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Full text of "Dictionnaire universel françois et latin : vulgairement appelé dictionnaire de Trévoux, contenant la signification & la définition des mots de l'une & de l'autre langue, avec leurs différens usages; les termes propres de chaque etat & de chaque profession : la description de toutes les choses naturelles & artificielles; leurs figures, leurs espèces, leurs propriétés: L'explication de tout ce que renferment les sciences & les arts, soit libéraux, soit méchaniques, &c. Avec des remarques d'érudition et de critique; Le tout tiré des plus excellens auteurs, des meilleurs lexicographes, etymologistes & glossaires, qui ont paru jusqu'ici en différentes langues"

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DICTIONNAIRE 

UNIVERSEL 

FRANÇOIS  ET  LATIN, 

VULGAIRE  ME  NT    APPE  LÉ 

DICTIONNAIRE  DE  TRÉVOUX. 


TOME    CINQUIEME 


JAN=MIS 


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DICTIONNAIRE 

UNIVE  R  SE  L 

FRANÇOIS  ET  LATIN, 

VULGAIREMENT     APPELÉ 

DICTIONNAIRE    DE    TRÉVOUX, 

Contenant  la  Signification  &  la  Définition  des  mots  de  l'une  &  de  l'autre  l  ano-ue  ' 
avec  leurs  difFérens  ufages;  les  termes  propres  de  chaque  Etat  &  de  chaque  Profeflion  : 
La  Defcription  de  toutes  les  chofes  naturelles  &  artificielles  ;  leurs  figures ,  leurs  efpèces  • 
leurs  propriétés  :  L'Explication  de  tout  ce  que  renferment  les  Sciences  de  les  Arts  loir 
Libéraux ,  foit  Méchaniques ,  ôCc. 

AVEC  DES  REMARQUES  D'ÉRUDITION  ET  DE  CRITIQUE  i 

Le  tout  tiré  des  plus  excelle ns  Auteurs ,  des  meilleurs  Lexicographes ,  Etymoloeifles 
ML  Se  Glojffaires  ,  ^ui  ont  paru  jufqu'ici  en  différentes  Langues, 

NOUVELLE    ÉDITION. 

Corrigée    et    coNsiDâRABLEMENT   augmentée. 
TOME      CINQUIEME. 


A   PARIS, 

PAR  LA   COMPAGNIE   DES   LIBRAIRES   ASSOCIÉS. 


M.  DCC  LXXI. 

AVEC    APPROBATION     ET    PRIVILEGE    DU    ROI. 


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DICTIONNAIRE 

UNIVERSEL, 

CONTENANT   TOUS   LES   MOTS 

.--  DELA 

LANGUE  FRANÇOISE, 

DES   SCIENCES  ET  DES  ARTS, 

y4vec  les  Termes  Latins  qui  peuvent  y  convenir. 
JAN  JAN 


A  N.  Terminaifôn  des  noms 
propres  qui  en  Litin  finil- 
lent  par  Janus.  Nos  an- 
ciens tenninoient  autrefois 
en  jan,  tous  les  noms  Latins 
terminés  en  janus  ,  Se  di- 
foient  Vefpahan  ,  Julian  , 
&c.  &  quelques  uns  le  font 
encore.  Mais  il  faut  diftin- 
guer  ces  noms  en  deux  es- 
pèces ,  lavoir  ceux  où  1'/  eft  confonne  ,  &  ceux  où  il 
eft  voyelle.  Dans  les  premiers  on  conferve  l'a  du  Latin  : 
ainll  l'on  dit  Trajan  ,  Séjan  ,  &c.  Dans  les  autres  il  fe 
change  en  e.  Ainfî  l'on  dit  Odavien.  Vefpafien ,  &c. 
JAN  &  JANIN.  Voyez  JEAN  &  JANNIN. 
Marot  écrit  Jan, 

Et  ne  fallolc  ,  Sire  j  tant  feulement 
Qu'effacer  Jan  &  écrire  Clément  ;  ■ 
Or  en  eft  Jan  par  fon  trépas  hors  mis  , 
Et  puis  Clément  par  fon  malheur  omis.  Marot. 
Tomi  F, 


Jan.  Terme  du  jeu  de  Triârac.  Plein.  L'une  ou  l'au- 
tre des  deux  tables  du  Triârac  remplie  ,  en  forte  que 
toutes  les  cafés  de  la  table  foient  faites  ,  c'eft  à-dke  , 
qu'il  y  ait  au  moins  deux  dames  fur  chaque  Hèche.  Il  y 
a  plufieurs  jans  au  Trictrac.  Le  jan  de  trois  coups ,  le 
jan  de  deux  tables ,  le  contre] an  de  deux  tables ,  kjan 
de  mézéaSjle  petit  ;<j«,  le  %iznàjan  ,\e.  jan  àe.  re- 
tour :  outre  qu'il  y  a  une  infinité  de  jan  de  recom- 
penfe ,  &  àcjan  qui  ne  peut.  Autrefois  il  y  avoit  encore 
en  ce  jeu  au  nombre  des  jans ,  kjan  de  rencontre.  Faire 
[on jan ,  c'eft  remphr  une  des  râbles  du  Triârac  , 
de  torte  qu'il  y  ait  au  moins  deux  dames  fur  chaque 
flèche  de  cette  table.  Conferver  Con /an  ,  ou  fimple- 
ment  Conferver  ,  c'eft  jouer  fins  défaire  aucune  des 
cafés  de  la  table  qui  eft  pleine  ,  de  iorte  qu'il  refte 
toujours  deux  dames  au  moins  fur  chaque  flèche.  Rom- 
pre fon  jan ,  c'eft  ôter  des  dames  de  la  table  qui  etoit 
pleine ,  en  forte  qu'il  y  ait  au  moins  une  flèche  qui  n'ait 
plus  qu'une  dame  ,  ou  qui  n'en  ait  point  du  tout.  On  dit 
communément  :  Je  remplis ,  je  confei-ye ,  je  romps ,  lans 
ajouter  le  nom  àejan.  Quand  onfait  fon  jan ,  on  gagne 


quatre  points.  Quand  on  conferve  fon  jan ,  on  gagne 
aulli  quatre  points. 

Quoi  qu'il  en  foit  de  l'origine  de  ce  mot ,  &  de  la 
manière  dont  il  faut  l'écrire  ,  le  Traité  du  Triftrac 
écrit  toujours  jan. 
Grand  Jan  ou  Grand  plein.  Terme  de  Tridrac.  C'eft 
quand  on  a  douze  dames  couvertes  dans  la  table  du  coin 
de  repos ,  c'eft-à  dire ,  dans  la  féconde  table.  Ce  grand 
jan  quand  on  le  fait ,  vaut  autant  que  le  petit /a/z ,  c'eft- 
à-dire  ,  quatre  points  par  hmple  &c  fix  par  doublet.  Il 
faut  prendre  garde  quand  on  tait  fon  grand  jan  de  ne  pas 
tenir  mal  à-propos ,  principalement  lorsqu'on  donne 
beaucoup  de  points  à  fon  homme  ,  ou  que  le  jeu  eft 
pallé  de  forte  qu'on  ne  peut  jouer  qu'un  coup  fans 
rompre ,  ou  tout  au  plus  deux ,  à  moins  que  le  jeu  de 
l'adverlaire  ne  fut  beaucoup  plus  pallé.  Le  grand  jan 
demande  beaucoup  plus  de  conduite  que  le  petit  yan. 
Traitu  du  Trictrac. 

On  appelle  Grand  jan  par  rapport  à  chaque  joueur 
en  particulier ,  la  partie  du  tablier  où  n'eft  pas  le  talon. 
Il  ell  compofc  de  lix  flèches,  c'eft-à-dire  ,  deprus  la 
charnière  julqu'au  coin.  L.  S. 
Petit  Jan  ou  Petit  plein  ,  eft  au  Tridrac  lorfque  l'on  a 
douze  dames  toutes  couvertes  dans  la  première  table , 
où  eft  le  tas  du  bois  ou  des  dames  ,  lorfque  toutes  les 
flèches  de  cette  première  table  font  toutes  couvertes  de 
deux  dames  au  moins  chacune.  Le  petit  jan ,  quand  on 
le  fiit ,  fi  c'eft  par  iîmple  ,  vaut  quatre  points ,  par 
doublet  fix  ,  par  deux  moyens  fimples  ,  ou  quand  on 
le  fait  en  deux  manières  fimples  ,  il  vaut  huit  ;  par 
trois  moyens  ,  douze  ,  c'eft-à-dire  ,  quatre  par  cha- 
que moyen  ;  par  doublet,  par  deux  moyens  il  vaut 
douze.  Tant  que  vous  pouvez  entretenir  ce  petit  jan  , 
vous  gagnez  quatre  par  iîmple ,  &  fix  par  doublet  ;  mais 
il  faut  bien  prendre  garde  de  ne  pas  tenir  mal-à-propos 
ce  petit  jan  ,  car  fouvent  il  arrive  que  l'on  eft  obligé  de 
palfer  fes  dames  dans  la  table  au.  petit  jan  de  Ion  adver- 
faire ,  ce  qui  eft  capable  de  faire  perdre  beaucoup.  Ainfi 
il  eft  plus  à  propos  après  une  Iîmple  partie  ou  bredouil- 
le de  s'en  aller.  Si  cependant  vous  aviez  votre  coin ,  & 
que  votre  homme  n'eût  pas  le  fien ,  ou  du  moins  que 
(on  grand  jan  ne  hit  pas  avancé ,  Vous  pourriez  tenir  , 
parce  que  du  débris  de  votre  petit  jan  vous  auriez  bien- 
tôt fait  votre  grand  jan. 

On  appelle  petit  jan  par  rapport  à  chaque  joueur, 
la  partie  du  tablier  où  le  trouve  le  talon.  Il  eft  compo- 
fédefix  flèches,  c'eft-a  dire  ,  depuis  le  talon  juf qu'à 
la  charnière.  L.  S. 
Jan  de  deux  tables.  Terme  du  jeu  de  Tridlrac.  Le  jan  de 
deux  tables  fefait  lorlqu'au  commencement  d'une  par- 
tie ,  vous  n'avez  que  deux  dames  abattues  qui  font  pla- 
cées de  manière  que  de  votre  dé  vous  pouvez  met- 
tre  une  de  ces  deux  dames  dans  votie  coin  de  re- 
pos, &:  l'autre  dans  le  coin  de  votre  adverlaire.  Ce 
jan  par  fimple  vaut  quatre  points,   &  iix  par  dou- 
blet ,  que  vous  marquez  ,  quoiqu'en  eftet  vous  ne  pub- 
liez pas  mettre  ces  dames  dans  l'un  ni  dans  l'autre  de 
ces  coins ,  ne  pouvant  être  pris  que  par  deux  dames 
à  la  fois. 
Jan  de  trois  coups,  ou  de  Iix  tables.  Terme  du  jeu  de 
Triétrac.  Le  jan  de  trois  coups  fe  lait  quand  au  com- 
mencement d'une  partie  l'on  abat  en  trois  coups   fix 
dames  toutes  de  fuite  ,  c'eft-à-dire  ,  depuis  le  tas  jul 
ques  &  compris  la  café  de  faunes  ou  de  fix.  Ce  jan  vaut 
quatre  points  à  celui  qui  le  tait.  Il  ne  fauroit  valoir  da- 
vantage 3  ne  pouvant  être  fiit  par  doublet.  Pour  pro- 
fiter ànjan  de  trois  coups  ,  l'on  n'eft  pas  obligé  de 
jouer  le  dernier  coup  ;  mais  l'on  peut  marquer  quatre 
points  pour  fon  jan ,  Se  faire  une  café  dans  fon  grand 
/an  ,  avec  le  bois  qui  eft  abattu  dans  le  petit  jan. 
Jan  de  courtes  chauffes.  Quand  dans  le  jan  de  retour  un 
joueur  a  ton  jeu  tellement  difpofé  que  le  coup  de  dez 
qu'il  amené  le  met  prefque  hors  d'état  de  remplir ,  la  h 
tuation  de  fon  jan  s'appelle  pour  badiner ,  jan  de  cour- 
tes chauffes.  L.  S. 
J Ali  qu:  ne  peut.  C'eft  lorfque  l'on  bat  une  dame  décou- 
verte ,  ou  des  damei  découvertes  en  paflantpar  une  cale 
pleine.  Par  exemple  :  Vous  amenez  cinq  oC  quatre  ;  la 
cinquième  ôc  la  quatrième  café  de  votre  advêrlaire  par 


JAN 

laquelle  il  faut  que  vous  paillez  pour  aller  battre  la  neu- 
vième qui  ell  découverte  ,  font  remphes  de  deux  da- 
mesi  vous  ne  (auriez  donc  battre  cette  dame  de  la  neu- 
vième café  ,  quoiqu'elle  ne  foit  point  couverte  ,  ni 
rien  compter  pour  cela.  C'eft  au  contraire  votre  ad- 
verfaire  qui  compte  &  qui  gagne.  C'eft  ce  qui  s'ap- 
pelle jan  qui  ne  peut.  Ce  mot  ne  fe  dit  plus.  Battre 
par  impuillance ,  ou  jan  qui  ne  peut.  Traité  du  Tric- 
trac. 
Jan  de  mc\éas.  C'eft  le  coup  que  fait  un  joueur  ,  qui 
n'ayant  que  deux  dames  abattues ,  qui  occupent  fon 
coin  ,  tait  un  as  ou  ambezas  ;  alors  le  coin  de  l'adver- 
faire  étant  vide ,  le  coin  plein  le  bat  ;  c'eft  quatre  points 
pour  un  feul  as ,  6c  fix  pour  ambezas  que  doit  marquer 
celui  qui  l'a  amené.  L.  S. 

Contre  jan  de  mé\éas.  Quand  le  coin  de  l'adver- 
faire  fe  trouve  également  garni ,  celui  qui  amené  l'as  bat 
l'autre  coin  à  faux  ,  &  l'adverfiire  doit  le  marquer. 
C'eft-là  ce  qu'on  appelle  contre  jan  de  mé'^éas. 
Jan  de  récompenfe.  C'eft  lé  contraire  au  jan  qui  ne  peut, 
c'eft  -  à  -  dire  ,  lorique  le  paftage  eft  ouvert  ,  & 
qu'il  y  a  une  café  vide  pour  pafler  à  une  dame  feule 
&  la  battre.  Si  votre  advêrlaire  ayant  jette  le  dé 
joue  ce  qu'il  a  amené  avant  que  de  marquer  ce  qu'il 
gagne  par  jan  de  récompenfe ,  c'eft-à-dire ,  par  des  paf- 
fages  ouverts  ,  vous  l'envoyez  à  l'école.  Traité  du 
Trictrac. 
Jan  de  rencontre  ,  fe  fait  lorfqu'en  commençant  une 
partie ,  le  tecond  coup  ell  icmblable  au  premier ,  com- 
me fi  ayant  le  dé  vous  taillez  quine  ,  &  que  votre 
homme  en  fît  autant.  Ce  jan  vaut  quatre  par  fimple 
&  fix  par  doublet.  L'Auteur  du  "traité  du  Tridrac  dit 
que  ce  jan  ne  te  fait  plus. 
Jan  de  retour.  Le  jan  de  retour  fe  fait  lorfque  le  grand 
jan  de  l'un  &  de  l'autre  joueur  étant  rompu  ,  l'on 
palîe  dans  la  table  du  petit  jan  de  fon  adverfaire  ; 
mais  pour  palfer  il  faut  trouver  des  pallages  ouverts 
entièrement,  c'eft-à-dire,  que  la  café  ou  flèche  fur  la- 
quelle vous  prenez  pallage  foit  ablolument  vide  : 
car  s'il  y  a  une  dame  ,  c'eft  un  paftage  pour  baare 
cette  dame  &  même  une  qui  fera  plus  loin  ,  mais  non 
pas  pour  pafier.  Ce  jan  de  retour,  quand  on  le  fait, 
vaut  autant  que  le  grand  ou  le  pexk  jan,  mais  pour 
le  faire  il  eft  diftérent  des  autres  ;  car  au  lieu  qu'en 
failant  les  autres,  l'on  fait  tant  que  l'on  peut  des  cafés  , 
dans  le  jan  de  retour  l'on  ne  fait  d'abord  que  des  demi- 
cales  ,  que  l'on  couvre  après  tout  à  loifir  ,  parce  que 
l'on  n'appréhende  plus  d'être  battu.  Il  faut  prendre 
garde  en  couvrant ,  quand  votre  jeu  eft  preftc ,  &:  que 
vous  avez  beaucoup  de  bois  tur  les  tept  &  lîxième 
cafés  du  grand  jan  de  votre  homme ,  de  ne  pas  cou- 
vrir les  plus  éloignées  les  premières  ;  parce  que  fi  après 
vous  taillez  gros  jeu  ,  vous  ne  pourriez  plus  taire  votre 
jan  ,  Se  vous  feriez  obligé  de  pafler  vos  dames. 
(fÙ"  JANA.  1.  f.  Nom  qui  fut  changé  en  celui  de  Diana. 


Fc 


oye~ 


Jane, 


JANÂCA.  i.  m.  Animal  terreftre  qui  fe  trouve  dansl'A- 
frique  au  pays  des  Noirs.  Il  eft  de  la  grolfeur  d'un 
cheval ,  mais  il  n'eft  ni  fi  long  ni  fi  maigre.  Son  cou 
eft  long  &:  roufleâtre ,  &  moucheté  de  blanc.  Il  fait 
de  grands  (auts ,  8c  a  des  cornes  qui  lont  aullî  lon- 
gues que  celles  des  bœufs  ,  avec  des  veflies  au  côté. 
Ces  veflîes  font  d'un  grand  ulage  pour  les  devins  & 
les  fiifeurs  de  prodiges ,  qui  les  enflent  ,  ôc  qui  mu- 
gilîant  par  leur  moyen ,  font  pafléi  leurs  paroles  pour 
des  oracles. 

JANACI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Les  Janaci  font  de 
jeunes  hommes  fort  vaillans  Se  courageux  ,  que  les 
Turcs  nomment  ainfi  à  caule  de  leur  vertu  guerrière. 
VigénÈre.  Continuation  del'hijî.  des  Turcs  ,L.  III , 

P-3I3- 
JANAGAR.  Nom  d'une  ville  de  l'Empire  du  Mogol , 

en  Afic.  Janagara.  Elle  eft  dans  la  province  de  Sorer, 
vers  le  fond  du  golfe  de  l'Inde.  On  conjeélrure  que 
c'eft  l'ancienne  Aftacapra  ,  ville  de  l'Inde  deçà  le 
Gnnge. 
JANCAM.  f  m.  Il  y  a  un  bouilli  d'argent  pour  chauf- 
fer l'eau  pour  le  thé  ,  &  cuire  le  jancam.  Chev.  de 
Chaum.   Préfens  de  M.  Confiance  au  Roi  j  p.  lo. 


J  A  N 

Un  petit  fourneau  de  terre  de  la  Chine  pour  faire 
bouillir  l'eau  pour  le  thé ,  &c  pour  cuire  le  janiam  , 

p.    1 1 .    I  2. 

^'  JANCOMA  ou  JANGOMA.  Contrée  d'Alic  , 
dans  ks  Etats  du  Roi  de  Pé^^u  ,  vers  les  frontitres  des 
Royaumes  de  Siam  &  de  Tonquin ,  le  long  du  Meton. 
11  y  a  une  ville  de  même  nom. 

Sur  cet  Art.  de  Baudrand ,  on  obfei-ve  dans  le  Grand 
Didionnaire  Géographique   que    cela    ne   s'accorde 
point  avec  les  bonnes  Cartes  &  les  Relations  tidcks. 
Car  il  y  a  entre  le  Pégu  &  le  Tonquin  toute  la  lar- 
geur des  Royaumes  de  Laos  &  de  Siam.  Anili  une 
ville  ni  un  pays  de  Pégu  ne  fauroit  être  la  frontière 
du  Tonquin.  Outre  cela  la  rivière  de  Mecon  qui  coule 
aux  Royaumes  de  Meng  ,  de  Laos  &  de  Comboge  ,  ne 
peut  avoir  rien  de  commun  avec  les  Etats  du  Roi  de  Pégu. 
JANDIROBA.  f.  f.  Plante  du   Brelîl  qui  enibralle  les 
arbres  à  la  manière  du  lierre.  Elle  eft  grollé  comme  le 
doigt ,  &  porte  un  fruit  rond ,  temblable  au  coin.  Il 
eft  rempli  d'une  chair  blanche  ,  &  a  au  dedans  trois 
fèves  qui  donnent  une  huile  jaune  ,  dont  on  fe  fert 
pour  les  douleurs  qui  proviennent  de  froid. 
JANE,  ou  JANA.  f.  f  Nom  que  portoit  d'abord  Dia- 
ne, &  dont  l'on  fit  enfuice  celui  ci  en  ajoutant  un  D 
au  commencement  du  premier.  Jana.  Il  paroît  ma- 
nifelkment  par  Varron  ,  de  Re  Ruft.  L.  I,  c.  j/ , 
que  la  Lune  a  porté  ce  nom  ;  puifqu'il  l'appelle  Jane 
croillante  &  décroilfante.  Quelques-uns  difent  que 
Diana  a  été  fait  de  Diva  Jana  ,  Dca  Jana  ,  ou  plu- 
tôt ,  Dia  Jana ,  ce  qui  eft  plus  vraifemblable  que  ce 
qu'on  a  dit  d'abord.  Varron  dit  auHI  Jane  nouvelle  , 
pour  Nouvelle  Lune.  C'eft  ainfi  que  le  Soleil  a  été 
appelé  Divos  Janos  ,  Dieu  Janus.  Volîîus ,  de  IdoloL 
L.  II, c.  i6  &  2s. 
JANEIRO.  Rio  Janeiro  ou  Ganabara.  Janvarius  Fluvius. 
C'efl:  une  grande  rivière  du  Brcfil.   Elle  fe  décharge 
dans  la  mer  du  Brefil  après  avoir  traverfé  la  Capita- 
nic  de  Rio  Janeiro  ,  qui  prend  fon  nom  de  cette  ri- 
vière ,  &:  qui  eft  fituée  entre  les  Capitanies  de  S.  Vin- 
cent ,  &  de  Spiritu  Sanfto.  Ses  lieux  principaux  font  S. 
Sébaftien  capitale,  &  Angra  dos  Reyes.  Maty. 
^  Rio  Janeiro.   Ville   de   l'Amérique  ,   au   Brefil , 
fur  le  golfe  nommé  Rio  Janeiro.  C'eft  la  même  que 
Si  Sébaftien  du  nom  de  Sébaftien  ,  Roi  de  Portugal  ; 
mais  quelques  Auteurs  la  nomment  du  nom  de  la  ri- 
vière. 
JANÈS.  C  m.  C'eft  le  même  que  Janus. 
JANGLE.  i.  f.  Vieux  mot.  Cri.  Il  a  fignifié  encore  mé- 
difance.   On  a  dit  auftî  jongler.,  pour  crier  ,  blà-' 
mei;.   Se  jangleur  &  jangkrejje  ,  pour   caufeur  & 
caufeufe . 
JANGLOUR.  Voyei  Jongledr. 
JANGOMAS.  f.  m.  Arbre  des  Indes ,  grand  comme  un 
prunier  j-hérilfé  d'épines.  Sa  feuille  eft  femblable  à 
celle  du  prunier.  Sa  fleur  eft  blanche  :  fon  fruit  eft 
femblable  à  celui  du  lorbier  ,  de  couleur  jaune  quand 
il  eft  mûr  ,  d'un  goût  de  pruneaux  ,  aftringent  &c  âpre. 
Cet  arbre  croît  fans  culture  dans  les  champs  &  dans 
les  jardins  à  Bazain  ,  Chaul  &  Batequala.  On  em- 
ploie fon  fruit  dans  les  remèdes  aftringens ,  pour  ar- 
rêter le  cours  de  ventre  &  pour  les  inflammations  de 
la  gorge.  Aubius  arbor  pruno  Jlmdis  ^  fpinofa.  C.  B. 
JANICULE.  Janiculum.  C'étoit  un  bourg  ,  ou  une  pe 
tite  ville  que  Janus  bâtit  fur  ime  colline  près  de  l'en- 
droit où  Rome  fut  bâtie.        _ 
JANICULE.  f  m.  Nom  d'une  des  fept  coUines  de  Ro- 
me. Janiculum.  C'eft  Ancus  Martius  qui  le  renferma 
dans  la  ville  ,  &  fit  faire  de  ce  coté  la  un  pont  fur  le 
Tibre  pour  la  communication  de  ce  quartier  avec  les 
autres.  Il  prit  ce  nom  d'une  ville  que  Janus  y  avoir 
autrefois  bâtie.  Aujourd'hui  on  le  nomme  Montorio , 
Mans  aureus ,  montagne  d'or  ,  à  caufe  de  la  couleur 
de  fon  terroir  ,  qui  n'eft  qu'un  lable  jaune.  C'eft  l'en- 
droit le  plus  haut  de  Rome  ,  &  d'où  l'on  voit  mieux 
la  ville  -,  mais  l'air  n'y  eft  pas  bon  ,  fi  l'on  en  croit 
Martial  ,  L.  IF,  Epigr.  (f^. 

Ce  nom  vient  de  celui  de  Janus.  D'autres  difent 
de  Janua ,  porte  ,  parce  que  c'étoit  par-là  que  les  Ro- 
Tome  y. 


J  A  N 


mains  foitoient  pour  aller  en   Étrurie  ;  c'étoit  pour 
eux  la  porte«le  l'Ltrurie. 
JANIPABA.  f  m.  Arbre  qui  cil  un  des  plus  grands  du 
Brehl  ,  &c  qui  rellemble  au  hêtre.  C  eft  une  efpèce  de 
Geiupar     ou    Junipart.    Jcnipa   fruclu    ovaco.    Son 
écorce  eft  grile   ou  blanche.   Son    bois    eft    moel- 
leux &  fragile.  Ses  rameaux  font  revêtus  de  feuilles 
longues  d'un  pied  ou  d'un  pied  de  demi ,  ayant  la 
figure  d  une  langue  de  bœuf,  de  couleur  verte  luifante. 
Sa  rieur  eft  petite  ,  Icmblable  à  celle  du  narcilie  ,  blan- 
che ,  avcc,des  taches  jaunes  dedans.  Son  huit  eft  plus 
gros  qu'une  orange  ,  rond  ,  couvert  d'une  écorce  ten- 
dre &  cendrée;  fa  chair  eft  iolide,  jaunâtre  ,  vifqueufe 
remplie  de  fus  aigre ,  d'une  odeur  agréable  ;  on  trou- 
ve au  miUeu  de  ce  fruit  une  cavité  remplie  de  lemen- 
ces  entourées  d  une  pulpe  molle  ;  il  devient  mou  en 
mûrillant  comme  la  nêiie  ,  &C  alors  il  eft  bon  à  man- 
ger ;  il  eft  cftimé  aftringent ,  &  propre  contre  les  cours 
de  ventre  ,  appaile  les  ardeurs  de  la  bouche  tk  de  l'ef- 
tomac.  Le  lue  de  ce  fruit  eft  blanc  d'abord  ,  &  quand 
on  s'en  eft  frotté  le  corps ,  il  noircit  en  peu  de  temps , 
de  telle  lorte   que  les  Sauvages  s'en  fervent  au  lieu 
d'encre  .pour  paroîrre  plus  terribles  à  leurs  ennemis  ; 
il  faut  pour  cela  que  ce  fruit  ne  loit  pas  mûr.  Cette 
couleur  noire  a  coutume  de  durer  neuf  jours,  après 
quoi  elle  s'ef&ce. 
JANIRE.  f.  f  Nom  d'une  Nymphe   Océanide.  Janira. 
Elle  étoit  fille  de  l'Océan  &c  de  Thctys.  C'étoit  auffi 
le  nom  d'une  Néréide. 
JANISARKI.  L  m.  On  nomme  ainfi  à  Conftantinople 
le  bazart  couvert  où  fe    vendent  les  drogues  &  les 
toiles. 
JANISQUE.  f.  m.  Nom  propre  d'un  fils  d'EfcuIape  &  de 
Lampetié.  Janifcus.  C'eft  le  Scholiafte  d'Ariftophane 
qui  le  dit,  fur  le  Plurus  de  cet  Auteur  ,v.  joi. 
JANISSAIRE,  f.  m.  Soldat  de  l'Infanterie  Turque  ,  qui 
fert  à  la  garde  du  Grand  Seigneur.  Prdtcorianus  ,  ou 
Sclopetarius  Imperii  Turcici  miles  j  JaniJJarius  ,  Ja- 
ni\erus  ,  Janiy^arius  j  Jenni-^erus  ,  Gemierus  ^  Genit- 
■[arus  \  car  je  trouve  tous  ces  noms  Latins  dans  nos  Au- 
teurs. Pedes  Turcicus.  Comme  on  diftingue  dans  les 
armées  du  Turc  les  troupes  d'Europe  &  les  rroupes 
d'Afie,  les  JaniJJaires  le  divifent  aulli  en  Janijfaires  de 
Conftantinople  &  en  JaniJJaires  de  Damas.  La  paye 
des  Janijfaires  eft  depuis  deux  afpres  jufqu'à  douze  ; 
car  quand  ils  rendent  quelque  (ervice  particulier  ,  ou 
qu'ils  ont  quelque  enfant  ,  on  augmente   leur  paye. 
L'habit  des  Janijfaires  eft  un  doliman  ,  que  le  Grand- 
Seigneur  leur  donne  tous  les  ans  le  premier  jour  du 
Ramazan  :  c'eft  une  longue  robe  à  manches  courtes  ^ 
qu'ils  ferrent  vers  le  milieu  du  corps  d'une  ceinture  de 
toile  rayée  de  plufieurs  couleurs ,  &  ornée  aux   deux 
bouts  d'une  frange  d'or ,  ou  d'argent.   Sous  le  doli- 
man ils  ont  une  fur-vefte  de  drap  bleu ,  nommée  Spa- 
hi. Ils  ne  portent  point  le  turban,  mais  un  bonnet 
de  feutre  qu'ils  appellent  un    Zarçola  ,  ds^  un  long 
chaperon  de  même  étoffe  qui  leur  pend  fur  les  épau- 
les. Les  jours  de  cérémonie  ils   l'ornent  de  plumes 
longues ,  qu'ils  font  entrer  par  le  bout  dans  un  petit 
tuyau  qui  eft  fur  le  devant  du  bonnet.  Les  armes  des 
Janijfaires  en  Europe  font  en  temps  de  guerre,  un 
fabre  ,  un  fufil,  ou  un  moulquer ,  &  un  fourniment 
qui  leur  pend  du  côté  gauche.  En  temps  de  paix  ,  ils 
ne  portent  à  Conftantinople  qu'un  baron  eii  main. 
En  Afie ,  où  la  poudre  &c  les  armes  à  feu  lont  plus 
rares ,  ils  ont  un  arc ,  des  flèches ,  &  un  poignard 
qu'ils  appellent  haniare. 

Les  Janijfaires  ézoient  autrefois  un  corps  formidable 
aux  Grands  Seigneurs  eux  mêmes.  Ofman  régna  en- 
viron trois  ans  ,  au  bout  defquels  les  JaniJJaires  lui 
ôterent  l'Empire  &  la  vie.  Racine.  En  1648  ,  les 
Jan'-jfaires  dépofèrent  le  Sultan  Ibrahim  ,  &  l'étran- 
glèrent dans  le  château  des  fept  tours.  On  les  a  de- 
puis avilis ,  pour  en  être  plus  maître.  Leur  nombre 
n'eft  point  fixe. 

Beaucoup  de  Dgébedgis  ,  de  Mekteclers ,  de  Za- 
gardgis,  &  de  Samfondgis  font  Janijfaires  ,  &:  leur 
Chef  relève  eu  quelque  façon  de  l'autorité  de  l'Aga 

Aï] 


4 


J  A  N 


des  Janiffaires  ,  qui  n'eft  pas  plus  avant  dans  l'intrigue 
du  Scnail;  mais  qui  eft  pourtant  un  des  plus  redouta 
blés  &  des  plus  puillahs  Oliicicrs  de  l'Empu-e  Ottoman, 
conune  les  exemples  nous  le  témoignent  allez.  C'eft  le 
Colonel  Général  de  l'Infanterie  du  Grand  Seigneur  , 
&■  il  a  lous  fa  charge  quarante  mille  JumJJ'aires  j  dont 
il  y  en  a  enviroji  huit  mille  rélidens  dans  Conftantino- 
ple ,  tant  morte-payes ,  qu'ils  appellent  Otourak  ,  qui 
lignifie  proprement  Ajjis ,  c'eft  à  dire ,  Gens  de  repos , 
qu'autres  dans  les  Provinces  ;  le  refte  étant  difperfé  en 
divers  lieux ,  quand  ils  ne  font  point  à  1,'armée.  Du- 
toiR,  p.  çj. 

Les  Janillaires  font  des  enfàns  de  tribut  que  les  Turcs 
lèvent  fur  les  Cliréciens,  &:  qu'on  élève  pour  iervir  à 
l'armée.  On  les  prend  à  l'càge  de  douze  ans ,  afin  qu'où 
bliant  leur  Patrie  ,  Se  leur  Religion ,  ils  ne  reconnoil 
fent  d'autre  père  que  le  Sultan.  Mais  aujourd'hui  ce 
ne  font  plus  généralement  parlant  des  enfàns  de  tri- 
but; car  le  carach  ,  ou  ttibut  que  le  Turc  exige  des 
Chrétiens  pour  leur  l.ailler  la  liberté  de  leur  Religion , 
ne  le  paye  plus  qu'en  argent ,  excepté  dans  quelques 
endroits ,  où  l'argent  étant  plus  rare  ,  on  ne  le  peut 
payer  en  elpèces,  comme  en  Mingrélie  .  ..'r  dans  les 
provinces  qui  iont  aux  environs  de  la  mer  Noire. 
Autrefois  même  il  n'y  avoir  ailleurs  que  les  pauvres  , 
qui  ne  pouvant  payer  le  carach  en  argent,  doiuiaf- 
(cnt  leurs  enlans. 

L'Officier  qui  commande  tout  le  corps  des  Janïf- 
faires  s'appelle  Jamjfar  Agaji ,  ou  Jen-ycenles  Aghajl , 
ou  comme  nous  difons  en  François ,  l' Aga  des  Janlf- 
faires.  Quoiqu'il  ne  foit  point  défendu  aux  Janijfaires 
de  fe  marier,  ils  ne  le  font  pourtant  que  rarement  , 
8c  avec  la  pcrmiiîîon  de  leurs  Officiers  ,  parce  que 
l'on  croit  qu'un  homme  marié  eft  moins  boji  foldat 
qu'un  autre.  Le  Janillar  Agafi ,  ou  Clief  des  Janijjai- 
rcs ,  eft  un  des  premiers  Officiers  de  l'Empire.  Toute 
la  puillance  du  Turc  dépend  des  Janiffaires. 

C'ell  Olman ,  ou  Ottoman ,  qui ,  félon  quelques  Au- 
teurs, &  entre  autres  lelon  Léunclavius,  inftitua  les 
Janiffaires.  Jovius  Geufrœus  ,  &  d'autres  difent  que  ce 
fut  Amurat  II,  en  1562.  Léunclavius  croit  qu'il  en 
augmenta  feulement  le  nombre.  Plufieurs  autres  Hiftcv- 
riens  Turcs  croient  que  ce  fut  Orkan ,  fils  d'Oth- 
man ,  &  père  d'Amutat  I ,  qui  les  établit ,  &  qu'ils  fu- 
rent d'abord  appelés  en  langue  Turquelque  Jaja ,  c'eft- 
à-dire  ,  fantallîns ,  piétons ,  pour  les  diftinguer  des  au- 
tiTS  Turcs ,  dont  les  troupes  conliftoient  prefque  tou- 
tes en  cavalerie.  Le  premier  Icntiment  me  paroît  plus 
vrailemblable ,  d'autant  plus  que  cette  milice  confer- 
ve  encore  aujourd'hui  le  nom  de  Jénicchiri ,  &  porte 
le  bonnet  de  feutre ,  cocflure  fort  différente  de  celle  des 
antres  Turcs. 

Ménage  ,  après  Vofllus ,  dérive  ce  mot  de  geni\en , 
qui  fignifie  en  Turc  novi  homines  ou  milites  ■■,  tk  non 
pas  de  janua.  Selon  êLHcthelot  Jénitchéri  lignifie ,  Nou- 
velle Jlfende  ,  nouvelle  troupe.  Morad  Gazi ,  c'eft-à- 
dire  Amurat  I  du  nom,  dit  le  Conquérant  ,  Sultan 
des  Tufcs  Othmanides  ,  ayant  pris  la  cinquième  par- 
tie des  jeunes  prilonniers  Chrétiens  qu'il  avoir  faits 
fur  les  Grecs,  les  fit  élever  Se  inftruire  dans  la  difci- 
çhnc  militaire  ,  Se  dans  la  Religion.  Il  les  envoya  en- 
luite  à  Hagi  Bektafche ,  perfonnage  eftimé  &  révéré  des 
Turcs  pour  ta  prétendue  lainteté ,  afin  qu'il  leur  don- 
nât fa  bénédiiffion  ,  &  en  même  temps  quelque  mar- 
que qui'les  diftinguât  de  fes  autres  troupes.  Bektafche  , 
après  les  avoir  bénits  à  ia  mode,  coupa  une  des  man- 
ches de  la  robe  de  feutre  qu'il  portoit ,  Se  en  coëiîa  le 
Chef  de  cette  nouvelle  milice ,  à  laquelle  le  nom  de 
Jénitchéri  &  le  bonnet  de  feutre  font  toujours  demeurés 
depuis  ce  rcmps-là  ,qui  fut  l'an  76?  ,  del'Egire  ,  Se  de 
J.  C.  I  361.  Tel  eft  le  fentiment  d'Ebn  ,  Jofeph  Se  de 
Gianabi  touchant  l'inftitution  des  Janiffaires.  D'Her- 
BELOT.  On  pourroit  dire  cependant  encore  que  cette 
jiouvelle  milice  ayant  été  preniièrement  allemblée  à 
Jénifchéher,  ville  neuve  qui  fur  bâtie  par  Othman ,  a(- 
fez  près  de  Nicée  en  Bithynie  ,  pour  être  le  lîége  de 
l'Empire  Ottoman  ,  elle  auroit  tiré  Ion  nom  de  celui 
de  cette  même  ville;  la  ditîérence  de  Sckéhéri  à  Tehéri 


J  A  N 

n'étant  pas  fort  grande.  Je  m'en  tiens  cependant  tou- 
jours au  premier  fentiment.  Idem. 

D'autres ,  dir  Vigénere  ,  tirent  ce  mot  d'une  ville 
appelée  Sar  dont  le  Sultan  Aladin  ,  environ  l'an  de 
grâce  1 180  fit  prélent  à  un  Turc  de  la  race  des  Ogu- 
iéens ,  pour  avoir  défait  en  champ  clos  un  brave  Che- 
valier Grec,  qui  lui  avoir  tué  beaucoup  d'hommes;  de 
forte  que  Gianud^-^ari ,  en  langue  1  urquelque  ,  fig- 
nine  Enfans  de  Sar ,  ou  procrées  de  Sar.  La  vraie  dé- 
rivarion  de  ce  mor,  félon  Vigénere,  ILlujlr.fur  Chal- 
cond.  p.  36 p  ,  vient  de  la  langue  Tartarcfque ,  ainli 
qu'il  parle  ;  dans  laquelle  Cliam  lignifie  Seigneur ,  ou 
Prince ,  mais  les  Turcs  le  prononcenr  Tham  ,  Se  de  Je- 
fer ,  clclave ,  comme  qui  diroit  efclave  du  Seigneur. 
Rien  n'eft  plus  extravagant  que  de  tirer  le  mot  Ja- 
niffaire ,  avec  Reineccius  ,  de  Janua  ,  porte  ,  comme 
Il  les  Turcs  l'avoient  formé  du  Latin  ,  ou  que  janua 
fe  dît  en  leur  langue  pour  fignifier  porte  :  c'eft  Capi , 
ainli  il  faudroit  dire  Capifaire  ,  ou  Capilîlaire,  plu- 
tôt que  Janijj'aire.  Spanduginus  prétend  ,  mais  lans 
fondement ,  que  ce  nom  vient  du  nom  de  Sari ,  bcurg 
dont  s'empara  un  cerrain  Delus  ,  de  qui  Olman  def- 
cendoit.  La  véritable  lignification  de  ce  nom  eff  celle 
que  rapporte  Léunclavius  j  Pandecl.  luft.  Turc.  C. 
J  f  ,  &  au  commencement ,  JaniJJaire  veut  dire  un 
nouveau  loldat.  Ainfi  il  vient  d'un  mot  Turcî^qui  s'é- 
cnt  Jekyceri ,  &  fe  prononce  Jen-yceri^  Se  qui  efî  com- 
pofé  de  deux  mots  ,  jek-y  que  l'on  prononce  Jen-y ,  Se 
qui  lignifie  nouveau  Se  ceri ,  qui  veut  dire  en  Turc 
milice ,  foldat.  f^oyei^  Ménenski  au  mot  ceri ,  Se  zu. 
ïwoz  jek-y  i  ou  jen-y  J  Tom.  IV.  p.  s  S  9^ . 

On  peut  voir  fur  les  JaniJJaires  Léunclavius,  Pan- 
decla  J  hijl.  Turc,  au  commencement ,  au  titre  de  Ori- 
gine Sultanorum  Turcicorum ,  Se  plus  bas ,  C.  jj.  Et 
encore ,  Ai/?.  Aluful.  Turc.  L.  F, p.  228 .,  &c.  Cbal- 
condyle  J  L.  I.  Se  les  lUuftrat.  de  Vigénere  lur  cet  Au- 
teur, p.  j6 p  &fuiv. 

Vigénere  dit  Jennit':^aire.  Les  Jennit^aires  fe  con- 
forment en  beaucoup  de  choies  à  la  difcipline  de» 
Légionnaires  Romains.  Vi&énÈre. 

Le  Cap  des  JaniJJ aires,  ou  de  Janf^ari.  Janïfariorum 
Promontorium.  Ce  cap  eft  dans  l'Anatolie  ,  à  l'entrée 
du  golfe  de  Gallipoli ,  vis  à-vis  la  pointe  de  laprefqu'ilc 
de  la  Romanîb.  On  l'appeloit  anciennement  Sigttum 
promontorium  ,  à  caufe  de  la  ville  de  Sigée  qui  y-étoic 
conftruite.  Se  qui  eft  maintenant  ruinée.  On  y  voit 
maintenant  le  village  de  Troj.ilvi  ,  c'eft  à-dire  ,  de 
petite  Troyc ,  qui  n'eft  habité  que  par  des  Chrétiens 
Grecs.  Maty.     • 
Janissaire  à  Rome  ,  Officier  ou  penllonnairc  diiPape , 
qu'on  appelle  auilî  Participant ,  à  caufe  de  certains 
droits  aille  nés  fur  les  Annates,  Bulles  ,  ou  expéditions 
de  la  Chancellerie  Romaine  ,  comme  il  paroît  dans  les 
Mémoires  de  taxe  que  donnent  les  Banquiets  pour  les 
frais  des  levées  des  Bulles.  Claude  Vaure ,  qui  a  bien 
écrit  d'ailleurs  de  la  Cour  Romaine,  dit  que  ces  Janif 
/aires  font  des  Solliciteurs  des  Banquiers  Expédition- 
naires ,  qui  font  louvent  à  la  porte  du  Pape  ;  mais 
il  le  trompe.  Du  Cange  dit  bien  la  même  choie ,  & 
cite  Octavius  Veftrius ,   de  judiciis  AuU  Romane  ; 
mais  la  vérité  eft  que  ce  font  des  Officiers  du  troifiè- 
me  banc  au  Collège  de  la  Chancellerie  Romaine ,  dont 
le  premier  banc  e(f  des  Scripteurs  ,  le  fécond  des  Abré- 
viateurs  ,  Se  le  ttoifième  des  JaniJJaires  ,  qui  font  des 
efjjèces  de  Correélaurs  &  de  Révileurs  de  Bulles ,  à 
qui  pour  cela  on  paye  un  certain  droit  fur  les  Anna- 
tes. Il  y  en  a  qui  écrivent  Jani\erc. 
JANISSAR    AGHASL    Foyei    Jen  -  Yceriier 

Aghasi. 
JANISSÉROT.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Enfant  de  tri- 
but dans  l'Empire  Turc,  petit  Janillaire.  Janiffario- 
lus ,  Janifferotus.  Ces  enfàns ,  (  de  rribut  )  que  les  Chré- 
tiens nomment  ordinairement  Janifferots  ,  aptes  deux , 
trois ,  quatre  ,  Se  fix  ans  dans  cette  laborieufe  école ,  en 
font  tirés  par  celui  qui  les  y  a  mis  ,  (^'  l'Aga  des  Janif- 
faires en  .ayant  fait  de  nouveau  la  revue  ,  les  remet 
fous  la  difcipline  d'un  autre  Aga  ,  qui  leur  eft  infé- 
rieur, &  qui  les  emploie  aux  bâtimcns ,  aux  bois  ,  Se 


J  A  N 

aux  jardins  ,  comme  aides  à  maçons  ,  bocherons  & 
jardiniers.  Ce  glorieux  emploi  leur  donne  la  qualité 
à.'AJgiamy  Oglan ,  qu'on  dit  par  abus  Azamoglans  , 
c'eftà  dire,  En/ans  buj'cs.  DO  Loir  ,  f^oyagc  de  Le- 
vant^ p.  lOO. 
JANIZl ,  ou  TISBE  ,  ou  THISBE.   C'étoit  ancienne- 
ment une  petite  ville  de  Béotie ,  en  Grèce.  Januia , 
Tisha  ,  autrefois,  Ogygia.  Ce  n'eft  maintenant  qu'un 
village  de  la  Livadic  ,  htué  près  du  golfe  de  Lépante , 
&  de  l'iflhme  de  Coriiithc.  Maty. 
jfCF  JANIZZA.  Ville  de  la  Turquie  ,  en  Europe  ,  dans 
la  Macédoine.  M.  de  Lifle ,  Carte  de  la  Grèce ,  la  nom 
me  Jenizzar  dans  le  Comenolitari.  Son  nom  annon 
ce  qu'elle  ell  nouvelle. 
JANNA.  Foyc:[  Thessalie. 

JANNA  ,  ou  JANNINA.  Nom  d'une  ville  de  la  Grè- 
ce. Joanna.  Elle  eft  fituée  fur  un  petit  lac ,  qui  porte 
fon  nom ,  vers  les  fources  du  Penée ,  environ  à  trente 
lieues  de  Larillà,  vers  le  couchant.  Elle  donne,  Iclon 
quelques  Géographes,  le  nom  de  Janna  à  toute  la 
Thellâlic  ,  où  elle  eft  maintenant  renfermée.  On  la 
prend  pour  l'ancienne  Caffiope  des  Dolopcs,  qui  étoit 
dans  lÉpire.  Elle  eft  affez  confidérablc ;  c'eft  le  liége 
d'un  Gouverneur  ,  &  celui  d'un  Archevêque  Grec. 
Maty. 
|3- JANNANINS.  f.  m.  pi.  C'eft  le  nom  que  quelques 
Nègres  de  l'Afrique  donnent  à  certains  elprits  ,  qu'Us 
regardent  comme  les  mânes  de  leurs  ancêtres  ,  & 
qu'ils  vont  conlulter  dans  leurs  tombeaux.  Ils  ne  font 
rien  qu'après  avoir  coniulté  leur  Jannaiùn,  qui  eft 
comme  l'Ange  Turélaire  de  chaque  Nègre.  Chaque 
village  a  auftî  fon  Jannanin.  Protedteur  ,  auquel  on 
rend  un  culte  public. 
JANNEQUIN ,  ou  GÉNEQUIN.  f.  m.  Coton  filé  d'u- 
ne médiocre  qualité ,  qui  fe  tire  du  Levant  par  la  voie 
de  Smyrne. 
JANNET.  f.  m.  Nom  d'une  monnoie  qui  a  été  en  ufage 
dans  l'Ordre  des  Chevaliers  de  S.  Jean  de  Jérulalem  , 
tandis  qu'ils  étoient  maîtres  de   Rhodes.  Jannetus , 
Joannecus.LcsJannets  étaient  des  deniers  d'argent  qui 
tiroicnt  leur  nom  de  Jean ,  Roi  de  Chypre ,  dont  la  fi- 
gure y  étoit  imprimée.  Vertot. 
JANNICE.  C  f.  Vieux  mot.  Jaunilfe.  Ce  mot  eft  ve- 
nu de  jannir ,  qui  fe  difoit  pour  jaunir. 
JANNIZARL  Cap.  rôye^  Janissaire. 
JANO  ,  ou  JANOÉ.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte. 
Jano  ,  Jànoe  ,  Janum.  C'eft  une  ville  de  la  Tribu  d'E- 
phraïm  ,  à  l'orient ,  &  près  du  Jourdain.  Au  temps 
d'Eusèbe  Si  de  S.  Jérôme  ce  n'étoit  qu'un  bourg  qu'ils 
appellent  Jano.  II  étoit  à  douze  milles  de  Naploufc 
dans  l'Acrabatène,  &  à  l'eft  de  Taanathfchilo.  P.  Lu- 
bin ,  Reland. 
gCTJANOUARE.  f.  m.  Animal  du  Biéfil  ,  très  léger  à 
la  courfe ,  &c  très  vorace.  Il  eft  de  la  grandeur  d'un 
chien,  la  p-eau  tachetée  comme  celle  du  Tigre. 
JANOWITS.  Nom  d'un  bourg  du  Cercle  de  Caurzim , 
en  Bohême.  Janovitium.  Il  eft  à  neuf  lieues  de  Pra- 
gue ,  vers  le  midi ,  &:  il  eft  connu  par  la  viiStoire  que 
les  Suédois  y  remportèrent  fur    les    Impériaux   l'an 
1645.  Maty. 
JANSÉNI^,  ENNE.  adj.  m.  &  f.  Dodrine  Janfénïm- 

ne ,  dogme  Janfénien. 
JANSÉNISME,   f.   m.  Dodrine  extraite  du    livre  de 
Janfénius  ,  Évêque  d'Ypies ,  iur  la  grâce  <!<.:  la  prédefti 
nation.  Janfénifmus.  Corneille  Janfen ,  que  nous  nom 
mons  communément  du  nom  Latin  Janfimus ,  Auteur 
du  Janfénifme  ,  étoit  d'un  village  de  Hollande  ,  fitué 
près  de  Léerdam  ,  &c  nomrné  Accoy ,  où  il  naquit  en 
I  jSj  le  28  d'Oftobre  ,  de  païens  pauvres  ,  mais  ca 
tholiques  &  gens  de  bien.  Il  fit  les  premières  clalfes  à 
Utrecht,  puis  fa  Philofophie  &•  fa  Théologie  à  Lou- 
vain.  Delà  il  vint  à  Paris  en  1604 ,  où  Jean  Du  Verger 
de  Haurane ,  depuis  Abbé  de  S.  Cyran ,  qui  l'avoit  con- 
nu à  Louvaia,  le  plaça  chez  un  Confeiller  pour  être 
précepteur  de  fes  enfans.  Enfuire  il  l'appela  à  Rayon- 
ne ,  où  il  le  fit  choifir  Principal  du  Collège  qu'on  ve 
noit  d'y  fonder.  Après  douze  ans  de  féjour  en  France , 
ij  retourna  à  Louvain  ,  où  en  1617  ,  il  fut  fait  Princi- 
pal du  nouveau  Collège  de  Sainte  Pulchérie ,  &  Pro- 


J  A  N 


fcfteur  de  l'Écriture  Sainte.  En  i6j|,  il  fut  fait  Évê- 
que d'Ypres.  On  dit  que  ce  fut  -ion  Livre  contre  !a 
France  &:  injurieux  à  noi  Rois  ,  intitulé  Mars  Galli- 
cus  ,  qui  lui  mérita  cet  tvêçhé.  Il  ne  le  polléda  qu'en 
viron  deux  ans,  étant  mort  de  pelle  le  iixicme  jour  de 
Mai  1638.  Le  Janfcnifmc  ne  ht  de  bruit  qu'après  fi 
mort ,  que  Fromonci  &  Calénuv ,  fes  exécuteurs  tcfta- 
mentaires  ,  firent  imprimer  (on  Livre  ,  intitulé  Aiiguf- 
tïnus.  Les  opinions  de  Baïus  furent  le  berceau  du  ]an- 
fdnifne  ,  &  on  dit  que  ce  fut  Jacques  Janlon  ,  Ptpkf- 
Icur  de  Théologie  à  Louvain ,  qui  les  infpira  à  Janfé- 
nius. Le  Janfcnifme  ,  ou  la  Doctrine  de  l'Auguftin  de 
Janlénius  ,  fut  réduite  par  les  Évêques  de  France  à 
cinq  propolitions  ,  que  voici.  Première  Propolitron. 
Quelques  commandemens  de  Dieu  font  impolhbles 
aux  hommes  juftes,  lors  même  qu'ils  veulent  &  s'ctior- 
cent  de  les  accomplir  félon  les  forces  qu  ils  ont  pré- 
fentes ,  &  la  grâce  leur  manque  par  laquelle  ils  loient 
rendus  pollibles.    Seconde  Propofition.    Dans    l'état 
de  la  nature  cori'ompuc  011  ne  réhfte  jamais  à  la  grâce 
intérieure.  Troifième    Propofition.  Pour  mériter  &c 
démériter  dans  l'état  de  la  nature  corrompue  ,  la  li- 
berté qui  exclut  la  nécellité  ,  n'eft  pas  requile  en  l'hom- 
me, mais  la  liberté  qui  exclut  la  contrainte  luffit.  Qua- 
trième  Propofition.  Les  Sémipélagiens   admettoient 
la  néccllité  de  la  grâce  intérieure  prévenante  pour  cha- 
que aéte  en  particulier  ,  même  pour  le  commence- 
ment de  la  foi  ,  &  ils  étoient  hérétiques  en  ce  qu'ils 
vouloient  que  cette  grâce  fût  telle  que  la  volonté  hu- 
maine pût  lui  réfifter ,  ou  lui  obéir.  Cinquième  Pro- 
pofition. C'eft  Sémipélagianifme  de  dire   que  Jéfus- 
Chrift  eft  mort,  ou  qu'il  a  répandu  fon  (ang  généra- 
lement pour  tous  les  hommes.  Le  Janfinijme  confifte 
à  foutenir  cette  do6trine  ,  en  allurant  que  ces  propo- 
fitions  font  (aines  &  orthodoxes.  Le  Janfénifme  a  été 
condamné  par  les  Papes  Urbain  VIII ,  Innocent  X  , 
Alexandre  VII  &  Clément  XI.  Il  ne  paroit  pas  qu'il 
y  ait  beaucoup  à  gagner  de  penfer  avec  les  Janfcnif- 
tes  que  Dieu  commande  des  chofes  impollîbles ,  que 
J.  C.  n'eft  mon  que  pour  le  falut  des  feuls  prédefti- 
nés  ,<S'c.|K7' Cela  n'eft,  dit  Voltaire,  ni  philofophe  ni 
confolanti  mais  le  plaifir  lecret  d'être  d  un  parti,  la 
haine  contre  les  Jéluites  ,  l'envie  de  fe  diftinguer  ,  & 
l'inquiétude  d'efprit  formèrent  une  Sede. 
ÇCr  Telles  font  les  cinq  fameules  Propofitions  qui  don-- 
lièrent  lieu  à  la  Bulle  d'Innocent  X  ,  à  laquelle  011 
objeda  que  les  cinq  Propoiitions  n'étoient  pas  dans 
le  Livre  de  Janfénius  ,  lîç  qu'elles  n'avoient  pas  été 
condamnées  dans  le  fens  de  l'Auteur.  Alors  on  vit 
naître  la  fameufe  diftindion  du  fait  &  du  droit  :  en- 
fuite  la  diftintfion  du  double  fens  des  Propoiitions  de 
Janfénius ,  l'un  qui  eft  le  fens  vrai  ,  naturel  &  pro- 
pre de  l'Auteur  ,  &  l'autre  imaginé  par  le  Souverain- 
Pontife  ,  &  qui  n'eft  point  le  fens  vrai ,  propre  Se  na- 
turel. On  fait  trop  les  détails  de  cette  malheureufe  af- 
fnire  ,qui  a  allumé  dans  l'Églife  un  incendie  que  rien 
ne  peut  éteindre ,  pour  s'y  arrêter  plus  long-temps. 
JANSÉNISTE,  f.  m.  &  f.  Nom  de  fede.  Celui   qui 
fui:  le  parti ,  &  la  dodrine  de  Janfénius.  Janfenianus. 
On  dit  aulîî  Janfemfla  ;  mais  l'analogie  de  la  langue 
Latine  demande  qu'on  dits  Janfenianus.  Les  Janfé- 
niftes  font  nés  dans  les  Pays  Bas  ,  où  ils  fe  font  fort 
multipliés;  de  là  ils  fe  font  répandus  en  Hollande  , 
en  France ,  en  Angleterre  &  en  Italie.  Il  n  y  en  apoint , 
ou  prefque  point  dans  le  refte  de  l'Europe. 
Janséniste  ,  fe  dit  de  ceux  quiatFedent  une  grande  févé- 
rité  dans  leur  manière  de  vivre  ,  &  une  grande  auftéri- 
té  dans  leurs  mœurs  ,  Se  dans  leur  dodrine.  Mais  il  ne 
fe  dit  en  ce  fens  que  dans  le  ftyle  familier ,  &  le  plus  fou- 
vent  en  raillmt ,  Se  fans  prétendre  attribuer  les  fenti- 
mens  de  Janfénius  &  de  fes  difciples  à  ceux  qu'on  ap- 
pelle Janfénïfles  en  ce  lèns.  Il  emporte  cependant  lUi 
reproche  d'affedarion  de  réforme  ,  Se  de  trop  grande 
févérité.  Mais  on  le  dit  fouvent,  en  plaifantant,  de 
gens  vertueux  ,  Se  qu'on  n'eftime  pour  cela  nullement 
Janfénifles. 
Janséniste  ,  fedit  enc'ore  d'un  homme  oppofé  -"ux  Jéfui- 
tes  ,  ennemi  des  Jéfuites ,  parce  que  les  Janfénifles 
leur  font  fort  oppolés. 


6 


J  AN 


J  A  N 


Dans  les  deux  derniers  feus  le  mot  de  Janfénljle  n'eft 
point  un  terme  propre  ,  ni  icricux.  On  n'appelera 
jamais  Janjlmjles  dans  un  Ouvrage  grave  &c  {crieux  , 
ni  ceux  qui  arteiitent  de  la  fcvéntc  ,  ni  ceux  qui  n'ai- 
ment pas  les  J:;iLiites  ,  il  d'ailleurs  ils  ne  lont  point  dans 
les  (entimcns  des  Janfenijles.  Mais  on  le  fait  louvent 
dans  la  converlation  ,  dans  le  llyle  familier  ,  &c  en 
plail'antant.  Le  leul  premier  lens  eft  le  lens  propre , 
&  celui  qu'on  donne  à  ce  nom  dans  l'Hiftoire  , 
daçs  les  Mandemens  des  Prélats  ,  dans  les  tdits  ,  dans 
les  Ouvrages  Théologiques  ,  &c. 

Janséniste.  Les  femmes  ont  appelé  JanféniJlcs  ,  des 
poignets  qu'elles  mertoient  par  modeif  ie  pour  cacher 
leurs  bras.  Le  mot  de  JanféniJlc  en  ce  lens  n'cft  plus 
en  ulage  depuis  quelque  temps. 

Janséniste.  Se  dit  d'une  force  de  Juppé  ,  ou  de  panier 
pour  les  femmes  modcftes.  Il  ^_  a  des  panieis  qui  ont 
des  baleines  depuis  le  haut  juiqu'cn  bas  ,  ce  ne  font 
pas  ceux  qu'on  nomme  Janfenijles.  Un  Janfenijîe  cil 
un  panier  qui  n'a  des  baleines  que  julqu'à  la  moitié  , 
&  qui  n'en  a  point  dans  la  partie  balFe  ;  mais  qui  eft  pi- 
qué. Madame  ,  voulez-vous  acheter  un  Janfénljle  ? 
Srupparum  cïrculïs  fupernè  d'ijlentum  ,  infernè  ïnter- 
punclionibus  Jlipatum. 

Janséniste,  eft  aulfi  un  adjeétif.  Efprit  JanféniJle.  Ce 
coup  eft  parti  d'une  main  JanféniJle.  Cette  propoli- 
tion  eft  Janfénïfle.  Livre  JanféniJle.  Des  heures  Jan- 
fenijles. 

A  la  Janséniste.  Phrafe  adverbiale ,  qui  fe  ditauflîde 
pluiieurs  choies  fûtes  avec  une  propreté  afteélée. 
Habillé  à  la  JanféniJle.  Meublé  à  la  JanféniJle.  Re- 
liure à  la  JanféniJle. 

JANTE.  1.  f  Terme  de  Charron.  Pièce  de  bois  de  char- 
ronage  courbée  qui  fait  une  partie  du  cercle  de  la 
roue  d'un  moulin ,  d'un  carrelle ,  ou  d'une  charrette. 
Canthus.  Les  jantes  lont  débitées  de  deux  à  trois 
pieds  de  long ,  &  doivent  être  bien  chantournées. 

Ce  mot  vient  de  xo:»9ij,  qui  lignifie  le  fer  appliqué 
fur  les  roues  des  chariots.  Nicod. 

JANTHE.  f.  f.  Nom  de  femme.  Janthe.  Elle  étoit  de 
Crète; elle  époufalphide,  &  le  jour  même  de  l'es  no- 
ces elle  fut  changée  en  homme.  Ovide,  Mec.  L.  IX , 
V.  S [ y  ,Sû 0  ,  8 ç6. 

JANTILLE.  f.  f.  Mouillez  les  deux  //.  Gros  ais  qu'on 
applique  autour  des  jantes  &  des  aubes  de  la  roue  d'un 
moulin,  pour  recevoir  la  chute  de  l'eau,  &  la  faire 
mouvoir  plus  vite.  h3.jantille  fert  aulli  pour  élever  les 
eaux  par  le  moyen  des  roues  dilpolées  à  cet  effet. 

JANTILLER.  v.  a.  Mettre  de  la  jantille  autour  de  la 
roue  d'un  moulin ,  ou  d'une  roue  deftinée  à  lever  des 
eaux.  Il  m'a  coûté  tant  pour  jantiller  cette  roue. 

JANTRA.  Nom  d'une  rivière  de  la  Bulgarie.  Jatrus  , 
Jeterus.  Elle  prend  la  fource  au  mont  Argentaro, 
baigne  Ternovo  ,  &  va  (e  décharger  dans  le  Danube , 
à  quatre  ou  cinq  lieues  audclîous  de  Nicopoli. 
Maty. 

JANUAL.  f.  m.  Non  d'une  fête  de  Janus.  Januale.  Fcf- 
tus  dit  qu'on  faifoit  ce  jour-là  à  Janus  des  oftrandes 
de  g.âteaux  ,  &  d'une  efpèce  de  pâte  fiite  de  farine 
d'orge  ,  &:  allailonnée  de  fel  ,  d'encens  tic  de  vin. 
Ovide,  Fajl.  L.  î ,v.  ij2.  Onappeloit  aullî  J^j/zi^a/tf, 
Te  gâteau  qu'on  oftroit. 

JAN-VANGENTEN.   Foyei  Mouette. 

JANUBISTUH.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du 
fixième  mois  des  Géorgiens.  Il  répond  au  mois  de 
Juin  de  l'année  Julienne. 

JANVIER,  f.  m.  Nom  du  premier  mois  de  l'année,  fé- 
lon la  fupputation  dont  on  le  fert  aujourd'hui  en  Oc- 
cident. Januarius.  Le  Roi  Charles  IX  ,  ordonna  par  un 
Édit  de  l'année  1565,  qu'on  commenceroit  à  compter 
l'année  par  le  premier  de  Janvier.  Auparavant  on  la 
commençoit  à  Pâques ,  ou  à  Noël ,  comme  témoigne 
le  Père  Pétau  en  fon  Racionarlum. 

Cette  renrarque  eft  importance  pour  entendre  la 
date  des  anciennes  Ordonnances ,  &  celle  des  Aétes 
qui  nous  viennent  de  Rome,  où  l'année  commence 
encore  à  Pâques. 

Cette  Ordonnance  de  Charles  IX  ne  fut  enregif- 
rrée  au  Parlemear  que  le   15?  Décembre  1^64.    Le  i 


premier  Janvier  qui  fuivit  l'enregiftrement ,  le  Roi 
&  la  grande  Chancellerie  comptèrent  i  j6j.  Le  pre- 
mier Janvier  fuivant  on  compta  i  j66  en  la  Chancel- 
lerie de  Paris.  Mais  au  Parlement  on  ne  commença  à 
compter  1566  qu'au  14  Avril,  jour  de  Pâques.  Au 
mois  de  Janvier  fuivant,  on  compta  IJ67  dans  toute 
la  France. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Januarius.  Les  Romains  lui 
ont  donné  ce  nom,  à  caufe  Ac  Janus ^  Divinité  à  qui 
ils  attribuoient  deux  têtes,  parce  que  d'un  côté  le  pre- 
mier jour  de  /t!«v;t'r  regarde  l'année  précédente.  Se 
de  l'autre  celle  qui  vient.  Le  mot  de  Januarius  peut 
auin  venir  de  janua  j  porte ,  &c.  Ce  mois  étant  le  pre- 
mier de  tous  eft  comme  la  porte  des  années.  Il  fut 
ajouté  à  l'année  par  Numa  Pompilius  :  l'année  de 
Romulus  commençoit  par  le  mois  de  Mars.  Les  Chré- 
tiens jeùnoient  autrefois  le  premier  jour  de  Janvier^ 
pour  abolir  les  fuperftitioiis  des  Païens,  qui  en  1  hon- 
neur de  Janus  faifoient  des  feftins ,  des  danfes  &  des 
déguilemens ,  comme  des  malcarades.  Voye-^  le  Ser- 
mon de  l'Évêque  Fauftin  fait  en  ce  jour ,  &  imprime 
par  le  P.  ChiHet  Jéfuite,  &  cnfuite  par  BoUandus  dans 
les  Acla  Sancl.  Januar.  T.  J ,  p.  2.  ôc  les  Notes  de 
Baronius  fur  le  Martyrologe  Romain  ,  au  premier 
Janv.  Not.  i- 

On  dit  proverbialement,  que  Janvier z  trois  bon- 
nets ,  pour  dire  qu'il  fait  froid  en  ce  temps  là ,  &  qu'il 
fe  faur  bien  couvrir  la  tête.  On  dit  aullî,  c'eft  un  foleil 
de  Janvier  qui  n'i  ni  force ,  ni  vertu  ;  pour  dire,  quune 
perfonne  n'a  guère  de  pouvoir. 

Janvier,  f.  m.  Eft  aufti  un  nom  d'homme.  Januarius. 
Saint  Janvier  J  Evêque  de  Bénévent,  aflifta  au  Concile 
de  Sardique ,  en  347.  Janvier  Évtque  de  Caillari  du 
temps  du  Pape  S.  Grégoire,  étant  peu  zélé  pour  la 
converfion  des  Barbaricins  de  Sardaigne  encore  idolâ- 
tres, S.  Grégoire  y  envoya  un  Evêque  &  un  Abbé 
fiour  travailler  à  leur  converfion.  S.  Janvier  Evêque  de 
Malaca  en  Elpagne  ayant  été  dépolé  par  injuftice  ôc 
par  violence ,  fut  rétabli  par  S.  Grégoire  Pape  en  60  j. 

JANVILLE.  Nom  d'une  petite  ville  de  France.  Janvilla^ 
Heinvilla.  Elle  eft  daiis  l'Orléanois ,  entre  Orléans  &: 
Chartres,  environ  à  moitié  chemin  de  l'une  à  l'autre. 

JANUM.  Ville  de  la  Tribu  de  Juda.  Janum.  Les  Sep- 
tante l'appellent  Jémain^  Jof.  XV,  53. 

JANUS.  f.  m.  Nom  d'un  homme  ,  dont  les  Anciens 
firent  un  Dieu.  Janus.  C'eft  le  plus  ancien  Roi  d'Ita- 
lie ,  dont  la  mémoire  fe  foie  coniervée ,  &  peut-être  le 
premier.  Les  fables  difent  qu'il  étoit  fils  d'Apollon  & 
de  Créiife  fille  d'Érichchéc.  Quelques  Auteurs  difenc 
qu'il  fut  feulement  adopté  par  Xiphéi' ,  mari  de  Créiifè. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  il  régnoit  en  Italie  i  yo  ans  avant 
l'arrivée  d'Enée  ,  &  par  conféquent  près  de  1400  avant 
Jes us-Christ.  Il  y  aborda  avec  une  grande  Hotte  ,  Se 
y  reçut  Saturne  chalfé  de  Crète  par  Jupiter  fon  lîls  j 
Si.  ayant  appris  de  Ion  hôte  l'art  de  cultiver  la  terre, 
il  partagea  le  gouvernement  de  fon  Royaume  avec 
lui ,  <&  l'y  alFocia.  Ils  régnèrent  avec  beaucoup  d'u- 
nion ,  &  bâtirent  deux  villes,  Janicule  &  Sacurnium. 
Ils  introduiiirenc  aulli  l'ulage  de  la  monnoie  de  cuivre  j 
Se  y  firent  graver  d'un  côté  la  tête  de  Janus  ,  Se  de 
l'autre  la  proue  du  vaifteau  de  Satiurne  ,  Rour  confer- 
ver  la  mémoire  de  fon  arrivée  en  Italie.  On  voit 
encore  aujourd'hui  ces  figures  fur  les  anciens  as 
Romains  qui  font  dans  les  Cabinets  des  Curieux. 
Plutarque ,  dans  fes  Queilions  Romaines  ,  Se  Ovide 
dans  lés  Faftes  ,  L.  I  ,v.  22 p,  nous  ont  expliqué  ces 
figures. 

Janus  étoit  le  Roi  de  ces  temps  le  plus  fage  Se  le  plus 
prudent.  Il  favoit  le  pallé  ,  il  prévoyoit  l'avenir  ;  Se 
pour  marc]uer  ces  talens  on  le  dépeignit  avec  une  tête  à 
deux  vitages  ,  l'un  devant,  l'autre  derrière.  Nous  en 
rapporterons  encore  dans  la  fuite  d'autres  raifons.  On 
le  peignit  encore  tenant  une  clef  d'une  main  ,  &  une 
baguette  de  l'autre.  Après  fa  mort  Ja^ti^s  fut  mis  entre 
les  Dieux.  Macrobe  &  Ovide,  FaJl.  L.  /,  v.  6 s  >  di- 
fent qu'il  étoit  le  Dieu  de  l'année. 

Numa  lui  bâtit  un  temple  à  Rome.  Il  avoit  deux 
portes  ,  que  l'on  n'ouvroit  qu'en  temps  de  guerre  ,  & 
que  l'on  cenoit  fermées  en  temps  de  paix.  Delà  cette 


J  A  N 

infcription  qui  fe  voir  au  revers  de  plufieuis  médailles 
deNéiou,  avec  le  temple  de  Janus  ,  Pace  t^rra  ma- 
H.IQ.UE  PARTA  Janum  clusit.  Et  cette  inlcriprioii 
rrouvée  à Mérida  en Elpagne  ,  Imp.  Caes.Divi.  f- Av- 
cusTus  Pont.  Max.  cos.  XI.  Tribvnic.  Pot.  X. 
Imp.  VIIII.  orbe  mari  et  terra  pacato  templo 
Jani  clavso  ,  &c.  Delà  aulll  les  funionis  de  Patulcius 
&  de  Clufius  qu'on  donna  à  Janus  ^  comme  qui  di 
roit,  V Ouvert  &c  le  Fermé.  On  remarque  que  ce  tem- 
ple ne  fut  pas  fort  fouvent  fermé  lous  1  Empire  de  Ro- 
me ;  une  fois  lous  Numa  ,  l'inftitutcur  de  cette  céré- 
monie; la  féconde  fois  après  la  leconde  guerre  Puni- 
que ,  l'an  J19  ,  de  Rome  ;  la  troificme  après  la  guerre 
d'Augufte  (&  d'Antoine  ,  &c  la  bataille  d'Adium,  l'an 
71$,  de  Rome,  au  cinquième  Consulat  d'Augufte  ; 
deux  fois  encore  fous  Auguftc  :  premièrement ,  pen- 
dant fon  neuvième  Conlulat ,  l'an  719  ,  de  Rome,  fe- 
condement ,  vers  la  nailfance  de  J.  C.  une  fois  (ous 
Néron  l'an  811;  fous  Velpafien  l'an  S24;  tous  Gor- 
dien le  jeune  avant  l'an  99  j.  Ammien  Marcellin  pré- 
tend que  la  coutume  s'en  conferva  quelque  temps  , 
même  fous  les  Empereurs  Chrétiens ,  &  que  Conftan- 
rius  ,  après  fes  viéioires  fur  Magnence  &  fur  tous  les 
tyrans,  ferma  le  temple  de  Janus  ,  l'an  de  Rome  1 1  o  j. 
Aurefte ,  on  rapporte  différemment  l'origine  &  l'infti- 
tution  de  cette  coutume  de  l'ouverture  ôc  de  la  clôture 
de  ce  temple.  Les  uns  difent  que  dans  un  combat  que 
Romulus  livra  aux  Sabins  ,  la  vicioire  penchant  du  cô- 
té de  ceux-ci ,  il  forcit  du  champ  de  bataille  de  l'eau 
chaude  ,  ce  qui  fit  prendre  la  fuite  aux  Sabins;  qu'en 
mémoire  de  ce  prodige  on  bâtit  un  temple  en  ce  lieu , 
que  l'on  ouvroit  en  temps  de  guerre  ,  afin  de  tirer  en- 
core de  là  du  fecours.  D'autres  difent  que  Tatius  & 
Romulus  ayant  fait  alliance ,  bâtirent  un  temple  à  frais 
communs  ,  ôc  que  la  coutume  de  l'ouvrir  en  temps  de 
guerre  ,  8c  les  deux  vifages  du  Dieu  qu'on  y  adoroit , 
marquoient ,  ou  bien  l'union  des  deux  Rois,  ou  qu'en 
faifant  la  guerre  il  faut  penfer  à  la  paix  ,  ou  qu'en  al 
iant  au  combat  on  doit  toujours  avoir  fes  derrières  li- 
bres ,  pour  Elire  {a  retraite  en  cas  d'accident. 

Quelques  uns  croient  que  Janus  eft  le  loleil ,  Se  ils 
lui  donnent  non  pas  deux  vifages ,  mais  quatre ,  à  caufe 
des  quatre  parties  du  monde  qu'il  parcourt ,  ou  des 
quatre  faifons  de   l'année  qu'il  fait.  C'ell:  pour  cela 
qu'on  le  faifoit  Dieu  de  l'année,  &  qu'on  le  repré- 
lentoit  tenant  d'une  main  le  nombre  de  CGC ,  Se  de 
l'autre  celui  de  LX'V  ;  ce  qui  fait  le  nombre  des  jours 
de    l'année.  Janus  eft  Noé  ,  qui  fut  encore  appelé 
Xifufius  ,  ou  plutôt  c'eft  Javari  ,  fils  de  Japheth ,  & 
père  des  Ioniens.  Vossius,  de  Idol.  L.  I,  c.   1 8  ■,  L. 
VU ,  c.  9.  Sous  ce  nom  on  adoroit  toute  la  nature.  Ib. 
c.  4.  D'autres  difent   que   Janus  eft  le  même   que 
Gygès.  Le  fentiment  de-ceux  qui  difent  que  c'eft  Noé, 
eft  le  plus  vraifemblable.  Tout  ce  qu'on  dit  de  Janus 
convient  à  ce  Patriarche.  Le  vaiilçau  qu'on  lui  don- 
noit ,  &  qu'on  marquoit  fur  la  monnoie ,  n'eft  point 
le  vailfeau  de  Saturne.  Les  Anciens  eux-mêmes,  com- 
me Plutarquc ,  rejettent  ce  fentiment.  Combien  d'autres 
s'étoient  retirés  par  mer  &  iur  des  vailfeaux  î  Qu'y  a  t-il 
qui  foit  particuher  à  Saturne ,  &  qui  ne  déligne  que 
lui  î  Ce  vaiifeau  eft  bien  plutôt  l'Arche  de  Noé.  Ja- 
nus eft  formé  de  l'Hébreu  pi  ,}ain  ,  du  vin  ,  parce 
que  Noé  planta  la  vigne ,  &  fît  du  vin.  On  le  dépei 
gnoit  avec  deux  faces  ,  pour  marquer  les  deux  âges  , 
&  les  deux  mondes  ,  qu'il  avoir  vus  devant  Se  après  le 
déluge.  Il  écoit  le  Dieu  de  l'an ,  &  le  premier  mois  de 
l'année  portoit  fon  nom ,  parce  qu'il  avoit  commencé 
le  nouvel  âge  après  le  déluge. 
Janus  étoit  l'un  des  Grands  Dieux,  &  on  le  nommoit  le 
premier  dans  les  invocations  des  facrifices.   Dans  les 
vers  des  Saliens ,  il  étoit  qualifié  de  Dieu  des  Dieux. 
O  nlui  donnoit  aullî  le  nom  de  père  par  excellence  , 
parce  qu'il  palfoit  pour  le  premier  des  Dieux.  On  at- 
tribuoit  d,  Janus  l'invention  deplufieurs  chofes.  Il  avoit 
appris  aux  hommes  à  conftruire  des  autels,  &  on  le 
reprefentoit  avec  douze  autels  lous  les  pieds  II  leur 
apprit  aulTi  à  faire  des  facrifîces  ,  &  des  fx-tts  à  l'hon- 
neur des  Dieux.  Il  inventa  les  vergers ,  ou  les  jardins 
fruitiers.  Il  donna  aulli  aux  chefs  des  Colonies  les  ver- 


J  A  P  7 

gcs  &  les  faifccaux ,  pour  contenir  les  peuples  dans  le 
devoir.  Pour  mettre  les  biens  Se  la  pudeur  des  particu- 
liers en  lureté  ,  il  inventa  les  portes  ,  qui  pour  cela  fu- 
rent appelées  Jtf«««  ,  &c  les  clefs.  Aulii  portoit -il  une 
verge  d'une  main  ,  Se  une  clef  de  l'autre.  'Vossius  ,  de 
Idol.  L  ,  IX c.  2S.  Il  palloit  encore  pour  l'inventeur 
des  couronnes  ,  des  vailîèaux  pour  la  navigation  ,  Se 
des  ponts  volans.  Janus  étoit  pris  pour  le  inonde.  Vos- 
sius ,  de  Idoll.  L.  FUI ,  c.  2.  Il  piéfidoit  encore  aux 
portes ,  qu'on  appelle  en  Latin  Januéi..  'Vossius  ,  de 
Idol.L.  VIII,  c.  ij. 

Les  Auteurschez  qui  l'on  peut  apprendre  ce  qui  re- 
garde/i7««j,  lont  Rofin  ,  Antiq.  Korn.  L.  II  ^  c.  3. 
Dempfter  fur  Rofin  ,  Lilius  Giraldus  ,  Sync.  Deor. 
Ca(p.  Barthius  ,  Comment,  fuperjl.  'VolL  de  Idol.  L. 
I  ,c.  22.  18.  L.  II ,  c.  16. 

Janus  a  été  aulîl  le  nom  de  plulîeurs  hommes.  Baïf  s'ap- 
peloit  Janus.  Le  fameux  Gruter  ,  dont  nous  citons 
louvent  le  recueil  d'Infcriptions  antiques  ,  s'appeloic 
auflî  Janus.  Ce  nom  Latin  eft  demeuré  dans  notre  lan- 
gue fans  aucun  changement. 

JANUTL  Voyei  Gianuti. 

JANZ    MAYEN    EYLAND.    Voye-^  Jean    M^y. 

J  A  O. 

JAO.  f.  m.  Nom  propre  de  Dieu.  Jao  j  Jeova.  C'eft  le 
même  nom  que  Jéhova ,  que  les  Grecs  prononçoienc 
Jao ,  comme  on  le  voit  dans  Diodore  de  Sicile ,  L.  I. 
Se  dans  un  Oracle  de  l'Apollon  de  Claie ,  rapporté 
par  Macrobe  ,  Z.  /,  c.  /7.  Le  P.  Soucier,  Jéluite  , 
dans  fa  Dillertation  fur  le  nom  de  Dieu  o{-[C\'> ,  Jehovah  , 
prétend  que  c'eft  l'ancienne  Se  première  prononcia- 
tion du  nom  propre  de  Dieu  parmi  les  Hébreux  ,  Sc 
qu'elle  vient  du  verbe  n^n  ,  ou  m~l  ,  conjugué  félon 
la  forme  des  verbes  Hébreux ,  dont  la  féconde  radica- 
le eft  un  :  ,  ou  un  5 ,  qui  n'a  point  de  voyelle  propre. 
QulefcentuL  ain  vau. 

JAOCHEU.  Joacheum.  Belle  Se  grande  ville  de  la  Chi- 
ne ,  féconde  Métropole  de  la  province  de  Kiangfi  , 
fur  le  bord  leptenuional  du  Heuve  Po.  On  y  fait  de 
belle  porcelaine.  Elle  elf  plus  occidentale  que  Pé- 
kingde  31  m.  &  à  29  d.  40  m.  delat.  Atlas.  Chi. 

J  A  P. 

JAPAR  A ,  ou  JAPARE.  Nom  d'une  ville  des  Indes  orien- 
tales. Japara.  Elle  eft  fur  la  côte  léptentiionale  de  l'île 
de  Java ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Japara  ,  envi- 
ron à  foixante  dix  lieues  de  Batavia ,  vers  le  levant. 
Cette  ville  eft  capitale  d'un   royaume  qui  porte  Ion 
nom ,  Se  qui  ell  une  des  plus  conlidérables  de  l'île  de 
Java.  Maty.  Long.  128°.  40'.  lat.    mérid.   G°.  4j'. 
JAPARANDIBA.  f.  m.   Arbre  du  Biéfil  ,  dont  l'écorce 
cil  cendrée  ,  comme  celle  de  l'aune.  Son  bois  eft  dur, 
moelleux.  Ses  fleurs  lont  abondantes  ,  &  attachées 
lans  ordre  autour  des  rameaux  par   des  queues.  El- 
les   font   femblables  à    celles   du   janipaba  ,  oblon- 
gues ,  pointues ,  nerveules  ;   fes  fleurs   lont  grandes 
Se  belles  ,  compofécs   de  huit  grolfes  feuilles ,  fou- 
tenues  trois  à  trois  par  un  même  pédicule.  Elles  font 
femblables  en  figure ,  en  grandeur ,  en  couleur  Se  en 
odeur  à  celles  de  la  rofe.  Elles  ont  en  leur  milieu  plu- 
lîeurs petites  étamines  dilpofées  en  rond  ,  avec  un  petit 
fommet  jaune  Se  tremblant.  Il  leur  fuccède  des  fruits 
faits  comme  des  pommes ,  mais  plats  en  leur  partie  fii- 
périeure ,  gris  en  dehors ,  jaunes  en  dedans ,  contenant 
chacun  un  noyau  gros  comme  une  aveline  ,  anguleux  , 
ayant  la  figure  d'un  cœur  ,  de  couleur  de  foie  ,  luilanr. 
On  applique  fes  feuilles  fur  les  duretés  du  foie  &  des 
hypocondres.  Elles  proJuifcnt  le  même  effet  quand  on 
les  donne  en  forme  d'apozême  :  ce  qui  fait  qu'onpeut 
les  mettre  au  nombre  des  remèdes  apéritifs.  Ray  ,  Rifi. 
Plant. 
JAPET.  f.  m.  Nom  d'homme.  Japetus.  Les  Poëtes  di- 
fent que  Japet  étoit  fils  du  Ciel ,  ou  deTitan,  Se  de 
la  Terre  ;  qu'il  époula  la  Nymphe  Aile  ,  qu'il    en 
eut  quatre  fils,  Hefpérus ,  ou  'Velpérus,  Atlas  ,  Epi- 
méthée  Se  Prométhce  ;  que  c'étoit  un  Géant  d'une  taille 


8  J  A  P 

énorme.  Les  Grecs  le  recoraioinbient  pour  l'Auteur 
&  le  chef  de  leur  race  ,  &  ne  reconiioillent  rien  de 
plus  ancien  que  lui ,  au  delFus  duquel  ni  leur  hilloire  , 
ni  leur  tradition ,  ne  remontent  point.  C'eft  pour  cela 
<ju'il  avoit  paire  en  une  elpcce  de  proverbe  chez  eux 
d'appeler  un  vieillard  décrépit  &  radoteux  ,  un  Japet , 
comme  on  le  voit  dans  Héiychius  ,  &  dans  Suidas. 

Le  Japec  des  fableseft  le  Japhetde  l'Ecriture  ,  fils  de 
Noé.  C'étoit  le  père  des  Grecs ,  parce  que  dans  le  par- 
tage de  la  Terre  ,  cent  ans  après  le  déluge  ,  Japhet  eut 
ce  que  nous  appelons  l'Europe  qu'il  commença  à  peu- 
pler par  les  Iles  de  l'Archipel ,  que  l'Ecriture  ,  Gen. 
X  j-.  appelle  ks  lies  des  Nations ,  Se  enfuite  par  la  Grè- 
ce, en  allant  toujours  de  proche  en  proche.  Ils  ne  re- 
montoient  point  plus  haut, parce  qu'ils  n'avoient  nul- 
le connoillànce  de  tout  ce  qui  avoit  précédé  le  déluge 
univerfel.  Japhet ,  qui  a  peuplé  la  plus  grande  partie 
de  l'Occident ,  y  e(l  demeuré  célèbre  fous  le  nom  fa- 
meux de  Japet.  Bossuet. 

JAPHE.  M.  Féîibien  appelé  Jiiphe  cette  ville  de  Pa- 
leftine  qu'on  nomme  ordinairement  Ja£a.  Eudes  de 
Montcreau  accompagna  Saint  Louis  dans  le  voyage 
de  la  Terre-Sainte ,  il  fortifia  le  port  &  la  ville  de  Ja- 
pke.  FÉLiB. 
APHET.  ù  m.  Nom  d'homme.  Japhet  j  Japhetus. 
C'eft  l'aîné  des  trois  fils  de  Noé,  Gen.  V,  ji.  X,2t.I\ 
eft  pourtant  des  Auteurs  qui  après  S.  Jérôme  &  S.  Au- 
guftin  foutiennent  que  Sem  étoit  l'aîné.  L'expreffion 
eft  douteufe  dans  le  Texte  Hébreu ,  mais  le  premier 
fentiment  paroît  néanmoins  plus  conforme  au  génie  de 
la  langue.  Dieu  le  bénit,  Gen.  IX,  /i.  Il  eut  fept  fils, 
GcK.  X,  2.  &c  peupla  l'Europe  ,  qui  lui  échut  dans  la 
diftiibution  de  la  Terre  ,  qui  fe  fit  cent  ans  après  le  dé- 
luge. Japhet  eft  manifeftement  le  Japet  des  Poètes 
Grecs  &  Latins.  Voyez  ce  mot.  Il  n'y  a  pas  fur  cela 
deux  fentimens. 

Le  pays  que  l'on  dit  être  aux  confins  de  Japhet  y 
•dans  Judith  ,  I,  i  y.  félon  quelques  interprètes  ,  eft 
Joppe  ,  ou  Jafa ,  &  fon  territoire  lelon  le  P.  Lubin  , 
c'eft  une  contrée  de  l'Arabie.  L'un  eft  auili  probable 
que  l'autre.  Ce  font  les  côtes  occidentales  de  l'Afie 
mineure. 

Le  nom  de  Japhet  vient  de  l'Hébreu  n£i ,  qui  figni- 
fie  e'tendu  y  on  heau,  ou  quipcrfuade  ,  félon  différentes 
i-acines  dont  on  le  dérive.  Le  nom  de  Japet ,  fi  connu 
dans  la  fable  ,  vient  lans  doute  de  celui  de  Japhet  ; 
mais  l'Etymologifte  Grec  ne  lui  donne  qu'une  origine 
Grecque;  i'utuI®-,  dit  cet  Auteur,  vient  de  iml'Sf  ■  ayà 
eft  dérivé  à'i'mu^  i^;'»  vient  de  r.;,  oudci>-^(,de  forte 
<)ue  fuiv.ant  ces  étymologies  Japet  veut  A^nc  jaculator , 
ou  Venator  ;  c'cft-à-dire,  lanceur  de  dards  ^  chajfeur. 

JAPHIÉ,  Nom  d'une  ville  de  la  Tribu  de  Zabulon. 
Japhie,  Japhia.  Elle  étoit  du  côté  que  les  limites  du 

■  midi  fe  joignent  à  celles  de  l'orient.  Jof.  XIX,  12. 
P.  Lubin.  Au  contraire  M.  Reland  dit  qu'elle  étoit 
fur  la  Méditerranée,  près  du  mont  Carmel ,  entre  Cé- 
farce  &  Ptolémaïde  ;  qu'on  l'a  nommée  Oppidum  Syca- 
minum ,  &  Hépha  ,  félon  Eusèbe ,  qu'aujourd'hm  les 
Arabes  appellent  Epha,  ou  Ipha;  &  que  c'eft  peut- 
être  la  Jehba  de  Pline,  L.  V,  c.  iS.  Il  falloir  dire,  c  i  g. 

^APHO.  Foye-{  Jafa.  C'eft  la  même  chofe. 

JAPIS.  f  m.  fils  d'Iafus  :  il  fut  aimé  d'Apollon,  qui  lui 
fit  connoître  les  verms  falutaites  des  plantes ,  &  lui  ap- 
prit à  guérir  les  maladies  des  hommes. 

JAPODES.  f  m.  pi.  C'étoit  une  Nation  mêlée  d'Illyriens 
&  de  Gaulois ,  qui  occupoit  à  peu  près  le  pays  que  nous 
appelons  maintenant  Croatie  ,  entre  la  Save  éc  la  mer 
Adriatique.  Ce  peuple  ayant  caufé  quelques  r.ivages 
fur  les  terres  de  l'Empire,  furent  attaqués  &  vaincus 
par  le  Coiiful  C.  Sempronius  Tuditanus  ,  l'an  de 
Rome  625  ,  &  on  accorda  au  vainqueur  l'homieur  du 
triomphe.  Appien  ,  Illyr. 

JAPON.  Nom  d'un  grand  Empire  de  l'Ahe.  Japonia  , 
JappnicA  InfuU.  Il  confifte  en  plufieursîles,  dont  il  y 
en  a  trois  qui  font  beaucoup  plus  confidérables  que  les 

■  autres ,  Niphon ,  beaucoup  plus  grande  que  toutes  les 
autres  enfcmble  ,  Ximo ,  ou  Saicock  ,  Xicoco  ,  ou 
Tokoefi.  Ces  îles  ont  la  Chine  au  couchant-,  la  Tarta- 
ïie  Orientale,  &  le  pays  de  Jefto  au  noidi  l'Océan 


J  A  P 

oriental  les  baigne  au  levant  &:  au  midi.  Elles  s'éten- 
dent depuis  le  171"=  degré  de  longitude  jufqu'au  188"^ , 
&  depuis  le  3  l'de  latitude  jufqu'au  40'=.  L'air  y  eft  tem- 
péré &:  fain ,  &:  le  terroir ,  quoique  montagneux ,  très- 
fertile  en  orge  ,  en  ris ,  en  maïs ,  &  en  pluiicurs  fruits. 
Mais  ce  qui  les  rend  plus  conlidérables,  ce  font  les 
mines  d'or  &  d'argent.  On  y  trouve  aufti  quantité  de 
grofles  perles,  qui  font  rouges,  &  aulli  eftimées  que 
les  blanches.  Toutes  ces  îles  étoient  gouvernées  par 
un  Dayro,  qui  étoit  tout  enlcmble  chef  de  la  Reli- 
gion ,  &  de  l'État  i  mais  il  y  a  long-temps  que  les  guerres 
civiles  détruifirent  cet  Etat  ,  &C  le  divifercnt  en  CG 
Royaumes,  dont  l'île  de  Niphon,  avec  quelques  unes 
des  petites  qui  font  voifines,  en  contenoit  j8  ,  celle  de 
Ximo  9 ,  &  celle  de  Chicoco  les  quatre  autres.  L'an 
I J50,  il  s'y  éleva  un  nouvel  Empereur,  fous  le  nom 
deCubo,  qui  réduiht  tous  ces  Royaumes  en  Provin- 
ces, S.C  qui  ne  lailla  aux  fuccelfeurs  des  anciens  Dayres 
que  l'autorité  qu'ils  avoient  en  qualité  de  chefs  de  la 
Religion,  &:  quidivifa  tout  l'État  en  fept  grandes  con- 
trées; l'île  de  Niphon  en  contient  cinq,  qui  font  Ja- 
maïftero ,  Jetfengen ,  Jetfengo ,  Quanto  &  Ochio ,  les 
deux  autres  (ont  les  deux  îles  de  Ximo  &  de  Chicoco. 
Il  y  a  quantité  de  belles  villes  dans  cet  État;  les  princi- 
pales lont  Mé.aco ,  anciennement  capitale ,  &  mainte- 
nant réiidence  du  Dayro,  &:  Yendo  nouvelle  capitale, 
&  réhdence  du  Cubo.  Maty.  Un  (oldat  François ,  qui 
étoit  de  l'expédition  de  M.  de  la  Sale ,  &  qui  après  la 
inort  de  ce  Commandant  pénétra  jufqu'aux  Acaanibas 
à  l'occident  du  Canada ,  a  rapporté  qu'il  avoit  appris 
d'eux  qu'ils  trafiquoient  leur  or  avec  une  nation  iituée 
à  douze  journées  au  couchant,  qui  leur  donnoit  du 
fer;  &  il  juge  que  ce  lont  les  Japonais. 

Japon.  (  île  de  )  f^oye^  Niphon. 

^0°JAPON.  f  m.  Terme  de  commerce.  C'eft  le  nom 
qu'on  donne  à  la  porcelaine  qui  nous  vient  du  Japon» 
Ces  tades  font  d'ancien  Japon. 

JAPONNER.  v.  a.  Les  Marchands  qui  font  commerce 
de  porcelaine ,  fe  fervent  de  ce  terme  pour  exprimer 
une  nouvelle  cidiron  qu'ils  font  donner  en  Hollande 
ou  en  Angleterre  aux  porcelaines  de  la  Cliine ,  donc 
ils  louhaitent  augmenter  le  prix  ,  en  les  lailant  palier 
pour  porcelaines  du  Japon,  /'^oy^?  le  Dict.  de  Com. 

JAPONOIS  ,  OISE.  C  m.  &  f.  Nom  propre  de  peuple.' 
Qui  eft  du  Japon.  Habitant  du  Japon.  Japo.  Les  Japo- 
nais font  originaires  de  la  Chine  ;  ils  font  de  grande 
taille ,  robuftes ,  fiers ,  cruels ,  fermes  dans  l'adveriîté  , 
guerriers,  foutfrant  facilement  toutes  les  incommodi- 
tés de  la  guerre.  Ils  ont  l'ufage  des  armes  à  feu,  du 
fabre  &  de  la  pique  :  mais  ils  fe  fervent  encore  de 
l'arc  &  des  flèches.  Ils  haïllènt  les  jeux  de  hafard,  les 
juremcns  ,  la  médifance  ,  le  menlonge  iSc  le  larcin.  lis 
fe  défient  extrêmement  des  étrangers  ;  les  (euls  Hollan- 
dois  ont  le  droit  d'aborder  dans  leurs  ports,  parce 
qu'ils  font  les  feuls  qui  veulent  fouler  un  Crucifix  aux 
pieds.  Quand  leurs  vailfeaux  arrivent,  on  les  def- 
arme ,  Se  des  Commilûires  ayant  fiit  l'inventaire  de 
la  charge ,  ils  les  font  décharger ,  &  y  ayant  rechargé 
de  l'or  ,  de  l'argent ,  &:  d'autres  denrées ,  telles  qu'il 
leur  plaît ,  ils  leur  rendent  leurs  munitions  de  guerre  , 
&  leur  fixent  un  jour  pour  leur  départ.  Quoique  dans 
ce  commerce  ils  loient  juges  Se  parties ,  on  alfure 
pourtant  qu'ils  y  fuivent  exactement  les  loix  de  l'é- 
quité. Ils  font  idolâtres,  &  leurs  principaux  Dieux 
font  Xaca  Se  Amida.  Ils  ont  parmi  eux  un  prodigieux 
nombre  de  Religieux  Se  de  Religieules  qui  le  confi- 
crent  à  leurs  idoles ,  Se  qu'on  nomme  Bonzes.  Saint 
François  Xavier,  de  la  Compagnie  de  Jésus,  y  prêcha 
l'Évangile  vers  l'an  i  549 ,  à  la  faveur  des  Portugais 
qui  commerçoient  dans  ce  pays ,  &  il  y  convertit  un 
très  grand  nombre  de  gens.  Au  commencement  du 
fiecle  palfé  un  Flamand ,  natif  de  Bruxelles  ,  contrefit 
une  lettre,  qu'il  prétendit  avoir  été  trouvée  dans  un 
vaifteau  Portugais ,  qui  contenoit  un  delîèin  de  le  ren- 
dre maître  du  pays  par  le  fecours  des  Chrétiens  qui  y 
étoient.  Il  la  fit  voir  à  l'Empereur ,  qui  fit  mallacrer 
tous  les  Portugais  fans  diftinélion  d'âge  ni  de  lexe  ,  (S.' 
fcs  fuccelfeurs  n'ont  point  permis  depuis  qu'on  parlât 
duChriftianifme  dansleurpays.  PlulieursMiirionnaircs 

Européens 


I 


J  A  P 

Europcens  Se  une  infinité  de  Chrétiens  da  pays  y 
ont  lourtcit  le  niLUtyre  &  les  tounnens  les  plus  cruels , 
avec  une  conllaiice  &  un  courage  dignes  des  premiers 
licclcs  de  rÉglilc.  Les  Japonais  font  une  nation  d'une 
exade  probité,  noble,  généreufe,  &  aimant  l'hon- 
neur fur  toutes  chofes;  nulle  autre  nation  barbare  ne 
les  furpaiiè  en  bonté.  Ils  ont  l'efprit  aiié,  nullement 
tourné  à  la  fraude  &:  à  la  tromperie.  Xaver.  LpiJI.  L. 
m,  ep.  s- 
JAPONOIS  ,  OISE.  adj.  Qui  .appartient  au  Japon.  Jcipo- 
nicus.  Il  y  a  un  Didfionnairc  Japonais  imprimé  à 
Nangazaki  au  Japon.  Il  y  a  une  Grammaire  Japonoifc 
&  un  Ditlionnaire  Japonais  imprimés  à  Rome,  /«-40. 
en  lôji  ,  compoCs  par  le  P.  Didaque  CoUado,  Do- 
minicain. Celui  ci  eft  Japonais  &c  Latin,  l'autre  Por- 
tugais &  Japonais. 

Il  y  a  une  Deicription  Latine  du  Japon  par  Caron , 
Se  une  autre  par  Varenus,  une  hiftoirc  du  Royaume 
du  Japon  par  Buxéda  en  Efpagnol,  une  d'Anialdus 
Montanus  en  Allemand.  On  trouve  encore  beaucoup 
de  chofes  touchant  ce  pays  &  fcs  peuples ,  dans  les 
Lettres  de  S.  François  Xavier ,  L.  II ,  ép.  G.  L.  III ,  L. 
IF,  dans  l'hiftoire  des  Indes  de  Malîée,  L  XII ,  dans 
celle  de  la  Compagnie  de  Jésus  en  Latin,  P.  /,Z.  IX , 
XI,  &  XF.  P.  II,  L.  IF.  P.  III,  L.  II,  F,  FI ,  Fil. 
P.  IF,  L.  III.  P.  F.  L.  III ,  IF,  FI,  IX,  XI,  Sec. 
dans  celle  de  Bartoli  en  Italien  l'JJîa,  P.  I  Se  II  ; 
dans  l'hiftoire  des  Millions  de  la  Chine  Se  du  Japon , 
par  Louis  Gufman,  Jéfuite,  en  Efpagnol;  dans  l'Am- 
balfade  des  Hollandois  au  Japon  ,  dans  la  vie  de  S. 
François  Xavier  par  le  P.  Bouhours,  I.  F;  l'hiftoire 
de  l'Églife  du  Japon,  par  le  Père  Cralîet;  dans  Alle- 
gambe ,  Mortes  illuftrcs  ;  dans  Vollîus ,  de  Idol.  L.  I , 
c.  S  Se  2 s- 
JAPONOIS.  f  m.  Langue  du  Japon.  Japonica  lingua. 
Prêcher  en  Japonais.  Bouh.  Fie  de  Xav.  L.  F.  Il  n'y 
a  qu'une  langue  en  tout  le  Japon;  mais  fi  abondante  & 
fi  mêlée ,  que  c'eft  en  effet  comme  s'il  y  en  avoit  plu- 
fieurs.  On  fe  fert  de  certains  iTiots  Se  de  certaines  phra- 
fes  dans  le  dilcours  femilier  :  on  emploie  d'autres  lo- 
cutions dans  les  dilcours  compofés.  Les  gens  de  qualité 
ont  un  langage  tout  différent  de  celui  du  peuple.  Les 
Marchands  &  les  loldats  ont  le  leur  ;  les  femmes  fe  fer- 
vent de  paroles  Se  d'expreiïïpns  qui  leur  font  propres. 
Quand  on  traite  un  fujet  (ubhme ,  &  qui  touche ,  par 
exemple ,  la  Religion  ou  l'État ,  on  ufe  de  termes  par- 
ticuliers ,  Se  ce  feroit  une  irrégularité  très-vicieuf  e , 
que  de  confondre  les  différentes  manières  de  parler. 
Idem. 
JAPPANT  ,  ANTE.  Madame  Des  Houlières  fait  dire  à 
Ion  chien: 

Souffre  qu'un  cœur  de  tes  charmes  épris 
Te  conte  quelquefois  de  ia.ppa.ntesjleurettes. 

Des  Houl. 

JAPPE.  (.  f  Mot  bas  &  du  petit  peuple ,  qui  fe  dit  en 
mauvaile  part ,  &  qui  fignifie  caquet.  Garrulitas.  Cet 
homme  ,  cette  femme  a  bien  de  \x  jappe. 

JAPPEMENT,  f  m.  Terme  de  Vénerie.  Aftion  de 
japper.  On  le  dit  particulièrement  des  petits  chiens. 
Latratus.  Leya/'jPc'/Tze/zr  des  chiens  fait  partir  le  gibier. 

JAPPER  ,  v.  n.  Aboyer.  Latrare.  Ces  chiens  ont  jappé 
toute  la  nuit.  Les  petits  chiens  jappent  quand  ils  (en- 
tent le  gibier.  Il  le  dit  proprement  des  chiens  qui 
aboient  fins  néceffité,  &  fiu:-tout  des  petits. 

Quand  du  chien  qui  jappe  là-bas.  Des-H. 

Quelques-uns  emploient  auftî  ce  mot ,  quand  il 
s'agit  du  renard.  Quand  le  renard  Se  le  quincajou 
chalfent  enfemble ,  le  quincajou  monte  fur  un  arbre , 
&  le  renard  jappe  pour  détourner  la  bête  ,  Se  la  faire 
palfer  fous  l'arbre.  I)e?jis  ,  Hijl.  de  l'Amer. 
JAPyCIE.  Ancien  nom  d'une  contrée  d'Italie.  Japygia. 
C'étoit  une  prefqu'ile  dont  l'ifthme  s'étendoit  depuis 
Tarente  jufqu'à  Otrante.  On  la  nommoit  Meffapie. 
En  fuppofant ,  comme  on  le  dit  communément ,  que 
l'Italie  a  la  forme  d'une  botte,  la  Japygie  eil  ce  qui  en 
Tome  F. 


J  A  Q  9 

fait  le  talon.  Servjus  dit  que  c'étoit  une  partie  de  la 
Pouillc  ,  dans  laquelle  eft  le  mont  Gargan  ;  ainfi  il 
donne  à  la  Japygie  des  bornes  plus  étendues  que 
Strabon ,  de  qui  la  defcription  que  nous  venons  d'en 
faire  eft  tirée  ;  car  le  mont  Gargan  eft  loin  de  la  pénin- 
fule  doiit  nous  avons  parlé  :  on  l'appelle  aujourd  hui 
la  Terre  d'Otrante. 

^CF  JAPYX,  fils  de  Dédale  ,  donna  fon  nom  à  ce  canton 
de  l'Italie  méridionale. 

JAPYGIE ,  étoit  auîli  un  nom  de  ville.  Il  y  avoit  une 

'   Japygie  en  Italie ,  &  une  en  Illyrie. 

JAPYGIEN ,  ENNE ,  adj.  Qui  appartient  à  la  Japygie.  la- 
pygius.  Le  promontoire  Japygien  étoit  à  la  pointe  de 
terre  la  plus  orientale  de  l'Italie  ,  à  l'extrémité  de  la 
Japygie  ,  Se  .à  l'entrée  du  golfe  de  Tarente.  On  le 
nomme  aujourd'hui  le  Cap  de  Sainte  Marie. 

J  A  Q. 

JAQUE,  f.  f.  Militare  flragulum.  Vieux  mot ,  qui  figni- 
fioit  une  petite  calaque  que  les  Cavaliers  portoient  au- 
trefois fur  leurs  armes  &  cuiralfes.  Elle  étoit  foite  de 
•  coton  ou  de  foie  ,  contrepointé  entre  deux  étoffes  lé- 
gères. Elle  s'appeloit  aullî  haubert  ,  ou  haubergeon  y 
comme  prouve  Jean  le  Maire  ,  en  fes  Uluftrations  des 
Gaules.  Il  s'en  faifoit  aullI  de  drap  d'or  &  d'argent , 
d'où  font  venus  les  Jaquettes  Se  grands  pourpoints. 
Du  Cange  croit  que  ce  nom  pourroit  venir  de  ces 
factieux  qui  ont  paru  autrefois  fous  le  nom  de  Jac~ 
querie. 

JAQ.UE  de  mailles.  Armure  fiite  de  plufieurs  petits  an- 
neaux attaches  enfemble  en  forme  de  maille ,  qu'on  por- 
toit  lous  les  habits.  Annulis  conferta  loricula.  Les  pol- 
trons qui  fe  battoient  en  duel ,  niettoient  une  jaque  de 
maille  fous  leur  pourpoint:  ce  qui  obligea  ceux  qui  fe 
battoient  fans  fupercherie ,  de  mettre  pourpoint  bas  en 
fe  battant. 

Ménage  ,  après  Pontanus ,  dérive  ce  mot  de  l'Alle- 
mand joche  ,  d'où  on  a  fait  depuis  Jaquette. 

Autrefois  on  a  écrit  Jaque  pour  Jaques ,  nom  pro- 
pre ,  en  Latin  Jacobus.  Vers  le  milieu  du  quatrième 
liècle  Jaque  Bd-homme  étoit  chef  des  factieux  qui 
parurent  en  ce  temps-là.  La  prononciation  diftingue 
fort  ces  deux  mots.  Dans  Jaque  de  Mailles  Va  eft  bref. 
Se  il  eft  long  dans  Jaques ,  nom  propre  d'homme  ,  Ja- 
cabus.  Quelques-uns  cependant  conjedlurent  que  le 
nom  de  Jaque  ,  vêtement,  vient  de  Jaque  Bon-hom- 
me ,  Se  de  Jacquerie. 

^  JAQUE,  f.  m.  Fruit  des  Indes ,  dont  l'Abbé  de  Choi- 
dit  qu'il  ne  le  trouvoit  pas  trop  bon.  Foye-^  Jaca 
dans  le  Diélionnaire  des  drogues  de  Lemery. 

JAQUE ,  EE.  Geftans  annulis  canfertam  loriculam.  Par- 
ticipe du  verbe  Jaquer ,  qui  n'eft  point  en  ulage.  Avoir 
une  jaque  de  mailles.  Il  étoit  jaque.  Ce  mot  eft  vieux  i 
le  Comte  de  BullI  s'en  ell  pourtant  fervi  dans  fes  Mé- 
moires. 

JAQUEMAR.  L'Académie  écrit  JAQUEMART  ,  Se 
M.  Félibien  JACQUEMART,  f.  m.  Terme  d'Hor- 
loger. C'elf  une  figure  de  fer ,  ou  de  fonte ,  repréientant 
un  homme  armé,  qu'on  met  à  côté  des  horloges ,  avec 
un  marteau  à  la  main ,  pour  frapper  fur  le  timbre  Se  fon- 
ner  les  heures.  Appojîtum  haris  pulfandis  Jlmulacrum. 
On  l'a  ainli  appelé  du  nem  de  l'ouvrier  qui  en  a  été 

■    l'inventeur  ,  qui  s'appeloit  Jacques  Marc. 

On  appelle  proverbialement  Jacquematc  un  homme 
mal-propre,  en  défordre ,  qui  a  quelque  habit ,'  quel- 
que accoutrement  ridicule ,  qui  relfemble  aux  Jaque- 
mars  des  horloges ,  qui  onî  ordinairement  une  figure 
plaifante. 

Quand  on  dit ,  Armé  comme  un  Jaquemar ,  cela 
vient  de  Jaquemaràe  Bourbon ,  troifième  fils  de  Jacques 
de  Bourbon,  Connétable  de  France  £ous  le  règne  du  Roi 
Jean.  C'étoit  un  Seigneur  fort  brave  Se  vaillant ,  qui  fe 
trouva  dans  toutes  les  occafions  les  plus  dangereufes  de 
guerre  &  de  tournois ,  mais  qui  pour  donner  bon  exem- 
ple ,  Se  fe  moquer  des  fanfarons,  étoit  toujours  armé  à 
l'avantage  ,  difant  que  les  armes  n'étoient  faites  que 
pour  cela ,  &  dès-lors  on  appela  Jaque-mars ,  tous  ceux 
qu'on  voyoit  armés  de  pié  en  cap.  Ce  qui  même  a  don- 

B 


lo  J  A  R 

né  lieu  â  ce  proverbe  :  il  efl:  armé  comme  un  Jaquemart  ; 
pour  dire,  il  eft  armé  de  cuiralFe  <Sc  embarrallé  de  Tes 
armes.  Ménage  contefte  cette  origine  ;  il  dit  que  ce  mot 
a  été  fait  de  Jaque  de  maille ,  qui  étoit  un  habillement 
de  guerre. 

|?3°  Jaquemar.  Ancien  terme  de  Monnoyagp.  C'étoit 
un  rellbrt  placé  au  premier  balancier  pour  faire  relever 
la  vis  du  balancier  quand  elle  fait  fon  eliort  pour  l'em 
prcinte  des  efpcces.  On  le  croyoit  capable  de  produi- 
re cet  eftct:  ce  que  l'expérience  a  démontré  faux. 

JaQ,uemar.  Borel  dit  qu'on  appelle  aulîî  Jaquemar  ,  au- 
trement Quintaine  ,  un  homme  de  bois  planté  en  ter- 
re ,  auquel  on  tire  au  blanc. 

JAQUERIE.  rojei  Jacquerie. 

JAQUES.  Petite  monnoie ,  qui  a  eu  cours  autrefois  en 
Galcogne  ,  comme  on  a  dit  Jacobus  en  Angleterre ,  & 
comme  on  dit  maintenant  Louis  en  France. 

JAQUET  ou  JACQUET,  f.  m.  Dimmutif  de  Jaques  ou 
Jacques.  Son  petit  laquais ,  c'étoit  Jaquet.  Madame 
DE  Sévigné. 

JAQUETTE,  f.  f.  Robe  de  petits  garçons  qu'ils  por- 
tent jufqu'à  ce  qu'on  leur  donne  la  culotte.  Toga.  Cet 
entant  avoir  appris  mille  gentillellés  lorfqu'il  n'avoit 
encore  que  \x  jaquette. 

Borel  dérive  ce  mot  de  auqueton  ,  qu'il  dérive  du 
Grec  nûot.  VoyeT^.  Jacque. 

Jaq,uette  ,  eft  aufli  un  habit  de  paylan  fait  en  petites 
cafiques  {ans  manches.  Sagulum  villatïcum. 

|CF  On  appelle  généralement  jaquette  tout  vêtement 
qui  va  jufqu'aux  gejioux  ,  &  quelquefois  plus  bas. 
On  dit  en  plaifantant  la  Jaquette  d'un  Moine ,  d'un 
Capucin. 

On  dit  proverbialement  qu'on  a  troulfé  la  jaquette 
à  quelqu'un  ■■,  qu'on  lui  a  bien  fecoué  fa  jaquette  ;  pour 
dire ,  qu'on  lui  a  donné  le  fouet ,  ou  qu'on  l'a  battu. 
On  dit  auili  d'une  chofe  qu'on  a  tout-à-fiit  oubliée 
Je  ne  m'en  fouviens  non  plus  que  de  ma  première  y'^z- 
quette. 

J  À  R. 

JAR,  ou  IJAR,  r.  m.  Nom  propre  d'un  mois  des  Hé- 
breux. Ijar ,  jar.  C'étoit  le  fécond  mois  de  l'année  Ec- 
cléiîaftique ,  ou  ficrée ,  qui  commençoit  par  le  mois 
Nifan ,  Se  le  huitième  de  l'année  civile ,  qui  commen- 
çoit par  Titri.  Il  répondoit  en  partie  à  nonre  mois 
d'Avril.  Selon  Tornicllus,  à  l'an  du  monde  2/45,  n. 
iS,  il  avoir  trente  jours;  &  félon  Bartolloci ,  dans  fa 
Bibliothèque  Rabbinique,  T.  I ,  p.  ^ qô  ,  il  n'en  avoit 
que  19.  Il  n'y  avoit  de  fcte  remarquable  dans  ce  mois 
que  celle  de  la  délivrance  de  la  citadelle  de  Sion  par 
Judas  Machabée,  qui  fe  faifoit  le  ij  du  mois. 

Ce  nom  vient  du  nom  Chaldéen  de  ce  mois  Tiib>. 
Torniellus,  dit  Jar,  comme  on  dit  Job ,  de  iiiy  ;  mais 
Bartolocci ,  Buxtorf ,  &c ,  difent  Ijar.  C'eft  la  pronon- 
ciation Hébraïque.  Jar  paro'it  mieux  en  nos  langues  à 
caufe  de  l'analogie  de  Job  _,  Jé\abel^  J^W^  Jé:^rïta  ^  & 
même  Jéabarïm  ,  Se  femblables ,  qui  viennent  de  511« , 
Vans,  ~\\yi<,  ■^-}\VA  Se  Dnapn-ip. 

■|JCF  On  dit  proverbialement  en  ftyle  populaire  qu'un 
homme  entend  le  Jar,  pour  dire  qu'il  eft  iîn,  qu'il 
n'eft  pas  ailé  de  lui  en  frire  accroire.  L'origine  de  cette 
façon  de  parler  vient  fans  doute  de  ce  qu'il  n'y  avoit 
que  les  gens  les  plus  inftruits  qui  entendilfent  la  ma- 
tière du  calendrier.  Ainlî  il  faut  écrire  jar  Se  non  pas 
jars,  comme  on  fait  communément. 

JAR.  Rivière,  f^oye^  Jecker. 

JAR.  f  m.  Voyei  Jars. 

JARACA.  f.  m.  Nom  d'un  ferpent  de  l'Amérique  méri- 
dionale. 

JARACAÉPÉBA.  f.  m.  Autre  forte  de  ferpent  de  l'Amé- 
rique méridionale,  aflez  femblable  à  notre  vipère,  & 
anlfi  dangereux  par  fon  venin. 

JAR ACOAIPITIUGA.  Nom  d'une  efpèce  de  ferpent  qui 
fe  trouve  dans  l'Amérique  méridionale. 

JARAMOTH.  Nom  d'une  Ville  de  la  Tribu  d'Ilfachar 
dans  la  Terre  Samte.  Jaramoth.  On  la  nomme  aulfi 
Jarmuth  ,  félon  l'Hébreu.  Les  Septante  l'appellent 
B-emmatk^  Remmas  Se  Ramoth.  C'eft  la  même  que 


JAR 

Rameth.    C'étoit  une  ville  Lévitique,  un  afile.    P. 

LuBIN,  RÉLAND. 

JARARACUCU.  f.  m.  Nom  d'un  ferpent  des  Indes 
occidentales ,  très  venimeux.  Il  eft  long  de  dix  palmes; 
il  a  des  dents  terribles ,  qui  diftillent  un  poifon  li  dan- 
gereux ,  que  quand  on  en  eft  mordu ,  on  meurr  dans  le 
jour.  Un  11  mauvais  animal  eft  très  fécond.  Se  l'on  a 
trouvé  des  femelles  qui  portoienr  jufqu'à  treize  petits 
Voiïms,  de  Mol.  L.  IF,  c.  f/. 

S^FJARAVANA.  Ville  d'Afie  ,  dans  la  Tartarie  Mof- 
covite ,  au  pays  des  Daouri ,  fur  la  route  de  Sehnga  à 
Nipchou ,  aux  frontières  du  royaume  de  Calka. 

JARBAS,  1.  m.  Roi  de  Gétulie,  étoit  fils  de  Jupiter  Am- 
mon,  félon  Virgile,  Se  d'une  Nymphe  du  pays  des 
Garamantes.  Ce  fut  ce  Prince ,  qui ,  irrité  du  refus  que 
Didon  avoit  fait  de  l'époufer,  fit  la  guerre  aux  Cartha- 
ginois. 

JARCE  ,  EE.  adj.  m.  Se  f.  Vieux  mot.  Fendu,  fêlé. 

JARDAN.  Le  Cap  Jardan.  Jardanum  promontorium  ,■ 
anciennement ,  Jehty  s  promontorium.  Ce  Cap  eft  dans 
le  Belvédère ,  en  Morée  ,  entre  le  Golfe  d'Arcadie , 
Se  celui  de  Zonchio ,  .au  couchant  de  l'embouchure 
de  la  Longarola ,  Se  au  midi  de  celle  de  lAlphée. 
Maty. 

JARDAN.  f  m.  Roi  de  Lydie,  père  d'Iole,  MaîtrefTe 
d'Hercule. 

JAR  DES.  Foye\.  Jardons. 

ifT  JARDIN,  f.  m.  Efpace  de  terre  renfermé  de  haies 
ou  de  murailles  ,  Se  qu'on  cultive  avec  foin  pour  y  faire 
croître  des  plantes  utiles  ou  agréables ,  ou  pour  en  fai- 
re un  lieu  de  promenade.  C'eft  pourquoi  l'on  diftin- 
gue  les  Jardins  en  jardin  de  propreté ,  jardin  fleurif- 
te  ,  jardin  fruitier  ,  jardin  potager  ,  Se  jardm  botanif- 
te.  /^oyej  ces  mots.  Hortus.  Les  jardins  font  compo- 
fés  de  parterres  pour  les  fleurs  ,  de  potagers ,  de  ver- 
gers ,  de  bois  de  haute  futaie  ,  &  d'allées ,  félon  leur 
diverfe  étendue, 

Souffrei  J  Mufes  ,  Jouffre^  ,  qu'à  l'ombre  du  repos  , 
Je  chante  des  jardins  le  paifible  Héros  : 
Ainjila  Qumtinie  apprit  de  la  nature 
Des  utiles  jardins  l'agréable  culture.  Perr, 

JxT^.Timfufpcndu.  C'étoit  chez  les  Anciens  une  terraftè 
élevée  fur  les  voûtes  des  édifices ,  où  l'on  plantoit  en 
pleine  terre  des  arbres  de  toutes  efpèces.  Hortus penji- 
lis.  Ceux  de  Babylone  ont  été  les  plus  conlidéra- 
bles. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  garten  ,  ou  gaart ,  qui 
fignifîe  la  même  chofe.  Ménage.  L'Italien  àïtgiardino. 
Du  Cange  dit  qu'on  a  dit  aulli  dans  la  balfe  Latinité 
gardinum  ,gardinus  ,  Sejardinus  ;  mais  il  y  a  plus  d'ap- 
parence que  ces  mots  Italiens  Se  Latins  corrompus  vien- 
nent du  mot  de  jardin ,  qui  eft  purement  Bas-Breton 
vu  que  cette  langue  étoit  en  ufageen  France  avant  que 
le  Latin  y  lïit  connu.  Henri  Poftel  prérend  que  jardin  j  Se 
en  Efpagnol  huerto  ,  guerto  ,  viennent  du  mot  Punique 
kartha  ,  qui  fignifie ,  dit-il  ,  un  lieu  muni ,  entouré  ■ 
d'où  font  venus  les  noms  Canhago ,  Carthage ,  Se  G&- 
dio,  Cadiz  ;  mais  il  fe  trompe.  Le  Kartha  Funiaue  eft 
IcKiriath  Hébreu ,  Se  lignifie  dans  l'une  &  l'autre  lan- 
gue non  pas  un  jardin  ,  mais  une  ville. 

Goetzius  ,  Surintendant  de  Lubec ,  imprima  ea 
1 706 ,  une  Differtation  fur  les  Savans  qui  onr  aimé  les 
jardins  ,  ou  la  Campagne  ^  K,t<;^,A« ,  feu  de  Eruditis 
hortorum  cultoribus.  Il  met  de  ce  nombre  pour  les  An- 
ciens Adam ,  Saint  Grégoire  de  Nazianze ,  Saint  Auguf- 
tin ,  Pline  Se  Cicéron.  Il  ne  devoir  pas  oublier  le  vieux 
Caton  ,  ni  Platon  &  fon  Académie. 
Jardin  ,  fe  dit  aufli  d'un  pays  fertile  ,  d'une  terre  agréa- 
ble Se  cultivée.  La  Touraine  eft  le  jardin  de  la  France. 

Gouverneur  de  ces  beaux  climats  y 
Que  du  Ciel  la  douce  influence  y 
Loin  des  hyvers  &  des  frimats  y 
A  fait  le  jardin  de  la  France.  N.  ch.  de  vers. 

Il  n'y  a  point  de  fi  beau  jardin  pour  les  fruits ,  que 
la  Halle  ;  on  l'appelle /izrifi/2  pavé.  Le  Paradis  terreftre 
a  été  appelé  \e  jardin  i'Eden,\e  jardin  de  délices.  Le 


■J  A  R 

jardin  des  Hefiaciides.  Le  jardin  du  Roi  eft  celui  où  l'on 
cultive  les  plantes  médicinales ,  tk  où  l'oa  cnfeigne  à 
connoîtie  les  iunplcs. 

Jardin,  fe  dit  proverbialement  en  ccsphrafes.  On  dit  de 
celui  qui  dans  un  di(cours  mêle  quelques  paroles  qui 
attaquent  indu-ettement  quelqu'un  ,  qu'il  jette  des 
pierres  dans  ion  jardin.  On  dit  aulli  de  celui  qui  dif- 
pofc  ablolument  de  l'clprit  ou  des  biens  d'un  autre  , 
qu'il  en  fait  comme  des  choux  de  (on  jardin.  On  dit 
encore  figurcmcnt  de  celui  qui  a  lait  quelque  ouvrage , 
quand  il  le  préfente  ,  que  ce  font  des  fruits  de  fon 
jardin. 

Donner  le  jardin.  Terme  de  Fauconnerie ,  qui  fe 
ditde  certains  oileau'x  ,  comme  des  laniers  ,  des  ficres  ; 
&  iîgnifie  ,  les  mettre  au  grand  air ,  leur  faire  pren- 
dre l'air. 

Quelquefois  on  appelle  fur  mer  les  balcons  d'un 
vailleau  qui  font  ouverts ,  du  nom  de  jardin. 

Jardin.  Terme  de  Philo(ophie  hermétique.  Le  jardin 
où  le  foleil  luit  nuit  o:  jour;  c'cftlc  fourneau  philolo- 
phal ,  où  il  y  a  du  feu  qui  prépare  continuellemenc 
l'œuf  des  Philolophes. 

JARDINAGE,  f.  m.  L'art  de  cultiver  les  jardins.  Àrs 
.  hoici  colendi  j  Ars  honulani  ,  res  hortenjis.  Cet  Art 
eft  très-étendu  ,  &  erabralle  tout  ce  qui  concerne  la 
manière  de  planter  ,  de  décorer  &  de  cultiver  toutes 
fortes  de  jardins.  Le  jardinage  a  été  mis  depuis  peu 
de  tem^  en  un  haut  point  de  perfection  par  le  lieur 
Le  Noitre.  La  Qiùatinie  eft  encore  allé  plus  loin  ,  & 
nous  a  donné  une  ample  inftruétion  fur  le  jardinage. 
M.  Fatio  a  donné  au  public  un  livre  fur  le  jardinage  , 
où  il  enfeigne  hs  moyens  d'employer  utilement  les 
réflexions  du  foleil.  On  ne  fauroit  allez  louer  les  amu- 
{emcns  da  jardinage ,  Se  l'innocente  occupation  que 
donne  la  culture  des  fleurs,  «Se  des  fruits.  f^oye:(  le 
beau  Pocme  Latin  du  P.  Rapin  liir  \c  jardinage.  Hono- 
rum  lihri  IV -,  &  fa  Dillertation  ,  de  difciplina  cultu- 
re hortenjis. 

Jardinage  ,  eft  aulll  un  terroir  propre  pour  y  faire  un 
jardin,  il  faut  de  la  terre  gralle  &  noire  pour  le  jar- 
dinage. Le  fable  ,  le  terroir  pierreux  &  de  roche ,  ne 
valent  rien  pour  le  jardinage. 

fK?  Jardinage  ,  fignitie  auili  collectivement  pluiîeurs 
jardins  mis  enfemble  qui  (e  trouvent  dans  un  même  lieu. 
La  moitié  de  c(me.\\\\ct{itn  jardinage.  On  voit  dans  ce 
quartier  de  beaux  jardinages. 

JARDINER,  v.  n.  Travailler  à  fon  jardin ,  &  le  cultiver 
foi-même.  Hortum  colère.  Il  ne  le  dit  point  des  ou- 
vriers de  mercenaires.  Un  curieux  fleurifte  fe  plait  à 
jardiner ,  à  planter  ,  à  cultiver  (qs  fleurs.  Ce  Terme 
n'eft  que  de  la  converfation. 

Jardinïïr.  V.  a.  Terme  de  Fauconnerie  ,  qui  fe  dit  des 
oifeaux  qu'on  expofe  le  matin  au  foleil ,  à  l'air  ,  à  la 
verdure ,  ou  dans  un  jardin.  Il  fa.az  jardine  ries  autours 
fur  la  barre ,  ou  fur  la  perche ,  &  donner  le  jardin  aux 
laniers  &  aux  facres  fur  la  pierre  froide. 

JARDINET,  l.  m.  diminutif.  Petit  jardin.  Hortulus.  Dans 
le  cœur  de  la  ville  il  fe  faut  contenter  d'un  jardinet, 

Ip- JARDINEUSE.  adj.  f.  Terme  de  Joaillier.  On  ap- 
pelle Emeraudes  Jardineufes  celles  dont  le  vert  n'eft 
pas  de  fuite  ,  qui  ont  quelque  chofe  de  fombre  &  de 
mal  net ,  comme  s'il  y  paroifl'oit  des  branches ,  des 
veines ,  des  brouillards. 

JARDINIER ,  1ÈRE.  f  m.  &  f.  Qui  travaille  à  cultiver 
un  jardin.  Hortulaniis.  Il  yaàParis  un  corps, une  mai 
trife  de  Jardiniers  ,  des  ftatuts  de  Jardiniers.  Le  livre 
du  Jardinier  François.  On  dit  un  Jardinier  Fleurifte. 
La  Quintinie  dit  Jardinier  3.  fruitier ,  Jardinier  à  pota- 
ger ,  Jardinier  Fleurifte  ,  Jardinier  Maréchais  ,  c'eft- 
à-dire,  comme  il  l'explique  lui-même.  Jardinier  de 
marais  delTéchés  ,  Jardinier  a.  pépinières,  qu'il  appel- 
le Pepiniérifte.  Jardinier  Botanifte ,  qui  s'attache  aux 
plantes  rares ,  médicinales ,  étrangères. 

En  voyant  ces  œillets  qu'un  illujlre  guerrier 
Arrofe  d'une  main  qui  gagne  des  batailles  , 
Souviens-toi  qu'Apollon  bâtijfoit  des  murailles , 
Et  ne  t' étonne  pas  que  Mars  fait  iaxdin'Kï. 

RSC,  DE  VERS. 

Tome  V. 


JAR  II 

§C?On  appelle  aullî  Jardinier  celui  qui  entend  bien 
l'ordonnance  ,  la  culture  &  l'cmbcllillémcnt  des  jar- 
dins ,  &:  qui  en  donne  les  defleins. 

Jardinier  ,  iÈre  ,  fedit  aulïi  de  celui  ou  de  telle  qui 
vend  les  fruits  ,  les  Heurs  ,  &  les  herbes  d'un  jardin. 

On  dit  proverbialement  par  reproche  à  ceux  qui  ne 
fe  fervent  point  d'une  choie  ,  &  qui  en  veulent  empê- 
cher l'ulage  aux  autres  ;  qu'ils  font  comnic  le  chien 
du  Jardinier ,  qui  ne  mange  point  de  choux,  &  qui 
ne  veut  pas  que  les  auues  y  touchent. 

Jardinier.  I.  m.  En  terme  de  Fauconnerie  ,  on  dit 
il  faut  faire  le  matin  l'Autour  Jardinier ,  c'eft  à  dire , 
le  mettre  (ur  une  motte  au  jardin  avec  une  longe  ,  au 
loleil,  ou  fur  une  perche  à  l'abri  du  vent.  Faultrier. 

Jardinière.  L  f.  Les  Lingères  donnent  ce  nom  à  une 
broderie  qui  n'eft  pas  en  plein  ;  mais  feulement  au 
bord  des  manchettes  ,  des  jabots  &  des  coUfiés.  Les 
jardinières  n'ont  qu'un  pouce  de  largeur  ,  &z  quelque- 
fois moins.  Je  viens  d'acheter  une  douzaine  de"  paires 
de  manchettes  brodées.  Elles  ne  font  pas  brodées  en 
plein  :  ce  ne  font  que  des  jardinières.  On  a  aulîi  donné 
ci  devant  le  nom  de  jardinière  à  une  efpête  de  petite 
dentelle  qui  n'avoit  qu'un  tiers  de  pouce  ,  que  les  fem- 
mes mettoient  au  bord  de  leurs  coëffes. 

JARDONS.  f.  m.  pi.  ou  JARDES.  Terme  de  Manège. 
Ce  lont  des  tumeurs  callcufes  &  dures  qui  viennent 
aux  jambes  de  derrière  d'un  cheval  ,  &  qui  font  il- 
tuécs  au  dehors  du  jarret  ,  au  lieu  que  l'éparvin 
eft  en  dedans.  Calloji  tumores  in  extremo  equi 
popltte.  Les  jardons  eftropient  le  cheval ,  fi  on  n'y  mer 
pas  le  feu  à  propos.  Le  mot  de  jardon  fignihe  aulH 
l'endroit  du  cheval  où  vient  cette  forte  de  maladie. 

SoLElSEL. 

JAREPHEL.  Ville  de  la  Tribu  de  Benjamin  ,  dans  la 
Terre-Sainte.  Jarcphel.  Dans  Saint  Jérôme  Jarephel. 
Dans  les  Septante  Selica.  Jof.  XVIII.  2j. 

JARET.  f.  m.   Voye-[  Jarret. 

JARETTA.  (la)  C'eft  le  nom  d'une  des  grandes  rivières 
de  la  Sicile.  Jaretta.  Elle  a  fa  fource  dans  la  vallée 
de  Démona ,  entre  la  montagne  de  Madonia  ,  8c  le 
mont  Gibel  ;  &  après  avoir  reçu  le  Dataino ,  elle  coule 
le  long  des  confins  de  la  vallée  de  Noto ,  &  fe  déchar- 
ge dans  le  golfe  de  Catane.  Ce  font  plufieurs  petites 
rivières  qui  ,  réunies  dans  un  même  lit ,  prennent  le 
nom  de  Jaretta.  Quelques  Géographes  la  prennent 
pour  le  Sim^thus  ,  ou  Symdthus  des  Anciens  ;  que 
d'autres  eftiment  être  la  rivière  de  S.  Paolo ,  qui  fe 
décharge  dans  le  même  golfe  à_  deux  lieues  de  Jaret- 
ta ,  du  crité  du  midi.  Maty. 

JAREZ.  (  le  )  Petit  pays  de  France  dans  le  Lyon- 
nois  ,  aux  confins  du  Forez  ,  entre  le  mont  Pila  à 
l'orient,  &  la  Loire  à  l'occident, ,  au-delîôus  de  S.^ 
Etienne. 

JARGAUDER.  v.  n.  En  Champagne  ,  jargauder  fe  di 
de  l'action  du  Jars  ,  lorlqu'il  couvre  l'oie  femelle. 
Ménage ,  Diclion.  Etym.  au  mot  Jar  ou  Jars. 

JARGEAU.  Voyei  Gergeau. 

JARGON,  f.  m.  Langage  vicieux  &  corrompu  du  peu- 
ple ,  ou  des  payfans  ,  qu'on  a  de  la  peine  à  entendre. 
Plehéius  ferma.  Dans  toutes  les  Provinces  le  peuple 
parle  un  jargon  diftérent  de  la  langue  des  honnêtes 
gens.  A  la  vérité  il  parloit  très-mal ,  &  fon  langage 
n'étoit  qu'un  jargon  mêlé  d'Italien  ,  de  François  & 
d'Efpagnol.  Boun. 

0Cr  Ce  mot  vient  de  l'Efpagnol  gerigonça.  Covarru- 
ViAS.  L'on  difoit  autrefois  gergonner.  Ménage  le  fait 
venir  de  Barbaricus  ;  &c  voici  la  généalogie  en  droite 
ligne.  Barbarus  ,  Barbaricus ,  Baricus  ,  'Varicus ,  Uari- 
cus ,  Guaricus ,  Guargus  ,  Gargus ,  Gaigo  Gargonis  , 
Jargon  &  Gergon.  Rifum  teneatis  j  amici  ? 

Jargon  ,  s'eft  dit  originairement  du  bruit  que  font  les 
oifeaux  ,  d'où  il  a  été  transféré  aux  hommes.  En  ce 
lens  il  vient  de  jar ,  oifon. 

Jargon  ,  fe  dit  aulfi  abufivement  ,  Se  par  extenfion  , 
en  parlant  des  langues  mortes ,  ou  étrangères ,  que 
nous  n'entendons  pas.  Il  faut  un  truchement  pour 
entendic  le  jargon  de  ces  étrangers.  Il  fe  dit  même  de 
la  langue  du  pays  ,  quand  on  la  parle  d'une  manière 
qui  paffe  la  capacité  des  autres.  Molière  fait  dire  à 

Bij- 


r%  J  A  R 

uiie  rei-yantc  ,  en  parlant  de  la  langue  Françoifc  ,  & 
de  {es  règles  : 

Toiu  ce  que  vous  prêche^  efl  ,  je  crois  ,  bel  &  ion  : 
Mais  je  nefaurois  ,  moi  ^  parler  votre  jargon. 

Jargon  ,  ell:  aulli  une  laiigue  fadice  ,  dont  les  gens 
d'une  même  cabale  conviennent  ,  afin  qu'on  ne  les 
entende  pas  ,  tandis  qu'ils  s'entendent  bien  entre  eux  : 
tel  ell:  la  jargon,  de  l'Argot,  donc  fe  fervent  les  cou- 
peurs de  bourle  ,  les  Bohémiens,  &c.  Je  ne  fais  pour- 
quoi l'on  dit  que  ce  jargon  ell:  compolc  pour  k  plus 
grande  partie  de  mots  tirés  du  Grec.  Il  y  a  beaucoup 
moins  de  Grec  dans  l'Argot  que  dans  le  François  or- 
dinaire. 

Jargon,  fe  dit  aullI  d'une  certaine  atfeélation  dans  le 
langage  ,  d'une  certaine  fingularité  dans  les  manières 
de  parler.  Quel  diable  de  jargon  entends-je  là  î  Moi. 
Les  précieufes ,  pour  fe  diftinguer  du  commun ,  fe  font 
fait  \m  jargon  particulier.  Bouh.  C'ell:  à  dire  un  ftyle 
compofé  de  phrafes  recherchées ,  &  de  mots  choilîs 
cV-  atlèét». 

Jargon  ,  lignifie  encore  un  ftyle  général ,  une  manière 
de  paijer  qui  n'einporce  rien  de  réel  dans  le  fond.  La 
civilité  eft  une  efpèce  de  jargon  que  les  hommes  ont 
établi  entre  eux  pour  fe  cacher  les  mauvais  fentimens 
qu'ils  ont  les  uns  des  autres.  Bell.  Ce  j  argon  àc  civi- 
lité conlifte  en  des  manières  &c  des  paroles  honnêtes 
&  obhgeantes ,  fuis  qtie  l'intention  y  réponde.  Id. 

Jargon.  (.  m.  Terme  de  Joaillier.  Diamant  très  jaune  , 
moins  dur  que  le  vrai  diamant. 

Jargons,  f  m.  pi.  Petites  pierres  de  la  grolTeur  d'une 
tête  d'épingle  ,  d'un  rouge  brillant ,  que  quelquefois 
les  Epiciers  Droguiftes  donnent  pour  de  véritables  hy.a- 
cinthes.  On  en  tire  beaucoup  du  Puy  en  Auvergne. 

JARGONELLE.  (.  i.  Efpèce  de  poire  du  mois  de  Sep- 
tembre. C'cft  une  poire  de  médiocre  grollèur,  lon- 
guette ,  un  peu  pointue ,  rouge  d'un  côté  ,  jaune  par- 
tout ailleurs  ,  fèche  &  un  peu  calfante ,  qui  a  l'eau 
fort  fucrée.  Elle  a  un  goût  rare  &  diftingué  ,  qui  la 
feroit  fort  eftimer ,  fi  elle  n'étoit  pas  pierrcufe.  Il  y  a 
pourtant  des  terroirs  qui  lui  font  fi  avantageux ,  qu'elle 
y  vient  plus  grolfe  qu'à  l'ordinaire,  prefque  fans  pier- 
res ,  avec  beaucoup  d'eau ,  &  d'un  goût  merveilleux. 
Lorfque  cette  poire  n'a  pas  encore  atteint  fa  pleine 
maturité  ,  &c  qu'on  lafeit  cuire,  elle  eft  excellente. 

JARGONNER  ,  v.  n.  Parler  un  langage  corrompu,  ou 
qui  n'eft  pas  intelhgible.  P Icleïo  fermone  uti.  gCF De- 
puis deux  heures  ils  font  à  jargonner  enfemljle.  11  eft 
quelquefois  ad.  Us  jargonncntjcne  fais  quoi.  Ce  mot 
n'eft  que  du  ftyle  familier. 

Il  lignifie  quelquefois  murmurer  tout  bas  ,  parler 
entre  les  dents  ,  en  lorte  qu'on  ne  puillè  pas  être  en- 
tendu. MUSSARD. 

Loret ,  a  employé  dans  le  ftyle  burlcfque  le  mot 

•    àc  jargonner  ,  pour  celui  déparier,  lorfqu'il  dit  : 

Paffons  dans  cette  île  enchantée  , 
Tant  renommée  &  tant  vantée  j 
Et  jargonnons  du  grand  cadeau 
Qui  fut  fi  loyal  &  fi  beau. 

Jargonner.  Terme  de  Fauconnerie  ou  d'Oifelier.  C'eft 
le  verbe  dont  on  fe  fert  pour  exprimer  la  manière  de 
crier  des  jars  ou  oifons.  Quand  les  oiions  jargonnent , 
ils  etourdillent  tout  le  canton. 

JARGONNEUR.  f  m.  Qui  fe  fert  d'un  langage  inintel- 
hgiblc  ,  ou  inufité.  M.  l'Abbé  Trublet  ,  après  avoir 
parlé  en  faveur  des  Écrivains  ,  qui ,  pour  faire  mieux 
fenrir  la  force  de  leurs  penfées ,  hafaident  des  expref- 
fions  lini;ulières  ;  propofe  l'exemple  de  Montagne  , 
Auteur  plus  en  vogue  que  jamais,  malgré  les  défiuts, 
qu'il  met  dans  tout  leur  jour.  Il  faut  rapporter  le  paf- 
lage  en  Ion  entier. 

"  A  raifonncr  fur  les  principes  de  quelques  Écri- 
»  vains,  on  a  grand  tort  de  faire  tant  de  cas  du  ftyle 
»  de  Montagne  ,  Se  de  le  trouver  fi  agréable.  Monta- 
»  gne  eft  un  jargonneur  pour  le  temps  même  dans  le 
>■>  quel  il  a  écrit  ;  fes  contemporains  le  lui  ont  repro-  I 


J  A  R 

»  ché.  H  ne  refpecT:e  point  la  langue.  Il  ofc  en  difpo- 
»  fer  comme  de  Ion  propre  bien.  Il  franchit  fans 
»  krupule  les  bornes  de  l'ufage.  C'eft  un  moyen  bien 
»  facile  de  dire  tout  ce  qu'on  veut.  Qui  eft  ce  qui 
»  n'auroit  pas  de  l'efprit  a  ces  conditions  la  s'il  en 
>'  vouloir  avoir  iEJJais  de  Littér.  &  de  Mor.  p.  jS2. 
de  la  2'  edit. 
Jargonneur  ,  fignific  quelquefois  fimplement ,  qui  par- 
le: comme  dans  cet  exemple  de  Madame  de  Ville- 
dieu  ,  tom.  I  ,  p.  j4j. 

Un  fanfonnet,  jargonneur ^f^/z^z/ej 

De  captif  qu'il  étoit ,  devenu  volontaire  ^ 

De  dcfirs  amoureux  fe  trouva  régalé  -, 

C  eft  de  l' indépendance  une  fuite  ordinaire. 

On  peut  le  dire  de  même  en  plaifantanr  de  ceux 
qui  afteétcnt  ce  ramage  de  fociété  nommé  jargon. 
JARGUERIE.  f.  m.  Vieux  mot.  Ivroie. 
JARIM.  Montagne   de  la  Terre  -  Sainte.  Jarim.   Elle 
étoit  dans  k  Tribu  de  Juda  ,  du  côté  du  nord  ,  fur 
les  confins  de  la  Tribu  de  Benjamin.  Les  Septante 
prennent  ce  lieu  pour  une  ville.  Jarim ,  ou  Jearim  , 
en  Hébreu  ,  fignifie  des  bois  ,  des  forets  ;  apparem- 
ment que  cette  montagne  en  étoit  couverte  ,  &  que 
c'eft  la  caufe  de  fon  nom. 
JARIUNA.  f  m.  C'eft  un  arbre  qui  croît  dans  l'île  de 
Jucaija ,  &z  qui  reftemble  au  figuier.  Il  poile  un  fruit 
long  d'une  palme ,  mou  comme  la  figue  ,  favoneux 
&  vulnéraire.  On  allure  que  fes  feuilles  réduifcnt  les 
luxations.  Ray,  Hift.  Plant. 
JARLOT.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Entaille  que  l'on 
lait  dans  la  quille  d'un  vailleau,  dans  l'étrave  &c  l'é- 
tampbord  ,  &  où  l'on  fait  entrer  une  petite  partie  du 
bordage  qui  couvre  les  membres. 
JARMOUTH.  royei  Vermouth. 
JARMUTH.    Foyei  Jaramoth  ,  &  JÉrimoth. 
JARNAC.  Bourg  de  France ,  fitué  dans  l'Angoumois  , 
fur  la  Charente ,  entre  Angoulcme  &  Saintes.  Jarna- 
cum,  Jarniacum.  Ce  lieu  eft  célèbre  dans  l'hiftraire  par 
la  vidoire  que  Henri  duc  d'Anjou  ,  frère  de  Charles 
IX  ,  6c  depuis  Roi  de  Pologne  ,  &c  de  France  enfuite, 
fous  le  nom  d'Henri  III ,  y  remporta  fur  les  Huguenots 
l'an  I  j6c, ,  au  mois  de  Mars.  Le  Prince  de  Condé  , 
qui  les  commandoir ,  fut  tué  par  Montefquiou   à  la 
journée  de  Jamac.  De  Valois  met  Jamac  entre  Châ- 
teauneuf  &  Cognac  ,  &  remarque  que  depuis  6oo 
ans  &  plus  on  a  commencé  à  l'appeler  non    feule- 
ment Jarniacum  ,  mais  encore  Ajarniacum.  ,  Ajemia- 
cum  &  Agerniacum.  Kot.  Gall.  pag.  24.S. 
Coup  de  Jarnac.  Voye-:^  Coup. 
JARNAGE  ,   perite  ville    de  France  ,  dans  la  Haute- 
Marche  ,  Eledion  de  Gueret.  Il  y  a  une  Juftice  Royale. 
JARNI.  Mot  corrompu ,  qui  entre  dans  plulîcurs  for- 
tes de  juremens ,  (S:  qui  fait  un  ferment  déteftable  , 
quand  on  y  joint  le  nom  de  Dieu  :  car  ce  mot  jarni  eft: 
une  corruption  de  ceux  ci  :  Je  renie.  Plulîeurs  perfon- 
nes  ,  pour  éviter  cette  impiété,  y  ajoutent  d'autres 
mots  à  la  place  du  nom  de  Dieu  ,  Se  difent  Jarnibleu  , 
jarnicoton  ,  &c.  Ce  derr.ier  ne  fe  dit  que  parmi  le 
peuple  II  s'emploie  aulîî  fouvent  comme  une  efpèce 
d'interjedion  :  Jarnicoton  ,  que  vous  êtes  fin  !  Paptt  ! 
quàm  callidus  es! 
JARNICOTON.  Sorte  de  jurement  burlefque.  Jarni- 
coton, iu  me  le  payeras.  Ah  !  jarnicoton  ,  je  ferai  bat- 
tu comme  plâtre.  On  prétend  que  l'origine  de  cette 
façon  de  parler  eft  telle.  Henri  IV  avoit  contradé  la 
mauvaifc  habitude  de  dire  à  tout  moment ,  Je  renie 
Dieu.  Le  P.  Coton  j  fon  Confelfeur ,  lui  fit  fentir 
l'indécence  de  cette  exprclfion  dans  la  bouche  d'un 
grand  Prince.  Le  Roi  lui  répondit  qu'il  n'avoit  pas  de 
nom  qui  lui  fut  plus  familier  que  celui  de  Dieu  ,  ex- 
cepté peut-être  celui  du  P.  Coron.  Eh  bien  ,  Sire',  re- 
partit le  P.  Coton  ,  dites  donc  :  Je  renie  Coton.  D'où 
eft  venu  jarnicoton. 
JAROMITZ.  Petite  ville  de  Bohème  ,  fituée  fur  l'Elbe  , 
dans  le  Cercle  de  Koningingretz ,  Se  à  trois  lieues  au- 
delfus  de  la  ville  de  ce  nom.  Jaromitia ,  Jarorrùerfa. 
Maty. 


J  A  R 


J  AR 


JARON ,  ou  JARRON.  Ville  de  Perfe ,  dans  le  Far- 
iilfan  ,  entre  Sciias  &  Bjiidercongo. 

MROSLAW.  Nom  d'une  ville  du  Royaume  de  Polo- 
gne. Jarojlavia.  Elle  a  ujie  bonne  ciradclle ,  «îs:  elle 
ell  litute  dans  le  Palatinat  de  Lembourg  ,  dans  la  Hul- 
lie  Rouge  ,  fur  la  rivière  de  Sana  ,  au-dellous  de  la 
ville  de  Préniiflle.  Maty.  Long.  40"  j8'.  lat.  49" 
58'. 

JAROSLAW.  Nom  d'une  ville  de  la  Mofcovie.  JcroJ- 
lavia.  Elle  eft  lituée  fur  le  'Wolga  ,  à  douze  lieues 
de  Rofthov^  ,  &  à  cinqu.uite  de  Molcow  ,  du  côté  du 
nord.  Cette  ville  eft  défendue  par  un  château  de  bois. 
Elle  eft  grande,  bien  peuplée  ,  tort  marchande  ,  «Se 
Capitale  d'un  Duché  qui  porte  l'on  nom. 

Jaroslaw.  (  le  duché  de  )  Jeroflavïcnfis  Ducatus.  C'eft 
une  province  de  la  Mofcovie.  Elle  e(t  bornée  au 
nord  par  le  Duché  de  Wologda  ,  au  levant  par  celui 
de  Sufdal,  elle  a  au  midi  celui  de  Roftùw  ,  ^  au 
couchant  ceux  de  Novogorod  WeJiki ,  &:  de  Bielo- 
zero.  On  n'y  remarque  aucun  lieu  conlîdcrable  que 
Jarojlaw ,  la  capitale.  Nous  prononçons  Jarojlaw. 

JAROUN.  Ville  d'Alîe,  dans  la  Tarrarie,  au  pays  de 
Gété,  au  delà  de  Seiram. 

JARRE  ou  GIARRE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Grande 
cruche  qui  Icrt  à  mettre  de  l'eau  douce  ,  pour  la  con- 
{èrver  meilleure  que  dans  les  futailles.  Nautica  hy- 
drid.  C'eft  auili  une  mefure  de  quarante  jîinfes.  Four- 
NiER.  On  appelle  aullî  Jarres  les  fontaines  de  terre 
cuite  dont  on  fe  fcrt  dans  les  maiions. 

Ce  mot  vient  de  Mrro ,  Elpagnol ,  qui  fignific  un 
pot. 

Jarre.  Mefure  ,  dont  on  fe  fert  dans  quelques  Échel- 
les du  Levant  ,  particulièrement  à  I^Iétclin  ,  pour 
mefurer  les  huiles  &  les  vins.  Le  jarre  de  Mételin 
eft  de  /ix  orques,  qui  font  environ  40  pintes  de 
Paris. 

ft?  Dans  les  Manufaâures  de  Chapeaux  on  donne  le 
nom  de  Jarre  au  poil  long ,  dur  &:  luiiant  qui  fe 
trouve  fur  la  fuperficie  des  peaux  de  Caftor  ,  qui  ne 
peut  pas  entrer  dans  la  fabrique  des  chapeaitx ,  n'é- 
tant pas  propre  au  feutrement.  C'eft  ce  poil  que  les 
Ârracheufes  ou  éplucheufes  arrachent  dans  les  manu- 
factures avec  des  pincettes. 

§3"  JARRE,  fe  dit  aulîî  du  poil  de  la  Vigogne,  /^ojeç 
Vigogne. 

JARRE.  (  L'Ordre  de  la  )  Ordre  militaire  ,  qui  s'appelle 
auiïï  l'Ordre  du  Lis  ,  &  l'Ordre  du  Griffon  ,  mais 
communément  ,  dit  l'Abbé  Juftiniani ,  Part.  II ,  c. 
(f  )  ,  l'Ordre  de  la  Jarre  ;  en  Efpagnol  de  la  Jarra  , 
ou  plutôt  dei  Jarro.  Ordo  mU'uaris  à  cantharo  ,  ou  ab 
Amphora  diclus.  Jarra  ou  Jarro  en  Efpagnol  lignifie 
un  pot,  un  valifeau  à  mettre  de  l'eau  ou  du  vin. 
Voye:^  au  mot  Lis. 

JARRÉ,  EE.  adj.  m.  &  f.  Les  laines  jarrces  ou  piquées 
de  jarres ,  font  de  longs  poils  blancs  ,  &  aullî  roides 
que  la  foie  de  bléreaii. 

JARRE  BOSSE,  f.  f.  Terme  de  Marine.  Corde  garnie 
d'un  crampon  de  fer  ,  dont  on  le  lert  pour  accrocher 
l'anneau  de  l'ancre  quand  elle  lort  de  l'eau.  On  l'ap- 
pelle auilî  candektte  Se  bojfe  de  hojfoir. 

JARRET,  f.  m.  C'eft  dans  le  corps  humain  la  partie 
poftérieure  &  charnue  où  la  jambe  fe  joint  à  la  cuille , 
que  les  Latins  appellent /jo/j/w  ,  de  pojl  pUco  j  à  caule 
qu'elle  fe  plie  en  arrière  -,  car  pour  l'antérieure  on 
l'appelle  ^enou ,  à  caufe  de  l'angle  qui  s'y  fait  en  le 
ployant.  Cet  homme  a  le  jarret  foaple,  il  eft  ferme 
fur  fes  jarrets. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  garcclum  ou  garret- 
tum  ,  qu'on  a  dit  dans  la  balle  Latinité  ,  ou  de  ga- 
rcffo  Italien.  Il  vient  plutôt  de  ^arr ,  mot  Celtique  ou 
Bas-Breton  ,  qui  fignifie  jambe. 
^3'  On  le  dit  aullî  de  l'endroit  où  fe  plie  la  jainbe  de  der- 
rière des  animaux  à  quatre  pieds.  Un  jarret  de  veau , 
un  Jarret  de  bœuf. 

En  termes  de  Maréchalleric ,  le  jarret  d'un  cheval 
eft  la  jointure  du  train  de  derrière  qui  affcmble  la 
cuille  avec  la  jambe.  Il  faut  qu'un  cheval  ait  les /ar- 
rets  grands ,  amples ,  bien  vidés  &  fans  enHure  ,  qu'il 
fâche  bien  plier  les  jarrets.  Les  courbes ,  les  fouhn- 


13 


drcs,  k'séparvins  ,  &c.  font  les  maladies  de  jarret. 

On  dit  en  termes  de  Vénerie  ,  jarret  droit  eft  mar- 
que de  vîtellè  aux  chiens.  Salnovij. 

On  dit  figiuémcnc  &.  balleinent  d'un  liomiuc  qui 
fe  meurt ,  qu'il  roidit  le  jarret. 

JaRRkt,  cil  auili  un  terme  de  Jardinier  ,  qui  lignifie 
une  branche  d'arbre  tort  longue  &  dépouillée  d'au- 
tres branches  à  droite  &  à  gauche.  Rarnus  ramis  ad- 
vementihus  fpoliatus  J  nudacus.  Il  n'y  a  rien  de  fi  vi- 
lain que  de  voir  ces  jaruts  ,  tant  dans  un  buiflon  , 
que  dans  un  efpalier.  La  Quintinie.  On  ne  confcrve 
les  jarrets  que  pour  garnir  les  arbres. 

Jarret,  en  termes  de  Maçonnerie,  fe  dit  des  bofles , 
ou  autre  inégalité  &c  éminence  fur  les  voûtes  ,  ou 
quelques  autres  ouvrages  qui  ôtcnt  l'ég.ilité  du  con- 
tour. Ancoii.  Cette  'oiite  Îaw.  jarret  :  elle  jarrctte  dans 
.  la  courbure  de  fa  douelle.  Jarret  eft  une  imperfec- 
tion d'une  diredion  de  ligne  ou  furface  ,  qui  fait  une 
linuoflté  ou  un  angle.  Le  jarret  faillant  s'appelle  Cou- 
de ,  le  rentrant  s'appelle  Pli.  Une  ligne  droite  tait  un 
jarret  avec  une  ligne  courbe,  lorfque  leur  jonétion 
ne  fe  fait  pas, au  point  d'attouchement  ,  ou  que  la 
ligne  droite  n'eft  pas  tangente  à  la  courbe.  Frezixr. 

^3"  On  le  dit  auiîî  en  hydraulique  du  coude  que  fait 
une  conduite  d'eau  qu'on  ne  peut  faire  aller  en  ligne 
droite  à  caufe  de  la  lituation  du  terrein  ,  ou  de  la 
difpofition  du  jardin  qui  fait  un  angle. 

JARRETER  ,  v.  n.  Terme  d'Architedure.  Quand  dans 
une  ligne  droite  ou  courbe  il  y  a  un  angle ,  ou  une 
onde ,  qui  en  ôte  l'égahté  du  contour ,  on  dit  que 
cette  ligne  jarrctte  _,  Se  cela  fe  dit  aullî  des  voûtes  & 
des  arcades  ,  qui  ont  ce  détaut  dans  la  courbure  de 
leur  douelle. 

Jarbjter;  ,  V.  a.  Terme  de  jardinage.  Faire  des  jar- 
rets. Ramos  ramo  advenientes  prAcïdere.  Ramumfpo- 
iiare  ramis  advenïentïbus.  Ce  Jardinier /ûrrerr.;  la  plus 
grande  partie  de  l'es  arbres.  Liger.  Défaites-vous  de 
la  méchante  coutume  que  vous  avez  de  jarreter  vos 
arbres.  Id. 

JaRReté  ,  ÉE.  adj.  Il  fe  dit  des  chevaux  &  des  mulets, 
qui  ont  les  jambes  de  derrière  tournées  en  dedans , 
éc  fî  peu  ouvertes  que  leius  deux  jarrets  fe  tournent' 
prefque  quand  ils  marchent.  Cheval  jarretté.  Cavalle 
jarretce.  C'eft  la  même  choie  que  crochu. 

JARRETIER  ,  eft  un  nom  qu'on  donne  au  cheval  qui 
a  les  jarrets  trop  proches  l'un  de  l'autre.  Compernis. 
Ce  nom  vieillit ,  Si  on  dit  plutôt  maintenant  lui  che- 
val crochu  ,  ou  un  cheval  jarreté. 

Jarretier.  f  m.  Terme  d'Anatomie.  C'eft  le  nom  que 
les  Anatomiftes  donnent  à  un  mufcle  qui  eft  placé 
fous  le  jarret,  &C  que  du  nom  Y-iam poplcs  ,  qui  fîgni- 
fîe/arrtff,  ils  .appellent  autrement  i-*OjP/ire'.Pci/i/ir« /72 /^y^ 
culus.  Le  fécond  mufcle  desabdudeurs  de  la  jambe  eft 
le  jarretier ,  qui  prend  Ion  origine  du  condile  externe 
Se  inférieur  du  fémur  ,  èc  va  s'inférer  obliquement  de 
dehors  en  dedans  à  la  partie  fupérieurei?c  intérieure  du 
tibia.  Ce  mufcle  eft  de  figure  carrée  &  conjointement 
avec  le  membraneux  ,  qui  eft  le  premier  abduéteur  ,  il 
fait  l'abduétion  de  Li  jambe,  en  la  tirant  en  dehors. 

DiONIS 

JARRETIÈRE,  adj.  Terme  d'Anatomie  ,  qui  fe  dit 
d'une  veine  faite  de  différens  rameaux  unis  enfemble. 
l^ena  popiuica.  Elle  monte  du  talon  ,  &  pallant  par  le 
jarret  fe  va  terminer  dans  la  crurale  ;  on  l'appelle  au- 
ivemenz  poplitique. 

Jarretière,  f.  f.  Lien  avec  lequel  on  attache  fes  bas 
vers  le  jarret.  Cruralis  ligula  ,  perifcelis.  Autrefois  on 
mettoit  les  jarretières  fous  le  jarret ,  maintenant  on 
les  met  fur  le  genou.  Jarretière  de  foie.  Jarretière  de 
boucles.  _ji 

Ménage  dérive  ce  mot  Ae  V An%\ois  gdfter ,  ou  du 
Bas-Breton  garr  ,  qui  fignifie  la  jambe  d'où  l'on  a  fait 
jarret. 

On  dit  figurément  &  baffement ,  qu'un  homme  ne 
va  pas  jufqu'à  la  jarretière  d'un  autre  ,  pour  dire  , 
qu'il  a  moins  de  mérite ,  moins  de  capacité  ,  moins 
de  fcience  que  lui. 

On  dit  proverbialement ,  donner  des  jarretières  à 
quelqu'un  ;  pour  dire  ,  lui  donner  des  coups  de  fangle 


14  J  A  R 

fur  les  jambes.  On  dit  aulTi  familièrement ,  je  lui  tail- 
lerai hïen  des  jarretières ,  pour  dire  ,  je  lui  donnerai 
bien  de  la  peine  ,  bien  de  l'exercice. 

Jarretière  ,  eft  auflî  un  fameux  Ordre  de  Chevalerie 
d'Angleterre  j  inftitué  par  Edouard  III  j  en  13J0.  Or- 
do  Garterianus.  Chevalier  de  la  Jarretière.  Eques  Pe- 
rifcelidis ,  Eques  Garterianus.  Il  n'y  a  que  vingt-cinq 
Chevaliers ,  ils  portent  une  jarretière  bleue  à  la  jambe 
gauche  j  avec  cette  devife  ,  Honni  foit  qui  mal  y pen/i  : 
on  dit  que  c'cll  en  l'honneur  d'une  jarretière  de  la  Com 
telle  de  Salisburi  qu'il  avoit  ramaiîée  ,  &  qu'elle  avoir 

■  laillé  tomber  en  danlant.  Quelques-uns  en  doutent. 
Larrey  dit  que  l'on  tient  pour  une  fable  que  la  devite  , 
Honni  Joit  qui  mal  y  penfe  ,  ait  été  priie  des  amours  de 
ce  Prince  avec  la  Comtelfe  de  Salisburi,  &  on  prétend , 
dit  il ,  qu'elle  ne  fut  employée  par  le  fondateur  que 
pour  marquer  la  bonne  intention  qu'il  avoit  dans  l'é- 
tablillement  d'un  Ordre  qui  obligeoit  ceux  qui  le  re- 
ccvoient  à  fe  tenir  inféparablement  unis  ,  &c  qui  de- 
niandoit  d'eux  uji  attachement  inviolable  à  la  vertu. 
Selon  les  Hiftoriens  les  plus  exadts  ,  Edouard  III  inf 
titua  cet  Ordre  l'an  1 3  jo  ,  ou  1 349.  La  victoire  qu'il 
remporta  à  Creci  en  tut ,  dit  on  ,  l'occafion.  Quelques 
Hiftoriens  dilent  qu'Edouard  fit  déployer  la  jarretière 
pour  le  fîgnal  de  la  bataille  ,  &  qu'à  caule  de  cela  il 
voulut  qu'une  jarretière  fût  le  principal  ornement  de 
cet  Ordre,  qu'il  établilloit  pour  monument  de  fa  vic- 
toire ,  &:  un  {ymbole  de  l'union  indilloluble  des  Che- 
valiers. 

Il  y  a  dans  le  Troifième  tome  des  Acla  Sanclorum 
apr.  des  BoUandiftes  ,  une  Dillcrtation  du  P.  Papé- 
brock  fur  l'Ordre  de  la  Jarretière.  C'eft  le  Chapitre 
X  de  fes  Analecla  fur  faint  George.  Il  y  dit  que  cet 
Ordre  n'eft  pas  plus  connu  fous  le  nom  de  la  Jarretiè~ 
re ,  que  fous  celui  de  S.  George  ;  que  quoiqu'il,  n'ait 
été  inftitué  que  par  Edouard  III  ,  il  avoit  pourtant  été 
projette  avant  lui ,  pat  Richard  I  j  dans  fon  expédition 
de  la  Terre  Sainte  ,  h  l'on  en  croit  un  Auteur  qui  écri 
Voit  fous  Henri  VIII;  qu'au  refte  il  ne  (ait  point  lur 
quoi  fondé  cet  Auteur  l'.-ivance  ;  que  quelques  Au- 

'  leurs  placent  l'époque  de  cette  inllitution  p.tr  Edouard 
III ,  à  l'an  1550,  mais  qu'il  aime  mieux  fuivre  Froif- 
fard  qui  la  met  à  l'an  1344  j  la  dix-huitième  du  rè- 
gne d'Edouard  ;  que  cette  époque  convient  mieux  à 
l'hiftoire  de  ce  Prince  ,  qui  parle  d'une  grande  aflèm- 
blée  de  Chevaliers  qu'il  fit  cette  année-là.  En  i^ji, 
Edouard  VI  fit  du  changement  dans  le  cérémonial  de 
cet  Ordre  ;  ce  Prince  le  compola  en  Latin  ,  &  l'on  en 
conferve  encore  l'original  écrit  de  fa  main.  Il  ordon- 
na premièrement  que  l'Ordre  ne  porteroit  plus  le  nom 
de  S.  George  ,  mais  celui  d'Ordre  de  la  Jarretière.  Il 
retint  la  devile,  honni  foit  qui  mal  y  penfe  ,&c  nuYicu 
de  l'effigie  de  S.  George  qui  étoit  gravée  fur  le  collier 
de  l'Ordre  ,  qui  eft  d'or  fin  entrelacé  de  rofes  émaillécs 
de  rouge ,  il  voulut  qu'on  repréfentât  un  Chevalier 
portant  un  livre  fur  la  pointe  d'une  épce  ,  avec  ce  mot , 
Proteclio ,  gravé  fur  l'épée  ,  &  cet  autre ,  Verbum  Dei , 
gravé  fur  le  livre  ;  que  de  l'autre  main  il  tint  un  bou- 
clier ,  avec  ce  mot  ,fides.  Il  conierva  les  anciennes  ar- 
mes de  S.  George  j  qui  (ont  une  croix  de  gueules  dans 
un  champ  d'argent ,  que  les  Chevaliers  font  obligés 
de  porter  lur  leurs  manteaux  ou  lur  leurs  cafaques  de 
campagne  ,  qiund  ils  n'ont  point  leur  habit  de  céré- 
monie. C'eft  ce  qui  fut  ordonné  depuis  par  le  règle- 
ment de  1  ôirt  ,  qui  ajouta  à  ces  armes  une  étoile  bril- 
lante de  diamans.  Larrev. 

Les  habits  de  cérémonie  (ont  la  robe  (5c  le  manteau 
de  velours  bleu ,  avec  le  bonnet  ou  le  chaperon  de 
velours  noir.  Edouard  VI  n'y  changea  rien.  Les  Che- 
valiers portent  au-dellous  de  l'épaule  gauche  fur  le 
juftaucoBjps,  les  armes  de  S.  George,  qui  font  une 
croix  rouge  avec  \z  jarretière  à  l'entour,  &  une  étoile. 
Ils  portent  encore  un  large  ruban  bleu  de  l'épaule 
gauche  à  la  droite  ,'  d'où  pend  l'image  de  S.  George  à 
cheval ,  qui  cil  le  Patron  de  l'Ordre.  Les  Chevahers 
n'étoient  autrefois  que  vingt-quatre.  Edouard  ne  les 
augmenta  pas.  Le  Gardien ,  Souverain  de  l'Ordre ,  eft 
toujours  le  Roi  d'Angleterre.  Outre  les  vingt-cinq 
Chevaliers ,  il  y  a  trois  Officiers.  Le  Prélat ,  c'eft  l'Es  ê- 


J  A  S 

que  de  Winchefter  :  le  Chancelier,  c'eft  l'Évcque  de 
Salisburi ,  le  Greffier  ,  c'eft  le  Doyen  de  Windfor. 
Depuis  la  première  inftitution  de  cet  Ordre,  on 
compte  huit  Empereurs,  plus  de  trois  cens  RoiSp  & 
un  grand  nombre  de  Princes  qui  l'ont  porté.  Quand  le 
Chevalier  meurt ,  on  doit  renvoyer  les  ornemens. 

Les  Chevaliers  de  l'Ordre  de  la  Jarretière  n'ont 
point  porté  de  collier  avant  Henri  VIII,  Roi  d'Angle- 
terre ,  n'y  ayant  que  les  ftatuts  qui  furent  réformés  par 
ce  Prince  en  1521,  qui  en  falfent  mention.  P.  Hélyot, 
T.  FUI,  C.  44. 

On  peut  confulter  fur  l'Ordre  de  la  Jarretière 
Cambdcn ,  Ashmole ,  Lélan  ,  Polydore  Virgile  ,  Sé- 
gare,  Glover,  Favyn.  Erhardus,  Ccllius  iSc  le  Prince 
d'Orange ,  dit  Papébrock ,  ont  iait  des  defcriptions 
des  cérémonies  ulitées  à  la  réception  des  Chevaliers, 
Un  Moine  de  Cîteaux ,  nommé  Mendocius  Belvaletus, 
ou  Bcauvalet ,  a  fait  un  Traité  intitulé  la  Jarretière , 
ou  Spéculum  AngUcanum  j  que  Philippe  Bolquier  a 
imprimé  fous  le  titre  de  Catéchilme  de  l'Ordre  des 
Chevaliers  de  la  Jarretière  j  dans  lequel  cet  Auteur 
explique  les  allégories  ,  vraies  ou  prétendues  de  ces 
cérémonies ,  &  ce  qu'elles  fignifient. 

Jarretière  ,  eft  aulfi  le  nom  du  Roi  d'armes  d'Angle- 
terre. Je  vous  envoie  par  le  licur  Chevalier  de  Wal- 
ker ,  Jarretière-Roi  d'armes ,  la  médaille  dite  le  Geor- 
ge. Let^de  Charl.  II  ,à  l'Elecl.  de  Brapd.  Le  Héraut 
appelé  Jarre tière-Koi  d'armes  d'Angleterre  ,  eft  le 
quatrième  des  cinq  Officiers  de  l'Ordre  de  la  Jarretière. 
P.  HÉLYOT,  T.  Fin,  C.  4.4. 

En  termes  de  fortilège,  on  appelle  la /arrm'èr(;,  une 
jarretière  enchantée  avec  laquelle  on  prérend  qu'on 
fait  beaucoup  de  chemin  en  peu  de  tems. 

JARS,  f  m.  Grofle  Oie  mâle.  Arifer.  Un  bon  Jars. 

Ce  mot  s'eil:  formé  du  Latin geni;a  ,  qui  s'eft  dit  pour 
jars  dans  la  baffe  Latinité.  Valois  ,  Not,  Gall.  pag. 
22  j  ,  col.  I . 

LE  JARS,  f  m.  Il  y  a  deux  Abbayes  en  Fr.aiice  qui  por- 
tent ce  nom ,  l'une  dans  la  Brie  à  une  lieue  de  Me- 
lun;  l'autre  en  Poitou ,  à  lix  lieues  de  Lucon. 

JARSEY.    Foyei  Gersey. 

^S'JART.  f  m.  Animal  de  la  Laponie,  d'un  poil  gris 
brun ,  de  la  hauteur  d'un  chien.  Gulo.  Le  Jart  fiit  une 
guerre  langlante  aux  Rennes.  Il  monte  dans  les  ar- 
bres pour  voir  &:  pour  n'être  point  vu ,  &  lorfqu'il 
vient  à  palier  deffous  une  Renne,  foit  iauvage,  foit 
domeftique  ,  il  fe  jette  fur  Ion  dos  ,  &  mettant  les  pat- 
tes de  derrière  fur  le  coil ,  &  celles  de  devant  fur  la 
queue ,  il  s'étend  &:  fe  roidit  avec  tant  de  force  ,  qu'il 
fend  la  Renne  fur  le  dos ,  &  enfonce  (on  mufeau  qui 
eft  extrêmement  pointu ,  dans  le  corps  de  la  bcte ,  dont 
il  boit  tout  le  (ang.  La  peau  du  Jart  eft  très-utile  & 
très  belle  ;  on  la  compare  même  aiLx  zibelines.  Regn, 
Voy.  de  Laponie. 

J  A  S. 

JAS,  ou  JOUAIL,  ou  Eiîîeu,  jouet.  Terme  de  Marine. 
^nchor^  axis  ligneus.  C'eft  un  alfemblage  de  deux 
pièces  de  bois  qui  (e  met  de  travers  au  bout  de  l'ancre , 
pour  l'empccher  de  ("e  coucher  (ur  le  fable ,  &  faire 
enforte  qu'une  des  pattes  (oit  toujours  à  plomb ,  afin 
qu'elle  morde  fur  le  terrein  pour  retenir  le  vailfeau. 

jAS.  f  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  dans  les  marais 
lalans  au  premier  rélervoirdeces  marais.  LeJas  n'elHé- 
paré  que  par  une  petite  digue  de  terre ,  revêtue  de  pierre 
fèche,  &  on  y  lailîe  entrer  l'eau  par  la  varaigne ,  qui 
eft  une  ouverture  qui  rellemble  allez  à  la  bonde  d'un 
étang ,  que  l'on  ouvre  «Se  que  l'on  ferme  quand  on  veut. 
On  ouvre  les  varaignes  aux  grandes  marées  de  Mars, 
pour  faire  entrer  l'eau  de  la  mer  dans  \cjas. 

JAS,  ou  JASSY.  Nom  d'une  ville,  avec  une  forte  cita- 
delle. Jajfium.  Elle  eft  capitale  de  la  Moldavie,  &z 
fituée  fur  la  rivière  de  Prurh ,  environ  à  vingt  lieues  de 
SoGzowa  <?c  de  Targorod  vers  le  levant.  Maty. 

JASA ,  ou  JASS A.  Ville  des  Amorrhéens  orientaux.  Jafa, 
JaJJa.  C'eft  la  même  que  Jazer,  qui  étoit  à  l'orient  du 
Jourdain ,  dans  le  Rovaume  de  Séhon ,  iur  lequel  on 
la  conquit.  Elle  (ut  donnée  à  la  Tribu  de  Ruben ,  &: 


J  A  s 

fut  ville  Lcvitiquc  Se  d'alîlc.  On  l'appelle  auflî/j/zâj 
&c  Gcffa:,  &c  Jahdfah.  P.  Lubin. 

■  JASAKKEN.  r.  m.  Nom  d'un  peuple  de  la  Grande  Taica- 
ric,  cil  A(ic.  Jafahki.  M.  de  VVitlcn,  dans  fa  nouvelle 
carre  de  cette  contrée ,  le  place  à  l'orient  de  la  rivière 
de  Pilida,  le  long  de  l'Océan  {eptentrional ,  dans  une 
partie  du  pays  que  les  cartes  ordinauxs  appellent  Mon- 
gal. 

JASARD,  ARDE.  f.  m.  &  f.  Vieux  mot,  qui  veut  dire 
Jajeur.  Blatero. 

JASENITZ.  Petite  ville  du  Duché  de  Stétin,  dans  la  Po- 
méranie  Royale.  Jafcnuium.  Elle  ert  à  l'embouchure 
de  roder ,  dans  le  Groll  -  Haft  ,  à  trois  lieues  au  dcllous 
de  la  ville  de  Stétui.  Quelques  Géographes  la  prennent 
pour  l'ancienne  Laciburgium ,  que  d'autres  mettent  à 
Roftock.  Maty. 

JASER,  v.  n.  Parler  beaucoup  &  fans  néceflàté  des  cho- 
fes  frivoles.  Garrlrc ,  deblatcmrc.  Les  femmes,  les  cn- 
£;ns,  font  iujets  à  jafcr. 

Ah ,  jamais  les  amans  ne  font  las  de  jafcr. 

M  O  L. 

On  le  dit  auflî  des  oifeaux  babillards,  comme  les 
pies,  fanfonnets,  &c. 

Jaser,  fignifie  aullî,  parler  indifcrétement ,  révéler  un 
fecret ,  une  chofe  qu'on  devoir  tenir  fecrète.  Ce  cri- 
minel a  jafé  dans  fon  interrogatoire;  à  la  queftion  il 
a  découvert  fes  complices.  Il  but  que  quelqu'un  de 
nous  ait  iafé,  puifqu'on  a  fu  notre  délibération.  Il  efl: 
familier. 

On  dit  proverbialement  à  un  homme,  vous  jafc^^ 
vous  caufez  à  votre  aile  ,  vous  avez  les  pies  chauds. 
On  dit  :  Jafer  comme  une  flûte  à  neuf  trous,  pour 
dire ,  parler  beaucoup. 

JASER.  Foyei  Jazer. 

JASERAN.  Lonca.  Vieux  mot,  qui  fignifioit  autrefois 
jaque  de  maille  j  corte  de  maille  ;  &  on  diloit  un 
homme  armé  de  nobles /aferans^,  un  cheval  couvert  de 
jaferans.  Il  fignifioit  aullî  une  chaîne  d'or  tilllie  de 
mailles  plates ,  &  entrelacées  comme  une  corte  de 
maille.  On  le  difoit  aullî  d'un  bracelet  d'or,  épais  & 
large ,  &  d'un  collier  de  femme.  Tout  cela  cil  hors 
d'ufage  &  de  mode.  On  écrivoit  autrefoisyiz:j;era72. 

JASERIE.  f.  f.  L'aéHon  de  jafer ,  babil ,  caquet.  NugA. 
PoMEY.  C'eft  une  jafcrie  perpétuelle. 

JASEUR  ,  EUSE.  f  m.  &  f.  Qui  parle  beaucoup  ,  ou  in- 
difcrétement. Blatero.  Ne  dites  rien  devant  cette 
femme ,  c'eft  une  jafeufe  qui  ira  tout  redire.  Du  temps 
de  Nicod  on  difoit  aullî ,  jafard  pour  l'homme  ,&z  ja- 
farde  pour  la  femme.  Il  y  a  des  lieux  en  France ,  où  le 
périr  peuple  fe  fert  encore  de  ce  mor. 

JASIBLI.  Rivière  de  la  vallée  de  Noto ,  en  Sicile.  JafibVms 
fluvius ,  anciennement  Cacyparis.  Elle  baigne  Calîàro 
&  Jafibli ,  où  elle  fe  décharge  dans  la  mer  Ionienne , 
entre  la  ville  de  Noto ,  iSc  celle  de  Syracufe.  Maty. 

JASIDES,  autrement  CËPHÉE.  f  m.  Conftellation  fep- 
tentrionale. 

JASIDIE.  f.  m.  &  f.  Nom  dépeuple,  lafidius,  a.  Les 
Jafidies  iont  des  peuples  de  Syrie  qui  adorent  le  folcil , 
&:  qui  rendent  un  culte  au  démon ,  comme  à  l'auteur 
du  mal.  Mém.  des  Mijf.  du  Levant ^  T.  XIV,  p.  4^. 

JASION,  ou  JASIUS.  f.  m.  Nom  d'un  demi  Dieu  des 
Anciens.  Jafion  ,  Jafius.  Car  Diodore  de  Sicile  lui 
donne  aullî  ce  nom,  &  celui  A'Eétion.  Jafion  étoit 
fils  de  Jupiter  &  d'Eledtre  ,  frère  de  Dardanus  & 
d'Harmonie,  femme  de  Cad  mus.  Il  prit,  dit-on, 
Cybele  pour  femme,  &  en  eut  Corybantus ,  qui  don- 
na Ion  nom  auxCorybantes.  Jafius  fut  fi  aimé  de  Cé- 
rès ,  qu'en  fa  conlîdération  elle  fournit  une  grande 
quantité  de  blé  &  de  pain  pour  les  noces  d'Hermione  , 
ou  Harmonie  fa  (œur.  On  dit  même  qu'elle  en  eut  un 
fils,  qui  futPlutus,  Dieu  des  richelfes.  Quelques  uns 
difent  Pluton  ,  mais  ils  fe  trompent.  Enlîn,  on  dit 
que  Jupiter  le  tua  d'un  coup  de  foudre ,  ou  par  envie  , 
ou  pour  fe  venger  de  ce  qu'il  l'avoir  outragé  dans  une 
de  fes  ftatues.  Voye^  Diodore  de  Sicile  ,  L.  FI. 
Ovide  ,  Trift.  Lib.  Il ,  Eleg.  I  ,v.  300. 

JASLOWIECZ.  Petite  VUlc  de  Pologne ,  au  Palatinat  de 


JAS  15- 

Podolic,  fur  le  bord  oriental  d'une  rivière  qui  tombe 

dans  le  Nieller. 
JASMÉLÉE.  f.  f  JafmeUum.  Efpèce  d'huile  médicinale, 
appelée  par  les  Perlans  Jafme.  On  la  préparc  en  faifmc 
inhiler  deux  onces  de  Heurs  blanches  de  violettes  dans 
une  livre  d'huile  de  féfame  Les  Perfans  en  ufent  dans 
les  tellins,  à  caufe  de  la  bonne  odeur.  Elle  e(t  très- 
propre  pour  oindre  le  corps  au  (ortir  du  bain ,  fur-tout  ' 
quand  il  ell  quellion  d'échaurler  Hc  de  relâcher.  Son 
odeur  ell  lî  forte ,  que  plulieurs  perlonnes  ne  peuvent 
la  luppcrter.  AiÉtius,  Tetrab.  I ,  Serm.  i. 
JASMIN.  1.  m.  Jafminum.  Sorte  d'arbrilléau  dont  il  y  a 
diverles  efpèccs.  hc  jajmin  qu'on  appelle  jafmin  com- 
mun, ou  petit  jafnun,  cil  un  arbrifléau  qui  poulie 
plulieurs  tiges  d'un  vert  brun  ,  fort  longues ,  découpées 
lur  leurs  bords ,  pliantes ,  foiblcs ,  qui  s'étendent  beau- 
coup, &  qui  ont  befoin  d'être  fourenues.  Ses  feuilles 
font  oblongues,  pointues,  femblables  à  celles  de  \x 
velcCj  lilîes,  de  couleur  verte  obtcure.  Ses  Heurs  naif- 
(ent  par  bouquets  ,  &  en  manière  d'ombelles  :  elles 
Iont  blanches,  petites,  agréables,  d'une  odeur  douce: 
chaque  fleur  ell  un  tuyau  évafe  par  le  haut ,  &  décou- 
pé en  étoile  à  cinq  parties.  Lorlque  cette  fleur  ell  paf- 
fée ,  il  y  vient  une  baie  molle ,  ronde  ,  verdâtrc , 
contenant  deux  lemences  rondes  &  plates.  En  Latin , 
jafminum  vulgatius  flore  alho.  C.  Bauh.  Pinac.  ^çj. 
Il  y  a  une  autre  elpèce  de  jafmin  qu'on  appelle  jafmin. 
A'Efpagne ,  dont  les  fleurs  Iont  beaucoup  plus  gran- 
des, plus  larges,  plus  belles,  plus  odorantes  que  cel- 
les du  précédent,  de  couleur  blanche  en  dedans,  rou- 
geârres  en  dehors.  En  Latin,  jafminum  Htjpanicum 
flore  externe  rubente.  J.  Bauh.  z.  ici.  On  cultive  plu- 
lieurs efpèces  de  jafmin  dans  les  jardins,  leurs  fleurs 
lervcnt  aux  parlumeurs. 

Les  jafmins  font  des  fleurs  délicates  qu'il  faut  cuiti- 
ver  très  régulièrement ,  &:  avec  beaucoup  de  foin.  , 

'Le  jafmin  des  Açores  a  fes  fleurs  blanches  plus  peti- 
tes que  celles  du  jafmin  commun,  &c  de  bonne  odeur. 
Ses  feuilles  Iont  larges,  arrondies,  &  d'un  beau  vert 
luilant.  Jafminum  Â^^oricum  flore  albo. 

Le  jafmin  d'Amérique ,  appelé  en  ce  pays  là  Qua- 
moclit,  &  autrement  le  jafmin  rouge  d'Inde,  le  jaf- 
min à  mille  feuilles.  Cette  plante  porte  à  chacune  de 
fes  branches  une  fleur  ou  deux  de  couleur  de  rofe  fè- 
che,  mêlée  de  quelques  lignes  d'aunes  couleurs,  & 
ayant  cinq  filets  pâles.  Ces  fleurs  s'étendent  en  tuyau. 
Se  puis  à  l'orifice,  elles  le  partagent  en  cinq  quartiers. 
Elles  flcuriflent  au  commencement  du  mois  d'Août, 
Se  ne.  finiflent  qu'au  mois  de  Septembre.  Cette  plante  ^ 
ell  pleine  de  nœuds ,  de  branches  Se  de  feuilles  qui 
reilemblent  à  des  plumes;  elle  élève  Se  étend  il  bien 
f:'s  branches ,  qu'on  en  peut  facilement  couvrir  quel- 
que tonnelle  que  ce  foit.  Morin. 

'Lejafm.in  d'Amérique  fe  refeme  tous  les  ans ,  parce 
qu'il  ne  s'ente  pas  :  Se  comme  la  graine  en  ell  trop 
dure,  il  la  taut  lailfer  infiiier  dans  l'eau,  au  loleil,  jul- 
qu'à  ce  qu'elle  s'enfle,  &  en  planter  après  deux  ou 
trois  dans  chaque  pot,  en  bonne  terre  gralfe  à  la  pro- 
fondeur de  deux  doigts ,  ce  qui  fe  doit  faire  au  mois 
de  Mai  Se  Juip  au  commencement  de  la  lune.  Il  la  faut 
conrinucUement  arrofer  lur  le  milieu  du  jour,  pour 
la  faire  lever  par  la  chaleur  du  folcil ,  l'humidité  de 
l'eau ,  Se  la  bonté  de  la  terre  ,  en  huit  jours  de  temps. 
Quand  elle  s'eft  élevée  de  deux  doigts ,  on  lève  la  terre 
en  motte ,  qui  y  tient ,  Se  l'on  n'y  en  lalife  qu'âne ,  & 
celles  qu'on  a  tirées  fe  replantent  à  part  dans  d'autres 
pots,  après  quoi  il  les  faut  toujours  arrofer,  même  il 
eft  bon  de  mettre  les  pots  dans  des  (eaux.  Se  arrofer 
encore  la  rerre  par-defl'uS.  Il  faut  lui  dilpoler  de;  lup- 
ports,  afin  qu'il  fe  puiHe  facilement  élever,  &  quand 
il  ell  élevé,  on  coupe  toutes  les  extrém.ités  pour  lui 
donner  plus  de  force  Se  lui  faire  jetter  plus  de  fleurs. 

AÎORÎN. 

Le  jafmin  d'Arabie  porte  des  fleurs  blanches  purpu- 
rines en  dehors ,  Se  de  très  bonne  odeur.  Ses  Veuilles 
font  entières  ,  arrondies ,  oppofées  deux  à  deux.  Jaf- 
minum Arabicum  Lamhac.  P.  Alp.  Cette  elpèce  ell 
quelquefois  à  fleur  double.  Les  Arabes  l'appellent 
Zaïnbac ,  Se  d'autres  Lilas  d'Arabie,  peut  être,  parce 


i6 


J  A  S 


qu'il  a  les  feuilles  femblables  à  notre  Lilas  blanc ,  mais 
fans  tranche  autour  de  l'ouverture.  Il  Heurit  au  piiu- 
tcmps ,  &  pendant  toute  l'automne ,  les  Heurs  en  l'ont 
d'un  blanc  pâle,  qui  jaunit  dans  le  fond;  elles  naillciit 
au  haut  des  branches  ,  &  font  délicates ,  attachées  à 
leurs  petites  queues.  Elles  ont  deux  tours  de  teuillcs, 
au  nombre  de  neuf  ou  douze  tout  au  plus,  avec  un 
petit  tuyau,  &  exhalent  une  merveilleufe  odeur ,  qui 
approche  beaucoup  de  celle  de  la  Heur  d'orange.  Le 
jafmin  d'Arabie  demande  la  même  fituation,  la  même 
culture,  &  les  mêmes  fujétionsque  \e  jafmin  de  Cata- 
logne dont  nous  parlerons  plus  bas.  Tous  les  ans  on 
lui  coupe  les  brins,  comme  il  tera  dit  du  jdjhiin  de 
Catalogne;  ces  branches  ainfi  coupées  le  redoublent. 
La  féconde  année  on  les  taille ,  leur  lailîixnt  les  bran- 
ches un  peu  plus  longues  :  on  continus  la  troilîème  & 
la  quatrième  année  à  les  tailler ,  on  les  laille  toujours 
plus  longues ,  jufqu'à  ce  qu'elles  paroilîent  allez  groHès 
pour  ne  leur  ôter  que  le  bois  fec  &  le  mauvais. 

Le  jafmin  d'Arabie  à  feuilles  de  Laurier ,  ell  ce  que 
nous  appelions  à  préfent  Caher  ,  arbre  qui  porte  le 
Café.  V^oye'^  Café.  Jafminum  Arabicum  Lauri  folio  , 
cujus  femen  apud  nos  Café  dicicur,  Acl.  Ac.  R.  Par. 
Le  jafmin  de  Catalogne  produit  à  l'extrémité  de  fes 
branches  une  il  grande  nmltitude  de  Heurs  ,  qu'il  en  a 
abondamment  pendant  tout  le  printemps  Se  l'autom- 
ne. Il  efl:  d'un  blanc  pâle  ,  qui  devient  à  la  lin  taché  de 
marques  incarnates  :  chaque  Heur  a  cinq  ou  lîx  feuil 
les  en  ovale ,  une  fois  aulîi  grandes  que  celles  du  jaf 
min  comnjun  ;  il  a  très-bonne  odeur. 

Ley'ijyrai/z  de  Catalogne  veut  un  grand  foleil,  l'af- 
çed  du  levant ,  une  terre  gralle  &  détrempée ,  Se  de 
fréquens  arrofemcns.  Il  fe  conferve  mieux  dans  des 
pots  qu'en  pleine  terre.  Pour  en  perpétuer  l'elpèce, 
on  en  ente  des  brins  fur  des  jafmins  communs ,  qui 
doivent  erre  plantés  plus  de  lîx  mois  auparavant  dans 
des  pots  :  on  les  plante  au  mois  d'Ottobre,  &  les 
meilleurs  font  ceux  qui  ont  le  plus  de  racines,  qui 
font  plus  unis ,  Se  qui  ont  moins  de  nœuds  :  le  brin 
doit  être  de  la  groH'eur  d'un  doigt  ;  à  la  tîn  de  la  lune 
de  Mars,  il  frut  enter  ceux  d'en  bas.  Ceux  qui  font 
plus  proche  du  pied  font  les  meilleurs  ;  après ,  en  ayant 
été  tout  le  germe  avec  des  ciléaux ,  on  coupe  l'œil  de 
tous  les  germes ,  Se  faifant  ainfi  ils  redoubleront ,  Se 
porteront  quantité  de  fleurs.  On  les  replante  tous  les 
ans  dans  la  même  terre  à  la  fin  de  la  lune  de  Mars  :  il 
le  faut  arrofer  quand  il  en  a  befoin.  On  le  taille  tout 
près  de  la  tête  de  Tente.  On  le  peut  enter  en  écullon 
*  au  mois  de  Juin  &  au  mois  de  Juillet  :  Ihiver  il  le  faut 
ferrer  de  peur  du  froid ,  &  s'il  ell  en  pleine  terre ,  il 
faut  le  couvrir  avec  des  nattes ,  des  planches ,  ou  cou- 
vertures propres  à*cela. 

Le  z'^Tot/^  d'Efpagne  efl:  de  la  même  efpèce  que  ce- 
lui de  Catalogne ,  &  demande  la  même  culture. 

Le  jafmin  d'Efpagne  double  ell:  de  la  même  couleur 
que  le  jafmin  de  Catalogne  ,  Se  a  aulli  cinq-  ou  lîx 
feuilles  partagées  en  étoiles  ,  du  milieu  defquelles  il 
s'en  élève  encore  trois  ou  quatre  qui  le  reHerrent  quel- 
quefois comme  une  petite  balle.  Il  fent  aulli  très-bon , 
mais  il  a  l'odeur  plus  forte  que  le  précédent.  Cette 
fleur  fe  maintient  quatre  ou  cinq  jours  dans  fa  beauté 
fur  la  plante ,  d'où  elle  ne  tombe  jamais ,  mais  elle 
sèche  delîùs ,  &  quelquefois  les  boutons  le  rouvrant  , 
fleuriHent  une  leconde  fois. 

Le  gràndjafmin  d'Inde  jette  une  grande  abondance 
de  boutons  à  l'extrémité  de  les  branches  qui  pendent 
en  bas ,  Icfquels  le  rellerrant  enfemble  font  un  bou- 
quet tout  rouge.  Se  lorlqu'ils  lont  parvenus  à  la  gran- 
deur d'un  demi-doigt ,  ils  s'ouvrent ,  Se  de  leur  ouver- 
ture fortent  comme  des  tuyaux  de  la  longueur  d'un 
doigt,  de  couleur  jaunâtre,  menus  par  en  bas  ,  plus 
gros  par  le  milieu ,  Se  un  peu  plus  ferrés  par  le  cou 
qui  renverfe  cinq  feuilles  découpées,  &  fait  la  figure 
d'un  lis  :  il  fort  du  fond  quelques  brins  jaunâtres ,  dont 
celui  du  miheu  qui  eft  blanchâtre,  ell  plus  long  que 
les  autres.  Ceux  qui  ont  de  petites  lignes  de  couleur 
dorée ,  peu  à-peu  fe  couvrent  de  rouge ,  Se  fe  chargent 
tellement  de  cette  couleur,  qu'ils femblent  du  velours. 
Cette  plante  tjeurit  Tété. 


J  A  S 

La  culture  du  grand  jafmin  d'Inde  cil  fcmblable  à  la 
précédente  ;  c'eft  pourquoi  il  lui  but  aufli  préparer  une 
perche,  ou  quelque  bois,  pour  le  lier  avec  du  fi!  de 
1er,  dont  les  nœuds  ne  le  pourrillent  pas  :  il  veut  erre 
en  bonne  terre  :  on  Tanoie  abondamment  tous  ks 
loirs  au  printemps  Se  dans  Té':é.  Pour  le  perpétuer , 
avant  que  les  boutons  grofllHent  dans  le  printemps  , 
on  en  coupe  un  brin  qui  doit  avoir  trois  yeux,  on  le  j 

ratilfe  un  peu  avec  le  couteau  par  bas ,  puis  on  le  plante 
julqu'au  deuxième  œil,  de  lotte  qu'il  n'y  a  que  le  troi- 
lîème qui  ell  hors  de  terre  :  avec  cette  précaution  il 
prend  promptement  racine.  Se  poulie  du  vert  &  des 
rieurs  en  peu  de  temps. 

Le  jafmin  jaune  d'Inde,  pour  être  perpétué,  doit 
être  cultivé  de  cette  manière.  On  clioihî  une  des  bran- 
ches les  plus  balfes ,  &  lans  le  détacher  de  la  plante  , 
on  le  coupe  proche  du  pied  environ  d'un  doigt. 
Cette  entaillade  faite  en  dehors  doit  aller  jufqu'à  la 
moelle  en  travers  ,  Se  commencer  en  delliis  ,  Se 
l'ayant  un  peu  entr'ouvert  on  y  met  une  petite  pier- 
re ,  puis  on  recouvre  la  plaie  avec  un  peu  de  craie 
détrempée ,  ou  de  terre  glaife.  Il  faut  remettre  au- 
dcflus  du  pot  des  morceaux  de  tuile  pour  empêcher 
que  la  terre  que  Ton  met  pour  couvrir  Tentaillade  ne 
tombe.  Après  l'avoir  bien  arrofée  ,  on  la  met  au  fo- 
leil,  à  l'abri  de  la  bife  :  il  faut  le  retirer  du  froid, 
pour  peu  qu'il  en  fafle  ,  parce  qu'il  le  craint  plus  que 
toute  autre  chofe.  Au  bout  de  Tan ,  la  racine  provi- 
gnée  ayant  pris  des  racines  du  pié  ,  fe  replante  promp- 
tement en  bonne  terre  dans  des  pots  que  Ton  a  pré- 
parés exprès ,  Se  par  cette  induHrie  on  fupplée  au  dé- 
fuit  de  la  nature  de  cette  plante  ,  qui  ne  graine 
point. 

Le  jafmin  jaune  poulfe  des  branches  dès  le  bas  du 
pié  jufqu'à  la  racine  ,  defquelles  naillènr  les  Heurs  at- 
tachées à  leurs  queues  comme  \e  jafmin  commun ,  mais 
arrangées  d'une  telle  manière  ,  que  chaque  ciine  de 
branche  paroit  comme  un  bouquet  de  Heurs.  Quoi- 
qu'il ait  les  Heurs  plus  petites  que  le  jafmin  de  Ca- 
talogne ,  elles  durent  pourtant  plus  long  temps.  Un 
autre  avantage,  c'ell  qu'à  melure  que  la  plante  pro- 
fite ,  les  fleurs  augmentent.  Il  lent  bon  ,  non  feule- 
ment trais ,  mais  aulîi  quand  il  efl  ilccri  &  féché. 

Ley<7/^2i/2  jonquille  a  fes  fleurs  jzunes  j  Jafminum  lu- 
teum  vulgo  diclum.  J.  B. 

Le  jafmin  de  Virginie  eft  une  plante  (àrmenteufe  , 
qui  porte  fes  feuilles  rangées  comme  celles  du  Frê- 
ne ,  d'un  vert  plus  gai ,  &  plus  arrondies  Se  plus 
dentelées.  Ses  fleurs  font  rouges ,  grandes  ,  &  de  la 
figure  à  peu  près  de  celles  de  la  Digitale  ordinaire. 
Ces  rieurs  lont  luivies  d'un  fruit  formé  par  le  piftil  , 
qui  enfile  la  Heur.  Ce  fruit  ell  une  lilique  longue  , 
étroite  ,  qui  renferme  des  femences  plates  ,  bordée  à 
fes  deux  bouts  d'un  feuillet  membraneux.  Cette  plan- 
te porte  en  Latin  le  nom  de  M.  l'Abbé  Bignon ,  Se 
elle  établit  un  nouveau  genre  ,  qui  comprend  plu- 
fieurs  elpèces  qui  lont  étrangères.  Bignonia  America- 
na  fcandens  ,  Fraxini  folio  j  flore  amplo  pk^nicco  , 
Inji.  R.  Herh. 

Ce  mot  vient  de  l' Arabe  gefmin  ,  qui  veut  dire  une 
violette  blanche ,  à  caule  que  la  Heur  de  cette  plante 
lui  relfemble.  On  l'appelle  en  Orient  Zamback,  on 
Sambach.  D'autres  dilent  qu'il  vient  du  Turc  jasmin  , 
qu'ils  ont  fait  apparemment  de  \W\^revi  famim  ,  qui 
fignifie  toutes  fortes  de  drogues  aromatiques.  M.  Huet 
dit  que  le  mot  de  jafmin  ell  Perlan  ,  &  que  nous  l'a- 
vons pris  de  cette  langue. 

On  appelle  pommade  de  jafmin,  -de  la  poudre  de 
jafmin  ,  des  gants  de  jafmin  ,  la  préparation  de  ces 
choies  faites  avec  du  jafmin  pour  les  parfumer. 
JASMIN.  {.  f  Poire  du  mois  d'Août ,  qu'on  nomme  au- 
trement Vilaine  de  la  Réale.  Voye^  ce  mot. 
JASO  ou  JASON.  f  f  Nom  d'une  fille  d'Efculape  & 
de  Lampétie ,  fille  du  Soleil  j  Déelfe  de  TAntiquiré 
Payenne.  Jaf  s  Jafo.  Panacée  Se  Jafo  devroient ,  ce 
femble  ,  n'être  qu'une  même  Divinité  ,  cependant 
Hermippus ,  Pau&nias,  Arillophane  ,  les  diflùnguenr. 
Quoi  qu'il  en  foit  ,  Jafo  étoit  la  Décile  qui  ren- 
doit   la  fanté    quand    on  Tavoit  perdue.  Les  Latins 

i'appelloienï 


J  A  S 

l'appeloiemMcdiuiiie.  Woa^ivs  ,deIdûlol.L.  FUI, 

C.  2.  ,  .  .  ,  . 

Ce  mot  vient  de  liap^i/,  mcdcor  ^Jano,  je  gucns , 
je  lends  la  ûnté.    ^  ,    ^,    ^,.       „      „., 

JASON  f.  m.  Fils  d'Elbn  ,  Roi  de  Theflalie ,  &c  d  Al- 
cimède ,  fut  élevé  par  le  Centaure  Chiron  comme 
Achille  ,  équipa  le  tameux  navire  nommé  Argo  , 
pafla  en  Colchide  avec  une  cinquantaine  d'autres 
Héros  ou  Aventuriers  ,  dont  il  fut  le  Chef,  &  qu'on 
nomme  Argonautes ,  pour  conquérir  la  toiton  dot , 
tua  pat  le  lecours  'de  Médee  le  dragon  qui  gardoit 
ce  trétbr  ,  &  l'enleva.  Jafon  célèbre  dans  la  fable 
par  la  conquête  de  la  toifon  dor,  &  par  les  Amours 
de  Médée.  ,  ^      .-        , 

Jafon,  Juif,  &  frère  d'Onias ,  Grand  Pontite,  acheta 
d'Antiochus  Épphanesle  Ibuverain  Pontificat,  &  ta- 
cha d'introduire  les  couuimes  des  Gentils  parmi  les 
Juifs  ,  comme  il  e!t  rapporté  au  /.  L.  des  Machab  ci. 
&  au  //,  c.  IF,  &  F.  Jafon  d'Argos  ,  Jajon  ilc  Ly- 
zance,/.7/ù/2deCyiènp,  font  des  Auteurs  anciens  dont 
il  ne  nous  refte  rien.  •    n.  r 

Lc  nom  de  Jafon  vient  du  Latin  Jafon  ,  qui  elt  for- 
mé du  Grec  ^f  ■  ..  „    j      •    j 

JASON.  Ville  de  la  Paleftine  ,  à  deux  lieues  &  demie  de 
Jaffa,  vers  l'Orient,  dans  la  Tribu  de  Dan;  pioche 
du  chemin  qui  conduit  de  Jafta  à  Jérutalem. 

Jason  ,  en  termes  du  Grand  Art,  ligmhe  l'Artide. 

JASPACHATE.  f.  f.  Pierre  précieule  compol.-e  de  jal- 
pe  vert  &  d'agathe.  Elle  eft  adoucillante  ,  &  pri- 
[c  intérieuiement ,  elle  elT:  efficace  dans  l'hydropihe  , 
les  maladies  du  foie  la  péripneumonie  &:  la  pleuré- 
ûe.  Elle  rchaulle  aulli  la  couleur  du  fang  ,  &  lui  don- 
ne une  très  belle  apparence.  Aétius  ,  Taraè.  I,  Serm. 

2     C    ^7* 

JASPE,"  f.  m.  Pierre  fine  peu  différente  de  l'agathe  , 
iî  ce  n'eft  qu'elle  eft  plus  molle ,  &  qu'elle  ne  peut 
pas  être  fi  bien  polie  ,  Jafpis.  La  nature  s'eft  plue  à 
exprimer  dans  quelques  unes  de  ces  pierres  des  Meu- 
ves, des  bois,  des  animaux,  des  fruits,  des  paybgcs 
&  des  figures ,  comme  s'ils  avoient  été  peints.  Lejafpe 
fioride  on  fleuri, c\m.  fc  trouve  aux  monts  Pyrénées,  eft 
mêlé  de  plufieurs  couleurs.  Il  y  en  a  aulîî  d'une  Iculc 
couleur ,  ou  rouge  ,  ou  verte  ,  mais  il  eft  de  moindre 
prix.  Le  plus  beau  eft  celui  qui  tire  iur  une  couleur 
de  laque  ,  ou  de  pourpre  ,  enfuite  l'incarnat  ,  ou  de 
couleur  de  rofe  ,  &:  celui  qu'on  prife  à  prelent  eft  le 
verî  chargé  de  petites  taches  rouges. 

Jafpe  eft  un  nom  Hébreu  ,  que  les  Latins  n'ont  point 
changé  ,  non  plus  que  nous.  Quelques  verhons  Grc- 
ques  lui  ont  donné  le  nom  de  béril.  Onkelos  lui  don- 
ne le  nom  de  Panthèn  ,  à  caufe  qu'il  a  des  taches 
femblables  à  cet  animal.  Foyei  fur  le  jafpe  Boot,  L. 
2,c.  100  &c  lor  ,  de  Lapid.  Vollius  ,  de  Idolol.  L. 
VI,  c.  ç,  17  ,  22  ,  23. 

Jaspe.  Terme  de  Relieur.  Vert  &  vermillon  dont  on  le 
fert  pour  marbrer  la  tranche  des  livres.  Farlus  color. 
Faire  \c  jafpe. 

JASPER.  V.  a.  Jafpidis  colore  inficcre.  Bigarrer  de  di- 
verles  couleurs,  en  forme  de  jafpe,  ce  qu'on  fait  fur 
la  tranche  Se  couverture  des  livres ,  fur  le  papier  ,  fur 

le  bois ,  &c.  n       •  r 

IP"  JASPÉ.  ÉE.  part.  &  adj.  Qui  eft  peint  en  )afpe, 
bigarré  de  différentes  couleurs  ,  loit  naturellement , 
foit  par  art.  Marbre  jafpé.  Livre  relié  en  veau  jafpe. 
Poules  jafpées. 

IP^  Jaspé  ,  en  Botanique  fe  dit  des  Heurs  dont  les  pa- 
naches font  petits.  Les  Fleuriftes  défignent  par  ce  ter- 
me plufieurs  fortes  de  tulipes. 

Jafpée  Angloife.  Tulipe  ,  qui  eft  triftamin  ,  &:  rouge  & 
jaune  blanchiffant.  , 

Jafpée  harlan.  Tulipe  qui  eft  triftamin  couvert  ,  leme 
de  larmes  rouges. 

Jafpée  morceau.  Nom  d'ime  Tulipe  ,  gris-lavande  ,  co- 
lombin,  &  blanc. 

Jafpée  première.  TuUpe  qui  eft  rouge  -  mort  _,  &  cha- 
mois. 

Jafpée  ravafcor.  Tulipe  rouge  -  pâle  ,  gris  de  hn  & 
blanc. 

Jafpée  S.  Jean.  Tulipe  colombin ,  mifùme  &  blanc. 
To;ne  F. 


J  A  T 


î7 


Jafpée  tiuder.  Celle-ci  eft  triftamin,  rouge -mort,  & 
jaune  blanchiftànt.  Morin. 

JASPINER  ,  V.  n.  Parler  à  tort  «Se  à  travers.  Il  eft  bas. 
Il  jalpinoit  argot  encor  mieux  que  François.  Poème 
de  Cartouche. 

JASPURE.  Terme  de  Relieur.  Jafpe  jette  fur  la  tranche 
d'un  livre.  Action  de  jafpcr  ,  ou  l'effet  de  cette  ac- 
tion. Voilà  une  belle  jafpure. 

gCrJ  ASSA,  ou  JASA.  Ville  de  la  Paleftinc,dans  la  Tribu 
de  Ruben  ,  au-delà  du  Jourdain  ,  auprès  de  laquelle 
le  Roi  Sehon  fut  défait  par  Mo)'fe.  On  la  croit  la 
même  que  Jeflà ,  près  d'Aar  ,  Capitale  des  Mo.abitcs. 

JASSEFAT.  Sorte  de  vaiffe.iu  Pcrfm  qui  navigue  dans 
la  mer  des  Indes.  Ordrïc  de  Fréjus.  n.   û. 

JASQUE.  Petite  ville  du  Makcran  ,  province  d-.-  !a 
Perfe.  Jafqua.  Elle  eft  Capitale  d'une  Principauté  , 
dont  le  Prince ,  Mahométan  de  Religion  ,  étoit  au- 
trefois tributaire  des  Rois  de  Perfe  ,  mais  il  s'eft  af- 
franchi de  ce  tribut ,  &  il  s'eft  maintenu  dans  cette 
liberté  contre  toutes  les  forces  de  la  Perfe,  par  le 
fecours  de  deux  petits  Princes  Payens  ,  dent  les  ter- 
res s'étendent  à  l'Orient  des  fiennes  ,  julqu'au  cap 
de  Guadel.  Maty. 

JASSY.  Foyer  Jas. 

J  A  T. 

lATANG.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  (<tv- 
tième  mois  des  Tartares  Orientaux  ,  &  de  ceux  donc 
le  pays  fait  partie  de  l'Empire  de  la  Chine  ;  il  répond 
au  mois  de  Juin.  On  l'appelle  aulîi  Yedlngi ,  Yétin- 
gi  ,  Yateng. 

JATI.  Nom  d'une  rivière  de  la  Sicile.  Jatius  fluvius  , 
anciennement  Bcetkis.  Elle  prend  Ca  fource  aux  mon- 
tagnes ,  où  eft  le  bourg  d'Iaro  ,  qui  lui  donne  fou 
nom  ,  elle  coule  dans  la  vallée  de  Mazara ,  Se  fe  aé- 
charg'edans  le  golfe  de ,Caftel-à  mar.  Maty. 

JATO.Jatum  ,  anciennement  Jetas  &c  Jatx.  C'étoit  une 
petite  ville  de  la  Sicile  ,  fituée  fur  le  haut  d'une 
montagne  efcarpée  ,  près  du  Belice  dextro  ,  entre  la 
ville  de  Mazara,  &  celle  de  Païenne.  L'Empereur 
Frédéric  II  ,  chalîà  de  ce  Heu  les  Sarrafins ,  &  le 
ruina;  mais' on  y  a  depuis  rebâti  un  petit  bourg. 
Matv.  . 

lATRALEPTE.  f.  m.  On  donnoit  autrefois  ce  nom  à 
un  Médecin  qui  prétendoit  guérir  les  maladies  par  les 
friîlions ,  les  fomentations  &  les  applications  d'on- 
guens.  Tel  fut  Dictas  ,  fuivant  Galien.  Ce  mot  vient 
de  ;«.W  Médecin  ,  &  ^M?>y,^ ,  unclor,  qui  oint.  Col  de 

Villars.  ,  ,  , 

ÏATRALEPTIQUE.  f.  f.  Nom  que  1  on  a  donne  a  la 
partie  de  la  Médecine  qui  guérit  par  les  fridions  , 
par  l'application  des  fomentations  6c  des  emplâtres. 
latraleptice.  Ce  fut  un  nommé  Prodique  ,  Djfciple 
d'Hippocrate  ,  &  natif  de  Corinthe  ,  qui  l'inftitua. 

lATRIQUE.  adj.  C  eft  un  nom  que  l'on  donne  à  la  Mé- 
decine ,  ou  à  ce  qui  lui  appartient  ;  en  forte  qu'on 
dit  la  Faculté  iatnque  ,  l'Arc  iatrique  ,  les  Plantes  ia- 
triques.  Sec.  M.  de  Guife  eft  mort  fans  autre  fecours 
iatrique,  qu'un  grand  charlatan  d'Apothicaire,  nom- 
mé Baurains.  Patin,  Lett.  s 3^ ■  Tout  le  monde  ne 
fut  pas  d'avis  que  la  Reine  Auftrigilde  eut  péché  en 
ordonnant  de  taire  exterminer  toute  la  Faculté  ia- 
tnque. Faidit.  George  Skenka  a  intitulé  fon  Ouvrage 
Bibliotheca  latrica.  Ce  mot  vient  de  /«.f'.f ,  Médecin, 
ou  de  '«7»  -■'  Médecine. 

lATROCHIMIE.  f.  f.  L'art  de  guérir  les  maladies  avec 
des  remèdes  chimiques.  ^      .    1    • 

JATTE,  f.  f.  Vaiffeau  rond  fait  d'une  pièce  de  bois  tour- 
née Se  creufée  au  tour  ,  qui  fert  à  la  cuilnie  ,  à  la  ven- 
dange ,  Se  à  difterens  ufages  dans  les  ateliers.  Caba- 
ta.  Les  vaifl'eaux  où  les  Relieurs  mettent  leur  colle 
s'appellent  auffi  jattes,  de  même  que  le  vaifteau  ou 
les  Sculpteurs  mettent  le  grès  pilé. 

On  appelle  cul  de  jatte ,  un  pauvre  eftropie  qm 
n'a  ni  cuiftes ,  ni  jambes,  dont  il  le  puifie  leryir ,  & 
qui  eft  obligé  de  marcher  fur  les  telles  entermees 
dans  une  jatte.  Scarron  s'appelloit  cul  de  jatte  ;  car 
il  étoit  tellement  paralytique ,  qu'il  ne  pouvoir  lor- 
tir  de  fa  chaife. 


i8 


J  A  T 


On  appelle  encore  jatte  ,  un  vailTc.iu  d'argent  ou 
d'autre  métal ,  ou  de  tayance,  ou  de  porcelaine  ,  ou 
de  terre  ,  fervant  à  dirtérens  utagcs  domertiques. 

Jatte  ,  fe  dit  aulîi  d'un  plat,  d'une  écuelle  de  bois  dans 
laquelle  on  mange  ,  ou  dans  laquelle  on  boit.  Ca- 
t'inus  ligneus ,  vas  lïgneum.  ' 

On  donne  le  nom  de  jatte  à  une  efpèce  de  gran- 
de febile  de  bois  percée  au  milieu  6c  polée  fur  un 
pied  ,  dont  les  ouvriers  fe  icrvent  poiu'  faire  une  cl- 
pcce  de  cordons.  Les  cordons  dont  les  Eccléliaftiques 
ceignent  leurs  aubes  font  faits  à  la  jatte. 

Ce  mot  vient  de  gahata  ,  Latin ,  qui  (îgnihe  une 
grande  écuelle.  Du  Cange  le  dérive  de  gâta  ,  qui  étoit 
une  ancienne  efpèce  de  navire  rond  ;  &  prétend  qu'on 
a  dit  autrefois  geatte.  On  dit  encore  gatte  en  Picar- 
die ;  pour  dire  ,  un  vailfeau  rond ,  &  qui  n'eif  guè- 
re profond. 

Jatte  d'eau.  Terme  d'Artificier.  C'ell:  un  artifice  aqua- 
tique qui  produit  l'effet  d'une  girandole  en  tournant 
fur  fon  centre  à  Heur  d'eau.  On  peut  auill  le  chan- 
ger en  foleil  fixe  &  tournant. 

Jattes  ,  en  termes  de  Mer  ,  font  des  planches  vers  l'a- 
vant du  vailfeau ,  pour  recevoir  l'eau  que  les  coups 
de  mer  font  entrer  par  les  écubiers.  Subiuntïum  aqua- 
rum  ad  proram  receptaculum. 

JATTÉE.  (.  f.  Plein  une  jatte.  Q^uod  gahata  continet. 
Une  jattéc  ■  de  foupe.  Une  jattée  de  lait. 

J  A  V. 

3AYA.  Nom  de  l'une  des  îles  de  Sonde.   Java.   Elle 
ell  dans  l'Océan  Indien  ,  au  midi  de  file  de  Bornéo , 
&  au  levant  de  celle  de  Sumatra  dont  elle  n'ell  lé- 
parée  que  par  le  détroit  de  la  Sonde.   Elle  peut  avoir 
deux  cents  lieues  d'orient  en  occident ,  trente  ou  qua- 
rante du  nord  au  fud.  L'air  ne  peut  y  être  que  fort 
chaud ,  à  caufe  de  fa  fituation  fous  le  feptième  degré 
de  latitude  méridionale.   Il  eft  cependant  fort  tem- 
péré par  la  longueur  des  nuits  ,  &  par  les  vents  frais , 
qui  y  fouHent  de  tous  côtés.  On  y  recueille  quantité 
de  poivre  ,  de  fucre  ,  de  benjoin  &  de  ris.  Il  y  a  de 
fort  bonnes  mines  d'or  Ôc  de  cuivre  ,  &  une  mon- 
tagne de  foufre  ,  qui  s'allume  de  temps  en  temps.  On 
trouve  fur  fes  côtes  des   huîtres  qui  pefent  jufqu'à 
trois  cents  livres.  Ses  villes  principales  font  Bantan , 
Batavia ,  ou  Jaéatra  ,  Materan  ,  Jortan  ,  Panarucan  , 
Pallarvan  ,  Balambuan  ,  Japara  ,  Tuban  ,  qui  font 
Capitales  d'autant  de  petits  Royaumes  ,  autrefois  dé- 
pendans  les  uns  de  autres  ;  mais  maintenant  tribu- 
taires du  Roi  de  Bantan ,  ou  de  celui  de  Materan , 
qui  efl:  plus  puilfant  que  le  premier ,  &:  qui  prend 
le  titre  d'Empereur  de  Java.   Maty. 
Le  P-  Tachar  a  remarqué  dans  l'es  Voyages  que  l'île  de 
Java  étoit  fur  les  cartes  plus  de  loixante  lieues  trop 
éloignée  du  cap  de  Bonne -Elpérance 
JAVARCAÇAY.  Gavarùacum.  Au  neuvième  fiècle  ce 
lieu  étoit  du  domaine  de  nos  Rois.  Il  eft  dans  le  Poitou. 
Ce  nom  s'cft  formé  du  Latin ,  par  le  changement  dont 
nous  avons  parlé  au  commencement  de  cette  lettre  /. 
Valois  ,  Nota.  Gall.p.  115.  col.  1. 
JAVARE.  f.  m.  &:  f  Nom  d'un  peuple  de  l'île  du  More. 
Javarus,  a.  Les  J  avares  font  des  gens  farouches  Se  in- 
humains ,  qui  n'habitent  que  des  cavernes  ,  &  ne  vivent 
que  dans  les  forêts.  Bouh.  Xav.  L.  III.  Xavier  com- 
pola  en  langue  Malayoife  une  inftruélion  allez  ample 
touchant  la  croyance  de  la  morale  du  ChrilHanilme 
Idem. 
JAVARIN,  GÉVl^ERou  RAAB.  Ville  de  la  bafle  Hon- 
grie ,  lituée  fur  le  conllucnt  du  Raab  ,  avec  le  Danube , 
vis-à-vis  de  l'île  de  Raab  &  celle  de  Schut ,  à  huit  lieues 
de  Komore  vers  le  couchant.  Javarinum  Arrabo.  Cet- 
te ville  a  un  Évêque  ,  fuffragant  de  Strigonie  ;  elle  n'ell 
pas  grande ,  mais  elle  eft  très-forte ,  &  Capitale  d'un 
Comté  qui  porte  fon  nom ,  &  où  l'on  ne  trouve  pohu 
d'autre  ville  que  celle  de  Tata.  Maty. 
JAVARIN.  Foyei  Navarin. 

JAVARIS.  £  m.  Animal  des  Iles  de  l'Amérique.  C'eftune 
efpèce  de  fanglier,  Il  eft  prefque  imprenable ,  à  caufe 


J  A  V 

d'un  foupirail  qu'il  a  fur  le  dos ,  Se  par  lequel  il  ra- 
fraîchit les  poumons  en  courant  ;  ce  qui  fait  qu'il  peut 
courir  long-temps  lans  le  fatiguer.  Il  elt  d'ailleurs  ar- 
mé de  fortes  détenfes.  On  voit  des  Javans  fur-tout  dans 
1  île  de  l'Anguille. 
JAVART,  ou  JAVAR.  f  m.  Terme  de  Maréchallerie. 
Maladie  de  cheval.  C'eft  une  petite  tumeur  qui  fe  ré- 
lout  en  apofteme ,  ou  bourbillon ,  qui  le  forme  au  pa- 
turon lous  le  boulet ,  Se  quelquefois  tous  la  corne.  Tu- 
morïn  equi  fuffragine.  Un  javart  nerveux  eft  celui  qui 
vient  lurlc  nerf.  ^x.  javart  encorné  celui  qui  vient  fous 
la  corne.  Il  faut  delfoler  le  plus  fouvent  im  cheval, 
quand  il  a  \xn  javart  encorné. 
JAVE.  f.  m.  Se  f.  Nom  d'un  peuple  de  l'Inde ,  dans  la 
prefqu'île ,  au-delà  du  Gange.  Javus  j  a.  Les  Javes  ^ 
peuple  belliqueux  &  féroce. 
JA VEAU.  f.  m.  Terme  des  Eaux  Se  Forêts.  Nom  qu'on 
donne  à  une  île  faite  nouvellement  au  milieu  d'une 
rivière  par  alluvion  ,  ou  amas  de  limon  Se  de  fable. 
Alluvies.  L'Ordonnance  parle  louvent  des  atterrilfe- 
mens  Se  javeaux: 
J  A  VELE.  EE.  p.art.  On  appelle  Avoines  y  a  ve/eV^j  celles 
dont  le  grain  eft  devenu  noir  &  pelant  par  la  pluie  qui 
les  a  mouillées  ,  tandis  qu'elles  étoient  en  javelles.  Ac. 
Fr.  Celles  qui  ne  font  point  javclees  ont  le  grain  noir 
Se  blanc. 
JAVELER.  V.  a.  Mettre  le  blé  fur  terre ,  Se  le  difpofer  en 
javelles  pour  le  faire  lécher.  Spicas  in  mergites  cogère. 
Il  ell  tems  de  javeler  ce  blé.  Il  eft  aulfi  neutre.  Il  faut 
lailler /izvf /er  le  blé  pendant  trois  ou  quatre  jours ,  c'eft- 
à-dire ,  le  lailfer  fécher.  Quand  le  temps  eft  humide  , 
le  blé  eft  long-tems  a.  javeler. 
JAVELEUR.  f.  m.  Celui  qui  javele.  Qui  fpicas  in  mer- 
gîtes  cûgit.  Il  n'y  a  pas  allez  de  Javeleurs  dans  ce  champ. 
JAVELINE,  f.  f.  Arme  A'hajl,  ou  demi-pique,  dont  les 
Anciens  fe  fervoient  tant  à  pied  qu'à  cheval.  Hajla.  Elle 
avoit  cinq  pieds  &  demi  de  long  Se  fon  fer  avoir  trois 
faces  aboutillantes  en  pointe.  Il  lui  fit  donner  une  Ja- 
veline qu'il  prit  de  la  main  gauche.  Vaug. 
§cr  JAVELLE.  1.  £  Ce  qu'un  moill'onneur  peut  couper 
de  grain  d'une  feule  fois  :  grolle  poignée  de  froment 
coupé  qu'on  lailfe  lur  le  champ  pour  le  deftecher  ,  ou, 
comme  l'on  dit,  le  javeler,  avant  qu'on  le  mette  en 
gerbes.  Spicarum  merges.  Il  faut  trois  ou  quatre  javelles 
pour  ftire  une  gerbe. 

Ce  mot  vient  de  capella,  diminutif  fait  de  capus  ^ 
qui  Cipù'nt  poignée,  car  c'eft  enetfet  une  poignée  d'épis 
Men.  D'autres  qui  prétendent  qu'on  difoit  autrefois 
havellc  ,  le  dérivent  de  hapfus ,  dont  Celfus  s'eft  fervi 
pour  lignifier /'oi^wee. 
Javelle  ,  fe  dit  .auilî  des  petits  faifccaux  de  {arment ,  Se 
de  quelques  figots  ou  bottes  d'échalas  &:  de  lattes.  Les 
javelles  doivent  contenir  jo  cchalats.  On  dit  parmi  les 
Tonneliers ,  qu'un  baril  eft  tombé  en  javelle ,  lorlque 
les  douves  &  les  fonds  le  leparent. 
Javelle  ,  eft  auilî  un  coulant  d'eau  entre  une  petite  île- 
Se  le  bord  de  la  rivière.  Dans  le  Cartulaire  de  Saint 
Maur  près  de  Paris ,  eft  porté  qu'il  y  a  à  Saint  Maur  des 
faullaies,  des  îles,  des  gorges  Se  des  javelles.  C'eft  de- 
là que  le  moulin  de  javelle  a  tiré  fon  nom. 
JAVELOT,  f.  m.  Javeline  plus  courte  Se  plus  grolfe  que 
ne  font  les  j.ivelines  ordinaires  ,  ou  Hèche  qu'on  lance 
(ans  le  fccours  de  l'arc  contre  l'ennemi.  Spiculurn.  Il 
y  avoit  chez  les  Romains  plulîeurs  fortes  de  javelots , 
qui  avoient  tous  leurs  nomsdifférens,  mais  dont  pour- 
tant on  ne  dit  rien  ici ,  parce  que  ces  noms  ne  le  peu- 
vent rendre  en  François.  Lancer  le  javelot.  Ablanc. 
fer  Dans  les  jeux  agoniftiques  les  athlètes  avoient  une 
efpèce  de  dard  qu'ils  lancoient  contre  un  but ,  &  celui 
quiapprochoitle  plus  près  du  but,  remportoit  le  prix 
à  cet  égard. 

Ce  mot  vient  de  capulottus,  diminutif  de  capulus  ^^ 
qui  eft  dit  comme  lî  le  javelot  étoit  tout  m.mche  ;  à 
caufe  qu'on  le  darde  en  le  tenant  p.ar  le  milieu.  Mé- 
nage. D'autres  le  dérivent  de  jaculum  à  jaculando  , 
comme  Du  Cange ,  qui  témoigne  qu'on  diloit  gave- 
loces  y  pom  fpicula  J  dans  la  balle  Latinité. 
Javelot,  fs  dit  aulH  d'un  forte  de  ierpent  qui  s'cl.mcc 
fur  les  hommes.  Se  qu'çn  appelle  çnLatiii  Cenchrli. 


J  A  U 


J  A  U 


Jaculus.  On  pictend  que  c'eft  le  Kippoi  des  Hébreux 
ik  de  l'ilciituie.  Agitharcliidcs ,  Diodt)re  de  Sicile, 
inaboii  &  Pljiic  ,  difciit  que  c'cll  le  plus  m.uivais  des 
inieLlcsde  l'Aiiiqiif,  que  les  blelhues  qu'il  l'ait  (ont 
incurables,  qu'on  ne  peut  l'éviter,  qu'il  s'élance  à  plus 
de  vingt  coudées.  Ammicn  Marcellin  ,  &  Lucain  , 
Pharf.  V.  677-  Se  L.  IX.  v.  720.  dilent  qu'il  y  en  a 
aulli  dans  l'idumée  &  dans  l'Arabie.  Lucain  parle  de 
la  rapidité  avec  laquelle  il  s'élance  fur  les  palÏÏms  , 
L.  IX.  V.  S 22.  L.  VI.  "Voyez  Bochart,i/art):[  P.  Il , 
L.  III,  C.  /  /  ,  &  ci  dellus  Acornias. 

Javelot  ,  clt  .aulFi  un  terme  de  Moillbnneur,  qui  (lyni 
lie  une  Erallee  d'avoine  fauchée ,  &  anr^JÏ^avec  le  tau- 
chct.  Javelle  eft  le  vrai  mot.  ^^ 

(C?  JA VER.  "Ville  du  royaume  de  Bohême ,  en  Silcfie , 
dans  la  Principauté  de  même  nom  dont  elle  eft  Capi- 
tale. Elle  eft  à  quatre  milles  de  Schweidnitz,  à  huit 
de  Brellau,  la  Principauté  de  Javer ,  contrée  du  Royau- 
me de  Bohème  ,  dans  la  balle  Silélie  ,  touche  à  la 
haute  Bohême  au  midi ,  &  à  la  haute  Lulace  au  cou 
chant.  Elle  a  les  principautés  de  Sagan  tv'  de  Glogaw 
au  nord  ;  celle  de  lignitz  Se  de  Schweidnitz  à  l'orient. 

JAUFFNDEIGR  A  ,  f.  m.  Ternie  de  Calendrier.  Nom  du 
troiliéme  mois  des  Illandois.  Il  répond  au  mois  de 
Mars.  Ceft  le  mois  de  l'équinoxe  du  printemps,  & 
Jauffnddgra  manudar  lîgnihe  Mois  équmoÛial 

JAUGE,  f.  f.  Norma,  index.  Art  de  réduire  à  une  melurc 
connue  ou  cubique  ,  la  coniîftence  ou  capacité  incon- 
nue des  vailllaux ,  particulièrement  de  ceux  qui  ont 
quelque  rondeur.  La  jauge  enfeigne  combien  un  ton- 
neau de  mer  qui  pe(e  2000  livres  contient  de  pieds  cu: 
bes  d'eau,  combien  un  muid  ,  une  barrique,  tiennent 
de  pintes.  Plulieurs  Auteurs  ont  écrit  de  la  jauge  Se 
de  l'arpentage. 

Ce  mot  de  jauge  ,  Se  les  fuivans  qui  en  font  déri- 
vés ,  s'écrivoient  autrefois  avec  une  l  ^jaulge  ,  jaul- 
geur.  Sec. 

Ce  mot  vient  du  Latin  galha,  qui  lignifie  gros  & 
gras  ;  car  jauge  lignihc  proprement  la  melure  de  la 
pipe  par  l'endroit  le  plus  gros.  Ménage.  Du  Cange 
le  dérive  de  galo ,  qui  eft  une  efpèce  de  melure  chez 
les  Anglois  ;  ou  de  jalo, ,  d'où  on  a  fait  auiîi  jale. 
(  Nous  avons  remarqué  ci-deftus  que  galo  ,  ni  jalo  y  ne 
l'ont  point  des  mots  Anglais,  on  dit  galon.  )  En  un 
autre  endroit  M.  Du  Cange  le  dérive  Aç.gagga,  qu'on 
a  dit  dans  la  balle  Latinité,  dans  le  même  (ens.  Il  té- 
nioi^.ne  aulli  qu'il  y  avoit  des  jaugcurs  de  drips  &  de 
pain ,  aufti-bien  que  des  tonneaux  ,  c'eft-à-dire  ,  des 
marqueurs  &:  des  mctureurs. 

Jauge  ,  eil  aulli  un  inftrument  ou- broche  de  fer,  qui  eft 
une  clpcce  de  compas  de  proportion  ,  (ur  lequel  loiit 
marquées  plulieurs  lignes  qui  lervent  à  fl'.ire  la  réduc- 
tion lur  le  champ  de  la  capacité  de  tous  les  vailleam: 
quelque  irréguliers  qu'ils  (oient ,  à  une  melure  commu- 
ne Se  connue.  En  Latin  ,  Iwlis. 

fer  On  s'en  lert  pour  marquer  la  quantité  de  vin  qui  eft 
dans  un  tonneau.  On  fait  entrer  la  jauge  par  la  bonde  , 
on  la  poulfe  perpendiculairement  julqu'au  fond  du  ton- 
neau. La  ligne  de  divilion  entre  le  mouillé  Se  le  l'ec 
donne  la  hauteur  du  vin  dans  le  tonneau.  Se  par  con- 
féquent  la  quantité  à-peu-près  qui  rclte. 

Jauge  ,  eft  encore  la  melure  commune  Se  connue  qu'un 
vaiireau  daitcontenir ,  félon  le  diftérent  ufage  des  li  eux. 
Ce  muid  contient  tant  de  pintes  ,  il  eft  Ae  jauge.  Le- 
gïtïmum  doVium  j  probatum.  On  dit  aulîi ,  quand  on  fert 
une  grande  bouteille,  un  grand  verre  de  vin,  qu'ils 
font  Ac  jauge;  pour  dire,,  qu'ils  contiennent  la  melure 
&au  delà. 

JAUGE  c\-  COURTAGE.  Droit  d'Aide  qui  le  levé  avec  le 
gros&  l'augmentation  (ur  les  vins,  eaux-de-vie,  biè- 
res, cidies  Se  autres  boiirons ,  lorlqu'ils  (ont  vendus, 
ou  qu'ils  changent  de  main.  Le  droit  de  Jauge  ne  fe  paye 
qu'une  fois  par  an  ,  lors  de  la  première  vente.  Le  droit 
de  Courtage  (e  pave  autant  de  fois  que  le  vin  eft  vendu  , 
ou  qu'il  change  de  miiin.  Les  droits  de  Jauge  Se  Cour- 
tage fc  lèvent  dans  les  Directions  d'Angers ,  de  Caen , 
de  Lmgres,  de  la  Rochelle,  de  Lavai  Se  de  Lyon. 

Jaucf.  Les  Fontainiers  fe  fen'ent  aulîi  de  ce  terme  pour 
ligiàliei  une  certaine  mefure  d'eau  ,  dont  on  veut  (a- 
l'ome  y. 


ï9 


voir  la  quantité  de  pouces.  ^fJ"  C'eft  une  petite  boi- 
te percée  de  plulieurs  trous  de  ditférens  diamètres. 
On  expole  cette  boite  à  une  fource  ,  tous  les  trous 
bouchés.  Elle  s'emplit  &  le  répand.  On  débouche 
alors  le  plus  petit  trou  ,  puis  le  luivant  ,  &  ainli 
de  (uite  ,  julqu'à  ce  que  la  boîte  laille  échapper  par 
les  trous  ouverts  autant  d'eau  qu'elle  en  reçoit  de  la 
fource  ,  en  demeurant  toujours  pleine.  Les  trous  dé- 
bouchés donnent  la  quantité  d'eau  qu'on  cherche  à 
connoitre. 

Jauge  ,  eft  aulli  un  terme  de  Charpentier  ,  qui  figni- 
he  une  petite  règle  de  bois  dont  (e  fervent  les  Char- 
pentiers pour  tracer  leurs  ouvrages ,  Se  couper  fur 
le  trait. 

^fj"  Plulieurs  autres  ouvriers  ont  leurs  jauges  qui  fer- 
vent à  déterminer  les  différentes  mcfures  de  leurs  ou- 
vrages. 

Jauge  ,  parmi  les  Jardiniers  ,  lignifie  un  cl'pàce  de  terre 
qu'on  laille  vide  en  failant  un  labour  profond.  Il  ii- 
gnitie  aulîi  une  fouille  de  tranchée,  afin  que  dans  cet 
elpace  on  ait  la  commodité  d'y  jerter  des  terres  qui 
(ont  à  labourer  ,  faifant  en  (iarte  qu'il  refte  une 
]auge  pareille  à  la  première  jufqu'à  la  fin  de  la  tran- 
chée ,  Se  alors  on  rempht  cette  dernière  jauge  ,  fort 
avec  les  terres  qu'on  a  mifes  hors  de  la  tranchée 
pour  la  première  jauge  ,  foit  avec  des  terres  priles 
d'ailleurs.  La  Quint. 

Jauge  ,  lignifie  encore  ,  en  termes  de  Jardinier,  la  mefu- 
re de  la  profondeur  qu'on  veut  donner  à  une  tranchée  ; 
Se  CQiie.  jauge  eft  un  bâton  d'une  longueur  fembla- 
ble  à  celle  de  cette  profondeur.  Il  faut  toujours  ("uivre 
cette  mefure  pour  entretenir  la  même  profondeur  Se 
la  même  luperficie  fans  y  rien  changer.  Ainli  l'on 
dit ,  avoir  (ans  celle  h  jauge  ,  pour  ne  ("c  point  trom- 
per en  faifant  la  tranchée.  La  Quint. 

A  vive  jauge ,  en  termes  de  Jardinage  ,  (e  dit  de  la  ma- 
nière de  fumer  un  jardin  ,  Se  lignifie  amplement  , 
abondamment.  Quelquefois  il  s'agit  de  fumer  à  vive 
jauge  ,  c'eft-à-dire  ,  de  fumer  amplement ,  &  un  peu 
avant  dans  le  f*id  de  la  terre,  &■  quelquefois  aulîi 
il  s'agit  de  ne  fumer  que  légèrement  la  luperficie.  La 
Quint. 

JAUGEAGE,  f.  m.  L'aéfion  de  jauger.  Doliaris  vin! 
modi  inquijlcio.  Il  entend  fort  bien  \c  jaugeage.  Il  a  fait 
le  jaugeage  de  tous  ces  vailleaux. 

Jaugeage,  fe  dit  aulîi  du  Droit  que  prennent  les  Jau- 
geurs  ,  les  Officiers  qui  jaugent.  Inquijîcoris  menfo- 
ris  merces.  Il  y  a  tant  pour  le  droit  de  jaugeage. 

JAUGER,  v.  a.  Mefurer  avec  la  jauge  la  capacité  d'un 
vailleau ,  Se  la  réduire  à  une  mefure  commune  Se 
connue.  Ad  bolidem  doliaris  vini  modum  exigere. 
On  dit, aulîi  en  Maçonnerie  ,  Jauger  une  pierre,  pour 
voir  li  elle  eft  d'épailleur.  C'eft  appliquer  une  mefu- 
re d'épaillèur  ou  de  largeur  vers  les  bouts  d'une  pier- 
re ,  pour  en  faire  les  arrêtes  ,  ou  les  furfaces  oppo- 
(ées  parallèles.  Jauger  une  pierre  lignifie  fouvent  la 
même  chofe  que  la  retourner.  Voye^  Retourner. 
FrÉzier. 

JAUGEUR.  (".  m.  C'eft  un  Ofîîcier  de  ville  qui  fiit  l'art 
de  jauger  ,  ou  qui  a  titre  Se  pouvoir  de  jauger. 
Minfor  doliarius.  Un  juré  Jaugeur.  Le  Jaugeur  doit 
imprimer  fa  marque  (ur  le  vailleau  avec  une  roua- 
nette  ,  &  y  mettre  la  lettre  B  ^  fi  la  jauge  eft  bon- 
ne -,  la  lettre  M ,  li  elle  eft  trop  fbible  ou  moindre  ; 
Se  la  lettre  P  ,  (i  elle  eft  plus  forte  ,  avec  un  chiffre 
qui  marquera  le  nombre  de  pintes  qui  y  feront  de 
moins  ou  de  plus.  Chaque  Jaugeur  doit  avoir  (a  mar- 
que particulière. 

JA'UÀIIERE.  f  f.  Claviojliolum.  Petite  ouverture  à  la 
poupe ,  par  laquelle  le  timon  répond  au  gouvernail 
pour  le  faire  jouer.  Pomey. 

JAUNÂTRE,  adj.  m.  &  f.  Qui  tire  fur  le  jaune.  Sub~ 
flavus. 

JAUl^y.  Nom  de  lieu.  Gelnacus.  Il  eft  fur  le  Clin, 
aulflrappejle-t  il  Jaunay  (ur  Clin  ,  Gelnacus  ad  Cle- 
num  ,  fiumen.  "Valois  ,Not.  Gall.  p.  ^j/,  col.  T. 

JAUNE,  adj.  m.  Se  f.  Couleur  éclatante  qui  réfféchii 
le  plus  de  lumière  après  le  blanc.  ^Xj"  Flavus.  C'eft  la 
troiliéme  des  couleurs  pirmitives.  Voye^  au  mot  Coo- 

Cij 


20 


J  A  U 


J  A  X 


LEUR.  Dvip  jaune.  Flenï  jau/ic.  Tcmt  jaune.  Les  feuil- 
les des  arbres  AexKnncnt  jaunes ,  quand  elles 'ne  re- 
çoivent plus  l'eau  de  la  lève.  Il  y  a  beaucoup  de  ma- 
nières jaunes  ^  ou  oblcures  ,  qui  fe  blanchillent  lorf 
qu'on  les  mouille  ,  &  qu'on  les  fait  lécher  au  fokil 
plulieurs  fois ,  mais  h  elles  lont  blanches  ,  Se  demcu 
rent  long  temps  à  l'air  fans  être  mouillées  ,  elles  de- 
viennent jaunes ,  ainll  qu'il  arrive  à  la  toile  &  à  la 
cire.  Le  papier  &  l'ivoire  approchés  d'un  grand  feu 
deviennent  fucceilîvement  jaunes  ,  rouges  ts:  noirs. 
La  toile  de  foie  étant  devenue  jaune  le  blanchit  par 
la  fumée  du  foufre.  On  voit  des  arbres  vigoureux  , 
principalement  des  poiriers  ,  qui  ont  le  feuillage 
jaune.  Si  l'arbre  poulie  de  grands  jets  jaunes  ,  ce  qui 
d'ordinaire  arrive  à  quelques  poiriers  lur  coignallîer, 
qui  étant  plantés  en  terre  un  peu  fèche  &  maigre  fe 
portent  naturellement  bien  ,  ce  défaut  de  feuilles /««- 
nés  vient  de  ce  que  les  principales  racines  le  trou- 
vant à  fleur  de  terre  y  fonr  altérées  par  les  chaleurs 
de  l'été.  La  Quint. 

La  toile  jaune ,  eft  une  grolle  toile  de  ménage  ,  telle 
qu'elle  vient  de  del'us  le  métier ,  &c  avant  que  d'avoir 
été  plufieurs  fois  blanchie. 

Jaune.  C.  m.  Couleur  jaune.  Flavum  j  flavus  color.  Les 
Teinturiers  font  le  jaune  avec  de  la  gaude.  On  en  fait 
auili  avec  le  curcuma  ,  ou  terra  mérita  ,  qui  eft  une 
racine i  &  pour  les  moindres  étoffes,  avec  la  farrettc 
&  la  geneftrolle.  La  nuance  du  janne  eft  le  jaune  naif- 
fant ,  le  jaune  citron  ,  le  jaune  pâle  ,  le  jaune  pail- 
le Se  le  jaune  doré.  On  compofe  le  vea  jaune  du  bleu 
&  du  jaune ,  &  plufieurs  autres  verts.  Avec  le  jau- 
ne Se  le  rouge  de  garence  &  celui  de  bourre  le  font 
le  jaune  d'or ,  l'aurore  ,  la  couleur  de  (ouci  ,  l'oran- 
gé ,  la  nacarate ,  l'ifabelle ,  la  couleur  du  chamois , 
qui  font  des  nuances  du  jaune.  De  L  nuance  du  jaune 
&  du  fauve  fe  compofent  toutes  les  nuances  de  feuil- 
le morte  Se  de  couleur  de  poil.  Les  Peintres  Se  Email- 
leurs  font  du  jaune  avec  du  mallîcot ,  qui  eft  de  la 
cérufe  poudée  au  feu  ,  ou  avec  de  l'ocre.  Les  Enlu- 
mineurs en  font  avec  du  fafran  ,  de  la  graine  d'Avi- 
gnon ,  de  l'orcanette  ,  &c.  Après  la  mort  de  Char- 
les de  BourboHj  on  fit  peindre  de  jaune  la  porte  Se 
le  feuil  de  l'on  hôtel  à  Paris  ,  devant  le  Louvre.  C'é- 
toit  la  coutume  du  temps  pallé  j  pour  déclarer  un 
homme  traître  à  fon  Roi  ,  de  peindre  fa  porte 
de  jaune ,  Se  de  femer  du  fel  dans  la  mailon  ,  com- 
me on  fit  dans  celle  de  M.  l'Amiral  de  Châtillon. 
Brantôme. 

Le  jaune  J'œuf,  eft  la  partie  du  milieu  de  l'œuf  qui 
tert  de  nourriture  au  poulet  avec  le  bianc ,  tandis  que 
la  poule  couve,  f^oye^  (Euf. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  giallo  ,  ou  de  l'Allemand 
geel ,  ou  du  Latin  galbinus ,  geune.  On  le  dérive  aulli 
du  Latin  hyalïnus.  MÉn. 

Jaune  de  Naples.  f.  m.  Sorte  de  pierre  ou  de  tene  jaune , 
qui  prend  fon  nom  du  lieu  où  elle  le  trouve ,  Se  d'où 
nos  Marchands  la  tirent. 

Jaune  de  Naples  .  Efpèce  de  cralfe  qui  s'amallc  autour 
des  mines  de  foufre.  Quoique  l'on  s'en  ferve  à  frcf 
que ,  fa  couleur  n'eft  pas  ii  bonne  que  celle  qui  fe 
fait  de  terre  ,  ou  d'ocre  jaune  avec  du  blanc. 

Xaune  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Ce  beurre 
eft  jaune  comme  fil  d'or  ,  comme  de  l'or.  Ce  malade 
eft  jaune  comme  fafran  ,  jaune  comme  un  coin.  On 
dit  aulli ,  qu'un  homme  feit  des  contes  jaunes  ,  quand 
il  dit  des  chofes  incroyables.  On  dit  aulli  à  quelqu'un , 
qu'on  lui  fera  voir  (on  hé  jaune  ;  pour  dire  ,  qu'on 
lui  fera  voir  qu'il  s'eft  trompé  qu'il  eft  un  ignorant. 
Ce  proverbe  eft  tiré  de  la  Fauconnerie ,  &:  des  oi- 
feaux  niais  qui  ont  le  bec  jaune. 

Jaune  à  feuilles  de  Rue.   f^oye^  Renoncule. 

Grosse-jaune.  Nom  d'une  elpèce  de  figue.  CraJJa  ficus 
crocea.  Les  grojjes-j aunes  font  un  peu  teiiitcs  ,  Se  car- 
nées dedans  ,  elles  rapportent  peu  de  fruit  auprin- 
temps ,  Se  rapportent  aifez  l'automne  ,  mais  fPes  ne 
font  guère  délicates  ,  ni  les  premières  ,  ni  les  fécon- 
des. La  Quint.  P.  III,  c.  S. 

Grosse-jaune  tardive  ,  eft  aulli  une  efpèce  de  pêche 
qui  quand  le  temps  eft  propre  pour  fa  maturité  vient 


en  Oftobre ,  mais  elle  mûrit  difficilement ,  comme 
toutes  celles  de  ce  temps -la.  La  Quint.  F.  III , 
c.  fi. 

Jaune  d'Italie.   F'oye^  Renoncule. 

Jaune-lisse.  1.  i.  Elpèce  de  Pêche.  Quand  le  temps  eft 
propre  pour  la  maturité  ,  la  Jaune-iijje  vient  au  mois 
d'Oclobre.  La  Quint.  Peu  après  il  condamne  Se  re- 
jette la  jaune-lijj'e  ,  parce  qu'elle  mûrit  difficilement. 
P.  III,  c.  II. 

Jaune-lisse.  adj.  m.  &  f.  Qui  fe  dit  des  fruits  dont  la 
couleur  eft  jaune  Se  la  peau  lillée.  Croceus  ou  aureus 
&  levïs.  Le  Brugnon  jaune-iijje  ne  doit  point  paroitre 
au  mois  d'Ottobre  ,  fi  l'on  a  d'autres  pêches.  Les 
nuits  loiipics,  fouvcnt  humides ,  Se  toujours  froides, 
ne  lont  guère  propres  à  faire  de  bons  fruits  ,  fur- 
tout  des  fruits  à  noyau.  La  Quint.  Les  pêches  qu'on 
nomme  Jaune-Hfje  viennent  au  mois  d'Ottobre.  Id.  P. 
III,  p.  26 J.  ' 

Jaune  de  Rome.  Voye\  Renoncule. 

Jaune  tardive  ,  Pêche.   Voye':^^  Sandalie. 

JAUNE.  La  Rivière  jaune,  yoye:^  Hoang. 

JAUNET.  1.  m.  Nom  que  donnent  les  enfàns  à  toutes 
les  petites  fleurs  jaunes.  Aureolus  j  luteolus.  C'eft  aulli 
le  nom  que  le  petit  peuple  donne  à  toutes  les  pièces 
d'or.  Cet  homme  eft  bien  riche  ,  il  a  bien  des  jaunets. 

Jaunet.  adj.  Il  y  a  des  lieux  où  l'on  appelle  ^m\jaunet , 
une  forte  de  pain  qui  tient  le  milieu  entre  le  pain 
blanc  ,  Se  le  pain  bis. 

|tJ"  JA.UNIR.  v.  a.  rendre  jaune  ,  teindre  en  jaune.  Fla- 
vo  inficcre.  On  jaunit  un  corps  ,  un  plancher.  On  jau- 
niffoit  autrefois  les  maifoiis  des  rebelles  Se  des  ban- 
queroutiers. 

§CJ"  Jaunir  eft  aulîî  neutre.  Se  lignifie  devenir  jaune. 
Flavefcere.  Les  blés ,  les  fruits  commencent  à  jau- 
nir. Cet  \\o\nmQ  j aunit  à  vue  d'œil.  Près  de  fon  teint 
vermeil  on  voit  jaunir  les  lis.  La  Suze. 

Jaunir.  Devenir  jaune  ,  fe  dit  des  marchandifes  blan- 
ches qui  deviennent  jaunes  pour  être  trop  long-temps 
expolées  à  l'air. 

Jauni,  ie.  part.  Se  adj. 

JAUNISSE,  f.  f.  Maladie  qui  rend  jaune,  Se  qui  vient 
d'un  dégorgement  de  bile.  Iclerus.  J^oye^  Ictère.  Les 
Journaux  ont  parlé  d'iuie  fille  malade  de  la  jaunijè 
qui  communiquoit  une  couleur  de  citron  à  l'argent 
qu'elle  portoit  dans  la  poche. 

0CT  JAUNISSE.  En  Botanique  défigne  une  maladie  des 
plantes.  C'eft  la  couleur  jaune  des  feuilles  avant  la 
lailon  où  elles  doivent  tomber.  Cette  couleur  des 
feuilles  annonce  que  le  tcrrein  eft  ufé  ,  ou  que  quel- 
que infede  a  attaqué  les  racines. 

JAUNSTEIN.  Bourg  d'Allemagne  dans  la  Baire-Carin- 
thie,  vers  les  confins  de  la  C.arniole. 

JAVOLS,  ou  JAVOULS.  Nom  d'un  lieu  du  diocèfe  de 
Mendc  ,  dans  le  Gcvaudan.  Quelques  uns  croient  que 
c'eft  le  Gabali  des  Anciens.  Valois  ,  Not.  Gall.p. 
214,  col.  I.   f^oyc^ci-dcffous  Javoux. 

JAVOTTE.  f.  f.  Genovefa.  Nom  d'une  petite  fille  ,  qui 
veut  dire  petite  Geneviève.  Ce  nom  ne  fe  donne  qu'à 
des  filles   de  bafte  condition. 

JAVOUX.  Javoutium.  Anciennement  Gabalus ,  Gaba- 
U,  Gahalum  ,  Anderitum  j  Anderidum.  C'étoit  au- 
trefois une  ville  Épifcopale  ;  maintenant  ce  n'eft 
qu'un  village  de  France  ,  ûtué  dans  les  Cevennes , 
à  quatre  lieues  de  Mende  ,  où  eft  aujourd'hui  l'E- 
vêché. 

JAVRON.  Nom  d'un  lieu  fitué  dans  le  Maine  ,  provin- 
ce de  France.  Gahro ,  Se  plus  récemment  Gahronium. 
Ce  lieu  étoit  entre  le  Maine  &  la  Sarte  ,  &  donnoit 
fon  nom  à  une  petite  contrée.  Gahronenfis  ager.  V.\- 
lois.  Not.  Gall.  p.  21  f ,  col.  i. 

JAUSE.  Lieu  ,  que  quelques-uns  prennent  pouf  l'-incien 
/iz/^tvi/OT ,  fort  château  dans  leSonnois.  Valois.  Not. 
Gall.  p.  24S  y  col.   I. 

JAUSIR.  V.  n.  Vieux  mot.  Jouir. 

JAUTERAUX.  Voyei  Jouteraux. 

JAWER.  Voyei  Javhr. 

lAXARTES."  Rivière  d'Afie  dans  la  Sogdiane  ,  feloji 
Ptolomée  ,  dont  les  bords  étoicnt  habités  pai-  un  grand 
peuple  de  Sc}  thie  ,  appdc  Iitxartes. 


I  B  E 


J  A  Y. 

JAYCZA,  ouJAICKS.  Nom  d'une  petite  ville  avec 
une  citadelle  très  forte.  Jcjc^a  j  Gaina  ,  Jaicia.  Elle 
cil  dans  la  Boliiie  ,  vers  les  confins  de  la  Croatie  , 
liir  la  rivière  de  Wultrina  ,  entre  la  ville  de  Bagnalu- 
ka  ,  Se  celle  de  Wihitz.  Jayc-^a  a  été  la  réhdence  des 
anciens  Rois,  ou  Defpotes  de  Bofiiic  ,  elle  appar- 
tient maintenant  au  Turc.  Matv. 

JAYET.  Foyei  Jais. 

J  A  Z. 

JAZER.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte  ,  fituée  à 
l'orient  du  Jourdain  dans  le  Royaume  de  Séhon.  Ja- 
içer.  Elle  étoit  dans  le  pays  de  Galaad  ,  occupée  par 
les  Amorrliéens  Orientaux  ,  à  qui  Moïle  l'enleva. 
Ja\er  lut  donné  à  la  Tribu  de  Gad  ,  qui  le  rebâtit. 
Elle  étoit  lur  le  torrent  d'Arnon  ,  qui  en  prit  le  nom 
de  lieuve  de  Ja^er  ,  &  il  y  avoit  \i  proche  un  petit 
lac  ,  qu'on  appeloit  la  mer  de  Ja-^er.  Ja'^er  fiit  donné 
aux  Lévites ,  &  fut  une  ville  d'afile.  P.  Lubin.  Joféphe 
l'appelle  Jazore ,  Ja^orus  ,  d'autres  Gazer ,  &  Ptolo- 
mée  Gazore.  Réland.  ,  T.  II  ^  p.  82j. 

JAZERAN.  Voye\  Jaserant. 

JAZYGE.  Nom  de  peuple  de  la  Sarmatie  Européenne. 
Ja-{uingus  j  Ja^yfa.  Les  Ja-^yges  Métanaftes  j  Ja-^ygcs 
Mctanaflét,  font  d'anciens  peuples ,  que  les  Rois  de 
Pologne  défirent  en  Sarmatie  ,  &  qui  fe  retirèrent 
au-deçà  du  mont  Crapatz ,  entre  la  TéilIe  &  le  Danu- 
be, pays  qui  eil  aujourd'hui  une  partie  de  la  Haute- 
Hongrie.  Il  y  avoit  d'autres  Ja-^ges  ,  qu'on  appeloit 
Méotes,  parce  qu'ils  habitoicnt  le  long  des  Palus  Méo- 
tides,  maintenant  la  mer  de  Zabache  ,  du  côté  du  cou- 
chant. Les  Ja^yges  Méotes  habitoient  vers  les  Palus 
Méotides ,  entre  les  Naubares  &c  Roxalans  ,  &  occu- 
poient  une  partie  de  ce  que  nous  appelions  aujour- 
d'hui la  petite  Tartarie.  Pline  Se  Strabon  en  parlent , 
le  premier ,  L.  IV ,  c.  I2\  &  le  fécond  ,  Z.  VII. 
Gromerus  dit  en  Latin  Jafumgus. 

I  B  A. 

IBANOGOROD.    Voye\  Ivanogorod. 

IBA  PARANGA.  f.  m.  Efpèce  de  prunier  du  Brefil  , 
dont  le  fruit  eft  doux  ,  &  renferme  un  noyau  de  la 
^rolfeur  &  de  la  figure  d'une  amande ,  dans  lequel  font 
renfermées  trois  amandes.  Il  eft  bon  à  manger  ;  mais 
on  ne  lui  attribue  aucune  propriété ,  non  plus  qu'à 
l'arbre  qui  le  produit.  Rayj  Hijl.  Plant. 

IBAR.  Rivière  de  la  Servie.  Ibarus  ,  anciennement  Mof- 
chïus  jluv'ius.  Elle  le  joint  à  la  petite  Morawe  ,  vis-à- 
vis  de  la  ville  d'Ilar  ,  &  va  le  décharger  dans  la  grande 
Morawe,  au  delFous  de  Nillà.  Maty. 

IBAR.  Petite  ville  de  la  Turquie  en  Europe.  Ibara. 
Elle  eft  dans  la  Servie  ,  lur  une  petite  rivière  qui  porte 
Ion  nom  ,  vers  les  montagnes  d'Argentaro  ,  Se  les 
confins  de  l'Albanie.   Matv. 

IBA YC AVAL  ,  ou  NERVIO.  Rivière  de  la  Bifcaieen  Ef- 
pagne.  Nerva  j  Nenius  ,  Nanfa ,  Nefua.  Elle  a  fa 
îource  vers  les  confins  de  la  vieille  Caftille  ,  Se  la 
ville  de  Trevinno  ,  palle  près  de  McfFana  ,  Se  va 
fe  décharger  dans  la  mer  de  Bifcaie ,  à  Bilbao.  Maty. 

I  B  E. 

IBE.  Ville  &  principauté  d'Efpagne  ,  dont  parle  Tite- 
Live  à  l'occalîon  de  Borbis  &  Orfua ,  deux  Princes 
coufins  germains ,  qui  fe  la  dilputèrent  par  un  duel. 

IBEIXUMA.  f.  m.  Arbre  fort  commun  dans  le  Brefil  , 
qui  porte  un  fruit  fphéiique  de  la  grolleur  d'une 
balle  de  paume ,  qui  eft  de  couleur  verte  avant  que 
d'être  mur,  couvert  de  tubercules  de  couleur  brune , 
&  contient  une  matière  femblable  à  de  la  glu.  Il  noir- 
cit quand  il  a  acquis  fa  maturité  ,  Se  fe  partage  en 
cinq  parties  égales  ,  dans  chacune  defquelles  font  en- 
fermées des  femences  brunes  ,  rondes  Se  oblongues , 
de  la  grolfeur  de  celles  de  moutarde.  L'écorce  de  cet 
arbre  eil  gluante  ,  &  fert  aux  mêmes  ufages  que  le 


IBE  21 

lavon  d'Elpagnc.  Elle  vaut  beaucoup  mieux  que  le^ 
huit  Saboon  ou  Quity  ,  dont  l'acrimonie  nuit  aux 
étort'es  &  au  linge.  Ray  ,  Hiji.  Plant.. 

IBHLIN.  Voyei  Geth. 

IBÈRE  ,  ou  IBERIEN,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  an- 
cien de  peuple.  Ibcrus.  On  l'a  donné  aux  anciens  ha- 
bitans  de  l'une  Se  de  l'autre  Ibérie  ,  dont  nous  al- 
lons parler. 

Voit  pourtant  fous  Jes  loix  &  le   Nil  &  Vlhhxc. 
Voit  l'Euphiate  fournis  &  le  Rhin   tributaire. 

Breb. 

Nos  Poètes  fe  fervent  encore  de  ce  mot  pour  fig- 
nifier  les  Efpagnols  d'aujourd'hui  j  &  il  a  de  la  grâ- 
ce dans  les  vers.  |p 

Ces  deux  nobles  rivaux  le  François  &  /Ibère. 

L'Abbé  Genest. 

On  trouve  aulîî  le  nom  à'Ibérien  dans  le  même 
fens  :  ce  mot  n'cft  bon  que  dans  les  vers  ,  Se  en 
proie  feulement  j  quand  on  parle  des  anciens  Ef- 
pagnols appelés  en  Latin  Iberi ,  ou  de  certains  peu- 
ples de  l'Afie. 
Ibère.  Nom  d'un  fleuve  d'Efpagne  ,  Iberus.  Nous 
l'appelons  aujourd'hui  l'Ébre  ;  mais  on  peut  dire 
l'Ibère  quand  on  parle  de  l'antiquité  ,  iur  -  tout 
en    Poëlie. 

L'afpecl  du  Sicoris  y  &   celui  de  /'Ibère  , 
Rend  leur foif plus  ardente  j  &  leur  fort  plus févère. 

Brebeuf. 

IBÉRIE.  Nom  de  Contrée,  Iberia.  On  a  donné  ancien- 
nement ce  nom  à  deux  diftérens  pays.  Le  premier 
étoit  une  contrée  de  l'Aile  ,  léparée  vers  le  nord  de 
la  Sarmatie  Européenne  par  le  mont  Caucafe  ;  elle 
avoit  au  couchant  la  Colchide  ,  au  levant   l'Alba- 
nie ,  Se  au  midi  la  grande  Arménie.  Ce  pays  eft  ce- 
lui qu'on   nomme  aujourd'hui  la   Géorgie  propre , 
Se  qui  comprend  les  Principautés  de  Carduel  Se  de 
Kacheti.  Les  Anciens  ont  aulîî    donné  le  nom  d'/- 
bérie   à  l'Efpagne  ,  à  caufe  apparemment  de  la  ri- 
vière d'Ebre ,  qu'ils  nommoient  Iberus.  D'autres  di- 
fent  qu'elle  prit  ce  nom  d'un  ancien  Roi  de  ce  pays 
nommé  Iberus.   Il  y  a   de  l'apparence  qu'il  n'y  eut 
d'abord  que  les  environs  du  fleuve  Ebro  ,  Iberus  , 
qui   furent  ainlî  nommés.   Arias  Montanus  prétend 
que  l'Efpagne  tira  ce  nom  de  les  premiers  habitans  , 
qui  vinrent  de  Vlbe'rie  d'Alie  s'y  établir  fous  la  con- 
duite de  Tubal.  Joféphe  eft  aulîî  de  ce  fentiment  , 
L.  I.  Varron ,  &  après  lui  Pline ,  I.  III  j  c.  j.  L. 
VI ,  c.  4  y  Sec.  p  ,  compte  les  Ibériens  au  nombre 
des  peuples  qui  occupèrent  l'Efpagne  avant  la  fon- 
dation de  Rome.  Au  contraire  Mégaftène  dans  Eufé- 
be  ,  Prxp.  Ev.  I.  IX ,  c.  4r  ,  Se  Strabon  Z.  7,  di- 
fent  que  les  Ibères  Occidentaux  fous  la  conduite  de 
Nabucodrofor  ,  s'emparèrent  de  la  Libye  ,  Se  de  1'/' 
bérie  Allatique.  Denys  le  Géographe  ,  Se  Socrate  , 
dans  fon  Hiftoire  Ecclélîaftique ,  L.  I ^  c.  i6  ,  fui- 
vent  aulîî  cette  opinion  ,  qui  n'eft  pourtant  pas  la 
plus  commune  ,  ni  la    plus  vrailemblable.  C'eft  de 
l'Orient  que  font  venues  les  Colonies  qui  ont  peu- 
plé l'Occident  ,  &  il  n'eft  guère    croyable  que  des 
habitans  d'Efpagne  aient  été  le  confiner  dans  un  pays 
aulîî  éloigné  Se  aulîî  feptenrrional  que  VIbérie  d'À- 
\\c.  D'autres  foutiennen^vec  encore  plus  de  proba- 
bilité que  ces  peuples  iiPviennent  point  l'un  de  l'au- 
tre. En  effet  ,    Appien  dit  qu'ils  ne    reflémbloienc 
en  rien  ,  ni  dans  leurs  mœurs ,  ni  dans  leur  langue. 
Bocliart ,  qui  eft  de  ce  fentiment  dans  Ion  Chanaan  , 
I.  I  y  c.  ss ,  tire  avec  raifcn  de  la  langue  Phéni- 
cienne le  nom  des  Ibères  d'Efpagne.  n^jy ,  Eber ,  en 
Phénicien  ,  fignifie  tranfitus  ,  pallàge  ,  &  tout  ce  qui 
eft  ultérieur  ;  car  njj7 ,  eft  aulîî  trans  ,  au  delà  :  Ibrin 
au  pluriel  fignifie  termini ,  les  termes ,  les  fins.  Ain- 
fi  les  Phéniciens  appelèrent   les  habitans  d'Efpagne 
Ibères  ,  parce  qu'ils  étpient  du  côté  de  l'occident. 


22  I    B    I 

au  bout  du  monde  connu  ,  &  c'efl:  apparemment  pour 
la  mcme  railbn  qu'on  a  encore  donne  dans  les  pre- 
miers temps  le  nom  à'Ibcrie  à  la  Gaule  ,  (iv  celui 
A'Ibernie  a  l'Irlande. 
IBÉRIEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Foyçi  Ibère.  La  con- 
veriiondes  Iheriens  ,  peuples  voiiins  du  Pont  Euxin  , 
fut  merveiUeufe.  Une  femme  Chrétienne  étant  capti 
ve  chez  eux ,  attira  leur  admiration  par  l.i  pureté  de 
fa  vie  ,  fa  fobriété  ,  fa  fidélité ,  fon  alliduité  à  l'oraifon , 
qui  lui  faifoit  palfer  les  nuits  entiàcs  dans  ce  faint  exer- 
cice. Les  barbares  étonnés  lui  demandoient  ce  que  cela 
vouloit  dire.  Elle  déclara  limplcment  qu'elle  (ervoit 
amû  le  Chrill  fan  Dieu.  Ce  nom  étoit  aulli  nouveau  que 
le  relie  ;  mais  ta  perfcvérance  excitoit  la  curiofité  natu- 
relle des  femmes  ,  pour  favoir  fi  ce  grand  zèle  de  reli- 
gion étoit  de  queloue  utilité.  C'étoit  leur  coutume 
quand  quelque  enfarff  étoit  malade  ,  que  la  mère  le  por- 
tât par  les  maifons  ,  pour  s'informer  fi  quelqu'un  la- 
voir un  remède.  L'ne  Ihénenne  ayant  ainfi  porté  fon 
enfmt  par  tout  inutilement ,  vint  aullî  trouver  la  capti- 
ve. Elle  lui  dit  qu'elle  ne  (avoit  aucun  remède  hu- 
main ;  mais  que  Jefus  Chrift  fon  Dieu  pouvoit  don- 
ner la  fanté  aux  malades  les  plus  détefpérés.  Ayant 
donc  mis  l'enfint  fur  le  cilice  ,  qui  lui  fervoit  de  cou- 
che, &  ayant  tait  fur  lui  (a  prière,  elle  le  rendit  guéri 
à  fa  merc.  Elle  guéiitde  même  la  Reine  des  Ihérkns  , 
qui  fe  fit  porter  à.  elle  fur  le  bruit  du  premier  miracle. 
Ces  prodiges  ,  expufés  aux  hommes  par  le  Roi ,  & 
par  la  Reine  aux  femmes,  déterminèrent  les  Ibérlens 
à  embralfer  la  foi  ,  &  à  bâtir  des  Églifes.  C'eft  ce  que 
rapporte  Rufliu ,  Lih.  I  ,  cap.    lO. 

I  B  I. 

IBIBIRABA.  f.  m.  C'eft  un  Arbre  du  Brefil  qui  porte 
des  baies  ,  une  fleur  en  rofe  ,  &  un  fruit  gros  com- 
me une  ceril'e ,  dans  lequel  on  trouve  plufieurs  noyaux 
que  l'on  mange  avec  fa  chair.  Ce  fruit  eft  doux ,  & 
tient  un  peu  du  goût  de  la  réfme  :  mais  lorfqu'on  en 
mange  beaucoup  ,  il  irrite  la  gorge  de  même  que  le 
poivre.  On  emploie  les  feuilles  &  les  Heurs  ,  mê- 
lées avec  le  camara ,  dans  les  lotions  des  pieds ,  pour 
appaifer  les  maux  de  tête.  On  tire  de  fes  fleurs ,  cueil- 
lies avant  le  lever  du  foleil ,  aufll  bien  que  de  fes 
feuilles,  par  la  diftillation  ,  une  eau  rafraîchiflànte 
&  mondificativcj  qui  eft  excellente  pour  les  inflam- 
mations des  yeux.  Ray.,  Hift.  Plant. 
IBIBOHOCA.  f.  m.  Serpent  du  Brelil  fort  venimeux. 
Son  corps  eft  tacheté  de  rouge  ,  de  noir  &  de  bleu. 
IBIRACUA.  f.  m.  Nom  d'une  efpcce  de  ferpent  qui  fe 

trouve  dans  l'Amérique  méridionale. 
IBIRAPITANGA.  f.  m.  Nom  que  les  Indiens  donnent 
à  un  grand  arbre  du  Brefil ,  qu'on  appelle  autrement 
hois  du  Brefil  ;  ou  arbre  du  Brefil.  Le  bois  de  cet  ar- 
bre fert  pour  teindre  en  rouge.  Il  rcfl'cmble  aux  chê 
nés  en  grandeur. 
IBIS  ,  f  m.  ou  CIGOGNE  NOIRE.  Ibis ,  ai;ogma 
nigra.  Oifeau  d'Egypte  ,  cfpèce  de  Cigogne  qui  le 
nourrit  de  ferpens  ,  &  qui  en  détruit  une  grande 
quantité.  Tous  les  Auteurs  conviennent  que  VIbis 
eft  une  véritable  efpèce  de  Cigogne  -,  les  Egyptiens 
après  leur  mort  les  embaumoicnt  pour  les  conterver  , 
leur  rendoient  de  grands  honneurs  ,  &  leur  laiioient 
des  efpèces  de  funérailles.  Pour  ce  qui  eft  de  la  fi- 
gme  èc  des  couleurs  de  fon  pcnnage ,  de  loin  fon  dos 
paroît  tout  noir  ,  mais  à  le  regarder  de  près  il  eft 
de  la  couleur  d'un  vanneau  ,  ou  d'un  corbeau  de 
bois  ,  dans  le  pcnnage  j^qucls  le  noir  paroît  mcle 
de  vert  ,  ou  d'une  couISk  tirant  fur  le  bleu  ,  mêlé 
d'un  peu  de  couleur  de  pourpre  ;  fon  ventre  &c  les 
côtés  fous  les  ailes  font  blancs  ;  cet  oifeau  eft  fort 
grand  ;  fon  bec  eft  pareillement  grand ,  robufte ,  & 
de  couleur  d'écarlate  aulfi-bien  que  les  jambes  (Se  les 
pieds;  laiongueur  du  bec  depuis  la  pointe  qui  eft  un 
peu  courbée  julqu'au  commencement  des  plumes  de 
ici  tête  ,  eft  de  huit  doigts ,  (on  cou  eft  long  d'im 
pied  ,  ou  de  quatorze  doigts  ;  fon  dos  &  la  poitrine 
font  larges  comme  le  corps  d'une  oie  ,  les  doigts  de 
fes  pieds  paroilfuiit  fcparés  ,  le  commencement  eft 


I  B  R 

joint  d'une  membrane  comme  celle  des  oifeaux  à  pied 
plat ,  principalement  entre  les  deux  grands  doigts , 
cxlui  du  milieu  eft  long  de  cinq  doigts  ,  fa  langue 
eft  fort  courte  ,  les  grandes  pennes  de  les  ailes  font 
plus  noires  que  les  autres  :  a  l'endroit  où  les  ailes 
font  jointes  au  corps  de  l'oifeau ,  il  y  a  une  grande 
cavité  qui  s'étend  en  arrière ,  la  partie  de  devant  des 
pennes  eft  renfermée  de  celle  de  derrière. 

Ariftote,  après  Hérodote,  a  fait  mention  de  deux 
efpèces  A' Ibis  ,  l'une  noire ,  l'autre  blanche  ;  mais  Bel- 
Ion  attribuoit  à  la  cigogne  ce  qu'il  dit  de  la  blanche, 
&  que  la  noire  étoit  l'Ibis  des  Egyptiens.  Dapper  dit 
que  Vibis  blanc  fe  trouve  par  toute  l'Egypte ,  mais  que 
le  noir  ne  fe  trouve  que  vers  Damiette  ;  que  le  blanc  a 
la  tête  comme  le  corbeau  aquatique,  le  bec  pointu  & 
plus  épais  que  le  pouce  du  ccité  de  la  tête.  Élien  dit 
qu'il  a  quatre- vingt  feize  coudées  de  boyaux.  Quand 
on  le  tranlporte  d'Egypte  il  le  laillc  mourir  de  faim  ; 
on  dit  pourtant  qu'on  en  trouve  autour  d'un  lac  d'eau 
douce  près  de  Licha  dans  l'extrémité  de  l'Afrique. 

Les  Ibis  tirent  leur  nourriture  des  ferpens  &  de  tou- 
tes fortes  d'infeétes,  &  quelquefois  des  herbes  &  grai- 
nes qu'ils  rencontrent-,  ils  font  du  bruit  avec  leur  bec 
comme  la  cigogne  blanche. 

Aldrovand  rapporte  que  la  chair  de  VIbis  eft  rouge 
comme  du  faumon,  &  qu'elle  efl  douce;  mais  que  la 
peau  Cil  eft  très-dure ,  &  lent  fort  la  fauvagine.  VIbis 
eft  tort  tujet  à  la  vermine. 

L'on  croit  que  c'eft  de  lui  que  l'on  a  appris  l'ufage 
des  lavcmens ,  &  non  pas  de  la  cicogne.  Appian  & 
Élien  ,  rapportent  que  cet  oifeau  vit  très  long  temps  , 
&  qu'il  tait  ton  nid  fur  les  palmiers.  La  plupart  des 
Anciens,  du  nombre  detquels  eft  Ariftote,  rapportent 
que  de  leurs  œufs  naît  le  Bafilic.  Ils  dilent  que  les 
Egyptiens  adorèrent  VIbis  comme  un  Dieu  ,  parce 
qu'il  mange  les  ferpens.  C'étoit  un  crime  capital  de 
tuer  un  Ibis  y  ou  volontairement ,  ou  par  mégarde,  de 
même  qu'un  épervier.  Leur  fcrupule,  ou  plutôt  leur 
fuperftition  fur  cela  alloit  fi  loin,  que  lorfque  l'armée 
Egyptienne  fut  fur  le  point  de  combattre  Cambyfe, 
près  de  Pélute,  quelques /^/j  ayant  paru  devant  elle  , 
aucun  fbldat  n'ofa  tirer,  de  crainte  de  blefler  les  Ibis^ 
&  Cambyfe  prit  Pélufe.  Polum.  L.  VIL  SoHn,  C.  34^ 
dit  que  VIbis  mange  les  œufs  des  ferpens,  qu'il  les 
porte  à  fes  petits  qui  en  font  fort  friands  ;  que  ce  n'eft 
pas  feulement  en  Egypte ,  mais  encore  en  Arabie  qu'on 
en  voit ,  &  qu'ils  rendent  ce  fervice  aux  habitans  de 
dévorer  toutes  les  troupes  de  ferpens  ailés  qui  lortent 
des  marais  &  des  eaux;  qu'ils  pondent  leurs  œuts  par 
le  bec;  que  ceux  des  environs  de  Pélute  font  noirs,  & 
tous  les  autres  bL;ncs.  Saumaife  réfute  Solin,  p.  41 S  , 
fur  ce  qu'il  dit  qu'ils  pondent  par  le  bec  ,  6c  il  montre 
fort  au  long  que  l'opinion  des  Anciens  étoit  feulement 
qu'ils  concevoient  par  le  bec ,  comme  les  corbeaux. 
Elien,  Z.  X,de  Anim.  C.  ^^j  dit  que  quand  l'/^ij  cache 
fa  tête  &  ton  cou  fous  tes  ailes ,  il  a  la  figure  d'un  cœur; 
que  pour  éviter  les  chats  il  tait  fon  nid  fur  les  palmiers. 
T^oye\  Hérodote*dans  fon  Euterpe  ;  Pline,  L.  X,c. 
20.  Voflius,  de  Idolol.  L.  III,  c.  74,  jS ,  S 2  &  ç6 . 
Dieu  détendit  aux  Ifraélites  de  manger  de  VIbis.  Entre 
les  oifeaux  voici  ceux  que  vous  ne  mangerez  point,  & 

que  vous  aurez  foin  d'éviter le  chathuant ,   le 

plongeon,  VIbis.  Sacy,  Levit.  XI ,  13,  ij. 
IB0RG\  ou  IBURG.  Petite  ville  du  Cercle  de  Weftpha- 
lie ,  en  Allemagne.  Iburgum.  Ce  lieu  eft  fur  la  rivière 
de  Colberk,  dans  l'Evêché  d'Otnabrug  ,  à  trois  lieues 
de  la  ville  de  ce  nom ,  du  côté  du  midi.  Les  Évêques 
d'Ofnabrug  font  touvent  leur  réfldcnce  kiborg.  Mat  y. 
Long.  2Ç°.  46'.  lat.  5i°.  20'. 
IBOS.  Petite  ville  de  France  dans  le  Bigorre  ,  à  deux 
lieues  de  Tarbes. 

I  B  R. 

IBRAHIM,  f.  m.  C'eft  en  Arabe  la  même  chofe  qu'Abra- 
ham en  Hébreu  &  dans  notre  langue:  Ibrahi— ^ 
Ibrahimus.  Nous  employons  ce  mot  en  parlant  des 
Arabes ,  ou  des  Turcs  qui  l'ont  porté ,  &  nous  le  re- 
tenons d.ms  notre  langue;  c'eft  l'ulagc.  Ibrahim  Iman, 


ICA 

c'eft  àdirc.  Chef  de  Religion,  ou  de  fedle,  ctok  fils 
de  Moh.iniincd  ,  qui  dckcncloit  du  fixrc  aîné  des  deux 
premiers  Kaliks  de  la  Mailoii  des  Abaliidcs.  Aniui.u 
avoitun  frère  qui  fur  depuis  le  Sultan  Ihiahinj  ,  ^  que 
ce  même  Amunir  négligea  comme  un  l'nnte  lluj.ide 
qui  ne  lui  donnoic  point  d'ombrage^ 

L'imbécilk  Ibrahim  ,fans  craindre  fa  naijfunce  , 
Traîne  ,  exempt  de  péril ,  une  éternelle  enfance  : 
Indigne  également  de  vivre  &  de  mourir ^, 
On  l'abandonne  aux  mains  qui  daignent  le  nourrir. 

Racini;. 

Mais  il  ne  faut  point  dire  Ibrahim,  en  parlant  des 
autres  Abrahams  ,  quoique  les  Arabes  les  appellent 
Ibrahims ;  il  ne  faut  point,  dis  je,  le  faire  même  en 
rapportant  ce  qu'en  difent  les  Arabes.  Ainlije  nedirois 
point  :  Les  Arabes  prétendent  dcfcendrc  d'Ibra/iun  , 
auili-bien  que  les  Ifraélites,  au  lieu  de  dejcendre  d'A- 
braham j  quoique  les  Arabes  appellent  ce  Patriarche 
Ibrahim  al  Nabi  ;  c'eft  à-dire  Abraham  le  Prophète.  _ 
Quelques-uns  écrivent  Hibrahim  avec  une  H  ;  ainfi 
l'écrivent  Vigénère  ,  Continuation  de  l'Hiftoire  des 
Turcs ,  &c  Du  Loir  dans  fon  Voyage  du  Levant ,  Lettre 
IFj  p.  114  &  fuiv.  où  il  parle  de  l'avènement  à  la 
Couronne  de  Sultan  Hibraim  j  frère  de  Sultan  Mou- 
rat,  qui  avoit  ordonné  qu'on  l'étranglât.  D'abord 
Sultan  Hibraim  fut  faifl  de  cette  pâle  frayeur  que  don- 
ne aux  plus  hardis  l'approche  &  la  préfence  de  la 
mort.  Du  Lom.  Mais  il  faut  écrire  Ibrahim.  Ce  n'elf 
qu'un  élifen  Arabe  iSj en  Turc ,  &  un  aleph  en  Hébreu. 

IBRAMLMIAH.  ^Tqycç  Abrahamien. 

IBRAHIMLIC.  Lieu  de  Perfe ,  à  vingt-fept  lieues  de 
Bagdad ,  vers  le  Courdiifan.  Il  eft  remarquable  par  le 
maufolée  d'un  Santon ,  mort  en  odeiu-  de  fainteté  dans 
l'opinion  des  Mahométans. 

ÏBROS.  Ibcria.  C'étoit  anciennement  une  petite  ville  de 
l'Efpagne  Bétique.  Ce  n'eff  maintenant  qu'un  petit 
village ,  lîtiié  dans  l'Andaloufie ,  à  une  lieue  de  Barca , 
du  côté  du  nord.   Maty. 

IBS.  Foyei  IPS. 

fCFIBUM.  f.  m.  Nom  que  les  Rabbins  donnent  à  la 
cérémonie  d'un  frère  qui  époute  fa  belle-lœur  ,  veuve 
de  fon  frère  ,  mort  fans  enfins ,  comme  il  étoit  permis 
de  le  faire  luivant  la  Loi  Mofaïque.  Deuter.  c.  2 y. 

IBYARA.  f  m.  Nom  d'un  ferpent  du  Brelil.  Ibiara,  £. 
On  prétend  que  Vibyara  produit  le  même  effet  que 
l'hémorroïs  ;  c'eft-à-dire  ,  qu'il  diilbut  tellement  le 
tiflu  du  fang ,  par  le  venin  que  fa  morfure  inf mue , 
que  cette  liqueur  fort  en  forme  de  f'ueur  par  tous  les 
pores  de  la  peau.  M.  Alhot  de  Muflcy,  dit  dans  fa 
Diifertation  fur  la  lueur  de  fang  de  Jéfus-Chriff,  que 
ceux  qui  font  mordus  de  Vibyara ,  fuent  le  lang  par 
tous  les  pores  de  la  peau. 

J.  C. 

J.  C.  en  abréviation  fignifîe  Jésus-Christ  ,  ou  Jurif- 
confuke. 

I  C  A. 

ICACO.  f.  m.  Prunier  de  l'Amérique.  Il  y  en  a  quatre 
efpèces  qui  ne  pofledent  aucune  propriété  médicinale. 
ICADES.  f  f  pi.  Nom  d'une  ancienne  fcte  que  les  Phi- 
lofophcs  Épicuriens  faiioient  à  l'honneur  d'Épicure. 
Icades.  Les  Icades  le  célébroient  tous  les  mois.  Pline, 
L.  XXXK ,  c.  2.  Le  jour  des  Icades  éroit  le  io^  de 
la  Lune  ou  du  mois  qui  étoit  celui  qu'Epicure  vint  au 
monde.  C'eft  de  là  qu'ell  pris  le  nom  d'Icades  ;  car 
iix.it;  fignifie  une   vingtaine ,   de  Uy-w  ,  vingt.  Ils  or- 
noient  leurs  chambres  ce  jour-là  :  ils  portoient  en 
cérémonie  dans  leurs  maifons,  de  chambre  en  cham- 
bre, fes  portraits,  &  faif oient  des  facnlîces.    f^oye^ 
Athénée  ,  L.  ril,&:  Pline  déjà  cité. 
ICADISTE.   f.  m.  Épicurien.  Icadijla.     On  donna  ce 
nom  aux  Épicuriens ,  du  nom  de  la  fcte  des  Icades, 
qu'ils  célébroient  tous  les  mois  à  l'hoiincur  d'Epicure. 
ICANA  TE.  f.  m.  Terme  d'Hiftoire  &  de  Milice.  Icana- 
tus.  Les  hanates  étoicnt  dans  l'Einpite  Grec  des  fol- 


I  C  D 


^3 


dats  qui  faifoieiit  la  garde  dans  les  dehors  du  Palais. 
Ce  corps  de  troupes  avoit  pour  chef  un  Ollicicr  qu'on 
appeloit  Doineihque. 

IC'AQUE.  f.  m.  Sorte  de  petit  prunier  qui  croit  aux  An- 
tilles en  forme  de  buiilon.  Ses  branches  font  revêtues 
en  tout  temps  de  petites  feuilles  longuettes,  &  ornées 
deux  fois  l'an  d'une  infinité  de  belles  Heurs  blanches 
ou  violettes  qui  font  fuivies  d'un  petit  fruit  rond,  de 
la  groflcur  d'une  prune  de  Damas.  Ce  fruit  étant  inur 
devient  blanc  ou  violet ,  comme  étoit  la  l^leur.  Il  cft 
fort  doux  ,  &  tellement  aimé  de  certains  peuples  près 
dug(;lfe  d'Hondurcs ,  qui  s'en  nourriilent,  qu'on  les 
appelle  Icaques.  Pour  empêcher  leurs  voilins  à  qui 
ces  fruits  manquent ,  d'y  venir  faire  du  dégât ,  lorf- 
qu'ils  ont  atteint  leur  maturité,  ils  tiennent  pendant  ce 
tems  là,  aux  avenues  de  leur  terre,  des  corps  de  gar- 
des compofés  de  l'élite  de  leurs  meilleurs  loldats  ,  qui 
les  repouflént  vivement  avec  la  Hèche  cv'  la  malUie , 
quand  ils  le  piéléntent, 

ICARE,  f.  m.  Nom  d'un  jeune  homme  fameux  dans  la 
fable.  Icarus.  11  étoit  fils  de  Dédale ,  célèbre  par  fon 
habileté  dans  les  Méchaniques.  Icare  ayant  été  enfer  ■ 
mé  avec  fon  pcre  dans  le  Labyrinthe  que  celui  ci  avoit 
conftruit  dans  l'ifle  de  Crète  ,  Dédale  le  fit  à  lui  même 
&  à  fbn  fîls  des  ailes  pour  le  lauver  en  volant  dans  les 
airs.  Mais  Icare,  contre  l'avis  de  ion  père,  s'étant  ap- 
proché trop  près  du  foleil ,  &  la  cire  qui  tenoit  les  plu- 
mes de  fes  ailes  s'étant  fondue ,  il  tomba  dans  la  mer , 
Se  cet  endroit  de  la  mer  prit  Ion  nom. 

ICARE,  ou  ICARIE.  Eftauili  dans  l'Antiquité  le  nom 
de  l'une  des  Cyclades  ,  iles  de  la  mer  Egée.  Icarus ^ 
Icaria.  Cette  ile ,  dit  Strabon ,  L.  X,  étoit  fertile  en  pâ- 
turages. Ainfi  Bochard  tire  fon  nom  du  Phénicien 
131«  ,Icar ,  c'eft-à-dire  l'Ile  du  P.âturage.  Mais  cens 
île  s'apeloit  d'abord  Ickthyufe ,  ou  IchthyoeJJe  ;  c'eft- 
à  dire,  poijffonneuje.  C'eft  pourquoi  d'autres  aiment 
mieux  tirer  Ion  nom  de  ni3''iîj  I-coure ,  qui  lîgnilîc 
l'ifle  des  PoifFons. 

IcARiE,  eft  encore  le  nom  d'une  île  de  l'Océan  fepten- 
trional.  Icaria.  On  dit  qu'elle  a  pris  ce  nom  d'Icare 
fils  de  Dédale,  Roi  d'Écofle,  qui  y  a  régné,  &:  donna 
des  loix  aux  Infulaires.  Il  ne  croît  point  de  blé  dans  ces 
îles  ;  les  habitans  n'y  vivent  que  de  poiflon.  Ils  ne 
foufrrent  point  les  étrangers  parmi  eux ,  &  n'en  reçoi- 
vent tout  au  plus  qu'un  à  la  fois  pour  apprendre  là 
langue.  En  1390,  Zuchmin,  Roi  de  quelques  autres 
îles  feptentrionales ,  y  fit  defcente;  mais  il  fut  repouilc 
par  les  Icariens. 

ICARIE.  Foye:ç_  Nicaria. 

ICARIEN ,  ÈNNE.  adj.  Nom  que  les  Anciens  donnent 
à  la  mer ,  dans  laquelle  Icare  tomba.  Icarius ,  a.  La 
mer  Icarienne  eff  une  partie  de  la  mer  Egée,  qu'on 
nomme  aujourd'hui  mare  di  Nicaria. 

ICARIUS.  f.  m.  Nom  d'un  fils  d'Oébale ,  qui  fut  changé 
en  aftxe.  Icarius.  Bacchus  ayant  donné  une  outre  plei- 
ne de  vin  à  Icarius  pour  en  communiquer  l'ufage  aux 
hommes,  il  en  fit  boire  à  des  moiironneurs  de  l'Attique 
fort  altérés.  Ils  en  burent  trop ,  &  s'enivrèrent.  Après 
avoir  cuvé  leur  vin,  &c  êtm  revenus  de  leur  ivrelfe, 
ils  s'imaginèrent  que  c'étoi^u  poilon  qu'on  leur  avoit 
donné,  &  tuèrent  Icare,  dont  ils  jetterent  le  corps 
dans  un  puits.  Une  chienne  qu'il  avoit  ,  appelée 
Mocra ,  retourna  à  trigone  fille  d! Icarius  ,  la  prit  de 
fes  dents  par  la  robe ,  &  la  tira  au  heu  où  l'on  avoir 
jette  le  corpsde  fon  père.  Erigone  mourut  de  douleur, 
Moëra  la  luivit,  &  Jupiter  par  pitié  les  tranlporta 
tous  au  Ciel ,  &  les  changea  en  Aftres.  Moëra  eft  la 
Canicule ,  Icarius  le  Boores ,  &c  Erigone  la  'Vierge. 
fCJlCASTIQUE.  adj.  m.  c^'  f  Terme  dogmatique.  Doit- 
on  préférer  le  genre  ictz/Zi^i^dau  phantaflique,  oupour 
parler  plus  clairement ,  taut-il  reprétenter  les  hommes 
tels  qu'ils  font ,  ouïes  repréfenter  d'imagination,  tels 
qu'ils  devroient  être.  Mém.  de  1  rdv. 
ICEST.  Pronom.  Vieux  mot.  Icelle,  celle  là.  Po'éf.  du 
Roi  de  Nav. 

I  C  D. 

ICDIE.  Soufcription  ufitée  par  les  Princes  de  Galles.  On 
dit  en  terme  de  Diplomatique  Vicdie  de  ce  Prince  eft 


24 


I  C  H 


bien  confei-véc.  Les  Princes  de  Galles  mettent  Icdkn  , 
ce  qui  lignifie  en  Saxon  ,  lelon  Spleman ,  je  fuis  le 
Serviteur. 

I  C  E. 

ICELE.  f.  m.  Nom  propre  d'un  fils  du  Sommeil.  Icelos , 
Icelus.  Il  avoir  la  propriété  de  le  changer  en  toutes 
fortes  de  formes.  C'eit  pour  cela  qu'on  lappelloit 
Jccle  ,  Icelos  j  du  verbe  Grec  tixw,  qui  lignifie,  je  fuis 
fcmhlable ,  je  rcffemhle.  Les  Dieux,  dit  Ovide,  l'ap- 
pelloient/c-e/Mj  &  les  hommes  Phoetor,  c'elVà  dire , 
qui  épouvante.  Cette  fable  étoit  prife  de  dilîérentes 
illulions  qui  font  les  fonges  dans  le  fommeil.  Voyc-^ 
Ovide  ,  Métam.  L.  XI,  v.  6  3  9 

ICELUI,  ICELLE.  Pronom  démonftratif  &c  relatif.  Is. 
Ce  mot  n'eft  plus  en  ufage  qu'en  pratique,  &  lignifie 
celui  dont  on  a  parlé  auparavant.  Icelui  notre  grand 
Confeii  :  c'eft  le  commencement  du  difpofitif  de  tous 
les  arrêts  de  cette  Jurifdiâion.  On  doit  pourtant  re- 
gretter ce  mot  qui  empccheroit  les  amphibologies. 

I  C  H. 

ICHAR ,  ou  ISCHAR.  Nom  d'une  rivière  de  la  Bulgarie. 
Ichara.  Elle  prend  fa  fource  dans  les  montagnes  d'Ar- 
gentaro,  &  fe  décharge  dans  le  Danube,  vis-à-vis  de 
l'embouchure  ds  l'Aluta.  Quelques  Géographes  la 
prennent  pour  la  rivière  qui  léparoit  anciennement 
la  Haute  Mélie  de  la  Baife ,  &:  qui  étoit  nommée  Cia- 
bras  j  Ciambrus ,  Cebrus  &z  dus  ,  que  d'autres  Géogra- 
phes prennent  pour  la  Morawe.  Matv. 

ICHAR  A-MOULL  f.  m.  C'eft  une  racine  qui  croît  aux 
Indes  Orientales.  Elle  eft  extrêmement  chaude.  On 
en  ule  dans  une  cuillerée  d'eau  chaude  que  l'on  fait 
boire  à  ceux  qui  ont  aéluellement  une  doulourcufe 
indigeftion.  Quelquefois  elle  caufe  le  vomillement. 
On  en  ufe  dans  du  fuc  de  limon ,  &:  on  la  frotte  fur  les 
frondes ,  maladies  de  la  peau ,  enflures  provenues  de 
la  morfure  des  vipères.  §3°  On  l'emploie  avec  d'aui 
très  ingrédiens  contre  la  fièvre ,  &:  je  ne  fais  combien 
d'autres  maladies.  On  allure  même  qu'on  fait  fuir  les 
ferpens ,  en  la  leur  prélentant  fraîchement  coupée. 

ICHBOROUG  ,  ICHBARAW.  Nom  d'un  village  du 
Comté  de  Nortfolk  en  Angleterre.  Ichborovia.  Quel- 
ques -  uns  le  prennent  pour  l'ancienne  Iciani  ,  ou 
Iciamos ,  que  d'autres  placent  à  Théoford.  Maty. 

ICHIEN  ,  ou  ICHIN.  f  m.  C'eft  l'.aune  du  Japon  ,  avec 
laquelle  on  mefure  les  étolfes  de  loie  &  les  toiles 
qui  s'y  fabriquent.  Ulchien  eft  à  peu  près  de  trois 
aunes  de  Hollande. 

ICHMIAZIN.  Nom  d'un  gros  bourg  de  la  Perfe  ,  fi- 
tué  dans  la  province  d'Érivan,  à  trois  ou  quatre  lieues 
au  couchant  de  la  ville  de  ce  nom.  IckrrAa'y.num.  Il 
y  a  dans  ce  bourg  un  Monaftcre  ,  où  le  Patriarche 
des  Arméniens  fait  fa  réfidencc  ,  &  dans  lequel  eft 
fon  Églife  Patriarchale.  On  y  voit  encore  deux  autres 
Egliles  ,  &■  c'eft  pour  cette  railon  qu'on  la  nomme 
quelquefois  Tre  Chicfe  j  ou  Uck-lCiiffe  ,  qui  lignifie 
'Trois-Églifes.  *^  ^ 

ICHNÉE.  adj.  f.  Epithère  ,  ou  furnom  que  les  Anciens 
ont  donné  à  Thémis  ,  Déellè  de  la  Juftice ,  &:  à  Né- 
méfis ,  Déelfe  vengerelîe  des  crimes.  Ichnita.  Ce  nom 
vient  d' i'j;»o?  vefiigium  ,  pas  j  trace  ^  veftigc  ;  <?c  il  fut 
apparemment  donné  à  ces  Déelfes  ,  parce  qu'elles  lui- 
vent  les  traces  des  coupables  ,  qu'elles  ne  les  aban- 
donnent jamais ,  qu'elles  font  attachées  à  leurs  pas. 

Raro  antecedentem  fcelejlum 
Déferait  pede  Pcena  daudo. 

ICHNEUMON.  f  m.  C'eft  un  animal  qui  n'aît  en 
Egypte  ,  qu'on  appelle  quelquefois  Rat  d'Inde.  Rat 
de  Pharaon  &  Mangoufte.  Il  eft  de  la  grandeur  d'un 
cha;t.  Les  Egyptiens  l'ont  adoré ,  parce  qu  il  eft  en- 
nemi du  crocodile ,  qu'il  calle  l'es  œufs ,  «Se  même  le 
tue  quelquefois  en  lui  rongeant  les  inceftins.  Les 
Naturaliftes  remarquent  que  \ Ichntumon  eft  le  feul 
animal  qui  ait  l'induftrie  de  fe  fervir  d'armes  défen- 
fives  :  car  quand  il  veut  attaquer  un  afpic ,  il  fe  roule 


I  C  H 

dans  la  bouc  ,  qu'il  laifte  fécher  pour  lui  fervir  de 
cuiralle.  Les  Héracléotes  en  Egypte  adoroient  \Ich- 
neumon.  Vossius  ,  de  Idolol.  L.  III t  c.  /j,  7^, 
ç6.  L.  IF':,  c.  16  &   sP- 

VIchneumon  ,  que  les  Grecs  appellent ,  l'wiof  ,  c'eft-à- 
dire ,  pourceau  ,  parce  qu'il  fouille  la  terre  avec  le 
grouin ,  comme  cet  animal  ,  s'appelle  maintenant 
Rat  d'Egypte  ,  &  dans  Elien  Rat  des  Indes  ;  quel- 
ques uns  le  nomment  aulli  le  Loutre  Égyptien.  Il  eft 
de  la  grolfcur  d'un  chat,  &  couvert  d'un  poil  rude 
comme  celui  du  loup ,  moucheté  de  blanc ,  de  jau- 
nâtre &  de  cendré.  Il  a  le  grouin  d'un  pourceau ,  les 
oreilles  courtes  &  rondes  ,  les  jambes  noires  ,  &c  cinq 
griffes  à  celles  de  derrière ,  la  queue  longue  &  épaif- 
le  proche  du  corps.  Du  refte ,  il  eft  femblable  à  un 
chat.  Autour  d'Alexandrie  ou  apprivoife  les  Ichneu- 
mons  comme  les  chats  &  les  chaens.  Vioye\  Dapper. 
page  SS. 

Ce  mot  vient  du  Grec ,  'iz'^h"'  >  "i"  verbe  ly.tvjtit ,  in- 
vefligare  ,  chercher.  Le  propre  de  cet  animal  eft  de 
chercher  le  crocodile  &  î'afpic  pour  le  tuer ,  car  il  eft 
leur  ennemi  irréconciliable. 

#3=-  ICHNEUMON.  Nom  d'un  infeâe.  Les  Naturaliftes 
appellent  ainli  certaines  mouches  voraces  qui  mangent 
les  araignées.  Elles  ont  quatre  ailes  &  un  aiguilloa 
comme  les  abeilles.  On  en  diftingue  plufieurs  elpèces. 

ICHNOGRAPHIE.  f  f.  Terme  de  Géométrie.  C'eft  le 
plan  géométral ,  ou  la  defcription  d'une  forterelle  , 
d'un  bâtiment,  ou  d'une  autre  conftruélion.  Ichnogra- 
phia.  Cette  délinéation  eft  telle  ,  que  le  bâtiment  pa- 
roîtroit  au  rez  de  chaullée ,  li  on  l'avoir  rafé.  C'eft 
la  vue  d'une  chofe  coupée  par  fa  bafe ,  ou  fon  pié  , 
félon  un  plan  parallèle  à  l'horifon.  On  l'appelle  autre- 
ment feclion  horizontale.  Cette  defcription  marque 
feulement  les  longueurs  &:  les  inclinations  des  li- 
gnes ,  les  angles  &:  les  épailfeurs  des  ouvrages.  Les 
élévations  ne  font  connues  que  par  le  profil  ou  lor- 
tographie. 

Ce  mor  vient  du  Grec ,  'iKta, vefiigium,  &  ypi(pi.;fcri- 
bo  j  parce  que  c'eft  la  defcription  des  veftiges  ou  tra- 
ces d'un  ouvrage. 

ICHNOGRAPHIQUE.  adj.  Qui  appartient  à  l'ichno- 
graphie.  Ichnographicus.  Un  plan  ichnographique  , 
c'eft  la  même  chofe  que  l'ichnographie  d'un  bâtiment, 
d'une  citadelle.  Voye\  Ichnographie  ,  ces  deux  mots 
ont  la  même  origine. 

ICHOGLAN  ,  ICOGLAN.  f.  m.  Terme  de  Relation. 
Page  du  Grand  Seigneur.  Ephehus  Imperatoris  Tur- 
cici.  Jeune  Eunuque  blanc  qui  fert  dans  le  Serrail. 
On  les  élève  avec  une  auftérité  incroyable.  Les  Icko- 
glans  font  des  enfans  de  Chrétiens.  Le  Grand -Sei- 
gneur élève  fes  Ichoglans  à  différentes  charges ,  plus 
ou  moins  conlidérables ,  félon  qu'il  les  voit  plus  ou 
moins  afteétionnés  à  fon  lervice  ;  mais  ils  ne  font 
pourvus  de  charges  qu'à  l'âge  de  40  ans  ,  à  moins 
qu'ils  n'aient  dilpenfe  du  Grand-Seigneur.  Les  Icho- 
glans font  élevés  avec  beaucoup  de,  foin  dans  le  Ser- 
rail de  Pera  ,  dans  celui  d'Andrinople  ,  &  dans  le 
Grand  Serrail  de  Conftantinople.  Ils  ont  là  des  Oda  , 
ou  des  Salles  dans  lefquelles ,  félon  les  talens  3c  les  in- 
clinations qu'on  leur  remarque  ,  on  les  inftruit  dans 
les  langues ,  dans  la  Religion  ,  ou  dans  les  exercices 
du  corps.  Ils  obéiilent  à  un  Capi  Aga ,  qui  préfide 
à  tous  leurs  exercices  ,  &c  les  traite  avec  beaucoup 
de  lévcrité. 

Selon  quelques  Auteurs  ,  ce  mot  eft  compofé  de 
deux  mots  Turcs ,  ich  ,  ou  itch ,  qui  veut  dire  de- 
dans ,  (Se  à'oglan,  qui  ii^mfit page ,  valet:  de  forte 
qalchoglan  lignifie ,  page  du  dedans  ,  ou  valet  qui 
fert  au  dedans  du  palais,  eu  du  Serrail.  D'autres  dé- 
rivent ce  mot  Ichoglan  ,  d'un  mot  du  Grec  baib.> 
re;  c'eft  'fjKnXa.i ,  ou  .-/koAss  qui  a  été  formé  du  Latin  in- 
cola ;  &c  qui  a  la  même  lignification.  Ces  deux  écy- 
mologies  donnent  à  peu  près  le  même  fens  au  nom 
à' Ichoglan  j  en  prenant  incola  pour  domûs  incola. 

ICHOR.  f  m.  Prononcez  Ikor.  Terme  de  Médecine. 
Ce  mot  eft  purement  Grec.  Blanchard  s'en  eft  1er- 
vi  pour  fignificr  une  humeur  fulflireufe  &  aqueufe 
qui  découle  des  ulcères,   Ichor  j  fanies  ^  tabcs.  Il 


I  C  H 

nous  feivira  à  ciiccndrc  le  mot  fuivant.  En  François 
on  dit  fanïe. 
ICHOREUX,  EUSE.  adj.  [Vh  ne  fe  prononce  pas.) 
Ichorofusya.  On  appelle  pus  ùAo^c^^.v  ,  humeur  it7?o- 
rcufc ,  une  cfpccc  de  lanie  ou  de  pus  féreux  &c  àcie 
qui  découle  des  ulcères ,  particulièrement  de  ceux  qui 
attaquent  les  articles,  les  liganiens ,  les  membranes, 
les  nerfs.  On  donne  encore  cette  épithète  au  fang  , 
loriqu'il  abonde  en  fèroiité  ûléc  &  acre.  Ce  mot 
vient  du  Grec  i^cùft  lanie  ou  léroiitc  acre.  Col  de 

VlLLARS. 

ICHOROIDE.  f.  m.  Terme  dc^  Chirurgie  &:  de  Méde- 
cine. C'ell  une  moiteur  ,  une  humidité  femblable  à 
la  corruption  ,  à  la  lanie  qui  lort  d'une  ulcère,  hho- 
roïdcs.  Harris. 

Ce  mot  cft  formé  de  :^lif,fani£  j  &  ci^is  >  efpéce  , 
■TcQemhlancc. 
fCr'lCTHYODONTES.  f.  f.  Nom  donné  par  quelques 
Naturaliftcs  aux  dents  de  poillons  qu'on  trouve  dans 
l'intérieur  de  la  terre,  comme  les  Gloiropetres,  les 
Crapaud  i  nés  ,  &c. 
ICHTHYITE.  f.  f.  Pierre  dans  laquelle  on  trouve  une 
cavité  qui  a  la  figure  d'un  poilfon.   James.  §3" Toute 
pierre  qui  renferme  des  poiiibns  ,   ou  quelqu'une  de 
leurs  parties. 
ICHTHYOLOGIE.  f.  f.  Ickthyologia.   Nom  que  l'on 
donne  aux  ouvrages,  aux  traités  qui  font  fur  les  poil 
fons,  où  il  eft  parlé  de  leur  nombre,  de  leurs  noms, 
leurs  efpcces ,  leur  nature ,  leurs  propriétés ,  &£.  Hil- 
toire  naturelle  des  poillons ,  Hijloria  naturalls pïfdum. 
Le  Dodeur  Ray,  Anglois  ,  a  fait  une  Ichthyologïc  qui 
ell  eftimée.  Il  y  a  ajouté  &  redifié  ce  qui  y  manquoit , 
dans  un  abrégé  qui  n'a  été  imprimé  qu'après  la  mort. 
On  doit  écrire  Ichthyologïc  ,  &:  non  Iclyologie. 

Ce  mot  eft  formé  de  deux  mots  Grecs,  tx.ii's,pO!JJon^ 
&  xiyjç ,  difcours. 
fp-  ICHTHYOLOGIQUE.  adj.  Qui  concerne  les  poif- 
fons.  Ouvrage  Ichthyologique.  Bibliothèque  Ichthyo- 
logique. 
|p-  ICHTHYOLOGISTE.  f.  m.  Naturalifte  qui  a  écrit 
fur  les  polirons ,  qui  a  donné  quelque  ouvrage  fur  les 
poillons. 
ICHTHYOMANCE ,  ou  ICHTHYOMANTIE.  f.  f. 
Divination  qui  fe  fait  en  conlidérant  les  entrailles 
des  poillons.  Ichthyomanûa.  On  faifoit  fur  les 
poilfons  à  peu  près  les  mêmes  obfervations  que 
Ton  avoit  coutume  de  faire  lur  les  autres  victimes. 
Athénée  ,1.  2  ^  dit  qu'il  y  avoit  en  Lycie  ,  allez  près 
de  la  mer  ,  une  fontaine  confacrée  à  Apollon ,  & 
appelée  Dina,  où  ceux  qui  vouloient  conlulter  l'ora- 
cle du  Dieu ,  otfroient  aux  poillons  qui  venoient  de  la 
mer ,  les  prémices  des  vidfimes  attachées  à  des  bro- 
-ches  de  bois ,  5;  qu'un  Prêtre  alFis  oblervoit  attenti- 
vement ce  qui  fe  palîoit  pour  en  tirer  augure.  Le  mê- 
me Auteur  a  écrit  qu'on  croyoit  trouver  des  prélages 
dans  la  nature ,  la  forme ,  le  mouvement  &  la  nour- 
riture des  poilfons  de  la  fontaine  Phellus.  Pline  ,  /. 
^z  ,  c  2  y  rapporte  qu'à  Myra  en  Lycie  on  jouoit  de 
la  Hûte  à  trois  repriles ,  pour  faire  approcher  les  poil- 
fons  de  la  fontaine  d'Apollon  appellée  Curius;  que  ces 
poillons  ne  manquoient  pas  de  venir,  &  que  tantôt 
ils  dévoroient  la  viande  qu'on  leur  jettoit ,  ce  que  les 
Conlultans  prenoient  en  bonne  part;  que  fouvent  ils 
la  repoulloient  avec  leur  queue ,  ce  qu'on  regardoit 
comme  un  préfage  funelle.  Polydamas  &  Tiréfias  à  la 
guerre  de  Troye  eurent  recours  à  Y Ichthyomanne.  On 
prétend  qu'Aquilée  en  fit  aulll  ufage.  Bullengerus  , 
'    de  ratione  Divinac.  L.  j  ,  c.  20. 

Ce  mot  vient  d''';ïJÏ'f ,  poiffon  ,  &:  de  foeneix  ,  divi- 
nation. 
ICHTHYON.  C.  m.  Terme  de  Calendrier.  Quelques 
anciens  Aftronomes  ,  appellent  Ichthyon  le  troilième 
mois  de  l'année  ,  lequel  répond  ,  lelon  eux  ,  au  figne 
des  poiirons.  Ichthyon.  Foye^  Scaliger  ,  le  P.  Pétau  , 
Ulférius,  le  Moine. 

Les  Achéens  appeloient  leur  douzième  mois   du 
nom  d'ichthys ,  qui  veut  dire  en  Grec  poiffon  ;   ce 
..    mois  ,  félon  quelques-uns  ,  répond  à  celui  de  Dé- 
cembre. 

Tome  F. 


I  C   I 


îT 


Le  nom  à'ichthys  cft  Grec  ,  «'^«If ,  poijfon ,  Se  celui 
d'ichthyon  en  eft  formé  ,  ik  lignihe  mois  des  poillons. 
Quelques  Auteurs  écrivent  iclys  Se  iclyon  ,  mais  mal. 

ICHTMYOPÈTHH.  adj.  Il  le  dit  des  pierres  lur  lef- 
ciuclles  on  voit  l'empreinte  d'un  poillon.  Les  ardoi- 
fes  Se  les  autres  pierres  ichchyopècres  ne  font  pas  des 
jeux  de  la  nature.  On  y  reconnoit  le  genre  de  la 
plante  ;  ce  font  la  plupart  des  fougères  &:  des  capil- 
laires de  l'Amérique,  des  feuilles  de  tillot ,  de  poi- 
rier ,  de  charme  ,  de  peuplier  lis:  de  laule  ,  dont  on 
découvre  le  pédicule  ,  les  fibres  &  l'extenlion  natu- 
relle. On  recojnioit  aulîi  les  poiftons  «Se  les  infedles , 
julqu'a  les  pouvoir  nommer.  Ces  pierres  viennent 
ordinairement  dans  les  mines  de  charbon  de  terre  , 
à  cent  pieds  de  profondeur  Se  au  dernier  lit;  la  terre 
s'eft  durcie  en  pierre  ou  en  ardoile  ,  en  recouvrant 
la  plante  ou  le  poifton  amenés  par  le  déluge  :  car  leur 
fituation  couchée  dénote  que  ce  lont  les  eaux  qui  les 
ont  châtiés. 

ICHT.HYOPHAGE.  f.  m.  Animal  qui  ne  vit  que  de 
poifton.  Il  fedit  fur-tout  de  certains  peuples  ancien?). 

IcHTHYOPHAGE  ,  1.  m.  &  f  Sz  adj.  Nom  propre  de 
peuple.  Ichthyophagus.  Ce  nom  fignihe  ,  mangeur  de 
poillon  ,Se  aété  donné  dans  l'Antiquitéàplulieurs  peu- 
ples difterens.  DansPtolomée  ,  les  Ichthyophages  lont 
des  peuples  qui  habitoient  les  Provinces  de  Nanquin  & 
de  Xantun  ,  à  ce  que  juge  Sanfon.  Dans  Photius  ,  Bi- 
bliûth.  Cod.  2  fO  ,c.  12  ,  /j',  I  ^,  I  f ,  i6  ,  /7.  Aga- 
tharcnides  appelle  Ichthyophages  ,  tous  les  peuples 
qui  habitoient  depuis  les  Autéens  Se  l'Ethiopie  jufques 
a  l'Inde  ,  la  Gédrolie ,  la  Caramanie ,  la  Perte ,  Se  tou- 
tes les  nies  de  ce  pays  là  ,  &  décrit  leurs  mœurs,  leur 
vie ,  leur  pêche  ,  &c.  Diodore  de  Sicile  Se  Pline  ne 
leur  donnent  pas  moins  d'étendue.  Pline  ,  L.  VI ,  c. 
2j,  dit  qu'Alexandre  défendit  à  tous  les  Ichthyophages 
de  manger  du  poifton.  Foye-{  encore  Hérodote  ,  L. 
III,c.ipSe  20.  Strabon  ,  I.  II,  Se  L.  XV.  Solin  , 
C.  s 4-  Capella,  L.  VI.  de  India.  Arrien,  Indien, p. 
S6s,    (6(j. 

On  dit  que  ces  peuples  avoient  pourtant  des  beftiaux  ; 
mais  c'étoit  pour  en  nourrir  les  poiftons ,  à  qui  ils  en 
donnoient  les  chairs  ;  qu'ils  faifoient  leurs  maifons 
des  os  ou  des  arrêtes  des  grands  poillons  ,  Se  de  coquil- 
lages ;  que  les  côtes  des  baleines  leur  fervoient  de  fo- 
lives  Se  de  poutres  ;  que  des  mâchoires  de  ces  ani- 
maux ils  s'en  faifoient  des  portes ,  &  que  les  mortiers 
dans  lefquels  ils  broyoient  le  poifton  ,  Se  le  faifoient 
cuire  au  foleil  ,  n'étoient  autre  choie  que  les  vertè- 
bres de  ces  monftres  marins  ;  que  de  ces  chairs  de 
poifton  mêlées  avec  un  peu  de  farine  ,  ils  en  faifoient 
du  pain  ;  qu'ils  mangoient  aulîi  du  poillon  ctud ,  qu'ils 
le  prenoient  avec  des  filets  faits  d'écorce  de  palmier. 
Les  Perfans  appellent  les  Ichthyophages  ,  Mahijfer  , 
c'eft-à  dire  ,  Tête  de  poilfon ,  Se  leurs  Romans  dilent 
que  leur  tête  approchoit  de  celle  des  monftres  marins. 
Ces  mêmes  Romans  orientaux  placent  les  Ichthyo- 
phages dans  une  île  de  la  mer  d'Omman  ,  c'eft  à  dire, 
de  l'Océan  oriental ,  qui  comprend  les  deux  golfes  , 
l'Arabique  Se  le  Perfîque  D'Herbelot. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  &  vient  de  'x'^«  ,p{fcis  ,  poijfon , 
Se  de  'pi.yopi.xi  ,  edo  ,  je  mange. 

^  ICHTHYPÉRIE.  f.  m.  Nom  qu'on  a  donné  au  pa- 
lais oftéux  des  poillons,  qu'on  trouve  fouvent  en  terre , 
dans  des  lits  pierreux.  Ils  ont  diftérentes  figures ,  fui- 
vant les  différentes  efpcces  de  poilfons.  Ils  relFem- 
blent  à  des  fftiques  ou  gouft'es  de  plantes  légumineu- 
les.  D'où  leur  vient  le  nom  de  Siliquajlra  que  quel- 
ques Naturaliftes  leur  ont  donné. 

I  C  I. 

ICI.  Hic.  Adverbe  de  temps  Se  de  lieu ,  qui  marque  le 
lieu  où  l'on  eft ,  le  temps  préfent ,  Se  qui  eft  oppofé  à 
là  ,  qui  marque  un  lieu ,  ou  un  temps  éloigné.  Appro- 
chez-vous d'ici ,  venez  chez  moi ,  ou  dans  mon  voiû- 
nage.  Faites  im  tour  jufques  ici ,  jufqu'en  ce  pays, 
en  ce  quartier.  Sortez  hors  d'ici ,  il  ne  lait  pas  bon  ici 
pour  vous.  Hors  d'ici  mauvailes  penlees ,  c'eft  ici  l'en- 
droit du  livre  où  notre  queftion  iera  décidée.  Ici  je 

D 


z6 


ICO 


ferai  mon  parterre  ,  &  là  mon  potager.  On  dit  en- 
core. Cet  liommeeft  d'ici;  pour  dire ,  il  eft  né  dans 
ce  village  ,  d  ms  cette  ville  ,  dans  cette  province.  On 
n'avoir  point  connu  jufqu'id  la  nature  des  comètes  , 
la  circulation  du  iang  ,  la  pclantcur  de  l'air  ,  &c.  pour 
dire,julqu'à  prêtent.  D'ici  à  cent  ans,  à  cent  ans  d'ici. 

Las  d'cfpcrer  £'  de  nie.  plaindre 

Des  Mufes  ,  des  Grands  &  du  fort , 

C'ejl  ici  que  j'c^f  '<:  la  mort. 

Sans  la  déjlrer  ni  la  craindre.  Mainard. 

Ce  mot  vient  du  Latin  hic. 

