre hors de mefure , c'eft n'être pas à la diftance qu'il
faut pour le porter , ou pour le recevoir.
On dit aullî ^ rompre la mefure ; pour dire, faire
manquer le coup de (on ennemi en fe reculant. Re-
venir à la mefure. Serrer la mefure , c'eft avancer fur
(on ennemi , le preller. Lâcher la mefure , c'eft re-
culer.
Mesure , en termes de Mufique , ^3" eft le mouve-
ment qui fert à marquer le temps & les intervalles
qu'il faut garder dans le chant ; c'eft Pelpace du
temps qu'on met à haulfer & à b.TJlFcr la main pour
conduire les mouvemens du chant , (elon le genre
de mufiquc , ou le (ujet qu'on chante ou qu'on joue.
Battre la mefure. Obferver la mefure. Chanter , jouer,
aller de mefure. Hâter , prelfer , ralentir la mefure.
Nuw.erus , modulatio , moderatio. La mefure contient
ordinairement une (econde d'heure, qui eft environ le
temp'. du battement du pouls & du cœur : de lortc que
lafyftole, ou contraèlion du cœur répond à l'éléva-
tion de la main ; &: fa diaftole ou dilatation , à l'abaif
femcnt. Elle dure environ autant de temps qu'un pen
dulededeux pieds & demi de long en emploie à faire
un tour&: un retour.
ia Mesure fe règle fuivant laditFcrentc qualité ou valeur
des notes de Mulique ^ félon kfquelles on marque le
MES
temps qu'il faux donner à chaque note. Par exemple ,'
la.femi-èrève dure un lever Se un bailler , & c'eft la
mefure entière. La minime j qu'on nomme blanche ,
dure un lever ou un bailler , Se la noire dure la moitié
d'un lever ou d'un bailler , parce qu'on en fait tou-
jours quatre à la mefure.
La ^\.h3VK^ binaire j ou t/o«We , eft celle où le lever &z le
bailler de la main font égaux.
La Mesure ternaire , on triple , eft celle où le frapper eft
double, ou deux fois plus long que le lever , pendant
laquelle on chante deux notes blanches en frappant ,
& une en levant : Se pour ce fujet on met le nombre
de trois au commencement des règles , lorlqu'on
chante la mefure ternaire , & un c tranché lorfqu'clle
eft binaire , ou égale.
Ce lever ou bailfer de la main , s'appeloit chez les
Grecs , «ot? Se Swïî. S. Auguftin l'appelle Plaufus ,
Se les Elpagnols compas.
La pleine Mesure , eft celle pendant laquelle on chante
quatre notes \ comme aux allemandes , aux gigues ,
&c. Et on dit qu'un homme joue de mefure , quand il
obferve ces mefures Se ces temps. §3° Dans la dan(e ,
on dit de même dan("er de mefure , ob(erver exaéte-
ment tous ces temps en danfant.
En termes de Manège , on le dit auffi des temps ,
des mouvemens , des diftances qu'il faut obferver ,
comme des cadences pour taire agréablement cet
exercice.
§3" Mesure , fe dit figurénient dans le fens moral ,
pour précautions qu'on prend , moyens que l'on
combine pourarriver au but qu'on fe propofe. C'eft
un plan , un arrangement de moyens pour l'exécu-
tion d'un delFein. Il avoit pris fes mefures pour acqué-
rir cette charge -, il avoit mal pris fes mefures , il
avoit pris de fauifes mefures. Dans les atfaires im-
portantes , il faut bien prendre fes mefures pour
n'être point embarrafté pat les difficultés qui peu-
vent naître de la nature Se des circonftanccs de l'af-
faire , ni arrêté par les obftacles qui peuvent venir
d'une caufe étrangère.
IfT Rompre les mefures de quelqu'un , lui faire perdre (es
mefures ; c'eft rompre tous fes delleins Se empêcher
qu'ils ne réullilfent. La perte de la bataille a rompu
toutes les mefures du Général. On rompt les mefures
de la convoitife , Se l'on (auve la fragilité d'une fem-
me en la févrant avec prudence des compagnies qui
pourroient coirompre (es mœurs.
03° Mesure , fe prend encore pour modération, vertu,
qui nous fait garder un jufte milieu en toutes choies.
Modus. Il y a en toutes chofes , même dans la ver-
tu , une certaine mefure qu'il faut remplir , mais
qu'il ne fiut pas combler. Il y a deux extrémités
contraires à éviter ; le défaut Se l'excès. Entre ces
deux extrémités , il y a un certain point marqué par
la nature , un point fixe. Qubd ultra citraque nequit
confijlete rectum. Cum fit ubique \irtutis modus, dit
Sénèque , ttquè peccat quod excedit , quam quod dé-
ficit. Nous devons donc garder de julles mefures en
tout ; avoir toujours la règle à la main pour mefurer
la carrière que nous devons remplir dans le monde,
& le compas pour la circonfcire dans les bornes où
la railbn nous ordonne de nous renfermer. La multi-
tude ne garde d'ordinaire aucunes mefures ni pour le
mal, ni pour le bien S. Evr. Voyez Modus. Un
homme fans règle Se fans mefure , qui n'a ni règle , ni
mefure , eft un homme qui ne fe retient fur rien , ex-
cellîf, déréglé en tout , panicuUèremcnt au fujet de la
dépenle.
0Cr Ne point garder de mefure avec quelqu'un , c'eft
n'avoir aucun ménagement, aucun égard pour lui.
En Théologie , on dit que Dieu a créé toutes chofes
avec poids, nombre Se mefure.
"Pondère , menfura , numéro , Deus omniafecit.
Que du fini à l'infini , il n'y a ni mefure , ni propor-
tion ; que la miféricorde de Dieu eft (ans bornes Se
fans mefure , que J. C. n'a pasreçu l'efprit par mefure;
que chacun fe doit conduire lelon la mefure de (a foi.
MES
il fout que cli.icuii connoiire l.i mcfurc des Jons qu'il
a reçus de Dica. Nie. Les règles ne peuvent rcilrtircr
ceux qui n'ont reçu qu'une médiocre mefure, de Cens
commun. S. Evr.
On dit aulli d'un gtAnd fcélcrat , que l.i inefure croit
pleine , loilquc les crimes ont enfin .urirc fur lui la
juftice de Dieu , ou des hommes. Qumd Uicu en
voy.i le déluge lur la terre , la inefure étoit pleine , la
mefure étoit comble.
fl3' Mesure. Se dit encore du tour , de la proportion
& de li juftellc des penlécs. Modus , proponio. La
védtable grandeur d'une penfce , doit avoir de jullcs
mefures. Tout ce qui excède , cil hors des règles de
la perfeAion. De tous les Ecrivains ingénieux , ce-
lui qui fait le moins réduire fcs pentces à la mcfurc
que demande le bon fens , c'efi: Sénèque. Boun. ,
ffT Mesure. Se dit encore à peu-près dans le même
fcns de ce qui eft étudié , compallé. On dit d'un
homme circonfpeiil , qu'il tait tout avec poids et
mefurc. J'ai fort mauvaife opinion de ces perlonnes
Il concertées , qu'elles ne parlent que par poids &
par mefun. Ici ce mot défigne quelque chofe de trop
compalFc , trop étudié.
Ses gejles compajfés , fes regards de mefure ,
Ne lai{]'ent aucun mot aller à l'avanture.
Corneille.
A Mesure que. Sorte de conjondion , qui veut dire,
félon que , fuivant que , à proportion tk. en même
tcmpsque. Quâ proporûone , Jimul atque. Le tonneau
des Danaïdes le vidoit à mefure qu'on l'emplilloit.
Adl. On vous payera à mefure que vous travaillerez.
Dieu vous bénira à mefure que vous deviendrez hum-
ble. Arn. La vie nous échappe à mefure que nous en
jouilfons. M. DE P. On fe défabufe du monde à mefure
qu'on le connoît. S. Evr.
Il fe met aulfi quelquefois abfolumenr fans que \
mais alors on le met toujours à la fin de la période.
ProporCLonefervatâ. Vous n'avez qu'à travailler , tk on
vous payera à mefure.
Cutre Mesure, Sans Mesure. Façons de parler ad-
verbiales , qui fignifient , avec excès ^ au-delà de toutes
bornes. Ultra modum , prêter rationcm omnem ù jus &
modum ,pr&ter fas. Il a été battu outre mefure. Il pro
digue les biens fans mefure.
On dit aulli , en termes de Pratique , au fur & à
mefure ; pour dire , à mefure que. Un Commis doit
rapporter à fon Maître fon argent au fur & à mefurc
qu'il le reçoit. Ce Maître ne donne de l'argent à fon
Maître d'Hôtel qu'au fiir & à mefure qu'il l'emploie.
F'oye-^f^ l'origine de ce mot à Fur.
On dit proverbialement que les petites mefures ne
reviennent pas aux grandes ; pour dire , qu'en ven-
dant en détail on perd fur les petites mefures.
MESURER. V. a. Chercher à connoître , & connoître
la grandeur j l'étendue d'une quantité , en y appli
quant une autre mefure , ou quantité réglée j certaine
éc connue. Metiri , emetiri , demetiri. |CF Dans la
précifion Mathématique , c'eft prendre une certaine
quantité , &: exprimer les rapports que les autres
quantités de même genre ont avec elle. La Géomé-
trie , eft l'art de mefurer toutes fortes de quantités ,
l'Altimétrie mefure les hauteurs. La Planimétrie , ou
l'Arpentage , ou Géodéde j mefurent les furfaccs , me-
furent la terre. La Stéréméométrie mefure les (olides.
La Trigonométrie /7?e/î^rt; les triangles , plans & (phé-
liques. L'Aftronomie mefurc la grandeur des cieux
& des aftres. L'art de mefurer toutes fortes de gran-
deurs s'appelle par les Artilans Toifé , le Toifé.
Voye-[ ce mot.
Le thermomètre fert à mefurer les degrés de cha-
leur de l'air. Le Baromètre OTi^irê la pefanteur. L'hy-
"gromètre mefure fa fécherelle , ou humidité. Les gra-
phomètres , pantomètres , holomètres, font des inf-
trumens dont on fe (ert pour OTç/i/rer les hauteurs ou
diftances inaccelTibles , & généralement toute forte
de chofes.
ffT On dit mefurer des yeux , avec les yefix. Juger par le
MES 5)67
moyen des yeux , de la diftancc ou de la grandcut
d'un objet. Mefurer des yeux la hauteur d'une tour ,
la profondeur d'un précipice. Il mefure des yeux le
tour que fiit le lolcil. Font. Judkarc oculis , ocuh
judice metiri.
Mesurer , le dit figurément en Morale pour compaiïLr ,
peler , digérer. Moderari ^ponderjre. C'eft un homme
qui n'entreprend jamais rien , qu'il n'ait bien mefuié
toutes choies. Toutes les démarches d un Ambalïa-
deur lont wi^urcr'w & dirigées par la Cour* LaBruv.
03" Cet homme fait mefurer les paroles Se les adtions ,
parle & agit avec lagelle ik. citconfpedion.
Mesurer un homme des yeux; pour dire , Le regarder
avec attention depuis la tête julqu'aux pieds , pour
l'examiner, pour en juger ,& cela fuppole ordinai-
rement une mauvaife intention de la part de celui qui
regarde. Acad. Fr.
Mesurer , le dit aufli pour comparer, mettre en com-
paraifon , proportionner. Metiri , conferre. Il ne faut
pas qu'un Bourgeois fe mefure avec un grand Sei-
gneur , & qu'il fe compare avec lui. C'eft une choie
dan;^;crcule , que d'ofer fe mefurer avec les dieux.
Bens. Il faut mefurer is. dépcnfe à fon bien ; la pro-
portionner à fon revenu. Mithridate mefuroit fes
delfeins bien plus à la grandeur de fon courage j qu'au
mauvais état de fes affaires. Rac. Il ne fe trouve que
trop de gens à la Cour, qui n'ont ni amitié , niaver-
lion , qui ne foit mefurée par leur intérêt. S. EvR.
Quand on ne fait pas OTf/i^r fes entreprifes à fes forces,
metiri fe fuo modulo ac pede , on enut fouventdans
des engagemens téméraires. Nie. Les hommes mefu-
rent la durée de leur paillon à celle de nos attraits.
Corn. Il ne faut pas mefurer l'étendue de la puilFancé
divine à notre foiblelle. Ablanc.
Le Ciel, qui mieux que nous connoît ce que nous fonvncs ,
Melure fes faveurs au mérite des hommes.
Corneille.
IJC? On dit mefurer fon épée avec quelqu'un , avec
celle de quelqu'un , fe battre contre lui.
On dit encore , mefurer les forces contre un au-
tre -, pour dire , faire épreuve de fes forces contre celles
d'un autre.
^fJ" Se Mesurer avec quelqu'un , fiire compara^p>n
avec lui , vouloir s'égaler à lui. Il ne faut pas fe me-
furer avec fon Maître.
On dit en termes deChalTe, qu'un cerf, ou une
autre bête , mefure la forêt; pour dire , qu'il la traverfe
d'un bout à l'autre. Souvent les chevreuils mefurent
deux ou trois lois la forêt.
On dit proverbialement , qu'un homme mefure
tous les autres à fon aune ; pour dire , qu'il juge des
vertus & des vices , des fcntimens d'autrui par les
fiens. Le Seigneur a dit qu'on fera wf/i^t;' à la même
mefure qu'on aura mefure' les autres; pour dire, que
la pareille nous fera rendue. On dit aulîi, lorfqu'il y
a quelque conteftation fur quelque quantité douteule ^
Voilà le boilTeau où on les mefure , en montrant la
règle qui décide la chofe. On dit aulTi , A brebis ton-
due , Dieu mefure le vent ; pour dire , que Dieu nous
envoie les afflictions félon la force que nous avons de
les fupportet , qu'il proportionne fagement toutes
chofes à notre foiblelfe.
MESURÉ , ÉE. part. On dit d'une chofe bien réglée ,
& qui a une jufte proportion , qu'elle eft bien mefu-
rée. Admirons le cours des Aftres fi régulier & fi me-
fure. GoD. Paroles mefurées. Termes peu mefures.
Homme /Tze/i/^e dans les démarches. C'eft un fanfa-
ron de dodtrine & d'éloquence , qui a fait impri-
mer un volume de fottifes mefurées. La Bru. C'eft-
à-dire , de méchans vers. Ce fat marche à pas comp-
tés & mefures : tous fes geftes (oni mefures SsC com-
palfés.
fer On appelle Vers mefures ^ des vers que nos Anciens
ont voulu faire à la manière & avec les mefures des
vers Latins. Ces fortes de vers n'ont pas rculîl. f^ûye:[
Métrique.
^CT On dit que les périodes d'un difeours , d'une ha-
^68 MET
raiiguc , font bien mefurés , pour dire que le ftyle en
ell harmonieux & cadence.
MESUREUR, f. in. Celui qui mefure. llcnfor. A P.iris
il y .a des Mefureuis établis en titre : des Mejurcurs
de charbon , qui doivent exercer leur charge en per-
Ibnne; & des Jurés Mcfurcurs de kl,, qui ont une
chambre à l'Hôtel de Ville , où font gardées tou-
tes les Mcfures de bois dont ils font Icsétalonneurs.
Les Jaugt'urs fontaulli des Mefureurs de tonneaux. Les
Mouleurs de bois , font des Mefureurs de bois à
brûler , qui regardent li i.\ melure eft bonne. Il y a
à .la ville des OlKciers Jurés-Viliteurs & Alefurcurs
d'aux , d'oignons , de noix , & autres fruits : des
Mefureurs de plâtre , qu'on appelle aullî Toifeurs ; des
Mefureurs &: Porteurs de chaux : des Jurés-3Jt/?^-
reurs de grains , qui ont droit de vifiter les grains Se
farines.
MESUS. f. m. Mruvais ufagc , abus. Ahufus. (K? Ce
mot n'cll: pas de l'ulàge ordinaire. On le dit particu-
lièrement des abus & dégradations qui le font dans
les bois , dans les pâturages &c dans les communes.
MESUSAGE. f m. Mauv.iis ufagc , abus. Cotgrave.
On trouve dans les Loix civiles de Daume , Peine du
'neftif'}g^-
1^3" MÉSUSER. V. n. Faire un mauvais uLige d'une
choie , en abuler. Abuti. J'ai eu beaucoup de bonté
pour ce domeftique , il en a méfufé. Il a mefufe de
mes bieni^aits , du fecrct que je lui ai confié.
%f3' Ce terme ne paroît pas propre pour le ftyle noble.
AIESYMNIUM. f. m. Terme d'antiquité. Nom que
les Anciens donnoient à une partie de leur tragédie,
ou à des vers qu'ils employoient dans leurs tragédies.
Mefymnium. C'étoit un refrain tel que lo. Pœan , O
duhyramlie , hymen , o hymenxe , ou quelque autre
icmbiable , qui , quand il le mcttoit à la fin d une (tro-
phe , s'appeloit Ephymnium ; 8c Mefymnium , quand
on l'inféroit au milieu de la ftrophe. f'''cye\ la Poéti-
que de Scaliger j Z. / , c / / .
M E T.
MÉTABE. f. m. Nom d'un homme qui fat mis au
Jiçmbre des dieux. Metabus. Les Métapontins hono-
i j',T' Mctabe comme leur dieu , parce qu'il étoic leur
roii',^.. ^ur.
|Cr MÉTABOLE. f. f. Figure de Rhétorique, qui con-
fifte à répéter la même idée lous des termes difté-
rens. Iteratïo unïus rei , fub varietate verborum. C'ell
dire précilément la même chofede pluficurs manièic;.
Ce pléonalmc n'eft tolérable que dans le langage des
pallions.
METACARPE, f m. Terme d'Anatomie, C'cft la par-
tic de la main qui efl entre le poignet'&: les doigts.
Metacarpus. Il ell compofé de quatre os longs j grê-
les & inégaux. Sa partie interne eft appelée la paume
de la main , iSc l'externe le dos. On nomme aulll
le métacarpe y l'avant poignet , Se en Latin pojlbra-
chiale.
MÉTACARPIEN, f. m. Terme d'Anatomie. C'cfl un
petit mufcle très-charnu, placé obliquement entre le
gros ligament tranfverfal, ou annulaire interne du
carpe , Se toute la face interne du quatrième os du mé-
tacarpe. Metacarpius.
.^ MÉTACHRONISME. f.m. Terme de Chronolo
gie. Efpèce d'anachronilme qui condfte à rapporter
un fait à un temps antérieur à celui auquel il eft
arrivé.
MÉTACISME. L m. Terme de Grammaire. Mctacifmus.
Défaut dans la prononciation de la lettre m. Ifidore dit
que c'eft une m finale , fuivie d'une voyelle , comme
Bonum aurum , Bethléem etoit.
METAFUS. Fo\ei Temendfust.
A-fÉTAGITNIES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Nom
d'une fcte ou cérémonie qui fefiifoiten Grèce à l'hon-
neur d'Apollon. M:ta^eitnia , Metaginta. tfJ" Les
habirans de Mélitc , bourg de l'Atriquc , quirrcrent
le bourg qu'ils hibiroient j & fous les aulpices d'Apol-
lon , i\j allèrent s'érr.blir dms un bourg voifin ; (Jj
parce que cette tranfmigiation fut heureufc , ils don-
M E T
lièrent à Apollon l'épithète de Mérageitnios , comme
qui diroit proteéteur de ceux qui abandonnent leur
pays , pour fe tranfporter dans un pa) s voifin. L'épi-
thète du dicuj donna le nom aux fêtes que l'on infti-
tua en mémoire de cet événement , & de ces fctes il
pr.lla au mois durant lequel on les célébroit. Tour-
REIL.
MÉTAGITNION. f. m. Terme de Calendrier. Nom du
feptième mois de l'année des Athéniens : on croit qu'il
répond à notre mois de Juillet. Plutarque , dans la vie
de Camille , dit qu'il répondoit au mois de Mai des
Romains.
Ce nom , eft celui d'une épithète qu'on donnoit à
Apollon , auquel on faifoit des lacrihces dans ce mois
, là. P^'oye'^ l'article précédent.
MÉTAIL. f.m. Vieux mot. Méteil , blé qiu eft moitié
(cigle j & moitié froment.
MÉTAIRIE, f. f. Habitation d'un Métayer avec Icsloge-
mens convenables pour exploiter les terres qu'on lui
donne à cultiver , loit pour y ferrer les grains j foit
pour y faire des nourritures de bcftiaux. Villa j rujii-
cum , pradium. Il y a tant de terres , de prés , de vignes
dépendantes de cette métairie. La chofe change de
no n luivant les diverfes provinces : en plulîeurs
lieux, on l'a.ppc\\e ferme , domaine ; en d'autres la
grange ; en d'autres baflide ; en d'autres chefil , clofe-
rie , borde , bouriage. Il y a tant de métairies , de fermes ,
de domaines dépendans de cette Seigneurie , ou de
cette Abbaye.
On a dit autrefois en Latin medietaria , d'où le mot
François a été formé, /^o) t^ MÉrAYER.
METAL, f. m. Corps dur & folfile , Se d'une fubf-
tance égale en toutes fes parties , qui fe fond au
grand feu , qui eft duJile &: qui s'étend fous le
marteau. Metallum. Le mc'w/diftère des pierres, en
ce qu'elles fe calcinent , au lieu de fe fondre ; &
des minéraux , en ce que ceux-ci ne font point duc-
tiles j & fe calfcnt au lieu de s'étendre.
03" Ceux qui s'en tiennent à cette définition des mé-
taux, n'en reconnoillent que lix , 1 or , l'argent, le
plomb , l'ét.rin , le ter & le cuivre. Mais les Chimif-
tes J pour laire quadrer le nombre des métaux avec
celui des planètes , ajoutent le vit-argent pour fep-
tième métal , quoiqu il ne loit ni dur , ni duétile.
Dans leur langage myftérieux , l'or répond au So-
leil , l'argent à la Lune , le plo.nb à Saturne j l'étain
à Jupiter , le fer à Mars , le cuivre à Vénus j Se le
vif-argent à Mercure. Ce dernier eftprefque toujours
déhgné par le nom de fa planète. Joachim Beccher
a tait un livre qu'il a intitulé Métallurgie , où il eft
traité de la génération, de la rédudrion & de la per-
fection des métaux. Quelques-uns prétendent qu'il y
en peut avoir plus de lept. Alonfo Barba dit qu'on
a trouvé depuis peu , en Bohème , du bifmuth qui
eft entre le plomb Se l'étain. Quelques-uns appel-
lent le régule d'antimoine. Se le iputer, des demi-
métaux. Borrichius a fait un traité de l'art de décou-
vrir les métaux , intitulé j Docimaflice metallica ;
Se Kunllel une Diifertation fur les felsdes Métaux ,
De falihus metallorum _, prjfertim a:tri & mercurd y
à Leipfick.
IJCT On divife les métaux en parfaits , qui font l'or &
l'argent ; & en imparfaits , qui lont le fer , le cuivre,
l'étain , le plomb Se le vif argent.
?îCr On appelle les premiers M:taux parfaits , parce
qu'ils n'éprouvent aucune altération de la part du feu,
qui peut bien les mettre en fulion , mais non les cal-
ciner , ou les changer en chaux , ou en dilîiper quel-
que partie, à la diftércnce des autres que le feu dé-
compofe à la fin j détruit & dilhpe en parties.
SfJ" A l'égard de 'a formation des Métaux , plulîeurs
croient , avec Stahl , qu'ils ont été créés dès le com-
mencement du monde , ainlî que les filons métalli-
ques. D'autres penlent qu'ils fe forment tous les
l'ours dans le (cin de la terre par la réunion des par-
ues élémentaires, ou des principes qui diivent en-
trer dans leurs différentes combinailons. Ils aioucenc
que ces molécules élémentaires , imparfaites dsiis leur
origine , le mûiiilcnt & le perfcifionnent par la fer-
mentation ,
MET
mcntation, & deviemienc propres à former les métaux.
Pour ctre en ct:U de décider cette queftion , il fau-
droit prendre la nature jur le fait.
Métal , fc dit aullî de ce qui clt mélangé de divers
métaux , comn^e. du bronze, de la fonte. A qui les
hommes pouvoiert-ils mieux confier l'immortalité de
leur nom , qu'à ces métaux iur lelquels le temps ne
peut rien.
// vit l'homme hypocondre ,
Adorer le métal que lui-même il Jît fondre.
BoiLtAU.
Et l'on appelle un miroir de métal , ce que le Vul-
gaire appelle miroir d'acier , par oppolîtion à ceux de
verre. Il fe bit d'un mélange de cuivre & d'étain.
Eh particulier , le cuivre rouge fondu avec vingt-
deux à vingt-trois livres d'étain fin par quintal , eft
appelle métal ; & c'eft: celui dont on fait taire les
cloches. BoizARDj Part. I , c. 2j.
Voici la différence du poids des métaux , félon MM. de
l'Académie des Sciences.
Ze Pouce cube. Onces. Grains. Gros.
D'or, . , . . iz. . . . 2. . . . ji.
De vif-argent, . 8. ... 6. ... 8.
De riomb, . . 7. ... 3. ... 30.
D'argent, ... 6. . . . J. . • • iS.
De cuivre , . . j. ... (5. ... 36.
De fer ... . 5. ... i. ... 14.
D'étain , . . . 4. ... 6. ... I7.
MÉTAL , en termes de Blafon , fc dit de l'or Se de l'ar-
gent , repréfenté par le jaune Se le blanc. Quand on
voit métal fur métal dans un écu, on dit que les ar-
mes font faulfcs , ou plutôt à cnqucrre , loit parce
qu'elles font contre les règles ordinaires , iSc qu'el-
les pourroient bien être faulfes ; foit parce qu'elles
ont été ainh établies , en mémoire de quelque grande
aftion, dont on renouvelle le louvenir toutes les fois
qu'on s'enquerre, ou on s'informe delaraifonde ces
armes. L'écu pondue par le Graveur repréfenté l'or ;
& quand il eft tout à-fait blanc Se uni , il repréfenté
l'argent.
Prince Métal , ou métal de Prince. Compofition de
cuivre & d'étain , qui relfemble à l'or par \? cou-
leur. Metallum Prbicipis. On dit qu'elle efl: de l'in-
vention du Prince Robert (Palatin) pendant qu'il
croit en Angleterre.
MÉTAL, f. m. Terme d'Architefture. On nomme ainfi
l'alliage du plomb avec un cinquième d'étain , dont
on fait des figures , des chapiteaux , des bas reliefs ,
& qu'on peint en or , en bronze , ou autre couleur.
Ce mot vient du Grec |Kîtkw« ^ qui fignifie toute
niatière dure , & pourtant fufible. Ainh le plomb
eft un métal , parce qu'il eft fuiîble , quoiqu'il (oit
dur hors du feu; & le marbre n'eft point métal ,
parce que ce corps dur ne peut fe fondre & liqué-
fier au feu, mais y refte toujours fec & en repos.
On fait venir du Grec le mot métal , foit de f-^ «»>«,
poji alia ; parce qu'on a trouvé les métaux après les
autres chofes, foit de ^^irv.■>ia<l , qunrere , parce qu'il
faut chercher & creufer bien profondément en ter-
re , pour trouver le? métaux les plus précieux , com-
me l'or & l'argent.
MÉTALENT. f. m. Défaut de talent, manque de dif-
pofition , inhabilité. Un Anglois (ort de Ion carac-
tère quand il fe montre fur le ton de l'agréable ou
du plaifant , & fait produite des contorlîons à fon
génie. Ses agrémens grnnacent , Se marquent du
métalent dans l'art de s'embeUir. Ce mot n'a pas
fait fortune.
^ MÉTALEPSE. f f. Terme de Grammaire Meta-
lepfis. C'eft une figure de Rhétorique par laquelle
on explique ce qui fuit , pour faire entendre ce qui
précède ; ou ce qui précède , pour faire entendre ce
qui fuit : ou par laquelle on prend l'antécédent pour
le conféquent , ou Icconléquent pour l'antécédent.
Tonii y.
MET
c)G^
Fixit j il a vécu y pour dire , il eft mort. Voilà
l'antécédent pour le conléqucnt. Nous le pleurons ,
pour dire j il eft mort j voila le conféquent pour
l'antécédent.
CiS" MÉTALLEITÉ. f f Terme de Chimie par lequel
on délîgne l'état des métaux qui ont les propriétés
qui les caraftérifcnt , la duétilité ; la pclantcur ,
l'éclat Se par oppofition à l'état où ils font quand iU
ne paroillent pas fous la forme métallique , mais
dans l'état de chaux , de mine , &:c.
MÉTALLIQUE, adj. m. & f Qui concerne le métal.
Metallicus. On tire de très bons remèdes des corps
métalliques. On ne peiu peindre en émail qu'avec
des couleurs métalliques qui viennent des métaux ,
ou qui fe font avec des métaux , car les autres n'en-
durent pas le feu. Il y a un beau traité de l'Art
Métallique de Don Alonfo Barba , qui a été long-
temps au Pérou.
|p° MÉTALLIQUE eft aulTi fubftantif féminin, hdi Métal-
lique. Alors ce terme eft fynonyme de Métallurgie.
Voye\ ce mot Traité de la Métallique.
MÉTALLIQUE , adj. m. Se f. Qui regarde les médailles.
Numifmaticus. Le P. Romani a fait l'Hiftoire Mé-
tallique des Papes , en deux volumes in fol. en 1700.
La France Métallique eft un livre de médailles U
plupart imaginaires , inventées par Jacques de Rie ,
Graveur j qui fe quahfioit Calchographe , Se qui les
a publiées comme tirées de divers cabinets curieux ,
où elles ne furent jamais, Mézeray Se plufieurs au-
tres y ont été trompés. M. Bizot a fait l'Hiftoire
Métallique de Hollande. On appelle Hiftoirc Mé-
tallique celle où l'on prouve les grands évènemens
par une fuite de médailles frappées à leur occafion.
Science Métallique.
|Kr MÉTALLISATION. f. f. Terme d'Hiftoire natu-
relle. Corps converti en métal , ou l'aition de le
convertir en métal. La phipart des metallifations ne
font qu'apparentes.
%fT MÉTALLISER. v. a. Terme de Chimie. Doimer
la forme , les propriétés métalliques à quelque fubf-
tance , fe métalUfer , fe convertir en métal. Les
cabinets des Curieux font pleins de divers corps
étrangers métallifis. Nautilles métalUfés , qui pa-
roillent fous la forme métallique.
Ip- MÉTALLOGRAPHIE. f. f. Ce mot fignifie pro-
premenr la defcription des métaux ; mais on le
prend pour la connoiUance, la kience des métaux.
Traité des Métaux. La Metallographie de Webfter.
MÉTALLURGIE, f. f. Eft une partie de la Chimie
qui traite des métaux : c'eft la fcience ou art de
ifT les tirer de la mine , de les féparer des fubftan-
ces avec lefquelles ils font mêlés , de les préparer
& dépurer , & de les rendre propres aux différens
ufages de la vie. C'eft la même chofe que l'art mé-
tallique, ou la maxWiqvit.Metallurgia.L'ïnvcnÙQn
de la métallurgie eft due à Tubal Caïn , fils de La-
mech. C'eft lui qui le ^sremier a travaillé fur le fer
Se fur l'airain , Se qui en fit des armes pour la
guerre , Se des outils pour l'Agriculture. Hermès eft
appelé Trifmégifte ou triple maître , pour montrer
qu'il a donné la connoillance de rrois grandes fcien-
ces , dont la métallurgie qui eft la première , a
fervi de fondement aux deux autres. Beneton d£
Perrin. Joachim Beccher a fait un traité de la gé-
nération , de la réduftion Se de la perfedion des
métaux, qu'il a intitulé Métallurgie.
Le Télefcope , la Machine pneumatique , Se le
Microfcope , font dans l'Aftronomie , & dans la
Phvfique univerfelle , ce qu'eft le fourneau dans la
Métallurgie, ce qu'eft le levier dans les Mécaniques ,
ce qu'eft le compas dans la Géométrie. Tous les
jours ils nous font apperccvoir , foit dans l'ordre des
Cieux , foit dans le tilïu des corps , foit dans les
rapports des différentes parties de la nature à nos
befoins , une foule de vérités qu'on ne connoilloit
pas, ou les preuves évidentes de ce qu'on entre -
voyoit avec incertitude , p. 4S4- 4SS-
Ce mot eft compofé de ,^i/a»o' j métal , & 'tfr" ,
ouvrage. Col ce Villars.
Gggggg
970 MET
MÉTALLURGISTE, f. m. Qui travaille aux métaux.
Les connoillances ulucUes étoicntpielque toutes ren-
fermées parmi les Mécallurgijles, qui faute de guide &
de bons principes , donnoient louveht dans de grands
travers. Speclacle delà Nature , corn. IF. p. 41 4.
George Agncola efl: le premier Métallurgifle qui
foit en ellimc , &c qu'on puillè dire original. Traité
de Lithologie , par M. Dargenville ; p. i ::.
METALOGIQUES. f. m. pi. C'ell le nom que Jean de
Sarisbcry a donné à un de fes ouvrages ^ comme
Ariftote a donné à un des iîens celui de Métaphy liques
au pluriel. Methalogic. Les Mctjlogiques de Jean
de Sarisbéry font une apologie de la bonne dialedi-
que , Se de la véritable éloquence. Fleury j Hijl.
Ecdéf. T. XF. p. 71.
MÉTAMORPHISTE. Nom de Sefte. Metamorphlfta.
Les Mctamorphifies font des Hérétiques du XVF.
liccle , qui diloient que le corps de J. C. s'étoit
changé & métamorpholé en Dieu dans le Ciel. On
les nomme audi Transformateurs. Ce font les mê-
mes que les Ubiquitaires.
MÉTAMORPHOSE, f. f. Transformation d'une per-
fonne ; changement d'une forme en une autre. Me-
tamorpkofis ^forrriit, iriimutatio. On ne le dit au pro-
pre que des changemens que les Payens attribuoient
à leurs dieux. Il y a de deux fortes de métarnorpho-
fes , les unes apparentes , & les autres réelles. La
métamorphofe de Jupiter en taureau , la métamor-
phofe de Minerve en vieille , font du nombre des
apparentes , c'eft à-dire , que ces divinités ne con-
fervèrent pas la nouvelle forme qu'elles prirent. La
métamorphofe de Lycaon en loup , la métamorphofe
d'Arachné en araignée , font du nombre des réel-
les. La plupart des métamorphofes cachent des lens
allégoriques , foit pour la Phylique , foit pour la
Morale. Quand on veut parler du temps fabuleux ,
on dit au temps des Métamorphofes.
Ce mot vient du Grec feTO^nçï^B-? , qui eft formé
de la prépofition Ai^'à, qui marque & lignifie cAa«
gement , palTage d'un lieu , d'un état à un autre, &
de iKoç^i , qui veut dire forme j figure.
Ce mot fc dit aulli du Po'cme qu'Ovide a com-
pofé fur le (ujct des métamorphofes. Ovidii méta-
morphofes. Ainii on dit les métamorphofes d'Ovide.
On appelle aulîî métamorphofes ^ divers petits Poè-
mes , qui ont été compofés à l'imitation d'Ovide
fur divers changemens , comme la métamorphofe
des yeux de Philis changés en aftres. Un Jéfuite a
fait autlî des métamorphofes facrées ; comme celle
de la femme de Lot en ftatue de fel , de Nabucho-
donofor en bœuf , &c.
Métamorphose , (e dit aullî au figuré du change-
ment extraordinaire dans les mœurs , dans la for-
tune de quelqu'un. Morum , flatùs , conditionis
mutatio , immutatïo. Cet homme étoit fort libertin ,
& il cil devenu tort dévot i voilà une étrange mé-
tamorphofe. La vanité eft capable de toutes fortes de
métamorphofes. La Rochef. Ce Traitant étoit il y
a vingt ans perché derrière un carrolle : aujour-
d'hui il eft traîné dans un fuperbe équipage. Quelle
métamorphofe. Vous verrez avec le temps bien d'au-
tres métamorphofes ; pour dire, des changemens.
MÉTAMORPHOSER, v. a. Transformer , changer
d'une forme en une autre. Novam formam ïnducere ,
transformare. Niobé fut métamorpkofée en rocher.
Diane métamorphofa Aéléon en cerf.
MÉTAMORPHOSER, avcc le pronom perfonnel j fe dit
figurémcnt des perlonnes j iS: des choies qui ne font
transformées qu'en apparence -, mais qui (ont néan-
moins dcguilées en telle forte , qu'elles font abfolu-
ment méconnoiirables , jufqu'à ne conferver aucun
des traits qu'elles avoient auparavant. In aliam fi-
guram commutare. C'eft aiiih qu'il eft dit queJupi
ter fe métamorphofa en taureau , en cygne , en pluie
d'or, pour jouir de (es maitrcftcs. Prothée (e mcta-
morphofoLt en toutes lortes de figures. Platon a (ou-
teiw que l'Etre infini ne fe peut jamais métamorpho-
Jer, ni prendre une autre forme que la (lenne , parce
que s'il paroIlFoiç fous une autre forme que la ikn
MET
ne, il mentiroit en paroillànt ce qu'il n'eft pas. Dac.
MÉTAMORPHOSER , Ic dit cncore plus figurémcnt de
ceux qui (e déguifent en changeant d'habits ou de
manières , qui font toutes lortes de perlonnages , &
qui jouent toutes (brtes de rôles. L'amour propre
fe métamorphofe en toutes fortes de figures. La Roc.
Formas omnes induit. Cet homme impofe au public
par la phyfionomie , & métamorphofe fon extérieur
comme il lui plaît Vill. Cette orgueillcutc Secte
qui fe paroit d'infcnfibilité , a été acculée par toutes
les autres de vouloir métamorphofer les hommes en
fèatues. M. Se.
MÉTAMORPHOSÉ, ÉE. part.
MÉTANGISMONITE. f. m. &c f. Nom de Sede.
Metangifmonita. Ces hérétiques diloient que dans
la Très- Sainte Trinité le Fils étoit dans le Père , com-
me un va(e eft dans un autre va(e ; ce qui s'appelle
en Grec métangifme , (uruyyiefi.ç ^ d'où leuc étoit
venu le nom de Métangijmonites.
MÉTAPÉDE , ou METAPÉDIUM. f. m. Terme d'A-
natomie. C'eft la même choie au pied , que le mé-
tacarpe à la main. Harris.
^ MÉTAPHORE, f. f. Figure de Rhétorique qui
fuppofe une elpèce de comparaifon j & par la-
quelle on tranfporte un mot de fon (ens propre &
naturel à un autre qui ne lui convient qu'en
vertu de la comparaifon qui eft dans l'elprit. Me-
taphora , tranflatio. Quand Homère , par une Mé-
taphore heurcufe , appelle les Rois Pafieurs des
peuples , le mot de Pajleur pecd (a iîgnification pro-
pre &c primitive pour en prendre une nouvelle qui
ne fe préfente à l'elprit que par la comparaifon
que l'on fait entre le fens propre de ce mot , &
ce qu'on lui compare. Quand je dis la lumière de
l'efprit, c'eft une métaphore. L'eftet des moyens mo-
raux eft comparé à l'eftet des moyens phyfiques.
La lumière dans le fens propre nous fait voir les
objets corporels. L'entendement , la conception ,
l'intelligence éclaire l'efprit Se le met en état de
porter des jugemens (ains.
ifJ" Pour rendre le dilcours plus coulant &z plus élé-
gant y dit l'Auteur de l'Eftai fur les Hiéroglyphes ,
la fimilitude a produit la métaphore qui n'eft autre
chofe qu'une fimilitude en petit. Car les hommes
étant aufll habitués qu'ils le (ont aux objets maté-
riels i ont toujours eu befoin d'images fenfibles pour
communiquer leurs idées abftraites. La métaphore ,
dit-il encore , eft duc évidemment à la groilîèreté
de la conception... Les premiers hommes fimples
& grofîîers , plongés dans les lens , ne pouvoient
exprimer leurs conceptions imparfaites des idées
abftraites , !k les opérations réfléchies de l'enten-
dement , qu'à l'aide des images fenfibles qui , au
moyen de cette application jdevenoient métaphores.
Telle eft l'origine de l'exprefllon figurée.
§3" Il faut encore remarquer que nous avons plus
d'idées que de mots. Cette dif ette de mots pour cer-
taines idées que nous voulons exprimer donne lieu
à plufieurs métaphores. Nous difons , un cœur ten-
dre , un cœur dur , un rayon de miel , un ravoii
de roue , un rayon de fbleil , un rayon d'efpéran-
ce J &c. l'imagination fupplée par les images Se
les idées acceffoires aux mots que la langue lui
fournit, & fouvent ces images & ces idées acceffoi-
res font plus agréables à l'efprit , «îi: rendent quel-
quefois le difcours plus énergique que ne le feroient
les mots propres. Comme la métaphore eft inventée
pour mettre les objets devant les yeux , elle efl
d'autant plus parfaite, qu'elle les marque plus vive-
ment , en les repréfentant en mouvement , & en
aftion. Les métaphores ne doivent avoir rien de
rude, ni d'écarté ; rien qui s'élève au-defFus de la
lîmplicité du naturel ; enforte qu'elles ne paroiflent
métaphores qu'à ceux qui les regardent de près.
BouH. Les métaphores doivent être luivies dans le
même genre : elles font vicieufes fl on les prend de
deux chofes différentes. Id. C'eft le propre des mé-
taphores de relever «Se d'ennoblir les exprefjîons
b.;lléi. Le P. Bouhours dit dans les nouvelles Re-
<
I
V
MET
marques, qu'un des artifices de Voiture pour atrii-
lonner les proverbes les plus hdcs, étoit de les rcii-
verfcr , & de les détourner de leur figniiication
ordinaire , par le moyen de la métaphore. Il n'y a
rien de plus agréable qu'une inicaphore bien fui-
vie, & rien qui le l'oit moins qu'une mctaphorc trop
poudée. BouH. Les mctavhorcs ne doivent pas être
poullees trop loin : autrement elles dégénèrent en
ce qui s'appelle froid , dès qu'on n'y garde point de
mefures. Cela s'entend h l'on parle fériculement ,
& fur un ton grave. Car li l'on badincj oui! l'on
plaifante , il eft permis de s'émanciper davantage.
Les penfées les plus taullcs ^ les plus outrées ne
lailfent pas quelquefois d'avoir un fcns vrai. Bouh.
Les métaphores ne lont pas au gré de notre langue ,
fi elles ne font fort modeftes. Le Cardinal du Per-
ron prefcrit cette règle pour les métaphores ; c'eft
qu'elles defcendent du genre à î'efpècej & qu'elles
ne doivent point remonter de l'elpèce au genre. On
dit rigurément , les liens de la lociété ; mais non pas
les cordes liumaines qui nous attachent les uns aux
autres , parce que lien ell: un genre , & corde e(l
une efpèce. S. Auguftin , & les Théologiens à fon
exemple, ont appelé par figure & par métaphore la
manducacion du Sacrement accompagnée de foi,
manducation Ipirituelle. Pelisson.
0Cr La métaphore eft: une clpèce de comparaifon qui
fe tait dans l'clprit. Quand on dit d'un homme en
colère , qu'il eft comme un lion , c'eft une vraie
comparaifon y parce que les termes annoncent qu'on
compare une chofe à une autre : mais h l'on dit
lunplemenr que c'eft un lion , c'eft une métaphore ^
parce que la comparailbn eft dans l'efprit , & non
dans les termes. Il faut qu'une métaphore fjit natu-
relle , vraie , Uimineufe , & qu'elle échappe à la
paffion. Pour être bonne ; elle doit être une image
qu'on puilfe peindre.
^JC? Une comparaifon direfte n'cft point convenable
à la Tragédie. Les perlonnages ne doivent point
être Poètes ; la métaphore eft toujours plus vraie ,
plus palllonnéc.
Ce mot vient du Grec /ismipaç-à , qui fignifie dé-
placement , ou tranflation , de «"« , éc Çi^a.
MÉTAPHORIQUE, adj. m. & f Qui appartient à la
métaphore. Mjtaphoricus , tranflatus , tranflatitius.
Une exprelfion métaphorique , un dilcours métapho-
rique , une beauté métaphorique , telle que décrit
Sorel dans fon Berger extravagant. Les Pères expli-
quent la Bible par des fens métaphoriques & allé-
goriques qui font infinis. gCF Le fens métaphorique
eft celui qui réfulte des termes pris , non dans leur
fignification naturelle & grammaticale , mais félon
ce qu'ils repréfentent & ce qu'ils figurent dans l'in-
tention de ceux qui s'en fervent. J. C. eft nommé
.Agneau , pour faire entendre qu'il a toute la dou-
ceur d'un agneau. On donne à Dieu des mains &
des yeux , qui font les emblèmes de la Science & de
la Toute-puUlance.
Il doit y avoir dans les locutions métaphoriques
une efpèce d'unité, de forte que les mots dilïcrens
dont elles font compofées , aient de la convenance
entr'eux : car rien n'eft plus irrégulier que de join-
dre enfemble des idées j ou diverfes, ou contraires,
qui diffipent l'efprit , & qui lui font prendre le
change. Par exemple , l'Eglife étoit affiégéc par un
déluge d'hérélîes. Voilà deux images, àcjïé^e , Se
de déluge , qui n'ont nulle proportion. C'eft palfer
tout d'un coup d'une métaphore à une aurre. Bouh.
Quand on traduit un livre Latin , il faut rendre les
façons de parler métaphoriques , pur d'autres termes
métaphoriques ■ or , comme il arrive très fouvent
que les mêmes métaphores n'ont pas lien dans les
deux langues , le Traducteur eft obligé de chercher
d'autres métaphores que celles qui répondent préci-
fément & littéralement aux mots. Dan.
MÉTAPHORIQUEMENT, adv. D'une manière figu-
rée tk métaphorique. Metaphoricè , tranjîatè. Il y a
bien des endroits de l'Écriture qu'il ne f:;ut pas pren-
Tome y.
M E T
97t
dre au pied de la lettre , mais expli(]uer métaphori-
quement.
MhTAPHOKISTES. f. m. pi. Nom qui fut dgnné à
des Hérétiques qui (outenoient les opinions de Da-
niel Chamier. Cétoit un Miniftre de .Vlontauban.
MI':TAPHRASE. f f. Métaphrajis Interprét.uion. Voy.
l'article iuivant.
ME r APHRASTE. i. m. Celui qui interprète un Auteur.
Métaphrafies. Ménage , dan-, l.i Requête des Diction-
naires , a appelé Bmdouin le Metaphnijle , à caulc
que c'étoit un grand Traduaeur. Mctaphrafc ligni^
, de quelque chofe de plus que Paraphrafe Ik. 1 ra-
diiction. Ainfi Métaphrajlc veut dire tout à la fois
Tradudeur , Gloll.ucur , <^ Interpolateur. Baillet.
Métaphraste, le dit en particulier d'un ancien Au-
teur Grec qui nous a donné beaucoup de vies des
Saints , tk fon autorité eft un peu décriée parmi les
Critiques , parce qu'on prétend qu'il a ramalfé fans
beaucoup de choix ce que les autres avoient écrit
avant lui. Métaphiafle , tout Métaphrajlc qu'il eft,
dit M. Baillet, &c.
MÉTAPHYSICIEN, f m. Qui s'attache à la Méta-
phyliquc , qui fait la Méraphylîque, C'eft un bon
Métaphyjlcien. Le Métaphyftclen confidère les pre-
miers principes des connoillànces, les idées univer-
fclles, &c. AcAD. pp.,
MÉTAPHYSIQUE, f. f. Science qui ?çr traite des
premiers principes de nos connoillànces , des
idées univerfelles , des êtres fpirituels; dernière par-
tie delaPhilofophie, dans laquelle l'efprit s'élève au -
dcllus des êtres créés & corporels , s'attache à la
contemplation de Dieu , des Anges , & chofes fpi-
rituelles, & juge des principes des Sciences par abf-
tradion , & en les détachant des chofes matérielles,
Metaphyfica. Ariftote a écrit plufieurs Livres de
Métaphyfique. Si le P. Mallebranche , Ik. M. Locke
ont laillé encore bien des ténèbres dans une ma-
tière .luftî abftraite que la Métaphyfique , ils l'ont
du moins traitée autrement que les Anciens, & en
ont parlé avec plus de clarté, Ik. avec plus d'intel-
ligence. S. ÉVR.
On l'appelle aalîî Théologie naturelle , ou fcience
générale; ik c'eft comme le tronc ou la racine de
toutes les Sciences. Son objet eft l'Être en général,
entant qu'il eft féparé de toute matière , foit réel-
lement , loit par la penfée.
M. Du Hamel prétend que ce nom a été formé
par les Sedateurs d'Ariftote , & qu'il lui a été tout-
à fait inconnu.
Ce mot vient de f'-« »« (pwix.a ^ ce qui eft après
les livres de Phyfique. Il y en a qui expliquent la
propofition A'«-«= dans un autre fens, ik qui dilenc
qu'elle fignifie d.ans ce mot , au delà , au-dejjus ,
parce que les matières que traite la Métaphyfique
lont au de (fus de celles que traite la Phyfique.
MÉTAPHYSIQUE, adj. m. & f. Qui appartient à la
Métaphyfique , qui eft de la Metaphyficue. Méta-
phyficus. Les Degrés métaphyfiques. Delcartcs a fait
des Méditations métaphyfiques où il y a de fort bonnes
chofes. Connoillance métaphyfique. Certitude méta-
phyfique. Voyez Certitude.
MÉTATHYSiciOE , fe dit aulîî de ce qui eft abftrait ,
tropfubtil. Subtilior ,nimis abfiracîus. Ce raifonne-
ment-là eft bien métaphyfique. Des preuves abftraités
& métaphyfiques. Nie. \]n cas métaphyfique eft un
cas qui n'eft point réel , qui ne peut arriver que fort
difficilement , Se qui ne doit point fervir de règle
pour la conduite de la vie.
MÉTAPHYSIQUEMENT. adv. D'une manière méta-
phylique. Cela eft écrit , traité métaphyliquemenc
Méthaphylicè.
MÉTAPHYSIQUER. v. a. Traiter un fujet métaphy-
fiquement, d'une manière abftraite. On rend odieufes
les paftîons défendues dans les écrits même qui font
faits pour elles, à force de les métaphyfiquer. Mém. de
Trev. Juin. 17 3j. C'eft un mot nouveau, dont on
n'a trouvé que ce leul exemple.
MÉTAPLASME. f m. Terme de Grammaire. Tranl-
mutation , transformation. Tranfmutatio ^ mctaplaf-
Gggggg ij
f7^ MET
mus. Ce changement fe foie en ajoutant , ou en utaiit ,
ou en changeant j (bit une lettre , ioit une Ivilabe.
^CT Lf MÉTAPLASME par addition fe bit aii comnicn
cernent , ou au milieu , ou à la iin d'un mot j ce qui
produit trois Hgures diftérentes , la pioftèfe , l'éptn
thèl'c & laparagoge. F'oye^ ces mots.
fC? Le MÉTAPLASME par roulhadion ie fait de mcivc
au commencement, ou au milieu, ou à laHn d'un
mot , d'où rclukenr l'aphércle , la lyncope j &c l'a-
pocope. Fbye^ ces mots.
•Le Metaplasme par immutation donne l'Antithèli _,
quand une lettre eft mife pour une autre , comme
ûlà pour i/ii , ou la Métathèfe , quand l'ordre des
lettres eft tranfpofé , comme Hanovre pour Ha-
nover. Voye^ Antithèse & MétathÈse.
Ce mot vient du Grec ^iraoAair^of , transformaûo.
MÉTARO. Voyci Métro.
-MÉTAPONTE. Metapontum ou Metapontium. Ville
d'Italie dans la grande Grèce , fur le goltc de Luca-
nie , aujourd'hui le s;olfe de Tarente.
METAPTOSE. f. f. Metaptofis. C'eA la mcme chofe
que MÉTASTASE.
MÉTARRY. r. f. Terme des Salines de Salins en Fran-
che-Comté. C eil le nom qu'on donne , ou qu'on
donnoit autrefois à une femme qui tfS cil occupée
à détremper le fel en grain avec de k rauire , à en
remplir une écuelle ou une melure de bois, pour
le préfcnter à la Fallary. Voyc\ ce mot.
MÉTASTASE, f. f. Metaftafis_. l'erme de Médecine.
Changement d'une maladie en un autre qui lui (uc-
cède immédiatement. Ce changement te hiit par le
tranfport de la matière morbifique dans un autre
endroit que celui qui étoit le foyer de la maladie.
La métaflafe ed: une efpèce de crife qui eft bonne
ou mauvaife. La bonne eft celle qui fe fait du de-
dans au dehors fur quelque partie éloignée , dont
l'indifpodtion n'a rien de dangereux pour la vie.
C'eft ainfi que des fièvres aiguës &: malignes fe ter-
minent quelquefois par des dépôts &: des abcès lur
quelque partie externe. La mauvaile métaftafe fe fait
du dehors au dedans, comme il arrive dans la gale
& la petite vérole rentrée , dans la goutte remontée ,
dans la délitcfcence des tumeurs j où elle palle d'im
vifcère à l'autre , Se fait naître une nouvelle mala-
die non moins tàcheule que la première. Quelques
Médecins prétendent que la métajiafe eft toujours
dangereufe , mais que la métaptofe peut être (alutaire
ou dangereufe. Ils appellent la bonne dïadoche.
Cette diftinéfion ne répond point à l'étymologie de
ces deux mots qui (ont Grecs , & qui viennent
de |H£nSi)^i 3 &: l'autre de ftiram-sjlui , qui lignifient
■muto , vel in pqus , vel in melius. Je change en pis
ou en mieux , je palfe d'une efpèce à un autre. Col.
DE ViLLARS.
MÉTATARSE, f. m. Màatarfus. Terme fC? d'Ana-
tomic. C'eft la partie du pied qui eft entre le cou du
pied Se les orteils. Il eft compofé de cinq os.
MÉTATARSIEN, f. m. Terme d'Anatomie. C'eft une
malle charnue (îtuée fous la plante du pied. Elle eft
attachée d'une part à la partie intérieure de la grande
tubérofité du calcaneum; delà elle fe porte en de-
vant , & fe termine par une efpèce de tendon
court , qui s'attache à la tubérofité & à la partie pol-
térieure de la face inférieure du cinquième os du mé-
tartafe. Metatarjius , de ,«"« , après , &c -m/m tarfe.
DicT. de James.
MÉTATHÈSE. f. f. Tranfpofition , figure grammati-
cale , qui fe fait par une tranfpofition de lettres dans
un mot , ou de mots dans un difcours. Mctathefîs ,
tranfpojido. Profil pour potfil , Epervier pour Epre
vier , bcrlan , pour brelan.
Ce mot vient du Grec fftiHtric,
MétathÈse. Terme de Médecine. Tranfport ou chan-
gement de place. On le lett de ce mot en parlant
des caufes morbifiques , que l'on tranlporte dans les
lieux où elles ne peuvent pas cauler beaucoup de
dommage, quand on ne peut point les évacuer. La
mécachè/c d'une citaratle conùfte dans l'opération
MET
par la.iLieilc on 1 abat , pour qu^'clie ne puilTe plus
intercepter les rayons de la lumière.
MtlAYLR. f. m. Prononce/, métcicr. Qui cultive Se
lait valoir des terres , ou une métairie , Ioit à prix
d'argent , Ioit à moifon , ou à moitié huits , loir
comme domcftique au profit du maître. En quelques
lieux on les appelle Métuys ; en d'autres Menviers.
Villicus i colonus aluni prmdii.
£Q"' Le Métayer eft proprement un Fermier qui re-
tient la moitié de la récolte, & donne I autre au
propiiétaire de la terre. Les anciens Junkoniultes
les nwmmcnt coloni partiarii. Et dans quelques vieux
contrats rcdijcs en latin ils font nommés medietaru ,
à caulc du partage des fruits qui fe fait entre le Fer-
mier partiaux <k le propriétaire du fonds ^ qui les
rend comme aflociés. Palquier. Kcch. L. 7.
Ces mots viennent de Mtiie.tanus &c de Medietas,
parce que le FcrmicT prend la moitié des truits. En
Droit on les appelle Fermiers partiaires.
On a dit Se écrit autrefois. Mîflayer Se Me/loyer.
METE. f. f. "Vieux mot. Borne , frontière. Du Latia
meca , qui veut dire la même chofe. tfJ' Ce terme
eft uhré dans quelques coutumes pour fignifier le
territoire d'un Juge j d'un Officier de Juftice , d'ua
Sergent. Un fergent ne peut exploiter qu'es meccs de
fa Jurifdidion , c'eft a-dire dans l'étendue de fon
territoire.
fC? Les Encyclopédiftes remarquent qu'il faut dire mecet
& non pas melti , comme l'écrit le Dictionnaire de
Trévoux. Il eft très vrai qu'il iaut écrire mete\ mais
il n'eftpas ir.oinsvrai que le Didionnaire de Trévoux
écrit mete Se non pas mette. C'eft au moins ainli que
ce mot eft écrit dans la dernière Édition que je cor-
rige aujourd'hui.
MÉ'TECAL. 1. m. Elpèce de ducat d'or qui le frappe
à Maroc & dans quelques autres villes de ce Royaume
& de celui de Fèz.
MÉTÉDORES. f. m. pi. Terme Efpagnol , particu-
lièrement en ufagc à Cadix , où il lignifie des efpèces
de br.ives qui favoritent la fortie de cette ville aux
barres d'argent que les Marchands ont été obligés d'y
faire débarquer à l'arrivée des gallions ou de la Hotte
des Indes. ^fT Moyennant un pour cent de tous les
effets qu'ils peuvent lauver aux marchands , ils s'ex-
pofent aux rifques qui peuvent naître de cette contre-
bande.
MÉTEIL. f. m. Dans les provinces le petit peuple dit
metau. C'eft du bléj moitié feigle & moitié froment.
Le meilleur froment bile toujours d'année en année,
& devient enfin meteil. Le blé de dixme eft du blé
méteil. On n'eft obligé de payer les fermes de dixmes
Se de champarts qu'en hXc-méteil. Le gtos méteil , ou
bon méteil ^ eft celui qui eft plus gras , ou plus fort
de froment que de feigle. Le petit meteil , eft celui qui
eft plus maigre , ou plus fort de feigle que de fro-
ment. On appelle pajfe- méteil , le blé dans lequel il
y a deux tiers de froment contre un tiers de ieigle.
Ac. Fr. En Lzùn medietaneum hlandum , niixtium ^
mixtoriitm, mixtura , & mi::tiolum , Se dans la balle
Latinité , majlilio.
MÉTEL. f. m. Nom d'homme. Metellus.
MÉTEL, ou MÉTHEL. f. m. C'eft une plante que M.
Tourncfort met parmi les efpècess de Stramonium ,
Se qu'il appelle Stramonium fruclu fpinofo rotundo fc-
mine nigricantc. Voyez Stramonium.
MÉTELEN. Mcdiolanum. C'étoir anciennement une
ville des Chamaves, en Allemagne. Maintenant ce
n'eft qu'un village del'Evêchéde Munfter, lituéaufud-
oueft de la ville de ce nom , que quelques-uns pren-
nent pour l'ancienne Mcdiolanum.
MÉTELIN. Nom de la ville capitale de l'île de Mé-
telin. Mitilenc. Elle a un Archevêché & un bon port,
fur la côte orientale de l'île. Matv.
MÉTELIN , ou LESBOS. Nom d'une île de l'Archipel,
Mytilene Lcsbos. Elle eft à deux lieues de la côte de
la Natolie, entre Smyrne & le détroit de Gallipoli.
Son circuit eft' d'environ quarante cinq lieues , iow
terroir fettilc , patticulièrcmcnt en vins excellens.
MÉTELINE. f m. Terme de Flcurifte. Noiiid'uue Ané-
MET
i
môiie , qui eft d'un gris falc, mclc de vcrd é\: d in-
carnat. MORIN.
MÉTELLUS. f. lu. Nom d'homme. Mctellus. C'cft le
furnom de la faniillc Cxcilia. yl/(;f:7///j je C'r. tique,
Metelluslc 'hla.ccàomqae j Metellus le Niiiiudique.
^lÉTEMPSYCHOSE. Plus communément Mctcmp-
fycofe. f. f. Padàge, ou tranfmigration de l'amcd'un
homme dans le corps d'un autre homme , ou dune
bête , lorsqu'il vient à mourir. Mctcmpfychojis. Les
Pythagoriciens a\oicnt cette opinion , qu'à la mort
des hommes leurs âmes palloient dans d'autres corps ;
& que 11 elles .avoient été vicieufes , elles étoient en-
fermées dans des corps de bétes immondes , ou mal-
heureufes , pour y faire pénitence , Se qu'après quel-
ques hècles elles venoient animer d'autres hommes.
Comme jIs avoient compris que lame par ft nature
ii'elt point périliàble, ils s'imaginèrent qu'elle alloit
animer un .lutre corps au lortir de celui qu'elle aban-
donnoit. Lucain appelle cette erreur un officieux
menfongc , qui épargne les frayeurs de la mort j &
qui entretient dans la douce pcnfée que l'ame ne
feit que changer de demeure , Hc qu'on ne celle de
vivre que pour recommencer une autre vie. Brebeuf
dans (a traduclioa de la Pharfile de Lucain , a ex-
pliqué le ientiment des Pythagoriciens par les vers
qui (uivent.
Ils pcnfenc que des corps les ombes divifecs ,
Ne vont pas s' enfermer dans les Champs Elyfées ,
Et ne connoij] cm point ces lieux infortunés
Qu'à d'éternelles nuits le ciel a condamnés ;
De font corps languiffant une ame féparée
En reprend un nouveau dans une autre contrée ,
Elle change de vie au lieu de la laijfer.
Et ne finit fe s jours que pour les commencer.
Pythagore avoit pris cette opinion des anciens
Brachmanes ; de elle duie encore parmi les Banians, &
\cs autres Idolâtres de l'Inde , & de la Chine. Elle fait
le principal fondement de leur Religion , & ils en
font tellement entêtés , que non feulement ils ne
mangent aucun animal qui ait eu vie , mais même
ils ne fe défendent pas des bêtes farouches. Ils ne
veulent pas non plus brûler du bois , de peur qu'il
ne s'y trouvât quelque beftiole vivante ■■, &c ils font
fi charitables j qu'ils tachettent des mains des étran-
gers , les animaux , quand ils voient qu'il font prêts
de les tuer.
La doilrine de la métempfycofe eft peut-être au-
jourd'hui en plus grand honneur dans les Indes ,
qu'elle ne l'a jamais été en aucun lieu du monde. Les
Indiens regardent certains animaux comme la de-
meure des âmes de ceux qui ont quitté la vie. Ils ont
une attention excellive pour ces animaux , & en ado-
lent quelques uns : culte qui leur eft venu d'Egypte.
Effai fur les Hiérog,
Ce mot eft Grec, il vient des deux prépofitions
fet7«, t , & de l-">^>i , anima , ame.
^ METEMSYCOSISTE. f m. Partifan de la Mé-
tempfycofe, qui croit la Métempfycole. Les Pytha-
goriciens étoient Métemplycofiftes. Les Indiens font
Métempficoffies.
MÉTEMPSYQUE. f. m. & f. Nom de Seftc. Metcmp-
fycus , iz. Il y a eu des Métempfyqucs chez les Juifs ,
où ils s'élevèrent vers le temps de J. C & parmi les
premiers Chrétiens. Ils admettoient la métemplycole
de Pythagore. S. Chryfoiogue en parle dans Ion Ser-
mon.