^  ICI.  Là.  Ici  eft  le  lieu  même  où  eft  la  perfonne 
qui  parle.  Là  eft  un  lieu  différent.  Le  premier  mar- 
que &  fpécifie  l'endroit.  Le  fécond  eft  plus  vague  ; 
il  a  befoin  ,  pour  être  entendu ,  d'être  accompagné 
de  quelque  ligne  de  l'œil  ou  de  la  main. 

§C?  Venez  ici.  Allez /lî.  l'un  eft  plus  près;  l'autre  eft 
plus  éloigné. 

Ici  ,  après  un  fubft.  commence  à  vieillir.  On  ne  dit 
plus  ce  temps  ici  ,  cet  homme  ici  ;  mais  ce  temps-ci , 
cet  homme-ci.  L'ufage  a  changé  depuis  Vaugelas  , 
qui  approuve  cet  homme  ici.  M.  T. 

Ici  ^ Ce  terme  eft  fouvent  employé  dans  les 

Epitaphes.  Ici  repofe ,  ici  gît ,  Sec.  ^ 

ICI-BAS.  adv.  Qui  fe  dit  de  ce  bas  monde.  Les  Epicu- 
riens tenoient  t|ue  Dieu  ne  fe  mêle  point  des  chofes 
à'ici-bas ,  &  qu'il  ne  fe  met  pas  en  peine  que  cha- 
cun vive  à  fa  fantaifie.  Port  Royal. 

Des  chofes  d'icl-hzs  la  Fortune  décide.  Des  Houl. 

Le  plaifir  ici-bas  eft  interdit  à  un  Mohie ,  c'eft  un 
homme  de  douleurs.  Ab.  delà Trap. 

Comme  Ji  les  forfaits  les  plus  noirs  d'ici  bas 
Etùienc  unfacriflce  à  défarmer  leurs  bras. 

BrÉbeuf. 

Ici -SAS  ,  eft  aufli  un  fimple  adverbe  de  lieu  ,  qui  fe 
îiit  par  oppoUtion  à  ici-haut*  Venez  ici-bas.  Il  eft  'ici- 
bas. 

fer  ICICARIBA.  f  m.  Nom  de  l'arbre  qui  donne  la 
Réfine  Élémi  d'Amérique.   Voye\  Élémi. 

ICIDIEN.  adj.  m.  Qui  fe  difoit  des  Dieux  Lares  ou  Pé- 
nates. Icidius.  Servius  dit  que  les  Dieux  Icidiens  étoient 
frères  ,  ou  du  moins  il  les  appelle  frères. 

Ce  mot  vient  du  Grec  oiVidioî  ^  qui  Çi'gnAt  domefli- 
que ,  &  qui  eft  dérivé  de  «'>'«  ,  maïfon.  Ainli  il  y  a 
une  fiute  dansSolin,c.  2.  oîi  on  lit  Ifidiorum  pour 
Icidiorum.  Voye\  Arnobe  &  Saumaife  fur  Solin  , 
page  64. 

ICIL  &  ICEL.  Vieux  mots.  Celui  ci  &  cette.  On  a 
dit  aulîî  Iccn  pour  Cela ,  &:  Icefl  pour  Ce. 

I  C  O. 

ICOC.  Voyei  HUCUCA. 

ICOGLAN.  FoycT^  ICHOGLAN. 

ICOLLO.   Province   d'Afrique  au  Royaume  d'Angola. 

ICONDRE.  Petit  Pays  d'Afrique  ,  dans  l'île  de  Mada- 
gafcar. 

ICONE.  Ancienne  ville  de  Pifidic ,  Capitale  de  la  Ly- 
caonie.  Iconium.  Elle  étoit  vers  les  confins  de  la  Cap- 
padoce  ,  du  côté  de  la  Cilicie.  S.  Paul  y  prêcha,  Acl. 
XlII.  SI-  &  elle  devint  ville  Archiépifcopale  ,  fous 
le  Patriarchat  de  Conftantinople.  Au  refte,  il  faut 
dite  Icone  ,  &•  non  pas  /co;2ie  ,  comme  quelques  Au- 
teurs ,  non-feulement  en  Hollande  ,  mais  même  en 
France.  Entre  les  Œuvres  de  Pierre  de  Blois  on  trouve 
une  Inftruftion  fur  la  Foi  Chrétienne  pour  le  Sultan 
à'Iconie.  Fleury  ,  HijL  Eccl.  Mais  le  Port  Royal 
dit,  Acl.  XIII.  (-/.Alors  Paul  &  Barnabe  fecoué 
renr  contre  eux  la  poullîére  de  leurs  pieds ,  &  vin- 
rent à  Icone.  Et  de  même  ,  XIF.  i  ,  iS ,  20.  XFI. 
2.  &  L  Timoth.  ///.  /.  Le  P.  Amebt,leP.  Bou 
hours ,  &  M.  Simon,  dilent  aulïï  Icone,  Se  l'on  ne 
peut  douter  que  ce  ne  foit  l'uiage. 


ICO 

Aujourd'hui  elle  fe  nomme  Cogni ,  elle  eft  capitale 
de  la  Grande  Caramanie  en  Natolie.  C'eft  une  grande 
ville  bien  peuplée ,  &  le  fiège  d'un  Archevêché  &:  du 
Bégherbey  ,  ou  Gouverneur  de  Caramanie.  Elle  cit 
au  milieu  de  deux  petits  lacs ,  entre  les  villes  de  Sca- 
lemeure  ,  deSatalie  &  d'Angauri.  Elle  donne  fon  nom 
à  la  Caramanie  ,  que  l'on  appelle  Béglerbélic  de  Co- 
gni. 

ICONOCLASTE,  f.  m.  &  £  Brifeur  d'images.  Qui 
frangit  imagines.  L'Églife  regarde  les  Iconoclajles  com- 
me des  Hérétiques  qui  ont  longtemps  affligé  l'Églife 
d'Orient  ,  parce  que  ces  Iconoclajles  vouloient  dé- 
truire la  vénération  des  images  de  Dieu  ,  &  des  Saints  , 
&  briler  toutes  les  figures  ,  &  repréfcntations  dans 
les  Égliles.  Léon  liaurique  ,  Empereur  d  Orient  ,  a 
été  le  principal  Chef  des  Iconoclajles.  Maimbourg 
a  écrit  amplement  l'Hiftoire  des  Iconoclajles.  Foyc^ 
encore  l'HiJl.  Eccl.  de  M.  l'Abbé  Fleury,  L,  42.  Se 
les  deux  fuivans. 

Ce  mot  vient  du  Grec  àica;ox>,içy.ç  ^  qui  eft  formé  de 
ei'xi» ,  imago  j  image ,  Se  du  verbe  «>.«£(» ,  K/à» ,  rum~ 
père  j  rompre. 

ICONOGRAPHIE,  f.  f.  Dcfcription  des  images ,  des  ta- 
bleaux, &c.  Iconogrophia.  C'eft  particubérement  la 
connoilfance  des  ftatues  antiques  de  marbre  &  de  bron- 
ze ,  des  buftes  ,  des  demi-buftcs  ,  des  Dieux  Pénates  , 
des  peintures  à  frefque,  des  Mofaïques  ce  des  minia- 
tures anciennes.  Pluheurs  perfonncs  de  mérite  fe  Îqïi^ 
appliqués  à  l'iconographie.  Les  Modernes  illuftrcs ,  dans 
{'iconographie  ■,  font  Michel  Ange  ,  Fulvius  Urluius  , 
Piétro  Santé ,  &  autres  habiles  Italiens.  Svoii. 

Ce  mot  vient  du  Grec ,  £'«»»  imago  ■,  &  yfa^t-Jlribo. 

CCr  ICONOGRAPFIIQUE.  adj.  de  t.  g.  Qui  appnrcicnc 
à  l'iconographie.  \ 

ICONOLATRE.  m.  Qui  veneratur  imagir.es.  C'eft-  le 
nom  que  les  hérétiques  Iconoclajles  donnoient  aux 
Catholiques ,  qu'ils  accufoient  faullcment  d'adorer  les 
images ,  &  de  leur  rendre  le  culte  de  latrie  qui  n'cft 
dû  qu'à  Dieu.  C'eft  à  peu-près  le  même  reproche  que 
quelques  hérétiques  font  encore  maintenant  aux  Ca- 
tholiques. Quelque  éclairciffemcnt  qu'on  leur  air  don- 
né là-delfus  ,  il  y  a  encore  des  Prcdicans  ignorans  qui 
ne  ccirent  de  crier  contre  l'Idolâtrie  de  l'Églife  Ro- 
maine ,  &:  d'accufcr  les  Catholiques  d'être  Iconolâtres. 
Ce  mot  vient  du  Grec  £"--«»)  &c  àc>''^-f''''i> ,  colo. 

ICONOLOGIE.  f.  f.  Interprétation  de  pluheuis  images, 
ou  monumens  anciens  Se  emblèmes.  Science  qui  re- 
garde les  figures  &  les  reprélenrations ,  tant  des  hom- 
mes que  des  dieux.  Iconologia.  Il  y  a  pluheurs  livres 
intitulés  ;  Iconologics  -,  celle  de  Débie  Chalcographe  , 
de  Ripa .  &c.  h  Iconologie  fait  la  peinture  des  chofes 
purement  morales  lous  la  figure  des  perlonnes  vivan- 
tes. Elle  perfonifie  la  Victoire  ,  la  Renommée  ,  la 
Vertu,  la  Nobleftè,  l'Honneur,  les  Pallions,  tfc.  eft: 
fort  nécellaire  aux  Poètes  ,  aux  Peintres  ,  &  aux  Fai- 
feurs  de  ballets  Se  de  repréfentations.  Foye'^  le  Père 
Méncftrier  en  fes  Tniites  de  la  Philofophie  des  Ima- 
ges ,  Devifes  ,  Emblèmes ,  Armoiries ,  Énigmes  ,  Bal- 
lets ,  Repréfentations ,  Carroufels ,  Décorations  fu- 
nèbres ,  &c. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ,  îi^à» ,  &  de  ^.=7»  ,  dico ,  je 
parle. 

tp"  ICONOLOGIQUE.  adj.  Qui  appartient  à  l'icono- 
logie.  Il  p.arut  en  17  y6  un  ouvrage  fous  ce  titre.  Dic- 
tionnaire Iconologique  ,  ou  Introdudion  à  la  con- 
noiilànce  des  Peintures ,  SculpttUTS,  Médailles ,  Ellam^ 
pes ,  &c. 

ICONOMAQUE,adj.  pris  fubftintivement.  Qui  combat 
contre  les  images  ,  qui  attaque  ,  qui  combat ,  qui  blâ- 
me le  culte  qu'on  leur  rend.  Iconomachus.  C'eft  le 
furnom  qu'on  donne  dans  l'Hiftoire  à  l'Empereur 
Léon  liàuricn  ,  à  caufe  qu'il  ordonna  par  un  Édit 
qu'on  abattît  les  images.  Iconoclaft-e  &  Iconomaque 
font  la  même  chofe;  on  donne  ces  deux  nom.s  aux 
Protcftans  ,  fur-tout  Calviniftes  ,  &  autres  qui  imitent 
la  fiireur  des  anciens  Iconomaques, 

Ce  nom  eft  Grec  ,  il  vient  d'"'""  W<;»' ,  qui  eft  for- 
mé d'"''"'»  j  qui  veut  dire  image ,  Se  de  ««;i',««(,  qui  £- 
gaiiie,  je  cotnbats. 


I  D  A 

ICOSAEDRE.  r.  m.  Terme  de  Géonictne.  Solide  con- 
tenu fous  vingt  triangles  cquilatéraux ,  ôc  cg.iux  encre 
eux.  Icojacdron. 

ICOSIPR(3TE.  r.  m.  Nom  de  dignité,  qui  iignih'e  Vingt 
premier.  Icojiprotos. 

0\\  difoit  un  Icofiprote ^  comme  nous  dilons  un 
Cent-Suillc. 

ICOMPROTIE.  f.  f.  Dignité  d'Icofiprote.   Icofiprûtïa. 
C'étoit  une  dignité  chez  les  Grecs  modernes  ;  il  en 
ell  parle  au  Digeftc  au  titre  de  Muncrlh.  &  honor.  l. 
fin.  V.  myjl.  f^oye^  les  Notes  de  Budé. 

Ces  mots  font  ccunpofés  de  um^i^  vingt ,  &  ^rç^ns , 
premier. 

Ip  ICREPOMONGA.  f.  m.  Nom  d'un  fcrpcnt  marin 
des  mers  du  Bréfil ,  qui  a,  dit  on  ,  la  propriété  d'en- 
gourdir ,  comme  la  torpille.  C'eft  le  même  animal  que 
celui  dont  il  eft  parlé  tous  le  nom  de  jerépémonga, 
&  que  l'on  décrit  fous  les  deux  noms  dans  l'ency- 
clopédie. 

I  C  T. 

ICTÈRE,  f.  ni.  Terme  de  Médecine.  C'eft  un  déborde- 
ment de  bile  par  tout  le  corps  ,  que  les  Latins  appel- 
lent Iclerus  ,  aurigo  ,  ou  morhus  regius.  Il  y  en  a  trois 
l'ortcs  ;  l'une  qu'on  appelle  proprement  la  Jauniffc  , 
qui  eft  caufee  par  la  bile  jaune  trop  exaltée ,  ou  trop 
abondante  dans  la  malle  du  lang  ,  ou  lorfque  les 
conduits  cholidoques  font  bouchés.  La  féconde  el- 
pécc  cft  noirâtre ,  engendrée  de  cette  même  bile  jaune , 
mêlée  avec  des  acides.  La  troilîcme  tire  lur  le  vert , 
provenant  aullî  du  mélange  de  la  bile  &  de  quelques 
acides  :  elle  cil  ordinaire  aux  filles  qui  ont  les  pâles 
couleurs.  Dans  la  jaunilfe  le  blanc  des  yeux  &  tout 
le  cuir  eft  jaune  &  travaillé  de  démangaifon.  Dans 
Xiclère  noir  la  couleur  naturelle  fe  perd  ,  à  caufe  de 
J'humeur  atrabilaire  qui  eft  répandue  fous  la  peau. 
Elle  paroit  d'abord  brune  ,  &  enluite  plombée  &  ba- 
sanée. La  jaunilfe  eft  la  melîagèrede  l'hydropilie.  Deux 
Médecins  qui  le  difentDodleursdela  Facultéde  Mont- 
pellier ,  pour  ie  diftinguer  par  quelque  endroit ,  ap- 
pellerent  un  ïcière  jaune  accompagné  de  douleurs  pé- 
riodiques ,  le  premier  du  nom  de  rhumatilme  du  foie , 
&  l'autre  de  fièvre  quarte  du  loie.  MÉAt.  de  Tr.  On 
ioutient  dans  le  Journ.al  de  Leipfick  1 69 1  ,  p.  2^2  , 
•que  robftruction  n'ell  point  la  caulc  de  \iclère.  l3ans 
le  même  Journal  lôSi,/;.  j?^j  on  rapporte  du  Coot- 
pendiuin  Medico  chymïcumAz  Nicolas  Grim  que  l'el- 
prit  acide  du  lel  ammoniaque  eft  un  excellent  remède 
contre  \ïclère. 

Ce  mot  vient  du  Grec ,  ly-T-i^n',  qui  fignifie  la  mê- 
me chofe  ,  &  qui  ,  félon  Gorrha'us  ,  vient  du 
Grec  \y.ù<; ,  qui  lignifie  une  efpècede  belette.  Cet  ani 
mal  ayant  les  yeux  de  couleur  d'or ,  on  a  donné  fon 
nom  à  la  maladie  qui  rend  jaunes  ceux  qui  en  font 
attaqués.  Vivera  ,  cujus  oculï  aurei  funt  colons. 

ICTÉRlAS.  f  m.  C'eft  le  nom  d'une  pierre  ,  dont  Pline 
lait  mention  ,  L.  XXVII,  cap.  1 0  ,  8c  qu'il  recom 
mande  luperftitieufement  contre  lajauniilc,  à  cauie 
de  fa  couleur.   Iclerius  lapis. 

ICTÉRICIE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  létère ,  maladie 
qui  vient  d'un  épanchement  de  bile.  Iclerus  ,  iclerkia. 
Il  y  a  l'icléricie  blanche  &  Vicléricic  noire.  Journal 
DES  Sav.  1721  ,  p.  2J0.  Les  acidulés  (ont  bonnes 
d.ins  l'une  &  l'autre  iclérkie. 

ICTERIQUE.  adj.  Iclerkus.  Terme  de  Médecine,  qui 
fe  dit  d'une  perfonne  malade  qui  a  la  jaunille  ,  Se  des 
remèdes  propres  à  la  guérir.  §CJ  Femme  iclérique. 
Remède  iclerique.  Il  eft  aullî  fubftantif.  Pourquoi 
croit-il  que  la  neige  eft  blanche ,  encore  que  fix  icléri- 
ç««j  la  trouvent  jaune  î  Pélisson. 


ID  E 


ICY.  Voye:^  Ici. 


I  C  Y. 
1  D  A. 


IDA.  Il  y  a  deux  montagnes  célèbres  de  ce  nom,  l'une 
dans  l'Afie  mineure  ,  près  de  la  ville  de  Troie  ,  célè- 
bre par  le  jugement  de  Paris  \  l'autre ,  qui  porte  au- 
jourd'hui le  nom  de  Monte-Giove ,  eft  dans  l'ile  de 
Tome  r. 


« 

Candie ,  vers  la  ville  de  ce  nom.  On  alfurc  que  les 
forêts  de  cette  montagne  ayant  été  embi  ilécs  par  k 
feu  du  C^iel,  l'an  73  ,  après  le  déluge  de  Dcui.alio/i , 
les  Daétyles,  habitans  de  cette  montagne,  apprirent 
à  cette  occalion  l'art  de  tondre'le  1er,  inconnu  julqu'a 
ce  temps-là.    Maty. 

Le  nom  à'Ida  a  paflé  dans  la  langue  Françoifc  fans 
aucun  changement;  on  y  joint  ordin.iirement  celui 
de  mont ,  le  mont  Ida. 
IDANHAAVELHA  ,  c'eft  à  dire  ,  Idanha  la  Vieille. 
Nom  d'une  petite  ville  du  Portugal.  Idanha  vctus  , 
Igadila.  Elle  eft  fur  la  rivière  de  Ponlus ,  dans  la  Pro- 
vince de  Bcïra,  vers  les  confins  de  l'Eihamadure  d'El- 
pagne  ,  à  leize  lieues  de  Guarda  du  côté  du  midi.  Elle 
a  unÉvêché,  dont  le  liège  a  été  transléré  à  Guarda. 
On  voit  à  quelques  lieues  de  cette  ville  un  bourg  qui 
porte  le  nom  à' Idanha  «oviî  j  c'eft-à  dire  la  nouvelle 
Idanha.  Maty.  D.xns  Idanka  à  velha  ,  il  faut  mouil- 
ler /ih ,  &  Ih. 

IDE. 

IDjÉAL  ,  ALE.  adj.  Qui  n'eft  qu'en  idée.  Idéales. 
Plus  une  Philofophic  eftfubtile,  &  idéale.,  plus  elle 
eft  vaine  &  inutile  pour  expliquer  des  chofcs  qui  ne 
demandent  qu'un  fens  droit  pour  être  connues.  La 
Bruy. 

IJCTOn  doit  entendre  par  Philolophie  idéale  ,  celle 
qui  eft  cppofée  à  la  Philolophie  d'expérience  &  d'ob- 
fervation. 

IJCF  Idéal  ,  chimérique ,  par  oppofition  à  réel.  Pouvoir 
idéal.  Richelies  idéales  ,  qui  n'ont  d'exiftence  que 
dans  l'imagination.  Perlonnage  idéal.  Ce  mot  n'a 
point  de  pluriel  au  mafculin. 

IDÉALISME,  f.  m.  Terme  Dogmatique.  Syftème  des 
Philofophes  qui  voient  en  Dieu  les  idées  de  toutes 
chofes.  Ceux  qui  regardent  le  Spinofifme  comme  un 
matérialifine  groftier  ,  ne  l'entendent  pas ,  c'eft  \'idéa- 
lifme  le  plus  pur. 

IDÉE.  f.  f.  Perception  de  l'amc  par  l'organe  des  fens  : 
image  des  objets  qui  te  préfentent  à  l'entendement  j 
la  notion  que  l'efprit  fe  forme  de  quelque  chofe. 
AcAD.  Fr.  Idea.  Une  idée  eft  la  torme  ious  laquelle 
nous  repréfentons  les  objets.  Log.  "Lidée  eft  1  objet 
immédiat,  ouïe  plus  proche  de  notre  elprit,  quand 
il  appercoit  quelque  chofe.  Maleb.  Les  hommes  font 
convenus  de  certains  fons  ,  pour  être  les  lignes  des 
idées  que  nous  avons  dans  l'elprit ,  6>:  que  1  on  a  atta- 
chées à  ces  lignes  extérieurs.  Maleb. 

lDÉE,fe  dit  aulîi  des  vues,  des  opérations,  des  notions 
de  l'efprit,  de  la  penfee,  de  la  léilexion,  par  le  rap- 
port Hc  l'allemblage  de  plufieurs  choies  qui  ont  paUé 
par  le  fens.  Quelques  Philofophes  appellent  ces  idées ^ 
des  idées  complexes  ,  parce  qu'elles  font  compolées 

.  de  diverfes  idées  fimples,  comme  celles  de  larticle 
précédent ,  &  qui  ne  font  autre  chofe  que  les  images 
formées  par  les  objets  extérieurs  qui  frappent  nos 
Cens.  Ces  idées  fimples  font  comme  la  matière  de  nos 
connoillânces  ,  &c  forment  nos  idées  complexes  par 
leur  combinaifon.  Connoître  une  chofe  ,  c'eft  en 
avoir  une  idée  claire  ,  &  en  découvrir  les  rapports  par 
lumière  &  par  évidence.  Maleb.  Les  opérations  de 
l'efprit  fur  ces  i^/etj  fimples  conliftent  à  les  difcerner , 
les  comparer,  &c.  LockE.  Il  ne  faut  pas  s'étonner  fi 
nous  n'avons  point  d'évidence  des  myftères  de  la  foi, 
puifque  nous  n'en  avons  'las  même  A'idée.  Maleb. 
Les  hommes  tâchent  d'affoiblir  &  d'oblcurcir^  l'idée 
de  la  mort.  Nie.  Dieu  n'agit  pas  félon  les  idées  foi- 
bles  &  bornées  des  hommes.  Le  Cl. 

Selon  que  votre  idée  cft  plus ,  ou  moins  ohfcurc  , 
L'expreJJion  la  fuit ,  ou  moins  nette  ,  ou  plus  pure  ; 
Ce  que  l'on  conçoit  bien  s'énonce  clairem.ent. 
^  '  Boil. 

Verhaque  provifam  rem  non  invita  fequentur. 

H  O  R  A  T. 

Les  idées  fimples  ,  ou  complexes  .peuvent  être 
claires  &  dillinéles ,  ou  obfcures  &  coiifufes.  Les  idées 

Dij 


iy> 


I  D  E 


fimples  font  claires  quand  elles  font  fort  vives  dans 
l'elprit  par  la  bonne  dilpolition  des  organes  i  &  c'elt 
cette  clarté  qui  rend  les  idées  diftiiictes.  fPT  Une 
iJf'e  eft  claire  lorfqu'elle  eft  telle  qu'elle  luflàt  pour 
nous  lairc  retonnoitre  ce  qu'elle  reprclente,  dès  que 
l'objet  vient  à  s'otirir  à  nos  yeux.  Celle  qui  ne  pro- 
duit pas  cet  eftet ,  eft  obicure.  Nous  avons  une  idc:'^ 
claire  de  la  couleur  rouge ,  lorlque ,  fins  héhtcr  ,  nous 
la  dilcernons  de  toute  autre  couleur.  Les  iddts  com- 
plexes foiu  claires,  non-leulement  lorfque  les  idées 
(Impies  dont  elles  font  compofces  font  claires,  mais 
encore  lorlque  leur  nombre  &c  leur  ordre  cil  claire- 
ment fixé  &  réglé  dans  l'elprit.  LocIvE. 

Dans  le  chapitre  des  idées,  M.  Wolli'obferve  judi- 
ciculement  qu'il  ieroir  luperHu  ,  &  même  iouvent 
impolîible,  de  faire  l'analyie  des  idées  claires  &  dif- 
tinéles,  juiqu'à  en  venir  à  des  idées  qui,  à  caule  de 
leur  hmplicité,  n'admillent  plus  aucune  déc'ompoli- 
tion.  On  peut  être  content,  ajoute  t  il ,  Se  s'arrêter 
lorfqu'on  a  f  ifHfaminent  analylé  une  idée  pour  attein- 
dre le  but  qu'on  s'cll  propoié.  Il  feroit  à  fouhaiter 
que  nos  prétendus  Métaphyiiciens  Littérateurs  ,  fe 
conformallent  à  cette  judicieute  maxime.  On  les  voit 
fe  morfondre  pour  développer  les  chofes  les  plus 
claires  qui  deviennent  obicures  à  force  de  les  dilcu- 

ter,  &  de  leur  donner  un  air  fubtil  ils:  fin Ol^f. 

fur  les  Ecr.  mod.  tom.  1 2  ,p.  S  S  ,  S  ç. 

Ce  mot  le  prend  philoiopiiiquement ,  ou  pour  la 
perception  d'un  objet ,  ou  pour  l'objet  de  la  percep- 
tion. Vidée  prife  poiu"  la  perception  d'un  objet  eft 
ce  qu'on  appelle  Idée  formelle,  &  l'objet  de  la  per- 
ception eft  ce  qu'on  nomme  Idée  objective.  Si  l'objet 
de  Vidée  formelle  eft  matériel.  Vidée  fera  pure,  ou 
une  perception  pure. 

L'idée  formelle  elf  fimple  ou  complexe,  claire  ou 
obfcure,  diftinéle  ou  confule  ,  vraie  ou  fauilc ,  di- 
reéle  ou  réllechie.  Uidée  objedive  eft  innée  ou  lormée 
dans  le  temps  imprelle  ou  expreffe.  Vidée  fimple  eft 
celle  qui  n'a  pour  terme  que  l'objet  précifément, 
comme  Dieu ,  homme  ,  &c.  Vidée  complexe  eft 
celle  qui  ajoute  quelque  chofe  à  l'objet ,  comme  Dieu 
jufte ,  homme  lavant.  Les  Philofophes  conviennent 
que  Vidée  complexe  peut  être  faulîej  elle  l'eft  lorf- 
qu'un  des  termes  détruit  l'autre  ;  comme  Dieu  injufte , 
triangle  rond ,  cercle  quarré.  {CFPour  Vidée  fimple, 
il  eft  évident  qu'elle  ne  peut  être  faulfe,  parce  qu'elle 
eft  néceftairement  unii-orme  à  l'objet  qu'elle  repré- 
fente. 

ÇO'Les  chofes  que  nous  nous  repréfenrons ,  font  ou 
ce  qui  fe  palle  en  nous-mêmes  ,  ou  ce  qui  eft  hors  de 
nous  ,  foit  que  cet  objet  foit  préfent  ou  abfent; 
nous  pouvons  aulîî  nous  repréfenter  nos  perceptions 
elles  mêmes. 

C'^La  perception  d'un  objet  à  l'occafion  del'impref- 
fion  qu'il  tait  fur  nos  organes,  s'appeWzfenfation. 
fCF"  La  perception  d'un  objet  ablent  qui  le  prélcnte  fous 
une  image  corporelle ,  s'appelle  imaginacion. 
f]0"La  perception  dune  choie  qui  ne  tombe  pas  fous 
les  fens ,  ou  même  dune  chofe  Icnlible  qu'on  ne  fe 
repréfente  pas  fous  une  image  corporelle ,  s'appelle 
proprement  idée  ,  idée  intelleduelle. 
tJCFOnadifputédins  tous  les  temps  lut  l'origine  de  nos 
idées.  Jamais  queftion  n'a  été  plus  difcutée ,  ni  moins 
éclaircie. 

L'opinion  la  plus  commune  fur  les  idées  en  géné- 
ral ,  étoit  autrefois  celle  des  Péripatéticiens.  Ils  préten- 
dent que  les  objets  de  dehors  envoient  des  efpèces  qui 
leur  reilemblent ,  &  que  ces  efpèces  imprimées  fur 
les  fcns  extérieurs,  font  portées  par  eux  jufqu'à  l'en- 
tendement. Ces  efpèces  étant  matérielles  &:  feniîbles  , 
font  rendues  intelligibles  par  l'inteileift  agent ,  &  re- 
çues par  l'intelleél:  patient,  ^oye^  Espèces  impreffes 
&  exprejfes ,  &  les  articles  rélatils.  D'autres  croyent 
que  nos  âmes  ont  la  puilfance  de  produire  les  idées 
des  chofes  auxquelles  elles  veulent  pcnfer  ;  &  qu'ainfi 
l'homme  peut  créer  Se  anéantir  les  idées  de  toutes  les 
choies  qu'il  lui  plaît  de  le  forger.  D  autres,  comme 
Delcartes,  tiennent  que  toutes  les  idées  font  nées  & 
créées  avec  nous,  /'ojytjj   Malebranche.  Quelques 


I  D  E 

Cartéliens  diftinguent  trois  efpèces  A'idees;  les  unes 
innées ,  telles  qu'ils  prétendent  qu'cft  celle  que  nous 
avons  de  Dieu ,  d'un  être  inhnnnent  partait  ;  les  fécon- 
des nouvelles  &:  lenhbles ,  advencicia  ,  que  l'elprit  re- 
çoit à  mtiure  que  de  nouveaux  objets  corporels  le 
prclentent  à  nos  fens.  Telle  eft  Vidée  du  corps,  du 
Ion,  de  la  figure,  de  la  lumière,  &c.  Les  troiliemes 
idées  ,  lelon  ces  Philofophes ,  font  fadfices ,  faclitia  , 
Se  ce  font  celles  que  notre  efprit  fe  forge  en  alfem- 
blant  les  idées  qu'il  a  déjà.  Amfi ,  ces  fortes  d'idées 
(ont  toujours  complexes. 

ÎJCF  Locke  prétend  auili  que  toutes  nos  idées  tirent  leur 
origine  des  (ens.  Il  eft  certain,  dit -il,  que  notre  ef- 
prit n'a  ablokunent  aucunes  idées  que  celles  que  nos 
lens  lui  prélentent.  Se  les  idées  qu'il  forme  par  fes 
propres  opérations  fur  celles  quil  a  reçues  par  les 
lens.  Ainii ,  un  homme  deftitué  d'un  de  fes  lens ,  n'a 
jamais  aucune  idée  qui  appartienne  à  ce  lens;  en 
(orte  que  luppolant  un  homme  deftitué  de  tous  fes 
(cns,  il  n'auroit  aucune  z(ic;t; ,  parce  qu'il  n'auroit  ja- 
mais eu  d'idée  de  (enlations  ,  les  objets  extérieurs 
n'ayant  aucune  voie  pour  en  produire  en  lui  par  le 
moyen  des  lens.  Il  n'auroit  point  non  plus  d'idées  de 
rériexion  ,  parce  qu'il  minqueroit  de  toute  fenfation , 
qui  eft  ce  qui  excite  en  lui  les  opérations  de  l'on  ef- 
prit ,  qui  (ont  les  objets  de  (a  réHexion. 

fjZtDe  ce  principe,  il  s  enfuit  qu'il  n'y  a  point  d'idée 
innée  dans  notre  efprit;  c'eft-àdire,  qui  y  foit  avant 
qu'il  ait  apperçu  les  objets  par  l'organe  des  lens  ôc 
réfléchi  (ur  cette  perception.  Il  n'eft  point  vrai  qu'il 
y  ait  dans  notre  elprit  des  vérités  générales  qui  foient 
nées  &  créées  avec  lui.  Ces  idées  qui  lemblent  in- 
nées ,  parce  qu'on  les  lent  dès  qu'on  fait  ufage  de  la 
railon  ,  ne  viennent  que  des  idées  dont  les  fens  ont 
rempli  l'efprit  infenfiblement  ,  &  c'eft  fur  ces  idées 
qui  viennent  originairement  des  fens  ,  que  l'efprit 
exerce  fa  faculté  de  raifonner. 

|CFSi  cela  étoit,  toutes  nos  idées  feroient  corporelles  , 
&  nous  ne  conce  lions  rien  que  par  des  images  fem- 
blables  à  celles  qui  fe  forment  dans  le  cerveau  quand 
nous  voyons ,  ou  quand  nous  imaginons  des  corps. 
Cependant  il  y  a  un  grand  nombre  d'idées  qui ,  ne 
tenant  rien  d'aucune  image  corporelle ,  ne  peuvent, 
fans  ablurdité ,  être  rapportées  à  nos  fens.  Suppofez 
un  homme  deftitué  de  tous  fes  fens  dès  la  naillance; 
qui  l'empêchera  de  penfer  qu'il  exifte ,  de  reliéchii" 
fur  ies  penfées,  de  dire  avec  Def cartes  :  Je  penfe, 
donc  je  fuis  ?  Or ,  dans  ce  cas ,  quelle  part  les  lens 
auroient-ils  à  ces  idées?  Il  eff  évident,  d'ailleurs, 
qu'il  s'en  faut  beaucoup  que  nos  idées  foient  dans 
nos  fens ,  telles  qu'elles  font  dans  notre  efprit ,  Se 
c'ell  là  la  queftion. 

0CFA  l'égard  des  idées  innées  que  Dieu  a  mifes  ou  qu'il 
met  dans  notre  efprit,  la  plupart  des  Philolophcs  les 
nient  abf'olument,  &  regardent  avec  railon  ce  fenti- 
ment  comme  dangereux.  Il  eft  évident  ,  difent-ils  , 
que  Vidée  formelle  vient  de  notre  entendement  qui 
la  forme.  Dieu  aura  beau  modifier  mon  ame ,  fi  je 
n'agis  pas,  jamais  je  ne  concevrai,  &  i\  je  conçois, 
j'agis,  &  fi  en  concevant  j'agis,  mon  ame  forme  fes 
idées  ,  Se  (on  entendement  n'eft  pas  une  puiftance  pu- 
rement pallîve  ;  il  ne  faut  donc  point  chercher  d'autre 
origine  de  nos  idées  que  notre  efprit.  D'ailleurs,  il 
n'y  a  pas  plus  de  railon  de  refufcr  à  l'ame  la  puillance 
de  former  fes  idées ,  ou  de  fe  modifier  en  penfant ,  que 
de  former  fes  volitions ,  ou  de  fe  modifier  en  voulant; 
de  forte  que  fi  l'on  raifonne  conléquemment,  il  faut 
dire  que  la  volonté  n'agit  point ,  fi  l'entendement  ne 
le  fait  point ,  Se  l'on  détruit  la  liberté. 

CfT'lDEE  fe  dit  aulîi  en  parlant  de  Dieu  pour  les  exem- 
plaires ,  les  modèles  éternels  de  toutes  les  chofes  créées 
qui  font  en  Dieu,  le  prototype  fur  lequel  il  a  créé 
toutes  chofes.  Nous  difons  en  ce  fens  que  les  idées  de 
toutes  chofes  font  en  Dieu.  Suivant  Mallebranche , 
nous  acquérons  nos  idées  dans  l'inftant  que  notre 
ame  les  apperçoit  en  Dieu.  Roman  métaphyfique  qui 
paroît  dégrader  l'Etre  fuprême. 

ffJ"  C'eft  dans  ce  fens  qu'on  dit  les  idées  de  Platon. 

^(CFIdée,  fignifie  aulîî  dans  l'utage  ordinaire  ,  le  deffcin. 


I  D  E 

l'efquilTc  d'un  ouvrage.  On  dir  jcrrcr  une  idcc  fur  !c 
papier.  Skammozzi  a  intiruli;  (on  livre  ,  LUc  de  i'Ar- 
chiuedhirc. 
Juin  ,  (c  ditauflî  d'une  opinion  ,  d'un  fc-nriment  qu'on  a 
dans  rcf'prit.  Je  m'érois  formé  une  li.iutc  ulcc  de  la 
vertu  de  cet  homme.  Les  hommes  reliaullent  Vidce 
qu'ils  ont  d'eux  mêmes,  en  s'im.iijin.inc,  par  une  ilin- 
Iion  grollière  ,   qu'ils  lont  rc'cllement  plus  grands  , 
parce  qu'ils  font  d.ans  une  plus  grande  maifon  ,    îk 
qu'il  y  a  plus  de  gens  qui  les  admirent.  Loc.  Les  fom  - 
h\:cs  idics  qu'on  donne  de  la  vertu,  la  rendent  trilte 
&  ennuycute.  Fen.  Le  plus  grand  plaifir  d'un  hom- 
me orgueilleux  ,    c'cft  de  contempler  Vidée  qu'il  ic 
forme  de  lui  même  :  cette  idée  ell  la  fource  de  toutes 
ks  vaines  latisfatlions ,  &  rien  ne  lui  plaît  que  ce  qui 
contribue  à  la  rehauller ,  à  l'agrandir ,  &  à  la  rendre 
plus  vive.   Nie.   C'eft  avoir  une  idée  bien  balle  de 
Dieu ,  que  de  fe  figurer  que  la  gloire  a  beloin  que  nous 
lui  prêtions  nos  crimes.  La  Pl.  Jamais  homme  ne 
lai  lia  une  lî  médiocre  idée  de  la  perlonne  cV  de  Ion 
mérite.  H.  S.  de  M.  Les  Stoïciens  nous  ont  donné  la 
plus  grande  &  la  plus  belle  idée  de  la  vertu  que  l'on  ie 
puilfc  fonner,  lans  le  loucicr  que  cette  idée  convienne 
à  la  vertu  humaine.  M.  Esp.  L'eftime  du  public  con- 
firme l'amour  propre  dans  \'idée  Hatteule  qu'il  fe  for- 
me de  lui-même.   La  Pl.   Les  hommes  le  forment 
une  faulle  idée  du  vrai  bien.  Abadie. 

^O" Idée,  le  dit  aulll  à  peu-près  dans  le  même  fens ,  des 
images  qui  lont  dans  la  mémoire  ou  dans  l'imagina- 
tion. C'eft  ainfi  que  l'on  dit  qfle  l'on  a  quelque  idée 
d'avoir  vu  un  homme  :  qu'on  ne  le  fouvient  point 
d'une  chofe,  qu'on  n'en  a  aucune  idée.  On  le  rap- 
pelle (es  idées.  Le  temps  efface  les  idées  d'une  chofe  , 
quelquefois  en  m'enrretenant  avec  votre  idée ,  je  la 
tut.aie.  Le  ch.  d'H. 

^3° Idée,  le  dit  plus  improprement  encore  par  oppo- 
fition  à  réel  &  etleéfif,  des  imaginations  faulles ,  des 
vilions  chimériques  ,  des  chofes  qui  ne  lont  point 
efteclives.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on  dit ,  ce  ne  lont  là 
que  des  idées  ,  des  idées  creufcs.  Se  repaître  A'idées. 
Un  homme  qui  n'eft  riche  ,  qui  n'eft  heureux  qu'en 
idée.  Je  cherche  des  fouvenirs  agréables  dans  le  paf- 
fé  ,  &c  des  idées  plaifances  dans  l'avenir.  S.  Evr.  Les 
maximes  enHées  du  Portique  n'ont  jamais  fait  de  Sage 
qu'en  idée.  La  République  de  Platon  étoit  une  idée 
impraticable. 

^^  Le  dellein de Dinocrates  ,  de  faire  une  ftatue  d'Ale- 
xandre du  mont  Athos  ,  ctoit  une  idée  folle,  qui  ne 
pouvoit  s'exécuter. 

|ÎC?  Corneille  dans  Nicodèmc  a  dit  dans  ce  fens  :  Le 
Roi  n'eft  qu'une  idée.  On  dit  bien  n'eft  qu'un  phantô- 
me  ,  mais  on  ne  dir  pas  n'ejl  qu'une  idée.  La  raifon  en 
eft  que  phantôme  exclut  la  réalité  ,  &:  <\\x'idée  ne  l'ex- 
clut pas. 

§3"  Idée,  penfée ,  imagination  ,  fynonymes.  L'idée  re- 
prclcnte  l'objet  :  Li  penfée  le  conlidère  :  V imagination 
k  tonne.  La  première  peint  :  la  féconde  examine  :  la 
troilîème  féduic.  Syno  Fr.  On  eft  liir  de  plaire  dans  la 
converfation  quand  on  a  des  idées  juftes  ,  des  perifées 
fines  ,  &  des  imaginations  brillantes.  Il  faut  autant 
qu'il  eft  poifible  fimplifier  les  idées.  On  reproche  aux 
Anglois  de  trop  creuler  les  penfees.  Bien  des  gens 
prennent  les  imaginations  pour  des  réalités. 

Idée  en  Mythologie.  C'eft  le  nom  que  les  Anciens  avoient 
donné  à  la  nature  ,  ou  à  la  terre  ,  qu'ils  nommoient 
Idea  mater  magna  ,  dont  ils  firent  une  Divinité.  On 
voit  plufieurs  infcnptions  avec  ces  trois  lettres  I.  M. 
M.  Ide^t  Alatri  Magnx.  D'autres  prétendent  qu'elle 
ctoit  ainfi  nommée  à  caufe  du  mont  Ida.  L'idée  eft 
aulFi  la  mère  de  tous  les  arts  :  &  l'on  dit  travailler 
d'idée  &  de  génie ,  quand  on  invente ,  Se  que  l'on  ne 
fe  contente  ni  d'imiter  ,  ni  de  copier. 

IDcEN ,  ENNE.  adj.  Que  l'on  difoit  anciennement  des 
Dadtyles,  ou  Corybantes  ,  miniftres  de  la  Déelfe  Cy- 
bèle.  Id.tus.  f-''oyei  Dactyle.  Jupiter  eut  aullî  le  fur- 
nom  A'Idéen  ,  foit  du  mont  Ida  de  Phrygie  ,  ou  plus 
probablement  du  mont  Ida  de  Crète  ,  où  il  avoir  été 
élevé,  où  étoit  fon  tombeau.  On  le  donnoit  encore 
à  un  promontoire  ,  ou  cap  voifin  du   mont  Ida  en 


IDE  29 

Phrygie.  La  mcre  Idécnne  étoit  Cybele  ,   mère   des 
Dieux ,  honorée  au  mont  Ida.  Tanncguy  Le  Févrc  rap- 
porte ainfi  l'étymologie  de  ce  mom  :  i^ai ,  félon  Hc- 
iychius&:  Euftathe  ,  font  des  mont.ignes ,  de  la  ui..  s'cft 
lait ,  pour  lignifier  du  bois,  îk  les  premiers  hommes 
vivoient  du  fruit  des  cliênes,  ou  de  gland  ;  c'eft  de- 
là que  la  mère  des  Dieux  fut  appellée  Idéenne.  D  où 
vient  que  quand  on  eut  trouvé  l'art  de  faire  du  pain 
en  brûlant  le  blé  ,  on  commença  à  l'appellcr  PhQ- 
gia  ,  de  ^e,h»i ,torrere ,  brûler,  rôtir. 
IDEM.  Terme  Latin  dont  on  fe  fert  au  Palais,  quand 
on  veut  donner  le  même  jugement ,  la  même  répon- 
fe ,   la  même  taxe  fur  un  article  ,  qu'on  a  lait  fur  le 
précédent.    On  a  appelé   Doéleurs  Idémijles  ,  ceux 
qui  dans  les  aflemblées  fe  contentoient  d'opiner  du 
bonnet ,  &  de  dire  ,  Idem  cum  ,  Ôc  fans   apporter  de 
railbn. 
Idem.  On  s'en  fert  pour  répéter  les  citations  d'un  mê- 
me Auteur,  Id.  c'dl 'a  due ,  Idem.  gCT  Ce  mot    eft 
aulH  d'un  fréquent  ulage  dans  les  comptes  ,  mémoi- 
res ,  inventaires  des  Marchands,  où  il  fait  entendre 
que  plufieurs  articles  qui  font  de  fuite  marqués  d'un 
idem ,  font  femblables  au  premier ,  par  ce  moyen  on 
évite  de  répéter  ce  qui  vient  d'être  dit  ou  écrit. 
IDENTIFIER,  v.  a.  Terme  de  Philofophie.  Confondre 
une  lubftance  avec  une  autre  ,  ou  dans  une  autre  , 
en  comprendre  plufieurs  lous  une  même  idée  ,  Facere 
idem ,  &  barbarement  dans  l'Ecole ,  identijîcare.  Sui- 
vant les  principes  de  Vanhelmont  ,  les  tranfplanta- 
tions  fe  font  en  identifiant  les  chofes.  Ce  Philofophe , 
en  expliquant  les  philtres  ,  dit  qu'en  tenant  une  cer- 
taine herbe  échauffée,  cela  tranlplante  l'amour  à  un 
homme  ou  à  une  bête  ,  parce  que  la  chaleur  n'étant 
pas  feule  ,  mais  animée  par  l'émanation  des  efprits , 
détermine  l'herbe  vers  foi ,  &  le  l'identifie  ;  (5c  ayant 
reçu  ce  ferment  ,  elle   force  l'objet  de  prendre  un 
mouvement  amoureux.  Vous  identifie-^  mal  à-propos 
ces  deux  chofes ,  qui  font  très  différentes  &  très  dif- 
tincles. 
Identifier  fe  peur  dire  des  perfonnes,  quand  on  prend 
l'une  pour  l'autre  ,  qu'on  ne  les  diftingue  pas.  Avant 
le  P.  Sirmond  &  M.  de  Launoy ,  on  identifiait  allez 
communément  S.  Denys  l' Aréopagite ,  &  S.  Denys  , 
premier  Evêque  de  Paris.  IKF  On  dit  aullï  s'identifier. 
La  définition  s'identifie  ,  ou  eft  identifiée  avec  le  défini. 
Identifié  ,  ée  ,  part.  paif.  In  unum  &  idem  redaclus.  Ces 

chofes  font  identifiées. 
IDENTIQUE,  adv.  m.  c^-  f.  Idem.  Qui  eft  le  même  , 
qui  ne  fait  qu'un  avec  un  autre.  Vous  croyez  me 
faire  deux  diiférentes  propolîtions  ,  mais  elles  font 
identiques  ,  c'eft-à-dire  ,  pariairement  les  mêmes  j 
l'une  ne  dit  pas  plus  que  l'autre.  C'eft  un  délaut  , 
une  puérilité  ,  que  de  faire  des  propolîtions  identi- 
ques. 
IDENTIQUEMENT,  adv.  Terme  d'Ecole.  D'une  ma- 
nière identique.  Une  des  propolîtions  de  Wiclef  étoit 
que  JÉSUS -Christ  n'eft  point  identiquement  dans 
l'Euchariftie  ,  félon  fa  propre   préfence  corporelle. 

Du    PlN.^ 

IDENTITÉ,  f.  f.  Ce  qui  fait  que  deux  ou  plufieurs  cho- 
ies ne  font  qu'une ,  font  comprifes  fous  une  même 
idée.  Quoiqu'il  y  ait  trois  perfonnes  en  Dieu,  il  y  a 
identité  de  nature,  de  divinité,  c'eft  à  dire,  une  même 
nature  ,  une  même  divinité.  Les  comparaifons  font 
toiijours  imparfaites  ,  n'étant  que  comparaifons  ,  & 
non  pas  exemples  Se  identités ,  comme  parle  l'Ecole. 
PÉLissoN.  Il  y  a  identité  de  raifon  pour  accorder  cette 
grâce  ,  puifqu'on  a  accordé  cette  autre.  On  dit  en 
Scholaftique  identitas  ou  paritas. 

|ÎCr  LTdentité  d'une  chofe  eft  ce  qui  fait  dire  qu'elle  eft 
la  même  ,  &  non  une  autre  :  mais  nous  concevons  dif- 
féremment l'identité  dans  les  diftérens  êtres.  Une  ame 
à  raifon  de  fon  indivilibilité ,  eft  la  même  ,  malgré 
les  nouvelles  modifications  qui  peuvent  lui  iurvenir , 
quoiqu'elle  augmente  ou  diminue  en  penfées  ,  en 
fcntimens  :  au  lieu  qu'une  portion  de  maiière  n'cll 
plus  précifément  la  même  quand  elle  éprouve  con- 
tinuellcmerit  une  augmentation  ou  une  diminution 
dans  les  modifications. 


30 


I  D  I 


gcr  Une  chofe  peut  être  la  même  quoiqu'elle  ne  foit 
pas  compolée  des  mêmes  parties  qui  la  conipofoient 
auparavant.  La  rivière  de  Seine  ell  la  même  qu'elle 
çtoit  il  y  a  cent  ans  ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  formée 
des  mêmes  eaux  ,  ni  de  la  même  quantité.  Un  arbre 
qui  a  cent  pieds  de  haut ,  efl  le  même  qu'il  ctoit  lors 
de  Ion  développement.  Le  corps  humain  ett  dit  le  mê- 
me à  l'âge  de  I  j,  de  20  ,  de  50  &  40  ans,  qu'à  l'â- 
ge de  lix  mois  ,  quoiqu'il  ne  (oit  plus  compofé  des 
mêmes  parties,  ôc  qu'il  n'en  conferve  peut  être  plus 
aucune  de  celles  qui  le  formoient  à  lix  mois.  Pour 
établir  cette  identité  de  relfemblance,  il  luint  qu'il  y 
ait  identité  de  forme.  Ce  n'eft  point  la  grandeur  ni 
la  quantité  de  matière  qui  coiiftirue  le  corps  humain. 
Un  géant  n'eft  pas  plus  homme  qu'un  pygmée.  C'eft 
donc  la  forme  ,  c'ell-à  dire  l'ame  qui  ell  unie  au  corps 
organifé.  Or  dans  tous  les  âges  de  la  vie  le  corps  hu 
main  eft  uni  à  la  même  ame.  Ainli  il  ell  toujours  le 
même  corps  humain  ,  quoiqu'il  n'y  ait  pas  identité 
de  fubftance. 

tf3°  C'eflpar  ces  principes  que  quelques  Géomètres  le 
font  avifés  d'expliquer  comment  le  corps  de  J.  C.  ell 
le  même  fous  les  efpcces  Euciiariftiques  ,  qu'il  étoit 
fur  la  terre  ,  &  fur  l'arbre  de  la  croix. 

IDES.  f.  m.  plur.  Terme  de  Calendrier,  dont  on  fe  lert 
pour  compter  &  diftinguer  certains  jours  du  mois. 
Jdus.  Il  y  en  a  huit  à  chaque  mois.  Les  Ides  (ont  d'or- 
dinaire le  treize  de  chaque  mois  ,  excepté  aux  mois 
de  Mars,  Mai ,  Juillet  &  Oclobre  ,  où  elles  font  le 
quinze  ;  parce  que  ces  quatre  mois  avoient  lix  jours 
devant  les  Nones  ,  &  les  autres  quatre.  On  comp- 
toir autrefois  chez  les  Romains  huit  jours  pour  les 
Ides,  Ainfi  le  huitième  dans  ces  quatre  mois  ,  ik.  le 
fixième  dans  les  huit  autres  ,  on  comptoit  le  huitiè- 
me avant  les  Ides  \  Se  de  même  en  diminuant  jul- 
qu'au  douze  ou  au  quatorze ,  qu'on  appeloit  la  veille 
des  Ides ,  &  le  treize  ou  le  quinze  ielon  les  difté- 
rens  mois ,  venoient  les  Ides.  On  le  lert  encore  de 
cette  façon  de  compter  les  jours  en  la  Chancellerie 
Romaine  ,  &  dans  le  Calendrier  du  Bréviaire.  Les 
Ides  de  Mai  étoieur  conlacrées  à  Mercure  ,  parce 
qu'on  croyoit  qu'il  étoit  né  ce  jour-là.  Les  Ides  de 
Mars  pallcrent  pour  un  jour  malheureux,  depuis  que 
Célar  eut  été  tué  ce  jour  là.  Le  temps  d'après  les  Ides 
de  Juin  paroilloit  propre  pour  les  noces.  Les  Ides 
d'Août  étoient  conlacrées  à  Diane.  Les  efclaves  les 
chômoient  aulîî  comme  une  fête.  Aux  Ides  de  Sep- 
tembre on  prcnoit  les  augures  pour  frire  les  Magif- 
trats  ,  qui  entroient  en  charge  autrefois  aux  Ides 
de  Mai ,  enfuite  à  celles  de  Mars.  l^oYe:^  Rofin ,  &: 
les  autres  Auteurs  qui  ont  traité  des  Antiquités  Ro- 
maines. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Idus  ,  de  l'ancien  mot  Tof 
can  iduare ,  qui  h^i-Àfiok  divifir ,  à  caule  qu'elles  di- 
vifcnt  le  mois  en  deux  parties  prefque  égales.  D'autres 
le  tirent  à'idulïuni  ,  qui  étoit  le  nom  de  la  viclime 
qu'on  oftroit  à  Jupiter  le  jour  des  Ides  ,  li  .ce  n'eft 
peut-être  que  l'on  ait  donné  à  la  victime  le  nom  du 
jour  qu'elle  étoit  immolée.  D'autres  tirent  ce  mot  du 
Tolcan  Itis  ,  qui  lignihoit  parmi  ces  peuples  ce  qu'/- 
dus  lignifioit  parmi  les  Romains.  D'autres  difent  qu'/- 
tis  en  Tolcan  lignifioit  fiducia  Jovis  ,  la  confiance 
en  Jupiter  ;  que  ce  jour  n'avoit  point  de  ténèbres  , 
parce  que  tombant  à  la  pleine  lune  ,  le  jour  (Sj  la 
nuit  étoient  éclairés  ;  que  c'ell  pour  cela  qu'on  la 
nommoit  la  confiance  de  Jupiter,  qui  étoit  le  Dieu 
de  la  lumière  ,  &  qu'on  nommoit  Lueetius  ,  &  lyief- 
piter.  D'autres  le  font  venir  du  Grec  •^^(■^  ,  figure  , 
parce  que  le  jour  des  Ides  étoit  la  pleine  lune  ,  & 
on  voyoit  la  figure  entière  de  cette  planète. 

I  D  L 

IDILE.  Foyei  Idyle. 

IDIOCRASE.  f  f  Terme  de  Phyfique  &:  de  Médecine. 
Idiocrafis.  C'eft  la  difpofition  ou  le  tempérament  pro 
pre  d'une  choie,  d'un  corps,  d'un  mixte.  Marris. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  compofé  d'tji»?,  particulier,  &: 
Kjàiriî,  mélange,  tempérament. 


I  D  I 

ÎDIOME.  C  m.  Dialeûe  ;  langue  d'une  Province  par- 
ticulière ,  qui  eft  diftérente  de  la  langue  générale  de 
la  Nation  ,  d'où  elle  eft  dérivée.  Idioma.  Il  n'y  a 
guère  de  langue  qui  n'ait  quelque  idiome.  De  quel 
idiome  vous  lervez-vous  pour  expliquer  vos  penfées  ? 
MoL. 

ifJ"  On  appelle  proprement  Idiome  les  variétés  d'une 
langue  propres  a  chaque  contrée.  Dans  ce  fens  on 
dit  l'idiome  Provençal,  l'idiome  Gafcon.  Alors  il  eli 
lynonime  de  Dialeéte. 

i^"  Mais  ce  mot  eft  quelquefois  employé  pour  défigner 
la  langue  propre  à  une  Nation.  C'eft  ainli  qu'on  dit 
l'idiome  François  ,  l'idiome  Allemand  ,  l'idiome  Ita- 
lien. Dans  ce  lens  il  eft  lynonime  de  langue. 

Ce  mot  n'eft  ulité  que  parmi  les  gens  de  Lettres. 
Il  vient  du  Grec  iciV-a  ,  qui  lignifie  Is. propriété ,  la  na- 
ture propre  ,  de  i'<J/ȍ ,  propnus ,  propre. 

Celeftes  truchemcns  du  myfiique  idiome  , 
François  j  Bernard  j,  Anfelme  j  Augufi.in ,  Chryfoftome , 
De  vos  pures  clartés  pour  la  troifième  fois  , 
Sanaifie:^  ma  plume  &  parle:^  par  ma  voix  , 

Le  Duc  DE  Nevers. 

Idiome  ,  en  ternies  de  Théologie  ,  fignifie  Propriété ,  ce 
qui  eft  propre  d'une  nature  ,  comme  en  Grammaire 
il  lignifie  ce  qui  eft  propre  d'une  langue.  La  commu- 
nication des  idiomes  dans  JÉsus-Christ  ,  c'eft  l'at- 
tribution des  propriétés  &  des  actions  d'une  des  na- 
tures qui  font  en  Jj^us-Christ  à  l'autre.  Elle  confif- 
te  en  ce  qu'à  raifon  de  l'union  hypoftatique  de  la  na- 
ture divine  &  de  la  nature  humaine  dans  Notre-Sei- 
gneur,  on  attribue  à  Dieu  les  aélions  de  l'homme, 
&  à  l'homme  des  choies  qui  conviennent  à  Dieu  ,  & 
que  l'on  dit.  Dieu  eft  né.  Dieu  a  fouffert ,  Dieu  eft 
mort.  Dieu  eft  reirufcitè  ,  Dieu  eft  homme  ,  l'homme 
eft  Dieu  ,  Dieu  eft  mortel ,  l'homme  eft  immortel  , 
le  mortel  eft  immortel.  Les  Théologiens  apportent 
neuf  règles  principales  qu'il  faut  obferver  dans  cette 
communication  d'idiomes ,  pour  ne  point  errer  ,  ôc 
ne  point  faire  de  propofitions  faulTes  &  contraires  à 
la  Foi.  Foiei-les  dans  Platel ,  P.  IV.  Traité  de  l'In- 
carnat, chap.  VI. 

IDIOMELE.  1.  m.  Terme  de  Liturgie.  Idiomclon.  Dans 
rOîBce  divin  qui  fe  récite  félon  le  rit  Grec ,  on  ap- 
pelle idoméles  ,  certains  verfets  qui  ne  font  point  ti- 
rés de  la  Sainte  Écriture ,  Se  qui  le  chantent  lur  un 
ton  particulier ,  mais  grave. 

Ce  mot  vient  de  i^'"  ,  qui  (ignifie propre ,  particu- 
lier ,  (Se  de  ,«.Ao5 ,  qui  veut  dire  chant. 

IDIOPATHIE.  f  f.  Idiopathia.  Terme  de  médecine. 
C'eft  une  maladie  ou  indifpolition  qui  eft  propre  à 
quelque  membre  particulier  ,  fans  aucune  dépendance 
ni  participation  du  relie  du  corps  ,  telle  qu'eft  la  ca- 
taracte dans  l'œil.  Elle  eft  oppofée  à  la  fympatkie , 
qui  arrive  quand  l'indilpoiition  eft  caufée  par  le  vice 
d'une  autre  partie  ,  comme  la  fluxion. 

^fJ"  Ce  mot  tranfporté  dans  la  morale ,  lignifie  l'affec- 
tion particulière  pour  une  choie.  Il  eft  d'un  ufage 
allez  rare. 

Ce  mot  eft  compofé  du  Grec  '<^(«,  proprius  ,  par- 
ticulier,  Se  de  "iS'i ,  paffîo  ,  affe  cl  us  ^pajfion  ,  affec- 
tion. 

IDIOPATHIQUE.  adj.  m.  Se  f  Terme  de  Médecine  , 
qui  le  dit  des  maladies  propres  à  quelques  membres  , 
ou  parties  du  corps  ,  Se  qui  ne  font  point  caufées 
par  quelque  autre  maladie  ,  ou  accident  précédent. 
Idiopatlûcus  ,  proprius.  Il  eft  oppolè  à  lympathique. 
L'épileplle  eft  idiopathiquc  ,  ou  lympathique.  Elle  eft 
idiopathique ,  lorfqu'ellc  lurvicnt  par  le  feul  vice  du 
cerveau  ;  on  la  nomme  fympathique  ,  lorlqu'elle  eft 
précédée  de  quelque  autre  maladie.  Il  y  a  des  caufes , 
loit  idiopathiques ,  loit  fyrapathiques  ,  de  la  palpita- 
tion du  cœur. 

IDIOSYNCRASE.  f.  f  Terme  de  Phyfique  &  de  Méde- 
cine. Idiofyncrafis.  C'eft  le  Tempérament  propre  d'un 
corps  animal  particulier,  en  conléquence  duquel,  (oit 
dans  la  maladie  ,  (oit  dans  la  fmté ,  il  a  averlîon  ,  ou 
penchant  &  inclinatioii  pour  certaines  choies  en  parti- 


I  DO 

culier  ,  où  certaines  chofes  font  fur  lui  une  imprcf 
lion  dirfcrcntc  de  celle  qu'elles  ont  coutume  de  Iviirc  , 
ou  une  impreilion  plus  grande  qu'elles  n'ont  coutume 
de  faire  lur  les  autres  corps.  Harkis.  Ce  mot  eft 
Grec  ,  corapofi  à' ^^ "^ ,  propre ,  de  c'i",  avec  ,  &  de 
xf«<»K  ,  crafe ,  mixtion ,  tempérament ,  mélange  ,  dit- 
pofinou  qui  réfulte  du  mélange  de  plufieurs  chofes 
ciifeniblc. 
§CF  IDIOT  ,  OTE.  adj.  Idioca.  Qui  manque  d'efprit 
prcfqu'cn  tout  par  détaut  de  connoillance.  Ce  n'ell 
qu'avec  beaucoup  de  peine  qu'on  peut  venir  à  bout 
d'inllruire  un  Idiot  ;  il  lâut  pour  cet  effet  avoir  l'art 
de  rendre  les  idées  fenhbles,  &  fivoir  fe  proportion- 
ner à  fa  façon  de  penier.  Les  Idiots  font  quelquefois 
frappes  des  traits  d'efprit  ;  mais  à  leur  manière  ,  par 
une  efpècc  d'ébloudlemcnt  &  de  furprifc  qu'ils  témoi- 
gnent d'une  façon  iingulière  ,  capable  de  réjouir  ceux 
qui  favent  fe  taire  des  plaifus  de  tout.  M.  l'Abbé 
Girard.  Syn. 
1^  On  cil  ttti:  par  défxut  d'intelligence  ;  Jlupide  par 
défaut  de  fentiment  ;  Idiot  par  défaut  de  connoif 
fance. 

Ce  mot  vient  du  Grec  lêtiT^s ,  qui  fignifie  propre- 
ment homme  particulier  ,  homme  qui  mené  une  vie 
privée  ,  qui  ne  fe  mêle  point  du  gouvernement  de  la 
République.  $3"  Il  eft  parlé  d'un  Auteur  célèbre  par- 
mi les  Aiyftiques ,  qui  avoir  pris  par  modeftie  le  nom 
d'Idiot.  Ne  pourroit-on  pas  foupçonner  que  ce  nom 
convient  allez  bien  à  celui  qui  s'en  pare? 
Idiot.  ,  s'cft  dit  originairement  d'mi  homme  fort  igno- 
rant ,  qui  ne  favoit  que  fa  langue  maternelle.  On  ap- 
pcloit  auili  idiots  ,  les  Frères  Lais ,  ou  Convers,  qui 
ne  lavoientpas  lire.  Et  enfin  on  a  nommé  idiots,  les 
imbécilles  qui  ne  favoient  pas  compter  jufqu'à  20  de- 
niers ,  qui  ne  pouvoient  retenir  le  nom  de  leur  père 
&  de  leur  mère ,  leur  âge ,  &  autres  chofes  fembla- 
bles.  Du  Cange. 
50°  Idiot  s'employe  comme  fubftantif  C'eft  dans  cette 
acception  qu'on  dit  ;  c'eft  un  Idiot.  Une  pauvre  Idiote. 
Ac.  Fr.  f'^oyei  Bête.  Stupide. 
IDIOTISME,  f.  m.  Idiotifmus.  Terme  de  Grammaire. 
§CF  C'ell:  une  façon  de  parler  ,  une  conftruûion  & 
un  tour  d'exprellîon  qui  s'éloigne  un  peu  des  loix 
générales  de  la  Grammaire  ,  mais  qui  eft  propre  à 
une  langue.  Idiotifme  Grec.  Idiotifme   Latin  ,  Fran- 
çois ,Elpagnol  &  chaque  langue  a  fes  idiotifme  s ,  c'eft- 
à-dire  ,  des  façons  de  parler  contraires  aux  ufages  or- 
dinaires du  langage  ,  mais  adoptées  à  fon  génie.  Idio- 
tifme eft  le  terme  générique.  À  l'égard  de  certaines 
langues ,  on  dit  Hébraïfme  ,  Hellénifme  ,  Arabifme  , 
Latinilme  ,  Gallicilme  ,  Anglicifme,  &c. 
Ce  mot  vient  du  Grec  '*"* ,  propre. 
IDIS.  f.  m.  Efpèce  de  perle  de  verre  très-aplatie  par  les 
bouts  ,  qui  fert  au  commerce  que  les  Européens  font 
avec  les  Nègres  fur  les  côres  d'Afrique.  Uidis  eft  jaune 
avec  quatre  raies  noires. 
IDITIOT.  f.  m.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'un  œillet. 
C'eft  celui  qu'on  appelle  autrement  Tertio  violet.  C'eft 
un  violet  brun  fort  détaché  ,  (ur  un  blanc  de  lait , 
médiocrement  large ,  bien  rond ,  fort  hâtif;  fa  plante 
eft  allez  délicate  ,  iujene  à  la  pourriture;  elle  graine. 
C'eft  une   fleur  très  fine  ,  trois  ou  quatre  boutons 
tout  au   plus  fuffifent.  L'iditiot  fe  trouve  facilement 
à  Amiens.  Mgr  in. 
IDMON.  {.  m.  Célèbre  Devin  d'Argos  ,  que  l'on  dit 
pour  cela  être  fils  d'Apollon.   Ayant   prévu  par  les 
principes  de  fon  Arr  qu'il   périroit  dans   le  voyage 
de  la  Colchide ,  s'il  fuivoit  Jafon  ,  il  préféra  au  plai- 
fir  de  vivre ,  la  gloire  de  cette  expédition.  Il  mou- 
rut en   effet  d'une  blefture   qu'il    reçut  à  la  chafte 
d'un  fanglier   dans   la  Thrace.  Les   Argonautes  eu- 
rent foin  de  lui  faire  en  ce  pays  là  de  magnifiques 
funérailles. 

I  D  O. 

IDOINE,  adj.  m.  &  f.  Vieux  mot,  qui  fe  dit  encore 
quelquefois  en  Pratique ,  pour  figiiifier  propre  à  quel- 
que chofe. 

Ce  mot  eft  formé  du  mot  Latin  idoneus ,  du  Grec 


IDO 


3î 


'"of,  proptius.  Etre  idoine ,  être  propre  ^  convetuble, 
fo'.t  des  lynonimes. 

gCT  IDOLÂTRE,  adj.  de  t.  g.  du  Grec  ;<?«/«Aa7(;,ç ,  com- 
pofé  de  Ui'i  ,  image  ,  figure  ,  &:  /«rfi'fi»  ,  fei-vir , 
reconnoître  pour  Seigneur  ,  adorer.  Ainfi  Idolâtre 
fignifie  proprement  qui  adore  les  idoles ,  Se  leur  rend 
des  honneurs  qui  n'appartiennent  qu'à  Dieu.  Idolâtre. 
Peuple  idolâtre  ,  Nation  idolâtre.  Les  Gentils  étoienc 
Idolâtres. 

CCr  En  nous  conformant  à  l'ufage  &  aux  idées  reçues, 
nous  continuerons  d'appeler  Idolâtres  ceux  qui  ren- 
dent un  culte  divin  à  des  créatures ,  &  nous  dirons  que 
les  Perles  qui  adoroient  le  feu ,  que  les  Égyptiens  qui 
adoroicnt  les  crocodilles ,  croient  Idolâtres. 

Ce  mot  fe  dit  auili  au  fubftantif ,  ik.  s'applique  en 
cette  acception  à  ceux  qui  adorent  les  idoles ,  ou  les 
faudcs  divinités.  Il  y  a  des  Idolâtres  dans  les  Indes. 
Prêcher ,  convertir  les  Idolâtres. 

Ce  mot  pris  dans  un  fcns  figuré,  défigne  celui  qui 
eft  follement  amoureux  ,  qui  aime  excelîivement  une 
pcrfonne  ou  une  chofe,  qui  en  fait  trop  de  cas,  qui 
y  eft  trop  attaché.  Les  amans  font  idolâtres  de  leurs 
maîtreffcs  -,  quelques  maris  de  leurs  femmes  ;  les  pères 
de  leurs  enians.  Il  y  a  des  curieux  qui  font  idolâtres 
des  tableaux.  Les  avares  font  idolâtres  de  leurs  tré- 
lors.  Un  Auteur  eft  idolâtre  de  fes  ouvrages.  Les  plus 
timides  idolâtres  de  la  fortune  de  Philippe ,  foupirent 
après  le  moment  de  s'affranchir  du  joug  qu'il  leur 
impole.  Tour.  Les  Idolâtres  de  l'Antiquité  chica- 
nent tout  aux  modernes  ,  &  n'approuvent  que  ce 
qu'ils  ont  trouvé  dans  un  ancien.  S.  Évr.  L'homme 
n'oferoit  fe  montrer  tel  qu'il  eft,  c'eft-à-dire,  idolâtre. 
de  lui-même.  M.  Esp.  Quand  on  eft  épris  d'une  belle 
padion ,  on  eft  fi  idolâtre  de  fes  fers ,  qu'on  ne  peut 
pas  feulement  concevoir  la  penlee  de  les  rompre, 
S,  Évr. 

J'ai  vu  le  Sénat  idolâtre  î 
Des  crimes  de  Néron  approuver  les  horreurs.  Raone.' 

Idolâtre,  tant  au  propre  qu'au  figuré,  fe  dit  quelque- 
fois des  chofes  autli  bien  que  des  perfonnes.  Ainiî  on 
dit ,  rendre  des  devoirs ,  des  honneurs  idolâtres.  Dans 
le  ftyle  dogmatique ,  on  diroit  mieux  honneurs  idola- 
triques,  culte  idolatrique. 

IDOLATRER,  y.  n.  Adorer  des  idoles,  de  feufles  divi- 
nités ,  une  créamre ,  une  figure  d'homme ,  on  d'ani- 
mal. Falfos  deos  colère.  Les  Juifs  idolâtrèrent  en 
l'abfencc  de  Mo'ife  ,  ils  fe  firent  un  veau  d  or  &  l'a- 
dorerent.  Les  femmes  de  Salomon  le  firent  idolâtrer  ^ 
lui  firent  adorer  Aftarthe  &  Moloch.  ///,  Reg.  cap. 
II. 

tfTÇ.ç.  verbe  tranfporté  au  figuré  eft  aftif,  &  lignifie 
aimer  avec  une  palîion  trop  violente.  Un  ainant 
idolâtre  fa  mairrelfe.  Une  mère  idolâtre  ks  cnfans  ; 
elle  en  eft  folle. 

Mon  cœur  opiniâtre 
Lui  prête  des  raifons  ,  l'excufe  ^  /'idolâtre,  Racins 

On  ne  vous  verrait  point  réduit 
A  la  néceffité  c/'idolatrer  fans  fruit , 

Une  Maitrejffe  égratignante.    Des -H. 

Idolâtré  ,  ée.  part,  &  adj.  Numinis  loco  habitus.  Il 
n'eft  en  ufage  qu'au  figuré.  Cette  femme  eft  ravie  de 
ic  voit  idolâtrée.  Acad.  Fr. 

Ce  mot  &:  le  fuivant  ont  la  même  ori^ne  que  celui 
d'idolâtre.  Voyez  ce  mot. 

03" IDOLATRIE,  f'.  f.  Adoration  des  idoles,  cuire  que 
l'on  rend  à  une  llatue  repréfentant  des  faux  Dieux. 
Idolatria.  11  y  a  encore  des  Peuples  adonnés  à  ['idolâ- 
trie. Pour  définir  l'idolâtrie,  il  faut  dire,  fuivant  M. 
Boulanger,  que  c'eft  un  culte  ou  une  pohce  qui  re- 
garde comme  divin  ce  qui  n'eft  pas  divin. 

L'idolâtrie  a  régné  long-temps  fur  toute  la  face  de 
la  terre.  L'idolâtrie  a  porté  les  Égyptiens  à  adorer  des 
crocodiles,  des  chats,  des  oignons,  &c.  Tertullien  a 
fait  an  Traité  de  V idolâtrie,  où  il  traite  divers  cas  de 


3-2 


I  D  O 


I  D  O 


confcicnce.  La  plupart  croyoien:  qu'on  ne  commet - 
troit  {'idolâtrie  qu'en  btûlant  de  l'encens  ,  en  immo- 
lant desviclimcs,  ou  le  tailant  initier  aux  myftères , 
ou  aux  iacerdoccs  protancs.  Il  n'importe  de  quelle 
matière  (bit  l'idole  ,  de  plâtre ,  de  couleurs  ,  de  pierre  , 
d'or,  d'argent,  de  hls,  c'cll  à-dire  de  broderie,  ni 
quelle  en  Ibit  la  figure,  d'homme,  ou  de  bcte.  Dieu 
ne  défend  pas  leulement  d'adorer  des  idoles,  mais 
d'en  faire,  même  fous  prétexte  de  gagner  la  vie,  &: 
quand  on  ne  fauroit  point  d'autre  métier ,  &c. 

L'idolâtrie  eii.  une  fuperlfition  par  laquelle  on  rend 
à  quelqu'autre  choie  que  Dieu  ,  l'iionneur  &  le  culte 
qui  n'eftdù  qu'à  lui  feul.  On  commet  une  idolâtrie 
en  brillant  de  l'encens  à  une  hiulle  divinité,  en  lui 
faifant  des  facrifices  ,  en  l'invoquant ,  en  Héchilîànt 
le  genou  devant  elle  ,  en  célébrant  des  fctes  &  des 
jeux  à  fon  honneur,  en  fe  faifant  initier  à  les  myftè- 
res  profanes. 

Les  Théologiens  diftinguent  trois  fortes  d'idolâtrie, 
la  complète  ou  parfaite,  l'imparfaite  &  la  limulee. 
L'idolâtrie  complète  eft  celle  dont  on  a  parlé  jufqu'ici. 
Vidolatrie  llmuléc  eft  quand  par  crainte  ou  par  com- 
plailance  on  rend  extérieurement  le  culte  (ouverain  à 
une  idole,  fans  croire  que  ce  foit  une  Divinité,  & 
fans  aucun  delfein  de  le  foumettre  à  elle.  C'ell  un 
menfonge  pernicieux  ,  par  lequel  on  viole  le  com- 
mandement que  Dieu  nous  a  fait  de  le  confeller  de- 
vant les  hommes.  Tertullien,  S.  Cyprien,  &  les  au- 
nes Pères  qui  ont  écrit  durant  les  perfécutions  des 
Empereurs  Payens  ,  &  après  eux  S.  Auguftin  ,  le  iont 
fort  récriés  contre  ce  crime ,  comme  étant  très-inju- 
rieux à  Dieu.  Babin.  Conf.  d'Aug.  Vidolatrie  impar- 
faite eft  quand  on  fait  un  paâre  exprès  ou  tacite  avec 
le  démon ,  foit  en  invoquant  fon  nom ,  implorant  fon 
fecours ,  le  coiifukant ,  lui  promettant  quelque  choie 
pour  réulîlr  en  quelque  dellein  ,    portant   quelque 
image  conjurée  en  fon  nom ,  le  lervant  de  fes  ligatures. 
Idem.  Dire  que  cela  ne  foit  pas  une  efpèce  d'idolâtrie , 
c'eft  une  erreur  félon  le  fenflment  de  la  Faculté  de 
Théologie  de  Paris ,  dans  la  cenfure  du  1 9  Septembre 
Ï398.  Quoique  l'on  ne  croie  pas  que  le  démon  loit 
un  Dieu,  néanmoins  en  pratiquant  ces  choies,  on 
lui  rend  un  honneur  &  un  culte,  &:  l'on  met  fa  con- 
fiance en  lui,  comme  fi  oui  le  croyoit  une  Divinité. 
Idem. 

Bien  des  gens  ont  écrit  des  caufes  &  de  l'origine  de 
Vidolatrie.  On  voit  entre  autres  'Volîlus,  de  Idolol. 
Orig.  & progr.  principalement ,  L.  I ,  c.  ^  ,  c.  4,c.  ^  , 
'  c.  I T  ,&cc.22  ,L.  Il  ,c.  I  3  &c.  Godwin  ,  Mofes^  and 
Jaron  ,  ou  de  Ritibus  Hehr.  L.  IF ,  c.  i.  Gafpard 
Barthius ,  Comm.  fuperjlit.  Seldenus  ,  de  Diis  Syriis  , 
Proleg.  c,  j.  Le  P.  Tournemine ,  Jéluite,  de  l'Ori- 
,  £ine  des  fables ,  dans  les  Mémoires  de  Trévoux  1703. 
M.  l'Abbé  Bannières,  Hifi.  des  fables ,  2  tom.  in-i2. 
De  la  Crequiniére  ,  dans  fon  Voyage  des  Indes,  Art. 
III ip.  22  &fuiv.  Le  P.  Spiridion  Pouppart,  dans  les 
Mém.  de  Trév.  iji2,  p.  16 1 s  &fuiv.  où  il  prétend 
montrer  que  Vidolatrie  a  commencé  par  le  culte  des 
aftres. 

Les  caufes  principales  de  Vidolatrie  font ,  1".  L'idée 
ineffaçable  que  tout  homme  a  d'une  divinité  ,  &  le 
témoignage  qu'il  s'en  rend  à  lui-même.  1°.  Trop  d'at- 
tache aux  fens,  &:  une  habitude  trop  forte  de  ne  ju- 
ger que  par  les  fens.  5°.  L'orgueil  &:  la  vanité  de  l'el- 
prit  humain ,  qui  ne  s'eft  pas  contenté  de  la  liinple  vé- 
rité ,  qui  l'a  néghgéc ,  altérée ,  mêlée  de  fables.  4°.  L'i- 
gnorance de  l'Antiquité,  ou  des  premiers  temps  & 
des  premiers  hommes  ,  dont  on  n'avoit  conlerve 
qu'une  connoilfance  &  une  tradition  confule ,  parce 
qu'on  n'avoit  point  demonumens  écrits,  ou  de  li- 
vres. $°.  L'ignorance  &  le  changement  des  langues. 
G°.  Le  ftylc  des  langues  orientales,  hguré  &  poétique, 
qui  perfonnific  tout.  7°.  La  fuperftition ,  les  faupulcs 
&  la  crainte  qu'infpire  la  Religion.  8°.  L'amour  pour 
les  perfonnes  qui  étoient  chères.  9".  La  tlatceric  des 
Écrivains.  lo".  Les  faulfes  relations  des  'Voyageurs. 
11°.  Les  fidions  des  Poëtcs.  i  i".  Les  imaginations 
des  Peintres  &  des  Sculpteurs.  15°.  Une  connoillance 
gronîèrc  de  la  Pr.vfique;  c'cftàdiredes  corps  Si.  des 


événemenS  naturels  ,  &:  de  leurs  caufes.  14°.  L'é- 
tabliilement  des  Colonies ,  &  l'invention  des  Arts 
mal  pris  par  des  peuples  grolliers  &:  barbares.  1 5°.  Les 
artihccs  des  Prêtres.  16".  L'orgueil  de  certains  hom- 
mes qui  ont  aliedé  de  p.illcr  pour  des  dieux.  17".  L'cf- 
timc  &  la  reconnoillance  des  peuples  pour  certains 
grands  hommes  portées  trop  loin.  18°.  Enfin,  l'Ecri- 
ture-Samte  elle  même  mal  entendue. 

On  ne  lait  point  quel  eft  le  premier  Auteur  de  Vido- 
latrie ;    on  convient  cependant   allez  généralement 
qu'elle  n'a  commencé  que  depuis  le  déluge ,  &:  Von 
dit    communément    que   Bèlus ,    que    quelques-uns 
croient  être  Nimrod  ,   ou  Nemrod ,  eft  le  premier 
homme  dont  on  ait  fait  un  Dieu.    Mais  n'avoit  011 
point  déjà  rendu  quelque  culte  aux  aftres  ";  C'eft  ce 
qu'on  ne  peut  lavoir ,  parce  qu'il  ne  nous  eft  prefque 
rien  refté  de  ces  temps  lî  recvdés.  Ce  qui  eft  certain , 
c'eft  que  426  ans  .après  le  déluge,  lortquc  Dieu  tira 
Thâré  &c  la  famille  de  la  Chaldée  ,  &  qu'Abraham 
parcourut  la  Mélopctamie,  la  Terre  de  Chanaan,  le 
Koyaume  des  Phihftins ,  iSc  l'Egypte  ,  quoiqu'on  dif- 
pute  h  Abraham  n'a  point  été  idolâtre ,  il  ne  paro'ic 
pas  qu'il  y  eût  de  l'idolâtrie  ,  ou  qu'elle  fût  beaucoup 
répandue.    La  première  fois  qu'il  en  foit  parlé ,  c'eft 
au  ch.  XXXI  de  la  Génèfe,  v.  /p,  où  il  eft  dit  que 
Rachel  prit  les  idoles  de  fon  père.  Car  quoiqu'on  dif- 
pute  lui-  la  lignification  du  mot  Hébreu  oi^i,-  ,  il  ell 
certain  que  c'éroient  des  idoles.   Laban,  v.   jo,  les 
appelle  fes  dieux,  &  Jacob  XXXV,  z  ,  des  dieux 
étrangers  ,  &  il  les  regarde  comme  des  abominatioiis. 
Cluvier,  Germ.  Antiq.  L.  /j  c.  2f,p.  21  j ,  l.  26  if 
fuiv.  croit  que  Ca'i'n  eft  l'Auteur  de  Vidolatrie ^  &c  le 
premier  idolâtre ,  &:  que  les  faux  dieux  qu'il  adora , 
font  les  aftres  aulquels  il  crut  que  Dieu  avoir  lailfé  le 
foin  de  ce  bas  monde ,  du  gouvernement  duquel  il  lé 
mectoit  peu  en  peine  ;  mais  ce  ne  font  là  que  des  ima- 
ginations fans  preuves. 
Idolâtrie  ,  fe  dit  figurément  d'un  amour  violent   & 
démefuré.  Il  aime  fa  femme  julquà  Vidolatrie.  Il  v  a 
eu  des  Difciplcs  li  fort  entêtés  du  mérite  de  leurs 
maîtres ,  qu'ils  les  ont  aimés  jufqu'à  Vidolatrie. 
IDOLATRIQUE.  adj.  m.  &  f.  Qui  .ippanicnt  à  l'idolâ- 
trie. Idolatricus  j  a,  um.  Un  culte  idolaùique ,  une 
pratique  ,  une  cérémonie  idolatrique. 
IDOLE,  f.  f.  Idolum.  Staaie,  image  d'une  f'.ulîe  diyi- 
nité,  à  laquelle  on  rend  des  honneurs  divins,  oti 
brûle  de  l'encens ,  on  fait  des  facrifices ,  on  érige  des 
autels  &  des  temples.  Tous  les  Payens  ont  adoré  des 
idoles.    Le  Colelfe  de  Rhodes  étoit  une  idole  du  So- 
leil; le  Palladium  une  ic/o/t  de  Minerve.  Les  Martyrs 
ont  renverfé  les  idoles ,  ont  refulé  de  l'encens  aux 
idoles.    Dieu  n'a  pas  établi   les  Rois  pour   recevoir 
comme  des  idoles  l'encens  &  les  vœux  de  leurs  fu- 
jcts,  dans  une  oifîveté  fliperbe. 

Ce  mot  vient  du  Grec  «c'ai^ia^v  ^  idolum,  image  , 
nèai ,  figura  j  fpecies  ,  repréfentation  ,  figure. 
gcr Idole,  fe  dit  dans  le  iens  h'guré ,  de  ce  qui  fait  le 
f'ujet  d'une  palîion  véhémente,  d'une  afteAion  extra- 
ordinaire ,  d'un  aaachement  qui  va  jufqu'à  la  folie. 
L'or  eft  la  brillante  idole  des  avares.  God.  On  crut 
que  tout  ilcchiroit  devant  cette  idole  de  la  Cour.  Pat. 
Mes  plaifirs  ont  été  mes  idoles.  God.  La  vertu  étoit 
Vidole  des  Sages  du  P.iganifme.  M.  P.  Le  Cardinal  de 
Richelieu  fut  de  fon  tems  Vidole  des  Po'etcs  iSc  des 
Orateurs.  Bouh.  Un  fenfucl  brùlc  avec  plaiùr  dans 
fon  cœur  l'encens  qu'il  offre  à  fon  idole.  Fléch.  Caton 
efl  le  Héros  des  Stoïciens ,  é\:  Sénéque  en  a  fait  une 
idole.  Nie.  Soumiilion ,  baffeffes  ,  voilà  les  qualités 
nécelîaircs  pour  rendre  notre  culte  agréable  .aux  ido- 
les,  à  qui  notre  ambition  nous  tait  facrilier.  S.  Real. 
Une  femme  belle  &  vaine  le  repréfente  à  elle  même 
comme  wni:  idole  qui  charme  tout  par  fa  beauté-.  Nie. 
La  gloire  eft  Vidole  des  ambitieux.  Boss.  Ch.acun  de 
vous,  comme  il  fe  le  veut  perfuader  lui  même,  eft  le 
le  feul  éclairé ,  feul  infpiré ,  &c.  'Voilà  Vidole  de  votre 
cœur  à  qui  vous  frites  de  fi  grands  facrifices.  Péllsson. 
|]KF Idole,  fe  dit  encore  figurément,  dans  le  ftyle  fa- 
milier, d'une  belle  perloiine,  mais  qui  n'a  ni  main- 
tien ,  ni  grâce ,  &  ue  parok  point  animée.  Cette  fem- 

iûC 


I  D  R 

'  me  cft  belle ,  m.iis  c'cft  une  idole ,  une  vr.iic  Idole.  On 
dit  la  même  choie  d'un  Itupide^  ou  d'un  homme  qui 
fe  tient  à  rien  faire  ,  les  bras  croifés.  Il  fe  tient  là 
comme  une  idole. 

Fbyc^  ce  ponnyt ,  qu'il  ejl  bien  ! 
Il  n'y  manque  i/ue  la  parole. 
Dites  donc  qu'il  n'y  manque  rien  , 
Car  c'e/i  le  portrait  di'ttne  idole. 

Corneille  a  f!iit  idole  mafculin  contre  l'ufagc. 

Et  Pifon  ne  fera  qu'un  idole  facré , 

Qu'ils  tiendront  fur  l' autel  pour  répondre  à  leurgté. 

Idole  ,  s'eft  dit  poétiquement  d'une  vainc  image ,  comme 
celles  qui  paroillent  en  fonge.  Orphée  croyoit  rame- 
ner Euridice  ,  &  il  ne  trouva  qu'une  vaine  idole.  Cc- 
rifi  a  dit  dans  la  Métamorphole  , 

Et  que  lefens  charmé  d'une  trompeufe  idole  , 
Doute  fi  l'oifeau  nage  ,  ou  fi  le  poijjon  vole. 


I  D  Y 


35 


L'idole  des  Maures,  f.  f.  Nom  que  l'on  donne  à  un 
poillbn  qui  le  pêche  iur  les  côtes  de  l'île  d'Amboi- 
ne  ,  dans  la  mer  des  Indes.  Maurorum  idolum.  Ce  poil- 
fon  a  quelque  rapport   avec  le  Talelvilch  ,  mais  il 
n'eft  pas  lî  grand.  Il  n'cft  bon  à  manger  que  rôti.  Il 
a  un  grouin  comme  un  cochon.  On  l'appelle  l'Idole 
des  Maures  ,  parce  que  les  gens  du  pays  l'épargnent 
par  fuperftition  ,  &  le  jettent  dans  la  mer ,  lorfqu'ils 
le  trouvent  dans  leurs  filets.  Ce  poiffon  n'a  point  d'é- 
cailles. 
lîCFIDOLOTHYTE.  f.  m.  S.  Paul  donne  ce  nom  aux  vian- 
des offertes  aux  idoles  ,  qui  étoient  cnluite  diftribuces 
avec  cérémonie ,  Se  mangées  par  les  Prêtres  &  par  les 
affiftans.  Idolochytum.  L'idole  n'eft  rien  ,  dit  S.  Paul , 
&  l'on  peut  manger  des  idolotkytes ,  quand  il  n'y  a 
point  de  fcandale  à  craindre ,  mais  pour  peu  qu'il  y 
ait  de  fcandale ,  on  doit  s'en  abftenir.  F'oyei  Corné- 
lius à  Lapide,  fur  la  i.  aux  Corinthiens  ,  c.  KIII. 
Ce  mot  idolothyte  n'eft  pas  dans  l'ulage  ;  mais  on 
^ourroit  s'en  fervir  dans  des   ouvrages    d'érudition. 
Nos  Interprètes  difent  viande  offerte  ou  immolée  aux 
.  idoles.  Le  fécond  Canon  du  Concile  de  Ganges  ful- 
mine contre  ceux  qui  condamnent  les  perlonnes  qui 
mangent  de  la  viande  ,  à  l'exception  du  lang  des  ido- 
lotkytes &  des  viandes  étouftées.  Les  Chinois  parta- 
gent enrr'eux  les  idolotkytes ,  comme  nous  diftribuons 
le  pain  béni. 
IDOMENÉE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Idomeneus.   Les 
habitans  de  Gortyne ,  ville  de  Crète  ,  honorèrent  Ido- 
ménée  comme  un  dieu.  Volf  de  Idol.  L.  I,  c.   i  j. 
Idoménee  étoit  fils  de  Deucahon  ,  &  petit-fils  de  Mi- 
nos.  Il  alla  à  la  guerre  de  Troye.  En  revenant  il  fut 
accueilli  d'une  furieule  tempête  pendant  laquelle  il 
fit  vœu  ,  fi  Neptune  l'en  délivroit ,  de  lui  immoler  ce 
qu'il  rencontreroit  le  premier.   Ce  fut  fon  fils.  Il  fe 
mit  en  devoir  de  l'immoler;  mais  fes  fujets  l'en  em- 
pêchèrent ,  &  l'ayant  chalfé ,  il  vint  en  Calabre  ,  Se 
y  bâtit  Salente. 
IDON  MOULLI.  f.  m.  Arbre  des  Indes  qui  croît  à  la 
hauteur  de  70  pieds ,  &  produit  une  efpèce  de  prune. 
Son  écorce,  fes  Heurs  &  fon  fruit  Ion  eftimés  bons 
pour  la  manie  ,  la  frénélie  &  les  autres  maladies  de 
la  tête.  James,  §3"  Prunus  indica  ,  fruàu  umbilica- 
to  ,pyriformi  ,fpinafa,  racemofa. 
iDOTHEE.   f.  f.  Nom  de  femme.  Idothea>.  Elle  étoit 
fillo  de  l'Océan,  ou  félon  d'autres j  de  MéHilus,  & 
fut  nourrice  de  Jupiter.  Ce  fut  aulîi  le  nom  d'une  fille 
de  Protée. 

I  D  R. 

IDRA.  Petite  ville ,  capit.ile  de  la  Dalécarlie ,  en  Suéde , 
<?c  fituée  fur  la  rivière  d'Elfinam  ,  environ  à  vingt- 
cinq  lieues  au  dellus  de  fon  embouchure  dans  le  lac 
de  Silcam.  Maty.  Idra. 

IDRIA.  Nom  d'un  bourg  litué  fur  une  petite  rivière  qui 
porte  Ion  nom.  Idria,  11  eft  dans  le  Comté  de  Go-  1 
1  orne  y. 


rice  ,  aux  confins  de  la  Carniolc  ,  dans  laquelle  quel- 
ques Cartes  le  mettent.  Il  cft  environ  à  cinq  lieues 
de  la  ville  de  Gorice  ,^  vers  le  nord  oriental. 
IDRO.  Petite  ville  de  l'Ét.it  de  'Venifc  en  Italie.  Idri- 
num.  Elle  cft  dans  le  Brellan  ,  fur  le  lac  à'Idro , 
qui  cft  entre  ceux  dllco  ,  &.  de  Garda  ^  Se  qui 
étoit  appelé  par  les  Anciens  ,  Briga/uinus  Lacu:,. 
Matv. 

I  D  S. 

IDSTEIN.  Bourg  des  Etats  de  NalLiW  ,  en  Wétéravic. 
Idfteinum.  Ce  lieu ,  chef  d'une  Seigneurie  qui  porte 
fon  nom  ,  cft  (itué  à  deux  lieues  de  Wisbaden,,  dvi 
cê)té  du  nord.  Maty.  Le  Comzc  d'Idficin  ,  oudeWif- 
baden  ,  commença  comme  celui  de  Dillenbourg  à 
la  fin  du  douzième  fiècle.  La  maifon  d'Id/lein  ,  ou  de 
Wisb.iden,  comme  on  l'appeloit  d'abord  ,  a  com- 
mencé par  Walrave  ,  fécond  fils  d'Hemi  le  Riche  , 
Se  frère  d'Othon  le  'Vieux. 

IDSU.  roye:i  Idzu. 

I  D  U. 


IDUBEDA.  Montagne  d'Efpagne  ,  qui  s'étend  depuis  les 
Pyrénées  jufqu'en  Portugal  ,  Se  prend  divers  noms , 
félon  les  pays  où  elle  cft. 

IDUBERGE.  f  f.  Nom  de  femme.  Foye^  Itte. 

IDULIE.  i.  f.  Idulium.  C'cft  le  nom  de  la  viélime  qu'on 
olîroit  à  Jupiter  le  jour  des  Ides  ,  d'où  peut  être  elle 
a  pris  fon  nom. 

IDUMÉE.  C'étoit  .autrefois  un  petit  pays  de  l'Afie  ,  qui 
fut  poftédé  par  Éfaii ,  fils  du  Patriarche  Ifaac  j  &  par 
fes  delcendans.  Idumda ,  Idume ,  Edom.  Il  étoit  en- 
tre la  Judée  ,  l'Egypte  &  l'Arabie  Pétréc.  C'étoit  un 
pays  plein  de  montagnes  ,  dont  la  principale  qui  por- 
toit  le  nom  de  Séïr,  le  léparoit  de  la  Judée.  Maty. 
Ce  mot  eft  originairement  Hébreu.  Il  vient  de  "iizr^ï?, 
Edom  ^  lurnom  d'Elaii ,  qui  lignifie  rouge,  roux.  Ce 
pays  prit  ce  nom  de  ce  fils  d'Ilaac ,  qui  en  challa  les 
Horréens ,  Se  y  établit  fa  poftérité.  Elaii  fut  lurnom- 
mé  Edom ,  qui  fignifie  rouge ,  parce  qu'il  étoit  roux  , 
&  d'Edom  les  Grecs  formèrent  le  nom  Idume.  Le 
nom-d'Edom  fut  donné  à  ce  pays  ,  parce  qu'EIaii  en 
challa  les  Horréens ,  Se  l'habita. 

Les  PoL'tes,  lur-tout  les  Latins  ,  donnent  quelque- 
fois à  la  Judée  le  nom  à'Idumée. 

Ailleurs  qu'en  Idumée  il  veut  cueillir  des  palmes. 

Bréeeuf. 

La  France  en  ce  temps-là  ,  d'un  /eau  ^èle  animée  , 
Entreprit  de  porter  la  guerre  en  Idumée. 

P.  LE  IvIoiNE. 

Ils  font  même  Idumée  adjeftif  ;  &  le  dilent  pour 
Idiunéen  ,  du  Latin  Idunmus. 

Et  que  femblahle  à  toi ,  foudroyant  les  armées  , 
Il  cueille  avec  le  fer  les  palmes  Idumées.  Régnier. 

IDUMÉEN ,  ENNE.  f.  m.^  Se  f.  Norn  de  peuple.  Def- 
cendant  d'Edom ,  c'eft-à-dire  ,  d'Élâii  ;  habitant  de 
l'Idumée  Idum^us.  a.  David  lubjugua  les  Iduméens 
Philon ,  L.  de  Monarch.  dit  que  les  Iduméens  joui.f- 
loient  de  tous  les  droits  Se  privilèges  des  Juils  ,  ex- 
cepté qu'ils  ne  poiivoient  être  du  Sanhédrin. 

Z'Iduméen  n'a  plus  de  momens  qui  f  oient  calmes  , 
Ailleurs  qu'en  Idumée  il  veut  cueillir  des  palmes. 

Bréeeuf. 
I  D  Y. 

IDYJA.  f.  f.  Nom  de  femme.  Idyja.  Cicéron  appelle 
Idyja  la  mère  de  Médée  ,  qu'Ovide  nomme  Iplée. 
La  Nymphe  Idyja  étoit  fille  de  l'Océan  &  de  Thé- 
tys.  Se  fut  femme  d'y£ére. 

"P"  IDYLLE.  IDYLLYON.  De  bons  Auteurs  ont  fait 
ce  mot  mafculin;  d'autres ,  en  plus  grand  nombre, 
le  font  féminin  ;  &  l'on  peut  regarder  ce  genre  com- 
me décidé  par  l'ulage.  C'eft  un  petit  Poëme  champê- 


34  ^  E 

trequiconrientdes  defcripdons  ou  narrations  cle  quel- 
ques aventures  agréables.  Il  tient  de  la  nature  de  l'é- 
glogue  :  il  peut  rouler  iur  routes  iorres  de  matières , 
mais  il  roule  plus  ordinairement  Iur  quelque  lujet 
paftoral  ou  amoureux.  Théocrite  a  fait  des  Idylles. 
Les  Italiens  ont  ramené  l'ulage  des  idylles.  Rampale 
a  fait  d'excellentes  idylles  de  la  Nymphe  Salmacis  , 
d'Europe  ravie  ,  tx.  qui  font  imitées  du  Préti  Italien. 
Les  idylles  de  Théocrite  ,  fous  une  lîmplické  toute 
naïve  ,  Se  toute  champêtre ,  renlerment  des  agrémcns 
inexprimables  :  elles  paroillènt  puilées  dans  le  lein 
de  la  nature ,  Se  diétées  par  les  grâces  elles  -  mêmes. 
LoNGE-P.  ify  On  ne  s'en  tient  plus  dans  les  idylles 
à  la  fîmplicité  originale  de  Théocrite  :  notre  fiécle  ne 
foutfriroit  pas  une  fiélion  amoureule  qui  rellcmble- 
roit  aux  galanteries  groilièrcs  de  nos  payfans.  Boi- 
leau  ,  qui  oblers'C  que  les  idylles  les  plus  fmiples  font 
ordinairement  les  meilleures ,  nous  trace  ainiî  le  ca- 
raâèrc   de  l'idylle. 

^^   Telle  qu'une  Bergère  au  plus  beau  jour  de  fue 
De  fuperhes  rubis  ne  charge  point  fa  cête  ; 
Et  Jans  mêler  à  l'or  l'éclat  des  diamans  , 
Cueille  en  un  champ  voijînfes  plus  beaux  ornemens  : 
Telle  aimable  enfin  air ,  mais  humble  dansfonflyle  j 
Doit  éclater  fins  pompe  une  élégante  idylle  ; 
Son  tour  fimple  &  natj  n'a  rien  defajlucux  j 
Et  n'aime  point  l'orgueil  d'un  vers  préfomptueuK. 

C'efl:  une  Poëfie  qui  peint  naturellement  les  objets 
qu'elle  décrit  ,  au  lieu  que  le  Poëme  Epique  les  ra- 
conte, &  le  Dramatique  les  met  en  acftion.  Ainll  ce 
font  trois  efpèces  de  Pocfies  différentes  ,  dont  la  Ly- 
rique eft  la  quatrième.  Elle  eft  pour  le  chant,  &  pour 
être  accompagnée  des  inftrumens.  P,  Menest. 

Ce  mot  vient  du  Grec  îk? i*.». ,  ^i.K^ ,  figure  ,  re- 
préfientation.  Le  propre  de  la  Poëlîe  eft  de  rep»''fen- 
rer  vivement  les  chofes.  D'autres  difent  que  ce  mot 
vient  à'ùêrs  ,  en  tant  qu'il  fignifie  efipece\  Se  qu'on 
appelle  tJ-,».i'4  des  Poèmes  de  différente  forte.  Foyer 
Scapula  fur  ce  mot. 

I  D  Z. 

IDZU.  Id-^uum.  Il  y  a  deux  petites  villes  de  ce  nom  , 
capitales  de  deux  Royaumes,  ou  Provinces,  dans  l'ile 
de  Niphon.  L'une  eft  près  de  la  côte  occidentale  du 
Jamaïftero  ;  Se  l'autre  près  de  la  côte  méridionale  du 
Quanto.  Maty. 

IDZUMI.  Nom  d'une  ville  capitale  d'un  Royaume  de 
même  nom.  Id^unum.  Elle  eft  dans  le  Jamaïftero  , 
contrée  de  l'île  de  Niphon ,  près  du  golfe  de  Méaco. 
Matv. 

J  E. 

JE.  Ego.  Pronom  pcrfonnel  fmgulier  ,  de  la  première 
perlonne  ,  Se  qui  veut  dire  la  même  chofe  que  moi. 
Il  fe  met  ordinairement  devant  les  verbes  : /e  vais /e 
fais  ,  je  lis ,  je  luis  ,  je  cours  ;  Se  quand  le  verbe  com- 
mence par  une  voyelle ,  il  fe  fait  une  élilîon  ;  /'ai- 
me ,  /'entends ,  /'implore  ,  /'occupe.  Il  le  met  aulîi 
quelquefois  après  les  verbes  ,  comme  dans  les  inter- 
rogations; Que  ferai  /e  ?  De  quel  côté  me  tourne- 
rai y'e  ?  Où  fuis  je  i  Que  vois-je  ;  Que  vous  dirai-ye  ? 
La  même  chofe  arrive ,  quand  le  verbe  le  met  com- 
me en  parenthèfe  dans  le  difcours  :  il  faut  ,  lui  dis- 
je  ,  que  vous  falliez  cela.  Mais  ,  lui  répondis-y'e  ,  il 
me  femble  que  cela  n'eft  pas  bien.  Vous  ne  penfez 
pas  ,  lui  répliquai/'e  ,  à  ce  que  vous  dites.  Lorfque 
je  fe  met  après  un  verbe  ,  on  ne  met  rien  entre  deux  : 
parlerai /e  ,  Urai-ye  ,  &c.  Mais  lorfqu'on  le  met  de- 
vant ,  on  peut  mettre  entre-deux  les  pronoms  per- 
fonncis  ,  &:  les  particules  relatives  ,  &  la  négative. 
Je  lui  fis  comprendre.  Je  m'en  penfai  tuer.  Je  me  fis 
fort  grand  tort.  Je  ne  lui  en  dirai  rien  davantage.  Je 
ne  l'en  puerai  pas.  Cependant  quand  il  s'agit  de  cé- 
du'es  ,  ou  de  quelques  autres  aftes  de  juftice  ,  on  dit 
fmiplemcnt.  Je  ibufiigr.é  confeire.  Je  foulfigné  pro- 
mets ,  &c. 


JE  A 

Il  faut  encore  remarquer  fur  ce  pronom /«  ,  que  ; 
quand  il  (e  met  après  un  verbe  ,  il  la  première  pcr- 
fonne  de  ce  verbe  finit  par  un  e  féminin ,  cet  e  fé- 
minin fe  change  en  e  malculin.  Ainii  il  faut  dire  pen- 
Cé-je ,  Se  non  pas  pcnlé-/Ê  ,  aimé/e,  &:  non  pas  ai- 
me /e.  Que  11  la  première  perfonne  du  verbe  ne  finit 
pas  par  un  e  féminin  ,  on  n'y  tait  aucun  clungcment, 
luis/tf  ,  fais  je  ,  dis/e,  à  moins  que  cela  ne  produi- 
sît une  prononciation  vicieule  &  rude.  Ainh  il  ne  faut 
pas  diic  lens-je  ,  dors-/e  ,  romps  je  ,  mais  lente -/e  , 
dormé-yV ,  rompe  /e.  Et  même  ceux  qui  parlent  bien  j 
&  qui  ont  de  la  délicatelle  pour  la  langue  ,  condam- 
nent aulîî  ces  façons  de  parler.  Voye\^  Ménage  ,  Se  la 
Grammaire  railonnée.  Il  vaut  mieux  fe  fer\ir  d'un 
autre  tour;  Se  dire  ,  ejl  ce  que  je  fins  ^  ejl-ce  que  je 
dors  ;  au  lieu  definté-jc  _,  dormé-je.  Sec.  qui  font  trop 
direéfement  contre  les  régies  de  la  Grammaire ,  félon 
laquelle  il  faudroit  à'nc  fins-je  ,  dors-je.  Mais  l'ufage 
fait  céder  la  Grammaire  à  la  douceur  de  la  pronon- 
ciation. Bertaud  a  dit  ,  oï  fins-je,  combien  les  plai- 
fîrs  font  amers  à  la  fouvenance.  Cependant  on  trou- 
ve dans  le  Diétionnairc  de  l'Académie  Prançoile ,  & 
ailleurs  j  plulieurs  exemples  de  ce  pronom  perfonnei 
mis  après  diftércns  temps  des  vcibes.  Je  luis  perfuadc 
que  il  on  l'eût  placé  enluite  du  prélent  de  l'indicatif 
du  veibc  paroitre  ,  on  auroit  dit  parois/e  ,  qui  ne 
choque  pas  plus  l'oreille  que  d'auties  exemples  pro- 
pofés  pour  bons  :  cependant  M.  Deftouches  ,  dans 
ion  Curieux  impertinent ,  Acl.  2.  Scène  10.3.  préféré 
Paroijfé-jc. 

C  R  I  S  P  I  N. 

Nérine  ,  que  dis-tu  de  mon  ajufiement? 

N  É  R  I  N  E. 
ydlà  ce  qui  s'appelle  un  homme  tout  charmant. 

C  R  I  S  P  I  N. 

Te  paroiffé-je  ainfi?  Me  dis-tu  vrai  j  coquine  ? 

Il  auroit  pu  mettre  :  Oui ,  te  parois  je  ainfi  ? 
Je  ne  sais  qui.  Voye'^  Qui. 
Je  ne  sais  quoi,  f^oye-^  Quoi. 

iE.  i.  m.  Mefure  des  liqueurs  j  dont  on  fe  ferr  en  quel- 
ques lieux  d'Allemagne  ,  particulièrement  à  Augs- 
bourg.  Le  je  eft  de  deux  muids  ou  de  douze  bcfons  , 
le  béton  de  douze  malFcs.  Huit  jés  font  un  féoder. 
On  dit  aulli  Gé. 

J  E  A. 

JÉABARIM.  Nom  de  lieu.  Jeabarim.  C'étoit  un  lieu 
fitué  aux  contins  du  pays  des  Moabites.  Ce  tut  le  tren- 
te huitième  campement  des  Ifraëlites  dans  le  défcrt  , 
Nomb.  XXI.  II.  XXXIII.  4^.  Il  étoit  aux  confins 
de  la  Tribu  de  Ruben  ,  du  côté  du  midi. 

JEAN.  f.  m.  Joannes.  Prononcez  JAN.  Nom  d'hom- 
me. Le  nom  de  Jean  ne  fe  trouve  que  dans  le  Nou- 
veau Teftament  ,  dans  l'ancien  on  dit  Johanan.  S. 
/fi7«-Baptifte  eft  le  premier  de  qui  on  le  dite.  Elifa- 
bcth  votre  femme  vous  donnera  un  tîls  ,  que  vous 
appellerez  Jean.  Bouh.  En  ce  temps  là  parut /ea/î-Bap- 
tifte ,  qui  prêchoit  dans  le  défert  de  Judée.  Id.  Matt. 
III.  I.  Le  Chef  de  S.  /ei?/2-Baptifte  fut  trouvé  à  Conf 
tantinople  en  1 204.  par  Galon  de  Sarton ,  Chanoine 
de  S.  Martin  de  Pequigni ,  Se  cniuite  de  S.  George  de 
Mangane  à  Conftantinople  :  il  tranfporta  la  relique  à 
Amiens,  Se  Richard  de  Gerberoy  Evcque  d'Amiens 
écrivit  l'hiftoire  de  cette  tranfladon  fur  le  récit  de 
Galon  lui  même. 

La  Saint  Jean  ,  locution  abrégée  pour  dire  la  fête 
de  Saint  Jean.  Il  y  avoit  autrefois  un  Carême  de  la  S. 
Jean  ,  qui  étoit  de  trois  femaines.  Foye:^  Pierre  Da- 
mien  ,  Opufi.  XLI.  c.  i.  C'eft  de  la  fête  de  S.  Jean- 
Baptifte  ,  c|ue  cette  phrafe  fe  dit ,  Se  non  de  celle  de 
S.  Jean  l'Evangélifte ,  parce  que  celle  ci  venant  aux 
Fêtes  de  Noël,  ce  temps  fe  défigne  plutôt  par  la  Fcro 
de  Noël ,  que  par  ccilcs  qui   fuivenc  ,  &  qui  fonr 


J  E  A 

mollis  célî-brcs.  La  S.  Jean  cil  en  bien  des  endroits 
un  terme  de  louage  de  mailons ,  &:  des  vnlerv  Hz  fcr- 
vantes  qu'on  prend  à  l'on  lervice.  La  Saint  Jean  cd  le 
vingt-quatre  de  Juin  ,  &  l'on  le  fcrr  de  ce  nom  pour 
fîgnifier  un  temps  ciiaud.  Un  chaud  de  la  S.  Jean.  Il 
taifoit  chaud  comme  à  la  S.  Jean. 
S.  Jean  j  Apôtre  &:  Lvangéliltc  ,  étoit  fils  de  Zebédée ,  & 
fut  appelé  par  Jésus  Christ  avec  (on  frère  Jacques^ 
que  nous  iurnommons  le  Majeur.  Nous  le  nommons 
communément  S.  Jean  l'Évangéhlte.  Les  Anciens  l'ont 
(urnommé  Jean  le  Théologien.  Quelques  Auteurs  par 
lent  d'un  autre  Difciple  de  Jésus  Christ  ,  qu  ils  dif- 
tinguent  de  S.  Jean  ,  &  qu'ils  nomment  S.  Jean  l'An- 
cien. Il  y  a  encore  un  S.  Jean  lurnommé  Marc  ,  dirfé- 
rent  de  l'Évangclille  S.  Marc.  S.  Jean  Climaque  ou 
de  l'Echelle.  FoyeiCuuAQVX-.  S, /ciz/z  Chryfollôme. 
yoye:^  Chrysostome.    S.  Jean  Damafccne.   /'byfj 
DamascÈne.  Le  Bienheureux  Jean  de  la  Croix  étoit 
un  Efpagnoljde  la  lamille  des  Yepes  ,  qui  tut  Réfor- 
mateur des  Carmes.  S.  Jean  de  Dieu  étoit  de  Mon- 
témor  cl  novo  ,  en   Portugal ,  &  hir  Fondateur  de 
l'Ordre  de  la  Chariré.  Jean  de  Capiftran  ,  ainii  (ur 
nommé  du  lieu  de  la  naillance  ,  proche  d'Aquila  dans 
l'Abruzze  ,  étoit   fils  d'un  Gentilhomme  Angevin  , 
qui  fuivir  Louis  d'Anjou  en  Italie.  Il  entra  dans  l'Or- 
dre de  S.  François  ,  dont  il  fut  Général.  Il    mourut 
en  i4y<5. 
S.  Jean  Porte-Latine  ell:  le  nom  d'une  fête  de  S.  Jean  l'É- 
vangélifte ,  où  l'on  célèbre  fa  délivrance  miratuleule  , 
lorlqu'ayant  été  jeté  dans  une  chaudière  d'huile  bouil- 
lante ,  (ous  Trajan  ,  il  en  lortit  plus  lain  qu'il  n'y  étoit 
entré,  ainfi  que  le  rapporte  S.  Jérôme.  On  dit  S.  Jean 
Pone-Ladne ,  par  corruption  ,  pour  S.  Jean  devant 
la  Porcc-Lanne  ,  en  Latin ,  fejlum  Sancli  Joannis  an- 
le  Ponant  Laùnam ,  parce  que  ce  miracle  (e  fit  à  Ro- 
me devant  la  porte  appellée  la  Porte  Latine.  M.  l'Ab- 
bé de  Creicimbeni  donna  en  1716,  par  ordre  du  Pa- 
pe Clément  XI  l'hiftoire  de  S.  Jean  à  la  Pone-Ladne. 
Elle  efl:  en  Italien. 
Le  Roi  Jean,  c'eft  le  cinquantième  de  nos  Rois ,  fameux 
par  la  bataille  qu'il  perdit  près  de  Poitiers  en  13J6  , 
contte  le  Prince  de  Galles ,  &  par  fa  prifon  en  An- 
glettere  ,  d'où  il  revint  en  1361 ,  &  où  il  retourna  , 
&  mourut  en  1365. 
Jean  Hus ,  hérétique.   F'oye'i  Hussite. 

Autrefois  on  écrivoit  Jehan ,  &  en  Latin  Johan- 
nes ,  comme  font  encore  bien  des  gens ,  mais  il  ne 
faut  point  mettre  A'h  aujourd'hui ,  cela  ieroit  contre 
l'ulage. 

Ce  mot  s'efl:  fait  de  Joannes  ,  en  ôtant  la  termi- 
naifon  es  ,  êc  changeant  l'o  en  <; ,  &  Joannes  s'eiï  fait 
de  l'Hébreu  Johanan  ,  en  ajoutant  la  terminaifon  es  , 
Se  changeant  le  dernier  a  en  e  muet  qui  s'efl:  retran- 
ché. Pour  le  mot  Hébreu  Johanan  ,  ou  Johhanan  ,  il 
s'eft  dit  pour  Jehohhanan ,  comme  Jofué ,  de  Jehofua, 
&  Jofaphac  de  Jehofaphat ,  &  il  eft  compolé  de  /n.T» , 
Jehova  ,  nom  propre  de  Dieu  ,  Se  ;3n ,  hhanan  ,  gra- 
tïfieams  ejl ,  Se  lignifie  ,  Dieu  accorde'.  Don  de  Dieu, 
Grâce  de  Dieu.  Le  peuple  a  mis  ce  nom  en  ufage 
dans  la  langue  ,  en  le  joignant  abulîvement  à  plu- 
lîeurs  mots  injurieux.  Jean  Logne.  Jean  des  Vignes. 
Jean  Doucet.  Jean  Sucre.  Jean  tout  adroit.  Jean  fa- 
rine. Jean  fait  tout ,  &c.  Tous  ces  mots  ne  font  en 
ufage  que  chez  le  peuple. 

Jean  !  Que  dire  fur  Jean  ?  C'eft  un  terrible  nom  _, 
Que  jamais  n  accompagne  une  épithéte  honnête. 
Jean  des  vignes  ,  Jean  logne  .  .  .  .  Où  vais-je  ?  trou- 


J  E  A 


3)" 


vez 


bon 


Qu'en  fi  beau  chemin  je  m'arrête.  Des-H. 

Jean  ,  le  dit  populai -ement  de  ceux  qui  ont  des  femmes 
infidèles  ,  &  qui  fouflrent  leurs  défoidres.  Sa  femme 
l'a  fait  Jean. 

On  appelle  aufli  le  haut  mal ,  ou  l'épileplîe  ,  le  mal 
de  S.  Jean.  Les  poires  de  MelTire  Jean  ont  été  mi- 
les en  vogue  par  un  Curé  de  Lorraine  qui  portoit  ce 
nom.  Foyei  Me j sire 
Jean  au  Trictrac.  F'oy.  Jan> 
Tome  K. 


On  donne  le  nom  de  Jean  au  lapin  ,  comme  on 
donne  celui  de  Martin  à  l'ane ,  celui  de  Colas  à  un 
corbeau  ,  tk.  celui  de  Margot  à  une  pie. 

Jean  Lapin  allégua  la  coutume  &  l' ufage. 

La  Fontaine. 

Jean  I^apin  pour  juge  l'agrée.  Idem. 

Jean  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Quand  on 
voit  quelque  rieur  iricommode  j  on  lui  dit  ,  Ri  t'en 
Jean,  on  te  frit  des  œufs.  On  dit  aullî  d'un  mal  qu'on 
ne  peut  guérir  par  les  remèdes ,  qu'on  y  a  appliqué 
toutes  les  herbes  de  la  S.  Jean.  On  dit  aulll  de  celui 
qui  ne  fauroit  garder  un  fecret ,  ou  qui  dit  tout  ce 
qu'il penfe,  c'eft  S.  /eiî/z  bouche  d'or.  On  dit  encore, 
c'eft:  comme  le  Bréviaire  de  Mcllire  Jean,  cela  s'en 
va  lans  dire.  On  appelle  aulîi  le  Jeu  de  la  S.  Jean  , 
celui  qu'on  fait  la  veille  de  la  S.  Jean  en  réjouillan- 
ce  de  la  nativité. 

Régnier  a  dit  en  manière  de  proverbe , 

Parler  comme  à  S.  Jean  parlent  les  Crocheteurs. 

Ne  veut-il  point  dire,  comme  parlent  les  croche- 
teurs dans  la  place  de  Grève  à  Paris  ,  qui  eft  près  de 
la  Parollfe  de  S.  Jean? 

Il  a  dit  encore. 

Moi  ,  qui  n'ai  pas  le  ne^  d'être  Jean  qui  ne  peut. 

On  dit  encore  en  proverbe  j  il  fait  comme  le  chien 
de  Jean  de  Nivelle ,  qui  s'enfuit  quand  on  l'appelle. 
Il  vient  de  Jean  de  Montmorenci ,  Seigneur  de  Ni- 
velle, qui  ayant  donné  un  foufîlct  à  fon  père  y  fut  cité 
au  Parlement  ,  proclamé  Se  fommé  à  fon  de  trompe 
pour  comparoir  en  juftice.  Mais  plus  on  l'appeloit , 
plus  il  (e  hàtoit  de  courir  &  de  fuir  du  côté  de  Flai>- 
dres.  On  le  traitoit  de  chien ,  à  caufe  de  l'horreur 
qu'on  avoir  de  ("on  crime  &  de  fon  impieté.  On  dit 
encore  ,  c'efl  le  mariage  de  Jean  des  Vignes  ,  tant 
tenuj  tant  payé.  Ce  proverbe  s'eft  fait  par  corrup- 
tion des  gens  des  vignes  ,  parce  que  les  Vendangeurs 
qui  fe  ramalîent  enfemble  de  plufieurs  endroits  , 
font  ordinairement  de  petites  alliances ,  qui  ne  du- 
rent qu'autant  que  la  vendange  dure  ,  Se  (e  rom- 
pent lorfqu'cllc  finir.  Quelques-uns  ,  mais  mal  à- 
propos  ,  l'ont  attribué  à  un  certain  Jean  des  Vignes  , 
Gentilhomme  dont  la  famille  (ubdfte  encore  au  pays 
de  Nivernois. 

Jean-Abad.  p^oy.  Delly.  C'eft-  k  même  chofe. 

j£AN-BAPTisTE.'Nom  duS.  Précurfeur  de  Jé(u£-Chrift, 
ainlî  appelé  à  caule  qu'il  baptiloit  en  fignc  de  péni- 
tence ceux  qui  venoient  l'écouter.  Joannes  Baptifta. 

S.  Jean  Baptiste  de  Conventri.  Nom  d'un  Ordre  de 
Chanoines  Hofpitaliérs  établi  à  Conventri  en  Angle- 
terre. Dodfworc  Se  Dugdale  ,  qui  font  mention  de 
cet  Ordre  dans  le  7".  Il  du  Monafticon-AngUcanum , 
ne  marquent  point  le  temps  de  leur  établillemenr. 
Hor.orius  III  les  approuva,  Se  leur  accorda  des  pri- 
vilèges l'an  Il  21.  Ils  portent  une  croix  noire  (ur  leiu's 
robes  Se  fur  leurs  manteaux  ,  qui  les  a  fait  nommer 
Porte-croix.  Les  Chanoines  Hofpitaliérs  de  S.  Jean^ 
Baptifte  de  Conventri  font  dilîérens  des  Moines  de 
Conventri.  Il  y  avoit  aullî  des  ("œurs  Hofpiralières  de 
S.  Jean-Baptifte  de  Conventri.  Les  xms  Se  les  autres 
portoicnt  une  robe,  un  fcapulaire  par-dellous  ,  un 
mantc^tu  brun  ,  Se  fur  la  robe  Se  le  manteau  une 
croix  noire.  Outre  cela  les  Religieufes  avoient  un 
voile  blanc.  Le  Supérieur  des  frères  Se  des  fœurs  s'ap- 
pelloit  Maître  ,  ou  Redeur.  Il  y  avoir  un  grand  nom- 
bre de  ces  Hofpitaliérs  en  Angleterre,  Se  quoique  le 
Monaflicon  Jnglicanum  les  mette  au  nombre  de  ceux 
qui  fuivoient  la  règle  de  S.  Auguftin  ,  il  paroit  qu'ils 
avoient  des  règles  particulières ,  Se  qu'ils  dépendoienc 
des  Evcqucs. 

Saint  Jean-Baptiste  de  Dottingam.  Nom  d'Hofpita" 
liers  &:  d'Hofjjiralières  ferablibks  à  ceux  de  S. 
Jean-Baptifte  de  Conventri.   Vautier   de   Grey  leur 

Eij 


36  J  E  A 

drclîa  une  règle  l'an  1241.  Ils  portoient  des  tuniques 
grifes  tirant  tur  le  roux  ,  ik  des  manteaux  noirs ,  (Sj  ne 
mingeoient  gras  que  trois  fois  la  lemainc.  f^oye:^  le 
Monaftkon  Anglic.  T.  IL  ëc  le  P.  Hélyot ,  P.  II , 
c.   sS. 

Ermites  de  Saint  Jean-Baptiste  de  la  Pénitence.  Re- 
ligieux d'un  ordre  établi  en  Navarre  lous  l'obéiilancc 
de  l'Évêque  de  Pampelune  ,  &  confirme  par  Grégoi- 
re XIII.  P.  Hélyot,  T.  IV ,  c.  40.  Il  y  avoit  auill 
en  France  au  XIIP".  liècle  des  Ermites  de  S.  Jean.  Id. 
Voy.  encore  Ermite. 

Saint  Jean-Baptiste.  Ermites  de  S.  Jean-Baptijle.  Nom 
d'une  Congrégation  dont  le  f .  Michel  de  Sainte  Sa 
bine  jeta  les  fondemens  en  France  vers  l'an  1630  , 
pour  réformer  les  abus  qui  s  etoient  glillés  parmi  les 
Ermites.  Il  fit  des  Statuts  qui  furent  approuvés  par  le 
Suftragant  de  l'Évêque  de  Metz  en  1 6  3  3  ,  &  par  l'Ar- 
chevêque de  Cambray  en  1634  ,  &  enfuite  par  l'Evê- 
que du  Puy  en  1653.  Leur  habit  étoit  une  tunique  , 
une  cucule  ou  chaperon ,  &  un  manteau  de  couleur 
tannée,  avec  un  (capulaire  noir,  &  une  ceinture  de 
cuir.  P.  HÉLYOT.  T.  FUI ,  c.  /j. 

Jean-le-blanc.  f.  m.  C'ell:  une  elpèce  de  petit  oifeau 
de  proie  qui  chaiîe  aux  alouettes  ,  ainfi  appelé  à  caulc 
de  la  blancheur  de  fa  queue.  On  l'appelle  aullI  oi- 
feau S.  Martin.  C'eft  une  aigle  appelée  Pyrargus ,  en 
Grec  (Se  en  Latin.  Le  Jean-le-blanc  eft  de  grandeur 
médiocre  ,  &  environ  de  la  taille  d'un  grand  coq  :  il 
a  le  bec  entièrement  jaune  ,  bien  crochu ,  &  qui  va 
fe  courbant  infenfiblement  jufqu'aubout;  ilell:  un  peu 
plus  long  que  ceux  des  autres  aigles  ,  eu  égard  à  la 
grandeur  de  fon  corps  ;  la  prunelle  de  (on  œil  eft 
très  noire  ,  l'iris  en  ell:  jaune  ,  le  delfus  de  fa  tête  &c 
tout  fon  cou  font  d'un  châtain  clair  cendré  ,  le  bout 
de  les  pennes  eft  néanmoins  un  peu  plus  noir  ;  Ion 
dos  ,  <Sc  le  haut  de  fes  manteaux  lont  de  couleur  de 
rouille  tirant  lur  le  noir  ,  de  même  que  fes  cuilles 
&C  fon  ventre  •,  fa  queue  depuis  le  croupion  jufqu'à 
la  fin  eft  entièrement  blanche  ,  c'eft  pour  cela  que 
quelques  uns  l'ont  appelé ,  queue  blanche  :  il  y  a  pour- 
tant deux  pennes  noires  par  l'extrémité  qui  font  aux 
deux  ccjtés  de  la  queue  ,  appelées  les  plumes  du  coin  , 
qui  font  plus  petites  que  les  autres  ;  fes  jambes  font 
dénuées  de  plumes  ,  Se  font  toutes  jaunes  ,  ainfi  que 
fes  pieds  qui  lont  couverts  de  petites  tablettes  ;  fes 
ferres  font  fort  aigucs. 

S.  Jean-le-Blanc  lez-Orléans.  Bourg  de  France ,  près 
d'Orléans. 

Jean  Bonite,  f.  m.  Nom  des  Ermites  d'une  Congréga- 
tion fondée  par  le  B.  Jean  Bon ,  né  à  Mantoue  vers 
l'an  II 68,  qui  fe  retira  dans  une  tolitude  en  1109, 
&  qui  mourut  l'an  1 149.  D'autres  ditent  qu'il  naquit 
en  1130  ,  qu'il  fe  retira  dans  la  folitude  en  iijc), 
qu'il  mourut  en  i  221 ,  &  qu'il  fut  maître  de  S.  Fran- 
çois. Mais  le  premier  fentiment  eft  plus  vrai.  Joanni- 
Boniu.  hes  Je  an- Bonite  s  turent  la  plus  ancienne  des 
Congrégations  d'Ermites  qui  formèrent  l'Ordre  des 
Auguftins ,  ou  Ermites  de  S.  Auguftin  ,  par  ordre 
d'Alexandre  IV.  Les  Jcan-Bon'ues  n'étoient  pourtant 
pas  dcfcendus  des  Moines  établis  en  Afrique  par  S. 
Auguftin  ;  ils  n'avoient  pas  même  fa  règle  ,  &  en 
1252,  ils  n'i^n  avoient  encore  aucune ,  comme  il  pa- 
roîtparune  Bulle  d'Innocent  IV,  de  l'an  1252,  où  il 
confirme  les  réglemens  que  fit  pour  cette  Congrégation 
le  Cardinal  Guillaume  du  titre  de  Saint  Euftache.  Voy. 

GuiLLELMITE. 

Frère  de  S.  Jean  de  la  Cité ,  nom  prétendu  des  Religieux 
d  un  Ordre  fuppolé ,  dont  parlent  pour-tant  Abraham 
Bruin  &  Arien  Dauman,  Michel  Colin,  Jolie  Am- 
manus,  Schoonebcck,  &  dont  ils  donnent  des  figu- 
res. P.  HÉLYOT.  Pref.  page  IX. 

Danse  de  S.  Jean.  Maladie  qui  fit  beaucoup  de  ravages 
en  France  fous  Charles  V ,  en  1373.  Les  pauvres  gens 
entroient  tour  d'un  coup  en  frénéfie ,  fe  dépouilloient 
tour  nuds  ,  fe  mettoient  une  couronne  de  fleurs  fur  la 
tête  ,  &  fe  tenant  par  les  mains ,  couroient  les  rues,  & 
même  entroient  dans  les  Églifes  chantant  &  danfant 
en  tournoyant  avec  tant  de  violence,  qu'ils  tomboient 
enfin  par  terre  fans  connoilbncc.  Cette  grande  agita 


J  E  A 

tion  les  faifoit  enfler ,  &  il  leur  falloir  ferrer  le  ventre 
avec  des  bandes  pour  les  empêcher  de  crever.  Il  étok 
dangereux  de  les  regarder  fixement ,  le  mal  fe  commu- 
niquoit  par  les  yeux ,  &:  l'on  ne  s'en  garantiftbit  que 
par  la  fuite.  Le  peuple  nommoit  cette  maladie , 
Danfe  de  S.  Jean  ;  on  l'a  depuis  appelée  Mal  de  fein  , 
ou  mal  caduc.  Abbé  de  Choisy.  Vie  de  Charles  V, 
p.  J  16,31-/. 
S.  Jean  l'Évangéliste.  Nom  d'une  Congrégation  de 
Chanoines  féculiers  établis  en  Portugal ,  par  D.  Jean 
Vicenze  ,  d'abord  fameux  Médecin  &  Profellbur  des 
belles  Lettres  ,  puis  Évêque  de  Lamégo,  &  enfuite  de 
Vifeu.  Ils  fuivent  l'inftitut  de  la  Congrégation  de  S. 
Juftinien  pour  leur  Patriarche.  Us  turent  inftitués  en 
1420.  En  142  V,  ils  prirent  polîcftion  de  leur  pre- 
mière maifon ,  qui  fut  le  Monaftère  de  S.  Sauveur  de 

V  illa  de  Fradès  de  l'Ordre  de  S.  Benoit  que  l'Évêque 
de  Brague  leur  donna.  Martin  V  _,  confirma  leur 
Congrégation  fous  le  titre  de  Bonshommes  de  Villar 
de  Frades.  Dans  la  fuite  Kabelle ,  femme  d'Alphonfe 

V  ,  Roi  de  Portugal ,  leur  ayant  fait  bâtir  un  Monaftère 
près  des  murs  de  Lisbonne,  fous  le  titre  de  S.  Jean 
i'Evangelilte  ,  elle  obtint  d'Eugène  IV  ,  qu'ils  s'ap- 
pellaftcnt  Congrégation  de  S.  Jean  l'ÉvangéHfte , 
Ciianoines  de  S.  Jean  l'ÉvangéliJle.  Il  y  en  a  aufti  en 
Italie  que  Pie  V  obligea  de  faire  des  vœux;  mais  ceux 
de  Portugal  n'en  font  que  pour  le  temps  qu'ils  de- 
meureront dans  la  Congrégation  ,  d'où  ils  peuvent 
fortir  quand  bon  leur  fcmble,  &  d'où  on  les  renvoie 
de  même.  Leur  vie  eft  très-auftère.  Jean  III  leur 
donna  le  foin  de  tous  les  hôpitaux  de  fondation  royale. 

Il  y  a  auiîî  des  Chanoincllès  de  cet  Inftitut,  lef- 
quelles  ne  lont  point  fournîtes  aux  Chanoines,  à  qui 
il  eft  défendu  par  leurs  conftitutions  de  prendre  la  di- 
reélion  des  Religieufes.  Voye':^  le  P.  Hclyot ,  T.  II ^ 
c.  yâ. 

Jean  le  Fèvre  ,  en  termes  de  Fleurifte,  eft  une  Tulipe 
rouge  iSc  jaune.  Morin. 

Gros  Jean.  Terme  populaire ,  qui  fe  dit  par  raillerie 
&  par  mépris ,  &  fîgnifie  un  lot ,  un  lourdaut.  Craf- 
funi  caput ,  ingenium  pingue. 

Jean  Guéret.  Nom  d'une  Tulipe  qui  eft  d'un  beau 
violet  Se  blanc.  Id. 

Ordre  de  S.  Jean  de  Jérusalem.  /^oye|;  Malte  , 
car  c'eft  aujourd'hui  l'ufage  ordinaire.  Ordre  de 
Malte,  &  non  pas  Ordre  de  S.  Jean  ds  JérufalerUy 
Chevalier  de  S.  Jean  de  Jérufalem.  Commandeur  de 
Malte ,  Grand  Maître  de  Malte ,  Se  non  pas  Comman- 
deur ou  Grand-Maître  de  S.  Jean  de  Jérufalem  ,  lî  ce 
n'eft  dans  des  difcours  oratoires,  ou  hiftoriques.  Se 
dans  les  chartres. 

Chanoines  Réguliers  de  S.  Jean  dé  Latran  ,  ou 
Congrégation  de  Latran  j  ou  de  S.  Sauveur  de  Latran. 
Dom  Gabriel  Pennot ,  Chanoine  Régulier  de  cette 
Congrégation  ,  &  qui  en  a  fait  l'hiftoire ,  prétend 
qu'ils  ont  été  inftitués  ,  ou  plutôt  mis  à  S.  Jean  de 
Latran  par  S.  Sylveftre ,  qui  les  prit  de  ces  Clercs  qui 
vix'oient  en  communauté  depuis  le  temps  des  Apôtres. 
Mais  ce  qu'il  ajoute  eft  plus  probable  ;  favoir  que  S. 
Léon  I  fe  fervit  vers  l'an  440  de  Gélaie ,  qui  lut  Pape 
dans  la  fuite.  Se  qui  étoit  difciple  de_  S.  Auguftin  , 
pour  réformer  les  Clercs  de  cette  Églife ,  &:  les  faire 
vivre  félon  les  règles  du  S.  Évêque  d'Hippone.  En 
1061,  Alexandre  II,  qui  avoit  été  Chanoine  de  la 
Congrégation  de  S.  Frigdien  de  Luques ,  fit  venir  des 
Chanoines  de  cette  Congrégation  pour  réformer  ceux 
de  Latran,  &  en  1065,  on  traita  de  cettre  réforme 
dans  un  Concile  qu'il  tint  à  Rome.  Boniface  VIII  , 
élu  en  1294,  y  mit  des  Séculiers  à  la  place  des  Régu- 
liers ,  qu'Eugène  IV  y  rétabUt  ijo  ans  après,  en 
1442  ,  (Se  qu'il  tira  de  la  Congrégation  Frigdionienne  , 
ou  de  Sainte  Marie  de  Frifonnaire  de  Luques  ,  qui 
avoit  été  réformée  par  Barthélémy  Colomne ,  de  l'il- 
luftre  maifon  des  Colomnes.  Calixte  III  lôta  encore 
aux  Réguliers  l'an  14/5 ,  ou  1456.  En  1464  ,  Paul  II 
les  y  rémiit.  En  1 47 1  ,  immédiatement  après  la  mort 
de  ce  Pape ,  les  Séculiers  les  chaft'erenr.  Sixte  IV  Ion 
fuccelîeur  n'ofi  les  rétablir;  mais  en  1472  ,  il  leur 
conlèiva  par  une  Bulle  le  titre  de  Chanoines  Régu- 


J  EA 

lurs  de  S.  Sauveur  de  Lacrari ,  Se  en  1495  ,  voy.iin 
l'Italie  en  paix  ,  il  lit  bàrir  au  milieu  tic  Rome  l']i[;life 
de  Notre  Dame  de  la  Paix ,  fuivant  le  vœu  qu'il  en 
avoit  fait.  Se  û  y  mit  ces  Chanoiijes  qui,  juCqu'ici, 
V  font  rcftés  ,  les  Sc'culiers  demeurant  pailibles  pof 
iellcurs  de  l'Eglife  de  5.  Jean  de  Latran. 

Ji;AN  May,  ou  Jean  moyen  Eyland.  Joannis  Mail  In- 
fula.  C'eft  une  île  des  terres  Arctiques.  Elle  cft  vers 
Jes  côtes  de  la  Groënlande  ,  au  Icptcntrion  de  la 
Norv/égc,  fous  le  74^  degré  de  latitude.  Elle  a  ctc 
découverte  par  les  Hollandois,  l'an  1614.,  &c  clic 
porte  auiîî  le  nom  de  Montagne-Haute  ,  &  d'îllc 
Maurice. 

Messire  Jean,  forte  de  poire,  f-^oy.  au  mot  Messire. 

Petit  Jean.  Nom  qui  le  donne  à  des  gejis  du  peuple 
Se  à  des  valets ,  qui  s'appellent  Jea/i.  C'ell  pour  cela 
que  Racine  l'a  donné  au  Portier  du  Juge  ,  dans  la 
Comédie  des  Plaideurs. 

Tout  Picard  que  j'étais ,  j'étais  un  bon  Apôtre  , 
Et  je  faifois  claquer  mon  fouet  tout  comme  un  autre. 
Tous  les  plus  gros  Monfieurs  me  parlaient  chapeau 

bas  , 
Monficur  de  Petit- Jean ,  ah  !  gros  comme  le  bras. 

Racine. 

Prêtre  Jean  î  ou  Prête  Jean.  Quelques-uns  préten- 
dent qu'un  Prêtre  Neftorien ,  nommé  Jean ,  qui  vivoit 
au  XIF  lîècle  ,  fonda  un  Empire  dans  les  Indes ,  tic 
s'acquit  une  li  grande  réputation  ,  que  fes  fuccef- 
feurs  furent  nommés ,  Prêtre- Jean  ;  que  les  Portugais 
cherchant  les  Indes,  &  ayant  trouvé  que  l'Empereur 
d'Ethiopie  étoit  fort  puiilànt  &:  Chrétien ,  ils  s'ima - 
ginèrenr  que  c'étoit  l'Empire  du  Prêtre-Jean-  VoycT^ 
Prêtre,  ou  Prête  Jean. 

Jean  de  Nivelle.  La  Fontaine  avoit  hérité  de  Voitu- 
re le  don  de  relever  la  halîèile  des  Proverbes  ,  par 
quelque  trait  ingénieux  dont  il  les  allaiionnoir.  On 
dit  communément ,  c'eft  le  chien  de  Jean  de  Ni- 
velle ,  qui  s'enfuit  quand  on  l'appelle.  Cela  lui  a 
donné  occalîon  de  commencer  ainli  la  fable  du  Fau- 
con 8c  du  Chapon. 

Une  traurejfe  voix  bien  fouvent  vous  appelle  , 
2Ve  vous  prejfe\  donc  nullement. 
Ce  n'était  pas  un  fot ,  non ,  non  j  &  croyez-m'en  , 
Que  le  chien  de  Jean  de  Nivelle. 

Jean  de  Vert.  Le  monde  n'eft  rempli  que  de  ces 
preneurs  d'intérêt  ,  qui  dans  le  fond  ne  fe  foucient 
non  plus  de  nous  que  de  Jean  de  Vert.  Comédie  du 
Grondeur. 

Jean  de  Fert ,  fameux  Commandant  des  troupes  Im- 
périales, pris  au  mois  de  Mars  1638  ,  par  le  Duc 
de  Veymar ,  dans  une  bataille  près  de  Rhinfeld  ,  & 
de-là  mené  prifonnier  au  bois  de  Vincennes.  C'eft  ce 
qu'à  entendu  Voiture  en  cet  endroit  de  fa  réponfe 
pour  Mademoifelle  de  Rambouillet  à  M.  de  Mon- 
taufier. 

Soit  que  nous  allions  aux  campagnes  y 
De  ce  beau  parc ,  ou  Jean  de  Vert 
Pour  quelque  temps  ejl  à  couvert. 
M.  de  la  Monnoie  j  Glojf.  fur  fes  Noël  s ,  au  mot 

Jan  de  Var. 

Saint  Jean.  Nom  d'une  petite  ville  fortifiée.  Fanum  S. 
Jocnnis.  Elle  eft  dans  le  Comté  de  Sarbruck  ,  fur  le 
coté  droit  de  la  Sare ,  vis-à-vis  de  la  ville  de  Sarbruck, 
oc  au-de!lus  de  Sarlouis. 

Saint  Jean.  Nom  d'une  Ile.  Infula  S.  Joannis.  Elle  eft 
de  la  Nouvelle  France  ,  dans  le  golfe  de  S.  Laurent , 
près  des  côtes  du  Canada  propre  ,  &  de  l'Acadie. 
Cette  île  de  l'Amérique  feptentrionale  eft  à  huit  ou 
dix  lieues  des  Iles  de  Buion  &  de  la  Magdelaine  , 
allant  de-là  à  l'Ile  percée. 

Saint  Jean.  Non  de  rivière  Fluvius  S.  Joannis.  Ri- 
vière de  la  Nouvelle  France,  qui  a  fa  fource  dans 
l'.n  peric  lac  ,  prl-s   du   fleuve  Saint  Laurent  Se    du 


J  E  A 


37 


Canada  propre;  elle  coule  vers  le  midi ,  &:  (c  dé- 
charge  par  une  grande  embouchure  dans  la  baie 
Françoile  ,  au  nord  de  la  ville  de  Port  Royal.  Matv. 
L'entrée  de  la  rivière  de  S.  Jean  eft  de  diflicilc  abord  * 
rangeant  la  terre  des  deux  côtés  ;  le  meilleur  endroit 
cft  du  côté  de  flribord  ou  mnin  droite ,  fins  trop  ap- 
procher la  terre  :  cette  entrée  eft  étroite ,  à  caufe  d'une 
petite  île  qui  eft  à  bas  bord  ,  ou  côté  gauche  ,  la- 
quelle palîée ,  la  rivière  eft  bien  plus  large.  Du  mê- 
me côté  de  l'île  il  y  a  de  grands  marais  ou  prairies , 
qui  fojit  couvertes  de  pleine  mer ,  le  rivage  eft  cou- 
vert  d'un  fiblc  vafeux ,  qui  fiit  une  pointe  ,  laquelle 
palîée  ,  il  y  a  une  anfc  qui  entre  dans  lefdits  marais , 
doht  l'entrée  cft  étroite,  où  l'on  pêche  un  grand  nom- 
bre de  gafparots  ;  on  y  trouve  aufll  quelquefois  des 
laumons ,  des  alofes  8c  du  bar.  Un  peu  plus  avant  il 
y  a  une  petite  butte  ,  où  l'on  avoit  bâti  un  fort ,  mal 
placé  pour  être  commandé  d'une  île  qui  cft  tout 
proche,  plus  élevée,  &  derrière  laquelle  tous  navires 
le  peuvent  mettre  à  couvert  du  fort  ,  dans  lequel 
il  n'y  a  que  de  l'eau  de  puits ,  qui  n'eftpas  bien  bonne  , 
non  plus  que  celle  qui  eft  hors  du  fort.  Palfé  l'île 
il^  n'y  a  qu'une  bonne  portée  de  canon  jufqu'au  faut , 
où  ils  ne  peuvent  palfcr  ;  mais  bien  des  chaloupes  & 
de  petites  barques ,  de  pleine  mer  feulement.  A  la 
chute  du  faut ,  il  y  a  une  grande  folîé  d'environ  trois 
ou  quatre  cens  pas  de  tour ,  qui  eft  faite  par  la  chu- 
te de  l'eau ,  qui  pafîe  entre  deux  rochers  ,  qui  for- 
ment un  détroit  à  la  rivière ,  ce  qui  la  rend  plus  ra- 
pide en  cet  endroit.  Maty. 

Saint  Jean.  Nom  d'un  lac.  Lacus  S.  Joannis.  Ce  lac 
eft- dans  le  Seguenay  ,  en  la  Nouvelle  France,  aux 
confins  de  l'Eftotilande.  C'eft  la  fource  de  la  rivière 
de  Seguenay.  Maty. 

Saint  Jean.  Nom  d'une  ville  de  l'Amérique  méridio- 
nale. S.  Joannis  oppidum.  Elle  cft  fituée  au  confluent 
du  Paraguai  &  du  Parana  ,  à  cent  cinquante  lieues 
phis  haut  que  Buenos- Ayres.  Hifi.  Parag.  L.  IV , 
c.  3. 

Saint  Jean  d'AcRE.  Voy.  Acre. 

Saint  Jean  d'ANcELi.  Nom  d'une  ville  de  la  Sainton- 
ge  ,  en  France.  Angeriacum  ,  Engeriacum.  Fanum  S. 
Angeriaci.  Elle  eft  fur  la  Boutonne  ,  à  neuf  lieues  de 
la  Rochelle  ,  vers  le  couchant.  S.  Jean  d'Angeli  a 
une  Abba)'e  ,  &  elle  étoit  autrefois  fortifiée  ,  mais 
elle  fut  démantelée  l'an  i<5ii  ,  par  les  ordres  de  Louis 
XIII.  Maty. 

Saint  Jean  de  Laune.  Nom  d'une  petite  ville  autre- 
fois forte.  Fanum  S.  Joannis  Laudanenf.s  ,  Laudona. 
Elle  eft  dans  le  Duché  de  Bourgogne  en  France ,  fur 
la  Saône  ,  à  quelques  lieues  de  Dijon  vers  le  midi. 

Saint  Jean  de  Luz.  Nom  d'une  ville  de  la  Gafcognc 
en  France.  Luifium  ,  Fanum  S.  Joannis  Lufii.  Elle  eft 
dans  la  terre  de  Labour  ,  à  l'embouchure  de  l'Ur- 
dacuri  ,  dans  la  mer  de  Gafcogne  ,  à  deux  lieues  de 
Fontarabie  ,  &à  quatre  ou  cinq  de  Bayonne.  On  con- 
ftruit  des  navires  dans  cette  ville  :  fes  habitans  font 
fort  habiles  dans  la  pêche  des  baleines  ,  &  de  la  mo- 
rue. Louis  XIV  ,  époufa  Marie-Thérefe  ,  Infante  d'Ef- 
pagne  ,  l'an   1660,  à  Saint  Jean  de  Lu:;^.  Maty. 

Saint  Jean  de  Maurienne.  Nom  d'une  petite  ville 
aflez  jolie  ,  mais  toute  ouverte.  Mauriana ,  Fanum  S. 
Joannis.  Elle  eft  capitale  du  Comté  de  Maurienne  , 
en  Savoye ,  &  fituée  fur  la  rivière  d'Arc ,  à  fîx  lieues 
de  Mouftier  ,  vers  le  midi.  Saint  Jean  eft  le  fiège  d'un 
Evêché  ,  fuffragant  de  Vienne.  Maty. 

Saint  Jean  Pié  de  Port.  Nom  d'une  ville  de  la  Gaf- 
cogne ,  en  France.  Fanum  S.  Joannis  pede  portucn- 
fs  ,  anciennement  ,  Imus  Pyrcmus  ,  Imi  Pyrendi. 
Elle  eft  fur  la  Nêve;  à  neuf  lieues  au  deilus  de  Bayon- 
ne ,  au  pié  d'un  palTàge  des  Pyrénées  ,  dont  elle  a 
pris  fon  nom.  Elle  eft  forre  par  la  fituation  fur  une 
montagne  ,  &  par  fes  travaux.  Maty. 

Saint  Jean  de  Portric.  Voy.  San  Juan  de  Porto- 


nco. 


Ordre  de  S.  Jean  &  de  S.  Thomas.  Ordre  militaire  éta- 
bli autrefois  dans  la  ville  d'Acre  en  Paleftine^  &  non 
pas  à  Ancône  en  Italie  ,  comme  a  dit  M.  Hermant  : 
il  fut  confirmé  d'abord  par  Alexandre  IV ,  qui  lui  donna 


38 


JE  A 


la  règle  de  S.  Auguftin  ;  &  enfuite  par  Jean  XXII. 
P.  Helyot  ,  T.  ir,  c.  sS- 
Saint  Jean  des  Vignes.  Abbatïa  fancli  Joannis  npud 
Flneas.  C'eft  le  nom  d'une  Abbaye  fondée  à  Soii- 
fonsl'an  1076,  par  Hugues  ,  Seigneur  de  Château 
Thierry.  Urbain  II  en  approuva  les  Conftitutions  l'an 
1089.  Les  Reliijieux  de  Saint /ea/z  des  Vignes  ,  font 
des  Chanoines  Réguliers.  Les  Chanoines  Réguliers  de 
S.  Jean  des  Vignes  ont  eu  la  direétion  d'un  Collè- 
ge à  Soillbns.  L'an  1566,  la  menfe  Abbatiale  fut  lé- 
parée  de  la  menfe  conventuelle.  L'Abbé  de  S.  Jean 
des  Vignes  el\  premier  Chanoine  de  l'Églile  Cathé- 
drale de  S.  Gervais  de  Soldons.  L'Abbaye  de  S.  Jean 
des  Vignes  a  toujours  regardé  les  Evèques  de  Soil- 
fons  comme  fes  fupérieurs ,  elle  n'a  jamais  ete  unie 
à  aucune  Congrégation  ,  ni  fouftert  de  rétorme  étran- 
gère. Voyei  VHiJioirc  des  Ordres  Religieux  du  Père 
Hélyot  ,  Part.  II,  c.  /j. 
JEANNE,  f.  f  Nom  de  femme.  Prononcez  Jâne ,  ou 
Janne.  Joanna.  Les  douze  étoient  avec  lui  (  J.  C.  } 
<Sc  quelques  femmes  qui  avoient  été  délivrées  des  ma- 
lins efprits  ,  &  de  maladies  :  Marie  appelée  Magde- 
laine  ,  de  laquelle  il  étoit  forti  fept  Démons;  Jeanne 
femme  de  Chaza,  Intendant  d'Hérode  j  Suzanne  Se 
plufieurs  autres ,  qui  de  leur  bien  fournillbienrà  leurs 
befoins.  Bouh.  Luc.  VIII,  1,2,3.  Sainte /eawziTj 
Q  A  Jeanne  de  France,  Reine  de  France  ,  Duchelle 
de  Bcrri  ,  &  fondatrice  de  l'Ordre  de  l'Annonciade 
&  des  dix  Vertus  de  la  Sainte  Vierge.  Louis  XI  fon 
père  la  fit  époufer  à  Louis  Duc  d'Orléans ,  qui  fut 
depuis  Louis  XII.  Ce  prince  prétendit  que  ce  maria- 
ge avoir  été  forcé ,  &:  le  fit  déclarer  nul  par  Alexan- 
dre VI ,  en  1498.  Jeanne  fe  retira  à  Bourges,  où  elle 
vécut ,  &  mourut  en  odeur  de  lainteté ,  le  quatrième 
Février  i  jo  ;.  Elle  a  été  béatifiée.  Lorlque  le  Comte 
de  Montgomeri  furprit  Bourges  en  1562  ,  les  héré- 
tiques brûlèrent  Ion  corps.  Jeanne  la  folle  ^  ou  la 
Loca  ,  comme  difent  les  Elpagnols ,  étoit  fille  de  Fer- 
dinand &:  d'Kabelle  ,  &  fut  merc  de  Charles-Quint. 
C'eft  elle  qui  porta  les  couronnes  d'Efpagne  à  la  mai- 
fon  d'Autriche  ,  ayant  époulé  Philippe  Archiduc  d'Au- 
triche J  dont  la  perte  la  rendit  folle  par  la  douleur 
extrême  qu'elle  en  conçut.  La  Reine  Jeanne  avoir  été 
durant  fa  vie  un  grand  exemple  de  la  vanité  des  cho- 
fes  humaines.  P.  Verjus.  Voy.  cet  Auteur,  vie  de 
S.  François  de  Borgia,  L.  II ,  p.  224  &  fuiv. 

Le  Roi  Jean  époula  en  fécondes  noces  Jeanne  veuve 
du  Duc  de   Bourgogne.  Jeanne  d'Albret ,  Reine  de 
Navarre  j  mère  de  Henri  IV ,  fur  empoifonnée  à  Pa- 
ris quelques  jours  avant  l'horrible  malTacre  de  la  S. 
Barthélemi. 
Jeanne  d'Arc  ,  c'eft  la  Pucelle  d'Orléans ,  pauvre  Ber- 
gère qui  délivra  Orléans ,  reconquit  la  Champagne 
lur  les  Anglois ,  fit  facrer  le  Roi  à  Rheims ,  &  fut 
prife  &  brûlée  à  Rouen  par  les  Anglois.  Quelques- 
uns  ont  fauflement  prétendu  que  l'on  luppola  une 
femme  criminelle  à  la  place. 
Dame  Jeanne  ,  ou  Grosse  Jeanne.  On  .appelle  ainfi 
populairement  une  groffe  bouteille  de  vin.  Vint  am- 
phora  craffior  ,  major. 
Religicufe  de  Sainte  Jeanne.  On  appelle  ainfi  à  Bour- 
ges &  en  Berri  les  Religieufes  de  l'Aimonciade  j  qui 
y  ont  été  fondées  par  Sainte  Jeanne  ,  Se  y  ont  leur 
premier  monaftère  ,  où  elle  ell  morte  ;  i^c  cette  mai- 
Ion  s'y  appelle  Sainte  Jeanne.  Allons  à  Sainte  Jean- 
ne. Qui  prêche  aujourdhui  à  Sainte  Jeanne  ?  Les  Da- 
mes de  Sainte  Jeanne  de  Bourges. 
Jeanne.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  une  chèvre  ,  com- 
me on  donne  celui  de  Simon  au  dauphin  ,  celui  de 
Godard  au  cygne ,  Se  celui  de  Robin  au  mouton. 
JEANNELLE.  f.  f.  Nom  de  femme  ,  diminutif  de  7t'a«- 
ne  ,  qui  ne  le  dit  que  de  Jeanne  II ,  Reine  de  Jéru- 
filem  ,  de  Naples  Se  de  Sicile  ,  Duchelle  de  la  Ponil- 
le  Se  de  Calabre  ,  ComtelFe  de  Provence  ,  &c.  qui  le 
^    deshonora  par  des  galanteries  continuelles  Se  publi- 
ques ;  Se  s'étant  brouillée  avec  le  Pape  Martin  V  , 
adopta  Alphonfe  V  ,  Roi  d'Arragon  ,  pour  lui  frire 
paflèr  fes  Royaumes  ,  Se  les  ô:er  .à  Louis ,  Duc  d'Aii- 
jou ,  à  qui  Martin  en  avoit  donné  l'inveftiture.  Jeanne 


J  E  B 

II ,  ou  Jeannelle  ,  Reine  de  Naples  ,  que  Louis  III  , 
Duc  d'Anjou ,  tâcha  inutilement  de  dépoiléder.  Jean- 
nelle rappela  dans  la  fuite  ce  Duc  ,  &  le  fit  déclarer 
Roi.  Elle  mourut  en  1495.  P.  Hélyot,  T.  VIII , 
p.   2S1  &  fuiv.  Joanna  ,Joanella. 

JEANNETON.  (.  f.  Prononcez  Janneton,  ou  Jâneton. 
Nom  de  fille,  diminutif  qui  fe  dit  des  filles  qui  ont 
nom  Jeanne  ;  Jeanne  ,  petite  Jeanne.  Joanna. 
Il  ne  fe  dit  que  des  perfonnes  du  peuple  ,  ou  popu- 
lairement. 

JEANNIN,  ou  JANNIN.  f.  m.  C'eft  la  même  chofe 
que  Jean  ,  fignifiant  celui  qui  fouffre  les  infidélités  de 
la  femme.  Il  eft  burlefque. 

JEANNINE.  i.  f  r'rononcez  Janine.  Décrétale  de  Jean 
XXII.  Joannina.  C'eft  Cujas  qui  a  fait  ce  mot.  In  C. 
Ad  audient.  4.  de  Sponf.  Se  Mar.  Il  appelle  Jeanni- 
nes  J  ou  ioannines  ,  les  Décrétales  de  Jean  XXII  , 
que  l'on  appelle  communément  Extravagantes  de 
Jean  XXII.  Il  a  fait  ce  mot  à  l'imitation  des  Clémen- 
tines ,  dont  nous  avons  parlé  en  leur  place.  Pour 
les  Jeannines  ,  ou  Décrétales  de  Jean.  Voye^  Extra- 
vagante. 

JEANNOT.  f.,  m.  Prononcez  Janot  ,  ou  Jannot.  Di- 
minutif de  Jean  ,  qui  fe  dit  des  petits  garçons  iqui  ont 
reçu  le  nom  de  Jean  au  baptême.  Joannes  ,  Joa7i- 
nottus.  Ce  mot  ne  le  dit  que  des  enfans  du  peuple , 
Se  parmi  le  peuple. 

Ce  nom  autrefois  fe  donnoit  même  aux  gens  de 
diftindfion.  Jeannot  de  Caftillon  fut  Grand-Maitre  de 
l'Ordre  de  S.  Lazare  vers  le  milieu  du  feizième  liè- 
cle ,  fous  le  pontificat  de  Pie  IV.  Voyei^  le  P.  Hé- 
lyot ,  T.  I  ,  chap.  J2. 

J  E  B. 

JEBA.  Nom  d'une  ville  ,  dont  perfonne  ne  parle  que 
Pline  ,  L.  V.  c.  i  (>.  félon  la  remarque  du  P.  Har- 
douin.  Jebba.  M.  Réland  conjeéture  que  c'eft  Japha  , 
ou  Japhia  dans  la  Galilée. 

JEBILEE.  Ville  maritime  de  la  Paleftine  ,  la  même  que 
l'Ecriture  appelle  Cabala.  Quelques  Voyageurs  Fran- 
^çois  la  nomment  Jabli. 

JEBLAAN.  Nom  d'une  ville  forte  Se  puilfante  de  h 
Terre-S.ainte.  Jchlaan.  Elle  étoit  dans  la  demi-Tribu 
de  Manalfé  d'en-deçà  du  Jourdain.  Jof.  XVII.  11. 
Jud.  I.   2j.  Elle  étoit  près  de  Gaver. 

lEBLE.  f.  f.  Efpèce  de  plante  qui  croit  à  la  hauteur  d'en- 
viron trois  pies ,  Se  qui  porte  des  baies  rondes  ,  noi- 
res, (Se  pleines  de  liic.  Ebulum.  Du  Grec  ibu>.cç ,  en 
Lmnjambucus  hum'ilis  j  five  ebulus.  C.  Bauh.  Voy. 
Yeble. 

JEBNAEL.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte.  Jebnael. 
Elle  étoit  de  la  Tribu  de  Nepthah ,  &  fur  its  con- 
fins./o/:  XIX.  33. 

JEBNÉEL.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte.  Jeb- 
nael. Elle  étoit  dans  la  Tribu  de  Juda.  Jof.  XV.  1 1. 
fur  le  bord  de  la  mer.  Enfuite  elle  fut  donnée  à  la 
Tribu  de  Dan.  Le  P.  Lubin  croir  que  c'eft  la  même 
que  Jaumia.  Il  femble  que  Ziéglérus  ait  été  du  mê- 
me lentiment. 
JÉBOC.  Voy.  Jaboc. 

JÉBUS.  Ancien  nom  de  la  ville  de  Jérulalem.  Jebus. 
Elle  avoir  pris  ce  nom  de  Jébus ,  ou  Jébufl ,  fils  de 
Chanaan.  Gen.  X.  16.  Jebus  ,c^\t'x  la  mêine  cho- 
fe que  Jérufilem.   Saci.  Jof.  XVIII.  2S.  Du  refte 

Voye\  JÉRUSALEM. 

JÉBUSÉEN,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  d'un  peuple 
Chananéen.  Jebuf&us  ,  a.  Les  Jébuféens  étoient  def- 
cendans  de  Jébus ,  ou  Jébulî  ,  fils  de  Chanaan  ,  pe- 
tit fils  de  Cham  ,  &  arrière  petit-fils  de  Noé.  Gen.  X. 
16.  Ils  occupoient  Jérulalem,  dont  on  ne  les  challa 
point  tout-à-  fait  d'abord.  Ce  ne  fut  que  D.iyid  ,  qui  , 
quatre  cens  ans  après  l'entrée  du  peuple  d'Ilracl  dans 
la  rerre  de  Chanaan ,  &  la  huitième  année  de  Ton 
règne  ,  prit  la  citadelle  de  Sion  qu'ils  avoient  occu- 
pée jufques-là.  Jofué  ,  XL  3.  dit  qu'ils  habitoient 
dans  les  montagnes.  Quelques-uns  croient  que  le  nom 
de  Jéhufeen  s'eft  confervé  dans  celui  d'Ebus  ,  Ebufus  , 
qui  etok  une  petite  île  fur  la  cote  d'Efpagne  ,  aujour- 


J  E  D 

d'hui  Ikijfa  i  Yvice  j  ou  Yviça,  Elle  ctoit  peupk'c  d'une 
Colonie  de  i'hcniciens.  Boehait,  Phalcg.  L.  //•'.  c. 
36.  Cet  Auteur  dit  Jehujius  ^  Jcbufien  ,  contre  l'ulage 
conftaiit  &  ancien. 
^JC?"  JEBUSES.  C  f.  pi.  C'cil  ainfi  que  quelques-uns  ap 
pellent  les  Prêcrelïès  de  l'Ile  Formola.  Le  vrai  nom 
cft  ]ucbus.  Voy<:\  ce  mot. 

J  E  C. 

JÉCHIEN.  Ville  capitale  du  Royaume  de  même  nom. 
Jechienum.  Elle  eft  lut  la  côte  leptentrionale  du  Jet- 
/engen,  dans  l'ile  de  Niphon,  qui  ell  une  de  celles 
du  Japon. 

JECKER ,  ou  JAR.  Nom  d'une  rivière  du  pays  de 
Liège.  Jccora.  Elle  baigne  Borchwora  ,  Tongres  & 
Maelhiclit  5  où  elle  le  décharge  dans  la  Meufe.  Maty. 

JECMAAN.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte.  Jcc- 
inaan.  Elle  étoit,  félon  quelques-uns  ,  dans  la  Tribu 
d'Ephraïm;  félon  d'autres  ,  dans  celle  de  Zabulon.  Ce 
fut  une  ville  Lévitiquc  ^  iSc  une  ville  de  retuge.  Elle 
fe  nommoit  autrement  Ciblaïm.  Adrichomius  dit 
qu'autrefois  elle  fe  nommoit  aulfi  Jeblàn.  f^oy.  Jof. 
XXI  y  22. 1.  L.  des  Rois  ,  IF  y  12.  Du  reflc  je  ne 
fais  pourquoi  quelques  Auteurs  la  placent  dans  la 
Tribu  de  Zabulon  i  car  Jolué  ,  XXI ,  J2  ,  dit  qu'elle 
ctoit  de  celle  d'Ephraïm. 

JECNAM.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre- Sainte,  jcc- 
nam.  Quelques  uns  croient  que  c'eft  la  même  que  Ja- 
chanan  ,  du  mont  Carmcl ,  dont  il  cft  parlé  en  Jof. 
XII ,  XI.  C'étoit  fous  les  Chananéens  une  ville  Roya- 
le. Elle  tomba  en  partage  à  la  Tribu  de  Zabulon  , 
qui  la  rendit  aux  Lévites.  Elle  étoit  fur  le  torrent  de 
Cillbn ,  vers  fon  embouchure  dans  la  Méditerranée 
au  pie  du  mont  Carmel.  Elle  le  nomme  Jecnan  dans 
Jofué ,  XXI  y  34.  Se  Jéconam  y  XIX  J  11. 

lÉÇO.  ICr  Voy.  Jesso. 

JÉCORAIRE.  adj.  f.  Qui  appartient  au  foie.  Jecoraria. 
C'eft  un  nom  que  les  Médecins  donnent  à  la  veine 
qu'ils  nomment  autrement  bafilïque.  Vena  Bafilica. 

Voy.  BASIUQ.UE. 

Ce  mot  eft  formé  du  Latin  Jccur ,  le  foie. 

JECT.  f  m.  Autrefois  on  a  écrit  ainll  le  mot  qui  s'é- 
crit aujourd'hui y'df.  Il  y  a  des  Coutumes ,  où  jech  li- 
gnifie la  terre  qu'on  tire  d'un  folié.  Le  folle  étant  en- 
tre deux  héritages ,  appartient  au  Seigneur  de  l'héri- 
tage du  côté  duquel  eft  le  jcci  dudit  folTé.  CouT. 
DE  Berri,  t'a.    II  ,  art.  i jf.. 

JECTEHEL.  Nom  d'un  rocher  ou  d'une  colline  de  la 
Terre-Sainte.  Jeclehel.  Amafias  prit  d'aflaut  cette  for- 
terelfe ,  après  avoir  battu  dix  mille  Iduméens  ,  &  la 
nomma  Jeclehel ,  IF  des  Rois  ^  XIV  ,  7.  Elle  étoit 
aux  frontières  de  la  Tribu  de  Juda  ,  du  côté  du  mi- 
di ,  en  tirant  vers  l'orient  ,  proche  l'extrémité  méri- 
dionale de  la  mer  morte. 

JECTHEL.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte.  Jec- 
thel.  Elle  étoit  de  la  Tribu  de  Juda  Jof.  XV.  En  Hé- 
breu c'eft  le  même  nom  que  Jeclhel ,  ^ '-Tty  ^  Jac- 
thecl.  Et  c'eft  peut-être  aulfi  la  même  place. 

JECTIGATION.  f  f.  Terme  de  Médecine  ,  qui  fe  dit 
d'un  tremblottement  ,  ou  trellàillement  qu'on  fent 
au  pouls  du  malade ,  qui  montre  que  le  cerveau  j  qui 
cft  l'origine  des  nerfs ,  eft  attaqué  &:  menacé  de  con- 
vulfions.  Jecligatio. 

JECTISSE.  adj.  f  qui  ne  fe  dit  guère  qu'en  cette  phra- 
fe ,  des  terres  je&ijfes  :  ce  font  des  terres  remuées 
qu'on  a  tirées  d'un  endroit  pour  jeter  en  un  autre. 
Projeclitius  ,  ejecl'u'ius  ,  comportatus.  Il  ne  faut  pas 
bâtir  fur  cç  terrain  ;  il  n'eft  pas  ferme,  il  n'eft  fait  que 
de  terres /«i.7i//t'j. 
JECUIBA.  (.  m.  Arbre  qui  croît  au  Bréfil ,  dont  le  bois 
eft  d'un  rouge  brun  avec  des  ondes  noires  :  il  cft  ex- 
cellent pour  les  ouvrages  de  Sculpture  •■,  mais  il  n'eft 
d'aucun  ufage  dans  la  Médecine. 

J  E  D. 

JÉDALA.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre- Sainte.  Jedda: 
Elle  étoit  dans  la  Tribu  de  Zabulon.  Jof  XIX ,  ly. 


J  E  H 


39 


Adrichomius  dit  qu'elle  fe  nommoit  auucmeiu  Jé- 

daba. 

JÉDBHUK,  ou  JÉDBURG.  Nom  d'im  lieu,  que  quel- 
ques Cartes  nomment  Mydbruck.  Jcdohurgum.  l-eri- 
te  ville  de  l'Écolïc  méridionale  ,  capitale  de  la  Pro- 
vince de  Tivcdale ,  c^-  iituée  a  huit  lieues  au  couclunc 
de  Barwick. 

JÉDO.   Voyci  YïNDo. 

JEDSO.    Voyei  Jtsso. 

J  E  G. 

JEGKAA.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte.  Jegbaa, 

C'étoit  fous  les  Clwnanécns  une  ville  forte.  Elle  fut 

prile  par  Moïfe  ,  &  rétablie  par  la  Tribu  de  Gatl ,  à 

qui  elle  fut  domiée.  Nomb.  XXXII,  jy.  Jug.  VIII ^ 

/ 1.  Quelques-uns  difent  Jecbaa. 

JEGUN.  Bourg  de  France ,  dans  le  Haut-Armagnac  , 
fur  une  petite  rivière  qui  peu  après  fe  jette  dansl'Au- 
loux  ,  avec  laquelle  elle  va  fe  perdre  à  Clarancc  dans 
la  Blaife. 

|f3"JÉGUR.  C'eft  ainll  qu'on  appelle  en  Tanarie ,  la 
graine  d'une  plante  dont  la  tige  rcilèmble'  allez  à  la 
canne  de  fucre.  C'eft  une  efpèce  de  ris  qui  vient  en 
grappes  au  haut  de  la  tige.  Les  habitaiis  du  pays 
s'en  fervent  pour  aliment. 

J  E  H. 

JÉHOVA ,  ou  plutôt  JÉHOVAH.  f.  m.  Nom  de  Dieu 
dans  la  langue  Hébraïque  ,  Jehova  ,  nVT.  Jéhovak 
eft  le  nom  propre  de  Dieu ,  parce  que  c'eft  le  nom 
qiii  ne  convient  qu'à  lui  feul ,  félon  ces  paroles  de 
l'Ecriture,  7/d/6\,  XIII ^  S.  Je  fuis  Jékovah  ,  &  c'eft- 
là  mon  nom.  PJ]  LXVII ,  j.  Jéhovak  eft  fon  nom  : 
ce  qui  ne  fe  dit  nulle  part ,  ni  de  ?b;  El,  ni  de  :::::  rhA 
Eloh'im  ;  ni  de  1  vi  ,  Schaddai ,  ni  d'aucun  autre  nom 
de  Dieu  ,  parce  qu'il  exprime  non  pas  quelqu'un  de 
fes  attributs ,  mais  fon  être  même  Se  fa  fubftance.  P. 
SovciLT.  ,Di£crt.  fur  le  nomjehovah.  nin\  Jéhovak  , 
eft  le  nom  que  Dieu  lui-même  fe  c}onne  dans  l'Éxode  , 
///,  14 ,  pour  fe  foire  connoître  &  fe  diftinguer  de 
tous  les  autres  êtres.  Car  quoique  niHiî  ,  Ehjch  ne 
foit  pas  tout-à-fait  pour  les  lettres  &  pour  le  fon  le 
même  nom  que  Jéhovak  ,  on  convient  cependant  que 
c'eft  au  fond  la  même  chofe ,  la  même  lignification , 
la  même  origine  ;  que  route  la  différence  coniîfte  er» 
ce  que  Dieu  parlant  lui-même  de  lui  nicaie  ,  parle 
à  la  première  perfonne  nns: ,  au  lieu  que  m-n  eft 
formé  de  la  troifième  perfonne  du  même  Verbe  &: 
du  même  temps.  Id.  Il  y  a  plufieurs  difputes  parmi 
les  Hébraïlans  fur  ce  nom  de  Ditu.  Les  principales 
regardent  fon  ctymologie ,  ou  fon  origine ,  fa  force 
&  fi  lignification,  fes  voyelles,  ou  la  manière  donc 
il  faut  le  prononcer ,  &  dont  on  le  prononçoit  au- 
trefois. Tout  cela  eft  traité  fort  au  long  dans  la  Dilfcr- 
tation  que  nous  venons  de  citer  ;  nous  allons  en  ti- 
rer ce  qui  convient  à  notre  ouvrage. 

Tous  ceux  qui  ont  écrit  fur  cette  matière  font  ve- 
nir mni ,  Jéhovak,  de  T[in  ,  être ,  hormis  Olcafter  , 
Dominiciin  Portugais  ,  qui  le  tire  de  nin  ,  hovak  , 
qui  iignifîe  brfement,  fraction  ,  événement  fâcheux. 
Sa  raifon  eft  ,  que  Jéhovak  rellcmble  bien  plus  à 
hovah  qu'à  hajah  :  d'où  il  conclut  que  Jéhovak  ,  lîg-  . 
nihe  celui  qui  brife  ,  qui  détruit  j  qui  envoie  des  mal- 
heurs. On  rejette  avec  raifon  ce  fentiment  ,  &  plus 
encore  la  raifon  fur  laquelle  il  eft  fondé  ;  de  plus  elle 
rend  ce  nom  indigne  de  Dieu ,  ou  du  moins  peu  con- 
venable; &  Dieu  lui-même  donne  un  autre  fens  à 

_  fon  nom.  Il  faut  donc  s'en  tenir  au  fentiment  coith 
mun  ,  &  le  faire  venir  de  nTi  ,  hajah  ,  mais  tous 
ne  le  font  pas  de  la  même  manière.  Quelques-uns  le 
font  venir  de  la  conjugaifon  piel  ou  à'kiphil  :  d'où  U 
s'en  fuivroit  qu'il  lîgnifieroit  non  pas  celui  qui  eft, 
mais  celui  qui  donne  l'être.  Mais  1°.  Le  verbe  nn, 
n'a  point  ces  conjugailcns  tranluives,  &  l'on  n'en 
trouve  aucun  exemple  dans  l'Écriture.  2°.  Jéhovak 
n'a  point  de  forme  de  ces  conjugaifons ,  m.ais  celle 
de  la  p»:niicre  conjugaifon  appelée  Kal,  i'^.  Dieu  dit. 


/ 


40 


J  E  H 


Exod.  m,  14.  qu'il  eft  celui  qui  ejl  ,  S:  non  point 
celui  qui  donne  l'tcre  ,  on  ne  peut  actiibucr  la  ponc- 
tiution  de  cet  endioit  aux  Maliorèthes.  Les  Inrci'prc- 
tes  anciens ,  rÉglife  &  la  Synagogue  ont  lu  avant  la 
Mailore,  comme  nous  lifons  encore;  &  nul  n'a  pus 
ce  nom  dans  une  lignification  aâive  ou  tranfîtive. 

Déplus  ,  l'Auteur  dont  nous  tirons  tour  ceci  j  moji 
tre  que  la  ponduation  des  Malknvches  nini  ,  Jcho- 
vah  eft  l'ancienne  &  véritable  prononciation  de  ce 
lîom;  &:  que  s'il  y  en  a  eu  une  plus  ancienne ,  c'cft 
Jao  ,  à  laquelle  la  nôtre  revient.  Il  prétend  que  cette 
prononciation  n'a  pii  fe  perdre  ,  que  quand  elle  fe  le- 
roit  perdue  ,  elle  le  pourroit  aifémcnt  retrouver  , 
par  les  noms  propres  Hébreux,  dans  la  compolition 
defquels  entre  le  nom  de  Dieu  ;  que  Jéhovah  n'a 
point  les  voiles  de  ijni^  ,  Adonai ,  comme  on  le  dit 
communément-,  qucc'eft  au  contraire  Adonaï,  quand 
il  (c  dit  de  Dieu,  qui  a  les  points  de  Jehovah  ;  que  la 
manière  dont  les  Phéniciens  ,  les  Samaritains  ,  les 
Grecs  &  les  Latins  ont  prononcé  ce  nom  dans  leurs 
langues ,  en  font  encore  autant  de  preuves  ;  que  le 
Jovis  des  Latins  n'eft  autre  cliofe  que  le  Jéhovah  des 
Hébreux  avec  une  terminaifon  Latine  ,  que  jéhovah 
étant  la  prononciation  véritable  ,  il  s'eniuit  que  ce 
nom  N'ient  de  la  conjugaifon  neutre  iifcî/,  &  qu'il  li- 
gnifie fimplement  Cduï  qui  ejl ,  &  non  point  Cflui 
qui  donne  l'être.  Et  c'eft  en  eftet  le  lentiment  de  tous 
les  Rabbins  ,  &:  de  tous  les  plus  habiles  Hébra'iians. 
Voye\  la  Dilî'ertation  dont  nous  avons  tiré  ceci ,  & 
celles  de  Génébrard  ,  de  FuUérus  dans  fes  Mïfcella- 
nea,  de  Drufius,  de  Sixtimus  Amama,  de  Louis  Ca- 
pelle  ,  de  Buxtorfle  fils,  de  Gakaker,  'Volîlus ,  de 
Jdolol.  L.  l,  c.  32.  a:  L.  II ,  c.  14. 

Du  refte  ,  pour  ce  qui  eft  de  l'ulage  de  notre  lan- 
gue ,  il  faut  y  mettre  de  la  dillindion.  Quoique  plu- 
freurs Interprètes  Latins  aient  retenu  le  nom  Jéhovah, 
chacun  a  la  manière  dans  leurs  verlions  ,  les  traduc- 
tions Françoiles  que  je  connois  ne  l'ont  point  fait. 
Toutes  celles  qui  loin  Catholiqties ,  &  même  plu- 
Tieurs  Protcftans  ,  à  l'imitation  des  Grecs  &  des  La- 
tins ,  mettent  le  Seigneur  au  lieu  de  Jéhovah.  Il  Eiut 
les  fuivre  qitand  on  cite  ,  ou  qu'on  traduit  l'Écritu- 
re. Les  veriîons  de  Genève  l'ont  traduit  par  YEcer- 
nd  ,  nom  qui  n'exprime  point  proprement  &  par- 
ticulièrement le  fens  Jéhovah ,  &  qui  même  n'y  re- 
vient pas  plus  qu'au  nom  inn  ,  hahhai ,  c'eft  à-dirc, 
celui  qui  vu  ,  iSc  qui  par  conléquent  ne  marque  point 
allez  le  lens  particulier  du  nom  Jéhovah.  Quant  à  des 
Dillertations ,  ou  autres  dilcours  d'érudition  ,  on  peut 
&  l'on  doit  même  dire  Jéhovah  dans  notre  langue  , 
comme  l'obfervent  en  effet  plulieurs  de  nos  Auteurs  , 
&  tous  les  Journaliftes. 

Enfin ,  l'Auteur  de  la  Diirertation  que  nous  avons 
citée  j  a  fait ,  comme  il  le  remarque  dans  la  Préftce  , 
deux  choies  dans  l'orthographe  de  ce  nom  qu'on  ne 
pratique  point  communément  ;  car  en  premier  lieu 
il  ajoute  à  la  fin  une  H  qu'on  n'y  met  pas  ,  Se  en  le- 
cond  lieu  il  a  fait  mettre  les  lettres  I  ,  H  ,  V  ,  H  , 

■  -en  caradtère  initial ,  8c  les  voyelles  e ,  o  ,  a,  en  petit 

■  caraftère.  le  Ho  Va  H.  Il  en  ute  de  la  lotte  pour 

■  marquer  quelles  font  les  lettres  dont  on  écrit  ce  nom 
en  Hébreu  ,  pour  diftinguer  les  radicales ,  ou  les  con- 
sonnes des  pohits  voyelles  qu'on  lui  donne  ,  &  pour 
faire  fentir  julque  dans  notre  langue  pourquoi  on  l'ap- 
pelle un  nom  de  quatre  lettres.  Quant  à  l'A  qu'il  ajou- 
te à  la  fin ,  il  lui  (emble  qu'on  ne  devroit  jamais  la 
retrancher  :  fans  cette  lettre  ce  nom  de  Dieu  n'eft 
point  entier ,  notre  voyelle  a  par  laquelle  on  le  ter- 
mine ,  ne  repréfcnte  que  le  Kainets  de  la  dernière 
radicale  Hébraïque  n  ,  He  ;  ainli  l'on  n'en  fiit  qu'un 
nom  de  trois  lettres  ,  au  lieu  ilun  nom  de  quatre 
lettres. 

JÉHUD  ,  ou  JEHOUD.  f.  m.  Nom  d'un  prétendu  fils 
de  Saturne  ,  &  de  la  Nymphe  Anobret.  Jehud.  Por- 
phyre raconte  dans  Eufébe  ,  Prsp.  Ev.  L.  I.  que 
Saturne  qui  fut  nommé  par  les  Phéniciens  Ifiai'l  ,  3c 
qu'ils  mirent  dans  les  aftres  après  la  mort  ,  régnant 
en  leurs  quartiers  ,  eut  un  fils  unique  d'une  Nym- 
phe nommée  Anobret,  auquel  il  donna  le  nom  A- 


I  E  L 

hud,  qui  en  Phénicien  fignifie  unique  ;  que  dans  une 
guerre  trcs-dangereufcj  que  ce  pays  eut  à  foutenir  , 
Saturne  ayant  couvert  fon  fils  des  ornemens  royaux 
l'immola  fur  un  autel  ,  qu'il  éleva  tout  exprès.  Il  cfl 
clair  que  cette  fable  eft  copiée  fur  l'hiftoire  d'Abra- 
ham ;  Saturne  eft  Abraham ,  on  le  confond  avec  Ja- 
cob fon  petit  fils  j&  on  lui  donne  fon  nom  d'Ilraél, 
ce  qui  n'eft  pas  rare.  Dans  les  'Vers  d'Onomacrite  at- 
tribuas à  Orphée  on  le  confond  avec  fon  fils  Ifaac  , 
&  on  l'appelle  fils  unique  ,  f.a-ayiw ,  c'eft-à-dire  ,  Je- 
hud.  Le  hls  de  Saturne  Jchud  eft  Ilaac  fils  unique  ,  eil 
Hébreu  Gen.  XXII.  -i--.  Jchhid  ,  qui  eft  la  même 
chofe  que  le  Phénicien  Jéhud,  ^^^"|.  On  fait  qu'il  fe 
mit  en  devoir  de  le  facrifier  ,  comme  il  eft  décrit  dans 
le  Chapitre  de  la  Genèle  que  l'on  vient  de  cirer.  Voy. 
Vollius,  de  Idol.  L.  I  ,c.  iS. 

Ce  mot  vient  d'trrî? ,  ehhad ,  un  ,  d'où  fe  forme 
'Wrx'y ,  jehhid  ,cn  Hébreu  ,&  en  Phénicien  :  dialeclc 
de.  la  langue  Hébraïque  Tin''  ,  Jéhud,  unique. 
JLHUDA.  f.  m.  Nom  d'homme.  C'eft  la  prononcia- 
tion Hébraïque  du  nom  Juda.  Nos  Hébra'ïlar.s  le 
fervent  quelquefois  de  ce  mot  en  parlant  des  Rab- 
bins. Rabbi  Jéhuda  Hakkadofch,  ou  le  Saint  ,  eft 
l'Auteur  ou  le  Compilateur  de  la  Mifchne.  R.  Jéhu- 
da Levi ,  Auteur  du  Sépher  Cozri  ,  vivoit  au  XII' 
liècle.  Juda  ,  Jchuda. 

J  E   I, 

JEISTAM.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  troi- 
fîcme  mois  de  l'année  des  Indiens  qui  font  dans  les 
États  du  Grand  Mogol  :  elle  eft  compolée  de  douze 
mois  ;  celui  de  Jeijlam  répond  au  mois  de  Juin  ,  on 
l'appelle  aulll  Jejlain. 

JEJUNUM,  f".  m.  Terme  d'Anatomie  ,  qui  le  dit  du  fé- 
cond des  inteftins  grêles ,  qui  eft  entre  le  duodénum 
&  l'iléon.  Il  eft  ainfi  appelé ,  parce  qu'on  le  trouve 
toujours  moins  plein  que  les  autres  ;  ce  qui  vient  de 
la  grande  quantité  des  vailTeaux  ladtés  qui  fortent  de 
cet  inteftin  ,  &  qui  reçoivent  fans  celle  le  chyle  ;  Se 
du  mélange  de  la  bile  ,  Se  du  lue  pancréatique  qui 
fe  fait  au  commencement  de  ce  boyau ,  ou  à  la  fin  du 
duodéniun.  On  le  nomme  aulIi  le  jeûneur  _,  ou  \'af-- 
famé.  On  le  diftingue  de  ï' iléon ,  parce  qu'il  a  bien 
plus  de  vailfeaux ,  qu'il  eft  un  peu  plus  rouge  ,  Se  fe 
trouve  plus  vuide.  Ce  boyau  occupe  prefque  toute  la 
région  du  nombril. 

I   E    L. 

lEL ,  lEN ,  1ER  ,  lEZ.  Dernières  fyllabes  de  quelques 
mots.  Les  remarques  fuivantes  ne  regardent  que  les 
Poctes. 

lel  ne  fait  qu'une  fyllabe  avec  la  lettre  qui  le  précède  : 
ciel  J  /lel ,  îniel ,  Sec, 

Le  vrai  bien  n'ejl  qu'au  Ciel ,  il  le  faut  acquérir. 

GOD. 

Comme  on  volt  au  printemps  la  diligente  abeille  y 
Qui  du  butin  des  fleurs  va  compojer  fon  miel , 
Des  fottifes  du  temps  je  compofe  mon  fiel. 

Despr. 

len  ne  compofe  qu'une  fyllabe  :  bien  ,  tien  j  mien  ,  rieri, 
chien:,  &'■'•  On  en  excepte  ordinairement  la  dernière 
partie  de  l'adjcélif  qui  fc  termine  en  ien  ,  fur-tout  lorf- 
que  l'adjcétif  marque  qu'on  eft  d'une  profeffion  ,  ou 
d'une  lociétéj  ou  d'un  pays:  Mulicie;2,  Académicien j 
Siciiic-n  ;  alors  ien  eft  de  deux  lyllabes.  De  bons  Poè- 
tes font  d'avis  qu'on  le  falle  de  deux  fyllabes  autant 
qu'il  eft  pollîble  ,  parce  que  cela  rend  le  veis  plus 
cloux  &  plus  coulant. 

L'Académie  ejl  comme  un  vrai  Chapitre  j 

Chacun  à  pan  promet  d'y  faire  bien; 

Mais  tous  enfemble  ils  ne  ûeansnt  plus  rien. 

Bois-KoB. 

Ccir:bieii 


I  EL 

Combien  coût  ce  qu'on  dit ,  ejl  loin  de  ce  qu'on  pcnfc. 

Rac. 

Deux  heures  de  ton  cntreûcn 

fiaient  deux  fiecles  de  vie.  Mainard. 

Ouï  ,  je  t'achèterai  le  Praticien  François.  Rac. 

Ne  point  mentir  ,  être  content  du  iîcn  , 
Cejl  le  plus  fur  :,  Sec.  Mainard. 

Des  5/-ri-ciis  ravis  emportent  tous  les  vœux.  Cor. 

Que  le  fameux  Balzac  â  mon  gré  jugeait  bien 
D'un  indigne  confrère  Acadcmi-cï-cn.  Scar. 

Voudrais  tu  bien  chanter  pour  moi  ^  cher  Licidas  _, 
Quelque  airSiciAi  en,  doux,  tendre  ,  &  plein  d'appas  ? 

De  Longepierre. 

Suis-ie  le  gar-d'i  en  ,  pour  employer  ce  fiyle  , 
De  la  virginité  des  files  de  la  ville  ?  Molihre. 

La  foi  ,  ce  nœud  facré  ,  ce  li-en  précieux.  Breb. 

Les  uns  Bergers  ,  moi  Nymphe,  &  vous  Magi-ci  en. 

//  ejl  de  fâcheux  entre-ùen. 
Saturne  ejl  moins  Satur-m-en.  Voit. 

En  général ,  il  cft  plus  doux  de  ne  faire  qu'une  fyl- 
iabe  des  lettres  ien ,  cependant  l'ulage  de  la  Poche  a 
établi  d'en  faire  deux  dans  les  mots  dont  il  y  a  ici 
des  exemples. 
Jer  ne  forme  aulll  qu'un?  fyllabe,_/fer,  emier ;  mais  il 
y  en  a  deux  dans  un  adjedif  au  féminin  ;  altière  ,  (Mé- 
nage dans  ce  mot  n'en  fait  qu'une  ,  )  ou  dans  un  fub- 
ftantif  qui  finit  en  e  ,  carrière  ,  il  y  a  cependant  des 
exemples  contraires.  On  excepte  encore  ,  baudrier  , 
bouclier j  calendrier,  étrit;rj  Geôlier,  levier,  meur- 
trier, ouvrier,  fanglier ,  peuplier  ,  où  il  eft  de  deux 
fvUabes.  Il  eft  aulll  de  deux  fyllabes  dans  les  verbes  , 
loit  en  Profe  ,  foit  en  Poëfie  ,  Fier ,  rectifier  ,  ou- 
blier j  &c.  La  terminaifon  ier  étoit  autrefois  toujours 
dipbthongue  ,  &  ne  faifoit  qu'une  lyllabe.  Ainli  fan- 
glier.  Templier ,  étoient  diUyllabes. 

Alnjî  quand  le  Veneur  lâche  fur  un  fan-glier , 
Acculé  dans  fon  fort  y  deux  chiens  à  grand  col-lier. 

P.  Le  Moine. 

Le  Cour-Cicv  qu'il  montait  fuperbement  paré. 

P.  Le  Moine. 
Oui ,  tout  ce  que  je  defire 
C'efi  qu'en  tier  de  corps  &  de  fens 
Tu  puiffes  chanter  y  boire  ,  &  rire 
L'an  de  grâce  mil  fept   cents.  Mainard. 

Fier  des  défauts  qu'en  lui  chacun  reconnoiffoit. 

De  Villi. 

Dans  fes  façons  d'agir  il  efl  trop  fingu-\\et  , 
•       Mais  f  en  fais  jje  l'avoue  ,  un  cas  particu-liei:.  Mol. 

Et  quand  il  eut  acquis  de  parfaites  lu-mièi'es  , 
Il  luifttfubjuguer  des  nations  e/z  tières.  Des-H. 

Suivre  che^  l'Epi-ciei:  Amelot  &ia  Serre.  Despr. 

Ceux  qui  verfent  le  fang  d'une  main  meur-tn-i:i:e  , 
N' ont  point  encore  vu  qu'une  longue  car-rière 
Ait  mejuré  leurs  jours.  God. 

//  charge  encor  capot  qui  perd  les  etri-ers  , 
Et  tombe  entre  les  Rais  qui  font  faits  prifonniers. 

Sar. 

Ilejljufle  ,grand Roi ,  qu'un mcurtn  eïpérijfe.  Cor. 
Tome  y. 


I  E  L  41 

Cette  affreufc  mcur-rûete. 

Qui  loin  de  notre  Jron-ûc-re  , 

Pour  jamais  fe  voit  bannir.  . .  Perraut. 

//  a  faifi  ce  qui  me  grève  , 

Et  plus  que  moi  mes  ou-\n-CTS , 

Ce  qui  rejloit  de  nos  t/e-niers.  Bois-RoB. 

Mais  le  goût  ejl  bien  différent 

De  l'auwn  er  &  de  l'ouvrage.  CoR.  Imit. 

Le  me  û-ct  de  Virgile  ejl  Jl  beau 
Mais  Augujle  ejl  fous  le  tombeau.  Mainard- 

....  Exauce  ma  pri-he  , 

Punis  le  de:  orgueil  d'une  amctrop  al-tï-ère  MiN. 

Et  Moron  C/iera-lier  de  vieillejje  avancée.  Idem. 

//■  infulte  au  lion  terrible  , 

Du  Jan-^W-cï  au  crin  horrible 

Il  brave  l'ivoire  tranchant.  N.  CH.  DE  VERS. 

Qu'un  fier  fan-^W-a  dans  fa  rage 
Des  chiens  ,  des  filets  fe  dégage  , 
■L'acier  tonne;  il  fcait  l'arrêter.  Ibid. 

On  voit  par  ces  exemples  quels  font  les  mots  où 
nos  Poctes  n'ont  fait  qu  une  fyllabe  des  lettres  ier  , 
&  ceux  où  ils  en  ont  fait  deux.  Dans  le  mot  /zier  quel- 
quefois elles  en  font  deux  ,  &  quelquefois  elles  n'en 
font  qu'une ,  mais  alorr  la  prononciation  de  ce  mot 
eft  rude  ,  puifque  même  dans  la  profe  elle  eft  plus 
longue  qu'elle  ne  l'eft  alors  dans  les  vers  :  ce  qui  les 
rend  durs  &  défagréables. 

Mais  à  propos  hier  au  Parnaffe 

Des  Sonnets  Phebus  Je  mêla.  Sarasin. 

Hier  fêtais  che\  des  gens  de  vertu  finguUère. . .  ". 
Mais  hi  er  il  m'aborde  ,  &  me  ferrant  la  main. 

Desp. 

Dans  les  verbes  ces  lettres  ier  font  deux  fyllabes. 

Ceur.  qui  fans  fe  fi-er  à  leur  propre  prudence. 

Godeau. 

Il  faut  bien  une  fois  jufii-R-evfa  haine. Racine, 

C'efi  trop  vous  </e-fi-er  du  pouvoir  de  vos  charmes. 

Cor. 

.   .  .  .  Il  efi  une  ficience 

D'étendre  les  liens  de  notre  confidence  ^ 

Et  de  reJZi-tî-er  le  mal  de  l'aclion.  Mol. 

Un  bienfait  perd  fa  grâce  à  le  trop  puhYi-ex  ; 
Qui  veut  qu'on  s'en  fiouvienne  j  il  le  doit  ou-hW  er. 

Corn. 

Nos  Poètes  ne  faifoient  point  autrefois  cette  ex- 
ception :  mais  ier  ne  failant  qu'une  leule  fyllabcdans 
ces  mots  eft  bien  dur  -,  par  exemple , 

Le  fanglier  que  la  meute  entoure  en  clabaudant , 
Fait  un  dégât  pareil  de  fon  affreufie  dent. 

P.  LE  Moine. 

Il  faut  encore  obferver  ,  qu'aux  fubftantifs  termi- 
nés en  ier ,  on  ne  prononce  point  l'r  finale  ;  on  pro- 
nonce quartié;  &c  non  pas  quartier.  Pour  les  adjeétirs, 
comme  fier,  altier,  entier,  on  le  prononce  infailli- 
blement. Mais  on  ne  convient  pas  pour  tous.  Bien 
des  gens  pmnoncem  fingulié ,  familie  ,  Se  même  com- 
munément on  dit  entiéj  Se  non  pas  fingulicr,  fami- 
lier, entier.  En  général  on  doit  prononcer  l'r:  mais 
l'adoucir  félon  qu'il  choque  l'oreille. 


41 


J  E  M 


/c'î ,  àxns  les  verbes  ne  fait  qu'une  fyllabc  ;  Faiszd:^  ,  al- 
Jzfj  ,  &c.  Il  en  faut  excepter  la  féconde  perfonne  de 
1  indicatif,  &  de  ri.npcritif  des  verbes  de  la  première 
conjugaifon  ,  qui  ont  un  /  a  la  pénultième  ■■,  en  ce  cas 
ici  ^^  '^'^  '^'^"^  fyilabes-,  envic:j;  ,  rie^  ^  &c.  Il  faut  lut 
tout  cela  confulcer  l'oreille.  En  général ,  lorfquecet 
i  ell:  précédé  d'une  muette  ,  &  d'une  liquide  ,  &.  fuivi 
d'un  e ,  il  faut  fiire  ier  ou  ou  ie^  de  deux  (yllabes. 
Foye^l  Ménage  &  Segrais  qui  font  de  cet  avis. 

Amïnte  ,  vous  cro-ycz  ma  fureur  chimérique. 

Des-Houl. 

Et  quoi  que  vous  /j/fiez  ,  les  jeux  6"  les  appas 
Marchent  à  votre  fuite,  &c.  Voit. 

Que /tri  fi-ez-vous  au  temps  chaud? 

Vous  chan  ti-ez  ^  j'en  fuis  fort  aife.  La  Font. 

Je  crains  que  fatisfait  d' avoir  conquis  un  monde 
Vous  ne  l'abandonniez Racine. 

Hélas  !  m'en  vi  cz-vous  ,  dans  l'état  ou  je  fuis  , 
La  trijle  liberté  de  pleurer  mes  ennuis  ?  Racine. 

Hé  bien  l  ri-ez  tout  votre  faou  j 

Je  veux  rire  aufjl  comme  un  fou.  ''ScAa. 

Alors  vous  de-vri  ez  mourir  de  pure  honte. 

Molière. 

Vous  per  dû.  cz  le  temps  en  difcours  fuperfius. 

FONTENELLE. 

Ahl  mon  fils  ,  à  ce  prix  vouàn-ez-vous  régner  i* 

Racine. 

JELOUCHTÉ.  Nom  d'un  détroit  que  M.  de  Lifle  a 
mis  dans  fa  dernière  carte  du  Chili.  Les  Mémoires 
Anglois  fur  Icfquels  il  l'a  placé  ,  le  mettent  au  fud 
du  cap  Frouvart.  Frézier. 

J  E  M. 
JEN.  Voyei  Jam. 

lEMEN.  Nom  d'une  Province  de  l'Arabie  ,  qui  fait  la 
troifième  &  la  plus  grande  partie  de  ce  vafte  pays. 
Nous  l'appelons  l'Arabie  heureufe ,  Arabia  felix  ,  à 
caufe  des  drogues  précicufes  &  aromatiques  qu'elle 
produit.  L'Iémen  ell:  une  péninfule,  qui  a  la  mer  Rou- 
ge à  l'occident,  l'Océan  Indien  au  midi,  le  même 
Océan  &  le  golfe  Perlîque  au  levant ,  &  au  nord  les 
autres  parties  de  l'Arabie.  D'Herbelot  l'appelle  Jaman 
ou  Jémen,  mais  quoi  qu'il  en  foit  de  la  prononciation 
Arabe  ,  nous  difons  toujours  lémen  en  notre  langue  , 
quand  nous  nous  lervons  de  ce  mot  ;  car  on  dit  plus 
ordinairement  Arabie  heureule  qu'Iémen.  Quelques- 
uns  écrivent  Yémen ,  pour  marquer  la  prononciation 
de  r/,  comme  une  voyelle. 

La  mer  èé lémen  ell:  une  partie  de  l'Océan,  qui  bai- 
gne la  côte  méridionale  de  \' lémen. 

Plufieurs   Arabes  ont  écrit  l'hilloire  de   X'Iémen. 
D'Herbelot  parle  des  principaux",  p.  477. 
JÉMINI.  La  terre  de  Jémini.  Terra  Jemini.  C'étoit  une 
petite  contrée  fur  les  conàns  des  Tribus  d  Ephraïni  iSc 
de  Benjamin,  I.  des  Rois  ,  XI.  4.  Le  P.  Lubin  conjec 
ture  que  c'étoit  une  terre ,  un  héritage  de  la  famille  de 
Jemini. 
JEMPLLÉou  JEMPTERLAND.  Province  ,  de  la  Suéde 
lîtuée  entre  l'Angcrmanie  ,  la  Médelpadie  ,  l'Heliingie 
&  la  Norvège  ,  dont  elle  dependoit  autrefois.  Jcmptia. 
Elle  fut  cédée  à  la  Suéde  l'an  1645  ,  par  le  Traité  de 
Bronsbroe.  Elle  peut  avoir  40  lieues  de  long,  &:  vingt 
de  large.  Ce  n'eft  prefque  que  montagnes  :  fes  lieux 
principaux  font  les  bourgs  de  Rellungdt ,  de  Lith  & 


de  Docre.  Maty. 


JEN. 


lÉNA ,  lÉNE  ou  DESNE.  Nom  d'une  ville  de  la  Hau^c 
Hongrie.  Icna  ,  Defna.  Elle  ell  vers  les  conlins    de 


J  E  M 

la  Tranfvlvanie ,  à  l'orient  de  Giula ,  au  fud-efl:  da 
Grand  Waradin.  léne  eft  fortifiée  à  l'antique  par  une 
muraille  Hanquéede  tours  ,  &:  environnée  d'un  foiTé; 
&  elle  eft  défendue  par  un  château,  dont  les  for- 

^tihcations  ne  (ont  pas  meilleures  que  celles  de  la  ville. 
lÉNA  ,  lÉNE.  Autre  petite  ville  du  Cercle  de  la 
Haute  Saxe.  lena:  Elle  eft  dans  le  Duché  de  Wcimar 
en  Thuringe ,  (ur  la  rivière  de  Sala ,  au  levant  de  Wei- 
mar ,  &  au  midi  de  Naumbourg.  La  ville  A' léne  eft 
fituée  au  51^  degré  deux  minutes  de  latitude  lepten- 
trionalc.  Son  terroir  eft  aride  &  fablonneux  en  quel- 
ques endroits ,  plus  humide  &  plus  gras  en  d'autres.  Il 
eft  entrecoupé  par  diverks  montagnes  tlcarpces,  &:  ar- 
rolc  par  la  rivière  de  Sale ,  Ik  par  quantité  de  ruilTeaux 
qui  s  y  jettent.  Il  eft  couvert  de  forets  de  pins ,  qui  ren- 
dent beaucoup  de  poix,  d'où  fe  forme  l'encens  de  Thu- 
ringe ,  comme  on  l'a  dit  en  fon  lieu.  Voye-[  l'Oryc- 
tographie  de  Schut.  léne  eft  dans  une  vallée.  léne  a 
une  Univerlité,  érigée  par  Jean-Fridéric,  Eletleur  de 
Saxe ,  l'an  i  5  3  8  ,  &  un  fort  beau  château ,  qui  eft  la 
rélidence  des  Ducs  de  Saxe-Iéna.  Maty. 

lENDE ,  ou  PAIENDE.  Nom  d'un  grand  lac  de  la  Fin- 
lande ,  en  Suéde.  lendus ,  ou  Panjendus  Lacus.  Il  eft 
dans  la  Tavafthie  ,  aux  confins  du  Savolax  &  de  la 
Carelie.  Maty. 

lENDO.  Voyei  Yendo. 

JÉNEKOPING,  ou  JONEKOPING.  Voye^,  Jenko- 

PING. 

JENGAN.  Nom  d'une  ville  delà  Chine.  Jenganum.  Elle 
eft  la  huitième  de  la  Province  de  Xanfi  ,  &c  elle  a  dix- 
huit  autres  villes  lous  la  juridiction  ,  qui  eft  un  pays 
fort  montagneux.  Maty. 

JENGAPOUR.  Ville  de  l'Indoftan ,  dans  les  Etats  du 
Grand  Mogol ,  capitale  d'une  contrée  du  même  nom, 
fur  la  rivière  de  Chaul  ;  c'eft  la  même  que  M.  Bau- 
drand  appelle  Genupa'.  Long.  49.  d.    lat.  50.  d.  50'. 

JENGOU  ,  ou  JANgOU.  f.  m.  Nom  d'homme.  Gen- 
gulphus.  Valois.  Not.  Gall.  p.  223.  Gengou  feroic 
peut  être  mieux ,  ou  du  moins  Jengou.  Valois  &  Pa- 
radin  écrivent  Jangou. 

JEiMGREURE.  f.  f.  Vieux  mot.  Les  gcnitoires. 

JENIN.  f.  m.  Sot ,  idiot.  C'eft  en  ce  iens  qu'il  eft  em- 
ployé drns  Coquillart.  Notes  fur  Marot. 

JEWISCtA  ,  ou  JENISESKOI.  Jemfiea.  Ville  forte  de 
conlidérable  de  l'Empire  de  RuUîe  ,  dans  la  Tartarie ,  en 
Sibérie  ,  fur  la  rive  gauche  de  la  rivière  dont  elle  prend 
le  nom  ,  aux  confins  des  Oftiaques,  &  des  Tongufes. 
Long.  100.  d.  41'.  45".  lat.  J5. 

JÉNISCEY.  Nom  d'une  grande  rivière  de  la  grande  Tar- 
tarie. Jenifcia.  Elle  a  fa  fource  au  levant  de  l'Oby  , 
coule  entre  certe  rivière  Scelle  de  Léna.iSc  fe  décharge 
dans  l'Océan  feptentrional ,  après  .avoir  baigné  la  ville 
qui  porte  fon  nom  ,  &  reçu  la  rivière  d'Anagara ,  celle 
de  Tungulka,  &  plufieurs  autres.  Son  embouchure  eft 
prefque  toujours  embarcallée  par  les  glaces  ,  Se  ion 
cours  par  pluiieurs  fauts  qui  la  rendent  inutile  pour 
^la  navigation.  Maty. 

JÉNIZAR.  Petite  ville,  ou  bourg  de  la  ThelFalie ,  en 
Grèce.  Jeni^ara  ,  anciennenaent  Phene.  Ce  lieu  eft 
vers  le  golfe  de  Salonichi ,  entre  la  ville  de  Larilîa  &c 
celle  de  Démétriade.  Maty. 

JENI2ER-ÉFENDI,  f.  m.  Charge  qui  chez  les  Turcs, 
dans  les  Janillaires  ,  revient  à  celle  de  Prévôt  dans 
nos  armées.  Cet  Officier  n'a  d'autre  emploi  que  ce- 
lui de  Juge  de  la  Compagnie.  Il  alligne  certains  jours 
aux  foldits  pour  leur  donner  audience,  &  juger  leurs 
dirlérends.  S'il  arrive  quelque  chofe  d'important  ,  il 
en  fait  le  rapport  à  l'Aga,  qui  juge  enluite  en  dernier 
relfort. 

JÉNIZZAR.  Ville  de  Grèce  ,  fituée  dans  la  Macédoine, 
environ  à  neuf  lieues  de  la  ville  de  Salonichi ,  vers  l'o- 
rient méridional.  Jeniz:;^aria.  Quelques  Géographes 
croient  qu'elle  a  été  bâtie  fur  les  ruines  de  l'ancienne 
Pella  ,  lieu  de  la  naiftance  d'Alexandre  le  Grand. 
Maty. 

JENKOPING.  XT  JENECOPIA.  Ville  de  Suéde ,  tonte 
bârie  de  bois ,  dans  la  Smaiande  ou  dans  la  Province 
de  Smaland  ,  fur  le  bord  méridional  du  lac  Weter  ou 
V/atcr.  Long.  31  d.  ;;'.  lat,  /7.  d.  22'. 


JE  R 

JENNE.  adj.  Vieux  fnot.  Jeune.  On  a  die  aulTî  Jo'ène 
dans  le  même  fens 

lÉNOIS,  OISE.  r.  m.  &c  f.  Qui  cft  d'Icne.  IcncnJ^s. 

lÉNOis,  OISE,  f.  m.  &  f.  Nom  de  fetle.  Icncnjis.  Les 
lénois  font  une  fcdle  Luiliéricnne.  /^oy.Lindinus  d.ins 
fes  Doutes.  MARctL.  Apparemment  que  cette  iccte 
prit  le  nom  de  la  ville  où  elle  s'éleva  ,  ou  bien  dans 
laquelle  elle  s'établit. 

|C?JENPING.  Ville  de  la  Chine,  cinquième  Métro- 
pole la  Province  de  Fokicn.  Son  territoire  qui  efl  fort 
montagneux  ,  renferme  lix  iiutres  villes.  Elle  eil:  plus 
orientale  que  Peking  de  57',  lous  les  26  d.  34'  de  lat. 

JÉNUPAR.  Ville  du  Mogol,  la  même  que  Jengapour 
ou  Jcnjapour. 

JENYCEKILER  AGHASI,  f.  m.  Terme  de  Relation. 
Chef,  ou  Commandant  Général  ,  Colonel  Général 
des  Janidaires.  Legionis  apud  Turcas  préitonanti  prs.- 
feclus:  Jantjariorum  ZJux.  Nous  dilons  communément 
dans  notre  langue  l'Aga  des  Janidaires.  C'cft  l'uligc, 
il  eft  mieux  de  le  luivre  que  de  dire  Jen  YccrUr  4-gafi'i 
car  c'eft  amfi  qu'il  faut  dire,  plutôt  que  Janifar  Agajl, 
avec  Moréri.  Voye\  Meninsky, 

J  E  P. 

JEPHLETI.  Jephleû.  Ce  lieu  étoit  de  la  Tribu  d'ÉphraVm 
&  furfesconfins,  du  cêité  de  l'ocidcnt.  }ùf.  XVI.  }. 
Saci  le  nomme  Jéphlct ,  parce  qu  il  a  pris  Jephltti  dans 
la  Vulgate  pour  un  génitif.  Il  s'eli:  trompé,  il  y  a  in  îin 
dans  le  Texte  Hébreu.  Quelques  uns  croient  pourtant 
que  ce  nom  vient  de  Jephlat ,  un  des  defccndans  d'A- 
fer,  dont  il  cft  parle,  i.  Parai.  Fil.  jj.  Les  Septante 
l'appellent  Aptalim. 

JEPHTA.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre  Sainte.  Jephta. 
Elle  étoit  dans  la  Tribu  de  Juda.  Jof.  XF.  ^j. 

JEPHTAHEL.  Nom  d'une  vallée  &  d  un  Torrent  de  la 
Terre  Sainte.  Jephcahel.  Ce  torrent  féparoit  les  Tri- 
bus d'Afer  &  de  Zabulon. 

J  E  Q. 

JÉQUITINGUACU.  f.  m.  Arbre  du  Brefil  qui  porte 
un  fruit  femblable  à  une  fraife ,  dans  lequel  au  lieu  de 
femence  ,  eft  enfermée  une  fève  dure  ,  ronde ,  noire , 
reluifante  comme  du  jais.  On  en  tait  des  chapelets. 
Elle  a  l'écorce  fort  amère,  &  nettoie  mieux  que  ne 
pouroit  faire  le  meilleur  favon. 

J  E  R. 

J£RAMEEL.  Nom  d'homme  &  de  contrée.  Jerameel.  Jé- 
raméel  tut  fils  d  Efron  ,  de  la  Tribu  de  Juda.  i .  Pa- 
rai. II.  6 .  La  contrée  que  fes  delcendans  eurent  en  par- 
tage porta  Ion  nom.  i.  Lïv.  des  Rois  ,XXFI,  /  0.  ëc 
XXX.  2ç. 

JERBEY  ou  IREBEY.  Jerbeia.  Jrbeia.  C'étoit  ancienne- 
ment une  petite  ville  de  la  grande  Bretagne  ,  mainte- 
nant ce  n'eft  qu'un  village  ,  litué  d  ms  le  Comté  de 
Cumberland  ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  Carlile  ,  vers 
le  couchant  méridional.  Maty. 

JERCON.  C'eft  ,  félon  quelques  uns ,  le  nom  propre 
d'une  ville  de  la  Terre-Sainte,  que  la  Vulgate  appelle 
^Méjarcon.  Foye^  ce  mot. 

1ERE.  Nom  d'une  rivière  que  quelques-uns  appellent 
Jéves  ,  mais  mal.  Eara  ,  &  non  pas  lera  ,  comme  dit 
le  P.  Fournier.  C'eft  une  rivière  du  pays  de  Caux , 
en  Normandie,  h' 1ère  ,  ou  la  rivière  à' 1ère  a  la  fomxe 
près  d'Aubermefnil.  Elle  palle  à  Foucarmonr ,  à  Au- 
noy,  à  Betencourt,  à  Pierre  Pont,  à  Grandcourt,  à 
la  Pièvre  ,  à  Val-le  Roy,  à  Sept-meules  ,  à  Tilly  , 
à  Auberville ,  à  S.  Soupli ,  &  à  Criel ,  &  deux  lieues 
au-delfous  elle  fe  jette  dans  la  mer.  Valois  ,  Notic. 
Gall. 

JÉRÉMIADE,  f.  f.  Ton  plaintif ,  comme  celui  de  Jé- 
rémiedans  fes  Lamentations.  IjCT  Plaintes  fréquentes 
&  importunes.  Ce  mot  n'eft  que  du  ftyle  familier. 

Il  faut  finir  cette  Jérémiade.  Abbé  de  Choisy. 
Tome  F. 


J  E  R 


4? 


Roridon  dit  à  Euphémon  dans  la  nouvelle  Comédie 
de  l'Enfant  prodigue , 

Foilà-t-il  pas  de  vos  Jérémiades. 

De  vos  regrets ,  de  vos  complaintes  fades  ? 

JÉRÉAIIE.  (.  m.  Nom  propre  d'un  Prophète  du  peuple 
de  Dieu.  Jeremias.  Il  étoit  tils  d'un  Prêtre  nomme 
Hclcias  Jer.  L.  i .  Il  commença  tout  jeune  à  prophé- 
ti(er,la  douzième  année  du  règne  de  Jolias ,  Roi  de 
Juda,  ^64  ans  .avant  Jésus -Christ.  Après  la  def- 
truétion  de  Jérulalcm  il  fe  retira  en  Egypte  ,  61:  fut , 
dit-on,  lapidé  à  Taphnis.  Nous  avons  deux  Livres 
de  lui ,  ia  Prophétie  &  les  Lamentations ,  qui  néan- 
moins dans  le  Canon  ne  pallent  que  pour  un  feul 
Livre.  On  dit  aux  Ténèbres  les  Lamentations  du  Pro- 
phète Jèrémie. 

On  dit  populairement  d'un  homme  qui  pleure  tou- 
jours ,  qui  (e  plaint  toujours,  qui  prévoit  toujours  des 
malheurs,  ou  qui  pleure  ceux  qui  (ont  pallés  ,  que 
c'eft  un  Jèrémie  ;  parce  que  ce  Prophète  prédit  les 
malheurs  de  Jérulalem  ,  &:  enluitc  les  déplora  de 
la  manière  la  plus  pathétique  dans  (es  Lamentations. 
Faire  le  Jcrcmie ,  c'eft  annoncer ,  prédire  quelque  mal- 
heur, 

A  m' entendre  prêcher  d'un  ton  de  Jécémie, 

Qu'il  n  efi  aucun  plaifir  fur  lajin  de  fa  vie  , 

Qiie  celui  d'avoir  bien  veVa.  Pavillon. 

JérÉmie  ,  fe  dit  auilî  de  la  Prophétie  de  ce  Prophète , 
du  Livre  canonique  de  l'Écriture  qui  la  contient.  On 
lit  en  Jèrémie.  Ce  pallage  eft  tiré  de  Jéremie.  Ghide- 
rius  a  fiit  une  chaîne  (ur  Jèrémie ,  qui  a  été  imprimée 
en  trois  volumes  in  fol.  en  1 6z  3  ,  à  Lyon.  Nous  avons 
un  Commentaire  de  Maldonat  fur  Jèrémie. 

JÉRÉPÉMONGA.  f.  m.  Serpent  marin  du  Brefil ,  qui 
fe  tient  (ouvent  fous  l'eau  (ans  faire  aucun  mouve- 
ment. Tous  les  animaux  qui  le  touchent ,  fe  collent 
h  fortement  à  (a  peau  ,  qu'à  peine  les  en  peut  on 
détacher.  Il  en  fait  fa  nouriture.  Il  fort  quelquefois 
de  la  mer  (ur  le  rivage  ,  où  il  s'entortille.  S'il  arrive 
que  quelqu  un  y  porte  la  main  pour  le  prendre  ;  elle 
s'y  attache  ;  <Sc  s'il  en  approche  1  autre  ,  croyant  stxï. 
dcbarrader  ,  elle  y  demeure  pareillement  attachée. 
Alors  ce  (erper.t  s'étend  de  fa  longeur,  (e  jette  dans 
^  la  mer ,  &  emporte  fa  proie. 

JÉRICHO.  Prononcez  Jériko.  Ville  ancienne  &  con- 
fidérable  du  pays  de  Chanaan.  Jéricho ,  Hiericho  ,  Hieri- 
cus.  Elle  étoit  dans  la  Tribu  de  Benjamin.  Jof.  XFIII. 
2 /.à.  cinq  lieues  du  Jourdain,  &  à  neuf  de  la  ville 
de  Jérulalem.  Cette  ville  fut  prife  miraculeufemcnt 
par  Joiué,  qui  la  ruina,  prononça  des  imprécations 
contre  celui  qui  la  rcbâtiioit  ,  lelquelles  tombèrent 
lur  Hicl  qui  viola  cette  défenle.  Jof.  FI.  :6 .  XX.  2^. 
III.  Rois  ,  XFI.  34.  Hérode  le  Grand  fît  b.îtir  près 
de  cette  ville  un  ch.îteau  extrêmement  fort  ,  qu'il 
nomma  Cyprus ,  pour  honorer  la  mémoire  de  (à  mère , 
qui  portoit  ce  nom.  JÉsus  Christ  y  guérit  un  aveu- 
gle ,  (Se  y  convertit  Zachée  le  Publicain.  Elle  fur  Épil^ 
copalc  du  temps  des  Croifades  .,  maintenant  ce  n'eft 
qu'un  village  nommé  Rihha,  &  habité  par  des  Ara- 
bes. Joféphe  lappelle  encore  Oza ,  &:!e  Géographe 
appelé  communément  Kuhienfis  l'appelle  Eriha. 

Jéricho  cft  célèbre  dans  l'Antiquité  par  la  beauté  de  fes 
palmiers ,  qui  la  firent  appeler  la  ville  des  Palmiers.' 
Deut.  XXXI F ,  3 ,  &  par  fes  jardins  de  baume.  Il 
paroît  auilî  par  1  Ecclélîaftique ,  XXI F  ,  iS  ,  qu'il  y 
venoit  des  rofes  en  abondance ,  &:  l'on  dit  qu'encore 
aujourd'hui  la  campagne  en  eft  pleine  au  printemps. 
Elle  étoit  près  des  limites  de  la  Tiibu  de  Benjamin, 
du  côté  que  celles  du  feptentrion  touchoient  celles  de 
l'occident.  Joféphe  dit  qu'elle  étoit  à  foixante  ftades 
du  Jourdain  ,  ce  qui  ne  fait  que  deux  lieues  &  de- 
mie ,  vingt-quarre  ftades  ét.mt  pris  pour  une  lieue  ; 
que  fon  territoire  étoit  le  plus  fertile  de  la  Judée  ; 
que  c'étoit  un  des  onze  gcuvernemens  de  la  Judée  ; 
qu'il  y  avoit  un  hippodrome  dans  la  ville  j  qu'elle 
étoit  dans  une  plaine ,  mais  dominée  par  une  mon- 

Fij 


44  J  E  R 

ragnc  toute  nue  &  ftérile  ,  qui  s'étendoit  au  nord  juf- 
qu'à  Scythopolis ,  &c  au  midi  jufqu'à  la  mer  Morte  ; 
que  fes  environs  croient  arroks  par  une  fontaine  tort 
abondante  ;  qu  elle  étoit  à  cent  cinquante  ftades  de 
Jérufalem  ^  ce  qui  tait  lix  lieues  &  un  quart ,  en  don- 
nant cent-vingt-cinq  de  nos  pas  au  Itide.  S.  Epipha 
ne  dit  qu'elle  avoit  plus  de  vingt  ftades  de  tour.  Il 
en  faudroit  vingt-quatre  pour  une  lieue,  f^ojei  M. 
Réhnd,  PaUJl.   T.  II,  p.  S 2 g  &  fuiv. 

JÉRICQN  ,  ou  JERCON  ,  ou  plutôt  JARKON.  Ville 
de  la  Paleftine  j  dans  la  Tribu  de  Dan. 

JÉRIMOTH.  Ville  de  la  Terre-Sainte.  Jcrimodi.  Ce- 
toit  (ous  les  Chananéens  une  ville  Royale  ;  elle  fut 
donnée  à  la  Tribu  de  Juda  ;  elle  étoit  à  quatre  mil- 
les d'Eleuthéropolis.  C'efb  Jérimoth  que  le  /  L.  des 
Rois  J  XXX ,  J  0 .  appelle  Arama ,  Efdras ,  X.  I  ,c. 
XI J  V.  2Q.  Jérïmuth  ,  au(iî-bien  que  les  Septante , 
Jof.  X.  &  Jérïmuth  ,  Jof.  XF,  3  S. 

JERNEj  ou  JERNIE.  Nom  qui  le  donnoit  autrefois  à 
l'Irlande  ,  iSc  d'où  quelques  uns  prétendent  que  s'ell: 
fait  celui  d'Hibernie.  /dr/ze , /ewia.  Quelciues  uns  ti- 
rent ce  nom  du  Grec  Aoç»»?  ,  Averna  ,  c'eft-à  dire,  qui 
n'a  point  d'oifeaux  ;  parce  qu'elle  eft  pleine  de  lacs  , 
Icfquels ,  difent-ils ,  engloutirent  les  animaux  &  les 
font  palier  à  l'Avcrne.  D'autres  le  tirent  d'iÉpii ,  in- 
fruclueufe  ,  de  tfos ,  plante.  Cambden  le  tire  de  Erin , 
nom  Irlandois,  qui  lignilie  l'occident.  Orphée  dans 
fes  Argonautes,  l'.ippelle  l'île /t'r«i^ei&:  Claudien  , 
de  Conful.  Honor'd  Carm.  VIII  j  v.  33.  gladalïs 
lerne. 

JÉRÔME,  f.  m.  Nom  d'homme.  Hieronymus.  S.  Jé- 
rôme ,  fils  d'Eusèbe  ,  étoit  Dalmate ,  originaire  de  la 
ville  de  Stre'i'don  ,  iituée  fur  les  confins  de  la  Dalma- 
tie  &  de  la  Pannonie.  S.  Jérôme  eft  un  Doéleur  de 
l'Eglife.  Le  Grammairien  Donat ,  connu  par  fes  Com- 
mentaires fur  Térence  &  fur  Virgile  ,  fut  maître  de 
S.  Jérôme.  S.  Jérôme  étant  palîé  dans  la  Paleftine  y 
apprit  d'un  Juif  l'Hébreu  &  le  Chaldéen  ,  &  fe  don- 
na tout  entier  à  l'étude  de  l'Écriture  Sainte.  S.  Jérô- 
me étant  revenu  à  Rome  l'an  382  ,  fut  Secrétaire  du 
Pape  Damafe.  S.  Jérôme  eut  de  grands  démêlés  avec 
Ruffin  ,  &  quelques  uns  avec  S.  Auguftin.  La  traduc- 
tion de  l'Écriture  que  nous  appelons  Vulgate  ,  que  le 
Concile  de  Trente  a  déclaré  authentique  ,  eft  l'ou- 
vrage de  S.  Jérôme  _,  aux  Pfeaumes  près  ,  qui  font 
l'ancienne  verfion  Vulgate  appelée  Italique  ,  &  faite 
fur  le  Grec.  S.  Jérôme  traduifit  de  nouveau  l'Ancien 
Teftament  fur  l'Hébreu  ;  &  (ur  le  Grec  les  livres 
que  l'on  n'a  point  en  Hébreu.  Quant  au  Nouveau 
Teftament,  il  ne  fit  que  retoucher  &  corriger  l'an- 
cienne verfion.  Nous  avons  eu  jufqu'ici  trois  édi- 
tions des  ouvrages  de  S.  Jérôme.  Érafme  les  donna 
en  1516,  1526,  1553  ,  1580.  Marianus  Viftorius 
à  Rome  en  1566  &  1572.  On  les  a  imprimés  à  An- 
vers en  I  578  ,  à  Cologne  en  1616  ,  à  Paris  en  1533  , 
1546^  IJ79  ,  1602  ,  &  1623  ,  &  à  Francfort  en 
1684.  Lj  dernière  édition  s'eft  faite  à  Paris  par  les 
foins  du  P.  Martianay.  Le  premier  tome  ,  qui  n'eft 
autre  choie  que  la  verlion  de  l'Écriture  faite  par  S. 
Jérôme :,  parut  en  1693 ,  &  le  dernier  en  1706. 

Ze  févère  Docteur,  rigoureux  foUtaire  , 
Qui  depuis  tant  de  temps ,  par  tant  d'écrits  divers  j 
Enfermé  dans  fa  grotte  ,  éclairoit  l'univers  , 
Jérôme  y  vieux  alors ,  ranima  /on  courage. 

Racine  le  fils. 

On  écrivoit  autrefois  Hiérôme,&c  quelques-uns  le 
font  encore  ;  mais  l'ulage  eft  pour  Jérôme.  Au  refte  , 
de  quelle  manière  qu'on  écrive  ,  il  faut  prononcer 
Jérôme.  Ce  nom  demande  pourtant  une  h  ,  félon  Ion 
origine  ;  car  il  vient  de  .«^^  ;  faint  ,  facré  ,  &  lepU  , 
nom  J  de  forte  que  Jérôme  fignifie  ,  qui  a  un  nom 
facré  :  mais  l'ufage  eft  le  maître  de  l'ortographe  com- 
me de  la  prononciation. 
JÉRONYMITEou  HIÉRONYMITE.  Car  on  écrit  & 
on  prononce  l'un  &  l'autre.  Ermite  de  S.  Jérôme. 
Nom  d'un  Ordre  Religieux.  Hicronyma  j  Hicrony- 
mianus  Monachus  j  Ercmita  à  S.  Hieronymo  dicius. 


J  E  R 


Il  y  a  quatre  Ordres  d'Ermites  de  S.  Jérôme  tous 
diftérens  ,  les  Jéronymites  d'Efpagnc  ,  les  Ermites 
de  S.  Jérôme  de  l'Obfervance  uu  de  Lombardie  ,  les 
Ermites  de  S.  Jérôme  de  la  Congrégation  du  Bien- 
heureux Pierre  de  Pife  ,  &  ceux  de  la  Congrégation 
de  Fiéfoli. 
Les  Ermites  de  S.  Jérôme  d'Efpagne  ,  appelés  plus  com- 
muncment  Jéronymites  ,  doivent  leur  naillance  au 
1  iers  Ordre  de  S.  François  ,  dont  les  premiers  Jé- 
ronymites croient  membres  ,  &  difciples  du  Bien- 
heureux Thomas  de  Sienne  ,  ou  Thomafuccio ,  Pro- 
fès  de  cet  Ordre.  Grégoire  XI  approuva  cet  Ordre 
fous  le  nom  de  S.  Jérôme ,  qu'ils  avoient  choifi  pour 
leur  modèle  ;  &:  leur  donna  les  conftitutions  du  Cou- 
vent de  Sainte  Marie  du  Sépulchre  ,  avec  la  rè-gle  de 
S.  Auguftin  ,  &  pour  habit  une  tunique  de  drap  blanc , 
un  fcapulaire  de  couleur  rannée  ,  un  petit  capuce  , 
&  un  manteau  de  même  couleur  ,  le  tout  de  couleiu" 
naturelle  &  lans  teinture  ,  &  d'un  prix  vil.  Les  Jé- 
ronymites ont  le  Couvent  de  S.  Laurent  de  i'Eku- 
rial ,  où  les  Rois  d'Efpagne  ont  leur  fépulture.  Il  y 
a  une  hiftoire  Elpagnole  de  cer  Ordre  commencée  par 
Jofeph  de  Siguença  &  Francifco  de  los  Sanros  ,  tic 
continuée  par  Hermcngilde  de  S.  Paul. 

Il  y  a  auftî  en  Elpagne  des  Religieufes  Jéronymites 
ou  Ermites  de  S.  Jérôme.  Leur  Fondatrice  fut  une 
fiintc  fille  nommée  Marie  Garcias  ,  vers  la  fin  du 
XV^  (lècle.  Elle  acheta  a  Tolède  une  grande  maifon  j 
s'y  retira  avec  quelques  compagnes  ;  elles  y  prirent 
l'habit  des  Religieux  Jéronymites ,  une  robe  blanche , 
&C  un  fcapulaire  de  couleur  tannée  _,  &  élurent  Ma- 
rie Garcias  pour  Supérieure.  Tel  fut  le  commence- 
ment du  célèbre  Monaftère  de  S.  Paul  de  Tolède  , 
&  de  l'Ordre  des  Religieufes  Jéronymites.  Elles  ne 
firent  pourtant  des  vœux  que  long -temps  après.  Sixte 
IV ,  en  permettant  en  i  47  5  ,  la  fondation  de  leur 
fécond  monaftère  j  les  mit  fous  la  juridiction  des 
Religieux  Jéronymites  ,  Se  leur  donna  les  Conftitu- 
tions d'un  mor.aftère  de  Sainte  Marthe  de  Cordoue; 
mais  Léon  X  les  en  difpenfa  en  1514  ,  &c  leur  or- 
donna de  prendre  celles  de  l'Ordre  de  Saint  Jérôme. 
P.  HÉLYOT.   P.  IL! ,  c.   sp- 

Les  Ermites  de  Saint  Jérôme  de  l'Observance  , 
ou  de  Lombardie  ,  ont  pour  Fondateur  Loup  d'Ol- 
médo  ,  c'eft  un  bourg  du  Diocèfe  d'Avila  en  Efpa- 
gne ,  où  il  naquit  l'an  1370.  En  1424,  étant  venu 
à  Rome  ,  Martin  V  lui  accorda  par  une  Bulle  la  per- 
million  de  fonder  une  Congrégation  ,  fous  le  titre 
de  Moines  Ermites  de  laint  Jérôme  dans  les  monta- 
gnes de  Cazalla,  au  Diocèfe  de  Séville,  l'en  étabhf- 
fant  Général.  Il  y  a  dans  cet  Ordre  ,  outre  les  Frè- 
res Convers ,  des  Frères  Commis  &  des  Donnés. 
Leurs  Conftitutions  furent  approuvées  par  Paul  V  , 
l'an  161 1.  Leur  habit  confifte  en  une  tunique  blan- 
che ,  une  ceinture  de  cuir  ,  un  fcapulaire  de  cou- 
leur tannée  ,  auquel  eft  attaché  un  petit  capuce  , 
dont  ils  ne  (e  couvrent  point  la  tête  ;  car  lorfqu'ils 
n'ont  que  la  robe  &  le  fcapulaire  ;  ils  ont  un  bon- 
net carré;  mais  lorlqu'ils  font  au  chœur  ,  ils  mettent 
par-delfus  la  robe  une  coule  de  couleur  tannée  ,  ex- 
cepté à  Sexte  ,  à  None  &  à  Compiles.  Ils  la  portent 
auilî  quand  ils  forrent  en  ville.  Au  heu  de  coule  les 
Frères  Convers  ont  un  manteau.  Les  Frères  Commis 
ont  une  tunique  de  couleur  tannée ,  &:  un  manteau 
de  même  ;  les  Donnés  ,  ou  Oblats  ,  qui  font  dans  les 
Monaftères  ,  une  petite  tunique  de  couleur  tannée 
qiri  ne  defcend  que  jufqu'aux  genoux  ;  hors  des  Mo- 
naftères ils  ont  l'habit  féculier.  Cette  Congrégation , 
pour  armes  ,  porte  d'azur  à  des  nues  en  chef,  un 
bras  illant  du  côté  gauche  de  l'écu  ,  en  partie  revêtu 
d'une  manche  de  couleur  tannée  ,  tenant  à  la  main 
une  pierre  ,  une  croix  de  bois  brochant  fur  le  tout , 
&c  un  lien  couché  au  pied  de  la  croix  fur  une  ter- 
raft'e  de  Sinople  ,  l'écu  timbré  d'un  chapeau  de  Car- 
dinal.  P.  HÉLYOT. 

Le  B.  Pierre  Gainbacorti  j  né  à  Pife  le  1 6  Février 
1355,  fonda  la  troihème  Congrégation  Acs  Jérony- 
mites vers  l'an  1 575  ,  ou  1 377.  Us  ne  firent  que  des 
vœux  Amples  jufqu'en  1 568  ,  que  Pie  V  leur  ordonna 


J  E  R 

d'en  f.iire  de  folcnncls.  Us  ont  dts  miifons  en  Ira- 
lie,  dans  le  Tirol  &  1.1  Bavière.  L'habilkintiu  Je  ceux 
d'Italie  conlifte  en  une  robe  ik  un  capuce  de  cou 
leur  tannée,  une  ceinture  de  cuir  ,  la  mozetcc  du 
capuce  étant  en  pointe  par  derrière.  Se  delcendant 
jufqu'à  la  ceinture.  Ils  ne  fe  couvrent  point  la  tête 
du  capuce  ,  ils  ont  un  bonnet  carré  dans  la  maifon  ; 
quand  ils  fortent  ils  mettent  une  chape  plillée  par 
le  haut,  &  qui  a  un  collet  ailez  élevé  ,  ik  portent 
un  chapeau  noir.  Leurs  armes  (ont  d'azur  à  /îx  pe 
rites  montagnes  furmontées  d'ime  croix  ,  le  tout  d'or  , 
&  accompagné  de  quatre  étoiles  aulYi  d'or  ,  1  écu 
timbré  d'une  couronne.  P^oye^  les  lîoUandillcs  au 
17  de  Juin  ,  &:  le  P.  Hélyot,  T.  IF,  c.  i.  Deux  ou 
trois  autres  Congrégations  ont  été  unies  à  celle  du 
B.    Pierre  de  PiCe. 

La  quatrième  Congrégation  àcs  Jéronym'ues  ,  dire 
des  Ermites  de  Saint  Jérôme  de  Fiéfoli  ,  commenc,a 
l'an  1360  ,  que  le  B.  Charles  de  Montégranéli  de  la 
famille  des  Comtes  de  Montégranéli ,  k  retira  dans 
la  folitude ,  &  s'établit  d'abord  à  Vérone.  Elle  tut  ap- 
prouvée par  Innocent  VII ,  l'an  1046  ,  tous  une  rè- 
gle &  des  Conftitutions  dites  de  S.  Jérôme  ,  appa- 
remment parce  qu'elles  étoient  tirées  des  écrits  de 
ce  Père  ,  &  confirmées  par  Grégoire  XII  ;  mais  Eu- 
gène IV  ,  en  1441 ,  leur  donna  la  règle  de  Sainr  Au- 
guftin.  Comme  le  Fondareur  éroit  du  Tiers  Ordre  de 
S.  François ,  il  en  garda  l'habir.  En  146a  Pie  II  pcr- 
mir  de  le  quitter  à  ceux  qui  voudroienr.  D'aurres  le 
voulurent  garder ,  ce  qui  ht  deux  Congrégations  qui 
fe  réunirent  enfuite.  Une  tunique  grife  ceinte  d'une 
ceinture  de  cuir  ,  un  capuce  arraché  à  une  grande 
mozerre ,  ôc  une  chape  plillée  par  le  cou  ,  &  grife 
aullî ,  fur  l'habit  nouveau  qu'ils  prirenr.  Ils  avoient 
des  fandales  de  bois  ,  qu'ils  quittèrent  vers  la  fin  du 
feizième  liècle.  Clemenr  XI  fupprima  cer  Ordre  en 
1668.  Foy.  le  P.  Hélyor,  T.  IF,  c.  3. 
Les  Jéluares  s'appellenr  aulîî  Jéfuares  de  S.  Jérôme  Foy. 

^JÉSUATES. 

JÉRON.  Nom  d'un  ancien  lieu  de  Bithynie  ,  dans  l'A- 
ile mineure.  Jerona  ,  Jovis  Urii  Fanum.  Maintenant 
c'eft  une  petite  fortereLlê  de  la  Narolie  ,  firuée  fur 
le  détroit  de  Conftantmople  ,  près  de  la  ville  de  Scu- 
tari. 

JÉRON.  Ville  de  la  Tribu  de  Nepthali  dans  la  Terre 
Sainre.  Jéron.  Jof.  XIX j  ji'.  C  étoit  une  ville  puif 
fanre ,  qui  s'appelle  aulïi  quelquetois  Giron  ,  de  l'Hé- 
breu i"i:<Ti  ,  Iran. 

JÉRON  ROMÉLIAS.  Nom  d'un  bourg  de  la  Turquie  , 
en  Europe.  Jérona  RomdU  ,  anciennement ,  Poly- 
chnium.  Il  eft  dans  la  Romanie  ,  près  de  la  ville  de 
Conftantinople.  Maty. 

lÉROPHORE  ,  ou  JÉROPHORE.  f.  m.  Qui  porte  les 
chofes  (acrées  ,  qui  a  la  charge  de  les  porter ,  qui  eft 
deftiné  à  cela.  lerophorus.  C'étoit  un  office  chez  les 
Grecs.  C'éroient  ceux  qui  dans  les  cérémonies  de  re- 
ligion porroicnt  les  ftatues  des  Dieux  ,  &  autres  cho- 
fes facrées.  On  donna  un  jour  à  M.  Gronovius  une 
ftatue  qui  repréfentoit  un  de  ces  Payfans  de  Saxe , 
qui  tirent  des  métaux  de  la  terre  ,  &  qui  les  empor- 
tent dans  les  villes.  Il  prir  cette  ftatue  pour  une  an- 
tique relpettable  ,  il  prétendit  que  c'étoit  un  Prêtre 
des  Anciens  Germains  ;  qui  portoit  le  vaifteau  d'I- 
fis,  &  du  nombre  de  ceux  que  les  Grecs  appeloient 
lérophores.  C'eft  ce  qui  l'engagea  à  en  donner  la  de(- 
cription  dans  fon  Tréfor  des  Antiquités  Grecques. 

lÉROPHYLAX ,  ou  JÉROPHYLAX.  f.  m.  Nom  d'Of 
fice  dans  l'Églife  Grecque.  Hierophylax.  Ce  riom  lig- 
nifie Garde  des  chofes  facrées.  L'Iéropkylax  étoit 
chez  les  Grecs  ce  qu'eft  le  Sacriftain  chez  nous. 

lÉROSCOPIE,  ou  JÉROSCOPIE.  f  f.  Infpedion  des 
chofes  facrées.  Divination  par  l'infpedion  des  cho- 
fes qu'on  ofFroit  aux  Dieux  ,  des  viétimes ,  de  leurs 
entrailles  ,  &c.  Hierofcopia.  C'eft  l'art  des  Aruf- 
pices. 

JEROSLAW  ,  Foye:^  Jaroslaw.  C'eft  ainfi  que  nous 
prononçons. 

JEROViLÎA ,  ou  ANFILOCA.  Nom  d'une  ville  de  Grè- 
ce. Argos  Amphilochium  j  Amplidochia.  Elle  eft  dans 


J  E  R  4j 

l'Épire  fur  l'Afp;  i  ,  au  levant  de  la  ville  de  Larta.  Jé- 
rovilia  eft  allez  giandc  ,  &c  conferve  plulieurs  vcftiges 
..  de  fon  antiquité.  Maty. 

lEKRE  ,  ou,. félon  quelques  uns  ,  YER.  Nom  d'une 
petite  rivière  de  France.  lerra  j  Edcra.  Elle  coule 
dans  la  Bric  ,  où  elle  a  fa  fource  ,  Ik  fe  décharge 
dans  la  Seine  ,  à  Ville  neuve-Saint  George  ,  environ 
à  quatre  lieues  au  dclllis  de  Paris.  Valois  ,  Noc. 
..  Gall.  p.  I S  (. 

Ierrk.  Autre  rivière  dans  le  Dunois ,  contrée  de  Fran- 
ce. Edera.  Elle  palîé  à  Fontaines  ,  à  S.  Hilairc  ,  & 
le  jette  dans  le  Loir.  Valois  ,  au  même  endroit.  Il 
écrit  Yerre. 

JERSER.  V.  n.  Foye\  Gercer. 

JERSEY.  Foyei  Gersey. 

JERVENLAND  ,  ou  JERVENLANDE.  Nom  d'un  pe- 
tit pays  de  l'Eftonie  ,  partie  de  la  Livonie.  Jervolan- 
diuj  Jcrvia.  Il  n'a  rien  de  conlidérable  que  VViten- 
ftein  ,  qui  en  eft  la  capitale.   Maty. 

JÉRUN-CROCHEN.  f  m.  Monnoie  qui  fe  fabrique 
dans  les  États  du  Grand  Seigneur  ,  &  qui  y  a  cours 
pour  un  demi  ducat. 

JÉRUSALEM.  Nom  d'une  ancienne  ville  ,  autrefois 
de  la  Terre  Sainte.  Hicrofolyma ,  JerufaUm  ,  Jerofo- 
.lyma  ,  Solyma.  Elle  eft  capitale  de  la  Paleftine  ,  ii- 
tuée  vers  le  milieu  de  ce  pays  ,  à  huit  lieues  de  Jal- 
fa ,  &  de  la  mer  Méditerranée  ,  &  à  dix  de  la  mer 
Morte.  On  croir  que  cette  ville  eft  Salem  ,  dont  Mel- 
chilédech  étoit  Roi  ;  ainfi  elle  feroit  une  des  plus 
anciennes  villes  du  monde.  Joféphe  dir  qu'elle  fut 
bâtie  par  Melchifédech.  M.  Réland  n'en  convient  pas. 
Il  avoue  cependant  qu'au  Ffeaume  LXXVI ,  5  ,  le 
texte  Hébreu  l'appelle  Salem  j  mais  il  prétend  que 
c'eft  le  nom  Jérujalem  ,  abrégé  ,  de  même  que  les 
Poëtes  Latins  ont  dit  Solyma  pour  Hierofolyma.  Elle 
s'appella  Jébus  fous  les  Chananéens  ,  du  nom  de  Jé- 
bus  fils  de  Chanaan.  Genef.  Xj  16 .  Jofué  ,  XF ,  6  j. 
XFIII y  2S.  Jofué  l'ayant  prife  ,  l'aftigna  à  la  Tri- 
bu de  Benjamin.  C'eft  pourrant  une  queftion  de  fa- 
voir  lî  Jérufalem  étoit  de  la  Tribu  de  Benjamin  ,  ou 
de  celle  de  Juda.  Dans  quelques  endroirs  de  l'Écri- 
ture il  eft  dir  qu'elle  éroit  de  la  première  ,  &  en 
d'autres  elle  eft  donnée  à  la  féconde.  C'eft  qu'elle  étoit 
aux  confins  de  l'une  &  de  l'autre  ,  partie  fur  l'une  , 
partie  fur  l'autre.  C'eft  ainfi  que  nous  avons  des 
villes  de  deux  Provinces ,  ou  de  deux  Diocèfes.  Foy. 
M.  Réland  ,  Palejl.  T.  II , p.  13c  &fuiv.  où  il  rraite 
cette  queftion  fort  exaâement.  Quoi  qu'il  en  loit  , 
David  en  ayant  pris  la  fortcrelfe ,  que  les  Jébuféens 
renoient  encore ,  il  en  fit  la  capitale  de  toute  la  Ter- 
re-Sainte j  tk  elle  fut  le  liége  de  tous  fes  fucelleurs 
Rois  de  Juda.  Salomon  y  fit  b.àtir  un  magnifique  tem- 
ple, qui  méritoit  d'avoir  rang  entre  les  merveilles  du 
monde  ,  &  qui  étoit  le  liége  de  la  Religion  des  Juifs. 
Elle  fut  une  des  plus  grandes  villes  ,  des  plus  magni- 
fiques ,  des  plus  tortes  &  des  plus  peuplées  de  tout 
l'Orient  ;  mais  elle  louftrir  aulîî  divers  malheurs,  & 
fut  deux  fois  entièrement  ruinée  ;  premièrement  par 
Nabuchodonofor  Roi  de  Babylone  ,  fous  le  règne  de 
Sédécias.  Ayant  été  rebâtie  par  permillion  de  Cyrus 
Roi  de  Peifc  ,  &c  par  les  foins  de  Zorobabel  ôc  de 
Néhémie  ,  elle  fut  détruite  une  (econde  fois  par  Tire  , 
fils  de  l'Empereur  Vefpaùen  ,  l'an  foixante-dix  de 
Jésus  Christ.  L'Empereur  Hadrien  la  fit  bâtir  l'an 
131.  Comme  il  s'appeloit  ytlius  ^  il  lui  donna  le  nom 
d'^lia  J  qu'elle  a  fouvenr  dans  les  anciens  Géogra-  ' 
phes  ,  &c  que  les  Arabes  lui  donnent  encore.  On  y 
joignit  le  furnom  de  CapitoUna  ,  parce  qu'il  avoir 
fait  mettre  une  ftatue  de  Jupiter  Capitolin  à  l'en- 
droir  où  éroir  le  temple  i  Conftantin  le  Grand  s'é- 
tant  Elit  Chrétien  ,  la  répara  &  l'embellit.  Il  y  fit 
bâtir  le  magnifique  remplc  de  S.  Sauveur  près  du  Sé- 
pukhre  de  Jesus-Chriît.  Elle  reprit  fous  lui  fon  an- 
cien nom  ,  &  fur  enfuire  honorée  de  la  dignité  Pa- 
triarchale.  Cette  ville  tomba  depuis  entre  les  mains 
des  Mahométans.  Godefioi  de  Bouillon  la  prit  aux 
Sarrazins  l'an  1099  ,  &  il  en  fit  le  fiéj-.e  du  Royau- 
me de  Jérufalem  ;  mais  Saladin  la  reprit  l'an  1 187  j 
&  elle  eft  demeurée  depuis  ce  temps-là  au  pouvoir 


4^'  J  E  R 

(les  Infidèles.  Les  Turcs  la  nomment  aujourd'hui  P.l- 
kods  ,  ou  Elkodes  ,  c'ell:-à  dire  ,  la  Ville  Sainte.'  Elle 
eil  aujourd'hui  de  médiocre  grandeur  ,  liége  d'un 
Sangiac  &  d  un  Cadiz.  Elle  ell:  habitée  par  des  Turcs  , 
des  Arabes  ,  des  Juifs  ,  Se  des  Chrétiens  Grecs 
Schilmatiques.  L'Ordre  de  Saint  François  y  tient  le 
Saint  Sépulchrc  ,  &c  l'Eglife  de  Saint  Sauveur. 
Jérufalcm  n'a  pas  toujours  été  de  même  grandeur.  Loil- 
que  Tite  la  prit  elle  avoir  trente-trois  iladesde  tour, 
à  ce  que  dit  Joféphe  ,  de  Bcllo  ,  Lih ,  VI ,  c.  û .  Cela 
ne  fait  que  deux  lieues  moins  un  quart.  Quelques 
Uns  veulent  que  Joléphe  n'ait  point  parlé  de  toute 
l'enceinte  de  la  ville.  AL  Reland  les  a  rchités.  Il  y 
avoit  quatre  montagnes  renfermées  dans  Jérufalcm  , 
Sion  ,  Acra ,  Moria  &  Bézétha.  Réland  ,  T.  II  ,  p. 
Sso  &fuLV,  On  y  en  ajoute  une  cinquième  nommée 
Ophel  -,  M.  Réland  doute  li  l'on  a  raifon ,  &  fon  dou- 
te eft  fondé  fur  ce  qu 'Ophel  ne  iignitie  pas  toujours 
une  colline. 

Quelques-uns  ,  comme  Euscbe  ,  ont  tiré  ce  nom 
du  Grec  i!p«f ,  facré ,  &  ^i^cfici ,  Salomon ,  de  forte 
que  Hicrufdlem  (oit  la  même'chofc  que  lepo»  To^f/t*»»?, 
Temple  de  Salomon  ;  mais  elle  s'appeloic  Jérufalem 
avant  que  Salomon  fut  au  monde.  Dans  Jolué  X ,  i  , 
il  efl  fait  mention  d'Adonitedek  Roi  de  Jérufalem. 
On  trouve  encore  ce  nom  pluiieurs  autres  fois  ,  auill 
bien  que  dans  le  Livre  des  Juges  &:  dans  les  deux 
premiers  Livres  des  Rois.  Quand  ce  feroit  des  pro- 
leples  ,  il  eft  toujours  certain  que  fous  David  &  avant 
le  temple  de  Salomon  ,  elle  n'avoir  que  le  nom  de 
Jérufalem.  D'ailleurs  les  Hébreux  ont-ils  pu  donner 
un  nom  Grec  à  cette  ville  ?  D'autres  le  tirent  de 
nsi ,  raah  ,  voir  ,  &  cnVx- ,  fchalem  ,  paix ,  &  veu- 
lent qu'il  fignifie  vif  on  de  paix.  D'autres  de  b«"i"i  , 
7i2ra  ,  craindre,  Jérujalem  ,  craignez  Salem  :  c'étoit 
une  place  fi  forte  qu'elle  devoit  faire  craindre  fes  en- 
nemis ;  GU  bien  fi  fainte  ,  qu'elle  devoit  imprimer 
une  crainte  relpectueule  en  la  voyant  ;  car  ^:  ■  ,  lig- 
nifie une  crainte  relpectueule.  D'autres  prennent 
fchalem  dans  le  fens  de  parjaic  ,  ôc  Jérufalem  pour 
yifon  parfaite  ,   ou  crainte   parfaite. 

M.  Réland  rejette  toutes  cesétymologies,  &  pré- 
tend que  ce  mot  vient  de  -^v  j  Jarafch  ,  qui  veut 
dire  pqféder  à  titre  d'héritage  ,  on  par  fuccefjion  ,  Se 
de  CD  ,  paix.  Ainli  Jérufalem  eft  la  même  chofe  que 
PoffeJJlon  héritage  de  paix  ,  héréditaire  de  paix. 
Nom,  dit-il,  qui  lui  convient  parfaitement j  puil- 
que  David  l'ayant  prile  fur  les  Jébuféens  ,  Salomon 
y  ayant  enfuite  bâti  le  temple  ,  Se  la  paix  générale 
ayant  été  donnée  non-feulement  aux  habitans  de  cette 
ville ,  mais  encore  à  toute  la  Terre  Sainte  ,  Se  Jéru- 
falem étant  devenue  le  llége  des  Rois  j  elle  fut  véri- 
tablement une  poderùon  ,  un  héritage  de  paix.  Mais 
eft  il  bien  fur  qu'elle  n'eût  point  dès  auparavant  le 
nom  de  Jérufalem  ? 

En  Hébreu  ,  elle  s'appelle  Jérufalem  ,  &:  Jérufha- 
laim.  On  dit  communément ,  comme  Sextinus  Ama- 
ma  J  Kottinger  j  Se  beaucoup  d'autres ,  que  le  fécond 
eft  la  forme  du  duel  ,  Se  qu'on  la  prit  parce  que 
cette  ville  étoit  divifée  en  deux  parties  ,  la  ville  haute 
&  la  ville  balle.  M.  Réland  rélute  folidement  ce  (en- 
timent  ,  parce  qu'on  ne  peut  trouver  que  cette  di 
vifion  de  deux  villes  (oit  aullî  ancienne  que  le  nom 
Jérufchalaim  ;  mais  fur-tout  parce  qu'une  terminaifon 
de  duel  n'eft  pas  toujours  la  marque  de  divifion  dans 
la  chofe  lignifiée  ;  Se  que  :~sh<SJ  ,  fchalaim  ,  n'eft  point 
le  duel  de  ^7,^' ,  fchalem.  Le  P.  Soucier ,  Jéfuite,  dans 
fa  Diirertation  (ur  les  Médailles  Hébraïques  (car  ces 
deux  noms  le  trouvent  aulîl  (ur  ces  médailles  )  avoit 
déjà  rejette  cette  diftiniftion.  Il  aime  beaucoup  mieux 
dire  avec  GoulFet ,  que  c'cft  une  ponâuation  nouvelle 
&  défedueule  ,  que  r^Vui/iT"  ,  ne  ditfére  de  □■  'a^n-  _, 
que  comme  une  didion  pleine  j  d'une  qui  eft  dé- 
fcéfueufe  ,  que  le  i  ne  (ignifie  autre  chofe  qu'un 
tléré  ,  que  les  Septante  ,  les  Apôtres  ,  Se  l'Auteur  de 
la  Vulgate  ont  toujours  lu  Jérufalem  ;  Se  qu'il  paroît 
par  là  que  la  prononciation  nouvelle  n'étoit  point  en- 
core introduite  de  leur  temps.  Foye^  cette  D'fjcn. 
pag.  40. 


J  ES 

Le  Royaume  de  Jérufalem.  Hierofolymitanum  Regnum. 
C'elc  un  Royaume  que  les  Chrétiens  occidentaux  for- 
mèrent dans  l'Aile ,  au  temps  des  Croiiades.  Il  fut  fon- 
dé 1  an  1099  ,  par  Godelroy  de  Bouillon  ,  qui  prit 
la  Ville  de  Jérufalem ,  Se  qui  en  fut  le  premier  Roi. 
Il  renf-ermoit  le  Royaume  propre  de  Jérufalem  ,  qu'on 
appela  la  Terre-Sainte  ,  Se  qui  comprenoit  la  Palcf- 
tine  &:  la  Phénicie  ,  avec  les  Comtés  de  Tripoli  & 
d'Edelle  ,&  la  Principauté  d'Antioche  ,  qui  en  étoient 
des  fiefs.  Ce  Royaume  fut  ruiné  l'an  1 187  ,  par  Sa- 
ladin ,  qui  prit  la  ville  de  Jerujalem.  Les  Chrétiens 
d'Occident  conlervèrent  encore  quelques  places  dans 
la  Palelf  ine ,  Se  le  titre  de  Roi  de  Jérufalcm ,  pendant 
quelque  temps,  ^oye:»  l'hiftoire  des  Croifades  par 
Maimbourg.  Le  Royaume  de  Jérufalcm  commencoir 
au  fleuve  Adonis  ,  aujourd'hui  Thamiras  ;  Se  il  éten- 
dit bientôt  (es  frontières  jufqu'au  délert  qui  (épare 
la  Palelfine  de  l'Egypte.  'Vertot  ,  Hijl.  de  Malt.  L. 
I ,  p.64. 

JÉRUSALEM.  Ce  mot  pris  figurcaient  (îgnifie  quelque- 
fois l'Eglife.  On  dira  de  Jérufalem  ,  mille  Se  mille 
lerviteurs  de  Dieu  y  font  nés  Port-R. 

Il  (ignifie  aullî  quelquefois  le  Ciel ,  le  Paradis.  La 
Jérufalem  d'enhaut ,  la  (ainte  Jérufalcm. 

La  Jérufalem  Célefte  ,  ou  la  Céielle  Jérufalem.  Cette  ex- 
prertion  en  ce  (ens  vient  de  Saint  Jean  ,  qui  dans  l'on 
Apocalyp(e,  c.  XXI ,  fait  la  delcription  du  Paradis 
fous  l'idée  d'une  ville  qu'il  appelle  la  Nouvelle  Jéru- 
falem. 

JÉRUSALEM,  entérines  de  fpiritualité ,  eft  oppofée  au 
monde  Se  aux  mondains  lignifiés  par  l'Egypte  ,  Se 
fe  prend  pour  l'Allemblée  ,  le  parti  des  gens  de  bien 
Se  des  (pirituels.  Le  Père  (  François  de  Borgia  )  re-, 
grettoit  extrêmement  le  temps  que  ces  ("ortes  de  gens 
lui  faifoient  perdre  (  dans  leurs  vifites  )  &  il  avoit 
coutume  de  dire  avec  beaucoup  de  douleur  :  Ah  1 
qu'il  y  a  peu  de  gens  entre  ceux  qui  nous  recherchent  , 
qui  viennent  de  Jérufalem  ,  mais  qu'il  y  en  a  au  con- 
traire qui  viennent  d'Egypte  !  En  quoi  il  faifoit  al- 
ludon  à  ce  que  Palladius  rapporte  de  Saint  Antoine  , 
qui  demandoit  ordinairement  au  fortir  de  (es  longues 
orailons,  à  fon  di(ciple  Macaire  ,  lorlque  quelques 
perlonnes  étoient  venues  pour  lui  parler  ,  (I  c'étoient 
des  gens  venus  de  Jérufalem ,  ou  d'Egypte  ;  marquant 
par  les  uns  ceux  qui  n'avoient  dans  leurs  vifites  que 
des  intérêts  humains  &  des  prétentions  temporelles  j 
&  par  les  autres ,  ceux  qui  comme  des  citoyens  de 
la  Jcrufalcm  célefte  ,  n'avoient  en  vue  que  des  biens 
(blides  &  éternels.  P.  Verjus. 

JÉRUSALEM,  f.  f.  Nom  d'une  elpèce  de  pomme  bonne 
à  manger ,  foit  crue  ,  foit  cuite  ,  mais  qui  n'eft:  pas 
des  meilleures.  Pomum.  J crofolymitanum ,  ou  diclum 
Jérufalem.  Les  Jérufalem  (ont  prefque  rouges  partout , 
ont  la  chair  ferme  Se  de  peu  de  goût  quoiqu'aftèz  fu- 
crée,  &:  n'ayant  rien  de  la  mauvaife  odeur  qui  fuit 
la  plupart  des  pommes ,  elles  fe  gardent  longtemps. 
La  Quint. 

J  E  S. 

JESANA.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre -Sainte.  Jefana. 
Elle  étoit  du  Royaume  d'Kraël ,  foumife  à  Jéroboam. 
II ,  Parai.  XIII  ,  i  p.  C'eft  tout  ce  qu'on  en  fait. 
Le  P.  Lubin  croit  qu'elle  étoit  dans  la  Tribu  d'E- 
phra'im.  M.  Réland  croit  très-vrahemblablement  que 
c'eft  la  Jéthaba  de  Saint  Jérôme  ,  &:  qu'il  faut  cor- 
riger Jéfana  ;  parce  qu'il  l'interprète  ville  ancienne  , 
Se  qu'en  eft'et  Jéfana  lignifie  vieille  ,  ancienne.  Jofé- 
phe dit  Ifana. 

JESCHUA  ,  ou  Jzfua.  f.  m.  Jcfchua  ,  Jefua  ,  Jefus.  C'eft 
le  nom  de  Jelus  prononcé  à  la  manière  des  Hé- 
breux. On  le  dit  ainli  des  Rabbins  qui  portent  ce  nom. 
R.  Jéfua  ,  le  Lévite ,  Juif  Elpagnol  qui  vivoit  dans  le 
XV^  liècle,  eft  l'Auteur  du  Livre  intitulé  ,  Halichor 
Olam  ,  Les  Chemins  de  l'Éternité,  ou  éternels;  c'eft 
une  clef  du  Thalmud  :  Conftantin  l'Empereur  l'im- 
prima en  1654  ,  avec  une  Dillertation  préliminaire 
&  une  traduction  Latine.  On  l'a  depuis  imprime  à 
Hanovre  avec  d'autres  Traités  femblables  ,  fous  le 
titre  de  Clavis  Thalmudica  Maxima. 


J  E  S 

JÉSI.  Ville  de    l'État  de    l'Églire    en  Italie.    jEfium  , 
^Jîs.  Elle  c(t   fur  le    riumélino  ,  dans  la  Marche 
d'Ancone  ,  au  fud  oucft  de  la  ville  de  ce  nom.  Jdfi 
n'eft  pas  fort  grand  ,  mais  il  a  un  Evêché  ,  qui  eil 
fuHragant  du  l-'apc. 
fîCF' JÉSI,  ville  du  japon,   dans  l'Ile  de  Niphon  ,   dans 
le  voi/înage  de  Meaco.  Elle  cft  environnée  de  bons 
remparts. 
JÉMDtHN,  ENNE.  Foyei  Jézide. 
JÉSILBASCH.  f.  m..  Terme  de  la  Relation.  Tête  verte. 
C'ell  le   nom  que  les  Perlans  donnent  aux  Turcs  , 
parce  que  leurs  timirs  portent  le  turban  vert. 

Ce  mot  vient  de  jcjchil ,  qui  lignifie  vert ,  <?v;  bafch , 
tête. 
JÉSIMA.  Petite  lie  d'Aiic,  l'une  des  îles  du  Japon. 
JÉSIMON.  Nom  d'une  ville  dont  il  ell:  parlé  au  /.  I. 
dus  Rois  ^  XXIII.  24.  Jcfimon.  Elle  étoit  dans  le  dé- 
fert  de  Maon,  /.  des  Rois  XXIII.  24.  Le  P.  Lubin 
en  conclut  qu'elle  étoit  dans  la  Tribu  de  Juda.  M. 
Réland  .ajoute  qu'Eulebe  la  place  à  dix  milles  de  Jéri- 
cho. 
JÉSOLO.  Nom  que  portent  les  ruines  de  l'ancienne 
Equ'dium  ,o\.\Àiquiuum  ,  ville  épilcopale  de  l'Italie  , 
qui  hit  détruite   par  les  Huns.  Jefolum.   Elles  font 
dans  la  Marche  'I  réviianne ,  .à  cinq  lieues  de  Venile 
du  côté  du  nord  ,  1^  à  une  de  Citta  nuova,  qui  a  iuc- 
cédé  à  l'ancienne  EquUium.  Matv. 
JESRAB.  Ancien  nom  de  Médine ,  ville  d'Arabie  ,  pa- 
trie de  Mahomet ,  félon  Poftel ,  dans  fon  Hifloirc 
oricnralc  ,  citée  par  Ortélius. 
JESSA.  f.  m.  Nom  d'un  faux  Dieu.  JeJJa.  C'étoit  autre- 
fois le  Jupiter  des  peuples  de  la  Sarm.irie  Européenne. 
f^oyei  Lissa. 
JESSÈ.  La  Terre  de  Jelfé  ,  dans  Judith,  /.  ç.  Le  P.  Lu- 
bin croit  que  c'ell  la  terre  de  Gellen  en  Egypte. 
JESSED.  Foyei  Yesd. 

JESSEINS  Nom  d'un  ancien  bourg  de  la  Gaule  Lyon- 
noife.  Jc[fanx.  Ce  n'eft  maintenant  qu'un  village  de 
la  Champagne  ,  fitué  fur  l'Aube ,  à  deux  lieues  .au 
dclfous  de  Bar-fur-Aube.  Maty. 
JESSELMÈRE  ,  ou  GISLEMÈRE.  Ville  de  lEmpire  du 
Mogol ,  en  Afie ,  fituée  environ  à  cent  trente  litucs 
de  Cambaye  ,  du  côté  du  nord.  Jcjjclm-cra  j  C'ijlemcra. 
Elle  eft  grande,  &  capitale  du  Royaume  de  ]ejjcl- 
mere ,  qui  eft  au  nord  de  celui  de  Guzarate,  &  qui , 
outre  fa  capitale  ,  a  encore  la  ville  de  Radinporc  ,  & 
quelques  autres  moins  confidcrables.  AL^ty.  Long. 
90  ,  d.  15,  lat.  16  ,  d.  40'. 
JESSENEK.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  neu- 
vième mois  des  Efclavons.  Il  répond  au  mois  de 
Septembre.  Les  D.ilmates  prononcent  Jeffenïk. 
JESSEY.  Bourg  de  France  en  Bretagne ,  à  fix  lieues  de 

Rennes,  du  côté  du  midi  occidental. 
JESSIR.  V.  n.  Vieux  mot.  Sortir.  On  dit  aulli  Ijfir,  du 

Latin  Exire. 
JESSO.  Le  détroit  de  Jejfo.  Fretum  Efonis.    On  donne 
ce  nom  à  un  gr.ind  canal ,  qui  eft  entre  la  terre  de 
JeJfo,  ôc  la  partie  orientale  de  la  grande  Tartarie,  «Se 
qui  joint  la  mer  de  Tartarie  avec  l'Océan  oriental.  On 
appelle  autrement  ce  canal  la  mer  des  Kaimachites , 
ou  la  mer  d'Y.amour.  Maty. 
JESSO ,  JÉÇO ,  JEDSO ^  ou  ÉSO.  Nom  dua  grand 
pays  de  l'Afie.  Jefonia  ,  Efonia,  Terra  Efonis.   Il  eft 
au  nord  des  îles  du  Japon,  &  au  levant  de  la  grande 
Tartarie  ,  dont  il  eft  léparé  par  le  détroit  de  Wrics  , 
le  canal  de  Piecko ,  &  l'île  qu'on  .appelle  la  Terre 
des  Et.ats  ,  lituée  entre  ces  deux  détroits.    Les  Hollan 
dois  parcoururent  une  partie  de  fes  côtes  l'an  1 648  , 
&  y  ont  trouvé  des  peuples  Idolâtres  qui  adorent  le 
ciel  &  les  aftres,  &  qui  s'habillent  de  peau,  &  font 
robuftes  &  féroces  :  on  ne  fait  pas  au  refte  fi  ce  pays 
eft  une  île ,  ou  un  continent  qui  foit  joint  avec  les 
terres  Arftiques,  &:  avec  l'Amérique  leptentrionale. 
Maty. 
?(^  JESSOIS  ,  ou  JEÇOIS.  Habitant  du  pavs  de  Jcffo. 
JETTAM.  f  m.  Terme  de  Calen.drier.  Voye:^  Jhistam. 
JESUAT.  Nom  d'im  Royaume ,  dépendant  de  l'Empire 
du  grand  Mogol.  Jefuatum  Regnum.  Il  eft  dans  l'In 
de  de  delà  le  Gange ,  entre  les  Royaumes  de  Patna , 


J  E  S 


47 


d'Udeftii  t\-  de  Mcrat.  Rajapour  en  eft  la  ville  capi- 
tale. Maty. 

î'jGf' Thevenot  ne  confidere  Jcfuat  que  comme  un  fim- 
ple  pays  compris  dar.s  la  Province  de  Ik-car.  Il  met 
Rageapour  entre  les  bonnes  villes  de  la  Province. 

JÉSUAIE.  f.  m.  Nom  d  une  forte  de  Religieux.  Jcfua- 
u  ,  Jcfuatus.  Les  Jefuaccs  s'appellent  Clercs  Apofto- 
liques ,  ou  Jéfuates  de  S.  Jérôme.  Le  fondateur  des 
Jéjudtes  eft  Saint  Jean  Colombin.  Urbain  V  approuva 
cet  Inftitut  en  1367  à  Virerbe,  &  donna  lui  mc'nie  à 
ceux  qui  étoient  préieiis  l'habit  qu'il  kur  oidonr.a  de 
porter  ,  condft.mt  en  une  tunique  blanche  ,  ferrée 
d'une  ceinture  de  cuir,  avec  une  chaulle  ,  ou  chape- 
ron blanc  pour  couvrir  leur  tête ,  &  qu  ils  portoient 
fur  l'épaule  quand  ils  .avoient  la  tête  découverte.  Il 
ordonna  de  plus  qu'ils  porteroicnt  des  fandales  de 
bois  ,  &  le  Cardinal  Anglic  Grimoard  ,  frère  du 
P.rpe  ,  leur  fît  faire  des  manteaux  de  couleur  tannée  , 
qu'ils  ont  toujours  portés  depuis.  Un  Religieux  de 
l'Ordre  leur  écrivit  une  régie  ;  dans  la  fuite  ils  ont 
fuivi  celle  de  S.  Auguftin ,  &  elle  eft  à  la  tcte  de  leurs 
dernières  Conftitutions  imprimées  a  Ferrare  en  1641 , 
&z  approuvées  l'an  1 640  ,  par  une  Bulle  d'Urbain 
VIII,  où  il  les  appelle  la  Congrégation  des  Jéfuates 
de  S.  Jérôme.  Le  nom  de  Jéfuates  leur  fut  donné , 
parce  que  leurs  premiers  fondateur?  avoient  toujours 
le  nom  de  Jéfus  à  la  bouche.  Ils  y  ajoutèrent  celui  de 
S.  Jérôme  ,  parce  qu  ils  le  prirent  pour  kur  protec- 
teur. PieV  les  mit  au  nombre  des  Ordres  Mendians. 
Pendant  plus  de  deux  fiécles ,  les  Jéfuates  n'ont  été 
que  frères  lais.  Paul  V  en  i6c6  leur  permit  de  rece- 
voir les  Ordres  facrés.  Urb.iin  VIII ,  en  1624,  chan- 
gea leur  ch.aperon  en  un  petit  capuce  de  la  couleui: 
de  leurs  manteaux.  Ils  s'occupoient  dans  la  plupart 
de  leurs  maifons  à  la  pharmacie.  D'autres  faifcient  le 
métier  de  diftillateurs,  &:  vendoient  de  l'eau-de  vie  , 
ce  qui  les  fit  appeller  en  quelques  endroits  Pères  de 
r eau-de-vie  Comme  ils  étoient  aftez  riches  dans  l'État 
de  Venife ,  la  République  demanda  leur  fupprcftîoii 
à  Clément  IX  ,  pour  employer  leurs  biens  aux  frais 
de  la  guerre  de  Candie,  ce  que  le  Pape  accorda  en 
1668.  Les  armoiries  des  Jéfuates  étoient  un  nom  de 
Jefus  nayonné  d'or  en  champ  d'azur,  &  audellous 
une  colombe  blanche  ,  par  allulion  au  r,om  de  S. 
Colombin  leur  fondateur.  P.  Hélyot  ,  Part.  III , 

f-  Sf- 
JÉsuATE.  f.  f.  Religieufe  Jéfuate  àe.  S.  Jérôme.  Les  Je'- 

fuates  de  S.  Jérôme  furent  inftituées  par  S.  Jean  Co- 
lombin comme  les  Religieux  Jéfuates.  Elles  ont  com- 
me les  hommes  une  tunique  de  drap  blanc  ,  une 
ceinture  de  cuir,  un  manreau  de  couleur  tannée  ,  &: 
un  voile  blanc.  P.  Hélyot  ,  Part.  III ,  c.  su .  Il  n'y 
a  point  de  ces  fortes  de  Religieux  ni  de  Religieufes  en 

^France. 
JÉSUE.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre  Sainte. /e/ie.  Il 
n'en  eft  parlé  que  dans  le  //  Efdras  ,  XI  j  26 .    Les 
lieux  auxquels  celui-ci  elt  joint  font  conjecturer  qu'il 

^ étoit  dans  la  Tribu  de  Juda.  P.  Lubin  ,  Réland. 
JÉSUITE,  f  m.  Jefuita.  Ordre  de  Religieux  fondé  par 
Saint  Ignace  de  Loyola,  qu'on  appelle  autrement  ia 
Compagnie  de  Jefus.  Cet  Ordre  s'eft  rendu  très  confi- 
dérable  par  les  millions  aux  Iiîdes,  &  par  les  autres 
emplois  qui  regardent  le  falut  du  prochain,  l'inftruc- 
tion  de  la  jeunefle  &  l'étude  des  fciences.  Les  Jéfuites_ 
font  une  profellion  particulière  de  travailler  au  faluc 
du  prochain  par  l'inftruécion  de  la  jeunefle,  la  prédi- 
cation ,  l'adminiftration  des  Sacremens ,  les  millions 
chez  les  Hérétiques  &  les  idolâtres.  Le  Concile  de 
Trente  les  appelle  les  Clercs  Réguliers  de  la  Com- 
pagnie de  Jefus. 

Ce  fut  fur  la  fin  du  Carême  de  l'année  i  f  58  ,  que 
Saint  Ign.ace  avant  alfemblé  3.  Rome  les  dix  Com- 
pagnons choifis  principalement  dans  l'Univerfiré  de 
Paris  ,  leur  propota  de  faire  avec  eux  un  nouvel 
Ordre.  Il  préfenta  enfuite  le  projet  de  fon  Inftitut  à 
Paul  III ,  qui  noinma  trois  Commiffaircs  pour  l'exa- 
miner. Après  leur  rapport  ,  ce  fouver.ain  Pontife  , 
frappé  d'ailleurs  d'un  grand  nombre  de  chofes  écla- 
tantes cjtic  faiioient  les  compagnons  d'Ignace  en  dif- 


48  J  E  S 

férens  endroits  ,   confirma  leur  Inftituc  fous  le  nom 
tle  la  Compagnie  de  Jclus  ,  par  la  Bulle  Regimini  mili- 
tantis  EcclcJU,  qui  hit  expédiée  le  27  de  Septembre 
de  l'année  i  J40.  Il  eft  vrai  qu'il  limita  le  nombre  des 
Profès ,  Se  le  reftreignit  à  foixante.  Mais  il  ôta  cette 
reftridion  deux  ans  après  par  une  autre  Bulle,  &  ce 
fut  l'intérêt  de  la  Chrétienté,  qui  lobligea  d'en  ufer 
ainfi ,  comme  il  le  déclare  lui-même.  Elle  a  été  con- 
firmée encore  par  d'autres  Papes ,   qui  lui  ont  aulîl 
communiqué  ou  donné  beaucoup  de  privilèges.  C'eft 
S.  Ignace  qiri,  l'an  i  ^S  étant  allé  à  Rome  pour  oftrir 
fes  (ervices  &  ceux  de  fes  compagnons  au  Pape,  dé- 
clara ce  nom  à  ces  dix  Pères,  ik  leur  dit,  comme  le 
raconte  le  Père  Bouhours  dans  la  vie  de  S.  Ignace  au 
commencement  du  IIP  Livre,  que  s'étant  tous  joints 
enfemble  pour  combattre  les  hérélies  &  les  vices  lous 
la  bannière  de  J.  C.  leur  (ociété  n'avoir  point  d'autre 
nom  à  prendre  que  celui  de  la  Compagnie  de  Jelus. 
Il  avoir  ce  nom  à  l'cfprit  depuis  la  retraite  de  Mau- 
rèze ,  continue  cet  Hilîorien ,  &  on  croit  que  Dieu  le 
lui  révéla.  Ce  qui  lui  arriva  en  allant  à  Rome  le  coii- 
lîrma  dans  la  penlée  que  ce  nom  venoit  du  Ciel ,  &c 
qu'ils  n'en  pouvoicnt  avoir  qui  leur  convînt  mieux  : 
.car  fur  le  chemin  ne  Sienne  à  Rome ,  J.  C.  lui  étant 
apparu  chargé  d'une  pelante  croix,  lui  dit:  Je  vous 
ferai  propice  à  Rome.   Ce  nom  &  l'Inftitut  d'Ignace 
fut  conhrmé  au  Concile  de  Trente ,  où  les  Pères  dé- 
£jai-ent,  Sejfion  XXF ,  c.  16 ,  de  Réf.  qu'ils  ne  pré- 
tendent rien  changer  dans  le  pieux  Inftitut  de  la  Re- 
ligion des  Clercs  de  la  Compagnie  de  Jefus.  S.  Ignace 
écrivit  des  conftitutions  qui  lurent  aullî  approuvées 
par  le  S.  Siège  Apoflolique  ,  après  la  difcullion  cxaète 
qu'en  firent  quatre  Cardinaux ,  fans  y  changer  un  feul 
mot  i   mais  cela  n'arriva  qu'après  fa  mort ,   fous  le 
Gcnéralat  de  Laynez  fon  fucceil'eur. 

Les  Jefultcs  font  Clercs  RéguHers.  La  fin  de  cet 
Ordre  clt  non  leulement  de  vaquer  ,  avec  la  grâce  de 
Dieu,  au  lalut  èv'  à  la  perfection  de  fon  ame,  mais 
encore  de  s'employer  de  toutes  les  forces,  avec  la  mê- 
me grâce ,  au  lalut  &  à  la  perfedHon  du  prochain. 
Les  Jcfuues  n'ont  point  d'habit  particulier.  Ils  ont 
gardé  celui  que  portoient  les  Prêtres  du  temps  de  S. 
Ignace,  c'eft-à-dirc  une  loutanne  noire  avec  une  robe 
de  même  couleur  dans  la  mailon  ;  &  un  bonnet  carré  , 
&  quand  ils  vont  en  ville  ,  un  chapeau  &  un  manteau 
noir.  Ils  quittent  cet  habit  &  en  prennent  un  autre  en 
pluficurs  pays  où  ils  ont  des  millions,  lelon  que  la 
liberté  d'exercer  leurs  fonèl:ions  le  demande.  Saint 
Jgnace  n'a  point  mis  de  chœur  dans  fon  Ordre  ,  parce 
que  le  chœur  eft  incompatible  avec  les  fondtions 
qu'on  y  fait ,  &:  que  dans  les  autres  Ordres  on  en  dif- 
penle  ceux  qui  font  appliqués  à  ces  fondions.  Cet 
Ordre  ell  compolé  de  cinq  fortes  ditlérentes  de  per- 
fonncs,  de  Profès,  de  Coadjutcurs  fpirituels,  d'Eco- 
liers approuvés,  de  Frères  lais  qui  s'appellent  Coadju- 
leurs  temporels ,  &  de  Novices.  ffT  On  peut  ajouter 
à  ces  cinq  dalles  celle  des  Aftiliés  ou  Adjoints  ,  ou 
Jéluites  de  robe  courte,  qui  eft,  dit  on,  très  nom- 
brcuie ,  &  incorporée  dans  tous  les  états  de  la  Société  , 
Ipus  toutes  fortes  d'habits.  Les  Profès,  qui  font  l'cf 
ientiel  de  la  Compagnie ,  font  publiquement  les  trois 
vœux  folemnels  de  Rehgion,  &  y  ajoutent  celui 
d'une  obéiilance  fpéciale  au  Chef  de  l'Églife  ,  pour 
les  millions  parmi  les  Infidèles  &  les  Idolâtres. 
Les  Coadjuteuis  fpirituels  font  aullî  en  public 
les  vœux  de  chafteté  ,  de  pauvreté  &z  d'obéillànce; 
mais  ils  ne  font  pas  le  quatrième  qui  regarde  les  mif 
fions.  Les  Ecoliers  approuvés  font  ceux  qui  ,  après 
deux  ans  de  Noviciat  ont  été  reçus,  &c  ont  fait  en 
particulier  trois  vœux  non  folemnels  ,  mais  déclarés 
vœux  de  Religion,  &  qui  emportent  empêchement 
dirimant.  Ils  font  dans  la  voie  pour  arriver  au  degré 
de  Profès ,  ou  à  celui  de  Coadjuteur  Ipiricuel ,  félon 
que  le  Général  en  jugera.  Ces  degrés ,  fur  tout  celui 
.de  Profès  J  ne  fé  confèrent  qu'après  deux  ans  de  No 
viciât ,  fcpt  d'études  ,  qu'il  n'eftpas  toujours  néccirai'e 
d'avoir  fait  dans  la  Compagnie,  fept  de  régence, 
:nne  troifième  année  de  Noviciat,  &  trente -trois  ans 
.d'âge.  Les  vœux  de^  LcoUers  de  leur  côcé»lbnt  abfo 


J  E  S 

lus,  «SvT  conditionnels  feulement  du  côté  de  l'Ordre, 
le  Général  en  difpent'e.  C'ell  pour  cela  que  S.  Ignace 
voulut  que  les  Écoliers  'ne  fe  défiflent  point  de  leurs 
biens.  Cet  article  de  Tlriftitut  des  Jéfuites ,  qui  avoit 
fouflert  de  grandes  oppofitions  en  France ,  Se  dont  ils 
ne  jouifloient  point  dans  tous  les  Farlemens ,  quoique 
Henri  IV  le  leur  eût  permis,  leur  a  été  accordé  de 
nouveau ,  ou  confirmé  &  rendu  par  Louis  XIV ,  avec 
quelque  reftrièlion  ,  en  1715- 

Cet  Ordre  eft  divifé  en  Aillftances,  les  Aflîftnnccs 
en  Provinces  ,  les  Provinces  en  diftérentes  Maifons  II 
eft  gouverné  par  un  Général  qui  eft  perpétuel  &  ab- 
folu.  Se  qui  réfide  à  Rome.  Il  eft  élu  par  la  Con- 
grégation générale  de  l'Ordre.  Il  a  auprès  de  lui  cinq 
perfonnes  qui  font  comme  fes  Miniftres  ,on  les  nom- 
me Affiftans ,  &  ils  portent  le  nom  des  Royaumes , 
ou  des  pays  dont  ils  font  originaires  ,  &  dont  ils  ont 
le  département ,  d'Italie  _,  d  Efpagne  ,  d'Allemagne  , 
de  France  ik  de  Portugal.  Chacun  d'eux  a  foin  de 
préparer  les  affaires  de  fon  ailîftance  ,  ou  de  fon  dé- 
partement ,  &  de  les  mettre  dans  un  ordre  qui  en 
facilite  l'expédition.  C'eft  par  eux  que  les  inférieurs 
&  les  fupérieurs  vont  régulièrement  au  Général  ;  je 
dis  régulièrement,  car  dès  que  les  Alliftans  font  un 
peu  fufpeéfs ,  on  s'adrcflc  immédiatement  à  lui  feul. 
Les  Alîîftans  font  choifis  par  la  Congrégation  géné- 
rale ,  &  ne  font  pas  feulement  établis  pour  être  fes 
Confeillers  ,  &  pour  le  foulager  dans  fa  charge  ;  mais 
encore  pour  obferver  fa  conduite  ;  Se  fuppofé  qu'il 
y  eût  fujct ,  ils  pourroient,  malgré  lui  ,  convoquer 
une  Congrégation  générale  ,  qui  le  dépoferoit  dans 
les  formes  i  ou  fi  le  mal  preffe,  ils  ont  droit  de  le  dé- 
pofer  eux-mêmes ,  après  avoir  pris  par  lettres  les  fuf- 
fragcs  des  Provinces. 

Chaque  Province  a  quatre  fortes  de  maifons  ,  des 
maifons  profefles  ,  qui  ne  peuvent  avoir  de  fonds  , 
des  Collèges ,  où  l'on  enfeigne  les  Sciences ,  des  Ré- 
fidences ,  où  font  un  petit  nombre  d'ouvriers  occu- 
pés feulement  des  fonélions  qui  regardent  immédia- 
tement le  lalut  du  prochain  ,  prédication ,  confeflîon  , 
millions  ,  &c.  Se  des  maifons  de  Noviciat.  Parmi  les 
Collèges  J  il  y  en  a  qui  fe  nomment  fimplement  Col- 
lèges ,  Se  d'autres  que  les  Jéfuites  appellent  Sémi- 
naires. Ceux  ci  font  ceux  où  les  jeunes  Jéfuites  font 
leurs  études  de  Philofophie  &  de  Théologie  -,  les  au- 
tres ne  font  que  pour  les  étrangers  ,  ou  externes.  Ils 
ont  aulli  en  plufieurs  Diocèfes  des  Séminaires  des 
Évêques  pour  les  Eccléfiaftiques.  Il  eft  dit  dans  l'hif- 
toire  de  cette  Compagnie,  P.  III,  L.  I ,  N.  i ç  , 
qu'après  que  le  Concile  de  Trente  eut  ordonné  l'éta- 
bliflement  de  ces  Séminaires  ,  il  fut  décidé  alors  que 
le  foin  de  ces  Séminaires  étoit  une  des  fonftions  qui 
leur  convenoient  ;  que  Pic  IV  leur  donna  le  fien  , 
Se  qu'il  écrivit  à  Charles  XI  ,  qu'il  l'avoir  fait.  Cha- 
que Province  eft  gouvernée  par  un  Provincial  ,  Se 
chaque  Maifon'par  un  Supérieur ,  qu'on  nomme  Rec- 
teur dans  les  Collèges ,  Se  Supérieur  dans  les  autres 
Maifons.  S.  Ignace  a  réglé  la  dilciplinc  régulière  de 
ces  Maifons  ,  Se  furtout  des  Collèges  ,  à  peu  près 
fur  celle  qu'il  avoit  vu  établie  dans  la  mailon  de  Sor- 
bonne  pendant  qu'il  étudioit  à  Paris.  C'eft  le  Général 
qui  nomme  tous  les  Supérieurs  ,  excepté  ceux  des  Ré- 
fidences  Se  des  Séminaires  d'Eccléliaftiques  ,  qui  font 
à  la  dilpoiition  des  Provinciaux. 

Les  Profès  de  la  Compagnie  de  Jéfus  renoncent 
par  vœu  à  route  dignité  j  ou  prélature,  &:  ne  peu- 
\'ent  en  recevoir  fi  le  pape  ne  le  leur  commande  fous 
peine  de  péché.  Il  l'a  fait  quelquefois  ,  &  ils  ont 
eu  fept  ou  huit  Cardinaux.  Ils  ont  eu  aullî  des  Pa- 
triarches d'Ethiopie  (Se  des  Évêques ,  mais  feulement 
dans  les  millions ,  où  ces  dignités  n'apportent  guère 
que  des  travaux  immenfes. 
Les  Je  fuit  es  ont  été  Confeileurs  de  nos  Rois  depuis 
I-lcnri  III ,  jufqu'cà  Louis  XV,  Se  le  font  encore  de 
pluficurs  Princes  &:  Princelles  en  diftérentes  Cours 
de  l'Europe.  Voye\^  fur  l'Iuftitut  des  Jéfuites  le  P. 
Bouhours  dans  la  vie  de  Saint  Ignace  j  L.  III.  Il  y 
a  une  hiftoire  de  la  Compagnie  de  Jéfus  qui  n'a  été 
continuée  t]ue  jufqu'cnvirûii    i6io  ,  comprenant  fl^ 

Gcnérau.* 


J  E  S 

Gcnéraux  jafqli'à  Aquaviyainclufivement.  Ellccft  bien 

écrite.  ,     ,,  ,  t 

ÔCJ-  En  lyf)!  ,  lafTaiic  du  P.  de  la  Valette  avec  lev 
Lioncy  ,  clans  laquelle  la  fociété  tut  dcclarcc  loli^ 
dairc  ,  nue  les  Pailcmens  dans  le  cas  de  prendre  con- 
noill"ance  des  conltitutions  de  cet  Ordre.  On  les  trou- 
va abufivts  ,  incompatibles  avec  les  loix  fondamen- 
tales de  la  Monarchie.  La  Société  hit  éteinte  ,_ anéan- 
tie. On  peut  voir  les  cailles  d'une  chute  aulli  mopi 
née  que'  rapide  j  dans  les  comptes  rendus  par  les 
Procureurs  Généraux  de  nos  Cours  Souveraines. 

JÉSUITESSE.  f.  £  Nom  d'une  cl'pèce  de  Religieufes 
qui  s'étoicnt  établies  en  Italie  &  en  Flandres.  Jcfui- 
à(fa.  Cet  Ordre  ,  dit  WiUon  ,  avoit  commencé  en 
I-iandres  par  deux  femmes  Angloifcs ,  l'une  nommée 
W.irde,  c-c  1  autre  Tuittia  ,  fous  la  conduite  d'un 
Père  Gérard  Keéteur  du  Collège  des  Jéluites  de  Liè;;e, 
&:  de  deux  autres.  Leur  deliein  étoit  de  pailer  en 
Angleterre  ,  &  d'y  travailler  à  la  converfion  des  fem- 
mes. Foyei  dans  cet  Auteur  la  vie  de  Jacques  l. 
Urbain  VÏll ,  les  abolit  par  une  Bulle  du  1 5  de  Jan- 
vier 1630. 

Il  y  a  en  France  quelques  maifons  de  filles  qui  ont 
les  mêmes  Conftitutions  que  les  Jéfuitcs ,  qu'elles  ont 
reçues  d'un  Jéfuite  de  Bordeaux ,  ëc  qui  font  profel- 
lion  d'eni'eisntt:  gratis  les  filles;  mais  elles  ne  por- 
tent point  le  nom  de  Jcfuiteffes. 

|30=' JESUITIQUE,  adj.  De  Jéfuite ,  qui  concerne  les  Jé- 
fuitcs. Zèle  Jcfuitiquej  eLpni  Jcfultique ,  artipce  Jé- 
fuicique.  Ce  mot  ne  le  prend  qu'en  miuvaile  part  , 
&  donne  à  entendre  de  la  politique  ,  de  l'intiigue  , 
&c. 

JESUPOL.  Nom  d'une  petite  ville  ,  ou  bourg  fortifié 
&  défendu  par  un  château.  Jejupolis.  Ce  lieu  cfi;  dins 
]a  Porkutic  ,  en  Pologne  ,  à  l'embouchure  du  Bif- 
triczdans  le  Nieller,  au  deflbus  de  la  ville  d'Haliez. 
Maty. 

JESUS,  f.  m.  Nom  augufle  de  notre  S.iuveur  JÉsus- 
Christ.  Jcjlis.  Les  miracles  de  JéJus-C\-\n[\ ,  &c  la 
réfurredion  arrivée  comme  il  l'avoit  prédite  ,  font 
de*  faits  lî  certains ,  qu'il  faut  être  fou  pour  en  dou- 

■  ter.  Si  les  miracles  &  la  réfurredtion  de  Jefus-Chï'A 
font  vrais  ,  Jéfus-CVsïi  efl:  un  vrai  Prophète  ,  un 
homme  véritablement  envoyé  de  Dieu ,  &  parlant  en 
fon  nom  èc  de  fa  part.  Si  Jéfus-C\\v'A  eft  vrai  Pro 
phète  ,  Jéfiis-Q\\ïA  eft  Dieu  ,  &c  fils  de-Dieu  ,  car  il 
l'aiïure  fouvent  &  trcs-clairemenr. 

/ç/ij-ChriftelT:  le  Verbe  incarné  ,  ouie  ['erte  fait  chair , 
comme  parle  S.  Jean  ,  /,  /4.  Jefus-Chï'A  naquit  le 
2j  de  Décembre  en  Bethléem  de  Judée  ,  ious  le  rè- 
gne d'Hérodc ,  &■  fous  l'Empire  d' Augulk  ,  l'an  47 1 5 , 
de  la  Période  Julienne  ,  la  42*  année  d'Auguftc  ,  à 
compter  depuis  qu'il  comm.ença  d'entrer  dans  le  Gou- 
vernement, &:  qu'il  fur  fait  Proprétcur  ,  l'année  qui 
fuivit  la  mort  de  Jules  Céfar.  Je/us-Cl\n(h  tut  bapti- 
fé  par  S.  Jean ,  le  6  Janvier  au  commencement  de 
fa  XXX"^  année  ,  la  i  f  de  Tibère.  J<{fus-Chïiil  fut 
crucifié  pour  le  ialut  de  tous  les  hommes  dans  la  tren- 
te troifième  de  Ion  âge  ,  l'an  4746  ,  de  la  Période  Ju- 
lienne j  la  1 8*^  de  l'Empire  de  Tibère  ,  la  première 
année  de  la  153^  Olympiade,  487  ans  depuis  la  20"^ 
année  d'Arraxerxès  Longuemain  ,  régnant  avec  fon 
Père  ,  Se  par  conféquent  au  milieu  de  la  (oixante  Se 
dixième  femaine  depuis  cette  époque  ,  comme  il  avoit 
été  prédit  par  Daniel ,  C.  IX,  24  ,  2j.  Les  Bollandif- 
tes  ont  donné  une  Diirertation  lur  la  Généalogie  de 
J.  C.  dans  le  PropyUum  Alan  ,  p.  jt  ,  &  fuiv.  Il  y 
en  a  aulïï  une  dans  la  Chronologie  du  P.  Hardouin. 
C'ell:  dommage  qu'on  y  diie  que  Johanan  ,  ou  Jo- 
chartjri  ,  en  Hébreu  eft  la  même  choie  que  Jécho- 
nias ,  &  qu'on  y  falfe  un  même  homme  de  Jécho- 
niasde  S.  Matthieu,  /,  //  ,  &:  du  Jahanan  du  i 
L.  des  Paralipomènes,  ///,  /J.  Il  y  a  aulli  dans  le 
PropyUum  Mail  des  Dillercations  du  P.  Poullînes  & 
du  P.  Papébroch  iur  les  années  de  J.  C.  par  rap- 
port à  la  Chronologie. 

Ce  nom  eft  Hébreu  ,  &  le  même  que  celui  de  Jo- 
~  lue.  En  Hébreu  c'eft  uuv: ,  Jéfua  ,  formé  par  contrac- 
tion de  vviw  ,  qui  fignifie  Sauveur,  &i  proprement 
Tome  F. 


JE  S 


49 


.  /ii/uc  dt  Dieu.  On  pourroit  aullî  le  tirer  (împlemenr 
j  de  pw  ,\Sihua,  Sauver  ,  au  futur  VWi  ,  Jajijj  ,  qui 
prenant  la  forme  de  Jcfia ,  fignifie  Sauveur.  De  Je- 
J'ua  les  Grecs  en  ajoutant  a  ,  terminaifon  propre  de 
leur  langue,  ont  fait  \';,<)iat  ,  tk  par  conrraétion  iV.»? , 
d'où  les  Latins  ont  fait  JcJ'us.  Les  Étymologies  inven- 
tées par  Ofiander  ,  tk  Chafteillon,  qui  tirent  ce  nom 
de  u/it?mni  J  Jchovaifch  ^  Dieu  homme  j  &c  qui  pré- 
tendent montrer  par  là  que  J.  C.  efl  Dieu  Se  hom- 
me J  lont  faullès.  Ce  n'clt  pas  par  ce  nom  ,  c'eft 
par  les  témoignages  cL'.irs  de  l'Evangile  qu'on  prouve 
invinciblement  que  Jcfus  fils  de  îvlaric  cft  homme 
&:   Dieu  tout  cnfemble. 

Le  nom  de  Jésus  eft  devenu  en  ufage  dans  la  langue 
en  ces  Phrafes.  On  dit  par  .admiration  ,  &  exclama- 
tion ,  Bon  Jéfus  ,  doux  Jcfus  ,  JJfus  j  Jéfus  Maria. 
On  crie  aux  agonilans  Jcfus  Maria. 

Quand  ce  nom  de  Jéfus  eft  joint  à  celui  de  Chrîjl , 
on  ne  prononce  point  la  dernière*  du  nom  de  Jéfus. 
Jefus-Chr'A  ,  prononcez  Jéfu-C\\n\\.  ;  mais  quand  le 
nom  de  Jéfus  eft  fcul ,  on  tait  entendre  la  dernière 
s  dans  une  prononciation  foutenue;  ailleurs  ,  com- 
me dans  le  difcours  familier  ,  on  ne  la  fait  pas  tou- 
jours (eiitir. 

Jésus.  On  a  fait  un  chiffre  de  ce  facré  nom  par  le  moyen 
de  trois  lettres  IHS,  dont  la  féconde  eft  I'h  Grec, 
parce  que  c'eft  fur  le  nom  insus  ,  que  ce  chiffre 
fut  formé  ;  on  met  ordinairement  une  petite  croix  fur 
la  lettre  du  milieu ,  dont  ceux  de  Genève  l'ont  ôtéc 
en  leurs  monnoies ,  ce  qui  l'a  fait  nommer  le  nom 
de  Jefus  dévaliié.  Ce  chiftre  fert  d'enfeigne  à  des  Mar- 
chands ,  à  des  Libraires  ;  Se  l'on  dit ,  il  demeure  au 
nom  de  Jéfus.  Ce  livre  fe  vend  au  nom  de  Jéfus , 
vis  à-vis  le  nom  de  Jéfus  ,  &c. 

On  dit  aulïï ,  la  dévotion  de  l'enfant  Jéfus  ,  des 
images.  La  dévotion  au  cœur  de  Jéfus. 

JÉSUS  ,eftaufll  un  terme  de  Papetier  j  qui  fignifie  une 
forte  de  papier  dont  la  marque  eft  un  nom  de  Jé- 
fus. Voilà  de  bon  Jéfus.  Donnez- moi  une  main  de 
Jéfus. 

Société  de  Jésus,  f.  f.  Nom  d'un  Ordre  de  Chevale-- 
rie  ,  inftitué  par  le  Pape  Pie  II ^  en  1459  j  pour  s'op- 
poferaux  Turcs.  P.  Hélyot,  T.  VIII y  c.  /i'. 

Chevaliers  de  Jésus  &  Marie.  Nom  d'un  Ordre  de 
Chevalerie  j  inftitué  à  Rome  fous  le  Pontificat  de 
Paul  V  ,  l'an  161  j.  Ils  portoient  une  croix  émail- 
lée  de  bleu ,  orlée  d'or  ,  &  au  mijieu  il  y  avoit  un 
nom  de  Jéfus  d'or.  Ils  la  portoient  attachée  à  la  bou- 
tonnière ,  &  dans  les  cérémonies  ils  avoient  des  man- 
teaux de  camelot  blanc  ,  «Se  fur  le  côté  gauche  du 
manteau  la  croix  de  l'Ordre  de  fatin  bleu ,  le  bord 
Se  le  nom  de  Jéfus  brodés  d'or.  VoycT^  l'Abbé  Juf- 
riniani  &:  le  P.  Bonnani.  Il  y  a  de  l'apparence  que 
cet  Ordre  n'a  été  qu'en  idée  ,  Se  qu'en  projet  ,  ou 
que  s'il  a  été  véritablement  inftitué  j  il  n'a  pas  fub- 
fifté  long  temps.  P.  Hélyot,  T.  FUI ,  c.  sS. 

Filles  de  l'Enfant  Jésus.  Société  de  filles  établie  à  Ro- 
me en  1661  J  par  AnneMoroni  de  la  ville  de  Lac- 
ques. Ces  filles  ne  doivent  pas  être  plus  de  trente- 
trois  ,  enl'honneur  des  trente  trois  années  que  Jésus- 
Christ  a  vécu  fur  la  terre.  A  l'âge  de  vingt-un  ans  , 
Se  après  trois  ans  de  probation ,  elles  font  publique- 
ment vœu  de  perfévérerjufqu'à  la  mort  dans  la  Con- 
grégation J  &  un  ferme  propos  de  garder  la  pauvreté 
la  chafteté  &  l'obéiflânce.  Leur  habillement  eft  de 
ferge  de  couleur  tannée  ,  Se  confifte  en  une  robe  ceinte 
d'une  ceinture  de  laine.  Quand  elles  fortent  j  elles 
mettent  fur  leur  tête  un  grand  voile  noir  qui  leur 
defcend  jufqu'aux  talons. 

Une  autre' Congrégation  de  filles ,  établie  en  France 
par  Madame  de  Mondonville  ,  a  porté  le  nom  de  Fil- 
les de  l'Enfance  de  Notre  Seigneur  Jésus  -  Christ. 
C'eft  vers  l'an  iCCi  ,  qu'elle  fut  établie  à  Touloufe. 
Elle  a  peu  fubfifté. 

JÉSUS-CHRIST.  Communément  on  joint  au  nom  fa- 
cré de  Jifus  ,  celui  de  Chrijl^  qui  fignifie  Mejfie  ;  ôc 
l'on  dit  Jéfus-Chrift  ;  Notre  Seigneur  Jéfus -Chrift. 
Jéfus  -  Chrijl  eft  mort  pour  tous  les  hommes.  Jéfus- 
Chrijl  eft  alîîi  à  la  droite  de  Dieu  fon  Père  ,  &c. 


5û 


J  £  T 


Jéftis  fils  de  Mni-ie  eft  en  ctfcc  k  CImJl ,  c'cft-à  dire  , 
le  Mcllle  promis  aux  anciens  Pauirachcs ,  comme  le 
dcmoncrenc  tant  de  prophéties ,  c\:  lur-tout  celle  de 
Jacob  mourant,  Gcn.  XLIX ,  lo  de  Duud. ,  IX , 
2^,  2Si  2S ^  zjy  d'Aggeé,  II 3  S. 

Compagnie  de  Jésus.  Foyei  Jésuite. 

Ordre  de  la  Croix  de  Jesus-Christ,  .Chevaliers  de  la 
Crolv  de  Jéfus-Chnft,  quelques  mis  ajoutent  de  b. 
Pominiouc  &  de  S.  Pierre  Martyr.  C'eft  un  Ordre 
que  des  înquilucursDonuniquains  donnoient  autre- 
lois.  Les  Statuts  de  cet  Ordre  ont  pom' 1  itie  Règle 
&  Statuts  des  Chevaliers  du  laint  Empire  de  la  Croix 
de  J-élfus.  Il  y  eft  marqué  que  les  frères  lervans  de 
cet  Ordre  porteront  fur  le  manteau  la  croix  noire  ik 
blanche  fleurdelilee  ,  &  au  cou  une  croix  d'argent 
ém.iillée ,  moitié  de  noir  ^"  moitié  de  blanc ,  avec 
un  ruban  no-r  ,  à  la  dilférencc  des  Chcvahers  No- 
bles ,  Doreurs  &  Commandeurs  Grand  Croix  ,  qui 
k  porteront  d'or*émaillée  de  blanc ,  avec  cette  de- 
\ik  ,  In  hocfigno  vïnccs.  Il  n  eft  point  non  plus  mar- 
qué dans  ces  Statuts  que  cet  Ordre  portera  le  nom 
de  S.  Dominique  &  de  S.Pierre.  Le  Père  Helyot  croit 
c,u'il  y  a  beaucoup  d'apparence  que  ces  Ordres  n'e- 
toient  autre  chofe  que  celui  de  la  Milice  de  jejus- 
Chrijl.  Foyci  cet  Auteur  ,  Hyi.  des  Ordr.  Rdig.  III , 
P.  c.    ""-. 

Ordre  de'Tafoi  de  Jesus-Christ.  Chevaliers  de  la  foi 
de  Jefus-Chnf?.  Le  P.  Jean-Marie  Canepano  ,  dans 
Ion  Livre  intitulé  Scudo  inefpugnabile  de  Cavaglieri 
difantafè,  &c.  dit  qu'il  y  a  dans  les  Diocéles  de 
Milan ,  d'Yvrée  &  de  Verccil ,  des  Chevaliers  de  la 
foi  de  Jéfus-Chrîft  &  de  la  croix  de  S.  Pierre  Mar- 
■  tyri  mais  ce  n'eft  qu'une  Compagnie  de  Gcntilhom- 
mes  ,  qui  s'obligent  au  fervice  de  l'mquihtion. 
lis  en  faifoient  autrefois  un  vœu  ;  ils  en  font  au- 
jourd'hui ferment.   Foyei  le  P.  Hélyot ,  P.  III ,  c. 

Mihcé  de  Jésus-Christ.  Ordre  militaire.  Foyei  Mi- 

JÉs^'is  Christ  ,  L'Ordre  Àc  Jéfus-Chr}Jl ,  les  Chevaliers 
de  l'Ordre  de  Jéfus-Chriji.  Ordre  de  Chevalerie  in(- 
titué  par  Jean  XII  ^  Souverain  Pontife.  Ordo  Jeju- 
Çhrljliy  Equités  Jefu  Chrijji.  Cet  Ordre  fut  établi  en 
1510,  à  Avie;non,  où  rélidoient  alors  les  Papes.  Les 
Chevaliers  de  l'Ordre  de  hfus-Chrlfi  ,  portoicnt  une 
croix  d'or  pleine  émaillée  de  rouge  ,  &  enlermée  dans 
une  autre  croix  pâtée  d'or  ,  femblable  à  celle  de  l'Or- 
dre de  Ckrl/Î  en  Portugal  ,  mais  avec  des  émaux  dit- 
férens.  Favyn  en  parle  dans  fon  Théâtre  d'honneur  & 

de  Che\alerie.  ^  ,  ^   ,       ,     t^  1 

Quelcues-uns  appellent  aulïï  l'Ordre  de_  Portugal 
l'Ordre  de /<-/I/5-C/î;7/?  ,  mais  maL  Nous  dilons  l'Or- 
dre de  C/iriJl ,  (ans  y  mettre  le  nom  de  Je/us.  Voy. 
Christ.  . 

Il  y  a  aulli  un  Ordre  de  Chrïjl  en  Livonie,  dont 
nous  avons  parlé  au  même  endroit.  Il  y  en  a  encore  un 
inilicué  en  Pritlfe  ,  vers  l'an  1130  dont  nous  n'avons 
point  parlé.  La  Religion  Chrétienne  s'étant  établie  en 
Prulfe  ,  les  Pruffiens  idolâtres  firent  une  guerre  cruelle 
aux  nouveaux  convertis.  Le  Duc  Conrad  ayant  en  vain 
cfiayé  d'appaifer  ces  Barbares  par  des  préicns  ,  inftitua 
par  le  confeil  de  Chriftien  ,  auparavant  Moine  de  Ci- 
teaux,  &  alors  Évêque  de  Prulle  ,  un  Ordre  mihtaue 
à  l'exei-nple  des  Chevaliers  deC/r;v/Zde  Livonie  ,  por- 
tant un  manteau  blanc  chargé  d'une  épée  rouge  &  d'u- 
ne étoile.  L'Évéque  revêtit  de  cet  habit  un  homme  de 
mérite  nommé  Brunon  ,  avec  treize  autres;  &:  le  Duc 
leur  bâtit  le  château  de  Dobrin  ,  dont  on  leur  donna 
le  nom.  Mais  tous  ces  Ordres  fe  nomment  limplement 
Ordres  de  ChnJL,  Chevaliers  de  Chnfi ,  (Se  non  point 
de  Jcfus  Chiifi.  . 

JÉSUS.  L'Ile  de  Jéfus.  Infula  Jcfu.  C'eft  une  petue  île 
de  la  nouvelle  'France.  Elle  eft  dans  la  rivière  de  S. 
Laurent ,  au  deffcus  de  l'île  de  Mont-Royal ,  dont  elle 
n  ell:  féparée  que  par  l'embouchure  de  la  rivière  des 
prairies.  Maty. 

JET. 

ffT  JET.  f  m.  Jacltis.  Ce  terme  eft  employé  dans  l'a- 


J  E  T 

fige  ordinaire  ,  Zc  dans  les  arts  &  métiers ,  dans  des 
acceptions  tout  à-fait  diftércntcs.  Pris  dans    la  figni- 
fication  qui  approche  le  plus  du  verbe  jeter ,  il  de- 
ligne  le  mouvement  d'un  corps  lancj  ,  loit  .ivec  la 
inain ,  foit  avec  un  inftrument.  Le  jet  d'une  pierre 
avec  la  fronde  eft  plus  violent  qu'avec  le  bras. 
Ip"  On  le  dit  de  même  de  l'efpace  que  parcourt  le  corps 
lancé.  Un  jet  de  pierre  figniiie  autant  d'efpace  qu'en 
peut  parcourir    une   pierre    qu'un   homme  jette  de 
toute  fa  foi-ce.   Cette  maifon  eft  fituée  à  deux  jets 
de  pierre  delà  ville. 
|p=-  Jet  ,  en  termes  de  guerre.  Efpèce  de  machjne  de 
guerre  ,    en  forme  de  pierriers   ,  avec   laquelle  les 
Anciens  jetoient  pluficurs  Hèches  à  la  fois  ,    &  des 
pierres.  C'eft  ce  que  les  Latins  appeloient  Balijla,  qui 
vient  du  Grec  ,  Ba'aa ,  jetter. 
IXT  Jet  des  bombes  ,  en  Artillerie  ,  c'eft  la  partie  des 
Mathématiques  ,  qui  explique  les  loixdu  mouvement 
des  bombes  ,   la  ligne  qu'elles  décrivent  en  l'air  ,  la 
manière  de  difpofcr  le  mortier  ^  pour  les  faire  tomber 
à  une  diftance   domiée.   Voyer^   Bombe. 
Jet,  en  Hydraulique  ,  fc  dit  du  mouvement  des  eaux 
qui  font  élancées ,  &c  élevées  en  l'air.  Jet  deau.  C'eft 
une  lance  ou  lame  d'eau  qui  jaillit  hors  d'un  tuyau , 
Ov-  s'élève  en  l'air.  Jqua  Juliens.  On  a  fl'.it  plulieurs 
beaux  jets  d'eau  dans  ce  jardin.  Cette  gerbe  d'eau  eft 
compofte  de  50  jets.  Il  conduilit  les  amis   dans  de 
fuperbcs  allées  ,  au  bruit  d'une  infinité  de  jets  d'eau 
qui  ne  ic  taifoient  ni  nuit  ni  jour.  ^L  de  M.   Pour 
bien  conduire  les  jets  d'eau,  il  faut  bien  lavoir  les 
principes  de  l'Hydroftatique.  Fluiieurs  bons  Mathé- 
maticiens ont  travaillé  depuis  quelques  années  fur  le 
mouvement  des  eaux  ,  &   la  dépenle  des  eaux  par 
rapport  aux  jets  d'eaux.  M.  Mariotte  ,  dans  Ion  Traite 
du  mouvement  des  eaux  ,  dit  qu'un  ;fZ  d'eau  ne  peut 
jamais  monter  aulll  haut  qu'eft  l'eau  dans  fon  refer- 
voir  ,  &  qu'il  s'en  faut  toujours  un  efpace  qui  eft  en 
raifon  fous  doublée  de  fa  hauteur  ,  ce  qu'il  prouve 
par  plulieurs  expériences.  Ip- En  effet,  la  réliftance 
de  l'air  ,  les   frottemens  des  tuyaux  font  que  l'eau 
perd  iiécellâirement  une  partie  de  fon  mouvement , 
&  par  conféquent  elle  ne  peut  pas  monter  auffi  haut. 
I^oye:^  Frottement. 

Les  Fonteniers  mefurent  l'eau  courante  par  pouces 
&  par  lignes  d'eau.  Les  pouces  &  les  lignes  d'eau  fe 
prennent  des  pouces  &  des  lignes  circulaires  que  con- 
tiennent les  léclions  ou  les  furfaces  des  ouvertures  ron- 
des par  où  l'eau  ccule  fans  avoir  d'autre  charge  ,  ou 
d'autre  hauteur  ,  que  celle  qui  lui  eft  néceflaire  pour 
remplir  prccilémcnt  toute  l'ouvertureen  coulant  :  c  eft 
un  pouce  d'eau ,  loifque  l'ouverture  ronde  eft  d'un 
pouce  de  diamètre.  La  ligne  d'eau  eft  la  144*^  partie 
d'un  pouce  d'eau. 

On  a  trouvé  par  plufieurs  expériences  que  ce  qu  on 
appelle  un  pouce  d'eau ,  donne  ou  dépenle  en  trois 
jours  zoo  muids  mefure  de  Paris  de  2S0  pintes  cha- 
cun ,  ou  1600  pieds  cubes.  En  24  heures  166  miuds 
&  T  de  muid  ,  qui  font  186  pintes  ,  ou_;3  5  pieds 
&  4  cubes:  en  une  heure  deux  muids  Si  i  de  muid, 
Foyei  les  livres  de  M.  Morland  ,  de  M.  Mariotte  , 

£'C".    Voy.    FONTENIER    &  EaU. 

içj-  Jet  de  filet.  Terme  de  pêche  ,  qui  dchgne  l'adion 

''  de  jeter  le  filet  en  mer ,  ou  dans  une  rivière  ,  pour 
prendre  du  poillbn.  lacius  retis.  Le  coup  de  filet.  S. 
Pierre  en  un  feul  jet  de  filet  lâché  aunom  du  Sei- 
gneur ,  prit  tant  de  poiilbns,  qu'il  penia  faire  enfon- 
cer la  barque. 

?(CJ"  On  dit  acheter  ley'erdu  filet,  c'eft-adire  j  acheter 
tout  le  poill'on  qu'on  prendra  par  le  coup  de  filet 
qu'on  va  jeter.        ,    ,       .,  .     1       - 

0Cr  On  appelle  Jet  de  lumière,  un  rayon  ae  lumière 
qui  paroit  fubifcmcnt. 

fc?  Jet  ,  en  Botanique  ,  fvnonyme  de  pouffe  ,  &:  non 
pas  vouffee  comme  on  le  dit  dans  l'Encyclopédie. 
Pouffée  d'une  branche  ne  fe  dit  point.  Le  ;<;f  eft  la 
dernière  production  d'une  plante  ;  ainli  c'eft  le  bour- 
geon développé  ,  la  branche  qui  fort ,  loit  du  tronc , 
loit  d'une  autre  branche.  On  dit  qu'un  arbre  jette 
beaucoup  de  bois ,  que  les  jets  d'un  arbre  loin  beaux, 


JET 

Se  annoncent  f.i  vigucui".  On  dcfcnd  l'cntrcc  des  bef- 
tiaux  dans  les  taillis  fraîchement  coupés  ,  de  peur 
qu'ils  ne  mangent  le  bourgeon  ,  ou  le  nouveau  ;6f. 

§Cr  (;n  dit  qu'une  canne  cft  d'un  fcul  /ec  ,  pour  dire 
qu'elle  n'a  point  de  nœuds.  On  dit  aulli  ablolumcnt 
un /tr  pour  lignifier  une  canne.  Voilà  un  beau /if  ^ 
un  jet  bien  droit ,  un  jet  ion  cher. 

^fT  Jet  d'.abeillcs.  Terme  déconomie  ruflriquc  ,  (ynony 
me  d'efiaim.  C'cft  le  nouvel  clLiini  qui  (ort  de  l.i  ru- 
che ,  &  qu'on  met  dans  une  autre  ruche.  Novum 
examen  ,  fœtus  emijfnius. 

ne? Jet,  en  Arithmétique.  C'cft  le  calcul  fait  par  les 
jetcoiîs.  Le  calcul  au  jet  (avec  les  jcttons)  cft  moins 
fur  que  celui  qui  fe  tait  à  la   plume. 

Jet  ,  en  termes  de  Fauconnerie  ,  eft  une  petite  entrave 
ou  courroie  qu'on  met  aux  pics  de  l'oifeau  ,  pour 
l'empêcher  de  fe  donner  trop  de  mouvement  ,  ou 
l'attache  d'envoi  ou  de  retenue  d'un  oifeau  de  proie. 
On  attache  les  vcrvelles  à  un  touret  qui  tient  aux 
jets.  Ce  mot  s'écrit  aulli  get^  ,  Se  vient  de  gie^  ,  vieux 
mot  François ,  qui  fignilîoit  lien  6c  attache.  Voye^ 
Ménage.  En  Latin  on  les  appelle  jacli,  comme  on 
voit  dans  le  Livre  de  la  'Vénerie  de  l'Empereur  Fré- 
déric IL 

Jet.  Terme  d'Exécuteur.  C'cft  une  petite  corde  qu'on 
met  au  cou  du  patient.   Mets  lui  le  jet. 

Jet  ,  chez  les  Fondeurs  &  les  Potiers  d'étain ,  fe  dit  de 
l'ouverture  du  moule,  ou  des  tuyaux  qu'ils  font  pour 
fiire  couler  le  métal  dans  leurs  moules.  Il  y  avoit  tant 
de  jets  pour  fondre  cette  figure.  On  dit  aulli ,  qu'une 
figure  eft  d'un  beau  jet ,  quand  elle  eft  bien  venue  , 
quand  la  fonte  a  bien  réuffi  :  qu'elle  eft  d'un  itxAjet, 
pour  dire  qu'elle  a  été  fondue  tout  à  la  fois.  Chez 
les  Fondeurs  en  bronze  jet  fignifie  les  tuyaux  de  cire 
qu'on  fait  d'une  certame  grolleur ,  &  qu'on  applique 
dans  les  moules  tk  contre  les  ouvrages  qu'on  veut 
jeter  en  métal. 

Jet  fignifie  aullî ,  en  termes  de  Plombier  ,  un  petit  en- 
tonnoir de  cuivre ,  qui  eft  à  un  des  bouts  du  moule 
à  fondre  les  tuyaux  fans  foudure  ,  par  lequel  on  verfe 
le  métal  fondu  dans  le  moule. 

Jet.  Terme  de  Peinture.  Le  jet  des  Draperies ,  Drape- 
ries d'un  beau/er,  c'eft- à-dire  qui  font  dans  une  dif- 
pofition  heureufe.  §3°  Le  jet  d'une  Draperie  lignifie 
en  général  la  manière  plus  ou  moins  naturelle  dont 
les  plis  font  rendus  dans  le  tableau. 

Jet  ,  en  termes  de  Marine  ,  fignifie  l'appareil  complet 
de  toutes  les  voiles  d'un  vaiilcau.  Un  vaiireau  bien 
équipé  doit  avoir  du  moins  deux  jets  de  voiles,  &  de 
la  toile  pour  en  faire. 