Ce nom eft Grec , & dérivé du mot i'-mf^l/ùx"'".
MÉTEMPTOSE, f. f. Terme de Chronologie. Metemp-
tofis , aquatio folaris. On s'en fert fur-tout dans les
traités du Calendrier pour exprimer l'équation fo-
laire , qu'il faut faire pour empêcher que les nou-
velles lunes n'arrivent un jour trop tat d ; comme on
nomme proemptofe , ou équation lunaire , celle dont
on le fert pour empêcher que les nouvelles lunes
n'arrivent un jour trop tôt. Les nouvelles lunes vien-
nent d'un jour entier plutêit au bout de 312 ans &
demi : ainfi par cette proemptofe on ajoute un jour
M E T 973
tous les 5C0 ani , iS^' de pl'js tous les Z400 ans.
D'ailleurs, à caufc de la mctcmprof: , il faut fupprimer
un Bille.Mih. tous les i ^4 ans , c'eft à dire, trois fois
en 400 ans. (Jn ne fait ces chani^enieiis (]ii'an bout
de chaque liècic, parce que ce terme eft j>lus rcniar
qiiable , & rend la pratique du Calendrier plus aific.
11 y a trois règles pour taire ce changement d'addi-
tion , ou de luppreMion du jour billextile , & par
conlequent pour changer l'indice des épadles. i.
Quand il y a métemptoj'c (ans procmptoic, il faut
prendre l'indice fuivaut, ctu intérieur, i. Quand il
y a proemptofe (ans métemptofe , on prend l'indiœ
précédent, ou fupérieur. 5. Quand il y a proemptofe
Ik métemptofe , ou qu'il n'y a ni l'une ni l'autre , on
garde la même indice. Ainfl en 1600 , on .ivoit D.
En 1700. à caufe de la métemptofe , on prend C. En
1 800 , il y aura proemptofe & métemptofe , &c ainfi
on retiendra l'indice C. En ipoo, il y aura encore
métemptofe , Se on prendra B. qu'on retiendra en
2000. parce qu il n'y aura ni l'une ni l'autre. En voila
plus qu il ne nous en faut. Voyc:;;^ Clavius , qui a
fait fon calcul d'un cycle de 301800. au bout du-
quel temps les mjmes indices reviennent , & dans
le même ordre.
Ce mot vient de ^'^li' , cado , je tombe , & de
f" '■'■■, pofi ,apiès.
§Cr MÉTENSAMOTOSE. C f. Terme Grec S: dogma-
tique , dont on trouvera l'explication dans l'exemple
qui fuit. Ladeftinée de l'ame au fortir du corps , dans
le fyftême des Druides j n'ert pas une choie facile
à décider. Admettoient ils une métempfycofe , ou
bien une métenfamatofe j c'eft-à-dire , admettoient-
ils le retour des âmes dans de nouveaux corps ('voilà
la métempfycofe^ ou limplement imaginoient-ils un
pays inconnu où les âmes allalfent après la mort ?
Croyoient-ils à ce pays des âmes, dont plufieurs nations
fiuvages fuppolent aujourd hui la réalité? C'eft ce
qu'on appelle Métenfamatofe. Fenelon.
IJCT METEORE, i. m. Meteorum. L2s Phyficiens don-
nent le nom de Météores à certains phénomènes qui
paroilîent dans l'atmofphcre. Ils font formés des va-
peurs & des exhalaifons , c'cft-à dire , de particules
très déliées détachées des corps terreftres , qui de-
venues plus légères qu'un pareil volume d'air , s'é-
lèvent dans l'atmofphère par les loix de l'hydrofLa-
tique , vont fe réunir dans une rét^ion où elles font
en équilibre avec un air moins pelant que celui que
nous refpirons, & forment par leur réunion les dif-
férens phénomènes. Voye^ Vapeur , &Exalaisok.
Il y en a de trois fortes: les Ignées , comme le ton-
nerre , les feux follets , les dragons ardens , les étoiles
tombantes , &c tous les autres phénomènes de feu
qui paroilfent en l'air. Les Aériens , comme les vents
éc les tourbillons. Les Aqueux , comme les nuées ,
l'arc-en-ciel , la grêle, la neige j la gelée, la pluie,
la rofée & autres femblables. On y met auffi le miel ,
la manne , &cc. On a vu des météores en forme de
clochers ardens, de lances Hamboyantes , de jave-
lots btûlans , de traits de feu volans j de chevrons
de feu , de chèvres fautelantes, des étoiles volantes,
&c. La formation de ces météores eft expliquée dans
un Traité exprès qu'en a fait Dcfcartes. Ariftote &
Galfendi en ont auffi écrit, yoye^ les articles parti-
culiers.
Les Grecs les ont nommés t^air-^i , c'eft à dire ,
fiblimes , ou hauts , élevés ; les Latins impreflones ;
parce qu'ils font plufieurs fignes & imprelîions ?ii
l'air.
03" MÉTEORISME. f m. Terme de médecine. On dé-
figne par ce mot dans la médecine moderne une
tenfion & élévation douloureufe du bas ventre qu'on
obferve dans les fièvres putrides , & qui manque ra-
rement dans les fièvres malignes.
ffJ- MÉTÉOROLOGIE, f f. Meteorologia. Terme de
Phyfique. C'eft la fcience qui traite des météores ,
qui en explique l'origine , la formation , les dif-
férentes efpèces &c. du Grec ,"s «»(>«', & du mot Mys ,
difcours , traité.
I MÉTÉOROLOGIQUE, adj. Qui concerne les météores.
'^74 MET
Obtcivations météorologiques. Tant -que les hygro-
mèacs n'auront pas l'avantage de nous montrer com-
bien l'humidité ou la l'ccherefle augmentent ou
diminuent , ils ne mériteront guère d'être mis parmi
les inihumens météorologiques.
|iC? On voit par- là qu'on appelle inftrumens météoro-
logiques ceux qui fervent à faire connoître les ditlé-
rcns cliangemens qui arrivent dans l'atmofphère par
rapport à la chaleur , au froid , à l'humidité , à la pe-
fanteur, &c. & à prédire par ce moyen leschangemcns
de temps , pluie , vent , neige , &:c. Foyei Baromètre,
Termomètre, Hygromètre, Mamomètre , Anémo-
mètre, «Sec.
ifT L'on appelle obfervatiens meiteoro/o^i^ae^ , celles
que font les Phyficiens fur les degrés du froid , du
chaud, fur les vents, fur la quantité de pluie &
de neige qui eft tombée pendant le cours d'une an-
née j ou autre temps plus ou moins conlidérables.
MÉTÉOROMANCIE. f f. divination par les mé-
téores, principalement par le tonnerre &: par les
éclairs.
AlÉTÉOROSCOPE. f. m. Les anciens Mathématiciens
& Aftronomes donnoient ce nom aux inftrumens
qui leur fervoient à obferver , S<. à prendre les dif
■tances, les grandeurs & les lieux des étoiles &c des
aftres , comnie l'Aftrolabe. Meteorofcopium. zfT Ce
nom conviei-idroit mieux aux inftrumens deftinés à
faire les obiervations météorologiques.
Ce mot eft compolé de fn-nufn ^ haut élevé y Se
exs^lcfioi , je fpécule , j 'objerve.
MÉTHCA. Methca. G'eft un des logemens des Ifraë-
lites dans le Défert. Nomb. XXXIIL z8.
-METHEUS. f. m. Terme de Mythologie. C'eft le nom
du fécond cheval du char de Pluton félon Bocace.
^lÉTHODE. f. f. Ordre qu'on fuit pour trouver la venté
ou pour l'enleigner. Brevis j expeditaque via , ars ,
methodus , aperta , certaque ratio. Il y a deux lortcs de
méthodes : l'une , pour chercher la vérité , qu'on
appelle Analyfe \ & l'autre, pour la faire entendre
aux autres , quand on l'a trouvée , qu'on appelle
Synthèfe. Log. On peut encore diftinguer deux fortes
de méthodes. L'une fimple & feche , c'eft celle des
GéomètreSj qui ne cherchent qu'à propofer des vé-
rités toutes nues, & à en tirer des conclufions. L'autre
compofée & Hcurie , qui eft celle des Orateurs. Dac.
*^' La MÉTHODE dans un ouvrage, dans un difcours,
eft la manière de difpofer les penfées dans un ordre
propre à les prouver aux autres, ou à les leur faire
comprendre avec facilité.
^C? Il y a pluficurs livres qui portent le nom de Alé-
chode, paiticulièrement les livres élémentaires deftinés
à l'étude des Langues. Tout le monde connoît les
méthodes de P. R. Les méthodes Grecque & Latine ,
du P. Lancelot , ont d'abord été fort goûtées. On
en eft maintenant revenu. Elles font comme toutes
les autres , ou à peu près. Ce qu'elle ont de bon , n'eft
pas nouveau; ce qu'elles ont de nouveau , n'eft pas
toujours fort bon. Langage partial.
Ce mot vient du Grec //.lânia , ordre , règle , ar-
rangement.
MÉTHODE j eft auffi la coutume j l'habitude, la manière
d'agir particulière. Voilà ma méthode. Voilà ma fa-
çon. Sic fum , fiplaceo, utere. Il n'y a perfonne qui
n'ait fa méthode , Ion caradèrc particulier.
Non , je ne puis fouffrir cette lâche méthode ,
Qu' affeclcnt la plus part de vos gens à la mode.
MoL.
*^ MÉTHODE J ou fyftême de Botanique. C'eft une
façon de ranger les plantes par clafte , feûions &
genres , pour foulager la mémoire & faciliter la
connoilTance des plantes.
iScï» MÉTHODE , en Mathématiques , fe dit non feule-
ment de la route que l'on luit pour réfoudre un pro-
blême , mais bien plus particulièrement de la route
qu'on a trouvée pour réfoudre plufieurs queftions du
même genre. Plus ces méthodes lont générales , c'eft-
.. . à-dire, applicables à un grand nombre de queftion$.
MET
plus elles ant d'avjutagc fur celles qui font bornées
à des queftions ilolécs-
IP" MÉTHODIQUE, adj. de t. g. Qui a de la métho-
de , efprit méthodique ; ou bien ce qui' eft fait avec
métliode , diicours méthodique. Certu & expedhâ
ratione conjians , meij/iodicus. On apprend , 6: on
retient mieux les Sciences , quand elles font
dilpolées dans un ordre méthodique. Il ne faut être
toujours ni fi régulier , ni fi méthodique; il faut erre
Ii^udi pour être heureux. Bal. S. Thomas étoittrès-
folidc & ttès - méthodique Le P. Rap. Je n'eftimc
point un Savant qui n'a point un efprit clair & mé-
thodique. BouH.
§3" MÉTHODIQUE. Nom d'une ancienne Secle de Mé-
decine , fondée par Thémilon qui prit l'épithL-te de
Méthodique , paice que (on but étoit de tionvcr
une méthode qui rendît l'étude & la pratique de la
Médecine plus ailées. Les Méthodiques n'idmezwicnz
que deux genres de maladies j celles qui provenoicnt
du red'errement , & celles qui vcnoiC!;t du reiiche-
ment. Ainii ils n'avoient beloin que de deux eipeccs
de remèdes , les uns pour relâcher , les autres pour
rellcrrer. Us ne cherchoient à guérir les maladies
que par les remèdes les plus fimples , & dont on ■
fait ufage dans la lahté , l'air & les alimens. Ainli "
ils banniiroient tous les Ipécifiques , avec les forts
purgatifs.
Quelques-uns appellent auflî Médecins méthodi-
ques , ceux qui luivent la doétrine de Galien Hz des
Écoles , & qui guenllent avec des laignées & purga-
tions faites à propos , par oppolition aux Empiri-
ques &c Chymijles ; qui ulent des remèdes violens,
& de prétendus f crets.
MÉTHODIQUEMENT, adv. D'une manière métho-
dique. Certà facUique dtfcipiinâ , methodicè. Les
Auteurs qu'il faut le plus rechercher , lont ceux qui
traitent & enteignent les choies méthodiquement.
La morale eft propre à former méthodiquement une
bonne conlcience. S. EvR.
■83^ MÉTHODISTE, f m. Partifan des méthodes ^qui les
croit bonnes pour apprendre les Sciences. Les moins
Méthodijles des profeftlons avouent que les m.'iho-
des procurent des commodités & des facilités pour
étudier. Mem. de Tr.
U3"MÉTHODisTES. Sedaircs. Les Méthodi/Ies Com une
efpèce de Myftiques , qui font les illuminés. Oa
leur a donné ce nom parce qu'ils fe vantent d'avoir
trouve une méthode , ou une voie particulière pour
arriver au lalut. Cette voie conlilte à mener une vie
fort auftère , à fiire profeftîon d'un partait détache-
ment des choies du monde. Ils poulfcnr le Calvinif
me fur les matières de la Prédeftination (S^ de la |
Grâce jufqu'à l'excès. Cette Seéte , qui eft allez ré- ^
cente,a pris naiftance dans l'Univerlité d'Oxford ,
& n'eft pas encore fortic d'Angleterre.
§CF On a auftî donné le nom de MethodiJJies aux Méde-
cins de la Sefte Méthodique. Foye-^ ce mot.
METHODIUS. f. m. Nom d'homme, qu'il faut tou-
jours conferver dans fa forme Latine en notre langue,
fans dire ni Méthode , ni Méthodie , pour éviter
les ambiguïtés. Methodius. Cependant M. de Tille-
mont dit Méthode.
Cl^ MÉTHON , MÉTHONIQUE. Voye^ MÉthon.
MÉTHONE. Nom de lix villes anciennes , dont deux
étoient dans le Péloponnèle, une dans la Thrace,
une dans la Macédoine , une dans l'Eubée , & la
dernière dans la Perfie.
METHYMNE. Nom d'une ville de l'île de Lesbos ,
aujourd'hui Métclin. Methymna. C'eft la ville prin-
cipale de l'île après Mételin. Méthymne eft fur la
côte orientale de l'Ile.
MÉTI. f m. Nom que les Mexicains donnent à uti
arbre qui croît parmi eux , & qu'ils cultivent fore
(bigneufement. C'eft une efpèce d'alocs , qu'on ap-
pelle autrement Karata , ou Maguei. Voyez ces deur
mots dans leur lieu.
CCr MÉTICE. Foye^ Métis.
MÉTIER, f m. ProfeiTion qu'on choifit , à laquelle on
s'applique. /7« genus , ratio , injlitutum. Ce mot.
MET
M E
T
qui fignifîe um emploi bas dans le propre, fignifie
quelque cliofe de plus noble dans le figuré. C'cll
ainfi que la métaphore ennoblir quelquefois les
mots, en les détournant de leur lignification natu-
relle. BouH. La profeilion des armes cl\lc /nc'ùer
d'un Gentilhomme , c'eft le mécicr des honnêtes
gens. Ce Capitaine cft bien entendu dans fon mctïer ,
ila vieilli dans le OTc'ritr. Combien voit on de Prêtres
qui regardent leur vocation non comme un emploi
qui doit les fandlifier ; mais comme un mener qui
doit les nourrir. FlÉch. Un honnête homme n'efl:
d'aucun métier; fa converfation ne le fait point remar-
quer. Le Ch. de m.
Moi , je ne puis fouffrir ces Auteurs affamés y
Qui fe mette dt fans honte aux gaines d'un Libraire ,
Et font d'un art divin un métier mercenaire. Boil.
Mais de ipus les métiers où l'on peut s'attacher ,
Sais- tu que le plus rude. Abbé , c'cjl de prêcher?
Boil.
§Cr Ainfi ce mot ne peut être admis qu'avec une épi-
thètc qui le fortifie. Le métier des armes. Il eft heu-
reufement employé par Racine dans le fens le plus bas.
§C? Athalie dit à Joas : Laillezlà cet habit , quittez ce
vil métier. On ne peut exprimer plus fortement ,
dit Voltaire , le mépris de cette Reine pour le faccr-
doce des Juifs.
On appelle gens du métier , ceux qui exercent
une profeilion , qui font verfés dans la connoillance
de quelque art , de quelque icience; ainil quand on
doute lur quelque point de fcience, on dit. Il faut
conlulter les Maîtres , ou les gens du métier; ou les
plus habiles dans le métier. Unicuique in fui arte cre-
dendum eft. On dit aulîi à celui qui fe mêle de juger
de ce qu'il ne lait pas, Tailez vous , ce n'eft pas là
votre métier. Il faut que chacun fe mêle de Ion
métier.
Qtiamfcit quifque libens cenfebo exerceat artem.
Horace.
Ce mot de métier vient de minifterium. On die
aufli en Efpagne , le mot de menefter , pour beloin.
Pafquier dérive le mot de métier , àt Meneftrier ,
& le prouve par des lettres de Charles V. En Latin
on appelle les gens de métier, minifteriales. du Cange
dit qu'on a pris ce mot des Latins , où Miniftre fe
difoit des grands Officiers de l'Empire , qu'on a ap-
pliqué depuis aux moindres Artifans. On a dit aulli
dans la balfe Latinité myfterium en la même figniii-
cation , ou il vient plutôt du mot Celtique me cher ,
métier & art.
MÉTIER , fe dit plus particulièrement de la profejîîon
des arts mécaniques. Ars , ars illiberalis , ignobilis.
On appelle abfolument les Artilans, le« gens de mé-
tier. Tous les Artifans font divifés par la Police en
pluheurs Corps de métier. Chaque Corps a les Ju-
rés du métier , qui ont infpedtion fur les Maîtres du
métier , & qui tiennent regiftre des apprentis du mé-
tier y de ceux qu'on met en msticr ; & on dit ,
entreprendre fur le métier, quand un compagnon
travaille du métier hors de chez les Maîtres. Paul
Burghefe , Poëte Italien , qui avoit fait une Jérufa-
lem délivrée fur le deflein du Talle iSc furies mêmes
rimes , favoit quatorze métiers , Se n'avoir pas de
quoi vivre. De Vign. Marv.
4(3" On appelle populairement , un gâte-métier , celui
qui donne fa peine ou fa marchandife à trop bon
marché. On dit qu'un homme entend bien le métier ,
quand il fait bien faire les chofes dont il fe mêle.
MÉTIER j fe dit quelquefois de ce qui fe fait ordinai-
rement , & par coutume. Les Coquettes fe font un
métier de tromper leurs Amans. Le métier des Alle-
mansj c'eft de boire. Cet homme eft accoutumé
à tromper , il en fait métier Se marchandife.
Qu'un honnête homme une fois en fa vie ,
97S
Faffe un fonnet ; une ode , une élégie ,
}e le crois bien.
Mais que l'on au la tête bien rajfife ,
Quand on en fait métier & marchandife ,
Je n'en crois rien. Ab. Regn.
MiiTiER , dans les arts mécaniques , fignifie le challis ,
ou autre pièce de bois ou de fer qui ftrt à tendre la
belogae , <Sc à la difpoler , enlortc que le travail en
loit facilité. Jugum. Les Tapillicrs ont des métiers
pour piquer leurs matelas , pour faire les hautes-
lices ; les Tillèrands j les Ouvriers en foie , les Palfe-
mentiers , ont des métiers qu'ils montent ditfércm-
ment , félon qu'ils veulent varier leur befognc. Les
bas qui le font au métier , fe travaillent avec la
plus ingénicule machine du monde , dont la mé-
canique a été dérobée aux Anglois.
"S^^MÉTiER deTillcrand. C'eft la machine qui lui fcrt
àtiller pluheurs brins de fil pour en faire une pièce
de toile. Ces métiers font plus ou moins compofés
fuivant les différentes efpèces de toile qu'ils fabri-
quent.
MÉTIER BATTANT , qu'ou appelle aulîl métier ouvrant.
C'eft un métier qui travaille aéfuellement. Le pre-
mier (e dit à cautc de la châlle ou peigne dont l'ou-
vrier lerre (Se bat la trame qu'il a jettéc avec la na-
vette entre les fils de la chaîne. Le fécond vient de
l'ancien mot ouvrer ,<\\xi veut dire travailler.
On dit figurément en ce fens d'un Auteur , qu'il
a un ouvrage fur le métier, pour dire , qu'il travaille
à quelque compofition de longue haleine. On dit
aulli , qu'un emfant eft fur le métier , quand une
femme eft enceinte. Ces exprefiîons figurées font
du ilyle familier. On appelle métier deviné , un jeu
d'enfant où il faut qu'on devine l'intention de ce-
lui qui fait plufieurs geftes pour contrefaire un Ar-
tilan de quelque métier.
Métier , eft aulli un terme de Vinaigrier. C'eft le
cuvier où les Vinaigriers prefturent la lie du vin pour
faire du vinaigre , Se mettent le marc dans des
moules. Lacus.
Métier , eft aulli une efpèce d'oublié , ou de pâtille-
rie mince Se roulée j qui eft cuite entre deux fers
comme des gauftres , compoiée de farine Se de lu-
cre , ou de miel. On l'appelle aulTi des Cornets de
métiers, ou du petit métier. Cruftula mellita.
^3' Métier. Terme de Brafterie. C'eft la liqueur qu'on
tire après qu'on a fait tremper ou bouillir avec la
farine ou houblon. Les premières opérations fe
nomment premiers métiers ; les lecondes , (econds
métiers. On ne leur donne le nom de bière que
lorlqu'ils font dans les pièces. Jus ex hordeo & avenu
cervfiariâ maceratis.
MÉTIER , fignifie populairement , Néceflité , befoin.
Il eft bon métier qu'il ait du bien , car il a bien de
lacliarge (ur les bras. Le Juge ordonne qu'un tel
comparoillc , & fi métier eft , qu'on y emploie la ~
force pour l'amener. Il eft vieux en ce fens. Les
Efpagnols difent /7ze«e/?<;r dans la même fignification.
MÉTIER , fe dit proverbialement en ces phrales. Quand
chacun fait fon métier , les vaches font bien gardées.
De tous métiers il en eft des pauvres & des riches.
Il n'y a point de fi petit métier qui ne nourrillt fon
maître. On dit aulli , C'eft un méchant métier que'
celui qui fait pendre fon maître. On dit aulli d'un
homme intriguant , Il eft de tous métiers j &: fi il ne
peut vivre. Ac. Fr, On dit aulli , qu'un homme a
feivi un plat de fon métier , a joué un tour de {on
métier , quand il a fait quelque tour d'adrelfe , quel-
que fourberie. On le dit aullî en bonne part, quand
quelqu'un a fait quelque prélent , ou a apporté quel-
que chofe de la nature du métier dont il le mêle. Les
Courtifannes difent aulli, Le métier n'en vaurplus rien ,
tout le monde s'en mêle. On dit , qu'un femme cft
du métier , quand elle eft de mauvaife vie. On dit
ballement, Chier (ur \t métier , pour dire, renon-
cer à une profeilion qu'on avoitembrallée,
MÉTIF , IVE. f (Se adj. Quelques uns difent métis , ou
meftice. Voyez ce mot qui eft venu de différentes ef-
^-j6 MET
pcccs. Hyhtis , hybrida. On le dit des cKiens engen-
drés d'un chien & d'une cliiciine difiéiens d elpè-
ce. On ne fait quelle loue de chien c'ell: là j il
n'eft ni mâtin , ni lévrier , il eft mcnf. Le mulet
eft un animal mttif , engendre d'un ane S)C d'une
cavale.
Ce mot vient de mixtum.
AIÉTiF , le dit aulli des hommes qui font engendrés
de père &: mère de diftérente qualité , pays, cou-
leur , ou Religion. Hybridu. Cet enfant cil meafj
engendré d'un père cfciave , Se d'une mère libre ,
d'un Maure & d'une Efpagnole. En Elpagne , on
appelle Mulato , celui qui cfl; engendré de père ou
<le mère de ditfércnte couleur j ou de Religion ^ qui
participe de l'un &c de l'autre , comme un mulet
participe de deux natures; & c'eft une fort grande
injure. On appelle aulli médf, un entant né d'un
Indien & d'une Eipagnole , ou au contraire j dans
le pays on les appelle Créoles. Au Pérou , on ap-
pelle proprement Métis , ceux qui font nés d'un
Elp.ignol & d'une Sauvage.
MÉTINE. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
décile des anciens Romains. Metifta. Quelques-uns
ditenc qu'on lui faifoit des lacrifices le dernier de
Septembre , qui éioir le jour auquel on commcn-
çoit à boire du vin nouveau -, mais ne faudroit-il
point plutôt écrire Mcthyn , de 11«.%, du vin ?
MÉTIS, ISSE. C'ell: un nom que les Elpagnols don-
nent aux enfuis qui font nés d'un Indien &: d'une
Efpagnole, ou d'un Elpagnol i^- d'une Indienne.
Hybr'is j Hybrida. On appelle aulli Chiens mécis ,
ceux fCT qui font engendrés de deux efpèces , com-
me d'im mâtin &: d'une levrette , d'une épagneule
& d'un barbet. On dit aulli ménf & métice.
MÉTIS, f. f. Nom d'une Nymphe, fille de l'Océ.-in
6c de Thétys. Métis.
MÉTIS, f. f. Terme de Mythologie. Déelfe dont V i
lumières étoient lupérieures à celles de tous les au-
tres dieux & de tous les hommes. Apollodore die
que Jupiter s'alfocia Métis , dont le nom lignifie
prudence , conleil , ce qui veut dire que Jupiter Ht
paroître beaucoup de piudencc dans toutes les ac-
tions de la vie. De y.iliç , prudence. C'ell le nom de
la déelîc de la bonne conduite , qui étoit mère de
Porus j dieu de l'abondance. Voye-^ ce qu'en dit
Platon dans fon fellin qu'il attribue à Socrate.
MÉTIVIER. f m. Vieux mot François qui lîgnifioit
moijfonneur. Alejfor. Il fe dit encore en pluheurs pro-
vinces de ceux qui font la récolte du loin , & autres ,
& de ceux qui battent les grains.
Se ay trouvé aucun efpi.
j4près la main as métiviers ,
Je l'ai glané moult volontiers. R. De Huon.
■METKAL , ou MITKAL. f m. petit poids dont fe
fe lervent les Arabes. Il faut douze metkals pour faire
une once. CCF C'ell ce poids que les Traducteurs
des livres Ar.abes qui traitent de la Médecine , appel-
' lent médical. D'herbelot. Drach/na arabica.
METL. i. m. Nom que les Mexicains donnent à un
arbre qui croît parmi eux , & qu'ils cultivent foigneu-
femcnt. Il a les feuilles larges & épailfes, prefque
de la grandeur d'une tuile j avec de longues & for-
tes épines munies d'une pointe. Ces épines fervent
d'aiguilles , d'épingles & de poinçons. Son tronc
qui eft alfez gros , & pointu en haut en forme de
pyramide, étant incifé, il en fort une liqueur com
me de l'eau en fort grande quantité. Elle ell très-claire
& fort bonne à boire. Si on la fait bouillir légère-
ment, elle fe convertit en miel ; & étant dépurée,
en fucre ■■, &: mêlée avec de l'eau , elle fe change
en vinaigre. François Ximénès écrit qu'on fait du vin
de fon fucre , en y mêlant de l'eau , des fcmences
d'oranges , de melons &c autres , & que les Sauva
ges le boivent avec grande volupté , mais qu'outre
qu'il eft fort mil lain, & qu'il olfcnfc la tète^ il
fait fentir très mauvais ceux qui en font ufage.
METLINO, ou MEDLING. Nom d'une viUe de la
MET
BalTe-Carniole , en Allemagne. Metelinga. Elle eft
capitale de Wildifmark , & lituée (ur la pente dune
montagne , près de la rivière de Kulp , aux confins de
la Croatie. Long. 3 5.d. 35'. lat. 45 d. 58'.
METLOCK. Nom d'un bourg avec Abbaye. Medio-
lacus. Il ell dans la Lorraine , aux contins de l'Arche-
vêché de Trêves , dans lequel quelques uns le met-
tent , &C fur la Sare, à deux lieues au-delfus de Sar-
burg. Maty.
METOCHE. (. f. Métoche. Terme qu'on trouve dans
Vitruve , pour lignifier l'efpace qui eft entré deux
denticules. Baldc rapporte qu'il a trouvé dans un vieux
manulcrit métalone , au heu de métoche , & cela
fait croire à Daviler que le texte de Vitruve ell cor-
rompu , & qu'il fiut lire métatome , c'eft à dire,
feclion , au lieu de métoche.
^fT MÉTOCIE. f. m. Terme d'Hiftoire ancienne. Ef.;
pèce de tribut que les étrangers qui venoient s'établir
à Athènes , pnyoïent à la République pour la liberté
d'y demeurer. Cet impôt étoit de douze drachmes
par an pour les hommes , & de lix drachmes pour
les femmes. On appeloit Métoiciens ceux qui payoienc
le métocie.
MÉTON. Le nombre d'or , ou le cycle de Meton; ainlî
appelle de Méton fon inventeur , eft véritablement
le cycle Lunaire ou période de dix-neuf années. On
croyoit anciennement que le cycle de dix-neuf ans
compreneit exaclement deux cens trente-cinq lun.ii-
fons , & qu'après une révolution des années du cy-
cle lunaire , non-feulement les nouvelles lunes reve-
noient aux mêmes jours de chaque mois , mais aulII
aux mêmes heures -, mais la choie bien examinée ne
s'eft pas trouvé véritable. Injlitut. Afironom. p. 61^.
Les Anciens ignoroicnt qu'il s'en lalloit une heure &z
demie que trois cens trente cinq iunaifons ne repon-
diftènt à dix-neuf années Juliennes. Ibid.
§3° MÉTONIQUE ( Cycle ; , ou MÉTONIEN. Voy.
Meton.
MÉTONOMASIE. f. f. Changement de nom. Les Sa-
vans des derniers fiècles le lont portés .avec tant d'ar-
deur à changer leur nom y que ce changement dans
des perfonnes de cette capacité , méritoit bien un
nomparticiiJier. Ce nom même devoir être au dellus
des termes vulgaires , aulli l'.i-t on puifé chez les
Grecs , en donnant à ce changement de nom celui
de Metowniafie. M. Bailler dit que cette fantaifie fe
répandit en peu de temps dans tomes les écoles , &:
a pallé julqu'à notre lièrle avec tant de licence &
d'impétuoiité , que la Métonomajie a mérité de fe
voir comptée parmi les chofes les plus communes
de la République des Lettres. Jean Viclor de Rolli
abandonna fon nom , pour prendre celui de Janus
Nicius Erythra.'us ; Mathias Francowitz prit celui de
Flaccus Illyricus ; Philippe Scharzerd prit celui dcMe-
landlon ; Antoine de Âlouchy prit celui de Demo-
charès ; Loos prit celui de Callidius; André Hozen
prit celui d'Ohander ; Pierre de Calabre prit celui de
Julius Pomponius La:tus. On pourroit citer une infi-
nité de pareils exemples de Savans qui ont mis la
Métonomajie en ulage.
MÉTONYMIE, f. f Figure de Rhétorique qui fe fait
quand il y a quelque changeraenr de noms. Metony-
mia , comme on y met l'Inventeur pour la chofe in-
ventée , Bacchus pour le vin , Cérèspoui le pain : le
contenant pour le contenu , comme un verre pourlc
vin qid ell dedans , ou l'eAet poiir la caufe , ou le
Capitaine pour fes foldats , la Grèce pour les Grecs,
l'Auteur pou.' Ion ouvrage. Se dans les phrafes con- ■
traires en mille occalions.
Ce mot eft Grec , compofé de ^:>-Tà , trans , & d'','»iK«,
nomcn , nom , c'eft-à-dire , changement de- r.om.
MÉTOPE, f. m. Terme d Aicliiteeture. C'eft 1 inter-
valle , ou carré qu'on laille entre les trygliphes de la
frife de l'ordre Dorique. Metopa. Ces carrés étoient
autrefois remplis d'ornemcns , comme de tctes de
bœuf, & autres chofes qui fervoient aux laciioces
des Payens , mais parce qu'il y a beaucoup de dilli-
culté à bien dilnoler les OTc'Vc'ivj' ci: les trygliphes dans
la JL»fte fymétrie que danandc l'ordre Dorique, il
y
MET
M E T
y a des Aixhitedtes qui jiigein à proposée ncfc- (cr-
vir de cet oïdie que pour des l'cmplcs. Dcmi-mctope
eft l'cip.icc un peu moindre que ia moitié d'un nic-
tope j à l'encoignure de la frifc Dorique : mecope
barlong eft non - feulement celui qui dans la di(
tribudon d'une frife Dorique cil plus large que ta
hauteur , mais aulîi celui qui dans l'entablement tom
pofé dune corniche de ded.ms , eft entre les con-
iolcs , & orné de Iculpture , ou de peinture. Da-
VILER.
•MÉTOPE , eft un mot Grec, qui fignific autre chofe que
la dirtancc d'un trou à un autre , ou d'un trygiiphe à
un autre , parce que les tryglipiies font TuppoCes être
des folivesou poutrelles qui rtmplillciu des trous j
fiiTtt j intcr entre , &c i-am , jorumen , trou.
"MÉTOPIOM. f. m. Arbre qui eft une cfpècc de férule ,
d'où diftiile la gomme ammoniaque. Il croît ;'.bon-
damment dans les labiés de la Lybie , principalement
aux environs du lieu où étoit autrefois le tcmpledeJu-
piter Amnion. En Latin Ferula ammonïfera.
METOPOSCOPE. f. m. Nom d une efpcce de Devins ,
chez les Anciens. Metopofcopus. C'ctoient ceux qui
failoient profellion de connoitre les inclinations &c les
mœurs des hommes par la mécopojlopie , on infpec-
tion du vilage.
MÉTQPOSCOPIE. f. f. Art qui enfeigne à connoître
le tempérament ôc les mœurs des perfonnes , par la
ieule inlpedion des traits du vilage. Metopofcopia.
Ce n'eft qu'une partie de la phylionomie , parce que
celle - ci tonde les conjectures lur toutes les parties
du corps. L'une (Se 1 autre font fort incertaines. Ciro
Spontoni , qui a traité de la métopofcopie , dit que l'on
conlidère fept lignes au Iront , & que chaque ligne a fa
planète particulière. La première eft la ligne de Satur-
ne , la féconde de Jupiter, la troilième de Mars , &c.
M. de la Chambre , dans ion traité de l'art de connoî-
tre l'homme , dit que \<\ métofpocopie eft l'art de faire
des jugemens téméraires j parce qu'en eftet le front ,
le vifagc & les yeux trompent fouvent. Frons , vultus.
oculi , perj'itpe menduntur. 'Voyez fur cela M. de la
Chambre.
Ce mot eft Grec , & fîgnifîc infpeciion du vifage ,
fi',Ta73(» vultus j vifage , 6c ix.iTftai^.cuf infpiclo , je re-
garde.
IvlÉTOYERÏE, MÉTOYEN. Foye^ Mitoyen, c^- Mi
TOYERIE. M. Errard écrit mitoyen , mur métoycn ;
& M. Gauret mettoyen , mur mettoyen. Ces deux or-
thographes font vicicufes; on écrit mitoyen.
MÉTRA, f. f. Fille d Erélléthon , ayant été aimée de
Neptune, elle obtint de ce dieu le pouvoir de pren-
dre diliérentes figures. Après la mort de fon père , elle
époufa Autolicus , grand'père d'Ulylfe.
MÉTRAGYRTE. f. m. Nom de certains Officiers de
la mère Idéenne , c'eft à dire , de Cibèle. Metragyr-
ta , Metragynes. Les Me'tragyrtes étoient proprement
les Quêteurs de Cibèle , ceux qui mandioient pour
elle.
MÉTRAME. Nom d'une petite rivière de la Calabre
ultérieure. Medama. Elle prend fa fource au mont
Apennin , parte près de Rollarno , & fe décharge
dans la mer de Tofcane j entre Nicotéra & Groia.
Maty.
MÉTRAN. f m. Nom d'homme. Métras ; a. S. Mé-
tran martyr , eft le premier de ceux qui font nom-
més en l'Epitre de S. Denis d'Alexandrie , à ^abius
Evêque d'Antioche , rapportée par Eulèbe. Chast.
au 2 r Janvier.
(^ÈTRE. f. m. du Latin Metrum , fignifie proprement
un pied j une mefure qui entre dans la compofition
des vers. On le dit auilî de l'aftemblage des pieds
qui forment un vers. Alors il fignihe vers en général.
C'eft un mot très ancien , qui ne peut trouver place
que dans les vers Marotiques. Chapelle , dans fes Poe-
Ces , a dit :
Mais écrivons fans compliment ,
Puifque nous écrivons en mètre.
Maître Vincent , ce grand faifeur de lettres ,
Tom< y.
^77
Si bien t]ue vous n'eut fu pmfaifcr:
Maître Clément , cegrandjaifcurde mètres j
Si doucement n'eut fu poctfcr.
Rousseau.
MÉTRENCHYTE. f. f. Terme de Médecine. Mc^
trenchyta. Iiiftrumcnt par le moyen duquel fc fait
l'injection de quelque liqueur dans la matiice. Har.
Ce mot eft Grec , ft,)-,f^iyx,ujvif , compofé de ««r^xj
utérus , matrice , & du verbe i'/)Ju , injundo , j'injcélc.
MI::TKÈ TE. (. f. Nom de mefure. Metrcta. 11 eft parlé
de \3. métrète ZM chapitre 11 ^v. 6 , de l'Evangile de
S. Jean. La métrite tenoit vingt quatre pintes , me-
fure de Paris. Elle étoit une mefure Attiquc , qui con-
tcnoit environ quarante pintes , c'cft-à dire , foixantc
d: douze fetiers.
Ce mot vient du Grec y.C^yA-
MHTRICOLI , ou MITRICOLI. f. m. Petit poids
dont on fe fert à Goa pour pefer les drogues de Méde-
cine. Le memco/i pefe la huitième partie d'une once.
MÉTRIFIER. v. n. Vieux mot. Faire des vers. Ce
mot vient du Grec fi^TÇû» , qui lignifie proprement
Mefure , & qui eft pris quelquefois pour vers , à
caufe qu'il faut oblcrver de la mefure en foifant des
vers.
0C? METRIQUE, adj. qui concerne les vers. Art mé-
trique, Ars metrica. C'eft la même chofe que profo-
die. /^oye|' ce mot j & Métrique , f. f. On appelle
vers métrique , un vers compote de tyllabes longues ,
ou brèves , comme les vers Grecs & Latins. Métro
conftans , metricus. On prétend que le génie &c la na-
ture de la langue Hébraïque ne peut s'accommoder
avec la Poëfie métrique. Capel. La langue Françoifc ne
peut compatir avec la conftruétion des vers métriques.
Le Cl.
Ce mot vient du Grec ^îrco» , menfura , mefure.
Métrique. L f. Nom d'une partie de la mufique an-
cienne. Mctrice , Metrica. C'étoit celle quis'occupoit
de la quantité des tyllabes , & qui les confïdéroit fé-
lon qu'elles étoient brèves, ou longues.
MÉTRO , ou MÉTARO. Nom d'une rivière de l'EtaC
de l'Eglile , en Italie. Mctaurus. Elle coule dans le
Duché d'Urbain , baigne Folîombrone , & fe décharge
dans le 2,olfe de Fano. Maty.
MÉTROCOMIE. L f. Terme de l'Hiftoire de l'Anti-
quité Ecclélîartique , qui fignihe un Bourg qui en a
d'autres fous fa Jurifdiètion. Metrocomia. Ce que les
métropoles étoient parmi les villes , les métroco-
mies l'étoient parmi les Bourgs à la campagne. Les
anciennes métrocomies avoient un Chorévcque. C'é-
toit fon liége , fa rélidence. Aujourd'hui les Bourgs,
dont le Curé eft Doyen rural j font des efpeccs de
métrocomies.
Ce mot vient de |K»'7>jç , mère , & de k^^i^ , bourg ,
village.
fp=-MÉTROMANE. f.m.&f. Qui eft pofTédé de la
Métromanie , qui a la manie de faire des vers.
MÉTROMANIE. f f. Manie des vers , demangeai-
fon de rimer. Mot fattice , fervant de titre à une
Comédie en vers & en cinq adtes , de M. Piron , re-
préfentée pour la première fois fur le Théâtre Fran-
çois, le lo de Janvier 1758. C'eft à cette excellente
Pièce que nous devons le mot de Métromanie , for-
mé de «!7Po. , vers , Sc/^x^x , jolie.
MÉTROMÈTRE. f. m. Machine nouvellement in-
ventée pour régler la mefure d'un air de Mufique.
Voyez Mercure de Mai i j ^2. Cette machine fe fait
avec un pendule d'horloge ou de pendule , que l'on
fait aller plus vite ou plus lentement , félon la mefure
de l'air.
gCF II faut avoir un Pendule , jouer le morceau , Se
accourcir ou alonger le Pendule , jufqu'à ce qu'il
fatle exaétement une de fes ofcillations , tandis qu'on
" joue ou qu'on chame une mefure , &c écrire au com-
mencement de l'air la longueur du Pendule. Encyc.
§Cr MÉTRONOME, f. m. Terme d'Antiquités. On
donnoir ce nom à Athènes , à des Officiers qui
avoient l'infpedion fur toutes les mefures , except4
fur celles du blé.
Hhhhhh
97^ MET
MÉTROPOLE, f. f. Il nous vienc des Grecs. Ils en-
tendoiciic par Métropole une ville mère , c'cft ix
dire , d où lorcoieiir des colonies qui ailoient habiter
d'autres terres, &c. Les villes de ces colonies étoicnt
comme les lîlles de la ville mère. Dans la luite les Ro-
mains appelèrent Métropole , la ville principale ou
capitale d'une Province. Metropolis. Et comme le
Gouvernement Ecclciiaftique le rctjlalur le Gouverne-
ment civil , les Sièges Epilcopaux établis dans ces
Métropoles , furent appelles Métropolitains , &: les
Egliles Métropoles. Eulebc appelle Lyon & Vien-
ne les Métropoles des Gaules, f^oye^ lur ce mot le
P. Monet , qui a hit la li!lc des Métropoles , plus
ample que celle du Pouillé des Bénélices. f^oye^
Métropolitain.
MÉTROPOLE, Se dit audi de l'Eglife principale d'une
ville. LzMetropole de Paris,
Ce mot vient du Grec /^i-.nf , mater , mère j & de
TtUii , urbs ^ ville , comme qui diroit ville mère, ou
capitale principale &: première.
^ METROPOLITAIN, f. m. Synonyme d'Archevê-
que. Evêque d'une Métropole. Métropoiuanus. Appe-
ler de l'Evcque au Metropoiitaïn.
L'Empire Romain ayant été divifé en treize Dio-
cèfes , & en I 20 Provinces , chaque Diocèie , & cha-
que Province avoir une métropole , ou ville capitale ,
où réiidoit le Proconlul , ou le Vicaire de l'Empire.
L'Eglile (e régla lur la diviliow de l'Empire j & l'Evc-
que de la ville capitale , eut la direétion des aitaires,
i*c la préféance fur les Evêques de la Province. Leur
rélidencedans la Métropole leur fit donner le nom de
Métropolitains. Cezze éreûion des Métropolitains , ell:
de la fin du troihème hècle , & elle fut confirmée par
le Concile de Nicée.
Ullérius 3c de Marca fouriennent pourtant que c'eft
un établii'ement des Apôtres : mais il elt certain que
l'on rej-'la le Gouvernement Eccléfiaftique lur la torme
du gouvernement politique , & qu'on donna le nom
& l'autorité de Métropolitains aux Evêques des villes
capitales de l'Empire , ou des Provinces qui le coni-
poloicnt. Cela efl: lî vrai , que dans la contellation
entre 1 Evêque d'Ailes îk l'Hvêque de Vienne , qui
fe prétendoient l'un év: l'autre Métropolitains de la
Province de Vienne ; le Concile de Turin ordonna
que celui qui prouvcroit que la ville étoit la Métro-
pole civile j jouiroit du dto'n de Métropolitain Ecclé-
iiallique. Du Pin. Quoique dans les Gaules le Gou-
vernement eccléhaftique ait été ainfi formé (ur le
gouvernement civil , on n'y remarque pourtant que
fort tard les dillinélions de Métropolitain Se de Pri-
mat. Comme le Préfet des Gaules réiidoit tour-ii-
tour , ou à Trêves , ou à Vienne, ou à Lyon, ou à
Arles , il leur conimuniquoit aulîî tour à-tour le
rang & la dignité de Métropole. Cependant aucun
des Evêques des Gaules ne s'attribuoit le droit de la
préléance de Métropolitain. L'Epilcopat les égaloic
tous , & pour le rang l'on n'obfervtjit que le pri-
vilège de l'ancienneté. Cette égalité dura jufqii'au V^
fiècle. Alors les Evêques de Vienne & d'Arles fc dif-
putèrent le droit des Ordinations qui appartient aux
Métropolitains , &:c,
M. du Pin a remarqué que dans les Provinces d'A-
frique , excepté celles dont Carthage étoit la Métro-
pole , le lieu de la rélidence de l'Evcque le plus âgé ,
devenoit la Métropole eccléfiaftique. La raifon eft
fans doute ,que ni le Proconlul , ni le Préfet , ne ve-
nait jamais rélider dans ces Provinces écartées , pour
fixer par fa réfidence le droit de Métropole. M. du
Pin a encore obfervé qu'en Ai'ie il y avoir des Métro-
poles de nom feulement : c'eft-à-dire , qui n'avoient
aucun iuffragant, ni aucun droit de Métropolitain.
Les Evêques de Nicée , de Chalcédoine 3c de Bé-
ryte avoient la préféance audeflus des autres Evê-
ques de la Province , Se le nom de Métropolitains ,
(ans autres droirs que cette prérogative d'honneur :
ils étoient eux mêmes loumis à leurs Métropolitains.
Le Métropolitain a le privilège d'ordonner fes Suf-
fragans. Les appellations des Sentences rendues par
les Suâi^gans, fe relèvent devant le Métropolitain.
M E T^
Voyez les fxvantes Pièces qui ont été produites au
Coiifeil par Melleigneurs les Archevêques de Lyon
ik de Rouen fur le droit de Primatie. Le P. Cani;cl ,
Jètuirc , avoit commencé une Hiftoire des Métropo-
les. Il 11 a imprimé que le premier Lomé , qui com-
prend des Dilfertations préliminaires j ce qui regarde
Rome, & les Métropoles du Royaume de Naples,
de Sicile & de Sardaigne -, la mort l'empêcha de con-
tinuer.
UCf En RulUe , on appelle Métropolite , ce que nous
appelions Métropolitain, he. Métropolite àcMoicom
Métropolitain , aine , eft auftladj. Métropoiuanus.
On dit une Eglife Métropolitaine. Un Siège Métropo-
litain.
MÉTROUS. f. m. Terme de Calendrier. Nom du troi-
fiemc mois de ceux de Bithynie : il répond à peu près
à notre mois de Décembre.
ffj- METROVIZA. Ville de Hongrie , fur la Hâve , au
Comté de Sirmium.
METS, f m. Ce qui eft bon à manger. On le dit géné-
ralement de tout ce qu'on (ert à table pour manger,
Dapes J mijfus , ferculum. Les perdrix , failans, iont
des mets fort délicats. La diverlité des mets excite l'ap-
pétit. Les gelées , les xagoùts , les pâtilleries fe lervent
dans l'entre OTêW. ^^
Ce mot en vieux François , fignifioit jardin Se mé-
langes d'herbes , dont on a fait les premiers mets. Il
étoit dérivé du Latin meto ; comme qui diroit /rairs
moijfonnés. Du Cange le dérive de mijj'us Se miniflra-
tio , fignifiant plat on fervice. On a dit aulîi mijjo-
rium Se mijfurium dans le même fens. On a dit autre-
fois Mes.
METS , ou METZ. Ancienne & forte ville de Fran-
ce , capirale du pays Meilïn , ou de l'Evêché de
Metz, enclavé dans la Lorraine. Aletu , Mettis ,
anciennement. Divodurum , Mediomatrices. Elle eft
au confluent de la Mofelle Se de la Seille^ entre le
Pont à Moullbn & Thionville, à cinq ou fix lieues
de l'une &: de l'autre. Long. 23. deg. 42'. 45". lat,
49. deg. 7'. 7".
L'île de Mets , c'eft la partie du pays Meiîinj qui eft
entre la Mofelle Se la Seille. Infula Metenjis. Le
Val de Mets eft la partie qui eft au delà de la Mo-
felle. Vallis Metenjis. Celle qui eft entre la Seille
& le Nied s'appelle le Sonnoy , ou le Saunois. Sa~
linenfis ager.
Le Royaume de Mets , c'eft le Royaume d Auftrafie.
Voye'^ ce mot.
METTABLE, adj. de tout genre. Idoneus qui adhi-
beatur , admijjlbilis. On dit qu'un habit , que du
linge, qu'un manteau n'cftpas mettable j qu'il n'cft
plus mettable , pour dire , qu'on ne peut plus le
mettre , parce qu'il eft trop vieux, parce quileft ,
mal fait , ou parce qu'il eft hors de mode. Ac. Fr. I
Mettable. Qui eft de mile, qui peut palTer. Anfel-
me , dans la cinquième Icène du premier aéte de
l'Étourdi J Comédie de Molière , demande à Mafca-
rille :
Qu'en dis tu? quoique vieux ,
J'ai de la mine encore ajfe:^ pour plaire aux yeux.
A quoi celui-ci répond :
Oui vraiment , ce vifage eft encor fort mettable, . .
^fT Grelfet l'a dit de l'efprit , Se on peut l'employer
dans la Poëfie badine.
L'efprit n'y fera point pédant ,
Le favoir n'y fera mettable .
Que fous les traits de l'agrément.
Gresset.
METTEUR, f. m. Ce mot ne fe dit jamais feu!. Qui
collocat. Ainfi on dit Metteur en œuvre ; & alors
il fignihe un Orfèvre dont la profcflîon eft de mon-
ter des pierres fines ou faulTes lur l'or & lur l'ar-
gent J fur des bagues , des colliers , des pcndans j Sec.
MET
Les Bijoucicrs font &c enjolivent les bijoux. Faber
encaujics.
On ■dit aufîl Metteur à porc, pour fignifier un
Ouvrier ("ur les ports de Paris, qui décharge le vin ,
le foin , & autres proviliojis , & les met lur k
port pour être débitées.
METTIUS.METTIA. 1". m. c^: f. Nom dune famille
domaine. Metcius , a.
METTRE. V. a. Ponerc , locare , collocare. Je mets ,
tu mets, , il met , nous mettons , vous mette^ , ils
mettent. Je mettois. Je mis j tu mis , il mit ; nous
mimes , vous mites , ils mirent. J'ai mis. Je mettrai.
Que je mette. Que /e mlffc. Je mettrais. Le mot cil:
de grande étendue dans la langue, <Si change de ligni-
fication , félon les autres mots avec lefquels il fe
joint. On en va donner beaucoup d'exemples. Ce
mot vient du Latin mittere.
§3" Mettre , fignilie généralement pofcrj placer une
perlonne ou une chofe dans un certain lieu. Po-
nere. On met des Livres lur une tablette , des por-
celaines iur une cheminée , un clou à une tapille-
rie , de la viande à la broche , au pot. On met la
main à 1 epce , lepée à la main , &:c. On trouvera
toutes ces acceptions (ous les articles particuliers.
Mettre , (e dit aulli en parlant des perlonncs & des
chofes , iuivant leurs diftércns mouvemens & difpo-
lltions. Ponere , collocare. Il ^ mis ce valet en ap-
prentilHige. Il a mis fon fils à l'Académie. Cet
homme s'efl: mis en bonne pofture à la Cour. Se
mettre en garde , en pofture , en détenle. Il a mis
ce pion en prife. Mettre les humeurs en mouve-
tnent. Il s'eft mis à couvert , .à l'abri durant l'ora-
ge j la perlécution. Il s'eft mis à l'écart. Il a mis
fa confcience , fon bien , Ion honneur en sûreté.
Mettre une chofe en branle. C'eft un brave qui
mettra plutôt la main à l'épée qu'à la bourfe. Il a
mis cette femme à mal , il l'.a débauchée. On dit
auflî j qu'un homme s'eft mis dans les remèdes ,
qu'on l'a mis au lait , qu'il s'eft mis entre les mains
des Médecins. On dit aufti , qu'un valet fe met à
tout -, pour dire , qu'il oftre de rendre toutes fortes
de fervicesj &: qu'un homme fe met à tous les jours;
pour dire, qu'il ne s'épargne point, qu'il rend tous
les fervices qu'il peut à les amis , qu'il fe met en
quatre pour eux.
Mettre , fignifie auflî , Enfermer , envelopper , ferrer.
CùLiijiere , involvere. Il a bien mis des écus en
bourfe. Mettre un lièvre en pâte. Mettre un hom-
me en terre. Mettre de l'eau dans un canal , dans
un balîln.
Il iignihe au contraire , Chalfer , faire fortir ,
quand il eft jomt à certains mots. Il a mis dehors
fon Maîtrc-d'Hotel. On croit qu'on mettra en cam-
pagne de bonne-heure. Mettre aux champs. Se met-
tre au large. Mettre hors de com.bat.
On dit qu'une mère met fon enfant au monde ,
lorfqu'elle en accouche. Lorfqu'elle mit au monde
Ion hls premier-né. P. Bouh. Matth. i. 2 f.
Mettre , lignifie aufll , Aftembler, joindre enfemble.
Jungere. Ce Prince eft h foiblej qu'il n'a jamais pu
mettre fur pied trois mille hommes. Je le mets au
nombre de mes amis. C'eft un avare qui mec fou fur
fou. Il a mis enfemble ces parties pour s'aboucher &
s'accorder. On a mis des Archers en queue à ces
voleurs. Les ennemis paroiftent, mais on leur a mis
en tête , on leur a oppoié une armée.
Mettre fignifie aulli , Dépenfer , employer à quelque
choie. Adhihere , infumere. Dans toutes les affaires ,
il faut y mettre , y avancer avant que de recueil-
lir. Quand on pourfuic une mauvaife dette , quand
on fait des avances ou des dépenfes fans efpéran-
ces de les retirer , on dit qu'on mec du bon argent
avec du mauvais. Il faut bien iervir fon maître ,
mais il ne faut pas y mettre du lien. Je veux bien y
mettre , y employer , y donner mon temps , mes
foins j mes peines. Il a ot« tout en ufage pour par-
venir à les fins. Ils ont mis telle fomme en com-
mun pour négocier. Il a acquis ce fonds fans mettre
la main à la bouife, fans main mettre. Onditauffi,
Tome y.
MET 979
qu'un homme fe met en frais , quand il fait quel-
que légère dépcnfe de mauvaite grâce.
Mettre , fignihe auflî , S'appliquer , s'employer à
quelque chofe , travailler. Applicare , adjun^ere ;
impoacre. Se mettre à l'étude , au négoce. Se mettre
en tête quelque choie. Mettre la main à l'icuvre ,
à la pâte. Mettre au net un ouvrage. Mettre fin à
une artaire , y mettre h. dernière main. On le die
même des ouvrages de l'efprit. Mettre la main , la
dernière main a un pocme , à un dilcours.
On dit auflî, qu'un diamant cil h'icn mis en au-
vre; qu'un Orateur à bien mis , bien enchâlle une
telle pcnfic dans fon livre, dans Ion dilcours.
Mf.ttre, le dit aulli chez les Artilans. Mettre en cou-
leur. Colore tingere. Mettre en prelle. Mettre au
billon. Aletcre à la fonte. Mettre à la. coupelle.
Mettre en grand , en petit. Meccre dans le tan, Mec-
tre à la teinture. Aletcre en galle , en paftcl. Mettre
à la lellîve.
Mettre, lignifie aullî , Commencer, ou finir quelque
chofe. Adhihere fe ad. Alettre en chemin. Il s eft
mis en devoir de faire voir une telle chofe. Il met
les autres en train. Il a mis des bornes à (es con-
quêtes. Mettre fin à fon difcours. Se mettre en hu-
meur. Alettre fur les voies. Cet Écuyer a mis ce
Prince à cheval , lui a mis Içs armes à la main ; pour
dire , lui a donné les premières leçons du manège,
ou de l'efcrime. Ce Maître lui a mis la m.iin fur
le luth , a commencé à lui apprendre à jouer du
luth. Quand ce verbe mettre eft luivi d'un infinitif
qui exprime l'aftion qu'on commence , cet infini-
tif eft précédé de la patticulc a. Il fe mit à rire , à
crier , &c.
Mettre, Détruire, anéantir. Defiruere. Alettre quel-
qu'un à mort, au tombeau. Alettre tout à feu & à
lang. Alettre en pièces une armée. Mettre quelqu'un
à la belace , le mettre au blanc. Mettre un mur j un
bâtiment par terre. Mcctre en chemife. Aletcre
tout en corabuftion. Alettre en fuite , en déf-
ordre , en défarroi , en déroute. Alettre en
poudre , en cendres une ville. Aicttre fur le
carreau. Mettre à fac , au pillage. Mettre aux abois.
Metttre à bout , ou poulTcr à bout. Alettre à ran-
çon. Mettre aux fers. Mettre en quartiers. Aletcre
tout à l'abandon.
Mettre , fignifie au contraire , Faire profiter, ace roî-
tre. Augere , crcfcere. Alettre de l'argent à rente ,
à intérêt , à ulure , à fonds perdu. Il l'a mis en
fonds de terre. On a de la peine à bien mettre fon
argent pour le faire profiter. C'eft un homme qui
met tout à profit. Se mettre en poireflîon d'une Ter-
re , d'une Charge, d'un Bénéfice. Se mettre en hon-
neur , en crédit , en réputation. Alettre en vogue.
Meccre en règne. Mettre à la mode.
Mettre bas , fe dit des femelles des animaux, quand
elles font leurs petits. Deponere , parère. On dit
.lulfi , qu'on a mis bas dans les Imprimeries , &
dans quelques atteliers , ou manutadures , quand on
a congédié les Ouvriers y ou abandonné le travail.
On dit auflî, que les cerfs mettent bas, quand ils
quittent leurs têies vers le mois d'Avril. On ditj
qu'une maladie a mis au bas une perfonne , quand
elle l'a mis à l'extrémité ; qu'on a mis au bas quel-
qu'un ; pour dircj qu'on l'a humilié, qu'on l'a ruiné,
fer Aicttre bas fi haine , deponere , n'a jamais été
un terme noble, /-'ojyt;- Bas.
Mettre , fe dit au Palais en ces phrafes. Aletcre l'ap-
pellation au néant , c'eft , Débouter d'un appel. A
caufa dejicere. Mettre l'appellation , & ce dont a
été appelle au néant , c'eft , Infirmer la lentence :
& cette prononciation n'appartient qu'aux Cours
Souveraines. Mettre hors de Cour. Voye^ au mot
Hors. On dit. Se mettre en état; pour dire , Com-
paroître en Juftice fur un Décret ; c'eft-à-dire , Se
meccre en prifon j quand il y a Un Décret de prife-
de-corps; ou faire un ade de comparution perfon-
nelle au Greffe , quand il n'y a qu'un ajournement
perfonnel : & on dit , Mettre un procès en état ;
pour dire , Achever fjn inftrudion. Donner un ap-
Hhhhhh ij
980 MET
poiiTcement à mettre , 011 amplement , à mettre ,
c'ell , Ordonnei- que les picccs des parties (cioiu
m'tfcs entre les mains du Rapporteur > pour leur
faire droit fommairenicnt lur des matières provi-
foires. On dit, Mettre fur une requête; pour dire,
la répondre. Mettre un fac au Grefte ; pour dire ,
Produire. Mettre un arrêt; pour dire, le donner au
CrelKer , pour le faire expédier aux parties. Un Avo-
cat dit aulîî , Je mets en fait. Hoc pono j_ ajjero ,
Jîc affirma. J'afsûre un tel fait. On dit aulli , met-
tre à exécution les fentences , les arrêts. Mettre un
arrêt en peau. Mettre une minute en grolfe ; mettre
en dépôt , en fcqueftre. Mettre en gage. Mettre z\\
polfeUion. En ce fens il vient de mittere. On dit y
mettre a l'enciicre, mettre à prix, pour dire , Faire
une eftimation. Mettre en vente , mettre en criées ,
à l'encanj au rabais. Mettre en curatelle. Mettre tn
interdit. Mettre une tête à prix ; pour dire , Prof-
crire quelqu'un.
On dit encore : Mettre en la main du Roi &z de
Juftice , pour dire j Saillr. Apprehendere , capere.
Mettre un Fief hors de fes mains ; pour dire, s'en dé-
f.rire , loifqu'on ne le peut retenir félon les loix.
icr Mettre un Fief en fi table , lorfqu'un Seigneur
unit un Fief fcrvaiit au Fief dominant , par puillan-
ce & retenue du Ficf Foye^ Table. On dit aulîî ,
mettre en un contrat, OTcr/re en fon marché, c'ell-à-
dire,y inférer quelques claufes particulières, ilferrre en
ligne de compte ; pour dire , mettre en coniîdéra-
tion quclquec hofe. Mettre une queftion iur le t.apis,
mettre papiers fur table ; pour dire , Examiner une
aftaire. On dit aulîî , mettre f efpèce d'une loi , ex-
poîer le cas.
Mettre , fe dit aulîî en parlant des punitions 8c des
crimes. Mulclare , pleclere. Mettre à l'amende , au
■carcan , au pilori , aux galères. Mettre quelqu'un en
Juflice , le déférer pour crime , le faire alîîgner pour
quelque action civile , le mettre en caufe. Mettre
en prifon , ou hors de piifon. Mettre en liberté.
ifT Mettre au ban de l'Empire , exprellion qui n'a
lieu qu'en parlant des affaires d'Allemagne. C'eft:
déclarer qu'un Prince ou une Ville a encouru les
peines portées par les loix de l'Empire en certains
casj ce qui emporte toujours confiication.
AIettre la main , ou LES MAINS , le dit en parlant
des violences, ou des entrepviles qu'on a fait à l'é-
gard de la perfonne , ou des droits de quelqu'un.
Violentas mamis imponcre. C'eft un crime de met-
tre les mains fur un Prêtre. Les Princes léculiers
ne doivent pas mettre la main à l'encenfoir , entre-
prendre lur Icï droits de l'Eglife.
Mettk.e , (e dit en termes de Manège, en parlant des
façons de manier un cheval. Equum pal&firïcà dif-
ciplinâ injiuuere j informare. Ce cheval eft propre à
mettre aux courbettes , aux airs relevés. Ce Barbe a
été bien mis j bien drellé. On dit mettre un cheval au
pas, au trot, au galop. Ou. le mettre en haleine,
ou hors d'haleine. On dit aulîî ^ mettre un cheval
dedans ; pour dire , le dielfer , le mettre dans la
main , dans les talons. Il y a des chevaux difficiles à
mettre dedans. On dit aulîî , mettre un cheval ious le
bouton; pour dire, le tenir en état par le moyen du
bouton des rênes qu'on abaille, comme fî le Cava-
lier étoit delîus. On dit aulîî , mettre un cheval à
l'herbe , ou lui donner le vert j pour le rétablir &
l'engraiffer.
§Cr En termes de Peinture , on dit mettre en petit ,
lorfqu'un Peintre copiant un tableau , en réduit les
figures & tout le delîein à une grandeur beaucoup
au delfous de celle de l'original. Et dans un fens
contraire , mettre en grand. Mettre en œuvre, c'eft
monter des pierreries fur l'or & l'argent.
§Cr Mettre en cire , fe dit du Metteur en-œuvrc
qui pôle fur un bloc de cire toutes les pièces d'un
ouvrage dans le fens &: de la manière qu'elles doi-
vent être étant montées , afin de les fouder plus fa-
cilement.
En termes de Marine, on dit, mettre à la voile,
mettre en mer ; pour da'c , Partir d'un port. ï'eU
MET
dare. Mettre à Hot j mettre à bord , mettre à terre ,
le mettre à la largue. On dit aufti , Se mettre à
nage; pour dire , fe jettcr a l'eau. Mettre à la cape ,
mettre pavillon bas , quand on falue un fupérieur ,
ou quand on fe rend. On dit aulîî , mettre ou cou-
ler à fond un vailfeau. Mettre tout au vent ; c'eft
lorfqu'on eft contraint par un gros temps de mettre
vent en poupe ou autrement , & Mettre vent en
poupe , c'eft tourner le derrière du vailleau contre
le vent. Mettre en ralingue fe dit pour , Mettre le
vaifteau de telle forte que le vent ne donne point
dans les voiles , &c Mettre en panne , pour due ,
Faire pencher le navire , afin de fermer quelque
voie d'eau. On dit encore , Mettre les voiles de-
dans , mettre à fec , ou mettre à mât &: à cordes,
pour dire , Ferler les voiles &: les ferrer fans en
garder aucune. Mettre le vent fur les voiles , pour
dire , Les mettre parallèles au vent , afin d'empê-
cher qu'elles n'en prennent. Mettre les balles voi-
les fur les cargues , pour dire , Se fervir des cargues
pour les troulîer par en-bas. Mettre côté en tra-
vers , pour dire , Mettre le vent lur les voiles de
l'avant , ôc laiffer porter le grand hunier enforte
que le v.iilleau prête le côté au vent. Mettre Ion
vailfeau à la bande , pour dire , Le faire ranger lur un
côté pour le radouber , ou étancher quelque voie
d'eau. Mettre un vailleau en cran , pour dire , le
mettre fur le côté pour le caréner ou le luiver.
Mettre à la cape , pour dire , n'.avancer ni ne re-
culer. Mettre le cap , pour dite , Tourner la proue
d'un navire du côté du vent qu'on s'eft propolé
de luivre. Mettre un navire en funin , pour dire ,
l'.agréer de tous les cordages : & mettre une galère
en eftime , pour dire , balancer une galère de telle
forte qu'elle .-"ille aulîî vite qu'il fe peut.
Les Charpentiers difent , mettre des folives de
champ , pour dire , les poler lur la partie la moins
large. On dit aulîî , mettre les poteaux du fond au
pan de bois , pour dire , les mettre du haut enbas,
ou mettre les pièces debout. On dit , mettre les piè-
ces de bois en leur raifon , pour dire , difpofer de
telle forte des pièces de bois , qu'étant mifes en
chantier _, chaque morceau fe trouve en fa place.
On dit d'une pièce de bois , qu'elle eft mife fur fon
fort , quand elle bombe un peu, & que le bombe-
ment eft mis en haut.
Mettre fes effets à couvert , (e dit ordinairement en
niauvaile part , d'un Négociant qui détourne ce qu'il
a de meilleur dans le delîein d'une banqueroute frau-
duleule.
On dit en termes de J.irdinage_, fe mettre à fruit,
en parlant d'un arbre qui commence à porter du
fruit , après avoir été long temps lans en donner.
Il y a des arbres qui fe mettent difficilement à
fruir.
Mettre j fe dit auffi en parlant des jeux , de gageures ,
defuppohtions. Deponere ,pacijci. Que voulez vous
mettre ? pour dire , Que voulez-vous gager ? J'y
mettrois ma tête à couper , j'en mettrais ma main au
feu. Il faut mettre au jeu. Mettre 3. la Banque j à la
Lotterie. Mettre en bredouille. Mettre quelqu'un
en jeu , le citer.
On le dit aulîî du fervice de la table. Mettre le
couvert , mettre lur table, c'eft Icrvir à manger.
Menfamflernere. Mettre en ragoût , mettre en capi-
lotade. On l'a mis à toutes (auces. C'eft un tel qui
met la nappe , pour dire , on mange chez lui.
Mettre, ledit auilî en parlant des habits; &: on dit
qu'un homme fait bien le mettre , quand il fut s'ha-
biller proprement & convenablement. Comere fe ,
ornare , adornarefe. On dit d'une femme, qu'elle eft
bien mife , qu'elle eft bien Ious les armes , quand
elle lait ce qui lui lîed bien. Mettre un habit neuf,
du linge blanc. On dit qu'un homme met tout iur
foi, quand il dépenfe tant à s'habiller, qu'il ne lui
lefte rien pour vivre. On dit aulîî , mette^ votre
chapeau , couvrez-vous. On dit qu'un homme s'eft
mis tout nu , quand il s'eft dépouillé. Mettre (es fou-
liers en pantouHe.
MET
Mettre , fe dk figiirément en chofes fpiritucUes &
morales. Poncre , deponcre. Il faut meure toutes
clîofcs en la main de 13ieu. Tout cft perdu , li Dieu
n'y met la main. Il faut toujours lui meccrc devant
les yeux la crainte de Dieu , (on devoir , pour dire ,
lui faire faire des réHexions lur fes adfions. Mettre dans
la mémoire un Liienhit. Mettre fous fes pieds une
injure, lamépriler, la/ntmc en oubli , \a. mettre a\ix
pieds du Crucifix. Mettre , graver dans fon efprit.
Mettre en doute. Mettre en courroux , en inimitié,
en inquiétude , en niauvaifc humeur. Mettre une
chofe en tête , pour dire j pcrfuader. Mettre en
vers Françoisj en Latin. On dit .lulli , we«re en dé
libération, mettre en difpute, en queftion , en ar-
bitrage, en compromis. Mettre en avant une pro
podtion. Mettre en lumière ou au jour quelque ou-
vrage. Mettre une hilfoire par écrit. Le temps ?77ct
toutes choies en évidence. On dit aulll qu'un -.hom-
me s'eft mis dans les bonnes grâces , dans l'efprit
d'une peiionne, pour dire qu'il s'eft fait aimer, ou
eftimer d'elle : qu'on l'a mis mal avec quelqu'un ,
qu'on l'a brouillé avec lui. Mettre en beau chemin.
Il l'a mis en ion tort. Il s'eft mis à la raifon. Il a
mis la main à la confcience. Mettre en colère , en
furie. Mettre en rut. Mettre aux champs. Mettre hors
des gonds.
Mettre, le dit aufll abfolument & avec des adverbes
en quelques phrales. On l'a mis à même , pour dire ,
on a tout laillé à (a dilcrétion , il en peut prendre
tant qu'il voudra. On l'a mis au pis, pour dire, on
l'a délié de faire tout le mal qu'il pourroit. Il y a
d'autres exemples ci-dclfus.
^3" Mettre, Poser, Placer , lynonymes. Mettre 3.
un fens plus général j pofer &C placer en ont un plus
reftraint. Mus pofer , c'eft mettre avec juftelîe, dans
le fens &c de la manière dont les chofes doivent être
mifes. Placer , c'eft les mettre avec ordre , dans le
rang ôc dans le lieu qui leur conviennent. Svn. Fr.
On met des colonnes pour loutenir un édifice ; on
les pofe fur des baies -, on les place avec fyinctrie.
§3" Mettre, fe conftruit quelquefois avec l'infinitif
d'un autre verbe (ans aucune particule précédente.
On met chauffer de l'eau , on met lécher du Imge ,
6x. On met de l'eau auprès du feu afin qu'elle chauffé ,
On met du linge en quelque endroit afin qu'il sèche.
Alors mettre équivaut 3i faire. Faire chauffer j faire
fécher. Nous ne ferions que répéter ce qu'on trouve
aux articles particuliers, li nous voulions parcourir
toutes les acceptions du verbe Mettre.
Mettre , fe dit proverbialement en un très-grand nom-
bre de phrafes, dont voici les principales, qui (ont
expliquées ailleurs. Mettre de l'eau dans fon vin.
Mettre le feu aux étoupes. Mettre de la paille , du
foin dans fes fouliers , dans fes bottes. Mettre la
charrue devant les bœufs. Mettre la clef (ur la tofle.
Mettre en beaux draps blancs. Mettre tout par écuel-
les. Mettre le tout pour le tout. Mettre le nez en
quelque choie. Mettre le cœur au ventre , ou le feu
fous le ventre. Mettre tour (ans deflus deflous. Il ref-
femble aux Chaudronniers , il met la pièce auprès du
trou. Mettre du côté de l'épée. Se mettre en rang
d'oignons. Szmeitreim fon quant à moi, pour dire,
marquer par des geftes ou par desdifcours de vanité ,
qu'on croit être fort au deffus des autres. Se mettre
fur le trotoir. Se mettre en quatre pour quelqu'un ,
pour le fervice de quelqu'un i c'eft faire toutes chofes
imaginables pour lui. Mettre le pied dans la vigne
du Seigneur , c'eft s'enivrer. Mettre les fers au (eu
pour quelque affaire ; c'eft y (onger , y travailler
tout de bon. Mettre un homme à quia ; c'eft le ré-
duire à ne (avoir plus que répondre. Mettre au rang
des péchés oubliés. Mettre fur les dents. Mettre pinte
fur chopine. Mettre toutes pierres en œuvre. Mettre
le pain à la main. Mettre la plume au vent , ha(ar-
der quelque chofe. On dit aufTî , mettre le marché
àlanuin, pour témoigner l'indifférence fur quel
que chofe. Mettre à la pile , au verjus. Mettre de
bon argent contre du mauvais , pour dire , rifquer
des frais pourfe faire payer d'un mauvais débiteur.
M E U
981
METTRIEUX. f. m. Vieux mot. Fagots.
03" ME rZ , mieux que METS. Voye-:{ Mets , pour
l'explication.
M E U.
r
MEVAT. Le Royaume de Viiv xi. Mevatum Regiium.
C'eli: une province de l'Empire du Grand Mogol en
Afie. Elle elt de la le Gange au nord du Royaume
de Bengale , Narvafic en eft la ville capitale. Maty.
§3" MEUBLE, f. m. Ce mot ledit, en termes de Pra-
tique , de tous les biens qui ne tiennent point lieu de
londs , qui peuvent fe tranfporter d'un lieu à un
autre fans être détériorés. Les meubles ftiivent la ptr-
lonne. L'argent , les obligations (ont regardés comme
meubles. On ledit aulli adjectivement, biens /«tv^Wc/^.
Obliger tous (es biens , meubles Sic immeubles. Bona
mobiiia Ù immobilia. En France , on ne reconnoit
que deux (ortes de biens , meubles &c immeubles. Les
meubles , c'eft l'argent comptant , les marchandifes ,
les dettes par cédules , ou obligations , des beftiaur,
uftcnfiles d'hôtel , qui ne tiennent ni à fer , ni à
clou , ni ne font fcellés en pLître , mais qui fc peu-
vent tranfporter (ans fradtion , ni détérioriation. Les
meubles n'ont point de fuite par hypothèques, mais
font lujets à revendication. Les créanciers viennent
par contribution fur les meubles. Le bois , le blé ,
le loin coupé , le poiftbn en boutique , (ont réputés
meubles. ^Iais quand ils font pendanspar les racines ,
(Si le poillon dans l'étang, ou le vivier , ils font ré-
putés immeubles. Les pères & mères fuccèdent à
leurs enf-ans à l'égard des meubles. On dit aulli , Une
univerfalité de meubles , d'une fuccelTîon mobdiaire.
f/3° Quelquefois un immeuble prend la nature de
meuble par ffipulation. f^oy. Ameublissement.
Dans les Coutumes , il efl dit que Izs meubles Ç\À-
vent la perfonne & (on vrai domicile , que les meu-
bles fuivent le corps. Ces exprellions ont diftércns
icns en divers pays. Quelquefois cela veut dire que
les meubles luivent la Coutume du lieu où eff le do-
micile du défunt, encore qu'il Ibit mort ailleurs :
quelquefois cela flgnifie que les meubles fuivent la
Coutume du lieu où le défunt elf décédé.
M. De Courtin appelle meubles animés les chofes
qui le meuvent d'elles mêmes , comme les animaux ,
chevaux , bœuls , moutons , &c. & meubles inani-
més , ce que l'on appelle iimplement meubles dans
l'ufage ordinaire. Res moventes , res mobiles.
Ce mot vient du Latin mobiiis.
Meuble , lignifie auill tout ce qui eft deftiné au fcrvice
d'une maifon , foit delà ville , foit de la campagne,
tant pour la garnir, que pour l'exploiter & la faire
valoir. Suppellex. Les meubles àt falle , de chambre ,
de cuifine. Les charrues & harnois font les meubles
de la ballecour. On appelle meubles meublans , ceux
qui font ablolument nécelfaires pour le ménage , les
lits , chaifes , table, vaifFelle. Les meubles précieux ,
lont les tableaux , la vaiffelle d'argent , & autres
fupertluités qui ne fervent que d'ornement. Meubles
d'été , meubles d'hiver. Il faut ûidr & difcurer les
meubles d'un mineur , avant que de décréter les im-
meubles.
§3° On dit, Mettre une femme dans fes meubles , l'en-
tretenir dans un appartement meublé. Avouez ,
Monfieur Gilblas , que vous l'avez mife dans fes
meubles , & que vous mangez enfemble les pifto-
les que vous avez emportées du louterrain î Le Sage.
Meuble, fe dit en une fignification plus étroite, d'un
lit & des chaifes de même parure , ou même de leur
garniture. Cuhiculi fupellex , inflruclus. Cette femme
travaille depuis quatre ans à un meuble en tapifferie,
en broderie. Elle a acheté un meuble magnifique de
damas ; elle, a fait faire un petit meuble de brocatelle
pour la mailon de campagne.
Meuble , en termes de Blalon , fe dit de tout ce qui
charge , brif'e , ou accompagne les pièces , & les
divifions d'un écu , comme animaux , fruits , ar-
bres, befans, macles, &c. Inflruclus , injlruclio.
Meubie , fe dit aulli au figuré pour tout ce qui peu:
982 M E U
ctre de quelque utilité , pour tout ce qui peut procu-
rer quelque avantage.
La venu fans argent n'ejl qu'un meuble inutile.
BoiL.
f:T Meuble, adj. Terme d'Agticulture & de Jardina-
ge. Liger appelle Terre meuble, une terre ii bien
labourée, & lî à-propos, qu'il n'y paroît aucune
motte , une terre bien remuée , terra mota , comme
dit cet Auteur : on adopte la même idée dans l'Ency-
clopédie. Quand on a labouré une terre, on dit
qu'elle ell meuble :, c'eft-à- due , propre à recevoir la
femence. U ell très-vrai qu'une terre devient meuble
par les labours, parles façons qu'on'lui donne. M.iis
le mot de meuble , formé du Latin mohilis , mo-
bile , délîgne plutôt la qualité d'une terie qui le re-
mue aifément , que l'état de celle qui a été bien re-
muée. On entend par terre meuble , une terre légère,
aifée à labourer. Jlrari facilis. Voyez Terre.
MEUBLER, v. a. Mettre des meubles dans une mai-
fon pour la commodité , ou la nécelllté. In/irue.re ,
ornare , apparare. Meubler un appartement. Tous
les baux font faits à la charge de meubler h mailon ;
de la garnir de meubles exploitables ; à» meubler
une métairie de harnois , de beftiaux.
Meubler, fe dit figurément de l'elprit, ou de la mé-
moire, pour dire, l'orner, l'enrichir. Ornare men-
tem , memoriam. Je me promets bien d'oublier toutes
ces bagatelles , dès que j'aurai occalîon de meubler
plus richement ma mémoire. Tour.
MEUBLÉ , ÉE. part. pall. & adj. Jnftruclus , ornatus.
§Cr On dit qu'une perlonne ell bien meublée, pour
dire , qu'elle eft bien en meubles. On dit fami-
lièrement en parlant d'une perlonne qui a les dents
belles j qu'elle a la bouche bien meublée. Ac. Fr.
MEUDAN. f. m. Nom d'homme. Meldanus. Saint
Meudan eft honoré à Péronne. Il étoit Irlandois. Ses
reliques furent apportées en France par S. Furfy ,
& depuis placées à Péronne. C'efl tout ce qu'on en
fait, l'oye:^ BoUandus Se Chaftelain, au 7^ Février.
MEUDON. Nom d'un bourg & d'un château Royal
de l'île de France , à deux lieues de Paris , du côté
du couchant. ^ Metiofedum.
MEUE , ou MUE. f. f. Vieux terme de Palais , qui
vient du verbe mouvoir , exciter, fulciter.
Meue de plaidz , c*eft-à dire , chicane , commence-
ment de procès , l'adion d'en intenter , ou ce qui
y donne occalîon.
MÉVENDRE. v. a. Terme de Commerce. Vendre une
marchandife moins qu'elle ne vaut. Viliorl pretio
venderc. Quand on voit qu'un Marchand commence
à m.evendre , à faire bon marché, c'eft ligne qu'il
va bientôt faire banqueroute.
MÉVENDU,UE. part. & adj.
AlÉVENTE. f. f. Vente à vil prix. Venditiovili pretio.
Il y a toujours de la mévente aux ventes forcées qu'on
fait à l'encan.
MEUGLEMENT. Foyei Beuglement.
MEUGLER. V. n. Faire des meuglemens. Il ne fe dit
au propre que du cris des bœufs. Alugire. Au figuré
on le dit des hommes qui ont une voix forte ,§3" qui
font un cri épouventable. Il ne chante pas, il meugle.
F'oyei Beugler.
MEUHKE. f. m. Terme de Relation. Nom d'une civi-
lité qui fe fait chez les Turcs, quand on boit à la fanté
l'un de l'autre. Après qu'un homme a bu , il eft de la
civilité de celui de qui on boit la fanté, de lui pré-
senter un petit morceau de fruit ou de fromage , &
quand il y a des olives lur la table , ils les emploient
préférablement à toute autre chofe, pour cette cé-
rémonie , qu'ils appellent Meuhké. Du Loir.
MEUILLON. Nom d'une ville & cLîteau de France
dans le Danphiné , & l'ancien pays des Caturiges ,
qui font ceux de Chorges. MeduUio. Valois , Not.
Gall. p. 32 ç.
WEULAN , ou MEULANT , &: non point MEU-
LANC. Nom d'une petite ville du Gouvernement de
l'île de France. Mellencum , Metlindum , Medliatum ,
M E U
Mollentum , Mallenum. C'étoit autrefois un lieu for-
tifié. Il eft lur la Seine , qu'on palfe fur un pont de
pierres, à huit lieues au dellbus de Paris. Sur cette
Ville , Voy. la Dej'erip. Geogr. & Hift. de la Haute-
Normandie, T. II , p. 24J. & fuLV. Long. 19. d.
3 2' , lat. 49. d. 1'.
Ce mot a été formé de deux mots Teutoniques.
Mol, qui fignifie du fable, 8c Land , qui lignifie
terre ; c'eft-à dire , Terre dt fable , ou Terre fablo-
neufe.
MEULE, f. f. Terme d'Economie ruftique. Quelques-
uns difent meulon. Richelet prétend qu'il faut dire
mule. L'Académie dit meule ; & c'eft l'ufage géné-
ral. C'eft un monceau , une pile , un tas de foia
qu'on laille quelque temps dans le pré pour mieux
fécher. Moles , meta , rnetula , flruts , cumulus. On
fait aulîi des meules , des palliers dans les balfe-
cours ; & en beaucoup de lieux on laille les grains
en gerbe dans les champs arrangés de façon, que
la pluie ne peut y pénétrer. On fait aulîl des meules
de fel , que dans le pays on appelle l'haches. On
les appelle meulons à Guérande & au Croific.
Ce mot vient du Latin moles. AL Huet croit qu'il
pourroit bien venir de /««//0 ,• Odéricus Vitalis a dit
fceni mulloncm , une meule de loin.
Meule , fe dit aulîî des grolles pierres rondes Se plates,
dures & raboteulcs , qui fervent à broyer les grains
dans les moulins , & à faire de la farine. Mola piflri-
naria. Le grain s'écrafe entre les deux meules. C'eft
la roue du moulin qui par le moyen du ploquier fait
tourner la meule de dellus. L'œil de la meule eft le
trou par où palle le fer du ploquier. Il y a des meules
d'une feule pierre , d'autres qui ont des chameaux.
La meule d'enbas s'appelle le gite , ou la meule gi-
fante. Celle d'enhaut s'.appelle meule courante , qui
ccrafe le grain. fpT II faut de temps en temps piquer,
battre & empâter la meule. L'ufage des meules de
mouhn pour moudre le blé , fut inventé à Lacédé-
mone par le Prince Miléta,fiis du Roi Lélex. Mola
alata. Moulin à vent. Mola trufatilis. Moulin à bras.
Mola olearia , Moulin à huile. Mola jrumentaria ,
Moulin à blé.
Meule , ou Meulon. Tas de chanvre brut.
Meule, le dit aulîi des pierres de grès très dur & d'un
grain lort ferré qui fervent aux Couteliers & Tail-
landiers pour aiguiler les fers deftinés à trancher Se
à couper. Mola acuminaria , mola acutorum trufatilis.
Elle le tourne avec une grande roue à bras. Il lauc
faire palfer les couteaux fur la meule.Les Gagne-petits
promènent pat les rues une petite meule.
Meule, le dit aulIi d'une petite roue d'acier , fCF d'é-
tain, ou même de bois dont fe lervent les Lapidai-
res , fuivant les pierres qu'ils veulent tailler. Alola
chalybea.
f3" Les Miroitiers-Lunetiers ont aullî des meules fur
lefquelles ils arrondilTcnt la circonférence des verres,
des lunettes , &c.
§3° Les Couteliers (Se les Taillandiers ont leur meules y
leurs meuUeaux , enfuice leurs meullardeaux , &
enfin leurs meullardes , qui font les plus grandes.
Meule , en termes d'Anatomie , le dit quelquefois de
l'os du genou , rotula, qu'on appelle aulli rotule , ou
palette. Voy. Rotule.
Meule , en termes de Vénerie , eft une efpèce de bolfe
fur le haut de la tête du cerf, d'où fort fa ramure ,
ou bois , ou marrein. Matrix cervini cornu. On l'ap-
pelle aulli rocher, caillou , bafe.
"S^ Meule, en termes de Verrerie. On donne ce nom
à des morceaux de verre qui s'attachent aux cannes
pendant qu'on s'en lert, &c qui s'en détachent quand
elles fe refroidilfent.
Meule, en termes de Jardinier Maréchais , fe dit du
fumier , Se lignifie un amas , un tas de fumier chanci ,
qu'ils ont trouvé en défailant leurs couches , & qu'ils
ont mis enfemble pour avoir des champignons.
Fumi agoer.
MEULES ou PAINS. On nomme ainfi certains fro-
mages ronds &: plats qui viennent de Suilfe , d'Italie
Se d'Angleterie, apparemment p.arce qu'ils rellém-
M E U
blent pour leur épaillcur &■ leur diamèrre aux meules
des Couteliers.
MEULEVI. f. m. Nom que l'on donne en Turquie aux
Dervichs,du nom de leur fondateur Hazretti Meiila
na , qui quitta (on Royaume de Cogna pour en uil'i-
tuer l'Ordre. Du Loir ,p. 14p.
§3" MEULIÈRE. 1. L Carrière d'où l'on tire les meules
de moulin. Lapidlcina moLina. On appelle pierre de
meulière , une pierre dont on fait les meules de mou-
lin. C'eft une pierre dure, remplie de trous tk. d'iné-
galités. Il hiut qu'elle foit ainli pour mordre fur les
grains. Lapis molarïs.
^3" On appelle aulli pierre de meulière , une forte de
moellon de roche , dur , plein de trous, & comme
longé , qu'on trouve en morceaux détaciiés dans les
environs de Paris. Cette pierre ell: bonne pour baiir,
parce qu'elle prend très-bien le mortier à caufcdc fes
inégalités.
MEULLARDEAUX, ou MOLARDEAUX. f. m. On
nomme ainfi une elpèce de meules dont (e fervent
les Taillandiers, pour aiguifer les outils de fer qu'ils
forgent, v '*
MEULLARDfcS. f. f. Ce font les plus grandes meules à
Taillandiers, & qui ont audellus de quatre pieds de
diamètre.
MEULLEAUX. f. m. Qu'on nomme autrement (Eil-
lards. Moyennes meules à aiguifer j propres au.\ Cou-
teliers Se Taillandiers.
MEULTRE. i. m. Vieux mot. Meurtre. Cœdes.
MEUM. F'oyei Méon.
MEUN. Qui s'écrit aulîi Méhun , mais fe prononce en
une feule lyllabe. Nom d'une petite ville avec Bail-
liage. Magdunum. Elle eft dans l'Orléanois , province
de France , lur la Loire , environ à trois lieues au-def
tous d'Orléans. Maty.
AIeun. Nom d'une petite ville de Berri , en France.
Magdunum ad Averam. Elle eft fur l'Yerre , à quatre
lieues au delîous de Bourges.
Il y a encore dans cette province un village qui
porte aulli le nom de Meun. Il eft lur l'Indre , entre
Châteauroux &c Buzançois. Maty. On écrit quelque-
fois Mehun.
MEUNIER , 1ERE. f. m. & f. ( Le petit peuple dit
Munier ou Alonnier. ) Pijirinarius , molicor. Celui
qui tient & fait valoir un moulin à moudre des
grains. Les Meuniers prennent une certaine melure
pour leur peine, qu'ils appellent mouture. On dit
ironiquement de ceux qui mettent beaucoup de pou-
dre fur leurs cheveux , qu'ils (ont enhuiiies comme
les Meuniers ; qu'ils font blancs comme des Meu-
niers.
Ce mot vient par corruption de monnier , & de
molinarius , ou de molitor.
Meunier , ère , fe dit auiîî _, quoique rarement , de
celui qui fait aller , qui gouverne d'autres moulins
que des moulins à grain. Molitor. Le Meunier d'un
moulin à tan : le Meunier d'un moulin à foulon ,
eft celui qui a foin d'un moulm à foulon j c'eft à-
dire , du moulin où l'on rcvique les étofîcs pour les
dégorger.
On appelle un drap de Meunier y un drap de la fa-
brique d'un Marchand d'Elbeuf , nommé Meunier.
On dit proverbialement , qu'il n'y a rien de plus
hardi que la chemile d'un Meunier , parce qu'elle
prend tous les matins un larron au collet. On dit
qu'on eft devenu d'Évcque Meunier , quand on a
quitté une condition pour en choifir une moins ho-
■ norable. On demande pourquoi les Meuniers portent
des chapeaux blancs.'' &on répond, c'eft pour cou-
vrir leur tête.
Meunier , eft aulTi un poKfon de rivière , ainfi nommé
à caufe qu'on en trouve quantité autour des mou-
lins , & qu'il fe nourrit de bourbe &c d'eau. Sa chair
eft blanche & molle , ce qui la rend peu eftima-
ble , à moins qu'ils ne foient un peu vieux Ik nour-
ris dans une eau vive. C'eft une efpèce de barbeau qui
a quatre ouïes , mais fans barbillons. On l'appelle
aurtl muge J te/lu. En Latin cephalus , muM , ou ca-
pito fiuviatdis.
M E U
985
^CT MEt;NiER. Petit Scarabée qui fe trouve dans la fa-
rine humide vers la meule des moulins. Il eft lor.g ,
armé de cornes trcs fines , noir par-tout , excepté fous
le ventte qui eft d'un rouge ob(cur. Scaraieolus pif-
trinarius , on (impieiaent , Pijirinarius , (ubftantii-.
ffT Meunier. Terme de Jardinage. Efpèce de lèpre
qui attaque les arbres, principalement les pêchers,
les Heurs , & quelques herbes potagères , les melons ,
les concombres, t^oye:^ Blanc, Maladie des ar-
bres : c'eft la même choie.
LeMEUNOIS^ou MEHUNOIS. Pagus Magdunenfis.
Valois ,Not. Gall.p. sr J.
M EUR. Voye^\i}\x.
MEURE. l^oyè^Mhnh.
MEUREMENT. Foyci Mûrement,
MEURIEH. royeiUvKihK.
MEURIR. ;^oyq MÛRIR.
MÉVOUILLON. Medullio. Baronnie de France , dans
le Dauphiné , Éledion de Montlimar.
MEURS. Nom d'une petite ville du Duché de Clèves.
Mcufia y Murfia, Muroaneta. Elle eft forte , défen-
due par une bonne citadelle , (Ituée à deux lieues de
Rhinberg & d'Orioi , du côté du midi.
MEURTE. Nom d une rivière de Lorr.rine. Murta ,
Morta. Elle prend fa fource aux montagnes de Vauge ,
palfe à S-aint-Dey , à Eftiv.al , à Nancy , & à quelques
lieues au-deft'ous j elle fe décharge dans la Mofejle.
Maty.
^ MEURTRE, f. m. Homicide commis de delllin
prémédité c'îc avec violence; crime de celui qui en
tue un ou plulieurs autres de guet-à-pens. Ainli le
meurtre eft diftingué du (impie homicide qui arrive
p.ar accident 3 & de celui qui arrive dans une rixe ,
dans un duel. Cizdes. Il eft arrivé un meurtre dans une
telle rue. Il fe commet dans cette foret bien des meur-
tres. On roue ceux qui (ont convaincus de vol &
de meurtres. On cric tous les jours au meurtre ea
cette maiion.
La force tenant lieu de droit & d'équité ,
Le mcuate s' e.vercoit avec impunité. Bouh.
Corneille a dit dans le Cinna,
le fils tout dégouttant du meurtre de /on père.
•Str« Expreflion très-impropre. On dégoutte du fang , &
non du meurtre de quelqu'un. Ces idées font inco-
hérentes.
Ce mot vient de mordrum , ou murdrum , qui s'eft
dit dans la balle Latinité ; ou du Saxon , mord; ou
du Flamand , moord. Mén. D'autres le dérivent de
martyrium.
Il y a plus d'apparence que ce mot vient de rnuntr,
qui , en langage Celtique ou Bas Breton , lignifie
meurtre , & muntra , tuer , & muntrer , meurtrier.
M. Huet dérive ce mot de mortuarium.
Meurtre , fe dit aulFi pour des repréfentations de
meurtres , ou pour des meurtres apparcns. Les An-
glois avides de la cruauté du fpedacle , veulent voir
des meurtres & des corps fanglans. S. EvR. La Tra-
gédie ne fouftre point de meurtres fur la fcène : ils
ont été introduits par des Poètes, qui n'ayant pas la
force de toucher par de (impies récits , ont eu recours
à CCS triftes fpedacles. Dac.
Meurtres; fe dit encore en chofes morales ,& figni-
fie Dommage. Damnum. Cet enfant a bien de l'ef-
prit , c'eft un m.eurtre de ne le pas fùre étudier. C'eft
un meurtre de faire abattre cet arbre , il porte encore
de bon fruit. C'eft un meurtre de rafer cette tête , qui
a de (i beaux cheveux. Exprellion familière.
On dit figurément , Crier au meurtre ; pour dire ,
Se plaindre hautement de quelque injuftice , de quel-
que dommage qu'on prétend avoir reçu. Il crie au
meurtre contre les Juges qui lui ont fait perdre fon
procès. Ac. Fr.
MEURTRIER , 1ÈRE. Celui ou cçUe qui a commis
. un meurtre. Lntcrfeclor , percuffor , homicida. Caïn a
été le meurtrier de fon frère. Chez prcique tous les
c!84 M E U
peuples on punit les mcuruiers. Une erreur populaire
a fait croiie qu'un corps mort l.Dgnoit en prcfcnce de
ton menrtriir. Les Anciens croyoicnt que les meur-
triers croient tourmentés par les ombres de ceux qu'ils
avoient tués. Dac.
Ce mot vient de l'Allemand mordcr , ou bien de
muntrcr , Bas Breton j qui hgnihe Li même choie.
Meurtrier, ière, eft aulH quelquefois adjectif. Il fc
dit de ce qui lert à donner la mort , de ce qui tue.
Morcifer , Uthijtr. Les armes à ku.iont fort meurtriè-
res. Les places bien lortihées (ont fort meurtrières.
On a voulu faire crou'e que le balilic avoir des regards
meurtriers. Les careffes dune jeune femme (ont meur-
trières j & autant de moyens d'homicide pour un vieil-
lard. Le Ch. d'H. Sa mine meurtrière tembloit mor-
guer le Ciel. G. G. Vos décidons meurtrières (ont en
averfîon à tout le monde. Pasc. Des loix meurtrières.
Rac. Épée meurtrière. Dent meurtrière du (anglier :
exprellîons propres à la PocTie.
Je vais pleurer des dieux les faveurs meurtrières.
Ceux qui verfentlefang d'une main meurtrière ,
N'ont point encore vu qu'une longue carrière
Alt mefuré leurs jours, God.
Minljlrc du Dieu des tempêtes ,
Foudre meurtrière ,c'ell; toi
Q^ue i'entens & que j' apperçoi ,
Prête d' éclater /ur nos tètes. N. ch. de vers.
Vos yeux , belle Philis , fe mettent (ur leur garde
meurtrière. Mol. Ceci eft burlefque. Les Poëtes appel-
lent Ja mort , meurtrière ; (a faux , meurtrière. Ils di-
fcnt aullî J la Parque meurtrière.
On dit proverbialement , AlTuré comme un meur-
trier ofli vient de la Gargouille de Pvouen , à caule
que S. Romain , pour délivrer cette ville d'un dra-
gon qui étoit d.rns la forêt de Rouvraif, obtint des
Juges pour l'accompagner , deux prilonniers dignes
de mort. Le larron s'enfuit j is. le meurtrier de-
meura ferme & allure avec le Saint , qui vainquit
le ferpent.
CJS" Meurtrière J 1. f. Terme de Fortifications. Ou-
verture pratiquée dans les murs d'une fortification ,
par laquelle on peut tirer à couvert fur les allîégeans.
Spécula jaculatoria , crena.
MEURTRIR, v. a. Tuer, fiire mourir. Trucidare , U-
dere. Le criminel échappe , &c l'on /72t;:/rmf l'innocent.
Ablanc. Il n'elt plus en u(age en ce (ens.
Meurtrir , (e du maintenant CCFpour lignifier , fiire
une contulion. f^oye^ Meurtrissure. Contundere.
Il eft tombé fur l'elcalier , il s'eft meurtri en trois
endroits. On l'a bien battu , on lui a tout meurtri
le corps.
Ce mot vient du Latin mutilare.
Meurtrir , fe dit aullî des fruits. C'eft les froiiïcr en
\<is prellant trop , en les maniant rudement. Con-
tundere. Les fruits meurtris ne lont point de garde ,
fe pourrillcnt.
Î.IEURTR1R. Terme de Sculpture. Les Sculpteurs difent,
meurtrir le marbre; pour dire , le frappera plomb
avec le bout de quelque outil , comme lotfqu'on tra-
vaille avec la boucharde. Tundere malleo.
03" Meurtrir. Terme de Peinture. C'eft adoucir la
grande vivacité des couleurs par le moyen d'un vernis
qui femble jetter une v.ipcur éparle lur le tableau.
Encyc.
MEURTRISSURE, f. f. Amas de fang qui le fait en une
partie du corps offenléc par quelque chute , ou par
quelque coup contondant , Se qui rend la peau livide.
Livida coniujïo. Le lani; extravalé fe corrompt , noir-
cit , & donne cette couleur à la partie meurtrie.
Cette balle n'a pas percé , elle n'a tait qu'une (im-
pie meurtrijfure. On le dit aulB des fruits tombés,
ou trop prellés , dont la meurtrijjure caufe la cor-
ruption.
MEUSE. Nom d'une grande rivière de la Gaule Bel-
gique. M)/à , anciennement Mas , Mafa , Mafe. Elle
a fa foutce dans la Champagne , vers la ville de
M E X
Langres , & à la fource de la Marne , d'où elle paffc
dans le Duché de Bar , dans la partie feptentrionale
de la Champagne , dans le Comte de Namur , dans
l'Évêché de Liège , dans le Brabant Hollandois , &c
dans la Hollande. Elle (e divife à Dort en deux bran-
ches , dont la plus (eptentrion;de prend le nom de
Merwe , baigne Roterdam , & le joignant peu après
à la méridionale , elle (e décharge dans la mer par
une fort large embouchure.
Meuse. Bourg du Bailîgni , à la fource de la Meufe , de
laquelle il a pris (on nom. Mo/a , Mofe. Il eft entre
Langues & Toul. V.\\oh, Not. Call.p. j6i.
MEUSNIER. Foyei Meunier.
MEUTANG. f. m. Nom d'une fleur de h Chine. Meu-
tangus. Les Chinois eftiment fort le meutang , l'ap-
pellent le Roi des fleurs. C'eft une efpèce de rofe ,
femblable aux nôtres , plus grande néanmoins , ôc dont
les pétales (ont plus étendus.
MEUTE, f. f. Terme collectif. AlTemblage de plufieurs
chiens drelfés à courir le lièvre , le cerf, le loup , ou
autres bêtes (auvages ou carnalîières. Canum indaga-
torum J caterva , turba , agmen. Une meute de chiens
courans. Il faut au moins une douzaine de chiens cou-
rans , pour mériter le nom de meute.
Dieu préferve en chajfant toute fageperfonne ,
De ces gens , qui fuivis de dix hourets galeux ,
Difent ma meute. Mot.
On faifoit autrefois les meutes de chiens , d'une
robe , c'eft à dire , tout d'un poil. On appelle le chien
le mieux dreifé , une clef de meute , celui qui mène
les autres. |C? Et en parlant d'un homme qui a beau-
coup de crédit dans fa compagnie , dans le parri dont
il eft J ont dit figurément que c'eft une clef de meute.
Expreflion qui n'eft que du ftyle familier.
On appelle chiens de meute, les premiers chiens
qu'on donne au laifler courre ; & vieille meute, les
(econds chiens qu'on donne après les premiers. On
diloit autrefois émeute , parce que ce font des chiens
qui émeuvent 3c détournent le cerf.
Ce mot vient du Latin movere , Se de mota , qui a
lignifié quelquefois une expédition de guerre.
AIeute , fe dit quelquefois d'une troupe de cerfs. Cer-
vorum gre.x , caterva. On a couru un cerf qui étoit
en Ja plus belle meute. On le dit aulîi quelquefois da
gîte.
Meute. C'eft un oifeau attaché à quelque bâton ou
corde, lequel lert pour frite approcher les autres des
filets, aulli l'appelle-t on quelquefois Moquette. Ter-
me ulité dans la chalfe des oifeaux.
MEWARI. Ville du Japon , dans l'ile deNiphon , avec
un palais où l'empereur Séculier fait quelquefois fon
fejour.
M E X.
MEX. f. m. Termes de Coutumes. C'eft le ténement Se
héritage main-mortable des perlbnnes de lervile con-
dition & de main-morte.
MÉXAT , MESCHED. Nom d'une ville de Perfe, ca-
pitale du Choralan , Si (ituée environ à quinze lieues
d'f^crat , vers le feptentrion occidental. Mexatum.
On dit que cette ville a (ix lieues de circuit , & cent
mille habitans.On y voit le tombeau d'Ali- Riza, gen-
dre , & quatrième fuccelleur de Mahomer. Maty.
Cette ville s'appelle Méxat-Ali.
ÇfJ' Il y en a une autre fur l'Euphrate , nommée Méxat-
Ocem , à cau(e d'une Molquée dédiée à Ocem , fils
d'Ali.
MEXICAINS. Nom des peuples du Mexique. Voye\
Mexique.
MEXIMIEUX. Bourg de France , dans la Bourgogne ,
avec titre de Baronie.
MEXIQUE , ou MEXICO. Nom d'une ville qu'on a
appelée aullî Thémiftiran. Mexicum , Tkemijluanum.
C'eft une ville de l'Amérique feptentrionale, capitale
de la nouvelle Elpagne , Se lituée dans le Mexique
propre, à quatre-vingt lieues de faim Jean d'Ulva,
VW
M E Y
vers le couchant j & à foixaute ik dix d'AcnpuIo , du
coté du nord oueft.
Mhxique , ou l.i nouvelle Efpagnc. Mcxkcina Rcgio ,
Mifpania nova. C'clt un grand pays qui rentcnne tout
ce que les Efpagnols polledcnt dans l'Amérique l'cp-
tentrionale , à la réicrvc du nouveau Mexique qu'ils
on découvert, &c dont ils ont conquis une partie ,
long-temps après le reltc. Le Mexique pris en ce feus ,
cli rcnternié, félon nos cartes , entre le 7' & le i9'^ de-
gré de latitude feptentuonale , & entre le iJ4& le
293' de longitude. Il cil borne au couchant par la
mer Pacifique , ou du Sud, & par la mer vermeille;
il a au-devant l'ifèhme de Panama , ou le golfe du Me
xique jXM nord le nouveau Mexique ,&: la Floride , (?c
en quelques endroits le golfe du Mexique ; au midi la
mer du Sud.
La Province de Mexique , culeTHEMisTixAN. Themif
tuunïa , Alexicana provincia. C'eft une grande pro-
vince de l'Audience du Mexique. Elle eft bornée au
levant par le Tlalcalan , au Nord par le Panuco , ils:
au couchant par le Méchoacan , la mer du Sud le bai
gne au midi. Ce pays étoit autrefois plein de grandes
villes, & très peuplé; mais les Efpagnols l'ont ptefquc
cpuifé d'habitans. Ses villes principales font Mexique
& Acapulo.
L'Audience de Mexique. Prefeclura Mexicana. C'eft
une grande région de la nouvelle Efpagne , en l'Amé-
rique feptentrionale. Elle a au couchant l'Audience
de Guadalajara, & au levant celle de Guatimala , le
golfe & la mer de Mexique la baigne au nord , & la
mer du Sud au midi.
.Le lac de M.fx.iQxsE. Me.xicanus lacus. Ce lac en renfer-
me proprement deux , qui font dune égale grandeur ,
leparés l'un de l'autre par une grande digue , qui va
du couchant au levant j le circuit des deuxenfémble
peut être de cinquante lieues ; la partie feptentrionale
cft d'eau falée , & on y fait quantité de fel : la ville
de Mexique y eft bâtie. La méridionale qui eft d'eau
douce, & qui abonde en poillons , fe décharge dans
l'autre.
Le golfe de Mexique. Mcxicanus fmus . C'eft une par-
tie de la mer de Mexique. Ce golfe eft entre la côte
méridionale de la Floride , la feptentrionale de l'Au-
dience de Mexique & l'île de Cuba.
La Mer de Mexique , ou la nouvelle Efpagne. Mexi-
canum maire. Cette mer renferme le golfe de Mexi-
que , & toute la partie de la mer du nordj qui cil
ju levant de la Floride , ayant la mer de Canada
au feptentrion , & les Antilles au midi. Maty.
Le Royaume de Mtxiciyi. , Mexicanum Regnum. C'é-
roit autrefois un puillant État de l'Amérique fepten-
trionale.
Le nouveau Mexique , le nouveau Marata_, ou le nou-
veau Royaume de Grenade. Novum Regnum Alexi-
canum , ou Granatenfe , Marata nova. C'eft une
grande région de l'Amérique leptentrionale. Ce pays
découvert par les Efpagnols l'an 1598. eft entre le
240 & le 272^ degré de longitude , & il s'étend de
puis le 27 de latitude, jufqu'.au delà de 4J. Il eft borné
au couchant par la mer Vermeille , au midi par la
nouvelle Efpagne, au levant par la Louifiane , & par
la nouvelle France, & au nord par des terres incon-
nues. La rivière del Norte eft la principale de ce
pays.
M E Y,
*
MEYDAN. f. m. Terme de Relation. On appelle Mey-
dans enPerfej les marchés ^ les places où l'on vend
les denrées. Forum j placea. Tavernier écrit aulli
meidan avec un i.
Î4EYEN, ou MÉGEN. Nom d'une petite ville, ou
bourg du Cercle. Eleéloral du Fhin, Meginum, Mege-
num j Magniacum. Ce lieu eft dans l'Archevêché de
Trêves, fur la Nette , à fîx de Coblents , du côté du
couchant. Il eft chef du Meyen Fcld , qui eft un
Pays renfermé entre la Mofelle , le Rhin, l'Arche-
vêché de Cologne, & le Comté de Mandcrfcheid.
MEYENBERG. Village avec un château. Meyenberga,
Tome V.
M E Z
Il eft dans le quartier de la Siiillc, qu'on nomme
les Irovinccs libres, fur le Ruif, entre Lucernc &■
Brtmga»tcn.
MHYENi-hLD. Petite ville avec une citadelle. Maju-
villa. Magna villa, anciennement Lupinum. Elle
cft capitale des Dix droitures, une des trois ligues
des Giifons , cft lituée près du Rhin, à llx lieues au-
dellous de Coire. Matv.
MEYENLAND. Territoire de Mcycn. Contrée du
pays de Trêves j qui s'étend entre le Rhin ik la
Meufc , & qui prend Ion nom de Meyen. Pagus
Mcginenjls , ou Magniaccnfis , Megencnjlurr:.
MEYLR. {. m. Nom d'une elpècc de Nobles chez les
Allemans. Major. C'étoit des gens du peuple , de
gros Fermiers , ou Laboureurs , qui ayant reçu leur
ferme à fict de leurs maîtres , commencèrent à pren-
dre la qualité de Nobles. Enfuite on appela Meyers
tous les Laboureurs qui n'étoicnt pas ferfs , mais qui
tenoicnt du bien à ferme; c'ell-à-dire , à condition
d'en payer par an une certaine fomme au maître ,
ou propriétaire.
MEYERIE. f. f. C'eft un titre de Dignité comme Du-
ché , Comtéj Marquilat , Baronie. Il ne fe dit guère
que de la Meyerie ou Mairie de Bolduc ou Bois le-
duc j qui comprend environ cent villages dont Bol-
duc eft la capitale.
M E Z.
MEZ. f. m. Vieux mot. Milieu.
MEZAIL. f. m. En termes de Blafon, fe dit du de-
vant, ou plutôt du milieu du heaume , qui s'avance
droit j & qui comprend le nazal & le ventail; delà
vient qu'on dit que les Princes Se grands Seigneurs
portent leurs timbres ayant le mé\ail tarré, ou tourné
de front; c'eft à-dire , le mé-^ail paroiftant également
éloigné des oreilles. Galee frontale.
Ce mot vient du Grec ^îtr,.. Borel.
§3" MEZAIR. {. m. Terme de manège. L'Académie
écrit ainfi. Pour l'explication. f^oye\ Mésair.
MtZANCE. f. f. C'eft fur une galère la chambre oà
fe met le Comité. On l'appelle autrement Meige.
MiiZANGE. Voye-!^ Mésange. Parus major.
MEZARAIQUE. ( On écrit ordinairement niéfaraïque^
adj. Terme d'Anatomie, qui fe dit des veines du
raéfcntère y lefquelles on appelle auftl méfcntériques.
Cependant Méfaraique fe dit plus fouvent des veines,
& mefcntérique des artères. Mefentericus. I^'ufage des
veines mé^araïques n'eft point dittérent de celui des
autres veines. Les Anciens leur en attribuoient un
autre , qui eft de fucer le chyle des inteftins pour le
porter au foie. Quelques Modernes croient qu'elles
en reçoivent une partie : mais ce fentiment eft con-
traire à l'expérience. Ce font les veines lattéês qui
reçoivent le chyle des intellins , de qui le portent
au réfervoir de Pecquet , d'où il palTe par le canal
thorachique à la veine foîiclavière gauche , &c de-là ,
dans le ventricule droit du cœur.
MEZDAGA. Ville d'Afrique dans la province de Cuzt j
au Royaume de Fez.
MÉZEAU , ou MÉZ,EL. Vieux mot , qui fîgnifîoit au-
trefois ladre , leprâ infeclus , d'où l'on a fait me:ie-
lerie , qui a fîgnifié ladrerie. Il vient de l'Italien me^:io,
qui veut dire pourri , gâté , corrompu. Mén. D'autres
le dérivent de mifer de miferia , ik de m:fellus. On
a appelé auftî mifelleria , ou mé\ellerie , la maifon
des lépreux. Du Cange.
MÉZEAU &: MÉZELLERIE , fc ptenoit aulTi dans un fens
figuré. Joinville rapporte prefque au commencen^i.nt
de fon Hiftoire cet entretien qu'il eut avec S. Louis.
Autre demande vous foi je , favoir lequel vous ai-
meriez mieulx, èxxe mé\eau 8c ladre , ou avoir com-
mis & commettre un péchié mortel ? & moi qui
onques ne lui voulu mentir , lui répondi , que jaime-
roye mieulx , avf a' fait trente péchiez mortels , que
être meneau. Et quand les frères furent dcpnrtis de-
là , il me rappelle tout feulet , &■ me fît fcir à (es
pieds , & me dit : Comment avez -vous ozé dire
ce que avez dit? Et je lui répons que je le difoye.^
liiiii
9^^ M E Z
Et )1 me va dire: Ha , foui murirt , iTm(;ut , %'ous y
elles dcccu. Cir vous lavez que liulle li l.ude méicLLenc
n'eft , comme d'clhc en pcchié moitcl ; & lame qui
y ert, ell lemblable au Diable d'enfer. Parquoi nulle
li laide me\ellcne ne peut eftre. Et bien eft vrai, rit il ,
car quand Tomme elt mort , il elt lane &c gueri
de fa mé\dUne corporelle : mais quand l'homn.c
qui a lait péehic" moittl meurt, il ne tket pas, ni
n'ell: certain qu il ait en fa vie eu telle repentance ,
que Dieu mi veuille pardonner. Parquoi grand paour
doit il avoir que celle nu\ellerïe de péchié lui duie
longuement & tant que Dieu fera en Paradis. Pour-
tant vous prie , ht-il , que pour l'amour de Dieu
premier, puis pour l'amour de moi , vous rctiengnez
te dit en votre cucur , & que vous aimez beaucoup
miculx que mé-{tllene &c autres maulx& meichicls
vous vicniilfent au corps, que commettre en voftre
ameun kul péchié mortel , qui ell fi infâme mé^cllcrie.
MEZELINE. f f. Analïcum textile ex lana & lino. Ell
une forte dérobe , mêlée de foie & de laine. C'ell
uneelpécedebrocatelle, qu'on appelle dans le monde,
étoffe de l'apport de Paris , vulgairement la Porte
de Paris.
MÉZENCE. f m. Roi des Eutriens , que Virgile appelle
le cruel Méience , le contempteur des dieux.
WÉZbHEUM. f m. Terme de Botanique. Plante qu'on
appelle autrement j laureole femelle , Se quieilune
tfpèce de thyméliEta. ChameUa. Le me\ercum porte
des baies j que les Apothicaires nomment cocciqni-
dium , ou grana Cnydia , & les payfans , poivre de
montagne , à caufe qu'étant fèches , elles rellèmblcnt
au poivre j & qu'elles font extrêmement piquantes
au goûc. f^oyei LaurÉole Femelle.
MEZIERES. Nom d'une ville de France. Maceria ,
Maceriacum. Elle ell dans la Champagne , fur la
.Meufe , entre Sedan ê!c Charleville. Mé^iéres ell
prefque toute environnée par la Meufe ; elle ell forti-
fiée j Se commandée par une bonne citadelle. Maty.
Long. 12. d. 23'. ij". lat. ^<). d. 44'. 47".
MEZIERES EN BRENNE. Foy. S. Michel en Brenne.
JVlEZO. Nom d'une ville anciennement Epifcopale.
Amy^on , Amuion. Elle ell dans la Natolie propre j
à dix lieues de Mélaffo, vers le levant.
MEZRATA. /^oyefMrzuRATA.
MEZRAU. Major- Augia. Ce lieu ell près de Brégens
fur le lac de Conllancc.
MEZTITLAN. Province de l'Amwique méridionale,
au Mexique , avec une ville du même nom.
MEZUME. Nom d'une ancienne ville de la Mauritanie
Célarienne. Me^uma , Oppidum novum. Elle ell en-
core de quelque conlîdération , Se fituée dans la pro-
vince de Tenez , entre la ville de ce nom , & celle
de Monllagan. Maty.
MEZURADA._ Capo de Mézurada. Mefuradicaput.
Ce cap ell lur la côte de la Guinée , près du petit
Dieppe , entre le cap des Palmes , & celui de Sierra
Liona. Maty.
MEZUR ATA, MEZRATA , MESUR ATA. Nom dun
Cap du Royaume de 'Tripoli , en Barbarie. Menfurads.
caput. Il ell a l'entrée du golfe de Sidra , du coté du
couchan^t près de la petite ville de Colbéne. On voit
fur la côte de ce cap une petite île qui porte aullî
le nom de Mifurata.
MEZUZOTH. f ^ f. pi. C'eft le nSm que les Juifs
donnent à un écrit qu'ils mettent dans un rofeau ,
& qu'ils attachent aux jambages de la porte de leurs
mailons. Cet écrit cû:Kicnt les 4 , 5 , 6 , 7 , 8 &
ç)'^ verfets du chapitre VI. du Deuteronome , & les
Mî 14 j iJ> "^j 17 j 18, 19 & 10^ du chapitre
XI. Les Doiteurs Juifs ont pris fcrupuleufement le
9^ verfet du 6^ chapitre, & le 20= du 11"= chapitre,
où il efl dit d'écrire fur les portes de la maifon les
préccpres prccéiens : Se afin que ces précepte^ ne
loient pas en vue Se expofés à la profanation , ils
les écrivent fur du parchemin qu'ils enferment dans
un ralcxu ou autre tuyau , & voilà ce qu'ils appellent
• le M'-iu^oth , terme dérivé de l'Hébreu me^u-^a , qui
figniHî Jimbiges de li porte. Foy-.i les Cérémonies
dis Juifs de Léon de Moiènc, Se le P. Labac.
M I
Ç3" Toutes les fois qu'on entre dans la maifon ou qu'on
en lortj on touche cet endroit du bout du doigt.
Se on baile le doigt par dévotion.
'!fJ' Les Encyclopédiltes remarquent qu'il faut écrire
Mezuzoth , Se que le Didionnaire de Trévoux ne
devoit pas faire la faute grol.ière d écrire Mazuze.
Je ne fai pas de quelle édition s'eft ftrvi l'Auteur de
la remarque. Mais dans la dernière , que j'ai adluellc-
ment fous les yeux , je lis Mezuzoth , & non pas
Mazuze.
MEZZAB. Ville du Biledulgérid, en Afrique. Menaba.
Elle eft capitale d'une contrée qui porte fon nom,
& qui eft entre celles de Techort, de Xeb, de Té-
goravin Se le Saara. Maty.
MEZZABOUT. f. m. Voile de galère qu'on n'appa-
reille que pendant la tempête. Tnremis vélum minus.
MEZZANIN. f m. Terme de Marine. C'eft un arbre,
ou troilième mât qu'on met quelquefois fur la Mé-
diterranée dans les galères , entre l'arbre de meftre
Se la poupe , qui eft garni de fa voile. Tertium ve-
lum tnremis. Ce mot vient de l'Italien /7;<;^{o , aulli
bien que le fuivant.
MEZZANINE, f f. Eft un terme qui fe trouve em-
ployé par quelques Architeêtes pour lignifier un en-
trejbl.
^fT On appelle fenêtres Me^^anines , celles qui éclai-
rent ces petits étages qu'on pratique quelquefois lur
un premier.
Ce mot vient des Italiens , qui appellent me-^^a-
TÛni les petites fenêtres moins hautes que larges , qiu
fervent à éclairer un attique , ou un enttefol. Ils
pratiquent aulli de ces fenêtres me^:;anines , dans le»
Iriles d'entablement de couronnement , comme on
en voit au château des Tuileries à Paris , Se au Palais
Altieri à Rome.
MEZZANO. Lago di Mezzano. Me^^^anus lacus. An-
ciennement Stationenfîs lacus. C'ell un petit lac du
Duché de Caftro , province de l'Etat de l'Eglife. Il
eft près de Pétiliano j & il eft la fource de la rivière
d'Olpita , qui baigne les ruines de Caftro, Se fe dé-
charge dans le Fiore. MaTy.
MEZZOS. Ifol di Mena , île de Mezzo. Me^d InfuU,
anciennement , Elapites infuU. Ce font trois petites
Iles de la République ;de Uagufe. Elles font entre la
ville de ce nom , Se l'ile de Méléda , dans le golfe
de Venife. Elles poi tent les noms de Cafamota, Gui-
pana Se Mezzo. Maty.
MEZZO-TINTO. Ternie de gravure , emprunté de
l'Italien, f. m. On appelle une eftampe imprimée en
me^lû-tinto , celle que nous appelons en France
pièce noire. On attrappe mieux la rellemblance dans
les portraits en mena tinto , qu'avec le trait iS: la
hachure. Les eftampes en me\-[o-tinto font fort tiu
goût des Anglois. Le meiio-tinto n'exige pas tant de 1
travail que la gravure ordinaire , mais il n'a pas tant
de relief.
MEZZOVO , ou PINDE. Nom d'ime chaîne de mon-
tagnes de la Grèce. Menovus , anciennement Pm-
dus mons. Elle fépare la Thellàlie de l'tpire Se de
la Lividie. C'eft l'ancien Pinde , dont le Parnalîe Se
l'Héhcon , qui font en Livadie, font des branches.
Maty.
M I.
MI j en Latin mei , Mes. Poëjles du Roi de Navarre,
Ml , «moitié , par /;;/ , par moitié. Poïjles du Roi de
Navarre.
Ml. f. m. Troiiîème note deMufiquc, Ut , rc, mi, fa.
Ml. Particule indéclinable, qui ne fîgnifie rien toute
feule j unis qui entre dans la compohtion de plu-
fieurs mots , pour marquer une iTwitié feulement ,
qui le met avec un tiret, eu maccaph. Médius ,femi.
Cette particule mi a quelque chofe de fort bizarre j
car quoiqu'elle n'ait aucun genre par elle-même, elle
ne lailFe pas de rendre féminins un certain nombre
de noms mafculins , aulquels elle' fe joint dans la
compolîtion. Tels font le mot de Carême , Se tous
les noms des mois ; car alors il faut dite la mï-Ci-
M I A
rcme, en parlant du Jeiicit qui (e trouve au milieu
du Caiènie. Il Faut dire aulli \i mi-Janvier , la mi
Fcvrier, la mi-Muts , la mi- Avril , la mi-Mai , Sec.
Il faut encore remarquer avec l'AcadciTiie, que
quand cette particule mi le joint avec les mots de
corps , de jambe , àe fucre , de chemin , de mur, de
terme, décote, elle s'emploie fans article; c'cll-à-
dirc , adverbialement , en y ajoutant pourtant la pré-
polition à. Vanmol excelloit à hiire des figures à
mi corpst II n'avoit de l'eau qu'iî mi ■jambe , ou que
jufqu'ii mi- jambe. Des confitures à mi J'ucrc. Je n'i-
rai avec vous que jufqu'à mi-chemin. Cette poutre
ne porte qu"ù mi-mur. Cette femme efl accouchée
à mi- terme. J'aimerois à avoir une xnûion à mi-côte.
La Quint.
Il cil: encore bon d'obferver , qu'il y a quelques
mots où cette particule mi n'ell point k'parée dans
l'écriture par un petit tiret , & tels (ont ceux de
midi, de minuit, de milieu. Pour mi parti , les
uns écrivent mi parti , & les sxxues miparti. Bipar-
tit.-:s.
M I A.
C13- MIA , ou MIJAH. Ville du Japon , dans la pro-
vince d'Owarij fur la côte méridionale dcNiphon.
MIALDRES. Vieux adj. Meilleur. Mclior. Du Gange,
Glo£. fur Villehardouin.
MIAMIS. 1". m. Peuples de l'Amérique Septentrionale
dans la Nouvelle France.
MIAN A. Nom d'une ville de l'ancienne Médie. Miana,
anciennement Apamea. Elle eft dans TYérak Agémi,
province de Perle, environ à cinq lieues de Sultanie,
vers le teptcntrioii oriental. Maty.
MIANI. {. m. Nom «.l'homme. jSLquiliamis. Le véné
rable Jérôme Miani ell inftituteur des Somafques. Sa
vie a été écrite par Augullin Tourtre, Général de cet
Ordre.
MIARY. Nom d'une grande rivière du Brefil. Miarius.
Elle prend la Iburce vers le milieu des terres , tra-
verfe la Capitanie de Maragnan , &■ fe décharge
vis-à-vis de l'île de ce nom, dans la mer du Nord.
Maty.
MIALBIR. Petite ville d'Afrique dans la province de
Hea , au Royaume de Maroc.
|CF MIASME, f. m. Terme de Médecine , par lequel on
déiîgne des particules extrêmement déhées , qui le
détachent d'un corps atîeété de quelque maladie con-
cagieufe , &: communiquent la contagion à des corps
fains , dans lelquels elles s'infinuent par les pores
ou autrement. La manière dont les maladies con-
tagieufes fe communiqutnt, paroît démontrer l'exif-
tence des miafmes. Il ne faut qu'un (eul pcftiféré
pour infcéler tout un pays. Les particules infiniment
petites qui s'échappent de fon corps, voltigent dans
l'air , fe répandent de toutes parts , & portent avec
elles la contagion dans tous les corps où elles pénè-
trent par les pores ou par quelqu'autre voie.
0CJ" Ce mot vient du Grec t^iMfta ^ da verbe i^-f.MKi ^
fouiller , corrompre.
MIAULANT, ANTE. adj. Qui miaule, qui fait des
miaulemens. Il ne fe dit au propre que des chats ;
mais Voiture l'a employé au figuré dans cette phrafe
burlefque ,
Mon ame dolente ,
Toutes les nuits efi pour vous miaulante.
MIAULÉE. f. f. Terme populaire. C'efl du pain trem-
pé ou émié dans du vin doux , du cidre , ou autre
liqueur agréable. Les enfirns des payfans trouvent un
grand ragoût à faire des miaulées.
MIAULEMENT, f. m. Le cri du chat. Felinus cla-
mor.
MIAULER, v. n. Faire des miaulemens. Felinum cla-
morem edere , f élire. Il ne fe dit que du cri du chat
qui le diflingue des autres bêtes.
Miauler , fe dit fîgurément dans le ftyle burlefque.
Tome V.
M I G
987
Tout brûlant pour vous d'amour ,
Je miaule nuif & jour.
M I B.
MIBI. f. ni. C'eft une des efpèces de liannes que l'on
trouve dajis les îles. Le mibi poulie de très longs
larnions qui s'élèvent julqu au haut des plus grands
arbres, par le moyen des hlamens qu'if jette en
quantité j &: qui s'attachent faciiemtnt aux écor-
ccs & aux branches qu'ils rencontrent. L'écorcedu
mibi cil de couleiu" de cendre: clic ell mince, unie,
& ie lève aifément. Le bois qu'elle couvre cfl fou-
pie , liant & flexible. Ses fibres font longues ôc droi-
tes , & il a le grain fin ; l'a. feuille a prefque la figu-
re d'un cœur ; elle cil molatîc , lice, unie j d'un
vert cale par dellus & damafquinéc par d'jrous. La
ticuï avant que d'être épanouie , efl comme un bou-
ton pentagone, qui eft d'abord de couleur rouge qui
en s'épanouilîant produit une efpèce de rofe à cinq
feuilles de trc»is grandeurs & couleurs différentes.