On  dit  aullî ,  faire  le  jet  des  marchandifes ,  quand 
dans  de  gros  temps  on  eft  obligé  de  jeter  une  partie 
de  la  charge  du  vailleau  dans  la  mer  pour  le  Soula- 
ger. Dans  la  mer  du  Levant  la  coutume  eft,que  le  Mar- 
chand le  premier  faife  le  jet  de  quelque  choie  du 
fien.  Le  Guidon  règle  l'ordre  des  choies  dont  on  doit 
faire  le  jet,  au  titre  des  Avaries.  Les  Pilotes  croient 
que  l'huile  calme  &  adoucit  la  tourmente  :  ce  qui 
les  porte  à  en  faire  le  jet  plutôt  que  des  autres  mar- 
chandifes. Ce  terme  fe  trouve  fouvent  dans  l'Ordon- 
nance de  la  Marine  de  i6Si.  Le  Titre  huitième  eft 
du  jet  8c  de  la  contribution.  Au  premier  port. . . . 
le  Maître  déclarera. ...  la  caufe  pour  laquelle  il  aura 
fait  le  jet  Ordon.  de  Marine,  ^n.  V.  Les  muni- 
tions de  guerre  &  de  bouche,  ni  les  loyers,  &  har- 
des  des  Matelots,  ne  contribueront  point  au /«.  Ibid. 
Art.  XI.  Ne  fera  fait  aucune  contribution  pour  raifon 
du  dommage  arrivé  au  bâtiment ,  s'il  n'a  été  fait  ex- 
près pour  faciliter  le  jet.  Ibid.  Art.  XIV.  Si  le  jet  ne 
fauve  le  navire  ,  il  n'y  aura  lieu  à  aucune  contribu- 
tion. Ibid.  Art.  XV.  Si  le  navire  ayant  été  lauvé  par  le 
jet&c  continuant  fa  route  vient  à  fe  perdre  ,  les  eftets 
fauves  du  naufrage  contribueront  au /efj  è/c.  Ibid.  Art. 
XVI.  Les  dommages  arrivés  depuis  \zjet  aux  marchan- 
difes fauvées ,  &c.  Ibid. 
Jet  &c  contribution  font  deux  termes  qui  font  fort  en 
ufage  parmi  les  Marchands  &z  ceux  qui  trafiquent  lur 
mer;  ils  fignifient  que  tous  cetix  qui  ont  mis  fur  le 
vailfeau  doivent  contribuer  à  payer  le  prix  des  chofes 
Tome  V. 


J  E  T 


51 


qu'on  a  été  obligé  de  jeter  pour  foulagcr  le  vailleau. 

Jet  de  feti.  Terme  d'Artihcier.  On  .ippcUc  ainfi  cer- 
taines fufées  fixes,  dont  les  étincelles  font  d'un  feu 
clair  comme  les  gouttes  d'eau  jaillillàntcs  ,  éclairées 
le  jour  par  le  iolcil  ,  eu  la  nuit  par  une  grande  lu- 
mière. 

CD' Jet  d'eau  ,  en  iv.énuiferic.  C'cft  une  traverfc  des 
bas  des  dormans  aux  chailis  de  verre  ,  pour  rejeter 
l'eau  lorlqu'il  pleur. 

JETA.  Ville  de  la  1  ribu  de  Juda ,  dans  la  Terre- Sainte. 
Jeta.  Ce  fut  une  ville  Lévitique,  &:  quelques  uns  croient 
que  c'cft  la  même  que  celle  que  Jofué  appelle  Jota  , 
c.  XV.  V.  //.D'autres  en  plus  grand  nombre  les  dif- 
tinguent.  Hoffman  l'appelle  aulli  Jet/ian ,  ëc  dit  qi.c 
c'cft  encore  un  grand  bourg  à  fix  heues  d'Éleuthéro- 
polis,  vers  le  midi. 

JETCHEU.  Ville  de  la  contrée  de  Jetfengcn  ,  dans  l'île 
de  Niphon.  Jetchuum.  Elle  eft  d'un  Royaume  qui  porte 
fon  nom,  &  dans  lequel  on  voit  la  montage  de  Jet- 
cheu,  qui  vomit  des  Hammcs.  Maty. 

JÉTEBA.  Jetba.  C'étoit  la  patrie  de  la  mère  d'Amon  , 
fils  de  Manafsèsj  4.  des  Rois ,  XXI.  19.  Le  texte  Hé- 
breu dit  n:2r'^ ,  Jotpah.  Dans  Jofephc  il  y  a  une  tranf- 
polition,  il  la  nomme  Jabaté.  Antiq.  X.  4.  On  la 
prend  ^owk  Jétébatha.  /-"byt-ç  ce  mot.' 

JETÉBATHA.  Jetebatha.  Les  Septante  la  nomment  Ete- 
batha.  Deut  X.  7.  I]  y  avoit  beaucoup  d'eaux  &  de 
torrcns  ,8c  c'eft  apparemment  ce  qui  invita  les  Ifraéli- 
tcs  à  y  faire  leur  trentième  campement.  Ce  lieu  ctoit 
voilîn  du  mont  Gadgad. 

JETÉE  ou  JETTÉE.  f.  f.  Digue  ou  muraille  qu'on  fait 
dans  la  mer  à  force  d'y  jeter  une  grande  quantité  de 
gros  quartiers  de  pierre ,  pour  fervir  d'entré<; ,  de  mole 
&  d'abri  ,  ou  de  couverture  à  un  port ,  IJCT  ou  pour 
le  rellcrrer  à  fon  entrée.  Moles.  Ces  matériaux  entaf- 
fés,  ordinairement  foutenus  de  pilotis,  fervent auili 
à  rompre  l'impétuolite  des  vagues. 

IJCr  On  le  dit  encore  des  digues  ou  chauffées  qui  avan- 
cent dans  la  mer  ,  à  l'extrémité  defquelles  on  conf- 
truit  des  forts  pour  défendre  l'entrée  du  port. 

Jetée.  Se  dit  aulli  des  am.as  de  pierres ,  de  làble  &  de 
cailloux ,  jetés  dans  la  longeur  d'un  mauvais  chemin  , 
pour  le  rendre  plus  praticable.  Ce  chemm-là  eft  de- 
venu très- commode  depuis  la  jetée  qu'on  y  a  faite. 
AcAD.  Fr. 

Jetée.  Terme  de  Chandelier.  On  appelle /eree  de  chan- 
delles ,  le  nombre  de  chandelles  qu'on  peut  mouler 
d'une  feule  fonte  de  fuif. 

Jetée.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  au  nouvel  effaim 
que  font  les  Abeilles  une  ou  deux  fois  par  an,  &  que 
l'on  met  dans  une  nouvelle  ruche.  Voilà  une  des  plus 
fortes  jetées  de  mouches  qu'on  ait  jamais  vue. 

JETENG.  {.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  fcptième 
mois  dans  le  Calendrier  des  peuples  de  l'Igur  &:  du 
Turkeftan_,  qui  eft  le  même  que  celui  de  Cathaïens. 
D'Herbelot. 

JETÉLA.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre  Sainte.  Jethela. 
Elle  étoit  de  la  Tribu  de  Dan,  Jof.  XIX ,  ^2.  Les 
^Septante  la  nomment  Silatha. 

JETHER.  Il  y  avoit  autrelois  dans  la  Terre- Sainte  une 
ville  de  ce  nom  ;  elle  étoit  dans  la  Tribu  de-  Juda  ; 
il  en  eft  parlé  dans  le  liv.  de  Jcfiu  XV,  4S  &  XXI ^ 
14  &:  au  I  ,  liv.  des  Rois  ,  XXX ,  2j.  D.ivid  étant 
arrivé  à  Sicéleg,  envoya  du  butin  qu'il  avoit  pris 
aux  Anciens  de  Juda ,  qui  ctoient  fes  proches  en  leur 
faifant  dire ,  recevez  cette  bénédiction  des  dépouil- 
les des  ennemis  du  Seigneur.  Il  en  envoya  à  ceux  qui 
croient  à  Béthel ,  à  ceux  de  Ramoth ,  vers  le  midi , 
à  ceux  de  Jether.  Saci  ,  /.  des  Rois.  XXX  ,  zj.  Jé- 
ther  tut  une  ville  Lévitique  ,  &  un  alyle  pour  les  ho- 
micides involontaires.  Les  habitans  s'appellent  Jé- 
thrécns  ou  Jéthrites. 

JETHETH.  Nom  d'une  ville  de  l'Idumée.  Jetheth.  Il 
eft  parlé  Gen.  XXXVI ,  ./.o  ,&c  i.  Parai.  /^  //.  du 
Gouverneur  de  Jétheth  ,  &:  il  eft  dit  que  cette  ville , 
(J:  les  autres  de  l'Idumée  ,  n'eurent  plus  de  Rois  de- 
puis la  moH  d'Adad ,  mais  feulement  des  Ducs ,  eu 
Gouverneurs.  Quelques  uns  prétendent  néanmoins 
que  Jcthcthj  8c  les  autres  noms  propres  oui  fe  trou- 

Gij 


J  E  T 


vent  dans  les  endroits  ci-dciliis:,  lunt  les  noms  ce  ces 
Gouverneurs  ;  c'ell  le  icntiment  de  Liranus  ,  que  5aci 
a  tuivi  dans  Ci  verilon  de  l'Ecriture.  Mais  il  elt  bien 
plus  naturel  de  les  prendre  pour  des  noms  de  lieu, 
avec  Toltat ,  Mcnochius  ,  &  d'autres  plus  anciens  in- 
diquées par  Liranus.  Carde  même  que  dans  -irjs  £1?!:?, 
ALloup  Edom  ,  le  premier  mot  eil  au  régime ,  &  Edom 
cft  un  nom  de  peuple  ,  ou  de  contrée  ,  &z  que  cela 
fignitie  les  Gouverneurs  d'Édom  ^  ou  de  l'Idumée ,  de 
même  nni-n^.-J  Allouph  Jctheth  ,  doit  être  pris  pour 
le  régime ,  &  par  conlequent  le  fécond  mot  n'eft  point 
le  nom  propre  du  Gouverneur.  D'ailleurs  ,  les  hom- 
mes qui  portèrent  les  premiers  noms ,  Se  les  donnè- 
rent aux  diftérentes  peuplades  qu'ils  firent  dans  l'Idu- 
ïrAe  j  font  bien  avant  ces  Gouverneurs  ;  aind  ces  noms 
croient  déjà  des  noms  de  villes ,  au  lieu  que  nous  ne 
favons  point  s'il  y  eut  depuis  des  chels  de  peuples  qui 
les  portallent.  De  plus ,  quelques-uns  de  ces  noms  ne 
femblent  pas  pouvoir  être  des  noms  d'hommes  ,  com 
me  Alva,  Oolibama,  Ela,  &c.  Enfin  h  c'écoient  des 
chefs  ,  qui  le  fullenr  luccédé  les  uns  aux  autres ,  com- 
me les  Rois ,  dont  l'Écriture  parloir  auparavant ,  elle 
le  diroit,  comme  elle  l'a  dit  des  Rois.  Puis  donc  qu'elle 
change  la  manière  de  s'exprimer ,  &  qu'elle  rapporte 
tous  ces  chefs  en  gros ,  &  fans  marquer  leur  fuite  & 
leur  fuccelîîon  ,  on  ne  peut  prefquc  douter  qu'elle  ne 
veuille  nous  fiire  entendre  qu'après  la  mort  d'Adad 
toutes  ces  villes  formèrent  autant  de  petites  Républi- 
ques qui  (e  firent  chacune  leur  chef. 

JETHNAN.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre  Sainte.  Jeck- 
nam.  Elle  étoit  de  la  Tribu  de  Juda.  ]of.  XF,  2j.  Le 
Texte  Hébreu  l'appelle  Jethnam. 

JETHRÉEN,  ENNE.  i.  m.  Habitant  de  Jéther.  Jethr^us. 
On  dit  Jéchrite. 

JÉTHRITE.  f.  m.  &  f.  Habitant  de  Jéther ,  Jéthréen. 
Jcthrjiiis  j  Jithrïtes. 

JETHSON.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte  ,  Jof. 
XXL  3û. 

JÉTICUCU.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  les  Habitans  du 
Brehl  donnent  à  une  plante  qui  croît  en  plufieurs  en- 
droits de  l'Amérique.  On  l'appelle  d'ordinaire  iWcAoa- 
can  ,  du  nom  d'une  Province  de  la  nouvelle  Elpagne , 
d'où  elle  a  été  premièrement  apportée.  Foyez  ME- 
CHOACAN. 

JETISSE.  adj.  f.  Laines  jetiffes ,  ou  de  rebut. 

JETON ,  ou  JETTON.  f.  m.  Petite  pièce  ronde  Se  plate , 
ordinairement  de  métal ,  dont  on  le  lerr  pour  calculer 
pludeuis  iommes  ,  ou  pour  marquer  Ion  jeu,  ou  au- 
tre choie.  Calculas.  On  fait  àzs  jetons  d'or  ,  d'argent, 
de  cuivre.  Les  villes  &  pluhcurs  corps  font  battre  des 
jetons  chacun  avec  leurs deviles  pour  faire  despréfens. 
Une  bourfe  de  jetons  en  contient  un  cent.  Charron 
dit  que  les  Rois  font  de  leurs  lujets  comme  des /£ro;2j  j 
ils  les  font  valoir  ce  qu'ils  veulent ,  félon  l'endroit  où 
ils  les  placent.  C'eft  ce  que  Plante  a  dit  de  les  dieux  j 
nos  ut  pilas  habent.  On  fait  aullî  des  jetons  d'ivoire 
Se  tout  unis ,  qui  fervent  au  Trictrac  à  marquer  le 
jeu.  Quand  on  avance  trop  le  jeton  ,  on  envoie  à  l'E- 
cole. 

^^3"  Le  mot  cakuli ,  que  nous  exprimons  par  jetons  j 
s'cntendoit  originairement  de  tout  ce  qui  lervoit  à  fai- 
re des  calculs  lans  écrire  ,  comme  de  petites  pierres, 
des  coquillages ,  &c.  Nos  jetons  fabriqués  comme  des 
pièces  de  monnoie  ne  font  pas  à  beaucoup  près  aullî 
anciens. 

Jeton  vient  de  jaclo  ,  qu'on  a  dit  pour  jaclus.  Ménage 
&  Saumaise. 

On  appelle  aulîî  jeton  ,  ou  jet  d'abeilles ,  l'eiraim 
des  jeunes  abeilles  qui  le  renouvellent  Se  fortent  des 
ruches.  En  Latin  emijjltius  apum  fœtus. 

Jeton.  Les  Fondeurs  de  caraètères  d'Imprimerie  appel- 
lent jeton,  nnc  petite  plaque  de  cuivre  ou  de  laiton 
très-mince  ,  avec  laquelle  ils  font  la  juftification  de 
leurs  Lettres  nouvellement  fondues. 

Jetons  qu'on  nommoit  autrefois  ycwinf,  jetouers,  get- 

teurs  J  goets  jgets  &  gietons.  Ce  nom  doit  Ion  origine  à 

l'aèlion  de  compter  ou  de  jeter  ,  parce  que  l'on  s'en 

fcrt  pour  comoter  ,  &c. 

'JETONIERS  ,  ou  JETTONIERS.    Ou  a  appelé  .ainlî 


J  E  T 

ceux  de  l'Académie  Françoife,  qui  alloient  réguliè- 
rement aux  Alicmblées  pour  avoir  leur  jeton.  Se 
qui  ne  failoient  pas  autrement  honneur  à  cette  cé- 
lèbre Se  favante  Compagnie.  Les  jetons  deftinés  aux 
abkns  font  partagés  entre  ceux  qui  alîîftent  à  la 
léance.  M.  l'Abbé  Furetière  a  étendu  ce  terme  trop 
loin.  Se  a  traité  de  Jetoniers  de  fort  bons  Auteurs, 
Se  de  fort  illuftres  Académiciens. 

JETSENGEN  ,  ou  JETSÉSEN.  Nom  d'une  Région  du 
Japon.  Jctfangena  ,  ou  Jetfengena  Regio.  Elle  eft 
une  des  cniq  principales  de  l'île  de  Niphon.  Elle 
s'étend  dans  toute  la  largeur  de  l'île  ,  du  nord  au 
lud  ,  ayant  au  levant  le  Quanto ,  &  au  couchant  le 
Jetiengo.  Ou  y  compte  dix  Royaumes  ou  Provinces. 
Maty. 

JETSENGO  ,  ou  JETSEN.  Nom  de  l'une  des  cinq  Ré- 
gions de  l'île  de  Niphon ,  la  principale  de  celles  du 
Japon.  Jetfenga  ,  Jctfena.  Elle  a  le  Jetfengen  au  le- 
vant ,  &  le  Jamailoit  au  couchant  :  on  y  compte 
douze  Royaumes  ,  ou  Provinces  ,  Se  l'on  y  voit  la 
ville  de  Méaco  ,  autrefois  capitale  de  tout  le  Japon. 
Maty. 

§3°  JETTER.  v.  a£l.  Jacere  ,  Jaclare ,  projicere.  L'A- 
cadémie écrit  jeter  i  je  jette  j  je  jetais  ,  j'ai  jeté  ,  je 
jetcrai.  C'eft  lancer  avec  la  main  ou  avec  quelque 
machine,  pouller  au  loin  avec  effort  de  bras  ou 
de  machines.  On  jette  des  grenades  ,  des  bombes  , 
des  carcalles  avec  la  main  ,  avec  des  mortiers.  On 
jetcc  une  pierre  avec  la  main ,  avec  une  fronde.  Les 
Anciens  jettoient  des  pierres  Se  des  dards  avec  des 
machines  qu'ils  appeloienc  halifles  Se  catapultes.  Les 
cendres  de  ceux  qu'on  brûle  font  jettées  au  vent.  La 
tempête  a  jette  ce  navire  courre  les  rochers. 

^fT  On  jette  quelque  chofe  au  feu.  On  jette  des  mar- 
chandifes  à  la  mer.  On  jette  de  l'eau  par  la  fenê- 
tre. 

Jetter,  fignifie  fimplemcnt ,  poufler  ,  ou  remuer  fans 
faire  un  grand  eltort.  M'utere  j  emittere  ,  jaclare  j 
conjicere.  Jetter  les  dés  hors  du  cornet.  Jetter  les  car- 
tes fur  la  table.  Jetter  une  pièce  en  l'air  en  jouant 
à  croix  -  pile.  Il  faut  jetter  la  terre  de  fon  côté  , 
quand  on  le  retranche.  Il  s'eft  jette  fur  le  lit  pour  fe 
repoler. 

Jetter  ,  fignifie  aulîl ,  abattre ,  renverfer.  Projlernere. 
Ce  luteur  a  jette  fon  homme  par  terre  à  force  de 
corps.  On  l'a  jette  fur  le  carreau  d'un  coup  d'épée. 
Il  iii\i.x.  jetter  par  terre,  abattre  ce  bâtiment. 

|tcr  Corneille  a  dit  dans  les  Horaces  ,  jetter  à  bas.  Trop 
foibles  pour  jetter  un  des  partis  à  bas.  Expreflîon 
familière  qui  ne  ieroit  pas  même  admife  dans  la  Pro- 
fe.  C'eft  une  de  ces  négligences  qu'il  le  permettoit 
quelquefois  dans  les  petites  chofes. 

Jetter  ,  fignifie  aullî  ,  poufter  quelque  chofe  hors  de 
loi.  Le  mont  Gibel  jette  des  feux,  des  flammes,  de 
la  cendre,  des  pierres  ponces.  Cette fource,  cette  fon- 
taine jette  de  l'eau  gros  comme  le  bras.  La  triftelie 
fait  jetter  àes  larmes  ,  des  loupirs.  Les  flots  agités 
les  feuilles  de  laurier,  les  poils  d'un  chat  jettent  des 
étincelles  de  leu.  Ce  diamant  jette  un  grand  éclat. 
Un  ver  luifant  jette  la  nuit  de  la  lumière. 

Jetter  ,  fe  dit  aullî  en  parlant  de  quelque  mouvement 
de  fa  perfonne.  Un  enfant  fe  jette  au  cou  de  fa  mère 
pour  la  carefler.  Ce  brave  ie  jette  à  corps  perdu  dans 
le  péril  J  dans  la  mêlée.  Ils  le  jctterent  dans  une  cha- 
loupe. Vaug.  Un  loldat  fe  jette  fur  le  butin  ;  un 
homme  .iftamé  lur  le  premier  plat  qu'il  trouve ,  s'y 
porte  avidement.  Ce  jeune  homme  s'eft  jette  dans  un 
couvent ,  dans  la  dévotion  :  cet  autre  s'eft  jette  dans 
la  débauche  ,  dans  le  jeu.  On  fe  jette  dans  un  parti. 
Exprellîon  en  ufage  en  fait  d'opinion  Se  de  ^nti- 
mens,  comme  en  fait  de  guerre. 
^fT  On  dit  familièrement  jetter  une  chofe  à  la  tête  de 
quelqu'un  ,  dans  le  fens  propre  ,  c'eft  la  lancer  ;  dans 
le  figuré,  c'eft  la  lui  donner  fans  qu'il  la  demande: 
Se  fe  jetter  ï  la  tête  de  quelqu'un,  s'offrir  à  lui  avec 
emprciremenc  ,  &  fans  en  être  recherché.  On  dit 
aullî ,  fe/'t"fff  raux  genoux ,  aux  pies  de  quelqu'un ,  pour 
en  obtenir  quelque  grâce,  pour  implorer  la  clémence  i 
fe  jetter  entre  fes  bras ,  pour  obteiiir  fa  proteftion. 


JET 

IP"  Jetter  ,  fc  dit  dans  un  Cens  figuré  ,  dans  des  ac- 
ceptions diflrcicntes. 

§0  Jetter  les  fondemcns  d'une  Monarcliic,  d'un  Em- 
pire ,  d'un  Édifice.  C'cll:  être  le  premier  à  les  créer, 
à  les  former. 

^{Cr  Jetter  les  jeux  fur  quelqu'un  ,  c'cft  le  dcfliner  à 
quelque  choie. 

%C}  Jetter  des  hommes  ,  des  vivres  dans  une  place  , 
les  faire  entrer  promptemcnt ,  dans  le  hc(oin  ,  mal- 
gré les  ennemis  qui  la  bloquent  ou  l'adiégcnt.  Jcttcr 
de  la  poudre  aux  yeux  ,  exprcllion  familière,  éblouir , 
furprendrc  par  de  faux  brillans. 

On  dit  qu'un  homme  jetce  feu  &  flamme  ;  pour 
dire,  qu'il  eft  fort  animé:  qu'il  a /erre  tout  (on  tcu  , 
fon  venin  ,  lorfqu'il  a  déchargé  (a  colère ,  qu'il  a  dit 
tout  le  mal  qu'il  lavoit  de  fon  ennemi  :  quand  il  a 
jette  la  divifion ,  la  difcorde  dans  une  famille  ,  dans 
l'État  ;  pour  dire ,  qu'il  y  a  excité  des  querelles  ,  des 
dill'entions.  On  dit  aulli,  qu'on  jette  des  regards  de 
piété  ,  de  tendrelle,  d'amour  ,  de  bienveillance  ;  pour 
dire  qu'on  témoigne  par  fes  regards  qu'on  eft  touché 
de  quelqu'ivi  de  ces  fenrimens. 

ffF  Jetter  fes  foupçons  fur  quelqu'un ,  c'cft  le  loup- 
çonncr. 

^^'  Jetter  des  foupçons  contre  quelqu'un ,  c'eft  le  faire 
foupçonner. 

ffl'  Jetter  des  foupçons  dans  l'efprit  de  quelqu'un  , 
c'cft  les  frire  naître. 

^3"  On  dit  aulïï  jetter  de  l'opprobre,  de  l'infamie  ,  du 
ridicule.  Dans  ce  cas  pour  que  cette  métaphore  ne 
manque  point  de  juftciîe ,  il  faut  que  le  mot  jetter 
rappelle  l'idée  de  quelque  fouillure  dont  on  peut 
phyflquement  couvrir  quelqu'un. 

En  ternies  de  Marine  ,  on  dit  jetter  l'ancre  ,  quand 
on  aborde  à  un  port ,  à  une  rade  ;  c'eft  lailfer  Tom- 
ber l'.ancre  lorfqu'on  veut  arrêter  le  vaillcau.  Jetterla. 
fonde  ou  le  plomb  ,  quand  on  veut  lavoir  la  hauteur 
de  l'eau,  ou  s'il  y  a  fond.  On  dit  aufll  ,  jetter  le  fi- 
let ,  quand  on  veut  prendre  du  poifton.  On  dit  auili , 
qu'un  cap  ,  une  pointe  de  terre  fe  jette  bien  avant 
en  mer;  pour  dire  ,  qu'elle  y  avance  beaucoup.  Jet- 
ter un  vaifteau  fur  un  banc  ,  fur  un  rocher  ,  à  la 
côte ,  c'eft  l'y  conduire  ,1'y  porter  exprès ,  l'y  échouer. 
Jetter  du  blé  ou  d'autres  chofes  à  la  bande  ,  c'eft  met- 
tre tout  le  blé  ou  autres  femblables  chofes  d'un  côté 
du  vaifteau  ,  au  lieu  qu'elles  étoient  placées  égale- 
ment par-tout  :  cela  fe  pratique  pour  faire  un  con- 
trebalancement  à  caufe  d'une  tempête  ,  ou  de  quel- 
que autre  accident.  Jette  dehors  le  fonds  du  humier,. 
c'eft  le  commandement  qui  fe  fait  à  ceux  qui  font 
à  la  hune  de  poufter  dehors  la  voile  du  mat  de 
hune. 

Jetter.  Terme  d'ouvriers  en  dentelles.  Jetter  une  bri- 
de ,  fîire  uiie  bride.  Une  bride  bien  jettée  ,  bien 
faite. 

En  termes  d'Arithmétique  , /errer  fîgnifie,  calcu- 
ler, fupputer.  Ce  Marchand  fait  fort  bien  jetter  à 
la  plume  &  aux  jetons.  On  dit  jetter ,  plutôt  du  cal- 
cul qu'on  fait  avec  les  jetons ,  que  de  celui  qu'on  fait 
à  la  plume. 

En  Médecine ,  jetter  fe  dit  des  plaies  ,  des  ulcères 
qui  fuppurem,  qui  font  fortir  de  mauvaifes  humeurs. 
Cette  plaie  jette  du  pus.  On  dit  encore ,  il  jette  du 
fable  par  la  verge.  Il  a  jette  des  vers  par  le  fon- 
dement ,  par  la  bouche. 

tP^  Jetter  ,  terme  de  Maréchallcrie  ,  fe  dit  d'un  che- 
val qui  a  un  écoulement  par  les  nafaux  ,  d'une  hu- 
meur plus  ou  moins  épaifle  ,  noirâtre  ou  languino- 
lente.  Ce  cheval  jette  la  gourme.  Ce  cheval  jette 
beaucoup  ,  il  eft  morfondu.  Dans  les  chevaux  qui 
jettent .  la  dépuration  du  fang  fe  fait  par  la  membra- 
ne pituitairc. 

En  Juiifprudence  ,  on  dit  jetter  un  dévoIut;pour 
dire,  impétrer  en  Cour  de  Rome  la  provilîon  d'un 
Bénéfice  qu'on  prétend  vaquer  par  l'incapacité  de  la 
perfonne,  ou  la  nullité  du  titre  du  Titulaire.  Jetter 
une  excommunication  :  pour  dire  ,  la  publier  ,  la 
fulminer.  Jetter  des  bans  d'un  mariage  ;  pour  dire  , 
en  faire  les  anno.nces  au  prône.  Jetter  des  lots  ;  con- 


JET 


13 


/icere  fortes  in  urnam ,  pour  dire,  voir  par  le  foit  à 
qui  chacun  des  lots  d'un  partage  qu'on  a  lait  pouria 
échoir. 

En  termes  de  Peinture  6c  de  Sculpture ,  on  dit 
jetter  les  draperies ,  pour  dire  ,  les  bien  acconuiio- 
dcr  ,  en  dilpofer  bien  la  htuation,  les  pli';,  &c.  les 
repréfenter  ,  les  dellincr  d'une  manière  r.oble  &c  gra- 
cicufe  ;  de  façon  qu  ils  annoncent  fans  équivoque 
les  objets  qu'ils  couvrent.  Ce  Pcirjtre  entend  bien  à 
jetter  une  draperie.  Voilà  des  draperies  bien  jettées. 
En  termes  de  Géographie  on  dit  que  des  terres , 
des  côtes  ,  des  ilcs  ,  des  rochers  ,  des  bans  j  des  caps, 
&c.  font  bien  ou  mal  jettes  fur  les  Cartes  ,  lorfqu'el- 
Ics  (ont  bien  ou  mal  htuées,  placées  ou  non ,  à  l'en- 
droit ou  du  côté  qu  elles  doivent  être.  Les  îles  du 
Cap  vert  font  mal  jettees  fur  les  cartes.  Elles  font 
plus  au  (cptentrion  qu'on  ne   les  marque. 

En  Agriculture  ,  on  dit  que  les  Mhïes  jettent  ,  lorf- 
qu'ils  poulicnt  des  bourgeons,  des  dons  ;  qu'ils  jet- 
tent beaucoup  de  bois.  Les  blés  ont  déjà  beaucoup 
jette  ,  c'cft  a  dire,  déjà  beaucoup  donné  de  fanne.  Cet 
arbre  ne  jette  guère.  Nos  melons  ont  déjà  jette  de 
grands  bras.  Liger. 

On  dit  auili  que  les  abeilles  jettent,  quand  elles 
donnent  de  nouveaux  efîains.  ^f3'  En  hydraulique,  on 
le  dit  de  l'eau  qui  jaillit  avec  impéruofité.  Cette  fon- 
taine jette  gros  ,  jette  tant  de  pieds  de  haut,  f^oye'^ 
Jet. 

En  termes  de  Vénerie,  on  dit  qu'un  cevi  jette  fa 
tctCj  lorfqu'il  mue  ,  que  (on  bois  tombe  :  ce  qui  ar- 
rive en  Février  ,  ou  en  Mars. 

En  Fauconnerie  on  dit ,  jet:er  un  oifeau  du  poing  , 
quand  on  donne  l'oifeau  après  la  proie  qui  fuit  :  ce 
qu'on  appelle  aulli  voler  à  la  toïfe.  A  l'égard  des 
autours  ,  on  dit  les  lâcher.  Jetter ,  fe  dit  en  parti- 
culier du  faucon  ;  jetter  le  faucon  &  lâcher  l'autour. 
Faultrier.  Jetter -nnii.  pieds  la  perdrix  ,  c'eft  voler 
droit  delfus  &  la  lier.  Idem. 

En  Fonderie ,  ou  Moulure  ,  on  appelle  jetter  , 
faire  couler  le  métal ,  ou  autre  chofe  liquéfiée  dans 
le  moule  qui  eft  préparé  pour  cela.  On  dit  jetter 
en  or  ,  en  argent,  en  bronze  ,  en  plomb ,  félon  qu'on 
fe  fert  de  l'un  de  ces  métaux  pour  l'ouvrage  ou  la 
figure  que  l'on  veut  fondre.  Il  a.  jette'  cette  ftatue  en 
bronze ,  en  fable.  On  jette  le  fer  fondu  en  des  lin- 
gotières  pour  faire  la  gueufe.  Cet  ouvrier  jette  fort 
bien  en  cire  ,  fait  bien  relfembler  les  perfonnes.  Et 
on  dit  en  général  d'une  chofe  dont  le  travail  eft  long, 
qu'elle  ne  fe  jette  pas  en  moule. 

Jetter  en  sable  ou  en  terre  ,  c'eft  faire  couler  du  mé- 
tal entre  deux  tables  couvertes  de  fable  ou  de  terre 
des  fondeurs ,  dans  Icfquelles  on  a  imprimé  la  figu- 
re qu'on  veut  qui  y  foit  rcpréfentée.  La  Bruyère  a  fait 
une  phrafe  figurée  de  ces  termes ,  quand  il  a  dit ,  qu'il 
y  a  un  Tigiilin  qui  foufFie  ,  ou  qui  jette  en  fable  un 
verre  d'eau  de  vie. 

Jetter  du  plomb  fur  toile.  C'cft  fe  fervir  d'un  moule 
ou  table,  couverte  de  drap  ou  d'érofe  de  laine ,  &:  par- 
dellus  le  drap  ,  d'une  toile  ou  treillis  bien  tendu,  pour 
y  couler  du  plomb  en  lames  très  minces. 

Jetter  de  la  chandelle.  Terme  de  Chandelier.  Il  ne  fc 
dit  que  dans  la  fabrique  des  chandelles  moulées  ,  & 
figniiie  remplir  de  fuif  les  moules  qui  font  dreffes  & 
arrangés  fur  la  table  à  moule.  Dans  la  fabrique  des 
chandelles  communes ,  on  dit ,  plonger  la  chandelle  ,■ 
ou  fimplcment,  faire  de  la  chandelle. 

%f3'  Jetter  ,  terme  de  Cirier.  C'eft  verfer  la  cire  fur 
les  mèches  imprimées ,  y  mettre  la  féconde  couche 
de  cire. 

Jetter  ,  fc  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Il  a 
jette  le  froc  aux  orties  ,  pour  dire  ,  il  a  quitté  le 
Couvent  ,  il  a  apoftafié.  On  le  dit  auffi  d'un  novice 
qui  a  quitté  l'habit  avant  la  profelîion ,  &  par  ex- 
tenlion  d'un  jeune  homme  qui  quitte  l'Etat  ecclé- 
fiaftique  ,  ou  toute  autre  profelîion.  On  lui  a  jette  le 
ci  at  aux  jaHibcs;  pour  dire  ,  on  l'aaccufé,  on  l'a  ren- 
du rctponfable  d'une  faute  que  les  autres  avoient  fai- 
te. On  dit  auflîyiTfcr  des  n:arguerites  ,  ou  des  pier- 
rci  piccieufcs  devant  les  j-curceaux :  pour  dire,  faire 


54 


J  EU 


voir  de  belles  chofes  à  ceux  qui  ne  s'y  connoillenr 
point  ,  <ini  ne  s'en  loucient  point.  Ce  proverbe  cA 
pris  de  l'ÉvAngile.  Match.  Fil ,  6.  C'étoit  un  pro- 
verbe chez  les  Juifs.  On  dit  aulTi  jettcr  de  la  pou- 
dre aux  yeux  de  quelqu'un  :  pour  dire ,  l'éblouir ,  lui 
faire  paroitre  une  choie  plus  belle  qu'elle  n'eft  en 
■effet.  On  dit  aulll  d'un  bon  ménager ,  qu'il  ne  jene 
pas  Ion  bien  par  les  fenêtres  ,  qu'il  ne  jette  pas  les 
épaules  de  mouton  toutes  rôties.  On  dit/etterie  man- 
che après  la  coignée  ,  lorfqu'on  délefpère  d'une  af- 
faire ,  &  qu'on  abandonne  tout.  On  dit  aulli  jetter 
de  l'huile  Cur  le  feu  -,  pour  dire ,  animer  encore  ceux 
qui  font  déjà  en  colère.  On  dit  d'une  chofe  où  l'on 
a  quelques  prétentions  ,  qu'on  n'en  jetieroit  pas  la 
part  aux  chiens.  On  dit ,  fe  jetter  (ur  la  friperie  de 
quelqu'un  ;  pour  dire  ,  l'outrager  ,  ou  de  fait,  ou  de 
parolo-s.  On  dit  aulfi  d'un  miférable  ,  d'un  homme  qui 
n'a  point  de  fupport  ,  que  tout  le  monde  lui  jette 
la  pierre ,  l'accule  ,  le  maltraite.  On  dit  aulli  ,  qu'il 
faux,  jetter  un  os  à  quelqu'un  ,  quand  on  lui  fait  part 
de  quelque  profit  dans  une  affaire  à  laquelle  il  peut 
faire  quelque  obftacle.  On  dit  ,  qu'on  a  jette  Ion 
couffinet  fur  une  choie-,  pour  dire  j  qu'on  a  regardé 
qu'une  choie  convient  (Si  qu'on  fait  les  eftorts  pour 
l'obtenir.  Je  ne  fuis  pas  de  ces  gens  qui  jettent  leur 
amitié  à  la  tête  -,  pour  inutile  que  Ibit  la  mienne  ,  j'en 
fuis  avare.  R. 
JETTE  j  ÉE.  Part.  Il  a  les  fignincations  du  verbe. 
Pas  JErrij  oulîmplement  .^£rr£jl.  m.  Terme  de 
danfe.  Le  pàs  jette  le  tait  en  lautant.  Le  demi  y'^ffc-fc  fait 
en  fautant  à  demi.  Rameau.  Ce  pas  ne  fait  que  la 
partie  d'un  autre  pas  j  aind  un  jette  leul  ne  peut  rem- 
plir une  mefure  j  il  en  faut  faire  deux  de  fuite  pour 
faire  l'équivalent  d'un  autre  pas  ;  mais  il  fe  lie  aifé- 
ment  dans  la  conftruélion  des  autres  pas.  Comme  ce 
n'eft  que  par  le  plus  ou  le  moins  de  force  dans  le 
cou  du  pied  j  qu'on  s'élève ,  ainli  ce  pas  dépend  du 
cou  de  pied  pour  le  faire  avec  légèreté.  Pour  le  faire 
en  avant  J  je  fuppofe  que  vous  ayez  le  pied  gauche 
devant  &  le  corps  polé  dellus ,  la  jambe  droite  prête 
à  partir  dans  le  moment  que  vous  pliez  lur  la  jambe 
gauche  ,  la  droite  s'approche  auprès  ,  &  lorfque  vous 
vous  élevez  _,  ce  qui  le  fait  par  la  force  du  pied  gau- 
che, qui  s'étendant  avec  force  ,  vous  rejette  lur  la 
droite,  parce  qu'elle  achève  de  fe  palier  devant  , 
lorque  vous  vous  relevez  en  tombant  lur  la  pointe 
du  pied  droit ,  il  ne  faut  poler  Ion  talon  qu'après  ; 
ce  qui  termine  ce  pas.  Ils  fe  font  en  arrière  &c  de  côté 
également.  On  les  tait  encore  d'une  autre  manière , 
en  ce  qu'il  faut  prendre  plus  de  force  pour  les  lau- 
ter ,  ce  qui  le  fait  en  le  relevant  plus  vire  ,  Se  étendre 
fort  les  jambes  en  les  battant  fort  l'une  contre  l'au- 
tre, en  retombant  lur  le  pied  contraire  à  celui  qui 
a  plié  ;  pour  lors  il  change  de  nom  ,  &  on  l'appelle 
demi  cabriole.  C'eft  un  pas  de  ballet.  Rameau. 

JEU. 

Ces  lettres i«M,  dans  les  mots  Dieux ,  lieux ,  deux, 
mieux ,  ne  font  qu'une  lyllabe  ,  on  en  trouve  p.ir- 
tout  des  exemples  ;  dans  les  autres  mots  ,  comme  pre'- 
cieux  ,  ambitieux  ,  &c.  elles  en  font  deux. 

|CrJEU.  f.ra.  Du  Latin.  Jocus.  Men.  Du  Cange  dit  que 
le  mot  de  jeu  de  dés  ne  vient  pas  de  Jocus  ,  mais 
de  Juis  de  Dieu  ,  vieux  mot  François  qui  lignifioit 
Jugement  de  Dieu ,  parce  qu'on  mcttoit  les  jeux  de 
halard  au  nombre  des  Jugemens  de  Dieu. 

03"  Le  mot  de  jeu  ,  Jocus  ,  lufus  ,  le  dit  en  général  de 
tout  amufement  ,  d'une  occupation  légère  ,  &  qui 
plaît ,  de  tout  palle  temps  ,  pour  diftraire  l'efprit  de 
les  fatie;ues ,  ou  pour  éviter  l'ennui ,  de  tout  ce  qui 
fe  fait  d'agréable  ou  de  badin  par  efprit  de  gaieté  , 
ou  par  amufement.  Jeu  innocent.  Jeu  d'enfant.  S'a- 
mufer  à  de  jjetits  jeux.  On  dit  familièrement  d'une 
affaire  lérieufe  ,  que  ce  n'eft  pas  wnjeu  d'enfant.  Pren- 
dre une  chofe  en  jeu  ,  en  plailanterie. 

^^  Jeu  fe  prend  plus  particulièrement  pour  un  exer- 
cice de  récréation  ,  alïujetti  à  de  certaines  règles ,  &: 
auquel  on  hafarde  de  l'argent.  Dans  cette  acception 


JEU 

générale  ,  il  comprend  les  jeux  de  hafard  ,  comme 
les  jeux  de  cartes  ou  de  dés ,  où  le  hafard  leul  dé- 
cide prelque  toujours  de  la  perte  ou  du  gain  ,  les 
jeux  d  adrelle  ,  comme  la  paume  ,  la  mail ,  où  l'a- 
drelfc  a  plus  de  part  que  le  halard  ;  Ik  les  jeux  de 
pur  efprit ,  comme  les  échecs  ,  les  dames ,  dans  lel- 
quels  l'habileté  feule  a  part.  C'eft  principalement  des 
jeux  de  halard  qu'on  dit  aimer  le  jeu  ,  être  adonne 
Wi  jeu.  La  pallion  à\xjcu  ,  a  proprement  parler  ,  n'eft 
pas  une  paftion  naturelle  ;  mais  elle  a  été  inventée 
par  l'elprit  ,  &  par  l'induftrie  des  hommes.  Scud. 
La  paftion  du  jeu  en  particulier ,  eft  la  pallion  du  plai- 
fir  en  général ,  qui  fe  varie  lelon  les  divers  génies  & 
les  divers  tempéramens.  Id.  Un  honnête  homme  ne 
doit  s'engager  au  jeu  que  pour  le  délafter  :  il  ne  doit 
pas  jouer  avec  la  même  ardeur  que  ceux  dont  le  jeu 
eft  la  paftion  dominante.  Bell.  Le  jeu  eft  une  manie 
dont  il  faut  fe  corriger  de  bonne  heure  ,  de  peur  de 
ne  devenir  lage  que  quand  il  n'eft  plus  temps  de  l'ê- 
tre. La  fureur  du  jeu  a  gâté  les  converfations.  Le  jeu 
eft  un  amulement  innocent  ,  pourvu  qu'on  ne  s'en 
falfe  pas  une  palfion  ,  ni  une  occupation  continuelle. 
Le  jeu  ,  dans  mon  fenriment  ,  ne  convient  nulle- 
ment à  un  homme  qui  fait  protcllion  de  piété  ;  il 
ne  peut  s'en  faire  un  amufement  ,  ni  une  affaire  , 
ni  un  plaifir,  laiis  oublier  ce  qu'il  eft.  Un  Chrétien, 
mais  particulièrement  un  Eccléfiaftique  &  un  Prê- 
tre ,  doit  lavoir  qu'il  n'a  point  de  moment  à  per- 
dre ,  &  qu'il  n'y  a  rien  qu'il  faille  ménager  davan- 
tage que  le  temps  ,  piùfque  c'eft  le  prix  avec  lequel 
il  doit  acheter  l'éternité.  On  alléguera  beaucoup  de 
raifons  encore  contre  ma  penlée  j  on  dira  qu'il  y  a 
quelques  règles  de  l'Églife ,  qui  parlent  des  jeux  per- 
mis aux  Ecclélîaftiques  ■,  mais  cela  n'a  été  accorde  j 
qu'à  la  dureté  des  cœurs ,  &  on  peut  dire  ,  Ab  initia  I 
non  fuit  fie.  On  ne  verra  point  que  S.  Polycarpe ,  S. 
Cyprien ,  S.  Bafile  ,  S.  Grégoire  ,  S.  Ambroife  ,  S. 
Auguftin  ,  ic  une  infinité  d'autres  aient  accordé  ou 
approuvé  ces  fortes  de  récréations.  Cependant  c'eft 
fur  les  fentimens  de  ces  grands  Saints  que  les  Prê-  | 
très  de  Jésus-Christ  doivent  former  leur  conduite.  ' 
Ab.  de  la  Tr.  Il  n'y  a  rien  fur  la  terre  qui  puille 
égaler  ni  le  temps  qu'on  emploie  inutilement  au  jeu  , 
ni  l'elprit  de  piété  qui  fe  diftipe  entièrement  dans 
cette  agitation  véhémente  des  paillons  dont  il  eft  tou- 
jours accompagné  ,  ni  enfin  le  repos  de  la  confcieii- 
ce  qui  y  eft  intéreffée  en  tant  de  manières.  P.  Ver- 
jus. La  féconde  partie  du  fermon  du  P.  Bourdaloue  , 
Jéfuite  ,  fur  les  divertllfemens  du  monde  ,  eft  une 
excellente  inftrudlion  lur  le  jeu  ,  ôc  contre  les  défauts 
du  jeu. 

Il  ejl  bon  de  jouer  un  peu  , 
Mais  il  faut  feulement  que  le  jeu  nous  amufe. 

Des-H. 

A  la  Chine  le  jeu  eft  également  défendu  au  peu- 
ple &■  aux  Mandarins.  Cela  n'empêche  pas  qu'on  ne 
joue  ,  &  qu'on  ne  perde  fouvent  tout  fon  bien ,  d 
maifon,  l'es  enfans  ,  fa  femme  même  ,  qu'on  met 
quelquefois  fur  une  carte  ;  car  il  n'eft  point  d'excès 
où  la  paftion  de  gagner  &  de  s'enrichir  ne  porte  un 
Chinois.  Mais  outre  que  c'eft  un  dérèglement  où  les 
Tartares  les  ont  engagés  ,  depuis  qu'ils  font  les  Maî- 
tres ,  il  faut  encore  prendre  beaucoup  de  mefures 
pour  fe  cacher  ;  &:  par  conféquent  la  loi  qui  le  dé- 
fend ,  eft  toujours  en  la  vigueur  ,  &  ne  laille  pas 
d'empêcher  de  grands  déloidres.  P.  le  Comte.  11  y 
a  un  Traité  du  jeu  par  M.  Du  Tremblai. 

Il  y  a  plufîeurs  autres  traités  du  jeu.  Celui  de  M. 
Barbcyrac  ,  imprimé  à  Amfterdam  en  1709  ,  où  il 
examine  les  principales  quelHons  de  droit  naturel  & 
de  morale  ,  qui  ont  du  rapport  à  cette  matière  ,  eft 
curieux  &c  inftrudtif. 

Dans  les  mains  du  joueur  nul  bien  qui  ne  chancelle. 

On  gagne  en  s'abfienant  du  jeu. 

//  efi  tout  comme  l'étincelle  : 
.Aux plus  riches  palais  il  peut  mettre  le  feu. 


Tcmoin  lliôtel  de  Sully  que  le  fameux  joueur  Gal- 
let  hit  oblige  de  vendre  pour  payer  Tes  créancicrî.  M. 
BroiLttc  iuL  ka  vers  8 1  de  de  la  huitième  Satyre  de 
Defpréaux. 

IP  Jtu  Ce  dit  aulî)  de  l'argent  qu'on  joue.  Jouer  beau 
jeu,  gros /Ci:  ,  petit  /eu.  Jouer  un  jeu  à  le  ruiner. 
':!rer  k  jeu ,  y  aller  du  jeu.  J'en  fuis  du  jeu.  Ter- 
mes ulitcs  aux  jeux  de  renvi. 

|0-^  On  le  dit  encore  des  règles  du  jeu  ,  de  l'art  de 
conduire  fon  jeu.  On  dit  dans  ce  fens  jouer  le  jeu  ; 
c'eft  le  /eu  ,  le  vrai  jeu. 

le  jeu  d  échecs  rcjfanl^le  au  jeu  des  vers. 
Savoir  la  marche  ejl  choje  très-unie  , 
Jouer  le  jeu^  cefi  le  fruit  du  génie'. 

tfT  Aux  jeux  de  cartes  on  le  dit  encore  pour  celles 
qui  viennent  C'elldans  ce  fens  qu'on  dit ,  tenir  ,  jouer 
le  ]cu  de  quelqu'unr  Je  n'ai  point  de  jeu.  J'ai  un  beau 
jeu ,  un  vilain  jeu.  Ruiner  fon  jeu  ert  écartant.  Ca- 
cher, montrer  fon  jeu. 

J£UDE  Paume.  Ces  mots  fignificnt  deux  chofes  en 
hrançois,  le  lieu  où  l'on  joue  à  la  paume,  &  l'exer- 
cice même  de  la  paume.  Un  gvmd  jeu  de  paume  , 
un  jeu  de  paume  commode,  obfcur,  clair  j  &c.  c'efl 
Je  heu.  Le  jeu  de  paume  contribue  à  la  fanté  par  les 
lueurs  qu'il  caule,  c'eft  l'exercice.  Jeu  de  longue  pau- 
me a  les  deux  mêmes  lignifications. 

On  appelle  abfolument  /eu  de  paume  ,  un  jeu  de 
courte  paume;  /t-a  de  dedans ,  celui  qui  outre  la  ga- 
lerie ordinaire  en  a  une  appelée  dedans ,  qui  occu- 
pe le  fond  du  cote  où  ks  autres  ont  le  trou  ;  de 
l'autre  cote  ,  qui  eft  celui  de  la  grille  ^,  il  y  a  un 
taméour  à  quelque  diftancc  de  la  grille  ,  dans  le 
inur  fuppofe  a  la  grande  gallerie.  Jeu  carré,  celui  où 
Il  n  y  a  m  dedans  ,  ni  tarnéour.  Il  y  en  a  de  couverts  , 
&  de  découverts. 

On  appelle  auih  le  jeu ,  une  partie  du  jeu  qui  efl  vers 
r  f  "^^^./"''^"■^"  'i^^^i':'-.  Il  ne  fe  fait  point  de  chafî'e , 
Il  la  balle  ne  va  jufqu'à  deux  ou  trois  carreaux  de  la 
marque  qui  eft  du  côté  du  jeu. 

On  dit  aulfi,  que  les  parties  fe  font  de  quatre  ou 
<leiix  jeux,  dont  chacun  eft  compofé  de  quatre  coups 
qu  on  gagne  :  qu'on  a  l'avantage  des  jeux  ,  quand  on 
a  un  jeu  leulement  (ur  fon  adverfiirc  ;  à  deux  de  jeu 
quand  on  en  a  autant  l'un  que  l'autre. 

ffr  Al  égard  des  autres  jeux  ,  comme  les  cartes  ,  le 

l"^:'T  1    '     r''  ^'-  '"  '"°^  ^=  i'"  ''S»'h>  l'exer- 
ôuer  '"'^'-umens  ,   les  chofes  qui   fervent  à 

Le  Jeu  DE  cannes  chez  les  Turcs ,  eft  un  exercice  qui 
le  fait  par  des  Cavahers  da.is  l'Améïdan  ,  ou  place 
Royale  de  Conftantinople.  Il  fe  fait  avec'des  bran- 
ches de  palmiers  taillées  en  traits  ,  que  des  hommes 
à  cheval  fe  lancent  les  uns  aux  autres  ,  pour  s'en- 
tretenir dans  les  exercices  delà  lance,  delà  pique, 
&  du  javelot.  Ils  appellent  ce  jeu  Gind  Omi,  c'eft- 

feuilfeL^'  """   '"  "*'  P"'"''"'  '•^P""^^'^  ^^  ^" 

Jeux  de  main.  Le,  jeux  de  main,  font  k^jcux  où  l'on 
louche  des  mams  à  ceux  avec  qui  l'on  joue.  On  ap 
^€ik  jeux  demain  les  badineries ,  qui  conhftent  ou 
qm  vont  a  fe  donner  des  coups,  à  le  frapper  ,  ou 
à  le  faire  quelque  mal  avec  les  mams.  Et  qufnd  quel- 
qu  un  en  t.ni  le  un  autre ,  qu'il  le  touche  ,  qu'il  le 

Wal;^''.  •  '  ^""'^'  ^'^  '  ^'^^"^  "  dit ,  arrêJez  vous; 
je  n  aime  point  tous  ces  jeux  de  main 

On  appelle  Académie  de  jeu  ,  les  lieux  publics  où 
ion  donne  ajouer  a  tous  venans ,  où  l'on  tiem  plu- 
fieurs  jeux,  où  il  y  a  pluheurs  tables  de  jeu 

Z-usieT7'"T°'' '    ^■'■°';    ^PP^ll-    --autrement 
don^n      '  ^"^'"■''  ™°'"<^  ^'^^P'i^  '  '"oi"^  d'ac- 

tion ,  quon  invente  pour  divenir  une  com^-aenic 
comm^  ce  ui  des  Heurs ,  d.s  proverbes    du  ïl  ^.^ 

oes  tchecs.  Ces  jeux  font  trilles,  &  férieux ,  c^  di 


JEU 


JS 


:c";'l2^it:^^!;x,r'^"'^°"^"^'™"^"p- 

On.ipj,elle  au(1i;c7«  d^frit,  certains  /.«;.oùJ'on 

■^roui  c^f  '"■  ''"'"  "  ^^  """-'^  de  Chr'olo 
g..  qu.  d    hu  comme  un  /eu  d'oie,  où  Ion  apprend 

en  jouant  les  principales  époques  des  temps.  Defma- 

T{^!nl  'V"  '''  "'r"  P^"""  =iPPi-^-»dre  l'Hiftoire 
de  hance.  Buxenus  a  fait  un  jeu  pour  apprendre 
toutes  les  propriétés  des  nombres  ,  qu'il  appelle  Ri- 
thmomachie.  M.  l'Abbé  Dangeau  &  le  1\  Buflicr  en 
ont  fait  pour  l'Hiiloirc  &  la  Chronologie 

Jeux  D'ESPRIT,  font  aulli  des  compolitions  agréables, 
qu,  font  faites  plutôt  pour  divertir  que  pourinftrui- 
re  comme  le  Combat  des  Rats  cV  des  Grenouilles 
d  Homère  le  Panégyrique  de  Bufiiis  &  celui  d  Hé- 
lène par  llocrate  ;  la  plupart  des  ouvra  .es  de  Lu- 
cien les  dialogues,  les  vraies  hiftoires,  Ibn  combat 
&:  eelm  de  d  Ab  ancourt ,  la  Guerre  Grammaticale  , 
a  Nouvelle  Allégorie  ,  la  défaite  des  Bouts-rimés  \ 
es  jeux  de  Inconnu  ,  du  Comte  de  Cramai  ,  là 
louange  de  la  fohe  par  Erafme  ,  &  la  louange  du 
pou  adrellce  aux  gueux  par  Daniel  Hemfius  ,  %c. 

On  le  dit  abuiivement  des  Anagrammes ,  des  Acrof- 
tiches,  &  aux  travaux  pédantefques ,  &  des  Turlu- 
pinades  de  plufieurs  gens  de  la  Cour. 

On:,'ç^e\k  jeux  de  paroles,  ou  jm,x  de  mots  ,  les 
a  lul.ons  ,  les  équivoques  ;  &  les  pointes ,  qui  ne  con- 
lilbntoue  dans  les  mots  ,  ij^  une  certaine  allufion 
fondée  iur  la  rellemblance  des  mots  :  C'eft  une  poin- 
te d  elprit  qui  porte  fur  l'emploi  de  deux  mots  qui 
s  accordent  pour  le  fon  ,  mais  qui  diffèrent  à  l'égard 
du  lens.  Ludus  in  yerbis.  Les  jeux  de  mots  font  tou- 
jours d  un  petit  elprit.  roy.  Pointe. 

Les  jeux  de  mots  quand  ils  font  fpirituels  ,  ont  lieu 
dans  la  converfation ,  dans  les  lettres  ,  dans  les  épi- 
grammes ,  les  madrigaux  ,  &  femblables  ouvraees 
encore  faut-il  en  ufer  fobrement ,  &  les  donner  pour- 
ce  qu  ils  valent  pour  un  f.mple  badinage  ;  mais  on 
doit  les  bannir  du  ftyle  grave  ,  férieux  &  fubhme  : 
ils  enaftoibblfentlaforce  ,  &  en  diminuent  la  beauté, 
qui  conhftc  dans  quelque  chofe  de  grand  &  d'élevé. 
Les  Grecs  &c  les  Latins,  ont  fiit  quelquefois  des  jeux 
de  mots  un  ornement  des  difcours  les  plus  férieux  : 
le  caradere  fage  &  raifonnable  de  notre  nation  &  de 
notre  langue  ne  fouftre  point  cet  ufage,  qui  devient 
infupportable  ,  même  dans  les  Grecs  &c  les  Latins  , 
quana  il  eft  trop  fréquent.  Les  panégyriques  doivent 
être  d  un  ftyle  plus  brillant  que  les  autres  ouvrages 
d  éloquence;  mais  il  faut  prendre  garde  qu'au  lieu  de 
penlees  ingenieufes,  on  ne  les  remplilîé  de  pointes 
oc  opcuxàe  mots.  Les  cris  de  guerre ,  les  devifes  , 
les  lymboles ,  lonr  prefque  les  feuls  ouvrages  d'ef- 
prit  ou  ks  /eux  de  mots  ont  une  grâce  particulière  , 
cV  dans  leiquels  ils  font  proprement  à  leur  place. 

Jeu  le  dit  de  la  chofe  qui  fert  à  jouer.  Un  jeu  d'É- 
checs, de  Dames,  de  Trou-madame,  de  Quilles,  & 
lur-tout  d  un  jsu  de  carres. 

Jeu  ,  fe  dit  figurémcnt  de  phificnrs  chofes  par  relation 
au  ,eu.  Ami,  on  dit  d'une  chofe  que  quelqu'un  fait 
lacilement ,  ;qu'on  s'en  fait  uny.^«  ,  que  cette  affaire 
nelt  quun  /eu  pour  lui  ,  que  les  plus  grandes  fati- 
gues ne  lui  font  que  jeu.  On  dit  à  la  Guerre ,  qu'un 
tel  Capitaine  commença  le  jeu  ;  pour  dire  ,  qu'il 
commença  l'attaque,  la  bataille  :  que  le  jeu  fut  fort 
lang  ant;  pour  dire,  qu'on  y  tua  bien  du  monde  ; 
que  le  jeu  de  la  mine,  du  fourneau,  fit  une  grande 
brèche.  On  dit  auili  qu'un  homme  donne  beau /«  à 
on  ennemi  ;  pour  dire  ,  lui  donne  des  facihtés  de 
J^  attaquer,  qcs  occafions  de  le  critiquer. 

M'  On  dit  qu'un  homme  joue  un  jeu  à  fe  perdre  à 
le  laire  mettre  à  la  Baftiilc  ,  à  fe  faire  pendre  :  qu'il 
joue  bien  ton  jeu  ,  pour  dire  qu'il  eft  di.'Iîmulé,  qu'il 
cacne  bien  (es  dclleins  :  qu'il  fiit  jouer  le  jeu  par 
un  autre,  quand  il  agit  par  une  tierce  pcrfonne  :  que 
Ion  connoit  ion  jeu  ,  pour  diic  fes  rufes  ,  les  finef- 
les.  La  (cience  de  dilhmuler  eft  d'un  grand  ufage; 
on  ne  montre  fon  jeu  que  quand  il  eil:  lûr.  Ameu 
Si  un  honnête  homme  raille,  fa  gaieté  ne  tend  qu'à 
divercir  ceux   qu'il  met  en  jeu.   Les  impics  croient 


r  6 


I  E  U 


que  la  vie  n'eft  qu'un /ta  où  règne  le  lulard.  Bo.îs. 
Aller  à  une  aftaire  de  bon  jeu  ,_  c'cft-à  dire  ,  de  l.i 
bonne  manière,  y  donner  tous  les  ibins.  Les  gens  de 
bien ,  quand  ils  difputent  de  bon  jeu  ,  c'eft-à-dire  , 
tout  de  bon  ,  peuvent  quelquefois  reikmbler  aux  au- 
tres hommes. 

gC?  On  dit  encore  par  manière  de  menace  ,  vous  verrez 
beau  jeu  ,  pour  dire  ,  je  vous  en  ferai  repentir. 

En  Phyiique,  on  appelle  jeux  de  la  nature ,  Na- 
ture ludenûs  opéra  ,  ces  agréables  diveriîtés  que  la 
nature  nous  montre  dans  les  produdions,  lans  qu  on 
en  puilfc  découvrir  la  caufe  ,  tant  dans  les  minéraux, 
que  dans  les  végétaux  &  les  animaux  ,  comme  les 
coquilles  ,  Heurs  ,  pierres  ,  inlcéies ,  &  autres  qui  font 
les  raretés  dont  les  curieux  emplilicnt  leurs  cabinets. 
Il  y  a  des  Philofophes  qui  ont  cru  que  les  coquilla- 
ges foHîles  étoient  des  jeux  de  la  nature.  La  réfuta- 
tion de  leur  (entiment  le  trouve  dans  le  Traité  de  Li- 
thologie &  de  Conchyliologie  de  M.  d'Argcnville. 
Cet  Auteur  avoue  qu'il  y  a  des  pierres  qui  font  véri- 
tablement des  jeux  de  la  nature.  Les  Agathes  arbo- 
rifées ,  ou  herborifées ,  appelées  Dcntrkes  ,  les  pier- 
res de  Florence  qui  reprélentcnt  des  Villes ,  des  pay- 
fages  ,  d'autres  des  arbres  &  des  feuillages  ,  ne  doi- 
vent point  s'attribuer  au  déluge  ;  elles  (ont  crues 
depuis  ,  &c  criiiirent  encore  naturellement  tous  les 
jours. 

ifT  Les  fuigularités  des  jeux  de  la  nature  dans  le  corps 
humain ,  confiftent  dans  une  conformation  particu- 
lière d'une  ou  de  plufieurs  de  les  parties ,  ditlérente 
de  celle  <\n\  le  prélente  ordinairement. 

^CF  Dans  le  règne  minéral  ils  confiftent  dans  une  for- 
me paiticulière  des  pierres  :  forme  qui  eft    abfolu- 

.  inent  étrangère  au  règne  minéral ,  &  qui  les  fiit  rel- 
icmbler  à  des  parties  des  végétaux  ou  des  animaux  , 
uns  qu'on  puille  indiquer  la  caufe  qui  a  pu  leur  don- 
ner cette  figure.  Car  fi  la  caufe  en  elt  connue  ,  com- 
me de  celles  qui  ont  été  moulées  dans  des  coquilles, 
ou  qui  ont  reçu  l'empreinte  de  quelque  corps  ,  on 
ne  peur  plus  les  appeler  des  jeux  de  la  nature.  En 
un  mot  il  faut  que  le  hafard  les  produifc.  Les  corps 
que  la  nature  produit  lous  une  forme  conftante  &: 
déterminée,  quelques  finguliers  qu'ils  foient ,  com- 
me les  criftallilations  ,  ne  font  point  non  plus  des 
jeux  de  la  nature. 

En  Jurifprudence  ,  on  appelle  yV/i  ,  la  coUulîon  , 
l'intelligence  qui  eft°entre  quelques  parties  au  préju- 
dice d'un  autre.  Cette  intervention  ,  ce  dévolut  lont 
des  jeux  joués  par  la  partie. 

Jfu.  Terme  de  Fauconnerie.  Donner  \z  jeu  aux  Autours, 
c'eft  leur  laillbr  plumer  la  proie. 

Jed-parti.  Vieux  mot  inulité  ,  qui  lignifioit  autrefois 
la  liberté  que  l'on  donnoit  à  une  perfonne  de  choi- 
fir  de  deux  chofes  l'une.  Partir  le  jeu  ,  donner  le 
choix.  Joinville  dit  qu'un  chev.ilier  ayant  été  pris 
dans  un  mauvais  lieu  ,  on  lui  partit  le  jeu  ,  d'être  me- 
né dans  le  camp  en  chcmile  par  celle  avec  laquelle 
on  l'avuit  furpris  ,  ou  de  perdre  les  armes  &  Ion 
•cheval. 

En  termes  de  Marine,  on  appelle,  feire  jeu  parti, 
quand  une  des  deux  perlonnes  qui  ont  part  à  un  vail- 
fcau ,  veut  rompre  la  fociété ,  ik  demande  en  juge- 
ment que  le  tout  demeure  à  celui  qui  fera  la  condi- 
tion de  l'autre  meilleure  ,  ou  bien  qu'on  falle  elli- 
ncr  les  parts  de  chacun  des  Allociés. 

Ce  mot  vient  de  jus  parnum  ,  droit  des  parties. 
En  Méch.uiique  ,  on  appelle  jeu  ,  une  certaine  ou- 
verture convenable  qui  donne  facilité  de  mouvoir  les 
parties  d'une  machine  ,  ou  de  toutes  autres  choies 
mobiles  ,  comme  d'une  manivelle  ,  d'une  poulie  , 
d'un  rcùort ,  d'une  porte  ,  d'une  fenêtre.  Far  exem- 
ple ,  jeu  du  gouvernail  d'un  vaill'eau  ,  eft  l'ouvertu- 
re qui  lui  donne  facilité  pour  tourner  ,  &z  la  facili- 
té qu'il  a  à  fe  mouvoir.  Cette  porte  ,  ce  pifton  ,  ce 
contrevent  a  du  jeu  ,  &c  C'eft  à-nire  ,  de  la  facili 
té  ,  de  l'aiLince  à  exécuter  les  mouvcmcns  qu  ils 
doivent  avoir. 

gO'  En  Peinture  ,  on  dit  qu'il  y  a  du   jeu   dans  une 
compofiîion  ,  lorfque  lesdifl'éreus  objets  ne  font  point 


J  E  U 

cntafTcs ,  (S:  laiffent  entre  eux  allez  d'elpace  pour  la 
facilité  de  leur  mouvement. 
Jeux  d'eau.  On  appelle  ainll  tous  les  jets  qui  par  la 
différente  forme  de  leurs  ajutages  imitent  diverles  fi- 
gures ,  comme  le  verre ,  la  coupe ,  la  fleur  de  lis , 
&c.  On  appelle  aufli  jeux  d'eau ,  ceux  qui  parle  mou- 
vement de  l'eau  font  jouer  des  orgues  ,  &  autres 
inftrumens. 

Jeu  ,  en  termes  de  Charpenterie  ,  fe  dit  d'une  pièce 
de  bois  d'environ  treize  pieds  de  long  j  &  de  quin- 
ze pouces  de  grofteur  ,  où  pofe  &  tourne  l'arbre 
d'un  moulin  à  vent  du  côté  de  la  tête  où  font  les 
volans. 

En  Efcrime  ,  &:  chez  les  Maîtres  d'armes  on  ap- 
pelle jeu ,  tant  pour  le  fleuret  que  pour  les  autres 
armes ,  la  manière  de  les  manier ,  &  d'en  faire  l'exer- 
cice. Son  jeu  eft  de  f  e  couvrir  ,  de  parer.  On  appelle 
]eu  fimple  ,  celui  qui  fe  fait  avec  vîtefle  lur  une  li- 
gne ,  qui  dans  l'oftenfive  doit  avoir  pour  objet  prin- 
cipal tout  ce  qui  fe  peut  entreprendre  ,  en  poullànt 
ou  paliant  d'un  point  à  l'autre  dans  un  feul  temps  à 
la  partie  la  plus  découverte  de  l'ennemi ,  en  quelque 
forte  de  grade  que  ce  foit.  La  defenllve  lîmple  con- 
iiftc  à  parer  &  repouffer  les  coups  qui  lont  portés 
par  l'ennemi. 

Le  jeu  compop.  dans  l'oflenfive  comprend  toutes  in- 
ventions polllbles  pour  tromper  l'ennemi ,  en  lui  fai- 
larit  découvrir  la  partie  qu'on  a  delfein  de  lurpren- 
dre  par  finelle,  ne  l'ayant  pu  faire  par  la  force  _,  ni. 
par  la  vîtelle  du  jeu  fimple  ,  dont  les  principaux 
moyens  font  les  feintes ,  les  appels  ,  les  engagemens 
&  battemens  de  l'épée  ,  les  demi-coups ,  6'c.  Et  dans 
la  défenfive  ,  c'eft  de  porter  en  parant. 

Le  jeu  coulant ,  eft  quand  on  gagne  la  mefure ,  en  cou- 
lant ou  traînant  le  pied  gauche  après  le  droit  contre 
celui  qui  recule  ,  ou  qui  pare  ,  ou  qui  a   une  épéc         J 
plus  courte.  Toutes  lortcs  de  icintes  ,  engagemens  ,        ' 
battemens  &  autres  (ortes  de  coups ,  fe  peuvent  pra- 
tiquer dans  le  jeu  coulant  contre  ceux  qui  n'ofent  en- 
trer en  mefure.  | 
On  appelle  le  jeu  de  la  pointe  de  l'épe'e  ,  quand        1 
on  l'élève  au  delîus  de  celle  de  l'ennemi  ,  en  baïf-       j 
lant  le  poignet  &  le  pommeau  ,   foit  en  poullànt  , 
paliant,  failant  feinte  ou  appel,  &c. 

En  termes  de  Mulîque  ,  on  appelle  un  jeu  de  vio- 
les ,  de  hautbois  ,  de  mufettesj  les  inftrumens  qui 
font  les  quatre  parties  qui  font  néceifaires  pour  un 
concert.  Un  jeu  d'orgues ,  la  machine  qui  compolc 
l'orgue  ,  tant  le  grand  buftét  que  le  pofitif.  Les  jeux 
de  l'orgue  font  des  rangées  de  tuyaux  qui  font  des 
tons  ditiérens  ,  qui  lont  quelquefois  au  nombre  de 
cinquante ,  comme  le  preftant ,  le  cromorne ,  le  bour- 
don ,  qui  feront  expliqués  à  leur  ordre.  Il  y  a  auilî 
les  jeux  d'anche,  lesyV//.v  bouchés,  les  pédales  ,  &c. 
Le  plein  jeu  eft  compofé  de  l'alFemblagc  de  plulîeurs 
autres.  C'eft  le  huitième  diapafon  de  la  Mufette  , 
qu'on  appelle  aulîl  le  huit.  Le  quatre  ,  le  lîx  ,  le  lept 
«iv  le  neuf  J  font  des  diapalons  très-agréables  ;  mais  ils 
ne  font  pas  iî  naturels  au  chalumeau  que  le  cinq  , 
nommé  l'entre  main  ,  &  le  huit ,  qu'ordinairement  oii 
appelle  le  plein  jeu. 

Jeu  a  couvert.  /Vye:^  Jouer  a  couvert. 

Jeu  a  découvert.  Voyer^  Jower  a  découvert. 

Jeu  ,  fe  dit  aufli  de  la  m.anière  de  toucher  tant  les  or- 
gues ,  que  les  autres  inftrumens.  L'un  a  un  jeu  trif- 
te ,  l'autre  gai.  Un  tel  a  le  jeu  de  G.autier  pour  le 
luth ,  de  Hotteman  pour  la  viole  ,  de  Baptifte  pour 
le  violon  ,  c'eft  à-dire  ,  il  tâche  d'imiter  ces  Maîtres  ■ 
de  l'Art.  ^  _  " 

Jeu  ou  Gieu-tarti.  f.  m.  Pièce  de  Poëlle  en  dialogue, 
Gloj]:  des  Po'éf.  du  Roi  de  Nav. 

Jeu  j  en  terme  de  Mvthologie  ,  eft  une  Divinité  qui 
prélide  à  tous  les  agrémens  du  corps  &  de  l'elprit, 
mais  fur  tout  à  ceux  de  l'efprit  ,  &  on  lui  attribue 
tous  les  agrémens  qui  le  trouvent  ,  loit  dans  les  pcr- 
fonnes  &  leurs  m.anières  ,  loit  dans  les  ouvrages  d'el- 
prit.  L'on  ne  dit  guère  ce  mot  en  ce  lens  qu'au 
pluriel.  Jocus.  On  repréfente  les  jeux  comme  de 
jeunes  enfans ,  nus ,  rians  ,  &  badinans  toujours  , 

mais 


JE  U 


J  EU 


mais  avec  grâce.  Ramirez  de  Prado  a  donne  dans 
(es  Notes  lur  Martial  ,  une  figure  ancienne  de  ce 
Dieu  trouvée  en  Allemagne  ,  il  y  a  deux  à  trois  cens 
ans. 

En  Poëfie,  on  dit  que  Vénus  a  à  fa  fuite  les  jeux  , 
les  ris  ,  les  amours  ;  pour  dire  ,  toutes  les  clioles  agréa- 
bles. Les  Jeux,  les  Ris  ,  Se  les  Grâces  luivoicnt  par- 
tout les  innocentes  Bergcrcs.  Fén. 

Les  jeux  &  les  appas 

Marchent  à  votre  fuite  j  . 

Et  naijjcric  fous  vos  pas.  Des-Houl. 

Les  anciens  appeloient  jeux  ,  des  vers  amoureux  , 
ou  badins ,  ou  hiits  iur  de  petits  (ujets.  Dac. 
fjCr  On  appelle  jeu  de  Théâtre ,  certaines  actions  des 
AAeurs  qui  coniiitent  ordinairement  dans  des  mi- 
nes &  dans  des  gelles.  Il  y  a  des  jeux  de  théâtre  qui 
font  plailir. 

On  appelle  encore  jeu  la  manière  dont  un  Comé- 
dien reprélente  ,  rend  Ion  rôle.  On  dit  au(lî  qu'un 
Comédien  a  le  jeu  beau  ,  quand  il  a  bonne  mine , 
qu'il  a  le  gefle  beau ,  l'aétion  belle  ,  la  parole  li- 
bre ;  enhn  quand  il  joue  bien  Ion  rôle. 
Jeux  ,  au  pluriel  Ce  dit  des  fpedacles ,  des  repréfenta- 
tions  publiques  qui  le  hilbient  chez  les  Anciens  , 
comme  les  jeux  Olympiques  ,  &  Pythiques  chez  les 
Grecs  ;  les  jeux  du  Cirque  chez  les  Romains.  Home 
te  &  Virgile  ont  décrit  des  jeux  célèbres,  des  com- 
bats de  prix  ,  faits  à  l'honneur  de  Patrocle  &  d'An- 
chife.  Les  principaux  jeux  des  Anciens  iont  les  jeux 
Acliaques  ,  jeux  Aponinaires  ,  jeux  Capitolins  ,  jeux 
de  Ccrès,  jeux  an  Cirque  ,  jeux  Équeii:res,yei^A;  flo 
raux  ,  jeux  ifélaftiques ,  jeux  lithmiens  ,  jeux  Ju- 
venaux ,  jeux  Funèbres  ,  jeux  Hiéroniques ,  jeux 
Je  la  Jeuneire  ,  jeux  de  Mars  ,  jeux  Mégaléiîens  , 
jeux  Néroniens ,  jeux  Olympiques ,  jeux  Plébéiens  , 
jeux  Pyrriqucs  j /c^^.v  Pythiens  jyci/.v  Romains  ,  jeux 
Scéniqucs  ,  jeux  Séculaires  j  jeux  Troyens.  f^oye-^  les 
noms  particuliers  de  ces  jeux  en  leur  place  ,  par 
exemple  ;  Actiaques  ,  Apollinaires  ,  i-c. 

Il  y  avoir  un  ancien  décret  du  Sénat  de  Rome  ,  qui 
VOuloK  que  les  jeux  publics  fullent  conlacrés  &  unis 
avec  le  culte  des  Dieux.  Aulone  a  obiervé  cette  dif- 
férence entre  les  quatre  jeux  célèbres  de  la  Grèce  , 
qu'il  n'y  en  avoir  que  deux  dédiés  aux  Dieux ,  S>z  deux 
au<  Héros.  Les  Auteurs  anciens  reconnohîent  trois 
fortes  de  leurs  jeux ,  qu'ils  nommoient  courfes  y  com- 
bats ôc  fpeciacles.  J^oye-^  dans  l'Iliade  d'Homère  les 
jeux  que  fit  Achille  à  la  moit  de  fon  ami  Patrocle, 
&  dans  -l'Odyllée  les  jeux  dillérens  chez  les  Phéa- 
ciens ,  à  la  Cour  d'Alcinoijs  ,  &  à  Ithaque ,  &c.  & 
dans  Virgile  ,  les  jeux  d'Énée  au  tombeau  de  fon 
•  père  Anchife.  Les  premiers  s'appeloient  Ludi  equef 
tresfve  curules ,  qui  étoient  des  courfes  qui  fe  fai- 
foient  dans  le  Cirque  dédié  au  Soleil  &  à  Neptune. 
Les  féconds  s'appeloient  Agonales  feu  gymnici ,  qui 
étoient  les  combats  &  les  luttes  ,  tant  des  hommes 
que  des  bctes  _,  qui  ie  fiiioient  dans  l'amphithéâtre 
dédié  à  Mars  Se  à  Diane.  Les  rroifièmes  s'appeloient 
ScenicL  ,  Poëtici  Se  Muficï.  C'étoient  les  Tragédies , 
Comédies  &  Ballets  ,  qui  fe  repréfentoient  iur  les 
théâtres  dédiés  à  Vénus ,  à  Bacchus ,  à  Apollon ,  & 
à  Minerve.  Tcrtullien ,  Clément  d^ Alexandrie  ,  S.  Cy- 
prien ,  &  S.  Auguftin  ont  écrit  de  ces  jeux  après  les 
Grecs. 

En  Efpagne ,  il  y  a  encore  des  jeux  de  cannes  , 
i<.  des  courles  de  taureaux ,  qui  font  des  efpèces  de 
jeux  publics ,  comme  étoient  autrefois  les  joutes  & 
les  tournois.  Conftantin  fut  le  premier  qui  défendit 
les  jeux  fanglans  de  l'amphithéâtre  après  fon  baptême , 
comme  Sozomène  &  Eusèbe  l'ont  remarqué  ,  &  com- 
me on  voit  au  titre  1 2  du  livre  i  ;  du  Code  Théo- 
dofien. 

En  France ,  on  n'appelle  jeux ,  que  les  Tragédies 
des  Collèges  j  les  jeux  des  prix  d'arquebufe  ,  &c  d'ar- 
balètes ,  que  font  quelques  corps  de  bourgeois ,  ou 
de  méricrs  ,  en  plufieurs  villes  de  France. 

A  Touioufe,  on  appelle  Jeux  Floraux,  ^  ou 
Tome  V, 


T7 


Académie  des  Jeux  Floraux,  une  afTemblée  qui  le 
tient  à  Touloulc  ,  dans  laquelle  on  diitiibue  des  i-iix 
à  ceux  qui  ont  le  mieux  réuin  a  faiie  des  vers,  ou 
un  dilcours  d'éloquence  lur  les  fujcts  qui  ont  été  pro- 
polcs.  Ce  nom  leur  vient  de  ce  que  les  prix  qu  on 
diltnbue  ,  reprélentent  des  Heurs  en  or  &  en  argent , 
comme  une  églantine  ,  un  fouci ,  6'c. 
I^Jeu  de  Fief.'l'cinK  de  Jurifprudence,  A^oyeç  Fief  , 

DÉMEMBREMENT.    Sc  jOUCr  dc  foll  hcf. 

Jeu  ,  le  dit  proverbialement  en  ces  phrafcs.  On  dit  jeu 
de  main  ,  /eu  de  vilain  ;  pour  dire ,  qu'il  ne  faut  point 
fe  divertir  en  frappant ,  ou  en  le  mettant  en  danger 
de  blellcr.  On  dit  auill ,  on  verra  beau  jeu  Ci  la  cor- 
de ne  rompt  J  par  âllufion  aux  Danfeurs  de  corde, 
quand  on  promet  de  faire  voir  des  choies  extraordi- 
naires. On  dit  aullî  ,  ce  n'eft  pas  un  jeu  d  enfant  i 
pour  dire  ,  qu'il  s'agit  d'une  chofe  Itrieulc  ,  impor- 
tante ,  à  laquelle  il  faut  bien  penfer  ,  i\:  dont  il  n'eft 
pas  permis  de  fe  dédire.  Il  fe  dit  auill  des  pcrfon- 
nes  d'âge  qui  fe  divertillentj  qui  raillent,  qui  lé  que- 
rellent. On  dit  aulli ,  cela  eft  plus  fort  que  jeu  ,  quand 
on  oflenlej  ou  qu'on  blelfc  quelqu'un  ,  quand  on 
croit  fimplement  fe  divertir.  On  dit  aulli ,  faire  bon- 
ne mine  &  mauvais  jeu  ,  ou  à  mauvais  jeu  j  quand 
on  diillmule,  quand  on  cache  le  mauvais  état  de  fes 
affaires  par  une  grande  dépcnfe  _,  ou  un  témoignage 
extérieur  de  fatisfaélion.  On  dit  aullî  qu'on  joue  à 
jeu  lûr,  quand  on  a  de  bons  gages,  de  bonne  fiire-  / 
tés  des  aftaires  qu'on  entreprend.  On  dit  aulII  d'une 
affaire  qui  n'apporte  guère  dc  profit ,  que  le  jeu  iie 
vaut  pas  la  chandelle.  Oi\  dit  aulU ,  à  beau  jeu  beau 
retour  j  quand  on  menace  de  rendre  le  change  à  ce- 
lui qui  nous  a  fait  quelque  injure.  On  dit  aufîî  que 
deux  hommes  (ont  à  deux  de  jeu  ,  quand  on  a  re- 
pris fa  revanche  de  l'autre  ,  iorlqu'ils  n'ont  point 
d'avantage  l'un  fur  l'autre.  On  appelle  aulli  jeux  de 
Prince  ,  ceux  qui  ne  plaifent  qu'à  ceux  qui  les  font , 
quand  quelqu'un  fe  met  en  danger ,  pour  leur  don- 
ner du  divertiflement.  On  dit  auffi  ,  tirer  fon  épin- 
gle du  jeu^ ,  lorfqu'on  fe  dégage  d'iuie  affaire  dont  on 
a  mauvaiie  opinion  j  qu'on  en  retire  ce  qu'on  y  a 
mis.  On  dir,  c'eft  le  vieux /ck,  on  n'en  rit  plus,  à 
ceux  qui  apportent  de  vieilles  pièces ,  qui  font  de 
vieux  contes  qu'ils  font  palier  pour  nouveaux.  On 
dit  qu'un  homme  qui  eîl  heureux  au  jeu ,  fera  mal- 
heureux en  femme,  qu'il  a  fur  lui  de  la  corde  de 
pendu.  On  dit  d'une  choie  perdue  ou  égarée  ,  je  ne 
fais  à  quel  jeu  j'ai  perdu  cela.  On  le  dit  auiîi  de  ceux 
qu'on  avoit  coutume  de  voir ,  &:  qu'on  ne  voit  plus. 
On  dit  de  ce  qu'on  fait  avec  jullice  &  raifon  ,  que 
c'ell  le  droit  du  jeu.  On  dit  aulli  qu'on  met  une 
perlonne  en  jeu  ,  lorfqu'on  la  cire  ,  ou  qu'on  l'in- 
térelîe  dans  une  affaire.  On  dit  à  quel  jeu  jouez- 
vous  ?  quand  une  perfonne  ne  va  pas  droit  ,  ou  fait 
quelque  aélion  à  fe  faire  maltraiter  _,  vous  jouez  un 
jeudi  vous  faire  pendre.  On  dit ,  c'eft  un  jeu  jouéj 
pour  dire  ,  c'eft  une  feinte  concertée  entre  des  per- 
lonnes  qui  s'entendent.  Acad.  Fr. 

lEU  (Ille  d')  Nom  d'une  petite  ile  de  l'Océan.  Aia  ou 
Oïa  infula.  Elle  eft  fur  les  côtes  de  Poitou  ,  à  treize 
lieues  environ  de  la  contrée  qu'on  nomme  l'Arbau- 
ge.  On  trouve  en  Latin  Ogia  ,  ce  qui  a  fait  que 
quelques-uns  l'appellent  en  François  l'île  de  YOie  , 
mais  mal.  Beaucoup  moins  faut-il  l'appeler  l'ile  des 
CEufs ,  infula  ovorum  ,  comme  a  fait  Mallon.  Quel- 
ques uns  l'appellent  l'Ile  de  Dieu.  Ils  le  trompent 
aulli.  D'autres  file-Dieu  \  mal  encore.  Il  faut  dire 
Vile  d'Ieu.  Voyc-^  Valois.  Notit.  Gall.  p.  390. 

JEUDI,  f  m.  Jour  de  la  femaine  qui  eft  entre  le  Mer- 
credi &  le  Vendredi  ,  qu'à  l'Eglile  on  appelle  la 
cinquième  Férié.  C'eft  le  cinquième  jour  de  notre 
femaine.  Dies  Jovis.  On  célèbre  les  Fêtes  du  Saint 
Sacrement  &:  de  l'Afcenhon  le  Jeudi.  Le  Jeudi  ahfo- 
lu  eft  le  Jeudi  de  la  Semaine-Sainte  ,  qu'on  appelle 
plus  communément  le  Jeudi-Saint ,  auquel  on  célè- 
bre l'inftiturion  de  la  très  frinte  Euchariftie.  Autre- 
fois on  diloit  deux  Méfies  le  Jeudi-Saint ,  l'une  le 
matin  ,  &:  l'autre  le  foir  ,  comme  il  paroît  par  le 
facramentaire  du  Pape  S.   Gélafe.  On    le  réjouit  le 

H 


5S 


J  E  U 


J  E  U 


Jeudi  gras  ,  &  le  Jeudi   de    la    Mi  -  Caicmc.  I 

On  dit  proverbialement  ,  en  parlant  d'une  chofe 
impoiFible ,  qu'elle  le  fera  la  leniaine  des  trois  Jeu- 
dis ,  trois  jours  après  jauiiiis  ;  quoiqu'en  parlant  en 
Aftronome  elle  pût  arriver  à  l'égard  de  deux  hom- 
mes ,  dont  l'un  auroit  fait  le  tour  de  la  terre  en  al- 
lant par  l'Orient ,  &  l'autre  par  l'Occident ,  &  qui 
en  rencontreroient  un  troilième  qui  n'aïuoit  bougé 
du  lieu.  Car  alors  chacun  pourroit  compter  un  Jeu- 
di en  trois  jours  diftérens. 

Ce  mot  vient  de  Jovedi ,  ou  Jovis  dics  ,  jour  de 
Jupiter.  Chez  les  Payens  ,  ce  jour  étoit  conlacré  à 
Jupiter;  d'où  lui  vient  fon  nom.  Jovis  dies.  On  ccri- 
voit  autrefois  Jœudi  ,  &  les  Italiens  dilent  encore 
^giovedi. 

JÉVER.  Petite  ville  du  Cercle  de  Weftphalie  Jeveria. 
Elle  eft  dans  le  Comté  d'Oldenbourg  ,  au  couchant 
du  Golfe  de  Jade ,  &  aux  contins  du  Comté  d'Embde  , 
dont  elle  dépendoit  autrefois. 

JEVERLAND.  Contrée  d'Allemagne  ,  dans  la  Weft- 
phalie :  elle  renferme  trois  petits  pays  ,  le  Wanger- 
land  ,   l'Oftringen  &  le  Ruftringen. 

|fc?  JEUN.  Terme  qui  n'eft  ufité  que  dans  cette  fa- 
çon de  parler  adverbiale.  Être  à  jeun  ,  n'avoir  rien 
mangé  de  la  journée.  Qui  eft  à  jeun.  Jejunus.  On 
doit  recevoir  l'Euchariftie  à  jeun. 

IJO"  Et  la  moindre  difgrace  , 

Lorfque  je  fuis  a  jeun  ,  me  faijit ,  me  terrajfe  ; 
Mais  quand  j'ai  bien  mangé ,  mon  ame  eft  ferme  à  tout. 

Mal. 

fer  Boilf.au  a  employé  ce  mot  au  figuré,  en  parlant 
d'un  Orateur  froid ,  fec  &  languillant.  Cet  Orateur 
paroît ,  pour  ainfi  dire  ,  toujours  à  jeun  ,  il  a  une 
langueur  d'efprit  qui  n'échauffe  ,  &  qui  ne  remue 
point  l'ame.  Les  Latins  ont  dit  de  même  ,  Jejunus 
animus  ,  efprit  maigre  ,  ftérile.  Jejuna  oratio  ,  dif- 
cours  fec  ,  décharné.  Jejuna  terra ,  terre  maigre  , 
avide. 

§Cr  JEUNE,  adj.  de  t.  g.  Qui  n'eft  pas  avancé  en  âge. 
Juvenis.  Ce  terme  eft  relatif  ,  ôc  s'étend  à  plus  ou 
moins  d'années,  fuivant  la  qualité  des  perfonnes  ou 
des  chofes.  Il  fe  dit  des  hommes  ,  des  animaux  & 
des  plantes.  IJn  jeune  enfant.  Un /eù/ze_  garçon.  Une 
jeune  fi\k.  Un  jeune  homme.Vn  jeune  fou.  Un  jeune 
étourdi. 

Un  jeune  homme  toujours  touillant  dans /es  ca- 
prices J 
EJl  prompt  â  recevoir  l'imprejjion  des  vices , 
Eft  vain  dans  /es  difcours ,  volage  en  fes  defirs  , 
Rétif  à  la  cenfure  ,  &  fou  dans  Jcs  plaifirs.  Boil. 

Ce  mot  vient  du  Latin  juvenis ,  qui  fe  tire  du  ver- 
be juvare  ,  aider.  La  jeuneffe  eft  l'âge  où  l'homme 
eft  devenu  capable  de  s'aider  lui-même  ,  &  de  1er- 
vir  les  autres.  C'eft  en  ce  (ens  que  parmi  les  Latins 
on  appelle  juvenci ,  les  jeunes  bœufs  ,  quand  ils 
commencent  à  pouvoir  fervir  au  labourage. 

|Cr  Jeune  ,  fe  dit  aulfi  de  celui  qui  conferve  encore  la 
vigueur  &c  l'agrément  de  la  jeunelle.  Dans  un  âge 
avancé.  Il  a  le  vilage  aufti  jeune  que  s'il  n'avoit  que 
vingt  ans.  Il  a  la  voix  jeune ,  l'humeur  jeune.  Juve- 
nilis. 

ffT  Jeune  ,  dans  la  fignification  de  cadet.  Natu  minor. 
En  parlant  de  deux  frères ,  on  dit ,  un  tel  le  jeune , 
pour  le  diftinguer  de  fon  aîné. 

.|)Cr  Jeune  ,  fe  dit  encore  par  rapport  aux  emplois  , 
aux  dignités  qu'on  ne  confie  ordinairement  qu'à  des 
perfonnes  avancées  en  âge.  Il  eft  encore  bien  jeune 
pour  poUéder  un  tel  emploi.  Id  <ctatis  cjl.  Il  a  été 
fait  Maréchal  de  France  bien  jeune. 

Jeune  ,  fe  dit  de  l'elprit ,  quand  il  n'eft  pas  mûr ,  fige 
&  pote.  C'elf  un  jeune  étourdi  ,  un  jeune  évaporé. 
Cet  homme  fera  jeune  toute  fa  vie.  Il  a  fait  là  un 
tour  de  jeune  homme.  Il  y  a  des  gens  plus  long- 
temps jeunes  que  d'autres.  B.  Rab.  Vous  avez  des 


manières  jeunes  qui  ne  vous  conviennent  paS.    M. 

SCUD. 

Jeune.  On  dit ,  dans  mon  jeune  âge  ,  dans  fon  jeûna 
temps  :  &  poétiquement ,  dans  mz  jeune  faifbn  ,  pour 
dire ,  lorfque  j'étois  jeune.  Et  on  dit  aulfi  poétique- 
ment, jeunes  AéÇixs ,  jeune  ardeur  ,  jeune  courage  , 
en  parlant  des  délirs  ,  de  l'ardeur  ,  tk.  du  courage  d'une 
jeune  perfonne.  On  dit  d'un  homme  qui  eft  déjà  dans 
l'âge,  qu'il  a  encore  le  goût  jeune  ,  pour  dire  ,  qu'il 
aime  les  plaifirs  ,  les  divertillemens  de  la  jeunelle. 
Ac.  Fr. 

0Cr  On  le  dit  auflî  de  ce  qui  eft  dans  fa  vigueur  j  dans 
fa  force.  Dans  la  jeune  faifon.  Les  Poètes  fur  tout 
l'emploient  pour  iîgnifier  violent ,  ardent. 'Malherbe 
a  dit  de  jeunes  défirs  -,  Bertaut  ,  brûler  d'une  jeune 
envie  ;  Mad.  des  Houlières  a  dit  une  jeune  prairie  , 
pour  une  prairie  naillante. 

Ip°     Ni  le  naijfant  émail  d'une]tm\C  prairie. 

1^3"  Corneille  a  employé  ce  mot  d.ins  le  Cid,  en  fai- 
fant  dire  à  Elvire  ; 

Entre  tous  ces  amans  dont  la  jeune  ferveur 
adore  votre  fille  ,  &  brigue  ma  faveur. 

ffT  L'Académie  en  réprouvant  le  mot  de  ferveur ,  qui 
n'eft  admis  que  dans  la  langue  de  la  dévotion  ,  ap- 
prouve l'épithète  jeune. 

§CF  M.  de  Voltaire  obferve  que  le  mot  de  jeune  con- 
vient très  bien  aux  pallions  de  la  jeunelfe.  On  dira 
bien  leurs  jeunes  amours  ,  mais  non  pas  leur  jeune 
colère  ,  ma  jeune  haine.  Pourquoi  ?  Parce  que  la  co- 
lère, la  haine  appartiennent  autant  à  l'âge  mur  y  ôc 
que  l'amour  eft  plus  le  partage  de  la  jeunelfe. 

Jeune.  Epithète,  ou  Surnom  pour  diftinguer  deux  per- 
fonnes. Plulieurs  Rois  de  France  font  furnommés  le 
Jeune.  La  Chronique  de  S.  Vandrille  nomme  Thier- 
ry le  jeune  en  723  i  &  Dagobert  le  Jeune  en  715. 
Charles  le  Chauve  eft  furnommé  le  Jeune  dans  le 
Cartulaire  de  Perfy.  Louis  VII  a  été  furnommé  le  Jeu- 
ne ,  pour  le  diftinguer  de  fon  Père.  Le  furnom  lui  a 
été  donné  de  fon  vivant  dans  une  chartre  de  l'an 
II 43  ,  &C  dans  un  monument  du  ij  Juillet  115J, 
qui  fe  trouve  dans  Marlot.  Saint  Louis  eft  appelé 
le  Jeune  dans  la  Chronique  de  Rouen  du  P.  Labbe  ; 
Se  dans  l'Épitaphe  du  Prince  Jean  fon  fils  qui  mou- 
rut de  fon  vivant  l'an  1 147.  On  dit ,  Pline  le  Jeune  , 
Corneille  le  Jeune. 

fJCF  Jeune  ,  fe  dit  de  même  des  animaux  ,  par  rapport 
à  l'âge  qu'ils  ont  accoutumé  de  vivre.  Un  jeune  chien. 
Un  jeune  oifeau. 

Jeune,  fe  dit  aullî  des  plantes.  Novellus  ,  recens.  Ces 
laitues  font  encore  trop  jeunes  poux  être  replantées. 
LiGER.  Cet  arbre ,  quoique  jeune ,  a  donné  de  beaux 
jets.  Idem. 

Jeune,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Aulîîtôt 
meurent /6-«««  que  vieux.  On  dit ,  que  le  diable  étoit 
beau  ,  quand  il  étoit  jeune.  On  dit  faire  la  part  au 
plus  jeune ,  quand  un  plus  puillant  en  partage  un  au- 
tre, tk  prend  la  meilleure  part  pour  lui.  On  dit  quand 
on  a  confommé  la  meilleure  partie  de  quelque  cho- 
fe ,  que  le  refte  en  fera  bien  jeune.  On  dit  aulîi  jeune 
chair  &  vieux  poillon.  On  dit  encore  d'un  homme 
qui  mange  beaucoup  ,  qu'il  eft  aftamé  comme  un 
jeune  levron  ,  &  de  celui  qui  eft  folâtre  ,  qu'il  eft 
fou  comme  un  jeune  chien.  On  dit  aullI  à  celui  qui 
veut  reprendre  un  plus  vieux  que  lui ,  vous  .avez  la 
barbe  trop  jeune  -,  <Sc  en  parlant  d'un  ignorant  ,  il 
eft  encore  jeune  ,  il  en  apprendra.  On  dit  au  Palais , 
jeune  Procureur  &c  vieux  Avocat.  L'n  jeune  Médecin 
vit  moins  qu'un  vieux  ivrogne  y  dit  Régnier. 

Jeunes.  On  appeloit  autrefois  les  jeunes  d'un  Duc  ou 
d'un  Comte  ,  les  Officiers  lubalterncs  qui  dépendoient 
d'eux.  Les  Châtelains  ,  Viguiers  ,  Centeniers  ,  Fo- 
reftiers ,  &  autres  ,  étoient  les  jeunes  des  Comtes. 
Dans  l'Églife  ceux  qui  avoient  les  Ordres  mineurs 
étoient  appelés  jeunes.  Cette  expretlîon  s'étendoit 
jufques  dans  les  plus  viles  profelllons.  Les  appreu». 


J  E  U 


tifs  croienr  appelas  les  jeunes   d'un  tel  ouvrier.  On 
difoit  le  jeune  d'un  niouiin ,  pour  un  gardon  meu- 
nier. 
JEÛNE.  La  prcinicre  fyllabc  s'alongc.  f.  m.  Jcjunïum. 
Ce  mot,  d.ins  une  ligniiication  générale,  iii/nilic  la 
même  chofc  qu'abllmence  d'alimcns  ,  privation  de 
nourriture.  C'cft  dans  ce  fens  qu'on  dit  d'un  hom- 
me qui  a  été  long-temps  ■Tans  manger ,    qu'il  a  fait 
un  Jong  jeune.  Les  ennemis  ont  fait  faire    un  long 
jeûne  à  la  garnilon  de  cette  ville  allîégée.  Les  Mé- 
decins ont  hiit  hirc  un  long  jeune  à  ce  malade  ,  à  ce 
convalefcent ,  ils  lui  ont  défendu  de  manger.  Un  peu 
de  jeûne  prévient  bien  des  maladies. 
tfT  Jeune  ,  fc  dit  plus   ordinairement  &  plus  parti- 
culièrement  d'une  ablfinence  longue   &:    volontaire 
de  toutes  fortes  d'alimcns  ,  comme  quand  on  dit  , 
le  jeûne  àc  Moyfe ,  le  jeûne  de  J.  C.  &e.  &  de  l'ab- 
ftincnce  de  vimde  ,  ordonnée  par  l'Églife,  en  ne  fiii- 
fant  qu'un  repas  dans  la  journée  ,  avec    une  légère 
collation.  Le  jeûne  eft  de  pratique  eccléfiaftique.  Le 
vrai  jeûne  conhile  à  ne  faire  qu'un  repas  par  jour 
en  24  heure?.  C'eft  par  indulgence  qu'on  foutire  une 
collation  les  jours  de  jeûne.  Les  Vigiles ,  les  Quatre- 
remps  &  le  Carême  ,  font  des  jeûnes  de  commande- 
ment. Le  Peie    ThomalTîn  dit  qu'anciennement   le 
jeûne  étoit  foupcr  Ims  dîner  ,  &  conhlloit  en  un  re- 
pas qu'on  taitoit  après  None  ;  &  que  dîner  lans  lou- 
per étoit  ablolument  rompre  le  jeûne.  L'ancien  u(a- 
ge  de  l'Eiiife  Latine   étoit  de  faire  un  jeûne  de  36 
jours ,  qui  éroit  comme  la  dîme  de  l'année  ,  qu'elle 
confacroic  à  Dieu.  Les  Auteurs  Eccléhaftiques  diftin- 
guent  pour  l'aullérité  les  jeûnes  du  Carême  des  au- 
tres. Autrefois  il  n'étoit  permis  de  manger  en  Carê- 
me qu'après  Vêpres  ,  &  les  .autres  joiu-s  àz  jeûnes  feu- 
lement après  None  ;  &  c'eft  pour   cela   qu'aujour- 
d'hui ,  depuis  le  famedi  après  les  Cendres  jufques  à 
la  fin  du  Carême  ,    on  dit  encore  Vêpres  avant  le 
repas ,  mais  on  prend  aujourd'hui  le  repas  à  la  mê- 
me heure  ,  en  Carême  ,  &  les  autres  jours  de  jeûne. 
Dans  le  Livre  d'Hermas  appelé  Pafteur ,  l'Ange  lui 
dit  :  Le  jour  que  tu  jeûneras ,  tu  ne  prendras  rien  que 
du  pain  &:  de  l'eau  ,  &  .ayanr  fupputé  ce  que  tu  as 
accoutumé  de  dépenfer  par  jour  pour  ta  nourriture , 
tu  le  mettras  à  part  &   le  donner.is  à  la  veuve  ^  à 
l'orphelin  &  au  pauvre.  Le  jeune  y  eft  nommé  fta- 
tion  :  &  celui  qui  jeûnoit,  commençoit  dès  le  matin 
à  fe  retirer  pour   prier.   Saint    Fructueux  allant  au 
fupplice, pluheurs,  par  un  mouvement  de  charité,  lui 
ottroient  un  breuvaç;e  pour  le  fortifier  ;  mais  il  dir  : 
il  n'eft  pas  encore  l'heure  de  rompre  le  jeûne  ;.  car 
il  n'étoit  que  dix  heures  du  matin,  &  c'étoit  le  ven- 
dredi, jour  de  ftation.  On  voit   ici  l'exaftitude  des 
Saints  à  garder  ces  pratiques  ;  &  qu'ils  croyoicnt  que 
boire  rompoit  h  jeûne.  Fieury.  Tertullien  écrivit'un 
Traité  des  jeûnes  ,  pour  iouteiiir  les  nouvelles  loix 
que  les  montaniftes  vouloient  inipofer  en  cette  ma- 
tière. Les  Catholiques  reconnoilîoient  pour ;£//«(? j  d'o- 
bligation dans  la  Loi  nouvelle  ceux  qui  précédoient 
la  Pàque  ,  en  mémoircde  la  patîîon  de  Jesus-Christ, 
&:  que  Ton  a   nommés  depuis  le  Carême.  Fleury. 
Ce  jeûne  de  la  Pâque  durcit  jufques  à  l'heure  de  Vê- 
pres ,  c'eft  à-dire  ,  jufqu'au  foir.  Il  y  avoir  d'autres 
jeûnes  ,  qui  n'étoicnt  que  de  dévotion  ;  favoir  ,  toutes 
les  femaines  la  quatrième  &  la  fixième  Férié ,  c'eft- 
àdire;,  le  Mercredi  &  le  Vendredi:  ce  jeûne  s'ap- 
peloit  la  Station.  Il  y  avoit  àt-i  jeûnes  commandés  par 
les  Évêques  ,  pour  les  bcfoins  des  Éghfcs  ;  &   ceux 
que  chacun  s'impofoit  par  fa  dévotion  particulière. 
Ces  jeûnes  de  dévotion  neduroient  que  jufqu  à  None. 
Quelques  uns  ajoutoient  au  jeûne  la  Xérophagie  ;  c'eft- 
à-dire  ,  l'ufage   des  viandes  sèches ,  s'abftenant  non- 
feulement  de  la  chair  &  du  vin  ,  mais  des  fruits  vi- 
neux &  fuccuiens;  &  quelques  uns  fe  réduifoient  au 
pain  &:  à  l'eau;  mais  ces  auflérités  étoient  de  dévo 
tion.  Tels  étoient  les  jeûnes  des  Catholiques  ,  félon 
Tertullien  même  ,  que  l'on  ne  foupçonnera  pas  de 
les  avoir  ftatrés  en  ce  traité.  Id. 
ff3'  Il  y  aufll  des  jeûnes  parmi  les  Proteftans ,  &   les 
Calvimftes^,  qui  ne  diffèrent  des  nôtres  que  parce- 
Tçme  P^. 


JEU  J9 

qu'ils  peuvent  manger  de  la  viande  ,  &:  qu'ils  ne  font 
qu'un  repas  après  le  folcil  couché. 

fO'  Jeuni;  ,  le  dit  encore  de  l'.abftinencc  qui  eft  prati- 
quée par  les  Mahométans  ,  dans  leur  Ramad.m  ,  ain- 
h  que  de  celle  qui  eft  en  ufage  parmi  les  idolâtres. 
f^oye^  Ramadan. 

§3  Du  Loir  dit  que  les  Turcs  font  fi  fcrupuleux  fur 
l'article  du  jeûne  ,  qu'ils  ne  veulent  pas  même  rece- 
voir par  le  nez  la  hmiée  d'un  parfum;  perfuadés  que 
les  odeurs  rompent  le /tv/rte.  S'ils  fe  baignent,  ils  n'o- 
fcnt  mettre  la  tête  dans  l'eau  ,  de  peur  d'en  avaler 
quelques  gouttes;  6c  les  femmes  ne  le  baignent  point 
du  tout. 

U^'  Les  Jeûnes  des  Caloyers  font  fi  rudes ,  fuivant  les 
différentes  relations  ,  qu'il  y  en  a  qui  demeurent  fcpt 
jours  lans  manger. 

33"  Les  Grecs  appellent  le  Carême  fimplcment  li:  Jeû- 
ne. Sur  les  jeûnes  des  Grecs,  P^oye^  les  Voyagis  de 
Spon.  p.  II. 

^fJ'  Hérodote  rapporte  que  la  Fête  d'Ilis  étoit  accompa- 
gnée d'un  jeûne  folemnel  en  Egypte. 

^fJ"  Cet  ufage  s'établit  de  même  chez  les  Romains.  Nu- 
ma  Pompilius  obfervoit  des  jeûnes  avant  les  facrifi- 
ces  qu'il  offroit  chaque  année  pour  les  biens  de  la 
terre.  On  ordonnoit  auill  quelquefois  des  jeûnes  pu- 
blics dans  la  vue  de  détourner  les  malheurs  dont  on 
croyoit  la  République  menacée. 

L'ulage  &  la  coutume  du  jeûne  eft  plus  ancienne 
que  le  Chriftisnilme.  Les  Ifraclites  jeûnoient  fouvenc 
&  avoient  des  jeûnes  réglés.  Le  jour  de  l'expiation  j 
qu'ils  appeloient  Kippurim  ,  étoit  un  jour  de  jeûne 
ordonné  au  Lévit.  XXIII.  27  &  Jûiv.  Quelques  uns 
croient  que  c'eft  celui  dont  parle  S.  Paul  ,  Acl. 
XXVII ,  p.  Les  Ifraclites  eurent  aulî!  des  jeûnes  éta- 
blis par  un  précepte  de  la  Synagogue.  Tels  étoient 
celui  du  quatrième  ,  du  cinquième  &  du  dixiè- 
me mois ,  dont  parle  Zacharie ,  VU  ,  /.  &  VIII 
I ç.  Les  Gentils  prirent  .luffi  cet  ufage  ,  &  apparem- 
ment ce  tut  du  peuple  de  Dieu  qu'ils  le  prirent. 
Ils  jeûnoient  aux  Éleuiniies  ,  comme  il  paroît  par 
Arnobe  &  par  Clément  Alexandrin.  Voye-[  Sau- 
MAisE  iur  Solin,^.  i  jO.  &  Scaliger  ,  Poèt.L.  I , 

Jeûne  ,  le  dit  aufli  de  l'abftinence  d'autres  chofes  que  de 
la  nourriture.  Saint  Auguftin  dit  que  le  plus  grand 
jeûne  eft  de  s'abftenir  des  vices. 

On  dit  proverbialement  ,  double  jeûne  ,  double 
morceau. On  ditaulli  d'une  chofe  qui  ennuie,  qu'elle 
eft  longue  comme  un  jour  de  jeûne ,  ou  un  jour  fans 
pain. 

JEUNEMENT.  adv.  Nouvellement.  Terme  de  chaf- 
le ,  qui  n'a  d'ufage  que  dans  cette  phrafe.  Un  cerf 
de  dix  cors  jcuncment  :  c'eft  à  dire,  qui  a  pris  depuis 
peu  un  cors  de  dix  andouillers  de  chaque  ccité. 

^fs  JEUNER,  v.  n.  Oblerver  \es  jeûnes  ordonnés  par  l'E- 
glile.  Je/unare  ,  jejunium  fervare.  Jeûner  régulière- 
ment. On  a  be.iu  jeûner,  c'eft  ne  rien  faire  ,  h  on  ne 
ferme  les  avenues  de  fon  cœur  à  la  vaniré.  Jeûner  âU 
pain  Se  à  l'eau ,  c'eft  vivre  feulement  de  pain  Se  ne 
boire  que  de  l'eau. 

On  dit  proverbialement  :  yêz2/2e  bien  qui  ne  man- 
ge rien. 

On  dit  aulî,  jeûner  à  feu  8c  à  fang  ,  jeûnera,  fer 
émoulu  ,  pour  dire  ,  jeûner  avec  une  extrême  exac- 
titude,  &  dans  toute  la  rigueur  du  jeûne. 

ifl  Jeûner  ,  fignifie  aufll  manger  peu ,  ou  moins  qu'il 
ne  hiut ,  ioit  par  une  abftinence  volontaire  ,  foit  par 
une  abftinence  forcée.  Ahjiinere  cïho.  Les  gens  re- 
plets doivent  fouvent  jeûner  pour  fe  bien  porter.  Les 
Médecins  font  tellement  jeûner  leurs  malades  ,  qu'ils 
leur  citent  (ouvcnt  toutes  leurs  forces.  Les  Bramines 
ne  font  jamais  laigner  leurs  malades  ,  mais  ils  les 
font  jeûner. 
U3"  Faire  jeûner  un  arbre.  Terme  de  Jardinage.  C'eft 
lui  retrancher  une  partie  des  fucs  de  la  terre.  Quand 
un  arbre  poulie  plus  vigoureufement  d'un  côté  que 
de  l'autre  ,  il  faut  le  faire  jeûner.  Pour  cela  on  le  dé- 
couvre jufqu'aux  racines  ,  &  l'on  met  de  la  terre  mai- 
gre ,  ou  du  fable  à  la  place  de  la  gralfe  qui  y  étoit. 

Hij 


6o 


J  E  U 


On  fouille  de  même  du  côté  maigre  ,  on  fu'oftitue  de 
bonne  terre  à  celle  qui  y  étoit ,  ou  bien  on  l'ainc- 
liore  par  des  engrais  convenables.  Cette  opération 
jointe  a  quelques  autres  que  l'on  peut  pratiquer  pour 
arrêter  la  sève  dans  les  parties  trop  vigourcufes  (  foy. 
Goiirmand),  produit  le  changement  qu'on  atten- 
doit  en  augmentant  d'un  côté  la  quantité  des  lues 
nourriciers  ,  &c  en  la  dnninuant  de  l'autre. 
tfr  JEUNESSE,  f.  f.  Partie^  de  la  vie  de  l'homme 
qui  eft  entre  l'entance  &  l'âge  viril.  Juventus.  Il  ne 
ie  dit  guère  que  des  perfonnes.  Elle  s'étend  jufqu'à 
30  ou  35  ans. 

Les  Jurikonfultes  ne  font  qu'un  fcul  âge  de  la 
jeuneffe ,  &  de  la  virilité.  La  jcunejj'e  a  plulieurs  de- 
grés ,  comme  il  a  été  dit  au  mot  de  jeune.  On  com- 
pare la  jeuneffe  à  l'été  ,  parce  que  la  chaleur  de  la 
jeuneffe  efl  véhémente.  Le  Prince  étoit  encore  dans 
û  plus  tendre  ,  dans  fa  plus  verte  jeunejj'e.  Je  foup- 
çonne  ceux  -qui  condamnent  tous  les  plaifirs  dans  la 
pïemiè'ie  /euneff'e  ,  de  n'être  chagrins  ,  que  parce  qu'ils 
n'en  jouillent  plus.  M.  Scud.  Celles  qui  avoient  pat- 
fé  la  premiiie  jeuneffe  ,  &  qui  {-aifoient  profellîon  du 
ne  vertu  plus  aullèrej  étoient  attachées  a  la  Reiijc. 
P.  DE  Cl.  La  grande  jeunejje  cfl  incapable  de  réfle- 
xions. B.  Rab. 

Les  hommes  prennent  plailîr  à  voir  les  chofes  qui 
leur  donnent  des  idées  de  jcunejje  ,  &  de  vie  ;  au  lieu 
qu'ils  ne  regardent  pas  volontiers  celles  dont  la  dé- 
cadence leur  remet  devant  les  yeux  la  nécclîîté  ir.évi- 
table  de  mourir.  Bouh.  Il  laut  iailîer  à  la  Jeunejje  le 
mérite  de  plaire  :  c'eft  un  privilège  qu'on  ne  peut 
lui  difputer  impunément.  Bell.  La  jeunejfe  fe  laifle 
toujours  prendre  aux  premières  apparences.  Le  P.  leB. 

La  jeunelfe  en  fa  fleur  hrïlle  fur  fon  vifige.  Boil. 

Jeunesse  ,  lignifie  encore  ,  manque  d'expérience  j  em- 
portement de  l'âge ,  rolies  ,  imprudences  de  la  jeu- 
neffe. C'ell  un  trait  de  jeunejfe  qu'il  lui  £iut  pardon- 
ner. Le  Favori  étoit  audacieux  ,  indocile  &  préfomp- 
tueux  ;  défauts  ordinaires  de  la  jeuneffe  Se  de  la  for- 
tune. J'ai  été  trompé  par  la  vanité  ,  &  par  l'aveu- 
glement de  la  jeunejfe. 

Jeunesse,  (éprend  aulîl  colledlivement  ,  de  ceux  qui 
font  dans  la  jeunejfe  ,  &  même  de  ceux  qui  font  dans 
l'cnlance.  En  ce  Collège ,  en  cette  Académie  ,  on 
inllruit  bien  la  jeunefe.  Ce  Précepteur  lait  bien  l'art 
de  conduire  la  jeunejfe.  Toute  la  jeunefe  de  la  ville 
fut  en  armes  à  l'entrée  du  Prince.  Ancicjinement  à 
Rome  les  jeunes  gens  laitoient  des  courles  de  che- 
vaux fous  la  conduite  d'un  chef,  qu'on  appeloit  Prin- 
ce de  la  jeunefe.  Princeps  juventuds.  Les  Empereurs 
ont  donné  ce  titre  depuis  à  celui  qir'ils  dcliinoient 
pour  leur  fuccéder  à  1  Empire.  Suétone  rapporte  que 
Caliyula  ,  après  avoir  adopté  Tibère  Ion  Irerc  ,  le  fit 
appeler  le  Prince  de  la  jeunefe. 

Jeunesse.  Ce  mot  le  dit  aufli  quelquefois  des  chofes  , 
lefquelles  ont  quelque  rapport  aux  pcrlonnes.  L'an- 
tiquité des  fiècles  eft:  la  jeuneffe  du  monde  ,  &  à 
bien  compter  nous  lommes  proprement  les  Anciens. 
Bouh. 

On  appelle  dans  le  ftyle  familier  jeuneffe  ,  une 
aétion  ,  une  chofe  telle  qu'il  n'y  a  que  les  jeunes 
gens  qui  la  fallent  ordinairement  ,  comme  certains 
excès  de  vivacité  ,  de  galanterie  ,  de  bonne  chère.  Il 
ne  faut  pas  qu'il  y  ait  de  grands  excès  ,  ni  de  grands 
délordres ,  pour  que  ces  actions  s'appellent  du  nom 
à.e.jeune[fes.  Peut-être  pourroiton  agrandir  les  objets 
à  qui  ne  lauroit  pas  auili  bien  que  moi  la  manière 
dont  on  vit  à  Rome  ,  &z  l'indulgence  qu'ont  toujours 
eu  les  Papes  pour  les  jeunffes  des  Étrangers.  M.  De 
Lionne.  Il  a  bien  fait  des  jeuneffes. 

Jeunesse,  fe  dit  aullldes  plantes.  Il  n'eft  rien  tel  que 
de  bien  conduire  un  arbre  dans  fa  jeunefe.  Liger. 
Dum  adhuc  tener ,  ou  recens  ejl. 

Jeunesse  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Jeu- 
neffe eft  forte  à  palier  ;  pour  dire  ,  il  eil  bien  diffi- 
cile qu'on  ne  fall'e  quelque  folie  quand  on  eft  jeune. 


J  E  U 

On  dit  aufll ,  fi  jeuneffe  favoit  Se  vieillelTe  pouvoit  ; 
pour  dire  ,  qu'on  ne  rencontre  pas  l'expérience  ,  la 
fagelfe ,  avec  la  force  Se  la  vigueur.  On  du  encore 
il  faut  que  jeuneffe  fe  pafle  ,  cela  lignifie  qu  on  doit 
pardonner  Se  permettre  quelque  choie  aux  jcui:es 
gens. 

On  dit  en  certaines  phrafes  ,  de  jeuneffe  ,  pour 
dire ,  des  la  jeuneffe.  Il  eft  accoutuiiii  a  CL-ia  de  jeu- 
nejfe. Je  fais  cela  de  jeuneffe.  Ac.  Fr. 
Jeunesse  ou  Juventas.  f.  f.  Terme  de  Mythologie. 
Nom  dune  Divinité  payenne.  Juventas.  La  Déellê 
Juventas,  ou  Jeuneffe  ,  prélidoit  chez  les  Romains 
à  l'âge  de  la  jeunefe  ,  depuis  que  les  enfans  avoient 
pris  la  robe  appelée  Pntcexta.  La  jeunefe  fut  ho- 
norée long-temps  dans  le  Capitole.  Enfuite  au  temps 
de  la  féconde  guerre  de  Carthase  M.  Livius  Salina- 
tor  lui  voua  un  temple ,  il  le  bâtit  étant  Cenfeur  , 
Sz  ij  ou  16  ans  après  le  Buumvir  C.  Licii.ius  Lu- 
cullus  le  dédia.  Foye^  Tite  -  Livc  ,  Liv.  XXXFl  , 
c.  36 .  Les  Grecs  appeloient  la  Décile  de  la  Jeunefe 
Hebé.  Voye-[  ce  mot.  La  Juventas  des  Romains  n  é- 
toit  pourtant  pas  l'Hébé  des  Grecs.  Liiez  Voflius  ,  de 
Idolol.  L.  VIII,  c.  J  Se  s- 

Uniffe^-vous  en  leur  faveur  ; 
Re^^ne:^  toujours  ,  Jupiter  vous  l'ordonne, 
Fous  ^  Jeunelfe  ,fur  leur  pcrfonne , 
Et  vous  Sageffe  j  dans  leur  cxur. 

NOUV.    CHOIX  DE    VERS. 

Les  Jeux  de  la  Jeunesse.  M.  Livius  Salinator ,  qui  fut 
Conful  avec  Cl.  Néron  pendant  la  féconde  guerre 
Punique  ,  fit  vœu  dans  un  combat  d  établir  des 
Jeux  de  la  Jeuneffe  ,  Ludi  Juventutis.  Ils  font  difté- 
rens  des  Jeux  Juvénaux  ,  dont  nous  parlerons  à 
leur  place.  Je  ne  fais  pourtant  s'ils  fe  célébrèrent 
plus  d'une  fois,  c'eft -à-dire,  à  la  dédi>;ace  du 
lemple  de  la  Jeuneffe  que  Salinator  avoit  auiH 
voué.    Foyei  Tite  -  Live  ,  Liv.  XXXFI ,  c.  46. 

Prince  de  la  Jeunesse  j  c'eft  un  titre  qui  fe  trouve  fou- 
vent  fur  les  revers  des  médailles.  Princeps  Juventu- 
tis. Foyei  au  mot  Prince.  GonCilve  de  Cordoue  , 
furnommé  le  Grand  Capitaine  ,  avoit  tant  d'adrelîe 
aux  exercices  du  corps  Se  des  armes  ,  &  il  y  parue 
toujours  avec  tant  de  fupériorité  ,  qu'on  lui  donna 
le  furnom  de  Prince  de  la  Jeuneffe.  P.  Du  Poncet 
Jef.  dans  fa  vie. 

JEUNET  ,  ETTE.  adj.  Diminutif  de  Jeune.  Juvencu- 
lus.  Il  cft  encore  trop  jeunet.  IJCT  On  ne  le  dit  que 
dans  le  ftyle  familier   &  badin. 

Elle  eft  jeunette  J  elle  eft  fleurie , 
Elle  ne  manque  point  d'appas.  La  Suse. 

Filles  cannois  qui  ne  font  pas  jeunettes, 

A  qui  cette  eau  de  jouvence  viendrait 
Bien  à  propos  ,  Sec. 

JEÛNEUR ,  EUSE.  f.  qui  n'a  guère  d'ufage  que  quand 
on  le  joint  au  mot  grand.  Qui  jeûne  beaucoup.  Mul- 
ti  jejunii  tûlerans.  Jejunator.  Les  Chrétiens  Armé- 
niens font  de  grands  jeûneurs.  Il  r.e  fe  dit  commu- 
nément que  de  l'habitude  ,  ou  de  ceux  qui  jeiincnt 
fouvent.  Jejunator  ,  jejunii  amans  ^  jcjuniis  deditus. 
Cet  homme  eft  bien  mortifié  ,  c'eft  un  grand  jeû- 
neur. Jean  le  Jeûneur  ,  Patriarche  de  Conftantino- 
ple  ,  mourut  en  réputation  de  lainteté,  l'an  5515,  de 
3.  C  Se  l'Eglife  Grecque  honore  encore  fa  mémoi- 
re le  2*^  jour  de  Septembre.  L'auftérité  de  fa  vie  lui 
fit  donner  le  furnom  de  Jeûneur.  Il  étoit  fî  pauvre 
que  l'Empereur  Maurice  lui  ayant  prêté  plulîeuis 
talens  ,  &  en  ayant  tiré  une  obligation  portant  hy- 
pothèque lut  tout  fon  bien  ,  il  ne  fe  trouva  autre 
choie  après  fa  mort  ,  qu'une  couchette  de  bois  , 
une  méchante  couverture  de  Lvine  ,  Se  un  méchant 
manteau. 

Jeûneur  ,  en  termes  d'Anatomie  ,  eft  le  nom  qu'on 
donne  au  fécond  des  inteftins  grêles  ,  qui  eft  entre 
le  duodénum  &  l'ileum.  On  l'.appellc  dulli  jéjunum , 


J  E  Z 

ou  affamé ,   parce  qu'on  le  trouve  toujoiu-s  prcfque 
vide  ,  ou  bien  moins  ])lein  que  les  autres ,  P^oyc\  Je- 

JUNUM. 

JEUSE.  Fovf?  Yeuse. 

JEUVAISON.  f.  f.  Vieux  mot.  Jeunellc. 

JEZ.  f.  m.  plur.  Vieux  mot.  Yeux. 

J  E  Z. 

JEZD ,  ou  IZED.  f.  m.  qui  cCi  le  nom  du  Dieu  tout- 
puid.uu  en  langue  ancienne  de  Perle.  On  lui  donne 
aujourd'hui  plus  ordinairement  celui  d'Iezdan  dans 
h  langue  moderne.  D'HtREtLox. 

JEZER.  f^ayt-'i  Jazer. 

JÉZIDE  ,  JëZIDÉEN,  ENNE.  f.  m.  Se  f.  Terme  de 
Relation.  Ce  mot  fignirie  hérétique  chez  les  Alaho- 
métans.  Jc^idius  ,  a.  Les  Mahométans  dilHnguent 
parmi  eux  ,  aulli  bien  que  les  Chrétiens  ,  des  Ca- 
tholiques, ou  Orthodoxes  ,  &des  Hérétiques.  Ils  ap- 
pellent les  Orthodoxes  Mujulmans  ,  &  les  Hérétiques 
Jé^idécns.  LéuncLivius  dit  que  ce  nom  vient  d'un  Émir 
nommé  J  timide ,  qui  tua  les  deux  fils  d'Ali ,  Ha- 
fan  &  Huilèin  ,  neveux  de  Mahomet  par  leur 
mère ,  &  qui  perfécuta  la  poftérité  de  ce  Prophète. 
Les  Agarénicns ,  dont  il  étoit  Emir  ,  ou  Prince ,  le 
regardèrent  comme  un  impie  &:  un  hérétique  ;  & 
de  là  vint  la  coutume  d'appeler  Jé-^idcens  les  héré- 
tiques. J'\iyc:i  Léunclavius  ,  Eijlor.  Mufulm.  L.  I. 
Quelques-uns  parlent  des  j£\ides  comme  d'un  peu- 
ple particulier ,  qui  parle  une  langue  différente  du 
Turc  &  du  Pci£in,  quoiqu'elle  approche  de  la  der- 
nière. C'eft  celle  du  peuple  du  Curdilbn.  Ils  difent 
qu'il  y  a  deux  fortes  de  Je^ides  ;  les  blancs  Se  les 
noirs.  Les  blancs  n'ont  point  le  collet  de  leur  che- 
mife  fendu,  il  n'a  qu'une  ouverture  ronde  pour  p,if- 
fer  la  tête  ,  &  cela  en  mémoire  d'un  cercle  d'or  , 
&  de  lumière  delcendu  du  Ciel  dans  le  cou  de  leur 
grand  Scheik  ,  ou  Chef  de  leur  feâe.  Du  relie  , 
leur  extérieur  &  leur  iiabit  ne  diffère  point  de  ce- 
lui des  Turcs.  Les  Jé\idcs  noirs  font  Fakirs ,  ou  Re- 
ligieux. Les  Turcs  &  les  Jc;\ides  fe  haViîcnt  fort  les 
uns  les  autres.  La  plus  graride  injure  qu'on  puilïe 
dire  à  un  homme  en  Turquie ,  c'ed  de  l'.ippeler  Je- 
\ide.  Au  contraire  ,  les  Jé^idcs  aiment  fort  les  Chré- 
tiens parce  qu'ils  font  perfuadés  que  Jé'^id  leur  chef 
eft  Jésus-Christ  ,  ou  par  une  de  leurs  traditions  qui 
porte  que  Jé-^id  fit  autrefois  alliance  avec  les  Chré- 
tiens contre  les  Mufulmans.  Ils  boivent  du  vin  même 
avec  excès  quand  ils  en  peuvent  avoir  ,  Se  mangent 
du  porc.  Ils  ne  prennent  la  Circoncilîon  que  quand 
ils  y  font  forcés  par  les  Turcs.  Leur  ignorance  eft 
extrême  ■■,  ils  n'ont  aucun  livre.  Ils  croient  à  l'Evan- 
gile &c  aux  livres  facrés  des  Juifs  ,  quelques-  uns  mê 
me  y  joignent  l'Alcoran  ,  fans  hre  ni  fms  .avoir  les 
uns  ni  les  autres.  Ils  font  des  vœux  &  des  pèlerina- 
ges ,  mais  ils  n'ont  ni  mofquées  ,  ni  temples ,  ni  ora- 
toires, ni  fêtes,  ni  cérémonies  :  tout  leur  culte  reli- 
gieux fe  réduit  à  chanter  des  cantiques  ipiritutls  à 
l'honneur  de  Jésus  Christ  ,  de  fa  îainte  Mère,  de 
MoYfe  ,  de  Zacharie  ,  &  quelquefois  de  Mahomet. 
Quand  ils  prient  ils  fe  tournent  du  côté  de  l'Orient  , 
à  l'exemple  des  Chrétiens ,  au  lieu  que  les  Turcs  re 
gardent  le  Midi.  Us  croient  qu'il  fe  pourra  faire  que 
le  diable  rentre  en  grâce  avec  Dieu  ;  ils  croient 
auilî  qu'il  eft  l'exécuteur  de  la  Juftice  de  Dieu  dans 
l'autre  vie.  Pour  ces  deux  raifons  ils  fe  font  un  point 
de  religion  de  ne  le  point  maudire  ,  de  peur  qu'il 
ne  fe  venge.  Les  Je\iJcs  noirs  font  réputés  Saints  , 
&  il  n'eft  pas  permis  de  pleurer  leur  mort  ;  on  s'en 
rejouit.  Les  Jé^idcs  noirs  ne  iont  pourtant  que  des 
bergers  la  plupart.  Il  ne  leur  eft  pas  permis  de  tuer 
eux-mêmes  les  animaux ,  dont  ils  mangent  la  viande. 
Ce  font  les  blancs  qui  les  tuent. 

Les  Je\ides  vont  en  troupes  comme  les  Arabes  ,  chan- 
gent fouvent  d'habitation ,  &  habitent  fous  des  pa- 
villons noirs,  faits  de  poil  de  chèvre  ,  Se  entourés 
de  gros  rofeaux  &  d'épines,  liés  enfemble.  Ils  difpo- 
fent  leurs  tentes  en  rond ,  Se  mettent  leurs  troupeaux 
au  milieu.  L'été  ils  campent  dans  les  plaines  ;  l'hiver 
ils  fe  retirent  dans   les   montagnes.   Us  font  armés 


I  F 


6i 


d'arcs,  de  (lèches  ,  de  frondes  Se  de  fabrcs.  Us  achcc- 
tent  leurs  femmes  ;  le  prix  ordinaire  ell  deux  cens 
écus  ,  quelles  qu'elles  loient.  Us  les  traitent  en  ef- 
claves.  Le  divorce  leur  ell  permis  ,  pourvii  que  ce 
foit  pour  fe  (aire  hermitcs  ,  ou  i'upéricurs  des  noirs. 
C'eft  parmi  eux  un  crime  de  rafer  ou  de  couocr  fa 
barbe.  Ils  ont  quelques  coutumes  qui  fcniblcnt  mon- 
trer qu'ils  delcendent  de  quelque  fccte  hérétique  des 
Chrétiens  ;  par  exemple  ,  dans  leurs  feftins  ,  l'un 
d'eux  prélente  une  talle  pleine  de  vin  à  un  autre  , 
Se  lui  dit  :  Prenez  le  calice  du  fmg  de  Chrift.  Ce- 
lui ci  baife  la  main  de  celui  qui  lui  préfente  la  tallc  , 
&  la  boit. 
JÉZKAEL.  Ville  ,  dans  la  Tcrrc-Saintc.  Jefrac/.  Elle 
étoit  dans  la  Tribu  de  Juda  ,  &e  il  en  eft  parlé  dans 

jof.  xr,  j<f.  xm,  [6.  XIX,  is.  juge  n,  33. 

I ,  L.  des  Rois  XXV ,  43.  Elle  avoir  pris  fon  nom 
de  Jefy-acl ,  fils  d'Éphrata. 

Saint  Jérôme  parle  d'un  autre  Je:^ra'él ,  qu'il  dit  avoir 
été  une  ville  royale  ,  Se  la  métropole  des  dix  Tri- 
bus. Elle  étoit  dans  la  Tribu  de  Manalîc ,  au'5c  con- 
fins de  celle  d'Illachar ,  &  au  pié  du  Mont  Gelboé 
du  côte  du  couchant.  Le  P.  Lubin  la  met  dans  la 
Tribu  d'Illachar,  lur  les  confins  de  la  demi  Tribu 
de  Manallé.  Sanuthus  dit  qu'elle  s'appeloit  de  fon 
temps  Carethi.  Le  P.  Lubin  dit  qu'aujourd'hui  on  la 
nomme  Zéréchin,  ou  Zérézin.  Gerïnum  Magnum.  La 
fontaine  de  Je^raël,  la  vallée  de  /e^raè/ ,  étoient  prés 
de  cette  Ville. 

JÉZRAELITE.  f.  m.  &:  f  Habitant  de  Jezr.iël  Jcirac- 
lïta. 

I  F. 

IF.  f.  m.  Grand  arbre  qui  eft  toujours  vert.  Se  dont  on 
ornoir  autretois  les  Maulolées  Se  pompes  funèbres  , 
aulli  bien  qu'avec  le  cyprès.  Taxus.  L'ij  rellemble  au 
fapin ,  Se  au  picéa.  Son  bois  eft  fort  dur  ,  rougeâ- 
tre.  Ses  feuilles  font  très  étroites  ,  longues  d'enviroii 
un  pouce  ,  rangées  des  deux  côtés  des  branches  , 
elles  reilemblent  a  celles  du  fapin.  Ses  Heurs  font 
de  petits  bouquets  ou  chatons  de  couleur  vert  p.'de  , 
compofés  de  quelques  lommets  remplis  de  pouillère 
très-fine  ,  taillés  en  champignon  ,  &  recoupés  en  qua- 
tre ou  cinq  crenelures.  Ces  chatons  ne  laillent  au- 
cune graine  après  eux  ,  car  les  fruits  naiilènt  fur  le 
même  pied ,  mais  en  des  endroits  féparés.  Ces  fruits 
font  des  baies  molles  ,  rougeâtres  ,  pleines  de  fuc  , 
creufées  lur  le  devant  en  grelot ,  Se  rcmphes  chacu- 
ne d'une  femence.  Ses  racines  font  courtes  ,  grêles  , 
Se  pref  que  à  Heur  de  terre.  Cet  arbre  eft  venimeux , 
&  le  parfum  de  l'es  feuilles  fait  mourir  les  rats.  Il 
rend  malades  ceux  qui  dorment  à  Ion  ombre  ^  ou 
qui  y  prennent  le  frais ,  principalement  vers  Narbon- 
ne.  On  lait  des  paiillades  d'ifs  ,  parce  qu'ils  lonr  tou- 
jours verts;  on  les  taille  pour  orner  des  parterres  Se 
des  allées.  Diokoride  dit  que  les  oileaux  qui  man- 
gent Vif  en  Italie  deviennent  noirs.  Et  Pline  dit  que 
l'i/^dans  lequel  on  aura  mis  un  clou  d'airain  ne  fe- 
ra aucun  mal.  On  a  vu  en  Efpagne  que  le  vin  qu'on 
amenoit  en  France  dans  des  tonneaux  A'ij  étoit  fort 
dangereux.  Pline  dit  la  même  choie  des  bouteilles 
A'if  D'habiles  Médecins  afturent  que  ce  que  Diof- 
coride  Se  Pline  dilbnt  de  Vif  eft  faux;mais  ils  onr  tort. 
On  l'appelle  en  Latin  Taxus ,  ou  Smilax  ,  du  nom 
que  les  Grecs  lui  ont  donné.  Strabon  dit  que  les 
Gaulois  empoifonnoient  leurs  flèches  avec  du  fuc  de 
Vif.  Quelques  uns  croient  que  ces  venins  ,  dont  les 
peuples  barbares  empoifonnoient  leurs  flèches,  qu'on 
a  appelé  Toxica  ,  ont  pris  leur  nom  de  taxus.  Plu- 
tarque  dit  qu'il  eft  feulement  venimeux,  iorfqu'il 
commence  a  fleurir  ,  parce  qu'il  eft  en  fève.  Mat- 
thiole  alfure  que  Vif  fait  mourir  non  feulement  les 
bêtes  qui  ne  ruminent  pas ,  n^.ais  auiîî  celles  qui  ru- 
minent ;  il  aflure  aulfi  que  les  baies  donnent  la  fiè- 
vre Se  le  flux  de  ventre  à  ceux  qui  en  mangent  ;  mais 
Théophrafte  ,  Se  après  lui  Lobel  &  Gérard  difent  qu'il 
y  a  des  gens  qui  en  mangent ,  fans  qu'ils  en  loient 
incommodés. 

^C?'  Comme  les  obfervations  des  Naturaliftes  modernes 


62 


I  GL 


font  bic^iuconp  plus  exaâes  que  celles  des  anciens , 
on  peut  bien  croire  que  l'ij  n'a.  pas  toute  la  mali- 
gnité qu'on  lui  attribuoit  autrefois.  Je  crois  qu'oi- 
dormiioit  impunément  à  fon  ombre  :  plulieurs  oi- 
feaux  mangent  de  fon  fruit  (ans  inconvénient.  Mais 
quelques  faits  bien  avérés  paroiiîcnt  démontrer  que 
{es  rameaux  garnis  de  Feuilles  font  très  pernicieux  , 
même  mortels  pour  les  animaux  qui  en  mangent. 

Ce  mot  vient  à'iw ,  mot  de  la  langue  de  Galles  qui 
fîgnihe  la  même  chofe  ;  c'efi:  à-dirc  ,  que  c'eft  un  nom 
^Celtique. 

L'île  d'If.  Hypœa ,  Hypata.  C'eft  une  petite  ile  qui  cft 
llir  la  coït  de  Provence  ,  à  une  petite  lieue  de 
Marlcille.  Il  y  a  dans  cette  île  le  Château  à! If  , 
qui  e(l  alfez  bon ,  &  deftiné  à  la  garde  du  port  de 
Marleille.  Maty.  Ce  nom  s'eft  formé  du  Latin  en 
changeant  le  p  en  /^  comme  dans  Chef.  Valois  , 
Not.  GiilL  p.  s '-,2. 

IFVETEAU.  Diminutif.   Petit  if.  Taxas  m'inor. 

Ifveteau  eil  encore  un  nom  de  terre ,  ou  de  Sci- 
gnairie  ,  qui  a  la  même  origine.  Huet.  C'eft  -  à- 
dire  ,  que  ce  nom  a  été  donné  à  certains  lieux  où 
il  y  avoit  beaucoup  d'ih. 

I  G  A. 

ÏG AL.  adj.  Vieux  mot ,  qui  s'elT:  dit  autrefois  pour  égal. 
.Mqualis. 

I  G  B. 

IGBUCAML  f.  m.  Arbre  qui  croît  au  Brefil  ,  &  qui 
eft  fort  commun  dans  le  Gouvernement  de  Saint 
Vincent.  Son  huit  rellcmbie  à  une  petite  pomme  ;  il 
eft  remph  de  petits  grains  ,  qu'on  allure  être  un  re- 
mède excellent  pour  la  dyllénterie. 

I  G  C. 

IGCIGA.  f.  m.  Arbre  du  Brefil  qui  produit  une  efpèce 
de  malKc  d'une  odeur  fort  agréable.  Son  écorce  pi- 
lée  rend  une  liqueur  blanche  ,  qui  étant  congelée  fert 
d'encens  ,  &  que  l'on  applique  heureufcment  en 
forme  d'emplâtre  contres  les  atteélions  froides.  Il  y 
en  a  une  autre  efpèce  qu'on  nomme  ïgtaigclca  ,  c^eft- 
à  dire,  maftic  dur  comme  une  pierre.  Sa  réfine  eft 
tranfparente  comme  le  verre.  Les  Sauvages  s'en  fer- 
vent oommunément  pour  blanchir  les  vailleaux  de 
terre. 

I  G  E. 

IGE.  La  Roche d*7^e.  Nom  d'un  ancien  château  fort, 
dans  le  Sonnois.  Jalgeium ,  Rupcs  de  Jalgeio.  D'au- 
tres croient  que  ce  nom  Latin  eil  le  Mont  -  Jallu  ou 
Jaufe. 

I  G   G. 

IGG.  Nom  d'une  petite  ville  d'Allemagne.  Igga.  Elle  eft 
dans  la  baile  Carniolc,  fur  la  rivière  d'Igg  ,  à  quatre 
lieues  de  Laubach ,  vers  l'orient  méridional. 

I  G  H. 

fCr  IGHUCAMICI.  f.  m.  Nom  d'un  arbre  du  Brefil  , 
dont  le  fruit  cft  alfez  fcmblable  au  coing,  mais  rem- 
pli de  pépins.  C'eft  ,  dit  on  ,  un  excellent  remède  con- 
tre le  Huxde  fang  &  les  diarrhées. 

I  G  I. 

IGIS.  j^monïa.  Bourg  du  pays  des  Grifons  ,  dans  la 
Caddée  ,  avec  un  magnifique  château ,  où  il  y  a  un 
cabinet  de  raretés ,  &  une  belle  bibliothèque. 

I  G  L. 

IGLA.  Rivière  du  Royaume  de  Bohême  :  on  l'appelle 
aullî  Giglava.  Elle  a  fa  fource  dans  le  Cercle  de  Bc- 
chin  ,  &  le  joint  avec  la  rivière  d'Oilawa. 

IGLAW ,  ou  GIHLOWA.  Nom  d'une  petite  ville  de 


ÎGN 

la  Moravie.  Iglovla  ,  Cïhlov'ia.  Elle  eft  fur  la  riviè- 
re d'igla  ,  aux  confins  de  la  Bohême  ,  &  à  dix  tept 
lieues  de  la  ville  de  Btim  ,  du  côté  du  couchant. 
Maty.  Iglaw  eft  connu  par  les  Conventions  qiu  y 
furent  faites  en  143 S  ,  le  j  de  Juillet  ,  entre  Its 
Députés  du  Concile  de  Bâle  &  les  Ambafiadeurs  de 
Bohême. 

IGLESIAS.  Ville  de  la  Sardaigne.  Ecdefu  ,  ou  villa 
EccUfiA.  Elle  eft  près  de  la  côte  mériaionale  ,  à  dix- 
fept  lieues  de  Cagliari.  Elle  a  été  bâtie  des  ruines  de 
l'ancienne  Sulcis  ,  &  elle  en  a  le  Siège  Épilcopal  , 
futfragant  de  Cagliari.  Elle  a  auill  une  Citadelle-,  la 
ville  eft  peu  de  chofe. 

IGLIACO.    Foyei  Pénée. 

I  G  N. 

IGNACE,  f  m.  Nom  d'homme.  Ignatius.  S.  Ignace , 
Évêque  d  Antioche,  &  Martyr,  telon  quelques  Au- 
teurs ,  étoit  Juif  de  naillance,  &  cet  enfant  de  1  £- 
vangile  que  Jésus  Christ  prit  entre  fes  bras  pour 
donner  un  modèle  de  1  innocence  &c  de  1  humilité 
Chrétienne.  Il  rut  expoL-  aux  lions,  &  confomma  fon 
martyre  le  20  de  Décembre  de  l'an  107  de  J.  C.  le 
1 G^  de  l'Empire  de  1  rajin.  Nous  avons  encore  fept 
lettres  de  ce  Saint  écrites  en  Grec.  Uftérius  ,  Péar- 
fon  ,  &  d  autres  j  en:  l,. rit  pour  en  foutenir  la  vé- 
rité. Ces  fept  épitics  lont  adreùées  aux  Ephehcns  , 
aux  Magnéuens  ,  aux  Tralliens ,  aux  Romains  ,  aux 
PhiladclphienSj  â  ceux  de  Smyrne  &  à  S.  Polycar- 
pe  ;  huit  autres  font  fuppofées  ,  ce  font  celles  qui 
font  adreftces  à  Marie  Calîobolire  ,  à  ceux  de  Tarie  , 
à  ceux  d'Antioche ,  aux  Philippiens ,  à  Héron ,  à  la 
Sainte  Vierte  Iviarie  ,  &:  deux  à  S.  Jean  l'Apôtre, 
/^oje^  Cave  ,  p.  2j  de  l'édition  de  Genève  ;  S>i  le 
P.  Alexandre  ,  Ssc.  1 ,  2  om.  II ,  Dijj'.  22  ^  pag. 
jos  ,  de  l'édit.  in-à°. 

Saint  Ign<ice  né  à  Conftantinople  l'an  799  ,  étoit 
fils  de  Michel  I  du  nom  ,  lurnommé  Rangabé ,  & 
de  Procopie  hlle  de  l'Empereur  Nicéphore  ,  &  fc 
nommoit  Nicétas  dans  le  monde.  Il  fut  élu  &  facré 
Patriarche  de  CP  en  846,  &  mourut  après  bien  des 
perfécutions  l'an  877  ,  le  14  d'Ocfobre. 

Saint  Ignace  de  Loyola  s'appcloit  Inigo  en  là 
langue.  La  vie  de  Saint  Ignace  de  Loyola  a  été 
écrite  en  Latin  par  Maftée  ,  en  Efpagnol  par  Riba- 
déncira  ,  en  Italien  par  le  P.  Bartoli  ,  Jéluitc  ,  en 
François  par  le  P.  Bouhours.  L  ouvrage  du  P.  Bou- 
hours  a  été  traduit  en  Anglois  par  le  fameux  Dry- 
dcn.  F^oye-^  Jésuite.  Il  lut  le  fondateur  de  cet  Or- 
dre. 

Les  enfims ,  les  Difciplcs  à' Ignace  ,  pour  dire  les 
Jéfuites ,  qui  reconnoilioient  S.  Ignace  de  Loyola 
pour  leur  père  &  Fondateur. 
Ignace.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'une  Tulipe  j  qui  eft 
rouge  mort  fur  un  fond  chamois ,  3c  très  fin  pana- 
ché.  MORIN. 

S.  Ignace.  Ville  du  Paraguay  bâtie  l'an  i6io,à  une 
lieue  environ  du  confluent  du  Perape  &  du  Para- 
guay ,  ou  de  la  ville  de  Notre  -  Dame  de  Lorette. 
Ignadanum ,  Ignatiopolis.  Hijl.  Paraq.  L.III,  c.^2. 

IP"  IGNAMA  CONA.  f  m.  Fruit  des  Indes  orienta- 
les ,  qui  croit  en  terre  ,  comme  nos  pommes  de  terre  , 
mais  qui  ne  rcllemble  ni  par  le  goiit  ,  ni  par  la  fi- 
gure à  celui  dont  nous  alleMis  parler.  La  chair  en  eft 
extrêmement  blanche,  &  a  un  goût  de  châtaigne  ; 
au  lieu  que  l'autre  eft  inlipide. 

IGNAME.  1.  m.  Plante  qui  croît  en  plufieurs  endroits 
de  l'Amérique  ,  &  qui  eft  une  elpèce  de  patate,  ou 
plutôt  de  couleuvrée.  On  ne  feme  point  l'igname  ; 
mais  on  plante  feulement  un  morceau  de  la  racine , 
&  pourvu  qu'il  y  ait  une  petite  fibre  ,  elle  poufle 
immanquablement,  &  grollît.  Ses  tiges  font  carrées, 
&:  rampent  non-feulement  fur  la  terre  ,  où  elles  pro- 
duilent  des  racirics  ,  mais  aulli  fur  les  haies.  Ses  feuil- 
les lont  plus  grandes  iSc  plus  fortes  que  celles  de  la 
patate  ,  d'un  vert  plus  brun  ,  «Se  plus  luilant ,  en  for- 
me de  cœur  ;  elles  viennent  deux  à  deux  fur  de  pe- 
tites   queues  carrées  ,    laillant  toujours  une  grande 


I  G  N 

diftance  entre    elles.  Ses   Heurs  font  jaunâtres  ,  ra- 
inallccs  en  manière  d  épi.  ies  racines   font  groiles  , 
longues  ,  couvertes  d'une  petite  peau  de  couleur  cen- 
drée oblcurc  ,  garnies  de  beaucoup  de  petites  libres  : 
elles  ont  une  chair  blanche,  lucculcnte  ii\:  larineu- 
fe  ,  quelquefois  vineufc.  On   les  mange  au  lieu  de 
pain  quand  elles  font  cuites.  Vi^na/ne  croit  aulli  en 
Afrique  ,  comme  en  Guinée  ,  au  Royaume  d  lliini  , 
lur  la  côte   d'Or.  f^oje:(  la  Relation  de  ce  Royau 
me  par  le   P.  Loyer  ,  Dominicain.    L'igname  croit 
encore  en  Orient.  Les  Iniulaircs  des  Iles  de  Nicobar 
s'en  nourrillènt  ;  c'ell  une  racine  fort  inlipide.  Let- 
tres Cur.  &  Bdif.  T.  X,  p.-ûH. 
IGNAN.  f  m.  Nom  d'homme.  C'cft  le  même  qu'Ai 
gnan.  Anianus.  En  Languedoc  on  dit  Saint  Chignan  , 
pour  S.  Ignan.  C'eft  l'ancien  idiome  Languedocien 
de  S.iinche  pour  Saint,  ou  Sainte,  qui  a  formé  les 
noms  de  S.  Chelirs  ,  pour  Sainche  Élirs  ;  de  S.  Cha 
mans  ,  pour  Sainche  Amans  ;  de  S.  Chignan  ,  pour 
Sainche /^«tî« ,  6>:  tant  d'autres.  Chastelain,  Man. 
T.  I ,  p.  J3p. 
IGNARE,  adj.  m.  &  f.  Qui  n'eft  point   Lettré.  Igna- 
rus.  Il  n'ed   guère  d'ulage    que  dans  ces  phrafes  du 
difcours  familier.  Gens  ignares  ik  non  lettrés.  L'hom- 
me du  monde  le  plus  ignare.  Il  le  dit  par  oppoh 
tien  à  gradué.  Les  Élus  ont  été   quahfiés  en  quel- 
ques Édits  ,  gens  ignares  &    non  lettrés. 

Ce  mot  eft  tiré  du  Latin  ignarus  ,  Se  du  Grec 
i!y»»;oî  ,  du  verbe  y.sir.ai,  cognofco ,  je  connais. 
IGNEE,  adj.  m.  &  f.  Terme  didadique.  Qui  s'eft  dit 
de  la  nature  du  feu.  Lgneus.  Il  y  a  des  parties  ig- 
nées dans  tous  les  corps.  Matière  ignée ,  corpufcu- 
les  ignées.  Foye^  Feu. 
IGNEL.  adj.  Vieux  mot.  On  dit,  parler  ignel  ,   pour 

dire  langage  coulant. 
IGNICOLE.  f  m.  &:  f  (  Prononcez  le  g  dur  ,  ainfi  que 
dans  ignée  j  éc  ignition  qui  luit  j.  C'eft  le  nom  qu'où 
donne  à  ceux  qui  adorent  le  feu.  C'étoit  l'ancienne 
religion  des  Perfans ,  &  il  s'en  eft  confervé  au  mi- 
lieu du  Mahométifme   que  l'on  appelle  encore   au- 
jourd'hui Ignicoles  ou  Guebres  ,  pour  les  dillingucr 
des  Perfans  Mufulmans.  On  voit  beaucoup  à' Ignico- 
les proche  les  villes  de  Kerman  &  d'Yesd  ;  c'efl  de- 
là qu'Abbas  le  Grand  en  avoir  fait  venir  à  Ifpahan , 
où  ils  font  aujourd'hui  établis  au  Fauxbourg  de  Tul- 
■   fà ,  &  réduits  à  trois  cens  maifons ,  de  plus  de  quin- 
ze cens  familles  que  ce  grand  Roi  y  avoir  fair  venir 
pour  favorifer  le  commerce.  Ce  mot  vient  des  deux 
mots  latins  colo  ,  j'adore  ,  oC  ignis  ,  feu.   Voy.  GuÉ- 
BRE.   Jetons   un  regard  fur  toutes   les  religions  de 
tous  les  temps.  Ici  les  Temples  d'Ifls  &  d'Ofiris  re- 
tentiilent  du  fon    des   cilîres  de   Canope.  Là  ,  dès 
l'aube  du  jour  ,  les  Mages  de  la  Perfe  &  «les  Igni- 
coles prennent  leurs  harpes  d'argent ,  pour  recevoir 
le  Soleil  prêt  à  fortir  du  fein  de  l'onde,  pour  obte 
nir  fes  premiers  regards  ,  &c  pour  adorer  dans  cet 
Aftre  le  feu  éternel ,  le  radieux  Oromaze ,  Dieu  de 
leurs  pères...  Difcours  fur  l'Harmonie. 
IGNITION.  f  f.  terme  de  Chimie.  Etat  d'un  métal 
rougi  au  feu  avant  que  d'être  en  fufion.  Un  métal  eft 
dans  cet  état  lorfqu'il    eft  rouge    &:  pénétré  par  le 
feu ,  fans  être  en  fufion  :  ce   qui   arrive  à  l'or  6c  à 
l'argent  ,  &:  principalement  au   fer.  Le  plomb  ,  ni 
l'étain  ,  ne  foutfient  pas  l'ignition ,  étant  de  trop  fa- 
cile fufion.  Le  cuivre  foutire  aufll  l'ignition.   L'ig- 
nition exclut  la  Hamme. 
IGNOBLE,  adj.   de    tout    genre.   Qui   eft  bas  ;    qui 
fent  le  roturier  ,  l'homme  de  balle  extraélion.  Ig- 
nobilis  ,  vilis.    On   le  dit  de  l'air  ,    des  manières, 
du   maintien  ,  des  fentimens  ,   du  ftyle  ^   &c.  Cet 
homme  a  je  ne  fais  quel  air   ignoble.   Il   eft   d'une 
taille  ,  d'une  mine   ignoble.   Son   procédé  eft   tout- 
à-fait  ignoble.  J'interdis  la  leâure  à  toute  perfonne 
qui  a  le  fon  de  la  voix  ignoble  :  les  termes  ,  les  ex- 
prefTions  perdent  de  leur  noblel^e  dans  fa  bouche  ; 
&  l'auditeur  répugne   à  l'écouter.   Une  voix  ignoble 
ne  peut  infpiier  de  noble»  fentimens.   Grimarest. 
Traité  du  récitatif. 


ION 


6? 


Je  fuis  ait  défeffoir  quand  on  met  en  ufage 
Tous  ces  termes  communs  qui  fentent le  tour^feois'. 
Bt  moi  lorfue  fentcus  cet  igr.oble  lan,:age  y 
J'ai  l'oreille  eCurchee,  &  jej'uis  aux  abois. 

S.    EvKtM. 

11  eft  des  Panégyriftes  ,  dit  Cicéron  ,  qui  à  la  fa- 
veur d  une  équivoque  ou  d  une  relîemblance  de  nom , 
annoblilknt  un  homme  nouveau  ,  &  greilent  une 
branche  ignoble  fur  un  tronc  illuftre.  Idée  des  Orai- 
fons  funèbres. 
IGNOMINIE.  Lf.ffJ'  Ignominia,dedecus.  Ce  terme  dé- 
ligne  une  chofe  qui  dégrade  l'homme  ,  une 
action  ou  un  châtiment  qui  ell  une  tache  hontcufc 
dans  la  vie  ,  qui  attire  le  mépris  ,  ik  fait  perdre 
l'honneur.  Il  vaut  mieux  mourir  avec  honneur  que 
de  vivre  avec  ignominie.  Le  fupplicc  d  un  criminel 
couvre  coure  fa  famille  d'ignominie.  Le  temps  n'ef- 
facera point  l'ignominie  d'une  fi  Lâche  acStion  S. 
EvREM.  L'amour  propre  nous  cache  j  &:  nous  em- 
pêche d'appercevoir  l'ignominie  des  pallions  qui  nous 
font  chères.  Bell. 

Ennemi  des  Romains  ^  &  de  la  tyrannie  , 

Je  n'ai  point  de  leur  joug  fubi  /ignominie.  Rac. 

Ce  mot  vient  du  Latin  ignominia  ,  compofé  de 
la  particule  privative  in;  &  de  nomen  ,  renommée ^ 
gloire.  Ignominie  j  aftront  fanglant  qui  nuit  a  Ix 
réputation  d'une  perfonne  ,  qui  fait  perdre  l'hon- 
neur. 

IGNOMINIEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  igno- 
minieufe.  Ignominiofè.  On  a  fait  réi;aration  à  cet  hom- 
me pour  l'avoir  traîné  en  prifon  tcandaleufement , 
&  ignominieufement. 

IGNOMINIEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  apporte  ,  qui  caufe 
de  l'ignominie.  Ignominiofus.  L'amende  honorable 
eft  mife  au  rang  des  fupplices  ignominieux.  Il  n'y 
a  rien  de  plus  ignominieux  qu'une  trahifbn.  M. 
Esp. 

IGNORAMMENT.  adv.  ^  Avec  ignorance.  Il  parle 
de  cela  fort  ignoramment.  Le  Miniftre  Jurieu  ne  fait 
allurément  ce  qu'il  veut  dire...  Il  confond  ignoram- 
ment le  vrai  &  le  faiLX.  Bossuet.  Ce  mot  fe  die 
peu. 

ga-  IGNORANCE,  f.  f.  Privation  de  l'idée  d'une  cho- 
fe. Défaut  de  connoillance  ,  qui  vient  du  défaut  d'in- 
ftrudion.  Ignorantia.  L'ânerie  dit  M.  l'Abbé  Girard, 
eft  un  défaut  qni  vient  de  la  nature  du  f'ujet.  Voy. 
ce  mot.  L'ignorance  eft  un  défaut  que  la  parellè  en- 
tretient. Celle-ci  eft  moins  pardonnable;  mais  celle- 
là  rend  plus  méprifable.  Ignorance  cralîe.  Ignorance 
grollière  ,  profonde. 

Ce  n'eft  que  depuis  i  jo  ans  que  l'ignorance  a  été 
bannie  de  France  ;  il  regnoit  une  ignorance  crafle 
dans  l'Occident.  Les  Eccléiiaftiques  la  fomentoient. 
L'ignorance  vaut  vieux  qu'un  favoir  aftetté.  Boil. 
L'homme  ne  connoît  pas  même  fon  ignorance  :  & 
cette  fcience  eft  la  plus  rare  de  toutes.  Nie.  De  l'i- 
gnorance de  foi-même  découlent  tous  les  vices.  M. 
P.  Comme  l'ignorance  eft  un  état  paifible  ,  &:  qui 
ne  coûte  aucune  peine  ,  l'on  s'y  range  en  foule  ,  &c 
elle  a  un  nombreux  parti  qui  l'emporte  fur  celui 
des  Savans.  La  Br.  La  tranquille  ignorance  vaut  ■ 
mieux  que  les  inquiétudes  des  Savans.  S.  EvR.  Il  y 
a  une  manière  d'ignorance  très-dan?ereufe  ,  qui  con- 
fifte  à  croire  favoir  ee  qu'on  ne  fait  point.  Ar.  de 
S.  R. 

X'ignorance  toujours  efl  prête  à  s'admirer.  Bon. 

Pour  être  fage  ,  une  heureufe  ignorance 

Vaut  fouvent  mieux  qu'une  joible  vertu.  Des-H. 

Ignorance  du  Droit  ,  ignorantia  juris,  eft  celle  où 
l'on  eft  du  droit  de  la  loi  :  par  exemple  ,  celui  qui 
ignore  que  ceux  qui  frappent  un  Prêtre  font  excom- 
muniés ,  a  fur   ce  point   une    ignorance  du  droit. 


^4 


IGN 


Ignorance  du  fait  ,  Ignorantia  facli  ,  cil  celle  qui  re- 
garde le  fait ,  l'aclioii  ;  par  exemple  ,  celui  qui  ne 
lait  s'il  a  payé  une  dette  ,  a  lur  cela  une  ignorance 
du  fait  ,  car  il  n'ignore  pas  le  droit ,  il  {ait  qu'on 
eft  obligé  de  payer  fes  dettes  ,  qu'il  y  a  une  loi  qui 
y  oblige  ;  mais  il  ignore  le  fait ,  favoir  ,  s'il  a  fitU- 
fait  à  cette  obligation.  tfT  On   dit  au  Palais  ,  que 
l'ignorance  du  frit  excufe  ;  mais   que  celle  du  droit 
ii'excule   point  ;  car    chacun  doit    lavoir  la  loi    du 
pays.  On  publie    les  loix  ,  les  réglemens  ;  on  fait 
ligner  des  attes  ,  afin  qu'on  n'en  puille   prétendre 
caule  ^'ignorance. 
Ïgnorance  grodière  ,  ou  crafle  ,  crajfa,  eft  celle  qui 
vient  d'une   extrême  négligence  à  s'inftruire  de   fes 
devoirs  :  cette  efpcce  ^'ignorance  n'excule  point  celui 
en  qui  elle  eft. 
Ïgnorance  invincible ,  invincihUis  ,  eft  celle  qu'on  ne 
peut  vaincre  par  les  loins  ,  fes  eftbrts ,  parce  qu'on 
n'a  pas  même  les  premières  idées  qui  peuvent  faire 
naître  le  doute.   Les  infidèles  auxquels  on    n'a  point 
annoncé  l'Evangile  lont  dans  une  ignorance  invinci- 
ble de   l'Incarnation  du  Verbe  ,  de  la  mort  de  JÉ- 
sus-Christ  ,  du  nombre  des  Sacremcns  de  l'Églife 
Catholique.  Il  n'y  a  point  d'ignorance  invincible  des 
principes  de  la  loi  naturelle ,  ni  des  premières  con- 
clulions  qui  fe  tirent  de  ces   principes.  Comme  l'i- 
gnorance invincible  eft  celle  qu'on  ne  peut  (urmon- 
ter  ,  ni  par  les  feules  forces  de  la  raifon  naturelle  , 
ni  par    les   fecours   de  l'art  ,  ni    par   l'ailiduité  du 
travail ,  fi  l'on  néglige   quelque  tentative  pollîble  , 
l'ignorance  n'eft  plus  invincible.  Il  eft  difticile  de  fi- 
xer ,  &  de    définir  la  nature  de  ['ignorance  invinci- 
hlc.  On  diftinguc  deux  lortes  d'ignorance  ;  l'une  de 
négligence,  &  l'autre  de  nécelîîté,  ou  d'impuilfance 
morale  ,  qui  fait  que  l'on  ne  peut  éviter  de  le  pré- 
cipiter dans  l'erreur.   On  ne  doute  pas  que  l'igno- 
rance ,  qui  ne  veut    point  s'inftruire  ,  de  peur   de 
s'impofer  des  devoirs  dont  on  eft  bien  ai/e  de  le  dé- 
livrer,  ne  loir  inexculablc.  Celui  qui  néglige  d'ac- 
quérir des  connoillances  ,  eft  coupable  des    fautes 
qu'il  commet  par  une  ignorance  qu'il  pouvoir  lurmon- 
ter  par  fa  diligence  ,  &:  par  fon  artention.  Mais  on 
ne  convient  pas  de  ce  qui  forme    l'ignorance  invin- 
cible ,  laquelle  excuie  le   péché.  Les  préjugés  de  la 
nailfance  ,  &  de  l'éducation  ,  forment  quelquefois 
une    impolllbilité  morale  auiîi  difficile  à  vaincre  , 
qu'une   incapacité  ,  &    une    impuillance  naturelle. 
Pour  l'ignorance  du  fait ,  il  y  en  a  une   invincible. 
Telle  eft  celle  dont  on  a  parlé.  L'ignorance  involon- 
taire  du   fait    n'eft    point  criminelle  devant    Dieu. 
Pour  l'ignorance  volontaire  ,  elle  eft  plus  ou  moins 
inexculable  ,  félon  les  divers  degrés  de  négligence   , 
êc  d'inapplication.  On  appelle  péché  d'ignorance  ,  un 
péché  dont  on  ignore  la  malice  quand  on  le  com- 
met. Si  l'ignorance  eft  affeftée  ,  c'eft  lut  nouveau  de- 
gré de  malice. 
IfCT  Ignorance  Se  erreur,  ^'ignorance  n'eft  qu'une  pri 
vation  d  idées  ou  de  connoillances  ;  mais  l'erreur  eft 
la  non  conformité  ,  ou  l'oppofition  de  nos  idées  avec 
la  nature  ou  l'état  des  chofcs.  f^oye^  ces  mots.  Ain- 
li  l'erreur  étant  le  renverfement  de  h  vérité  ,  elle  lui 
eft  beaucoup  plus  contraire  que  l'ignorance  qui  eft 
comme  un  milieu  entre  la  vérité  &  l'erreur. 

On  dit  ,  qu'un  livre  eft  plein  d'ignorances  grof- 
fières  ,  pour  dire ,  qu'il  eft  rempli  de  fautes  qui  mar- 
quent une  ignorance  e;rolTicre  dans  l'Auteur.  Ac.  Fr. 
^  IGNORANT  ,  ANTE.  adj.  Ignarus.  Qui  n'a  point 
de  favoir  ,  qui  ne  lait  rien.  On  eft  ignorant  par  dé- 
faut d'inftruCfion.  On  eft  âne  par  difpofition  d'cf- 
prit.  A  quoi  bon  parler  fcience  devant  des  ânes  ; 
leurs  oreilles  ne  font  pas  faites  pour  ce  langage.  Ce 
n'eft  pas  toujours  inutilement  qu'on  en  parle  devant 
des  ignorans  \  ils  peuvent  profiter  de  ce  qu'on  dit. 
M.  l'Abbé  Girard.  Syn.  /''byt-^  Âne. 
^fT  Les  ignorans  font  d'ordinaire  les  plus  décifils  :  ils 
n'ont  point  de  doutes  ,  parce  qu'ils  ne  fentent  ou 
n'apperçoivent  pas  les  difficultés. 

Un  foc /avant,  ejî  fot  plus  qu'un  Jot'iinoïwx.  Mol. 


IGN 

|tT  Les  Frères  de  la  Charité  ont  pris  b  qualité  de  Frere« 
Ignorans,  ou  Ignorantins. 

ifT  Ignorant  fe  dit  auiîi  de  celui  qui  n'a  pas  la  con- 
noiftance  de  certains  faits  qu'on  lui  demande.  Il  a 
été  interrogé  lur  ce  meurtre  dont  on  l'accule  ,  mais 
il  en  eft  ignorant ,  il  en  a  fait  l'ignorant.  Quand  ce 
mot  a  un  régime  ,  c'eft  ordinairement  le  génitif, 
c'eft  à-dire  ,  qu'il  eft  luivi  de  h  prépolition  de ,  qui 
en  François  indique  le  génitif.  Il  n'étoit  pas  ignorant 
des  Belles  Lettres.  Bussy  Rab.  Ignorant  du  fait ,  fty- 
ledu  Palais.  Proverbialement,  pour  marquer  qu'on  ne. 
fait  rien  de  quelque  chofc  qui  eft  arrivé  :  on  dit  j'er» 
fuis  aulîî  ignorant  que  l'enfant  qui  eft  à  naître.  Ac. 
Fr. 

IGNORANTIFIANT  ,  IGNORANTIFIÉ.  Tous   ces 
mots  ne  peuvent  avoir  d'ulage  que  dans  le  Burlef- 
que.  On  ne  les  trouve  que  dans  Molière  ,  pour  li- 
gnifier un  homme  très  ignorant ,  ignorantijfime ,  igno-        ■ 
rantifiant  &  ignoramïfié  par  tous   les   cas  &  modes       fl 
imaginables. 

IGNORANTIN.  adj.  m.  Ignorant.  Ignarus  ,  indoclus. 
Un  Frère  ignorantin.  Les  Frères  ignorantins.  Ce  mot 
ne  fe  dit  qu'avec  celui  de  Frère,  f^oyei  au  mot  Frè- 
re de  la  Sale. 

IGNORANTISSIME.  adj.  Très-ignorant.  Rickeletfeul. 
Ce  terme  a  été  fort  ingénieufement  appliqué  dans  la 
Satyre  Ménippée  au  Cardinal  de  Pellcvé  ,  qui  étoit 
d'une  ignorance  cralfe  ,  &  de  plus  Protettreur  des  Ca-  ~ 
pucins ,  appelés  en  Italie  ,  Fratelli  ignoranii. 

Les  Frères  ignorans  ont  eu  grande  raifon 
De  vous  faire  leur  Chef ,  Monjieur  l' Illujlrijfime  j 
Car  ceux  qui  ont  ouï  votre  belle  Oraifon  j 
F'ous  ont  bien  reconnu  pour  ignorantillîme. 

Page  6s  &  -2  01  ,  de  l'édition  in-oclav. 

Ce  mot  n'eft  point  ufité. 
IGNORER,  v.  a.  Ne  favoir  pas  quelque  chofe.  Ignorare. 
On  ignore  plus  de  choies  qu'on  n'en  connoît.  On 
ignore  la  vraie  caule  du  flux  6c  du  reflux  de  la 
mer.  L'homme  veut  connoître  les  aftres ,_  &  il  s'i- 
gnore lui-même.  Tous  les  méchans  ignorent  ce  qu'ils 
doivent  faire,  &  ce  qu'ils  doivent  fuir.  Pasc. 

Je  lui  vendrai  fl  cher  ce  bonheur  qu'il  ignore. 
Qu'il  vaudrait  mieux  pour  lui  qu'il  /'ignorât  encore. 

Rac. 

Ignorer  ,  fignifie  anfti ,  ne  vouloir  pas  connoître  quel- 
que chofe.  La  nation  Polonoife  méprife  les  périls 
que  la  férocité  lui  fait  fouvent  ignorer.  Sar.  Pa,rmi 
des  dcfirs  trop  curieux  de  lavoir  tout  ,  nous  fom- 
mes  réduits  à  la  néceflité  de  ne  favoir  prefque  rien  , 
<?c  de  nous  ignorernous  mêmes.  S.  EvR.  On  ne  peut 
pas  toujours  s'ignorer  foi-même.  M.  Se.  Je  veux  igno-  , 
rer  tout  ce  qu'on  dit  contre  moi.  Il  faut  ignorer  les  1 
querelles  des  valets  ,  &  ne  s'en  point  mêler.  On  dit 
au  Palais,  je  lui  ai  fiit  lignifier  cet  ade  ,  cet  avenir  , 
à  ce  qu'il  n'en  ignore. 

On  dit  fimilicrement ,  c'eft  un  homme  qui  n'i- 
gnore de  rien.  Ac.  Fr. 

Ignorer  quelqu'un ,  ne  le  pas  connoître.  Les  Pièces 
de  Molière  repréfentées  fur  tant  de  théâtres  ,  tra- 
duites en  tant  de  langues ,  le  feront  admirer  autant 
de  fiècles  que  la  fcène  durera.  Cependant  on  igno- 
re ce  grand  homme  ,  &  les  foibles  crayons  qu'on 
nous  en  a  donné  font  tous  manques  ,  ou  li  peu  re- 
cherchés, qu'ils  ne  fuffifent  pas  pour  le  faire  con^ 
noltre  tel  qu'il  étoit.  f^ie  de  Molière.  Pourquoi  vou- 
lez-vous faire  briller  vos  vertus  fur  le  Théâtre  ?  El- 
les porolifent  allez  dans  le  monde  ,  perlbnne  ne  vous 
ignore.  Ib.  _   ^ 

Ignoré,  ée.  part.  Avec  beaucoup  de  mérite ,  (?c  en- 
core plus  de  modeftie ,  l'on  peut  être  long  temps  igno- 
ré. La  Br.  quheuroix 


I  G  U 

Qu'heureux  ejl  le  mortel  qui  du  monde  ignoré , 
Vu  coiiceiu  de  Joi-mcme  cii  un  coin  retiré l  BoiL. 

IGNY.  Nom  d'un  Bourg  où  il  y  a  une  Abbaye.  Ig- 
nuKum.  Il  fit  en  Champagne  ,  à  cinq  litues  de 
lîluims  ,  du  côte  du  couchant. 

IGHANDE.  Bourg  de  France,  dans  le  Bourboiinois , 
Licclion  de   Moulins. 

I  G  U. 

IGUANA.  r.  m.  Animal  amphibie  qui  fe  trouve  en 
Amérique.  Il  cft  de  la  forme  d'un  lézard.  Les  Me- 
xicains les  appellent  Aquaquet^  pallln  ,  les  Haitins  , 
Ignona  ,  ik  d'autres  Liana.  Ils  l'ont  horribles  à  voir  , 
ils  ont  les  pics  év'  la  tète  Icmblables  à  un  lézard. 
Leur  corps  ell  de  deux  palmes  &  demie  de  long  , 
&  gros  d'une  palme  ,  &  davantage.  Leur  queue  a 
tiuatre  ou  cinq  palmes  de  longueur.  Quand  on  les 
prend  ils  montrent  les  dents,  mais  lans  mordre.  C'cll 
un  mets  très  délicat ,  &  c'étoit  la  nourriture  ordi- 
n-àiic  des  Rois  de  la  Cuba,  f^'oye^  Nierenberg  , 
liijl.  nat.  L.  XII ,  c.  6.  Gonzales  Fernando  ,  Ovie- 
do  &:  Scaliger.  Adverf.  Cardan.  Excrcit.  CLXXXIII , 
fecl.  S. 

IGUAftAZU.  Voyc^  Garazu. 

IGUARUCU.  f.  m.  Animal  amphibie  du  Brefil.  Il  cft 
de  la  grandeur  d'un  bœuf.  On  le  trouve  aulli  au  Me- 
xique -,  il  vit  fous  l'eau  comme  les  poillbns  ,  &  com- 
me les  animaux  terreftres  à  quatre  pics,  il  le  retire 
dans  les  broullàilies  &c  les  builïbns  ,  grimpe  même 
fur  les  arbres.  Il  a  la  forme  d'un  crocodile,  mais  il 
ell:  d'une  couleur  qui  tire  fur  le  noir ,  &•  n'a  point 
d'écaillés  dures  comme  le  crocodile  ;  fon  corps  ell 
uni  &:  tacheté  comme  la  peau  d'un  ferpent.  Il  a 
tout  le  long  du  dos  des  arêtes  en  forme  de  peigne  , 
qui  defcendent  jufqu'à  (i.  queue.  L'ouverture  de  la 
gueule  efl  grande ,  les  dents  d'une  grandeur  médio- 
cre ,  &  menues.  Ses  ongles  rcilemblent  aux  lerres 
des  oilenux,  mais  ils  n'en  ont  pas  la  force  ,  &  ne 
font  point  de  mal.  Il  a  des  œufs  ,  &  en  fait  ime 
grande  quar.tiré  qui  font  d'un  fort  bon  goût.  Il  vit 
dix  jours ,  &  même  jufqu'à  vingt ,  lans  boire  ,  ni 
manger.  Sa  cliair  ell:  très  douce  ,  &c  c'eft  un  mets 
délicieux  en  Amérique.  Les  Elpagnols  en  avoient 
horreur  ,  &  n'en  mangeoient  point.  Les  Américains 
leur  ont  appris  depuis  le  cas  qu'ils  en  font  ,  &  ils 
en  mangent,  à  leur  exemple. 

IGUIDI ,  ou  Lcmpta.  Nom  d'une  Province  ,  ou  defert 
de  Libye.  Iguidi ,  Iguidlum  defertum.  Maty  le  nom- 
me Lcmpta  ,  mais  Lempta  ell  le  nom  des  peuples 
qui  l'habitent ,  &z  Iguldi  celui  de  la  principale  ha- 
bitation, n  a  au  couchant  Hayr  ,  &  s  étend  au  le- 
vant jufqu'à  Berdoa.  Il  elt  borné  au  feptentrion  par 
les  deicïts  de  Tecon  ,  de  Guerquéla  &  de  Gadc- 
mis  ;  &  au  midi  par  ceux  qui  lont  vis-à-vis  de  Ca- 
no ,  au  pays  des  Nègres.  Ce  pays  ell:  extrêmement 
fec  ,  &  dangereux  pour  les  Marchands  ,  qui  vont 
trafiquer  de  Conllantine  au  pays  des  Nègres  ,  parce 
qu'il  efl:  habité  par  des  Africains  brutaux ,  qui  les 
volent  i  ils  tuent  même  tous  ceux  de  la  Guerquéla  , 
parce  qu'ils  ont  des  prétentions  lut  cet  Etat ,  &;  font 
en  guerre  perpétuelle.  Les  Arabes  de  Hemrum  ,  de 
Sayd  &  d'Yahya  errent  aujourd'hui  par  ces  quartiers , 
&  (ont  mêlés  avec  les  Nègres.  Voye\  de  la  Croix  , 
Elfl.  d'Af.  T.  II. 

IGUR.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Breuvage  des  Turcs  ; 
c'eft  du  lait  aigre.  Oxygala.  f^oy.  'VigenÈre  fur  Chal- 
condylc ,  p.  ^^o. 

Igur  ,  ou  Aigur.  Nom  d'une  Tribu  des  Turcs  Orien- 
taux. Igur.  La  nation  ,  ou  la  Tribu  A' igur.  D'Her- 

BELOT. 

IGURIEN  ,  ENNE.  Qui  eft  de  la  Tribu  Turque  , 
nommée  Igur.  Igurianus  ,  a.  Les  Igurlens  ont  une 
langue  &  ur.  Calendrier  ,  qui  leur  font  communs 
avec  les  Cathaïens.  Ils  ont  été  Chrétiens  ,  &  ils 
avoient  des  Evêques  du  temps  de  Ginhiskan.  Aujour- 
d'hui ils  font  idolâtres ,  ou  Mahométans.  D'Her. 
Tome  K. 


I  L 


I  H  O. 


6% 


IHOR.  Ville  des  Indes.  Ihora.  Elle  eft  fur  le  cap  de 
Sincapura  ,  qui  elt  à  la  pointe  de  la  prefqu'ile  de 
delà  le  Gange  :  Ihor  eft  à  cinquante  lieues  de 
Malaca.  Elle  cft  capitale  du  Royaume  à' Ihor  ,  en 
Latin  Ihorlum  Regnum  ,  dont  le  Roi  eft  un  des 
plus  puiflàns  de  cette  prefqu'ile.  Les  Portugais  pri- 
rent la  ville  à' Ihor  l'an  i6oj  ,  tk.  la  ruinèrent  après 
en  avoir  enlevé  i  j-qo  pièces  de  canon  :  mais  elle 
a  été  rétablie.  Maty. 

I  J  A. 

IJAR,  f.  m,  Teflnc  de  Calendrier.  Foy.  IarJ 

J  I  T. 

JITO.  1.  m.  Efpèce  de  pommier  du  BrefiI.  tfT  Les 
baies  de  cet  arbre  lont  difpofées  en  forme  de  grap- 
pes de  railin.  Elles  font  ligneufes  en  dedans ,  &  ne 
donnent  aucun  fuc.  L'écorce  de  fa  racine  eft  un 
violent  purgatif,  même  prife  en  petite  dofe. 

I  K  E. 

%fT  IKEGUO.  f.  m.  Général  d'un  Ordre  monaftique  chez 
les  Éthiopiens  &  les  Abylfms.  Il  eft  choifi  par  les 
Supérieurs  des  diftérens  monaftères. 

I  K  I. 

IKINDI.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  fécond 
mois  des  Tartares  Orientaux  ,  &  de  ceux  qui  font 
partie  de  l'Empire  des  Chinois  :  il  répond  au  mois 
de  Janvier.  On  l'appelle  aulTi  Alcandl. 

IKINDIN.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Midi  chez  les 
Turcs.  Mendies  ,  Médius  dies.  Or  avoit-on  déjà  paf- 
fé  la  plus  grande  partie  du  jour  ,  comme  environ 
trois  heures  après  midi  ,  que  les  Turcs  appellent 
Iklndln.  VigenÈre  ,  Contln.  de  Chalcond.  p.  4^4. 

IKKERY.  Royaume  d'Afie  dans  la  prefqu'ile  de  deçà 
le  Gange. 

IKOVIRINIOUCKS.  Peuple  de  l'Amérique  Septentrio- 
nale dans  la  Baie  d'Fiudion. 

I  L. 

IL ,  m.  ELLE ,  fem.  ILS ,  ELLES ,  au  pluriel.  Pronom 
démonftratif ,  &c  rclatil  de  la  troilième  perfonne.  // 
va.  fZ/fi, vient.  Ils  aiment.  Ce  pronom  ne  fe  mec 
jamais  qu'immédiatement  devant  le  verbe  j  fans  fouf-> 
frir  rien  entre  deux ,  11  ce  n'eft  des  particules  ,  & 
des  pronoms  perfonnels  ,  comme ,  il  nous  dit  ,  il 
nous  parle  ,  Il  nous  ordonne.  Dans  les  interrogations 
il  le  met  immédiatement  après  le  verbe  ;  comme  , 
Que  fait//?  Que  dit  i/?  Que  fait-e//e?  Que  dit-elle  i 
Il  y  a  encore  une  autre  occallon  où  ce  Pronom  fe 
met  après  le  verbe  ;  Se  c'eft  lorfque  ce  verbe  eft  pré- 
cédé de  quelque  adverbe  j  ou  de  quelque  interjeétion , 
comme ,  aufti  dirent-i/j ,  aufll  diient-elles. 

Il  ,  le  met  aulli  devant  les  verbes  impeiionnels.  //faut  , 
Il  eft  néccllaire  ,  Il  pleut ,  Il  fait  beau. 

Il  ,  le  met  quelquefois  pour  on  ,  &  en  a  la  lignifica- 
tion ;  il  fe  peut  dire  ,  cela  lignifie  ,  on  peut  dire. 
Dans  quelques  autres  phrafes  il  fe  met  devant  des 
verbes  qui  ne  font  pas  imperfonnels  ;  mais  dans  ces 
occalions  ils  en  ont  la  conftruélion  ,  alors  il  n'a 
point  la  lignification  d'on.  Il  fe  peut  faire  que ,  &c. 
Il  y  aura  bientôt  deux  ans ,  &c.  Il  n'eft  pas  polîible 
que,  &c.  A  tout  cela  il  faut  ajouter,  que  elle  eft  auf- 
li  le  féminin  du  pronom  lui.  On  a  ditputé  long- 
temps à  l'Académie  s'il  faut  prononcer  ils  ont  dit , 
ou  is  on  dit ,  ou  il  ont  dit.  Dans  le  ftyle  foutenu  , 
&  dans  les  vers  on  ne  balance  pas  ;  il  faut  pronon- 
cer toutes  les  lettres  ils  :  mais  dans  le  difcours  ordi- 
naire il  eft  plus  régulier ,  &c  is  ont  dit  plus  en  ufage, 
M..L.  T. 


4>G 


I  L  E 


Ce  mot  vient  du  Latin  ïlk. 
Il,  Pronom.  On  dilbit  autrefois  il  pour  lui  ,  comme 
devant  il,  pour  devant  lui. 

Compagnons  fommes  il  et  gie. 

C'eft  à-dire,  lui  Se  moi. 
ILACK.  Ville  capitale  d'un  petit  pays  de  même  nom. 
Ilaca.  Elle  el\  dans  l'Usheck  ,  en  la  Grande  Tarta- 
rie  ,  au  nord  de  la  rivière  de  Chélel ,  &  à  vingt  lieues 
de  la  ville  d'Alshash.  Maty. 
Sp-  ILACK  ,  ou  JALAK.   Ville  d'Afrique  ,  dans  la 
Nubie  j  entre  deux  bras  du  Nil ,  à  dix  journées  de 
Galowah. 
|0"  ILAMBA.  Province  d'Afrique  ,  dans  la  B-Ufe-Ethio- 
picj  au  Royaume  d'Angola,  elle eildivilce  enplulîeur-s 
Seigneuries  fort  peuplées  ,  dont  chacune  a  ton  Sova 
qui  commande  au  village  de  ion  rellort. 
ILANTZ.  Petite  ville  du  pays  des  Grifons.  Ilantium. 
Elle  eft  dans  la  Ligue  Grile  ,  fur  le  haut  Riiin  ,  à 
cinq  lieues    de  Coire  ,  vers  le  midi  occidental.  fO" 
Elle  a  à  fon  tour  les  Etats  Généraux  des  trois    Li- 
gues ,  «Se  les  Allemblées  de  la  Ligue  Gnle  s'y  tien- 
nent fouvent.  Long.   26.  d.  45'.  lat.  46.  d.  38'. 
ILAPINASTE.  r.  m.  Surnom  que  l'on  donnoit  à  Ju- 
piter  dans    l'île  de  Chypre.    Ilapinafies.  Les   Cy- 
priots  i'appeloient  ainfi  ,  parce  qu'on  l'honoroit  par 
de  grands  &c  magnifiques  teftins.   Du  Grec  «A«;i.»Mf, 
célébrer  par  des  îeftins. 
II.  AR.  f.   m.  Nom  d'homme.  E'darus  ,  Hillarus ,  II- 
larus  ,  &  dans   un  Martyrologe  qui  étoit  à  Chril- 
ùae.  Reine  de  Suède  ,  Hc  qui  portoit  le  nom  d'U- 
fu.ud  ,  Hilanus..   Saint  liar  ,  ou  HiUar    naquit  en 
Tofcane  ,  l'an  476,  lous  AuguAulc.  Vers  l'an  496, 
étant  âgé  d'environ  20  ans  ,  il  commença  à  obier- 
ver  les  loix  de  la  vie  monalHque  ,  Se  à  former  les 
monaftères  de  Galliata  ,  dont  il  fut  Abbé.  11  mou- 
rut faintement  en  J58  ,  le  i.  Mai. 
ir  ARCURIS.  Ancienne  ville  de  l'Efpagne  TarragcMiiioi- 

fe  ,  au  pavs  des  Carpétaniens. 
JICHESTER.  Nom  d'un  bourg   d'Angleterre.  Ilchef- 
■^ria  ,  IJchalis,  Il  eft  dans  le  Comté  de  Somerfet  , 
lur  la  rivière  d'il ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  Wels, 
vers  le  midi.  Ikhefter  a  féaiice  Se  voix  dans  le  Parle- 
ment d'Angleterre. 
JLDEFONSE.  1".  m.  Nom  d'homme.  Ildefonfus ,  IJle- 
fonjus  j  Alphonfus.  Saint  lldcjonfe  ,  célèbre  dans  l'É- 
gliïe  par  le  zèle  qu'il  a  fait  paroitre  pour  l'honneur 
jde  la  Sainte  Vierge  ,  naquit  a  Tolède ,  vers  le  com- 
ii.ci  eeraeiit  du  VII*^  fiècle.  Maillet,  11  fut  Abbé  d'A- 
gali  après  Adeodatj  &  en  655  &:    6^6,  il  foul'cii- 
vit  en  cette  qualité  aux  réijlenicns  des  IX  Se  X^  Con- 
ciles de  Tolède.  S.  Eui,ène  ,  Evcque  de  cette  ville  , 
étant  mort  lur  la  fin  de  l'année  6}j,  ou  au  com- 
mencement de  la  fuivanre  ,  perfonne  ne  fe  trouva 
digne  de  lui  luccéder  qu  Ildejonfe.  Il  mourut  âgé  d'en- 
viron 62  ans  j  le  25  de  Février  de  l'an  667.    Fbye'^ 
Bollandus  à  ce  jour  ,  Mabillon  ,  Acl.   SS.  Bemd. 
fdc.  II.  p-  //^.  Bulteau,  X. ///,  c.  4S. 

Dans  la  fuite ,  A'Jldefonfe  on  a  fait  Ildefons  ,  Se 
jilpkonfe  ,  ou  Aljonfe.  f^oye:(ce.  mot.  Quelques-uns 
écûvent  aulVi  Hddcjonji  ,  Se  diient  encore  Ijlejonfe; 
mais  tout  cela  n'eft  point  l'ufage  en  notre  langue.  Il 
jie  faut  pas  même  dire  indiftéremment  Ildefonfe  Si 
Alfonfe  i  quoique  ce  foit  la  même  choie.  En  parlant 
de  rÉvêque  de  Tolède ,  il  fmt  dire  Ildcjonfe  ;  en 
parlant  des  Princes,  &  autres  pcrfonnages  célèbres 
qui  ont  porté  ce  nom  en  Efpagne ,  en  Portugal ,  Se 
en  Italie ,  on  dit  Alfonfe.  En  parlant  du  Comte  de 
Provence  ,  qui  fuccéda  à  Raimond  Bérenger  fon 
coufin  ,  oii  dit  Alfonfe  Se  Ildcjons.  foye^  encore 
Alphonse. 

ï  L  E. 

^CF  ILE.  f.  f.  Quelques-uns  écrivent  Tfle  :  l'ufage  eft  pour 
lie.  Infula.  Efpacc  de  terre  entourée  d'eau  de  tous 
côtés.  Ce  mot  eft  oppofé  au  continent ,  &c. 

Ce  mot  eft  oppofé  au  continent  ,  ou  la  terre  ferme. 
C'eft  le  nom  que  l'oii  donne  à  ces  parties  de  la 
terre  qui  lont  environnées  d'eau ,  Se  qui  (ont  moin- 


I  L  E 

dres  que  les  deux  grandes  parties  du  monde  que 
nous  appelons  Continents  ,  Se  que  nous  connoif- 
fons  fous  les  noms  de  Vieux  &  Nouveau  monde.  Il 
y  a  de  ces  lies  dans  les  lacs  ,  &  les  rivières  ,  mais 
principaleiBcnt  dans  la  mer.  Il  y  a  plulieurs  lies  dans 
la  mer  Egée ,  dans  les  Indes  ,  aux  Ihilippines  ,  à 
l'Archipelague  de  Saint  Lazare.  On  tient  que  les 
Maldives  lont  au  nombre  de  douze  mille  Iles.  Les 
Canaries  lont  celles  que  les  A.nciens  appeloient  les 
Iles  Fortunées.  L'Ile  de  Schut  fur  le  Danube.  L'Ile 
des  cygnes  lur  la  Seine  au-dellous  de  Paris.  Dans 
Paris  même  il  y  a  l'Ile  du  Palais  ,  l'Ile  Notre-Da- 
me ,  Se  l'Ile  Louvier. 

Quelques  uns  concluent  de  la  Genèfe.  X  f  ,  &  de 
l'Eccléliaftique ,  XIIII  ,zs  ,  que  les  lies  font  aui- 
li  anciennes  que  le  monde,  &  qu'il  y  en  a  eu  dès  le 
commencement.  Quoiqu'il  en  loit  de  cette  preuve  , 
il  n'eft  certainement  pas  probable  que  les  grandes 
lies  fort  éloignées  du  continent  loient  nouvelles  , 
&  qu'elles  loient  forties  de  la  mer  ,  ou  qu'elles  aient 
été  léparées  du  continent. 

Il  n'eft  pas  moins  vrai  pourtant  qu'il  s'eft  forme 
des  Iles  nouvelles  non  feulement  par  des  attcrrilié- 
mens ,  comme  celle  de  Tlongming  à  la  Chine  , 
dans  la  province  de  Nankin ,  ou  par  des  coups  de 
mer ,  qui  ont  Icparé  des  morceaux  de  terre  du  con- 
tinent ,  comme  les  Anciens  ont  prétendu  que  la  Si- 
cile Se  même  la  grande  Bretagne  ont  été  formées  ; 
mais  il  en  eft  même  qui  font  lortics  de  deilous  les 
flots  comme  autrefois  Santorin ,  Se  depuis  ,  les  deux 
qui  le  lont  formées  près  de  Santorin  ,  Se  tout  ré- 
cemment une  troilième  qui  s'eft  élevée  tout  proche 
encore  de  la  même  Ile  ,  comme  on  le  peut  voir 
dans  les  Mémoires  de  Trévoux  ,  Se  dans  les  Mé- 
moires des  Millions  du  Levant  ,  imprimés  en  171/. 
foyei  aulFiFUne,  I.  II,  c.  Sj  Se  çs ,  &  L.  IF, 
c.  12.  Kirker  ,  Mund.  fubterr.  L.   11  ,  c.  12  Se 

2é. 

D'autres  Naturaliftes  prétendent  qu'elles  ont  été 
formées  au  déluge.  D'autres  enfin  ,  qu'elles  ont  été 
réparées  du  continent  par  des  inondations ,  des  orages 
violens ,  des  tremblemens  de  terre.  Ceux-ci  font  re- 
marquer que  la  mer  des  Indes  ,  où  il  y  a  une  in- 
finité d'Iles  ,  eft  l'endroit  du  monde  où  l'on  voit  plus 
de  Volcans  ,  Se  où  les  ouragans  ,  &  les  tremble- 
mens de  terre  ,  les  éclairs  ,  les  tonnerres  ,  les  tem- 
pêtes font  plus  fréquentes.  Gryphiander  a  fait  un 
Traité  des  Iles  en  Latin ,  de  Infulis. 

Iles  ,  au  pluriel  fe  dit  en  particulier  de  celles  qui 
font  dans  l'Archipelague  du  Mexique  ,  c'eft  à-dire  , 
dans  le  grand  golte  de  la  mer  du  Sud  ,  qui  eft  vis- 
à-vis  le  Mexique.  Ainiî  quand  on  dit  que  l'on  va 
voyager  aux  Iles  ,  on  entend  celles  de  ce  golfe  de 
l'Amérique.  Et  celles  de  ce  même  golfe ,  ou  Archi- 
pel ,  qui  appartient  à  la  France ,  nous  les  appelons 
nos  Iles.  C'eft  un  gros  Commerçant  de  nos  Iles.  Il 
s'eft  fort  enrichi  à  nos  Iles.  Le  principal  commerce 
de  nos  Iles  eft  celui  du  lucre  &  de  l'indigo. 

Ile  ,  fe  dit  au(ll  dans  les  villes ,  d'un  canton  entouré  de 
quatre  rues  ,  ou  d'une  maifon  qui  ne  tient  pas  à 
•une  autre.  L'Hôtel  de  Scneterre  à  Paris  formoit  uns 
Ile.  On  en  a  fait  la  Place  des  ViCl:oires.  En  l'ancien- 
ne Rome  les  maifons  écoient  détachées  les  imcs  des 
autres.  C'étoit  autant  d'Iles.  Il  y  tant  de  mailons 
dans  cette  Ile  ,  entre  ces  qu.xtre  rues.  Les  Latins  fe 
font  fervi  du  mot  à'InJula  pour  lignifier  la  même 
choie. 

Ile  ,  fe  dit  aufli  quelquefois  des  pays  qui  ne  font  pas 
entièrement  ilulés.  L'Ile  de  France  ,  c'eft  un  pays 
borné  par  la  Seine ,  l'Oife  Se  la  Marne  ,  qui  font 
uiVe  Ile  parfaite.  Voye:^  aa  met  France.  L'Ile  de 
Mety  elf  un  des  quatie  petits  pays  qui  compolent 
le  Pays  Meflîn.  Ce  nom  ne  doit  pas  être  pris  à  la 
itigucur  ,  puifque  la  Mofelle  Se  la  Seille  n'en  for- 
ment pas  une  Ile  parfaite.  L'Ile  de  Ruys  en  Bre- 
tagne eft  de  cette  nature.  On  dit  le  Gouvernement 
de  l'Ile  de  France  ,  mais  fon  Gouvernement  ne  ré- 
pond pas  au  Pays  de  l'Ile  de  France.  Le  Prévôt  de 
l'Ile  de  France  eft  lîmplemcnt  appelé  Prévôt  de  l'Ile. 


I  L  E 

Ite.  roye-{  l'Ile. 

IiH.  Nom  d'un  bourg  ou  petite  ville  de  Franche-Com- 
té. Infula.  Il  cft  en  partie  dans  une  île  formée  par 
le  Doux  ,  ôc  en  partie  hors  de  l'île  à  cinq  lieues 
au  dclfous  de  la  ville  de  MontbcUiard.  Maty. 

Les  Iles.  Nom  d'une  petite  ville  du  Brclil  dans  l'Amé- 
rique méridionale.  InJ'uU.  Elle  a  un  bon  jjort  ,  tk 
cil:  à  trente  lieues  au  lud  de  la  baie  de  tous  les 
Saints. 

Ile-Adam.  Bourg  de  l'île  de  France.  Infula  Àd,t.  Il  cd 
iitué  fur  l'Oife  ,  environ  à  une  lieue  au-dcllus  de 
Pontoife.  Maty.  Le  ChMczu.  àcV  Ile-Adam  tire  fon 
nom  d'Adam  furnommé  de  l'Ille  ,  Seigneur  de  'Vil- 
liers  ,  village  litué  à  une  lieue  de  l'Ile  Adam  :  c'clt 
ce  Seigneur  qui  a  fondé  Vile-Adam.  Il  y  a  à  Vile- 
Adam   un  Prieuré  de  Bénédiélins. 

Il£  en  Albigeois.  Infula  Albïorum.  Bourg  de  France, 
lîtué  dans  le  Languedoc  ,  iur  le  Tarn  ,  à  cinq  lieues 
audellous  de  la  ville  d'Aiby.  Maty.  M.  Corneille 
dit  Ile  d'Albigeois. 

L'Ile  d'Atlas.  Foye'^  Atlantide. 

L'Ile  d'Aumont  ,  dans  la  Champagne  ,  Dioccfe  de 
Troyes  ,  à  deux  lieues  de  la  ville  épifcopale. 

Ile  Barbe.  'Village  fitué  dans  une  petite  Ile  de  Saône  , 
à  une  dcmi-heue  au  dcllus  de  la  ville  de  Lyon.  In- 
fula Barbara.  Il  y  a  kl' Ile-Barbe  un  Monaftèrede  Bé- 
nédictins fondé  par  Charlemagne  j  mais  qui  a  été 
ifécularifé. 

L'Ile  Belle.  Petite  ùe  de  France  au  milieu  de  la  Sei- 
ne 5  dans  le  Vexin ,  au-delîous  des  ponts  de  Meu- 
lan.  C'efl:  un  lieu  charmant  que  M.  l'Abbé  Bignon 
a  extrêmement  embelli  ,  &:  qu'on  a  quelquefois 
nommé  l'Ile  de  Delos ,  dans  les  ouvrages  des  Beaux- 
Efprits. 

L'Ile  de  Bisteaux.  Ile  d'Afrique  ,  dans  l'Océan  ,  fur 
Ja  côte  de  Nigritie  ,  proche  du  village  de  Cazelut , 
&:  de  la  rivière  de  S.  Domingue. 

Ile  Blanche.  Nom  d'une  Ile  de  l'Amérique  dans  la  mer 
du  Nord.  Infula  candida  j  alba.  Elle  cfl;  vers  la  côte 
de  'Venezuela. 

L'Ile  aux  Bœufs.  Ile  de  l'Amérique  ,  au  golfe  du  Me- 
xique ,  dans  la  baie  de  Campêche  ,  à  l'embouchure 
du  lac  de  Trift. 

L'Ile-Bonne.  Ville  capitale  des  anciens  peuples  du  Pays 
de  Caux  ,  dont  parle  Ptolémée  fous  le  nom  de  ]u- 
iiobona.  f^oye-^  la  Defcript.  Géogr.  &  Hijlor.  de  la 
Haute-Norm.T.  I ,  p.  j.  &  fuiv. 

Ile  Bouchard.  Petite  ville  de  la  Touraine  ,  en  Fran- 
ce. Infula  Bockardi.  Elle  eft  dans  une  petite  Ile 
formée  par  la  Vienne  ,  à  fept  lieues  de  Tours  ,  du 
côté  du  midi.  Maty.  Cette  ville  s'appelle  ainll  par- 
ce que  ce  tut  l'ancien  patrimoine  d'une  famille  nom- 
mée Bouchard  ,  &c  dont  le  nom  eft  palfé  dans  celle 
de  la  Tremouille  par  le  iTiariage  d'une  Catherine  de 
l'inc. 

Ile  Bourbon.  Voye'^  Bourbon. 

Ile  au  Comtat.  Nom  d'un  bon  bourg  de  la  Proven- 
ce ,  en  France.  Infula^  Il  eft  dans  le  Comté  Venaif- 
lîn  ,  en  une  petite  Ile  que  forme  la  Sargue  ,  à 
trois  ou  quatre  lieues  d'Avignon  ,  du  côté  du  levant. 
Maty. 

Ile  aux  Coudres.  Ile  de  la  grande  rivière  de  Cana- 
da ,  entre  le  Cap  Dauphin  &  le  Cap  à  l'Aigle.  In- 

.  fuU  Cordorum.  Voyc\  Lact ,  Defcript.  des  Indes  Oc- 
cident. L.  II J  c.  g.  &  Champlain ,  /.  Partie  ,  L. 
III,  c.  4. 

L'Ile-Dieu  ,  Abbaye  d'Hommes  de  l'Ordre  de  Prémon- 
tré  ,  fondée  dans  le  Diocèfe  de  Rouen  vers  l'an  1 187. 
Voye\^  la  Defcript.  Géogr.  &  Hifl.  de  la  Haute-Nor- 
mandie, T.  II ,  p.  ^28. 
Ile  en  Do-don.  Infula  Dodonis.  Petite  ville   dans 
le  Cominges  ,  à  deux  lieues  de  Lombez  ,  à  douze 
lieues  de  Touloufe.  Il  y  a  un  Couvent  de  Domini- 
cains. 
Ile  de  France.  C'eft  un  petit  pays  de  la  France.  Infu- 
la Francim.  Il  s'étend  le  long  du  bord  feptentrional 
de  la  Seine  ,  entre  la  Marne  &  rOifc.-  S.  Denys  , 
Montmorenci  &   Paris  ,  capitale  de  la  France  ,  en 
font  lesjieux  principaux.  On   étend  quelquefois  ce 
Tomi  y. 


I  LE 


«7 


pays  jufqu'à  la  rivière  d'Aifne  ,  &  ainfi  on  y  ren- 
terme  le  Valois.  Foye^  France. 

Le  Gouvernement  de  L'Ile  de  France.  Pr^fcclura  In- 
JuU  Francis.  C'eft  un  des  douze  Gouveniemcns  Gé- 
néraux de  la  France.  Il  eft  borné  au  nord  par  la  Pi- 
cardie, au  couchant  par  la  Normandie  ,  au  midi  par 
le  Gouvernement  de  l'Orléanois  ,  6c  au  levant  par 
la  Champagne.  Ce  pays  peut  avoir  trente  fix  lieues 
de  long  ,  a-c  autant  de  large.  Il  eft  arrofé  par  plu- 
heurs  rivières ,  dont  la  Seine.,  la  Marne  ,  1  Oile  & 
l'Ailne ,  font  les  plus  conhdérables  ;  l'air  y  eft  tem- 
péré, (Se  le  terroir  fertile  en  grains  &  en  fruits  ,  & 
même  en  vin.  On  divife  ce  gouvernement  en  'dix 
petits  pays,  qui  font  l'Ile  de  France  particuhère  ,  la 
Bue  Françoife,  une  partie  duGâtinois,  le  Hurepoix, 
le  Mantois,  le  Vexm  François  ,  le  Beauvaihs  ,  it 
Valois ,  le  Sollfonnois  &  le  Laonnois.  Ses  principa- 
les Villes  font  Paiis  ,  Archiépifcopale  ,  &  capitale 
du  Royaume,  Beauvais  ,  Senhs ,  Laon  &  Noyon  , 
qui  font  toutes  Lpifcopales. 

L'Ile  de  France  ,  en  Afrique.  Ceft  la  même  que  les 
Hollandois  avoicnt  nommée  Ile-Maurice  ■■,  mais  en. 
1711  ,  les  François  s'en  font  mis  en  poirellion ,  & 
l'ont  nommée.  Ile  de  France. 

Ile  de  Grâce.  Nom  d'une  petite  contrée  de  Norman- 
die. Infula  Gratis.  Elle  eft  entre  les  rivières  de  Sei- 
ne &  d'Eure ,  &  s'étend  depuis  Paci  &  Verdun  juf- 
ques  auprès  du  Pont  de  l'Arche. 

Ile  Jourdain.  Nom  d'une  petite  ville  du  Comté  d'Ar- 
magnac, en  Galcogne.  Infula  Jordani ,  ancieimement 
Caftrum  Getrum.  Elle  eft  fur  la  rivière  de  Save  ,  à 
cinq  heues  de  Touloufe ,  du  côté  du  couchant.  Maty. 

Ile  aux  Lièvres.  île  de  la  grande  rivière  de  Canada. 
Infula  leporum ,  Leporina ,  lagoa.  Elle  eft  à  fix  lieues 
du  port  de  Madoullàc.  On  l'a  appelée  ainfi  d  un 
lièvre.  Foyei  Laët ,  Defcript.  des  Indes  Occidenta- 
les j,  L.  II ,  c.  p.  &  les  Voyages  de  Champlain  ,  /. 
Part.  L.  III,  c.  4. 

L'Ile  Longue.  Ile  de  la  Baie  Françoife  en  la  nouvel- 
le France  Elle  eft  ainfi  nommée  ,  parce  qu'elle  a  fix 
ou  fept  lieues  de  long.  Infula  longa.    Foye^  Aca- 

DIE. 

Iles  Nouvelles.  Ce  font  des  Iles  nouvelles  ,  décou- 
vertes par  les  Maloins ,  qui  ont  été  à  la  mer  du  Sud 
depuis  1700.  Elles  font  htuées  par  le  cinquantième 
degré  de  latitude  Sud  ,  dans  la  mer  dii  Nord.  FoycT^ 
la  carte  réduite  de  l'extrémité  de  l'Amérique  faite 
par  M.  Frézier,z7.  26 1  ,  de  fon  Voyage.  Il  les  a  pla- 
cées fur  les  Mémoires  du  Maurcpas  iSc  du  S.  Louis, 
vailîeaux  de  la  Compagnie  des  Indes  ,  qui  les  ont 
vues  de  près  ,  &  même  le  dernier  y  ht  de  l'eau  dans 
un  étang.  C'eft  la  même  fuite  à' Iles  que  M.  Fouquet 
de  S.  Malo  découvrit  ,  &  qu'il  appela  du  nom 
d'Anican  fon  armateur.  Celui  qui  les  a  côtoyées  de 
plus  près  a  été  le  Saint  Jean-Baptifte  commandé  par 
Doublet  du  Havre.  Quant  à  leur  latitude  ,  M.  Fré- 
zier  les  met  à  peu  près  entre  le  317=  &  le  311"= 
degré. 

Ile  aux  Oiseaux.  Nom  d'une  île  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  ,  ainfi  appelée  ,  à  caufe  du  grand  nombre 
d'oifeaux  que  l'on  y  trouve.  Avium  Infula.  C'eft  l'une 
des  Cannibales.  Elle  eft  a  la  hauteur  de  quinze  de- 
gj'és  ,  &  fort  balle.  On  n'y  peut  aborder  fans  rifque. 
Foyey^  Laët  ,  Defcript.  des  Indes  Occident.  L.  I  , 
c.  /7. 

Ile  d'Or.  Nom  d'une  ile  fituée  dans  le  centre  des  mi- 
nes d'or ,  occupée  par  la  Compagnie  Écoiroife.  Ma- 
ty. 

Ile  d'Orléans.  Nom  d'une  île  de  la  grande  rivière 
de  Canada.  Irfula  Aurelianenfis.  Elle  eft  à  deux 
lieues  du  cap  de  Tourmente  ,  &  à  une  de  Québec. 
Quartier  la  nomma  autrefois  Ile  de  Bacchus,  à  caufe 
de  la  quantité  de  vignes  fauvages  que  l'on  y  trouve. 
Sa  longueur  eft  de  fix  lieues  ,  &  fa  largeur  eft  d'u- 
ne lieue.  Foye'^  les  Voyages  de  Champlain.  P.  I 
I.  III,  c.  4. 

L'Ile-Royale.  Ile  de  l'Amérique  feprcntrionale ,  dans 
la  nouvelle  France  ,  appelée  aulfi  Cap  Breton  ,  ou 
Ile  des  Bretons.  ^CT  Elle  eft  à  l'entrée    du  golfe  S. 


6% 


I  L  E 


Laurent,  entre  l'Acadie  &-  l'Ile  de  Terre  Neuve  ,  à' 
dix  lieues  du  cap  de  Camplcaux.  Pendant  que  ^  la 
France  occupoit  1  Acadie  avec  Port  Royal^  &c  leséta 
blillemensde  Terre  Neuve,  elle  fur  fort  négligée.  On 
y  donna  de  l'attention  après  le  traité  d'Utrecht  qui 
alluroit  aux  Anglois  la  pleine  &  entil-re  poireliion. 
de  ces  pays ,  parce  qu'elle  devint  nécellaire  pour  la 
pèche  de  la  morue  ,  &C  plus  encore  pour  la  coji-nmu 
nication  avec  le  Canada.  Elle  a  deux  bons  ports  , 
Louis  Bourg  &  le  port  Dauphin  i  Louis  Bourg  fur- 
tout  qui  en  eft  la  Capitale  j  avec  de  bonnes  forti- 
fications. Dans  la  dernière  guerre  ,  les  Anglois  la 
prirent  pour  la  leconde  fois  en  ly;^  ,  &C  rirent  la 
garnifon  pnlonnière  de  guerre. 

^CT  Le  Cap   Breton  ell  proprement  un  cap  de  l'île  , 
*\nï  regarde  le  lud-clt ,  qui  a  doimé  fou  nom  à  toute 
Plie. 

Les  SEPT  Iles.  Ce  font  fept  ilcs  lituécs  environ  à  deux 
lieues  de  la  côte  feptentrionale  de  Bretagne  ,  à  cinq 
ou  lîx  lieues  de  Tréguier  par  49  dégrés  de  latitude. 
SeptemînfuU  ,  anciennement 6 itzt/*  ouBiadtu.  Voya- 
ge Mf.    IJ17. 

It£  A  LA  Vache.  Nom  d'une  petite  île  de  l'Améri- 
que dans  la  mer  du  Nord.  Injula  vaccu.  Elle  ell  fur 
la  côte  méridionale  de  l'île  de  Saint  Domingue  vers 
l'occident. 

Ile  du  Vent.  En  termes  de  Marine ,  on  appelle  ainfi 
les  I/es   Antilles. 

Iles  d'avau  le  vent.  En  termes  de  Marine  ,  cela  fi- 
gniae  les  I/es  de  d^JJous  le  vent ,  ce  font_  celles  qui 
font  oppoiies  aux  lies  du  vent ,  &  qui  lont  plus  a 
l'oueft.  Rochefort  en  compte  neuf ,  qui  font  i).  Eu(- 
rache  ,  S.  Barthelemi,  Saba  ,  S.  Martin  j  Languille  , 
Sombrère  ,  Anegade  ,  les  Vierges,  fainte  Croix. 

L'Ile  Verte.  Voyei  l'Ile  du  Cap  Breton. 

L'Ile  de  Wist.  Il  y  a  deux  Iles  de  ce  nom  entre  les 
Wefternes.  On  les  dillingue  par  leur  iiruation.  La 
plus  feptentrionale  s'appelle  Nortli  VVill: ,  &  la  plus 
méridionale  South  Wiif. 

|Cr  ILET.  f.  m,  ILETTE.  f.  f.  ILOT.  f.  m.  Diminutifs 
d'Ile.  Petite  île.  Parva  Injula  ,  mïnïma  Injula.  Les 
mors  d'//er  &<.  d'ileue  l'ont  moins  uiités  que  celui 
d':loc. 

ILE ,  rivière.  Foye^  Ille. 

ILÉON  ,  ou  ILEON,  f.  m.  Terme  d'Anatomie  ,  efl  le 
nom  qu'on  donne  au  troilième  &  dernier  des  intef- 
tins  grêles ,  qui  elt  le  plus  long  de  tous,  il  eil  lîtué 
entre  le  jéjunum  8c  le  cœcum  ,  au  delious  du  nom- 
bril vers  les  hanches  de  part  &  d'autre.  Il  eit  fujer 
à  defcendre  dans  les  bourfes.  Il  y  a  dans  le  Zodia- 
cus  Medico-Gdllkus  ,  p.  123  >  une  manière  de  gué- 
rir une  plaie  reçue  dans  Xïléon  ,  en  laitant  rendre  les 
cxcrémens  par  cet  endroit.  Il  efl  ainii  nommé,  à  caufc 
qu'il  ell  entortillé  en  plufieurs  tours  &  retours  ,  (de- 
vient du  verbe  Grec    'au»  ,  qui  figniHe  tourner. 

On  appelle  auffi  iléon  ,  une  partie  de  l'os  anony- 
me qui  efl  au  bas-ventre  j  parce  qu'il  fouticnt  1  in- 
teilin  qui  porte  ce  nom.  Il  forme  la  hanche.  C'cll 
la  première  partie  &  la  partie  fupérieure  des  os  larges 
placés  fur  les  côtés  de  l'os  facrum.  Leur  circonfé- 
rence eft  ronde  ,  un  peu  convexe  néanmoins  ,  & 
inégale  fur  leur  côté  extérieur.  Cet  os  efl:  large  ,  & 
attaché  aux  côtés  des  trois  vertèbres  fupéricures  de 
l'os  facrum.  Sa  partie  fupérieure ,  qui  efl  leur  tran- 
chant ,  ou  leur  circonférence  ,  s'appelle  Epine.  Le 
côté  concave  &  interne  s'appelle  Cote ,  &  l'externe  , 
ou  extérieur ,  Dos.  Cet  os  efl:  joint  à  l'os  facrum  , 
par  une  future  propre  ,  &  il  ell  plus  large  dans  les 
femmes  que  dans  les  hommes.  Harris.  Cet  Auteur 
^'ai^pelle  05  illïum  -,  en  François  nous  difons  iléon. 

ILEK  ,  ILÉRUS.  Rivière  d'Allemagne.  Ilarus  ,  Hilara. 
Elle  prend  fa  fource  dans  les  montagnes  du  Tirol , 
travcrtc  une  partie  de  la  Souabe  ,  où  elle  baigne 
Kempten  ,  &  Mcnningen^  &  après  elle  fe  décharge 
dans  le  Danube  ,  vis-à-vis  de  la  ville  d'Ulm. 

ILERDA.  Voye^i  Lérida.  On  peut  encore  dire  Ilerda 
en  parlant  de  l'Antiquité ,  &  il  eft  mieux. 

//  qukte  ^'Ilerda  les  fupcrhss  remparts.  BrÉb. 


I  L  I 

ÎLERGETES.  f.  m.  Ancien  peuple  de  l'Efpagne  Tat- 
ragonnoife,  fur  la  Segre. 

ILESSI.    Foye\   Ilmitz. 

î/3"  ILES.  1'.  m.  pi.  Terme  d'Anatomie.  On  nomme 
os  des  îles  ,  un  os  large  &c  plat  ,  fitué  aux  parties 
latérales  du  ballîn.  On  1  appelle  plus  communément 
iléon.  (  Foye^  ce  mot.  )  tt  l'on  donne  le  nom  à'î~ 
les  aux  côtes  de  la  région  hypogaflrique  ,  plus  con- 
nus fous  le  nom  de  flancs.  lUa. 

'^fT  Ilet  ,  Ilette.  Foyei  a  la  Hn  de  l'art.  Ile. 

'îfJ  ILEUSUGAGUEN  ou  LEUSUGAGUEN.  Ville  d'A- 
frique j  au  royaume  de  Maroc ,  dans  la  Province  de 
Hea,  à  trois  heues  de  Uadequis. 


I  L  H. 

ILHÉOS.  Nom  d'une  ville  de  l'Amérique  méridiona- 
le. InfuU.  Elle  elt  fur  la  côte  du  Brelil  ,  à  trente 
lieues  de  la  Baie  de  tous  les  Saints  ,  6i  de  la  ville 
de  S.  Salvador  ,  vers  le  midi.  Ilhéos  efl  capitale  d'une 
Capitainerie ,  qui  porte  fon  nom  ,  &:  qui  ell  entre 
celles  de  Bahia ,  «Si  de  Porto  Seguro. 

I  L  I. 

ILIA.  f.  f.  Nom  de  la  mcre  de  Roraulus  &  de  Rémus; 

nomm£Pj.utrement  Rhéa.  Ilia. 
ILIAI5>Ë.  f.  f.  Nom  du  premier  des  Poëmcs  d'Homère, 
le  plus  parfait  de  tous  ceux  qu'il  a  compoles.  Ce  moi 
vient  du  mot  Grec  im«s,  qui  efl  formt  d'----«' ,  ilium, 
nom  de  cette  tameufe  ville  que  les  Grecs  tinrent  al- 
liégée  pendant  dix  ans  ,  &  qu  ils  ruinèrent  enfin  à 
caufe  de  l'enlèvement  d'Hélène  ,  &  qui  fait  l'occa- 
f ion  de  l'ouvrage ,  dont  le  véritable  fujet  efl  la  colère 
d'Achille.  Ilias.  h' Iliade  efl:  un  poé'nie  ou  Homère  , 
pour  faire  concevoir  aux  Grecs  divil^;s  en  pluliturs  pe- 
tits États,  combien  il  leur  importoit  dette  unis  &C 
de  conferver  la  bonne  intelligence  entre  eux,  leur  re- 
met devant  les  yeux  les  maux  que  caufa  a  leius  an- 
cêtres la  colère  d'Achille,  &  fa  méiintelligence  avec 
Agamemnon;  &  les  avantages  qu'ils  retiierent  de  leur 
réunion.  U Iliade  ell  en  vingt  quatre  livres,  que  l'on 
dèligne  par  les  vingt  quatre  lettres  de  l'Alphabet.  Mi- 
ne, I.  Fil ,  c.  21.  parle  d'une  Iliade  écrite  fur  une 
membrane  fi  petite  &  fi  déliée  ,  qu'elle  pouvoit  te- 
nir dans  une  coque  de  noix.  V Iliade  a  été  de  nos 
jours  un  grand  fujet  de  dilpute  entre  Madame  Da- 
cier  (Se  Monfieur  de  la  Motte.  Qu'on  life  Vlliade  ; 
ces  temps  qualifiés  d'héro'i'ques  paroîtront  le  règne 
des  paillons  les  plus  injulles ,  &  les  plus  balles.  De 
LA  Motte. 

La  petite  Iliade  étoit  un  Poëmc  de  Lefches ,  Foëte 
de  1  lie  de  Lesbos,  dans  lequel  il  dJcrivoit  la  prife  de 
Troye.  On  appeloit  encore  ainfi  une  Tragédie  donc 
le  fujet  étoit  tiré  de  ce  Poëmc. 

Il  y  avoir  encore  une  petite  Iliade  compofée  par 
Homère  ;  Hérodote  en  rapporte  les  deux  premiers 
vers  dans  la  vie  d'Homère  ,  &  il  dit  que  ce  Poëtc 
l'avoir  ainfi  nommée  par  comparaifbn  aveo  fa  grande 
Iliade. 
ILIADE,  fignifie  aufîi  j  femme  d'Ilion  ,  Troyenne ,  fem- 
me de  Troye  que  l'on  nommoit  Ihon.  ÏHas.  Cepen- 
dmt  on  dit  Troyenne  en  notre  langue ,  &  non  pas 
Iliade. 
ILIAQUE,  adj  f.  Terme  de  Médecine  ,  qui  fe  dit  d'une 
maladie  violente  &:  dangereufe  ,  qu'on  appelle  paf- 
Jion  Iliaque ,  ou  mijerere.  Ce  dernier  nom  vient  fans 
doute  de  la  compallîon  qu'arrache  l'état  affreux  des  per- 
fonnesquien  font  attaquées,  //iacaj.  C'efl  uneexpul- 
fion  des  matières  fécales  par  la  bouche,  accompagnée 
de  l'enHurcdu  bas  ventre  ,  d'une  douleur  vive  ,  (îï^  d'u- 
ne conflipation  totale.  La  caufe  immédiate  de  lipaffion 
Iliaque  ,   efl:  le  mouvement  périllaltique  des  boyaux 
renverfcs  ;  c'efl  à  dire,  qui  commmence  par  les  boyaux 
inférieurs',  &  qui  fe  conrinue  aux  fupérieurs.    Les 
autres  caufes  font  les  excrémens  endurcis  ,  Pinflam- 
maticn  des  inteftins  ,    leur  engagement  dans  1  aine  , 


IL  I 

ou  le  fcrocum  ,  comme  il  arrive  fouvcnt  dans  les  her- 
nies, leur  ciitorrillcmcnr,  &  leur  entrée  de  l'un  dans 
l'autre.  On  a  vii  des  perl'onnes  attaquées  de  h  pajjîon 
Iliaque  ,  qui  rendoitnt  les  lavemcns  &  les  fuppoli- 
toires  par  la  bouche.  Il  y  en  a  auili  qui  ont  été  gué- 
ries en  avalant  une  grande  quantité  d'argent  vif ,  ou 
une  balle  de  moulquct.  Lorlque  les  boyaux  (ont  entor- 
tillés ,  ou  qu'ils  entrent  l'un  dans  l'autre ,  ces  corps  les 
remettent  quelquefois  en  état  par  leur  pcGnteur. 
h^fiijjîon  diaque  tire  Ion  nom  del'intcftin  iteon,  parce 
qu'il  ell  le  plus  fouvent  aiieclé  dans  cette  maladie  ; 
ou  bien  du  verbe  i:MÎt ,  tourner ,  envelopper  ;  d'où  vient 
que  les  Latins  l'appellent  Volvulus. 
Iliaque,  cfl:  aulll  un  nom  qu'on  donne  à  deux  groflcs 
artères  qui  font  les  divilîonsde  l'aorte,  lorlqu'cUe  eft 
parvenue  à  l'os  (acrum.  Il  y  en  a  une  de  chaque  côté , 
qui  fe  divife  encore  en  interne,  &:  en  externe  :  l'une 
Ik.  l'autre  jette  plulieurs  rameaux.   On  appelle  auiîl 
■veines  iVuiques ,  de  groHes  veines  qui  accompagnent 
les  artères  iliaques ,  Se  qui  i"e  joignant  à  l'endroit  de 
l'os  fdcrum  forment  la  veine  cave.  Il  y  en  a  deux 
de  chaque  côté ,  une  interne  &  l'autre  externe  qui 
reçoivent  plufieurs  petites  veines  des  parties  voiiines. 
Iliaque  interne.  Terme  d'Anatomie  ;  c'ell  un  mulcle 
de  la  jambe  qui  part  de  deilus  la  motié  de  la  région 
lupérieure,  &  de  la  concavité  interne  de  Vos  iléon. 
En  defcendant  fur  la  partie  inférieure  de  ce  même  os , 
il  fe  joint  au  grand  ploas ,  &c  s'infère  avec  lui  fous 
l'extrémité  dnpeclineus.  L'iliaque  interne  avec  le  grand 
pfoas ,  lert  à  mouvoir  la  caille  en  devant ,  Se  à  faire 
le  mouvement  de  progrellion.  Harris. 
ILINOIS.  Peuples  de  la  nouvelle  France ,  en  l'Améri- 
que feptentrionale.  Ilini.  Ils  habitent  au  midi  &  au 
couchant  du  lac  qui  porte  leur   no.n.  Ils  vivent  en 
fociété  dans  de  grands  villages  ,  cultivent  du  blé  din- 
de, recueillent  quelques  fruits  des  arbres  qui  croilîent 
dans  leurs  pays  ,  fans  qu'ils  en  prennent  aucun  loin , 
Se  pourvoient  au  refte  de  leur  entretien  par  la  pê- 
che &  par  la  chaiFe  des  bœufs ,  &  des  autres  bêtes 
fauvages ,  dont  ils  fçavent  fort  bien  conierver  la  chair, 
(ans  la  laler ,  Se  accommoder  les  peaux  pour  en  faire 
des  habits. 
Le  lac  des  Iluiois.  limorum  lacus.  Ce  lac  eft  dans  1; 
Canada  ,  en  l'Amérique  feptentrionale.  Il  eft  au  mi- 
di du  lac  lupéricur  ,  &  au  couchant  de  celui  des  Hu 
rons  ,  dans  lequel  il  le  décharge  par  un  grand  ca- 
nal. Il  a  environ  lix-vingt  lieues  du  nord  au  fud ,  cv 
quarante  du  couchant  au  levant.  Ce  lac ,  navigable 
partout  ,  &  fort  poillonneux ,  forme  en  la  Côte  oc 
cidentale ,  du  côté  du  nord ,  un  grand  Golfe  qu'on 
nomme  la  Baie  des  Puants  ,  parce  que  les  peuples  qui 
font  lur  (es  bords  habitoient  autrefois  un  pays  ma- 
récageux ,  qu'ils  ont  abondonné  à  caufe  de  la  puanteur 
de  fes  eaux. 
ILION.  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Nom  que  les  Chirur- 
giens donnent  à  un  os  des  hanches.  Ilion.  L'os  Ilion 
eft  ainn  appelé ,  parce  qu'il  foutient  le  boyau  iléon. 
C'eft  celui  qui  fe  préfente  le  premier  ,  quand  on  exa- 
mine les  os  des  hanches ,  parce  qu'il  eft  le  plus  grand. 
Il  eft  litué  auffi  au-dellus  des  autres  \  il  fait  l'articu- 
lation avec  l'os  facrum  par  ginglime.   Cette  articu- 
lation eft  fortitîée  par  un   cartilage  Se  par  un  liga- 
ment membraneux  qui  eft  très-fort.  Dionis.  F'oyer 

IlEON. 

ILION ,  ou  ILIUM.  Ilium  ,  Ilion.  Euftachc  ,  dans  Ces 
Notes  fur  Denys  le  Géographe  ,  l'appelle  lUos.  C'eft 
la  fameufe  Troye  bâtie  par  Neptune  &  Apollon  , 
&:  détruite  par  Minerve  &  Janon.  Elle  étoit  dans 
la  Phrygie  ,  entre  le  mont  Ida  &:  la  mer.  ^  ^oyeij 
EusTATiiEj/'.'î^. /^/.  del'Édit.  de  Robert  Étieiine. 
Troye  avoit  pris  le  nom  d' Ilion  ,  d'Ilus  le  IV^  de 
fes  Rois ,  Hls  de  Caliirhoë ,  Se  père  de  Laomédon. 

Lambin ,  dans  fes  Notes  fur  la  neuvième  Ode  du 
iy'_ Livre  d'Horace,  diftingue  Ilios  à' Ilion.  Ilios  , 
dit-il ,  eft  la  ville  ,  Se  Ilion  k  citadelle  de  cette  vil- 
le. Il  avout  néanmoins  que  fouvent  on  confond  ces 
r.oms. 

On  dit  auflî  Ilium,  reteuint  le  mot  Latin  dans  no- 
tre lantjue. 


I  L  L 


é9 


Tout  le  choix  d'Wium  fe  joignant  aux  Latins , 
Dans  (.e  champ  malheureux  parte  fes  noirs  dejjeins. 

Brébeuf. 

O  combien  rougit  le  Scamandre  '. 
Que  de  palais  réduits  en  cendre  ! 
Ilion  n'ejl  plus  qu'un  bûcher.  Pelegrin. 

ILIONE.  f  f.  Une  des  filles  de  Priam ,  qui  fut  mariée 
par  Ion  père  au  cruel  Polymneftor  ,  Roi  de  Thracc. 

ILIPULA,  monte  Ilipula,  ou  Ihpulitano.  liipula.  C'eft 
une  montagne  du  Royaume  de  Grenade  ,  en  Efpa- 
gne ,  à  deux  lieues  de  la  vijle  de  Grenade  ,  vers  l'orienc. 
On  voit  lur  cette  montagne  de  grandes  mafures ,  qu'on 
croit  être  celles  de  la  ville  qu'on  uommoit  ancien- 
nement Ilipula  minor. 

ILlSbiIDES,  ou  Ilissiades.  adj.  f.  pi.  Terme  de  My- 
thologie. Surnom  des  Mufes ,  pris  du  Hcuve  Ililfus  , 
dans  l'Attique  ,  dont  les  eaux  étoient  réputées  facrées 
chez  les  Grecs  par  un  ftatut  de  religion ,  Sacro  inf- 
tituto ,  dit  Maxime  de  Tyr. 

§0°  ILISSUS.  Il  y  avoit  en  Grèce  ,  dans  l'Attique ,  une 
ville  détruite  depuis  long  temps,  Se  une  rivière  de 
même  nom  ,  fur  le  bord  de  laquelle  les  Athéniens 
avoient  confacré  un  autel  aux  mufes.  Il  n'eft  pas  juf- 
qu'au  fleuve  Ilijfus  ,  qui  ne  le  relfente  du  dommage 
du  temps  &  dé  la  tyrannie  de  l'Ottoman  ;  les  Turcs 
en  ont  détourné  les  eaux  pour  arrofer  leurs  jardins  , 
Se  on  n'en  voit  plus  que  le  lit.  Du  Loir  ,  p.  ^i(). 

ILITHYE.  f  f.  Divitéde  la  Fable.  Ilithya.  C'étoitla  Déef- 
le  qui  préfidoit  aux  accouchemens  ;  Se  la  même  que 
Lucine ,  ou  Junon  Lucine.  Les  femmes  grolfes  ,  ou 
dans  les  douleurs  de  l'enfantement ,  ou  en  couche , 
lui  fail'jient  des  vœux  ,  qui  confiftoient  ordinaire- 
ment àlui  confacrer  des  haftes,  &  à  lui  promettre 
de  lui  (acrifier  des  vaches ,  fi  elles  étoient  heureufe- 
ment  délivrées.  On  trouve  cette  Déellè  fur  les  mé- 
dailles &  dans  des  Infcriptions  antiques ,  fous  le  ti- 
tre de  luNO  LuciNA  ,  ou  de  Lucina.  Cette  DéelIe 
avoit  à  Rome  un  Temple  dans  lequel  on  ponoit 
une  pièce  de  monnoie  à  la  nailfance  &:  à  la  more 
de  chaque  perlonne  ,  Se  lorfqu'on  prenoit  la  robe 
virile.  Servius  Tullius  avoit  établi  cet  ufage  ,  pour 
avoir  un  exaél  dénombrement  de  tous  les  Citoyens 
&  Habitans  de  Rome.   F"oyc\  Lucine. 

Ilithye  ,  à  ce  que  l'on  prétend  allez  vraifemblablement, 

vient  de  l'Hébreu -.Vi  ,  Jalad ,  qui  lignifie  enfanter, 

le  T,  û',  le  change  aifément  en  t.  Foye:^  Volïïus  , 

de  Idolol.  L.  II j  c.  i^. 

ILIUM.  L'os  ilium.  Terme   d'Anatomie.  Voy.  Ileon. 

I  L  K. 

ILKELCY  ,  ou  ILKLEY.  C'étoit  anciennement  une  pe- 
tite ville  de  Brigantes.  Ilkelceia  j  Olicana.  Ce  n'eft 
maintenant  qu'un  village  du  Comté  d'Yorck,  en  An- 
gleterre. Il  eft  au  couchant  delà  ville  d'Yorck,  près 
du  bourg  d'Otley. 

ILKUSCH  ,  ILCUSSIA.  Petite  ville  de  la  Haute  Polo- 
gne. Ilcuffum.  Elle  eft  dans  le  Palatinat  de  la  CracO"- 
vie ,  à  huit  lieues  de  la  ville  de  ce  nom.  Elle  eft 
confidérable  par  fes  mines  dont  on  tire  du  plomb  & 
de  l'argent  tout  enfemble. 

I  L  L. 

ILL.  C'eft  une  rivière  d'Allemagne.  Eilus  ,  Helellus. 
Elle  prend  fa  fource  aux  confins  de  l'Évéché  de  Ba- 
ie en  Suillê ,  traverfe  le  Sundgaw ,  &  la  plus  grande 
partie  de  l'Alface  ,  Se  après  avoir  baigné  plulîeurs 
villes  ,  dont  les  principales  font  Enfisheim,  Mulhau- 
fen  ,  Scheleftat ,  Bénefelt ,  Se  Strasbourg  ,  elle  le  dé- 
charge dans  le  Rhin. 

ILLAPS,  f  m.  Terme  de  Myftique ,  qui  fignifie  une 
efpèce  d'extafe  contemplative  ,  où  l'on  tombe  par 
des  degrés  infenfibles.  Les  dévots  myftiques  ne  goû- 
tent pas  toujours  ces  Illaps  Se  ces  fuavités  ineftà- 
blcs  que   vous  avez  lues  dans  leurs  écrits.  Bavle  >  c. 


70 


I  L  L 


34.  du  premier  tome  des  Réponfes  aux  queftions  d'un 
Provintial. 

tfT  -ÎLLATION.  f.  f.  Terme  barbare  de  l'école  ,   du 
LdiCm  infene ^  conclure.  Ainfi  illation  Se  conféquence 
font  termes  fynonimes. 
liLATioN.  Terme  de  Liturgie.  On  appelle  illation  dans 
la  Melfe   Mozarabique  ,  illatio  ,  ce  que  nous  appe- 
lons Préface -,  c'eft  à  dire  ,  la  prière  que  le  Prêtre  dit 
à  voix  haute  après  les  Secrettes,  &c  immédiatement 
avant  le  Canon.   P^oyei  Du  Gange  &  les  Macri. 
Quelques  uns  écrivent  que   c'étoit   dans  la  Litur- 
gie Gallicane  que   l'on    nommoit  Illation  ,  ce  que 
nous  appelons  aujourd'hui  Préface.  Mais  les  Bollan- 
diftes  ,  7tf/2.  T.    F:,  p.  220.  F.    montrent  que  c'é- 
toit dans  le  rit  Mozarabique  qu'on  nommoit  la  Pré- 
face Illation.   Foyei  Préface.  On   la  nommoit  en- 
core Contejiation  &  Immolation. 
Illation  lé  dit  encore  d'une  Fcte  dans  l'Ordre  de   S. 
Benoît.  Dies  Illationis  Feftus.  C'ell  la  Fête  du  tranl- 
port  ou  du  retour  des  Reliques  de  Saint  Benoit.  Die- 
dorie  ,  Moine  d'Hersfeld  en  Allemagne  ,    qui  avoir 
demeuré    long  temps  à  Fleury  ,  rendant  compte  à 
Richard  ,  Abbé  d'Amersbac  ,  de  ce  qui  avoir  donné 
lieu  de  célébrer  le  4  Décembre  la  Fête  de  \ Illation 
ou  du  retour  de  Saint  Benoît,  dit  que  ce  fut  fur  le 
retour  folemnel  de  lés  Reliques  qui  furent  appor- 
tées à  Fleury  ,  après  avoir   été  quelque  temps  dans 
l'Églife  de  Saint  Aignan  à  Orléans ,  pour  les  met- 
tre à  couvert  de  la  fureur  des  Normans.  P.  Hélvot. 
T.  F.  c.  10. 
ILLÉ  _,  ou  ILE.  Ville  ,  ôc  en  Gafcogne  la  Ille ,  nom 
d'une  rivière  de  France.  Ella.  Scaliger  Se  Vinet  difent 
lila,  mais  mal  i  ils  ont  pris  l'article  pour  une  partie 
du  nom  propre.  Elle  palle  à  Mazières,  à  haute  Ve- 
zère  ,  à  S.  Chaftier ,  à  Mucidan  ,  à  Vauclerc  ,  re- 
çoit la  Drone  ,  &  fe  jette  dans  la  Durance  ,  au-def- 
Ibus  de  Fronfac.  Valois,  Not.  Gai.  p.  i8j. 

Le  mot  Ile  ,  félon  Dom  Duplellis ,  Dcfcript.  Géogr. 
&  hift.  de  la  Haute-Norm.  7.  I ,  p.  44 ,  ell  im  mot 
Celtique  ,  qui  doit  lignifier  un  mijfeau  ,   une  petite 
rivière  ,  un  courant  d'eau. 
ILLEC.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  autrefois ,  en  ce  lieu 
Jà.  Ui.  Il  eft  hors  d'ulage. 

Et  quelque  part  où  fût  la  terre  ,  illec 

Etait  le  feu  ,  l'air  ^  &  la  mer  avec.  Marot. 


Les  payfans  le  difent  encore  en  quelques  Provin- 


ces. 

Ce  vieux  mot  s'emploie  avec  grâce  dans  le  llyle 
Marotique. 

Retcne:^  bien  ^«'illcc  ejl  fin  manoir. 

VotTAIRE. 

Ce  mot  vient  du  Latin  illic ,  qui  fignific  la  même 
chofe. 

ILLEC.  Ville  d'Afrique  ,  au  Royaume  de  Maroc  ,  dans 
la  Province  de  Sus ,  vers  la  côte  de  l'Occan  ,  au  pays 
de  Schel. 

ILLÉGAL  ,  ALE.  adj.  Ce  qui  eft  contre  les  Loix.  L'ac- 
tion qui  fit  périr  Charles  I  fut  illégale. 

ILLÉGALITÉ.  C  f.  Illégitimité ,  ce  qui  efl;  contre  les 
Loix ,  &c.  Les  Bons  Auteurs  ne  fe  fervent  pas  de  ce 
mot. 

ILLÉGITIME,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  contre  les  loix  di- 
vines ,  ou  humaines.  Non  legitimus.  Cette  épithète 
s'applique  en  général  à  tout  ce  qui  eft  fait  conrre  la 
difpolîcion  des  loix  ,  ou  qui  n'y  ell  pas  coulorme  : 
qui  n'a  pas  les  conditions  requifes  par  la  loi  pour 
être  légitime.  Convention  illégale.  La  tyrannie  eft 
une  puilfance  ufurpée  &  illégitime.  Un  enfant  ell 
illégitime,  quand  il  n'ell  pas  né  dans  un  mariage 
fait  félon  les  loix  du  pays.  Celui  qui  prend  le  bien 
d'autrui  fait  une  adtion  illégitim.e.  Le  prêt  ufuraire 
eft  illégitime- 

.0^  Corneille  a  employé  ce  mot  dans  un  autre  fens , 
dans  les  Horaces ,  en  parlant  ds  ceux  qu'on  choilif- 
foit  pour  combattre  les  Curiaces. 


I  L  L 

Elle  eût  cru  faire  ailleurs  un  choix  illégitime. 

^fT  Illégitime  pourroit  n'être  pas  le  mot  propre  en 
Proie  ;  on  diroit  un  mauvais  choix  ,  un  choix  dan- 
gereux ,  &c.  Mais ,  dit  Voltaire  ,  illégitime  non  feu- 
lement ell  pardonné  à  la  rime,  il  devient  même  une 
exprellion  forte ,  &  lignifie  qu'il  y  auroit  de  rinjuf- 
tice  à  ne  point  choilir  les  trois  plus  braves. 
ILLÉGITIMEMENT,  adv.  D'une  manière  illégitime. 
Non  légitime.  Celui  qui  polféde  illégitimement  un 
héritage  ,  ne  fauroit  le  prefcrire. 
ILLÉGITIMITÉ,  f.  f.  début  de  légitimité.  L'illégiti- 
mité d'un  titre.  Comment  la  Demoifelle  de  S.ainr 
Cyr  peut-elle  d'un  titre  confiant  d'illégitimité  en  faire 
un  de  légitimité  ;  Comment  pendant  qu'il  crie  le 
vice  de  la  naillance  ,  pourra-t  il  à  la  faveur  d'une  pré- 
lomption  légale ,  annoncer  une  naillance  honnête  i 
Par  quel  prodige  réunira- 1- elle  la  légitimité  & 
l'illégitimité  } .  ..  Caujés  célèbres  ,  T.  FI,  p.  //<f  , 
jip. 
ILLEQUES.  Vieux  adverbe.  En  ce  lieu  là.  Illic  ,  ib'u 
C'eft  la  même  choie  qu'illec  ,  que  nos  anciens  Poè- 
tes alongoient  ainfi  pour  gagner  une  fyllabe ,  &  pour 
la  mcfure  de  leurs  vers. 
ILLER.  Rivière  d'Allemagne  :  elle  a  fa  fourcedans  les 
montagnes  qui  terminent  l'Évcché  d'Augsbourg  au 
Midi  ,  &:  le  jette  dans  le'  Danube  ,  au  Midi  de  la 
ville  d'Ulme. 
^fJ"  ILLESCAS.  Petite  ville  d'Elpagne  ,  dans  la  nouvel- 
le Caftille  ,  à  lix  lieues  de  Madrid. 
ILLÉTRÉ.  adj.  Qui  n'a  aucune  connoillàncc  des  Bel- 
les-Lettres. Avant  ces  derniers  temps ,  ce  n'étoit  que 
par  une  étude  pénible  ,  &  par  un  travail  dégoûtant 
qu'on  pouvoit  parvenir  à  n'être  pas  tout  à  fait  illé~ 
tré.  Desfontaines.  Dans  le  V*^  liècle  ,  la  plus  petite 
lumière  éblouill'oit  ;  &  l'on  regardoit  un  homme  qui 
n'étoit  pas  tout-à  fait  illétré  ,  comme  un  prodige. 
Id.  Ce  mot  n  ell  pas  encore  bien  accrédité  ;  mais 
il  exprime  bien  ce  que  l'on  veut  dire. 
ILLIAS  TE.  Terme  du  Grand  art.  C'eft  la  matière  des 

Philolophes. 
ILLIBÉRAL  ,  ALE.  adj.  Du  Latin  Illiberalis.  Servi!  ; 
bas ,  méchanique.  Beaucoup  de  fciences  ,  telle  que 
la  Logique  ,  pleines  d'entraves  Se  de  tortures  d'cl- 
prit ,  doivent  être  réputées  illibérales  ;  parce  qu'el- 
les l'embarraircnt  ,  Se  lui  font  tant  de  peine  ,  qu'il 
perd  ce  qu'il  avoir  de  plus  généreux  &  de  plus  éle- 
vé. La  Mûthe  le  Faytr ,  T.  XIII ,  p.  jsj-  Il  libéral 
n'a  pas  allez  de  cette  autorité  ,  pour  être  employé 
par  ceux  qui  aiment  la  pureté  du  llyle. 
ILLICÉTO.  Illicetum.  Ce  lieu  eft  dans  la  Tofcane  ,  à 
un  quart  de  lieue  ou  environ  de  la  ville  de  Sienne  ^ 
fur  une  coUine  que  l'art  &  le  travail  ont  rendu  un 
féjour  alFez  agréable.  On  y  monte  par  le  nord  ouell  , 
&  l'on  y  trouve  de  fort  belles  vues  du  côté  du  lep- 
tentrioii ,  iSc  du  côté  de  l'orient.  Les  Augullins  y  ont 
un  Couvent. 

La  Congrégation  A'IlUcéto  eft  une  réforme  des 
Hermites  de  S.  Auguftin  qui  commença  par  le  Cou- 
vent A'IlUcéto,  (Se*  qui  y  fut_  établie  vers  l'an  ijSj, 
par  le  P.  Ptolomée  de  Venife ,  élu  Général  cette  an- 
née là  dans  le  Chapitre  général  tenu  à  Strigonie  en 
Hongrie.  On  dit  Herinite  d'Illiceto ,  Augullin  d'Illi- 
céto  ,  en  Latin  Eremita  ou  Augujlinianus  Illiceta~ 
nus. 

Ce  lieu  fe  nommoit  d'abord  l'FIermitage  de  Fulti- 
gnauo ,  parce  que  c'étoit  un  lieu  inaccellîble  à  caufe 
de  répaille  forêt  de  ronces  &  d'épines  dont  il  étoit 
couvert.  Il  porta  ce  nom  julqu'en  12.20.  Enluite  la 
République  de  Sienne  ayant  ordonné  qu'on  coupât 
ces  épines ,  &:  qu'on  éclaircît  le  bois ,  on  le  nomma 
l'Hermitage  de  la  Forêt ,  nom  qu'il  conferva  julqu'en 
I  joo.  Alors  il  commença  à  s'appeler  Illicéto  ,  à  cau- 
fe de  la  quantité  d'yeufes  qu'on  y  voyoit.  Se  qu'on  ap- 
pelle en  Latin  Ilices ,  Se  Ilicéto  du  lac  j  parce  qu'il  y  a 
un  lac  peu  éloigné  de  l'Eglife.  Le  Couvent  d'Auguftins 
s'appelle  Saint  d'Iliceto  far  le  lac.  Ilicetum  (îgnihe  un 
lieu  planté  d'yeufes  ou  de  chcneî.  Foye^  le  P.  Am- 


I  LL 

broife  Lmdud'i ,  Hermitc  A'Ilkào,  dans  fon  livre  in- 
titule :  Sacra  ILiàtana  fylva ,  &:  impnmc  en  latiii  i 
Sienne  en  16^},  Se  en  Italien  à  Rome  en  i  (5  j- 
ILLICITE,  actj.  m.  &  h  Ce  mot  s'applique  a  tour  ce  qui 
e/t  détendu  par  l.i  loi.  I/nciùis.  Une  chofe  n/iMi 
n'eit  pas  toujouri  mauvaiiè  en  loi;  n-.ais  elle  devient 
niauviife,  parce  qu  elle  eft prohibée.  Le  concubinage 
cit  iNmci  ams  le  Chiiilianifine.  Le  trafic  d-s  anves 
aux  pays  étrangers  eli  inkùc.  Il  ne  faur  pas  dc-FendVe 
fon  droit  par  des  voies  obliques  cS:  i//u-ues.  On  dt 
oblige  a  rellituer  le  bien  mal  acquis  par  des  moyen. 
iHiates.  PrarK]ue  H/idte.  Pat.  Doctrme  i/ncuJ.  S' 
pernicieule.  Pasc. 

^^P.*^\p^'^^''''ï"-  •'"^^'-  paiTiculièrement  afFedc  au  Pa- 
lais. Dune  manière  illicite,  imdù:  On  n-approuve 
guère  es  mariages  qui  ont  conmiencé  il/kaement. 
Cela  s  eit  tait  iliLcïument. 

ILLICO.  Terme  de  Chancellerie  qu'on  raettoit  autre- 
fois dans  les  reliefs  d'appel.  ICT  Selon  l'ancienne  pra- 
tique on  etoit  obligé  d'interjeccer  appel,  auliîtôt  que 
la  kntcncc  dont  on  fe  plaignoit  avok  été  (ignifiée. 
Quand  on  ne  l'avoir  pas  fait ,  on  éroir  obligé  de  pren- 
dre des  lertres  de  chancellerie,  pour  être  relevé  de 
V illico  ,  c'eft  à  dire  ,  de  n'avoir  pas  appelé  fur  le 
champ.  Ce  mot  c[\  le  même  en  Latin  ,  &  jl  elt  dit 
pour  m  loco  ,  lur  le  cliamp ,  fur  le  heu 

ILLIMITÉ    LE.  adj   m.  &  F.  Qui  n'apoinr  de  bornes 
poinr  de  limites.  Abfquc  limitibus.  \}n  pouvoir  Wl- 
tnïté  &c  fans  bornes. 

Grand  Roi ,  que  dans  ma  foUtude 

3' admire  &  rcvère  en  fecret ^ 

Et  de  qui  le  divin  portrait 

EJl  le  fujet  de  mon  étude  ; 

Grand  Hcros  ,  dont  l'acîivite 

Et  le  pouvoir  illimire 

ne  tant  de  beaux  écrits  ejl  la  féconde  fource  ^ 

Irouve  bon  que  mon  cœur,  de  tes  vertus  épris 

le  protefte  en  ce  jour  qu'enfaifant  cette  courfè . 

J  ai  plus  envifage  ta  gloire  que  le  prix. 

Ode  iur  les  duels,  prcfentée  à  i'Académie 

francoife. 

1^  Ce  terme  elt  aulfi  relatif  au  temps  &:  à  l'ef- 
Pace.  Temps  illimité.  Efpace  illimité. 

iTTÂ^^J'^?''"'  '^"  ISTINOIS.    Foye^  Ilinois. 

FM  <;  ^'f  '''"'  '^=  '^  BalIe-Hongrie.  Illochium. 
tiie  elt  iur  k  Danube,  à  deai  lieues  au-deifus  de 
Petri  Waraaii:.  M«.ty 

ILLUMiNATEUfi.  f  m.  Qui  illumine,  qui  inftruit, 
qui  éclaire,  lllumuiator.  On  donne  ce  furnom  à  un 
baint  Grégoire  Arménien,  Inllituteur  d'une  Congré- 
gation de  Moines  Arméniens,  qu'on  appelle  Frères 
unis  de  S .  Grégoire  \' llluminatcur.  Ils  furent  convertis 
par  k  P  Dominique  de  Boulogne.  Ils  ont  été  lorg- 
tems  de  l'Ordre  de  S.  Baille  ,  cV  palferent  en  Europe 
lur  la  fin  duXIIF.  heck,  challés  par  k  Soudan  d'E- 
gypte. Ils  changèrent  dans  la  fuite  leut  habillement 
qui  conliftoit  en  une  robe  tannée  &:  un  fcapulairè 
noir,  aulîî-bkn  que  la  chape  c\-  lecapuce,  quittèrent 
la  regk  de  S.  Balile,  &  prirent  les  conlliturions  des 
Dominicains  &  la  règk  de  S.  Auguftin  :  ce  oui  fut 
confirme  parle  Pape  Innocent  VI,  l'an  ijjg  ils  fu- 
rent enfrure  incorporés  dans  l'Ordre  de  S.  Dominique 
P.  Helyot.  t.  I^C.  jo. 

ILLUMINATIF,  IHr.  adj.  Terme  de  l'École,  fe  dit 
de  ce  qui  a  la  propriété  d'éclairer.  Le  feu  a  une  qualité 
iLluminativc. 

ILLUMINATIF,  eftaulïï  un  ternie  de  dévotion  myllique 
qui  diftingue  trois  lortes  de  vks,  la  y\z  pur^iative  \x 
vie  illuminative  ,  la  vie  univv 

ILLUMINATION  f  f.  Adion  du  corps  lumhrcux  qui 
éclaire  i  ou  état  du  corps  opaque  qui  eft  éclairé.  Illu- 

?rft  iv/  P''""""f  ^""''-^  ^^"  ^"'^^'  ^^  l'^  «amme, 
c^ydlumination.  La  Lune  ne  nous  éclaire  que  nar 
\  illumination  du  Soleil.  Les  Altronomes  diftingr.,„ 
trois  fortes  de  mois  que  la  Lune  forme  par  fonmou 
vement  l'un  defquels  s  appelle  mois  illunù^^o^  ■ 
il  le  mefure  depuis  qu'on  commence  à  voir  la  Lune 


I  L  L 


71 


apies  ù  conjonOaon,  julqu'à  ce  qu'elle  difparoiflc. 

^^    1.LUMINAT10N  ,  le  dit  aulii  de  la  manière  dont  L 

cgJifes  font  éclairées  dans  certain,  jours  iolemndV  & 

eft  obi:  !"T"""  '■■"'?^'-"  ^''  '^'""^'^■"  ^1"^  1^-  P^"Plc 
e/t  oblige  d  entretenir  la  nuit  fur  /es  fenêtres  d.ui<- 

que  que  kte  ou  rejouillance  publique;  &  de  celles  qui 

mu  o  'W  1"""  ^y'"^-"-"'-  '-  t-^*^^'^  des  grandes 
inailons  dans  les  mêmes  caconllances,  ou  dan.  une 
rcrc  particulière. 
Belle  illununation  dans  la  maifon ,  dans  une  place  publi- 
que. I  y  avGit  des  illuminations  à  toutes  les  feirêtres 
Les  illuminations  de  Verliiljes  ont  été  un  des  plus 
beaux  (peéhcles  qu'ait  f:iir  von  la  magnifice'ncc  royale 
Elles  etoient  faites  de  papier  peint,  c\:  éclairées  par 
derrière  de  pluheurs  lunnéres.  Les  Religieux  les  jours 
^c  leurs  Kres  ont  foin  défaire  des  Uluminarions  dans 
leurs  eglilcs. 

Illumination  en  peinture  defîgures.  Les  illumimxtions 
pittorçfqiies,  font  un  très-bel  effet  furie  théâtre,  ou 
dans  les  décorations  des  fêtes  publiques.  Elles  coniif- 
tent  a  éclairer  par  des  lumières  qu'on  n'apperçoic 
poinr ,  des  reprclentarions  peintes  fur  des  mariéres 
tran (parentes  comme  le  verre,  \.x  luie,  la  toile  le 
papier,  &c.  ' 

Illumination,  fe  dit  fîgurément  en  termes  de  dévotion 
des  lumières  d'enhaur  qui  éclairent  nos  âmes.  La  foi 
elt  un  don  &c  une  illummation  du  Saint  Elnrit.  Les 
profanes  le  moquent  àit^illuminations ,  &c  de  ces  dou- 
ceurs intérieures  dont  fe  vantent  les  mylfiques.  Fen. 
La  1  nncelle  fe  fentit  éclairée  par  une  UlumiLtion  lou- 
daine.  Boss. 

Illumination.  Terme  d'Hiftoire  Ecclélîallique.  Dans 
les  premiers  iiecles  de  PÉglife  on  donnoit  ce  nom  au 
Sacrement  de  Baptême.  M.  Fleury  faifant  un  précis 
de  la  première  apologie  que  Saint  Juftin  Martyr  pré- 
lenta  a  1  Empereur  Anronin,  Pie,  k  faitainfi  parler  - 
NoLis  amenons  ceux  qui  croient  à  notre  Dodrine  " 
au  heu  ou  elf  l'eau,  &  ils  font  régénérés;  car  ik 
font  laves  aii  nom  du  Seigneur.  Nous  appelons  cette 
ablution.  Illumination i  parce  que  les  âmes  y  font 
éclairées.  •' 

Ce  mot  eft  pris  de  S.  Paul ,  qui  dans  fon  Épître  aux 
Hébreux  \\.  ^.y^z  ceux  qui  ont  été  illumines ,  en- 
tend félon  pluheurs  Interprètes,  ceux  qui  ont  été 
bapnks. 

ILLUMINATOIRE.  f.  m.  Baptiftère.  Illumiruuonum. 

l' oye:^  Illumine. 

ILLUMINÉE  ÉE.  f  m.  &  f.  Dans  l'Antiquité  Eecléfiaf- 
tique  ,  c  elt  k  nom  que  l'on  donnoit  à  ceux  qui 
avoient  reçu  le  Baptême.  Illuminatus ,  a.  Ce  nom 
leur  yenoit  dune  cérémonie  du  Baptême,  qui  confif- 
toit  a  mettre  en  la  m.nn  d  un  Néophyte  qui  venoit 
d  être  baptik,  un  cierge  allumé,  f-ymbok  de  la  fbi  Se 
de  la  grâce  quil  avoit  reçue  par  ce  Sacrement.  On 
lui  donnoit  ce  cierge  après  qu'on  l'avoir  revêtu  de  la 
rabe  blanche  Foye:^  Grégoire  de  Tours  ,  Hift.  Z. 
r -"  "•/  ^  '  ^  V"  ^^^' '^-^  '^^"s  fon  Glollaire,  C'eft  pour 
la  même  caufe  que  le  Baptiftère  eft  appelé  Illumina- 
toire  é^ns  la  vie  de  S.  Marc  Prêtre,  comme  l'ont  ob- 
lerve  l'es  Macri. 

Illumivé,  Éh.  Nom  de  feéte.  Illuminaïus ,  a.  Us  Il- 
lumines ,  que  les  Efpagnois  appellent  Alumbrados , 
lont  des  Hérétiques  qui  s'éjevêrent  en  Efpagne  vers 
'■■'1.  IJ7J-  Les  auteurs  de  cette  Sefte  fureur  pris  &• 
fsunis  de  raorr  à  Cordoue ,  &  la  vigilance  de  l'Inquili- 
tion  ctoufta  cette  Sede  dès  fes  commencemens.  On  les 
vit  pourranr  reparoîrre  quelque  remps  après  à  Séville. 
Ce  fur,  félon  quelques  Aiireurs,  l'an  1615  ,  &:  félon 
D.  Diego  Orriz  de  Zuniga ,  Chevalier  de  POrdre  de 
Sainr  Jacques,  dans  fes  Annales  de  Sévillc,  l'an  1627. 
Lem-s  Chefs  éroient  Jean  de  ViiLilpando,  Prêtre  ori- 
ginaire de  Garachico,  dans  l'jle  de  Ténéiif,  &  une 
Carmélite  appelée  Catherine  de  Jéfus  ,  &  communé- 
ment la  Mère  Catherine.  Ils  avoient  beaucoup  de 
compagnons  &  dedifcipks,  dont  l'Inquihtion  fe  fri- 
hr;  cV  dans  un  afte  particulier  qui  fe  fit  l'an  1617  ,  le 
fécond  Dimanche  de  Carême  ,  qui  éroir  k  dernier 
jour  de  Février,  ils  rérradèrent  leurs erreu is,  coinpri- 
Ics  en  vingt-deux  propofitions,  c\-  cbns  la  fuite  Vil- 


7^ 


I  L  L 


Lilpando  montra  toujours  un  vcritable  repentir.  C'ed: 
ce  qu'en  dit  D.  Diego  de  Ortiz  à  l'an  1 627  ;  il  ajoute 
que  les  Inquiliteurs  ctoicnt  le  Licencié  Dom  Juan 
Ortiz  de  Sotoni.ijor ,  le  Licencié  Dom  Juin  Dionylio 
Portocarréio ,  le  Docteur  Fernando  de  Andrade  Soto- 
major,  &  le  fitcal  le  Docteur  Dom  Antonio  de  Fi 
guéroa.  Je  trouve  ailleurs  que  ce  fut  l'Evcque  D.  An- 
dré Pachéco  ,  Inquiiiteur  Général  d'Eipagne  qui  , 
ayant  l'urpris  fept  des  auteurs ,  les  fit  brûler,  &;  con- 
traignit leurs  dikiples  d'abjurer  leurs  erreurs  j  ou  de 
lortir  du  Royame;  mais  Dom  Diego  de  Ortiz  ne  dit 
rien  de  lemblable.  Les  principales  erreurs  de  ces  II/u- 
minés  ,  étoicnt  que  par  le  moyen  de  l'orailon  lublime 
à  laquelle  ils  parvenoient^  ils  entroient  dans  un  état 
fi  parfait,  qu'ils  n'avoient  plus  beloin  ni  de  l'ufage 
desSacremens,  ni  de  la  pratique  des  bonnes  œuvres, 
&  qu'ils  pouvoient  même  fe  laillcr  aller  aux  actions 
les  plus  infâmes  fans  péché.  C'étoient  des  prédécef- 
feurs  de  nos  Quiétilfes  de  France  &  d'Italie. 

A  peine  ces  Illuminés  d  Elpagne  avoient  ils  été  dif- 
fipés,  qu'en  1654  on  en  découvrir  en  France  une 
Sedfe  qui  infettoit  la  Picardie.  Les  Guérinets,  difci- 
ples  de  Pierre  Guérin,  Curé  de  S.  Georges  de  Roye  , 
s'étanr  joints  à  ces  Illuminés ,  répandirent  leurs  er- 
reurs dans  toute  la  Flandre  ,  &C  ne  firent  qu'une  feule 
Seilc  fous  le  nom  A' Illuminés.  Louis  XIII  les  fit  pour- 
fuivre  li  vivement ,  qu'en  1635  cette  Scéfe  fut  détruite. 
Leurs  erreurs  étoient  de  s'imaginer  que  Dieu  avoir 
révélé  à  frère  Anroine  Bucquet  une  pratique  de  foi 
•de  vie  furéminente,  inconnue  jufqu'alors  dans  l'É 
glife,  que  la  lainte  'Vierge  elle-même  n'avoir  eu 
qu'une  vertu  fort  commune,  que  S.  Pierre  &  S.  Paul 
éc  tous  les  Docteurs  de  l'Eglile  ,  n'avoient  fu  ce  que 
c'étoit  que  fpirirualité ,  mais  que  par  leur  méthode  on 
pouvoir  acquérir  en  peu  de  temps  le  même  degré  de 
perfeétion  &  de  gloire  que  les  Saints  &  la  Sainte 
■Vierge  ;  qu'on  pouvoir  faire  licitement  tout  ce  que 
diétoit  la  confcience;  que  Dieu  n'aimoit  que  lui  mê- 
me ;  que  dans  l'elpace  de  dix  ans  leur  doctrine  prévau- 
droit  dans  l'ÉgliIe ,  &  qu'alors  on  n'auroit  plus  befoin 
de  Prêtres ,  de  Religieux ,  de  Curés,  &:c.  /^oye^  Gau- 
tier dans  fa  Chronique  du  Xyii"^  iiécle. 

Les  Frères  de  la  Role-Croix  ont  aullî  été  appelés  // 
Iwninés ,  &c  étoient  en  eltet  une  Secte  d  Illuminés. 
Voyez  Rose-Croix. 

Ce  nom  vient  de  ce  que  ces  Seétaires  prétendent 
être  illuminés  ëc  éclairés  de  Dieu  d'une  manière  parti- 
culière. 

^fT  Nous  donnons  encore  le  nom  d'illuminé  à  un  vifion- 
naire  en  matière  de  religion.  C'eft  un  homme  qui  a 
des  vifions  ridicules  fur  la  religion,  c'eft  un  illuminé. 

ILLUMINER.  V.  a.  Difiiper  les  ténèbres  &  l'obfcurité 
par  une  effufion  de  lumière;  répandre  de  la  lumière 
fur  un  corps.  Illuminare.  Le  ioleil  n'illumine  à  la 
fois  que  la  moitié  de  la  terre.  La  lune  ne  paroît  que 
quand  le  foleil  illumine  la  partie  qui  nous  regarde.  La 
lune  eft  illuminée  par  le  Ioleil. 

Lune,  qui  de  l'ohfcure  nuit 

Illumines  les  fçmbres  voiles.    Godeait. 

|C?Illuminer.  Faire  des  illuminations.  ^oy£^  ce  mot. 
On  avoit  ordonné  d'illuminer  dans  toutes  les  rues. 
Toute  la  face  du  Palais  étoit  illuminée. 

It.Lur.nNER.  Dans  un  fens  figuré,  en  matière  de  religion, 
éclairer  l'ame  ,  l'entendement.  J.  C.  elt  venu  éclairer 
l'univers  plongé  dans  les  ténèbres.  C'eft  lui  qui  illumi- 
ne tout  homme  qui  vient  au  monde.  Seigneur ,  illu- 
7«i«î^  mon  ame,  mon  entendement. 

Illuminer  ,  fe  dit  aulli  des  Iciences  humaines.  L'étude 
de  la  Philofophie  ouvre  l'efprit  &:  {'illumine.  L'elprit 
eft  illuminé  par  la  doétrine  comme  l'œil  par  l'air  qui 
l'environne.  Abl.  Quand  vous  ferez  plus  illuminé , 
vous  connoîrrez  mieux  le  prix  des  choies.  Le  Ch.  de 
M.  Cela  fait  voir  que  vous  avez  l'elprit  extrêmement 
illuminé.  Bon.   Dans  cette  acception  il  eft  mauvais. 

Illuminer,  v.  a.  s'eft  dit  autrefois  pour  baptifer.  P^oje]' 
Illumination. 

Illuminé  ,  éh  ,  part.  &  adj. 


I  L  L 

ILLUSION,  f.  f.  Fauffe  apparence ,  artifice  pour  faire 
paroitre  ce  qui  n'eft  pas  ,  ou  autrement  qu  il  n'eft  en 
ertet.    Inane  Jpecirum.    L'optique   fait    paroitre   aux 
yeux  mille  agréables  illufions  dans  les  lunettes  polyè- 
dres ou  à  facettes ,  dans  la  lanterne  magique.  |p^  Nos 
lens  nous  font  illufion  en  nous  préfentant  des  objets 
où  il  n'y  en  a  point ,  ou  en  nous  les  montrant  autre- 
ment qu'ils  ne  font.   Un  bâton  paroît  rompu  dans 
l'eau  ,  c'eft  une  illufion.  Quand  nous  fommes  dans 
un  bateau ,  c'eft  le  rivage  qui  nous  paroît  en  mouve- 
ment ;   c'eft  une  illufion  des  fens.  Ce  mot  vient  du 
Latin  illudere ,  tromper. 
Illusion  ,  le  dit  aullî  en  morale  &  fignific  auftî  apparen- 
ce trompeuf;,  imaginations,  penlces  chimériques.  Fai- 
re illufon  ,  c'eit  tromper  par  les  apparences.  Tout  ce 
qui  nous  en  impofe  par  fon  éclat ,  fi  faulfe  impor- 
tance ,  nous  fait  illufion.  Error.  Les  hommes  fe  re- 
paillént  de  chimères  ,  de  vifions ,  d'illufon.   Le  dé- 
mon procure  quelquefois  d'heureux  fuccès  aux  mé- 
chans  ,  pour  les  entretenir  dans  \illufon.  Nie.   Il  y 
a  une  illufion  très  abfurde  ,  &:  qui  eft  cependant  très- 
ordinaire  :  c'eit  de  croire  qu'un  liomme  dit  vrai ,  par- 
ce qu'il  eft  de  condition,  ou  qu'il  eft  élevé  en  dignité. 
Il  faut  fonger   d  abord  à  guérir  le  cœur  comme  la 
fource  la  plus  ordinaire  des  illufions  de  l'efprit.   Nic. 
La  voie  de  1  examen  des  controverfes  elt  propre  à 
précipiter  1  homme  dans  toutes  fortes  d'illufions.    Id. 
Il  y  a  de  la  dureté  a  arr.icher  aux  gens  des  imaginations 
qui  leur  plaif eut ,  &  à  leur  envier  le  charme  de  leurs 
illufions.  S.  LvR.  Douces  illufions  qui  fiduifez  mes 
fens  !  Vill.  Il  eft  ridicule  de  combattre  férieufement 
les  illufions  Se  les  raftinemens  d'une  dévotion  mélan- 
colique. Boss.  L'amour  propre  eft  la  fource  féconde 
des  illufions  du  cœur  Aba.   Combien  la  vanité  fe  fait- 
elle  deriatteufes  illufions  ;  Nie. 
Illusion,  fe  dit  aulli  $/3^  des  prcftiges  du  démon  qui 
préfentent  aux  fens  intérieurs  ou  extérieurs ,  les  cho- 
ies autrement   qu'elles   ne  font.    Illufion   magique, 
diabolique.   Le  démon  a  tenté  les  Hermites  fjus  diver- 
fes  formes  qui  n'étoient  que  des  illufions. 
ILLUSOIRE,  adj.  m.  &  f.  Captieux ,  qui  tend  à  trom- 
per fous  une  faulfe  apparence.  ifT  On  le  dit  en  général 
au  Palais  des  actes  fimulés,  des  jugcmens  inutiles, 
des  conventions  conçues  de  façon  qu'on  peut  éluder , 
&  qui  demeurent  uns  exécution.    Propoiition ,    de- 
mande illufoire  ,  contrat  illufoire. 

On  dit  qu'une  telle  procédure  rendroit  un  juge- 
ment ,  un  arrêt  illufoire  ,  c'eft-à  dire ,  qu'il  feroit  inu- 
tile, quil  demeureroit  fans  exécution,  que  la  partie 
auroit  raifon  de  s  en  moquer,  de  s'en  jouer. 
ILLUSOIREMENT,  adv.  D'une  façon  illufoire.   Il  ne 

fe  dit  guère  que  dans  le  ftvle  de  pratique. 
ILLUSTRATION,  f.  f.  Action,  ou  ouvrage  qui  rend 
une;  choie  illultre.  Illufirado.  Jean  le  Maire  a  fait  un 
volume  qui  porte  le  titre  dllluflration  des  Gaules. 
Ce  mot  n  a  pas  en  ce  lens  un  ulaiC  fort  étendu.  Il  a  été 
formé  du  Latin  illufiratio  ,  &  veut  dire  explication  , 
difcOurs  qui  mer  en  fon  jour  ce  qu'il  y  a  de  beau  ëc 
de  particulier  en  un  lieu  ,  ou  fur  un  fujet.  Le  Poète  du 
Bellay  qui  étoit  d'Anjou,  &c  qui  florilîbit  fous  Hen- 
ri II ,  a  compofé  un  Livre  qui  porte  pour  titre  :  Dé- 
fenfe  &  iiluftration  de  lu  Langue  Francoife.  Richelet, 
Il  eft  imprime  à  la  tête  de  fes  Œuvres  Françoifes  ,  & 
dédié  au  Cardinal  du  Bellay.  L'Auteur  avertit  à  la  fin 
que  ce  petit  ouvrage  qu'il  appelle  dans  l'on  Épître  les 
premiers  fruits,  ou  pour  mieux  dire,  les  premières 
fleurs  de  Ion  printemps ,  n'eft  que  le  dcffein  de  quel- 
que grand  &  laborieux  édifice  qu'il  entreprendra  peut- 
être  ,  croiilant  fon  loiiir  &  fon fwoir.  Mais  c'eft  tout 
ce  que  nous  avons  de  lui  fur  cette  matière,  &  c'en  a 
été  aflez  pour  que  le  P.  Bouhours  l'ait  placé  entre 
Amyot  Se  Ronfard ,  dcf quels  il  a  parlé  comme  des 
trois  principaux  reltaurateurs  de  la  Langue  fous  Fran- 
çois I,  &  Henri  II.  Entretiens  d'Ar.&d' Eu^.  p.  14S 
&  1 4.()  de  la  quat.  édition  in-i  2. 
iJCF  Illustration  5  fe  dit  plus  ordinairement  pour  dé- 
figner  1 -s  marques  d'honneur,  les  emplois  dent  une 
famille  eft  décorée.  On  dit  qu'une  famille  eft  ancien- 
ne ,  mais  fans  illufiration. 
<  ■  Illustration. 


I  L  L 

Illustration.  Ce  mot  fc  dit  audî  quelquefois  en  ma- 
tière de  dévotion ,  &  on  y  joint  ordinairement  quel 
que  épitlicte  pour  en  dctenniner  la  lîgnirication.  Il 
fiyniHe  donc  une  forte  de  lumière  que  Dieu  répand 
dans  l'efprit,  Se  devient  iynonymc  avec  ïllum'inanon. 
Ces  ïlluminatiuns  divines  ne  l'empcchoient  pas  de 
conlLilter  les  Religieux  de  S.  Dominique.  Boun. 

ILLUSTRE,  adj.  m.  &  f.  &<.  f.  Qui  eft  élevé  au-dellus  des 
autres  par  fon  mérite,  par  quelque  qualité  excellen 
te  :  Illujlris.  Plutarque  a  écrit  les  vies  des  ïllujlrcs 
Capitaines  Grecs  &  Romains.  La  Mailon  de  Bourbon 
clt  la  plus  Ulujlrc  de  l'Europe.  Bocage  a  écrit  les  vies 
des  Dames  ïllujlrcs.  Cicéron  a  été  le  plus  illujlrc  des 
Orateurs,  &  Virgile  le  plus  illufire  des  l'oëtes.  Ce 
Peintre  éc  cet  Ouvrier  lont  ïllujlrcs  dans  leur  Art. 
Villufirc  Corfaire  eft  un  Héros  dans  le  Polcxandre. 
Les  Rois  d'Egypte  ont  été  ceux  qui  ont  laillé  de  plus 
illnlîrcs  marques  de  leur  grandeur.  On  trouve  àilluf- 
tres  fcélérats  ;  mais  il  ne  fut  jamais  à'illujlrcs  avares. 
S.  EvR. 

Pardonne^  a  l'éclat  d'une  illuftre  fortune. 
Ce  rcjie  de  fierté  qui  craint  d'être  importune. 

Racine. 


I  L  L 


11 


'  Corneille  dans  la  Tragédie  de  Pompée ,  voulant 
traduire  {cfcqu: prohat  moricns  de  Lucain  ,  il  prouve 
en  mourant  qu  il  eft  Pompée  (  exprcllion  limple  & 
noble  )  dit  que  fon  dernier  foupir  eft  un  loupir  illuf- 
tre :  exprcllion  qui  n'clt  pas  tolérable. 

M.  de  Voltaire  obierve  que  cette  épithète  à'illuflre 
gâte  prefque  tous  les  vers  où  elle  entre ,  parce  qu  elle 
ne  fert  qu'a  remplir  les  vers  ,  qu'elle  eft  vague,  qu'elle 
n'ajoute  rien  au  lens. 

Le  mot  A' illujlrc ,  aind  que  ceux  Iz  fameux  ,  célè- 
bre ,  renommé ,  marque  la  réputation  :  mais  ils  ont 
tous  leurs  nuances  particulières  qui  les  dilhnguent. 
■  Le  mot  à' illujlrc ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  exprime  la 
léputation  qui  eft  fondée  fur  un  mérite  appuyé  de 
dignité  &  d'éclat ,  qui  fait  non-feulement  connoître  , 
mais  qui  fait  encore  eftimer  le  (ujet  &  le  place  dans  le 
grand.  Les  Princes  brillent  pendant  leur  vie ,  mais  ils 
ne  fjnt  lUuftres  dans  la  poftérité  que  par  les  monu- 
mens  de  grandeur ,  de  (agelïe  &z  de  bonté  qu'ils  lail- 
'feiit  après  çux.  l'^oye-^  les  autres  mots.  D'après  cela , 
on  voit  que  ce  n'eft  pas  parler  avec  beaucoup  de  pu- 
reté ,  que  de  dire  que  Cicéron  étoit  le  plus  illujlrc  des 
Orateurs  ,  ôc  Virgile  le  plus  illujlrc  des  Po'étes.  L'un 
était  grand  Poëte ,  l'autre  grand  Orateur  :  ils  étoient 
des  Auteurs  célèbres ,  non  pas  des  Auteurs  illufircs. 

On  voit  encore  que  le  mot  A'illuftre  ne  peut  fe 
prendre  qu'en  bonne  part.  Ainii  l'on  ne  doit  pas  dire 
avec  quelques  écrivains ,  illujlrc  fcélérat;  mais  fameux 
Icélérat.    F'oYe:^  Fameux. 

M.  l'Abbé  Girard  obferve  encore  que  fameux  j  cé- 
lèbre Se  renommé,  le  difent  des  perlonnes  &c  des 
chofes;  mais  qiiillujlre  ne  s'applique  qu'aux  per- 
fonneSj  du  moins  quand  on  veut  être  tcrupuleux  fur 
Je  choix  des  termes.  Ainfi,  cette  plirale  que  nous 
avons  lailfé  (ubfifter  dans  le  premier  article ,  de  même 
que  les  autres  que  nous  condamnons  ,  n'eft  pas  exaflc. 
Les  Rois  d'Egypte  ont  été  ceux  qui  ont  laijjé  de  plus 
illufire  s  marques  de  leur  grandeur.  Je  lais  bien  qu'on 
en  trouve  des  exemples  dans  de  bons  Auteurs ,  prin- 
l^ipalement  en  Poéhe  ;  mais  c'ell:  toujours  un  abus  du 
terme.  Le  mot  de  marque  ,  d'ailleurs ,  eft  mauvais  en 
cet  endroit  On  ne  laille  point  de  marques  de  la  gran 
deur  après  foi,  on  laiife  des  monumens. 
It.lustre  ,  étoit  autrefois  dans  l'Empire  Romain  un  titre 
que  l'on  donnoit  aux  gens  d'un  certain  rang.  Illujlris , 
inlujlris.  On  donna  d'abord  le  titre  à'illujlre  aux  Che- 
valiers les  plus  diftingués  qui  avoient  droit  de  porter 
le  latus  clavus.  Enfuite  on  appela  illufircs  ceux  qui 
tenoient  le  premier  rang  entre  ceux  que  l'on  appeloit 
konorati ;  c'eftàdire  ,  aux  Préfets  du  Prétoire,  aux 
Préfets  de  Rome ,  aux  Tréforiers ,  aux  Maîtres  des 
•■  foldats,  aux  Maîtres  des  Offices,  aux  Comtes  des  af 
faites  privées,  aux  Comtes  des  domeftiques ,  &c.  com- 
me l'ont  fouvent  montré  Brillbiinet,  Pancirolle,  le 
Tome  V, 


P.  Sirmond  &:  Jean  Selden,  De  titul.  honor. 

H  yavoit  de  diftérens  degrés  aux  ordres  j>armi  les 
ïllujlrcs.  Se  comme  on  diftingue  en  Elpagne  des 
Grands  de  la  première  ,  de  la  féconde  clalle  ,  il  y  avoit 
audi  des  ïllujlrcs  qu'on  nommoit  Grands,  Ma/ores 
Ïllujlrcs  ;  Se  d'autres  qu'on  nommoit  petits ,  ïllujlrcs 
Minores  ;  par  exemple ,  le  Préfet  du  Prétoire  étoit 
d'un  rang  au-dellus  du  Maître  des  Offices  ,  quoiqu'ils 
tullènt  tous  deux  Illufircs.  I^oye^  M.  Cujas,  L.  ult. 
de  Dignitat.  C.  L.  12.  La  Novelle  de  Valentinien, 
tit.  de  honoraùs ,  diftingua  jufqu'à  cinq  degrés  à'illuj- 
cres  ,  entre  lelquels  les  premiers  de  tous  lont  appelés 
Illufircs  adminijlratcurs.  Voyez  encore  M.  Cujas,  L. 
I.  de  Pnmicerio  &  Sccundiccrio  è"  Notanis  ,  CL.  10. 
aulli  bien  que  le  Lcxicon  de  Droit  de  Calvin.  Les 
Grecs  ont  aulfi  dit  lAAajf/os ,  comme  on  le  peut  voir 
dans  Suicer. 

i^Nos  Rois  de  la  première  ,  &  même  de  la  féconde 
race  ,  fe  trouvoient  honores  du  titre  A' Illufire.  Vir  il- 
lujlris ou  illuftcr  :  c'étoit  le  titre  qu'ils  prenoient  dans 
leurs  Chartres ,  Se  celui  qu'ils  regardoient  comme  le 
plus  diftingue.  /''oyf^  les  Diplômes  rapportés  par 
Doublet  dans  fon  Hift.  de  S.  Denis  ,  par  le  P.  Mabil- 
lon  dans  la  Diplomatique,  &  Ducange.  Ce  titre  ne 
commença  que  depuis  tiue  Clovis  I  reçut  de  l'Empe- 
reur Anartale  les  honneurs  confulaires ,  auxquels  le 
titre  A'illujlre  étoit  attaché.  Dans  la  luire  les  Maires 
du  Palais  qui  avoient  uiurpé  l'autorité  royale ,  s'arro- 
gèrent auill  la  même  qualiiication  ,  qui  fut  dédaignée 
par  Chailemagne  devenu  Empereur  ,  6c  abandonnée, 
aux  grands  Seigneuts.  Enfin  elle  a  celle  d'être  en 
ufige. 

Illustre.  Titre  porté  par  quelques  Eglifes  diftinguées. 
On  dit  \' illujlrc  Églife  &  Abbaye  des  Dames  Cha- 
noinelies  de  Pourfay  en  Lorraine, 

ILLUSTRE  PONTIFE.    Foye^  Pontife. 

ILLUSTRER,  v.  a.  Rendre  une  chofe  illuftre,  lui  don- 
ner du  luftre  &  de  l'éclat.  Illufirare.  Il  ne  faut  qu'un 
grand  homme  pour  'dlufirer  une  mailon.  Illufirer  une 
hiftoire  par  des  médailles.  Spon.  UCT  Les  grandes 
charges  illuftrent  les  frmilles. 

C'efi par-là  que  Molière  illuftrantyê^  écrits  y 
Peut-être  defion  art  eût  emporté  le  prix.  BoiL. 

CtCF ILLUSTRÉ,  ÉE.  part.  Maifon,  Famille  illufirée. 
Ville  illufirée  par  le  fang  des  Martyrs. 

ILLUSTRISSIME,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  très  illuftre.  C'eft 
un  titre  d'honneur  qu'on  donne  aux  Evêques.  Illuf- 
trifihnus.  Vlllitfirifilme  Se  Révérendilîîme  Archevê- 
que de  Paris.  Il  eft  tiré  de  l'Italien  illufirijfimo.  L-orl- 
que  le  Cardinal  du  Perron  revint  de  Rome  après  la 
négociation  de  Vcnife  ,  il  en  apporta  Villujlrifiïme 
Cardiiialj  Se  la  Seigneurie  illufiriffime  ;  mais  perlon- 
ne  n'en  voulut.  Balzac  Ce  que  dit  là  Balzac  étoit 
vrai  de  fon  temps ,  mais  le  mot  A'illufirijfimc  a  été  re- 
çu depuis.  Coftar  écrivant  à  M.  de  Lingendes  ,  nom- 
mé à  l'Évécbé  de  Sarlat ,  lui  dit  :  J'avois  dépit  de  ne 
vous  pouvoir  traiter  A'Illufirifiime. 

§C?"  A  la  Cour  de  Rome  ,  on  donne  le  titre  de  Sei- 
gneurie illufir'jjlme  aux  Nonces ,  aux  Evêques  Se  prin- 
cipaux Prélats  Romains.  Le  Décret  des  Papes j  par 
lequel  il  fut  ordonné  qu'à  l'avenir  les  Cardinaux  fe- 
roient  traités  A'Eminence ,  eft  feulement  du  10  Janvier  • 
1650.  Ce  qui  obligea  les  Cardinaux  de  rejetter  alors 
unanimement  la  qualité  èé Illufiaiffime ,  dont  ils  s'c- 
toient  contentés  julques  là.  Remarques  J'ur  la  Satyre 
Ménippée. 

ILLUTATION.  f.  f.  Illutatio.  C'eft  l'aéfion  d'enduire 
quelque  partie  du  corps  de  boue  que  l'on  a  foin  de 
renouveilcr  iorfqu'elle  eft  fcche,  à  delîein  d'échauf- 
fer, de  delfécher  Se  de  difcutcr.  On  fe  fert  pour  cet 
effet  du  limon  que  l'on  trouve  au  fond  des  fources 
minérales.   Diélionnaire  de  James. 

ILLYRICAINS.  f  m.  pi.  Hérétiques  qui  fuivent  les  er- 
reurs qui  ont  été  publiées  dans  le  fcizième  lîécle,  par 
Mat-cliias  Francov/itz  ,  que  l'on  furnomma  Illyricus , 
à  caufe  qu'il  étoit  d'Albone  en  Ulyrie.  Ce  Matthias 
embrafîa  la  Doctrine  de  Luther.  Il  rcjetroit  entiére- 

K 


^4  1  L  L 

ment  la  néceflîré  des  bonnes  œuvres ,  &  fut  accufc  de 
renouvelle!-  rArianifme.  Il  s'oppofa  a  Mclanchthon 
&  autres  qui  avoicnt  changé  quelque  chofe  à  la  Con 
fellîon  d'Augsbourg.  On  appela  fes  Sedateurs  Rigi- 
•  des  Luthériens.  Us  furent  encore  nommés  Fiacdcns  j 
à  caufe  du  lurnom  de  Flaccus  ou  Flaccïus  qu'il  avoit 
aullL 
ILLYRIE.  Nom  d'une  grande  Province  d'Europe,  llly- 
rïcum  Se  lllyrïs  dans  Ptolomée ,  dans  Mêla  &  dans 
Lucain  ,  L.  IF,  v.  433 ,  &  ^i^y^^  <^ans  Etienne  de 
Bylance.  Vl/fyrie  s'étendoit  le  long  de  la  côte  fepten- 
trionale  de  la  mer  Adriatique  j  vis  à  vis  de  l'Italie.  Les 
Auteurs  ne  conviennent  pas  de  les  limites.  Pline,  L. 
III,  c.  21 ,  &  Florus,  L.  II:,  c.  j\,  la  renferment 
entre  l'Arfa ,  Arfia ,  &  la  Kerka ,  Tuïus ,  &c  marquent 
qu'elle  s'appeloit  Illyrlc  ou  Liburnie.  Le  P.  Hardoum 
dit  dans  (es  Notes  fur  Pline  ,  que  c'ell  ce  qu'on  nom- 
me aujourd'hui  la  Morlaquie.  Au  contr.xire  Ptolomée 
l'étend  depuis  l'Iftrie  jufques  aux  contins  de  Macé- 
doine ,  le  long  de  la  côte  ,  &  dans  le  dedans  des  terres 
jufques  à  la  Pannonie  &  laMœfie.  Mêla  lui  donne 
toute  l'étendue  de  la  côte  feptentrionale  de  la  mer 
Adriatique  depuis  la  Grèce,  i.  I,c.  3  ,  &c  Denys  de- 
puis Tcrgelle  jufqu'aux  monts  Cérauniens.  Strabon  la 
fait  limitrophe  de  la  Macédoine  &  de  la  Thrace.  Ap- 
pien  lui  donne  encore  plus  d  étendue  que  tout  cela  au 
commencement  de  fon  Livre  de  la  Guerre  d'Illyne. 

Euftathe  dit  que  Vlllyrie  prit  ce  nom  de  les  habi- 
tans,  &  fes  habitans  dlilynus,  hls  de  Cadmus. 
Vlllyrie  fc  divifoit  en  deux  parties ,  dont  l'une  qui  fe 
nommoit  Liburnie ,  étoit  du  côté  de  l'orient  ;  &  l'au- 
tre, qui  étoit  la  Dalmatie,  occupoit  l'occident.  On 
appelé  aujourd'hui  Vlllync  en  général  Efclavonie. 

Sous  les  Romains  l'Illyne  comprenoit  Vlllyrie  pro- 
pre ,  la  Dalmatie ,  la  Liburnie  ,  les  trois  Japidies  ,  les 
Carnes  Se  l'Iftrie.  Ils  la  divifoient  en  orientale  &  en 
occidentale.  L'Illyne  occidentale  comprenoit  les 
deux  Noriques ,  le  méditerranée  &  le  maritime ,  les 
deuxPannonieSj  la  fupérieure  Se  l'inférieure,  la  Sa- 
vie ,  la  'Valérie  Se  les  Dalmatics.  L'orientale  renfer- 
moit  la  Macédoine  &  la  Dace. 

Godcau  a  dit  Illyric.  Les  peuples  de  la  Scythie  d'Eu- 
rope, appelés  Slaves,  &  en  leur  langue  Velatabes , 
pallcrent  le  Danube  &  fe  divifcrent  pour  rav.ager  1'//- 
/yric  Se  la  Thrace.  Godeau.  Il  ne  faut  plus  parler 
ainfi.  Foyei  Joannes  Lucius  Tragurinus  dans  fon  Li- 
vre de  Recrio  Dalmatlt ,  Baudrand  &  les  Auteurs  ci- 
tés. Foyel  aulli  ESCLAVON  &  ESCLAVONIE. 
ILLYRIEN ,  ENNE.  f.  m.  Se  f.  Habitant  de  l'Illyne. 
Illynus,  a.  Euftathe,  dans  fes  Notes  iur  Denys  le 
Géographe,  v.  3S  s  ,  p.  6 i  de  l'édition  de  Robert 
Etienne,  dit,  que  les  Illy riens  avoicnt  pris  leur  nom 
A'Illyrlus  fils  de  Cadmus  Se  d'Harmonie ,  parce  que 
vers  le  Golfe  qrù  eft  près  des  monts  Cérauniens,  on 
voyoit  le  tombeau  de  Cadmus  Se  d'Harmonie.  Les 
Iliyrlens  avoient  parmi  eux  une  fable  qui  diloit  que 
des  gens  venus  de  Thèbes  en  cette  contrée  ,  après  une 
grande  vieillellc  ,  furent  changés  en  ferpens ,  parce 
que  Cadmus  avoit  tué  un  dragon  qui  gardoit  une  fon- 
taine. Euftathe  qui  rapporte  cette  fable,  en  conclut 
que  les  Iliyrlens  étoient  originairement  Grecs ,  que 
c'étoit  une  Colonievenue  de  Grèce  qui  s'étoit  établie- 
là ,  mais  qui  avoit  perdu  la  politelfe  Grecque ,  &  y 
étoit  devenue  barbare.  Euftathe  dit  ailleurs,  p.  So  , 
qu'on  les  appeloit  Illyres ,  Illyres.  ,    ,,     . 

ILLYRIQUE,  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  a  l'Illyne.  II- 
lyrlcus ,  a.  Le  Détroit,  ou  le  Golfe  Illyrique.  On  ap- 
peloit ainfi  d'abord  ce  qu'on  appela  après  Golfe  Li- 
burnique ,  Se  enfin  Mer  Adriatique  ,  aujourd'hui  le 
Golfe  de  Venife.  On  a  encore  appelé  Golfe  Illyriquc  , 
une  petite  partie  de  la  mer  Adriatique ^  que  les  Italiens 
appellent  aujourd'hui  Golfo  del  Drino  ,  Se  nous  Golre 
du  Drin ,  ou  de  Drin  ,  comme  dit  Santon  ,  parce  que 
c'eft  l'embouchure  de  ce  Heuve  qui  le  forme.  La  poix 
Illyrique,  ou  d'iUyrie.  Ovide  en  parle  comme  d'une 
poix  remarquable  par  fa  noirceur. 


I  L  M 


l  L  M. 

ILMEN.  Nom  d'un  lac  de  la  Mofcovie.  llmenus  Lacus. 
Il  elf  dans  la  Principauté  de  Nowogrod  Weliki ,  &  d 
décharge  les  eaux  qu  U  reçoit  de  plulieurs  rivières  , 
dans  le  lac  de  Ladoga  ,  par  le  moyen  de  la  rivière  de 
Wolchowa.  Maty. 

ILMENT.  Grande  rivière  de  la  Perle.  Ilmetus ,  ancien- 
nement Arahlus  Fluvius.  Elle  coule  dans  le  Sigiftan 
Se  dans  le  M.ackeran,  reçoit  le  Gui,  le  dur  Se  l'Il- 
mental ,  &  va  fe  décharger  dans  l'océan,  entre  l'em- 
bouchure de  l'Inde  Se  le  Cap  de  Gu.adel.  Matv. 

ILMITZ.  Nom  d'un  village  de  1  Autriche.  Ilminum.  Il 
eft  aux  contins  de  la  Hongrie ,  Iur  le  bord  du  lac  de 
Newlidler.  On  croit  qu'il  eft  l'ancienne  Tjlmi ,  petite 
ville  de  la  haute  Pannonie.    Maty. 

I  L  O. 

ILO.   Foyei  Ylo. 

ILOIRE.'f.  f.  Terme  de  Marine.  Foyel  HiLOiRE. 

ICT  ÎLOT  f.  m.  Foyei  à  la  fin  de  l'art.  Île. 

ILOTE,  f.  m.  Terme  d'antiquité.  Efclave.  Nom  que  l'on 
donnoit  à  Lacédémone  aux  elclaves  Ilotes. 
§3°  Quand  les  Lacédénioniens  s'emparèrent  du  Pclo- 
ponefe ,  ils  trouvèrent  beaucoup  de  réhftance ,  lur- 
tout  de  la  part  des  habitans  d'Élos.  Pour  s'en  venger  , 
ils  les  réduifirent  en  efclavage  eux&  tous  leurs  delcen- 
dans.  Ces  Ilotes  ou  Hélotcs  étoient  donc  efclaves  pu- 
blics à  Lacédémone.  Les  loix  de  Licurgue  autorifoient 
les  Maîtres  à  les  traiter  avec  beaucoup  d'inhumanité. 
Les  Lacédémoniens- craignant  que  cette  race  d'Ilotes, 
en  fe  multipliant,  ne  devînt  redoutable  ,  en  faitoicat 
mourir  plulieurs ,  ou  les  accabloient  de  travaux.  Sou- 
vent ,  afin  de  donner  aux  enfans  de  l'averfion  pour 
l'intempérance  &  l'ivrelle,  ils  enivroient  ces  Ilotes, 
Se  en  cet  état  ils  leur  failbient  foutfrir  mille  indignités. 
De  S.  Aubin. 

ILS. 

ILS.  Rivière  du  Duché  de  Bavière ,  en  Allemagne.  IliJ^ 
fus.  Elle  a  fi  lource  aux  confins  de  la  Boh'-me  ,  Se  le 
décharge  dans  le  Danube  ,  à  Ilftat ,  qui  eft  une  partie 
de  la  ville  de  Palfaw.  On  afiùie  qu'on  pèche  dans 
cette  rivière  des  huîtres  où  il  fe  trouve  quelquefois 
des  perles.   Matt'. 

ILST.  Petite  ville  des  Provinces-Unies ,  dans  la  Frifc ,  au 
Werftergoo  ,  près  de  Suce. 

ILSTADT.  Ilftadlum.  Ville  d'Allemagne  en  Bavière,  au 
conHucnt  du  Danube  &  de  l'Ills,  vis  à  vis  de  Pallaw. 
long.  31.  d.   15'.  lat.  48.  d.  28'. 

I  L  V. 

ILVATES.  f.  m.  Ancien  peuple  de  la  Ligurie  dans  la 
Gaule  Cilpadane.  L'Hiiloire  Romaine  en  parle  plus 
d'une  fois. 

ILVERT.  f.  m.  Nom  d'une  et'pèce  de  prune,  dont  la  fi- 
gure eft  longue,  «Se  la  couleur  verte.  L'ilven.  La 
Quint.  P.  III,  c.   14. 

ILUL.  Quelques  uns  difent  ce  mot  Ilul ,  pour  Elul. 
Terme  de  Calendrier.  Nom  du  douzième  mois  des 
Syro-Chaldéens.  On  prétend  qu'il  répond  au  mois  de 
Septembre.  Il  faut  dire  Elul,  c'eft  le  véritable  nom  de 
ce  mois. 

ILUN.  l".  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  douzième 
mois  des  Curdiftans.  Foye^  Steph.  le  Moine.  Fana 
facra  ,p.46j.  <    ■    c\      1 

ILUS.  f.  m.  Quatrième  Roi  de  Troye  ,  etoit  hls  de 
Tros  Se  de  la  Nymphe  Callirhoë.  C'eft  lui  qui  fit  bâtir 
la  Citadelle  d'ilion  ,  Se  qui  châtia  Tantale  de  foji 
Royaume.  ,    ^ 

Ilus.  Le  jeune  Afcagne,  fils  d'Enee ,  porta  autli  le  nom 
à'Ilus ,  tant  qu'Ilion  f'ubhtH  ;  mais  après  qu'elle  eue 
été  ruinée,  il  changea  le  nom  à'Ilus  en  celui  de  Jules. 


I 


I  M  A 


I  L  Z. 

ILZ.  Nom  d'un  bourg  &:  d'une  citadelle,  //^j.  Il  eft 
dans  le  Pal.uinac  de  Sciidomir,  en  la  petite  l'ulognc  , 
&  a  dix  lieues  de  la  ville  de  Sendomir.  Maty. 

I  M. 

IM.  Eft  une  prépcfuion  qui  entre  dans  la  compolltion 
de  plulieurs  mots.  Elle  nous  vient  de  la  prépolition 
des  Latins  in  j  dont  \'n  l'échange  en  m  devant  le  i> , 
l'm  ^  le  p.  Dclk  im6il>erj  imbccille ,  immeuble,  im- 
monde ^  impitoyable  ^  impcfflble  ^  pouiinbiber,  inbc- 
cille ,  tkc.  Im  a  deux  l'eus  dans  la  compolltion ,  com- 
me in.  Voye\  In. 

I  M  A. 

IMACHARE.  Voyei  Traîna. 

IMAGE,  r.  i.  Peinture  naturelle  &  trcs-rKiremblante  qui 
fe  fait  des  objets  quand  ils  font  oppolés  à  une  lurface 
bien  polie ,  fCT  ou  la  repréfentation  d'un  objet  qu'on 
voit  par  réHexion  ou  par  réfradlion.  Imago.  On  voit 
l'image  de  tous  les  objets  dans  les  miroirs.  Narcillc 
devint  amoureux  de  lui  en  voyant  Ion  image  dans  une 
fontaine.  Les  images  des  objets  fe  peignent  au  fond 
de  notre  œil,  comme  fur  une  toile  ou  une  glace. 
F'oye:^  RÉriNE. 

Ce  mot  vient  du  Latin  imago  ,  A'imitari ,  du  Grec 

Image,  fe  dit  auffi  de  ces  repréfentations  artificielles 
qu;  font  les  hommes ,  foit  en  peinture ,  ou  fculpture. 

Il  frut  remarquer  que  le  mot  d'image  ne  fe  dit  pas 
des  periônnes  vivantes  ;  on  ne  diroit  pas  bien  l'image 
du  Roi ,  il  faut  dire  le  portrait  du  Roi ,  ou  la  ftatue  du 
Eoi;  maison  emploie  le  mot  d'image  en  parlant  des 
Saints  ;  on  le  dit  aullî  de  la  repréfentation  des  Anciens 

.  &  des  faux  Dieux.  Les  images  des  Célars.  Les  Ro- 
mains confervoientles  images  de  leurs  Ancêtres ,  pour 
s'exciter  à  la  vertu  en  les  voyant.  Les  images  font  les 
livres  des  ignorans.  Maim.  Les  Romains  faifoient 
porter  dans  leurs  pompes  funèbres  les  images  enfu- 
mées &c  tronquées  de  leurs  Ancêtres.  S.  ÉvR.  Ce  n'eft 
qu'en  parlant  des  ftatues  que  les  Romains  étaloient 
dans  leurs  veftibules ,  ou  dans  les  cérémonies  d'éclat , 
qi;'on  fe  fert  du  mot  d'image.  Fel, 

Même  l'on  dit  que  l'ouvrier 

Eut  à  peine  achevé  /'image  , 

Qu'on  le  vit  frémir  le  premier, 

L't  redouter  fon  propre  ouvrage.  La  Font. 

Le  mot  d'image  dans  ce  fens  eft  confacrc  aux  cho- 
fcs  faintes ,  ou  regardées  comme  faintes. 

L'honneur  qu'on  rend  aux  images  des  Saints,  eft 
reçu  généralement  dans  toutes  les  Eglifes  du  monde. 
On  objedoit  aux  Chrétiens  dans  le  IIP  fiècle,  qu'ils 
n'avoient  aucune  image  connue  ,  &  qu'ils  adoroient 
la  figure  de  la  croix.  Cette  objeârion  ne  leur  fût  pas 
venue  dans  l'efprit,  s'ils  n'avoient  vu  les  Chrétiens 
rendre  quelque  refpeâ:  à  la  figure  de  la  croix-,  &  il  les 
Chrétiens  n'avoient  eu  aucune  forte  d'image  ■,Ctcïl'ms 
Natalis  ne  diroit  pas  dans  Minutius  FéUx  qu'ils  n'en 
ont  point  de  connues ,  mais  ablolument  qu'ils  n'en 
ont  point.  TertuUien ,  qui  vécut  dans  le  lecond  fiècle 
&  mourut  au  commencement  du  IIP  ,  témoigne  que 
fur  les  calices ,  dont  on  fe  fervoit  dans  les  Eglifes ,  on 
repréfentoit  l'image  du  bon  Pafteur.  Le  Concile  de 
Tours  tenu  l'un ^66  ,  porte,  can.  3 ,  que  le  corps  de 
Notre  Seigneur  fur  l'Aultel ,  ne  doit  point  être  mis  au 
rang  des  images ,  mais  lous  la  croix.  Il  y  avoit  donc 
des  croix  &  des  images  fur  les  autels ,  &  l'Eucharif- 
tie  y  étoit  gardée  en  réferve.   Fleuky. 

Les  Protcftans  même  de  la  confeiîîon  d'Ausbourg  , 
ont  traité  de  furieux  les  Calviniftes  qui  ont  brifé  les 
images  dans  les  Eglifes  des  Catholiques.  Les  Grecs 
rendent  aux  ima^ej  un  culte  fi  excelîîf,  que  quelques- 
uns  d'entr'eux  ont  reproché  aux  Latins  de  ne  point 
Tome  V. 


I  M  A  75" 

porter  de  refpeâ:  aux  images.  Ils  condamnent  iiéan- 
inoiiis  les  kulpturcs  ,  ou  images  taillées  qu'ils  regar- 
dent comme  des  repréfentations  des  faux  Dieux  du 
Paganifme.  C'cft  lur  te  pied  là  que  S.  Jean  de  Da- 
mas, qui  a  été  un  grand  défenfeur  des  images ,  en 
parle  dans  fon  livre  4  de  la  Foi  orthodoxe.  Les  l^vc- 
ques  alleniblés  dans  le  2."  Concile  de  Nicée,  firent  ce 
décret  en  hiveur  des  images ,  que  quiconque  ne  l,es 
honoroit  point ,  n'étoit  point  ortliodoxe^  que  l'hon- 
neur qu'on  rendoit  à  une  image  j  avoit  relation  à 
celui  qui  étoit  repréfenté  par  l'image  ;  enforteque  ce 
culte  étoit  relatih  Les  Grecs  appellent  le  culte  des 
images ,  itfsmy.mi  Se  non  pas  Latria ,  cette  dernière 
adoration  n'étant  due  qu'a  Dieu  feul. 

Les  Latins  ne  font  point  devant  leurs  images  une 
infinité  de  cérémonies  qui  font  obfervces  par  les 
Grecs.  Néanmoins  Métrophane  Critopule,  Grec  de 
nation ,  dans  un  livre  qui  a  été  imprimé  chez  les  Pro- 
tcftans d'Allemagne,  en  parle  d'une  manière  qui  ne 
marque  rien  d'exceffif  dansées  cérémonicï.  Quand  on 
célèbre,  dit-il,  la  fête  d'un  Saint,  l'on  place  fon  ima- 
ge au  milieu  de  l'Églife  ,  Se  cette  image  ou  peinture  , 
repréfenté  l'Hiftoire  de  la  fête  qu'on  célèbre  ;  par 
exemple,  de  la  Nativité,  de  la Rélurreécion  de  Notre 
Seigneur.  Alors  ceux  qui  font  préfens  baifent  l'image, 
ce  qu'ils  appellent  ca  leur  langage  3fo<rx.uù<r.>  qu'on  tra- 
duit en  Latin  par  adorare.  Si  c'eft  une  image  de  Notre 
Seigneur,  on  lui  baife  ordinairement  les  pieds;  fi  c'eft: 
une  image  de  la  Vierge,  on  lui  baile  les  mains;  & 
enfin ,  fi  c'eft  une  image  de  quelque  Saint ,  on  la  baife 
à  la  face,  f^oye-^  lur  le  culte  des  images  la  lettre  de 
Germain ,  Patriarche  de  Conftantinople ,  à  Thomas  , 
Évêque  de  Claudiopolis ,  T.  VII  des  Conciles  du 
P.  Labbe,  p.  2çS. 

Les  Juiis  condamnent  abfolument  les  images  ;  ils 
ne  iouftrent  aucunes  ftatues  ,  ni  figures  dans  leurs  mai- 
Ions,  &  encore  moins  dans  leurs  Synagogues  &  dans 
les  autres  lieux  confacrés  à  leurs  dévotions.  Il  y  a  ce- 
pendant beaucoup  de  Juifs  en  Italie  qui  s'émancipent. 
Ils  ont  chez  eux  des  portraits  &:  des  tableaux.  Conful- 
tez  Léon  de  Modène ,  dans  ion  traité  des  Cérémonies 
Se  Coutumes  des  Juifs ,  part,  i  ,  c.  2.  Les  Mahomé- 
tans  ne  peuvent  louftrir  les  images ,  &  c'eft  en  partie 
pour  cela  qu'ils  ont  détruit  la  plupart  des  beaux  mo- 
numens  d'antiquité  facrée  &  profane  qui  croient  à 
Conftantinople. 

La  réception  des  images  étoit  la  forme  ordinaire  de 
recevoir  les  nouveaux  Princes.  Bossuet.  Il  parle  des 
Romains. 
Image  ,  lignifie  plus  particulièrement  &  parmi  le  peuple , 
une  eftampe  d'une  planche  gravée ,  imprimée  fur  du 
papier,  du  vélin,  du  facin ,  dont  on  tire  plufieurs  co- 
pies. Ce  livre  eft  tout  plein  d'images ,  de  figures.  On 
donne  des  images  aux  entans  qui  ont  bien  dit  leur 
catéchifme. 

On  appelle  image  en  taille-douce  j  celle  qui  eft  tirée 
d'une  planche  gravée  avec  le  burin,  laquelle  marque 
par  les  parties  enfoncées.  Une  image  en  taille  de  bois , 
celle  dont  la  planche  cil  de  bois  j  laquelle  marque  par 
fcs  parties  élevées. 

On  entend  proprement  par  le  mot  Image  quelque 
chofe  delacré,  comme. la  repréfentation  de  Dieu,  de 
la  Vierge ,  &  des  Saints.  On  dit  l'image  d'un  Saint , 
l'image  d'une  Divinité  &  le  portrait  d'un  Roi.  Foye:^ 
Estampe.  Dicl.  de  Peint.  &  d' Arch, 
^3"  Image.  Effigie,  figure^  portrait.  L'e^^ie  eft  pour  tenir 
la  place  de  la  chofe  même.  On  pend  en  effigie  les  cri- 
minels fugitifs.  L'image  eft  pour  en  reprélenter  lim- 
plement  l'idée.  On  peint  des  images  de  nos  myftères. 
La  figure  eft  pour  en  montrer  l'attitude  &  le  deikin. 
On  fait  des  figures  équeftres  de  nos  Rois.  Le  portrait 
eft  uniquement  pour  la  relfemblance.  On  grave  les 
portraits  des  hommes  illuftres.  Image  fe  dit  de  toutes 
fortes  de  choies  Synfr. 
Image  ,  le  dit  aullî  des  defcriptions  qui  fe  font  par  le 
difcours.  Les  images  dans  la  Rhétorique  ont  tout  un 
autre  ufage  que  parmi  les  Poëtes  :  le  but  qu'on  fe 
propofe  dans  la  Poëfie,  c'eft  l'étonnement  &  la  fur- 
prilc  ;  au  lieu  oue  dans  la  Proie ,  c'eft  de  bien  peindre 

Kij 


J& 


I  M  A 


les  ciiofes,  &  de  les  faire  voir  cliiiement.  Il  y  a  pour- 
tant cela  de  commun ,  qu'elles  tendent  à  émouvoir 
•dans  l'un  &  l'autre  genre.  Ces  images  ou  ces  pein- 
tures ,  (ont  d'un  grand  artitice  pour  donner  du  poids  , 
■de  la  magnihcence  &  de  la  force  au  difcours.  l-'ar-là  , 
il  femble  qu'on  met  les  choies  dont  on  parle  devant 
les  yeux  de  ceux  qui  écoutent.  Boa.  Les  images  ont 
cela,  quelles  animent  &:  échauflent  le  difcours;  en 
forte  qu'étant  ménagées  avec  art  ,  elles  domptent , 
pour  ainli  dire ,  &  loumettent  l'auditeur.  Idem.  Cet 
Orateur  a  fait  une  image  du  combat  lî  vive  ,  que  cha- 
que auditeur  fe  croyoit  prefque  tranfporté  fur  le 
champ  de  bataille.  Le  Prédicateur  a  fait  une  image  de 
l'enter  fi  aftreufe,  qu'il  a  épouvanté  tout  fon  audi- 
toire. ÇCJ"  C'eft  en  éloquence  ,  ainii  qu'en  Poëlie  , 
une  dekription  courte  &  vive  qui  préteiite  les  objets 
autant  à  l'elprit  qu'au  yeux. 

^CTDans  un  difcours,  il  faut  non  feulement  dire  la 
vérité  pour  contenter  l'elprit,  il  faut  la  revêtir  d  ima- 
ges pour  m.ettre  l'imagination  dans  fes  intérêts.  C'eft 
un  agrément  nécellaire  dans  tout  dilcours  d'Éloquence 
ou  de  Poélie  :  elles  nous  mettent  lous  les  yeux  les  ob- 
jets dont  on  parle  ;  elles  y  arrêtent  la  vue  de  l'elprit; 
elles  iouticnnent  l'attention;  elles  préviennent  le  dé- 
goût ,  &  c'eft  avec  raiion  qu'on  a  dit  que  tout  Auteur 
doit  être  Peintte. 

En  conlultant  le  goût  général ,  on  apperçoit  facile- 
ment en  quoi  coniille  la  véritable  beauté  de  ces  ima- 
ees.  Nous  aimons  tous  dans  les  peintures  le  grand  & 
le  gracieux  ;  le  grand  qui  nous  enlève  ,  &  le  gracieux 
qui  nous  attache.  Notre  imagination  eft  naturelle- 
ment vaftc  :  il  faut  donc  lui  prélenter  de  grandes  ima- 
ges. Elle  ne  peut  fouftrir  des  portraits  (ecs  &  durs  ; 
préfentez  lui  des  images  gracieufcs  ;  que  du  moins  l'un 
ou  l'autre ,  le  grand  ou  le  gracieux  ,  pareille  toujours 
dans  vos  tableaux.  Mais  li  vous  trouvez  le  iecret  de 
les  y  rallembler  quelquefois  tous  deux,  le  grand  dans 
le  gracieux ,  &  le  gracieux  dans  le  grand ,  voilà  le 
beau  complet  des  images,  l^oy.  encore  Imagination. 

Image  ,  le  dit  encore  des  idées  ,  des  peintures  qui  (e  for- 
ment dans  l'elprit ,  par  l'imprellion  des  choies  qui  ont 
palïé  par  les  (ens.  Un  criminel  a  toujours  l'/'/77i2^e  de  fon 
crime  devant  les  yeux.  Il  voit  l'image  d'une  mort 
honteule  qu'on  lui  prépare.  Un  amant  a  toujours  l'i- 
mage de  fa  ma'itrefle  gravée  dans  le  cœur  ;  il  eft  tout 
plein  de  Ion  image.  Par  tout  du  délefpoir  je  rencon- 
tre l'image.  Rac.  L'image  de  l'atiront  qu'il  a  reçu  ne 
s'eftacera  point  de  fi  mémoite.  L'image  de  la  mort , 
quand  elle  eft  proche  ,  ébranle  les  plus  fennes.  Nie. 
Quand  la  populace  eft  frappée  d'une  vaine  image  de 

-  religion  ,  elle  obéira  plutôt  à  des  devins  qu'à  fes 
chefs.  Vaug.  Mourir  eft  h  peu  de  chofe  pour  les  An- 
gloisj  qu'il  faut  pour  les  toucher  des  i/wa^T^cj  plus  fu- 
ncftes  que  la  mort  même.  S.  EvR.  On  a  beau  s'occu- 
per de  loi  même  dans  la  lolitude,  les  images  que  l'on 
s'en  forme  (ont  infiniment  plus  fombres  que  celles 
qui  lont  aidées  par  les  objets  extérieurs.  Nie. 

Dans  le  fond  des  forets  votre  image  me  fuit. 

Racine. 

Image  ,  fc  dit  figurément  de  la  rciremblance.  Dieu  a 
fait  l'homme  à  fon  image.  Les  Rois  font  les  vivantes 
images  de  la  Divinité.  Cet  entant  eft  la  vive  image  de 
fon  père. 

Je  me  perds ,  &  plus  j'cnvifage 
La  fo'd'lejje  de  l'homme  &  fa  malignité ^ 
Et  moins  de  la  Divinité  ^ 
En  lui  je  reconnais  /'image.  Des-H. 

Les  Aftronomes  difeiit  l'image  du  folcil ,  ou  autre- 

ent  le  type. 

On  dit  aulll  que  l'écriture  eft  l'image  de  la  penfée  ; 
que  la  Comédie  eft  l'image  de  la  vie  civile.  Nous  cm- 
braiions  l'erreur  fous  l'image  de  la  vérité.  La  Pi. 
C'eft-à-dirc,  fous  l'apparence.  Les  Grecs  appeloient 
l'écho  j  l'image  de  la  voix.  Dac. 
Image  ,  en  termes  d'Optique ,  figniiîe  la  trace  que  les 


I  M  A 

objets  impriment  dans  le  cerveau  par  l'oigane  des 
Icns. 

Image,  en  terme  d'Optique,  fe  dit  encore  d'un  objet 
iur  la  baie  d'un  miroir  convexe.  Harris.  Comme  la 
diftance  de  lobjet  au  miroir  eft  à  la  diftance  de  l'ima- 
ge à  la  glace;  ainfi  la  diftance  de  la  grandeur  de  l'ob- 
jet ,  eft  au  diamètre  de  l'image.  C'eft  la  règle  que  M. 
Molineux  a  donnée  pour  trouver  la  grandeur  du  dia- 
mètre d'une  image  Iur  la  bafe  d'un  miroir  convexe. 
Idem. 

Image,  fe  dir  proverbialement  en  ces  phrafes.  On  dit 
qu'une  femme  eft  fage  comme  une  image.  On  dit  auili 
de  celle  qui  ne  parle  guère ,  qui  eft  fans  aftion  ,  (ans 
efprit ,  que  c'eft  une  belle  image.  On  dit  aulFi  qu'on 
amule  les  enfans  avec  des  images ,  en  fe  moquant  de 
ceux  qui  nous  veulent  entretjenit ,  ou  payer  de  baga- 
telles. On  dit  aufti  par  raillerie  ,  vous  avez  bien  fait, 
vous  aurez  une  belle  image.  Les  enfeignes  qu'on 
nomme ,  A  la  belle  image ,  (ont  des  images  de  Notre^ 
Dame. 

IMAGER  j  ÈRE.  f.  m.  &c  f.  Celui  ou  celle  qui  vend  des 
eftampes  ,  des  images ,  en  papier  ou  en  vélin.  Tabel- 
larum  propola  :  on  trouve  dans  quelques  Auteurs  de 
la  bafte  Latinité  Imaginarius.  Les  Sculpteurs  ont  été 
aulli  appelés  Imagers  ,  on  Tailleurs  d'images  par  leurs 
ftatuts  qui  leur  défendent  de  tailler  aucune  image 
de  bois  vert ,  ni  mort  bois ,  ni  tilleul. 

Un  Imager  tira  l'image  d'un  vifage  j 

Et  le  tira  fi  bien  en  fa  perfeclioa , 

Que  /'Imager  devint  amoureux  de  l'image.  Voit. 

IMAGINABLE,  adj.  m.  &  f.  Ce  qifi  peut  être  imaginé. 
Quod  cogitatione  fingi  potejl.  Cet  homme  a  toutes 
les  vertus  imaginables.  Cet  Auteur  a  une  force  d'ef^ 
prit  qui  n'eft    pas  imaginable   pour  fervir  fes  amis. 

|Cr  IMAGINAIRE,  adj.  m.  &  f.  Qui  n'exifte  que  dans 
l'imagination  ,  qui  n'a  rien  de  réel  hors  de  là.  C'elt 
dans  ce  fens  qu'on  dit  un  malade  imaginaire ,  des 
biens,  des  maux  imaginaires.  Imaginarius.  Un  ma- 
lade imaginaire  ,  eft  celui  dont  l'imagination  eft  tel- 
lement bleflée ,  qu'il  (e  croit  malade  j  &  l'eft  vrai- 
ment ,  lînon  de  corps ,  au  moins  d'cfprit.  La  fenlk- 
tion  elf  réelle ,  quoique  la  caule  ne  le  (bit  pas.  Il 
en  eft  de  même  des  biens  imaginaires.  Ce  fou  qui 
croyoit  que  tous  les  vailleaux  richement  chargés  qui 
entroient  dans  le  port  de  Pirée  ,  lui  appartenoient  , 
ne  jouilîoit-il  pas  d'un  bonheur  réel  ?  La  plupart  des 
biens  dont  nous  jouiflons ,  font  de  cette  nature.  Qui 
ôteroit  à  l'homme  les  biens  que  lui  fait  fon  ima^ji- 
nation  ,  le  rendroit  la  plupart  du  temps  miférable. 

En  Philolophie  ,  on  appelle  elpaces  imaginaires , 
fpatia  imaginaria  ,  L'efpace  vide  que  nous  concevons 
au  delà  du  monde.  Voy.  efpace. 

IMAGINAIRE ,  en  Algèbre  j  fignifie  impoflîble.  Toute 
puillance  paire  doit  toujours  être  une  grandeur  poli- 
tive  ,  ("oit  que  la  racine  foit  polîtive  ,  ("oit  qu'elle  foie 
négative.  Aind  quand  par  le  réfultat  d'un  calcid  l'in- 
connue élevée  à  une  puiiîance  paire  le  trouve  égale 
à  une  grandeur  négative  ,  la  valeur  de  1  inconnue  eft 
impolliblc  ou  imaginaire. 

Il  fe  prend  aulli  lubftantivement.  Faire  évanouir 
l'imaginaire.  Il  fe  dit  des  racines  paires  des  quantités 
négatives.  Acad.  Fr. 

On  a  donné  le  nom  ^'imaginaire  à  des  Lettres 
de  Nicole  ,  dans  lefquelles  il  prouve  que  le  J 
Janfénilme  eft  une  hérélie  imaginaire.  Je  remar-  ] 
quois  que  vous  prétendiez  prendre  la  place  de  l'Au- 
teur des  petites  lettres  ,  mais  je  remarquois  en  mê- 
me temps  que  vous  étiez  beaucoup  au  delFous  de  lui, 
&  qu'il  y  avoir  une  grande  différence  entre  une  Pro- 
vinciale &  une  Imaginaire.  Racine. 

IMAGINATIF  ,  IVE.  adj.  Qui  imagine  aifément ,  qui 
a  l'imagination  vive  &  fertile.  Formandis  imaginibus 
idoneus.  Il  faut  qu'un  Machinifte  foie  fort  Imagina- 
tif,  pour  trouver  de  belles  inventions.  La  bonne 
qualité  d'un  Poctc.  eft  d'être  Imaginatif.  Quelquefois 
ce  mot  fe  prend  en  mauvaife  part ,  &  (igniSe  iim- 
plcmeiK,  Vilionnaite,  qui  pcnfe  polFéder  plufieurs 


I  M  A 

qualités  qu'il  n'a  pas,  qui  croit  avoir  trouve  de  biel- 
les inventions  qui  ne  lauroicnt  râilHr. 

La  puiiiàncc,  la  faculté  iina^:;inative  ,  c'cft  la  puif- 
fancc,  la  taculté  par  laquelle  on  imagine. 

On  dit  audi  (iniplcnicnt  Vunaginativc ,  pour  expri- 
mer la  même  choie  ;  l.i  qualité  qu'on  attribue  à  une 
partie  de  l'ame  qui  lui  tait  concevoir  les  choies  ,  & 
s'en  former  une  vraie  idée.  Cet  homme  fe  jnque 
d'avoir  une  belle  maginative  ,  mais  le  jugement  lui 
manque. 

J'ai  /'Imaginative 
Aujfi  bonne  en  e£ct  que perfonne  qui  vive.  Mol. 

On  appelle  fubftantivement  un  imaginatif ,  un 
homme  fujet  à  des  idées  extraordinaires ,  à  des  ima- 
ginations. Un  imaginatif  débite  une  penfée  ,  un  autre 
la  reçoit  &  la  dit  comme  une  vérité  confiante  :  en- 
rin ,  elle  fe  multiplie  à  l'intiiii.  C'cll  ce  qui  tait  qu'on 
le  trompe  ii  louvcnt,  &  que  dans  ceux  qui  vivent 
Iclon  le  monde,  il  n'y  a  qu'incertitude  &  que  men- 
fonge.  Ab  de  la  Tr. 
CCF  IMAGINATION,  f.  f.  .Imaginado.  L'ame  fpiri- 
tuelle  a  le  pouvoir  de  le  repréienter  fous  des  images 
fcnlibles  &  corporelles  les  objets  abfens  ,  comme 
s'ils  étoient  réellement  prélens  ;  c'eftlà  ce  qu'on  ap- 
pelle imagination  ou  phantailie.  Cette  puilLince  de 
l'ame  ,  ce  lens  interne  a  fon  organe ,  dit-on  ,  dans 
la  partie  calleufe  du  cerveau  qui  fe  trouve  au-dellus 
du  centre  ovale.  Cette  partie ,  ferme  &  folide ,  a 
paru  à  quelques-uns  plus  propre  que  la  (ubftance 
cendrée  à  recevoir  8c  à  confer\'er  les  images  que  les 
cfprits  animaux  vont  y  graver 

Sans  nous  arrêter  à  ce  détail  anatomique  qui  n'of- 
fre rien  de  latisfaifant ,  nous  nous  contenterons  d'ob- 
ferver  que  l'ame  apperçoit  les  chofes  de  trois  maniè- 
re ,  par  l'entendement  pur ,  par  le  fens ,  &  par  l 'ima- 
gination. Par  l'entendement  pur ,  elle  apperçoit  les 
chofes  fpirituellcs  &■  univerfelles.  Par  les  fens ,  on 
apperçoit  les  objets  fenfiblcs ,  qui  étant  préfens ,  font 
imprclllon  fur  les  organes  extérieurs  de  notre  corps , 
comme  quand  on  voit  des  plaines,  des  arbres  ,  &c. 
Par  l'imagination  ,  on  apperçoit  les  êtres  matériels, 
lorfqu'étant  dans  l'ame,  on  fe  les  rend  prélens,  en 
s'en  formant  une  efpece  d'image  dans  le  cerveau , 
comme  quand  on  imagine  des  figures  ,  des  villes  ,  des 
campagnes  ,  &c.  qui  ont  fait  auparavant  imprellîon 
fui  les  fens. 

Cette  faculté  dépend  donc  de  la  mémoire  ,  &z  n'a 
pour  objet  que  les  chofes  fenfibles  &:  corporelles. 
Ainli  on  peut  la  définir  une  manière  de  concevoir 
par  des  images  tracées  dans  le  cerveau.  Plus  les  vef- 
tiges  des  efprits  animaux  ,  qui  font  les  traces  de  ces 
images,  leront  grands  &  diftinéls,  plus  l'ame  ima- 
ginera fortement  &  diftinélement  ces  objets. 

Non  leulemcnt  l'ame  imagine ,  c'eft  -  à  -  dire ,  fe 
trace  des  images  des  choies  fenfibles,  ou  fi  l'on  veut, 
retient  &  fe  rappelle  les  idées  qui  lui  font  venues 
par  les  fens  ■■,  mais  encore  elles  les  arrange,  elles  les 
■compare,  elle  les  compolc  &  décompole,  elle  les 
combine  en  mille  manières  différentes ,  pour  en  con- 
aïoître  les  diflérens  rapports.  C'eft  ainll  qu'elle  in- 
vente &  paroît  créer.  Cell  proprement  cette  com- 
binaifon  infinie  des  différentes  idées  ,  qui  fait  &  ca- 
raélérifc  les  grands  Poctes ,  les  grands  Orateurs ,  les 
grands  Peintres ,  en  un  mot  les  hommes  de  génie. 
C'eft  plus  un  don  de  la  nature,  qu'un  ouvrage  de 
l'éducation.  Mais  quand  on  a  foin  de  le  cultiver  ,  on 
eft  tcujcurs  récompenfé  par  le  fuccès. 

Ce  qu'on  appelle  imagination  dans  le  monde  ,  n'efl: 
proprement  qu'une  imagination  de  détail ,  cet  heu 
reux  talent  de  (aifir  les  objets  les  plus  frappans  &: 
les  plus  agréables ,  d'en  préfenter  toujours  de  nou- 
veaux ,  ou  d'une  façon  toujours  nouvelle,  dépein- 
dre vivement,  mais  en  fe  renfermant  dans  dejuftcs 
bornes,  &:  de  mettre  du  caractère  &  du  goût  dans 
zovt.  Imagination  forte.  Imagination  fertile  ,  féconde. 
Imagination  heureufe.  Urie  imagination  forte  fiir 
trouver  des  chofes  difnciles  à  concevoir  ;  une  belle 


I  M  A  77 

imagination  en  conçoit  d'agréabltfs.  Les  imaginations 
fortes,  dit  Malebranche,  font  contagicufes ,  Ik  do- 
minent fur  les  ioibles.  Elles  leur  donnent  peu  à  peu 
leurs  mêmes  tours  ,  {k  leur  impriment  leurs  mêmes 
caradteres.  Dans  la  jeunelle  nous  n'aimoris  que  le 
joli  &  l'agréable  ;  nous  ne  courons  qu'après  ce  qui 
rit  à  l'imagination.  Tour.  Il  eft  ridicule  de  faire 
l'agréable  ik  l'enjoué  avec  une  imagination  fonibre 
ik  pcfmte.  Sénéquc  infcde  aifément  l'imagination 
bouillante  des  jeunes  gens  par  quantité  d'idées  faullcs 
Se  outrées.  MÉm.  S.  Lvr.  dit  que  les  pointes  ik  les 
imaginations  de  cet  auteur  Icntent  un  peu  la  cha- 
leur de  l'Afrique.  Eichyle  a  quelquefois  des  ima- 
ginations tout-à-Eiit  nobles  &:  héroïques.  L'imagina- 
tion forte  approfondit  ,  faillt  les  rapports  les  plus  éloi- 
gnés ,  la  fbible  ne  fait  qu'effleurer  les  objets  ,  la  fauiïê 
rapproche  des  choies  qui  ne  font  pas  faites  pour  aller 
cnlemble. 

Les  hommes  étant  compofcs  d'efprir  ik  de  corps  , 
le  commerce  qu'ils  ont  cnfemble  par  la  parole  n'elî 
pas  un  commerce  purement  fpiritucl ,  mais  un  com- 
merce d'efprit,  où  il  entre  du  fenfible  pour  donner 
du  corps  à  leurs  penfécs.  Ainll  toute  compofitiondoit 
être  une  peinture ,  &  une  peinture  animée  ,  pour  fou- 
tenir  l'attention  du  ledeur  iScde  l'auditeur.  C'eft  une 
peinture  :  il  y  faut  donc  des  images.  C'eft  une  pein- 
ture animée  :  il  y  faut  donc  des  fentimens.  L'auteur  de 
la  Nature  a  mis  ces  images  ik  ces  fentimens  dans 
nous-mêmes,  en  nous  donnant  deux  facultés  toutes 
propres  pour  les  répandre  dans  nos  peintures ,  je 
veux  dire  l'imagination  Se  le  cœur  :  l'imagination  , 
pour  tenir  le  pinceau ,  &  le  cœur  pour  le  conduire. 

L'imagination  eft  la  mère  des  images ,  &  des  tours 
qu'on  appelle  ingénieux  ;  c'eft  elle  qui  fournit  aux 
Orateurs  &  aux  Poctes  lems  plus  belles  figures  :  c'eft 
par  elle ,  dit  Boileau  , 

^       Que  l'Efprit  orné ,  élevé ^  embellit  toutes  chofes , 
&  trouve  fous  fa  main  des  fleurs  toujours  éclofes'. 

En  vain  un  grand  Philofophe  de  nos  jours ,  dans 
fes  ouvrages,  a  fait  la  guerre  à  l'imagination,  com- 
me à  une  empoifonncufe  publique.  S'il  a  remporté 
fur  elle  quelques  viétoires,  c'eft  à  elle  même  autant 
qu'à  ks  raifons  qu'il  en  eft  redevable.  Car  on  peut 
dire  que  l'imagination  ne  l'a  jamais  mieux  fervi  que 
loïfqu'il  la  combattoit.  C'étoit  un  ingrat ,  dit  M.  de 
Fontenclle ,  pour  qui  elle  travailloic  malgré  lui ,  & 
ornoit  fa  r.iifon  en  lé  cachant  d'elle.  Ainfi  plus  per- 
fuadés  par  fon  exemple  que  par  fes  difcours  ,  nou3 
ne  Laillcronspas  de  reconnoitre  l'imagination  pour 
la  première  fource  des  agrémeiis  du  difcours.  Foy. 
auftî  Sentiment  ,  Cœur  ,  &c. 

Il  furvient  diftérens  changemens  à  l'imagination 
pendant  le  cours  de  la  vie,  changemens  qui  viennent 
de  ceux  qui  fe  font  dans  les  efprits  animaux ,  dans 
les  parties  organiques  deftinées  à  tranfmetcre  les  idées , 
ik  dans  les  fibres  du  cerveau. 

■  Le  fang  mêlé  avec  le  chile  étant  bien  différent 
d'un  autre  fang  qui  a  déjà  circulé ,  les  efprits  ani- 
maux qui  ne  font  que  les  parties  les  plus  fines,  les 
plus  déliées  &  les  plus  fubtiles  ,  doivent  être  fort  dif- 
férens  dans  les  perfonnes  qui  font  à  jeun  ik  dans  les 
perfonnes  qui  viennent  de  manger.  Auffi  ceux  qui 
iortent  de  table,  fentent  dans  leur  imagination  une 
grande  variété  de  changemens.  Les  vieillards  &  les 
enfans  après  le  repas  s'affoupiirent ,  leur  imagination 
devient  languillante  ,  plus  de  vivacité,  plus  de  promp- 
titude. Les  hommes  les  plus  fains  ik  les  plus  robuftes 
n'ont  qu'à  examiner  ce  qu'ils  fentent  eux  mêmes 
après  un  repas  où  ils  ont  un  peu  bu.  Le  vin  eft  plein 
d'elprits  animaux  prefque  tous  formés  :  il  donne  à 
pluf leurs  une  imagination  vivCj  agréable,  enjouée, 
quelquefois  vagabonde  &:  peu  fage,  qui  paroît  tenir 
de  la  nature  des  efprits  libertins  &  indociles,  dont 
elle  eft  le  fruit.  Fœcundi  calices  quem  non  fecere  di- 
fertum ,  dit  Horace  qui  s'y  connoilloit.  Il  y  a  de  quoi 
s'humilier  ,  dit  Voltaire  ,  mais  de  quoi  admirer.  Com- 
ment fe  peut  il  qu'un  peu  d'une  certaine  liqueur  qui 


7« 


I  M  A 


empêchera  de  faire  un  calcul ,  donnera  des  idées  bril- 
l.mtes  ; 

L'air  même  que  nous  refpirons ,  apporte  par  fes 
diftcremes  qualités  ,  de  grands  changemens  dans  la 
fermentation  du  fing  ,  &  par  coaléquent  dans  les 
cfprirs  animaux.  Ne  leroit  ce  point  de-là  que  vien- 
nent les  diverk's  humeurs,  les  diSérens  caradiercs 
des  perfonnes  de  ditlcrens  pays? 

Dans  l'enfance  les  libres  du  cerveau  font  molles, 
flexibles  ,  capables  de  recevoir  ,  mais  incapables  de 
retenir  les  images  des  objets.  Avec  l'âge  elles  devien- 
nent plus  kches  &  plus  fortes.  Dans  la  vieillellc  elles 
font  roides  &:  inliexibles,  parce  que  les  elprits  ani- 
maux qui  les  agitent  fans  celle  ,  les  rendent  peu  à 
peu  plus  fcches  Se  plus  folides.  C'elt  ainfi  que  les 
vents  féchent  la  terre  fur  laquelle  ils  fouftlent. 

Comme  la  délicatelfe  des  libres  fe  rencontre  or- 
dinairement dans  les  femmes ,  elles  ont  une  grande 
intelligence  pour  tout  ce  qui  trappe  les  fens.  C'eft 
à  elles  à  décider  des  modes  ,  à  juger  de  la  langue , 
à  diicerner  le  bon  air  &c  les  belles  manières  :  mais 
elles  ne  peuvent  le  fervir  de  leur  imagination  pour 
dév  elopper  des  queftions  compofécs.  L'éducation  qu'on 
leur  donne ,  ne  fait  qu'augmenter  le  mal.  On  voit 
pourtant  des  femmes  lortes  Se  confiantes,  comme 
on  voit  des  hommes  foibles  &  inconftans.  On  en 
voit  de  lavantes ,  comme  on  voit  des  hommes  inca- 
pables de  rien  pénétrer. 

Le  temps  de  la  plus  grande  perfeiflion  de  l'ima- 
gination eft  pour  l'ordinaire  depuis  2j  ans  jufqu'à 
jo.  Les  fibres  ont  alors  une  coniiftance  médiocre. 
Dans  un  âge  plus  avancé ,  elles  font  plus  inflexibles, 
&  les  vieillards  n'ayant  prelque  plus  d'efprits  ani- 
maux, leut  imagination  eft  prefque  toujours  lan- 
guillànte.  Ils  perdent  la  mémoire ,  &  avec  elle  Vima- 
gination. 

Dans  l'ufage  ordinaire,  imagination  Çc  prend  fou- 
vent  pour  l'opinion  qu'on  a  d'une  choie  fans  beau- 
coup de  fondement.  On  ne  peut  lui  ôter  cette  ima- 
gination de  l'efprit.  Quelquefois  aulll  pour  des  idées 
folles j  extravagantes.  Imaginations  vaines,  creufes, 
extravagantes.  Se  repaître  d'imaginations. 
Imagination,  idée  ,  peniée.  L'id'ee  repréfente  l'objet: 
.  la  penfee  le  coniidére  :  l'imagination  le  forme.  La  pre- 
mière peint  :  la  léconde  examine  :  la  troillème  féduit 
Syn.  Fr. 

On  eft  fur  de  plaire  dans  la  converfation ,  quand 
on  a  des  idées  juftes ,  Atspenfiss  fines,  &  des  ima- 
ginations brillantes. 
IMAGINATIVE,  f.  f.  La  faculté  d'imaginer. 

Evertuons  un  peu  notre  Imaginative.  R. 

IMAGINER.  V.  a.  Se  former  l'image,  ou  l'idée  d'une 
choie.  Rei  fveciem  anima  injormare.  Nos  organes 
font  compotes  de  filets  qui  d'un  côté  fe  terminent 
aux  parties  extérieures  du  corps  ,  &  de  l'autre  abou- 
tiflent  au    cerveau.   Si  ces  petits  filets    font  remués 

rar  l'imprefiion  que  font  les  objets  au-dehors  ,  alors 
ame  fent  :  mais  fi  l'agitation  ne  fe  fait  qu'au-dedans 
parle  cours  des  elprits  animaux  ,  alors  l'zmeimagine. 
Et  voilà  la  diflérence  qu'il  y  a  entre  fentir  Se  ima- 
giner. De  forte  que  la  raculté  à' imaginer  neconiiftc 
que  dans  la  puilîance  qu'a  l'ame  de  fc  former  les 
images  des  objets.  Mal. 
Imaginer  ,  penfer ,  concevoir ,  inventer j  afTcmbler  plu- 
ficurs  idées  dans  ton  clprit ,  dans  fon  imagination. 
Excogitare.  La  principale  qualité  d'un  Peintre  ,  d'un 
PoUte ,  c'efl  de  bien  imaginer  un  deilcin  ,  avant  que 
de  l'exécuter.  Peut-on  rien  imaginer  de  plus  extra- 
vagant; C'eft  des  anciens  qu'on  peut  apprendre  cette 
jullelTe  ,  qui  donne  à  l'efprit  un  tour  agréable ,  &: 
que  l'efprit  donne  à  tout  ce  qu'il  penfc  ,  &  à  tout 
ce  cju'il  imagine.  Le  P.  Ra.  Les  opinions  que  vous 
formez  ,  font  des  chofes  plus  fortement  imaginées , 
que  fblidemcnt  conij-ucs.  S.  Évr.  Foyei.  Imagina- 
tion. 
Imaginer  a\ec  le  pronom  ncrfonnel ,  fignifie  quelque- 
lois  Croire,  ^r/^irrari.  Une  faut  pas  .s '/OTi'^ini.T  qu'un 


I  M  A 

homme  réuirifTe  également  bien  en  toutes  chofes.  On 
s'imagine  toujours  qu'on  a  plus  de  mérite  Se  de  per- 
fedions,  qu'on  en  a  en  eîict.  Je  ne  puis  m'imagl- 
ner  que  cela  toit  ainfî. 
Imaginer  ,  avec  le  pronom  perfonnel ,  fignifie  aulli.  Se 
perfuader  fans  fondement.  Sibi  fingere.   Il  s'eft  ima- 
giné que  vous  l'aimiez.  Il  s'imagine  être  le  premier 
homme  du  monde.  Il  s'imagine  être  un  grand  doc- 
teur. 
Imaginer,   fignifie  auffi,  fe  repréfenter  dans  l'etprit. 
Animo  fingere.  //TZû^'inf^-vous  les  plus  grands  tour- 
mens  du  monde  ,  ce  n'eft  qu'une  légère  idée  de  l'En- 
fer. Imagine:^  -  vous  Alexandre  au  milieu  d'une  ba- 
taille ,  6'c. 
Imaginé  ,    ée.  part.  Ce  n'eft  pas  le  tout   qu'une  ma- 
chine toit  bien  imaginée  ,  il  faut  encore  qu'elle  foii 
bien  exécutée.  Des  chofes  heure utement  imaginées. 
IM  AL.  t.  m.  Mefure  de  grains  dont  on  fe  fert  à  Nancy. 
La  carte  fait  deux  imaux ,  Se  quatre  canes  le  réal , 
qui  contient  quinze  boifleaux  ,  mefure  de  Paris  ;  ce 
qui  s  entend  de  l'avoine. 
IMAM  ,  ou  IMAN.  C  m.  Terme  de  Relation  &  d'Hif- 
toire  Mahométane.  Miniftre  de  la  Religion  Maho- 
métane  qui  répond  à  un  Curé  parmi  nous ,  Curé  des 
Mutulmans.  Imam ,  mis.  Iman  j  nis.  Antijîes  j  Dux-, 
pnfeclus  ,  Prdatus  j  Parockus.  Ce  mot  lignifie  pro- 
prement Prélat ,  Chef,  Antifies  qucm  alù  fequuntur , 
Prspofitus  J  Pnlatus  ,  Dux  ,  &c.  dit  Méninskii  mais 
les  Mahométans  le  dilent  en  particulier  pour  celui 
qui  a  le  foin  ,  l'intendance  d'une  Mofqaée  ,  qui  s'y 
trouve  toujours  le  premier ,  Se  qui  fait  la  Prière  au 
peuple ,  qui  la  répète  après  lui ,  Parockus  qui  prsit 
populo  oraturo.  Curé.  Méninski.  Proche  delà  ( du 
Kebleh  de  S.  Sophie  )  il  y   a  quelques  Alcoraiis  Se 
d'autres  livres  qui  contiennent  les  prières  que  cliante 
l'Irnan ,  &   une  tribune  fur  laquelle  il  monte  quel- 
quefois avec  certains  Clercs  Se  Officiers  qui  ont  dans 
la  Mofquée  une  fonélion  pareille  à  celle  des  Prêtres 
habitués  dans  les  Paroifles.  Id.  Let.  II.  p.  4/}. 

Ce  mot  vient  de  l'Arabe  DXj  Umm^  qui  fignifie 
mère  ,  Se  vienr  de  l'Hébreu  Ds? ,  em  ^  qui  veut  dite 
la  même  chofe.  D'Herbelot  écrit  Imam ,  comme  on 
le  voit  dans  ce  que  nous  avons  rapporte  de  lui;  & 
c'eft  ainfi  qu'il  faut  écrire  :  car  Iman  fignifie  la  toi  , 
Se  eft  tout  différent  à' Imam.  Imam,  fignifie  propre- 
ment en  Arabe ,  ce  que  les  Latins  appellent  Antifii- 
tes  ,  celui  qui  précède  Se  qui  marche  devant  les  au- 
tres. Cette  lignification  eft  générale  -,  mais  les  Mutul- 
mans appliquent  en  particulier  ce  mot  à  celui  qui  ell 
à  la  tête  de  leur  aflemblée  dans  les  Mofcuées  ,  8c 
par  excellence  à  celui  qui  eft  reconnu  pour  le  Chef 
fouverain  du  Mufulmanilme ,  tant  au  fpirituel  qu'au 
temporel.  Il  y  a  cependant  des  Imams  particuHers 
dans  les  villes ,  qui  tiennent  la  place  de  ce  premier 
Imam;  mais  quant  au  fpirituel  feulement  :  car  ce 
font  les  Gouverneurs  &  les  Officiers  du  Prince,  qui 
ont  toute  l'autorité  temporelle,  &  pour  ainfi  parler, 
le  bras  féculier.  D'Herbelot. 

Lorfque  l'on  parle  abfblument  de  l'Imam  de  la 
Religion  Mahométane  ,  l'on  entend  toujours  le  véri- 
rableiSc  légitime  fuccefteur  de  Mahomet  j  lequel  pof- 
féde  en  fa  perlonne  la  fourcc  de  l'une  &  de  l'autte 
jurifdiction  ;  parce  que  toute  l'autoiité ,  foit  dans  la 
Religion ,  foit  dans  l'État ,  réfide  en  fa  feule  perfon- 
ne.  D'Herbelot.  Les  Kalifes  prenoient  donc  le  titre 
à' Imam  ,  Se  en  faifoient  les  fonctions.  Idem.  Les 
Schia'ites  ou  Schi'ites  ,  Sedateurs  d'Ali ,  foutiennenc 
que  le  principal  point  de  leur  Religion^  qui  eft  com- 
me le  fondement  de  tous  les  autres ,  conlîfte  dans  la 
foi  Se  dans  la  foumiiTIon  entière  &  parfaite  que  l'on 
doit  avoir  en  toutes  choies  à  l'Imam. 

L'Imam  eft  le  dépolitaire  de  l'autorité  prophétique 
parmi  les  Mufulmans.  'Voyage  de  i' Arabie  Heur.  p. 
//2.  Le  Roi  d'Yémen  prend  la  qualité  d'Imam  par 
excelleace ,  qualité  très  diftinguée  dans  le  Mahomé- 
tifme,  que  les  premiers  Califes  ont  portée,  &:  qui 
les  conftituoit  Chers  Se  Pontifes  foiiverains  de  la  Re- 
ligion Mufulmane.  La  qualité  d'/^w/j  eft  inféparable 
de  celle  de  Calife.  Voyage  de  l'Arabie  Heur. p.  2jù. 


I  M  A 

Imam  ou  Lman  ,  fc  dit  auiîî  abfoliiment  <?j  par  ex- 
cellence des  Chefs,  des  iniHtuteuis  ,  des  Fondateurs 
des  quatre  principales  l'edtes  de  ht  Religion  Ma- 
homécane,  qui  font  pcrmiCes.  Imam,  lman,  An- 
tlfies  pmcipuus  intcr  quatuor  Frïmarios  ,  qui  influue- 
runt  quatuor  fccias  quorum  quemllbct  fiqui  cuivis  Ma- 
homctano  licct.  Mhninski.  Princeps ,  Dux  ,  Aucior 
fccU.  Ali  ell  Vlman  des  Pcrfes  ,  ou  de  la  feéle  des 
SciiiaVens;  (S:  Abubaker  ,  Vlman  des  Sunnicns,qui 
eft  la  ledte  que  liiivent  les  Turcs.  Sapliii  ou  Safi  y , 
cft  Vlman  d'une  autre  fede ,  &c.  A'oyeij  encore  d'Her- 
belot  dans  l'article  précédent. 

IMAMAT ,  ou  IMAiNlAT.  f.  m.  Dignité  d'Imam  ou 
d'Iman.  Pr^latura  apud  Mahometanos  ,  Imamï  dï- 
gnitas,  munus.  Les  Mahométans  ne  font  pas  d'ac- 
cord entr'eux  fur  V Imamat ,  qui  ell  la  dignité  d'Imam; 
les  uns  la  croient  de  droit  divin ,  &:  attachée  a  une 
feule  famille,  comme  le  Pontificat  d'Aaron;  les  au- 
tres foutiennent  d'un  côté  qu'il  ell  de  droit  divin  j 
mais  de  l'autre  ils  ne  le  croient  pas  tellement  atta- 
ché à  une  famille,  qu'il  ne  puille  palier  dans  une 
autre;  &  ils  avancent  de  plus  que  l'Imam  devant 
être,  félon  eux,  exempt  non-feulement  des  péchés 
griefs,  comme  l'infidélité,  mais  encore  des  autres 
moi^s  énormes ,  il  peut  être  dépofé  s'il  y  tombe ,  & 
fa  dignité  transférée  à  un  autre.  Quoi  qu'il  en  foit , 
de  cette  quclfion  ,  il  eft  confiant  parmi  ceux  qui  paf 
fent  pour  orthodoxes  dans  le  Mufulmanifme  ,  qu'a- 
près qu'un  Imam  a  été  reconnu  pour  tel  par  les  Mu- 
lulmans  ,  celui  qui  nie  que  fon  autorité  vienne  im- 
médiatement de  Dieu  j  eli  un  impie  ;  celui  qui  ne  lui 
obéit  pas  eft  lui  rebelle ,  &  celui  qui  s'ingère  de  le 
contredire,  doit  palfer  pour  un  ignorant.  D'Herbe- 
LOT.  On  voie  par  là  ce  que  c'eft  que  V Imamat ,  & 
quelle  eft  l'autorité  qu'il   donne. 

IMAMIE.  f  f.  Nom  d'une  fede  de  Mahométans.  Ima- 
mia.  Ceft  le  nom  de  la  feéle  d'Ali  que  les  Perfes 
fuivent.  Ce  nom  vient  de  l'Arabe  JSQ.-*  ,  lman, 
qui  fignifie  un  Chef  de  Religion  ,  &  qui  fe  dit  en 
particulier  des  Miniftres  de  la  Religion  Mahomé- 
tane  qui  ont  foin  d'une  Mof'quée  ,  &  qui  font  parmi 
les  Mufulmans  ce  que  font  parmi  nous  nos  Curés , 
ainfi  que  nous  l'expliquons  au  mot  Imam.  De-là  ils 
appellent  en  particulier  Imamï  Saphii  le  principal 
des  Chefs  &  Inftituteurs  des  quatre  feétes  de  leur 
Religion.  Ainfi  les  Perlans ,  qui  regardent  Ali  com- 
me le  premier  &  le  plus  coniîdérable  de  ces  qua- 
tre perfonnages  ,  &  comme  le  feul  orthodoxe ,  l'ap- 
pelent  Imamï  Saphïï ,  ou  fîmplement  &  par  excel- 
lence Imam,  comme  dit  Léunclavius ,  Lïv.I.  hïft. 
Mufulm.  de  de-là  il  donne  à  fa  fecte  le  nom  A'Ima- 
mïe  y  qui ,  félon  cet  Auteur  iignifie  proprement  doc- 
trine. Pour  DOis  ,  Imam  ,  ou  lman,  il  vient  de  i^  ■' , 
mère  ^  qui  a  paffé  de  la  langue  Hébraïque  dans  l'A- 
rabe. 

IMAMIEN,  ENNE.^  f.  m.  &  f.  &  adj.  Noni  de  fcéfe 
parmi  les  Mahométans.  Qui  eft  de  la  fette  d'Ali. 
Imamïus  ,  a.  Léunclavius  ,  dans  fon  hilloire  Muiul- 
mane ,  S.  I.  dit  que  la  fette  Imamïenne  eft  celle  que 
fuivent  les  Perles ,  qu  elle  tire  fon  origine  &  fon 
nom  d'Ali,  neveu  de  Mahomet,  que  les  Mufulmans 
nomment /wir/72 ,  ou  lman  par  excellence.  Comme 
l'ufage  de  notre  langue  a  changé  Vm  en  n  dans  lman, 
il  femble  qu'on  pourroit  dire  aulîî  Imanïen  au  lieu 
A'Imamien. 

IMARAT,  oQ  Imarath  ,  ou  IMARET,  f.  in.  Terme 
de  Relation.  Hôpital  des  Turcs.  Xenodochïum.  Les 
Turcs  'admettent  les  prières  pour  les  trépallés ,  & 
ceci  eft  ordinairement  compris  es  fondations  de  leurs 
Mofquées  &  de  leurs  hôpitaux  dits  Imarats.  'Vige- 
tH-Kt. ,  furChalcond.  p.  }6  j.  Il  écrit  aulH  Immaraths. 
D'autres  difent  Imaret ,  &  il  paroit  mieux.'  Dans 
toute  la  Turquie  il  y  a  des  hôpitaux  appelés  Ima- 
rsrs ,  où  les  pauvres,  de  quelque  Religion  qu'ils 
foicnt,font  aftiftés,  félon  leur  néceiîîté.  Les  'Voya- 
geurs y  font  indiflércmment  reçus ,  Se  peuvent  y  fé- 
journer  trois  jours.  Cependant  on  leur  donne  gratui- 
tement à  chaque  repas  un  plat  de  riz  ,  qui  eft  or- 
donne par  le  fondateur.  Ces  hôpitaux  ont  de  grandes 


IMA  79 

écuries  pour  les  chevaux  ,  Se  ils  font  embellis  de  plu- 
lieurs  fontaines  ,  dont  quelquefois  on  a  fait  venir 
l'eau  de  fort  loin  avec  de  grands  fraii.  Du  Loir. 
l^oyagc  de  Lev.  p.  i  S  p. 
IMAUS.  Nom  d'uiic  montagne  de  l'Atie.  Imaïïs.  On 
la  regarde  comme  la  partie  orientale  du  Mont  Tau- 
rus.  Elle  a  été  toit  célèbre  parmi  les  anciens  Géogra- 
phes qui  la  mettent  dans  la  Scythie,  &  la  partagent  en 
deux  branches  principales  :  l'une  qui  s'.avançoit  du 
couchant  à  l'orient,  &  qui  léparoit  la  Scythie  cité- 
rieure  de  l'Inde  ;  &  l'autre,  qui  remontoir  du  midi 
oriental  au  nord  occidental  ,  depuis  la  Chine  juf- 
qu'aux  f'ources  de  l'Oby  ,  6c  qui  divifoit'la  Scythie 
en  citérieure  ,  qui  eft  au  deçà  de  cette  montagne  ,  &c 
qui  portoit  au(li  le  nom  de  Scythie  au  -  dedans  de 
Vlniaùs.  La  partie  méridionale  de  cette  montagne 
porte  aujourd'hui  le  nom  de  Caucalc,  &  fépare  l'Em- 
pire du  Mogol  delà  Grande  Tartarie  ;  l'autre  eft  ap- 
pelée Altay ,  &  fépare  les  T  artares  Kalmoucs  ,  de 
ceux  qu'on  nomme  Monguls.  Maty.  Les  anciens 
Géographes  ne  conviennent  pas  de  la  partie  du  mont 
T.aurus  qui  a  porté  le  nom  A'Imaùs.  Ptolomée  dit 
que  c'eft  celle  qui  fe  féparant  du  mont  Taurus  s'é- 
tend du  côté  de  la  mer  Glaciale  ,  c'eft-à  dire  la  bran- 
che qui  va  au  nord.  Pline  au  contraire ,  X.  V^.  c. 
2j.  8c  Strabon  le  prennent  pour  la  partie  de  cette 
montagne  qui  touche  à  la  mer  Orientale.  Il  y  a  dif- 
férens  noms  dans  les  diftérens  pays  qu'il  parcourt. 
On  l'appelle  dans  la  Tartarie  propre  ,  BeUfian  &  Al- 
thaï  ;  dans  la  Tartarie  déferte  ,  Moréghar  ;  dans  le 
Mogoliftan  ,  Dalanguer  ;  &  Navagrot ,  ou  Naugra- 
cut,  vers  les  fources  du  Gange. 

I  M  B. 

IMBAN  GALLES.  Foyei  GALLES. 

IMBARE.  Nom  ancien  d'une  montagne.  Imbarus.  C'eft 
une  partie  du  mont  Taurus.  Strabon  ,  L.  XI.  la  mec 
dans  la  grande  Arménie  ,  &  Pline,  L.  V.  c.  2j.  dans 
la  Cilicie. 

IP"  IMBÉCILLE.  adj.  m.  &  f  Du  Latin  Imhccillus. 
Ce  mot  défigne  proprement  ce  qui  eft  foible  &  fans 
vigueur ,  &  ne  fc  dit  jamais  que  par  rapport  à  l'ef- 
prit.  On  voit  àcs  gens  que  le  grand  âge  &  les  infir- 
mités rendent  imbecdles.  On  appelle  également  l'ex- 
trême vieilleile  &  1  enfance ,  l'âge  imbécïlle.  On  dit 
en  ftyle  de  jurifprudcnce  ,  imbécïlle  de  corps  &  d'ef- 
prit ,  un  homme  à  cjui  l'âge  ou  les  indifpohtions  ont 
ôté  les  forces  &  atioibli  la  raifon.  Acad.  Fr. 

Imbécïlle  ,  fe  dit  particulièrement  de  ceux  qui ,  par  le 
défaut  des  organes  ,  font  incapables  de  difcerner  dif- 
férentes idées ,  de  les  comparer ,  de  les  combiner , 
&  font  par-là  incapables  de  penfer  &  de  raifonner. 
Mentit  inops.  On  donne  des  curateurs  aux  imbecilles 
aulîî  bien  qu'aux  furieux.  L'homme  ïmbécïlfc  n'eft 
pas  abfolument  privé  de  la  droite  raifon;  mais  il  en 
a  dans  un  degré  de  médiocrité  qui  approche  de  la 
foiblelfe  de  l'enfance.  Au  refte  il  y  a  diftérens  de- 
grés d'imbécillité  ,  fuivant  que  le  manque  d'idées  & 
le  vice  des  organes  eft  plus  ou  moins  coniîdérable. 
Childeric  III ,  Roi  de  France ,  étoit  imbécïlle.  Les 
perfonnes  qui  ont  peu  d'efprit ,  écoutent  ce  qu'on 
dit  dans  une  converfation  avec  une  attention  imbé-. 
cille  qui  marque  ce  qu'ils  font.  Bell.  Nos  tragiques , 
à  force  de  faire  foupirer  les  Héros ,  les  rendent  im- 
becilles. S.  EvR.  Donner  aveuglément  dans  le  caprice 
de  tout  le  monde ,  c'eft  être  adulateur  ou  imbécïlle. 

Z''Imbécille  Ibrahim  ,  fans  craindre  fa  naiffance  , 
Trame,  exempt  de  péril ,   une  éternelle   enfance. 

Racine. 

Imbécïlle,  fe  prend  auflî  fubftantivement.  C'eft  un  imbé- 
cïlle, un  grand  imbécïlle. 

Le  fou,  dit  M.  l'Abbé  Girard,  manque  par  la 
raifon  ,  &  fe  conduit  par  la  feule  imprelîîon  mécha- 
nique.  \J extravagant  manque  par  la  réjle ,  il'  fuir 
fcs  caprices.  V ïnfenfé  manque  par  l'efprit  &  maichc 


8o 


I  M  B 


i'.uis  kimicrc.  VimbécUle  manque  par  les  organes ,  & 
v.i  par  le  mouvement  d'aurrui. 

Les  fous  ont  1  imj.!;mation  hntc  :  les  extravagans 
ont  les  idées  ûnguliercs:  les  infcnfcs  les  ont  bornées: 
les  imhédlUs  n'en  ont  point  de  leur  propre  fond. 
IMBÉCILLITÉ ,  1'.  h  Foiblelle  ,^  en  pariant  de  Telprit 
Imbcullïtas.  L'imhéàliué  àt  l'âge  Se  du  (exe  attire  la 
compallîon  des  plus  fiers  Tyrans.    Dieu  a  égard  à 
l'imbécillité  de  notre  nature.    J'aime  une  dévotion 
éloignée  de  cette  imbéciUité  qui  fe  forge  des  miracles 
fur  tout.  S.  Eva.  L'imbecilliu  d'elprit  elt  un  principe 
fort  ordinaire  de  malice.  As.  de  S.  R.  Mener  une  vie 
obfcure    avec    une  elpèce  d'imbécillité.   Bussi-Rab. 
f^oye^  LviBÉciLLE. 
|tCF  L'iMEÉciLLiii  eft  roppofé  de  l'entendement. 
§3"  IMBIBER.  V.  a.  Abcuver  uns  choie  de  quelqiUe  li- 
queur, en  forte  qu'elle  en  ioit  pénétrée.  La  pluie  i/^z- 
iibe  les  terres.  On  imbibe  une  compreile  d'eau-de-vie 
ou  d'autre  chofe.  On  imbibe  une  mèche  d'huile. 
î'Imbiber.  v.  récip.  Devenir  imbibé  ,   abreuvé  par  les 
parties  de  quelque  liqueur  qui  pénétrent,  qui  s'infi- 
nuent.    Imbui.    L'éponge  s'imbibe  de   toutes  les   li- 
queurs.  La  terre  s'imbibe  d'eau. 

On  le  dit  aufîi  des  choies  liquides  lorfqu'cUes  s'in- 
fmuent  dans  les  corps.  L'huile  s'imbibe  dans  les  toiles 
des  tableaux ,  dans  le  drap. 
Imbiblr.    Terme  de  Philolbphie  hermétique  ,  fignihe 
hrireles  imbibitions.  Foyei  ce  mot.  Il  veut  dire  aulli 
cuire  la  nature  jufqu  à  ce  qu  elle  toit  partaite. 
Imbibé,  ée,  le  dit  au(li  tîgurément.  Plenus.  Cet  hom- 
me paroit  tout  pénétré,  &  il  on  l'oie  dire,  tout  imbi- 
bé de  la  bonne  opinion  de  lui  même.  S.  ÉvR.  C^"  Ce 
correftiFétoit  nécellàire  ,  de  l'exprelîîon  auroit  encore 
bien  de  la  peine  à  paiFer. 
IMBIBITION.  L  £  Terme  du  Grand  Art.  Il  fignitie, 
1°.  Les  multiplications  qui  fe  font  avec  le  mercure 
hermétique  propre  pour  ôter  la  noirceur  en  cuifant.  Il 
faut  du  mercure  rouge  ou  citrin ,  qu'on  appelle  bain 
du  foleil ,  pour  Vimbibition  qui  fait  la  multiplication 
Su  rouge ,  &  du  mercure  blanc  au  bain  de  la  lune  , 
pour  Vimbibition  qui  fiit  la  multiplication  au  blanc. 
1°.  Ce  mot  hgnifie  une  opération  par  laquelle  l'humi- 
de qui  eft  monté  au  haut  du  vailleau ,  retombe  douce- 
ment fur  la  matière  qui  eit  dans  le  bas  du  vailleau. 
Cette  féconde  imbibition  eft  une  efpèce  de  circulation  ; 
la  première  eft  une  efpèce  de  multiplication. 
|t?lMBîBinoN  ,  en  Botanique  ,  eft  la  faculté  de  s'imbi- 
ber ou  de  fe  charger  de  l'humidité  qui  environne.  Les 
plantes  fe  nourrilîcnt  en  partie  par  {'imbibition  de  leurs 
fcuùies. 

Il  eft  prouvé  par  les  expériences  de  M"  Mariette  , 
Haies ,  Miller,  Bonnet  Duhamel,  &c.  que  les  feuilles 
des  plantes  font  garnies  d'organes  abforbans  ou  de  fii- 
çoirs  qui  pompent  l'humidité  des  pluies,  des  roiées  , 
&  même  de  celle  qui  eft  répandue  dans  l'air  d'une  la- 
çon  moins  lenfiblc.  Ainfi  elles  concourent  avec  les 
racines  pour  fournir  de  la  nourriture  aux  plantes ,  6c 
ce  fecours  leur  eft  très  utile  en  bien  des  occahons. 
Dans  le  cas ,  par  exemple ,  où  les  racines  le  trouvent 
dans  une  terre  fort  feche,  les  plantes  ne  laiflent  pas 
quelquefois  d'être  vigoureufes  quand  les  roiées  font 
abondantes. 

Si  l'on  voit,  dit  M.  Duhamel,  les  arbres  poulfer 
beaucoup  en  bois  '&:  en  feuilles  à  l'expofition  du  nord 
&  du  couchant,  lans  doute  cette  vigueur  des  plantes 
peut  être  attribuée  à  ce  qu'elles  y  traiifpirent  moins 
qu'à  l'expofition  du  midi  :  mais  il  paroît  auflî  que 
Vimbibition  des  feuilles  peut  y  avoir  bonne  part,  d'au- 
tant qu'il  eft  d'expérience  qu'à  ces  expofitions  la  rolée 
lubdfte  julqu'à  dix  heures  du  matin,  pendant  qu'elle 
le  diilipc  de  bonne  heure  aux  autres  expohtions. 

Si  les  arrofemcns  en  forme  de  pluie  lont  plus  utiles 
au  plantes,  que  ceux  où  l'on  ne  répand  l'eau  que  fur 
les  racines  :  &  fi  en  été  les  arrofemens  du  foir  font 
plus  avantageux  que  ceux  que  l'on  lait  pendant  le 
jour  ,  il  paro'it  qu'on  en  peut  aulîi  légitimement  attri 
buer  la  caule  à  Vimbibition  des  feuilles ,  qu'à  la  dimi- 
nution que  les  arrolemens  opèrent  fur  la  tranfpi ration. 
5i  l'on  rcma'-que  qu'il  eft  avanta^^cux  de  garantir 


I  M  B 

du  foleil  les  jeunes  plantes  &  les  boutures,  c'eft  parce 
qu'en  même  tems  qu'on  diminue  la  tranlpiration ,  on 
arrêxe  aulli  la* prompte  ditfipation  des  vapeurs,  qui, 
en  s'infinuant  dans  les  plantes  ,  leur  fournit  une  nour- 
riture qui  ne  peut  leur  venir  des  racines ,  puifqu'elles 
en  font  mal  pourvues  dans  les  arbres  qu'on  tranl- 
plante  ,  &  qu'elles  en  font  entièrement  privées  lorf- 
que  ce  font  des  boutures. 

Cette  imbibition  peut  agir  de  concert  avec  l'inter- 
ception de  la  tranlpiration,  pour  maintenir  en  bon 
état  les  plantes  que  l'on  tient  cLins  la  moufte  humide  , 
lorlqu'on  les  tranfporte  au  printtms  ou  en  été  d  un 
lieu  dans  un  autre. 

Il  eft  aife  de  voir  par  ce  qu'on  vient  de  dire ,  que  le 
retranchement  des  feuilles  doit  ctie  iiuihble  aux  plan- 
tes qui  font  pourvues  de  racines  ,  non  leulement  par- 
ce qu'on  les  prive  d'un  organe  qui  lert  à  la  tranlpira- 
tion, mais  encore  parce  quon  retranche  des  luçoirs 
qui  contribuent  a  leur  fournir  de  la  nourriture. 

Cependant  dans  certaines  circunftances  ,  cette  im- 
bibition peut  être  nuiuble  aux  plantes  :  par  exemple , 
quand  les  années  font  iraiches  &  pluvieufes  ,  les  plan- 
tes qui  lont  a  1  abri  du  loleil  &:  du  vent ,  fouftrent  plus 
que  les  autres,  parce  que  leurs  vallfeaux  fontj  pour 
ainfi  dirCj  gorgés  d'une  humidité  qui  fe  corrompt  j  &C 
alors  certaines  plantes  tombent  en  poutriture. 

Par  la  même  raifon ,  certaines  plantes  qu'on  élevé 
fous  des  cloches  ou  fous  des  chaOis  de  verre  ,  fe  trou- 
vant toujours  dans  une  athmolphère  humido,  peuvciit 
tomber  en  pourriture ,  fi  on  n'a  pas  le  foin  de  leur 
donner  de  l'air  de  tems  en  tems ,  pour  dillîper  les  va- 
peurs. 

On  voit  encore  qu'on  peut ,  fuivant  la  remarque 
de  M.  Bonnet,  adoiolir  un  arbre  trop  vigoureux,  en 
lui  retranchant  une  partie  de  fes  feuilles.  Par  ce  mê- 
me moyen  ,  on  peut  empêcher  les  branches  gourman- 
des d'épuiler  un  arbre,  &  prévenir  que  les  Heurs  ne 
coulent  par  une  trop  grande  abondance  de  levé. 

Enfin ,  l'on  voit  qu'on  doit  au  contraire  ménager  les 
feuilles  des  ar'ores  foiblesi  car,  comme  la  tranlpira- 
tion elt  le  principal  agent  de  la  fcve,  les  feuilles  con- 
tribuent à  la  faire  mouvoir  ;  &  il  y  a  apparence  que 
cette  caufe  prédomine  dans  certaines  circonftances  lur 
Vimbibition ,  qui  ,  dans  d'autres  cas  lubvient  à  leurs 
beloins ,  en  leur  tournillant  de  la  nourriture. 
IJCTIMBLOCAIIOiM.  f.  f.  Du  mot  bloc.  Jmas.  Ce 
terme  exprime  la  manière  d'enterrer  les  corps  morts 
des  excommuniés ,  en  élevant  un  monceau  de  terre 
ou  de  pierres  fur  Lurs  cadavres ,  dans  un  champ  , 
parce  quil  étoit  dciendu  de  les  enterrer  en  terre 
laiiite. 
IMBRIAQUE.  adj.  de  t.  g.  Mot  tout  à  fait  basj  &  qui 
ne  peut  trouver  place  qu'  ux  halles.  Il  fignihe ,  qui 
a  perdu  fa  railon  à  force  de  boire.  Quem  vinum  de 
janitate  mentis  dejecic.  Il  eft  tout  imbnaque.  ^ 
IMBRICLE,  LE.  adj.  Tuiles  iinbricées.  C'eft  l'épithète 
qu  on  donne  aux  tuiles  concaves  ,  pour  les  diftinguer 
des  tuiles  plates.  Dai.s  pluueurs Provinces  on  fe  fert 
de  tuiles  imbricées  pour  couvrir  les  mailbns.  On  en 
voit  en  Provence,  dans  le  Forez,  en  Auvergne,  en 
Poitou,  &c.  La  couverture  faite  avec  des  tuiles  i/Tz- 
bricees  ,  dure  plus  long  temps  qu'avec  des  tuiles  droi- 
tes; mais  par  Ç.3.  trop  grande  pelanteur  elle  écrafe  le 
comble  où  elle  eft  polcc.  Si  la  couverture  d'un  toit 
avec  des  tuiles  droites,  péfe  mille  livres,  celle  qui 
fera  faite  avec  des  tuiles  imbricées  on  péfera  plus 
du  douisle.  Le  paifté  folitaire  ou  lérin  de  Canarie 
le  rerire  fous  des  toits  de  maifcns ,  couvertes  de  tui- 
les concaves  que  l'on  nomme  imbricées  ,  dont  on 
couvre  les  Châteaux  litués  dans  les  Montagnes.  Ce 
mot  vient  à'imbricatus  ,  qui  eft  fait  en  gouttière. 
Ip'IMBROILLE.  f.  m.  Mot  tiré  de  l'Italien.  Imbro- 
glis.  Embrouillement.  Il  y  a  de  Vimbroille  dans  cette 
afiàire  ,  dans  cette  pièce  de  Théâtre.  Acad.  Fr. 
IMBROORBASSI.  f.  m.  Nom  d'Office  à  la  Cour  du 
Grand  Seigneur.  Grand  Ecuyer.  Magnus  Jlabuli  prd- 
fcclus  j  ou  magijîcr.  Il  y  a  dans  la  mailbn  du  Grand- 
Seigiieur  un  Clief  &  Surintendant  fur  tout  ce  qui 
dépend  des  écuiùcs ,  appelle  Imbroorbajfi  ,  ou  Grand- 

Ëcuvcr 


I  M  E 

Écuycr,  lequel  a  trois  ducats_ d'état  pai'  jour,  outre 
trente  mille  .ifprcs,  qui  font  fix  cents  écus  de  tïmar , 
ou  revenu  annuel  qu  il  tire  des  prairies  de  l'Anato 
lie.  Il  a  fous  lui  mille  Saracilcrs  ,  dont  400  des  pKr; 
adroits  font  deftincs  pour  les  écuries  du  Serrail  de 
Confbntinople.  Il  y  a  plus  de  45  mille  chameaux , 
douze  cents  Voinglers  ou  Tauchcurs  ;  500  Maréchaux, 
tant  maîtres  que  valets  ;  deux  ou  trois  cents  Selliers 
&  Épcronnicrs.  V Imhroorbaffi  ell:  donc  l'une  des  plus 
belltis  charges  &■  des  plus  lucratives  de  tout  le  Serrail , 
parce  qu'outre  qu'il  ordonne  de  tout  ce  qui  dépend 
du  fait  des  écuries  tk  haras  ,  tant  à  la  guerre  que  pen- 
dant la  paix ,  i<c  qu'il  a  de  fort  gros  profits,  c'ell  lui  qui 
monte  le  Grand  Seigneur  &  le  foulcvc  de  la  main  iur 
(on  cheval ,  ce  qui  n'ell  pas  une  petite  faveur.  C'ell: 
ce  qu'en  écrivoit ,  il  y  a  plus  de  cent  ans  ,  Vigcnere  j 
dans  les  lUuftrations  llu  l'Hilloire  de  Chakondylc, 
p.  347  Se  34  S. 
IMBUjUE,  adj.  Qui  cft  imbibe.  Imhibutus.  (CF  Ce 
mot  ne  le  dit  point  en  propre  ;  au  figuré  ,  en  parlant 
des  choies  Iprirituelles  &  morales  ,  il  lignifie  ^  Pré- 
venu ,  rempli ,  pénétré.  Efprit  imhu  d'une  faullé  doc- 
trine. Son  ame  étoit  imbue  des  principes  de  cette 
fcience.  Son  imagination  étoit  imbue  &  frappée  de 
cet  objet.  Tout  le  monde  eft  imbu  de  cette  nouvelle. 
On  ne  trouvoit  pcrlbnne  qui  ne  fût  imbu  de  ces  nou- 
veautés. Maucroix. 

■       I  M  E. 

IMÉRÉTI ,  ou  IMIRETE.  Nom  d'un  petit  État  de  la 
Géorgie,  en  Alîe.  Imerctia ,  Imirena.  Il  eftdans  une 
partie  de-l'ancienne  Colchide.Ses  bornes  ront,au  levant 
le  Carduel ,  au  nord  le  mont  Caucale,  qui  le  lépare  des 
Tartares  Circalles ,  au  couchant  la  Mingrelie  ,  &  le  Gu- 
riel ,  Se  au  midi  le  Royaume  de  Baratralu,  ou  la  Samfée, 
laquelle  Sanlon  y  renlerme.  Ce  pays  ell:  fort  monta- 
gneux, il  ne  laille  pas  d'avoir  de  bonnes  vallées,  &  quel- 
ques belles  plaines  abondantescn  vin,  en  grains,  &  en 
pâturages.  Les  habitans  lonr  Chrétiens  Grecs ,  mais  ex- 
trêmement ignoransiSc  vicieux.  Leur  prince  porte  le  ti- 
tre de  roi,  &  il  étoit  autrefois  maître  de  la  Mingrehe&: 
du  Guriel  ;  mais  maintenant  ces  deux  pays  ont  leurs 
Princes  particuliers ,  tributaires  du  Turc  ,  de  même 
que  lui.  Cotatis ,  la  capitale  de  cet  Etat ,  eft  entre  les 
mains  des  Turcs ,  &  le  Roi  à'Iméréti  tient  les  châteaux 
de  Scander  ,  de  Régia  &:  de  Scorgia. 

IMiiROS ,  f.  m.  ou  le  Defir  ,  tut  divinifé  chez  les  Grecs. 
Du  verbe  .  ■.d.a ,  cupio.  On  trouve  Ion  nom  avec  ceux 
d'Eros  tk  de  Pothos ,  qui  lignifient  Amour  &  louhait  : 
tous  les  trois  fous  la  figure  de  trois  Cupidons  ou  trois 
Amours. 

I  M  I. 

IMISIMIS.  Ville  ancienne  d'Afrique  au  Roy.aumc  de 

Maroc  j  &  cLins  la  Province  particulière  de  Maroc. 
IMITABLE,  adj.  m.  &  £  Qui  peut  être  imité  ,  ou  qui 
mérite  de  l'être.  Imitabilis.  Cette  .aéiion  n'eft  pas  imi- 
table. La  vie  de  S.  Siméon  Styljte  eft  plus  adminiblc 
qu'i/wifa/'/f. 
IMITATEUR  ,  ATRICE.  f.  Qui  imite.  Imkator.  Samr 
Paul  nous    exhorte  à  être  fes  imitateurs ,  comme  il 
rétoit  lui-même  de  JÉsus-Chîiist.  Les  imitateurs  font 
bien  moins  eftimables  que  les  inventeurs.  Les  imi- 
tateurs tombent  plutôt  dans  les  défauts  de  leurs  modè- 
les, qu'ils  n'atteignent  leurs  perfections.  CaïusSévé 
rus  compare  les  imitateurs  à  des  voleurs  qui  chan- 
gent les  armes  de  la  vailfelle  d'argent  qu'ils  ont  volée 
pour  la  vendre ,  comme  li  elle  leur  appartenoit.  Elles 
entraînèrent  .après  elles  plufieurs  imitatrices  de  leur 
zèle. 
Îp-IMITATIF,  IVE.  adj.  m.  Se  f.  Qui  imite.  L'harmo- 
nie imitative  cft  une  convenance ,  une  proportion  que 
le  fon  des  mots  doit  avoir  avec  les  penfées  pour  con- 
tenter l'amc.  Virgile  ne  la  manque  point ,  Claudien 
ne  l'attrappe  jamais.  Il  contente  l'oreille  ,  mais  il  fâ- 
che l'efprit.  Racine. 
|p=-  IMITATION,  f.  f.  C'eft  en  général  la repréfentation 
artificielle  d'un  objet.  Imitatio.  On  dit  qu'un  tableau 
Tome  V. 


I  M  I 


81 


ï\<.^  qu'une  imitation  de  Raphaël  j  du  Poullin.  Si 
1  art  imite  parles  couleurs,  cette  imitation  s'appelle 
peinture  ;  s'il  imite  avec  le  bois ,  la  pierre  ,  6c.  cette 
imitation  s'.ippellc  fculpturc  j  dir. 
Imitation  fe  dic  aulii  de  l'action  par  laquelle  on 
le  conforme  a  un  modèle.  L'imitation  des  vices  ,  des 
vertus.  Ceux  qui  ne  le  conduileiu  pas  par  raifon  ,  le 
laillent  d'ordinaire  conduire  par  limitation.  M.  Scvd. 
Loin  d  ici  cette  piété  d'imitation  oc  de  complailance 
qui,  lous  un  teint  amour  de  Dieu,  couvre  lesdelii's 
ôc  les  cfpéiances  du  liécle.  Fl.  Se  propofcr  pour  la 
conduite  de  la  vie  l'imitation  des  grands  hommes. 

Dans  les  productions  de  l'Art ,  comme  dans  la  pein- 
ture, Iculpture,  &c.  c'eft  la  manière  de  fe  former 
fur  un  modèle ,  d'en  prendre  le  goût ,  le  caractère. 
Dans  les  ouvrages  d'efprit ,  en  Po'c'.ie  ,  eu  Rhétorique, 
c'eft  un  emprunt  des  penfées  d'un  auteur  qu'on  s  ap- 
proprie par  l'ulage  qu'on  en  fait ,  par  la  tournure 
qu'on  leur  donne.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on  dit  que 
les  plus  beaux  endroits  de  Virgile  font  des  imitations 
d'Homère.  Combien  de  gens  affûiblillènt  leurs  talens 
naturels  par  une  mauvaile  imitation.  La  Bk.  Tout  ce 
qui  lent  l'imitation  dégoûte  ;  parce  que  rien  ne  fau- 
roit  plaire  qui  ne  loit  naturel ,  ou  qui  ne  le  paroiflè. 
Le  Ch.  de  M.  L'imitation  en  général  n'eft  point  blâ- 
mable :  on  ne  doit  condamner  qu'une  imitation  balTe 
Se  fcrvile ,  qui  n'ajoute,  ou  n  invente  rien.  Dac. 
L'imitation  acheva  de  former  le  goût  des  Romains.  Et 
voilà  pourquoi  t^orace  recommandoit  avec  tant  de 
foin  d'étudier  nuit  &  jour  les  écrits  des  Grecs,  qui 
étoient  li  utiles.  Mad.  Dacier..  Le  P.  Edmont  Cam- 
pien  ,  Jéfuite  ,  a  fait  un'  petit  Traité  de  l'imitation  de 
Cicéron  ;  Se  Cafaubon  ,  à  la  fin  de  fon  Perle ,  en  a 
donné  un  intitulé,  Perjîana  Horatii  im'itatio. 

Mon  imitation  «Vy?  point  un  efdavage.  La  Fon. 

Il  fait  allufion  à  ce  paiîàge  d'Horace.  O  imitatores , 
fervum  pecus. 
A  l'imitation.  Façon  de  parler  adverbiale  :  A  l'exem- 
ple de,  fur  le  modèle,  (yc.  Ac.  Fr. 

On  dit  d'une  chofe  qu'on  ne  lauroit  imiter ,  qu'elle 
eft  au  dellus  de  toute  imitation. 

Imitation  ,  fe  dit  en  Muiique  lorfqu'une  partie  imite 
le  chant  d'une  autre  partie ,  ou  pendant  toute  une  43iè- 
ce  ,  ce  qui  eft  une  des  efpèces  du  canon ,  ou  bien  feule- 
ment pendant  quelques  m>:fures  ,  qui  eft  une  imita- 
tion fimple.  fj^En  un  mot  elle  conlifte  a  taire  répétera 
fon  gré  Se  dans  telle  partie  que  l'on  veut  ,  une  certaine 
luire  de  ch.int ,  lans  autre  régulante.  Quelquefois 
on  imite  feulement  le  mouvement  ou  la  figure  des  no- 
tes ,  &  cela  ou  par  un  mouvement  contraire ,  ce  qui 
fait  l'imitation  renverfée^  ou  en  rétrogradant  ,  &c. 
L'imitation  difterc  de  la  figure  en  ce  que  dans  l'imi- 
tation il  faut  que  la  répétition  le  faile  ,  ou  une  i^, 
ou  une  3^,  ou  une  6^,  ou  une  7*,  ou  une  9% 
&c.  au-delfus  ou  au  deilous  de  la  première  voix  ;  Se  fi 
la  répétition  fe  taifoit  à  l'uniiron,  à  la  4^,  àla/^, 
ou  à  la  8*^ ,  plus  haut ,  ce  feroit  une  fugue. 

§3"  L'imitation  de  J.  C.  c'eft  le  titre  d'un  livre  de  dé- 
votion^ communément  attribué  à  Thomas  à  Kempis. 
Ce  livre ,  le  plus  beau  qui  foit  parti  de  la  main  d'un 
homme  ,  puilque  l'évangile  n'en  vient  pas ,  n'iroit 
pas  droit  au  cœur  ,  comme  il  fait ,  &  ne  s'en  faifiroit' 
pas  avec  tant  de  force ,  s'il  n'avoit  un  air  naturel  Ôc 
tendre  ,  à  quoi  la  négligence  même  du  ftyle  aide  beau- 
coup. FONTEN. 

IMITATRICE,  f.  f.  Les  auftérités  qu'elle  a  pratiquées 
(Sainte  Thérèfc  )  &  qu'elle  a  fait  pratiquer  dans  le 
Chriftianilme  à  tant  d'imitateurs  Se  d'imitatrices  de 
fa  pénitence.  Bourdaloue  ,  Exhort.   T.  I.p.  30S. 

IMITER.  V.  a.  Copier  quelque  chofe  tur  une  autre  qu'on 
a  choiiie  pour  modèle.  Imitari.  Un  tel  Peintre  imite 
bien,  mais  il  deffine  mal.  Le  perroquet  i/Tzite  la  voix 
de  l'homme ,  le  finge  ,  fes  .aâions.  Tout  le  monde 
vous  imite  J  madamCj  mais  perfonne  ne  vous  relfemble. 
S.  ÉvR.  Pour  exceller  en  quelque  chofe ,  il  ne  faut  pas 
imiter.  Le  Ch.  de  M. 

Imiter  ,  foit  en  Sculpture ,  foit  en  Peinture ,  en  Poëfie  , 

L 


82 


I  M  M 


en  Éloquence,  en  Mulîque,  foit  dans  quelqu'autie 
Arc ,  ne  lignine  pas  toujours  copier  trait  pour  tr.iit  : 
c'cll  fe  former  une  idée  feniblable,  &  fuivre  la  même 
manière,  /.'.-zirt-r  l'Antique,  c'cll  en  prendre  la  manière, 
le  goût ,  le  caractère. 
ÇCTUn  Auteur  qui  ïmue ,  prend  dans  fes  écrits  l'eiprit , 
leftyle  de  celui  qu  il  prend  pour  modèle.  Le  Pcmtre 
fuit  dans  (es  tableaux  les  manières ,  le  goût  &  l'ordon- 
nance d'un  autre  peintre. 

La  beauté  de  Xïmitaûon  j  tant  en  Poëlie  qu'en  Pein- 
ture ,  conliice  dans  deux  fortes  de  vrai ,  le  vrai  limple 
&  l'idéal.  Le  premiej:  peint  la  nature  telle  qu'elle  eft  ; 
le  fécond  lembeliit  en  rallemblant  lur  le  même  ob- 
jet plulieurs  traits  bien  rendus  &  bien  aflortis  qu'elle 
a  dilperiés  lur  des  objets  diliérens. 
Imiter  ,  fe  dit  au'.îî  en  Morale.  Se  conformer  à  un  mo- 
dèle. Ce  jeune  homme  marche  fur  les  pas  de  fes  Ancê- 
tres ,  il  ïmïtt  leurs  vertus.  îl  faut  Imiter  les  hommes 
illulhcs  de  l'antiquité.  Nous  devons  avoir  pour  la 
vertu  une  admiration  animée ,  qui  faile  naître  en  no- 
tre ame  comme  un  amoureux  dein^  de  l'imiter.  S.  £vR . 
fCFOn  dit  très  bien  &  très- élégamment  imiter  .des 
exemples ,  quand  il  s'agit  d'iiloquence  ,  de  Poclle  ,  de 
Peinture,  û'c.  Bouii.  On  le  dit  de  même  à  l'égard  des 
mcEurs  &  des  aftions.  Pour  nous  ,  qui  voyons  en  ce 
lieu  de  11  grands  exemples  à  imiter,  dit  M.  l'Avocat 
Général  de  Lamoignon.  Les  Latins  ont  dit  de  même  : 
:  Imitari  exemplum.  Domefticum  te  habere  exemplum 
dixi  ad  imitandum.  CiCER.  Orat.  pro  Mar. 

Les  Grecs  dilenten  proverbe,  qu'il  eft  plus  aiféde 
fe  moquer  de  quelqu'un  j  que  à'^n  faire  autant  que 
lui,  &  de  l'imiter^  .-.««.«*•!'  pà^^ict  .'  |(.-<joft'  C'eft  à 
peu  près  ce  que  Ronfird  difoit,ileft  ailé  de  repren- 
dre, diiacile  de  faire  mieux. 

On  dit  proverbialement ,  que  l'art  imite  la  nature. 
On  dit  d'une  chofe  qu  elle  eft  bien  imitée  ,  quand 
elle  eft  bien  tirée  d'après  nature. 
Imité  j  ée,  part. 

I  M  M. 

Il  eft  à  propos  de  remarquer  ici  d'abord  fur  tous 
les  noms  qui  commencent  par  IMM,  que  la  pre- 
mière m  ne  s'y  pronou.e  point  de  la  même  manière 
que  dans  lesmoti  tiui  après  /Mont  une  autre  lettre 
qu'une  M;  par  e.vcmpie  -,  imbiber,  imparjait ,  impair, 
impanateur ,  impatunt,  impojjible ,  àx.  Cardans  ceux- 
ci  ïm  ne  iait  qu  un  ion  limple  avec  l'i  ;  ces  deux  let- 
tres n'expriment  qu'une  véritable  voyelle ,  de  celles 
que  M.  l'Abbé  Dangeau  appelle  voyelles  nazales  <5c 
Efclavones.  Elle  fc  prononce  comme  i«,  thns  i/ifini , 
indompté ,  inconcevable ,  ù'c.  Mais  dans  les  mots  où 
l'/eft  fuivi  de  deux  MM ,  comme  immacule ,  &  tous 
les  autres  qui  fuivcnt ,  la  première  A/retient  Ion  Ion 
propre  &  particulier  de  confonne  ;  ainli  l'on  prononce 
les  deux  MM  \  mais  on  fait  peu  lentir  la  première  , 
&  on  ne  la  prononce  point  rudement ,  mais  douce- 
ment &   légèrement. 

IMM  A  ,  f.  m.  Efpèce  de  bol  ou  de  terre  rouge,  dont 
fe  fervent  en  Perfe  les  Teinturiers  &  les  Peintres  pour 
leurs  peintures  &  teintures.  Les  lemmes  Perlanes  , 
particulièrement  les  Danfeufes  publiques,  en  ufent 
aulli  pour  relever  leur  beauté,  comme  on  fait  en  France 
de  Carmin  ou  de  rouge  d'Efpagne.  Le  meilleur  ^otot^^ 
eft  celui  que  l'on  tire  de  la  montagne  de  Chiampa 
près  de  Bander  Congo. 

IMMACULE ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Théologie.  Qui  eft 
lans  tache ,  fans  péché.  Tabis  expers.  Ce  mot  n'eft 

.  guère  ufité  qu'en  cette  phrafe.  On  dit  que  la  vierge  a 
eu  le  privilège  de  la  Conception  immaculée ,  8c  d'avoir 
été  préfervée  du  péché  originel. Quand  on  donne  le  bon- 
net à  un  dotteur  deSorbonne,on  lui  fait  jurer  qu'il  fou- 
ticndra  {'Immaculée  Conception  de  la  Sainte  Vierge. 

.  Il  y  a  un  décret  de  l'Univerfité  qui  ordonne  ce  ler- 
ment.  Il  fut  fait  par  la  Sorbonne  dans  le  XW^.  iiécle , 
&  quatre  vingts  autres  univerlirés  l'ont  fait  depuis  à 
fon  imitation.  |?3°On  ne  regarde  pourtant  pasl'/m- 
macidéc  Conception  comme  un  article  de  toi ,  mais  , 


î  M  M 

comme  une  opinion  :  c'eft  dans  ce-  fens  qu'on 
la  loutient  dans  \t%  écoles.  On  dit  que  divers  États  ', 
entre  autres  ceux  de  Caftille ,  d'Arragon  ,  de  Na- 
varre &:  de  Napk's ,  ont  fait  aulli  des  Réglemcns 
publics  fur  cela.  Les  Ordres  militaires  d'Efpagne 
ie  {ont  .  aulli  engagés  iolennellement  à  foutenir 
cette  prérogative  de  la  Sainte  'Vierge.  'Voyez  Con- 
ception. 

Congrégation  de  l'ImmaculÉe  Conception  de  la 
Sainte  'Vierge.  Prefque  dans  tous  les  Wonaltères  des 
Keligieufes  de  la  Congrégation,  il  y  a  une  (ociétéde 
hiles  lecuiières ,  qui  ont  pour  fin  ,  d'honorer  l'Imma- 
culée Conception  de  la  Sainte  Vierge.  Elles  en  font 
tous  les  ans  une  proteftation  en  public ,  &  tous  les 
jours  en  particulier.  Elles  portent  un  petit  fcapulaire 
qu'elles  appellent  un  collier  ,  qui  eft  d'étoffe  de  couleur 
bleu  céleftc  ,  fur  lequel  d'un  côté  eft  l'image  de  Y  Im- 
maculée Conception  ,  &  de  l'autre  ces  mots  en  lettres 
d'or  ou  d'argent  :  Marie  a  été  conçue  fans  péché.  Ce 
Icapulaire  peut  être  aulli  de  couleur  blanche  ,  &  la  de- 
vile  en  loie  bleue.  Elles  tont  leur  proteftation  publi- 
que ,  un  cierge  de  cire  blanche  à  la  main ,  auquel  eft 
attaché  un  petit  écufton  contenant  la  même  devife. 
Elles  ont  des  Conftitutions  drellées  par  le  P.  Fourier  , 
&  approuvées  par  Innocent  X.  qui  accorda  beaucoup 
d  indulgences  a  cette  Congrégation  de  V Immaculés 
Conception.  P.  HÉlyot  ,  T.  II  c.  64. 
IMMANENT  ,ENTE.  adj.  fCF  Qm  demeure  dans  laper- 
foiine  &  n'a  point  d'ciîet  au  dehors.  Immanens.  Ter- 
me de  Logique.  Les  PhilofophesdiftinguentlesaÛions 
en  tranlitoires  &  immanentes.  Les  Théologiens  ont 
adopté  cette  diftinèlion.  Lesattions  de  Dieu  immanen- 
tes lont  celles  dont  le  terme  eft  dansDicu.  Les  actions 
tranlitoires  lont  celles  dont  le  terme  eft  hors  de  Dieu. 
Les  perfonnes  du  Fils  &  du  Saint-Elprit  font  produites 
par  des  opérations  immanentes ,  des  acîes  immanens  ; 
au  contraire  la  création  du  monde  &  des  autres  créatu- 
res ,  font  des  actions  ou  des  opérations  tranlitoires. 
ip- IMMANGEABLE,  adj.  Qui  ne  peut  fe  manger.  On 
trouve  ce  mot  clans  le  théâtre  d'agriculture  d'Olivier 
de  Serre.  On  ne  le  trouve  point  ailleurs. 
IMMANQUABLE  ,  adj.  m.  iSc  f.  Qui  ne  peut  manquer 
d'arriver.  Certus;  fixus  ,fiatutus.hc  foleil  fe  levé  & 
fe  couche  tous  les  jours  ,  cela  eft  immanquable.  Nous 
devons  mourir  tôt  ou  tard ,  cela  eft  immanquable.  Vo- 
tre procès  eit  li  clair  &  li  net ,  que  c'eft  une  affaire  im- 
manquable. Pïomcîic  immanquable.  Promelle  dont  l'ef- 
kt  eft  immanquable. 
IMMANQUABLEMENT,  adv.  Infailliblement, /ans 
manquer.  Ccrtb.  Si  vous  allez  dîner  à  cette  table ,  vous 
y  trouverez  des  écorni  Heurs  immanquablement. 
IMMANUEL.  Foyei  EMMANUEL.  C'eft  ainfi  qu'il 

faut  dire  en  notre  langue. 
tfr^  IMMARCESSIBLE.adj.de  tout  genre.  Terme  didac- 
•   tique ,  qui  ligniiie  incorruptible ,  qui  ne  le  flétrit  point. 

Im^marceJJlbilis. 
IMMARTYROLOGISER.  v.  a.  Inférer  au  Maityrologe. 
In  Martyroiogio  infcribere ;in  Martylorogium  referre, 
injerre.  M.  Chaftelain  a  fait  ce  mot ,  que  nous  ne  met- 
tons que  pour  avertir  qu'il  n'eft  point  François ,  & 
qu'il  ne  s'en  faut  point  lervir. 
Ip-  IMMATÉRIALISME,  f.  m.  Dodrine ,  fyfteme  des 
Immatérialiiles.   Quelques  Philolophes   bizarres  ont 
ofé  avancer  qu'il  ne  peut  y  avoir  que  des  elprits ,  d'où 
ils  concluent  que  le  monde  ienlible  n'eft  qu'une  fuite 
d'apparences  j  d'idées  rapides  &  momentanées,  qu'un 
Etre  lupérieur  met  dans  ces  elprits  ,  fans  qu'il  y  ait  au 
dehors  riendcréel  ni  d'cfteètif.  f^oy.  l'art,  luivant. 
IMMATÊRIALISTE.  1.  Nom  que  l'on  donne  à  de  nou- 
veaux Athées  ,  qui  prétendent  que  tout  eft  elprit ,  iSc 
que  le  monde  n'eft  compolé  que  d'Êtres  penlans.  Se- 
lon eux  tout  ce  que  nous  croyons  voir  &  fentir  de  cor- 
porel ,  n'a  rien  de  réel  ;  ce  font  de  vaines  idées ,  des 
fantômes  que  notre  elprit  fabrique  ,  ou  plutôt  qui  naif- 
fent  en  nous  par  la  nécellîté  naturelle  ,  qui  nous  a  fait 
naître.  Ces  prétendus  Philofophes n'admettent  aucune 
liaifon  entre  les  Êties  penlans  :  chacun  eft  un  monde 
indépendant  des  autres.  Ce  fyftême  eft  tout  à-fait  per- 
nicieux :  il  renverfe  de  fond  en  comble  la  Rehgion  S: 


î  M  M 

laTodcic;  ixnis  tout  pcmickux  qu'il  tfi:,.'d  ne  fera  pas 
beaucoup  de  mal  Lei  hommes  legaideioiit  les  Imma- 
terïaLïjlcs ,  comme' cet  homme  qui  s'imaginoit  ctretie 
verre ,  &  craignoit  a  tuu:  moment  d'être  calïe  ;  &  fran- 
chement la, folie àa  Immaunilifics  ne  diriere  de  la  io 
lie  de  cetliûmrae,  quen  ce  quelle  ell  plus  extrava- 
gaïue.  Il  ne  faut  pas  craindre  que  ces  Ipéculatiuns  va- 
gues &  chimériques  l'emportait  lur  le  lens  commun. 
Réfuter  en  forme  ces  vilions,  ce  leroit  le  délier  trop  de- 
là niilbn  humaine  &  leur  faire  trop  d  honneur.  P. 
ToDRNEMiNE,  DiQircanon.  Jur  L' Atiiiijme.  Ce  nom 
vient  dulariii  matcria  ,  manèrc,  &  de  la  propolition 
in  ,  lignifiant  nég^ition.  Im;?iarcna/ijl£ ,  qui  ne  con- 
noît  point  de  matière  daiis  le  monde. 

IMMA  f  ERIALirÉ.  f.  f.  Qu^ilité  de  ce  qui  n'a  point  de 
matière.  Immate nalitas.  Ce  mot  elf  en  ulage  dans  le 
dogmatique.  L'immatcnaliti  de  l'amc  elf  invincible- 
ment démontrée.  Ce  terme  ell  lynonyme  à  fpuitua- 
litc. 

IMMATÉRIEL,  ELLE.  adj.  Qui  ell:  fins  aucun  mé- 
lange de  matière ,  qui  ell  pur  etpiit.  Abf^ue  materlà. 
Dieu,  les  Anges,  l'ame  railonnable ,  ïbnt  des  êtres 
unmatérlels  ,  &  purement  Ipirituels. 

IMMATÉRIELLEMENT.  adj.  D'une  manière  imma- 
térielle, fpirituellement.  immatenalïter  ,  fpïntuaiuu: 

IMMATRICULATION,  f.  f.  Terme  de  Junlprudence. 
C'efl  l'infcription  de  quelqu'un  dans  quelque  regillre 
public.  In  album  relacio.  C'eft  auili  l'état  de  ce  qui  ell 
immauiculé. 

IMMATRICULE.  C.  i.  ^  Terme  de  Jurifprudence. 
Ade  qui  contient  l'infcription ,  l'enregillrement  de 
quelqu'un  dans  quelque  regillre  public  ,  comme  celui 
d'un  renrier  de  l'Hôtel  de  ville  fur  le  regiftre  des 
Payeurs,  quand  la  rente  change  de  propriètdre.  In 
albumrdatïo.  On  paie  un  écu  au  Commis  des  Paycuis 
pour  le  droit  àUmmatricuU  pour  chaque  rente.  On 
le  dit  anili  de  l'enregillrement  qu'on  fait  du  nom  d'un 
Avocat ,  ou  OlHcier ,  quand  il  ell  re^u  ,  ou  lorf'-.u'il 
fait  le  ferment,  dans  les  regillrcs  de  la  Compagnie  où 
on  le  reçoit.  Cet  Avocat  a  levé  Ion  immatricule, 
l'atte  de  fi  preftation  de  ferment. 

IMMATRICULER,  v.  a.  Mettre  le  nom  d'un  rentier 
dans  le  regillre  d'un  Payeur ,  en  faire  1  immatricule. 
In  Alhum  referre.  On  met  les  qmttance  au  rebut , 
iofqu'à  ce  qu'on  le  foit  fait  ïmmatncuUr. 

On  le  dit  aulïï  en  quelques  profeilîons  où  l'on  doit 
faire  écrire  fon  nom  dans  les  rcgiltres.  Les  Avocats 
font  immatriculés  dans  les  regiflres  de  la  Cour ,  les 
Notaires  au  grerfe  de  la  jurifdiclion  ,  èic. 

Immatriculer  ,  fe  trouve  dit  métaphoriquement  pour 
mettre  dans  un  certain  état,  dans  un  certain  rang. 
Conjlituere.  Ici  le  Négociateur  voudroit,  que  comme 
il  vient  à' immatriculer  la  déleélation  viélorieufe  des 
Augufliniens ,  dans  notre  état,  ces  Meilleurs  natura 
lifallent  aulfi  la  grâce  etticace  par  elle-même  dans 
l'état  d'innocence.  Ainfi  parloient  les  Jéfuites.  Mém. 
DE  Trév. 

Immatriculé  ,  ée.  part.  In  alhum  relatas.  Le  dix  fep- 
tième  article  ou  canon  des  Capitules  d'Hincmar  porte 
que  les  pauvres  immatriculés  ,  c'efl  -  à  -  dire ,  infcrits 
au  catalogue  de  l'Églife ,  doivent  être  des  invalides 
du  même  domaine  ,  ou  lesparens  du  Curé,  s'ils  font 
vraiment  pauvres. 

IP"  IMMAUM.  f.  m.  Terme  de  relation.  C'efl:  le  nom 
que  l'on  donne  en  Perfe  à  des  efpèces  de  faux  Pro- 
phètes ,  ou  plutôt  à  de  prétendus  Saints  qui  vivent 
dans  la  retraite  &:  dans  l'auftérité.  Si  ce  que  les  Chré- 
tiens difent  de  Paul ,  d'Antoine  &  de  Pacôme  ell 
vrai,  leurs  vies  font  aulli  pleines  de  prodiges  que 
celles  de  nos  plus  ûcrés  Immaums.  Lettres  Pers 

IMMEDIAT,  ATE.  adj.  Qui  fuit  ou  précède  un  autre 
lans  aucune  interpofition.  Alicui  proximus.  L'animal 
eft  le  genre  iOTOT.j'd'iar  de  l'homme  j  fuccell'eur  iOT;«/- 
diat  y  piédécefleur  immédiat. 

Immédiat  ,  ate  ,  fignitîe  auifi ,  qui  agit  fans  moyen  , 
lans  milieu.  Caufe  immédiate.  Grâce  immédiate.  Tou 
tes  les  créatures  font  dans  une  perpétuelle  dépen- 
dance du  concours  immédiat  de  Dieu.  Ju.  On  a  vu 
depuis  quelques  années  de  grandes  difputes  fur  la 
Tome  V. 


I  M  M 


83 


grâce  immédcatt:  entre  les  Théologiens  Protcilans  il 
s'agilloit  de  lavoir  li  la  grâce  agit  fur  k-  ca:ur,'cS: 
lurl'clpnt,  par  une  elHcace  immédiate,  indépendam- 
ment des  circunliaiiccs  externes ,  ou  li  un  ctrtaiu 
alltinblige  ,  ou  certain  ménagement  de  circonlbnces 
jointes  au  nmiilk-rc  de  la  parole,  peuvent  produire 
la  convcrlion  des  .unes.  Je  conçois  que  qu.uid  je 
rejette  Ion  infpiration ,  ( du  premier  ctre  )  peur  le 
bien ,  j'ai  le  vrai  ik.  adluel  pouvoir  de  ne  la  ujttter 
pas;  comme  j'ai  le  pouvoir  actuel  &  immédiat  de 
me  lever,  quand  je  dememe  aiiiSj  ik.  de  krmcr  les 
yeux  ,  quand  je  ks  ai  ouverts,  i  e,mel. 

On  appelle  en  Allemagne  Nobles  Immédiats  de 
l'Empire ,  ceux  qui  font  fournis  imincdiatement  à 
1  Empereur  j  fans  leconnoxtre  d'autre  Souverain  que 
lui.  Les  i,i:v^nQ[ini:sLmmedLdtcs rel/'ottiflent  a  L;  Ciiain- 
bre  Impérrilc  de  Vetzlar.  La  Nobklle  immédiate  fait 
un  corps  alkz  conlidcrablc  en  forme  de  x.cpuolique 
Arillocratiquc.  Elle  fe  divile  en  quatre ,  celle  de  Soua- 
be,  de  Francome ,  du  l^.hin,  &  de  la  Ballè-Alfice  j 
&c  fe  lubdivife  en  pluiieurs  quartiers.  Cliaque  quar- 
tiera  un  cher,  que  i  on  nomme  diretteur  en  Scuabe, 
&  dans  la  Balîé  Aiface;  &  Capitaine  de  la  Noblelfé 
en  Franconie ,  Se  dans  le  Cercle  du  Rhin. 

UCT  La  Noblellè  médiate  ell  celle  qm  pollcde  des  fiefs 
qui  relèvent  des  princes  &  des  états  particuhers  de 
l'Empire;  liefs  que  l'on  nomme  médiats. 

Il  y  a  dans  l'Urdie  de  Citeaux  un  Supérieur ,  qui 
fe  nomme  le  Père  Immédiat.  Le  quatrièi.:e  Chapitre 
de  la  Carte  de  Chanté,  réôle  les  biedions  des  Ab- 
bés ,  l'autorité  du  Fere  Immeaiat ,  au  temps  de  la  va- 
cance ,  &  de  feietaon,ia  ^^uahte  des  peJonnesqui 
doiventêtrccjuesj  e»e.  P.  r^ÉLvor,  l.p.C.  jj. 

IMMiiDlA  1  EiViLiVi  r.  adv.  i^'une  manière  immédiate  j 
tout  de  fuite,  fins  aucune  inteipolition  ,Gns moyen. 
Prjximè.  Le  Sous  Doyen  cil  celui  qui  fuit  immedia- 
tement  le  Doyen.  Ce  Lei  rekve  imniddiutement  de  la 
Couionne.  Les  appellations  des  Juffi:es  des  Lucnés- 
Pairies  fe  relèvent  au  lariement  immeaiatement. 
DicH  concourt  immédiatement  à  toutes  nos  actions. 
Ju. 

On  dit ,  Immédiatement  z'pihs  ;  pour  dire ,  Aulîî  tôt 
après  ,  incontinent  après.  Aca.  f  r. 

IMMiiDIA  1 E  X  É ,  f.  f.  guahtc  de  ce  qui  eft  immédiat , 
dépendance  immédiate.  Il  n'y  a  point  de  terme  latin 
pour  exprimer  ce  mot;  li  j  etois  dai.s  la  nécellité  de 
le  faire  ,  j  aurois  recours  à  la  langue  Greque  ,  &  je 
dirois  «/<fj„>  ou  '-y-i  •  «î,  immédiateté  n'efl  pas  reçu 
par  l'ulage  en  François.  Heis  feul  l'a  employé  dans 
fon  hilloire  de  l'Empire,  T.  II. p.  jS6.  où  en  par- 
iant de  Hagu^nau  cV  des  neuf  autres  villes  d  Ai- 
face  ,  il  dit  :  Cette  ville  reconnoilfoit  ,  ainfi  que  les 
neuf  autres ,  le  roi  pour  protecteur ,  aux  mêmes  con- 
ditions qu'elles  reconnoilioient  l'Empereur  &  les 
Princes  d'Autriche  en  cette  quahté ,  fans  déroger  à 
V immédiateté 3  en  vertu  de  laquelle  ces  dix  villes  pré- 
tendoient  demeurer  Etats  libres  de  l'Empire.  Mais 
comme  elles  ont  été  convaincues  du  droit  de  Sou- 
veraineté ,  dont  le  Roi  de  France  a  été  revêtu ,  elles 
ont  lenoncé  à  cette  immediatcté ,  &  fe  font  foumi- 
fes  entièrement  à  Sa  Majefté  Très-Chrétienne. 

IMMEMORABLE ,  pour  immémorial ^  fe  trouve  dans 
cette  Épigrarame  du  Chevaiher  de  Cailly. 

Depuis  un  tems  immémorable , 
Le  monde  a  vu  jouir  quelques  gens  du  Palais 

D'un  privilège  incomparable  : 
Ces  gens  volent  toujours ,  on  ne  les  pend  jamais. 

IMMÉMORIAL ,  ALE.  adj.  Épithére  qu'on  donne  au 
temps  ,  à  la  durée  d'une  chofe  dont  on  ne  peut  dire 
le  commencement.  Memorlam  excedens.  C'ell  une 
obfer>'ation  qu'on  a  faite  de  temps  immémorial.  La 
polîéllîon  centenaire  ell  une  poileffion  immémoriale^ 
3c  vaut  un  titre,  parce  qu'on  préfume  que  l'origine 
en  eft  inconnue.  fC^Pour  qu'une  polfelfion  foit  im- 
mémoriale J  il  faut  non-feulement  qu'elle  foit  très- 
aucienne,  mais  que  l'origine  en  foit  inconnue.  Se 
palle  la  mémoire  des  hoirimes  aéluellement  vivans. 


84 


I  M  M 


IMMENSE  adj.  m.  &  f.  Infini.  Immcnfus.  Dieu  fcul 
immenfe  :  fon  pouvoir ,  fa  bonté  (onr  immenfes  ,  ("ans 
bornes,  fans  mckues. 

Immense,  fe  dit  auilî  d'une  très-grande  étendue.  Les 
Aftronomcs  mettent  une  elpace  immsnfe  entre  Sa- 
turne &:  les  étoiles  fixes.  C^?  On  dit  de  même  des 
defirs  immenfes ,  une  ambition  immenfe ,  une  iomnie 
immenfe.  Les  temmes  ont  undelir  immenfe  de  plaire, 
Bell.  ,  c'cft  à-dire  démefuré.  Il  m'en  a  coûté  des  fem- 
mes immenfes  ,  très  grandes. 

0CF  IMMENSEMENT,  adv.  D'une  manière  immenfe. 
Il  eft  ïmmenfement  riche. 

IMMENSITÉ,  f  f.  Infinité  -,  étendue  fans  bornes.  Im- 
menfitas.  Vimmenfité  Ac  la  miféricorde  de  Dieu  ,  de 
fa  clémence,  de  îd.  [x2,ciXe.  L'immenficé  de  Dieu,  la 
fubftance  même  comme  répandue  par-tout ,  &  par- 
tout toute  entière,  remplillant  tous  les  lieux  ians  cx- 
tention  locale.  Maleb.  L'éternité  de  Dieu  s'avance,  & 
ce  peu  de  momens  qui  nous  relient  iont  tout  prêts  de 
fe  perdre  dans  cette  immenfué  li  redoutable.  Ab.  de 
tA  Tr. 

ifT  Ce  terme  eft  particulièrement  relatif  à  l'étendue. 
Immenfué ,  &  cfpace  ians  bornes,  termes  Synony- 
mes. Vimmenfué  de  Dieu ,  n'eft  autre  choie  que  Li 
préfence  en  tous  lieux.  Il  eft  par  tout  par  fa  Icicn- 
ce,  parce  que  rien  ne  lui  eft  caché  ;  par  Li  puilLancc,, 
parce  qu'il  produit  &  conferve  tout  ;  par  fon  clîence, 
parce  qu'il  pénétre  tout. 

Immensité  ,  fc  dit  auilI  de  ce  qui  eft  d'une  grande  éten- 
due. Vimmenfàé  des  cieux  pallé  notre  imagination,, 
Uimmenfité  de  l'Univers. 

IMMENSURABLE.  adj.  Qu'on  ne  peut  mefurer.  On 
ne  connoît  point  la  hauteur  d'une  étoille  fixe  :  elle 
eft,  fi  j'ofc  ainfi  parler  ,  immenfurable  j  il  n'y  a  plus 
ni  angles ,  ni  fmus  ,  ni  parallaxes  dont  on  puille 
s'aider.  La  Bruyère  ,  pa^.  644.  Ce  mot  eft  bien 
inventé  ,  &  propofé  avec  modeftie.  C'eft  quelquefois 
le  moyen  de  mieux  faire  palier  les  mots  de  nouvelle 
création ,  fur-tout ,  lorfqu'à  l'exemple  de  celui  -  ci , 
ils  ne  s'éloignent  pas  de  l'utage  de  la  Langue. 

JMMÉRE  ,  &  non  pas  Immirenien  ,  comme  on  a  dit 
dans  le  Moréri.  Nom  ancien  d'un  peuple.  Immer , 
immeris.  Nicéphore  ,  qui  rapporte  la  converllon  des 
Imméres,  dans  fon  XFP.  L.  c.  37.  dit  qu'ils  étoient 
de  Perfe,  qu'ils  en  habitoient  la  partie  la  plus  mé- 
ridionale ,  &  que  c'étoit  une  nation  belliqueufe.  Du 
refte,  il  les  appelle  'if--,Kjçs;,  &  je  ne  fais  pourquoi 
l'on  a  changé  ce  nom  en  Immirenien. 

IMMERSEUR.  f  m.  Nom  que  l'on  donnoit  autrefois 
à  l'un  des  miniftres  du  baptême.  Celui  qui  plongeoir 
dans  l'eau  le  catéchumène  qui  rccevoit  le  baptême. 
Immerfor.  Les  Grecs  l'appeloient  Bapcijla  j  qui  ligni- 
fie la  même  choie.  VImmerfeur  n'étoit  que  le  troi- 
fiènie  des  miniftres  du  baptême;  car  le  premier  & 
le  plus  honorable  bénilloit  l'eau,  le  fécond  faifoit 
les  exorcifmes  ,  &  le  troilièmc  étoit  VImmerfeur,  qui 
devoit  être  prêtre.  Macri. 

IMMERSIF,  IVE.  adj.  Qui  fe  dit  de  ce  qui  fe  plonge 
dans  l'eau.  Immerfivus ,  immergens.  L'or  s'éprouve 
par  la  calcination  immerfive  qu'on  en  fait  dans  de 
l'eau  forte ,  lorfqu'on  le  purifie  par  l'incaft. 

IMMERSION,  f  f.  Adion  par  laquelle  on  plonge  dans 
l'eau  ou  dans  quelqu'autre  Huide.  Immerfio.  Le  lou- 
verain  remède  contre  la  rage  ,  c'eft  l'immerfon  dans 
la  mer.  Dans  les  premiers  lièclcs  du  Chrillianilme 
on  baptiloit  par  immerfwn  ,  pat  trois  ïmmerfions.  On 
ne  fe  fert  plus  de  Yimmerfion  dans  l'Occident ,  Se 
l'on  baptife  par  effulion.  Le  Cl.  Dans  l'Eglife  Grec- 
que on  baptife  encore  par  immerfion. 

Immersion,  en  terme  de  Pharmacie,  eft  la  prépara- 
tian  d'un  médicament ,  qu'on  fait  tremper  dans  de 
l'eau  pour  lui  ôter  quelque  qualité  nuilîble  ,  ou  quel- 
que mauvais  goût ,  comme  on  fait  à  la  rhubarbe  pour 
modérer  fa  force,  à  la  chaux  pour  lui  ôter  fon  lel , 
ou  aux  olives  qu'on  conferve  dans  de  la  faumure. 

Immersion.  Terme  d'Aftronomie ,  fc  dit  quelquefois 
lorfqu'une  étoile  ou  une  planète  eft  fi  proche  du  fo- 
leil ,  par  rapport  à  no5  obferv.ations  ,  qu'on  ne  la 
peut  voir ,  parce  qu'elle  eft  comme  enveloppée  dans 


I  M  M 

iz^  rayons.  Immerfion  (e  dit  plus  ordinairement  poiu' 
lignifier  le  commencement  d'une  éclipfe  de  lune  , 
c'eft-à  dire ,  le  moment  où  la  lune  commence  à  être 
obfcurcie  ,  &  à  entrer  dans  l'ombre  de  la  terre.  On 
dit  la  même  choie  de  l'éclipfe  du  loleil ,  lorfque  le 
dilque  de  la  lune  commence  à  le  couvrir,  &:  à  le 
dérobera  nos  yeux.  ifT  C'eft  en  général  l'inftantoù 
un  aftre  le  cache  par  rapport  à  nous.  Emerfion  eft 
le  terme  oppofé  a  immerfion  ,  &  c'eft  le  moment 
dans  lequel  la  lune  commence  à  fortir  de  l'ombre 
de  la  terre  ,.où  le  foleil  commence  à  montrer  les 
parties  de  Ion  difque  que  la  lune  nous  cachoit.  On 
dit  en  particulier  les  immerfions  Se  émerlions  des  fa- 
tellites  de  Jupiter ,  &  fut-tout  du  premier  fatellite , 
dont  l'obfcrvation  eft  d'une  grande  utilité  pour  la  dé- 
couverte des  longitudes.  On  appelle  immerfion  du 
premier  latellite,  le  moment  auquel  cette  petite  pla- 
nète nous  paroît  entrer  dans  le  difque  de  Jupiter  ; 
&  emerfion  ,  le  moment  auquel  elle  nous  paroît  en 
lortir.  On  obfervc  les  immerfions  depuis  la  conjonc- 
tion de  Jupiter  avec  le  foleil  julqu'a  fon  oppolition , 
&  les  émetfions  depuis  Ion  oppolition  jufqu'à  la  con- 
jonèlion.  C'eft  à  1  illuftre  M.  Callîni  que  nous  de- 
vons la  perfection  de  la  théorie  j  &c  toute  la  prati- 
que de  ces  obfervations.  La  commodité  de  ces  obfer- 
vations  eft  que  pendant  onze  mois  de  l'année  on 
peut  les  faire  de  deux  jours  l'un  au  moins. 

IMMEUBLE,  f  m.  Bien  fixe,  qui  a  une  alnettCjUne 
lituation  fixe  &  allurée ,  &  qu'on  ne  peut  tranfpor- 
ter ,  cacher  ni  détourner.  Res  immohilis ,  res  foli. 
|CF  Les  immeubles  le  divilent  en  immeubles  vérita- 
bles &  en  immeubles  par  fiftion.  Les  premiers  font 
ceux  qu'on  vient  de  définir ,  comme  les  fonds  des 
héritages  ,  les  moulins  ,  les  bois ,  &€. 

Les  immeubles  par  fiètion  ,  Iont  ceux  qui  ont  pris 
la  qualité  d'immeubles  :  1°.  Quand  le  meuble  eft  uni 
&  incorporé  à  Vimmeuble.  1°.  Quand  le  meuble  re- 
prélente  Vimmeuble.  C'eft  ainli  que  les  matériaux  d'un 
édifice  démoli  font  réputés  immeubles.  5".  Quand  par 
la  difpolition  de  la  coutume  certaines  choies  mobi- 
liaires  de  leur  nature  font  cenlées  immeubles :,  com- 
me les  rentes  conftituées  à  prix  d'argent  j  fuivant 
la  coutume  de  P.iris ,  où  les  deniers  provenans  du 
rachat  des  rentes  qui  appartiennent  à  des  mineurs.. 
4°.  Lorlque  par  la  deltination  de  l'homme ,  confir- 
mée par  la  coutume  ou  par  les  arrêts  j  une  chofe 
mobiliaire,  par  exemple  une  fomme  de  deniers ,  meu- 
bles meublans,  marchandites  ,  (S-c.  prennent  la  qua- 
lité à' immeubles  :  ftipulations  qui  ont  lieu  dans  les 
contrats  de  mariage. 

Immeubles  réputés  meubles.  De  même  que  quelque- 
fois les  meubles  font  réputés  immeubles ,  de  même 
aullî  les  immeubles  font  quelquefois  réputés  meubles, 
par  une  claule  particulière  ,  qui  porte  qu'une  partie 
des  immeubles  qui  compofent  la  dot,  lera  ameublie 
pour  entrer  dans  la  communauté  :  Vimmeuble  ainlî 
ameubli  devient  en  la  dilpoiîtion  du  mari,  comme 
un  autre  cllet  mobiher. 

;53°  Les  fixions  de  meubles ,  d'immeubles  ne  s'étendent 
jamais  d'un  cas  à  un  autre.  Ainlî  rameublilTèment 
ne  change  la  nature  de  l'héritage  qu'à  l'égard  de  la 
communauté  j  envers  laquelle  il  fert  de  caution  de 
la  fomme  que  l'on  a  promis  d'y  apporter  -,  mais  à 
l'égard  des  luccelïïons,  l'héritage  demeure  toujours 
en  fa  nature  d'immeubles  ncnobltant  i'ameubliire- 
ment. 

Autrefois  les  Gaulois  établis  en  Italie  dans  l'Infu- 
brie  ,  appeloient  Immeubles  ,  Immobilia  ,  des  ftatues 
d'or  qu'ils  avoient  dans  le  temple  de  Minen'e,  & 
ils  les  nommoient  ainlî ,  parce  qu'on  ne  les  en  tiroir 
que  dans  les  guerres  les  plus  périlleufcs. 

fCr  IMMINENT ,  ENTE.  adj.  du  Latin  imminere  ,  être 
fur  le  point  d'arriver  ,  être  prêt  à  tomber  :  ce  mot 
fïgnifie  littéralement  qui  eft  prêt  à  tomber  fur  quel- 
qu'un ou  fur  quelque  cliofe.  Il  n'eft  ulîté  que  dans 
un  très-petit  nombre  de  phrales.  Dilgrace  iOTOTi/if.'jirf. 
Péril,  danger  imminent ,  par  corruption,  émincnt. 

Il  eft  évident  j  principalement  pour  ceux  qui  fa- 
veur la  langue  La:i.".e,  que  péril  f'/7:«e/:r  eft  pris  du 


I  M  M 

Latin  perkulum  imm'mcns  ;  Ik.  maigre  cela  nous  ne 
di(o!i';  paj  pcril  imm'mtnt ,  mais  tnniient ,  q^\\\\z\\- 
gniàc  nullement  cda,  &  ne  peut  (èrvir  d'epithètc 
au  péril  ;  au  lieu  (\\i' imminent  exprime  une  choie 
pràe  à  tomber  fur  une  autre ,  &  convient  très  bien  au 
péril  qui  ell  fur  le  point  d'accabler  une  perionne. 
Mais  il  leroit  ridicule  de  s'opiniâtrer  pour  la  railbn 
contre  l'uligc  en  matière  de  langues  vivantes.  Dif- 
grace  imminente,  péril  imminent.  Dans  l'Encyclopé- 
die on  entend  par  péril  imminent ,  celui  qui  eft  pro- 
che ;  émincnt  marque  qu'il  e(t  grand.  Il  elt  bien  vrai 
qu  cminent  hgnilie  quelquefois  grand ,  mais  dans  un 
fens  fiii,urc  ,  qui  ne  peut   convenir  au  péril. 

IMA4)'!.ÈNIENS.  f.  m.  pi.  Ancien  peuple  d'Afic  ^  à 
l'extrémité  de  l'Arabie  ,  &:  tributaire  de  la  Perfe. 

fO"  IMMISCER.  Terme  de  pratique  ,  qui  neledi!;  qu'a- 
vec le  pronom  perlonncl.  S'immijcer,v.  récip.  Prendre, 
en  qualité  de  propriétaire ,  les  biens  d  une  fuccef- 
fion,  à  laquelle  on  eft  appelé;  entrer  dans  le  ma- 
niement des  effets  d'une  luccellîon  en  qualité  d  hé- 
ritier. Se  imm'ifccre.  Quand  on  s'ell  immifcé  dans 
une  fucceliion  ,  quand  on  a  tait  adiré  d'héritier,  on 
ell  obligé  de  payer  les  dettes.  Voy.  Immixtion. 

IG^IMMISCIBILITÉ.  f.  f.  Terme  didadique.  Qualité 
de  ce  qui  eft  immifcible  ,  qui  ne  peut  le  mélanger, 
s'allier.  Imïfcihilitas. 

|Cr  IMMISCIBLE.  adj.  qui  ne  peut  Te  mêler,  s'allier^ 
s'unir.  M.  R.  fonde  la  dillolution  des  lels  fur  \imif- 
cil>iineA.is  mcnftiues  ;  &  c'en  e!r  là  en  effet  une  con- 
dition ^  comme  l'on  êàx.  ,  fine  quâ  non,  c'eil  à  dire, 
fans  laquelle  un  corps  ne  peut  en  dilloudre  un  autre 
qu'il  ne  peut  pénétrer,  s'il  lui  eft  immifcible  &  dif- 
fociablc.  MÉM.  de  Trév. 

IMMISKRICORDIEUX  ,  EUSE.  adj.^  Qui  n'a  point  de 
miféricorde  ,  qui  eft  fans  compaiîîon.  Immifericors. 
Ce  mot  le  trouve  dans  Danet  au  rang  des  mots  nou- 
veaux. Dieu  jugera  les  immifericordieux  lans  miféri- 
corde. 

IMMIXTION,  f  f.  Terme  de  Droit.  Addition  d'héré- 
dité j  ou  maniement  des  eftéts  de  l'hérédité.  Immix- 
tio.  ^fT  Ce  terme  fe  dit  proprement  d'un  prélomp- 
tif  héritier  ,  de  celui  qui  eft  habile  à  le  porter  héri- 
tier quand  il  a  pris  des  biens  de  la  lucceflion ,  com- 
me en  étant  propriétaire.  Dans  le  Droit  Romain  , 
Adidon  d'hérédité  &c  immixtion  font  deux  choies 
diiiérentes.  S'immifcer  fe  dit  Iculemcnt  des  héritiers 
Jîcns  j  des  defcendans  en  la  puillànce  du  défimt ,  dont 
ils  font  héritiers  au  jour  de  fon  décès.  Chez  nous 
immixtion  &  adition  d'hérédité  fe  prennent  dans  la 
même  lignification  ,  ou  du  moins  opèrent  le  même 
e.Tet. 

IMMOBILE,  ad.  m.  &z  f.  Qui  ne  s'émeut  point.  Im- 
mobiUs.  Cet  arbre  a  beau  être  agité ,  fon  tronc  de- 
meure toujours  immobile.  On  a  cru  long  temps  que 
la  terre  étoit  immobile.  ; 

Mais  la  rame  inutile 
Fatiguait  vainement  une  mer  immobile.  Rac, 

Immobile,  fe  dit  aulU  figurément  d'un  homme  ferme 
conftant&r  inébranlable.  L'apathie  des  Stoïciens  étoit 
une  immobile  8c  continuelle  tranquillité.  Boss.  Quand 
cet  homme  a  pris  une  fois  fa  réfolution  ,  il  demeure 
ferme  &  immobile  ,  on  ne  le  peut  hire  changer.  Les 
penfées  les  plus  heureufes  lallfent  1  auditeur  immo- 
bile, Ç\  l'Orateur  les  prononce  d'un  ton  frcid  &  lan- 
gmlfant.  Boss.  Peut-on  exiger  une  patience  immobile 
d'un  homme  infulté  î  Le  Mai.  Les  poètes  ont  feint 
■  que  Niobc  fut  changée  en  rocher,  pour  exprimer 
cette  morne  ftupidité  qui  rend  immobile  par  l'aeca- 
blement  de  la  douleur.  Mont. 

On  dit  aufl^  de  celui  qui  eft  furpris  d'apprendre 

quelque  mauvaife  nouvelle  ,  qu'il  eft  demeuré  froid 

ik.  immobile. 

Tout  le  camp  immohik  écoute  avec  frayeur.  Rac. 

§CrCe  terme  n'a  &  ne  peut  avoir  de  rés^ime.  Ainfi 
c'eft  une  faute  de  dire  avec  Corneille  dans  Pompée , 
immobile  à  des  coups.  Dans  toute  Langue  on'^i'cft 


I  M  M 


8r 


immobile  ni  à  quelque  choie  ,  ni  en  quelque  chofc. 
Les  immobiles  j  ceft  le  nom  dune  Accidémic 
d'Alexandrie  de  la  Paille  en  Italie.  Gli  immobile. 
IMMOBILIAIRE.  adj.  Qui  conlifte  en  innntul>ies  foit 
réels  foit  hètits  de  tout  genre.  Immobdis.  La  lu:ctf- 
fion  immobiliaire  appartient  aux  plus  proches  parens 
du  côté  dont  les  immeubles  lont  venus.  Dettes  immo- 
biliaircs ,  qui  (ont  de  la  nature  des  immeubles. 

On  appelle  action  immobiliaire,  l'action  intentée 
pour  entrer  en  pollellion  d  un  immeuble.  L'aèlion 
en  retrait  eft  une  action  immobiliaire.  Ac.  Fr. 
IMMOBILIER  ,  1ÈRE.  adj.  fp^  C'tlt  la  mcine  chofe 
qu'immobiliaire.  Etrets  im.mobiliers .  Héritier  immo- 
bilier. L'Acad.  ne  met  que  ce  dernier  mot.  L'autre 
eft  plus  ufité. 

On  le  dit  aufti  fubft.  comme  mobilier.  Héritier 
de  tout  ['immobilier  d  une  lueceftion  ,  de  tous  les  im- 
meubles. Ce  mot  fe  trouve  dans  la  Déclaration  du 
roi  concernant  les  Jufticiables  de  la  Chambre  de  Juf- 
tice.  /'oyeç  Immobiliaire. 
IMMOBILITÉ,  f  f.  Etat  de  ce  qui  eft  immobile.  Im' 
mobilitas.  On  a  foutcnu  pendant  long  temps  V immo- 
bilité  de  la  terre. 
Immobilité  ,  fe  dit  aulïï  ^CT  d'un  homme  qui  ne  Ce 
donne  aucun  mouvement  fur  rien.  Le  voila  dans  l'inac- 
tion ,  dans  une  immobilité  étonnante. 
IMMODÉRATION,  f  f.  Ce  mot  n'efl:  point  encore 
reçu  ;  mais  il  mérite  de  l'être.  C'eft  le  vice  oppofc 
à  la  modération.  Immoderatio.  \J immodération  mê- 
me dans  le  bien  eft  à  condamner.  Mont.  Par  une 
immodération  invincible  ,  il  a  ruiné  rous  les  avanta- 
ges que  la  fortune  avoit  joints  en  fa  perfonne.  M. 
DE  la  Rochefoucault.  Voye:{^  Modération. 
IMMODÉRÉ  ,  ÉE.  adj.  Qui  fignihe  exceliifs ,  fuis  me- 
fure.  Immoderatus  ,  nimius.  Dépenfe  immodérée,  Ses 
pallions  font  immodérées.  On  lui  a  fait  payer  des 
taxes  excellîves  &  immodérées.  Alexandre  avoit  un 
defir  de  gloire  immodéré ,  &  une  ambition  li  valte  , 
qu'elle  ne  lui  lailfoit  point  de  repos.  S.  ÉVR.  Nef- 
tprius  avoit  prévenu  les  elprits  par  la  chaleur  d'un 
zele  immodéré.  Le  P.  Doucin, 
IMMODÉRÉMENT,  adv.  D'une  manière  immodérée, 
excellîve.  Immoderatè.  Cet  homme  eft  exccllit  en 
tout ,  il  étudie ,  il  travaille  ,  il  boit  immodérément. 
Cet  amant  aime  cette  femme  immodérément. 
IfT  IMMODESTE,  adj.  m.  &c  f.  En  parlant  des  perfon- 
nes ,  qui  manquent  de  modeftie,  &  en  parlant  des  cho- 
ks ,  qui  eft  contraire  à  la  modeftie.  Femme  immodcfe. 
Aétion  ,  pofture  immodefe.  Attitude  forcée  &  im- 
modefle.  Immodcflus ,  indecens. 

Il  faut  remarquer  que  comme  il  y  a  trois  genres 
de  modeftie  ,  par  rapport  au  cœur  ,  à  l'elinit  &z  au 
corps ,  tous  les  vices  qui  font  oppofés  à  la  modeftie  , 
ne  font  pas  exp"imés  par  le  mot  A'immodeftie  qui 
ne  délîgne  que  ceux  qui  regardent  le  corps  ,  pro- 
venans  de  l'indécence  des  poftures  &  des  habits. 
f'^oye^  Modeste  &  Modestie. 
IMMODESTEMENT.  adv.  D'un  mai-.ière  immodefte. 

Parler  ,  s'habiller  immodeftement.  Immodefte. 
IMMODESTIE,  f.  f.  Manque  de  modeftie.  Foy.  ce  mot 
&  immodefte.  Immodejtia.  C'elt  une  grande  immo- 
deflie  ,  de  n'être  pas  à  genoux  devant  le  Saint  Sacre- 
ment. On  doit  punir  un  Religieux  pour  la  moindre 
immodejlie  qu'il  commet.  Immodeflie  dans  la  ma- 
nière de  s'habiller. 
IMMOLATION,  f  f.  Sacrifice  fanglant  d'une  viélime. 
Immolatio.  Calchas  fit  accroire  aux  Grecs  qu'ils  ne 
partiroient  point  fans  Ximmolation  d  Iphigénie.  Les 
anciens  Juifs  ne  s'unllfcient  pas  feulement  en  elprit 
à  Ximmolation  des  vidimes  qui  étoient  offertes  pour 
eux  ,  mais  ils  en  mangeoient  la  chair  facrifiée.  Boss. 
On  a  appelé  autrefois  immolation ,  en  termes  de 
Liturgie ,  la  partie  de  la  melle  que  nous  nommons 
Préfice.  Dans  le  Milfel  Gothique,  ou  Galhcan,  il 
y  a  une  immolation  particulière  pour  le  jour  de  la 
Nativité  de  Saint  Jean  ;  c'eft-à-di;e  ,  une  prétace  par- 
ticulière. C'étoit  dans  le  rit  Gothique  ou  Gallican, 
qu'on  X xçi-çAo\x.immolation.  Voye':^ Préface &;  Con- 
testation. 


8^ 


I  M  M 


i;-?  Ce  terme  avoit  une  iiutre  figniScation  chez  les 
Latins,  &  délignok  non  un  lacrifice  fanglaiit  ,  mais 
la  confccratiou  qu'on  taiibir  aux  dicu.K  d'une  vidtimc  , 
en  émiant  tut  la  tête  un  gâteau  aliailbiiné  de  fel. 
f'oy.  Immoler. 

IMMOLER.  V.  a.  Faite  un  afte  de  Religion,  en  l'icri- 
iîant  une  victime  à  quelque  Divinité.  OlVrit  eu  la- 
crifîce.  ImmoLan.  Les  Juits  ïmmololent  des  taureaux 
au  vrai  Dieu.  Les  Idolâtres  ont  Immalc  des  hommes 
à  leurs  faulles  Divinités.  Au  Mexique  on  a  compté 
jufqu'à  I  3  o  mille  têtes  d'hommes  immolés  en  un  f  cul 
temple.  Que  vous  fert  à' immoler  des  animaux  ?  vo- 
tre CŒur  eft  le  fcul  {■icriîîce  qui  ibit  digne  des  dieux. 
Ce  mot  vient  du  Latin  ïmmolare..  Fellus  dit  qu'//;2- 
molarc  n'cft  autre  chofe  que  firrc  molico  &  fale  hoj- 
tiam  pcTfperfam  facrare  ^  qii'otinr  aux  Dieux  en  fa- 
crifice  une  viâime  fur  laquelle  on  a  mis  de  la  pâte 
falée,  laquelle  fe  dit  en  Latin  mola  falfa. 

Immoler  ,  le  dit  aulîi  de  Jésus-Christ  ,  qui  a  été  la 
feule  victime  qui  ait  pu  s'immoler  pour  les  péchés 
des  hommes. 

Au  figuré  ,  immoler  quelqu'un  à  Çx  haine  ,  à  fon 
ambition ,  le  lacrifier  ,  le  perdre  pour  fatisfaire  la 
paillon.  Le  Tytaii  immolait  les  plus  innocens  à  Ci 
vengeance  &  à  fes  foupçons.  Bizot.  Dans  les  gran- 
des maifons  on  immole  les  plus  jeunes  enfans  à  la 
fortune  des  aines.  Boss. 

On  l'immole  à  ma  haine ,  &  non  pas  à  l'Etat. 

Racine. 

On  dit  encore  figurément  s'immoler  pour  la  Pa- 
trie ,  s'immoler  pour  quelqu'un  ,  te  lacriHer  pour  Ion 
fervice  ,  s'expoler  à  tout.  Cet  homme  s'eil  immolé 
pour  fa  Patrie  ,  pour  fa  temme  ,  pour  tes  entans. 
Les  Stoïciens  s'immoloient  aux  maximes  d'un  faux 
hoHiieur. 

Ah  !  qne  mon  cxurn'eji-il  de  ces  cœurs  ifolés  , 
Qui  par  aucun  endroit  ne  tiennent  à  la  terre  ; 
Qui  font  à  leurs  devoirs  fans  réfcrve  immolés- 

Des  H. 

On  dit  encore  ce  mot  des  auftérités  ,  des  morti- 
fications, des  travaux  de  la  vie  apoftolique.  Des  âmes 
limpies  ik.  qui  s'immolent  inceilaniment  à  Dieu  dans 
la  pénitence  pour  le  fxlut  du  monde.  L'As,  de 
Rangé. 

On  dit  aulîl  s'immoler  à  la  ritée  publique  ;  pour 
dire ,  s'expofer  à  être  moqué ,  &  liHé  de  tout  le  monde. 
'Vaug.  Rem.  Cet  Auteur  s'ell  immolé  à  la  rifée  pu- 
blique ,  en  taitant  jouer  cette  méci.ante  pièce  :  l'cx- 
prellion  eil;  nn  peu  forte.  fCT  Immoler  &c  tacriher 
lont  des  termes  trop  tragiques  pour  les  joindre  avec 
rifée.  M.  de  Vaugclasa  beau  dire  qu'à  la  vérité,  la  rifée 
efl  comique  pour  ceux  qui  la  font ,  mais  qu'elle 
peut  être  tragique  à  l'égard  de  ceux  qui  la  louitrent, 
puilque  l'honneur,  plus  précieux  que  la  vie,  en  de- 
meure quelquefois  blellé  &c  perdu  pour  jamais  -,  il 
n'en  ell  pas  moins  vrai  qa  immoler  &  facrifier  ne  pa- 
rollfent  pas  fiits  pour  figurer  avec  rifée. 

Auili  M.  de  Vaugelas  convient  que  s'expofer  à  la 
rifée  de  tout  le  monde ,  feroit  beaucoup  mieux  que 
s'immoler  ,  lorlquc  l'aélion  que  l'on  tait ,  ell  lim- 
plemcnt ,  ou  médiocrement  ridicule  :  mais  li  elle  va 
jufqu'à  l'excès ,  li  elle  ell  ridicule  ou  impertinente 
au  dernier  degré;  alors  ,  s'e.v/jq/tr feroit,  dit-il,  trop 
foible ,  &:  ^immoler  rendroit  mieux  cette  idée. 
IMMONDE,  adj.  m.  Se  f.  Terme  contacré  qui  ne  fe 
dit  qu'en  matière  de  Religion  j  &  quon  n'emploie 
pas  dans  l'ufage  ordinaire.  Qui  ell  impur  ,  qui  a  con- 
traâé  quclciue  faleté  ,  quelque  impureté.  Immundus. 
Il  écoit  défendu  aux  Juits  de  manger  des  bêtes  im- 
mondes ,  comme  le  Pourceau.  On  étoir  immonde  , 
quand  on  avoit  touché  un  corps  mort.  Les  Indiens 
font  fort  fuperftiticux  en  cette  matière.  Si  un  hom- 
me d'un  autre  Rehgion  que  la  leur  boit  dans  un  de 
leurs  vailfeaux  ,  ils  le  callent  comme  le  croyant  im- 
monde. Si  on  touche  leur  habit ,  ils  le  lavent ,  parce 


I  M  M 

qu'ils  le  tiennent  immonde.  Si  on  fe  baigne  dans  uii 
de  leurs  étangs ,  ils  en  font  écouler  toute  l'eau-,  parce 
qu'ils  la  croient  immonde. 

On  appelle  le  diable  ,  en  terme  de  dévotion,  l'£/^ 
prit  immonde.  Voye\  Diable  &   D£;vIon. 

IMMONDiCE.  f.  f.  En  termes  de  l'Ecriture.  Immon- 
dice  légale  te  dit  de  l'impureté  légale,  dans  laquelle 
les  Juits  tomboient,  lortqu'ii  leur  étoit  arrivé  de  tou- 
cher quelque  chofe  d'immonde.  Acad.  Fr. 

IMMONDICES,  f.  f.  pi.  Grolles  ordures  ,  boues,  t^tletés. 
Sordes.  Quand  les  rivières  débordent ,  elles  empor- 
tent toutes  les  immondices  de  la  campagne.  Les 
Boueurs  font  établis  pour  ôter  les  immondices  des 
rues.  Les  Seigneurs  font  obligés  de  fournir  de  la  terre 
pour  faire  une  voirie  où  on  porte  les  immondices  de 
la  ville. 

Immondices.  C'ctl  aulîî  un  terme  de  Chatleur,  qui  11- 
gnihe  les  excrémens  des  chiens.  Salnove. 

IMMORTALISER,  v.  a  Étermter  ,  rendre  immortel  , 
^fJ"  donner  une  elpèce  de  vie  qui  ne  finira  point  dans 
la  mémoire  des  hommes.  Immortaiitati  confecrare  , 
mternan.  Les  Conquérans  ne  vertent  tant  de  lang  que 
pour  immortalifcr  lem*  nom.  Les  Savans  prétendenc 
s'immortalifcr  par  leurs  veilles ,  par  leurs  écrits.  Il 
faut  s'immortalifer  foi-même  pour  immortalifer  les 
autres  :  car  il  n'eft  point  de  plus  courte  vie  que  celle 
d'mi  mauvais  livre.  'Vaug.  La  vanité  des  hommes 
leur  fait  croire  qu'ils  s'immortalifent  par  les  ir.lcrip- 
tions  lur  le  marbre  îs:  le  bronze.  Les  grands  crimes 
immortalifent  autam  que  les  grandes  vertus.  Des- H. 

Immortaliser  le  dit  improprement  pour  trainei  en 
longueur.  Les  chicaneurs  immortalifent  les  procès, 
les  artaires. 

IMMORTALISÉ ,  ÉE,  part. 

IMMORTALITÉ,  f.  f.  Eternité ,  petpétuité ,  qualité  de 
ce  qui  ne  peut  mourir.  Immortalnas.  Les  lubftances 
fpiritucUes  tout  les  teules  qui  jouiirent  de  \immorta~ 
lite  ,  comme  les  Anges.  Les  âmes  des  julles  jouiront 
d'une  immortalité  bienheiireufe.  Un  ditcours  fur 
l'immortalité  de  l'ame  en  a  poiilTé  quelques  uns  k 
braver  les  horreurs  de  la  mort ,  pour  aller  jouir  plutôt 
des  télicités  de  l'autre  vie.  S.  ÉvR.  Mettez  vos  plus 
beaux  jours  à  méditer  lur  l'immortalité  de  l'ame,  vous 
trouverez  qu'il  n'appartient  qu'à  la  Religion  d'en  déci- 
der. Id.  La  démonllration  de  Detcartes  lur  l'immorta- 
lité de  l'ame  a  plus  de  vrailemblance  que  de  vérité. 
Idem.  Notre  immortalité  ne  iert  qu'à  éternifer  nos 
malheurs.   Ablanc. 

Immortalité,  fe  dit  aulîi  abufivement  de  |tT  cette 
elpèce  de  vie  perpétuelle  que  nous  acquérons  dans 
le  fouvenit  des  hommes.  Il  n'y  a  li  petit  auteur  qui 
ne  croie  travailler  pour  V  immortalité  ;  point  de  Pocte 
qui  ne  promette  l'immortalité  à  celui  qui  le  vou- 
dra payer. 

Nulla  dies  unquam  mcmorï  vos  eximetavo.  Vin.. 

Et  ton  nom  du  midi  jufqu'à  l'OurJe  vanté j 
Ne  devra  qu'à  leurs  vers  fon  immortalité.  Boil. 

En  terme  de  Blâfon,  ce  mot  lignifie  le  bûcher 
du  Phénix.  Un  Phénix  fur  fon  immortalité.  Le  P. 
Menés. 
IMA'IORTEL  ,  ELLE.  adj.  Qui  doit  duter  dans  toute 
l'éternité,  qui  n'a  point  en  loi  de  principe  de  dillo- 
lution.  Immortalis.  Dieu  ell  leul  immortel  par  ta  na- 
ture. Épicute  a  fait  des  dieux  qui  jouillent  de  leur 
nzmvc  immortelle  A3.ns  un  bienheureux  repos.  S.  ÉvR. 
Immortali  xvo  fumma  cum  pace  jruatur ,  &c.  Lucr. 
Les  Anges  lont  immortels.  Vous  craignez  toutes  cho- 
ies comme  étant  mortels ,  &  vous  dehrcz  toutes  cho- 
fes  comme  11  vous  étiez  immortels.  Nie.  De  tout  ce 
que  vous  admitez  ici-bas,  il  n'y  a  rien  d'immortel, 
ni  qui  doive  vous  accomp.agner  après  cette  vie.  Abl. 

Les  payons  ont  aulîî  appelé  leurs  taux  dieux  im- 
mortels ,  ou  les  immortels.  Et  nous  le  dilbns  de  mê- 
me fubllantivement ,  fur-tout  en  Poclïc.  Immort.tles, 
Dii  Immortales.  Virgile  nous  laille  une  médiocre 
idée  des  Immortels  :  il  les  a  revêtu  de  toutes  nos  foi- 


'  I  M  M 

blefîès.  S.  ÉvR.  Les  Payens  ont  mis  leurs  Héros  &: 
leurs  Empereurs  au  rang  des  Immortels. 

Pwfqui  d'une  Immorcclle  il  doit  être  l'époux  , 
Jupuer  a  parlé ,  je  n'ai  plus  de  courroux.  Cok.n. 

Ou  quand:, pour  t'affurer  un  temple  &  des  autels, 
La  mort  viendra  te  mettre  au  rang  des  Immortels. 

Pourquoi  des  IiTimortcls  attejlerlapuijfance?  Rac. 

Immortei.,  fc  dit  abufivement  des  chofcs  dont  la  mé- 
inoirc  cil:  fuppoféc  devoir  toujours  durer.  Les  Rois 
d'Egypte  ont  laillé  des  monumcns  immortels  de  leur 
puillance.  Alexandre  s'eft  acquis  une  gloire  immor- 
telle par  la  valeur  :  Homère  par  la  Poclie.  Lucrèce 
a  acquis  u'i  nom  immortel  par  fa  vertu. 

Immortel,  le  dit  auilî  des  choies  que  Ton  fuppofc 
devoir  être  d'une  longue  durée.  La  chicanne  rend 
aujourd'hui  les  procès  immortels.  Il  y  a  une  haine 
inveterce  6z  immortelle  entre  ces  deux  Einiilles. 

Immortel.  L  ni.  On  donnoit  ce  nom  à  des  loldats 
qui  compoloicnt  autrefois  un  corps  coniîdérable  de 
lit  milice  des  anciens  Perles.  Immortalis.  Quinte- 
Curce  qui  en  parle  ,  I.  ///.  c.  3.  dit  que  les  Im- 
mortels étoient  au  nombre  de  dix  mille  qui  luivoient 
un  corps  de  cavalerie  compofé  de  douze  nations;  que 
ces  Immortels  étoient  ceux  de  toute  l'armée  qui 
croient  le  plus  magnifiquement  ornés  &  vêtus,  qu'ils 
avoientdes  colliers  d  or ,  un  habita  Heurs  d'or,  des 
tuniques  à  manches  ornées  de  pierres  précicufes.  On 
les  appeloit  Immortels,  parce  qu'ils  n'étoient jamais 
moins  de  dix  mille,  &  qu'auflltôt  qu'il  en  manciuoit 
quelqu'un  il  étoi:  remplacé  par  un  autre  qu'on  y  mct- 
toit,  enforte  qu'il  lénibloit  qu'ils  ne  mouroient  poinr. 
Oi\a.  auliî  domié  le  nom  àC Immortels  aux  frères  de 
la  Rôle  Croix  en  Allemagne,  /^oyef  Rose  Croix. 

IMMORTELLE,  f.  i.  Plante  qui  poulie  plulieurs  tiges 
ligneuiés  à  la  hauteur  d'un  pied,  ou  d'un  pied  &  de- 
mi, Hnugineufesj  blanches.  Elichryfum.  i>es  feuilles 
font  étroites,  velues  ^  blanchâtres.  Ses  Heurs,  qui 
•  naiflent  à  la  cime  des  tiges  ,  font  des  bouquets  à  Heu- 
rons ,  évafés  fur  le  haut ,  découpés  en  étoile ,  de  cou- 
leur jaune,  fpurenus  par  un  calice  dont  les  écailles 
font  luilantes  &  dorées.  Ces  Heurs  peuvent  être  gar- 
dées pluheurs  années  fins  qu'elles  le  Hétrillént,  d'où 
vient  qu'on  a  appelé  cette  plante  Immortelle  :  elles 
ont  une  odeur  forte  c^  agréable.  Sa  graine  elloblon- 
giie,  rouiie,  garnie  d'une  aigrette,  odorante,  acre. 
i)a  racine  eft  grolle,  lîniple,  ligneufe,  dune  odeur 
approchant  de  celle  de  la  gomme  élemi.  Cette  plante 
eftinciiive,  apéntive,  vulnéraire.  En  Latin  ^'/ic-^ry- 
Jumfeujlœchas  citrina  angujlifolia ,  C.  B.  Il  y  a  plu- 
lieurs autres  efpèces  à'immortelle.   'Voyez  Gnapha- 

LIUM. 

IMMORTIFICATION,  f.  f.  Ce  mot  fe  dit  en  matière 
de  dévotion,  8c  lignifie  l'état  d'une  perfonne  qui  n'ell 
pas  moruiice.  Ammifibi  blandientis ftudium  immode- 
ratius.  Les  mondains  conlidèrent  toute  vivacité  dans 
les  gens  de  bien,  comme  une  immortification  &  com- 
me un  excès.  Ab.  de  la  Tr.  \: immort fication  ëc  le 
relacncment  qui  s'eft  introduit,  &c.  Id.  Vimmortin- 
cation  ,  la  dillipaiion ,  la  curiolité.  Bourdal 

IMMORTIHE,  ÉE.  adj.  Qui  neft point  mortifié.  In 
domuus.  Elprit  immortifie.  Adions  immortfiees.  Des 
âmes  parelleules  &  négligentes,  des  âmes  immortifiiees 
&  indociles,  des  âmes  ennemies  de  toute  contrainte 
BouRDAL.  Exh.  T.  I.pag.  222.  Des  pallions  immor- 
tijiees.  Les  excès  d  une  langue  immortifiée.  Madame 
DE  LA  Val. 

ïP'Ce  mot  déplaifoit  beaucoup  à  Ménage.  Pour 
moi  dit  le  P.  Bouhours ,  je  confefl-c  qnimmonific  ne 
me  dïplait  pas  nint  qu'à  M.  Ménage.  C'eft  un  mot 
uhtc  dans  tous  les  livres  fpirituels;  c^-  les  Prédicateurs 
qm  parlent  le  mieux,  s'en  fervent  fouvcnt.  Un  efprit 

.    '"l'n^'-LLJie ,  des  affaires  immortfiees.    Hors  de  là  il 

;    n  elt  point  d'ulage 

IMMUABLE,  adj.de  t.  g.  Qui  ne  peut  changer.  Dieu 


I  M  O  87 

fcul  eft  par  fa  natiue  immuable.  Immtaahdis  Dru 
c(t  immuable,  parée  qu'il  n'y  a  point  de  changement 
ans  caulci  or  il  n'y  a  point  d'autre  caufe  cHicace  que 
J:)ieu.  Mal£3.  Ce  que  Dieu  écrit  fur  la  pouHicie  cil 
immuable  i  ce  que  les  hommes  écrivent  fur  le  marbre 
c\:  lurle  bronze,  ne  Icft  pas.  Bou.  C'eli:  une  loi  im- 
muable de  la  nature ,  que  celui  qui  a  donné  la  vie  à  un 
autre ,  la  lui  doit  conlerver.  Le  Mait 

IMMUABLEMENT,  adv.  d'une  manière  immuable 
immutabiluer.  Jesus-Christ  a  donné  une  nouvelle 
forme  au  mariage,  en  réduilànt  cette  fainte  fociété  à 
deux  pcrlonnts  immuablement  &  indiliblublemciit 
unies.  Boss. 

IMMUNUÉ.  Ç  f.  Exemption  de  qiiclaue  charge,  de- 
voir ,  ou  impolition.  Immumtas.  Il  le  dit  particulic- 
jrcTOent  de  ce  qui  eft  accordé  aux  Villes  !<c  Commu- 
nautés. L'Eghle  a  plufieurs  fraiichifes  &  immunités. 
Les  1  rinces  accordèrent  autrefois  aux  Éccleliaftiques 
toutes  lortes  d'immunités  ,  en  les  exemptant  de  tous 
impôts  ;  mais  alors  les  Ecclélialliqucs  n'étoient  point 
Il  riches  qu'ils  lont,  &  donnoient  tout  aux  pauvres. 
F.  P.  Ce  Chapitre  entre  lés  immunités  à  celle  de 
l'exemption  de  la  jurifdiCtion  de  l'Évêquc.  Dans  les 
provilions  d'une  charge,  on  en  donne  la  jouillance 
avec  tous  les  privilèges,  franchifes ,  immunités,  ga- 
ges ,  droits  j  &  émolumens  qui  font  attribués. 

Il  y  a  un  privilège  de  Vim.munité  dont  on  jouit  en 
certains  lieux,  lur  tout  en  Italie  :  il  regarde  les  -lerfon- 
nes  tk  les  chofes  Eccieliaftiques  ,  lefquelies  font 
exempter  de  certaines  fujétions  ;  par  exemple,  de 
payer  certains  droits,  d'être  à  couverr  des  pourfuites 
de  la  Juftice  ,  &c.  Le  privilège  de  V immunité  empêche 
qu'on  ne  prenne  un  criminel  qiiLs'elt  retiré  dans  une 
Eghle.  Il  y  a  certains  crimes  pour  kfquels  on  ne  jouit 
point  du  privilège  de  V  immunité  ,  comme  Palîàllinat 
prémédité,  tfc.  Le  privilège  de  l'i/n/Tz^i^/iiK  n"a  pas  en 
France  la  même  étendue  qu'il  a  en  Italie.  François  I 
déclare  dans  Ion  Ordonnance  de  i;39,  art.  166 
qu'il  n'y  aura  Xiew  d'immunité  pour  dette,  ni  autre 
matière  civile ,  &  le  pourront  toutes  peiibnnes  pren- 
dre en  franchiié  ,  &  laut  à  les  réintégrer ,  &c.  Libei^ 
tes  ,  onfranchifies  ,  exemptions  ou  immunités ,  privi- 
lèges; termes  que  l'on  ne  doit  pas  employer  comme 
parfaitement  fynonymes.  Libertés  ou  franchifes  con- 
liftent  à  n'être  pas  fujet  à  certaines  charges  ou  devoirs. 
Foyei  Franc,  Franchise.  L'exemption  ou  immunité, 
vacatio  à  munerlhus ,  ab  oneribus ,  conllfte  à  en  être 
déchargé  par  une  concellîon  particulière  ,  fans  la- 
quelle on  y  Icroit  fujet.  Fuye^  auiîi  PRivirècE. 

Immunité.  Congrégation  dtt  l'Immunité  ou  de  l'Immu- 
nité Ecclélialfique.  Congregatio  Immunitatis  Eccle- 
fiiaftic£.  C'elt  une  Congrégation  établie  à  Rome  pour 
juger  les  cas  qui  regardent  l'Immunité  Ecclélîaiiique , 
c'eft  à-dire ,  pour  décider  li  un  homme  ell  en  droit 
de  jouir  de  l'Immunité  Eccléliaftique ,  fi  Ion  délit  ell 
ou  n'ell  pas  de  ceux  pour  lefqucls  on  en  peut  jouir. 
La  Congrégation  de  l'Immunité  a  été  inllituée  par  le 
Pape  Urbain  VIII.  Elle  ell  compofée  de  plulieurs  Car- 
dinaux, d'un  Auditeur  de  Rote  ,  d'un  Clerc  de  la 
Chambre  ,  d'un  Votant  de  la  lignature ,  du  Secrétaire 
de  cette  Congrégation  ,  qui  ell  communément  un 
Référendaire  de  lune  &  de  l'autre  lignature,  &  du 
Cardinal  Préfet  de  la  Congrégation  qui  tient  le  fceau. 
La  Congrégation  de  l'Immunité  fe  tient  tous  les  Mar- 
dis chez  le  plus  ancien  Cardinal.  Lunadoro. 

IMMUTABILITÉ,  f.  f.  État  de  ce  qui  ell  immualile. 
Immutabilitas.  V  Immutabilité  ell  un  des  attributs 
de  Dieu.  Il  y  a  dans  Dieu  Une  immutabilité  phylîque 
&  une  immutabilité  morale  :  l'immutabilité  phyiique 
confille  en  ce  que  la  fuftance  de  Dieu  ne  reçoir  &  ne 
peut  recevoir  de  changement  j  ni  d'altération  :  T//;/- 
mutabilité  \-s\QvAt  conÇi^ç.  en  ce  que  Dieu  ne  change 
poinr  de  fentiment ,  de  delîeins ,  &  qu'il  a  voulu  de 
toute  éternité  ce  qu'il  veut. 

t  I  M  O, 

IMOLA.  'Ville  de  l'État  de  l'Églife  en  Italie.  ImoU  an- 
ciennement Forum  Comelium  ,  Forum.  Cornelu , .  & 

\ 


88 


I  MP 


Forum  SylU.  Elle  cft  dans  la  Romagne ,  en  une  petite 
■,1e  formée  par  la  riviàe  de  Sauterno.  entre  Ravenne 
&  Boulogne  ,  à  il-F  ou  huit  leucs  de  1  une  &  de  1  au- 
tre Inwla  eft  une  ville  bien  batie  &  bien  peuplée  ,  & 
elle  a  un  Evcché  fuftbgant  de  Kaveniie.  Maty. 

I  M  P. 

IMPAIR,  adj.  Nombre  qui  ne  Ce  peut  divifer  en  deux 
.  portions  égales  ans  fraction,  qui  turpalk  le  nom- 
bre pair  d'une  unité.  5  ,  J,  7  >  ^9  i^^- }°'^\  '^f 
nombres  unpaus ,  In^pars.  Si  le  carre  eft  unpa^r  [z 
racine  fera  Lfuirc.  De  la  Hire.  Je  des  Se.  1704. 
Mém.  p.  ifi'.  Une  racine  impaire.  1d.  Un  dit  en 
Algèbre  les  puiUances  pair.s  Se  les  puilFances  im- 
paires. Ac.  D.  Se.  704-  m  p-  ^^-  ^1  y.  ""  ^''  "°'": 

bres  impairement  pairs,  &  pairement  ./tz/^cz./-.  ,  qui 
lont  expliqués  à  Pair  ,  ou  à  Nombre. 

Les  anciens  regardoient  comme  myfteneux  les  nom- 
bres impairs,  fur-tout  le  ternaire  ,  qm  etoit  toujours 
employé  dans  les  opérations  magiques.  On  croyoït 
que  les  nombres  pairs  étoient  de  mauvais  augure. 
Ceft  pourquoi  Numa  en  corrigeant  l'.innee  de  Ro- 
.mulus  ,  ajouta  un  jour  ,  aHn  de  rendre  impair  le 
nombre  des  jours  qu'elle  contenoit.  Censorain.  Les 
fedateurs  de  Pythagore  penfoicnt  autrement  lur  les 
nombres,  &  croyoient  le  nombre  carre  le  plus  par- 

ImpaÎ'r.  Pié  impair.  Terme  de  Poche.  VoyeiVd. 
IMPALPABLE,  adj.  de  tout  genre.  Ce  dont  on  ne  peut 
diftingucr  les  petites  parties  par  les  kns ,  &  parucu- 
lièrement  par  celui  du  toucher.  Qui  elb  ii  hn ,  li  dé- 
lié ,  h  menu,  quà?n  ne  le  peut  toucher  m  marner. 
Taaumfusiens.Xzs  fubftances  Ipirituelles  (ont  ;ot- 
palpahks.^Lz  metcure  le  divife  en  parties  h  menues, 
qu'elles  font  impalpables.  Les  métaux  redmts  en  chaux 
font  une  poudre  impalpable.  , 

Ce  mot  vient  du  verbe  Latm  Palpare,  qui  ligni- 
fie manier,  toucher.  ,  ,  ,  ,  .  ^  1   • 
IMPANATEUR.    f.  m.  Nom  d'heretique.   Celui  qui 
croît  aue  dans  l'Euchariftie  la  fubftance  du  pain  & 
du  vin' relie  avec  le  corps  de  Jésus-Chr.st  après  la 
confecration  ,  de  n'admet  point  la  tranllubftantiation. 
Impanacor.  Rupert,  Moine  de  S  Laurent  d  Oesbro- 
vic  ,  près  de  Liège,  &   puis  Abbe  d  un  monaftcre 
fitué  dans  le  fauxbourg  de  Cologne  appelé  Duitz  , 
Tuinum  étoit  Impanateur.  Les  Luthériens  lont  Im- 
panatcurs.  Le  Concile  de  Trente  dit  anatheme  aux 
Impanatcurs.  Sell".  XIIL  can.  i-  r     •     1 
IMPANATION.  f.  f.  Terme  dont  fe  font  (eivis  les 
Théologiens  pour  expliquer  l'opinion  des  Luthériens, 
qui  croient  qu'après  la   confecration ,     e  Corps  de 
Notre  Seigneur  Jesus-Christ  demeure  dans  l  Eucha 
riftie,  avec  la  fubllance  du  pain,   au  lieu  qu  il  n  v 
a  que  les  efpèccs  qui  y  demeurent.  Impanatio.Lt.- 
glife  a  condamné  la  doèfrine  de  Vimpanation.  f^oy. 
le  Journal  de  Leipf.ck  1681.  p.  1 3^ ■  o"  l'on  exph 
que  ce  que  c'eft  que  Vimpanation. 
IMPANÉ.  adj.  Terme  dont  on  fe  fert  pour  expliquer 
un  des  articles  de  la  religion  Luthérienne ,  &  qui 
veut  dire  ,  qui  eft  dans  le  pain.  Impanatus.^  Les  Lu- 
thériens difent  que  Jésus-Christ  eft  impane ,  &  non 
pas  tranlTubftantié                                .         r    i   ■ 
IMPARDONABLE.  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  fe  doit  pas 
pardonner.  Femâ  indignus.  On  ne  pourra  pas  obte- 
nir de  grâce  pour  cet  accufe.fon  crinie  eft  impar- 
donnable. M.  de  Segrais  a  fait  ce  mot.  Quoiqu  .1  fou 
hardi ,  il  n'a  point  été  condamne.  L'endroit  ou  il  1  a 
placé  contribue  à  l'autoriler  : 

Sa  beauté  méprifee  ;  impardonnable  outrage. 


C'eft  une  incivilité   impardonnable  d'mterronipre 
celui  qui  fait  un  récit.  Beil.  Faute,  adion  impardon- 
nable. Foy.  Pardon.  •  .      -    j- 
IMPARFAIT  ,  AITE.  adj.  Qui  n  eft  pas  achevé.  Im- 
perfeclus.  Les   grands  bitimens  demeurent   iouvcnt 

imparfaits.  ,  t'c    . 

^  On  le  dit  auffi  des  chofes  qui  ont  quelque  ddaut. 


I  M  P 

ffT  Imparfait.  A  qui  il  manque  quelque  chofc.  Un 
livre  eft  imparfait:,  lorfqu'il  manque  quelque  feuille. 

ipr  Imparfait.  A  qui  il  manque  quelque  choie  pour 
être  parfait.  Guénion  imparjaite^  joie  imparfaite. 

ifT  On  le  dit  aufli  fubitantivement.  Le  mélange  du 
parfait  ôc  de  l'imparfait  qu'on  voit  dans  une  ame 
toute  nue  ,  qui  n'a  m  détours  ni  replis ,  eft  un  con- 
traftc  qui  relevé  fa  beauté  ,  ôc  qui  furpalle  une  lu- 
mière tans  ombre.  Fénel.  Dans  le  commerce, on  le 
dit  des  marchandifcs  mal  fabriquées,  qui  n'ont  pas 
reçu  toutes  leurs  façons  ,  tous  leurs  apprêts.  Un  drap 
imparfait ,  mal  travaillé  ,   mal  frappe  lur  le  meuer  , 

mal  tondu. 
Imparfait  ,  en  terme  de  Grammaire ,  elt  un  temps  in- 
défini entre  le  préfent  &  le  prétérit.  J'aimois  ,  /e 
lifois  ,  ce  font  des  temps  imparfaits  de  ces  verbes  ou 
limplement  des  imparfaits.  Foyei  au  mot  Signifier  , 
la  règle  pour  les  verbes  où  il  faut  un  double  U  à 
l'imparfait.  Dans  le  fameux  Poème  de  la  Magde- 
lene ,  on  a  fait  entrer  tout  les  termes  de  la  Gram- 
maire :  c'eft-là  qu'on  voit  la  Magdelenc 

Détefler  fin  parfait  qui  ne  fut  ç^'imparfait. 

C'eft  à  dire  détefter  fa  vie  paftee  ,  qui  ne  fut  que 
vice  &  imperfetlion.  ?fT  Froides  alluhons  dans  lef- 
quelles  on  faifoit  confifter  l'efprit. 
Imparfait  ,  fe  dit  de  plulîeurs  choies  dans  la  Man- 
que i  accord,  mode,  ton  imparfait,  cadence,  con- 
fonnance  imparfaite  ,  &c. 

En  termes  d'Arithmétique  ,  les  nombres  impar- 
faits font  ceux  dont  les  parties  aliquotes  prifes  en- 
tièrement ne  font  jamais  ce  nombre  jufte  ,  mais  ou 
le  furpafte  ,  ou  n'y  arrivent  pas ,  ce  qui  tait  deux  ef- 
pèces  de  nombres  imparfaits ,  dont  l'un  te  nomme 
abondant  ou  excédent  :  &  l'autre  déficient.  Harris, 
En  termes  de  Fleuriftes  ,  les  Heurs  imparfaites  font 
celles  qui  ont  des  défauts  ,  auxquelles  il  manque  des 
pétales  ,  qui  ont  les  feuilles  trop  petites. 

En  termes  de  Botanique ,  les  plantes  imparfaites 
font  celles  qui  ne  produifent  point  de  Heurs,  ou  de 
femences,  ou  plutôt  celles  qui  ne  produifent  ni  l'un 
m  l'autre  ;  car  on  a  découvert ,  dit  M.  Harris ,  que 
la  plus  grande  partie  de  ces  plantes  ne  produiient 
en  effet  ni  l'un  ni  l'autre.  Foye^  l'ouvrage  de  M. 
Ray.  D'autre  part  d'habiles  Botaniftes  prétendent  qu'il 
n'y  a  point  de  Heurs  imparfaites. 

On  ne  peut  légitimement  appeler  fleurs  imparfai- 
tes que  celles  qui  manquent  des  parties  eftentielles 
à  la  fruCfiHcation,  comme  celles  de  l'Opulus  ,  Flore^ 
Globofo  ,  qui  n'ont  ni  étamines  ni  piftils.  Il  ne  con- 
vient pas  d'appeler  ain.fi  celles  dont  nous  ne  con^ 
nollfonspas  bien  les  parties  de  la  fructification  Néan- 
moins Rivinus  a  nommé  Heurs  imparfaites  ,  celles  qm 
manquent  de  pétales  ou  de  cahce.  ^ 
IMPARFAITEMENT,  adv.  d'une  manière  imparfaite. 
/OTDfr/eJZ^.  Quand  on  change  fouvent  de  profeflion, 
on  ne  fait  jamais  les  chofes  o^n' imparfaitement. ^ons 
ne  fommes  partails  qa  imparfaitement.  Fl.  Il  n  elt 
&wki(\\ximparfaitemcmcnt.  ^ 
IMPART ABLE.  adj.  C'eft  la  mcme  chote  qu  imparta- 
peable  ,  expliqué  plus  bas.  Indivifible.  Yy'impertin  , 
Communiquer  ,  faire  part.  Les  Duchés ,  Comtes ,  Mar- 
quitats,  Baronnies,  &  autres  Fiefs  de  dignité  rele- 
vant nuement  de  la  Couronne  ,  tont  indivilibles  Sc 
impartables  :  ils  appartiennent  pour  le  tout  a  lame, 
en  récompenfant  fes  cadets.  Pocquet  de  Livon- 
NiâRE ,  Règles  du  droit  François  ,p.  2  s  s- 

Telle  eft  la  nature  des  grands  fiefs  revertibles  à 
la  Couronne ,  qui  étant  par  leur  qualité  indivilibles  & 
impartageables,  font  toujours  défères  aux  maies  dai- 
ne en  aîné  ,  l'ordre  de  primogéniture  toujours  garde, 
de  même  que  les  apanages  qui  t'ont  les  plus  grands 
Fiefs  du  Royaume,  qui  font  reverlibles  a  k  Cou- 
ronne; &  qui  par  cette  raifon  font  indivilibles  & 
'      impartageablcs.  Le  Roy  ,  I.  Mém.  pour  M.  le  Duc 

de  Sully. 
IMPARTAGEABLE,  adj.  Qu  on  ne  peut  partager,  ni 
démembrer.  Les  Fiefs  de  dignité  comme  Duchés, 

Marqmlats , 


I  M  P 

M.irquJfits  ,  Comtés,  Baronnics,  font  indivifiblc;  S: 
imranageailes  fans  Lettres  patentes.  Pocquet  d:; 
LivoNNiÉRE  ,  Re!;Ics  du  Droit  François  y  p.  14.J. 
Ce  mot  vaut  mieux,  cerne  (emble,  c^n'inipardiblc , 
qui  a  la  même  lignification. 

IMPARTIAL  ,  ALE.  adj.  Exempt  de  partialité,  |0" Qui 
ne  prend  point  les  intérêts  d'une  perlonne  par  pré- 
férence à  ceux  d'un  autre.  Un  Juge  ïmparda.1.  \i\\ 
Hi-T^orien  impartial.  In  omnes  aquus.  Le  Juge  im- 
partial  examine  les  raifons  pour  &  contre  (ans  au- 
cune acception  des  perfonncs  &  des  choies.  Un  Hil- 
toricn  impartial  leroit  celui  qui  n'auroit  ni  prévcn- 
rion,  ni  préjugés,  qui  Icroir  abfolument  indiSérent 
&  délintéreUé  ,  c'cft-à  dire  un  homme  (ans  pallions, 
fms  inclinations ,  fans  patrie ,  (ans  liailbns  ,  ilblé  , 
ne  tenant  à  rien  dans  la  fociété.  Un  examen  impar- 
tial,  ell  celui  qui  ell  fait  par  un  \\om.vi\z  impartial. 

LMPARTL\LEMENT.  adv.  (ans  partialité.  On  vous 
demande  CJi  grâce  ,  Monlieur  ,  d'inlerer  ce  petit  dé- 
tail dans  votre  feuille.  On  ne  (e  choquera  point  quand 
vous  accorderez  la  même  faveur  aux  adverfaires. 
C'eft  le  droit  que  vous  donne  votre  titre  &  lapro- 
fellîon  que  vous  avez  renouvellée  pludcurs  fois  de 
rendre  compte  impartialement  des  démêlés  littéraires. 
Lettre  à  l' Auteur  du  Pour  6'  Contre. 

LMPA  RTI  ALITÉ.  1^.  f.  Caractère  ,  qmlité  de  celui  qui 
eft:  tans  paitialité.  f-''oY.  es  mot.  ^tjuitas  in  omnes , 
Nullius  faclionis  fludium.  V impartialité t(i  up.e  qua- 
lité eifentielle  dans  une  Critique  &  dans  un  Hillo- 
rien.  .  Le  Pour  &  Contre.  Nous  nous  piquons  d'uiîe 
exafte  impartialité.  Mercure  de  Sept.  i/if.  L'hif- 

'  toire  du  concile  de  Pii.e ,  par  M.  L'eriant  cil:  écrite 
avec  (oui,  &  même  avec  allez  à' impartialité  pour 
Uii  Proteilant.  Méw..  de  Trev.  Dec.   IJ2). 

Qu'il  m'ejl  doux  de  pouvoir  leur  rendre  un  témoi- 

gnagey 
Dont  l'intérêt ,  la  crainte ,  <s  V cfpoir font  exclus  l 

A  leur  fort  le  mien  ne  tient  plus , 
L'impartialité  va  tracer  leur  image.  . .  . 

M.  Grellèt  dans  une  Lettre  fur  fa  fordc  des  Jé- 
fuites. 

IMPARTIBILITÉ.  f.  £  Terme  de  Juri(]Drudcnce  féo- 
diic.  L'union  de  ces  deux  tîefs  n'en  fait  pas  un  feu! 
&  unique  fief:  c'eft  (culemcnt  une  union  que  l'on 
appelle  d'impartHilité;  c'ell-à-dire  que  les  deux  fiefs 
ne  peuvent  plus  être  défunis,  pour  palier  fur  deux 
têtes  différentes  ;  ce  qui  n'empêche  pas  que  ce  ne 
fpient  deux  fiefs  diftindts,  dont  l'un  relevé  du  Roi 

nuement ,  &  l'autre  de Defcr.  Géogr.   &  Hifl. 

de  la  Haut.  Norm.  T.  II.  p.  JSS- 

IMPARTIBLE.  Terme  de  Philofophie  hermétique.  Ce 
mot,  qui  a  la  terminaifoa  &  la  torme  d'un  adjeflif  , 
s'emploie  comme  un  (ubftantif  dans  le  langage  des 
Sages ,  qui  appellent  le  Mercure  philofophal  le  (tul 
impartihle. 

IMPARTIR,  vieux  v.  a.  Donner,  départir.  Ce  mot  eft 
pris  ou  fait  du  Latin  impartin  j  impertiri ,  qui  fignific 
la  même  choie. 

Or  veuille  Dieu  le  mettre  en  haute  effence , 

Et  tant  de  paix  au  ciel  lui  impartir  , 

Que  fur  la  terre  enpuijfe  départir.  AL^rot. 

IMPASSIBILITÉ,  f.  f.  Qualité  de  ce  qui  eft  impaiTi- 
ble.  ImpaJfibiUtas  ,  ildi  flatus  dolori  minime  obnoxid. 
l-'impaJJiMlité c[\  propre  aux  bons  Anges,  aux  corps 
glorieux.  Les  Philofophes  prêchent  Vimpajfibilité , 
&  veulent  que  l'ame  du  Sage  foit  l'écueil  de  toutes 
les  pallions.  Vill.  Les  anciens  Chrétiens  tranfpor- 
terent  dans  l'Eglifc  les  fentimens  de  Vimpajfibilité  , 
&  de  l'imperturbabilité  des  Stoïciens.  Boss. 

J.MPASSIBLE.  adj.  de  tout  genre.  Qui  ne  peut  fouft'rir 
de  douleur  ni  de  c\ïM-\gtnv:ni.  Mutationi  vel  dolori 
minime  obnoxius.  Le  corps  de  JÉstjs  Christ  après 
fa  rélurreftion  a  été  impajfible  ,  il  eft  impajjible  dans 
l'Euchariftie.  Les  efprits  &:  les  corps  glorieux  font 
Tomii  V. 


I  M  P  89 

impafjlbks.  Je  n'aimerai  rien  de  ce  qui  eft  fajet  à 
la  lièvre  j  &  je  ne  donnerai  mon  cœur  qu'a  des 
beautés  im.pajjibles ,  tk  immortelles.  Costar.  Les 
Stoïciens  prétendent  conftituer  l'ame  de  leur  Sage 
dans  un  état  impajfible  ,  &  imperturbable,  lioss. 

IMi'ASTATION.  f  f.  Prononcez  l'j.  Ouvrage  de  Ma- 
çonnerie fait  de  ftuc,  ou  de  pierre  broyée,  rcjoijite 
en  manière  îk.  forme  de  pâte.  Quelques  uns  croient 
que  les  obélifques,  &c  ces  grolles  colonnes  qui  rcf- 
tent  des  anciens  ,  étoicnt  faites  les  unes  par  impaf 
tation,  les  autres  par  lulion. 

Çfl''  Ce  terme  eft  employé  en  Pharmacie  où  il  détîgne 
la  rédudion  d'une  poudre  en  forme  de  pâte ,  parle 
moyen  de  quelque  liquide  convenable. 

En  termes  du  grand  Art  ,  impaftation  fignifie  la 
putréi-adion  de  lahiatière  ,  &  la  couleur  noire  qu'elle 
prend  lorlque  la  matière  devient  opaque  ,  &  qu'elle 
prend  une  couleiu'  noire  &  obfcure  comme  celle  de 
la  terre. 

IMPATIEMMENT,  adv.  Avec  impatience  ,  inquiétude, 
chagrin.  Impatienter.  Il  a  fouflert  fort  impatiemment 
l'aftront  qu'on  lui  a  fait.  On  vous  a  attendu  impa- 
tiemment tout  le  jour  Néron  foatfrit  impatiemment 
lamortdeNarcilfe.  RAc.PolîIdonius  fouft'rit  les  dou- 
leurs de  la  goutte  auHI  impatiemment  qu'auroit  fait 
un  homme  du  Vulgaire.  S.  Évr.  Je  porte  impatiem- 
ment le  joug  d'une  cruelle  maîtrellc.  Corn.  Suppor- 
ter impatiemment.  PÉiissON. 

IMPATIENCE,  f  f.  ffJ-  C'eft  proprement  l'inquiétu- 
de de  celui  qui  fouffre ,  ou  qui  atxend  avec  agita- 
tion l'accomplillèment  de  fes  vœux.  C'eft  un  mou- 
vement impétueux  de  l'ame  qui  s'irrite  contre  les 
maux  qu'elle  endure ,  i^'  qui  s'agite  pour  les  repouf- 
fer par  des  eftorts  violens  dont  elle  fent  en  même 
temps l'impuillance.  Impatientia,  defideriumincenfum^ 
Elle  vient  d'une  humeur  vive  &  inquiète,  facile  à 
s'enHammer.  On  a  de  l'impatience  de  voir  accomplir 
(a  defirs.  Les  impatiences  amoureufes  font  les  plus 
violentes.  Il  brûle  à' impatience  de  voir  ion  livre  im- 
prime. On  (ouftre  avec  impatience  la  préféreiice  d'un 
rival.  \J impatience  qui  nous  porte  à  contredire  les 
autres  avec  chaleur  j  ne  vient  que  de  ce  que  nous 
ne  pouvons  foulFrir  qu'ils  aient  des  fentimens  diffé- 
rens  des  nôtres.  Nie.  Je  faifjis  effort  fur  moi  même 
pour  renfermer  nies  chagrins ,  &:  contenir  mon  im- 
patience. M.  ScuD.  Pourquoi  me  tant  préparer  à  mou- 
rir courageufement?  Il  n'y  a  pas  grand  mal  que 
deux  ou  trois  perlonnes  loienr  témoins  de  mon  im- 
patience.  Nie. 

Vous  ne  réponde^  point,  &  ce  morne  fdence 
Redouble  encore  ma  peine  ,  &  mon  impatience.  Mol. 

IMPATIENT  ,  ENTE.  adj.  |tcr  Qui  manque  de  pa- 
tience (oit  dans  la  (ouiîrance  d'un  mal  prélent,  (oit 
dans  l'attente  d'un  bien  à  venir.  Voy.  Patience.  Im- 
patiens. Les  efprits  impatiens  Se  inquiets  font  peu 
propres  aux  négociations.  L'amour  eft  impatient.  Les 
goutteux  impatiens  (ouftrent  davantage  que  les  au- 
tres. Ils  connoiilcnt  la  noblellc  de  leur  naturel  j  qui 
eft  impatient  du  joug  &  de  la  contrainte.  Bal.  pour 
dire  qui  ne  peut  fouftrir  le  joug  ni  la  contrainte.  Il 
(e  nble  qu'impatient  eft  de  ces  mots  qui  n'ont  point 
de  fuite ,  &  qui  vont  tout  feuls.  Bou.  Du  moins  il  ' 
ne  régit  point  de  (ubftantif  :  mais  on  dit  impatient 
de  fe  venger. 

IJCTImpatientant.  part.  iSj  adj.  Qui  caufe  de  l'impa- 
tience. Rien  n'eft  li  impatientant  que  cette  orgueil- 
leule  impuillance  ,  qui  voudroit  palier  pour  amour 
de  la  paix;  que  cette  fouife  douceur  ,  &c....  Tru- 

BLET. 

IMPATIENTER.  fCT  v.  a.  Cau(er  de  l'impatience  ; 
faire  perdre  patience.  Moleftare.  Rien  n'impatiente 
plus  que  d'attendre.  Les  mauvais  propos  impatientent 
ceux  qui  les  entendent. 

Il  eft  aulfi  récip.  S'impatienter,  perdre  patience  , 
avoir  de  l'impatience.  iV/o/ç/?è /erre.  Cet  homme  eft 
prompt  :  il  s'impatiente  tellement  que  cela  redouble 
là  fièvre.  Ne  vous  impatientes  pas  ,  je  reviens  tout- 

M 


90 


1  M  P 


à-l'heure.  La  vie  eft  trop  courte  pour  fe  mer;  ce 
n'ell  pas  la  peine  de  s' impatienter.  M.  de  S. 
ÎMPATRONISER.  Cf^  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pro- 
nom perfonnel ,  dans  le  dileours  familier  feulement, 
ëc  prcique  toujours  en  mauvaife  part.  S'impatronifcr 
dan;  une  maifon  ,  c'tft  y  acquérir  tant  d'autorité 
&  de  pouvoir  ,  qu'on  y  gouverne  tout.  Depuis  qu'il 
s'efl:  impatronifé  dans  cette  maifon  ,  tout  a  changé  de 
face. 

Certes  j  c'ejl  une  chofe  aujjl  qui  fcandalifc  , 

De  voir  qu'un  inconnu  céans  i'impatronile.  Mol. 

IMPAYABLE,  adj.  de  tout  genre.  Qu'on  ne  peut  trop 
payer.  Il  s'emploie  également  au  propre  &  au  figuré  , 
mais  toujours  dans  le  ftyle  tamilicr. 

Parmi  les  Curieux  riches  en  Tableaux  ,  il  en  eil 
peu  qui  ne  s'imaginent  en  avoir  ^'impayables.  Quel- 
que décriés  que  foient  les  Ana  ,  il  s'y  trouve  des  mor- 
ceaux impayables  ,  qui  compenicnt  les  endroits  foi- 
blcs.  iu  as  des  l.iillies  impayables.  Théâtre  Italien, 
Je.  du  Banquefoucier. 

Je  goûte  à  ce  commerce  un  plaifa  ir croyable , 
Et  vous  ne  trouver  pas  l'aventure  impayable. 

La  Metromanie ,  Corn,  de  M.  Piron. 

L'excellent  naturel  de  cette  femme  me  parut  im- 
payable dans  ce  moment.  La  Payfanne  parvenue  ^ 
é'.ht.  de  Lie[;c  ,  part.   I  o  ,  p.   2j. 

Dans  les  Femmes  Savantes  de  Molière ,  acl.  ^  ,  fc. 
2  ,  t.  6.pag.  234..  Philamintc  le  récrie  au  lujet  du 
fonnet  de  Trllforin  : 

Ah  !  que  ce  quoi  qu'on  die  efl  d'un  goût  admirable  ! 
C'cjl ,  à  monfentiment ,  un  endroit  impayable. 

ÎMPECCABÎLITÉ.  f.  f.  État  de  celui  qui  ne  peut  pé- 
cher. Status  nulli  peccato  obnoxius. 

C'ell  aulli  la  grâce ,  le  privilège ,  le  principe  qui  fait 
qu'on  ne  peut  pécher.  Gn  dit  dans  l'École  impeccabi- 
litas.  Vimpeccahilité ii'eft  propre  qu'aux  Bienheureux. 
Les  Théologiens  dillinguent  diiférentes  lortcs  &  com- 
me diftérens  degrés  A'impeccabilité.  Celle  de  Dieu  lui 
convient  par  nature.  Celle  de  Jéfus-Chrill  en  Dint 
qu'homme  lui  convient  à  caule  de  l'union  hypollati- 
quc.  Celle  des  Bienheureux  ell  une  luite  de  leur  état. 
Celle  des  hommes  eft  l'eliet  de  la  confirmation  en 
grâce,  &  s'appelle  plutôt  impcccance ,  afi.'impeccabi- 
lité  :  aulU  les  Théologiens  dillinguent  ils  ces  deux 
chofes ,  ce  qui  eft  fur-tout  nécellaire  dans  les  difpuces 
contre  les  Pélagiens ,  pour  expliquer  certains  termes 
qu'il  eft  aifé  de  confondre  dans  les  Pères  Grecs ,  &: 
même  dans  les  Latins.  Foyei  les  notes  du  Pcre  Gar- 
nier  lur  Marius  Mercator. 

IMPECCABLE,  adj.  de  t.  g.  Qui  ne  peut  plus  pécher. 
Nulli  peccato  obnoxius.  J.  C.  s'elt  dit  a  bon  droit 
impeccable  ;  il  a  déiié  les  Phariiiens  de  lui  reprocher 
quelque  péch.é.  La  foiblelle  de  l'homme  cil  telle , 
qu'il  ne  peut  fe  vanter  d'être  impeccable.  Les  Bien- 
heureux confirmés  en  grâce  lont  impeccables. 

Impeccable  ,  figniiîe  aulC  qui  eft  incapable  de  faillir. 
J'ai  pu  manquer ,  je  ne  luis  pas  impeccable. 

Forbez,  dans  (on  Inftru<îl.  hiJlorico-Theol.  L.  XII. 
C.  p  ,  appelle  impeccables  les  hérétiques  qui  ne 
croyoient  pas  pouvoir  pécher,  comme  les  Gnoftiques 
qui  enfeignoient  qu'en  pratiquant  toutes  les  abomi- 
nations les  plus  défendues  ,  ils  ne  poiivoient  (c  fouil- 
ler, parce  qu'ils  étoient  fpirituels  &:  parfaits.  Tels 
ont  été  après  eux  les  Prilcihanillcs ,  les  Mellaliens , 
&  d'autres  parmi  les  Anciens;  &"  de  nos  jours  la  feéle 
d'Anabapti'fes  qu'on  nomme  les  Libertins,  les  Illu- 
minés ,  Se  les  Quiétiftes. 

IMFECCANCE.  f.  f  Terme  Dogmatique.  Les  Péla- 
giens fe  peifuadoient  qu'il  étoic  au  pouvoir  de  l  hom- 
me, non-feulement  de  refufer  fon  coiifentement  au 
péché ,  mais  encore  de  ne  rien  éprouver  en  loi  de 
déréglé,  de  ne  fenrir  aucune  répugnance  au  devoir  , 
aucune  révolte  intérieure  contre  la  Loi,  de  fe  d;faire 


I  M  P 

de  tout  principe  de  cupidité;  en  un  mot,  d'éteindre 
ablolument  toute  (emeiice  de  vice  ,  tout  fentiment 
indélibéré  de  la  concupifcence  que  la  raifoii  défap- 
prouve.  Se  qui  la  prévient.  C'eft  là  ce  qu'on  appelle 
l'impeccance  Pélagienne.  L'impeccance  n'eft  pas  une 
luite  ou  un  rejetton  des  erreurs  Pélagiennes,  elle  en 
eif  plutôt  la  fource  &  l'origine  Critique  de  M.  Bayle. 
S.  Jérôme  ne  délîgne  cette  hérélie  que  par  le  dogme 
de  l'impeccance.  Ihid.  L'impeccance  des  Pélagiens  eft 
l'apathie  des  Stoïciens.  Ibid.  L'impeccance  eft  con- 
tenue dans  l'impeccabilité.  L' impeccance  Pélagienne 
eft  la  clef  des  ouvrages  de  S.  Auguftin  contre  les  Péla- 
giens. Itid. 
IMPÉCUNIEUX ,  EUSE.  adj.  Ce  mot  veut  dire  qui  n'a 
point  d'argent;  mais  n'étant  point  encore  reçu,  on  ne 
le  peut  dire  qu'en  riant.  Minime  pecuniofus  ,  cui 
quod  det  nihil  ejl ,  cujas plenus  facculus  eji  aranearum. 
Catul.  Danet  dit  pourtant  qu'on  le  trouve  dans  les 
Ellais  de  Morale  de  M.  Nicole ,  aulli  bien  que  celui 
A' Lmpécuniojïté j  qui  figniiie  difcîte  d'argent.  Pecunite 
penuria. 

IJCF  Ménage  aflurc  qu'on  commençoit  à  dire  de- 
puis quelques  années  impécunieux  &  unpécuniojlté. 
Ces  mots ,  dit  il ,  peuvent  être  bons  félon  l'endroit  où 
ils  font  placés.  Il  ne  paroît  pas  qu'ils  aient  fait  for- 
tune. 
IMPÉCUNIOSITÉ.  f.  f.  Manque  d'argent.  Pecunitt 
inopia.  M.  Ménage  appeloit  fi  maiton  l'Hôtel  de 
Y Impccuniofné.  Un  jour  M.  le  Cardinal  de  Retz ,  qui 
n'étoit  alors  que  Coadjuteur,  y  entrant,  lui  dit  :  Je 
viens  d'apprendre  le  nom  que  vous  avez  donné  à  vo- 
tre mailon ,  je  vous  prie  de  m'y  retenir  un  appan&- 
ment.  Menagiana. 
IMPÉNÉTRABILITÉ,  f  f.  Qualité  de  ce  qui  ne  fe  peut 
pénétrer ,  propriété  des  corps  qui  occupent  tellement 
un  certain  elpace,  que  d'autres  corps  ne  peuvent  y 
trouver  de  place.  Impenetrabilitas.  Il  le  dit  tant  au 
propre  des  corps  folides,  qu'au  figuré,  des  myftères 
de  la  Foi ,  il^c  des  kcrets  profonds  tk  cachés.  On  de- 
mande fi  {'impénétrabilité  eft  de  l'eilence  de  la  ma- 
tière. Ce  terme  eft  Dogmatique  en  ce  iens.  ^L  Har- 
ris  définit  Y  impénétrabilité  la  diftinélrion  d'une  lubl- 
tance  étendue  d'avec  un  autre  ,  par  laquelle  l'exten- 
lion  d'une  choie  eft  diftérente  de  celle  d'une  autre  , 
enforte  que  deux  chofes  étendues  ne  peuvent  être  en 
même  lieu  ,  mais  doivent  nécellairement  s'exclure 
l'une  l'autre.  _ 

IP"  IMPÉNÉTRABLE,  adj.  de  t.  g.  Ce  mot ,  en  Phy-      I 
fique ,  lignifie  ce  qui  ne  peut  être  pénétré,  impenetra- 
bilis.    Les  corps  font   naturellement   impénétrables. 
Voyez  Impénétrabilité  &  Pénétration. 

Les  Cartéliens  prétendent  que  l'étendue  eft  impéné- 
trable. Quelques  Philotophes  diftinguent  l'étendue 
des  parties  pénétrables  &  immobiles  des  corps  qui 
conlîituent  l'efpace  ,  &:  des  parties  pénétrables  & 
mobiles  qui  conlîituent   les  corps. 

Les  Épicuréilles  &  les  Gallendilles  admettent  de 
petits  corps  hmples ,  indivilibles  ,  durs,  lolideSj  in- 
corruptibles &  impéné:rables.  C'eft  ce  qu'ils  appel- 
lent atomes. 
Impénétrable  fe  dit  de  diiférentes  choies  dans  les  diffé- 
rentes acceptions  du  verbe  pénétrer.  On  dit  qu'une 
cuiralfe  eft  d'une  li  bonne  trempe,  qu'elle  eR: impéné- 
trable aux  coups  de  moufquet ,  pour  dire  que  les  baies 
ne  lauroient  l'enfoncer ,  la  traverfer  :  qu'un  cuir  eft 
impénétrable  à  l'eau ,  que  les  parties  d'eau  ne  lauroient 
s'y  infmuer  ;  qu'une  forêt  eft  li  cpailîe,  qu'elle  eft 
impénétrable ,  pour  dire  inacceîlible.  Inacccjjus ,  im~ 
pervius. 

Dans  un  fens  figuré,  on  le  dit  des  chofes  qui  font 
d'une  nature  fi  relevée,  qu'elles  lont  au-dellus  de  la 
portée  de  l'efprit  humain.  Rationi  impervius  j  Jupra 
humanl  ingenii  captum  pqfitus. 

La  prédeftinanon  elt  un  abyme  impénétrable.  Les 
myftères  de  la  Foi ,  les  Iccrets  de  la  Providence  font 
impénétrables  à  l'efprit  humain.  Nous  fouîmes  envi- 
ronnés de  ténèbres  ép.iilles  Se  prelquc  imçénétrabus. 
Nie. 

On   dit  auifi  d'un  hoinme   qui  eft  cxtrèmenïcnt 


I  M  P 

fecret  &:  caché ,  dont  on  ne  peut  pénétrer  les  penfées, 
qu'il  cli  impénétrable.  Il  clî:  d'.iur.mt  plus  impénétra- 
ble ,  que  tout  le  monde  cioyoit  ic  pcnctrer.  Ab.  de 
S.  R.  Le  Chancelier  impénétrable  pénétroit  tout. 
Boss. 

IMPENÉTRABLEMENT.  adv.  D'une  manière  impé- 
nétrable. ImpenctrabUem  in  modum.  Ce  mot  tfl; 
d'un  uliigc  allez  rare. 

IMPÉNITENCE.  ('.  £  Endurcilfcment  de  cœur  qui  fait 
demeurer  dans  le  vice ,  qui  empêche  de  fc  repentir. 
Peccati  vel  peccandi  objiinatio.  h'impénitence  finale 
eft  un  pèche  contre  le  Saint  Elprit ,  qui  ne  fe  par- 
donne ni  en  ce  monde  ,  ni  en  l'autre.  Cette  miléri- 
cordicule  conduite  ne  toucha  point  leur  impénitence. 
Mauc.  Par  votre  dureté ,  par  V impenitence  de  votre 
ca-ur  vous  amallèz  un  tréfor  de  colère  pour  le  juge- 
ment de  Dieu.  PoKT-R.  Au  dernier  jour  Dieu  con- 
fondra votre  iWjPtf'/j/re/îce  &  vos  vaines  excufes.  Boss. 

IMPÉNITENT,  ENTE.  adj.  Qui  eft  endurci  dans  le 
péché ,  &  n'a  aucun  regret  d'avoir  oftenfé  Dieu.  In 
delicio  contiimax.  Celui  qui  meait  impénitent  eft 
damné.  Ville  impénitente.  Port  Royal.  Selon  le 
cours  ordinaire  de  la  Providence,  les  Chrétiens  cha- 
ritables ne  tombent  jamais  dans  cet  aft'reux  malheur 
d'une    mort   criarinelle    &    impénitente.  Bourdal. 

Exil  j.  r.  p.  s 2. 

IMPENSE,  f.  h  %T  Terme  de  Pratique ,  ordinairement 
employé  au  pluriel,  &  prefque  toujours  au  mot  amé- 
liorations. On  entend  par  là  la  dépenfe  ou  les  frais 
qu'on  a  fiits  pour  améliorer  ou  entretenir  une  chofe 
qui  appartient  à  autrui ,  ou  qui  ne  nous  appartient  pas 
incommucablement ,  comme  les  héritages  de  la  fem- 
me ,  dans  lefquels  le  mari  a  fait  des  impcnfes  pendant 
le  mariage.  Impenfa.  Un  acquéreur  de  bonne  foi  doit 
être  rembourlo  des  impenfes  &  améUorations  qu'il  a 
faites  fur  un  fonds  où  l'on  demande  à  rentrer.  On  ré- 
pète les  imvenfes  Se  améliorations  faites ,  conftant  le 
,  mariage ,  fur  les  propres  héritages  de  l'un  ou  de  l'au- 
tre. Le  donataire  doit  être  rembourfé  par  Ces  cohéri- 
tiers des  iOT/'e/2_/tfi' utiles  Se  nécellaires.  Cour,  de  Pa- 
ris. Jrc.  jo  f.  L'héritier  du  mari  peut  demander  à 
■fa  veuve  les  impenfes  Se  améliorations  faites  in  jundo 
uxorio  durant  le  mariage ,  &  non  à  un  tiers  déten- 
teur. Levest.  An.  ji .  Pour  les  impenfes  Se  amélio- 
rations faites  par  le  mari  (ur  l'héritige  de  la  femme  , 
la  répétition  du  prix  ne  viejit  qu'à  die  foluti  matrimo- 
nii.  Il  y  a  des  impenfes  nécellaires  ,  il  y  en  a  d'utiles , 
il  y  en  a  de  voluptueufes  :  les  nécellaires  ,  font  celles 
fans  lefquelles  la  chofe  deviendroit  moins  bonne  Se 
dépériroit;  lesurilcsj  font  celles  qui  rendent  la  chofe 
meilleure ,  de  plus  grand  revenu  ;  les  voluptueufes  , 
font  celles  qui  ne  fervent  qu'à  rembellilïement  de 
la  chofe.  fCTCes  dernières  tombent  toujours  fur 
celui  qui  les  a  frites,  parce  qu'elles  n'apportent  au- 
cune utilité  à  l'héritige.  La  Juftice  ne  tient  pas 
compte  des  fupertluités. 

Owà'Kdéperfe  dans  le  langage  ordinaire.  Se  non 
pas  impenfe. 
I^lPÉRATÉUR.  f.  m.  Vieux  mot.   Commandant  en 

guerre. 
IMPÉRATIF.  Terme  de  Grammaire,  f.  m.  ou  plutôt 
adj.  pris  fubftantivement  en  fous-entendant  mode. 
Tmperativus  modus.  C'cft  une  des  modes  ou  manières 
de  conjuguer  un  verbe  qui  tert  à  défigner  le  comman- 
dement. fPTC'eft  à  dire  qui  ajoure  à  la  fignification 
principale  du  verbe  l'idée  accelloire  de  la  volonté  de 
celui  qui  parle.  C'eft  celui  qui  fuit  l'indicatif.  Fais  ce 
que  je  te  dis.  AIU\,  marche^,  Scq. 

V Impératif  en  François  n'a  point  ordinairement 
A' s  à  la  fin  ,  mais  il  la  prend  quelquetois  devant  une 
voyelle.  V^ien-cà ,  viens-tn  à  bout  il  tu  peux ,  croi- 
moi,  &c.  M.  l'Abbé  de  Dangeau,  dans  fcs  tables  des 
verbes,  donne  une  s  au  verbe  de  la  féconde  perfonne 
du  préfent  de  Vimpératif-  de  forte  que  c'eft  le  même 
mot  pour  l'indicatif  Se  pour  Vimpératif,  cancas ,  tu 
chantes ,  ca/2M ,  chantes.  Quelques  Auteurs  fe  difpen- 
fent  depuis  peu  de  mettre  une  s  à  la  fin  de  la  féconde 
perfonne  du  préfent  de  ri/72/)£r^r// en  des  verbes  qui 
demandent  cette  lettre.  Defee.i ,  appren ,  &:c. 
Tome  V. 


I  M  P  91 

Defccn  de  la  double  colline  , 
Nymphe ,  dont  le  fis  amoureux  , 
Du  fombre  époux  de  Proferpine 
Sut  fléchir  le  cœur  rigoureux.  R. 

Aimable  paix  ,  f^ierge  facréc  j 
Delcen  de  la  voute  a\uiée.  Idem. 

Fai  tête  au  malheur  qui  t'opprime.  Idem. 

Prévien  un  fort  pareil ,  £•  par  d'heureux  efforts  , 
Diffipe  cette  humeur pefantc  &  léthargique.  Idem. 

Cela  eft  très  mal ,  il  faut  defcens ^  fais ,  Sec.  La 
preuve  en  eft  bien  claire;  s'il  iuivoit  une  voyelle,  on 
(■eroit  lonncr  Vs  de  ces  impératifs.  Defcens  innocente 
viclime.  Il  faut  prononcer  defcen-s-innocente  vicîime , 
&  non  pas  defce-n  innocente  viclime.  Fai-s-en  la  moi- 
tié ^  je  ferai  l'autre ,  Se  non  pas  fai  en  la  moitié. 
Pren-s-en  beaucoup ,  Se  non  pas  pre-n  en  beaucoup. 
De  plus  on  prononce /ijà- ,  &  non  pas /ai  j  defcens. 
Se  non  pas  defccn.  Et  ces  Auteurs-là  même  écrivent , 
Seigneur,  combats  pour  notre  gloire.  Viens  ici. 

Impératif  ,ive.  adj.  Terine  d'Hiftoirc.  Iinperativus ,  a. 
La  forme  impérative.  Une  lignification  impérative. 
Dans  l'Hébreu  Se  les  autres  langues  Orientales,  le  fu- 
tur a  fouvent  une  fignification  impérative. 

En  termes  de  Pratique  on  appelle  Difpofition  im- 
pérative ,  celle  qui  ordonne  abfolument  de  faire  quel- 
que chofe.   AcAD.  Fr. 

Les  fénes  impératives  ou  indiéf  ibles ,  étoient  celles 
que  le  Coniul  ou  le  Préteur  ordonnoit,  félon  le  pou- 
voir de  (a  charge.  Quelques  uns  le  rapportent  aux 
conceptivcs,  ou  celles  que  l'on  recevoir  par  vœu. 
yoye-^  FÉaiE. 

Impératif  fignifie  aullî  Impérieux.  Il  ne  fe  dit  guère 
que  dans  le  dilcours  familier ,  Se  par  manière  de  plai- 
(anterie.  Vous  prenez  là  un  ton  bien  impératif.  Il 
parle  d'un  air  impératif. 

Ce  mot  vient  d'imperare,  qui  veut  dire  commander , 
parce  qu'on  fe  fert  de  ce  mot  pour  commander. 

IMPÉRATIVEMENT,  adv.  En  commandant,  ou  d'un 
ton  abfolu  Se  impérieux.  Regnard  ,  dans  fa  Comédie 
de  Démocrite ,  fait  dire  par  Strabon  à  ce  Philofophe 
amoureux  de  Criféis  : 

Quoi ,  vous  qui  raifonne:[  philofophiquement  j 
Qui  parle^  à  vos  fens  impérativement. 
Qui  voye'^  jace  à  face  étoiles  &  planètes , 
Une  fille  vous  met  en  l'état  où  vous  êtes  ! 

IMPÉRATOIRE.  f.  f.  Sorte  de  plante  qui  eft  ainfi  ap- 
pelée à  caufe  des  grandes  propriétés  que  l'on  attribue 
à  Vimpératoire  ordinaire,  comme  qui  diroit,  plante 
digne  d'un  Empereur.  Imperatoria.  Il  y  en  a  plu- 
fieurs  efpèces.  L'impératoire  ordinaire  a  fa  racine 
grolFe  quelquefois  comme  le  pouce  ,  ridée ,  garnie  de 
quelques  fibres ,  remplie  d'une  chair  blanche  ,  aroma- 
tique ,  d'un  goiit  acre ,  piquant  la  langue  Se  échauftant 
toute  la  bouche.  Ses  feuilles  font  alfez  grandes ,  ran- 
gées à  trois  fur  une  côte  branchue,  terminée  par  une 
feule  feuille  j  roides ,  divifèes  chacune  en  trois  par- 
ties ^  découpées  les  unes  légèrement,  les  autres  pro- 
fondément. Ses  tiges  croilfent  jufqu'à  la  hauteur 
d'environ  deux  pieds;  elles  font  cannelées,  creufes, 
divifèes  en  ailes  ,  foutenant  en  leurs  fommités  des 
fleurs  en  paralol  ,  dont  chacune  eft  à  cinq  pétales 
blancs,  difpofésen  ro'fe.  Lorfque  fes  fleurs  font  paf- 
fées,  il  paroît  un  fruit  compofé de deuxgraines  apla- 
ties, prefque  ovales,  un  peu  plus  grollès  que  celles 
de  l'anetj  rayées  légèrement  fur  le  dos,  de  couleur 
blanche.  En  Latin  Imperatoria  major.  C.  B.  pin.  i  j(J. 
On  ne  fe  fert  en  Médecine  que  de  la  racine  qui  eft 
propre  peur  la  colique  venteufe,  pour  l'apoplexie, 
pour  la  paralyfie ,  pour  la  fièvre  quarte ,  Se  elle  entre 
dans  la  thèriaquc. 

IMPÉRATRICE,  f.  f.  La  femme  d'un  Empereur ,  ou  la 
Princefle  qui  de  fbn  chef  pofsède  un  Empire.  Ac.  Fr. 

Mij 


C,2  I    M    P 

1740,  Imperatrix.  \.' Impératncc  douairière.  rjuPiine 
&  Lucille  l'ont  les  leules  Impiratrkcs  qui  foient  nées 
de  pères  Empereurs  ,  &  qui ,  en  quelque  manière  , 
ont  été  caufcs  que  leurs  maris  font  montés  fur  le 
trône.  P.  Chamillart.  tlig.-ibale  en  monis  de  qua- 
tre .ans  f"e  maria  julqu'à  quatre  ou  cinq  fois  i  il  efl  im- 
pollible  que  les  médailles  des  Impcrathccs  qu  il  épou- 
la ,  ne  loient  très  rares.  Ces  Impératrices  étoient  lî 
peu  fur  le  trône  ,  qu'on  avoir  à  peine  le  tems  de  leur 
frapper  des  médailles.  Id.  Combien  de  fois  les  plus 
habiles  fe  font- ils  trouvés  embarralfés  pour  ranger 
quelques  médailles  hngulières  d'Empereurs  oud'/ra- 
^e'nzmcw ,  dont  on  ne  connoit  ni  le  tems,  ni  les  ac- 
tions ,  &  dont  les  noms  font  le  plus  louvent  ou  cor- 
rompus, ou  omis  dans  l'hifloire.  Genebrier.  On 
voyoit  autrefois  parmi  les  Impératrices  une  Barbia 
Orbiana,  une  Cornélia  Supera ,  aulli  bien  que  Sévé 
rius,  (ans  époux  véritables,  &  l'hiftoire  qui  nous  ref- 
loit  de  leur  tems ,  ne  nous  en  marquoit  rien  de  cer- 
tain.  Id. 

Impératrice,  f.  f  Nom  d'une  efpèce  de  prunes.  Prunï 
fpecies.  |Cr  C'elf  une  elpèce  de  perdrigon  violet ,  tar- 
dif,  qui  ne  mûrit  qu'en  Septembre. 

IMPERCEPTIBLE,  adj.  de  t.g.  !)3°  Ce  terme,  dans  fi 
plus  grande  généralité  efl:  l'ynomime  d'inlcnlible,  & 
déligne  ce  qui  ne  peut  être  apperçu  par  les  fens.  Seri- 
fus  juliens.  Ainli  l'on  dit  que  le  mouvement  de  la 
terre  eft  imperceptible  ;  qu'une  odeur  efl:  li  délicate  , 
qu'elle  efl:  prelque  imperceptible  ;  que  le  frémillemcnt 
des  parties  d  un  corps  fonore  ,  fur  la  fin  devient  im- 
perceptible. Mais  ce  terme  s'applique  particulière- 
ment à  tout  ce  qui ,  par  fon  extrême  pctitellc  ,  échap- 
pe à  notre  vue.  Il  y  a  non  leulement  des  parties  élé- 
mentaires des  corps ,  mais  même  des  corps  organifés  , 
des  animaux  qui  font  imperceptibles.  Le  plus  gros 
des  arôme^ ,  félon  Épicure  ,  eft  imperceptible.  Le  mi- 
crofcope  nous  a  fait  découvrir  dans  les  corps  naturels 
des  parties  auparavant  imperceptibles. 

Imperceptible,  ledit  au  figuré  des chofes fîO" qui  agif- 
fent  fur  nous  d'une  manière  fi  fecrette ,  que  nous  ne 
pouvons  nous  en  appercevoir.  Les  fcrupules  font 
des  doutes  ,  &  des  confidérations  prefque  impercepti- 
bles. La  Pl.  L'amour  propre  lait  fi  bien  fc  déguifer, 
qu'il  efl  pTeL\u  imperceptible  dans  le  fond  de  notre 
cœur.  S.  ÉvR.  L'opération  de  la  grâce  eft  impercepti- 
ble. Dos  s.  Par  combien  d'imperceptibles  liens  fom- 
mes  nous  attachés  au  monde  ?  Idem. 

JD'un  aveugle  penchant  le  charme  imperceptible  , 
Frappe  ifaifit y  entraîne  j  &  rend  un  coeur fcnjible. 

Corn. 

IMPERCEPTIBLEMENT,  adv.  D'une  manière  infen- 
iible  ,  peu  à  peu,  par  Az%  degrés  infenfiblcs.  Sinefen 
fu.  L'elprit  de  vin  s'évapore  imperceptiblement.    Les 
aftres,  les  horloges  le  meuvent  imperceptiblement. 

Que  l'homme  connoùpeu  la  mon  qu'il  appréhende , 

Quand  il  du  qu'elle  le  furprend! 
Elle  naît  avec  lui  _,  fans  cejjè  lui  demande 
Un  tribut  dont  envain  fon  orgueil  fe  défend. 
Il  commence  à  mourir  long-tcms  avant  qu'il  meure  ; 
Il  périt  en  détail  imperceptiblement  : 
Le  nom  de  mort  qu'on  donne  à  notre  dernière  heure  , 

N'en  efl  que  l'accomplijfement.  Des-H. 

IMPERDABLE,  adj.  de  t.  g.  Qui  ne  fe  peut  perdre. 
C'eft  un  terme  familier  qu'on  emploie  fur  tout  au  jeu 
en  parlant  d'un  coup  ,  d'une  partie  qui  ne  fe  peut  per- 
dre. Un  jeu  imperdable.  On  dit  encore  un  procès 
imperdable. 

IMPERFECTION.  f.f.  Défiiut,  ce  qui  manque  à  une 
chofe  pour  la  rendre  parfaite.  Dcfeclus.  Il  fvjc  Ibuf 
frir  les  imperfecîions  de  fon  prochain.  Il  y  a  des  im- 
perfeclions  qui  ne  font  pas  des  vices.  M.  Se. 

gCTEn  Librairie  on  aupelle  imperfecîions  ^  toutes  les 
feuilles  qui  ne  fuffifent  pas  pour  faire  un  volume 
complet.  On  met  les  imperfections  au  rebar.  Faure  , 
défaut.,  défc^uoilté ,  vice,imperfc:1;ion,  fynoniaies. 


I  M  P 

Imperfection ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  défigne  quelque 
chok  de  moins  de  conlequcnce  que  ce  que  tous  les 
autres  mots  font  entendre  ,  &z  il  elt  plus  d  ufage  dans 
la  Morale  que  dans  la  Phyliquc  &z  dans  la  Méchani- 
que.  Les  pcrlonncs  Icrupuleulcs  regardent  les  imper- 
f  celions  comme  de  vrais  péchés ,  dont  Dieu  doit  les 
punir  ;  mais  les  Chrétiens  railonnables  ne  les  regar- 
dent que  comme  des  luîtes  nécellaires  de  Thumanité  , 
dont  Dieu  le  fert  limplement  pour  les  humilier ,  & 
non  pour  les  rendre  criminels.  I^oye^  les  autres 
mots. 
UCr  IMPERFORATION,  f.  f.  Terme  de  Chirurgie  qui 
déligne  le  défaut  d  ouverture  dans  une  partie  qui  doit 
être  ouverte.  Imperjoratwn  de  l'anus.  Impcrjoration 
du  vagin.  On  dit  aulli  anus  ,  vagin  impcrjore.  On  re- 
médie à  ce  vice  de  conlormation ,  en  tailant  une  in- 
cilion  à  la  partie. 
IMPÉRIAL,  ÂLE.  adj.  Ce  qui  appanient  à  l'Empereur 
ou  à  1  Empire.  Imperatonus.  6a  M.rjefl:é  Impériale. 
Trône  Impérial.  Couronne  Impériale.  Autorité  Im- 
périale, Ablanc.  Atm^ic  Impériale.  Voit.  Et  au  plu- 
riel on  dit  les  Impériaux  ,  les  Mmiftres  de  l'Empire. 
Dans  une  aftemblée ,  les  Impériaux  ont  fait  telle  pro- 
polition.  Les  Impériaux  le  dit  aullî  de  l'armée  Im- 
périale. Les  Impériaux  ont  été  battus.  Les  Impériaux 
ont  pallé  le  Rhin.  Dans  ces  occafions  ce  mot  ell 
lubftantif,  &  ne  fc  dit  qu'au  pluriel. 

Quelques-uns  ont  dit  Impériale  ,  &c  Impériaux  de 
ceux  que  nous  nommons  communément  Mclchites. 
Voyez  ce  mot  ;  car  c'eft  ainli  qu  il  faut  parler  lelon 
l'ulàge. 

On  appelle  en  Allemagne  villes  Impériales ,  celles 
qui  ne  reconnoilient  que  l'Empereur  pour  fupé- 
rieur.  Ce  font  autant  de  Républiques;  le  Magiitrai 
fait  hommage  à  l'Empereur ,  &  lui  paie  le  mois  Ro- 
main; mais  d'ailleurs  il  eft  Souverain  pour  la  Juf- 
tice.  Les  villes  Impériales  ont  droit  de  faire  battre 
monnoie,  &c  d  avoir  des  troupes  &  des  places.  Leurs 
Députés  allîftent  aux  Diètes  Impériales  ,  où  elles  font  . 
divilees  en  deux  bancs ,  du  Rhin  &  de  Souabe.  Il  I 
y  en  avoit  vingt-deux  dans  le  banc  du  Rhin ,  i<c 
trente  lept  dans  celui  de  Souabe  ;  m.ais  le  Roi  pof- 
fcde  aujourdhui,  Strasbourg,  &:  les  dix  villes  Im- 
périales d  Allace  ;  ainfi  il  n'y  a  plus  que  quarante- 
huit  villes  Impériales.  Les  plus  conlidérables  font 
Hambourg  ,  Lubeck  ,  Nuremberg,  Fr.rncfort,  Ulm, 
Augsbourg  &  Ratisbone. 

On  appelle   en  Allemagne  Chambre  Impériale  y      m 
une  Juftice  louveraine  établie  pour  les  affaires  des     \ 
États  immédiats  de  1  Empire.  La  Chambre  Impériale 
de  Spire  rélide  à  prélent  à  Wezlar  ,  dans  la  Helfe. 
Il  y  a  aulli  à  Rotvreil  une  Chambre  Impériale  ,  qui 
eft  une  décharge  de  celle  de  Spire. 

On  appelle  en  Allemagne  Diètes  Impériales ,  l'af- 
femblée  des  Etats  de  l'Enipire.  Elles  le  tiennent  or- 
dinairement à  Ratisbone.  l?£mpereur  ,  ou  Ion  Com- 
miflaire  ,  les  Éleveurs  ,  les  Princes  Ecclélîailiques  &: 
Séculiers,  les  Prélats,  les  Princelles,  les  Comtes  de 
l'Empire  &  les  députés  des  villes  Impériales  y  ailil^ 
tent.  La  Diète  eft  divilée  en  trois  Collèges,  qui  font 
ceux  des  Éleéleurs,  des  Princes  &  des  Villes.  Les 
feuls  Éledcurs  forment  le  Collège  des  Éleéfeurs ,  & 
même  le  roi  de  Bohême  ,  qui  eft  Éleéieur  ,  n'entroit 
avant  1707.  que  dans  les  Diètes  d'Eledfion  :  depuis 
ce  temps-là ,  il  entre  comme  les  .autres.  Les  prin- 
ces ,  Prélats ,  Princelles  &  Comtes,  forment  le  Col- 
lège des  Princes  :  celui  des  villes  eft  compofé  des 
Députés  des  villes  Impériales.  Chaque  Collège  a  fon 
Diredreur  qui  propole,  &  prèlide  aux  délibérations. 
L'èledleur  de  Mayence  l'eft  du  Collège  des  Élec- 
teurs ,  l'Archevêque  de  Saltzbourg  l'eft  de  celui  des 
Princes ,  &:  le  Député  de  la  ville  de  Cologne  de 
celui  des  villes.  Dans  les  Diètes  Impériales  chaque 
Principauté  a  fi  voix  ;  mais  les  Prélats  (  c'eft  ainlî 
qu'on  appelle  les  Abbés  Se  Prévôts  de  l'Empire  ) 
n'ont  que  deux  voix ,  &  tous  les  Comtes  n'en  ont 
que  quatre.  Quand  les  trois  Collèges  font  d'accord  , 
il  faut  encore  le  confentement  de  l'Empereur,  Se 
fans  cela  les  relolurions  font  nulles;  s'il  confent , ou 


I  MF 

drelïc  le  reccs  ou  rcfultat  des  rcfolurioiis ,  &  tout 
ce  qu'il  porte  „  ell  une  loi  qui  obliyc  tous  les  États 
médiats  (!s:  immédiats  de  l'Empire, 
(lu*"  Les  Antiquaires  appellent  médailles  Impériales ,  l'es 
médailles  des  Empereurs  Romains  à  commeacer  de- 
puis Jules  Célar.  Celles  qui  onr  été  frappées  aupa- 
ravant ,  dans  le  temps  de  la  RépuMique  j  on  les 
nomme  Confulaires.  Quelquefois  on  dit  fubftaiîtivc- 
ment ,    les  Impériales. 

CouRONNL  Impériale  j  cfl:  une  forte  de  plante, 
dont  les  Heurs  lont  difpofées  comme  en  couronne  , 
furmontéc  d'un  bouquet  de  feuilles  ,  ce  qui  a  fait 
donner  le  nom  de  Couronne  Impériale  à  cette  plante. 
Foyc-^  Couronne  Impériale  au  mot  Couronne.  La 
Couronne  Impériale  &[\  le  Lis  Periique,  c'eft  le  \^>J 
des  Hébreux ,  &  le  Tufiï  des  Perfms  ;  c'ell:  le  Lis 
royal  des  Grecs.  ,  Lilium  hafilictim.  Voye-[  la  Dif- 
iêrtation  du  P.  Souciée  fur  un  revers  de  médailles 
d'Hérode. 

On  l'appelle  quelqueFois  impériale  ,  fans  ajouter  le 
mot  de    couronne. 

p''ous  très  Rnfe  ,  &  moi  ,  je  fuis  Impériale  : 

Je  crois  que  pour  ladignité , 
Dans  l'empire  des  fleurs  il  n'ejl  rien  qui  m'égale. 

Rec.  de  vers. 

0tF  Aigle  impériale  ,  dans  le  blafon  ,  c'ell  une  Aigle 
qu'on  répréfente  avec  deux  têtes  ,  &z  avec  les  ailes 
cployees. 

Poudre  Impériale.  F'oye\  Poudre. 
bierge  impériale.  Elle  le  fabrique  particulièrement 
dans  le  bas  Languedoc.  On  l'appelle  xniïxfemptteme 
onperpécuante  ,  &  elle  eft  prelquc  toujours  deftmée 
pour  l'Italie  &:  pour  l'Elpagne. 

Eau  Impériale,  /"oj'f^  Eau. 

IMPERIALE,  f.  f.  Ou  prune  impériale  :  efpèce  de 
prune  qui  le  mange  au  mois  d'Août.  L'impériale  eft 
une  prune  longue ,  violette  tirant  au  rouge  ;  c'eft 
la  plus  grolle  de  toutes  les  prunes.  Il  y  a  une  impé- 
riale blanche  Se  une  rouge  ,  une  hâtive  &  une  car 
dive.  Elles  font  toutes  fort  grolfes.  La  Quint  P.  III. 
c.  14..  U Impériale  h\y.nc\\ç.  eft  une  efpèce  de  prune 
qu'on  appelle  autrement  grolfe  Datte.  Elle  eft  blan 
che  ou  jaunâtre.  Idem.  P.  III.  c.  14. 

Impériale  ,  en  ternies  de  Fleurifte  ,  eft  le  nom  d'une 
tuiipe  qui  eft  d'un  pourpre  brun ,  un  peu  de  rou^^e 
&  blanc  de  lait.  Morin. 

Impériale.  Monnoie des  Empereurs  qui  a  eu  cours  en 
Italie  depuis  l'an  11 87.  jufques  dans  le  quatorzième 
llècle.  L'an  123(5.  on  frappa  en  Italie  de  nouvelles 
impériales.  Matthieu  Paris  dit  que  les  Impériales 
éroient  de  la  même  valeur  que  les  fterlings. 

Il  y  a  aulîî  un  jeu  de  cartes  appelé  impériale ,  dont 
le  principal  avaiîtage  eft  d'avoir  des  féquences  de 
cartes.  L'As  ,  le  Roi .,  la  Dame  &  le  ValeÉ*d'une 
mcme  couleur,  font  une  impériale,  quatre  Rois, 
quatre  Dames ,  quatre  Valets  ,  quatre  As  ,  font 
une  impériale  de  même  que  quatre  Sept ,  fi  l'on 
joue  deux ,  ou  quatre  Six ,  lî  l'on  joue  trois.  Carte 
blanche  fait  auili  une  impériale. 
§3"  Le  nombre  des  impériales  dont  une  partie  eft 
compofée  j  eft  ordinairement  de  cinq;  mais  ce  jeu 
varie  fuivant  les  endroits  ou  la  hmtailie  des  joueurs. 

Impériale,  f.  f.  Le  haut  ou  la  couverture  d'un  ca- 
rofle ,  le  delFus  de  la  cailfe  qui  eft  plat,  &c  un  peu 
élevé  par  le  milieu.  On  le  dit  aulÏÏ  du  fond  des  lits 
d'ange  &  en  houfle.  Faftigium  ,  culmen. 

Impériale,  eftauffi  un  terme  d'Architetlure  ;  &  c'eft 
une  efpèce  de  dôme  ou  de  couverture  ,  dont  le  dos 
eft  en  poime ,  &  qui  en  s'élargiilant  par  en  bas  re- 
préfence  la  figure  de  deux  S  qui  fe  joignent  en  haut , 
&  s'éloignent  en  bas.  FÉlibien. 

On  fait  auffi  une  pierre  impériale  pour  les  dents 
avec  du  falpctre  ,  de  l'alun  de  roche  ,  &  un  peu  de 
foufre  bien  pulvérifés,  &  cuits  dans  un  creufet ,  donc 
on  fait  après  un  gargaiifme  avec  une  décodtion 
d'orge  &  de  fenouil. 

iMr|jUAL£.  Nom  d'iinc  ville  de  Chili ,  en   l'Améri- 


I  M  P  93 

que  méridionale.  Imperialis.  Elle  eft  capitale  d'une 
province  qui  porte  fon  nom  ,  &c  fituée  (ur  la  rivière 
de  Cauten  ,  à  quelques  lieues  de  fon  cmbouciiure 
dans  la  mer  Pacirique.  Cette  ville  avoit  été  ruinée  par 
les  Arauqucs  ;  mais  les  Efpagnols  l'ont  réparée. 
Maty. 

IMPÉRIAUX.    Foyci  impérial. 

IMPÉRIEUSEMENT,  adv.  Dune  manière impérieufc. 
Superbiùs.  On  hait  ce  Gouverneur  j  parce  qu'il 
commande  trop  impérieufement  :  il  en  ufe  impérieufe- 
ment. 

IMPÉRIEUX  ,  EUSE.  adj.  ^fT  imperiofus.  Terme  qui 
fe  die  égalemenc  des  perfonncs  ,  du  caractère  ,  du 
con  ,  du  gefte.  Homme  impérieux.  Efprit  impérieux. 
Humeur  impérieufe.  Air  ,  ton  ,  port  ,  gefte  impé- 
rieux. 

L'homme  impérieux  eft  celui  qui  veut  comman- 
der par-couc  où  il  eft  ,  qui  veuc  couc  loumetcre  à  fes 
propres  idées ,  &  donc  les  voloncés  lont  toujours 
annoncées  par  un  ton  haut ,  fouvent  par  un  gefte 
inlolent.  C'eft  une  elpèce  de  delpote  ,  qui  ne  vou- 
droit  voir  autour  de  lui  que  des  efclaves.  Les  amis 
impérieux  nous  tyrannifent  ;  il  faut  haïr  tout  ce 
qu'ils  hailfent  :  on  s'en  détache  bientôt..  Un  bienfai- 
teur impérieux  perd  tout  le  mérite  de  les  bienfaits  , 
&c  prelque  toujours  le  fruit  qu'il  en  attend.  Il  les 
met  à  tfop  haut  prix.  Le  moyen  de  vivre  avec  un 
homme  qui  rend  la  reconnoillance  trop  onéreufe,  & 
qui  ne  fut  pas  refpeder  la  liberté  naturelle  de  fon 
femblable  ?  Il  eft  plus  aifé  d'êrre  ingrac  ;  &  c'eft  le 
parci  qu'on  prend.  L'amour  eft  une  pallion  trop  im- 
périeufe pour  céder  à  nos  devoirs.  Cail.  Les  Romains 
avoient  une  politique  bien  impérieufe  à  l'égard  des 
Rois  qui  leur  étoient  fulpeéts.  S.  Real. 

Ce  torrent  arrêté  devint  plus  furieux  , 

Son  cours  fut  plus  rapide  &  plus  impérieux. 

Brébeuf. 

IMPÉRISSABLE,  adj.  Qui  ne  peut  périr ,  qui  ne  doit 
point  périr.  Non  periturus.  Nous  verrons  ci-delîous 
li  Anaxagoras  auroit  pu  fuppofer  que  les  principes 
étant  éternels  &  incréés  ,  doivent  être  imperijfables. 
DicT.  DE  Bayle.  ^1-3  Ce  mot  n'eft  pas  d'un  fer- 
vice  bien  fréquent.  Cependant  nos  bons  Auteurs 
ne  ront  point  de  difficulté  de  remployer.  L'ame  eft 
une  fubftance  fimple  j  immatérielle  ,  impérifable. 
Volt.  La  terre  ,  tout  impérijfahle  qu'elle  eft  ,  en 
grand ,  eft  fujette  à  bien  des  vicilîîtudes  dans  le  dé- 
tail. MÉ;,i.  de  Trév. 

Si  je  vois  luire  ces  beaux  jours  , 
Je  le  devrai  j  Fagon ,  à  ton  art  fecourahle  , 
Trop  heureux  f  le  mien  par  les  fidèles  traits 

D'une  louange  impériftable  , 

T'en  peut  rendre  grâce  à  jamais. 

|t3*  IMPÉRIT.  adj.  Imperitus.  Ce  terme  exprime  le 
défaut  d  habileté  dans  l'état  qu'on  prolelfe.  On  diroit 
d'un  Médecin  ,  d'un  Chirurgien  ,  d'un  Avocat, 
&c.  qui  n'ont  pas  les  connoiiîances  relacives  à  leur 
prolelîion  ,  qu'ils  fonc  imperits  :  mais  cet  adjedif 
eft  beaucoup  moins  uiîté  que  le  fubftantif  impéritie. 
Le  bon  prélat  Salcédius  fut  tellement  pénétré  de  l'eC 
prit  de  N'épotifme  ,  que  quoique  fon  neveu  j  uès  im- 
périt  en  toutes  chofes  ,  eût  une  femme  vivante  Se 
des  enfans  ,  il  trouva  le  moyen  de  le  faire  Prêtre  , 
Chanoine,  Officiai,  Grand- Vicaire ,  Se  Sur-Inten- 
dant du  temporel  Se  du  fpirituel  de  fon  Evêché. . . 
Ecole  du  Monde. 

IMPÉRITIE.  f  f  Imperitia.  Ignorance  de  l'art  qu'on 
prokllé.  Défaut  des  connoiiîances  néceftaires  à  une 
perfonnc  qui  a  une  fondion  publique  :  on  le  dit  des 
Juges  ,  des  Avocats ,  des  Notaires  ,  Se  autres  per- 
fonnes  femblables.  On  fc  fert  plus  ordinairement 
du  mot  A' ignorance  ;  cependant  celui  à'impéritie  fc 
trouve  dans  les  Auteurs  qui  ont  écrit  de  nos  jours  fur 
les  matières  de  Droit.  Je  ne  fais  pourquoi  on  veuc 
qu'un  Notaire  ne  foie  pas  tenu  des  dommages  Se  inté- 
rêts qu'il  caufe  par  (es  impérities.  Bruneau.  En  Juf- 
cice  on  condamne  un  Chirurgien  qui  aura  eftropié  un 


94  I  M  P 

homme  par  fon  impéricie,  à  des  dommages  &  inté- 
rêts. 
|Kr  Les  Loix  Romaines   vouloicnt  que   les  Médecins 
.pullênt  être  cond:imnés  pour  leur  négligence  ou  pour 
leur  impéritie.  Montesq.  Cralkis  ne  blâme  point  les 
écoles  des  Rhéteurs  Latins ,  il  ne  s'en  prend  qu'à 
Vimpcntie  de  ces  nouveaux  Maîtres.    Rollin. 
IMPERSONNEL,  ELLE.  adj.  Terme  de  Grammaire  , 
qui  fe  dit  d'un  verbe  qui  ne  le  conjugue  qu'a  la  troi- 
iième  perl'onne.  PerJ'onâ  carens.  Ce  verbe  ne  le  dit 
qu'a  Vtmpcrfonnel ,  il  n'a  qu'une  lîgniiication  impcr- 
formelle  ;  c  ell  à  dire,  qu'il  déilgne  une  choie  indéti- 
«iment,  lans  nombre  &  Lins  perlonne.  Il  faut;  il 
pleut  ;    on  parle.   Quelques  uns   foutiennent  que  la 
langue  Françoile  n'a  point  proprement  à'imperjon- 
nels  y  Se  cet  'il  ou  cet  on  qui  les  piécéde ,  le  peut  ré- 
ibudrepar  un  relatif  qui  leur  tient  lieu  de  nominatih. 
Quoiqu  il  en  foit  de  cette  quelHon  grammaticale  ,  il 
faut  feulement  oblerver  que  ces  imperfonnels  ne  le 
prennent  pas  toujours  dans  une  lignification  générale 
&  indét?rminée  ,   cela  n'eft  propre ^  à  la  rigueur, 
qu'à  l'infinitif;- car  ces  imperfonnels  ne  font  pas  ab- 
folumcnt  lans  perfonne  ,  puilqu  ils  ont  la  troiiième. 
IMPERSONNELLEMENT,  adv.  Qui  fe  dit  d'une  ma- 
nière impeiionnclle.    Imperfonainer.     Ce   verbe  ne 
fe  conjugue  point  ;  il  ne  le  dit  (\\.i' imperjonnellement. 
IMPER TL^EMMENT.  adv.  Mal  à  propos ,  d'une  ma- 
nière fotte  ,  extravagante.  Inepte.  Il  vaut  mieux  fe 
taire  ,    que  de  parler    impertmemment.    Il  a  chailé 
fon  valet,  parce  quil  lui  lépondoit  impeitinemment. 
On  peut  placer  impertmemment  le  mot  d'impertinent. 
M.  Se. 
|p=  IMPERTINENCE  f.  f.  Ce  motTignilie  quelquefois 
des  aârions ,  des  dilcours  contraires  au  tens  commun 
&  aux  bienfeances.  Ineptu.  C'efi:  la  lignification  pri- 
mitive de  ce  mot.    Les  grands  parleurs  font  fujets  à 
dire  beaucoup  dimpertinenees.    L'ulage  parolt  avoir 
Teflreint   ce  mot  à  caradtérifer  une   fatuité   outrée. 
F'oyei  Impertinent. 
IMPERTINENT,  ENTE.  adj.  ^Qui  fe  prend  aulli 
fublfantivement.  Ineptus.  Ce  terme  s'applique  égale- 
.  ment  aux  perlonnes  èc  aux  actions.  Dans  la  première 
iignilication ,  il  déligne  un  homme  qui  agit  contre  h 
raifon  Se  contre  les  bientéances ,  S<  une  action  qui  y 
cft  oppofee.  Homme  impertinent.   Difcours  imperti- 
nent. Conduite  impertinente.  Un  homme  impertinent 
parle  beaucoup  &  lans  réflexion;  il  agit  de  même. 
Bell.  L'ulage  a  joint  à  cette  idée  principale  une  idée 
acceiFoire  qui  re-nd  ce  caraftère  plus  odieux.   L'hom- 
me impertinent  elT:  celui  qui  affiche  (ans  pudeur  une 
vanité  dédaigneule  ,  qui  rebute  Se  qui  ofîenle.  Il  n'a 
ni  jugement ,  ni  déhcateire  ;  il  confond  l'air  libre  avec 
une  familiarité  exceliive,  &  a  d'ordinaire  plus  d'ima 
gination  que  d'efprit.  Se  il  dit  des  impertinences  .avec 
une  hardieile  infolente  qui  le  rend  ridicule.  M.  Scud. 
Un  impertinent ,  dit  la  Bruyère  ,  eft  un  fat  outré.  Le 
fat  lallèj  ennuie ,  dégoûte,  rebute.  L'impertinent  re- 
bute, aigrit,  irrite,  ofFenfe;  il  commence  ou  l'autre 
rinit.  Le  lot  eft  embarrallé  de  la  perlonne;  le  fat  a  l'air 
libre  &  alfuré  ;  l'impertinent  palle  à  l'eflroiiterie. 
On  dit  ablolument  c'elt  un  impertinent. 
Impertinent  ,  en  termes  de  Palais ,  fe  dit  de  ce  qui  n'ap- 
partient pas  à  la  queftion,  qui  ne  fcrt  de  rien  à  la  dé- 
cilion  du  procès.  Aliénas.  On  a  déclaré  ces  moyens 
de  fait  impertinens  Se  inadmillibles.  Il  n'a  voulu  ré- 
pondre fur  ces  faits  Se  articles ,  parce  qu'il  a  foutcnu 
qu'ils  ézoient  impertinens ,  qu'ils  étoient  étrangers  au 
procès.  On  appelle  aulli  en  Logique  des  termes  imper- 
tinens ,  ceux  qui  n'ont  aucun  rapport  ciifemble. 
IMPERTURBABILITÉ.  f.  f.  État  de  ce  qui  eft  imper- 
turbable. Status  perturbationi  minime  obnoxius.   Ce 
terme  n'ell  guère  ulité  que  dans  les  matières  philolo 
phiques.  'L'imperturbabilité  àt  l'amc,  état  de  l'ame 
tranquille ,  Se  qui  ne  peut  erre  émue  ,  ébranlée.  Saint 
Clément  vouloir  élever  les  parfaits  julqu'à  l'apathie  , 
c'elt  à  di:  c  ,  à  Vimpcrrurbabilité.  Boss. 
IMPERTURBABLE,  adj.  m.  Se  f.  Tranquille  ,  qui  ne 
peut  erre  ému ,   ébranlé.  Pcrturbationi   minime    oh- 
nnxius.  Il  le  dit  aulli  d'un  homme  ferme  dans  ce  qu'il 


I  M  P 

fait,  qui  ne  peut  être  troublé  dans  la  difpute  ,  ferme 
lur  les  principes ,  qui  les  luit  Se  ne  les  abandonne  ja- 
mais, qu'on  ne  lauroit  obliger  de  changer  de  fenti- 
ment.  On  dit  qu'un  homme  eft  imperturbable  dans 
les  principes,  dans  fes  rélolutions  ,  dans  fes  defleins. 
On  le  dit  aulli  de  la  mémoire.  Ce  Prédicateur  a  une 
mémoire  imperturbable  qui  ne  le  trouble  jamais ,  qui 
ne  manque  jamais. 

M.  Bolluet  l'a  pris  dans  un  fens  plus  étendu.  Se  le 
fait  lynonymc  d  immuable  Se   d'inaltérable.    Qu'on 
me  montre  ce  que  veut  dire  ce  mot  AnuU^j  i\  ce  n'eft 
inaltérable  ,  immuable ,  imperturbable ,  incapable  de 
rien  recevoir  de  nouveau  eu  lui  même ,  ni  d'être  ja- 
mais autre  chofe  que  ce  qu'il  a  été  une  fois.  Ecssuet. 
/.  Avert.  n.  2  f. 
IMPERTURBABLEMENT,  adv.   D'une  manière  im- 
perturbable ,  lans  pouvoir  être  troublé.  Impenurbatè. 
Je  fais  cette  queltion  imperturbablement. 
IMPÉTRABLE.'adj.  m.  &  f.  Terme  de  Droit ,  qui  fe 
peut   impétrer  ,    obtenir.    Impetrabilis.    Les   crimes 
énoncés  dans  ces  lettres  font  h  énormes ,  que  l'aboli- 
tion n  en  eft  pas  impétrable.  La  Cour  a  ordonné  à  cet 
Officier  de  le  défaire  dans  lix  mois  de  la  charge ,  Se  à 
faute  de  ce ,  elle  eft  déclarée  vacante  &  impétrable. 
^f3'  On  le  dit  de  même  en  matière  bénéticiale.  Un  bé- 
néfice eft  impétrable  ,  quand  il  cft  vacant  de  fait,  ou 
de  droit,  quand  il  v.aque  par  mort,  ou  qu'on  peut 
l'obtenir  par  dévolu.  Il  y  a  des  crimes  qui  rendent  les 
bénéhces  vacans  Se  impétrables.  Un  bénéfice  cft  tm- 
pétrable  ,  quand  il  y  a  nullité  de  titres,  ou  incapacité 
en  la  perlonne  du  titulaire. 
IMPÉTRANT,  ANTE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Droit.  Ce- . 
lui  qui  a  obtenu  ou  impetré  quelque  grâce  j  quelque 
bénéhce.    Ç^ui  impetravit.    Il    n  eft   dit   impétrant  , 
qu'après  avoir  obtenu  les  lettres.  Avant  ce  tems  là  il 
eft  qualifié  expofant.  Un  impétrant  de  lettres -de  grâce 
les  doit  préfenter  lui-même  à  la  Cour ,  &  les  faire  lire 
à  l'audience  à  genoux.  Cet  arrêt  a  maintenu  l'impé- 
trant de  cette  charge,  de  ce  bénéfice ,  de  ces  lettres  de 
refcihon.   Un  impétrant  de  deux  commillions  ,    de 
deux  Juges  ditiérens,  contre  une  même  perfonne, 
dans  une  même  caufe ,  perd  les  avantages  de  chacune       _ 
des  deux  commillions,  ielon  le  ck.  i6.  de  Refc.  ■ 

IMPÉTRAIION.  f.  f.  Terme  de  Droit.  Obtention  de  * 
grâce ,  de  privilèges ,  de  lettres ,  de  charges ,  d'un  bé- 
nénéfice.  Impetratio.  L'impetration  du  bénéfice  d'un 
homme  vivant,  porte  incapacité  en  la  perfonne  de 
l'impétrant  de  le  poftéder  jamais.  Il  y  a  des  impétror 
lions  qu'on  caife  pour  être  obrcptices ,  ou  tubreprices. 
L'impetration  d'une  charge  vacante  qui  eft  déclarée 
impétrable ,  eft  un  bon  titre. 
IMPÉTRER.  v.  a.  Obtenir  quelque  grâce ,  faveur  j  don 
eu  privilège.  Impetrare.  Les  bénéfices  vacans  par  dé- 
volut  &  par  rélignation ,  fe  peuvent  impétrer  en  Cour 
de  Rome.  Il  a  impétré  enfin  la  grâce  qu  il  a  tant  folli- 
citée  auprès  du  Roi.  O  Marie  1  Sainte  mère  de  Jésus, 
impétre^-nous  de  votre  lils  la  grâce  d'obferver  fidèle- 
ment ce  premier  précepte.  Bouh. 

Ce  mot  a  vieilli  «Se  neft  plus  guère  en  ufage  qu'en 
matière  bénéticiale ,   en  ftyle  de  Chancellerie  ,  ou 
dans  des  matières  de  dévotion,  comme  le  dit  le  P. 
Eouhours  dans  l'exemple  qu'on  vient  de  citer. 
Impetré,  ée.  part.  &  adj. 

IMPÉTUEUSEMENT,  adv.  Avec  impétuofité.  Cum 
impetu ,  facio  impeiu.  La  mer  fe  jette  impetueufement 
dans  ce  détroit,  dans  cette  rivière,  dans  ce  gouffre. 
Cet  Avocat  a  plaidé  fort  impetueufement.  La  colère 
coule  impetueufement  à  la  ruine  d'autrui.  M.  Esp. 
IMPÉTUEUX  ,  EUSE.  adj.  Violent  rapide  dans  fon 
mouvement.  P^iolentus.  Les  fiots  de  la  mer  font  fort 
impétueux  veïs  le  cap  de  Bonne  Elpérance ,  dans  le 
détroit  de  Magellan.  Le  vent  du  nord  eft  le  plus  im- 
pétueux de  tous  les  vents.  Le  Rhône,  la  Duiance, 
ont  un  cours  rapide  &  impétueux. 
Impétueux  ,  le  dit  iigurcment  en  Morale  §3°d'un  hom- 
me cui  n'eft  pas  allez  maître  de  fes  mouvemens,  & 
qui  fe  laiire  emporter  au  delà  de  fes  bornes,  &  géné- 
ralement des  chofes  qui  peuvent  pécher  par  excès.  La 
jeuneiîè  cft  d'ordinaire  iwpétueufe.  La  colère  cft  un 


I  M  P 

tori-nt  impttueux..  Vn  Orateur  a  des  figures  a  des  ) 
mouvcmcns  fort  impcrucux  ;  c'cll  un  clpnt  tougucux  ' 
&  impeiuiux.  On  ruine  les  meilleures  al+^in-es  par  un 
zèle  trop  impétueux.  Bhi.l.  Les  impétueux  ne  peuvent 
approuver  une  amitié  tranquille.  M.  Lsp.  Le  naturel 
ardent  de  M.  le  Prince  l'a  fait  croire  impcLucux  dans 
ies  combats.  S.  ÉvR.  La  colère  cil  une  paliion  vio- 
lente &  impctueufe.  M.  Esp.  Le  zèle  des  bonnes  âmes 
elt  impétueux.  H.  S.  de  M.  Il  n'avoit  pas  dompté  de 
bonne  heure  ce  naturel  impétueux  qui  le  gouvernoit 
en  tout.  BouH. 

La  vérité  n'a  point  un  air  impétueux.  Boil. 

Sonjlyle  \mç(il\ic\x\fûuvent  marche  au  hafard.  Id. 

IMPÉTUOSIT^.  f.  f.  Terme  également  employé  au 
propre  &  au  hguré.  Adion  impétueufe ,  mouvement 
violent.  Impetus.  Ce  vaiiieau  a  reliltc  à  \impétuoJité 
des  vents  &:  de  la  tempête.  Vimpétuojite  d'un  tor- 
rent. Appelez  -  vous  vaillant  celui  qui  aura  tait  une 
belle  action  par  une  impétuofué  de  hardielîé  ?  M. 
Esp.  Ce  qu'on  apellc  vertu  héroïque  n'clè  bien  fou- 
vent  qu'une  impétuofué ,  qui  emporte  notre  admi- 
ration lans  h  mériter.  S.  EvR.  On  gîte  le  (ublimej 
Il  on  l'abandonne  a  Vunpetuqfité  d'une  nature  igno- 
rante &  téméraire.  Boil.  Dieu  arrête  quelquefois  par 
fes  châtimens  V impétuofué  de  nos  pallions.  Fléch. 
Le  lublime  &  le  pathétique ,  par  leur  violence  & 
par  leur  impétuofité,  emportent  &:  entraînent  avec 
■eux.  Bon..  Un  mouvement  de  colère  ell  une  (ou- 
dame  impétuofité  de  l'eiprit  qui  l'empêche  de  déli- 
bérer. Le  Mai.  Je  tichois  d'arrêter  Vimpétuofité  de 
majeuneiïe.  Fen. 
ItT  On  dit  dans  ce  fens  Vimpétuofité  de  l'humeur  , 
l'extrême  vivacité.  \!impétuofite  des  François.  Les 
ennemis  redoutent  la  première  impétuofité  des  Fran- 
çois. 

Stace,  dans  fa  Thébaïde  ,  Liv.  iTII ,  v.  .r/  j  fait 
une  fort  belle  detcription  de  la  demeure  de   Mars. 
11  y  perl'onifie  Vimpétuofité ,  8c  en  tait  un  des  com- 
pagnons de  Mars.  Je   disdes  coir.pagnons  ,  parce 
qu.  impetus  en  Latin  eft  matculin. 
IMPIE,  adj.   m.  &    f.    fouvent  employé    fubft.     Qui 
a  du  mépris  pour  les  chofes  de  la  Religion  ,  qui  fait 
&  dit  des  choies  contraires  à  la  vertu  de  piété,  la- 
quelle  règle  nos  devoirs  envers    Dieu  &  les  chofes 
faintes.  Impius.  L'impie  a  dit  dans  ion  cœur  ,  Il  n'y 
a  point  de  Dieu ,  Pfcaume  i  j.  Il  taut  fuir  la  com- 
pagnie  des   Athées   &  des  impies.   Les  impics  eux 
mêmes  font  émus  à  la  vue  de  la  mort ,  &  n'ofent  le 
hafirder  à  mourir  comme  ils  ont  vécu.  Nie.  Épicure 
a  plus  fait  d'impies  que  tous  les  autres  Philofophes. 
Al.  Se.   Vingt  cinq  ans  de  guerre  ne  m'avoient  pas 
rendu  fort  délicat  fur   la  dévotion ,  mais  perfonne 
n'étoit  moins  impie  que  moi.    Bussi  -  Rab. 
DCF Impie,  fe  ditaullides  chofes  qui  font  contraires  au 
Nrefpeél  qu'on  doit  avoir  pour  les  chofes  de  la  reli- 
gion.   Une  doctrine  impie.    Des  fentimens  impies. 
Des  mœurs  impies.  Il  s'eft  converti  après  avoir  mené 
la  vie  la  plus  impie.  Il  m'a  tenu  des  dilcours,  des  pro- 
pos impies.  Un  livre  des  plus  impies.  Une  maxime 
impie. 

Voule:^-vous  mériter  les  faveurs  populaires , 
Soye\  Auteur  impie  &  digne  da  galères. 
Erreur,  qui  vois  toujours  /'impie  opiniâtre 
Offrir  fur  tes  autels  un  encens  idolâtre  , 
Par  tes  menfons,es  vains  dont  fon  cœur  eft  féduit ^ 
A  quel  aveuglement  a-t-il  été  réduit  ? 

Nouveau  choix  de  Vers. 

Sourds  à  la  voix  de  la  Nature , 

Monftres  dans  la  Société , 

Que  coûte  à  votre  cœur  parjure 

La  plus  noire  infidélité? 

Si  tout  périt  avec  la  vie  , 

Quel  droit  eft  f  acre  pour  /'impie  3  Ie. 


I  M  P  9r 

Dans  le  flyle  de  la  laintc  Écriture  on  appelle  impie , 
celui  qui  ne  fe  met  point  en  peine  d'obferver  la  loi 
de  Dieu  :  ainfi  les  impies  &  les  pécheurs  font  la 
même  choie  allez  (ouvent.  Le  mot  à.' impie  a  fou- 
vent  aulli  dans  la  fiintc  Écriture  la  première  (ignitî- 
cation  de  ce  mot ,  par  laquelle  il  marque  ce  qui  eft: 
contraire  à  la  piété  ,  a  la  religion. 

IMPILTE.  f  f.  Action  d'un  homme  impie  j  mépris 
pour  les  chofes  de  la  religion.  Impietas.  Les  facri- 
léges  ,  les  blafphemes  lont  des  impiétés.  On  ne 
refpire  que  la  licence  &  Vimpiété  dans  le  commerce 
des  Poërcs.  S.  Evr.  Saint  Louis  réprima  Vimpiété. 
Flecii.  Les  richelfes  font  des  trélors  à' impiété.  Id. 
Quincconccvroit  de  l'horreur  pour  l'/w/'iere  d'Hé- 
rode  ,  de  Denys  le  Tyran  ,  &c. 

Impiété  ,  fe  dit  aulH  du  manque  de  rcipett  &:  du  de- 
voir envers  fes  père  &c  mère.  C'eft  une  grande  im- 
piété de  lever  la  main  fur  fon  père ,  ou  fur  la  mère  , 
de  leur  refufer  les  alimens  dans  leur  vieillelfc. 

IMPITEUX ,  EUSE.  adj.  Qui  eft;  fans  pitié ,  Lmmi- 
fericors  j  fvus  ,  airox.  Vimpitcufe  main  du  Bour- 
reau. Thloph.  L'impaeuJ'e  Canicule.  S.  Amant.  Ce 
mot  eft:  vieux  Se  luranné. 

IMPITOYABLE  ,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  fans  pitié, 
infenfible  à  la  pitié.  Foye^  ce  mot.  Lmmifericors , 
inexorahilis ,  durus.  Les  Schytes>  les  Sauvages,  font 
des  hommes  impitoyables.  Hérode  fut  un  1  yran  im- 
pitoyable. Ceux  qui  s'imaginent  être  au  deiîus  des 
maux  qui  arrivent  aux  autres  ,  lont  d'ordinaire  impi- 
toyables ■■,  parce  qu'ils  ne  font  pas  eux  mêmes  les  ré- 
flexions qui  attendriffent  le  cœur  à  la  vue  des  maux 
d'aurrui.  Nic.  Adrien  extermina  les  Juifs  ,  &  ils 
trouvèrent  en  lui  un  impitoyable  vengeur.  Boss. 

Tigre  altéré  de  fang  ,   Décie    impitoyable  , 
Ce  Dieu  c'a  trop  long-temps  abandonné  les  fiens. 

Corn. 

Impitoyable,  fignifîeaulîî  févère ,  inflexible.  Durus. 
\Jn  Juge   doit  avoir  un  cœur  impitoyable  à  l'égard 
des  fcélérats.  Je  fuis  foumis  aux  loix  d'un  impitoya- 
ble àt^m.    Les  pécheurs    impénitens  trouveront  un 
Juge    impitoyable.    Nous    nous    érigeons  ^  en  Juges 
ilniftres  &:  impitoyables  d'autrui.  Nie.  L'Évangile  a 
adouci  la  rigueur  impitoyable   de  la  loi  Mofaïque. 
Cl.    Un  mélancolique  ne  manque  pas   de    s'ériger 
en  pédagogue  impitoyable  du  genre  humain.  Bell. 
Impitoyable  ,  fe  dit  aulÏÏ  des  chofes  inanimées.    La 
mer  eft  impitoyable.  L'enter   &  la  mort  font  impi- 
toyables ,  ne  pardonnent  à  qui  que  ce  ioit.  Scilicet 
omne  facrum  mors   importuna  profanât ,  ôcc.  Ovid. 
On  dit  aulîI  en  parlant  des  batailles  ,  que  le  fer  im- 
pitoyable ne  pardonnoit  à  rien. 
IMPIiOYABLEMENT.   adv.  Sans  pitié,   fans  miféri- 
corde   Lmmifericorditer  ,  dure  ,   duriter.   Ce  barbare 
le    traite   impitoyablement.    Il  a  donné  à  revoir  ieS 
vers  à  fon  ami ,  avec  pouvoir  d'y  couper  &  retran- 
cher impitoyablement ,  c'eft  à  dire  ,  fans  indulgence. 
IMPLACABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  fe  peut  adoucir  , 
ni  appaifer.  Implacabilis.  C'eft  un  efprit  implacable. 
Cet  artront  eft  fi  grand  ,  qu'il  en  a  conçu  une  haine 
implacable    contre    fon    ennemi.    On   feroit   moins 
implacable  ,    fi  la   fierté  naturelle  pouvoit    rabattre 
quelque  chofe  de  ce  qu'elle  prétend  lui  être  dij.  M.  P. 
Dieu   n'a  celfé  d'être    implacable   que  par  la   mort 
de   Jesus-Christ.   Amilcar    pafl'a   dans    cette   pro- 
vince ,  (  l'Efpagne  )  avec  fon    fils  Annibal ,  âgé  de 
neuf  ans  j  êc  y  mourut  dans   une   bataille.  Durant 
neuf  ans    qu'il   fit  la   guerre  avec   autant    d'adrelfe 
que  de  valeur  ,  fon  fils  fe  formoit  fous  un  lî  grand 
Capitaine  ,  &:  tout  enfemble  il  concevoir  une  haine 
implacable   contre   les  Romains.    Bossuet. 

Fui  d'Augufte  irrité  /'implacable  colère.  Corn. 

Implacable  ennemi  de  P^ome  &  du  repos.  Rac. 

Forbez  ,  dans  fon  Inftrucl.  hiftor.  Théol.  L.  XIL 
CIO.  donne  le  nom  d'implacables  à  tous  les  héré- 


^6 


IM  P 


tiques  qui  ont  foutcnu  que  le  péché  éioit  irrémiiri- 
ble  ,  comme  les  Montuiniftes  ,  les  Novaticns ,  les 
Mélétiens  ,  les  Apotadiqucs  ,  ou  Apoftoliques  , 
&  les  Lucifériens.  Quelques  uns  de  ces  hérétiques 
ne  le  foutenoient  iircmillibie  que  pour  les  Clercs. 
On  peut  encore  appeler  implacables  les  Luthériens , 
les  Calviniftes  rigides.  Se  tous  ceux  qui  foutiennent 
la  réprobation  politive. 

IMPLANTATION.  1".  f.  C'cft  le  nom  qu'on  donne 
à  uiie  des  cinq-  elpices  de  tranl'planration  ,  dont 
quelques  uns  (e  {ervent  pour  la  cure  de  certaines 
maladies.  Implantatlo.  \! implantation  fe  fait  en 
mettant  des  plantes  avec  les  racines ,  ou  les  raci- 
nes ieulement  dans  une  terre  préparée  pour  cela  , 
&  arrolje  des  lavuces  de  la  partie  malade.  On  pré- 
tend faire  palier  par  ce  moyen  le  mal  dans  ces  plan- 
tes. Si  avant  que  la  guérilon  foit  parfaite  ,  les  plan 
tes  viennent  à  mourir  par  la  mauvaife  qualité  qu'elles 
ont  contractée  ,  il  faut  en  planter  d'autres  dans  la 
même  terre  ,  ou  dans  une  femblable. 

^fT  IMPLAN  TER.  Terme  d'Anatomie  qui  s'emploie 
avec  le  pronom  pcrfonncl.  S'implanc^r ,  v.  recip. 
Avoir  fon  oria,ine  &  Ion  attache  en  quelque  en- 
droit. Inferi.  La  lîgure  du  cœur  de  la  grande  tortue 
eft  demi  Iphérique  ,  fa  partie  inférieure  étant  conve 
xe  ,  &  la  lupéiieure  plane ,  mais  un  peu  enfoncée 
au  milieu  ,  qui  eft  l'endroit  où  s'implantent  les  oreil- 
lettes &  les  artères.  Duverney,  Je.  des  Se.  i6pp. 
p.  22p.  Une  portion  de  fubllance  dure  &  fquir- 
rheufe  s'implantoit  dans  le  méfentère.  Bremond  , 

ii3i  ,  P-  7S- 

fG'  Ce  terme  eft  fouvent  employé  en  Botanique.  Four 
déiigner  la  naillance  &  l'attache  de  certaines  parties. 
C'eft  ainfi  que  l'on  dit  que  les  feuilles  font  implan- 
tées fur  les  branches  :  que  les  plantes  parafites  font 
implantées  fur  d'autres  plantes  dont  elles  tirent  les 
fucs  :  que  les  poils  ou  les  petits  filets  qui  s'obfer 
vent  fur  les  parties  de  quelques  plantes  ,  l'ont  im- 
plantes fur  de  petits  corps  femblables  aux  oignons 
qui  donnent  naillance  aux  poils  des  animaux. 

IMPLANTÉ  ,  ÉE.  part.  Infcié ,  pofé  fur.  Infertus  , 
aj  um.  On  a  trouvé  an  fœtus  humain  dont  le  cœur 
avoir  trois  cavités  ,  comme  celui  de  la  tortue.  Le 
ventricule  droit  recevoit  à  l'ordinaire  la  veine  cave , 
mais  fans  recevoir  l'artère  pulmonaire  v  le  gauche 
recevoir  aulîî  la  veine  pulmonaire ,  mais  fans  rece- 
voir l'aorte  ,  &  ces  deux  vailfeaux  ,  l'artère  pulmo- 
naire &  l'aorte  étoient  implantés  dans  le  troifième 
ventricule  lurnumérairc.  Ac.  des  Se.   16 pp.   Hijl. 

F-  37- 

Des  fermens  ou  des  levains  implantés  dans  les 
vifcères  ,  pour  imprimer  à  la  liqueur  qui  y  palle  ^  un 
caraétère  particulier  ,  qui  lui  donne  la  forme  de 
bile  dans  le  foie,  d'urine  dans  les  reins.  Jour,  des 
Se.   1719.  p.^  S97- 

tf^  C'eft  auiîl  un  terme  de  Botanique.  Voyei^  Im- 
planter. 

Le  P.  Cartel  Parlant  du  manche  ou  de  la  verge 
du  pifton  ,  dit  que  la  verge  eft  implantée  dans  le 
pifton. 

IMFLEXE.  adj.  C'cft  une  épithète  que  l'on  donne  aux 
Pocmes  Épiques  &:  aux  pèces  de  théâtre  où  il  arrive 
des  chaneemens  de  fortune  extraordinaires  au  héros 
de  la  pièce.  M.  Adilfon  dit  dans  les  remarques  fin- 
ie pocme  du  Paradis  perdu  de  MilroUj  que  la  fable 
eft  funple  ou  implexe.  On  la  nomme  lunplc  ,  quand 
il  n'y  a  point  de  changement  de  fortune  ;  implexe 
quand  la  fortune  du  principal  aéteur  change  de 
bien  en  mal ,  ou  de  mal  en  bien.  La  fable  implexe. 
continue  t- il,  eft  eftimée  la  plus  parfaite,  parce 
qu'elle  eft  plus  propre  à  émouvoir  les  pallions. 
Corneille  l'aîné  dit  dans  l'examen  de  Cinna ,  qu'il 
eft  des  pièces  implexes  ;  telles  font ,  dit  il ,  Rcdo- 
gune  &  Héraclius.  M.  Roulfcau  a  fait  voir  à  AL 
Ricoboni  ,  dtns  la  lercre  qu'il  lui  a  écire  ,  qu'il 
n'y  a  point  duplicité  d'adion  dans  l'Andromacue 
de  Racine,  &  que  ce  n'eft  qu'une  aélion  im- 
plexe. 

IMPLICATION ,  t  f.  Terme  du  Palais.  Engagement 


I  MP 

dans  une  affaire  criminelle.  Implicatio.  L'implica- 
tion dans  une  affaire  criminelle  rend  incapable  de 
pcffctler  un  bénéfice. 

Il  l;gnitîe  encore  en  termes  d'école ,  contradic- 
tion ,  êc  on  ne  s'en  fert  qu'en  parlant  de  propofl- 
tions  contradidoires.  Il  y  a  de  l'implication  dans  ces 
deux  propolîtions. 

§3°  M.  l'Abbé  Girard  obferve  que  compliqué  a  un 
fubfbntif  qui  efl  d'ufage ,  &  qu'impliqué  n'en  a  point; 
qu'on  dit  complication  ,  mais  qu'on  ne  dit  point  im- 
plication. Il  eif  bien  vrai  que  ce  n'eft  qu'un  terme 
barbare  ,  réfervé  au  palais  &  aux  écoles. 

IMPLIClfE.  adj.  m.  &  f.  |p°  Terme  didadiqae ,  qui 
ligniSe  proprement  non  développé  ,  par  oppoli- 
tion  à  explicite,  développé.  Volonté  implicite  ,  qui 
n'eff  pas  exprimée  par  des  paroles ,  mais  fe  manifeftc 
par  les  circonltanccs.  C'eft  en  général  ce  qui  cil 
compris  tacitement,  fous-entendu ,  qui  eft  contenu 
dans  un  dif cours j  dans  une  claufe,  dans  une  pro- 
poiition  ,  non  pas  en  termes  clairs ,  exprès  &  for- 
mels ,  mais  feulement  par  induftion  ,  par  confé- 
quence ,  impiicitus.  C  elt  une  condition  implicite  & 
fi^us  entendue  par  le  tcftatcur,  quand  il  a  fait  ce 
legs.  On  dit  aulii  une  foi  implicite  ;  pour  dire  un 
acLjUiefcement  général  &  fincère  à  tout  ce  que 
1  Lj^hle  croit ,  fans  avoir  une  connoiflance  diftindfc 
Se  formelle  de  chaque  article.  La  foi  explicite  eft 
un  acquiefcement  formel  à  une  chofe  révélée  dont 
on  a  connoillance.  L  eghfe  Catholique  n'exige  qu'une 
foi  impLcite  de  cei tains  articles ,  pour  être  fanvé. 
La  toi  clu  Charbonnier,  qui  croit  ce  que  l'Églife 
croit,  fans  pouvoir  dire  tout  ce  qu'elle  croit,  éft 
une  foi  implicue.  Une  préférence  même  implicite  , 
qui  fait  marcher  Dieu  avant  nos  propres  intérêts  , 
peut  mériter  le  filut.  Fen. 

IMi^lICIiEMENT.  adv.  D'une  manière  implicite. 
Inphcité.  Le  fens  de  ce  texte  contient  implicitement 
uri  tel  myltère,  une  telle  vérité.  Toute  la  dodtrine 
C  u-cticnne  eft  contenue  ou  explicitement,  ou  im- 
pLcitement ,  dans  le  fymbole.  Cl. 

IMi^Llv^-'UER.  V.  a.  Engager  dans  une  affaire,  dans 
une  accufition.  Implicare.  Cet  acculé  a  impUquéhïtn 
des  gens  dans  fon  affaire.  Les  plus  braves  Romains 
fe  trouvoient  impliques  dans  les  conjurations  contre 
lesopprefteursdc  leur  liberté.  ifJ  II  n  elt  pas  gracieux 
d'avoir  pour  amis  des  perfom-ies  qui  vous  im^pliquent 
toujours  mal  a  propos  dans  les  fautes  qu'elles  coin- 
n  ettent. 

Ce  mot  vient  du  Latin  implicare. 
On  dit  en  termes  de  l'école  qu  une  propofîtion 
implique  contradiclion  ,  peur  dire   qu'elle  renferme 
coiitradidion. 

On  dit  de  deux  idées  incompatibles  ,  qui  s'ex- 
cluent réciproquement  j  dont  1  une  détruit  etlèntiel- 
lemcnt  1  autre,  qu  elles  impliquent  contradidlion.  Le 
feu  froid,  cch  implique  contradicfion. 

Impliqué  ,  complique  Syn.  Les aif aires  ouïes  faits  ,  die 
M.  l'Abbé  Girard,  iowx.  complique  s.  |k?  Les  uns  avec 
les  autres  ,  par  leur  mélange  &  par  leur  dépendan- 
ce. Les  perfonnei  font  impliquées  dans  les  faits  ou 
dans  les  aitaires  ,  lorfqu'elles  y  trempent  ou  qu'elles 
y  ont  part,  f^oye'^  compliqué 

Quand  on  eft  fouvent  dans  la  compagnie  des 
étourdis ,  on  eft  expofé  de  fe  voir  impliqué  dans 
qu^'lque  fàclicufe  aventure.  Il  eft  dangereux  de  fe 
trouver  impliqué ,  même  innocemment  dans  les  cri- 
mes des  grands  ;  on  en  eft  toujours  la  dupe  ■■,  ils 
l;crih"enf  à  leurs  intérêts  leurs  meilleurs  lerviteurs. 

IMPLORATION,  f.  f:  Adion  par  laquelle  on  implore. 
Imploratio.  Les  Juges  d  Eglife  ont  fouvent  befoindc 
Vimploration  du  bras  féculier.  Les  Latins  appeloienc 
l'imploration.  Quiritatio  à  Quiritiius.  Ce  terme  n'efl 
point  en  ufage. 

IMPLORER,  v.  a.  Demander  avec  ardeur ,  avec  hu- 
milité ,  avec  toutes  les  marques  de  l'inftance.  Implo- 
rare.  Le  pécheur  doit  implorer  la  miféricorde  de 
Dieu  avec  larmes  &  contrition.  Cette  veuve  va  im- 
plorer  le  fccours  de  la  Jufiice  pour  venger  la  mort 
de  (on  mari, 

Oa 


a 

i 


I  M  P 

On  dit  aufli  que  la  Jiifticc  Cccefiaftiquc  implore  le 
hras  fcculicr ,  pour  avoir  main  forte  dans  l'exécution 
de  les  jugcmens  ,  ou  pour  certaines  proccciures  qu'elle 
lie  peut  pas  faire,  comme  une  vente  de  n.Knililes  ou 
d  immeubles  pour  laquelle  on  obtient  une  lentcnce 
du  Juge  Laïque. 
IwPLOKÉ,  £E.  part. 

lAlPOLI,  lE.  adj.  Ce  mot  cft  nouveau  ;  l'Abbé  de  Bel- 
Icgardc  s'en  eft  iervi ,  Se  l'ufage  l'a  confirmé.  Impoli- 
cus.  Ce  mot  exprime  leul  ce  qu'on  ne  pourroit  dire 
que  par  un  circuit  de  paroles.  i^G^H  liynjlie  qui  efl 
ians  pohtellc,  qui  manque  de  belles  manières,  par 
Ignorance  ou  par  mépris  des  bienléances  de  conven- 
tion dans  la  vie  civile. 

C'eft  un  plus  grand  dé&ut,  dit  M.  l'Abbé  Girard, 
d'are  grqffkr,  que  d'être  iîmplement  impo/i ,  ik  c'en 
efl:  encore  un  plus  grand  d'être  rujlique.  L'impoli 
manque  de  belles  manières  ;  il  ne  plaît  pas.  I.e  grof- 
Jiertm  de  défagréables  ;  il  déplaît.  Le  rujlique  en  a 
de  choquantes;  il  rebute. 

On  foutfre  l'impoli  dans  le  commerce  du  monde; 
on  cvm  le  grojjïerj  on  ne  fe  lie  point  du  tout  avec  le 
rujlique. 

IMPOLITESSE,  f.  f.  Ce  qui  eft  contraire  à  la  polited'e. 
Impolitia  ,  inconcinnitas ,  inurbanuas.  ^  Vimpoli- 
ttil/en'ed  pas  proprement  une  ignorance  grollîère  des 
bicnfcances  :  c'elFainlî  que  M.  de  la  Bruj^cre  caradé- 
nie  la  rufticité.  L'impohtejj'e  ne  va  pas  julque-là  ;  c'eft 
un  manque  d'attention  à  ie  conformer  au  cérémonial 
de  convention  établi  parmi  les  hommes,  pour  le  té- 
moigner les  uns  aux  autres  de  la  conlîdération  ,  des 
égards.  L'école  du  monde  eft  bien  propre  pour  guérir 
de  l'impolitejfc.  Si  la  fierté  &  les  manières  hautames 
font  les  lources  les  plus  naturelles  de  VimpoluefTe 
elle  eft  encore  plus  fouvent  le  défaut  des  gens  qui  ont 
eu  une  médiocre  éducation,  comme  la  grolîîércté  eft 
le  défaut  de  ceux  qui  en  ont  eu  une  mauvaife ,  &:  la 
rulbcite,  le  detiut  de  ceux  qui  n'en  ont  point  eu. 
/^oj'ej  Politesse. 
IMPOLLU,  UE.  Vieux,  adj.  Pur,  net,  fans  tache.  Im- 
pollucus,  a,  um.  fCT Corneille  a  employé  ce  mot 
dans  fa  Tragédie  de  Théodore.  De  l'époux  flans  ma- 
cule, une  époufe  impollue.  Szns  macule  Se  impollue 
ne  font  pas  des  mots  faits  pour  entrer  dans  un  vers, 

IMPORV.ITOR,  f  f.  Nom  que  les  anciens  Romains 
donnozent  a  un  dieu  de  la  campagne  Se  de  l'agricul- 
ture. Imporcuor.  C'etoit  celui  qui  préfidoit  à  la  troi- 
lieme  façon,  ou  au  troillème  labour  que  l'on  donnoit 
aux  champs,  c'eft  à  dire  au  labour  qu'on  leur  don- 
noit  après  avoir  femé  le  grain,  parce  qu'alors  on  la- 
bouroit  la  terre  en  Liions  élevés ,  qu'on  appeloit  vor- 
c^.  on  luidonnoit  le  nom  à' Imporcitor.  Le  Flamine 

''^Vf'V"™'^^°";  ^^  ^*''"  Imporcitor  dans  le  ficrifice 
quil  faifoit  a  Ceres  cV'  à  la  Terre.  Foye^^  Saumaife 
lui  Solin  ,  ;;.  J24  &  fuiv.  ^ 

IMPORTABLE,  ad;.  Vieux  mot.  que  Nicot  dit  avoir 
ete  employé  pour  ,  Qui  r.e  fe  peut  porter   ou  tolé- 

s^kur;:;::;^^"^'"'^^^^^''^"-^^'-'^ 

i^lPORTAMMENT.  adv.  D'une  manière  importante. 
Maxime.Qei  homme  m'a  (ervi  imponamment  ,  en 
des  occafions  d'importance.  Ce  mot  n'eft  pas  Fra-i- 
cois  ,  quoi  qu'il  fe  trouve  dans  quelques  livrr^ 

rr  IMPORTANCE,  f.  f.  Terme'qtS  nT h  va- 

eur  réelle  ou  imaginaire   d'une  chofe.  Momentum 

O  importance  Se  important  fignifient  la  même  chofe' 

^e  qui  a  ,  ou  ce  a  quoi  nous  attachons  une  grande 

^i)  V.'l  '"'P°'\T'  °"  à-importance.  Magni  prc- 
tu  Voila  un  meuble,  u<i  tableau  d'importanL  C'eft 
un  pro^s  ^importance  ,  ot\  il  y  va  de  tout  mon 
bien.  Magm  momemi.  Mne  af&ire  eft  de  grande 
^Wonance  ,  foit  par  elle  même  ,  foit  pï  les  cÎ 
confiances  qui  l'accompagnent,  foit  par  les    ui, es 

e  bitn    commencer.   Homme  A' importance,  faire 
homme  à-importance.  Foyc^  Important 
Sr  nt-  d""  '^■^^-^^^'^-fignihe.  Beaucoup, 


^  ^  P  97 

d  importance.  Mot.  Je  vous  ilTiii  -  n,,-.  •  1    j-     /.  ' 

IMPORTANT,  ANTE    ad^    n„;    a  ^ 

tr-:^  r^  ,,  .    ,  ■^"i-   Qui  cit  de  conféniidir 


:cnce 
t 


par  les  ûrconilances  qiu  hi  coinn.  ""T"  ^"' 
les    fuites   qu'il   peut  avoii      />,     '   r     '      ''  ^" 

=^^^.^S  r^r^i—'^-'- 
^^^l'^rcât""^^^^'— ^^'^?- 

la  Morale    io  ""'  """-"^  "■^^"«--'^  ^  toute 

réelle    C'eft  a^'n;      j   -P'""  /  '^^^"'  1^  ^  U"c  valeur 
f  on   cl     ni  "^  "  ^"'  ^""  ^"=""  '•'^'^•"te  pcr- 

aZ  q  -rarc?"d,r"T  r"  '^^^^  ^^""•'^'- 

de  h  camciré    rvft        '    ^  ■>  ^"to-i^é  ,  du  lavoir, 

dette  mitoyen  entre  le  lufhfinte^'  l'arrogam    FolTr 
onceS£.^^^^^^.^"-^^^'SSr^2 


Pendant  qu'on  ne'fait  q^c^lS  K'^^  .  rrX a 

K;r""°"^  =  '"^"'--»p'-:c';ft 

IMPORTANT.  C  m.  Qn  donna  ie  nom  ^im.,r.ans 
au  commencement  de  h  minorité  de  Louis  xîv 

Be^  "  t"  '^'-\^^'S"-"«  q"'  avoient  le  duc  dé 
Beaufou  a  leur  tête  ,  qui  avoient  été  attachés  à  la 
R  .ne  Anne  d'Autriche,  Se  qui  aftec^oient  de  il  gra- 
vite Se  du  myftere  dans  toutes  leurs  démarchef  t 
toutes  leurs  .actions.  Le  Cardinal  de  Rt'pa.e  S  & 
uiv.  du  premier  tome  de  Tes  Mémoires  .la  fle^po^ 
nait  &:  nomme  plusieurs  de  ces  i;.;>.r^„r  Le  Du^ 
de  Beaufort  ne  put  fournir  que  la  Reine  eût  donn^ 
fa  confiance  au  Cardinal  Mazarin  :  il  s'en  plaigmf 
^  fc  mit  oontre  lui  à  la  tête  d'une  cabale  a nneée 
L^  cabale  des  importuns.  Abrégé  chronol.  de  'l'Hift 
de  France  fous  le  règne  de  Louis  X I V.  Le  Duc  d'En-: 

-Anglojs  gratifient  aux  frais  de  l'Etat  les  exLràteurl 
dcsgrams.  Ne  feroit-il  pas  auftî  raifonnabîe  de  ,u' 
'^ner  l'importateur^  "'c  ae  gia- 

r?  IMPORTATION,  f.  f.   L'adion    de    faire  venir 

iX^rv''^'  r'I.  ""  '^y'  '  '^'  --chanïfer  du 
aenois.   L  oppofe  eft  exportation.   L'objet  du  com 

merce  eft  l'exportation  &  l'importation  cï  fat  u° "^ 

niïïa,?7^'''-  't^"T  ^"«"^-rc-e.  Faire  ve- 
nir dans  fonpavsiesprodudions  étrangères.  Impor- 
tare.    Son  oppofe  eft  exponer.  "^ 

pnel,qui  fîgmfiectre  de  conféquence.  Interelfe. 
Le  luccx-3^  de  cette  négociation  importé  à  toute  l'Eu- 
rope. Qu  ,;77wr.-L--^il  à  un  homme  de  gagner  tout  le 
monde  si!  perd  fon  ameî  Les  chofes  indifférentes 
lont  celles  qui  n'importent  à  perfonne.  Vous  ne  vou- 
lez  pas  croire  cela ,  que  m'importe  ?  m 

Qu'Importe  ,  fe  dit  auilî  d'une  chofe  dont  on  ne  fc 
ouvientpas.  &  du  nom  de  laquelle  il  n'eft  pas  abfo- 
lument  iieceifaite  de  fe  fouvenir  :  on  dit  après  avoir 
un  peu  rêve,  Monfieur (qu'importe? 

L'illujlre  Chevalier,  qu'importe.   Chap. 

êO^ IMPORTUN,  UNE.  adj.  fouvent  employé  fubft. 

N 


,8 


I  MP 


C'eft  celui  qui  non  kulement  embarmlTe  &  incom- 
mode,  mais  qui  devient  acliarge  a  foixe  d  alliduitc 
par  des  ditcours  liors  de  i.ulon,  en  gênerai  par  des 
adions  déplacées  qui  durent  trop  long-tems  ou  re- 
viennent trop  louvent.  On  le  dit  des  choies  qui  pro- 
duUent  (ur  nous  le  même  eftet ,  toit  par  leur  durée, 
fou  par  leur  fréquence.  Molcfius  Ceft  un  rolc  bien 
tnfte  que  celui  d';/7./.or«/2.  C'eft  le  rôle  d  un  lot,  du 
la  Bruyère.  Un  homme  habile  lent  bien  s  il  ennuie. 
Le  bruit  eft  importun  aux  malades.  Des  cris  impor- 
tuns, une  iovi\c  importune.  Les,amis  importuns  ront 
fouhaiter  d'être  indiftérent.  S.  EvR.  On  rejette  lans 
celle  ridée  importune  de  la  mort,  &  Ion  eft  lurpns 
avant  que  d'y  avoir  bien  penfé.  Les  longs  compli- 
mcns  lont  importuns.  Sa  modeftie  cachoit  une  gloire 
importune.  FlÉch.  Un  dilcernement  trop  de  icat  ell 
importun  à:ins  la  foc.cté.  Bell.  Les  vieillards  le  don- 
nent une  autorité  importune  de  cenfurer  tout.  i..  LvR. 
La  vérité  eil  louvent  importune.  Boss. 

Lui  dont  l'ame    inquiète  ,  à  foi-même  importune  , 
fc  fait  un  embarras  de  fa  bonne  fortune.  Boil. 

f  ois-tu  cet  importun ,  que  tout  le  monde  évite , 
Cet  homme  à  tou/ ours  fuir,  qui  jamais  ne  vous  quitte  f 

Idem. 

Ce  mot  vient  du  Latin  importunus.  Fellus  dit  que 
importunum  illud  efl  in  auo  nullus  efi  portus  nullum 
auxilium  ;  qu'on  appelle  importune  ,  une  cirole  ou 
une  perfonne  qui  eft  fàeheule,  ou  qui  ne  peut  appor- 
ter aucun  foulagement.  Servius  dit  -qu' importunus 
eft  dit ,  tanquam  fine  portu  ,  fine  quiète  :  ce  qui  re- 
vient à  la  précédente  étymologie. 
IMPORTUNÉMEN I.  adv.  D'une  manière  miportune. 
Importuné  ,  molefè.  Il  y  a  des  gueux  qui  deman- 
dent Cl  importunement  ,  qu'on  eft  contraint  de  leur 
donner  quelque  chofe.  «v-^  t>, 

IMPORTUNER,  v.  aft.  Se  rendre  importun.  Hhf  De- 
vemrà  charge  par  les  alllduités ,  par  des  difcours, 
■par  des  adions  hors  de  lailon.  Moleftum  cjje.  Les 
Poètes  &:  les  Plaideurs  importunent  le  monde  du  ré- 
cit de  leurs  ouvrages^  ou  de  leurs  procès.  Si  l'hom- 
me n'avoit  point  péché  ,  l'ame  &  le  corpsne  le  le- 
roicnt  point  importunés  par  des  delirs  derailonnablcs. 
PoRT-R.  Le  mérite  dautrui  nous  importune  ,  & 
bielle  notre  jaloufie.  La  Pl.  Urit  enim  ju/gorc  Juo 
qui  prœgravat  artes  infrà  fe  pofitas.  HoR.  Les  Rois 
trouvent  eux  mêmes  quelquefois  que  leur  grandeur 
les  importune.  S.  ÉvR.  Les  Amans  ne  vont  plus 
importuner  les  forêts  de  leurs  plaintes  ,  &  de  leurs 
•  foupirs.  CoRN.  On  ledit  aulîi  par  civilité.  J'ai  peur 
de  vous  importuner  par  mes  lettres ,  par  mes  vilites. 

Ces  malheureux  guerriers  ,  que  leur  honte  iniportune. 
Porter jient  dans  ton  camp  leur  mauvaije  fortune. 

Breb. 


Impotuné  ée.  part,   palf,  &  adj.  Moleftiâ  affeclus. 

IMPORTUN ITÉ.  f.  f.  Adion  îfT  d'importuner  par 
[es  alllduités  ,  par  des  difcours  déplacés  ,  par  des  inl- 
tances   réitérées.    Importunitas  ,  feduiitas  pertinax. 
Je  fuis  las  de  tant  d'importunités.  Les  Princes  ont  beau- 
coup à  foutfrir    des   importunités   des    demandeurs. 
Combien  de  gens  font  des  aumônes  que  Vimportumté 
des  pauvres  arrache  de  la  main  ,  &c  non  pas  du  cœur. 
FlÉch.  La  vieilleife  évite  la  foule  par  une  humeur 
rétirée,  qui  ne  peut  fouffrir  Vimportunité ,  m  l'em- 
■  barras.   S.  ÉvR.  On  ne  voit  que  trop  louvent  Vim- 
portumté d'un  Courtifan  que  rien  ne  rebute ,  l'cm 
porter  fur  le  mérite.  M.  Scud.  On  accorde  tous  les 
jours  à  ['importunité  opiniâtre,  ce  qu'on  retule  à  la 
vertu.    Boil.    Les   emprellcmcns  d'un  Amant    hai 
font    regardés    comme    de    fàcheufes    importunités 

Bell.  -n    h  ut 

IMPOSABLE,  adj.  m.  &  f.  Terme  des  Aides.  TaïUable , 
qui  peut  être  mis  à  la  taille  ,  fur  qui  la  taille  peut  être 
impofée.  Vecligalis ,  e.  Un  Arrêt  de  la  Cour  des 
Aides  du  ;  Mai  1724,  déclare  que  tous  IcsEcclélial- 


I  M  P    _ 

tiques  &:  toutes  les  Communautés  féculières  &  régu- 
lières feront  impofables ,  &c  pourront  êtf  e  compris 
au  rôle  des  tailles  pour  raifon  de  nouvelles  açquill- 
lions  par  eux  faites ,  &  pour  railon  des  hrimeubles 
qui  leur  échéront  par  fuccelîîon  &  donation  collaté- 
rale. 
IMPOSANT ,  ANTE.  adj.  v.  Qui  impofe,  qui  eft  pro- 
pre à  s'attirer  de  l'attention,  des  égards,  du  refped. 
Un  air  impofmt ,  un  ton  impofant ,  une  gravité  im- 
pofante. 
IMPOSER.  V.  a.  &:  n.  Mettre  une  chofe  fur  une  autre. 
Imponere.  Il  n'elc  prcfque  pas  en  utage  en  cefens^ 
au  propre. 
Imposer  ,  en  termes  d'Imprimerie ,  fe  dit  des  caradères 
ranges  &  difpofés  par  pages,  lorfqu'on  les  enferme 
dans  un  chaÙis,  &  qu'on  les  ferre  avec  des  coins  pour 
en  laire  des  formes  entières.  §3°  C'eft  mettre  les  pa- 
ges fur  un  marbre  félon  la  fituation  où  elles  doivent 
étrCj  pour  être  miles  enfuite  lous  la  prelîe.    Toute 
cette  feuille  eft  compofée ,  il  ne  refte  qu'à  Vimpoftr 
&  à  la  tirer. 
Imposer  les  mains,  fe  dit  de  la  cérémonie  qui  fe  fait 
en  donnant  les  Ordres ,  quand  l'Évêque  confère^  le 
caractère  facré ,  en  impofant  les  mains  lur  l'Eccléfiaf- 
tiquc  qui  le  re(^oit.  Les  Apôtres  ont  commencé  à  im- 
poj'er  les  mains  fur  les  Diacres  qu'ils  élurent.  Actes, 
chap.  6 .  verf  6 .  C'eft  delà  que  x^W"»'»  ,  ou  impofi- 
tion  des  mains ,  lignifie  chez  les  Grecs  le  Sacrement 
de  l'Ordre. 

On  dit  ironiquement ,  qu'on  a  impofé  les  mains  fur 

quelqu'un ,  pour  dire  qu'on  l'a  banu  &  frappé. 

Imposer,  lignifie  auili  Charger ,  ordonner,  prefcrire, 

aftlijcttir  à  quelque  peine  ,  fatigue  ou  dépenfe.   Il  eft 

fâcheux  de  nous  voir  impofer  un  joug  que  n'ont  point 

porté  nos  pères.    C'eft  au  vainqueur  à  impofer  des 

loix,  des  conditions.  Pourquoi  vous  êtes-vous  impofé 

cette  contrainte?  Corn.  La  nature  nous  a  impofé  la 

nécelilté  de  mourir.  Impofer  filence  à  la  raifon.  J'ai 

impofé  lîlencc  à  ces  Batteufes  penfées  qui  fe  préfen- 

tent  fans  celle  pour  entier  nos  cœurs.  Boss.  Dans  les 

lettres  d'abolition  le  Roi  dit  qu'il  impofe  un  filence 

perpétuel  au  Procureur  Général ,  pour  l'empêcher  de 

pourfuivre  une  aftaire. 

Imposer  ,  lignitie  aulli ,  Faire  une  taxe  .charger  d'un  tri-^ 

but  les  perfonnes  ou  les  marchandiles.  On  a  impofé 

le  fou  pour  livre  fur  les  denrées  ;  ce  qui  s'eft  appelé 

fubvention.    La  taille  s  impofe  dans  les  Paroiftès  par 

les  Aftéeurs  &  CoUedeurs. 

Imposer  un  nom  à  quelqu'un,   c'eft  lui  donner  un 

nom.  Adam  impofa  le  nom  à  tous  les  animaux.  Plu- 

fieurs  Conquérans  ont  impofe  leur  nom  à  des  villes. 

Imposer,  lîgnihe  aulli  Charger,  accufer.  Cet  homme 

s'eft  bien  juftitîé  des  crimes  qu'on  lui  avoir  impofes. 
ffT  Imposer  j  lignifie  aulli  infpirer ,  imprimer  un  fenti- 
ment  de  crainte ,  de  refpeCt  ,  de  conlîdération  ,  &c. 
par  des  qualités  réelles  ou  apparentes.  On  le  dit  des 
perfonnes  &  des  choies.  L'air  ,  le  ton  ,  les  rnanières  , 
la  naillance  impofent.  La  grandeur ,  la  beauté ,  l'éclat, 
la  dépenfe,  impofent  de  même.  La  préfence  du  Sou- 
verain impofe  du  refpcd ,  infpire  ,  imprime.  La  mine 
d'un  homme  impofe  ,  fait  naître  une  opinion  plus 
avantageufe  qu'il  ne  mérite.  Nos  pallions  nous 
trompent  &  nous  impofent  en  nous  propofant  pour 
un  vrai  bien  celui  qui  n'eft  qu'apparent.  La  Poélîe 
impofe  à  nos  oreilles-,  la  pertpedive  impofe  à  nos 
yeux.  Il  faut  avoir  bien  mauvaile  opinion  des  hom- 
mes, que  de  croire  leur  impofer  pa.T  des  carelfes  étu- 
diées ,  <Sc  par  de  longs  «Se  Itériles  embrallemens.  La 
Bruyère.  Je  n'ai  prefque  vu  jufqu'ici  perfonne  de 
bon  fensj  à  qui  le  monde  ait  impofe  au  point  de  le 
trouver  plus  beau  &  plus  aimable  dans  la  luite ,  qu'il 
ne  lui  avoir  paru  lorlqu'il  avoit  commencé  de  le  con- 
noître.  Idem. 

Et  fcs  roulemens  d'yeux,  &  fon  ton  radouci, 
iV'impofcnt  qu'à  des  gens  qui  ne  font  point  d'ici. 

Mol. 

Imposer  ,  en  ce  dernier  fens,  fe  dit  quelquefois  abfolu- 


I  M  P' 

meiît.  Sa  mine,  fou  .\h\  fis  manicfcs  anpofcnt.  La 
prononciation  de  cet  A.itur,  de  ce  i'icdh.ateur  im- 
pofc. 

Quand  on  mer  la  particule  en  devant  le  verbe  ïm- 
pofcr,  il  fe  prend  en  mauvaile  parc  :  vous  m'en  impo- 
fer,  veut  dire,  vous  rn'cu  iaices  accroire,  vous  me 
trompez  :  mais  quar.tl  le  verbe  ïmpofcr  ne!]:  point 
précédé  de  cette  particule ,  (a  iignilîcation  ell  déter- 
minée en  bonne  ou  en  mauvaile  part  par  la  fuite  du 
difcours ,  &  par  les  choies  qui  iont  ejîoncées.  Cet 
homme  ïmpoj'e  par  fa  retenue ,  par  fa  modeftic ,  par 
fes  belles  quilités.  Cet  homme  a  quelque  chofe  de 
grand  qui  ïmpoj'e.  Dans  ces  phrafes ,  le  verbe  impofcr 
fe  prend  cii  bonne  part,  ik.  lignine  gagner,  attirer 
rcllime  ,  railcdtion,  lerelpeet,  la  vénération. 

tfJ'  Pour  dire  tromper ,  abuf;;r ,  il  faut  toujours  dire  en 
impoj'cr ,  ik  non  impofer.  Acad.  Fr. 

En  hnpofer  à  quelqu'un ,  c'eli:  le  furprendre ,  lui 
en  taire  accroire.  Vous  m'en  impofe'^  ;  vous  voulez 
m'en  impofcr.  Quclqueiois  il  ell  fynouimc  de  men- 
tir. Ne  le  croyez  pas  il  en  impofc. 

Imposer.  M.  l'Abbé  de  la  Trape  dit  impojer  des  pfeau- 
mes ,  impojer  des  ancicr.nes ,  ce  qui  ne  lignifie  pas  les 
chanter  avec  les  autres  qui  font  au  chccur,  mais  les 
chanter  feul  comme  on  chante  les  antiennes  devant 
les  pfeaumes  ;  &  à  l'égard  des  pfeaumes  ,  c'eîl  les 
commencer,  ce  qui  ie  fait  lorfqu'un  leul  chante  la 
moitié  du  premier  verfet  qui  eft  continué  par  les  au- 
tres qui  (ont  au  chœur.  D.  Jofeph  Mége ,  dans  fon 
commentaire  fur  la  règle  de  S.  Benoît .,  le  lert  du  mot 
d'entonner,  au  heu  de  celui  d'impojer. 

Ce  mot  d'/OT^o/tvdans le  lens  qui  vient  d'être  ex- 
pliqué, vient  du  mot  Latin  imponere ,  dont  S.  Benoit 
s'eit  lervi  dans  la  règle.  Le  P.  Martene  ,  dans  fon 
commentaire  en  Latin  fur  la  règle  de  S.  Benoît ,  ex- 
plique le  mot  à' imponere  par  celui  d'incipere ^  com- 
mencer ,  (Se  il  cite  fur  cela  Bernard  du  Mont-Callîn  , 
&■  Bohérius,  puis  il  ajoute  que  le  P.  Ménard  &  le  P. 
Le  Ceinte  expliquent  le  mot  d'imponere  par  celui  de 
pronunciare  ,  prononcer ,  foie  en  chantant ,  foit  en 
récitant. 

Imposé  ,  ée.  part.  palf.  &  adj. 

IMPOSEUR.  (.  m.  Qui  impofc.  Imponens.  Parmi  les 
quarante  &  une  feetes  qui  font  forties  du  Luthéranif- 
me ,  il  y  en  a  une  que  Jovet  appelle  les  Impofeurs 
de  mains.  P^oye^  (on  /.  Tome  ^  p.  4y s- 

IMPOSITION,  f.  f  Adion  par  laquelle  on  impofc. 
Impofiûo.  La  million  Évangélique,  la  puinance  d'ab- 
fpudrc ,  fe  fait  par  Vimpojîdon  des  mains  du  Supérieur 
Éccléiîaftique.  Vimpofiàon  des  mains  étoit  une  céré- 

-  monic  Judaïque  qui  s'étoit  introduite  j  non  par  quel- 
que loi  divine,  mais  par  la  coutume  :  toutes  les  fois 
que  l'on  prioit  Dieu  pour  quclquun,  on  mettoit  ks 
mains  fur  la  tête  en  priant  Dieu  qu'il  l'accompagnât. 
Jésus-Christ  afuivicette  coutume,  foie  qu'il  fallut 
bénir  des  enians ,  ou  guérir  des  malades  ,  en  joignant 
la  prière  à  cette  cérémonie.  Les  Apôtres  de  même 
impofoient  les  mains  à  ceux  à  qui  ils  conféroient  le 
S.  Elprit.  Les  Prêtres  en  ufoient  ainfi  lorfqu  ils  intro- 
duifoient  quelqu'un  dans  leur  corps ,  &  les  Apôtres 
eux-mêmes  recevoiem  de  nouveau  \'im*ofnion  des 
mains  ,  lorlqu'ils  s'engageoienc  à  quelque  nouveau 
delfein.  L'ancienne  Églile  donnoit  Vimpofaion  des 
mains  à  ceux  qui  fe  marioienr.  Les  Abyliîns  le  font 
encore.  Mais  ce  nom  qui  eft  général  dans  fa  première 
fignification ,  a  été  reftreint  par  l'ufage  à  Vunpofuïon 
des  mains  par  laquelle  on  confère  les  Ordres.  Parmi 
les  Proteftans,  Fridéric  Spanheim  a  fait  unedillcrtation 
de  impofitione  manirnm  ejufque  ufu  anciquo ,  &  abufu 
moderno,  qui  fe  trouve  dans  le  IL  Tome  de  fcs  ouvra- 
ges. Tribenhorius  en  a  fait  aullî  une  de  Impofitione 
rnanuum.  J.  Braunius  a  fait  un  difcours  fur  le  même 
fujet. 
Imposition,  en  termes  d'Imprimerie,  fe  dit  Ct7de  l'ar- 
rangement &  de  la  comparaifon  des  pages  que  le 
Compolîieur  a  faites ,  &  de  l'adtion  de  les  garnir  de 
leurs  bois.  Voyeii  Imposer. 
Imposition  ,  fignifie  figurément  l'aftion  d'impoferqucl 
que  charge  onéreufc.  Vimpofition  de  la  taille.  Vim- 
Tome  y. 


I  M  P 


99 


poftlcn  à  h  taille.  L'impofuion  d'un  nouveau  droit, 
d'un  nouveau  l'uiilidc.  L'unpoftion  d  une  peine,  dune 
pénitence.  Pris  abfolumeiit,  ce  mot  lignine  auiii  le 
droit  impofc  fur  les  choies  tk.  i'ur  les  peri'onnes.  Im- 
pofition  nouvelle,  cxceilîve,  de  iaire  payer  les  impo- 
fitions. 

Il  lignifie  l'impôt  &  la  répartition  qui  en  eft  faite 
fur  les  contribuables. 
Imposition,  le  dit  auiii  d'une  efpèce  de  tranfplantatioii 
qui  fe  fait  pour  la  cure  de  certaines  maladies.   On 
prend  le  plus  que  l'on  peut  de  la  niumie  ou  de  l'excré- 
inent  de  la  partie  malade ,  ou  de  tous  les  deux  cnfem- 
ble;  on  les  place  dans  un  arbre,  ou  dans  une  plante- 
entre  l'écorce  &  le  bois,  &  on  recouvre  le  tout  avec 
du  limon.  Au  lieu  de  cela^  il  y  en  a  qui  font  un  trou 
de  tarriére  dans  le  bois  pour  y  placer  cette  muniic , 
ou  cet  excrément  ;  après  quoi  ils  bouchent  le  trca 
avec  un  tampon  du  même  bois,  &  mettent  du  limon 
par  deliiis.  Si  l'on  fouhaite  un  etïet  durable,  on  doit 
choifir  un  arbre  de  longue  durée ,  comme  le  chêne. 
Si  oii  le  veut  prompt ,   il  faut  un  arbre  qui  croiffe 
promprcment;  &c  en  ce  dernier  cas  on  doit  retirer  ce 
qui  icrt  de  milieu  à  la  traidplantation  ,  fitotqucl'cKec 
s'eft  enfuivij  à  cauil-  qu:  la  trop  grande  altération  de 
l'efpric  pourroit  apporter  du  préjudice  au  malade.  Ce 
que  l'on  .appelle  ici  Mutuie ,  eft  la  portion  de  l'efpric 
vital  qui  fait  l'es  effets. 
IMPOSSIBILITÉ,  f.  f.  Négation  de  polfibilité  ,  ce  qui 
convient  à  tout  ce  qui  renferme  contradidion.  Les 
Hérétiques  oppofent  contre  les   myftères  de  la  Foi 
de  prétendues  impojjîhilites   qu'ils  tirent  de  la   rai- 
fon  ,  en   prétendant   pouvoir  comprendre  par  leur 
efprit  l'étendue  infinie  de  la  puillànce  de  Dieu.  Log. 
Il  eft  bien  difficile  de  juger  de  la  polîîbilicé,  &  de 
VimpoffibiUté  des  ciiofes.  Abl.  On  dit  par  exagéra- 
tion ,   cela   m'eft   impolfiblc  de   toute   impoffûilïté. 
C'eft   le   propre   du  zèle    Apoftohque   de   compter 
pour  rien   les   ïrnpoffibdites  qui  paroiilent  dans  la 
grande  entreprile.  Bouh. 
§3'  On  diftingue  trois  fortes  d'impoffibilités  ,  la  méta- 
phyiique  ,  la  phyfique  &  la  morale.  \J impoQibiUté 
métjphyfîque  vient  de  la  nature,  de  l'eftence  de  la 
chofe ,  lorfqu'on  lie  les  idées  qui  impliquent  con- 
tradiction ,  qui  répugnent  ,  comme   cercle  quarréj 
bâton  fans  les   deux  bouts.    Vïmpoffibilïté  phyfique 
eft  fondée  fur  le  cours  ordinaire  de  la  nature.  Il  eft 
phyllquement  impoiîible  que  le  foieil  s'arrête  dans 
la  courfe.   V impojfibiUté  morale  lignifie  feulemeiît 
une    grande    difficulté.   Elle   fe  tire   de   l'iîfage  ,  de 
l'habitude  ,  du  train  ordinaire  de  la  vie.  Il  eft  mo- 
ralement impoiîible  que  des  femmes  foient  long  tcms 
enfenible  fans  babiller. 

On  diftingue  encore  une  impcJ/IMlite'  zhfoluc ,  &: 
une  autre  qui  n'eft  que  relative  ,  eu  égard  aux  cir- 
conftanccs  où  l'on  fe  trouve.  Un  homme  fortement 
lie  &  garctté  eft  dans  limpoffibilite'  relative  de  cou- 
rir à  toutes  jambes  ;  mais  iî  n'eft  pas  dans  une  im- 
poftibilité  abfolue  de  le  faire.  Car  il  pourroit  cou- 
rir ,  s'il  étoit  débarrafté  de  fcs  liens.  La  délectation 
viclorieufe  des  Auguftiniens  ne  lie  point  le  pou- 
voir phyfique  qu'à  la  volonté  d'y  réfifter  :  ainlî  fous 
cette  dèleétation  on  conferve  la  liberté  î 
IMPOSSIBLE,  adj.  m.  &  f.  &  fubft.  Qui  ne  fe  peut 
faire.  Impojfibdis ,  qui  fieri  nequit.  Une  chofe  eft 
impojfille  J  quand  elle  renferme  deux  idées  qui  fe 
détruilent  mutuellement  ,  &  que  l'on  ne  peut  ni 
concevoir ,  ni  réunir  enfemble  par  la  penfte.  Ainlî 
il  eft  impoffible  qu'un  cercle  foit  quatre  ,  parce  que 
nous  concevons  clairement  que  la  quadrature  &  la 
rotondité  fe  détruilent  par  leur  figure  diredement 
contraire.  Le  Cl.  Il  efT:  impoffdle  de  faire  un  bâton 
fans  deux  bouts.  Une  chofe  moralement,  phyfique- 
ment,  métaphyfîquement  impojfible.  f'^cyei  Impos- 
sibilité. 

Alléguer  /'impolTible   aux  P^ois  j   c'cft  un  abus. 


N  ij 


La  Font, 


loo  I  M  P 

Ji  vols  bien  que  mon  cœur  afplrc  iî /'impoflible  , 
Et  que  tous  fes  d'jjjeins  ofcnt  plus  qu'il  nefauL 

GoM. 

Ce  qui  eft  contraire  au  devoir  &  au  bon  fcns  s'ap- 
pelle impojjîûle  entre  ceux  qui  railonnent ,  comme 
parmi  les  Jurifconlulces  on  appelle  conditions  im- 
pojfibles  ,  celles  que  le  devoir  &c  la  railon  ne  per- 
mettent pas  d'accomplir ,  encore  qu'elles  Ibicnt  très- 
poUîblcs  en  elles  mêmes  à  qui  ne  voudra  écouter  ni 
le  devoir  ni  la  raifon.  Pélisson.  Nous  foutenons 
que  dans  l'occalion  &  les  circonftanccs ,  dont  il 
s'agit ,  ces  paroles ,  ceci  ejl  mon  corps ,  ne  le  peu- 
vent entendre  au  fens  Calvinille ,  parce  qu'en  ma- 
tière d'explication^  ce  qui  cCt  contraire  au  bon  lens 
&  à  la  droite  raifon,   s'appelle  ImpoJJlbU.  Id. 

On  le  die  aulîi  par  cxtenllon  de  ce  qui  n'eft  que 
diiïïcile.  Il  m'elt  Impojjlhle  de  me  lever  marin  ,  de 
<lormir.  Pour  vous  lervir  je  tenterai  \'lmpoJ]ihle  ,  je 
ferai  VlmpoJJïbk.  Ces  mots  faire  &  tenter  Vimpojfi- 
llc,  ilgniiient  faire  toutes  fortes  d'efforts  ,  employer 
toutes  fortes  de  moyens  pour  faire  une  choie  dont 
on  ne  peut  venir  à  bout ,  du  moins  qu'avec  beau 
coup  de  peine.  Je  viens  de  commencer  à  apprendre 

le  Siamois j'avois  peur  de  n'avoir  pas  allez  de 

tems ,  &  peut-être  de  tenter  Vimpojfihlc.  De  Choisi. 

On  dit  5  réduire  un  homme  à  Vlmpojfible ,  po'^r 
dire  ,  exiger  d'an  homme  ce  qu'il  ne  peut  faire. 

En  Logique  on  dit ,  réduire  quelqu'un  à  VlmpoJJi- 
ble  ,  pour  dire  ,  le  réduire'  à  ne  pouvoir  répondre 
fans  tomber  en  contradiction. 

Par  Impossible.  Formule  qu'on  emploie  dans  le 
difcours  ,  quand  on  (uppole  une  choie  qu'on  lait 
bien  être  InipoJJlblc.  Si  par  impojjible  on  redevenoit 
jeune.  Ac.  Fn.. 

On  dit  proverbialement ,  à  l'impojjlble  nul  n'eft 
tenu. 
IMPOSTE.  C.  f.  du  Latin  Impofuum ,  mis  delfus.  Ter- 
me d'ArchiteiiuiC.  C'eilune  petite  faillie,  ou  avan- 
ce j  &  eliDCce  de  corniche ,  fur  laquelle  pote  une 
voàce  ou  arcade.  Incomba.  Ce  bâtiment  eic  demeuré 
imparnir ,  il  n'eft  élevé  qu'à  hauteur  à'im.pjjlc.  On 
l'appelle  .autrement  le  coufjlnet  ,  pour  recevoir  la 
retombée  de  l'arcade.  Uimpojle  eic  li  eifentielle  dans 
Li  compofition  des  ordonnances  ,  que  lorfqu'il  n'y 
en  a  point ,  il  arrive  qu'à  l'endroit  où  la  ligne  courbe 
de  l'arc  fe  joint  à  la  ligne  à  plomb  de  l'alerte  j  il 
fembk  qu'il  y  ait  un  coude.  Dans  l'architcclure  an- 
cienne les  impojies  ont  trop  de  faillie,  h'impoj'te 
eft  difiéreme  lelon  les  diftérens  ordres. .  La  Tolcanc 
n'eu:  qu'une  plinthe.  La  Dorique  a  deux  faces  cou- 
ronnées. L'Ionique  a  un  larmier  au-delfus  de  les 
deux  faces  ,  &  les  moulures  peuvent  être  taillées. 
•  La  Corinthienne  &c  la  Compofite  ont  un  larmier , 
une  frife  s  &  d'autres  moulures  qui  peuvent  au!Îi 
être  taillées.  L'imp,oJie  coupée  ,  eif  celle  qui  ell  in 
terrompue  par  des  corps  ,  comme  par  des  colonnes 
&  des  pilaltres ,  dont  elle  excède  de  beaucoup  le 
nu.  Vlmpofte  cintrée  ,  eO:  celle  qui  ne  fe  profile  pas 
fur  le  piédroit  d'une  arcxide  ;  mais  lert  de  bandeau 
à  cerre  arcade ,  &  retourne  en  archivolte.  L'impojh 
mutilée  ,  eft  celle  dont  la  faillie  eil  diminuée  ,  pour 
ne  pas  excéder  le  nu  d'un  dollerct ,  ou  d'un  pi- 
lailre. 
Imposte  lignifie  aulli  cet  ornement  de  moulures ,  qui 
couronne  un  pied  droit  fous  la  naillancc  d'une  ar- 
cade ,  lequel  lert  de  bafe  à  un  autre  ornement  cin- 
t-ré  appelle  Archivolte.  Frézier.. 
IMPOSTEUR,  f.  m.  1^  Dcccptor.  Ce  mot  fignific 
littéralement  celui  qui  en  impofe  aux  autres  hom- 
ines,  qui  les  trompe,  qui  les  léduic  par  d-s  acirions 
ou  par  des  paroles ,  qui  abufe  de  leur  confiance  ou 
de  leur  foiblelfe  ,  de  quelque  manière  que  ce  l'oit. 
Celui  qui  impure  fiulfement  à  un  autre  '  quelque 
choie  d'odieux  ,  elt  un  impofteur.  Celui  qui  invente 
ou  qui  débite  une  frulfe  doétrine  pour  léJuire  k 
peuple ,  eft  un  impojleur.  Celui  qui  cherche  à  fur- 
prendrc  les  autres  par  de  fau;l;s  apparences  depro- 


I  M  P 

bité ,  de  vertu ,  &c.  cft  un  Impojleur.  Les  Prêtres 
des  faux  Dieux  étoient  des  Impojleurs.  Mahomet  a 
été  un  grand  ImpoJUur.  Les  faux  Prophètes  étoient 
des  impojleurs.  Ceux  qui  débitent  de  taux  miracles, 
les  Alchimiftcs  ,  les  Charlatans ,  hoc  genus  omne ,  lonc 
autant  A'impojleurs.  Molière  a  intitulé  une  de  les 
comédies ,  î'artuiic  ou  V impojleur.  De  tous  les  trom- 
peurs il  n'y  en  a  point  dont  on  le  défende  moins 
que  des  impojleurs  ëc  des  fourbes  en  matière  de 
Religion.  Bell.  Un  impojl.ur  adroit  réuffit  mieux 
dans  le  monde  qu'un  honnête  homme  rullique  Hc 
fauvage.  S.  Évr.  Nous  qui  fommes  hommes  ,  ne 
fivons  nous  pas  jufqu'à  quel  point  d'autres  hommes 
ont  pu  être  impojleurs  ou  dupes  ;  Fonten. 

Ces  lieux  de  mon  amour Jl  long-tcms  les  témoins , 
Qui  J'embloient  pour  jamais  me  répondre  du  vôtre  ^ 
Sont  autant  û'^impoftcurs  que  je  ne  puis  foujjrir. 

Imposteur  fe  dit  dans  un  fens  plus  étroit  de  ces  té- 
méraires qui  ont  voulu  palier  pour  d'autres  que  ce 
qu'ils  étoient.  On  a  vu  de  ces  impojleurs  dans  tous 
les  hècles  qui  ont  tâché  de  ravir  des  couronnes  ou 
des  fucceilions  ;  mais  ils  ont  prefque  tous  fait  des 
fins  malheurcufes.  Sraerdis  qui  s'étoit  emparé  du 
Royaume  de  ferle  ,  comme  étant  le  frère  de  Cam- 
bile  ,  dont  il  avoir  beaucoup  de  reflemblince ,  fut 
maflacré  par  lept  Seigneurs  Periiens.  Quatre  faux 
Démétrius  périrent  fuccellivement  en  voulant  s'em- 
parer de  l'Empire  de  Moicovie.  Nous  avons  vu  en 
France  un  François  de  la  Ramée  ,  qui  eut  l'audace 
fous  le  règne  de  Henry  IV.  de  fe  dire  fils  de  Charles 
IX.  &  d  iiliiabeth  d'Autriche  la  femme ,  qui  fut 
exécuté  à  Paris ,  &:  tout  le  monde  fçait  la  tin  fu- 
neîte  du  faux  Martin  Guerre  ,  [  Arnaud  du  Thi  ] 
qui  s'étoit  emparé  de  la  fucceilion  &  de  la  femme 
de  Martin.  Enfin  il  s'eft  trouvé  une  li  grande  quan- 
tité de  ces  forces  a'impojleurs  ,  que  M.  Rocoles  les 
a  recueillis,  &  en  a  tait  un  livre. 

En  termes  de  littérature ,  on  donne  le  nom 
A'impojleurs  à  ceux  qui  veulent  faire  palier  un  ou- 
vrage de  leur  compofition  pour  celui  d'un  ancien, 
ou  celui  d'un  ancien  pour  le  leur.  Annius  de  Vjterbe 
a  été  le  plus  infignc  de  tous  les  impojleurs.  Il  en 
coûta  la  vie  à  Charles  Sigonius ._  pour  s'être  mij  au 
rang  des  impojleurs.  Il  publia  un  Traité  de  la  con- 
f.)lation  ,  comme  étant  celui  de  Cicéron  qu'il  avoir 
recouvré  ;  en  reconnut  qu'il  étoit  lui  même  l'auteur 
de  cet  ouvrage  ,  &:  il  eu  mourut  de  chagrin. 

rO"  Imposteur  eft  aulli  adjedtif.  Air  impofteur.  Dif- 
cours impojleur.  Il  n'y  a  point  de  prudence  à  l'é- 
preuve des  fourberies  d'un  homme  qui  vous  dit  d'un 
air  unpofleur,  que  vous  pouvez  compter  fur  lui  : 

On  dit  adjeétivemcnt  un  difcours  impojleur ,  un 
ton ,  un  air  Impojleur.  Voile  Impojleur. 

Env.iln  dans   l'Univers ,   mieux  cncor  dans  lui- 
même  , 
Touf  lui  peint  du  Très-haut  la  JageJJe  fupréme  ,• 
Comment  y  vetrolt-ll  les  traits  de  fon  Auteur? 
Tu  tiens  fes  yeux  couverts  fous  un  voile  impofteur. 
Ode  à  l'erreur.  Nouv.  Choix  de  vers. 

ifJ'  IMPOSTURE,  f  f.  Du  Latin  impofura  ,  Impo- 
nere  ,  tromper',  en  impofer ,  abufer  delà  contiance 
ou  de  la  fimplicité  de  quelqu'un.  C'eft  le  crime  de 
celui  qui  en  impofe  aux  hommes  par  des  adlions  ou 
par  des  difcours. 

Ce  mot  eft  quelquefois  fynonime  de  calomnie, 
&:  défigne  l'imputation  de  quelque  chofe  d'odieux  , 
fautlcment  faite  à  quelqu'un ,  dans  le  deiicin  de 
lui  nuire.  Caluninla.  C'clf  une  Impofure  horrible. 
L'impofture  eft  trop  groflîère.  On  rélute ,  on  dé- 
truit une  Impofv.ivc.  On  le  juîtihe  d'une  impofiure. 

Quelquefois  .aufii  impofure  lignifie  la  même  chofe 
qu'hvpocrifie ,  tromperie  dans  les  meeurs ,  dans  la 


î  M  P 

cor.Juitc.  Simulado.  Il  y  a  des  gens  ..Ion:  I.i  vie  cfl: 
une  impof.urc  continuelle.  J'ai  reconnu  ïi'ripojlure 
de  vos  proiîieires. 

L'ambition,  l'honneur,  l'ïntéra ,  /'impoRure. 
Qui  font  tant  de  maux  parmi  nous  ^ 
Ne  fe  rencontrent  point  chc^  vous.  Des.  I-I. 

Envain  du  fard  au  luxe  ajoutant  /'impoftiirc  , 
Tu  veux  de  tes  vieux  ans  nous  deguifer  l'injure. 

Corneille. 

Cet  injlant  malheureux  corrompant  la  nature  , 
Fit  que  l'homme  connut  &  chérit  /'impoRiire  ; 
C'efl  elle  ,  cher  ami ,  qui  toujours  met  le  prix 
Aux  livres  réprouves  qui  courent  dans  Paris. 

tfT  Imposture  fe  dit  aulFi  de  rillufiondcs  fens.  Vim- 
pojlure  des  fens  féduit  fouvent  la  niilon.  Blandus 
error.  Cérilî  a  dit  dans  L\  métamorphole  en  parlant 
d'une  eau  claire  : 

C'ejl-là  que  l'œil  foujfrant  de  douces  impoflurcs  ;, 
Confond  tous  les  objets  avecque  leurs  figures. 

iMPOT.  f.  m.  Charge  impoféc  par  le  Souverain  fur 
le  peuple ,  &  fur  les  denrées  pour  lubvcnir  aux  né- 
cellités  de  l'État.  {fT  Trihutum.  C'efl:  proprement 
une  contribution  que  les  particuliers  (ont  cenfcs 
payer  à  l'Etat  pour  l.i  conlervation  de  leurs  per- 
fonnes  &  de  leurs  biens.  Impôt  lur  le  vin ,  far  le 
tabac  j  fur  le  papier  ,  &c.  établir ,  auijmentcr ,  dimi- 
nuer, lever  les  impôts. 

Klz  mot  efl:  pris  du  Latin  Impofituni  ,  îk  non  pas 
à'impqfitio.  Impojitum  ,  impoite  ,  impôt. 
Impôts  et  Billots  de  Bretagne.  Droits  qui  f;  lèvent 
fur  les  vins  ,   eaU-de-vie  ,  cidre ,  bière  qui  le  yen- 
dent  (ïc  diRribuent  dans  la  Province  ce  Bretagne. 
L'Impôt  eil  un  ancien  droit  établi  dans  Li  province  de 
Bretagne  du  tems  des  Ducs  de  Bretagne.  Il  cil  ré- 
glé à  45  fols  par  muid  de  vin  crû  hors  de  la  Pro- 
vince ,  &  à  i  1  fols  6  d.  fur  celui  du  crû  de  la  Pro- 
vince ,    lorfqu'il    fe  débite   en   détail    dans   les   ca- 
barets. 
Le  Billot  efl  un  autre  droit  qui  cor-fiilc  dans  la  quan- 
tité de  douze  pots  par  pipe  de  via  ,  cidre  ou  bicre 
de  quelque  crû  que  ce  foit.  Il  fe  paye  a  proportion 
de  la  vente  &  du  prix,  que  chaque  pot  e(t  vendu  en 
détail  par  le  Cabaretier. 
Les  Droits  des  Impôts  &  billots  de  Bretagne  font  com- 
pris dans  les  Fermes  générales  j  éL'    iront  partie  des 
Aides. 
IMPOTENT  ,  ENTE.  adj.  qui  eft  perclus ,  ou  privé 
du  mouvement ,  ou  de  l'ufage  de  quelqu'un  de  les 
membres  _,  d'un  bras  ou  d'une  jambe ,  de  quelque 
manière    que  ce    loir ,  foie  par  accident ,  foit   par 
un  vice  de    cQnformation    des   organes.    Mutilus , 
membrorum  ufu  privatus  ,  captus.  Un  rhumatiilne  ]  a 
rendu   impotent,  il    ne    peut   marcher   qu'avec  des 
potences.  Théobalde  devint  impotent,  Se  perclus  de 
fes  membres.  Mézerai. 
A  L'IMPOURVÛ.  adv.  Avec  furprife.  Ex  improvifo. 
Les  ennemis  font  venus  à  Vimpourvà ,  Se  ont  furpris 
la  ville.  Une  fortie  à  l'impourvù.  Durier.    Foye^ 
improviste. 
IMPRATICABLE,  adj.  de  t.  g.  Qui  ne  peut  être  pra- 
tiqué. On  le  dit  des  chofes  qu'on  ne  peut  faire ,  & 
des  perfonnes  avec  lefquclles  on  ne  peut  vivre.  Ce 
que  vous  me  propofez-ià ,  efl;  tout-à-fait  impratica- 
ble. Cet  homme  efl;  impraticable  :  il  efl  d'un  efprit , 
d'une  humeur  impraticable  ,  on  ne  fauroit  vivre  avec 
lui. 

îiM praticable.  Il  fe  dit  auflTi  des  chemins,  où  l'on  ne 
fiuroit  pafler.  Invius.  Ce  font  des  chemins  imprati- 
cables. C'eft  un  lieu  impraticable.  Rendre  un  paflàge 
impr.uicahU\ 


I  M  P  loi 

Impraticable,  fe  dit  aulil  d'une  maifon  ,  d'un  ap- 
partciiicnt  où  1  on  ne  peut  habiter  en  certahie  fai- 
ion  ,  à  caufe  de  quelques  incommodités.  Inhabita 
bilis.  Cette  maitbn  eli  jolie ,  mais  elle  elt  imprati- 
cable en  hiver.  Voilà  une  belle  chambre,  mais  la 
fumée  la  rend  impraticable  la  moitié  de  l'année. 
iMl-RtCATION.  1.  f.  M.-.ledicaon ,  fouhait  qu'on  fait 
contre  quelqu'un  afin  qu  'il  lui  arrive  quelqiie  mal.  //;;- 
precaiio,malediciio,  diva  deprecctio.  Didon  tait  de  gran- 
des imvrécations  contre  Énée  &  contre  Rome,  avant 
de  mourir.  On  en  fait  quelqu?foJs  par  manière  de  jure- 
ment, &  pour  contirniation  de  ce  qu'on  dit.Que  je  ne 
puifl'e  jamais  entrer  en  Par.idis,  il  cela  efl:  vrai.  Saint- 
Amant  fait  une  imprécation  contre  la  ville  d'Lvreu.x  , 
parce  que  de  fon  tems  il  y  .avoir  plus  de  trente  iiglifcs 
&:  pas  un  pauvre  cabaret.  On  dit ,  pouilcr  des  impré- 
cations. Tasc.  Donner  des  imprécations.  Roch. 
Charger  quelqu'un  à' imprécations.^  I.'Acad.  Jcfus- 
Chrill  a  domié  cette  règle  aux  Chrétiens,  de  pardon- 
ner toute  injure,  ik.  de  bénir  ceux  qui  les  clmrgcut  d';;vj- 
précations.  Bourd.  l'xh.  II.  p.  i6. 
UCF  Imprécation.  Terme  de  Keuhorique.  C'efl:  une  fi- 
gure par  laquelle  l'or.iteiir  f.iit  des  louhaits  coiiirc 
ceux  à  qui  il  adrelfe  la  parole  :  Vœux  dictés  quel- 
quefois par  l'horreur  pour  le  crime ,  quelquclois 
par  l'indignation  ,  la  colère  ,  &c. 

Les  Anciens  avoient  de  prétendues  Déelfes  qu'ils 
nommoient  imprécations,  en  Latin,  Dirx. ,  comme 
qui  diroit  Deotun  int.  1res ,  ou  Colères  des  Dieux.  ^ 
Ils  les  faifoient  rilles  de  l'Achéron  ik  de  la  Nuit ,  " 
^c  elles  étoiént  les  bourreaux  des  conlciences  cri- 
minelles. On  les  confond   fouvent  avec  les  Eumé- 
nides ,  ou  les  Furies  ,  &  en  elfet  c'étoit  les  mêmes 
que  l'on  .ippeloit  Dira ,  Imprécations  dans  le  Ciel , 
Furies  fur  la  terre  ,  &:  Euménides  aux  enfers ,  à  ce 
que  dit  Servius  fur  le  IV^.  Liv.  de  lÉnéide  ,  p.  34Q. 
de  \'éd.  de  Piob.  Etienne.  Virgile  fembie  dire,  Enéide, 
X.  XII.  V.  Sj-s.  qu'il  n'y  a  que  deux  imprécations , 
Se  que  Mégère  ne  pcrtoit  point  ce  nom  ,  quoiqu'elle 
fût  leur  Iceur,  &:  que  h  Nuit  l'eût  mife  au  inonde 
avec  elles.  En  effet ,  les  Latins  ne  reconnoiilent  que 
deux  Imprécations ,  &  les  Grecs  trois.  On  les  évo- 
quoit  par  des  prières  &  des  pièces  de  vers,  pour 
la  perte   des  ennemis  qu'on  avoit.  Foye^  Scalxger 
dans  fa  Poétique ,  L.  X.  c.  s  S-  ^  Saumaile  fur  So- 
lin  ,  p.  411.  .On  croit  que  leur  nom  Latin  Diris, 
vient  du  Grec  Aot^ï;  qui  lignifie  Terribles. 
IMPRÉCATOIRE,  adj.  de  t.  g.  Qui  fe  fait  avec  im- 
précation. Imprecatcrius ,  a,  um.  jurement  impréca- 
toire. P'oye-:^  Jurement.  Ce  mot  le  trouve  dans  les 
Livres  de  Théologie  morale  écrits  en  François,  & 
efl:  en  ufage  dans  ces  matières. 
IMPRÉCIABLE.  adj.  de  t.   g.  Qui  efl  hors  de  prix  , 
qu'on  ne  peut  allez  prifer.  Pafquier  s'eft  iervi  de  ce 
mot  pour  inappréciable. 
IMPREGNATION,  f   f.  Terme  de  Chimie.  AcT.ion 
par  laquelle  une  liqueur  s'imbibe  du  lue  ou  des  pe- 
tites parties  d'un  autre  corps  ,  IfT  qui  par  ce  moyen 
lui  communique  fes  propriétés.  Les  tiianes  devien- 
nent  capables  de    produire  tels  ou  tels    effets  par 
Vimpreanation  des  diflérens  funples  dont  elles  iont 
compolécs. 

En  termes  du  Grand  Art^  imprégnation  figri.tîe  la 
génération  qui  fe  fait   lorfque  la   matière  étant  noi- 
re ,  il  y  a  putréfaéticn. 
Ip^  Imprégnation  ,  dans  l'économie  animale  ,  lyno- 

nime  de  fécondation.  _ 
IMPREGNER,  v.  a.  |Cr  charger  une  chofe  de  quel- 
ques particules  étrangères  ,  de  manière  qu'il  y  en 
ait  également  partout.  Imhuere.  Imprégner  une  li- 
queur de  fels  de  parties  ferrugineulcs.  Imprégner 
une  étoffe  d'une  liqueur  colorante.  On  le  dit  aufli 
avec  le  pronom  peiîonnel.  Les  fels  fe  fondent  dans 
l'eau  ;  mais  elle  ne  pcut^  s'en  imprégner  que  juf- 
qu'à  une  certaine  quaritité.  L'eau  peut_  être  en  mê- 
me tems  imprégnée  de  divers  fels  qui  leront  de  dir- 

férente  figure. 

Ce  mot  vient  du  Latin  impngnare  ,  àc  pr^gnans , 

une  fem.me  grojje. 


I02  I   M   P 

Imprégné  ,  ée.  part,  pail  Se  adj.  Imbutns. 

ÎMPRENABLE  ,  adj.  m.  cs:  f.  Qui  ne  peut  être  pris. 
inexpugnabilis.  L'art  de  la  guerre  a  été  porte  ii  loin  , 
qu'il  n'y  a  phis  de  pl.ice  imprenable;,  §3"  furtout 
depuis  linvention  de  la  poudre  à  canon.  On  ne  le 
dit  que  des  villes  Se  des  places  de  guerre.  Au  figu- 
ré ,  une  femme  imprenable  ,ell  une  expreillon  dont 
on  ne  peut  le  l'crvir  qu'en  riint 

IMPRESCRIBILITÉ.  f.  £  Terme  de  Droit.  Qualité 
d'une  choie  qui  ne  ^eut  être  prcfcrite.  Vimprefcn- 
hilïté  des  droits  du  Souverain  ,  du  cens  ,  &c. 

■IMPRESCRIPTIBLE,  adj.  de  t.  g.  Qui  n'elt  point  fu- 
jet  à  prcfcription.  Ufucapioni  non  obno.xlus.  Le  Cens 
dû  au  Seigneur  eft  ïmprefcnptïble.  Les  fervitudes 
font  imprejlripibles  par  le  tems;  elles  ne  s'acquiè- 
rent jamais  (ans  titre.  Les  droits  de  la  vérité  (ont 
imprcfcripùbUs.  C'eft  aulli  une  maxime  du  Droit , 
que  les  Droits  de  fouverainetc  font  impreferiptibUs. 
F'oyei  Prescription. 

IMPRESSEUR.  f.  m.  vieux  mot.  Imprimeur. 

IMPRESSE,  adj.  ImpreJJus.  Terme  dogmatique  ,  qui  fe 
dit  en  cette  phralé  :  Des  efpèces  imprejjes ,  ou  qui  ont 
fait  quelque  marque,  quelque  imprellion  fur  nos 
îens,  fur  notre  efprit,  fur  notre  mémoire.  Les  Pé- 
riparéticiens  prétendent  que  les  objets  de  dehors 
-envoient  des  efpèces  qui  leur  rellemblent,  &  que 
ces  efpèces  font  portées  par  les  fens  extérieui-s  jul- 
qumfenfonum  commune.  Ils  appellent  ces  efpèces- 
■là  imprejjes  ,  parce  que  les  objets  les  impriment  dans 
ïes  fens"  extérieurs.  Ces  efpèces  imprejjes  étant  ma- 
térielles Se  fenfibles,  font  rendues  intelligibles  par 
l'intelled:  agent  :  Se  ces  efpèces  font  appelées  Ex- 
prejjes ,  parce  qu'elles  font  exprimées  des  imprejfes. 
Mâle.  y''oyei  elpèces. 

IMPRESSION,  f  f.  Marque  qui  demeure  fur  quelque 
chofe  prcilce  par  une  autre.  Imprefflo.  L'impreJJion 
d'un  fceauj  d'un  cachet  fur  la  cire  y  marque  la 
ligure,  le  chiifre  qui  y  eft  gravé.  Les  pieds  des  ani- 
maux laillent  leur  imprejjion ,  leurs  vertiges  lirr  la 
terre  molle  &  gralîe.  Le  coin  par  la  force  du  ba 
lancier  laiiîe  fon  imprellion  fur  la  monnoie  ,  fur  la 
médaille.  On  fait  dans  l'Églife  une  fête  dcVimpreffion 
des  fcigmates  de  S.  François. 

Impression  ,  fe  dit  aulîi  des  qualités  qu'une  chofe  com- 
munique à  une  autre,  quand  elle  a^^it  (ur  elle.  Les 
aftres  font ,  dit-on ,  des  imprejjions  lur  les  corps 
fublunaires  par  leurs  influences.  Les  fortes  teintures 
laillent  toujours  quelque  imprejfion  fur  les  étoifcs  , 
quoiqu'on  les  lave. 

ifT  On  le  dit  de  même  de  ce  qui  refte  ,  pendant 
quelque  temps ,  de  l'adion  d'une  chofe  fur  une  au- 
tre. L'alanibic  lailfe  une  imprejfion  de  feu  dans  les 
eaux  diftillées.  Après  la  fièvre  ,  il  refte  quelquefois 
une  légère  imprejjion  de  chaleur. 

fC  Impression  ,  en  termes  d'Imprimerie,  de  Gravu- 
re &  autres  arts  ,  fe  prend  dans  des  lignifications 
diuére'.rtes. 

Quelquefois  on  entend  par  ce  mot  ,  en  imprime- 
rie ,  l'empreinte  que  les  caraclèrcs  lailfcnt  fur  le 
papier.  P'oye^  plus  bas  imprejjion  en  gravure  ,  iSc 
imprimer. 

Tel  écrit  récité  fe  fouûent  à  l'oreille  , 

Qui,  dans  /'imprellion ,  au  grand  jourfe  montrant. 

Nefoutientpas  des  yeux  le  regard  pénétrant.  Bon. 

Dès  que  /'imprellion _/àir  éclore  un  Poète, 
Il  ejl  efclave  né  de  quiconque  Vachette.  Boil. 

Impression,  fe  dit  aulfi  des  éditions  d'un  livre,  dn 
nombre  des  fois  qu'on  l'imprime  ,  &  du  nombre  de 
feuilles  ou  d'exemplaires  qu'on  en  tire.  Ce  livre  eft 
de  la  première  ,  de  la  féconde  imprejjion  ,  ou  édi 
tion.  Cette  imprejjion  a  été  de  mille  exemplaires.  M. 
Arnaud  témoigne  qu'on  a  fait  plus  ds  deux  cens 
imprcjfions  de   la  Verfion  de   la   Dible  de  Louvain 


I  M  P 

dans  l'efpacc  d'un  liècle.  "Voilà  luie  belle  imprejjion , 
une   impre_lflon  magnifique. 

iMPRESsroN  cit  diftércnt  d'édition.  Imprejfion  ne  com- 
prend proprement  que  ce  qui  cil  de  l'an  de  l'Im- 
primerie ,  les  caradèrcs  ,  le  papier ,  la  grandeur 
des  marges  ,  la  grandeur  des  pages ,  la  proportion 
de  leur  longueur  ,  Se  de  leur  largeur  ,  les  diftan- 
ces  des  mots  &  des  lignes  ,  Se  la  difpofition  de  tout 
cela  ,  qui  fait  un  bel  ou  mauvais  œil.  Edition  com- 
prend avec  tout  cela  le  foin  de  l'homme  de  lettres 
qui  a  eu  foin  de  la  copie  ,  de  la  revoir  fur  les  itu- 
nulctits  ,  de  la  corriger  ,  augmenter,  d'y  mettre  des 
notes  ,  des  tables ,  &  tout  ce  qu'il  a  jugé  néceflàire 
pour  rendre  le  livre  plus  corred:  Se  plus  utile  -,  & 
louvent  même  le  mot  d'édition  ne  comprend  que 
ce  lecond  chei- ,  comme  quand  en  parlant  des  ou- 
vrages de  S.  Auguftin  ,  on  cite  l'édition  d'Érafme, 
l'édition  d;s  Lovaniftes ,  l'édition  des  PP.  Béné- 
dictins ,  on  fiit  ablfradtion  de  ce  qui  regarde  l'Im- 
primerie ,  &  Ion  n'entend  parler  que  des  foins  & 
des  travaux  d'Érafme  ,  des  Docteurs  de  Louvain , 
ou  des  Bénédictins,  pour  ran.aller,  revoir,  corri- 
ger ,  ùx.  les  ouvrages  de  ce  Père. 

Impression,  le  dit  pour  1  Imprimerie  j  Art  d'imprimer. 
Typographta.  L  imprejjion  tut  trouvée  il  y  a  envi- 
ron trois  liècles  ;  ptulque  Jean  Fuft  nous  donna  en 
14151  1^  Durandus  de  ivitibus  tcclejl&  ,  le  Catholicon 
Januenjis ,  qui  étoit  le  Calepin  de  ce  temps-là  , 
en  i^ûo,^  la  Bible  en  1461  ,  qui  font  les  pre- 
miers livres  imprimés  que  1  on  ait  vus  juf..^uici  en 
Europe.   Mascur. 

Impression.  Chez  les  Graveurs,  Imagers  Se  Impri- 
meurs en  taille -douce,  c'eft:  l'empreinte  que  les 
planches  de  cuivre  ou  de  bois,  gravées  au  burin,  ou 
à  l'eau-fbrte ,  laiftent  fur  le  papier  ou  vélin ,  après 
qu'elles  ont  été  Irotées  d'un  noir  ou  d'un  rouge  pré- 
parés ,  &  qu'elles  ont  pallé  entre  les  rouleaux  d'une 
prelfc.  :,C?  C'eft  1  art  dé  tirer  des  empreintes  d'une  fur- 
f-ace  plitte,  mais  qui  a  des  creux  propres  a  fe  char- 
ger d  Uiie  couleur  qui  eft  portée  par  le  moyen  de  la 
comprclîion  fur  une  autre  lurface  propre  à  la 
prendre. 

Im:'R£ssion.  C'eft  encore  l'arr  d'imprimer  des  fatins, 
d.s  tatletas  ou  des  toiles  de  coton  à  la  manière  des 
Indes. 

0C?  Les  Peintres  de  bâtimens  appellent  leur  ouvrage  , 
peinture  d  imprejfion  pour  le  diftinguer  de  la  peinture 
en  table.ni.  Acad.  Fr.  Les  peintres  en  tableau  ap- 
pellent imprejfion  ,  la  couleur  qui  (c  met  fur  la  toile, 
'  qui  fert  de  première   couche  à  l'ouvrage. 

^fT  Impression,  dans  un  lens  figuré,  ledit  de  l'effet 
que  les  choies  (pirituelles  Se  morales  font  fur  l'ef- 
prit  ,  des  traces  qu'elles  y  laillent ,  des  opinions  , 
des  fcntimens  qu'elles  y  font  naître.  Aff-ecîus  j  affec- 
tio  animi.  Nous  fommes  portés  au  bien  ,  ou  au  mal  , 
Iclon  les  premières  imprejfions  que  nous  recevons. 
S.  ÉvR.  Les  imprcjjions  défavantagcufes  que  l'on 
conçoit  du  prochain  artoiblilfent  la  charité.  Nie. 
Quoique  les  (oupçons  fuilent  etlacés  ,  ils  ne  laifte- 
rcnt  pas  de  lui  ouvrir  les  yeux  lur  le  hafard  d'être 
trompée  ,  &  de  lui  donner  des  imprejfions  de  dé- 
fiance &  de  jaloulie.  P.  de  Cl.  Les  hommes  ne 
confidéranr  guère  les  chofes  en  détail ,  ils  ne  jugent 
guère  que  iclon  leur  plus  forte  imprejfion  ,  Se  ne 
fentent  que  ce  qui  les  frappe  davantage.  Ainfi  le 
fort  emportant  le  toible  ,  Vimprejfion  la  plus  vive 
étouMe  celle  qui  eft  plus  obfcure.  Log.  Vimprejfon. 
qui  naît  iunplemcnt  de  la  cadence  Se  de  l'arrange- 
ment des  périodes  eft  li  peu  durable.  Se  tellement 
fuperficicUe  ,  qu'elle  s'évanouit  prefque  aulîi  tôt 
qu'on  les  a  entendues.  Log.  Quoiqu'il  foit  rrès- 
aifé  de  perfuader  à  tout  le  monde  qu'il  n'y  a  rien  de 
plus  ridicule  que  les  jugemens  qu'on  forme  fur  les 
apparences  extérieures ,  il  eft  pourtant  très-diflicile 
de  fe  garantir  er.ticrement  de  l'imprejjion  fecrette 
qu'elles  font  dans  l'elptit.  Id.  Il  eft  difficile  de  dimi- 
nuer Vimprejfon  que  fait  la  force  de  l'exemple.  Boss. 
Les  imprejfions  de  la  coutume  Se  de  l'éducation , 
cjitraîneiit  l.i  plupart  des  hommes  ,  qui  ne  dogma- 


I  M  P 

tifent  que  fur  ces  vains  foiukracns.  Cliaque  vice  , 
ou  chaque  vertu  ,  prend  une  imprcjjion  particulière  , 
léloii  les  efpnts  où  elle  (e  trouve.  S.  Évr.  Les  Athées 
ne  ûuroicnt  obfcurcir ,  ni  eiiacer  entièrement  1  un 
prejjion  ci  une  divinité  que  Li  vue  de  ce  grand  monde 
forme  en  eux.  Nie.  Les  imprcjjions  de  l'éducation 
font  comme  les  lettres  qu'on  grave  lur  lécorce  des 
arbres,  ik  qui  croillent,  &c  fe  fortihent  comme  eux. 
M.  Esp.  Dès  que  nos  fens  ne  font  plus  touchés 
.  des  objets ,  &  que  l'ame  n'ell  plus  mue  par  \'inv 
prcjfion  qu'ils  font  lur  elle  ,  ce  n'ell  plus  qu'mdo 
ience.  S.  £vR.  Il  y  a  de  toibles  ,  &  de  légères  im- 
prcjjions qui  ne  font  qu'effleurer  l'ame,  &  éveiller 
fcs  fentimens.  Id.  On  dit  proverbialement ,  Un  no- 
ble de  nouvelle  imprcjfion  ;  pour  dire  qui  a  été  depuis 
peu  anobli.  C'ell  ce  que  Cicéron  appeloit  Novus 
homo. 

IMPRÉVU,  Ûe.  adf.  Qui  n'a  point  été  prévu.  Improvi- 
fus.  Xiw  coup  de  tortune  imprévu.  On  ftipule  dans 
un  bail ,  qu'il  n'y  aura  point  de  diminution  pour  tous 
les  cas  prévus  &  imprévus.  Les  grandes  fortunes 
fe  ruinent  par  des  malheurs  imprévus.  Mort  im- 
prévue. ^ 

IMPRIMÉ,  f.  m.  Mémoire ,  Écrit  qui  a  paffé  fous 
la  prelfe.  Il  court  un  imprimé  fcandaleux  con- 
tre un  tel.  Il  s'oppofe  quelquefois  à  Manujcrit. 
■Voilà  1  endroit  où  font  les  Manufcrits ,  &  là  celui 
où  (ont  les  Imprimés. 