La plus petite elf rouge , les deux moyennes ibnr
orangées, les deux plus grandes lont de même cou-
leur , avec des filets couleur de pourpre. Les bords
de ces feuilles qui font couplées , font dentelés ,
rudes & frifés; le milieu de la fieur renferme trois
filets à tête ronde, (jle couleur verdâtre , accompa-
gnés de pluiieurs étamines jaunes. Cette diverfité de
couleur fait un très-bel etîet : c'elf dommage qu'elle
n'ait point d'odeur. On (e fert du mibi pour faire
de petits ouvrages ^ & pour attacher les choies qui
ont peu de force. Il n'elt pas plus gros qu'une
plume à écrire. Il fjccède à fes Heurs une filique
de la longueur de deux pouces , où il y a de peti-
tes graines noires , plates & dures. Voyez le Tome
II. des J^oyages de l'Am. du P. La.bat.
MIBIPI. f. m. Efpèce de lianne qui a quelque con-
formité avec le mibi dont je viens de parler j mais
qui eft plus grande , plus grolfe & plus forte , ce qui
lui a fait donner le nom de Mibipi. Celle-ci porte
des pois dans une gouflé à quatre pans , qui fervent
de nourriture aux oifeaux , quand ils peuvent les
avoir avant que de certains vers qui s'en nourrif-
fent, les aient dévorés , après avoir percé la filique
qui les renfermoit. La feuille du mibipi eft d'un
allez beau vert par deflus j mais prefque blanche
par-delfous. Elle eft comme veloutée , ovale 6c
trois à trois à chaque pédicule. La queue de la fleur
a quatre à cinq pouces de long; elle eft allez fer-
me, quoiqu'elle foit grêle & velue. Le bouton eft
ovale , couvert d'un duvet aflez long. Il le divite
en cinq parties , quand il s'ouvre , qui font une
manière de cloche qui renferme un pillil environné
de quelques étamines. Ou voit dans cette fleur le
blanc , le jaune Se le violet agréablement mélangés.
Son odeur approche beaucoup de celle de l'œillet.
P'oyc^ le P. Labat.
MI-BIS. adj. A moitié bis. Il s'eft formé à Paris une
Compagnie qui oflroic de fournir cette grande ville
pendant trois ans , de pain fur le pied de deux fons
lix deniers la livre de pain blanc , deux lous le mi-
bis , ôc un fou fix deniers le bis.,. Journ. Hist, .
Nor. ijog,
M I C.
§CT MICA. f. m. Terme de Minéralogie. Efpèce de
pierre que l'aéfion du feu ne peut ni fondre, ci con-
vertir en chaux. C'eft un vrai talc.
MICALEO. Détroit de Micaleo. Micalcum Fretum.
C'eft un détroit de l'Archipel. Il eft entre l'île de
Samo & la Natolie , vers la ville d'Ephcic Maty.
^ MICATION. f f. Jeu où l'un des joueurs lève
les mains en ouvrant un certain nombre de doigts ,
Se l'autre devine le nombre des doigts levés, pairs
ou impairs. C'eft la notion qu'on nous donne de
ce jeu dans l'Encyclopédie. Voilà précifément ce
que nous appelons la Moure ou !a ALourre. Ou die
liiiii ij
988 MIC
en Latin micare dig'uis , ]ontt à b moure. Mais je
ne crdis pas que le ternie de mication loi: ullté pour
fignifier ce jeu.
MICAVA. Nom d'une ville de la contres de Quan-
to , en l'île de Niphon. Micava. Elle ell capitale
d'un petit Royaume qui porte (on nom. Mat v.
MICCAICHUICINTLI. f. m. Terme de Calendrier.
Nom du huitième mois de l'année des Mexicains:
elle en a dix-huit qui font tous de vingt jours cha-
cun.
MICE. f. f. Terme de Coutumes. Media pars. Droit
de mice, c'eft en quelques lieux le droit de perce-
voir la moitié des fruits.
MICHA. La pointe de Micha. Mkulus mons. C'efl:
un petit cap de la Dalmatie , qui s'avance dans le
golfe de 'Venifej près de la ville de Zara. Mat y.
tP" MICHABOU. f. m. C'ell le nom que les Algon-
quins & autres Sauvages de l'Amérique feptentrio-
nale donnent à l'Étre-fuprcmc , que quelques-uns
appellent le Grand Lièvre , & d'autres Atahocan.
MICHAELICE. f. m. Nom d'homme , qui s'elf dit
pour Michel. Mkkaelicus _, AJickael , Mkhael
Angélus. Le Grec Mkhaélke qui fe révolta con-
tre l'Empereur Henri en 1210. fe nommoit pro-
prement Michel-Ange Comnène , & étoit bâtard
de Jean l'Ange Sébaftocrator. Fleury , hijl. Eccl.
l. 76.
SAINT MICHAELSTOWN. C'eft- à- dire , la ville
de Saint- Michel. Fanum S. Mkhaëlis , Mkhaëlo-
poUs. Ville avec une citadelle, &c un grand & bon
port. Elle eft fur la côte occidentale de la Barba-
de , une des Antilles , èc elle appartient aux Anglois.
Maty.
MICHAILLES. Petit pays de France , appelé com-
munément le Mandement j ou le Territoire de Mi-
chailles. Châtillon en eft le principal lieu.
MICHAUT. f. m. Terme d'Imprimerie, qui fe dit
ironiquement aux compagnons ^ lorfqu'ils (ont acca-
blés de fommeil. Somnolentus.
MICHE, f. f. Petit pain de grolleur fuffifinte pour
nourrir un homme à un repas. Panis Jtmïlagineus.
Les tnkkcs pefent au moins une livre , quelquefois
deux.
Ce mot vient de mka , mkha ou mkkla , qu'on
a dit dans la balle Latinité pour fignifier la même
chofe.
On dit figurément & balTement d'un homme qui
eft en pouvoir de diftribuer les grâces , . . . que c'eft
lui qui donne les mkkes.
On appelle populairement les pierres , des mkhes
de S. Etienne , parce qu'elles fervirent à le marty-
rifer. On dit auflî , que les gueux vont aux portes
où l'on donne les mkhes ; pour dire , qu'on va
faire la cour à ceux qui diftribuent les grâces. On
appeloit aulTî autrefois les grands mangeurs, des pi/e-
mkhes.
§3" Miche. Nom d'une ville de la Chine , dans la pro-
vince de Xinfi , département de lengan.
MICHE, f. m. Se dit d'un fot qui s'eft lailfé duper.
On le montre au doigt , en difant : Voilà le Mkhé.
Afinus albus. C'eft un terme bas, & qui n'eft con-
nu que du peuple. Dans Cotgrave il eft défigiué
fous les noms de Mkhon & de Mïnchon.
MICHEE. f m. Nom d'un Prophète. Mkh&as. C'eft
un des XII. petits Prophètes. Mkhée étoit Morafti-
te , c'eft à dire , de Maréla , dans la Tribu de Juda ,
ou de Morefcheth , ou Morafthi dans la même Tri-
bu. Ainfi on a tort de dire qu'il étoit de Li Tribu
d'Ephraïm. Il a prophétifé fous Joathan , Achas éc
Ezéchias.
MICHEL, f m. Nom d'un Archange , qui fe donne
aulll aux hommes au baptême. Michaél.
Saint-Michel. Nom d'une efpèce de poire. Voye\^ au
mot Doyenné.
Saint-Michel. Ville du Duché de Bar, capitale de
l'une des quatre communautés du Barrois. Sancîi
Mkhaëlis oppidum. Ad fandium Michaëlem. Valois
Not. Gall. p. 3iS. S. Michel eft fur la Mcufe.
Cette ville a commencé par une Abbaye qui fut
M I C
fondée là par Vulfoad , Préfet du Palais fous Chil-
deric , &: elle en a pris le nom.
Saint Michel l'Archange , ou Iimplement Archan-
gel. Archange lopoUs , Fanum Michaëlis Archangeli.
Ville de la Mofcovie. Elle eft dans la Province de
Dwina, iur la rivière du même nom , environ a
huit lieues de ion embouchure dans la mer Blanche.
Cette ville eft célèbre par ton commerce ; on voit
quelquetois dans Ion port trois à quatre cens navi-
res de charge de diverfcs nations, mais principale-
ment d'Anglois & de Hollandois. On allure que le
Czar de Mofcovie en tire tous les ans au-delà de
fix cens mille écus pour les droits d'entrée & de
fortie. Maty. f^oye^ Archange.
Saint Michel en Brenne. Brennacum. Bourg de
France , fîtué dans la Touraine , fur la Claife , aux
contins du Bcrri , &: à fix lieues de Châteauioux
vers le couchant. Mézières en Brenne n'étant pas
éloigné d'un quart de lieue de 'iijS.wx.- Michel , on en
confond ordinairement les noms. Maty.
Saint-Michel de l'Écluse. Nom d'une ancienne Ab-
baye de Piémont. Abbada fancîi Mkhaëlis.
Saint Michel en l'Er. Nom d'une Abbaye de Poi-
tou , en France. C'eft une corruption ou abrévia-
tion pour S. Michel en l'Ermitage. Abbada fancli
Michaëlis in Eremo.
Le golfe de Saint-Michel. Golfe fur la côte occiden-
tale de la province de Terre-Ferme j dans la nou-
velle Cartille , en l'Amérique méridionale. Sinus
fand:i Michaëlis.
Saint-Michel. île. C'eft une des Açores. Infula S.
Michaëlis , Michaëlia. Elle eft la plus orientale de
toutes. Son circuit eft de trenre- deux lieues. Les
Portugais qui en font les maîtres j y ont la Punta-
Dalgada j Milla-Franca ^ & Sant-Antonio. Maty.
Saint Michel -, l'île de Saint-Michel , ou d'Uglan.
Infula fancli Michaëlis , Michaëlia , Uglania. Ile du
golfe de Venife. Elle eft près de la côte tle la Dalma-
tie j vis à vis de la ville de Zara. Elle appartient aux
Vénitiens , & elie a environ cinq lieues de long , &
deux de large. Maty.
Saint-Michel. Cap. f^oyc\ Lézard , point.
Saint Michei , ou Mont S. Michel , ou S. Michel
DU Mont. Nom d'un bourg litué tur un rocher ,
que la mer entoure deux fois le jour. Mons S. Mi-
chaëlis , S. Michaël ad duas tumbas. On l'appelle M
aulîi Mont de la tombe. Il eft tiir la côte fepten- ■
trionale de la Bretagne j du côté de la Normandie.
On l'appelloit au IX^. tiède S. Michel du premier
marais. Monajierium S. Michaëlis marcfci primi.
On l'appelle aulli Mons Sancli Michaëlis in penculo
maris. Il eft à fix ou tept lieues de la grande mer
Océane j à trois lieues d'Avranches Sf autant de
Pontorton. Les jeunes garçons du peuple vont en
pèlerinage à S. Michel. Voyez fur ce lieu Du Chê-
ne, Valois, Corneille , & ci dellous Tombelaine.
Saint-Michel. Nom d'une montagne. Mons Sancli
Michaëlis. Elle eft dans la Cornouaille , en Angle-
terre , près du Cap de Land. Ens , & du bourg de „
Penfance. Maty. fl
Ordre de l'Ermire de S. Michel. C'eft le nom '
d'un Ordre militaire du Royaume de Naples, infti-
tué l'an 1465. par Ferdinand d'Arragon L du nom.
Roi de Naples , en mémoire de ce qu'il dorna la
grâce au Duc Sella ton parent , après qu'il eut
conjuré deux fois contre lui en faveur de Jean
d'Anjou.
Saint Michel. Ordre militaire de France. Ilfutinfti-
tué en 1469. par Louis XI. à Amboife. Le collier
de cet Ordre eft fait de coquilles lacées l'une avec
l'autre fur une chainettc d'or , d'où pend une mé-
daille de l'Archange S. Michel , r;.ncien proredeur
de la France. Par le premier chapitre des ftatuts
de cet Ordre , il eft porte que les Chevaliers feront
au nombre de trente-hx , dont le Roi fera le chef
& Grand - Maître , & qu'ils quitteront tout autre
Ordre, s'ils ne lont Empereurs ^ Roiîou Ducs. Ils
avoient pour devile ces paroles : Immenjl tremor
Oceani, La Reine Catherine de Médicis 1 avilit tel-
i MIC
" Icment , en l'accorJant indiffcremment à tout le
monde, que les Seiyncuis ne voulurent plus lac
ccpter. Son plus giand honneur aujourd'hui cil
qu'on ne peut recevoir celui du S. Efprir , fans en être
revêtu auparavant; enforte que ceux qui font nom-
rnés pour recevoir cet Ordre illulhc ^ prennent la
veille celui de S. Michel. C'eft pourquoi on les dit
Chevaliers des Ordres du Koi , (it leurs armes (ont
entourées des deux colliers de ces Ordres. En i66;.
Louis XIV. réduiiit les Chevaliers de S. Michel au
nombre de cent. Les fervices 6c prières de cet Or-
dre fe faifoient ordinairement dans l'Eglile du Mont
S. Michel , Tuivant l'Ordonnance du Koi. En i (-47.
Henri IL en transféra les cérémonies à la Saintc-
Chapellii de Vincennes , 6i: Louis XIV. les tranf-
porta aux grands Cordeliers de Paris en 1643. Le
Koi Louis XV. a tait un règlement concernant cet
Ordre. En 1728. M. de Barniont, Secrétaire du
Roi, fit une fondation pour les prières de cet Ordre,
que le Roi accepta. ifT On confère cet Ordre à des
gens de Robe , de Finance, de Lettres , & même à
des Artiftes célèbres.
IJCJ" MICHELA. Terme de relation. La plupart de ces
Indiens vivent de Bananes , qu'ils font rôtir étant
mûres : & ils les éctatent dans l'eau juiqu'à ce qu'el-
les foient réduites en bouillie. Ils nomment cette
nourriture Michela. Elle eft bonne & fort nourrif-
fante. CExmelin.
MICHELAT. f m. Nom d'une monnoie dans l'Empire
Grec. Michelatus à.ins\3. bafle Latinité.
MICHELLE. f. f. Nom de femme. Michaëlis. Mi-
chelle a la taille belle.
MICHELOVIE , ou MICHOVIE. Nom d'une con-
trée de la Prulfe Royale. Micholevia , Michovia.
C'eft une partie du Cercle de Culni , féparée
du refte de ce Cercle par la rivière de Dribcntz.
Le château de Michélow lui a donné le nom ,
& Lobaw avec Lauterbourg en font les principaux
bourgs.
MICHELSTATT, ou MICHLENSTATT. Petite ville
d'Allemagne , au Cercle de Franconie , fur la rivière
de Mulbing , dans le Comté d'Erpache.
MICHIBICHI. f. m. Animal quadrupède dont parle
le Chevalier Tonti. On le trouve en l'Amérique
feptentrionale. Il tient beaucoup du lion. Sa taille &c
fa tête font comme celles d'un gros loup , Se fes
griffes comme celles d'un lion. Il a cela de particu-
lier, qu'il dévore toutes les bêtes qu'il peut attraper,
& qu'il n'attaque jamais les hommes. Il emporte
quelquefois fa proie fur fon dos , dont il mange
ce qu'il peut, & cache le refte fous des feuilles. Il
retrouve toujours ce qu'il a lailfé , car les autres
animaux l'ont en telle horreur , qu'ils ne touchent
jamais à fes reftes.
MICHON. f. m. Terme ;x)pulaire qui fe dit en cette
phrafe proverbiale. Il a bien du michon , comme
qui diroit j il a bien de l'argent pour avoir des miches.
Hubet nummos.
Michon. f. f. MichcUe.
MICHOT. f. m. Nom d'homme , qui ne fe dit que
dans le bas peuple. C'eft la même chofe que Mi-
chel , ou plutc)t c'en eft un diminutif. On a dit Mi-
chelot, puis Michot , Michael.
MICI , ou MICY , autrement S, Mefmin de Micy.
Voyez Mesmin.
MICMAC, f m. Quelques uns ont écrit micquemac.
Terme populaire. Intrigue , pratique fecrète & em-
brouillée , qui fert d'ordinaire à tromper quelqu'un.
Molitio j ars. Ce Tuteur a promis fa pupille à trois
ou quatre prétendans , il tire des uns & des autres -,
on ne connoît rien à tout ce micmac. Au lieu des
négociations, des micmacs, 8cc. De Bussi.
I/CT MICO. f. m. Les Sauvages de la Géorgie , dans
l'Amérique feptentrionale , appellent ainfi les Chefs
ou Rois de chacune de leurs nations.
MICOCOULIER, f. m. Arbre grand , gros, rameux ,
couvert d'une écorcc unie & blanchâtre. Ses feuil-
les font femblables à celles de l'orme j mais plus
longues S: plus pointues, vertes delfus, blanchâtres
M I C 989
cn-dcll()us , rudes , dentelées en leurs bords. Ses
Heurs à cinq feuilles , font difpofées en rofe , au
milieu defquellcs font attachées plulicurs étamines
fort courtes. Il leur fuceède des baies fphériques ,
noirâtres , femblables à des ccrifes , mais plus pe-
tites, attachées à des queues longues j un peu char-
nues , d'un goût douxj allez agréable, fous la peau
defquelles le trouve une Icmence ollcufe. Son. fruit
&C les feuilles font propres à arrêter les cours de
ventre & les hémorrhagies. C. Bauhin l'appelle
Lotus fruclu cerafi i & AL Tournefort , Celùsfruclu
niqricame, Inft. rei herb. 612. Voyez Alizier.
MICOLE , MICONE. Nom d'une des iles de l'Archi-
pel , qu'on appcloit autrefois Cyclades. Myconos ,
Micone. Elle eft entre celle de Teno Se de Nicaria.
Ml COTE. f. m. Le terrain qui eft mitoyen entre le
haut d'une côte , ou d'une montagne , ou élévation ,
& le pied de cette côte , élévation ou montagne.
Mcdius clyvus. §CF On appelle ainli l'endroit qui
marque à peu près le milieu d'une colline aifée ,
peu difficile foit à monter , foit à defcendre.
MICROCOSME, f m. Petit monde. Microcofmus. Il
ne (e dit que de l'homme , qu'on appelle ainfi par ex-
cellence, comme étant un abrégé des merveilles du
monde. Robert Flud, Anglois , a fait huit volumes
in folio intitulés , Du Macrocofme & du Microcofme ;
c'eft-à-dire, du grand Se petit monde, niaftcs ,
lignifie monde , en Grec , ^ux^^-z ^ petit , & fcine^os ,
grand.
MICROCOUSTIQUE. f. m. 8c adj. m. & f. C'eft la
même chofe que MICROPHONE, yoye^ ce mot.
Microcoujlique vient de ^ik^^; , petit , & «««v» ,
j'entends.
^ MICROGRAPHE, f. m. Foyei. Micrographie.
MICROGRAPHIE, f. f. Terme de Phylique. Defcri-
prion des parties , & des propriétés des objets qui font
fi petits, qu'on ne les peut voir fans le fecours d'un
microfcope. Micrographia.
^ MICROLOGIE & MICROLOGUE. Foye:^ Mi-
crographie. Guy Arétin donna le titre de Microlo~
gue au livre qu'il publia pour expliquer fon inven-
tion fur le Chant. Les Grecs donnoient le titre de
Micrologue à un homme qui faifoit cas des chofes
de peu de valeur , qui s'appliquoit à des chofes
inutiles ou peu utiles.
|t3" MICROPHILE. f m. Foyei l'article précédent.
C'eft la même chofe.
MICROMÈTRE, f. m. Terme d'Aftronomie. C'efl
une petite machine , qui fait avancer par le moyen
d'une vis très-égale un ou pi ufieurs cheveux ou lames
parallèlement à d'autres , qui font arrêrces de telle
forte que l'on peut toujours comprendre exactement
l'image de l'objet entre deux cheveux , quelque pe-
tit qu'il foit , à caufe que la vis les fait avancer pref-
qu'infenfiblement : & pour mefurer la diftance en-
tre les filets jufqu'à des divifions très-petites , cette
vis faifanr , par exemple , trois tours pour faire
avancer une ligne , on voit par le moyen d'une ai-
guille qui tient à l'écroue , la partie du tour dont
elle a avancé par-delà les tours entiers fur un cercle
divifé en 60 ou 80 parties , tellement qu'une ligne
fe trouve ainfi divifée en 180 parties, ou en 240
parties, & un pied en 2J910, ou 34/60. Auzour.
C'eft M. Auzout qui a inventé cet inftrument , Se qui
l'a expliqué dans un écrit que l'on trouvera dans les
divers Ouvrages de Mathématique & de Phyfique par
MM. de l'Académie des Sciences , p. 41^, & fuiv.
Quelquesuns en attribuent la gloire à M. Huy-
ghens , Se d'autres à M. Gafcoigne. Cet inftrument
adapté à une lunette , fert dans l'Aftronomie à trou-
ver les diamètres des aftres que l'on obferve.
MICROPHONE, f m. Se adj. m. & f. Qui augmente
la voix , ou les fons. Microphonum , fubft. & Mi-
crophonus , a. adj. Ce mot fe dit des inftrumens qui
contiibuent à augmenter les petits fons j comme
Microfcope fignifie un inftrument qui groffit les
petits objets de la vue , Se les fait appercevoir & dif^
tinguer. Les Microphones s'appellent auffi Micro-
couftiques. Les trompettes, les porte voijf font des
çpô M I D
microphones. Ce mot eft peu ufité : il vient de ^(jtj»« ,
petit , ëc tfi»») , voix,
MICROSCOPE. C m. Terme d'Optique. Mkrofco-
^ium. C'cft une lunette qui lert à découvrir &C à
lepiéfenter diliindement les moindres parties des
<;orps.
Il fe fait des micwfcopes de plufîeurs façons ; les
fins avec quatre verres qui ont un tuyau long d'un
pied ; d'autres avec un fcul verre _, ou une petite
lentille qui tait un fort bel etfet. 1] fc fait des mtcrof-
copes avec des globules de verre fi petits , qu'à peine
4es peut-on voir ; ce font ceux qui grorullént davan-
tage. Il y a des microftopes à deiix verres , qui doi-
vent être plus ou moins éloignés y félon leur con-
vexités , ou la grandeur de leur diamètre. L'Inven-
teur du microfcope eft le même que celui qui a in-
venté le télefcope , appelé Zacharias Jan(en. ou Jo-
liannrdcs de Middelbourg en Zélande. Dalencé en
attribue l'invention à Drebbcl , paylan de Nord Hol-
lande, quia aulîl trouvé le thermomètre. On attri-
Ijue à M. Huyghens l'invention de celui qui ell: fait
avec une petite lentille, néanmoins on trouve que le
P. Maignan , Mmime , en a parlé long temps aupara-
vant dans le quatrième tome de fon Cours Philofo-
phique , &c. Voyez l'Éloge de M. Harrlacker par
M. de Fontenelle.
Quoique le terme de microfcope paroifle Grec ,
on ne trouve pourtant point microfcopion dans les
Auteurs Grecs. Il a été fait pat les Savans des der-
niers ficelés, de même que pliilicurs autres termes,
à l'imitation de quelques termes anciens formés de
la même façon & fur les mêmes règles.
MICROSCOPIQUE, adj. Qui appartient au_ microf
cope. La Science microfcopique , les oblervations
microfcùpiqucs. On trouve dans l'extrak que M. Hart-
foëkera fait dçs lettres de M. Leuwenhoek, un précis
de tout ce que ce grand faifeur d'expériences microf-
coplques a avancé de meilleur. Biblioth. raifonnce ,
T. IV. p. 2 S s- "*^ Leuwenhoeck étoit en polfellion
des oblervations microfcopiqucs , & tous les objets
invifibles lui appartenoient. Font.
M I D.
MIDDELBOURG j ou MIDELBOURG. Ville desPro-
vince Unies , capitale de la Zéélande , fituée dans
l'île de Walchéren^ à une lieue &c demie de Flellin-
gue, &c à demi lieue de la mer , avec laquelle elle
a communication par un beau canal qui porte les
plus grands vailfeaux. Midelburgum , Metellobur-
gum , Meielli Cajlrum. Long. ii. d. 18'. lat. /i.
d. 50'.
Middelbourg. Nom d'un bourg fortifié. Middelbur-
gum. Il eftdans la Flandre Hollandoife , à une lieue
d'Arderabourg , & un peu davaJitage de l'Éclufe.
Maty.
Middelbourg. Nom d'un bourg ou petite ville des
Hollandois. Midelburgum . Il elf dans les Indes , fur
la petite île de Middelbourg , lituée près de celle
de Ceylan, entre celle de Manar Se la prefqu'île
de Jartanapatan. Maty.
MIDELFART. Nom d'une petite ville du Danemarck.
Middelfartum , Middelfurtum. Elle eit dans l'île de
Fyonie , fur le détroit de Middelfart , qui efl: l'en-
droit le plus reilerré du détroit , nommé le petit Beldt.
Maty.
MIDDELSEX. Voyei Midiesex.
MiDELLI. Nom d'une ville anciennement épifcopale,
Midaium. Elle efi: dans la Natolie propre , liir le San
, garij entre Peflîn &c Chioutaye. Maty.
MI-DENIER, f. m. Ce root, envieux langage^ figni
fie la moitié d'une fomme. Dans l'ufige ordinaire ,
c'efl: la moitié des deniers employés pour impenies ou
améliorations de l'héritage de l'un des conjoints,
Jefquelles inipenfes ayant été faites des deniers delà
communauté , il eft dii récompcnfe par moitié au
liirvivant des conjoints , ou aux héritiers du prédécé-
dé. Mari ou femme ayant amélioré leur propre, ou
réuni quelque choie à leur fief ou domaine , ou fait
M I D
quelque ménage qui regarde le feul profit de \'u\\
d'eux , font tenus de rendre le mi-denier. Le mot
denier en Jurifprudence , lignifie fort (ouvent au plu-
riel , lonime. Ainli mi-denier , lignifie ( parte fumprd
pro tûto ) la moitié d'une lomme , la moitié d'une
dépenle. Loisel en fes Injîitutes coutumières , Liv.
III i Tit. j , Règle I ^. Payer le mi- denier ; rendre
le mi-denier.
MIDI. f. m. Le milieu du jour , nry le moment oti le
foleil eft au méridien -, le point qui partage le jour éga-
lement, ou à peu prcSj en deux parties égales. Car
il faut remarquer que le midi ne partage exail: emenc
le jour entre le foleil levant & le loleil couchant ,
que dans le temps où le moment du midi efl; le même
que celui du foKtice. Mendies , meridianum. Il eft
près de midi ; midi approche , meridies appétit ^
inclinât. Enue onze heures ôc midi ; entre midi Se
une heure. L'aiguille eft fur le point àamidi; le
cadran marque midi. Midi cÙ. paflé & fonné , il eil
midi Ik demi. Les Notaires font obligés j en datant M
leurs contrats , de marquer ï'zY3.ni-midi , ou l'après- ■ "
midi.
Ce mot vient de médius dies. NicoT,
En plein Midi , fe dit par exagération , pour dire , en
plein jour , publiquement. Media in lucc. Il fut alîal-
liné au milieu de la ville en plein midi. Quand on
doute ti'ane choie fort claire , ou qu'on la nie, 011
dit que c'cft ne pas voir clair en plein midi , que c'cft
nier qu'il ioit jour en plein midi. ■
Midi , fignifie aulTI l'élévation même , tant du foleil '
que des autres aftrcs , quand ils paffent dans le mé-
ridien , ou le cercle du midi, Afccnfio , elevado ma-
jor. C'eft le point de leur plus grand éclat , & de
leur plus grande force. Le foleil eft brûlant , quand
il eft dans Ion midi. Saturne & Mars font dangereux
dans leur midi.
Midi , fignifie aulïî le pôle auftral, & les parties du
monde qui font de cecôté là,c'eft-à dire par rapporta
nous, au-delà de l'équateur. Le midi en ce fens s'ap-
pelle aulîi , en termes de Marine , la bande de lud.
On le dit aulli de tous les pays qui font plus ptès
que nous du pôle auftral j loir qu ils loient en delà ,
ou en-deçà de l'équateur. L'Airique eft au miii de
la France. Les vents du midi amènent la pluie. De-
puis le nord juiqu'au midi. La ligne du midi va d un
pôle à l'autre , elle eft pofee (ous le cercle méridien.
Dans les cadrans verticaux la ligne de midi eft per-
pendiculaire.
Le Midi , en termes de Jardinier , c'eft le côté da
nord d'un jardin , parce que c'eft celui que le foleil
échaurte , & où il jette fes rayons quand il eft aii
midi. Voyez Exposition, & La quint. P. II ^
c. â.
Midi , fc dit proverbialement en ces phrafes , Cherchée
midi à quatorze heures , §3" c'eft chercher des dif-
ficultés où il ne peut y en avoir j ou traîner en lon-
gueur une chofe qui peut fe faire tout de fuite. Les
écornifleurs cherchent midi où il n'eft qu'onze heu-
res. On les appelle aufti démons du midi, par une
fade allufion à cet endroit des Pleaumes , ab Incurfu
& d&monio meridiano.
MIDLESEX , ou MIDDELSEX. Nom d'une province
de l'ancien Royaume d'ElFcx , eu Angleterre. Mil-
lefcxia , Midelfexia. "Elle eft bornée au levant par
le Comté d'Elfex , au nord par celui d'Hortford , au
couchant par celui de Buckingham , Se sn midi par
celui de Surrey. Le Comté de Middelfex eft baigné
par la Tamife : il eft de petite étendue ; mais pour-
tant le plus confidérable de l'Angleterre , parce que - J
Londres , capitale de tout le Royaume, y eft fituée. *
Maty.
MIDNICK. î-^oyei Mednik.
MIDOUAIRE. t. m. Terme de Jurifprudence. C'eft
une penfionqui eft adjugée à la iemme dans certains
cas, pour lui tenir lieu de douaire. Le douaire n'eft
jamais ouvert que par la mort naturelle du mari.
C'eft pour cela que l'on dit en commun proverbe,
que jamais mari ne paya douaire. Mais dans les cas
de fépaiation de biens 6c d'habitation , de longue
MIE
ali(cnce , ou He mor: civile du mari , on adjuge quel-
quefois fur les biens une penlion à i:i Femme , pnui
in jouir jufqua ce que dou.ure ait lieu. Cerce penlion
dépend de la prudence des Juges. On l'appelle mi-
douaire, parce qu'elle va louventà la moitié du douai-
re. I/iJlic. du Droit Fr. iiv. III. th. i o. to. II. p.
1 2S . de la féconde édition.
MiDOUX. Nom dune petite rivière de laGafcognc.
Midorlus Flavius. F.lle baigne Nangarot , dans 1 Ar-
magnac , Ville-Neuve de Marlan , dans le Condo-
mois , & fe décharge dans la Dou-iC au mont de
Marlan. Maty.
MI E.
« ■
MIE. f. f. Le dedans du pain , ce qui eft enfermé fous
la croiice. Mica. On met de \a. mie de pain & du fel
fur les grillades. Pludcurs aiment le pain qui n'a
guère de mie : d'autres i^.c lauroient manger que
\3.mie.
Ce mot vient du Latin mica.
On dit ironiquement & proverbialement, Qu'iii
homme jeûne entre la mie ik. la croùré , pour due,
que le jeiîne ne l'empêche point de manger.
Mie , s'employoit autrefois pour une particule négative.
■Non , neutiquam. Il a demandé cette fille en maria
■ ge , mais il ne l'aura mie.
Mie, eft aulli un vieux mot, qui lîgnifioit autrefois jfl/a/-
trejje , bien aimée. Amicct , amafia : ^CF J'aime mieux
ma wif , ô gai. Refrain d'une ancienne chanfon.
îi-J" Dans le rtyle Bourgeois , les maris s'en (ervent
quelquefois en parlant à leurs femmes : Je voudrois ,
• ma mie , que vous eulHez été ici. Mol.
fCr C'eft encore un nom que les enfans donnent à leur
Gouvernante. Cet enbnt ert fort attache à ia mie.
Ce mot s'eft fait d'amie , amiea. Car de m' amie ,
c'cft-à-dire j ma amie , ou comme l'on dit aujour-
d'hui j mon amie, de m' amie , dis-je , Ton a fait
ma mie.
$3" Mie. 'Ville de la Chine , dans la province de Fîo-
nan , département de Caifung.
|?:yMIECHAU, ou MIESZAVA. Ville de Pologne,
dans la Cujavie , (ur la rive gauche de la Vift ule.
MIÉGE. f. f.: Terme de Coutumes. Droit de mie^e ,
c'elf le droit de la moitié d'une choie. Aledia pars , me-
diecas.
MiÉge. Terme de Marine. On appelle ainll dans une
galère , la chambre oià fe met le Comité. On dit au-
■ trement Mé\ance.
MIÉGEMONT. Nom d'un lieu en Auvergne. Media
nus mons. Il eft ainlî nommé, parce qu'il eft iitué
fur une montagne, à mi-côte; & ce mot s'ell for
iTié de deux noms Latins par corruption. Valois ,
Not. G ail. p. 3S0-
MIEKIÉKI. f. m. Terme de Calendrier. Nom du fep
tième mois des Arméniens : il répond à-peu-près au
mois d'Avril. On l'appelle aullî Mahich.
MIEL. f. m. Ouvrage des abeilles , qu'elles font dans
leurs ruches avec la cire, ou fucdoux que les abeil-
les font de ce qu'elles recueillent lut les Heurs, ou
fur les feuilles des plantes, ou des arbres. Mel.
Comme on voit au printemps la diligente abeille ,
Qi/i du butin des fleurs va compofer fin miel ,
Des fittifes du temps je compofi mon fiel. Boil.
On dit un panier j une ruche de mouches à miel.
une jetée ou jet de mouches à miel. Les Anciens ne
faifoient leurs confitures qu'avec du miel , un rayon
de miel , qu'on appeloit autrefois Bornai.
Strabon dit qu'il y a un miel qu'on trouve en
quelques arbres., qui eft un poiton. Or , ce miel le
fait par des abeilles du Pont , & d^i-iéraclée , qui
■ mangent de l'ftçonit Si. de l'abfynthe. Melaconiticum.
Car le miel eft bon , ou mauvais , félon la qualité
desHeurs dont elles fe nourrilfent. Mais le Père Lam-
berti-, dans fa Relation de la Mingréhe , aifure le
contraire , & dit que c'eft le meilleur miel du
monde , à caufe de la grande quantité de mélilfe qui
MIE 99î
croît dans ce pays-là. Il dit aulTi qu'il y a un miel ïo\z
blanc &c dur connne du luere , qui ne s'attache point
aux mains quand on le manie; & que c'eft ce qui x
donné lieu à l'erreur de Phne,qiii a dit que vers le
Pont Euxin , il y avoit des abeilles blanches; car
celles-là lont jaunes comme les autres. Les Anciens
ont mis le lucre 6c la manne au rang des miels.
Avant que le lucre eût été apporte des Indes , on
ne connoilloit rien de plus agréable au goût que le
miel. On y confiloitles fruits, & on en méloit aux
pâtillcries les plus friandes. Mœurs des Ifiraél. Lchon
wid/ doit être épais , grenu, clair, tranfparent , nou-
veau, d'un agréable odeur , un peu aromatique, &z
d'un goûr doux Se piquant. M. de la Marue,^.
20 jS. du mois de Nov. IJ2^. des MJm. de Tre'v.
On appelle Aîiel vierge , le miel blanc qui a été
tiré des ruches lans feu. On donne aullI ce nom au
miel qu'on recueille des jeunes abeilles ; il eft de
couleur jaune tirant fur le bLauc , Se on l'eftimc le
meilleur de tous.
Les Apothicaires compolent le miel , S: en font de
rofit , de violât , de mercurial , &c. avec des rofes ,
des violettes ; de la mercuriale , & de nénuphar. Il
y a aulli du miel Icillitique qu'on prépare avec de l.i
icille ; du miel palfulat , fait avec des raifins de Da-
mas cuits dans l'eau chaude; du /;zze/ anthofat , qui
cil fait avec des fteurs de romarin fraîches , car 1«
mot d'anthos , qui lignifie en 2,itné.i:a\fieur , fe prend
ici par excellence pour la Heur du romarin.
S. Ad.iuman , Abbé de Hii , dit dans fa defcription
des Lieux laints, qu'au lieu où S. Jean vivoit dans le
detert , il y avoit des fauterelles , dont les pauvres vi-
voicnt , les faifant cuire avec de Ihuile tk des herbes ,
dont les feuilles larges &c longues avoient la couleur
du lait , & le goût du miel : il prétend que c'eft ce que
l'Evangile appelle miel fauvage.
Miel, fe dit figurément des chofes douces , agréables
& dclicieufes. Mel , fiuavitas. L'Écriture nous décrit
la terre de Promiftion , découlante de lait & de miel.
Cet Orateur a toujours le miel fur fes lèvres , il ne
dit que des paroles douces & Hatteufcs , tous (ss dif-
cours lont confits au miel ik au lucre. Melliti ver-
borum globuU. Mon ame étoit alors fur mes lèvres
pour lavourer le miel qui étoit lur les vôtres. Voit.
On s'en lert aullî en termes de dévotion , pour ex-
. primer par une comparaifon fenlîble , la douceur in-
térieure &: Ipirituelle dont Dieu comble les fervi-
teurs dans l'orailon , dans la ledure des laints livres y
dans la pratique des bonnes œuvres , 8c dans les maux
qu'on louftre pour la gloire de Ion nom. LeP. Bou-
hours finit ainfi la Prétàce de la Tradudion du Nou-
veau Teftament : Tout ce que l'on peut dire à l'avan-
tage de la parole divine , ne la fait pas lî bien fen-
tir , qu'elle le fait fentir elle même quand on la lit
avec un efprit docile , avec un cœur humble. Il en eft
d'elle comme du miel , auquçj le Saint-Efprit la com-
pare , & dont une goutte qu'on met fur la langue
Fait mieux goûter la douceur , que ne pourroient ja-
mais faire les difcours les plus amples ëc les expref-
llons les plus vives.
Cefl , fians doute , Madame , une douceur extrême ,
Que d' entendre ces mots d'une bouche qu'on aime ,
Leur miel dans tous mes fins fait couler à longs traits,'
Une fiuavité qu'on ne goûta jamais. Mol.
Miel , eft aulîi une rofée qui fe trouve à la pointe du
jour lur les feuilles de plulieurs lortes d'arbres , qui
rellemble au miel. Mel ftillaticium. Gaifcrdi croit que
c'eft une humeur vilqueulequi tranipire des feuilles
des arbres , comme une lueur , qui fert deprélure à la
matière , qui eft la rofée pour en lormer un corps qui
reflemble au miel , & qui n'en eft pas pourtant; car on
ne voit point que les abeilles aient de l'emprelîèmen:
pour l'aller chercher fur ces feuilles , qu'elles vont
prendre au contraire dans le cœur & dans le centre
des rtcurs , où l'on trouve en eftct quelque chofe qui
fent le miel.
Il y aune troifième forte de miel , dont parle Thé^-
M I E
99^
phiafte , que le mcme Gadendi croit être la mcme
cliofe que le lucre, que les Anciens ont appelé 3'e/
Indien. Mel Indicum -j/accharum.
On dit proverbialcnicnc : Bouche de miel , cœur de
fiel : pour dire que ces grands adorateurs font iouvtnt
les premiers à vous trahu'.
Miel, li m. Nom d'homme. Michael. Le nom de Miel
en ancien langage Lorrain , n'ell autre choie que le
nom deS. Michel Archange; & l'Abbaye àeS.Miel ,
.-3,u Diocèle de Verdun , efl; la même chofe que l'Ab-
baye de S. Michel.
MIÉLAT. f. m. 'Sorte d'exhalaiion qui femble être la
mcme choie que le miel que Pline t<c Gallendiont dit
qui tombe a la pointe du jour lur les feuilles des ar-
bres. Rohault explique dans fa Phylique , la manière
dont fe forme le miéLat , qu'on appelle en certains
lieux Afd/itf. Dïcl. des Ans. Les mêmes exhalailons
qui conipolent le lerein , compolent aullî le mlélat ,
qui eft fi nuihble à la plupart des biens de la terre ,
lorfqu'il furvient du chaud après que de lembiables
exhalailons lont tombées : car comme elles lont à
demi corrompues lorfqu'elles tombent , la chaleur
qui furvient les convertit facilement en une humeur
gluante & tenace ; & li la chaleur s'augmente , elle
delféchera cette humeur , laquelle delléche en même-
temps le fruit qu'elle couvre. Le P. de la Grange j
Prctre de l'Oratoire , Traité des Elémens. 03" D'au-
tres prétendent que cette matière fluide , qu'on trouve
ordinairement le loir & le matin , en été , attachée
aux feuilles des plantes , fous la forme de gouttelet-
tes , luinte des plantes mêmes , & qu'ainfi il ne faut
pas confondre le miclai avec la roléc.
MIELDRE. adj. Vieux mot. Meilleur. On a dit aufll
Miendre , dans le même lens.
MIELLEUX , EUSE. adj. Qui tient du miel , qui a
quelque chofe du miel. Melleus, Thaïes étoit en
peine pourquoi fes figues avoient un goût mielleux :
fafervante lui en apprit la caufe , en dilant qu'elle
les avoit miles dans un pot à miel. Il fe dit ordinai-
rement en mauvaile part , pour fade , doucereux. Ce
vin , cette liqueur a un goût mielleux. On dit de
même au figuré , un ion mielleux. Meliuus.
MIELNICK. Nom d'une petite ville de Mazovie, en
Pologne. Mielnicum. Elle eft dans la Polaquie , lur le
Bug , à trois lieues de Drogiezin j & à vingt de Biels-
ko , du côté du midi. Maty.
MIEN , ENNE. Pronom pollèlfif relatif j qui s'appli-
que à la première pertonnc , & qui fe dit au lieu de
mon (Se itma. Meus. On ne dit plus, comme autre-
fois , un mien frère. Ce pronom n'eft plus en ulagc
que quand il eft relatif. Son étoile eft plus heureule
que la mienne. Vaug. Corn. Je ne voudrois pas avoir
échangé fa terre contre la mienne. Pour ne pas donner
d'ordre dans un Gouvernement qui n'eft pas le mïci.
De Bussi Rabutin.
On s'en lert encore avec le fubftantif , fins qu'il
foit accompagné d'article ^ ni du mot un y & alors il
■ fe met toujours après le fubftantif avec lequel il fe
conftruit. Ainlî on dit en termes de Pratique : Ces
fruits-là font miens. J'ai droit , comme Seigneur de
fief, de faire les i\.mis miens . En ce lens , il n'a guère
d'ulage que dans le ftyle de Pratique. Acad. Fr.
On dit proverbialement j J'ai bien fait des miennes
en majeunefté, pour dire, j'ai bien fait des folies qui
n'appartiennent qu'à moi. A la mienne volonté : pour
dire , Plût-à Dieu.
Ce pronom mien , finit défrgréablement un vers ,
fur tout lorfqu'il finit aullî le lens. Il eft plus fuppor-
table au féminin ( mienne ) , parce que la rime fémi-
nine eft plus douce , & de deux fyllabes. Alien eft
d'une feule fyllabe. Mén.
Amour , à qui je dois & mon mal , & mon bien ,
Ak ! que ne faijîe'^-vousfon cœur comme le mien ,
Ou que nefaiJie:^-vous le mien comme les autres.
Saint-Evremont.
Mien , eft aulTi fubftantif mafculin , éc fignifie , le bien
qui m'appartient , à quelque titre que ce foit. Meum , I
M I E
bona mea. C'cfl le mien &c le tien qui font caiife de
toutes les guerres Se des procès. Platon , pour abolir la
diltinc'iion du tien & du mien , qui caufe tant dedéfor-
dres dans la lociété^ voulut réunir tous les hommes
dans les mêmes intérêts , en mettant tout en commun.
Dac. Entre les vrais amis , il n'y doit point avoir de
mien , ni de tien. Je fais hardiment cette aftaire, car je
n'y mets rien du mien.
Miens , au pluriel , fe dit des gens qui nous appartien-
nent j foit par nature , foit pat fujétion , loit par ami-
tié. AJei. Jesus-Christ a dit , Je n'abandonnerai ja-
mais les miens. Je ne ferai jamais deshonneur aux
miens j à ma famille. Je voudrois bien faire la fortune
des miens , de mes amis , de nies domeftiques.
CCr Mien. Ville de la Chine , dans la Province de Xenfi,
département de Hanchung.
lier MIENCHI. Ville de la Chine , dans la Provincede
Honan , département de Honan , quatrième Métro-
pole de la Province.
1^ MIENCHO. Nom d'une ville de la Chine , dans
la Province de Suchuen , département de Chingtu.
MIER. Lieu de France , dans le Querci , Élection de Pi-
geac , où Ion trouve des eaux minérales , dont l'ulagc
eft recommandé pour la gravelle.
MIES. Nom d'un bourg , fur une petite rivière qui
porte Ion nom. Mi/a. Il eft en Bohème , dans le Cer-
cle de Pifen , à quatre ou cinq lieues de la ville de
ce nom, vers le couchant. Maty.
MlESTETS. Petite ville de Bohême, que Ziska j Gêné»
rai des Huftites, brtila en 142.}-
§:? MmSZAVA. roye^ MiECHAU.
MIETlE. f f. Diminutif de mie , particule de pain e'miiS,
Mica. La Cananéenne demandoit Iculcmcnt au ScL»
gneur , les miettes qui tomboient de la table.
Miette , fe dit aulli d'un très petit morceau de tout ce
qui fe mange. Frujlum , frujlulum , pars , panicula.
Ainfi on dit, une miette de viande. Voilà mie belle
m.iette. Vous ne m'en avez donné qu'une miette. On
a bi.n fervi des mets fur cette table, mais il n'en eft
pas refté une miette. Dans ce fcns il elT: familier 5c
populaire.
MIEUDRE. adj. m. & f. Vieux mot. Meilleur. Melior.
Challes li Quens d'Anjo fes frères
Li preux , li plains de kardemens ^
Li mieudres tn tournoyemens.
GuiLL. GuiART.
MIEVRE, adj. m. &: f. Alacer , malignus. Terme po-
pulaire , qui le dit des enfans éveillés , remuans Se
malins , qui font toujours quelque malice aux autres.
Cet enfant eft mièvre.
En Normandie on dit nièvre ; d'où Ménage a
conclu que mièyre vient de nehulo , qui fignifie ^ar-
nement.
MIÈVRERIE, ou MIÉVRETÉ Li.Fraus ,puenlisala-
cntas. Petite niche, ou malice qu'un enfant mièvre a
coutume de faire. Il eft populaire.
MIEUX, adv. Terme comparatif de l'adverbe ^ie«. Me-
liùs ,magis. Plus panaitementj d'unemanière plus ac-
complie , d'une façon plus avantagcule , de meilleure
grâce , avec plus d'adrelîe. C'eft bien fait de prier i
mais c'eft mieux fait d'aftifter les pauvres. Un Saine
îiimc mieux mourir que de pécher mortellement. lia
. mieux fai: que ion compagnon. Ce mot cxpi ime mieux
la penfée. On écrit /;2iea.v maintenant , qu'on ne fài-
foit autrefois. Vous ferez mieux àa.v\s ce fauteuil, plus
commod^mcnr.
|t? Il fe dit quelquefois pour plus. Laquelle aimez vous
mieux de ces deux étoffes ? l'une vaut mieux que
l'autre.
%fT II y en a qui difent , c'eft l'homme du monde que
j'aime le mieux ; au lieu de dire , pour qui j'ai le
plus d'amitié, que j'aime le plus. A mon avis, die
le P. Bùuhours, c'eft ainfi qu'il faut parler ; y^i/TZdr
mieux , fe dit en un autre lens ; c'eft le malo des La-
tins. J'aime mieux me taire , que de parler mal à-
propos. J'aime mieux une fortune balFe & tranquille,
qu'une fortune élevée (Se tumultueuk. Aimer mieux,
fe
M I F
fe joint avec un veibe , ou avec une chofc que l'on
préfèie à une .lutrc ; mais non pas avec une peilonne ,
quand il s'agit d'amitié : car s'il s'agit d'une pivFé-
rence,dont l'amitié n'cll point la cauIe,onle joint
bien avec une pciTonne. Par e'^empic , )'aime mieux
un valet mal i-air tk ûge , qu'un valet bien tait <!*<:
fripon. De ces deux livres , lequel aime^ - vous le
mieux ! De tous nos Écrivains , c'ell celui que j'aime
le mieux. Car ce n'clt: pas dire , j'ai plus d'amitié
pour l'un que pour l'autre ; mais je préfère l'un à
l'autre ; l'un m'accommode mieux que l'autre : c'cfl;
celui qui me plaît davantage. On dit, à la vérité , je
l'aime bien ; mais Men en cet endroit hgnihc beau-
coup : & quand Men [ignitic beaucoup , plus ell le
comparatif qui y répond, (Se non pas mieux.
§Cr Mieux s'emploie quelquefois (ubftanrivemcnt. Il fe-
ra de Ion mieux ■■, c'elt le mieux que vous puillîez faire.
A l'aimable Phylis , un grand mal fait la guerre ,
yous lefave::^, ô Dieu ! rien n'échappe à vos yeux ■
Mais faites le tout pour le mieux,
LaiJJe'^ un Ange fur la terre _,
J^ous en ave^ a£'e\aux deux. Boursault.
On dit proverbialement que le mieux , efl: l'ennemi
du bien , pour dire , que le bon paroit moins bon,
mis auprès de l'excellent , en même genre. Il lignifie
aullî qu'on gâte (ouvent une bonne choie , en voulant
la rendre meilleure. Acad. Fr.
^CT II s'emploie aullî adjeélivement , pour meilleur,
plus convenable. Il n'y a rien de mieux que ce que
vous dites.
^fT On dit qu'un homme chante des mieux j pour
dire qu'il chante aulli-bien que ceux qui chantent
le mieux. Optimè. Vaug. &c Corn, diknt que cette
façon de parler eft balle , & nullement du langage
de la Cour. Elle n'ell que bourgeoife, & reçue dans
le diicours familier.
§Sr On dit ablolunicnt qu'un homme eft mieux , que
fa fanté eft en meilleur état. Il eft mieux , un peu
mieux. Aller de mieux en mieux , faire toujours à'^s
progrès vers le bien. Ses aitaires vont de mieux en
mieux.
On dit adverbialement, A qui mieux mieux ; pour
dire , A l'envi l'un de l'autre. Certacim. Cette locution
eft balle, il faut toujours dire à X'envi. Vaug. Chap.
Elle n'eft que familière.
tfT II a fait du mieux , le mieux qu'il a pu , le mieux
du monde , tout au mieux , façons de parler adver-
biales du ftyle familier.
Il y a des occaiions où l'on met , que non pas ,
après mieux. La nature de l'efprit humain eft d'ai-
mer witf'^.v qu'on lui laille quelque chofe à fuppléer,
que non pas qu'on s'imagine qu'il ait befoin d'être
inftruit de tout. Log. de Porc-R. Il vaut beaucoup
mieux ,que les preuves fuivent immédiatement les
propofitions douteules , que non pas qu'elles en loient
réparées. Ibid.
§Cr Cette façon de parler , que non pas que , quoiqu'elle
fe trouve dans un bon livre j n'en eft pas meilleure.
Elle rend la phrafe traînante ; elle eft raboteufe^dure
& défagréable à l'oreille.
On dit proverbialement : Il a fait comme Robin fit
à la danfe ; tout du mieux qu'il a pu. Il aime mieux
deux œufs qu'une prune. Cela vaut mieux denier qu'il
ne valoir maille. Il vaut mieux en terre qu'en pré.
Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras : & plu-
lîeurs autres (emblablcs. Le /wieir.v auquel on afpire ,
fait qu'on gâte le bien , dit un proverbe Italien.
FÉNELON.
MIEX , MIELS & MIELX. Du Latin Melius. Vieux
mots employés pour mieux,
tp MIEYUN. Ville de la Chine , dans la Province de
Péking , département de Xuntien.
M I F.
MI FORT. En fait d'armes , on appelle wi-/orf de l'é-
pée , la partie du milieu qui eft entre la garde ôc la
pointe, qu'on nomme ïcfort&lefocble.
Tome y.
M I G
991
M I G.
MIGANA. Nom d'un lieu du Royaume de Tunis, en
Barbarie. Migana. Il eft vers les confins de la Conf-
taïuine , à dix lieues de Mufti.
MIGEAU. f. m. On nomme ainli en RouQîllon la laine
• de la troiliéme lorte , que les Elpagnols appellent
Tierce. Elle ell la moindre de toutes.
MI-GLAIVE. (. m. Nom dune ancienne arme oflenfive,
Elpèce de hallebarde. Ila/U fpecies.
MIGNARD , ARDE. adj. Qui a les traits fins & déli-
cats. Fenuflus , delicatulus. Une femme mignarde ,
qui eft d'une raille fine Si. jolie ; qui a un teint délicat ,
une petite bouche. Ce mot a été banni de l'ulage ,
peut être parce qu'il a paru trop mou , & qu'il fent
un peu le diminutif. Il plaifoit extrêmement aux Poè-
tes de la Cour des Valois, ik il entroit dans tous les
vers qui avoient un caraétère tendre & délicat. (3ii
dit encore , un air mignard , un vilage mignard , mais
dans le ftyle familier jiulement.
fjCF On dit d'un petit ouvrage travaillé avec une extrême
délicateilc , cela n'A. mignard , cet ouvrage vdynignard.
§3' Il femble qu'en général , ce mot déligne une afteéfa-
tion puérile , une faufte déhcatellé qui s'exerce lur des
chofes qui n'en méritent point. Faire le mignard , c'eft
faire le beau. Un langage mignard, h on le dit , eft un
jargon plein d'afteétation. Terfus ferma.
Je fuis une jeune Bergère ,
Qui ne fais ce que c'eft qu'artifice & que fard ;
Qui plaisjans Jbnger même à plaire ,
Et qui n'ai rien de trop mignard.
MIGNARDEMENT. adv. D'une manière mignarde *
avec finelle ou avec délicatelle. Blandè , e le ganter ,
venuftè. Cet Orfèvre travaille fort mignardement en
petits ouvrages. Cet enfant a été élevé fort mignar-
dement , délicatement : il joue du luth fort mignar-
dement.
Sur un front blanc comme l'ivoire ,
Deux petits arcs de couleurnoire y
Etaient mignardement voûtés. Voit.
MIGNARDER. v. a. Flatter, traiter avec délicatelTc,
dorloter, bire des amitiés enfantines. Glof.fur Ma-
rot. Blandiri. C'eft le défaut des mères de trop mi-
gnarder\ems en(àns. Ce terme n'eft pas du bel uiage,
c'v ne peut palier que dans le difcours tamilier.
MIGNARDE , ÉE. part. & adj. Il a les fignifications de
Ion verbe.
MIGNARDISE, f. f. Délicatelle de quelque chofe , foit
qu'elle vienne de la nature, ou de l'art. Mollitia deli-
catior , blanditia , elegantia , vcnuftas. Il eft plus en
ufage que mignard. On s'en fert même dans les ou-
vrages férieux. Ces fortes de pieds & de melures n'ont
qu'une certaine mignardife , qui a toujours le même
tour , & qui n'émeut point l'ame. BoiL. Les cœurs
les plus fermes s'amollillent & fe fondent , pour peu
que la volupté les touche : elle vient avec toutes
les mignardifes Se toutes les parures des grâces. M.
DE LA Ch. Je foutiens qu'il faut de h mignardife dans
notre fexe. P. Com. La mignardife de cette bouche,-
de ce vilage , de cette taille , charme tout le monde.
Ce portrait de minfiture eft fait avec beaucoup de
mignardife. Il y a des langues plus capables de certai-
nes mignardif s ks unes que les autres.
0Cr Mignardise, fe dit aulli en parlant du ftyle, pour
défigner les petites aftcétations. Sénèque , plus que
tout autre , avoit contribué à gâter & à corrompre
le jugement des jeunes Romains, & à fubftituer à
l'éloquence mâle & robufte qui avoit régné jutqu'à
lui , les mignardifes d'un ftyle chargé d'ornemens , de
penfées brillantes , d'antith Mes & de pointes. Roll.
Mignardise, fe dit aulll de certaines délicateires d'é-
ducation , des fiatreries. Blandimentorum mollius
lenocimum. Quand ce feroit un Prince, on ne l'au-
roit pas élevé avec plus de mignardife , plus de foin.
Kkkkkk
994 M I G
Il obtient tout ce qu'il veut de ('x mère par Tes m'ignar-
difcs. Il s'ert: laillc prendre par les iingnardijcs de
cjttc femme , par les àatteries , tes cr.rellcs.
Mignardise. Efpèce de petit œillet gris, rouge , blanc ,
qui Ileurit en Avril & en M.u. h'ios canopliylkus
Uucauhcsus. Ces mignardijes font allez jolies.^
gCrOii' lappdle au!li etîile, ou œillet frangé, parce
que fes t-euilles font découpées en manière de frange.
MIGisTATURE. Foyei Miniature.
MIGNÉ. Bourg de France , en Poitou , Eledion de
Poitiers , au nord occidental de cette ville.
(t:J= MIGNON, MIGNONNE, adj. Qui a de p-etits
agrémens , joli , délicat , gentil. Satus , venujius ,
elegans. Une taille mignonne. Vifage mignon, ^oa-
c\\l mignonne. ^eMK mignonne. Elle paroit conhiher
dans l'air & dans la tournure gr.acieule du vilage ,
dans la finelle & dans la délicatelle des traits, plus que
dans la proportion & la régularité.
|p° Mignon , fe dit aulli^dcs ouvrages de l'art , travaillés
délicatement. Scicus , eximius. Voilà un bijou fort
mignon , une montre mignonne, des louliers mignons.
§a"Ôn le dit aulli des ouvrages d'efprit où il y a de la
finelfe. Il a tait un fonnet fort mignon.
|KF On le dit encore des langues qui ont de_ la douceur
ôc de l'agrément. La langue Italienne eft fort mignon-
ne. Tout cela eft du ifyle familier.
§CFOn appelle familièrement argent mignon , celui
qu'on a mis en réferve pour quelque dépenlc luper-
Hue. Pour faire cela , il me fuidroit de l'argent
mignon. Et l'on appelle péché mignon, celui pour
lequel on a plus de penchant, auquel on eif le plus
attaché. La médifance eft fon péché mignon.
IC? Mignon, eft aulfi fubftantif, & défigne une per-
fonne chérie , préférée aux autres, un ami ou un
amant frvorifé. On dit familièrement qu'un enfant
eft le mignon de fa mère. Du tems de Henri lîl , les
Favoris s'appeloient les mignons du Roi. Aujourd'hui
on ne donne prefque plus ce nom qu'aux enhns
qu'on carelfe. Mon mignon , mon petit mignon. Si
on le donne à d'autres , c'eft en fouriant i.\- par déri-
fion , comme quand on dit en colère à quelqu'un ,
vous êtes un joli mignon, pour dire vous êtes fort
impertineiat , fort ridicule.
|K? Les petits enfans appellent auflî leur père & leur
mère, papa mignon, maman mignonne.
Ce mot vient de mignon , Bas Breton , qui fignific
ami, \fy ou de mùnus , petit. Minus, minius (d'où
vient minimus) minio , minionis , mignon ;_ou de
ninnus , qui lîgnitie enfant. D'où vient l'Elpagnol
nino , ninnus , ninni , ninnius : ninnio , mnnionis ,
ninnione ,minnione mignons. Ninnus , ninnius, nin-
niardus , minniardus , mignard. Voyez combien M.
Ménage eft heureux à trouver des généalogies.
|3°D 'autres le font venir fans tant de détours de l'Alle-
■■ mand minuen , aimer , & font venir de la même
fource mignard, mignarder , menin.
JvlIGNONNE. f. f. Nom d'une efpèce de pêche. On
pourroit l'appeler en Latin bellula , ou malum Perji-
cum bellulum. La mignonne eft coiiftamment pour
les yeux, la plus belle pêc'.ic qu'on puifte voir; elle
eft très-grolle , très rouge , fatinée & ronde ; elle
mûrit des premières de la faiion , &" a la chair fine c^'
bien fondante & le noyau très-petit : véritablement
fon goût n'eft pas toujours des plus relevés, il a fou-
vent quelque choie de fade. La Quint. T. I. p. 4^ i.
^IiGNONNE, eft aulli le nom d'une efpèce de prunes. La
mignonne eft longuette. La Quint, Les mignonnes
font blanches-jaunâtres. Id.
Mignonne, en terme d'Imprimerie, f. f . Eft une forte
de caraftère hétéroclite , qui eft un des plus petits ,
entre le petit Texte & l'a Nompareille.
Mignonne, f. f. Nom d'une rivière de l'État de
l'ilglile en Italie. Minio. Elle coule dans la province
ou patrimoine de S. Pierre , & fe décharge dans la
mer Tyrienne , un peu au couchant de Civita Vec-
chia. Maty.
MIGNONNEMENT. adv. D'une manièie délicate,
avec délicatetîé. Délicate ,fcuè. Cela eft tait mignon -_
M I G
nement. Cette pierre eli: tort mignonnement enchâllec
dans cette bague.
MIGNONNETlE. f. f. Efpèce d'œillet qui n'a qucla
Heur difiérente des autres œillets : cette diftércncc
conlifte en ce que les teuilles de la Heur font décou-
pées en petits hlets qui torment une elpèce de pelu-
che. Alignonnette (impie , mignonnetle double.
MiGNONNETTE. Etpèce de dentelle qui n'eft qu'un ré-
zeau fin , dans lequel on conduit un ou plulicurs gros
fils qui compofent des branchages & des Heurs , &
font qu'on croit de loin que c'ell la plus belle & la
plus fine dentelle.
MiGNONNETTE. C cft auftî , en termes d'Imprimerie,
un cara,,tère très-menu. Ac. Fr.
MiGNONNETTE. Se dit auiîî de la plus belle efpèce de
poivre blanc , concaHc en morceaux plus petits qu'à
l'ordinaire.
MIGNOT , OTE. adj. m. & f. Celui ou celle qui fe
fâche aifément , avec qui on a peine à vivre , qu'on
n'a pas eu allez ds loin de corriger de bonne heure.
Un enfant mignot eft un entant gâté. Une femme
mignote eft celle qui boude pour peu de choie, &
qui exige de ion mari beaucoup de complailance. Il
y a cette différence entie mignard Se mignot, que le
premier doit s'entendre en bien, au lieu que 1 autre
le prend toujours en mauvaiie part. Autrefois mignot
& mignote ne lignihoit que joli , jolie, mignon,
mignonne, comme on en peut juger par les vers ci-
tés dans le Gloftaire du Roman de la Rofe, Ces mots
ne font plus en ulage.
MIGNOTER. V. a. Flatter, traiter délicatement, ^d-
blandiri. Il ne iaut pas tant mignoter les enfans, il
faut les accoutumer de bonne heure à la fatigue.
Cette femme mignote ce vieillard pour avoir fa fuc-
cedion. Il eft populaire.
MIGNOTÉ , ÉE. part. & adj.
MIGNOTIE. f. f. En Latin Oculus Chrifli. Pour avoir
cette fleur belle & double, il ne faut pas manquer de
la replanter tous les ans, comme les œillets, prenanc
de bonne heure les plus beaux bouquets ou brins de
la plante , les replantant ailleurs en lieu frais, pour
les retirer quand ils auront racine , & en faire un
carreau , ou bien (ce qui eft plus allure) les marcotter
comme les œillets.