IMPRIMER,  v.  ad.  Faire  une  empreinte  fur  un  corps 
par  le  moyen  d'un  plus  dur  qu'on  prelîe  deilus.  Im- 
prlmcn.   Imprimer  m\  fceau ,  un  cachet,    une  mar 
que  lur  une  monnoic.  Imprimer  la  figure  de  fes  pas 
lur  la  neige ,  lur  la  terre  glaife. 

0Cr  I  vrpai>i£R.  Dans  les  Arts  j  iîgnilîe  généralement 
porter  i  empreinte  d'un  objet  lur  un  autre.  C'elt  arnli 
qu  on  porte  l'empreinte  des  lettres  lur  du  papier  ou 
fur  du  parchemin  ,  &  l'empreinte  d  une  planche 
gravée  fur  quelque  furface  propre  à  la  recevoir. 

Imprimer  ^  le  dit  particulièrement  des  livres  ou  des 
feuilles  de  papier  ou  de  parchemin  ,  qu  on  appli- 
que fur  une  planche  ou  fur  des  caractères  rangés, 
pour  en  tirer  la  figure  par  le  moyen  de  l'encre  & 
de  la  rofette  dont  on  les  enduit.  Typis  edere.  Cet 
Auteur  s'eft  fait  imprimer ,  a  imprime  pluiieurs  Ou- 
vrages. Ce  livre  a  été  imprimé  en  grand  ,  en  petit 
in-folio  ,  in-quarto  ,  en  gros  Romain  ,  en  S.  Au- 
gulHn  ,  en  Cicéro. 

En  ce  fens  ,  imprimer  fe  dit  abfolumcnt ,  &  lans 
ajouter  ,  &  lignine  imprimer  un  livre ,  un  ouvrage. 
Un  tel  veut  être  Auteur,  il  va  imprimer.  Notre 
Cenfeur  ell:  applaudi , ....  il  imprime ,  Se  malheu- 
reufement  les  fuites  ne  répondent  pas  à  des  com- 
mencemens  fi  ilateurs.  Madame  Dacier. 

En  vérité ,  vous  ne  faurieç  comprendre  quel  cft 
l'embarras  d'un  homme  qui  imprime  ;  car  quoiqu'on 
vous  ait  imprimé ,  c'a  été  malgré  vous  :  il  s'ell  trouvé 
des  gens  charitables  qui  vous  ont  délivre  de  cette 
fatigue.  Le  P.  Bouhours  au  Comte  de  Bujfy.  Ce 
que  le  Comte  de  Bulfy  a  répondu  à  cet  article  eft 
trop  curieux  pour  ne  pas  le  rapporter.  Je  comprens 
bien  ,  dit-il  j  l'embarras  des  gens  qui  font  imprimer: 
mais  le  mal  que  l'on  fait  à  ceux  que  l'on  imprime 
malgré  eux  elt  bien  pire.  La  charité  de  ceux  qui 
ont  pris  ce  foin-là  pour  moi ,  m'a  coûté  ma  fortune  ; 
car  pour  me  rendre  plus  plaifant ,  ils  m'ont  fait 
offeiifer  mille  gens  auxquels  je  ne  fongeois  pas  , 
&  que  j'aurois  loués  fi  j'en  avois  parlé.  On  entend 
allez  quil  s'agit -là  de  l'Hiftoire  amoureufe  des 
Gaules ,  que  M.  de  Bulfy  prétendoit  n'être  point 
du  tout  conforme  au  manufcrit  qu'il  avoit  prêté, 
où  l'on  avoit  fourré  quantité  de  morceaux  injurieux , 
auxquels ,  félon  lui  ,  il  n'avoir  aucune  part.  Mais 
comme  on  eft  toujours  enchn  à  la  fatyre  ,  le  Public 
n'a  eu  aucun  égard  à  fes  proteftations ,  &  l'a  crû 
Auteur  de  tout  l'Ouvrage. 

Quel  hefoin  fi  prejfant  ave'^-vous  de  rimer , 
Et  qui  diantre  y  eus  poujfe  à  vous  faire  imprimer  ? 

Mol. 


I  M  P 


103 


Imprimer,  j  fedit  aulfi  des  eftampcs  que  l'on  imprime 
en  pallànt  la  planche  encrée  &  couverte  de  fa 
feuille,  fur  la  table  de  la  prelic  entre  les  deux  rou- 
leaux. Imprimer  des  eftampcs. 

If3  Imprimer  une  elbmpe  ôc  imprimer  un  livre,  cfl 
à  peu  près  la  même  chofè  ;  toute  la  différence  qui 
s'y  trouve  ,  c'eft  que  les  Imprimeurs  en  taille  douce 
ne  fe  fervent  point  du  barreau  ,  &  que  les  planches 
lur  iel'quclles  on  tire  les  images  &  les  eftampes  font 
gravées  en  creux  ;  au  lieu  que  les  caraftères  d'im- 
primerie le  font  en  relief  :  c'eft  pourquoi  on  n'ef- 
luic  point  ceux-ci  après  qu'on  y  a  mis  le  noir  avec 
les  balles  ;  au  heu  que  celles  -  là  fe  nettoyent  avec 
un  hnge,  afin  qu'il  ne  refte  d'encre  que  dans  les 
traits  de  la  gravure. 

On  le  dit  aulli  des  étoffes  ,  des  toiles  ,  qu'on 
imprime  avec  les  planches  de  différentes  figures  ou 
dellcins.  Cette  étoffe  paroît  de  lointilFue  en  brocard  , 
quoiqu'elle  ne  l'oit  qu'imprimée. 

Imprimer  ,  en  peinture ,  hgnific  mettre  une  ou  deux 
couches  de  colle  ou  de  peinture  fur  une  toile  ,  pour 
la  rendre  propre  à  être  peinte  ,  à  y  faire  delIus  quel- 
que tableau.  TabelU  aream  pr&vïis  colorïbus  imbueTe. 
Ce  Peintre  n''a  pu  faire  aujourd'hui  mon  portrait , 
parce  qu'il  n'avoir  pas  de  toile  imprimée.  Les  Doreurs 
doivent  imprimer  leurs  ouvrages  deux  ou  trois  fois 
de  couleur  à  l'huile  ,  pour  dorer  d'or  couleur  ;  Se 
il  leur  eft  défendu  d'y  mettre  de  l'étain  doré  ,  parce 
que  c'eft  faufi'e  befogne. 

Imprimer,  c'eft  dans  l'art  de  bâtir,  peindre  d'une 
ou  de  plufieurs  couches  à  l'huile  ,  ou  à  détrempe, 
les  ouvrages  de  charpenterie  ,  de  menuifcrie  ,  de 
ferrurerie  qui  font  au-dtdans,  ou  au  dehors  des 
bâtimens  ,  pour  les  confervcr. 

Imprimer  ,  lignifie  aullî  faire  l'empreinte  d'une 
médaille.  Félib. 

Imprimer,  fe  dit  aullî  des  bonnes  ou  mauvaifes  qua- 
lités que  les  corps  fe  communiquent.  Un  fût  gâté 
imprime  fa  mauvaife  qualité  au  vin  qu'on  y  met. 
ifl'  En  Phyfique  imprimer  ôc  communiquer  du  mou- 
vement ,  font  termes  fynonymcs.  Un  corps  mu  im- 
prime de  fon  mouvement  à  un  autre  qu'il  trouve  en 
chemin.  Dieu  feul  a  imprimé  le  mouvement  à  la 
matière.  Movere ,  motum  imprimere. 
Imprimer  le  dit  figurémcnt  en  chofes  morales  &  fpi- 
rituelles  §3°  des  fentimens  ,  des  images  qui  font  im- 
prelfion  dans  l'efprit ,  dans  l'ame ,  dans  le  cœur. 
C'eft  les  infpirer,  les  faire  naître,  de  manière  qu'ils 
ne  s'effacent  pas  aifément.  Il  faut  imprimer  dans  k 
cœur  des  jeunes  gens  l'amour  de  la  vertu,  la  crainte 
de  l'infamie.  La  vue  d'une  bataille  imprime  de  l'hor- 
reur. Cet  affront  lui  demeurera  long-tems  imprimé 
dans  la  mémoire.  Les  objets  impriment  leurs  ima- 
ges dans  les  organes.  Roh.  L'Eglife  a  foin  que  les 
cérémonies  qu'elle  expofe  aux  yeux  des  Fidèles  aient 
quelque  chofe  qui  imprime  du  relpedr.  Port.  R. 
Son  vifage  animé  d'une  colère  majeftueufe  ,  qui  im- 
prime la  terreur  &  le  refpeCt.  S.  Évr.  Il  faut  im- 
primer de  bonne  heure  les  vérités  de  la  Religion  , 
&  avant  que  la  raifon  foit  en  état  de  les  combat- 
tre. L.  Cl.  La  Poëfie  eft  propre  à  imprimer  les  belles 
chofes,  &  dans  la  mémoire,  &  dans  le  cœur  àz% 
jeunes  gens.  Abl.  imprimer  dans  l'ame  des  fentimens 
élevés.  Idem. 

Tous  ces  mots  viennent  du  Latin  imprimere  ,  im- 
prejfus ,  Se  imprejfio. 
Imprimé,  ée.  part. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  eft  bien 
imprimé ,  quand  il  eft  ivre.  Mero  imbutus  j  prolutus. 
On  dit  enluminé  ,  dans  le  même  fens. 

IMPRIMERIE,  f.  f.  L'art  d'imprimer ,  de  tirer 
l'empreinte  des  caraélères  qui  fervent  de  moule.  Ars 
typographica.  Au  commencement  les  Prêtres  ,  les 
fuperrtitieux  ,  &  les  ignorans ,  faifoient  palier  T/w 
primerie  pour  un  art  dangereux.  Le  Cl.  L'Imprime- 
rie n'a  poinr  été  mile  au  rang  des  arts  méchaniques. 
Il  y  a  des  Lettres-patentes  de  Louis  VII.  de  l'an 
1J13.  qui  exemptent  de  toutes  tailles,  aides,  ga- 
belles Se  autres  fubfides ,  Se  des  charges  de  ville  , 


104  I  M  P 

24  Libraires ,  1  Relieurs ,  2  Enlumineurs ,  &:  i  Écri- 
vains jurés,  élus  pir  l'Univerlicé,  qui  font  réputés 
•du  corps  d'icelle.  Comme  aulli  tous  les  livres  lont 
déclarés  exempts  de  tous  péages  Se  impositions , 
tranfportés  par  eau  ou  par  terre ,  dedans  Se  hors  le 
Royaume. 

V Imprimene  efl:  un  art  ancien  dans  la  Chine.  Le 
P.  Couplet  allure  qu'elle  ell:  en  uiage  de  l'an  950. 
mais  elle  ell  bien  diftérente  de  celle  de  l'Europe  ; 
car  les  Chinois  ne  fe  fervent  que  de  tables  gr.rvces 
■&  taillées ,  enlbrte  qu'il  faut  autant  de  planches  que 
de  pages ,  &c  elles  ne  peuvent  fervir  que  pour  un 
même  livre.  'V^oici  ce  qu'en  dit  le  P.  le  Comte  dans 
fes  mémoires. 

L'Imprimerie  ,  qui  cft  un  art  nailîant  en  Europe , 
a  prefque  de  tout  temps  été  en  ufige  à  la  Chine.  Elle 
eft  néanmoins  un  peu  diftérente  de  la  nôtre.  Comme 
nous  avons  très-peu  de  lettres  ,  &comme  on  peut  en 
les  allémblant  former  de  gros  volumes ,  peu  de 
caraétères  nous  fuftifcnt  ;  parce  que  ceux  qui  ont  fervi 
aux  premières  feuilles ,  font  encore  employés  à  tou- 
tes les  autres.  Le  prodigieux  nombre  des  caradcres 
Chinois ,  empêche  qu'on  en  uie  de  la  lorte  j  lî  ce 
n'eft  en  certaines  occalions  où  très- peu  de  lettres 
peuvent  fuffire,  dans  toutes  les  autres  occafions  ils 
trouvent  plus  de  facilité  à  graver  leurs  lenres  fur 
des  planches  de  bois  ;  &  la  dépenfe  en  ell  beaucoup 
-moindre. 

Voici  comme  ils  s'y  prennent.  Celui  qui  veut 
imprimer  un  livre ,  le  tait  premièrement  écrire  par 
un  excellent  Maître.  Le  Graveur  en  colle  chaque 
feuille  fur  luie  table  bien  unie  ,  &  en  fuit  les  traits 
■avec  le  burin  li  fidèlement ,  que  les  caraétères  mar- 
■,qués  ont  une  reilemblance  p.arbite  avec  l'original  ; 
de  forte  que  l'imprellion  elt  bonne  ou  mauvaile  , 
félon  qu'on  a  employé  un  bon  ou  mauvais  écrivain. 
Cette  adreife  des  Graveurs  elï  li  grande  ,  qu'on  ne 
fauroit  diftinguer  ce  qui  ell  imprimé  d'avec  ce  qui 
cft  éait  à  la  main ,  quand  on  s'eil:  fervi  du  même 
papier  ,  &  <ie  la  même  encre.  Il  ell  vrai  que  cette 
manière  d'imprimer  a  quelque  choie  d'incommode , 
en  ce  qu'il  faut  multiplier  les  planches  autant  que 
les  feuilles  ;  de  forte  qu'une  chambre  médiocre  ne 
fuffira  pas  pour  contenir  toutes  les  petites  tables 
■qui  auront  lervi  à  l'imprellion  d'un  gros  volume  : 
■mais  aulli  qu.and  la  gravure  ell  finie,  on  n'ell  point 
obligé  de  tirer  en  memc-temps  tout  les  exemplaires  , 
au  laafard  de  n'en  vendre  que  la  moitié  ,  Se  de  fe 
ruiner  par  une  dépenfe  intiriie.  Les  Chinois  impri- 
ment leurs  feuilles  à  mefure  qu'ils  les  débitent  ;  de 
les  planches  qu'on  retouche  facilement  après  en 
avoir  tiié  deux  ou  trois  mille  exemplaires,  fervent 
■à  plufieurs  autres  imprelllons  diflérentes.  Outre  qu'on 
n'a  pas  befoin  de  Correèleurs  d'Imprimerie  ;  car 
pourvu  que  la  feuille  foit  exaètcment  écrite  ,  il  c(t 
■très-rare  que  le  Graveur  fallt  des  fautes  i  ce  qui 
n'ell  pas  un  médiocre  avantage. 

Les  premiers  Imprimeurs  de  l'Europe  ont  com- 
mencé par  la  méthode  Chinoile  ,  qui  a  pu  donner 
une  idte  de  l'invention  que  l'on  apoullée  plus  loin. 
Il  y  a  deux  lottes  A' Imprimerie  ,  l'une  en  lettres  , 
l'autre  en  taille -douce.  Elles  diftérent ,  en  ce  que 
celle  àçs  caraétères  eft  de  relief  ^  &c  ne  s'elluie  point  \ 
&  celle  de  taille-douce  cfl  gravée  en  creux ,  &  s'el- 
fkie  fur  Ion  cuivre.  On  eft  en  doute  de  celui  qui  a 
commmencé  {'Imprimerie  en  Europe.  Mentel ,  Mé- 
decin de  Paris,  dans  une  lettre  écrite  à  M.  Naudé, 
prétend  que  ce  fut  Jean  Mentel ,  Bourgeois  de  Straf- 
tourg ,  qui  l'inventa  en  1442  ,  du  temps  de  Frédé- 
ric III  ,  Empereur  5  que  Jean  Guttcmberg  ,  un  de 
fes  compagnons ,  la  tranfporta  à  Mayence  ,  où  les 
premiers  ellais  en  ont  été  laits ,  ik.  où  il  s'allocia 
avec  Fuft.  Quelques  uns  même  leur  tn  artribucnt 
l'invention ,  comme  Muniler  ,  Polydore  'Virgile  , 
&  Pafquier  après  eux.  On  l'attribue  auffi  à  Jean 
Coder  ,  habitant  de  Harlem.  L'Empereur  Frédé- 
ric III,  en  l'an  1446,  en  faveur  de  cette  inven- 
tion ,  donna  à  Jean  Mentel  pour  armes  un  champ 
de  gueules  de  lion  couroj;nc  d'or  ,  accolé  d'un  rou- 


I  M  P 

leau  voltigeant  d'azur.  Naudé  dans  fon  MafcUraC  , 
p.  172,  &  fuLV.  croit  que  Fuit  ou  Faullus  ,  &c 
Schofter  ,  font  les  premiers  Imprimeurs  de  l'Eu- 
rope ,  ou  pour  mieux  dire  du  monde  ,  puitque 
l'imprellion  des  Chinois  n'a  rien  de  commun  avec 
la  nôtre  ,  &  n'a  pas  même  été  connue  que  long- 
temps après  l'établillemcnt  d'une  infinité  de  prellcs 
par  toutes  les  bonnes  villes.  Sa  railon  ,  pour  mettre 
Fuft  en  poUéHîon  du  droit  d'être  l'inventeur  de 
\' Imprimerie  ,  eft  que  les  premiers  livres  qui  ont  été 
imprimés  font  tous  de  Ion  imprellîon.  Il  y  a  bien 
<le  r.ipparence  que  fi  d'autres  euilent  eu  meilleure 
part  que  lui  à  une  11  belle  invention  ,  ils  ne  lui 
auroient  pas  permis  de  fe  l'attribuer  a  lui  feul ,  Se 
à  (on  gendre  Schoeffer  ^  comme  il  a  fait ,  lans  que 
perfonne  ait  ofé  faire  de  même  ,  ou  le  contredire. 
Ces  éditions,  font  1°.  le  Catholicon  Januenfis  de 
l'an  1460 ,  où  à  la  vérité  le  nom  de  Fuft  ne  le  trouve 
pas,  mais  qui  eft  toute  femblable  aux  luivantes  où  il 
le  trouve.  2°.  la  Bible  de  1462.  3°.  d'autres  Bibles 
toutes  pareilles  de  1471.  4".  Saint  Auguftin  de  la 
Cité  de  Dieu  avec  les  Commentaires  de  Thomas  de 
Valois  de  1 47  3 .  f.  Mercure  Trifmégifte  ,  de  Potef- 
•tate  &  Sapientia  Dei  in-4°.  (  Car  tous  les  autres  nom- 
més ci-dellus  lont  in-folio.)  de  1503,  le  Tite  Livc 
de  1 5 1 8.  Il  y  a  encore  des  Offices  de  Cicéion  ,in  4° , 
<le  14..^..  Déplus  ,  au  commencement  du  Tite- 
Live  le  privilège  de  l'Empereur  Maximilicn  eft  ac- 
•cordé  pour  dix  ans  à  Schoefter ,  iSc  de  fix  ans  pour 
tous  les  autres  livres  qu'il  imprimera  ,  &  ce  en  re- 
connoillance  de  ce  que  ton  ayeul  Jean  Fuft  avoir 
•trouvé  l'invention  d'imprimer.  Ce  privilège  eft  en 
date  de  I J18 ,  Se  foufcrit  de  Jac.  Spiegel.  Érafme  , 
dans  l'Épître  qui  cft  après  ce  privilège ,  ne  l'ailurc 
pourtant  pas  polit^vement  ;  il  écrit  feulement ,  qu'on 
dit  que  l'Inventeur  de  cet  Art ,  eft  Jean  Fuft.  Dans  l'a- 
vertillcment  du  même  livre  C.  Nicolaus  Carbachius 
dit  la  même  choie  que  le  privilège  ,  &  qu'Erafme. 
D'autres  attribuent  cette  invention  à  Guttem- 
bergh  ,  d'autres  à  Mentel  ,  quelques-uns  à  un  cer- 
tain Lamens  Joannes  de  Harlem;  mais ,  dit  Naudé,  ■ 
perfonne  ne  peut  dire  avoir  vu  des  livres  imprimés  fl 
par  Guttembergh ,  ou  par  Mentel ,  auparavant  ou 
au  même  temps  que  ceux  de  Jean  Fuft.  Tout  ce 
que  l'on  dit  des  autres  inventeurs  de  {'imprimerie  , 
n'eft  fondé  que  fur  des  rapports ,  des  conjedlures  , 
des  vraifemblances  ,  des  autorités  formées  ,  des 
jaloufies  de  villes  les  unes  contre  les  autres.  En- 
fin ,  Salmuth  ,  en  fon  addition  fur  le  Chapitre  de 
Typographia  de  Pancirolle,  cite  un  aéle  public  ,  par 
lequel  il  paroit  que  Fuft  ,  après  avoir  trouvé  {'impri- 
merie ,  &  foutcnu  long-temps  lui  feul  cette  dépenfe  , 
affocia  G-attembergh ,  pour  contribuer  à  une  partie 
de  tant  de  frais  qu'il  lui  f.iUoit  faire  ,  à  caufe  prin- 
cipalement du  parchemin  fur  lequel  il  tiroit  la  plu- 
part de  fes  livres.  Quelques  -  uns  prétendent  que 
Guttembergh  ■&:  Mentel  la  trouvèrent  à-peu-près  en 
même-temps  à  Strasbourg  ,  que  Mditel  s'y  enrichit 
en  peu  de  temps  ;  qu'Adolphe  Rufchius  &  Adolphe 
Martin  Flarhus  ,  aufli  de  Strasbourg ,  lui  fuccéderent  j 
■que  Jean  Fuft  -ne  fit  que  la  pcrfeûionner  à  Mayence 
veis  l'an   1452. 

Les  premiers  Imprimeurs  taillèrent  d'abord  des 
■lettres  fur  des  tables  de  bois ,  &  commencèrent  leurs 
premières  épreuves  par  un  vocabulaire.  Ils  s'apger- 
•cureiK  bientôt  que  leur  travail  n'étoit  pas  d'un  ufage 
allez  étendu  ,  puifque  chaque  table  ne  pouvoit  1er- 
\'ir  qu'à  un  feul  ouvrage.  C'eft  pourquoi  ils  s'avisè- 
rent de  fabriquer  des  lettres  mobiles ,  Se  féparées  les 
unes  des  autres  :  Se  enluite  ils  forgèrent  des  moules 
ou  àcs  matrices,  pour  avoir  des  lettres  de  métal  fon- 
du. Ainfi  ils  n'en  vinrent  là  que  par  degrés.  Car  l'im- 
preflion  de  leur  vocabulaire  n'ctoit  qu'une  perfec- 
tion de  la  gravure  ,  \k  de  la  fculpture;  (3j  à  parler 
précifément  la  Bible  fut  le  premier  livre  imprimé  vers 
l'an  i4fo.  Enfiiite  la  Cité  de  Dieu  de  laint  Auguf 
tin  ,  Se  les  Offices  de  Cicéion  vers  l'an  1461.  Quoi- 
qu'il en  foit ,  il  eft  conftant  qu'Ulric  Gering  ,  Alle- 
maud  né  à  Confiance ,  imprima  l,e  premier  à  Paris 

du 


I  M-P 


î  M  P 


au  temps  de  LouisXI.  Comme  l'Arc  ne  fai foie  que 
de  n.iicie  ,  il  reftoic  encore  bien  des  impcrtedtions 
dans  les  premiers  livres  qu'on  débita.  Par  exemple , 
il  n'y  avoir  point  des  lettres  capitales  ;  c'eil  pour  cela 
qu'on    lailloit   vide    la  place  des  lettres  initiales  ,  & 
on  les  peignoir  en  or  ,  ou  en  azur.  D'autres  dilent 
qu'on  en  ufoit  ainli  pour  imiter  les  manul:;rits  ,  & 
faire  palier  les  livres  imprimés  pour  des  inaimlcrits. 
Les  François  ont  beaucoup  contribué  a  pertection- 
ner  la  rudelTe  de  la  première  invention  ,  ôc  il  ell 
certain  que  les  Étiennes  peuvent  entrer  en  partage 
de  la   gloire  avec  les  inventeurs   de  cet    Arc.  Sixte 
Ruiingerde  Strasbourg  porta  l'/w/in/ncrii;  à  Naples , 
&   commença  d'y  exercer  cet   Art  en   1471.  Dans 
le  même  temps  iJdalnc  Han  en  ht  autant  a  Rome. 
L'Imprimerie  ii'cll  guère  en  uûge  hors  des  limites 
de   1  Lurope.    Dans  tout  THnipire  Ottoman,   il  ell 
ligoureulcmcnt  détendu  d'imprimer  des  livres.    Les 
Turcs  appréhendent  que  la  communication  trop  facile 
<les   livres    n'apporte   quelque    changement  dans  la 
Reli^jion  ,  tk  ne  caule  des  troubles  dans  l'Empire.  Ils 
croient  que  tenant  les  peuples  dans  1  ignorance  ,  il 
ell  plus  ailé  de  les  gouverner.    Les  Juiis  ont  pour- 
tant des  éditions  de  leurs  livres  faites  à  Conltanti- 
nople  ,  à  Thellalonique ,  &:  en  d'autres  lieux  de  1  Em- 
pire Ottoman.  fCF  Le  grand  Vihr  Ibrahim  ,  Bâcha, 
employa  tout  fon  crédit  auprès  d'Achmet  III ,  pour 
établir   une  Imprimerie  à    Conftantinoplc  ,    tk    en 
vint  à  bout.    Cet    étabhllement    lubfilte  toujours, 
quoiqu'il  foit  contraire  aux   maximes  du  gouverne- 
nement   &  aux  préceptes  de  l'Alcoran.   Sur    l'art. 
de    l'Imprimerie,     ^'oye^    Chevillier ,    Online    de 
L'Imprimerie  de  Paris.  Malinkrot ,  doyen  de  Munl- 
ter  ,  a  écrit  de  VArt  de  V Imprimerie.  Biblander ,  de 
Rat.  communi   Lingg.  p.    Si.    Jacob  Wuymphelin- 
gius,  c.  6  u  Bonornius ,  Pancirolle  ,  C.  de    Typo- 
graphia  ;  Salmuth ,  dans  fon    Addition  à  ce  Cha- 
pitre  de  Pancirolle.  D'autres  ont  aullî  écrit  lur  les 
inventeurs  de  \ Imprimene.    Burchard  ,  Goithellius  , 
Struvius  ,  Supplementa  ad  Notidam  Rei  Litterariz  , 
Cap.  XI ,  de  Germania  Miraculo  Opt.  iMjx.  Typis 
litterarum  ,  earumque  di^erenciis  Dijjertatio  j  à  Leip- 
fic  17 10.  On  y  donne  l'honneur  de  cette  invention 
à  un  Mathématicien  de  Konigsberg. 
ImpriviERie  ,  efl    aulïï  tout  l'attirail   ,  les  outils   & 
inftrumens   qui  fervent   à  imprimer  ,    comme    les 
preiles ,  les  caffes ,  le  plomb  ,   les  chaflls ,  &c.  Un 
tel    Imprimeur    ell    mort  ,   fon  Imprimerie    efl   à 
vendre. 
Imprimerie  ,  ell  aulîl  le  lieu  où  l'on  imprime.  Typo- 
graphium.    Il    efl    allé  à    l'Imprimerie   du  Louvre. 
On  a  mis   bas  en  rel  Imprimerie  ,   faute  d'ouvrage. 
On  dit  auliî  ,  que  l'Imprimerie  ne  va  plus  ;  pour  dire 
que  le  tralic    des    livres  diminue.   L'Imprimerie   du 
Louvre  ell  l'une  des  plus  rélèbres  &  des  plus  confi- 
dérablcs  ,  pour  les  excellens  ouvrages  qui  en  font 
forcis  en  beau  papier ,  &c  de  très-beaux  caraclères. 
Le    feu  Roi  la  plaça  dans  les  galeries    du   Louvre. 
L'Imprimerie  Royale  coiamença  fous  François  pre- 
mier, &  fut  portée  à  la  plus  grande  perfeélion  fous 
Louis   XIII  ,    par  les  foins  du  Cardinal  de  Riche- 
lieu. 


lOj 


L'imprimerie  de  la  Chambre  Apoftolique  eft  lo- 
gée au  Vatican.  C'efl-là  que  s'impriment  les  Bulles 
&  Décrets  Apolloliques.  L'Imprimerie  du  Vatican 
eft  l'Imprimerie  des  Papes  ,  c'ell  pour  cela  qu'on 
l'appelle  aulli  l'Imprimerie  Apollolique.  Elle  fut  com- 
mencée par  Pie  IV ,  &  bâtie  avec  beaucoup  de 
magniiicence  par  Sixte  V.  Il  en  ell  forti  de  fort  belles 
éditions.  L'Imprimerie  du  Vatican  ell  la  première 
qui  ait  eu  des  caraétères  Arabes. 

Il  y  a  eu  auiîl  une  Imprimerie  Royale  en  Angleterre , 
dont  nous  avons  quelques  éditions  -,  par  exemple  , 
celle  de  Théophylacle;  mais  il  y  en  a  peu  ,  &  cette 
Imprimerie  ne   paroit^pas  avoir  duré  longtemps. 

On  appelle   Corrcflcur    d'Imprimerie  ,  celui   qui 
ell  chargé  de  revoir  les  épreuves. 

Direileur  de  l' Imprimerie  du    Louvre.    C'ell   le 
Librairt;  qui  a  l'infpedion  fur   les  Ouvriers  qui  y 
Tome  V, 


travaillent ,  é\:  la   conduite  des  imprcfiioiis  qui  s'y 
font.    Paul    Maiiuce  fut   fous  Pie  IV  ,  le   premier 
Dircétcur  de  \ Imprimerie  du  Vatican. 
Imrimerie  de  PeinhjRe.  m.  le  Bien  ,    Inventeur   ds 
cet  Art  ,  l'a  porté  en  Angleterre  &:  puis  en  France. 
Cet  Arc  le  réduic  à  lix  arcicles.  I.  Repréfencer  un 
objcc  avec  trois  couleurs  ,  &  par  le  moyen  de  trois 
planches.    II.    Faire    les  delleins    fur    chacune    des 
trois    planches  ,   &  faire  accorder  cxa6temcnt   les 
trois  dclicins.  III.    Graver  les  trois  planches  de  fa- 
çon qu'elles    ne  puiiîent  manquer  de  fe  rapporter 
enlemble.  IV.  Graver  ces  planches  fuivant  une  mé- 
thode   particulière  ,   pour   en  pouvoir  tirer    trois 
nulle  bonnes  épreuves  &c  plus,  V.  Trouver  les  crois 
vraies  couleurs   matérielles  primitives ,  ik  les   pré- 
parer de  façon  qu'elles  puiiîent  s'imprimer  ,  être  belles 
6c  durer  long  temps.  VI.    Tirer  les  trois   planches 
avec  allez d'adrelle,  pour  qu'on  ne  s'apperçoivc  point 
après    l'impreillon  de    la   manière  dont    elles   font 
tirées. 

Les  trois  couleurs  matérielles  primirives  font  celles 
dont  on  fe  fert  dans  cet  Art. Car  les  couleurs  primitives 
de  Nev/con  ,  fonc  des  couleurs  primitives  impal- 
pables -,  ces  trois  couleiTis ,  dis  je  ,  font  le  rou^e  , 
le  jaune  «Se  le  bleu ,  avec  lefquelles  M.  Blon  prétend 
que  1  on  peut  taire  toutes  les  couleurs,  f'^oyei  fon 
i'raité  intitulé  Colorico  ,  tk  les  Tranf.  Philof.  /73  /  , 
p.  137  ,  &fuiv. 

Au  commencement  du  XVI'  fièclc  on  imagina  en 
Italie  &  même  en  Allemagne  l'Art  d'imiter  en  ef- 
tampes  les  delleins  lavés  ,  ou  l'elpèce  de  peinture 
à  une  feule  couleur  nommée  Chiarofcu.ro:,  .ou  camayeu. 
Avec  le  fecours  de  cet  Art  ,  on  exprima  le  palîa^e 
des  ombres  aux  lumières  ,  &  les  diftérentes  teintes 
du  lavis. 

Le  lieur  le   Blon  n'a  fait   que   perfeélionner    cet 
Art,  &■  l'étendre  à  la  peinture,  puifque  fa  méthode 
a  pour  objet  d'imiter  le  coloris  des  tableaux  ,  &  les 
diliérentes  teintes  que    le  Peintre  forme   fur  fa  pa- 
lette.   Celui  qui  trouva  en    Italie  l'Art  dont  nous 
parlons  ,  fe  nommoir  Ugo  de  Carpi ,  &  nous  voyons 
de  lui  de  très  belles  choies  ,  qu'il  a  exécutées  d'après 
les  delleins  de  Raphaël  &  du  Parmefan.  Ibii. 
IMPRIMEUR,  f.  m.  Celui  qui  imprime.  Typograph.us. 
Les  Imprimeurs  font  du  corps  de  la  Librairie.   U  y 
a    des   Imprimeurs  de  livres  ,  d'autres   d'eilampes  , 
&  d'autres  de  mulîque ,  d'autres  qui  impriment  du 
papier  de  diverfes  hgures,  qu'on  appelle  Domino- 
tiers.    Les    Imprimeurs  3c  les  Fondeurs  ont  été  ex- 
ceptés de  l'Édit  de  la  création  des  métiers  par  Arrêt 
du  Confeil  du  dernier  Avril    1583.    Les    premiers 
Imprimeurs  font  Fufl ,  Guttembergh  ,   Mer.tel  ,  ou 
Mentelin  ,  Schoeflér  ,  Gering  à  Paris ,  Udalric  Han 
à  Rome  ,  Sixte  Rulmger  à  Naples ,  Jeari    Coller. 
Les  Grands  Imprimeurs  font  Aide  Manuce,  les  deux: 
Radius  ,  Conrard   Néobard  ,  Louis  Tilétan  ,   Guil- 
laume Morel ,  Jean  Oporin  ,  Jean  Froben  ,  Robert 
Etienne  ,  Séballien  Gryphe ,  Adrien   Turnébe ,  ou 
Tournebœuf  ,  Paul    Manuçe  ,    Frédéric    Morel  * 
Geofroy  Tory ,  Etienne    Dolet  ,    Daniel   Bomber- 
gue  ,  Hiérôme   Coramelin  ,   Henri    Etienne  ,  Jean 
Amerbach,  François  Raphelinge  ,  Michel  Vafcofan, 
Simon  Millange,  Antoine  &  Charles  Etienne,  Ni- _ 
vel ,  Sonnius,  Séjjaflien  Cramoify  ,  ôc  Séballien  Ma- 
bre  Cramoify  j  Crifpin ,  les  Elzéviers  ,  &c.  Il  y  avoin 
autrefois  de  fivans  hommes  qui  étoicnt  Imprimeurs  , 
comme  les  Robert ,  Henri  tk   Charles  Etienne  ,  les 
Badius ,  les  Manuces ,   Turnébe  ,  Dolet ,  'VVcchel , 
Morel ,  &c.  Les  noms  hc  les  éloges  des  illullres  Impri- 
meurs fe  trouvent  écrits  dans  le  fécond  livre  des  Ju- 
gemens  des  Auteurs.  Chrillophe  Plantin  de  Tours 
porta  en  titre  la   qualité  à'Jrchi-Imprimeur  ,  Archi- 
typographus ,   que  le   Roi  d'Efpagne    lui   donna  de 
fon  propre   mouvement ,   après  qu'il   eut  imprime 
la  Bible  Polyglotte  d'Anvers,  qu'on  appelle  la  grands 
Bible  de  Philippe  II. 
')Cr  On  donne  aullî  le  nom  ^'Imprimeur  à  l'ouvrier 
qui   tire  les  feuilles.    Celui  qui  drelfe  les  formes, 
s'appelle  Compofitcur, 

O 


ÎO^ 


I  M  P 


IMPRIMURE.  f.  f.  Enduit  d'une  toile  pour  fervir  aux 
Peintres.  Aied pigmciuanafuhacius.  Une  bonne  im- 
primure  doit  être  de  deux  ou  trois  couches.  On  ap- 
pelle aulll  ïmpnmurc ,  les  figures  qui  (ont  lur  les  toiles 
peintes. 

IMPROBABLE,  adj.  de  t.  g.  ifTQm  n'a  point  de  proba- 
bilité. Parum  confentaneus  vero ,  improbabUïs.  Ce  que 
vous  dites  e!l  ïmprùbahle.  Il  ne  le  dit  point  de  ce  qui 
ne  peut  pas  être  prouvé.  On  ne  dit  ponit  une  vérité 
improbable  ,  pour  délîgner  une  vérité  qui  elT:  au  dcllus 
de  la  raifonj  qui  ne  peut  pas  être  prouvée  par  le  rai- 
fonncment. 

ÎMPROBATION.  f.  f.  Improbado.  C'eft  Tadion  d'im- 
prouver  une  chofe.  îfT  Ce  mot  ell  nouveau  ,  mais 
employé  par  les  meilleurs  Auteurs.  M.  Nicole  ,  dans 
fon  f^  vol.  des  Ellàis  de  Mor.  dit  qu'il  faut  peu  (e 
foucier  de  Viruprobacion  des  hommes.  M.  l'Abbé  du 
Guet  dit  qu'un  Prince  qui  commence  à  être  amolli 
jparla  Harterie  ,  ne  coniidère  la  retenue  de  ceux  qui 
n'imitent  pas  Tes  flatteurs,  que  comme  une  Iccrette 
improbation ,  comme  une  efpèce  de  malignité  «5,:  d'en 
vie ,  Se  comme  un  delir  de  diminuer  la  gloire.  Il  dit 
ailleurs  :  Après  l'amour  des  louanges  ,  vient  la  crainte 
de  Vimprohacion,  Se  l'extrême  lenlibilité  ù  l'égard  de 
la  cenlure  &  du  blâme.  Il  dit  encore  ailleurs  en  par- 
lant de  certains  édits  qu'on  apporte  aux  Parlemeus 
pour  les  enregiftrer  ,  qu'un  morne  lilence  ell;  fouvent 
la  feule  manière  dont  opinent  les  Juges,  Se  que  l'en- 
regillrement  eil:  plutôt  une  marque  dî improbation  que 
de  confentement.  J'ai  lieu  d'être  tranquille  lur  la  ré- 
gularité de  mes  démarches ,  que  Vimprobation  des  Su- 
périeurs ne  peur  rendre  criminelles ,  quand  elles  lont 
réglées  fur  les  loix  de  la  vérité  &  de  la  prudence.  Le 

P.  COURAYER. 

fS'  IMPROBITK.  f.  f.  Du  Latin  improbitas ,  méchan- 
ceté. J'ai  vu  ce  mot  employé  quelque  part.  Siu  quoi 
les  Journaliftes  de  Trévoux  ont  dit  qu'il  n'étoit  pas 
inhabile  à  devenir  regnicole ,  mais  qu'il  n'étoit  pas 
naturaiifé. 

IKTIM-PROMPTU.  C'eft  ainfi  qu'écrit  l'Académie. 
Vaye~{  In  Promptu. 

IMPKOPÈRE.  f.  m.  "Vieux  mot.  Deshonneur  ,  afflic- 
tion. Il  eft  aulli  adj.  &  lignifie  fâcheux,  déshono- 
rant. Gloff.  fur  Maroc. 
UcJImproplre,  en  termes  d'Eglife ,  fe  dit  de  certains 
vcrfets  de  l'écriture  qu'on  chante  le  Vendredi  Saint, 
qui  contiennent  des  reproches  que  J.  C.  fait  aux 
Juifs.  Popule  meus  quidjeci  dbi ,  Sec.  De-là  il  le  dit 
par  extenùon  de  tout  reproche  injurieux  Le  C.  Nor- 
ris  a  recueilli  15  j  Impropères  vomis  par  les  Jéluites 
contre  S.  Auguftin.   Nouv.  Eccléf. 

La  quatrième  &  dernière  Chapelle  que  l'on  trouve 
dans  rÉglifc  du  S.  Sépulcre  à  Jérufalem  ,  cil  celle 
qu'on  nomme  la  Chapelle  de  VImpropire.  On  la 
trouve  après  avoir  monté  quelques  degrés  au-dellus 
du  lieu  où  la  croix  de  Jélus  Chrill  fut  trouvée  du  tems 
de  Conftantin.  Elle  eft  aux  Abiifins.  L'on  y  voit  fous 
l'autel  le  bouc  de  la  colonne  fur  laquelle  on  fit  alleoir 
le  Sauveur  lorfqu'i!  fut  couronné  d'épines  :  ce  mor- 
ceau eft  d'un  marbre  grisâtre,  de  dix  palmes  de  cir- 
cuit, &:  de  trois  de  hauteur  ou  environ.  Mém.  des 
Miss,  du  Lev.  T.  V ,  p.  ^.f,  ^j.  Impropère  n'eil 
plus  ullté. 

Ce  mot  vient  du  La.tiu  Improperium ,  qui,  dans  la 
baffe  Latinité ,  lignifie  reproche ,  acculation. 

IMPROPÉRER,  v.  a.  Du  Latin  improperare,  repro- 
cher. Quant  à  la  pelade  ,  dit  le  Duc  de  Mayenne , 
que  certains  politiques  m'ont  voulu  i/Tz/To^^rcT,  ils  en 
ont  menti ,  les  méchans  ;  ce  n'eil  que  certaine  cha- 
leur de  foie  que  les  Médecins  appellent  alopécie  ,  à 
laquelle  moi  &  les  miens  fommes  fujets.  Sat.  Mén. 
t.  r^  p.  4p. 

Le  verbe  impropérer  commençoit  à  vieillir  d's 
le  temps  de  Nico  ,  puifqu'il  conlcille  de  ne  pas  s'en 
fervir.  Il  eft  aujourd'hui  entièrement  hors  d'ulâge , 
à  moins  que  ce  ne  foit  dans  le  ftyle  burlefque. 

IMPROPRE,  adj.  de  t.  g.  Mot  qui  ne  convient  pas 
à  une  chofe ,  qui  ne  l'explique  pas  allez.  Improprius. 


I  M  P 

Un  ftyle  devient  obfcur,  quand  on  fe  fcrt  de  mots 

impropres 
ifT  Ce  terme  n'eft  relatif  qu'au  langage,  pour  défî- 
gner  un  mo:  qui  rend  à  la  vérité  une  idée ,  mais 
impartaitem.nt ,  Se  de  façon  qu'il  manque  quelque 
chofe  a  la  juffellc  ou  à  la  vérité  de  l'exprellion.  'I 

Ce  que  les  Grammairiens  appellent  diplitongue  im-  * 
propre,  c'eft-à  dire  ,  un  allemblage  de  voyelles  qui 
ne  font  point  entendre  plulieurs  fons  confccutits  , 
mais  un  Ion  unique  Se  Umple  ,  ai  dans  mais ,  ne 
pejt  être  appelé  diphtongue  m  proprement.ni  impro- 
prement. Ce  n'ell  une  diphtongue  que  pour  les  yeux. 

IMPROPkEMENT.  adv.  D'une  manière  qui  n'eit  pas 
propre ,  convenable  j  impropric.  La.  toute-puillance 
ne  le  dit  proprement  que  de  Dieu  :  quand  on  l'attri- 
bue aux  hommes  ,  c'eil  parler  ïmpropremenc. 

IMPROPRETii.  1.  f.  Inhabileté.  Son  père  jugea  par  ce 
coup  d'efiai  de  Vtmproprcté  qu  il  avoit  à  la  finance. 
Ecole  du  monde.  Ce  mot  n'elt  pas  françois ,  Se  on 
ne  doit  pas  scn  fervir. 

IM  P  R  O  l' R 1 E  T  £.  f.  f.  Qualité  de  ce  qui  n'eft  pas 
propre.  Impropnum.  Les  Grammairiens  remarquent 
trois  fortes  de  fautes  dans  le  langage ,  le  folécilrae  , 
le  barbarifme  Se  V impropriété ,  qui  fe  commet  quand 
on  ne  s'eft  pas  Icrvi  d  un  mot  propre  ,  Se  qui  ait 
une  lignification  convenable.  Ce  terme  ne  fe  dit 
qu'en  parlant  du  langage,  h' impropriété  de  l'es  ex- 
prellions  rend  Ion  ftyle  oblur. 

IMPROVISEE,  avec  la  particule  à\  Se  l'article  fe  dit 
adverbialement  de  ce  qui  arrive  lubitement  j  Se  fans 
qu'on  s'y  attende.  Ex  improvifo.  Cet  homme  efl 
furvenu  a  ïimprovijie.  On  a  attaqué  les  ennemis  à 
Vimprovijle ,  ils  n'ont  pas  eu  le  loihr  de  fe  mettre 
en  défenfe.  Quoique  ce  mot  foit  pris  de  l'Italien  , 
il  eft  tellement  naturahfé  François,  qu'il  eft  plus 
élégant  qu'à  l'impourvû.  "Vau  Rem. 

IMPROU'VER.  V.  ach  défipprouver.  Improbare.  L'É- 
ghfe  improuve  les  bals ,  Se  les  affemblces  nocturnes, 
qui  font  des  occafions  de  péché.  Les  délicats  improu- 
vent plulieurs  mots  par  caprice  ,  qui  font  bien  Fran- 
çois ,  Se  néceiîaires  dans  la  langue.  On  le  laiife  al- 
ler par  complailance  à  taire  plulieurs  chofes  qu'on 
improuve,  que  l'on  condanme  foi-même.  F'oyc:^  dif-_ 
approuver. 

Improuvé  j  ée.  part. 

IMPRUDEAIMENT.  adv.  Avec  imprudence,  Impru- 
denter.  Il  a  découvert  imprudemment  le  fêcret  de  ion. 
ami.  Se  conduire  imprudemment ,  parler  imprudem- 
ment. Il  elt  tombé  imprudemment  dans  cette  em- 
bufcade.  Il  a  marché  imprudemment  fur  un  ferpent. 

IMPRUDENCE,  f.  f.  Manque  de  précaution,  de  ré- 
flexion ,  de  délibération ,  de  prévoyance  ,  c'eft-à- 
dire  de  cette  vertu  qui  éclaire  1  intelligence  Se  rè- 
gle la  volonté  :  de  cette  lage  circonlpection  qui  rè- 
gle les  lentimens  ,  les  paroles  Se  les  aétions.  f^oyer 
PRUDENCE.  Imprudentia.  C'eft  une  imprudence  de  pro- 
duire un  titre  qui  d;truit  la  prétention.  On  accufe 
A'imprudence  celui  qui  met  une  arme  entre  les  mains 
d'un  lurieux.  L'imprudence  ne  s'excule  point  dans 
un  Amballadeur.  Wicq,. 

îC?  Imprudence  lignifie  aulîl  une  aéfion  contraire  à 
la  prudence.  Faire  une  grande ,  une  légère  impru- 
dence, de  grandes  imprudences. 

IMPRUDENT,  ENTE.  adj.  Qui  manque  de  pruden- 
ce ,  qui  n'apporte  pas  les  précautions  néceflàires  j 
pour  examiner  l'événement ,  les  confequences  des  I 
chofes.  Imprudens.  Ne  vous  confiez  point  aux  gens  1 
imprudens.  Il  y  a  des  extrémités  où  il  laur  donner  " 
beaucoup  à  la  fortune  ,  &  où  l'on  peut  être  impru- 
dent du  confentement  même  de  la  prudence.  Bal. 

IMPUBÈRE,  f.  Terme  de  Droit,  fe  dit  des  entants 
qui  n'ont  pas  atteint  l'âge  de  puberté  ,  c'eft  à-dire  , 
l'âge  de  14  ans  pour  les  garçons,  év'  de  li  pour 
les  filles.  Impuber.  Un  Impubère  ne  peut  être  éman- 
cipé ,  il  eft  toujours  tous  la  puillan^e  d'un  tuteur, 
il  ne  peut  faire  Teltament.  Un  impubère  ne  peut  être 
accufé  ,  ni  puni  en  Jullice.Les  impubères  ne  font  point 
admis  à  dépofer  en  Juftice.  ^CT  Quand  il  eft  dans 


i 


I  M  P 

.  l'enlâiicc  ,  ou  proche  de  l'enfance  ,  parce  qu'alors 
il  li'dl  pis  capable  d'cmc-mlciucnt.  Mais  les  .:;/2L;a^e  ■ 
rds  qui  l'ont  piochçs  de  la  liberté ,  peuvent  ètie  pu- 
nis des  crimes  qu'ils  commettent ,  parce  qu  ils  (ont 
fuppofcs  capables  d'entendement,  6c  doll  capaces. 
Nou)  fuivons  en  cela  la  difpoiition  des  Loix  Uo- 
main.-s,  de  façon  pourtant  que  les  Juges  doivent 
toujours  avoir  égard  à  la  foiblcile  de  leur  âge ,  & 
en  coiiléquence  adoucir  la  rigueur  de  la  peine.  Jcà 
tamcn  pxns,  acrocicas  mïdgetur  Ataùs  commifcraùonc. 
Un  Oriicial  ne  Içauroit  connoître  du  mariage  de> 
impubères  ,  li  l'un  d'eux  eft  mort  avant  la  puberté. 
Voye^  FÉvRKT  de  l'abus,  L.  V.  C.  I.  an.  i. 

IMPUDEMMEInIT.  adv.  D  une  manière  impudente. 
Jinpudenter ,  confidenter.  Ce  chicaneur  a  produit 
impudemment  un  faux  titre  de  Noblelle.  Parler  im- 
pudiminent. 

IMPUDENCE,  f.  f,  |Cr  Manque  de  pudeur  pour  foi- 
même,  &c  de  relpett  pour  les  autres.  C'eil,  dit  La 
Bruyère,  une  profeillon  ouverte  d'une  plaifanterie 
outrée,  comme  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  contraire  à  la 
bientéance.  C'eft  une  eifronterie  exceilive  qui  hit 
qu'on  brave  toutes  les  loix  de  la  bieniéance  ,  & 
qu'on  fe  porte  de  gaieté  de  cœur  à  des  actions  qui 
offenfent  l'honnêteté  publique.  Impudentïa.  Voyez 
Pudeur.  Parler,  mentir  avec  Impudence.  C'eft  une 
inligne  Impudence.  Le  vice ,  quoique  triomphant 
dans  le  monde,  efc  encore  réduit  à  fe  déguifer  l'jus  le 
mafque  de  Thypocrilie,  ou  de  la  faulle  probité  ,  pour 
s'attirer  une  ellime  qu'il  n'oie  elpérer  en  le  montrant 
à  découvert.  Ainli  j  malgré  toute  Ion  Impudence ,  il 
rend  un  hommage  forcé  à  la  vertu ,  en  voulant  fe 
parer  de  ce  qu'elle  a  de  plus  beau ,  pour  recevoir  les 
honneurs  qu'elle  fe  hit  rendre.  FÉnel.  Uimpudence 
d'un  Anglois  ell  fière  Se  chagrine  ;  celle  d'un  £collois 
cil  intraitable  &  avide  ^  celle  d'un  Irlandois  elè  ridi- 
cule &  riatteule.  Le  Spectateur.  L'impudence  d  un 
Breton  du  midi ,  ou  du  nord ,  n'a  prefque  jamais  rien 
de  divertillant  ;  mais  celle  d'un  Irlandois  eft  toujours 
grotelque.  Id. 

Impudence  fe  dit  aulïï  des  adions  &  des  paroles  impu- 
dentes. Il  mérite  d'êtte  châtié  pour  les  impudences. 
Ac.  Fr. 

|C?'  Impudence  ,  en  Mythologie.  Les  Athéniens  en 
avoient  fait  une  Décile  ,  &:  lui  avoient  bàii  un  tem- 
ple. On  lui  conlacroit  la  perdrix ,  comme  le  lymboie 
de  l'impudicité.  Ce  n'étoit  pas  j  lans  doute  ,  pour  Ho- 
norer ce  vice  ,  qu'on  lui  batilloit  un  temple  a  Athè- 
nes. On  conlacre  les  vertus  &  non  pas  les  vices. 
Quand  les-Romains  lacrihoient  à  la  Fièvre  ,  à  la 
Peur,  c-'c.  c'étoit  moins  pour  les  honorer  que  pour 
les  détourner  de  leur  être  nuilibles. 

03- IMPUDENT  ,  ENTE.  adj.  Qui  manque  de  pudeur, 
qui  commet  avec  une  hardiefle  inlolente  des  aifcions 
dont  il  devroit  rougir.  Jmpudens.  Homme  impudent. 
Femme  impudente. 

On  le  dit  de  même  des  aâions  &  des  ditcours  qui 
'blellent  la  pudeur.  Achon  impudente.  Dilcours  im- 
pudent. 

Il   s'emploie   aulïï    quelquefois    fubftantivement. 
C'eft  un  grand  impudent.  Ac.  Fr. 

IMPUDICITÉ.  f.  f.  Vice  oppofé  à  la  chafteté ,  à  la  pu- 
deur, f^oye-^  ces  mots.  Impudicitia.  L'Lgiile  de  tout 
tems  a  eu  en  horreur  ï Impudicité.  Hélène  par  fon 
impudicité  a  mis  en  feu  toute  l'Alie. 

^  IMPUDIQUE,  adj.  de  t.  g.  Qui  fait  des  chofes  con- 
traires à  la  chafteté ,  à  la  pudeur.  Impudicus.  Homme 
impudique.  Femme  impudique.  On  le  dit  de  même  de 
tout  ce  qui  bielle  la  chafteté.  Dilcours  ,  regards  j 
geftes  impudiques.  Pofture  ,  chanlons  impudiques. 

iMPUDiCiUE,  eftaulli  lubft.  C'eft  \x\\  impudique.  Les  im- 
pudiques étoient  inhmcs  lelon  les  loix  Grecques  & 
Romaines.  FoyciVlpien  ,  L.  I  ,§.(>.  de  pojlul.  Dé- 
mofthène  nous  apprend  qu'il  ne  leur  étoit  point  per- 
mis de  parler  en  public ,  ni  d'approcher  des  temples. 

f^G'  Ce  mot  impudique  ne  le  dit  plus  guère  dans  le 
ftyle  noble ,  parce  qu'il  préfente  une  idée  qui  ne  l'eft 
cas.  '  * 

ÎMPUDIQUEMENT.  adr.  D'une  manière  impudique. 

Tome  V, 


I  M  P  107 

Impudicc.  Cette  femme  a  été  authentiquée  &  enfer- 
nue  dans  un  Monaftère  pour  avoir  vécu  impudique- 
ment  pendant  Ion  mariat,c. 

IMPUGNEH.  V.  a.  Attaquer,  combattre  une  doftrine , 
un  Icntimcntj  une  propofition.  CO'On  ne  le  dit 
guère  que  dans  les  dilpures  en  matières  de  doctrine  , 
ou  en  ft)(le  de  Palais.  Impuipiare.  Quand  on  propofe 
des  thèics,  il  eft  permis  a  tout  le  monde  de  les  im- 
pugner.  Quand  on  impugne  une  vérité  que  vous  fou- 
tcnez,  plus  on  vous  allègue  de  raifons  pour  la  com- 
battre ,  plus  vous  vous  ciTorcez  d'en  chercher  pour  la 
défendre.  Régnier.  Impugner  an  titre ,  unaéte. 

Lmpugné,  ée.  part. 

IMPUISSANCE,  i;  f.  Manque  de  force ,  défaut  de  pou- 
voir ou  de  moyens  pour  faire  une  chofe.  Impotentia. 
Vous  voyez  mafoiblelle,  ou  p\\itot  mon  impuijfance 
à  tenir  contre  tant  de  charmes.  S.  ÉvR.  Je  fuis  dans 
iimpuijjance  de  m'acquitter  de  tant  de  bienfaits.  Ce 
plaideur  s'eft  accommodé  ,  dans  ïimpuiJJ'ance  où  il 
s'eft  trouvé  de  pouiiuivre.  Chacun  cherche  à  excufer 
u  parelle  dans  la  pratique  de  la  vertu ,  par  un  pré- 
texte À'impui£ance.  Flech.  La  colère  d'un  Auteur  eft 
un  loupçon  de  fon  impuijfance  à  répondre  :  il  ne  vo- 
mit des  injures  que  pour  luppléer  aux  défauts  de  fes 
railons.  S.  ÉvR. 

On  diftingue  dans  l'Ecole  une  impuijfance  abfolue 
de  une  impuijfance  relative.  La  première  eft  celle  par 
laquelle  on  ne  peut  faire  une  chofe  en  quelque  état 
&c  en  quelques  circonftances  que  l'en  fè  trouve.  La 
féconde  eft  celle  qui  dépend  de  l'état  &c  des  circonf- 
tances où  l'on  eft.  Un  homme  ne  peut  s'élever  en 
l'air  Se  voler  comme  un  oifeau  :  c'eft  pour  lui  une 
impuijjance  abfolue.  Un  homme  lié  &:  garotté  ne 
peut  courir  ,    ce  n'eft  qu'une   impuijjance  relative. 

05°  Sous  la  grâce,  l'homme  n'eft  jamais  dans  l'impuillàn- 
ce ,  ni  ablolue ,  ni  relative  d'y  rélîfter  :  fans  la  grâce ,  il 
n'eft  jamais  dans  l'impuiirancCj  ni  abfolue,  ni  rela- 
tive de  faire  le  bien ,  parce  qu'après  le  péché  d'Adam  , 
le  libre  arbitre  de  l'homme  n'a  point  été  éteint.  Mais 
fans  la  grâce  il  ne  voudra  jamais  faire  le  bien ,  parce 
que  c'eft  elle  qui  donne  le  vouloir  &  le  faire.  Ainli 
l'homme  elt  toujours  libre  pour  faiie  le  bien  ,  fous  les 
mouvcmens  de  la  concupilcence;  &z  pour  ne  pas  le 
faire  ,  lous  les  mouvemens  de  la  grâce  ;  parce  que  fous 
l'une  &  fous  l'autre  il  a  toujours  le  libre  arbitre  , 
c'eft  à-dire  la  faculté  d'agir  ou  de  ne  pas  agir. 

Impuissance  en  Jurilprudence,  fignihe  Défaut  naturel 
qui  rend  inhafile  à  la  génération.  Les  Décrétales 
marquent  trois  caufes  d'impuijjànce ,  la  frigidité ,  le 
maléfice,  &  ïim.puijfance  à  l'aClie.  L'impuijfance  eft 
une  caufe  de  nullité  d  un  mariage  §Cr  quand  elle  eft 
perpétuelle,  &  fans  aucune  efpérance  de  guérifon, 
telle  que  celle  des  Eunuques.  Mais  l'impuijfance  tem- 
porelle ou  momentanée ,  n'eft  pas  un  empêchement 
dirimant  ,  parce  qu'elle  n'empêche  pas  abfolumenc 
que  le  mariage  n'ait  la  fin  pour  laquelle  il  a  été  infti- 
tué ,  puifqu'ii  y  a  efpérance  qu'elle  finira.  On  prou- 
voit  ci  devant  V impuijjance  par  le  congrès,  qui  a  été 
très  fagement  aboli.  Quand  l'impuijfance  du  mari  eft 
notoire  ,  pourquoi  obliger  une  femme  à  confumer 
de  triftes  années  auprès  d'un  mari  qui  a  trompé  l'on 
innocence ,  &c  l'cxpofer  aux  bilarreries  que  lui  inlpire 
la  confufion  de  fa  foilblelîé?  C.  B. 

Jamais  la  biche  en  rut  n'a, pourfaic  d'impuillance. 
Tiré  du  fond  des  bois  un  cerj  à  l'audience.  Bon. 

IMPUISSANT,  ANTE.  adj.  iO- Impotens.  Qui  n'a 
point  de  pouvoir,  qui  eft  fans  force,  qui  n'en  a  pas 
alFez.  Un  ennemi  foible  &  impuifjant.  Il  fe  dit  plus 
ordinairement  des  chofes  qui  ncpeuvent  produire 
aucun  effet.  Ceux  qui  emploient  la  force  à  la  conver- 
fion  des  hommes,  avouent  par  cette  conduite  que 
leurs  raifons  font  impuijfantes  à  perluader.  Le  Cl. 
Faire  des  eftorts  impuifjans.  Tous  les  efforts  que  vous 
m'ofaez  font  impuijjans.  Malgré  l'union  de  l'ame  & 
du  corps,  l'on  demeureroit  immobile  ,  fi  Dieu  n'ac- 
cordoir  ins  volontés  toujours  efîicaces  avec  nos  ef- 
forts toujours  irnpuijfans.    Maleb. 

Et  que  peut  contre  nous  une  impuilTànte  haine?  Rac. 

Oij 


o8 


ï  M  P 


Quoi!  je  fuis  réduite  à  ne  me  venger  que  par  une 
haine  obfcure  Se  des  vœux  impuijfans.  Corn. 

Ce  qu'on  appelle  fagejfe, 

N'ejl  que  l'effet  de  la  foibleffe 

Qui  rend  nos  dejirs  impuiUans.   Pav. 

Impuissant,  fe  die  en  Jurifprudence  de  ceux  qui  font 
inhabiles  CCFpour  la  gcnL-ranon  ,  qui  n'ont  jamais 
les  fcnfations  néceifaires  pour  remphr  le  devoir  con- 
jugal, ^oyeç  Impuissance  en  Juritprudence. 

Il  y  a'des  femmes  impuijjanccs  auili  bien  que  des 
hommes.  Cette  femme  a  rait  calfer  fon  mariage,  à 
caule  que  fon  m-xns'e'A.uonYèimputffant.Le.  Magiftrat 
interpole  fon  autorité  pour  empêcher  qu'un  ïmpmj- 
fant  n'abufe  du  mariage,  fous  prétexte  d'une  faculté 
naturelle  qui  ne  lui  appartient  pas.  G.  G.  Le  Pape 
Alexandre  III  a  décide  que  li  la  iemme  cil:  impuif- 
fante  ,  &  incapable  des  actes  du  mariage  ,  propcer 
ivxlitudïnem  ^  on  peut  procéder  à  la  dillolution. 
Ce  mot  vient  du  Latin  impotens. 

IMPULSIF,  IVE.  adj.  Qui  agit  par  impulfion.  Impel- 
lens.  M.  Newton  exphque  tous  les  phénomènes  de 
la  Nature  par  des  forces  attradives  in:  Lmpulfives. 
J\'>ye\  Impulsion.  _^ 

IMPULSION,  f  f.  §3"  Adion  d'un  corps  qui  en  poulfe 
nn  autre;  mouvement  qu'un  corps  communique  ,  ou 
tend  à  communiquer  à  un  autre  par  le  choc.  Impul- 
fio.  Les  ailes  d'un  moulin  ne  tournent  que  par  i  im- 
pulfion du  vent,  de  l'eau  ,  ^c.  Le  mouvement  n  étant 
point  ellentiel  à  la  matière ,  elle  n'y  peut  être  déter- 
minée d'elle-même  j  &■  lans  une /ot^p/^^/li/z  qui  vienne 
du  dehors.  Val.  L'eau  écoit  pouilce  fort  haut  par  la 
force  de  Vimpulfion  des  pillons.   Perrault. 

Impulsion  ,  fe  dit  aullî  au  figuré ,  pour  iollicitation  prel- 
fante.  Il  a  fait  cette  méchante  action  par  Vimpulfion 
de  lEfprit  malin.  Les  tranfports  d'une  ame  qui  fe 
lent  mue  par  des  impulfions  divines ,  ne  peuvent  être 
compris  que  par  l'expérience.  Bo  s  s.  La  même  Pro- 
vidence qui  faifoit  écrire  les  Evangéliftes  divinement 
&  par  Wmpulfwn  de  l'Efprit  de  Dieu,  a  voulu  qu'ils 
écrivilfent  en  hommes ,  &:  comme  on  écrit  parmi  les 
hommes.  Pélisson. 

IMPUNÉMENT,  adv.  Avec  impunité.  Impune.  Les 
grands  crimes  ne  le  commettent  guère  impunément. 
Sera  t-il  permis  .à  l'héréhe  de  ravager  \''É'^\ifi  Impuné- 
ment? S.  EvR.  Vous  êtes  en  pays  de  liberté,  vous 
pouvez  dire  tout  impunément.  On  ne  fe  met  point 
impunément  au-deOus  des  difcours  &  des  jugemens  du 
monde.  La  Pl.  Perfonne  ne  veut  être  olfenfé  impuné- 
ment. FlÉch.  On  f.iit  (ouvent  du  bien  pour  pouvoir 
impunément  faire  du  mal.  La  Roch.  Comme  il  n'y  a 
rien  de  plus  délicat  que  l'clprit  humain ,  on  ne  lui 
déplaît  pas  impunément.  Cl.  Il  ne  faut  pas  faire  tout 
ce  qu'on  peut  faire  impunément.  S.  EvR.  On  peut 
Hientir  impunément  dans  une  épître  dédicatoire.  G.  G. 
La  Médecine  eft  l'art  de  tuer  les  hommes  impuné- 
ment. Abl.  Il  y  a  bien  des  chofes  qu'on  peut  faire 
impunément ,  &  que  la  bicnféance  ne  permet  pas. 
Bell. 

Horace  à  la  fatyre  ajouta  l'enjouement  ', 

On  ne  Jutplus  ni  fat ,  ni_/ôf  impunément.  Bon. 

LupuNÉMENT  s'applique  auffi  à  diverfes  chofes,  pour 
dire  fans  qu'il  en  arrive  aucun  inconvénient.  Ainfi 
en  parlant  d'un  homme  d'une  famé  délicate ,  qui  ne 
peut  faire  le  moindre  excès  fans  qu'il  s'en  trouve  in- 
commodé ,  on  dit  que  c'eft  un  homme  qui  ne  fauroit 
faite  impunément  le  moindre  excès.  Ac.  pR.  ifT  Le 
vulgaire  peut  pécher  impunément  ;  fes  fautes  ne  tirent 
point  à  conféquence  -,  mais  les  défauts  des  grands 
hommes  font  contagieux  ;  c'cll  une  mal.adie  qui 
gagne. 

IMPUNI, lE.  adj.  Qui  demeure  fans  punition,  fins  ven- 
geance. Impunitus.  La  Juftice  divine  ne  lailfe  pas 
toujours  le  vice  impuni,  ni  la  vertu  toujours  malheu- 
rcufe.  S.  EvR.  sl^  Cette  aétion  eft  trop  noire  pour 
demeurer  impunie.  On  ne  le  dit  que  des  fautes ,  des 
crimes. 


I  M  P 

IMPUNITÉ,  f  f.  Manque  de  punition  de  la  part  de 
ceux  qui  ont  le  pouvoir  en  main.  Impunitas.  C'eft 
l'eipérance  de  {'impunité  qui  excite  les  méchans  à 
faire  -des  crimes.  On  promet  {'impunité  à  un  coupa- 
ble ,  pour  lui  faire  révéler  ies  complices.  Il  gagna  l'a- 
m'me  àesiolàdxs  ç?x\' impunité.  Abl.  On  peut  quel- 
quefois chercher  un  tempérament  judicieux  entre 
l'entière  impunité ,  ôc  la  févéritc  tom-à-fait  exaéle. 
Herman.  L'impunité  des  crimes  alkmbla  les  pre- 
miers habitans  de  Rome.  S.  Évr.  Combien  de  gens 
à  qui  l'impunité  tient  lieu  de  juftice  Se  de  raifon  ! 
Mont.  L'impunité  &c  la  licence  de  tout  croire,  jet- 
tent la  confulion  dans  la  fociété.  S.  ÉvR. 

Tous  les  jours  à  la  Cour  un  fit  de  qualité , 
Peut  juger  de  travers  avec  impunité.  Boil. 

IMPUR,  IMPURE,  adj.  Qui  n'eft  pas  net  &  féparé  de 
ies  ordures,  ou  du  mélange  d'autres  corps.  Impurus. 
Tous  les  métaux  font  impurs  au  iortir  de  la  mine, 
avant  qu'ils  aient  été  affinés  &c  épurés. 

Impur,  fe  dit  encore  en  Médecine  des  corps  chargés 
de  mauvailes  humeurs  qui  caufent  ies  maladies.  Ce 
corps  étoit  bien  impur,  il  fa  fallu  purger  plufieurs 
fois  pour  le  nettoyer. 

Impur  ,  le  dit  hgurément  en  chofes  fpirituellcs  &  mora- 
les. Une  vie  impure.  Le  péché  rend  une  ame  impure 
ik  fouillée.  Une  bouche  impure ,  qui  dit  des  chofes 
obfcènes.  Amour  impur,  impudique. 

On  dit  aullî  pour  vanter  une  ancienne  Noblefte 
qui  ne  s'eft  point  méfalliée ,  qu'il  n'eft  point  entré  de 
lang  impur  dans  cette  Maiion. 

îfT  IMPURETÉ.  1.  f.  Impuritas.  Ce  qu'il  y  a  d'impur  , 
d'étranger  dans  une  chofe.  Le  but  des  opérations  chi- 
miques ,  eft  de  purger  les  corps  phyiiques  de  leurs 
impuretés ,  d'en  tirer  ce  qu'ils  ont  de  bon  &  d'eifen- 
tiel,  en  le  féparant  d'avec  leurs  fèces  &  leurs  impure- 
tés. L'impureté  des  métaux  le  corrige  par  le  feu.  En 
filtrant  les  liqueurs  on  en  ôte  les  impuretés.  Ce  mot 
eft  fouvent  employé  en  Médecine,  pour  délîgner  les 
fucs  de  mauvaife  qualité  qui  font  le  produit  des  mau- 
vailes digeftions ,  ou  qui  dépendent  d'ime  altération 
générale  des  humeurs. 

§Cr Impureté  ,  en  morale,  fynonime d'impudicité ,  le 
dit  en  général  de  tout  ce  qui  eft  contraire  à  la  chafteté. 
La  fornication,  l'adultère,  l'incefte ,  les  regards  laf- 
cifs,  les  attouchemens  déshonnêtes ,  les  peniées  fales  , 
les  dilcours  oblcènes ,  &c ,  font  des  diftérentes  efpèccs 
A'impureté,  Le  péché  d'impureté  eft  celui  qui  eft  op- 
pofc  à  la  chafteté.  Les  Payens  ne  croyoient  pas  que 
l'impureté  déplut  à  leurs  dieux  qui  s'y  abandonnoient 
eux  mêmes.  Port- Royal.  L'impureté  du  ftyle  déf- 
lionore  l'Orateur. 

On  appeloit  Impureté  légale  ,  celle  que  l'on  con- 
tradoit  en  faifant  certaines  chofes  défendues  par  la 
Loi  des  Juifs.  Acad.  Fr. 

t^-IMPUTABILITÉ.  f.  f.  Terme  dogmatique,  qui 
fignifie  la  qualité  d'une  adion  qui  eft  imputable  en 
bien  ou  en  mal    f'oye^  les  art.  fuiv.  &:  Imputer. 

§3° IMPUTATIF,  IVE.  adj.  Juftice  imputative.  Terme 
uhté  parmi  les  Théologiens  Proteftans  ,  qui  enfei- 
gnent  que  nous  ne  fommes  juftifiés  que  par  une  fim- 
ple  imputation  des  mérites  de  J.  C.  au  lieu  que  les 
Catholiques  dilent  que  nous  le  fommes  par  la  charité 
que  le  S.  Eiprit  répand  dans  nos  âmes.  Calvin  établit 
les  mêmes  principes  que  Luther ,  lùr  la  juftice  impu- 
tative. 
IP"  IMPUTATION,  f  f.  Terme  de  Finance  &  de  Pra- 
tique. Compenlation  d'une  fomme  avec  une  autre, 
déduction  d'une  fomme  iur  une  autre.  Compenfitio ^ 
deduclio.  On  fait  l'imputation  de  ce  qu'on  a  payé  de 
trop  d'arrérages  fur  le  principal.  L'imputation  de  ce 
qu'on  a  payé  pour  les  intérêts  d'une  fomme  qui  n'en 
produit  point ,  le  fait  fur  le  capital. 
Imputation  ,  hgnihe  aufti  l'accuiation  qu'on  fait  par 
foupçon,  lans  preuves.  Imputatio.  L'imputation  qu'on 
avoit  faite  à  cet  acculé,  s'eft  trouvée  faulle  &  mal 
fondée.   Il  n'y  a  point  d'imputation  odieufe  dont  il  ne 

i       les  charge.  Dissekt. fur l'^-^bb.  de  S. Bénin,  p.  2} y. 


i 


î  M  P 

Imputation  ,  cftauiH  un  renne  dogmatique,  fort  ufitc 
clicz  les  Théologiens  l'ictciidiis  Rétormés  ,  &:  donc  les 
Théologiens  Catholiques  le  (ei-vcnt  loifqu'ils  réfutent 
leur  hérélie.  Vbiei  comme  les  Hérétiques  expliquent 
Jcais^cntimens  llir  ce  terme.  Ils  dilent  qu'il  (é  prend 
en  bonne  ik  en  mauvaiic  part.  Loilqu'il  le  piead  eu 
mauvaife  part,  Vinipuuuion  eft:  l'attribution  d'un  pé- 
ciié  qu'un  autre  a  commis.  L'imputiicio/i  du  jiéclié 
d'Adam  a  été  faite  à  la  pofterité  ,  parce  que  par  l\ 
chute  tous  fcs  delcendans  font  devenus  criminels  dj- 
vantDieUj  comme  s'ils  étoient  tombés  eux-mêmes, 
Se  qu'ils  portent  la  peine  de  ce  premier  crime.  L'im- 
putacion ,  lorlqu'on  la  prend  eu  bonne  part,  ell;  l'ap- 
plication d'une  juflice  étrangère.  La  julHce  de  J.  C. 
nous  eft  imputée,  parce  qu'on  s'applique  les  mérites 
Se  le  prix  de  (es  iouilrances  :  ainh  les  Mérétiques  en- 
tendent par  cette  imputation  de  la  juilice  de  JÉsus- 
Christ  ,  une  juftice  extrinlequc.  Se  qui  ne  nous  rend 
pas  véritablement  juftes,  mais  qui  nous  fait  feulement 
paroître  tels ,  qui  cache  nos  péchés ,  mais  qui  ne  les 
ertace  pas.  C'ell  pour  cela  que  les  Catholiques  ne  le 
fervent  point  du  terme  ^'imputation.  Ils  diknt  avec 
l'Éghle,  &  félon  les  exprcllioiis  même  de  l'Écriture  , 
que  la  grâce  juftifiante  qui  nous  applique  les  mérites 
de  JÉSUS  Christ  ,  non  feulement  couvre  nos  péchés , 
mais  qu'elle  les  eftace;  que  cette  grâce  eft  intrinfeque 
&  inhérente,  qu'elle  renouvelle  entièrement  l'inté- 
rieur de  l'homme  ,  ilx:  qu'elle  le  rend  pur  &  jufte  ,  Se 
lans  tache  devant  Dieu ,  Se  que  cette  juftice  inhérente 
lui  eft  donnée  à  caufe  de  la  juftice  de  Jésus-Christ  , 
c'eft-à-dire  par  \ei  mérites  de  la  mort  &  de  la  palHon. 
Ce  n'eft  qu'en  ce  l'cns  que  les  Catholiques  pourroicnt 
fouffrir  le  terme  d'imputation  ,  s'ils  étoient  obliges  de 
s'en  fcrvir.  En  un  mot ,  il  eft  vrai  que  c'eft  l'obéif- 
fance  de  JÉsus-Ciip.ist  qui  nous  a  mérité  la  grâce 
julli.'iante  ;  mais  ce  n'eft  pas  l'obéiftànce  de  Jésus- 
Christ  qui  nous  rend  lormcUemeiu  juftes  :  Sz  de  la 
même  manière ,  ce  n'eft  point  la  délobéiftince  d'A- 
dam qui  nous  rend  formellement  pécheurs ,  quoique 
ce  loit  cette  défobéillânce  qui  nous  a  mérité,  qui  nous 
a  attiré.  Se  le  péché ,  Se  les  peines  du  péché. 

IMPUTER.  V.  a.  Terme  de  finance ,  déduire  (S:  pré- 
compter une  fomme  qu'on  paie ,  fur  une  autre  qu'on 
doit.  Appliquer  un  paiement  à  une  certaine  fomme. 
forti  attrihucre ,  deducere  ex  fumma.  C'eft  au  débi- 
teur de  plufieurs  obligations  ,  qu'il  eft  permis  d'im- 
puter les  menus  payemens  qu'il  fait  fur  telle  des  det- 
tes qu'il  veut  choilir.  On  impute  les  ufures  fur  le 
principal  de  la  dette. 

lifPUTER  ,  fignifie  auftî  Attribuer  à  quelqu'un  quelque 
chcfe  digne  de  blâme.  Imputare.  Néron  fit  imputer 
aux  Chrétiens  l'incendie  de  Rome  ,  qu'il  avoit  fait 
iâire  lui  même.  Une  aétion  ne  peut  être  imputez  à 
blâme,  lorfqu'elle  eft  involontaire.  Pasc.  Les  Payens 
imputaient  aux  Chrétiens  les   calamités  publicijues. 

LoMBERT. 

La  faute  à  votre  amant  doit-elle  être  imputée  .'*  Moi. 

Les  fautes  d'ignorance  de  fait  ne  doivent  point  être 
imputées.  Avant  la  Loi  le  péché  n'étoit  point  imputé. 

Imputhr  ,  s'emploie  aulli  quelquefois  en  bonne  part. 
Les  fupplices  honteux  qu'on  a  fait  fouftrir  aux  Mar- 
tyrs leur  lont  imputés  à  gloire  ,  à  mérite  devant 
Dieu. 

fer  Le  terme  imputer  pris  de  l'arithemétique  ,  où  il 
fignifie  proprement  mettre  une  fomme  fur  le  compte 
de  quelqu'un ,  conferve  la  même  lignification  en 
morale.  Imputer  une  aûion  à  quelqu'un ,  c'eft  la 
lui  attribuer  comme  à  fon  véritable  auteur,  la  met- 
tre, pour  ainfi  parler  ,  fur  Ion  compte,  &  l'en  ren- 
dre rcfponfable.  Or  il  eft  manifcfte  que  c'eft  une 
qualité  elfenticUc  des  aélions  humaines  ,  en  tant  que 
produites  &  diiigées  par  l'entendement  Se  par  la 
volonté ,  d'être  fufceptiblcs  d'imputation  ;  c'eft- à- 
dirc  que  l'homme  puiftc  en  être  légitimement  re- 
gardé comme  l'auteur  ,  ou  comme  la  caufe  produc 
trice  ,  &  que  par  cette  raifon  ,  on  foit  en  droit  de 
lui  en  faire  rendre  .compte ,  &;  de  rcjettcr  fur  lui 


I  N  109 

les  effets  qui  en  font  les  fuites  naturelles.  En  effet  , 
la  véritable  railbn  pourquoi  un  homme  ne  fauroit  fe 
plaindre  qu'on  le  rende  rcfponfable  d'une  adtion  , 
c'eft  qu'il  l'a  produite  lui  même  ,  le  {achant  Se  le 
voulant.  Prefque  tout  ce  qui  fe  dit  ik  fc  fait  entre 
les  hommes,  fuppolc  ce  principe  communément 
rei,u ,  Se  chacun  y  acquicfce  par  un  fentiment  inté- 
rieur. Burlam. 

On  peut  donc  étabhr  comme  un  principe  incon- 
teftablc  fur  Ymiputabiiité  des  adlions  humaines  ,  que 
toute  adion  volontaire  eft  fufccptible  à' imputation  \ 
ou  ce  qui  revient  au  même  ,  que  toute  aétion  ou 
omiiiion  foumife  à  la  direétion  de  l'homme  ,  peut- 
être  mife  fur  le  compte  de  celui  au  ptnivoir  du- 
quel il  étoit  qu'elle  il-  fit  ,  ou  qu'elle  ne  fe  fit  pas; 
c\;  qu'au  contiaire  toute  adlion  dont  i'exiftence  ou 
la  iion-exiftence  n'a  point  dépendu  de  nous,  ne 
fauroit  nous  être  ï/pputée. 

Mais  il  faut  remarquer  que  de  cela  feul  qu'une 
adtion  eft  imputable ^  A  ne  s'enfuit  pas  qu'elle  mé- 
rite d'être  actuellement  imputée.  L'imputation  Se 
VimputabHité  font  deux  chofes  qu'il  faut  bien  dif- 
linguer.  La  première  j  outre  Vimputabdité ,  fuppofe 
quelque  néceflité  morale  d'agir  ou  de  ne  pas  agir 
dans  une  certaine  manière ,  ou  ce  qui  revient  au  mê- 
me ,  quelque  obligation  qui  demande  qu'on  fafîè 
ou  qu'on  ne  faffe  pas  ce  que  l'on  peut  fiiire  ou  ne 
pas  taire.  C'eft  un  jugement  qui  met  fur  le  compte 
de  quelqu'un  une  .attion  qui  peut  lui  être  imputée  , 
Se  le  rend  rcfponfable  des  bons  ou  mauvais  effets 
qui  en  réfultent.  Voye^  encore  au  mot  Obligation. 

Imputer  ,  en  Théologie  c'eft  attribuer  à  quelqu'un 
une  aétion  qu'il  n'a  pas  faite.  Se  la  mettre  fur  fon 
compte.  On  le  dit  en  bien  Se  en  mal.  En  mal ,  en 
parlant  de  l'attribution  d'une  adfion  qu'un  autre  a 
commife;  en  bien,  en  parlant  de  l'application  dup.e 
juftice  étrangère.  Les  Pioteftans  difent  que  le  péché 
du  premier  homme  eft  imputé  à  les  dcfcendans  , 
parce  qu  ils  font  regardés  &  punis  comme  coupa- 
bles à  caufe  du  péché  d'Adam.  Ce  n'eft  pas  en  dire 
aftez  :  non  feulement  nous  Ibmmes  regardés  év'  pu- 
nis comme  coupables  ,  mais  nous  le  fommes  en  eft'et 
par  le  péché  originel.  Les  Prptcftans  difent  aufli  que 
la  juftice  de  J.  C.  nous  eft  imputée ,  que  la  juftifi- 
cation  fe  fait  par  l'imputation  de  la  juftice  de  J.  C. 
parce  que  fes  foutlrances  nous  tiennent  lieu  de  fa- 
tisfaétion ,  Se  que  Dieu  accepte  fa  mort  comme  fî 
nous  l'avions  fbufterte.  Mais  la  foi  Catholique  en- 
leigne,  comme  l'exphque  M.  de  Meaux  dans  fon  ex- 
pofîtion  de  la  doétrine  de  l'Églife  Catholique  ,  que 
la  juftice  de  J.  C.  eft  non  feulement  imputée  j  mais 
artuellement  communiquée  à  fes  fidèles  par  l'opé- 
ration du  Saint  Efprit ,  eiiforte  que  non  feulement 
ils  font  réputés ,  mais  faits  juftes  par  ù  grâce.  J'a- 
joute que  ce  que  les  Proteftans  difent  fur  la  foi  im- 
putée ,  n'eft  qu'un  verbiage  qui  ne  fignifie  rien. 

Imputé  ,  Ée.   part. 

I  N. 

IN.  Remarquez  que  les  Parifîens  riment  volontiers  in 
Se  inte  avec  ain  Se  ainte  :  c'eft  pourquoi  on  appelle 
ces  fortes  de  rimes  des  rimes  Panjiennes.  Je  ne  les 
blàmc  pas.  Mais  je  ne  voudrois  pas  les  employer. 
Men.  Tout  le  monde  n'eft  pas  fl  délicat  là  -  deffus 
que  M.  Ménage. 

In  eft  une  prépofition  Latine  que  nous  avons  retenue 
au  commencement  de  plufîeuts  mots  fans  la  chan- 
ger en  en  ,  comme  on  l'a  fait  en  plufieurs  autres. 
In  dans  la  compofition  à  deux  fens.  1°.  elle  figni- 
fie dedans  ,  comme  inclufe  ,  incamérer ,  incorporer , 
Se  femblables.  x°.  Elle  a  un  fens  négatif,  comme 
dans  ceux-ci  ,  inaccejjible  ,  inaction  ,  indigejle  ,  & 
quantité  d'autres  qui  fontautorifés  par  l'ufage ,  ou  que 
les  Écriv.ainsfe;permettent  avec  plus  ou  moins  de  fuc- 
cès.  Devant  un  b  ,  une  m  Se  un  p  ,  elle  fe  change  en 
m  :  imbu  J  immédiat ,  impoli ,  Sec. 

Le  P.  Bouhouis  fc  déclare  ouvertement  contre  la 
plupart  des  mots  nouveaux  ou  renouvelles ,  qui  com- 


I  N  A 


IIO 

mencent  par  m  ,  im  ,  ou  ir ,  dont  quelques-uns  néan 
moins  ont  fait  fbitune  depuis.  Voyez  les  Doutes  &: 
fes  Remarques  Jur  la  Langue  Francoife. 

Cette  prepohtion  Latine  elt  aulh  demeurée  fans  au- 
cun chanijCnient ,  &  fans  compodtion  dans  quelqu^-S 
exprellions  Latines  que  Tuiage  a  reçues  &:  établies 
dans  notre  Lingue ,  comme  ïn-gLobo ,  in-folio  j  in- 
quarto  j  in-oclavo. 

On  \x  met  quelquetois  même  avec  un  mot  Fran- 
çois. Ainli  l'on  dit  en  termes  de  Librairie  in-dou'^e , 
m-feb^e ,  in-vingt  quatre.  Informa  duodecima,  ded- 
ma-Jextay  vigejima-quarta ,  pour  marquer  des  livres 
qui  font  dans  ces  formes.  Tous  les  in- 12  de  ma  Bi- 
bliothèque font  dans  ce  cabinet.  Ce  n'cll:  qu'un  petit 
in-fei^e.  Le  nouveau  Teftament  Grec ,  Virgile  ,  Ho- 
race ,  ont  été  imprimés  à  Sedan  in-vingt- quatre.  Les 
livres  imprimes  en  caractères  qu'on  appelle  la  Séda- 
noile  &  la  Nonipareille  ,  lont  ordinairement  des  in 
vingt  quatre.  On  voit  par-la  que  des  lix  lormes  que 
l'on  donne  aux  livres  dans  l'Imprimerie  ,  il  y  en  a 
trois  où  in  le  joint  à  un  mot  Latin ,  &  trois  où  elle  le 
joint  à  un  mot  François.  Voye^  encore  ces  mots  ci- 
dellous  en  leurs  places. 

I  N  A. 

INABA.  Ville  de  l'île  de  Niphon ,  une  de  celles  du  Ja- 
pon. Inaba.  Elle  e(l  dans  la  partie  leptcntnonale  de 
Jamaiftéro  ,  &  elle  ell  Capitale  d'un  Royaume  qui 
porte  Ion  nom.  Maty. 

INABORDABLE,  adj.  Qu'on  ne  peut  aborder.  Une 
côte ,  une  plage  inabordable.  Cette  place  eft  inaborda- 
ble par  terre.  On  dit  fîgurément  qu'un  homme  eft 
inabordable,  quand  il  §3" ne  le  laille  pas  aborder, 
quand  l'abord  en  eft  difficile.  Affatu  difficdis.  Les 
grands  lont  louvent  inabordables.  Voyez  Abord  , 
Accès,  Accueil  &  les  termes  relatifs. 

IN  ACCESSIBILITÉ.  1".  f.  ImpoOlbiUté  ,  ou  grande 
difficulté  d'approcher,  d'aborder. 

A  peine  Clémentine  fe  vit  elle  en  liberté  ,  qu'elle 
ne  fongea  plus  qu'aux  moyens  de  quitter  un  léjour 
qui  lui  reprochoit  lans  cefte  Ion  crime.  Ils  n'étoient 
pas  faciles,  h'inaccejflbdité  de  cette  île  lui  en  devoit 

faire  perdre  la  penlée Hijl.   de  Don  Ranucio 

d' Alétes  ,  t.   2  j  p.  I  oé  ,  I  oj. 

INACCESSIBLE,  adj.  m.  &  f.  Dont  on  ne  peut  ap- 
\-;:)C\\t:..Inaccejjus.  Il  le  dit  également  au  propre  & 
au  figuré,.  Cette  place  eft  inaccejjîble  de  ce  côté-la  ; 
elle  ell  environnée  de  marais,  de  rochers.  Il  y  a  des 
iv.oritagnes  inacceJjicUs.  L'Auteur  de  Polexandre  lut 
l'ilc  d'Alcidiane  inauejfibis.  On  donne  à  ce  mot  un_ 
ducii  pour  régime.  Une  montagne  inaccejjîble  à  tout 
aurre  qua  vous.  Bossi  Rab. 

^G' Inaccessible  en  Géométrie.  Hauteur  inaccejfible , 
qu'on  ne  peut  mefurer  immédiatement  à  caule  de 
quelque  obilacle.  Un  Géomea-e  niclure  de  loin  tou- 
tes les  hauteuts  inaccefjibles. 

^CTIkaccessible  ,  le  dit  aulli  d;s  perfonnes  auprès  def- 
quelles  on  ne  peut  trouver  d'accès.  J^oye^  ce  mot. 
Cet  homme  eft  inaccejflble  à  les  amis.  Les  grands  l'ont 
ordinairement  inacceffibles. 

Au  figuré  on  le  dit  de  ceux  dont  l'accès  eft  difficile  , 
impoffible.  Depuis  qu'on  a  fait  de  ce  Commis  un 
perlomiage  important  ,  il  eft  devenu  inaccejfible. 
Voyez  Accès 

On  le  dit  encore  de  ceux  fur  lefquels  certaines  cho- 
fes  ne  peuvent  rien ,  ne  peuvent  faire  aucune  impref- 
lîon.  C'eft  dans  ce  lens  qu'on  dit  qu'il  y  a  des  gens 
■  qui  par  ftupidité  font  inaccejftbles  à  la  vérité.  Le  Cl. 
On  trouve  peu  de  cœurs  inaccejftbles  à  la  flatterie. 
Bel.  Son  grand  coeur  étoit  inaccejjîble  aux  frayeurs  de- 
là mort.  Boss.  Cet  augufte  Tribunal  lera  toujours 
inaccejjiole  à  l'erreur.  Pat.  Son  fuperbe  cœur  eft 
inaccejjîble  à  l'amour.  Des-H. 

La  montagne  inaccejfible  ,  autrement  I'Aiguille. 
P^oye:^  ce  mor. 

INACCOMMODABLE.  adj.  de  t.  g.  Qui  ne  fe  peur 
accommoder.  C'eft  une  querelle  inaccommodablc.  Il 
n'eft  d'uiage  que  dans  le  ftyle  familier.  Ac.  Pr. 


I  N  A 

INACCOSTABLE.  adj.  m.  Se  f.  Qu'on  ne  peut  accof- 
ter  ,  avec  qui  il  eft  difficile  de  faire  connodlance  ,  ou 
de  lier  converlation.  Ad  quem  non  ejt  aditus.    Ce  met 
eft  nouveau. 
INACCOUTUMÉ^  ÉE.  adj.  Qu'on  n'a  pas  Coutume 
de  faire.  Injolitus.  Ce  mot  eft  iiouveau,  Ôc  a  pris  la 
place  à'inJoUte ,  qu'on  diloit  autrefois  en  même  fens , 
ik.  qui  n'eft  plus  en  ulagc  qu'au  Palais.  Ni  l'un  ni  l'au- 
tre n'clt  dutage  dans  le  langage  ordinaire.  Je  fens  de 
certains  mouvemens  inaccoutumes  qui  me  menacent 
de  quelque  maladie.  Les  clprits  fins  feroient  Géome- 
metres  ,  s  ils  pouvoient  plier  leur  vue  vers  les  princi- 
pes inaccoutumés  de  Géométrie.  Pasc. 
INÀCHIDE.  f.  Nom  d'un^  fam:Ue  Greque.  Les  Inachi- 
des  ont  régné  à  Argos  avec  une  puiilance  abfolue. 
Tel  étoit  anciennement  dans  la  Grèce  le  règne  des 
Inachides  à  Argos.  De  Courtin.  Inachides.  Ils  s'ap- 
peloient  ainli  d'Inachus  premier  Roi  d'Argos  &:  des 
Argiensj  que  plulieurs  Chronologiftes  font  contem- 
porain de  IviùVie. 
INACHO.  Nom  d'une  petite  rivière  de  la  Grèce.  Ina- 
chus,  Molojforum  Fluvius.  Elle  coule  dans  l'Épire, 
&  le  décharge  dans  le  fond  du  Golfe  de  Larta,  au 
midi  de  la  ville  de  ce  nom.   Maty. 
INACHORI.  C'étoit  anciennement  une  petite  ville  de 
lile    de   Candie.  Inachorium.    Ce  n'eft  maintenant 
qu'un  village  fitué   fur  la  côte  occidentale  de  l'île. 
Maty. 
INACHUS.  f.  m.  Fils  de  l'Océan  ,  c'eft-à-dire ,  venu 
par  mer,  de  Phénicie  dans  la  Grèce,  y  fonda  le  Royau- 
me d'Argos,  lïc  fut  le  chef  de  la  race  des  Inachides  j 
dont  huit  régnèrent  après  lui. 
Ip^ INACTIF,   IVE.  adj.  Qui  eft  fans  aélion.   Subi-  . 
tance  inaclive.  Iners.  Mém.  de  Trév.   C'eft  un  terme 
dogmatique. 
1^  INACTION,  f.  f.  Terme  compofé  de  la  particule 
négative  in  ,  Jans ,  &  du  mot  adfion.  Ainii  ce  mot 
lignifie  proprement  ceilation  de  toute  action^  de  tout 
mouveniint.    Inertia.    Les  troupes  font  aujourd'hui 
dans  l inaction.  Cet  homme  eft  dans  ïinaciion,  rien 
ne  le  peut  tirer  de  ïinaciion. 
^CT L'Inaction,  en  Morale,  eft  tantôt  l'indolence  qui 
émoulle  le  goût ,  tantôt  la  nonchalance ,  qiu  craint  la 
fatigue  ,  tantôt  la  parelle ,  qui  fuit  la  peine.  C'eft  un 
défaut  de  lenlibilité ,  un  dehut  d'ardeur ,  un  défaut 
d'action.    Il   aime  tellement  le  repos ,  que  les  plus 
grands  intérêt  ne  fauroient  le  tirer  de  Vinaclion.    Le 
dogme  de  la  prédeftination  ablolue  ne  jette  dansl'i^ûc- 
tion  que  ceux  qui  ne  l'entendent  pas.  Sous  prétexte 
d  extirper  tous  les  defirs ,  Se  de  dépouiller  l'homme  de 
toute  volonté ,  il  ne  faut  pas  le  conftituer  dans  l'in- 
dolence &  dans  Vinaclion.  Boss. 

Les  Mylliques  appellent  inaction  une  privation  de 
mouvemens ,  un  aneantiflement  de  toutes  les  facultés, 
par  lequel  on  ferme  la  porte  à  tous  les  objets  exté- 
rieurs, &  l'on  le  procure  une  elpèce  d'extale  du- 
rant laquelle  Dieu  parle  immédiatement  au  cœur. 
Cet  état  d'inaclion  eft  le  plus  propre  à  recevoir  le 
Saint  tlprit.^  C'eft  dans  ce  repos  &  dans  cet  aifoupil- 
lement,  que  Dieu  communique  à  l'ame  des  fentimens 
&  des  grâces  lublimes  &  ineftables.  C'eft  à-peu-près 
le  lentiment  des  Quiétiftes.  Quelques  uns  ne  la  font 
pas  conliftet  dans  cette  elpèce  d'indolence  ftupide, 
ou  cette  lulpenlîon  générale  de  tous  fentimens.  Ils 
difcnt  que  par  cette  ceftacion  de  délits  ,  ils  entendent 
feulement  que  l'ame  ne  fe  détermine  point  à  cert.ains 
aétes  politifs ,  &  qu'elle  ne  s'abandonne  point  à  des 
méditations  ftérilcs ,  ou  aux  v.iines  Ipéculations  de  la 
railon  ;  mais  qu'elle  demande  en  général  tout  ce  qui 
peut  être  agréable  à  Dieu ,  fins  lui  rien  prelcrire. 
Dans  tout  cela  il  y  a  quelque  choie  de  bon ,  <Sc  c'eft 
ce  qu'on  trouve  dans  les  bons  <Sc  anciens  Myftiques; 
mais  les  nouveaux  Myftiques  y  ont  ajouté  du  leur ,  Se 
ont  même  abulé  des  exprellîons  ,  qui  avant  eux 
étoicnt  fort  bonnes  &  fort  innocentes.  Ce  font  leurs 
erreurs  qui  ont  décrié  les  mots  d'inaclion,  de  quié- 
tude ,  &c.  parce  qu'ils  y  ont  attaché  un  mauvais  lens, 
qui  avant  eux  n'y  étoit  pas.  Il  eft  vrai  cependant,  à 
parler  en  général ,  que  Vinaclion  n'eft  pas  un  fort  bon 


I  N  A 

moyen  pour  Kul]ir  auprès  de  Dieu.  Dieu  veut  que 
noui  agiliions,  que  nous  taillons  le  bien,  ëc  nocie 
hhidion  ne  peut  lui  être  agréable. 

|3- INACTIVITÉ,  f.  f.  L'oppolé  d 'activité  ,  inertie. 
Le  propre  lyHènic  du  corps  cil  d'aller  toujours  en 
avant ,  làns  pouvoir  fe  détourner  lui  ineuie  ,  rii  sarré- 
rer,  ni  reprendre  Ton  train.  Ion  mouvement  lui  vc- 
.jiant  de  dehors,  à  caule  de  l'iriizctivué de  la  matière, 
Mém.  de  Trév.   Ce  mot  ne  diitérc  guère  d'inadion. 

INADMIbSIBLE.  adj.  m.  &c  f.  Qui  ne  peut  être  admis , 
ni  reçu  en  Juftice.  QuoJ  non  admktuur.  Ces  moyens 
de  taux  ont  été  déclarés  impercinens  &  inadruijjlhlcs. 
La  preuve  par  témoins  d  un  prêt  au  dellus  de  cent  li- 
vres ,  elt  inadmijfihlc  depuis  l'Ordonnance. 

INADVERTANCE,  f.  f.  CKfDeiaut  d'attention  ;  ad-ion 
commik  Tans  attention  aux  fuites  qu'elle  peut  avoir. 
Imprudcnna.  On  fait  des  fottifes  par  inadvertance. 
\Jïnadvenanci  ell  le  partage  des  cnfans  ,  des  hommes 
vifs  ou  dill:r.iits ,  de  tous  ceux  qui  font  plus  prellés 
d'agir  que  de  penfer ,  &:  dont  la  raifon  n'éclaire  jamais 
que  le  tautes.  Un  tirux  rapport ,  une  inadvertance , 
une  mauvaife  humeur  effacera  toute  l'cftime  qu'on  a 
de  nous.  Nie. 

INAFFECTATION,  f  f.  Ce  mot  n'eft  point  reçu. 
Bourlault  ne  s'en  efl;  fervi  que  pour  fe  moquer  des 
exprelllons  d'une  Précieule, 

Des  mots  pleins  d'énergie  &  d'érudition  , 
Comme  inintelligible ,  inaffedation. 

INALIÉNABILITJÉ.  f.  f.  Qualité  de  ce  qid  ne  peut  pas 
s'aliéner ,  de  ce  qui  efi:  inaliénable,    h'inaliénabdité 
du  domaine  n'ell  que  de  droit  politih  DelaHous- 
SAiE,  Mémoires. 
INALIÉNABLE,  adj  de  t.  g.  Qui  ne  peut  s'aliéner. 
Quod  alienari  non  potejl.   Les   Domaines  du   Roi , 
de  TÉglifc  ,  des   Mineurs ,  font  inaliénables ,  Imon 
à  rachat  perpétuel.  Foye-{^  Aliéner 
INALLIABLE.  adj.  de  t.  g.  Qui  ne  peut  s'allier  Quod 
coalefcere    non  potejl.  Il  fe  dit  principalement  des 
métaux  qui  ne  peuvent  s'allier  les  uns  avec  les  autres. 
f^oye\  Allier.  L'Académie  en  donne  cet  exemple 
au  tiguré  :  Les  intérêts  des  Dieux  &  ceux  du  monde 
font  inalliables. 
INALPIN  ,  INALPINE,  adj.  Mot  qui  fe  dit  parmi  les 
Géographes ,  &  qui  vient  du  Latin  inalpinis  ;  c'eft- 
à  dire,  qui  ell  engagé  dans  les  montagnes  des  Al- 
pes.  Lieu  inalpin.  Place  inalpine.  Les  Latins  ont  dit 
alpini  ëc  fubalpini ,  pour  ligniiier  la  même  chofe  , 
comme  s'ils  diloient  cifalpini  Se  tranfalpini ,  pour 
iîgnilîer  ceux  qui  à  l'égard  de  Rome  étoienten  de  ça, 
ou  au  de  là  des  Alpes.   Au  relte,  le  mot  d' Inalpin 
n'eft  pas  François  ,  &  il  n'elt  pas  allez  nécellaire  à 
la  Géographie  pour  être  un  terme  d'art. 
ÎNALTLRABLE.    |p°  adj.  de  t.  g.  Qui   ne  peut  être 
altéré  :  également  ufité  au  propre  &  au  figiu-é.  Les 
clémens   font  inaltérables.    L'ame  d'un  Stoïcien  eft 
inaltérable.  Neque  mutationi  ,  neque  corruptioni  ob- 
noxius.  D'où  vient  que   l'ame  étant  incorruptible  , 
«Se  inatérabln  de  la  nature  ,  une  vapeur  qui  monte  au 
cerveau  altère  l'elprit ,  Se  ôte  quelquefois  la  railbn. 
Bou. 
INAMISSIBILITÉ.  f  f.  Qualité  de  ce  qui  efl;  inamiflî- 
ble.  Il  ne  fe  dit  qu'en  cette  phrafe  ,  L'inamiJJibilité 
de  la  grâce.  Les  Proteflians  foutiennent  l'inamijjibi- 
bilité  de  la  grâce. 
^3"  Ce    terme   contre  lequel  le    P.    Bouhours   s'étoit 
déclaré ,  en  le  regardant  comme  un  étranger  habillé 
à  la  Françoife  ,   eft  d'un  ulage  fréquent  parmi    les 
Théologiens.  Les  Sedateurs  de  Calvin  prétendent , 
que  lorfqu'un  homme  efl:  une  fois  jufiifié ,   il    ne 
celle  jamais  d'être  jufle  ,  quelque    mal    qu'il    falîè 
entuite  :  de  fjrte  que  ,  dans  les  plus  grands  crimes , 
danb  le  plus   grand   endurcilfemerit   de  coeur  ,  dans 
le  plus  grand  oubli  de  Dieu ,  il  conferve  cette  juftifi- 
caàon,  &  ne  peut  jamais  la  perdre.  Pour  faire  en- 
tendre toutes  ces  chofes  dans  un  feul  mot ,  M.  Ni- 
cole s'efc  fervi  du  mot  à'inamijjibilité ,  qui  ell:  devenu 


I  N  A  III 

un    terme    conlacré.    L'inamiJJlbilité   de  la   grâce, 
l'inaintjjihilité  de  la  juflification. 

INAMISsiBILE.  adj.  de  t.  g.  Qui  ne  fe  peut  perdre. 
Quod  amitti  non  potejl.  Il  n'ell  en  ulage  qu'en  cette 
phrafe  ,  Grâce   maniijjlble. 

INANIME,  LE.  adj.  Qui  n'a  point  d'ame.  Inanima- 
tus.  Corps  inanimé.  Les  nu^.iux  font  des  corps /«i7/;i- 
mes.  Les  Payens  ont  porté  lidolatrie  Se  la  iolie  à 
adorer  les  chofes  inanimées. 

On  appelle  hgurément  un  corps  inanimé ,  celui 
qui  n'a  pas  cet  air  vif  tjUi  donne  un  mouvemci.t 
ajréable  a  ce  c]u'il  dit  ,  ou  à  ce  qu  il  tiit.  C  eft:  une 
beauté  inanimée.  Chant  inanimé,  figure  inanimée  , 
qui  ne  marque  aucun  (entiment. 

iNANirÉ.  f.  t.  Ce  mot  le  trouve  dans  la  tradudion 
envers  de  limitation  de  JélusChriftj  mais  l'ulage 
ne  l'a  point  reçu  ;  Se  on  ne  doit  pas  s'en  fervir. 
Inanc. 

Inanité.  Nom  que  les  Chronologues  donnent  à  la 
durée  du  monde  julqu'à  la  loi  de  Mofle.  On  compte 
ordinairement  i^ ^o -ans  d'inanité  ,  mais  d'autres  n'en 
comptent  que  2000.  Les  Chronologues  ne  convien- 
nent point  du  temps  d'inanité  ,  ni  de  celui  qui  s'ell 
écoulé  fous  la  Loi  julqu'au  Mellle.  Du  Pin.  Ce  mot 
vient  d'inanitas  ,  Vide  ,  parce  que  pour-lors  il  n'y 
avoir  point  de  loi. 

INANITION,  f  f.  Terme  de  Médecine.  Épuifement  ; 
état  d'un  eflomac  vide  ,  Se  qui  a  beicin  d'alimens  ; 
extrême  degré  de  foiblclle  provenant  du  défaut  de 
nourriture.  Exinanitio.  Il  y  a  des  tiatuofités  qui 
viennent  de  réplétion  ,  &  d'aiitres  d'inanition  ,  qui 
font  les  plus  dangereufes.  Il  eft:  moit  d'inanition. 

INAPERCEVABLE.  adj.  de  t.  g.  Que  l'on  ne  peut  ap- 
percevoir  ,  ou  que  l'on  apperçoit  dinM;ilcmcnt.  Le 
Galcon  Fontignac  dit  dans  la  Comédie  des  Petits 
Hommes  j  ou  de  l'Ile  de  la  Railon  ;  que  des  huit[Eu- 
ropéens  la  taille  du  Philofophe  efl:  la  plus  inapperce- 
vahle  ....  Mais  ce  mot  n'eft  point  admis  dans  l'u- 
fige  ordinaire. 

INAPPPÉTENCE.  f.  f.  ou  Anorexie  Inappetentia. 
Détaut  d'appétit.  J^oye^  Anorexie. 

INAPPLICATION. ff.  Manque  d'application  à  quel- 
que chofe.  Levis  autnulla  atttentio.  Son  inapplication 
eft:  caufe  qu'il  ne  réullit  pas  à  l'étude,  quoiqu'il  ait 
de  l'efprit.  Le  changement  trop  fréquent  de  dif  cours 
eft  l'edet  d'une  inapplication  defprit  qui  ne  fait  point 
d'honneur.  Bail.  Si  les  hommes  s'adrellcient  à  Dieu 
dans  leurs  befoins  ,  ils  en  recevroient  des  fecours , 
dont  leur  défiance  ,  leur  parelîe ,  &  leur  inapplication 
les  prive  ,  Se  les  rend  indignes.  As.  de  la  T  râpe. 

INAPPLIQUÉ  ,  ÉE.  adj.  Qui  n'eft:  point  appliqué  ,  qui 
n'a  point  d'application.  Parum  attcntus.  Le  défaut 
d'un  Prince  trop  facile  Se  inappliqué  ,  efl:  de  fe  livrer 
avec  une  aveugle  confiance  à  des  Miniftres  artificieux. 
Fén.  Les  efprits  tiiperficiels  Se  inappliqués  n'appro- 
fondiftent  rien.   Bell. 

INAPPRÉCIABLE,  adj.  Qui  ne  peut  être  apprécié. 
V^oye^  ce  mot 

gCr'  INaPPRENABLE.  adj.  de  t.  g.  Qu'on  ne  fauroir 
apprendre.  Plufieurs  enviLageant  la  multitude  des 
caradères  Chinois ,  croient  que  cette  langue  eft  inap- 
prenable.  MÉM.    de  TrÉv.  An.    1744. 

iG'  INAPTITUDE,  f  f.  Défaut  d'aptitude  à  quelque 
chofe.  On  ne  fait  à  quoi  l'employer  par  fon  inapti- 
tude à  tout.  Ce  mot  qui  fe  trouve  dans  le  Did.  de 
l'Acad.  Fr.  ne  paroît  pas  être  d'un  ufage  bien  fré- 
quent. 

INARIME.  Petite  île  de  la  merTyrrhénienne  ,  aujour- 
d'hui Ifchia,  dans  la  mer  de  Tofcane  ,  vis-à-vis  de 
dîmes.  Virgile  dit  que  les  rochers  d'Iranime  (ont 
entaftés ,  par  l'ordre  de  Jupiter ,  fur  le  corps  du  Géanc 
Tiphoée  ;  c'eft  que  la  foudre  tombe  fouvent  fur  cette 
île. 

INARTICULÉ,  ÉE.  adj._  Il  le  dit  des  fyllables_,  des 
mots  ,  des  fons  qui  ne  font  pas  prononcés  diftinde- 
ment.  Des  mots  inarticulés,  des  fons   inarticulés. 

Inarticulé  ,  fe  dit  aulîl  des  êtr?s  mal  formés ,  fans  or- 
ganes. Jnformis ,  e.  La  graine  d'une  plante  n'eft  pas 
un  être  informe  ,  purement  matériel  ^   inarticulé  ; 


îix  I  N  A    ' 

mais  au  contraire  elle  efl:  d'une  ftriiAure  tant  interne 
qu'externe  ,  arrêtée  ,  précife  &  unitorme  dans  cha- 
que efpèceen  tout  ce  qui  eftelîentiel  à  l'efpèce.  Do- 
DART.  Acad.  des  Se.  1701  ,  Mém.  p.  24S'  Les 
Muficiens  n'ont  jamais  été  de  grands  Écrivains.  On 
les  trouve  L'cs,  obkurs  ,  mal,  digérés,  inarticulés  , 
mintclligiblcs.  Le  P.  Gastel. 
ÎNATTAgUABLE.  adj.  de  t.  g.  Qui  ne  peut  être  atta- 
qué. Qui  oppugnarinon  poceji.  Cette  viWe  el\  inana- 
qu.  ble  ,  excepté  du  côté  du  midi.  Cette  t'ortercire  cil 
inatcaquable  ,  on  ne  peut  la  prendre  que  par  tamine. 
Ma  caufe  ell:  inattaquable.  Mon  droit  ell  inattaquable. 
Ce  titre  n'a  point  été  attaquéj  parce  qu'il  elt  inattaqua- 
ble. NORMANT. 

liNlATTENDU  ,  UE  ad}.  A  quoi  on  ne  s'attend  pas. 
Une  épithète  bien  choilîe  tient  lieu  prciquc  toujours 
d'une  phrale  entière  ;  elle  tait  une  impreliion  vive  & 

inattendue M.  De   LA  Motte  ,  Dif.  fur  la 

Pocfîe.  Dii'gracc  inattendue.  Bonheur  inattendu. 

IfJ-  INATTENTIF  ,  IVE.  adj.  Qui  n'a  point  d'atten- 
tion. Minime  attentus.  Un  enfant  inattentif.  Foye\ 
Attemtif. 

INATTENTION,  f.  f.  Défaut  d'attention.  Attentionis 
defeclus ,  inadvenentia.  Ce  mot ,  quoique  nouveau  , 
commence  à  être  ulité.  /^oy^t  Attention. 

INAUGURATION,  f.  f.  Inauguratio.  Cérémonie  qu'on 
fait  au  Sacre  d'un  Empereur  ,  d'un  Roi  j  d'un  Prélat , 
qu'on  appelle  ainii  à  l'imitaton  des  cérémonies  que 
faifoient  les  Romains ,  quand  ils  entroient  dans  le 
Collège  des  Augures. 

Ce  mot  vient  du  Latin  ,  inauguratio  ,  inaugurare  , 
qui  iîgnifîe.  Dédier  quelque  Temple ,  élever  quel- 
qu'un au  Sacerdoce  ,  ayant  pris  auparavant  les  au- 
gures. On  dit  plus  communément  Sacre  ôc  couron- 
nement. 

INAUGURER,  v.  a.  &  INAUGURÉ  ,  part.  Ce  terme 
iîgniiioit  chez  les  Romains  Prendre  les  augures  , 
conllilter  le  vol  des  oifeaux  ,  avant  que  d'entrepren- 
dre quelque  choie.  Se  il  iigiùtîe  encore  la  même 
chofe  dans  notre  langue  ,  quand  on  parle  de  la  cou- 
tume fuperftirieufe  de  ces  peuples;  mais  dans  l'ulage 
préfent  il  figniîie  Dédier  ,  initier  ,  tacrer.  Les  Tal- 
mudilfes  appellent  le  Pontihe  lur  lequel  les  cérémo- 
nies ont  été  faites ,  inauguré  par  l'habit  &  par  l'onc- 
tion. GoerÉe.  Après  que  Johas  eut  caché  l'huile  la- 
ctée ,  l'inauguration  des  Pontites  ne  fe  falloir  plus  par 
Tonéfion ,  il  leur  f ulfiloit  d'être  inaugurés  par  l'ha- 
bit. Id.  Herman  Witlms  fut  inauguré  à  Leyde  le  i  6 
Od'obre  i69S,par  une  harangue  où  il  fit  le  portrait 
d'un  Théoloiien  modclle,  dont  on  trouvoit  l'original 
en  lui-même.  Moréri  ,  Dici. 

INBAB.  f.  f.  Terme  de  commerce.  On  vend  des  toiles 
au  Caire  qu'on  nomme  grandes  inbal>s  ,  dont  les  piè- 
ces ne  font  que  de  3  o  pics.  Elles  fe  vendent  i  jo  mei- 
dins  la  pièce. 

I  N  C. 

INCA ,  ou  INGA.  Quelques  -  uns  écrivent  par  un  y 
Ynca ,  ou  Ynga ,  f.  m.  C'eft  le  nom  que  les  natu- 
rels du  Pérou  donnoient  à  leurs  Rois  &c  aux  Princes 
de  leur  lang.  Inc(^  ,  Dynajies  ,  Dynafta  ,  Rex  ,  Do- 
minus.  Pedro  de  Ciéçj'a  de  Léon  ,  dans  la  première 
partie  de  la  Chronique  du  Pérou  ,  c.  jS  ,  rapporte 
l'origine  des  Incas  ,  Se  dit  que  le  Pérou  tut  long- 
temps un  théâtre  de  toutes  fortes  de  crimes  ,  de 
guerres,  de  dillentions&dedélordres  les  plus  abomi- 
nables j  julqu'à  ce  qu'enfin  parurent  deux  frères  , 
dont  l'un  fe  nommoit  Mangocapa  ,  &  dont  les  In- 
diens racontent  de  grandes  merveilles  ;  Mangocapa 
bâtit  la  ville  de  Cufco  ,  il  fit  des  loix  &  des  règle- 
mens,  &  lui&  fesdelcendans  prirent  le  nomà' Inca, 
qui  lignifie  Roi  ou  Grand-Seigneur.  Ils  devinrent  11 
puillans  qu'ils  fe  rendirent  maîtres  de  tout  le  pays  qui 
s'étend  depuis  Pafto  jufqu'au  Chili  ;  ou  depuis  la  ri- 
vière de  Maule  du  côté  du  fud  julqu'à  la  rivière 
d'Angafmayo ,  du  côté  du  nord.  Les  deux  rivières 
firent  les  bornesde  leur  Empire,  qui comprenoit  plus 
de  1300  lieues  de  long.   Il  dura  juf-iu'aux  diviùous 


I  NC 

de  VInca  Guafcar  unique  héritier  du  Pérou,  Scd'Ata,- 

balipa  ,  car  les  Elpagiwls  en  ayant  profité  ,  le  ren- 
dirent maures  du  pays  ,  8c  détruilircnt  1  Empire  des 
Incas.  f^oye:^  Pedro  de  Ciéça ,  Part.  I ,  c.  jS  ,60 
&  1 16.  Ils  demeuroient  dans  les  moiitagnes.  VInca 
Yupangue  ,  aïeul  de  Guaynacapa  Se  père  de  Topayn- 
ga  ,  fut  le  premier  qui  dckci.dit  dans  la  plaine  & 
vilita  la  côte.  C'eft  VInca  Mancocapac  londatcur  de 
l'Empire  des  Incas,  qui  a  introduit  l'adoration  du 
loleil  au  Pérou.  Avant  les  Incas  les  habitans  du  Pé- 
rou étoient  divilés  par  villages ,  &  c'étoit  le  pre- 
mier des  Caciques  qui  les  gouvernoit.  On  n'a  mé- 
moire que  de  douze  Incas  ,  entre  lelquels  Guaypa- 
cana  elt  celui  qui  a  étendu  plus  loin  les  bornes  de 
fon  Empire.  Il  les  poulla  julqu'à  Quito.  Atabalipa  , 
le  dernier  des  Incas ,  qui  avoir  uturpé  l'Empire  fur 
Gualcar ,  tut  vaincu  par  Pizaro  ,  Capitaine  Elpagnol. 
On  dit  que  les  plus  conildérables  des  Nobles  du  pays 
portent  encore  aujoutd'hui  ce  nom.  f^.  Fédro  de 
Ciéça  cité  ,  l'hilloire  de  la  Compagnie  de  Jésus  , 
Part  III.  Liv.  Fil ,  n.  204,  &c.  Garcilallb  ,  Her- 
réra  ,  Acolla  ^  Linfchot,  &c.  Pedro  de  Ciéça  avoit 
écrit  un  livre  particuher  des  Incas ,  qui  n'étoit  point 
encore  public  lorlqu'il  imprimoit  fa  Chronique  du 
Pérou. 

Ce  mot  en  langue  du  Pérou ,  fignifie  Roi ,  Sei- 
gneur. Mém.  de  Tr.  1706  ,  p.  20  jS.  Pedro  de 
Ciéça  cité  ci  dellus.  Il  ne  faut  pas  confondre  Inca 
avec  Yunca ,  ou  Yunga.  Voye-^  ce  dernier  mot ,  & 
Pedro  de  Ciéça  ,  P.  I ,  c.  6 0. 

INCAGADE.  {.  h  Bravade ,  rodomontade  ,  mauvais 
fuccès  d'une  entreprife  où  l'on  fe  vantoit  de  réulllr. 
■Vous  favez  ,  dit  le  Duc  de  Mayenne  aux  États  de  la 
LiàUe  ,  qu  à  mon  retour  de  mon  expédition  de 
G'uienne  ,  (  que  les  politiques  appellent  incagade  ) 
je  n'efteduai  pas  en  cette  ville  ce  que  je  ptnfois  ,  à 
caule  des  traitres  qui  advertilloient  le  tyran  leur 
mairtre ,  Sr  ne  tiray  autre  fruit  de  mon  voyage  que 
la  prife  de  l'héritière  de  Caumont ,  que  je  deftinois 
pour  femme  à  mon  fils. . . .  Sat.  Mén.  t.  i  :,  p, 
31 ,  32> 

Voye-^  l'Hiftoire  de  la  Ligue  par  Maimboarg  , 
in-f^,  Paris  i68},p.p/  ,j)2. 

INCAGUER.  V.  a.  Défier  quelqu'un ,  fe  moquer  de 
lui  en  témoignant  qu'on  ne  le  craint  point.  Provo- 
care  j  laccjfere.  C'eft  un  homme  qui  me  menace  beau- 
coup ,  mais  je  Vincaguc.  Il  elt  vieux ,  6c  ne  fe  die 
qu'en  plailantant. 

On  dit  en  ftyle  comique ,  incagusr  le  deftin ,  in~ 
caguer  la  fortune. 

INCAMÉRATION.  f.  f.  Terme  de  la  Chancellerie 
Apoftolique.  C'eft  l'union  de  quelque  teire  ,  droit, 
ou  revenu  3  au  Domaine  du  Pape.  Incameratio. 
L'incamération  du  Duché  de  Caftro  a  caufé  un  guerre 
entre  la  Mailon  des  Barbarins,  &  celle  du  Duc  de 
Parme.  Ces  railons  le  réduloieni  à  deux  chefs ,  donc  ■ 

l'uri   regardoit  le  droit &  rimpoliihilité  de  rom-'^- 

pre  cette  incamération.  Ab.  Regn.  ïfy  Ce  mot  paroic 
venir  de  Chambre,  qui fignihoit  autrefois  le  Domaine 
d'un  Prince. 

INCAMÈRER.  V,  a.  Unir  au  Domaine  EccJéfîaftique 
quelque  terre  ,  droit  ,  ou  revenu.  Incamerare ,  ca- 
rners.  apofloHc£  addicere.  Ces  railons  le  réduit  oient  à 
deux  chefs  ,  dont  l'un  regardoit  le  droir  que  le  Pape 
avoit  eu  d'incamérer  cet  Etat  (  de  Caftro  ).  As.  Regn. 

INCANTATION,  f.  f.  Enchantement  ,  cérémonies 
que  font  les  prétendus  Magiciens  pour  évoquer  les 
Démons ,  ou  pour  tromper  la  limplicité  du  peuple. 
Incantatio  ,  carmen  magicum.  Après  que  ce  lorcier 
eut  fait  plufieurs  grimaces  &  incantations. 

|Cr  INCAPABLE,  adj.  de  t.  g.  Inhabilis.  Il  fe  dit  de 
celui  qui  eft  dans  une  dilpolition ,  dans  une  lituation 
qui  ne  lui  permet  pas  de  faire  certaines  choies  :  &: 
de  ce  qui  n'a  pas  les  conditions  ou  les  qualités  requi- 
fes.  Homme  incapable  d'attention.  Terre  incapable 
de  rien  produire.  Ce  babillard  parle  tans  celle ,  moins 
parce  qu'il  eft  capable  de  bien  parler  j  que  parce 
qu'il  eft  incapable  de  le  taire.  Ablan.  Nous  lommes 
incapables  de  goûter  une  douceur  pure  3c  véritable. 

S.  ÉvR. 


I  N  C 

s.  Éyr.  La  vieilleire  rend  les  gens  incapables  àc 
travailler,  d'acquérir.  Cet  liouime  elt  li  groilier  ,  Il 
flupide,  qu'il  e(t  incapahtc  <.\  ,\ûàïïcs,  tl'étiidcs.  Cette 
digue  cil  Incapable  de  réliftcr  à  une  li  violente  inon- 
dation. 

§^'  On  dit  abfolumcnt  ^  c'cft  un  homme  incapable  , 
l'homme  du  monde  le  plus  incapable  ,  en  parlant 
d'un  homme  qui  manque  de  talent. 

ftS"  iNCAPAisLi;  de  connoillance.  En  Jutilprudcncc,  eft 
celui  qui  n'a  pas  les  qualités  >!n;  les  dilpolitions  néccl- 
f^iires  pour  laire  ou  pour  recevoir  quelque  choie. 
\i\\  bâtard  elt  Incapable  de  tefter  ,  de  pollédcr  des 
bénéfices  làns  difpenle.  Les  Tuteurs ,  les  Curateurs , 
les  Médecins ,  les  Chirurgiens ,  &c.  font  incapables 
de  recevoir  des  dons  &  des  legs ,  les  premiers  de  ceux 
qui  font  fous  leur  conduite  ;  les  ler.onds  ,  des  mala- 
des dont  ils  prennent  foin. 

LvcAPABLE,  lîgniiîe  aulH ,  Indigne.  Un  homme  noté 
d'infamie  eli  incapable  de  pollédcr  Ollices  ni  Bénéfi- 
ces. Incapable  ,  dans  ces  phrales  lignifie  incapacité 
proprement  dite  ,  mais  fondée  lur  l'infamie. 

Incapable,  fe  dit  aulfi  en  bonne  part,  &  lignifie,  qui 
a  trop  de  coeur  ,  trop  de  probité  ,  pour  faire  une 
chofe  qui  ne  fe  doit  pas  faire.  C'ell  un  homme  ,  qui 
eft  incapable  de  faire  une  ballelfe  ,  une  lâcheté  ,  une 
trahifon  ,  une  injuftice.  Incapable  fe  prend  ici  dans 
un  fens  moral.  À^'on  isejl  in  quem  cadere  pojjic  fraus  , 
dolus  j  &c. 

Ip-  INCAPACITÉ,  f.  f.  Danslafignifîcation d'infuffifan- 
cc.  C'eft  un  manque  de  qualités  ,  de  connoillances  ,  de 
talent.  C'eft  l'oppolé  de  l'intelligence  qui  rend  les 
hommes  propres  aux  divers  emplois  de  la  fociété. 
Iniperitia.  On  ne  le  dit  que  desperlonnes.  Quand  on 
parle  d'aftaires  avec  un  tel  homme  ,  on  reconnoit 
bien-tôt  fon  incapacité.  Un  Juge  eft  refponûble  de 
toutes  les  iniquités  qu'il  commet  par  incapacité. 
La  Pl. 

|iCr  Incapacité  ,  en  Jurifprudence.  Défaut  de  pouvoir. 
Il  y  a  incapacité  de  s'obliger  ,  de  contracter  entre 
vifs  &  par  teftament ,  de  donner  à  de  certaines  per- 
fonnes,  de  recevoir  d'elles  ^  &c.  La  bâtardile  em- 
porte incapacité  de  tefter.  Voye-i^^  Incapable. 

Incapacité  ,  en  matière  bénéhciale.  Il  y  en  a  de  deux 
fortes.  Les  unes  rendent  nulle  la  provifion  du  béné- 
fice dans  fori  principe  ;  les  autres  lurvicnnent ,  iSc 
annuUent  les  proviUons  qui  étoient  valables  dans 
leur  commencement.  Les  incapacités  qui  animllent 
les  provihonsdans  leur  origine  (ont ,  le  défaut  de  dif- 
penfe  d'âge  pour  un  mineur  ,  de  légitimation  pour 
un  bâtard  ,  de  naturalitatioii  pour  un  étranger  ,  (S'c. 
Les  incapacités  ,  &  inhabilités  qui  arrivent  au  pof- 
felîeur  d'un  bénéfice  depuis  fes  provilions  ,  font  les 
délits  ,  ou  crimes  atroces  qui  rendent  le  bénéfice  im- 
pétrable,  ou  qui  le  font  vaquer  de  plein  droit,  ou 
qui  le  font  tomber  dans  l'irrégularité. 

fCriNCARNADIN  y  INE.  adj.  Synonyme  d'incarnat, 

*  mais  défignant  une  couleur  un  peu  plus  foible. 
Rofei  coloris.  Ruban  incarnadin.  Moire  incarnadine. 
Rofe  incarnadine.  L'aurore  aux  doigts  incarnadins. 
Desh.  Il  eft  aulli  lubftantif  Rofcus  color.  Incar- 
nadin d'Efpagne.  Voilà  qui  eft  d'un  bel  incarnadin- 
Il  y  a  des  anémones  qu'on  appelle  incarnadïncs 
à  caufe  de  leur  couleur. 

INCARNAT  ,  ATE.  adj.  Qui  fignifie  la  même  chofe 
qu'Incarnadin.  Elpèce  de  couleur  entre  le  couleur 
de  cérife  &:  le  couleur  de  rôle.  Couleur  de  chair 
fraîche  &  vermeille.  Rofei  coloris.  Une  bouche 
incarnate  Se  vermeille. 

Ce  mot  vient  du  Latin  incarnatum  j  qui  lignifie 
couleur  de  chair. 
Incarnat  ,  eft  aulH  fubft.  mafc.  qui  veut  dire  ,  couleur 
incarnate.   Rofeus  color.  Cet  incarnat  ed  beau. 

Jouvencelle  au  teint  délicat , 
Mêlé  de  blanc  &  cf'incarnat.  Scar. 

l'incarnat  de  la  rofe  ,  &  la  blancheur  du  lis. 

Senecé 
Tome  V. 


INC  iij 

Les  Fleuriftes  donnent  ce  nom  à  pluficurs  œillets. 
Les  teillets  Incarnate  font  le  Ikau  Daumont,  le  iien- 
j.imin  ,  le  Duc  de  l'iorenec  ,  le  feu  de  Ligni ,  le  feu 
&  bl.uic  ,  le  Grand  Incarnat ,  le  Grand  Cyrus  ,  le 
Grand  Albardicr  ,  le  Grand  Turc  ,  l'Hyppolyte 
\' Incarnat  \m^h\^\  ,  Y  Incarnat  Caron  ,  \  Incarnat 
Cézillcj  \ Incarnat  de  lùemnes  ,  X Incarnat  Railli  , 
\ Incarnat  JUonne  ,  Ylncarnat  d'Ath  ,  l'Incompara- 
ble ,  le  Monftre  pâle ,  le  Polyphilc  ,  le  Sauvat;e ,  le 
Tertio  de  Paris,  le  Victorieux  appelé  aulli  le  Flam- 
boyant, &:  par  d'autres  l'Incarnat  ii.  doubles  feuil- 
les ,  ou  le  petit  Sauvage. 

Incarnat  d'Ath.  (Eillet  incarnadin  fur  un  fin  blanc. 
Il  porte  une  très  large  Heur  ,  fort  détachée  Ik  tran- 
chée de  gros  panaches. 

Incarnat  Blonne.  Nom  d'un  œillet.  C'eft  un  I ne ar- 
nat  pâle  ,  mais  le  blanc  en  eft  très  [in.  Ce  qu'il  a 
de  particulier,  c'eft  d  être  un  très  gros  œillet ,  garni 
de  teuillcs,  &  d'avoir  un  panache  fort  détaché. 

Incarnat  Caron.  CEilIet  dont  le  véritable  nom  eft 
Incarnat  Jancille ,  autrement  le  Grand  Étendard. 
Son  blanc  eft  fort  fin ,  &  fes  panaches  allez  gros  ; 
mais  il  eft  petit  &  fort  rond.  Sa  plante  vigoureufe 
eft  d'un  beau  verd. 

Incarnat  Cezille  ,  eft  un  gros  œillet  d'une  incarnat 
pâle  garni  de  feuilles  ,  fujet  à  crever  :  fon  blanc  eft 
allez  fin  j  la  plante  forte  ,.  &  abondante  en  marcottes  , 
la  Heur  eft, hâtive. 

Incarnat  des  Fremnes.  C'eft  un  incarnat  dont  le 
panache  eft  régulier  ,  mais  il  eft  fuivi  de  quelques 
mouchetures  qui  en  diminuent  la  beauté. 

Grand  Incarnat.  (Eillet  qu'on  nomme  autrement. 
Incarnat  Royalj  Incarnat  Impérial  :  c'eft  un  Incarnat 
pâle  dont  les  panaches  ne  font  pas  gros  ,  mais  il 
n'eft  pas  fourni  de  feuilles  ;  il  eft  tardif  «Se  porte 
graine  ;  fa  plante  eft  fi  vigoureufe ,  que  les  fanes 
font  prelque  lemblables  à  celles  de  poireau  ,  elles 
font  quelquefois  atteintes  de  taches  roufsâtres  ,  il  ne 
calle  point  en  lui  laill'ant  cinq  ou  hx  boutons  fur  fon 
principal  dard  ;  il  fe  trouve  à  Lille.  Morin. 

Incarnat  Impérial  f^oye:^  Grand  Incarnat. 

Incarnat  Railli.  C'eft  un  gros  incarnat  fur  un  fift 
blanc  ,  large  ,  qui  ne  crevé  pas  en  lui  lailfint  cinq 
boutons.  Sa  Heur  eft  allez  bien  tranchée ,  fa  plante 
eft  allez  vigoureufe.  Tout  ceci  eft  pris  du  Traité  de 
la  Culture  des  ficurs. 

INCARNATIF^  IVE.  Terme  de  Chirurgie.  Qui  fait 
revenir  les  chairs;  qui  les  fait  croître,  qui  les  unit, 
les  rejoint.  On  le  dit  des  remèdes  ,  des  bandages , 
des  lutures.  Remède  incarnatif ,  eft  un  remède  pro- 
pre à  faire  croître  les  chairs  ,  i^:  à  les  unir.  Bandage 
incarnatif  J  eft  une  bande  à  deux  chefs  fendue  pro- 
che l'un  des  bouts ,  afin  de  palier  l'autre  bout  pax" 
cette  fente.  Quand  on  fe  fert  du  bandage  incarnatif, 
il  fiut_  appliquer  le  milieu  de  ce  bandage  fur  le  côté 
oppofé  à  la  plaie  j  en  forte  que  l'endroit  oîi  le  ban- 
dage eft  pafté  par  la  fente  foit  fur  la  plaie  ,  &  qu'en 
tirant  les  deux  bouts  on  approche  les  lèvres  de  la 
plaie  pour  les  rejoindre  &  les  unir.  Suture  incarna- 
tive ,  eft  une  future  laquelle  rejoignant  les  bords 
d'une  plaie ,  «Se  les  tenant  unis  par  le  moyen  des  filt 
dont  on  les  a  traverfés ,  avec  une  aiguille ,  fait  qu'ils 
le  collent  &  fe  reprennent.  Dionis.  La  future  incar- 
native  eft  de  cmq  efpèces  ,  qui  font  l'entrecoupée  ,' 
l'entortillée  ,  l'enchevillée  j  ou  emplumée  ,  la  future 
avec  agraftès ,  &  la  future  sèche.  Voye\  M.  Dionis 
dans  Jon  Traité  des  Opérations. 

Le  mot  A'incarnatif  eft  aulli  fubftantif  ,  Se  figni- 
fie remède  incarnatif ,  &  on  dit  fort  bien  un  incar- 
natif, comme  on  dit  un  aftringent. 

INCARNATION,  f.  £  Terme  de  Théologie.  Union 
du  Fils  de  Dieu  avec  la  nature  humaine  ;  myftère  par 
lequel  le  Verbe  éternel  s'eft  tait  homme  ,  afin  de 
pouvoir  opérer  notre  rédemption.  Incarnatio.  Il  s'en 
faut  infiniment  que  le  dogme  de  Y  Incarnation  foit 
aufti  difficile  à  comprendre  que  le  dogme  de  la  Tri- 
nité des  Perfonnes  en  une  feule  &  même  Elfence  di- 
vine. La  communion  n'eft  rien  autre  chofe ,  félon 
les  Pères ,  qu'une  exteniîon  ou  une  fuite  de  Ylncar^ 

P 


114  INC 

nation.   Bourdal.  Exhon.  II ,  p.  4J4- 

Ou  appelle  l'Epoque  des  Chrétiens  ,  fuivant  la- 
quelle ils  comptent  leurs  années  ,  les  ans  de  Vlncar- 
nation.  y£ra  Chiiftiana.  Il  y  a  long-temps  que  l'u- 
fage  s'ell  introduit  de  compter  les  années  depuis  \'In 
carnation,  f^ojt:^  ce  que  nous  en  avons  dit  au  mot 
AN  j  Tome  /  j  &  les  BoUandiftes  cités  au  même 
endroit  ,  &  dans  le  PropyUum  Maii  ,  P.  I ,  p. 
SI 4  *  ,  &  71 S  *•  C'eft  Denys  le  Petit  qui  en  chan- 
geant la  manière  de  compter  les  années  par  Icrc 
de  Dioclétien  qu'on  avoit  luivie  jufqu'à  lui ,  intro- 
duilît ,  un  peu  après  le  commencement  du  VI"  iiècle , 
l'ère  de  l'Incarnation  ,  ou  l'ufage  de  compter  les  an- 
nées depuis  l'Incarnation  de  notre  Seigneur  ;  mais 
quelque  temps  après ,  on  fit  réflexion  que  l'on  ne 
comptoir  point  les  années  des  hommes  du  temps  de 
leur  conception  ,  mais  de  celui  de  leur  nailîance  , 
&  on  retarda  d'un  an  le  commencement  de  cette 
ère,  en  gardant  dans  tout  le  refte  le  cycle  Diony- 
fîen  en  l'on  entier.  P^oye^  le  P.  Pétau ,  de  Docir. 
Temp.  L.  XII ,  c.  2  &  j  ,  &c.  Le  P.  Grandamy  , 
de  din  Nativit.  Chrijii  j  &c  Gallendi  yl^r /e  Calendrier 
Romain^  c.  /. 

A  Rome  on  compte  les  années  de  l'Incarnation , 
ou  de  la  nailîance  de  Jésus -Christ  ,  c'eft  à-dire, 
du  25  de  Décembre.  C'eft  le  Pape  Eugène  IV  qui 
le  premier  en  1431  ,  a  daté  fcs  bulles  de  l'Incar- 
nation. En  France  fous  la  première  &  la  féconde 
race  ,  &  au  commencement  de  la  troihèmc  on 
commençoit  aulli  l'année  du  jour  de  l'Incarnation. 
Mais  on  a  compté  différemment  le  jour  de  l'Incar- 
nation. On  le  prenoit  quelquefois  de  la  conception 
de  Jésus-Christ  j  c'ert-à-dire  du  25  de  Mars.  Les 
Florentins  le  pratiquent  encore  j  mais  on  l'a  compté 
le  plus  ordinairement  du  jour  de  la  nailîance  de 
Jésus-Christ  ,  &  on  commençoit  l'année  à  Noël , 
au  25  de  Décembre. 

Incarnation.  Terme  de  Liturgie.  Corporatio.  C'eft 
la  première  partie  de  celles  dans  lelquelles  on  di- 
vife  l'hoftie  à  la  meile  Iclon  le  rit  Mozarabique. 
f^oye^  l'HiJîoirc  Ecclcfiajlique  de  M.  Flcury ,  la 
MejJ'e  de  S.  Jacques  dans  la  vie  du  Card.  Ximéncz  , 
en  Efpagnolj  àc. 

§Cr  Incarnation,  f  f  Terme  de  Chirurgie.  Nou- 
velle produétion  des  chairs,  régénération  de  la  chair 
dans  les  plaies  &c  les  ulcères.  Quand  une  fois  la  plaie 
eft  bien  nettoyée  par  l'ulage  des  déterhh ,  la  cure 
s'achève  par  la  régénération  des  chairs  &  par  la  réu- 
nion des  parties  divilées.  C'eft  ce  qu'on  appelle 
Incarnation. 

INCARNER.  Qui  fe  dit  avec  le  pronom  perfonncl 
du  Verbe  éternel  quand  il  a  pris  chair  humaine. 
Humanam  carnem  induere.  Il  a  fillu  que  le  Verbe 
fe  foit  incarné  pour  latisfaire  la  juftice  divine  ,  de 
racheter  les  hommes.  Les  Indiens  rcconnoiftent 
une  efpèce  de  Trinité  en  Dieu  ,  5c  ils  croient  que  la 
féconde  perfonne  de  cette  Trinité  s'eff  déjà  incarnée 
neuf  fois  ,  &  qu'elle  s'incarnera  encore  une  dixième. 
En  ch.icune  de  ces  dix  incarnations  ils  lui  donnent 
un  nom  particulier.  /^t)ye^  Kirker  ,  China  Illujl.  p. 
I s6  &  fuiv.  C'eft  apparemment  un  refte  de  la  con- 
noillance  qu  ils  ont  eue  autrefois  de  la  Religion 
Chrétienne  ,  qu'ils  ont  mêlée  de  fables. 

Incarner  fe  dit  figurément  de  la  trantubftantiation 
qui  fe  fait  dans  l'Euchariftie.  Pouvez  -  vous  ignorer 
que  les  Prêtres  font  les  tabernacles  Se  les  autels 
vivans  de  ce  Dieu  de  gloire  ,  que  c'eft  dans  leurs 
mains  qu'il  s'incarne  tout  de  nouveau  î  Bourdal. 
Exh.  T.  I.  p.  140. 

On  dit  en  termes  de  Chirurgie  ,  qu'un  os ,  qu'une 
plaie  s'incarne  ;  pour  dire  ,  qu'il  y  vient  de  nouvelles 
chairs  ^  que  les  lèvres  d'une  plaie  étant  rapprochées 
l'une  de  l'autre,  elles  s'unilfent  &  fe  joignent  enfem- 
ble  ,  alors  on  die  que  la  plaie ,  ou  les  lèvres  de  la 
plaie  s'incarnent.  Carne  indui.  On  le  dit  auilî  aéli- 
vement.  Il  y  a  des  remèdes  qui  ont  la  vertu  à'in- 
carner  une  plaie.  Incarner  lignifie  procurer  l'incar- 
n,ition.  On  déterge  ,  on  incarne  ,  &  on  procure 
iine.  bonne  &  folide  cicatrice.  Dionis.  On  mondi- 


I  N  C 


fiera  l'ulcère  ,  on  l'incarnera  ,   &  on  le  confolidera  , 
&c.  Id. 

Incarné  ,  ée.  part.  &:  adj.  Carne  indutus.  La  SagcHc 
incarnée  ,  le  Verbe  incarné ,  lont  des  attributs  qu'on 
donne  a  l'humanité  de  Jésus  Christ.  Il  faut  fc  cou- 
fieren  Dieu  Icul  par  fon  Fils  incarné ,  crucifié,  & 
reîlulcité  pour  nous.  Bossuet.  Dieu  ne  peut  rien 
mettre  au  monde  de  plus  grand-  que  le  Verbe  in- 
carné.   GoDEAU. 

On  dit  figurément  d'une  grande  plaideufe ,  que 
c'eft  la  chicane  incarnée  ;  d'un  fort  méchant  hom- 
me ,  que  c'eft  un  diable  incarne.  C'eft:  la  vertu,  la 
malice  incarnée. 

:=C?  INCARTADE,  f.  f.  Efpèce  d'infulte  qu'on  fait 
inconlîdérément  à  quelqu'un.  Infultatio  ,  provoca- 
tio.  Voilà  une  étrange  incartade.  Il  me  fait  tous  les 
jours  de  nouvelles  incartades.  Il  eft  du  ftyle  fimple 
&   familier.  J 

Incartade  ,  fe  dit  auffi  pour  brufquerie ,  extravagance  ,     \ 
manière  étourdie  &    précipitée.   Frdcipitantia.  Vos 
façons  d'agir  lont  autant  à' incartades  qu'il  nous  faut 
eliiiyer. 

Mon  importun  &  lui,  courans  à  l' cmbrajfade , 
Ont  furpris  les  pjjjans  de  leur  bru] que  incartade. 

Mo  L, 

INCARTATION.  f  f  ou  INCART.  f.  m.  Terme 
de  Chymie.  C'eft  une  purification  de  l'or  qui  fe  fait 
par  le  moyen  de  l'argent  <?c  de  l'eau  forte.  On  mêle 
de  l'or  avec  de  l'argent  en  grenaille  ,  &  on  les  jette 
tous  deux  dans  de  l'eau  forte ,  laquelle  dilfout  l'ar- 
gent ,  &  l'or  demeure  au  fond  en  poudre  noire.  On 
lave  la  chaux  d'or  ,  &:  on  la  fait  rougir  dans  un  creu- 
fet ,  qui  donne  un  or  fort  épuré  &z  fort  haut  en 
couleur.  On  l'appelle  ainll ,  à  caufe  qu'on  mêle  trois 
fois  autant  pelant  d'argent  de  coupelle  j  enforte 
que  l'or  ne  fait  que  le  quart  du  mélange.  Incartation 
n'eft  guère  d'ufage. 

INCASSAN.  Petite  contrée  d'Afrique ,  fur  la  Côte  d'or 
de  Guinée ,  que  l'on  diftingue  en  grand  &  petit 
Incajfan. 

INCENDIAIRE,  f.  m.  Auteur  volontaire  d'un  incen- 
die. Celui  qui  par  malice  ,  ou  pour  faire  tort ,  met 
le  feu  à  des  édifices.  Incendiarius.  Les  grands  Ca- 
pitaines ne  font  point  la  guerre  en  incendiaires.  Les 
incendiaires  font  dignes  des  plus  rigoureux  fuppli- 
ccs. 

INCENDIE,  f  m.  Grand  feu  qui  confume  les  bâtimens, 
les  villes  ,  les  moifions ,  les  forêts.  Inccndium.  Les 
villes  de  l'Orient  font  lujcttcs  à  de  grands  incendies, 
ffT  Vaugelas  obferve  que  du  temps  du  Cardinal  du 
Perron  &  de  Coefteteau ,  tous  ceux  qui  (e  piquoient 
de  bien  écrire  ,  ne  fe  fervoicnt  point  de  ce  mot ,  & 
difoitnt  toujours  embrafement ,  &:  que  de  fon  temps 
on  difoit  indiftéremment  l'un  iSc  l'autre  :  &  que  les 
plus  exadrs  obiervoicnt  cependant  encore  de  dire' 
plutôt  embralement  qa  incendie.  Il  obferve  de  plus 
qu'il  a  appris  d'un  oracle  de  la  langue  qu'il  y  a  une 
différence  très  -  délicate  ,  mais  très-vraie  entre  ces 
deux  mots.  Il  dit  qu'incendie  le  dit  d'un  feu  mis  à 
dellein  ,  &  embrafement  d'un  feu  qui  a  été  mis  par 
cas  fortuit.  Mais  prélentement  incendie  eft  ufité  dans 
le  même  fens  qa'embrafement ,  foit  que  le  feu  ait 
été  mis  à  dellein  ou  par  halard.  Bou.  C'étoit  une 
chofc  de  mauvais  augure  chez  les  Romains  que  de 
prononcer  feulement  le  nom  d'incendie  dans  un 
repas. 

|)3°  Incendie  ,  en  Jurifprudencc,  eft  un  embrafement 
caufé  par  la  malice,  ou  par  la  faute  de  quelqu'un,  ' 
ou  par  cas  fortuit.  Au  premier  cas  les  incendiaires 
fon  punis  de  mort.  Au  fécond  cas  ,  celui  qui 
a  caufé  l'incendie  par  fa  faute ,  eft  puni  de  peine  pé- 
cuniaire ôc  condamné  à  la  réparation  du  dommage 
qu'il  a  caufé  ,  cette  peine  pécuniaire  eft  plus  ou 
moins  grande  fuivant  les  circonftances  ,  &  fuiv.ant 
que  la  faute  qui  a  caufé  l'incendie ,  a  été  lourde  ou 
légère.  Au  troilième  cas  ,  où  l'incendie  eft  arrivé  par 
cas  fortuit,  comme  par  le  feu  du  Ciel ,  res/ùr  Do- 


I  >^ 


c 


mino  perte;  pcrfonnc  n'en  cft  tenu  ,  &  h  perte  des 
choies  conlliniécs  ou  endommagées  tornbc  :ur  ceux 
à  qui  elles  appanienncnr. 
Incendie  ,  le  dit  fîgurément  des  fc-ditions ,  desquelles 
civiles  j  des  dillenlioiis  dans  un  ttat ,  de  l.i  coni- 
buftion  excitée  par  les  factions  àc  par  les  héréfies. 
Les  héréijes  cauient  ordinairement  de  grands /«arz- 
dies  dans  les  Royaumes.  Il  avoic  arrête  lui  leui  i'im- 
pétuolîré  de  cet  incendie.  Flech. 

On  dit  proverbi.ilemciir  ,  qu  il  ne  faut  qu'une  érin- 
cellc  pour  caufcr  un  grand  incendie  j  ce  qui  eli: 
vrai  tant  au  propre  qu'au  figuré. 

Incendie  ,  eji  termes  de  Philofophie  hermétique ,  li- 
gnifie le  grand  feu  du  fourneau  :  c'eft  une  maxime 
parmi  les  Artiftes ,  qu'il  faut  prendre  garde  aux  in- 
cendies ,  c'eft  à  dire,  qu'il  faut  prendre  garde  de  faire 
trop  grand  feu. 

|a-  INCÉKATION.  f.  f.  Terme  de  Pharmacie.  C'eft 
l'aélion  dincorporer  de  la  cire  avec  quelqu'autre 
fubftance ,  ou  l'aftion  de  réduire  une  fubftancc  fè- 
che  j  par  un  mélange  ienfîble  d'un  liquide  appro- 
prié à  la  cunfiftance  d'une  cire  molle. 

IncÉration.  Terme  de  Piiilolophie  hermétique.  Adlion 
par  laquelle ,  pour  multiplier  la  matière ,  on  met 
du  mercure  delFus  ,  parce  qu'elle  n'a  point  d'ingrès. 
ce  mot  lignilie  aulli  la  réduction  à  fuhon  ou  à  fon- 
te ,  d'une  chofe  qui  ne  peut  fe  fondre.  Incéradon 
fe  prend  encore  pour  une  opération  par  laquelle  on 
met  la  pierre  dans  un  creuiet  d'adaptation ,  c'eft  à- 
dire ,  qui  eft  couvert  d'uii  autre  ,ïc  lutté,  qu'on  met 
enfuite  dans  un  feu  de  réverbère. 

INCERTAIN ,  AINE.  adj.  Ce  qui  n'eft  pas  afiTuré , 
conftant;  ce  qui  eft:  douteux.  Incenus.  Son  vilage 
inquiet,  «S:  fes  regards  incertains  ,  ir.arquoient  le 
trouble  de  fon  efprit.  Boss.  Les  faveurs  de  la  Cour 
font  incertaines  &  variables.  Pourquoi  tant  d'elpé- 
rances  inquiètes  pour  des  biens  incertains  ?  M.  Se. 
La  témérité  des  libertins  n'a  que  des  principes  fri- 
voles S<.  incertains.  Nie,  Rien  n'eft  plus  incertain  que 
notre  dernière  heure.  On  dit ,  le  temps  eft  incertain  , 
tantôt  il  pleut ,  tantôt  il  fait  foleil ,  c'eftà-dire,  va- 
riable. 

^J'  Incertain  ,  fynonime  d'indéterminé.  On  prend 
quelquefois  un  nombre  certain  pour  déligner  un 
incertain. 

Incertain  ,  fe  dit  aulfi  d'un  homme  qui  eft  dans  l'in- 
décillon.  V^oye-^  Incertitude.  Incenus.  Je  fuis  incer- 
tain quel  parti  je  dois  prendre ,  je  dois  fuivre.  Et  on 
appelle  abfolument  un  erprit  incertain  ,  celui  qui 
n'eft  pas  ferme ,  qui  change  à  tous  momens  de  vo- 
lonté. 

In'certain  ,  fe  dit  auftî  des  chevaux,  lorfqu'ils  ne  font 
pas  fermes  dans  le  manège  qu'on  leur  demande  , 
ou  qu'ils  ne  le  favent  pas  bien  encore.  Un  cheval 
incertain  eft  inquiet  &:  turbulent  :  il  faut  le  confir- 
mer dans  le  manège. 

Dans  la  Maçonnerie  on  appelle  joints  incertains , 
les  joints  qui  n'ont  point  entr'eux  d'ordre  réglé  ,  de 
proportion  déterminée.  La  fortereflc  de  Gufco  (  au 
Pérou  )  éroit  faite  de  pierres  d'une  énorme  groftcur , 
entaifées   à   joints   incertains   avec  beaucoup   d'art. 

FrÉzier. 

Incertain  ,  fe  dit  quelquefois  fubftantivement.  Il  ne 
laut  pas  qidtter  le  certain  pour  l'incertain. 

INCERTAINEMENT.  adv.  D'une  manière  incertai- 
ne. Il  court  un  bruit  de  cette  nouvelle  ,  mais  on 
en  parle  encore  incertainement.  Quand  on  n'eft  hon- 
nête homme  que  pour  les  autres  ,  on  nel'eftque  fort 
mcertainernent.  Bell. 

INCERTITUDE,  f.  £f^  C'eft  proprement  l'indéci.Gon 
de  l'amc  qui  balance  les  laiions  pour  S.<.  contre ,  & 
qui  demeure  dans  une  efpèce  d'équilibre ,  parce  que 
ces  raifons  font  (ur  elle  des  impreffions  égales.  C'eft 
l'état  d'un  hçmnie  indécis  fur  ce  qu'il  doit  faire ,  ou 
fur  ce  qui  doit  arriver.  Incertum  ,  dulntatio.  Une 
dcmonftration  géométrique  ne  laille  point  l'efprit 
dans  l'incertitude.  On  ne  termine  rien  avec  les  gens 
oui  tout  toujours  dans  l'incertitude.  Comment  con- 
fcïver  route  fa  tranquilhté  parmi  ies  incertitudes  des 
Tome  f^. 


INC  iij 

émotions  populaires,  ik  d'une  Cour  agitée  ?  Boss, 
■  Tant  que  l'efprit  eft  dans  l'incertitude  ,'][  eft  poulli 
çà  &c  la  fans  frvoir  a  quoi  fe  fixer.  S.  Evr.  Le 
picn-,icr  pas  vers  l'athéifme,  c'eft  l'incertitude'.  M. 
Se.  Entre  deux  partis  il  vaudroit  mieux  prendre  le 
plus  mauvais  que  de  n'en  prendre  point;  l'incerti- 
tude gâte  tout.  S.  ÉVR.  Bien  des  gens  blâment  une 
certaine  prudence  excelîive  ,  qui  tient  l'efprit  en  fuf- 
pcns  &  dans  une  continuelle  incertitude.  La  Pl. 

Rien  n'eft  plus  incertain  que  notre  dernière  heure  : 
Heureufc  incertitude  ,  aimable  obfcurité , 

Par  où  la  divine  bonté 
A  veiller,  à  prier  fans  ccffe  nous  convie. 

L'Abbé  Têtu. 

I^TTncertitude  ,  doute ,  irréfolution ,  fynonimes.  Dans 
le  lens  où  ces  mots  font  fynonimes,  dit  M.  l'Abbé 
Girard  ,  ils  marquent  tous  les  trois  une  indécifion  ; 
mais_  l'incertitude  vient  de  ce  que  l'événement  des 
chofes  eft  inconnu  ,  le  doute  de  ce  que  l'efprit  ne 
fait  pas  faire  un  choix  ;  &  l'irréfolution  de  ce  que 
Ja  volonté  a  de  la  peine  à  fe  déterminer. 

On  eft  dans  l'incertitude  fur  le  fuccès  de  fes  dé- 
marches. L'homme  fage  ne  fort  guère  de  l'incertitude 
iur  l'avenir.  Foye-^  les  autres  mots. 

On  dit  ablolument ,  il  y  a  beaucoup  ^'incertitude 
dans  la  Médecine,  dans' la  Phyfique ,  dans  rfi,if- 
toire,  &c. 

On  dit  aullî  l'incertitude  du  temps  ;  pour  dire  , 
l'inconftance  du  temps.  Acad.  Fr. 

INCESSAMMENT,  adv.  Sans  difcontinuation ,  fans 
délai.  Indejinenter ,  quamprimùrn.  Les  Fidèles  doi- 
vent prier  incejfamment.  Qiioi  !  voir  incejfammenc 
ce  que  l'on  n'aime  pas  ?  S.  ÉvR.  Le  fage  eft  incej- 
famment fur  fes  gardes  pour  fe  garantir  des  furprilès 
de  l'amour  -  propre.  M.  Esp.  On  a  ordonné  qu'on 
travail  kroit  incejfamment  à  ce  procès  ,  que  le  Juge 
fe  tranfporteroit  incejfamment  fur  les  lieux. 

§Cr  Incessamment  ,  lignifiant  yT.vzj  ceJJ'e  ,  eft  un  peu 
vieux.  Dans  Icfens  d'au-plutôt ,  fins  délai ,  il  déligne 
toujours  un  tutur.  Il  arrivera  inceffamment. 

INCESSIBLE,  adj.  Quod  cedi  j  concedi  non  potefl.  Qui 
ne  peut  être  cédé.  Ce  terme  eft  de  Junfprudence, 
&  ne  doit  point  fortir  du  Palais.  On  a  dit ,  dans  la  . 
Requête  de  AL  le  Prince  de  Soubife  contre  M.  le 
Duc  de  Rohan ,  que  les  noms ,  les  armes ,  le  rang  , 
la  noblelfe ,  ne  tombent  point  dans  le  commerce  , 
ils  font  inaliénables  &:  incejp.bles  ;  c'eft -à-dire, 
que  perfonne  n'a  droit  de  les  céder  fans  le  confen- 
tement  exprès  de  ceux  de  la  famille  ,  qui  ont  droit 
exclulir  à  leur  nom  ,  leurs  armes  ,  &c. 

INCESTE,  f.  m.  Crime  qui  fe  commet  par  la  conjonc- 
tion entre  les  perlonnes  qui  font  parentes  dans  un 
degré  prohibé  par  l'Eglife.  Incejlus.  Quelques  -  uns 
ont  cru  que  l'on  devoir  permettre  le  mariage  entre 
parens ,  aîin  que  la  tendrelîe  ,  il  néceflàire  dans  le 
mariage  ,  augmentât  par  ce  double  hen  :  cependant 
les  règles  de  l'Eglife  ont  étendu  la  prohibition  jufqu'au 
feptième  degré.  Le  II.  Concile  de  Latran  j  Sellîon 
II.  a  réduit  au  quatrième  degré  de  parenté  la  pro- 
hibition de  contraéfer  mariage.  Les  mots  d'adultère  , 
ou  à'incefte  ,  ne  font  pas  iniames  ,  quoiqu  ils  ligni- 
fient des  adiions  infâmes ,  parce  qu'ils  ne  les  repré-  . 
fentent  couvertes  que  d'un  voile  d'horreur  qui  fait 
qu'on  ne  les  regarde  que  comme  des  crimes  ;  de 
forte  que  ce  mots  lignifient  plutôt  le  crime  de  ces 
adfions,  que  les  aAions  mêmes.  Log. 

On  trouve  fouvent  dans  l'ancienne  Hiftoire  des 
Rois  de  Perfe ,  que  le  hère  épouie  la  fœur ,  parce 
qu'iis  ne  vouloient  point  s'allier  avec  leurs  propres 
fajets ,  &c  encore  moins  avec  des  Princes  étrangers. 
Hors  de  là  les  nations  un  peu  polies  ,  dont  nous 
avons  connoilîance ,  ont  regardé  l'incejle  avec  hor- 
reur. Le  Parlement  de  Paris  a  déclaré  par  arrêt ,  que 
les  entans  nés  d'un  incejle  ne  peuvent  être  légitimés 
par  le  mariage  fubféquent,  quoiqu'on  obtienne  dif- 
penfe  du  Pape. 

■Ifl"  Le  mot  incefe  vient  du  Latin  Inceftus  ,  au  lieu  de 

Pij 


1 16 


I  N  C 


I  N 


C 


non  cafius.  Quelques  uns  cependant  le  font  venir  du 
Jiiot  ciflus ,  qui  chez  ks  Romains  étoit  ia  ceintùie 
de  Vénus  ,  qu'on  donnoit  aux  mariés  ,  ëc  qu  on  re- 
fufoità  ceux  qui  lé  manoicnt,  quand  il  y  avoit  quel 
que  empêchement  au  mariaj^e  :  de  lorte  qu  un  tel 
in,.riii,L  étoit  appelé  incejlueux  ,  c'cft-à  dire ,  làiis 
ceinture. 
ÏNChsiE  ,  ié  dit  aulîî  de  la  perfonne  qui  commet  Vin- 
cejie.   Incejius.  Il  y  a  peine  de  mort  cojitre  les  ïn- 

CijtCS. 

Ikclste  spirituel,  efl  un  crime  qui  fe  commet  de  la 
même  manière  entre  des  perfonncs  qui  ont  une  al 
liance  Ipiiituclle  par  le  iacrement  de  Baptême  &  de 
Confirmation  j  comme  le  pêrc  ou  la  m;re  de_  l'en 
fant  bjptifcj  &  celui  ou  celle  qui  l'ont  tenu  lur  les 
fonts. 

|CFOn  appelé  ïncejlc  Jpïntusl ,  le  crime  que  commet 
un  homme  avec  une  Rcli^ieule,  ou  un  Conrelltur 
avec  ia  péniccnte. 

Inceste  swRiroEL,  fe  ditaulll  ei\  parlant  du  Bénéficier 
qui  poliède  la  mère  ic  la  hlle ,  c'ell:  à-dire ,  deux 
Bénétijes  dont  l'un  dépend  de  la  collation  de  l'autre, 
comme  l'Abbaye  de  (Jlugni  &  le  Prieuré  de  la  Cha 
:rité.  Un  incifte  /pintuel  rend  l'un  &  1  autre  des  Bé- 
néùces  vacans  &:  impétrables. 

Inceste,  eii  aulli  un  terme  du  Grand  Art  qui  ne  fi- 
gnirie  rien  d'inramCj  &  quand  dans  le  langage  des 
iagcs  on  parle  de  Vincejld  du  frère  &  de  la  fœur, 
du  père  &  de  la  fille  ,  de  la  mère  &  du  fils ,  on 
•n'entend  que  1  union  qui  fc  fait  dans  le  mercure 
philofophal  des  élémens  &  des  principes  de  la  natu- 
re ,  Ici  3  foulre  ,  mercure. 

INCES TUEUSEMENT.  adv.  d'une  manière  incef- 
tueule.  Inccjlè. 

ifT  INCES  rUEUX,  EUSE.  adj.  Terme  qui  fe  dit  éga- 
lement des  perfonncs  &  des  chofes.  Qui  efl:  coupable 
à'incejh  ,  qui  provient  de  Vinccjle  ,  qui  appartient  à 
Vuicèjle.  InccJlus.  Un  homme  ïncefiucux.  Un  amour , 
un  mariage  ,  un  commerce  incejlueux.  une  conjonc- 
tion inujluîufe.  Un  bâtard  incejluiux.  La  loi  qua- 
trième du  Code  Théod.  déclare  incejlueux  le  mariage 
entre  des  pefonnes  qui  font  au  premier  dejj'ré  d'atiî- 
nicé.  G.  G. 

Un  jourfiul  ne  fait  pas  d'un  mortel  vertueux  , 
U,i  perjïde  ajfdjjln  j  un  lâche  inceftaeux.  Rac. 

On  dit  fubft.  un  incejlueux. 

On  appelle  V incejlueux  de  Corinthe  ,  cçt  incejlueux 
dor.t  Saint  Paul  parle  dans  ù  première  hpitre  aux 
Corinthiens,  C.  f^.  v.  i. 

Incestueux  ,  eose.  f.  m.  &  f.  Nom  de  fede.  Vers 
l'an  io6j.  il  s'éleva  en  Italie  un  héréfie  qu'on  ap- 
pelle l'hérélîe  des  Incejlueux.  Elle  commença  à  Ra- 
vcnnc.  Les  Savans  de  la  ville  contultés  par  \cs  Flo- 
re^ins  fur  lesdeirrés  de  confmguinité  qui  empêchent 
le  mariage ,  leur  répondirent  que  la  Icptième  géné- 
ration marquée  par  les  Canons  ,  devoit  fe  prendre 
des  deux  côtés  joints  enfemblcj  enlorte  qu'on  comp- 
tât quatre  générations  d'un  côté  &  trois  de  l'autre. 
Ils  prou/oient  cette  opinion  par  un  endroit  des  Inf- 
tituts  de  Juftinien,  L.  L'tit.  jo.  de  Nupt.  $.  ^. 
où  il  eft  dit  qu'on  peut  époufer  la  petite  lîiie  de  Ion 
frère,  ou  de  fa  fœur,  quoiqu'elle  loir  au  quatrième 
degré  ;  d'où  ils  concluoient  :  Il  la  petite  fille  de  mon 
frère  efl  à  mon  égard  au  quatrième  degré  ,  elle  eft 
au  cinquième  pour  mon  fils ,  au  lixième  pour  mon 
petit-fils ,  Se  au  fepiième  pour  mon  arrière-petit  fils. 
Pierre  Damien  écrivit  contre  l'erreur  des  Incejlueux, 
Se  Alexandre  II.  la  condamna  dans  un  Concile  tenu 
à  Rome  ,  !k  par  une  Décréralc  adrellce  à  tous  les 
Évêques,  Clercs  Se  Juges  d'ItaUe. 

iNCHÀRirADLE  ,  adj.  De  t.  g.  Ce  mot  eft  nouveau, 
&:  n'eO:  pas  encore  bien  établi.  Il  îignifie  qui  n'eft 
pas  charitable.  Minime  benejîcus.  Danet.  On  a  mê- 
me hafardé  incharité ,  &  il  y  a  des  efpèces  de  pré- 
cieufes  en  fait  de  dévotion  ,  qui  affeélent  de  fe  fer- 
vir  de  ces  termes  à'inch.irité  &  inçha.n:ablc  ;  mais 


ces  perfonnes-ià  n'ont  pas  alfez  d'autorité  pour  éta- 
blir de  nouveaux  mots. 

INCri  GALLES.  îles.  Foyei  WESTERNES. 

IiNlCHOAlIEj  IVE.  adj.  Vieux  mot  pris  du  Latin 
inchoare.CommcncQt.  Inchoatij ,  qui  commence,  qui 
donne  commencement  a  quelque  choie,  inchoans , 
mchoativus j  a^  uni. 

O  douce  langue  !  ô  langue  inchoative 
Du  vrai  falut  de  l'ame ,  étant  captive  , 
Ai.'is  que  la  Vierge  ijjue  de  JeJJe 
Eût  profère  ce  tant  beau  mot  Ecce.  Marot. 

Inchoatiî,  IVE.  Terme  de  Grammaire.  Qui  fignifie 
le  coiumencement  d  une  aiiion,  d  une  choie.  Inckoa- 
tivus  ,  a.  L'abbé  d  Aubignac  ,  dans  Ion  1  érence  juf- 
tihê.  Disert  II.  c.  XVI.  traite  de  l'ulage  des  ver- 
bes Latins  dits  inchoatijs.  Ces  verbes  de  lignification 
inchoative ,  lelon  les  règles  étroites  de  la  langue  La- 
tine ,  lont  iudiitérerament  employés  par  ks  bons 
Auteurs  pour  leurs  primitifs  ,  avec  lelquels  ils  ont 
prel que  tous  les  temps  communs  :  voire  même  d'or- 
dinaire expriment  ils  nos  Icntimens  avec  plus  de  vio- 
lence, &  lesadions  dans  un  état  plus  parrait.  D'Au- 
BIGKAC.  Varron  voulant  expliquer  le  temps  des  pre- 
mières ileurs  qui  paroilfent  dans  ks  prairies  ,  ne  s'eft 
pas  contenté  d'employer  un  verbe  inchoatij  ■  mais 
il  en  ajoute  un  autre  qui  lignine  précifément  com- 
mencer. iyZT  C  eil  ainli  que  Céfar  dit  :  cum  jrumenta 
maturejcere  incperent.  Ces  exemples  font  Iréquens 
dans  nos  meilleurs  Auteurs  Latins.  D'où  il  cil  évi- 
dent que  le  verbe  maturcfcere  ne  déhgne  point  le 
commencement  de  la  maturité,  mais  plutôt  de  nou- 
veaux degtés  de  mp.turité.  Il  en  eft  de  même  des  au- 
tres verbes  qualifiés  inchoatijs  ,  qui  expriment  ks 
uns  une  augmentation  gr.idaclle  d'une  qualité  ,  com- 
me calejcere  j  ahfolvcre  ,  jervejcerc ,  &c.  Les  autres 
une  progrellion  graduelle  de  diminution  ,  comme 
decrefcen  ,  dejionfcere  ,  defervcfcere  j  iScc.  ainh  ce 
qui  caraûérik  ces  verbes,  c'eft  non  1  idée  acceiibire 
du  commencement ,  mais  bien  celle  d'iuie  progref- 
lion. 

INCICATRISABLE,  adj.  Terme  de  Chirurgie.  Qui  ne 
peut  être  cicatrile.  Si  ces  ulcères  (  ks  cancers  )  font 
incicatrijabks  ,  c'eft  que  ks  fibres  de  la  peau  ne  peu- 
vent plus  fe  lier  &  s'unir  à  celles  de  la  malle  de  nou- 
velle transformation.  Dionis,  rapportant  le  fenti- 
ment  de  'vl.  Gendron.  Nous  n'avons  point  trouvé 
ce  mot  ailleurs  que  dans  cet  Auteur  :  mais  il  eft  très- 
propre  &  néceliaire  pour  éviter  la  périphrafe. 
INCIDEMMENT,  adv.  Terme  de  P.alais.  Par 
liiite,  pir  connexité,  par  incident.  Pcr  acccjjionem. 
Cet  ho.nme  eft  délendcur  au  principal ,  &  incidem- 
ment demandeur  par  les  défenles  d'un  tel  jour.  On 
a  obtenu  incidemment  une  requête  civile  contre  l'ar- 
rêt qui  a  été  objecté. 

INCIDENCE,  f.  f.  Terme  de  Géométrie.  Chute  d'une 
ligne,  d'un  rayon  ,  d'un  corps  lur  un  autre,  c"eft-à- 
dire  ,  la  direélion  luivant  laquelle  un  corps  en  frappe 
un  autre.  Incidcntia.  C'eft  un  axiome  inlaillibk  ea 
Optique ,  que  les  angles  A' incidence  font  égaux 
à  ceux  de  réllexion  :  ce  qui  eft  vrai  non  feulement 
pour  ks  rayons  ,  mais  auili  pour  les  corps  comme 
les  balles  d'un  tripot ,  &c.  L'incidence  perpendicu- 
laire d'une  ligne  lur  une  autre  fait  deux  angles  droits: 
quand  elle  eft  oblique,  elle  en  lait  un  aigu  <1\:  l'au- 
tre obtus  ,  qui  joints  eniemble  font  égaux  à  deux 
droits.  M.  Molineux,  dans  fi  Dioptrique,  prend 
incidence  Se  inclination  l'un  pour  l'autre  ,  &c  dit  in- 
diifëremment  angle  d'incidence ,  ou  angle  d'ioclina- 
tion.  Harris. 

Le  point  d'incidence  en  Optique  eft  le  point  d'un 
miroir  fur  lequel  on  fuppole  que  tombe  un  ravon 
de  lumière.   Id, 

Le  finus  de  l'incidence  eft  le  finus  d'm^s,\s  d' incidence. 
L'angle  d'incidence  eft  l'ansie  que  la  ligne  décrite 
par  le  rayon  d'incidence  ik  la  ligne  perpendiculaire 
à  la  furlace  réiléchilïante  ou  rélringente ,  forment 
entre  elles  au  point  d'incidence.  Newton.  Opt.  trad 


INC 

Le  finus  d'incidence  clt  ou  cxademcnt ,  ou  fort  ap- 
prochant en  r.iiloii  iloniicc  au  iiiius  de   léfiaclion. 

1d.  J6. 

Incielkce.  Terme  d'Aftronomie.  f^oye:^  IMMERiiiON; 
c  cit  la  même  chute. 

INCIDENT  j  ENiE.  adj.  Qui  a  de  la  conncxité , 
qui  e(t  dépendaur  de  la  quei'tion  principale.  Quod 
perciriec  ad  aliquid ,  acccjjio.  Les  Savans  dans  leurs 
di/putes  s'arrêtent  trop  d'ordinaire  aux  queftions 
incidences.  S.  Évr.  ^fT  En  jurilprudente  ce  terme 
s'applique  à  des  choies  accelioircs  à  la  conteihition 
priiicipale.  Demande  incidente,  qucdion  incidente  , 
qni  lurvient  à  roccallon  de  la  queicion  principale. 
Toutes  les  demandes  incidences  d'un  procès  doivent 
être  comprifes  dans  une  même  requête ,  &  rt'glécs  par 
un  même  appointement  luivant  l'Ordonnance  de 
i66/.  Enibarraller  l'elprit  de  difricultés  incidentes. 

PÉLISSON. 

Incident,  ente.  Terme  d'optique  qui  fe  dit  d'un  rayon 
qui  tombe  lur  une  face  rérléchillante  ou  réfringente , 
&  de  la  ligne  félon  laquelle  il  tombe.  Incidens.  Si 
un  rayon  rompu  eft  envoyé  directement  au  point 
à' incidence  ,  il  lera  rompu  dajis  la  ligne  déjà  décrite 
parle  rayon  iwtv^ewf.  Newton.  Opt.  trad. 

§3°  Propolition  incidente  ,  en  Grammaire  &:  en  Lo- 
gique, eil  une  propolition  particulière  j  qui  fait  partie 
d'une  propolltion  principale  ,  &  qui  eft  liée  à  un 
mot  dont  elle  iert  à  développer  ou  à  déterminer 
la  fignification.  Dieu  qui  efi  jufte  recompenfera  les 
bons ,  &  punira  les  méchans.  Voilà  une  propolltion 
totale  :  qui  efi  jufie ,  eft  la  propolltion  particulière 
&:  incidente. 

Incident  f.  m.  Circonftance  particulière ,  événement 
qui  fui'vient  dans  le  cours  d'une  aftaire.  Eventas.  Un 
incident  imprévu  fut  le  prétexte  de  la  guerre.  Miz. 
Nous  allons  vous  régaler  d'un  incidcnc  tout  frais , 
qui  vous  furprendra  fort.  Mol. 

Incident  dans  un  Pocme ,  eft  un  épifode  ,  ou  aiffion 
particulière  liée  à  l'aétion  principale  j  ou  qui  en  eft 
dépendante.  Cette  Comédie  eft  pleine  d'agréables 
incidens  ,  qui  divertilfent  les  fpectateurs ,  &  qui  en 
forment  l'intrigue.  Le  Po'ètc  doit  faire  choix  des 
incidens  fukeptibles  des  ornemens  convenables  à  la 
majefté  du  Poème.  Dac.  La  variété  à'incidens  bien 
amenés  Se  bien  ménagés ,  fait  la  beauté  du  Po'cme 
héro'iquc.  Pont.  Le  Po'cme  épique  doit  embraller 
une  certaine  quantité  A'madens ,  pour  fufpendre  le 

.     dénouement ,   qui  (ans  cela  iroic  trop  vite  à  fi  hn. 

AIen. 

N'off're\  point  un  fujec  ^/'incidens  crop  chaque. 

V.  BoiL. 

•y 

Quel  bonheur  &:  quel  goût  dans  la  difpofition 
des  incidens  ,  qui  n'eft  pas  cependant  arbitraire  dans 
une  Hiftoire  comme  dans  un  Roman,  &  qu'on 
jdoit  toujours  faire  céder  à  la  vérité.  Le  P.  Dan. 

§^Incident  ,  en  Jurifprudence  ,  eft  une  contcftarion 
qui  furvient  entie  les  parties  pendant  la  pourfuite  de 
la  caufe  principale.  Caufi  accej/lo.  Toute  requête 
contenant  une  nouvelle  demande  ,  après  que  la 
contcftation  principale  eft  liée ,  eft  une  demande 
incidence.  Les  demandes  ou  appellations  incidentes 
ne  font  jamais  reçues  favorablement ,  parce  qu'elles 
ne  fervent  qu'à  retarder  le  jugement  des  affaires  ,  ou 
à  les  emb.irrairer.  On  a  disjoint  cet  incident  du  prin- 
cipal. On  a  condamné  le  demandeur  aux  dépens  de 
l'incident.  On  appelle  aulîî  incident  àe  lettres ,  la  pro- 
dudion  des  lettres  que  l'on  obtient  en  Chancellerie 
à  quelque  occafion ,  dans  un  procès  déjà   inftruir. 

€^  Incident  fe  dit  encore  des  conteftations  qu'on  fait 
naître  dans  les  difputes ,  dans  une  partie  de  plaiiu-; 
Difhcultés  qui  furviennent.  Vous  clierchez  à  faire 
des  incidens  au  lieu  de  répondie  à  la  queftion.  Di 
vertere  ab  aliquâ  re.  Un  incident  a  rompu  notre 
parne. 

INCIDENTAIRE.  Terme  hafxrdé  pour  exprimer  celui 
qui  forme  des  incidens,  qui  fe  plait  à  chicaner. 


î  NC 


î  17 


^u  jeu  je  fuis  muet  comme  en  toute  autre  ajfaire  t 
Je  m  fuis  point  incidentaire.  Merc.  d' Avril  i  y  21. 

INCIDENTER.  V.  n.  Terme  de  Palais.  Faire  naître  des 
incidens  pour  retarder  le  jugement  d'une  atfaire.  Di- 
veracula  qu&rere.  Ce  procès  eût  été  jugé  il  y  a  long- 
temps ,  fi  vous  n'aviez  point  tant  incidente.  On  dit 
dans  une  dilpute  :  Vous  incid^nte:(  toujours  ;  venons 
à  I4  queftion.  On  incidente  au  jeu. 

INCINtRAf  ION.  f.  £  Terme  de  Cnimie.  C'eft  la  ré- 
duction des  végétaux  en  cendres ,  en  les  faifant  brû- 
ler doucement.  Ainfi  on  réduit  la  fougère  en  cen- 
dres pour  en  faire  la  matière  du  verre.  A  l'égard  de? 
métaux,  on  appelle  cela  calciner.  On  le  dit  aullî  des 
végétaux. 

INCIKCONCIS  ,  ISE.  ad;.  Quelquefois  employé  fubf- 
tantivement.  Qui  n'eft  point  circoncis.  Kon  circum- 
cifus.  Le  mâle  incirconcis ,  dont  le  prépuce  n'aura 
point  été  circoncis ,  fera  retranché  d'entre  le  peuple. 
Genèfe.  XVII.  1 4,  Nation  incirconcife.  Les  Hébreux 
appeloient  incirconcis  ,  tous  ceux  qui  n'étoient  pas 
de  leur  nation.  Je  tomberai  entre  les  mains  de  ces 
Incirconcis.  Saci.  Juff.  XV.  18.  Pallons  jufqu'au  camp 
de  ces  Incirconcis.  Id.  i.  des  Rois  XIV. '(5.  C'étoic 
un  terme  de  mépris,  comme  celui  de  Barbare  chez 
les  Grecs. 

Il  le  dit  auflî  figurément.  Incirconcis  de  cœur  j  in- 
circoncis^  de  lèvres.  Incirconcis  d'oreilles.  Ce  terme 
eft  conficré  par  les  termes  des  langues  originales  de 
la  Sainte  Lcnture  ,  que  l'on  a  traduit  httéraleraent 
autant  qu'il  a  été  poflible,  &  ces  expreillons  font 
priles  de  l'Éxode.  chap.  VI.  12.  jo.  oc  des  Acles 
des  Apôtres,  chap.  Fil.  v.  //. 

INCIRCONCISION,  f  f.  État  d  un  homme  qui  n'eft 
pas  circoncis.  Il  ne  ù  dit  que  dans  le  figuié.  Incir- 
concijîon  de  cceur. 

ifT  INCISE,  f.  m.  Terme  de  Grammaire  Latine.  In- 
cifum.  Partie  d'une  période.  La  période  eft  compo- 
fce  de  membres  Hc  d'incifes.  Le  membre  eft  compris 
dans  une  certaine  quantité  de  paroles  dont  le  nom- 
bre eft  complet.  Vincïfe  ne  diftere  du  membre  qu'en 
ce  qu'il  n'a  pas  tant  d'étendue  ,  c\:  qu'en  ce  que  le 
nombre  n'en  eft  pas  fi  complet.  Le  membre  détache 
eft  femblable  à  une  période  lîmple  ,  comme  dans 
cet  exemple  de  Cicéron.  Nulla  caufa  jufca  unqu.vn 
ejje  potejl  contra  patriam  arma  capiendu  L'incifen't9L 
compolé  que  de  deux  ou  trois  mots ,  comme  ,  furor 
arma  minfirat.  Quelquefois  il  eft  rerfermé  dans  ua 
feul  mot.  Turenne  eft  mort  ;  la  viétoire  s'arrête  ;  k 
fortune  chancelle.  Voila  un  exemple  d'incifes  en 
François.  Il  convient  fouvent  de  s'exprimer  en  ftylc 
coupéj  c'eft-à-dire  par  des  membres  Ssi  des  incifes. 

INCISER.  V.  a.  Incidcre.  Terme  de  Chirurgie.  Faire 
une  taillade,  une  ouverture  en  long  fur  la  peau, 
ou  dans  une  plaie  avec  un  inftrument  tranchant, 
comme  rafoir ,  biftouri ,  &c.  Il  a  fallu  incîfer  cette 
plaie  qui  étoit  trop  étroite,  de  peur  qu'il  ne  s'y 
formât  du  pus. 

Ce  mot  vient  du  Latin  incido  ,  incidi  j  incifum  y 
couper j  trancher,  incifer. 

Inciser  j  fe  dit  aullides  arbres.  Incidere ,  putare.  Il  les 
faut  incifer ,  couper  un  peu  l'écorce  quand  on  les 
greffe. 

Inciser  ,  fignifie  ^fT  en  Médecine  la  même  chofe  que 
divifer  j  brifer  ,  atténuer.  On  le  dit  en  ce  iens  de  cer- 
tains remèdes  qui  produifent  cet  effet  fur  les  humeurs 
épailfes,  vilqueuies ,  tenaces.  On  dit  de  même  que 
les  fucs  qui  font  dans  l'eftomac,  fervent  à  incifer  les 
alimens.  L'eau  de  Bourbon  parcourant  les  premières 
voies,  incife  ik.  enlevé  les  tartres  (alins  qui  revctoienc 
les  membranes  des  vifcères.  Mém.  de  Tr. 

fCF  Incisé  j  ée.  part,  voye^  le  verbe. 

INCISIF  ,  IVE.  adj.  ^fT  Terme  de  Médecine.  In- 
cidens ,  quod  incidit.  On  fe  Iert  de  cette  épithète 
pour  déligner  certains  remèdes  auxquels  on  attribue 
la  propriété  de  diviier,  d'atténuer,  de  brifer.  La  di- 
geftion  fe  fait  par  l'adion  incifve  de  l'acide  de  no- 
tre eftomac.  Le  thé  eft  incifif.  Les  eaux  minérales  iCul- 


ii8 


I  N  C 


phureufes  font  incljîves ,  elles  incifent ,  elles  divi- 
Icnt ,  elles  diilolvenr  les  glanes,  les  humeurs  épai'lcs 
qui  font  des  obltrudlions. 
Incisif  ,  ive  ,  le  dit  eti  Aiucomie  Ai  quelque:  dents , 
d'un  double  mufcle  &  de  certains  trous  qui  ont  rap 
port  à  ces  dents.  Inàfivus.  Les  dents  ïncifLves  ,  que 
d'autres  nomment  Knufcs  ,  parce  qu'elles  le  dccou 
vrent  quand  on  rit ,  l'ont  au  nombre  de  huit ,  qua- 
tre à  chaque  mâchoire  ,  lîtuées  à  la  partie  antérieure 
&  au  milieu  des  autres.  Leur  luperhcie  extérieure 
eft:  fîiite  en  forme  de  voûte  ,  &  l'intérieure  eft  cave  : 
elles  font  plus  aiguës,  plus  tranchantes,  &  plus  cour- 
tes que  les  autres  ;  elles  font  plantées  dans  leurs  al- 
véoles par  des  racines  lîmples  qui  le  terminent  en 
pointes;  c'eil  pourquoi  elles  tombent  aifémentj  fur- 
tout  celles  d'en  haut.  Elles  fe  nomment  incïfivcs , 
parce  qu'elles  tranchent,  qu'elles  coupent  j  qu'elles 
incifent  les  viandes.  Les  conduits  incififs  de  Stenon , 
ou  conduits  nafo-palatins  ,  font  deux  conduits  qui 
vont  du  fond  des  narines  internes  au  travers  de  la 
voûte  du  palais  ,  &  s'ouvrent  derrière  les  premières 
ou  grofl'es  dents  inàjîves.  Winslov/. 

Le  premier  niufcle  propre  de  la  lèvre  fupérieure 
eft  Vincijif,  ainli  nommé ,  parce  qu'il  prend  fon  cri 
gine  de  l'os  de  la  mâchoire  fupérieure  à  l'endroit 
des  dents  incifives ;  de  là  il  va  s'inlérer  à  la  lèvre  lu- 
périeure  qu'il  tire  en  haut.  Les  os  maxillaires  ont 
quatre  trousinternes,  dont  deux  font  appelés  hicïfifs  ^ 
parce  qu'ils  Ibnt directement  fous  les  àtx\x.%indfives. 
M.  Winilow  diftingue  les  incififs  latéraux  ,  les  in- 
cififs mitoyens  ,  &:  les  incififs  inférieurs.  Chacun 
des  incififs  latéraux  ell  comme  biceps  ,  ayant  deux 
portions  en  haut  qui  fe  réunilfent  en  bas.  L'une  de 
ces  portions  ou  extrémités  eft:  plus  grande  que  l'au- 
tre. La  grande  ell  attachée  à  l'os  maxillaire  fous  le 
tendon  mitoyen  du  niulcle  orbiculaire  des  paupiè- 
res ,  &  paroît  communiquer  par  quelques  fibres 
vsilines  de  ce  même  mufcle.  De  là  elle  defcend  un 
peu  obliquement  vers  la  joue  le  long  de  l'apophyfe 
natale  ;  en  fe  confondant  avec  le  mulcle  pyramidal 
du  nez  ,  Se  en  donnant  quelques  fibres  aux  narines. 
Enfuire  elle  palîe  avec  adhérence  par-dellus  le  muf 
cle  myrtiforme  ou  tranfverlal  du  nez ,  «S:  s'unit  à 
l'autre  portion.  Cette  portion  ell  large  en  haut  où 
elle  efl  attachée  obliquement  lous  le  bord  de  l'orbi- 
te ,  a  l'os  maxillaire  ,  près  l'union  de  cet  os  avec 
l'os  pommette  ,  ik  un  peu  aulli  à  l'os  pommette. 
Elle  ell  même  en  cet  endroit  couverte  de  la  por- 
tion infériïiire  du  •  mulcle  orbiculaire  des  paupiè- 
res ,  avec  laquelle  elle  a  quelquefois  une  elpèce 
de  communication.  De  là  elle  defcend  obliquement 
vers  le  nez ,  &  s'unit  avec  la  première  portion.  Les 
deux  portions  ainfi  réunies  vont  enfemble  par  une 
extrémité  plus  étroite  derrière  le  mufcle  dcmi-orbi- 
culaire  de  la  lèvre  fupérieure  ,  Hc  s'attachent  à  ce 
mufcle  vis  à-vis  la  dent  canine  latérale.  Quelquefois  il 
jette  un  petit  paquet  de  fibres  au  mufcle  canin  ,  lequel 
paquet  pourroit  être  regardé  comme  un  accefloire  ou 
affocié  du  mufcle  canin  ,  &  être  nommé  le  petit  ca- 
nin. WiNSLOW. 

Les  incififs  mitovens ,  qu'on  appelle  communément 
les  petits  incifijs  de  Cov/pcr  ,  ou  petits  incififs  in- 
férieurs ,  font  deux  petits  mufcles  très-courts,  lltués 
l'un  à  côté  de  l'autre  au  -  defîous  de  la  cloifon  du 
nez.  Ils  font  attachés  par  une  extrémité  à  l'os  ma- 
xillaire fur  les  alvéoles  des  premières  dents  incifives, 
derrière  le  demi-orbiculaire  de  la  lèvre  fupérieure, 
&  par  l'autre  extrémité  à  la  partie  moyenne  &  fupé- 
rieure de  l'épailfeur  de  la  lèvre ,  attenant  les  narines 
auxquelles  ils  font  aulli  attachés.  Ils  jettent  quelquehois 
latéralement  des  fibres  au  demi  orbiculaire. Winslow. 

Les  incififs  inférieurs  font  deux  petits  mufcles  , 
qu'on  appelle  aulîî  incififs  inférieuts  de  Cowper.  Ils 
font  attachés  chacun  pat  leur  extrémité  fupérieure 
fur  les  alvéoles  des  dents  i?!c//?vt.'j- latérales  de  la  mâ- 
choire inférieure.  De  là  ils  def'cendcnt  en  s'appro- 
chant  l'un  de  l'autre  ,  &■  s'attachent  enfemble  au 
bas  du  milieu  du  mufcle  derai-orbiculaire  de  la  lè- 
vre inférieure,  Winslow. 


I  N  C 

INCISION,  f.  f,  Aclion  d'incifer  ^  de  divifer  avec  un 
inllrument  tranchant  la  continuité  des  parties.  In- 
cifiû.  Les  Chirurgiens  font  fouvcnt  obligés  de  faire 
des  incifions  en  panfant  les  plaies.  Les  Jardiniers  , 
dans  l'opération  de  la  greffe  ,  font  des  incifions 
aux  arbres.  L'incifion  cruciale  eft  ,  en  termes  de  Chi- 
rurgie ,  une  double  incifion ,  dont  les  taillades  ie 
croifent. 

INCISOIRE.  adj.  C'eft  une  épithète  que  les  Méde- 
cins donnent  aux  dents  tranchantes  qui  font  fur  le 
devant  de  la  bouche.  Quoi  incidit.  On  dit  plus  or- 
dinaireinent  dent  incifive. 

INCITATION,  f.  f.  Inftigation  ,  adion  de  celui  qui 
pouffe  un  autre  à  faire  quelque  chofe.  Incitatio, 
ffT  incitatus ,  impulfius.  On  le  dit  ordinairement  en 
mauvaife  part.  Il  a  fait  cela  à  fon  incitation.  L'inci- 
tation du  malin  efprit.   Il  eft  peu  ufité. 

INCITEMENT.  Vieux,  f  m.  du  latin  Incitamentum . 
Incitamcn,  Attrait  qui  porte  ,  qui  excite  à  quel- 
chofe. 

Comme  métaux  j  6*  pierres  de  valeurs , 
Incitemens  à  tous  maux  &  malheurs.  Marot. 

ffT  Effodiuntur  opes ,  irritamenta  malorum.  Ovide. 

INCITER,  v.  a.  Pouiîer  quelqu'un,  l'exciter  à  faire 
quelque  chofe.  Incitare.  Les  bons  exemples  ,  les 
bonnes  inftruflions  incitent  les  jeunes  gens  à  la 
vertu  :  les  mauvaifes  incitent  au  vice.  Cela  nous  incite 
à  l'amour  de  Dieu.   Pélisson. 

Incité  ,  ée.   part. 

INCIVIL  ,  ILE.  adj.  Qui  manque  de  civilité.  Voye-;^ 
ce  mot.  Inurbanus.  Il  n'y  a  rien  de  plus  incivil  qu'une 
fincéritc  ruilique  qui  dit  tout  fans  détour.  Bell.  Pro- 
cédé incivil ,  prière  incivile ,  demande  incivile  con- 
traire à  la  bienféance.  Les  Bourgeois  difenr  ordinai- 
rement ,  qu'il  vaut  mieux  être  incivil  qu'importun  ; 
pour  dire  qu'il  vaut  mieux  commettre  une  incivili- 
té ,  que  de  fatiguer  les  gens  par  trop  de  cérémo- 
nies. 

Incivil  j  île.  adj.  En  termes  de  Juriljjrudence ,  on 
appelle  Claufe  incivile  ,  une  claule  faite  contre  la 
difpofition  des  Loix.  Acad.  Fr. 

INCIVILEMENT.  adv.  D'une  manière  incivile.  In- 
urbanè.  Il  ne  faut  jamais  recevoir  perfonne  iacivile- 
ment.  On  ne  doit  point  aller  troubler  incivilement 
un  homme  dans  la  bonne  opinion  qu'il  a  de  lui- 
même.  Bail.  Il  ne  faut  pas  montrer  fes  défauts  grof- 
fièreraent  &  incivilement.  La  Pl. 

CCr  INCIVILITÉ,  f  f.  Inurbanitas.  Manque  de  civi- 
lité. Voye'^  ce  mot.  L'incivilité'  confifte  à  ne  pas 
rendre  les  honneurs  qui  font  dus  à  ceux  qui  fe  trou- 
vent à  notre  rencontre. 

Ce  mot  lignifie  aulli  une  aftion  ou  une  parole 
contraire  à  la  civilité.  Faire  ,  commettre  une  incivi- 
lité. Elle  lui  fit  de  petites  incivilités ,  qui  de  la  part 
d'une  perfonne  railonnable ,  ne  pouvoient  être  que 
des  marques  de  palîion.  S.  EvR. 

0CF  L'Incivilité ,  dit  la  Bruyère,  n'efl  pas  un  vice 
de  l'ame ,  elle  efl  l'effet  de  plufieurs  vices  ;  de  la 
fotte  vanité  ,  de  l'ignorance  de  fes^  devoirs  ,  de  la 
parelîe  j  de  la  diftradion ,  du  mépris  des  autres ,  de 
la  jaloufie.  Pour  ne  fe  répandre  que  fur  les  dehors  , 
elle'n'en  efl  que  plus  haïiïàble ,  parce  que  c'eft  tou- 
jours un  défaut  vifible  &c  manifefte  :  il  eft  vrai  ce- 
pendant qu'il  oftenfe  plus  ou  moins  fuivant  la  caufe 
qui  le  produit. 

Ip"  INCLÉMENCE.  C  f.  Terme  fynonyme  à"  ri- 
gueur dans  les  phrafes  où  il  eft  employé  ,  qui  font 
en  petit  nombre.  On  dit  l'inclémence  de  l'air  ,  du 
temps  ,  de  la  faifon.  Inclcmentia.  Quelques-uns  ne 
l'admettent  que  dans  la  Pocfîe.  Réfl.  La  Fontaine 
s'efl  fervi  de  ce  mot  dans  fa  Pfîché. 

Sommes-nous  ,  dit-il ,  en  Provence  ? 
Quels  amas  d'arbres  toujours  vers 
Triomphe  ici  de  /'inclémence 
Des  aquilons  &  des  hivers  ! 

M.   Ménage  Se   le  P,   Bouhours   l'approuvent    par 


IN  C 

rapport  aux   Dieux  5  Racine  s'en  cft  fcivi  heure u- 

Itaiciu. 

Tandis  que  four fléchir  /'inclémence  des  Dieux , 

Il  faut  du  fang  peut  -  ctre  ,    &  du  plus  précieux. 

Rac. 

Molit-rc  emploie  ce  mot  d'une  manière  prccieufc 
dans  une  de  ("es  Comédies  :  Voudriez-vous  ,  t^aquins  , 
que  j'cxpofalle  l'embonpoint  de  mes  plumes  aux 
inclémences  de  la  faifon  pluvicule  ?    Mol. 

INCLINAISON.!",  f.  Terme  de  Géométrie.  On  appelle 
inclinaifon  de  deux  lignes  ,  la  rencontre  de  deux  li- 
gnes qui  le  coupent.  Indinatio.  Les  Géomètres  di- 
Icnt  inclinaifon  en  ce  Icns  ,  plutôt  qu  inclination  ; 
tout  de  même  qu'ils  dilent  déclinaifon.  L'inclinaîjbn 
de  deux  plans  clt  l'angle  aigu  de  deux  lignes  droites 
tirées  dans  chaque  plan  par  un  même  point  de  leur 
commune  l'eûion  ,  &  perpendiculaires  à  la  même 
fedlion  commune.  L'inclinaifon  d'une  ligne  droite  à 
un  plan  ,  eft  l'angle  aigu  que  cette  ligne  droite  fait 
avec  une  autre  hgne  droite  tirée  dans  ce  plan  par  le 
point  où  il  fe  trouve  coupé  par  la  ligne  inclinée , 
Hc  par  le  point  011  il  fe  trouve  aulli  coupé  par  une 
perpendiculaire  tirée  de  c]uelque  point  que  ce  loit 
de  la  ligne  inclinée.  L'inclinaifon  d'une  planète  eft 
un  arc  compris  entre  l'écliptique  j  &  le  lieu  de  la 
planète  dans  fon  origine.  Harris.  L'inclinaifon  A'nn 
rayon  en  Diopaiquc  eft  l'angle  que  ce  rayon  fait 
avec  l'axe  d'incidence  dans  le  premier  milieu ,  au 
point  où  il  rencontre  le  fécond  milieu.  M.  Moli- 
ncux  ,  dans  fa  Dioptrique  ,  prend  incidence  &  in- 
clinaifon indilîéremmeait  l'un  pour  l'autre  ;  mais  l'u- 
fage  ordinaire  eft  de  dire  angle  de  déclinaifon. 

^jfS"  L'inclinaifon  de  l'axe  de  la  terre  ,  eft  l'angle  com- 
pris entre  le  plan  de  l'échptique  ,  &  celui  de  l'équa- 
reur  qui  eft  d'environ  23  degrés  i  M.  Pluche  a  préten- 
du qu'avant  le  Déluge  l'axe  de  la  terre  n'avoit  aucune 
inclinaifon  ,  &  par  confequent  que  la  terre  prélen- 
toit  toujours  fon  équateur  au  Soleil  ;  qu'ainli  tous  les 
climats  ,  à  l'exception  de  la  Torride  ,  jouilloient 
d'une  douce  température  ;  les  jours  étant  par-tout 
égaux.  Mais  quand  Dieu  voulut  envoyer  le  déluge , 
il  inclina  l'axe  de  la  terre  vers  les  étoiles  du  nord , 
ce  qui  parut  introduire  un  nouveau  monde.  C'eft 
même  par  cexte  inclinaifon  de  l'axe  que  cet  Auteur 
prétend  expliquer  le  déluge.  f^oye\  la  réfutation  de 
ce  fyftême  dans  les  Mém.  de  Lrcv.  Mars  Se  Avr. 
1746. 

INCLINANT ,  ANTE.  Qui  inchne ,  qui  penche  de 
quelque  côté.  Propenfus  ,  procUvis.  §3"  On  ne  dit 
point  un  homme  inclinant  au  bien  ,  au  mal.  Ce 
terme  n'eft  ulité  qu'en  Gnomonique  j  où  il  fe  dit 
d'un  cadran  lolaire  qui  n'ell  pas  perpendiculaire  à 
l'horifon  ,  mais  qui  incline  du  côté  du  midi.  Ca- 
drans inclinans  ou  inclinés.    Voyei^  Cadran. 

INCLINATION,  f.  f.  |p  Adtion  de  pencher.  Indi- 
natio. Ce  mot  ne  fe  dit  point  pour  marquer  la  fitua- 
tion  mutuelle  de  deux  lignes ,  ou  de  deux  plans 
l'un  par  rapport  à  l'autre  ,  enforte  qu'ils  forment 
un  angle  au  point  de  leurs  concours.  Dans  ce  fens 
on  dit  inclinaifon.  On  ne  dit  point  non  plus  incli- 
nation  de  l'axe  de  la  terre  ,  mais  inclinaifon. 

Ce  mot  n'eft  employé  au  propre  que  pour  dé- 
figner  certains  mouvemens  du  corps ,  comme  l'ac- 
tion de  pencher  la  tête  pour  marquer  fon  aquiefce- 
mcnt  ,  ou  le  corps  pour  témoigner  fon  refped:. 
Il  lui  a  répondu  par  une  inclination  de  tête.  Nutu. 
L'inclination  du  corps  eft  une  marque  de  foumiflion. 
Ceux  qui  difent  la  Melfe  doivent  faire  une  inclination 
de  tête  au  crucifix  ,  quand  ils  prononcent  le  nom  de 
JÉSUS.  Les  Moines  ne  faluent  que  par  inclination. 
Ulric  ou  Udahic ,  Confuctud.  Cluniac.  L.  III,  c.  2. 
dit  qu'il^  faut  apprendre  aux  Novices  comment  ['incli- 
nation fe  doit  faire  ,  puis  l'expliquant  lui  même ,  il  dit 
qu'il  but  plier  le  corps  enforte  que  le  dos  foit  plus  bas 
que  les  reins ,  &  la  tête  plus  balTc  que  le  dos.  Les  ru- 
briques prefcrivent  pluficurs  inclinations  ^  tantôt  de 
k  tête  Se  tantôt  du  corps,  dont  fouvent  on  fe  dij,- 


INC  119 

pcnfe,  mais  auxquelles  ceux  qui  officient  modeftc- 
ment  Se  gravement  ne  manquent  jamais. 
IjCTOn  dit  auih  en  Chymie,  veritr  une  liqueur  par  incli- 
nation. C'eft  pencher,  incliner  doucement  uji  vaif- 
feau  pour  en  faire  couler  la  liqueur,  fans  tn.ublcr  le 
iédinient.  Voye-^  décantation.  Quand  on  a  fait 
quelques  précipités  de  métaux  diftous  par  1  eau  forte, 
on  dit  quil  fautverfer  cette  liqueur  par  inclination. 
IJCT  Inciination.  L  f.  Propenfîo.  En  Metaphyiique  on 
entend  généralement  par  te  terme  une  imprelîion 
que  nous  avons  rc^ue  de  l'Aureur  de  la  nature ,  qui 
nous  porte  vers  certaines  choies.  Si  Dieu  n'eut  crée 
qu  une  matière  étendue  ,  fans  lui  iuipiin.er  aucun 
mouvement ,  tous  les  corps  n'auroient  pas  été  difté- 
rcns  les  uns  des  autres;  tout  le  monde  vilible  ne  feroit 
qu'une  maiïe  de  matière  où  il  n'y  auioit  ni  cette  fuc- 
ceilion  de  formes,  ni  cette  variété  de  corps  qui  fait 
toute  la  beauté  de  l'univers.  Les  inclinations  des  ef- 
prits  font  au  monde  ipiritucl  ce  que  le  mouvement 
eft  au  monde  matériel.  Il  eft  nécellaire  qu'il  y  ait  du 
mouvement  dans  la  matière,  (Sj  des  inclinations  dans 
les  efprits.  Les  inclinations  des  efprits  &  les  mouve- 
mens des  corps  ,  font  toute  la  beauté  des  êtres  créés. 

Nous  avons  de  {'inclination  pour  le  bien  en  général , 
qui  eft  le  principe  de  toutes  nos  inclinations  naturel- 
les &  de  toutes  nos  paflîons.  Nous  avons  de  1  inclina- 
tion pour  la  confervation  de  notre  être ,  qui  eft  l'a- 
mour de  nous-même,  deLctie  Se  du  bien  être.  Nous 
avons  enfin  de  l'inclination  pour  les  autres  créatures 
qui  font  utiles  ou  à  nous  mêmes ,  ou  à  ceux  que  nous 
aimons,  &  cette  inclination  eft  l'amour  du  prochain. 

En  Philofophie  morale  ,  on  entend  particulière- 
ment par  inclination  une  imprelîîon  qui  porte  douce- 
ment l'ame  vers  un  objet  plutôt  que  vers  un  autre  : 
c'eft  une  pente  douce  de  l'ame  vers  certains  objets  qui 
lui  paroilfcnt  plus  agréables.  Inclinations  bonnes, 
mauvaifes,  vertueufes. 

Nos  inclinations  dépendent  du  méchanifme  parti- 
culier de  nos  organes,  en  confequence  duquel  nous 
fommes  portés  vers  les  choies  qui  ont  plus  de  rapport 
(Sj  de  convenance  avec  la  conformation  primitive  de 
nos  fens.  Ma.\eXé  cela  nos  inclinations  peuvent  être 
modifiées  de  mille  façons  différentes  par  l'éducation  , 
par  le  commerce  des  hommes  &  par  la  réHexion. 

Les  uns  ont  de  l'inclination  aux  armes ,  ou  pour  les 
armes ,  les  autres  à  l'étude ,  les  uns  à  la  vertu ,  les  au- 
tres à  la  débauche.  On  ne  réuftit  jamais  bien  quand 
on  force  fon  inclination.  On  eft  fur  de  plaire  aux 
Grands  quand  on  fe  peut  contraindre  à  époufer  leurs 
inclinations.  Bell.  Je  fens  en  moi  deux  inclinations 
contraires  ,  &  preifé  d'un  côté  par  la  grâce  qui  m'ap- 
pelle. Se  de  l'autre  par  la  cupidité  qui  m'entraîne  ;  je 
fais  fouvent  le  mal  que  je  voudrois  éviter.  FlÉch.  On 
n'eft  point  heureux,  tant  qu'on  eft  partagé  par  deux 
inclinations  qui  fe  combattent.  Font.  Cette  hérefîe 
s'eft  répandue  en  peu  de  tems  par  l'intelligence  qu  elle 
a  trouvée  dans  les  inclinations  corrompues  des  hom- 
mes qu'elle  favorifoit.  Nie.  La  corruption  du  cœur 
peut  unïï  des  inclinations  criminelles  j  mais  la  conf^ 
cience  ne  le  peut  pas.  Idem.  Les  tempéramens  difté- 
rens  qui  font  les  humeurs  diflérentes,  caulent  cette 
variété  d'inclination  dont  le  monde  eft  rempli.  M. 
ScuD.  Les  inclinations  avec  leiqucUes  on  eft  né  font 
d'une  grande  importance  dans  la  conduite  de  la  vie. 
La  raifon  eft  il  ailée  à  féduire  ,  que  les  bonnes  inclina- 
tions vont  toujours  plus  droit  qu'elle.  Idem.  Je  regar- 
de les  bonnes  inclinations  toutes  feules ,  comme  un 
inftin£t  heureux  qui  ne  mérite  pas  grande  louange. 
S.  ÉvR.  Comme  chacun  a  fa  fantailie,  je  n'entie- 
prcnds  point  de  difputer  jamais  rien  par  raifon  ;  parce 
que  je  fuis  perfuadé  que  chacun  à  la  llenne ,  pour  fou- 
tenir  ce  qui  touche  fon  inclination.  M.  Se.  Il  faut 
qu'une  vérité  foit  bien  claire  pour  être  reçue  d'un 
confentcment  unanime.  Se  pouv  éiouffev  l'inclinatioti 
maligne  que  les  hommes  ont  aie  contredire.  Nie  .Les 
hoir.mes ,  au  lieu  de  redrelfer  leurs  inclinations  cor- 
rompues, félon  la  règle  divine,  ont  tâché  de  cour- 
ber la  règle  même  pour  l'ajufter  avec  leurs  inclina- 
tions.  Idem.    Les  faveurs  de  la  fortune  valent-elles 


I20  INC 

bien  la  peine  de  contraindre  fes  inclinations  &  de  fc 
contrcf-an-e  toute  Ci  vie;  M.  Esp.  le  loua  des  belles 
qualités  que  la  nature  lui  avoit  données ,  lur  tout  de 
cette  inclination  guerrière  qui  dès  Ion  bas  âge  lui  avoit 
fait  embraller  la  profellion  des  armes.  Bouhours. 
^C?  Il  ne  faut  pas  confondre  les  inclinations  avec 
les  pallions  qui  lont  ces  dirtérentcs  agitations  caufées 
dans  lame  à  l'occalion  des  objets  qui  (e  prélcntent 
aux  Icns  ;  au  lieu  que  les  inclinations  font  dans  nous 
avant  que  nous  foyons  atiectés  par  les  icnlarions 
qu'elles  nous  rendent  agréables  ou  délagré.ibics. 

Il  eil:  bien  plus  aifc  de  confondre  Imciination  avec 
\c penchant.  Ces  deux  mots  ont  pourtant  leurs  nuan- 
ces particulières.  Nous  recevons  de  la  nature  nos  in- 
clinations &Z  nos penckans.  Mais,  dit  M.  l"Abbé  Gi- 
rard ,  VincUnation  dit  quelque  chofe  de  moins  fort 
que  le  penchant.  La  première  nous  porte  vers  un 
objet ,  Se  l'autre  nous  y  entraîne.  Inclination  pour  les 
Arts,  penchant  vers  le  plailir.  Trahit  fua  quemquc 
voluptas.  Il  lemble  aulll  que  VincUnation  doive  beau- 
coup à  l'éducation,  &  que  le. penchant  lï^nno:  plus  du 
Tempérament.  Les  jeunes  gens  prennent  ailément  les 
inclinations  de  ceux  qu'ils  fréquentent.  V^oyc-:^  Pen- 
chant. 

On  vient  de  voir  par  les  exemples  tirés  des  meil- 
leurs Auteurs,  que  le  mot  à' inclination  le  prend, 
ainli  que  celui  de  penchant ,  en  bonne  &  en  miuvailc 
part ,  &  qu'on  dit  inclinations  nobles ,  vertucules , 
criminelles ,  corrompues  ,  &c. 

IVL  l'Abbé  Girard  oblerve  qu'on  donne  ordinaire- 
ment à  l'inclination  un  objet  honnête  ,  mais  qu'on 
fuppofe  celui  du  penchant  plus  Icnluel ,  &c  quelque- 
fois même  honteux  :  ainli  1  on  dit  qu'un  homme  a  de 
l'inclination  pour  les  Arts  &  pour  les  Sciences ,  cv 
qu'il  a  da penchant  à  la  débauche  &  au  libertinage, 
f^oye^  encore  Instinct  &  Passion. 

Incunation.  Il  fe  dit  aulli  de  la  choie  pour  laquelle  on 
a  du  penchant.  La  cha.\.lc  el\  [on  inclination ,  c'ellfon 
inclination  dominante.  Acad.  Fr. 

Inclination,  le  dit  audî  pour  amitié,  cœur,  affeèlion. 
Studium ,  animas ,  voluntas.  Il  gagna  l'inclination  des 
foldats.  Vaug. 

Inclination,  fe  dit  aulli  de  l'amour,  du  penchant,  de 
l'attachement  qu'on  a  pour  quelqu'un.  Ces  deux  amis 
ont  beaucoup  d'inclination  l'un  pour  l'autre ,  ils  s'ai- 
ment d'inclination.  Elle  s  engagea  infenliblement  dans 
une  inclination  qui  donna  à  la  vertu  plus  de  peine 
qu'elle  ne  croyoit.  S.  Real.  J'aurois  turmonté  une 
fi  tendre  inclination,  fi  la  vertu  ne  l'auconloit  pas. 
H.  S.  DE  M.  Un  honnête  homme  ne  doit  pas  violen- 
ter les  inclinations  d'une  kmme.  In.  Les  premières 
inclinations  font  toujours  les  maitrelles.  'Voi. 

Inclination,  fe  prend  quelquefois  pour  la  chofe  aimée 
Âmores.  Cette  femme  ell  l'inclination  d'un  tel.  Il  a 
changé  d'inclination.  Il  a  une  jolie  inclination.  Boire 
aux  inclinations  de  quelqu'un,  veut  dire  boire  à  fa 
maitrede. 

Bonnes  inclinations.  Les  Princes ,  mais  plus  ordinai- 
rement ceux  qui  étoient  jeunes,  portoient  ce  titre.  Le 
Moine  de  S.  Gai  dans  la  vie  de  Charlemagne.  Il  écri- 
vit à  vos  bonnes  inclinations  ,  Ep'ijlolam  ad  vejlram 
indolcm  dircxit.  L'Archevêque  Angilbert  lïc  le  Pa- 
triarche André  traitèrent  en  8jj  l'Empereur  Louis  II 
de  bonnes  inclinations  y  Vejlras  indoles. 

|CriNCLINER.  V.  a.  Pencher,courber.  Inclinerle  corps, 
la  tête.  Inclinare.  Quand  on  incline  la  tête  ,  c'eft 
un  ligne  d'approbation ,  d'acquiefcement.  Qui  annu'it 
prohat.  Incliner  le  corps ,  s  incliner  devant  quelqu'un, 
c'eft  témoigner  fon  relpeél.  Voye'[  comme  s'abaille 
cet  augufte  Prince  devant  lequel  s'incline  tout  l'uni- 
vers. Boss. 

On  dit  en  Géométrie  qu'un  plan  s^'inciine  fur  un 
autre  plan  de  plus  en  plus,  pour  dire  que  par  fon 
mouvement  il  vient  à  former  avec  l'autre  plan  un 
angle  plus  aigu  que  celui  qu'il  tormoit  auparavant. 
Quand  deux  lignes  n'inclinent  l'une  vers  l'autre  ,  elles 
forment  un  angle.  L'échptique  s"incline  vers  l'équa- 
teur  d'un  angle  de  2  3  degrés  &c  demi. 

§C?  Incliner,  au  figuré ,  mouvoir ,  difpofer,  Movsre, 


I  N  C 

ïmpelkre.  La  grâce  'incline  la  volonté  à  faire  le  bien. 
Dans  cette  acception  il  n'efc  pas  ufité. 

D^"  Incliner,  v.  n.  Pencher  Fropendere.  Ce  mur  w- 
cl'ine  de  ce  côté  là.  Il  n'eft  pas  ufité  au  propre.  En 
Mathématique  on  dit  qu'un  plan  incline  ^  pour  dire 
qu'il  va  en  penchant. 

Au  hgure  j  c'eil:  avoir  de  l'inclination  pour  une  chofe  , 
y  être  porté.  Incliner  plus  d'un  côté  que  de  l'autre. 
Ce  Prince  'incline  à  la  clémence.  Ce  jeune  hormne 
'incline  à  la  débauche.  C'eft  un  nr.turel  qui  'incline  à 
la  vengeance.  Ce  Juge  'inclino'it  ou  penchoit  de  ce 
côté  la.  Il  i^ic/inoif  à  le  renvoyer  abfous.  Le  Maître. 
En  parlant  d'une  bataille  où  la  viéloire  commence 
à  pencher  d'un  côté  :  on  dit  que  la  viétoire  incline  de 
ce  côté-là.  Acad.  Fr. 

Incliné  ,  ée.  part.  La  Iphère  'inclinée.  On  appelle  en 
horlogerie  plan  'incline ,  ou  talus  j  toutes  iortes  de 
parties  plates  dont  la  direction  ne  tend  pas  au  centre 
de  la  pièce  mue. 

INCLUS,  USE.  adj.  part,  du  verbe  Inclurre  qui  n'eft 
plus  d'ufage.  Il  fe  dit  de  ce  qui  eil;  enfermé  dans  un 
paquet.  Inclufus.  Le  mémoire  ci  'inclus.  La  lettre  ci- 
incliij'e.    On  dit  quelquefois  abfolument  ,   V'inçlufe, 

§3"  Je  vous  adrelle  V'inclufc  ,  je  vous  prie  de  remettre 
l'inclufe  à  un  tel  ;  exprellion  allez  commode ,  mais 
qui  n'eft  pas  du  bel  uiage,  &c  connue  feulement  par- 
mi les  Marchands  &  les  gens  d'alaires.  Lorfque  dans 
^  certaines  élctlions  on  a  rejette  une  partie  des  préten- 
dans ,  on  dit  de  ceux  qui  reftent ,  &  lur  qui  l'éleûion 
peut  encore  tomber  ,  ou'ils  font  demeurés  'inclus. 
Ac.  Fr. 

INCLUSIVE,  f  f.  On  dit  que  ceux  qui  écrivent  des 
conclaves,  ou  lur  les  conclaves ,  fe  fervent  des  mots 
d'i/2c//{/?ve&  d'excluhve,  &  l'on  apporte  ces  exemples. 
Il  faut  une  grande  rélerve  pour  donner  l'exclulive  à 
un  Cardinal.  Pour  pouvoir  donner  l'exclulive  ,  il 
faut  un  peu  plus  du  tiers  des  voix  5  pour  V'mclujive  il 
faut  les  deux  tiers.  Qu'entend-on  par-là?  Eft- ce  don- 
ner à  un  Cardinal  pour  la  Papauté  ?  On  dit  exclufion 
&  conlentement,  &  iJ  ne  faut  point  de  tiers  ou  de 
deux  tiers  de  voix.  L'Empereur  ,  le  Roi  donnent  fou- 
vent  1  exclulion ,  &c.  Il  eft  donc  vrailemblable  que 
ces  mots  fe  dilent  par  rapport  aux  Cardinaux  ,  qui 
arrivent  à  Rome  après  que  le  conclave  eft  fermé,  &c 
qui  demandent  d'y  être  reçus. 

INCLUSIVEMENT,  adv.  IfrOyp^oCcaexclufivement. 
Il  lignifie  la  même  chofe  que  en  y  comprenant ,   y 
compris,  c'eft-à-dire  qu'il  lert  à  déligner  que  la  choie  J 
dont  on  parle,  eft  comprile  dans  la  convention  ,  dans  1 
la  dilpolition.  Inclufive.  Depuis  le  prenaier  du  mois 
jufqu'au  dix  'inclufiv ement ,  c'eft  à-dire  que  le  dix  du    . 
mois  eft  compris  dans  le  terme.  La  Cour  a  renvoyé   I 
ce  criminel  devant  le  Juge  ordinaire  pour  lui  faire  fon 
procès  julqu'à  lentence  définitive  inclufiv  ement ,  fauf 
l'exécution  s'il  en  croit  appelé  ,  pour  dire  qu'elle  a 
renvoyé  le  jugement  entier  du  procès. 

INCOGNITO,  adv.  Terme  tranfporté  purement  de 
l'Italien.  Il  exprime  qu'un  homme  eft  dans  un  lieu 
fans  vouloir  y  être  connu.  Mais  il  fe  dit  particulière- 
ment des  Grands  qui  entrent  dans  une  ville  ,  qui  mar- 
chent dans  les  rues  ians  pompe  ,  lans  cérémonie ,  (ans 
leur  train  ordinaire,  &  fans  les  marques  de  leur  gran- 
deur. Ce  Prince  a  pafté  par  la  France  incognito.  Les 
Grands  d'Italie  ne  lont  pas  bien  aifes  qu'on  les  falue  , 
quand  ils  marchent  incognito.  Ce  n'eft  pas  abfolu- 
ment parce  qu'ils  ne  veulent  point  être  connus  ; 
c'eft  qu'ils  ne  veulent  point  être  traités  avec  le"  céré- 
monies ,  ni  recevoir  les  honneurs  dûs  à  leur  rang. 
Par  ce  moyen  on  exempte  d'une  importune  obliga- 
tion, 6c  ceux  qui  doivent  recevoir  les  honneurs,  & 
ceux  qui  les  doivent  rendre.  Aujourd'hui  toutes  les 
nations  fe  fervent  d'une  invention  fi  commode ,  Se 
ont  emprunté  des  Italiens  &  le  nom  ôc  la  chofe  tout 
enfemble.  Vaug. 

fC?  Il  faut  remarquer  que  fi  nous  parlons  d'une  femme  , 
d'une  Princelle  ,  on  dira  de  même  ,  elle  eft  venu» 
incognito  &  non  pas  incognita  :  il  en  eft  de  même  li 
l'on  parle  de  plulieurs  perfonnes ,  parce  que  incognito 
fe  dit  dans  tous  les  cas  adverbialement ,  comme  qui 

diroit 


I  N  C 

diroit   incognltaniintc  ;    aiuli   il   cfl  indJclia.i[)Ie. 

On  die  d'un  Auteur  qui  public  un  ouvnige  Luis  y 
mettre  fon  nom  ,  qu'il  garde  Vincognito. 

Grellcc  a  dit  des  gros  ouvrages  injoiio,  qu'ils  ne 
font  louvcnt  publiés  qu'lncognuo. 

Non  j  l'efprk  des  aimables  Saçes 

N'e/i  point  né  pour  /es  gros  ouvrages. 

Souvent  publies  incognito. 

Le  Dieu  du  Goût  &  du  Génie 

A  rarement  eu  la  manie 

des  honneurs  de  /'in  folio. 

On  dit  llibftantivement  garder  ['incognito. 

On  dit  dans  le  difcours  familier  ,  s'en  aller  de  ce 
monde  incognito.  Cette  manière  de  parler  a  lieu 
dans  deux  occailons;  preniicremenr  en  parlant  d'un 
homme  qui  meurt  fans  que  perfonne  le  voie  mourir; 
&  en  iecond  lieu ,  de  ceux  qu'on  fait  périr  à  petit 
bruit  dans  des  priions  d'État ,  ou  comme  l'on  dit ,  de 
ceux  qu'on  fait  palier  par  les  oubliettes.  On  ne  fort 
guère  de  cette  tour,  (la  tour  de  la  Chapelle  dans  la 
Balfille  )  qu'en  fortant  de  la  vie  ,  &  l'on  prérend  que 
c'eft-là  que  (ont  les  oubliettes  par  où  l'on  fait  palier 
ceux  qui  font  deftinés  à  mourir  incognito.  Mad.  du 
Noyer. 

Quand  les  chevaux  des  carrolfes  des  Princes ,  des 
Cardinaux  &  des  Amballàdeurs ,  n'ont  point  de 
houppes ,  qu'ils  appellent  fiocchi  j  &  lorfque  les  ri- 
deaux du  carroiFc^  qu'ils  nomment  bandinelle  ,  font 
tirés  ,  ils  font  cenlés  être  incognito,  &:  l'on  n'eft  point 
obligé  de  s'arrêter  quand  ils  palfent ,  ni  de  les  faluer. 
Les  Cardinaux  vont  aulli  fans  calotte  rouge  quand  ils 
veulent  être  incognito. 

On  dit  en  termes  de  plaifmterie,  rire  incognito, 
pour  dire,  doucement  6c  fms  être  apperçu. 

Je  ris  incognito  àî abord  que  je  le  vois  , 
Je  ne  puis  m'en  tenir.  Bou?vSAult. 

CCriNCOLAT.    f  m.   C'eft   aind  qu'on   appelle   en 
Bohème,  ce  qu'en  Pologne  on  appdle  iW^^'e^r,  &: 
en  France  naturalité.  'Voyez  ces  mots. 
INCOMBUSTIBILITÉ.  f  f.  Qualité  d'une  chofe  qui 
la  met  hors  de  l'atteinte  du  feu,  &  qui  l'empêche  de 
brûler.    La  railbn  phyfique  de  VincombuJlibUité  de 
l'amiante,  eft  la  contexture  des  particules  de  cette 
pierre ,  qui  laillènt  ghller  les  molécules  de  Hamme  a 
travers  leurs  pores.    Bibliothéq.ue  Italique.    Ce 
mot  nouveau  me  paroît  nécellàirc. 
INCOMBUSTIBLE,  adj.  m.  &z  f.  Qui  ne  peut  être  brû- 
lé, ni  le  confumer  au  feu.   Ab  exuftione  immunis  , 
ardere  nefcius  ,  ignis patiens.  Les  métaux  fe  fondent , 
les  pierres  fe  calcinent  &:  font  pourtant  incombuftibles. 
La  toile  faite  de  la  pierre  d'amiante  eft  incombufiible  , 
fe  nettoie  au  feu  &:  ne  brûle  pas.  Grégoire  de  Tours 
parle  de  certaines  marmites  de  bois  qu'on  faifoit  de 
fon  tems ,  qui  neduroient  pas  moins  que  des  marmi- 
tes de  fer  fur  le  feu.  Sylla  entreprit  autrefois  de  brûler 
une  tour  de  bois  que  défendoit  Archélaûs,  un  des 
Lieutenans  de  Mithridatc ,  &  il  n'en  put  jamais  venir 
à  bout  à  caufe  qu'elle  étoit  enduite  d'alun.  C'eft  Au- 
lu-Gellequi  nous  a  confervé  cette  hi (loi re,  &  il  dit 
qu'elle  eft  prife  du  19«=  livre  des  Annales  de  Q.  Clau- 
dius  Quadrigarius ,  ancien  Hiftorien  Romain,   du 
quel  Titc-Live  a  beaucoup  profité.  C'eft  aulfi  d'eau 
d'alun  que  fe  frotterij  ceux  qui  manient  hardiment 
les  charbons  ,  les  barres  de  fer  rouge ,  '&:  font  fondre 
de   la  cire  d'Efpagne  (ur  leur  langue.    Richarfon  , 
Chimifte  Anglois ,  s'eft  fait  voir  à  Paris  mangeant 
des  charbons  ardens  fans  fe  brûler.    En  1655  ,  on 
trouva  à  Pouzzole  une  pièce  de  toile  incombufiible 
qui  fe  con(erve  dans  le  cabinet  de  la  maifon  Barbe- 
rine.  En  1701  on  trouva  près  de  Rome  une  urne  en 
laquelle  il  y  avoir  des  os  brûlés,  enveloppés  en  un 
JmceuUe  toile  incombufiible  qm  t[\  prefque  auftî  lâ- 
che qu  un  releau  ,  grolfe  comme  de  la  toile  de  chan- 
vre, cS:  d'une  couleur  brune,  mife  au  feu  elle  fc  rcf 
lerre  &  devient  blanche. 
Tome  V. 


I  N  C 


T2I 


INCOMMENSUKAIiLlTÉ.  f  f.  Terme  d'Arirhméti^ 
que  &:  de  Géométrie.  Qualité  de  ce  qui  eft  iuccm- 
mcn(urable.  Incommenjurahiiuas.  La  grande  confor- 
mité de  la  théorie  avec  les  mouvcmens  des  corps 
céleffcs,  compcnfc  les  différences  qui  autrement  ré- 
(ulteroientdc  Vincommcnfurabilué  tk  de  l'cx-centricité 
des  mouvemensdu  foki!  &  de  la  lune,  &  de  l'apo- 
gée. I'rans.  PiiiLos.  1-3 1  ,p.:;fo 
INCOMiMENSUHABLE'.,dj.  ferme  de  Géométrie.  Il 
ledit  de  deux  hgnes  comparées  l'une  à  l'autre,  qui 
n'ont  point  de  incfure  commune  ,  quelque  petite 
qu'elle  (bit ,  pour  mcfurer  l'une  &:  l'autre;  de  Ibrte 
qu'après  plufieurs  répétitions  &  fouftiv.iiicns  de  par- 
ties égales ,  il  en  relte  toujours  quelque  partie  dont 
l'une  elT:  plus  grande  que  l'autre.  Et  en  général  deux 
quantités  font  incomnienfuralles ,  lorfqu'il  n'eft  pas 
polliblc  de  trouver  une  troilième  quantité  qui  nre- 
lure  lune  &  l'autre ,  ou  lorfque  ces  quantités  ne  font 
point  comme  nombre  à  nombre  ,  ou  ne  peuvent  pas 
s'exprimer  par  des  nombres.  Car  tout  ce  qui  fe  peut 
exprimer  par  nombre ,  eft  commenfurable.  Le  coté 
d'un  carré  eft  incommenfurablc  avec  fa  diagonale  , 
comme  démontre  Euclidc,  L.  10.  Et  le  P.  Pardies  , 
f^'^^i  3'-  Mais  il  eft  commenfurable  en  puillànce, 
parce  que  le  carré  de  la  diagonale  peut  deux  fois ,  ou 
contient  deux  fois  le  carré  fait  fur  le  côté.  Pappus,  L. 
IV ,  prohl.  ly ,  parle  auill  des  angles  incommenjura- 
hles. 

Pour  les  furfaces  qui  ne  peuvent  pas  être  mefurées 
par  une  furtace  commune,  on  les  appelle  incommsn- 
furables  en  puiftànce. 

Rapport  incommenfurablc.  Quand  il  arrive  qu'en 
concevant^  l'un  des  termes  d'un  rapport  partagé  en  tel 
nombre   fini  &  déterminé  qu'on  voudra  de  parties, 
égales,  l'autre  terme  ne  contient  jamais  exaéVement 
un  nombre  précis  de  fois  une  de  ces  parties  égales  , 
mais  qu'il  la  contient  un  certain  nombre  de  fois  avec 
un  i'efte.5   on  dit  que  ces  grandeurs  ont  un  rapporc 
géométrique  incommenfurablc.   Reyneau.  Il  y  a  des 
cas  où  les  incommenfurables   font  commenfurables 
eniT  eux.  Foye\  le  P.  Reyneau  ,  Scienc.  du  cale.  /2. 
44S-  ,   &c.    Un  incommenfurablc  eft  celui  qui  n'a 
qu'un  Cvgne  radical. 
INCOMMODE,  adj.  m.   &   f  fe  dit  en   général  de 
tout  ce  qui  gène  &  embarrafté  beaucoup ,  de  ce  qui 
eft  à  charge,  fâcheux.  Moleflus.  Un  plaideur  eft  un 
homme  incommode*  il  rompt  la  tête  à  tout  le  monde 
de  fes  procès.  J'aime  mieux  des  vices  faciles ,  que  des 
vertus  incommodes.  Till.  Mille  gens  avec  de  bonnes 
qualités  font  fâcheux  &iwoOTOTOi/Ê.j.  Bell.  Une  ami- 
tié  tendre  eft   aftez  incommode.    M.  Scud.    Il    y   a 
d'honnêtes    fâcheux  qui  font  d'autant   plus   incom- 
modes, qu'ils  ne  croyent  pas  l'être.  Bouh.  Ce  lo'^e- 
ment  ed incommode.  Le  froid,  le  grand  chaud,  fort 
des  tems  incommodes  pour  voyager.   'Vous  m'êtes  ve- 
nu voir  à  une  heure  incommode. 
INCOMMODÉMENT.  adv.  D'mre  manière  incom- 
mode. Incommodé    'Vous  êtes  logé  incommodément. 
Les  Miquelets    d'Efpagne    m'elcarmouchèrent  tou- 
jours le  plus  incommodément  du  monde.  Bussi  Rae. 
INCOMMODER,  v.  a.  fCF  Caufer  quelque    incom- 
modité. Incommodare  ,  molefîare.  Tout  vous  incom- 
mode. Cette  mur.dlle  bouche  mes  vues  ,   elle  min-  . 
commode.  La  bonne  opinion  que   chacun  a  de  fon 
mérite  l'aveugle  ,  &    l'empêche  de   fcntir  qu'il  in^_ 
commode.  Bel.  Il  vaut  mieux  fouifrir  l'ennui  de  la 
(olitude  chez  foi  ,  que  d'aller  incommoder  les  autres 
toujours  par  des  vifitcs  à  contre-temps.  Id.  On  incom- 
mode  les  autres  ,  quand  on  croit  ne    les  pouvoir 
jamais  aftéz  incommoder.  La  Roch.  Le  mérite  d'au- 
trui  incommode  les  gens  vains.  Nie.  Un  Dieu  qu'on 
fait  à  fa  mode  ,  &  auill  patient  que  nos  pallions  le 
demandent,  n'incomm.ode  pas.  Boss. 
Incommoder  ,  (ignihe  aulli  ,  Nuire  ,  bleifer  ,  offcnfer. 
Nous   étions   logés   dans  un  pofte  où  le  canon  des 
ennemis  nous  incommodait   fort.    Ils   faifoient    des 
courics    qui   incommodoient    le  Laboureur.  Aelak. 
Nos  gens  ne  furent  point  incommodes  àz  l'artillerie. 
Id.  Luther  avoue  qu'il  a  fait  tout  ce  qu'il  a  pu  pour 

Q 


I  N  C 


nier  la  préfence  réelle  ,  voyant  ,  dic-il ,  combien 
cela  eût  'incommodé  le  Pape  ;  mais  qu'il  n'a  pu  s'y 
refondre  contre  les  paroles  précifes  de  Notre  Sei- 
gneur.   PÉLISSON. 

Incommoder  ,  lignifie  aulll ,  Rendre  plus  pauvre.  Les 
banqueroutes  que  ce  Marchand  a  Ibutlertes  l'ont  fort 
incommode.  Il  s'eft  fort  incommodé  pour  marier  les 
enfans ,  pour  les  pourvoir  décharges. 
Incommode  ,  É£  part.  |p°  f^oye^  le  verbe.  On  dit 
qu'un  homme  eft  incommode  ,  pour  dire  qu'il  a  quel- 
que maladie  légère  :  qu'il  eft  incommode  d  un  bras  , 
dune  jambe  ,  de  la  vue  ,  &c.  pour  dire  qu'il  n'en  a 
pas  l'ufage.  Et  dans  le  ftyle  familier  ,  qu'il  eft  in- 
commodé dans  Ces  aftaires  ,  pour  dire  qu'elles  font 
en  mauvais  état. 

En  Marine  ,  on  dit  d'un  vailleau  qu'il  eft  incom- 
■modé  ,  quand  la  manœuvre  eft  en  détordre  par  la 
perte  de  quelque  mât  ,  ou  de  quelque  autre  pièce  né- 
celfaire  à  la  navigation.  Le  vailfeau  le  trouva  incom- 
modé a.a  milieu  du  combat. 

Etre  incommodé  de  la  veine   poétique  ;  c'eit  une 
pluafc  burlefque  de  Molière  j  qui  llgnitie  ,  Etre  mal 
difpofé  pour  raire  des  vers. 
INCOMMODITÉ,  f  f.  Peine  ,  fatigue  qu'on  foufce  à 
l'occafion  de  quelque  choie.  Incommodum.  C'eft  une 
grande    incommodité  que   d'être  logé  au  bout  d'une 
ville  5  loin  de  (es  aftaires  ,  de  les  amis.  On  fouftre  bien 
des  incommodués  dans  les  voyages. 
IP*  L'Incommodité  du  vent^  de  la  pluie  ,  des  voya- 
ges ,  &c.    c'eft-à-dire  ,  la  peine  que  ces  chofes-là 
caufent. 
Incommodité  ,    lignifie  auffi  une  manière  de  maladie 
qui  ne  retient  pas  au  lit ,  mais  qui  Irait  foutfrir  quelque 
douleur  ,  ou  qui  empêche  d'agir.  Incommoda  vale- 
tudo.  Il  n'a  pu  venir  à  l'alfcmblce ,  à  caufe  d'une  petite 
incommodité  qui  lui  eft  furvenue.  L'âge  apporte  avec 
foi  beaucoup  d'incommodités  ,  d'infirmités.    On  dit 
incommodité  d'un  vailfeau  ,  quand  il  eft  incommodé. 
\  Voye-^  ce  mot.  Nous   leur  fîmes  lignai  àUncommo- 
dité  ,   Se  ils  mirent  à  la  cape  pour  nous  attendre. 
Frézier. 
i^  INCOMMUABLE.  adj.  de  t.  g.  Qui  ne  peut  être 
commué ,  tranfmué.  M.  Pluche  prétend  que  les  mé- 
taux   font  improduélibles  j   incommuables  &Z  indcf- 
trudibles. 
INCOMA'IUNICABLE.  adj.  m.  3c  f  Qui  ne  fe  peut 
communiquer.     Quod    commuhicari   non  poteft.    La 
Majefté  des   Rois  eft  incommunicable  à  leurs  lujcts. 
Il  y  a  des  beautés  de  langue  qui  lont   incommunica- 
bles ,  Se  qui  ne  peuvent  k  traniporter  dans  une  tra- 
duélion.  S.  ÉvR.  Il  pourroit  le  taire  que  le  corps  le 
plus  folide  ne  pût  jamais  ébranler  aucun  autre  corps  , 
c'eft  à-dire ,  que  le  mouvement  fut  incommunicable. 
FÉNELON.    Droits  ,   biens ,    honneurs  incommunica- 
bles. 
INCOMMUTABILITÉ.  f.  f.  Terme  de  Pratique  ,  que 
l'on  emploie  en  parlant  d'une  pollclllon  où  l'on  ne 
peut  être  légitimement  troublé.  VnouvevVincommu- 
tahilité  de  fa  poflcflîon. 
INCOMMUTABLE.  adj.   de  t.  g.    Terme  de  Palais. 
C'eft-à-dire  qu'on  ne  peut  changer.   Mutarionis  cx- 
pers.  Il  eft  propriétaire  incommutahle.  Pollelleur  in- 
commutahlc ,  (CÎ^  qui  ne  peut  être  dépolfcdé  légitime- 
ment ,  ni  évincé  de  quelque  manière  que  ce  foit.  On 
dit  de  même  propriété ,  polieifion  incommutahle. 
INCOMMUTABLEMENT.  adv.  d'une  manière  incom- 
murable  ,  fins  pouvoir  être  dépoifédé  légitimement. 
Pofléder  une  terre  incommutahlement. 
INCOMPARABLE,  adj.  de  tout  genre.  ^Ce  terme 
déhgne  une  chofe  qui  eft  au-dellus  de  tout  ce  qui  cil 
de  la  même  efpèce  ,  &  qui  exclut  les  pareils  •,  qui  eft 
Il  parfaite  que  rien  ne  peut  lui  être  comparé.  Vertu , 
valeur,  lagc  11  e  ,  piété  incomparable.  Incomparabilis , 
eximius  ,  fingularis.   Cette  beauté  eft  incomparable. 
Le  Poème  de  Virgile  eft  incomparable. 

Cet  homme  incomparable  , 
Ce  Tyrfis  ,  que  mes  yeux  trouvoientfi  redoutable. 

La  Suze. 
Il  fe  prend  quelquefois  en  mauvaifc  part.  Vous 


I  N  C 


êtes  incomparable  ,  j'admire  votre  opiniâtreté.  Alors 
il  le  dit  ironiquement ,  &:  n'eft  que  du  ftyle  familier. 
INCOMPARABLEMENT,  adv.  fans  comparaifon.  Ci- 
tra  comparatïonem.  Les  Phyficiens  modernes  railon- 
nent    incomparablement     mieux    que    les     Anciens. 
1^  On  le  )oint  toujours  à  un  autre  adverbe  de  com- 
parailon ,  plus  ou  mieux. 
INCOMPATIBILITÉ,  f  f.  Contrariété  ,  oppofition  de 
deux  choies  qui  ne  peuvent  ni  demeurer  ,  ni  fubfil- 
ter  ,  ni  s'accorder  enfemble.  Repagnantia.  Il  y  a  de 
l'incompatibilité,  entre  le  froid  &  le  chaud;  entre  une 
propolition    vraie  ,    &c    une   faulle.    Incompatibilité 
d'humeurs  ,   d'efpritj   de  caractère.    La   contrariété 
d'humeurs  lait  naître  une  telle  incompatibilité  znut  le 
mari ,  tk  la  lemme  ,  qu'ils  ne  s'accorderont  jamais.  Il 
y  a  trop  d'incompatibilité  entre  les  defirs  d'un  ambi- 
tieux ,  &  les  préceptes  d'humilité  que  prêche  l'Evan- 
gile. Le  Cl. 
Incompatibilité  ,  fe  dit   aulîî   ff^  en  Jurifprudencc 
du  défaut  de  pouvoir  réunir  enfemble  certaines  fonc- 
tions. Il  y  a  i/zcoOT/^af/fo^/ft?  entre  certains  otiices,  foit 
à   ciule  que  l'un   &   l'autre  exigent   rélideiice  ^  ou 
parce  que  l'un  eft  au-delious  de  la  dignité  de  l'autre, 
ou  d'un  état  touï-à-lait  diirérent.  On  donne  quelque- 
fois en  Chancellerie  des  dilpenfes ,  des  lettres  d'in- 
compatibilité. 

On  le  dit  de  même  de  certains  bénéfices ,  qui ,  fé- 
lon les  loix  ne  peuvent  être  pollédés  par  une  même 
perlonne.  Il  y  a  incompatibilité  entre  ces  deux  bé- 
néfices. 
INCOMPATIBLE.  r.dj.  m.  &  f.  Qui  ne  peut  fiiblîfter , 
ou  demeurer  avec  un  autre  fans  le  détruire.  Infocia- 
bilis.     Le    froid    &:    le   chaud    lont    incompatibles 
dans  un  même  lujet.  On  le  dit  aulîî  de  deux  pallions 
contraires.  L'amour  de  Dieu  &  celui  de  foi  même, 
ou    des    biens    temporels  ,  lont  incompatibles.    La 
Majefté  &  l'amour  ,   difoit    Agélilaiis  ,  lont  incom- 
patibles. Non'bcns  conveniunt ,  nec  in  una  fede  mo- 
rantur  majejlas  &  arnor.  La  juftice  &  la  miléuicorde 
de    Dieu    ne  font    point   incompatibles.    Il  comprit 
que  la  lainteté  n'étoit  pas  incompatible  avec  les  ma- 
nières agréables.  Bouh. 
Incompatible  ,  le   dit  aulll  des  humeurs  qui  empê- 
chent  que  deux  perlonnes  ne  s'accordent  enfemble. 
§Cr  II  y  a  entre  eux  de  V incompatibilité.  Une  grande 
incompatibilité  d'humeurs  &  d'efprits. 
Incompatible  ,  le  dit  aulll  des  charges  &  des  bénéfices 
qui  ne  peuvent  pas  être  polfédés  en  même  temps  par 
une    même    pcrfonne.    \]n   office  de  Conleilicr   &z 
de  Procureur  du  Roi  lont  incompatibles.  Les  béné- 
fices qui  lont  fous  un  même  toit  font  incompatibles. 
Deux  bénéfices  à  charge  d'ames  ,  un  Séculier  &  uii 
Régulier  ,  lont   incompatibles.    Un  Abbaye ,  &  un 
Prieuré    qui   en  dépend  ,  lont  incompatibles  ,  cela 
fait  un  incefte  fpirituel.   Rebutïe  dit  que  les  Cardi- 
naux peuvent  tenir  tous  les  bénéfices    Séculiers  & 
Réguliers  ,  compatibles  6c  incompatibles. 
INCOMPÉTEMMENT.  adv.  Terme  de  Palais.  D'une 
manière  incompétente.  Non  légitimé.  La  formule  de 
prononcer  fur  l'incompétence  eft ,  Mal ,  nullement 
ik  incompétemment  jugé. 
INCOMPETENCE,  f.  f.  Manque  de  pouvoir  dans  le 
Juge ,  pour  juger  ,  ou  de  qualité  dans  la  P.irtie  pour 
agir.  Jur'ifdiclioms  defeclus. 
ffT  L'Incompétence  fe  tire  de   la  qualité  de  la  per- 
fonne  ou  de  la  nature  de   l'aftaire.    L'incompétence 
ratione  perfon&  ,    lorfqu'une   perfonne  allîgnée   de- 
vant le  Juge  ordinaire ,  peut  demander   Ion  renvoi 
devant  le  Juge  de  fon  privilège.  Le  Défendeur  doit 
propofer  ce  moyen  in  limine  litis  ,  comme  on   dit , 
&  avant  que  d'avoir  lait  aucun  aCte.  Car  II  les  chofes 
ne  font  plus  entières ,  il  eft  cenfé  avoir  reconnu  la 
jurifdiûion  ,  ôc  ne  peut  plus  demander  fon  renvoi. 
ICF  Quand  ['incompétence   eft   ratione    materu  ,  c'eft- 
à  dire  ,  quand  le  Juge   eft   incompétent  pour  con- 
noîtrc  de  la  matière  dont  il  s'agit ,  il  doit  renvoyer 
les  Parties  devant    le    Juge   qui  en  doit  connoitie; 
ou  11  c'eft  un  Juge  fupéricur ,  il  doit  ordonner  que 
les  Parties  fe  pourvoiront. 


I  N  C 

INCOMPÉTENT  ,  ïmte.  adj.  Juge  qui  n'a  pas  pou 
voirdcjuijtr  ,  ou  Pairie  qui  n'a  pas  dcquiiuJ  pour 
agir.  Non  U^'uimus.  Les  appels  conunc  lIc  Jli,^;cs 
ïncompcuns  doivent  (uipcudie  la  pioccdurc  ;  ces 
appels  Te  poicenc  diieCteuient  au  Parlement ,  om'iffo 
nicdio.  \Jn  Juge  laïque  cil  incompctenc  pour  juijer 
feul  un  Clerc  toiiluré.  Un  peut  réfuter  de  dc■^endre  tant 
qu'on  a  une  Partie  incompéunte.  Un  étranger  e(l: 
une  Partie  incompécane  pour  accufcr  une  femme 
d'adultère.  Un  mineur  eit  uiçompcunt  pour  intenter 
une  adtion  cnJultice. 

Incompétent  ,  fe  dit  auifi  en  parlant  des  chofcs  où 
l'on  ne  fe  connoit  point  ,  &  dont  on  ne  peut  juger. 
Un  aveugle  cil  un  juge  incompétent  en  matière  de 
tableaux.  La  raifon  ell  un  guide  infidèle  ,  &  un  Juge 
incompétent  dans  les  choies  divines.  S.  ÉvR.  Jul- 
qu'ici  cet  adjedtiFj  quand  il  avoit  après  lui  un  infi- 
nitif, étoit  fuivi  de  la  prèpoiîtion  Pour;  aujourd'hui 
dans  ce  cas  on  met  de.  F.^it-on  bien  ;  L'Ofiicial  par 
la  qualité  de  la  matière  étoit  incompétent  d'en  con- 
noîtrc.  Sarrazin.  Pour  en  connoître  ne  feroitil 
point  mieux  ? 

IMCOMPLAISANCE.  f.  f.  INCOMPLAISANT,  adj. 
La  complaifmce  ell  une  fouplcflè  tk  flexibilité  d'à- 
me ,  par  laquelle  nous  nous  accommodons  aux  af- 
fedlions  des  autres ,  témoignons  entrer  dans  leurs 
fentimens,  en  approuvant  iSc  fécondant  leurs  actions. 
Le  défaut  qui  lui  efl  oppoféj  c'efl  la  milantropie  ou 
incompla'JlvKC  ;  &  Ion  e\C!is  ou  abus  dégénère  en 
flatterie  balle  &  rompante  . . .  Ec.  du  monde.  Il  laut 
être  aulll  fou  que  le  Milanthrope  pour  aller  fe  brouil 
1er  avec  un  homme  pour  une  chofc  qui  de  loi-même 
cft  indiilérente.  Four  moi ,  (cmblaole  à  l'ami  de  ce 
lâuvage  incomplaifant ,  j'aurois   tort   naturellement 

applaudi  à  la  chute  du  Sonnet Le  Perroquet, 

le  Singe  ,  èc  le  Chat ,  font  les  figures  de  Vincomplai- 
funt ,  de  l'indifcret,  Ik  du  traître.  Ibid.  Le  P.  Bou- 
hours  n'approuve  pas  ces  deux  mots,  p.  //^  ,  de  la 
fuite  de  fes  remarques  fur  la  langue  Frani;oife;  Se 
tout  lemonde  efl  de  Ion  avis. 

tfJ-  INCOMPLET  ,  ETTE.  adj.  m.  &f.  Qui  n'efl  point 
complet.  Voye\  ce  mot.  Incompietus  Nous  n'avons 
que  des  idées  incomplettes  &c  fort  imparfaites  des 
corps.  Locke.  Ce  terme  ell  d'ulage  en  Librairie , 
pour  défigner  un  exemplaire  d  un  ouvrage  auquel 
il  manque  quelque  chofc ,  un  volume  ou  quelques 
feuilles. 

If?  Incomplète  (  Fleur  ).  Terme  de  Botanique.  Flos 
incompietus.  C'efl  ,  fuivant  Vaillant  une  fleur  qui 
manque  de  cahce  &c  de  pétales.  Tournefort  les  a 
nommées  Apétales  ,  &  Rivimus  les  appelle  Flos 
incompietus. 

IJC?  Incompllt  ,  fe  dit  aufîî  fubflantivement.  La  France 
n'avoir  envoyé  dans  les  Alpes  que  42  bataillons  ,  & 
3 }  efcadrons ,  qui  ,  attendu  l'incomplet  ordinaire 
des  troupes  ,  ne  compofoient  pas  un  corps  de  2.6 
mille    hommes.   Volt.  Hifl.  de  la  guerre  de  1741. 

INCOMPLEXE.^  adj.  Terme  de  Logique.  Qui  n'efl 
.  point  compolé ,  qui  efl  fimple.  Incomplexus.  Ce 
mot  fe  trouve  dans  l'Art  de  pcr.fer.  L'Auteur  de  cet 
ouvrage  ,  ôi  les  autres  qui  ont  traité  la  même  ma- 
tière ,  appellent  fyllogilmes  incomplexes  ,  ceux 
dont  les  propolîtions  font  limples  comme  dans  ce- 
lui-ci. 

Un  Roi  doit  être  obéi. 

Louis  XJ-''  eji  Roi  : 

Donc  Louis  XF  doit  être  obéi. 

IP"  Il  y  a  aufîî  des  idées  8c  des  termes  incomplexes. 
Voye^  Complexe. 

INCOMPOSITE.  adj.  m.  Se  f.  Ce  mot  fe  trouve  dans 
M.  Perrault,  qui  diflingue  dans  la  Mufique  des  An- 
ciens des  intervalles  compoiites ,  &  des  inteivalles 
incompqfitcs. 

fCr  INCOMPOSSIBLE.  adj.  de  t.  g.  Qui  fe  dit  de  deux 

choies ,  de  deux  idées  qui  fe  détruifent  mutuellement  ; 

que  l'on  ne  peut  réunir  ni  concevoir  enfemblc.  Dans 

cette  fuppofition  on  rcnfcrmeroit  les  termes  les  plus 

Tome  F, 


INC  123 

incompojjibks ,  la  plus  évidente  contradidion.  Mem, 
DE  Trev.  C  ell  un  terme  dogmatique. 

INCOMPRÉHENSIBILIFL.  f  f.  État  de  ce  qui  eft 
iiKompréhcnfible.  Incomprehenfibditas.  Ce  qui  fc 
dit  proprement  de  Dieu  &  de  fes  attributs  ,  qui  ne 
font  incompréhenlibles  que  parce  qu'ils  font  trop 
grands ,  &c  trop  au-def!us  de  notre  portée.  Il  y  a 
infinité  par  tout  ,  &  par  conféquent  incompréhenfi- 
bilité  par  tout.  Nie.  ïincompreherjLbiiné  des  myllè- 
rcs  de  la  foi  nous  doit  orer  la  peiiféc  de  les  appro- 
fondir. Saint  Chryfoilômc  a  fait  fix  difcoursde  \'in- 
compréhenfibilite  de  Dieu ,  ait,i  xrMtuhiiiilx- 

INCCJMPKEHENSIBLE.  adj.  m.  &  f.  Ce  que  l'cf- 
prit  ne  peut  concevoir,  ni  comprendre.  Incompre- 
henjibilis.  L'àélion  de  l'ame  fur  le  corps  ,  ou  du  corps 
fur  l'ame  ,  efl  incompréhenfibles.  Les  myflercs  de 
notre  toi  font  incompréhenfibles.  Les  femmes  tonc 
incomprehenjibles.  P.  de  Cl.  Gracian  etl  parmi  les 
Etpagnols  un  de  ces  génies  incompréhenfibles  :  fes 
ouvrages  ne  femblent  faits  que  pour  n'être  pas  en- 
tendus î  Bou.  S'il  efl  vrai  que  l'Évangile  nous  pro- 
pofe  à  croire  des  dogmes  incompréhenfibles  ,  c'efl 
que  Dieu  a  voulu  éprouver  la  foibleffe  de  notre 
miférable  raifon.  S.  Evr.  Les  incrédules  ,  pour  ne 
pas  croire  des  myllères  incomprchcnfbles ,  tuivcnt 
A: incompréhenfibles  erreurs.  Bossuet.  On  dit  qu'un 
homme  ell  incomprehenfble  ,  pour  dire  que  c'eft. 
un_  homme  inconcevable  dans  fa  conduite  ,  dans 
fon   rail'onnement  ,  dans  fes  difcours  ,   &c.  Ac.  Fr. 

INCOMPRESSIBLE.  Qui  ne  peut  être  comprimé. 
Quod  comprimi  non  poteft.  §Cr  Les  corps  liquides 
font  prcfque  tous  incomprejfibles ,  l'eau  fur-tout  ;  car 
plutôt  que  de  te  laiflèr  condcnter  ,  elle  paffc  au 
travers  des  corps  les  moins  fpongieux ,  comme  les 
métaux.  L'air  doit  être  excepté  de  la  clafle  des  li- 
quides incomprejfibles  ,  puifque  nul  liquide  n'efl  plus 
liquide,  &  que  nul  corps  comprcjjîble  n'efl  plus 
compreffible ,  la  plupart  même  des  fohdes  les  plus 
comprejjîbles  paroiliant  lui  devoir  leur  compreÛîbi- 
lité.  Nollet.  La  compreffibilité  de  l'eau  qui  avoic 
échappé  à  nos  plus  célèbres  Phyfîciens  ,  a  été  dé- 
couverte par  le  P.  Belgrado ,  Jéf  uite.  On  peut  voir 
fa  Diflértation  fur  la  caufe  du  Ricochet  ,  imprimée 
à  Parme  en  1743 ,  dont  les  Journalilles  de  Trévoux 
ont  rendu  compte  dans  leur  Jounal  de  Janv.  17J/. 
Il  fait  voir  que  l'eau  a  du  reflorr  ,  &  prouve  par 
des  expériences  bien  choifies  qu'elle  efl  capable 
d'une  comprefllon  lentible.  Voye-[  Compression  , 
Condensation  ,  &c. 

INCONCEVABLE,  adj.  m.c\-f.  Ceque  l'efprit  hu- 
main ne  tauroit  s'imaginer ,  comprendre  ,  ni  con- 
cevoir. Incomprehenfibilis.  La  grande  étendue  de 
l'Univers,  &  la  petitelle  des  atomes j  font  des  cho- 
fes  inconcevables.  La  grandeur  &  la  bonté  de  Dieu 
font  inconcevables.  Les  myflères  de  la  foi  font  in- 
concevables. On  dit ,  Il  eft  inconcevable  combien  on 
lui  dit  d'injures  ,  pour  dire  ,  On  ne  fauroit  s'iiTiagi- 
ner  combien  on  lui  dit  d'injures.    Ac.  Franc. 

Inconcevable  ,  fe  dit  auffi  par  exagération  ,  de  ce  qui 
etl  grand,  difficile.  Ce  Poète  a  une  peine  inconceva- 
ble à  faire  des  vers.  C'eft  un  travail  inconcevable  de 
faire  un  bon  Diélionnaire.  Ce  n'eft  pas  le  fentimcnt 
de  l'Auteur  de  la  Préface  du  Diélionnaire  Latin  de . 
Danet  j  il  en  jugeoit  peut-être  par  celui  en  faveur 
duquel  il  écrivoit  :  mais  c'étoit  le  fentimcnt  de  Sca- 
liger  ,  aulîi  bon  Juge  qu'un  autre. 

INCONCILIABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  peut  fe  con- 
cilier avec  quelqu'autre  chofe.  Qui  nequit  conciliari. 
La  qualité  d'héritier  d  un  défunt  ne  permet  pas  qu'on 
lui  falle  l'injure  de  l'accuter  d'un  faux.  Cette  injure 
eft  inconciliable  avec  cette  qualité  ,  &c  fuffiroit  pour 
rendre  indigne  de  l'hérédité.  Brousse.  Ces  motifs 
refpedrablcs  étoient  inconciliables  avec  l'abiis  que  N. 
voudroit  fiire  de  leurs  privilèges.  Normant. 
l  INCONDUITE,  f.  f  Défaut  de  conduite.  Jgendl 
ratio  mala  ,  imprudens.  Ce  mot  eft  très  -  nouveau 
Ç3"  mais  reçu  par  l'ulage.  Il  y  a  des  gens  qui  fe  trou- 
vent dans  une  fîtuation  fâcheufe  par  leur  inconduite. 
f^cye:^  Conduite. 

Qij 


124  I  N  C 

INCONGRU,  UE.  adj.  Qui  n'cft  pas  congin  ,  qui  cft" 
conti-e  les  règles  de  la  Grammaire.  Incongruens. 
Cela  eft  incongru.  §CIF  FatjOn  de  parler  incongrue , 
contre  les  règles  de  la  coiilhuAion.  On  le  dit  en 
plailantant  de  ceux  qui  manquent  aux  bienléances 
■du  monde.  C  ell  un  homme  fort  incongru.  Molière 
fait  dire  par  (es  Préeieuks  ,  Ces  gens-là  lont  tout  a- 
fait  incongrus  en  galanterie. 

INCONGitUEMENT.  adv.  D'une  manière  incon- 
grue ,  Se  contraire  aux  loix  de  la  Grammaire.  Non 
congruenur.  Parler  incongrue  ment.  On  le  dit  aulli 
au  hguré.  Il  fait  toutes  chofes  mcongrucment.  Mais 
cela  ne  fe  peut  dire  que  dans  le  ftyle  comique  &  bur- 
lefque. 

INCONGRUITÉ,  f.  f.  Faute  contre  la  Grammaire , 
mauvaife  fat^'on  de  parler.  Barbanfmus. 

Incongruité  ,  le  dit  Hgurément  &C  plus  fouvent  des 
fautes  contre  l'honncteté  ,  contre  la  bieniéance  , 
contre  les  manières  d'agir  reçues  dans  le  monde.  Inur- 
banum.  C'cll:  une  grande  incongruité  de  ne  pas  (alucr 
le  premier  le  Maître  de  la  maifon  ,  de  le  (ervir  le 
dernier  à  table.  Sa  conduite  ,  fon  difcours  ,  fon 
raifonnement  font  pleins   d'incongruités. 

fer  INCONNOISSABLE.  adj.  Ce  mot  le  trouve  dans  le 
Panégyrique  de  M.  de  Turennc ,  par  M.  l'Abbe  de 
Faveroles  du  Plelîis.  Je  ne  lais  fi  on  le  trouve 
ailleurs. 

INCONNU,  UE.  adj.  Qui  n'elT:  point  connu ,  qui  eft 
ignoré.  lyiotus.  La  providence  agit  par  des  rellorts 
inconnus.  La  fource  du  Nil  a  été  long  tems  inconnue. 
Les  myftèrcs  ont  des  protondeurs  qui  nous  lont  in- 
■connues.  Marcher  par  des  routes  inconnues.  Toute  la 
vertu  des  femmes  conlifte  à  être  inconnues  ,  fans  s'at- 
tirer ni  blâme  ,  ni  louange.  FlÉch. 

Que  /'ai  de  mouvemens  qui  me  font  inconnus  ! 

Des  -Houl. 

Le  Dieu  inconnu.  Ignotus  Deus.  Lilius  Gyraldus 
écrit  Syi;tagm.  XV'II ,  que  les  Arabes  le  déliant  de 
leurs  Dieux  avoient  érigé  ,  ou  dédié  des  autels  au 
Dieu  inconnu.  Les  Athéniens  avoient  aullI  un  autel 
dédié  au  Dieu  inconnu.  Non  -  leulement  Paufanias 
dans  les  Attiques  ,  mais  S.  Luc  dans  les  Aéles  des 
Apôtres ,  le  témoignent  e.xprcllément.  On  rapporte 
diik'remrnent  les  railons  que  les  Athéniens  eurent 
d'honoret  ce  Dieu  inconnu.  Les  uns  diient  que  Phi- 
lippe ayant  été  envoyé  vers  les  Lacédémoniens  pour 
traiter  avec  eux  d  un  fecours  contre  les  Perfes ,  il 
lui  apparut  un  fpectre  qui  le  plaignit  de  n'avoir  point 
d'autel  a  Athènes ,  tanais  qu'on  y  en  érigeoit  à  tous 
les  autres  Dieux  \  il  promit  même  que  li  on  lui  dé- 
cernoir  un  culte  &  des  honneurs  divins  ,  il  lecour- 
roit  les  Atliémcns  :  quelques  temps  après  ils  rem- 
portèrent une  victoire,  on  l'attribua  au  Dieu  inconnu.. 
Se  on  lui  bâtit  un  temple  &  un  autel,  dont  l'inf- 
cription  étoit  ^fcoii  Ai.iA'z  ,  K.vi  ETioriHi  t. aï  ai- 
BTHS,  fciEû  ArNosrn  kai  ïeno.  C'eft  -  à  -  dire  , 
u4ux  Dieux  d'Afie  ,  d'Europe  <Sc  de  Libye  ,  au  Dieu 
inconnu  &  étranger.  Tertulien  contre  Marcion  , 
Liv.  I ,  c.  p  ,  témoigne  qu'il  y  avoir  une  (uperllition 
Semblable  à  Rome.  S.  Martial  dans  Ion  Epît.  aux 
Bourdelois ,  c.  j.  Aurélien  dans  la  vie  de  S.  Mar- 
tial ,  diient  la  même  choie  de  Bourdeaux ,  ajoutant 
que  l'autel  du  Dieu  inconnu  à  Bourdeaux  j  fut  dé 
dié  à  Dieu  fous  le  nom  de  S.  Etienne.  On  peut 
voir  Franc.  Ro&us  j  Archïol.  Att.  Liv.  Il ,  c.  i. 
Rigault  ,  Jean  de  Dalmenhorlt  Wower  ,  &  fur 
Minutius  Félix  ,  &  Baronius  ,  Annal,  à  l'année  de 
Jésus-Christ  ,   54,  n.  po  ,  Se  l'an  52  ,  n.  ij. 

Simon  Balîlides  Se  d'autres  hérétiques  des  pré- 
iniers  liècles ,  introduifoient  aulîl  un  Dieu  inconnu. 
Voye-i^  Baronius  à  l'an  izo  ,  n.  j  Se  6. 

U Inconnu  lu;-  les  Pfeaumes ,  c'eft  un  A»uteur  qui 
a  fait  un  Comraentaiie  fur  les  Pleaumes  ,  mais  qui 
a  caché  fon  nom  par  humilité.  Quelques  uns  croient 
qu'il  fe  nommoit  Michel  Ayguan. 
Inconnu  ,  fe  dit  aullî  de  ce  qui  n'eft  fu  que  de  peu  de 
perfonnes.  Le  commerce  des  pierreries  cft  un  tra- 


I  N  C 


fie  inconnu.  Ce  Marchand  cft  allé  voyager  en  des 
pays  inconnus.  Il  eft  inconnu  dans  cette  ville  ,  il 
n'y  a  point  de  connoiftance.  Ce  Chimifte  a  des  fc- 
crets  inconnus  à  ceux  de  fi  prokilion.  On  dit  aullî , 
qu'un  livre  eft  d'un  Auteur  inconnu  ,  quand  le  livrL- 
eft  anonyme  ,  ou  quand  l'Auteur  eft  lans  réputa- 
tion, ^fj'  En  Géographie  on  appelle  terres  incon- 
nues ,  les  pays  où  l'on  n'a  pas  encore  pénétré» 

|Cr  Inconnu,  f.  Cette  lettre  lui  a  été  rendue  par  un 
inconnu. 

Inconnue,  adj.  f.  pris  lubftantivement.  Terme  d'Al- 
gèbre. On  loufentcnd  lettre  ou  grandeur.  Comme 
l'Algèbre  opère  par  des  lettres  qui  réprélentcnt  des 
grandeurs  ,  Se  que  pour  réloudre  les  queftions  pro- 
pofées  ,  on  cherche  la  valeur  de  quelque  grandeur 
inconnue,  en  la  comparant  à  celles  qui  font  connues 
par  la  queftion  ;  on  appelle-  l'Inconnue  ,  la  lettre 
qui  reprélente  cette  grandeur  inconnue  que  l'on 
cherche  ;  &  quand  après  les  opérations  nécellaires  , 
l'inconnue  feule  &  dégagée  de  toute  autre  grandeur  , 
le  trouve  égale  a  quelques  grandeurs  connues,  le 
problême  eft  réfolu.  Il  y  a  d'ordinaire  plufieurs 
inconnues  dans  la  queftion  ,  Se  on  les  réduit  à  une 
feule  ,  quand  cela  eft  poflîble  ,  ce  qui  s'appelle  Faire 
évanouir  Ijs  autres.  On  obferve  dans  la  pratique  de 
marquer  les  inconnues  par  les  dernières  lettres  de 
l'alpiiabet ,  &■  ks  grandeurs  connues  par  les  premiè- 
res ,  afin  de  ics  pouvoir  diitinguer  les  unes  d'avec 
les  autres  d'un  leul  coup-d'œil. 

L'Inconnue  de  la  Fare.  f^oye^  S.  GERMAIN  , 
elpèce  de  poire  \  Se  la  Quintinie  ,  P.  III  ,c.  2  , 
p.  310. 

INCONSEQUENCE,  f.  f.  Défaut  de  conféquence. 
y'oye'^  ce  mot.  h' Inconfequence  le  trouve  dans  les 
idée> ,  dans  les  difcours  ,  Se  dans  les  actions.  In  - 
confequentia  ,  confequentia  principio  repugnans  ;  Con- 
clufio  ex  principio  haud  fatis  confequcns  ,  Les  Grecs 
l'appellent  st^'-ico^-^s  Baïus  &  Janfénius  conviennent 
avec  Luther  fur  l'elTence  du  péché  originel  ;  mais  ils 
l'abandonnent  dans  les  inconfequenccs  qu'il  en  tire. 
Lorlque  parmi  les  Chrétiens  on  a  vu  des  variations 
dans  l'expohtion  de  la  foi ,  on  les  a  toujours  regar- 
dées comme  une  marque  de  fauileté  Se  à'inconfé- 
quence  dans  la  doétrine  expofée.  Bossuet.  Il  n'y 
a  point  A'inconfcquence  dans  leur  conduite.  Uin- 
confequence  eft  un  des  principaux  apanages  de  l'er- 
reur. 

On  fe  fort  de  ce  mot  hors  des  matières  dog- 
matiques ;  &:  dans  l'ufige  ordinaire  ,  pour  marquer 
l'oppofition  d.ans  les  conduites  di.iérentes  de  la  vie  ; 
par  exemple ,  entre  les  jugemens  de  l'efprit  Se  les 
adlions.  C'eft  une  étrange  inconféqucnce  de  croire 
un  enfer ,  Se  de  mener  une  vie  déréglée.  Ce  fut 
par  un  eftet  de  ce  bon  Icns  qu'il  (  M.  le  Dauphin 
Duc  de  Bourgogne  )  comprit  dès  lors  combien  il  y 
a  a'inconfcquence  à  faire  profeftion  du  Chriftianifme 
fans  fuivre  les  maximes  dans  la  pratique.  P.  Marti- 
NEAU  ,   J. 

INCONSÉQUENT  ,  ente.  adj.  m.  cV'  f.  gCT  Qui  agit 
ou  qui  parle  lans  fe  conformer  à  ffs  propres  princi- 
pes. Celui  qui  conclut  de  ce  qu  il  penlc  ,  ou  de  ce 
qu'il  énonce  le  contraire  de  ce  qu'il  devroit  faire, 
eft  inconfequent  dans  les  dilcours  &  dans  les  idées. 
Celui  qui  tient  une  conduite  contraire  à  celle  qu'il 
a  déjà  tenue  ^  ou  contraire  à  fes  propres  intérêts  ,  eft 
inconfequent  dans  les  aftions.  Nos  idées  lont  jufteSj 
ou  tnconféquentes  ,  obfcures  ou  lumineules  ,  lelon 
que  nos  organes  lont  plus  ou  moins  lolides  ,  plus  ou 
moins  délices  ,  6c  lelon  que  nous  lommes  plus  ou 
moins  pallionnés.  XXK Lettre  Philofophique.  Tout  ce 
que  M.  de  Sault  ,  Médecin  de  Bourdeaux  ,  dit  contre 
l'excellent  livre  ,  de  morhis  Veneris  de  M.  Aftruc  , 
m'a  paru  aullî  foible  o^'inconféquent.  Obfervations 
fur  les  Ecrits  mod.  Sylla  étoit  inconfequent ,  &:  per- 
péiucllement  en  contradiéfion  avec  lui  même.  Cre- 
viER.  Je  n'ai  rien  vu  de  li  inconfequent  que  cet  hom- 
me; il  varie  lans  celle  Se  ne  le  toiuient  en  rien.  C'eft 
être  bien  inconfquent,  que  de  railonner  de  la  (orte. 

iNCONSIDÉRÀTION.  f.  f.  Imprudence  dans  le  dif- 


I  N  C 


cours  ou  dans  l'adion.  Cet  érourdi  a  perdu  fi  fortune 
par  l'on  uiconjidtracïon.    Votre  inconjidenuion  vous 
fxcule-t  tUc;  Bourdal.  Ir.conjîderaùo ,  inconjidtran- 
tia. 
INCONSIDÉRÉ,  ÉE.  adj.  gO" Terme  rcl.uiF aux  per- 
loiincs  &C  aux  choies.  Homme  ïnconfidcré  ,  qui  ne 
tunlidcre  pas  alkz  les  confcquencts  de  les  aclioiis  ou 
de  les  dikours.  Inconfidcrans ,  inconfid^ratus.    C'cft 
l'homme  le  plus //7tLi/j//û'<;r<f  que  je  coiiiioilje.  Il  a  l,î- 
chc  des  paroles  incoi:Jiderccs  qui  lui  om  tait  une  gran 
tic  artaire.  l'aire  des  largelles  uxonjiderces.  Ablanc. 
IncoksidÉrÉj   le  prend  aulli  quelquetois  lubltantive- 
r.icnt.   Celt  un  étourdi,  c'e!l  \in  incoajïdere.  Je  hais 
la  mort ,  car  c'eit  une  inconjideree  qui  ne  relpctte 
rien  ,  &  qui  vient  toujours  mal  a  propos.    M.  bcuD. 
INCONMUhKl^MEN  1 .  adv.  Imprudemment ,   d'une 
manière  inconlidérée.  Inconfidcmcè.  Il  s'eit  jette  in- 
conjïdcrtimcnt  dans  les  elcadrons  ennemis.  11  s'enga- 
gea cnconjidc: rd'.'nent  da.ns  un  lieu  étroit.  Vaug. 
INCONSOLABLE,  adj.  m.  Se  f.  Qui  ne  peut  êtrecori- 
Iblé.  Inconfolabdis  ^  injolabdis.    Il  ié  dit  des  choies 
audi  bien  cjue  des  pertonncs.  'Vaug  Rem.  La  perte 
de  l'honneur  rend  incjnfolahk.  InconfolabU  dans  la 
douleur.  H  ell  dans  une  douleur  inco«yi/ûi'/e.  Aliiic- 
tion  ïnconfolalU. 
INC0NS0LA13LEMENT.  adv.  D'une  majiière  incon 
folable.  Inconfolahiar,  citra  confolatïonem.  La  mou 
de  la  femme  l'a  afi-ligé  inconfolahlement. 
INCONSTAMiMENT."  adv.    i^'une   manière  inconf- 
tinte.  Inconjlancer.   Hylas  dans  l'Aftrée  toutient  le 
parti  de  ceux  .qui  aiment  uKonJlamment.   A^ir ,    le 
i.or.duire  inconj'iammtinc. 
INCONSTANCE,  f.  K  îf3  C'efl:  proprement  un  dé- 
i-aut  de  perfcvcrance  dans  les  goûts.    Inconjiancia. 
l.'mconjlance  ell:  un  vice  de  l'amc  qui  la  porte  lucccl 
livement  à  des  choies  différentes.  La  lortune  ell  chan- 
f  cante  .  e*!^  je  (Darius)  ne  luis  moi  mcme  qu  un  trop 
illuftre  exemple  de  l'on  inconjiunce.  'Vaug.  Comme 
la  iermeté  rail'onnable  n'eft  pas  mdexible  ,  &c  qu'au 
contraiie  elle  fe  rend  a  la  vente  des  qu  elle  la  voit  pa- 
roîrre,  tout  changement  n'tll  pas  uiconflance ,  ainfi 
que  le  vul;;aire  le  l'imagine.  M.  Esp.  La  vivacité  des 
femmes   fait  leur  inconjiance.  Bell.  Les  révolutions 
continuelles  de  notre  elprit,  &  Vinconjt^ince  de  nos 
pafhons ,  ne  nous  lail'.ent  pas  dans"  une  alhette  alîez 
Ferme,  pour  établir  le  repos  de  notre  vie.  S.  EvR. 
Dieu  feul  ell  exempt  à' inconjiance.  Ego  Deus  è-  non 
mutor.  Le  fymbole  de  X'ïnconjtance  elt  uric  Fortune 
peinte  fur  une  boule  &  la  variété  des  couleurs  de  li- 
ris.  La  foiblelle  de  1  elpri:  humain  ell  la  caule  de  Ion 
inconjiance.  C'ell  une  marque  à' inconjiance  Hc  de  lé- 
gèreté d'efpritj  que  de  ne  le  trouver  bien  nulle  part. 
Bell.    Les  amans  appréhendent  fans  celle  1  inconf- 
tance  de  la  perionne  aimée.   Le  tableau  de  VinconJ- 
tance  a  été  fait  par  Pierre  de  Lancre ,  en  un  gros  vo- 
lume. 
^"Inconstance,  le  dit  auili  en  parlant  des  choies  lu- 
jcttes  à  changer.  ]J inconjiance  du  tcms ,  des  vents , 
de  la  mer  ,  de  la  fortune ,  tout  nous  inftruit  de  la  fra- 
gilité et  de  Y  inconjiance  des  choies  humaines.  Fléch. 
|TO- INCONSTANl'  ,   ANIE.  adj.  Qui  n'a  point  de 
perfévérance  dans  fes  goiits.  On  le  dit  également  des 
choies  qui  ne  demeurent  pas  long  tems  dans  le  même 
état.    Inconflans.    La   fortune    efl:   inconjiante.     Les 
Amans  lont  d'ordinaire  inconflans.  Sénéque  dit  à  un 
inconjlant.   Fais  du  moins  qu'on  te  puille  rceonnoitre 
quelquefois.'  On  ne  tait  pas  revenir  les  inconflans  par 
des  plaintes  &:  par  du  fracas.  B.  Rab 

Jet'aimois  inconftant;  qu'aurois-jefaitJldéU? 

Racine. 

Faifons  des  inconflans ,  des  jaloux  odieux. 

De  la  Motte. 

if?  Le  rems  eft  inconjlant.    L'automne  eft  une  faifon 

inconltante. 
'':^T\]nc  femme  inconjiante,  dit  la  Bruyère,  ell  celle 

qui  n'aime  plus;  elle  ne  s'attache  pas  pour  long-tems. 


INC  12^ 

Une  légère,  celle  qui  en  aime  déjà  un  autre-,  elle  ne 
s'attache  pas  tortenieiit.  Une  volage ,  celle  qui  ne 
■  lait  11  elle  aime,  tk  ce  qu  elle  aime;  elle  ne  s  attache 
pas  à  un  leul.  Une  c/!a«^tt//;re  ,  celle  qui  ne  s'attache 
pas  au  même,  La  légère,  dit  M.  l'Abbé  Girard,  fe 
donne  à  un  autre ,  parce  que  le  premier  ne  la  retient 
pas.  V inconjiante  j  parce  que  Ion  amour  efl  fini.  La 
■volage  j  parce  qu  elle  veut  goûter  de  plulieurs,  (Se  la 
chan^^canie ,  parce  qu  elle  en  veut  goûter  dediilérens. 
Les  hommes  lont  ordmaireiiient  plus  légers  & 
plus  inconjLans  que  les  ten.mesi  mais  celles-ci  font 
plus  volages  6c  plus  changeantes  que  les  hommes. 
Ainli  les  premiers  pèchent  par  un  excès  d  indillérence 
qui  lait  celier  leur  attachemcntj  &  les  fécondes  par 
un  fond  d'amour  qui  leur  tau  luuliaiter  de  nouveaux 
attachemens.  lar  conlequent  le  mérite  des  hemn.es 
paro.t  être  dans  la  perleveranee  ,  tk.  celui  des  femn.es 
dans  1 1  rchltanee  :  le  premier  cil  plus  rare,  le  fécond 
plus  glorieux.  Les  uns  doivent  le  munir  contre  les 
dégoûts,  iic  les  autres  contre  les  attaques. 

INCuNiEi  FABLE,  adj.  Qui  ne  peut  être  conteflé. 
Incontroverjus.  Ce  droit  efl  clair  &:  incontejlable. 
litre  mcohtcjtable.  Fat.  Vérité  incontejable.  Mol. 
Ilrautdes  d^iuontlrations  d'une  évidence  incontejla- 
ble  ,  pour  hal.irder  l'éternité.  M.  P. 

INCOiN  i  hS  i  ABLEMti'-J  F.  adv.  D'une  manière  in- 
contellablc.  AiJ\ue  conLoverJia.  Cette  terre  lui  ap- 
pai tient  incontijLablement. 

INCOi^J  I  Es  1  i^ ,  LE.  adj.  Que  l'on  ne  contelle  point. 
Mènerai  dit,  en  parlant  du  Royaume  de  Navarre, 
fousLouisl.  bepuis  Sance  Abaria  ,  premier  du  nom  : 
h  fuite  des  Rujs  de  N  avarie  efl  claire  &  incontejlée. 
Abrégé  de  l  HJl  de  trance. 

INCON  i  INEiNCE.  f.  f.  Viceoppofé  à  la  continence. 
Voye-:^  ce  mot.  Incontineutia.  L  incontinence  feule  fé- 
para  Henri  VIII  de  l'iifclife  Catholi  ,ue.  Maug.  Il 
faut  des  Eur.uqucs  ,  de  dculles  giiiles  pour  biider 
y  incontinence  a^%  kniU.es.  Le  vice  qui  deciie  le  plus 
efl  Y  incontinence. 

En  Médeeine  on  appelle  Incontinence  d'urine, 
une  écoulement  inv^loi.taue  qui  le  lait  de  luiine, 
lorfque  le  relloit  du  Ij^nii.éler  efl  relâché.  Uriiii  in- 
continentia.  Ceux  qui  oi.téte  t.iillés  de  la  pierre,  ont 
allez  fouvent  une  incontinchc-.  au.n.e.  M.  Doudas 
prétend  que  cette  opération  étant  faite  par  le  h..ut  ap- 
pareil,  elle  ne  caule  jamais  d  impuillarce,  ni  à' in- 
continence d'urine,  &  quelle  ell  moins  dangercufe 
que  les  opérations  ordinaires.  Lorfe^ue  la  pierre  ell 
grolle  ,  la  méthode  ordinaire  de  l'extiaiie  peut  c.ufer 
ui.e  incontinence  d  urine.  De  la  Roche  d'après  Dou- 
glas. Un  des  quatorze  avantages  de  1  extraction  de  la 
pierre  félon  la  méthode  du  haut  appareil,  c'ell  qu  elle 
ne  peut  cauler  à' incontinence  d'uiine  ,  puifqu'on  ne 
touche  point  le  cou  de  la  vefîîe.  Cette  incontinence 
diffère  de  la  ûrangurie  dans  laquelle  on  rend  lutine 
goutte  à  goutte  iiivolontairement  &  fréqueirment, 
mais  avec  douleur.  Ce  mot  vient  du  Latin  continere  j 
retenir ,  &  de  la  prépolition  in ,  négative  en  ce  cas. 
Col  de  Vihars. 

INCONTINENT  ,  ENTE.  adj.  Qui  n'a  pas  la  vertu  de 
continence  ,  qui  ne  lait  pas  modérer  les  appétits  de  la 
chair.  Incontinens.  S.  1  aul  n.enace  les  incontinens  de 
l'exclulion  du  Faïadis.  Il  ne  le  dit  guèie  que  dans  les 
mati-'res  de  piété. 

Incontinent,  adv.  de  tems.  Sur  l'heure  j  dans  le  mê- 
me moment.  Statim.  Ce  que  vous  m'oid^nnerez, 
je  le  ferai  incontinent ,  tout  incontinent.  J'irai-la  in- 
continent après  dmé. 

Ce  mot  vient  du  Latin  in  continenti ,  qui  veut  dire , 
fur  l'heure. 

INCONIRADICTION.  f.  f.  Accord  dans  la  manière 
de  penfej.  Fluiieurs  chofcs  certaines  font  contredi- 
tes ,  plulieurs  taulles  pallent  lans  contradiétion.  Ni 
la  conrradiedon  n'ell  marque  de  faul1etc_,  ni  Y incon- 
tradiction  n'efl  marque  de  vérité.  Pascal.  L'ufage  de 
ce  mot  n'efl  point  établi. 

INCONVÉNIENT,  f.m.  =13"  Difficulté  qui  fe  trouve 
dans  une  aflaire ,  qui  en  fufpei.d  la  déeillon  ,  ou  fuites 
facheul'es  qui  rélulten:  de  fa  conclulion  ou  du  parti 


i6 


I  N  C 


qu'on  prend.  Incommodum.  Il  voit  les  inconvcnkns 
de  cette  aftaiie ,  &  n'en  voit  point  les  expédiens.  Il 
n'y  a  point  d'attaire  qui  n'ait  tes  avantages  &:  ks  in- 
ionveniens.  Je  ne  vois  ponit  A.' uiconvenLins  d'accep- 
ter cette  propolition.  Engager  quelqu'uA  dans  un 
inconviinient.  Boss, 

ÏNCJNVÉNiENT ,  lîgniîîe  aullî  fuite,  conlcqucnce  fâ- 
cheufe  d'une  opinion  ,  dune  déniarciie  ,  ùc.  Incom- 
modum. L'inconveiucnc  du  maiiage  pour  les  jtuncs 
gens ,  c'ell  qu  ils  lont  charges  d'une  grande  ianiiUe 
avant  que  d'avoir  établi  leur  tortune.  Cette  opinion  , 
cette  do-trine  elt  lujecte  a  beaucoup  àintonvcnicns , 
de  conléqurnces  dangcreules. 

INCONVERTIBLE,  adj.  de  t.  g.  Qu'on  ne  peut  con- 
vertir. Un  grand  peuple  que  1  intérêt  &C  1  aveulie  pré- 
vention rendoient  inconvemhle.  Abbé  de  Pons. 
Lettre  fur  l'Iliade  de  M.  de  la  Motte.  Avec  une  fauire 
confcience,  on  e(l  incorrigible  tk.  inconveniile.  Avent 
du  P.  Bourdaloue. 

^CFOn  le  dit  en  Phyfique  des  chofes  que  l'on  ne  peut 
tranfmuer.  Les  métaux  font  des  fubilanccs  funples 
&■  inconvertibles. 

ÎNCORPORALITÉ  f.  f.  Ce  mot  fe  dit  proprement  de 
Dieu  &  des  Efprits ,  en  tant  qu  ils  n'ont  rien  de  cor- 
porel ,  ni  d'étendu.  Spiritualités ,  incorporaiitas.  Je 
les  entends  crier  tout  le  jour  V  parler  d'idées  &  à'in- 
corporalitc.  Ablanc.  C'ell  un  terme  dogmatique. 

INCORPORATION,  f.  f.  Union  mélange  ^  joncbon 
d  un  corps  avec  un  autre.  Permixtio ,  coagmentaùo. 

^^  En  Chymie  ,  c'eft  le  mélange  &  l'union  de  quelques 
matières  dont  ont  fait  un  corps  qui  ait  quelque  con- 
fiftance,  en  l'introduiiant  peu-a  peu  dans  un  llrop, 
ou  conferve ,  ou  autre  choie.  Il  but  pétrir  ces  dro- 
gues enfemble ,  les  lailler  bien  infuler  julqu'a  une 
pleine  incorporation. 

fC?  En  Jurilprudence  féodale ,  c'eft  la  même  chofe  que 
réuiiion.  L'incorporation  d  une  terre  au  domaine. 

On  le  dit  de  même  en  parlant  d  un  régiment  dont 
on  fupprime  le  nom,  &:  dont  on  fait  entrer  les  loi- 
dats  dans  un  autre  régiment.  L'incorporation  à  un  ré- 
giment dans  un  autre. 

^INCORPORÉITt.  f.  f.  Terme  dogmatique.  Qua- 
lité de  ce  qui  eft  incorporel. 

Incorporéité  des  Anges.  C'eft  la  même  chofe  qu'in- 
corpoialité. 

INCORPOREL.  ELLE.  adj.  Subftance  fpirituclle  qui 
n'a  point  de  corps.  Incorporais  ,  incorporeus.  Les 
Anges  font  des  créatures  incorporelles.  L'ame  de 
l'homme  eft  incorporelle ,  &  peut  iublifter  indépen- 
damment du  corps.  Ces  idées  indépendantes  des 
corps  ne  peuvent  ni  être  corporelles,  ni  être  reijUes 
dans  un  fujet  corporel.  Elles  me  découvrent  la  nature 
de  mon  ame  ,  qui  reçoit  ce  qui  eit  incorporel  j  &  qui 
le  reçoit  au  dedans  de  loi  d  une  manière  incorporelle. 
D'où  me  vient  une  idée  li  incorporelle  des  corps  mê- 
mes î  Je  ne  puis  la  porter  par  ma  propre  n.ituie  au- 
dedans  de  moi ,  puiique  ce  qui  connou  en  moi  ks 
corps  eft  incorporel ,  6'c.  Fenel. 

En  Droit  on  appelle  chofe,  ou  polfeirion  incorpo 
relte ,  la  potleilion  des  choies  qu'on  ne  peut  toucher, 
&  qui  coniirtent  en  droits  &  attions,  comme  lont  ks 
droits  Icigneuriaux. 

INCORPORER.  V.  a.  Mêler,  ou  joindre  des  chofcs 
enfemble  pour  en  laire  un  même  corps.  Conjiare. 
Les  acides  &  les  alcalis  s'incorporent  fi  bien  enlemble  , 
qu'ils  ne  font  plus  qu  un  corps.  Le  plomb  réduit  en 
poudre  s'incorpore  facilement  avec  l'huile.  Glaser. 

Incori'orer  ,  fe  dit  aulli  figurément  en  morale.  On  a 
incorpore  les  Officiers  de  ce  Bailliage  qu'on  a  luppn- 
mé ,  avec  ceux  d'un  Préddial  qui  avoir  été  créé  aupa 
ravant.  ifs  Les  loldats  d'une  telle  Compagnie  ont 
été  incorpores  dans  telle  autre.  Le  vice  s'incorpore  à 
l'homme.  Les  richelles  s'attachent,  &:  pour  aiiifi  dire 
ellss  s'incorporent  à  notre  cœur.  Boss.  Incorporer 
des  terres  au  domaine ,  les  réunir. 

f!0°  Incorporer  ,  en  Pharmacie,  former  un  remède 
qui  ait  quelque  confiltance ,  en  mêlant  &  unillant 
diileieincs  matières  par  le  moyen  de  quelque  lirop 
ou  autreinenr. 


I  N  C 

Incorporé,  ée. part,  paill  S<.  adj.  Province  unie  &c  in- 
corporée a  la  couronne.  Patru.    Albe  fut  vaincue 
ik.  ruinée  ,   les  citoyens  incorpores  à  la  ville  viCco- 
ritute,  l'aj^randiieiit  &  la  lortiherent.  Bossuet. 
§Ci-ii'JCURKECT,ECTE.  adj.  Qui  n'eft  pas  correcl. 
I^oye^  ce  mot.  Le  dcliein  de  l'Ecole  1  Lnnandc  ,  quel 
quetois  né>,U5c  ,  lourd  &  incorrecl.    Gersaint.  Là 
te  truuvou  v^napelle  ,  ce  gcinc  plus  naturel  que  poli , 
tacii'c  Uans  les  vers  ,  incorrect  dans  fon  ftyle  ,  libre 
daiiS  les  idc>.s.  'i  tmple  du  goût.  Le  premier  livre  de 
génie  qu  on  vit  en  proie  j  rut  le  Recueil  des  Lettres 
i  rovin^i  lies  en  1654.  Le  bon  goût  qui   règne  d  un 
bout  a  i  autre  dans  ce  livre  ,  ne  corrigea  pas  d'abord 
le  ftyie   laclie  ,   dilius  ,  incorrecl ,  qui  depuis  long- 
temps etoit  celui  ae  prct^jUe  tous  les  Ecrivains.  Siè- 
cle de  Louis  Ai  v .   Ce  luot ,  tout  nouveau  qu'il  eft  ^ 
fe  trouve  dans  nos  meilleurs  Auteurs.  Le  ftyle  incor- 
recl eit  celui  qui  s  ccarte  louvent  des  loix  de  la  Gram- 
maire.   Une  ii;,ute  uicorrecle  eft  celle  qui  pèche  con- 
tre les  propoitious  reçues.  Incorrecîus. 

INUOiit-itCiluN.  f.  t.  Défaut  de  correftion.  Cet 
ailemûiage  de  pièces  rapportées  formoit  un  tout 
agréatJle ,  dont  1  incorrection  de  dellcin  n'étoit  fenfible 
qua  des  yeux  connoilleurs.  Merc.  de  Sept.  /73/. 
lncorreài.on  dans  le  Ityle,  incorrection  dans  le  deliein 
d  un  tableau. 

INCORRIOlblLlTÉ.  f.  f.  gO^Caraftère  de  celui  qui  eft 
incorrigible  ,  qui  ne  peut  être  corrigé,  l^oye-^  ce  mot. 
Il  y  a  des  gens  dont  1  incorrigibilite  elf  inconcevable. 
L'incorrigibilite  des  hommes  vient  de  l'imbécillité , 
de  i  opiniâtreté  ou  des  palhons.  On  s'eft  detait  de  lui 
à  caule  de  ton  incorngibdite.  La  malignité  &  Vincor- 
ngibilite  des  peuples  eivipcchent  le  huit  de  leyrs  tra- 
vaux. Ab.  de  la  i  R.  Il  arrive  louvent  que  nous  nous 
perdons  nous-mêmes  en  voulant  tauver  ceux  que 
nous  ne  lauvonspas-,  foit  que  la  complaifance  empê- 
che de  faire  pour  cela  autant  que  l'on  doit  ;  ou  bien 
que  le  zèle  qui  s  échauie  contre  Vincorrigibilité ,  nous 
emporte  au  delà  des  bornes  que  la  charité  &c  la  fa- 
gelie  nous  doit  prel:rire.   Id. 

INCuRKlGIBLE  adj  m.  &  f.  Qui  ne  peut  être  corri- 
gé. Inemendabilis.  Entant  incorrigible.  Elprit  incor- 
rigible. Il  y  a  des  hommes  incorrigibles ,  qui  ne  fe 
corrigent  point ,  &  des  détauts  incorrigibles ,  dont  on 
ne  le  corrige  point. 

INCORROMPU  ,  UE.  adj.  Qui  n'eft  point  corrompu  , 
qui  n'ell  point  gâté.  Incorruptus.  La  nature  incorrom- 
pue. Pasc.  Ce  terme  ne  le  peut  employer  tout  au 
plus  que  dans  le  llyle  dogmatique  pour  éviter  un 
long  détour  de  paroles. 

INCORHUPTIBIi-ITE.  f.  f.  Qualité  par  laquelle  une 
chots  eil  incorruptible.  Incorruptibiluas.  L  mcorrup- 
tibilïté  elt  une  des  propriétés  des  corps  glorieux. 

Incorrupticuite  ,  le  dit  aulli  au  hturé  ,  &  lignifie  , 
Intégrité  ,  qualité  qui  empêche  quelqu'un  de  le  lait- 
fer  corronipre  pour  a^ir  contre  Ion  devoir.  L'incor- 
ruptibilité dj  n. on  Juge  me  ralîure. 

iNCuRRuPl  IBLE.  adj.  m.  «Se  f.  Qui  ne  fe  peut  cor- 
rompre ,  qui  n  eft  point  tujet  à  corruption,  foye:^ 
ce  mot.  Incorruptitilis.  Les  fubftances  Ipirituelies 
ijnt  incorruptibles  ,  comme  ks  Anges ,  lame  rail'on- 
nabk-  ,  parce  qu'elles  n'ont  point  en  elles  la  matière 
de  corruption.  On  regarde  les  elcn-.ens  ,  ks  tels  ,  le 
verre  ,  le  mercure  ,  comme  incorruptibles. 

Incorruptible,  te  dit  ligurément  en  chofes  morales 
de  celui  qui  eft  incapable  de  le  Liiller  corrompre 
pour  taire  quelque  chote  contre  fon  devoir.  Recti 
pertinax.  Il  y  a  peu  de  gens  dont  la  probité  toit  in- 
corruptible. Jvl.  EsP.  Un  bon  Juge  doit  être  incor- 
ruptible. Un  tujet  doit  avoir  une  fidélité  incorrup- 
tible. 

Incop.ruptible,  1.  Nom  de  fecle.  Incorruptibilis.  Les 
Incorruptibles  étoient  un  rejetton  des  Eutychiens. 
Fleury.  Le9 Incorruptibles  difoicnt  que  le  corps  de 
Jesl'S-Christ  étoit  incorruptible  ;  par-là  ils  cntcn- 
djicnr  que  dès  qu'il  fut  formé  dans  le  lein  de  fa  faintc 
mère  ,  il  nétoit  fukeptible  d'aucun  changement , 
ni  d'aucune  altération  ,  pas  même  par  les  paillons 
nacurellcs    Se    innocentes  j   comme  la   faim  «S;  la 


INC 

foifjcnforte  qu'avant  fa  mort  ilm.ingcoit  uns  bcfoin , 
comme  après  ili  rciurrcctioii.  On  voit  par-lu  d'où 
leur  vient  ce  nom.  On  les  apcloit  aulli  Incomqni 
colcs.  L'inquiétude  de  l'Empereur  Julhnicn  ,  Se  (a 
curiolicé  fur  la  religion  ,  aboutit  à  l'erreur  des  Incor- 
ruptibles. Id. 

INCOKHUPTION.  f.  f.  Terme  de  Phyfiquc.  État  des 
choies  qui  ne  ii  corrompent  point.  Incorruptio  , 
inccgritas.  Vtnconuption  cil  une  des  qualités  des 
corps  glorifiés.  Saint  Paul  dit  que  nous  revêtirons 
l'incorruption  ,  lorlque  nous  Icrons   relliilcités. 

INCOUPAbLE.  vieux  adj.  Qui  h'cft  pas  coupable  , 
innocent.  Infons ,   innocens  _,  inculpab'dis  j  e. 

iNCRASSANt ,  ANTE.  adj.  Terme  de  Médecine. 
Qui  épaillk  le  lang  &:  les  humeurs.  Craffum  effi- 
ciens  ,  faciens  crajjejcere  ,  crti(jamen  ,  crajjamentum  , 
crajjicudinem  induens.  Il  y  a  des  remèdes  alloupil- 
fans  &  imrajfans  ,  des  plantes  alfoupillantes  &  in- 
trajjanus.  Les  choies  incrajjantes  ,  dit  M.  Harris 
après  Blanchard  ,  font  celles  qui  tout  compofées  de 
parties  épailles  &  gluantes ,  &  qui  ,  quand  on  les 
mêle  à  une  liqueur  claire  ,  la  rèduifent  à  une  con- 
/îftance  cpaille  ,  en  joignant  &  liant  fes  parties 
cnfcmble.  _ 

^  INCRASSATION.  f  f.  Terme  de  Médecine  ,  fyna- 
nonyme  d'épailillemcnt  qui  ell  beaucoup  plus  uhté. 
Craffameiuum  j  crajfuudo.  On  déligne  par  ce  mot 
l'état  des  humeurs  du  corps  humain  rendues  plus 
denfes ,  plus  tenaces  &c  plus  grollières ,  de  trop 
Huidcs  &  troplubtiles  qu'elles  étoient. 

IP"  INCRASSER.  v.  a.  Terme  de  Médecine  ,  rare- 
ment ulité.  C'ell  la  même  choie  qu'épailîir,  rendre 
d'une  conlilhnce  plus  dénie  ,  plus  tenace  ,  plus 
grollicre  les  humeurs  trop  Huides  ou  trop  lubtiles. 

IN  CRÉDIBILITÉ,  f.  f.  Ce  qui  fait  qu'on  ne  peut 
croire  une  choie.  IncredïbUicas  Comme  il  y  a  des 
motifs  de  crédibilité,  il  y  a  aulli  des  motifs  A'incrédï- 
biiué.  La  contradidion  manifeftc  ell  un  motif  d'i/z 
crédibilité  Hors  les  difputes  de  l'école  ,  ce  mot 
n'eft  pas  en  ulage. 

INCRÉDIBLE,  vieux  adj.  Incroyable.  Incredihilis . 

INCRÉDULE,  adj.  ,=CF  Relativement  aux  chofesde  foi , 
c'eft;  celui  qui  ne  croit  point,  &  ne  veut  point  croire 
aux  myflètes.  Dans  cette  lignification ,  il  elf  ordinai- 
rement lubftantif.  Incredulus.  On  a  plus  de  peine  à 
convertir  les  incrédules  que  les  Hérétiques.  L'incré- 
dule infulte  dans  fon  cœur  aux  foibles  efprits  que  la 
Religion  lait  trembler. 

Incrédule  ,  fe  dit  aulïï  de  ceux  qu'on  a  de  la  peine  à 
perfuader,  qui  ne  fe  rendent  qu'à  des  raifons  fupé- 
ricures  à  celles  qui  les  empêchent  de  croire.  Il  laut 
être  prudemment  incrédule.  S.  ÉvR.  Il  faut  avoir  de 
fortes  railons  pour  convaincre  cet  homme-  là ,  car 
c'eft  un  incrédule.  L'Apôtre  S.  Thomas  a  été  incré- 
dule. 

INCRÉDULITÉ,  f.  f.  Difpofition  d'efprit  qui  fait 
qu'on  a  peine  à  croire  les  chofes  à  moins  qu'elles  ne 
foient  bien  prouvées.  Incredulitas.  L'incrédulué  ell 
utile  en  Phylique,  mais  elle  eft  dangereulc  en  mo- 
rale. C'eft  une  fentence  d'Épicure,  qu'il  n'y  a  rien 
de  plus  utile  aux  mortels  qu'une  lage  incrédulité  Boil. 
^incrédulité   eft  le  commencement  de   la    lage^é. 

MÉNAGE. 

Incrédulité  j  fe  dit  aulîi  de  la  répugnance  qu'on  a  à 
croire  les  myftères  de  la  Religion.  L'incrédulité  eft 
une  témérité  qui  hafardc  tout,  &  un  orgueil  qui  ne 
peut  fouftrir  d'autorité  légitime.  Boss.  Le  peuples  à 
qui  on  a  annoncé  l'Évangile ,  &c  qui  ne  l'ont  pas  reçu  , 
leront  punis  févérement  à  caule  de  leur  incrédulité. 
La  Princelle  gémillôit  dans  fon  incrédulité ,  qu'elle 
n'avoit  pas  la  force  de  vaincre.  Boss.  03" L'homme 
a  un  fond  inépuifable  de  doutes  &  ^'incrédulité.  Il  ne 
croit  que  ce  qu'il  a  l'habitude  de  croire  :  oui  ,  l'habi- 
tude ,  &:  une  longue  habitude  qui  lui  rend  la  créance 
comme  machinale.  Mém.  de  Trév. 

INCRÉÉ,  ÉE.  adj.  Qui  n'a  point  eu  de  commence- 
ment, &:  qui  n'a  point  été  crée.  Increatus.  C'eft  un 
des  attributs  de  Dieu  que  d'être  incréé.  La  fagelfe  in- 
créée, c'eft  le  Verbe  incréé  &c  éternel.  Tous  les  an- 


INC  127 

ciens  Philofophes  ont  cru  la  matière  éternelle  &  fc- 
creée. 
INCRÉPER.  V.  a.  Blâmer,  gronder.  Increparè. 

Puis  incrépez  cette  mort  qui  nous  fraude , 
En  lui  prouvant  par  dicls  philofophaux  , 
Comme  inutile  ejt  fon  dard  &  fa)  aux.  Marot, 

Ce  Poëtc  a  fait  ce  mot,  ou  plutôt  la  pris  du  Latin  , 
comme  beaucoup  d'autres ,  qui  ne  paroillent  pas  avoir 
été  en  ulage  ,  quoiqu'ils  fe  trouvent  chez  lui. 
INCROYABLE,  adj.  m  &  f.  C^^Ce  terme  ne  fe  dit 
que  des  choies,  &;  déligne  celles  qui  ne  font  ou  ne 
paroillent  pas  être  dignes  de  foi.  Incredibilis.  Tous 
les  myftères  des  Payens  ,  des  Égyptiens ,  font  fi  exrra- 
vagans,  qu'ils  lont  tout-à-fait  incroyables.  Accident 
incroyable  à  ceux  qui  ne  l'ont  pas  vu.  Volt. 

Jamais  au  fp éclateur  n'offre^  rien  «/'incroyable. 

Boil. 

Alexandre  fe  plaifoit  à  entreprendre  des  chofeS 
grandes  &  incroyables.  Ablanc.  On  dit  ,  il  eft  in- 
croyable combien  cet  homme-là  fait  de  chofes,  pour 
dire,  on  ne  lauroit  croire,  il  n'eft  pas  concevable 
combien  il  fait  de  chofes.  Ac.  Fr. 

Incroyable,  le  dit  aulîi  hyperboliquement  de  tout  ce 
qui  eft  grand,  excelîif ,  qui  palfe  la  croyance.  Immen- 
fus.  Xercès  fît  pafter  en  Grèce  un  nombre  incroyable 
de  loldats.  Une  joie  incroyable  ^  une  peine  incroyable  ; 
des  plailirs,  des  maux  incroyables. 

ifJ"  Incroyable  ,  paradoxe  ,  lynonymes.  On  le  lert 
^'incroyable  en  fait  d'évenemens  ;  &  de  paradoxe  en 
fait  d'opinions.  On  raconte  des  chofes  incroyables  ■■, 
on  propole  des  paradoxes.  Syn.  Fr.  Les  peuples  & 
les  enfms  ne  trouvent  rien  d'incroyable ,  lorfque 
c'eft  leurs  maîtres  qui  parlent. 

Ce  mot  eft  quelquefois  employé  fubftantivcment. 

Il  faut  de  /'incroyable,  il  faut  du  fabuleux , 
Pour  les  Héros  &  pour  les  belles.  S.  ÉvR. 

INCRUSTATION,  f.  f.  Incruftatio.  Ornement  d'Ar- 
chiteclurc  qui  le  fait  de  pierre  dure  &  polie,  ou  au- 
tres chofes  brillantes  qu'on  applique  dans  des  entail- 
les faites  exprès  dans  le  corps  d'un  bâtiment.  Les  in- 
cruflations  du  château  de  Madrid  ne  font  que  de  pote- 
rie :  celles  du  Louvre  font  de  marbre.  On  dit  incruf- 
tation  de  pierre  ou  de  marbre  ,  quand  une  muraille 
en  eft  revêtue.  Les  Anciens  nommoient  les  enduits 
des  incruflations.  §C?'Mais  incrufier,  c'eft  propre- 
ment revêtir  de  marbre ,  de  jafpe,  &c.  Au  lieu  qu'tvz- 
duire ,  c'eft  appliquer  une  couche  de  matière  détrem- 
pée, de  plâtre,  de  chaux,  &c.  Incruftatio  ,&c  teclo^ 
rium. 

fCF"  On  fait  des  efpèces  de  peintures  par  incruftation  j  en 
infétant  des  couleurs  propres  à  delliner  les  objets 
dans  les  lillons  préparés  pour  cet  efl'et. 

Incrustation,   f.  f.  Terme   d'Hiftoire  naturelle. 

ffJ'On  déligne  par  ce  mot  l'elpèce  de  croûte  ou  de 
fourreau  pierreux  qui  le  forme  autour  de  quelques 
corps  qui  ont  féjourné  pendant  quelque  tems  dans 
certaines  eaux.  Ces  incruftations  ne  doivent  point 
être  confondues  avec  les  pétrifications  ordinaires. 
Ces  incruftations  ne  changent  point  la  nature  de  l'ob- 
jet; elles  ne  peuvent^  par  l'inégalité  de  leurs  parties  , 
pénétrer  fes  pores;  elles  l'entourent  leulement  &  le 
revêtilTent  d'une  humeur  vifqueulè  qui  forme  un 
fourreau  lapidifique  &  pierreux. 

INCRUSTER.  V.  a.  Orner  un  bâtiment  de  plufieurs 
incruftations  de  plufieurs  marbres ,  ou  autres  pier- 
res brillantes  appliquées  dans  les  entailles  des  murs. 
Revêtir  une  colomne ,  une  muraille  ,  &:c.  de  marbre , 
de  jafpe  ou  de  quelques  pierres  brillantes.  Incruftare. 

Incruster,  lignifie  encore  former  une  croûte  fur  un 
corps.  Il  eft  des  eaux  qu'on  pourroit  nommer  In- 
cruftantes  ,  parce  que  fi  on  y  met  quelque  corps  , 
il  fe  fait  tout  autour  une  incruftation  de  pierre  fans 
changer  le  corps  qu'on  y  a  mis. 


îzS 


ï  N  C 


I  N  C 


In'crustÉ  ,  ÉE,  part.  Se  adj.  Colonne  incruftée.  C'efl:  une 
colonne  taitc  de  pkihcurs  côtes  j   ou  branches  min- 
ces de  mai'ore  raie  ,   maftiquées   (ur   un   noyau  de 
pierre  ,  de  brique  ou  de  tut  :  ce  qui  le  fait  autant  pour 
■épargner  la  matière  précieule  ,  comme  le  jalpe  &: 
Pagate  ,   que  pour    en  faire  paroitre   les   morceaux 
d'une   grandeur  extraordinaire  par   la    propreté  de 
l'incruft.ition  qui  rend  les  joints  imperceptibles  avec 
un  malHc  de  même  coidcur. 
INCUBATION,  f.  f.  Incubatio.  C'eft  l'adion  des  vo- 
latiles qui  le  mettent  j  &  demeurent  lur  leurs  œufs 
pour  les  couver. 
tfJ"  On  a  trouvé  le  fecret  de  fuppléer  à  V incubation 
par  la  chaleur  de  certains  fours.  U incubation  d'un 
œuf  ne  commence  qu'après  que  l'œut  a  été  pondu  , 
<?c  le  fœtus  fe  forme  ians  recevoir  aucun  aliment  de 
la  mère.  Il  n'a  befoin  alors  que  du  lecours  d'une 
chaleur  convenable.    Voyei  couver  ,   œut  &  géné- 
ration. 
INCUBE,  f.  m.  Incuhus.  .Démon  qui ,  fuivant  une  er- 
reur populaire  ,  prend  un  corps  phantalHque  pour 
avoir  commerce  avec,  une  femme.  Les  Philol'ophes 
ont  fait  pluiieurs  dilîértations  fur  la  nature  des  In- 
cubes ■  tk  pour  examiner  s'il  y  en  avoir  etfective- 
ment.   Il  y  a  bien  de  l'apparence  que  la  fible  des 
Démons  Incubes   n'avoir  d'autre  fondement  que  la 
maladie  dont  on  parlera  dans  l'article  fuivant ,  & 
peut-être  enfuice  la  débauche  de  certaines  femmes, 
/-'bye^  les  Incubes  Delrio  ,  dans  fon  Commentaire 
fur    l'Hercule   furieux  de   Sénéquc  ,  Pan.   III.  & 
dans  fes  Difquijltioties  Magic d  ,  L.  IL  quzjl.  /  r. 
Incube  ,  eif  aiiili  une  maladie  qui  conhfte  dans  une  op- 
preilion  de  poitrine  ,  Il  grande  ,  qu'on  ne  peut  ref- 
piter,  |,(CT  ni  parler,  ni  remuer  aucune  partie.  C'eft 
ce  qu'on  appelle  communément  cauchemar ,  qui  fur- 
vient  la  nuit  pendant  le  fommeil.  Les  fens  font  en- 
gourdis ;  l'imagination  eft  troublée  •■,  on  croit  fentir 
fur  la  poitrine  un  pefant  fardeau  ,  qui  lutFoque.  Cet 
accès  finit  dès  qu'on  a  pu  remuer  quelque  partie  du 
corps.  Cet  accident  eft  caulé  par  beaucoup  de  pi- 
tuite &  de  mélancolie.   Les   gens  qui  s'appliquent 
trop  à  l'étude  ;  ceux  qui  mènent   une  vie  parelleufc 
&  lédentaire  ,  fans  faire  d'exercice;  plus  encore  ceux 
qui  boivent  &  mangent  avec  excès  ,  ou  plus  qu'ils 
ne  peuvent  digérer,  font  les  plus  fujets  à  cette  ma- 
ladie. Quand  les  accès  font  fréquens ,  il  faut  recou- 
rir à  la  laignée  ,  &  employer  enfuite  les   remèdes 
indiqués  relativement  à  la  caulc  qui  produit  le  mal. 
Ce  mot  vient  du  Latin  incubare ,  qui  iîgniiîe  fe 
mètre  lur  quelque chofe  &  la  preller.  Les  Grecs  l'ont 
nommée  t.j.-iàAi>is  ^  c'eft-à-dire  ,   \c  fauteur ,  ou  celui 
qui  fe  rue  iur  quelqu'un.  Le  nom  vulgaire  eft  cauche- 
mar. 
fCTINCUBER  _,  s'incuber  ,  terme  relatif  .à  l'incubation. 
f^'oyei  ce  mot.  On  peut  le  dire  des  œufs  dont  l'incu- 
bation ne  commence  qu'après  qu'ils  ont  été  pondus. 
M.  Duham.el  l'a  employé  en  parlant  des  pépins  des 
fruits.  Le  pépin  d'une   poire    s'incube  dans  le  lieu 
oià  il  a  été  formé  ^  c'eft  à-dire  dans  l'intérieur  de  la 
poire. 
iNCULPA-piON.  f.  f.  Terme   de  palais ,   qui  s'em- 
ploie lorlqu'on  attribue  quelque  laute  à  quelqu'un, 
que  l'on  acculé  d'avoir  lait  quelque  aéfion  répié- 
henhblc.  Jamais  inculpation  ne  fut  plus  téméraire. 
fC?  INCULPER,  v.  n.  Terme  de  Palais.  Attribuer  une 
faute  à  quelqu'un  ,  l'acculer  d'une  faute.  On  dit  in- 
culper quelqu'un  dans  une  affaire. 
Inculpé,  pée.  part. 

Ce  pot  vient  du  Latin  culpa  ,  faute  ,  &:  de  la 
prépohtion  in  ,  dans ,  dedans. 
INCULQUER,  v.  a.  inculcare.  Faire  entrer  une  chofe 
dans  l'elprit ,  dans  la  mémoire  ,  à  force  de  la  répé- 
ter &■  de  la  rabattre.  On  ne  fauroit  trop  inculquer 
dans  l'elprit  cette  maxime.  Il  eft  nécellaire  de  bien 
inculquer  ces  vérités  aux  Chrétiens.  Fleur  v. 

Ce  mot  vient  du  Latin  inculcare  ,  qui  fignifîe  , 
proprement,  frire  entrer  à  force  de  marcher  dellus, 
calcando  immiuere.  Ainfi  ce  mot  eft  toujours  em- 
ployé au  figure. 


INCULTE ,  adj.  &  m.  f.  Incultus.  Qui  eft  en  friche, 
qui  n'eft  point  cultivé.  Terre  qui  eft  abandonnée  a 
elle  même  j  &  qui  ne  produit  que  les  herbes  qui  y 
croillenc  naturellement.  Les  terres  d  Efpagne  font  la 
plupart  incultes  faute    d'habitans.   Terre    inculte    dSc 
lauvage.  ÇCF  II  eft  à  fouhaiter  qu'on  fallè  revivre  un 
Édiî  d'Henry  IV  ,  lî  digne  d'un  Roi  dont  la  mémoire 
fera  à  jamais  précieule  à  l'humanité  ,  par  lequel  il 
exempte  de  toutes  charges  ,   pour  un  certain  nombre 
d'années,  les  terrains  incultes  remis  en  valeur. 
Inculte  j  le  dit  hgurément  de  l'elprit  qui  n'eft  point 
cultivé.   Les  lauvages  ont  de  l'elprit  ;  mais  ils  lont 
incultes  &  léroces.  C'eft  dommage  de  lailler  l'elprit  de 
ce  jeune  homme  inculte^W  a  beaucoup  de  génieiil  réulîi- 
roit  s'il  étoit  cultivé.ffCF  II  n'étoit  pas ,  lî  j'ofe  me  fervir 
de  ce  terme ,  de  ces  héros  incultes ,  qui  de  la  bravoure 
&  de   la  Icicnce    de   la  guerre  le  lont  un    titre  &c 
un  droit  d'ignorance  pour  tout  le  refte  ;  avec  le  ma- 
gnanime &  l'héroïque  il  fut  accorder  tout  le  bril- 
lant iSc  tout  le  lublime  des  talens  de  l'elprit.BouRDAL. 
or.  tun.  du  Pr.  de  Condé.  Les  Dictateurs  de  Rome 
fe  riroient  de  la  charrue ,  &   la  reprenoient  après 
l'exécution,  moins  par  le  choix  d'une  condition  tran- 
quille ,  que  peur  être  accoutiynés  a  une  forte  de  vie 
Il  inculte.  S.  £vr. 
INCURABILITÉ  ,  i'.  f.  Ce  mot  eft  fort  peu  ufité ,  quoi- 
que  la  choie  qu'il  lignifie  loit  fort  commune.  Nature, 
état  de  ce  qui  ne  peut  être  guéri.  M.  Dionis  fe  fcrt 
de  ce   terme  ,  quind  il  dit ,  M.   Gendron  ne  rap- 
porte nullement  V incurabiUté  des  cancers  ,  tant  oc- 
cultes qu'ulcérés ,  au   caractère   indomptable    d'une 
humeur  acide,  h'incurabiiite  d'une  plaie  oblige  fou- 
vent  de  faire  l'amputation. 
INCURABLE,  adj.  m.  &  f.  Il  fe  dit  des  chofes  &  des 
perfonnes  ,  &  lignifie ,  Qui  ne  fauroit  être  guéri.  Il 
eft  d'ufage   au  propre  &  au  figuré.  Infanabilis.  La 
folie  ,  l'entêtement ,  la  préoccupation  des  hommes , 
font  les  plus  incurables  de  tous  les  maux.  Les  amans 
difent  que  leur  mal  eft  incurable  ,  maladie  incurable  , 
pafiion  incurable. 

L'amour  dont  je  me  plains  ejl  un  mal  incurable. 

Corn. 

Il  n'appartient  pas  à  l'amitié  de  faire  des  incura- 
bles :  c'eft  un  des  jDrodigieux  eftets  de  l'amour.  B. 
Rab.  Si  l'aveuglement  des  peuples  n'avoit  pas  été 
incurable  ,  la  Reine  auroit  guéri  les  efprits.  M.  de  M. 
INCURABLES,  f.  m.  plur.  Infanabilium  Nofodochium. 
Maifon  fondée  pour  les  pauvres  malades,  dont  la 
guérilon  eft  délelpérée.  Avoir  une  place  aux  Incu- 
rables. 

Il  fe  dit  audî  des  malades  mêmes.  L'hôpital  des 
Incurables  fut  le  partage  de  Xavier.  Bouhours.  C'eft 
Un  incurable. 
INCURIE.  1.  f.  Défaut  de  foin.  Incuria.  État  d'une 
perlonne  qui  ne  le  donne  aucun  foin  ,  &  qui  ne  s'in- 
quiète de  rien.  On  fupporte  l'incurie  dans  ceux  qui 
n'ont  aucune  aflaire  ,  et  dont  la  dépeiifc  eft  au  dellous 
de  leur  fortune  ;  mais  elle  n'eft  pas  pardonnable  à 
ceux  qui  dépenlént  plus  que  leur  revenu,  &  qui 
cvec  cela  négligent  encore  leurs  aftaires.  Bien  que 
l'incurie  &  l'indolence  loient  les  principales  vertus 
de  votre  tranquille  profciîion.  Pavillon.  L'incurie 
des  anciens  à  conferver  les  pièces  originales.  Mém. 
DE  Trév. 

Heureux  qui  voit  couler  Jes  jours 
Dans  la  mollcjje  &  /'incurie  j 
Sans  intrigues  ,.fans  faux  détours , 
Près  de  l'objet  de  fes  Amours, 
Et  loin  de  la  coquetterie. 

M.  Dubois ,  dans  fa  traduéfion  de  Ciçéron  ,  de 
l'Amitié,  a  mis  à  la  marge  de  la  page  190  de  l'édi- 
tion in-12. ,  ce  qu'on  doit  juger  de  l'indolence  &:  de 
l'incurie.  Quoique  ce  mot  loit  écorché  du  Latin  in- 
curia ,  on  le  trouve  dans  de  bons  Auteurs. 

LNCURSION. 