MiGNOTiE. Vieux mot. Gentillelle , ajuftement. Ce
mot eft venu de mignot qui a été dit pour joli , mi-
gnon , agréable.
MIGNOTliE. f. f. Flatterie, carelFe qu'on fait à quel-
qu'un. BlanditiA. Un amant gagne la maîtrelle par
mille petites mignotifes ik flatteries. Les vieillards
aulfi bien que les entans, .aiment fort les mignotifes,
les careftes. Ce mot eft vieux.
0C7°MIGOT. Terme employé en Languedoc, pour dc-
figner le rebut des laines , une lame qui eft encore
au delfous du migeau.
MIGRAINE. 1. f. Mal aigu qui afïlige la moitié de la
tcte , qui le dit proprement quand on n'en lent la
douleur que d'un côté, toit à droite foit à gauche.
Hemicrania. Quelquefois elle ne monte pas plus haut
que les muh les temporaux. D'autres fois elle monte
julqu'au haut du crâne. Ce mil eft prelque toujours
accompagné de foiblelle d'eftomac , louvent d'envie
de vomit , & de puU.uions très vives dans la tête.
La migraine eft caulee par une lérohté acre qui pique
le péricrane ou les méninges du cerveau. On l'ap-
pelle hemicrana , ou hemicrania , comme qui diroic
qui occupe la moitié du crâne.
Ce mot vient du Grec |M/>tç«>i«. On dit auifi en
Latin micranea.
On dit figurément de toute chofe ennuyeufe &
choquante , qu'elle donne la migraine , pour dite
qu'elle fait mal à la tête. Cela ne le dit que dans le
dilcours familier & comique.
Migraine, f. f. C'eft le nom du fruit du grenadier,
qui s'appelle plus communément Grenade ; mais
quelques uns lui donnent le nom de Migraine , Se
ce nom approche plus de la manière dont les Langue-
dociens appellent ce fruit, car ils le nomment Mio^
grane.
M I J
MIGRATION, f. f. PalHige ou tranfpoit d'un lieu dans
un autre pour s'y cr.iblir. La ville de'Marfcillc doit
(oi) origine aux l'Iioccens , qui fortiventcn dirtcrcns
tatis de leur pays , & rirent des ct.ibliiremens en di-
verics contrées ; mais auxquelles de ces migrations
faut-il rapporter la fondation de cette ville? Mém.
de Trév. *
§3" On doit oWerver que ce mot ne fe dit jamais qu'en
parlant d'un nombre conlidérablc de pcrfonncs.
MIGUEL. ['. m. Nom d'homme. Micha'il. C'cfl; la
même cliolc que Miclicl. Miguel eft le nom Ef-
pagnol , qui (e dit de ceux de cette nation , &: des
Portugais dont S. Michel ed: le patron. Dom Miguel
Cervantes ell l'Auteur du Roman de Dom Gui-
chote.
San-Miguel. Nom d'une petite ville de l'Audience de
Mexique, en Amérique. Fanuni S. Michaélis Elle
ell dans la province de Machoacan , & au nord de la
ville de ce nom. Maty.
San-Miguel. Nom d'un bourg de l'Audience de Guati-
mala, en Amérique. Fanum. S. Michaclis , Michaè-
lopolis. Il ell lur la côte de la province de Guatima-
la_, entre les villes de S. Jago &: Léon.
San Miguel. Nom d'un bourg de l'Amérique méridio-
nale. Fanum S. Muhaëlis. Il efl: dans le nouveau
Royaume de Grenade, environ à quinze lieues de
Santa Fé de Bogota, vers le nord. Maty.
San Miguel del Eftéro, ou de Técuman. Nom d'une
petite ville de l'Améiique méridionale. Fanum S.
Michaëlis de Storea ou de Matca. Elle eft dans le Té-
cuman , fur la rivière d'Eftéro , environ à trente-une
lieues de S. Jago del Elléro.
San-Miguel de Piura. Nom d'une petite ville du Pé-
rou. Fanum S. Michaëlis. Elle eft dans la province de
Quito, vers les confins du Pérou propre. Se à douze
lieues de la mer Pacifique.
Balles de San Micufi. Synis S. Michaëlis. Ce font
dcj écurils que l'on trouve dans l'Océan Ethiopien ,
entre l'île de Madagalcar Se les Maldives. Maty.
Golfe de SanMiguel. Sinus S. Michaëlis. Ce golfe eft
une petite branche delà mer Pacifique. Il s'avance du
couchant au levant dans les côtes de la Terre ferme
propre , au midi de la ville Se du golfe de Panama.
Maty.
L'île de San-Miguel. Nom d'une petite ile de l'Océan
oriental. Infula S. Michaëlis. Elle eft environ à vingt
lieues de celle de Paragoja , vers le midi , ce un peu
moins de celle de Bornéo, vers le levant. Maty.
San-Miguel. C'eft une des Açores. Voye-:^ Saint Mi-
chel.
San Miguel. Nom d'une rivière. Fluvius S. Michaëlis.
C'eft une petite rivière du Brefil ; elle coule dans la
Capitanie duP ernambuco , & fe décharge dans la
mer du Nord. Maty.
M I H,
MIHIR, ouMIHR. f. m. Terme de Calendrier & de
Relation. Nom du mois de l'équinoxe d'Automne j
chezi les Perfes, qui répond à notre mois de Septem-
bre. Mihicus ^ September Perfarum.
MIHIR GIAN. f. m. C'eft ainfi que les Perfans appel-
lent l'équinoxe automnal , dont ils font un jour de
Fête , aulli bien que de l'équinoxe du printems , qu'ils
nomment Nevroux , & auquel ils ont fixé le com-
mencement de leur année.
MIHR-MAH. f m. Terme de Calendrier. Nom du
feptième mois des Perfans : il répond à-peu^près à
notre mois de Mars.
M I J.
fCT-MIJAH. FoyeiUiA.
MIJAURÉE, f f. Terme populaire & injurieux, DCTqui
fe dit d'une femme dont les manières font affeélées &
ridicules. Ce n'eft qu'une mijaurée. 'Voilà une plai-
fante mijaurée.
MIJAZIA f. m. Terme de Calendrier. Nom du huitiè-
me mois des Ethiopiens , qui répond à-peu près à no-
Tome K.
M I L
99T
tre mois d'Avril. On l'appelle aulii mia\ia Se ma^ia.
MUR AAB. f. m. Terme de Relation. Officier de la
Cour du Sopiii de Perle. Le Mar-aab eft le Grand-
Maître des taux.
MIIR ACH(3UU BASCHI. f. m. Terme de Relation.
Grand Ofticicr de la Cour du Roi de Perfc. Le MUr-
achour bafchi eft le Grand Ecuyer du Roi de l^crlc.
MHHI-SCHIKAAK BASC;in. f. m. Terme de Rela-
tion. Nom d'office à la Cour du Soplii. Le Aîiiri'
Schikaar-BaJ'chi , eft Ion Grand 'Veneur.
M I K.
MIKEL, yoyei Michel.
M î L.
MIL. Nom de nombre, yoye^ Mille.
MIL. (mouillez 11) ou MILLET, f. m. Plante qui
poulfe des tiges à la hauteur d'une coudée Se demie,
t allez grolles, noueufes. Milium. Ses feuilles (ont
iemblables à celles du roleau , large de plus d'un
pouce , velues. Ses fleurs nailfent en bottes ou en
bouquets aux lommités des tiges : elles font compofées
chacune de plulîeurs étamincs qui iortent du milieu
du calice, le plus fouvent à deux feuilles. Il leur (uc-
cède des graines preique rondes ou ovales , dures ,
luilantes , de couleur jaune ou blanche. En Latin
milium femine luteo vel albo. C. Bauh. Pin zô . La
graine de millet eft employée en quelques endroits à
taire du pain , qui eft lec, friable c^' de petite nourri-
ture , mais qui étant chaud, a allez bon goût On
nourrit des oifeaux de cette graine ^ & les ortolans en
font fort hiands. On le fert en Médecine de la larine
delà femence de millet, pour faire des cataplalmes
anodins Se rétolutifs.
Cette graine eft , dit-on, appelée milium:, parce
qu'elle porte fes graines en grand nombre Se comme
par milliers.
On dit populairement d'un gourmand à qui on pré-
fente peu de chofe à manger, que c'eft. un grain de mil
dans la gueule d'un ânei-Sc pour marquer qu un homme
a extrêmement peur ^ on dit de même qu'on lui bou-
cheroit le derrière avec un grain de millet. Ac. Fr.
MILA. Ville d'Afrique, au Royaume de Tunis, dans
la province Conftantinc.
MILAN, f. m. Oifeau qui vit de proie. On l'appelle
aulîl Ecoufle Se Huan. Milvus. Il eft de divers gran-
deurs Se plumages. Milan zow^, milan xoy A, milan
noirâtre, blanchâtre, milan de marais, &c. Il eft
l'ennemi du duc Se du (acre.
1^ Milan. Poilfon de mer qui n'a point d'écaillés Se
dont tout le corps eft couvert d'une peau rude. Il
s'élève un peu au deflus de l'eau , par le moyen de fes
nageoires qui lui fervent d'ailes. Pendant la nuit il
eft lumineux. Sa chair eft dure & fèche. Milvus pif-^
cis.
Milan. Ville d'Italie, capitale du Duché de Milan,
Se lituée dans une belle plaine , à fix lieues de Pavie ,
entre la rivière du Telîîn Se celle d'Adda, avec lef-
quelles elle a communication par le moyen de deux
grands canaux. Mediolanum. Milan eft une ville
très -ancienne -, on prétend qu'elle a été fondée par les
Gaulois , l'an 170 de Rome, Se elle a été entuite la
principale de l'Empire Romain après Rome. Elle eft
encore aujourd'hui très confidérable. On la nomme
avec raifon i'Vf/Za/z la' Grande, car elle a dix milles de
circuit, vingt-deux portes, quatre-vingt feize Paroif-
fes , deux cens trente Églifes , quarante Couvens de
Religieux & cinquante de Religieufcs ; dix Hôpitaux
qui entretiennent jufqu'à neuf mille pauvres Se cent
confréries , qui renferment un très-grand nombre
d'ouvriers. Milan a 17 d. 19 m. de longitude ^ Se 36
d. io m. de latitude. Acad. des Se.
Milan. Sorte de fromage qui a des yeux , qui a la
croûte rouge Se qui vient de Milan. Cafeus Mediola-
ncnfis. Ainfi on dit du mdan ou du fromage de Mi-
lan.
Milan d'été, f. m. Sorte de poire précoce qui vient au
Kkkkkk ij
Ç96 MIL
-mois de JuiUcc, qu'on nomme autrement Hativeau
bLinc & bcui-rc dctc. Voye^ La Quintinie.
MILANEZ, ou MILANOIS. Duché de Mibn- Mc-
dwlmcnfis Ducatus. C'elt un des Etus de la Lom-
bai-die , en Iulic. Il cft borné au couchant par le 1 le-
mont & par le Montfertati au midi, par 1 ttat de
Gènes; au levant , par ceux de Parme, de Mantoue
c^- de Vemfe; & au nord, par le Valais les Bailliages
des SuilTes & le pays des Grifons. On donne au Du-
ché de Milan quarante-huit lieues du nord au lud,
& trente-cinq en û plus grande largeur du couchant
au levant. , ^ . . , -..t m.
Le MiLANEZ PROPRE, OU le Territoire de Milan. Me-
dwlancnfe Terruonum. C'eft une des plus grandes
& meilleures provinces du Duché de Milan Elle
s'étend depuis le Pavéfan qu'elle a au midi , julquau
territoire de Côme , & aux Bailliages des SuiUes.
MILANOIS, OISE. f. m. & f. Qui ell: de Milan, ou du
Milanois. Mediolanenfis.
MiLANOisE. f. f. Terme de Fleurifte. Nom d une ane-,
mone qui eft une perfiquine qui fait de groiles Heurs.
MoRiN. -, , , r ' ^
MILAUS. Nom d'un bourg de la Bohême, "tue près
du Muldaw, à quatre lieues de la ville de Thabor ,
vers le couchant. Meliodunum. Maty.
MILAZZO, ou MÉLAZZO. Nom d'une ancienne
ville de la vallée de Démona, en Sicile. MyU. Elle
eft furie cap de MUano & fur un petit goUe, qui
porte le même nom , environ à huit lieues de Mel-
line , du côté du couchant. Milctuo ell partagée en
deux', une partie, lîtuce fur la montagne, eft forti-
fiée-, & l'autre, qui eft le long du golfe . a un bon
port , dont l'entrée eft défendue par un château.
Maty.
MILDEN, ou MOULDEN. Nom de lieu. Minnodu-
num , Mmnidunum. Le Géographe Athicus le place
dans le chemin de Milan à Mayence, par les Alpes
Pennines. "Valois, Not. G ail. p. 339-
MILERINE. f. f. On appelle ainfi dans quelques pays
une terre où l'on feme du mil. Agtr mïlïo confitus.
MILÉSIEN , ENNE. f m. & f. Nom d'un ancien
peuple Grec de l'Afie Mineure , habitant de Mikte.
MILET." i m. Roi de Carie , étoit fils d'Apollon &
d'une fille de Minos. Il fit bâtir dans la Cane une
ville à laquelle il donna fonnom, & qui devint la
cauitale du Royaume. , • j
MilÈt. f. m. Nom dune efpèce de poire. La chair du
^ milet eft pleine de marc & de pierre. La Quint.
T. I. p. 2 s 4- ... , rj' u j
Milet. Nom d'une ancienne ville très conhderable de
l'Ionie, dans l'Afie Mineure. Miktus.
MILÉTO. Nom d'une ancienne ville des Brutiens en
Italie. MiUcus , MiUta. Elle eft maintenant dans la
Calabrc ultérieure , à deux lieues de l'embouchure du
Métramno & de la ville de Nicotéra : elle a un
Évéché, fondé l'an 1075 , & fuftiagant de Rhege.
Maty.
MILÉVE. Foyei Mêla.
MILFORD HAVEN. C'eft-à dire , le Havre de Mil-
FORD. Milfordienfis Jinus. C'eft une baie de^la mer
d'Irlande ; elle entre fort avant dans les côtes du
Comté de Pembrock.
MILGUIE. f. f. Nom de femme. Milvida.
MILHAN. f. m. Nom d'homme. jEmUtanus. Pro-
. nonccz Milhan à la manière Portugaife , c'eft-à- dire ,
en mouillant l'A, comme nous faifons en François la
double // dans millet , maillet , &c. Émilien, que les
Efpagnols , & nous à leur exemple , appelions S.
Milhan, cft un des principaux maîtres que l'Efpagnc
ait eus pour la vie folitaire. Baillet , au i J de New.
MILHAUD , MILLAUD , ou MILHAU. Nom dune
ville de France. AmUhanum , MilUaldum , Amdia-
num , J^milianum. Elle eft fur le Tarn , dans le
Roaergue, aux confins du bas Languedoc, & à huit
lieues de Rhodes, vers le levant. Long. 20. d. ;o'.
lac. 44. d. 10'.
MiLIA. Milyas. C'ctoit anciennement une ville de
Pamphilie, en l'Afie Mineure : elle eft prefque en-
M I L
tlèrement ruinée. On la met dans la Caramanie, en
Natolie, environ à quinze lieues de Satalie, vers le
nord. Maty.
MILIAIRE. adj. Terme d'Anatomie , qui fe dit des
petites glandes de la peau. Miliaris glandula. 11 y a
une infinité de glandes minaires ; kur ulage eft de
filtrer la matière de la fueur & de la tranipiration.
V. ces mots. §CF Ces glandes font lourniesdune ar-
tère , d'une veine & d'un nerf, &c d'un conduit excré-
toire' par où s'échappe la liqueur qui a été féparée du
fang dans le corps de la glande. C'eft cette matière
liquide qui fou enfuite par les pores de 1 épiderme. ^
MiLiAlRE eft encore le nom d'une he\'re que les Mé-
decins ont ainfi appelée , parce que les puftules qui
poullént dans cette maladie , relfemblent en quelque
forte à des grains de millet , dont le nom Latin eft
Milium. Purpura, vari peplentis febris. C'eft une
efpèce de fièvre pourprée , & qui n'en diftere qu'en
ce eue les ébullhions de ccUe-ci , fonr plus groftes
& moins nombrcufes. ^^On dit raremeiit la mi-
liaire, fubftantif; on dit plutôt fièvre rriiliaire. Il
y a des fièvres miiiaires qui lont contagieutes. On les
appelle fimples, quand il ne paroît (ur le corps que
des puftules miiiaires ; & compokes , lorlquc ces
boutons blancs font entremêks de puftules papillaires
rouges. , ,. , „ ~
MiLiAiRE. f. m. Milianium. Grand vale long &
étroit , dont les Romains fc fervoient pour laire
chauffer de l'eau.
MILIANE. Grande ville d'Afrique , dans la province
de Tenes , au Royaume de Tremeccn.
MILICE f f. Terme -colledif , qui fe dit des gens dé
guerre , de ceux qui font profelîîon des armes. Exer-
citus , copi.t. La milice des Romains & des Grecs
étoit brave, courageufe &c bien difciplinée. Les mili-
ces des Afiatiques ont été toujours lort peu eftimees.
Ce mot & les dérivés viennent de militia ; ik mili-
fij vient de Ml/es, foldat; ëc miles vient de mille,
qui s'écrivoit autrefois mile. Dans les levées qui (c
taifoient à Rome , comme chaque tribu fournilloïc
mille hommes, quiconque étoit de ce nombre s'ap-
pcloit Mlles.
Milice , fe dit plus particulièrement des habitans d'un
pays qui s'arment foudainement pour le défendre-, &
en ce fens les milices lont oppofées aux troupes ré-
glées. Confcripta ex indigents copis. Les ennemis
ont tenté une defcente fur nos côtes; mais ils ont été
repoulfés par les milices du pays. Toute la milice
bourgeoife s'eft mife en armes pour aller au-devant
du Roi. ,
ip" Milice. Terme moderne de guerre. On a donne ce
nom aux foldats que fournllfent les différentes com-
munautés, ou qui font levés en conféqueiace des or-
dres du Roi , dans les différentes Généralités. La pre-
mière levée des milices , telle qu'elle fe fait aujour-
d'hui , fe fit par ordonnance du io Novembre ié88 i
elle fut de 25050 hommes, partagés en 50 Régimens
qui furent congédiés à la paix de Rihvick. On leva
encore des milices fous le même règne , pendant la
guerre qu'occafionna la luccellton d'Elpagne ; mais
on ne les enrégimenta point, elles ne fervirent qu'à
recruter les régimens des troupes réglées.
Ip-Les milices commencèrent à avoir heu fous le
règne de Louis XV , après la mort de M. le Régent,
fous le miniftère de M. le Duc de Bourbon, & des-
lorsil fut projette & décidé d'en faire un corps tou-
jours fubfiftant-, de forte que, par ordonnance du 25
Février 1726 , il fut levé 93 bataillons de milice : par
cclkdu 12 Novembre 175 5 . on augmenta de 30 le
nombre des bataillons , c\- ils furent tous mis a li
compagnies de 57 hommes. Officiers non compris.
Ç3"Cet arrangement ne dura pas, & il v a eu des chan-
eemens confidérables , relativement à la mdice.^
ïfJ- L'engagement des foldats de milice eft pour lix ans ,
après kfquels ils doivent être renvoyés, & ils lont
remplacés par d'autres que les Paroiffes fournillent.
L'intention de S. M. eft que tous les garçons d une
ParoilTe , en âge de porter ks armes, tirent aulort.
M I L
M I L
Se au défaut de gaii,-ons, les hommes nouvellement
niaiics.
CG'Ct: mot fe dit au hnguiiei- 3c au pluriel. La mUke
aura lieu cette année. Il n'y aura qu'un lemplacc-
ment de milices,
03" Milice Garde Cote. /"Iiy^y Garde-Cote.
Milice, le dit quelquefois de l'art militaire, de la difei-
plinc des troupes. Iles mUicans. L'ordre de la milice
Uoniaine étoit merveilleux. Ce Capitaine entend
bien la milice , l'art de conduire des troupes. Llian
Se Végécc nous ont donné des idées de la milice des
Anciens. Julie Liple &c Saumaife ont Fait des Traités
de la milice des Romains, f^'oye'^ Loileau fur les di-
vers genres de milice parmi les Komains. Le IV"-'
Tome du Tréfor des Antiquités Françoifes &c Saxo-
nes , traite de l'ancienne milice Françoife &c Saxone.
On ne le dit guère qu'en parlant de l'ancien tcms.
On du hgutément & en termes de 1 Écriture
Sainte, que la vie de l'hcHnnic ell une wi/ice conti-
nuelle. Ac. Fr. ôc l'on appelle Églife miiuance , l'af-
femblée des Fidelles qui ell lur la terre.
Milice Chrétienne de Sainte Marie de la Conception.
Nom d'un Ordre Militaire, l^oye^ Conception.
Milice de Jesus-Christ. C'ell un des noms qu'on
donne au Tiers-Ordre de S. Dominique , ou des Frè-
res Prêcheurs. On l'a aullî nommé dans la fuite l'Or-
dre de la Pénitence de S. Dominique : S. Dominique
l'établit ious le nom de Milice de J. C. pour combat-
tre les ennemis de la loi. V^oye:^ Dominicain.
MILICHIEN. adj. m. Terme de Mythologie. Mili-
chius. Surnom que l'antiquité donnoit en quelques
endroits à Jupiter & à Bacchus, & peut-être encore
à d'autrei dieux. L'origine de ce nom eft inconnue.
«B3" MILICIEN, f. m. C'efl: ainiî qu'on appelle les Sol-
dats de milice. Voye\ Milice.
MILIEU, i. m. Ce qui ell également diftant des extré-
mités. Médium , centrum. Le centre ell le milieu
d'un cercle. La Terre-Sainte eft au milieu de la terre ,
ce qui te dit populairement , car le milieu de la terre
€ll par-tour , puifque la terre cil de figure fenfible-
ment fphérique. Les Anciens qui connoilîoicnt
beaucoup plus de terres d'occident en orient , que du
midi au leptentrion, donnoient à la terre une figure
beaucoup plus longue que large ; c'eft en fuivant ce
Sentiment , que les Rabins ont dit que la Terre-Sainte
étoit au milieu de la terre.
Ce mot vient de médius locus.
On appelle en Aftronomie le milieu du ciel, le
point de l'écliptique qui fe rencontre dans le méri-
dien. On appelle aullî cœur du ciel , la Maifon Royale
qui eft la dixième.
^CF On dit dans le même feus le point milieu, pour dire
le point du milieu. Alors ce mot eft adjeClih
§Cr Ce terme eft fouvent employé dans une lignification
moins exaéle, & fe dit de tout endroit éloigné de la
circonférence des extrémités. Ainli l'on dit qu'un
Soldat s'eft jette au milieu des ennemis. Medios in
hojles j inter kofles. J'ai perdu mon compagnon au
milieu de la foule. Il s'eft levé du milieu de l'alïem-
blée, pour faire une remontrance. Ce Prince a été
alÏLïftiné au milieu de fa Cour. Cette ville eft au mi-
lieu des terres, éloignée de la mer & des rivières.
L'aigle s'élève au milieu des airs.
^fitOn dit qu'une langue de terre s'avance au milieu de
la mer , qu'un bras de mer s'avance au milieu des ter-
res , c'eft à dire, entre bien avant. On le dit encore
d'une moitié indéfinie de quelque cho(e. En parlant
des chofes qui regardent le tems , on dit au milieu de
la vie, au milieu de Tété , de l'hiver, c'eft-à-dirCj
dans un tems à peu près éloigne du commencement
&C de la fin. Media âjiate , hyeme.
IJCT C'eft la même chofe quand on parle des ouvrages
qu'on prononce ou qu'on écrit. Ainfi , l'on dit qu'un
Prédicateur eft demeuré court au milieu de fon fer-
mon. J'en fuis au milieu du livre.
|}3°En parlant des chofes morales, il s'emploie avec
l'article au, &c fignifie la même chofe que dans , par-
mi. Il arrive des difgraces au milieu des plus grandes
profpérités. Au milieu des plaifirs , au milieu des plus
997
grandes affaires j il trouve des momens à donner
à fes amis. Inter.
On dit familièrement, Au beau milieu, pour dire ,
tout au milieu.
Au Milieu de tout cela. Fa^on de parler adverfa-
tivcj pour dire , Parmi tout cela, avec tout cela,
nonobllaiit tout cela. Au mdieu de tout cela , je vou-
drois le pouvoir itrvir. Il eft du ilylc familier.
En termes de Phyliquc , on appelle milieux , les
corps diaphanes, à travers Iclquels palleiu les raytiis
de la lumière. Ac. Fr. gC? ou pour parler plus exac-
tement, les milieux font les Huides dans kli-|uels fe
trouvent les corps. L'air eft le milieu dans lequel fe
meuvent les hommes ik les animaux : l'eau eft le
milieu dans lequel vivent les poilîons. Plus un milieu
eft denlc , plus la rélillance qu il oppofe aux corpsT*
lolidcs qui le travcrient, eft confidérable, parce qu'il
y a plus de matière à déplacer dans un tenii donné.
C'eft cette denhté du milieu qu'on appelle réliftance
du milieu. Aledium.
U^En morale, milieu fignifie le point qui eft égale-
ment éloigné dss deux extrémités vicieuies. La verta
fe trouve toujours dans le milieu.
Virtus tji médium vitiorum , & utrinque reduclum. HoR.
Les gens fages tiennent le milieu en toutes chofes.
Il y a une eipècc d'amitié tendre qui tient le milieu
entre l'amour ëc l'amitié. M. Scud. Les coquettes
tiennent le milieu entre les femmes vertueules & les
vicieuies. Id. Entre les vices opolés, il y aie milieu
de la vertu, comme la piété entre l'impiété & la fu-
perftition. Quelquefois ce milieu ell double , comme
entre la timidité qui craint tout , &c la témérité qui ne
craint rien; il y a la générolité qui ne s étonne point
des périls J & une précaution railonnabie qui tait évi-
ter ceux auxquels il n'eft pas à propos de s expoler.
LoG. Le grand art de plaire condfte à trouver le jufte
milieu entre trop & rrop peu. Bell. Le lagc tient un
iu&e milieu; les ambitieux le mépritent & le portent
aux extrémités. S. EvR. Le jufte milieu entre deux
extrémités fe melure par raport aux perfonnes ; ce
qui (eroit excelïïf pour l'un , ne l'cft pas pour l'autre.
Dacier.
Ne hafardei jamais votre eflime trop tôt, .
Et foyei^pour cela dans le milieu qu'il faut.
Mol.
Milieu, fe dit ^CT aullî figurément des tempéramens
que l'on prend pour accommoder les aftaires, .accor-
der les différends , concilier les elprits. Chercher ,
trouver quelque /Tzi/ie:/ pour réulhr dans une négocia-
tion. Eftayez de trouver quelque milieu pour les con-
tenter tous deux , pour les porter à tranlîger.
§3^ C'eft dans ce Lens qu'on dit , il n'y a point de mi-
lieu à cekj c'eft- à-dire, il n'y a point d'autre parti à
prendre que celui qu'on vous propofe.
MILION. f. m. Vieux mot, qui s'eft dit pour Milan,
Oifeau de proie. Milvus.
MILIORATl. f. m. Sorte de foie qui fe tire d Italie. Il
y a des miliorati de Bologne & des miliorati de Mi-
lan. Les Négocians d'Amfterdam en font un affez
grand commerce.
MILITAIRE, adj. m. & f. Qui concerne les chofes de la
%ntïïs. Militaris cajlrenjis. L'an militaire e(ï lafcience
de la guerre. De tous tcms les hommes font convenus
de fe dépouiller & de s'égorger les uns les autres, &
pour le faire plus ingénieufemenr, &c avec plus de
fureté , ils ont inventé des règles qu'on appelle l'arc
militaire. La Br. On a attaché de la gloire à la pra-
tique des loix militaires. Si de iiècle en iièclc on a
enchéri fur la manière de fe détruire réciproquement.
Id. m. de Turenne s'étoit fait une efpèce de morale
militaire. Fl. Les exercices, ou les évolutions mili-
taires , font les différentes manières de ranger , de dif-
pofer Se de faire agir les foldats. L'Architedlure mili-
taire, c'eft l'art de fortifier les places. |J3'La juftice
99^ MIL
militaire c^ celle qui s'eseice parmi les troupes , Tui-
vaiu l'ul'ige & les ordonnances de la guerre.
■gO' Exécution miluatre, c'clt le dégât , le ravage qu'on
1-aic en pays ennemi, pour conttanidre les habitans à
faire ce qu'on demande d'eux. On demande des con-
tributions fous peine d'exécution militaire,
ffj" Au Hguré, c'ett une exécution faite brulquement &i
fans obfervcr les formalités requifes.
fCrUn tellament m///Mirc , chez les Romains, ctoit ce-
lui qu'un foldat faifoit à larméc , & dans lequel il
ctoit difpenfé d'ohfciver les formalités ordinaires. Il
fuftifoit que h volonté du mourant fût certaine &•
conilante. S'il n'étoit point écrit , il falloir qu'il h'it
tait en prélénce de deux témoins feulement; mais il
ctoit valable loifqu'il étoit écrit , quoiqu'il n'y eût
aucuns témoins. C'étoient des privilèges particuliers
accordés aux gens de guerre , mais qui n'avoicnt lieu
que lorfqu'ilsétoient en campagne; car d'.ailleurs ils
étoient fujets au droit commun. Les Romains appe
loient colonne militaire , une colonne fur laquelle
étoit gravé le dénombrement des troupes d'une arntée
Romaine par Légion , félon leur rang , pour confer-
ver la mémoire du nombre des foldats qu'on avoit
employés à quelque expédition. Un Ordre militaire.
Voyez Ordre. 'Théologie militaire , Jurifprudence
militaire. Voyez Théologie & Jurisprudence.
Naudé a fait un ouvrage intitulé, Syntagma de Jiudio
militari.
IJO'Monnoie militaire. Voyez Obsidionale.
§3° Ce moK. militaire ti\ technique, c'ell-à dire, terme
d'art. Le p.\s militaire , la dilcipline /7zi/;ri2ir«j l'ordre
militaire de S. Louis, &c. L'on diroit mal en Poëfie,
ardeur militaire , comme a fait Corneille dans Rodo-
gune. Il faut alors employer les mots guerrière , belli-
queufe ou autres femblables.
Militaire , s'emploie quelquefois fubftantivement ,
pour dire, un homme de guerre. Miles. C'ell un
bon Militaire. On a donné des récompenles à tous
les vieux Militaires. Ac. Fr. 1740. il y avoit d'a-
bord chez nous des terres Saliques diftinguées des au-
tres & deftinées aux Militaires de la Nation. Fén.
lïCFCe terme défigne non feulement les Officiers, mais
encore tous ceux dont le fervice concerne la guerre ,
Ingénieurs, Auilleurs, &c.
■fjZ? On s'en (ert aulll , pour délîgner le corps entier des
Oificiers. C'eftainlî qu'on dit qu'un livre elt utile pour
1 inlhudion du Militaire.
Militaire, fe dit aulli d'une efpèce de fièvre maligne
qui règne dans les armées, & qui eft accompagnée
dune extrême douleur de tête , de maux d'eftomac &
de plufieurs autres fâcheux accidens. Febris caflrcnjîs.
Elle efl: familière aux foldats à caufe des mauvais ali-
mens dont ils fe nourriiTent , & des grandes fatigues
qu'ils fouftrent. On nomme Voies militaires , les
grands chemins de l'Empire qu'Agrippa fit faire fous
l'Empire d'Augufle, pour la marche des armées &
des voitures. Nicolas Bergier de Rheims a compofé
un excellent traité de l'Hiftoire de ces grands che-
mins , contenant l'origine , progrès S< étendue quafi
incroyable, des chemins militaires, pavés depuis la
ville de Rome jufqu'aux extrémités de l'Empire.
MILITAIREMENT, adv. D'une manière militaire.
Bcllicum in modiim. Les procès qu'on fiit mili-
tairement , qu'on juge au Confeil de guerre , font
bientôt expédiés.
MILITANTE, adj. f. qui fe dit feulement de l'Alîem-
blée des Chrétiens , tandis qu'ils font fur la terre.
ÇCT ainlî nommée parce que la vie des fidèles ed
un combat continuel qu'il faut livrer au monde, au
démon & à fes pallions. Militans. L'Eglife elt divifée
en militante , louftrante & triomphante. Patiens ,
triumphans. La militante eft fur la terre , la fouf-
firante dans le purgatoire , la triomphante dans le
Ciel.
MILITER. V. n. Terme d'École & de Palais , qui fe
dit en ces phra(es. Cette raifon milite pour moi ,
fert à ma caufe. Cette autorité milite contre vous ,
détruit ce que vous alléguez. Miiitare , pugnare ,
facere. Patience qui milite fans celfc contre la dif-
M I L
ficulté de fon objet. Hift. de V Ac. des Se. IJ42.
p. 10. M. de Courtin prend le mot de militer pour
un fynonyme de faire la guerre , mais l'ufage eft
contraire. Faire pour ou contre quelqu'un.
MILLANCEY. Petite ville de France , dans l'Orléa-
nois, à deux lieues de Romorentin.
MILLAS. Nom d'un bourg du RoulfiUon , fituc fur le
Tet , environ à trois lieues au dellus de Perpignan.
MilU. On le prend pour le lieu nommé ancienne-
ment Stabulum. Maty.
|Kr MILLAU. Foyei Millhaud. u¥.milianum.
MILLE, adj. Numéral de t. g. Terme d'Arithmétique
indéclinable. Mille. Ce mot ne prend point d'j au
pluriel , quatte mille ans , &c. C'eft le chiffre qui
fe met au quatrième rang ou colonnes des nombres ,
qui ert au-dellus des cens , qui lignifie dix centaines.
Nombre, dixaine, centaine , mille : enfuite on compte
dix mille ôc cent mille. Mille ans devant le Seigneur
ne font comptés que pour un jour. On a commandé
mille chevaux pour un tel parti.
IJCF II faut toujours écrire & prononcer mille. Il n'y
a plus que les Notaires & les Praticiens qui écrivent
mil.
tfT II faut pourtant remarquer qu'on écrit mil, & non
pas mille , en datant les années du jour de la Nati-
vité de Notre-Seigneur. Ainlî l'on dit l'an mil fept
cent loixante-fept.
Ce mil eft comme adjeélif , & vient de millefimus ,
qui lignifie millième. Mémage.
Mille , lignifie quelquefois en général , beaucoup , au
lieu d'un nombre précis. Sexcenti. Je vous fais mille
artions de grâces. Il nous a fait mille contes plaifans.
J'ai encore mille chofes à faire avant que de partir.
C'eft un homme qui a mille curiofités. Nous tenons
au monde par mille chaînes. Nie. Après mille peines
Se mille fatigues , je fuis enfin venu à bout de mes
deHèins. Voit. Nous avons dit mille folies. Je vous
ai dit cela mille fois. Il défigne partout un nombres
incertain , mais fort grand.
Mille & mille lauriers dqnt fa tête efl couverte.
Corn.
Mille dc'ia l'ont fait , mille pourraient le faire.
^^ Mille ,en Géographie, f. m. On met unjau pluriel.
C'eft une mefure dont quelques nations fe fervent
pour exprimer la diftance entre deux lieux , de même
que nous nous lervons de lieues en France. Milliare.
Mille pajfus. Il contient environ mille pas géomé-
triques, c'eft- à-dire un peu plus du tiers de la lieue
commune. Mais le /Tzi/Zt eft plus long ou plus court,
félon les diftérens pays.
*^ Le Mille d'Italie contient mille pas géométriques.
Le mille Anglois contient huit ftades ; la ftade qua-
rante perches ; la perche feize pieds & demi.
Voici une réduélion curieufe qu'a fiiit Cafimir Po-
lonois, des milles , ou lieues des provinces de l'Eu,
rope , conformément aux pieds Romains , qui font
égaux aux pieds Rhénans dont on le fert pour le
feptentrion.
pieds.
Le mille d'Italie. . k • jooo.
De France I/7J0-
D'Angleterre /4J4'
De Bourgogne 18000.
D'Egypte 2/000.
De Flandre 20000.
D'Allemagne.
le petit .2OO0O.
le moyen. . 22/00.
le plus grand ........-• 2/000.
De Hollande 24000.
De Suilfe 16666.
D'Efpagne 21270.
De Lithuanie 18/00.
On l'appelle mila.
De Pologne 158/0.
appellée auffi mila.
t
M I L
De PerfL-. ■ iSjjo.
qu'on nomme aulîî parafangue.
De Mofcovie 37JO'
DEcolle 6000.
De Sucdc 30000.
On dit builefqiicmenr , Il s'en eu. enfui comme
tous les mille. Il ell impiudent 6c menteur tumnfc
tous les mille. Il s'ell donne à tous les mille y c'elt-
à dire , à tous les mille diaules.
Mille , ell: aulli une forte d'.ubrc fort grand , qui fe
trouve au Royaume de QuDJa , pays des iN'oirs. Ses
racines croillent cinq ou iix pieds au - deiliis de
terre.
MILLE-CANTON, f. m. Nom qu'on donne à un Hux
de petit poillon qui paroit de temps en temps en
aiombre innombrable , & qui n'eit pas plus long
qu'une épingle. Tantôt c'eit une armée de petites
percbes, tantôt c'efl: une nuée de tanches, & ainii
des autres. De temps en temps le Magillrat fait pu-
blier des défenies de pé-clicr le mille - canton ,
pour empêcher qu'on ne mange fon blé en ver ;
mais on n'a guère d'égard à ces défcnfes princi-
palement le peuple , qui regarde cela comme une
manne que Dieu lui envoie. 11 paroît tous les ans à
Caen , pendant un certain temps de l'été, une af-
Hucnce infinie d un certain petit poillon que l'on
appelle de la Montée j Se qu'on pourroit nommer
du Mille canton. Il en paroit aulli à Rouen d'une
autre lorte qu on appelle de laSeteuille, qui ell peut-
être aulli du Mille-canton.
MILLE DIABLES, f. m. pi. Troupe de Voleurs qui
prirent ce nom en 1523- Dupleix en paile dans Ion
Hilloire de Fiance.
MILLEFEUILLE. f. f. Sorte déplante qui a été ainfi ap-
pellée à caufe de la quantité de fes feuilles, ou pour
mieux dire , à caufe de la quantité des lubdivilions
dans lelquelles chacune de l'es feuilles ell partagée.
Millefolium. Il y en a de plulleurs elpèces. La Mille-
feuille commune blanche poulie des tiges à la hnurcur
d un piedj oif d'un pied 6c demi , roides , ror.dcs ,
velues _, rameufes. Ses feuilles font rangées fur une
côte , découpées menus , femblabks cà celles de la ca-
momille, d'une odeur agréable , & d'un goût. un peu
acre. Ses Heurs nailîent a la cime des branches en
bouquets fort ferrés : chaque Heur ell radiée , blanchcj
foutenue par un calice cylindrique , compofé de plu
fîeurs feuilles en écailles. Lorlque la Heur efl: paliée ^
il paroît des femences menues. En Latin millefolium
yulgare alhum. C. B. Pin. 140. Cette plante ell vul-
néraireji'éfolutive & allringente, on s'en lert pour ar-
rêter toutes fortes d'hémorrhagies,& lur-tout le cours
déréglé des hémorrhoVdes & des Heurs blanches. La
mille-feuille eîl commune .lu Chili, f rézier ,p. j2,
MILLEFLEUR. Nom d'une Maifon de Plailancc des
Ducs de Savoye. Milleflorum. Elle ell éloignée de
Turin d'environ trois milles , dans une lituation très-
agréable. Le Palais & les jardins en lont beaux , &
il y a une abondance & une diverlité h grande de
fleurs , que c'ell ce qui lui a fait donner le nom de
Millefteur. C'eft Amédée I. qui bâtit cette mailon ,
que la mort l'empêcha d'achever. Elle ell au nord
de Turin, f'^oye-^ le Théâtre de Piémont , T. I.p. jS.
MILLEFLEURS. On appelle Eau de millefleurs , le
pillât de vache reçu dans un vale, pour le prendre
enfuite en remède. On appelle aulli Eau de mille-
fleurs , huile de millefleurs , de l'eau & de l'huile
dillillée de la bouze de vache; & roiroli de mille-
fleurs , une forte de roHoli , dans la compoliton du-
• quel il entre quantité de H. uvs dillillées. Acad. Fr.
MILLE FOIS. adv. Souvent II marque auilî une quan
tité indéterminée. Sexcenties , f^pè. J'ai été mille
fois chez vous. Je l'ai Aven'i mille fois de fon ialut.
Mille fois , lignifie aulIî ^ Beaucoup , extrêmement.
Que vous êtes heweux , mais heureux mille fois ,
Sauvages habitant des bois ,
Où vous erre^ à l'aventure !
Trad. du Past. Fido.
Kl î L
999
MILLEGRAINE. f. f. Plante qu'on appelle auilî Pi-
ment. M. Tournefort la met parmi les cfpèccs de
pacte-d'oie, ou de chénopodunn. Il la nommt C^e-
nopoduan amhrojioides folio flnuato. 'Voyez Piment»
MILLENAIRE, adj. 6z i. numéral. Milknarius. Qui
contient mille. Le nombre millénaire. On compte
communément quatre millénaires depuis la création
du monde jufqu'a Jésus Christ. Dans le premier ,
dans le (econd millénaire.
Millénaire, f. m. tk. f. Nom de SeAc. Hérétiques
qui croyoient que Jésus Chris r .ievoit venir régner
fur la terre , (S^c qu'il combleroit les Fidèles pendant
mille ans de toutes fortes de biens temporels au bouc
duquel temps arrivcroit le jugement univcrfel. On
les appelle Chilialles , qui ell le nom Grec , tiré
de Kà'n., mille. Cette erreur des Millénaires ^ qui
n'a été d'abord qu'une fimple opinion, cil fort an-
cienne , &• prelque dès le temps des Apôtres. Elle
tire fon origine des paroles de l'Apocalypfe prifes
trop à la lettre j où il ell parlé du règne de JÉsus-
Crist fur la terre avec les Saints , qui doit durer
l'elpace de mille ans. L'opinion de S. Papias, dit M.
de Launoy , touchant le nouveau règne de J. C. fur
la terre après la rélurreélion , a duré près de trois
(lècles avant que d'être reconnue pour erronée ,
comme l'Hifloire Eccléhallique en fliit foi : elle a
été fuivie & approuvée par les plus laints & les
plus lâvans hommes de la Chrétienté ; f ivoir , par
Saint Irenée , par Saint Jullin , Tertullicn. écc.
Denis, tvêque d'Alexandrie , écrivit deux livres in-
titulés des Promejj'es contre ce règne chimérique de
mille ans ; il y combat tortement un Evêque d'Egypte,
appelé Népos. S. Jérôme a auHi combattu dans fes
Commentaires lur les Prophètes les erreurs des Mil-
lénaires.
MILLENBACH , ZABES , ZASZEBES. Nom d'une
ville de la Tranlilvanie. Zahefus.hWe eft (ur le Ma-
ros , à deux lieues au - dellous de Welîembourg.
Maty.
MILLEPERTUIS, f. m. Plante qui pouHe des tiges i
la hauteur d'une coudée & demie, lôides , rondes ,
ligneufes , rougeâtres , rameufes. Hypericum. Ses
feuilles lont oppolées le long des tiges lans queues ,
lemblables à celles de la marjolaine , ou de la pe-
tite centaurée , lilles , nerveufes. Il paroît fur ces
feuilles , lorfqu'on les regarde au folcil , de petits
points traniparens qui paroiilent être autant de trous,
d'où vient que quelques-uns appellent cette plante
Herha perforata. Ses Heurs naiHent aux fommités des
branches tn grand nombre, jaunes , compofces cha-
cune de cinq feuilles dilpofées en rôle , & accompa-
gnées de plufveurs étamines de la même couleur.
Ses femences font menues , un peu longues, de
couleur obl.ure, d'une odeur 6c d'un goût réfi-
neux. Sa racine ell dure _, ligneufe , couverte d'une
écorce de couleur de buis. En Latin Hypericum vul~
gare. C. B. Pin. 179. Le millepertuis eil vulnéraire ,
déterfif , diurétique , fébrifuge. On en fait une huile
qui efl excellente pour toutes fortes de blelîures.
Cette huile efl fimple ou compofée. La fimple fe fait
en faifant intufer les fommités de millepertuis entre
fleur & graine dans une fuffifrnte quantité d'huile
d'olive. On l'expofe pendant quelques jours au fb-
leil, on l'exprime, on réitère l'infulion juf'ques .à ce-
qu'elle fut d'un rouge foncé. Pour l'huile compofée ,
il faut faii e infufer une livre des fommités de la même
plinte dans deux livres d'huile &: une livre de vin
rofé. Après trois jours de macération , on les f.ûc
bouillir au bain marie jufqu'à la confomption du vin.
On réitère cette infulion jufqu'à trois foi:; , & on
dLlaie dans la dernière une livre de téiéhentine de
■Venife &: quatre fcrupules de fafran. Ces huile font
excellenres pour toutes fortes de blelFuies. Dans le
crachement de lang & dans la dyllen:erie on en fait
boire une demi once , ou une once: pour la fcia-
tique , le rhumatifme , <?; femblables maladies , on
frotte la partie incommodée avec deux onces d'huile
de millepertuis , Se une once de bon efprit de vin.
Pour faire l'extrait de cette plante , il Kxut prendre
looo MIL
les rieurs en bouton , les mettre digérer pcnd.int deux
jours d.ms de bon eiprit de vin , exprimer l'inrulion ,
te la faire évaporer en conlillence d'extrait. Un en
donne depuis un Icrupule julqu à un gros. On s'en
fert dans la manie , dans la mélancolie , & dans les
égarenicns d clprit qui arrivent (ans hcvre , ni aucune
aucie cauL tuntltc. /^oyci M. Tourneibit , Hiji.
plane. Hcrb il. / y /. La dicoction de mïlLepeituis ,
l'iiuulîon de la graine, tuent les vers, & tont palier
les urines. Il y a pluaeurs autres elpèces de milleper-
tuis.
MIlLEPIEDS. f. m. Sorte d'infede qu'on trouve dans
les lies AnriUes. Millepes , afellus , ciicio , porcelito.
Il eil ainli appelé à caufe de la multitude de tes pieds
qui hériliéiit tout le dcllous de Ion corps. Il s'en (ert
pour ramper fur la terre , ce qu'il fait avec une vitelle
incroyable , lorlqu'il le (ent pourluivi. Il a environ
lîx pouces de longueur. Le deilus de Ion corps eft
tout couvert d'écaillés tannées, extrêmement dures,
& emboitéesies unes dans lesautres comme les tuiles
d'un toit. Cet inlede eft dangereux. ifT II a tous
la tête deux déknlcs dures j tort aigucs & mobiles
avec ktquellcs il pique. Sa queue te termine en
fourche par deux elpèces de longues pattes qui lui
lervent comme de ferres. Sa piquiire caulc une dou-
leur aiguë , luivie dune enflure confidérable , avec
inriammation.
MILLE- PIEDS à dard. f. m. Infede dont les polypes
font le plus volontiers leur nourriture. Le mdlc-
pieds à dard eft ainfi appelé , parce qu'il porte à
ia partie poftéricure une pointe aftez longue & fort
fine. Son fcjour ordinaire eft fur les plantes aqua-
tiques j où on le trouve fouvent en grande abon-
dance. Il nage à la façon des terpens.
MILLE-PORE. f. m. Terme de conchyliologie. C'eft
une pioduclion pierreule , percée de quantité de
trous i une elpèce de Ifs" Madrépore ou de Coral-
lo'rde, communément de figure d'arbre ou de buillon,
dont la tuperficie ou les extrémités font marquées
de petits points llmples qui vont jufqu'au centre de
la tige , en traverftnt tout le corps pierreux. Les
millepores diftéient peu des Madrépores , tinon que
les étoiles te prétentent d'une manière très - diftincte
dans les Madrépores, au lieu que les mille -porcs
n'ont que des trous timples non étoiles. On dit aulli
Milleporites.
MILLERET , ou MILLERAY. f. m. Nom d'une mon-
naie d'or de Portugal. Mdleretus , MUliatenJîs.
MILLE ROLE. f. f. Meture dont on le fert en Pro-
vence pour la vente des vins & des huiles d'olive.
IJCT La Millerole revient à 66 pintes de Paris.
MILLÉSIME, f. m. ("Faites fentir les deux 11. ) On en-
tend par ce tetme le chiitrequi marque le mille des an-
nées courantes depuis une date déterminée, dans les
aéles, fur les monnoies Millejimus. Les dates des Aéfes
faits du temps de Charlemagne n'avoient point en-
core de milléfime. On le dit particulièrement du
chiffre qui eft dans la légende des monnoies. Le
TTrilUJIme marque le temps où elles ont été fibri-
quées. Il s'exprimoit auriefois par le nom des Ma-
giftrats , ou des Princes. On le prend quelquefois
pour la marque du lieu delà fabrication, qui fe taifoit
autrefois par le nom des Villes , ou des Monétaires ,
& qui fe fait en France par une lettre de l'alph.i-
bet , qui répond à la marque de quelque ville où
il s'en fabrique. Depuis l'Ordonnance d'Henri II.
de l'année i 549. on a toujours marqué tur les mon-
noies l'année de la fabrication. Boizard , P. I. c.
12.
MILLESOUDIER. f. m. Qui a mille fous à dépenfer
par jour. Cui mille funt ajfesjîngulis diehus infumendi.
C'eft yo livres; ou par an iSzjo liv. Les petites gens
appellent un homine riche , un gros millefoudlcr. Ce
mot ledit particulièrement à Paris, parmi le peuple.
Millet, f. m. Plante. Vùye-^ Mil.
Millet , fe dit aulTî du troifième ventricule des ani-
maux qui ruminent. Omafon. Il eft rempli de plulîeurs
feuillets entre lefqueh la nourriture eft ferrée, prelléc ,
couchée par beaucoup plus de lurface , que II ce n'é-
quer une diftance cfe trois, de quatre, &c. milles
MIL
K)ît qu'une fimple cavité. Il reçoit cette nourtitute
du réteau qui eft le tecond ventricule. Il en reçoit
même quelquefois immédiatement de l'œlophage ,
d'où elle pafte au quatrième ventricule. On l'appelle
le millet, parce qu'il eft plein comme de feuillets
difpotes lelon la longu;.ur, qui lont bordés de pe-
tites éminences tcmblablcs a des grains de millet.
• On l'appeluit autrefois le AlyrejeuUlet , d'où lui eft
venu peut être le nom de mdlet. On l'appelle aulli
le Livre , fans doute à caufe de ces mêmes feuillets.
Par la même raiton les Hollandois l'appellent Hec
boek.
IfJ- MILLIAIRE. f. m. Terme d hiftoire Romaine.
Milliarc ou millianum. Etpace de mille pas géo-
métriques j diftance par Liquelle les Romains mar-
quoient la longueur des chemins , comme nous
la marquons par lieues. Ces mille pas étoient mar-
qués par des pierres , ou colonnes , lur tous les
grands chemins , aboutilîans à une colonne placée
au milieu de la ville d'où l'on commençoit à comp-
ter ces diftanccs. Mais il faut remarquer que le
mot milliare ou milliarium ne doit pas te rendre
par milUaire , mais par un mille. Milliare ad quin-
' tum Laodicedt, , c'eft-à dire, à cinq milles de Laodi-
cée , & non pas à cinq milliaires,
^fT Le mot de milliaire n'eft qu'adjeélif , & s'appli-
que aux colonnes qui marquoient les milles , millia-
n'a. Ainli l'on appeloit Colonne milliaire , [2. coXonne
de marbre qu'Augufte fit élever au milieu du mar-
ché de Rome , & d'où l'on comptoit par d'autres
colonnes milliaires, efpacées de mille en mille lur
les grands chemins , la diftance de chaque ville de
l'Empire à l'égard de Rome. De-là les exprellîons
qu'on trouve fi fouvent dans les Auteurs, tertio
ab urhe lapide • ad quartum lapidem , 6c, pour mar-
quer une
de Rome.
{fC? Pendant qu'Augufte avoit l'Intendance &: l'admi-
niftration des chemins , il fit élever au milieu de
Rome la colonne dont on vient de parler , qu'on
appeloit milliare aureum , le miUi'aire doré , patcc
qu'elle étoit eniichie d'or, & y fit marquer les
grands chemins d'Italie , Se leurs diftances de Ro-
me.
IJO" Mais il ne faut pas imaginer que tous les chemins
de l'Empire aient abouti au milliaire doré , par une
fuite de colonnes milliaires non interrompue. Les
grandes villes interrompoient cette fuite , &: comp-
toient leurs diftances des unes aux autres par des
colonnes milliaires particulières. C'eft pourquoi l'on
trouve plulîeurs villes où le nombre gravé n'eft
que d'un petit nombre de milles , quoiqu'elles foient
à une très-grande diftance de Rome.
MILLIARENSES. f. m. Nom d'une ancienne monnoie,
Milliarenjls , Miliarenfis , MiUareJïum. Cette mon-
noie commença à fe battre fous Conftantin , qui la
fubftitua aux anciens deniers.
Le denier fut nommé d'abord MilUarenfe , parce
qu'il étoit à la taille de mille à la livre d'or , ou parce
que mille deniers d'argent valoient une livre d'or.
Le millicrenje étoit de même poids que le denier.
Son poids augmenta dans la fuite , cnforte qu'il
n'étoit plus qu'à la taille de 68 à la livre. Lç<i mil-
liarenfes d'argent étoient à la taille de 60 à la livre,
30 au marc , j à l'once.
MILLIAR. f. m. Terme d'Arithmécique. Quelques
Arithmériciens le terver.t de ce terme fimple pour •
exprimer dix fois cent millions. Decies centum mii-_
liones , milliare , mille milliones.
MILLIASSE. f. f. La mdiiaffe eft un nombre certain
compofé de dix cens milliars , ou mille milliars.
Numerus ingens. Pour donner à'quaraïue Peilonnes
un denier à la première , deux deniers à la fécon-
de , quatre deniers à la troifième 3 & ainti en dou-
blant toujours jufqu'à la quarantième , il faudroit
plus d'une mdliajj'e S<. demie de deniers , Se une libé-
ralité de cette nature te monreroit à plus de Ciy. mil-
liars de livres. IJCF On fe i'ett de ce mot dans le
ftyle familier comme d'un terme de mépris peur
exprimer
M I L
exprimer un fort grand nombre. Il y a dans cette
foire une, mma£c de petites gens. Une milluijjc de
rats, de fourmis, de moucherons. Innunuri
^ MILLIÈME, adj. de t. g. Nombre oïdmal qui
achevé le nombre de mille; qui en a 909 devant
Jm. Il cit le millumc. La millicmc ^nnée après le
déluge, mïllejirnus.
tR' Millième , le- dit encore d'une des parties d'un
tout compolé de mille parties. Si j'avois la miUVcme
partie de votre bien. On le dit quelquefois par exi-
geratioii. De tout ce que vous dites , il „> a pas
la nulheme partie de vrai.
Millième. Eli auUi quelquefois fubftantif mafculin
&c. alors il (ignifie la miliùme partie. Il n'y elt pas
pour un millième. Ac. Fr. J'ai un mimèmc d.ans
cette aftaire. Mïllefima pars.
CK? MILLIER, f. m. Nombre qui contient mille ,
OH dix fois cent chofcs d'une mcine efpèce. Milie-
narius, mille. Les épingles, les clous, les ardoifcs
è-c. le vendent au millier. On dit aulli un millier àz
foin , de paille , &CZ. pour dire mille bottes.
|3- Millier , le dit aulii d'un poids de mille livres
ou de dix quintaux. Cela pàfe dix milliers. Une
charette qui porte deux milliers. Onle dit aullîde
la chofe pelée. Un millier Ac fer, de poivre, &c.
A MILLIERS, adv. En grande quantité. Turmatim. Les
ennemis venoient à milliers à ce pillage. Les cu-
rieux venoient à milliers voir ce prodige.
Millier , ou milier. Nom d'une petite ville du
Royaume de Barca , en Barbarie. Melela. Elle eft
fur le golfe de Sidra , au midi de Tolometa , & à
l'embouchure de la rivière de Millier , ou Mêles ,
en Latin Melelus,&c anciennement Lethon. Mat y. '
MILLION, f. m. Chiffre qu'on place au fepticme rang ,
ou colonne des nombres en Arithmétique , en cet
ordre: nombre, dixaine, centaine, mille, dixaine
de millej centaine de mille, million. Decies cen-
nes mille , decies centena millia. ifT Ce nombre
vaut dix fois cent mille. On compte près d'un
million de perfonnes dans Paris. Un million d'ccus
vaut trois millions de livres.
^ En matière de finance , quand on dit abfolument
un million , on entend toujours un million de li-
vres. On lui a compté un million. Il a deux mil-
lions de bien. Un Financier compte fon bien par
millions.
Les Arithméticiens forment ceux de billion^ cri-
lion , &c. fur la forme de celui de million.
On dit hyperboliquement , Je vous ai un million
d'obligations. Je lui ai dit un million de fois ; pour
dire, beaucoup, ou un grand nombre de fois. Il elt
riche à millions , extrêmement riche.
Je t'envoie un grand million
De faluts , m.on ami Lyon,
S'ils étaient d'or , ils vaudraient mieux.
Cl. Marot.
MILLIONAIRE, f, m. Celui qui a plufieurs millions
de bien. On a donné dans ces derniers temps le nom
de Millionaires à ceux qui ont gagné des millions
à la rue Quinquampoix^ en agiotant des billets de
banque & des aftions. On le dit généralement des
gens extrêmement riches.
MILLIONIÈME, adj. Nombre numéral ordinal qui
achève le nombre d'un million. Decies centeflmus
millefimus. L'ufage de ce mot efl: rare, parce qu'on
ne hit pas beaucoup de comptes dans les chofes
ordinaires de la vie, lefquels aillent jufques là : du
rellic , ce mot eft formé félon l'analogie de notre
langue, comme ceux de deuxième, centième , mil-
lième , &-C. On trouve cent millionième dans le Jour-
nal de Paris de 1695. Le P. Cartel a dit : La fuiface
n'en croît pas de rcpaifîèur d'un niilUonùme de mil-
lionième de ligne. Voilà un calcfl mené bien loin.
MILLOUR. vieux adj. comparatif. ù\x Latin Meliar ^
Meilleur. Poef. du Roi de Navarre.
MILLY. Mouillez les deux //. Nom d'un gros bourg ,
avec un vieux château. Mauriliacum , Miliacum.
Tome y.
Aî I L
■ÏOOI
Il e'I clans le Gàtinois , contrée du Gouvernement
de rile de France, lur la petite rivière d'Ècolc j à
cinq heuesau couchant dcMeluii. Mat y. Nvt. Cuil.
/'• j?-'.r.
MILMILS. f.in. Sorte de toile de coton qui vient des
Indes (orientales.
MILC). Nom d'une île de rArchipci. Mclos. Elle cfl
à l'orient du golfe de Napoli , de à vingt lieues
de I île de Cetiyo. On lui donne vingt limes de
circuit.
MI-LODS. f. m. pi. Terme de Jurifprudencc féodale.
Les Mi lads lont une redev.ancc de moitié de lods
dus tn quelques pays, à toutes mutations , excepté
en celles qui le font par vente , c'eft à dire , que
pour quelque changement de pollèireur que ce foit ,
qui arrive dans un héritage cenlîcr , il eft dû ua
droit qui s^ppeWc Mi^lods ; d'autant qu'il cil moin-
dre de moitié que celui qui fe paye pour l'acquili-
tion à titre de vente , auquel cas le droit de lods
& vente cil dû en entier au Seigneur. Clientelaris
fundi trihutum minus dimidiata laudimia. On écrit
auih Milods, Se on prononce milos fans faire fen-
tir le d , Se en alongeant la dernière fyllabe.
MILOHYOIDIEN. f m. Terme d'Anatomie. Nom
d'un des dix mulcles auxquels l'os hyoïde ell atta-
ché. Milohyoidius. Le milohyoïdien prend fon ori-
gine à la partie interne de la côte de la mâchoire
intérieure , environ les dents molaires , va s'inférer
à la partie latérale de la bafc de l'os hyoVde qu'il
tire en haut & à coté. Dionis.
MILON CROTONIATE. f m. Fils de Diotimc, un
des plus célèbres Athlètes de la Grèce.
MILONIENNE. f. i. Oraifon de Cicéron pourMilon.
De tous les Orateurs Latins Cicéron en ell le chef
& le maître. La pureté du ftyle , l'abondance des
penlees ,^ l'élévation, la force j la ju;>elîe de fcs dif-
couts , l'admirable variété qui règne dans tous les
ouvrages , le font retarder avec juftice , comme Is
plus beau& le plus grand génie de l'antiquité. Il pré-
fère la Milonienne à fes autres Ofaifor.s : la féconde
Philippique n'tll peut-être pas moins eftimable.
Mem. de Trév. Avr. 17: j. La Milonienne, ce chef-
d'œuvre des Orailons de Cicéron , eil un Epicherè-
me perpéruel. M. l'Abbé Colin. Pnf. de fa Trad.
de l'Orateur de Cicéron.
MILOPOTAMO. Nom d'un village avec un bon
port , un château fort , & un Évêché fuffragant de
Candie. Milopotamos. Il e(l fur la côte Icptentrio-
nale de l'île de Candie^ à cinq lieues de Rettimo , du
coté du couchant. Quelques Géographes prennent
ce heu pour le Pantomacrium de Ptolomée , que
d'autres mettent à Porto di Attah , village voifui
de Milapotamo. Maty.
MILORD. f m. Mot Anglois, qui fignifie Monfeigneur,
& qu'on n'attribue quaux perfonnes de qualité; mais
qui n'emporte pas abfolument h même choie que
Monfeioneur en France ; car Monfeigneur ell un nom
de fuperioiité , & qui ne le donne que par des in-
férieurs ; mais le Rwi d Angleterre même appelle un
Seigneur Milard , parce que c'eft fmplement un
nom de dignité. Dynafta, Satrapa , Dominus. Il eft
en ufige dans notre langue en ces phrafes. C'eft un
gros Milord , il fait le !\niord , en parlant d'un-
Bourgeois fort riche & fort glnieux. Il vient de
mi &c lord, qui a été abrégé de l'ancien mot laford,
qiù lignifioit libéral , qui donnait du pain. Ménage'.
Foyc\ Lord.
QO" Nous difons ordinairement dans notre langue
un Milard , manière de parler peu coneéke. M^ilord
répond à Monfeigneur. Il faudroit dite un Lord ,
comme nous difons un Seigneur , & non pas un
Monfeigneur.
MILORT. ^ f. m. Sorte de feipent que Matthiole dit
avoir été appelé ainfi par les Milanois l\: les Lom-
bards. Il le fiit foit différent de la vipère, n'étant
nullement venimeux , & envrant fouvent dan^ "les
mailbns : en quoi il blâme Cardan , qui veut qu'il
y ait une vipère rouge , grolîë t\: courte , que les
Italicnsapp client Milan.