I  N  D 

INCURSION,  f.  1-.  Irruption  ,  cntive  briifquc  de  trou- 
pes enntinjcs  dans  un  p.iys  qu'elles  tnwcrleift  en  le 
ravageant  6c  en  le  dévalbnr.  /rti:«//w.  L'hnipu-e  i{u- 
maiii  a  beaucoup  fouilert  p.ir  Vinairjion  des  Barba- 
res. Les-  r.artares  l'ont  des  incurfions  en  Pologne  ,  & 
fe  retirent  au  plutôt.  ,      •  i 

tp  Incursion  senijjloie  aulli  au  figuré.  Dans  l'article 
d'iipicurc  M.  Guer  fait  une  incurjhn  très  vive  con 
tre  Defeartes.  Les  incurfions  foi-.t  lans  conléquence 
dans  le  pays  des  Lettres,  On  dit  d  un  homme  qui 
s'applique  à  une  fcience  en  parti-ailier ,  qu  il  hut 
des  incurfions  dans  d'autres  leiences ,  lorlqu'il  en  par 
le  ,  ou  qu  il  en  traite. 

On  dit  incurfion  gaillarde  &  amoureuie.  C'eit  une 
phrafe  burlelque. 

lNCai.E.   adj.  ^Quelquefois  employé^  fubitantivement 
C'ell  le  nom  qu'on  donne  aux  médiiUes  qui  n  ont 
point  d'infcription  au  revers ,  ou  qui  portent  creux 
la  tète  qui  eft  en  boiîe  de  1  autre  côté.  Nummusin 
cufus  ,  numfma  incufum.  Les  médailles  incufes  lont 
rares.  Cette  médaille  elc  bonnes  c'ett  \x\\zmcuJe.SoïC\ 
comment  le  P.  JouScrt ,  d'aprjs  M.  1  AbDc  Bizot , 
s'explique  dans  G  Scicna  dzs  McdatlUs  ,  iur  celles 
que  l'on  nomme  Incufes.  Il  arrive  quelqueiois  que 
le  Monnoyeur  oublie  de  mettre  les  deux  carrés ,  lïc 
laillé  ainli  les  médailles  lans  revers.  Cela  elt  fort 
commun  dans  les  monnoies  modernes  depuis  Othoa 
&   Henri  l'Oiieleur.  Dans   les  antiques  conlul.iires 
il  s'en  trouve  quelques  uneSj  dms  les  impériales  de 
bronze  &  d'argent.  Nous  les  appebns  Incufcs.  .  . . 
Cela  venoit  de  la  précipitation  du  Aionnoyeur  ,  qui 
avant  que  de  retirer  une  midaille   quil  venoit  de 
frapper ,  reinettoit  une  nouvelle  pièce  de  métal ,  la- 
quelle trouvant  d'une  part  le  carré  ,  &  de  lautre  la 
médaille  précédente  ,  recevoir  l'imprellion  de  la  mè 
me  tcte,  d'un  côté  en  relief,  &  de  l'autre  en  creux; 
mais  toujours  plus  imparfaitement  d'uri  côte  que  de 
l'autre  j  l'efort  de  la  médaille  étant  beaucoup  plus 
foible  que  celui  du  quatre.  Joubert. 
Ce  mot  vient  du  Latin  incufus. 

I  N  D. 

INDAGUE,  adj.  'Vieux  mot ,  qui  iîgniîîoit  autrefois , 
homme  mal  mis  &c  mal  vêtu ,  ou  décontenance  ■■, 
parce  que  c'étoit  alors  la  mode  de  porter  la  dague 
au  côte  ;  de  forte  que  celui  qui  fortoit  lans  da5ue  , 
étoit  appelé  indague  j  c'eft  à  dire  ,  fans  ajullement , 
lans  grâce  &  tans  contenance. 
INDALE.  Village  ou  bourg  de  la  Suéde  ,  fitué  dans 
la  Médelpadie,  dont  il  eft  le  lieu  principal.  Indalia. 

Maty. 
Indal.  Rivière  de  Suéde  :  elle  a  fi  fource  dans  les  mon- 
tagnes de   Norwége,  &    fe  perd  dans  le  golte  de 
Bothnie. 
INDE  ,  ou  INDUS.  Nom  d'une  rivière  qu'on  appelle 
aufll  Send.  Indus.  C'eft  une  des  plus  célèbres  rivières 
de  l'Aiie.  Elle  donne  Ion  nom  à  une  très  grande  con- 
trée de  cette  première  partie  du  monde.  Elle  prend 
fa  lource  aux  montagnes  du  Caucale  ,  dans  le  Royau- 
me de  Calllmère  ,  ou  Kachémire  ■■,  elle  traverfe  ceux 
d'Attok  ,  de  Midtan ,  de  Buckor  &  de  Tatta ,  où 
elle  fe  décharge  dans  la  merde  i'Inde ,  coulant  du  nord 
au  midi. 
§3"  Quelques  uns  lui  donnent  une  terminaifon  Fran- 
çoife ,  &  difent  Vlndc.  D'autres  lui  conlervent  la  ter 
minailon  Latine ,  &  difent  V Indus. 
IndEj  ou  Indostan,  ou  plutôt  Indoustan.  Nom  de 
la  plus  grande  &c  la  plus  conlîdérable  des  lîx  particv 
qui  compofent  l'Afie.  India.  Elle   prend   Ion  nom 
de  \'Inde  ,  une  de  les  fameufes  rivières.  Elle  elf  ren 
fermée ,  félon  les  grandes  cartes  de  Sanfon  ,  entre  le 
105  &  le  145  degrés  de  longitude  ,  &  entre  le  i*^ 
de  latitude  feptentnonale,  &  le  38.  D  autres  l'avan 
cent  jufqu'au  41.  Ses  bornes  font,  au  couchant  la 
Perfe  ;    au  nord  la  grande  Tartarie ,    au   levant  la 
Chine ,  ôc  au  midi  la  mer  de  l'Inde.  L'air  y  eft  dif- 
férent, mais  généralement  chaud.  L'Inde  ôc  le  Gan- 
ge en  lont  les  .principales  rivières  :  &  le  terroir  eft 
Tome  V. 


I  N  D 


129 


très-fertile  en  riz,  en  millet,  en  fruits  &  en  épi- 
ceries. On  y  recueille  quantité  de  cannes  de  lucre , 
quantité  de  coton  ,  dont  on  fait  ces  belles  toiles  blan- 
ches &  peintes  qu'on  apporte  en  Europe  ,  quantité 
de  foie  i  mais  la  principale  plante  de  ce  pays  eft 
cette  elpècc  de  palmier  qui  porte  la  noix  de  cocos 
dont  nous  parlerons  en  la  place.  Outre  les  animaux 
de  l'Europe ,  on  trouve  dans  Vindouftan  des  éléphans , 
des  chameaux ,  des  iînges  ,  &  des  perroquets  verts 
6c  rouges.  Il  eil  riche  en  mines  ,  on  y  en  trouve  d'or  , 
d  argent ,  de  diamant  ,  de  rubis ,  &c.  Se  on  pêche  de 
lort  belles  perles  le  long  de  fes  côtes. 

Les  Anciens  ont  divifé  l'Inde  en  deux  parties  gé- 
nérales ,  dont  le  Gange  falloir  la  féparation  ;  VInde 
au  deçà  du  Gange  ,  qu'ils  nommoient  India  intra. 
Gangcni,  cil  au  couchant  de  cette  rivière,  6c  l'Inde 
au  delà  du  Gange ,  qui  portoit  le  nom  A' India  extra 
Gangein,  elt  a  l'orient  du  Gange.  On  la  divife  au- 
jourd  hui  en  trois  parties.  1°.  L'7«^e  Septentrionale  , 
ou  le  Mogolillan ,  qui  elf  l'Empire  du  Mogol ,  donc 
on  parlera  en  Ion  lieu.  z''.  La  prefqu'île  de  l'Inde 
deçà  le  Gange.  3°.  La  prefqu'île  de  l'Inde  delà  le 
Gange.  Maty.  L'Inde  Orientale  ,  celle  qui  eft  à 
l'Orient  du  Heuve  Indus;  Occidentale,  celle  qui  eft 
à   1  Occident  de  ce  Heuve. 

Dans  l'ulige  ordinaire,  on  fe  fert  beaucoup  plus 
du  plurier  de  ce  mot  que  du  lîngulier.   Aller  aux 
Indes  ,  revenir  des  Indes ,  faire  un  voyage  aux  In- 
des  ,  le  voyage  des   Indes ,  les  Indes  orientales ,  les 
Indes  occidentales  ;  dans  ces  phrafes  on  ne  diroit  pas 
Inde  au  iingulier.   Les  Indes  entamées  d'abord   par 
Tainerlank  ,  avoient  eu  le  temps  de  refpircr.  P.  Ca- 
TRou  J.  Mirachaj  qui  caufa  la  mort  de  Tamcrlank 
fon  père  ,  lui  luccéda  à  1  Empire  des  Indes.  îd.  Ulfum- 
Callan  le  vit  maître  de  la  Perfe  jufqu'aux  Indes.  In.Ce 
Marchand  a  demeuré  dix  ans  dans  les  Indes.  Celui- 
ci  a  été  quinze   ans  Conlul  aux  Indes.  Ce  vailîcau. 
fera  bientôt  voile  pour  les  Indes.  Le  commerce  des 
Indes.  Les  marchandifes  des  Indes.  Les  toiles  des  In 
des ,  une  idole  des  Indes,  Un  port  des  Indes.  Nous 
allâmes  attendre  la  moulfon  dans  un  port  des  Indes. 
Ville  des  Indes  ,  Royaume  des  Indes,  les  épiceries 
des  Indes.   Dans  toutes  ces  phrafes  &  femblables  , 
quoiqu  on  pût  quelquefois  mettre  le  iingulier,,  le  plu- 
riel eft  toujours  mieux. 

Le  lîngulier  eft  lur-tout  infupportable  avec  la  pré- 
pohtion  à.  Aller  à  l'Inde.  Il  eft  demeuré  à  l'Inde  , 
ne  fe  peuvent  lourt"fir.  Cependant  le  datif  n'eft  pas 
Il  défigréable  ;  combien  donnez  vous  d'étendue  ,  ou 
de  dégrés  à  Vinde  ?  On  égale  prelque  la  Chine  à  l'Inde 
en  grandeur.  Ces  exprelîîons  6c  d'autres  femblables 
ne  choquent  point  tant  l'oreille.  Le  lîngulier  palle 
Iur  tout,  quand  il  y  a  un  adjetfif  avec  l'Inde  ,  ou 
bien  a  l'Inde  entière  ,  excepté  quand  c'eft  l'épithéte 
d'orientale,  ou  d'occidentale ,  li  ce  n'eft  pour  mar- 
quer deux  parties  des  Indes  ,  d'Alîe  ,  comme  on  le 
voit  ci  delïus,  &  comme  on  va  l'expliquer  encore 
ci-après. 

Enfîn,  il  y  a  des  phrafes  où  ce  mot  fe  doit  tou- 
jours dire  au  lîngulier  ,  d'autres  où  il  le  faut  niettre 
au  pluriel ,  8c  d'autres  où  il  fe  peut  mettre  à  l'un 
ou  à  l'autre ,  mais  où  généralement  parlant  il  eft 
mieux  au  pluriel  qu'au  lînguher. 

Il  but  dire  au  lîngulier  l'Inde  en-deçà  du  Gange, 
l'Inde  au  delà  du  Gange.  La  prelqu'ile  occidentale 
de  l'Inde  j  la  prefqu'île  oiientale  de  l'Inde  ,  une 
poule  d'Inde. 

Il  faut  dire  au  pluriel,  la  Compagnie  des  In- 
des ,  un  vaiileau  des  Indes.  Les  Indes  orientales , 
les  Indes  occidentales  ,  pour  fignilîer  le  pays 
d'Afie  6c  d'Amérique  qui  porte  ce  nom  5  car  au 
fmgulier  l'Inde  orientale  &  l'Inde  occidentale 
déhgneroit  plutôt  la  partie  orientale  &c  la  partie  oc- 
cidentale de  l'Inde,  pays  d'Alîe  j  que  nous  nom- 
mons l'Inde  en  deçà  du  Gange  ,  &  l'Inde  au  delà 
du  Gange.  J'ai  dit  plutôt  ;  car  on  ne  laill'eroit  pas  de 
le  dire  en  l'autre  fens.  Le  vainqueur  de  l'Inde  ,  c'eft 
Bacchus. 

La  prefqu'île  de  l'Inde  deçà  le  Gange,  Peninfula 

R 


xjo  I  N  D 

Jndia  intrà  Gangem.  C'efl:  une  des  trois  parues  gé- 
nérales de  l'Inde.  Elle  eft  baignée  par  la  mer  au 
couchant ,  au  midi  &c  au  levant  :  &  bornée  au  nord 
par  l'Empire  du  Mogol.  Les  montagnes  de  Gâte  , 
qui  la  traverfent  du  leptentrion  au  raidi ,  la  divifent 
en  deux  parties.  L'occidentale ,  où  font  les  pays  de 
Décan  ,  de  Balaguade ,  de  Cuncan  ,  de  Canara  & 
le  Malabar.  L'orientale,  où  l'on  trouve  les  RoyaU' 
mes  d'Orixa  &  de  Golconde ,  &  la  côte  de  Coro- 
mandel ,  qui  renferme  le  Royaume  de  Narhngue  , 
OU  de  Bifnagar  ,  &  les  Principautés  de  Gingi ,  de 
Tanjor  &  de  Maduré.  Maty. 

La  prefqu'ile  de  l'Inde  delà  le  Gange.  Peninfula 
Indu  extra  Gangem.  C'eft  une  des  trois  parties  gé- 
nérales d;  VInde.  On  la  nomme  aulli  le  Zirbat,  c'elf- 
à  dire ,  le  pays  fous  le  vent.  Elle  eft  bornée  vers  le 
nord  par  l'Empire  du  Mogol  ,_la  grande  Tartarie  , 
&  les  monts  Damafiens  j  qui  la  féparent  de  la  Chine  ; 
la  mer  de  VInde  l'environne  vers  le  midi.  On  la  di- 
vife  en  trois  parties.  La  Septentrionale ,  qui  contient 
plufieurs  Royaumes ,  dont  les  plus  connus  iont  ceux 
d'Ava ,  de  1-égu  ,  d'Arracan  j  de  Brama  &  de  Mar- 
taban.  La  Méridionale ,  où  eft  le  Royaume  de  Siam  , 
eft  la  prefqu'ile  de  Malaca.  L'Orientale ,  où  l'on 
trouve  les  Royaumes  de  Tunquin  ,  de  Cochinchine, 
de  Chiampa  &  de  Cumboya.  Maty. 

Le  Golfe  de  l'Inde.  Ceft  une  partie  de  la  mer  de 
l'Inde.  Indicus  finus.  Ce  Golfe  eft  formé  par  les  eaux 
de  la  rivière  d'Inde  ,  &c  par  celles  du  Padder ,  &  il 
eft  renfermé  entre  les  Provinces  de  Tatta ,  de  So 
ret ,  &  de  Guzarate.  Maty. 

La  mer  de  l'Inde.  Mare  Indicum.  C'eft  la  partie 
de  rOcéaa  oriental ,  qui  baigne  les  côtes  de  1  Inde. 
Elle  s'étend  depuis  l'embouchure  de  l'Inde ,  jutqu  aux 
Confins  de  la  Chine.  Maty. 

Inde  orientale  ,  ou  plutôt  Indes  orientales  _,  ou 
Grandes  Indes.  India  orientalis ,  Indi&  crlentales  , 
ou  Indu  Majores.  Sous  ces  noms  on  ne  comprend 
pas  feulemer.t  VInde  propre,  mais  encore  les  îles 
de  l'Océan  Indien,  celle  de  Ceylan,  les  Maldives, 
celle  de  la  Sonde  ,  les  Philippines ,  &  même  le  Japon 
&  la  Chine  ,  ainfi  on  entend  par  les  Indes  orien- 
tales toute  la  partie  de  l'Afie ,  qui  eft  au  levant  de 
la  Perfe  ,  év'  au  nridi  de  la  grande  Tartarie.  Maty. 
Le  pluriel  Indes  orientales  eft  plus  en  ufage  que  le 
lîngulier.  Grandes  Indes  ne  le  dit  guère. 

Lmde  occidentale,  ou  plutôt  au  pluriel,  Indes  occi- 
dentales. India  occidentalis.  India  occidentales.  On 
a  donné  ce  nom  à  l'Amérique  , 'parce_  qu'elle  eft  à 
l'occident  de  notre  continent ,  qu'elle  fut  découverte 
peu  de  temps  après  que  les  Portugais  eurent  décou- 
vert le  chemin  des  vraies  Indes  ,  par  le  cap  de  Bonne 
Efpérance,  &  parce  que  les  Efpagnols  s'emprelfe- 
rent  d'y  aller  chercher  de  l'or  &  de  l'argent  ,  & 
d'autres  richelfes ,  comme  les  Portugais  en  alioienr 
chercher  dans  VInde  propre.  Maty.  Il  dit  qu'on  les 
appelle  auftî  petites  Indes  ;  mais  ce  n'eft  point  l'ufage 
en  notre  langue.  Lace  a  fait  la  defcription  des  Indes 
occidentales. 

|KT'  -  Compagnie  des  Indes.  Foye^  Compagnie 

iNDi;.  f.'m.  Indicum.  Fécule  bleue  foncée  qu'on  nous 
apporte  en  maft'e  ou  en  pâte  sèche  des  Indes  occi- 
dentales :  elle  eft  tirée  des  feules  feuilles  d'une  plante 
que  les  Indiens  &  Efpagnols  appellent  anil ,  &  les 
François  indigo  ,  par  le  moyen  de  l'eau  &  d'un  peu 
d'huile  d'olive.  Il  y  a  plulieurs  efpèces  à' Inde  ou 
indigo  ,  car  c'eft  la  même  chofe;  le  meilleur  eft  ce 
lui  qu'en  appelle  inde  de  SerquiJJe  où  il  (e  tait  :_on  le 
choil'.t  en  morceaux  plats,  d'une  épaifteur  railonna 
ble  ,  moyennement  dur ,  net ,  nageant  fur  l'eau , 
inllamm^ble  ,  de  belle  couleur  bleue  ou  violette  fon- 
cée ,  parfemé  en  dedans  de  quelques  paillettes  ar- 
gentées ,  paroilfant  rougeâtre  quand  on  le  frotte  lur 
l'ongle.  Vinde  en  marons  eft  encore  d'une  alfez  bonne 
qualité  ,  on  l'appelle  indigo  d'Jgra  ;  il  eft  en  figure 
de  marons ,  d'où  vient  fou  nom. 

L'Inde  eft  employé  dans  la  peinture  ,  broyé  &: 
mêlé  avec  du  blanc  pour  faire  une  couleur  bleue  -, 
car  fi  l'on  s'en  fervoit  fans  mélange,  il  peindroit  en 


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noirâtre  -,  on  le  broie  aufll  avec  du  jaune  pour  faire  . 
une  couleur  verte.  Les  Teinturiers  s'en  fervent 
pour  la  teinture,  &  les  Blanchitkufes  en  emploient 
pour  donner  une  couleur  bleuâtre  a  leur  linge.  En 
Latin  Indicum ,  parce  que  cette  drogue  eft  préparée 
aux  Indes. 

Il  y  a  une  autre  forte  à' inde ,  qui  fe  fait  de  l'écume 
du  paftcl  que  tirent  les  Teinturiers.  Foye^  INDIGO. 
Inde  fe  dit  aufll  d'un  bois  fort  rouge  ^  qu'on  ap- 
pelle Bois  d'Inde  ,  Bois  de  la  Jamaïque  ,  ou  Bois 
de  Campêche.  On  le  tire  du  cœur  d'un  gros  arbre  aflez 
commun  dans  les  Iles  de  la  Jamaïque,  de  Campê- 
che ,  &  de  Sainte-Croix  en  Amérique.  Son  écorce 
eft  mince,  unie,  douce  au  toucher,  grife  ,  argentée, 
ou  jaune;  fcs  feuilles  approchent  en  figure  de  celles 
du  Laurier  ,  ayant  un  goût  de  giroHe  :  Ion  fruit  eft 
gros  comme  un  pois ,  orné  d'une  petite  couronne  de 
couleur  jaunâtre  ;  il  eft  .attaché  à  l'arbre  par  une  pe- 
tite queue  ;  fon  goût  eft  acre  &:  piquant ,  allez  agréa- 
ble ,  tentant  le  girofle  :  il  contient  trois  petites  fe- 
mences.  On  le  nomme  ,  à  caufe  de  fon  odeur  & 
de  fon  goût ,  Graine  de  Girofle  ,  ou  Poivre  de  la 
Jamaïque  ,  ou  Amome  \  il  fortifie  le  cerveau  &  l'efto- 
mac  ;  il  aide  à  la  digeftion  ,  il  excite  la  tranfpiration , 
il  chatfe  les  vents.  Le  Bois  d'Inde  eft  employé  pour 
la  teinture  \  ta  décoéfion  eft  fort  rouge  :  on  a  re- 
marqué que  fi  l'on  met  cette  décoéfion  dans  deux 
petites  bouteilles ,  &  que  l'on  mêle  dans  l'une  un 
peu  de  poudre  d'alun ,  celle  ci  deviendra  d'un  très- 
beau  rouge  clair  qu'elle  confervera ,  &  l'autre  de- 
viendra jaunâtre  dans  moins  d'un  jour  ,  quoique  les 
deux  bouteilles  foient  fermées  de  même  ;  &  Il  on 
laiiîè  à  l'air  une  partie  de  cette  décodion  ,  elle  de- 
viendra noire  comme  de  l'encre  dans  le  même  efpa- 
ce  de  temps. 

Co  A  d'Inde,  Poule  d'Inde.  Voyez  COQ,  DINDON, 
DINDONNEAU. 

INDÉCEMMENT,  adv.  D'une  manière  indécente.  In- 
decenter.  Les  mauvais  Chrétiens  aflîftent  au  fervice 
divin  fort  indécemment.  Agir ,  fe  comporter  indécem- 
ment. 

INDÉCENCE,  f  f.  Difcours,  aéfion  qui  eft  con- 
tre le  devoir ,  la  bienléance  &c  l'honnêteté  publique. 
Indecorum.  C'eft  une  indécence  d'être  debout ,  & 
de  cauter  à  la  Melle.  Un  jour  je  demandois  raifon 
à  M.  Detpréaux  de  la  bizarrerie  &  de  Vindécence 
des  Dieux  d'Homère.  De  la  Motte.  Quelle  monf- 
trueufe  indécence  ,  que  le  Saint  des  Saints  fut  repré~ 
fente  par  des  pécheurs  !  Bourdal.  hxh.  I.  p.  s  S  2-  F. 
Décence  &  Décorum. 

INDhCENT,  ENTE.  adj.  Qui  eft  contre  le  devoir, 
contre  la  bienléance  &  l'honnêteté.  Indecorus.  Ce 
danteur  fait  plulieurs  geftes  ,  &  poftures  indécentes. 
Il  eft  indécent  à  un  Prélat  de  paroitre  en  public  dans 
un  état  qui  ne  convient  point  à  la  gravité  de  fon 
caraétère.  Ils  recherchent  la  prééminence  par  des 
voies  &  des  ^t^nqazs .indécentes.  Pat. 

INDÉCHIFFRABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  fe  peut 
lire  ,  déchiffrer,  deviner.  Inextricabilis ,  indeprehen- 
fus.  [Jn  chid're  bien  fait ,  &  à  double  clef,  eft  indé- 
chiffrable. Les  caraéfères  des  obélifques  qui  font 
étrangers  ou  edacés ,  font  indéchiffrables.  Far  exten- 
iion  on  le  dit  d'une  écriture  mal  formée  ,  qu'on  ne 
lauroit  hre.  Un  exploit  de  Sergent  eft  11  griffonné 
quil  eîi  indéchiffrable ,  qu'on  ne  le  peut  lire. 

Indéchiffrable,  tignifie  .aulfi oblcur ,  embrouillé,  qu'on 
ne  peut  expliquer.  Perplexus  ,  obfcurus.  Les  anciens 
Auteurs  ont  beaucoup  de  palfages  qui  ont  été  indé' 
chiffrables  à  tous  leurs  Commentateurs.  Les  Oracles 
des  Payens  étoient  il  oblcurs  ,  qu'il  étoient  indé- 
chiffrables ,  jufqu'à  ce  que  le  hafard  ou  l'événement 
yeulfent  fait  trouver  quelque  fens. 

On  le  dit  aiilll  figurément  d'un  homme  dont  on 
ne  laui'oit  pénétrer  les  delleins  ,  les  vues.  Sa  conduite 
eft  indéchiffrable.  Ac.  Fr.  C'eft  un  homme  indéchif- 
frable. 

Éfope  a  l'efprit  net ,  le  corps  indéchiffrable  : 
C'ejl  d'une  fort  belle  ame  un  fort  vilain  étui. 

ÉsoP£  à  la  Cour. 


I  N  D 

INDÉCIS,  ISE.  adj.  Qui  n'eft  point  décidé^  ni  dc- 
tcnninc.  Aon  decifus  ,  dubïus  ,  pcndens.^  Il  y  a  des 
qucllions  que  les  i3odeuis  h\i{\cnt  indccij es.  Ce  pro- 
cès cil  tncoïc  pendant  &  mdicis. 

Indécis  ,  ise  ,  le  dit  aulli  dans  la  Chambre  des  Comp- 
tes ,  éc  lignifie  ,  qui  n'ell  pas  admis ,  à  caule  de  quel- 
que manque  de  t-oimalités.  C'cll  une  recette  indcci- 

,  Je.  Il  y  a  une  partie  de  cette  recette  qui  cft  indcafc 
On  le  dit  aullI  des  pcrfonncs,  &  en  ce  fcns  on 
dit ,  quïui  (iomnic  eft  indécis  ,  pour  dire  qu'il  e!l 
irréroiu ,  &  qu'il  a  peine  à  fc  déterminer. 

On  dit  aulH  qu'un  homme  eft  encore  indécis ,  pour 
dire  qu  il  ne  s'eft  pas  détcrmii>é  ,  quil  n'a  pas  en- 
core pris  la  rélolution.  Ac.  Fr. 
lND£ClSIOiV.  f.  f.  Doute,  de  l'cfprit  qui  ne  fait  pas 
ftire  un  choix.,  &  irrélolution  de  la  volonté  qui  a 
de  la  peine  à  fe  déterminer.  Son  indécifion  eft  caule 
qu'on  ne  finit  rien  avec  lui.  Corneille  prête  aux  dieux 
Vindécijîon  fur  le  mérite  de  Céfar  &  de  Pompée,  du 
fortdelquelsdépendoit  le  (ort  du  monde.  Voici  com- 
ment il  commence  la  Tragédie  de  Pompée. 

Le  dejlin  fe  déclare  ,  &  nous  venons  d'entendre 
Ce  qu'il  a  réfolu  du  Beau  père  &  du  Gendre.    ' 
Quand  les  dieux  éconnés  Jemhloien!:  fe  parca^^er  ;, 
Pharfalc  a  décidé  ce  qu'ils  n'ofolint  juger. 

Indécision  fe  dit  d'une  partie  qui  refte  indécifedans 
un  compte ,  &  fur  laquelle  il  y  a  quelque  ditHculté 
à  lever  avant  que  de  la  palier ,  &  de  l'allouer  au 
Comptable.   On  dit ,  c'eit  une  indcciflon. 

INDÉCLINABLE ,  adj.  m.  &  F.  Terme  de  Grammaire. 
Qui  ne  fe  peut  décliner.  In  IcclinabiUs.  Il  n  y  a  point 
de  Langue  qui  n'.ut  pluhcurs  mots  indéclinables. 

§3-  INDÉCOMPOSABLE,  adj.  de  t.  g.  Qui  ne  peut 
être  décompofé.  f^oye^  ce  mot.  M.  de  'Voltaire  aduiet 
<ies  élemens  divers  ,  toujours  indécompofahles ,  &c 
qu'on  doit  regarder  comme  les  parties  primitives  de 
ce  que  nous  appelons  or  ,  argent ,  fcl ,  foufre,  &c. 
êc  en  confiqucnce  il  rejette  la  prétendue  poiîîbilité 
des  tranlmucations  chimiques.  MÉm.  de  Tr£v.  M. 
Pluche  croit  pareillement  les  principes  des  corps  in- 
décompofalUs. 

INDÉCROTTABLE,  adj.  de  t.  g.  Qui  ne  fe  peut  dé- 
crotter. C'eft  un  terme  de  mépris  dont  on  ne  le  fert 
qc'en  badinant.  Animal  indécrottable.  On  ne  le  dit 
guère  que  dans  cette  phralc.  Balzac  appelait  Demfté- 
rus  ,  Ecolïôis  &  Profefteur  à  Paris  ,  V indécrottable 
Demftérus  ,  vir  indomittZ  rufiicitatis.  Qui  ne  peut  le 
pohr  ,  fe  défaire  de  (a  rufticité. 

On  ne  dit  point  d'un  Auteur  obfcur  ,  qu'on  ne 
peur  expliquer  ,  qu'il  eft  indécrottable. 

INDÉFECTIBILITÉ.  f.  f.  Terme  dogmatique.  Qualité 
■de  ce  qui  ne  peut  manquer.  C'clt  un  terme  confi- 
cré  .à  l'Églile  ,  contre  laquelle  les  portes  de  l'enfer 
ne  prévaudront  jamais.  Matth.  XVI.  i8.  Les  chefs 
d'accufition  ,  intentés  contre  le  nouveau  Bréviaire  de 
Paris ,  le  réduiàrent  à  trois.  Le  premier  concerne  la 
mort  de  Jesus-Christ  pour  tous  les  hommes  ;  le 
fécond  ,  le  cuire  de  la  lainte  Vierge  ;  letroiliètae  ,  la 
primauté  du  Pape,  L\  qualité  de  Vicaire  de  Jesus- 
Chrîst,  &de  Chef  vifible  de  l'Eglife  ,  &c  l'indéfecli- 
bilité  àz  TÉgliie  Romaine.  Ghjcrvations  fur  les  écrits 
modernes.  IndefcLlibilitas  cPi  le  mot  Latin  confacré. 

|?3°  On  le  dit  .auftî  des  Élémens.  l.' indéfcclibilité  du  feu. 
Pluche.  Nous  pouvons  bien  ramalîer  les  particules 
du  feu,  ou  les  diiîiper;  mais  non  pas  les  produire  ou 
les  détruire.  Son  indéfeclibdité  eft  certaine. 

INDÉFECTIBLE ,  adj.  Ternie  dogmatique.  Qui  ne 
peut  défaillir  ,  qui  ne  peut  cellér  d'être.  L'Égiife  eft 
indéfeclible.  IndéfeclibÙis.  Mot  confacré 

INDÉFENDU ,  UE.  Du  Latin  indefenfus.  Abandon- 
né ,  qui  eft  fans  défenfe.  Place  indéfendue.  Pomey. 
A  l'occafion  du  fecours  que  les  Romains  prêtèrent 
a  des  Indéfendus ,  ils  prirent  le  prétexte  de  conqué- 
Jir  le  pays  des  Belles. . . .  Hift.  Rom.  des  PP.  Catrou  & 
Rouille. M.  l'Abbé  des  Fontaines  a  relevé  ce  mot  dans 
Je  premier  tome  de  les  Obfervations  fur  les  Écrits  mo- 
dernes^.;;. 27S.  Il  n'çji  p.5  le  icui  à  ç,ui  il  cjéplaife.  Ce- 
Tome  y. 


I  N  D 


13Î 


pcndantlc  Perrc  Berruyer  s'en  eft  fervi  , /».  i^y.  d\x 
premier  tome  de  Ion  Hift.  du  Peuple  de  Dieu  irv 
4".  1 72S.  Voici  comme  Abraham  y  parle  à  Abfme- 
lecli  :  «  Je  me  luis  dit  à  moi  même  :  Peut  être  la 
.'  crainte  du  Seigneur  n'habite-t  elle  pas  dans  ces 
»  contrées;  &  que  n'ofjront  pas  des  hommes  qui 
»  n'ont  pour  Dieu  que  leurs  palïî'j.s  ou  d'impuilîàn- 
»  tes  idoles  ?  ils  voudront  s'emparer  de  nu  femme  ■■, 
>'lk  pour  le  fane  lans  oppoiition  ,  ils  mettront  à 
»  mort  un  étranger  indéjcndu  ,  qu  As  regarderont 
»  comme  un  obicaclc  à  li.  jufti.e  de  leuis  dtliis.  Gen. 
"XX.  II.  .)  Ce  palîàge  cft  rapporté  au  long,  afin 
qu'on  juge  mieux  de  l'emploi  d  indéfendu  ,  car  fou- 
vent  la  bonté  des  mots  dépend  de  l'endroit  où  ils 
font  mis  ;  ik  les  meilleurs  ne  valent  rien  ,  quand  ils 
lont  mal  placés.  On  trouve  encore  un  exemple  d'in- 
déjendu  dans  cette  phrafe  de  la  vie  d'Épammondas  , 
par  M.  l'Abbé  Séran  de  la  lour.  "  Le  Roi  Agélîlas 
"  prit  en  grand  Général  toutes  ks  mefures  qui  pou- 
"  voient  lui  alliirer  l'honneur  de  cette  campagne  ; 
»  mais  elle  fe  borna  ^  malgré  cela  ,  au  ravage  de 
»  quelques  terres  indéfendues  ,  de  la  Béotie.  Obf  fur 
"les  écr.  mod.  to.  /7.  p.  ,ijS.  \y p  j>. 

^  Dans  quels  dédales  dillufions  &c  de  preftiges  l'hom- 
me ne  va  t  il  pas  s'engager ,  s'il  marche  indcfendu,  ii  la 
raifon  ,  comme  une  autre  Ariadne ,  ne  lui  offre  le 
fil  fecourable  î  Gresset.  La  vertu  perfécutée  &  indé- 
fendue ç.^  réduite  à  gémir  dans  le  filence.  Remont,  du 
pari,  de  Rouen.  17/3.  Attila  ravageoit  les  peuples  i«- 
défendus ,  pour  donner  de  la  terreur  aux  autres ,  & 
tirer  un  tribut  de  leur  épouvante.  Corneille.  Bien 
des  mots  ont  palfé  avec  moins  de  titres. 

INDËFENSABLE.  adj.  fe  trouve  dans  la  critique  des 
femmes  de  Molière. 

INDÉiTNI ,  lE.  adj.  Indéterminé,  qui  n'a  point  de 
bornes  certaines  auquel  l'elprit  humain  ne  peut  en 
concevoir.  Indefinitus.  M.  Defcartes  a  fubltitué  ce 
mot  à  celui  d'infini  dans  la  Pilofophie ,  foit  pour 
les  nombres ,  foit  pour  les  quantités ,  pour  lignifier 
un  nombre  qu'on  ne  peut  concevoir ,  li  grand  qu'oa 
n'y  puilîe  ajouter  une  unité;  une  quantité  li  grande 
qu'elle  ne  fouftre  aucune  addition.  Il  a  dit  que  les 
artres  vihbles  &  invifibles  étoicnt  en  nombre  indé- 
fini ,  3c  non  pas  comme  les  Anciens  ,  qu'ils  étoienc 
en  nombre  infini  ;  qu'une  quantité  fe  pouvoir  divi- 
ler  en  plulieurs  parties ,  &  en  nombre  indéfini ,  &  non 
pas  à  l'infini,  ij"^  N'olant  pas  dire  que  la  matière  eft 
infinie  ,  il  fe  retrancha  à  dire  qu'elle  n'eft  ni  finie ,  ni 
infinie  ;  mais  indéfinie.  C'eft  un  vrai  jeu  de  mots. 
J'aimerois  autant ,  lî  je  dcmandois  à  un  Normand 
le  nombre  d'écus  qu'il  a  dans  fa  poche  ,  qu'il  me 
répondit  qu'ils  ne  lont  ni  pairs  ,  ni  impairs ,  mais 
indépairs.  Le  monde  eft  fini  ou  infini  :  il  n'y  a  pas 
de  milieu. 

Indéfini,  ie.  Terme  de  Grammaire.  Il  fe  dit  des  noms , 
des  pronoms  ,  des  verbes ,  des  particules ,  des  arti- 
cles ,  des  dicl:ions  mifes  dans  un  fens  vague  &  indé- 
terminé. On  appelle  prétérit  indéfini  dans  la  langue 
Françoile  ,  ce  que  les  Grecs  appellent  Âorifte ,  ,  r  i' . 
de  la  particule  privative  ,  6c  de  ''e«  >  finis  \  parce 
qu'il  a  une  fignification  moins  déterminée  dans  le 
paOé.  On  s'en  lert  pour  raconter  ce  qui  eft  arrivé  , 
pourvu  que  ce  ne  foit  pas  dans  le  jour  même  que 
l'on  parle  ,  f  allai  hier.  Vaugelas  &  quelques 
autres  donnent  à  ce  prétérit  le  nom  de  défini.  Mais 
les  Grammairiens  le  nomment  indéfini. 

Pour  les  articles  i«i^<^/2ijj  ils  s'emploient  dans  le 
même  fens.  On  met  du  devant  un  nom  mafculin  qui 
commence  par  une  confonnc  ,  &:  de  la,  devant  un 
fubftantif  féminin  qui  commence  aulli  par  une  con- 
fonne  :  j'ai  du  vin  :  de  la  viande  :  tf' excellens  raifins. 
Au  pluriel  le  premier  cas  de  l'article  indéfini,  ou  fon 
nominatif  &  Ion  quatrième  cas ,  ou  fon  accufatif , 
eft  de ,  comme  De  faux  Savans  en  font  accroire  ;  Des^ 
par  exemple ,  Des  Savans  errent  quelquefois.  Des 
demi-Savans  s'imaginent  ne  rien  ignorer.  D'excellens 
vins  furent  fervis  à  ce  repas.  D'honnêtes  femmes  ne 
fe  donnent  point  ces  libertés.  Des  matrones  graves  ne 
paroillent  jamais  dans  de   pareilles  alfemblées.    Le 

Rij 


i^z  I  N  D  . 

fécond  &  le  fixième  cas  ont  de  :  Une  quantité  de 
bien  j  une  pinte  d'zMi ,  une  tioupe  de  gens  inconnus 
m'aborda.  Le  troilième  ,  c'eft  à  due ,  le  d.itir ,  prend 
à  de ,  Se  à  des  :  aux.  A  de  grands  fervi^es  ,  des 
récompenfcs  ordinaires  ne  l'urtilent  pas.  C'ell  une 
-extrême  foiblelîc  à  des  Savans ,  de  ne  pouvoir  fouf 
frir  qu'on  les  contredife  ,  &c  qu'on  les  réfute.  Il  faut 
aux  grands  hommes  de  grandes  occal ions. 

Le  P.  Buffier  ne  reconnoïc  d  articles  Indéfinis  que 
de  ,  pour  le  génitif,  &  à  pour  le  datif  a  tous  les  nom- 
bres j  &  à  tous  les  genres.  Tout  le  relie,  félon  cet 
Auteur,  efl  une  troilième  el'pèce  d'article ,  qu  il  nom- 
me partitif,  dont  le  premier  cas  eft  du,  de  la,  de 
le  ,  au  lîngulier.  Du  bien,  de  la  paille  ,  de  /'eau,  de 
la  naillànce  ,  de  /'efprit ,  de  /'argent.  Au  pluriel  des , 
&  de ,  dis  Savans  ont  erré  ;  de  faux  Savans  fe  font 
écouter.  Le  fécond  cas  de  ,  pour  les  deux  nombres  : 
une  quantité  de  bien,  une  pinte  d'au.  Le  troilième 
cas  à  du ,  à  de  la  -y  pour  le  lingulicr  ;  &  à  des  ,  à 
de,  pour  le  plurier.  N'afpirer  qu'à  du  bien;  com- 
parer à  de  la  paille;  J'ai  oui  dire  à  des  Savans,  à 
de  grands  hommes. 

Quoique  le  P.  Bufifierait  fins  contredit  traité  ce  qui 
regarde  les  articles  plus  fivammeat  &  plus  exacte- 
ment qu'on  ne  fait  d'ordin.lire,  ceci  ne  nous  paroît 
point  encore  allez  Julie;  tâchons  de  le  développer  & 
de  le  i'e>5li!ier.  D'abord  remarquons  que  ce  qu'on 
nous  donne  pour  article  ell  quelquefois  une  diction 
lîmple.  Zd  j  la  ,  les  j  de  ,  des,  &  qu'il  ell  quelque- 
fois compote  de  deux  ,  ou  même  de  trois  diélions 
monofyllabes  ;  comme  de  le ,  à  du  j  à  de  la,  à  des, 
à  de.  Et  de  même  encore  du  j  au,  des ,  &  aux.  Je 
dis  &  de  même  encore;  car  du  ell  la  même  chofe 
que  de  le  ,  dont  il  s'cil  formé,  &  des  la  même  chofe 
que  de  les ,  îk.  au  la  même  choie  que  à  le ,  Se  aux 
la  même  chofe  que  à  les ,  comme  nous  en  avons  déjà 
marqué  quelque  choie  au  mot  AU. 

II".  De  ces  deux  ou  trois  dictions  qu'on  joint  en- 
femble  ,  il  n'y  en  a  jamais  qu'une  qui  au  vr.ii  loit  ar- 
ticle ,  fivoir  /e  j  la,  ou  les  :  De  Se  â  ne  font  point 
des  articles ,  ni  des  parties  d'articles ,  ce  font  des  prc- 
polltions.  Eu  eftet,  de  Se  à  mis  devant  le  ,  la  ,  les, 
c'ell  à  dire  ,  joints  à  l'article  ,  ne  deviennent  pas  plus 
articles  pour  cela  ,  qu'ils  deviennent  noms  quand  on 
les  joint  à  un  nom  :  dans  de  Pierre  ,  à  Pierre  j  de 
Rome  J  à  Rome  j  ce  n'efl  point  ces  deux  diClions 
prifcs  enfemble  qui  lont  un  nom  ;  c'ell  Pierre  tout 
îeul ,  Rome  tout  feul ,  qui  font  nom  j  pour  de  Se  à 
ce  lont  des  prépolitions ,  dont  nous  nous  fervons  pour 
exprimer  les  didérens  rapports  que  peut  avoir  un 
nom.  Car  comme  dans  notre  langue  les  noms ,  les 
pronoms ,  &  les  articles  ne  fc  varient  pas  par  des 
ditlérentes  terminaifons  qu'ils  prennent  Se  qu'ils 
changent  pour  marquer  ces  rapports ,  de  même  qu'en 
tjrec  ,  en  Latin  ,  &  en  quelques  autres  langues;  nous 
nous  fervons  pour  cela  des  prépolitions  de  Se  à.  Ainli 
comme  dans  de  Pierre  à  Pierre  ,  de  Se  à  ne  font 
point  nom,  mais  prépolitions,  ils  ne  font  donc  pas 
non  plus  article  dans  de  le  ,de  la  j  du  ^à  le  ,  à  la  ,  au, 
à  du,  à  de  la  ,  des  ,  à  des  ,  aux ,  mais  prépolitions; 
car  ces  monolyllabes  ne  changent  point  de  nature 
pour  changer  de  compagnie,  lî  je  puis  ainll  parler;  elles 
^ont  toujours  la  même  chofe ,  loit  avec  un  nom ,  foit 
avec  l'article  ,  c'eiV-à  dire ,  elles  lont  toujours  ce 
qu'elles  lont  en  elles  mêmes ,  des  prépolitions. 

Iir^.  Il  s'enluit  de-Ià  que  ne  donner  pour  article 
indéfini  que  de  Se  à  ,  c'ell  n'en,  point  donner  du 
Tout.  Car  ce  qui  n'ell  point  article  ne  peut  être  arti- 
cle indéfini ,  comme  ce  qui  n'ell  point  animal  ne 
peut  être  animal  raifonnable.  Il  ell  bien  vrai  que 
de  Se  à  le  trouvent  fouvent  fans  autre  article  de- 
vant des  noms  qui  ont  un  Icns  indéfini  ,  comme  , 
De  grands  fervices  ne  font  fouvent  que  des  ingrats  ; 
A  de  grands  fervices  les  réconipenfes  ordinaires  ne 
fufflfent  pas.  Mai;  il  ne  s'enfuit  pas  que  à  Se  de 
foient  là  articles  :  il  en  faut  feulement  conclure  ,  ce 
qui  efl  très  vrai ,  que  le  fens  indéfini  exclut  fou- 
vent l'article  ,  &  qu'il  ne  le  demande  pas  toujours. 
En  un  mot ,  ce  font-là  des  phrafes,  des  locudons  in 


I  N  D 

définies  ,  mais  il  n'y  a  point  là  d'arti_les  Indéfinis. 

IV.  Il  s  enfuit  encore  de- la  qu'il  ny  a  donc  d'ar- 
ticles que  le  Se  la  pour  le  lin^uber ,  Se  les  pour  le 
pluriel. 

V.  Voici  toutes  les  combinaifons  de  ces  trois  arti- 
cles ,  ou  comme  on  parle  en  Grammaire ,  toute  leur 
déclinaifon. 

SINGULIER. 

Article     Masculin. 

Premier  Cas  :  Le,  de  le,  du. 

Second  Cas  :  De  le  ,  du. 

Troifième  Cas  :  A  le ,  au ,  à  de  le ,  à  du. 

Article     Féminin. 

Premier  Cas  :  La ,  de  la. 

Second  Cas  :  De  la. 

Troifième  Cas  :  A  la ,  à  de  la. 

PLURIEL. 

Du    Genre    Commun. 

Premier  Cas  :  Les  ,  des. 
Second  Cas  :  Des. 
Troifième  Cas  :  Aux ,  à  des- 

Il  faut  fe  fouvenir  toujours  que  du,  au,  des,  aux  y 
valent  autant  que  de  le  ,  à  le  ,  de  les  ,à  les,  ou  plutôt 
que  c'ell  de  le  ,  aie  ,  de  les  j  à  les  abiégés  par  ul'age 
&  par  corruption. 

VI°.  Ces  articles,  non  plus  que  les  noms  ne  font 
de  foi  ni  définis ,  ni  indéfinis  ;  ils  ne  le  font  l'un  ou 
l'autre  que  par  le  lens  de  la  phrale  où  ils  fe  trou- 
vent ,  de  même  que  les  noms.  Ces  articles  comme  les 
noms  peuvent  donc  avoir  un  lens  défini ,  Se  un  lens 
indéfini'.   De  plus  ,   il    faut  reconnoitre  avec  le  P. 
Butlier,  une  troilième  efpèce  d'article  ,  qu'il  nomme 
très  proprement  partitif ,  parce  qu'il  dcligne  la  partie 
d'une  chofe ,  ou  d'un  tout.  La  difliculté  eft  de  démê- 
ler ,  Se  de  déterminer  dans  ces  articles  quels  font  ceux 
qui  lont  définis  ,  ceux   qui  lont  indéfinis ,  Se  ceux 
qui  font  partitifs.  Pour  le  faire  ,  il  faut  voir  quelle 
idée  en  attache  à  ces  noms  défini ,  indéfini  (  car  pour 
celui  de  partitif,  il  ell  clairement  expliqué,  &  s'en- 
tend allez  )   &   quelle  notion  ,  quelle   étendue   on 
leur  donne.  Le  P.  Butficr  entend  par  un  nom  pris 
dans  fon  fens  défini  ^  celui  lequel,  foit  par  lui-même  y 
f  oit  par  fies  circonflances  ,  défigne  un  objet  particulier  ^ 
ou  une  même  efipèce  d'objets  ;  ce  qui  jait ,  ajoute-t-il  , 
deux  fiorces  de  fens  définis,  l'un  individuel ,  l'autre 
fipécifique.  Je  crois  que  c'ell  étendre  trop  loin  la  li- 
gnification du  fens  défini  ;  car  fouvent  au  moins  cette 
féconde  forte  de  fens  défini  qu'il  appelle  fpécifique, 
ell  véritablement  un  lens  indéfini.  Par  exemple,  l' Ido- 
lâtre à'  le  Mahométan  eft  plus  fidèle  obfervateur  de 
la  Religion  que  le  Chrétien.  L'Idolâtre  ,   le   Maho- 
métan ,  le  Chrétien ,  ou  au  pluriel  les  Idolâtre? ,  les 
Mahométans ,  les  Chrétiens  ,  font  ici  des  termes  dé- 
finis. Ils  renferment  cependant  de  foi  une  totalité 
fpécifique.  Aulli  cet  Auteur  ayant  renfermé  dans  le 
défini ,  non  feulement  1  individuel  ,  mais  auiîî  toutes 
les  totalités  Ipécihques ,  il  n'a  plus  trouvé  pour  arti- 
cle indéfini ,  que  des  particules  ,  qui  ne  font  nulle- 
ment articles,  mais  prépofitions,  comme  je  l'ai  mon- 
tré ci-delfus.  D'ailleurs  il  met  dans  fes  articles  parti- 
tifs des  articles  qui  font  pour  le  moins  autant  indé- 
finis que  partitifs  ;  ceux-ci ,  par  exemple  ,  Du  bien  ■, 
de  la  naifjiince ,  de  l'cfprit ,  donnent  de  l'accès  dans 
le  monde.  Se   peut-il  dire  que  de  la  naijfance  ,  de 
l'ejpru ,  aient  un  fens  partitit  î  II  y  a  diiiérentes  ef- 
pèccs  ou  degrés  de  naillance  &  d'efprir ,  mais  il  n'y 
a  point  de  parties  de  naillànce.  Cette  phrafé  a  donc 
un  fens  indéfini ,  parce  qu'on  ne  dit  point  quelle  ef- 
pèce ,  &:  quel  degré  de  nailTancc,  d'efprit,  &c.  donne 
de  l'accès  dans  k  monde ,  mais  elle  n'a  point  de  fens 


I  N  D 

partitif,  parce  qu'on  n'entend  ptisplus  parler  de  partie 
que  de  tour ,  ou  de  totalité  ,  6c  qu'on  ne  prétend 
point  dire  que  ce  (bit  leulsment  une  partie  de  bien, 
une  partie  de  naillance  ,  une  partie  d  cfpnt  qui  donne 
de  1  accès  ;  comme  quand  on  dit ,  Jj/mc^-mji  dupam  , 
on  ne  veut  pas  que  vous  donniez  tout  le  pain  ,  mais 
itulcment  un  morceau  de  pain. 

VU".  Si  nous  ne  clierchons  qu'une  délînition  de 
nom  ,  il  n'cll  pas  diliicile  de  dire  ce  que  c'eit  que 
défini  &  'mdcpir-,  le  premier  iignilie  ce  qui  eft  déter 
miné  Hc   marque  ,  déligné  en  particulier  :  l'autre  ce 
qui   elt   indéterminé,  vague',  gênerai,   qui.  Iigniiic 
plulieurs  choies  ,  uns  déligner  l'une  plutôt  que  l 'au 
tre.  Mais  cela  ne  l'utiit  pas  ,   il  laut  une  delimtion 
des  chole5 ,  c'eft-à  due  ,  qu'il  faut  déterminer  quelles 
font  les  chofcs  renfermées  lous  ces  noms  dcfini  &  i/2 
défia':.  Et  ccrt  la  diiiicuké.  'Voici  ce  que  j'ai  penlé 
fur  cela.  1°.  Quand  la  choie  dont  on  parle  dans  une 
phrafe,  l'objet  dont  on  parle;  ou  pour  parler  en  ter- 
me de  Dialedique ,  quand  le  lujct  d'une  propoiition 
ell:  marqué  &  dillingué  de  tout  autre,  en_ forte  que 
l'on  peut  dire,  c'eftun  tel ,  ou  une  telle  chofe  en  parti- 
culier; ou  ce  font  telle  &  telle  ,  telles  &  telles  cho- 
fes;  la  phrafe  ou  la  propofition  eil  définie;  elle  a  un 
fcns  dérini.  Quand  on  ne  peut  point  dire  précitement , 
c'ell  un  tel ,  ou  une  telle  choie  ,  ou  ce  font  tels  & 
tels  ,  la  propoiition  eil  ïndifinie.  2°.  Le  fujet  d'une 
propofition  elT:  toujours  ou  un  être  particulier  qu'on 
appelle  individu  ,  fuppôt,  ou  un  alfemblage  de  plu- 
fieurs  chofcs  parriculières,  une  totalité.  3°.  Cette  to- 
talité elT:  de  deux  fortes;   une  totalité  métaphylique 
(  qu'il  me  Ibit  permis  d  uler  de  ces  termes  )  &  une 
totalité  phyiique.  J  appelle    totalité   métaphylique , 
l'alèmblige  de  plufieurs  eipèces  qui  font  un  genre, 
ou  de  plu.ieurs  iadividas  c^ui  font  une  eipèce.  J'ap- 
pelle totalité  phyiique  ,  l'allemblage  de  plufieurs  par- 
ties qui  font  un  tout.  Et  il  taut  remarquer  que  le 
même  terme  &  la  même  chofe  peut  quelquefois  fi 
gniher  &  être  ou  une  totalité  métaphylique ,  ou  une 
totalité  phyiique  ,  lelon  qu'on  les  regarde  ,  ou  com 
me  des  genres  compoiés  de  plufieurs  efpèces ,  ou  des 
eipèces  cornpofées  de  plufieurs  individus ,  ou  comme 
des  touts  compo£s  de  plulieurs  parties  phyfîques  & 
fubflftantes  réellement,  &  non  pas  feulement  par  la 
penfée ,  comme  le  genre  &  l'efpèce.  4°.  Il  ell  évident 
quequ\nd  le  fujet  d'une  propofition  ,  ou  l'objet  d'une 
phrafe  ell  individu ,  un  oojet  particulier ,  ou  c^uand 
ce  font  des  objers  particuliers ,  des  individus  mar- 
qués précifément ,  le  terme  ,  la  phrafe ,  la  propoii- 
tion ,  le  fens ,  font  définis.  Car  il  marque  que  c'ell 
telle  ,  ou  telle  chofe ,  ou  tels  &  tels  précifément  & 
déterminément;  &  cette  détermination  fe  fait  &  fe 
connoit  ,  oa  par  la  nature  même  de  la  chofe  ,  com 
me  P:err:  ,  Jean,  le  Soleil,  la  Lune,  le  Ciel,  le 
monde  ,  l'Enfer  ,  la  terre  ,  Sec.  ou  par  les  circonf 
ÇinceSj  comme  le  Roi,  le  Pape  ,  l'Empereur,  l'État, 
le  Royaume  efi  en  paix.  Les  circonftances  du  temps 
&  du  lieu  où  je  parle  déterminent   précifément  & 
individuellement ,   quel   eft  ce   Roi ,  ce  Pape ,   cet 
Empereur,  cet  État,  ce  Royaume;  car  fi  je  fuis  en 
France ,  ou  que  je  parle  de  la  France  ,  c'eft  le  Roi 
de  France  ,  le  Royaume  de  France  ,  l'État  de  France. 
Si  je  fuis  en  Elpagne ,  c'eft  celui  d'Efpagnc ,  &c.  Si 
je   parle  en   Février  1718,1e  Pape  &  l'Empereur , 
dont  je  parle  ,  fonr  Clément  XI  &  Charles  'VI.  Les 
autres  mors  de  la  phrafe  le  dérerminenr  aulli.ie  Pape 
qui  gouverne  aujourd'hui  fi  ^hfeufement  l' Églife  ,  le 
Roi  de  France  ,  l'État  de  Fenife  ,  les  Savans  dont 
je  parle  ,  la  tafie  de  chocolat  que  j'ai  prifie  ,    Sec. 
Ainfi  en  toutes  ces  phrafes  ,  &:  femblables ,  le  fens 
étant  individuel ,  il  eft  auilî  déterminé  &  défini  ,  & 
ne  peut  palier  en  aucun  fens  pour  indfini.  5".  Ilya 
plus  d'embarras   dms  les  termes,  les  mots  qui  lî- 
V  gniiicnt  totalité.  Faut-il  dire  avec  le  P.  BufHer  qu'ils 
fjnt  touj jurs  définis  ?  lu  iaut  il  les  mettre  rous  dans 
les  ini-Jivs  \  L'un  ou  l'autre  eft  ,  à  mon  fens ,  éga- 
le nen:  une  erreur  en  fait  de  la  Grammaire.  Quel- 
qu-f)i;  i':  f-)nt  dé'îni^ ,  &  quelquefois  ils  font  i/z- 
définis.  C'eft  ce  qu'il  faut  maintenant  tâcher  de  dé- 


IN  D 


133 


brouiller.  Un  terme  de  toniité ,  c'eft  à-dire  ,  qui  reii- 
f-erme  en  ft  iiguMcation  pluaeurs  efpèces ,  ou  p.uties, 
comme  1  homme  ,  l' An^e  ,  l' turjpéen  ,  le  rrançois  , 
le  Savant,  Le  bien  ,i efprit ,  l'ar^,ent ,  bec.  figiulie  de 
loi ,  ik.  toutes  les  parties  .jU  il  co,., prend  ,  &  chacune 
d'cUi-s  en  particulier  ,  fans  exception.  Mais  fuuvent 
il  ne  fe  prend  point  dans  cette  ri.j,u:ur  logique  ,  je 
veux  dire ,  dans  toute  cette  étendue  &:  A-im  i.i  tota- 
lité. L  ulage  a  introduit  dans  toutes  les  langues  abu- 
fivemeni,  li  l'on  veut,  mais  pourtant  rcellement  & 
véritablement ,  qu  un   terme  général  ik.  de  totalité 
s  employât  louvciit ,  lors  même  que  1  ou  ne  prétend 
pas  marquer  routes  les  parties  ,  es:  chacune  en  par- 
ticulier ,  mais  lorlqu'on  parle  feulement  du  plus  grand 
nombre  ,  de  ce  qui  eft  plus  commun  &  plus  ordi- 
naire ,  ou  même  lorlqu'on  parle  feulement  d  un  pe- 
tit nombre  ;  en  un  mot ,  lorflju'il  y  a  exception  à 
faire.  C  eft  ainli  que  dans  Cicéron.  Pufc.  Qunjl.  L. 
IV.  Les  Stoïciens  difent  que  quand  ils  av.ancent  que 
tous  les  gens  qui  n'ont  pas  la  lagelle ,  font  des  rous  , 
ils  ne  l'entendent  point  lans  exception  :  Sic  dicere 
omnes  ftultos  infanire ,  aut  malè  olere  omne  coenum  : 
at  non  femper.   Les    interprètes   reconnoillent  dans 
l'Écriture  des  propolitions  univerfelles  qu'il  ne  faut 
pas  prendre  univerfcUemenr.  De  même  quand  je  dis. 
Le  Savant  efl  fujet  à  l'orgueil.   L'homme  d'honneur 
ne  ment  point.  Le  Roi  donne  défenfe  6"  protecîion  au 
Sujet ,  &  le  Sujet  rend  foumijjion   (y  obéiffance   au 
Roi,  je  ne  l'entends  point,  de  forte  que  je  veuille 
dire  qu'il  n'y  a  nul  Savant  qui  ne  foit  fujet  à  l'or- 
gueil ,  nul  homme  d'honneur  ,   qui  ait  quelquefois 
menti,  nul  Roi  qui  n'ait  toujours  dcrcndu&  protégé 
les  Sujets ,  &  nul  lujet  qui  ait  défobéi  &  qui  fe  foit 
révolté.  Quand  donc  je  prends  un  terme  de  rotalité 
dans  toute  fon  étendue  ,  il  eft  défini ,  le  fens  efl  dé- 
fini ;  parce  que  je  puis  marquer  précifément  la  chofe 
dont  je  parle ,  &  que  je  puis  dire  du  tout  &  de  cha- 
cune de  les  parties  en  particulier  ,  depuis  la  première 
jafqu'à  la  dernière,  c'eft  relie,  &  telle  ,  Se  telle,  &c. 
il  n'y  nulle  exception  j  nulle  reftriclion  ,  Se  par  con- 
féquent  nulle  indcterminarion.  Mai;  quand  je  prends 
un  terme  de  totahté  au  fécond  fens ,  avec  quelque 
exception ,  fans  que  cette  exception  foit  marquée , 
comme  je  ne  dis  point  précifément  quelles  patries 
du  rour  fo:ir  figniriées  ,  &  quelles  .autres  font  excep- 
tées ,  que  fouvent  même  je  ne  le  puis  point  dire ,  c». 
terme  ,  tout  terme  de  totalité  qu'il  ell ,  eff  alors    un 
terme  indéfini.  6°.  Pour  connoitre  donc  quand  un 
terme  de  totalité  a  un  lens  dé;ini ,  ou  indéfini ,  il  faut 
lavoir  quand  il  eft  p.is  dans  toute  Ion  étendue,  ou 
feulement  avec  reffriclion  Er  comment  le  diftinguerî 
Je  répons  en  général  que  les  circonftances  le  mar- 
queur ordinairement  allez  ;  en  particulier,  je  dis  que 
quand  j'allure  du  fujet  de  la  propofition  un  attribut 
ellenticl ,  ou  comme  ellentiel ,  nécellaire  ,  ou  com- 
me nécelTàire  ,  inféparable  ,  ou  que  je  regarde  com- 
me inféparable,  &c.   je  prends  alors  le  fujer  dans 
toute  fon  étendue ,  parce  qu'il  n'eft  aucun  de  fes  in- 
dividus ,  ou  de  fes  parties,  auquel  cet  attribut  ne  con- 
vienne ,  Se  par  conféquent  il  eft  défini.  Mais  quand 
l'attribut  que  je  lui  donne  n'eft  pas  ellenticl ,  nécei- 
faire,  inféparable  ,  comme  il  n''eft  plus  sûr  qu'il  con- 
vienne à  tous,  que  par  conféquent  cela  peut  ne  tom- 
ber que  fur  plufieurs  ,  fans  que  je  détermine  quels 
font  ces  fujcts  aulquels  cet  attribut  convient  exclu- 
fivement  aux  autres ,  le  fens  eft  indéfini.  De  là  dans 
ces  propofltions  ,  l'homme  efi  mortel ,  le  pécheur  efl 
ennemi    de    Dieu ,  les    Saints  feront  éternellement 
heureux ,  le  fens  eft  défini.  Et  dans  celle-ci  au  con- 
traire. Le  Roi  donne  défenfe  &  protection  au  Sujet, 
&  le  Sujet  rend  obéifiance  au  Roi  ,  Le  Savant  efi  or- 
gueilleux j  L'Homme  d'honneur  ne  ment  point  ;  Le 
Roi  ,  le  Sujet ,  le  Savant ,  l'Homme  d'honneur,  font 
indéfinis.  Car  un  Roi  peur  manquer  à  protéger'  un 
Sujet  fins  perdre  fes"  droits  à  la  royauté.  Se  un  Su- 
jer   manquer  à    l'obéi'Iance  fans  acquérir  un  droit 
d'iadépendance.  Se  un  Savant   être   modefte  ,  fans 
ce'I'er  d'êrre  favant,  à'c. 

VIIF.  Quand  le  nom  indéfini  eft  mis  flmplement 


134  î  N  D 

&:  tans  autre  mot  qui  marque  l'exception  qu'on  fait 
à  fa  totalité,,  c'eft  un  uidéjini  iimplc  ou  propre;  & 
quand  il  elt  accompagné  de  quelque  particule ,  ou 
dicl:ion  qui  marque  1  exception,  &  qui  tait  enten- 
dre qu'on  ne  le  prend  pas  dans  fa  totalité  ,  ou  dans 
fon  étendue  toute  entière  ,  mais  qu'on  n'en  prend 
qu'une  partie,  c'eft  le  partitif  du  P.  Buffier  ,  qui  n'ell 
qu'une  efpèce  de  Vindcfini ,  &  que  j'appelle  pour 
cela  indéfini  partitif.  Donnons  des  exemples  de  l'un 
&  de  l'autre.  Le /avant  efl  orgueilkux  ,  c'eil  \m  in- 
défini fimple  :  mais  des  Savans  ont  pcnfe  fiur  cela 
comme  moi;  c'eiilk  un  indéfini  partitif  Le  P.  Buftier 
obferve  que  le  partitif  eft  un  indéfini  qui  tient  du 
défini-:  cela  eft  judicieux  &  vrai  aullî  dans  mon  fen- 
timent.  Il  eft  indéfini ,  puifque  c'en  eft  une  efpece  ; 
&  il  dent  du  défini ,  en  ce  qu'il  indique  une  partie 
d'un  objet ,  comme  dit  ce  Perc  ;  j'ajoute  que  pour 
reiiir  du  défini  ,  il  n'eft  pas  pour  cela  défini ,  parce 
qu'il  ne  fuffit  pas  pour  erre  défini  de  défigner  une 
partie  d'un  objet ,  il  faut  que  cette  partie  loic  déter- 
minée Se  marquée  précifément  :  or  la  partie  iignihée 
par  le  partitif  eft  vague  &  indéterminée ,  on  ne  mar- 
que point  l'une  plutôt  que  l'autre ,  mais  feulement 
une  partie  de  la  totalité  en  général  &  indéfini- 
ment. 

IX°.  Appliquons  ceci  aux  articles.  Un  article  défini 
èft  celui  qu'on  met  devant  un  nom  dont  jle  iens  elt 
défini,  c'eft  à  dire,  qui  lignifie  un  individu,  ou  une 
totalité  générale  ,  dans  toute  fon  étendue.  L'article 
indéfini ,  eft  celui  qu'on  emploie  devant  les  noms 
indéfinis  ;  c'eft  à  dire  ,  les  noms  de  totalité  qui  ne 
font  pas  pris  dans  toute  leur  étendue. 

X°.  Suivons  maintenant  la  déclinaifon  de  leur  ar- 
ticle ,  par  tous  fes  genres j  les  nombres  ,  les  cas.  Se 
toutes  fes  diftérences ,  &  déterminons  lelquelles 
font  définies  j  Se  lesquelles  (ont  indéfinies  dans  les 
principes  que  nous  avons  établis.  Le  iingulier  malcu- 
lin  au  premier  cas  ie  eft  défini ,  Le  Roi  de  France  , 
V Écrivain  que  j'eflime  le  plus  j  YHifiorien  dont  je 
parle i  le  Soleil,  le  Ciel ,  Venjer  ,  V homme  mortel, 
le  pécheur  efi  ennemi  de  Dieu.  Dans  Louis  XIV. 
/'homme  étoit  plus  grand  que  le  Roi.  Le  efl  aulll 
indéfini ,  le  Savant  efi  orgueilleux  ,  V  homme  d'hon- 
neur ne  manque  point  à  fia  parole,  ['ennemi  s'avan- 
çait pour  donner  l'ajfaut,  &  femblables.  Mais  de  le 
Se  du,  font  toujours  indéfinis.  De  Vefiprit  &  de  V  agré- 
ment fiont  néceffaires  pour  plaire  dans  les  compagnies; 
Du  bien  &  à\x  fiavoir  ne  fie  trouvent  guère  enfiemhle  ; 
Il  faut  à\i  courage  &  àa  fiens  froid  dans  la  guerre  ; 
Avec  de  Vefiprit  &  à\x  fiavoir  faire  on  ne  manque  guère 
de  réufiiir  dans  le  monde. 

Au  fécond  cas  de  le  ,  Se  du  font  définis.  Les  agré- 
tncns  de  Vefiprit ,  iifiageJJ'e  du  Roi  éclate  dès  fies  plus 
tendres  années;  Les  vertus  du  Roi  fiont  la  jufiice  & 
la  bonté;  celles  du  Sujet ,  l'amour ,  le  refpecl ,  l'o- 
iéiffance  ;  Le  devoir  du  Général  efi  de  commander , 
celui  Au  fioldat  &  àufiuhalteme  d'exécuter  les  ordres  , 
Sec.  Tout  cek  marque ,  ou  des  individus ,  ou  des 
totalités  entières  ,  &  par  conféquent  le  fens  tft  défini. 
De  le  Se  du  font  aulli  indéfinis  ;  La  converfiation  de 
l'homme  de  lettres  efi  fiouvent  plus  utile  qu'elle  n'efi 
agréable  ;  La  crainte  du  châtiment  l'a  retenu  ;  Le 
fruit  &  la  récompenfie  du  fiavoir  &  de  Vefiprit  efi  lu 
gloire  &  la  réputation. 

Au  troifièmecas  à  V  Se  au  font  définis.  L'appli- 
cation /ointe  à  Vefiprit  fait  faire  de  grands  progrès 
dans  les  ficiences  ;  Au  génie  pour  l'éloquence  il  joi- 
gnait beaucoup  de  talent  pour  la  poéfie.  A  l'  Se  au 
font  aulll  indéfinis  ;  paffer  du  blanc  au  noir;  Aller 
jufiquMX  fiuperjlitieux  ;  Tendre  au  fiubiime  ;  La  confi- 
dence s'oppofe  fiouvent  à  l' agrandiffement  de  la  for- 
tune ;  Le  fbldat  par  fia  piété  dans  le  tumulte  &  la  vie 
licencieufie  dis  armes  ,  fait  quelquefois  honte  au  Prê- 
tre dans  le  fiancluaire  j  6"  au  Religieux  dans  le  Cloître 
&  la  retraite  ;  il  ne  fie  laiffa  point  fiurprendre  à  V ar- 
tifice ;  Il  ne  fie  laiffa  point  éblouir  .i  V éclat  des  gran- 
deur. A  de  r  ,  Se  à  du  (ont  toujours  indéfinis.  De 
la  piété  eft  préférable  à  de  Vefprit  Se  à  au  fiavoir. 
Quand  la  modeftie  eft  jointe  à  du  mérite  j  elle  en 


I  N  D 

rehauffe  le  prix  ;  A  de  l'entêtement  pour  la  nouvelle 
Pkilofiophie  fiuccéda  de  l'irréligion ,  tf  l'un  &  l'au- 
tre le  conduifirent  bientôt  à  du  dérèglement  de  mœurs, 
G"  même   à  Vatheifime. 

Le  fingulicr  téminiii ,  au  premier  cas.  La  doit  être 
défini  Se  indejini ,  puifque  le  Ion  mafculin  l'eft  ;  il 
n'elt  pas  beloin  d'exemples  paur  le  prouver.  De 
la  au  premier  cas  eft  toujours  indéfini ,  conime  de  le 
mafculin  i  De  la  conduite  efi  néccjfaire  pour  s' avan- 
cer dans  le  mande;  Dî  la  camplmfiance  ù  de  la /»o- 
liteff^e  tiennent  fiouvent  lieu  d'un  grand  mérite. 

Le  fécond  cas  de  la  eft  défini  Cv'  indéfini .  comme 
de  le  ;  La  bonté  de  la  Reine  ;  la  grâce  aidée  de  la 
nature  ,  il  eft  défini.  L'efipérance  de  la  récom^  enfic 
jau  entreprendre  les  chofies  les  plus  difficiles,  il  .il 
indéfini.  L'efiperance  de  .la  recompenfir  éternelle  lefiuu~ 
tenait  dans  les  taurmens ,  Il  eft  dchni. 

Au  troiiième  cas  ci  la  eftdéini  &  indéfini ,  comme 
a  le ,  Se  au ,  dont  il  eft  le  fén.inin  i  m.us  à  ac  la 
eft  toujours  indéfini  ,  comme  à  de  le  ,  Se  à  du ,  ,uf- 
queis  il  répond  ;  N'accorder  rien  à  1  jm.tie  ,  donner 
tout  a  la  paffion  ,  fiuccamber  a  la  tj.itatiou  ;  i-lL  eft 
défini  ii  1  on  individue  ,  li  l'on  perlor.ni  <i,  u  1  ..»r»i- 
tié  Se  la  paftîon  ,  la  tentation;  h  noUj  cela  iit  in- 
défini. L'expérience  dégoûte ,  Se  après  la  jauifiaiice 
des  plaifirs  qu'on  a  le  plus  recherches  ,  la  j.'.{^  .i  le 
plus  fiouvent  fait  place  à  V  indifférence  Se  au  mépris  ; 
Crier  à  1  aide  ;  avoir  recours  à  Vindufirie  ;  En  fait  de 
pudeur  &  de  retenue  ,  la  Chrétienne  cède  fiouvent  à  la 
payenne  &  à  V infidèle  ;  cela  eft  indéfini.  Il  ajouta  de 
Vinfiulte  à  de  Vindificrétion  ;  A  de  la  vertu  étaient 
mêles  bien  des  vices  ;  cela  eft  toujours  indéfini. 

Le  pluriel ,  commun  aux  deux  genres  ,  au  pre- 
mier cas.  Les  eft  défini;  Les  fiept  Sages  de  la  Grèce 
fiont ,  &c.  Les  Confiuls  Romains  n'étaient  qu'un  an 
en  charge  ;  Les  vertus  pacifiques  fiont  plus  efiimables 
que  les  vertus  guerrières  ;  Les  actions  d'éclat  ne  lui 
plaifient  pas  ;  Les  faveurs  du  monde  fiont  bien  fiujettes 
à  caution.  Les  e.i\  au(lî  indéfini.  Les  ennemis  s' avan- 
çaient pour  donner  Tajfiaut.  Les  troupes  Francoifies 
enfoncèrent  l'aile  droite  des  Imper.c.x  ,  &  pilèrent 
à  la  gauche.  Des  au  premier  cas  eft  l  ^défini  en  ma- 
tière contingente j&  non  ellènticlle  ,  no;:  i.ecellaire; 
Des  gens  d' honneur  me  Ton  dit  ;  Des  Sava.i:  de  ré- 
putation ont  penfie  comme  mai  ;  Des  femmes  uieafies 
vinrent  de  grand  matin  pour  embaumer  Jéfius-Chrift. 
Il  eft  défini  quand  on  donne  au  fujet  de  la  pr.po- 
iition  un  attribut  eftentiel  ou  inl;parable  ;  Des  pcr- 
fionnes  vertueufies  ne  fie  donnent  point  ces  libertés  cri- 
minelles ;  Des  hommes  véritablement  Ch'e tiens  ne  fie 
vengent  point.  Car  alors  il  emporte  la  totalité  entière  , 
Se  ne  tait  point  un  autre  fens  que  ii  Ion  mettait /fj-. 
Il  n'en  eft  pas  de  même  dans  les  exemples  piéccdens  ; 
Les  gens  d'honneur ,  les  Savans  de  réputation ,  fe- 
roit  un  autre  Iens  que  des  gens  d'honneur  Se  de  ré- 
putation. 

Troiiième  cas.  Aux  eft  défini  en  ces  exemples ,' 
La  pudeur  &  la  madefiie  fiied  bien  .lux  femmes ,  & 
fiur-taut  aux  jeunes  perfionnes.  L'Evanfiile  infipire  aux 
Chrétiens  de  lafioumiffian  pour  les  Puijjances  établies 
de  Dieu.  Et  indéfini  en  ceux-ci.  Ll  fit  tête  aux  enne- 
mis tandis  que  fan  collègue  en  fut  renverfie  ;  Il  pouffa, 
droit  aux  ennemis,  &  fe  rendit  aux  Turcs,  au  aux 
Infidèles  dès  le  commencement  du  combat.  A  des  eft 
aulii  défini  Se  indéfini ,  comme  des  au  premier  cas. 
Les  libertés  criminelles  ne  conviennent  point  a  Aesfem- 
mes  vertueufies ,  ni  la  vengeance  à  des  Chrétiens; 
cela  eft  défini.  J'ai  écrit  à  des  Savans  de  mes  amis 
pour  [avoir  leur  opinion  ;  J'ai  demandé  à  des  gens 
d'honneur  ce  qu'ils  en  penfient  ;  lie^-vaus  toujours  à 
des  gens  de  bien ,  &  vous  leur  reffemblere:[  :  cela  eft 
indéfini. 

Xl°.  On  voit  m.aintenant  ce  qui  eft  défini,  &  ce 
qui  el\  indéfini  dans  la  déclinaifon  de  l'article  expo- 
fé  ci-dclfus  ,  ce  qui  eft  indéfini  lim;  Je  ,  ou  indéfijii 
partitif;  Se  enfin  ce  qui  eft  indéfini  ,^nr  ou  indéfini 
mixte.  On  appelle  ici  pu- ,  ce  oui  cii  toujours  tel 
fans  être  jamais  autrement.  Ainli  Vindéfini  pur^  eft 
celui  qui  eft  ti'ujours  indéfijii ,  Si  jamais  défini,  6e 


I 


IND 


tinfi  des  autres ,  s'il  y  en  a.  On  appelle  mixte  ce  qui 
eft  tantôt  l'un  tantôt  l'autre. 

Article  tantôt  fini  tantôt  indéfini. 

SINGULIER.. 

Ç   I.  Le. 


Mafculin. 


Féminin. 


J    2.  De  le,  du. 
/    3.  A  Icj  au. 


Mafculin 

'  & 
Féminin. 


PLURIEL, 
des. 


C   I .  Les ,  des 
<    2.  des 
C  3.  Aux,  à 


ies. 


Articles  purement  indéfinis  &  jamais  définis  y 
SINGULIER. 

Majcuhn.    -^   3.  a  de  le,  a  du. 

_,    .  .        c    I.  De  la. 
Femmns.  ^   ^.  ^  de  la. 

Indéfini  fimple. 

SINGULIER. 

I.  Le. 


Mafculin 


r   I.  Le. 

\    2.  De  le, 

d  3.  A  le, 

r  I.  La 

iminin.     <    2.  De,  la. 
^3.  A  la. 


du. 
au. 


PLURIEL. 


Maficulm. 

& 
Féminin. 


Ç  1.  Les. 
<  2.  Des. 
C.  3.  Aux. 


Indéfini  partitif. 
SINGULIER. 

C   I.  De  le,  du. 

Mafculin.   ^    2.  De  le,  du. 

'    3.  A  de  le,  à  du. 

C    I.  De  la. 
'■■  <    2.  De  la. 
C  I.  A  de  la. 


Féminin 


PLURIEL. 


Mafculin 

& 
Féminin 


:{\ 


Des. 

Des. 

5.  A  des. 


Indéfini  pur. 
SINGULIER. 

Mafculin.   \    ^'^^,  '^,'  ^'^■ 

i   3  A  de  le,  à  du. 


PLURIEL. 


Féminin. 


I.  De  la. 
3.  A  de  la. 


I  N  D  13^ 

On  voit  donc,  1°.  Qu'il  n'y  a  aucun  article  dé- 
fini pur,  tout  ce  qui  cil  dcimi  pouvant  être  cjucloue- 
fois  indéfini,  tk  1  étant  en  cllct  i'ouver.t.  2°.  Qu'.iu 
contraire  il  y  a  des  indéfinis  qui  ne  font  qu'indéfi- 
nis ,  ëc  que  j'appelle  indéfinis  purs  ,  parce  qu'ils  ne 
font  jamais  &  ne  peuvent  être  dérinisi  ëC  qu  il  y  eu 
a  d'autres  qui  ne  lont  point  indéfinis  purs,  pouvant 
être  tantôt  dcHnis,  &  tantôt  indéfinis.  3°.  Qu'au  plu- 
riel nul  n'ell  purement /Wt/Z^i  ;  tout  eft  mixte,  tan- 
tôt défini ,  tantôt  indéfini.  4°.  Que  l'indéfini  pur  eft 
toujours  partitif,  quoique  le  panitif  ne  Ibit  pas  to'> 
jours  indéfini  pur  :  qu'ainil  le  partitif  eft  campofc 
de  tout  l'indéfini  pur  qui  fait  fon  lingu'ier,  &  de 
trois  indéfinis  mixtes  ,  qui  font  fon  pluriel ,  &  qui 
lont  des  ,  des  ,  ik  à  des. 

XU".  Maintenant  quant  àl'ufige,  il  fautdiftinguer 
la  nutijie  dont  on  parle ,  &  il  y  en  a  de  deux  fartes  ; 
l'une  que  Ton  nomme  ellcntielle  ôc  néceifaire,  l'au- 
tre quon  appelle  accidentelle  &  contingente.  La 
matière  eft  elicnticlle  ik  néceilaire,  lorfque  l'attribut 
de  la  propoiition  cil  ellenticl  ix  néceilaire  au  fujet , 
c'eft  à  dire,  quand  la  chofe  ne  peut  ccller  d'être  telle 
qu'on  le  dit,  lans  celîer  d'être  ce  qu'elle  eft.  La  ma- 
tière eft  accidentelle  &c  contingente ,  lorfque  ce  que 
l'on  attribue  au  iujet  ou  à  la  chofe  dont  on  parle,  ne 
lui  eft  pas  elfenticl ,  qu  il  peut  en  être  fcparé  fans 
qu'elle  celle  d'être  ce  qu'elle  eft.  L'homme  eft  animal 
raifonnable  y  le  bon  Chrétien  ne  fie  venge  point,  ce 
font  -  là  des  matières  elîéntielks  Se  nécellaircs  :  car 
l'homme  celle  d'ctre  homme  ,  s'il  n'eft  pas  animal 
raifonnabie ,  &  le  Chrétien  n'eft  plus  bon  Clirétien 
s'il  fe  venge.  Des  Savans  difent  comme  moi  :  \J hom- 
me d'épée  vit  plus  chrétiennement  que  l'homme  de 
robe.  Ce  font  des  matières  accidentelles  &c  contin- 
gentes. Des  Savans  pourroient  dire  autrement  que 
moi ,  &  être  favans  ;  ëc  un  homme  d'épée  pourroir 
ne  vivre  pas  plus  chrétiennement  qu'on  fait  dans 
d'autres  conditions  ,  ou  même  abfolument  ne  point 
vivre  chrétiennement ,  fans  celfer  d'être  homme  d'é- 
pée. En  lecond  heu,  il  faut  diftinguer  des  propoll- 
tionsuniveifelles  j  des  propolîtions  particulières,  & 
des  propoiitions  lingulières.  Les  propolîtions  univer- 
felles  lont  celles  qui  parlent  de  toute  .une  efpèce, 
de  tout  un  genre.  Les  propolîtions  particulières  font 
celles  qui  parlent  de  pluiieurs ,  mais  non  pas  de  tous , 
ëc  qui  pour  cela  ont  toujours  quelque  marque  d'excep- 
tion &  de  partage.  Les  propolîtions  lingulières  font 
celles  qui  n'ont  qu'un  individu  pour  objet ,  ou  fujet. 
De  plus  j  dans  l'ulage  des  langues  ,  où  l'on  ne  parle 
pas  toujours  dans  la  riguirur  logique  &  métaphyli- 
que,  il  y  a  des  propolîtions  univerfelles  qui  font 
univerfelles  grammaticalement  &  logiquement  tout  à 
la  fois  ,  c'ell  à-dire  ,  ëc  quant  aux  termes  &  quant 
au  fens,  comme  celle-ci ,  L'homme  efi  defiiné  à  une 
fin  furnaturelle.  Il  y  en  a  d'autres  qui  font  univer- 
lelles  gramm.aticalementj  &  ne  le  font  pas  logique- 
ment ;  c'eft- à -dire,  qui  le  font  quant  aux  ter- 
mes ,  &  ne  le  foientpas  quant  au  lens  ,  comme  celle- 
ci  ,  PaJJer  du  blanc  au  noir;  on  n'entend  ni  tout  le 
blanc ,  ni  tout  le  noir  en  général ,  quoique  les  ter- 
mes étant  indéfinis  ils  foicnt  généraux -.dans  la  ri^-.aeur 
lp;!;ique.  De  même ,  il  donne  dans  le  fuperfiitieux ,  il 
lutht  qu'un  homme  donne  dans  quelque  fuperfti- 
tion  pour  que  l'on  puill'e  parler  ainli.  Telle  étoit 
encore  la  propoiition  des  StûTciens  ,  Tous  ceux  qui 
n'ont  pas  la  fai^efj'e  font  fous.  Car  ils  l'entendoient 
avec  rertriction ,  at  non  femper.  Ces  propolîtions  , 
quoique  moins  exadtes ,  lont  très  communes  ,  non- 
feulement  dans  le  ftyle  ordinaire  ëc  familier  ,  mais 
encore  dans  le  ftyle  élevé  ,  oratoire,  &c.  La  propo- 
tion univericlle  quant  aux  termes ,  &  non  quant  au 
lens  ,  eft  une  propoiition  univerlelle  en  matière  con- 
tingente ;  car  ce  n'eft  que  par  leur  matière  que  l'une 
eft  générale  quant  aux  termes  &  quant  au  fens ,  ëc 
l'autre  leulement  qu.mt  au  lens;  quant  aux  termes, 
ëc  grammaticalement  elles  font  iemblables. 

Tout  cela  fuppofé ,  je  dis  qu'il  faut  mettre  l'arti- 
cle dèii.ii  quand  le  fens  eft  défini ,  l'article  indéfini 
quand  le  lens  eft  indéfini,  ôc  l'article  partitif ,  quauJ 


ï3 


I  N  D 


vous  voulez  faire  un  fens  partitif.  Or ,  i°.  il  n'y  a 
de  fens  défini  que  dans  la  propofition  fingulièrc  , 
lorfque  l'on  parle  d'un  indiviçl^i  ,  d  un  être  particu- 
lier 5  ou  dans  la  propolition  univcrltUe  quant  aux 
termes  &  quant  au  lens ,  ou  ce  qui  revient  au  me 
me,  il  n'y  a  de  fens  défini,  que  lorfque  l'on  parle 
d'un  individu  ,  d'un  être  particulier,  ou  lorlque  par- 
lant de  plulleurs  ,  on  fait  une  propoiltion  univer- 
(elle  en  matière  nécellaire.  Ainfi  dans  ces  deux  cas. 
Quand  le  nom  veut  un  article  ,  donnez  lui  l'article 
défini ,  au  genre ,  au  nombre  ,  &c  au  cas  qu'il  con- 
vient. 1°.  Dans  une  propolîtion  univerfclle  en  ma- 
tière contingente  ,  ou  univerfclle  quant  aux  termes  j 
&  non  quant  au  fens ,  le  fens  ell  toujours  indéfini  : 
dans  une  telle  propolîtion  fervez  vous  donc  de  l'ar- 
ticle indéfini  llmple.  3°.  La  propolîtion  particulière 
fait  toujours  un  fens  partitif ,_  il  faut  donc  mettre 
l'article  partitif  à  une  propofition  particulière.  4°. 
Vous  me  demanderez  s'il  y  a  de  la  didérence  entre 
une  propolîtion  univerfclle  quand  aux  termes  ,  &c 
nullement  quant  au  fens,  ôc  une  propolîtion  parti- 
culière ,  puifque  toutes  deux  lîgniiient  feulement 
plufieurs  ,  ou  une  partie  d'une  totalité;  ik  comment 
on  doit  les  diftinguer  pour  leur  donner  un  article 
diftérent  î  Je  réponds  que  la  di:térence  ell:  que  la  pro- 
pofition univerfclle  feulement  quant  aux  termes  ,  Se 
nullement  quant  au  fens  ,  n'a  que  des  termes  univer- 
fels  ,  ians  aucune  marque  d'exception ,  ou  de  par- 
ticularité ,  c'eft  la  matière  feule  qui  fait  connoitre 
qu'elle  n'eft  pas  univerfclle  quant  au  fens  ,  mais  par- 
culière  :  au  lieu  que  la  propolîtion  particulière  a  dans 
{es  termes  mêmes  des  marques  d  exception,  &  de 
particularité.  Donnons  des  exemples.  Le  Chrétien  eji 
moins  fidèle  à /es  devoirs  de  religion  que  l' Idolâtre  & 
le  Mahométan.  C'eft- là  une  propolîtion  univerlcUe 
quant  aux  termes  ,  &:  non  quant  au  lens ,  car  tous 
les  Chrétiens  ne  font  pas  moins  fidèles ,  £'c.  il  y  en  a 
&  en  grand  nombre  qui  le  font  plus  ou  pour  le  moins 
autant.  Que  iî  à  cette  même  propofition  j'ajoute  quel 
que  marque  d'exception  ;  par  exemple  ^  le  Chrétien 
fouvent ,  ejl  quelquefois  moins  fidèle  à /es  devoirs 
de  religion  que  l'Idolâtre  &  le  Mahométan  ;  ou  bien, 
Azs  Chrétiens  font  moins  fidèles  à  leur  devoir  de  reli- 
gion ,  que  les  Idolâtres  ;  ou ,  que  de  Chrétiens  font 
moins  fidèles  à  leur  devoir  que  les  Idolâtres  &  lesMaho- 
métans  !  Dans  toutes  ces  formes,  &  femblables,  la  pro  • 
pofition devient  p.articulière  ,&c  celafe  connoitparces 
moxs  fouvent,  quelquefois,  des  j  de  ,  qui  font  des 
marques  d'exception  &  de  particularité.  ;".  Il  faut 
remarquer  que  pour  marque  de  particularité  &  d'ex- 
ception la  particule  ou  prépofirion  de  luffit  dans  tous 
les  cas,  excepté  au  génitif  j  ou  fécond  cas.  La  raiion 
cft  que  la  particule  de  n'eft  point  la  marque  ou  la 
prépolîtion  qui  forme  les  autres  cas  ,  ainfi  quand  elle 
s'y  trouve  elle  a  une  autre  force  ,  qui  eft  la  ligni- 
fication partitive  ;  mais  comme  elle  eft  la  marque 
du  génitif ,  que  c'eft  la  prépolîtion  dont  il  fe  forme  , 
elle  n  a  point  d'autre  force  à  ce  cas  là  ;  ainlî  pour 
qu'un  terme  ait  un  fens  partitif  au  génitif,  il  faut 
y  ajouter  quelque  autre  terme  qui  le  particularile. 
Aa  refte ,  il  taut  dire  des  termes  généralement  tout 
ce  que  j'ai  dit  des  propolitions  ;  car  c'eft  la  même 
choie.  Il  n'y  a  qu'à  fubftitucr  le  mot  de  ternie\  celui 
de  propofition;  il  faut  encore  obferver  que  quoique 
de  le  ôc  du  foient  la  même  chofe ,  comme  on  l'a 
remarqué  ci  •  delfus  ,  néanmoins  il  y  a  de  la  difté- 
rence  dans  l'ulage  ;  car  du  fe  met  toujours  devant 
les  noms  qui  commencent  par  une  confonne  ,  & 
de  le  devant  ceux  qui  commencent  par  une  voyelle. 
//  a  du  goût^  il  a  de  l'eforit.  D'où  vient^  que  de 
le  ne  fe  met  jamais  qu'avec  apoftrophe ,  de  l' . 

XIIP.  Mais  quand  le  nom  ne  veut  point  d'arti- 
cle ,  comment  marquer  ces  fens  définis ,  indéfinis  îk 
partitifs  ;  On  les  exprime  par  deux  propofitions  de  & 
à  ,  mifes  ou  féparément  j  ou  routes  deux  enfemble  à 
devant  i/e  ,  ce  qui  fait  trois  différences,  qui  forment 
trois  cas  ,  &:  dont  deux  feulement  fervent  au  fiiigu- 
lier ,  &  toutes  les  trois  au  pluriel  ,  Se  toutes  égale 
ment  aux  deux  genres ,  tant  au  pluriel  qu'au  lîr-gulier. 


IND 

j4u  (inguHer. 

1  Cas  De 

2  De 

3  A 

Au  pluriel. 

1  De 
1  De 
3  A ,  à  de 

Voilà  ce  que  nos  Grammairiens  appellent  notre 
article  indéfini.  J'ai  montré  ci-def  us  ,  que  ce  n'etoit 
là  rien  moins  que  des  articles  ,  mais  de  vraies  pro- 
politions  ;  je  vais  montrer  'ici  qu'elles  ne  s'emploient 
pas  leulement  dans  le  fens  indéfini ,  comme  on  le 
veut;  mais  quelquefois  dans  le  fens  défini.  En  etfet  , 
ils  fe  mettent ,  comme  on  le  va  voir ,  devant  un 
terme  iîngulier  ^  &  devant  des  termes  univerfels  en 
matière  néceftaire ,  qui  font  les  deux  occalîons  où  le 
lens  eft  défini. 

Au  iîngulier,  i.  cas,  de  eft  indéfini  partitif,  ou 
fîmple.  De  bon  vin  pris  modérément  ne  fait  point 
de  mal.  De  bon  vin  pour  luiage  ordinaire  ,  c'eft 
celui  de  Bourgogne.  De  bon  pain  &  de  bon  vin  , 
c'eft  le  principal  pour  la  vie,  on  fe  palfe  ailément 
du  refte. 

Pour  le  fécond  cas ,  il  eft  indéfini  ;  titre  à' honneur  y 
marque  de  confiiance  ,  prudent  &  fage ,  Voilà  une  ré- 
ponjè  à' homme  avife.  Il  eft  aullî  défini  comme  en  ces 
exemples.  Ces  dilcours  ne  conviennent  point  à  fem- 
me vertueufe  ;  on  ne  fe  fie  point  à  femme  cauleule 
&:  babillardc.  Et  devant  les  noms  propres  qui  ligni- 
fient des  individus.  La  Bibliothèque  de  Ptolomée 
Phii.îdelphe.  La  haute  lagelfe  de  Louis  XIV.  La  gran- 
deur de  Paris. 

Pour  le  troifième  cas  à  eft  défini  j  puifqu'il  fe 
met  devant  les  noms  propres.  Le  Roi  donna  les  Sceaux 
à  M.  d' Argenfion  le  2 S  Janvier  171  S.  Il  eft  aulîi 
indéfini  en  ces  exemples;  à  bon  chat ,  bon  rat.  Je  m'en 
rapporte  à  perfonne  pieufe  &  intelligente.  J'ai  oui 
dire  à  un  Juge  bien  équitable ,  que  ,  Sec.  A  de  elt 
toujours  partitif,  à  de  bon  pain  Se  de  bon  vin  ajoute-^ 
de  bonnes  viandes. 

Au  pluriel  J  pour  le  premier  cas  De  "ft  défini 
en  matière  elîèntielle  Se  nécclfaire  ;  à' honnêtes  fem- 
mes ne  fe  permettent  point  àç.  libertés  criminelles.  Il 
eft  clair  que  cette  propofition  renferme  toutes  les 
honnêtes  femmes  ;  car  li  je  difois  cela  à  une  femme 
pour  la  porter  à  ne  fe  point  donner  de  ces  libertés , 
&  que  ma  propofition  fût  particulière  j  elle  leroit 
illulbire  Se  inutile ,  puifqu'elle  pourroit  me  répon- 
dre :  d  honnêtes  femmes  ,  ce  n'eft  à  dire  ,  que  quel- 
ques honnêtes  femmes  ;  mais  quelques  autres  s'en 
donnent  aullî ,  de  ces  libertés ,  on  peut  donc  s'en  doji- 
ner  Ians  celfer  d'être  honnête  femme.  Je  ne  puis 
donc  vouloir  pcrfuader  par  ce  motir,  fans  que  la  pro- 
polîtion foit  univerfclle  ,  &  à  moins  qu'elle  ne  ren- 
ferme la  totalité  entière  dont  je  parle  ,  Se  par  con- 
féquent  fins  qu'elle  foit  définie.  En  matière  contin- 
gente de  eft  indéfini  fimple  ,  ou  partitif;  De  grands 
perfonnages  ont  fait  de  grandes  fautes  ;  d'habiles  gens 
'  ne  laijfent  pas  de  fe  tromper i  de  bonnes  gens  m'ont 
rapporté  que  ,  Sec. 

Au  génitif,  il  ed  indéfini  ou  fimple  ,  comme  Oc- 
cupations à'enfans  ;  ce  J'ont  des  envies  de  femmes 
groffes  ;  C'efi  un  entêtem.ent  de  Philofophes  j  &c.  Ou 
indéfini  partitif,  comme  ,  j'ai  appris  de  gens  bien 
inftruits  que ,  Sec.  Quand  on  efi  en  certains  pofics  , 
on  a  befoin  de  gens  habiles  auprès  de  foi  pour  les  con- 
fulter.  Il  peut  fe  trouver  aulîî  des  phrafes  où  il  fe- 
roit  défini ,  Se  où  il  marqueroit  une  totalité  entière; 
par  exemple ,  la  conduite  de  femmes  figes  &  vcr- 
tueufes  eft  louable  ,  Se  leur  attire  de  l'eftime  Se  de  la 
conlîdération  ;  mais  cette  conftruftion  eft  ou  vieil'e, 
ou  extraordinaire.  On  met  communément  l'article; 
La  conduite  des  femmes  figes  &  yenueufes.  Sec. 

Pour 


IN  D 

Pour  le  troihcme  cas  à  e(i  dc/îni  en  nnticic  né- 
ceflàire  ,  parce  qu'il  le  met  cievant  des  termes  de 
totalité.  Cela  ne  fe  refufe  jjoint  à  gens  de  mente  ,  à 
gens  de  qualité  ;  Des  Dijcours  lihertins  ne  convien- 
nent point  à  perfonnes  pieufes.  Et  indéfini  en  matière 
contingente.  Je  ne  m'en  rapporte  qui  bons  Catholi- 
ques, Je  ne  lui  abandonne  ce  bien  qu'à,  bonnes  enfci- 
gnes.  J'ai  oui  dire  à  gens  bien  injîruits.  A  de  au  njê- 
me  cas  eft  défini  en  matière  néccllaire  ,  comme  ,  Les 
fpeclacUs  &  les  livres  lafcifs  &  impurs  font  défendus 
à  tout  le  monde  ,  mais  plus  encore  à  à' honnêtes  fem- 
mes. Et  indéfini,  ou  iîmple,  ou  partitif  en  tout  autre 
cas  ;  On  donne  une  récompenfe  à  de  fidèles  domefii- 
quesj  quand  ils  font  trop  vieux  &  qu'ils  fe  retirent.  J'ai 
oui  dire  à  de  favans  hommes  j  à  A' habiles  gens.  Je 
ne  m'en  fie  de  l'éducation  de  mes  enfans  qu'a,  de  fi- 
ges &  hùhiles  maîtres.  En  ces  ph raies  il  eft  indéfini 
limple.  J'ai  oui  dire  à  de  favans  hommes  ,  à  à' habi- 
les gens.  En  celle  ci  il  eft  partitif.  Voici  donc  la  dif- 
tribution  de  ces  particules  félon  leur  fens. 

Au  fens  défini. 

Au  Singulier. 

î  De 

5  A 

Au  Pluriel. 

1  De 

2  De  vieilU  ou  extraordinaire. 
5  A ,  à  de 

Au  fens  Indéfini  fimpl. 

Au  Singulier. 

I  De 
,      2  De 
5  A 

Au  Pluriel 


1  De 

2  De 

j  A ,  à  de 

Au  fens  Partitif . 
Au  Singulier. 

I   De 

3  A  de 

Au  Pluriel. 

1  De 

2  De 

3  A  de 

XIV.  Après  avoir  expliqué  le  fens  de  ces  particu- 
les, il  faut  voir  avec  quels  noms  on  les  joint.  Car  ces 
particules  étant  prépofitions  font  toujours  devant  un 
nom  ;  ce  nom  ne  peut  être  qu'un  fubftantif  ou  un 
adjeftif.  Si  ce  nom  eft  feul ,  ce  ne  peut  être  un  adjec- 
tif; car  un  adjedif ,  ainfi  que  le  nom  même  le  lignifie, 
ne  fe  met  point  feul ,  mais  s'ajoute  à  un  autre  nom.  Si 
donc  il  eft  feul  c'eft  un  fubftantif,  ou  ce  qui  eft  la 
même  chofe,  un  adjedif  pris  fubftantivement.  Si  ce 
nom  n'eft  point  feul ,  il  y  a  un  adjeftif  &  un  fubftan- 
tif: mais  ou  bien  le  fubftantif  eft  le  premier,  com- 
me/e/7ZOTej^i<;:/yÊj  &  vertueufes ,  ou  bien  l'adjeftif  va 
devant,  comme  pieufes  &  venueufes  femmes.  Or,  il 
y  a  fur  cela  quelques  règles  à  obferver  par  rapport 
aux  paniculcs  dont  nous  parlons.  Les  voici. 

Quand  le  nom  fubftantif  eft  feul^  il  n'y  a  pas  de 
difficulté  i  l'article  ,  quel  qu'il  foit ,  eft  immédiate- 
ment  devant.    J'ai    reçu  de  Pierre  ,   j'ai  donné  p 
Tome  F.  ' 


IND  137 

Jean  ,  &c.  Mais  quand  le  fubftantif  ,->  un  adjectif,  il  y 
a  de  la  diftérence.   Nous  Talions  marquer. 

Dans  le  fens  défini. 

Au  fingulier. 

1  Cas.  De.  Ou  le  (ubftantit  eft  un  nom  propre,  ou 
un  nomappellatjr.  Si  c'eft  un  nom  pvopre,ouladjtCtif 
qu'on  y  joint  clt  une  limple  épuhetc  ,  ou  c'eft  un  lur- 
nom;  U  c'ell  un  furnom.  1".  Il  ne  le  met  jamais  ile- 
vant  le  nom  propre;  Alexandre  le  Grand,  Louis  le 
Grand,  Louis  le  Jujie  _,  Philippe  le  Bel ,  licuri  l'Oifc- 
Icur.  Ainli  nos  prepolitions  lont  toujouii  immédiate- 
ment devant  le  nom  propre.  De  Louis  le  Grand ,   à 
Louis  le  Grand.  1°.  On  confcrve  à  tous  les  cas  l'arti- 
cle/c  devant  l'adjeftif  qui  eft  iurnom;  Louis  \c  Jujie, 
de  Pliilippe  le  Bel ,  à  Philippe  le  Hardi.   Il  faut  en 
excepter  les  lurnoms  de  quelques  anciens  Grecs  qui 
ne  prennent  point  cet  article ,  Ptolomée   Philadel- 
phe ,  Antiochus  hpiphanes  ,  Sec.  Se  deux  ou  trois  de 
nos  Rois  ,  Charlemagne ,  Piiilippe  Augufie  j  Se  Louis 
Hutin.   Cependant  li  au  lieu  de  magne  on  mettoit 
grand,  il  taudroit  dire  Charle  le  Grandi  mais  en  gar- 
dant le  nom  Latin ,  parce  qu'on  n'en  a  fait  qu'un  ieul 
mot  avec  le  nom  propre  ,  on  exclut  l'article.  Si  de- 
vant le  nom  propre  on  met  ion  Iurnom  ,  ou  une  au- 
tre épithète ,  il  n  eft  plus  Iurnom ,  Se  on  ne  met  point 
la  prépoiition  leule  ,  mais  avec  l'article  ,  Du  Grand 
I^ouis ,  Du  Victorieux  Philippe  ;  Se  non  pas  De  Orand 
Louis  Se  De   Viàorieux  Philippe.    Si  c'elt  un  nom 
appellatif  ,    l'adjeftif  fe  met  également   devant  ou 
après  avec  les  prépolitions.    Ces  difcours  ne  convieri' 
nent  point  à  femme  vertueufe  ,  ou  k  vertueufe  Jemme. 
Le  premier  eft  meilleur,  le  iecond  tient  du  vieux 
ftyle. 

5.  Cas.  A .,  devant  les  noms  propres  il  en  eft  de 
même  que  de  la  prépofition  de.  i".  A  Louis  le  Bel ,  à 
Charles  le  Chauve.  1°.  A  Antiochus  Philométor,  à 
Séleucus  Nicanor,  à  Démétrlus  Phaléréen ,  à  Char- 
lemagne, 2.  Philippe  Augufie  ,  à  Louis  Hutin.  3°.  Au 
grand  Louis  ,  a.u.  viclorieux  Philippe  ,  fuivant  les  rè- 
gles du  fécond  cas.  Quand  le  lubftantif  eft  un  nom 
appellatif,  on  met  indiftcremment  le  fubitantif  oïL 
l'adjeftif  le  premier.  Je  m'en  rapporte  à  perfonne 
pieufe  &  intelligente ,  ou  à  pieufe  û'  intelligente  per- 
fonne ;  mais  le  Iecond  fent  un  peu  le  vieux  ftyle. 

Au   Pluriel. 

1  Cas.  De.  L'adjeftif  doit  toujours  être  le  pre- 
mier. "D'honnêtes  gens  ne  fe  difent  point  d'injures.  Si 
l'on  mettoit  le  iubftantir  le  premier ,  il  faudroit  ajou- 
ter l'article.  Des  gens  honnêtes  ne  fe  difent  point 
d'injures. 

2  Cas.  De.  L'un  ou  r.autre  peut  être  mis  le  pre- 
mier. La  conduite  de  femmes  pieufes  &  vertueufes , 
ou  de  pieufes  &  vertueufes  femmes  ,  leur  attire  de  l'ef- 
time.  Le  Iecond  eft  un  peu  du  vieux  ftyle. 

3  Cas.  A.  Comme  au  précédent.  Des  difcours  liber- 
tins ne  plaifent  point  z.  perfonnes  fages  il'  vertueufes  ^ 
ou  kfages  &  venueufes  perfonnes ,  il  eft  plus  vieux. 

A  de.  L'Adjedif  doit  toujours  être  devant.  J'ai  oui 
dire  à  d'habiles  gens ,  à  de  favans  perjonnages  ;  je  ne 
me  fie  de  l'éducation  de  mes  enfans  qu'à,  de  bons  maî- 
tres. Si  le  fubftantif  étoit  devant  l'adjeftif,  il  faudroit 
mettre  des.  Je  ne  me  fie  de  l'éducation  de  mes  enfans 
qu'à  des  maures  favans  &  bien  vertueux. 

Dans  le  fens  indéfini  fimple. 

Au  fingulier. 

1  Cas.  De.  L'adjeftif  doit  toujours  être  le  premier. 
De  bon  pain  &  de  bon  vin ,  d'excellente  viande. 

2  Cas.  De.  L'un  ou  l'autre  peut  être  le  premier. 
Homme  de  rare  méiite.  Conduite  dt perfonnage  pru- 

S 


138 


I  N  D 


dent&fa^e  ,  ou  àt  fage  &  prudent  perfonnage.  Hom- 
me de  mente  rare. 

5  Cas.  A.  Le  fubftantif  devant  l'adjedif  eft  mieux. 
Je  m' en  rapporte  iperfonne  pieufe  &  intelligente.  On 
peut  dire  aulli  à  pieufe  o*  intelligente  perfonne  j  mais  il 
eft  un  peu  vieux. 

Au  Pluriel. 

I   Cas.   De.  L'adjectif  toujours  le  premier.    De 

grands  perfonnages  ne  font  point  àc  petites  fautes. 

1  Cas.  De.  L'un  ou  l'autre  peut  être  devant.  En- 
têtement de  Philojophes  nouveaux ,  ou  de  nouveaux 
Philofophes. 

3  Cas.  A  De  même  que  le  précédent.  Je  ne  décou- 
vre monfecret  qui  amisfages  &  dfcrets  ,  ou  qui  fa- 
ges  u"  difcrets  amis. 

A  de.  L'adjeClit  doit  toujours  être  le  premier.  Je 
ne  découvre  mon  fecret  qu'a  de  fages  &  dfcrets  amis  ; 
&  jamais  qu'à  d'amis  fages  &  difcrets.  Il  taudroit  qu'a 
des  amis  fages  &  dfcrets. 

Dans  l'Indéfini  Partitif.     , 

Au  Singulier. 


I  Cas.  JDt;.  L'adjeftif  toujours  le  premier.  De  ton 
£■  6! excellent  cajje  fait  du  bien  après  le  repas. 
3  Cas.  A  de  3  comme  le  précédent. 

Au  Pluriel. 

1  Cas.  Z)e.  L'adjedif  marche  toujours  devant.  De 
graves  Auteurs  ont  écrit  que  ,  ôcc.  bi  l'on  mectoit  le 
ïiibftantif  le  premier ,  il  faudroit  lui  donner  1  article. 
Des  Auteurs  graves  ont  écrit,  &c. 

2  Cas.  De.  On  peut  également  placer  le  fubftantif 
ou  l'adjectif  le  premier,  C'eft-là  un  galimatias  d'an- 
ciens Philofophes  ,  ou  de  Philofophes  anciens.  J'ai 
appris  de  graves  Auteurs  ,  ou  d'Auteurs  graves. 

3  Cas.  A  de,  comme  au  premier  cas  l'adjeclif  tou- 
jours le  premier.  Il  faut  ajouter  foi  à  de  bons  témoins. 
Si  l'on  mettoit  le  fubftantif  le  premier,  il  faudrait  lui 
donner  l'article.  On  doit  ajouter  foi  à  des  témoins 
oculaires. 

Il  y  a  quelques  adjectifs  qui  veulent  être  toujours 
après  le  fubifantif,  &  d  autres  toujours  devant;  mais 
cela  n'a  point  de  rapport  aux  particules  dont  nous 
parlons,  ni  au  fcns  detini  ou  indéfini;  ainfi  ce  n.'eft 
point  cela  dont  nous  donnons  ici  des  règles ,  ce  n'en 
eft  pas  le  lieu. 

XV°.  Il  refte  à  dire  quels  font  les  noms  qui  ne  veu- 
lent point  d'article  devant  eux  ,  &c  avec  lefquels  il  ne 
faut  mettre  que   les  prépoiitions  dont  nous  traitons 
ici.   Ces  noms  font,  i°.  Les  pronoms  perfonnels  & 
démonftratils, /72oij  toi,  foi,  lui,  ce,  cet,  cette,  ce- 
lui ,  celui-ci ,  celle ,  celle-ci ,  cettui ,  cettui-ci ,  'icelui  ; 
ces  trois  derniers  font  vieux,  ceux,  celles ,  ceux-ci, 
celles-ci,  ceci,  cela.  2°.  Le  relatif  çai.  5°.  Les  inter- 
rogatifs  qui ,  quoi.  4°.  Les  pronoms  ou  adjeélifs  indé- 
terminés, ou  indétinis,  quelque,  quelqu'un,  chacun, 
quiconque  ,  je  nefai  qui ,  je  ne  fais  quoi ,  pas  un ,  au- 
cun ,    nul,  certain   autre,  plujieurs  autres,  tout,  6c 
leurs  féminins  ; ;'e:/ô/2/2e  j  autrui,  qui  que  ce  fo'it.  Je 
dis  pronoms  ou  noms  'indéfinis  ;  car  il  y  a  quelques 
unes  de  ces  didbions  qui  font  quelquefois  noms  déter 
minés  ,  &  alors  ils  prennent  l'article,  comme  ,  le  je  ne 
fai  quoi ,  la  perfonne.  j°.  Les  noms  propres  pris  com- 
me propres ,  excepté  quelques  noms  de  Villes  que 
nous  marquons  en  leur  place ,  &  les  noms  de  Provin 
ces&  de  Contrées ,  qui  quelquefois  prennent  l'arti- 
cle ,  Se  quelquefois  ne  le  prennent  point.  Quelques 
noms  cependant  de  Provinces  ,  qui  font  tirés  du  nom 
de  leur  Ville- capitale  ,  comme   Valence  ,  Murcie , 
Grenade,  ne  prennent  point  d'article,  oC  quelques 
noms  d'ile  aulîl ,  comme  Candie ,  Ceylan  ,  &cc.  De 
plus,  les  noms  de  Provinces  &  de  Contrées  ne  pren- 
nent point  d'articles  pour  l'ordinaire  quand  on  parle 
de  mouvement  pour  y  aller,  ou  pour  en  venir.  Aller 


I  N  D 

en  France  ,  venir  d' Angleterre  ,  l'entrée  en  Italie ,  fa 
fort'ie  d'Efpagne,  départ  d' Irlande ,  voyage  d'Lcojj'e  , 
arriver  en  Allemagne  ;  mais  s  il  y  avoir  un  verbe  a_tif , 
ils  prendroient  l'article.  Quitter  le  Portugal ,  laijjer 
le  Danemarck  derrière  foi ,  toucher  à  la  Suéde,  ou 
toucher  la  Suéde.    Qelques  noms  de-  pays  étrangers 
prennent  auiii  Toujours  l  article,  comme  nous  1  avons 
dit  à  la  particule  A.  6°.  Les  noms  de  nombre  abfo- 
lus ,  un,  deux,  trois,  quatre,  &c,  ne  veulent  point 
d'articl'-s,  excepté  quand  il  y  a  après  eux  un  nom  dé- 
fini. L'un  de  ceux  que  je  vous  ai  montré ,  les  deux 
Hiftonens  les  plus  eftimes  ,  les  dou^e  Apôtres  ,  ôcc. 
ou  quand  ils   deviennent   lubilantirs  ,    comme   aux 
noms  des  cartes  Se  des  jours  ,  le  deux  de  cœur,  le  fept 
de  pique,  le  huit  du  mois.   Sec.  7°.  Certains  noms 
d'honneur  que  l'on  attache  aux  noms  propres;  Mon- 
fieur ,  Madame,  Monfe'igneur ,  Meffire ,  Maître,  Sc 
Saint,  Sainte,  qurnci  il  eft  devant  un  nom  propre, 
&  non  point  quar.d  il  eft  leul  &  lubftantif  Sire,  en 
ftyle  burlclque,  Junon  dit  àfire  Jup'in;fire  loup  dit 
àfire  Lion;  car  autrement  il  prend  1  aiticle;  le  fire  de 
Joinv'iilc,  du  fire  de  Cpuci,  au  fire  de  Béthune.  8°.  Il 
ne  taut  point  d'aiticle  a  tout  nom  fubftantif  régi  au 
fécond  cas,  Sc  pris  dans  un  fer.s  indéfini,  hmpie  Sc 
non   partii'if.   V'ivrc    d  indufir'ie  ,    ufer  de  fouplefie  , 
avide  de  biens  ,  de  r'ichejfes  ,  content  de  r'ien  ou  de  peu  , 
occupé  de  bagatelles,   titre    d'honneur,   qualité    de 
Prince  ,    caractère  d'Amba fadeur  ,  gens  de  mérite  , 
procès  de  confie quenee ,  maladie  de  langueur,  ra'ifons 
de  politique  ou  d'Etat,  plein  de  van'ité ,  bouffi  d'or- 
gueil, mouvement  de  colère  &  d'indignat'ion  ,fent'iment 
de  haine  ,  de  vengeance  ,  tempérament  de  feu ,  entaché 
d  herefie. 

Au  refte ,  quoique  la  route  qu'on  a  prife  ici  foit 
di.-iérente  de  celle  que  tiennent  les  'autres  Grammai- 
riens ,  elle  aboutit  cependant  au  même  but  ,  Sc  ne 
change  rien  dans  l'ufage  des  articles  qu  elle  fuppofe  ; 
c'eft  toujours  le  même  ufage ,  mais  expliqué  ditiérem- 
ment. 

Il  y  a  encore  l'article  numéral  'indéfini ,  un  :  voilà 
une  charmante  femme.  Voye-^  le  mot  un  Sc  le  mot 
Article. 

Il  y  a  aulîi  des  pronoms  indéfinis  ,  Sc  l'on  en 
compte  douze. 

Comme  ,  les  uns  prétendent  ;  Quiconque  eft  riche , 
eft  tout ,  Sc  les  autres  dont  nous  parlons  ci  deilus , 
N.  XV,  4. 

Telle   qu'une  bergère  au  beau  jour  de  fête , 
De  fuperbes  rubis  ne  pare  point  fa  tête.  Boil. 

Indéfini,  adj.  En  termes  de  Logique  ce  mot  fe  dit  des 

propofitions  ,  au  fujet  defquelles  on  ne  met  aucune 
marque  d  univerlsté  ,  de  particularité  ,  ou  de  hulu- 
lante. Les  hommes  font  raitonnables ,  les  François 
font  ingénieux  Se  adroits  ;  les  Allemands  font  ro- 
buftes  ,  ce  font-là  des  propolîtions  indéfinies.  Quand 
les  propolîtions  'indéfinies  font  dans  une  matière  né- 
ceftaire  ,  comme  la  première  de  celles  que  l'on  vient 
de  donner  en  exemple  ,  elles  équivalent  à  des  propo- 
lîtions univerfelles.  Quand  elles  font  dans  une  ma- 
tière contingente  ,  elles  fe  prennent  louvenc  pour  des 
propofitions  particulières  ,  &  plus  louvent  pour  mo- 
ralement univerfelles.  Cependant  quand  la  propo- 
fltion  indéfinie  concerne  un  fait  hiftonque  ,  comme  , 
Titus  donnant  le  dernier  allant  à  Jerulalem  ,  les  Ro- 
mains mirent  le  feu  au  Temple  ,•  il  faut  la  réduire 
à  une  propoiirion  paiti-uli:re  :  un  Romain  ou  quel- 
ques Romains  mirent  le  feu  au  Temple. 

INDÉFINIMENT,  adv.  D'une  manière  indéfinie. 
Indefiiiitè.  On  lui  a  donné  pouvoir  'mdefin'iw.tnt 
d'agir  en  cette  négociation  ;  c'eft  à  dire  ,  un  pouvoir 
général  Sc  fans  reftrièiion.  La  loi  porte  indéfini- 
ment. 

INDÉFINISSABLE,  adj.  Qu'on  ne  fauroit  définir.  Il 
eft  du  ftyle  familier ,  Se  ne  fe  dit  guère  que  des 
perfonnes.  C'eft  un  caraélère  ,  c'eft  un  homme  in- 
défîn!  fable.  Dans  l'énigme  qui  eft  dans  le  Mercure 
d'Août  1732,  on  dit  que  la  coquette  eft  un  animal 


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IndefîniJJàhle.  L'Auteur  des  Lettres  Philofophiques 
s'elt  fervi  du  même  mot.  Voici  le  palîagc,  tué  de 
la  lettre  f .  Cet  être  indeJùiiJ]Lil'lt: ,  qui  n'cll  ni  Ec- 
clclialHquc  ni  Séculier  j  en  un  mot  ce  qu'on  ap- 
pelle un  Abbé,  eft  une  cfpece  inconnue  en  Angk;- 

tcrrc La  fcnfation  encore   plus   indd/ïnijjai/c. 

Le  p.  Castel. 
INDÉFINITIÈME.  adj.  m.  âc  f.  Terme  de  Géomé 
trie.  Ce  qui  cil  indéhni.  Partie  aliquote  indéfinie. 
Indcfuiuus  ,  d ,  um.  Le  Huide  qui  environne  le  cen 
tre  d'un  touibiiion  elt  infiniment  pénétrablc  à 
l'éthcr  ,  &  la  croûte  qui  enveloppe  ce  Huide  ,  & 
dont  on  démontre  l'exccHîvc  porolité ,  ne  peut  au 
plus  appuyer  qu'une  indefnitième  partie  des  filets 
de  matière  qui  reHucnt  de  la  circonférence  vers  le 
centre.  Gamaches.  L'infinie  porohtc  des_  corps  que 
pénétre  l'éther  étant  jullifiée  par  le  raifonnemenr , 
tk  conftatée  par  l'expérience  ,  ce  que  leurs  parties 
intégrantes  interceptent  de  filets  de  matière  ,  ne 
vaut  au  plus  que  Yindijirûcième  partie  de  ceux  aux- 
quels ces  corps  laillènt  un  libre  pallage.  Idem. 
INDÉLÉBILE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  peut  être  effacé. 
IndcUbUis.  Il  ne  fe  dit  guère  qu'en  parlant  des 
Sacremens.  Le  Baptême ,  l'Ordre  de  la  Prêtriie  im- 
priment des  caraclères  Indélébiles  ,  encore  dit- on 
beaucoup  mieux  ,  &  plus  ordinairement  Ineffaçables. 
Foyei  ce  mot.  On  dit  indélébile  par  exteniion  iro- 
niquement en  autres  choies.  Le  Pédantilme  ert  un 
caradèrc  indélébile.  Le  P.  Chardon  détaille  avec 
beaucoup  d'cxaditude  tput  ce  qui  regarde  les  Dia- 
cres, les  Diaconelîès  ,  le  caractère  indélébile  dzs  Or- 
dres. 

Ce  mot  eft   forme   de   delere  j   effacer  ,  avec  la 
prépolîtion  in  prife  dans  fon   fens  négatif. 
INDÉLIBÉRÉ,  ÉE.  adj.  Se  dit  d'une  aftion,  ou  d'un 
mouvement   fur    lequel   on  n'a  point  délibéré ,  ni 
réfléchi.    Indcliberatus.    Les    premiers    mouvemens 
de  la  douleur   &  de  l'indignation   qui  l'ont   animé 
en  cette  rencontre ,  lont  prefqiie  entièrement  inno- 
cens,    parce  qu'ils  lont  prefque   entièrement  indé- 
lihérés.  Le  Mai.  Quand  la  paillon  emporte  la  rai- 
fon  ,   &    ne  lui    laifle  pas   la  liberté   de  réfléchir , 
c'eft     une    ade    involontaire     &    indélibéré.    Le 
P.  Dan. 
§3"  INDEMNE,  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Jurifpruden- 
ce  ,  qui  déhgne  celui  qui  eft  garanti   par  un  autre 
des  pertes  qu'il  pourroit  faire  ,  ou  dédommagé  de 
celles   qui    lui  font  arrivées.   Celui    dont  le  garant 
prend  fait  &  caule  ,  fort  indemne  de  la  conteftation. 
Indemnis.  Ce  mot  ainfi  que  les  fuivans  viennent  du 
Latin    Damnum  ,    dommage  ,   tk.    d'i/z   j  indemne , 
fine  damno. 
INDEMNISER,  v.   a.  Prononcez  indamnifer.   Il   faut 
cependant  remarquer  que  \'em   n'eft  point   voyelle 
nizale  j    ou    Efclavone  ,    &    n'a    point  le   même 
fon  que  dans  embaumer ,  emporter  ^  &c.  mais  que  \'m 
retient  fon  fon  propre  de  confonne,  comme  s'il  y  avoir 
un  e  muet  après  ,  indamenifer.  Promettre  à  quelqu'un 
de  le  dédommager  des  pertes  qu'il  pourrok  fouflrir , 
le  dédommager  en  eftet  de  celles  qui  lui  font  arri- 
vées. Prœfiare  indemnem.  Quand  on  fe  rend  caution 
pom-  un  autre ,  le  contrat  porte  toujours  promefle 
de  garantir  &  indemnifer  de  toutes  pertes  ,  domma- 
ges &  intérêts.  Il  faut  indemnifer  le  Seigneur,  quand 
un  fief  tombe  en  main-morte.  Il  s'eft  indemnifé  du 
dommage  qu'il  avoir  fouflert. 
INDEMNITÉ.    1.  m.  Prononcez   indamnité ,  comme 
dans  indemnifer.  Dédommagement  j  ade  par  lequel 
on  promet  de  garantir  ,  où  l'on  garantir  en  effet  une 
perfonne  d'une  perte  qu'il  fouffrc  à  notre  occafion. 
Darrjii  prsjlatio  ,  indemnitas.  L' indemnité  procède  de 
la  ftipulation  des  contradans  ,  ou  elle  eft  acquile  de 
droit.  L'indemnité  que  doit  fournir  un  débiteur  à  fa 
caution  eft  naturelle  &  de  droit ,  ôc  n'a  pas  befoin 
d'être  ftipulée.  Je  lui  ai  prêté  mon  nom  pour  faire 
une  affaire ,   mais  il    m'en  a  donné   fon  indemnité 
par  écrit. 
IncemnitÉ  ,  eft  aulTi  un  droit  qu'on  paye  au  Seigneur 
tuodal ,  quand  un  fief  tombe  en  iirain- morte,  c'eit- 
Tomi  F% 


I  N  D 


139 


à-dire  ,  qu'il  cil:  acquis  par  l'Éylife  ,  ou  par  des 
Communautés  ,  pour  le  dédommager  des  pertes  qu'il 
loutire  en  ce  qu'il  n'y  aura  plus  de  changement  de 
vallal  qui  puille  donner  ouverture  à  des  prolits  de 
fiets.  On  paye  au  Roi  l'amortillèmcnt  tk  les  francs- 
fiefs  ,  6c  aux  Seigneurs  particuliers  le  droit  d'indem- 
nité. Ce  droit  eft  la  cinquième  partie  des  deniers 
de  la  valeur  des  chofes  acquiles  ,  ou  cinq  années  de 
leur  revenu.  Hn  quelques  coutumes  ce  n'eft  que 
la  lixièinc  partie  du  prix  ,  ou  iix  années  de  revenu. 
En  Normandie  {'indemnité  eft  le  quatrième  denier. 
On  paye  auill  indemnité  au  Seigneur  ,  quand  un  hom- 
me mammortable  ,  ou  de  condition  fcrve ,  obtient 
du  Koi  des  Lettres  d^'affranchiflemcnt ,  ou  en  cas  de 
formariage  ,  qui  fe  taxe  au  tiers  des  biens  meubles  &: 
héritages  de  l'homme  de  main-morte.  On  paye  en- 
core Vindcinnité  lorfqu'une  terre  qui  rclevoit  d'un 
Seigneur  particulier  eft  érigée  en  Duché,  ou  autre 
dignité  ;  ce  qui  la  fait  relever  du  Roi  immédiate- 
ment. Le  Parlemejit  de  Paris,  par  un  Arrêt  du  16  de 
Janvier  168;  ,  a  réglé  au  tiers  du  prix  de  la  vente  , 
l'indemnité  de  la  terre  de  la  Jvk-illeraye  érigée  en 
Duché.  Le  droit  d'indemnité  eft  fujet  à  prefcription 
par  trente  ans  contre  le  Seigneur  temporel ,  &  qua- 
rante contre  l'Eccléfiaftique. 
Indemnité.  Dédommagement  qu'on  accorde  à  un 
particulier  qui  a  perdu  dans  un  traite,  dans  une  fer- 
me ,  &c. 
%pT  Indemnité  ,  fe  dit  encore  du  recours  que  la  fem- 
me a  fur  les  biens  de  fon  mari ,  pour  les  dettes  aux- 
quelles elle  s'eft  obligée  avec  lui ,  pendant  le  maria- 
ge ,  dont  elle  doit  être  entièrement  indemnifée  par 
les  héritiers  de  fôn  mari  ,  quand  elle  renonce  à  la 
communauté  ;  mais  quand  elle  l'accepte  ,  elle  n'a 
fon  recours  que  pour  la  moitié. 

On  appelle  aulli  Indemnité ,    l'ade  par  lequel  on 
promet  d'indemnifer.  Ac.  Fr. 

INDÉPENDAMMENT,  adv.  Sans  dépendance,  fans 
fujétion ,  ffT  ôc  quelquefois ,  fans  aucun  égard  ,  fans 
aucune  rcladon  à  une  chofe.  Sine  ordine  ad...  j  nullâ 
habita  ratione ,  &c.  L'ame  railonnable  peut  agir  in- 
dépendamment de  fes  organes.  Une  adion  eft  bonne 
ou  mauvaile  indépendamment  du  confentement  des 
hommes.  S.  Evr.  Indépendamment  de  ce  qui  pourra 
en  arriver. 
INDÉPENDANCE,  f.  f.  Etat  d'un  homme  indépen- 
dant. Liberté  d'agir ,  de  taire  ce  qu'on  veut  ,  fans 
avoir  beloin  du  lecoUrs  d'autrui'.  Omni  fubjeclione 
foluta  ratio.  Le  Irane  arbitre  donne  à  notre  volonté 
une  indépendance  ,  une  liberté  d'agir  comme  il  lui 
plaît.  Pelage  jaloux  de  fa  liberté,  &  de  fon  indépen- 
dance ,  étoit  bien  capable  de  gagner  la  bienveillance 
des  hommes  en  flattant  leur  orgueil,  &  leur  amour- 
propre.  Flec.  L'homme  aime  naturellement  l'indé- 
-  pendance ,  &:  il  ne  s'en  eft  dépouillé  que  par  la  né- 
cellité  de  vivre  en  fociété.  Bay.  |fCF  Cet  amour  de 
l'indépendance  fe  montre  6c  fe  développe  dès  l'âge 
le  plus  tendre.  L'imagination  d'indépendance  où  les 
Princes  font  nourris,  leur' fait  croire  que  tout  ce 
qui  leur  plaît  eft  permis.  Flec.  L'efprit  d'indépen- 
dance eft  naturel  aux  grands  Seigneurs.  Il  n'y  a  rien 
de  fi  doux  que  l'indépendance.  Patru.  Les  filles  cher- 
chent dans  le  mariage  le  bonheur  de  l'indépendance. 
M.  Esp.  Il  ne  faut  pas  aftcder  une  indépendance 
féroce  &  indocile.  S.  ÉvR.  Le  Sage  eft  le  feul  qui 
vit  dans  l'indépendance. 
Indépendance  ,  fe  dit  aulîl  de  ce  que  l'on  confidère 
fans  connexité ,  fans  relation  à  autre  chofe.  Les  rai- 
lonnemens  qu'on  fait  par  abftradion  fe  font  avec 
indépendance  :  fans  conlidérer  la  Uailon  qui  eft  entre 
les  chofes  j  &  leur  matière. 
INDÉPENDANT  ,  ANTE.  adj.  Libre,  qui  eft  maî- 
tre de  foi-même  ,  qui  ne  dépend  point  d'un  autre. 
A  nullo  pendens  ,  arbitri  fui  homo.  Il  eft  indépendant 
de  qui  que  ce  fait.  Il  eft  beau  qu'il  le  trouve  dans 
le  Chriftianilme  quelques  âmes  fi  détachées  de  la 
terre  ,  &  d'elles  mêmes  ,  qu'elles  feir.blent  être  in- 
dépendantes du  corps  auquel  elles  font  attachées.  L. 
d'Ab.  a  ÉloÏse.  L'cffence  de  la  Divinité  eft  que  tou: 

Sij 


I40  I  N  D 

dépende  d'elle  ,  &  d'être    indépendante.  Ad.  de  T. 

iToye^^   DÉPENDANT    &   DÉPENDRE. 

On  a  appelé  autrefois   Indépendans  les   Evcques 
qui  étoient  exempts  de  la  jurifdidion  de  leur  Métro- 
politain j&  fournis  immédiatement  au  Pape.  On  les 
nommoit   autrement    Acéphales,  comme   nous  l'a 
vons  dit  à  ce  mot. 
Indépendant  ,  ante.  Nom   qu'on  donne  à  quelques 
Seftaires  d'Angleterre  &  des    Provinces  Unies.    Ils 
ont  été  ainlî  appelés  ,  parce  qu'Us  font  profeilion  de 
ne  dépendre  d'aucune  autre  allcmblée  Ecclciiaftique. 
Indipcndcntes.   Ils  prétendent  que  chaque  Ej^lile  ,  ou 
Congrégation  particuhère  ,  comme  ils  parlent  ,  a  en 
elle-même  radicalement  &  eilentiellcment   tout   ce 
qui  eft  nécellaire  pour  fa  conduite  &  pour  fon  gou- 
vernement i  qu'elle  a  toute  la  puillance  eccléhafti- 
que  &  toute  la  Jurifdiclion  ,  S>z  qu'elle  n'eft  point 
fujette  à  uneouplufieurs  Églifes,  ni  à  leurs  Députés, 
ni  à  leurs  allémblées  ,  ni  à  leurs  Synodes  ,  non  plus 
qu'à    aucun  Évêque.  Bien  que  les   Indépendans  ne 
croient  pas  qu'il  foit  nécciraire  d'allembler  des  Sy- 
nodes ,    ils   difent  que  11  l'on    en   tient ,   on    doit 
confidérer    leurs  réfolutions    comme    des    confeils 
d'hommes  fages  &  prtidei-is  ,  auxquels  on  peut  défé- 
rer ,  &  non    comme   des  décihons  auxquelles  on 
foit  obligé  d'obéir.  Ils  conviennent  qu'une  ou  plu- 
fieurs  Éghfes  peuvent  aider  une  autre  Églife  de  leurs 
confeils    «Se  de  leurs    fecours  ,   la  reprendre  même 
lorfqu  elle  pèche ,  pourvu  qu'elle  ne  s'attribue  point 
le  droit  d'une  autorité  fupérieure  qui  ait  le  pouvoir 
d'excommunier.    M.  Stoupp  ,  qui  parle  de  la  forte 
des  Indépendans  ,   ajoute  ,    que  leur  nom  les  avoit 
rendus    fort  odieux  ,  même    aux    Protellans  ,  mais 
que  la  confellion  de  foi  que  ceux  d'Angleterre  pu- 
bhèrenr  en  i6j8  ,  dans  ime  de  leurs  allémblées  ,  fit 
voir  qu'ils  n'avoient  aucuns    fentimens  particuliers 
touchant  la  Dodrine  ,  &  qu'à  cet  égard  ils  étoient 
en  tout  d'accord  avec  les  Réformés.  Et  en  effet ,  cette 
indépendance  regarde  plutôt  la  politique  ,  &  la  dil- 
cipline  ,   que  le  fonds  de  la  Religion.  Les  Indépen- 
dans d'Hollande  font  fortis  des   Brouniftes.  Robin- 
fon,  père  de   tous  les  Indépendans  des  Provinces- 
Unies  ,  ne  lit'  qu'en  commencer  la  fedte.  C'eft  Jean 
Cotton  qui  y  mit  la  dernière  main  l'an   165J. 

Ce  font  les  Indépendans  qui  firent  mourir  le  Roi 
Jacques  Ij  &  comme  ils  étoient  devenus  les  plus  puif^- 
fans  ,  prefque  toutes  les  fedes  contraires  à  l'Eglilè 
Anglicanne  fe  joignirent  à  eux  ^  ce  qui  fait  qu'on 
diflingue  deux  fedes  à' Indépendans.  Les  premiers 
font  Presbytériens ,  &  n'en  diticrent  qu'en  ce  qui 
regarde  le  gouvernement  de  l'Églife.  §3"  Les  Presby- 
tétiens  fournirent  la  haclie  qui  coupa  la  tête  de  Jac- 
ques I  ,  6c  livrèrent  la  vidime  toute  hée  aux  Indé- 
pendans qui  regorgèrent.  Les  autres  que  M.  Span- 
heim  appelle  _/tz:^.v  Indépendans ,  pjcudo-independen- 
tes  ,  font  un  amas  d'Anabaptiites  ,  de  Socinicns  j  de 
Familiariftes  ,  d' Antinomes  ,  de  Libertins  ,  &  de 
mille  autres  hérétiques  tous  plus  infenfés  les  uns  que 
les  autres  ,  qui  le  joignent  aux  Indépendans.  Voye-^ 
Al.  Spanheim ,  Elenehus  controv.  cum  Anahapt. 

Voici  comme  en  parle  le  P.  Dorléans  dans  les 
Révolutions  d'Angleterre ,  L.  IX.  Du  fein  même 
de  cette  fede  (  la  cabale  Presbytérienne  )  étoit  née 
depuis  quelque  temps  ,  fous  prétexte  d'une  plus 
grande  réforme,  une  autre  fede  non- feulement  en- 
nemie du  Roi ,  mais  de  la  Royauté ,  qu'elle  entre- 
prit d'abolir  tout-à-fait  ,  pour  former  une  Répu- 
blique ,  au  gouvernement  de  laquelle  chacun  pût 
avoit  part  à  fon  tour.  On  ne  peut  dire  précifément 
quand  cet  étrange  delfein  fut  formé  par  la  fede  des 
Indépendans.  C'eft  le  nom  qu'on  avoit  donné  à  la 
fede  dont  il  s'agit  j  fur  ce  que  faifant  profeilion  de 
porter  la  liberté  Evangélique  encore  plus  loin  que 
les  Puritains ,  non-feulement  elle  ne  vouloit  point 
d'Évêques ,  mais  elle  rejettoit  même  les  Synodes  , 
prétendant  que  chaque  affemblée  devoit  fe  gouver 
ner  elle-même  indépendamment  de  toute  autre  ,  & 
faifant  confifler  en  cela  la  liberté  des  enfans  de 
Dieu.  D'abord ,  on  n'avoit  diflingue  cette  nouvelle 


I  N  D 


nature  de  Sedaires  entre  les  Presbytériens  ,  que 
comme  on  diflingue  les  fervens  des  tièdes  ^  &  les 
parfiits  des  relâchés  ,  par  un  plus  grand  cloigne- 
mcnt  des  pompes  &  des  prééminences  ,  foit  dans 
l'Eglife  ,  foit  dans  l'Etat  j  par  un  plus  grand  zélé  à 
réduire  la  pratique  de  1  Evangile  à  fa  première  pureté  , 
par  des  prières,  des  entretiens  ,  des  difcours  même 
où  il  paroiffoit  de  l'enthoufiafme  &  de  l'inlpiration. 
Leur  maxime  fur  l'indépendance  les  lit  diftinguer 
en  leur  faifant  donner  un  nom ,  &  les  rendit  fuf- 
peds  aux  autres.  Il  y  eut  quelquefois  des  démêlés 
entr'eux  ,  malgré  Icfqucls  ceux-ci ,  joignant  l'artifice  , 
la  flatterie  ,  les  prometles ,  les  fervices  même ,  aux 
airs  de  réforme  qu'ils  fe  donnoient  ,  avancèrent 
tant ,  qu'ils  formèrent  une  fede  nombreufe  des  du- 
pes de  leur  hypocrifie  ,  &c  une  fadion  redoutable 
des  hommes  ambitieux  &  intérellés  que  leur  gagna 
dans  toutes  les  fedes  leur  adretle  &c  leur  politique. 
l'oyc^  auflî  fur  la  fede  des  Indépendans  ,  Georg.  Hor- 
nius  ,  mjl.  Ecdef.  Nov.  Tefi.  Penod.  III  ^  An. 
III ,  §  14  &fuiv. 

En  France ,  le  Synode  de  Charenton  condamna 
les  Indépendans  ,  lur  ce  qu'ils  difoient  que  chaque 
Egliie  devoit  fe  gouverner  elle-même ,  fans  aucune 
dépendance  de  perfonnc  en  matières  Eccléfiajïiques. 
Cette  propofition  fut  déclarée  en  ce  Synode  autant 
préjudiciable  à  l'Etat  qu'à  l'Eglife.  On  y  jugea  c^\'elle 
ouvroit  la  porte  à  toutes  fortes  d'irrégularités  &  d'ex- 
travagances ,  en  ôtoit  tous  les  remèdes  ,  &  donnait 
lieu  de  former  autant  de  religions  que  de  paroijfes. 
D'où  M.  Boiluet  conclut  dans  fa  conférence  avec 
le  Miniflre  Claude  ,  que  fi  ,  quelque  Synode  qu'on 
tienne  j  on  ne  fe  croit  pas  obligé  à  y  foumettre  fon 
jugement ,  comme  le  difoit  ce  Minifhe  avec  les 
Calvinifles ,  on  n'évite  pas  les  inconvéniens  des  In- 
dépendans :  &  on  laifle  la  porte  ouverte  à  établir 
autant  de  religions*,  je  ne  dis  pas  qu'il  y  a  de  pa- 
roiffes  ,  mais  qu'il  y  a  de  têtes.  On  en  vient  donc 
par  néceifité  ,  ajouter  il  ,  à  cette  obligation  de 
foumettre  fon  jugement  à  ce  que  l'Eglife  Catholique 
enfeigne. 
Indépendant  ,  fe  dit  aufîi  de  ce  qui  n'a  rien  de  com- 
mun ,  qui  n'a  point  de  connexité  avec  un  autre. 
On  a  demandé  la  disjondion  de  ces  deux  atlaires , 
parce  qu'elles  font  indépendantes  l'une  de  l'autre  , 
qu'elles  n'ont  rien  de  commun.  Ce  point  eft  indé- 
pendant de  la  queftion. 
INDÉPENDANTISME,  f.  m.  Sede  des  Indépen- 
dans ,  Independentium  fecla  ,  Independentifmus.  Se- 
lon Leidecker  ,  V Indépendantifme  efl  une  Démocratie 
tendante  à  l'Anarchie ,  qui  détruit  toute  fupériorité  , 
&  toute  diftindion  de  rang  dans  l'Eglife^  &  dans 
fon  gouvernement,  h' Indépendantifme  eft  né  parmi 
les  Anabaptiftes.  Il  ne  fubfifle  qu'en  Angeleterre  , 
&z  dans  les  Colonies  Angloifes  de  l'Amérique.  Au 
X'VF.  fiècle  un  Calvinifle  François ,  nommé  Morel , 
voulut  l'introduire  ;  mais  le  Synode  de  la  Rochelle , 
où  préfidoit  Bèze  ,&  celui  de  Charenton  en  1644, 
condamnèrent  cette  erreur.  On  accufe  Grotius  d'a- 
voir aulli  donné  dans  \ Indépendantifme.  Tout  Pro- 
teflanr  qui  luivra  les  principes  de  filéde  y  doit  don- 
ner. Voye\  le  livre  de  la  difcipline  des  Calviniftes 
imprimé  à  Charenton  en  1667.  M.  Boiluet,  E.xpo- 
Jit.  de  la  Foi  ,  p.  J $2  &  fuiv.  Confer.  avec  M. 
Claude,  p-  44  ^  fuiv.  S  S  &  fuiv.  Leidecker  dans 
fes  Notes  fur  l'hift.  Eccléf  d'Honorius,  Part.  III, 
.  Art.  j,'.,  §  14,  &c  Honorât.  Reggius ,  ^e 7?t2f.  Eccl. 
in  Britan,  Cette  fede  à' Indépendantifme  a  fait  d'é- 
tranges ravages  en  Angleterre.  Plufieurs  Puritains 
la  préféroient  à  toutes  les  autres ,  parce  qu'elle  étoit 
plus  commode,  plus  libre,  car  ils  rejettoient  toute 
forte  de  gouvernement  Éccléfiafbque.  Ils  préten- 
doient  que  pour  prêcher  on  n'avoit  bcfoin  ni  d'im- 
pofition  des  mains,  ni  d'aucune  autre  marque  exté- 
rieure de  députation  ou  de  million  ,  qu'il  n'y 
avoit  qu'à  fuivre  le  mouvement  intérieur  du  Sainr- 
Efprit ,  que  chacun  ,  de  quelque  condition  qu'il 
fiit ,  pouvoit  faire  les  inftrudions  publiques  ,  félon 
qu'il  le  fentoit  infpiré  de  Dieu  ,  parce  que  les  dons 


I  N  D 


de  Dieu  fe  dounoieiit  à  tout  le  monde. 

INUEilK'JCllBILITË.  L  t'.  Qualité  de  ce  qui  ne  fc 
peut  dctruiic.  Le  Soleil  ,  h  Lune  ,  tous  ks  AC 
nxs  a).mt  été  inalrénuiles  dans  leur  gtandcur,  ti- 
guie  ,  politioii ,  aiouvemciu  ,  depuis  iix  mille  ans , 
ou  coacluc  qu'ils  font  taits  pour  1  être  toujours  , 
Se  qu  ils  portent  dans  leur  fubftance  &  dans  leur 
ftructurc  les  priiieipes  ,  les  railbns  méthaniquts  de 

leur  perpétuité  ,  de  leur  indcjlruclibilué Mcm. 

de  Ircvoux,  Avril,  I737- 

iNDESTKUCiIBLE.  adj.  Qui  ne  peut  être  détruit 
Le  mclange  des  efpèces  peut  bien  perpétuer  &:  mul 
tiplier  certaines  diverlltés  dans  la  tonne  extérieure  , 
&  dans  les  inclinations  des  animaux.  Le  paliaj;e  des 
poulllères  de  la  Heur  d'un  poirier  dans  le  piltil  des 
rieurs  d'un  autre  poirier  ,  peut  bien  foire  un  mélange 
de  qualité  ,  &C  nous  enrichir  d'une  nouvelle  elpèce 
de  huics:  niais  le  genre  de  1  animal  ou  de  la  plante 
eil  indcfimciihle  ;  &  le  mouvement  des  caulcs  ac- 
ceiîoiics ,  qui  n'en  change  jamais  le  fond  ,  n'a  point 
pu  les  f-'ormer.  Spccl.  de  la  Nat.  t.  4,  p.  s^P- 
f^oy^i  LmgÉaÉrable.  Mon  fentiment  eft  que  toutes 
les  aines  des  bctes  (ont  indejlruclibles  ,  parce  qu'elles 
font  incorporelles  &:  fans  parties.  Leibnitz. 

INDLTERMLNATION.  f.  f.  Irréfolurion.  L'état  ,  la 
dilpofidon ,  la  fituation  d'un  homme  qui  eft  indé- 
terminé j  irrélolu.  Inddtcrminatio.  Cet  homme  ne 
fait  à  quoi  fe  réioudre  ,  il  eft  dans  une  indétermina- 
tion coî.tinuelle.  C'eft  aufti  l'état  d'un  homme  avant 
qu'il  fe  détermine.  Ce  jeune  homme  n'a  pas  en- 
core pris  fon  parti  pou:  la  robe  ou  pour  la  guerre. 
Il  eft  encore  dans  ['indétermination. 

Ce  mot  fe  dit  auili  des  chofes  ,  &  dans  le  dog- 
matique on  le  dit  des  propohtions  dont  on  n'af- 
[igne  pas  en  particulier  la  qualification.  Les  Ap- 
pclans  ont  tiré  leur  principale  objedion  de  ce  que 
les  cent  une  propofitions  y  font  cenlurées  en  gros , 
fans  quelle  marque  quelle  qualification  chaque 
propolition  mérite.  L'oblcurité  qui  rélulte  de  cette 
indeterminatton  empêche  ,  di.entils,  que  la  Bulle 
ne  puilîe  être  règle  de  Foi.  J  ai  répondu  à  ce  foi- 
ble  argument  par  l'exemple  du  Concile  de  Coni- 
tance.  Languet. 

INDEXER  ML\É  ,  ÉE.  adj.  §3"  Qui  eft  indilïerent ,  qui 
n'eft  pas  plus  détermine  a  une  choie  qu'a  une  autre.On 
dit  en  l'hiiolophie  que  la  matière  elt  indéterminée 
au  repos  &  au  mouvement,  pour  dire  qu'elle  n'a 
d'elle  même  ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  deux  qualités  j 
Se  qu'elle  peut  également  recevoir  l'une  ou  l'autre. 

Indetirmine  ,  le  dit  aulh  d  un  homme  loible  ôc  incer- 
tain j  qui  n'a  point  pris  ,  ou  qui  a  de  la  peine  a  pren- 
dre la  rélolution.  Animi  pendens.  Il  y  a  des  gens 
avec  qui  un  ne  peut  nen  conclure  ,  parce  qu'ils  font 
toujours  irréfoJSs  &  indéterminés.  Avoir  une  ten- 
d.ciJe  va^ue  Sirindetermnee.  Corn. 

Indéterminé,  en  termes  de  Géométrie  ,  fe  dit  d'une 
quantité  de  temps  ou  de  lieu  ,  qui  n'a  point  de 
bornes  certaines  6c  prelcrites.  On  appelle  une  ligne 
inlinie  ,  celle  qui  eft  indéterminée  ,  celle  qui  eft  II 
grande  qu'on  veut ,  dont  on  ne  limite  point  la  lon- 
gueur. Un  problème  indéterminé  eft  celui  dont  on 
peut  donner  plulieurs  folutions  ,  comme  fi  on  de- 
mande un  nombre  qui  foit  multiple  de  4  &  de  /. 
Car  ce  fera  zo  ,  46  ,  60  ,  &c.  à  1  infini.  M.  Preftet 
appelle  analyle  indéterminée  ,  celle  oh  les  quelîions 
peuvent  recevoir  une  infinité  de  réfolutions  dif- 
férentes. 

INDÉTERMINÉMENT.  adv.  D'une  manière  qui 
n'eft  point  précile  ,  ni  déterminée.  Il  nous  a  entre- 
tenu de  cette  aftaire  en  termes  généraux  &  itidéter- 
minément ,  fins  aucune  Ipécification. 

INDÉVOT  ,  OTE.  adj.  Qui  n'a  point  de  dévotion. 
Minime  plus.  Homme  indévot.  Subft.  Ceft  un  in- 
dévot. 

INDÉVOTEMENT.   .adv.   D'une   manière   indévote. 

Parum  pu. 
INDÉVOTION  ,  f.  f.  Manque  de  dévotion.    Indevo- 

tio.   Il  fcandiiife  tout  le  monde  par  fon  indévotion. 

Voye-^  Dévotion. 


1  N  D  141 

INDEX,  f.  m.  Le  fécond  doigt  de  la  main  ,  celui  d'a- 
près le  pouce  ,  qui  nous  (ért  à  montrer  quelque 
choie  avec  le  doigt.  Les  Grecs  le  noUimcnt  /ix«»os, 
qui  iignific  lechcur  ,  par  ce  qu'on  le  met  dans  les 
(  tuces  pour  en  goûter  y  Se  tju'après  on  le  lèche. 
D'autres  prétendent  que  c'eft  ordinairement  celui 
du  milieu  qu'on  trempe  dans  les  L.ueeSj  6c  que 
l'index  peut  avoir  acquis  plutôt  ce  nom  de  ce  que 
c'eft  celui  dont  les  nourrices  fc  fervent>pour  pren- 
dre la  bouille  qu'elles  donnent  à  leurs  nouriilioi.s. 
Se  de  ce  qu'ordinairement  elles  le  léeher.t  pour 
goûter  fi  elle  n'eft. point  trop'chaude.  Les  Anciens 
portoient  des  bagues  à  l'index.  Doigt  index. 
Index  ,  en  terme  d'Aftrononiie ,  eft  un  itylcqui  tourne 
.avec  le  globe  dans  un  petit  cercle  attache  lut  le  Mé- 
ridien vers  le  l'ôle  Arclique.  On  l'appelle  autic- 
ment  Gnomon.  Quelques  uns  appellent  aulli  de  ce 
nom  le  ftyle  des  cadrans. 

En  terme  d'Algèbre  ,  Index ,  eft  la  même  chofe 
que  le  caraélériftique  ou  l'Expolant  d  un  logarithme. 
Harris. 
Index.    Terme    d'Horlogerie.    Petite   aiguille  fixe  qui 
marque  fur  un  cercle  mobile  les  divifions  qui  y  font 
gravées. 
Index  j  dans  le  commerce.  Les  Négocians  &  Teneurs 
de  livres  nomment  ainfi  un  livre  compofé  de  vingt- 
quatre  feuillets,  quife  tient  par  ordre  alphabétique, 
dont  on  le  fert  pour  trouver  lacilemeijt  ce  que  l'on 
veut  chercher  lut  le  grand  livre ,  ou  livre  de  rai- 
fon.  L'Index  fe  nomme  auilî  Alphabet ,  Table  ou 
Répertoire. 
Index  ,  eft  auffi  la  table  qu'on  met  à  la  fin  des  livres 
.  Latins.  §C?  Le  mot  de  table  eft  plus  ul.té  ,  Se   leul 
en  ulage  en  parlant  des  livres  François.   Un  index 
bien  fait  eft  d  un  grand  lecours  dans  un  livre 

On  dit  aullî  en  parlant  des  livres  cenfuits  ,  qu  ils 
font  à  l'index  ,  c'eft  à  dire  ,  dans  le  Catalogue  des 
livres  défendus  par  le  Concile  de  Trente.  On  dit 
aulli  dans  l'indice. 

Il  y  a  à  Rome  une  congrégation  de  l'indice  ,  ou  de 
l'index  ,  à  laquelle  appartient  le  droit  d'examiner 
les  livres  qui  y  doivent  être  inférés.  Se  dont  la 
lecture  eft  défendue  abfolument  à  l'égard  de  quel- 
ques-uns 3  &  pour  quelques  autres ,  Donec  corri- 
gantur ,  c'eft  à-dire  ,  julqu  à  ce  qu'ils  foient  cor- 
rigés, yoye^  Indice. 
INDIC.  Foyei  INDIGO. 
INDICANl'.  adj.  Toy^?  INDICATIF. 
Indicant.  Surnom  donné  à  Hercule.  ï'''oye\  fur  ce 
mot  Cicéron  ,  dans  le  premier  Livre  de  la  Divina- 
tion. 
Indicans.  adj.  m.  pi.  Indicantia.  Ce  font  des  circonf- 
tances  que  l'on  obkrvc  dans  un  malade  ,  relatives  à 
fon  état  pallé  ,  préfent  &  tutur  ,  lefquelles  ir.diquent 
ce  qu'on  doit  faire  pour  le  foulager.  Dict.  de 
James. 
INDICATEUR,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Mufcle 
de  l'index  ,  c'eft-à  dire  ,  du  fécond  doigt  qui  luit  le 
pouce.  Indicator.  Le  premier  des  mufcles  propres 
de  l'index  eft  l'indicateur  ,  ainfi  appelé  parce  qu'il 
nous  fert  à  indiquer  quelqu'un.  Il  prend  origine  de 
la  partie  moyenne  &  poftérieure  de  1  os  du  coude  , 
Se  va  s'inlerer  par  un  double  tendon  à  la  deuxième 
phalange  de  1  index  ,  Se  au  tendon  du  grand  exten- 
leur ,  pour ,  conjointement  avec  lui ,  fervir  à  éten- 
dre ce  doigt.  Dionis. 
^  INDICATEUR  ,  fe  dit  auffi  dans  le  langage  ordi- 
naire de  celui  qui  fait  connoître ,  qui  dénonce  un 
coupable.  On  ne  doit  rien  négliger  de  ce  qui  mené 
à  la  découverte  d'un  grand  crime  :  ainli  dans  un  État 
où  il  y  a  des  efclaves ,  il  eft  natuiel  qu'ils  puiffent 
être  Indicateurs  ;  mais  ils  ne  fauroient  être  témoins. 
INDICATIF  ,  IVE.  adj.  Qui  fait  cohnoître  ,  qui  indi- 
que quelque  chofe.  Quod  indicat.  La  grande  kicnce 
d'un  Médecin  eft  de  bien  connoître  tous  les  lignes 
indicatifs  d'une  maladie.         ^ 

On  appelle  colonne  indicative  ,  une  colonne  qui 
fert  à  marquer  les  marées  le  Jpng  des  côtes  mari- 
times de  l'Qcém. 


142^  ï  N  D 

gcr  Les   Théologiens  appellent  indicative  ,  h  fornrc 
d'un  Sacremcii:  qui  cit  abloliie  ,  dans  laquelle   k- 
Miniftie    paile    avec   autorité  ,    &  comme  en  Ion 
nom.  Sa  dénomination  vient  de  ce  que  cette  Ibrme  eft 
énoncée  au  temps  prclent  du   mode  que  les  Gram- 
•mairiens  appellent    Indicatih    Ego   ce   ahfolvo  ,    je 
vous  abfous,  eft  une  forme   indicative.    Que  Dieu 
vous   abfolve  ,  el\  une  forme  deprccative  employée 
chez  les   Grecs.    La  forme    de   l'Eucharillie  &  du 
Baptême ,  de   l'aveu  de  tout  le  monde ,  a  toujours 
été  indicacive. 
Indicatif.    Terme   de    Grammaire.    C'eft  le  premier 
mode  ,  ou  manière   de   conjuguer  les  verbes  ,   qui 
marque   le  temps  prélent ,  palîé  ,   ou  tutur.     Indi- 
■■cativus  modus.  J'aiim  eft  le  temps  prélent  de  \Iii- 
■dicatif  ;  J'aimois  ^  le  temps  imparj-ait  ;  J'ai  aime  , 
le  prétérit  ;  J'aimerai ,  le  futur    de  VIndkattj.  C'clt 
une.  remarque  de   M.  Ménage  j  que  la  (ecofide  per- 
fonne    de   l'Indicatif  finit    toujours  par  une  J.  Tu 
allem^/ej  ,  Tu  obli^'t^;  &  non  ,  tu  zAtmhle  ,  ou  tu 
ohWge.  Les  bons   Poètes  regardent  comme  un  lolé^ 
cifme  lorfqu'on  pèche    contre  cette   règle.  Se  M. 
d'Haynaut  fut   obligé  de  corriger  fo.n  beau  Sonnet 
fur  l'Avorton  ,  parce  qu'au  fécond  vers  du  premier 
Tercet  il  étoit  tombé  dans  cette  faute ,  ayant  mis  tu 
•rentre  aujourd'hui  (ans  s.  On  ne  trouvera  pas  de  pa- 
reilles licences  dans  Defpréaux-,  &  le  P.Bouhours  diloit 
en  parlant  d'une  f^tute  de  cette  nature ,  qui  ie  trouve 
'deux  fois  dans  le  fonnet  du  Miroir  du  Comte  d'Eta- 
lan  ,  que  cette  faute  de  Grammaire  ne  te  pardojuie- 
roit  pis  aujourd'hui. 

INDICATION,  f  f.  §CF  Ceft  en  général  l'adion  par 
laquelle  on  indique,  ^oje^  Indiquer.  Indicatto. 
Il  fut  arrêté  (ur  {'indication  d'un  tel. 

§C?  Ce  terme  eil  (ouvent  employé  en  Médecine  pour 
fîgnifier  l'invention  d'un  remède  propre  pour  gué- 
rir une  maladie  par  la  connoillance  qu'on  a  de  la 
qualité  de  ce  remède.  Ce  qui  conduit  le  Médecin  a. 
le  trouver  j  s'appelle  indicant.  {fJ'  L'indication  eft 
proprement  le  dellcin  ,  l'objet  à  icmpViv.  Vindicant , 
c'elt  l'état  du  malade  qui  fournit  des  indications, 
ôc  qui  détermine  le  Médecin  à  procéder  d'une  fa- 
çon particulière  ,  à  employer  certains  fecours  d'a- 
prcs  les  indications.  Ces  (ecours  font  dits  indiques, 
^'indication  tend  ou  à  conlerver  l'état  lain  & 
naturel  ,  ce  qui  la  fait  appeler  indication  v'italc  ; 
ou  à  éloigner  ce  qui  eft  contre  nature.  Cette  féconde 
indication  regarde  ou  la  maladie ,  &  on  la  nomme 
indication  curative  ;  ou  la  caufe  antécédente ,  &  on 
l'appelle  indication  préfervat'ive  ;  ou  les  l'ymptômes 
preftans ,  &c  celle-ci  eft  appelée  indication  fympto- 
mat'ique. 

Indication  ,  en  Jurifprudence  lignifie  auftl ,  Enfeigne- 
ment.  Déclaration.  L'indication  qu'on  m'avoit  faite 
de  ces  héritages  pour  appartenir  à  mon  débiteur  , 
s'eft  trouvée  faulle.  gCf  Dans  ce  fens  l'indication 
eft  11  déclaration  des  biens  d'un  débiteur  j  que  fait 
au  créancier  celui  qui  eft  pourluivi  comme  détemp- 
teur  d'un  héritage  ,  afin  que  ce  créancier  dilcute  les 
biens  de  ce  débiteur.  Il  faut  que  la  partie  falle  l'in- 
dication de  la  pcrfonnc  contre  laquelle  elle  a  fait 
décréter  fous  le  nom  de  quidam  ,  avant  que  de  le 
faire   arrêter. 

INDICE,  f.  m.  §CF  Ceft  en  général  un  figne  appa- 
rent qui  nous  fait  préfumer  qu'une  choie  eft  ;  dei 
conjectures  defquellcs  on  tire  des  conféquences  pour 
établir  un  fait  dont  il  s'agit.  Indicium.  J'ai  de  grands 
indices  ,  de  violens  indices  que  cela  eft  ainh.  J'ai 
quelques  indices  que  cet  intervenant  ne  fait  que 
prêter  fon  nom  à  ma  partie.  En  matière  criminelle 
on  appelle  indices ,  certaines  circonftances  qui  font 
penler  que  l'accufé  eft  coupable  du  crime  dont  il 
eft  prévenu.  Quelques  violens  que  (oient  les  indi^ 
ces  ,  ils  ne  forment  jamais  une  preuve  (ufHiante 
pour  condamner  un  acculé.  Ils  font  feulement  naî 
tre  des  foupçuns  ,  &:  plulieurs  qui  concourent  peu- 
vent être  conhdérés  feulement  comme  un  commen- 
cement de  preuve. 

§3°  LndicEj  ie  dit  quelquefois  pour  index  table  d'im 


I  N  D 


livre.  Mais  dans  ce  fens  on  ne  le  dit  guère  que  du 
catalogue  imprimé  des  livres  défendus  à  Rome. 
Mettre  un  livre  à  l'indice  ou  à  l'index  ,  c'eft  le  met- 
tre dans  ce  catalogue. 

Et  l'on  appelle  Congrégation  de  ['indice  ou  de  l'in- 
de.x  ,  celle  qui  eft  chargée  d'examiner  ces  fortes  de 
livres. 

Quelques-uns  fe  (ont  aulli  fervis  du    mot  indice 
pour  déligner  le  lecond  doigt  delà  main,  celui  d  a- 
près  le   pouce  ,  dont  nous  nous  fervons  pour  mon- 
trer quelque  choie  au  doigt.  Ind'ig'itare.  Il  faut  dire 
le  doigt  index  ,  ou   iimplement    l'index.  Index  di- 
gitus. 
Indice.  En  termes  d'Horlogerie  ,  on  donne  le  nom 
d'indice  à  l'aiguille  des  cadrans ,  des  montres  &  des 
horloges.    Le    mouvement  des   planètes  qu'on  peut 
ajouter  à  une  horloge  j  conhfte  à  mettre  une  aijjUille 
ou  indice  qui  fille  voir  le  lieu  du  zodiaque  où   eft 
la  planète.  Le  P.  Alexandre.  Ce  Religieux  (e  ferc 
prclque  toujours  du  terme  d'indice  y  préférablement 
à   celui  d'aiguille.  Chap.  j  ,  pag.  211  &fu'iv. 
INDICE   EXPURGATOIRE  du  Menagiana.  Ceft  le 
titre  que    M.   de  la  Monnoie  a  donné  aux  cartons 
qu'on  voulut  lui  faire   mettre  au  Ménag'iana   qu  il 
publia  à  Paris  l'an  171  5,  en  quatre  volumes  in-12. 
Ces  cartons  furent  imprimés  à  Paris   &:  à  la  Haye, 
Il  n'étoir  content  ni  de  l'une  ni  de  l'autre  édition. 
Son    intention    étoit  de  les  partager  en  quatre  pe- 
tits cahiers  (éparés  ,  chacun  delquels  auroit  pu  être 
placé   commodément  à  la  fin  de  chaque  volume  , 
(ans  forcer  la  couverture  ,  ainfi  qu'il  s'en  étoit   ex- 
pliqué dans  une  lettre  à  M.  de    Sallengre  ,   qui  au 
lieu  de   fc   conformer   à  l'intention   de   M.    de    la 
Monnoie  ,  inféra  de  (ulte  l'Indice  Expurgatoire  dans 
les   Mémoires    de  Littérature  ,  qu'il  avoit  entrepris 
depuis  peu.  M.  de  la  Monnoie  s''en  plaignoit  amè- 
rement ,    quoique  M.  de   Sallengre  en  eût  détaché 
pour  lui  quarante   exemplaires.   Au  refte  ,  le  Me- 
nagiana demeura  comme  il  étoit ,  &c  le  Public  eut 
les  cartons  de  plus. 
INDICÉ.  Terme  Italien  ,  qu'on  emploie  en  quelques 
phraies  Françoiles    pour  indice  ou  index.  11  y  a  à 
Rome  une  Congrégation  de  l'indicé,  c'eft  une  con- 
grégation qui  examine  les  livres  ,  &:   met  dans  un 
indice  ,  ou  catalogue,  ceux  dont  elle  défend  la  lec- 
ture ,  le  débit  ;  &  alors  on  dit  qu'un  livre  a  été  mis 
à  l'indice  ,  c'eft  à  dire  ,   au  catalogue  des  livres  dé- 
fendus. Car  on  appelle  Indices  ou  Ind'ices  expur- 
gatoires ,  les  Catalogues  des  livres  défendus,  entre 
lefquels  il  y  a  cette    diftérence  ,   que  les    premiers 
condamnent    les    livres  purement   &   iimplement  , 
&  les  autres  le  font  ieulement  julqu'à  ce  qu'on  les 
ait  corrigés.  Cell    Philippe  II  ,  Roi  d'Efpagne  qui 
fit    le  premier   imprimer  un  Indicé  ,  ou  Catalogue 
des  livres  défendus  par   l'Inquilîtîon  d'Efpagne.  Le 
Pape  Paul  IV  à   (on  exemple  en  i  jjj  ,  fit  que  la 
Congrégation  du  Saint  Oince  de  Rome  en  imprimât 
un  ièmblable.    Pie  \Y   envoya  l'examen  de  l'index 
au  Concile  de  Trente  ,  qui  en  a  fait  un.  Depuis ,  le 
Duc  d'Albe  en  fit  imprimer  un  à  Anvers   en  1J71. 
Clément  VIII    en  1J96  en  fit  imprimer  un ,  qu'on 
appelle   le  Romain.   Il  y  en  i  aulîl  des  Cardinaux 
Guiroci  Se  Sandoval,  imprimés  en  ijSj   &    161 2, 
Il  y  en  a  plulieurs   autres   des  Inquiliteurs  &  des 
Maîtres  du  Sacré  Palais.   Le  plus  confidérable  des 
Indices  eft  celui  de  Soto-mayor  j  qui  a  été  fait  pour 
tous  les  États  loumis  au  Roi  d'Efpagne  ,    qui   com- 
prend tous  les  autres ,  &  va  julqu'en   1667.  Le  mot 
d'indicé  en  ce  fens  commence  à  vieillir. 

Ceux  qui  emploient  ce  terme  Italien  ,  le  pro- 
noncent ordinairement  comme  les  Italiens  ind'iché , 
en  failant  (entir  un  h  ,  comme  dans  la  première  lll- 
labe  du  mot  chérir. 
INDICIBLE,  adj.  m.  Se  f.  Inenarrab'ilis ,  'ineffahilis. 
Qui  ne  ie  peut  exprimer  par  des  paroles.  J'ai  une 
joie  indicible  de  vous  voir.  Un  plailir  indicible.  Il 
n'eft  guère  d'ufage  que  dans  ces  phrafes. 


Certes ,  je  trouve 


I  N  D 

Facile  chofe  à  faire  un  impojjlble , 

Et  fort  aifé  à  dire  un  iiîdicible.    Marot. 

INDICROSE,  ou  ROSE  INDIQUE  ,  terme  de  Fleu- 
liflc  ,  nom  d'un  (Eillcc.  Rofa  Indka.  L'Indkrofc 
e(t  un  des  plus  beaux  œillets  qui  fe  puilîc  rencon- 
tiei-  dans  les  couleurs  douces  ;  il  cil  tort  large ,  ex- 
trêmement rond  ,  &c  garni  de  feuilles.  Son  blanc 
de  lait,  les  panaches  gros  il.<:  fort  détachés  ,  pareil- 
fcnt  d'abord  de  couleur  de  cerilc  ,  cnl'uite  de  cou- 
leur de  rofe  ,  &c  fur  la  fin  de  couleur  de  chair.  Il 
ne  crevé  pas  11  on  lui  laiile  cinq  ou  lîx  boutons.  Sa 
plante  porte  un  large  feuillage  vigoureux  ,  &c  fujet 
pourtant  aux  taches  ,  qui  paroiliént  fur  le  blanc 
d'abord  ,  mais  qui  n'ont  rien  de  méchant.  Ses  mar- 
cottes ont  ptiiie  à  prendre  racines ,  &  font  tujettes 
à  la  pourriture  ;  la  Heur  elt  printanière ,  ainfi  on  la 
doit  planter  en  Automne  ,  6c  la  préferver  de  trop 
grandes  pluies.  Morin. 
INDICTION,  f.  f.  Eft  une  convocation  d'une  alfem- 
blée  Eccléiîaftique  ,  comme  d'un  Concile  ,  d'un 
Synode ,  &  même  d'une  Diète.  Indictio.  Vindlclion 
de  ce  Concile  avoit  été  faite  à  un  tel  jour  ,  mais 
elle  fur  remife  à  un  autre.  On  le  dit  auOi  des 
dirtérentes  felfions  d'un  même  Concile.  De-là  vient 
qu'à  la  fin  du  Concile  de  Trente,  le  Décret  par 
lequel  le  Concile  ordonne  le  jour  auquel  la  fef- 
fion  fuivante  fe  tiendra  ,  ce  Décret  ,  dis-je ,  eft 
intitulé  Indiclion  de  la  future  fellîon.  Vlndiclion 
de  la  llxiè.ne  feiiion  fut  fiirc  à  la  hn  de  la  cin- 
quième, pour  le  Jeudi  d'après  la  fête  de  S.  Jac- 
ques ,  &  fut  prorogée  euluite  julqu'au  treize  de 
Janvier  de  l'an  IJ47. 

On  appelle  aulli  Indiclion  Romaine  ,  l'Époque  , 
ou  manière  de  compter  dont  le  fervoient  les  Ro- 
mains, qui  contient  une  révolution  de  quinze  an- 
nées, laquelle  étant  finie  on  revient  à  l'unité,  & 
on  continue  toujours  de  même.  Cette  lupputation 
n'a  aucune  connexité  avec  les  mouvemens  céleftes. 
Elle  eft  encore  en  ulage  dans  les  Bulles  &c  Relcrits 
Apoftoliques.  On  n'en  fait  pas  -bien  l'origine  ;  le 
nom  fignitîe  l'impolîtion  d'un  tribut.  Il  eft  allez 
vraifsmblable  que  c'étoit  ce  que  les  Provinces  dé- 
voient fournir  aux  troupes  pour  leur  lubhllance  ; 
que  cette  impoiuion  le  renouvelloit  tous  les  ans 
un  peu  avant  l'hiver ,  comme  la  taille  parmi  nous  , 
&  que  l'on  en  comptoir  quinze  de  fuite  ,  parce 
que  les  foldats  Romains  étoient  obligés  de  lervir 
quinze  campagnes.  Fleury  ,  Hifl.  Eccléf.  L.  X , 
p.  4.  Quelques  Auteurs  en  rapportent  longme  au 
tems  de  Conltantin  à  l'année  511,  le  premier, 
ou  le  4  ou  le  24  de  Septembre ,  ou  lelon  d'autres  , 
le  premier  d'Oclrbre.  L'indiciion  eft  une  période 
de  I  j  ans  accomplis  ,  dans  Lquelle  le  falloir  le  re- 
couvrement des  impôts  de  l'Empire  ,  ^u<e  indice- 
bantur ,  d'où  vient  le  mot  indiÙio ,  indiclion.  Se- 
lon ces  Auteurs  l'année  3 1  j  fut  la  première  des 
indiclions. 

Au  temps  de  la  rétormation  du  Calendrier  en 
1582  ,  on  comptoit  la  dixième  année  de  {'indiclion 
qui  étoit-  alors  commencée  ;  de  lorte  qu'en  recom- 
mençant à  compter  par  llx  de  l'indiciion  depuis 
cette  année  là  ;  &  en  divifant  par  quinze  la  fommc 
entière  qui  refte  ,  on  aura  Tannée  de  l'indiciion 
courante.  Sur  ce  pié  -  là  en  ajoutant  les  cinq  qui 
manquoient  à  l'indiciion  en  1582,  l'on  comptoit 
en  16S7 ,  1 5  de  l'indiciion.  Or  en  divifanr  par  i  5  ,  les 
112  années  qui  font  écoulées  depuis  1587  ^  jufqu^à 
Tanné  1699,  par  exemple,  il  fe  trouve  7  fois  15 
qui  font  105  ;  après  quoi  reftent  7  qui  lont  le 
nombre  de  l'indiciion  de  cette  année.  Or  depuis 
1699  exclufivement  j  julqu'en  171 8  ,  par  exemple, 
il  y  a  19  ans,  qui  joint  à  7  que  Ion  comptoit 
en  1699  ,  font  16  ,  dont  fi  l'on  retranche  15, 
reftera  11  ;  d'où  il  s'enfuit  qu'en  Tannée  171 8,  il 
.•y  en  avoit  n  de  l'indiciion. 

On  la  trouve  aulTi  en  ajoutant   trois  au   nombre 
•-  des  ans  de  grâce,  &  en  retranchant  quinze  autant 


I  N  D 


143 


de  fois  qu'on  pourra  de  la  lomme  ,  le  refte  fera 
l'indiciion.  |0'  Comme  on  luppole  que  k  cycle  de 
1  indiclion  Romaine  a  comnicncé  3  ans  avant  la 
naillance  de  J.  C.  il  faut  ajouter  3  au  nombre  des 
ans  de  grâce  ,  diviler  le  total  par  1  5  ,  &:  le  nom- 
bre qui  refte  après  la  dernière  divilion  fera  1'^«- 
dicUon.  S  il  ne  refte  rien  ,  l'indiciion  eft  i  j  ,  par 
exemple,  ajoutez  3  à  1767,  divilcz  1770  par  15. 
Le  P.  ï'etau  dit  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  incertain 
en  Chronologie  que  l'indiciion  liomaine  ;  c'cft  à- 
dire  ,  que  Ion  origir.c  Se  fon  commencement.  Ceux 
qui  croient  qu'elle  a  commencé  en  l'an  312  de 
Jesus-Christ  ,  ou  trois  ans  après  fous  Conftan- 
tin  ,  devinent.  Il  y  a  eu  quelques  indiclions  du 
temps  de  l'Empereur  Confiance  ,  comme  on  voir 
dans  le  Code  Théodolien ,  dont  Jacques  Godefroy 
a  donné  la  table  ,  &  qui  en  fait  trois  ou  quatre 
tlpèccs.  Les  Savans  tiennent  que  les  indiclions  n'é- 
toicnt  autre  chofe  que  des  tributs  &:  des  prcftations 
annuelles  ,  dont  on  publioit  tous  les  ahs  le  tarif  j 
mais  ils  ne  lavent  ni  pourquoi  on  a  enfermé  cecy- 
cledans  l'elpace  de  quinze  ans  ,  ni  pourquoi  on  lui 
a  donné  ce  nom  ,  ni  en  quel  temps  ,  ni  à  quelle 
occahon  il  a  commencé.  On  trouve  dans  les  Au- 
teurs trois  lortcs  d  indiaions  ;  l'indiciion  de  Conftan- 
tinople  ,  qui  commençoit  aux  Calendes  de  Septem- 
bre i  l'indiciion  Célancnne  ou  Impériale  r.u  2  4  de 
Septembre  -,  &z  l'indiclon  Romaine ,  qui  eft  celle 
dont  on  fe  lert  dans  les  Bulles  des  Papes  ,  com- 
mence au  premier  de  Janvier.  1^oyc\  Baronius  , 
lur  Tan  312,  Godefroy  ,  Du  Cange  ,  Iviacri ,  &c. 
Les  Papes  ont  connncncé  à  dater  leurs  attes  par 
l'année  des  indiclions  ,  après  que  Charlemagne  les 
eut  rendu  Souverains.  Auparavant  ils  les  datoienc 
par  les  années  des  Empereurs  ,  Se  enfin  ils  les  ont 
datés  par  les  années  de  leur  Pontificat  :  ce  qui 
paroît  par  le  Synode  de  Rome  tenu  en  998  par  le 
Pape  Jean  XV. 

Le  nom  d'indiclion  vient  de  celui  à'indiclio  ,  qui 
veut  dire  dénonciation ,  établijjement  ,  ordre  ,  ordon- 
nance ,  impofition.  Le  temps  de  l'indiclon  des  Empe- 
reurs étoit  celui  où  l'on  avertilloit  le  peuple  de  payer 
une  certain  tribut,  &  c'eft  pour  cela  que  l'indiciion 
Impériale  commençoit  vers  la  fin  de  Septembre  , 
ou  au  commencement  d'Oétobre  ,  parce  qu'alors 
la  récolte  étant  faite  ,  il  étoit  ailé  au  peuple  de 
payer  le  tribut  ordonné  ,  trihutum  ,  indicliim. 
INDICTIVES.  Épithète  que  l'on  donne  à  certains 
jours  de  Fêtes  ciue  les  Magiftrats  Romains ,  le  Con- 
lul  ,  ou  le  Préteur  ordonnoient  ,  indiclivdL  feri£. 
Voyei^  Férié. 

Ce  mot  vient  à'indico ,  j'ordonne  ,  j'annonce  ,  je 
commande. 
INDICULE.  f.  m.  Qui  montre  ,  qui  enfeigne  ,  qui 
annonce.  M.  du  Pin  dit  que  le  Calendrier  JRomain  , 
imprimé  avec  les  notes  du  P.  Fronteau  ,  eft  fort 
utile  ,  &  que  ce  Calendrier  eft  un  indicule  des 
Évangiles  pour  tous  les  Dimanches  &c  Fêtes  de  Tan- 
née ,  li^vT  des  lieux  où  l'on  faifoit  les  ftations  à  Rome. 
INDICULUS.  f.  m.  Terme  de  Collège.  Nom  d'un 
petit  livre  à  l'ufage  des  écoliers  ;  il  contient  les 
noms  de  différentes  chofes  en  Latin  &  en  Fran- 
çois ranges  par  clalfes.  Son  nom  eft  Indiculus  uni- 
verfalis ,  &c. 

Le  nom  d'indiculus  eft  Latin  ,  il  veut  dire  petit 
indice  ;  c'eft  un  diminutif  d'index. 
INDIEN  ,  lENNE.  C.  &  adj.  Quand  ce  m.ot  eft  fubf- 
tantif ,  c'eft  un  nom  de  peuple.  Indus.  Quand  il 
eft  adjc(5tif  ,  il  fignifie  ce  qui  appartient,  ce  qui 
a  rapport  à  ce  peuple  ,  ou  au  pays  qu'il  habite , 
qu'on  appelle  Inde.  Indicus 

Les  Indiens  font  de  belle  taille  ,  grands  la  plu- 
part, forts,  &  de  bonne  conftitution ,  vivant  long- 
temps. La  vie  oilîve  des  Indiennes  fiiit  qu'elles  font 
fort  enclines  au  plailu'.  Tous  les  Indiens  ont  l'ef- 
prit  inconftant ,  l'on  ne  peut  guère  compter  fur  leurs 
paroles.  Les  Indiens  font  mauvais  foldats.  Les  Gym- 
nofophiftes  Indiens  étoient  autrefois  les  Saç;es ,  les 
Savans  ,    les  Philolopiies  des  Indiens:  A'bullarage, 


î44  1  N  D 

qui  au  commencement  de  les  Dynafties  ,  dit  que  les 
Indiens  font  mous  ôk:  Liclies ,   ajoute  dans  fon  ftylc 
aiabel'que ,  qu'ils  lonc  une  mine  de  {agdle  ,  &  une 
fontaine  ,   ou   Ibuixe   de  juftice.  Les  Indiens  regar- 
dent comme  un    honneur  ,  &   comme  Tallurance 
d'une   félicité  éternelle,  de  pouvoir   mourir  en  te- 
nant la  queue   d'une  vache   entre  leurs   mains.  De 
LA    CRÉQUiNitRE  ,   f^oyage  des  Indes  ,  an.  FIIl. 
Les  Indiens  font  vêtus  comme  les  Maures  ,  excepte 
qu'ils  portent  au  front  une  marque  laite  en  croit- 
fant ,  rouge  ,  jaune  ,•  ou  blanche.  Ils  fe  frottent  le 
front  ,  les  uns  de   terre  jaune  ,  les  autres  de  terre 
blanche.  Ils  portent  un  turban ,  i^'  ont  une  cabaie , 
qui   leui'  prend  comme  une  robe  de  chambre  ,  un 
caleçon  ,  des  fandalcs  aux  pics  ,  qui  font    toujouis 
nus  ,  les  cheveux   coupés  ,   &c  une  grande  barbe. 
Pour    marque  d'honneur   les    Indiens  portent   une 
rondache  qui  leur  fcrt  de  bouclier  ,   un  fibre  à  la 
main  ,    &   un   poignard  à  leur  ceinture.    L'Huil- 
Lis  j  Fbyage  des  Indes.  Les  Indiens-  fe  piquent  de 
gravité  ,    comme    tous  les    autres    Orientaux.    La 
Caici-UiNiÈRE.    Les  Indiennes   qui  font  blanches  ^ 
pour  relever  l'éclat  de  leur  teint  ^  &  rendre  leurs 
yeux    plus    languillans  ,   mettent    un   peu  de    noir 
tout    autour.   Cela   fiit  à-peu  près  ce  que   font  les 
mouches  ,  dont  fe  fervent   nos  Dames  en  Europe. 
Idem.    Les    Indiens  ,  hommes   Ik   femmes   lailîent 
croître  leurs  ongles  d'une  longueur  extraordinaire. 
Ils    abhorrent    le  vin  ;  cet    Auteur   croit   que    cela 
vient  apparemmciit  de    la   vertu  des  Brahmcs ,  qui 
ont  inlpiré    de    l'horreur    pour    tout  ce   qui    peut 
<nivrer. 

Les  Indiennes  s'oignent  beaucoup.  On  n'y  voit 
prel'que  jamais  deveiiir  ch.auvcs  ceux  qui  ont  loin 
de  fe  frotter  la  tête  d'huile.  Les  Indiennes  lur  tout 
ont  cette  coutume  ,  is:  ce  leroit  pour  elles  une 
grande  peine  ,  de  n'avoir  pas  toujours  la  tête  lui- 
fante  d'huile.  Comme  elles  n'ont  point  d'huile 
d'olive  ,  elles  fe  fervent  de  celle  de  coco. 
Idem.  Jn.  XXXFI.  En  général  ils  font  très  pro- 
pres ,  &  ils  ont  grand  foin  de  fe  laver.  Id.  An. 
XXXVI.  Le  riz  ell  la  nourriture  ordinaire  des  In- 
diens. Après  qu'ils  l'ont  fait  cuire,  ils  mettent  du 
beurre  &  du  fifran  delfus  ,  avec  quelques  herbes  ; 
d'autres  y  mettent  de  la  viande  &  du  poillon  ,  & 
lis  appellent  cela  des  Caris  ,  Se  ont  grand  loin  que 
le  por/re  y  ^ominc.  A  cela  près  ces  ragoûts  ne 
laiiîènt  pas  d'avoir  leur  bonté.  Idem.  Après  le  riz  , 
le  béthcl  eft  ce  qui  ell  le  plus  en  ulage.  Les  In- 
diens en  ont  toujours  fur  eux ,  &  fe  le  prélentent 
comme  nous  nous  prélentons  du  tabac.  Idem.  ^ 

Les  Indiens  reconnoilfcnt  tous  un  premier  Etre. 
Il  y  a  des  Religieux  Indiens,  qu'on  nomme  Faquirs. 
Les  Indiens  adorent  Priape  fous  des  noms  diftércns  , 
&  ils  ont  beaucoup  renchéri  fur  les  pollures  infi- 
mes fous  lefquclles  les  Egyptiens  ,  les  Grecs  &  les 
Romains  le  repréfentoient.  Plulleurs  en  portent 
une  petite  figure  au  cou  ,  mais  couverte  d'un  peu 
d'argent.  IL  prétendent  obtenir  par- là  la  vigueur 
&  la  fécondité.  Outre  les  dieux  que  les  Indiens 
ont  dans  leurs  pagodes  ,  ils  ont  encore  de  peti 
tes  figures  placées  en  différeiis  endroits  de  leurs 
maifons ,  Se  qu'ils  ont  grand  loin  de  frotter  d'huile , 
&  d'entourer  de  Heurs.  La  CrÉquinière  ,  An. 
FI&  FIL  Ils  .adorent  le  Gange  ,  Se  lui  offrent  des 
facrifices  comme  à  un  dieu.  Phoc  que  les  Chinois 
appellent  Fo  ,  &  Parmefer  ,  font  encore  des  el- 
pèces  de  dieux  des  Indiens  ,  le  premier  Philofo 
phe  ,  Se  le  fécond  Bouvier.  Idem.  Le  P.  Boucher 
Jéfuite  a  beaucoup  mieux  exphqué  le  {yftème  de 
la  Religion  des  Indiens  qu'aucun  autre  ,  dans  une 
lettre  imprimée  au  neuvième  recueil  des  lettres  édi- 
fiantes Se  curieufcs  des  millions.  La  plupart  des  In- 
diens ne  donnent  point  dans  l'Athéilme.  Ils  recon- 
noillent  un  fouverain  Etre  infiniment  parfait,  qu'ils 
appellent  Pamharavaftou.  Ce  Dieu,  trop  élevé  au- 
dellus  des  créatures  pour  avoir  aucun  commerce  avec 
elles ,  a  créé  trois  Divinités  fubalternes  pour  gouver- 
ner  le   monde.    Ces  dieux  inférieurs  font  Bruma, 


I  N  D 

Vichnou  Se  Routrcn.  Il  a  donné  au  preinicr  la  puif- 
lance  de  créer  j  au  fécond  le  pouvoir  de  conferver. 
Se  autroihèmc,  le  droit  de  détruire.  Ces  trois  dieux 
iont  ,  au  ientiment  des  favans  Indiens ,  les  cntans 
d'une  femme  qu'ils  appellent  Parachatti,  c'cft  à  dire  , 
la  puillance  iuprême.  Voye\  le  reftc  de  cette  lettre 
du  P.  Boucher. 

Les  Indiens  font  différens  à  l'égard  de  la  couleur. 
Vers  le  Nord  ils  ne  Iont  que  bafants ,  mais  vers  le 
Midi  ils  Iont  entièrement  noirs.  Ils  Iont  beaucoup 
plus  diiférens  à  l'égard  de  la  Religion.  Il  y  a  quantité 
de  Mahométans  Se  encore  plus  de  Payens ,  dont  plu- 
iieurs  croient  la  Métempfychofe  j  Se  ne  tuent  pour 
cette  raifon  aucune  bcte ,  non  pas  même  les  infettes 
qui  les  incommodent.  Ils  brûlent  les  corps  au  lieu 
de  les  enterrer  ,  &  les  Icmmes  ne  peuvent  pas  le  dif- 
pcnfcr  lans  inlamie  de  le  jercer  dans  le  bûcher  de 
leurs  maris,  à  moins  qu'elles  n'aient  des  entans.  Se 
qu'elles  proteltent  qu'elles  ne  le  remarieront  point. 
Il  y  a  beaucoup  tie  Juifs  dans  l'Inde,  des  Chrétiens 
qui  y  Iont  pallés  de  l'Europe  ,  ou  qui  y  ont  été  con- 
vertis par  les  Européens  i  il  y  a  auili  des  Chrétiens 
originaires  qui  portent  le  nom  de  Chrétiens  de  S. 
Thomas  ,  Se  qui  prétendent  que  cet  Apôtre  a  planté 
le  Chriftianilme  dans  leur  pays. 

On  dit  proverbialement,  faire  l'échange  de  V In- 
dien,  donner  une  chofe  de  petite  valeur  pour  Une 
autre  de  plus  grand  prix ,  ou  comme  dit  Madame  de 
Scudery,  donner  de  bon  or  j  Se  ne  recevoir  que  du 
verre,  à  la  manière  des  Indiens.  Lett.  de  Bussy.  M. 
de  Bully  a  laiilé  un  recueil  de  les  lettres  iSc  de  celles 
qu'il  recevoir  de  les  amis.  Le  mélange  en  eft  agréable  i 
on  y  voit  des  gens  d  épée  &  des  gens  de  robe,  des 
Évêquesj  des  Abbés  Se  des  Moines,  écrire  à  l'envi, 
&  faire  l'échange  de  l'Indien ,  avec  cet  Écrivain  in- 
comparable   Mélange  de  Vigneul-Marville. 

lîjDiEN,  ENNE.  1.  m.  &  f.  Natutcl  de  l'Amérique.  Ame- 
ricanas  Indicus.  Ce  mot  proprement  ne  devroit  fe 
dire  que  des  peuples  qui  habitent  le  pays  de  l'Alîe , 
qu'on  nomme  l'Inde j  ou  les  Indes;  mais  comme  le 
mot  d'Indes  s'ell  attribué  à  l'Amérique  méridionale, 
on  appelle  aulli  Indiens  les  peuples  de  l'Amérique, 
les  Américains  naturels ,  au  moins  ceux  du  midi ,  Se 
même  jufqu'à  la  'Virginie-,  car  pour  ceux  du  Nord  on 
ne  les  appelle  point  communément  Indiens  en  notre 
langue  J  ou  fi  on  le  tait ,  c'eft  très  rarement. 
Océan  Indien.  Voye\  Océan  Oriental. 
Indien.  1.  m.  Terme  d'Aftronomie.  Indus.  Nom  d'une 
conftellation  de  l'hémilphère  méridional ,  invidble 
lur  notre  horiion.  L'Indien  eft  entre  la  Grue  ,  le 
Toucan  Se  le  Paon.  Il  eft  compofé  de  douze  étoiles 
informes  des  Anciens ,  dont  iix  Iont  de  la  quatrième 
grandeur  ,  trois  de  la  cinquième  ,  Se  trois  de  la 
lixième.  /^.  les  cartes  de  Royer;  Se  VOlkm  Indien  , 
c'eft  la  même  choie  ;  mais  les  Alhonomes  dilent  plu- 
tôt l'Indien  que  l'Oileau  Indien. 
tfF  INDIENNE,  f  f  Toile  peinte  qui  nous  vient  de* 
Indes.  Ce  nom  eft  devenu  générique  ,  Se  k  dit  de 
toutes  les  toiles  peintes,  loit  aux  Indes ,  loir  ailleurs. 
■Voilà  une  belle  Indienne. 
Indienne.  Les  Maîtres  Tabletiers-Peignicrs  appellent 
Peignes  à  l'Indienne  j,  des  peignes  à  dents  fines  des 
deux  côtés,  mais  qui  ne  Iont  pas  également  enfor- 
cées. 
Indienne.  C'eft  aufti  une  étoffe,  partie  foie  Se  partie 
laine  ,  qui  le  fabrique  par  les  Hautclilieurs  de  la 
Sayetteric  d'Amiens. 
yCr  INDIFFÉREMMENT,  adv.  Avec  indifférence.  Cç 
qui  fignifie  quelquefois  j  lans  Faire  de  dillindian, 
fins  faire  de  différence  -,  Se  quelquefois,  avec  froideur. 
Nullo  difcrimine  ,  difcrimine  omni  remoto  ,  indijcrimi- 
natim  ,  promifcuè  ,  indiffcrenrcr.  Les  Barbares  ont  fiiic 
un  maftacre  de  tous  les  habitans  de  cette  ville  indiffé- 
remmenCy  fins  diftinétion  de  lexe,  ni  d'.ige.  Bien  des 
gens  s'imaginent  que  pour  être  poli ,  il  fuffit  de  faire 
de  vaines  civilités  indifféremment  à  tout  le  monde. 
Bell.  Il  m'a  reçu  fort  indifféremment ,  fans  me  té- 
moisïncr  ni  haine,  ni  amitié. 
INDIFFÉRENCE,  f.  f.  Qualité  d'une  chofe^  difpofée 

éiralemcnc 


I  N  D 

également  à  ctie  bonne  on  mauvaife.  Indifferentla. 
Vindifférence  Ibmblc  cteindre  cuutc  ioitc  de  volonté. 

Boss.  1.  /-    •      1 

iNDiFrÉaENct^  fe  dit  aiilfi  de  la  diipolitïon  defpnt  de 
celui  qui  ^Cr n'elt  touché  d'aucun  objet,  qui  n'a  ni 
penchant,  ni  éloignemcnt  pouï  un  objet,  qui  n'cll 
pas  plus  affefté  par  (a  jouiHànce,  qu'il  ne  le  ieroit 
par  ia  privation,  qui  n'cll  pas  plus  porté  pour  une 
chofe  que  pour  une  autre ,  pour  un  parti  que  pour 
un  autre,  Jmons ,  ftud'd ,  propenjion'is  vacuitas.  Un 
Philcfophe  doit  regarder  avec  indifférence  la  vie  & 
la  mort  ;  mais  il  fout  que  cette  indtjference  foit  tran- 
quille. S.  ÉvR. 

D'un  homme  dégoûté  des  douceurs  de  l'amour  ^ 
J'affeclûis  en  tous  lieux  l'heureuje  indiftérence. 

Font. 

V  amour  eft  mal  guéri  quand  il  l'cjl  parla  haine  ; 

L'indirtcrence  ejl  plus  certaine. 
On  revient  tous  les  jours  de  la  haine  à  l'amour  j 
Mais  de  /indiftérence  on  n'y  revient  qu'à  peine. 

Corn. 

L'indifférence  d'un  homme  libre ,  &:  détaché  de  tout , 
n'eft  pas  fort  fouhaitable.  S.  ÉvR.  L'indifférence  ell 
honteule  dans  la  difgrace  de  nos  amis.  S.  ÉvR.  Pour 
réulîir  à  la  Cour  il  faut  être  né  avec  un  grand  tonds 
A' indifférence  pour  la  juftice,  ou  pour  la  vérité,  ahn 
de  les  voir  violer  &  de  les  violer  fans  peine  quand 
cela  eft  utile.  Ab.  de  S.  R.  Bien  des  gens  ne  pouvant 
plus  reconnoître  la  Religion  déchirée  par  tant  de  lec- 
tes  ,  font  allés  chercher  un  hinefte  repos  dans  l'indif- 
férence des  Religions.  Fl.  Il  importe  aux  jeunes  gens 
d'éviter  cette  indifférence  générale  qui  eft  ordinaire- 
menrfuivie  de  l'ignorance  &  de  la  fainéantife.  M.  Se. 
Les  pallions  peuvent  produire  de  bons  effets,  mais 
l'indifférence  univerfclle ,  jamais.  Id.  Un  cœur  qui  a 
<°té  bien  touché  ne  fe  détermine  pas  aifément  à  l'in- 
différence.,  il  aime  Se  il  hait  bien  des  fois  avant  que 
d'être  tranquille,  Let.  d'El.  a  Ab.  L'indifférence  de 
Pétrone  pour  la  mort  eft  une  indifférence  molle  <Sc 
nonchalante,  qui  ne  lailfe  aucun  accès  dans  fon  ame 
aux  funeftes  penfées  de  la  mort.  S.  Evr.  On  s'ennuie 
étrangement  quand  on  n'a  que  de  l'indifférence.  Le 
Ch.  de  m.  Si  l'on  vit  fans  peines  dans  l'indifférence  ^ 
l'on  vit  aulli  fans  plaifvrs.  M.  Se. 

A  l'abri  d'une  longue  &  sûre  indifférence  j 
Je  jouis  d'une  paix  plus  douce  qu'on  ne  penfe. 

Des-Houl. 

Je  n'ai  pu  furmonter  la  froide  indifférence. 
Que  cet  ingrat  oppofe  à  mes  tendres  dejîrs. 

La  Suze. 

Les  Myftiques  appellent  fainte  indifférence ,  l'état 
dans  lequel  l'ame  ne  veut  plus  rien  pour  foi,  &  ne 
veut  que  ce  que  Dieu  lui  fait  vouloir  par  fon  attrait  : 
•elle  n'a  plus  de  delu's  pour  Ion  propre  intérêt,  &  elle 
n'aime  que  Dieu  dans  tout  ce  qu'elle  aime.  Elle  veut 
tout  pour  Dieu  &  rien  pour  elle.  Elle  ne  veut  pas 
même  fon  falut  comme  récompenfe ,  mais  feulement 
comme  le  bon  plailîr  de  Dieu.  Fén.  Cependant  la 
fainte  indifférence  n'eft  point  une  indolence  ftupide, 
ni  une  lufpenfion  générale  des  mouvemens  de  l'ame  : 
c'eft  au  contraire  une  détermination  conftante  &  po- 
fitiye  de  vouloir  tout  pour  Dieu.  Elle  n'exclut  point 
ablolument  tous  les  defirs ,  ni  toute  volonté,  &  elle 
ne  condfte  point  non  plus  à  ne  fouhaiter  pas  même 
les  biens  fpirituels  pour  lailfer  faire  Dieu ,  fans  que 
nous  y  mêlions  de  notre  part  aucun  acte  de  volonté 
réelle  &  pofitive.  Une  indfférence  fi  inîenfée  tendroit 
plutôt  à  l'extinclrion  du  Chriftianifme ,  qu'à  la  per- 
fection chrétienne.  Id.  Les  fpéculatifs  qui  abufcnt  de 
\z  fainte  indifférence ,  prétendent  qu'elle  va  jufqu'à 
ne  point  s'oppofer  au  péché;  car  les  permiffions  de 
Dieu  étant  la  même  chofe  que  fes  volontés,  il  faut 
permettre  le  péché  en  nous  ^  quand  nous  nous  ap- 
percevons  que  Dieu  va  le  permettre;  autrement  c'eft 
Tome  V. 


î  N  D 


145- 


réfiftcr  à  0  volonté.  Id.  L'i/2n'(^L'rc«re  univcrfelle  des 
plus  parfaits  Myftiques ,  eft  l'anéantillcment  de  toutes 
ibrtes  de  délits  ,  en  forte  que  l'ame  doit  fe  borner  a 
demander  à  IJ.cu  que  (a  volonté  foit  faite.  Toute  au- 
tre demande  Cii  intérellée,  &  fuppofe  que  l'ame  fou- 
pire  &  gémit  encore ,  ce  qui  ne  compatit  point  avec 
\i.  fainte  indifférejice.  Boss. 
Indifierence.  f.  f.  Terme  de  Pilofophic  &  de  Théo- 
logie.   Indétermination;   Indtffcrentia.  On   diftiiigue 
deux  fortes  iK indifférence.  L'indifférence  aâive  &  \in- 
dijjercnce  pallivc.  L'indifférence  pailive  eft  le  pou- 
voir dctrc  mu,  agité,  déterminé.  Les  cliofes  inani- 
mées ou  privées  de  raifon  font  indiftcrentes  d'une 
indifférence  pailive.  L'indifférence  aétive  eft  le  pou- 
voir ,  la  faculté  de  fe  déterminer  foi-même.  Cette 
indifférence  fictive  fe  diftinguc  en  trois  elpèces.  L'indif- 
jerence  de  contradiétion ,  l'indifférence  de  contrarié- 
té,   &c   l'indfference    de    diverlité.  L'indifférence  de 
contradiction  eft  la  faculté  de  faire  ou  de'ne  pas  faire 
une  chofe.  Elle  s'appelle  indifférence  de  contradic- 
tion ,  parce  que  faire  U  ne  pas  faire  font  deux  contra- 
dictions. L'indifférence  de  contrariété  eft  la  faculté  de 
faire  une  choie,  ou  de  faire  la  chofe  contraire;  par 
exemple ,   d'aimer  ou  de  haïr  ,  de  parler  ou  de  le 
taire.    L'indifférence  de  diverlité  eft  la  puilîance  de 
faire  une  chofe  ou  une  autre ,  comme  de  s'entrete- 
nir ,  ou  de  fe  promener.  La  liberté  nécellàire  pour 
mériter  ou  démériter,  même  dans  l'état  préfent  oii 
nous  fommes ,  demande  néceftkirement  l'indifférence 
adive  ,  &  au  moins  l'indifférence  adivc    d*  contra- 
diction,   f^oy.  LiBERtÉ. 

INDIFFJ£RENr,  ENTE.  ajd.  Indéterminé,  qui  n'ell 
ni  bon  ni  mauvais.  Indifferens.  Là  malignité  humaine 
empoilonne  tout ,  &  les  démarches  les  plus  indifféren- 
tes font  fouvent  mal  interprétées.  La  Pl.  Au  lieu  d'ê- 
tre réduits  à  corriger  nos  inclinations,- il  vaut  mieux 
travaillera  les  rendre  bonnes,  pendanr  qu'elles  font 
encore  indirtérentes  au  bien  &  au  mal.  La  Font 
Les  pallions  indifférentes  font  celJes  dont  les  ofcicts 
.  n'étant  pas  mauvais  d'eux-mêmes,  pourroient  être 
recherchés  par  la  raifon.  Nie.  OnditenPhylique,  que 
la  matière  première  eft  indifférente  à  toute  forte  de 
formes.  0Cr  On  appelle  actions  indifférentes ,  celles 
qui  tiennent ,  pour  ainli  dire ,  le  milieu  entre  les  ac- 
tions juftes  oc  injuftes.  Ce  font  celles  qui  ne  font  ni 
ordonnées  ni  défendues;  mais  que  la  Loi  nous  laifle 
en  liberté  de  faire  ou  de  ne  pas  faire ,  félon  qu'on 
le  trouve  à  propos.  C'eft-à-dire  que  ces  aûions  fe 
rapportent  à  une  loi  de  lîmple  permilîîon  ,  &  non 
à  une  loi  obligatoire. 

Or  qu'il  y  ait  en  effet  des  aftions  de  cette  efpèce, 
c'ell  de  quoi  l'on  ne  peut  deuter  raifonnablemenr! 
Combien  y  a-t-il  decholesqui  ne  font  ni  commandées 
ni  défendues  par  aucune  loi,  foit  divine,  foit  hu- 
maine; &  qui  par  conféquent  n'ayant  rien  d'obli- 
gatoire ,  font  laillées  à  la  liberté,  &  peuvent  être  fai- 
tes ou  omifes,  ainli  qu'on  le  juge  à  propos? 

Mais  s'il  y  a  des  attions  de  cette  efpèce  ,  lorfqu'on 
les  confidère  par  abftraélion,  &  comme  détachées 
de  toutes  les  circonftances  particulières  de  la  per- 
fonne ,  du  temps ,  du  lieu ,  de  l'intention  &  de 
la  manière  ;  §CT  il  n'y  en  a  point  de  telles  dans  la  pra- 
tique ,  parce  que  quand  on  les  fait ,  elles  font  nécef- 
fairement  revêtues  de  toutes  ces  circonftances,  & 
qu'elles  doivent  être  conformes  à  la  loi  de  Dieu  , 
qui  ordonne  de  faire  tout  pour  fa  gloire  :  loi  qui, 
félon  S.  Thomas ,  renferme  le  précepte  nég.atif  de 
ne  rien  faire  qui  ne  le  rapporte  à  Dieu  comme  notre 
dernière  fin. 

On  dit ,  Parler  de  choies  indifférentes  ,  quand  elles 
ne  lont  pas  importantes,  quand  ablolument  elles  ne 
font  tort  à  perfonnc.  On  dit,  tout  cela  m'eH  indiffé- 
rent. Nihil  hic  ad  me. 
jO°  Indifférent  ligniiîe  aullî  celui  dont  l'ame  eft  dans 
cet  état  tranquille  qui  fait  qu'elle  ne  fe  porte  point 
•  vers  un  objet,  qu'elle  ne  le  délire  ni  ne  s'en  éloi- 
gne ,  de  forte  qu'elle  ne  fcroit  pas  plus  affedée  de  la 
jouillance  que  de  fa  privation.  Une  indifférence  gé- 
nérale eft  une  elpèce  de  ftupidité. 


1^6  ^       I  N  D 

Ce  mot  lignitîe  auffi  celui  qui  n';i  pas  plus  de  pen 
chant  pour  une  choie  que  pour  une  autre.  On  le  dit 
encore  des  choies  qui  touchent  peu,  dont  on  ne  ie 
foucie  point.  C'cft  dans  ce  tens  qu'on  dit ,  tout  cela 
m'eft  indiffèrent.  Un  Phiiolbphe  ,  pour  bien  juger  , 
doit  être  indifférent ,  &  n'êtt e  attaché  à  aucune  lédre , 
NuUius  addiclus  jurarc  in  verba  Magijlri ,  in^  neutram 
partem  propenjior.  Un  bon  Juge  cil  indifférent ,  il 
n'époufe  aucun  parti.  Les  MylHques  veulent  qu'on 
foit  indifférent  à  toutes  ces  choies  ,  qu'on  laillc  le 
palfé  dans  l'oubli ,  &  l'avenir  à  la  Providence.  Boss. 
Il  y  a  troD  de  dureté  à  voir  les  maux  d'autrui_  d'un 
œil  indiff^érent.  S.  EvR.  C'efl:  un  homme  indifférent, 
qui  ne  ié  foucie  de  rien.  C'eft  nier  indirectement  une 
Providence,  que  delà  conftituer  dans  une  fituation 
indifférente  pour  tout  ce  qui  fe  palle  ici  bas.  S.  EvR. 
Une  femme  indifférente ,  cfl:  celle  qui  n'aime  rien. 
La  Br.  Tandis  que  vous  brûlez  d'une  fecrette  Ham- 
me  ,  vous  copiezr  le  perfonnagc  d'un  indifférent.  Vill. 
Il  vaudroit  mieux  s'égarer  un  peu ,  en  s'attachant  à 
quelque  chofe ,  que  de  ne  pencher  de  nul  côté  ,  d'ê- 
tre indifférent  à  tout,  &  de  n'avoir  ni  occupations, 
ni  plaihrs  qui  touchent  Al.  Scud.  Quand  on  dit  à 
une  femme  j  ce  Cavalier  ne  vous  eft  pas  indifférent , 
c'eil  lui  dire ,  vous  l'aimez. 

Indifférent,  ente.  Terme  de  Philofophie.  Indétermi- 
né j  qui  a  le  pouvoir  d'être  indéterminé  ou  de  fe  dé- 
terminer foi-même.  Qui  a  l'indiftérence  ou  adlive  ou 
paOIve.  voye-^  Indifférence. 

Indifférent,  ente,  s'emploie  aufll  quelquefois  tom- 
me fubftantif  C'efl  un  indifférent  que  rien  n'émeut. 
Il  n'y  a  que  les  indifférens  qui  puillént  juger  fainement 
des  chofes. 

Indifférent  ,  ente  ,  f.  m.  &  f  C'efl  le  nom  de  Scvflaires 
Luthériens,  autres  que  les  inditrérentiaires.  Ce  font 
les  mêmes  que  les  Adiaphorijles.  Voyez  ce  mot.  On 
donne  encore  ce  nom  à  ceux  qui  difent  qu'on  peur 
fe  fauver  dans  toutes  les  Religions.  On  les  appelle  plus 
communément  Tolérans. 

INDIFFÉRENTISTE ,  f  m.  Les  Luthériens  d'Alle- 
magne appellent  ainlî  ceux  d'entr'cux  qui  approuvent 
&  reçoivent  indilléremment  toutes  les  Confeilîons 
de  foi ,  ou  fymboles ,  qui  ne  s'attachent  à  aucune  , 
à  qui  elles  font  toutes  inditîérentes.  IndifferentiJIx. 
C'efl  à  peu  près  ce  qu'on  nomme  Tolérant  en  Angle- 
terre &  en  Hollande.  Les  Indifférentijles  ont  pour 
maxime  le  3*^.  v.  du  II.  Pfeaume.  Otons  leurs  liens  , 
&  jettons  loin  de  nous  le  joug  dont  ils  nous  char- 
gent. Ils  font  en  horreur  aux  autres  Luthériens.  On 
voit  que  ce  nom  leur  vient  de  l'indifférence  où  ils 
font  à  l'égard  des  articles  de  foi ,  &  de  toutes  les 
feéles. 

INDIGÉNAT.  f  m.  Ce  m,ot  fe  trouve  dans  les  Anec- 
dotes de  Pologne ,  &  fignifîe  naturalite.  Donner  Xln- 
dïgénat  à  quelqu'un  ,  c'efl  lui  donner  des  lettres  de 
naturalite  dans  un  pays.  Ces  deux  aftaires  furent  les 
feules  épincufes  qu'il  y  eut  dans  cette  Diète ,  avec 
celle  des  prétendans  à  Yindigénat.  d'AlhÉrac.  Le 
Roi  obligea  M.  le  Grand  Général  de  la  Couronne 
'Vabloaouski  de  me  mettre  le  premier  des  fix  qu'il 
.  devoir  propofer  pour  ïindigénat.  Id.  On  dit  en  Bo- 
hème. Incolat. 

^fT  INDIGENCE,  f.  f.  Indigentia.  Situation  de  for- 
tune dans  laquelle  on  manque  des  chofes  nécelTaires. 
Elle  eft  dans  l'état  de  fortune,  l'extrémité  la  plus  baf- 
fe. Le  contraire  de  l'indigence  c'eft  la  fuperlluité  que 
fournillent  les  biens  immenfes.  Il  n'y  a  point  d'hom- 
me qui  ne  puille  f  étirer  de  ['indigence ,  à  moins  qu'il 
ne  foit  ht)rs  d'état  de  travailler.  M.  l'Abbé  Girard. 
Le  plus  noble  &  le  plus  doux  plaifîr  que  procu- 
rent les  grands  biens  à  ceux  qui  les  poflcdent ,  eft 
de  pouvoir  répandre  un  fuperflu  qui  fournille  le 
nécellaire  à  ceux  qui  font  dans  ['indigence.  S'ils  pen- 

^  fent  &  ufcnt  .autrement  de  leur  fortune,  ils  en  font 
indignes.  P'o;)e~  les  moi:s  fynonimes  pauvreté,  difet- 

'    re  ,  befoin  ,  ncceirité. 

fO"  INDIGÈNE.  C  m.  Indigena.  On  défigne  par  ce 
mot  les  naturels  d'un  pays  ,  ceux  qui  y  font  nés , 
peur  les  diftinguer  de  ceux  qui  viennent  enfuitc  s'v 


I  N  D 


établir.  Ce  mot  vient  d'indu  employé  anciennement 
pour  in,  ôc  ds genitus ,  engendré,  indigena,  quiefî 
engendré  là. 

Indigène  (  Plante  ).  Teime  de  Botanique  qui  s'applique 
aux  plantes  qui  font  naturelles  au  pays  dont  on  parle. 
Planta  indigens..  On  apppellc  les  autres  étrangères 
ou  exotiques. 

INDIGENT,  ENTE.  adj.  Ce  mot  défigne  proprement 
celui  qui  manque  des  chofes  néceflaires  à  la  vie. 
Indtgens.  L'homme  pauvre  manque  des  commodités 
de  la  vie  ;  ['indigent  du  néccflaire.  Nous  goûtons 
avec  peine  les  nouveaux  avantages  qui  tirent  un  ami 
indigent  de  notre  fujétion.  La  Br.  La  dévotion  eft 
une  rcfîource  pour  ceux  que  la  mauvaife  fortune  a 
rendus  indigens.  Des-H. 

Indigent  ,  ente  ,  fe  prend  auilî  fubftantivement.  Ren- 
dez juflice  au  pauvre  &  à  ['indigent.  Port-R.  Ou- 
vrez la  main  à  [indigent.  Id. 

INDIGESTE,  adj.  m.  &  f.  Aliment  qui  eft  difficile  à 
digérer.    Crudus ,    indigefius.    Les    fruits    crus    font 
indigejîes.  On  le  dit  autli  abfblument.  Cela  eft  indi-    \ 
gejle. 

f??  Comme  il  n'y  a  point  d'aliment  généralement  & 
abfblument  indigejle  ,  parce  que  tel  aliment  feroit  cer- 
tainement exclus  de  la  clatfe  des  alimens  ordinaires  , 
on  ne  doit  entendre  par  aliment  indigejle  que  celui 
dont  la  digeftion  eft  difficile  pour  le  plus  grand  nom- 
bre des  tujets  fains. 

§3°  Indigeste  fe  dit  auffi  de  ce  qui  n'eft  pas  digéré.  C'eft 
dans  ce  fens  qu'on  dit  qu'un  malade  rend  les  vian- 
des crues  &  indigejîes.  Nous  remarquerons  que  c'eft-» 
là  la  propre  lignification  du  mot  indigejle ,  ëc  qu'ch 
parlant  des  alimens  de  difficile  digejlion ,  on  devroic 
dire  indigejlible ,  ou  autre  mot  équivalent. 

Indigeste  fe  dit  auilî  figurément  en  Morale,  des  ou- 
vrages d'efprit  qui  font  imparfaits ,  qui  ne  font  pas 
affez  digérés  ,  des  penfées  qui  ne  font  pas  bien  mi- 
fcs  dans  leur  jour.  Ce  livre  eil  demeuré  indigejle  , 
l'Auteur  n'a  pas  eu  le  loifir  de  le  bien  digérer.  Ru- 
diis  indigejlaque  moles  ,  comme  Ovide  a  dit  du 
Chaos.  Penfées  indigejîes ,  qui  ne  font  pas  bien  pré- 
fentées ,  bien  expliquées.  Voye-^  digéré. 

INDIGESTION,  f  f  Digeftion  mal  faite.  Cruditas. 
Ces  alimens  Laiiîent  des  crudités  dans  l'eftomac  qui 
caufent  Vindigejlion.  Dans  le  fyftême  de  la  tritura- 
tion ,  Vindigejlion  qui  eft  crudité ,  peut  s'exphquer 
aflez  vraifemblablement  par  le  relâchement  des  fi- 
bres. Uindigejlion  bilieule,  dans  le  fentiment  de  M. 
Hecquct ,  partitan  de  la  digeflion  par  trituration  , 
vient  de  ce  que  trop  de  force  dans  l'eftomac  ,  trop 
de  vivacité  dans  fes  okillations,  gâtent  la  digeflion  , 
en  faifant  une  trituration  imparfaite  ;  mais  cela  ne  fa- 
tisfiit  pas.  Au  contraire  ,  la  digeftion  feroit  plus 
prompte  &  plus  parfaite  ,  à  mefure  que  les  forces  de 
l'eflomac  augmcnteroient.  f^oye-^  Digestion. 

Itr  Ce  mot  ne  lignifie  pas  feulement  le  vice  de  la  di- 
geftion ,  c'efl-à  dire  ,  la  digeftion  vicieufe  ou  léfée  , 
mais  encore  la  maladie  qui  en  provient.  Certains  ali- 
mens donnent,  caufent  des  indigejtions.  Il  eft  mort 
dune  indigejlion.  Il  vient  du  Latin  digejlio  Se  de  la 
particule  privative  in. 

INDIGÉTE.  f.  m.  &  f.  Nom  que  les  Anciens  don- 
noieni  à  leurs  dieux ,  ou  pour  le  moins  à  quelques- 
uns  de  leurs  dieux.  Indiges.  Il  y  a  diftérens  fenti- 
mens  fur  la  lignification  &  fur  l'origine  de  ce  mot  : 
quelques-uns  prérendent  qu'on  le  donnoit  en  géné- 
ral à  tous  les  dieux ,  d'autres  difent  qu  on  ne  le 
donnoit  qu'aux  grands  hommes  que  Ton  déiiioit.  Les 
Auteurs  du  troifième  fentiment  veulent  qu'Jndigétes 
foit  dit  pour  Indicétes  j  &  qu'Indicétes  vienne  d'in- 
dicare,  auquel  ilsdonnent  le  fens  d'indiquer  d'une  ma- 
nière particulière  ,  indiquer  ,  déclarer  dieu  ,  conla- 
crer,  mettre  au  nombre  des  dieux.  D'autres  foutien- 
nent  que  c'étoit  à  ceux  qui  étoienr  originaires  du 
paysj  ou  plutôt  qui  étoient  dieux  du  pays  où  on 
les  appeloit  ainfi.  Quelques  autres  penfent  que  ce 
nom  fe  donnoit  aux  dieux ,  patrons  &  proteéleurs 
des  villes. 

Ceux  qui  font  dans  la  première  opinion,  difent 


à 


que 


î  N  D 

les  dieux  ctoiem  ainfi  appelés,  par  antipluafc. 


parce  qu'ils  ne  manquoient  de  rien,  ce  nom  venant 
du  verbe  ïndigeo,  je   manque,  j'ai  befoin.  Si   cela 
ctoir  vrai ,  le  nom  A'indigéu  Teroit  à  peu  près  la  mê- 
me cholè  en  Latin  que  le  nom  "i"}"^  >  fchaddaï ,  que 
lEcricure  doinie  fouvcnt  à  Dieu,  &  qui  veut  dire, 
celui  qui  te  (liHit  à   lui    même.  Se   qui    n'a   befoin 
de  rien.  Ceux  qui  tiennent  la  féconde  opinion,  dé- 
rivent ce  nom  d'indiglmre  ,  appeler,  invoquer,  parce 
que  c'étoient  les  dieux  qu'on  invoquoit  le  plus  ordi- 
nairement ,  &  qui  prêtaient  le  plus  l'oreille  aux  vœux 
ëc  aux  pricies  ,  qui  s'y  rendoicnt  les  plus  faciles.  On 
cite  à  ce  propos  Macrobe,  Saturn.  L.  I.  C.  /7.  où 
il  prend  iitdi'^ican  dans  le  fens  que  nous  venons  de 
dire.  Les  Velbles ,  dit-il ,  fontaulH  leur  invocation  , 
Apollon  Médecin  ,  AppoUon  Pxan.  Fcftales  ità  in- 
digkant,  Ayollo  Medice ,  Apollo  Pdan.  On  ajoute 
qu'on  appeloit  indigitamenta   les  livres  de  prières, 
les  livres  qui  contenoicnt  les  formules  d'invocation 
&c  les  cérémonies  avec  lefquelles  on  les  invoquoit. 
Foyei  Vodlus,  de  Idolol.  L.  I.  C.  12.  Enfin,  d'au- 
tres avancent  que  ce  nom  vient  de  ïnde  genïtus ,  ou 
ïn  loco  digcns  ;  ou  bien  de  ïnde  ôc  d'ago ,  pris  pour 
dego ,  je  vis  ,  je  demeure.  Ce  fentiment  paroit  le 
plus  vraifcmblablc.  En  eliet ,   on  appeloit  aullî  ces 
dieux  ,  dieux  locaux ,  Dii  locales ,   ou   comme  dit 
Servius  ,  dieux  topiques ,  ce  qui  eft  la  même  choie. 
2'\  Les  dieux  Indigetes  éroient  communément   des 
hommes  divinifés  ,  qui  étoient  en  effet  des  dieux  du 
lieu  ,  &  cenfés  les  protecl:eurs  des  lieux  où  on  les 
faifoit  dieux,  ainli  la  leconde   &  troillème  opinion 
ne  font  poiin  contraires  à  celle-ci.  3°.  Virgile  joint 
yatrii  avec  Indigetes  ,  comme  étant  la  même  choie  , 
Georg.  I.  V.  49^-  Dlipami  Indigetes.  4°.  Les  dieux 
auxquels  les  Romains  doanoient  ce  nom ,  (ont  Fau- 
ne, Velb,  Enée  ,  Romulus  ,  ou  Quirinus,  tous  dieux 
d'Italie  ;  à  Athènes  Minerve  ,  dit  Servius ,  &  Didon 
à  Carthage.  Il  elf  vrai  que  l'on  trouve  Jupiter  indiges  , 
hiais  ce  Jupiter  Indigéte  eft  Énée  ,  &  non  le  Grand 
Jupiter  ;  comme  on  voit  dans  Tite-Live,  L.  I.  C.  s- 
L.  VI.  C.  12.  &c  comme  Servius  l'allure  lur  le  pre- 
mier livre  de  l'Énéïde  ,  v.  J  (>  0.  Servius  dit  que  dans 
ce  fens  Indiges  vient  de  inDiis  ago  ,  je  luis  parmi  les 
dieux. 
Indigéte.    f.  m.   &  f.  Nom  de  peuples.  Indiges  , 
Indigcta.   Les   Indigetes  font  appelés  Endigétes  par 
Ptolomée  j  ik  Indicètes  par  Strabon.  C'étoit  un  peu- 
ple d'Elpagne ,  (ur  la  trontière  des  Gaulois  ,  on  croit 
qu'ils  habitoient  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  le 
Lampourdm. 
INDIGITAMENT.  f.  m.  Livre  des  Pontifes  où  étoient 
écrits  le   nom  de  leurs  dieux  &  les  cérémonies  qui 
leur  étoient  propres.  Indigitamenta  ,  orum.  Ces  livres 
répondent  à  nos  Rituels  ,  Millels ,  Procciîîonnaux  , 
&:  autres  livres  rubricaires.  M.  du  Rondel  j  Profel 
feur  à  Maeftrichtj  dit  que  les  éloges  d'Apollon  con- 
tenus  en  2j  Dilcours  ,  ont  été  perdus  avec  plufiears 
autres  hidigitamens  de  l'antiquité. 
^  INDIGNATION,  f.  f.  Indignatio.  Ce  n'efl:  pas  pro- 
prement une  agitation  impatiente  contre  ce  qui  nous 
obftine  ou  nous  oftenie  ,  ni  ce  mouvement  extérieur 
qui  éclate  &  fait  beaucoup  de  bruit  ,  mais  qui  dure 
peu  ;  ce  n'eft  point  un  mouvement  purement  mécha- 
nique  ,  occalîonné  par  ■'la  chaleur  du  lang  &  la  pé- 
tulantce  de  l'imagination  ;  ni  une  agitation  provenant 
uniquement  d'humeur  &z  de  fenfibilité.  V  indignation 
enferme  dans  fou  idée  quelque  chofe  de  plus  réflé- 
chi ,  de  moins  extérieur  ,  &  qui  palIe  moins  vite. 
Elle  affecte  plus  l'ame  ,  &:  inlpne  de  l'averfion  pour 
l'objet  qui  la  fait  naître.  C'eft  un  fentiment  mêlé  de 
colère  &  de  mépris ,  rarement  iniufte  ,  qu'excite  dans 
l'ame  une  mauvaife  action  ,  une  injuftice  inattendue. 
Nous  ne  fommes  pas  toujours  l'objet  des  chofe^  qui 
font  naître  ce  fentiment  en  nous.  Nous  voyons  avec  in- 
dignation je  ne  fais  combien  de  choies  qui   ne  nous 
concernent  pas.  La  profpérits  des  méchans  ,  la  fâf- 
tueufe   opulence   d'un    Financier  ,   l'infolence    d'un 
Commis  ,  &c.  nous  donnent  de  Vuidi ^nation.  Con- 
cevoir   de    {'indignation    coiirre    quelqu'un.    Pat. 
TotJie  V. 


I  N  D  147 

Chez  les  vieillards  le  chagrin  de  leur  humeur  tient 
lieu  d'indignation  contre  le  vice.  S.  Évrem.  Par- 
donnez cet  emportement  à  une  jufte  indignation.  El. 

Indignation,  eft  aullI  une  figure  de  Réthoriquc,  par 
laquelle  un  Orateur  invedlivc  &  s'écrie  contre  quel- 
que adtion  ou  quelque  perlonnage  indigne. 

INDIGNE ,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  mérite  pas  quelque 
chofe.  Indignas.  C'eft  la  honte  de  l'Églile  ,  d'être 
gouvernée  par  des  Prélats  indignes  du  rang  où  ils  font 
élevés.  Un  clprit  vain  le  figure  qu'il  eft  indigne  de 
lui  de  parler  comme  la  multitude.  Le  Cl.  Œdipe  fe 
creva  les  yeux  ,  fe  jugeant  lui  même  indigne  de  voir 
la  lumière  après  tant  de  crimes.  Dacier.  Un  crime 
indigne  de  pardon.  Il  eft  indigne  de  vos  bienfaits, 
des  grâces  que  vous  lai  faites. 

Un  noble  orgueil  m'apprend  qu'étant  fille  de  Roi , 
Tout  autre  qu'un  Monarque  efi  indigne  de  moi. 

Corn. 

Indigne  ,  eff  quelquefois  un  terme  d'humilité.  Un  Ca- 
pucin ligne  Capucin  indigne.  Les  Prêtres  lignent 
aulli  quelquefois  de  même  Prêtre  indigne.  Nous  lom- 
mes  tous  férviteurs  indignes  &  inutiles  ,  dit  JÉs us- 
Christ  en  S.  Mathieu.  Servi  inutiles  fumus. 

Indigne,  fe  dit  aulH  des  ^CT  aéfions capables  de  don- 
ner de  l'indignation ,  qui  ne  conviennent  pas  au  rang , 
au  caraCT:ère  ,  à  la  qualité  de  celui  qui  les  lait.  Il  a  fait 
une  aélion  bien  indigne.  Indignum  facinus.  Le  peu- 
ple s'étant  foulevé ,  fit  des  traitemens  indignes  à  ces 
graves  Magiftrats.  Mez, 

Pardonne  d  mon  amour  cette  indigne  foiblejfe.  CoRN. 

Oui ,  par  nos  indignes  manières  , 
Pan  a  droit  de  nous  méprifer.  Des-H. 

Rougis  de  te  charger  de  ces  indignes  chaînes. 

S.  ÉVR. 

On  dit  qu'une  aftion  eft  indigne  de  quelqu'un, 
quand  elle  le  déshonore  ,  qu'elle  eft  trop  au-deiîous 
de  lui.  Cette  balfelfe  eft  indigne  d'un  grand  courage. 
La  fraude  &  le  déguifement  font  indignes  d'un  hon- 
nête homme.  On  appelle  Communion  i/2i3'i£'/2e ,  une 
Communion  qui  n'eft  pas  faite  avec  les  dilpofitions 
requiles.  Ac.  Fr. 

ffF  On  dit  lubftantivement,  mais  dans  le  ftyle  fami- 
lier Iculement ,   c'efl  un   indigne. 

Indigne.  Terme  de  Droit.  Ce  mot  lignifie  autre  choie 
qu'incapable ,  quoique  ces  deux  qualités  aient  à  peu 
près  les  mêmes  efters.  ^fJ'  On  appelle  indignes ,  ceux 
qui  ,  pour  avoir  manqué  à  quelque  devoir  envers  un 
défunt ,  de  fon  vivant ,  ou  après  fa  mort ,  ont  dé- 
mérité à  l'on  égard.  La  loi  les  prive  de  la  fuccelïîoii 
ou  des  libéralités  particulières  qu'il  avoir  exercées 
envers  eux  par  dernière  volonté.  Les  cauies  qui  ren- 
dent un  homme  incapable  de  fuccéder  ou  de  rece- 
voir un  legs ,  ne  font  pas  des  manques  de  qualité. 
L'incapacité  eft  un  vice  réel  dans  la  perfonne  ,  une 
prohibition  qui  émane  de  la  loi.  L'indignité  eft  un 
défaut  accidentel ,  provenant  des  mœurs  &  de  la 
conduite.  L'indigne  a  bien  la  capacité  naturelle  de 
fucccéder  ,  mais  ,  par  fon  fait ,  il  a  rais  un  obftacle 
à  l'exercice  de  cette  capacité. 

Un  fils  qui  ne  pourfuit  pas  en  Jufticc  la  punition 
de  ceux  qui  ont  attenté  à  la  vie  de  fon  père  ,  ou 
qui  y  attente  ,  eft  indigne  de  fa  fucceiîion  ;  un  bâ- 
tard en  eft  incapable ,  mais  n'en  eft  pas  indigne^  :  le 
bâtard  obtient  les  alimens ,  l'indigne  en  eft  privé. 

INDIGNEMENT,  adv.  D'une  manière  indigne.  Indi- 
gne. Communier  indignement.Notic  Sauveur  fut  traité 
indignement  par  les  Juifs.  S'acquitter  indignement  de 
fa  charge. 

INDIGNÉ,  ÉE.  adj.  Qui  eft  frappé  d'indignation. //2- 
disnatus  j  iratus ,  inifuccenfus  j  arie/zj.  C'eft  injufte- 
ment  qu'il  eft  indigné  contre  lui.  Elle  paroît  extiê- 
mement  indignée  de  fon  procédé. 

Tij 


148 


I  N  D 


Et  venger  de  Crajfus  les  Mânes  indignes.  Bréb.       I 

INDIGNER.  V.  a.  Ip"  Exciter,  donner  de  l'indigna- 
tion, ^tiy.  ce  mat.  Cecce  adion  a  i/zt/i^/zc^'tout  le  mon- 
de contre  lui. 
SlNDiGMEa.  V.  récip.  Indignari.  Concevoir  de  l'indigna- 
tion. S'indigner  contre  quelqu  un.  On  ne  taurolt  trop 
s'indigner  contre  l'injulHcc  du  lièclc.  Je  vous  ai  luivi 
jul'qu'ici  ,   pour  vous  apprendre  que  vous  avez  un 
Rival  dynt  la  vanité  s'indigne  d'avoir  un  cœur  à  dil- 
puter  avec  vous.  Le  Sage. 
§3°  On  dit  aulli  être  indigné.  Je  fuis  indigné  que  vous 
ayez  manqué  à  votre  ami.  Nous  lommes   indignes 
des  mauvais  procédés  ^  des  obibcles  qii  on  nous  op- 
pole  ,  quelquefois  même  des  louanges  dont  on  nous 
accable. 
INDIGNI  rÉ.  f.  f.  Qualité  odieufe  par  laquelle  on  eft 
réputé  indigne  dune  grâce ,_ d'une  faveur  ,  d'un  em- 
ploi, 6x.  On  l'a  privé  de  l'on  bénéfice,  à  caufe  de 
Vindignué  de  û  perfonne.  Vous  ne  (auriez  trop  avoir 
de  mépris  pour  les  chofes  de  ce  monde  ,  leur  indi- 
snité  ell  au  delà  de  toutes  nos  penlées ,_  ic  nous  ne 
les  connoitrons  jamais  fi  petites  ,   ni   li  mitérables 
qu'elles  font ,  que  quand  nous  les  verrons  auprès  de 
rétemicé  de  Dieu.  As.  de  la  Tr.  Les  Saints  difent 
que  nous  craignons  de  mounr  ,  parce  que  nos  âmes 
ne  font  pas  alfez  pures  pour  paroitrc  aux  yeux  de  ce- 
lui qui  les  doit  juger,  &  qu'ordinairement  notre  indi- 
gnité eltla  véritable  caufede  nos  frayeurs.  Ab.de  la  i  R. 
Indignité  fignitie  aullî  la  grandeur  d  un  crime,  noir- 
ceur d'une  a;^ion.  Atrocités ,  immanitas.  L'indignité 
de   Ion    crime   ôte  toute  apparence   de  le  pouvoir 
fauver.  L'i«rfi^«irc-' de  cette  aclionfouleva  tout  le  mon- 
de contre  lui. 
Indignité,  fignitie  encore.   Affront,  outrage,    excès 
fait  à  quelqu'un.  Probrum ,  dedecus ,  infamia.  Après 
l'avoir  allalfiné ,  on   l'a  traîné  par  les  rues ,  &  on 
lui  a  fiit  mille  indignités.  Ils  Voudroient  être  morts 
pour  fe  délivrer  de  ces  indignités  qu'on  leur  fait  fouf- 
frir.  Ablanc. 
INDIGO,  f.  m.  Plante  que  les  Anciens  n'ont  pas  bien 
connue  ,  comme    Pline  l'avoue.   Il  croit  que  c'cll 
une  écume  de  rofeaux  qui  s'attache  avec  un  limon  , 
qui  e.l  noir  quand  on  le  broie  ,  &  fait  un  beau  oLu 
mêlé  de  pourpre  quind  on  le  délaye.  Il  le  nomme 
indicum.  liidjre  i?c  Diolcoride  difent  lamêmechofe; 
&  celui  ci  nomme  l'indigo  une  pierre  ,  en  quoi  il 
fe  trompe.  C'elt  en  eXet  une  pâte  qui  vient  d;s  In- 
des ,  qui  fe  tait  d  une  herbe  qu  on  feme  tous  L-s  ans , 
après  que  les  pluies  font  pallées ,  ik  qui  relfemble 
fort  a  du  chanvre.  Sa  tleur  eft  femblable  à  celle  des 
cardes  ,  &  fa  racine  a  quelque  rapport  à  celle  du  fenu- 
grec.  Elle  croît  comme  le  genêt ,  ayant  (emblables 
racines  longues  &  étroites  ,   la  feuille  plus  large  , 
approchant  de  celle  du  [iné.  Elle  a  de  petites  mem- 
branes ,  qui  fortant  du  milieu  du  hlct,  tirent  par 
ondes  au  bord.  Sa  tige  ell  de  la  hauteur  d  une  au- 
nCj  &  de  la  grolfeur  d'un  pouce.  On  la  coupe  trois 
fois  l'année,  La  couleur  qui  le  fait  de  la  première 
herbe  ell  dun  violet  bleuâtre,  plus  brillant  &  plus 
vif  que  les  deux  autres.  On  la  jette  dans  des  étangs 
dont  le  fond  eft  fait  avec  de  la  chaux  dure  comme 
du  marbre.  On  la  bralfe  tous  les  jours,  julqu'à  ce 
que  la  feuille  fe  réduife  comme  en  vaie,  ou  terre  grallc. 
Quand  elle  eft  ralfife,  on  laiilé  couler  l'eau,  ik  de 
cette  pâte  féchée  on  fait  des  petits  pains  de  la  grof- 
feui  d'un  œuf  coupé.  Celui  d'Am.idabat  fe  fait  en 
forme  de  gâteau.Les  Portugais  l'appellent  herva  d'anir. 

Tavernier. 
La  plante  qu'on  appelle  en  Grec  (""!•'!,  en  Latin 
glafium  ,  C<c  en  François  gucde  ou  pjftd ,  en  Italien  ^ 
euado  ,  eft  celle  qui  feiT  à  contrefaire  ['indigo  chez 
les  Teinturiers  -,  &  elle  a  cette  propriété  ,  que  quand 
les  laines  en  font  teintes  d'abord  ,  les  couleurs  qu'on 
y  ajoute  ne  s'en  vont  jamais.  Elle  (ert  aulli  en  Pein 
ture,  &  même  en  Médecine-,  car  elle  eft  féche 
&  déterfive  ,  8c  guérit  les  ulcères  malins  ,  les  tumeurs 
&  les  moiHircs  de  Icrpeas.  La  marque  du  vrai  paftei. 


I  N  D 

ou  gucde ,  eft ,  quand  il  eft  fec  ,  léger ,  violet  8c  re- 
luiiant  ;  ëc  quand  il  eft  mis  au  tcu  ,  il  faut  qu  il  falîe 
une  lumée  violette ,  Se  qu'il  laille  peu  de  cendres. 
f^oyei  f  allope ,  Matthiole  ,  &c.  Vinuve  dit  qu'on 
fait  de  l'indigo  avec  de  la  lie  de  vin  cuite  dans  les 
fourneaux.  Foye^  PASTEL. 

La  plante  d  où  l'on  tire  cette  couleur  en  tablettes, 
qu'on  appelle  vulgairement  indigo  ,  eft  un  petit  ar- 
brilfeau  de  trois  à  quatre  pies  de  hauteur ,  quand  on 
le  laille  croître  ,  il  jette  dès  ù  racine  pluheurs  tiges  li- 
gneules  &  noueufes.  Ces  tiges  poullent  de  petites  bran- 
ches ligneules  &  noueufes  auUi ,  Se  à  chaque  nœud  il 
lort  une  petite  côte  longue  d'environ  deux  à  uois 
pouces.  Si  garnie  en  toute  fa  longueur  de  quatre  à 
cinq  paires  de  feuilles  ,  S<  d'une  ieule  feuille  à  fon 
extrémité.  Ces  feuilles  font  ovales,  pointues,  lon- 
gues de  neut  à  dix  lignes ,  &   larges  de  cinq  à  fix. 
Elles  font  unies ,  un  peu  charnues  ,  d'un  allez  beau 
vert ,  mais  d'un  goa:  &:  d'une  odeur  défagréables.  Il  | 
liait  dans  les  ailielles  de  ces  côtes  garnies  de  feuil-  1 
les ,  une  petite  branche  longue  d'environ  deux  pou- 
ces ,   &  chargée  comme   en  pyramide  de   pluliturs 
petites  ileurs  purpurines  très  iemblables  à  celles  de 
nos  genêts.  Le  piftile  de  chaque  lleur  devient  enfuite 
une  petite  filique  ou  cornichon  courbe  long  d'envi- 
ron un  pou.;e ,  aulîi  épais  que  le  bout  d'une  éguil- 
lette  émoullée  par  le   bout ,  arrondi ,  mais  comme 
noueux  ,  ou  articulé  par  plulieurs  cellules,  dans  cha- 
cune defquelles  il  y  a  une  femence  pâle  &   cylin- 
drique. On  terne  plulieurs  de  ces  lemences  cnfemble 
dans  de  petites   rigoles  tirées  au  cordeau,   dans  la 
laifon  pluvieufe  Se  dms  une  terre  bien  cultivée  ôc 
nettoyée  de  toute  méchante  herbe.  Quand  la  plante 
a  atteint  une   certaine  hauteur,  &  que   les  feuilles 
font  en  bon  état ,  Se  avant  qu'elle  Heurilîe ,  on  la 
coupe  par  faif;eau  ,  dont  on  re.nplit  une  grande  cu- 
ve. Quand  la  cuve  eft  bien  remplie,  on  couvre  l'her- 
be avec  de  grolles  branches  de  boisj  quon  arrête 
avec  de  gros  traverliers ,  Se  avec  de  gros  coins  de 
bois.  On  verfe  enluite  de  l'eau  lur  ces  herbes  jus- 
qu'à ce  que  la  cuve  foit  bien  remplie  Se  fubinergée. 
Bientôt  après  li  plante  séchaure  coniidérablemenc 
par  l'action  de  f  eau,  aidée  de  la  chaleur  de  l'air.  Se 
l'on  voie  bouillir  1  eau.  L'eau  fe  charge  de  la  partie 
colorante  ,  Se  acquiert  une  belle  couleur  bleue  fon- 
cée. L'eau  ayant  bouilli  durant  près  de  24  heures, 
lorfqu'elie  commence  à  s'abaillcr ,  on  débouche  la 
cuve  ,quon  appelle  trenipoire  ,  iSc  toute  l'eau  coule 
dans  une  autre  plus  balle  ,  mus  allez  grande  pour 
pouvoir  contenir  la  moitié  de  l'eau.  C'eft  dans  cette 
ieconde   cuve ,  appellée  la  baterie ,  que  1  on  agite 
enluite  fortement   cette  eau ,  avec  quatre  ou   cinq 
longues  perches  garnies  à  leur  bout  d'une  manière 
de  petite  auge  lans  Ibnd.  On  ne  celle  de  battre  cette 
eau  ,  que  lorlqu'elle  devient  d  un  vert  noir  ,  &  que 
le  grain ,  comme  on  dit ,  commence  à  fe  former  , 
ce  qu'on  connoit  en  prenant  dans  un  vafe  un  peu 
de  cette  eau  ,    on  crache   dedans  :  ce  crachement 
eft   un    leurre   dont    quelque   Indigotier   s'eft   fervi 
pour  abuler  de  la  crédulité  du  P.  Plumier.  Le  P. 
Labat  relevé  cette  erreur,  p.  28 j.  du  i.  tom.  de  fes 
Voyages.  Et  fi  dans  ce  temps  on  voir  précipiter  une 
fécule  bleue  au  fond  du  vate ,  on  celfe  de  battre  ou 
d'agiter  l'eau.  Alors  toute' la  fécule  fe  précipite,  Sc 
quand  elle  eft  entièrement  précipitée  ,  on  débouche 
la  cuve  j  toute  l'eau  en  fort ,  &  laille  la  fécule  dans 
le  fond  de  la  cuve.  On  remplit  enluite  de  cette  fé- 
cule de  petits  facs  de  toile  un  peu  forte ,  faits  en 
chauffe  d  hippocras ,  afin  que  toute  l'eau  s'écoule  en- 
tièrement. Quand  toute  l'eau  eft  écoulée  ,  on  met 
cette  fécule  ou  marc  dans  de  grandes  cailles  de  bois, 
dont  les  bord  n'ont  pas  plus  de  deux  doigts  de  haut  , 
Sc  lorfqu'elie  commence  à  lécher  on  la  coupe  par 
taT^lcttes  carrées ,  qu'on  laille  enluite  bien  fécher  & 
durcir  au  foleil. 

•  Il  eft  parlé  de  cette  plante  dans  Hortus  AIrdaharicus , 
part.  I ifig.  S4-  ious  le  nom  à'Ameri ,  où  il  eft  rap- 
porté que  la  décoéfion  de  la  racine  eft  excellente 
contre  les  coliques  néphréiiqucî  ;  que  cette  même 


I  N  D 

dccO(fîioii  prife  avec  l'eau  qu'on  trouve  dans  les  jcu- 
iKs  cocos  rciille  à  la  force  du  venin  &  du  poiton; 
que  les  feuilles  pilées  avec  de  l'eau  &  appliquées  liir 
le  bas  ventre  font  uriner,  &c  qu'enfin  les  tablettes 
qu'on  appelle  proprement  l'indigo  font  fort  bonnes 
puur  delléeher  les  tumeurs. 

La  plaiite  ci-delllis  décrite  eft  celle  là  même  dont 
on  cire  h  couleur  que  nous  appelons  indigo ,  d  ins 
l'ile  1).  Domingo.  Je  crois  qu'autrefois  on  le  fcrvoic 
pour'  ce  mcme  lujet  dans  la  Guadeloupe  d'une  au- 
tre forte  de  plante  que  M.  de  Tournefort  appelle 
Ano/iis  ,  fûùo  Iddorlfiéroctindo.  Injl.  R.  Rcrb.  40 q. 
Dans  mon  premier  voyage  à  la  Martinique,  je  de- 
mandai à  un  vieux  habitant  la  plante  doùon  tire  \ïn 
d'igo  ,  &  il  m'apporta  jullement  cette  plante.  En  effet. 
Meilleurs  de  l'Académie  l'avoicnt  nommée  Anil  j 
Jiu  indigo  GuadalupcnJIs.  Je  ne  doute  pas  qu'il  n'y 
ait  d'autres  genres  de  plante  doiU  on  peut  le  lervir 
pour  le  même  eifet ,  car  je  découvris  une  plante  au 
port  de  Paix  de  S.  Domingue  qui  teint  fort  bien 
l'eau  en  beau  bleu  quelque  temps  après  qu'elle  y  a 
macéré,  tk.  cependant  c'ell  une  elpèce  de  ricinoïdes. 
Le  P.  Plumier,  Minime. 

D'f^erbelot  ,  dans  fa  Bihliot.  orient,  au  mot  NU  , 
p,  162.  6 .  dit  que  les  Perfiens  &  les  Turcs  ap- 
pellent Nil  la  plante  que  les  Grecs  &  les  Latins  nom- 
ment Ifalis  &  Glaftrum  ,  dont  le  fuc  fait  la  couleur 
bleue  j  ou  violette  ,  Se  que  nous  appelons  vulgaire- 
ment l'Indic  ,  ou  l'Indigo  j  ôc  par  corruption  Annil , 
au  lieu  d'Alnil,  qui  elt  le  mot  Turc  avec  l'article 
Arabe ,  ai  ;  que  nOus  appelons  aulH  en  France  du 
nom  de  Paitel ,  &  les  Italiens  Guado  ;  que  cette 
plante  croît  efi  grande  quantité  aux  environs  de  la 
ville  d'Agra ,  capitale  des  États  du  Mogol.  Quoi 
qu'il  en  ioit  des  noms  de  pallel  &:  d'annil ,  on  peut 
alliirer  qu'on  ne  dit  point  indic ,  mais  toujours  indi- 
go. Pour  annil ,  qu'o.n  a  pu  dire  lorique  l'on  tiroit 
ce  fuc  de  l'Orient ,  il  puroit  qu'il  s'efl  aboli  depuis 
qu'il  nous  vient  4Ê^l'Amérique. 

Dapper  appelle  la  plante  dont  on  tire  l'indigo 
Banquets,  &c  il  dit  qu  il  y  en  a  dans  les  Îles  d'Afri- 
que ,  Se  que  les  Indiens  l'appellent  Anil  ^  Anger. 
Voyez  cet  Auteur  ,  p.  ^.jï. 
§CT  L'Indigo  elt  la  fixième  des  couleurs  primitives. 
f^oy.  couleur.  C'ell  un  violet  bleuâtre  très  -  vif  8c 
très  brillant. 
INDIGO lERIE.  f.  f.  Lieu  où  l'on  préparc  &  où  l'on 

fait  l'indigo. 
1^  INDIGOTIER,  f.  m.  Plante  ,  efpèce  d'arbriffeau 
étranger  dont  on  tire  la  fécule  bleue  connue  fous  le 
nom  d'indigo.  F'oy.  ce  mot. 

On  donne  auili  ce  nom  .uim  îles  au  principal  ar- 
tifte  ou  ouvrier  qui  préiide  dans  une  indigoterie. 
INDIMION.  f.   m.    Terme   de   Llcurilte.   Nom  d'un 
œillet  qui  eft  un  piqueté  de  brun  fur  un  fin  blanc , 
large ,  S-c  ne  calle  point  ;  fa  plante  eft  d'un  beau  vert , 
qui  n'eft  point  lujette  aux  maladies  :  il  fc  trouve  à 
Lille  :  quatre  boutons  lui  lufHfent.  Morin. 
INDIQUE,  f  f.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'une  ané- 
mone. Ses  grandes  feuilles  font  de  couleur  de  chair 
mêlée  d  incarnat  ;  fa  peluche  céladon  blanchillànc , 
mêlée  de  rouge. 
INDIQUER.  V.  a.  Indicare.   Montrer  ,    enfeigner   où 
eft  une  chofe  dont  on  a  befoin.  Indiquez-moi  la  mai- 
fon  de  M.  un  tel.  indiquez-moi ,  je  vous  prie  ,   un 
bon  Médecin  j  un  bon  Avocat.  Les  tables  font  faites 
pour  indiquer  l'endroit  du  livre  où  l'on  trouvera  le 
paflage  qu'on  cherche.  Le  Bureau  d'adrelîe  eft  établi 
pour  indiquer  à  chacun  les  chofes  dont  il  a  befoin. 
Indiq,uer  ,  lignifie  aulTi ,  Alligner  un  certain  jour  pour 
commencer  une  Aifemblée  Ecclélîaftique.  Indicere. 
Le  Concile  a  été  indiqué  à  un  tel  jour.  Il  indiqua 
l'Aflemblé  au  troifième  de  Novembre  Mauc. 
Ct7  Indiq^uer  une  perfonne ,  une  cb-ofe,  c'eft  la  faire 
connoître  Se  la  défigner.  //2i^i^;isr  un  temps  j  un  lieu 
c'eft  le  donner  Se  le  fixer. 

Ménage  prétend  qu'on  devroi:  dire ,  indire  un  Con- 
cile j  &  non  pas  indiquer,  parce  qu'on  dit  indicere ^ 
Se  non  pas  indicare  Concilium. 


I  ND 


149 


C'eft  ainfi  que  parle  toujours  M.  Dupuy  dans  foii 
Traité  de  la  Pnigm.  Sandt.  ôc  Mczcray  dans  Ion  abré- 
gé de  iMift.  de  l'r.  dans  la  vie  de  Charles  VU.  L'ufage 
qui  l'emporte  fur  la  raiion ,  eft  pour  indiquer. 
Indique,  ee.  part.  &  adj.  Indtcatus ^  indicèus. 
INDIKE  AUX  QUATRE  CAS.  En  Terme  de  fief. 
Le  Droit  d'indire  aux  quacre  cas  eft  le  privilège  que 
certains  grands  Seigneurs  ont  de  doubler  les  rentes 
que  leurs  vaillcaux  leur  doivent  en  quatre  cas.  Les 
quatre  cas ,  fuivant  la  coutume  de  Bourgogne ,  font 
1°.  Le  voyage  d'Outremer.  1".  Nouvelle  Chevalerie'. 
3°.  Le  Seigneur  prifonnicr  de  guerre.  4°.  Le  mariage 
d'une  fille.  Le  24  Janvier  1693.  M.  le  Prince  ht  le- 
ver pour  l'année  fuivante  le  droit  d'indire  dans  fon 
Comté  de  Charolois  pour  le  mariage  de  Madame  la 
Duchellcdu  Maine  fa  hile.  On  appelle  ce  droit  lîm- 
plement  le  droit  d'indire.  Ce  droit  étoit  autrefois  fort 
en  ulage  j  mais  aujourd'hui  il  y  a  peu  de  terres  qui 
•en  jouillent. 
r?  INDIRECT.  ECTE.  adj.  Indireclus.  C'eft  l'oppofé 
de  direcL  Foy.  ce  mot.  On  décide  mal  dans  le  dift 
de  l'Acad.  Fr.  qu'il  n'a  point  d'ufige  au  propre.  On  dit 
enphylique  mouvement  direct  Se  mouvememindirecl. 
Voy.  ces  mots.  Au  -figuré,  il  ne  fe  prend  point 
nécellàirement  en  mauvaife  part  :  ainfi  il  n'elt  pas 
fynonime  d'oblique  qui  ne  fe  prend  que  dans  un 
lens  odieux.  Toutes  les  voies  indirectes  ne  font  pas 
illicites  ;  toutes  les  voies  obliques  le  font.  Cependant 
cette  exprellion  fe  prend  fouvent  en  mal  ,  pour  de 
mauv.iis  moyens  adroitement  employés  ,  contraires 
aux  loix  Se  a  j'ufige ,  peur  des  actes  iîmulés  ,  &c. 
C'eft  dans  ce  lens  qu'on  dit  qu'un  homme  a  gagné 
fon  bien  par  des  voies  indirectes  ,  qu'il  eft  entré'^dans 
un  Bénéfice  par  des  voies  indireclcs  Se  obliques.  On 
dit  de  même  un  avantage  indirect ,  pour  déligner  ce- 
lui qu'on  fait  à  quelqu'un  contre  la  loi  ou  la  coutu- 
me ,  par  le  moyen  d'une  perfonne  interpolée  ,  ou  de 
quelque  acte  lîmulé  ;  &  des  vues  indirectes  pour  dé- 
ligner des  delfeins  inrérelfcs,  que  l'on  cache  fous  l'ap- 
parence de  quelque  autre  dellein. 

Mais  on  dit  auliî  des  louanges  indirectes  pour  dé- 
figner celles  qu'on  donne  adroitement,  fans  qu'on 
témoigne  avoir  dellèin  de  les  donner.  C'eft  ainll 
qu'on  loue  quelqu'un  par  quelque  trait  en  p.alîànt , 
ou  en  faifant  l'éloge  de  quelque  qualité  que  poftcde 
vifiblement  celui  qu'on  veut  louer  ,  fans  le  nommer. 
On  peut  dire  la  même  choie  des  Satyres  &  des  re- 
proches. 

On  appelle  aulîî  harangues  indirectes ,  celles  que 
font  les  Hilforiens  quand  ils  récitent  les  principaux 
points  d'une  harangue  qu'un  Capitaine  fait  à  les  fol- 
dats  ,  au  lieu  de  le  faire  parler  lui-même. 

On  le  ditaulîi  des  avis  qu'on  donne,  mais  qu'on 
fut  palfer  fourdement  &•  par  une  tierce  perfonne. 
Ce  juge  n'a  pas  oié  avertir  fon  ami  qu'il  avoit  dé- 
crété contre  lui ,  mais  le  lui  a  fait  favoir  par  voie 
indirecte. 

On  appelle  ,  en  termes  de  Logique  j  modes  indi- 
rects de  fyllogifmes ,  les  cinq  derniers  modes  de  la 
première  figure  exprimés  par  ces  mots  barbares.  Ba- 
ralipton.  Celantes  ,  Dabitis  ,  Fapefmo  ,  Frifefomo- 
rum.  C'eft  la  converfion  de  la  conclulion  qui  rend 
les  modes  indirects.  Par  exemple ,  un  fyllogifme  en 
Darii  ,  ik.  en  Dabitis  ,  feroient  parfaitement  lem- 
blables  fans  cette  converiion  ,  puifque  les  propofi- 
tions  oiu  la  même  quantité  &  la  même  qualité.  Se 
que  le  moyen  terme  eft  lujet  dans  la  majeure ,  Se 
attribut  dans  la  mineure  \  relie  donc  pour  mettre 
quelque  différence,  que  ce  qui  eft  fujet  de  la  con- 
clufion  dans  Darii,  foit  attribut  de  la  conclufion  dans 
Dabitis  ,  Se  que  ce  qui  eft  attribut  dans  le  premier, 
foie  lujet  dans  le  fécond. 

DA-  Tout  ce  qui  fert  au  falut  efl  avantageux  j 
RI-  il  y  d-  <i<^^  afflictions  qui  fervent  au  falut  ^ 
I.  Donc  il  y  a  des  afflictions  qui  font  avantagiufes. 

DA-      Tout  ce  quifrt  aufalut  eft  avantageux  j 
BI-       It  y  a  des  afflictions  qui  fervent  au  flut,. 


ÎJO 


I  N  D 


TIS.  Donc  quelque  chofé  qui  fin  au  falut  eji  affiiclion , 
ou  affiigcanc. 

Aujourd'hui  il  y  a  des  Philofoplies  qui  n'admet- 
tent point  de  modes  indirecls  dans  la  pi-emière  figure 
du  lyllogiime.Leur  principe  efl:  i°.  que  le  grand  ter- 
me ell  toujours  l'atcnbut  de  la  conclulion  ,  &  le  pe- 
tit terme  le  lujet.  2".  Que  la  propolition  qui  con- 
tient le  grand  terme  efl:  nécellairement  la  majeure , 
en  quelque  endroit  qu'elle  Ibit placée;  &  la  mineure, 
•celle  qui  contient  le  petit  terme  :  d'où  ils  concluent 
que  les  modes  que  les  Anciens  appeloient  Indirects , 
doivent  être  rapportés  à  une  quatrième  figure  ,  en 
changeant  les  mots  Barallpton  ,  Celantes  ,  Dah'uïs  , 
Fapefmo  ,  Fnfifimorum  ^  en  ceux-ci  ,  Bamalïpton  , 
Camentes  ,  DimaCis  ,  Fefapon  _,  Frefifimorum. 

Tous  les  Philolophes  conviennent  qu'il  y  a  des 
modes  indirecls  en  ce  lens ,  qu'il  y  en  a  qui  ne  con- 
cluent pas  aulîl  évidemment  que  d'autres.  Tous  les 
modes  de  la  féconde,  de  la  troifième  &  de  la  qua- 
trième figure  font  indirects  ,  parce  qu'ils  ne  concluent 
pas  aulîî  évidemment  que  ceux  de  la  première.  I]  y 
a  encore  des  modes  indirects  ,  h  par  mode  indireCl 
on  entend  un  fyllogifme  ^  dans  lequel  le  grand  terme 
&  le  petit  ne  gardent  pas  la  même  railon  de  lujet 
&  d'attribut  dans  les  prémilfes  &  dans  la  conclu- 
lion. 

INDIRECTEMENT,  adv.  D'une  manière  indireCle. 
Indirecte.  Il  ell  défendu  d'avoir  commerce  avec  les 
ennemis  de  l'État ,  indirectement.  Il  ne  lui  a  pas  vou- 
lu reprocher  en  fice  (on  ingratitude ,  mais  il  la  lui  a 
l'ait  fentir  indirectement.  On  aime,  ou  on  hait  par  rap- 
port à  foi-même,  l'on  le  retrouve  indirectement  d.ms  les 
îoiiis  que  l'on  rend  a  la  peiionne  aimée.  S.  EvR.  Cette 
aflàire  vous  ret;arde  indirectement. 

fer  INDISCERNABLE,  adj.  de  t.  g.  Ce  qu'on  ne 
fauroit  difcerner  ni  diftinguer  d'un  autre,  à  caufe  de 
la  rellemblance.  M.  ae  Leibnirz  prétend  qu'il  ne  peut 
pas  y  avoir  deux  choies  parfaitement  iemblables , 
qu'autrement  elles  feroicnt  indijcernables  ,  même  par 
rapport  à  Dieu.  Le  principe  des  indifiernables  luit 
celui  de  la  raifon  fuftilante  ;  mais  ell  -  il  un  prin- 
cipe ,  &c  non  pas  plutôt  un  lyftême ,  une  hypothè- 
fe  ?  MÉM.  DE  TrÉv.  Voy.  individuer. 

ÎNDISCIPLINABLE  ,  adj.  m  &  f.  Qui  n'efl  pas  capa- 
ble de  difcipline.  Voy.  ce  mot.  DifiiplinA  impatiens  , 
nionitoribus  afper,  indocUis ,  intraciabilis.  Ce  jeune 
homme  eft  d'un  naturel  li  farouche,  qu'il  ell:  indif- 
ciplinable. 

|p°  INDISCIPLINE,  f.  f.  Manque  de  difcipline.  Ce 
mot  auroit  dû  être  admis  comme  indifiipUnahle  & 
indifiipimé.  Cependant  il  n'ell  pas  en  uiage ,  &  on 
ne  trouve  que  dans  quelques  gazettes ,  Yindifcipline 
■des  troupes;  &  dans  le  Dicl:.  de  l'Acad.  Viadifiiplins 
d'un  Régiment. 

INDISCIPLINÉ  ,  ÉE.  ^  ad).  Qui  n'a  pas  été.  fournis 
à  la  difcipline ,  ou  qui  n'en  a  pas  profité.  Chaque 
Officier  en  particulier  doit  faire  obferver  à  fon  loi- 
dat  une  cxaéle  dilcipline  :  &:  c'eil  le  tondement  de 
•foutes  chofes  ,  car  le  loldat  indifiipline  perd  Ion  Offi- 
.  cier  par  fa  délobéiirancc  ,  par  la  débauche ,  &  par 
la  défertion  ;  m.iis  pour  mettre  un  fondement  à  cette 
difcipline  j  il  faiit  que  l'Officier  fe  faflé  tout  à  la  fois 
aimer  &  craindre  de  fon  foldat.  Ecole  du  monde. 
L'ufage  qui  a  reçu  difiipliné ,  ne  refulera  peut-être 
pas  indifiipline.  Il  a  bien  admis  dificiplinable  &  in- 
dïficiplinahlc. 

•INDISCRET  ,  ETTE.  adj.  CCF  Qui  manque  de  difcré  - 
tion.  Voy.  ce  mot.  Imprudens  ,  inconfideratus.  Ce  mot 
.peut  être  pris  relativement  à  la  coiijiance ,  ou  re- 
lativement à  d'autres  objets. 

Dans  la  première  acception  Vindificret  efl:  celui  qui 
ne  lait  pas  garder  le  lecret  de  Ion  ami  ou  de  tout 
autre  ,  qui  le  révèle.  Un  homme  prudent  &  circoiif- 
pecl  fait  le  taire  ,  &  n'eft  jamais  un  indificret  :  Un  fo: 
ne  fait  pas  l'être.  Les  enfans  font  indifirets  par  inex- 
périence, les  amans  par  vanité. 

ï)^A\s  ce  fens  or,  le  die  des  chofes  qui  découvrent 


I  N  D 

par  notre  imprudence  ce  que  nous  avons  dans  le 
cœur.  Un  regard ,  un  mot,  le  filence  même  eft  in- 
dificret. 

Dans  la  féconde  acception  indificret  fignifie  celui 
qui  manque  par  imprudence ,  &  par  étourderie.  C'effc 
un  indificret ,  une  indificrete.  Alors  ce  terme  s'appli- 
que aux  chofes  &  aux  atlions  qui  ne  font  pas  ac- 
compagnées de  prudence  ;  dans  lelquclles  nous  man- 
quons par  étourderie  ,  ou  par  faux  jugement.  C'eft 
dans  ce  fens  qu'on  dit  paroles  indificretes ,  zèle  in- 
dificret, prière,  demande  imûficretce.  Voy.  dans  les 
exemples  fuivans  l'emploi  de  ce  mot  dans  fes  ditlë- 
rentes  lignifications. 

L'Amour  dans  fia  prudence  efi  toujours  indifcrctj 
A  force  de  fie  taire  il  trahit  fion  fiecret.  Corn. 

L'homme  indilcret  dont  la  bouche  imprudente 
Dépofie  d'un  fiecret  la  charge  trop  pefiante  , 
Voit  bientôt  fion  fiecret  follement  confié. 
Par  ^'indilcrets  amis  à  d'autres  publié.  Vill. 

Saint  Bernard  punilToit  fur  lui-même  la  curiofité 
indificrette  de  les  regards.  Fléch.  Il  faut  contenir  les 
penlèes  d'une  imagination  indificrette.  Id.  On  allume 
dans  les  enlans  ,  par  des  carelfes  &  des  approba- 
tions indificrettes  ,  les  premiers  feus  de  leurs  cupi- 
dités naillantes.  Id.  La  lîncérité  ne  doit  être  ni  in- 
dificrette ,ni  étourdie  :  elle  n'oblige  pointa  dire  niai- 
fement  tout  ce  qu'on  lait.  Bell.  Il  faut  garder  le 
fecret  à  ceux  mêmes  qui  l'ont  violé  par  des  rapports 
indificrets.  Nie.  Le  deiir  de  le  conlacrer  à  la  vie  Re- 
ligieufe  n'ell  quelquefois  qu'une  ferveur  palfagère, 
&  une  faille  indificrette  de  dévotion.  C.  B. 

Souvent  nous  trahijfions  nos  plus  chers  intérêts  , 

En  fatiguant  le  ciel  par  des  vœux  indifcrets.  Quint. 


Quelle   verve  indifâpte 
Sans  l'aveu  des  neuf  Sœurs  vous  a  rendu  Poëte  ? 

Boii, 

Indiscret  ,  ette  ,  fc  prend  aullî  quelquefois  fubftan- 
tivement.  Un  indificret  s'ingère  dans  les  aftaires  d'au- 
trui  mal  -  à  -  propos.  Bell.  Il  n'y  point  d'atîaire 
qu'un  indificret  ne  gâte  ,  ni  de  converfition  qu'il 
ne  trouble.  Bouh.  Un  indificret  fe  fait  fouvent  de 
grandes  atfaires  pour  une  parole  lâchée  mal-à-pro- 
pos. 

INDISCRÉTION,  f.  f.  IfT  Manque  de  difcrétion. 
Imprudentia.  Elle  clt  relative  ,  comme  nous  l'a- 
vons dit ,  à  la  confiance  ,  ou  à  d'autres  objets  ,  & 
à  toutes  les  circonllancas  où  nous  manquons  par 
étourderie  ou  par  Lmx  jugement.  Voye^  Indis- 
cret. L'indificretion  eft  un  crime  où  l'injuftice  fe 
joint  à  l'imprudence.  Révéler  le  (ecret  d'un  ami  ou 
de  tout  autre  ,  c'eft  ditpofer  d'un  bian  dont  on 
n'éfoit  pas  le  maître  ,  c'eft  abufer  d'un  dépôt  :  & 
cet  abus  eft  d'autant  plus  criminel ,  qu'il  eft  toujours 
irrémédiable.  Il  ell  des  faveurs  de  nature  à  demeu- 
rer toujours  fecrètes  ;  d'autres  que  la  reconnoif- 
fance  oblige  à  publier.  Celles  qu'on  devroit  pu- 
blier ,  on  s'en  tait  par  ingratitude  ;  &  celles  qu'on 
devroit  taire  ,  on  les  publie  par  vanité.  Appréhen- 
dez tout  de  l'indificretion  d'un  amant  heureux.  L'in- 
dificretion fait  qu'on  ne  mérite  aucune  confiance. 
Les  faux  dévots  fe^  font  un  honneur  de  l'indificretion 
de  leur  zèle.  S.  Évr.  Cette  indificrétion  n'eft  pas 
pardonnable  à  un  vieux  courtilan.  On  n'a  vu  que  trop 
de  ces  malheureufes  entretenir  l'audience  des  indifi- 
crétions  de  leur  vie.  Patru.  C'eft  la  feule  indificré- 
tion qu'il  a  faite  en  fa  vie. 

INDISCRETTEMENT.  adv.  D'une  manière  indif- 
crette.  Inconfideraiè.  Agir  indificrettement ,  parler  in- 
difcrettement. 

INDISPENSABLE,  adj.  m.  &  f.  tfT  Ce  dont  on  ne  peut 
ni  s'excufer  ,  ni  fe  difpenfer.  On  le  dit  des  devoirs 
&  des  cngagemens  qu'on  ne  peut  ni  omettre  j  ni 
oublier  uns  être  coupable  ;  &  des  loix  -auxquelles  on 


1  N  D 

ne  peut  Ce  fouftrairc  iluis  crime.  Al'foliuè  neccjfurius. 
Le  ftcours  qu'on  doit  à  ion  pàe  cfl  un  devoir  in- 
dïfpcnfahlc.  Tout  ce  qui  eft  de  droit  diviii  &  naturel 
elt  indijj'cnfiibk.  Les  loix  de  la  iiécellué  forit  tndif- 
pcnja!<lcs. 

lNDlPENi)/\BLEMENT.  adv.  D'une  manière  indif- 
penf'ablc  ,  par  une  loi ,  par  un  devoir  mdi(peii(,ible. 
Neccfjdrio.  Tous  les  hommes  lont  iujets  à  la  mort 
indijpcnfMemcnt.  Il  étoit  engagé  indifpenfubUmcnc 
à  la  guerre.  Ablanc.  La  Clcricature  étoit  indi/pen- 
fablcmcnt  attachée  à  leur  niiniftére.  Patru. 

INDISPONIBLE,  adj.  m.  cV  K  Terme  de  Palais ,  qui 
fe  dit  des  biens  dont  on  ne  peut  pas  diipofer  partel- 
tamcnt  ,  félon  les  loix.  On  dit  aulH  No7i  d'ifponi- 
hle.  Quod  leginmè  dari  aut  legan  non  potefi. 

INDISPOSÉ  ,  ÉE.  adj.  m.  &  f.  fJCFQuieftunpeu  ma- 
lade i  qui  a  quelque  altération  dans  la  (anté.  Alalè 
affccius ,  itgcr.  Je  me  lens  ïndifpofé  depuis  quelque 
temps.  Les  gens  qui  ne  lont  o^xindlfpofcs  ,  devien- 
nent fouvcnt  malades  ,  parce  qu'ils  écoutent  trop 
leurs  iudilpolitions. 

ffT  Ce  mot  ell  employé  au  moral  dans  une  acception 
tout-à-fait  ditlérentc  ,  pour  lignifier  celui  qui  ell 
dans  une  dilpohtion  d'efprit  peu  favorable  ,  dans 
laquelle  nous  répugnons  à  faire  ce  qu'on  délire  de 
nous.  T'oye\  VAn.Juiv. 

ffT  Indisposé,  dit  le  P.  15ouhours,  Signifie -t-U  au- 
tre choj'c  en  notre  langue  ,  que  malade?  Le  Jleur  de 
Beuil  lui  donne  une  Jignijicadon  toute  nouvelle  , 
dans  l'Imitation  de  J.  C.  A'mli  vous  pourriez  ,  dit-il , 
c'iiférerlong  temps  de  communier  ,  &  vous  y  trouver 
^\\is  indifpofé  AmsLi  luire.  Il  fait  là  indifpofé  parti- 
cipe ,  comme  vous  voycq  ;  6'  a/in  qu'on  n'en  doute 
pas  ,  il  fait  un  verbe  (f 'indilpoler. 

INDISPOSER-  V.  a.  Mettre  quelqu'un  dans  une  dif- 
pofition  peu  fivorabk.  Alienare  ,  irritare.  S'il  y  a 
àz^  fiutes  qu'on  ne  peut  s'empêcher  de  punir ,  il  y 
en  a  d'autres  fur  lefquelles  il  faut  fermer  les  yeux  ; 
c'efl:  lorlque  les  châtimens  au  lieu  de  rendre  les 
perfonnes  meilleures  ,  ne  lervent  qu'à  les  indifpofcr 
Se  les  aigrir.  As.  de  la  Tr.  Le  monde  eft  rempli 
de  gens  qui  sindifpofent  ,  Se  qui  le  lentent  impor- 
tunés ,  aulli  tôt  qu'on  leur  touche  ces  fortes  de  ma- 
tières. Id.  §3"  Cette  démarche  indifpofera  tout  le 
monde  contre  vous ,  donnera  de  l'éloignement. 

tfT  Ce  mot  paroilloit  intolérable  au  P.  Bouhours , 
&  quelque  chofe  de  monftrueux  dans  notre  langue. 
A  la  vérité,  dit-il,  in  joint  avec  les  noms,  marque 
une  négation  en  François  ;  mais  in  joint  avec  les 
verbes  ,  ne  marque  point  de  négation  ni  en  Latin , 
ni  en  François  :  &  je  ne  vois  qa'injimio  Se  improbo 
qui  foienr  irréguliers.  De  l'un  nous  avons  fait  in- 
firmer en  ftyle  de  Palais  :  Se  de  l'autre  nous  avons 
fait  improuver  ,  pour  dire  défapprouver  ,  qui  elt 
félon  le  génie  de  la  Langue  Car  au  lieu  d'i/z ,  qui 
étant  joint  avec  un  verbe  ,  fignihe  dans ,  comme 
infcrire  ,  imprimer ,  &c.  Nous  avons  mis  de  à  la  tête 
des  verbes  llmples ,  afin  d'en  faire  des  verbes  néga- 
tifs :  &  nous  avons  dit  dérégler,  déplaire,  détrom- 
per. Se  voilà  notre  ufage. 

tfJ'  Mais  in  ne  marque  pas  moins  une  négation  dans 
les  verbes  que  dans  les  noms.  Outre  infirmare  Se 
improbare  ,  il  y  a  invalidare  dont  nous  avons  fait 
invalider ,  incommodare  Se  inquietare  ,  dont  nous 
avons  fait  incommoder  Se  inquiéter.  Il  y  a  inficiari , 
infiteri  ,  impiare  ,  inobedire  ,  &  beaucoup  d'autres. 

INDISPOSITION,  f.  f  Légère  altération  de  la  fanté. 
Mala  affeclio  ,  valetudo  ■■,  affecla  valetudo.  Il  s'elt 
tenu  au  lit  quinze  jours  pour  une  légère  indifpofition. 
D3"Une  indifpofition  négligée  devient  quelquefois 
une  maladie  lérieufe.  Il  eft  plus  dangereux  encore  de 
recourir  au  Médecin  pour  des  indifpofition  s  que  la 
nature  guériroit  d'elle-même.  Jacques  le  Févre  mou- 
rut a  cent  Se  un  an  fans  aucune  indifpofition ,  Se  Mar- 
guerite de  Navarre  le  fit  enterrer   magnifiquement. 

CoLOM. 

Indisposition  ,  fc  dit  %fT  au  moral  pour  fignifier 
une  dilpofition  peu  favorable  ,  un  certain  éloigne- 
ment  qu'on  fent  pour  une  perfonne  ou  pour  une 


JND 


tyi 


choie ,  une  réiiugnance  à  faire  ce  qu'on  dehre  de 
nous.  Alienatio  animorum.  Tout  le  monde  elt  dans 
une  grande  indifpofition  contre  lui.  On  peut  guâir 
des  indifpofitions ,  quand  elles  font  légères  ,  par 
quelques  exercices  particuliers  de  piété;  mais  qu.uid 
les  plaies  font  protondes  ,  a  moins  que  d  aller  juf- 
qu'au  fond  du  mal  «Se  de  lé  fervir  des  moyens  puif- 
fans  ,  les  guérilbns  ne  font  pas  poilibles.  Ab.  de 
LA  Tr.  Aper  ,  à  qui  vous  ne  cherchiez  point  que- 
relle ,  Se  auquel  vous  n'aviez  pas  témoigné  la  moin- 
dre indifpofition  contre  l'éloquence  moderne  ,  s'cft 
avifé  de  vous  attaquer  dans  la  pcrlbniic  de  vos  an- 
cêtres.  MoRABIN  ,   p.  lOy. 

INDISPUTABLE.  adj.  Inconteftable.  L'Auteur  des 
Lettres  Philofophiques  fur  le  fyllème  de  l'attrac- 
tion ,  fait  ainfi  parler  M.  Newton ,  qui  en  eft  l'in- 
venteur :  Je  ne  me  lers  du  mot  d'attraétion  que 
pour  exprimer  un  effet  que  j'ai  découvert  dans  la 
nature  ,  effet  certain  Se  indifputuble  d'un  principe 
inconnu  ,  qualité  inhérente  dans  la  matière  ,  dont  de 
plus_  habiles  que  moi  trouveront  ,  s'ils  peuvent,  la 
caulé . . .  Ménage  auroit  fans  doute  approuvé  Indif- 
putable  en  cet  endroit ,  comme  il  a  fait  en  ce  paf- 
fage  de  la  Réplique  de  Girac  à  Collar  pour  confir- 
mer cette  vérité  indifputable.  Obf.  fur  la  Lang.  Fr. 

INDISSOLUBILITÉ.  L  f.  fCT  Terme  didaéfique. 
Qualité  de  ce  qui  eft  indilfoluble ,  qui  ne  peut  être 
ni  dillous  ,  ni  rompu.  Status  rei  indifjolubilis.  Au 
propre  on  dit  en  Chyniie  ,  Vindiffolubilité  de  l'or 
dans  l'eaii-forte.  Au  figuré  ,  Vindijfolubilité  du  ma- 
riage. Le  Concile  de  Trente  a  prononcé  Vindiffolu- 
bilité du  mariage.  G.  G.  L'Églilé  a  toujours  cru  \'in- 
difj'olubilité  du  mariage  dans  la  nouvelle  loi.  En  par- 
lant d'une  qiiellion  ,  d'un  problême  de  Géométrie  , 
d'Algèbre  ,  Sec.  je  ne  voudrois  pas  dire  indiffolubilité 
niais  iiifolubilité ,  quoique  ce  dernier  mot  ne  foit  pas 
en  ulage.  On  ne  dit  pas  dilîoudre  une  queftion  de 
Droit ,  de  Phylîque  ,  on  dit ,  Soudre  ,  ou  réfoudre 
une  queftion.  Mais  on  dit ,  Diffoudre  un  mariage  , 
c'eft- à-dire,  lecalfer,  féparer  les  conjoints;  Dif- 
foudre un  compolé  comme  on  fait  en  Chymie  ;  pour 
dire ,  Séparer  fes  élémens  &  fcs  principes ,  en  faire 
l'analyfe. 

INDISSOLUBLE,  adj.  de  t.  g.  Dans  ce  mot  Se  fes  dé- 
rivés on  fait  peu  fentir  la  première  s  ,  dans  le  dil- 
cours  ordinaire.  |KF  Qui  ne  peut  être  dillous ,  rom- 
pu, IndijJ'olubUis.  Au  propre  on  dit  que  l'or  eft  in- 
diffoluble  dans  l'eau  régale.  Au  figuré ,  mariage , 
nœud  ,  engagemens  indiffoluiles.  Le  mariage  eft 
un  nœud  ficré  Se  indiffoluble  parmi  les  Chrétiens, 
Je  frémis  à  la  feule  idée  d'un  engagement  indiffolu- 
ble. S.  ÉvR.  Il  y  a  des  Auteurs  qui  ont  propolé  des 
quellions  indiffolubles  ,  qu'on  ne  pouvoir  réfoudre , 
comme  Hentisberus  ,  de  Alliaco  ,  Jacques  Suider  , 
dit  le  Calculateur  ,  &:c.  Il  vaut  mieux  dire,  infolublcs 
en  parlant  de  queftions  Se  de  problêmes ,  &  indijjo- 
lubles ,  en  parlant  de  mariage  Se  des  autres  engage- 
mens. 

INDISSOLUBLEMENT,  adv.  D'une  manière  indilîb- 
luble.  Indijfolubili  ne.xu.  Les  Ordres  Sacrés  lient  une 
perfonne  à  l'Égliie  indiffolublement.  Dans  la  Comé- 
die de  l'Irréfolu  de  M.  Deftouches  ,  Acl.  ^  ,  Se.  S  , 
le  jeune  Chevalier  ,  qui  vouloir  époufer  la  vieille 
Argante  poiîr  fes  richelfes  ,  lui  dit  : 

Nous  nous  laiffons  aller  au  poids  qui  nous  emporte  ; 
Et  par  ce  mutuel  &  doux  emportement , 
Nous  nous  trouvons  liés  indlifolublement. 

Madame    Argantb, 

Indilîolublement  !  L'exprefp.on  efl  belle. 

Le     Chevalier. 
Oui. 

Madame     Argante. 

Mais  à  mon  oreille  elle  efl  un  peu  nouvelle. 


tst 


I  N  D 


Le     Chevalier. 


Je  le  crois  tien ,  ma  foi.  Je  viens  de  l'inventer 
Exprès  pourvousfurprendre  &  pour  vous  enchanter. 

INDISTINCT  ,  INCTE.  adj.  §3°  Qui  n'cft  pas  bien 
diftiiid  ;  n'elî  ni  dilbngué  ,  ni  {cparé.  Indijlinclus. 
Ce  terme  qui  d'ailleurs  eft  d'un  Icr^-ice  allez  rare  , 
ne  fe  dit  guère  que  des  fons  qu'on  ne  dillingue  pas 
bien  ,  &  des  idées  confufes.  Dans  ce  défordre  géné- 
ral on  entendoit  des  voix  confutes  &  indiftincles  , 
qui  ne  faitbient  pas  l'éparément  une  fenfation  claire 
&  nette.  Souvent  la  mémoire  ne  conferve  que  des 
notions  indiftincles  d'une  chofe  éloignée,  parce  que 
quelques-unes  des  idées  qui  marquoient  la  liailon 
&  le'  rapport  de  toutes  tes  parties  ,  étant  effacées , 
l'image  qui  en  refte ,  eft  imparfaite  &  indijlincle. 
On  pourroit  dire  la  même  chofe  d'un  objet  que 
nous  voyons  dans  un  trop  grand  éloignement.  Cha- 
que partie  ne  faifant  pas  une  imprelîion  alFez  vive 
&  allez  nette  ,  l'image  qui  fe  trace  du  tout ,  eft  in- 
diftincle.  Par  la  même  raifon  les  images  que  nous 
préfente  le  fommeil ,  (ont  indiftincles. 

INDISTINCTEMENT.  adv.fXDune  manière  indif 
tinéle.  Indijlincle.  En  parlant  des  chofes  dont  les 
parties  ne  font  pas  bien  diftinguées  ni  iéparées  les 
unes  des  autres ,  pour  hiire  une  fenfation  claire  & 
nette.  On  n'entend  (\\iindiftinclement  les  voix  d'une 
multitude  éloignée.  On  voit  indïftinclement  les  ob- 
jets trop  éloignés.  Certaines  idées  s'oftrent  indiftinc- 
temenc  à  notre  eiprit. 

fdT  Indistinctement  ,  fignifie  aulîî  fins  diftinélion  , 
fans  faire  différence  d'une  perfonne  ou  d'une  chofe 
à  une  autre.  Indifcriminatim  ,  nullâ  hahiiâ  ratione , 
nullo  difcrimine  jacîo.  Dans  certaines  allemblées  on 
reçoit  indftinclcment  tous  ceux  qui  le  prélentent.  La 
peine  eft  tombée  indïftinclement  fur  tous  les  coupa- 
bles. On  a  pallé  tous  les  habitans  au  fil  de  l'épée  in- 
dïftinclement ,  fans  diftinélion  de  lexe ,  ni  d'âge. 

INDISTINCTION,  i.  f.  Terme  de  Philofophie.  In- 
■djftinclio.  Qualité  de  ce  qui  n'eft  point  diftingué 
d'un  autre.  Foye\  les  ait.  piécédens. 

INDIVIDU,  f  m.  Terme  de  Philofophie.  Être  par- 
ticulier de  chaque  efpèce  j  ou  ce  qui  ne  peut  être 
divifé  en  deux  ou  plulieurs  autres  êtres  fcmblables , 
ou  égaux.  Individuum.  La  divifion  ordinaire  de  la 
Logique  fe  fait  en  genres  ,  ?r  de  genres  en  efpèces , 
&  des  efpèces  en  individus.  Ce  n'eft  pas  les  pre- 
miers principes  qui  déterminent  les  êtres ,  c'eft  le 
véfultat  de  leur  mélange ,  qui  fait  que  la  chofe  eft 
ce  qu'elle  eft;  qui  fait  les  individus.  |,CFOn  ne  le  dit 
que  des  êtres  organilés ,  animaux  &  végétaux. 

On  dit  auflî  en  badinant ,  d'un  homme  qui  s'aime 
bien ,  qu'il  a  bien  foin  de  fon  individu.  L'hiver  eft 
l'ennemi  particulier  de  mon  milérable  individu ,  & 
il  n'y  a  pas  moyen  que  nous  nous  accommodions 
lui  &  moi.  Balz. 

On  dit  à  l'adjcétif  féminin  en  termes  de  Théolo- 
gie, La  très  -  fainte  &c  individue  Trinité.  Individua 
Trinitas  ,  &  indivifa  Unitas. 

ifT  INDIVIDU ATION.  f  f.  Terme  de  Métaphyfique. 
Ce  que  l'on  appelle  principe  A'indiyiduation  ,  en 
Latin  également  barbare,  principium individuationis , 
c'eft  une  détermination  complctte  de  laquelle  naît 
la  différence  numérique.  Pierre  &  Paul  appartien- 
nent à  la  même  elpèce  ,  mais  ils  différent  numéri- 
quement par  des  différences  qui  leur  font  propres  ; 
par  la  beauté,  par  la  grandeur,  par  la  fcience  ,  &c. 
l'aircmbiage  de  ces  différences  prifes  enfemble  ,  fait 
tel  ou  tel  individu. 

INDIVIDUEL  ,  ELLE.  adj.  Terme  de  Logique.  Indi^ 
vidualis.   Plulieurs   Philolophes   .admettent  des  dif- 
férences  individuelles  ,   c'eft- à-dirc   entre   les  indi 
vidus. 

INDIVIDUELLEMENT,  adv.  A  ne  regarder  précifé- 
ment  que  l'individu.  Individualiter.  Pierre  ,  en  tant 
que  Pierre ,  eft  individuellement  ,  &c. 

|Cr  INDIVIDUER.  v.  a.  Terme  de  l'École.   Confti- 


I  N  D 

tuer  un  individu  ,  lui  donner  une  forme  individuelle ," 
faire  qu'il  ioit  un  tel  individu  ,  non  pas  un  autre,  il 
eft  injurieux  à  la  divinité  de  croire  que  Dieu  fe 
mcprendroit  dans  la  connoiffance  de  fes  créatures, 
comme  le  difoit  M.  de  Leibnitz  ,  fi  elles  n'avoienc 
julqu'à  la  dernière  monade  des  traits  de  diverfité 
qui  les  Ipécitient  &  les  individuent  ,  comme  on  le 
dit  dans  l'École  avec  beaucoup  de  force  &  d'expref- 
iîon  pour  ceux  qui  s'y  entendent.  Mém.  de  Trév. 

INDIVIS  ,  ISE.  adj.  Qui  n'eft  pas  partagé,  ou  divifc. 
Indivifus.  Ces  terres  font  communes  &  indivi/èi: 
Notre  lubftitution  eft  conçue  en  un  article  indivis. 
Pal.  La  caule  eft  une  &  indivife.  Id. 

Par  indivis,  adv.  Terme  de  Palais.  En  commun.  In 
folidum  ,  indivise.  Pollédcr  un  héritage  ^(7r  indivis, 
^fT  n'eft  autre  chofe  que  jouir  d'une  même  choie 
non  téparée  entre  les  copropriétaires.  Il  eft  oppofé 
à  divis.  Polféder  par  divis  ,  fe  dit  quand  les  parties 
&■  portions  d'une  chofe ,  qui  étoit  commune  ,  ont 
écé  faites  pour  en  jouir  chacun  féparément.  Les 
promelfes  générales  fiites  à  tous  leur  appartien- 
nent en  commun  &  par  indivis  ,  comme  on  parlej 
chacun  y  a  le  même  droit.  Pélisson. 

Indivis,  adj.  Les  terres  de  Dounezan  &  d'Andorre 
dans  les  Pyrénées  font  par  indivis  de  la  Souveraineté 
de  France  ôc  d'Efpagne.  On  y  met  alternativement  un 
Viguier  François  &  un  Viguier  Efpagnol.  C'eft  aulîî 
une  Souveraineté  poflédée  par  indivis  ,  que  le  Con- 
dominium  qui  eft  établi  en  certaines  terres  d'Allema- 
gne entre  les  Princes  de  même  maifon. 

INDIVISIBILITÉ,  f.  f.  Terme  dogmatique  ,  État  de 
ce  qui  ne  peut  être  divilé.  h'indiviftbilité  d'un  atome. 
indivifibilité  du  point  mathématique.  IndiviftbiUtas  , 
individuitas. 

INDIVISIBLE,  adj.  Qui  ne  fe  peut  divifer.  Indivifibi- 
lis.  IfT  Le  point  mathématique  eft  réputé  indivijlble , 
parce  qu'on  le  regarde  comme  n'ayant  aucune  éten- 
due. Dans  le  fyftème  des  Épicuriens,  les  atomes, 
qui  font  les  parties  élémentaires  des  corps ,  font  eC- 
fentiellement  indivifibles  ,  individua  corpora  j  non 
pas  à  caufe  de  leur  petitelTe  ,  mais  à  caufe  de  leur 
dureté  &  de  la  cohérence  de  leurs  parties. 

INDIVISIBLEMENT.  adv.  D'une  manière  indivifible.' 
Indivifihditer.  Les  conjoints  par  mariage  font  unis 
indivifiblement.  Le  ciel  &  la  terre  les  ont  joints  in- 
diviftblement.  Pat. 

^  INDIVISION.  C.  f.  Non  divifion.  La  matière  eft 
toujours  divifible  ,  fans  être  jamais  divifée  à  l'infini. 
Il  y  a  donc  dans  la  matière  des  particules  fi  minces  , 
qu'elles  s'éciiappent  à  toutes  les  divilions  que  l'art 
&  la  nature  opèrent.  Ces  particules  jouilfent ,  finon 
d'une  vraie  indivifibilité  ,  au  moins  d'une  vraie  in- 
divifion  ,  qu'on  nous  palfe  ce  terme.  Mém.  de  Trév. 
Mai  IJSP- 

|Cr  Ce  terme  qui  n'eft  pas  de  l'ufage  ordinaire  ,  peut 
être  employé  dans  le  dogmatique ,  même  fans  cor- 
rectif. Il  eft  énergique  ,  même  néceffaire  ,  puifque 
nous  n'en  avons  point  d'autre  à  lui  (ubftituer. 

INDOCILE,  adj.  m.  &  f  Qui  ne  veut  recevoir  aucune 
inftruélion,  ni  céder  ,  ni  obéir.  tfT  C'eft  dans  la 
fignification  la  plus  générale ,  celui  que  l'amour  de 
la  liberté  naturelle  à  l'homme  ,  empêche  d'obéir. 
Indocilis  ,  férus  ,  ajper.  Les  peuples  barbares  font 
d'un  naturel  indocile.  Les  dévots  (ont  d'ordinaire 
indociles  Se  vifionnaires.  Boss.  Rien  ne  porte  plus 
à  la  révolte  des  elprits  opiniâtres  &  indociles ,  que 
de  reconnoître  peu  de  vigueur  dans  celui  qui  les  gou- 
verne. BouH.  Xav.  L.  VI. 

INDOCILITÉ,  f.  f.  IfT  Manque  de  docilité.  Indocili- 
M:f.  C'eft  un  vice  provenant  de  l'opiniâtreté  ou  de 
l'orgueil  j  qui  nous  empêche  de  fcntir  l'avantage  de 
l'inftrudion  ,  &  le  mérite  de  l'obéiilance  ,  &  qui 
nous  fait  rejettcr  l'un  &c  l'aujre.  L'indocilité  d'un 
écolier.  L'indocilité  des  Sauvages. 

INDOCTE,  adj.  de  t  g.  Ignorant.  Indocîus.  Ce  mot 
fe  trouve  dans  la  Comédie  des  Vifionnaires. 

Ce  n'eft  pas  pour  toi  que  j'écris^ 
Indoclc  6" /lapide  Fulgaire.  Des-M. 

INDOLENCE. 


I  N  D 

INDOLENCE,  f.  f.  03"  Indoknûa.  Défaut  de  rciifi- 
bilitc  morale  :  ccac  d'une  pcrioniic  qui  n'efl  point 
touchée  des  cliofcs  qui  touchent  les  autres  hommes , 
comme  la  gloire  ,  la  réputation  ,  la  fortune  ,  les 
plailirs,  <Sic.  C'eft  une  elpèce  d'impailibiiité  ou  d'a- 
pathie ,  chimère  après  laquelle  eouroient  des  Phi- 
lofophes extravagans  ,  dans  laquelle  l'ame  placée  hors 
des  atteintes  que  donnent  les  pallions,  vit  dans  une 
tranquillité  inaltérable.  Il  vaudroit  beaucoup  mieux 
être  quelquefois  en  querelle  avec  les  paiiions,  que 
de  jouir  de  cette  paix  honteule  que  {'indolence  donne. 
L'amour  ell  de  toutes  les  pallions  la  plus  propre  à 
vaincre  l'indolence.  Un  loin  exccilîf  de  cacher  fes 
défauts,  vaut  mieux  que  l'indolence  de  ceux  qui  ne 
fe  donnent  pas  la  peine  de  les  cléguifer.  Bell. 

^CT  Ce  mot  s'emploie  aulll  poiu'  déligncr  l'état  de 
l'ame  qui,  ians  être  troublée  pat  les  pallions  qu'elle 
éprouve  ,  eft  dans  une  elpèce  d'indiiiérence  parel- 
feulè  ;  mais  qui  n'exclut  ni  la  douleur  j  ni  le  plai- 
iîr  :  il  y  a ,  dit  S.  Evremont ,  une  .indolence  de  mol- 
lelTe ,  plus  exculable  qu'une  indolence  ftupide ,  que 
rien  ne  peut  exciter.  Cette  heureufe-  indolence  n'ell 
pas ,  comme  s'imagine  le  vulgaire  ,  un  état  uns 
douleur  &  fans  plailir  :  c'ed  le  lentiment  d'une  joie 
délicate  ,  que  donne  la  tranquillité  de  Telprit. 

Là  ,  parmi  les  douceurs  d'un  cranqwlie  Jllencc  , 
Règne  fur  le  duvec  une  heureufe  indolence.  Boil. 

§CrOn  s'en  fcrt  encore  pour  déligner  l'indifférence 
de  certaines  peiionnes  qui  ne  prennent  point  départ 
à  la  converfation ,  &  qui  ne  (entent  point  ce  qu'on 
dit.  Ces  alicdations  d'ennui ,  ces  indolences  perpé- 
tuelles &  ces  airs  de  négligence  que  fe  donnent  cer- 
taines femmes  ,  ne  piailent  nullement  aux  geiiî  de 
bon  goût.  Fen. 

^S'Mais  ce  mot  eft  confacré  en  quelque  façon  popr 
déiigner  un  des  dogia-s  des  aucicnj  Philofophes  Cy- 
niques, &  d'Abhncourt  s'en  eil  fcrvi  dans  le  dialo- 
gue de  Lucien ,  intitule  Nigrinas.  Il  n'approuvoit  pas 
ce  que  quelques-up.s  prennent  pour  un  grand  exercice 
de  vertu,  de  fe  fouetter,  ou  de  fe  déchirer  la  peau, 
pour  s'accoutumer  à  la  douleutj  &  difoit  que  c'é- 
toit  dans  l'ame  qu'il  falloit  placer  l'indolence.  Les 
Stoïciens  mcttoient  la  douleur  entre  les  chofes  indif- 
férentes ;  &  comme  ils  ne  croyoicnt  pas  que  la  vo- 
lupté fût  un  bien  ,  ils  ne  croyoient  pas  non  plus  que 
la  douleur  fût  un  mal.  Mais  pour  les  Cyniques  , 
comme  ils  failoient  profeilion  d  être  ennemis  de  la 
volupté  (  que  je  devienne  infenfé  plutôt  que  volup- 
tueux ,  dilbit  Antifthène  leur  fondateur)  ils  tour- 
mentoient  leur  corps  pour  l'accoutumer  à  la  dou- 
leur ,  l'ennemi  de  la  volupté;  &  ce  que  dit  Lucien  du 
Philofophe  Nigiicus ,  doit  être  entendu  des  Cyni- 
ques 8c  non  pas  des  Stoïciens  ,  comme  l'explique  le 
P.  Bouhours. 

INDOLENT,  ENTE,  adj.  Indiiférent;  qui  n'eft  tou- 
ché de  rien.  Qui  nulld  re  commovetur.  Il  fe  dit  auiîi 
d'un  homme  parellèux  ,  nonchalant,  quieli:  infenlî- 
ble,  qui  n'a  aucun  loin  de  fa  fortune.  On  s'ennuie 
fort  avec  ces  perfonnes  indolentes  ,  qui  ne  prennent 
point  de  part  à  la  converfation ,  &  qui  ne  fentent 
point  ce  qu'on  dit.  Bell.  Challèz  des  cœurs  un  indo- 
lent repos.  S.  EvR.  La  meilleure  éducation  échoue 
fur  un  naturel  indolent  &  infenl'ible.  Fen. 

Jeunes  beautés  en  vain  tendent  filets  ; 

D'être  indolent  chacun  fe  félicite  ^ 

Nul  en  amour  ne  daigne  être  hypocrite.   Des -H. 

Les  mots  d'indolent  8c  d'indolence  ne  font  pas  fort 
anciens  dans  la  Langue.  Quand  ils  commencèrent  à 
s  UKiT.duu-e  dans  ^e  monde ,  M.  Scarron  dans  une  épî- 
tre  chagrine  en  parla  de  cette  forte  : 

Mille  â  la  Cour  fe  fervent  û''indolenee. 
Pour  exprimer  langueur  &  nonchalance: 
rame  F. 


IND  ijg 

Et  vous  diront  d'un  ton  trifte  &  dolent  j 
Depuis  huit  jours  je  fuis  bien  indolent. 

Aujourd'hui  indolent  8c  'indolence  ont  des  lettres 
de  Noblelle.  De  Vign.  Mar. 

IP* Indolent  cft  aullî  fubllantif.  C'eft  un  'indolent  qui 
ne  le  met  en  peine  de  rien. 

M.  Dionis  appelle  tumeur  indolente ,  une  tumeur 
qui  ne  caufe  aucune  douleur.  C'ell  la  force  gramma- 
ticale du  met.  On  dit  auiiidans  le  même  féns  une  hu- 
meur indolente. 

U^^^Indolent,  nonchalant,  parellèux j négligent,  fyno- 
nimes.  Indolent  par  défaut  de  fcnfibilité  ;  nonchalant 
par  défrut  d'ardeur  ;  parellèux  par  défaut  d'action  ; 
négligent  par  défaut  de  foin.  Syn.  Fr.  Rien  ne  pique 
l'indolent;  il  vit  dans  la  tranquillité  &:  hors  des  at- 
teintes que  donnent  les  fortes  pallions.  Foye^  les 
autres  mots. 

Cf3  Indolent,  mou.  Un  homme  mou  ne  foutient  pas 
(es  entreprifès.  Un  indolent  ne  veut  rien  entrepren- 
dre ;  il  manque  de  volonté  8c  d'émulation  ;  on  ne  peut 
le  piquer  ni  le  rendre  (enlible. 

INDOMTABLE,ou  INDOMPTABLE,  adj.  m.  &  f.Qu'il 
eft  impollible  de  donii'  r.  Indomitus.  Il  le  dit  au  pro- 
pre des  animauxqiu  :efufent  abfolument  d'obéir  à 
l'homme  ,  8c  au  figuré,  d:  refpiit&:  des  pallions  qui 
ne  (ont  point  foumilès  à  la  raifon.  Achille  doit  tou- 
jours paroitre  fougiicux ,  pétulant  &  indomuble.  Le 
P.  LE  B.  Tout  ell  fournis  dans  le  monde  hors  l'ame 
fîcre  &:  'indomtable  de  Caton.  Bouh.  Et  cuncla  terra- 
rum  fubacla ,  prêter  atrocem  an'imum  Catonis.  M.  de 
Segrais  avoir  traduit  :  Equùm  domitor,  qui  eft  l'épi- 
thète  que  'Virgile  donne  à  Mellape ,  par  ce  vers  Fran- 
çois. 

Le  domteur  'mdomté  d'un  cheval  indomtable. 

INDOMTÉ,  ou  INDOMPTÉ,  ÉE.  adj.  Qui  n'a  point 
encore  été  domté.  Indomitus.  On  lacrifioit  autrefois 
des  taureaux  indomtés  qui  n'avoient  point  été  mis 
fous  le  joug.  On  appelle  auffi  |ÎCr  un  cheval  indomté , 
un  cheval  fougueux ,  furieux,  fauvage.  Au  moral  un 
courage  'mdomté ^  un  homme  courageux,  bouillant, 
fougueux. 
Brébeuf  a  dit  d'Alexandre  : 

//  fuit  en  indomté  des  ardeurs  'indifcrettes  : 
Et  de  Célar: 

Ce  farouche  héros  ,  ce  courage  indomté , 
Prit  aux  yeux  des  foldats  toute  fa  majeflé. 

Tous  c&s  cœurs  imlomtés  où  préfide  la  glo'ire. 

Bréb. 

INDOSCYTHE.  f.  m.  Ancien  peuple  d'Afie^  aux  con- 
fins de  la  Scythie  &c  de  l'Inde ,  vers  le  confluent  du 
Cophène  &  de  l'Indus. 

INDOSTAN.  Pays  d'Alîe.  Foyei  Indoustan. 

INDOTEE.  adj.  f.  Qui  n'a  pas  eu  de  dot.  Du  Latin  Indo- 
tata.  Par  Arrêt  du  mois  de  Février  1579,  du  Parle-, 
ment  de  Touloufe ,  rendu  au  rapport  de  M.  May- 
nard  ,  il  fut  jugé  que  la  femme  fe  remariant  dans  l'an 
du  deuil,  perdoit  la  quarte  que  l'Empereur  Juftiniea 
accorde  à  la  femme  indotée  8c  pauvre ,  fur  les  biens 

de  fon  mari  décédé  opulent ,  non  extant'ibus  liberis 

Gaer.  Gveket,  rem.  furie  chap.  ^.p.  de  la  i  Cent,  de 
M.  le  Prejire,  p.  rs4,  col  i. 

INDOU.  f.  m.  C'eft  le  nom  d'une  efpèee  de  Payens  de 
l'Inde  qui  habitent  en  deçà  du  Gange.  Ils  croient  un 
Dieu  Souverain  (5c  l'immortalité  de  l'ame.  Ils  font 
prefque  tous  profeilion  de  porter  les  armes  ,  8c  le 
Grand-Mogol  leur  confie  la  ^arde  de  fes  meilleures 
places.  Maty. 

INDOUSTAN.  Terme  de  Relations  8c  de  Géographie. 
Pays  d'Alie ,  lîtué  entre  l'Indus  &  le  Gange  _,  Se  arro- 
fé  d'une  infinité  de  rivières  &  de  canaux  que  la  nature 

V 


ÎT4  IND 

<Sc  r.irt  ont  crculcs  pour  tranfporcci-   les  immcnfcs 
richelles  qu'on  y  recueille.  Quoiqu'on  ait  tranfportc 
le  nom  d'Inde  Se  des  Indes  à  l'Amérique ,  &  celui 
d'Indien  aux  peuples  qui  l'habitent,  il  n'en  eftpas  de 
même  de  celui  ci.  Indoujiaji  ne  fe  dit  que  des  Indes 
propres ,  qui  font  les  Indes  Orientales. 
îN  DOUZE,  i".  m.  Terme  d'imprimeur  i<c  de  Libraire. 
Sorte  de  livre  dont  chaque  feuille  pliée  en  douze  com 
pofe  24  pages.  In  duodecimo.  In  duodccïma  forma. 
C'efl:  un  grand,  c'eft  un  petit  in  dou^a.   On  lappelle 
-in-dou-^e,  parce  que  ce  nom  eft  pris  des  formes  d  Im- 
primerie fur  lefquclles  ce  livre  eft  tiré;  &  que  cha 
cune  des  formes  de  ces  fortes  de  livres  ,  a  douze  com- 
partimens  de  caradères  qui  font  les  douze  pages  qui 
s'impriment  de  chaque  côté  dune  feuille,  &  qi-ii^en 
font  14 ,  en  prenant  les  deux  formes  ou  les  deux  côtés 
enfemble. 
ÏNDRE.   Nom  d  une  rivière  de  France.    Anger.    Elle 
prend  (x  fource  dans  le  Berry  où  elle  baigne  la  Châtre 
&  Château  Roux.   Elle  entre  enfuite   en  Touiaine, 
&  y  ayant  baigné  Châtillon  lur  V Indre  _,  Loches ,  tx. 
clic  fe  décharge  dans  la  Loire ,  entre  les  embouchures 
de  la  'Vienne  (Se  du  Cher.  Matv.  Grégoire  de  Tours 
l'appelle    Anger,    Théodulphe   d'Orléans   Angera  y 
Guill.  le  Breton  dans  fa  Philippide ,  I.  FUI.  Endria , 
les  GeJIa  Amhacenjîurn  Dommorum,  Anger,  Anina 
&  Endria  ;  c'eit  de  ce  dernier  que  s'efl:  formé  le  nom 
Indre.    On  trouve  aulîî  dans  des  tni:cs_  Agner,   par 
tranfpoiîtion  ,  &  Andra  fans  i  ;  mais  ce  (ont  apparem- 
ment des  fautes  de   Copiftes.  Foyei  'Valois,    Noc. 
G  ail.  p.  22. 
INDROIS.  Nom  d'une  petite  rivière  de  France ,  com 
me  qui  diroit  la  petite   Indre.   Andrijius ,    Andrijïa. 
VIndrois  palîe  à  Villeloin ,  Se  fe  jette  dans  l'indre. 
Valois,  Not.  Gall.  p.  22. 
INDU,  UE.  adj.  Aliénas.  Ce  mot  a  un  ufige  fort  bor- 
né. Il  fignihe  ce  qui  eft  contre  la  railon ,  contre  la 
règle  ,  contre  l'ulage.  Tems  indu.  Venir  à  une  heure 
indue  ,  c'eft-à  dire  ,    venir  trop   tard ,  venir  à   une 
heure  où  l'on  ne  dcvroit  pas  venir. 
f3°On  dit  au  Palais  Indue  vexation,  pour  dire  injufte. 

Indebica  ,  iniqua  ,  prêter  aquuni  &  bonum. 
IP"  INDUBITABLE,  adj.  de  t.  g.  Dont  on  ne  peut  dou- 
ter ,  hors  de  doute.  Indubitabdis  ,  extra  dubium  pojl- 
tus.  Affaire,   nouvelle  indubitable.    Le  luccès  de  ce 
procès  eft    indubitable.    Mon    droit   ell  indubitable. 
Principe  indubitable.  Il  y  a  bien  peu  de  choies  indubi- 
tables. 
INDUBITABLEMENT,  adv.  Sans  aucun  doute.   Indu- 
bitanter.   Tout  homme  doit  mourir ,  &  cela  indubi- 
tablement.   Une  telle  loi  les  expoleroit  indubitable- 
ment au  péril.   Fasc. 
INDUCTION,  f.  f.  Conféquence  qu'on  tire  en  raifon- 
nant  de  quelques  principes  avancés.  Induclio  j  illatio. 
La  conclufion  d'un  lyilogifme  eft  une  induction  qu'on 
fait  des  deux  prémilles. 
Ïneuction,  eft  aiiftlun  argument  particulier  à  laRhé- 
lorique ,  qui  le  tire  d'un  dénombrement  qu'on  fait  de 
plufieurs  choies,  dont  on  tue  une  conicquence  gé- 
nérale.  Foyi\  le  premier  livre  de  la  Rhétorique  d'A- 
riftote.   Il  y  a  proprement  trois  iortes  d  induclions  j 
&  c'eft  ainii  que  Suidas  les  diftingue  :  Vinduclion  dia- 
leélique  qui  lert  à  conclure  une  choie  générale  ,  par 
rénumération  de  toutes  les  particulières  d'un  genre  i 
Vinduclion  qui  le  lait  par  inrerroi-.arion  ,  &  dans  la- 
quelle on  conclut  par  la  rcllcmblancc.    C'eft  cette 
hiduclion  que  les  Grecs  appellent  1.«  «y»-/..:.  Se  qui 
ctoit  la  manière  la  plus  ordinaire  dont  Socrate  fe  fer- 
voir,  à  ce  que  témoigne  Cicéron  dans  fes  Topiques  , 
&  Quintilien.  La  troifième  lorte  à' inducîion  eft  pro- 
prement celle    des  Rhéteurs ,    qui    eft    une    elpèce 
d'exemple ,  d'où  vient  qu'Ariftote  confond  fouvent 
l'une  &c  l'autre.  '^ZTL'induclion  eft   fondée    lur    ce 
principe  de  Logiciue ,  que  ce  qui  le  peut  affirmer  ou 
nier  de  chaque  individu  d'une  elpèce  ,  ou  de  chaque 
efpèce  d'un  genre ,  peut  être  affirmé  ou  nié  de  toute 
l'clpèce  on  de  tout  le  genre.   Elle  ne  prouve  guère 
que  pour  le  peuple  &  pour  les  ignorans  ,  &  en  géné- 
ral on  doit  le  défier  de  ces  fortes  d'argumens,  qui  ne 


I  N  D 

font  concluans  qu'autant   que  Vinduclion  eft  com- 
plette  ,  c  tft  à'dire  ,  qu'elle  s'étend  à  tous  les  individus 
lans  exception,  &  quelle  embralle  tous  les  cas  poili- 
bles  ,  (ans  en  omettre  un  feul  :  conditions  qui  fe  ttou- 
vcnt  rarement  dans  une  induclion. 
Induction  ,  en  termes  du  Palais ,  fe  dit  des  preuves  & 
avantages  qu'on  tire  des  pièces  à  mefure  qu'on  les 
produit  dans  un  inventaire.   Les  contredits  le  four- 
nillcnt  pour  débattre  non  llulement  les  pièces  ,  mais 
aulli  les  induclions  qu'on  en  tire.  Pour  confirmer  tou- 
tes  ces    inductions  j    on    m'a    fourni    deux   pièces. 
Patru. 
Induction  j   eft  aufli  une  inftigation  ,  une  impulfion 
qu'on  fait  à  quelqu'un  pour  le  pouffer  à  faire,  ou  à 
dire  quelque  choie  de  mauvais.    C'eft  par  votre  in- 
duction que  cette  femme  a  été  lubornée  ,  qu'elle  a 
abandonné  fon  mari.    Ce  fut  par  Vinduciion  de  lou 
conieil,  qu'elle  jugea  que,  G'f.  Mauc. 
Induction.  En  termes  de  Pharmacie  ,  c'eft  l'adion  d'é- 
tendre un  emplâtre,  ou  d'appliquer  quelque  chofe 
(ur  telle  partie  du  corps  que  ce  (oit.  Dicx.  de  James. 
INDUEMENT,   adv.   Terme   du  Palais,   Injuftement. 
Indehitt.   On  a  emprifonné  cet  homme  inducment  y 
c'eft-  à  dire ,  contre  les  règles  de  la  jultice.  On  lui  a 
fait  un  procès  induement  Se  (ans  iujet.  Le  premier  e 
de  ce  nom  ne  ie  fait  (entir  qu'en  alongeant  1'«  qui  le 
précède.     Il  vaut  mieux   écrire  indûment  avec  l'A- 
CAD.  Fr; 
INDUIRE.  V.   a.  Inférer  ,   tirer  une  conféquence  de 
quelques  principes,  de  quelques  propolitions  qu'on 
a  avancées.  Induccre ,  injerre  unum  ex  alio.  Vous  ne 
(auriez  rien  induire  à  votre  avantage  de  la  loi  que 
vous  avez  citée.  Quelle  que  (oit  cette  aventure,  on  n'en 
peut  rien  induire   contre   l'accufé.  D'AucouR.    On 
auroit  tort  d'induire  que  l'on  fît  en  cela  quelque  choie 
qui  fût  contte  la  vérité.  As.  de  ia  Tr.  Ma  joie  auroit 
été  entière ,  lî  j'avois  pu  induire  par  quelque  endroit 
de  votre  lettre ,  que  votre  réfolution  eft  de  commen- 
cer cette  grande  œuvre  par  la  réformation  de  vos  per- 
fonnes.  Id.  Terme  barbare. 

Ce  mot  vient  du  Latin  induccre. 
Induire,  lignifie  aullî ,  porter,  exciter  à  faire  quelque 
chofe  par  des  difcours  ,  ou  par  des  exemples.  On  e(- 
timoit  qu'il  pourroit  être  induit  à  (e  rendre  par  le 
bruit  de  la  renommée.  Vaug.  Ce  mot  s'emploie  par- 
ticulièrement quand  il  s'agit  de  porter  quelqu'un  à 
quelque  chofe  de  mauv.ais.  C'eft  un  fuborneur  qui  l'a 
induit  à  dépol'er  le  faux.  Induire  à  mal  faire.  Ad  ma- 
lum  pellicere.  Induire  à  oppofer  l'injure  à  l'injure , 
la  violence  à  la  violence.  Ab.  delaTrape. 

On  dit  auili.  Seigneur,  ne  nous  induifc\  point  en 
tentation ,  c'eft  à  dire  ,  ne  permettez  pas  que  nous 
(oyons  tentés  au  defliis  de  nos  forces.  Si  les  hommes 
doivent  à  Dieu  du  refpeâ ,  Dieu  doit  aux  hommes  de 
ne  les  pas  induire  en  erreur.  Pasc.  Induire  en  erreur  , 
c'eft  mettre  les  hommes  dans  la  néceilîté  de  conclure 
&  de  (liivre  une  faulleté.  Id.  Le  mot  d'induire  en  ce 
(tns ,  n'a  guère  d'ufage  que  dans  ces  (ortcs  de  phra- 
fes. 
INDUISSES.    (".  f.  pi.  Vieux  mot.  liiductions  à  faire 

quelque  chofe. 
INDULGENCE,  f.  f.  Difpofition  à  pardonner  les 
fautes  &c  à  fupporter  les  défauts  des  autres  hommes. 
Indulgcntia.  Les  mères  gâtent  fouvent  leurs  enfans 
par  trop  d'indulgence.  Ce  qui  tait  que  nous  avons 
tant  d'indulgence  pour  nos  pallions,  c'eft  que  nous 
les  regardons  dans  im  certain  point  de  vue  qui  nous 
empêche  d'en  appercevoir  le  ridicule.  Bell.  Pour- 
quoi regarder  avec  tant  d'indignation  la  chute  des 
autres,  &  les  juger  fi  rigoureufement,  puifque  nous 
avons  tant  de  beloin  de  leur  indulgence?  M.  Esp. 
D'où  vient  que  nous  n'avons  pas  pour  les  autres  la 
même  indulgence  que  nous  voulons  que  l'on  ait  pour 
nous?  Bell.  Nous  reg.ardons  nç(S  défauts  avec  beau- 
coup d'indulgence.  S.  Evr.  Parcourez  les  priions  &: 
les  hôpitaux  ,  &  vous  avouerez  que  la  Providence 
n'a  pas  une  indulgence  aveugle  pour  les  pécheurs.  Id. 
U indulgence  chrétienne  eft  plus  excellente  que  l'in- 
dulgence humaine.  Vindulgençe  humaine  n'cfî  qu'une 


I  N  D 

péliriqUc  &  une  faillie  vertu.  M.  EsP. 
iNDULctNtE  ,  en  termes  de  Théologie,  cft  la  rémillîon 
de  Ici  peine  due  aux  péchés  ,  accordée  p.ir  l'Eglife. 
Les  liiduli;c lices  (onr  fondées  lur  le  nélor  infini  des 
méiites  de  Jésus  ChrIst  ôc  (m  ceux  de  la  fainte 
Vierge  &  de  tous  les  Saints,  qui  peuvent  nous  être 
appliqués  en  vertu  de  la  communion  des  Saints,  & 
que  l'i^glirc  a  droit  de  nous  appliquer.  Le  Jubilé  porte 
Indulgence  plénièrc  ;  il  y  a  auHi  des  bulles  à'indulgcn- 
«^plcnières  accordées  à  plulieurs  Lgliles,  à  pluijeurs 
Confréries  ,  pour  certaines  fêtes.  §0'  Les  indulgences 
n'étôient  autre  choie  que  la  relaxation  des  peines  ca- 
noniques. Si  l'on  en  a  une  autre  idée,  il  feraimpoilï- 
ble  de  les  prouver  ppir  la  tradition  contre  les  Héréti- 
ques qui  les  rejettent.  Le  Concile  de  Latran  ne  donne 
point  une  autre  idée  des  indulgences  que  M.  Fleury 
après  les  plus  habiles  Théologiens  ,  (avoir  qu'elles 
confiftcnt  à  remettre  quelque  partie  de  la  pénitence 
enjointe  par  les  Canons  à  ceux  qui  le  confelleuc.  On 
n'accordoic  point  A' indulgences  plénicres  dans  l'anti- 
quité. La  première  de  ce  genre-là  eft  celle  que  le 
Concile  de  Clermont  crut  devoir  accorder.  Inft.  de 
M.  Fleury. 

Il  y  a  dans  l'Eglife  de  S.  Jean  de  Latran  à  Rome  , 
un  tableau  attaché  au  fécond  piher  du  côté  droit, 
duquel  on  a  prétendu  conclure  que  les  indulgences 
pour  ceux  qui  vifiteroient  une  Èglife  ,  étoient  en 
ufage  dès  les  premiers  fiècles  de  l'Éghle ,  comme  elles 
l'ont  été  depuis  le  XIIF,  parce  qu'il  eft  dit  dans  ce 
tableau  que  S.  Sylveftre  en  accorda  une  pour  ceux 
qui  vifiteroient  l'Eglife  de  Latran  ;  mais  les  BoUandif- 
tes  ont  montré  la  faulfeté  manifefte  de  ce  que  dit  ce 

■  tableau.  Foyei  le  PropyUum  Manis ,  Dijjert.  FIII^ 
p.  4S.  ■"  &Juiv.  Voyez  encore  au  même  endroit, 
n.  iji,  leur  diil'crtation  fur  les  indulgences  accordées 

•  par  Sergius  II  à  l'Eglife  de  S.  Sylveftre  &  de  S.  Mar- 
tin. 

On  dit  ,  il  y  a  aujourd'hui  indulgence  en  telle 
Eglife.  Accorder  une  indulgence.  Il  y  a  indulgence 
plénière  aux  principales  têtes  de  l'année  dans 
cette  Pareille.  Gagner  Vindulgence.  Les  Théologiens 
difent  qu'on  ne  gagne  pas  toujours  plénièremcnt  une 
indulgence  plénière ,  faUte  de  difpolition ,  ou  de  foin 
à  accomplir  les  conditions  auxquelles  elle  eft  donnée. 
Le  Cardinal  Bellarmin  dans  les  Controverles ,  tom. 
III  y  &c  Maldonat,  ont  traité  des  indulgences. 

^fTOn  dit  dans  le  ftyle  familier,  il  y  -a.  indulgence  plé- 
nière à  faire  telle  chofe ,  pour  hgnilîer  qu'il  eft  bien 
de  la  faire,  ou  qu'on  le  croit  ainli.    ' 

Tout  domejlique  ,  en  trompant  un  mari, 
Pcnfe  gagner  indulgence  plénière. 

Indulgence  ,   fe  dit  pour  concelîîon  d'indulgence.    Il 
faut  faire  renouveller  cette  indulgence  ;   elle  n'étoit 
que  pour  neuf  ans ,  &  ils  font  écoulés. 
Indulgence,  s'eft  dit  dans  le  civil  pour  amniftie.  Indul- 
gentia ,  remijjio ,   condonaiio.  Cette  vidloire  fut  un 
prétexte  à  Maxence  de  faire  piller  l'Afrique  &  de 
triompher  à  Rome.  Ce  fut  alors  apparemment  qu'il 
envoya  une  indulgence ,  c'eft-à-dirc ,  des  lettres  d'am- 
niftie.  Fleury. 
Indulgence,  en  Mythologie.  Cette  vertu  eft  repréfen- 
tée  dans  une  médaille  de  Gordien ,  par  une  femme 
alîlle  entre  un  bœuf  &  un  taureau  ,  peur  être  pour 
marquer  que  Vindulgence  adoucit  Içs  elprits  les  plus 
brutaux.  Dans  une  autre  médaille ,  Vindulgence  d'Au- 
gufte  eft  marquée  par  une  femme  alîile  qui  tend  la 
main  droite ,  &  qui  tient  un  Iceptre  de  la  Ebauche. 
INDULGENT,  ENTE.  adj.  Bon,  facile,  qui  ufe  d'in- 
dulgence j  §^qui  eft  difpofé  à  fuppoiTer  les  défauts 
des  hommes.  Se  à  pardonner  leurs  fautes.  Indulge-ns. 
Un  père  indulgent;  un  maître,  uii  Prince  indulgent. 
Ce  n'eft  pas  l'homme  bénin  qui  a  de  la  diipofinon, 
de  l'inclination  à  faire  du  bien  ,  ni  l'homme  humain 
dont  lafenfibiUté  fympatife  aux  maux  ou  à  l'état  d'au- 
trui-,  ni  même  l'homme  doux  que  le  caraélère  d'hu- 
meur rend  fociable.  L'homme  doux  Se  l'homme  in- 
dulgent ,  ont  pourtant  quelque  chofe  de  commun  , 
Tome  y. 


IND  ij^ 

qui  cft  de  ne  rebuter  pcrfonne.  Mais  l'homme  indul- 
gent lait  cxculer  Se  pardonner  ce  qui  tient  de  la  foi- 
blcdc  humaine.  Plus  on  a  le  difcernciVient  exquis, 
plus  on  fe  fait  honneur  d'être  indulgent.  Lt  Ch.  de 
M.  Il  ne  faut  être  dans  le  mouJc ,  ni  trop  indulienc  , 
ni  trop  auftèrc.  BtLi..  On  ne  fe  repicfentc  Dieu  que 
fous  l'idée  d'un  Dieu  indulgent  Se  pitoyable.  Se  là- 
dellus  on  fe  promet  le  pardon  avec  une  lécurité  fatale. 
La  Pl.  a  mefure  cjue  nos  connoillànces  au^mentciit , 
nous  devenons  plus  indulgcns  Se  plus  équitables  pour 
les  autres.  M.  Esi>.  Chacun  pour  loi  -  même  eft 
toujours  indulgent.  Boil. 

INDULT.  f.  m.  Terme  de  Jurifprudence  canonique ,  du 
Latin  indulgcre ,  accorder.  C'eft  en  général  une  grâce 
accordée  par  lettres  du  Pape  à  quelque  Corps  ou 
Communauté,  ou  à  quelque  perfonne ,  par  un  pri- 
vilège particulier  ,  pour  faire  ou  obtenir  quelque 
choie  contre  la  dilpolition  du  Droit  commun.  Ponti- 
Jiciaria,  gratia  ,  indultum.  C'eft  une  cfpèce  de  tranf- 
port  des  grâces  expeétativcs  que  le  Pape  étoit  autre- 
fois en  droit  d'accorder.  Il  y  a  deux  fortes  d'induits. 
Les  uns  lontaelifs,  &:  conliftent  dans  le  pouvoir  de 
nommer ,  conférer  t<c  préleiuer  librement  aux  béné- 
fices établis  par  les  rélerves  &  les  règles  de  la  Chan- 
cellerie Apoftolique.  Les  Papes  en  accordent  ordi- 
nairement aux  Princes  (éculiers,  Cardinaux,  Evêques 
&  autres  Prélats.  Xes  induits  palîifs  confiftenr  dans  le 
pouvoir  de  recevoir  des  bénéfices  &  grâces  expefta- 
tives ,  comme  ceux  du  Parlement ,  des  Gradués  Se  des 
Mandataires. 

h'indult  des  Rois  eft  le  pouvoir  qui  leur  eft  donné 
de  nommer  aux  bénéfices  Conliftoriaux  ,  loir  par  un 
traité  ou  concordat  ,  foit  par  une  grâce  ou  un 
privilège  particulier.  Le  Pape  Léon  X  donna  au  Roi 
François  I ,  un  nouvel  induit  de  nommer  aux  Bénéfi- 
ces Conliftoriaux  des  pays  de  Bretagne  Se  de  Pro- 
vence qui  n'étôient  point  compris  dans  le  concordat. 
Ils  en  ont  aulli  accordé  pour  les  pays  conquis  ,  com- 
me celui  de  Clément  IX  accoidé  au  Roi  (Louis  XIV) 
pour  le  Roullillon. 

L'induit  des  Cardinaux  eft  un  privilège  de  pouvoir 
tenir  des  bénéfices  réguliers,  aufli-bien  que  des  fécu- 
liers,  de  pouvoir  conférer  en  commande  ou  la  conti- 
nuer ;  de  ne  pouvoir  être  prévenus  dans  les  lix  mois 
pour  la  collation  des  bénéfices  qui  dépendent  d'eux. 
Quelques  autres  Collateurs  ont  aulll  un  induit  pour 
continuer  la  commande  ,  pour  conférer  de  com- 
mande en  commande.  L'induit  des  Cardinaux  s'ap- 
pelle V induit  de  compaét ,  parce  qu'il  leiu'  a  été  donné 
par  une  bulle  du  19  Mai  IJJJ  ,  qu'on  appelle  la 
Bulle  du  compad:.  Voye-^  Blondeau  dans  la  Biblio- 
thèque Canonique. 

Indult  de  Meilleurs  du  Parlement.  C'eft  un  droit  ou 
privilège  accordé  à  M.  le  Chancelier ,  Meilleurs  les 
Préfidens  Se  les  Confeillers  du  Parlement,  les  Maî- 
tres des  Requêtes,  les  Grefîiers  Se  Secrétaires  du  Par- 
lement ,  pour  requérir  fur  un  Évêché  ou  fur  un 
Abbaye,  le  premier  bénéfice  vacant,  foit  pour  eux- 
mêmes  ,  foie  pour  un  autre.  C'eft  une  efpèce  de  Pa- 
tronage du  Roi.  Cet  induit  eft  un  mandat  ou  une 
grâce  par  laquelle  le  Pape  permet  au  Roi  de  nommer 
à  tel  CoUateur  qu'il  lui  plaît  j  un  Conleiller  ou  autre 
Officier  du  Parlement  à  qui  le  Collateur  fera  obligé 
de  conférer  un  Bénéfice.  Ainti  le  droit  d'induit 
rélide  radicalement  en  la  perlonne  du  Roi.  Les  Offir 
ciers  n'en  font  que  l'objet  &  n'en  ont  que  l'ulage  & 
l'utilité.  Le  Roi  eft  le  canal  par  lequel  cette  grâce  leur 
eft  communiquée.  Chaque  Officier  ne  peut  exercer 
ce  droit  qu'une  fois  dans  fa  vie ,  éJc  chaque  Collareur 
ne  peut  en  être  chargé  qu'une  fois  en  la  viCj  ou  pen- 
dant la  vie  du  Roi  fi  c'eft  une  communauté.  Si  l'Offi- 
cier eft  Clerc  ,  comme  ils  l'ctoient  la  plupart  au  com- 
mencement de  laconcellionde  Yindultj  il  peut  être 
nommé  lui  même-,  s'il  eft  LaVque,  il  peur  nommer 
une  autre  perfonne  pour  être  préfentée  en  fa  place 
par  le  Roi.  L'induit  s'étend  aux  Bénéfices  réguliers 
aufli-bien  qu'aux  fcculiers.  Les  dignités  des  Cathédra- 
les &  Collégiales  ,  font  fujetres  à  V induit ,  &  l'indul- 
taire  les  peut  requérir,  quoique  les  gradués  ne  puit- 

Vij 


i$6 


I  N  D 


fent  pas  y  prctendre.  Celui  qiii  a  droit  à'induU ,  doit 
obtenir  des  lettres  de  la  Chancellerie  adrellées  à  un 
Patron  ou  Collateur  à  qui  il  faut  notifier  ces  lettres  & 
en  lailler  copie,  afin  qu'il  confère  le  premier  Bénc- 
hce  vacant.  L'indultaire  le  peut  requérir  dans  les  iix 
mois,  &  le  Collateur  ou  Patron  eli  oblige  de  le  con- 
férer à  l'impétrant.  Les  lettres  du  Roi  obtenues  par 
l'indultaire  doivent  aulll  être  enregillrées  au  Parle- 
ment. Les  Cardinaux  pollédans  en  France  des  Évê- 
chés.  Abbayes,  ou  autres  Bénéfices,  ne  font  point 
fujers  au  droit  à'induU.  Voyez  Indultaire.  Paf- 
quier  dit  que  ce  privilège  fut  accordé  au  Parlement 
afin  qu'il  ne  s'opposât  plus  fi  fortement  aux  entrepri- 
fes  de  la  Cour  de  Rome.  Quelques-uns  croient  que 
le  Pape  Eugène  IV  a  été  le  premier  auteur  de  ce  privi- 
lège par  une  bulle  de  1454.  On  trouve  de  ces  mande- 
mens  dès  le  tems  du  Pape  Benoît  XII ,  iéant  a.  Avignon 
dès  l'an  13  34-,  mais  l'ufage  de  ces  droits  ne  fut  vérita- 
blement artermi  qu'en  i  j  3  8  par  la  bulle  Pauline ,  de 
Paul  III,  à  la  recommandation  de  François  I ,  à  la 
conférence  qu'ils  eurent  dans  la  ville  de  Nice.  Le 
Pape  Clément  IX  en  accorda  une  bulle  en  1 668  ,  par 
laquelle  les  indultaires  font  déchargés  d'accepter  des 
Cures  ou  Bénéfices  au  dellous  de  600  livres  de  revenu  ; 
auparavant  ils  étoient  obligés  d'accepter  un  bénéfice 
de  200  livres,  pour  remplir  l'induU.  Déplus,  il  don- 
na le  pouvoir  aux  Collateurs  ordinaires  &  aux  exécu- 
teurs de  l'induit ,  de  conférer  des  bénéfices  réguliers 
de  commande  en  commande ,  pourvu  que  le  dernier 
titulaire  l'ait  polfédé  en  commande  libre,  &  ce  titre 
s'eft  appelé  Ampliation  d'induit.  Le  Pape  Benoît 
XIII  envoya  une  forme  A'indult  à  l'Univerfité  dé  Pa- 
ris en  l'an  1556,  par  lequel  il  lui  permettoit  de  fe 
nommer  fur  les  Bénéfices  des  Diocéiains  \  mais 
elle  en  négligea  l'exécution.  Meilleurs  de  la  Chambre 
des  Comptes  ont  auilî  prétendu  avoir  des  induits  à 
l'exemple  du  Parlement ,  ils  ne  l'ont  pu  obtenir.  M. 
le  Prélident  Cochet  de  S.  Vallier  a  fait  un  Traité  de 
cet  induit,  imprimé  à  Paris  en  1703.  Il  y  en  a  encore 
un  de  M.  Regnaudin, 

Indult  ,  fe  dit  aulli  de  la  permiilîon  qu'on  donne  à 
quelqu'un  d'exercer  la  Médecine  fins  donner  lieu  à 
la  vacance  àtz  Bénéfices.  Il  fe  dit  aulll  de  plufieurs 
grâces  femblables;  comme  pour  l'ufage  des  viandes 
défendues,  pour  être  difpenfé  de  montrer  fa  lettre  de 
confure  ,  pour  un  Religieux  qui  veut  entrer  dans  un 
autre  Ordre  ;  pour  prendre  les  Ordres  en  trois  jours 
de  tems ,  pour  pouvoir  tenir  la  calotte  en  célébrant 
la  Melfe,  &c.  Ils  font  taxés  à  ij  livres  quand  ils 
s'expédient  par  une  fimplefignature,  &  à  60  livres, 
^uand  ih  s'expédient  par  un  Bref. 

Les  Marchands  appellent  aulli  induit  Se  bonpajfa- 
ge ,  les  droits  Se  péages  §3°  que  le  Roi  d'Elpagne 
prend  fur  les  marchandifes  des  particuliers  qui  arri- 
vent de  l'Amérique  par  la  flotte  &  les  gallions. 

INDULTAIRE.  f  m.  Celui  qui  a  un  induit,  ou  qui  a 
droit  à  un  bénéfice  en  vertu  d'un  induit  d'un  Con- 
feiller  du  Parlement  de  Paris,  ou  d'un  Maître  des 
Requêtes,  t^oye-^  Indult.  Les  Indultaires  font  pré- 
férés aux  Gradués,  h' Indultaire  peut  être  prévenu  par 
le  Pape  avant  fa  réquifition.  Un  Indultaire  peut  fe 
nommer  lui  même  s'il  cft  Clerc  ;  ce  que  ne  peut  faire 
le  Patron  ,  ni  le  Collateur.  La  nomination  d'un  In- 
dultaire fur  un  Prélat  qui  a  déjà  été  grevé,  c'eft  à 
dire,  qui  a  déjà  acquitté  l'induit,  eft  neuve ,  fuivant 
hpauline,  ou  bulle  de  Paul  III.  Si  l'Ordinaire  refufe 
la  proviiionj  l'indultaire  peut  s'adrelfer  aux  exécu- 
teurs du  mandat  .ipoftoliquc-  ,  ou  de  l'induit.  Ces 
exécuteurs  nommés  par  la  bulle  de  Paul  III ,  étoient 
l'Abbé  de  Saint  Magloire  &  de  Saint  Vièlor  ,  &  le 
Chancelier  de  l'Églife  de  Paris  ;  mais  par  la  bulle 
ampliative  de  Clément  IX  ,  ce  font  les  Abbés  de  Saint 
Denis  <Sj  de  Saint  Germain  des-Prés ,  avec  le  grand 
Arcliidiacre  de  Paris. 

INDUS,  f.  m.  Nom  d'un  fleuve  d'Afie.  f^oje^  Inde. 

INDUSTRIAL  ,  ALE.  adj.  Qui  vient  de  l'induftrie. 
Ex  indujlria  proveniens.  Pontas  a  dit ,  Des  fruits  in- 
dujlriaux.  Ce  mot  n'cft  en  ufage  qu'en  Droit,  «Se  en 
ce  feul  cas. 


I  N  D 

INDUSTRIE,  f.  f.  ^Indujina.  Ce  mot  pris  dans  un 
fens  métaphyiique  ,  eft  une  fa.ulté  de  l'ame  qui 
s'exerce  lur  les  productions  Se  fur  les  opérations  raé- 
chaniques  qu  elle  invente ,  ou  qu'elle  imite.  Il  faut 
beaucoup  à'indujlne  pour  découvrir  Se  repréfenter  les 
opérations  méchaniques  de  la  nature ,  pour  trouver 
des  machines  utiles,  pour  en  inventer  de  curieufes 
Se  d'intérellantes. 

UCT  Ce  mot  fignifie  quelquefois  le  fimple  travail  des 
mains,  l'art  d'augmenter  Ion  revenu  par  différentes 
inventions  relativement  aux  arts,  aux  métiers,  au 
commerce  ,  à  la  fociété.  Les  hommes  fe  font  allem- 
blés  en  fociété  afin  de  jouir  des  fecours  de  leur  induf- 
trie  mutuelle  ,  dont  les  befoins  de  la  vie  ont  rendu  le 
commerce  nécedaire.  S.  ÉvR.  Un  père  laborieux 
fait  fublifter  fa  famille  par  fon  travail ,  par  fon  ïnduf; 
trie. 

ISirC'ell  dans  ce  fens  que  le  mot  indujlrie  eft  employé 
en  finance ,  par  oppolition  à  fonds  réels.  On  taxe 
Vindujirie,  c'eft-à-dire ,  le  travail ,  le  favoir  faire.  Les 
Marchands,  les  Fermiers  font  taxés  non  feulement 
pour  leur  bien,  mais  encore  à  proportion  de  leur 
indujlrie. 

^fT  Dans  l'ufage  ordinaire  ,  ce  mot  eft  fouvent  em- 
ployé pour  déiigncr  un  tour  ou  une  adrelfe  de  la  con- 
duite. Il  a  eu  l'indujirie  de  faire,  allez  A'indujlrie 
pour  venir  à  bout  de  ce  qu'il  avoir  entrepris.  Les 
conquérans  illuihes  qui  ont  laillé  un  grand  nom  a  la 
poftérité,  n'approchoient  pas  de  Vindujlrie  d  Annibal 
à  maintenir  des  années.  S.  ÉvR.  Sa  fortune  étoit  G. 
médiocre  ,  qu'il  chercha  à  s'en  faire  une  meilleure  par 
fon  indujlrie.  FlÉch.  Tirons  des  hommes  ce  que  Vin- 
dujlrie nous  en  peut  faire  tirer  honnêtement.  Par-là, 
l'indujirie  eft  diftinguée  du  iavoir-faire  ,  qui  eft  un 
avantage  d'art  ou  de  talent.  Dans  la  nécellité  la  ref- 
fource  de  l'indujirie  eft  plus  prompte;  celle  dujîzvoir- 
faire  eft  plus  sûre. 

§3°  On  dit  vivre  à' indujlrie,  fublifter  A'indujlrie ,  trou- 
ver des  moyens  de  lubfifter  bons  ou  mauvais  :  on  le 
dit  ordinairement  en  mauvaife  part.  On  nomme ,  en 
plaifantant.  Chevaliers  d'i/2(^zi/?riej  oxx  Azl' indujlrie  y 
ceux  qui,  ians  biens,  fans  emplois,  fans  métier,  vi- 
vent néanmoins  dans  le  monde  d'une  façon  honnête, 
quoiqu'aux  dépens  d'autrui.  Cette  explication  eft  de 
M.  l'Abbé  Girard.  Il  femble  pourtant  que  ce  mot  ne 
peut  fe  prendre  que  dans  un  lens  odieux;  Se  l'on  na 
peut  guère  regarder  comme  honnête ,  la  façon  d'un 
homme  qui  vit  d'adrell'e  Se  aux  dépens  d'autrui.  Il 
fait  au  moins  des  dupes. 

Ce  mot  eft  tiré  du  Latin  indujlria  ,  A'indujirius,  qui 
eft  dit,  ielon  Feftus,  ab  imrojlruendo.  Selon  cet  Au- 
teur, celui  là  proprement  eft  induftrieux,  qui  intrh 
flruit ,  qui  travaille  pour  le  dedans ,  c'eft-  à-dire ,  pour 
la  famille ,  Se  qui  ne  perd  aucune  occaiion  pour  cela. 

Industrie,  fe  dit  quelquefois  des  animaux.  Les  oifeaux 
font  leur  nid  avec  une  merveilleuie  indujlrie.  Ceux 
qui  ont  vu  les  caftors  qui  bâtillent  leurs  maifons,  ad- 
mirent leur  indujlrie. 

§CF  Industrie  ,  dans  les  Arts  méchaniques  C'eft  un 
goût  particulier  qui  a  pour  objet  les  opérations  mé- 
chaniques qui  font  le  fruit  de  l'invention,  qui  tend 
à  découvrir,  à  reprcfentcr  les  opérations  méchani- 
ques de  la  nature.  Elle  eft  diftércnte  du  goût  Se  du 
génie  qui  font  d'un  ordre  bien  lupérieur.  Voye-:^  ces 
mots. 

CK?  Industrie,  d.ans  le  droit  politique.  On  entend  par- 
là  le  travail  des  mains,  ou  les  inventions  utiles,  re- 
latives aux  arts  &  aux  métiers,  ou  ces  deux  chofes 
prifès  enfemble.  On  taxe  ï indujlrie  qu'on  devroit  ré- 
compenfer. 

INDUSTRIEUSEMENT.  adv.  D'une  manière  induf- 
trieufe.  Indujlrie.  Cet  ouvrier  applique  l'émail  fort 
indujlrieufement.  C'eli  dans  l'Hiftoire  que  les  Princes 
découvrent  que  le  luftre  de  la  flatterie  eft  fuperficiel. 
Se  que  les  faulles  couleurs,  quelque  indujlrieuj'ement 
qu'on  les  applique,  ne  tiennent  pas.  Boss.  Les  mains 
de  la  Princelîe  indujlrieuj'ement  occupées  ,  s'exerçoient 
à  des  ouvrages  dont  la  piété  avoit  donné  le  delfein. 
Id. 


I  N  D 

INDUSTRIEUX,  EUSE.  adj.  Qui  a  de  l'indurtrie ,  ou 
qui  eft  fait  avec  induftiic.  Indujlnus.  Cette  machine 
eft  faite  d'une  manière  fort  ïndujliïeufe  ;  elle  part  d'un 
cfprit  fort  ïndufineux.  Le  linge  eit  un  animal  ïnduf 
tneux  ,  il  imite  l'induftrie  des  hommes.  'Vous  êtes 
aulli  indtiflrkux  à  cacher  vos  bonnev  adtions ,  que  les 
autres  à  les  montrer.  Boss.  Rome  a  voulu  perfuader 
qu'une  Providence  indtijlricuje' ayoït  ajufté  les  divers 
génies  de  fis  Rois  aux  dittérens  befoins  de  ion  peuple. 
S.  ÉvR.  Les  violens  delirs  (ont  indujlrïeux.  Le  Ch. 
DE  M.  La  fraude  efl  plus  ïndujlrlcufc  que  la  bonne 
foi.  S.  ÉvR. 

INDUT.  f.  m.  Terme  de  Liturgie  &:  de  Rubriques.  Il 
cft  en  ufagc  dans  l'Églife  de  Paris ,  où  l'on  appelle  in- 

i  iuts  les  Clercs,  les  Eccléliaftiques  qui  alliftenc  à  la 
melFe  revêtus  d'une  aube  &  d'une  tunique  pour  fer- 
vir  le  Diacre  &  le  Soildiacre.  Indutus. 

Ce  nom  d'Indut  vient  du  participe  Latin  indutus , 
qui  veut  dire  revêtu, 

I  N  E. 

^INÉBRANLABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  peut  être 
ébranlé.  StubUis.  Les  vagues  frappent  en  vain  les  ro- 
chers ,  ils  lont  inébranlables. 

Au  moral,  il  préfente  la  même  idée;  il  défignc  un 
homme  ferme  qui  réfifte  à  toutes  les  attaques  qu'on 
lui  porte.  Firmus.  Ce  Magiftrat  eft  inébranlable  dans 
ion  intégrité.  Le  zélé  du  Prélat  fut  inébranlable.  M. 
DE  M.  Les  principes  de  la  Géométrie  font  inébranla- 
bles. Le  Sage  des  Sto'i'ciens  fe  vante  que  les  ruines  du 
monde  ,  en  l'accablant  ,  le  trouveroient  ferme  & 
inébranlable.  M.  Esp.  Si  fraclus  illabatur  orbis  ,  im- 
pavidum  ferient  ruime.  Horat. 
§C?'  On  dit  d.ins  le  même  fens  qu'un  homme  eft  inébran- 
lable dans  fes  réfolutions ,  pour  dire  qu'on  ne  peut 
le  faire  changer  de  réfolution.  Il  eft  inébranlable  dans 
(es  réfolutions.  Propojlti  tenax ,  pertinax. 
INÉBRANLABLEMENT.  adv.  Fermement,  d'une 
inanière  inébranlable.  Pertinacitcr.  Etre  inébranla- 
blement  attaché  à  fon  devoir.  Etre  inébranlahlemem 
aheuité  à  une  opinion. 
INÉDIE.  f.  f.  Abftinence  de  nourriture;  diète.  Une 
fois  S.  Etienne  .troifième  Abbé  de  Cîteaux ,  6c  fes  Re- 
ligieux ,  fe  trouvèrent  courts  à  la  veille  de  la  Pente- 
côte ,  &  en  danger  de  mourir  de  faim  pendant  les  Fê- 
tes, s'ils  n'y  pourvoyoient.  Cette  confidération  ne 
put  les  faire  départir  de  ce  qu'ils  croyoient  devoir  à 
la  faintcté  des  Fêtes.  Ils  allèrent  à  l'ofhce  du  chœur 
avec  autant  de  joie  que  s'ils  cullent  dû  faire  un  grand 
repas  après  la  mefte  ,  quoiqu'étant  déjà  épuifés  & 
prefque  abattus  par  Vinédie ,  ils  ne  vilfent  aucune 
refTource  humaine  à  leurs  befoins.  Baillet^  Vie  de 
S.  Etienne  de  Cite.^ux.  Ce  mot  a  été  forgé  du  Latin 
incdia.  S'A  ne  s'agillbit  que  de  donner  une  terminai 
fon  Fr.ançoife  à  ces  lortes  de  mots  pour  les  faire  paf- 
ler,  notre  langue  feroit  bientôt  enrichie  des  dépouil- 
les des  autres.  Inédie  eft  d'autant  moins  recevable, 
que  nous  avons  inanition  que  l'Académie  explique 
par  foiblellc ,  manque  de  forces  ,  cauféc  par  défaut 
de  nourriture. 
INEFFABILITÉ.  f.  f.  Terme  de  Théologie.  Impofll- 
bilité  d'expreftlon.  Ineffabilitas.  Il  ne  fe  dit  que 
des  attributs  de  Dieu,  des  Myftères  de  la  ReJigion  , 
qu'il  eft  impolhble  d'exprhner ,  de  faire  comprendre 
aux  hommes  par  le  dilcours.  L'ineffabilité  des  myf- 
tères ,  des  attributs  de  Dieu. 

Ce  mot  Se  le  fuivant  (e  font  formés  du  verbe  La- 
tin effari ,  parler  ,  exprimer ,  &  de  la  prépofition 
in  prifedans  fon  fens  privatif,  ou  négatif. 
INEFFABLE,  adj.  m.  &:  f.  Qui  ne  le  peut  exprimer  , 
ni  comprendre.  Incffabilis  ,  inenarrabilis ,  infandus. 
Le  myftère  i/zt^aWe  du  très-augufte  Saint  Sacrement 
de  l'Autel.  L'homme  eft  uni  au  'Verbe  d'une  manière 
ineffable.  Le  P.  Doucin.  Grandeur  ineffable.  Gon. 
Adorer  la  grandeur  ineffable  du  'Verbe.  Boss.  Dieu 
communique  à  l'ame  des  grâces  fublimes  &c  ineffa- 
bles. Id. 
Ineffable  ,  fignifîe  aulîî ,  Ce  qu'on  ne  doit  point  pro- 


I  N  E  1^7 

nonccr  par  relpeâ:.  Les  Hébreux  renoient  le  nom 
de  Dieu  Jehovah  pour  ineffable ,  pas  un  ne  lofoit 
proférer,  cela  n'appartenoit  qu'au  Grand  Prêtre.  Le 
P.  Soucier  ,  Jéfuitc  ,  dans  fa  Diftertation  fur  ce 
nom  ,  Chap.  IV,  montre  que  bien  d'autres  que  le 
Grand  Prêtre  le  prononi,oient  ;  ainli  il  n'étoit  inef- 
fable qu'en  ce  qu'il  n'étoit  pas  permis  à  tout  le 
monde  indiftéremmcnt  de  le  prononcer  en  toute 
occalion. 

Nombre  ineffable  ,  en  Arithmétique  ,  eft  la  mê- 
me chofe  que  le  nombre  fourd.  Harris. 

INEFFAÇABLE,  adj.  m.  &:  f.  Qui  ne  peut  être  effacé. 
Nullo  modo  dolendus.  L'eau  forte  qui  tombe  fur  des 
étortes  ,  y  fait  des  taches  ineffaçables. 

Ineffaçable  ,  fe  dit  figurémcnt  en  Morale.  Qi^and 
on  a  fait  une  amende  honorable  en  Juftice  ,  c'eftjUnc 
tache  à  l'honneur  qui  eft  ineffaçable.  Le  Baptême 
imprime  un  caraûère  ineffaçable.  D'autres  difent  in- 
délébile. Les  grandes  imprelHons  du  cœur  font  in- 
effaçables. AL   ScuD.    Foye\  Effacer. 

INÈFFECTIF  ,  IVE.  adj.  Je  n'ai  trouvé  ce  mot  que 
dans  l'Abbé  de  la  Trape  ;  &  l'ufage  ne  l'a  point 
adopté.  Il  le  prend  pour  inefficace  ,  qui  n'a  point 
d'ertèt ,  qui  demeure  fans  effet.  Sterilis  ^  effeclu  ca- 
rens  ,  inefficax.  Dieu  veut  des  œuvres,  &  il  ne  fe 
paye  ni  de  lîmples  delirs  ,  ni  de  volontés  ineffeclives. 
Abbé  de  la  trappe.  Il  arrive  fouvent  que  les  in- 
tentions que  Dieu  a  infpirées  demeurent  ineffec- 
tives ,  Se  pour  -  lors  les  volontés  (ont  comptées  pour 
des  œuvres.  Idem. 

INEFFICACE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  produit  point  fon 
eftet  ;  qui  n'eft  pas  alFez  fort  pour  faire  quelque 
chofe.  Inefficax.  La  nature  corrompue  rend  louvent 
les  grâces  de  Dieu  inefficaces.  La  promelle  des  ré- 
compcnfes  leroit  inefficace  pour  obliger  les  hommes 
à  faire  leur  devoir  ,  il  a  fallu  y  ajouter  la  crainte  des 
fuppliccs.   Voy.  Efficace  &  Grâce. 

INEFFICACITÉ,  f.  f.  Manque  défficacité.  Inefficacitas. 
L'inefficacité  d'un  moyen  ,  d'un  fecoutSj  d'un  re- 
mède. Voye^  Efficacité. 

|Cr INÉGAL,  ALE.  adj.  Qui  n'eft  pas  égal,  qui  eft 
plus  grand  ou  plus  petit ,  qui  ne  va  pas  d'une  manière 
uniforme,  qui  eft  haut  &  bas,  raboteux.  On  le  dit 
au  propre  &:  au  moral.  In^qualis ,  impar ,  p.T.rùmJibi 
conjlans  ,  iniquus ,  ofper ,  luivant  l'emploi  qu'on  en 
fait.  Inégal  en  condition ,  en  âge  j  en  biens.  Des 
lignes,  des  grandeurs  inégales.  On  dit  auili  un  che 
mm  inégal 3  pour  dire  qu'il  eft  raboteux ,  qu''il  n'eft 
pas  plein  &  uni.  Combat  inégal ,  où  les  forces  font 
plus  grandes  d'un  côté  que  de  l'autre.  On  a  dit  de- 
î'aftaire  de  la  Hogue  , 

Dans  ce  combat  trop  inégal. 
Où  nul  des  combattans  n'a  gagné  la  vicloire  , 

Notre  efcadre  a  beaucoup  de  mal  j 
L'ennemi  plus  nombreux  n'en  a  pas  plus  de  gloire. 

1^  Marcher  d'un  pas  inégal,  tantôt  vite  j  tantôt  lente- 
ment. Au  moral  on  dit  d'un  homme  qui  ne  fe  con- 
duit pas  d'une  manière  uniforme,  qu'il  a  une  con- 
duite inégale.  Efprit  inégal,  HommAnégal j  celui 
qui  fe  conduit  ainfi.  Les  perfonnes  inégales  reflem- 
blenr  à  ces  climats  difgraciés,  où  l'on  ne  palfe  jamais 
'  deux  jours  fans  pluies  ou  fans  orages.  L.  D|.  Les  per- 
fonnes d'une  humeur  inégale  Se  un  peu  capricieufe  , 
ont  d'ordinaire  beaucoup  d'elprit.  M.  Scud.  Un 
homme  inégal  n'eft  pas  un  feul  homme',  ce  font  plu- 
fieurs  :  il  (e  multiplie  autant  de  fois  qu'il  a  de  mau- 
vais goûts  &  de  manières  différentes.  Il  eft  à  chaque 
moment  ce  qu'il  n'étoit  point ,  &  il  va  être  bientôt 
ce  qu'il  n'a  jamais  été  ;  il  fe  fuccéde  lui  même.  §CF  Ne 
demandez  point  de  quelle  complexion  il  eft  ,  mais 
quelles  font  fes  complexions  ,  ni  de  quelle  humeur, 
mais  combien  il  a  de  fortes  d'humeurs.  La  Br.  Un 
ftyle,  undif'cours  inégal  ^  eft  un  ftyle  qui  ne  fe  fou- 
tient  pas  ,  qui  s'élève  trop  haut  ôc  qui  tombe  trop 
bas. 

On  le  dit  aulli  en  Médecine  d'un  pouls  inégal , 
quand  il  ne  bat  pas  également. 


ïj8 


î  N  E 


I  NE 


îNÉGALEMENT.  ù.àv.  D'une  manijve  inégale.    7/2^- 
quaiiur.   Se  conduire  inégalcmenc.  Partagei:  inc'gaic- 
ment. 
INÉGALITÉ,  f.  f.  Défauc  d'égalité.  On  le  dk  dans  tous 
les  kns  d'inégal,   t^oyc^  ce  mot.  Inuqualius.  Il  y  a 
entre  ces  deux  pcrlbnaes  une  grande  Inigaliu.  Une 
certaine  inégditc  entre  les  hommes  qui  entretient 
l'ordre  &  la  tiibordination ,  cft  l'ouvrage  de  Dieu  : 
une  trop  grande  lubordinanon   ell  la  loi  des  plus 
foi-ts.  La  Br.  L'inégalicé  de  deux  lignes  ,  de  deux 
figures.    Vinégalhi  du  chemin  fatigue  les  chevaux. 
Vinc'galué  des  humeurs,  du  pouls;  Y ineg al ics  des  lai 
Ions  ;  Vinégalité  de  l'air  ,  c'eltà  dire ,  les  changemens 
qui  y  arrivent. 
Inégalité  ,  fe  dit  aullî  des  inconftances  &_  des  bilarre 
ries  de  l'elprit.  La  complailance  kii  à  lupporter  les 
caprices  &  les  inégalités  de  nos  amis,  &  a  ne  prendre 
pas  garde  à  quelques  légères  rudeiles ,  pourvu  qu'elles 
ne  foicnt  pas  trop  fréquentes.  M.  Scun.  Les  inégalués 
bifarres  de  cert.unes  gens  qui  ruinent  la  douceur  du 
commerce.   Bell.    Je  trouve  quelque   chofe  de   pi- 
quant dans  les  inégalités  de  cette  femme.  S.   ÉvR. 
Notre  efprit  a  fes  inégalités  caufées  par  le  dérèglement 
des  fens.  Idem.  L'inégalité  de  l'humeur  vient  bien 
.  Ibuvent  de  la  conftitution  du  tempérament ,  ou  des 
fréquens  changemens  de  l'air. 
^3" Inégalité  d'humeur,  inquiétude  d'efprit,  inconf- 
tance  du  cœur,  incertitude  de  conduite;  tous  vices  de 
l'ame,  mais  diftcrens ,   &c  quï,  avec  tout  le  rapport 
qui  paroît  entr'eux ,  ne  fe  fuppolent  pas  toujours  l'un 
l'autre  dans  un  même  lujet. 
INÉLÉGANT  ^  ANTE.  .adj.  m.  &  f.  Qui  manque  d'é- 
légance. Cette  tradudion  ,  quoiqa  inélégante  ,  m'a 
donné  une  très-haute  idée  de  l'original.   Abèé  de 
Pons ,  Lettre  fur  l'Iliade  de  M.  de  la  Motte.  Voy. 
Élégant. 
INÉLIGIBLE,  adj.  Qui  ne  peut  être  élu.  Les  Chanoi- 
nes d'York  préfentèrent  en   1115.  Au  P.ape  Inno- 
-  cent  m.  Simon  de  Langton  ,  frère  de  l'Archevêque 
de  Cantorbéri  ,  qu'ils  avoient  élu  pour  le  leur ,  le 
priant  de  confirmer  l'éledion  ,  mais  le  Pape  le  retîi- 
ia ,  calla  l'éledion  comme  faite  contre  fa  défenfe , 
déclara  Simon  inéligible  ,  &  ordonna  aux  Chanoines 
de  procéder  aulli  tôt  à  une  autre  éleftion.  Fleury , 
Hift.  Eccl. 
INÉNARRABLE,  adj.  Qui  ne  peut  être  raconté.  Ine- 
nanrahiUs.  Saint  Paul  étant  tranlporté  au  troificmc 
Ciel,  vit  des  choies  inénarrables ,   qu'il  n'a   pu   ra- 
conter. Gémilfement  inénarrable.  God.  Saint  Pierre 
dit   que  les   véritables  Fidelles  le  réjouiflbnt  d  une 
)o\e  inénarrable ,  ik.  gloiieufe.  A  l'exemple^  de  cette 
hlle  de  Lunebourg ,  on  a  vu  naître  je  ne  fais  com- 
bien de  Prophètes  ,  qui  fe  glorifioient  d'avoir  lenti 
des  extafes  &  des  ravilfemens  de  joie  topt-à-fait  iné- 
narrables.  Beauval.  Il  n'eft  guère  d'ufage  que  dans 
les  phrafes  tirées  de  l'Ecriture. 
INEPTE,  adj  m.  &  f.  Qui  n'eft  point  propre  à  quel- 
que chofe  ;  &  quelquefois  qui  cft  ridicule  ,  for ,  im- 
pertine^p.   Ineptus.  Ce  mot  fent  un  peu  le  Collège. 
On  peut  dire  dans  la  converiation  ,  cet  homme  a  du 
talqit  pour  les  fciences-,  mais  il  n'y  eut  jamais  pei- 
fon^  plus  inepte  pour  les  affaires.  Bou.  Un  auteur 
férieux  n'eft  pas  obligé  de  remplir  fon  efprit  de  tou- 
tes les  ineptes  applications  que  l'on  peut  iaire  au  fu- 
jet  de  quelques  endroits  de  Ion  Ouvrage.  La  Bruy. 
L'envie  eft  la  ^Insinepte  de  toutes  les  paillons. Mont. 
Le  Cardinal  d'Amboife  ne  s'aheurtoit  point  à  loute- 
nir  un  fujet  inepte.  M.  L'ab.  Le  Gendre. 

Ce  mot  eft  tiré  du  Latin  ineptus  qui  eft  dit  tan- 
quam  non  aptus  ,  qui  n'eft  pas  propre,  convenable  ^ 
qui  eft  inutile.  Ineptire.  Parler  îottement ,  d'une  ma- 
nière extravagante. 
IN'EPTIE.  f.  f.  Prononcez  Inepcie.  Impertinence  j  fot- 
fifc  ,  ablurdité.  Ineptia.  Cet  homme  cft  fécond  en 
inepties.  On  étoit  alors  pénétré  de  cet;e  maxime  , 
que  ce  qui  eft  dans  les  grands  fplendeur  ,  fomptuo- 
fité  ,  magnificence ,  eft  dilîlpation  ,  folie ,  ineptie  dans 
ks  particuliers.  La  Bruy. 
^  INÉPUISABLE,  adj.  m.  &c  f.  Terme  rclarif  aux 


fluides.  Il  fignifie  ce  qu'on  ne  peut  épuifer^  mètre 
à  fec.  Incxhauftus.  Source  d'eau  inépuifable.  Étang 
inépuifable. 

On  dit  aiiill  au  figuré ,  qu'un  Doâeur  a  un  fonds 
de  fcience  inépuifable.  La  miléricorde  de  Dieu  elf  un 
fonds  inépuisable.  J'ai  pour  vous  un  fonds  de  tcn- 
drclfe  inépuifable.  La  morale  cft  un  fujer  inépuifable. 
Foy.  Épuiser. 
gC?  INERTIE,  f.  f.  Inenia.  Ce  terme  ,  fouvent  em- 
ployé en  Phyfique ,  déligne  la  diipolition  du  corps  à 
perfévércr  dans  fon  état ,  julqu'a  ce  qu'une  caufe 
étrangère  l'en  tire.  C'eft  un  état  pallif  par  lequel  k 
corps  tend  à  fe  conlerver  ioit  dans  fon  repos,  foit 
dans  la  direcfion  de  fon  mouvement ,  parce  que  le 
corps j  de  lui-même,  ne  peut  fe  donner  ni  mouve- 
ment ,  ni  nouvelle  diredion. 

Tout  corps  conhdéré  précifémem  comme  corps , 
eft  ellentiellement  indiftérent  au  repos  ou  au  mou- 
vement. L'eftet  néceftaire  de  cette  inditlérence  eft  de 
faire  perfévérer  le  corps  dans  l'état  où  il  le  trouve. 
En  ettet  h  un  corps  en  repos  exigeoit  le  mouve- 
ment ,  ou  fi  un  corps  en  mouvement  exigeoit  le  re- 
pos ,  il  ne  fcroit  plus  indiftérent  au  repos  ou  au 
mouvement.  On  a  donc  raifon  de  luppoier  dans  la 
nature  une  vr.aie  force  qui  exige  que  les  corps  coii- 
ftrvent  l'état  où  ils  fe  trouvent.  C'eft  cette  force  que 
les  Phyliciens  nomment  force  d'inertie.  Fis  inenia. 
Cette  force  eft  toujours  proportionnelle  à  la  malTe 
ou  a  la  quantité  de  matière  propre  de  chaque  corps  , 
de  même  que  la  pclanteur  ;  &  l'expérience  nous  ap- 
prend que  la  réfiftance  qu'oppofe  au  mouvement  un 
corps  de  20  livres ,  eft  double  de  celle  qu'oppofe 
un  cops  de  10  livres,  lorfque  ces  deux  corps  lont 
en  mouvement. 

Ce  mot  eft  nouveau  -,  mais  il  a  fait  fortune  tout 
d'un  coup.  On  l'a  tranlporté  du  phyfique  au  moral , 
où  il  eft  fynonime  d'inadtion.  L'amutement  occupe 
notre  efprit  feul ,  &  lailfe  le  cœur  dans  un  état  d'in- 
différence  &  d'inertie  :  le  plaihr  faifit   le   cœur   &c 
l'occupe ,  Se  l'efprit   eft  bientôt  fubjugué.  Amuf.  du 
cœur  &  de  l'efpru. 
INESCATION.  t".  f.  Sorte  de  tranfplantation  qui  fe  fait 
pour  la  ciue  de   certaines  maladies.  Inefcatio.  Elle 
confifte    à   faire  manger   à  un   auimal   de   l'aiman 
qui   foit   imprégné  de   la    mumie ,  c'eft-à-dire,  de 
l'efprit  vital  de  la  pcrfonne  malade.  On  prétend  que 
l'animal  unit  avec  foi  cette  muniie,  qu'il  la  corrige, 
s'appropriant  fa  qualité  vicieufe,  «Se  par  ce  moyen 
la  fanté  de  celui  duquel  la  mumie  a  été  tirée  ,  fe  réta- 
blit. Si  l'animal  meurt  avant  que  cela  arrive ,  il  faut 
choifir  un  autre  animal  ,  &:  lui  donner  ce  qu'on 
avoit  donné  au  ptcmier.  En  ce  cas  on  doit  prendre 
du  tangbien  putréfié,  ou  bien  fermenté  du  malade, 
qui  vaut  mieux  pour  cela  qu'aucune  autre   panie. 
Ce  qu'on  appelle  ici  aiman  eft  le  milieu  qu'on  choi- 
fît  pour  fei%'ir  de  véhicule  à  l'afprit  vital. 
INESPÉRÉ,  ÉE.  adj.  A  quoi  on  ne  s'attendoit  point. 
Infpiracus.  Cette  llicceilion  eft  un  bonheur  inefpéré. 
Voit.   Joie  inefpérée.  Abl.  Le  hafard  ,  la  fortune, 
font  des  coups  inefpérés  ,  font  reullir  des  choies  qui 
n'avoient  aucune  apparence  de  fuccès.  On  voit  allez 
que  ce  mot  ne  peut  fe  dire  qu'en  bien. 
INESPÉRÉMENT.  adv.  Dune  manière  inefpérée  & 
contre  notre  attente.  Ex  infperato.  Il  eft  venu  inef- 
pérément  un  fecours  qui  a  iauvé  cette  place.  Cet  ad- 
verbe n'eft  pas  approuvé  de  tout  le  monde.  Comme 
inefpéré  ,  il  ne  fe  dit  que  des  bons  cvénemens. 
INESSE.  Ancien  nom  d'une  ville  de  Sicile,  que  l'on 
nomma  cnfuite  Ethna./nf//à,  Inefum.Le  Père  Brier dit 
"que  c'eft  celle  que  l'on  nomme  aujourd'hui  le  Mo" 
naftère  de  S.  Jean  des  Arènes  ,  dansla  vallée  de  Dé- 
mona,  au  pié  du  mont  Gibcl ,  au  fud ,  entre  Ader- 
no  à  l'oueft  ,  &c  Catane  à  l'eft. 
INESTIMABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  de  grande  va- 
leur -,  qu'on  ne  peut  allez  eftimer.  Insflimabilis  ,  ul- 
tra omne  pretium.  Anfi  il  ne  lignifie  pas  le  contraire 
de  fon  hmple ,  ejlimable ,  qui  veut  dire ,  digne  d'être 
eftimc.  C'eft  pourquoi  il  ne  s'applique  point  aux  per- 
fonnes,  &  l'on  ne  dit  point, c'eft  un  homme ;,-;tf/J- 


î  NE 


ï  N  E 


tnahle.  Mrùs  on  di:  en  p.irlant  des  cliofcSj  ce  dia- 
mant elt  d'un  prix  ïnjiunal'le.  Corn.  Le  I-ioi  dans 
l'on  êardc-mcuble  a  des  liclielîcs  inejlimailes. 
Inestimable,  fc  dit  aiilli  en  choies  (puituclles  &:  mo 
raies.  Injinitï  valons  ac  prct'd.  Le  (ang  que  Jnsus- 
CiiRisT  a  veifc  pour  nous  eft  d'unptix  .iv  d  un  nie- 
rite  uiejlïmdhlc.  La  vertu  &  l'innocence  des  mœurs  , 
lont  des  chofes  uicjUmabUs. 
INLTENDU,  UH.  adj.  Qui  n'eft  point  étendu  ^  qui 
n'a  point  d'exteniîon.  Inexunfus  ,  a   uni.  C'eft  un 
terme  de  Phylique  &  de  Théologie.  Les  points  zé- 
noniques  font  des  points  inctcndus.  Le  corps  de  notre 
Seigneur  ell  ineccndu  dans  l'Luchariilie  ,  au  moins 
par  rapport  au  lieu.  F'oy.  étendu ,  cxtcn/ion. 
INÉVIDENT ,  ENTE.  adj.  m.  Qui  n'ell  pas  évident. 

Non  cvidens  ,  okfcurus.  Voy.  évident. 
INÉVITABLE,  adj.  m.  tk.  f.  Qui  ne  peut  être  évite  .. 
dont  on  nefe  peut  garantir.  Indeclinabdis.  Tout 
fuit ,  tout  di(paroit  à  mes  yeux  ,  tk  je  luis  emporté 
par  une  force  inév'uahU.  Boss.  Les  crimes  lemblent 
aux  Hérétiques  &;  aux  libertins  des  fuites  Inév'uahlcs 
àcs  décrets  éternels  de  Dieu.  La  mort  ik  les  juge- 
mens  de  Dieu  font  inévitables.  Il  eft  difîicile  que  les 
Rois  ne  tombent  dans  les  dériglemens  ordinaires  tk 
inévitables  à.une  conditon  éclatante.  El.  Le  C.  Ma- 
zarin  étoit  intnuiant,  &  avoit  des  charmes  i/aeVi- 
tabks  pour  fc  taire  aimer.  B.  Rab.  L'homme  eft  en- 
traîné par  la  loi  inévitable  du  Deftin.  S.  ÉvR.  L'er- 
reur eft  inévitable  à  la  fragilité  humaine.  La  Pl.  peut- 
on  appuyer  quelque  grand  delîein  flir  le  débris  iné- 
vicables  des  chofes  humaines  ?  Boss. 
^3"  Ce  mot  s'applique  proprement  aux  loix  générales 
de  la  nature  ,  auxquelles  nous  ne  fautions  nous  fouf- 
traire ,  Se  par  exagération  à  d'autres  chofes  qui  arri- 
vent  ordinairement ,  quoiqu'elles  ne  foient  pas  éga- 
lement néceflaires. 
INÉVITABLEMENT,  adv.  D'une  manière  inévitable. 
Il  y  en  a  qui  fouriennent  que  les  hommes  naiflènt 
inévitablement  déterminés  au  mal  S.  ÉvR.  On  a  com- 
paré à  la  voix  melodieule  des  Sirènes ,  tout  ce  qui 
flatte ,  &  tout  ce  qui  eiitrame  inévitablement  les 
cœurs.  Ab.  Nicaise.  Il  s'expoloit  à  être  inévitable- 
ment dérait ,  fi  les  troupes  eullcnt  été  droit  à  lui.  La 

ROCHEF. 

fO- INEXACT,  ACTE.  adj.  Peu  exaét,  qui  manque 
d'exactitude.  Negligens  ,  incuriofus.  Copiftc  inexact. 
Voy.  Exact.  &  Exactitude. 

fO^lNEXACTiTUDE.  f.  f.Défaut  d'cxaftitudciVeç/ije/zf iû, 
incuria.  Il  yaderi/ze.vaffiMi/edanscetouvragè.  InexaC"t 
tk  inexacïitude^  font  des  mots  nouveaux ,  mais  au- 
torifés  par  l'ufàge.  i' 

INEXCUSABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  peut  être  ex- 
cufé.  On  le  dit  des  chofes  &  des  perfonnes.  Ine.x- 
cujabilis.  V ingratitude  en  quelque  perfonne  que  ce 
loit  eft  inexcufable.  Dieu  ayant  fait  connoitre  fa  di- 
vinité ,  ceux  qui  ne  l'adorent  pas  font  inexcufables 
PortR.  -^ 

INEXÉCUTION,  f  f.  Terme  de  Palais.  Défaut  d'exé^ 
cution.  Inobfervantid.  On  obtient  des  dommages  &: 
intérêts  pour  l'inexécution  d'un  contrat  contre  celui 
qui  en  eft  la  caufe.  Le  Roi  Louis  le  Grand ,  par  un 
Arrêt  du  Confeil  du  25  Octobre  1668,  ordonna 
que  les  Bulles  d'Innocent  X  ,  8c  d'Alexandre  VII , 
continueroient  d'être  inviolablement  obfervées  dans 
tout  le  Royaume  ,  que  les  contraventions  &  inexé- 
cutions faites  auxditcs  Bulles  demeureroient  comme 
non  avenues.  L'inexécution  d'un  traité  &  d'un  tefta- 
ment. 

INEXERCITÉ  ,  ÉE.  adj.  Qui  n'eft  point  exercé.  Ine- 
xercitatus.  Ce  mot  eli  vieux  &:  hors  d'ufige. 

Mais  tout  rural ,  &  inexercité  , 

-Â  peine  a  vu  la  prochaine  cité.  S.  Gelais. 

On  difoit  aulll  exerciter  pour  exercer.  Il  y  a  dans 
les  Quatrains  de  Pibrac , 

Un  art  fans  plus,  en  lui /cul  j'exercite  , 


^S9 


Et  du  métier  d' autrui  ne  t' empêchant , 
J^  a  dans  le  tien  ,  le  parlait  recherchant  ; 
Car  exceller  n'ejl pas  chofe petite. 

INEXISTENCE,  f.  f.  Défaut  d'exiftcncc.  Lorfque  les 
Regiftrcs  publics  exiftcnt,  c'eft  la  feuie  preuve  de 
l'état  des  hommes  qu'autorife  l'Ordonnance  de  16^57^ 
tit  20.  art.  14.  Ce  n'eft  que  dans  deux  cas  de  1  iw- 
.\7//c'we  ,  ou  de  la  perte  des  Regiftrcs  ^  qu'elle  admet 
une  autre  preuve.  Caiifes  célébr.  to.  6.  p.  4-; 2.  4S 0. 

INEXORABLE,  adj.  m.  &:  f.  Qu'on  ne  fjuroii  flé- 
chir. On  ledit  des  chofes  Oc  des  perfonnes.  Inexora- 
bilis.  Le  public  eft  un  juge  inexorable.  Pell.  Ma 
gloire  inexorable  à  toute  heure  me  fuit.  Rac.  S.  Louis 
fe  rendit  i/zt'A.-ortzZ'/e  aux  larmes  tic  au  repentir cUi  blaf- 
phématcur.  El.  Un  Juge  doit  cxxcine.xorable,  quai:d  on 
le  follitite  contre  la  Jufticc.Lucrèce  a  eu  l'honneur  d'ê- 
tre inexorable, &c\e  plaifir  de  ne  l'avoir  pas  été.  Ablanc. 

Penfei-vous  quHermion  à  Sparte  inexorable  , 
rous  prépare  en  Epire  un  fort  plus  favorablel  Rac. 

INEXORABLEMENT,  adv.  D'une  manière  inexora- 
ble. Ne  lui  demandez  point  cette  grâce ,  il  vous  re- 
fuferoit  inexorablement.  Acad.  Fr. 

INEXPERIENCE,  f.  f.  Manque  d'experifncc.  Foy.  ce 
mot.'  Experienti&  defeclus  ,  imperitia.  Un  Chirurgiea 
qui  par  inexpérience  eftropie  quelqu'un,  eft  con- 
damné  a  des  dommages  &  intérêts. 

Le  neveu  du  Pape^  Si'xte  V.  malgré  fa  jeuneffe  &r 
fon  inexpérience  ,  pénétroit  jufques  à  la  fource  des 

aftaires  les  plus  cachées M.  Le   Pelletier,  Fie. 

du  Pape  Sixte  F. 

Tel  qu'on  nous  vante  dans  l'Hifloire  , 
Doit  peut-être  toute  fa  gloire  , 

y^  la  honte  de  fon  rival  : 
X'inexpérience  indocile 
Du  ■*=  Compagnon  de  Pau!  Emile  , 
Fit  tout  le  fuccès  d'Annibal.  Rousseau. 
*  Terentius  Varron. 

INEXPÉRIMENTÉ,  ÈE  adj.  Qui  n'a  point  d'expe'- 
rience.  Imperitus.  Il  eft  dangereux  de  tomber  entre 
les  mains  d'un  Chirurgien  inexpérimenté.  C'étoient 
des  gens  inexpérimentés.  Ablanc.  Général  inexpéri- 
menté. On  ne  le  dit  que  des  perfonnes. 

INEXPIABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  fe  peut  expier. 
Inexpiabilis.  §3°  Il  y  avoit  chez  les  Romains  des 
crimes  inexpiables.  La  religion  Chrétienne  n'a  point 
de  crimes  inexpiables.  Montesq,.  Voy.  expier,  ex- 
piation. 

INEXPLICABLE,  adj.  m.  &  f.  Qu'on  lie  peut  expli- 
quer. InexpUcabiiis.  Difficulté  inexplicable.  Les  myf- 
tères  de  la  Trinité  &  de  l'Incarnation  font  zweA-^^^ca- 
bles.  L'Lvangile  n'auroit  pas  apporté  la  lumière  au 
monde  ,  s'il  avoit  propofé  des  dogmes  inexplicables. 
S.  EvR.  Le  S.  Efprit  prie  en  nous  par  des  gcmifle- 
mens  inexplicables.  Le  verbe  s'eft  joint  d'une  ma- 
nière inexplicable  à  un  homme  femblable  à  nous. 
Le  P.  DouciN.  L'amour  répand  fur-tout  un  charme 
inexplicable.  Des  Houl. 

INEXPRESSIBLE.  adj.  C'eft  la  même  chofe  qu'inex- 
primable ,  qui  fe  trouve  par-tout ,  au  lieu  que  je  n'ai 
trouvé  incxpreffible  que  dans  cet  exemple,  où  M. 
Swilt  parle  à  tés  confédérés  :  Je  reçois.  Meilleurs, 
avec  une  reconnoilTance  inexprefjible  cç.%  marques 
admirables  de  l'intérêt  que  vous  prenez  à  ma  con- 
fervation Le  Pour  &  Contre. 

INEXPRIMABLE,  aclj.  m.  &  f.  Qui  ne  fe  peut  expri- 
mer. Quod  e.xprimi  non  potejl.  Les  joies  des  Bicn'- 
heureux  font  inexprimables.  Cicéron  a  un  artifice  , 
&  un  agrément  inexprimable.  Mauc. 

INEXPUGNABLE  ,  adj.  m.  &:  f.  Prononcez  fortement. 
Qu'il  çÙ.  impoillble  de  forcer,  d'emporter  de  force. 
Inexpugnab'ilis.  Maintenant  il  n'y  a  plus  de  place 
inexpugnable ,  Se  qu'on  ne  prenne  fi  elle  n'eft  l'e- 
couxue.  Le  pays  ctoit  à  couvert  de  les  montagnes 


j6o 


INF 


comme  d'un  rempart  inexpugnable.  Abï-ANC.  On  dit 
plutôt  une  place  imprenable  ,  un  rempart  imprena- 
ble ,  qu'inexpugnable  ,  qui  n'eft  guère  que  du  Itylc 
foutenu. 

iNEjiPUGNABLE  ,  fe  dit  figurément  en  Morale.  La  chai 
teté  de   cette  Dame  eft   un    fort    inexpugnable.   La 
confiance  d'un  Stoïcien  eft  inexpugnable.  Il  eft  peu 
ulîté  au  moral. 

INEXTINGUIBILITÉ.  f.  f.  Terme  dogmatique.  Qua- 
lité de  ce  qui  eft  inextinguible. 

INEXTINGUIBLE,  adj.  m.  &  f.  Qu'on  ne  peut  étein- 
dre. Inexûnclus.  Les  Volcans  enferment  des  feux 
inextinguibles.  On  fait  des  feux  artificiels  avec  de 
l'huile  de  pétrole  ,  d'afpic  ,  de  foufre ,  &c.  qui  font 
inextinguibles  ,  qui  brûlent  dans  l'eau,  tels  que  font 
ceux  des  brûlots.  Lampe  inextinguible. 

InextilIguible  ,  fe  dit  figurément  en  Morale  des  ar- 
deurs amoureufes  qu'on  ne  peut  guérir.  On  dit  aulli 
la  foif  inextinguible  des  tréfors  ,  de  la  gloire ,  &c. 
On  le  dit  aulli  en  Médecine  des  ardeurs  de  la  fièvre 
qu'on  ne  peut  éteindre  par  les  remèdes. 

INEXTRICABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  peut  être  dé- 
mêlé. Inextricabilis.  Un  labyrinthe  inextricable  de 
procédures.  Mîzhrai,  C'eft  du  Latin  tout  pur.  I 

I  N  F. 

ifT  INFAILLIBILISTE.  f.  m.  Quelques  uns  emploient 
ce  mot  pour  déiigner  ceux  qui  loutiennent  l'infail- 
libilité du  Pape. 

INFAILLIBILITÉ,  f.  f.  Don  qui  fait  qu'on  ne  peut 
errer ,  ni  le  tromper  ,  ni  être  trompé.  InfalUbiiitas. 
VinfaLliibilité  ne  fe  doit  attribuer  proprement  qu'à 
DieUj  &c  à  ceux  à  qui  il  l'a  bien  voulu  commimi- 
quer,  comme  aux  Prophètes,  aux  Evangéliftes,  aux 
Apôtres  &c  à  fon  Églife.  On  a  écrit  pour  &  contre 
l'infaillibilité  du  Pape.  Du  Pin ,  Dodteur  de  Sorbon- 
ne  ,  dans  fon  livre  ,  de  Antiqua  EcclefiA  difciplina  , 
nie  ['infaillibilité  du  Pape.  C'eft  le  fentiment  de 
l'iiglife  Gallicane.  Sur  quoi  fonder  cette  certi- 
tude infaillible  par  les  principes  de  nos  frères  ;  Sur 
l'Écriture  lainte ,  nous  dilent-ils  ;  mais  nous  avons 
l'Écriture  lainte  comme  eux  ,  &  néanmoins  nous 
dilputons  eniemble  de  Ion  explication.  Qui  ne  voit 
donc  qu'il  n'eft  plus  qucftion  d'une  infaillibilité  dt 
révélation  &  d'Écriture  que  nous  avons  tous  ,  mais 
d'une  infaillibilité  d'interprétation  Se  d'explication 
dont  nous  avons  befoin.  PÉlisson.  L'examen  de  la 
religion  ,  tel  que  nos  frères  veulent  prendre  lur  eux , 
&c  tel  qu'il  feroit  nécellaire  par  leurs  principes ,  eft 
impolîible  aux  uns  ,  diSicile  aux  autres  :  inutile  à 
tous ,  s'ils  n'établiirent  une  infaillibilité  avec  laquelle 
il  ne  lera  plus  bcloin  d'examen.  Id. 

§Cr  S'il  n'y  a  pas  une  autorité  infaillible  qui  nous  dife 
à  tous ,  voilà  le  vtai  lens  de  l'Ecriture ,  comment 
veut  on  que  le  paylan  le  plus  grollîcr  &  l'artifan  le 
plus  fimple  s'engagent  dans  un  examen  où  les  Savans 
même  ne  peuvent  s'accorder?  Dieu  auroit  manqué  au 
fecours  de  prelque  tous  les  hommes  ,  en  leur  don- 
nant une  Ici  écrite ,  s'il  ne  leur  avoit  pas  donné  en 
même  temps  un  interprète  sûr,,  pour  leur  épargner 
une  rechcrrhe  dont  ils  font  incapables.  Tout  hom 
me  fimple  &  Imcère  n'a  befoin  que  de  fon  igno- 
rance bien  fenfée  pour  voir  l'ablurdité  de  toutes  les 
feèfes  qui  fondent  leur  féparation  de  l'Églife ,  lut 
l'oftre  de  le  rendre  juge  des  matières  qui  furpallent 
la  qualité  naturelle  de  Ion  cfprit.  Doit-on  croire  la 
nouvelle  réforme  qui  demande  l'impollible  ,  ou  l'an 
cienne  Égliie  qui  pourvoit  à  l'impuillance  humaine; 

FÉnÉlgn. 

Dans  l'ufage  ordinaire  le  mot  d'infaillibilité  figni- 

fie  certitude  entière.  L'infaillibilité  d'une  règle.  L'in- 

faiUibilité  des  Mathématiques.  Ccrtitudo  omnimoda. 

0-  INFAILLIBLE,  adj.  de  t.  g.  Du  Latin  Fallo  ,  je  trom 
pe  &  de  la  particule  privative  in.  Infaillible  ,  qui 
ne  peut  errer  ,  qui  ne  peut  fe  tromper  ,  ni  être  trom 
pi;.  Infaillibi/is  j  errori  minime  obnoxius.  Les  grands- 
hommes  ne  font  pas  infaillibles  ,  mais  ils  ne  laillem 


I  N  F 

pas  d'inftruire  lors  même  qu'ils  font  des  fautes.  MitN. 
Il  arrive  fouvent  que  ceux  qui  ont  acquis  quelque 
autorité  par  leur  lavoir  ,  fe  croient  infaillibles  ,  parce 
qu'on  eft  accoutumé  à  les  écouter  avec  reipecl.  Mal. 
L'infaillibilité  ne  convient  qu'à  Dieu  ,  Se  a.  ceux 
à  qui  il  en  a  accordé  le  privilège.  Dieu  eft  infaillible 
par  nature ,  parce  qu'il  eft  fouverainement  parfait. 
L'Églife  eft  infaillible  par  privilège. 

Tous  les  Catholiques  loutiennent  que  l'Églife 
jouit  du  privilège  de  l'infaillibilité  dans  les  matières 
de  foi ,  fcit  qu'elle  foit  alfemblée  dans  un  Concile 
Génénéral.  (  P^oy.  Concile  )  foit  qu'elle  loit  dilpcr- 
fée.  F'oy.  Églife  difperfée.  La  promefte  de  J.  C.  eft 
formelle.  Il  a  promis  d'être  avec  elle  jufqu'à  la  con- 
fommation  des  fiècles  ;  8c  les  portes  d'enfer  ne  pré- 
vaudront jamais  contre  elle.  Portie  inferi  non  pmva- 
lebunt  adverfus  eam.  Les  proteftairs  nient  l'infaillibilité 
de  l'Églife  J^oy.  l'art  précédent. 

Parmi  les  Dodeurs  Catholiques ,  quelques  Ultra- 
montains  prétendent  que  le  Pape ,  quand  il  pro- 
nonce ex  Cathedra,  c'eft-à-dire  ,  après  avoir  aftem- 
blé  &  confulté  le  Conclave  ,  jouit  du  privilège  de 
l'infiillibilité  :  quelques-uns  même  ont  ofé  avancer, 
qu'en  prononçant  comme  Dotfteur  particulier ,  pro- 
prio  motu ,  il  ne  pouvoit  fe  tromper.  Cette  opi- 
nion eft  rejcttée  par  l'Eglife  Gallicane  qui  l'a  fouvent 
profcrite. 

Quelques  uns  ont  imaginé  un  fyftême  mitoyen. 
Ils  ont  diftingué  le  fiège  de  Rome ,  du  Pape.  Les 
jugemens  du  Pape,  difent-ils,  ne  font  pas  infailli- 
bles ;  mais  le  fîège  ne  peut  errer.  Diftindion  qui  ne 
fait  rien  à  l'infaillibilité  perfonnelle  du  Pape.  Le  liège 
de  Saint  Pierre  ,  le  fiège  de  Rome  ne  peut  errer , 
parce  que  c'eft  le  centre  d'unité ,  centre  avec  lequel 
toutes  les  autres  Égliles  communiquent.  Mais  le  Pon- 
tife qui  occupe  ce  liège  peut  errer  ,  &  a  louvent  erré 
dans  les  matières  de  foi ,  même  après  avoir  aircmblé 
fon  Conclave.  Ses  jugemens  ne  font  irréformables  , 
qu'autant  qu'ils  font  appuyés  du  futFrage  ,  du  confen- 
tement  de  l'Églife. 
Infaillible  fe  dit  aullî  de  ce  qui  eft  abfolument  cer- 
tain. Certus.  Les  règles  d'arithmétique  font  infailli- 
bles. Il  n'y  a  que  la  Géométrie  qui  foit  infaillible 
entre  les  fcicnces  humaines. 
Infaillible  ,  lignifie  auill ,  qui  eft  immanquable.  Les 
paroles  que  donne  un  honnête  homme  font  infail- 
libles. Le  fuccès  de  ce  procès  eft  infaillible. 
INFAILLIBLEMENT,  adv.  D'une  manière  infaillible. 
Certb.  La  conclufion  d'un  argument  en  forme  s'en- 
fuit infailliblement  des  deux  prémilles.  Avec  un  air 
complaifant  &:  flcttcur,  on  ç\mi  infailliblement  dxn% 
le  monde.  Bell.  Sans  être  un  peu  hypocrite ,  l'on 
échoue  infailliblement  à  la  Cour.  Id.  L'homme  em- 
bralle  infailliblement  le  bien  que  la  raifon  lui  pré- 
fente fous  l'idée  du  bien.  M.  Esp. 
INFAISABLE,  .adj.  de  t.  g.  Qui  n'eft  pas  faifable  ,  qui 
ne  le  peut  faire.  Quod  jieri  nequit.  C'eft  une  chofc 
infaifable. 
INFAMANT,  ANTE.  ,adj.  Ce  qui  emporte  contre 
quelqu'un  une  note  d'infamie.  Injamans.  Une  fen- 
tcnce  infamante  efl  un  valable  reproche  contre  un 
témoin.  Il  faut  couvrir  le  vice  des  noms  les  plus  in- 
famans  pour  en  infpirer  de  l'horreur.  S.  Évr.  Ce 
mot  vient  du  Latin  infamans  ,  infamare  ;  compofé 
de  la  particule  privative  in  ,  Se  de  fama  ,  renommée. 
IJCF  Infamant  ,  difîamant ,  diftamatoire  ,  fynonimes. 
Le  mot  de  di^amatoire  s'appliciue  aux  difcours  ou 
aux  écrits  qui  attaquent  la  réputation  d'autrui.  Ainfi 
l'on  dit  un  libelle  diffamatoire  ;  famofus  libellas , 
Se  non  pas  un  libelle  di^amant  ou  infamant  ;  parce 
que  ces  deux  mots  inarquent  l'effet  des  aeliions  qui 
nuifent  à  la  réputation  de  ceux  qui  en  font  les  au- 
teurs ,  chacun  avec  des  nuances  particulières.  Infa- 
mant exprime  proprement  ce  qui  eft  une  tache  hon- 
tcufe  dans  la  vie ,  fait  perdre  l'honneur  ,  &  attire 
l'averlîon  des  gens  de  probité.  Voy.  diffamatoire  Se 
diffamant.  Quand  on  a  fur  fon  compte  quelque  chofe 
d'infamant ,  il  faut  le  cacher  entièrement  aux  yeux 
du  monde.  Il  n'ell;  pour  toutes  lortes  de  perfonnes 

rien 


I  N  F 

rien  de  fi  infamant  que  les  chitimens  ordonnés  par 

la  Juftice  publique.  .     r     ■     t  f     ■    ar^  t  „. 

INF  AMATION.  i.  i.  Note  d'infamie.  Injamia.  ^^  Les 
jugemens  qui  condamnent  à  l'aumône,  en  mancrc 
civ.ie  ,  &  ceux  qui  condamnent  a  1  amende  ou  a 
peine  afflidive ,  en  matièie  criminelle  ,  emportent 
infamation,   notent  d'infamie   celui   qui    ell    con- 

damné.  /-     .     ^  ,       i- 

INFAME,  adj.  m.  &c  f.  ^  Infarms.  Ce  mot  s  applique 
aux  pcifonnes  qui  ont  perdu  la  réputation  d'fion- 
neur  &  de  probité ,  &  aux  adions  qui  la  font  per- 
dre. L'homme  tnfame  eft  celui  qui  ell  Hctn  par  la 
loi  ou  p.ir  l'opinion  publique;  l'adHon  uifame,cit 
celle  qui  fait  perdre  l'honneur.  Se  attire  1  avedion 
des  honnêtes  gens.  Aâion  infâme.  Avarice  infâme. 
Infime  débauche;  péché  infâme. 

ffT  Un  lieu  infâme  ,  eft  une  mailon  ou  les  hlles  de 
débauche  fe  proftituent.  ,  ^  ,  .  ,         ,t- 

KT  Un  livre  infâme ,  où  il  y  a  des  obfcenites  groilie- 
res.  On  die  dans  le  même  fens  un  tableau  i^ame. 

ar  Infâme  en  Droite  a  la  même  fignilîcation.  C'eft  cc'lui 
qui  eft  déclru  non  -  feulement  des  dignités  &  des 
charges ,  mais^ncore  de  tout  ce  qui  eft  fonde  fur  la 
réputation  d'honneur  &  de  probité.  Il  y  a  des  in- 
fâmes de  droit ,  tels  que  font  ceux  qui  font  notes 
parles  loix  ,  ou  par  des  jugemens  publics  ;  d  autres 
qui  font  infâmes  de  fait,  qui  exercent  une  protei- 
fion  honteufe  ,  ou  qui  n'eft  point  pratiquée  par  les 
honnêtes  gens ,  comme  celle  de  Charlatan ,  de  Co- 
médien ,  de  Bourreau ,  de  Queftionnaire.  En  Fran- 
ce, tous  ceux  qui  font  condamnés  I.Cr  au  fouet  j  au 
bannilfement ,  à  la  lieur  de  Lis ,  à  l'amende  hono- 
rable ,  au  blâme ,  à'  une  amend';  pécuniaire  en  ma- 
tière criminelle ,  à  une  aumône  en  matière  civile , 
&c.  font  infâmes.  , 

■Infâme  fe  dit  par  exagération  de  ce  qui  eft  limplement 
mal  propre  ou  mal  téant ,  dégoûtant.  Une  clrambre 
infiime  ,  un  habit  infâme. 
.  fp-  Infâme  feditaulîi  fubftantivement.  C  eft  un  infâme. 
Les  infâmes  ne  font  pas  reijUs  en  témoignage. 

IP"  Aulu-gelle  appelle  en  Latin  infâmes  maienas  ^  ce 
que  nous  appelons  paradoxes.  I.  /7.  c.  12  ;  c'eft- 
à  dire  ,  des  fujets  de  difcours  éloignés  du  lentimcnt 
ordinaire  ,  des  propofitions  contre  la  vrailemblance  ^ 
contre  l'opinion  de  toute  la  terre. 

ClCr  Infâme  vient  de /ûwa  ,  réputation  ,&  d'i«  particule 
privative ,  infamis  jjuie  fama. 

INFAMER.  V.  a.  Rendre  quelqu'un  infâme,  Infamarc. 
Le  Mait.  Infamojic  qui  vient  de  ce  verbe,  eft  en 
ulage  :  Infamer  ne  fe  dit  point ,  ou  fe  dit  peu. 

INFAMIE.  1".  f.  Perte  de  Ihonneur  &  de  la  réputation. 
Infamia.  Couvrir  quelqu'un   d'infumie.   Toutes   les 
fentences  données  au    grand  criminel  qui  portent 
condamnation ,  portent  en  même  temps  note  d  infa- 
mie. Quand  on  ne  cherche  la  vertu  que  par  crainte 
de  l'infamie  qui  eft  attachée  au  vice ,  l'on  agit  en 
efclave.  S.  ÉvR.  Il  y  a  infamie  de  fait ,  &  infamie  de 
droit  :  la  première  fC  provient  d'une  adion  qui,  dans 
l'opinion  de  tous  les  gens  d'honneur ,  perd  de  répu- 
tation  celui  qui  en   eft  l'auteur ,  quoiqu'il  n'y   ait 
aucune  loi  qui  y  attache  la  peine  d'infamie.  Telle  eft 
l'infamie  des  ufuriiers  publics ,  de  ceux  qui  mènent 
une  vie  fcandaleufe  ,  &c.  L'infamie  de  droit  eft  celle 
qui  provient  d'un  jugement,  f^oyei  Infâme.  Quel- 
quefois  les    Cours   fouveraines  en  prononçant  une 
peine  ,  ajoutent ,  fans  note  d'infamie  :  les  Prélîdiaux 
ne  peuvent  ufer  de  cette  manière  de  prononcer.  On 
donnoit  autrefois  une  couronne  d'infamie  par  puni- 
tion. Elle  étoit  de  laine.  Voyez  Pafckalius  de  Coro- 
nis ,  L.  V.  au  dernier  Chapitre. 
Infamie  ,  fe  dit  aufil  de  toute  action  vilaine  ,  &  qui 
ne  fe  fait  point  par  d'honnêtes  gens.  Un  avare  frit 
mille  infamies  pour  gagner  du  bien.  C'eft  une  infa- 
mie de  plaider  contre  fapromelle. 
Infamie,  fe  dit  aulîl  de  paroles  injurieufes  à  l'honneur, 
à  la  réputation.  Il  lui  a  dit  mille  infamies.  Contume- 
lioja  verba. 

On  le  dit  aufti  des  paroles  ridicules  &  impertinentes 
qui  déshonorent  ceux  qui  les  difent. 
Tome  y. 


I  N  F 


161 


Ciio  vint  l'autre  jour  fe  plaindre  au  Dieu  des  vers  j 

Qu'en  certain  lieu  de  l'Univers 
On  traitait  d' Auteurs  froids ,  de  Poètes  JlérUes^ 

Les  Homères  O  les  Vir^iles. 
Cela  ne  fauroit  être,  on  s'ejl  mocqué  de  vous  y 

Reprit  Apollon  en  courroux  ; 
Où  peut-on  avancer  une  telle  infamie  ?  Desp. 

INFANT,  ANTE.  f  C'eft  le  titre  d'honneur  qu'on 
donne  aux  enfans  de  quelques  Princes,  comme  en 
Elpagne  ,  en  Portugal.  Infans.  Le  Roi  a  époufé  l'/zz- 
fante  d'Efpagne;  l'Infante  de  Portugal.  Le  Cardinal 
Infant.  Le  Prince  ik  les  Infans,  c'elt-à  dire  ,  le  fils 
aine  du  Roi  d'Efpagne ,  Prince  des  Afturies ,  tk.  les 
Princes  fes  frères  j  fils  puînés  du  même  Monarque. 

On  dit  ordinairement  que  ce  titre  a  palfé  en  Elpa- 
gne par  le  mariage  d'Éléonor  d'Angleterre  avec  Fer- 
dinand II  ,  Roi  de  Caftille  &  de  Léon  ,  &  que  ce 
Prince  le  donna  pour  la  première  fois  au  Prince 
Sanche  fon  fils  :  mais  Pelage  ,  Evêque  d'Ovicdo  qui 
vivoit  l'an  iioo,  dans  une  de  les  lettres ,  nous  ap- 
prend que  dès  le  règne  d'Lvremond  II.  le  titre  d'/«- 
fant  &  d'Infante  étoit  déjà  ulité  en  Efpagne. 

On  a  appelé  autrefois  les  enfans  des  Chevaliers, 
Infantiones.  Dans  une  Chartre  de  l'an  1 1 74.  Alfonle  , 
Roi  de  Caftille ,  appelle  la  hlle  Infantijfa.  Voyez 
MANRIQ.UE  ,  Annal.  Cijlcrc.  ad  annum.  1174-  C. 
6.  &  les  Bollandiftes,  AUa  Sancl.  Maii.  T.  VII.  p. 

Il  fe  dit  aufll  fîgurément ,  Se  dans  le  ftyle  comi- 
que &  burlefque  ,  de  toutes  fortes  d'entans.  L'Infant 
du  Lude.  Scar. 

Voici  les  Gouvernantes 

Qu'on  choidt  pour  nos  Infantes.  Gon. 

C'eft  ainfi  que  Dauphin  fe  dit  en  badinant  des  en- 
fans des  particuliers ,  comme  on  l'a  dit  en  fa  place. 
On  donne  le  nom  d'Infantes  aux  filles  de  moyen- 
ne vertu.  Il  m'eft  expreilément  ordonné  d'arrêter 
ces  Infantes  :  M.  le  Corrégidor  en  veut  faire  un 
exemple.  Le  Sage.  Sur  ce  pied-là  ,  lui  dis  je,  mon 
Infante  ,  je  puis  accepter  la  place  que  vous  me  defti- 
nez.  Id.  Dépenfant  de  ville  en  ville  l'argent  qui  me 
reftoit  de  l'enlèvement  de  mon  Infante  j  car  nous 
avions  tous  deux  fait  notre  main  en  partant  d'Oviédo. 
Id.  ce  terme  ne  s'emploie  que  dans  le  comique ,  le 
ftyle  romanelque  &  dans  la  converfation. 

INFANTADO,  f.  m.  Contrée  d'Efpagne  avec  le  ti- 
tre de  Duché ,  compofée  des  villes  d'Alcozer ,  Salmé- 
ron,  Valdéolivas  &  de  pluiieurs  bourgades. 

INFANTE.  Terme  de  Fleurifte.  C'eil  une  tulipe  ifà- 
belle  fouettée  de  blanc.  Morin. 

INFANTE.  Nom  d'un  Cap  de  la  Côte  des  Cafres, 
en  Afrique.  Caput  Infantis.  Capo  Infante.  Il  eft  en- 
viron à  dix  lieues  de  celui  des  Aiguilles ,  &  quarante- 
cinq  de  celui  de  Bonne  Efpérance,  du  côté  du  le- 
vant. Il  y  a  près  du  Cap  d'Infante  une  bonne  Baie, 
qui  porte  fon  nom.  Maty.  On  le  prononce  à  l'Ef- 
pagnole  :  c'eft  pour  cela  que  nous  mettons  un  accent 
fur  l'e  final. 

Infante,  eft  auflî  le  nom  d'une  grande  rivière  de  la 
Baife  Ethiopie ,  en  Afrique.  Fluvius  Infamis ,  Rio 
Infante.  Elle  a  fa  fource  dans  le  Monoinotapa ,  où 
elle  porte  le  nom  de  Cumiffa.  Elle  prend  celui  d'In- 
fante dans  la  Cafrerie  j  &  fe  jette  dans  la  mer  des 
Cafres ,  du  côté  du  couchant ,  entre  la  terre  Déferre  , 
&  celle  de  NataL  Maty. 

INFANTERIE,  f.  f.  Troupe  de  gens  de  guerre  qui 
marchent  &  combattent  à  pied.  Peditatus.  Voilà  de 
l'infanterie  bien  lefte.  Une  compagnie  ,  un  régiment 
d'infanterie.  L'infanterie  Efpagnole  a  été  en  grande 
réputation.  On  dit  aulIi  fantallîns  ôc  piétons. 

^T  Ce  mot  tire  fon  origine ,   dit  on  ,  d'une  Infante 

d'Efpagne  qui  battit  les  Maures  avec  une  armée  de 

gens  de  pied.  Pour  en  confacrer  la  mémoire  ,  les 

I      piétons  Efpagnols  fe  nommèrent   infanterie ,  nora 

X 


I  N  F 


qui  a  pa(Té  depuis  aux  piJtons  des  autres  nations. 

JN-FAN'I  ICIDE.  C.  m.  Terme  de  Junl'prudeiice.  Meur- 
tre d'un  entant.  Jnfantis  occiflo  ,  injanCicLdium.  L'in- 
fanticide ert  puiiiilàble  de  mort  par  une  loi  de  Va 
Jeritinien.  De  Laun.  On  accufoit  les  premiers  Chré- 
tiens à'infanticide.  On  diioit  qu  ils  man^eoicnt  un 
cuiant  dans  leurs  alfemblées.  C'étoit  une  fable  fon- 
dée furie  myllcre  de  l'Euchariftie  ,  Ik  1  ufage  de  la 
•communion,  &  c'eft  une  preuve  évidente,  que  la 
préfence  réelle  étoit  crue  dés  les  temps  Apoftoli 
qucs ,  comme  elle  l'cil  aujourdhui  par  les  Catho 
liques. 

Infanticide  lignifie  auflî.  Meurtrier  d'un  enfant,  celui 
qui  tue  un  enhmtj  comme  fratricide ,  meurtrier  de 
fon  frère;  Parricide  qui  tue  fon  père,  &c.  Infanti- 
cida.  On  appelle  Hérode  infanticide  ,  parce  qu'il  fit 
mourir  les  Saints  Innoccns. 

Ces  mots  viennent  de  infans ,  un  enfant  j  Se  csdo  , 
Je  happe  ,   je  tue. 

3NFAN  i  IS.  Nom  d'un  fleuve  d'Afrique.  Infannais.  Il 
eft  dans  la  Cafrerie,  &  il  ariofe  la  terre  de  Natal. 

PuKRY. 

INFATIGABILITÉ.  f.  f.  Qualité  qui  rend  infatigable. 
Seduiitas  ad  opus.  J^oye\  la  tourmi ,  quelle  prévoyan- 
ce ,  quelle  infatigabihte  f  S.  ÉvR. 

INFATIGi^BLE.  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  fe  peut  lairer. 
Injdtigabdis  ,  Jedulus  ,  acer.  Les  chevaux  de  poil 
ale-ian  brûlé  lont  infatigables.  C'efl:  un  efprit  infa- 
tijable ,  qui  invente  perpétuellement.  Il  a  une  pa- 
tience j  une  charité  injatigable.  Le  Roi  raffermit  fon 
autorité  ébranlée  par  la  y igihnce  infatigable.  S.  EvR. 
f^oy    Fatigue  &  Fatiguer. 

Sur  tout  /'admire    en   vous  ce    cxur  infatigable  , 
Qid  femble  s'affermir  fous  le  faix   qui  l'accable. 

Racine. 

INFATIGABLEMENT,  adv.  D'une  manière  infatiga- 
ble. Citra  jatigauonem.  Depuis  trois  ans  qu  il  cil  at 
taché  injatigablanent  à  taire  des  expériences,  il  a 
fait  pluncurs  belles  découvertes 

INFAi'UAlION.  f.  f.  Ip^lnévention  excellive  &  ri- 
dicule en  faveur  de  quelqu'un  ou  de  quelque  choie. 
yoy.  Infatuer  &c  Prévention.  Il  n'y  a  rien  de  il 
commun  que  Vinjatuation  des  hommes  (ur  leur  ori- 
gine. Rousseau.  Lettre  de  M.  l'Akbé  d  Oiivct. 

INFATUER.  V.  a.  Préoccuper  ,  prévenir  tellement 
quelqu'un  en  faveur  d'une  perfonne,  ou  d'une  choie 
qui  ne  le  mérite  pas ,  qu'on  ait  de  la  peine  à  l'en 
délabufer.  Injatuare.  Un  Auteur  eft  encore  plus  dupe 
que  ceux  qui  ï' infatué nt- de  leur  encens.  Bell.  Les 
nouvelles  opinions  lont  propres  à  infatuer  les  Igno- 
vans.  Il  le  dit  iouvent  avec  le  prono\n  perfonnel. 
S'injatuerde  quelque  choie ,  de  quelqu'un  ;  s'en  lailVer 
infatuer. 

Ce  mot  vient  du  Latin  infatuare  ,  qui  figni- 
fie  Rendre  fou ,  mettre  une  perfonne  hors  de  Ion 
bon  fens.  Ce  verbe  vient  de  jatuus  ,  fou  ,  dérivé 
du  verbe  _/iW  ,  qui  eft;  tiré  du  Grec  ^â.^.»;,  d'où  vient 
<?<'i.' ,  qui  iignific  le  même  que  J^atcs  en  Latin  ,  De- 
vin en  François.  Les  devins  étoient  iaiiis  d  une  el- 
pèce  de  fureur  ,  ou  de  folie ,  quand  ils  alloient  pro- 
TCioncer  leurs  prédirions  ik.  leurs  oracles.  On  peut 
encore  remarquer  que  parmi  les  Latins  ceux-là 
ctoienr  appelés  infatuati ,  qui  croy oient  avoir  des 
vifîons  ,  qui  s'imaginoient  avoir  vu  le  dieu  Faune  , 
qui  étoit  autrement  appelé  Fatuus. 

Infatué  _,  éh.  Participe.  Prévenu,  préoccupé.  Les  per- 
lonncs  infatuées  de  leur  mérite  le  eend.irment  pour 
la  moindre  parole  qui  échappe  (ans  dcllein.  Bell. 
Quoi  !  toujours  infatués  de  livres  &z  d'Auteurs  ?  P. 
<IoM.  Le  peuple  eft  li  infatué  d'eux  (  des  Brachma- 
nes  aux  Indes)  qu'il  penle  être  fiint  en  participant 
à  leurs  crimes ,  ou  en  recevant  des  outrages  de  leur 
part.  BouHOURs.  Une  fille  infatués  d'opinions  étran- 
gères &  de  doèliine  réprouvéesde  rÉghfe.  Bourdal. 
Exh.  I.  j}.  ^^4. 

Int\tué  ,  iigniiîoit  autrefois  _/ô«.  Charles  de  France  ^ 
Duc  de  Lorraine ,  frère  du  Roi  Lotaire ,  étoit  fur- 


INF 

nomme  l'infatué ,  félon  Uétiman ,  &  eft  nomme 
Charles  le  Fou  par  l'Auteur  de  la  Chronique  de 
Vézelai. 

gCr  INFÉCOND,  ONDE.  Infœcundus  ,  ou  infecundus 
Qui  ne  produit  rien.  On  le  dit  particulièrement  des  ter- 
res. Terre  inféconde.  Ce  champ  eft  infécond.  Stérile , 
en  parlant  des  femmes. 

On  dit  au  figuré  ,  génie  infécond ,  efprit  infécond , 
veine  inféconde.  F^oy.  Fécond. 

IfT  LNFÉCONDITÉ.  f.  f.  Manque  de  fécondité.  Sterili- 
tas ,  infecunditas.  On  ne  le  dit  proprement  que  des  ter- 
res. 

tt?lNFECT,ECTE.adj.P«rw/w.Puant;quibleftel'or- 

gane  de  l'odorat  par  une  odeur  de  putrétaction.  Lieu        ' 
infect.  Air  infect.  Haleine  infecte.  Foy.  l'article  fui- 
vant. 

§3°  INFECTER.  V,  z.putore  inficere.  Communiquer  fa 
puanteur,  (a  corruption;  corrompre  par  communica- 
tion de  quelque  chofe  de  puant ,  de  contagieux  ou  de 
vémineux.  Il  y  a  des  brouillards  qui  infectent  l'air. 
La  pefte  infeàe  tout  un  pays.  Il  y  a  des  gens  qui  in- 
fectant avec  leur  haleine ,  de  leur  haleine.  Infecter  ^^ 
les  eaux,  les  puits.  j^^^ 

Ce  mot  vient  du  Latin  inficere.  Teindre.  Inficere , 
c'eft  facere  ut  aliquid  intus  fit ,  faire  qu'une  chofe 
s'imprègne  ,  s'imbibe.  Nous  avons  tranfporté  ce  mot 
aux  odeurs.  Une  mauvaife  odeur  tortement  attachée 
à  un  corps  le  rend  infect. 

UCT  Infect  ne  fe  dit  qu  au  phyfique  ,  mais  infecter  fe  dit 
encore  au  figuré  des  chofes  c^ui  corrompent  l'efprit 
&  les  mœurs.  Infecter  le  genre  humain  de  mille  er- 
reurs. S.  ÉvR.  /ra/fcZtfrlcs  ignorans  de  luperftition  , 
de  mauvaife  opinion  ,  d'hércfies  mortelles.  Prenez 
bien  garde  qu'on  ne  vous  injecte  l'elprit  de  certaines 
phrafes  inventées  en  dépit  du  bon  lens.  Com.  Les 
faux  jugemens  que  nous  portons  des  choies  n'infec- 
tent pas  feulement  Telprit ,  ils  corrompent  le  cœur. 
Nic.  L'air  du  monde  eft  infecté,  &  fait  prefque  tou- 
jours des  imprellions  malignes  fur  les  perfonnes  d'une 
profelllon  retirée  ,  aulll  tôt  qu'elles  le  refpirent.  Ab, 
DE  la  Tr. 

Le  vil  amour  du  gain  infeda  les  efprits.  Boîl. 

§3- INFECTÉ,  ÉE.  part. 

iNFEC  riON.  f.  f.  Puanteur.  Putor.  L'infection  de  ce 
cloaque  eft  infupportable.  Il  figniîîe  aulïï,  corrup- 
tion .  contagion.  La  maladie  le  mit  dans  le  camp 
par  l'infection  des  corps  moits.  Vaug. 

INFÉLICITE.  f.  f.  Qualité  qui  fait  que  l'on  n'eft  point 
heureux  ,  que  l'on  ne  réuiîk  pas  à  faire  quelque 
choie.  Infclicitas.  Il  fe  fent  gêné  par  ïinfélicité  de 
fon  natuiel.  S.  Évr.  L'ufige  n'a  pas  adopté  ce  mot. 

INFÉODAI  ION.  f.  f.  Acl:ion  par  laquelle  on  donne 
quelque  chofe  en  fief.  Traditio pojfejfionis  bencficiarii 
pr.tdii.  Inféodation  hgnifie  encore  la  poileftion  d'un 
lief  qui  elt  acquife  au  valurl  par  la  réception  à  loi  & 
hommdge  par  le  Seigneur.  §Cr  Le  Seigneur  recevant 
en  foi  fon  vaftàl  ,  par  l'afte  qu  il  lui  en  donne ,  le 
met  en  pollellion  du  fief  qui  relevé  de  lui  :  c'eft  ce 
qu'on  appelle  ,  invefliture. 

Dans  les  rotures ,  la  prile  de  polfcirion  eft  appelée 
Saifme,  ou  enfaifinement  ;  d'où  vient  que  (ailine  ligni- 
fie polfcirion.  Foye\  l'art.  130  de  la  Coutume  de 
Paris.  Itter ,  Avocat  à  Francfort ,  a  fait  un  Traité 
des  fiefs  où  il  traite  de  Vinfeodation  des  fiefs  dans 
l'Empire.  On  trouve  dans  les  formules  de  Marculte 
des  actes  d'infeodation  fous  le  titre  de  bénéfice  ; 
Du  Moulin  aflure  dans  fon  Commentaire  lur  la 
Coutume  de  Paris,  qu  il  a  vu  des  a.â:es  d'infeodation 
faits  par  Childebert  I ,  en  faveur  du  Monaftère  de  S. 
Germain  des  Prés. 

fKT  Inféodation  de  rentes,  charges  ou  hypo- 
thèques. C'eft  une  reccnnoillance  que  le  Seigneur 
féodal  fait  des  rentes ,  charges  ou  hypothèques ,  que 
le  vallal  a  impofees  fur  les  fiefs  qu'il  pollede  ,  &  qui 
relevé  du  Seigneur  fuzerain. 

INFÉODÉ  ,  ÉE.  Donné  en  fief,  ou  uni  au  fief.  Dix- 
meî  inféodées.  Jean  du  Luc ,  en  fon  Recueil  d'Ar- 


IN  F 


I  N  F 


rêts ,  attribue  la  première  invention  des  dixmcs  in- 
féodccs  à  Philippe  Augultc  ,  mais  Palquier  prouve 
qu'il  le  trompe  ,  parte  que  tleux  ans  avant  qu'il 
régnât  ,  elles  avoient  été  condamnées  comme  des 
usurpations  au  Concile  de  Latran  jtemi  fous  Alexan- 
dre III  j  en  1179.  Elles  furent  introduites  lorfqu'on 
entreprit  le  premier  voyage  d'outre  mer  ,  car  alors 
les  Curés  rirent  préfent  à  leurs  Seigneurs  de  partie 
de  leurs  dixmcs  pour  leur  aider  à  faire  le  voyage. 
Elles  n'étoienc  d'abord  que  viagères  ,  mais  depuis 
les  Seigneurs  le  les  approprièrent  tout  à- fait,  /'iryej 

DIXMES. 

INFÉODER.  V.  a.  Donner  en  fief  j  à  foi  &  hommage. 
Jn  bcncjiciani  prddu  pojjejfionem   mïttcre.    Inféoder 
des  hériciges  ,  c  eft  les  unir  à  fon  fief. 
Inféodhr  ,  lignifie  aulll  donner  ,  ou  prendre  rinvcfti- 
ture  d'un  fief;  il  fe  dit  encore  pour  polléderun  fief, 
dont  la  pollelfion  elt  aequiic  au  valial  par  la  récep- 
tion à  foi  &  hommage  par  le  Seigneur.  Par  un  règle- 
ment tait  par  les  électeurs  à  la  Diète  où  Charles- 
Quint  fut  élu  ,  l'Empereur  ne  peut  inféoder  At  nou- 
veau les  fiers  qui  retournent  à  l'Empire  par  le  décès 
du  pollèlîeur  lans  héritiers  ,  ou  autrement  il  doit 
être  réuni  au  domaine  Impérial. 
INFER.  f.  m.  Vieux  mot.  En  Latin  Infernus ,  enfer. 
INFÉRAIN  ,  AINE.  f.  m.  Se  f.  Nomdefede.  Infera- 
nus.  C'eft  une  des  quarante  Se  une  fedes  qui  font  for- 
ties  du  Luthéranilme.  Jovet  ,  T.  I ,p.  47 S- 
iNïÉRElx.  v.  a.  Terme  de  Logique.  Induire ,  conclure , 
tirer  une  conléquenee  d'une  propohtion.  Inferre.  On 
infère  de  là  qu  il  n'a  rien  donné  qu'après  la  mort. 
Pat.  Quand  le  tems  eft  fort  couvert ,  on  en  infère 
qu'il  pleuvra  bientôt ,  qu'il  viendra  quelque   orage. 
De  ce  que  Dieu  ell  jufte  ,  on  en  infère  qu'il  punira 
les  inéchans  en  ce  monde ,  ou  en  l'autre.   Tout  le 
railonnement  conlifte  en  ce  point  ,  d'un    principe 
connu  en  inférer  une  chofe   inconnue.  Infère-^    de 
tout  cela ,   mes  Frères  ,  combien   ceux-là  le  trom 
pent  &:    s'abulent  ,    qui  dans  une  profellion  toute 
célefte  &    toute  angélique  ,  confervent  encore  des 
inclinations  ,  des  vues ,  &  des  penfées  toutes  hu- 
maines.  Ab.  de  la  Tr.  Vous  pouvez  z/z/è'rer  de  tout 
cela  quelle  doit  être  l'exaditude  des  Reliegieux.  Id. 
INFÉRIEUR  ,  EURE.  adj.  relatif.   Ce  qui  eft  au-def- 
fous  d'un  autre.  Inferior.    La  veffie  eft  placée  dans 
la  partie  inférieure   du  bas   ventre.   Les  brouillards 
fe  forment  dans  la  partie  inférieure  de  l'air.  On  appelle 
les   planètes  inférieures  ,  celles  qui  le  meuvent  au- 
delfous  du  Soleil  ,  par  rapport  à  la  terre  ,  c'eft-à- 
dire ,  entre  la  terre  &  le  Soleil  ,  comme  Vénus , 
Mercure  Se  la  Lune. 
Inférieur  ,  le  dit  en  chofes  morales.   Ceux  qui  font 
d'un  ordre  inférieur  doivent  céder  à  ceux  d'un  ordre 
Supérieur.  Ce  Prince  eft  inférieur  en  force  à  fon  enne- 
mi. Ce  Docteur  eft  inférieur  en  doftrine  à  fon  con- 
current. Ce  cadet  eft  d'un  âge  beaucoup  inférieur  à 
fon  aîné.    On  appelle    ifT  Juges   inférieurs ,   ceux 
dont  il  y  a  apjjcl.    On    appelle    l'appétit    fenfitif, 
la  partie  inférieure  de  l'ame  ,  par  oppolltion  à  la  rai- 
fon  j  qu'on  appelle  la  partie  fupérieure.    Le    Sage 
n'cft  point  dans  la  partie  inférieure  de  l'ame  où  fe  for- 
ment les  palfions  ;  il  eft  au  lommet  ,  comme  dans 
un  lieu  élevé  j  &  hors  de  leur  atteinte.  S.  Évr. 
Inférieur  ,  en   terme   de  Géographie  ancienne  ,   fe 
dit  des  pays  qui  font  vers  les  mers ,  ou  fur   le  cours 
des  rivières ,  par  oppofition  à  ceux  qui  font  fur  les 
montagnes  ,  ou   en  des  lieux  éloignés  de  la  mer. 
L'Inde  inférieure ,  l'Arménie  inférieure.  On  dit  aulîî 
bas  8c  bafje  en  ce  fens.   ^oyfç  ce  mot. 

En  termes  de  Chiromance  ,  la  partie  inférieure 
de  la  main  eft  celle  qu'on  appelle  dans  l'Anatoinie  le 
catpe ,  Se  dans  l'ufage  ordinaire  le  poignet.  On  ap- 
pelle auiTi  partie  inférieure  de  la  main  celle  où  eft  le 
petit  doigt.  Pars  inferior. 
|k?'  Inférieur  ,  pris  fubftantivement  ne  fe  dit  propre- 
ment que  de  ceux  qui  font  au-delfous  d'un  autre  par 
le  rang ,  par  la  dignité.  Alors  il  renferme  ordinai- 
rement l'idée  de  dépendance  Se  de  fubordination. 
Les  Inférieurs  doivent  être  civils  ewvers  les  Supé- 
'Tom.    V. 


1^3 


rieurs  :  les  Supérieurs  doivent  être  affiibles  envers 
li'S  Inférieurs. 

INFÉRIEUREMENT.  adv.  D'une  manière  inférieure. 
hrjeriori  modo,  CC?  Ces  deux  Auteurs  ont  traité  la  mê- 
me matière  ,  mais  l'un  bien  injeneuremcnc  a  l'autre, 

INFÉRIORITÉ.  Cf.  Qualité  de  ce  qui  eft  inférieur, 
qui  eft  d'un  moindre  prix.  Les  Grands  ne  regardent 
les  hommes  que  par  le  degré  à'inférioricé  où  ils 
font  à  leur  égard.  Nie.  Cette  fuptrbe  nation  à  été 
contrainte  de  rcconnoitre  Ion  injtrionié.  Rac.  Il  y  a 
de  l'injeriorité  même  dans  le  Paradis  ,  ou  plufieurs 
dégrés  de  gloire ,  même  entre  les  Anges. 

(fJ"  Dans  les  chofes  morales ,  on  dit  infériorité  de 
génie  ,  de  mérite.  Un  homme  de  mérite  peut  fentii  fa 
lupériorité  du  côté  de  l'cfprit  é!j  des  talens  fans  or- 
gueil ,  &  fans  mépriler  les  inférieurs.  Car  laconnoil- 
lance  de  l'infériorité  des  autres  à  notre  égard  ,  n'eft 
pas  mépris. 

INFERNALE  ,  ALE.  adj.  Qui  tient  de  l'Enfer.  Infer- 
nus. Monftre  infernal.  Furie  injcrnale.  Puilfance  in- 
fernale. Les  dieux  infernaux.  Vaug.  Rem.  Rive  in- 
Jernale.  Rac.  Se  dit  poétiquement  pour  l'Enfer. 

Holà  Caron  ,  Caron  ,  nautonier  infernal    Magni. 

On  appelle  figurément  le  Diable,  le  Serpent  i/2- 
fernal.  Dragon  infernal  ,  fe  dit  figurément  d'une 
méchante  femme.  Les  elprits  infernaux.  Bouhours. 
Les  Furies  infernales  ,  en  parlant  de  la  fable. 

Malgré  la puîjfance  infernale  , 
Malgré  vous  même ,  il  faut  vous  détromper. 

QUINAOT. 

La  pierre  infernale  ,  en  termes  de  Chirurgie ,  eft 
une  pierre  cauftique.  yoye::^  Pierre. 

Infernal  ,  ale.  f.  m.  Se  f.  Nom  de  feéle.  Infernales. 
Nicolas  Gallus  &  Jacques  Smidelin  enfeignèrent 
dans  le  XVF.  liècle  que  quand  il  eft  dit  que  J.  C. 
defcendit  aux  enfers  ,  cela  s'entend  de  l'enfer  des 
damnés ,  Se  qu'il  y  fut  tourmenté  comme  eux.  C'eft 
ce  qui  fit  donner  à  leurs  fcdtateurs  le  nom  A' Infer- 
naux. 

INFERTILE,  adj.  m.  &:  f  Stérile  ,  qui  ne  rapporte 
rien.  Foyei  Fertile.  Sterilis.  L'Efpagne  eft  infer- 
tile en  plulieurs  endroits.  La  ville  de  Garciluin  au 
Royaume  de  Fez  n'eft  plus  habitée  que  de  pauvres 
gens,  qui  ont  peu  de  bétail.  Se  cultivent  quelques 
terres  du  côté  du  Nord  ,  le  refte  n'étant  que  rochers 
Se  terres  infertiles.  D'Ablanc.  Marmolj  L.  IV, 
c.  I  iS.  On  voit  des  terres  noires  ,  foit  fur  le  haut 
de  quelques  montagnes ,  foit  dans  de  certains  val- 
lons ,  Iclquelles  font  trop  infertiles.  La  Quint. 

Infertile  _,  le  dit  aulli  au  figuré.  Un  efprit  w/enci/e ,  eft 
celui  qui  n'a  point  d'invention  ,  qui  n'a  point  de 
penfées.  Un  fujet  infertile  ,  qui  fournit  peu  de  cho-, 
les  à  dire. 

Et  comme  mes  foupirs  ,  mapeine  ejl  infertile. 

Régnier. 

INFERTILITÉ,  f.  f  Stérilité.  L'infertilité  des  terres  eft 
caufe  qu'on  ne  les  cultive  point.  Sterilitas. 

INFESTER.  V.  a.  Incommoder  J  tourmenter,  ravager. 
Infejlare.  Il  ne  fe  dit  guère  qu'en  parlant  de  guerre , 
de  vermine  ,  Se  des  malins  elprits  ,  des  démons.  On 
dit  que  les  malins  efprits  infejlcnt  cette  maifon.  Les 
ennemis  infejloient  les  frontières.  Les  Pirates  ont 
long  temps  i«/Ê/?e' nos  côtes.  Les  fauterelles  in/è/?e«r 
fouvent  de  grandes  Provinces  en  Orient ,  les  défo- 
lent  entièrement. 

Infesté  ,  ée.  part.  Il  ale  fens  &  les  ufages  de  fon  ver- 
be. Infejlus.  Une  maifon  infejlée  de  malins  efprits. 
BouH.  Mers  infeftées  de  pirates.  Forêt  infejlée  de  vo- 
leurs. 

^  INFESTUCATION.  f  f.  Terme  de  Coutume.  Voy. 
Saisine  ,  Ensaisinement. 

INFEUDATION.     ?     rr  s    InfÉodation. 

INFEUDER.  s        -^  ^   \   Inféoder. 

Ces  mots  fe  trouvent  écrits  avec    la   diphthongue 

X  ij 


I  <^4  I  N  F 

dans   hi  Coutumes.    Quelques    Auteurs  ditent    en 
Latin  beneficiarc  pour  inj<:udcr. 
CCT  INFIBULATION.    t.    f.    La  circoncifiou    paroît 
avoir  chez  les  Orientaux  pour  objet  la  propreté  -,  mais 
Vinjîbulation  &  la  calkation  ue  l'ont  pas  tbiidées  lur 
des  motifs  aullî  raiionnables.  IJinfibulation  pour  les 
garçons  fe  fait  en  tirant  le  prépuce  en  avant  :  on  le 
perce  et  on  le  travcrfe  par  une  anneau.    Du  Latin 
fihula  ,   agrafte  ,  boucle.   Les  Anciens  pratiquoicnt 
cette  opération  fur  de  je\ines  garçons  pour  les  empê- 
cher d'avoir  commerce  avec  les  femmes. 
INFIDÉLITÉ,  f.  f.  Trahifon  j  manquement  à  ce  qu'on 
a  promis  ,  ou  juré.  Iiifidclhas.   Cette  femme  a  fait 
une  Infidélité  à  fon  mari.  L'infidéiké  eft  le  plus  gros 
des  vices  chez  cette  bonne  nation.  S.  Évr.  Le  dé- 
goût qui  fuit  la  poUelïïon  produit  les  premiers  lenti- 
mens  d'une  Infidéliu.  Bell.  On  fe  détruit  beaucoup 
plus   auprès  de    nous  par  les   moindres    infidclués 
qu''on  nous   fait  ,  que  par  les  plus    grandes  qu'on 
fait  aux   autres.   La    Roch.    Le   chaingement    d'un 
amant  ne  doit  pas  être  attribué  au  dellein  d'une  infi- 
délhé  préméditée  ;   c'eft   qu'on  fe    dégoûte  avec   le 
temps.  S.  Evr.  Il  eft  permis  aux  hommes  de  com- 
pter les  ïnfiddïtés  qu'on  leur  fiit ,  la  modeftie  dé- 
tend aux   temmes  de  faire  de  même.  Id.  L'infidélité 
carellànte  efl:  la  marque  d'un  bon  courtilan.  Id. 
Ij^fidélité  ,  fe  dit  aulîi  tfT  du  dctaut  de  loi  dans  ceux 
qui  ne   font  pas  dans  la  religion   chrétienne  ,  qui 
n'ont  jamais  fait  profelîlon  des  vérités  de  notre  reli- 
gion. C'eft  le  Baptême  qui  diftingue   un  Hérétique 
d-'un  Infidelle  ;  ainil  Infidelle  ne  le  dit  pas   propre- 
ment   des   Hérétiques    qiii    lont    baptifés  ,    &Z     qui 
croient  en  Jéfus-Chrift ,  quoique  d'ailleurs  ils  rejet- 
tent les  articles  eifentiels.  On  dit  fort  bien  que  les 
Mahométans  j  les  Juifs  ,  les  payens  j  font  dans  Vin- 
.  fidélité ,  mais  on  ne  le  diroit  pas  bien  des  Calvinit- 
tes  ,  des  Luthériens  ,  &c.  Ignoratio  Chrifiiand  fidii  , 
alienatio  à.  fide.  Il  y  a  des  peuples  qui  languillcnt 
dans  Vinfidélité ,    faute  de  gens  qui  leur  annoncent 
l'Evangile. 
Infidélité,  fe -dit  encore  de  la  légèreté,  «Se  de  l'inconl- 
rance   de  la  fortune.  Un  i\  fâge  Général  fçut   pro- 
fiter des  infidélités  même  de  la  fortune.  Boss. 

On  appelle  Infidélité  de  la  mémoire  ,  le  défaut  de 
mémoire.   Ac.  Fr. 
i^' INFIDELLE.  adj.  de  t.  g.    Quelquefois   employé 
fubftaiîtivement.  Plulicurs  écrivent  infidèle.   Infide- 
iis ,  infidus.  Celui  qui  manque  de  foi,  qui  trahit, 
qui    n'exécute  point  les  choies  qu'il  a  promifes  ou 
jurées.  Un  amant  infidelle .  C'eft  un  infidelle.  J'aime 
une  infidelle.  Si  un  ami  léger  &  infidelle  ne  mérite 
pas  qu'on  le  ménage  par  fon  état  préfent  ,  il  le  mérite 
par  fon,  état  palTé.  Nie.  Une  femme  infidelle  connue 
pour  telle  par  laperionneintérellée,  n'eft  (\n'infidelle  ; 
Il  on  la  croit  fidelle  ,  elle  eiT:  pcrlide.  La   Br.  L'a- 
'fage  des  mariages  intéreftés  fait  que  l'on  compte  de 
devenir  infidelle  dès  qu'on  fera  marié.  Bell.  Il  frut 
fe  croire  aimé  pour  fe  croire  infiAelle.  Racine, 
ÎN5IDELLE  ,  fe  dit  aullî  des  choies  incertaines ,  fur  Icf- 
quelles  on  ne  peut  pas  compter.  Incertus.  La  fociété 
des  hommes  -cil  une  mer  plus  infidelle  tk  plus  ora- 
geufe  que  la  mer  même.  M.  Esp.  Dans  ce  Icns  on 
appelle   mémoire  infidelle  ,    celle  qui   manque  an 
befoin.  La  raifon  eft  un  guide  infidelle.  Ci. 

Pompée  à  cet  échec  n'ayant  que  tropfienti 
Que  la  Fortune  enfin  dégénère  en  cruelle  , 
iVe  fie  réfiout  qu'à  peine  à  la  croire  infidelle. 

Brébeuf. 


Infidelle  ,  le  dit  encore  en  Morale ,  de  ce  qui  n'eft 
pas  conforme  à  la  vérité.  Une  copie  infidelle  ,  qui 
ne  reiremble  point  à  l'original.  Un  portrait  infidelle. 
XJn.  récit ,  un  rapport  infidelle  ,  où  l'on  déguile  la 
vérité. 

Imfidelle  ,  fe  dit  de  ceux  qui  ne  lont  pas  baptifés  ,  qui 
ne  croient  point  les  vérités  'de  la  religion  Catho- 
lique -,  des  Mahométans  ,  des  Juifs  ,  des  Idolâtres  : 
ce  nom  eft  en  ufage  dans  ce  fens  dans  l'hiftoire  & 


1  N  F 

dans  le  ftyle  ordinaire,  &:  fouvent  i!  eft  employé 
lubft.  Infideiis  ,  alienus  à  fiide.  Les  Portugais  voyant 
l'armée  infidelle  toute  ramalléce  ,  &  qui  ne  pouvoir 
le  dégager  ,  l'environnent  &  la  battent  à  coups  de 
canon.  Bouh.  Il  parle  des  Achénois.  Ce  vailfeau 
a  été  pris  par  les  Infidelles.  On  a  fait  plufieurs 
croiiades  pour  délivrer  les  Lieux  faims  de  l'oppref- 
lîon  des  Infidelles. 
ffT  On  appelle  Infidelles  négatifs  ,  ceux  qui  n'ont 
"jamais  entendu  ,  ni  refuté  d'entendre  la  prédication  de 
l'Evangile  :  &:  Infidelles  politiis ,  ceux  qui  ont  re- 
fulé  de  l'entendre ,  ou  qui  l'ayant  entendue,  n'eu, 
ont  pas  profité. 

'Ouvre  les  yeux  ,  homme  ïnddclie  , 

Sur  le  Dieu  pu'Jfant  qui  t'appelle; 

Mais  tu  te  plais  à  l'ignorer , 

.Affermi  dans  l'ingratitude  , 

Tu  voudrois  que  l'incertitude 

Te  dipenfiât  de  l' adorer.     N.  ch.  de  vers. 

INFÎDÉLLEMENT.  adv.    D'une    manière    infidelle. 

Infidelitcr. 
INFIERNO.  Petite  île  d'Afrique  ,  l'une  des  Canaries, 
entre  Lancerotte  &  Sainte  Claire  ,  ik.  la  Gracieufe. 
INFILTRATION,    f.  f.    Infiltratio.     Terme  nouveaa 
-dont  quelques-unsfe  fer-vent  pour  exprimer  l'adion 
par  Liquelle   une   humeur    s'infinue   infenliblement 
dans  le  tilîu  cellulaire  des  parties  folides.  L'anafar- 
que  eft  une  hydropiilc  par  infiiltration  Ce  mot  vient 
de  i^z/rrer ,  palier  au  travers  des  nls  d'un  filtre  ,  &  de 
la  prépofition  in  ,  dans.  <Iol  de  Villars. 
§5°  Il  eft  clair  qu'on  ne  doit  pas  confondre  l'infiltra- 
tion   avec    i'épanchement  des  fiuides.   Dans  l'cpan- 
chement,  les  Huides  font  une  malle.  Dans  Xinfiltia- 
don ,  ils  ne  font  point  raftemblés  ;  ils  ne  font  qu'a- 
breuver les  tililts  cellulaires. 
S'IN.PILTRER.  V.  récipr.   Palier ,  couler  comme  par 
un    filtre.  Les  gencives  font  allez  fouvent  relâchées 
par  des  fluxions ,  ou  par  des  taches  fcorbutiques  , 
ou  par  d'autres  humeurs  acres  Se  acides,  qui  s'y  font 
infiltrées....  Chirurgien  Dentiste. 
Infiltré  ,  Ée.  part.  Infinué ,  coulé ,  paifé  par  une  cf- 
pèce  de  filtration.  Infinuatus  ,  delapfius  ,  a ,  um.  Le 
ventre  doit  être  d'une  prcdigieufe  grolleur  j  tant  par 
les  eaux  contenues  dans  là  capacité,  que  par  celles 
qu!  croient  ufidtrées  dans  toutes  les  enveloppes  ex  - 
térieures.   Du    Vernev    fils  ,  Ac.   des  Se.    170 ^ , 
Mém.  p.    174. 
INFIME.  Vieux  adj.  Dernier  j  ce  qui  eft  le  plus  bas. 
I       Infimus  ,  a.  Glojfi.  fiur  Marot. 
INFINI  ,  lE.  adj.  Qui  n'a  ni  commencement  ni  fin, 
qui  eft  -fans  limites  &  fans  bornes.    Infinitus.   Dieu 
feul  elt  en  être  incréé  &  infini.   On  le  dit  auilî  de  fes 
attributs.  Sa  juftice  ,  fa  fageile  ,   fa  cléiiîence  font 
infinies.    Il  n'eft  point  incompatible  a'S'ec  la  bonté 
infinie  àç.  Dieu,  qu'ayant  prévu  la  chute  du  premier 
homme ,  il  ne  l'ait  pas  empêchée.   Ab.  de  la  Tr. 
Le  Juge  miféricordieux  de  l'Univers   répandra  juf- 
qncs  fur  nous  fes  comp.ai]îons  infinies.  Cl.  On  ne 
peut  imaginer  trois  pouvoirs  &  trois  être  infinu  , 
dont  l'un  ieroit  par  nécelîlté  la  borne   de   l'autre. 
Péiisson. 
Infini  ,  fe  dit  auffi  de  ce  qui  a  eu  commencement ,  mais 
qui  n'aura  point  de  fin.  Ce  que  les  Théologiens  âp~ 
peWem infinitum  à  parte  ante  j  eft  ce  qui  n'a  point 
eu  de  commencement;   &  ce   qu'ils  appellent  infi- 
nitum    à  parte  pofi  ,    eft  ce  qui  n'aura  point    de 
fin ,  comme  les  élus  auront  une  gloire   infime  ,  dans 
une  éternité  infinie. 
Infini  ,  fe  dit  encore  aulîî  de  ce  qui  n'eft  point  terminé. 
Plufieurs  Philofophcs  Payensle  font  trompés  ,  quand 
ils   ont  cru  que  le  monde  étoit  infini  ;  qu'il  y  avoir 
des  mondes  infinis. 

On   dit  en  Géométrie,  Tirer  une  ligne  infinie, 

pour  dire  ,  indéterminée ,  dont  on  n'aflîgne  point 

les  bornes  ,  fur  laquelle  on  fait  après  fes  opérations. 

iZt  On  appelle    Géométrie  des  infinis  ,  la  noi^velle 


I  N  F 

Gconiétiic  des  infiniment  petits,  contenant  les  rc 
gles  du  calcul  ditrâcntial  &  intégral,  ^oyfçccs  mors. 
L'Arithnictiquc  des  infinis  clt  la  mctliodc  de  lom- 
met  Its  luitts  qui  ont  un  nombre  infini  de  termes. 
Voyc-:^  Suite  &z  iiiRii;. 

Infini,  iigniiîe  aulli ,  Innombrable,  &  fe  dit  hyper- 
boliqucment  d'un  nombre  qu'on  veut  exagérer ,  ou 
qu'on  ne  s'amufe  point  à  compter.  Le  monde  eft 
compolé  d'atomes  infinis.  Comme  les  railonncmens 
font  infinis  ,  les  controVcrics  dureront  autant  que 
Je  genre  humain  qui  les  fait.  S.  Évr.  Ce  Régent  a 
un  nombre  infini  d'écoliers  :  ce  Médecin  a  guéri  un 
nombre  infini  de  malades.  Je  vous  ai  des  obligations 
infinies.  Voit.  Des  peines  infinies.  Id.  Remplir  le 
cccur  d'une  douceur  infinie.  M.  Se. 

Il  cil  aulli  fubftantiF.  Les  Philofophes  prouvent 
qu'il  n'y  point  d'infini  d.xns  la  nature.  Non  ducur 
infinicum  accu. 

|Cr  En  Géométrie  j  on  appelle  infiniment  petit ,  une 
quantité  qu'on  regarde  comme  plus  petite  que 
toute  grandeur  a/îîgnable.  P^oye:^  Infinitesime. 

A  l'inpinl  Phrafe  adverbiale.  Sans  fin  ,  fans  niefurc. 
Les  damnés  doivent  iourtrir  à  l'infini-  &  fe  dit  tant 
de  l'excès  de  leurs  peines,  que  de  leur  durée. 

H  fignifie  aulli ,  Qui  dure  i\  long  temps  ,  qu'on 
n'en  peut  découvrir  la  fin.  Si  on  les  laille  toujours 
difputer  Se  répliquer  ,  cela  ira  à  l'infini.  Les  remites 
que  vous  me  faites  ,  vos  promelfes  vont  à  l'infini , 
le  progrès  à  l'infini  eft  abfurde  en  Philofophie.  Pro- 
greffus  in  infinitum. 

INFINIMENT,  adv.  D'une  manière  infinie.  Infinité. 
Le  Seigneur  ell  grand ,&  i/z/i>ii/7?e«r  louable.  Por-R. 
La  gloire  éternelle  rend  les  Saints  &:  les  Anges  infi- 
niment heureux, 

§Cr  On  emploie  ce  mot  dans  le  même  fens  qu'extrême- 
ment, &  comme  enchérilîànt  encore  fur  très  ,  fort 
&  beaucoup  ,  qui  marquent  déjà  le  plus  haut  degré. 
Cet  Auteur  eft  infiniment  favant.  Les  idées  du  bon 
fens  font  infiniment  plus  connues  des  Modernes  que 
des  Anciens.  Le  Cl.  Les  paroles  même  avec  lef- 
quellesvous  me  mettez  au-delFus  des  autres,  me  font 
voir  que  je_  fuis  infiniment  au-delîous  de  vous.  Vor. 
Il  a  de  \ c{>^nt  infiniment ,  il  a  infiniment  d'cfprit, 
il  a  infiniment  de  l'efprit.  De  ces  trois  façons  de 
parler j  la  première  eft  la  plus  sûre,  &  la  dernière 
la  moins  bonne.  Rich.  Tout  le  monde  ne  la  blâ- 
me pourtant  pas.  M.  Scudéri  a  dit ,  Cet  homme  a 
infiniment  de  Tcfprit  quand  il  veut  fe  donner  la 
peine  de  le  montrer.  Réfl.  '^  J'aimerois  mieux 
dire  avec  nos  meilleurs  Auteurs  ,  Il  a  infiniment 
d'efprir. 

Les  infiniment  petits ,  en  terme  de  Géométrie,  foy. 
Infini  &  Infinitesime. 

INFINITAIRE.  f.  m.  Partifan  de  l'Arithmétique  des 
infinis. 

INFINITÉ,  f.  f.  Qualité  de  ce  qui  eft  infini.^  Infimtas. 
L'infinité  àe  Dieu  eft  incompréhenfible.  L'Éternité  de 
Dieu  s'avance ,  &  ce  peu  d'inftans  de  vie  qui  vous 
reftent ,  font  prêts  de  fe  perdre  dans  cette  infinité  fi 
redoutable.  Ab.  de  la  Tr. 

Infinité  ,  fe  dit  aufli  de  ce  qui  eft  innombrable  en 
eftet  :  comme  ,  il  y  a  une  infinité  de  grains  de  fable 
dans  la  mer. 

Infinité  ,  fe  dit  auflî  hyperboliquement  pour  fignifier 
un  très-grand  nombre.  Il  y  avoit  une  infinité  de 
mafques  au  bal.  Il  m'a  dit  une  infinité  de  raifons 
pour  m'obliger  à  lui  accorder  fa  demande.  Cet  hom- 
me eft  embarrairéj  il  a  une  i/;/z«ife  d'affaires  furies 
bras.  C'eft  une  irrégularité  de  la  Langue  de  faire 
régir  le  verbe  non  par  le  nominatif^  mais  par  le  gé- 
nitif. On  dit  une  infinité  de  gens  croient  :  &  non  pas 
croit.  Vav.  'IW  C'eft  n'eft  point  à  caufe  que  le  mot 
d'injinité  eft  coUeftif  ,  &  fignifie  beaucoup  plus 
encore  que  la  pluralité  des  perfonnes  ,  mais  parce aue 
le  génitif  eft  pluriel  ;  &  donne  en  cet  endroit  la  'loi 
au  verbe  contre  la  règle  générale  de  la  Grammaire , 
qui  veut  que  ce  foitle  nominatif  qui  régllfele  verbe. 
Car  h  vous  dites  une  infinité  de  monde  ,  parce  que 
ce  gcnitif  eft  au  fingulier ,  vous  direz  une  infinité  de 


I  N  F 


i6r 


monde  croie  tk  non  pas  croient  :  ce  qui  prouve  cvi- 
dcnnnent  que  c  cit  le  génitif  pluriel  qui  foie  dire 
croient  diiis  la  première  phrafe,  ôc  non  pas  la  force 
collective  du  mot  injimté.  l-our  un  petit  nombre 
d  hommes  éclaires  qui  leroicnt  au-deHiis  de  ia  fui- 
prile ,  il  y  en  auroit  une  infinité  d'autres  qui  fe  laif- 
leroicnt  tromper.  Mad.  Dacier 
INfJNITLSIMAL,  ALE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  1., 
Gc-ometne  des  infiniment  petits.  Infinitefimalis. 
Qui  appartient  a  l'infinitélime.  Le  calcul  infinkéfi- 
mal ,  ceft  le  calcul  des  infinitélimes  ,  ou  des  in.^i- 
niment  petits,  çp  Le  calcul  qu'on  appelle  Infimté- 
fiinal  comprend  deux  parties  ;  l'une  eft  le  cal'  ul 
dirtcrcnucl  ,  qui  defccnd  des  grandeurs  entières  à 
leurs  différences  qu'on  fuppoie  inhnimeiît  petites  : 
1  autre  eft  le  cak'ul  intégral  ,  qui  remonte  de  ces 
inhniment  petits  aux  grandeurs  dont  ils  font  les  dif- 
krences.  Le  premier  de  ces  calculs  décompofe  en 
quelque  iortc  les  grandeurs.  Le  fécond  les  rétablir 
c.ans  leur  mtégrité  ,  &c  c'eft  pour  cela  qu'on  l'appelle 
Intégral.  -i  rr 

INFINITESIME.  f.  f.  ou  adj.  en  loufentendant  partie. 
Ferme  de  Géométrie.  Partie  infiniment  petite  d'une 
grandeur  quelconque.  Infinitcfima.  C'elt  la  mêm^ 
choie  qu'un  infiniment  petit.  Une  infmitéfime  ei\  me 
quantité  inhniment  petite.  C'eft  une  partie  d'une 
quantité  ou  d'une  grandeur  ;  mais  partie  fi  petite  , 
qu  elle  ne  le  peut  comparer  avec  la  grandeur  dont  elle 
eft  partie;  c'eft  une  quantité  ou  une  partie  de  quan- 
tité pjus petite  qu'aucune  autre  qui  le  puillc  alïîgner. 
Ltnfinitefime  par  rapport  à  la  quantité  à  laquelle 
elle  ne  peut  fe  comparer  ,  eft  égale  à  zéro ,  &  fe  peut 
négliger  lans  crainte  d'erreur  notable.  Il  s'enfuit  de- 
là que  deux  infinétifunts  différentes  font  égales  ;  car  , 
puilque  Vinfmitéfime  peut  être  néghgée  fins  erreur 
dmsles  grandeurs^  une  de  ces  infinitéfimes  peut 
être  lublhtuée  à  l'autre  ,  &  par  confcquent  elles  font 
égales.  Four  bien  comprendre  la  nature  des  infinité- 
finies  ,  fuppolez  que  je  veux  prendre  la  hauteur  d'une 
montagne  ,  &  que  pendant  que  j'oblérve ,  le  vent 
emporte  le  petit  grain  de  poulfière  qui  eft  le  plus 
élevé  de  la  montagne,  la  hauteur  de  cette  monta- 
gne fera  diminuée  du  diamètre  de  ce  petit  grain  de 
poullière.,  la  montagne  ne  laiffera  pas  d'être  cenfée 
de  la  même  hauteur  qu'auparavant.  Le  diamètre  de 
ce  petit  grain  de  poulîlère  eft  donc  regardé  pour  rien  i 
c'eft  une  infinitefime „  un  infiniment  petit.  Pareille- 
ment dans  l'Aftronomie,  le  diamètre  de  la  terre  eft 
une  infinitéfime  ,  eu  égard  aux  étoiles  fixes;  car  fi  la 
terre  étoit  un  point  ,  le  mouvement  des  cieux  pa- 
roîtfoit  le  même  qu'il  paroît.  De  même  dans  les 
eclipfes  de  lune  ,  h  terre  eft  regardée  comme  une 
Iphere  parfaite,  on  n'a  point  d'égard  aux  montagnes 
beaucoup  moins  à  l'élévation  des  maifons  &:  des 
tours.  Ce  font  donc  des  infinitéfimes.  Les  Démonf- 
trateurs  les  plus  exadts  &  les  plus  riaides;  Euclides 
Elém  L.  X,prop.  1.  Archiméde  ,''dans  fa  Préface' 
fur  la  quadrature  de  la  Parabole ,  &  dans  tous  les 
Ecrits  j  reconnoiffent  que  cela  a  heu  dans  les  quan- 
tités abftraites.  Ainfi  ,  lî  d'une  ligne  donnée  on  en 
retranche  la  moitié,  8c  que  du  reftant  on  retranche 
encore  la  moitié  ,  &  ainii  de  fuite^  on  parviendra 
enfin  à  une  quantité  plus  petite  que  quelque  partie 
que  ce  foit  que  l'onpuilfe  alligner,  c'eft-à-dire  ,  à  une 
infmitéfime.  Il  paroît  par-là  que  le  terme  d'infinité- 
fime  eft  relatif;  &  que  ce  qui  eft  infinltéfimc  ,  ou 
un^  infiniment  petit  par  rapport  à  une  certaine  quan- 
tité j  eft  un  infiniment  grand  par  rapporta  une  autre  ; 
par  exemple  ,  le  diamètre  de  la  terre  dans  les  ecli- 
pfes de  la  lune  eft  infiniment  grand  par  rapport  à  la 
hauteur  des  montagnes  ,  (ïc  infiniment  petit  eu  égard 
à  la  diftance  des  étoiles  fixes. 

Newton  ,  &  les  Anglois  après  lui  ,  donnent  le 
nom  de  Fluxion  aux  infinitéfimes  ,  parce  qu'ils  les 
coniidèrent  comme  des  augmentations  momentanée* 
des  quantités  ;  de  la  ligne  ,  par  exemple  ,  par  la  fluxion 
du  point ,  delà  fuperficie  par  la  fluxion  de  la  ligne,  &: 
du  fohde  par  la  fluxion  de  la  fuperficie.  Pour  nous  , 
nous  difons  infiniment  petit. 


j66 


I  N  F 


iNflNîTIF.  (.  m.  Infink'ivus.  1  eniie  de  Grammaire. 
C'eft  un  des  modei  qui  llic  a  l.i  conjugaitoa  des  vci- 
,  bes  ,  qui  ne  maïque  aumu  temps  précis  ,  «Si  ne  dé 
tei'mine  ni  li  noaiure,  m  iapeiloane,  en  exprimant 
■les  cnoùsdaasua  l'eus  natcuni.  iCJ  Ceil  pour  cela 
quon  i'appcile  injiaïuj  j  \2uod  nec  pcrjbnas  ncc  nu- 
mcros  dijinu.  Aumr  j  eiifcL^ntr  ,  tout  l^s  uiJuuCljs 
des  verocs  j'aime  j  /  cnjcL^m.  Qu-^lquetou  Xuijiiiuij 
adif  fe  met  pour  le  paUii  :  ces  hiuts  lont  buns  a 
m-inger  ,  c  eft  a  dire  ,  à  être  mmjjés.  Trois  inpiiujs 
de  luite  ne  lont  pas  toujours  vicieux  ,  &c  n  ont  pas 
toujours  mauvailé  grâce  ;  mais  quitte  auroitnt  vcri- 
tabiement  dt  la  peine  a  palier.  La  voici  un  exemple 
tolérable.  Il  s'etoit  vante  de  vouloir  aller  j aire  j mur 
à  ces  peuples  la  puiilance  des  armes  I-tomames.  '/au. 
Mais  cela  n'eil  que  tolérable  j  &  le  mieux  ett  de  raue 
enlorte  qu'on  n'ait  pas  bcfoin  d  indult,ence.  Bien 
loin  d'employer  quatre  infinitijs  tout  de  l'uitej  il  iaut 
éviter  autant  qu'on  le  peut  d  en  employer  trois.  Ce- 
pendant quand  ces  injinuijs  ne  tont  point  ré^is  les 
uns  p'-C  les  autres,  Us  l'ont  moins  dcla^réables ;  ou 
bien  loii'qu  ils  ne  l'ont  joints  par  aucune  conjonc- 
tion. Malnerbeadit  j  Ihilis  me  voit  pâlir,  cranjîr, 
languir,  pour  elle. 

INFIRMA  i  IF  ,  VH.  adj.  Terme  de  Palais ,  qui  le  dit 
en  parlant  des  jugemens  des  lupérieurs  qui  callent 
ceux  des  intérieurs,  -^uod  ïnjirmat.  Il  y  a  eu  arrêt 
ïnjirmaàf  d'une  telle  l'entence  du  Chàtekt.  Le  Pré- 
fidiil  a  donné  Uiie  fentence  nijimiaùvc  de  celle  de 
Juge  à  quo. 

f3=INFIi^ME.  adj.  de  t.  g.  infirmas.  Suivant  la  force 
grammaticale  du  mot ,  c'eft  la  même  choie  que  toi- 
ble.  Corps  infirme ,  qui  eft  d'une  conftitution  loi- 
ble  ;  que  quelque  indilpolition  rend  languilîant. 
Mais  l'ufige  paroit  avoir  atteclé  ce  mot  à  déiigner 
celui  qui  éprouve  une  ptivation  entière  ,  ou  au  moins 
une  diiiUaudon  conlidérable  d  une  fonction  parti- 
culi  --re ,  par  un  dérangement  habituel  dans  quelqu'un 
de  les  organes  ;  dér  mgement  qui  n  intérelle  pourtant 
pas  le  fyllème  génér-il  de  la  vie.  Un  Religieux  infirme 
eft  difpenfé  de  la  règle.  Les  fourds ,  les  aveugles, 
ceux  qui  l'ont  perclus  de  quelque  membre ,  les  vieil- 
lards font  proprement  appelés  infirmes. 

fCF  Dans  le  Moral ,  on  1  emploie  quelquefois  com- 
me fynonime  de  foible  ,  qui  manque  de  iorce  pour 
faire  le  bien.  Le  péché  a  rendu  l'homme  infirme  , 
En  terme  de  Jardinage ,  on  le  dit  des  plantes. 
Arbres  vigoureux  ,  arbres  infirmes  :  entretenir  des 
arbres  vigoureux  ,  rétablir  des  arbres  infirmes.  La 
Quint.  Un  poirier  infirme  n'eft  pas  toujours  celui 
qui  pouiîe  jaune  jon  en  voit  de  tort  vigoureux  ,  qui 
ont  le  feuillage  de  cette  coulcur-la  ;  c'eft  leuiement 
celui  dont  il  meurt  quelques  groffes  branches  vieil- 
les ,  ou  celui  dont  l'extrémité  des  jets  lèche,  ou  ce- 
lui qui  n'en  lait  aucuns  ;  &  demeure  galeux  ,  plrin 
«le  chancres ,  &  de  mou.-e  j  &  cependant  donne 
beaucoup  de  Heurs,  mais  où  peu  de  fruits  nouent, 
ou  ce  qui  en  noue ,  demeure  petit ,  pierreux  ëc 
mauvais.  La   Quint. 

INFIRMER.  V  a.  Terme  de  Palais.  Cafter  j  annullcr 
une  fentence  ,  un  contrat.  Injirmare.  Le  Parlement 
a  infirmé  la  fentence  rendue  au  Châtelet.  On  injir- 
m:  les  acles  o5  il  y  a  des  nullités. 

IJtF  Dan;  le  ftyle  dida  lique  ,  infirmer  une  preuve  , 
un  témoignage ,  c'eft  en  raire  voir  le  foible. 

INFIRMERIE,  f.  f.  Lieu  où  l'on  met  les  malades 
d'une  com.nunauté.  Valetudinar'.um.  On  ne  peut 
voir  un  tel  Père  ,  il  eft  à  ['infirmerie.  Aller  à  {'infir- 
merie ,  le  mettre  à  \  infirmerie  ,  fortir  de  [infirme- 
rie. Garder  ['infirmerie  ,  comme  garder  la  cliambre , 
c'eft  y  demeurer. 

Dans  les  hôpitaux  on  ajoute  au  foulagement  du 
corps  la  conduite  de  l'ame  :  mais  après  tout ,  la  fin 
immédiate  &  direfte  de  ces  mailons  de  charité  ,  &c , 
fî  j'ofe  ainli  m'exprimer  ,  de  ces  infirmeries  publi- 
ques, c'eft  la  famé  du  corps.  Bourdal.  Exh.  c.  i. 
p.    iSr. 

Infirmerie,  fe  dit  d'un  grand  bâtiment  ou  l'on  dé- 
pofe  les  marchandiles  infedlées  de  la  perte ,  pour 


I 

les  délînfeder.   Les    Portefaix ,    commis  dans  {'In- 
firmerie à  la  purge  des  marciiandifes  tk.  du  vaideau^ 
moururent  prelque  tous.  As  truc,  Dijf.  fiur  ia  pejle. 

Infirmerie  ,  eft  auiii  un  Oihce  clauftral  dans  les  an- 
ciennes Abbayes,  qui  étoit  un  vrai  titre  de  Béné.ice, 
mais  qui  a  été  réuni  en  la  plupart  des  lieux  aux  Meu- 
les conventuelles.  ;;fCr  Le  revenu  de  cet  o»rice  eltdcf- 
tiné  à  l'entretien  des  rchgieux  malades. 

Infirmerie  ,  au  figuré.  La  lolitude  eft  ['infirmerie  de 
l'ame  ,  dit   D.   Lamy. 

INFIRMIER  j  INFIRMIÈRE,  f.  m.&f.  Celui  ou  celle 
qui  a  le  foin  des  malades  dans  les  Inhrmerics,  ou 
Communautés.  On  le  dit  auilî  de  celui  qui  eft  "1  uu- 
laire  du  Bcnéîice  de  i  Li.irmerie.  Valetudinario  pr&- 
feclus  ,  Infir.narius.  l^oye\  Haeften  ,  Difquifit.  Mo- 
nafi.  L,  XI  j  Iracl. 

Les  Frères  Infirmiers  Mirâmes.  Nom  d'une  Con- 
grégation du  tiers  urdre  de  S.  François  ,  que  1  on 
nomme  autrement    Obregons.  Foye^  Gbregon. 

INFIkMI  FÉ.  f.  f.  ICT  Gramniaticaiement ,  loiolclle  : 
dans  1  uldge  ordinaire  ,  indiljjoiition  habituelle  ,  6c 
vice  icniiL'ie  dans  les  tondions  de  quelque  organe. 
Dans  le  Moral ,  toiblelîe  ,  deraut  ,  fragilité  pour  le 
bien.  Infirmitas.  h'infamité  humaine  ,  1  injirmité 
de  la  nature  caulée  par  le  péché.  Ilraut  lupporter  & 
excuer  [infirmité  du  lexe ,  de  l'âge,  compatir  aux 
injirmués  du  prochain.  J'ai  perdii  tous  les  lentiniens 
du  vice  ;  mais  plus  par  injirmicé  ,  que  par  vertu.  S. 
Lvr.  La  VKiiicile  trame  après  elle  la  itérihté  &  les 
infirmités.  Lt  Bret.  Il  ne  le  trouve  guère  dans  le 
tempérament  des  Princes  de  ces  honnêtes  infirmi- 
tés ,  de  ces  toiblelles  Romaiiies ,  &  de  bons  exem- 
ples. Bal.  Il  eft  honteux  de  tramer  à  la  Cour  les 
infirmités  de  la  viciilelle  S.  EvR.  Sa  mort  fut  pré- 
parée par  des  infirmités  fenfibles  S<.  hu.niliantes.  Fl. 
Accablée  fous  le  poids  de  fes  infirmités  j  elle  s'appli- 
qua à  les  louiirir  chrétiennement.  Id.  L'infirm/a  de 
Ion  elprit  a  contraint  les  parens  à  lui  donner  un 
Cutateur.  On  dit  en  général ,  Chacun  a  fes  infir- 
mités ,  c'eft-à  dire  ^  chacun  a  fes  fciblelles. 

Infirmifé  ,  ledit  auili  des  plantes.  C'eft  une  infirmité 
pour  un  pécher,  lorlquil  eft  atteint  de  la  gomme. 
La  galle  eft  une  infirmité  dangereufe  pour  les  arbres. 

LiGER. 

INFLAMMABILITÉ.  f.  f.  Terme  de  Chimie  &  de 
Phylique.  Quilité  de  ce  qui  peut  s'enllammer  ,  dif- 
pontion  à  prendre  teu.  Infiammabilitas.  C'eft  lans 
doute  l'élaiUcité  de  1  air  qui  eft  la  caufe  principale 
de  [' infiammabilLté  du  loutre  artificiel.  Le  falpctre 
nullement  intlammable  par  lui  même ,  augmente 
extrêmement  ['infiammahilite  du  foutre  commun  & 
des  autres  matières  analogues.  Leaiery  le  cadet. 
Acad.   des  Se.   17TJ. 

^'  Le  mot  d  inflammabilité  ne  devroit  lignifier  que 
la  propriété  d  un  corps  qui  peut  s'enllammer.  Mais 
on  s'en  fert  ordin.ùreinent  pour  déiigner  la  propriété 
de  brûler  foit  avec  llamme  ,  foit  lans  tlamme.  Ainll 
on  le  fut  quelquefois  fynonyme  de  combuftible. 

INFLAMMABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  fe  peut  enflammer. 
Quod  infiammari  potefl.  Dans  les  corps  il  y  a  I3  par- 
tie inflammable-,  qui  eft  la  partie  lui. urée  &  oléagi- 
neufe.  ïfJ"  Il  y  a  des  fubftances  que  les  Naturaliftes 
appellent  inflammables  ,  comme  les  bitumes  ,  le 
naphte  ,  l'afphalte  ,  l'ambre ,  le  camphre  ,  le  fou- 
fre ,  ëcc. 

INFLAMMATION,  f.  f.  Airion  d'enflammer  ;  ét.u  d'un 
corps  qui  brûle  avec  Hamme.  Inflammatio.  L'in- 
flammation de  la  poudre  à  canon  eft  prompte  ,  à 
caufe  du  foutre  dont  elle  eft  compofée. 

Inflammation  ,  fe  dit  figurément  de  l'ardeur  év  de 
1  âcreté  qui  furvient  aux  parties  du  corps.  Inflamma- 
tio. Celte  l'appelle  ainli.  Il  faut  craindre  que  ce 
rhume  ne  caule  une  inflammation  de  poumon.  Il  y 
a  encore  de  ['inflammation  dans  cette  plaie.  L'in- 
flammation des  vilcères. 

Inflammation  ,  fe  dit  encore  d'une  tumeur  produire 
par  le  fang,  qui  abordant  incellitmment  lans  s'écou- 
ler à  proportion  ,  s'arrête  dans  quelque  partie  où  il 
le  ramalle,  &  caule  de  la  tenlîon  ,  de  la  lougeui'. 


IN  F 

{le  !a  chaleur ,  (Se  de  la  douleur.  Inflammaûo.  Ainlî 
l:i  c.iufe  proch.iiiic  de  toutes  les  infiammauons  eft  le 
fang  qui  s'épanche  ,  patcc  que  Ibii  letout  cil  empê- 
che. Les  aunes  caulbs  les  plus  ordinaires  lont  Tc- 
paillcur ,  la  coagulation  du  (ang  j  ou  le  relâchement 
^'  la  contufion  des  hbres.  On  a  donne  des  noms 
particuliers  à  l7///?rt/72/7Mr/w  de  quelques  parties.  Celle 
des  yeux  cil  appelée  Ophthalmïc  :  celle  des  pou- 
mons ,  Péripneumonie  :  celle  du   toie  ,  Htipadu. 

INFLAMMAIOIIŒ.  adj.  m.  &  i.  Terme  de  Médc^ 
cine.  Qui  caufe  des  inflammations ,  ((CT  c'cft-à  dire , 
une  cliaicur  vive  dans  une  partie  ,  jointe^  à  une 
douleur  plus  ou  moins  forte ,  avec  un  fîévre  ai- 
guë. Inflammaûones  excïtans.  M.  Harris  ,  qui  re- 
garde la  pefte  comme  la  plus  inflammatoire  de  tou- 
tes les  miladies,  ne  lauioit  donner  l'on  lurtrage  à 
des  remèdes  brûlans  ,  tels  que  la  plupart  de  ceux 
qu'on  vante  fous  le  nom  de  Cordiaux.  Il  n'admet 
de  cette  clalle  que  les  abforbans.  Journ.  des  Sa. 
i-jn,p.  42.  Convient -il  que  dans  le  temps  que 
la  nature  eft  toute  occupée  à  défcmpoilonner  la 
malle  du  fmg  du  venin  de  la  petite  vérole  ,  on  rem 
phllè  le  (ang  de  matières  ignées  ,  expioiîves  ,  brû- 
lantes (ïc  inflammatoires  elles  mêmes  ;  Brigandage 
de  la    Médecine. 

On  dit  que  le  fang  eft  inflammatoire  ,  lorfqu'il  eft 
extrêmement  échauttc  ,  bilieux ,  d'un  rouge  vif  ou 
couenneux  ,  c'eft  a  due ,  que  la  lurtace  dans  les  pa 
lettes  elt  dure  ,  coriace  &:  de  couleur  de  couenne  de 
lard,  comme  il  arrive  dans  la  pleurélie  &  la  périp 
neumonie  ■■,  ce  qui  prouve  que  la  partie  lîbreulc  eft 
très  battue  &  ferrée.  Col  de  Villars. 

INFLAIEUR.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  Ion  donne  par 
dérilion  aux  Philofophes  qui  difent  que  le  continu 
eft  compofé  de  points  enrics.  Infiator. 

INFLEXIBILITE,  f.  f.  Qualité  de  ce  qui  eft  inflexible  , 
dilpoiition  qui  fait  qu'une  choie  ne  plie  point ,  qu'on 
jie  la  peut  fléchir  ,  plier.  Firnutas  ,  rigor.  L'infltXL- 
bilité  eft  contraire  à  la  vertu  elaftique  ,  ou  de  reliort- 
Ce  mot  ne  te  dit  guère  au  propre  ,  mais  plus  au 
figuré  -,  &  il  figniiîe  une  qualité  de  i'efprit  qui  tait 
qu'on  ne  cède  point  ,  qu'on  ne  le  lailie  toucher  a 
rien.  Sevciitas  ,  rigor  ,  acerhuas  ,  duritia  ,  duritas. 
'L'inflexibilité  étoit  le  caractère  des  vertus  Sto'i'ques. 
Ce  Juv.e  eft  d'une  inflexibilité  furprenante  ,  &C  qui 
va  juf-,u'à  l'inhumanité.  La  juftice  de  Dieu  a  Ion 
temps  <£ inflexibilité.   Ab.  ce  la  Tr. 

^C?  INFLEXIBLE,  adj  de  t.  g.  Littéralement ,  qu'on 
ne  peut  flécMr.  On  le  dit  au  propre  îk.  au  figuré.  In- 
flexibilis  ,  firmus  ,  rigidus.  Au  Pliyfique  on  le  dit 
des  bois  j  des  métaux  6c  autres  choies  qu'on  ne  peut 
plier  ians  les  rompre.  Le  ter  aigre  &  inflexible.  Le 
P.  Bouhours  prétend  qu'on  ne  peut  le  dire  au  propre 
<lans  ce  f'ens.  Il  elf  pourtant  d'ulage  enPhynque, 
principalement  en  parlant  des  corps  qui  ne  chan- 
gent point  de  figure  par  la  comprellion. 

Au  Moral ,  il  déiignc  un  caractère  que  rien  ne 
peut  fléchir  ,  qui  ne  fe  laiflc  ébranler  par  aucune 
confidération.  Ainfi  ce  n'eft  ni  une  bonne  ,  ni  une 
màuvaife  qualité.  L'Inflexibilité  eft  vice  ou  vertu  fui 
vant  les  circonftances.  Firmus  ,  conflans.  Ce  Juge 
eft  inflexible.  Caton  fe  piquoit  d'une  termeté  inflexi- 
ble dans  fcs  devoirs.  S.  Evr.  L'exemple  de  Ion  in 
flexible  régularité  fut  la  cenf  ure  de  tous  les  mauvais 
deffeins.  Boss.  La  nature  avoir  fait  le  Prince  bien- 
faifant  ,  &  la  raifon  le  rendoit  inflexible.  Id.  S.  Be 
noit  paroit  inflexible  dans  Fobfervation  du  fdence. 
Ab.  de  la  Tr.  Il  ne  fe  trouve  point  de  ces  âmes 
inflexibles  ,  qu'on  ne  peut  plier,  bourdal.    Exh. 

T.  l,p.272. 

Vn  fage  ami  toujours  rigoureux  ,  inflexible  , 
Sur  vos  fautes  /amais  ne  vous  iaijjé  paifible. 

BoiL. 

Inflexible,  En  màuvaife  part ,  Dur  ,  cruel  ,  inexora- 
ble. Durus  ,  immifericors  ,  inexorahilis.  Les  Martyrs 
ont  bravé  les  tyrans  les  plus   inflexibles.  On  fait  de 

,  mon  deftin  la  rigueur  inflexible.  Rac.  ^fT  Quelque- 


INF  167 

fois  les  Princes  dans  la  crainte  d'être  trop  faciles , 
fe  rendent  irflexibles  à  la  raifon.  Boss. 

INFLEXIBLEMENT,  adv.  D'une  manière  inflexible  , 
&:  lévère.  Rigide.  Quand  ce  Prince  a  réfolu  quel- 
que chofe,  il  l'exécute  inflexiblement,  fans  fe  laif- 
1er  fléchir  ,  ni  adoucir.  Cette  phrafe  eft  dure.  In- 
flexiblement attaché  a  fon  opinion. 

INFLEXION,  f.  f.  Action  de  ce  qui  fe  fléchit  ,  de  ce 
qui  fe  détourne  de  la  ligne  droite.  Inflexio  ,  deflexio. 
C)ù  les  Épicuriens  prennent-ils  cette  petite  inflexion 
des  atomes ,  qui  vient  fi  à  propos  pour  fauver  leur 
fyrtême  ;  fénelon.  Pour  entendre  ceci,  il  tautfavoir 
que  les  Épicuriens  croient  que  tout  fe  forme  par  le 
concours,  le  mouvement,  1  union  des  atomes  :  mais 
h  les  atonies  n'ont  qu  un  mouvement  en  droite  li- 
gne &  toujours  uniforme  ,  ils  ne  peuvent  s'entre- 
choquer ,  ni  par  conféquent  s'accrocher  &c  fe  join- 
dre pour  la  compofition  des  corps.  Afin  donc  qu  ils 
puiilcnt  le  choquer  <!<<:  fe  rencontrer  ,  ils  feignent 
qu'ils  le  détournent  de  la  ligne  droite  j  c'eft  ce  mou- 
vement que  feu  M.  de  Cainbray  appelle  inflexion. 
Clinamen.  liCF  On  dit  plus  communément  décimai- 
fon  ,  mouvement  par  lequel  les  atomes  s'éloignent 
infenfiblement  de  la  direétion  qui  provient  de  la  pe- 
lanteur.  Clinamen  efl  principiorum. 

IJCTInflexion  ,  en  Optique.  Propriété  des  rayons  de 
lumière  plus  communément  appelée  dijfraciion. 
Voye\^  Diffraction. 

§0°  Point  d  Inflexion  d'une  courbe,  en  Géomérrie. 
C'eft  l'endroit  où  une  courbe  commence  à  fe  re- 
plier dans  un  fens  contraire  à  celui  dans  lequel  elle 
le  courboit  d'abord  ,  où  de  concave  qu'elle  étoit 
vers  Ion  axe ,  elle  devient  convexe ,  ou  réciproque- 
ment ,  de  convexe  ,  concave.  Encïc. 

Inflexion  ,  en  ternie  de  Grammaire  ,  c'ell  la  variation 
des  noms  ,  &  des  veroes  ,  en  des  cas  ,  en  des  temps  , 
ou  en  des  modes  diiTereiis  :  La  première  partie  de  la 
Grammaire  eft  linfleclion  des  noms  &  des  verbes  , 
c'efl-à  dire  ,  la  declinaifon  &  la  conjugaifon. 

1^  Inflexion  de  voix.  Inflexio  vocis.  Changement 
de  la  voix  lorfqu'on  pafle  d  un  ton  à  un  autre.  Il  y 
a  des  inflexions  de  voix  très  agréables. 

On  le  dit  aulli  de  la  facilité  qu  on  a  à  exécuter  ces 
changemens  j  a  pafler  d'un  ton  a  un  autre  ,  en  chan- 
tant ou  en  parlant.  Un  homme  qui  n'a  point   Ain- 
flexion  dans  la  voix  ne  fauroit  bien  chanter  ,  ni  dé- 
clamer avec  grâce. 

On  dit  encore  inflexion  du  corps ,  difpofition  na- 
turelle à  plier ,  à  incliner  le  corps.  Acad.  Fr. 

INFLICTION.  f.  f.  Terme  du  Palais.  Condamnation 
à  une  peine  aftli^tive  ik.  corporelle.  InfUàio.  Ce 
crime  eft  confiant ,  il  ne  s'agit  que  de  l'infliciion  de 
la  peine  qu  il  mérite. 

INFLIC  riVE.  adj.  f.  Quod  infligitur.  Qui  eft  ou  qui 
doit  être  infligé.  Ce  mot  n'a  d  ufage  qu  au  I  alais ,  Se 
ne  fe  dit  qu'avec  celui  de  peine.  L'arrêt  décerne  des 
peines  infliclives  contre  ceux  ,  &c. 

INFLIGER.  V.  a.  Infligere.  Terme  de  Palais ,  qui  ne  le 
dît  que  des  peines  que  les  loix  ,  ou  que  les  Juges  or- 
donnent,  auxquelles  ils  condamnent  les  cliiniiels. 
L'ordonnance  inflige  la  peine  de  mort  contre  les 
meurtriers  &  les  aflaflins. 
INFLUANT,  f.  m.  C'eft  ainll  que  M.  l'Abbé  Soumille 
appelle  ceux  qui  croient  fuperftirieufement  aux  in- 
fluences de  la  Lune  ,  &  qui  lui  attribuent  mille  e.cts 
auxquels  elle  n  a  aucune  part.  Ce  mot  eft  en  italique 
au  Merc.  de  Mars-  1735. 

INFLUENCE,  f.  f.  Jflrorum  influxus.  Qualité  qu'on 
dit  s'écouler  du  corps  des  aftres  fur  les  corps  fublu- 
naires  ,  ou  1  ertet  de  leur  chaleur  &  de  leur  iunuère  ^ 
à  laquelle  les  Aftrologues  attribuent  tous  les  événe- 
mens  qui  arrivent  fur  la  terre.  :-]Cr  Les  hommes  bien 
convaincus  de  l'influence  générale  du  Soleil  fur  no- 
tre globe ,  &  de  je  ne  fais  combien  de  phénomènes 
qu'on  ne  peut  s'empêcher  d'attribuer  à  fa  lumière  & 
à  fa  chaleur  ,  étendirent  bientôt  cette  adion  à  la 
Lune  &  aux  autres  corps  céleftes  ;  auxquels  on  attri- 
bua d'.ibord  la  propriété  de  produire  les  maladies  & 
deconferver  lafantéj  fuivam  leurs  diftérens  mouve- 


368 


I  N  F 


mens  ,  &  leurs  difFcrens  afpedts  ;  &  bientôt  après 
on  leur  attribua  le  pouvoir  de  régler  les  adions  mo- 
rales ,  de  changer  les  mœurs ,  la  fortune  des  hom- 
mes 3  &  de  prélider  enhn  à  tous  les  événemens  , 
qu'on  crut  pouvoir  prédire  par  la  connoillànce  de 
leurs  mouvemens.  f'^oyc:^  Astrologie. 
Ip"  Le  vulgaire ,  toujours  ignorant  &  fupcrllitieux  ,  s'i- 
magine que  la  lune  inHue  iur  la  crue  des  cheveux  j 
la  plénitude  des  huitres  ôc  des  écrevilfes  ^  la  réuirite 
de  ce  qu'on  feme  &  de  ce  qu'on  plante ,  &c.  Cette 
erreur  ne  doit  être  réfutée  que  par  un  éclat  de  rire. 
L'expérience  nous  apprend  que  la  lumière  de  la  Lune 
ralFemblée  au  toyer  du  meilleur  concave,  ne  donne 
pas  le  moindre  degré  de  chaleur. 

Pour  les  autres  planètes  &c  les  étoiles  fixes ,  la  lu- 
mière qu'elles  nous  envoient  eft  trop  foible  pour 
faire  quelque  imprellion  fenfible  ,  &  ii  elles  inlluent 
iur  notre  globe  ,  cette  influence  ne  peut  être  que 
l'etiét  mécanique  de  la  gravitation. 

Les  Chimilles  qui  cherchent  la  pierre  philofo- 
phale  ,  difcnt  que  tout  ell  produit  dans  la  nature  par 
les  influences  des  aftres  ,  lefquelles  en  pallant  au  tra- 
vers de  l'air  (e  rempliilcnt  de  parties  humides  ,  dont 
elles  dépofent  les  plus  grollières  dans  les  lables&:  les 
terres  où  elles  Tont  remues;  qu'en  le  filtrant  ainh  dans 
les  pores  de  la  terre ,  elles  defcendent  jutqu'à  Ton 
centre  ,  d'où  elles  font  repoullces  par  le  feu  central 
jufquà  la  (uperficie  de  la  terre  ;  &  lorlque  dans  cette 
afcenlion  ,  ou  fublimation  naturelle ,  elles  rencon- 
trent des  terres  bien  difpofées  ,  elles  forment  les 
corps  naturels  j  comme  les  métaux  ,  l'or  ,  l'argent  j 
&c.  les  plantes,  &c.  Ainli  les  Chimiftes  en  imitant 
par  art  ces  opérations  de  la  nature  ,  &  en  appliquant 
les  principes  atlifs  aux  principes  palîifs,  prétendent 
former  des  corps  natur  Is  ,  faire  de  l'or ,  &:c. 
^CTOn  fe  fertaulîi  de  ce  terme  en  Métaphyhque  pour 
expliquer  le  commerce  qu'il  y  a  entre  lame  &  le 
corps  ,  commerce  quiconfifte  dans  la  correfpondance 
des  mouvemens  excités  dans  le  corps  avec  les  idées 
excitées  dans  l'ame,  &  vice  versa.  Les  anciens  Phi- 
lofophes  rendoient  facilement  raiion  de  cette  influen- 
ce j  en  fuppofant  que  l'ame  agit  phyliquement  fur 
le  corps  j  6c  le  corps  fur  lame.  Mais  peut-on  admet- 
tre une  communication  réelle  &  phylique  entre  deux 
fubftances  dont  lune  a  des  parties  ,  &  l'autre  n'en  a 
point.  Tangcre  eniin  &  tangi ,  nijî  corpus  y  nulla  po- 
tejl  res.  LucR. 

Ce  mot  a  ététranfporté  au  figure  pour  exprimer  les 
imprellîons  que  font  dans  les  elprits  le  commerce 
&c  la  fréquentation  du  monde.  C'eft  ainlî  qu'on  dit 
que  les  premières  démarches  qu'on  fait  dans  le 
monde  ont  beaucoup  A' influence  fur  le  refte  de  la  vie. 

On  dit  de  même  qu'un  homme  a  eu  beaucoup  à! in- 
fluence dans  une  affaire  ,  pour  dire  qu'il  en  a  été  le 
principal  auteur  par  l'on  crédit ,  par  les  follicita- 
tions  ,  &c. 
INFLUER,  v.  a.  Communiquer  infenfiblement  &c  par 
une  efficace  fecrète  ,  {"es  qualités  bonnes  ou  mauvailes 
à  un  autre  iujet.  Influere.  C'eft  ainfî  qu'on  dit  que 
les  aftres  influent  fur  les  corps  (ublunaires  ;  leur 
chaleur ,  leur  froideur  ,  ou  autres  qualités  favora- 
bles ,  ou  malignes.  Il  n'a  guère  d'autre  ufage  en  ce 
fens. 

Il  fe  dit  d'ordinaire  abfolument  ffT  des  imprellîons 
qui  fe  font  fur  les  efprits  par  le  commerce  du  monde. 
La  bonne  ou  mauvaife  éducation  d'un  jeune  homme 
influe  fur  tout  le  refte  de  fa  vie. 

Il  fe  dit  aulîi  en  terme  de  PaUtis ,  &  veut  dire  , 
Porter  fon  eftet.  La  claufe  influe  fur  rout  l'adfe. 
Patru. 

Ce  mot  vient  de  in  &cfîuere,  fe  glilfer  ,  s'infinuer 

■dans 

ÎNFOLIATURE.  f.  f.  Nos  pères  fe  fervoient  de  ce  mot 
au  lieu  de  celui  d'incrujlanon  :  il  mériroit  d'être  con- 
fervé.  DicT.  de  Peint,  et  d'Archit.  f^oye~  Incrus- 
tation. 
INF0RN4ATEUR.  f.  m.  En  Allemagne  on  appelle  In- 
formatiur  ce  que  nous  appelons  en  France  Précep- 
teur., Ce  mot  vient  d'informare  j  Former ,  façonner  j 


I  N  F 

inftruire.  On  m'a  alFuré  que  V  Informateur  d'un 
Prince,  après  lui  avoir  fait  apprendre  par  cœur  un 
abrégé  Latin  de  Rhétorique  &  de  Logique,  en  voulut 
faire  de  même  fur  la  Métaphyfique.  Crousaz.  Vit- 
on  jamais  de  fou  aux  Petites  Maifbns  plus  digne  d'y 
entrer  que  cet  Informateur!'  Idem.      \\ 

INFORMATION,  f.  f.  Terme  de  Jurifprudence.  Aûe 
par  lequel  un  Juge  fait  rédiger  par  écrit  les  dépofi- 
tions  des  témoins  qui  font  allignés  par  devant  lui , 
pour  certifier  la  vérité  de  quelque  fait.  Ceft  l'acte  qui 
contient  la  déçofition  des  témoins ,  &c  la  procédure 
de  juftice  qui  le  fait  pour  avoir  cette  dépofition.  Dans 
ce  fens  on  ne  le  dit  qu'en  matière  criminelle.  Inqui- 
Jnio.  Une  information  iur  une  plainte  criminelle. 
Décréter  iur  une  information  ^  une  addition  d'infor- 
mation. Les  informations  ne  font  preuve  qu'après  le 
recollement  &  la  confrontation.  On  apporte  au 
Greffe  les  charges  &  informations  ;  elles  doivent  être 
écrites  de  la  main  du  GrefHer ,  éc  lignées  du  Juge, 
du  Greffier  &  des  témoins. 

tjC?"  Information  par  addition.  C'eft  celle  qui  fe  fait 
iur  de  nouvelles  preuves  qui  font  furvenues  après 
ï information  faite.  Il  faut  pour  cela  préfentcr  une 
requête  dans  laquelle  on  expofe  le  frit  &  les  nouvel- 
les preuves  qui  font  furvenues  depuis  V information. 

On  du  aullî  en  matière  civile ,  information  de  vie 
«Se  de  mœurs ,  ce  font  des  recherches  qu'on  tait  de  la 
vie  ,  de  la  conduite  de  ceux  qui  font  reçus  dans  une 
charge.  Les  informations  de  vie  &  de  mœuri  de  ceux 
qui  font  pourvus  par  le  Roi  de  charges  de  judicature, 
fe  font  à  la  requête  de  M.  le  Procureur  Général. 

(0°  Information  iSc  Enquête  lignifient  la  même  cho- 
fe;  mais  le  premier  de  ces  mots  fe  dit  en  matière  cri- 
minelle, &  le  fécond  en  matière  civile.  Quand  on 
civilité  une  aflaire  criminelle,  les  informations  font 
converties  en  enquête. 

On  dit  dans  le  ftyle  familier,  aller  a.ux  inform.a- 
tions  ,  pour  dire  fimplement  ,  faire  des  recherches 
afin  de  découvrir  la  vérité  de  quelque  fait  j  de  quel- 
que bruit  qui  court.   Acad.  Fr. 

§C7  IiMFORME.  adj.  de  t.  g.  Du  Latin  forma ,  forme , 
&  d'in  particule  négative  ou  privative.  Informe  ,  qui 
n'a  pas  la  forme  qu'il  doit  avoir.  Informis.  Ou  le  dit 
des  ouvrages  de  l'arr  &  des  productions  de  la  nature. 
Les  produdions  naturelles  qui  n'ont  pas  la  forme 
qu'exigent  les  loix  de  la  nature ,  font  informes.  Les 
productions  artihciellts,  qui  n'ont  pas  la  forme  pres- 
crite par  les  règles  de  l'art  ,  font  informes.  Voyez 
Forme.  On  le  dit  également  au  propre  &  au  figuré, 
au  phylique  &c  au  moral.  Le  cahos  des  anciens  n'é- 
toit  qu  une  malle  informe  de  matière.  Rudis  indi- 
gejiaque  moles.  Un  monlfrre  eft  une  produélion  in- 
forme. Parmi  les  ouvrages  de  l'art,  il  y  en  a  beau- 
coup d'informes.  Tout  ce  qu'a  écrit  cet  Auteur,  n'eft 
qu'un  ellai  informe.  La  Tragédie  informe  &  groifièrc 
en  nailfant.    Bon. 

INFORME  ,  fe  dit  de  même  en  Jurifprudence  des  ades 
qui  n'ont  pas  la  forme  prefcrite  par  les  ordonnances 
&c  les  règlemens.  Un  aéle  non  figné  eft  informe  &c 
ne  fait  point  de  foi  en  juflice.  Un  teftament  informe 
n'a  point  d'exécution. 

Informe,  en  Aftronomie.  Les  anciens  Aftronomes  ap- 
peloient  informes ,  les  étoiles  qu'ils  ne  faifoient  point 
entrer  dans  les  conftellations  ou  figures  du  ciel.  Ils 
les  nommoient  aulli  tporades  ,  comme  qui  diroit  fe- 
mées  ou  répandues  çà  &c  là.  Les  nouveaux  Aftrono- 
mes ont  fait  entrer  plufieurs  de  ces  étoiles  dans  les 
conftellations.  Informes  JlelU  ,  /parades.  Outte  les 
étoiles  comprifes  dans  chaque  conftellation,  Ptolc- 
mée  a  marqué  celles  qui  les  environnent ,  qu'on 
nomme  informes  à  caufe  qu'elles  ne  font  comprifes 
fous  aucune  figure.  Cassini.  Tycho  a  ajouté  aux 
conftellations  qui  avoicnt  été  décrites  par  Ptolémée, 
la  chevelure  de  Bérénice,  qui  comprend  1rs  étoiles 
informes  qui  font  près  de  la  queue  du  lion,  &  Anti- 
nous qui  eft  compofé  de  celles  qui  font  près  de 
l'aigle.  Idem.  Auguftin  Royer  a  formé  des  étoiles 
qu'on  nomme  informes ,  onze  nouvelles  conftella- 
tions, dont  cinq  fout  du  côté  du  feptentrionj  favoir, 

la 


I  N  F 

la  cirafTe.le  fleuve  Jourdain,  le  fleuve  du  Tigre ^  le 
fccptiL-  &  la  rieur  de  lis ,  Se  les  (îx  autres  du  côrô  du 
midi  font  la  colombe ,  la  licorne ^  la  croix,  le  grand 
nuage,  le  petit  nuage  S<.  le  rhomboïde.  Idhm.  Hcvc- 
Husa  encore  ciichcii  (iîr  ceux  qui  l'avoient  précédé  , 
ayant  rallcuiblé  plulieurs  étoiles  i/z/c'.'W^j-  pour  en  for- 
mer de  nouvelles  conllcilations,  telles  que  le  mono- 
ceros  ,  le  canielopard  qui  avoient  été  décrites  par 
liartcchius  ,  le  Icxtanor  d'Uranie  ,  les  chiens  de 
chade ,  le  petit  lion,  le  lynx  ,  le  renard  avec  l'oie, 
l'écu  de  Sobieski,  le  lézard,  le  petit  triangle  &  le 
cerbère.  Grét'.ori  ajoute  l'anneau  de  l'armille.  Quel 
ques  unes  de  ces  conlk-llarions  répondent  à  celles  de 
Royer,  comme  le  camélopard  à  la  giratlc,  les  chiens 
de  cli.ilie  au  Jourdain  ,  «b^-  le  renard  au  llcuve  du  Ti- 
gre. lotM. 

INFORMÉ,  r.  m.  Terme  du  Palais.  Information.  In- 
quifitio.  Trois  Juges  ont  conclu  à  un  plus  ample  in- 
joriné.  Daucour.  On  dit  aulîî  conclure  à  un  plus 
ample  informe  ;  c'eft  ce  que  les  anciens  Romains  appe- 
loicnt  ampliart.  Dans  1  érence ,  Ego  ampliùs  dciibe- 
randum  cenfco.  A  Rome,  lorfque  le  droit  des  parties 
ne  paroilfoir  pas  clair  .à  un  Juge  ,  il  mettoit  dans 
l'urne  ces  deux  lettres  N.  L.  c'cft  à-dire ,  non  Viquet , 
je  ne  fuis  pas  allez  injorme  ^  je  ne  vois  pas  clair  dans 
cette  alïiire ,  je  ne  puis  me  déterminer  à  abfoudre  ,  ni 
à  condamner,  &c.  |Cr  C'eft  chez  nous  une  manière 
de  prononcer  en  matière  criminelle  quand  il  y  a  de 
violens  ioupcons  que  l'acculé  eft  coupable  ,  mais 
qu'il  n'y  a  pas  allez  de  preuves  pour  aileoir  une  con- 
damnation, on  condar  ÎL  an  plus  amplirncnc  informé, 
ou  l'on  ordonne  qu'il  en  fera  plus  amplement  informé 
pendant  un  tems  déterminé,  comme  lix  mois,  un  an  , 
ou  ufqucqub ,  pendant  un  tems  indéfini.  Pendant  ce 
plus  amplement  informé  l'accule  jouit  de  la  liberté ,  ou 
garde  prifon,  fuivant  la  gravité  des  foupçons.  ^m- 
pliare  reum  ou  caufam. 

INFORMER.  V.  a.  Donner  la  forme.  Informare.  Il  ne 
fe  dit  guère  dans  Ion  propre  lens  qu'en  cette  phrafe 
philofophique.  L'ame  informe  le  corps ,  c'eft  la  for- 
me lubllantielle  du  corps,   f'^oyei  Forme. 

Informer,  en  langage  ordinaire  j  lîgnifie  liCTavertir 
quelqu'un  des  évènemens  qui  peuvent  être  de  quelque 
conléquence.  Jnftruire  &  faire  /avoir  ,  ont  leurs 
nuances  particulières.  Certiorem  facere.  Un  Prince 
doit  être  informé  des  moindres  chofes  qui  le  palïènt 
dans  Ion  État.  C'cft  un  tel  qui  Ta  informé  de  toutes 
les  circonftanccs  de  cette  aftion.  Il  fiut  fe  bien  infor- 
rner  de  la  vérité  avant  que  d'alleoir  Ion  jugement. 
Etre  informé  lie.  l'état  de  la  Cour.  La  Rochef. 

^3" S'Informer,  v.  récip.  S'informer  de  la  véiité  d'un 
fait  avant  que  d'alfcoir  fon  jugement.  Je  m'en  furs 
informé  à  tout  le  monde. 

|;3° Informer,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  renferme  parti- 
culicrem.cnt  ,  dans  l'étendue  de  ion  lens  j  une  idée 
d'autorité  à  l'égard  des  perionnes  qu'on  informe ,  Se 
une  idée  de  dépendance  à  l'égard  de  celles  dont  les 
f-aits  lont  l'objet  de  l'information. 

|13"  C'cft  par  cette  railon  que  ce  mot  eft  à  merveille , 
lorfqu'il  eft  queftion  des  lervices  ou  des  malverfa- 
tions  des  gens  employés  par  d'autres,  &  de 4a  ma- 
nière dont  fe  comportent  les  enfans  ,  les  domeftiques , 
les  fujets;  enfin  tous  ceux  qui  ont  à  rendre  railon  à 
quelqu'un  de  leur  conduire  &  de  leurs  actions. 

^Cr  L'Intendant  informe  la  Cour  de  ce  qui  (c  palfe  dans 
la  Province;  le  furveillant  informe  les  Supérieurs  de 
la  bonne  ou  mauvaife  conduite  de  ceux  qui  leur  font 
fournis.  Bien  des  gens  prennent  la  peine  ,  (ans  qu'on 
les  en  prie.  A' informer  les  gens  de  tout  ce  qui  peut 
leur  être  délàgréable.  Il  faut  de  la  prudence  &  de  la 
fincérité  pour  informera  propos  &  au  vrai.  Voye:^^ 
les  fynonimes  Apprendre^  ENSEiGt^ERj  instruire, 
faire  savoir. 

Informer,  v.  n.  En  termes  de  Palais,  fignifie  rédiger 
par  écrit  les  dcDofitions  des  témoins  qui  peuvent  allu- 
rer  de  la  vérité  d'un  fait  qu'on  veut  éclaircir.  Inqui- 
rere.  En  matière  civile  on  informe  des  vies  &  mœurs 
clés  Officiers  qu'on  reçoit  en  quelques  charges.  En 
matière- criminelle,  on  informe  fur  les  plaintes  6c  dé- 
Tome  V. 


î  N  F 


\6<) 


nonciations  contre  les  accufés.  Il  a  obtenu  permillion 
d'informer  Ac  ce  fait.  On  informe  contre  les  ufuriers. 
Un  Juge  doit  informer  uni  à  charge  qu'à  décharge. 

Informe,  f.e.  part. 

INFORTIAT.  f  m.  Terme  de  Jurifprudence.  C'eft  la 
féconde  partie  ou  le  lecond  volume  du  Digcftc  com- 
pilé du  tems  de  Juftiriicn.  Infortiatum. 

Je  fais  le  Code  entier  avec  /'Inforciat.  Corn. 

Doujat  tire  l'étymologie  de  ce  mot  d'un  terme 
Chaldaïque  qu'on  peut  lire  porthita  ;  oufoniatha, 
qui  veut  dire  tejlament ,  ou  dernière  volonté  de 
l'Iiommc,  dont  traite  tout  ce  volume.  D'autres  ont  cru 
qu'il  étoit  ainli  nommé  ,  à  caule  qu'il  traite  de  matiè- 
res tortcs  &:  élevées,  qu'ils  appellent  de  pane  lucran- 
do.  Du  Cange  dit  que  la  divilion  du  Digefte  en  trois 
parties ,  le  vieux  Digefte ,  Xlnfortiat  &c  le  nouveau , 
n'a  été  connue  que  du  tems  d'Azon ,  vers  l'an  iioo  , 
&  qu'il  n'en  eft  point  fait  mention  auparavant.  Pat- 
quier  dit  que  la  véritable  origine  de  ce  mot  eft  in- 
connue. 

ter  INFORTUNE,  f  f  M.alheur,  accident,  défaftre, 
délignent  tous  un  événement  fâcheux ,  mais  tous  avec 
des  nuances  qui  leur  font  propres.  Infortune  dit  plus 
qu'accident  6c  malheur,  &  approche  davantage  de  la 
lignification  de  défajire.  Voyez  ces  mots.  C'eft  une 
fuite  d'évènemens  malheureux  qui  lont  moins  notre 
ouvrage  que  celui  de  la  fortune ,  au  milieu  delquels 
nous  n'avons  rien  à  nous  reprocher.  Nous  pouvons 
mériter  une  difgrace  ,  attirer  lur  nous  un  mal  heur  \ 
nous  tombons  dans  l'infortune  ,  fans  qu'ij  y  ait  de  no- 
tre fiute.  Infortunium.  Il  tft  tombé  dans  une  grande 
infortune.  Ce  pauvre  homme  a  toujours  vécu  dans 
l'infortune.  Les  Perfes  n'ont  rien  de  plus  lacré  que  la 
Majefté  du  Prince  j  &  dans  fon  infortune  même  ils 
adorent  encore  les  traces  &  lornbie  de  la  grandeur 
palfée.  Vaug.  J'aime  à  voir  pleurer  l'infortune  dua 
grand  homme  malheureux.  S.  ÉvR.  La  conftance 
que  les  Philofophes  afteclent  dans  les  infortunes  ^  eft 
un  mafque  de  fermeté  qu'ils  prennent  pour  tromper 
les  autres.  M.  Esp.  La  véritable  vertu  éclatre  dans 
V  infortune.  M.  Scud.  On  appelle  en  Aftrologie  Sa- 
turne, la  grande  Infortune ,  &  Mars,  la  petite  Infor- 
tune. 

INFORTUNÉ ,  ÉE  :  Malheureux  ,  qui  eft  tombé  dans 
l'infortune.  Infelix.  C'eft  un  Prince  infortuné  Cjui  a 
été  chalfé  de  les  États.  Sa  doftinée  eft  de  vivre  tou- 
jours infortuné.  J'eus  pitié  de  cette  amante  infortunée. 
H.  S.  DE  M.  Ces  hommes  infortunes  qui  vous  par- 
lent, ont  vu  mourir  leur  Maître.  Pat.  Saint  Cyr  eft 
un  alyle  facré  pour  d'illuftres  infortunées.  Des  Houl.  . 

Exemple  infortuné  d'une  longue  confiance.   Rac. 

Qualle^'Vous  devenir,  belles  Infortunées, 
Mufes  qu'il  protégea  dès  /es  jeunes  années  ? 

Des-Houl. 

INFORTUNER.  'Vieux  v.  a.  Affliger ,  rendre  malheu- 
reux. /Iffiigere  ,  vexare. 

INFRACt  EUR.  f  m.  Celui  qui  enfreint ,  qui  rompt  un 
traité,  qui  viole  une  loi,  une  coutume  ,  un  privilège. 
Violator.  Vinfracieur d'un  traité  eft  coupable  de  tous 
les  maux  qui  arrivent  dans  la  guerre  dont  il  eft  caule. 
Il  eft  mort  comme  un  parjure  &  comme  un  infrac- 
teurdt  la  paix.  Ablanc.  Je  veux  le  faire  faifir  comme 
défcrteur  de  la  Médecine,  &:  comme  infracleur  de 
mes  Ordonnances.  Mol.  Si  un  aune  Evêcue  reçoit 
celui  qui  aura  été  dépofé  ^  il  fera  puiù  par  ie  Concile  , 
comme  infracleur  des  loix  de  l'Ég-life.  Concile  de  Ni- 
cee  ,  Canon  1 1 .  Flevky .  Infracleur  de  la.  paix.  MÉM. 
DE  Tr.  ïji^  ,  p.  S6.^. 

INFRACTION,  f.  f  Violement  d'un  traité,  d'une  loi , 
d'une  ordonnance,  d'une  coutume,  d'un  privilège. 
Violctio.  Le  fecours  qu'on  donne  aux  ennemis  de 
nos  alliés  eft  une  infrrclion  du  traité  de  paix.  Nous 
avons  vu  les  aventures  de  l'armée  depuis  l'infracHon 
du  traité.  Aeianc.  Faire  une  infraclion  an  traité  ou 

Y 


lyo  INF 

contre  le  traité.  InfraElion  de  vœu.  Pat.  L'infraction 
des  loixdu  Royaume  aliéna  les  efprits.  S.  Évr.  h'in- 
fraclion  de  lauvegarde  eft  un  cas  royal  &  prevôtal. 
On  appeloit  autrefois  infraclwn  de  chemin  ,  un  meur- 
tre, un  vol  de  grand  chemin.  ^fJ'Vinjraction  eft  la 
tranfgrellîon  d'une  loi  civile  ,  ou  le  violcment  d'un 
traité.  Voilà  pourquoi  c'eit  particulièrement  un  ter- 
me de  Junfprudence  Hc  de  droit  public. 

INFRALAPSAIRE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  fedte.  Infralap- 
farius  ,  a.  Soutenir  que  Dieu  n'a  créé  un  ccrtam 
nombre  d'hommes  que  pour  les  damner,  fans  leur 
donner  les  fecours  néceiîaires  pour  {e  lauver  s'ils  le 
veulent;  c'eft  une  héréfie  :  foit  qu'on  dife  que  Dieu 
antécédemment  à  toute  prévillon  de  la  chute  du  pre- 
mier homme ,  a  réfolu  de  manifefter  fa  miléricorde 
en  créant  un  certain  nombre  d'hommes  pour  les 
rendre  heureux  dans  toute  l'éternité ,  &c  fa  juftice  en 
créant  un  certain  nombre  d'autres  hommes  pour  les 
punir  éternellement  dans  l'enfer  :  gCTfoit  que  l'on 
convienne  qu'il  n'a  fait  ce  choix  également  polîtif 
des  uns  comme  des  autres  ^  qu'après  la  prévifion  du 
pèche  d'Adam.  On  appelle  les  partilans  du  premier 
lentiment,  Supralapfaires  j  parce  qu'ils  mettent  ce 
choix  de  Tiïeufupru  lapfum  avant  la  chute  d'Adam. 
On  appelle  les  Sénateurs  du  fécond  fcntiment  lnfra~ 
lapfaires  i  parce  qu'ils  placent  le  choix  de  Dieu  après 
la  chute  d'Adam,  i///Vj  lapfum.  Mais  il  faut  bien  fe 
donner  de  garde  de  confondre  cette  dernière  erreur 
avec  le  dogme  de  la  Prédeftination  gratuite  &  .avant 
toute  prévilîon  de  mérite  ;  qui  conliile  à  croire  que 
l'homme  par  le  péché  d'Adam  ayant  perdu  la  juftice 
originelle  &:  la  grâce ,  ne  mérite  plus  que  des  châti- 
mens ,  tout  le  genre  humain  n'eft  plus  qu'une  malTe 
de  corruption  que  Dieu  pouvoir  punir  &  abandon- 
ner aux  fupplices  éternels-,  que  cependant,  par  un- 
effet  de  (a  miféricorde,  il  a  réfolu  d'en  tirer  un  cer- 
tain nombre  de  cette  malle  pour  les  ianétitier  &  les 
béatifier  en  Jéfus-Chrift  &  par  Jéfus-Chrift,  &  à 
qui  il  a  préparé  des  grâces  qui  les  fanâifient  &  les 
conduifent  infailliblement  à  la  béatitude  éternelle. 

S.  Paul  enfeigne  clairement  ce  dogme  dans  fon 
Épitre  aux  Romains.  S.  Auguftin  l'a  défendu  contre 
les  Péiagiens.  Suarez  avoue  qu'on  doit  le  reconno'itre 
&  le  (auver  dans  tous  les  fyftèmes  &  dans  toutes  les 
Ecoles. 

INFRUCTUEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  infruc- 
tueufe.  Infrucluosè.  Cet  homme  eft  malheureux ,  il 
travaille  toujours  infruclueulement. 

FRUCTUEUX ,  EUSE.  adj.  Qui  ne  rapporte  point  de 
fruit,  ou  qui  en  rapporte  très  peu.  Injruciuofus.  Ce 
terroir  eft  ftérile  &c  infruclueux.    Année  infruclueufe. 

Infructueux,  fe  ditaulli  figurémentde  ce  qui|JC7"n'ap- 
porte  aucun  profit ,  aucune  utilité  ,  qui  ne  produit 
aucun  eftet.  Travail  infructueux.  Veilles  injruÙueufes. 
Dieu  ,  par  une  conduite  toute  jufte ,  ne  manque  point 
d'être  avare  de  lés  dons ,  lorfque  tes  largefles  ont  été 
infruclueufes.  Ab.  de  la  Tr.  Il  y  a  une  pénitence 
qui  eft  infruclueufe  ,  parce  qu'elle  eft  tardive.  Les 
Anagrammes ,  les  Acroftiches  font  des  travaux  péni- 
bles &  infruclueux.  La  guerre  eft  rude  &  infruclueufe. 
Ablanc.  Sans  l'opération  de  la  grâce ,  les  préceptes 
de  l'Évangile  demeurcroient  comme  une  femence  in- 
fruclueufe dans  le  cœur.  Ju.  L'humilité  qui  n'auroit 
pas  en  elle  la  fource  du  mérite ,  demeureroit  injruc- 
tueufe.   Ab.  de  la  Trape. 

INFULE.  f.  £  Infula.  On  donnoit  ce  nom  aux  orne- 
mens  des  Pontifes.  Danet.  Feftus  dit  que  les  infuies 
étoient  des  filamens  de  laine  ,  des  franges  de  laine 
dontonornoit  les  Prêtres  &  les  viétimes,  même  les 
temples.  Plulîeurs  confondent  les  injules  avec  la  mi- 
tre ,  la  tiare  ou  le  bonnet  que  portoicnt  les  Prêtres.  Il 
y  avoir  cependant  beaucoup  de  diftérence.  Vinfulc 
étoit  proprement  une  bandelette  ,  ou  bande  de  laine 
blanche  qui  couvroit  la  partie  de  la  tête  où  il  y  a  des 
cheveux  jufqu'aux  tempes  ,  &C  de  laquelle  tomboient 
de  chaque  côté  deux  cordons  vitt/t ,  pour  la  lier ,  ce 
qui  fait  que  l'on  confond  fouvent  le  nom  virrx,  cor- 
dons j  avec  infuU.  L'infule  ézoh  aux  Prêtres  ce  qu'é- 
toit  le  diadème  aux  Rois ,  la  marque  de  leur  dignité 


I  N  F 

Se  de  leur  autorité.  La  difléience  entre  le  diadème 
&  ['infuie ,  éft  que  le  diadème  étoit  plat  &  large  ,  &c 
l'infule  étoit  entortillée  &  ronde.  Foye^  fur  les  inju- 
les Pafchal ,  de  Coronis  ^  chap.  dernier  du  IV  L.  Bai- 
thius  fur  Stace,  Theh.  L.  Il,  p-  319  à  fuiv.  Sau- 
maile  fur  Solin,  370.^ 

Dans  les  Auteurs  Eccléliaftiques  on  donne  quel- 
quefois le  nom  A'infuk  à  l'habit  des  Prêtres  que  nous 
nommons  chafuble.  Foye\  Du  Cange  dans  fon  Glof- 
faire  au  mot  infula. 

ICTINFUNDIBULIFORME.  Infundibuliformis.  Ter- 
me de  Botanique  par  lequel  on  déligne  une  plante 
dont  la  Heur  eft  faite  à-peu  près  en  entonnoir.  Foye-^ 
Entonnoir.  Ces  fortes  de  Heurs  ont  un  leul  pétale, 
dont  la  partie  fupérieure  forme  un  tuyau  aHez  menu  , 
dont  le  haut  eft  évafé ,  fouvent  terminé  par  des  dé- 
coupures renverfées  en  dehors  comme  les  Heurs  du 
lilas. 

INFUNDIBULUM.  f.  m.  &  mot  Latin  de  genre  neu- 
tre ,  dont  les  Anatomiftes  fe  fervent  quelquefois  , 
c'eft  la  même  chofe  qu'entonnoir,  l^oye:^  ce  mot.  Les 
artères  carotides  &  l'infundibulutn  j  font  entre  les  mo- 
teurs des  yeux.  Dionis.  Il  y  a  Vinfundibulum  du  cer- 
veau; c'eft;  celui  dont  on  vient  de  parler,  &  Vinjun- 
dibulum  des  reins,  qui  eft  un  ballin  au  travers  duquel 
l'urine  palIc  dans  l'uretère  &  dans  la  vcllie.  Harris. 

INFUS,  INFUSE,  adj.  Ce  mot  n'eft  guère  en  ufage  que 
dans  ces  phrafes.  Science  infufe,  grâce  infufe,  fageiie 
infufe  j  qui  fe  difent  de  la  fcience  ,  de  la  grâce  &i  de  la 
fagelle  qu'il  à  plu  à  Dieu  de  verfer  par  un  privilège 
fpécial,  dans  l'ame  de  quelques  perfonnes.  On  pré- 
tend qu'Adam  avoir  toutes  les  fciences  injufes.  La  la- 
gelFe  infufe  de  Salomon.  Les  Myftiques  appellent 
Oraifon  infufe ,  l'Oraifon  furnaturellc  qui  fe  fait  en 
nous,  fans  nous,  par  la  fupprellion  de  toutcftort  & 
de  toute  propre  induftrie.  C'eft  la  même  choie  que 
\Oraifon  paffive.  On  ne  conçoit  pas  comment  une 
Orailon  qui  loit  nôtre,  fe  peut  faire  en  nous,  fans 
nous. 

|Cr  INFUSER.  V.  a.  Terme  de  Chymie  &  de  Phar- 
macie. Mettre  tremper  quelque  lublfance,  quelque 
drogue  dans  quelque  liqueur  ,  dans  quelque  menf-» 
true  ,  chaud  ou  hoid ,  pour  en  Icparer  quelques  lues , 
quelque  extrait ,  les  parties  les  plus  lubtiles  &  les  plus 
ellèntielles  qui  font  communiquées  au  menftrue.  In-^ 
fundere.  Faire  infufer  du  l'ené.  Injufcr  de  la  rhubarbe 
dans  delà  tifannc  ,  du  quinqtùna  dans  du  vin.  On  fait 
infufer,  à  froid ,  à  chaud  par  le  moyen  d  un  feu  arti- 
ficiel ,  au  bain  marie  ,  &c. 

CKT  INFUSION,  f.  f.  Opération  qui  conlifte  à  lailfcr 
fejoarner  ,  pendant  un  tcms  convenable  ,  quelque 
fubftance  dans  un  menftrue  ,  pour  en  extraire  les 
fucs ,  les  huiles ,  les  parties  folubles  dans  ce  menftrue. 
Injuflo.  Les  infujïons  fe  font  pour  k'parer  ,  par  le 
moyen  du  menftrue,  les  fucs,  les  extraits,  les  huiles 
dont  on  a  befoin ,  .&  les  communiquer  au  menftrue 
dans  lequel  elles  fe  font. 

On  fait  des  infufions  avec  de  l'eau  commune;  d'au- 
tres avec  du  vin ,  du  vinaigre ,  du  petit  lait ,  du  bouil- 
lon, de  l'efprit  de  vin,  (Se. 

§3°  Les  infufions  le  font  à  chaud  &"  à  froid.  \.'infuflon 
qui  le  fait  dans  un  menftrue  bouillant,  s'appelle  dé- 
coUion  :  dans  un  menftrue  froid  ,  macération  :  celle 
qui  fe  fait  au  loleil ,  infolation  :  une  longue  infufion 
s'appelle  di^^eflion.    Voyez  ces  mous. 

Infusion,  fe  dit  aulfi  de  la  liqueur  où  l'on  a  mis  infufer 
quelque  médicament.  Une  infuflûn  de  fené  ,  de  rhu- 
barbe. Prendre  une  i/i////«i/z  de  capillaire.  Infufum. 

Infusion  ,  fe  dit  encore  de  l'atlion  par  laquelle  on  fait 
entrer  une  liqueur  dans  le  corps  par  les  veines.  On  a 
trouvé  en  Angleterre  une  nouvelle  manière  de  pur- 
ger par  Yinfufîon  du  purgatif  qu'on  fait  entrer  dans 
les  veines  de  la  même  manière  que  les  lavemens  dans 
les  inteftins.  M.  Smith  ,  Médecin  de  Dantzic ,  en  â 
fait  plufieurs  expériences  qui  lui  ont  fort  bien  réulîî. 

Infusion,  le  dit  hgurément  en  choies  Ipirituelles,  de  la 
manière  furnaturelle  dont  Dieu  verle  fes  grâces  fur 
quelqu'un.  Les  Apôtres  avoient  le  don  des  langues 
par  infufton.    Le  Saint  Efprit  eft  un  maître  inviliblc 


I  N  G 


I  N  G 


Se  ffcrct  qui  (c  communique  à  lame  pjr  i'infujîon 
de  il  vciicc.  I-léch. 

I  N  G, 

• 

ÎNGA.  roye^  '^nca. 

Inga.  (".  lû.  li.iy  Kiir  mention  de  quatre  aibrcs  difFérens 
qui  portent  te  nom. 

INGADINE.  royci  ENGADINE. 

INGAMBE,    adj.  m.    &   f.    Gaillard,    agile,   dirpos, 

§CFalcrrc.  Jeune  homme  ingambe.  Danleur  ingambe. 
\\  elt  du  ftyle  très  familier.  Il  vient  de  l'Italien ,  gam- 
ba ,  jambe. 

INGELHEIM.  Petite  ville  d'Allemagne.  Ingellieimum , 
Ingclkcinum.  Elle  cil  dans  le  Pal.itinat  du  Rhin  ,  lur 
la  riviè-re  deSelts,  pics  de  Ion  embouchure  dans  le 
Rhin ,  entre  Maycnce  &  Biiigen.  Ce  lieu  étoit  autre- 
fois ville  Impériale,Charlemagne  étoit  né  à  Ingclheim. 
On  a  tenu  a  Ingelheim  quelques  Conciles  dans  le 
VIII'^  &  le  X*  liecle.  Quelques  uns  écrivent  Ingel- 
hein.  Ingelheim  s'eft  appelé  Ingelenhaim ,  Ingilin- 
halm  ,  Ingelinhaim ,  IngeLhaim  ^  &  enlm  Ingelheim  ; 
on  trouve  encore  Engulenheim.  En  Latin  on  trouve 
Engilenhemium  ,  Engilenheimum.  Voyez  Valois  j 
Non.  G  ail.  p.  iS'S. 

INGÉNÉRABLE.  adj.  Terme  de  Phylîque.  Qui  ne  peut 
pas  être  engendré.   IngenerabUcs. 

Pour  donner  le  développement  &  l'accroiirement 
aux  elpèces  pallagcres  qui  entretiennent  la  Icène  du 
monde  dans  la  diuée  des  iiccles ,  Dieu  a  préparé  une 
multitude  de  natures  /impies  qui  ne  font  jamais  (or- 
ties d'une  matière  première  diierente  d'elles  mêmes. 
Ces  natures  n'ont  d'autre  caule  immédiate  de  leur 
formation  que  Dieu  même  :  elles  n'ont  point  pallé 
d'un  premier  état  à  un  (econd;  elles  font  invariables 
comme  celui  qui  leur  a  donné  1  être  ,  nul  mouvement 
ne  peut  jamais  les  altérer,  ni  les  changer,  ni  les  con- 
vertir en  d'autres  natures,  ni  les  réloudre  en  d'autres 
chofes  que  ce  qu'elles  lont.  Elles  (ont  également  in- 

dcftrudibles  &  ingénérables Specl.  de  la  Nac. 

T.  IF^  p.  S4^  j  f4P- 
^INGÉNIER  (S')  V.  recip.  L'Auteur  des  Poëfies  di- 
verles  dit  que  c'eft  acquérir  de  l'elprit ,  trouver  des 
expédiens.  Ni  l'un,  ni  l'autre.  S'ingénier,  c'eft  cher- 
cher ,  tâcher  de  trouver  des  moyens  pour  réulllr  , 
pour  venir  à  bout  de  quelque  chofe.  Quand  on  ell: 
dans  une  fituation  facheufe ,  on  s'ingénie  pour  fortir 
d'embarras.   Contendere  ,  nid  j  eniti. 

En  cas  pareil,  force  ejl  qu'on  ^'ingénie. 

^3° Ce  vers  du  P.  du  Cerceau  fut  critiqué  dans  le  Diét. 
Néologique.  La  rime  nous  attire  j  beaucoup  de  ter- 
mes dont  ceux  qui  en  font  les  Auteurs,  ne  s'avife- 
roient  jamais  lans  cela.  S'il  eût  fallu  au  P.  Du  C.  une 
rime  en  ue,  il  auroit  dit  inmanquablement,  force  eft 
qu'on  s'évertue  ;  &  par-là  il  auroit  fermé  la  bouche  à 
la  critique.  S'évertuer  eft  un  mot  véritablement  Fran- 
çois, pour  dire  prendre  courage,  chercher  les  moyens 
de  fortir  d'embarras  ,  &c.  Sa  lignification  a  pour  le 
moins  autant  d'étendue  qu'en  pourroit  avoir  le  verbe 
i/2^eni«r  qui  eft  inconnu  dans  notre  langue.  Il  eft  vrai 
qu'ingénier  étoit  alors  un  terme  nouveau  ;  mais  nous 
nous  fommes  familiarifés  avec  lui ,  Se  il  trouve  place 
aujourd'hui  dans  le  ftyle  familier. 
INGÉNIEUR,  f  m.  Officier  qui  fert  à  la  guerre  pour 
l'attaque  ,  la  défenfe  &c  la  fortification  des  places. 
Machinarius ,  Machinarum  arcifex.  Mechanicus  eft 
dans  Suétone  fubftantivcmenr  en  ce  fens.  C'eft  un 
Mathématicien  habile ^  expert  &  hardi,  qui  lait  l'art 
de  l'Architeéfure  militaire  ,  qui  va  reconnoitre  la 
place  que  l'on  veut  attaquer ,  &  qui  en  marque  au 
Général  l'endroit  le  plus  foible  -,  qui  trace  les  tran- 
chées ,  les  places  d'armes  ,  les  galeries ,  les  logemens 
fur  la  contrefcarpe  &  fur  la  demi  lune  ,  &  conduit  les 
travaux  jufqu'au  près  de  la  muraille ,  marquant  aux 
travailleurs  ce  qu'ils  doivent  faire  durant  cette  nuit. 
V Ingénieur  marque  aulH  les  lignes  de  circonvallation 
Tomi  K, 


îyî 


avec  des  tedoutes  de  diftaixce  en  diftancc.  Cet  Ingc 
nieur  a  inventé  une  nouvelle  forte  de  bombes,  une 
nouvelle  manière  de  camper,  de  faire  des  ponts  ,  &c. 
En  général  Ingénieur  fe  dit  de  tous  ceux  qui  enten- 
dent l'art  d'attaquer  &  de  défendre  les  places,  ^  qui 
connoillent  1  ulage  des  machines  Se  de  tous  les  ini- 
trumens  néceltaires  pour  cela.  Philippcs  de  Mouf- 
kes  appelle  en  Ion  vieux  langage  Engignours ,  ceux 
que  nous  appelons  aujourd'hui  Ingénieurs. 

Ingénieur  de  feu.  Terme  d'Artillerie.  Les  Ingénieurs 
de  feu  chargent  les  bombes ,  grenades ,  pots  à  feu  , 
Se  généralement  tout  ce  qui  le  peut  pour  la  poudre. 
De  la  Fontaine.  Bombardarum  &  aliarum  ejufmodi 
machinarum  fartor.  On  A'ii  Ingénieur  àe.  WdLï'mc;  ce- 
pendant le  mot  À' Ingénieur  n'eft  attaché  qu'a  l'Offi- 
cier qui  conduit  les  travaux  de  la  guerre,  foit  pour 
fortifier  les  places,  foit  pour  les  attaquer. 

Ce  mot  vient  du  Latin  ingenium ,  d'où  nos  pères 
avoient  fait  engin ,  qui  veut  dire  machine ,  inftru- 
ment ,  invention  trouvée  avec  efprit  :  à' engin ,  on  a 
formé  engignour  y  Se  enfuite  Ingénieur.  Voyez  Engin. 
D'autres  donnent  à  ce  mot  d'Ingénieur  une  étymolo- 
gie  qui  eft  prefque  la  même  ,  ils  le  font  venir  à'inge- 
niofus  J  qui  lignifie  ingénieux,  dont  on  a  fait  Ingé~- 
nieur,  en  changeant  Vx  en  r  :  fur  quoi  on  peut  ajou- 
ter que  les  Machiniftes  Se  ceux  que  nous  nommons 
aujourd'hui  Ingénieurs  ,  font  appelés  Ingenioji  par 
les  Auteurs  du  moyen  âge. 

Ingénieur,  fe  dit  au  11]  par  rapport  à  l'Architefture  ci- 
vile, d'un  homme  intelligent  en  Méchanique  qui, 
par  les  machines  qu'il  invente ,  augmente  les  forces 
mouvantes  ,  autant  pour  traîner  Se  enlever  les  far- 
deaux ,  que  pour  conduire  &  ékver  les  eaux.  Davi- 
LER.  Les  Maîtres  Ouvriers  qui  travaillent  les  inftru- 
mens  de  Mathématiques  ,  prennent  aufti  le  nom 
A' Ingénieurs  en  inftrumens  de  Mathématiques. 

INGÉNIEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  ingénieufe. 
Ingeniosc.  Cet  Auteur  raifonne  plus  ingénieufemenc 
que  folidement;  cette  fable  eft  ingénieufcment  trou- 
vée. Il  faut  fe  détourner  de  la  connoillancc  ds  les 
maux  pour  les  moins  fentir    S.  Évr. 

INGÉNIEUX,  EUSE.  adj.  Qui  eft  plein  d'efprit,  d'in- 
vention ,  d'adrelfe.  Ingeniofus.  On  le  dit  égale- 
ment des  chofes  qui  marquent  de  l'efprit  dans  celui 
qui  en  eft  l'Auteur.  Ce  garçon  eft  fort  ingénieux. 
Une  pentée  ingénieufe.  Cette  Épigramme  eft  fort  in- 
génieufe. La  pendule  elf  une  invention  fort  ingé- 
nieufe. C'eft  le  Machinifte  du  monde  le  plus  ingé- 
nieux. Il  n'y  a  rien  de  h  ordinaire  que  de  faire  des 
récits  des  fautes  ingénieufes  que  l'on  fait ,  pour  en 
faire  conclure  que  l'on  a  de  l'efprit.  Nie.  Dans  les 
lettres  de  Voiture ,  il  y  a  je  ne  fais  quoi  de  fi  ingénieux 
&  de  lî  poli,  qu'il  (urpalfe  les  urbanités  Romaines. 
S.  Évr.  Les  Poètes  s'imaginent  qu'un  trait  ingénieux 
exculc  leurs  libertés  les  plus  audacieufes.  S.  Évr.  Les 
efprits  délicats,  fi  ingénieux  pour  les  plailîrs  des  autres , 
ont  trop  de  goût  pour  eux-mêmes.  Id. 

C'ef  de-là  que  nous  vient  cet  art  ingénieux 
De  peindre  la  parole  &  de  parler  aux  yeux, 

Brébeuf. 

Le  Père  Bouhours  a  donné  un  traité  &  un  ramâs 
de  penfées  ingénieufes  en  général ,  &  un  autre  dés 
penlées  ingénieufes  des  Pères.  Les  Grecs  onnèrent 
le  nomd'Apohphtegmesaux  réparties  ingéàeufes  ,  Se 
celui  d'Enthymèmes  aux  penfées  ingénieunifes. 

1/3"  On  dit  qu'un  homme  eft  ingénieux  à  le  tourmen- 
ter ,  pour  dire  qu'il  cherche  &:  trouve  dans  fon  e(- 
prit  des  réHexions ,  des  penfées  qui  ne  fervent  qu'à 
augmenter  fa  peine.  Sois  moins  ingénieux  à  te  trom- 
per toi  même.  Com. 

IgÉnieux  va  plus  à  la  faculté  de  l'invention  que  le 
mot  fpirituel  ,  qui  ne  marque  que  de  la  pénétration 
&  du  difcernement.  Bouhours. 

Ingénieux  eft  particulièrement  relatif  au  mérite  de 
l'invention  Si  aux  produélions  vives  Se  brillantes. 
Les  choies  ingénieufes  marquent  un  efprit  fin  &;  dé- 

Y  ij 


172  I  N  G^ 

licat ,  mais  plus  fiiperficiel  que  prolond ,  qui  faific 
ce  GU  il  y  a  de  plus  agréable  dans  le  rapport  des  ob- 
jets, &  qui  lait  donner  du  tour,  de  la  grâce  atout 
•  ce  qu'il  dit.  Elles  ne  caraclérilent  pas  le  grand  hom 
■me ,  le  grand  Pocte  ,  le  grand  Orateur ,  l'homme 
-de  génie.  On  dira  bien  que  les  Mémoires  du  Comte 
•de  Grammont  font  un  ouvrage  ingénieux:  mais  on 
ne  le  dira  pas  de  l'Enéide  ;  &  on  ne  dira  pas  que 
VirL,ile  étoit\m  Pocte  ingénieux  ,  ni  Fléchier  un  Ora- 
teur ingénieux.  L'homme  ingénieux  amufe  :  s'il  court 
après  les  traits  ingénieux ,  il  ennuie. 
|p°  INGÉNU  ,  UE ,  adj.  Qui  a  de  l'ingénuité  ;  qui  ne  fait 
rien  cacher.  Voy.  Ingénuité.  Ingenuus.  Homme  in- 
génu. Efprit  ingénu.  Air  ingénu.  Aveu  ingénu.  Dé- 
claration ingénue.  Il  a  quelque  chofe  à'ingénu  dans 
■ia  phyiionomie. 

Une  bouche  ingénue  , 
Qui  découvre  toujours  un  urne  coure  nue.  Vill. 

On  abufe  de  ce  mot,  lorfqu'on  le  détourne  en 
■mauvaife  part  ,  lorlqu'on  qualifie  de  fot  &  de  niais 
celui  qui  eil  ingénu,  qui  dit  les  choies  comme  il  les 
penle. 

IJCF  On  fe  fert  de  ce  mot  en  parlant  d'Antiquités  Ro- 
maines pour  déiigner  ceux  qui  étoient  nés  de  pa- 
rens  libres ,  honnêtes  ,  nobles ,  ingénus.  Rien  n'em- 
pêchoit  les  affranchis  de  s'unir  par  le  mariage  avec 
les  familles  ingénues  ;  mais  il  ne  leur  ctoi-t  pas  per- 
mis de  s'allier  avec  celles  des  Sénateurs.  Montesq,. 

^fT  Chez  les  Romains  les  hommes  croient  libres  ou 
efclaves.  Les  hommes  libres  étoient  ingénus ,  ou  af- 
franchis. Les  ingénus  étoient  ceux  qui  n'avoient  ja- 
mais été  dans  une  jufte  &  légitime  fervitude.  Les 
affranchis  étoient  ceux  qui  avoient  été  tirés  de  cette 
fcvitude  par  leur  maître. 

^fT  Cette  diftintlion  n'a  pas  lieu  chez  nous  où  tous 
les  hommes  font  libres  aujourd'hui. 

|tcr  Ingénu  iîgnifioit  encore  celui  qui  étoit  originaire 
d'un  pays  ,  comme  on  peut  le  voir  par  l'art,  luivant. 
Ce  mot  vient  du  Latin  ingenuus  ,  du  verbe  in- 
gigno.  On  difoit  autrefois  geno  pour  gigno.  Inge- 
nuus parmi  les  Latins  étoit  celui  qui  n'étoit  point 
étranger,  qui  étoit  de  condition  libre,  qui  étoit  ori- 
ginaire du  pays.  C'eil  en  ce  fens  que  Lucrèce  ap- 
pelle fonces  inger.uos ,  des  fources  qui  ne  viennent 
point  d'un  pays  étranger.  Ilidore  dit  que  ceux-là  di- 
cuncur  ingenui ,  qui  hahenc  libercacem  in  génère  ,  non 
in  facio.  Il  appelle  ingénus ,  ceux  qui  naillent  libres , 
&z  qui  n'ont  que  faire  d'acquérir  la  liberté  ;  nous 
nous  fervons  de  ce  mot  pour  marquer  une  personne 
candide  ,  qui  dit  rondement  ce  qu'elle  penfe  dans 
les  diftérentes  occaiions  de  la  vie.  f^oye:^  l'article 
fuivant. 

ItCT  INGÉNUITÉ,  f.  î.Ingenuitas.  Qualité  de  l'ame  qui 
fe  montre  telle  qu'elle  eft ,  parce  qu'elle  croit  n'a- 
voir rien  à  diilîmuler  ni  à  feindre.  La  limplicité  qui 
prend  fa  fource  dans  la  pureté  des  mœurs ,  eft  can- 
deur. Si  à  la  candeur  le  joint  une  innocence  peu 
éclairée ,  qui  croit  que  tout  ce  qui  eft  n.uurel  eft 
bien  ;  c'eft  ingénuicé.  L'ingénuicé  plaît  dans  les  en- 
fans  :  elle  lait  elpérer  de  la  candeur ,  de  la  vérité 
dans  le  caraélère.  L'ingénuicé  fait  avouer  jufqu'aux 
fautes  que  l'on  commet ,  &  rend  fouvent  exculable. 

§0"  Ingénuité  ,  franchilc,  iîncérité,  naïveté,  lynonimcs. 
L'ingénuicé  fait  avouer  tout  ce  qu'on  fait  ,  (S.' 
ce  qu'on  fent.  Comme  elle  eft  peu  éclairée  ,  elle 
fait  fouvent  manquer  à  la  prudence  ,  au  fecret ,  fe 
trahit  elle-même ,  &  dégénère  en  bétife.  On  ne  peut 
au  moins  douter  qu'il  n'en  entre  un  peu  dans  Vin 
génuicé  à  un  certain  <âge.  Les  choies  vous  échappent 
fans  que  vous  y  entendiez  aucun  mal  :  mais  après  tout, 
avec  votre  ingénuicé  'pKtznànz ,  ou  plutôt  avec  cette 
ingénuicé  précipitée  &  trop  aveugle  ,  vous  faites  fur 
ceux  qui  vous  écoutent,  de  très  vives  imprellîons, 
&  vous  leur  portez  des  coups  trèsdouloureux.  Bourd. 
Foy.  Franchise  8-c  les  aunes  mots. 

Ingénuité.  Terme  de  Droit.  Liberté  ;  état  de  celui  qui 
efl  né  libre.  Foy.  Ingénu. 


I  N  G 


Ingénuité.  Titre  honoraire  que  le  Pape  Grégoire  VII. 
accorda  à  la  Reine  d'Angleterre.  Ce  titre  ligniiîoit 
alors  la  même  choie  que  nobleile.  On  appcloit  un 
fief  libre ,  fief  ingénu  ,  les  immunités  ,  ttanchiles  , 
privilèges  ,  prérogatives  ;  tout  cela  le  nommoit  ingé- 
nuité. 

INGÉNUMENT,  adv.  D'une  manière  ingénue.  Ingénue. 
0CJ"  Parler  ingénûmenc ,  trop  ingénûmenc.  Quelque- 
fois il  lignifie  avec  lincérité  &  franchile.  Je  vous 
avouerai  ingénûmenc  que  ....  Pour  vous  dire  ingé~ 
nùmenc  ce  que  je  pcnle. 

INGÉRER.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom  perfonncl 
S'ingérer,  v.  récip.  Se  mêler  d'une  aliaire  qui  ne  nous 
legarde  point,  &  fans  qu'on  nous  en  prie.  Se  in~ 
cerponere ,  immifcere.  Il  ne  faut  pas  s'ingérer  de  don- 
ner des  avis  à  ceux  qui  ne  nous  en  demandent  point. 
Il  ne  ftut  pas  s'ingérer  des  aftaircs  d'autrui.  Je  ne 
m'ingère  point  dans  vos  affaires.  Pline  le  jeune  a  dit 
iiigererefe  alicui  négocia. 

INGERMALANDIE.  C'eft  la  même  chofe  que  llngrie. 
f^oyei  INGRIE. 

INGÉVON  ,  ONE.  Nom  propre  d'un  ancien  peupIe^ 
de  l'Europe.  Ingavon.  On  mettoit  quelquefois  les 
Ingcvons  entre  les  peuples  de  la  Germanie ,  &c  ils 
habitoient  au  bord  de  la  vraie  Germanie  ,  dont  ils 
étoient  féparés  par  le  golfe  Vénédique  ,  qu  on  ap- 
pelle maintenant  la  mer  Baltique.  Ils  occupoient  la 
Scandie  avec  les  îles  ,  &  la  Finningie.  On  leur  don- 
iioit  aulli  la  Cherionncfe  Cimbiique  ,  qui  eil  la  Ju- 
tlande  d'aujourd'hui.  Ainfi  leurs  terres  auroient  ren- 
fermé tout  ce  qui  eft  compris  maintenant  fous  les 
trois  Royaumes  du  Nord.  Maty. 

INGLEVERT.  f.  m.  Nom  d'homme.  Angilbercus. 
Saint  Ingleverc  fut  Abbé  de  S.  Riquier  d.ms  le  Pon- 
thieu  ;  il  rit  de  grands  préfens  à  cette  Abb-aye ,  & 
il  y  fit  venir  une  grande  quantité  de  divers  marbres 
pour  l'embellir.  On  voit  par  la  vie  écrite,  à  ce  qu'on 
croit,  par  le  moine  Ariulf,  Auteur  de  la  Cluoni- 
que  de  S.  Riquier,  qu'il  avoir  été  Silentiaire  de  Charle- 
magne ,  c'eft  à-dire ,  Secrétaire  de  Ion  Cabinet.  Chast. 
Marcyr.  T.  I.  p.  6 Sj.  On  l'a  nommé  S.  Ingleverc 
durant  plufieurs  fiècles  ;  mais  dans  la  Congrégation 
de  S.  Maur,  ils  aiment  mieux  l'appeler  S.  AngiLlerc , 
pour  approcher  plus  du  nom  Latin ,  quoiqu  ils  ne 
lailîent  pas  de  dire  encore  à  prélent  .ivec  tout  le  mon- 
de, les  monts  S.  Ingleverc  ik.  l'hôpital  S.  Ingleverc. 
Id. 

ffT  IN  GLOBO.  Exprclîîon  Latine  ,  qui  fignifie  en 
globe.  Cette  exprelllon  eft  lurtout  d'ulage  dans  le 
dogmatique  ,  lorlque  l'on  condamne  plufieurs  pro- 
pohtions  enfemble  ,  fuis  aftlgner  à  chaque  propofl- 
tion  la  note  qui  lui  convient  en  particulier.  Il  y  a 
plufieurs  exemples  de  cenfures  de  propofitions  in 
gloho.  Le  Concile  de  Confiance  condamna  ainfi  4j' 
propofitions  de  Viclef  &  de  30  de  Jean  Hus,  Léon 

X.  jj.  de  Luther,  Pie  V.  79.  de  Baïus ,  Innocent 

XI.  68.  de  Molinos  :  les  Evêques  emploient 
fouvent  ces  fortes  de  cenfures.  Quand  le  Par- 
lement condamne  un  ouviMge  ,  c'ell  prefque  tou- 
jours in  gloho  ,  comme  contenant  des  maximes  fé- 
ditieufcs  ,  dangereules  ,  contr.iires  aux  libertés  ,  aux 
maximes  du  Royaume.  Les  ici.  propofitions  du  P. 
Quefnel  ont  été  ainh  condamnées  par  la  Bulle  Uni- 
genicus  ,  c'eft-à-dire  qu'elles,  ont  été  condamnées 
comme  refpeélivement  faulks  ,  erronées ,  hérétiques, 
&e.  mais  fans  aftedrer  à  chacune  nommément  la  qua- 
lification qui  lui  convient.  L'on  ne  fait  pas  par  ces 
fortes  de  jugemens  les  qualifications  qui  convien- 
nent à  chaque  propofition  ;  ainfi  ces  lortes  de  ju- 
gemens ne  peuvent  jamais  régler  notre  foi. 

INGO.  Nom  d'une  ville  du  pays  de  Jetfengen ,  dans 
l'île  de  Niphon.  Ingum.  Cette  ville  eif  capitale  d'un 
Royaume  ou  d'une  Province  qui  porte  fon  nom. 

INGÔLSTAD  ,  OM  INGOLSTAT.  Ville  du  Duché  de 
Bavière  en  Allemagne.  Ingolfiadium.  Elle  eft  fitutc 
fur  le  Danube,  environ  à  quatorze  lieues  de  Mu- 
uick  ,  du  côté  du  nord ,  à  trois  environ  au  nord  de 
Ncubourg ,  &:  à  7  environ  à  l'oueft  de  Ratisboniie. 
Ingoljlad  eft  prefque  tout  bâti  de  bois.  Il  y  a  ur.e 


I  N  G 

Univerficc  ,  fondcc  en  141  o.  La  ville  cft  fortifiée , 
&  dcfciitluc  p.u-  un  chàtc-au.  Gulbvc  Adolphe ,  Iloi 
de  Suéde  ,  fur  oblio'é  d'ui  lever  le  liège  l'an  173Z. 
Maty.  Inijo/Jiud  s'appcloir  aunetbis  Inghcljïud  ou 
Ingheljluc,  mot  qui  lignihc  vdlc  des  Jnolois.  l'Ile 
prit  ce  nom  des  Anglois  Suévcs  qui  s'en  emparèrent. 
Ce  n'étoit  d'abord  qu'un  village.  L'Empereur  Louis 
de  Bavière  lui  donna  le  titre  de  ville  j  ik  y  rit  conC- 
truirc  un  pont  (ur  le  Danube.  Ingoljlad  a  donné 
fon  nom  à  une  branche  de  la  mailon  dj  Bavière,  qui 
commença  en  1592.  par  Etienne,  qui  caz  Jngo(J/ud 
ôc  les  dépendances  en  partage. 
INGRANDE.  Petite  ville  de  France  en  Bretagne  j 
§C?au  bord  delà  Loire  ,  aux' confins  de  l'Anjou, 
dans  lequel  elle  d\  mile  par  quelques  -  uns.  Com- 
me elle  elt  fur  les  limites  de  l'Anjou  Se  de  la  Bre- 
tagne j  quelques  uns  ont  cru  que  le  nom  à'Ingrande 
avoir  été  Fait  du  Latin  ingrejjus  Andium.  Ménage 
le  dérive  du  Latin  Igorandis  ,  de  même  que  le  nom 
d' Ingrande  de  Poitou,  long.    18.    d.  45'   lat.  46    d. 

H-  ,     ^  . 

Ingrande,  autre  ville  de  France,  dans  le  Poitou, 
fur  les  contins  de  la  Touraine,  entre  Chatelleraud 
&  leconHuent  de  la  Creulc  &  de  la  Vienne.  Valois  , 
Noc.  Gai.  p.  2SI .  11  y  a  une  autre  Igorandïs  en 
Berri ,  mais  on  l'appelle  en  François  Aigurande. 

INGRAT  ,  ATE.  adj.  Celui  qui  n'a  point  de  recon- 
nollfancc ,  qui  eft  méconnoillànt  des  bienfaits  qu'il 
a  reçus.  Ingratus  ,  benejlc'd  bnmemor.  Les  loix  ne  pu- 
nillé'nt  point  les  ingrats.  Car  on  ne  doit  point  pu- 
nir les  vices ,  ou  les  adlions  contraires  aux  vertus  ,  a  la 
pratique  delquellcs  on  ne  peut  contraindre.  Nefcroit- 
ce  pas  perdre  le  mérite  d  un  bienfait ,  ^ue  de  pouvoir 
pourfuivrc  un  ingrat ^  comme  on  po'jriuit  un  débi- 
teur; il  vaut  mieux  s'expoler  à  trouver  djs  ingrats, 
que  de  manquer  aux  miicrablcs.  La  bru  y.  Les  in- 
grats Ce  trouvent  gênés  par  la  prélence  de  ceux  qui 
les  ont  comblés  de  bienfaits.  Bell.  Il  y  a  des  hom- 
mes que  la  nature  a  formés  purement  ingrats  :  1  in- 
gratitude a  fait  le  fonds  de  leur  naturel.  Tout  ell 
ingrat  en  eux.  Le  cœur  ingrat ,  l'ame  ingrate.  S.  Evr. 
Il  y  a  des  gens  qui  fe  font  un  art  de  te  plaindre  fans 
celle  des  ingrats ,  afin  de  le  taire  un  prétexte  fpé- 
ckux  de  n'obliger  perlbnne.  Id. 

On  ne  Je  fouvient  que  du  mal , 
On  ne  voit  ^«'ingrats  dans  le  monde  ; 
L'injure  fe  grave  en  métal , 
Et  le  bienfait  s'écrit  fur  l'onde. 

N.    CH.    DE    VERS. 

Ingrat  ,  fe  dit  aullî  de  celui  qui  reconnoît  mal  les 
faveurs  qu'il  a  reçues  d'une  femme  :  qui  repond  mal 
à  tes  bontés  &:  a  ta  tendreiie.  C'efl  trop  pour  un 
ingrat  prodiguer  vos  bontés.  Rac.  Je  l'aime  tout  in- 
grat qu'il  ell ,  &  ma  colère  ne  peut  empêcher  que  cet 
ingrat  ne  foit  le  plus  aimable  de  tous  les  hommes, 
&  que  mes  yeux  ne  le  trouvent  tel.  Vill.  Vous  ne 
m'accufez  d'être  ingrat  que  par  un  excès  de  déli- 
catelle. 

Et  même  en  ce  moment  ou  ta  bouche  cruelle 
Vient  fi  tranquillement  m' annoncer  le  trépas  j 
Ingrat,  /e  doute  encore  fi  je  ne  t'aime  pas.  Rac 
//  me  coûte  affe\  cher ,  /'i;igrat ,  pour  être  à  moi, 

tfT  CoPvNFILLE  dit  dans  Pompée  :  Ingrat  à  fes  méri- 
tes. On  dit  ingrat  envers  quelqu'un  ,  &  non  pas  in- 
grat à  quelqu'un.  Aujourd'hui ,  dit  Voltaire ,  que  la 
langue  lemble  commencer  à  fe  corrompre ,  &  qu'on 
.  s'étudie  à  parler  un  jargon  ridicule ,  on  te  tert  du 
mot  impropre  vis  à-vis.  Pluiiears  gens  de  lettres  ont 
cté  ingrats  vis-à-vis  de  moi.  Cette  compagnie  s'elî: 
rendue  difficile  vis-  à-  vis  du  Roi ,  au  lieu  d'envers 
le  Roi.y ous  ne  trouverez  ce  mot  vis  à-vis  employé 
en  ce  fe  lens  dans  aucun  Auteur  du  iiècle  de  Louis 
XIV. 


I  N  G 


^73 

Ingrat,  fe  dit  aulli  tigurémcnt  de  terres  tlériles,  qui 
maigre  une  borine  culture  ne  donnent  que  de  mé- 
diocres produdtions,  ou  des  travaux  ennuyeux,  & 
peu  utiles.  Les  terres  fabloneufes  font  ingrates.  Si 
ne  réeompentent  pas  la  peine  du  Laboureur.  Étude 
ingrate  ,  travail  fec  &  ingrat. 

0;?  Ingrat  fe  dit  encore  des  ehofes  qui  ne  fourniirent 
rien  ou  prefque  rien  à  Ictprit ,  malgié  la  peine  qu'on 
fe  donne.  Sujet  ingrat ,  matière  ingrate  ,  qui  l'ouiiiit 
peu  de  choies  à  dire. 

INGRATE.  Indirtcrcnte  ;  celle  qui  n'a  que  de  la  froi- 
deur pour  Ion  amant.  J'adore  une  ingrate. 

En  vain  je  veux  contre  elle  écouter  ma  colère , 
Toute  ingrate  quelle  efl ,  je  crains  de  lui  déplaire.. 

INGRATISSIME.  adj.  m.  &  f.  Superlatif  formé  à  la 
manière  des  Latins,  &  pris  du  Latin  ingratiffimus , 
a  j  um. 

J'abandonnai  j  fans  avoir  commis  crime  , 
L'ingrate  France  j  ingrate  ingratilîîme.    Marot. 

Ces  fortes  de  fuperlatifs  ne  font  bons  que  dans  le 
badin  &  le  familier. 
INGRATITUDE,  f  f,  MéconnoiiTancc  des  bienfaits 
reçus.  Ingrati  animi  vitium.  Voilà  une  noire  ingra- 
titude. XJ ingratitude  de  l'efprit  eft  une  ditpolitioa 
naturelle  à  ne  reconnoitre  aucun  bienfait  ;  &:  à  ne 
point  répondre  aux  obligations  que  l'on  a  aux  au- 
tres. S.  É-VR.  \J ingratitude  du  cœur  eil  celle  de  n'ai- 
mer point ,  &  de  toutes  les  ingratitudes  c'efl  la  plus 
contraire  à  Thumanité.  Id.  En  amitié  V ingratitude 
elt  à  fe  taire  des  bienfaits  ;  en  amour  elle  eft  à  ea 
parler.  S.  EvR.  Les  grands  bienfaits  conduifent  quel- 
quefois à  l'ingratitude  ;  c'clt  un  joug  qui  paroit  in- 
commode. Bell.  L'ingratitude  eft  lin  vice  lî  bas  , 
que  rien  ne  peut  laver  d'une  tache  tl  infâme.  Id.  Il 
y  a  une  efpèce  d'ingratitude  allez  commune  :  elle 
efl  fondée  fur  l'opinion  de  notre  mérite  :  nous  nous 
[  imaginons  qu'une  grâce  qu'on  nous  feit  eft  une 
juftice  qu'on  nous  rend.  S.  Evr.  Il  vaut  mieux 
s'expoter  à  l'ingratitude  ,  que  de  manquer  aux  mi- 
térablcs.  La  Br.  On  dit  payer  d'ingratitude ,  pour 
dire  avoir  de  l'ingratitude  ,  &  il  fe  dit  des  perfon- 
ncs  Se  des  ehofes  :  Payer  ton  bienfaicleur  d'ingrati- 
tude ,  Se  payer  d'ingratitude  un  bienfait.  Balzac  n'aura 
pas  voulu  payer  d'ingratitude  celui  qui  lui  faif'oir 
tous  les  ans  acquiter  une    pention  de  mille  livres. 

Mascur. 
IJCT  En  droit  l'ingratitude  nous  rend  indignes  du  bien- 
fiit ,  Se  quoiqu'une  donation  entre   vifs  toit  de  ta 
nature  irrévocable,   l'ingratitude  eft  une  jufte  caule 
pour  laquelle  le  donateur  peur  révoquer  la  donation 
qu'il  a  faite  au  donataire. 
^3"  L'ingratitude  du  vaftal  envers   fon   Seigneur,    eft 
l'unique  caufe  de  la  commife  des  fiefs  au  profit  des 
Seigneurs.  Nos  coutumes  en  ont  réduit  les  caufes  à 
deux  ,   le  défaveu  Se  la  félonie.  Voy.  ces  mots. 
INGREDIENT,  f.  m.  Ce  qui  entre  dans  la  compofi- 
tion  d'une  médecine  ,  d'un  onguent  ;  matière  qui 
fait  partie  d'une  compofition  pharmaceutique.  L'or- 
viétan J  le  catholicon  double  ,  font  compotes  de  plu- 
fieurs  ingrédiens.  Les  ingrédiens  qui  entrent  dans  la 
thériaque  font  très-chauds, 
ce?  On  le  dit  dans  le  dit  cours  familier  d'une  fauce  , 

d'un  ragoût  ,  qu'il  y  entre  beaucoup  de  ingrédiens. 
INGRES,  f  m.  Terme  de  Philofophie  hermétique.  En- 
trée. Ingreffus.  Les  corps  ne  fe  mêlent  &  ne  s'unillént 
jamais  parfaitement ,  il  n'y  a  que  les  efprits  qui  ont 
in':;rès  entemble. 
iNGiRESSION.  f  f.  Terme  de  Philofophie  herméti- 
que ;  c'eft  la  même  choté  qu'Ingres.  Voyez  ce  mot. 
Ingrejfion  lignifie  l'état  de  la  matière  ,  lortque  la  cou- 
leur noire  paroît ,  que  les  natures  fe  mêlent ,  en- 
trant l'une  dans  l'autre ,  Se  retiennent  les  qualités 
l'une  de  l'autre. 


174  I  N  H    _ 

JNGRESSION  cfl:  auffi  un  terme  d'Aftrolosie  judiciaiie 
par  rapport  à  la  figure  radicale  &:  à  celle  de  la  ré- 
volution :  c'crt-à-dire,  l'entrée  d'une  Planète  dans  la 
révolution  au  même  lieu  où  elleétoit  dans  la  figure 
•de  nativité,  ou  dans  le  lieu  d'une  autre  Planète  j  la- 
quelle opère  fuivant  fa  bénignité  ou  malignité  radi- 
cale. 

ÎNGRIE.  Province  du  Royaume  de  Suéde.  Ingria , 
Jcera.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  le  lac  de  Ladoga , 
&C  par  la  rivière  de  Niéva ,  qui  la  fépare  de  la  Ca- 
rélie  ;  le  golfe  de  Finlande  la  baigne  au  couchant , 
&  la  Mofcovie  l'environne  vers  le  midi  «Se  vers  le 
levant.  Cette  Province  étoit  autrefois  de  la  Molco- 
vie  ,  elle  fut  cédée  à  la  Suéde  par  un  traité  fait  l'an 
1 6 1 8.  &c  confirmé  en  1 66 1 .  elle  peut  avoir  cinquante 
lieues  du  couchant  au  levantj  &z  lo  du  nord  au  fud.  On 
la  divife  en  trois  parties.  i°.  L'/«^n£  propre  ,  où  ell 
Notembourg  ,  capitale  de  toute  la  Provinc.  x°.  L'în- 
germanic  ,  où  l'on  voit  les  villes  de  Copario  &  de 
Jamadgorod.  3°.  La  Sulushie  ,  dont  la  fortereffe  de 
Juanogorod  eft  le  lieu  principal.  Les  Suédois  \'2.-p- 
peWcnt  InçerLt/ide  ,  ôc  d'autres  Isère. 

INGRIN,  1.  m.  Terme  d'Hiftoire.  Les  Ingrins  font 
des  faélieux  qui  parurent  en  Flandre  dans  le  pays 
de  Furnes,  &c  du  côté  d'Ypres  ^  &  qui  étoient  fort 
redoutés  à  caufe  de  leur  valeur.  Ils  firent  beaucoup 
de  bruit  fous  le  règne  de  Philippe  Augufte.  ï\^yei 
Ripor ,  Guillaume  le  Breton  ,  Philippe  Mouskes  , 
Muer,  &  Buzelin. 

INGROSSATION.  f  f.  Terme  de  Philofophie  hermé- 
tique. VlnofoJJluion  des  Philolophes  eft  la  fublima 
tion  philofophale,  ou  la  converfion  des  eiémens  bas 
&  grolliers,  qui  font  la  terre  &  l'eau  j  en  ceux  qui 
font  hauts  Se  légers,  (avoir  l'air  &c  le  feu. 

INGTE.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province  de  Can- 
ton ,  entre  cette  ville  &  celle  de  Xaocheu  ,  féconde 
Métropole  de  la  Province  de  Canton.  gCT  L'Atlas 
■Chinois  fait  cette  ville  de  5  d.  46'  plus  occidentale 
que  Péking ,  &  lui  donne  24  d.  i'  de  lat. 

INGUÉRISSABLE,  adj.  Qui  ne  peut  être  guéri. 

Malade  en  état  fi  pieux  , 
Dire^-vous ,  eji  inguériflable. 
Et  puis ,  que  faire  d'un  goutteux? 
la  goûte  eJi  un  mal  incurable. 

Ab.  de  Chaulieu. 

Ce  mot  feroit  utile  dans  notre  langue  :  il  fe  diroit , 
comme  ici ,  des  malades  de  la  guérifon  defquels 
on  deleipère  :  &:  Incurable  refteroit  aux  maladies  où 
il  n'y  a  point  de  remède. 
^  INGUINAL  ,  ALE.  adj.  Terme  de  Chirurgie  par 
lequel  on  défigne  ce  qui  a  rapport  à  l'aîncj  ce  qui 
concerne  l'aine  :  en  Latin  inguen.  Inguinalis.  Her- 
nie inguinale  ,  ou  la  defcente  qui  fe  borne  au  pli  de 
l'aine.  Bandage  inguinal ,  ou  fimpleraent  inguinal , 
l.  m.  C'eft  un  bandage  qu'on  emploie  après  avoir  remis 
une  defcente  :  on  l'applique  fur  l'aîne  aft]igée  ,  &  il 
fait  pluiicurs  tours ,  ioit  autour  du  corps ,  foit  au- 
tour de  la  cuilfe  Se  de  l'aîne.  Le  double  inguinal 
eft  un  bandage  fort  long,  à  deux  chefs  feulement: 
on  s'en  f'ert  quand  une  perfonne  a  une  defcente  de 
chaque  côté;  on  l'applique  par  le  milieu  au  bas  de 
l'épine  du  dos ,  puis  on  rabat  chacun  des  chers  flir 
une  des  aines ,  Se  on  fait  plufieurs  tours ,  tant  au- 
tour de  l'aîne  que  de  la  cuillé. 
I 

I  N  H. 

INHABILE,  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Jurifprudencc.  Qui 
n'eft  pas  propre  ,  qui  n'eft  pas  capable  ,  qui  n'a  pas 
les  qualités  ,  les  dilpofitions  néccftaires  pour  faire 
ou  recevoir  quelque  chofe.  Inhahilis ,  ineptus.  Un 
eunuque  ,  un  impuilfant  font  inhabiles  au  mariage. 
Vn  bâtard  eft  inhabile  à  tefter  j  à  hériter,  à  rece- 
voir des  Bénéfices  fans  ditpenfe.  Un  mineur  de  qua- 
torze ans  eft  inhabile  à  gouverner  fon  bien.  Le  terme 
4.' inhabile  ne  doit  pas  être  confondu  avec  celui  d'ia- 


I  N  H 


capable.  Un  homme  qui  eft  irrégulier  n'eft  pas  in- 
capable de  recevoir  les  ordres ,  Se  d'en  exercer  les 
fonctions.  Son  ordination  eft  valide  ,  les  fonctions 
qu'il  exerce  font  aufli  valides ,  mais  tout  cela  eft  il- 
licite. Ainli  un  inhabile  parlant  en  général ,  eft  celui 
à  qui  il  eft  défendu  de  faire  ou  recevoir  des  chofes 
qu'il  pourroit  fane  ou  recevoir  ,  fans  cette  dé- 
fenfe.  L'incapable  n'a.  pas  les  qualités  requifes  par  la 
loi. 

INHABILITÉ,  f  f.  Terme  de  Jurifprudcnce.  Qualité 
qui  rend  un  hoînme  inhabile.  Celui  qui  coininec 
une  fimonie  ,  contradte  une  inhabilité  perpétuelle  à 
polfédcr  des  Bénéfices. 

INHABITABLE,  f.  m.  &  f  Lieu  qui  ne  peut  être  ha- 
bité. Inhabiiabilis.  Cette  chambre  eft  inhabitable  j  il 
y  fume  trop. 

Inhabitable  ,  fe  dit  auflî  des  pays ,  où  les  habitans  ne 
peuvent  demeurer  ni  fublifter.  Les  Anciens  fe  lonc 
fort  trompés,  quand  ils  ont  cru  que  la  Zone  torride 
étoit  inhabitable.  Les  fables  brûlans  de  la  Libye  font 
inhabitables.  ^ 

INHABITÉ ,  ÉE.  adj.  Lieu  qui  n'eft  point  habité. 
Defertus.  Ce  château  eft  inhabité ,  on  dit  qu'il  y  re- 
vient des  efprits.  La  grande  partie  de  l'Amérique 
eft  inhabitée  ,  parce  qu'on  a  transféré  les  habitans  à 
Zulpha. 

INHAMBANE  ,  ou  INHAMBANO.  Inhambanum  Re- 
gnum.  Ce  Royaume  eft  dans  le  Monoéinugi,  partie 
de  la  batle  Ethiopie  ,  aux  confins  de  la  côte  de  Zangue- 
bar  j  &  de  celle  des  Catires.  Sa  capitale  porte  le  noin 
de  Tonge.  Sanson,  dans  les  petites  Cartes. 

iNHAMIOR.  Inhamiorum  Kegnum.  Ce  Royaume  eft 
placé  au  midi  de  celui  à' Inhamhane  ,  &  aux  confins 
de  la  côte  des  Cafres ,  du  Monoémugi  Se  du  Mo- 
nomotapa,   dont  on  dit  qu'il  dépend.  Sanson. 

Ip-  INHÉRENCE,  f  f  Terme  de  Philofophie,  par  le- 
quel on  défigne  l'union  des  chofes  qui  ne  vont  point 
l'une  fins  l'autre  ,  qui  font  inléparables  par  leur  na- 
ture ,  &  ne  peuvent  être  féparées  que  par  l'opération 
de  l'entendement,  par  abftradion.  L'inhérence  de 
l'accident  à  la  fubftance.  Du  verbe  h&rere  être  atta- 
ché ,  &  de  la  particule  in  ,  dans.  Inhîrentia  j  inhxfio. 

IJCriNHÉRENTj  ENTE.  adj.  Terme  de  Philofopliiequi 
fe  dit  de  ce  qui  eft  infeparablement  attaché  à  un 
fujet.  L'accident  efl  inhérent  à  la  matière.  Inlurens. 
On  le  dit  de  même  en  Phylique  des  qualités  qui  font 
dans  un  corps.  Se  qui  ne  proviennent  point  d'une 
caufe  étrangère.  C'eft  dans  ce  fens  qu'on  demande 
Il  la  pefanreur  eft  une  qualité  inhérente  au  corps  gra- 
ve ,  ou  fi  elle  dépend  de  l'aéiion  d'un  Huide  ambiant , 
comme  le  difent  les  Carthetiens.  Molière  a  emprunté 
ce  terme.  Philofophique ,  quand  il  a  dit  que  la  beauté 
de  l'elprit  eft  inhérente  Se  ferme.  Ces  Collations 
étoient  inhérentes  aux  Prébendes  de  S.  Germain  : 
elles  fiifoient  une  partie  des  plus  importantes  des 
droits  du  Chapitre.  Manorry. 

INHIBER.  V.  a.  Défendre  par  autorité  de  Juftice  qu'une 
chofe  ne  fe  fafle.  Inhïbere.  Il  eft  exprellément  dé- 
fendu Se  inhibé  par  l'Ordonnance  ,  de  donner  des 
fpedracles  pendant  le  fervice  divin.  iÇj'  i!  n'ell:  d'ufage 
qu'en  termes  de  Pratique  &:  de  Chancellerie. 

INHIBITION,  f.  f.  Defcnfe  faite  par  la  loi  ou  par  le 
Juge  ,  de  faire  quelque  chofe.  Inhilitïo.  Ce  privi- 
lège porte  inhibition  Se  déienfe  à  tous  les  Libraires 
&  Imprimeurs  de  contrefaire  un  tel  livre.  Qs^%  tieux 
mots  de  défenfes  Se  inhibitions  ne  vont  guère  l'un 
fans  l'autre  en  ftyle  de  Palais;  car  dans  le  flyle  or- 
dinaire on  dit  détcnle ,  &  jamais  inhibition. 

INHOSPIT ALITÉ,  f  f.  Défaut  d'hofpitalité.  Foy.  ce 
mot.  Inhojpitaiuas.  L'inhojhitalité  ne  règne  pas  mê- 
me chez  les  .peuples  les  plus  barbares. 

INHUMAIN  ,  AINE.  adj.  fans  humai-àté.  Foy.  ce 
mot.  Les  Tyrans  ,  les  Sauvages ,  les  Soldats  font 
inhumains.  Les  Corfaires  t'ont  des  maîtres  inhumains. 
Ces  Barbares  réduilent  toute  l'humanité  à  n'être  pas 
inhumains.  BouhouRs. 

Inhumain,  fe  dit  aulli  des  loix ,  des  coutumes,  deS 
mœurs  ,  des  actions.  Les  Scytes  ont  des  loix  y  des 
coutumes  inhumaines,   L'ai5t.ion  d' Agamemnon ,  qui 


I  N  J 

vouloit  facrifier  fa  fille  ctoit  inhumaine.  La  morale 
4e  l'Évangile  n'efl:  ni  cruelle  ni  inhumaine. La  Vl. 

Le  fane  qui  coule  dans  nos  veines 

Ne  nous  a  pas  été  donné 
Pour  être  ,  au  moindre  mal,  par  nous  abandonné 

Aux  effujions  nihumaincs 
D'un  Docteur  ignorant ,  à  faigner  ohjliné. 

N.  CH.  DE  Vers. 

En  Poëfie  amourcufe  on  appelle  une  beauté  in- 
humaine, celle  c]ui  ne  répond  pas  à  la  paillon  qu'elle 
a  feit  naître.  On  peut  être  fage  ,  fans  être  inhuinai- 
ue  ;  il  y  a  bien  des  chofes  que  l'amour  infpirc  ,  & 
que  la  raifon  ne  condamne  pas.  G.  G.  Le  coeur  de 
l'inhumaine  fe  tailbit  obllinément.  Des -H.  On  ne 
voit  plus  de  ces  tendres  tlégies  qui  triomphent  de 
Ja  fierté  des  plus  inhumaines.  Villiers.  Belle  inhu- 
maine ,  expreilion  devenue  triviale  ,  à  caute  de  tant 
de  ifades  vers  de  galanterie  où  elle  fe  trouve. 
INHUMAINEMENT,  adv.  D'une  manière  inhumaine. 
Inhumanè.  Tous  les  prifonniers  de  guerre  furent  trai- 
tés fort  inhumainemem.  Tramer  inhumainement  au 

lupplice.  S.   ÉVREMONT. 

INHUMANITÉ,  f.  f.  Cruauté ,  dureté  du   cœur  qui 
nous  fait  oublier  que  nous  fommcs  hommes.  Inhu 
manicas.  Les  Japonois  ont  exercé  piulleurs  inhuma- 
nités fur  ceux  qui  leur  ont  voulu  annoncer  la  Foi. 
Ce   créancier  a  traité  fon  débiteur  avec    beaucoup 
d'inhumanité.  Ils  ont  eu  l'inhumanité  de  faire  mou- 
rir un  innocent.  Dauc.  Ceux  qui  prêtent  un  con- 
fentementp.îilible  à  la  damnation  des  hommes  ,  nour- 
nlfent  dans  le  cœur  des  Chrétiens  la  fechereilè  & 
\ inhumanité.  Boss.  Ceux  qui  fe  gênent  tant  pour 
contrefaire  \ts  vertueux ,  exercent  de  véritables  in- 
humanités contre  leur  propre  cœur.  M.  Esp. 
INHUMATION,  f  h  Acàon  par  laquelle  on  met  un 
corps  dans  la  fcpulture.  Humatio ,  fepultura.  Sans  un 
ade  exprès  de  la  volonté  d'un  teftateur,  on  ne  peut 
pas  fiire  l'inhumation  d'un  corps  hors  de  fon  Églile 
Paroillîale.  Il  a  fondé  une  mellè  à  perpétuité ,  pour 
dire   le  jour  de  fon  inhumation  j  pour  dire  à  pareil 
jour  qu  il  a  été  enterré. 
fCF  Les  inhumations  dans  les  églifes ,   fiu-tout  les  inhu- 
mations fréquentes ,  (ont  lujettesa  bien  des  inconvé- 
niens.  Elles  infpirent  une  certaine  horreur  pour  le 
lieu  faint  :  bien  peu  de  perlonnes  voudroient  y  être 
enfermés  pendant  la  nuit.  Elles  lont  préjudiciables  à 
la  fanté  :  ces  éghfes  transformées  en  cimetières  fen- 
tent  toujours  mauvais.   C'eft  la  vanité  des  ridelles  , 
&  l'avarice  des  Prêtres  qui  ont  introduit  ces  inhuma- 
tions. Les  Canons  les  ont  dérendues  ;  mais  la  bar- 
rière a  été  trop  foible  contre  des  pallions  auffi  vives. 
Les  Romains  ne  lourtroient  point  d'inhumations  dans 
l'intérieur  des  villes. 
Inhumation.  C'eft  en  Chymie  une  manière  de  faire 
digérer  ,  en  plaçant  le  vailfeau  qui  contient  ks  ingré 
diens  mis  en  digelHon  ,  foit  dms  du  crorin  de  che- 
val ,  foit  dans  de  la  terre.  Inhumatio.  Dict.  de  Ja- 
mes. 
INHUMER.  V.  a.  Mettre  en  fépulture ,  &  avec  quel- 
ques cérémonies  Eccléiîaftiques.  Humare.  Ce  Prince 
a  été  inhumé  dans  le  fépulcre  de  fes  pères  dans  une 
telle  églife.  Il  fut  inhumé  en  grande  pompe  &  ce 
rémonie  un  tel  jour.  On  n'a  commencé  que  vers  l'an 
1  ioo.  d'inhumer   dans  les   églifes  les   fondateurs  & 
Jirincipaux  bienfafteurs.  Ils  n'avoicnt  rien  en  plus 
grande  recommandation,  que  d'inhumer  leurs  morts. 

Vaug. 
Ce  motVient  du  Latin  humus ,  terre ,  &:  d'in  ,  en , 
inhumer,  mettre  en  terre. 

I  N  J. 

INJECTER.  V.  a.  Terme  de  Médecine.  Infinuer ,  fe- 
ringuer  quelque  liqueur  colorée  dans  les  vailleaux  des 
animaux,  afin  qu'on  en  puilfe  obferver  plus  exaète- 
rnent  la  difttibution  ,  la  fituation  ,  les  ramificarions. 
Injicere.  Si  l'on  injccle  des  acides  dans  les  veines  d'un  I 


I  N  J 


I7T 


animal,  ils  le  tuent  j  quoiqu'ils  ne  lui  faflent  aucun 
mal  ,  s'il  les  avale,  t^'  On  injecte  aullî  des  liqueurs 
dans  une  plaie  pour  la  nettoyer  ,  pour  la  rafraîchir. 
Injecter  une  pl.iie.  Ce  terme  cft  aullî  d'ulage  en  Bo- 
tanique. Voy.  Injectioi-.. 
Injecté  ,  ée.  part.  Les  acides  injeclés  dans  les  veines 
d'un  chien.  La  bile  injciiéc  Maugue.  Journal  des 
Savaiis  ,  p.  6  J  û  ,  6 J  j. 
INJEC  I  KjW.  f  f  Liqueur  qu'on  lait  entrer  en  quel- 
que corps  par  le  moyen  d'une  leriiigne.  Injeclio.  Les 
Anatomiltes  font  voir   clairemer.t  les   veines  6c  les 
artères  par  le  moyen  des  in/cclions  de   quelques  li- 
queurs colorées  qu  ils  y  font  entrer.  On  fait  des  in- 
jcciions  dans  les  plaies  ,  dans  les  fiftulcSi  Se  dans 
plulieuis  parties  du  corps  ,  pour  les  guérir,  les  net- 
toyer ,  6c. 
Injection  ,  eft  auflî  l'aftion  par  laquelle  on  fait  entrer 
ces  liqueurs  dms  le  corps.  Il  laut  répéter  ces  injec- 
tions deux  ou  trois  lois  par  jour. 
fj^  Ce  terme  eft  aullî  em])loyé  en  Botanique ,  pour 
défigner  l'introduction  d  un  fuc  coloré  dans  1  inté- 
rieur des  vailfeaux.  M.  Bonnet  a  remarqué  que  l'ex- 
trémité de  la  radicule  eft  conftamment  ce  qui  fe  colore 
le  plus  :  ce  qui  peut  faire  conjecturer  que  c'eft  par 
cet  endroit  que  la  sève  entre  principalement  dans 
les  plantes.  Il  a  encore  rapporté  des  expériences  qui 
prouvent  que  la  petite  partie  colorante  qui  pénétre 
î'écorce,  ne  communique  point  immédiatement  avec 
les  fibres  ligncufes  :  d'où  il  conclut  que  ce  n'eft  pas 
par  là  que  les  vailleaux  ligneux  s'abouchent  avec  les 
vailleaux  de  I'écorce, 
Injection  ,  eft  encore  le  nom  d'un  impôt  que  mi:  au- 
trefois Jultinisn  pour  ceux  qui  mouroient  de  pefte  , 
ou  de  him  ,  dans  un  tems  de  contagion  ou  de  di- 
fette.   Injeclio.   Ceux  qui  n'étoient  pas   attaqués  du 
mal ,  ou  qui  n'en  mouroient  point ,  &  qui  reftoient 
après  qu'il  avoir  celle ,  payoient  Vinjeclion yout  les 
morts.  Foy.   les  Anecdotes  ,  ou  hiftoire  fecrète  de 
Procope ,  ëc  du  Cange  dans  Ion  Gloilaire. 
INIESTA.  Bourg  d'Efpagne  dans  la  Nouvelle  Caftille. 
INIGISTE.  f.  m.  Jéfuite  ,  RcHiieux  de  la  Compagnie 
de  Jéfus.  Ignatianus.  On  donna  ce  nom  au  commen- 
cement aux  Jéfuites  en  Efpagne.  Le  peuple  les  ap- 
pelait Inigiftes  ,  du  nom  inigo  ,  qui  en  Efpagnol  li- 
gnifie Ignace.  Bouhours.  Fie  d'Ignace  ,  L.  IF. 
INIMAGINABLE,  adj.de  t.  g.  Qui  ne  fe  peut  imagi- 
ner. Quod  concipi  non  potcjî.  Un  amour  monftrueux 
&  inimaginalle.    Ablanc. 
INIMH  AELE.  adj.  m.  &  f  Qui  ne  peut  être  imité. 
InimitahUis.  L'Enéide  eft  un  1-ocme  inimitabe.  Il  faut 
imiter  au  commencement  pour  devenir  inimitable. 
Costard.  Cette  pièce  t&  inimitable.  L'Alexandre  de 
Q.  Curce  eft  invincible  ,  &  celui  de  'Vauc.elas ,  ini-^ 
mitahle.   Pel.  Meiîîeurs  de  l'Académie  ont  propofé 
(i  cette  phrafe  eft  bonne.  La  nature  a  des  beautés 
inimitables   à  l'art.  Elle  a  paru  d'abord  un  peu  fa- 
rouche.  Ces  négatives  il  décifives  ne  régift'ent  rien 
ordinairement ,   comme  incomparable  ,    ikc.  car   ce 
qu'on  peut  y  ajouter  eft  inutile  &  luperHu ,  en  di- 
fant  qu'ur.e  chofe  ne  peut  être  imitée  ,   c'eft  tout 
dire.  Cependant  inimitable  avec  un  régime  fe  peut 
hafarder  ,  fur  tout  dans  le  ftyle  fublime,  &  foutenu  , 
Se  loifqu'il  y  a  quelque  comparaifon. 
INIMITIÉ,  f.  f.  Haine*  ouverte  &:  déclarée.  Se  qui, 
pour  l'ordinaire,  dure  long- temps.  Inimicitia.  C'eft 
un  grand  malheur  quand  {'inimitié  fe  met  entre  les 
frères.  Il  n'y  a  que  les  efprits  fupcrficiels  qui  char- 
gent d'injures  les  Anciens,  pour  fe  lîgnalcr  par  d'il- 
iuftres  inimitiés.  Lohg.  Ut  magnis  inimicitiis  claref- 
cant.  Pourquoi   nourrir  des  inimitics  immortelles; 
'Vieille  inimitié  ,  enracinée  ,  héréditaire.  Concevoir 
de  l'inimitié  contre  quelqu'un. 

De  mes  inimitiés  le  cours  eft  achevé' , 

VF.pbi  fauvcra  ce  que  Troye  a  fauve.  Racine. 

|p°  Inimitié  ,  rancune  ,  fynonimes.  L'inimitié ,  dit  M. 
l'Abbé  Girard  ,  eft  plus  déclarée  ;  elle  paro'ir  toujours 
ouvertement.  La  rancune  eft  plus  cachée  ;  elle  diin- 


176        '  INI 

mule. Les  mauvais  fervices  ôi  les  difcoursdérobligeans 
•entretiennent  l'inimitié;  elle  ne    finit   que    loiiqiic 
fatigué  de  cliercher  à  nuire  ,  on  le  raccommode  ,  ou 
que  perluadé  par  des  amis  communs  ,  on  fe  récon- 
cilie. 
De?  L'inimitié  n'empêche  pas   toujours   d'eftimer  fon 
ennemi ,  ni  de  lui  rendre  juftice  ;  mais  elle  empê- 
che de  le  careller  ,  &  de  lui  faire  du  bien  autrement 
que  par  certains  mouvemens  d'honneur  &:  de  gran- 
deur dame,  auxquels  on  facritie  quelquefois  la  ven- 
geance. Il  y  a  quelquefois  de  la  noblelle  dans  l'ini- 
mitié, &c  il  feroit  honteux  de  n'en  point  avoir  pour 
certaines  perfonnes.  Mais  la  rancune  a  toujours  quel- 
que chbfe  de  bas.  /-^fj.  Rancune.  On  a  vu  les  ten- 
timens  être  héréditaires,  ëcl' inimitié  (e.  perpétuer  dans 
les  familles.  Les  mœurs  (ont  changées  ;  le  fils  ne  veut 
plus  du  père  que  la  (uccellion  des  biens. 
Inimitié  ,  le  dit  aulli  des  animaux  &  des  choies  ina- 
nimées. Pour  liyniHer  toute  lorte  d'antipathie.   Dif- 
cordia.  Il  y  a  une  inim'uté  naturelle  entre  les  chats 
&■   les    louris.   Les   pôles  oppolés   de    l'aimant  ont 
une  telle  inimitié ,  qu'ils  le  repouHent  l'un  l'autre.  Il 
y  a  de  l'inimitié  entre  telle  &  telle  plante. 
iNiNrELLIGIBlLITÉ.  f.  f.  Quahté   de  ce   qui  n'eft 
pas  intelligible,  loit  par  la  nature  même  de  la  choie  , 
foit  par  la  manière  dont  elle  elt  prélentée.  L'inintelli- 
gibilité  efi:  le  plus  grand  délaut  d'un  ouvrage  .  . .  Ob- 
ferv.  fur  les  Écrits  mod.  Si  un  autre  que  M.  l'Abbé 
des  Fontaines  fe  fût  fervi  de  ce  mot ,   il  a  y  lieu  de 
croire  qu'il  l'auroit  mis  dans  Ion  Diâionnaire  Néo- 
logique ,  &  peut  être  n'elVil  ici  qu'à  titre  de  raille- 
rie ;  de  même  que  perfonnes  illétrées  &  contempteurs 
du  livre  _,  conjecfure  d'autant  mieux  fondée  ^  qu'il 
fait  l'extrait  d'un  ouvrage  où  l'on  donne  de  grands 
éloges  au  ftyle  fin  &   énigmatique.  Aujourd'hui  ce 
terme  eil  autorilé  &c  reçu  par  l'ulage. 
INIMTELLIGIBLE,  adj.'ra.  &  f.  Qui  n'eft  pas  intel- 
ligible ,  qui  ne  fe  peut  entendre.  Qui  intelligi  ne- 
quit.  Cet   Auteur  prétend  que  fans  le  fecours  des 
accens  le  fens  de  l'Écriture  lainte  leroit  fouvent  obl- 
cur,  quelquefois  même  inintelligible.  Jour,  dis  Sav. 
Je  cio'is  qu  inintelligible  ■penixvon  un  régime  _,  aulH 
bien  qu'inimitable  ,  &  qu'on  pourroit  dire  qu'une 
chofe  cft  inintelligible  aux  hommes  ,  mais  non  pas 
aux  Anges,  ou  inintelligible  aux  Anges  même. 
lO'iNJONCTION.f  f  Terme  de  Jurifprudence.Ordre 
ou  commandement  fait  à  quelqu'un  par   la  loi  ou 
par  le  Juge,  de  hiire  quelque  choie.  Cet  arrêt  porte 
injonction  à  un  tel  de  garder  fon  ban  lous  peine  de.... 

Le  Roi  a  fait  injonction  à  tous  les  OtKciers  de 

Jujfum.     Commandement  ,    ordre  ,   précepte  ,    in- 
jonction,  jaiVion  ,   fynonimes.   Le  zeime  d'injonction 
délîgne  plus  proprement  le  pouvoir  djns  le  Gouver- 
ment  ;  on  s'en  fert  loilqu'il  eil  quellion  de  ftatuer , 
à  l'égard  de  quelque  objet  particulier ,  une  règle  in- 
dilpenfible  de  conduire.  /-Vy.  les  autres  mors.  Il  laut 
attendre  le  commandement.  On  demande  quelque- 
fois l'ordre.  On  donne  louvent  au  précepte  un  inter- 
prétation  contraire  à  l'intention  du  Légillateur.    Il 
eft  bon  j  quelque  formelle  que  foit  l'injonction ,  de 
ne  pas  s'arrêter  à  la  lettre  lorlque  les  circonftances 
particulières  rendent  abufive  la  règle  générale. 
INIQUE,  adj.  m.  &  f.  ^  Ce  mot  n'eft  point  fyno 
nime  d'injufte  dans  toute  la  rigueur  d'une  parfaite 
relîemblance.   Injujle  a  une   lignification   beaucoup 
plus  étendue.   L'homme  peut  être  injujle  de   mille 
façons  différentes,    f^oy.  injufte  &:  jufte.    L'homme 
inique  eft   celui  qui  agit   contre  les   loix  &    contre 
l'équité.  On  dit  un  homme  injufie&c  un  Juge  inique. 
Jniquus.  Aélion  inique  ,  jugement  inique.  C'eft  être 
un  Ju-^c  inique,  que  de  n'entendre  qu'une  partie. 
INIQUEMENT,  adv.  D'une  manière  -inique  ,   contre 
l'équité.  Inique.  Pilate  condamna  Notre-Seigneur  fort 
iniquement. 
INIQUIDENCE.  f.  f.  Vieux  mot.  Iniquité.     ■ 
INiQUI  1 É.  f.  f.  fer  Ce  terme  défigne  proprement  ; 
une  aflion  contraire  aux  loix  &  à  l'équité.  Iniquitas.  : 
Ainh    l'on    dit   l'iniquité  d'un   Juge ,   l'iniquité  d'un 
jugement,  d'un  arrêt.  La  pallion  de  J.  C.  fut  l'ou-  , 


INI 

vrage  de  l'iniquité  des  Juifs.  L'iniquité  fortoit  du  lieu 
où  elle  devoit  être.  Boss. 
Iniq,uité  ,  en  termes  de  l'Ecriture  ,  fe  dit  de  toutes  for- 
tes de  crimes ,  de  péchés ,  de  méchancetés.  J  i  s  u  s- 
Christ  a  porté  toutes  nos  iniquités.  Les  enfans  por- 
tent louvent  la  peine  des  iniquités  de  leurs  pères.  Le 
déluge  tut  envoyé  du  ciel  pour  punir  les  iniquités 
des  hommes.  Heureux  eft  celui  dont  les  iniquités  font 
pardonnées.  Port  R.  Le  myftère  de  l'iniquité.  Boire 
l'iniquité  comme  l'eau.  Ac.  Fr. 

Oui  ,  Seigneur ,  la  grandeur  de  mon  iniquité 

Ne  laijje  à  ton  pouvoir  que  le  choix  du  fuppUce .:  ■; 

Ton  intérêt  s'oppoje  à  ma  félicité , 

Et  ta  clémence  même  attend  que  je  périjje. 

Des   BarA 


03^  On  s'en  fert  de  même  dans  le  ftyle  foutenu  pouf 
lignifier  la  corruption  des  mœurs,  le  débordement 
des  vices.  L'iniquité  hyoïi  couvert  la  face  de  la  terre, 
li  avoit  une  ame  pure  de  l'iniquité  Aes  liècles.  Boss. 

INICOR  FHY.  Foyei  ÉNISCORF. 

INIS  -  OWEN.  Avalonia.  Petit  pays  d'Irlande  dans  la 
Province  d'Ulfter  ,  au  Comté  de  Lodonderi. 

INITALES  ,  oulnitaux.  l.  m.  pi.  nom  que  l'on  donnoit 
autrefois  aux  myftères  deCérès.  Initalia  ,  Initia.  Ce 
mot  le  trouve  dans  la  vie  de  M.uc-Auréle  par  Ca- 
pitolin.  Peuc  être  feroit-il  mieux  de  lire  Initiaiut ,  Se 
de  dire  Initiales  ;  car  ce  mot  vient  d'initiari ,  ini- 
tium.  Cependant  Saumaife  ne  condamne  pas  Inita- 
lia.  Les  Initales  ou  Initiales  ^  lont  la  même  chofe 
que  les  Céréales,  f^oye^  ce  mot. 

Ce  mot  vient  d'initiari.,  initier  ,  dédier,  confacrer, 
introduire  ,  parce  que  pour  aftifter  aux  myftères  de 
Cerès  il  falloit  y  être  auparavant  initié  ,  introduit , 
conlacré  par  des  cérémonies  particulières. 

INITIAL,  ALE.  Terme  d'Imprimerie  ,  qui  le  dit  des 
lettres  capitales  ou  majufcules ,  &  fignifie  ,  qui  com- 
mence le  mot.  Initialis  ,  majufculus ,  grandior.  Les 
Lettres  initiales  des  noms  propres ,  ou  des  articles 
Se  des  périodes, doivent  être  capitales  ou  majulcules. 
Les  lettres  initiales  des  livres  &  des  chapitres  le  font 
ordinairement  en  lettres  griles.  Si  j'avois  voulu  ha- 
farder  mes  conjedfures  ,  &  donner  à  chaque  lettre 
initiale  telle  interprétation  que  bon  m'auroit  feniblé. 

La  Monnoie. 

^fT  Les  lettres  initiales ,  chez  les  Antiquaires ,  font  les 
premières  lettres  d'un  mot  qui  lont  miles  pour  le 
mot  entier  ou  dans  des  inlcriptions  ou  lur  des  mé- 
dailles. PP.  Pater  Patris.  P.  F.  A.  Pius ,  Félix, 
Augujlus.  On  dirtingue  les  lettres  initiales  des  abré- 
viations ,  où  l'on  joint  plulleurs  lettres.  Tr.  pot.  qui 
exprime  tribunitiâ  potejîate.  Aug.  qui  exprime  Au- 
giijîus. 

^fT  Si  l'on  avoit  toujours  ponétué  les  lettres  initiales , 
il  feroit  aile  de  les  connoitre  ,  &  de  diftinguer  quand 
il  en  faut  joindre  quelques-unes  pour  le  même  mot  ; 
mais  parce  qu'on  a  négligé  louvent  de  le  fiire,  par- 
ticulièrement dans  le  bas  Empire  Se  dans  les  petites 
médailles ,  on  n'y  trouve  pas  la  même  facilité ,  Se 
il  entre  louvent  bien  de  l'arbitraire  dans  le  déchiffre- 
ment de  ces  lettres. 

Les  Antiquaires  difent  aulîi  lubft.  les  initia/es. 
'Voilà    les   deux   initiales    parfaitement    expliquées. 

JOBERT. 

Initiales,  f^oye^  INITALES. 

|c3° INITIATION,  f.  f  Cérémonie  par  laquelle  on  étpit 
initié  à  la  connoillance  «Se  à  la  participation  de  cer- 
tains myftères.  Initiatio. 

^pr  En  matière  de  Iciences ,  ce  mot  fe  dit  au  figuré 
pour  introduétion  j  premières  connoillances.  La 
Statique  du  P.  Pardies  eft  un  petit  chef-  d'œuvre  ; 
ce  n'eft  pourtant  qu'une  initiation  à  cette  fcience. 

MÉM.    DE    Trév. 

^pr  INITIÉ  ,  EE.  adj.  Qui  ne  fe  dit  proprement  qu'en 
parlant  de  la  Religion  des  anciens  Payens,  lîgnilîc 
celui  qui  étoit  reçu  au  nombre  de  ceux  qui  hifoient 
profellîon  de  quelque  culte  paruculier ,  &  qui  étoir 
admis  à  la  connoillance  &  à  la  participation  de  cetr 

taincs 


I 


IN  J 


taincs  câcmonies  fecrctcs  qui  rcgardoicnt  le  culte  de 
qu.-lquc  diviniré.  Init'iMus.  Les  p.iyciis  ne  l.iilîoiciu 
entrer  dans  leurs  Temples  que  ceux  qui  étoient  ini- 
tiés dms  leurs  m)'ftcres  &  cérémonies. 

Ce  mot  vient  du  Latin  initiacus  ,  initiare ,  i/iidan. 
Ce   mot   initiare   fignifie    proprement    commencer 
les  û;rihccx  ,  ou  recevoir  quelqu'un,  l'admettre  au 
commencement  des   myllcres,  aux  Céréiuonies  de 
moindre  iuiportancc.  Cafaubon  fur  Athénée  rcmar 
que  que  l'on  ne  communiquoit  pas  d  abord  tous  les 
myftères  à  ceux  qui  le  preientoicnt  pour  être  Prê- 
tres ,   mais  que   premièrement  on  les  purifioit ,  & 
(ju'enluite  on  les  admettoit  aux  cliofes  moins  confî 
dérables ,    pour   les  dilpofer  aux  plus  grandes  ,  îk 
qu'après  tout  celaj  on  leur  hiiioit  part  de  ce  qu'il 
y  avoit  de  plus  iacré  ék:  de  plus  myllérieux  dans  la 
Religion.  Apulée  dit  qu'il  avoit  été  wir^c  à  tous  les 
myllèrcs. 
|Cr  On  le  dit  par  extcnlîon  dans  plufieurs  autres  chofes. 

f^oy.  l'article  luivant. 
INITIER,  v.  a.  Ce  mot  ne  fe  dit  proprement  qu'en 
pariant  de  la  Religion  des  anciens  Payens.  Initiare. 
Il  lignifie.  Admettre  quelqu'un  à  la  participation 
des  cérémonies  lecrètes  de  la  Religion.  Il  fe  fit  inicicr 
aux  myftères  de  Cérès.  Ablanc. 

On  le  dit  par  extenlîon  de  quelque  Religion  que 
ce  foit ,  &  même  de  la  vraie.  Etre  initié  aux  plus 
auguftes  myrtèrcs  de  la  Religion. 

On  le  dit  encore  en  parlant  de  fcience.  Il  n'eft 
pas  encore  initie  à  la  Philolophie  ,  il  n'en  a  pas  les 
premières  teintures. 

On  dit  aulli  riguréinent ,  Etre  initié  dans  quelque 
fociété.  Nous  l'avons  initie  parmi  nous.  Adlegimus. 
Nous  l'avons  admis. 
INJUDICIEUX.  adj.  Qui  n'a  point  de  jugement.  Ména- 
ge ayant  avancé  qu'il  .rvoit  oui  dire  injudicieux  kun 
un  homme  très-judicieux.  Le  P.  Bouhoursl'en  rail- 
la, p.   I p.  de  les  doutes  :  &  Ménage,   au  lieu  de 
prendre  le  même  ton ,   rcpoulHi  la  raillerie  par  les 
injures ,  dont  le  fécond  toms  de  les  oblervations  ell; 
rempli.  En  voici  un  petit  échantillon.  "  Cet  homme 
3J  très-judicieux  à  qui  j'ai  oui  dire  injudicieux  ,  c'eft 
3>  M.  Chapelain.  Je  ne  m'étonne  pas  au  refte  que  le 
3>  P.  Bouhours  n'aune  pas  ce  mot.  Ce  mot  ayant  été 
»  hiit  pour  lui.  L'injudicieux  P.  Bouhours,  c'eil  fon 
»  epithcte  perpétuelle.  Injudicieux  y. 
§3°  INJURE,  f.  f.  Injuria.  Ce  terme  eft  compofé  de 
JUS  jjuris  ,  qui  veut  dire  droit ,  &  de  la  prépolition 
in  qui  a  la  lorce  de  nier.  C'eil:  en  général  tout  ce  qui 
cA  contraire  au  droit.  Quod  Jît  citrà  jus  ,  injuria  ejl. 
Injuria  dicitur  omne  quod  non  fit  jure.   1.    i.  ft.    de 
injur.  Dans  ce  fens  les  bctcs  qui  ne  (ont  pas  capables 
du  droit  j  ne  le  font  pas  non  plus  de  ce  qui  eft  op- 
pofé  au  droit ,  &  qui  eft  appelé  injure  ;  ik  le  dom- 
mage qu'elles  peuvent  caufer,  eft   appelé  en  droit, 
pauperics.    Dommage   fiit  fins  qu'il  puilfe  y  avoir 
de  l'injure  ou  de  l'injuftice  de  la  part  de  celui  qui  l'a 
caufé. 

1^ Dans  une  lignification  plus  étroite,  ira/are  fignifie 
le  mépris  que  l'on  fait  de  quelqu'un ,  à  delfein  de 
l'ortenfer  Se  de  donner  atteinte  à  la  réputation.  Les 
injures  le  commettent  par  paroles,  ou  par  écrit,  ou 
par  des  voies  de  fait.  Injure  atroce ,  langlante  ,  ir- 
réparable. Faire  ,  endurer ,  (ouiirir ,  oublier,  pardon 
ner  ,  repoullcr,  réparer,  verger  une  injure.  Les  hon- 
nêtes gens  ne  fe  difent  jamais  d  injures.  Une  injure 
qu'on  méprife  tombe  d'elle  même  ,  &  fi  on  la  re 
levé ,  on  la  lait  valoir.  Ablanc.  Comme  il  y  a  des 
injures  de  colère  :  il  y  en  a  d'enjouement  &  de  fa- 
niiliariré.  Bell.  La  fagelîe  de  la  loi  ne  commet  la 
réparation  des  injures  qu'à  ceux  qui  ne  les  ont  point 
reçues.  M.  Es  p. 
|Cî°  Injure  fe  prend  particulièrement  pour  parole  of- 
fcnfante.  Verba  contumehofa.  Dire  des  injures  a  quel- 
qu  un.  Le  charger  d'injures  atroces.  Projciadere  con- 
tumcHis.  Dans  fa  colère  il  vomiffoit  des  injures  contre 
lui.  Iram  ,  virus  acerbitatis  evomere.  Mcmnon  ,  Gé- 
néral de  Darius ,  f.appa.it  un  foidat  qui  parloir  mal 
d'Alexandre  ,  Je  t'ai  pris  pour  lui  fau'e  la  guerre , 
Tome  V. 


I  N  J  177 

dit-  il  ,  &  non  pas  pour  lui  dire  des  injures.  Ablanc. 
Les  injures  bien  loin  de  pcrfu.adcr  ,  atioiblillent  les 
raifbns  ,  en  les  rendant  lufpcèLes  de  pallion.  Bail. 
L'injure  d\  plus  pardonnable  que  la  raillerie,  l'une 
marque  de  la  colère,  qui  n'clt  point  incompatible 
avec  de  l'eftime;  l'autre,  du  mépris.  S.  Evr.  Jamais 
on  n'a  pcrfuadé  quelqu'un  en  lui  difant  des  injures. 

Phlisson. 

Sa  fureur  contre  lui  fe  répand  en  injures.  Racine. 
N'attende\pas  ici  que  j'éclate  en  injures.  Id. 

CKFOn  dit  dans  le  ftyle  familier  fe  chanter  mille  in- 
jures ,  dire  de  grofics  injures. 
iNjuRts  compenfées.  Les  injures  verbales  fe  peuvent 
compenicr,  &:  le  Juge  peut  enjoindre  aux  Parties  de 
ic  les  remettre  mutuellement  ;  ce  qu'il  fait  en  les 
inettant  hors  de  cour  &:  de  procès ,  avec  défenfes  de 
récidiver. 

Il  eft  défendu  d'informer  pour  des  injures  légères 
ou  verbales ,  fi  elles  ne  font  atroces  &  dites  à  des 
gens  de  condition.  On  vient  fouvent  des  injures  aux 
coups.  A  verbis  ad  verbera.   L'adtion  des  injures  eft 
annale,  c'eft  à-dire ,  qu'on  ne  peut  en  demander  ré- 
paration ,  quand  il  y  a  plus  d'un  an  qu'elles  ont  été 
faites  ou  dites. 
Injure,  fe  dit  aulïï  des  afîronts,  des  torts  &  dommages 
qu'on  fait  à  une  perfonne  par  des  voies  de  fait.  Con- 
tumelia.   On  fait  injure  à  un  Officier  quand  on  ne  le 
fait  pas  monter  à  la  place  vacante  d'un  fupérieur.  Les 
foufflets,  les  baftonadcs,  les  coups,  les  geftes  fculs, 
lans  frapper,  ni  toucher,  {onx.dç.%  injures.  On  donne 
des  dommages  &  intérêts  à  des  filles  violées,  pour 
réparation  de  l'injure  qui  leur  a  été  faite.  Il  ell  permis 
par  le  droit  naturel  de  repoutfer  l'injure.  Un  Chrétien 
doit  fouffrir ,  doit  pardonner  toutes  fortes  d'injures  &c 
d'atîronts. 
Injure  ,  le  dit  aullî  ^CT figurément  des  incommodités 
du  tems  ,  de  l'effet  même  du  tems,  des  accidens  ii^fé- 
parables  de  fa  durée ,  &  des  m.iuvais  rraitemens  de  la 
fortune.   L'homme  a  befoin  d'habits ,  de  logement 
pour  fe  garantir  des  injures  du  tems  ,  du  chaud ,  du 
froid  J  de  la  pluie.  La  plupart  des  beaux  ouvrages  des 
bons  Auteurs,  lont  péris  par  l'injure  du  tems,  par 
l'ignorance  &  la  négligence  des  hommes  durant  plu- 
fieurs hècles.  Le  bon  azur  fourtre  toutes  les  injures  de 
l'air  lans  s'altérer.  Un  vrai  Philofophc  fouflre  conf- 
tamment  toutes  les  injures  de  la  fortune. 

En  vain  du  fard  au  luxe  ajoutant  l'impoflure  y 
Tu  veux  de  tes  vieux  ans  nous  déguifer  /'injure. 

Corn. 

§3° Injure.  Tort,  fynonimes.  Le  tort  regarde  particu- 
lièrement les  biens  &  la  réputation;  il  ravit  ce  qui  ell: 
dêi.  U injure  regarde  proprement  les  qualités  perlon- 
nclles;  elle  impute,  des  dclauts.  Le  premier  nuit  en 
attaquant  la  propriété  :  le  fécond  offenfe  en  attaquanc 
la  perlonne.  La  plus  grande  injure  qu'on  puilfe  fiire 
à  un  honnête  homme ,  eft  de  fe  défier  de  fa  probité. 
Sym.  Fr. 

Injure  ,  en  Mythologie.  Les  Anciens  en  firent  une 
Déelle.  Injuria.  Ate.  Les  Grecs  la  nommoient  Aie  y 
de  ài«4i ,  ar  J  ,  noceo  ,  Ltdo  ;  Héfiods  dans  la  Théo- 
gonie ,  V.  2jo  ,  la  fait  hlle  d'Éride ,  c'eft-à  dire  ,  de  la 
querelle  ou  de  la  chicane ,  &  dit  qu'elle  étoit  fœur 
de  la  Dyfnoniie ,  c'eft  à  dire ,  la  défobéillance  aux 
loix ,  &  de  même  génie ,  de  mêmes  mœurs  qu'elle. 
Komère ,  Iliad  V,  ou  L.  XX,  v.  pi  ,  dit  qu'elle  étoit 
lille  de  Jupiter;  qu'elle  nuiloit  à  tous  les  hommes, 
qu'elle  avoit  nui  à  Ion  propre  père  ,  le  grand  Jupiter; 
qu'elle  avoit  les  pieds  fort  tendres  ,  fort  légers;  qu'elle 
marchoit  lur  la  tête  des  hommes  lans  toucher  jamais 
la  terre. 

INJURIER,  v.  a.  ^fTCc  verbe  n'a  pas  une  fignification 
aulli  étendue  que  le  fubftantif  ;  elle  eft  reftreinte  à 
l'eipèce  d'injure  qui  fc  lait  par  paroles.  Injurier  ^ 
c'eft  oft'enfer  quelqu'un  par  des  paroles  injuiieufes 
qui  attaquent  fa  pertonnc  par  des  imputations  odieu,-* 

Z 


lyS  ^         IN  ] 

Ces ,  &c.  Conviciarl  y  conviais  infectar'i ,  com'iàa  m- 
gerere ,  fundere  in  aliquem ,  conviais  os  alicujus  vcr- 
berare.  Quand  on  a  été  injurié,  on  peut  hke  appeler 
en  réparation  d'injures.  Homère  n'a  pas  allez  ménagé 
la  gloire  d'Achille  Ion  Héros ,  il  lui  fait  injurier  Aya- 
mennon  d'une  manière  indigne ,  même  d'un  hom- 
me qui  ne  lèroit  que  médiocrement  honnête  hom- 
me. M.  Esp. 

3NJURIEUSEMENT.  adv.  D'une  manière  oftenlante 
Se  injurieufe.  Injuriosè.  Il  a  été  traité  fort  injurieufe- 
mcnt  par  l'Avocat  de  fa  partie.  Parler  injurieufement 
contre  quelqu'un. 

ÏNJURIEUX ,  EUSE.  adj.  Offenfant ,  ce  qui  fait  injure 
à  quelqu'un.  Injuriofus.  Il  fe  dit  desperjonnes  &  des 
chofes.  C'eft  un  homme  injurieux  qui  fe  fert  de  ter- 
mes injurieux.  C'eft  un  livre  ,  un  ditcours  injurieux  , 
lin  libelle  dirfamatoire.  Famofus  ,  contumeliofus.  On 
déclare  une  faihe  ,  un  emprifonnement  i^yi/nea.Vj 
tortionnaire  Se  déraifonnable.  On  a  drellé  une  pyra- 
mide injurieufe  à  la  mémoire  d'un  tel. 

A  peine ,  loin  de  Rome ,  il  apprend  dans  fa  fuite  j 
JDu  Sénat  contre  vous  l'Arrêt  injurieux  , 
Que  pour  vous  fecourir  il  revient  dans  ces  lieux. 

De  la  Fosse. 

On  dit  figurément  &  poétiquement,  la  fortune  in- 
jurieufe. Le  fort  ,  le  delHn  injurieux,  pour  dire,  la 
fortune,  le  fort,  le  deftin  injulle.  Ac.  pR. 

INJUSTE,  adj.  m.  Se  f.  f^T  Qui  n'a  point  de  juftice, 
en  parlant  des  perfonnes  ;  en  parlant  des  chofes ,  qui 
ell:  contre  Li  juftice.  f^oyei  Justice.  Injufus.  Hom- 
me injufle.  Jugement  injujlc.^  Procès  iniujle.  Une 
..guerre  injujle  eft  celle  qui  fe  fait  contre  le  bon  droit 
&  fans  aucune  caufe  légitime.  L'ufure  eft  un  pront 
injufle  ,  illégitime. 

%3-  On  dît  fubftantivement  ['injufle.  Le  jufe  Se  Vinjufie. 
Voyez  Juste. 

INJUSTEMENT,  adv.  D'une  manière  injufte.  Injuftè. 
Il  y  a  des  voies  de  droit  poiu:  fe  pourvoir  quand  on 
a  été  condamné  injujlement. 

|Cr INJUSTICE,  f.  f.  Injuftitia,  du  Latin  jus,  droit. 
Se  de  la  particule  négative  in  ,  aètion  contraire  à  la 
juitice.  La  juftice  conliftc  à  rendre  à  un  homme  ce 
qui  lui  eft  dû.  Foye\  Justice.  Vinjujlice  coniifte  à 
violer  les  droits  d'autrui  de  quelque  manière  que  ce 
foit.  Le  Roi  s'appliquoit  à  réprimer  l'iniufiice.  Fl. 
On  calfe  les  arrêts  quand  Vinjujlice  en  eft  vifible.  Les 
foldats  font  mille  injujlices  fur  leui'  paftage.  De  tout 
tems  les  Poètes  fe  font  plaints  de  Vinjujlice  Se  de  lin- 
gratitude  de  leur  fiècle.  Quand  vous  aurez  fenti  com- 
bien il  eft  dur  de  fouffrir  une  injuJUce ,  vous  com- 
prendrez mieux  combien  il  eft  défendude  la  faire. 
Fi.  Les  extrémités  font  tellement  vicieufes  en  toutes 
chofes,  qu'il  y  a  même  de  Vinjujlice  à  vouloir  être 
trop  jufte.  S.  ÉvR.  Elle  lalfa  Vinjujlice  par  fa  pa- 
tience. Fl.  La  profpérité  qui  dcvroit  être  le  privilège 
de  la  vertu ,  eft  ordinairement  le  partage  de  Vinjujlice. 
Id.  Ce  n'eft  pas  Vinjuflice  en  foi  qui  nous  bielle  , 
c'eft  d'en  être  l'objet  :  qu'on  lui  en  donne  un  autre , 
nous  nous  contenterons  de  délapprouver  tranquille- 
ment cette  même  injujlice  qui  nous  donnoit  tant  d'in- 
dignation. Nie. 

On  dit  auftl  par  compliment ,  ne  me  faites  pas  Vin- 
jujlice de  croire  que  je  vous  aie  oublié. 

I  N  M. 

'IN  MANUS.  Exprefllon  Latine  qu'on  emploie  dans  le 
ftyle  burlefque  Se  familier.  C'eft  le  commencement 
d'une  prière  eccléfiaftique  qu'on  récite  à  Complics. 
Jn  manus  tuas ,  Domine,  commendo  fpiritum  mcum. 
Seigneur ,  je  vous  recommande  mon  ame ,  je  la  mets 
entre  vos  mains.  Dites  votre  In  manus. 

Malgré  f  on  in  manus,  la  vieille  fera  nôtre, 

CiiUain  répondit  là-deffus  : 


I  NN 


La  vieille  a  dit  fon  in  manus ,' 
Ht  meurt  en  bonne  Pénitente. 

I  N  N. 

INN  ,  ou  INS.  f.  m.  Rivière  d'Allemagne.  Enu.s\ 
u¥.nus.  L'Inn  prend  fa  fource  au  mont  Bermina,  dans 
le  pays  des  Grifons ,  baigne  Infpruck  ,  Hall ,  Schwat , 
Se  KufFftain  dans  le  .Tirol ,  Vafterbourg,  Braunaw, 
&c.  dans  la  Bavière ,  &  il  fe  décharge  dans  le  Danube 
à  Palfaw. 
INNASCIBILITÉ.  f.  f.  Qualité  de  ce  qui  ne  peut  être 
produit ,  ni  engendré.  M.  l'Abbé  d'Olivet  s'cft  fervi 
de  ce  mot.  Innajcibiiuas. 

INNASCIBLE.  adj.  m.  cV  f.  Terme  de  Théologie.  Qui 
ne  peut  être  produit  ni  engendré.  On  dit  que  le  Père 
Éternel  eft  innajlible  ,  parce  qu'il  ne  peut  être  produit 
ni  engendré  par  une  autre  perfonne. 

^IN  NATURALIBUS.  Expreftion  qui  a  pafté  du 
jargon  de  l'École  dans  le  ftylc  badin  Se  comique.  Il 
la  vit  in  naturalibus ,  nue,  ou  fimplement  en  chemife. 
Voudrois  tu  voir  mon  maître  in  naturalihus  ,  dit  Hec- 
tor à  Nérine  qui  vouloir  entrer  dans  la  chambre  de 
Valere  qu'il  diloit  être  encore  au  lit. 

INNAVIGABLE,  adj.  m.  Se  f.  Qui  n'eft  pas  navigable. 
Innavigabilis  ,  e.  Ces  premières  glaces  rendent  le 
fleuve  quelquefois  long-rems  innavigable.  Maupert. 
Ce  mot  n'eft  point  en  ufage. 

INNÉ  ,  EE.  adj.  m.  c^c  f.  Terme  Philofophique  qui  eft 
formé  de  né  ,  ou  créé  avec  quelque  choie.  Innéj  qui 
naît  avec  nous.  Innatus ,  infitus.  Idée  innée.  Voyez 
Idée. 

INNER  EYRA,  ou  INNERRÉRA.  Bourg  de  l'Écoflè 
méridionale.  Innerrera.  Ce  lieu ,  qui  a  Icance  &  voij^ 
dans  le  Parlement  d'Écoife ,  eft  fitué  dans  le  Comcé 
d'Argyle,  fur  le  Golfe  de  Finn,  à  cinq  lieues  de  k 
ville  de  Kilmore  vers  le  couchant.  Maty. 

Ce  nom  &  les  luivans  font  compofés  èi'inner  qui , 
en  Anglois ,  fignitîe  dedans ,  Se  qui  dans  la  compofî- 
tion  marque  l'embouchure  du  ilem  e  ;  &  de  plus ,  du 
nom  de  la  rivière  à  l'embouchure  de  laquelle  ils  font. 
Eyra,  Nejf,  Ourie. 

INNERNESSE ,  ou  INVERNÈS.  Pe-ite  ville  d'EcolTe. 
Innernium  ,  Invervium.  Elle  eft  dans  le  Comté  de 
Muray ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Neft ,  dans  le 
Golfe  de  Muray.  Invernès  eft  fort  Se  défendu  par  une 
bonne  citadelle  que  Cromvel  y  fit  conftruire.  Inver- 
nès eft  plus  ordinaire  qu'Innernefe. 

INNLR-OURIE.  Bourg  de  l'Écollè  feptentrionale.  In- 
ncrouria.  Ce  heu  a  féance  Se  voix  dans  le  Parlement , 
Se  il  eft  fitué  dans  le  Comté  de  Buchan ,  à  l'embou- 
chure de  l'Ouric  dans  le  Dom,  &  à  cinq  lieues  au- 
deftiis  de  la  vieille  Aberdonne. 

INNICHEN  ,  ou  INNEKEN.  Bourg  du  Tirol  en  Alle- 
magne. Innichenum.  Il  eft  dans  l'Évêché  de  Brixen, 
à  la  fource  de  la  Drave.  Quelques  Géographes  pren- 
nent Inmchen  pour  l'ancienne  Aguntum  ,  petite  ville 
de  la  Rhofie  que  d'autres  mettent  à  Doblachj  bourg 
qui  eft  à  trois  lieues  à'Innichen,  vers  le  couchant. 
Maty 

INNOCEMMENT,  adv.  Avec  innocence,  fansdeftein 
de  nuire.  Innocenter.  C'eft  une  parole  qu'il  a  dite  in- 
nocemment ,  il  ne  croyoit  pas  vous  fâcher.  Il  a  tue  cet 
homme,  mais  c'étoit  innocemment ,  par  un  malheur 
iSc  lànsdeftèin.  Il  faut  préférer  la  hmplicité  d'une  vie 
particulière  où  l'on  goûte  doucement  Se  innocemment 
le  peu  de  biens  que  la  nature  nous  donne  ,  aux  loucis 
des  avares.  M.  de  M.  Je  me  réduis  innocemment  à  ce 
qui  m'accommode  davantage.  S.  ÉvR.  Comme  il  ne 
faut  jamais  mentir,  il  y  a  des  chofes  qu'il  faut  tenil 
cachées  Se  que  l'on  peut  couvrir  innocemment  par  des 
manières  de  parler  &  de  répondre  qui  font  innocen- 
tes Abbé  de  la  Trape. 

Innocemment.  Sottement,  niaifcmcnt.  Il  vint  tout 
innocemment  raconter  la  fottile  qu'il  avoit  laite.  Acad. 
Fr. 

INNOCENCE,  f.  f.  Pureté  de  l'ame  qui  n'eft  point 
fouillée  de  péchés.   Innocentia.  Ad-uii  fut  crés  en 


INN 

l'ct.it  d'innocence j  outre  l'innocence  cet  état  comprc- 
noit  dis  dons  (urnaturcls.  Une  parfaite  conforniiré  de 
l'extérieur  de  l'homme  avec  ("on  intérieur  ,  étoit  le  ta 
ra(ilère<S(:  le  privilège  de  (on  étCLr:  a  innocence.  M.  Es  p. 
L'innocence  baptifnialc  nous  remet  dans  la  première 
pureté  de  l'homme.  Un  enfant  cft  dans  l'état  A'inno 
cence  ,  jufqu'à  ce  qu'il  ait  atteint  l'ulagc  de  raifon.  Les 
Paycns  avoient  aulli  leur  âge  d'innocence  qu'ils  ont 
appelé  l'<i^'f  d'or.  L'agneau  eft  le  fymbole  de  Vinno 
cence.  ^       ^  ^ 

Innocence,  /îgnifie  aulli  intégrité  Je  mœurs,  pureté  de 
vie ,  l'état  d  un  homme  de  bien  qui  vit  conlormu 
ment  à  la  lieligion.  Sanctitas  morum.  Cet  homm.c 
vit  dans  une  grande  innocence  de  mœurs.  Cette  inno- 
cence extérieure  qui  ne  conlirtc  que  dans  l'obtervation 
des  devoirs  extérieurs  de  la  Religion  ,  cil  un  ligne 
fort  équivoque  de  {'innocence  intérieure-,  ce  peut  être 
le  pur  ertet  d'une  conlîdération  humaine.  Nie.  La 
feule  précaution  contre  les  attaques  de  la  mort,  c'elt 
l'innocence  de  la  vie.  M.  de  M.  L'idée  d'une  beauté 
mortelle  avoit  allumé  dans  fon  jeune  cœur  un  feu  fa- 
tal à  fon  innocence.  Ft.  L'innocence  de  la  vie  ote  la 
haycur  de  la  mort ,  C<  quanS  on  n'a  point  de  plaifirs 
criminels  à  quitter,  on  va  ftns  crainte  vers  l'autre  vie. 
S.  ÉvR.  C'cft  à  la  Cour  que  les  pallions  s'excitent 
&  confpirent  toutes  contre  l'innocence.  Fl. 

Dans  les  tems  bienheureux  du  monde  en  fon  enfance  , 
Chacun  mettoit  fi  gloire  en  fa  feule  innocence. 

BoiL. 

Mais  jamais  on  n'a  vu  la  timide  innocence 
Paljerfubitement  à  l'extrême  filence.  Rac. 

Innocence,  fignifie  encore  exemption  de  crime,  état 
d'une  perlonne  qui  n'efl:  point  coupable  des  chofes  dont 
elle  ell  acculée  ou  foupçonnée.  Votre  innocence  a  été 
hautement  reconnue ,  &  vos  accufatcurs  n'ont  empor- 
té que  de  la  confuhon.  Le  Chancelier  pourfuivoit  le 
crime,  armé  du  glaive  de  lajullice,  &:  couvroit  l'in^ 
nocence  du  bouclier  des  loix  &  de  l'autorité  royale. 
Fl.  J'ai  trop  d'intérêt  moi-même  à  votre  innocence 
pour  en  douter  ;  &  lî  je  vous  avois  trouvée  coupable , 
j'en  ferois  bien  puni  le  premier.  Voi. 

De  l'afpecl  dufupplice  effraya  l'infolence , 
Et  fous  l'appui  des  loix  mu  Lafoible  innocence. 

BOIL. 

Innocence.  Il  lignifie  aulîi ,  Trop  grande  fimplicité. 
Admirez  l'innocence  de  cet  homme.  Ac.  Fr. 

|CF  INNOCENT ,  ENTE.  adj.  Souvent  employé  fubf- 
tantivement.  Terme  relatif  à  la  pureté  de  l'arae  qui 
ralfemble  toutes  les  vertus  ,  ians  aucun  mélange  de 
vices.  Exempt  de  toute  malice,  pur  &c  candide.  Inte- 
ger  vitA  ,  fcelerifque  purus.  Les  Pères  dans  le  defert 
ont  mené  une  vie  fort  innnocente.  Cet  homme  dans 
fa  fombre  mélancolie  interprète  tour  mal ,  &  il  y  a 
peu  d'aèlions  allez  innocentes  pour  échapper  à  la 
cenfure.  Bell.  Le  Paradis  eft  plus  rempli  de  péni- 
tens  &:  de  convertis  que  d'innocens.  S.  EvR.  L'amour 
des  Heurs ,  du  jardinage,  eft  une  pallion  fort  inno 
cente.  Ses  mœurs  font  innocentes.  Les  plailîrs  les 
plus  innocens  parolifent  des  crimes  impardonnables 
aux  gens  de  mauvaife  humeur.  Ikn..  Je  me  tais  èîin- 
nocentes  douceurs  de  ce  qui  convient  au  repos  de 
la  vieiilelle.  S.  Evr.  La  malice  des  hommes  a  per- 
verti les  pratiques  les  plus  innocentes.  Cl. 

La  vertu  réglera  nos  plaifirs  innocens. 

N'avoir  que  des  defirs  innocens. 

Un  Auteur  vertueux  dans  fes  vers  innocens, 
Ne  corrompt  point  le  cœur  en  chamou'dlant  les  fins. 
■    ■  BoiL. 

Innocent  ,  fe  dit  au  Palais ,  de  celui  qui  eft  prévenu 
de  quelque  crime  dont  il  n'cft  point  coupable.  In- 
Tome  y. 


I  N  N 


179 


fans.  On  a  découvert  la  calomnie ,  il  s'eft  trouvé 
innocent.  On  l'a  renvoyé  abfous  avec  réparation.  Il 
vaut  mieux  dans  le  doute  fauvei  cent  criminels  que 
de  faire  mourir  un  innocent.  \J\\  coupable  pu)ii  eft 
un  exemple  pour  la  canaille;  un  innocent  condamné 
eft  l'afeire  de  tous  les  hoimétes  gens.  La  Br. 

In'nocent  j  fe  dit  aulli  de  celui  qui  n'eft  pas  en  état 
de  pécher,  qui  n'a  pas  atteint  l'âge  de  raifon.  L'É- 
glite  célèbre  la  fête  des  Saints  Innoctns  martyrifés 
par  Hérode. 

On  appelle  ces  Saints  ,  les  Innocens.  Les  Innocens  , 
lignifie  aulli  leur  fête ,  le  jour  qu'on  la  célèbre ,  1» 
28  de  Décembre.  Les  Innocens  tomberont  cette 
année  le  Mercredi.  On  faifoit  autrefois  des  danfes 
dans  les  Égliles  le  jour  de  la  fête  des  Innocens  ,  &c 
l'on  y  reprélentoit  des  Évêques  ,  en  dérilion  de  la 
dignité  Epilcopale  ,  comme  on  l'apprend  par  le 
fécond  canon  du  Concile  de  Cognac  tenu  en  12.70, 
qui  le  défend.  Il  faut  avoir  pitié  des  pauvres  inno- 
cens ,  c'eft  à  dire  des  jeunes  orphelins ,  de  tous  les 
enfans  qui  ne  fe  peuvent  pas  défendre.  Cela  eft  fa- 
milier. 

(fT  Innocent  ,  fe  dit  encore  d'un  homme  qui  a  l'ef- 
prit  foibje.  C'eft  un  innocent ,  un  pauvre  ,  un  franc 
innocent. 

Il  fignifie  aulîî  ,  un  homme  ou  un  enfant  qui  a 
l'elprit  imbécille  ,  &  qui  eft  prefque  hébété.  Ce 
garçon    eft   innocent   dès   fon  enfance.   Ac.  Fr, 

|}3°  En  ftyle  de  Cuifine  ,  on  appelle  innocens  ,  des 
pigeons  nouveaux  nés. 

Innocent  ,  fe  dit  aulli  des  chofes  inanimées  ,  de  ce 
qui  ne  fait  aucun  mal.  Innocuus.  Ne  craignez  point 
de  prendre  ce  remède  ,  il  eft  innocent ,  il  ne  vous 
fauroit  faire  aucun  mal.  Action  innocente  ,  qui  ne 
nuit  à  perfonne. 

D'un  fleuve  officieux  /'innocente  liqueur 
L'arrache  à  fes  tourntens ,  à  lui  rend  fit  vigueur. 

Bréb. 

Innocent,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Les 
innocens  patillcnt  pour  les  coupables  ;  pour  dire  , 
que  dans  la  confulion  publique  on  punit  fouvent 
ceux  qui  ont  fait  le  moins  de  mal  ,  tandis  que  les 
plus  criminels  en  échappent.  On  appelle  un  inno-. 
cent  fourré  de  malice  ,  celui  qui  paroit  doux  &  lim- 
ple  au  dehors  ,  &  qui  eft  malicieux  dans  l'ame. 
Quand  un  homme  fait  tort  à  un  autre  fans  fujet, 
le  peuple  dit  proverbialement  :  Il  eft  des  païens 
d'Hérode  ;  il  s'en  prend  aux  innocens.  On  appelle 
en  proverbe  les.  (impies  j  les  foibles,  les  imbécilles 
&  les  idiots  ,  d'is  échappés  d'Hérode  j  pour  dire 
que  ce  Tyran  ne  fit  pas  mourir  tous  les  Innocens. 
Le  proverbe  ,  aux  innocens  les  mains  pleines ,  figni- 
fie que  la  fortune  favorife  des  gens  Ians  efprit  &  {ans 
mérite.  Il  s'applique  particulièrement  à  des  joueurs 
mal  habiles  ,  mais  heureux  ,  à  qui  le  jeu  vient  à 
pleines  mains. 

INNOCENT,  f.  m.  Nom  d'hoirune.  Innocentius. 
Treize  Souverains  Pontifes  ont  porté  le  nom  d'In- 
nocent 

On  croit  que  le  Pape  Innocent  IX  ,  eft  mort  em- 
poilonné  ,  deux  mois  après  fa  création.  InnocentXl 
étant  mort  au  mois  d'Août  1689  ,  on  croyoit  qu'A- 
lexandre VIII ,  qui  lui  fuccéda  prendroit  le  nom 
d'Innocent  XII ,  parce  qu'il  avoit  été  élevé  au  Car- 
dinalat par  Innocent  X  j   mais    il    ne  le  fit  pas. 

Innocente.  Nom  que  l'on  a  donné  à  un  certain  habit 
de  femme  ,  frit  en  robe  de  chambre. 

INNOCENTER,  v.  a.  Ahfolvere.  C'eft  proprement  dé- 
clarer un  homme  innocent ,  le  décharger  d'une  ac- 
cufation  de  crime.  On  arrêta  le  Comte  de  Sout- 
hampton  ,  qui  fut  mené  à  la  Tour.  Il  fe  défendit  bien  ; 
&c  allégua  de  bonnes  raifons  ,  mais  qui  ne  furent 
pas  alfez  fortes  pour  l'innocenter  devant  les  Juges.... 
f^ie  d'Eifahcth  R.  d'Anglet.  On  le  dit  auffi  au -fi- 
guré ,  &■  dans  le  ftyle  burlefquc,  pour  donner  les 
innocens.  C'eft  une  coutume  ,  ou  une  plaifanterie 
en  quelques  Provinces ,  que  les  plus  diligens  vont 

Zij 


i8o  I  N  N 

furprendre  les  plus  paiclkux  au  lie ,  pour  les  fouet 
rer.  Pour  exprimer  cette  badinerie.  Marot  a  fait  in- 
nocenter. 

Belle  Philis  ,  Jî  je  favois  où  couche 
F'ocre peij'onne  au  jour  des  Innocens  , 
De  bon  matin  j' irais  à  votre  couche  ,  &:c. 
Semblant  ferais  de  vous  innocenter. 

Innocenter  ,  fe  dit  non- feulement  des  perfonnes  que 

■  l'on  déclare  innocentes  ;  mais  encore  des  chofcs.  Ou 

vous  innocente^  le  Molinifme  par  la  profeiîion  que 

vous  en  faites  ,  ou  vous  vous  en  rendez  coupables. 

MÉM.  de  Trev. 

INNOMBRABLE,  adj.  m.  &:  f  Qui  ne  fe  peut  nom- 
brer.  Innumerahilis ,  innumcrus.  Saint  Jean  dans  1  A- 
pocalypfe  dit ,  qu'il  vit  une  quantité  de  gens  que 
perionne  ne  pouvoit  compter.  Turbam  magnam,  quam 
dinumerare  nemo  poterat.  C'eft-à-dire  ,  qu'elle  étoit 
innombrable.  Troupes  innombrables.  A  b  l  A  n  c.  La 
crainte  qui  a  fantliné  une  multitude  innombrable 
d'hommes  de  toute  qualité /iScc.  Ab.  de  la  T.  L'Au 
tcur  n'exclut  point  la  charité  ;  car  il  ajoute  :  Ainli 
je  vous  dis  que  vous  craigniez  ,  &  que  vous  aimiez 
tout  enlemble. 

|p°  INNOMÉ.   adj.   Terme  de  Droit.    Foyei  Inno- 

MINÉ. 

INNOMINATI.  f.   f.  pi.    Les  Anonymes.  Ceux  qui 
n'ont  point    de  nom.    GIl  Innominati  ,  Les  Inno- 
minati   font  les    Académiciens   de   Parme.    Prelque 
toutes  les  villes  d'Italie  ont  une  Académie  ;  &  cha- 
que Académie  a  un  nom  particulier  ,  comme  on  le 
peut  voir  ci-dell'us  au  mot  Académie.  Celle  de  Par- 
me a  pris  pour  le  fien  Gli  Innominati ,  comme   II 
elle  vouloir  dire  que  (on  nom  ell  de  n'en  avoir  ponit. 
Quoique  ce  nom  loit  Italien  ,  il  fiut  le  retenir  dans 
notre  langue.  Car  quoique  les  Anonymes  loient  la 
même  chofe  à-peu-près  que  Gli  Innominati  ^  cepen- 
dant ,  comme  c'eft  un  nom  propre ,  il  ne  faut  point 
le  changer  en  un  autre  quoique  fynonyme.  Ces  Aca- 
démiciens ne  s'appellent  point  Gli  Anonymi  ^  mais 
Gli  Innominati. 
INNOMINÉ.  adj.  m.  Qui  n'a  point  de  nom.  Anony- 
mus ,  a  ,  um.  Terme  d'Anatomie  qui  le  dit  de  cer- 
tains   os  du    corps   humain  ,  auxquels  les  Anato- 
miftes  n'avoient  point  donné  de  nom.  Les  os  inno- 
minés  font  les  os  des  hanches.  Quoique  les  os  inno- 
minés  appartiennent  au  tronc  ,  lelon  la  divifion  or- 
dinaire du  Iquelete  ;  on  peut  néanmoins  les  conlîdé 
rer  par  rapport  aux  extrémités  inférieures,,  à-peu-près 
de  la  même  manière  que  l'on  regarde  les  omoplates 
par  rapport  aux  extrémités  fupérieures.  Winslow. 
f^oyei  Hanches,  Iles. 
^fj"  Innominé.  Terme   de    Droit.    Contrat  innominé. 
Do  ut  facias.  Une  convention  réciproque  &  lynal- 
lagmatique  entre  le  Donateur  &  les  Donataires.  Ce 
font  des  actes  où  l'un  promet  de  faire  ,  Se  l'autre  de 
donner.  On  les  appelle  innommés  ,  parce  qu'ils  n'ont 
point  de  nom  particulier.  L'engagement  d'un  domef 
tique  eft  un  contrat  innominé'. 

L'Académie    dit   innome'.    Innonimé  nous  paroît 
plus  nfiré. 
INNOVATEUR,  f.  m.  Qui  aime  à  innover.  Novator. 
Ce  mot  le  trouve  dans  quelques  diftionnaires  ;  mais 
il  vaut  mieux  dire  Novateur. 
INNO'V^ATION.  (.  f.   Changement   d'une   coutume , 
d'une   chofe  établie  depuis  long-temps.   ^fT  Intro- 
duélion  d'une  nouveauté  dans  un  ufage  établi  depuis 
long-temps.  En  bonne   politique  toutes  les  innova- 
tions font  dangereufes.  Les  innovations ,  en  matière 
■   de  Religion ,  aboutilfent  à  des  (chilmes ,  à  des  guer- 
res civiles.  Tous  ceux  qui  ne  le  jettent  pas  comme  le 
peuple  ,  dans  les  excès  oppofés  aux  innovations  ,  paf- 
fent  pour  des  monftres  à  fes  yeux.  S.  Real.  Il  ap- 
prouva toutes  fes    innovations.  Mauc.  L'innovation 
«lans  le  culte  &  dans   les  cérémonies.   Accufé  d'in- 
novation dans  la  dodrine.  S.  EvR. 
INNO'VER.  V.  a.  |t?  Introduire  quelque   nouveauté 
dans  une  coutume  établie ,  dans  un  ulage  reçu.  No- 


I  N  O 

vare.  Pour  vivre  en  paix  ,  il  nç  faut  rien  innover  j 
ni  dans  l'État ,  m  dans  Li  Reli^iwii.  Quand  il  y  a  des 
défenles  de  palier  outre  en  une  affaire  ^  il  ne  faut 
rien  innover  pendant  le  procès     ' 

îj3"  On  le  dit  aulîi  neurralement.  Il  eft  dangereux  d'in- 
nover dans  les  chofes  de  la  Religion. 

Innové  ,  ée.  part. 

INNUMÉRABLE.  adj.  m.  Se  f.  Innombrable.  Innume- 
rabilis.  'Vaugelas  approuve  ce  mot  dans  le  genre 
lublimc  ,  comme  plus  majeftueux  qu'innombrable. 
Mais  Ion  autorité  ne  l'a  point  fait  palfcr ,  &  perfonne 
ne  s'en  fert.  Réfl. 

I  N  O. 

INO.  f.  f  Terme   de  Mythologie.    Nom  de  femme. 
Ino.  Elle    étoit    hlle   de   Cadmus    &    d'Hermoine. 
ou  Harmonie.    Après  que  Nephelé  ,  emportée  par 
la  tureur  de  Bacchus ,   fe  fut  entoncée  dans  les  fo- 
rets ,  Athamas  Roi  de  Thébes ,  fon  ir.ari ,  épouCi 
Ino  en  iecondes  noces.   Ino  traita  les  enfans  du  pre- 
mier lit ,  Phrynus  Se  Hellé ,  en  vraie   marâtre  ,  & 
les  obligea  de  s'enluir.  Junon  irritée  de  ce  procédé  , 
inlpira   une  telle  fureur  à    Athamas  j  qu'il  mit  en 
pièces  Léarque ,  qu'il  avoir  eu  d'Ino  ,  à  qui  il  étoit 
prêt  d'en  faire  autant ,  h  elle  ne  s'étoit  jettée  dans  la 
mer  avec  fon  fils  Mélicerne.  Les  dieux  les  y  chan- 
gèrent en  divinités  marines  Ino  s'appela  Leucothea 
en  Grèce  ,  &  Matuta  en  Italie  ;  Se  fon  Hls  Portu- 
iius.  l'^oyei  Ovide.  Fajl.  L.  FI ,  v.  f^i ,  &c.  Voy. 
lur  Ino.   Voir,  de  Idol.l.  /.  c.   13. 
INOBSERVANCE,  f  f.  Détaut  d'obfervance.  Neglec- 
tus  ,  contemptus ,  violatio.  Le  Concile  de  Trente  ré- 
forma la  di(ciplinc&  les  mœurs  des  Eccléllaftiques, 
par  les  Canons  les  plus  fùnts  Se  les  plus  prudens , 
qu'on  ait  jamais  faits ,  Se  qui  ne  manquent  que  par 
leur  inohfervance .  De  S.  Real.   L'inohfervance  des 
loix  Elit  la  ruine  des  États. 
I?3"  Ce  mot  déhgne  particulièrement  rinfraîtion  des 
loix   ou   règles   préfentes  ,  des    conftitutions    d'un 
Etat.  Le  mot  à'inobfervation  a.  fon  ufage  particulier , 
&  fouvenr  on  les  fait  fynonymes. 
INOBSERVATION.  C  f.  Manque  d'obéiffance  envers 
les    loix  ,  d'exécution  des  promeifes  qu'on  a  laites. 
Legum  contemptus.   L'inobJ'ervation  des  commande- 
mens   de  Dieu.    L'ordre  monaftique  eft  déchu  par 
Vinobfervation  des  règles.  Mabillon.  On  reproche 
aux  Princes  infidelles  l'inobfervation  des  Traités.  Le 
P.  Bouhours  n'approuve  point  qu'on  dife  l'inobfer- 
vation des  règles  de  l'Art.  ?fT  Ce  mot  eft  bien  placé, 
dit-il ,  dans  les  manifeftes  des  Princes  :  \'inohferva~ 
tion  des  Traités  :  mais  c'eft  un  terme  prefque  confa- 
cré  en  cet  endroit  ,  Se  l'on  diroit  mal  l'inobfervation 
des   commandemens   de  Dieu  ,   l'inobfervation    des 
règles  de    l'Art.    Le  mot    d'inolfervation    convient 
mieux,  à  la  vérité,  quand  il  eft  queftion  de  loix, 
de  conftitutions  ;  mais  nos  meilleurs  Écrivains  n'y 
regardent  pas  de   h  près ,  Se  dilent  l'inobfervation 
d'une    loi  ,    l'inobfervation   des  commandemens  de 
Dieu  ,  de  l'Esliie. 
Ip=-  IN  OCTAVO.  Terme  de  Libr.iirie.  C'eft  le  nom 
que  l'on  donne  à  un  volume  dont  la  feuille  eft  pliée 
en  8  feuillets  reprélcntans    16  pages.  lJin-oclavot9c. 
entre  rin-4''.  &  i'in  douze.  Grand  in  oclavo ,  moyen  , 
petit  in  oclavo.  Tout  cela  dépend  de  la  forme  ou  de 
la  grandeur  du  papier. 
INOCULATEUR  ,  TRICE.  f.  m.  &  f.  Celui  ou  celle 
qui  donne  la  petite  vérole  par  inoculation ,  c'eft-à- 
dire  ,  en  la  greiïànt  d'un  corps  attaqué  de  cette  ma- 
ladie (ur  im  corps  lain. 
IJCFInoculateur,  le  dit  auffi  d'un  fîmple  partifrn  de 
l'inoculation  ,  quoiqu'il  ne  la  pratique    pas  ,    qu'il 
n'opère  point.  AL  de  la  Condamine  eft  un  des  plus 
zélés  inoculateurs.  Quelques-uti';  ont  hafardé  le  mot 
d'inoculifte  pour  déligner  la  même  choie.  Foy.  Ino- 
culiste. M.  Timoni  s'eft  fondé  fur  le  rapport  d'une 
vieille  Grequc ,   qui  avoir  été  Inoculatrice  pendant 
plulieurs  années.  Foye^  Inoculer-  &  Inoculation.  - 
INOCULATION,  f.  f.  Ce  mot  eft  pris  du  Latin.  Ino- 
culatio  ,  1^  qui  figniiic  une  manière  de  grefter  qu'on 


I  N  O 

appelle  en  ccuiTon.  Foyc^  Greffe.  Nous  ne 
le  difons  pjint  au  propre;  mais  ce  moc  eft  en  uG.gc 
pour  cxprnner  l'optratioii  p.ir  laquelle  on  commu 
nique  airilîciellemenc  la  petite  vérole,  parce  que 
cette  opération  a  beaucoup  d'analogie  avec  l'crpecc 
degreflcdont  nous  parlons.  On  a  êi\t  cnin/plancacton  , 
Ik.  ïnlhtlon  de  la  petite  vérole.  Le  mot  d'inocula- 
tion a  prévalu.  Inoculation  de  la  petite  vérole  ,  ou 
ilmplenient  inoculation. 
ClCJ"  Cette  pratique  nous  vient  des  Anglois  qui  l'avoicnt 
prifc  des  Turcs.  Ce  fut  M'=.  de  Wortley  Montaigu  , 
qui ,  à  Ton  retour  de  Con.n:antinople  ,  où  elle  avoir 
'  accompaiyié  fon  mari ,  Ambailuleur  à  la  Porte  ,  en 
apporta  la  mode  en  Anykterre  ,  au  coamrjnce 
ment  du  règne  de  George  I.  Les  Turcs  tenoient  cette 
méthode  des  Circalîicns  ,  qui  l'ont  pratiquée  les 
premiers.  J'apprcns  ,  dit  M.  de  Voltaire  ,  que 
depuis  cent  ans  les  Chinois  font  dans  cet  uiagc  ,  mais 
ils  s'y  prennent  d'une  façon  ditiérente  :  ils  ne  font 
point  d'incifion  ;  ils  font  prendre  la  petite  vérole  par  le 
nez  j  comme  du  tabac  en  poudre.  L'Auteur  de  l'hK- 
toire  moderne  des  Chinois  nouvellement  publiée, 
détaille  la  pratique  de  ces  peuples.  On  coupe  ,  dit  il, 
une  puftule  à  une  perfonne  atteinte  de  la  petite  vé- 
role :  on  la  fait  fécher  ,  on  la  pulvérile  ,  on  la  con- 
ferve.  Quand  on  veut  communiquer  cette  maladie 
à  un  enfant  ,  on  lui  foutîle  cette  poudre  dans  les 
narines  avec  un  cornet.  On  obferve  de  choilir  une 
belle  laifon ,  &  de  préparer  le  corps  de  l'enfant  par 
quelques  lemédcs.  Quand  on  prend  bien  ks  mefu- 
les ,  cette  opération  réullît  prcfque  toujours. 

Cette  opération,  qui  ell:  très-commune  en  Angle- 
terre, fe  f  lit  vers  le  Printemps  ou  l'Automne.  On  fait 
de    légères    fcanfications  aux    mulcles  des    bras  de 
l'enfant ,  jufqu'à  en  tirer  quelques  gouttes  de  lang. 
Puis  avec  un  cure  oreille  ou  un  inflrument  iembla- 
ble  ,  on  porte  dans  chacune  des  plaies  une  goutte  du 
pus  tout  chaud  qu'on  a  tiré  des  pullules  des  jambes 
ou  des  jarrets  d'un  jeune  homme  qui  a  cette  mala- 
die :  ou  bien  on  y  met  ,  en  guife  de  tente ,  un  peu 
de  coton  ou  de  charpie  imbibée  de  ce  pus.  On  cou 
vre  chaque  fcarification  d'une   coque  de  noix  pen- 
dant quelques  heures  ,  pour  que  ce  pus  ait  le  temps 
de  communiquer  fjn  venin  avant  que  d'être  eluiyé. 
Voilà  ce  qu'on  appelle  l'inoculation  de  la  petite  vé- 
role. Cela  fait  ton  etfet  au  bout  de  tept  jours  ,  pen- 
dant lelquels  on  doit  s'abftenir  de  viande  ,  &:  même 
de  bouillons  où  elle  ait  entré  ,  ainli  que  de  vin  &:  de 
toute  liqueur  (piritueufe.    Le  fruit  qu'on  retire  de 
l'inoculation  de  la  petite   vérole  ,  c'ell  que  de  cette 
manière  on  eft  sûr  d'être  quitte  de  cette  maladie  pour 
toute  (à   vie  ,  qu'on  en   elt   quitte    pour  trois  ou 
quatre    puftules   pour  quelques  lujets  ,   quinze  ou 
vingt  pour  d'autres  ,  &:  qu'il  eft  très-rare  de  les  voir 
aller  jutqu'à  cent,  &  auili  rare  de  voir  mourir  ceux 
qui  ont  gagné  cette  maladie  par  cette  voie.  Tous  les 
Princes  &  Seigneurs  d'Angleterre  procurent  la  pe- 
tite vérole  à  leurs  enfants  de  cette  manière.  Cepen- 
dant un  zélé  compola  en  1712  un  Traité  intitulé  : 
Très  humbles  remontrances  au  Parlement ,  pour  em- 
pêcher la  dangereufe  expérience  de  l  inoculation  de  la 
petite  vérole.  L'Auteur  prétend  qu'on  tente  Dieu  par 
cette  opération ,  &  par  cor.féquent  qu'elle  eft  témé- 
raire. M.  Wagftaftc  écrivit  aulîl  conzïzl' inoculation 
en  1712  ;  fon  livre  fut  réfuté  la  même  année. 
fj3*  Au-refte  l'infertion  de  la  petite  vérole  le  fait  de 
différentes  manières  dans  diftérens  pays.    Le  point 
capital  de  l'opération  confifte  à  mêler  avec  le  fang 
un  peu  de  virus.  On  fe  contente  fouvent  d'entamer 
la  peau ,  &  de  placer  fur  la  plaie  un  fil  qui  a  traverfé 
un  bouton  mûr  de  petite  vérole. 