LlllU
I002 M I M
MII^TAT. Nom de lieu. Mllkjlailum. Ce lieu cfl
dans l'Évcché de Snlsbourg ^ en Allemagne.
MILSUNGEN , ou MELbINGEN. Petite ville & chi
tcau d'Allemagne, d.i.ns la Balle Hcllé , fur la Tukii.
MILTENBERG. Petite ville de l'Archevêché de
Mayence, en Allemagne. Alttlenherga. Elle ell Cur
le Meiiij à lix lieues au dellus de la ville d'AfchaF-
fenbourg. Maty.
MILTRAIN. 1. m. C'eft la mi-mol'da ou demi-piftole
de Portugal.
M I M.
MI-MAI, fe dit fans article en cette feule phrafe pro
verbiale : mi-Mai , queue d'hiver, /'oycj Mi.
MIMALLON , ou MIMALLONIDE. t. h Nom que
l'on donnoit aux femmes qui célébroient les Orgies.
Mimai Ion , Mïmallonis. On les appeloit autrement
Thyades , Ménalcs &: Bacchantes, l^oye'^ ces mots.
Ovide & d'autres difent Mimallonide.
tp- MIMAR- AGA. f. m. C'eft chez les Turcs , l'Infpcc-
teur des b'itimens publics.
MIMAS. 1. m. Un des Géans qui firent la guerre aux
dieux. Il fut tué par le dieu Mars.
MIMBOUHE. f. m. Arbre qui croît dans l'Ile de Ma-
dagafcar, dont les feuilles font odoriférantes ce cor-
diales.
MIME. f. m. Mimus , ^V«. Terme de l'ancienne Co
médie. Nom commun à une certaine efpjce de
Poëlie dramatique ,aux Auteurs qui la compofoient,
& aux Adeurs qui la jouoient. Il vient du verbe
Grec f^ifi^irB-^ j imiter. Ce n'eft pas à dire que les
Mimes foient les feules pièces qui rcpréfentenr les
aélions des hommes, mais parce qu'ils les imitent
d'une manière plus dét.aillée , & plus exprellc. Plu-
rarque ( Sympa/, l. 7. Probl. S. ) diilinguc deux
forte de Mimes. Les u!is étoicnt appelés i=oi£«nf : le
fujet en étoit honnête , aulïî-bien que la ir.anière
alfez étendue dont il étoit traité , & ils approchoieiit
alFez de la Comédie. On appeloit les autres ^^■'■t'"' :
les boufonneries & les obfcénités en faifoient le ca-
raélère ; mais à parler en général , les Mimes étoient
fort décriés par la honteufe licence qui y régnoit.
Les danfes lafcives , les geftes indéccns &: les chau-
fons impudentes du jWiOTC_, répondoient à l'obfcé-
nité du lujet. La Guil. Le Lecteur peut en juger
par ces deux vers du fécond livre des Trilles
d'Ovide :
Quid Ji fcrip/Jfem mimos ohfc&na jocantes? ('V.45J-.J
Scribere fi fas ejî imitantes turpia mimes. (' v. j i . y )
D'où l'on doit conclure que ces pièces repréfcrtoicnt
le vice à découvert , en employant les paroles les
plus laies , & que ceux qui les jouoient imitoicnt
les aélions les plus infâmes. Nous apprenons dans
un fragment de Suétone,, cité par Dioméde , (De
Poëm. dram. generib. l. j. c. 4.) que les Mimes
avoient quelquefois fait partie de la Comédie ; niais
que les Auteurs de ces pièces s'étant feparés desCo-
médies , firent une troupe à part : & que les Mi-
mes devinrent ainli une quatrième pièce , qui ajou-
tée à la Tragédie , à la Comédie & à la Satyre , fit
partie de ce qu'on appelloit Tétralogie. I^T Les
Mimes n'étoient autre chofe que des Hiftrions qui
furent d'abord introduits dans les entre -aéles des
Comédies , pour amuler le peuple par diriérens
gelles. On rendit ces entre aftes plus agréables, en
les dilpolant de manière qu'ils eullènt quelque
rapport au lujet de la pièce qu'on jouoit. Les Mi-
mes reprélentoient fi bien par la fituation du corps ,
par les geftes des mains cn: par les fignes duvifage,
les pallions & les actions différentes de chaque per-
lonnage qui avoir paru dans l'ade , que ce langage
muet parut bientôt plus éloquent que la déclamation
même. On fépara des Comédies ces cr.tre-actes des
Mimes , & on en compola une efpècc particulière
de fpeftacle. Les pièces qu'on y jouoit furent aulîl
M I
appelées Mimes. Ainli ce nom flgnifioit également
àc l'adtcur & l'ouvrage.
L'Inventeur des Mimes n'a pas été , comme l'a
cru *Calliodore , Philiftion de Magnélie , qui félon
la Chronique d'Eufèbe , n'a vécu que fous l'Empire
d'Augufte : mais plutôt Sophroii de Syracule , hls
d'Agatocle Se de DamaliUis , qui vivoit du temps de
Xerxès. Le Philofophe Platon prenoit un tel plaidr
à lire les pièces , qu'il les avoit nuit &C jour entre
les mains.
On appeloit aulTi ces Comédies Pantomimes y
parce qu'ils contrefiiloient toutes lortes de gelles &
de poftures.
ifT Mime, eft aulil ad;. Les Romains non contens
d'applaudir aux Acteurs Mimes dans les fpeâacles
publics , les mirent de leurs parties de plaifir , de
leurs feftins, de leurs cérémonies domeftiques. Re-
cherche Hiji. & Critiq. fur les Mimes & Pantomi-
mes.
MIMIAMBE. f. m. Terme de Poëfie. Mïmïamhus,
S-nte de vers libres & obfcèncs que les Mimes em-
ployoient pour leurs farces.
Ce mot vient de mimus & à'iambus.
MIMIQUE, MIMOGRAPHE. Auteur de Comédies
appelées Mimes , qui étoicnt cn vogue du temps de
Jules Céfar. Baillet , dans fes Jugemens des Savans ,
in- 12. vol. 6 . art. 1 142. p. m. parle de Publius
Syrus , OH de Syrie j auquel il donne la qualité de
PoL'te Mimique , ou Mimographe , c'elt-à-dire ,
boufTon & baladin , contretailant les aétions ou les
paroles des autres, poiir les rendre ridicules au pu-
blic. Il ne nous eft refté de Syrus que des Senten-
ces très-eftimées anciennement , & qui font encore
fort goûtées aujourd'hui. Elles font fi graves & ii
judicicufes, qu'on nuroit peine à croire qu'elleseulfent
été extraites de pièces comiques , li les Anciens
ne l'avoient pas attefté.
MIMOLOGIE. f. f. Imitation du dilcours d'une au^
tre perfonne , & de la manière de parler , Dilcours,
ou manière de parler mimique. Mimologia.
Ce mot & le fuivant viennent -de i^if^Ufinf , j'imite j
& de ^ yȔ , difcours.
MîMOLOGUE. "f. m. (Se f. Imitateur de la manière
de parler d'un autre, de la voix , de la prono.icia-
tion , & de fon gefte. Mimologus , a.
M I N.
MINA. Nom d'une rivière du Telenfin , province da
Royaume d'Alger. Mina^ anciennement Chylemath.
Elle prend fa lource aux montagnes de Tegdent,
baigne la ville de ce nom & celle de B.itha , i!^- le
décharge dans la mer Méditerranée à Arler , à huit
lieues d'Oran , du côté du levant. Les Lfpagnols .ap-
pellent cette rivière Rio de Céna.
Mina, yoye^ S. George de la Mine. Maty.
MINAGE, f. m. Droit Seigneurial que le Roi & les
Seigneurs prennent pour le mefurage des grains fur
chaque mine de blé, d'avoine, &c. Jus menfuriz ,
minagium dans la balîe Latinité. Tenir .à minage j
lignine dans les coutumes tenir une terre à feime,
à condition de rendre tant de mines de blé par an.
Dans ce cas , minage fignifie une redevance en grain.
MINAKUTS. Ville du Japon , d.ms l'île de Niphon,
dans la partie méridionale de la province d'Oomi.
MINALTOUN. f m. Terme de Relation. C'eft u:ie
monnoie ou manière de compter la monnoie en
Perfe. Min en Turquie lignifie mille , & altoun ,
denier. Minaltoun eft mille deniers , ou cent lous
de notre monnoie. Le yons altoun eft la dixiè-
me partie du minaltoun , car yons fignifie cent.
L'abaili de Perle vaut deux yons altoun , &c cinq
abalfis valent un minaltoun. Les yons alton s'ap-
pellent auili le Mahomédi lacizé. On prérend que
cette manière de compter eft très - ancienne dans
la Perle , & que les anciens Perfans n'en .ivoienc
pas d'autre. Ainli , lorfque Quinte-Curce dit , L. j-.
Ex pecuniâ Babyloni£ Macedonibus equitibus fex-
ccni denarii tributi , peregrinus cques quingenos aces-
M I N
pit , Cela fignilic qu'Alcxaiidi"c fit donner à chaque
cavalier Macédonien trois abajjh de l'eiie , ou un
ccu de notre moinioie , &C à chaque Cavalier étrau
gcr cinq yons altouii , ou cinqu.intc fous de notre
monnoic. Fout de même ce qui fuit , Ducenï pcdcf
trium Jîipaidium mcnfum , lignihc que chaque fan
tallin tut anaktiJL, ou vinijt fous de France. Entin
dans le nièaie hvrc , il e(l dit qu'Alexandre ayant
pitié de quatre mille Grecs que les Periiens avoient
Il maltraités pendant leur prifon, terna mlliia dma
rïorum fingulis dan jujjlc, c'eil-à dire , qu'il leur fit
donner à chacun trois mlnaltoun , ou quinze francs.
On a d'autres preuves incontelïablcs que les Ferfins
ont retenu très-hdcllement la plupart des coutumes
de leurs Ancêtres.
MINARET, f. m. Tourelle ronde , & à pans , menue
comme une colonne. Elle s'élève par et ges , avec bal-
cons en iaillie. C'eft chez les Mahoinétans une cfpèce
de clocher placé proche des Mofquées , d'où l'on ap-
pelle le peuple à la prière. Les minarets ont quelque-
fois les jours de fête par étage des couronnes de lam-
pes ardentes , dont les diverles couleurs rendent la vue
fort agréable. Duloir,/?. 140,
Le Père Jérôme Dandini dit , au ch. 7 de (on voyage
du Mont Liban , que les Turcs n'ont point l'ufigc des
cloclies pour marquer les heures du jour ; mais qu'au
lieu du Ion inanimé des cloches , ils fe fervent de la
voix dirtinCte oc animée des hommes , qui montent
à de certaines heures au, haut des clochers Se des
tours pour le hire entendre des habitans. C'eft- à-di-
re , que les Turcs au lieu de cloches , (e fervent de la
voix d'un homme qui annonce du haut des minarets ,
ou clochers , 1 heure de la prière. Cet Oflicier crie
par trois fois de toute La force du haut du minaret,
alla eéher , c'eft à dire , Dieu efl grand ; puis il con-
tinue de dire par trois auties fois de la même ma-
nière en langue Arabe : ]e témoigne quiln'y a point
d'autre Dieu que Dieu. Il dit encore trois tois dans la
même langue : Je témoigne que Mahomet efi le Pro-
phète de Dieu. Il ajoute quelques autres paroles , com-
me , l'^ij à la prière , vif au falut. Il dit de plus à mi-
di, au loir , èc environ cinq quarts d'heures après le
coucher du loleil : Que Dieu & fes Anges benij]'ent
le Prophète. 'Voyez aulli Duloir , 'Voyage du Levant;
L.r.
MINATIUS , MINATIA. f. m. c^ f. Nom d'une fa-
mille Romaine. Aîinatius _, a. Les Minatius étoientde
la Tribu Sabarine.
MINA TZIN. f. m. Terme dé Relation. C'eft le nom de
l'Aftronome du Roi de Perfe. Regius in Perjîde Aftro-
no mus.
MINAUDER. V. n. Elegantiam affeclare , fordidè imi-
tari. Atfeéfet de petites façons , des mines , des ma-
nières pour plaire &c pour paroître plus agréable. Il
fe dit principalement des femmes. Les précieutes gri-
macenr & minaudent.
Phénice Comédienne , faifoit la toute aimable- ,
£.<. écoutoit en minaudant le doux ramage d'un jeune
oifeau, quis'étoit apparemment Liilîé prendre à la glu
de fa déclamation. Hifi. de Gd-Blas de Santillane.
Contrefaire la langoureufe ,
Et minauder à tout moment ,
Pour paroître plus gracieufe y
Efi un métier ajjurément
Indigne d'une parejfeufe. N.
MINAUDERIE, f. f. Grimaces , mines , petites façons ,
• manières z'&Ccccs. ÂffeHata clegantia.W y a des fem-
mes qui fe rendent ridicules Se infupportables par
leurs minauderies. Cette fille n'a pour tous agrémens ,
qu'un peu de jcunelfe & de minauderie ; mais ce font
ces minauderies qui rendent une femme la paffion des
j',ens du meilleur goût. P. Com. Les petites façons
& les minauderies fervent de relief au mérite d'une
jolie perfonne. S. Evr. Les grimaces étudiées , & les
minauderies de Précieufes , font tire les perlonnes rai-
ionnables. Bell.
MINAUDIER , 1ÈRE. adj. m. & f. Qui a des manières
Tome V.
M I N 1003
affcdécs pour paroître agréable , Se qui n'eft que ri-
dicule. Avec ks airs pallionnés , fon ton radouci , ia
face minaudiere , je le coaiiois un grand Comédien.
Le Sage. |iCr Ce mot cft adj. & fubft. On dit d'une
femme , qu'elle eft trop minaudiere , &quc c'eft une
minaudiere.
iiO- MIN-BACHL f. m. Terme de Relation. C'eft en
Perle un Ofticier qui commande à mille hommes^
gcr MINCE, adj. m. &:f. C eft l'oppolé d'épais. Quia
peu d'ép.iillcur. Le mince exclut feulement 1 épaillcur,
& peut beaucoup .avoir des autres dimenlions. Exi-
lis , tenuis. Le taffetas eft une étofte fort mince. Une
lame d'argent très mince. Couper des tranches de
pain uop mince. Voyez Menu & Délié , pour les
difiérenccs.
£CF Au figuré j ce mot a dilfércntcs acceptions , don:
pluhcurs font du ftylc familitr. Il fait naître l'idée
d'une chofe foiblc , peu conlidcrable, médiocre. Un
revenu mince , efl un revenu modique. Une raifoa
mince , eft une raifon foiblc. Un dîner fort mince.
Rien n'eft plus mince que toute fi perfonne. Cet hom-
me a un mérite j un efprit bien mince ; peu d'cfprit ,
peu de mérite. Il n'y a rien de plus mince &: de plus
borné jquel'eiprit des femmes. Elles brillent un peu
dans la converfation ; mais hors de-là elles ne font
pas trop raifonnables. Bouh.
CCJ" On dit proverbialement , mince comme la langue
d'un chat , extrêmement mince.
jïCF On dit qu'un homme a la mine bien mince , qu'il
a l'air d'un homme peu confîdérable.
Ce mot vient de minutius , diminutif de minutus ,
ou du Grec/tr wJo<. Mén.
MINCIN. f. m. Marchandife dont il eft parlé dans le
tarif des entrées de Smyme. Il y en a d'Angleterre, de
Hollande & de Venite.
MINCING. Nom d'une ville de la Chine. Elle eft
fîtuée dans la Province de Fokienjau département de
Focheu.
MINCIO. Voye:^ Mencio.
MINDANAO. Nom dîles. Mindanaum. Ce font trois
îles , qui pall'ent pour une , parce qu'elles font fé-
parées par deux petits détroits. On nomme la prin-
cipale Mindanao , & les deux autres , Canola &
S. Juan. Ce font les plus méridionales des Philip-
pines : elles s'étendent depuis le lôijufqu'au 170"=
degré de longitude , & depuis le 5 juf'qu'au 9*^ de
latitude.
MINDANAO , ou TABOUC. Nom de la principale
ville de l'île propre de Mindanao Mindanum. Elle
eft grande , fortifiée , & elle a un bon poi t fur l'en-
trée du détroit qui fépare cette ile de celle de Canola.
* Maty.
MINDELHEÎM. Nom. d'une petite ville , avec une ci-
tadelle. Mindelheimum. Elle eft fur le Mindel , en
Suabe , à cinq ou fix lieues de Mémingen , du côté de
l'orient. Quelques-uns croient que cette ville eft le
Roflrum Nemavi(£ des Anciens. Quoiqu'il en foit ,
elle eft capitale d'une Baronie qui porte ton nom , &
qui peut avoir cinq lieues de long , & trois de large.
Les Ducs de Bavière la pofïedent en fief de l'Empire
depuis l'an ij86. Maty.
MINDEN. Nom d'une ville du cercle de Weftphalie ,
en Allemagne. Minda. Elle eft capitale de la prin-
cipauté de Minden , & fituée fur le 'Wéfer , à douze
lieues au levant d'Ofnabrug. Minden eft une ville
allez forte, elle eft Anféatique , & elle a été Impé-
riale ; mais elle fut foumile à fes Evcques fous des
conditions fort avantageufes. Elle dépend de l'EleCfeur
de Brandebourg fous les mêmes conditions. Maty.
^C? Cette 'Ville fe rendit aux François le 5 Août 17^7.
Elle fut reptile par les Alliés vers la fin de la cam-
pagne. Le Duc de Broglie s'en empara de nouveau
le 9 Juillet 17J9. Le i Août fuivant , le Maréchal
de Contades attaqua le Prince Ferdinand de Brunf-
wic , Général de l'armée des Alliés , dans les environs
de cette place , Se ayant perdu la bataille , les en-
nemis rentrèrent dans Minden. long. 16 d. 40'. lat.
51 d. 2?'.
La Principauté de Minden. Mindenfls principatus,
LllUl "ij
Ï004 M I N
Ceft un petic Etat du Cctcle de Weftph.ilie. Il eft
au nord du Comté de Ravcnsberg , le long des deux
bords du Véfcr , ayant environ neuf lieues en carré.
MINDORA. Nom d'une île de l'Océan Indien. Min-
dora. C'ell une des principales des Philippines. On
la trouve au midi de Manille , dont elle cft iéparée
par le détroit de Mindora , qui peut avoir dix lieues
de large , ôc vingt-cinq à trente de long. Cette ilc ,
qui a une centaine de lieues de circuit , appartient aux
Elpagnols : elle a une ville de même nom , avec un
bon port lur le détroit.
1^ MINE. f. t. Extérieur , air qui réfulre de la conforma-
tion du corps , <!><: particulièrement du vilage. Oris
Jpcci.es j nativa vultùs compofido. Bonne OTi/ze, mau-
vaile TOi/ze. Grande, petite wi/zt;. Mine hère j haute,
noble. Les gens de mauvaife mine doivent dire les
choies fort modeftement , parce que leurs défauts
frappent les (eus , & entraînent l'imagination. Nie.
La mine d'Alexandre ne lépondoit point à fa renom-
mée. Vau. Tel a la mine d'un brave , & d'un hon-
nête homme , la mine hante & fîère. Tel a la mine
patibulaire , la m'me d'un fcélérat , d'un pendart. Il a la
■tnïiic balle & méprifable.
Ma foi les beaux habits firvent bien à la mine.
Cet homme paie de mine. Il ne faut pas toujours ju-
ger des gens par la mine. Philopœmen , après avoir
été pris pour un valet , dit qu'il portoit la peine de fa
mauvaile mine.
|ÏCr On dit dans le difcours familier, avoir la mine ,
pour avoir l'air. Cet homme a la mine d'être foUj
d'ctr j riche -, c'eft à dire , paroît fou , riche.
^3" On dit aulli familièrement , qu'un homme a la
mine d'avoir fait quelque choie , c'eft à dire , qu'on
juge cela à fon air. Vous avez , vous m'avez bien la
la mine d'avoir fait la débauche.
On dit porter la mine , dans le fens d'avoir la
mine; mais cela ne fe dit guère qu'en mauvaile part.
Vous portez bien la mine d'être un efpion.
Mine , fe dit des geftes , des marques extérieures qui
font connoitre ce qui cft caché ou fecret , &: de la
contenance que l'on tient pour quelque delTein. Cef
tus , habitufquc corporis. Un habile Lieutenant Cri-
minel connoît à la mine , à la contenance d'un ac-
culé , s'il dit vrai ou faux. Ce Marchand a fait tou-
jours bonne mine jufqu'à la banqueroute. Il faut ga-
gner le vulgaire parla mine & par l'apparence. S. Evr.
Dans toutes les piofellîons , chacun afteifte une mine
& un extérieur , pour paroître ce qu'il veut qu'on
le croie. La Rochef. Les mines, ni les grimaces
ne font rien pour la folide vertu. Bell. Contentons-
nous de faire bonne mine à la vue de la mort, Gns
nous vanter d'en approcher avec indifférence. La
RocH. Il y a une faulîe humilité qui ne confifte qu'en
mines, &z une contenance modefte. M. Esp. Quand
on refufe , il faut du moins contenter de mines ik. de
paroles. Bell.
A quoi bon cette mine modefte ,
Et ce fa%e dehors , que dément tout le refte ?
Mol.
Mines , au pluriel , fignific les petites façons , les mi
nauderies d'une femme ou coquette , ou précieufe.
Geftus aQeclatus ycompofitus. Elle fit x.owiz'iXzi mines
qu'elle avoit accoutumé de faire quand elle vouloir
pjaire à quelqu'un. B. Rab. Les faullés Précieufes dé
plaifent aux gens de bon goût avec toutes leurs façons
& toutes leurs mânes. Bouh.
Mine, fe dit aulli de la bonne ou mauvaife apparence
des chofes. Species , afpeclus. Ce cheval a la mine de
vendre bon lervicei il a la mine d'être ombragea:;.
Voilà un melon qui a la m.ine d'être bon. Voilà un plat
de rôt qui a bonne mine. Ce louis d'or a la mine d'être
faux : il a bien mauvaile mine.
Mine , le dit aufll familièrement du bon ou mauvais
accueil qu'on f lit à quelqu'un. Faire la mine ; c'eft
marquer que quelque chofe nous déplaît. Je ne Gis
MIN
ce que j'ai fait à cet homme-là j il me fait toujours
mauvaife mine ; il m'a fait une froide mine , une
grife mine , c'eft à-dire une mauvaile réception. Je
ne luis point content de (a mine. Faire ime laide
mine ; c'eft faire une vilaine grimace.
Mine , fe dit encore des diverfes manières d'agir qui té-
moignent des déguilemens , desirrclolutions. Ne lai-
tes point tant de mines & de façons , dites franchement
votre volonté. Toutes ces mines , ces grimaces , font
inutiles , je vois bien ce qui vous tient.
Mine , fe dit aulîi des déguilemens , des femblans ,
des fauftes apparences. Simulatio. Il a fait mi;^e d'al-
ler en Italie , tk il eft allé en Flandre ; il a trompé
les ennemis. S'il n'eft pas amoureux, il en fait toutes
les mines.
On dit proverbialement , Faire bonne mine à mau-
vais jeu : pour dire , Cacher le délordre de les af-
faires par une démonftracion de giieté Se de repos
d'elprit ; cacher le mécontentement qu'on a , le
mauvais état où l'on eft.
CCT Mine. Terme d'Hiftoire naturelle. C'eft cette partie
de la terte où le forment le métaux & les miné-
raux, & même les pieires précieufes. AmÇ\ il y a
des mines d'or , d'argent , de fer , de cuivre , de plomb
&C autres. Minera gleba metallica. Des mines d'anti-
moine , de loufre , de vitriol , de cinnabre , d'arfc-
nic j & autres ; Se des mines de diamans, d'émerau-
des j de rubis , de cornalines , Se autres. Le travail àis
mines a été de tout temps le partage des milérables.
Aulli voyons-nous fouvent dans l'Fiiftoire Eccléliafti-
que les Chrétiens condamnés ad metalla , à travailler
aux mines.
On appelle mines égarées , ou mines en marrons ,
celles où l'on trouve quelque morceau de métal tout
feul &c fans fuite. Et on appelle mines fixes , celles qui
font étendues en longueur , largeur Se profondeur ,
dont les veines le trouvent divilées comme en bran-
ches, dans un même continent.
§3" On a.ppe:\\z filons , les veines de la terre d'où fe rire
la matière propre pour être fondue. Cette matière fe
nomme proprement m.ine. Ces filons fe trouvent à
différentes profondeurs. Ordinairement on n'y trouve
du métal dans fa maturité , du moins pour l'or &
pour l'argent , qu'après qu'on a fouillé environ à
quarante pieds : & l'on regarde comme une elpèce de
merveille que les filons des minss du Potoii , paroif-
lent au-dehors,& s'élèvent comme des roches fur la
furlace de la montagne.
On a donné le nom de rube à une mine du Potofi,
dont le métal étoit hors de terre de la hauteur d'une
lance , en façon de rocher, qui demeura découvert
par un déluge. Sa veine continua firichelîe jufqu'à jo
ou 6o ftades de profondeur. Ces ftades ne font que de
la hauteur d'un homme. On appelle généralement
Mines rubes , celles dont le minerai fe trouve fur la
fuperficie j fans qu'il foit befoiii de creufer pour tra-
vailler.
L'art de connoître & de préparer les mines , & de
fe fervir utilement du mercure pour la préparation de
l'argent , eft cnlcigné dans un traité d'Alonzo Barba ,
Auteur Elpagnol.
Les Mines de cuivre font abondantes en Danne-
marck. La France eft riche en nimes de fer. Le vif-
argent a fcs propres mir.es , Se le trouve quelquefois
mêlé avec les autres métaux dans leurs mines.
§CT Suivant l'ancien Droit Romain, \cs mines d'or, d'ar-
gent , Se autres appartiennent au propriétait e du fonds
où elles le trouvent. Dans la fuite , les Empereurs
s'attribuèrent un dixième du produit àzs mines.
^0° En France, les mines d'or & d'argent appattiennent
au Roi , en payant le fonds au Propriétaire. C'eft un
bénéfice appelle communément Fortune d'or, qui fait
partie du droit de fouveraineté. Les autres mines ap-
pattiennent aux Propriétaires du fonds , qui ne peu-
vent pourtant les fouiller fans la permifFion du Roi ,
qui , pour les beloins de l'Etat , lève le dixième du
revenu des mines , qui ne lont ni d'or, ni d'argent.
Mine , fe dit aulîî de la gicbe ou pierre qu'on cieulè ,
qu'on détache de la mine pour la porter dans les four-
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neaux , où on la fond , on l'épine , & où l'on tire le
luccul qui cit cnk-inic dedans. Ainii l'on du , mine
d'or j d argent , de cuivre. Pierre de mine.
La couleur de Mine. l^oye\ Lis.
On appelle le crayon non , pierre de mine j parce
que c'clt en eti'ec de la mine de plomb donc il elt fait.
Les Anciens condamnoicnt les criminels aux mi-
nes , comme on les condamne aujourd'hui aux galères.
Ce mot vient de A/(«i,' j Allemand. Vossius.
Mine , en teimes de Guerre , c(t un canal ou chemin
fouterrain qu'on conduit jufques lous la muraille ou
rempart d'un ouvrage qu'on veut taire fauter par le
moyen de la poudre qu'on enferme dans un tfpace
pratiqué pour cck. Cuniculus ^ cafirenjis opers, cuni-
culus. Le puits de la mine cil l'ouverture qu'on fait en
terre .a la profondeur de la mine qu'on veut faire , &z
avant que de travailler à la mine.
La chambre ou fourneau de la mine , cft un creux
de quatre à cinq pieds de largeur ik de longueur ,
& d'environ lix de haïueur , où l'on met la poudre.
^3* Le fauciffbn de la Mine , cft un long fac de cuir
ciui va depuis l'intérieur de la chambre de la mine ,
julqu'à l'ouverture de la galerie, & même au-delà ;
&C atin que la poudre n'y contradc point d'humi-
dité j on le met dans un petit canal de bois appelé
auget. On pratique des m/^ej- pour faire fauter ce qui
cft au-dellus de la chambre. Il faut pour cela qu'il y
ait une quantité iulHfinte de poudre , 6c que cette
poudre j en s'enHammant , falle ion effort vers la
fiartie fupérieure du fourneau , plus que vers la ga-
eric. Pour déterminer Ion adlioii de ce côcé-là , on
remplit une partie de la galerie de maçonnerie , de
fafcines , de pi;;rres , tk. ancres matières. Par ce moyen
Li poudre enriammée, faifmceiforc de tous côtés pour
iï dilater , &c trouvant plus de réiiftance du côté de
la y.ilerie que vers le haut de la mine , fait effort de
ce côté là , & fait fauter tout ce qui etl au-defîus.
On dit qu'on fait jouer la /;zi-«<;jquandonymetlefeu.
On y met le reu par le moyen du Guciflon qui le corn-
irainiqueà la chambre de la mine. On tait quelquefois
la mme dans le mur , où on attache le Mineur. Les
Anciens hifnient des mines ou des conduits fouter-
rains pour pénétrer jufques dans le corps de la place ,
ôc la furprendre. On dit qu'on a éventé la mine, lorf-
qu'on a découvert le lieu de la mine ,8c qu'on en a
empêché l'effet. Il y a plufieurs fortes de mines. La
mine iunplc . qui n'a qu'une chambre , & qui fe ter-
mine ordinairement à la racine des contreforts. La
TOi/ze double ou en T ,qm , après avoir percé l'épaif-
feur du revêtement , (e fépare en deux rameaux qui
s'étendent derrière les revêiemens. La mine triple ou
tréflée , qui a trois chambres , ou non content de
deux fourneaux féparés, on en poufle un tioidème
dans les teires, qui va chercher le derrière des contre-
forts. La mine quadruple a quatre chambres.
§CT Au figuré , éventer h mine j c'eft découvrir une in-
trigue, une pratique fourdc &. fecrète,& empêcher
par là qu'elle ne réullllle.
Chevalier delà Mine. Favyn en fon Théâtre d'honneur,
L. III.p. pi 3. appelle Chevaliers de Mine , des Cheva-
liers qui reç ment cet honneur pour avoir combattu dans
les mines que l'on faifoit aux fiéges de villes. Renaud
de Montfcrrand , Ecuyer ou Gouverneur du château
de 'Vertueil en Poitou , fut fait Chevalier par le Duc
de Bourbon , dans une mine qu'il avoit fait faire pour
prendre ce château, & où il fît armer le premier contre
Montferrand. Il y en eut de même au flégedeMelun.
Koyei Favyn , à l'endroit cité.
Mine j dans le Commerce , efl une mefure de grains j
de charbons , de chaux , ou autres choies fembla-
bles , qui contient deux minots , ou la moitié d'un
fetier de Paris, ou fîx boifleaux. Medimnus & qua^
drans. Delà vient qu'on dit populairement , Il en a
pour fr mine de fèves , lorfqu'on parle de quelqu'un
qui a fouitett quelque dommage. On dit en Lacin
mina , Sc minellus fon diminutif.
ÇfJ' La mine de Charbon , n'eft pas une mefure parti-
culière , mais un compofé de plufieurs mefures. On
la nomme quelquefois fac ou charge , parce que le
1005'
fac de charbon qui contient un muid^ efl la charge
d'un homme. Elle contient deux minocs ou feize
boifleaux. Dicx. de Com.
îJC? Mine , fc dit aullî de ce qui efl contenu dans la
mine, mine de froment , de blé , d'avoine.
MiN£ , cil auill une mefure de terre j dont l'étendue
a beloin de deux minots de grains pour cire eiifc-
mencée. Semi-jugerum. Elle revient environ à um
demi-arpent de Pans. Elle a plus d'étendue dans quel-
ques pays.
Mine _, efl aufH une pièce de monnoie des Anciens,
qui pefoir chez les Grecs cent drachmes ou une
livre. Mtna , Anica Ubrd. Il y en avoir une petite
qui n'étoit que de toixance quinze drachmes ; en Sy-
rie & en Judée de dix huit onces. La mine chez les
Hébreux étoit de foixante-dix licles, ou cent vingt
drachmes , & chaque drachme étoit divifee en fix
oboles. On l'appcloic mna , ou maneh : mais il y en
avoit un autre qu'on appelait mine antique , qui pe-
foie cinquante licles facrés.
MINEEN , ENNE. f. m. & i. Nom de Se6le. Mi-
n<s.us j a. M. l'Abbé Fleuri dans fon Hifloire Ecclé-
fiallique , L. II , p. 2^4. fait entendre que ce nom
fut donné j après la ruine de Jérufalem , aux Juifs
Nazaréens de profeflîon ■, ou plutôt , dit il , à des
Chrétiens qui gardoient la circoncifion & les obfer-
vances légales y & qui vouloient être Juifs èc Chré-
tiens tout eniemble , & qui fe joignirent aux
Ebionites.
fp^ MENEIDES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Le»
filles de Mynias qui furent changées en chauve fou-
ris , pour avoir refufé de fe trouver à la célébration
des Orgies , foutenant que Bacchus n'étoit pas fils de
Jupiter.
MINER, v. a. Faire une mine , conduire une mine.
Voy. ce mot. Cuniculum agere. Les ennemis ont
miné et bailion, cette demi-lune, mais on a éventé
la mine , on en a empêché l'edet. Miner une place,
un ouvrage.
Miner , fignifie aulîî Caver petit à petit; & fc dit par-
ticulièrement de l'eau. Atterere , cavare. La gouttière
qui tombe auprès de ce mur , en a miné ]:eu-a-pcu
le fondement. La rivière mine les piles des poi.ts ,
les quais & fes bords. Guua cmat lapidem non vi ,
fed f^pè cadcndo.
Miner , fe dit auili figurément en morale , &: fignifie,
contumcrj détruire peu a peu. Confumere , decer-
rere , perdere. Les arrérages de rente mènent '^^euà.-
peii un débiteur. Cet homme efl chargé de fa j.arenté
qui le mine. Les ennuis , les afFliélions l'ont telle-
ment miné , qu'il le meurt. N'enferme point dans
ton cœur ces ennuis protonds qui le minent fccrè-
tement , & qui le confument. M. Esp. Balzac , par
fon afiédlation , minoic la beauté naturelle des pen-
(ézs. S. ÉvR. L'étude mine peu à-peu la fanté. Le
temps mine tout. Tempus edax rcrum.
MINÉ, LE. part.
MINÉRAL f. f. Pierre de mine , pierre qui contient
le métal , & que l'on tire des mines , pour l'en fepa-
rer. Lapis metallicus , terra gtebametallica. [CT AinCi
minerai & mine , dans le fens où ce dernier mot figni-
fie une fubllance métallique combinée avec des ma-
tières étrangères, fonc cermes fynonymes. Cependant
l'ufage veut qu'on dife une mine d'or , une mine de
cuivre j & non pas un minerai d'or , un minerai
de cuivre.
03" Il femble que ce mot s'eft introduit pour éviter
l'équivoque du mot mine qui , en métallurgie , a deux
acceptions différentes , Ôc lignifie le lieu où fe for-
ment les métaux , & les métaux qu'on tire mêlés
avec la terre , avec la pierre de mine.
MiKÉRAL, ALE. adj. Qui tient quelque choLè des mi-
néraux , qui croît dans les mines , qui pafle par les
mines. Mineratis. Matières minérales.
■ Les eaux minérales lontdes eaux chargées de prin-
cir^cs minéraux , qui patient par des mines de vitiiol ,
d'alun , ou autres femblables. Sel minéral , k dix du
i'el foiîîle qu'on trouve dans des roches , ou des mi-
nes. Le criilal minéral efl une préparation de nitre
ÏOO^
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taire avec h Heur de loufie. J'oye-^ Cristal.
Les Cbimiftcs appellent l.i teinture minérale , celle
qui leur Icrviroit a laire la Pierre Philofophale , s'ils
lavoicnt trouvée j pour teindre le mercure qu'ils s'i
maginent pouvoir rixer ailcment.
CiCrRcgiie Minéral. Terme d'Hiftoirc naturelle ,
par lequel on délîgne l'enfemblc , la totalité des
êtres qui le forment dans le fein de la terre. C'ell
l'objet de la Minéralogie : l'Hilloire naturelle com-
prend le règne minéral , le règne végétal , ik le règne
animal.
Mi.NKRAL. f". m. On comprend fou<; le nom général de
minéraux j tous les corps qui le tu-ent des minières :
les Anciens au contraire appeloient métaux tout ce
qui . fe tire de la terre. Mctallicus j fojjilia metal-
■ licisconcretionis. On diftingue deux lortes de miné-
■ raiix, à prendre ce mot dans L\ fignitication génc-
inlc ; l'une de ceux qiri le peuvent fondre au ku , &
être forgés fur renclume , ce (ont les métaux : l'au-
tre de ceux qui n'ont que l'une ou l'autre de ces pro-
priétés; lie ce tont les minéraux. Roh. Dans ce (ens
un minéral cft un corps folîile qu'on trouve dans la
. xerre , qui s'engendre par une coagulation , & s'au-
gmente par une addition extérieure de parties ien-
libks , ik qui fort fouvent eft la matière dpnt fe
forme le métal avec le temps. Les minéraux font
des Corps fixes & (olides, engendrés des exhalailons
& des vapeurs cncloks dans les entrailles de la terre ,
de même que les météores dans les régions de lair.
Lescaillous, les pierres j&: les lues condenfés, font
des minéraux. Le vitriol efl un minéral dont fe for-
me Je cuivre. L'alun j le criftal de roche, le foufre,
&c. font mis au rang des minéraux. L'antimoine
c'a le minéralqiû approche le plus du métal , & dont
. le régule n'en e(l différent que parce qu'il elf cal-
lant , & n'crt point ductile. Les Chimiftes & les Em-
piriques tirent prefque tous leurs remèdes des mi-
néraux qu'ils préparent : mais comme la plupart de
ces remèdes lont violens , ils tont d'ordinaire fort
dangereux , parce que ces lortes de gens ne lavent
point s'en lervir à propos.
Quelques-uns admettent quatre minéraux fimplcs ,
les pierres, les lels, comme l'alun ^ le vitriol j le
nitre , les minéraux inilammables , connue le iuu-
fre & le bitume : & enfin les métaux comme l'or &
l'argent. Les minéraux compofés lont ceux où on
trouve plufieurs minéraux limples , comme le cina-
bre compolé de loufre & de mercure , l'antimoine
& les marcaflites.
Ip- ivilNÉRALlSATION. f. f. Terme de Métallurgie.
C'ell: .ainli qu'on appelle la combinaifon de la mine
avec du toulre ou de l'arlenic ; l'opération par laquelle
la nature combine un métal ou demi-iuétal avec du
• foufre ou avec de l'arfenic , ou avec l'un <?c l'.autre
tout à la- fois. Par cette combinaifon le métal prend
une forme étrangère , & n'eft plus reconnoillable.
On dit alors , qu'il eft miuéralifé , c'eft à-dire , qu'il
eft dans l'état de mine ou minerai.
MINÉRALOGIE, f. f. Terme Didaftique & d'Hif-
toirc naturelle. Mineralogia. Partie de la Chimie
• qui traite des minéraux j ifT & de la manière de
les tirer du Icin de !a"terre. Ce mot dans ia (ignifi-
carioii la plus générale , eft la partie de l'Hiftoire na-
turelle qui a pGi'.r objet les lubftanccs du règne mi-
néral, des terres , des pierres, des iels , des pétrifi-
cations , &c en un n'iot , la totalité des êtres inani-
■ "jués qui le trouvent dans le lein de la terre & à fa
iari-ace.
^iCT Dans une acception particulière on entend par ce
-- motj les travaux que l'on fait pour l'exploitation
des miues -, & dans ce fens il comprend auill la
Métallurgie.
Ue?. MINER ALOGIQUE. adj. Qui concerne la Mi-
néralogie. M. Buache a drelFé une Carte minéralo-
gique lur les idées de M. Guettard.
MiNÉRALOGUE. f. m. C'eft le nom que l'on
donne à. ceux qui fe mêlent d'expliquer la nature
' des minér.iu'x , leur formation , leurs progrès , leur
fi.^iire , Si générilemeut tout ce qui les concerne. On
donne aufll ce nom aux Curieux qui amaffent dans
leurs cabinets toutes fortes de minéraux ôc métaux. M.
Mercati s'étend beaucoup iur le fe;l , le nitre , l'alun
& le vitriol, & fur les autres felsj que les Miné-
ralogues appellent Sucres acres &c mordans. Journ.
DE Genève.
MlNERBINO. Foyei Minorbino.
MINÉROLOGIE. f. f. Science , connoilïance des
minéraux. Minerologia , en Latin barbare. On doic
dire , & l'on dit Minéralogie.
1^' MINERVAL. f. m. Pendant les fêtes que
l'on célébroit à Rome en l'honneur de Minerve le
3 Janvier 6c le i 9 de Mars , les Ecoliers qui avoient
vacances , portoient à leurs Maîtres un préfent ou
honoraire que l'on appeloit Minerval , ou Miner-
vale , du nom de la déefte des beaux Atts.
UCFMîNERVALES. f. f. pi. Terme d'Hiftoire ancien-
ne. Fêtes qui fe célébroient à Rome en l'honneur
de Minerve. Voye\ Minerval.
MINERVE, f. f. Nom d'une déefte de l'Antiquité
payenne. Mimrva. On la nommoit aufti Pallas & en
Grèce Athénée. Minerve étoit fille de Jupiter ; elle
étoit fortie de fon cerveau. Héfiode dit pourtant que
Métis , première femme de Jupiter , l'avoit conçue ■,
mais Jupiter enferma Métis dans fon fein lorfqu'elle
étoit Iur le point de mettre Minerve au monde , qui
lortit enluitc de Ion cerveau. Minerve étoit la déellè
des beaux Arts & de la fagelfe.
Minerve. Voye\ Menerbe.
MINERVEZ , ou MINERBOIS. Nom de pays, con-
trée de Ménerbe. Pagus Minervenjis. 'Valois , Noc.
Gall. p. SSP- a.
MINET, f. m. MINETTE, f. f. ou MINON. f. m.
C eft le nom que les enfans donnent aux chats &:
aux chattes quand ils les appellent. Felis , felicula.
Terme familier.
§3" MINEUR, f. m. Celui qui mine. C'eft un terme
de l'Art militaire & de Métallurgie.
ifT En termes de Fortification on appelle Mineur^
celui qui travaille à une mine pour faire lauter quel-
que ouvrage , quelque foitification. Cunicularius,
Voyei Mine. On dit , Attacher le Mineur à un
bartion , à une muraille. Compagnie de Mineurs
commandée par un Capitaine.
Mineur J En termes de Métallurgie , Eft l'ouvrier qui
fouille la mine pour en tirer le minerai j la matière
Métallique. MetalUcus.
03" Mineur , eure. Terme de Jurifprudence. adj. &
fubft. Enfant mineur , fille mineure. Un mineur ,
Celui , celle qui n'a pas atteint l'âge prelcrit parla Loi
pour difpofer de U perfonne ou de Ion bien. On dit
au Palais, Mineur d'.\ns , annis rninor. Comme il y
a diverfes fortes de majorité , l'état de minorité dure
plus ou moins de temps félon la maj.orité dont il
s'agit. Nos Roisceftent d'être mineurs !l 14 ans. On
celle d'être mineur pour les fiefs , quand on a atteint
l'âge auquelon peut porter la foi. La minorité coutu-
mièrc finit à l'âge où la Coutume donne l'adminiftra-
tien des biens. En Droit , on eft/ni/zfarjufqu'à vingt-
cinq ans : en Normandie feulement jufqu'à vingt.
Par le Droit canonique, un Bénéficier âgé de qua-
torze ans peut de fon chef, ou fins autorité de fon
père , ou de fon tuteur , intenter tout procès en ma-
tière bénéficiale. Le bénéfice d'un mineur eft fon pc-
cukj dont il peut dilpokr. De-là vient que dans le
Droit canonique il n'y a point de titre de minoribus.
C'eft que les divers âges où le Droit canon dé-
clare que l'on eft capable des Bénéfices ou des Or-
dres facrés , font autant d'efpèces de majorité Ca-
nonique. L'Ordonnance de 1667. déclare les mi-
neurs de vingt-cinq ans pourvus de bénéficeSj ca-
pables d'agir en Juftice j fms autorité ni aftîftance
d'un tuteur J ou curateur , tant pour le poireiîoire,
que pour les droits j fruits Se revenus de leur Béné-
fice. Le Concile de Trente permet de faire profef
lion de la vie monaftique à feizeans. La Loi relève
les mineurs C[\XAnà ils font trompés , 6c non pas quand
ils ont trompé. Le m.ineur eft fous la puillance d'un
tuteur. Un mineu' qui fe marie j ou qui a obtenu des
M 1
N
lettres de bcnéhcc d'âge, peut dirpofer de Tes mcn
blés & eflcts mobiliaires à l'âge de vingt ans. On
a fixé à vingr-cinq ans l'eiiticie liberté de contrac-
ter, pour mettre les meneurs à couvert des liirpriles
où les cxpolé la foiblclle & le peu d'expérience île
leur âge. C. B. Par l'Ordonnanee de 1Û67. celiu
qui a contracfbc étant encore mine-jr, peut le faire
reftituer dans l'an 5J de (on âge. Les tuteurs peu-
vent tout pour leurs pupilles , & rien contre eux;
<!<c les mêmes loix qui les ont mis dans la néccliité
de conferver les intérêts des mineurs, les ont mis
dans l'impuilTance de les bleller. Fomt. Un mineur
s'appelle pupille , quand il n'a pas atteint l'âge de
puberté.
On dit figurémcnt , Ce n'efl pas le profit des rrii-
neurs, detous les partis qu'on propofe à quelqu'un
qui ne lui font pas avantageux.
IJC? Mineur, eure. adj. comparatif. Plirs petit. Mi-
nor. Ce terme n'a guère d'ulage que dans les phrafes
fuivantes : Saint Jacques le Mineur. L'Afie mineure ,
la Bithynie & les provinces voilmes. On dit , une
excommunication majeure , & une excommunica-
tion mineure. fCf L'excommunication mineure prive
de la participation des Sacremens , &: du droit de
pouvoir être prélente à quelque bénéfice. J^^oye^
Excommunication. On-. appelle les quatrcs Ordres
mineurs i ou les qnMvc AJineurs , les quatre petits
Ordres qu'on reçoit entre la Tonfure (Se le Soudia-
conat , qui font ceux de Portier , de Lcfteur , d'Exor-
cifte Se d'Acolythe. On ne demande point de titre
pour les quatre Ordres mineurs, parce que ce n'elt
point un engagement irrévocable. F^oye^ Ordres.
Dans le Droïc eccléfiaftique ^ on appelle caufes
mineures , celles où il s'agit du jugement des lunplcs
Prêtres , ou de quelque point de dilcipline peu im-
portant : & cela par oppofition aux caufes majeu-
res. Caufis. minores. 'Voyez Majeures.
îiIiNEUR , eft auiîî un nom que prennent les Corde-
liers par humilité ^ qui fe difent Frères Mineurs.
Minor , Minorita. Ce nom de Frères Mineurs le
donne en général a tous les Picligieux mendians ,
dont Saint François d'Afllle eft le Fondateur. Et on
dit proverbialement , Ils vont deux à deux com-
me Frères Mineurs , en parlant de plufieurs per-
lonnes qui vont comme eux côte à côte.
Clerc Régulier Mineur. Nom de Religieux. Clericus
Regularis Minor. L'Ordre des Clercs Mineurs a été
ctaUi par un Gentilhomme Génois , nommé Jean-
Auguftin Adorne , aidé de deux Caraccioli , Au-
guftin & François. Ordo Clericorim Minorum. Ce
font des Clercs Réguliers , inllitués l'an 1588. à
Naples. Sixte V. leur accorda le premier Juillet
ij8S. un Bref, par lequel il leur permettoit d'é-
riger une Congrégation de Clercs Réguliers , de
faire des vœux lolemncls , d'élire un Supérieur , &
de fe faire des Règles, ou Conftitutions; où , com-
me il avoit été Frère Mineur , il leur donna le nom
de Mineurs.
Mineure, f. f. Dans l'Ecole , eft la féconde propofi-
tion d'un fyllogilme. Minor propofnio. J'accorde la
majeure , éc je nie la mineure. 1/3° La mineure d'un
fyllogifme eft la propolition où le petit terme fe
trouve comparé avec le moyen terme, yoy. Terme ,
Proposition, Attribut , Sujet.
On appelle aullî en Théologie une Mineure , une
thèfe qu'on foutient pendant fa Licence. îfJ II ne
s'agit dans cette thèfe que de Théologie polnive.
§CF On l'appelle mineure , parce que c'ell l'afte le
plus court de la Licence. Faire la mineure. Soutenir
une mineure. Onditaulfi, mineure otààvAViz. Minor
ordïnaria. Pro minore ordinariâ.
Mineur, en Mufique. adj. Nom qu'on donne à cer-
tains intervalles qui font aaffi petits qu'ils peuvent
l'être fans devenir faux.
ifJ" Le ton mineur , eft celui dont la tierce eft mi-
neure ", &c la tierce mineure eft celle qui eft compo-
fée d'un ton & d'un femi-ton, Re , fa, eft une tierce
mineure. Voy. Tierce.
Mineure, f. f. Religieufe de S. François. Minor. Mo-
MIN 1CC7
nialis Franclfcana. Les Religieufe^. de Long-Champ
près de Paris , dans leur première inftirution n'étoienc
d'aucun Ordre particulier, n'ayant point d'autre
règle que celle que le Pape Aiex.îlulrc IV. mort en
1261. avoit drellec pour elles. Ce lut S. Louis qui
dans la hiite louhaita que le nom de Mineures leur
l'Ut donné, afin qu'elles fullcnt cenlécs de l'Ordre
de S. François. Chastelain , au 22 de Février ^
p. 716.
MINGAN. Ile de l'Amérique feptentrionalc , dans
la Nouvelle France , à l'embouchure du ileuvc de
S. Laurent, près de la terre des Eiquimaux.
MINGLE. f f. i^om d'une melure de Hollande pour
les choies liquides. La mingle contient deux pintes.
On l'appelle Mingel dans le pays , d'où le nom de
mingle a été formé.
MINGRÉLIE , ou MENGRÉLIE (la). Nom d'un
pays appelé Odifci par (es habitans ; c'eft l'anciennp
Colciivde. Mingrelia , Odijcia , Colchis. La Min-
grélie eft bornée au nord par rAba(cie,ou Avoga-
lie , au levant par la Géorgie propre , au midi par
la Turcomanie ; la mer Noire la baigne au cou-
chant.
La merde Mingrélie , Mengrelianum , ou Phjfi.mum
mare. C'eft la partie orientale de la mer Noire. Elle
prend maintenant (on nom de la Mingrélie , dont
elle baigne les terres, & anciennement elle le pre-
noit de la rivière de Fallb, qui s'y décirarge. Matv.
MINGRÉLIEN , ENNE. f. m. & f. Nom de peuple.
Mingrelius , a. Les Mingre'liens [nnt divilés en trois
ordres ; les Seigneurs , ou Gentilshommes , qu'ils
appellent Ginafca , on'Ginaudi ; les bourgeois qu'ils
nomment Sizccurs ; de le peuple qu'on y appelle
Moinali.
§3"M1NGXAN. Nom d'une ville de la Chine, dans
la province de Suchucn , au département de Yacheu.
MINHO. Moullés \'nh , comme le gn dans non-e lan-
gue. Rivière d'Efpagne. Minius. Elle coule dans la
Galice , prenant (a fource à Caftro del Rey , d'où
elle paiîé à Lugo , à Orenfe , à Tuy , 6«: (e dé-'
charge dans l'Océan Atlantique j aux confins du
Portugal , qu'elle arrol'c.
MINI, f m. Marchandile dont il fe fait commerce à
Amfterdam.
MINI A. f m. Sorte de ferpcnt venimeux , qui fe trouva
au pays des Noirs. Il eft fi grand & h gros , qu'il avale,
dit-on, des moutons, des pourceaux, ik. même des
cerfs entiers. On rapporte une choie fort particu-
lière de ce ferpentj c'eft qu'avant que d'engloutir ce
qu'il a pris , il regarde tout autour , s'il n'y a point
quelque fourmi qui fe pourroit glillèt dans fon
corps avec fi proie , & lui ronger les entrailles.
La peur qu'il en a , vient de ce qu'après avoir avalé
un animal de cette grolieur , il le (enc incapable
de fe défendre , jufqu'à ce qu'il ait digéré ce grand
frrdeau.
MINIATEUR. f m. Peintre en miniature. Un r.ableau
de M. Roux , Peintre , Sculpteur , Architefte. Mi-
niattur & Graveur en cuivre & en cryftaux... Merc.
de Février Jj22. On die quelquefois A/i/2ii2f/^ri/?e.
San MINIATO. f m. Nom d'une petite ville du Flo-
rentin j en Tofcane. FanumS. Miniaû Teuconis. Mi-
niatum. Elle eft fur l'Arno , entre Florence & Pife j à
huit ou neuf lieues de l'une & de l'autre , &: elle a un '
Evêché fuftragant de Florence. Maty.
MINIATURE, f f. ( On prononce ordinairement mi-
gnature.) L'Acad. Et même quelques-uns l'écrivent
de cette dernière façon. Sorte de peinture délicate qui
(c fait à petits points. Piclurj. moUiculis colorum punc-
tis- dijlincla , piclura miniata. La miniature (e (ait de
fimples couleurs très-fines , détrempées avec de l'eau,
& de la gomme fans huile. Elle eft diftinguée des au-
tres peintures , en ce qu'elle eft plus délicate , qu'elle
veut être regardée de près , qu'on ue la peut faire ailé-
ment qu'en petit , qu'on ne la travaille que fiir du vé-
lin j ou des tablettes. Voici les principales couleurs
qu'on V emploie , le carmin , l'outremer , la laque , le
vermillon , la mine de plomb , le brun-rouge , la pierre
de fiel , l'ocre de rue , le ftil de grun , la gomme gurce ,
oo8
M I N
le jaune de NaplcSj le maiVicot j l'indc , le noir d'ivoire
& de fumée , L; terre d'ombre , le verd de mer , de vcl-
lie j d'iris de montagne , du blanc de céruic , du bi(-
tre , &c.
§Çr Le mot de miniature eft fouvent pris pour les ta-
bleaux même peints en ce geiue. Amli l'on dit une
miniature , pour dire un portrait en miniature. Ce mot
peut être applique aux ouvrages detprit. Dans Ovide,
l'âge d'or cli: une miniature ; dans Virgile , c'ell un
tableau dans le goût de Raphaci;
Ce mot vient de minium , à caufe que c'ed: une
couleur qu'on y emploie ordinairement.
^ D'autres prétendent qu'il vient àemignard, délicat ,
parce que les miniatures font d'ordinaire plus petites
& plus délicates ; & c'ell pour cela que quelques-uns
écrivent mignature.
MINIÈRE, r. h Lieu d'où l'on tire les métaux &: les
minéraux. Fodina , metallum. Tous les corps qui le
tirent des minières , s'appellent généralement des mi-
néraux. RoH. Il y a un Intendant des mines & minières
de tout le Royaume.
1^ Quelques-uns ne veulent pas qu'on confonde la
minière d'un métal avec le métal même , ou avec fa
mine. La minière, difent- ils , n'eft autre chpfe qu'une
retraite dans laquelle le métal ou la mine font reçus ,
qui fert à les conferver & à recueillir les iTLUiètes
métalliques Se minéralifantes qui leur font portées par
les vapeurs fouterraines. C'eftainfi qu'on djt que le
{Me eà h minière de l'or , parce qu'on trouve _(ou-
vcnt ce métal en paillettes répandues dans le lablc.
Des métaux & des mines déjà formées , peuvent fer-
vir de minière à d'autres métaux & à d'autres mines.
Une même pierre peut fcrvir de minières pludeurs
métaux & à plufieurs mines àla fois. C'cfi: ainiî que
l'on, trouve des filons qui contiennent à la fois de la
mine de cuivre j de la mine d'argent , de fer , &c.
Minière j en terme de Médecine & d'Anatomie , fe dit
des parties du corps où il s'amalfe , «Si s'épaillit des
matières qui forment des obllrudlions. Collcclio , coa-
t' cervatio , cumulus , accrvus. L'eau de Bourbon parcou-
rant avec aéfivité les premières voies j entraîne & dil ■
fout les minières virrioliques , qui formoient les obf-
trucl-ions. Mém. de Tr.
MIN'IHI. f. m. Vieux terme de Coutume & de Titres
en Bretagne. Canton de terre affranchi Icrvant d'alyle.
Terra libéra , Afylus.
tfJ" MINIMA( A^çe\ ). Fùye^ au mot Appel.
MINIME, f. m.Eft un Ordre Religieux inftitué par Saint
François de Paulc , environ l'an 1 440 , qui voulut en-
chérir lur l'humilité des Frères mineurs, en s'appellant
Minime , Minimus. Les Minimes de Nigcon près de
Chailiot : on les appelle autrement Bons hommes , à
caule que le Roi Louis XI avoit coutume d'appeler ce
Saint le Bonhomme.
Minime J cftaullî le nom d'une couleur tiès-fombrc,
telle que celle que porteiit ces Religieux. Ferrugineus
color. C'elf un gris fort obfcur , en tirant tur le noir ,
ou tanné. Habit minime , de couleur minime. Drap
minime.
MiMiME. Ancien terme de Muilque , une note faite en
loiange , qui a une queue , qui vaut la moitié d'une
mcfure. On l'appelle aujourd'hui Blanche. JVota.
minima.
MINIMUM, f. m. Terme de Mathématique. F'oye^
Maximum. C'eft le plus petit degré auquel une
grandeur puilfe être réduite.
MiNIO. Nom d'une ville de la haute Égvpte. Minium.
Elle eft fur le bord oriental du Nil , entre Girgio &
Said J &: elle eft capitale du Caffilif , ou Gtiuverne
ment de Minio , qui occupe la partie orientale de la
vallée du NiL, depuis le CaOîlif de Cherkeffi , juf
qu'à la Nubie. On y remarque outre Minio , Alluana
& Ichmina. Maty.
MINISTERE, f. m. Profelîlon , charge ou emploi que
l'on exerce. Officium , munus j opéra. Ces Prélats
rendront compte à Dieu de leur minijlère. Il faut ho-
norer les Miniftres fâcrés , pour donner p'iis de poids
& de crédit à leur minijlère. Fl. La néc^lilié de leur
piinijière les difpenfe des chuges de ville. Pat. On
M I N
ne fauroit trop louer un Ofiicier , un Avocat , Sic.
qui rcmplillent bien tous les devoirs de leur minijière.
IfT On le dit aulll de l'entremile de quelqu'un dans
une artaire , du fervice qu'il tend. Opéra. Si vous
avez bcfoin de mon minijlère , vous u'avez qu'à par-
ler. Il n'a pas fait cette propohtion lui-même j il s'tft
icrvi du minijlère de fon ami. Il lui a prêté ion mi-
nijlère pour taire cet enlèvement.
MiNisTLRE , fc dit aulîî du gouvernement de l'Etat
fous l'autorité fouveraine. Mmijlerium , adminjlratio.
L'hiftoire du Mmijlcre du Cardinal de Richelieu, eft
l'hiftoire du Gouvernement de (on temps. Il le fait
bien des biigues & des cabales dans les-minorités ,
^ pour entrer dans le Minijlère , peur chalfer un favori
du Minijlère.
Ministère ,ell: aulîî quelquefois un nom colledif^dont
on le lert pour figniner les Miiiiftres d'Etat. Regni
adminiftrorum collegium. Le Minijlère éroit entière-
ment oppofé à cela ; pour dire , les Miniftres y étoienc
entièrement oppofés. L'Acad.
^3" Ministère puelic , proprement fervice public,
fonêfion publique. On déhgne par ce terme j ceux qui
remplillènt la fonction de Paitie publique. Les Avo-
cats & Procureurs Généraux dans les Cours Supé-
rieures , & leurs Subftituts ; les Avocats & Procureurs
du Roi dans les Jurifdic^ions Royales ; le Procureur-
Fikal dans les Jufticcs Seigneuriales i'ie Promoteur
dans les Officialités.
§3" Le Minijlère public , cft le vengeur des Loix ; c'eft
à lui feul qu'il appartient de les faire rclpeCter , &
de punir ceux qui les meprilent. I^'oye^ Avocat
GÉNÉRAL , Procureur Général j &c.
MINISTÉRIAT. f. m. Miniltère ^ Charge ^ OfBce,
Place d'un Miniftre d'État. On dit plus ordii.aiie-
■ ment & plus élégamment Miniftère. Adminijlraùo^
L'éleétion du Cardinal Mazarin au Minijlénat.
Mascur.
MiNisTÉRiAT. f. m. Nom d'Office en quelques Orcjres
Religieux j où l'un des Supérieurs eft appelé Mi-
niftre. Charge de Miniftre dans ces Ordres. Minijlri
oj^cium. Le Minijlériat d'un tel Père a duré quatre
ans. Il a quitté le Minijlériat. Il a renoncé au Mi-
niflériat.
MINISTÉRIEL , ELLE. adj. m. & f. Terme dont
quelques Théologiens fe fervent pour diftinguer l'at-
tribut du Pape de celui de J. C. en tant qu'ils font
tous deux chefs de l'Eglile. Us difent que J. C. en eft
le Chef elîentiel; & le Pape ,1e Chef /?2i/îi/?eVie/'. M.
Arnaud j dans la Réponle aux pofitions ultérieures
de M. Steyaert , fur la prééminence des Conciles ,
dit que le Pape n''eft pas le chef elfentiel de l'Eglife,
qu'il en eft tculement le chef minijléricl. Philippe le
Bel foutenoit avec fermeté que les Papes n'avoient
qu'une autorité fpirituelle , même que cette autorité
n'étoit que mimjlcrielle , & qu'ils devoient'gouver-
ner l'Eglile de J. C. luivant les Canons des Conciles
généraux. Ainlî c'eft une impiété & un blafphême
de dire que quand l'Églifc eft ians Pape , elle eft fans
tète, le Pape n'étant qu'un c\\ei minijlériel. EsPRir
DE Gerson. Il (uppléera par fa miléricorde au défaut
de ceux qui n'oublient rien pour mettre obftacle aux
fentimens de bonté du chet minijleriel de l'Eglife.
SOANEN.
MINISTRE, f. i-û. Qui fert Dieu , le public , ou ua
particulier. Minijler. Celui dont on fe icrt pour l'exé-
cution d'une choie; &: dans cette acception ce mot
n'eft guère d'ulage qu'en morale. Les Minijlres de
l'autel , font ceux qui Icrvent le Prélat , ou le Curé,
quand il officie. Le Diacre & le Soudiacre, font des
titres qui lignifient Miniflres. àtÛK-.ta, minif.er. Les
Rois font les Minijlres de Dieu fur la terre. Les Offi-
ciers , font les Minijlres des Rois , qui rendent la
juftice pour eux. Il ne faut point être le minijlre des
pallions d'autrui. On appelle aulli les Sergens cSc au-
tres menus officiers , -4/i/z//?/ei de Juftice, qui fervent
à exécuter les jugemcns.
On ditfigurément , que les foudres , les pertes, les
défolations , font les minijlres de la vengeance de
Dieu. La colère eft comme le minijlre de la railon ,
dont
MIN
dont elle exécute ardemment les ordres. M. Esp. On
ctoit bien aife que G colère retombât fur ceux qui en
avoicnt été les inlniflrts, Vaug.
Ministre d'État, clt celui fur qui un Prince fc rcpofe
de radmiiufhation de fon État , à qui. il commet le
loin de les principales affaires. Regni adininijier , mï-
nijler. Boëcc ert: propofé pour modèle .aux Mln'ijlus
d'État.
U^ Le Secrétaire d'Etat , qui a le Département des Af-
faires étrani;èrei , elt Minijlrc né , attendu que fa
fonâion l'appelle néceilairement au Confcil des
Affiircs étrangères. On l'appelle ordinairement Mi-
nïjlrc des AHaircs étrangères.
03° Les autres Secrétaires d'État , n'ont la qualité de
Minijlre , que quand ils (ont appelés au Confeil
d'État. Alors le Secrétaire d'État de la Guerre prend
le titre de Mmifirc de la Guerre ; le Secrétaire d'État
de la Marine , celui de Mlnijln de la Marine.
§3" La qualité de Mïnïjlrc d'État, s'acquiert par le feul
fait , ïans Commilîîon , ni Patentes. Le Roi fait fim-
plemcnt avertir celui à qui il veut faire cet hon-
neur , de le trouver au Conleil j & ce titre ne fe perd
point j quand même on celleroit d'être appelé au
Confeil.
tfT Le Contrôleur Général eft quelquefois appelé Mï-
' nifire des Finances ; il n'a le titre de Minijlre d'État ,
que quand il efl; appelé au Confeil d'État.
IJCT Les Minijlres d'État s'appellent aulli abfolument
, Minijlres. Le.^ Mi/iijlres ont été d'avis , ont arrêté
telle chofe. Chez nous les Minijlres entrent dans tous
les Conleils. Le Roi clioilît quelquefois un premier ^
un principal Minijlre d'Etat.
On appelle Minijlres des Princes , leurs AmbafTa-
deurs J Agens , & Rélîdens dans les Cours des autres
Princes. Il y a deux fortes de Minijlres ; des Minif-
tres du premier ordre , qui lont les Ambaifadeurs
ordinaires & extraordinaires ; & des Minijlres du
fécond ordre , qui font les Envoyés & Rélîdens. Les
Miniflres du premier ordre ont un caradtcre repré-
fentatif que n'ont pas les Miniftres du lecond ordre ,
lefquels ont quelquefois des pouvoirs plus amples
que ceux du premier. L'Ambafladeur ne peut , fans
effacer le caractère d'honnête-homme , faire paroître
continuellement celui de Minijlre public. Wicq. Il
faut qu'un Miniftre fâche aufli bien vivre que négo-
cier, Id.
Ministre. Les Mathutins, ou TrinitaireSj donnent ce
nom à leurs Supérieurs , comme on leur donne dans
les autres Commuiiflutés celui de Prieurs, Gardiens,
Recteurs, &c. Minifier. Sur la iin de l'an 1 198 , le
Pape Innocent lll confirma la règle de l'Ordre de la
Sainte Trinité pour la Rédemption des captifs , comme
il paroîr par la bulle adreffée à Jean de Mata , qui tut
le premier de leurs Minijlres ; car c'efl ainfi qu'ils
nomment leurs Supérieurs. FtEURY , Hifl. Ecdéfiaf-
tique , L. 7 S- Cependant on donne par honneur le
nom de Prieur m Minijlrt de la Maifon de Cerfroi ,
laquelle eft Chef de tout l'Ordre. Hijl. de l'EgliJe de
Meau.Xj T. I. p. jy6.
Ministre , chez les Jéfuites , eft le fécond Supérieur
de chaque Maifon , qui eft le Minijlre , l'aide du pre-
mier Supérieur , qu'on nomme ou fimplement Su-
périeur , ou Redeur. Le Minijlre gouverne auflî à la
place de celui-ci , quand il eft abfent.
Ministre Général , c'eft le titre que prend le Général
des Cordeliers. Minijler Gêner alis. Celui de l'Ordre
de la Trinité & de la Rédemption des Captifs , porte
le nom de Grand-Minijlre.
Ministre DES Infirmes. Les Clercs Réguliers, Minif-
tres des Infirmes , eft une Congrégation inftituée par
Camille de Lellis , né à Bucchianier, petit bourg de
l'Abruzze , au Royaume de Naples , & du diocèfe de
Théate , le zy^ Mai 1550. Aptes avoir porté les ar-
mes , il ét;udia à l'âge de 51 ans , prit les Ordres iacrés
enfuite; & au mois de Septembre 1584, il jetta les
tbndemens de fi Congrégation _, à laquelle il donna
le nom de Minijlres des Infirmes. Elle fut appelée
d'abord Congrégation du P. Camille. Sixte "V l'ap-
■ prouva par un Bref du 8^ Mats 1 586 , & leur permit
Tome V.
M I N 1009
de vivre tn communauté, défaire des vœux (impies
de pauvreté , chafteté & obéillance , tk. un quatrième ,
d'alliftcr les malades à la mort, même en temps de
pelle. Il leur permit aulli d'élire un Prêtre d'entr'cux
pour Supérieur , dont la charge ne durcroit que ;trois
ans. Un Bref- du xG Juin de la mêmeaniiéc leur per-
mit de mettre fur leurs habits une croix tannée , pour
les dilhnguer des autres Clercs Réguliers. Grégoire
XIII les érigea en Ordre Religieux par un Bref de l'an
I )'9i J qu'il ligna quelques heures avant que de mou-
rir. Leur habit n'eft diftérent de celui des Ecclé-
lialliques , que par la croix tannée qu'ils portent au
côté gauche.
Ministre , eft aulIl le titre de ceux qui fervent les
Égliles Proteftantes,qui feuls ont l'autorité de prê-
cher, de hiire les tonttions EcclélialHqueSj & qui
prennent la qualité de Minijlres de la parole de Dieu ,
ou du Saint Evangile. Errorum adminijler , hdrefeos
minijler , dijfcminator. Du Moulin , Aubertin,Mo-
rus , Claude , ont été de fameux Minijlres de Charen-
ton , qui ont beaucoup écrit. M. Arnauld a répondu
au livre du Minijlre Claude fur l'Euchariftie. Ces MA-
nijlres prennent aufli le titre de Pajleurs.
MINISTRERIE. f f Bénéfice , ou charge de Supé-
rieur dans un Couvent des Mathurins., Mmifleriatus,
Le Générai de l'Ordre a plulieurs bonnes Mmijlreries
à conférer.
MINIUM, f. m. Couleur minérale qui fe fait de plomb ,
poulie au feu. La cérufe , ou blan;; d'EfpagnCj fe fait
de plomb ■■, ëc quand on le poulie au feu , il s'en fait
premièrement du mallicot ; & fi on le poulFe davan-
tage , il s'en fait du minium j qui eft un rouge orangé.
II fert aux Peintres ôc aux Enlumineurs.
MINODER. royei Minauder. C'eft ainfi qu'il faut
écrire.
MINOIS, f m. Vieux terme qui fignifie la même chofe
que vitage. Cet ivrogne a un rouge minois , un rouge
muleau. Vultus , os.
Les Banquiers étonnés admiraient fa grimace ^
Et montroient , en riant , qu'ils ne lui eujfent pas
Prêté fur fon minois quatre doubles ducats.
Régnier.
ifT Aujourd'hui ce terme eft encore ufité dans le ftyle
familier , en parlant d'une jeune perlonne dont la
tournure grâcieufe du viftge plaît , quoique peu ré-
gulière. Un joli minois. Un joli petit minois.
AdlNOLO. Nomd'un village de l'ilede Candie. Mino-
luni. Il eft fur la côte fcptentrionale , au couchant de
la Canée. Quelques Géographes prennent Minolo,-
pour l'ancienne Mïnoa , qui: étoit fur la côte fepten-
tnonale de cette île _, Se diftinguée d'un autre Minoa ,
qui étoit (ur l'orientale. Maty.
MINON , f. m. ou MINETTE , f. f. Nom que les enfans
donnent aux chats , quand il les appellent. Felis ,
Catus , Fclicula.
On dit proverbialement , qu'une perfonne entend
bien chat , (ans qu'on dile minon ; pour dire , qu'elle
entend à demi-mot , cS: fans qu'on explique nettement*
la choie.
^ MINORATIF. f. m. Terme de Médecine qui s'ap-
plique aux remèdes qui purgent doucement j aux pur-,
gatifs légers. La calfe , la rhubarbe , la manne , &c.
font les minoratifs les plus ordinaires.
Cotgrave fait minoratif , adjeélif : médecine mi~
norative.
ffT MINORATION, f f. Terme de Médecine par le-
quel on défigne l'évacuation légère que produifenc
les minor.atifs.
MINORBINO ;, MINERBINO. Nom d'une petite ville
du Royaume de Naples. Minervinum. Elle eft dans la
terre de Barri , fur les confins de la Balilicate , à trois
lieues de Canofaj vers le midi. Minorbino ed peu de
chofe , quoiqu'il ait un Évêché/uffragant de Barri.
Maty.
MINORETTE. Nom d'un lieu dans le Beaujolois.
Minoretta. Ce lieu a pris ce nom des Frères Mineurs,
Mmmm ni m
•**.
loio M 1 N
à qui Guichard de Beaujeu , IIF du nom , y fonda
le premiei- Couvent qu'Usaient eu en France. F'oye:[
Mineur.
MINORI. Nom d'une petite ville du Royaume de Na-
ples j lîtuce dans la piincipauté citéiieure , lur le goUe
de Salerne , entre balerne & Amalh. Minora,
ifr MINORITÉ, r. f. État de celui qiu n'a pas encore
atteint l'âge de majorité , ou le temps pendant lequel
on eft Mineur. Foye^ Mineur. Minons _ etas. La
minorité des Rois finit à quatorze ans , tuivant un
Édit de Charles V , de l'an 1574. On Ce h'\t rele-
ver des contrats palfés en minorité. On imprima, en
1 7 1 4 , à Paris , un Traite des Minorités , des Tu-
telles &: des Curatelles i &c des droits des enfans ma-
jeurs & mineurs.
Minorité , ell aulFi le nom d'une forte de ruban qu'on a
inventé durant la minomtéàe Louis XV.
MINORQUE. Nom de l'une des îles Baléares. Mi-
norica , anciennement Balearis minor. Elle eft dans
la mer Méditerranée , vers les côtes de la Cata-
logne , à dix lieues de l'île Majorque, du côté du
levant.
MINORQUIN, INE. f. m. &: f. Qui eft de l'île de Mi-
norque. Minoricanus. Les Alinorquins font bons ma-
telots & grands pirates , au(li-bien que les M.ijor-
quins. Maty.
MLMOS. f. m. Nom d'homme. Minos. Il étoit fils de
Jupiter & d'Europe , félon les Poètes -, Se félon d'au-
tres , d'AIlérius Xanthus , Roi de Crète , qui épou-
fa Europe , fille d'Agénor , Roi de Phéniçie , qui la
lui fit conduire fur un vaifTeau , qui avoir une figure
de taureau j & s'appeloit le Taureau. Il fucceda à
Ion père , & donna des loix aux habitans de l'île de
Crète. C'eft un des plus lages légillateurs de l'anti-
quité ; Jt? c'eft pourquoi la fable en fait un Juge
fouverain des Enfers , & d'un rang fupérieur à celui
d'Eaque & de Rhadamante.
M[N0T. f. m. Mcfure de grains qui fait le quart d'un
letier de Paris. Quadrjns fextarii. Trois boilleaux
font un minot. Ce mot fe dit tant de la melurc , que
de la choie meiurée. Prêtez moi vout minot. Il m'a
livré dix minots de blé. Un minot de. charbon , un
minot de chaux. Le minot de fel çft de cent livres
pefanr. Par l'Ordonnance de 1669. le minot à blé
doit avoir onze pouces 9 lignes de hauteur , fur un
pied 2 pouces 8 lignes de diamètre entre les deux
hits. Le minot de bois eft compote du fût , de la
potence de fetj la Héche , la pl.aque qui la foutient ,
& fcs quatre goullets qui tiennent le fond en état.
Le minot d'.avoine eft de quatre boilleaux.
Minot , eft auftî une melure de terre , qui eft environ
■ un quartier d'arpent de Paris , qui fe doit femeravec
un minot de grain. Voilà une pièce de terre de dix
minots , ou de deux arpens &: demi.
Minot , en termes de Marine , eft une longue pièce de
bois ayant au bout un crampon j dont on le fert
dans les grands vailleaux pour manier , & lever
l'ancre , Se la tenir éloignée du bordage , en la
guindant. On l'appelle auuemtnt boute-kors. Pertica
armata arcenda anchorit.
MINOTAURE. Terme de Mythologie. Eft un monf-
trc hbuleux que les Poètes ont feint être demi-
homme (S: demi-taureau , engendré de Pafiphaé ,
femme de Minos , Roi de Crète. Il fut enferme
dans le Labyrinte, & tué par Thèfée. Minotaurus.
Scrvius explique cette fable , & dit que c'étoit un
Seciétaire de Minos , nommi Taurus j qui abula de
la Reine dans la chambre de Dédale, <Sc qui eut
deux Jumeaux , dtfnt l'un relfembloit au Roi , Se
J'.uitre au Secrétaire : ce qui donna occaiion de trai-
ter cet enfantement de monftrueux. ifT Ou plutôt
Pafiphaé étant accouchée d'un fils , que les AuLCurs
nomment Aftérius , dont le père étoit incertain , &
qui pouvoiî être fils de ce Taurus aulÏÏ bien que de
Minos , on lui donna le nom de Minotaure.
MINSINGEN, ou. MUNSIGEN. Nom d'une petite
ville avec une citadelle. Minfinga. Elle eft dans le
Duché de Wurtenberg , en Suabc , ciéWC Tubinge Se
Ulm. Maty.
M I N
et? MÎNSKI. Ville du Grand Duché de Lithuanie ,
capitale d'un Palatinat auquel elle donne fon nom.
Elle eft dans la partie occidentale de ce Palatinat
fur la Swillock , à 26 lieues de Novogrod , du côté
du levant. Mmfcum.
§CJ' Palatinat de Minski. Il eft borné au nord par ce-
lui de Witepsk , à l'orient par celui de Mkiftaw,
au midi, par le territoire de Rohaczow, Se à l'oc-
cident par le Palatinat de Wilna. Mmfcenjis Pala-
tinatus.
MINSTEMBERG. Petite ville d'Allemagne , dans la
Hefte , près de Busbach , en Wétéravie.
MINTHÉ. f. f. Nom de femme. Minthe. Elle étoit
fille du Cocytc , fleuve d'Enfer.
MINTURNE. Minturna, C'étoit anciennement une
ville Épifcopalc du nouveau Latium. Elle eft en-
tièrement ruinée. On voit quelques reftes de ks
Aqueducs , Se de ion Amphithéâtre dans la Terre de
Labour , province du Royaume de Nnpl.s,. fur le
Gariglan , près du bourg de Trajctto, qui a été bâti
de fes ruines. Maty.
MINU. f. m. Dans l'ancienne Se dans la nouvelle
Coutume de Bretagne , c'eft la déclaration , l'aveu Se
le dénombrement qu'un nouvel acquéreur doit don-
ner par le menu Se en détail des héritages, terres,
rentes Se devoirs qu'il a acquis.
MINUCIANO. Nom d'un bourg fortifié. Mlnudanum.
Il appartient 3. la République ds Lucques , en Tof-
cane , Se il eft enclavé entre la vallée de Magra , Se
celle de Carfagnana. Maty.
MINUCIE. Foyei Minutie.
MINUCIUS , MINUCIA. C f. Nom d'une famille
Romaine. Minucius , Minuda. Plufieurs écrivent
Afmutius par un t , les médailles toujours Minudus
par un c.
MINUIT, f. m. Le milieu de la nuit. Media nox.
^fT II eft minuit par rapport à nous lorfque le fo-
leil paroît dans la partie de notre méridien qui paffe
par notre Nadir. Minuit étoit autrefois des deux gen-
res -, préfentement il n'y a plus à délibérer ; il eft
toujours mafculin. Il devroit être féminin , parce
que nuit étant féminin , l'article qui va devant doit
être aullî féminin , fans que l'addition de mi diic
changer le genre. On allègue au contraire que le
mot qui fuit mi , doit fi peu régler le genre du mot
compofé , qu'on dit la mi-Mai , la mi-Juin : quoi-
que Mai foit mafculin. Vaug. On marche main-
tenant à Paris sûrement en plein minuit. Les Reli-
gieux fe lèvent à minuit pour dire Matines. Il eft
minuit fonné, c'eft à-dire , douze heures ont fonné.
On dit le jour de Noël la Melle de minuit en mé-
moire de la Nativité du Sauveur qui arriva à pareille
heure.
On appelle proverbialement , les enfans de la
Méfie de minuit , les libertins qui cherchent Dieu à
tâtons.
ipr MINURI. Ville du Royaume de Naples , dans la
principauté Citérieure.
MINUSCULAIRE, f, m. Nom d'un Office ancien des
finances chez les Romains. Commis des Fermiers Se
des gens d'aftàires , ou petit foufermier, Minufcula-
rius , Minufcularius vecligalium.
tfT MINUSCULE.S f. f. Petites lettres dont fe fervent
les Imprimeurs , ainfi appelées pour les diftinguer
des majufcules ou capitales. Littera minufcula.
fCt Les Imprimeurs ne fe fervent guère de ce mot. Ils
difent plutôt lettres du bas de la callè , ou fimpie-
ment lettres du bas , parce que les minuscules fe
trouvent dans la partie inférieure de la callè.
MINUTE, f. f. Écriture fort menue , femblable à la
nomparçille de l'Imprimerie , dont on fe fert quand
on veut écrire un grand difcours en petit volume.
Minufcula fcriptura.
Ce mot Se (es dérivés viennent de minuta Se mi-
nutus.
Minute , fignifie aullî un brouillon , un original de
ce qu'on écrit d'abord pour en faire enfuite une
copie , & le mettre au net. Scripium primarium.
Cet Avocat a donné fa minute de grief à groftoyer ,
M I N _
à mettre en grotîe, au net. Ce n'efl-là qu'une mi-
nute , qu'un projet de notre tranladiou qu'on pourra
réformer.
Minute , fe dit particulièrement de l'original des adlcs
qui fe paffent chez les Notaires , des jugemens qui
s'expédient dans les Greffes, &c. qui font fignés des
parties , ou des Juges ^ Se fur quoi on délivre des
grollcs , & des expéditions authentiques Se exécu-
toires. Primores tabula, Prototypum fcriptum , pro-
totypon. Les Notaires fontGardcnotcs du Roi , c'ell
à-dire , des minutes des aéles. Quand on s'inlcrit en
faux contre un aéle , il faut apporter la minute
originale au Greffe. Il eft défendu d'envoyer à Rome
des minutes des procurations ad rejlgnanduin.
Minute , en termes de Géométrie Se d'Allronomie ,
cft la foixantièmc partie d'un degré ou d'une heure.
Minutum primum. Le diamètre du foleil fe voit fous
un angle de 3 1 minutes en hiver : & 5 1 en été.
L'élévation du pôle à Paris eft de 48 degrés 50 mi-
nutes. Les minutes dans les Tables aftronomiques
font marquées par un accent aigu' , les fécondes par
deux", les tierces par trois'". §CF Dans le fbyle
familier & de converfation , on le dit d'un très-
petit efpace de temps qui n'cft pas précifémcnt dé
terminé. Temporis punclum. Attendez moi j je re-
viendrai dans la minute , dans le moment.
Ce mot vient de minus Se de minutus.
Minute, en termes d'Architedbure, eft une partie du
module. Moiuli pars. Le module fert à mefurer
toutes les parties d'un ordre. Voye^ Module.
Minute , quand il s'agit de poids , eft la i.\^ partie
d'une prime , qui eft la 24* partie d'un grain. Oza-
NAM. Momentum.
MINUTER. V. a. Drelfcr une minute. Perfcribere , in
commcntarios referre. Ce contrat eft minuté ^ tout
drelfé chez le Notaire , il ne refte qu'à le figner.
Minuter , figniSe fîgurémcnt , Projetter quelque cho-
fe , arranger les moyens pour l'exécution d'un def
fein. Moliri , Jiruere , excogitare. Minuter Cecvctc-
ment quelque entreprife. Vaug. Ce Marchand mi-
nute fa fuite , s'apprête à faire banqueroute. Il y a
long temps qu'un tel minute fa retraite.
MINUTIE. ( on prononce Minucie ) f. f. Bagatelle ;
petite chofe , & de peu de conféquence. Minutie ,
res frivola , futilis , inanis. Il ne faut pas s'arrêter
à ces minuties. On a épluché cette affaire jufqu'aux
moindres minuties , jufqu'aux plus petites circonf
tances. Le Juge ne s'arrête pas aux minuties : c'eft
îln proverbe Latin j De minimis non curât Prcetor.
Le mot de minuties a enfin franchi les bornes de
la langue Latine. Il ne paroiffoit d'abord qu'en
lettres Italiques dans nos livres imprimés , comme
un peu honteux de l'honneur qu'on lui faifoit ; au-
jourd'hui il va la tête levée , habillé à la Françoife.
S. ÉVR.
Minuties , fe dit aullî des bagatelles, & des plus pe-
tits défauts dans le ftyie. Tricéi , nugtt , apinit. Un
bon Ecrivain ne doit point s'attacher aux minuties :
c'eft le caraélère d'un petit efprit de vétiller. S.
EvR.
^ MINUTIEUX , EUSE. adj. Qui s'attache aux mi-
nuties , qui s'occupe des petites chofes , qui y don-
ne trop d'artention. Homme minutieux. Femme
minutieufe. Efprit minutieux. L'amour eft une pal-
fion minutieufe. Les caraétères minutieux fe tour-
mentent eux mêmes. Se , qui pis eft, ils tourmen-
tent les autres à propos de rien. Ce mot a beau-
coup de rapport avec frivole Se futile. La différen-
ce ne conhfteroit elle pas en ce que l'homme mi-
nutieux prend , & veut qu'on prenne les minuties
dont il s'occupe pour des chofes importantes ;
L'homme frivole s'occupe de petites chofes , com-
me le minutieux j mais fans y attacher une idée
d'importance.
AIINUTIUS. f m. Terme de Mythologie. Dieu du
Paganifme j que les Gentils imploroient pour toute
les petites chofes , comme pour les petits ouvrages
pour les petites affaires , pour les petits difcours ,
Tome y.
M i Q loi T.
pour les petits voyages ; en un mot , pour le: mi-
nuties. Il avoit un Temple à Rome auprès de \x
porte Minuria , qui tiroit fon nom de lui, Feftus »
Lampnde , Se d autres patient de ce dieu.
M I O.
MIOLANS. Nom d'un château du Duché de Savoics
Mwianum. Il efl à deux lieues de Montméiian ,
vers le nord , vis-à vis de l'embouchure de l'ArO
dans 1 Isère. Ce château eft fort par fa fituatioii
fur un Rocher fort haut & cfcarpé de tous côtés.
Matv.
MION. f. m. Mot qui vient du Grec («tio» , & qui
lignifie , Plus petit. Minor. On ne l'emploie qu'en
riant ; pour fignifier un petit garçon. Quel petit
mion eft-ce là>
C'eft en quelques pays le nom d'une petite me-
fine de vin.
Mion. Nom d'un bourg de France. Sancli Medulfi
aqu£. Il eft en Auvergne , fur la petite rivière de
Mvrge à deux lieues de Riom. Il y a à Mion des
eau:^ minérales Se chaudes qui font excellenres con-
tre les vertiges Se la fièvre quarte.
De Médulfe , on a fait Méoulf , Mioulf, Mioul ,'
Mion.
MIOSSAN , ou MIOXAN. Nom d'une rivière du
Poitou. Medioximus. Le Mioxan fe joint à Novaillé
au Clin, qui fe rend lui-même dans la Vienne. Va-
lois , Not. Gall. pag. 37 J. après Maffon.
MIOSTADE. f f. Efpèce de petite ferge qui efl
moins forte que les oftadcs. Il s'en fait beaucoup à
Amiens.
M I P.
MIPARTIR. V. a. Partager par le milieu. Per médium.
dividere. Il n'eft pas en utage.
MIPARTIj lE. adj. (' Quelques uns écnvem mi parti
en féparant le mi de parti avec un machaph , ou
petit tiret. ) Qui eft divifé en deux parties égales ,
mais différentes : qui eft de deux couleurs , moitié
par moitié , ou de deux matières. Robe mi partie
d'écailate Se de velours noir. Bipartitus , difperti-
tus. Les Echevins ont des robes mi-parties de rouge
Se de noir. Les Bedeaux des Églifes , &: ceux qui
accompagnent les Maîtres Se Gardes de la marchan-
dife dans leurs vifites , ont des ïobes mi parties.
MiPARTi , en terme de blafon , fe dit de deux Ecus cou-
pés par la moitié , qui font joints enfemble en un
feul écu , en forte qu'il n'en paroît que la moi-
tié de chacun , comme il arrive louvent à ceux qui
veulent joindre aux Armoiries de leurs maitons,
celles de leurs femmes. Bipartitus , difpertitus. On
appelle auifi mi parti , l'Ecu qui étant coupé , eft
parti feulement en une de fes parties.
On appelloit Chambres mi parties , les Chambres
de l'Edit , parce qu'elles étoient compofées de Juges,
moitié Catholiques , Se moitié de la ReliL;ion pré-
tendue Réformée. Decuria bipartitorum judicum.
On dit auiîl , que les avis font mi-partis , que les
opinions font mi parties , lorlqu'il y a un nombre
égal de voix des deux côtés. Les Sénateurs étoient
mi-partis,
M I Q.
MIQUELET. f m. §Cr Les Miquelets font des pay-
fans Efpagnols qui habitent les Monts Pyrénées,
principalement fur les frontières de la Catalogne Se
de l'Arragon. Ce font des gens féroces , pillards
Se meurtriers. Malheur aux Voyageurs qui patient
dans leurs montagnes , s'ils n'ont pas eu la précau-
tion de prendre quelqu'un d'eux pour guide. Dans
les guerres contre l'Efpagne , qui fc font dans ces
quartiers, les Miquelets font à craindie. Les mon-
tagnes du pays qui ne font acceiîîbles qu'à eux feuls,
les favorifent.
^ L'Efpagne a un corps de Miquelets dans fes Trou-
Mmmmmm ij
loiz ivi I Fv
pes : Se ils font d'une grande utilité dans les guci- '
rcs qui le font dans le pays de monugncs , parce
qu'ils font accoutumés dès l'enfance à gtimper fur
les rochers. Ils font armes de pillokcs de ceinture ,
d'une carabine à rouet , & d une dague au côté.
Mlles Pyrerijius.
MIQUELO r. f. m. Petit garçon qui va en pèlerinage
à S. Michel fur la met , Se qui fe fert de ce prétexte
pour gueuler. Percgrinusfancli Michaelis. On a cent
autrefois Michelot , comme on le trouve dans
quelques Dictionnaires.
On le dit par extenlion de ceux qui affeftent une
mine hypocrite. Cet homme croit faire pitié en fai-
fant le Miquelot. C'eft un terme populaire.
MIQUEMAC. Foyci Micmac.
MIQUENEZ. Nom d'une ville du Royaume de Fez ,
en Barbarie. Miquenefa. Elle cft dans la province de
Fez, à douze lieues de la ville de ce nom , à qua-
rante de Salé, &c à foixante de Tétouan.
M I R. I
MIRA. f. f Ceft une étoile fixe qui eft au cou du
cygne.
Mira. Voye:^ Limira.
MIRABEAU. Petite ville de France fituéedans le Poi-
tou j à quatre lieues de Poitieis , vers le nord-eft .
Mirahellum. Elle eft capitale d'un petit pays qui
porte le nom de Mirebelais , ou Mircbalais. Maty.
MIRABELLE, f. f. Nom d'une efpèce de 03" petites
prunes jaunâtres, dont la chair eft allez ferme j te-
nant un peu de la nature de l'abricot. La mirabelle
cft bonne & faine. Elle cft excellente à confire.
MIRABELLO. Cajîd Mïrabdlo. Village avec un bon
port, & un ch.ateau fort, environné de tous côtés
des eaux de la mer. Caftrum Mirahellum , ancienne-
ment Heraclea. Il eft fur la côte feptentrionale de
Candie , à trois ou quatre lieues de Spixialonga , vers
le midi.
MiRABELio. Capo di Caflel. 'Voyez Zuane , Cap.
MIRACH. f. m. C'eft le nom d'une étoile fixe de la
féconde grandeur , qui eft dans la ceinture d'Andro-
mède.
fCr MIRACLE, f. m. Miraculum. Ce mot figuine
quelquefois , dans un fens populaire , un prodige
qui nous furprend par fa nouveauté. Miraculum
voco , dit S. Auguftin , quidquid arduum aut infoli-
tum fuprà fpem vel facultatem mirantis apparec :
mais dans un fens plus exaét Se philofophique , il
fignifie un effet qui n'eft point une fuite des lois
naturelles. Maleb. Miiaculum propriè dicitur ,quod
fit pnter ordinem totius nature , jub quo concinctur
oinn'is virtus crcata. Un miracle cft donc un eftet
extraordinaire & merveilleux , qui eft au dellus des
forces de la hature ; que Dieu fait pour manifefter
Ton amour, ou fa puilïance. Jésus Christ a prouvé
la vérité de fon Évangile par le grand nombre de
miracles qu'il a faits tandis qu'il étoit fur la terre.
Ce font des miracles que de relluiciter des morts ,
guérir les muets , les aveugles , les paralytiques , &
délivrer des pollédés. Jofué fit un grand miracle ,
en arrêtant le cours du foleil. On ne canoniie un
Saint , qu'après avoir bien vérifié les miracles qu'il a
fiiits. Les Payens ont attribué des miracles à Velpa-
fien , â Adiien, &: au fameux Magicien Appollone
de Thyane , dont Philoftr.ite a écrit la vie fur le
modèle de celle de J. C. Spinofa nie qu'il puifte
rien arriver au-delïïis des forces de la naturcjrien
qui trouble l'ordre des choies ; QCT parce que , dit-
il , les lois de la nature ne font autre que les décrets
de Dieu. Or les décrets de Dieu font immuables.
Les lois de la nature ne peuvent donc changer.
Donc un vrai miracle eft impoftlblc , puilqu'on le
dit contraire aux lois ordinaires de la nature. C'eft
pourquoi il définit le miracle un événement rare
qui arrive en conléquence de quelques lois de la
nature qui nous font inconnues ; mais il faut être
fou pour prétendre que h. guérifon fubire d'une
m?.ladie invétérée , ou qu'on a apporté en naiftànt.
M I R
& faite d'un feul mot , comme celle de l'aveugle
né , la réfurredtion d'un mort , la prédiction d'un
fait , qui dépend des volontés libres de pluhcurs per-
lonnes , Se qui eft prédit long-temps avant , & dans
toutes fes circonftances J Sec. (oient des fuites des
lois de la nature. $3" Le raifonncment de Spinofa
ne prouve rien contre la pollibilité des miracles
dans le fyftème de M. l'Abbé Houteville, qui fup-
pofe que les miracles font le rélultat des lois gé-
nérales de la nature , une luite de l'harmonie des
lois que Dieu a établies pour la conduite Se la con-
fervation de Ion ouvrage : mais c'eft un effet rare
& furprenant , qui ne dépend point des lois géné-
rales , ordinaires & connues , qui turpafte l'intelli-
gence des hommes , dont ils ignorent la caufe , Se
qu'ils ne peuvent produire par leur induftrie.
IJCr Dans I^ç'jfyftème des autres Théologiens le rai-
fonncment 'de Spinola porte iur une tauiîe (uppo-
fition. La volonté de Dieu cft immuable , mais elle
cft en mcme-temps libre. Les miracles entrent dans'
l'économie de fes deflcins ; il les a arrêtés de toute
éternité pour le moment où ils doivent arriver.
Opéra mutât , conjilia non mutât ^ dit S. Auguftin.
Les lois de la nature ne lont autre chofe que la
volonté de Dieu même. De toute étenùté Dieu a
voulu J d'une volonté libre Se particulière , produire
un effet diftérent de celui qu'il produit par le ccurs
ordinaire Se connu de la nature. Cette interruption ,
cette luipenlion des lois générales , de la volonté
générale de Dieu , ne marque dans Dieu , ni légè-
reté, ni inconftance ; mais elle eft au contraire une
preuve de fa toute puiilance. Il y a deux extrémités
dangereufesj de crédulité ou d'incrédulité à l'égard
des miracles. Les uns fous prétexte de la toute puif^
lance de Dieu adoptent tous les miracles indiftinc-
tement. Se apportent pour preuve de ceux dont on
doute J ceux dont il n'eft pas permis de douter. Les
autres s'imaginent qu'il y a de la force d'efprit à
douter des miracles , alléguant les faux miracles pour
preuve contre les véritables ; Se loutiennent que
Dieu ne fait pas tout ce qu'il peut faire ; Se qu'au
fond tout ce qu'on dit des vrais miracles en géné-
ral , ell trè5 foible pour perfuader d'un miracle en
particulier. Log. J'aime une dévotion éloignée de
l'imbécillité qui fe forge des miracles fur tout , Sc
qui fe perluade qu'il arrive à toUt moment descho-
fes extraordinaires. Touz*miracle qui conduit au
menfonge & au crime, eft faux. S. EvR. La crédulité
populaire établit de faux miracles , comme la vainc
lubtilité des Savans refufe d'en reconnoître de véri-
tables. Fl. Il n'y a rien de moins railonnable que
de fe conduire par des lieux commun"; , foit pour
embraller tous les miracles , ioit pour les rejetter
tous ; mais il les faut examiner pir leurs circonf-
tances particulières, & par la fidélité Se la lumière
des témoins qui les rapportent. Log. Tout homme
de bon fens j quand il n'auroit point de piété, doit
reconnoître pour véritables les miracles que S. Au-
guftin raconte dans fes Confeifious , ou dans Li Cité
de Dieu , être arrivés devant fes yeux , ou dont il
témoigne avoir été très parriculièrement informé
par les perfonnes mêmes à qui les chofcs étoient
arrivées. Id. C'eft ôter à la Religion un de fes plus
folides fondemens , que d'ôter aux vrais miracles
l'autorité qu'ils doivent avoir pour la confirmation
de la vérité. Et c'eft détruii e entièrement cette au-
torité des miracles , que de dire que Dieu en fallc
pour récompenfer un culte fuperftitieux Se idolâ-
tre. Or , c'eft proprement ce que les Hérétiques
font, en traitant, d'une part, le culte que les Ca-
tholiques rendent aux Siints Se à leurs reliques
d'une fupcrftition criminelle ; & ne pouvant nier
de l'autre , que les plus grands amis de Dieu , tel
qu'a été S. Auguftin , par leur propre coiff'ellîon ,
ne nous aient affuré que Dieu a guéri des maux in-
curables , illuminé des aveugles , reflufcité des
morts , pour récompenfer la dévotion de ceux qui
invoquoient les Saints, Se révéroient leurs reliques.
lo. Un homme lâge doit regarder les vrais miracles
I
M I R
■ comme le bngage de Dieu , ce font les figncs dont
il n'y a que Dieu qui puille fe fervir pour autouki'
les véiités qu'il nous veut apprendre , & ce l.ing.igc
cfl: intelligible à tous ceux qui cherchent liiicérc
me t la vérité.
M. de la Motte dans fon Pocme des Apôtres ,
parle dignement des Miracles que Dieu opcra par
leur miniftère.
Déjà fa voix féconde enfante les Miracles;
La nature foumife attcjle fes Oracles ;
V Aveugle fent f es yeux s' éclaircir fous fa main ^
Le Boiteux à fon gré marche d'un pas certain.
Sur tous les malheureux fes dons vont fc répandre :
Le Muet parle au Sourd étonné de l'entendre. . . .
Voilà deux Miracles bien exprimés dans un fcul
vers.
On appelle figurément Miracle , un événement
dont on ne connoît pas la caufe.
Miracle j fe dit auffi dcschofes extraordinaires «Se fur-
prenantes que font les hommes ; de ce qui eH ex
trémement beau & eftimable , digne d'admiration.
Mirum , Jîupendum , mirandum. Ce Prédicateur a
bien prêché, il a fait des miracles. Il fit des mira-
cles de fa perfonne dans le combat.
Achile à qui le Ciel promet tant <f? miracles. Rac.
Cette beauté cft un miracle de la nature , une
merveille. Cette machine eft un chef-d'œuvre , un
miracle de l'art. La conjuration de Portugal fut l'ou-
vrage & le miracle du fecret. Bouh.
Ce n'était plus ce miracle d'amour ,
Qui devait charmer tout le monde. La Font.
Miracle , fe dit auflî par hyperbole dans des chofes
moins rares. Mirum , rarum. C'cll un miracle de
vous voir , un miracle de vous trouver chez vous.
A Miracle. Sorte d'adverbe. Parfaitement bien. Ad
miraculum , optimè. Cela efl: fait à miracle. Il s'eft:
acquitté à miracle de fa commiflîon. Exprelîîon fa
milière.
On dit proverbialement & ironiquement , qu'un
homme a fait miracle , quand pat maladrelfe il a
brifé j ou cafTé quelque chofe. A Paris , il y avoir
vin lieu où s'alfembloient les gueux après leurs quêtes
de la journée pour faire bonne chère enfcmble , &
on nommoit ce lieu-là , Cour des miracles , parce
qu'après avoir contrefait les eftropiés , les aveugles ,
les blelfés , &c. ils quittoient leurs emplâtres j leurs
béquilles , & toutes les autres marques de leurs
infirmités qui n'étoient qu'apparentes. Au ballet de
la nuit, danfé par Sa Majefté en 16J3. la quator-
zième entrée de la première partie , étoit la Cour
des miracles , où fe rendent le foir toutes fortes de
gueux & d'eftropiés, qui en fortent fains & gail-
lards. Ce proverbe : Il n'efl: miracle que de vieux
Saints , ne peut être venu que de ceux qui étoient
d'opinion qu'on s'adrefsât plutôt aux Anciens Saints
qu'aux modernes. Apol. pour Hérodote , ch. jp.
art. 12. ta. 3. p. 30c. Ce proverbe fe trouve dans
Cot£;rave.
MIRACOR-BACHI. f. m. Terme de Relation. Nom
d'un grand Officier de la Cour de Perfe , c'eft le
Grand Écuver.
MIRACULEUSEMENT, adv. D'une manière miracu-
leufe. Divinitus , prêter naturel, vim. Saint Pierre fut
délivré de fes liens miraculeufement par un Ange. Il
échappa miraculeufement du naufrage.
MIRACULEUX , EUSE. adj. Qui appartient au mi-
racle. Miraculi plenus. On ne peut attribuer une
telle guérifon qu'à une effet miraculeux. Un fecours
miraculeux deh part de Dieu fuppofe de la foiblelfe
Se de l'impuiflànce dans le Héros. Le P. le B. Si
M I Pv îoî^
Dieu agiffoit toujours d'une manière mircculeufe ,
on fcroit comme torcé à le reconno'itre , & alors il
n'y auroit plus de toi. Nie.
Miraculeux _, lignifie aullî , Merveilleux, admirable.
Muandus , mirabdis. Voilà un ouvrage miraculeux ,
qui cit excellent. Virgile a hiic un Pocnic inuacukux.
Action miracultujc.
MIHADOUX. Petite ville de France , dans le Bas-
Armagnac, élection de Lomagne.
MIRAFLORES. Petite Ville de l'Amérique méridio-
nale , au Pérou , dans 1 Audience de Lima.
MIHAIlLÉ , EE. adj. Ferme de Blafon , qui fe dit
des marques ou taches que les paons ont fur kurg
queues, ou les papillons (ur leurs ailes, quand ils (ont
repréfentés fur des Ecus , parce qu'ils ont quelque
relfemblance aux miroirs. Variatus , dtfcolor , diver-
fuolor. Il portoit d'argent au paon rouant d'azur,
miraillé d or,
MiKAMAK. Nom d'un ancien bourg de la Catalogne.
Miramarum , Olcajlrum. Il eft près de la côte à
cinq lieues de Tarraconc , du côté du couchant.
Maty.
MIRAMOLIN. f. m. Ce mot fignifie , Chef, ou Prince
fidelle. C'étoit chez les Maures un nom commun à
tous leurs Princes. MiramoUnus , MiramomoUnus ,
Miramomelinus , Miramummelinus , Almamunus ,
Amoramomominus , Amormominus , HemirmomeU~
nus , Mmnimmus, Armral-mumaminus.
MIRAMONTS. Mirabilis mons. Ce lieu eft dans la
haute Auvergne. C'eft une petite ville , ou château
ancien , fitué fur une montagne. Valois , Not. Gall.
p. 3j-o().
MIRANDA, ou MIRANDEd'Efpagne. Foyei Eu.
MiRANDA DE DouRO. Nom d'uuc ville de la province
de Tra-los Montes , en Portugal. Miranda Duriana.
Elle eft fur le Douro , aux confins du Royaume de
Léon , à fcpt lieues de Bragance. Miranda eft bien
fortifiée , & a un Évêché tlitfragant de Braga. Maty.
Miranda de ébro. Nom d'une petite ville de la Cal-
tille vieille , en Efpagne. Miranda , Iberica. Elle
eft fur l'Ebre , aux confins de la Bifcaye , & à
douze lieues de Burgos.
MIRANDE. Nom d'un bourg de la Gafcogne , en
France. Miranda. Il eft dansl'Efterac fur la Baife ,
entre Auch & Tarbe , à quatre lieues de la pre-
mière , &: fix de la dernière. Maty.
Mirande , ou MiRANDOLE. Nom de la ville capitale
du Duché de la Mirandolc. Mirandula. Elle eft à
dix lieues au couchant de Ferrare. Cette ville efl
forte , & défendue par une bonne citadelle , réfi-
dence ordinaire du Prince delà Mirandole. Ce nom
ne fe dit point fins l'article. La Mirandole , de la
Mirandole , &c. Jean Pic de la Mirande , ou de
la Mirandole , quoique mort jeune , palla pour un
prodige de fcience vers la fin du XV= fiècle , juf-
qu'à être foupçonné de Magic , & de commerce avec
le démon.
L'État , ou la Principauté de la Mirandole. Mirandu-
lanus Ager. C'efî une Souveraineté de la Loinbar-
die , en Iralie. Elle eft entre le Ferrarois , le Modé-
nois & le Mantouan. Elle n'a pas au delà de dix-
huit lieues de circuit , mais le terroir eft fort
fertile.
§3" MIRANDELA. Petite ville de Portugal , dans la
province de Tra los montes , lur le Tuelo.
MIRAUDER. v. a. Regarder avec attention. La Brin-
villiers monta feule & nuds pieds ("ur l'échelle & fur
l'échafaud, & fut un quart d'li£ure miraudee , rafce ,
drelfée & redreftée par le Bourreau. Ce fut un grand
murmure & une grande cruauté. . . Lett. de Madame
de Sévigné. On ne le trouve point ailleurs.
MIRAVEL. Ville d'Efpagne , dans lanouvelle Caftille,
à quatre lieues de Plazencia.
MIRAVET. Nom d'un bourg autrefois fortifié , & dé-
fendu par un château. Mïravetum. Il eft dans la Ca-
talogne , fur l'Ébre , à quatre lieues au-deft"us de Tor-
tofe. Maty.
MIRAUMONT. Nomd'un lieu du Périgord. Il eft fur
JOI4 M I R
la Véscre. Mirabilis nions. Valois , 2\Vf. Gall.
MIRAUr. Nom de chien. Le Jardinier fe plaignant
à Ton Seigneur d'un lièvre qui faifoic beaucoup de dé-
gât dans le jardni :
Ce maudit animal vient prendre fa goulée
Soir & matin, dit il ^ & des piepesfe rit:
Les pierres , les bâtons, y perdent leur crédit.
Il ejlforcier, je crois. Sorcier? je l'en défie.
Répartit le Seigneur. Fut-il diable , Miraut ,
En dépit defes tours j l'attrapera bientôt. La Font.
MIR-CHEKAR-BACHÏ. f. m. Nom d'un grand Otfi-
cier de la Cour de Perfe. C'eft le Grand-Veneur.
Summus Regiorum in Pe;fide Venatorum Pr^feclus.
MIRCOLION. f. m. Petit annnal qui vit dans le labié ,
qui ne voit jamais la lumière, qui dort tout 1 hiver j
qui ert tacheté de blanc 6c de roux , qui a deux cor
nés y qui eft gros comme une abeille , & qui vit de
mouches, qui pallent fur le (able où il eft caché.
MiRDA. Ville des Indes, lur la route d'Amadabat à
Agra.
Ip- MIHE , ou MYRE. f. m. Vieux mot qui fignifioit^
celui qui exerce l'art de guérir les maladies, Julqu'au
règne de Louis VIL qui mourut en 1 18 , il n'y avoit
aucune diftindion entre le Médecin & le Chirurgien.
Ces deux termes n'étoicnt pas encore.en uflige. "Tous
ceux qui exerçoient l'art de guérir les maladies , foit in-
ternes , foit externes, s'appeloient Mires , Myres,
Myeres , puis Maures. Ainii le mot Alire répond
exadement à Medicus , qui dans fa vraie lignifica-
tion _, Se jtifqu'au commencement du XIII. lîècle ,
délîgnoit tout homme qui exerçoit la Médecine & la
Chirurgie.
Ménage dit que ce mot vient de l'Arabe Emir,
•qui fignifie Seigneur, Prêtre. Borel le dérive du Grec
fiipsy, qui Ci^nifiC onguent ; parce que les Apothicai-
res , les Chirurgiens & les Médecins , étoient autre-
fois confondus , & s'appeloient tous «o;«eoj»< , comme
qui diroit , Faifeurs d'onguent. On dilbit en prover-
be , Après la mort le Mire , comme on dit aujour-
joùrd'hui , après la mort , le Médecin.
Qui veut la guérifon du Mire ,
// lui convient tout fon mal dire,
|C? Mire f. f. L'endroit d'un canon , d'un fufil , qui
fert à mirer. C'eft une marque fur la longueur d'iuie
arme à feu , qui fert de guide à l'œil de celui qui
veut s'en (ervir. Specularis pinnula. La broche eft
le point de mire de ceux qui tirent au blanc. Les
Canonniers ont des coins de mire pour hauller &
bailler le canon vers le point où ils veulent tirer. Ils
ont aullî des fronteaux de mire , qui font des mor-
ceaux de bois de quatre pouces d'épailleur , d'un
pied de haut , & de deux &c demi de long , que
l'on met lur la pièce de canon pour la pointer jufte.
Les Géomètres & Arpenteurs ont des points de mire ,
où s'arrêtent les rayons vilueis Se les points à oblcr-
ver , quand ils veulent lever un plan. Puncla colli-
nfûtionis.
§3" M; RÉ. adj. Terme de Chaffe , qui fe dit feulement
du langlier. On appelle Sanglier miré , un vieux
langlier dont les défenfes font recourbées en de
dans.
MIREBALAIS. Nom d'une petite contrée de France.
Mirahellenfis ager. Le Mïrchalais eft une partie du
Poitou , lituée entre le Loudunois , & le territoire
de Poitiers. Il prend fon nom de Mirebeau la capi-
tale. Le Mircbalais eft ferré de la rivière de Clain
du côté de l'orient i il a au feptentrion la Verdc ,
qui traverfe le pays, l'arrofe de fes eaux , &; le rend
fertile en toutes fortes de grains Se d'herbages.
MiREBAïAis , AISE. f. iTi. Sc f. Qui eft de Mire
beau , ou du Mirehalais. Mirahellenfis. Baudrand.
^ MIREBEAU. Ville de France dans le Poitou, ca
•pitale du petit pays de Mi rebalais.
M I B
MIRECOURT. Nom d'une petite ville de la Lorraine»
JMirecunium. Elle eft capitale du pays de Vaugc ,
& lituee lur la rivière de Maidon , à fept ou huit
lieues de Nanci & de Toul , du côté du midi. Maty.
Long. i}. d. ji'. lat. 48. d. 1;'.
MIREMONT, ou MIRAUMONT. Nom d'une ville
de France , fituée dans le Périgord , près de la Vé-
zère , environ à fix lieues au levant de Bergerac. Mi-
rernontiam. Long. 18. d. 26'. lat. 45. d. l z'.
MIREORS. f. m. Miroirs. Hélinand. Thibault , Roi
de Nav.
MIREPOIX. Nom d'une ville du haut Languedoc ,
iituée (ur le Lers , à quatre lieues de Foix & de
Pamiers , vers le levant. Caftrum Mirapicis , ou de
Miiapice. Mirapicum , Mirapicium , Mirapincum ,
Mirapi/ia. Mirepoix eft un Évêché fuftragant de
Touloufe. Maty. Valois , Not. Gall. p. 26. Long.
19. d. 32'. lat. 45. d. 7'
MIRER. V. a. Vifer à un certain point éloigné- ^3" Re-
garder avec attention le point où l'on veut que porte
le coup ; diriger à l'œil une .arme vers le point qu'on
veut frapper. Collineare j coUimare. Ce Canonnier
a miré à cette gueritte & l'a abattue. Pour faire une
carte topographique , on mire plulieurs clochers
qu'on découvre fous divers angles , dont on fait l'ob-
fervation. Mirer Ion gibier.
Ce mot vient de l'Elpagnol mirar, qui fignifie r«-
garder ; ou de mirari , qu'on a dit dans la balfe La-
tinité en la même lignification.
Mirer , avec le pronom perfonnel , fignifie, §3" Se
regarder dans un miroir ou dans quelqu'autre chofc
qui rend l'image des objets qu'on lui préfente. In
fpeculo fe intucri , confpicere , infpicere. Les lem-
mes ne celTent de fe mirer , pour voir fi elles font
bien miles.
Dans le crijial des eaux fouvent Philis fe mire ,
Et là contre mon cœur elle apprête fes traits.
Font.
^fcTOn dit , quon fe mire dans un parquet , pour dire ,
qu'il eft fort uni Se luilant : qu'on le mire dans la
vailTelle , pour dire j qu'elle eft très-claire & très-
nette.
On dit en termes de Mer , que la terre fe mïrei
pour diiCj que les vapeurs font paroître les terres
de telle manière, qu'il femble qu'elles foienc élevées
fur de bas nuages.
Mirer. Terme de Manufafture. Il fignifie , dans la
fabrique des draps , Examiner , regarder à contre-
jour une pièce de drap déployée Se étendue fur la
perche , pour connoîtie s'il n'y a point de défauts
de tares.
Mirer. Terme de Joaillier. On taille fouvent au qua-
dran le diamant & les autres pierres fines ; moins
on leur donne de facettes & d'angles , plus elles font
veloutées , & mirent en forme de glace de miroir.
On dit proverbialement , qu'un paon fe mire dans
fa queue , ce qui fe dit figurément d'un fot glorieux,
qui fiit vanité de fi bonne mine _, ou des autres
bonnes qualités qu'il croit avoir. Il fe mire dans Ion
ouvrage. Main.
MIREVÀUX. Mira vallis. Petite ville de France , dans
le Bas Languedoc.
MIRIOFIDL f. m. Nom d'un bourg de la Romanie,
lltué fur la mer de Marmara j entre Gallipoli Sc
Rudifto. Merio/zi/iJiOT. Quelques-uns le prennent pour
l'ancienne Myreophitos^ Ville épilcopale de la Thrace.
Maty.
MIRLICOTON , ONE. f. m. & f. C'eft une forte de
grolle pêche jaune , & de pavie jaune , qui mûrit
fur la fin de l'automne. Ce terme eft un mot de Gaf-
cogne. La Quint.
MIRLIPOT. f m. Sauge infufée dans de l'eau chaude,
qu'on prend quelquefois en guile de thé.
'■^ MIRLIRO. f. m. Terme du jeu d'hombre. Ce font
les deux as noirs fans matadors. Celui qui les a ,
reçoit une fiche de chaque joueur, s'il gagne j Si la
paye, s'il perd.
M I R
MIRLIROT. f. m. Sorte d'herbe champêtre qui fleurit
jaune , qui poulFe une tige haute , ôz qui a une odeur
adez lorte. Le inidiroc vient dans les avoines ik. dans
les terres fortes.
On dit proverbialement. J'en dis ànmidlroc; c'cft-
à dire , je ne m'en fbucie point; je m'en moque.
F/otci , ou nih'di fado non euro. Mais cette (orte de
façon de parler n'cll: que du petit peuple de Paris.
C'ed pourquoi Bourfauit dans fon Élopc fait ainli
palier Pierrot.
Mais tenc\franchcmcnt , j'en dis du mnlirot.
Tejledié ! je fuis las d'être appelé Pierrot.
BOURSAULT.
MIRLITON, f. m. On a d'abord appelé Mirlitons les
Louis d'or de trente-lcpt & demi au marc. Ce mot
a été à la mode pendant quelques années ■, ^3" on
en tait un terme équivoque auquel on a atttaché
dirtércntes idées, dont quelques uns n'étoient pas
honnêtes. Il a lignifié particulièrement une Flûte à
oignon.
MIRMIDON. Foyei Myrmidon.
MIRMILLON. f. m. Mirmillon, & félon quelques-
uns , Myrmillo. Sorte de Gladiateur qui étoit armé
d'un bouclier & d'une faux : il y avoir une figure
de poilfon (ur ion calque, yoye^ Juste-Lipse, Satura.
Serni. L. II. c. to. •■
j^ MIROIR. (. m. C'eft en général tout corps dont
la lurbce polie rend par réflexion la rellemblance
des objets qu'on lui préfente. Tout corps poli qui
ne donne point pallage aux rayons de lumière. Si.
par coriléquent les réfléchit. L'eau d'un ruilîeau un
peu protond , les métaux bien polis &:c. font autant
de miroirs.
liCrDans une acception particuliète , c'eft une glace
de verre fort unie, étamée par derrière , c'eft à dire ,
enduire avec une feuille d'ét.ain tk du vif-argent qui
repréfente les objets qui lui lont prélentés. Spéculum.
^Zr On tait des miroirs de verre ou de criftal , d'acier &
d'autres matières fort polies. Le miroir plat ou plan
eft c^iui dont toute la turtace eft parfaitement plane,
ou de niveau , ce qui fait qu'il repréfente les objets
tels qu'ils font. Planum. Miroir convexe ; celui qui
les repréfente plus petits. Convexum. Miroir concave,
qui les repréfente plus gros , & qui fait fortir l'i-
mage au dehors jufqu'à ion foyer. Concavum. Miroir
ardent , eft une elpèce de' miroir , lequel étant expoté
au foleil en raflemble tellement les rayons dans le.
centre , qu'il brûle prefqu'en un moment ce qui lui
eft préienté. Spéculum igniarium , cauflicum. Il y a
des miroirs ardens de verre; il y en a aulîl d'acier ^
ou de métal. Les miroirs ardens de verre j ont le;
deux fuperficies convexes; les autres concaves, Se
brûlent par la réflexion des rayons du foleil, la-
quelle les rend convergens. Les miroirs de verre
brûlent , parce que les deux fuperficies convexes %c
polies qui le compoient ramaflent pludeurs rayons
de lumière en un , de forte que route la prellion
diipcrféc tendant fur un même endroit , il s'y forme
une grande agitation , qui donne moyen à la matière
fubtile de s'échapper copieufement d'entre les glo-
bules: ainfi fes forces devenant plus grandes , elle
peut détacher les particules des corps folides qui fe
rencontrent dans fon chemin. Un des plus grands
miroir ardens qui aient été faits, eft celui du fieur
Vilette de Lyon , qui eft à la Bibliothèque Royale.
Il a trente pouces de diamètre , le point brûlant eft
diftant d'environ trois pieds , fon foyer eft large
comme un demi-louis d'or. Il fait prendre feu au
bois vert dans un inftant. Il a percé une pièce de
quinze fous en 24 fécondes , & un morceau de fer
blanc en iîx fécondes j un refl'ort d'acier d'horloge
en neuf fécondes ; un carreau de chambre s'eft vi-
trifié Se mis en bouteilles en 45 fécondes. Depuis j
le même Vilette en a fait un de 45 pouces de dia
mètre. Sa concavité eft de trois pouces. Son foyer eft
éloigné de la glase de trois pieds fept pouces , 6c
M 1 R icij
il r«nvoie les cfpèces ik les images à plus de quinze
pieds de diftance ; & 3. la lumière d un flambeau,
il tait lire de cinq cens pas. Il y en a encore un qui
le lurpafle en grandeur ; c'eft celui du licur de la
Garoullc, Gentilhomme du Qucrcy. Il a cinq pieds
un pouce de diamètre. M. Tlchirnhaus de l'Acadé-
mie Royale des Sciences , en a conftruit un plus
grand que tous ceux-là. Il eft de cuivre. Il brûle avec
tant de violejice , que les Chimiftcs qui favent bien
ménager toute la force du feu j n'en connoiflent
point d'eftet il rapide Se lî violent. En plaçant du
plomb , ou de l'étain dans le loyer , il tombe en
gouttes par terre , Se cil liquélié en un moment :
il convertit auifi en un inltant les tuiles en verre.
On le garde dans le cabinet de M. l'Élccicur de
Saxe. Le même M. Tlchirnhaus en a fabriqué un
autre de verre , lequel brûle par rétraction comme le
preniitr par réflexion. M. le Uuc d'Orléans en a un
de la taçon du même Tfchirnhaus , lequel a des
efléts merveilleux Se f'urprenans. Le ij de No-
vembre 1701. M. Homberg fit un difcouri dans le-
quel il rapporta quelques expériences fort iingulières,
qui tont voir que l'or (Se l'argent font volatiles au fsii
du iolcil , comme les autres métaux, le iont au feu
des fourneaux. Ce grand miroir ardent , ou verre
brûlant , que M. le Duc d'Orléans garde au Palais
Royal, eft une lentille de trois pieds de diamètre,
dont le foyer eit à douze pieds , mais rapproché à neuf
par un autre lentille d'un pied de diamètre, diftante de
huit pieds de la gtande. Ces deux lentilles ie répondent
exactement, &ibnt montées iur deux mêmes bras de
■ levier , qui fe meuvent fut des roues , Se qu'on peut
hauflèr Se bailler , fclon la hauteur du foleil. C'eft
en 1701. que M. le Duc d'Orléans fit venir ce mi-
roir d'Allemagne. J^oye^ les Mémoires de Trévoux
du mois de Janvier 1705. Il a vingt-deux pouces de
diamètre. Un miroir cylindrique , un miroir conique ,
font des miroirs en forme de cylindres j ou de cônes,
qui défigurent extrêmement les objets , Se qui fer-
vent à faire des pertpectives iurprenantes , en
rétabliilant leurs parties défigurées dans leur jufte
fituation. Les Jéiuites de Prague ont découvert une
manière fort iingulière de porter le feu , fpécula-
tivemcnt , auflî loin qu'on veut , Se pratiquement
à cent, deux cens pasj Se même davantage, par le
moyen de miroirs paraboliques : ce qui donne quel-
que lieu ck croire que ce que l'on dit d'Archimèdc j
qu'il brûla la flotte des Romains de delfus les murs
de Syracufe avec les rayons du foleil , quelque in-.
concevable que cela toit , n'eft pas incroyable.
§3° M. de Buflon a inventé un miroir qui , a i jo pieds,
par un toible foleil de printemps , a très-prompte-
ment enflammé des planches de lapin Se de hêtre
goudronnées. On peut juger delà , de l'eftet qu'il
pourroit faire par un beau foleil d'été j fur-tout s'il
étoit réuni avec quelques autres. Trois miroirs de
cette eipèce pourroient porter le feu à plus de 400
pas. On conçoit bien que ce ne peut être ici un
miroir concave & d'une feule pièce : c'eft un affem-
blage de petits miroirs plans, un compofé de j68
glaces étamées , chacune de 6 pouces fur 8 , éloi-
gnées les unes des autres d'environ 4 lignes , fi bien
que chacune peut fe mouvoir en tout fens , indé-
pendamment de toutes les autres , Se laille voir à
celui qui opère j l'endroit où il faut conduire &
réunir fes rayons, cela nous approche du célèbre
miroir ardent d'Archimède.
Les Dames ont aulîl des miroirs de poche , des
miroirs de toilette. Son miroir lui diloit , Prenez
vite un mari. La Font. L'eau tranquille eft un mi-
roir naturel où fe mira Narciflc.
On dit des meubles , des planchers bien frottés,
bien luifans , qu'ils lont clairs comme un miroir.
§CF L'ufige des miroirs eft très ancien. Il eft parlé de
certains miroirs d'airain, au ch. 58. de l'Exode, v.
8. où il eft dit que Moyfe jfr un hafftn d'airain des
miroirs des femmes qui fe tenaient affiduement à la
porte du tabernacle. Il eft vrai que quelques Com-
mentateurs modernes prétendent quî ces miroirs
ioi6 M I R
n'étoient pont d'anain , nuis qu'ils étoient de vei-fc
& enchîHes leuitmcnt dans de l'airam. Mais il e(t
certain qu'on a Fait autrefois des miroirs d'airain , tk
les plus lavans Rabbins mcmc conviennent que dans
ces temps là chez les Hébreux , les Femmes le 1er-
voient de miroirs d'airain pour le coefter^ & qiie
les dévotes , dont il eft parlé en cet endroit de
l'Exode , donnèrent à Moyfc leur miroirs pour en
faire le ballui d'airain, roye^ fur ce pallage le
Commentaire de BonFrerius Jétuice. Les Grecs 01« eu
aulli autrefois des miroirs d'airain, comme il leroit
ailé de le prouver par beaucoup de paliages d'anciens
Poètes. On voit même dans Aiiltophanc qu'ils avoient
des miroirs atdcns de verre. Les Chinois Se autres
peuples le fervent encore de miroirs d'airain , ou de
métal.
Miroir, en termes de Marine , eft un cadre ou car-
touche de menuifeiie placé à l'arrière du vailkau ,
chargé des armes du Prince à qui il appartient , ou
de 1 image de celui qui donne le nom au vailléau.
Imago corcumatka. On l'appelle auffi la Tutelle ,
h Dieu conduit, le Fronton.
Miroir , en termes d'Architeéture , c'eft dans le pa-
rement d'une pierre , une cavité caufée par un gros
éclat quand on la taille. Ce font auffi des ornemens
en ovale qui fe taillent dans les moulures creufes ,
& font quelquefois remplis de fleurons.
§C? Miroir. Terme de Mettcur-en-œuvre. C'eft un
efpace uni réfervé au fond d'une pièce , d'où partent
les gaudrons comme de leur centre.
§^ En termes de manège on appelle un cheval bai
à miroir , quand il a des taches d'un bai plus obfcur.
Et Cheval miroité ou à miroir , un noir pommelé ,
qui a des taches plus noues & plus luifantes que le
relie de fon poil, f-^iriegatus.
^ (Eufs au miroir, terme de cuilînc. Ce font des
œufs cuits fur un plat enduit de beurre , fans être
brouillés.
§Cr Miroir , en termes de chalîe. C'eft un petit ini-
trument garni d'un miroir ou morceau de verre
monté fur un pivot fiché en terre , dont on fe fcrt
pour attirer les alloucttes & autres petits oifeaux
dans les filets.
Miroir , en termes d'Eaux & Forêts , fe dit des places
entaillées , & marquées avec le marteau fur les arbres
pieds-cornieis, tournées en forte qu'on puilFe mirer
en droite ligne d'un pied cornier à l'autre; &: le côté
où fe fait cette marque , eft appelé Face. Ces mi-
roirs font aulli appelés Plaques.
Miroir de l'œil. Spéculum oculi. Terme de Cliirurgie.
C'eft un inftrument qui tient l'œil ouvert & ailu-
jetti , pour y faire les opérations convenables.
Les ouvriers en peaux de chagrin donnent le nom
de Miroir à de certaines places luifantes que l'on
voit dans les peaux. Ce font des places qui ne font
point grenelées comme le refte. Le plus beau cha-
grin eft celui qui eft d'un périt grain rond j égal &
le moins rempli de miroirs. On peut croire que les
miroirs qui le trouvent au chagrin , font des endroits
où la graine de moutarde n'a pas été bien appli-
quée.
On appelle à Amftcrdam , Guédalïe de miroir, la
gravclée que l'on tire de Riga. Il y en a de trois
îortes , la meilleure, la moyenne & la fimple; les
prix en font ditlérens , fuivant leur bonté : elles
fe vendent au laft , & fe payent en livres de
gros.
Miroir , fe dit figurément en Morale , de ce qui nous
reprélente quelque choie , ou qui la met comme de-
vant nos yeux. Exanplar , fpeculum. C'eft un mi-
roir de vertu, un miroir de patience; c'eft-à dire,
un modèle d'une parfaite vertu ou d'une patience à
toute épreuve. Il faut faire voir aux hommes dans
l'hiftoire , comme dans un miroir, les images de
leurs Fautes. S. Real. Je me fuis vu en autrui, comme
on le voit dans un miroir , &c beaucoup mieux que
je ne me voyois en moi-même. M. Scud. Les pein-
ture^, ridicules qu'on expofe fur le théâtre , doivent
être regardées fans chagrin de tout le monde ; ce
M I R
font des miroirs publics où il ne faut jamais témoi
gner qu'on fe voie. Mol. Je vois de tous côtés des
gens qui parlent fans ceffe d'eux-mêmes. Leurs con-
verfations font un miroir qui préfente toujours leur
impertinente ligure. Montesq.
Lucile le premier ,
Aux vices des Romains préfcnta le miroir.
BOIL.
Un difcours trop Jtncert aifément nous outrage ,
Chacun dans ce miroir penfc voir fon vifage. Id.
Quelques Hiftoriens de la ville de Lyon ont écrit
qu'il y avoit en cette ville au dellus de ï\ montagne
de Fourvière un grand miroir , dans lequel jii voyoic
ce qui fe f.iifoit dans les pleines de Dauphiné , tk.
jufqu'aux mont<ignes de Savoie. Le P. Ménétrier en
fon Hiftoire de Lyon , a fait voir que c'étoit une
ignorance grollière de ceux qui ayant lu qu'il y avoit
là une tour de guet pour voir ce qui fe paftoit au-
delà du Rhône , & ayant trouvé que cette tour étoic
nommée en Latin Spécula , l'avoient pxife -pour un
miroir, qui fe dit en hmn fpeculum.
Un miroir qui réfléchit de tous côtés les rayons
qu'il reçoit du (o\eû , accepta remittit , eft la de-
vife d'un Prélat qui répand fur fon peuple les lu-
mières qu'il a reçues du Ciel.
Il y a un Ordre appelé l'Ordre du Miroir de la
Vierge Marie. 11 fut établi en 1410. par Ferdinand
de Caftille , après une mémorable viétoire qu'il
remporta fur les Mores. La chaîne de cet Ordre
étoit faite de fleurs de lis , avec des griffons entre
deux.
^3" MIROITÉ , ÉE. adj. Terme de manège. Variegatus..
Voyez pour l'explication au mot miroir en manège.
MIROITERIE, i. f. Commerce de miroirs. Speculo-
rum commercium. Il entend bien la miroiterie.
MIROITIER, f m. Ouvrier qui fait & vend des mi-
roirs &c des lunettes. Qui fpecula aut vendit , aut
fabricat.
MIROM. Nom d'une rivière du Royaume d'Alger, en
Barbarie. Miromus. Elle coule fur les contins des
provinces de Gazaïra tk. de Tenez , ëc fe décharge
dans la mer Méditerranée , au bourg de Mirom.
Maty.
MIROTON, f. m. Terme- de Cuifine. tfT mets com-
pofé de tranches de viandes déjà cuites avec diffé-
reiis aflàifonnemens. Minutai. Pour faire un mi-
roton , garnilTez de bardes de lard le Fond d'une
callerole qui ne foit pas trop grande; mettez par-
dellus des tranches de veau minces, battues fur une
table avec le couperet ; étendez fur ces tranches une
farce faite de rouelle de veau hachée avec du lard ,
de la moelle de bœuf, des champignons, morilles ,
-moullerons , quelques truffes, fines herbes & bon
alfaiionnement, &c. Voye^ le reftc dans le Supplé-
ment au Didtionnaire (Économique , où vous trou-
verez aulli la manière de faire un miroton en maigre.
MIROU. f". m. Sorte de ballon ou vaifteau à rames,
en ufage chez les Siamois. Ils fe mirent dans un
mirou avec leurs hardes. Journal du Voyage de Siam,
par l' Abbé de Choify. Ils étoient fur un grand mirou,
& venoient à notre bord avec le vent &c la marée.
MIROUER. f. m. Vieu.x mot , qu'on écrivoit ainfi
au lieu de Miroir. Dans les Coutumes, mirouer de
fieffignifie la branche aînée d'une famille', qui faifoic
foi pour les autres branches , pour un fief tenu en
parage. Cette règle eft fondée fCF fur ce que les
Seigneurs , pour régler leurs droits & devoirs, féo-
daux , ne confidèrent que la branche aînée , ne
mirent qu'elle , c'eft pourquoi elle a été nommée
mirouer de fief.
MIRRHE. Foyex Myrrhe.
MIRSIE. Ville des Indes, fur le chemin de Vifapour
à Dabul , à trois lieues de la Ville de Berce , à lix
de celle d'Arec.
MIRTE. Foyei Myrte.
MIRTILLE.
M I S
aa- MIRTILLE. roye^ MYRTfiLE.
MIRZA. f. m. Terme de Relation. Nom qu'on donne
d.uis le iMoijol aux Riinccs du iang Royal , 0CP ou
pluiôc aux peilonnes d'une race noble & tics an
cienne. Les tilles du Miria ne peuvent époufer que
, des Alir^as , mais les Princes peuvent épouler des
Efclaves , ik leurs fils ont le titre de Mir^a.
M I S.
MIS. f. m. Terme de Palais. C'eft la date du jour qu'on
a mis un procès au Greffe : ce qu'on marque aulli
fur l'étiquette du premier {ac. Diei indicatio, notatio.
Pour trouver un procès au Greffe , il hiut favoir le
jour du mis.
Mis. f. m. C'eft le nom que l'on donnoit autrefois
aux Commiflâires que les Rois délcguoient dans les
Généralités , & que nous appelons Intendans. On
voir dans les vieux Capitulaires , que Charles le
Chauve noiVima douze Mis dans les douze Millîes
de fon Royaume. On les nommoit en L.atin Alijfi
Dontinici. Sur quoi le P. d'Argone . (ous le nom de
Vigncul-Marville , dit qu'un Bibliothécaire ignorant
rangea au nombre des Milfels un Traité de Mijjis
Dom'inicis , croyant que c'étoit un recueil des Melles
du Dimanche. Ces Commiffiires informoient de la
conduite des Comtes & des Juges , &c jugeoient les
caules d'appel dévolues au Roi. Ce qui n'a eu lieu
que fous la deuxième race. Sous la troifième , le
pouvoir de ces Commillaires a été transféré en la
perlonne des Baillis & Sénéchaux , qui depuis ont eu
droit de juger en dernier reflort , jufqu'au tems que
le Parlement a été rendu fédentaire par Philippe le
Bel.
Mis , Mise. adj. Pofé , placé. Mis au rang. Pqfltus ,Jlii-
tutus , conjiifutus. Mis fur un butret. Mis de long , de
travers. Il a les autres ligniacations du verbe meure.
On dit auiîi qu'un homme eftbien mis , ou mal mis ;
pour dire, qu'il ert bien vêtu , mal vêtu. Ondic aulîi ,
Ufer de main-;72zyd ; pour dire , Frapper. On le dit
aulll d'une faihe-réelle.
§3" En termes de Manège , un cheval bien ou mal mis ,
eft la même choie qu'un cheval bien ou mal drelfé.
KlISAGNO. Petite ville d'Italie , au Royaume de Na-
ples , dans la terre d'Otrante.
MISAI LLE. f m. Vieux mot. C'eft , dit Nicotj la ga-
geure faite entre deux contendans de parole lurceque
l'un affirme , l'autre nie ; & vient de meure , qui ligni-
fie ici , Dépofer en une main tierce , ou fur le champ ,
au milieu d'entre ceux qui font gageure,
MISAINE, f. i. Terme de Marine. C'ell le fécond mât
d'un vaiifeau , qui eft vers la proue du navire , entre
le beaupré & le grand màtj quon nomme le mât d'a-
vant,de bourcet , ou de tringuet, macère/ & mâtereau.
Medianus malus. ^T II porte une voile qu'on nomme
voile de mifainc , &c qui a un peu moins d'envergure
que la grande voile.
MISANTHROPE, f m. & f Ce mot vient du Grec , ôc
iîgnifîe , Qui hait les hommes , 8c tout le genre-
humain. Mifanthropos hominum ofor , /n'inç , odium,
haine , & Hiâfiizi»! , homo , homme. Ces amitiés li
violentes qu'on vante fi fort , font formées par une
mélancolie noire qui fait les mifanthropes. S. EvR.
^^ On le dit particulièrement d'un homme chagrin ,
bourru , ennemi de la fociété & du commerce avec
les autres hommes. C'eft un mifanthrope , un vrai
mifanthrope , qui ne vent voir pcrfonne. Lucien a
écrit un Dialogue de Timon le Mifanthrope. Le Mi-
fanthrope de Molière.
Misanthrope , eft aulli un nom que quelques uns ont
donné à ces petites chaifes roulantes qui font 11 étroi-
tes , qu'il n'y tauroit tenir qu'une perfonne; pour dire,
«jue le maître eft un bourru , qui ne veut mener pcr-
fonne avec lui. Cifîtim arclius.
On a donné auflî ce nom à une efpèce de jeu , dans
lequel un homme peut jouer feul. On l'appelle aufti
le Solitaire. Solitarii ludus.
^ MISANTHROPIE, f. f. Averfion pour le genre
humain. Symptôme de mélancolie , qui fait qu'on ne
Tome y.
MIS Î0Î7
peut fouffrir les autres hommes , dont on regarde la
fociété comme quelque choie de fatigant , tic t[a'on
aime le filencc (!<i la folitudc , pour s'y livrer à des
idées fombres, qui altèrent le iang. C'eft une mala-
die dont on ne peut guérir qu'en fc procurant des di-
vertillcniens & des diliipations.
^^3" On ledit particulièrement du caradère d'un hom-
me bourru , chagrin j ennemi de la fociété. Din-
tas j rujlicuas. On n'a jamais vu une mijanthropie
pareille à la fienne. La mfanthropie de cet cfprit
chagrin trouve toujours quelque choie à réformer
à la conduite publique , &i fi mauvaife humeur ne
peut rien approuver. Bell. Il triompha de l'infenfl-
bilité &: de la mifanchropie de la Rancune. Scar.
MISANTHROPIQUE. adj. de t. g. Ou il entre de la
mifauthropie. Humeur mifanchropique. Hyperbole
mifaiithropique.
IP MISCELLANEA. f m. pi. Qui s'eft introduit dans
notre langue parmi les Gens de Letttes. Il fîgnifie
proprement mélanges de chofes difparates. J'cllime
plus un feul chapitre dAulugellej que tous les mf-
cellanea de S. Évremoin. Boiœana. Ce jugement pa-
roit outré. Les catalogues de Bibliothèques portent
tous une clalle de mifcellanea. L'on range dans cette
clafle les livres fur différentes matières qui ne peuvent
pas taire corps à part. M. Burette ne diftinguoit que
quatre clalfesdans fa Bibliothèque , les Belles Lettres,
les Sciences & les Arts, les Hiftoriens &: les Mifcel-
lanea. Ce terme eft plus ulité que Mifcellanée. Le
Dicr. DE l'Acad. Fr. met pourtant Mifcellanée..
f. m. Voyei^ Diatribe.
MISCHIO. f m. Efpèce de marbre , qui eft une pierre
qu'on trouve dans les montagnes de Vérone &c de
CararrCj & en pluiîeurs endroits des États du Giand-
Duc. Les Italiens lui ont donné le nom de Mifchio ,
à caufe du mélange de diverfes pierres , qui font
comme congelées enfemble , & dont le temps &C
les eaux extrêmement crues & froides n'ont faic
qu'une feule pierre. Elle prend un fort beau luftre,
éc on en voit d'alfez grandes pièces. Sa couleur tire
un peu fur le pourpre , avec des veines bleues 8c
jaunâtres , & il s'en trouve même d'une infinité de
couleurs.
MISCHNA ( la ) , ou MISNA. Ceux qui écrivent
Mifchne , ou Mifne , altèrent un nom propre. Mifch-
na , Mifna. La Mifchna eft une partie du Talmud
des Juifs. Elle contient le Texte -, & laGémare.qui
eft la féconde partie du Talmud , contient les Com-
mentaires : enforte que la Gémare eft comme la glofe
& le commentaire de la Mifchna. La Mifchna ren-
ferme diverfes traditions des Juifs ^ &c l'explication de
divers pafïages de l'Écriture. Les Juifs prétendent
qu'elle fut compilée Se rédigée en un corps par le
Rabbin Juda , dans le deuxième fiècle , pour ne point
laillbr périr la mémoire de leurs traditions. Beaucoup
de Savans ne conviennent pas de cette antiquité de la
Mifchna , Se la reculent de plufieurs ficelés ; elle efl
écrite d'un ftyle beaucoup plus pur , Se n'cft pas rem-
plie de tant de vifions que la Gémare.
MISCIAGN A. Nom d'un bourg du Royaume de Naples.
Mifciagna. Il eft dans la terre d'Otrante , entre Brinde
Se Oria. Quelques Géographes le prennent pour Ru-
didi, , Roddi j ou Roda , ancienne ville des Salentins,
Se patrie du Poëte Ennius , que d'autres croient être
entièrement ruinée. Maty.
^ MISCIBILITÉ, f. f Terme didaûique , qualité de
ce qui peur fe mêler , s'allier. La mifcihilité des mé-
taux. On dit de même Mifcible. adj. ce qui peut fe
mêler , s'allier avec un autre corps. L'huile n'eft point
mifcible avec l'eau.
MISCOU. Nom d'une île de la nouvelle France. Mif-
covia. Elle eft dans le golfe de S. Laurent , entre l'île
de S. Jean , Se le Canada propre. Mifcou eft petite ,
mais extrêmement fertile. Maty.
MISE, f f. En matière de compte , fynonyme de dé-
penfc. Etat qu'on drefle de l'argent qu'on a dépenfé.
Les deux parties d'un compte , font la mife Se la re-
cette. Sumtus , expenfum. Quand la recette excède
la mife , le comptable eft redevable. On dit des as
Nnnnun
ioi8 MIS
ticles légers j qu'on n'en fait recette ni mifc : ce qui
Ce dit aulliau higuié de toutes les ciiofes qu on veut
mépriler.
Mise, ligniSe encore , ce qui a coms d.ins le com-
merce. On le dit particulièrement du cours de la
moanoie. Ujus. Les monnoies décriéesj ne (ont plus
de m-fe. On dit au figuré , qu un homme eft de miji ;
pour direj qu'il a de la mme , de la capacité ; qu'ii
peut faire quelque hgure dans le monde. Exprelîlon
familière.
^■4/kr en l'autre monde ejl très grande fotnfe :
Tant que dans celui-ci on peut être de mile. Mol.
ffT Corneille a dit dans le Menteur , fe faire de mife.
Peut êrie cette exprelîlon pouvoir palier autretois.
CK? On dit familièrement qu'une railon n'eil pas de
mife y pour dire qu'elle n'ell pas recevable.
îklisEjiignii'ieauliî, Enchère. Licitatio. Ladernicre mife
ou enchère de cette terre eft à tant. Il faut taire une
«nouvelle mife pour l'emporter. On dit aulli mife à
prix.
ItJ" Mise. Terme de Jeu & de Commerce. C'eft ce
qu'on met au Jeu , ou dans une Société de Commerce.
Ma mife eft de cinquante louis. Retirer il mife.
Mise , dans les Coutumes , lignifie arbitrage. Conciliatio
per arbitras. Soi mettre en mife. Bea'um.
Ijô" MisE-DEHORSj ou Mise hors. Terme de Mirine.
C'efl: proprement l'aélion de lancer en mer un bâ-
timent , de le mettre à Hot , en état de naviger. L'ar-
mement de la Frégate avec la mife-dehors , pourra
monter à telle fomme. La conllruftion du navire ,
jufque & compris la mife dehors , reviendront envi-
ron à loixante mille livres. Annonc. 17 Jj).
MISENO. Nom d'un cap du Royaume de Naples. Mi-
fenum promontorium. Il efl: dans la terre de Labour ,
entre Phazzo & Cume. On y voit les ruines de lan-
cienne Mifenum , qui ctoic une ville Épifcopale.
Maty.
§C? MISÉRABLE, adj. de t. g. fouvent employé fubf
tantivement. Ce mot fignifie proprement celui qui
eft dans la misère. iV/z/èr, calamitojiis , Arumaofus ^
infelix. Voyez MisÈre. Il a pluiieurs acceptions
différentes. On a dit à-peu-près dans le même fens,
une vie malhcureuje , & une vie miferahle. Cependant
ces deux mots ont leurs nuances propres , qui ne
permettent pas de les employer indifféremment l'un
pour l'autre dans tous les cas. On dit bien qu'un
homme eft malhettreux au jeu ; mais on ne diroit
pas de même, qu'il y eft miférable. Il devient mife-
rable p.ir les pertes conlîdérablcs qu'il y fait. On verra
dans les articles fuivans d'autres cas où ces deux mots
ne peuvent pas figurer l'un pour l'autre.
^C? L'homme malheureux , infortunatus , eft celui dont
la fortune naillante ou établie , eft ruinée tout- à coup
par un événement fâcheux. L'homme miferahle ,
mifer , miferandus , eft celui qui eft dans uri état f.i-
cheux y dans la douleur , dans la pauvreté , dans
l'affliftion , dans l'opprefllon , foit qu'il y (oit né ,
foit qu'il y foit tombé. On plaint les malheureux ,
on allîfte les mife râbles. Les gens heureux fuient
les m f érables ; ils craignent de le devenir par conta-
gion. S. EvR. La mort eft le port &: l'afyle des mi-
ferables : elle fait cefter tous leurs maux. M. Esp.
Caton ,1'ame pleine de dépit , fe jetta entre les bras
de la mort , pour finir une vie nufrable. Augufte
hailfoit ces âmes fières , qui mettent la grandeur de
leur pouvoir a faire , quand il leur plaît , des mi-
férables.
^ Voyez l'ufige que fait l'élégant Racine de ces deux
mots dans les vers fuivans :
Hài y craint y envié , fouvent plus miférable
Que tous les malheureux que mon pouvoir accable.
#3" Faire une fin miferahle ; c'cP- mourir dans, la mi-
sère , après avoir vécu dans l'abondance; ou bien^,
M 1 S
faire une fin indigne d'un chrétien & d'un honnête-
homme.
Misérable , fignifie auffi , méchant. Nequam , perdi-
tus. 11 faut cae hitn miferahle , pour aftallîner' Ion
père , Ion Prince. Un pécheur eft bien miférable , de
s'attaquer à (on Créateur,
Misérable j (îgnifie auili ce qui eft très-mauvais dans
Ion genre , vil , mépriiablc. Mtfer , infimus y vilis y
nuliius pretii , ou momenti. Un mférable Auteur , un
miferahle Grammairien. Un miferahle faifeurde verSj
une miferahle pièce. Une excule miférable. Les rai-
fons que vous alléguez font miferables.
IfT Dans cette acception , ce terme fert à exagérer le
mépris. Il n'a qu'un miférable cheval dans ion écu-
rie. Quoi ! s'égorger pour un miférable point-d'hon-
neur î S. EvR. Ne m enviez point les mferables ref-
tes de ma fortune. Pourquoi vous trouver en concur-
rence avec un miferahle bourgeois î On le dit même
des faifons. Un miférable temps.
On dit , vous me traitez comme un miférable ;
pour dire j vous n'avez nulle conlidération y nul égard
pour moi. On dit encore ; c'eit un miferahle y en par-
lant d'un homme qui al 'ame bafte , ëc qui n'a aucun
mérite. Bouh.
Ariftote dit que le vrai fujet de la Tragédie, c'elt
l'horrible , &: le miférable , ipùioir^ Vas»! , c'cft à-dire,
ce qui donne de l'horreur Se qui attire de la compal-
fîon. C'eft tout ce qu'on peut faire que de fouftrir le
terme de miferahle en cette phrale , oii il elt comme
con(acré. Hors de-là , miferahle ne doit pas fe pren-
dre indiftéremment pour le miferabilis disLmns. Mi-
ferahle y en François y marque plutôt ce qui eft digne
de mépiis y que ce qui attire lacompalîion.
MISÉRABLEMENT, adv. D'une manière miférable.
Miferè y calamitosè , arumnosè. Le Fils de Dieu a
voulu naître mifeiahlement dans une étable , pour
nous apprendre l'humilité. Ce pauvre Auteur pafte
miférablement (es jours dans le travail y & dans la di-
(^tte; hnn miférablement. Ecrire miférablement. Mi~
ferè. Miferum in modum.
MISÉRABLETÉ. Vieux mot. Misère.
§CF MISÈRE , ('. f. État de l'homme miférable. Voyer
ce mot. Ce terme déligne ordinairement un état d'in-
digence y une (îtuation de fortune dans laquelle on
manque des choies nécellàires. Dans le ftyle noble ^
(jurcnu y il fignifie calamité , foiblelFe & imperfec-
tion de l'homme. Miferia y calamitas y maeror. C'eft
un artifice pour conibler un aftligé , que de com-
parer (a misère à une plus grande. L. b'Éloïse a Ab.
Nequc fe majori pauperiorum turb& comparer. Horat.
La misère étouffe 1 efprit. S. Évr. Celui qui tombe
dans la misère par une vaine diftîpation ., s'attire plus
de mépris qu^ de pitié : c'eft une fottife. S. Evr.
A la Cour , on eft moins (enfible aux misères d'au-
trui , parce qu'on n'en relfent aucune. Fl. Les dou-
leurs & ïi misère fuivent ordinairement le luxe Se la
débauche. S. Évr. La vie de l'homme n'eft qu'une
luire de misères. Ceux qui font à couvert des mi-
sères humaines , ont moins de pitié que ceux qui les
fouffrent. Fiech. Le plus malheureux préfère encore
fa misère à la mort. M. Esp. Il vint à la Cour char-
gé de la leule misère. Boil. La misère ne donne ja-
mais que de mauvais conleils. S. Évr. La misère s'ex-
prime tans aftéétation 8c (ans étude : les grands mots
ne partent point d'un cœu; que la misère touche.
BoiL. ^CT Tout ce qui paroit dans le monde de plus
brillant, n'eft que misère. C'eft une étrange misère,
que de fe laiikr emporter à fes pallions.
ifT Misère , en Poëlle, eft un terme noble qui fignifie
calamiré , & non pas indigence. On Temploie égale-
ment au (ingulier Se aupluriel.
Hé cube près d'UUffe achève fa misère.
Peut être je devrais plus hamble en ma misère.
Rac.
Et favoir d'eux encor la fin de nos misères.
Corn.
M I S
MisiRE, fe dirdansle flryle familier ; en parlantdes cho-
ies qu'on a quelque peine a obtenir. Di(fic{iUas , &
les Latins ont du uiifena ejl , dans le ineme lens.
C'cll une misère d'avoir attaire à cet Avocat. C'eft
«ne misère de Iblliciter une audience , un procès.
C'efl: une misère d'aller chercher une Mcllc lors-
qu'on tlt il loin de l'Églife.
20" On ajipeile provicrbiaiemcnt ôc figurément collier
de miscrc , un travail alîidu auquel on s'engage , ou
qu'on recommence après l'avoir dilcontinué quelque
temps. Après les vacances, les Écoliers reprennent le
collier de misère. Les ouvriers , après s'être divertis
le Dimanche , ditent le Lundi qu'Us vont reprendre
le collier de misère. Cela cl): du llyle très-hmiher.
On appelle le monde j une vallée de misères. C'eit
ainli que l'Egliie parle dans les prières , i« kae mife-
riuium valle.
MISERERE, i. m. Terme de Médecine. C'eftune ma
ladie des intellins , dan^ laquelle les excrémens , au
lieu de palier par les voies ordinaires , font rendus
par la bouche, lleus , cruciatus implexi ilei. On lui a
donné le nom de /Tz/yè/vrc;', ^^^qui en Latin , fignilîe
ûycj pitié t à canfe de la douleur infupportable que
foulhe le malade , qui lui hiir implorer du leeours. Qo
\\<\\xz àzmiferéré.}s,\çi\M\\. à'ww miféréré. Il y en a qui
ont été guéris en avallant une balle de moulquec , qui
par fpn poids remet le boyau en état. On l'appelle au-
trement pj/ZZi;/; iliaque , ou volvulus. Voyez Iliaque.
Miséréré j le dir aulli pour une courte melure de
temps. L'efpace de temps qu'il faut pour réciter le
P(caume Miferere. Dans un mijcréré , dans deux mi-
Jeréré au plus je luis à vous, façon de parler fami-
lière.
Oii dit proverbialement d'un homme qui a été bien
battu , qu'il en a eu depuis Miferere jufqu'à Vitulos ^
par allulion à la coutume àzs Moines , qui difent le
Miferere tandis qu'ils le donnent ladifcipline. Vitulos
eit le dcrniir mot du Pfeaume MifUreremei, Deus.
On dit aulli d'une perfonne qui a raconté une choie
dans le détail , depuis le commencement jufqu'à la fin j
il a tout dit depuis miferere jufqu'à vitulos.
Ip- MISÉRICORDE. 1. f. Vertu, qui porte à avoir
compallion des misères d'autrui , (?<: à les foulager.
C'ell un atrendrilfementde l'ame furies misères d'au-
trui , iS^n delir d'y remédier. La mifericorde de
Dieu eft la bonté par laquelle Dieu lait grâce aux
hommes , aux pécheurs. Mifericordia , miferatio ,
commiJ'eratio.Lz mifericorde de Dieu ell: infinie. Dans
l'oppolition que l'on luppofe quelquefois entre les
vertus de Dieu , il femble que la mifericorde reproche
à la julHce la dureté , &c que la jullice reproche à la
mifericorde fon indulgence. Le P. le B. C'eft une des
miféricordes de Dieu de femer des amertumes & des
dégoûts parmi les douceurs trompeufcs du monde.
Nie. Les dévots préloniptueux s'établilï'cnt dans une
faulfe paix , & le repaill'ent des idées d'une miferi-
corde imaginaire. Fl. L'opinion trop étendue de la
mifericorde de Dieu encourage le pécheur , en lui
faifanr efpérer l'impunité. Le P. le B. \i\\ Juge doit
être Cans mifericorde pour punir Icsfcélérats. C'elf un
homme fans mifericorde. Œuvres de mifericorde.
IJC? L'Eglife divile les Œuvres as mifericorde en fpiri-
tuelles & en corporelles. Il y en a fept fpirituellcs ,
£!c lept corporelles. Donner à manger à ceux qui ont
faim j &:c.
Quelques Prélats difent , dans leurs qualités , Evcque
par la mifericorde de Dieu , miferatione divina ; pour
dire , par la bonté.
Miséricorde, fignifieaulîl. Grâce , pardon ^3" qu'on
accorde à ceux qui pourroient être punis. Venia. De-
mander mifericorde. Faire mifericorde. Crier miferi-
corde. Implorer la mifericorde du Prince.
Préférant mifericorde à jullice ^ c'eft une formule
dont on fe fert dans les lettres de rémilîlon , ou d'a-
bolition.
Il y a plufieurs Hôpitaux bâtis fous le titre de la
Mifericorde. On l'a mifc à la Mifericorde.
On dit , être à la mifericorde d'autrui , fe remettre ,
s'abandonner à la mifericorde d'autrui , pour dire ,
TorT:e K
MIS 1019
Etre , fe remettre , s abandonner à la merci , à la dif-
crétion d'autrui.
Miséricorde , lignifie aulîl y Iccours & vengeance que
demande le foibie opprimé par un plus tort. Auxilium,
fulfidiurn , vindicix. Un crime énorme crie Mifericor-
de , demande vengeance à Dieu. Ce pauvre homme
cnoit mifericorde , imploroitdu Iccours.
Miséricorde , eft quelquelois une forte d'interjec-
tion ou d'exclamation , qui f^rt a marquer quel-
que malheur , ou quelque iurpiife. Heu , ehern. Ha!
mon Dieu , mifericorde ! qu'elt -ce donc que cela î
Mol. Mifericorde ! où fuis-jc , & qu'eft-cc que je
vois ?
Miséricorde ,■ eft auflî un terme de Chartreux , qui
fignihe le lieu où l'on met les habits. Vefliarium.
Il lignifie aulli le rep.is que le Chartreux fait une fois
la Icmaine ,au pain tic a 1 huile. On dit aulli parmi les
Chartreux j qu'un Prieur demande mifericorde , lorf-
qu'il demande à être déchargé de la iupériorité. Tous
les Prieurs de l'Ordre lont obligés de demander mife-
ricorde tous les ans ■■, ik. on dit qu'on a lait mifericorde
à ceux qu'on n« continue pas dans leurs charges ,
lîv' qu'on n'a pas fait mifericorde à ceux qu'on con-
tinue.
Dans quelques conftitutions monaftiques , on ap-
pelle mifericorde , quelque récréation j quelque relâche
qu'on accorde en certains temps , 6c à certains jours
aux Moines. Mifericorde , hgnihe aulli quelquelois
mefure devin plus grande que la melure ordinaire,
qui s'appeloit jufle , ou jujîice. On donnoit la mi-
fericorde aux Moines les jours de récréation , ou de
mifericorde.
Miséricorde. On nomme ainfi en diverfes Eglifes ,
une petite laillie de bois , attachée lous le liège de
chaque ftalle, fur laquelle , lorfque le ftalle eft levé,
les Èccléllaftiques peuvent fe repoler lans paroître
être alTIs. De mifericordia , parce que ceft un petit
loulagement , lans lequel on feroi: prefque conti-
nuellement debout , l'ulage dauî les lieux où l'on
n'a pas innové , étant de ne s'alleoir à ftalles baillés
qu'aux Leçons avec leurs Répons , & à l'Épitre avec
fon Graduel.... Note donnée par M. l'Abbé Chafte-
lain. Ménage , additions à l'Etymologique.
Miséricorde. Nom d'une elpèce de poignard qu'on
portoit autrefois à la ceinture du cc)té droit. Mifericor-
dia , pugio.
On appelloit autrefois mifericorde , une dague i
deux rouelles , ou platines pour couvrir .la main :
on y a mis depuis des coquilles pour fervir de garde.
C'étoit un petit poignard que portoient les anciens
Chevaliers : on l'appeloit ainlî , parce qu'ils en
tuoient leurs ennemis abattus , s'ils ne leur crioienc
mifericorde.
Pitié , qui a tout bien s'accorde ,
Tenoit une mifericorde ,
En lieu d'épée. . . Rom. de la Rose.
f
Suppl.au Glojf.de ce Roman. Ménage Etym.
Faucher fait mention de petits poignards que por-
toient les Chevaliers, qu'ijls appeloient Miféricordes ,
parce qu'ils en tuoient ceux qui ne vouloienr pas crier
mifericorde. Dans un inventaire des armes du Roi de
l'an 1 3 16 , qui eft à la Chambre des Comptes , il eft
fait mention dehuitépees deTouloule,& de deux
miféricordes,
Notre-Dame de Miséricorde. Voyei Notre-Dame
de Mifericorde , Ordre de Filles.
Miséricorde. Terme de Mythologie. Déelfe du Paga-
nifme qui avoit un "Temple à Athènes Se a Rome, qui
fervoit d'alyle aux criminels & aux malheureux qui
étoientpourfuivis par leurs ennemis; railon pourquoi
celui de Rome , qui avoit été bâti fur le modèle de
celui d'Athènes , le nommoit Alyle par excellence.
Les pctits-fils d'Hercule fe réfugièrent dans celui d'A-
thènes , pour éviter la lureur des iéditieux qui les
pourfuivoient , pour venger lureux les maux que ce
l Héros leur avoit fait louftrir.
N H n n n n ij
Î020 MIS
MISERICORDIA. Terme de Biéviaire qui eft Latin ^
& par lequel on défigne le deuxième Dimanche d'a-
près Pâques , à caufe que l'Introït de la Mcll'e de ce
jour commence par ce mot , & qu'il eft ainli marqué
d,uis les almanachs. La foire franche ouvre, àCaën,
le lendemain du Uim:mc\\zMifcncordia.
MISÉRICORDIEUSEMENT. adv. Avec miféricorde.
Mijcrlcorditer , commifirands animo. Dieu traite les
pécheurs forr miferkordleufemenc , en leur pardon-
nant tant de fois.
MISÉRICORDIEUX, EUSE. adj. Qui eft enclin à
faire miféricorde. Mifcncors , mifeiator , cLcmms.
Dieu eft clément & mifencordi.tux , c'eft le commen-
cement de tous les chapitres de l'Alcoran. Jésus-
Christ recommande a fes Difciplcs d'être mifcncor-
dieux , comme l'eft le Père célefte , en S. Luc. FI.
V. 36. Soyez mijerkordieux &c charitable, autant
que vous le pouvez être. Port-R.
MISEUR. f. m. Vieux mot^ qui hgnifîc arbitre. On le
trouve dans les Coutumes.
§3- MISI. Foyei Misy. ,
MISIMA. Ville du Japon, dansl'île de Niphon ^ aux
frontières des provinces Id(u Se Sangami.
:MISINI. Nom d'un petit lieu de la Remanie ^ fitué
entre Bergas Se Périntho. MiJJina. On le prend pour
l'ancienne Drufipara , Drijlparu , ville Épilcopale
fuffragante d'Andrinople. Maty.
MISIR. V. a. Vieux mot. Envoyer , Mettre.
MISISTRA, & MISITHRA. Foyei Lacédémone.
MISNE, ouMISCHNE. f. f. Foyei Mischna.
MiSNE. Foye'^ Meissen.
MISNIE. Nom dune province de la Haute Saxe. Afi/^
nia. Sa figure approche d'un triangle, qui peut avoir
trente-huit lieues du couchant au levant, ôc trente-
deux du nord au fud. Elle eft bornée au nord par
le Duché de Saxe, &par la Luface , au midi par la
Bohême j & au couchant par la Franconie , Se par
la Thuringe.
MISOMESSE. f. m. Hugenot , ennemi déclaré de la
Melle, &: qui ne croit point la rranlTubftantiation.
C'eft un mot invente par Henri Etienne, à qui il
convenoit fort , Se qui s'en eft lervi en plulieurs
endroits de fon Apologie d'Hérodote, entr'autres,
au chap. 57 , arc. i.to. III. pag. 2jS.
îilISOR. Ville de la Palcftinc , dans la Tribu de Ru-
beii : elle fut donnée aux Lévites de la famille de
Mérari.
MISSEIT. f. m. Drogue propre à la teinture , qui croît
Se qui fe cultive en Arabie.
MISSEL, f. m. Le livre qui fert à dire la MclTe , qui
contient les Melles diftérentes félon les jours «S: les
Fêtes. MiJJale. Le M(//tf/ Romain. Chaque Diocèle,
chaque Ordre de Religieux a un MiJJ'el particulier
pour les Fêtes de la province , ou de l'Ordre. Le
MijJ'el X été premièrement fait par le Pape Zacharie,
& enluite réduit en un meilleur ordre par le Pape
Grégoire le Grand , qui l'appela le lùvre des Sacre-
mens. Il y en a qui écrivent Se prononcent meffel,
Se Mejjel paroît plus François que miffel ; cepen-
dant l'ufage le plus ordinaire «If encore pour mijfel.
SfT AUSSI DOMINICI.Ccit ainii qu'on appeloit les
Commiiraires que le Roi envoyoit dans les provin
ces , avec un pouvoir très étendu, pour informer
de la conduite des Comtes S: des Juges , & pour
juger les caufesd'appel dévolues au Roi. Foye^ Maî-
tres DES Requêtes. Foye^ auftl Mis , qii'on a dit
autrefois.
MISSIE. (. f. Terme ancien qui répondoit à ce que
nous appelons aujourd'hui Généralité. C'étoit une
portion du Royaume , où le Roi envoyoit un Intcn
dant, qui s'appcloit Mis dans ce temps là, pour la
réformation de la juftice , police Se finance. Les
Alijfies contcnoient environ une province. Foyer
Mis.
JCF MISSION, f. f. du Latin mittere. Ce mot pris à
la lettre fignifie , l'ordre qu'on reçoit d'un Supé-
rieur d'aller en quelque endroit. On le dit quelque-
fois du pouvoir qu'on donne à quelqu'un de faire
MIS
une chofe. Où eft votre miffion? Qui vous a donné
mijjion ? Vous parlez (ans mijjion.
■fT On le dit plus ordinairement du pouvoir ou de la
commillion donnée de prêcher l'Évangile. MiJJio ,
prxdicandi verbi Dei aucloritas , potejias , facuUas.
J. C. a donné la mijjion à fes Apôtres en ces termes.
Allez Se prêchez l'Evangile à tout l'Univers. Il leur
dit , Comme mon Père m'a envoyé , m'a donné mif--
fion , je vous la donne aulîl : Sicut mijit me Pater ^
& ego mitto vos. Joan. 20. Après la mort de Ja-
cob , le peuple de Dieu demeura en Egypte jufques
au temps de la mijjion de Moïle , c'eft-a-dire , en-
viron iOD ans. BossuET. Il faut avoir une mijjion
légitime pour prêcher la parole de Dieu , & admi-
niftrerles Sacremens. Comment prêcheront ils , s'ils
ne font envoyés ? Rom. X. i y. Dieu défapprouve,
blâme & rejette les Prophètes qui n'ont point de
mijfion légitime : Je n'envoyois pas des Prophètes ,
& ils couroienr. Jer. XXIII. v. 21. C'eft une des
marques que l'Evangile nous donne pour connoitre
les taux dodf eurs , les auteurs Se fauteurs des héré-
fles , que le défaut de mijjion Lgitime. Ils viennent
à vous, dit J. C. couverts de peaux dr biebis. Se
ils font au dedans des loups ravilïans. Aldtth. Fil.
V. //. Ils viennent, c'eft de leur chef, fans auto-
rité , la miJJion leur manque -, ils viennent , ils ne loat
point envoyés , ni de la part de Dieu immédiate-
ment , ni de la part de fon Églife : ce font des loups
ravilfans. On reproche aux Proteftans que leurs Mi-
niftres n'ont point de mijfion , n'étant autorifés, dans
l'exercice de leur miniftère, ni par une fucceirion
non interrompue Se inconteftable , ni par des mi-
racles J ou autres preuves fenhbles d'une vocation
extraordinaire. Les Proteftans ont voulu répondre à
ce reproche -, mais tout ce qu'ils difent , ne fert qu'à
faire fentir davantage la foiblelle de leur caufe, &
l'ulurpation profane qu'ils ont voulu faire du faint
miniftère. Selon les Anabaptiftes, il ne faut d'autre
m.JJion pour le miniftère Évangélique , que d'avoir
les talens pour s'en bien acquitter. Nie. Il lui de-
mande fa miffion Apoftolique pour travailler à l'hé-
ritagedeJ. C. Pat. Nul ne peut prendre la qualité,
ni faire les fondions de Pafteur fans une mijjion
émanée de Dieu. Fén. La mijjion divine eft attachée
à l'impofition des mains , & à l'ordination des Paf-
tcurs, qui l'ont reçue eux-mêmes de J. C. par une
ordination fuccelUve. Id. La mij/ion donnét par J. C.
à fes Apôtres , a paflé aux Éveques qui font leurs
fuccelTeurs , Se le droit de la conférer réfide imique-
mcnt en leur perfonne. Id.
IJ^" On dit en ce fens qu'un Envoyé , un Agent , un
Ambalfadeur , doivent faire voir leur mijjion ,. leurs
pouvoirs.
Mission J dans la Théologie , fe dit d'une perfonne
de la fainte Trinité à l'égard d'une autre. La miffion
eft une preuve de la procelîlon. Le Père envoie le
Fils , & le Père Se le Fils envoient le Saint Efprir.
fCr Comme le Père efl fans principe, il n'eft point
envoyé. Mais comme il eft le principe du Fils , il
envoie le Fils : Se le Père Se le Fils , entant que prin-
cipe du Saint-Efprit , envoient le Saint Ef'prit. Mais
le Saint Efprir n'étanr point le principe d'une autre
perfonne , ne donne 'point de mijjion.
Ce mor a encore des lignifications différentes fui-
vant les diveifes applications qu'on en fait , dont
non:; allons rapporter les principales.
Mission, eft Auill une fuite de prédications , catéchif-
mcs & conférences extraordinaires que fonr pluûeurs
Prêtres , ou Religieux dans les villes &: villages pour
inftruire les peuples , les exciter à la pénitence , inf-
iruire la jeuncllé , accommoder les dilTérens , éta-
blir des confréries de Dames charitables pour alîïf-
ter les pauvres malades Se honteux , Se faire tous les
biens pollîbles pour établir &: maintenir le bon ordre
Se la piété, le tout par l'ordre des Évêques,& avec l'aide
Se agrément des Curés des lieux. Mifflo, excurjlo Evan-
gelica, pndicandi Evangelii eau fa. On a envoyé une
mijjîonx un tel village. La /n{/7?o/2 eft en un tel quar-
tier de la ville; c'eft à dire , que les exercices de la
MIS
mijjîon s'y font. La mijfion a duic fix fcmaincs.
Mission, fc dit aiilii des ccabliiremcns , ou des excr
ciccs de ces gens zélés pour la gloiic de Dieu & le
ûlut des âmes , qui vonc prêcher l'Évangile chez les
Intidelles , &c chez des peuples fort éloignés. MiJJio.
Les Ordres Religieux de S. Dominique, de S. Iran-
çois, de S Auguftin , <Sc les Jéfuites, ont des mif-
Jions dans le Levant , dans l'Oncnt , & dans l'A-
mérique. Lçs Jéluites ont des rnijjîons à la Chine (ïc
en tout l'Orient , &; même dans toutes les parties
d» monde où on a pu pénétrer ; les autres Religieux
& Congrégations en ont aullî,&: (ur-toiit les Men-
dians , & Mrs des Miffions Etrangères.
Mission, eft une Congrégation de plulîeurs Prêtres,
& Laïques j inllitnée par le vénérable ferviteur
de Dieu j Vincent de Paul , approuvée i^' confirmée
par N. S. P. le Pape Urbain VIIL qui érigea cet
inflitut en Congrégation Tan 1616. fous le titre de
Prêtres de la Congrégation de la MiJJlon. Par la
bulle de l'éredion , ce nom eft tellement attribué à
ceux qui font de cette Congrégation , que c'efl: par-
là qu'ils font diftingués des autres Connnunautés
Ecclédaftiques particulières ^ qui s'appliquent aulli
à hiire des miffions. Cette Congrégation s'applique
entièrement au loin du pauvre peuple de la campa-
gne , &: à cet eftet les Prêtres qui en font , s'obligent
deneprêcher ni adminiftrer aucun Sacrement dans les
villes où il y a Archevêché , Evêché , ou Prélidial , li-
non en cas de notable néceiîîté. On les appelle à Lyon
les Prêtres de la mijpon de S. Lazare^ parce que leur
maifon principale en France ert: celle de S. Lazare j
à Paris, où réiide d'ordinaire leur Supérieur général.
A Paris , on les appelle firaplement les Pères de S.
Lazare. Ils font établis dans la plupart des provinces
du Royaume, dans plulîeurs lieux d'Italie, en Alle-
magne , & en Pologne , 6c outre les mijfions au-
dedans & au dehors du Royaume , ils s'appliquent
auflî à cultiver de eutretenir diverfes œuvres de piété
établies par leur fxint Inftituteur; favoir , à la con-
duite des Séminaires des ordinans , à celle des exer-
cices J des retraites pour l'ordination , à faire des
retraites fpirituelles aux Eccléliaftiques & aux Sécu-
liers, à établir & maintenir des confréries de Da-
mes de la Charité dans les Paroilfes poux l'allilLince
des pauvres honteux , & des malades , & à la di-
reûion de la compagnie des Filles de Li Charité ,
fervantes des pauvres malades , fondées p«ir feu Mlle,
le Gras, quia été leur première Supérieure. Ils ont
aulli plulicurs Pareilles au-dcdans & au dehors du
Royaume dont ils font Curés, /^oyc^ leur inftitut ,
leur établillement , & leurs emplois dans la vie du
vénérable Serviteur de Dieu, Vincent de Paul , Inl-
tituteur &: premier Supérieur général de la Congréga-
tion de la Miffion, par M. Abély Evêquc de Rodez.
Mission, fedit encore d'une fociété de Prêtres établis
par le R. P.' Eudes, Prêtre , ious le nom de Million-
naires du S. Sacrement , qui ont aulli loin de faire
des mijfions , & de conduire des Séminaires d'Ordi-
nans en quelques Diocèfes. On les appelle Eudillcs ,
du nom de leur Inftituteur.
Mission Étrangère, ou Séminaires des Miffions Éit3.\\-
gères. C'ert: un Inftitut , &: une fociété de Prêtres
établis à Paris , dont plufieurs font fort diftingués
parleur nailfancc , par leur zèle & par leur icience,
qui font profelllon d'aller prêcher l'Évangile dans
les pays étrangers , tant dans l'Orient qu'en Occi-
dent, cù ils ont déjà beaucoup d'établillèmens; ils
difpolent aulli & forment de bons Prêtres , favans
en Théologie , & dans les langues , pour fournir
des curés & des pafteurs , tant pour la direftion des
colonies des Catholiques établis aux pays étrangers ,
que pour travailler à la converlion des Infidelles; à
quoi cette fociété s'emploie avec beaucoup de piété ,
de charité J & un zèle infatigable. Nos SS. Pères les
Papes ont tiré de ce corps en divers tEmps plufieurs
cliarirables & favans Prélats , qu'ils ont fait ordon-
ner Évêques in partihus , pour les envoyer aux Indes
orientales & occidentales, pour -conduire ces nou-
velles Églifas. Ces Meilleurs font aufll des mijjions
M I S 1021
en France , pour s'exercer , & fc difpofer aux tra-
vaux Apofloliqucs des Miffions Etrangères.
MISSIONNAIRE, l. m. Eccleliaftique fcLulier , ou
régulier , qui s'adonne au loin des millions j ou
dans le Royaume , ou dans les pays étrangers. MiJ-
Jlonarius. Ce nom cil général ; on le donne à ceux
qui lont profellion de s employer aux millions j ou
pour l'inliruclion des anciens Catholiques , des Hé-
rétiques, des Infidelles , 6i même de conduire des
Séminaires Eccléliaftiques ; à ceux qui font prolelîîoii
de travailler à la propagation de la foi , particulière-
ment à la controverte contre les Proteftans. Ces
Mïffionnaires appelés Controvcrhftes j fc lont ap-
pliqués à ce charitable emploi julqu'à la révocation
de l'Édit de Nantes en 1685. à quoi ils ont beau-
coup contribué , ayant par leurs dodles prédications,
leurs conférences réglées, & leurs lavans écrits,
dclabuié beaucoup de Miniftrcs & d'autres Protef-
tans , en tailant voir les abus que les prétendus Ré-
formateurs .avoient lait de l'Écriture Sainte , les chaii-
gemens, les variations j les corruptions &C filfifica-
tions qu'ils avoient faites, ou par ignorance, ou par
malice , dans les textes de l'ancien & du nouveau
Teftament qu'ils avoient tronqués, mutilés, détour-
nés (Se altérés ; que par-là ils s'étgient trompés &
avoient enluite trompé plulicurs autres par dïs illu-
fions & des chicanes , ce qu'ils ont fait toucher ,
pour.ainli dire, au doigt (Se à l'œil. Par ces moyens
fincères , pruJens & charitables, ils firent rentrer
dans le fein de l'Églifc Catholique un très -grand
nombre de dévoyés. Ils ont lait voir les contradic-
tions des doE;mes des prétendus Retormatcurs , les va-
riations de leurs confellions de toi (Se leurs oppofî-
tions, tant entr'elles qu'à l'Écriture Sainte; &z enluite
ils leur ont expolé avec fidélité 6c fmcérité , quels
étoient les articles de foi de l'Èglife Catholique que
les prétendus Réformateurs avoient déguifés &c noir-
cis en plufieurs manières trèsinjuftes &C indignes,
pour les rendre odieules 6c méconnoiilables. Ce qui
. a étonné , avec raiton , un grand nombre de Protef-
tans de voir lamauvaife foi de leurs Do(fteurs , 6c \zs
a aidés , avec la grâce de Dieu , à (e détabufer de leurs
préventions , à examiner la Religion & à quitter le
parti de l'erreur, pour embraller la Religion Catho-
lique.
Missionnaire de S. Jofeph. Nom que l'on donne à
des Eccléliaftiques que M. Crércnet érigea en com-
munauté au milieu du dernier liècle , avec permillion
de M. le Cardinal de Richelieu , Archevêque de
Lyon ; ce qui fut caute qu'on les appela Créréniftes.
Ils ont été fondés par feu M. le Prince de Conri j 6c
feu M. le Marquis de Coligny. Ils font des millions
6c tiennent des Séminariftes dans leur mailon de
Lyon , où réiide leur Supérieur. On voit fort au
long leur origine j dans la vie de M. Crétenet , im-
primée à Lyon en i6Sc.
MISSISSIPI. Nom d'un des grands fleuves de l'Améri-
que leptentrionale. Mefchafipius tluvius. Il a là
fource au cinquante troilîèmc ou cinquante-qua-
trième degré de latitude du nord , ou félon la nou-
velle carte de M. de Fer , environ le jo* degré de la-
titude, & au 27; degré de longitude, dans un pays
très- marécageux.
MississiPi , eft aulli un grand & vafte pays de l'AmériT
que feptentrionale , aux environs du fleuve dont on
vient de parler 6c dont il prend le nom. Le feu Roi
lui a donné le nom de la Louiliane &c on le lui donne
encore dans les acles publics. De Fer l'appelle ainû
dans la carte-, mais dans l'ulagc ordinaire on dit tou-
jours yV////?//ZjPi. MiJJiJipiana. Ludoviàana j oa Ludo-
vicœa Regio. Les limites du iMiJfiJfipi ne lont pas
encore bien réglées. Il a au levant la Caroline 6c la
Virginie; au couchant, le nouveau Mexique, les
Ilinois 6c les vaftes pays occidentaux de la nouvelle
France au nord ; le golfe de Mexique le baigne au midi.
MISSîSSIPIEN, ENNE. f 6c adj. m. & f. Pendant le
fyrtême de Jean Law on* donna ce nom aux Agio-
teurs & à ceux qui avoient des aiftions lur la Com-
pagnie du Millillîpi. Ces fortunés MiJJiffipiens n'ont
•roi 2 M I S
pas laillé J'avoii' leurs revers. M. le B.iron de Poll-
Niz. Une contagion MiJJiJJiincnns s'ctoit emparée
alors de tous les clprics. Les rortunes qui te ioiit faites
à i'aris pendant cette contagion MiJJijJipienm , font
il cxtraordmaircs , qu'à moins que de les avoir vues ,
il eli impollible de les croire. Id.
AIISSITAVIE. f. I-. Droit de Douane qui fe paye à
Conftantinople. Les marchandiles qui viennen: de
Chrétienté a Conftantuiople , tk que l'on envoie à
1,1 mer Noire , ne payent point de douane pour la
l'ortie, mais feulement le droit qu'on nomme MiJJl-
tavis.
IvIISbîVE. r. f. Lettre qu'on envoie pour menues affai-
res domestiques a des Procureurs , Fermiers ou autres
gcns.Epi/lo/a. I! cil: oppofé .aux lettres degalanterie, de
doflrine, de dépêches èk autres qui méritent d'être
imprimées ou confervées. Il ell prelque hors d'ufagc
& ne fe dit guère qu'en riant. J'ai reçu de notre ami
une longue mijfive.
AhssiVE , efl: aulli adj. mais il ne fe dit qu'en cette
phrafe. Lettre mijjlve , Se cela bien rarement. Epijîo-
lium. Lettre écrite pour envoyer à quelqu'un.
MlSSOURL Grande rivière de l'Amérique Septentrio-
nale , dans la Louilîane.
MISTACHE. f. f. Mefure des huiles &: des vins dont
on fe lert dans quelques Échelles Ju Levant , particu-
lièrement dans l'île de Candie. Les cinq m'ijlaches un
tiers de la Cannée j font la millerolc de Marleille.
MISTE. Sorte de pierre dans l'hippodrome de Conftan-
tinople, qu'on nomme .aujourd'hui Atmeydan , c'eft-
à-dire , place des chevaux. Il ne fe voit plus pour
toute antiquité qu'un bel obélifquc d'une leule pierre
m'ijlc àc la hauteur de plus de 50 coudées, enrichie
de lettres hiéroglyphiques , & élevée lut quatre bou-
iesde marbre très-fin. Du Loir, p. SP"-
MiSTE. vieux, adj. f. Jolie , propre , bien nufe. Glojf .fur
Maroc.
WISTECA. Nom d'un petit pays de la Province de
Guax.-ica, en l'Audience de Mexique. M'ijleca. Ce
pays , qui eft aux confins du Tlalcalan , ell: fort mon-
tagneux; mais il eft renommé par la quantité de foie
qu'on en tire, qui eft la meilleure du Mexique.
MISTÈRE. /-^ry-ej Mystère.
MISTOL'FLET. f. m. Mot Touloulàin qui lignifie
Poupin , délicat , mignon. Ménage , Dià. Etym.
AUSTRAL, f m. Nom d'un OfHcier dans le Dauphiné ,
qui rendoit la juftice aux habitans d'une terre. Mif-
trulis , Miniftirialis negodorum gejlor. Il ne paroît
pas que le Mijlnjl rendit la juftice en Dauphiné, li
on en excepte ceux que les Archevêques &c les Com-
tes avoicnt établis dans Vienne. 'Valbonn. Mémoire
pour l' Hiftotre de Dauphiné , c. 6 . Le MiJlralA'ovA'i-
naiie failoit la recette des droits leigneuriaux, tant
fixes que caluels. Id. Quelquclois aulli il étoit chargé
de la culture des fonds. Id.
MISTRALIE. f. f. Charge, jurifdidion , office, digni-
té de Miftral. MiJbaHa , Minifierialis negotiorum
gejloris officium , munus , dignitas. Minifierialis di-
gnitas.
MISTRANCE. f. f. Terme de Marine. Nom colledif
qui lignifie tous les bas Officiers d'une galère , ou tous
ceux qui ont quelque emploi qui leur donne rang
au-dclhis de l'équipage, comme font le Corne, le
Pilote , l'Argoufin, le Remolat , le BarrilLat , le Char-
pentier, ac.
MISTRETTA. Nom d'un ancien bourg ou petite ville
de la vallée de Démona , en Sicile. Amcllraca ,
Ameflratos , Amaflra , Muliijlratum , Meruflratum.
Ce lieu eft lur la rivière d'Alila , vers les montagnes
de Madonia , à dix lieues de Termini , vers le levant.
Maty.
MISTURE. f. m. Terme de Médecine. C'eft une ef-
pèce de potion dont on boit peu à la fois , &c qu'on
ne prend que par cuillerées. Miflura. Elle eft com-
pofée de remèdes qui opèrent en petite quantité. On
la frit ordinairement d'eau diftillée, d'élixirs, d'hui-
les, de ("els volatils (S: lix'es , d'cfptiis, de teintures,
d'cfiLnces, d'extraits & de.luops.
MTSYj.ou MISI. f m. C'eft, félon Diofcoride, une ef-
M I S
pèce de chalcitis , ou une matière vitriolique , dure ,
luilante & brillante , de couleur d'or , laquelle fe
îrouvoit autrefois dans les mines de cuivre en Chy-
pre ; mais on ne lait prélentement ce que c'eft , «S.'
l'on lubftitue en (a place le vitriol rouge naturel
qu'on appelle chalcitis , Se qui a les mè'mes qualités
qu'on attribuoit au rjiijy.
M I T.
MITAINE, f. f Ip-Efpèce de gant à l'ufage des fem-
mes, où la main entre toute entière , lans qu'il y ait
de léparation pour les doigts , excepté pour le pouce.
A la place des autres doigts^ il n'y a qu'un morceau
taillé en rond, qui s'appelle la chape ou la coquille
de la mitaine qui couvre le dellus de la main , Se il
n'y a rien au delîous. Il y a des mitaines à jour trico-
tées.
§^ On appelle aullî mitaine j manica , chiroteca hiberna^
de gros gants ordinairement de peau, fourrés ou dou-
blés d'une étoffe de laine chaude, -^r- . les doigts ne
font point divilés , à la rélerve du pO'.:-c. Ces mitai-
nes Cevvent aux vieillards, aux goutteux i<: aux enfans
pour leur tenir les mains chaudement. C'elt prelque
la même choie que les moulles.
Ménage le dérive de l'Anglois mittens , fignifiant
la même chofe. Il vient plutôt du mot Celtique ou
Bas Breton mittain, en y ajoutant un e doux ou femi-
rin , comme on le fait dans la langue Françoife à plus
de dix mille aunes mots Celtiques ou Bas Bretons
iembLables, comme, facile àcjacil , difficile, de dij-
ficil , Sec. Et il eft probable que le mittens Aiiglois
vient du mitaine François , ou du Celtique mittain.
On a dit mitana Se mitanna dans la balle Latinité en
la même lignification.
On dit proverbialement, cela ne fe prend pas fins
mitaine , pour dire, qu'il n'eft pas ailé d'en venir à
bout , Se qu'il faut apporter beaucoup de loin Se de
précaution.
^3" On appelle aulîi mitaines , dans le commerce de
pelleteries , certaines peaux de caftots de mauvaife
qualité , apparemment parce qu'elles ne font propres
qu'à fourrer des /Tiiffli/zcj. Dic. deCom.
MI LAN. f m. Vieux mot qui lignifie le milieu d'une
choie. Médium , centrum.
On trouve dans nos vieux Auteurs mitan. Se en
1636 , Monet dans les Diébionnaires a donné milieu,
meiiieu Se mitan , comme trois lynonymes également
bons. Glojfaire , Bourguignon. Ils ne font plus d'u-
Ù"Z.
MITCHIGAMI. f. m. Peuple de l'Amérique Septen-
trionale, dans la Louifiane.
MITE, f f. C'eft le plus petit des infeétes qui s'engen-
dre ordinairement dans le fromage. Midas. Quand
on voit une mite avec un microfcope , on lui apper-
coit huit grands pieds, pareils à ceux des faucheux.
Les mites fortent toutes parfaites de leurs œufs , &
croiflent enfuite pcu-à-peu.
tfT Les mites l'ont des animaux très-voraces; elles man-
gent non-feulement le fromage, mais encore toutes
fortes de poiffbns , de chairs crues , de h uits fecs , des
grains de toute efpèce_. Se prefque tout ce qui a un
certain degré de moiliffure , ians être mouillé au-
delfus.
Le Latin midas fe dit aulli en Grec , d'où le Fran-
çois eft dérivé. On a dit aulli miton.
MiTÉ. adj. m. Rongé des mites.
Si Ferré n'eût point été
D'une exacte probité.
D'une aufière prud'hommie.
Mes vers auroient-ils chanté
Son fameux Manteau mité ,
Dont en dépit de l'envie ,
Le mérite illimité ,
Vole à la poflérité ?
Poéfies de Mlle de Malcrais de la Vigne, c'efl-à-
dire j de M. Des Forges Maillart.
MIT
MITELLA. f. f. Plante dont la racine eft vivacc. Ses
feuilles lefTemblent à celles «Je la cortufa , & l'cxtré
mité du pédicule eft terminée par un calice ouvert,
d'une leule pièce, découpé en cinq parties. S'a Heur
eft en rofe, à cmq pétales, pointue, & fcs pétales
«aillent entre les intervalles des fegmens du calice.
Son fruit eft arrondi , pointu, ouvert comme la mi-
tre d'un Evêque, & contient un nombre infini de (c-
inences. On donne à cette plante le nom de Mitdla ,
parce que fon fruit a la tiguie d'une mitre. On ne lui
attribue aucune vertu médicinale.
MI TERME. Moitié de terme. Il nous a fallu déloger
à mi-terme. Regnard.
MITGANNIR. 'Ville d'Egypte, entre Damiette & le
Caire.
MiTHRA. f. m. Terme de Mythologie. Nom d'un
dieu des anciens Perfes. Muhra. Le dieu Muhra
ctoit le foleil.
On prétend que Mithra étoit auftî adoré de nos
anciens Gaulois, que c'étoit leur Mercure, & qu'il
avoit un temple à Paris lur le mont Locotitius, qui
eft aujourd'hui Notre Dune des Champs , au fau
bourg S. Jacques. Quelques uns difent encore qu'il
y en avoit un à Montm acre. Tout cela eft faux.
Mithra. f. f. Terme de Mythologie. Nom d'une
M I T 1023
ancienne déclTe des Perfes. Mithra. Hérodote , L. I.
c. 2^1 , dit que c'cft la Vénus des Perfes , & B.irthius,
dans (es Notes fur St.ice , P. III. p. z^j , montre
qu'Mérodotc ne s'eft point trompé, que S. Ambroife
fut aulii mention d'une déelle Mithra, dans fa Let-
tre XVIII, qui eft contre Symmaque , N: jo. & il
dit aulH que c'eft la Vénus des Perfes.
Mithra. Ce nom fe donnoit aulli à un Grand-Prêtre,
au chef des autres Prêtres. Il (e trouve en ce fens
dans Apulée.
MITHRES. f m. Terme de Myt4iologie. Nom d'un
dieu des anciens Perles. Mithres. Saumaile confond
Mithres avec Mithra , ou le Soleil , dans fes Notes fur
Vopifcus, p. 36 j. I. col. F. mais Héfychius les dif-
tingue. Mithra, dit-il, »ft le Soleil chez les Perfes,
tV Mithres , le premier de leurs dieux. Quinte-Curce
le diftingue aullî , L. IT. c. t 3.
MITHRIAQUES. f m. ou f. Sacrifices du dieu Mi-
thra; fêtes du dieu Mithra. Mithriaca. On ne faifoic
point les Mithriaques fans facrifier quelque homme.
Adrien le défendit par une loi. Commode renouvclla
ces cruautés inhumaines , comme nous l'apprend
• Lampridius au IX"^ Chapitre de la vie de cet Empe-
reur. Après lui on les abolit de rechef.
Fin du cinquième Volume.
De l'Imprimerie de P. AL. LE PRIEUR, Imprimeur du Roi, rue S. Jacques.
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