On  a  beaucoup  écrit  en  France  pour  &c  contre 
l'inoculation.  Les  expériences  multipliées  ,  &  bien 
avérées  ,  nous  apprendront  ce  qu'on  doit  penfer 
de  cette  pratique.  C'eft  ce  qu'attend  la  Faculté  de 
Médecine  pour  en  porter  fon  jugement. 
INOCULER.  V.  a.  Donner  la  petite  vérole  fCTparin- 
fertion  ^  la  greffei  fur  un  corps  fain  ,  en  incifant  la 
peau  ,  &c  y  mettant  du  pus  qu'on  a  tiré  des  puftules 


I  N  O 


181 


d'une  autre  perfonne  qui  a  cette  maladie.  La  Prin- 
celic  de  Galles ,  depuis  Reine  d  Angleterre  ,  cpoufc 
de  George  II ,  allurée  de  l'utilité  de  cette  épreuve , 
dit  Voltaire-,  fit  inoculer  fcs  cnfans.  iur  loo  pcr- 
lonnes ,  60   au    moins  ont  la  petite  vérole  :  de  tes 
60  ,  20  en  meurent  dans  les  années  les  plus  fjvor.i- 
bles ,  &  20  en  confervent  pour  toujours  de  r.icheux 
reftes.  Voilà  donc  la  cinquième  partie  des  homiiles 
que  cette  maladie  tue  ,  ou  enlaidit  sûrement.  De  tous 
ceux   qui   font   inoculés  en   lurquic  ou  en  Angle- 
terre j  aucun  ne  meurt,  s  il  n  eft  infirme  ou  con- 
damné à  mort  d'ailleurs  ;    perljnne  n'eft  marqué , 
aucun  n'a  la  petite  vérole  un  féconde  fois.  20  n-.iile 
hommes  moururent  à  Paris  de  la  petite   vérole  en 
1725.  On  les  auroit  fauves,  s'ils  avoient  été  inocu- 
lés. Quoi   donc  !  eft  ce  que  les  François   n'.iimenc 
point  la  vie  ?    Eft  ce  que  leurs   femmes  ne  fc  fou- 
viennent    point    de  leur  beauté  .''   En   vérité ,  nous 
(ommes   d  étranges    gens  !  Peut   être   dans   dix   ans 
prendra  t,-on  cette  méthode  Angloife,  h  les  Médecins 
le  permettent ,  ou  bien  les  François  dans  trois  mois 
le    ferviront  de  l'inoculation  ,  par  fantaifie  ,  fi  les 
Anglois  s'en  dégoûtent  par  inconftance.  Cependant 
il  refte  toujours  quelque  fcrupule  fur  cette  opéra- 
tion ,  &:  les  gens  lenltrs  ne  fe  détermineront  jamais 
que  lur  un   nombre  futrilant  d'expériences,    f^oyc^ 
dans  les  nouvelles  brochures  ce  que  Ton  a  dit  con- 
tre Vinoculatuion. 
ipr  On  a  tenté  en  FloUande  l'inoculation  fur  les  bêtes 
à  corne ,  pour  les  garantir  de  la  contagion.  Elle  a 
reulll ,  dit  on.  Les  bêtes  inoculées  n'ont  pas  pris  le 
mal ,  quoiqu'on  les  ait  miles  dans  les  endroits  les 
plus  contagieux.  Ann.  de  175J. 
§3"  L'inoculation  de  la  petite  vérole  a  fait  naître  l'idée 
d'inoculer  la  rougeole.    Que  n'inoculera  -t  on  pas  ? 
On  nous  annonçoit  il  y  a  quelques  années    qu'on 
écrivoit  en  Allemagne  fur  l'inoculation  de  la  pefte. 
|J3°  Inoculé  ,  ée.  part.  On   le  dit  des  perlonnes  qui 
fubllfent  l'opération  ,  &  de  la  petite  vérole  qui  eft 
communiquée  par  cette  opération.   Enfant   inoculé. 
Petite  vérole  inoculée.  On  prétend  que  la  petite  vé- 
role inoculée  eft  plus  bénigne  que  la  naturelle.  Petite 
vérole  inoculée  par  afpiration  ,  comme  à  la  Chine  j 
par  friilion ,  comme  au  pays  de  Galles,  par  piqûre  , 
comme  en  Turquie  ,  par  incifion  ik  par  véllcatoireî 
comme  en  Angleterre  &  en  France. 
ifJ-  INOCULISTE.  f.  m.  C'eft  la  même  chofe  qu'lNO- 
CULATEUR  dans  le  fécond  lens.   Parcifan  de  l'inocu- 
larion.    On  pourroir  dire  Inoculateur,  de  celui  qui 
fait   l'opération  de  l'inoculation  ;  8c  InocuUJie ,  de 
celui  qui  approuve  cette  méthode.  On  dit  aulïï  An- 
ti-inoculifte  ,  pour  défigner  les  adveiiaires  de  cette 
méthode. 
>ip- INODORE,  adj.  C'eft  l'oppofë  d'odorant.  Inodo-  . 
rus.  On  appelle  en  Chimie  Subftance  inodore ,  celle 
qui  eft  naturellement  dépourvue  de  principe  odo- 
rant. 
iNOFnCIEUX.    adj.    m.    Terme    de    Jurifprudence. 
Inojj,.ciofus.  'iï?  Tout  ce  qui  eft  fait  contre  le  devoir. 
Inofficiofum  d'icitur  id  omne  quod  contra  pietatis  of- 
Jîcium  jacluni  ejl.  Un  reftament  eft  inofficieux  ,  quand 
le  teftateur  a  exhérédé   ou  pallé  fous  filencc  ,   fans 
caufe  légitime  ,  ceux  à  qui  il  eft  obligé  de  lailfer  fa 
fuccelTion.  Une  donation  eft  inofficieufe    quand   le 
Donateur  a  fait  une  donation  fi  excelîive  à  un  de  ks 
enfans ,  que  les  autres  ne  trouvent  pas  dans  ce  qui 
lui  eft  refté  de  biens  y-f^  quoi    remplir  leur  légi- 
time. •'  ■'  — 
'jp"  Une  dot  eft  inofficieufe  quand  elle  eft  fi  excefîiye  , 
qu'elle  empêche  les  autres,  enfans  d'avoir  leur  légi- 
time dans  la  fucceftîon  de  leurs  père  &:  mère. 
IjCr  L'épirhète    d'inofficieux    s'applique   particulière- 
ment aux  teftamens. 
INOFFICIOSITÉ.  f.  f.  Terme  de  Jurifprudence.  Qua- 
lité ,    difpofition  d'une  chofe  qui  eft  contraire  aux 
intérêts  d'une  perfonne,  qui,  nuit  aux  droits  qu'elle 
avoir  à  efpérer.  Ce  mot  fe  dit  des  teftamens.  L'aéfion 
d'inofficiojïté ,  eft  une  plainte  que  forme  un  fils  contre 
le  reftament  de  fon  père ,  par  lequel  il  prétend  être 


82 


I  N  O 


déshérité  fans  caufe  légitime.  Inoffutojîtas.  La  qaz- 
ïcWe  à'  inojficiojitc  n'A  cic  introduite  par  aucune  loi 
exprcilc  ;  mais  elle  fut  inventée  par  une  judrcicuic 
interprétation  des  Jurifconfuitcs.  On  remarqua  tant 
de  dureté  dans  l'efprit  de  quelques  pères  ,qui  pouf- 
fes d'animohté  contre  leur  propre  fang  ,  exhérédoient 
leurs  entans  fans  lujet  ;  que  par  un  principe  d'cquite 
on  chercha  an  remède  à  cet  inconvénient.  On  per- 
mit donc  aux  entans  de  te  plaindre  de  l'injure  qui 
Icurétoit  faite  par  le  tctbteur  qui  les  .avoit  deshérité 
injullement  ;  enlbrte  que  c'étoit  à  l'iaéritier  inltitue 
par  le  tellament  à  prouver  que  l'exhéréditation  étoit 
jufte  &  légitime.  On  accorda  aulîi  la  plamte  à'inoj 
fidofné  aux  pères  (."t  aux  mères  contre  le  teftamcnt  de 
leurs  enfms  ;  &  aux  confmguins  ,  quand  on  Icuravok 
préféré  des  perfonnes  infâmes.  On  n'a  d'abord  donn.- 
que  deux  ans  aux  entans  pour  intenter  l'action  d'i/z- 
o^fficiojiti  ;  on  leur  en  a  enfuitc  accordé  cinq ,  peut- 
être  parce  que  les  loix  Romaines  ne  permettent  point 
après  cinq  ans  de  contcfter  l'état  d'un  défunt.  Voyei 
Van  Water  ,  Obfervatïonum  Juris  Rom.  L.  I ,  c.  Xi. 

INONDATION.  L  f.  Débordement  fÇT  d'eaux  qui 
couvrent  un  terrain  ,  un  pays.  Inondatïo.  Nous  avons 
déjà  dit  au  mot  débordement ,  que  ce  dernier  mot 
marquoit  l'ettution  des  eaux  par-deiTus  les  bords  de 
leur  lit  ;  &  que  le  mot  A'inondation  ajoutoit  à  cette 
idée  celle  d'une  étendue  de'  pays  couvert  par  ces  eaux 
débordées.  L'inondation  du  déluge  fut  générale  par 
toute  la  terre.  Il  n'y  eut  que  l'Arche  de  Noé^  qui 
fut  fiuvée  de  cette  inondation.  Le  Nil  engraillc  les 
terres  d'tgypte  par  fon  inondation.  Stagnans  cjfufo 
flumine  Ndus. 

On  dit ,  faire  des  inondations  autour  d'une  place  , 
pour  dire ,  Lâcher  les  eaux  pour  en  empêcher  les 
approches.  Ac.  Fr. 

^Cr  Inondation  ,  fe  dit  encore  des  eaux  qui  couvrent 
le  terrein.  Palier  à  travers  l'inondation  pour  entrer  dans 
une  place. 

Inondation j  fc  dit  figurément  de  l'irruption  fou- 
daine  des  ennemis  dans  un  pays  avec  dégât  (Se  rava- 
ge. Irruptio.  On  ne  voit  plus  de  ces  grandes  inonda- 
tions de  Barbares  qu'on  voyoit  du  temps  des  Goths  , 
des  Huns ,  des  Vandales.  Pour  lauver  fon  pays  de 
l'inondation  des  François  ,  il  ne  lait  point  d'autre 
moyen  que  de  l'inonder  des  eaux  de  la  mer.  Hist. 
DE  Louis  XIV. 

tfJ"  On  le  dit  encore  par  mépris  d'une  multitude  d'au- 
tres chofes.  Une  inondation  de  brochures ,  de  mau- 
vais livres. 

Il  fe  dit  encore  de  l'abondance  des  grâces  que 
Dieu  verfe;  &  en  matière  de  fpiritualité;,  de  l'etlutlon, 
de  l'abondance  des  délices  que  Dieu  répand  d.ins  les 
âmes  faintes.  Effujlo  ,  Profujio.  h' inondation  des 
délices  célettes  dont  ton  ame  fut  remplie  étoit  fi 
grande  ,  qu'il  ne  la  pouvoir  foutenir.  M.  Claude  fc 
déguife  dans  fes  écrits ,  Ik  pare  ton  opinion ,  telle 
qu'elle  eft  ,  d'une  inondation  de  grâce  ,  qu'il  dit  fe 
faire  en  l'Euchariltic  ,  &  de  plufieurs  autres  paroles 
magnifiques  ,  qu'on  pourroit  appeler  en  une  matière 
moins  férieufe  ,  paroles  de  compliment.  Si  cette 
inondation  de  grâces  vient  de  la  propre  fubfliance  du 
corps  de  notre  Seigneur,  (Se  fi  c'eft  la  vertu  vivifiante 
attachée  à  fa  chair,  quipalfe  jufqu'à  vous,  c'eft  l'o- 
pinion de  Calvin.  Si  cette  inondation  de  grâce  n'eft 
qu'une  application  des  mérites  de  notre  Seigneur  , 
&  un  eflet  que  fon  efprit  feul  talle  iur  nos  âmes  j 
c'eft  l'opinion  de  Zuingle.  PÉlisson. 

INONDER,  v.  a.  Couvrir  un  terrain  ,  un  pays,  une 
Province  par  un  débordement  d'eaux.  Inundare.  La 
mer  a  inondé  plufieurs  lieux  de  pays  en  Hollande  ; 
fans  les  digues  &c  les  levées  ,  la  mer  inonderoit  tout 
le  refte  di  ce  pays-là. 

|fcT  On  dit  proverbialement  ,  un  vifage  mondé  de 
larmes. 

Et  vous  ,  mes  trijies  yeux  , 
Pour  laver  la  noirceur  d' un  forfait  odieux , 
De  deux  ruijfeaux  de  fang  inondez  mon  vifage. 

Inonder  ,  fe  dit  figurénjenc  des  peuples ,  des  armées 


I  N  P 

nombreufes  qui  font  une  irruption  foudainc  dans 
un  pays  pour  le  ravager.  Irrumpere ,  grajfari.  Les 
Barbares  ont  inondé  toutes  les  Provinces  de  l'Empire 
Romain  ,  6c  l'ont  démembré.  Xerxès  avoit  inondé 
le  pays  d'un  ti grand  nombre  d'hommes  &  d'animaux, 
qu'ils  en  avoient  tari  les  fontaines.  Vaug. 

Ils  favent  que  fur  eux  prêt  à  fe  déborder , 
Ce  torrent  ,  s'il  m'entraîne  ,  ira  tout  inonder. 

Racine. 

On  le  dit  aullî  des  erreurs ,  des  vices  ,  &  de  beau- 
coup d'autres  chofes.  Plulieurs  héréiîes  ont  de  totft 
temps  inondé  l'Allemagne.  Un  torrent  de  faulles 
opinons  inonda  toute  l'Angleterre.  Fl.  Sous  les  Em- 
pereufs  les  vices'  inondèrent  Home  ,  on  y  vit  d,e 
grands  débordemcns  de  mœurs.  Le   public   ell 

inondé  d'une  multitude  de  mauvais  livres. 

//  va  nous  inonder  des  torrens  de  fa  plume.  Boil. 

Inonder  j  avec  le  pronom  perlonnel ,  fe  dit  pour  ,  S'a- 
breuver ,  s'humcéter  ,  ie  remplir.  Se  proluere.  S'inon- 
der du  jus  de  Bacchus.  Boil. 

INOPINE ,  EE.  adj.  Qui  vient  fans  qu'on  s'y  attende. 

IJCJ"  Terme  relatif  aux  événemens  qui  arrivent  tout  d'un 
coup  ,  &  auxquels  on  ii'avoit  pas  tongé.  Inopinatus. 
Un  accident  inopiné  8c  imprévu  ett  capable  de  rui- 
ner les  plus  belles  entreprîtes.  Il  faut  toujours  avoit 
quelque  tonds  de  rétcrve  pour  les  cas  inopinés.  Il  lui 
cil  venu  une  tucceifion  inopinée  à  laquelle  il  ne  s'at- 
tcndoit  pas.  Fortune  inopinée.  Affaire  inopinée. 

INOPINEMENT,  adv.  4-^  fans  qu'on  y  ait  fongé 
.auparav.mt.  Jnopinatè  ,  ou  inopinato.  Il  eft  arrivé  ino- 
pinément. Les  Danois  furent  mallacrés  inopinément. 
MÉz.  Dieu  viendra  inopinément  juger  le  genre  hu- 
main. 

INORTHODOXIE,  f  f  C'eft  le  contraire  d'Orthodoxie, 
&  la  même  chofe  qu'Hétérodoxie.  On  l'a  accufé 
à' inorthodoxie  :  cela  le  rend  lutiject  à' inorthodoxie , 
c'ell-à  dire  de  mauvaife  dodrine.  Il  faut  éviter  la 
iufpicion  à' inorthodoxie. 

Madame  Du  Noyer  a  hafardé  ce  terme.  Il  n'eft 
point  en  ufige.  Hétérodoxie  ell  ufité. 

inouï  ,  IE.  adj.  |iXJ"  Dont  on  n'a  point  encore  en- 
tendu parler  ;  qui  eft  tel  qu'on  n'a  encore  oui  parler 
de  rien  de  femblable.  Inauditus.  La  railon  que  vous 
alléguez  eft  une  choie  inouie.  Il  eft  inoui  qu'on  pu- 
nille  deux  fois  une  même  perfonne  pour  un  même 
crime.  Crime  inoui.  Cruautés  inouies. 

INOWLADISLAW  ,  ou  INOWLOCZ.  Ville  de  la 
Cujavie  ,  en  Pologne.  Juniuladiflavium.  Elle  eft  ca- 
pitale d'un  Palatinat ,  qui  porte  ton  nom  ,  &  tituée 
fur  la  rivière  de  Netec  ,  à  deux  lieues  de  Krufwickj 
&c  à  dix  d'UlafdilIaw.  Maty.  Long.  37  d.  \$'  lat. 
52  d.  38'. 

Le  Palatinat  de  Inowladifaw.  Juniuladifavienfs , 
Inouladiflavienfs  Pclatinatus.  Province  de  la  Cuja- 
vie en  Pologne.  Elle  eft  bornée  au  Nord  par  la  Prulîc 
Royale  ,  tk  ailleurs  par  les  Palitinats  de  Kalifch, 
de  Brcft  &c  de  Piozhow.  Ses  villes  principales  font 
Inowladifaw ,  Uladillaw  &  Bedgoshy ,  ou  Bidgots. 
Quelques  Géographes  y  mettent  aullî  Dobrezin  , 
l'on  territoire.  Maty. 

INOWLOCZ.  Autre  petite  ville  qui  a  Châtellenie, 
Inoulada.  Elle  eft  dans  le  Palatinat  de  Lencici  ,  en 
Pologne  ,  tur  la  rivière  de  Pilcza ,  à  dix  lieues  de  la 
ville  de  Rava ,  du  côté  du  Midi.  Maty. 

I  N  P. 

IN  PACE.  Mot  Latin ,  qui  fe  dit  chez  les  Moines  , 
d'une  prifon  où  l'on  enferme  ceux  qui  ont  commis 
quelque  grande  faute.  On  faifoit  autrefois  plufieurs 
cérémonies  pour  mettre  un  Religieux  i/2 /Jiza-.  Main- 
tenant cela  n'ell  plus  en  ulage.  On  dit  aulli  de  ceux 
qu'on  a  mis  dans  une  prifon  perpétuelle,  qu'on  les 
a  mis  inpacc.  On  dit  aulli  quelquefois ,  requiefcat  in 
pace  J  qui  font  des  mots  Latins,  dont  l'Églile  le  fert 


Q 


I  N 

pour  prier  Dieu  que  les  aines  des  fidcllcs  défunts 
lepofent  en  paix.  On  met  aiilll  ces  inuts  au  bas  des 
Épitaplies.  Les  Payciis  mettoiciit  autrefois  S.  T.  T.  L. 
C'eft  à-dire  ,  Sii^ibi.  terra  Icvis ,  que  la  terre  vous 
loit  légère.  Et  :  ^t  humus  cineri  non  onerofa  tuo. 
On  dit  aullî  d'un  mort ,  qu'il  eft  in  pacc  ,  à  cnufe 
qu'on  dit  de  chaque  mort  en  l'Églile  ,  liequicfcac  in 
yiace. 

%s-  INPARTIBUS  Voy.  au  mot  Partibus. 

|p°  IN  PETTO.  Exprellion  Italienne  qui  a  palfé  dans 
notre  langue.  On  s  en  lert  quand  il  ell  queltion  de 
fujetsque  le  Pape  deftine  au  Cardinalat,  mais  qu'il 
ne  nomme  pas  Axws  la  promotion  où  il  fait  des  Car- 
dinaux ,  déclarant  feulement  qu'il  les  nommera  dans 
un  autre  temps.  On  cherche  à  deviner  les  fujets  créés 
Cardinaux  in  petto.  In  petto  ,  dans  le  cœur  _,  qu'on 
ne  manitclle  pas. 

03"  Nous  avons  étendu  l'exprellion  à  d'autres  fujets. 
Un  tel  elt  deftiné  in  petto  à  l'Amballade  de  Venife. 
J'ai  tracé  tous  mes  tableaux  d'après  nature  ;  j'eulfe 
rifqué  lans  cela  de  peindre  des  êtres  idéaux  ;  mais  je 
n'ai  déiîgné  dilHnttement  aucun  de  mes  originaux  , 
dont  les  noms  (ont  un  myftère  impénétrable  que  je 
me  réicrve  in  petto.    Les  mœurs. 

INPROMPTU.  f.  m.  Terme  Latin  qui  a  pallé  tout 
pur  en  François ,  pour  lignifier  un  ouvrage  fait  Lans 
préparation  ,  &  fur  le  champ  ,  par  la  vivacité  de 
l'elprit.  Opus  extempora/e.  Il  y  a  bien  des  gens  qui 
font  palier  pour  des  inpromptu  ,  des  ouvrages  mé- 
dités; &  c'ellpour  cela  qu'on  dit  en  raillant ,  un  in- 
promptu fait  à  loiiir.  M.  Sarazin  (5c  le  P.  Bouhours 
ont  dit  des  inpromptus  ,  Se  je  ne  les  bl.îme  point  :  je 
dis  pourtant  toujours  des  inpromptu  ,  8c  je  vois  que 
plu/ieurs  perfoniw;s  qui  parlent  bien  parlent  de  la 
îbrre.  MÉn.  Il  eft  favorable  à  la  Poéfie  qu'on  puilfe 
ajouter  une  s  au  pluriel. 

Je  mets  tous  les  matins  Jlx  inpromptus  au  net. 

BoiL. 

Louis  plus  digne  du  thrône 
Qu'aucun  Roi  qu'on  ait  vu', 
Enfeigne  l'art  à  Bellone 
De  faire  des  inpromptu  : 
C'ejl  une  chofe  facile 
Aux  Difciples  d'Apollon  ■■, 
Mais  ce  Conquérant  habile 
A  plutôt  pris  un  Ville  , 
Qu'ils  n'ont  fait  une  chanfon. 

Rec.  de  vers. 

On  voit  par  ces  exemples  que  les  Poètes  mettent  une 
s  au  pluriel  de  ce  mot ,  ou  la  retranchent ,  félon  que 
les  vers  l'exigent.  La  Poélie  a  commencé  par  les  i/z- 
promptu  groliiers  des  Laboureurs  dans  la  débauche, 
&  ces  inpromptu  forit  nés  dans  la  nature  feule.  Dac. 
\]\\  h  joli  inpromptu  vaut  une  pièce  méditée  ,  &:  peut^ 
être  qu'en  rêvant  beaucoup  ,  on  ne  pourroit  rien 
trouver  de  plus  heureux  ,  ni  de  plus  jufte.  Bouh. 
Molière  fait  dire  à  fcs  Précieules  ,  que  Vinpromptu  eft: 
juft:ement  la  pierre  de  touche  du  bel  efprit.  Je  ne 
dis  point  cela  pour  me  piquer  d'un  inpromptu.  Mol. 
Je  fuis  terriblement  fort  fur  Vinpromptu.  Id. 

D'un  mariage  inpromptu /a  hurle  f  que  f  allie. 


Au  refte  ,  on  peut  écrire  impromptu  ,  ou  inprom- 
ptu ;  ma\s  inpromptu  eft  meilleur. 
T  On  le  dit  généralement  de  tout  ce  qui  fc  fait  fans 
préparation.  Le  dîner  qu'il  nous  a  donné  j  étoit  un 
inpromptu.  Ce  couvert  étoit  inpromptu. 

I  N  Q. 


INQUANT.  f.  m.  Vieux  mot  ,  qui  fîgnifioit ,  'Vente 
faite  en  pubhc  &  avec  autorité  de  Juftice  ,  au  lieu 
duquel  on  dit  maintenant  encan.  Auclio ,  auclhonis 
forum.  Ondifoit  aulîi  Inquanter  ;  pout  dire  ,  vendre 
à.  l'encan  ,  csc\\.n\kntdaLmii  in  quantum  ,  comme 


IN  Q  183 

qui  diroit ,  A  combien  portez-vous  la  chofe  ?  Ces 
mots  font  encore  en  ufigc  en  plulieurs  Provinces  , 
&  on  les  trouve  dans  les  Coutumes  ,  Se  dans  les 
Auteurs  qui  ont  écrit  fur  les  matières  de  Droit.    ■ 

Dans  ce  mot  inquant  la  première  fyllabc  fe  pro- 
nonce comme  la  première  du  mot  infulte.  On  trouve 
aulli  ancan  ,  &  encan  ,  le  premier  s'écrit  plus  ordi- 
nairement ,  mais  on  prononce  ces  deux  mots  de  la 
iniinc  manière  ,  Se  l'e  dans  le  mot  encan  prend  le 
Ion  de  l'a  ,  comme  dans  d'autres  mots  ;  enfant  , 
entrer ,  &c. 

INQUANTER.  v.  a.  Ce  mot  fe  trouve  d.ins  la  Cou- 
tume de  Bretagne,  Se  fignifie  vendre  à  l'inquant. 

INQUART,  f.  m.  Terme  de  Chimie  :  il  fe  dit  d'une 
clpèce  de  purification  de  l'or.  La  purification  de  l'or 
par  Xinquan  le  tait  ainli.  On  prend  une  partie  d'or , 
&  trois  ou  quatre  parties  d'argent  de  coupelle ,  on 
les  fait  fondre  enlemble  dans  un  creufet  ,  puis  on 
les  verfe  dans  un  vailleau  de  cuivre  ,  protond  il^ 
rempli  d'eau  ,  l'or  Se  l'argent  fe  trouveront  au  fond 
en  forme  de  grenailles;  on  fait  fécher  IcsgrenaUles , 
qu'on  met  enluite  dans  un  matras  ,  dans  lequel  on 
verte  de  très-bonne  eau  forte  taite  de  l'alpêtre  Se  de 
vitriol  ,  &  avec  un  feu  de  fable  on  fait  dillbudrc  à 
l'eau-fortc  tout  l'argent ,  qui  lailfe  l'or  en  forme  de 
poudre  noire  au  fond  du  vailleau.  On  répète  cette 
opération  avec  de  nouvelle  eau-forte  ,  pour  achever 
de  dilloudre  l'argent  qui  peut  être  relié.  Il  faut  en- 
fin édulcorer  la  chaud  d'or  avec  de  Icau  ,  puis  la 
fécher  ,  &  la  faire  rougir,  doucement  dans  un  creu- 
fet, il  refte  imc  poudre  très-haute  en  couleur,  on 
peut  réduire  cette  poudre  en  lingot  par  la  fuiion 
avec  un  peu  de  borax.  C'efl  là  ce  qu'on  appelle  la 
purification  de  l'or  par  l'inquart.  Voy.  la  Chimie  de 
Glafer.    Ce  mot  cil  tynonyme  de   quartation. 

IN-QUARTO,  f.  m.  Terme  de  Librairie  ,  qui 
défigne  une  des  formes  qu'on  donne  aux  livres. 
C'efl  la  feuille  pliée  en  quatre  ,  qui  fournit  huit 
pages. 

INQUES.  Prépofition.   Vieux  mot.  Jufque. 

INQUIET  ,  lÈTE.  adj.  gCT  Terme  relatif  au  mou- 
vement &  à  l'agitation  ,  du  Latin  quietus  ,  quies  ^ 
repos  (?c  de  la  particule  privative,  in^  Inquiet  ,y?/2t; 
quiète.  C'ell  l'oppofe  de  i^aidfj  qu'on  a  dit  autrefois. 
Se  qui  nous  a  donné  quiétude.  Ainh  ce  mot  fignifie 
littéralement  celui  qui  eft  dans  quelque  agitation 
d'efprit  ,  de  quelque  caule  que  provienne  cette  agi- 
tation, de  la  crainte  ,  de  l'incertitude  ,  de  l'irréfolu- 
tion  ,  &c.  SoUicitus.  Une  chofe  que  nous  craignons 
nous  rend  inquiets.  Nous  fommes  inquiets  de  ne 
point  recevoir  de  nouvelles  des  perfonnes  pour 
qui  nous  nous  intérellons.  L'incertitude  de  l'événe- 
ment   nous    rend  inquiets   fur  une  affaire. 

§3"  Ce  mot  s'applique  encore  à  ceux  qui  ,  toujours 
mécontens  de  l'état  où  ils  fe  trouvent  ,  Se  des  chofes 
qu'ils  polfedent ,  tentent  le  befoinde  f.iire  autre  chofe 
que  ce  qu'ils  font ,  courent  après  les  nouveautés.  Se 
ne  fauroient  jamais  demeurer  en  repos.  Irrequietus. 
Un  efprit  brouillon  Se  inquiet.  Cet  homme  ell  fi  in- 
quiet ,  qu'il  change  à  tout  moment  de  propos ,  de 
place  ,  de  delleins.  Ce  font  les  cfprits  inquiets  ,  am- 
bitieux Se  remuans  qui  troublent  la  tranquillité  pu- 
blique. Il  fiut  fe  guérir  de  l'ennui  Se  de  l'humeur 
inquiète.  Voy.  Inquiétude  &  Inquiéter. 

|J3°  On  dit  qu'un  malade  etl  inquiet ,  lorfque  ton  mal 
le  met  dans  une  agitation  continuelle.  Voy.  Inquié- 
tude. Et  l'on  appelle  fommeil  inquiet  celui  qui  e!l 
fouvent  interrompu  ,  troublé  ,  foit  par  quelque  peine 
d'efprit  ,  foit  par  la  mauVaife  contlitution  de  celui 
qui  dort. 

INQUIET ATION.  f.  f.  Aélion  qui  trouble  ,  qui  in- 
quiète. Inquietatio.  Quand  on  a  joui  trente  ans  d'un 
héritage  fans  trouble  iSc  inquiétation ,  on  a  acquis  la 
pretcription.  Cet  ancien  terme  de  pratique  fe  trouve 
dans  la  Coutume  de  Paris  aux  art.  113  ,  114,  11  S. 
C'ell  la  même  chofe  que  trouble  Se  interruption. 

INQUIÉTER.  V.  a.  Rendre  inquiet  Inquletarc  ,  folli- 
citare  ,  angere  ,  vexare.  Ce  marchand  n'a  point  de 
nouvelle  de  Ion  vaiflèau ,  cela  l'inquiete.  Les   clpé- 


î84  I  N  Q 

lances  da  premiei:  homme  n'écoient  point  combat- 
tues par  des  craintes ,  &  Tes  pallions  n'inquiécolent 
point  fa  confcicnce.  FlÉc.  il  faut  arrêter  chez  nous 
tantôt  une  crainte  imaginaire  qui  nous  trouble  ,  ran- 
taz  une  tauHe  joie  qui  nous  emporte ,  &  tantôt  ré- 
gler un  delir  violent  qui  nous  inquiète.  Id.  Nous 
iommes  plus  inquiets  que  peiiuadés.  La  confcience 
nous  inquiète  à  tous  momcns  par  fes  importuns  re- 
mords. Nie.  Les  icrupules  tont  des  coniidcrations 
qui  inquiètent  la  contcience  ,  enlorte  qu'elle  Ji'agit 
qa'en  tremblant  ,  &C  toujours  avec  appréhenliou. 
La  Pl. 
Inquiéter.  Il  fignilîe  aulli  généralement.  Troubler, 
faire  de  la  peine  en  quelque  choie  que  ce  loit.  Dès 
•qu'il  eli  dans  fon  cabinet  ,  il  ne  veut  point  qu'on 
l'importune,  qu'on  Vinquicte.  Il  inquiéioii  les  aifié- 
geans  par  de  continuelles  lorries. 

Il  elt  aulh  quelquefois  récip.  C'eft  un  homme  qui 
s'inquiète  ailcment.  Ac.  Fr.  Il  ne  sinquitte  de 
rien. 
ÏNQ.UIÉTER  ,  fignifîe  aulîi  en  termes  d-c  Palais  fJCT  Trou- 
bler quelqu'un  dans  la  polleilion  de  quelque  bien , 
faire  un  procès.  Litem  movere.  J  étois  tranquille  pof- 
■felîeur  de  cette  terre  ,  quand  on  eft  venu  iw' inquiéter. 
Quand  on  elt  inquiété  dans  la  polîellion  de  quelque 
acquihtion,  oniait  alîîgner  fon  vendeur  en  garantie. 
Cet  homme  ell  inquiété  pour  les  dettes  de  (on  père. 
Inquiété  ,  ée.  part.  &  adj. 

f^F  INQUIÉTUDE,   f.  i.   Pour  l'Étymologie  ,    Voy. 
Inquiet.  Inquietudo.   Ce  mot   déligne    proprement 
l'agitation  de  l'ame  ,  quel  qu'en   foit  le  principe  , 
l'ennui  ,  le  befoin  ,  le  dégoût ,  la  paillon  ,  &c.  Il  y 
a  des  gens  qui  agiilent  pour  agir ,  &  par  eiprit  à' in- 
quiétude. S.  ÉVR.  Il  feut  délu-er  (ans  inquiétude.  Flec. 
Notre   vie  n'eft  qu'une   tuite  de  folies  inquiétudes. 
Bess.  Dieu  feul  peut  fixer  ['inquiétude  dt  nos  fou- 
haits.   Nic.    L'inclination  que  nous  avons  pour  le 
bien  en  général  ,  eft  le  principe  de  l'inquiétude  de 
notre  volonté.    Ce  mouvement  ne    cédant  jamais , 
donne   nécellairement  à  l'eiprit  une  agitation  con- 
tinuelle.   La  volonté  qui  cherche  ce  qu'c-lle  délire  , 
•oblige  l'efprit de  (e  repréfenter  toutes  (ortes  d'objets. 
L'eiprit  fe   les  réprélente  ;  l'amie  ne  les  goûte  pas  ^ 
ou  (i  elle  les  goûte ,  elle  ne  s'en  contente  pas.  L'ame 
ne  les  goûte  pas ,  parce  que  fouvent  la  vue  de  Tob- 
jct  n'eft  pas  accompagnée  de  plailîr  :  or  c'eft  par  le 
plailir  qu'elle  goûte  (on    bien.   L'ame  ne  s'en  con- 
tente pas  ,  parce  que  tout  ce  que  l'eiprit  (e  repré- 
fente  pour  (on  bien  ,  eft  fini  ;  &  tout  ce  qui  eft  fini 
peut  bien  détourner  pour  un  moment  notre  amour , 
•mais  il  ne    peut  le   fixer.   L'ame  eft  donc  toujours 
inquiète  ,  parce  qu'elle   eft  toujours  portée  à  cher- 
cher cequ'ellc  ne  peut  jamais  trouver  ,  &  ce  qu'elle 
eipère    toujours  de  trouver.   Cette  inquiétude  de  la 
"volonté  eft  la  fource  de  l'inconftance  &  de  la  légèreté 
•de  l'efprit  ,   parce  que  toujours  agitée  de  de(irs  & 
d'emprellemens ,  ce  n'eft    que  dans  la   multiplicité 
des  plailus  qu'elle   eipère  trouver   (on    bonheur  : 
ainîi  elle  promené  fans  celfe  l'eiprit  d'objets  en  ob- 
jets qu'elle  croit  capables  de  la   rendre   heureufe. 

Ce  motfignifie  quelquetoisyôaci  ,  peine  d'efprit; 
impatience  caulée  par  quelque  pallîoji.  Cura  j  fbni- 
citudo.  Rien   ne   peut  calmer  l'inquiétude   mortelle 
que  lui  donne  la  maladie  de  fon  frère.  Tirez  moi  de 
la  fombre  inquiétude  où  je  luis.  S.  EvR.  La  douleur 
a  t  elle  jamais  tiré  de  fon  cœur  un  feul  mouvement 
d'impatience    Se  d'inquiétude  :   Flec.    On  dit  aulli 
l'inquiétude  des  remords,  f^oye^  Remords. 
Inquiétude  ,  fe  dit  aulli  de  certaines  petites  douleurs 
qui  caufentde  l'agitation  8c  de  l'impatience  ^  &  qui 
fe    font  fentir  ordinairement   aux  jambes.    Il  a  de 
.     grandes  inquiétudes  aux  jambes. 
^CF  Ce  fymptome  des  maladies    connu  fous  le   nom 
vulgaire  d'inquiétude  ,  efl:  défigné  en  terme  de  l'art  j 
par  anxiété ,  &  jactation.  Foye\  ces  mots. 
INQUINER.  v.   a.  Du  Latin  inquinarc.  Salir ,  gâter. 
Il  eft  du  ftyle  burlefque. 

Et  plujlcurs  Troyens  des  plus  beaux , 


INQ 


En  inquinèrent  leurs  how^eaux. 

Scarron  ,  Virg.   trav. 

Vous  avez  ,  dit  Rofe  au  Duc  de  Mayenne  ,  fi  in- 
quiné  &c  diftamé  cette  belle  fille  aînée  (  l'Univerfité  ) 
cette  pudique  Vierge  ,   cette   lleuriilante   pucelle  , 
perle   unique  du    monde,   diamant  de  la   France, 
eicarboucle  du  Royaume  ,  &  une  des  Heurs  de  Us 
de  Paris  la  plus  blanche  ;  que  les  Univerlités  étran- 
gères en  font  des  (omettes  Grecques  &  Latines  ,  & 
■yerfa  ejl   in  opprobnum  gentium.  Satire  Menippée  , 
T.  I.  pag.  Si. 
INQUISITEUR,  f.  m.  Officier  du  Tribunal  de  l'Inqui- 
fnion.    J^ay.   ce  mot.    Fidei  Inquijitor.    En  1198, 
Innocent  III  envoya    dans  les   Provinces   Méridio- 
nales  de  la  France  deux  Moines  de  Citeaux  ,  Ramier 
&  Gui,  pour  convertir  les   Manichéens  dont  elles 
croient  pleines  ,   &    excommunier    les  opiniâtres  , 
avec  ordre  aux  Seigneurs  de  confilquer  les  biens  des 
excommuniés ,  les  bannir  ,  les    punir  févérement  ; 
8c  pouvoir  à  Rainier  d'y  contraindre  les  Seigneurs , 
par  excommunication  &:  par  interdit  fur  leurs  ter- 
res. Or  ces  Commillaires  envoyés  contre  les  Héré- 
tiques éroient  ce  que  depuis  on  nomm.a  Inquijîteurs, 
Fleury  ,  Hijî.  EccL  L.  7/.  Le  Concile   de  Nar- 
bonne  de  l'an  123J  ,  Se  celui  de  Béziers  de   1246, 
donnèrent  aux  Frères  Prêcheurs  ,  Inquijïteurs  dans 
les    Provinces   d'Arles  ,  d'Aix ,  d'Embrun  ,  &   de 
Vienne  ,  un  règlement  de  37  articles,  qui  ont  été 
les  fondemens  de  la  procédure  obfervée  depuis  dans 
les   Tribunaux  de  llnquilidon.  Du  Cange  dit  qu'il 
y  a  eu  en  France  des  înquifiteurs  établis  vers  l'an  1 119. 
contre  les  Vaudois  ,  par  le  Concile  de  Touloufe  , 
qui  furent  choilis  de  l'Ordre  des  Frères  Prêcheurs  ; 
Se    qu'il  y  en  a  eu  aulîi  (ous  François  I  contre  les 
Luthériens  ,  établis  par  une  Bulle  de  Clément  VII  , 
en  1525.   Quoique  le  Tribunal  de  l'Inquihtion  n'ait 
jamais  été  établi  en  France  de  la  manière  qu'il  l'eft 
en  Eipagne  &  en  Italie ,  il  y  a  eu  parmi  nous  du- 
rant plufieufs    liècles   des   Inquifiteurs   délégués  du 
Pape  pour  y  conferver  la  piueté  de  la  foi  ,  Se  tenir 
les  peuples  dans  l'obéitfance  de  l'Éghfe.  Douze  ans 
après  la  mort  de  S.   Dominique  ,  qui  fut  le  premier 
Inquifiteur  général  commis  par  Innocent  III  Se  par 
I-lonoré  III  contre  les  F4érétiqucs   Albigeois  ,   Gré- 
goire IX  nomiTia  deux  Religieux  du    même  Ordre 
l'an  I23J'  pour  exercer  le  même  emploi  ;  Se   cette 
commiliion   Apoftohc;iue  ne  fe  perpétua  pas   (eule- 
ment  dans  le    Couvent  de  Touloufe  ,  elle  s'étendit 
encore    en  plulieurs  autres   Monaftères  du  Royau- 
me. Un  des  Ccmmilîaires  nommés  en  la  caufe  des 
Templiers  ,  étoit  l'Inquifiteur  Général   en   France  : 
un  des  Cenleurs  de  la  doctrine  de  Jean  Petit  ,  Doc- 
teur de  l  Univerlîté  de  Paris ,  l'éroit  aulli.  Et  l'hil- 
toire  de  la  Pucelle  d'Orléans  nous  apprend  que  l'an 
1430,  Jean  Magiltri ,  Vicc-gérent  de  Jean  Grove- 
rant ,  Inquifiteur  de   la  foi  ,   fut  un  de  (es  Juges  ■■, 
que   3  5  ans  après  Jean  Bréhal ,  Inqufiteur  lui-même  , 
la  déclara  innocente ,  avec  des  Prélats    députés  du 
Pape  Califte.  Depuis  ce  temps-là  julqu'au  règne  de 
François  I ,  il  ne  paroît  pas  qu'il  y  ait  eu  en  France 
de   ces  (ortes  d'Inqufiteurs ,  (oit  que  les  Papes    ne  . 
les  jugeailent  pas  néceftaires  ,  dans  un  (lèclc  oii  les 
erreurs  croient  comme  éteintes ,  (oit  que  les  Princes 
qui  regnoient  ,  plus  jaloux  de  l'autorité  Royale  que 
leurs  prédécefleurs  ,  ne   voululfent  point  louiirir  ce 
qui  (cmbloit  choquer  les  libertés  de  l'Églife  GalliGa- 
ue.   P.  BouHOURS.   p^ie  de  S.  Ignace  ,  L.  IL  Souî 
François  I  ,  Marthieu  Ori  reçut  du  Pape  Clément  VII 
la  qualité  d' Inqufiteur ,  à  l'occalion  des  hétélies  d'Al- 
lemagne. Id.   Mais  i!  ne  refte  plus  aujourd'hui  au- 
cuns veftiges  d'inquifition  en  France ,  ieulement  il  v 
a  encore  à  Touloufe  rin  Inquifiteur  ;  c'eft  un  Jaco- 
bin :  mais  toute  (a  fonction  elt  réduite  à  examiner  les 
livres  de  doétiine.  Le  Grand  Inquifiteur  d'Elpagne 
eft  nommé  par  le  Roi  ,  il  juge  en  dernier  rellort ,  Se 
fans  appel  à  Rome.    Le  Pape  confirme  l'Inquifiteur 
Général  qui  c(t  nommé  p^^r  le  Roi  d'Elpagne. 

Les 


IN  Q 


Les  Frères  Prcchcurs  prétendent  que  S.  Domini- 
que aétc  le  pïcmki: In^/uijitcur ,  &  l'Ordre  de  Cîtciux 
Soutient  que  ce  fut  l'icue  de  Cadelnau  M.irryr.  Le 
P.  Ecliard  &  le  P.  Cuj-'e  ■  (outieunent  que  le  premier 
qui  a  porte  cette  qualitc  eft  Coiirard  de  Maipurg  , 
Francifeain  ,  fclon  celm  ci ,  &  Pre-trc  Séculier,  félon 
celui-là. 

■  Les  Inqu:Jjtcurs  Généraux  de  Rome  font  les  Car- 
dinaux qui  (ont  de  li  Con;.;régation  de  l'Inquilition. 
Ils  preiuicjit  le  titre  6.  Inquijitcurs  Généraux  dans  toute 
la  République  Chrérieiinc,  mais  ils  n'ont  point  de 
Juriididiion  en  France,  &:  leurs  décrets  n'y  font  point 
exécutés.  Ils  peuvent  deititucr  ,  révoquer  les  Inqwfi- 
teurs  particuliers,  du  moins  ceux  qui  font  en  Italie. 
En  terme  du  Grand  Arc  on  appelle  Inau'ifitcurs , 
ceux  qui  cherchent  la  pierre  philolophale. 
INQUISLFIOiM.  1.  f.  Terme  de  Junfprudence.  Re- 
cherche qu'un  Juge  fait  d'ollice  des  crimes  (lU*  la 
commune  renommée.  Dans  ce  (eus  il  n'a  guère  d'u- 
fage.  Inqu'ifido.  Il  n'y  a  point  d'inquifiiion  en  France  , 
&  on  n'y  lait  point  d'informations  qu'il  n'y  ait 
un  dénonciateur ,  une  partie ,  ou  que  le  Procureur 
du  Roi  ne  loir  l'acculatcur.  En  Italie,  en  EfpagnCj 
en  Pottugal ,  Yliiqu'fidon  a  lieu  pour  les  matières  de 
la  Religion  ,  c'ell  ce  qui  a  bit  donner  le  nom  à'inquifi- 
tion  au  tribunal  où  ces  lortcs  d'alfaires  iont  portées. 
Inquisition,  f.  f.  Fide'i  quxfuorum  Collegium.  Inquifitïo. 
Jurifdidion  Eccléiiallique  étabhe  en  Eipagne  ,  en 
Portugal ,  &c  en  Italie,  |Cr  pour  rechercher  ôc  pu- 
nir ceux  qui  ont  des  ientimens  contraires  a  la  ioi. 
Quelques  uns  croient  voir  les  commencemens  ,& 
l'origine  de  Vlnqulfîdon  dans  une  Conlfitution  que 
fit  le  Pape  Lucius  au  Concile  de  Vérone  en  1 184, 
en  ce  qu'il  y  ordonna  aux  Évcques  de  s  informer  par 
eux  mêmes .,  ou  par  Commillaires  ,  des  perlonnes 
lufpeiles  d'héielie  \  qu'il  y  diftingue  les  degrés  de 
fliipeds  ,  de  convaincus  ,  de  pénitens  &c  de  relaps , 
Suivant  Icfquels  les  peines  font  ditlérentes  ;  8c  qu'a- 
près que  l'Èglue  a  employé  contre  les  coupables  les 
peines  Ipirituelles ,  elle  les  abandonne  au  bras  fécu- 
lier  ,  pour  les  punir  des  peines  corpoielles,  l'expé- 
rience ayant  montré  que  plulieurs  Chrétiens ,  &  par- 
ticulièrement les  nouveaux  Hérétiques  ,  le  raettoient 
peu  en  peine  des  cenfures  Eccléliaftiques ,  Se  mépri- 
foiem  ces  punitions  fpirituelles. 

L'héréfie  des  Albigeois  donna  occafion  à  l'établif- 
fement  de  \' Inquifuion.  Je  ne  fais  ii  la  première  idée 
.  en  vint  ou  au  Pape  Innocent  III ,  ou  a  S.  Domini 
que.  Ce  dernier  en  lit  Touverture  à  Arnaud,  Abbé 
de  Cîteaux  ,  &  Légat  du  S.  Siège  qui  l'approuva  ;  ôc 
jugeant  que  rien  ne  pouvait  être  plus  utrie  pour  l'ex- 
tirpation de  l'héréfie  ,  il  ordonna  iur  le  champ  à  S. 
Dominique  d'exercer   par  commilùon  ,    &  jufqu'à 
nouvel  ordre,  les  ibndtions  d'une  charge  qu'il  avoir 
fi  bien  imaginée.  Les  Cardinaux  Pierre  Se  Bernard, 
qui  fuccédèrent  à  Arnaud  dans  la  Légation  ,  le  con- 
firmèrent dans  cet  emploi ,  dont  il  remplit  les  fonc- 
tions  pendant  trois    ans.   Et  le    Pape  ayant  appris 
avec  quel  iuccès  il  s'en  acquittoit ,  lui  ordonna  de  con- 
tinuer jufqu'au  Concile  de  Lacran  qu'il  .avoit  convo- 
qué.  Il  propcla  cet  établilfcment  aux  Pères  du  Con- 
cile ,  Se  après  l'avoir  concerté  avec  eux  ,  il  expédia  à 
S.  Dominique  un  Bref  par  lequel  il  lui  donna  le  mê- 
me pouvoir  que  tes  lucceileurs  dans  le  Siège  Romain , 
ont  depuis  accordé  aux  Inquiiiteurs.  Prévoyant  même 
que  S.  Dominique  ne  pouvoir  pas,  fans  le  fecours 
du  bras  féculier  ,  remplix  les  fonctions  de  cette  char 
ge ,  il  accorda  aux  la'ics ,  qui  s'allbcieroient  avec  lui 
les  mêmes  privilèges  que  les  Papes  fes  prédécelleurs 
avoient  accordés  dans  les  Croifades  aux  Che\'aliers 
du  Temple  &  de  l'i^ôpital  de  S.  Jean  de  Jérufalem. 
Ce  qui  donna  lieu  à  S.  Dominique  d'établir  une  fo 
cietéde  Chevaliers  ,  qu'il  nomma  les  Frères  de  la 
Milice  de  Jesus-Christ.  Grégoire  IX  les  fit  nommer 
depuis  la  Milice  de  S.  Dominique.  On  appelle  à  pré 
icnt  en  Italie ,   ceux  qui  s'engagent  dans  cette  focié- 
le,  les  Chevaliers  de  r//2^i/i/?;io/î  ,&cnEfpagnc,  les 
Domeftiques  du  S.  Office.  Familiares  &  Domcflia 

Toms  V, 


INQ  i8f 

L'Inquisixion  ne  fut  pas  né.iiinioiris  tellement  attachée 
à  l'C^rdrc  de  S.  Dominique ,  qu'il  n'y  ait  eu  en  divers 
temps  pluiieurs  Inquiliuuis  d'autres  Ordres ,  Se  mê- 
me des  EccléfiajHques ,  des  Lvcquesi?*:  des  Cardinaux , 
avec  cf.ttc  dirtércncc ,  que  ces  derniers  ont  ordinai- 
rement été  créés  Inquifiteurs  Généraux ,  ou  de  toute 
l'Églile  ou  d'un  Royaume  ,  Se  que  les  autres  ne  1  ont 
été  &  ne  le  font  que  d'imc  province  ,  ou  d'un  pays 
particulier. 

Quelques  rMoriens  de  l'Ordre  de  Cîteaux  ,  ûtant 
à  S.  Dominique  la  gloire  d'avoir  été  premier  Inqui- 
siteur ,  l'ont  donnée  à  Radulphc  ,  Pierre  Se  Arnaud  , 
tous  trois  abbés  de  leur  Ordre  j  &  Légats  du  S.  Siè- 
ge -,  nwis  comme  il  cft  certain  qu'en  qualité  de  Légats 
ils  avoient  l'autorité  des  Inquiiiteurs,  il  ne  l'eft  pas 
moins  qu'ils  n'en  portoient  pas  le  nom  ,  qu'ils  n'en 
avoient  pas  de  coniniiirion  particulière  ,  qu'ils  n'en 
avoient  point  érigé  le  Tribunal,  Se  que  les  fomalités 
qui  s'y  oblcrvent ,  ne  commencèrent  qu'en  la  per- 
fonnedeS.  Dominique,  qui  le  premier  fut  nommé 
Inquihtcur,  &  qui  préfida  le  premier  au  Tribunal 
de  \' Inquifuion  ,  fous  l'autorité  du  Pape  Innocent  III  , 
«^'  de  Philippe  Augude  ,  qui  commanda  au  Comte 
Simon  de  Montfort  de  le  maintenir  dans  les  fondions 
de  la  charge. 

Ces  Inquifiteurs  rendoient  compte  au  Pape  dit 
nombre  des  Hérétiques ,  Se  de  la  conduite  des  Prin- 
ces Se  des  Prélats  ,  &c  de-la  eil  venu  le  nom  d'Iaqui- 
fucur ,  mais  ils  n'avoient  d'abord  aucun  tribunal  , 
ni  aucune  autorité.  Ils  taifoient  feulement  des  Enquê- 
tes pour  en  faire  leur  rapport  à  Rome.  L'Empereur 
Frédéric  II,  au  commencement  du  treizième  fiècle, 
étendit  beaucoup  leur  pouvoir  ,  &  attribua  à  des 
Juges  Clercs  la  connoiilànce  du  crime  d'héréfie  :  Se 
comme  la  peine  du  feu  étoit  ordonnée  contre  les  opi- 
niâtres ,  les  Inquifiteurs  décidoient  indireélement  de 
la  perfonne ,  aulH  bien  que  du  crime  ;  enfortc  que 
les  Laïcs  étoient  par  là  foultraits  à  leur  propre  jurif- 
dittion  ,  Se  abandonnés  au  zèle  des  Bccléliaftiques. 
Après  la  mort  de  Frédéric  II  ,  qui  s'étoit  repenti  du 
pouvoir  qu'il  avoit  donné  aux  EccléfialHques  ,  le 
Pape  Innocent  IV  érigea  un  tribunal  perpétuel  aux: 
Inquifiteurs ,  Se  priva  les  Évêques  ,  Se  les  Juges  fp- 
cuhers  du  refte  du  pouvoir  que  Frédéric  leur  avoit 
laiffé.  Il  planta  cette  Jurifdiétion  relevant  de  lui  im- 
médiatement ,  prefque  dans  tous  les  États  de  la  Chré- 
tienté. Les  Inquiiiteurs  par  le  carnage  qu'ils  firent 
des  Hérétiques  foulevèrent  les  efprits  contre  eux. 
Leur  règne  ne  fut  pas  long  en  Allemagne,  ni  en 
France.  L'Efpagne  même  n'y  fut  entièrement  fou- 
mile  que  du  temps  de  Ferdinand  &  d'Ifabelle  en 
1448  ,  lous  prétexte  de  purger  le  Royaume  du  Maho- 
métifmc  &  du  Juda'i'fme.  Ainfi  l'Inqui/îàon  fe  trouve 
aujourd'hui  renfermée  dans  l'Italie  ,  excepté  le  Royau- 
me de  Naples ,  Se  dans  les  Royaumes  d'Efpagne  Se 
de  Portugal.  En  Portugal  elle  fut  dreiîee  fur  le  mo^ 
dèle  de  celle  d'Efp.agne  ,  Se  érigée  en  i  jjj.  M.  de 
la  Neuvilledit,dansfon  hiftoirede  Portugal  ^  T.I, 
F;  Ji>^>  que  ce  fut  fous  le  rcgne  de  Jean  III,  &  en 
l'année  i  j  J7  j  que  les  Tribunaux  de  {'Inquifuion  fu- 
reur établis  dans  les  villes  de  Lisbonne ,  de  Coïmbre 
(Se  d'Évora.  f^oy.  cet  Auteur. 

On  y  a  même  apporté  quelques  reftriélions ,  fur- 
tout  à  Venife  ,  \' Inquifuion  n'y  a  été  reçue  qu'aveu 
des  modifications  qui  en  bornent  extrêmement  le 
pouvoir.  Les  appellations  des  Jurifdidtions  fubalter- 
nes  de  \ Inquifuion  d'Italie  reirortillènt  à  la  Congré- 
gation du  S.  Office  qui  réfide  à  Rome,  C'eft  la  maxi- 
me de  \ Inquifuion  d'atieéler  dans  fes  procédures 
tout  ce  qui  peut  infpirer  la  terreur  Se  l'eitroi.  Ceux 
que  ï Inquiftion  lailit  ,  font  abandonnés  de  tout  le 
monde  ,  fins  exception  ,  S:  pcrionne  n'ofc  parler 
pour  l'accufé  :  cela  feul  palferoit  pour  un  foupçon 
d'héréiie.  Le  temps  ne  prelcrit  point  en  fait  d'héré»- 
fie  ,  &:  la  mort  elle  même  ne  fouftrait  pas  les  cou- 
pables aux  pourfuites  de  ï  Inquiftion.  On  y  fait  le 
procès  aux  cadavres  des  acculés.  Les  exécutions  ne 
fe  font  que  quand  les  criminels  font  en  grand  nom- 
bre,  afin  que  la   multitude  des  fupplices  falfe  une 

Aa 


86 


I  N  S 


plus  vive  imprcflîon  ,  &  donne  v.n  exemple  plus 
etîrayant.  On  les  appelle  accès  de  joï.  Le  Pape 
Paul  IV  appeloit  Xlnquifiûon  ,  le  grand  rejjon  du 
Pontificat.    Voy.  Hijloire  Ecclcfiaftique. 

CeTi'ibunal  établi  prcmicremciir  en  Fr.ince  ,  le  kit 
bieiitôi:  dans  les  autres  Koyauuics  de  la  Chrétienté  , 
&:.  lur-tout  dans  ceux  que  les  Albigeois  &:  Vaudois 
avoient  infedtés  de  leurs  hérélies.  Ce  que  le  Roi 
Louis  VIII ,  Se  S.  Louis  prefcrivirent  pour  régler  la 
manière  dont  on  dcvoit  rendre  la  Juftice  dans  ce 
Tribunal  j  ne  permet  pas  de  douter  que  la  Juridic- 
tion ne  fût  en  même  temps  Ecclélîalliquc  &  Pioyale  : 
Eccléiiaftique  ,  en  ce  que  les  Inqiiihteurs  connoil- 
loient  des  choies  de  la  Foi  ;  Pioyale ,  en  ce  qu'ils 
avoient  l'autorité  de  condamner  les  Hérétiques  à  des 
peines  pécuniaires  &  perlonnelles  ;  tic  qu'ils  n'exer- 
çoient  leurs  fonctions  qu'en  vertu  des  Lettres  Patentes 
du  Roi  ,  auquel  ils  répondoient  immédiatement 
comme  les  autres  Jurifdiccions  Royales. 

L'exercice  de  ce  Tribunal  établi  par  toute  la  Fran- 
ce j  y  a  celle  par  les  Édits  de  Pacification  ,  qui  tolé- 
rant la  liberté  de  conkicnce  ,  ôtèrcnt  aux  Inquih- 
teurs  la  matière  de  leur  Jugement.  Julqu'à  Louis 
XIV,  il  en  reftoit  encore  deux,  l'un  à  Touloule  & 
l'autre  à  Carcalfonnc  ,  qui  étoient  autorifés  par  Let- 
tres Patentes  du  Roi. 
T.C.P.  Benoît,  DominkabuYoy.  INQUISITEUR. 

L'Inquistion  de  Rome  ,  ell  une  Congrégation  de  lept 
Cardinaux  ,  d'autres  dilent  douze  ,  &  de  quelques  au- 
tres OîKciers.  Le  Pape  y  préiide  enperlonne.  Ce  Tri- 
bunal de  \ Inquifuïon  ,  ell  le  premier  Tribunal  de 
Rome.  Il  a  commencé  fous  Paul  III  à  l'occailon  de 
l'hérélîe  de  Luther  :  ce  Pape  nomma  d'abord  neuf 
favans  hommes  pour  travailler  à  la  réformation  des 
mœurs  ;  cette  Congrégation  fut  nommée  dans  la 
fuite  Inquifition.  Sixte  V  la  confirma  par  une  bulle, 
&  lui  donna  le  premier  rang  entre  quinze  Congré- 
gations qu'il  établit  à  Rome.  La  Congrégation  de  V In- 
quifition hit  érigée  en  i  ^45 ,  à  prélent  elle  ell:  com- 
polée  de  douze  Cardinaux,  f^oy.  du  Chefne  ,  Hijl.  des 
Papes  ,  Jean  Delloix  ,  dans  ion  Inquiliteur  de  la  Foi. 

LTnquisition  ell  très  levèrc  aux  Indes.  Il  ell  vrai 
qu'il  but  fept  témoins  qui  dépofent  contre  un  hom- 
me pour  le  faire  condamner  ,  mais  on  reçoit  les  dé^ 
polîtions  d'un  elclave  ,  ou  d'un  enfant.  Il  fiut  s'ac- 
culer foi-même, &  on  ne  confronte  ,ni  on  ne  voit 
jamais  les  témoins  ;  on  cil  accule  pour  la  moindre 
chofe  qui  foit  échappée  contre  l'Églife  ,  ou  pour  n'a- 
voir pas  parlé  avec  allez  de  révérence  de  X Inqufition. 

.  On  appelle  aulH  V Inquifition  ,  le  Saint  Office.  L'é- 
tendard de  \' Inquifitton  ell  un  damas  rouge  fur  lequel 
ell  peinte  une  croix  ,  accompagnée  d'un  côté  d'une 
branche  d'olivier ,  &  de  l'autre  d'une  épéc  ,  &  au- 

.  tour  ces  paroles  du  Pfcaume ,  Exurge  ,  Domine  j 
&  judica  caufam  tuam. 

INRAMO.  f.  m.  Coton.  Sorte  de  coton  en  malTe  & 
non  filé ,  qui  fe  tire  du  Levant  &  d'Egypte  par  la 
voie  du  Caire. 

I  N  S. 

INSABATÉ,  ÉE.  f.  m.  &  f.  C'eft  un  des  noms  que 

l'on  donna  aux  dilcipies  de  Pierre  Valdo  ,  eu  Vaudois. 

Infabatus  jL^avatus.  Ils  furent  ainll  nommés  à  caufe 

des  iandalcs  qu'ils  portoicnt ,   &  qui  en  Efpagnol 

s'appellent  encore  Sapados.  Quelques  -  uns  écrivent 
.    Iniapacé.  Voy.  ce  mot,  &  VAUDOIS. 
ISO"  liNSANDA.  f.  m.  Nom  d'un  arbre  fort  commun 

dans  le  Royaume  de  Congo ,  qui  relfemblc  allez  à 

notre  laurier.  On  fait  de  Ion  écorce  macérée  une  étoile 

nngnilique. 
§Cr  INSATIABILITÉ.  f.  f.  Faim  violente  qu'on  ne  peut 

ralîafier.  Infitiabilitas.  Il  a  une  mfatiabiiué  que  rien 

ne  peut  affouvir. 
§CJ"On  le  dit  aulTi  au  figuré.  L'infitiabilite  d'un  avare. 

Uinjatiabilité  des  honneurs ,  des  richelfes.  Aurifiera 

faines. 
^fT  INSATIABLE,  ac'j.  de  t.  g.  Qu'on  ne  peut  alfouvir. 

On  le  dit  particulièrement  de   la  faim.  Faim,  appétit 

/.nfitiable.  InfitiahUis. 


I  N  S 

f;-^  Un  auteur ,  qui  ea  cela  n'ell  pas  à  imiter  ,  l'a  dit 
de  la  foif  qu'on  ne  peut  défaltérer. 

De  l hydropique  enflé  /a  yôz/ infatiablc 
Cherche  en  vain  dans  les  eaux  àfe  déj altérer: 
Plus  il  boit , plus  il  enfle ,  &  lafiij  qui  l'accable 
Ne  peut  fe  tempérer. 

Traduélion  d'Horace,  L.  II.  Od.,2, 

Insatiable  fe  dit  plus  ordinairement  au  figuré  ,  des 
pallions  ,  des  delirs.  Avarice  infaiiable.  Ambitieux  in- 
fatiable  de  gloire. 

CCf"  Le  P.  Bouilours  remarque  c^vCinfatiable  ell  de  ces  mots 
qui  ne  régilîent  rien.  On  ne  dit  point  infatiable  de  man- 
ger. On  peut  bien  dire  ,  un  denr  infatLable  d'appren- 
dre, mais  alors  apprendre  ell  régi  par  dehr.  Cependant 
on  dit  très-bien  qu'un  ambitieux  ell  infatiable  de  gloi- 
re j  d'honneur-,  qu'un  avare  ell  infatiable  de richellès. 
Ainli  ce  mot  peut  fe  mettre  avec  régime ,  contre  la  dé- 
cilion  du  P.  Bouhours. 

On  dit  que  l'enter  &  b  mort  lont  des  gouffres ,  des 
monllres  infatiahles. 

INiA  flABLEMENT.adv.  D'une  manière  infatiable.  In- 
fiiturabiliter ,  infatiabiliter.  L'avare  amaile  infatiable - 
OTe/2rdcs  tréfors.  Ucft  infatiablemcntuvïAc  d'honneur. 

iNSCihMMENT.  adv.  5ans  favoir,  fans  connoitre. 
Imprudintcr.  Si  cet  homme  vous  a  blellé ,  c'ell  inf- 
cierr.ment ,  ce  n'efl  pas  par  malice 

INSCIENCE.  L  f.  Négation  de  fcience,  défaut  de  con- 
noillance  ,  le  non  favoir.  Infcientia.  L'Abbé  de  S. 
Pvéal  s'ell  lervi  de  ce  mot  daiîs  la  Lettre  lur  la  Vérité 
de  la  Religion  ■,  mais  c'efl  le  fcul  endroit  où  on  l'ait 
trouvé.  Car,  dit  il,  pour  ces  gens  llupides  &  igno- 
rans,  qui  vivent  dans  une  infcience  univerfelle  ,  fans 
avoir  jamais  eu  les  moyens  d'être  inllruits  ni  infor- 
més de  quoi  que  ce  foit,  nous  devons  lailfer  a  la 
Providence  le  loin  de  leur  fort ,  fans  nous  embarral- 
fer  d'en  juger. 

INSCIENT ,  ENTE,  vieux  adj.  m.  &  f.  Ignorant.  Igna- 
rus  ,  infciens.  Ces  trois  mots  ne  font  point  ufités. 

lîCr  INSCRIPTION,  f.  f.  Caradères  gravés  furie  cui- 
vre ,  ou  fur  le  marbre  pour  conierver  la  mémoire  de 
quelque  perfonne  ou  cle  quelque  événement  conii- 
dérabie.  Infcriptio.  Ainfi  l'infcription  dilfcre  de  l'Epi- 
graphe qui  fert  à  donner  quelque  connoillânce  d  uiie 
chofe.  On  met  des  infcriptions  aux  édifices  pubhcs, 
aux  arcs  de  'triomphe ,  é'c.  On  met  des  Epigraphes 
fur  les  bàtimcns  particuliers  ,  pour  en  marquer  l'u- 
fage  &C  le  temps  de  la  conllrudion  :  on  en  met  au 
frontiipiced'un  ouvrage  ,  pour  en  indiquer  l'objet,  iSc 
au  bas  d'une  ellampe  pour  en  faciliter  l'intelligence. 
Les  Antiquaires  iont  curieux  des  vieilles  infcrip- 
tions qui  fe  trouvent  fur  les  pierres ,  fur  les  monu- 
mens  de  l'antiquité.  Sanchoniate,  contemporain  de 
Gédéon  ,  à  ce  qu'ont  prétendu  quelques  SavanSj  tira 
la  plupart  des  mémoires ,  dont  il  compofa  l'on  li- 
vre ,  des  infcriptions  qui  fe  trouvoient  dans  les  tem- 
ples Se  fur  les  colonnes ,  tant  chez  les  Payens  que 
chez  les  Hébreux.  Les  Grecs  Se  les  Romains  étoient 
de  grands  fiifeurs  à' infcriptions ,  Se  briguoient  l'hon- 
neur d'y  être  placés  avec  beaucoup  d'ardeur.  C'efl 
pourquoi  l'on  en  trouve  un  li  grand  nombre  dans 
le  pays  de  l'ancienne  érudition ,  que  l'on  en  a  com- 
polé  de  gros  volumes;  tel  ell  le  recueil  de  Gruterus. 
Bay.  La  courrilane  Phryné  otlrit  de  lelever  les  mu- 
railles des  Thébes ,  à  condition  qu'on  y  mit  cette 
infcription  :   Alexandi-e  a   démoli    les   murailles  de 
Thébes  ,    Se  la  courrilane  J'hryné  les  a  rebâties.  Il 
fxilloit  que  le  métier  de  courtifane  fût  bien  lucratif 
en  ce  temps  là.  Depuis  le  recueil   de  Giuter ,  Th. 
Reinélius  a  fait  encore  un  gros  volume  d' infcriptions. 
M.  Fabietti  en  a  publié  un  autre  volume  à  Rome  en 
1699.  Il  y  corrige  beaucoup  de  fautes  qui  s'éroient 
glilfécs  dans  les  infcriptions  de  Gruter,  de  Reinélius, 
de  M.  Spon  ,  Se  de  plufieurs  autres  Antiquaires ,  & 
donne  plulieurs  infcr.ptions  qai  n'avoientpas  encoie 
paru.   Monlèigncur  Philippe  Délia  Torie ,  £vèque 
d'Adrii ,  a  a.'lli  publié  quelques  infcriptions  en  1700. 
dans  l'es  monunienta  veteris  Antii.  Il  y  a  lonp-teaips 
qu'on  dit  qu'on  travaille  (  eh  1702.  )  en  Hollande  à 


I  N  s 

un  recueil  complet  de  toutes  les  infcnpdons  quiont 
paru  jurqu'à  prélciu.  Ce  dellciii  clt  digne  des  foins 
de  l'illiilùe  M.  Gra-vius  j  qui  veut  bien  s'en  donner 
la  peine.  Cetomavge  l;i  ci:et  ell  exécuté,,  &:  le  dé- 
bite depuis  quelques  années  en  trois  volumes  in  jol. 
^fT  Les  infiripùons  doivent  être  comtes,  lîniples  &' 
familières.  La  poivipe  &c  la  multitude  des  paroles  ne 
valent  rien.  Boil.  La  lanuuc  Latine  paroit  plus  pro- 
pre pour  les  Lnjcripdons  ,  à  caufc  de  les  ablatils  ab- 
îolus.  La  Langue  Françoifc  languit  p.ir  les  gérondih  & 
par  les  verbes  auxiii.ures.  Llle  e!l  d  ailleurs  moins  lui- 
ceptible  de  la  lîmplicité  majertueufedu  Grec^  duLatin. 
Le  P.  Jobert  veut  avec  allez  de  raifon ,  qu'en  ma- 
tière de  médailles  on  mette  de  la  diftérence  entre 
infcription  &  légende  ,  &  qu'on  n'appelle  propre- 
ment injcrïpiion  que  les  lettres  qui  tiennent  lieu  de 
revers ,  ik.  qui  chargent  le  champ  de  la  médaille , 
au  lieu  de  hgure  ;  &  qu'on  n'appelle  légende  que 
les  paroles  qui  font  autour  de  la  médaille  ,  &  qui 
fervent  à  expliquer  les  figures  gravées  dans  le  champ. 
Le  Roi  a  formé  depuis  quelques  années  une  Aca- 
démie A'infcripdons  êc  de  médailles  j  qui  doit  être 
compofée  de  dix  honoraires,  de  dix  penlîonnaires , 
de  dix  allociés  ,  &  de  dix  élevés  ;  s'allembler  deux 
fois  la  femaine ,  le  mardi  8c  le  vendredi  après  midi  j 
&  s'occuper  aux  médailles  &:  monumens  antiques , 
&  à  toutes  fortes  de  points  d'érudition  Grecque  & 
Latine  ,  &  taire  l'hiftoire  des  Rois  de  France  par 
médailles.  Telle  fut  cette  Académie  à  fon  InlH  ■ 
tution  ,  ou  plutôt  à  fon  renouvellement  au  com- 
mencement de  ce  /îèclc.  Depuis  ,  comme  les  infcnp- 
tions  ôc  les  médailles  ne  l'occupent  point  toute  en- 
tière ;  elle  a  changé  fon  nom  ,  lie  s'appelle  aujour- 
d'hui d'un  nom  plus  général ,  L'Académie  des  Belles- 
Lettres.  £lle  s'alFemble  trois  fois  la  femaine.  Et  parce 
que  le  titre  d'élevé  par  où  il  falloit  commencer  , 
rebutoit  bien  âxs  gens  ,  &:  les  empêchoit  d'y  entrei-, 
elle  l'a  changé  en  celui  à'AjJocié. 
Inscription  ,  en  termes  de  Géométrie ,  fe  dit  d'une 
figure  tracée  au-dedans  d'une  autre.  Infcription  d'un 
triangle  dans  un  cercle,  d'un  cercle  dans  un  carré. 
Voy.  infcriic. 
Inscription  ,  en  termes  de  Palais ,  fe  dit  lorfqu'une 
partie  écrit  fon  nom  fur  un  regiftre  ,  fe  foumettant 
de  hire  ou  de  prouver  quelque  choie  lous  les  peines 
de  droit.  Pour  faire  une  dénonciation  ,  il  faut  aller 
faire  une  infcription  fur  le  regillre  de  Monfieur  le 
Procureur  Général. 
ffCr  Autrefois  pavï'infription  ,  l'accufatcur  fe  foumct- 
toit  à  lubir  la  peine  due  aux  crimes ,  taute  d'en  pou- 
voir conva-tîcre  l'accufé  par  des  preuves  (uftilantes. 
mais  cette  nécelîîté  de  fe  foumettre  à  la  peine  due 
au  crime ,  a  été  abolie  par  une  railon  contraire  de 
rintérct  public  ,  qui  veut  que  les  crimes  ne  demeu- 
rent pas  impunis ,  &  que  perfonne  n'oleroit  fe  ren- 
dre acculateur ,  dans  la  crainte  de  n'avoir  pas  de 
preuves  fuffifintes  pour  convaincre  ceux  qui  auroient 
délinqué. 
^O' Inscription  de  faux,  eft  une  voie  dont  on  fefert  pour 
détruire  &  laire  déclarer  hulfe  une  pièce  que  la  par- 
tie adverfe  a  produite  ,  ou  communiquée  en  Juftice. 
Cette  procédure  s'appelle  infcription  de  faux  ou  inf- 
cription en  faux  ,  parce  que  celui  qui  fe  fert  de  cette 
voie ,  eft  obligé  de  palier  un  aéle  au  Greffe  ,  con- 
tenant qu'il  s'infcrit  en  faux. 
Inscription  en  faux  ,  fe  dit  aulîî  de  toute  réclamation 
contre  un  titre  faux ,  contre  une  allégation  faulle. 
Mais  où  eft  l'équité  de  prononcer  fur  de  pareils  cxpo- 
fés ,  (ans  égard  à  des  infcriptions  en  faux  ,  munies 
de  bonnes  preuves.  Le  P.  De  Laubrussel. 

Dans  les  Univerfités  &  dans  les  Écoles  de  Droit, 
Vinfcription  confifte  à  mettre  fon  nom  fur  un  Re- 
giftre. Sans  cela  ,  on  n'a  pas  droit  de  prendre  des 
kçons  dans  l'École  ,  &  on  n'eft  pas  compté  pré- 
lent. Vinfcripnon  fe  fait  tous  les  trois  mois.  On  dit , 
prendre  une  infcription  ,  avoir  fes  infcriptions  ■  je 
n'ai  manqué  aucune  infcription  cette  année. 
§3"  Le  moz  d' infcription  fe  dit  non-feulement  de  l'ac- 
tion de  s'infcrite  fur  les  legiftres  de  la  Faculté  où 
Tom.   y. 


I  N  S  1R7 

l'on  étudie,  mais  encore  du  certificat  que  l'on  donne 
de  cette  infcription  aux  Etudians  ,  pour  pouvoir  pren- 
dre des  degrés. 
CO' INSCRIRE.  V.  a.  Infcribere.  Écrire  le  nom  deqnel- 
quun  dans  un  rcgiitre  public,  Infcrtre  fur  le  livre 
de  la  Noblellc.  Injcrire  dans  la  matricule. 
S'Inscrire,  v.  rccip.  faire  infcrire  fon  nom  dans  un 
rcfîiftrc  public.  Infcrire  en  Géométrie.  Infcrire  une 
figure  dans  une  autre,  c'elt  la  tracer  au  dedans  dune 
autre.  Infcrire  un  triangle  dans  un  cercle  ,  un  cercle 
dans  un  carré.  On  dit  qu'une  figure  eft  mfrlte  dans 
une  autre  quand  tous  les  angles  de  li  figure  infcrite. 
touchent  la  circontércnce  de  l'autre.  Pour  infcrire  un 
triangle  équilatcre  dans  un  cercle,  il  faut  preridre 
les  arcs  de  120  degrés.  Il  n'y  a  point  de  triangles 
qu'on  ne  puille  infcrire  dans  un  cercle. 
s/O"  En  termes  de  Pratique  ,  s' infcrire  en  faux  ,  c'eftfou- 
tenir  en  Juftice  qu'une  pièce  produite  par  la  partie  , 
eft  faulle.  Foy.  Inscription  de  faux. 

On  dit  encore   dans  la  converfation  ,  quand  on 

veut  combatre  un  fait  ,  une  autorité  alléguée  ,  je  m'inf 

cris  en  faux ,  je  foutiens  que  cela  n'eft  pas  véritable. 

Inscrit  ,   ite.  part.   Figure  infcrite ,  polygone  infcric 

dans  un  cercle.  Infcriptus. 

On  appclloit  autrefois  infcript ,  au  fingulier ,  Se 
infcripts  au  pluriel ,  un  efciave ,  ou  des  efclavcs  aux- 
quels on  avoir  imprimé  quelques  marques  fur  le  corps 
pour  les  reconnoitre  ,  s'ils  s'enfuyoient.  On  le  faifoit 
fur  tout  à  ceux  qu'on  reprenoit ,  quand  ils  s'étoient 
enfuis.  Infcriptus,  infcripti. 
INSCRUTABLE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Théologie  , 
qui  ne  fe  dit  guère  que  des  fecrets  de  la  Providence, 
des  jugemcns  de  Dieu  ,   qu'on  ne  peut  connoître , 
dans  lefquels  l'etprit  humain  ne  peut  pénétrer.  Per- 
vcjliganti  occultus ,  infcrutahilis.  C'eft  un  fecret  inf 
crutable  de  Dieu  ,  qu'il  envoie  des  maux  aux  gens  de 
bien ,  &  des  biens  temporels  aux  médians.  Nie. 
INSÇU.  f  m.  ne   fe  dit  qu'adverbialement  j  &  tou'' 
jours  avec  la  particule  à.  A  mon  infcu  ,    fans  que 
j'en  fâche  rien.   A  votre  infcu ,  à   Vinfcu  de  tout  le 
monde.  Infciente  me  ,  infciente  te.  Les  mariages  des 
mineurs  faits  à  \'infçu  des  père  &  mère,  ou  d'un 
tuteur  J  font  nuls  &  clandeftins.  Les  Banqueroutiers, 
s'enfuient  à  Vinfcu  de  tout  le  monde. 
§3°  INSECTE,  f.  m.   Infecium.  Les    Infectes  font  des 
animaux  dont  le  corps  eft  comme  coupé  par  des  ef- 
pèces  d'anneaux   qui   en  divifent  la  longueur.    Les 
Chenilles  par  exemple,  &z  les  Vers  à  foie  font  de 
vrais  infectes ,  qui  fe  changent  en  chryfalides,  &  qui 
deviennent  enfin  Papillons.  Le  nom  de  chryf'alide  leur 
vient  fans  doute  de  la  couleur  d'or  dont  quelques 
endroits  de  leur  corps  brillent  dans  ce  nouvel  état. 
Le  vers  à  foie  métamorphofé  en  chryf'alide  (  on  peut 
dire  à-peu  près  la  même  chofe  de  la  Chenille  )  n'a 
prctque  plus  aucune  apparence  d'animal ,  nul  mou- 
vement, nul  befoin  de  nourriture,  nul  figne  dévie,. 
Pour  fe  garantir  des  accidens  qui  pourroient  lui  ar- 
river ,  il  fe  file  une  coque  dont  la  matière  eft  une 
richelfe  pour  nous.  Quelque  temps  après  il  perce  fa 
coque,  il  fort  en  forme  de  papillon  ;  &    voilà   la 
troilième  métamorphofé.  Ainfi  les  vrais  infecles  paf- 
fent  leur  vie  dans  trois  états  bien  différens  ,  dans  l'état 
à'infecle  ,  dans  l'état  de  Chryfalide ,  &  dans  l'état 
de  Papillon.  I^oy.  M.  de  Reaumur. 
L'Insecte  J  dit  M.  Ray  après  Ariftote  ,  eft  un  animal, 
dont  le  corps  a  des  incihons  ;  les   uns  ont  des  inci- 
fions  dans  toute  la  longueur  de  leur  corps,  comme 
les  vers  de  terre,  les  chenilles,  les  vers  à  foie,  &c. 
Les  autres  ont  ou  la  tête ,  ou  la  poitrine  féparée  du 
ventre  par  une  fimple  membrane ,  &c  quelques  pe- 
tits conduits ,  comme  les  mouches ,  les  araignées  , 
les  fourmis.  M.  Ray  divile  les  infecles  en  général  , 
en  ceux  qui  changent  de  forme  ,  &z  ceux  qui  n'en 
changent  pas;  &   ceux  qui  ne  changent  point  de 
forme  en  ceux  qui  ont  des  pieds ,  &  ceux  qui  n'en 
ont   point.  Il  trouve  quarante  différens  genres  à'in- 
fecles ,  qu'il  divife  chacun  en  un  nombre  encore  plus 
grand  d'efpèces. 

Il  y  en  a  qui  définillent  Vinfecle ,  un  animal  qui  n'a 
point  de  fang.  Aa  ij 


88 


I  N  S 


Les  Anciens  ont  cru  que  ces  animaux  viennent  de 
génération  équivoque  ,  a  caule  de  la  mcrveillcule 
quantité  qui  s'en  forme  quelquetois  (ubitement  j  com- 
me font  les  vers,  les  papillons j  les  chenilles,  les 
fourmis,  mouches,  hannetons,  cirons,  poux ,  pu 
ces,  punaifes  ,  bc.  M.  Rédi  a  prouvé  tris-lblidc 
ment ,  qu'aucun  animal  ne  s'engendre  de  corruption. 
Malpighi ,  Médecin  de  Boulogne  ,  &  Swammerdam , 
ont  été  les  premiers  après  André  Libavius ,  qui  ojit 
rejette  la  transformation  chimérique  de  la  chenille 
en  papillon  j  &i  des  infecles  femblables  ,  &  ils  ont 
montré  que  tous  les  membres  du  papillon  étoient 
enfermés  fous  la  peau^  ou  nymphe  de  la  chenille. 

Le  principe  de  tous  les  changemeiis  qui  arrivent 
aux  infecies  ,  n'eft  autre  chofe  qu'une  nymphe.  Ce 
qui  n'eft  pas  plus  étonnant  que  le  changement  des 
plantes  &  des  Heurs;  car  l'animal  foit  ver,  foit  pa- 
pillon ,  eft  enfermé  dans  la  nymphe  ,  comme  une 
fleur  dans  fon  bouton.  Ainh  c'eft  une  erreur  popu- 
laire ,  que  les  infecies  foient  des  animaux  imparfaits. 
Car  au  contraire  ,  ils  font  fournis  de  plus  de  parties 
que  les  autres:  comme  l'araignée  qui  a  huit  yeux; 
la  mouche  qui  a  une  trompe  comme  un  éléphant  ; 
la  puce  ,  qui  a  un  relFort  qui  l'élevé  cent  fois  plus 
haut  que  fon  corps.  Il  lemble  que  Boilcau  ait  afFecl:é 
de  s'en  tenir  a  l'opinion  vulgaire  ,  qui  veut  que  les 
infecies  foient  des  animaux  imparfaits,  quand  il  a 
dit. 

Un  infecfle  rempant  qui  ne  vit  qu'à  dcnù. 

On  a  obfervé  que  chaque  plante ,  chaque  herbe , 
avoit  fes  infecies  particuliers  &  diftérens ,  (on  ver , 
{a  chenille  ,  fon  papillon.  Les  plus  grands  infecies 
font  le  fpondilis  &  le  grillo  talpa.  L'huile  tue  indif- 
féremment toutes  fortes  d'infecles  ,  quand  ils  y  ont 
été  plongés  un  moment ,  parce  qu'elle  bouche  les 
ouvertures  que  leurs  bronches  ont  en  dehors,  qui 
leur  fervent  d'un  petit  poumon  pour  relpirer.  Les 
infcles  ne  connoillént  prefque  les  objets  que  par  le 
fens  du  toucher  qu'ils  ont  excellent. 

On  a  aulli  appelé  infecies  ,  les  animaux  qui  vivent 
après  qu'ils  font  coupés  en  pluficurs  parties,  comme 
la  grenouille  ,  qui  vit  fans  cœur  &c  lans  tête ,  les 
lézards ,  ferpens  ,  vipères  ,  &c. 

Les  infecies  ne  s'accouplent  jamais  pendant  qu'ils 
font  fous  la  forme  de  ver  ou  de  chenille  ,  &  alors 
on  ne  peut  ditfinguer  le  mâle  d'avec  la  temelle. 

Ce  nom  infecium  ,  qui  lîgnihe  en  Latin  entrecou- 
pé ,  a  été  donné  par  les  Anciens  aux  petits  animaux 
'dont  le  corps  paroît  coupé ,  comme  aux  fourmis , 
dont  le  ventre  paroît  féparé  en  deux  ;  ou  bien  parce 
que  le  corps  des  infecies  eft  compofé  de  piuUeurs 
cercles,  ou  anneaux  ,  comme  on  voit  dans  les  vers  j 
che.iilles,  &c.  qui  font  des  efpèces  d'inciiions,  d'où 
eft  venu  le  nom.  Cette  dernière  étymologie  eft  plus 
vraifemblable. 

Les  Modernes  ont  bien  raffiné  fur  la  connoilTance 
des  infecies  ,  à  caufe  de  l'avantage  qu'ils  ont  eu  du 
microfcope ,  qui  en  a  fait  voir  les  plus  petites  par- 
ties ,  dont  ils  ont  donné  la  figure  au  public  ;  en- 
tr'autres  M.  Hook  ,  Anglais  ,  dans  un  grand  volume 
qu'il  a  fait  dans  la  Micrographie  ;  f  rancifco  Rédi 
de  Florence ,  qui  a  fait  graver  pluiieurs  figures  avec 
ks  expériences  ;  Malpighi  ,  Profeiléur  Bolonnois  , 
Bartholin  ,  les  Journaux  d'Angleterre  ,  qui  ont  écrit 
plufieurs  chofescurieufes;  ceux  de  Leyphck  &  ceux 
de  Paris.  Jean  Swammerdam  a  écrit  en  Flamand  une 
hiftoire  générale  des  infe?lcs  ,  qui  a  été  traduite  en 
Latin  par  Hennin ,  Médecin^  à  Utrechr.  Swammer- 
dam dit  qu'il  y  a  plus  de  400  Écrivains  qui  en  ont  écrit 
outre  les  précédens ,  &  entr'autres  Wotton ,  Gelner 
Pennius  ,  Aldrovandus  ,  Mouiet ,  Harvé  ,  Fabricius 
ab  Aquapendente  ,  Goedard ,  &c.  Jacob  Hoeftnagel , 
Peintre  de  1  Empereur  Rodolphe  ,  les  a  fort  bien 
peints  ,  &  en  a  fait  les  figures  de  plus  de  300  efpè- 
cc.  Goedird  en  décrit  plus  de  400.  M.  Ray  ,  mem- 
bre de  la  Société  Royale  de  Londres ,  a  fait  une  hif- 
toire des  infecies  en  Latin ,  qui  fut  imprimée  en  1 7 1  o. 


I  N  S 

par  ordre  de  la  Société  Royale.  Il  a  fait  auftî  Metho- 
dus  infeclorum.  'Voyez  encore  Wollius ,  de  Idolol.  i. 
IF.   C.  20  ,  61^64,66,  76. 

%T  INSECTEOLOGIE  ouINSECTOLOGIE.  f.  f.  Ter- 
me dogmatique ,  qui  lignifie  proprement  difcours 
lur  les  inlectes.  On  le  dit  auili  de  la  fcience  des  in- 
ledes. 

iÇJ-  INSECTOLOGISTE.  f.  m.  Qui  parle  des  infec- 
tes ,  qui  écrit  fur  les  infedes. 

icriNSECTOGRAPHIE.  f.  f.  Defcription  des  infec- 
tes. Infecfographe  ,  qui  les  décrit. 

03;  INSECTOGRAPHIQLE.  adj.  Qui  concerne  lln- 
leéfographie.  Difcours  infeclOf^raphique. 

IN  -  SEIZE,  f.  m.  Terme  d  Imprimeur  &  de  Libraire. 
In  dccimo-fexto.  'Voyez  SEIZE  (  IN  -) 

INSÉMINAI  ION.  f.  f.  C'eft  une  des  cinq  fortes  de 
tranlplantarion  qui  fe  font  pour  la  cure  de  certaines 
maladies.  înfeminatio.  Elle  le  fait  quand  l'aimant  im- 
prégné de  la  niuniie  détachée  du  corps  du  malade  , 
eft  mêlé  avec  de  la  terre  gralle  ,  dans  laquelle  on 
ieme  la  graine  de  quelque  plante  appropriée  à  la  ma- 
ladie. Il  laut  avoir  loin  de  l'arroler  de  temps  en 
temps  avec  l'eau  dont  on  a  lavé  le  membre  malade  , 
&c  même  tout  le  coips.  On  prétend  que  par  ce  moyen 
la  maladie  diminuera  ,  à  melure  qu'on  verra  croître 
la  plante.  On  entend  ici  par  mumie ,  une  portion  de 
l'elpiit  vital  du  malade;  &  par  aimant ,  le  milieu 
qu'on  choilit  pour  fervir  de  véhicule  à  cet  efprir. 

INSENSÉ,  ÉE.  adj.  m.  &  f.  fouvenr  employé  fubf- 
tantivement.  Qui  a  perdu  le  fens  &  la  railon  Infa- 
nus.  C'cft  un  homme  inf.nfé ,  un  infenfe.  On  donne 
des  curateurs  aux  ïnfenfs. 

On  donne  cette  éoitnète  non  feulement  à  Ceux  qui 
ont  perdu  le  lens ,  mais  encore  à  ceux  qui  le  con- 
duifent  comme  s'ils  Tavoient  réellement  perdu.  Alors 
on  s'en  fert  pour  marquer  les  emporteinens  &  les 
égaremens  des  pallions,  l'aveuglement  de  l'efprit.  Une 
paillon  folle  &C  infnfee.  Ah  !  fall.iit  il  en  croLe  une 
amante  infenfee  ?  Rac.  Que  d'ames  infjnfees qui  cher- 
chent leur  repos  dans  le  naufrage  de  la  foi  î  Boss. 
Aélion,  entreprife  infenfee. 


Maudit  foit  le  premier  dont  la  verve  infenfee 
Dans  les  bornes  d'un  vers  renferma  fa  penfce. 


Boit. 


^3°  Insensé,  fou,   extravagant,  imbécille.  Vinfcnfs, 
dit  M.  l'Abbé  Girard,  manque  par  Itfprir,  &  u.ar- 
chc  fans  lumière,  ^oy.  les  autres  mots.  Lesjous  ont 
l'imagination  forte  ;  les  extravagaris  ont  les  idées  lîn- 
guhères  ;  les  inferfes  les  ont  bornées;  les  imhécilUs 
n'en  ont  point  dans  leur  propre  tond. 
Ip-  INSENSIBILITÉ,  f.  f.  Défaut  de  lenfibilité.  Nul- 
lias  rci  fcnfus  ,  fupor.  Le  froid   excelîii-  caufe  Vin- 
fenflilite  dans  ks  parties  organiques  du  corps.  Plii- 
lieuis  maladies  cauient  de   Vinfenfihdité  dans  quel- 
ques parties  du  corps,  &  les  rendent  incapables  de 
recevoir  les  irnprellionsdes  objets  extérieurs. 
^;CF  Insensibilité  fe  dit  au  moral  pour  défaut,  man- 
que de  fentiment ,   efpèce  de  léthargie  ,  endurciire-     i 
ment  dans  l'ame  qui  fait  qu'elle  n'eft  plus  émue,  ni 
ébranlée  par  les  imprelîlons  des  objets  extérieurs ,  & 
que  les  fentimens  les  plus  légitimes  &  les  plus  na- 
turels n'y  trouvent  plus  accès  :  chez  les  Stoïciens , 
apathie.  Apathia ,    animi   flupor.   L'indif^érerce    & 
Vmftnfibilité ,  dit  M.  Nicole ,  eft  un  état  de  feche- 
relfe  ôc  de  froideur  ,  qui  lait  perdre  cette  afteÛioia 
humaiiie,  qui  fait  le  lien  de  la  fociété  civile.  Le  mot 
de  froideur  ne  dit  pas  alfez.  V infenfhdité  eft  une 
vraie  glace ,  qui  pénétre ,  s'il  eft  permis  de  parler 
ainii  ,  route  la  fubftance  de  l'ame ,  fait  de  l'homme 
un  être  ifolé,  au  milieu  de  la  nature,   un  être  qui 
ne  rient  à  rien ,  un  mcnftre.  La  fermeté  à  la  vue  de 
la  mort ,  ne  doit  pas  aller  jufqu'à  Vinfmfibilité.  Au- 
trement c'eft  une  fécurité  fatale.  Boss. 

Cette  oigueilicufe  fede  qui  fe  paroit  de  l'infen' 
Jlbiiué ,  fut"  blâmée  de  toutes  les  autres ,  de  vouloir 


INS 

rsictamorphofcL-  tous  jcs  hommes  en  ftatucs.  Que  le 
Stoïciens  v.mttnt  une  quils  voudront  \"tnjcnjibdu<: 
de  leur  fede,  qui  ie  nucquc  de   l.i  douleur  i  lorl 


I  N  S 


189 


quils   vjLiincnt   a 


fou:rr 


dit    S.    LvRfiMONT,    ils 


liouvcnc  que  leur  cipiit  n'cll  pn.s  de  leur  opinion. 
Hn  etfetilitrouvoient,  comme  les  autres  hommes,  que 
h  douleur  ctoit  Uiie  chofe  trille,  importune,  Facheule  j 
nuis  ils  fbutenoient  qu  elle  n  etoit  pas  un  mal ,  parce 
que  rien  neil  un  mal  que  ce  qui  déshonore  ,  c'cll- 
à-dire ,  ce  qui  elt  crime.  Miférable  fubtilité  à  la  fa- 
veur de  laquelle  cette  fede  prctcndoit  s'élever  au- 
dellùs  de  toutes  les  .lutres. 

Ce  qu'on  doit  appeler  i nfenjibi lice  à.\ns\'\\ommc , 
n'cft  pas  une  privation  ablolue  de  lenlîbilité  :  c'ell: 
Viie  dureté  de  c^m  relative  aux  autres  hommes  :  nous 
n'avons  que  trop  de  fejilibilitc  pour  les  choies  qui  nous 
touchent  perlonnellemcnt. 
53-  INSENSIBLE,  adj.  de  t.  g_.  Au  propre  ,  qui  ne  fent 
rien  ,  dont  les  organes  ne  font  point  attectés  par  les 
impreflions  que  les  objets  extérieurs  doivent  faire  fur 
jeslens.  Le  hoiJ  cngoiirdit  quelquefois  les  parties  du 
corps  alfc/c  pour  les  rendre  infinfibUs.  Les  métaux , 
les  minéraux  font  des  êtres  infeiifihles.  Senja privatus , 
orhaïus. 
Insensible  ,  fe  dit  aulii  de  ce  qui  efl:  imperceptible  ; 
de  ce  qui  écliippe  à   nos  fens.  Infcnfibilis ,  fenfum 
fu^iens.  Les  atomes  font  fi  petits  ,  qu'ils  font  injcn- 
'fikes.  Quoique  les  plantes  croilicnt  a  tout  moment , 
!"<  en  chacune  de  leurs  parties,  cela  eil  pourtant  ;«- 
fenfible.  Les  Comércs,  en  s'approchant ,  ou  en  le  re- 
culant de  nous  ,  deviennent  fenhbles  ou  infenjîbles. 
Le  mouvement  de  la  terre  ell:  infinfiblc ,  on  ne  s'en 
appercoit  point  par  les  fens. 
*lNSENSiBiE  fe  dit  au  moral  de  celui  qui  n'eft  emu 
par  aucune  paQîon  de  l'ame  ,  dont  le  cœur  ell  inac- 
ceiîîble  aux  fen.timens  qui  font  le  lien  de  la  fociétc 
civile.  Foy.  Insensibilité.  Les  Sto'i'cicns  fe  vantoienc 
d'être  infcnfibks  à  la  douleur ,  au^:  injures  ,  au::  ailauts 
de  k  fortune.  Les  gens  grolfiers  lont  infcnfibks  aux 
argumens  les  plus  démonihanfs.  Le  Cl.  Les  Tyrans 
Qnt  un  cœur  dur  &  infcnfible.  On  devient  ïnfcnfiblc 
à  force  de  foufrir  ,  on  s'accoutume  à  être  milérable. 
La,  plupart  des  gens  de  travail  penfent  à  boire  &  à 
manger  ,  ils  font  comme  injhifibks  à  toutes  les  aii- 
tres  chofes.   Nie.    Les    Amans  appellent  leur  Maî- 
n-elfe  cruelle  &  ïnfcnfibk ,  qu.rnd  elle  ne  veut  pas 
répondre  à  leur  paffion.  La  foibleife  d'.aimer  eft  pré- 
férable à  la  vanité  d'être  infinfihk.  S.   ÈvR.  Tout 
aime  où  vous  êtes ,  excepté  vous,  qui  demeurez  leule 
infiinfibk.  Id. 

Ah  !  pour  être  Héros  ,  doh-on  être  infenfible  ? 

QuiN. 

Il  s'emploie  quelquefois  fubftantivement.  C'ell:  un 
infenfibk.  Et  alors  il  fe  dit  plus  ordinairement  d'une 
perfonne   qui  n'clf   point   fenlible  à  l'amour.    Ac. 

INSENSIBLEMENT,  adv.  D'une  manière  infenfible , 
d'une  manière  peu  fenlible,  dont  on  ne  s'appcrçoit 
point  par  le  fens.  Peu-à  peu.  Senfiin  ,  fine  finfu. 
X'aiguille  d'une  montre  avance  ïnfenfibkment.  L'or- 
gueil ell  un  poifon  fubtil'qui  fe  glilie  infcnfibkmenc 
dans  l'ame  des  Grands.  Flech.  Une  fecrece  langueur 
me  confume  inferfibkment.  Idem. 

L'amour  entre  infcnfittemcnt  dans  les  cœurs.  On 
tomba  infaijlbkment  fur  cette  queilion.  Il  pcrdoit 
ïnfenfibkment  la  raifon.  Abl.  La  nature  fe  conduit 
infenfibkmcnt ,  Se  par  des  progrès  imperceptibles.  Le 
Ch.  de  m.  Il  eft  très-important  de  ne  lier  commerce 
qu'avec  des  perfonnes  de  mérite  ,  on  prend  infinfi- 
bkmenc  \tms  manières.  Bell.  Notre  vie  s'écoule  i«- 
Jcnfihkmcnt.  BouH.  On  vient  ïnfnfibkmznt  à  bouc 
de  les  pallions,  en  s'appliquant  à  les  dompter.  S. 
■EvR.  L'amour  dans  le  mariage  dégénère  infenfibk- 
mtnt  en  amitié  ou  en  indiiférence.  Id. 

INSENSIF.  adj.  "vieux  mot.  Infenfible. 

i;  ÎSÉPARABLE.  adj.  in  &  f.  Qui  ne  fe  peut  féparer. 
Quoi  fep.irarï  non  potcfl  ^  ïnfcparabdïs.  L'accident 


eft  naturellement  infJparabk  de  la  fubftancc.  L'eau 
Hc  le  vin  mêles  ne  lont  pas  11  infparabus  ,  que  l'arc 
ne  vienne  à  bout  de  les  leparcr.  i.a  jalouUe  ufpa- 
nj/;/fd  un  tendre  amour.  5.  t,vR.  Ces  ucux  aiiii^  lont 
infcparabks ,  ils  ne  (e  quittent  jamais.  Le  ixmoras  cft 
infcparubk  du  crime.  lo.  L'orgueil  ell  prclque  infé- 
parabk  de  la  faveur.  Ilecii. 
iNSEl'AKABLEMENr.  adv.  Sans  pouvoir  être  fcparé. 
Infeparabiiucr.  Le  mariage  unit  les  conjoints  i'if- 
parabkmcnt.   Être  ïnfcparabkment  attache  aux  inic- 
rêts  de  quelqu'un.  La  Kochef.  La  nature  humahie 
tiè  unie  ïnfcparabkment  d.  la  nature  divine  en  la  per- 
fonne de  JÉSUS  Christ.  Le  P.  DouciN. 
INSÉRER.  V.  a.  Faire  entrer  une  choie  dans  une  au- 
tre. Infcrerc.  Quand  les  Jardiniers  entent  un  arbre  , 
ils  infrrent  doucement  l'œil  de  leur  ente  dans  la  fente 
de  l'arbre.  Les  Chirurgiens  infèrent  doucement  leur 
fonde   dans  la  plaie.    Quand  on  fait  la  transfufion 
du  fang ,  on  infère  délicatement  un  petit  tuyau  d'un 
bout  dans  une  artère,  &  de  1  autre  dans  une  veine. 
03°  Dans  cette  acception  inférer  n'efl  pas  d'ulage. 
IJCT  Insérer  ledit  beaucoup  mieux  des  chofes  nouvelles, 
des  feuillets,  des  cahiers  qu'on  ajoute  à  un  livre,  de 
quelque    mot,   de  quelque  claufe  qu'on  fait  entrer 
dans  un  difcours  ou  dans  un  contrat.  Attexere  ,  in- 
texere.  Un  Orateur  doit  quelquefois  inférer  dans  fon 
difcours  quelque  hilloirc  ,   quelque  conte  agréable  , 
pour  réveiller  Tattention  de  fon  auditeur.    C'eft  à 
peu  près  ce  que  Cicéron  appelle  mendaciuncuUs  af- 
pergere.  Cette  partie  a  voulu  qu  on  i«/^'râr  cxprellé- 
ment  une  telle  claufe,  un   tel  article  dans  fi  tranf- 
adion.    On   a   impugné   de  faux  le   regillre  de    ce 
Banquier,  parce  qu'il  y  avoir  plulieurs  feuillets  in- 
fères qui  n'étoient  point  compris  fous  le  paraphe  du 
Juge.    On  fit  inférer  ce   jugement  dans  les  cahiers. 
Patru.  Il  y  a  bien  des  Auteurs  anciens ,  où  l'on  a 
inféré  des  vers  ,  des  pallàges  &c  des  traités  entiers  qui 
ne  font  point  d'eux  j  qui  font  apocryphes. 
Inséré  j  ée.  part. 

INSERTION,  f  £  AdiŒi  par  laquelle  on  insère.  In- 
ficio.  Un  Chirurgien  doit  être  bien  adroit  pour  fiire 
Vinfertion  d'une  fonde  ,  d'une  canule  dans  une  plaie. 
§Cr  Dans  cette  acception  le  fubftantif  infertion  ,  quoi- 
qu'alfez  commode  &  énergique  ,  n'eft  pas  plus  ufité 
que  le  verbe  inférer. 

On  dit  en  Grammaire  ,  Vinfertion  d'une  lettre  dans 
un  mot,  Vinfertion  d'un  mot  dans  un  difcours  ,  d'une 
note  marginale  dans  le  texte. 
§3"  On  peut  dire  de  même  Vinfertion  d'une  claufe  dans 

un  ade  ,  dans  un  contrat. 
Insertion.   Terme  d'Anatomie.  On  appelle  i/z/êmo/z , 
l'endroit  où  s'emmanchent  &  s'infèrent  les  membres 
&  les  autres  parties  du  corps.  Vinfertion  des  os  ,  des 
mufcles  il'  des  nerfs  dans  les  membres  de  l'animal , 
eft  merveilleiife.  La  veine  cave  a  Ion  infertion  dans 
le  ventricule  droit  du  cœur. 
llCr  Insertion  fe  dit  dans  le  même  fens  en  peinture. 
Il  eft  de  la  fcience  &c  de  l'agrément  de  marquer  les 
infertions. 
Insertion  de  la  petite  vérole  ,  par  une  métaphore  prife 

des  entes.  Voy.  Inoculation. 
IJCf  Insertion  en  Jardinage  &  en  Botanique.  Infertio. 
Infertion  d'une  ente  entre  Técorce  &  le  corps  ligneux. 
Voy.  Greffe. 
Insertion    des    fibres    ligneufes.    M.    Grew  ,    dans 
fon  Anarornie  des  plantes  ,  ai:pcllc  infertions  ,  plu- 
fieurs  lignes  ou  fibres  qui  vont  de  la  circonférence 
vers  le  centre,  &  qui  font  des  entrclaccmens  dans 
les  fibres  perpendiculaires  du  corps  ligneux  ,  qui  for- 
ment comme  un  réfcau  ou  une  toile  en  fe  croifant 
mutuellement.  Ces  parties  commencent  dans  la  ra- 
dicule de  la  graine  ,  &  leur  fubfcance  n'eft  point  dif- 
férente de  celle  du  parenchyme. 
INSESSION,  f.  f.  Infijjus.  Terme  de  Médecine.  C'eft 
un  nom  qu'on  donne  au  demi  bain  ,  parce  qu'on  le 
prépare  quelquefois  avec  la  décodion  de  plulicurs 
herbes  fur  Icfquelles  on  fait  alfeoir  le  malade.  En  La- 
tin infcjjhs  ,   ou  femicupium. 
Insession  ,  fe  dit  aulfi  du  bain  vaporeux ,  que  le  ma- 


j^o  I  N  s 

lade  prend  étanr  affis  fur  une  chaile  percce,  au  dcf 
fous  ae  laquelle  on  a  mis  une  dccodhon  chaude 
de  quelques  herbes,  dont  on  lui  fait  recevoir  lava- 
peur. 
IfT  IN5IDIATEUR  ,  INSIDIATRICE.  Un  des  plus 
célèbres  Tradudeais  de  notre  temps  ,  dit  le  P.  Bou- 
hours  ,  fcmble  avoir  entreptis  d'établir  ces  deux  mots. 
Les  démons ,  ces  injidiaceurs  de  nos  âmes.  Cette  en- 
nemie domeftique,  qui  eft  fon  injîdiatrke  perpétuel- 
le. Ménage  trouve  tout  cela  très  bien  dit.  Peut-être 
haiiloit  il  trop  le  P.  Bouhours,  pour  penfer  comme 
lui.  Voy.  Insidieux. 
INSIDIEUSEMENT,  .-idv.  D'une  manière  infîdieufe  & 
qui  tend  à  furprendre.  Injldwsè.  Il  n'ell  d'ulage  que 
dans  le  ftyle  foutenu.  L'Acad. 
ifJ'  INSIDIEUX,  EUSE  adj.  Qui  tend  à  furprendre ,  qui 
eft  fuggéré  par  le  dellein  fecret  de  tromper.  Infid'io- 
fus.  Difcours  ïnfidkux ,  carelfes  injidieufcs.  Le  che- 
val de  Troye  étoit  un  prélent  ïnfiduux  que  les  Grecs 
tirent  aux  Troyens. 

Ce  mot  vient  du  Latin  infidiofus  ,  à'LnfidU  ,  em- 
bûches ,  d'infidere  ,fe  placer,  fe  pojler  en  quelque  lieu  , 
ce  qu'on  a  coutume  de  faire,  quand  on  drelle  des 
embûches  pour  avoir  enfuite  l'avantage  fur  l'enne- 
mi. Malherbe  l'avoit  pris  dans  le  Nicod,  &a  voulu 
l'établir  ,  il  a  dit  :  Il  ne  fe  faut  pas  fier  aux_  carcllés 
du  monde ,  elles  (ont  trompeufes  ,  &  s  il  faut  ulcr 
de  ce  mot ,  infidicufes.  Je  voudrois  l'adoucir  avec  ce 
corredif ,  ou  bien  l'expliquer  par  quelque  fynony- 
me  qui  l'appuie  &  qui  lui  ferve  d'introducteur.  Vaug. 
Si  ïnfidieux  avoir  palfé ,  il  auroit  frayé  le  chemin  à 
infidiateur  ;  mais  comme  on  a  rebuté  injidieux ,  je 
crains  qu'on  ne  reçoive  pas  infidiateur.  Bou.  Corn. 
Cependant  l'Académie  a  adopté  ïnfidïcux ,  avec  cette 
reftriétion  ,  qu'il  n'eft  d'ufrge  que  dans  le  llyle  lou- 
tenu  &:  dans  la  Poëfic.  ^fT  Un  vers  ,  dit  Vaugelas , 

qui  commenceroit  ainlî  :  ïnfidieux  amour 

n'auroit  pas  mauvaife  grâce.  Ce  mot  feroit  bien 
placé.  D'ailleurs  il  eft  beau,  fonore,  doux  à  l'o- 
reille. 
IJCJ"  Les  Médecins  caradérifent  par  cette  épithcte  les 
fièvres  malignes  ou  de  mauvaite  efpèce.  Mali  moris. 
Elles  cachent  au  Médecin  ignorant  ou  peu  attentif 
leur  marche  &  leur  nature  fous  l'apparence  d'une 
maladie  légère. 
ICF  INSIGNE,  adj.  de  t.  g.  Qui  eft  remarquable  par 
quelque  qualité  peu  commune  ,  foit  que  cette  dii- 
tindtion  fe  prenne  en  bonne  ou  en  mauvaile  part. 
Infignis.  On  dit  également  un  bonheur  &  un  mal- 
heur infigne,  une  valeur  infigne  ,  une  infigne  lâche- 
té. Vous  me  rendrez  un  ferviee  infigne  ,  fi  Sec.  Infi- 
gne calomnie,  infigne  faulfeté,  infiigne  voleur,  infi- 
gne faulïïrire.  Je  crois  pourtant  que  ce  terme  appli- 
qué aux  perfonnes  ne  doit  fe  prendre  que  dans  un 
fens  odieux.  Je  ne  voudrois  pas  dire  que  Célar  s'eft 
rendu  infi.gne  par  fa  valeur ,  Socrate  par  fa  vertu  , 
mais  qu'ils  fe  font  fignalés  :  ou  je  me  lérvirois  d'un 
autre  tour. 

Insigne  eft  auffi  un  titre  que  l'on  donne  aux  Egli- 
fes  Cathédrales.  Infignis  Ecclefiut  Parifienfis  Decanus, 
Canonicus. 
^CF  Insigne  ,  célèbre ,  illuftre ,  fimeux ,  renommé.  Tous 
ces  mots  font  relatifs  à  la  réputation  ,  chacun  avec 
fes  nuances  particulières.  Infigne  ne  marque  qu'une 
fimple  diftindion  fondée  fur  une  qualité  peu  com- 
mune ,  bonne  ou  mauvaile. 
INSINE.  yoye^  Ensi.  Vieux  mot. 
INSINUANT ,  ANTE.  adj.  Qui  entre  doucement  dans 
■     l'cfprit  de  quelqu'un  ,  qui  a  l'adrelfe  &  le  don  de  s'in- 
(inuer.   Qui  fe  infinuat ,  mollis  ,  Uandus.  On  le  dit 
également  des   perfonnes  &:   des   chofes.    C'eft   un 
homme  infinuant.  Il  faut  que  la  civilité  foit  revêtue 
d'un  air  agréable  &  infinuant  qui  fe  répande  fur  tout 
ce  qu'on  dit.  Bell.  Les  manières  polies  &  infinuan- 
tes ,  font  de  grands  progrès  fur  les  cœurs.    S.  Ev. 
C'eft  un  homme  fort  infinuant.  Femme  infinuante. 
INSINUATIF.  f  m.  Infinuativum.  Les  Clercs  failoient 
autrefois  un  préfent  à  leur  Évcque  à  fon  inftailation  , 
&  ce  préfent  s'appeloit  infinuatif,  parce  qu'ils  le  lui 


IN  S 

ftifoient  pour  s'infinuer  dans  fes  bannes  grâces,  yoy. 

LES  Macri. 

INSINUATION,   f.    f.   Adion   par  laquelle   quelque 

chote  entre  doucement  6c  inlenliblement  dans  une 

autre,  bifinuatio. 

§3"  On  ne  le  dit  point  au  propre.   L'ufage  ne  veut  pas 

qu'on  dife  X'infinuation  de  la  chaleur  dans  un  corps, 

Vinfinuation  de  la  (onde  dans  une  plaie.  On  dit  incro- 

diiclion.  C'eft  une  bifarrerie  de  l'ulage  qui  adir.et  lou- 

vcnt  le  fens  figuré  d'un  mot ,  &  en  rejette  le  fens  pro  - 

pre.  D'ailleurs  introdud.ion  &c  infinuation  ne  font  pas 

îynonimes.  Introduction  tft  un  terme   générique.  In- 

finuation  ne  déhgne  qu  une  introduction  douce.    Ce 

terme  conviendroit  particulièrement  aux  Huides  oui 

pénètrent  doucement  les  corps  ,  &  je  voudrois  qu'on 

dît ,  Vinfinuation  de  l'air  ,  Vinfinuation  de  la  lumière  , 

I      &c.  De  même  qu'on  dit  que  l'air  &  la  lumière  s'infi- 

nuent. 

Insinuation,  en  morale.  C'eft  une  certaine  adreffe 
dans  le  ftyle  ,  dans  l'élocution  par  le  moyen  de  la- 
quelle on  lait  entrer  dans  les  elprits  &  on  leur  fait 
agréer  ce  qu'on  leur  propoic,  qualité  dangereufe  II 
elle  fe  trouve  dans  un  mal  honnête  homme.  La  plu- 
part de  ces  gens  d'honneur  ont  je  ne  lais  quoi  de  ri- 
gide qui  feroit  préférer  les  infiinuations  d'un  fourbe  à 
une  fidélité  (i  auftère.  M.  de  Fen.  en  parlant  de  1  Hift. 
de  l'Acad.  Fr.  par  M.  Pélillon  ,  dit  que  l'Auteur  y 
montra  ion  caradère,  qui  étoit  la  facilité ,  l'invention, 
l'élégance  ,  Vinfinuation  ,  la  juftelle,  le  tour  ingé- 
nieux. 

En  Rhétorique  on  entend  de  même  ps.t:  infinuation 
tout  ce  c[ue  dit  l'Orateur  pour  s'iniinuer  dans  les  ef- 
prits  des  auditeurs,  pour  gagner  leur  bienveillancrj 
c'eft  une  des  grandes  parties  de  l'Orateur. 

Insinuation  ,  en  Jurilprudence,  eft  parmi  nous  la 
tranlcription    ou    l'entegiftrement    fur   un    regiftrc 
public  ,    des   aétcs   qui    doivent    être    rendus    pu- 
blics. Vinfinuation  de  certains  ades  fe  fait  pour  éviter 
toute  furprife  au  préjudice  de  ceux  qui  n'auroient  pas 
connoillance  de  ces  ades.  Relatio  in  acla.  Le  Greife 
des  Infinuations  du  Châtelet  eft  établi  pour  les  affaires 
leculières ,  les  donations  &  les  lubftitutions.  Toutes 
donations ,  excepté  les  donations  à  caule  de  mort , 
font  lujettes  à  infinuation.  Par  l'Ordonnance  de  Mou- 
lins ,  Vinfinuation  doit  être  faite  dans  le  quatrième 
mois  du  jour  de  la  donation  ,  aux  Greftes  des  Bajilages 
ou   Sénéchaullécs   où  ks  biens  donnés  font  Inués. 
Voye\  l'Ord.  de  \G\i.  Après  Vinfinuation ^  les  dona- 
tions font  irrévocables,   h' infinuation  n'eft  pourtant 
pas  nécelfaire  à  l'égard  du  donateur,  mais  elle  eft 
eilentielle  à  l'égard  des  créanciers  ou  des  héritiers  du 
donateur. 
Insinuation,  en  matière  bénéficiale,  eft  l'enregiftre- 
ment  des  collations  ,  préfentations  ,    procurations, 
prilcs  de  pofleftion  ,  &c.  aux  Greftes  des  Infinuations 
Ecclélîaftiques  qui  lont  établis  dans  chaque  Diocèfe 
pour  éviter  les  taulletés  qui  le  pourroient  commettre 
dans  les  aéles  concernant  les  Bénéfices.  Voye-^  l'Édit 
de  I J53  ,  Se  ceux  de  1646  Se  1691.  Le  Greffe  des  In- 
finuations Ecclélîaftiques  eft  à  l'Officialité  pour   les 
affaires  bénéficiales.    Les  Gradués  limples,  ou  nom- 
més ,  les  Indultaircs  ,  &  .autres  porteurs  de  grâces  ex  • 
pedativcs ,  (ont  obligés  de  faire  infmuer  leurs  lettres 
dans  le  mois  de  leur  date  ,  dans  le  Greffe  des  Infinua- 
tions de  chaque  Diocèle  ,  en  conféquence  de  l'Or- 
donnance de  1646.  Les  Infinuations  doivent  être  re- 
nouvellées  rous  les  ans  au  téms  de  carême  ,  fous  peine 
de  nullité.  Il  faut  aiiifi  faire  faire  Vinfinuation  des  pro- 
curations ad  rcfignandum  ,  ou  pour  permutation  des 
provifions  de  Cour  de  Rome,  ou  de  l'Ordinaire,  des 
piiles  de  poireftion.  On  ne  tient  pourtant  pas    ti- 
gueur  fur  les  prîtes  de  pollelîlon ,  ni  pour  les  procu- 
rations ad  rcfignandum ,  à  moins  qu'il  n'y  ait  pré- 
fomption  de  fraude.  Les  expéditions  qui  concetnent 
les  Bénéfices  à  la  nomination  ou  collation  du  Roi  ,  ne 
("ont  point  (ujettes  à  infinuation.  Il  faut  auilî  faire  inlî- 
nuer  la  publication  des  bans  du  mariage  ,  i!s:  les  dil- 
penfes.  /^oyeij  les  Déclarations  du  Roi  de  iCpi  ,  por- 
tant création  d'Offices  de  Greffier  des  Infinuations 


I  N  s 

Ecclcfiaftiques,  Se  une  autre  Déclaration  de  1692  iiir 
cette  iiiatiL-re. 

Insinuation,  fe  dit  auill  de  la  nomination  des  Gradués. 
Par  la  l'ragruatique  banCiion  ,  &:  parle  Contord.u  , 
les  Gradues  font  obligés  une  fois  ae  s'inlinuer  &  de 
donner  copie'de  leurs  degrés  aux  Collateurs;  ils  font 
eiifuite  ol)li[;és  tous  les  a.ns  au  tems  de  carême  ,  d'inii- 
nueraux  mêmes  Collateurs  leurs  noms  &  lurnonis  , 
cela  s'appelle  réitération,  ik  ces  réitérations  doivent 
être  iniiiuié-.s  aux  Grellcs  des  li(finuanons  cctleliafti- 
ques.  Ceux  des  Gradués  qui  manquent  à  iaire  ces  In- 
finuadons  ,  perdent  leur  droit  pour  1  année  courante , 
mais  non  pas  pour  les  Ibivantcs,  pourvu  qu'ils  fallent 
les  irijinuiiùons  requiies. 

Insinuation,  dans  1  Hiiloirc  Eccléliallique  des  pre- 
miers tems  ,  lignilie  l'application  qui  (e  biloit  d'un 
Clerc  à  une  Eglife,  pour  y  exercer  les  fonctions  de 
fon  ordre.  Autrefois  on  ne  donnoit  point  d'ordre  à 
un  Clerc  iàns  lappliquer  à  quelque  lia'i'Cj  ^  cette 
application  s'appeloit  Injlnuadon. 

Ip- INSINUER.  V.  a.  Au  propre  c'cfl;  introduire  douce- 
ment,  couler,,  taire  entrer  une  choie  avec  adrelle. 
On  dit  infimia-  le  doigt ,  la  fonde  dans  une  plaie.  On 
dit  que  le  baume  injinue  doucement  la  qualité  balfa- 
mique  dans  les  veines.  Injinuare.  Il  cft  fouvent  em- 
ployé avec  le  pronom  perlonnel.  L'air  s'injinue  dans 
les  corps  i  les  rayons  de  lumière  s'injinuent  par  une 
petite  ouverture  faite  à  un  volet.  L'humidité,  les 
vapeurs  s'infirment  par  les  pores.  Le  froid  &  le  chaud 
s'injinuent  dans  les  corps  pour  les  cuire  qu  pour  les 
glacer. 

§CJ"  Insinuer,  au  figuré,  c'eft  faire  entendre,  faire  entrer 
dans  l'efprit  /inement  &  avec  adrelle.  Injinuare ,  inf- 
tillare.  lnJinue\-\\.\\  doucement  quil  doit  fe  déraire 
de  là  charge.  Infïnuer  de  bons ,  de  mauvais  conleils. 
hes  gens  vains  cherchent  par  tout  à  injïnuer  qu  ils  ont 
de  l'efprit.  Plutarque  inJinue  doucement  la  vertu ,  & 
veut  la  rendre  fimilière  dans  les  plailirs  mêmes.  S. 
ÉvR. 

^CrOn  le  dit  de  mcme  avec  le  pronom  perfonnel  S'in- 
finuer  dans  lelprit  de  quelqu'un ,  dans  les  bonnes  grâ- 
ces ,  dans  (a  bienveillance.  Un  Orateur  doit  s'injinuer 
dans  l'efprit  de  fes  auditeurs,  gagner  adroitement  leur 
bienveillance.  On  a  beioin  d'attention  lur  loi  même , 
pour  parer  les  coups  d'un  homme  qui  s'injïnue  hnc- 
ment ,  &  qui  Hatte  d'une  manière  délicate  &  enve- 
loppée. Bell.  Les  pallions  s'uifinuent  quand  on  mar- 
che fans  crainte  &  ians  précaution.  Fl.  Il  n'eil  point 
de  forme  feus  laquelle  l'amour  ne  fe  déguile  pour 
s'injînuer  dans  un  cœur ,  pas  même  celle  de  la  raifon 
&  de  la  vertu.  S.  Real.  La  volupté  s'injinue  dans  le 
cœur  Se  le  tourne  à  elle  ,  (ans  attendre  que  la  raifon 
dife  fon  avis.  M.  Es  p.  La  vanité  s'injinue  dans  les  ac- 
tions même  où  elle  femble  avoir  le  moins  de  part,  &z 
elle  entre  jufque  dans  les  mortifications.  Nie. 

On  dit  à  peu  près  d.-'ns  le  même  fens ,  s'inJinucr 
dans  les  compagnies.  Cethommc  eft  adroit ,  il  s'eft  z>;- 
_/?/2ue  doucement  dans  la  maifon  de  ce  Prince.  Il  s'elf 
injînué  à  la  Cour  je  ne  lais  comment. 

Sa  grimace  ejl  par  tout  bien  venue  , 
On  l'accueille  ,  on  lui  rit ,  par  tout  il  j'infinue. 

Mol. 

^CTOn  trouve  ce  mot  employé  dans  une  lignification 
particulière  dans  un  des  contes  de  la  Fontaine ,  la 
Servante  juPcifiée. 

Le  bouquet  fait  j  il  commence  à  louer 

L'ajfonimentj  tâche  à  j-'infinuer. 

5'infmuer  ^  en  fait  de  chambrière  , 

C'eji  proprement  couler  fa  main  au  fein 


I  N  S 


191 

injinuatis  ma-' 


Quelque  bouffonne  que  paroilTè  cette  explication  , 
elle  ne  laiife  pas  d'être  fort  jufte  &  conforme  à  ce 
que  Volïïus  dit  dans  fon  étymoloque  de  la  langue 
Latine  à  la  fin  du  mot  Sinus  : 

A  finu  ejl  infinuo  :  quo  propriè  ufus  Apuleius  ,  lib. 


«>.  (p.  m.  T^jj  Un.  22.)  cian 
nibus  y  id  cjl ,  in  Jinu  tondicis. 

'JCtIksinuer  ,  Pcrlinder  ,  fuggércr  ,  lynoninus.  On 
inJinue  lineineiit  cn:  avec  adrelle,  dit  M.  l'Abbé  Gi- 
rard. On  pcrjuade  fortement  &  avec  éloquence.  On 
yirr^ère  par  crédit  &  avec  artifice.  Pour  infirmer  ^  il 
fuit  ménager  le  tems,  loccalion,  1  air  &  la  manière 
de  dire  les  chofcs.  •  /^o)  t'^  les  deux  autres  mots. 

0Cr Insinuer,  dit  quelque  cholé  de  plus  délicat  Pcr' 
fuader y  dit  quelque  choie  d^  plus  patnetique.  Suggé- 
rer j  emporte  quelquefois  dans  û  valeui  quelque 
chofe  de  frauduleux.  On  couvre  habilement  ce 
qu'on  veut  infinutr.  On  propofe  nettement  ce  qu'on 
y^ni pcrfuader.  On  fait  valon  ce  quoxwcwz  fw gérer. 

Insinuer,  en  termes  de  Jurilprudence ,  figr.iiie  enrc- 
giftrer  j  décrite  un  aéte  dans  un  regiùre  deflinc  pour 
cet  effet  j  afin  qu'il  devienne  public  &c  qu'il  ne  puilfe 
être  changé  ,  ni  altéré.  In  acla  referre.  L'ordonnance 
veut  qu'on  infinue  les  donations  entre  vils  dans  les 
quatre  mois,  à  peine  de  nullité.  Toutes  les  fubftitu- 
tions  doivent  être  infinuées ^,  foit  qu'elles  foient  foites 
par  contrat,  foit  par  tellament.  Il  faut  infinuer  xova 
les  adtes  en  matières  bénéficiales ,  fur-tout  les  procura- 
tions pour  réfigner,  les  prifes  de  polfellion,  les  nomi- 
nations des  Gradués,  &c.  ^oj'er  Insinuation. 

ft^" INSINUÉ,  LE,  part. 

INSIPIDE,  adj.  m.  &  i.  |p=-En  Phyfique  on  défigne  par 
cette  épithète  un  corps  qui  n'a  point  de  faveur,  qui 
ne  fditaucunc  imprellion  fur  l'organe  du  goût.  C'eft  le 
manque  de  lels  qui  rend  un  corps  infipide.  Voyez 
Sels  ,  Saveurs.  Sapons  expcrs.  Injipidus.  Viande 
infipide.  Mets  infipides.  La  terre  dont  on  a  tiré  le  fal- 
petre  efti/^/f/'/f/tf.  La  meilleure  qualité  de  l'eau,  c'eft 
d'être  injipide.  La  poire  de  beurré  cft  peu  fujctte  à 
être  pâteufe ,  infipide  Se  farincufe.  La  Quint. 

|Kr Insipide  &  Fade  ne  doivent  pas  être  regardés  coin- 
rae  deux  mots  fynonimes.  Ce  qui  ed:  fade  ne  pique 
pa  le  gotlt.  Ce  qui  eft  infipide  ne  le  touche  point  du 
tout.  Il  ne  manque  à  1  un  qu'un  degré  d  allaifonne- 
ment ,  &  tout  manque  à  l'autre.  Ce  qui  eft  infipide 
eft  fans  faveur  ;  ce  qui  eft  fade  en  a  une  désagréable. 
La  bonne  eau  doit  être  infipide  Se  non  pas  Jade.  Ce 
mot  eft  aulll  employé  au  figuré.  Au  Phyfique  ,  ce  qui 
eft  infipide  ne  touche  point  du  tout  l'organe  du  goût , 
Se  n'a  pas  ce  qu  il  faut  pour  cela.  Au  moral  j  ce  qui 
eft  infipide  manque  de  tout  ce  qui  eft  néceffaire  pour 
toucher  l'efprit.  Sine  arte ,  fine  f aie.  Inficetus.  Ou- 
vrage ,  Auteur  infipides.  Épigramme ,  raillerie  infipi- 
'  des.  Rien  n'eft  plus  infipide.  Infipidius  nihil  eft.  Les 
Savans  ne  goûtent  que  les  exemples  tirés  des  Anciens , 
Se  Ihiftoire  du  lîécle  préfent  leur  eft  infipide.  La  Br, 
Les  femmes  qui  ont  du  difcernenient  n'ont  que  du 
dégoût  pour  ces  infipides  adorateurs  qui  prodiguent 
leur  encens  indifféremment  à  tous  les  beaux  vifages. 
Bell.  Un  homme  qui  a  un  grand  fonds  de  complai- 
ftnce,  eft  d'un  commerce  fade  &  infipide ,  à  moins 
qu'il  n'y  lupplée  par  beaucoup  d'efprit.  Id.  Il  faut 
prendre  garde  qu'en  voulant  rendre  une  penfée  na- 
turelle, on  ne  la  rende  plate  Se  infipide.  Bouhours. 
Les  agrémens  forcés  font  quelque  chofe  de  bien  infi- 
pide. Bell.  L'amour  n'eft  plus  qu'un  infipide  amufe- 
ment.  Saint  Evr. 

Je  ne  faurois  fouffrir  qu'une  phrafe  infipide 
Vienne  à  la  fin  d'un  vers  remplir  la  place  vide. 

Boil. 

Un  peu  plus  bas  fur  le  penchant  du  mont  3 

Ejl  le  Je  jour  de  ces  cfprits  timides , 

De  la  raifon  parti] ans  inlipides, 

Çlui  compaffes  dans  leurs  vers  languijfans , 

A  leur  leâeur  font  haïr  le  bon  fens.  Voltaire. 

lî^"  Insipide  ,  Fade,  fynonimes.  Dans  les  ouvrages 
d'efprit ,  ils  font  tous  les  deux  très-éloignés  du  beau  j 
mais  le /izc/j  parodiant  en  affedler  &  en  chercher  les 
grâces,  déplaît &:  choque  :  V infipide  ne  paroidant  pas 
même  le  connoînje,  ennuie  &  rebute.  Syn.  Fr. 

IJC?  A  l'égard  de  la  beauté  du  fexe,  je  ne  crois  pas  qu'il 


ïfjl 


I  N'  S 


y  en  ait  à'injîpide  qu'à  ceux  qui  font  d'un  tempira 
ment  tout  à  fait  infeniibie.  Mais  il  y  a  des  beautés /a- 
dcs.  Voyez  Fade. 
ÏNSIPIDITÉ.  f.  f.  Ip- Qualité  de  ce  qui  eft  indpide. 
Saporis  defeclus.  Au  propre,  c'cll  la  qualité  de  ce 
qui  ne  fciit  aucune  miprclllon  -{'ur  l'organe  du  goût. 
Au  hguré,  de  ce  qui  eft  dellitué  de  tout  «grcment ,  & 
ne  touche  nullement  l'efprit.  Infipidicc  d'un  mets. 
Injlpiditi  d'un  fruit.  Infipiditc  d'un  ouvrage,  d'un 
éloge. 
ÎNSISTER.  V.  n.  Demander  avec  inftance ,  ne  fe  point 
relâcher  d'une  prétention.  Injlare,  ïnfifteri ,  urgere. 
Cet  Agent  a  ordre  A'injijïer  lur  cet  article ,  A'ïnfifter 
Tur  l'exécution  d'un  tel  traité.  La  capitulation  eft 
faite ,  on  ninjîjîe  plus  que  lur  une  condition.  Elle 
infijla  fort  pour  me  faire  avoir  le  gouvernement  du 
Havre  de  Grâce.  La  Roc.  Il  infjla  julqu'à  ce  cju'il 
eût  obtenu  ce  qu'il  fouhaitoit.  A^bl. 
Insister  ,  lignilîe  aulli ,  s'appuyer  fur  quelque  rai- 
fonnement ,  lur  quelque  pièce  fondamentale.  Injif- 
tere.  Je  ne  veux  répondre  qu'à  cette  railon ,  à  ce  titre 
fur  lequel  vous  injijle\  particulica;ment.  Infijlcr  î\iï 
une  preuve,  lur  une  claule. 

INSITOR.  i.  m.  Ce  nom ,  qui  eft  purement  Latin 
&■  qui  vient  à'infcrere  ,  grcfler,  croit  le  nom  d'un  dieu 
de  la  campigne  chez  les  Romains.  Infuor.  Le  dieu 
Jnjuor  préfidoït  aux  femailles.  Le  Flamcn  Dialls  ,  ou 
Fiamjne  de  Jupiter,  faitoit  mention  du  dieu  Injitor , 
dans  l'hymne  qui!  chantoit  ou  récitoit  dans  le  facri- 
fice  qu'il  lailoit  à  Cércs  &  à  la  Terre.  Foyei  Sau- 
iTiaife  lurSolin,  p.  714.  L'Académie  des  Belles  Let- 
tres a  décidé  qu'il  falloir  retenir  ces  fortes  de  noms 
Latins  dans  notre  Langue,  &  ne  les  point  traduire, 
&  fes  Académiciens  le  pratiquent  dans  leurs  diftèrta- 
tions, 
ÎNSLACH.  f.  m.  Terme  Flamand,  qui  fignifie  les  fils 
d'or,  d'argent,  de  foie  ou  de  laine  dont  on  fiit  la 
trame  des  tapiireries  de  haute-lille.  On  fe  ferr  du 
terme  à'Afsùre  dans  les  Manufaûures  Françoifes, 
pour  fignifier  la  même  choie. 
INSOCIABILITÉ.  f.  f.  Caraftère  de  celui  qui  eft  in- 
fociable,  qui  fe  refuie  à  tout  ce  qui  lie  les  hommes 
entr'eux.  On  compta  pour  rien  les  dégoilts,  les  ca- 
prices  &c  VinfociabU'ué  des   humeurs CXII. 

Lettre  Perfanne.  Voyez  Sociabilité. 
^  INSOCIABLE  adj.de  t.  g.  InfociabUis.  On  ne  le 
dit  point  au  Phyfique  des  corps  qui  ne  peuvent  être 
mêlés  ni  joints  les  uns  avec  les  autres.  On  le  dir  au 
moral  de  celui  qui  a  des  qualités  oppofees  à  la  focicté  , 
qui  fe  refufe  à  tout  ce  qui  lie  les  hommes  entr'eux. 
Les  hommes  fantafques,  bifarres,  capricieux,  quin- 
reux ,  bourrus  ,  font  infociables  S.  ÊvR.  dit  que  les 
cérémonies  &  les  égards  trop  médités,  rendent  les 
hommes  infociables  dans  la  fociété  même. 
INSOLATION,  f.  i;  Infolatio.  Terme  de  Pharmacie , 
eft  une  préparation  de  remèdes  ou  de  fruits  qui  fe  fait 
en  les  expofant  aux  rayons  les  plus  ardensdu  foleil, 
foit  pour  les  fécher ,  loir  pour  les  cuire,  foit  pour  les 
aigrir,  comme  on  fait  le  vinaigre  rolat,  les  figues, 
les  pruneaux ,  &c. 

Ce  m-ot  vient  de  info l are  ,  dont  Pline  &  Columelle 
fe  font  fcrvi ,  &  qui  veut  dire ,  Expofcr  au  foleil, 
INSOLEMMENT,  adv.  Avec  infolence ,  (a'.\s  refpeét. 
Irifolenter ,  protervè ,  illiberaliter.  Cet  homme  parle  , 
répond  infole/nmcnt.  Il  (S.  François  Xavier)  excom- 
munia aulfi  tous  ces  gens  qui ,  par  une  lâche  complai- 
lance  j  Hattoient  la  paillon  de  leur  Maître  ,  Se  qui  par 
loient  infokmment  du  S.  Siège.  Bouhours. 
|Cr  INSOLENCE,  f.f.  Infolentia.  C'eft  en  général  un 
manque  de  refpeéf  pour  les  autres  hommes ,  une  ef 
fronterie  excelTive  qui  bit  qu'on  manque  aux  bien 
(eances  &  aux  égards  qu'on  doit  aux  autres. 
§3"  Souvent  l'^/z/û/tv/ceeft  la  vanité  qui  s'annonce  d'une 
manière  outrageante  pour  les  autres;  elle  eft  difté 
rente  dans  tous  les  états.  V infolence  à' an  homme  or- 
dinaire ne  redèmblc  point  à  Vinfolcnce  de  la  robe, 
ni  celle-ci  à  V infolence  financière;  mais  par  tout  elle 
confifte  à  montrer  la  bonne  opinion  qu'on  a  de  loi- 
même,  &  à  faire  fcntir  la  fupériorité  que  l'on  prétend 


I  N  S 

avoir  fur  les  autres  d'une  façon  plus  ou  moins  offen- 
fante  ,  luivant  la  qualité  &:  le  caractère  des  perfonnes. 

'KT INSOLENT,  ENTE.  adj.  m.  &  f.  Infolens.  Qui 
parle  ,  qui  agit  avec  infolence  ,  fans  refpeét  ,  fans 
égards  pour  les  autres  hommes.  Cet  homme  eft  fi 
u  f  oient  qu'on  ne  peut  le  louftrir  dans  aucune  com- 
pagnie. Valet  infolent.  Cet  homme  eft  infolent  avec 
les  femmes  ;  il  tient  des  difcours  infolens. 

IJC?  L'Insolent  eft  encore  celui  qui  ,  par  des  airs  de 
hauteur  &c  des  manières  orgueilleules  ,  afiiche  fans 
pudeur  la  bonne  opinion  qu'il  a  de  lui  même,  è'j  le 
peu  de  cas  qu'il  fait  des  autres,  pour  lefquels  les  avan- 
tages de  Ion  état  ne  lui  permettent  d'avoir  aucuns 
des  égards  que  la  bienféance  prelcrit.  La  bonne  for- 
tune eft  ordinairement  infolente.  La  plupart  des  hom- 
mes font  infolens  dans  la  profpérité.  Tel  qui  n'étoit 
pas  même  ambitieux  dans  une  médiocre  fortune  ,  de- 
vient infolent  dans  une  grande  élévation.  Fléch. 

|CrOn  dit  fubftantivcment ,  c'eft  un  infolent  y  une  info- 
lente. 

INSOLER.  v.  a.  Du  verbe  Latin  infolare.  Expofer  au 
lolcil.  On  trouve  dans  Furetiére  iufolation.  Ces  mots 
font  particulièrement  confacrés  à  la  Chymie. 

EnÎSOLITE.  adj.  m.  &  f.  Infolïtus.  Vieux  mot  qui  n'eft 
plus  en  ulage  qu'au  Palais,  où  l'on  dit  encore  c'eft 
une  procédure  info  lue ,  une  demande  infolue  ;  pour 
dire  qu'on  n'a  pas  coutume  de  taire,  qui  eft  contre  . 
l'ulage  &z  les  règles. 

§3° On  appelle  dixme  infolite ,  celle  qui,  fuivant  l'u- 
lage ordinaire,  n'eft  point  due  ,  comme  la  dixme  des 
agneaux ,  des  cochons  ,  des  veaux ,  Ik.  qui  ne  te  per- 
çoit que  dans  certains  endroits. 

Je  luis  fâché  que  ce  mot  ne  foit  prefque  plus  ulité. 
Nous  le  remplaçons  par  le  mot  extraordinaire  dont  il 
n'eft  point  fynonime.  Il  fignifie  limplement  ce  qui 
n'eft  point  accoutumé  ,  du  Latinyù/ifi^^  ,  accoutumé  , 
&  de  la  particule  négative.  Infolite  ,  infolïtus  non 
accoutumé. 

INSOLVABILITÉ,  f.  f.  Impuillance  de  payer  fes  det- 
tes. Solvendi  alieni  dris  inopia.  Les  banqueroutes  ont 
été  caufe  de  Vinfolvabilité  de  ce  Marchand.  Il  faut 
dilcuter  les  biens  d'un  homme  j  pour  taire  voir  fon 
infolvabilité. 

INSOLVABLE,  adj.  de  t.  g.  Qui  n'a  pas  de  quoi  payer. 
Qui  folvendo  non  efl.  On  a  introduit  le  béijéhce  de 
celîîon  en  faveur  de  ceux  qui  deviennent  infolvahles. 
Les  trop  violentes  pourluites  rendent  fouvent  les 
hommes  infolvahles.  On  a  préfenté  pour  caution  un 
homme  infolvable. 

Ip- INSOLUBILITÉ,  f.  f.  Terme  de  Chymie.  Propriété 
d'un  corps  qui  ne  peut  être  dillous. 

CfCT  INSOLUBLE,  adj.  m.  6c  f.  Qui  ne  fe  peut  réfoudre  , 
expliquer  Infolubdis.  Jean  de  Alliaco  a  tait  un  Trai- 
té des  argumens,  des  difficultés  infoluhles  .-Hentisbe- 
rus,  un  autre  des  difticultés  invincibles  &  infoluhles. 
En  Algèbre  ,  il  y  a  des  problêmes  infoluhles. 

|0°  Insoluble  ,  fe  dit  auilî  en  Chymie  de  ce  qui  ne 
peut  fe  didoudre.  Voye\  Dissoudre. 

INSOMNE  f  m.  &  f.  Quelques  Auteurs  de  Diction- 
naire ont  mis  ce  mot  pour  celui  d'Acœmttes  ;  fC?  mais 
infomne  n'eft  pas  François;  &  pour  défigiier  les  Reli- 
gieux qui  chantoient  toute  la  nuit  les  louanges  de 
Dieu ,  il  faut  conferver  le  nom  d'Acœmétes.  f^oyei 
ce  mot. 

INSOMNIE,  f.  f.  Indifpofition  qui  confifte  a  ne  pou- 
voir dormir.  Infomnia.  h'tnfomme  eft  caufée  par  le 
mouvement  continuel  &  excellîf  des  elprits  animaux 
dans  les  organes  internes  &  externes  du  corps,  qui 
frit  que  les  efprits  reçoivent  promptement  les  imprel- 
fions  des  objets  feniîbles  ,  &  que  fuivant  l'elpèce 
du  mouvement  reçu  dans  l'organe,  ils  le  continuent 
dans  le  cerveau  ,  &  fournillent  à  l'ame  difîérentes  oc- 
calions  de  penfer.  Ce  Hux  exceffit  &  contiiîuel  des 
efprits  a  deux  caules  ;  l'une  eft  l'obiet  lenlîble  qui 
frappe  l'organe  avec  trop  de  force.  Alors  Izs  elpnts 
animaux  font  nècellaiiement  agités  &  émuspuinàm- 
inent;  Se  comme  ces  émotions  qui  fe  continuent  ju(- 
qu'au  cerveau  par  les  nerfs ,  donnent  le  même  mou- 
vement au  cerveau,  û.  faut  de  nécelîîté  que  l'aniinnl 

veille. 


I  N  S 

'Vcillc.  Ainfi  un  gland  cri,  les  douleurs,  !c'>  imw:  de 
tcte,  les  tranchées  du  ventre  &  la  toux,  caufcnt  1'/«- 
Jomnïe.  L'amc ,  quand  elle  cil  occupée  de  (oins  &  de 
méditations ,  y  a  aulli  quelque  part  ,  puilqu'agillànt 
par  le  minirtère  des  efprits  animaux  ,  les  foins  &  les 
méditations  qui  agitent  ces  efprits  ,  ne  peuvent  man- 
quer de  produire  Vinfotnnic.  Les  veilles  opiniâtres 
<dcs  mélancoliques  l'ont  de  ce  nombre.  On  en  a  vu 
■qui  ojitpal'ic  jufqu'à  quatorze  jours  &  même  trois  ou 
quatre  lemaines  lans  pouvoir  dormir. 

L'autre  caufe  ell  le  vice  même  de  ces  efprits  ani- 
maux qui  les  difpofe  à  des  mouvemens  précipités  ou 
opiniâtres  ,  comme  leur  trop  grande  chaleur  ,  & 
celles  du  cerveau  dans  les  fièvres  ardentes.  Les  efprits 
étant  alors  agites  rapidement  dans  le  cerveau ,  cau- 
fcnt  Vinfomnie.  Delà  vient  que  l'on  s'y  trouve  beau- 
coup plus  fujet  en  été  &  dans  la  jcuneile.  Outre  les 
pallions  de  l'ame  ,  telles  que  l'amour ,  la  crainte ,  la 
terreur  &  la  colère  ,  pendant  IcfqucUes  les  efprits 
agités  par  un  mouvement  continuel ,  entretiennent 
les  veilles ,  les  longs  jeûnes  Font  la  même  chofe  ,  à 
caufeque  le  défaut  d'alimens  fubtilife  les  efprits  ani- 
maux &  dellécheie  cerveau.  Enfin  ,  Vuifomme  cft  un 
îymptôme  fort  ordinaire  aux  vieillards.  Les  pores  du 
cerveau  ayant  été  ouverts ,  ou  trop  élargis  par  le  paf- 
fage  continuel  des  efprits  depuis  un  fort  grand  nombre 
•d'années  qu'ils  y  pallènt  &  repalTent trop  facilement, 
cela  eft  caufe  que  quoique  ces  efprits  foient  d'ailleurs 
tranquilles  ,  ils  ne  laillcnt  pas  de  tenir  les  vieillards 
éveillés  par  leur  mouvement  perpétuel.  Les  infomn'us 
ibnt  plus  dangereufes  dans  l'âge  de  confiftance ,  & 
aux  femmes,  qu'elles  ne  le  font  dans  la  jeunelle  & 
aux  hommes.  On  en  a  vu  de  quarante-cinq  nuits  de 
fuite  &  on  parle  de  Vinfomnie  d'un  mélancholique 
qui  fut  quatorze  mois  fans  dormir.  Ces  fortes  de  veil- 
les dégénèrent  fouvent  en  démence.  Dans  les  enfans 
les  infomnïes  font  d'ordinaire  la  (uite  de  quelqu'autre 
maladie;  elles  furviennent  à  l'éruption  difficile  des 
dents,  aux  vers  ou  aux  tranchées,  ou  fuccédent  aux 
cnidités  de  l'eftomac  qui  rendent  la  nuit  inquiète  & 
qui  interrompent  le  fommcil. 

INSONDABLE,  adj.  Qu'on  ne  peut  fonder ,  dont  on 
ne  fauroit  trouver  le  fond.  De  détourner  ni  à  droite 
ni  à  gauche ,  cela  ne  fe  pouvoit  nullement ,  car  de 
chaque  côté  il  n'y  avoit  que  des  fondrières  Infonda- 
blcs....  Roman  Comique.  Je  ne  crois  pas  que  ce  mot 
fe  trouve  ailleurs. 

INSOUTENABLE,  adj.  m.  &:  f.  Qui  ne  fepeut  foute 
jiir.  Qui  defendi  non  poteft.  Cette  opinion  eft  infou 
lenable.  Cette  caufe  ,  cette  procédure  ,  cette  fentence 
eft  contre  les  loix,  contre  les  formes,  &  tout  à -fait 
infûutcnablc  en  Juftice.  Il  n'y  a  rien  de  f)  infoutenahk 
que  les  Sophifles  n'entreprennent  de  prouver. 
^3'  Un  homme  infoutenabU  eft  celui  qu'on  ne  peut 
fupporter  à  caufe  de  fcS  manières  &  de  les  propos. 

INSPECTEUR,  f.  m.  Celui  qu'on  met  pour  avoir  foin 
de  la  conduite  de  quelque  ouvrage.  Infpeclor.  Il  y 
avoit  un  infpecleur  des  ouvrages  qu'on  faifoit  pour  la 
jonftion  des  deux  mers. 

Les  Juifs  ont  dans  leurs  Synagogues  un  Officier 
qu'ils  nomment  infpecleur,  "(in  ,  Hhaian.  Son  office 
confifte  principalement  à  avoir  l'inlpcélion  des  lec- 
tures &  des  prières  qui  fe  font ,  à  les  préparer  & 
les  donner  ,  ou  les  montrer  au  leéteur  \  à  fe  tenir  au- 
près de  lui ,  prendre  garde  s'il  lit  bien  ,  le  repren- 
dre s'il  manque.  Il  s'appelle  aullî  quelquefois  Mi- 
niflre  ou  Nonce  ,  Envoyé  de  la  Synagogue.  Buxtorf 
dit  que  c'efi:  une  efpèce  de  Sacriftain.  ^dïtuiis. 
Il  y  avoit  des  Infpecleurs  chez  les  Romains  ,  qu'on 

•  nommoit  autrement  Peraquatores  ,  Égaleurs  ,  félon 
Cujas.  On  leur  donnoit  ces  noms,  parce  qu'ils  con- 
fidéroient ,  examinoient  la  qualité ,  &  la  valeur  des 
biens  &  des  effets  de  chaque  citoyen  ,  qu'enfuite  ils 
répartiffoient  également  fur  chaque  particulier  les 
impcits ,  à  raifon  de  la  quantité  &:  de  la  qualité  des 
fonds  qu'il  pofTédoit  ;  &  qu'ils  rendoient  les  impôts 

•  proportionnels.  C'en  étoit  les  alTéeurs  ou  alfayeurs. 
Foy.  le  Code  Juflinien  ,  L,  II ,  tom,  jS  ,  de 
Ccnf.  &c. 

Tome  V, 


I  N  S  193 

Inspecteur,  des  Constructions.  C'efl  un  Officier 
commis  pour  avoir  l'iiifpedtion  fur  la  conftruttion  , 
le  r.adoub  ,  &  fur  toutes  les  chofes  qui  concerhcnt 
les  vaiflèaux  du  Roi. 
Inspecteur  ,  eft  aulli  en  termes  d'Architcélure civile  , 
un  homme  capable  ,  prépofè  de  la  part  de  celui  qui 
fait  bâtir ,  pour  veiller  autant  aux  bonnes  qualités  des 
matériaux  ,  qu'à  la  prompte  exécution  ,  &  à  la  pro- 
pre conftruétion  des  ouvrages  ,  conformément  aux 
devis.  Daviler. 

En  général  ,  dans  les  grands  ateliers  où  il  y  a 
beaucoup  d'ouvriers  qui  travaillent ,  il  y  a  des  Inf- 
pecteurs  prépofés  pour  la  conduite  de  l'ouvrage. 
^'  Dans  l'art  Militaire  on  appelle  Infpecleurs  ,  des 
Officiers  dont  les  fonèfions  font  de  faire  la  revue 
di:s  troupes.  Infpecleurs  de  Cavalcdc.  Infpecleurs 
d'Infanterie.  Il  y  a  aufli  des  Infpecleurs  des  Fortifi- 
cations. 
INSPECTION,  f.  f.  Attache  de  la  vue  fur  quelque 
chofe  ;  aétion  par  laquelle  on  regarde  ,  on  confidère 
quelque  chofe.  Infpeciio.  Ce  titre  fera  jugé  faux  paf 
la  feule  ïnfpeclicn  de  la  pièce.  Les  Aflrologues  ju- 
geoient  par  Vinfpeclion  des  aftres.  Les  Chiromanciens 
ne  jugent  que  par  Vinfpeclion  de  la  main.  Les  Aruf- 
pices  prédiloient  l'avenir  par  Vinfpeclion  des  entrailles 
des  viCbimes.  Faire  Vinfpeclion  d'un  cadavre.  Roh. 
Inspection  ,  fe  dit  auiîi  du  foin  qu'on  a  de  veiller 
à  la  conduite  des  perfonnes ,  ou  des  ouvrages.  On 
donne  des  Précepteurs  aux  jeunes  gens  pour  avoir 
infpeclion  fur  leurs  mœurs  ,  fur  leurs  études.  Les 
Magiftrats  de  Police  ont  infpeclion  fur  les  marchan- 
difes ,  fur  ceux  qui  contreviennent  aux  ordres  pu- 
blics. Les  Jurés  des  métiers  ont  vifite  &  infpeclion 
fur  lesartifans  de  leurs  corps.  Le  Contrôleur  d'une 
maif'on ,  des  bâtimens  ,  a  infpeclion  fur  les  dépen- 
fes  domeftiques,  fur  les  ouvriers  fur  lefqucls  il  eft 
prépofé, 
§Cr  Inspection  ,  fe  dit  aufTi  des  fondions  des  Infpec- 
tcurs  chargés  de  faire  la  revue  des  troupes.  On  dit 
qu'un  Infpecleur  eft  parti  pour  fon  Infpeclion  ,  qu'il 
tait  aétuellement  fou  infpeciio?!. 
^  INSPIRATEUR,  adj.  tk  f.  Terme  d'Anatomie.  Les 
mufcles  infpirateurs  font  les  mufcles  qui  fervent  à 
l'infpiration.  La  contraftion  feule  des  mufcles  infpi- 
rateurs eft  caufe  de  l'infpiration.  L'élévation  des  cô- 
tes eft  produite  par  l'aftiou  des  mufcles  infpirateur,. 
INSPIRATION,  f:  f.  Se  dit  de  l'adlion  d'infpirer ,  & 
de  la  chofe  infpirée.  Infpiratio.  Quand  il  s'agit  de 
Dieu ,  ou  du  Saint  Eiprit ,  c'cft  une  grâce  célefte  qui 
éclaire  notre  ame  ,  qui  lui  donne  des  connoiffances 
&  des  mouvemens  extraordiuaires  &  furnarurels. 
Après  la  defcente  &:  Vinfpiraûon  du  Saint  Efprit ,  les 
Apôtres  parloi'^nt  diverfes  langues.  Les  Prophètes 
ne  parloient  que  par  Vinfpiration  divine.  Le  pécheur 
fe  convertit ,  quand  il  ne  réfifte  point  aux  infpiradons 
de  la  grâce. 
§CF  On  le  dit  particulièrement  en  parlant  des  livres  de 
l'Écriture-Sainte.  Dans  ce  fens,  c'eft  un  mouvement 
intérieur  du  Saint  Efprit  qui  détermine  un  homme 
à  écrire  ce  que  la  révélation  lui  a  appris  ,  ou  ce  qu'il 
fait  par  lui-même  ,  &c  qui  lui  fuggere  le  choix  des 
chofes  qu'il  doit  écrire.  Les  Auteurs  facrés  ont  écrit 
par  Vinfpiration  du  Saint  Efprit. 

Quelques  Théologiens  réduifent  Vinfpiration  des 
Auteurs  facrés  à  un  foin  particulier  de  la  Providen- 
ce ,  pour  empêcher  qu'ils  ne  foient  trompés ,  fans 
leur  infpirer  ni  les  mots  j  ni  les  expreflîons.  Le  Cl. 
L'infpiration  n'eft  autre  chofe  qu'une  direétion  du 
Saint  Efprit  ,  qui  n'a  pas  permis  que  les  Ecrivains 
facrés  fe  foient  trompés.  M.  Simon.  C'eft  l'opinion 
commune ,  que  Vinfpiration  du  Saint  Efprit  ne  re- 
garde que  les  chofes  ,  &c  non  pas  le  ftyle ,  5c  les 
termes  :  c'eft  feulement  une  infpiration  de  diredion. 
La  Mothe.  fCJ"  Ces  fentimens  font  erronnés.  Les 
Théologiens  Orthodoxes  enfeignent  que  le  S.  Efprit 
a  dicSté  aux  Ecrivains  facrés  toutes  les  chofes  dont  ils 
ont  parlé  ,  &  qu'il  leur  a  même  fuggéré  les  termes 
dont  ils  fe  font  fervis.  Cependant  quelques  Catholi- 
aues  enfeignent  que  le  S.  Efprit  a  infpiré  les  Écrivain» 

Sb 


394  I  N  S 

lacrcs  quant  aux  Prophéties ,  aux  points  d'iiilloire ,  &  j 
aux  doctrines  relatives  à  b  Religion  j  &  que  quant 
au  choix  &  à  l'arangcment  des  termes,  il  les  a  Liillc 
à  la  (.htpohtion  de  chaque  Écrivain. 

Inspiration  ,  le  dit  aulli  de  toutes  les  grâces  de  Dieu  , 
quoiqu'elles  n'aient  rien  au-delius  des  règles  ordi- 
Uiiires  de  ia  providence.  Suivre  V'mfpiracion  de  la 
grâce ,  la  repouller ,  y  réhller. 

Inspiration,  le  dit  aulli  en  parlant  des  hommes,  & 
fignilîe  Ibllicitation  ^  luggeftion.  C'ell  par  votre 
infpiraùon  que  j'ai  agi.  Impulfu  tuo.  Nous  croirions 
être  gouvernés ,  lî  nous  lailions  du  bien  par  Vinfpi- 
ration  des  autres.  S.   ÉvR. 

Inspiration  ,  fe  dit  de  l'élection  du  Pape ,  6c  lignifie 
la  manière  dont  elle  s'eft  faite  ,  quand  tous  les  vœux  , 
tous  les  fufrages  lans  exception  le  font  réunis  en  fa- 
veur  du    mcme  fujet ,   principalement    quand  cela 

.  s'efi:  fait  d'abord  ,  &  au  premier  Icrutin.  Grégoire  IX 
en  fait  mention  dans  lés  Décrétales,  L.  I y  T.  FI, 
c.  4.2. 

Inspiration  ,  enfermes  de  Médecine,  fe  dit  de  l'aftion 
de  la  poitrine  par  laquelle  l'air  entre  dans  les  pou- 
mons. Cette  entrée  de  r.xir  dépend  immédiatement 
<le  fon  propre  rellortj  qui  produit  cet  eftct  dans  le 
même  temps  que  la  cavité  de  la  poitrine  s'élargit 
par  l'élévation  du  thorax,  &c  de  l'abdomen  ,  &  fur- 
tout  par  le  mouvement  du  diaphragme  en  bas.  Ainfi 
l'air  n'entre  point  dans  les  poumons  ,  parce  qu'ils  fe 
dilatent;  mais  au  contraire  les  poumons  fe  dilatent, 
parce  que  l'air  y  entre.  Ce  n'eft  point  non  plus  la 
dilatation  de  la  poitrine  qui  poulie  l'air  dans  les 
poumons  ,  comme  on  le  croit  d'ordinaire  ,  le  relTort 
de  l'air  fuflit  pour  cela.  Cependant  cette  dilatation 
•cil  ur.e  condition  abfolunient  nécellaire ,  lans  la- 
quelle Vinfpiraûon  ne  lauroit  fe  faire.  L'ufage  de 
Vinjpiradon  ei\  pour  animer  le  fang  3  &  lui  donner 
le  mouvement  particulier  qu'il  doit  avoir  pour  entre- 
tenir la  vie. 

iNiPlRER.  V.  a.  Introduire  quelque  liquide  dans  le 
corps  j  en  dilatant  la  poitrine  &  ouvrant  les  lèvres 
appliquées  à  ce  liquide.  Attraherc.  La  manière  de 
pomper  la  boiflon  en  dilatant  la  poitrine  ,  fe  fait 
en  infpirant ,  ou  le  liquide  feul  ,  ce  qui  s'appelle 
fu:er  ;  eu  le  liquide  &  l'air  tout  enlemble  j  ce  qui 
s'appelle  humer.  Petit.  Mcm.  de  l'Acad. 

|lCT  Inspirer.  En  termes  Az  Théologie ,  fe  dit  d:  la 
grâce  céleile  qui  éclaire  l'ame  ,  &:  lui  donne  des  con- 
noillànccs  et  des  mouvemens  (urnaturels  qui  la 
font  agir.  In/pirure  ,  afflare.  Jonas  fut  inlpiré  de 
Dieu  pour  aller  prêcher  à  Ninive.  Les  Évangélilies 
ont  été  'infp'trcs  du  S.  Efprit  quand  ils  ont  écrit  l'É- 
van-;ile.  Prions  Dieu  qu'il  infpirc  le  Cardinal  du  Per- 
ron ,  difoit  le  Pape  Paul  V  ,  car  il  nous  pcrluadcra 
tout  ce  qu'il  voudra.  Le  Prince,  comme  un  homme 

-  infpiré  dès  la  première  bataille  ,  s'égala  aux  maîtres 
les  plus  confommés.  Boss.  Les  vertus  lemblcient  être 
infpirics  à  D.  D.  &  Ion  heureux  naturel  ne  lailFoit 
p^clque  rien  à  fau'C  à  l'éducation.  FlÉc. 

InspirePv  ,  s'eft  dit  aullî  abulivcment  parmi  les  Payens. 
Ceux  qui  rendoient  les  oracles  le  diloient  divinement 
infpiris.  Àfflaîa  eft  num'mc  quando  jam propiore  Dci. 
I  'ViRG.  yEn.  6 .  Les  Poètes  invoquent  Apollon  &  les 
Mules  ,  pour  être  infpiris ,  quand  ils  veulent  faire 
quelque  grand  Ouvrage.  On  dit  parmi  les  Chré- 
tiens,  quec'ePc  le  Diable  qui  infpire  la  Adïein  des 
grands  crimes  ;  &c  chez  les  Payens  on  diloit  que  c'é- 
toir  les  Furies. 

Inspirer  ,  llgnifîe  aul]i  ,  |i^  fuggérer  ,  £iire  naître 
dans  le  cœur  quelque  mouvement ,  dans  i'clprit  quel- 
que penfée.  Infii'^are ,  inducere  j  ingercrc.  L'Opéra 
il/pire  de  la  molleire.  S.  Évr.  Les  forêts  ont  je  ne 
fliis  quoi  qui  infpire  de  la  tendrelîc.  Corn.  La  fom- 
bre  oblcurité  des  Egliles  i/ijpire  une  lainte  horreur 
dans  l'ame.  Injpirer  une  lainte  horreur  pour  le  vice. 
Boss.  La  Majcfté  des  Rois  infpire  plus  de  relpeéf 
que  de  tendicHe.  FlÉc.  'Vous  m'avez  infpirc  des 
fentimens  ,  qui  me  donnèrent  d'abord  une  lurprife , 
qui  augmentoit  encore  le  trouble  qui  les  fuit  tou- 
jours, Id,  L'Évangile  ne  doit  infpinr  que  de  la  don- 


I  N  S 

ccur.  Cl.  La  piété  adoucit  tout  ce  qu'elle  Infpire, 
Id.  La  feule  penfée  qu'il  faut  hnir  ,  eft  bien  propre 
à  infpircr  le  degoiit  du  moi.de.  M.  P. 

Le  vin  ,  &  le  hafard 
Inlpirent  quelquefois  une  Mufe  ^rofficre.  Bojl, 

On  a  agité  à  l'Académie  une  queflion  ,  favoir  ,  ft 
infpirer  une  perfuafion  ,  n'eft  pas  une  phrafe  vicitufc. 
La  railon  de  douter  eft,  que  l'infpiratiqn  le  fait  en 
un  moment  :  ainli  il  eft  vrai  de  dire  qu'on  infpirs  un 
fentimcnt ,  une  penlée  \  mais  pour  perluader  il  faut 
du  temps;  c'eft  à  force  de  railons  qucn  le  laiiie  per- 
fuader  ,  &  il  faut  du  temps  pout  fe  déterminer.  On  ( 
demeura  d'accord  que  cette  phrale  eft  peu  réguhère^ 
&  qu'elle  n'eft  tolérable  que  parce  qu'elle  accourait 
le  dilcours. 

On  dit  aulli ,  qu'il  fiut  qu'un  Orateur  infpire. 
dans  l'ame  des  Juges  ,  la  .compallion  ,  la  haine ,  la 
vengeance  ;  pour  dire  ,  qu'il  faut  qu'il  fal'e  naitre 
ces  pallions  dans  leur  elprit.  Il  faut  émouvoir  l'Au-;' 
diteur  par  une  vive  exprellion  des  lentimens  qu'on 
lui  veut  infpirer.  S.  ÉvR. 

Inspirer.  Terme  de  Phyhque  &  de  Médecine.  Rece- 
voir l'air  dans  les  poumons,  pour  le  repouller  en- 
luite ,  ces  deux  mouvemens  pris  enlemble  font  ce 
qu'on  appelle  relpirer.  Infpirer  eft  oppofé  a  expirer. 
l^vyc'^  Inspiration. 

Inspiré  ,  Ée.  part.  Ç3*  Il  a  les  fignifications  de  foa 
verbe.  L'air  infpiré  rafraîchit  le  lang  tSc  aide  la  cir- 
culation. Les  livres  infpirés  ne  lont  que  des  idées 
divines  rendues  en  langage  humain.  Mûntesq.  [xs 
perlonnes  mfpirées  pour  les  autres ,  ne  le  lont  pas 
toujours  pour  elhs- mêmes.  Bouh. 

INSPRUCK.  Que  nous  prononçons  communément 
Infprug.  Nom  d'une  ville  d  Allemagne.  Oeni- 
pons.  Elle  eft  capitale  du  Tirol ,  &:  a  un  beau  pont 
lurl'//2/z,  d'où  elle  a  pris  fon  nom,  qui  ligiiihc  le 
Ponc  de  l'Inn.  Cette  ville  n'a  point  de  murailles. 
Elle  ne  lailfe  pas  d'être  aftez  grande  ,  i!n:  bien  bâtie. 
Le  Gouverneur  du  Tirol  ,  &  la  Chambre  de  la 
Régence  de  la  Province  ,  y  font  leur  réfideiice ,  & 
on  y  voit;  deux  magnifiques  Châteaux ,  lun  dans  la 
ville  ,  &  l'autre  fur  une  colline  voilîne.  Maty. 

Ce  nom  eft  Allemand  ,  il  eft  compclé  du  mot 
Inn  ,  qui  eft  le  nom  de  la  rivière  fur  laquelle  cette 
ville  c;t  lituée  ,  en  Latin  Oeno  Se  du  mot  Lruck,  qui 
veut  dire,  pont ,  pons  ^  en  Latin ,  en  changeant  le  b 
en  ^  on  a  tait  Irîfpruc  ,  ou  Infpruk  j  en  Latin  Oeni- 
pons  ,    c'eft-à-dire  ,  pont  fur  l'Inn. 

gC/ INSTABILITÉ,  f.  f .  Défaut  de  Habilité  ;  caraftère 
de  ce  qui  n'eft  pas  ftable.  On  le  dit  rarement  au 
propre.  Infalilicas.  Au  figuré  ,  on  dit  Xinjîahd'ué 
de  la  fortune  ,  de  nos  deiirs  j  de  l'tlprit.  Combien 
arrive  t-il  de  changemens  tous  les  jours  dans  nos 
âmes  par  ri«/ii2Ô//ir<;' de  nos  defirs  î  FlÉc.  Nous  avons 
beloinde  ditgraces  qui  nous  falfent  fouvoiir  de  X'inf- 
tabdité  des  choies  humaines  ,  à  quoi  l'on  peiilc  lî 
peu  dans  la  prolpérité.  Port  R.  Pour  punir  les  Aii- 
glois  de  leur  irreligieulc  inftahilitc  ,  Dieu  les  aban- 
donna à  l'intempérance  de  leur  curiolité.  Fl.  Il  faut 
fe  guérir  de  l'humeur  inquiète,  &:  penfer  fèaeule- 
ment  que  VinftabUité  de  l'elprir  le  peut  communi- 
quer au  cœur.  M.  Scud.  Défiez-vous  toujours  de 
Vinjîabiiué  de  b  fortune.  'Votre  volonté  eft  une  vo- 
lonté éternelle  ,  Se  je  luis  Vinjlabilité  même  :  mais 
il  faut  que  mon  inflabllité  foit  fixée  par  une  crernité  , 
&•  qu'en  tout  ce  qui  lera  de  votre  bon  pLiifir  ,  ma 
volonté  foit  immuable  par  vertu  ,  comme  la  vôtre 
eft  immuable  par  nature.  Bourdal.  Exh.  I.p.  41  j. 

Toute  votre  félicite' j 

Sujette  à  /'inftabilité. 

En  un  moment  tombe  par  terre.  Corn. 

INSTABLE.  Vieux  adj.  m.  &  f.  Qui  n'eft  pas  ftabJc. 

Injlabilis. 
INSTÀD.  Oenoftadium.  C'eft  imc  ville  d'Allemagne , 


I  N  s 

on  plutôt  une  partie  de  la  ville  de  Paiïaw.  l'oyci 

PASSA.W. 

INSTALLATION,  f.  f.  Mifc  en  polîedîon  d'une 
Charge  ,  d'un  BéncHce  ;  action  par  laquelle  oji  cl^ 
mis  folemnellement  dai-.s  la  place  ,  dans  le  iicge  qui 
convient  à  celui  qui  doit  exercer  une  Chari;e ,  ou 
delfervir  un  Bénéfice.  Ininunus  introducHo.  Ceux  qui 
font  pourvus  de  Charges  en  furvivancc  ,  de  Bénéfices 
par  cxpccîtative  ,  ne  peuvent  demander  leur  injlal- 
iadon  qu'après  la  mort  de  l'ancien  Titulaire.  V."mf 
tallatton  doit  être  faite  dans  les  formes.  Pat.  Le 
Concile  de  Latran  tenu  en  1179  ,  dcFend  dans  fon 
feptième  Canon  de  rien  exiger  pour  X'ïnjldhaïon 
des  Eccléfialliques ,  ou  pour  la  prile  de  pollellîon 
des  Curés.  t^'T  Vïnfiallatïon  eft  proprement  la  vraie 
prill'  de  poilelllon.  La  réception  ne  donne  que  la 
polléfilon  du  droit  ;  Vïnjlallation  mer  en  exercice. 

Ce  mot  a  la  même  origine  que  celui  tï'inftaller. 
foye-^  ci-dellous. 
IMJIALLER.  V.  a.  Mettre  en  polfeffion  publique 
d'une  Charge  ,  d'un  Bénéfice  ,  placer  l'Olflcier  ou 
le  Bénéficierdans  la  place  qui  lui  appartient.  In  mu 
nus  incroducere.  On  a  ordonné  à  l'Intendant  d'inf 
ciUerlcs  Olliciers  d'un  tel  Piélidial  de  nouvelle  crea- 
lioii.  Un  tel  r)énéficier  vient  d'être  ïnftalU. 

Ce  mot  vient  du  Latin  inflallarc ;pa.ïce.<\ne  Stallus 
r.  été  dit  des  fiéges  du  chœur  d'une  Eglife ,  ou  des 
Jiéires  ou  bureaux  des  autres  Juges  &  Officiers  _, 
comme  ii  l'on  'WÇoii  ponere  Infiallo.  Volîms  croit 
que  ce  mat  eft  pur  Allemand. 
S'iNSTALLtR,  ligriifieaudi.  Se  placer  en  quelque  lieu, 
en  quelque  emploi  dont  on  ne  puillè  être  renvoyé 
que  dirticilemcnt.  Je  lui  avois  prêté  ma  maifon  pour 
quelque  temps,  il  s'y  eft  fi  bien  inftallé ,  que  je 
ne  l'en  puis  faire  fortir.  Il  eft  du  ftyle  familier  en 
ce  fens.  On  a  mis  un  Commilîàire  à  ces  biens  faifis  , 
&•  il  y  eft  tellement  inflallé ,  qu'il  fait  mille  chicanes 
pour  s'y  maintenir.  On  a  ïnjlallexxw  Commis  dans 
un  tel  Bureau.  Ce  Provincial  eft  bien  Inflallé  à  la 
Cour  ,  il  s'eft  injlallé  dans  la  maifon  de  ce  Prince, 
il  y  gouverne  tout. 
Installé  ,  ée.  part. 

INSTAMMEN  r.  adv.  Avec  inftance.  Inftamer ,  vehe- 
menter.  Il  pourfuit  inftamment  cette  aftaire.  Je  prie 
Dieu  injlamment  qu'il  me  falFe  une  telle  grâce, 
fia  INSTANCE,  f.  f.  Dans  l'ufage  ordmaire  ligmfie  la 
même  chofe  que  follicitation  vive  &  preftànte.  Il 
vient  du  Latin  Injlanûa  ,  injlare  ,  piclfer  vivement , 
pourfuivre  de  près.  Inftanda ,  contendo.  Faire  inflan- 
ce  ,  de  grandes  injlanees  ,  des  injlances  vives ,  pref- 
lantes  auprès  de  quelqu'un.  Il  a  prié  fon  Rappor- 
teur avec  toutes  les  injcances  pollibles  de  le  juger 
prorapreiTient.  EnixiJJiniè  rogavit ,  omni  opéra  enixus 
eft.  Cet  Odicier  follicite  avec  grande  injlanee  au- 
j-rès  des  Miniftrcs  le  payement  de  fes  penlions. 
ffF  Instance  ,  En  terme  de  Jurifprudence ,  lignifie 
en  général  la  pourluite  d'une  aélion  en  Juftice. 
Aci'io.  Injlanee  pour  raifon  d'injures  ,  ou  en  répa- 
ration d'honneur  j  aclio  injuriarum.  On  appelle  pre- 
mière ïnflance  ,  la  pourluite  d'une  action  devant 
le  premier  Juge.  Çn  doit  plaider  en  première  mj- 
tance  pardevant  les  Juges  naturels  du  domicile ,  & 
par  appel  aux  Prélldiaux  ,  &  aux  Cours  fouverai- 
nes.  Il  a  été  condamné  aux  dépens ,  tant  de  la  pre- 
mière inftance  ,  que  de  la  -caule  d'appel.  Il  a  été 
ordonné  que  ces  deux  infiances  demeureroient  join- 
tes ;  pour  dire  ,  ces  deux  conteftations.  Il  eft  défendu 
en  jugeant  l'appel  d'évoquer  Vinftance  principale  j 
que  du  confentement  des  parties.  On  dit  une  inf- 
tance de  criées  ,  une  inftance  d'ordre ,  de  compte , 
une  inftance  de  faux ,  inftance  de  préférence ,  de 
faifie  (Se  arrêt  ,  inftance  appointée  au  Confeil  ,  en 
droit  &  à  mettre, 
f;^  Instance  de  Licitation  ,  qui  a  pour  objet  la  licita- 
tion  d'un  immeuble  individis  entre  plufieurs  copro- 
piictaires.  Voy.  Licitation. 
jJCTInstance  d'Ordre,  qui  a  pour  objet  l'ordre  &  la 
diftribution  du  prix  d'un  immeuble  vendu  par  dé- 
cret entre  les  créanciers  oppofants.  l'oy.  Ordre. 
Tome  V. 


I  N  S 


ï9r 


Cela   fuffit  pour  taire  connoître  les  autres   cfpèces 
à'inftances. 

Une  péremption  A'inftance  ,  eft  une  fin  de  non 
recevoir  ,  qu'on  propole  contre  celui  qui  a  manqué 
pendant  trois  ans  de  pourfuivre  une  aflairc.  On  ap- 
pelle reprife  àinftance  ,  l'adc  par  lequel  un  héri- 
tier ,  ou  autre  ayant  droit  ,  fc  préfente  pour  conti- 
nuer la  pourluite  de  Vinftance  commencée  par  un 
déiuntj  par  un  prédécelleur.  On  dit  aulli  inftance 
périe  ou  périmée. 

Instance  ,  fignifie  proprement  c!<c  en  un  fens  plus 
étroit,  les  caufes  d'appel  qui  n'ont  pu  être  jugées  à 
l'Autlience  des  Cours  louveraines  ,  foit  par  la  dif- 
ficulté qui  s'y  eft  trouvée  lors  de  la  plaidoirie  ,  foit 
pour  n'avoir  pas  eu  le  temps  de  les  faire  plaider  , 
enforte  qu'elles  aient  été  appointées  fur  le  rôle. 
Toutes  les  inftances  ne  peuvent  être  jugées  qu'à  la 
Grand-Chambre.  Les  procès  par  écrit  font  tous  dif- 
tribués  aux  Enquêtes.  IJCT  Dans  ce  fens  inflarue  , 
<!x'  aftaire  appointée  ,  foit  fur  une  demande  ,  (oit  fur 
un   appel  verbal,  fignifient  la  même  chofe. 

tpF  On  appelle /;z/?j/2Cd  appointée  ,  celle  où  les  parties 
doivent  écrire  tk  produire.  Inftance  d'appointé  à 
mettre  ,  lorlque  le  Juge  ordonne  que  les  parties 
remettront  leurs  pièces,   l^oy.  Appointement. 

Instances  lommaires ,  ou  Inftruélions  à  la  barre  de 
la  Cour  ,  étoient  des  inftances  appelées  Parlemens 
fommaues  ^  qui  s'inffruiloient  par  écrit  en  fix  jours  , 
en  conlequence  d'une  Requête  préfentée  à  la  Cour. 
Ces  inftruétions  avoicnt  lieu  dans  les  aftaires  de  peu 
de  conlequence  ,  ou  qui  requéroient  célérité  ;  mais 
ces  inftruiîions  à  la  barre  de  la  Cour  j  ont  été  abro- 
gées par  l'article  II ,  du  titre  des  délais  &  procédu- 
res ,  &c.  de  l'Ordonnance  de  i  G6j. 

Instance  ,  en  termes  d'École ,  eft  une  nouvelle  ob- 
jedion  qu'on  fait  dans  les  difputcs  de  l'École  ,  pour 
détruire  lafolution  qu'un  répondant  a  faite  à  un  pre- 
mier argument.  Objeclio  ,  inftantia ,  fe  dit  commu- 
nément dans  les  Écoles. 

INSTANT ,  ANTE.  adj.  Prefî^mt.  Urgens.  Vous  de- 
vez le  (uccès  de  cette  aftaire  à  Vinflante  pourfuite  ,  &c 
à  Vinftante  follicitation  d'un  tel.  Le  Roi  a  accordé 
cette  grâce  à  Vinftante  prière  de  fa  mère. 

INSTANT,  f.  m.  La  plus  petite  partie  du  temps  ;  un 
moment ,  un  clin  d'œil.  Momentum.  On  diltingue 
en  Philofophie  un  inftant  de  temps ,  un  infant  de 
nature  ,  &  un  infant  de  raifon  :  Vinflant  de  temps 
eft  une  partie  de  temps  qui  en  précède  immédiate- 
ment un  autre  ,  ainlî  le  dernier  irfant  d'un  jour 
précède  réellement  &c  immédiatement  le  premier 
inftant  du  jour  fuivant  :  V inftant  de  nature  ,  eft  ce 
qu'on  appelle  autrement  Priorité'  de  nature  :  il  fe 
trouve  dans  les  chofes  qui  font  fubordonnées  pour 
agir ,  comme  les  caufes  premières  &:  les  caufes  fé- 
condes ,  les  caufes  &  les  effets ,  car  la  nature  des 
chofes  demande  qu'il  y  ait  une  caufe  première ,  s'il 
y  a  des  caulcs  fécondes  ;  qu'il  y  ait  une  caut'e  ,  s'il  y 
a  un  eftet  ;  Yinfant  de  raifon  ,  eft  un  infant  qui 
n'eft  point  réel ,  mais  que  la  raifon  j  l'entendement , 
l'cfprit  conçoit  avant  un  autre  inftant,  avec  un  fon- 
dement de  la  part  des  chofes  qui  donnent  occalion 
de  le  concevoir  ;  par  exemple ,  parce  que  Dieu  a 
fait  plulieurs  chofes  librement ,  &z  qu'il  pouvoir  ne 
pas  faire  ;  il  y  a  un  fondement  raiionnable  de  conce- 
voir Dieu  tel  qu'il  eft  en  lui-même  ,  deva'ir  que  de 
concevoir  les  décrets  libres  qu'il  a  faits  ;  mais  parce 
qu'il  n'y  a  jamais  eu  en  eftet  de  temps  ,  ou  d'i/fanc 
réel  où  Dieu  n'eût  formé  aucun  décret ,  cet  infant 
s'appelle  infant  de  raifon  ,  &  non  pas  irfant  de 
temps.  Toutes  les  fois  qu'il  y  a  infant  de  natu- 
re ,  il  y  a  infant  de  raifon  ;  parce  qu'il  y  a  fonde- 
ment de  concevoir  l'un  devant  l'autre.  La  caufe  pré- 
cède toujours  Ion  effet  d'un  irfant  de  nature.  Quand 
Dieu  commanda  que  la  lumière  fe  fît ,  elle  fut  faite 
en  un  infant.  La  mort ,  qui  nous  menace  à  chaque 
infant ,  nous  doit  mettre  peut-être  en  peu  de  jours 
dans  un  état  éternel  de  bonheur  ,  ou  de  malheur. 
Pac.  Chaque  irfant  nous  retranche  une  partie  de 
nous-mêmes.  Flech. 

Bb  i; 


ip6 


1  N  S 


Un  redoutable  inftant  nous  détruit  fans  réfetvc  , 
On  ne  voit  au-delà  qu'un  ohfcur  avenir.  Dts-H. 

Instant  ,  fe  dit  auffi  pour  exprimer  une  durée  courte  j 
ou  incertaine  ,  quoique  l'clpace  du  temps  fou  allez 
coulidérable.  Le  Roi  eft  bien  obéi  ,  il  ne  lui  faut 
quurt  injlant  pour  faire  allembler ,  pour  faire  mar- 
cher fes  troupes.  La  gloire  de  ce  monde  paile  en  un 
injlant.  La  fortune  change  à  chaque  injlant.  Cette  vie 
n'ell  qu'un  inftant ,  qui  ne  mérite  pas  qu'on  eu  dé- 
libère. Nie. 

En  termes  d'Aftronomie  ,  de  compute  ,  de  Calen- 
drier ,  il  y  en  a  qui  appellent  inftant  ,  ce  que  d'autres 
nomment  fécondes  ;  c'eft-à-dire ,  la  foixantième  par- 
tie d'une  minute. 

A  l'instant,  adv.  Au  même  temps ,  incontinent ,  fur 
l'heuie.  Statim.  Si  vous  ne  voye^  à  ['inftant  le  bel 
objet  qui  a  fait  naître  mon  amour.  Voit.  Je  reviens 
à  {'inftant ,  tout  à  l'heure. 

|Kr  Instant.  Moment  ,  fynonymes.  Un  moment 
n'ell  pas  long  :  un  inftant  elf  encore  plus  coiut.  C'elt 
la  plus  petite  durée  du  temps.  Syn.  Fr. 

Le  mot  de  moment  eft  d'ulage  dans  le  fens  figuré, 
l''oy.  Moment.  Celui  d'injlant  n'efl  jamais  employé 
que  dans  le  fens  littéral.  Il  ne  fiut  louvcnt  qu'un  inf- 
tant pour  changer  la  face  entière  des  choies  qu'on 
croyoit  le  mieux  établies.  Chaque  inftant  de  la  vie 
eft  un  pas  vers  la  mort. 

INSTANTANÉE,  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Phyfique  , 
qui  lignifie  ,  Qui  fefaitoufe  palle  dans  un  moment, 
qui  ne  dure  qu'un  moment  ou  un  inftant.  Si  la  pro- 
pagation de  la  lumière  n'eft  p.is  inftantanée  ,  comme 
dilent  les  Phydciens  ,  il  eft  du  moins  conftant  qu'elle 
fe  tait  dans  une  elpace  immenlc  avec  une  vîtelfe  in- 
croyable. Observations  Physiques.  Les  feux  vo- 
lans  lont  toujours  en  mouvemens  ,  très-rares  &  inf 
tantanées.  DiJJ'ert.  fur  les  Lumières  Boréales  de  AI. 
de  Mairan  ,  Journal  des  Savans  ,  Avril  i  j 34. 
Mouvement  inftantanée ,  douleur  injlantanée. 
Instantanée  doit  s'écrire  avec  deux  e  ,  même  au 
makulin  ;  ainli  que  tous  les  adjedtifs  qui  viennent 
d'adjeftifs  latins  en  neus  :  comme  momentanée  ,  fpon- 
tanee. 

INSTAR.  Terme  Latin  qui ,  joint  à  la  particule  à  , 
fe  dit  adverbialement  pour  lignifier  ,  à  l'imitation  j 
à  la  relTemblance  d'une  choie.  On  a  créé  de  nouveaux 
Olficiers  pour  exercer  leur  charge  à  Vinftar  des  An- 
ciens ,  de  la  même  manière  qu'ils  l'ont  exercée.  On 
a  fait  un  tel  traité  ,  un  renouvellement  d'alliance  à 
Vinftar  de  ceux  qui  avoient  été  faits  anciennement  ; 
c'eft  à-dire  ,  avec  les  mêmes  conditions. 

INSTAURATION,  f.  f.  Rétabliirement d'un  Temple, 
d'une  Religion.  Inftauratio.  Le  courage  de  Judas 
M.ichabée  parut  à  Vinftauration  du  Temple  de  Jéru- 
fileni  ,  au  rétablillement  de  la  Religion  Juive,  f'oy. 
Restauration. 

Ce  mot  vienzd' infaurum  ,  Latin  ,  qui  fignifie  pro^ 
premcnt  tout  ce  qui  eft  nécellaire  pour  l'exploita- 
tion d'une  terre  ,  d'une  terme  j  comme  les  beftiaux , 
les  harnois  J  les  valets.  Dc-la  il  a  été  tranfportéà  tous 
les  vailleaux  &  ornemens  nécellaires  pour  orner  une 
Eglile  ,  pour  garnir  une  Sacriftie.  Et  enfin  ,  on  s'en 
eft  fervi  pour  lignifier  le  rétablillement  de  l'Églife 
même.  $3°  D'autres  le  font  venir  à'injlar  ,  Sembla 
ble ,  parce  que  la  choie  rétablie  reprend  la  première 
apparence.  Cette  étymologie  paroît  préférable  à 
l'autre  ,  parce  que  le  mot  infauratio  eft  plus  ancien 
qu'inflaurum  ,  qui  n'eft  que  de  la  balle  latinité. 

INSTIGATEUR  ;  ATRICE.  f.  m.  Celui  qui  pouire  , 
qui  excite  un  autre  à  faire  quelque  chofe  de  mauvais. 
Tnfti^ator.  Uinjli^ateur  d'un  crime  eft  complice  de 
l'acculé  qui  l'a  commis  ,  &  mérite  pareille  punition. 
Il  étoit  inftif^.jteur  de  la  perlécution.  Mauc.  Inftiga- 
tcur  d'un  mauvais  delîèin. 

Instigateur  ,  lignifie  quelquefois  fimplement  ,  Un 
dénonciateur.  Un  acculé  pourfuivi  à  la  requête  du 
Procureur  du  Roi  ,  quand  il  eft  abfous  j  i.  droit  de 
l'obliger  à  nommer   (on  injligateur  ,  pour  le  faire 


I  N  S 

condamner  en  fes  dommages  &  intérêts. 

INSTIGATION,  f.  f.  Sollicitation  fourde  &  fecrète , 
par  laquelle  on  excite  ,  &:  on  poulie  quelqu'un  à 
taire  quelque  chofe  ^J^  de  mauvais.  Inftigatio.  Ce  jeu- 
ne homme  a  maltraité  un  tel  a  Yinftigation  d'une  tcm- 
me  vindicative  dont  il  eft  amoureux.  Ce  procès  ne 
m'a  été  tait  que  par  Yinftigation  d'un  coquin  de  Sol- 
liciteur. Le  Procureur  du  Roi  pourluit  un  tel  crinii- 
ntllemcnt  à  l'injiigation  de  quelque  ennemi ,  qui  eft 
la  partie  lecrète. 

INSTIGUER.  v.  a.  Exciter  quelqu'un  à  faire  quelque 
adion.  Inftigare.  Les  Nobles ,  les  Payfans ,  les  gens 
qui  ignorent  le  Droit ,  ne  pourluivent  leurs  procès 
qu'autant  qu  ils  lont  injligues  par  leurs  gens  d'affai- 
res ,  par  leurs  Procureurs  &  leurs  Solliciteurs. 

Instigue  ,  ée.  part.  gCT  Ce  verbe  eft  peu  ulité,  &c  ne 
le  dit  qu'en  mauvaile  part. 

CK?  INSTILLATION,  f.  f.  Inftillatio.  Terme  de  Mé- 
decine &  de  Pharmacie.  C'eft  l'application  d'un  re- 
mède liquide  par  gouttes.  Voy.  le  mot  fuivant. 

INSTILLER,  v.  a.  Laift'er  tomber  goutte  à  goutte 
quelque  liqueur.  Inftillare.  On  guérit  des  furdités 
par  des  remèdes  qu'on  inftille  dans  l'oreille. 

Instller  ,  le  dit  aulli  figurément  des  mauvaifes  opi- 
nions ,  des  erreurs  qu  on  tait  entrer  infenliblement 
dans  l'clprit.  ?)Cf  Inftiller  une  mauvaile  doctrine 
dans  l'clprit  des  jeunes  gens.  Horace  a  dit  Prscep- 
tum  inftillare.  Je  n'aimerois  pas  inftiller  au  figuré, 

|Cr  INSriNCT.  1.  m.  Terme  par  lequel  on  exprime? 
le  principe  qui  dirige  les  bêtes  dans  leurs  actions  j 
un  certain  mouvement  j  unceitain  fentiment  j  c]uel- 
que  choie  enfin  que  leur  a  donné  la  nature  pour 
leur  faire  connoître  &  chercher  ce  qui  leur  eft  bon  , 
&  éviter  ce  qui  leur  eft  mauvais.  Inftinclus.  Le  chien 
par  un  inftinci  naturel  s'attache  à  Ion  maître  qui  lui 
fait  du  bien.  Les  éléphanSj  les  fmges  ,  &c  quelques 
autres  animaux  font  des  choies  fi  furprenantes  ,  qu'on 
a  de  la  peine  aies  expliquer  par  cet  injiincl  naturel. 
Les  animaux  font  guidés  par  un  aveugle  injiincl.  S, 
EvR.  L'/«/?//2cZ  de  bien  des  animaux  vaut  mieux  que 
la  raifon  de  la  plupart  des  hommes. 

Un  âne  pour  le  moins  infiruit  par  la  nature  ^ 
A  /'inftinél  qui  le  guide  j  obéit  fans  murmure, 

BoiL. 
Envain  notre  orgueil  nous  tngâge 
A  ravaler  /'inftindt  qui  dans  chaque  faifon  ^ 

A  la  honte  de  la  raifon  , 
Pour  tous  les  animau.x  ejl  un  guide  fi  fage. 

Des-H. 

^f3'  Instinct  ,  fe  die  aulTî  de  l'homme ,  pour  défî- 
gner  des  fentimens  excités  dans  l'ame  par  les  befoins 
du  corps ,  qui  la  déterminenr  à  y  pourvoir  lans  délai. 
Tels  font  la  faim,  la  foif,  l'averfion  pour  tout  ce 
qui  eft  nuilible.  Les  inclinations  lont  une  pente  de 
la  volonté  qui  la  porte  vers  certains  objets  plutôt 
que  vers  d'autres  ,  mais  d'une  manière  égale  ,  tran- 
quille ,  &  li  proportionnée  à  toutes  fes  opérations  ^ 
que  bien  loin  de  les  troubler ,  pour  l'ordinaire  elle 
les  facilite.  Les  pallions  fontj  comme  les  inclina- 
tions ,  des  mouvemens  de  la  volonté  vers  certains 
objets  ;  mais  ce  font  des  mouvemens  plus  impétueux 
&  plus  turbulens  ,  qui  tirent  l'ame  de  fon  alliette 
naturelle  ,  &  qui  l'empêchent  fouvent  de  bien  diri- 
ger fes  opérations.  Burlam. 

Ainli  les  inclinations  ,  les  pallions  &  les  inftincls 
ont  beaucoup  d'affinité  cnfemble.  Ce  font  toujours 
des  penchans  ou  des  mouvemens  de  l'ame  qui  onr 
fouvent  les  mêmes  objets  ;  mais  il  y  a  cette  dittérence 
entre  ces  trois  efpèces  de  mouvemens ,  que  les  inf- 
tincls fe  trouvent  nécelTàirement  les  mêmes  dans 
tous  les  hommes ,  par  une  fuite  naturelle  de  la  conf- 
titurion  de  leur  corps ,  &  de  l'union  de  ce  corps 
avec  l'ame  ;  au  lieu  que  les  inclinations  &  les  paf- 
fions  prifes  en  particulier  J  n'ont  rien  de  néceiïaire, 
de  que  d'un  homme  à  l'autre,  elles  varient  beau- 
coup. 

Instinct  ,  fe  dit  aufli  tl.ans  le  même  Ç^m  d'un  premier 


i  N  s 


jnouvement  qui  fait  ayir  l'homme  natiircUcnicnt , 
tins  raifonner  &  (ans  rcIlLchir.  La  nature,  p.ir  un 
leciet  injlmcl,  nous  porte  a  ramener  tout  à  noirs-uiê- 
mcs.  S.   EvR.    Je  regarde  les  bonnes   inclinations 
toutes  Icules  comme  un  inftinci  heureux  qui  ne  mérite 
pas  grande  louange.  M.  Scud.   Un  amour  violent  de 
la  gloire,  vioknKV injimci  0<c  nous  rranlporte  hors 
de  nous  mêmes.  S.  Évr.  Le  Prince ,  par  un  injlmct 
admirahlc  dont  les  hommes  ne  connoilïcnt  pas  le  le- 
crct,  fembla  né  pour  entraîner  la  fortune  &c  forcer 
Jcs  deftinécs.  Boss.  La  railbn  n'a  qu'à  fuivre  ("on  inj- 
tïnct  naturel  pour  ("e  periuader  qu'il  y  a  un  i3ieu. 
Nic.C'cll:  Uicu  qui  fait  diCcerncr  le  bien  &c  le  mai 
par  (es  injlincls  ("ecrcts  qu'il  a  gravés  dans  nos  conC- 
Ciences.  fLÉcH.   03°  Le   Prince  de   Condé  étoit  né 
Général;  l'art  de  la  guerre  fcmbloit  en  lui  un  lujlln'd 
naturel. 
^O^Burlamaqui  appelle  ïnftincl  moral  ce  pencliant  ou 
cette  inclination  naturelle  qui  nous  porte  à  approu- 
ver certaines  choies  comme  bonnes  &  louables,  &c 
à  en  condaniner  d'autres  comme  mauvaifcs  &  blâ- 
mables ,  indépendamment  de  toute  réHexion  ;  ou  (î 
i'on  veut  donner  à  cet  Inftïncl  \it  wornàz fins  moral , 
comme  fait  Hurchinlbn  ,  (avant  Écollbis,  c'eft  une 
faculté  de  notre  ame  qui  dilcerne  tout  d'un  coup  en 
certains  cas  le  bien  &  le  mal  moral  j  par  une  Ibrte 
de  (eiilation  ,Sc  par  goût,  indépendamment  du  railbn- 
nemcnt  &  de  la  réllexion. 
^'Ced  ainii  qu'à  la  vue  d'un  homme  qui  folifFre , 
nous  avons  d'abord  un  fentiment  de  compalîîon  qui 
nous  fait  trouver  beau  &<.  .agréable  de  le  (ecourir.  Le 
|;;remier  mouvement  en  recevant  un  bienfait ,  eif  d'en 
iavoir  gré  &  de  remercier  notre  bienfaiteur.'  Le  pre- 
mier cV-  le  plus  pur  mouvement  d'un  homme  envers 
Un  autre,  en  faiiant  abllraftion  de  toute  railbn  parti- 
culière de  haine  ou  de  crainte  qu'il  pourroit  avoir 
e/f  cerrainement  un  (entiment  de  bienveillance  com- 
me envers  (on  (emblable,  avec  qui  la  conformité  de 
nature  &  de  beloins  le  lient.   On  voit  de  même  que 
(ans  y  penfer  beaucoup  ,  &  avant  aucun  railbnne- 
ment  au  iiApins  développé,  un  enfant,  un  homme 
groliier ,  (ent  que  l'ingratitude  eft  un  vice ,   &  il  fe 
recrie  lur  une  perfidie  comme  fur  une  aft'ion  noire 
&  mjulfe  qui  le  choque,  &  pour  laquelle  il  a  natu- 
rellement de  la  répugnance.   Au  contraire ,  tenir  fa 
parole,  rendre  à  chacun  ce  qui  lui  eft  dû,  honorer 
lesparens,  (oulager  ceux  qui  (butfrent,  &c ,  ce  font 
autant  d'achons  qu'on  ne  peut  s'empêcher  d'approu 
ver  &  d'eftimer  ,  comme  étant  bonnes ,  juftcs    hon- 
nêtes ,  bient^antes  c\'  utiles  au  genre  humain.   ' 
^^Qz  mouvement  du  cœur  qui  le  porte  à  aimer  cer- 
tanies  actions  S>z  à  en  dételfer  d'autres,  prefque  fins 
r.u(onnement  c^-  (ans  examen,  vient  de  l'auteur  de 
notre  être ,  qui  a  voulu  que  notre  n.ature  ou  notre 
Gonftitution  fut  telle  ,  que  la  différence  du  bien  & 
du  mal  moral  nous  atfectât  en  certains  cas,  ni  plus 
m  moins  que  celle  du  bien  &  du  mal  phylique    Ceft 
donc  là  une  jorte  A'inftmcl  comme  la  nature  nous  en 
a  donne  pludeurs  autres ,  afin  de  nous  déterminer  plus 
vite  &  plus  fortement  dans  les  cas  où  la  réHexion  fe 
roir  trop  lente.   C'eft  ainli  que  nous  (bmmes  avertis 
par  une  len(ation  intérieure  de  nos  be(bins  corporels 
&  que  nos  (ens  extérieurs  nous  font  connoîrre  tout 
d  un  coup  les  quahtés  à<z%  objets  qui  peuvent  nous 
être  utiles  ou  nuilibles  ,  pour   nous  porter  à  faire 
promptement  c\'   machinalement    tout  ce   que    de 
mande  notre  conférvation. ,  Tel  c(f  auill  cet  mfiïncl 
qm  nous  attache  à  la  vie,  &c  ce  defir  d'être  heureux 
qu,  e(f  le  grand  mobile  de  nos  adtions.   Les  befoins 
prelians  &  indiipenfiblcs  dcmandoient  que  l'homme 
hit  conduit  par  la  voie  du  fentiment,  toujours  plus 
vit_&  plus  prompt  que  n'cft  le  railbnnemenc. 
^  Uieu  a  employé  la  même  voie  à  l'égard  de  la  con- 
duite morale  de  l'homme,  en  imprimant  en  nous  un 
(entiment  ou  un  goût  de  vertu  c^  de  juftice  qui  pré- 
vient en  quelque  forte  le  raifonnement ,  qui  décide 
de  nos  premiers  mouvemens  cS.  qui  fupplée  heureu- 
fement  chez  la  plupart  des  hommes  au  défaut  d'at- 
tention ou  d;  rcl^.exion.   Bien  des  gens  négligcroient 


I  NS 


19** 


de  refléchir;  beaucoup  d'autres  favcnt  à  peine  dévc 
lopper  troiv  ou  quatre  idées  pour  former  ce  qu'on 
appelle  un  railonnement.   Il  étoit  donc  utile  que  le 
createui-  nous  donnât  un  difcerncmcnt  du  bien\  du 
mai,  avec  l'amour  de  l'un  &c  l'averfion  de  l'mtrc 
par  une  forte  de  faculté  prompte  &  vive  qui  n'eû^ 
pas  be(om  d  attendre  les  Ipéculations  de  l'cfprit 
:3a' S,  parmi  les  (auvages  il  fe  trouve  des  êtres  qui  pa- 
roillent  n'.ivoir  aucuns  de  ces  fentimcns  ;  (i  même 
parmi  les  Nations  policées  on  trouve  des  cœurs  (î 
pervers    qu'ils  lemblcnt  n'avoir  aucune  notion     ni 
aucun  (entiment  de  vertus,  cela  vient  ou  de  ce  que 
nous  ne  connoiilons  pas  allez  les  mœurs  de  ces  Sauva- 
ges, ou  de  ce  qu'ils  (ont  tout-à-fait  abrutis,  &  qu'ils 
ont  etourte  la  plupart  des  léntimens  de  l'humanité 
ou  enhn  de  ce  qu'à  certains  égards  ils  donnent  dans 
im  abus  contraire  à  ces  principes,  non  en  les  rejet- 
rant  podtivement,  mais  par  l'effet  de  quelque  préjugé 
qui  a  prévalu  fur  leur  droiture  naturelle  cV  qui  les 
porte  a  appliquer  mal  ces  principes.   Ces  Sauvages 
qui  mangent  leurs  ennemis  quand  Us  les  ont  pris, 
croient  que  c  clf  le  droit  de  la  guerre,  &  que  puif- 
qu  ils  peuvent   es  tuer,  rie»  n'empêche  qu'ils  ne  pro- 
htent  de  leur  chair  comme  de  leurs  autres  dépouilles. 
Mais  ces   mêmes  Sauvages  ne  traiteroient  pas  aind 
leurs  amis ,  m  leurs  compatriotes  ;  Us  ont  entr'eux 
un  droit  cV  des  régies;    la  bonne  foi  eft  eftimée  là 
comme  ailleurs,  &  un  cœur  reconnoiftànt  ne  reçoit 
pas  moins  d'éloges  parmi  eux  que  parmi  nous. 
Î.O-  A  l'égard  de  ceux  qui,  dans  les  pays  même  les  plus 
éclaires    (emblent  n'avoir  aucun  ("entiment  d'huma- 
nitc  nidejuftice,  il  fiut  bien  diftinguer  l'état  naturel 
de  l'homme  d'avec  l'abatardilfement  où  il  peut  tom- 
ber par  abus  ik  par  une  fuite  de  dérèglement.  Rien  de 
plus  naturel  que  la  tendrelfc  paternelle  :  cependant 
on  a  vu  des  hommes  qui  ("embloient  l'avoir  étouffée  , 
ou  par  la  violence  d'une  paillon ,  ou  par  la  force  d'une 
tentation  prelente  qui  ("u("pendoit  pour  un  tems  cette 
afedion  naturelle.  Rien  de  plus  fort  que  l'amour  de 
nous  mêmes  !k  de  notre  con("ervation.  On  voit  néan- 
moins des  gens  qui ,  emportés  par  des  mouvemens 
qm  mettent  Famé  hors  de  fon  ailîette ,  fe  déchirent  les 
membres  &z  (e  portent  un  très-grand  préjudice  comme 
s  ils  cherchoient  leur  malheur. 
CtT  Enfîn  ces  fortes  de  monftres  ne  (bnt  pas  moins  rares 
dans  l'ordre  moral,  que  les  monftres   dans  l'ordre 
phylique,  &  ne  deviennent  tels  que  par  une  déprava- 
tion rafinee  &c  invétérée.  L'intérêt  qu'ils  ont  à  couvrir 
leurs  vices  ,J'habi:ude  qu'ils  en  ont  contraéfé^  cer- 
tains (ophifmes  auxquels  ils  ont  recours ,  étouft"cnt  en- 
hn ou  corrompent  en  eux  le/^/zj  moral  dont   nous 
parlons,  tout  comme  on  voit  que  toute  autre  faculté 
du  corps  ou  de  lame  peut  s'altérer  ou  fe  corrompre 
par  un  long  abus. 
INSTITOIRE.  f  m.  Terme  de  Juril'prudence.  Adion 
qui   eft  donnée  contre  le  Maître  pour  raifon  de  ce 
qui  s'eft  fait  en  fon  nom  par  le  Commis.   Ce   mot 
vient  du  Latin  infiuor ,  Fadeur,  c'eft-a-dire  celui  qui 
elt  prepole  pour  aider  un  Marchand  dans  Ibn  com- 
merce. Comme  celui  qui  en  commet  un  autre  pour 
les  ahaires,  repond  de  l'adminiftiarion,    cela 'a  fait 
nommer  .,^,wi;ï  ,  l'aftion  qui  eft  permifc   contre 
lui.  C  eft  par  la  même  raifbn  que  l'on  appelle  Injlï- 
tnx,  la  femme  d'iui  Marchand,  parce  qu'elle  ne  lui 
lert  que  de  Commis,  quand  elle  n'eft  point  Mar- 
chande publique. 
^'^^^J.^UER.  V.  a.  Etablir  quelque  chofe  de  nouveau. 
Inftuucre.  Moyfe  a  injlitué  toutes  les  cérémonies  de 
l'ancienne  loi.  Jésus-Christ  a  infi'uui  le  Baptême, 
la  Pénitence ,   l'Euchariftie  &c  les  autres  Sacremens. 
L'Eglife  a  ïnjlitué  la  célébration  des  Fêtes,  la  manière 
cle  faire  l'Office.  Les  Payens  ont  inflicué  des  jeux  à 
l'honneur  de  leurs  fiuflcs  Divinités. 
Lnstituer,  fignifie  aullî  établir  une  compagnie,  une 
fociété  ,  un  ordre.   Conden  ,  auclorem  eJJ'e.   Romulus 
injîitua  le  Sénat.  Henri  IIFa  ïnftitué  l'Ordre  des  Che- 
valiers du  S.  E("prit.  S.  Benoît  a  inftuué  l'Ordre  qui 
porte  Ion  nom.  S.  François  celui  des  Cordeliers.    La 
Confrérie  du  Scapulaire  a  été  injlnuéc  par   Simon 


loS  IN  S 

Srock,  fur  laquelle  le  Dodeur  Launoi  a  fait  une  Dif- 

InIti^ubT,  fe  ait  auffi  des  Officiers  &  de  ceux  qaon 

'  établit  en  des  charges  ou  fondions  Cr..;«  ,  propo- 
mre  ,  pr.ficcrc.  Le  Pape  a  ère  injtuue  par  J.  C. 
commeVn  premier  Vicaire.  Un  Seigneur  peut  wfu 
tuer  ou  deititiier  les  Officiers  comme  illui  pLnt, 
,  quand  lis  ne  fbnt  point  pourvus  à  titre  """f^^^"  L« 
Magiftrats  font  injncués  pour  avoir  loin  de  la  1  ohce 
pour  rendre  la  jullice  au  peuple.  i     ,  j, 

iKs'xiTt^HR,  fe  dit  dans  le  Droit  Civil,  en  parlan  d 
ttlbmens,  de  ceux  qu'on  y  "«'"'f '/"'^  .f'T^ 
pour  héritiers.  Facer,  ,  appellarc  h^redcm.Vniciï^- 
ment  ne  vaut  rien  par  le  Droit  civil ,  h  on  n  y  tnfcuue 
un  ou  plufieurs  héritiers.  On  injutuc  &  on  lublhtuc 
fes  héritiers  les  uns  aux  autres.  Augufte  infatua  Ti- 
bère &c  livra  fes  héritiers.  Aelanc. 

Instituer,  dans  le  Droit  canonique,  fe  dit  des  Colla- 
teurs  qui  confèrent  les  Bénchces  a  ceux  qui  leur  lont 
nommés  Se  préfentés  par  les  Patrons.  Foyei  Insti- 
tution. .  ■    n     ■         r  r- 

Instituer  ,  fignific  aulfi  enfeigner  ,  inftmire.  Inju- 
tuere,  doccre ,  educare.  On  a  bâti  un  Noviciat  pour 
inftuucr  les  Novices,  pour  leur  apprendre  les  règles 
de  rOrdre.  Eft-il  plus  important  qu'un  cheval  loit 
bien  dreilc,  qu'un  entant  bien  rnftuue?^  Patru.  On 
rie  croit  pourtant  pas  qu'il  loit  tort  ulite  en  ce  der- 
nier fens. 

Tout  cela  vient  du  Latin  Infcuuere. 

go- Instituer.  Fonder  ,  établir,  ériger,  fynonimes. 
Injumer,  c'eft  créer  &  former  les  choies  ;  il  en  de- 
(îgne  l'auteur  ou  celui  qui  les  a  le  premier  imaginées 
&  miles  au  monde.  Foyei  les  autres  mots.  ^ 

Institué  ,  Ée.  part.  &  adj.  Infdtutus.  Il  a  les  hgnihca- 
tions  de  fon  verbe  dans  tous  les  lens.  Celui  qui  elt  tait 
hétitieir  par  un  telbteur  en  premier  lieu ,  comme  le 
fubftitué  eft  celui  qui  left  frit  en  fécond  ou  troihèpe 
lieu ,  &c.  Infdtutus.  Le  fubllitué  qui  vient  au  défaut 
de  rî«/f/we,ell  véritablement  héritier  du  défunt  com- 
me l'auroit  été  Vinftitué ,  s'il  ."vvoit  accepté  l'hérédité. 

De  Perrière.  ,v  r  i  ^      ■ 

Ces  fortes  d'adjeftifs  fe  prennent  .aulli  lubftantivc- 
ïnent  par  une  figure  grammaticale  qui  s'appelle  ellip- 
fe  ,  que  Tufraie  introduit  fouvenr  pour  abréger  ,  en  re- 
tranchant le  fnbîlantif  qui  s'entend  allez ,  &  mettant 
l'adjectif  fublbntivement.  Ainfi  de  l'héritier  lufthué , 
l'hcnder  fubftirué;  on  dit  lîmplemenc  l';«/f/f^c-',  le 
fubftitué.  L'Inilitution  Canonique  enipcche  le  Patron 
de  pouvoir  deftituer  Vinftitué. 

INSTITUT,  f.  m.  Règle  qui  prelcrit  un  certain  genre 
de  vie.  ffT  Conftitutions  données  à  une  Société  lors 
de  fon  étabhlfement ,  auxquelles  on  content  de  s'aflu- 
jettir.  Inftïcutum.  Tous  les  Ordres  religieux  ont  cha- 
cun leur  mftltut  particulier.  Les  Ordres  de  Chevale- 
rie ont  aullî  chacun  leur  Inftitut.  Un  Rchgieux  qui  vu 
fous  Vinftitut  de  S.  Benoît ,  eft  obligé  par  ta  proteilion 
de  pratiquer  ,  autant  qu'il  peut ,  tout  ce  qu'il  y  a  de 
fuirituel  dans  fa  règle.  Ab  de  la  Tr.  ^ 

^'Institut  de  Boulogne.  C'eft  le  nom  d'une  Acadé- 
mie littéraire  établie  à  Boulogne  en  Italie  par  le 
Comte  de  Marligli  en  1712,  fous  l'autorité  de  Clc 

ment  XI.  ,,    .    ,. 

§3"  Institut  de  Levde.  C'eft  une  forte  d'Acadcinie  lit- 
téraire dont  la  morale  eft  l'objet,  &  dont  M.  Stolpen 
eft  l'Auteur. 
Instituts." /^ove?  Institutes. 

INSTITUTAlUE.  l"".  m.  Terme  d'Ecole  de  Droir.  Infti- 
lutanus.  C'eft  le  Profefteur  en  Droit  Civil  &  Cano 
nique,  qui  explique  les  Inftltutes.  M.  tel  eft  wjtuu- 
tain  cène  année.  , 

INSl  ITUTES.  f  f  pi.  Livre  contenant  les  clemens  & 
les  principes  du  Droit  Romain  ,  il  tait  la  dernière  par- 
tie du  Corps  du  Droit.  Inftitutci.  Les  quatre  livres 
des  inftltutes  ont  été  commentés  parAccuife,  Thco 
phile  ,  Borcolten  ,  Mvfmger ,  Haiirefcrre ,  ALtajcrm  . 
Profelfeur  à  Touloulè ,  &  plulieais  autres.  On  les 
appelle  Inftitute.s  de  Jnftinicn ,  parce  qu'elles  ont  é'é 
rédigéespar  les  ordres  de  cet  Empereur  &  par  les  loins 
de  Tribonien.  Après  la  mort  de  Juftinien,  un  Jûrii- 


I  N  S 

confulte ,  nommé  Théophile ,  f^t  une  paraphrafe  Gre- 
nue des  Inftltutes.  Il  n'eft  point  d'homme  cm  tienne 
quelque  rang  dans  le  monde,  qui  ne  doive  avoir  lu 
avec  .ittcntion  ,  du  moins  une  fois  en  fa  vie ,  e  Code 
&  les  infututis  de  Juftinien.  On  le  doit  cela  a  toi- 
même  &  à  l'utilite  publique.  De  Vign.  Marv.  îvi 
lélnlon  a  traduit  le  premier  livre  des  Injtituics  de  Jul- 

tinien.  ,         -     1 

Instituts  &  Institutes  ,  font  tous  deux  également 
bons.  L'ancien  ufage  eft  pour  injtitutes.  Il  tcmble 
pourtant  qainftituts  loit  le  plus  naturel;  mais  h  l'on 
veut  prétlicr  inftltutes  ,  il  faut  fe  touvenir  qu  il  eft  fé- 
minin ,  &  qu'il  doit  toujours  être  exprimé  au  pluriel. 
Rabelais  a  dit  inftitute  au  lingHilicr  :  c'étoit  comme  on 
parloit  de  ton  tems.  MÉn.  Loiicl  a  fait  un  livre  inti- 
tule, Injiuuces  Coutumières.  M.  de  Launay  oblerve 
que  l'ulage  le  plus  général  eft  pour  inftitutwns.  Ob- 
tervation  faulfe.  •    '    ui- 

INSTITUTEUR,  f  m.  Celui  qui  inftitue  ,  qui  établit 
une  fociété  avec  une  certaine  règle  &  manière  de  vie. 
Jrftitutor.  S.  Bruno  eft  le  Fondateur  &  Injlitutturas 
l'Ordre  des  Chartreux.  S.  Auguftin  ne  fut  jamais  m 
ReUgieux,  ni  Inftituteur  d'aucun  Ordre.  Pat.  Les 
Saints  que  Dieu  nous  a  donnés  pour  Inflitutcurs  Se 
pour  Pères  ,  ont  tenu  des  voies  bien  contraires  à 
celles  que  nous  fuivons.  Ab.  de  la  Tr. 
§Cr  On  le  dit  de  même  en  parlant  des  jeux  des  An- 
ciens.//:/?/«Ki/r  des  jeux  Olympiques. 

On  appelle  aulll  ,  Injlituteur  ,  celui  qui  eft  clurge 
de  donner  les  premières  inftruftions  a  un  Prince. 

Ac.  Fr.  ,       , 

INSTITUTS,  f  m.  Infttituta  ,  orum.  Nom  qu  on  donne 
à  quelques  livres.  Les  Inftituts  de  Juftinien.  Foyei 
Institutes,  ci-delfus.  Dom  Armand  de  Rance , 
Abbé  de  la  Trape ,  appelle  les  Inftituts  de  Caiîien  , 
l'ouvrage  que  cet  Auteur   a  intitule  de  cxnobiorum 

injlitutis.  ,  tir 

INSTITUTION,  f.  f.  Etablitlement.  Inftitutio.  L  mj- 
titution  des  cérémonies,  des  fêtes,  des  jeux  ,  des 
compagnies  ,  des  Confréries.  C'eft  François  I.  a  qui 
on  attribue  \' inftltution  des  Maitrites  &  Jurandes. 
Elle  a  vu  les  fuites  heureutes  d'une  inftitutwn  II 
faec.  Pat.  Pendant  que  tant  de  circonftances  de  la 
vie  &  de  la  mort  du  Sauveur  ne  le  lilent  qu'en  un 
fcul  Évangélifte  ,  que  X'inftitutïon  du  Baptême  au  nom 
du  Père  ,  du  Fils  c^  du  Saint  Efprit ,  n'eft  rapportée 
que  par  un  léul  ,  feroit-ce  tans  delieinj  &  par  bâ- 
tard ,  que  y  inftltution  de  l'Euchariftie  n'a  pas  feule- 
ment quatre  Évangeliftes  ,  mais  cinq;  ce  qui  n'eft 
arrivé  à  pas  une  autre  de  fes  actions.  PÉlisson. 
ce?  On  le  dit  auiii  de  la  choie  inihtuee.  Les  hôpitaux 

font  des  inftitutions  utiles  pour  le  pubhc. 
Institution  ,  fe  dit  plus  Eénéralement  de  tout  ce  qui 
eft  inventé  &  établi  par  les  hommes.  11  eft  op^pole 
à  la  nature.  Tout  ce  qui  vient  de  la  nature  eft  ue 
même  en  tous  lieux.  &  en  tout  temps  :  ce  qui  eft 
A-inflitution  eft  fujet  au  changement.  Les  cérémonies 
prophanes  lb,it  d  inftltution  humaine.  Les  paroles  ont 
reçu  de  Vinllitution  des  hommes  la  force  qu'elles 
ont  de  hgnirier.  Ferba  ftgnifkant  ex  infatuto. 
Institution,  fe  dit  aulîl  des  Ofnciers  &  nés  Juges 
qu'on  établit.  Les  Apanages  &  En^agiftes  ont  le 
droit  d'inftitution  &  deflitution  des  Officiers.  Cette 
charge  a  été  fupprimée  trois  ans  après  ton  inftltu- 
Institution, dans  le  Droit  Civil,  fe  dit  de  la  no- 
mination d'unheutieruniverlcl,  faite  dans  un  i  eUa- 
ment.  A  Paris  ,  l'inftitution  d'héritier  n'a  pcintlieu 
par  le  299'.  article  de  la  Coutume,  c'eft  à-dire, 
qu'un  teftament  ne  lailfe  pas  d'être  bon  ,^  quoiqu  il 
n'y  ait  point  d'héritier  nommé  &  inftitue.  ^.kT  La 
nature  &  le  fang  nous  y  donnent  des  héritiers  mai- 
gré  nous ,  à  qui  nous  ne  pouvons  pas  ôrer  cette 
portion  de  nos  biens  que  nous  appelons^  légitime 
coutumière  :  mais  dans  les  Provinces  qui  te  gouver- 
nent par  le  Droit  Romain,  par  le  moyen  de  cette 
inil'tution,  l'on  fait  héritier  qui  l'on  veut ,  c^  ce: 
hentier  fuccède  univcrfcUemcnt  à  tous  les  biens , 
fans  aucune  diftindion  de  propres  ou  d'acquêts .  qui 


I  N  S 


eft    inconnue     dmi    ces    Provinces.    Vinflitution 
t'A  J.i  b.ifc  (Si:  le  f-oiidemciir  de  tous  les  rclbineus  qui 
•s'y  loiu ,  cil  ioitc  que  toutes  les  autres  dilpolitioiis 
•d'un  acte  portant  le  nom  de  rcftainent  ne  iéroient 
p.is  valables  ,sil  ny  avoit  point  d'héritici  inlHtui , 
ou  11  \' injiuuûon.  Iv.itc  par  le  Teft.itcur  n'avoit  pas 
ion  exécution. 
^  Institution  contracluellc  e(l  un  don  irrévocable 
de  iuecelîion  ou  dunepaitie  de  lliccellion ,  fait  par 
contrat  de  mariage  ,  par  des  pères  iSj  mères ,  ou  mc- 
inc  par  des  étrangers  ,  au  proht  de  l'un  Ats  deux  con- 
joints, ou  des  enians  qui  doivent  naitrc  de  leur  iu 
tur  mariage. 
Institution.  Terme  de  Droit  Canonique.  Ce  terme 
fe  ]irend  dans  un  fens  générique  j  ou  dans  un  iens 
ipéeilique.  Dans  le  génériqua,  il  iigaifie  toutes  fortes 
de  provilions  ,  de  quelque  nature  quelles  loient,  ,Sc 
de  quelque  Eénéiice  que  ce  loit ,  Icfquellcs  tout  le 
titre  par  où  on  l'acquiert ,  lîc  par  où  l'on  s'y  mnin- 
titnt.  C'eft  donc  ce  que  l'on  nomme  collation  libre 
dans  les  Bénélîces  indepcndans  &:  vacans  par  mort  ; 
ce  que  l'on  nomme  Conhîrmation  dans  les  Bénéfi- 
ces eiedifs,  &c  ainfi  des  autres.  Dans  le  fpécirique  , 
il  ne  iîgnihe  autre  chofe  que  la  conceilion  d'un  Bé 
néfiee  de  Patronage  par  le  lupérieur  Collatcm-j  fiir 
la  prélenrarioii  du  Patron.  lujikutio  ejl  Prxkendan 
Juris  ad  pr.^fcncadonan  Facroniper  Supcriorem  facla 
i:onccJJij.  Il  y  a  donc  de  la  dirférence  entre  la  colla- 
tion conlidérée  en  général.  Se  Vïnjl'uutïon  en  parti- 
culier ,  en  ce  que  la  collation  en  général  font  les  pro- 
vilions données  par  Je  Supérieur  d'un  Bénéfice  libre 
en  faveur  de  celui  qu'il  veut  bien  choilir.  Vinfiï- 
tutlon  en  particulier  eft  à  la  vérité  un  aClc  par  le- 
quel on  confère  un  Bénéfice;  mais  indépendamment 
d'un  autre  aéle  ,  qui  e(l  la  préfentation  iaiie  par  le 
l'atron  :  car  le  Supérieur  ne   peut  refufer  celui  qui 
Ji;i  cft  piclenté  ,  pourvu  qu'il  Ibit  capable  déporter  le 
Bciiehce   Dantoine. 
Institution  ,   fe  dit   aullî  de   plufieurs   Maifons    ou 
Collèges  ,   où  l'on  inftruit   des    Novices  &  la  jeu- 
neLe     particulièrement  ceux  qu'on  deiline  à  l'état 
iicclcfialliquc.  Les  Pères  de  l'Oratoire  ont  fait  b.îtir 
a  1  ans  une  mnlan  qu'ils  nowmcmV  uijîit'ution.  C'ell 
en  .e  Iens  que  M.  l'Abbé  du  Guet  a  donné  à  fon 
beau  Traite  des  qualités  &  des  devoirs  d'un  Souve- 
rain Je  litre  A' inftitunon  d'un  Prince. 
Institution    fe  prend  quelquefois  pour  Éducation  , 
mjtivucion  d'un  Prince.  Ac.  Fr. 

Le  mot  à'ïnjluutlon  pour  fignifier  une  cfpcce  de 
i  .oviciat  eft  particulier  aux  Fères  de  l'Oratoire  ,  qui 
lie  lont  point  Reluieux.  C'eft  pourquoi  ils  ont  c^'ité 
le  mot  de  Noviciat  qui  eft  a.'i'eclé  à  tous  les  Re 
Irueux. 

Institutions.  L  f.  pi.  Livre  contenant  l'Abrégé  de  la 
..unlprudence  Romaine.  Voyc-^  Institutes.  Il  eft 
nu.His  uiiré  qu'inftitutes  &  inftiruts 

INSTI  rUTRICE.  i:  f.  Celle  qui  établit  une  Société 
ou  Congrégation  avec  une  certrine  règle  &  forme 
de  vie.  Inflïtumx.  Dieu  difpofoit  cette  Sainte  Infli  - 
tutrice  à  les  combattre  (  les  Hérétiques  )  par  la  force 
de  1  exemple  ,  &  par  une  auftérité  de  vie ,  dont 
toute  1  Eglile  fut  édifiée.  Bourdal.  Exhort.  T.  I. 
p.  3iâ. 

INSTRUCTIF,  IVE.  adj.  Qui  inftruit.  Difcours  i/z/- 
fucuj:  converfation  injlmclive.  Les  Romans  font  di- 
vertilîans  ,  mais  ils  ne  font  point  inflruclifs.  Les 
I-adum  font  des  Mémoires  inflmaLfs  pour  apprendre 
aux  Juges  de  quoi  il  s'agit  dans  un  procès. 

l'^STRUCTION.  f  £  ff?  Se  dit  en  général  de  tout 
ce  qui  peut  donner  quelque  connoilfance  d'une  chofe 
que  l'on  i,j;ipre;  de  tout  ce  qui  peut  nous  donner 
des  cclaircilîemens  fur  quelque  objet  que  ce  foit.  On 
donne  àzsinftruaions  pair  les  dif cours ,  par  les  rai- 
Ions  parles  écrits  ,  par  les  faits,  par  le.  exemples, 
•  Sf'^i''^"^  <=^  ^C"'*  q"'«"  àok  faire  un  mémoire 
pour  1  Lnftruaion  de  Ion  Rapporteur  ,  de  les  Juges. 

|f--_  Instruction  f;  dit  aullî  des  préceptes  &  des  en- 
leignemens  relatifs  à  la  morale  &  a  la  conduite.  Dans 
ce  feus  on  le  ait  du  fom  que  l'on  prend  de  former 


IN  S  loo 

I       1.-1  jeunclTe.  Jnftuutio ,   difclpllna.  On  fait  des  Cate- 
cJiilmes   pour  V uifiruciion  de  la  jeimclJe.   On   prut 
tirer  de  bonnes   mjlruclions  des  moralités,  des  la- 
biés,  de  la  Comédie.  Il  y  a  une  mJlruiTwn  de  pa- 
voïcs  ëc  uncinfljuclion  d'épreuve  cV  de  corred>ioii 
qui  réveille  les  conicicnccs  endormies.  Flécii.  L'excm* 
pie  dune  bonne  vie  eft  une  injlmclion  pour  le  genre 
humain.  Boss.  Documenium.  Il  n'y  a  que  l'hiftoire 
qui  joigne  naturellement   le  plaiiir   à   VinJlrucLion. 
Vmjlrucèion  de  la  jeuncllèj  des  enfans. 
Instruction  ,  lé  dit  aullî  des  ordres  qu'on  donne  à 
un  Amballadenr,  à  un  Agent,  à  un  Procureur,  à 
un  Commis  ,  de  la  manière  dont  ils  fe  doivent  con- 
duire j  de  ce   qu'ils  doivent   propofer,  demander, 
confentir  dans  une  affaire  importante  commife  à  kuis 
foins.  Manducum.  Celui  qui  n'agit  pas  confbnnémci.t 
a  fon  pouvoir  ,  à  les  Infimctlons ,  peut  être  défavoué. 
Le  Trefor  Politique  &  autres  livres  femblabks  fout 
pleins   à'injlructwns  données   à   des    Ambalfadeurs. 
Le  Roi  difant  à  un  Ambalfadcur  qu'il  cnvoyoit  :  la 
principale  injlruclion  que  j'ai  à  vous  donner  ,  eft  que 
vous  obferviez  une  conduite  toute  oppofée  à  celle 
de  votre  piédécell'eur.  Sire,  lui  répartit  le  nouvel  Am- 
balladenr ,  je  vais  faire  enforte  que  votre  Majefté  ne 
donne  pas  une  pareille  injhuiiion  à  celui  qui  me  fuc- 
cedera.  Bons  mots. 
Instruction,  en  Jurifprudence,  c'eft  la  procédure  qu'on 
fait  pour  mettre  un 'procès  en  état  d'être  jugé.  Vinf- 
trucllon  A'uw  procès  criminel  fe  f^iit  par  information  , 
interrogatoire,    recollement    &    corirontaàon.    Les 
Juges  qui  font  V inJhucVwn  font  les  maîtres  d'une  af- 
faire. L'InJlrucHon  d'un  procès  civil  fe  fait  par  l'ap- 
pointement  &  les  forclulions  bien  acquifes.  Les  Pro- 
cureurs font  contraints  de  rendre  les  titres  des  par- 
ties ,  mais  ils  peuvent  garder  les  pièces  à: injlruclion 
pour  fe  faire  payer  de  leurs  frais. 
§3°  INSTRUIRE,  v.  a.  Donner  des  préceptes  relatifs 
aux  mœurs ,  à  la  manière  de  fe  conduire  ,  au  fuccès 
des  affaires.  Infiltaerc  ,  erudire ,  formare.  Les  Collè- 
ges font  fondés  pour  injiruire  la  jeuneiîè.  On  inflruit 
par  les  difcours  ,  par  les  raifons ,  par  les  écrits ,  &c. 
On  inflruit  les  jeunes  gens  aux  lettres ,  aux  armes , 
aux  ati.aires.  Cepend.ant  quand  il  eft   queftion   des 
Sciences  &  des  Arts ,  il  vaudroit  mieux  di.-e  cvSd- 
gner  (^-  apprendre.  On  infirult  à  faire  une  chofe. 
Je  /'inftruirai  moi-mane  à  venger  les  Troyens.  Ra.c. 
O^J"  Instruire  d'exemple  ,  expreilîon  condamnée  par 
quelques-uns  dans  Corneille  ,  approuvée  par  l'Acadé- 
mie dans  la  critique  du  Cidj  parolt  taire  un  très- 
bel  effet  en  Poëlic.  Elle  fcmble  même  y  être  deve- 
nue d'ufage. 

//  /72'inftruifbit  d'exemple  au  grand  Arc  des  Héros. 

Instruire  fe  dit  par  exteiilîon  de  quelques  animaux 
capables  de  difciphne  ,  comme  des  chiens,  qu'on 
infiruit  a  la  chafte  ;  des  finges ,  qu'on  inflruit  à  danfer  ; 
ces  cléphans ,  qu'on  injlruit  à  fe  mettre  à  genoux 

Instruire,  lignihe  encore  ,  Apprendre  à  quelqu'un,' 
lui  faire  connoitre  quelque  chofe.  Cenioremfacere. 
Ce  Prince  eft  bien  infimlt  de  fes  intérêts,  des  affai- 
res étrangères  ;  il  a  été  injlruit  de  ce  qui  s'eft  paflé 
:t  une  telle  conjuration.  Un  bon  Juge  doit  être  bien 
mjlruit  ;  fe  faire  bien  injiruire  d'un  procès  avant  que 
de  le  rapporter.  Il  faut  bien  inllruire  ceux  qu'on  en- 
voie pour  commander ,  ou  négocier ,  de  toutes  les 
démarches  qu'ils  doivent  faire. 

i;C?  Instruire,  enléigner,  apprendre,  informer,  faire 
favoir  ,  fynonimes.  Injiruire  ^  c'eft  matre  au  fait  des 
choies  par  des  mémoires  détaillés.  Syn.  Fr.  Ce 
mot  a  plus  de  rapport  à  ce  qui  eft  utile  à  la  con- 
duite de  la  vie  &  au  fiiccès  des  afiàires;  ainfi  il  eft  à 
fa  place ,  lorfqu'il  s'agit  de  quelque  chpfé  qui  regarde 
ou  notre  devoir,  ou  nos  intérêts. 

CfJ"  Le  Prince  infiruit  fes  AmbalTadcurs  de  ce  qu'ils 
ont  à  négocier  ;  le  père  injlruit  aullî  fes  enfans  de 
la  manière  dont  ils  doivent  vivre  dans  le  monde. 
Peu  de  gens  font  capables  à'injlruire.  Il  fmt  pour 
bien  infiruire  ,  de  l'expérience  Ik  de  l'habileté.  Foy. 
les  autres  mots. 


\ 


20O  I  N  s 

InstruirBj  en  termes  de  Palais,  Te  dit  de  toutes  les 
foLmalités  qu'il  faut  faire  pour  éclaircir  une  aAaire  , 
&  la  mettre  en  état  d'être  jugée.  Les  Procureurs  font 
-établis  pour  infiruire  les  procès  civils  ,  pour  obtenir 
les  régfemcns  &  les  forcluCions.  Les  procès  crimi- 
nels font  ordinairement  injlruits  par  les  premiers  Ju- 
ges -,  il  faut  les  infiruire  fur  les  lieux  jufqu'à  Sentence 
définitive. 
•^On  dit  infiriàrc  le  procès  à  quelqu'un,   lui  faire 

fon  procès  en  matière  criminelle. 
^  S'instruire,  v.  récip.  C'ell  acquérir  des  connoH- 
lances  par  foi-mcme ,  par  fon   travail ,    en  faifant 
des  recherches.  Svn.  Fr. 
|p°  I:«TRuiT  ,  iTï.  Part.  Homme  in/7rair  d'une  affaire. 

Procès  injiruic  Voy.  le  verbe. 
$Cr  On  dit  qu'un  Général  d'armée ,    qu'un  Ambaffa- 
deur  eft  bien  injlruit ,  pour  dire  qu'il  elf  bien  infor- 
mé j  bien  .iverti  de  tout  ce  qui  le  palVe.  Acad.  Fr. 
Inftruit  n'efl:  pas  la  à  G  place.  Le  vrai  mot  t&  in- 
formé,  c'ell-a-dire,  averti  de  tout  ce  qui  peut  être 
de  quelque  conféquence.  Inftruire  ne  convient  que 
pour  figmficr,  mettre  quelqu'un  au  fait  des  chofcs 
par  des  mémoires  détailles. 
iQ'INSlRaMENT.  f.  m.  Du  Latin,   injlrumentum. 
Cclt  en  général  tout  ce  qui  fert  à  une  caufe  pour 
produire   fon  eftet.  La  main  A\'inftrument  des  inf- 
trumens.    Les  infirumens  dont  la  nature  lé  fert  dans 
la  plupart  de  fes  opérations  ,  nous  font  inconnus. 
Instrumens  des  Sacrifices.  Terme  d'Hilloirc   ancien- 
ne. Ce  font  des  ornemens  de   l'Architedure  anti- 
que ,  tels  que  font  les  vafes ,  parères  ,  candélabres  , 
couteaux  dont  on  égorgeoit   les   viélimeSj  comme 
il  s'en  voit  à  une  frife  d'ordre  Corinthien  de  relie 
dun  temple  derrière  le  Capitolc  à  Rome  ,   &  aux 
Métopes  Doriques  de  l'Hôtel  de  Touloufc  à  Paris. 
Ce  font  auili  des  pièces  de  cabinet  où  l'on  range  des 
Antiques.  On  voit  plufieurs  injlrumens  de  facritices 
aa  cabinet  de  la  Bibliothèque  de  Sainte  Geneviève. 
|KJ"  Instrument  ledit  aulli  des  moyens auxihaires  dont 
les  ouvriers  &  les  artifans  le  fervent  pour  fiirc  les 
oiivragesde  leur  art,  Injlrumentum.. Infirument  de  Ma- 
çon, de  Charpentier,   de  Serrurier,  &c.  Dans  ce 
fens  il  elt  fynonime  d'outil.  On  oblérvera  feulement 
que  le  terme  à'inflrument  eft  comme  le  genre  ^  & 
celui  d'outil  comme  l'cfpèce. 
ÇCF  On  obfervera  encore  que  le   mot  A'injirument  eft 
plus  noble  ,  au  lieu  cjue   celui  d'outil  dit  quelque 
chofe  de  bas.  C'eft  pour  cela  que  le  premier  con- 
vient quand  il  eft  queftion   des   Arts  libéraux.  Inf 
trumcns  de  Géométrie,   &c.  Et  le  fécond  quand  il 
s'agit  d'Arts  méchaniques.  Outils  de  Charpenterie , 
d'Agriculture.  On  peu  dire  de  tout  cutU  que  c'eft 
un  injlrumenf.  mais  on  diroit  mal  de  certains  injlrumens 
que  ce  lont  des  outils. 
ffT  ÏNSTRUMENS  de  Chirurgie.  On  comprend  fous  ce 
nom  tout  ce  qui  fert  aux  Chirurgiens  dans  les  opé- 
rations Chirurgicales. 
ffT  En  Chymie ,  on  appelle  injlrumens  ,  fujppellex  Chy- 
mica  ,  l'attirail  Chymique  >  tout  ce  qui  fert  aux  ope 
rations  Chymiqucs  ;  les  fourneaux ,  les  vaiileaux  ,  àx. 
Instrument  ,  par  excellence  ,  fe  dit  de  ce  qui  fert  à 
feire  des  opérations  de  Géométrie ,  des  obfervations 
c'Aftronomie  ,  comme  le  compas  ,  la  -ègle  ,  le  ni- 
veau,  le  comp.as   de  proportion,  le  graphomètre., 
le  pamomètre  j  &c.  pour  la  Géométrie ,  les  pland- 
phcres;  les  quarts  de,  cercle  pour  l'Aftronomie  ■■,  lal- 
trolabe  ,  le  bkon  de  Jacob  ,  ou  l'arbalète  pour  h 
Marine.  Et  en  général ,  il  fe  dir_  de  tout  ce  qui  fert 
en  Mathématique.  Fabricateur  à'infirumens.  Ce  mot 
À'injlrumens  eft  le  feul  dont  on  lé  fert  en  ces  occa- 
lîons  ,  &  en  parlant  de  ces  Arts  là. 
InS^îrument  ,   fe  dit  auffi  de  ce  qui  fert  à  produire 
quelque   harmonie   fans  le  fecours  de  la  voix.  Les 
infirumens  de  Mufique  fe  diviicnt  en  trois  genres, 
dont   le   premier  eft  des   injlrumens  à  cordes ,  qui 
font  le  monocorde  ,  la  trompette  marine  ,  le  colan- 
chon  ,  le  rebec  ,  les  violons,  les  violes  ,  la  lyre  ,  la 
mandoïc ,  la  pandore  ,  le  luth ,  le  tuorbe ,  la  harpe , 
Je  ciftre ,  le  plaltérion ,  la  guittare  ,  l'épinettc ,  le 


î  N  S 


clavecin ,  le  manicordion  ,  la  vielle. 
^fF  Parmi  les  injlrumens  à  cordes  ,  Jidcs ,  il  y  en  a  dont 
on  exprime  le  fons  avec  les  doigts,  comme  le  luth, 
la  guittare  ,  &c.  dont  en  pince  les  cordes  ;  d  autres 
qu'on  fait  réfonner  avec  un  archet  j  comme  le  vio- 
lon ;  d'autres  pat  le  moyen  des  lautereaux  ,  comme  le 
clavecin. 

La  féconde  clalTe  comprend  les  injlrumens  à  vent 
que  l'on  fait  parler  avec  la  bouche  ou  avec  des  fouf- 
tiets  ,  comme  les  orgues ,  les  Hûtcs  ,  les  hautbois  ,  la 
cornemuleouchalémie,  la  mulette,  les  chalumeaux 
de  Pan  ,  le  flageolet ,  les  cors ,  trompes ,  trompettes  , 
faquebutes ,  le  ferpent ,  le  cornet  a  bouche  ,  les  la- 
gots ,   baftons ,   courtaux  ,  ccrvelats ,  tournebouts , 
&c.  La  troilième  contient  les  infirumens  de  percuf- 
lion,  comme  font  les  tambouiSj  les  cloches,  ca- 
rillons, cymbales,  claquebois ,  rebubes  ou  trompes 
d'acier  ,  qui  feront  tous  expUqués  a  leur  ordre. 
§3"  On   appelle  Mulique  inftrumentale ,  celle   qui  eft 
exécutée  fur  les  injlrumens  de  MuUque.  Par  oppoiition 
à  Mulique  vocale. 
|C?Intsrum£nt  ,  terme  de  ]\iû(^r:\kàtncc.lrjlrumentum. 
Titre  par  écrit  qui  fert  a  établir  le  droit  &  la  pro- 
tection qu'on  peut  avoir.  Il  a  prouvé  la  noblelle  par 
bons  injlrumens  ,  par  des  titres  anciens  &C  authenti- 
tiques.  Les  Secrétaires  d'État  dreilént  &  gardent  les 
injlrumens  ,   les  Traités  de  paix.  Vinjlrument  de  la 
paix  de  'Weftphalie  ,  pour  dire  ce  traité  de  paix  ré- 
digé par  écrit. 
tfJ'  On  ne  dit  plus  guère  injlrument  dans  ce  fens ,  quoi- 
que le  mot  Latin  propre  pour  exprimer  ces  fortes  de 
titres   l'oit  injlrumentum.  On  dit  titre,  monument, 
pièce  ancienne. 
^-  On  diftingue  deux  fortes  A'injlrumens ,  les  publics 
&:  les  privés.  Vinftrument  public  eft  un  adte  ,  un  con- 
trat .authentique  ,  ou  reçu  par  une  perfonne  publique, 
par  le  moyen  duquel  on  prouve  en  Juftice  quelque 
vérité ,  on  établit  un  droit ,  tels  font  les  actes  reçus 
par  les  Notaires,  Tabellions,  Greffiers  qui  font  toi 
quand  ils  font  en  forme. 
|CÏ"  L'Instrument  privé,   ou  écritures  privées,  font 
des  cédules  ou  promelfes,  livres  de  comptes,  ou  let- 
tres miiîîves.  ^ 

Le  mot  d' infirument ,  dans  le  fens  qui  vient  d'être 
expliqué ,  n  eft  pas  aujourd'hui  fort  en  ufage ,  on 
s'en  fervoit  autrefois-,  m.ris  à  prélént  on  emploie  plus 
ordinairement  les  mots  de  titre  ,  acle,  tk  autres  fera- 
blables.  Quand  on  s'en  fert ,  il  déligne  particulière- 
ment les  actes  publics. 

C'eft  en  ce  fens  que  plufieurs  Pères  &  autres  Au- 
teurs Eccléfiaftiques ,  tant  anciens  que  modernes, 
on  dit  le  vieux  injlrument,  le  nouvel  injlrument,  au 
lieu  d'Ancien  Teftament ,  Nouveau  Telbment,  en 
parlant  des  livres  Canoniques  de  l'Ecriture  -  Sainte. 
Mais  ce  mot  n'a  pas  été  reçu  par  Tufage  de  notre 
langue ,  quoiqu'il  fe  trouve  dans  quelques-uns  de  nos 
vieux  Auteurs. 
Instrument  ,  fe  dit  auffi  figurément  en  chofes  mora- 
les, &  lignifie  le  moyen,  l'organe,  les  chofes  ou  les 
perfonnes.  Les  pécheurs  font  les  injlrumens  dont  la 
Providence  fe  fert  pour  exercer  les  juftes ,  dit  Saint 
Auguftin.  Son  orgueil  a  été  Vinjlrument  de  ù  pêne. 
Les'  hommes  peuvent  bien  être  les  injlrumens  de  la 
vengeance  de  Dieu;  mais  elle  ne  leur  appartient  pas. 
Nie.  Quand  Dieu  a  choifi  qu-elqu'un  pour  être  Vinf- 
crûment  de  les  delleins  ,  rien  n'en  arrête  le  cours  ; 
il  enchaîne  ,  ou  il  dompte  tout  ce  qui  eft  capable 
de  réfiftance.  Fléc.  Il  a  fervi  A'injirument 'poui  ruiner 
la  République.  Ablanc.  Il  avoir  été  Vinjlrument  de 
leur  rage.  Vaug.  Les  richeffes  font  les  injlrumens 
des  paffions.  FlÉc. 

On  dit  proveibialement ,  que  c'eft  un  bel  injlru-^ 
ment  que  la  langue ,  pour  dire ,  qu'il  eft  plus  aifc 
de  parler  que  d'exécuter. 
INSTRUMENTAL ,  ALE.  adj.  Qui  fert  dinftrument. 
Injlrunientalis  ,  or:mnicus.  Aux  quatre  caufcs  que  les 
Phibfophes  admettent  ordinairement,  on  doit  a;ou- 
tcr  la  caufe  injlrumentale.  'Voy.  Instrument. 
C'eft  auffi  un  terme  de  Muiique.  La  Muhque  inf- 
trumentale 


vor. 


[nsulaires.  f.  m.  pi.  Terme  de  dinfe.  Oti  donne  ce 
nom  à'Infulaires  à  une  des  efpèccs  de  Contredan- 
fes.  On  danfa  plufieurs  Contredaafcs ,  comme  le 
Corillon  ,  la  Chalfe  ,  les  Rars ,  les  Ir.Maircs ,  dcc. 

INSULE,  f.  f.  Vieux  mot.  île  ^  da  Larin  'infula  ^  d'où 
Tom;  F. 


INS    ^ 

trumetitaU  cft  celle  qui  cft  compoféc  pour  être  cxe'- 
cutcc  fur  les  inftrumens.  La  vocale  clt  celle  qiu  fc 
chante. 
INSTRUMENTER,  v.  a.  Terme  de  Pratique.  Faire  des 
adlcs  publics,  palier  des  contrats.  Injlrununta  conji- 
-  cen.  Oïl  a  interdit  ce  Grefiier,  ce  iNotaire  ,  ce  Ser- 
gent ,  avec  dcfinfc  à  eux  à'infirumcriter.  Un  Officier 
ne  peut  pas  infimmeattr  en  une  atlaire  où  il  a  inté- 
rêt, ni  liors  de  fa  Jurildidlion.  Comme  on  n'aime 
guère  à  fc  charger  d'une  inimitié  pcrlonnelle ,  ni  à 

injlrumcntcr  contre  foi  même de  trente  Cardi 

naux,  qui  le  trouvèrent  au  Conlilloire ,  il  y  en  eut 
ving-quatre  qui  furent  d'avis ,  qu'on  ne  pouvoit  exi- 
ler le  Cardinal ,  &c.  Ab.  Regn. 
INSU.  Voyci  INSÇU. 

JNSUBRE.  f.  m.  Nom  de  peuple.  Habitant  de  l'Infu- 
brie.  Infubcr.  Les  Infubrcs  étoient  un  peuple  de  la 
Gaule  Tranfpadane.  On  pourroit  dire  aulli  Infu- 
brienne. 
INSUBRIE.  Ancien  nom  d'une  contrée  d'Italie.  Infu- 
èria.  L'Infuhrie  étoit  une  partie  de  la  Gaule  Cilalpi- 
nc,  dans  la  Tranfpadane  i  c'ell  le  pays  qui  ell  en- 
tre la  Séfia  &  l'Adda  ,  dans  le  Duché  de  Milan.  Les 
villes  de  Vinfubrk  étoient  Côme  ,  Crémone  ,  Lodi , 
Milan  ,  Navarre ,  Pavic ,  Vigcran. 
INSUI5RIEN, ,  f.   m.    Peuple  habitant  de  l'Infubrie. 

Leur  Capitale  étoit  Milan. 
INSUFfISAxMMENT.  adv.  D'une   manière   qui  n'efl: 
pas  fulïifinte.  Non.  idoneè.  Il  n'a  prouvé  fes  alléga- 
tions qu'infulfifamment,  &  il  a  perdu  la  caule. 
INSUFFISANCE,  f.  f.  Incapacité.    FacuUatïs    inopia. 
On  a  ordonné  à  czt  Officier  de  fe  défaire  de  Ci  charge 
à  caufe  de  fon  infuffifance.   Il   a  été  examiné  pour 
les  Ordres  ,  &  il  n'a  pas  eu  Ion  adrniuatur ,  à  caufe 
de   fon  mfu^funce.  Leur  infuffifance  peut  apporter 
beaucoup  de  confuiion.  Patru.  Tybère  crut  qu'il 
y  avoir  de  V infuffifance  ,  ou  de  la  foiblelîe  ,  à  garder 
les  loix.  S.  EvR. 
IJCT  On  le  dit  des  perfonnes  &  des  chofes.  L'infffi 
fance  de  l'homme  ;  Vinfuffifance  des    moyens   qu'il 
emploie.  Ce  mot  marque  proprement  la  diipropor 
rion  du  talent ,  des  forces  ,  ou  des  moyens  avec  l'etiet 
qu'on  fe  propofe,   ou  qu'on  attend  de  nous.  Vin- 
fuffifance de  la  rai(on  humaine    le  reconnoît   dans 
les  matières  de  la  foi. 
INSUFFISANT ,  ANTE.  adj.  Qui  ne  fuffit  pas.  Foy. 
Insuffisance.  Non  fufficiens.  La  penfion  qu'on  don- 
ne à  cet  Officier  eft  infuffifance  pour  le  fiire  fubiifter 
avec  fon  équipage.   Quand  on  a  voulu  traiter  avec 
cet  Ambaiïadeur  ,  fon  pouvoir  s'ell:  trouvé  infuffi- 
fant.  Nos  forces  feules  font  infuffifantes  pour  mériter 
le  Ciel. 
îNSULA ,  ou  Infulafii-MS  mcd'il.  Terme d'Aftronomie 
purement  Latin  ,  f-rancité  par  l'ufrge.  C'cft  le  nom 
d'une  des  taches  de  la  Lune  ,  qu'il  a  plu  aux  Aftro- 
nomes  de  nommer  ainfi.  Cette  tache  eft  la  dix  neu- 
vième du  Catalogue  que  le  P.  Riccioli  en  a  fiit. 
INSULAIRE,  f  m.  &  f.  Qui  habite  dans  une  ile.  In- 
fularis.   Les  Infulaires   de  l'Amérique  étoient  plus 
barbares  &c  plus  difficiles  à  dompter  que  ceux  du 
continent.  Six  ou  fcpt  de  ces  Infulaires  donnèrent 
leur  fang  pour  Jésus-Christ.  Bouhours. 
pCril  eft  auffi   adj.  Les  peuples  Infulaires  font  plus 
propres  à  la  navigation  que  les  autres. 

Les  Romains  appclloicnt  Infulaires  les  efclaves  qui 
gardoient  les  maifons  iiolées  qui  faifoient  une  ile. 
On  appeloit  auffi  Infulaires  ceux  qui  faifoient  payer 
les  loyers  des  maifons.  V.  Cafaubon  fur  Suétone , 
Jul.  Citf  C.  41.  On  appelait  encore  Infulaires  de 
miférables  efclaves ,  tranfportcs  dans  quelque  ile  ,  &: 
qu  on  employoit  pour  toujours  aux  ouvrages  publics, 
1^oye\  la  loi  17,  ff.  de  pœnis ,  Se  Laurent  Pignorius , 
Comment,  de  fervis  teft.  Popma ,  Lib.  de  operis  Ser- 


NS 


201 


l'on  a  fait  Infulaires  habitant  d'une  île. 
INSULTABLE.  adj.  m.  &  f.  Expofé  à  l'infulte ,   qui 
peut  être  infulté.  Il  fe  dit  des  polies  à  la  guerre  ,  àc 
des  lieux  que  l'on  délend.  Qui  oppugnari  potcjl.  Sou- 
vent on  fc  trouve  poilé  dans  des  Cnnetieres,  Châ- 
teaux tk.  Mailons  ,  où   il  faut  faire  des  réparations 
aux  endroits  infultables.  Bompellen.   On  peut  In- 
fultcr  une  place  quand  elle  eft  infultablc.  Mais  il  eft 
trop  tard  pour  commencer  le  liège  d'une  place  com- 
me Carmagnolles.  Pour  des  combats  ,   on  en  donne 
en  tout  temps  ,  quand  les  deux  parties  veulent .... 
Bussv. 
^INSULTANT,  ANTE.  adj.  m.  ôc  f.  Quiinfultc. 
Les  dilcours ,  les  procédés,  les  manières j  tout  ce 
qui  marque  le  mépris  que  nous  avons  pour  les  au- 
tres ,  eft  infultanc.  Infultatonus  ,  contumcUofus. 
^3'  INSULTE.  Infultatio.  Ce  mot  étoit  autrefois  maf- 
culin;  aujourd'hui  il  eft  féminin,  &  il  n'eft  plus  per- 
mis de  dire  ,   un  grand  ,  un  cruel  infulte.  C'eft  en 
général  une  attaque  faite  avec  infolence  5  un  mau- 
vais traitement  de  fait  ou  de  paroles,  avec  dellcin 
d'ortenfer.  Faire,  recevoir  une  infulte.  L'infulte  eft 
une  des  eipèces  de  l'injure. 
§3°  Insulte  ,  ati'rcnt ,  outrage ,  avanie ,  fynonimes. L'in- 
fulte ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  eft  une  attaque  faite  avec 
infolence  ;  on  la  repoulle  ordinairement  avec  viva- 
cité. Les  honnêtes  gens  ne  font  jamais   à'infulte  à 
perfonne.   Foy.  aux  autres  articles  les  nuances   qui 
diftinguent  ces  mots. 
§CJ"  Insulte  ,  dans  l'Art  Militaire ,  fe  dit  d'une  attaque 
vive,   brufque  &  à  découvert,  d'une   place,  d  un 
fort  ou  de  quelque  autre  ouvrage.    Repentinus  im- 
petus ,  ajfultus  j  oppugnatio ,  aggreffw.   Foye^   In- 
sulter. 
§3°  On  dit  qu'une  place  eft  hors  à'infulte,  pour  dire 
qu'elle  eft  hors  d'état  d'être  forcée  ou  prife  d'emblée. 
Mettre  une  place  hors  à'infulte.  Cette  place  n'eft  pas 
encore  achevée ,  mais  elle  eft  hors  à'infulte. 
UCT  INSULTER,  v.  a.  Attaquer  quelqu'un  avec  info- 
lence,  le   maltraiter  de   propos  délibéré,  par  ime 
aélion  ,  par  un  diicours  ,  par  un  écrit  &c.  Infultare  y 
contumeliam  facere.  Cet  ivrogne  infulte  tous  les  paf-, 
fans.  Il  eft  venu  \-n'infulter]\i((\ut  chez  moi. 

M.  Pasc.  adit,  injiilterconuc  quelqu'un.  Il  infulta. 
contre  le  premier  qui  s'oppoloit  à  fon  avis.  C'eft  une 
faute. 
Insulter,  fignifîe  auffi  j  prendre  avantage  de  la  mi- 
sère de  quelqu'un,  de  fon  malheur,  pour  lui  faire 
quelque  olîenle ,  pour  lui  témoigner  du  mépris. 
Increpare ,  aggravare  miferiam  verbis.  Mais  en  ce 
lens  il  régit  plus  ordinairement  le  datif.  C'eft  une 
grande  cruauté  à'infulter  aux  miférables.  N'infulter 
jamais  les  misères  d'autrui.  On  infulte  à  la  misère  par 
loftentation  des  richeftes.  Combien  voit-on  de  fem- 
mes ,  parce  qu'elles  ne  tombent  pas  dans  des  pé- 
chés grolîîers  ,  infulte r  fans  compallîon  à  la  fragilité 
&  à  la  foibleire  !  Fléch.  On  le  trouve  aulîî  quelque- 
fois conftruit  avec  l'accufatif ,  en  ce  fens. 

Ami ,  n'infulte  point  un  malheureux  qui  t'aime. 

Racine. 

Insulter j  fignifie  auffi  dans  l'Art  Militaire,  Attaquer 
une  place ,  ou  un  pofte  bruiquement  à  découvert. 
Aggredi ,  oppugnare.  Les  François  ont  infulté  la  con- 
trefcarpe  de  Dole ,  ils  s'y  font  logés  en  arrivant.  On 
a  infulté  les  dehors  j  &:  on  les  a  enlevés.  Les  trou- 
pes du  Roi  infultèrent  en  1677.  avec  tant  décourage 
&  de  bonheur  la  contrefcarpe  de  Valenciennes ,  qu'el- 
les emportèrent  la  ville  même. 

Insulté  ,  ée.  part.  pall".  &  adj. 

INSUPPORTABLE,  adj.  m.  8c  f.  Intolérable ,  qu'on  ne 
peut  lupportcr.  Intolerabilis.  Les  damnés  fouffiiront 
éternellement  des  peines  infupportables.  Le  joug  de 
la  tyrannie  des  Infidèles  eft  mfupportable. 

On  le  dit  auffi  par  exagération  de  ce  qui  choque, 
de  ce  qui  eft  fâcheux  &  incommode.  Molefus ,  non. 
ferendus.  C'eft  un  homme  infupportable  avec  fcs  mau- 
vais contes  &  l'es  plaitanceries.  Cet  auteur  a  fait  des 

Ce 


%oz  I  N  T 

fautes  infupponahks  dans  fon  livre.  Ce  valet  efl  In- 
fupponabU  par  la  lenteur.  Ce  mot  elt  infupponable. 
Vaug.  Rem.  Ceux  qui  ont  plus  de  calens  que  les  au- 
tres pour  la  convcrfation  ,  Ibnt  infupponubks  ,  parce 
qu'ils  veulent  toujours  briller.  Btu.On  ell  plus  in- 
Jupponable  par  les  bonnes  qualités  qu'on  atlede  , 
que  par  fes  défauts  naturels.  Tout  ce  qui  s'élève  au- 
delfus  des  hommes  leur  devient  odieux  &  infuppor- 
table,   FlÉc. 

INSUPPORTABLEMFNT.  adv.  D'une  itianière  infup- 
portable.  Intokranter.  Cet  Auteur  écrit  infuppona- 
bhment  y  on  ne  le  peut  Ibuflrir. 

INSUPPORTANT  ,  ANTE.  vieux  adj.  ra.  &  f.  In- 
lupportable.  Importunas. 

INSURGENS.  f.  m.  pi.  Terme  de  Relations  &  de 
Gazettes.  Il  Te  dit  dans  certaines  troupes  de  Hongrie 
qu'on  lève  extraordmairement  pour  les  bel'oins  prel- 
fans  de  l'ÉtaC  Les  Infurgens  de  Hongrie  fe  font  avan 
ces  pour  couvrir  les  frontières  du  Royaume.  Les  In- 
furgens font  en  mouvement.  Ce  mot  vient  lans  doute 
du  Latin  infurgens  ,  participe  d'infurgere ,  fe  lever , 
s'avancer,  aller  au-devant  de  l'ennemi  pour  le  re- 
pouller.  ^ 

INSURMONTABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  peut  être 
furmonté.  Infuperabiiïs.  On  a  tenté  fouvent  le  paf- 
fage  en  Orient  par  le  Nord  :  mais  on  y  a  trouvé  des 
dillicultés  ïnfurmontables.  Dieu  permet  quelquefois 
que  ceux  qu'il  aime  rencontrent  en  leur  chemin  des 
tribulations  qui  femblent  ïnfurmontables  ;  c'ell  ahn 
d'en  tirer  fa  gloire.  Ab.  de  la  Tr.  Foye^  Surmon- 
ter. 

fO"  INSURRECTION,  f.  f.  Adtion  de  s'élever  contre 

quelqu'un ,.  foulevement.  Les  Cretois ,  pour  tenir  les 
Magiltrats  dans  la  dépendance  des  Loix,  employoienc 
tin  moyen  bien  fingulier  ;  c'étoit  celui  de  ï'infurrec- 
tion.  Une  partie  des  Citoyens  (e  foulevoir,  mettoit 
en  fuite  les  Magiftrats  j  &c  les  obligeoit  de  rentrer 
dans  la  condition  privée.  Montesq..  Minos  avoir 
extrêmement  recommandé  le  relped  &  les  égards 
qui  font  dus  aux  Magiftrats.  V infurreciion  ne  pou- 
voir être  qu'un  etfet  de  la  décadence  &  de  la  corrup- 
tion des  principes  des  mœurs. 

fcTLes  Loix  de  Pologne  ont  aulîl  leur  infurreciion. 
MoNTESQ..  Mais  cette  prérogative  ,  qui  efl:  le  liberum 
veto  n'appartient  qu'aux  Nobles  dans  les  diètes. 

gCF  On  appelle  Infurreciion  en  Hongrie  ^  l'armement 
qui  fe  fait  pour  la  défenfe  du  pays ,  &  par  extenfion 
on  donne  ce  nom  aux  grandes  levées  qui  s'y  font , 
quoiqu'elles  n'aient  pas  pour  objet  la  défenfe  du  pays. 

■  L'Impératrice  Reine  follicite  les  Hongrois  de  prendre 
les  armes  &  de  marcher  contre  la  France,  &  en 
aulli  grand  nombre  que  s'il  s'agillbit  de  la  défenfe 
■de  la  Hongrie  :  bien  entendu  que  cette  infurreciion , 
comme  on  l'appelle  en  ce  pays  là  ,  &c. 

INT. 


I  N 


T 


ÎNTABULER.  v.  a.  Mettre  le  nom  de  quelqu'un  fur 
le  tableau ,  ou  la  lille  des  membres  d'un  Corps  de 
Communauté.  Les  Chanoines,  dits  à  l'Autel  de  No- 
tre ■  Dame  de  l'Églife  Cathédrale  de  Sens ,  jouillent 
■des  prérogatives  des  autres  Chanoines  capitulans  ,  en 
forte  qu'ils  ont  toujours  été  intabulés  ,  tant  pour  la 
nomination  des  Bénéfices  du  Patronage  du  Chapitre 
de  Sens  ,  que  pour  les  autres  OHîccs  qui  appartien- 
nent en  tout  aux  Chanoines Journ.  du  Palais , 

corn,  i.pag.  So.  soi.  2. 

Ce  verlie  eft  en  ufage  dans  les  Chapitres ,  ou  du 
moins  dans  quelques  Chapitres;  pour  dire  ,  Mar- 
quer ,  mettre  dans  le  tableau  où  te  marquent  ceux 
qui  doivent ,  chaque  femaine  ou  aux  fctes ,  exercer 
quelque  office  au  chœur.  Intabulare ,  adofficium  ali- 
quod  denotare.  A  toutes  les  fêtes  à\x  premier  rang 
l'Archevcque  eft  intabulé  pour  y  officier. 

ÎNTACTILE.  adj.  m.  &:  f.  Qui  tangi  non  potefi.  Qui 


ne  peur  tomber  fous  le  fens  du  tadl.  La  matière  fub 
tile  de  Defcartes  eft  corporelle  ,  les  atomes  de  Gaf- 
fendi  font  aulli  corporels  :  cependant  tout  cela  eft 
intaclUe.  Ce  mot  n'eft  pas  ufité. 


INTAKER.  f.  m,  Nom  que  l'on  donna  autrefois  a  des 
brigands ,  des    bandits    en    Angleterre.   Latro.   Les 
Intakers  occupoient  une  partie  du  nord  d'Angleterre 
appellée   Ridefdade.  Ces   mauvais  voihns    faifoient 
fouvent  des  courfcs  dans  le  midi  de  l'Ecolfe ,  &  erj 
pilloient  les  habitans.  Ceux  qui  failoient  ces  expédi- 
tions s'appelloient  Outparters  ,  ou  comme  on  a  pro- 
noncé depuis  Outputers  ,  qui  lignihe  des  gens  qui 
vont  faire  leur  coup  hors  de  leurs  pays.   Ceux  -  ci 
apportoient  leur  butin  à  ceux  qui  étoient  reliés ,  Se 
qu'on    nommoit   pour  cela    Intakers,   c'eftàdire, 
ceux  qui  reçoivent  le  butin  au  dedans  du  pays. 
INTARISSABLE,  adj.  m.  ik  f.  Inexhaujlus.  Ce  mot 
n'eft  point  approuvé  de  quelques  gens  qui  parlent 
bien.  Beaucoup  d'autres  le  trouvent  bon  ,  &  même 
nécelfaire.  L'Académie  l'ayant  adopté  dans  Ion  nou- 
veau Dicf ionnaire ,  il  femble  que  fon  autorité  doit 
lui  donner  cours ,  &   que  l'on  peut  s'en  fervir.  Il 
lignifie  qui  ne  peut  tarir.  Les  iources  des  grands  Heu- 
ves  lont  intarifj'ables ,  elles  donnent  toujours  de  l'eau. 
Fûye:ç_  Tarir. 
Intarissable,  fe  dit  fîgurément  en  chofes  fpirituelles 
&  morales.  Les  tréfors  de  l'Églife  d'où  fe  tirent  les 
indulgences  font  intarijfables.  Ce  Docteur  a  une  il 
profonde  dodirine  ,  une  11  grande  fécondité  de  gé- 
nie,  quec'eft  une  (ouîce  intarijfable.  Une  érudition, 
une  imagination  gC?  intarijjable ,  qui  ne  s'épuile  point, 
La  veine  intarijjable  d'un  Pocte  ,  qui  fiit  beaucoup 
de  vers  lur  toutes  fortes  de  matières. 
INTÉGRAL  ,  ALE.  adj.  Integralis.  Le  calcul  intégral 
eft  la  méthode  de  trouver  la  fomme  des  quantités 
dirtérentielles  ,  c'eft-à  dire  ,  une  quantité  diftérentielle 
donnée ,   nrouver  celle  de  la  diftérencc  de  laquelle 
rétulte  le  diftérentiel  donné.  Les  Anglois  l'appellent 
la  méthode  inverte  des  Huxions.  ifT  Le  calcul  inté- 
gral eft  l'inverfe  du  calcul  différentiel ,  le  calcul  par 
lequel   on  trouve  une  quantité  finie  dont  on  con- 
noit  la  partie  infiniment  petite.  Le  calcul  différentiel 
eft  parfaitement   expliqué   dans  l'analyfe  des  infini- 
ment petits  de  M.  le  Marquis  de  l'Hôpital  &  dans 
quelques  autres  livres.  Nous  avons  peu  de  chofe  juf- 
qu'à  prêtent  lur  le  calcul  intégral. 
§Cr  Intégrale,  f  f.  Terme  de  Géométrie.  L'intégrale 
d'une  quantité  différentielle.  C'eft   la  quantité  finie 
dont  cette  diftérentielle  eft  la  partie  infiniment  pe- 
tite. 
INTÉGRALEMENT.  Adverbe  peu  en  ufage,  qui  li- 
gnifie entièrement  Si  la  fociété  de  Paul  Duhalde  avec 
Dieu  s'exécute,  dit  M^.  Pillon  ,   Avocat  du  tuteur 
de  la  veuve  ôc  du  fils,  il  faut  donner  la  moitié  aux 
pauvres,  l'autre  moitié  àok  a.ppa.neniv  intégralement 
à  la  veuve ,  d'où  il  s'enluivroit  que  le  fils  leroit  ex- 
clus des  profits.  Or  comme  reprétentant  fon  père ,  il 

doit  avoir  fa  part  dans  les  profits  de  la  fociété 

Caufes  célèbres  ,  com.  4.  p.  2p4. 
INTÉGRANT ,  ANTE.  adj.  Terme  dogmatique ,  qui 
fe  dit  des  parties  qui  entrent  en  la  compofition  d'un 
tour.  Integrans.  Les  bras ,  les  jambes ,  font  des  parties 
intégrantes  du  corps  humain  ;  c'eft -à -dire  ,  qui 
compofent  fon  intégrité.  IKî"  On  les  appelle  ainfi 
pour  les  diftinguer  des  parties  elfentielles  ,  fans  lef- 
quelles  le  tout  ne  fauroit  fublîfter  ;  au  lieu  que  les 
parties  intégrantes  ne  font  nécelfaires  que  pour  l'in- 
tégrité, pour  le  complément  de  la  choie.  L'on  ne 
dillout  l'or  qu'en  les  parties  intégrantes. 
INTÉGRATION,  f.  f.  Terme  de  Géométrie  nouvelle, 
ou  du  calcul  diiférentiel.  Integratio.  Acl:ion  d'inté- 
grer, ou  par  laquelle  on  fomme  ,  on  réduit  en  fom- 
me les  qualités  diftérentielles ,  ou  par  laquelle  d'une 
quantité  diftérentielle  donnée  ,  on  trouve  celle  de  11 
diftérence  de  laquelle  rétulte  le  difterentiel  donné.  Par 
exemple  : 

S>  d  X  =  d  X 

S  d  X  -^  d  y  =x  -+- y    - 

Sxdy ydx  =  xy 

S  m  X  '"'  dx  =  X  "•  •  -m 


S  n  :  m  x  "■"•   m  d  x 
"^  y  d  X  —  X  d  y  :  y 


x:y. 


1  N  T 

De  (cpt  couibcs  ,  les  cqu.itions  des  deux  quelcon- 
ques pnlès  à  difcrâioii  étant  données,  l'on  pourra 
toujours  trouver  les  cinq  autres ,  fuppolé  les  inté- 
grations requifes,  &  la  réfolution  des  égalités  qui  s'y 
pourroicnt  rencontrer.  'Varignon  ,  Acud.  ijoo. 
Mcin.  p.  sa. 

INTEGRE,  adj.  m.  &  f.  ^  Qui  pratique  l.i  jufticc 
dans  toute  l'on  étemUie.  Dans  ce  fens  être  vertueux 
ou  être  intégre  ne  lojit  qu'une  même  choie,  liitcgcr. 
La  principale  qualité  d'un  Magillrat ,  d'un  Juge , 
d'un  Arbitre  ,  d'un  Souverain ,  c'eft  d'être  intégre. 
Voy.  iNrÉGRiTÉ.  Il  faut  bien  diftinguer  intégre  ëc 
entier.  Intégre  ne  le  prend  jamais  qu'en  bonne  part, 
&  ne  fe  dit  guère  que  des  Juges ,  des  lupéricurs  , 
&;c.  Entier  (i:  dit  d'un  homme  opiniâtre,  attaché  à 
{on  fens  ,  qui  ni:n  veut  point  démordre.  Ainfi  c'cfl: 
prelque  toujours  un  détaut  que  d'être  entier ,  & 
c'ert  toujours  une  vertu  que  d'être  intégre  ,  incorrup- 
tible ,  irréprochable. 

Ce  mot  vient  du  Latin,  integer ,  entier. 
INTÉGRER.  V.  a.  Terme  de  Géométrie  nouvelle. 
Trouver  l'intégral  d'une  quantité  diftérentielle.  C'cll: 
de  la  différentielle  ou  de  la  partie  infiniment  petite 
d'une  grandeur ,  remonter  à  la  grandeur  entière  ou 
intégrale ,  dont  cette  partie  inhniment  petite  efl:  la 
différentielle  ;  c'eff  rallèmbler  les  touts  que  le  calcul 
diflérentiel  a  lu  réloudre  en  leurs  parties  inhniment 
petites.  Intcgrare.  Les  méthodes  générales  pour  in- 
tégrer font  prélénrement  l'objet  des  recherches  & 
de  l'ambition  d'un  petit  nombre  d'excellens  Géomè- 
tres. FoNTENELLE.  A'I.  Bcmoully  de  Grouinguc 
a  donné  une  nouvelle  méthode  pour  intégrer.  ICEiM. 

pT  INTÉGRITÉ.  C.  f.  En  morale  ,  c'eft  la  qualité  de 
l'homme  intègre ,  c'eft  à  dire  de  celui  qui  pratique 
Ja  juftice  avec  l'exrilitude  'a  plus  fcrupuleule  ;  qui 
lis  va  jamais  au-delà  des  limites  qui  léparent  le  jufte 
de  l'injufte.  Integritas.  On  ne  fauroit  compter  Vin- 
tégrité  de  les  mœurs.  Ce  Religieux  vit  dans  une 
grande  intégrité ,  une  grande  puieté  de  mœurs.  Ce 
JiKe  a  fait  voir  fon  intégrité  en  condamnant  un  cri- 
mmel  qui  étoit  puilîant.  Ce  Magiftrat  fe  figure  que 
c'eft  un  aéle  à'intégrité  héroïque  j  que  de  renoncer 
à  toutes  fes  amitiés.  Bal.  Caton  alloit  droit  au  bien 
public ,  mais  d'un  air  ferouche  :  l'auftérité  de  fes 
mœurs  étoit  inféparable  de  {'intégrité  de  la  vie.  S. 
EvR,  L'intégrité  de  bien  des  Magiftrats  n'eft  qu'un 
dc!u-  de  s'élever  aux  premières  charges.  M.  Esp.  Les 
brigues  iSc  les  partialités  corrompent  l'intégrité  de  la 
Juftice.  Boss. 

Ce  mot  d'intégrité ,  joint  avec  celui  de  corps, 
fîgnific  pureté  ,  chafteté.  Que  fert  à  une  Vierge  d'a- 
voir confervé  l'intégrité  de  fon  corps.  Il  elle  néglige 
celle  de  l'ame  ?  Ab.  de  la  Tr. 

IJO"  Au  Phyfique  intégrité  Ce  dit  de  l'état  d'un  tout  qui 
a  toutes  fes  parties ,  auquel  il  ne  manque  rien  ,  qui 
a  tout  ce  qui  lui  convient.  L'intégrité  d'un  tout. 

§CirOn  s'en  fert  aullî  pour  défigner  l'état  d'une  chofe 
qui  n''eft  point  corrompue ,  changée ,  altérée.  L'in- 
tégrité du  foie ,  de  la  rate ,  &c.  On  confervé  un  em- 
bryon dans  fon  intégrité,  en  le  mettant  dans  un  vafe 
plein  d'efprit  de  vin  :  les  Juifs  prétendent  avoir  con- 
lervé  leur  Religion ,  leurs  cérémonies  ,  dans  leur  in- 
tégrité. Le  ConfelTeur  lui  doit  impoferune  pénitence 
légère  pour  l'intégrité  du  Sacrement.  Pasc. 

Intégrité.  Terme  de  Poétique.  C'eft  la  fin  &c  l'ache 
vement   d'un  Poëme   Épique  ,   qui  doit   avoir  un 

■  commencement ,  un  milieu ,  &  une  fin.  L'intégrité 
de  l'adion  eft  une  des  règles  de  la  Poëfie.  Le  P. 
lE  B. 

INTELLECT.  C.  m.  Terme  dont  fe  fervent  les  Philo 
fophes ,  pour  nommer  cette  faculté  de  l'ame  qu'on 
appelle  d'ordinaire  l'entendement  ^  c'eft-à-dire  l'ame 
en  tant  qu'elle  conçoit.  Intellecius.  Les  anciens  Pé 
ripatéticiens  diftinguent  V intellect  agent  d'avec  le  pa- 
tient. L'intellect  agent  eft  celui  qui  reçoit  les  efpè 
CCS  impreffes ,  que  les  obiecs  de  dehors  envoient  dans 
les  fens  extérieurs ,  &  de  là  jufqu'aux  fens  commun. 
Ces  cfpèces  imprelfes  étant  mitéricUes  &  fenîlbles  , 
font  rendues  intelligibles  par  ïintdlecl  agent,  ou  agif- 
Tome  V. 


INT_  203 

fant,  &:  font  propres  pour  être  reçus  daas  l'intellect 
patient.  Les  elpcces  fpnitualifécs  (ont  appelées  efpè- 
ccs  exprelles ,  parce  qu'elles  font  exprimées  des  inv 
prellès,  &  c'eft  par  elle  que  l'intellect  connoit  tou- 
tes les  cliofcs  matérielles.  Malébr.  ïf3'  f^oy.  cfpècc 
imprelle,  exprelle,  &  les  .articles  relatifs,  f^oy.d.uiïi 
ciuendement. 

INTELLECTIF,  IVE.  adj.  Qui  a  la  puilTiince  d'en- 
tendre ,  de  comprendre  les  choies  par  le  raifonne- 
ment.  Intelligens.  La.  démence  eft  l'état  d'un  homme 
privé  de  fa  faculté  intellcctivc.  Il  n'cfl:  guère  en  ufaga 
qu'en  cette  phrafe. 

INTELLECTION.  f  f.  Adion  par  laquelle  l'entende- 
ment comprend ,  conçoit  une  choie.  Intellecius  ^ 
perceptio.  Les  Philofophcs  diftinguent  r//2rf//fc?io«, 
qui  eft  l'aftion  de  l'entendement ,  d'avec  lavolition, 
qui   eft  celle  de  la  volonté., 

INTELLECriVE.  f.  f.  Intelligence,  compi^éhenfion. 
Intellecius. 

INTELLECTUEL ,  ELLE.  adj.  Qui  appartient  à  l'in- 
telleél,  qui  eft  dans  l'entendement.  Intelligens.  Ain- 
fi ,  on  dit.  Faculté  intellecluelle  ,  objet  intclleclucl y 
vertus  intellectuelles  y  puiflance  intel Usuelle  ,  objets 
intellectuels  ,  tout  ce  qui  fe  pafte  au  dedans  de  nous  \ 
objets  fenhbles ,  tout  ce  qui  le  pafte  au  dehors. 

Intellectuel,  etle,  lignifie  aufti.  Qui  eft  purement 
fpirituel,  qui  n'a  point  de  corps.  Spiritalis :,  fecretus 
à  corpore.  Les  Anges  lont  des  fubftances  purement 
intellectuelles.  L'ame  eft  une  fubftantce  intelled.uclle, 
un  être  intellectuel.  Dans  l'oraifon  palTIve  toutes  les 
puilîances  intellectuelles  de  l'ame  font  liées  &  fuf- 
penducs.  Dans  ce  fens  il  eft  oppofé  à  m.itériel. 

INTELLIGEMMENT,  adv.  Avec  intelligence.  Intellï- 
genter.  Cet  Avocat  eft  verfé  dans  ces  iTiatières ,  il  en 
parle  fort  intelligemment. 

INTELLIGENCE,  f.  f.  Erre  fpirituel.  Intelligentia. 
Dieu  eft  la  première,  la  Souveraine  intelligence;  c'eft: 
cette  intelligence  incréée ,  ou  la  Providence,  qui  gou- 
verne tout  le  monde.  L'ordre  invariable  qui  fe  re- 
marque dans  la  machine  de  l'Univers  ^  eft  l'ouvrage 
d'une  intelligence  infinie  &  toute-puiflante.  Ab.  de 
la  Tr.  Les  Anges  font  de  pures  intelligences  ,  ils 
ont  été  créés  fans  corps.  On  les  appelle  ordinaire- 
ment les  intelligences  céleftes,  Arillote  avait  imaginé 
de  certaines  intelligences  attachées  aux  Cieux  pouE 
les  mouvoir ,  ne  pouvant  autrement  expliquer  leur 
mouvement. 

Intelligence,  fe  dit  auflî  à  l'égard  de  l'ame  raifon- 
nablc ,  de  la  connoillance.  Intellecius.  Dieu  a  bien 
borné  l'intelligence  des  hommes  ,  leur  intelligence 
ne  va  pas  fort  avant  dans  les  lecrets  de  k  nature. 
C'eft  par  une  pure  grâce  qu'il  lui  a  donné  l'intelli- 
gence de  fes  myflères.  Le  Saint  Efprit  donna  aux 
Apôtres  l'intelligence  de  toutes  les  langues.  Il  y  à 
bien  des  endroits  dans  l'Écriture  dont  on  cherche 
l'explication.  Un  Commentaire  oblcurcit  fouvent  un 
Auteur,  au  lieu  d'en  donner  l'intelligence.  Jésus- 
Christ  accufoit  fes  difciples  d'être  de  dure  ,  de  tar- 
dive intelligence.  C'eft  un  bon  ligne  d'intelligence , 
de  ne  point  entendre  ce  qui  n'cfl  pas  intelligible. 
Le  Chev.  de  m.  Vous  avez  l'intelligence  fine.  S. 
ÉvR.  Avoir  une  vafte  intelligence.  Boss. 

^fT  Dans  le  dogmatique ,  c'eft  la  faculté  qui  nous  fait 
pénétrer  le  principe ,  &  connoitre  les  premières  véri- 
tés des  f  ciences. 

|Cr  En  Peinture ,  ce  mot  fe  dit  des  parties  qui  ont  plus 
de  rapport  au  goût  de  l'Artifte  qu'à  l'étude  du  tra- 
vail. On  dit  la  fcience  du  Defîéin  j  cS:  l'inteiligence 
du  clair  obfcur.  Acad.  Fr> 

Intelligence  ,  fignihe  aullî ,  concorde ,  union  de  fenti- 
mens ,  amitié  réciproque.  Concordia.  L'Églife  a  in- 
térêt de  maintenir  la  bonne  intelligence  entre  les 
Princes  Chrétiens.  C'eft  un  grand  bonheur  dans 
une  famillcj  quand  il  y  règne  une  parfaite  intelligence. 

|3°  Intelligence  fé  dit  encore  de  la  correfpondance 
qui  fe  trouve  entre  des  perfonnes  qui  s'entendent  l'un 
avec  l'autre ,  du  rapport  que  certaines  chofcs  peuvent 
avoir  entr'elles.  Ils  lont  d'intelligence  ,  ils  ont  intel- 
ligence l'un  avec  l'autre  pour  vous  tromper.  Cette  er- 

Gc  ij 


# 


ao4  î  N  T 

reiii-  s'eft  répandue  en  peu  de  temps  par  Vintdii- 
gence  qu'elle  a  trouvée  dans  les  inclinations  cor- 
rompues des  hommes.  Nie. 

Mais  hélas  à  la  Cour , 
Combien  tout  ce  qu'on  du  ejl  loin  de  ce  qu'on  penfe  ! 
Que  la  bouche  &  le  cœur  font  peu  i/'inteiligence  ! 

Rac. 

Intelligence  ,  fe  dit  auflî  de  la  Correfpondance  qu'on  a 
avec  des  allociés  en  des  pays  étrangers  pour^  faire  un 
commerce.  Ce  Banquier  a  des  intelligences  à  Rome  , 
à  Ham.bourg  &  à  Amfterdam  ,  il  peut  faire  tenir 
de  l'argent  pat-tout.  Ce  Marchand  a  des  intelligences 
à  Venilcj  à  Gennes ,  à  Lyon,  à  Tours,  pour  y 
faire  manufadurer  des  étoffes ,  y  fiire  des  achats  de 
marchandiles.  Correfpondance  ell  plus  ufité  en  ce 
fens. 

Intelligence,  fe  dit  auflî  en  matières  de  négociations. 
Ce  Prince  a  des  intelligences  dans  toutes  les  Cours 
de  l'Europe.  Ce  Gouverneur  a  des  intelligences  dans 
une  telle  place ,  il  trouvera  l'occafion  de  s'en  em- 
parer. 

Intelligence  3  fe  dit  auflî  en  mauvaife  part,  dune  ca- 
bale fecrete,  d'une  coUuhon  de  parties  qui  tend  à 
nuire  à  autrui.  Les  Larrons  ,  les  coupeurs  de  bour- 
fes ,  font  tous  à' intelligence.  Cet  arrêt  n'efl:  intervenu 
que  par  la  coUufion  &  intelligence  entre  les  parties. 

Philis  s'efi  rendue  à  ma  foi  : 
Qu'eût  elle  fait  pour  fa  défenfe  ! 
Nous  n'étions  que  nous  trois ,  elle ,  l'amour  &  moi , 
Et  l'amour  fut  (/'intelligence.  L'Abbé  Cotin. 

0Cr  iNTELLiGENce,  cfptit,  boH  fcns,  jugement:  ^  entende- 
ment ,  conception  ,  génie  ,  fynonimes. 

§CF  L'Intelligence  ,  elt  habile  Se  pénétrante  ;  elle  lailît 
les  chofes  abftraites  &  difficiles  selle  rend  les  hommes 
propres  aux  divers  emplois  de  la  fociété  civile  ;  fut 
qu'on  s'énonce  en  termes  correûsj  &  qu'on  exécute 
régulièrement.  Syn.   Fr. 

|Cr  L'incapacité  eft  l'oppofé  de  V intelligence.  Elle  efl: 
uùle  avec  les  ouvriers  &  dans  les  affaires.  Il  faut  fe 
procurer  en  toutes  chofes  le  plus  d'intelligence  qu'on 
peut.  Foy.  les  autres  mots. 

fC? INTELLIGENT,  ENTE,  Qui  efl:  pourvu  de  la 
faculté  intelleclive ,  qui  eft  capable  de  concevoir  , 
de  raifonner.  L'homme  eft  un  être  intelligent.  Il  n'y 
a  que  les  êtres  fpirituels  qui  puiflent  être  intclligens. 

IP"  Intelligent  hgnilie  plus  ordinairement  celui  qui 
fiifit  avec  facilité  les  chofes  les  plus  difficiles  ;  qui 
eft  habile  &  verfé  dans  une_  fcience  ,  dans  les  af- 
fcires ,  qui  eft  propre  aux  diftérens  emplois.  C'eft  eu 
ce  fens  que  Térence  a  dit ,  homini  homo  quid  prsflat  ? 
Stulto  intelltgens  quid  interefl  ?  Ce  Pilote  eft  fort  in- 
telligent pour  la  marine.  Cet  Avocat  eft  fort  intel- 
ligent, &  fort  verfé  dans  les  matières  bénéiîciales. 
On  ne  pouvoit  pas  choilîr  pour  cette  Amballade 
un  homme  plus  intelligent.  Cet  homme  eft  intelli- 
gent ;  il  démêlera  bien  toute  l'intrigue.  Loin  d'ici  ces 
maximes  flatteufes ,  que  les  âmes  iortent  des  mains 
de  Dieu  toutes  lages  &  intelligentes.  Je  chargerai 
undemes  gens,  homme  i«fe//i^<;/zr,  s'il  enfùtjamais, 
fur  ces  fortes  de  chofes.  La  Comt.  de  M. 

INTELLIGIBILITÉ,  f.  f.  Netteté  du  difcours,  qui  le 
rend  facile  à  comprendre.  Qualité  de  ce  qui  eft  in- 
telligible. 

Il  règne  dans  l'Arithmétique  des  Géomètres  de  M. 
l'Abbé  Deidier  ,  une  clarté  ,  une  intelligibilité ,  une 
méthode  peu  commune;  auflî  l'Auteur  prétend -il 
que  fon  Ouvrage  peut  mettre  quiconque  Ictudiera, 
en  état  de  fe  palier  du  fecours  des  maîtres  .  ...Ob 
ferv.  fur  les  Ecrits  mad.  tom.  iS.p.  loj.   loS. 

0-  INTELLIGIBLE,  adj.  de  t.  g.  Terme  didadique  , 
qui  fe  dit  par  cppofirion  à  fenfible ,  des  êtres  qui 
four  l'objet  de  l'entendement.  Intelligibilis,  Salomon 


I  N  T 

Connoifloit  tous  les  êtres  intelligiblts  depuis  le  cè- 
dre julqu'à  l'hylfope. 

^fj"  On  le  dit  encore ,  par  oppofition  à  réel  ,  des  êtres 
qui  ne  (ubhftent  que  dans  l'entendement.  Les  Phi- 
lolophes  ont  inventé  des  êtres  purement  intelligibles , 
qui  ne  fubliftcnt  que  dans  l'entendement,  comme 
les  êtres  de  railon  ,  les  univcrfaux  &  autres  fembla- 
bles  chimères.  Les  Philofophes  appellent  auflî  ^ 
Monde  intelligible ,  l'idée  du  monde  dans  l'enten- 
dement divin  j  c'eft-à  dire  ,  l'idée  éternelle  de  Dieu 
lur  laquelle  le  monde  a  été  créé.  Il  en  eft  fouvent 
parlé  dans  la  Recherche  de  la  vérité  du  P.  Malebran- 
che.  Ils  entendent  aulîl  quelquefois  par  cette  ex- 
prelîîon ,  les  natures  intelligentes  (épatées  de  la  ma- 
tière. 

Intelligible  ,  fe  dit  auflî  de  ce  qui  eft  aifi  à  com- 
prendre. Perfpicuus.  Il  faut  qu'un  Orateur  ait  un  ftyle 
net  &:  intelligible.  Les  Anciens  ne  lont  pas  intelligi- 
bles en  plulieius  endroits  lans  Commentaire.  Les 
Chymiftes  ,  les  Cabaliftes ,  cachent  leur  Icience  fous 
des  mots  mylî:érieux  ,  ils  ne  veulent  pas  être  intelli- 
gibles. Ayons  plus  de  loin  de  nous  rendre  intelligi- 
bles ,  que  de  paroîtie  dodes.  S.  ÉvR. 

Intelligible  ,  le  dit  encore  de  ce  qui  peut  être  en- 
tendu facilement.  Le  Juré  Cricur  a  bit  cette  publi- 
cation à  haute  &  intelligible  voix.  Des  Ions  diftinds 
&  intelligibles. 

INTELLIGIBLEMENT,  adv.  D'une  manière  intelligi- 

•  ble.  Perfpicuè.  Les  Prophètes  ont  louvent  parlé  fort 

intelligiblement.  Celui-ci  le  glorifiera  de  ce  qu'il  ht 

fort  intelligiblement.  Un  autre  j  &c.    Cela  eft  écrit 

fort  intelligiblement. 

Que  tout  fait  dans  ta  bouche  expliqué  nettement , 
Et  que  l'École  parle  inteUigiblement.  Vill. 

INTEMPÉR  AMMENT.  adv.  Avec  intempérance ,  fans 
bornes  j  lans  melure,  fans  retenue.  Intemp cranter. 
Les  peuples  du  Nord  boivent  intempéramment ,  dé- 
mcfurément.  On  ne  s'en  lert  guère.  », 

INTEMPÉRANCE,  f.  f.  jfT  Intemperantia.  Ce  terme 
dans  une  acception  générale  déligne  un  excès  vicieux  , 
un  vice  contraire  à  la  modération  &  à  la  tempé- 
rance ,  plus  particulièrement  un  vice  contraire  à  la 
fobriété  ,  ou  un  excès  dans  le  boire  &  dans  le  man- 
ger. L'intempérance  ruine  la  fanté.  L'expérience  feule 
nous  apprend  que  l'intempérance  des  plailirs  nous 
eft  nuifible.  M.  Se.  Rachetez  vos  intempérances ,  en 
alîîftant  ceux  qui  n'ont  pas  de  quoi  fatishire  aux 
lîmples  néceffités  de  la  nature.  Fl.  L'intempérance  de 
la  langue  chez  les  Perles  eft  plus  févérement  punie 
que  tout  autre  crime  ,  &  ils  eftiment  que  celui  qui  ne 
fait  pas  fe  taire ,  eft  incapable  de  rien  taire  de  grand. 
Vau.  Intempérance  de  langue  ,  trop  grande  liberté 
qu'on  fe  donne  de  parler.  Une  avidité  de  lavoir ,  ôc 
une  intempérance  de  ledure  ,  ont  été  les  paflîons  de 
fajeunefle.  Fl.  Ondoitfairepeuraux  médifansdelafîa 
tragique  de  Zoïle ,  qui  paya  de  la  vie  fon  intempé- 
rance de  langue.  Bal.  On  devroit  châtier  l'intempé- 
rance de  plume  qu'on  remarque  à  tant  d'Auteurs. 
S.  ÉvR.  Pour  punir  l'irréligieute  inftabilité  des  An- 
glois ,  Dieu  les  a  livrés  à  l'intempérance  de  leur  cu- 
rioilté.  Fl.  Ne  croyez  pas  que  l'homme  ne  foie  em- 
porté que  par  l'intempérance  des  fens  :  l'intempérance 
de  l'efprit  n'eft  pas  moijis  flatteufe.  Boss. 

INTEMPÉRANT  ,  ANTE.  adj.  Qui  a  le  vice  de  l'in- 
tempérance. Intemperans.  C'eft  le  plus  intempérant 
de  tous  les  hommes. 

Il  fe  dit  auflî  rigurément  de  l'efprit,  &  lignifie. 
Qui  ne  connoït  point  de  bornes  j  qui  donne  dans 
des  excès  vicieux ,  même  dans  les  chofes  louables. 
L'efprit  intempérant  dans  le  delir  de  tout  lavoir  ,  va 
chercher  ce  qu'il  y  a  de  plus  fecret  dans  la  natute. 
S.  ÉVR. 

Intempérant,  ante.  Se  prend  aufli  quelquefois  fubf- 
tantivement.  C'eft  un  intempérant,  c'eft  une  intem- 
pérante. 

%3-  INTEMPÉRÉ  ,  ÉE.  adj.  Déréglé  dans  les  paflîons 
&  dans  'iz%  appétits.   Intemperé  dans  fou  boire  & 


f 


I  NT 

d'iiis  Ion  iivingcr.  Intempéré  en  toutes  chofes. 
IN  ri^MTElUI-,.  V.  i.  Dctcgk-ment  j  imiivaife  conflitu- 
tioii  ,  (.IlKuu  d'un  jultc  tcinpéniinent  ,^  des  qualircs 
rcquifes  en  ccit.iines  choies  ,  particulicicmcnt  l'ail' 
is;  les  luimeuis  du  corps  humain.  Inuniperïes.  On 
dit  Vïntcmpme  de  l'air,  de  ce  cUmat,  le  rend  dé- 
lert.  L'intempérie  des  humeurs  ,  c'ell  à-dire  l'excès 
de  quelqu'une  des  quilités  ,  ell  la  fource  des  mala- 
dies. \J intempérie  du  cerveau  caufe  de  grands  déré- 
glemens,  tant  dans  relpric,que  dans  le  corps.  L'i/z- 
tempérie  des  lailons  avoit  laille  dans  r.iir  une  mali- 
gne impreliion.  Fl.  On  attribue  les  révolutions  qui 
arrivent  dans  l'Univers,  tantôt  aux  caprices  d'une 
aveugle  Fortune,  &  tantôt  aux  intempéries  d'une  na- 
ture délordonnéc.  Id. 

INTENDANCE.  L  f.  Commillîon  ^  d'Intendant  i 
adminillration  d'affaires  importantes  confiées  à  fes 
foins  j  dans  un  certain  dilMct.  Les  Maîtres  des  Re- 
quêtes font  ceux  qui  ont  ordinairement  des  Inten- 
dances. Le  rellort  d'une  Intendance  de  Province  eft 
l'étendue  d'une  Généralité.  Il  y  a  diverles  Inten- 
dances pour  l'armée ,  pour  la  Marine  ,  pour  les  bâ- 
timens,  pour  les  Finances.  Il  avoit  l'Intendance  des 
provilions  de  1  armée  navale. 

DO"  Intendance  s'entend  auili  du  diftrid  où  s'étend  le 
pouvoir  d'un  Intendant.  On  dit  que  tel  endroit ,  telle 
Élcélion  eft  ou  n'eft  pas  de  telle  Intendance. 

IntendancEj  le  dit  aulli  dans  les  Provinces  ,  au  moins 
en  quelques-unes  ,  pour  l'hôtel ,  la  maifon  de  l'In- 
tendant de  Jultice  &  de  Finance.  MiJJi.^  Dominici 
Ades.  Je  m'en  vais  à  l'Intendance.  Monheur  n'y  eft 
pas  ,  il  eft  à  l'Intendance. 

Intendance  ,  /fgtiihe  encore  le  temps  que  dure  l'admi- 
niftration  de  1  Intendant.  Pendant  Ion  Intendance  on 
en  ufoir  ain/i.  Acad.  Fr. 

Intendance  j  le  dit  aulfi  de  la  commiftîon  qui  donne 
ie  pouvoir  d'ordonner  toutes  chofes  dans  la  maifon 
d'un  Prince ,  d'un  grand  Seigneur.  Les  meilleures 
Intendances  font  celles  des  grands  Seigneurs  dont  leî 
affaires  lont  en  défordre. 

INTENDANT,  f  m.  Qui  a  l'infpeaion,  la  conduite, 
la  direction  de  certaines  aftaires.  Prs.feclus  ,  adminif- 
ter.  ifJ'  Intendant  à  l'armée  ,  ou  Intendant  de  telle 
armée ,  Intendant  de  Marine.  Les  Intendant  des  Fi- 
nances font  ceux  qui  en  ont  la  diteétion  ,  chacun 
dans  fon  département.  Ils  ont  été  établis  par  François 
I.  Leur  charge  fe  falloir  dès  auparavant  par  les  l'ré- 
foriers  de  France.  V Intendant  des  Bâtimens  eft  l'Or- 
donnateur général  des  bitimens  du  Roi ,  des  arts  &' 
manutaèlures  de  France.  Il  y  a  dans  la  maifon  du 
Roi  des  Intendans  &  Contrôleurs  de  l'argenterie  , 
&  des  menus.  Ils  font  pour  toutes  les  dépendan- 
ces de  la  Chambre,  de  la  Garderobe  ,  &  autres  em- 
ployées fur  les  états  de  l'argenterie  des  menus.  Il 
y  a  aulîî  un  Intendant  &  Cojitrôleur  des  meubles  des 
édifices  royaux. 

Les  Intendans  des  Finances ,  ont  fous  le  Con- 
trôleur des  Finances ,  ou  celui  qui  en  fait  les 
fbnétions  ,  la  direftion  &  l'adminiftration  d'une 
certaine  partie  des  Finances.  Intendant  de  Marine , 
eft  un  Officier  prépofé  &:  commis  dans  les  ports  , 
pour  faire  obferver  les  ordonnances ,  les  réglemens , 
la  police  de  la  Marine.  Les  Intendans  de  la  Marine 
font  pour  la  Marine ,  ce  que  les  autres  Intendans 
des  Provinces  font  pour  la  Police  èc  les  finances. 
^-'Intendant  général  de  la  Marine  eft  au-delîus  de 
tous  les  autres  Intendans  de  la  Marine  j  &  a  inf- 
pedion  fur  tous  les  ports  &  tout  ce  qui  concerne 
la  Marine.  Dans  les  ports  moins  confidérables ,  au 
lieu  è: Intendant  de  Marine ,  il  y  a  des  Commilfaires 
de  la   Marine. 

Intendans  du  Commerce.  C'étoicnt  des  CommilT^ires 
crées  par  Lettres  Patentes  du  Roi  en  1708.  pour 
avoir  l'infpeftion  des  aftaires  du  coiîimerce.  Cet  éta- 
blidement  ne  dura  guère  qu'environ  fept  ans ,  les 
Intendans  du  Commerce  ayant  été  fupprimés  fur  la 
fin  de  171 5  peu  après  la  mort  de  Louis  XVL 

§^  Par  Edit  du  mois  de  Juin  1724.  ces  Intendans  ont 
ete  rétablis.  Us  ont  chacun  dans  leur  département 


I  N  T  205- 

ini  ccrt.iîn  nombre  de  Provinces,  «Se  outre  cela  linf- 
peclion  fur  quelques  objets  particuliers  du  commerce 
dans  toute  l'étendue  du  Royaume. 

CfcJ'Lcs  Intendans  de  Provinces  font  des  Magiftrats> 
pour  l'ordinaire  Maîtres  des  Requêtes  j  que  le  Roi 
envoie  dans  les  Provinces ,  pour  y  avoir  l'inrpeclion 
&  ladiredionde  la  Juftice  ,  de  la  Police  &  des  Fi- 
nances j  &  pour  y  donner  ordre  aux  aftaires  extraor- 
dinaires. Il  y  en  a  un  dans  chaque  Généralité.  Ou 
les  appelle  aulli  Commijjaires  départis  en  telle  Gé- 
néralité pour  l'exécution  des  ordres  du  Roi.  C'eft 
l'Intendant  de  chaque  Généralité  qui  reçoit  de  la 
Cour  l'état  de  ce  qui  doit  être  impofé  fur  chaque 
Éledion. 

Les  Intendans  de  Province  répondent  aux  anciens 
Mis,  que  les  Rois  déléguoient  dans  les  Provinces 
pour  la  réformation  de  Juftice  ,  Police  &  Finance. 
Dans  les  Capitulaires  donnés  à  Sauvois  au  mois  de 
Novembre  8/3.  Charles  le  Chauve,  Roi  de  France, 
nomma  des  Mis ,  ou  Intendans  dans  les  douze  Gé- 
néralités ou  Miftis  de  fon  Royaume.  On  les  appeloir 
en  Latin  Mijp  Dominici. 

ffT  Intendant  dans  une  armée  ,  c'eft  celui  que  le  Roi 
nomme  pour  veiller  à  l'obfervation  de  la  police  de 
l'armée,  au  payement  des  troupes,  à  la  fourniture 
des  vivres  &:  des  fourages,  &c. 

Intendant  des  armées  navales ,  eft  un  Officier  ordonné 
pour  la  Juftice,  la  Police  ,  &  les  Finances  dans  une 
armée  navale. 

'îfT  Intendant  de  la  fonte  à  la  monnoie.  Officier  char- 
gé de  l'alliage. 

Intendant  ,  fignifie  auftî  dans  la  maifon  d'un  Prince  , 
d'un  grand  Seigneur,  Ion  premier  Officier,  qui  a  le 
foin  &:  la  conduite  de  fa  maiton ,  de  fon  revenu  &  de 
fes  aftaires.  Adminiftrator.  Intendant  de  la  Maifon  de 
la  Reine,  de  Moniicur.  Le  mot  à' Intendant  eft  de- 
venu il  commun ,  qu'il  n'y  a  point  de  li  petit  Marquis 
qui  ne  dil'e  mon  Intendant.  Les  Intendans  ruinent 
fouvent  leurs  Maîtres.  Par  ma  foi ,  Monlleur  l'Inten- 
dant,  vous  nous  obligerez  de  nous  taire  voir  le  fecrec 
de  fiire  'Donne  chère  avec  peu  d'argent.  Mol. 

INTENDANTE,  f  f.  C'eft  la  femme  d'un  Intendant 
de  Finances ,  ou  de  Juftice. 

Intendante.  Cfe  nom  s'eft  donné  dans  l'Ordre  du  Col- 
lier célelle  du  Rofaire  à  la  Supérieure  dg»cet  Ordre. 
Pnfecla ,  prapo/ita.  L'Ordre  devoir  être  compofé  de 
cinquante  filles  dévotes,  fous  une  Intendante  ou  Su- 
périeure. P.  HÉLYOT,  T.  Jj  c.  jo. 

Intendante  J  fc  dit  encore  en  d'autres  Congrégations. 
Celle  des  Filles  de  S.  Jofeph  eft  gouvernée  par  une 
Prieure ,  une  Intendante  ,  une  Coadjutrice.  Il  y  a 
auftî  une  Intendante  des  pauvres. 

Intendante.    Au  figuré. 

Z 'Intendante  des  eaux  ,  /a  Lune  au  front  humide. 

P.  LE   MoiNt. 

INTENDIT.  f.  m.  Intention.  Glojf.fur  Marot. 

Intendit.  1.  m.  Ancien  terme  de  Juril'prudence  j  qui  le 
dit  des  écritures  qu'on  fournit  en  des  procès  où  il  n'eft 
queftion  que  des  faits  qu'on  articule  &  dont  on  offre 
de  faire  preuve.  Les  parties  ont  été  appointées  à  écrire 
par  intendits  &  faits  contraires.  Le  demandeur  a  déjà 
fourni  fes  intendits.  L'ufage  des  intendits  fubfifte  en- 
core dans  le  Confeil  d'Artois.  Ce  mot  vient  du  Latin 
intendere ^  tendre,  parce  que  ces  écritures  tendoient 
à  faire  preuve  de  quelques  faits. 

INTENS.  adj.  'Vieux  mot.  Attentif. 

INTENSE,  INTENSIF,  adj.  m.  6t  f.  Terme  dePhyfi- 
que.  Qui  a  des  qualités ,  ou  une  ,  à  un  haut  degré. 
Intenfus.  Une  chaleur  intsnfe.  Un  feu  léger  &:  qui 
échauffe  peu  n'eft  pas  intenfe ,  n'a  pas  une  chaleur 
wrc'/z/J;  maisun  feu  vif,  ardent,  violent,  eft  un  feu 
intenfe  y  a  une  chaleur  intenfe.  Pour  certaines  opéra- 
tions chymiques,  il  faut  un  feu  intenfe ,  une  chaleur 
intenfe. 

Ce  mot  fe  dit  aulli  des  aftes  &  des  habitudes  de 
l'ame,  &  lîgnifîe  fort ,  vif,  ardent.  Intenfus,  a,um. 
Un  amour  intenfe ,  une  charité  intenfe.  L'amour  in- 
tenfe eft  différent  de  l'amour  appréciatif ,  c'cft-à-dire. 


■^cé 


INT 


de  celui  qui  ciifpofe  à  préférer  une  chofe  à  tour.  L'a- 
mour appréti.ûit  eft  néceilaire.  Il  nous  cft  commandé 
de  tendre  à  un  amour  de  Dieu  toujours  plus  intenfe. 

INTENSION.  1".  f.  Terme  de  Phyhque.  Le  haut  degré 
d'une  qualité  phyiiqiie.  Intaifio.  Il  ne  faut  pas  piu- 
ger  lorlque  la  hèvre  cit  dans  la  plus  grande  intenjion  ; 
c'eft  à  dire  au  dernier  point. 

Il  fe  dit  auili  en  Théologie.  L'intenjîon  de  la  cha- 
rité, de  l'amour  de  Dieu.  C'eft  la  qualité  de  ce  qui  eft 
intenle.  |tTCes  mots  d' intenfe  -,  à'inccnjlj  &  A'inccn- 
fion  ne  font  point  d'ulage. 

INTENSITÉ,  f  f.  Terme  didaûique.  C'eft  le  degré  de 
puillance,  de  force  ou  d'aétivité,  &c.  La  puiftance 
conlerve    toute   fon    ïntcnjîté.    M.    l'Abbé    Nolet. 

^C?  La  véhémence  du  fon  fait  Ion  ïntenfité.  La  force  du 
fon  varie  lelon  la  diftance  au  corps  tonore.  On  voit 
qu'il  en  cft  du  fon  comme  de  Vincenjîté  de  la  lu- 
mière :  plus  la  diftance  à  laquelle  le  Ion  eft  parvenu 
eft  grand,  plus  il  s'aftoiblit. 

Le  ton  ne  dépend  pas  de  V intcnjîu  an  fon,  &:  une 
corde  mue  rend  le  même  fon  ,  loit  qu'elle  aille  &  re- 
vienne par  un  plus  grand  ou  plus  petit  cfpace. 

INTENSIVEMENT,  adv.  en  ufrge  dans  le  didaftiquc. 
Avec  intenlion,  avec  véhémence,  d'un  haut  degré  de 
perleélion.  Intenfive.  il  nous  eft  commandé  de  ten- 
dre à  aimer  Dieu  au  dellus  de  toutes  choies  ïntenfive- 
ment,  c'eft  à-dire  ,  avec  le  plus  grand  eftort,  avec  la 
.plus  grande  ardeur,  avec  la  plus  grande  véhémence 
qu'il  eft  pollïble  d'aimer. 

On  pourroit  le  dire  auftl  en  Phylîque  ,  comme  l'on 
dit  Intenfe. 

INTENTER,  v.  a.  Faire,  commencer  un  procès,  une 
aftion  ,  uneacculation.  Intcntare.  Ce  parent  a  i/i/cvwe 
une  aûion  en  retrait  lignager  contre  un  adjudicataire. 
Le  procès  a  été  intenta  d'abord  contre  moi,  mais  j'ai 
intenté  mon  aélion  en  garantie. 

En  termes  de  Palais,  Intenter \xnz  aftion  &■  former 
une  demande,  lignifient  la  même  choie. 

Intenté  ,  Ée.  part. 

INTENTION,  f  f.  ConJlHuni,  animas  ,  mens.  Fin 
qu'on  le  propolc  en  quelque  attion ,  mouvement  de 
l'ame  par  lequel  on  tend  à  quelque  fin.  Pour  bien  ju- 
ger des  adlions  des  hommes ,  il  faudroit  remonter  à 
l'intention  &  retourner  juiqu'au  cœur  où  elles  pren- 
nent naijlance.  Id.  Les  Caiuiftes  dilputcnt  fortement 
fur  l'eificacc  d'une  bonne  intention  j  è'c  il  elle  ne  peut 
reclificr  une  mauvaile  adlion.  Id.  Soit  qu'un  Auteur 
réuilifte  ou  ne  réuftifte  pas,  on  lui  doit  tenir  compte 
de  la  bonne  intention  k  lervir  le  public.  S.  Evr.  La 
'civihté  du  monde  conlîfte  en  proteftations  de  fer-vice, 
lans  que  l'intention  y  réponde  ;  mais  dans  l'amitié 
elles  doivent  être  foutenucs  de  l'intention.  Bell.  Il 
ne  faut  pas  pouftèr  à  bout  des  gens  dont  les  intentions 
ont  été  meilleures  que  leurs  cxprellîons  n'ont  été 
exaétes.  Ross.  Dieu  eft  le  feul  juge  des  intentions ,  il 
voit  le  lecret  de  nos  cœurs. 

On  dit  aulli  faire  des  prières  à  l'intention  de  quel- 
qu'un ,  prier  Dieu  pour  lui  afin  qu'il  le  converrille  j 
qu'il  profpère  ,  afin  qu'elles  lui  fervent  devant  Dieu. 
On  appelle  direction  d'intention,  l'application  de 
fa  volonté  à  une  bonne  fin  ,  en  fiiftnt  une  chofe 
inauvaife  ou  dout£uie.  On  a  inventé  des  biens  pour 
tout  faire,  fous  le  prétexte  fpécieux  d'une  pieufe  in~ 
tention.  Pasc.  La  bonne  intention  ne  peut  jamais 
redifier  une  raauvaife  adtionj  &  perfonne  ne  peut 
excufer  fon  faux  zèle  par  la  pureté  de  fes  intentions. 
La  Pl. 

Intention,  fignifie  auffi  l'efprit  dans  lequel  on  a  tait 
quelque  chofe.  Mens  ,  fentcntia.  Il  faut  regarder  le 
ddîein,  l'intention  d'un  Fondateur,  d'un  Teftateur  , 
pour  bien  exécuter  fa  volonté.  Il  faut  regarder  plutôt 
l'ctprit  &  l'intention  de  la  loi ,  que  de  s'arrêter  fcru- 
puleulemcnt  à  les  paroles. 

^3' On  dit  proverbialement,  ce  n'eft  pas  l'intention  du 
Fondateur,  pour  dire  que  cela  fe  fait  contre  la  vo- 
lonté de  ceux  qui  en  ont  l'adminiftr.ation  ou  h  direc- 
tion. AcAD.  Fr. 

^CT" Intention  ,  delïein  ,  volonté,  fynonimes.  L'inten- 
tion ,  dit  M.  l'Abbé  Girard ,  eft  un  mouvemç;-it  ou  un 


I  N  T 

penchant  de  l'ame  qui  envifage  quelque  chofe  d'é- 
loigné ;  elle  y  foit  tendre.  Foye^  les  autres  mots. 
Quand  la  volonté  de  lervir  Dieu  vint  à  l'Abbé  de  la 
Trape  ,  fes  premières  intentions  furent  de  faire  une 
auftere  pénitence  ,  &  il  forma  pour  cela  le  dejfein  de 
le  retirer  dans  fon  Abbaye ,  &  d'y  établir  la  rél-orme. 

^^Les  volontés  lont  plus  connues  &  plus  précifes.  Les 
intentions  font  plus  cachées  &  plus  vagues.  Les  def- 
feins  lont  plus  vaftes  &  plus  raifonnés. 

tpr  L'intention  eft  l'ame  de  l'attion  &  la  fourcc  de  fon 
vrai  mérite;  mais  i!  eft  difficile  d'en  juger  bien  laine- 
mcnt.  Il  n'y  a  rien  de  moins  fuivi  que  l'intention  de 
la  plupart  des  Fondateurs  de  bénéfices.  On  dit  hiire 
une  choie  de  bonne  volonté ,  avec  une  intention  pure 
&  de  dejfein  prémédité.  Ferme  dans  les  volontés, 
droit  dans  les  intentions,  railonnable  dans  fes  def~ 
feins. 

Intention.  Terme  de  Logique.  Ce  terme  fe  prend 
fort  diftéremment  en  Logique  ^:^:  en  Morale.  En  Mo- 
rale, c'eft  la  vue,  le  delïein,  la  fin  que  l'on  fe  pro- 
pole.  En  Logique  ,  c'eft  ou  la  connoillance  d'une 
chofe  ,  ou  la  choie  même  connue.  De-là  vient  qu'en 
Logique  on  diftingue  deux  fortes  d'intentions ,  l'inten- 
tion formelle  &  l'intention  objective.  L'intention  for- 
melle eft  la  connoillance  de  la  chofe  ,  l'intention  ob- 
jeftive  eft  la  choie  que  l'on  connoîr.  L'une  &  l'autre 
de  ces  intentions  fe  divilent  encore  en  première ,  & 
leconde  intention.  L'intention  formelle  première ,  eft 
la  connoiftance  d'une  chofe  par  fes  attributs  eftenriels 
qui  ne  dépendent  point  de  la  volonté  des  hommes, 
tv"  l'intention  lormelle  féconde  eft  la  conlidérarioa 
d'une  choie  lelon  certaines  propriétés  qui  lont  d'inlH- 
turion  humaine,  &  qui  lui  conviennent  par  la  vo- 
lonté arbitraire  des  liçuimes.  Par  exemple,  la  con- 
noillance que  l'on  a  de  ce  terme  ,  Homme  ,  en  tant 
qu'il  lignifie  un  animal  railonnable ,  c'eft  une  inten- 
tion formelle  première  :  mais  en  tant  que  le  même 
terme  eft  ae  genre  mafculin  ou  de  la  troifième  décli- 
nailon  ,  c'eft  une  intention  formelle  féconde.  De  mê- 
me l'intention  objective  première  c'eft  la  choie  con- 
nue en  elle-même ,  &  fuivant  les  attributs  qui  lui  con- 
viennent, indépendamment  de  la  volonté  ou  de  l'inf- 
titution  des  hommes.  Ainli  ,  l'homme  connu  félon 
Ion  animalité  &c  la  rationalité  ,  c'eft  une  intention 
objedlive  première.  L'intention  objective  féconde, 
c'eft  la  chofe  même  connue  lelon  certaines  propriétés 
qui  ne  lui  conviennent  c|ue  parce  qu'il  a  plù  aux 
hommes  de  les  lui  attribuer ,  comme  l'homme  en  tant 
qu'il  cft  de  genre  malculin,  ou  de  la  troifième  décli- 
nailon.  On  voit  par-là  ce  que  c'eft  que  termes  de  la 
première  &z  termes  de  la  féconde  intention.  Pitoyable 
jars,on  de  l'ancienne  Philolophie. 

iNTENTIONNEL,ELLE.//2f.'«rw/2a/w.  Terme  de  Phi- 
lofophie,  qui  fe  dit  en  cette  phrafe.  Les  elpèces  inten- 
tionnelles, lont ,  à  ce  qu'ont  prétendu  les  Anciens,  de 
petits  atomes  qui  fortent  des  objets  pour  frapper  les 
fens.  C'eft  ce  qu'on  appcloit  autrement  efpèces  im- 
prelles. 

Intentionné  ,  ée.  part,  du  verbe  intentionner ,  qui  n'ell 
pas  en  ufigc.  Qui  a  quelque  intention,  quelque  but, 
quelque  delfein.  ^ffecîus.  Il  ne  le  conftruit  jamais 
qu'avec  ces  mots  ,  èien  ,  mal ,  mieux.  &c.  Il  y  » 
toujours  des  gens  bien  intentionnés  ,  d'autres  mal  in- 
tentionnés pour  le  fervice  de  l'État.  Bien  intentionné' 
fe  dit  quelquefois  en  loulentcndant  le  lubftantif  au- 
quel il  le  rapporte.  Les  bien  intentionnés  pour  l'État 
&  pour  la  Religion.  P.  d'orlÉans.  f-^ie  de  C.  p.  ji(f. 

INTER- ARTICULAIRE,  adj  m.  &:  f.  Terme  d'Ana- 
tomie  qui  le  dit  des  cartilages  qui  font  entre  les 
articulations  des  os.  Inter-articularis ,  e.  Il  y  a  un 
cartilage  mobile  ou  inter  -  articulaire  dans  l'une  & 
l'autre  articulation  de  la  mâchoire  inférieure  avec 
les  os  des  tempes.  Ce  cartilage  inter -articulaire  eft 
épais  vers  la  circonférence ,  fort  mince  &  tranfparent 
dans  le  milieu,  où  on  le  trouve  quelquefois  tout  à- 
fait  percé.  Winslow.  Il  décrit  l'artifice  des  cartila- 
ges inter-articulaires  dans  fon  Traité  des  mutcles , 
n.  I2j6. 

INTERCADANT,    ou    plutôt    INTERCADExNT , 


I  N  T 

ENTE.  adj.  m.  ôc  f.  Terme  de  Mcdccine ,  qui  ne 
ù  dit  que  du  pouls  ,  quand  ion  mouvement  ell  fort 
déréglé ,  Se  paroît  tantôt  plus  fort ,  tantôt  plus  foi- 
blc.  MuUihUis  ,  varias.  Il  s'emploie  aulli  Hgurémcnt. 
L'humeur  bi-carre  a  quelque  choie  de  11  bucrcadent , 
inégal,  6c  peu  concerté,  qu'elle  approche  fort  de  la 
folie.  PoMEV.  îpT  Ce  mot  vient  du  Latin  inCcry  & 
cadcrc.  Intercadent ,  qui  tombe  entre  deux. 
INTERCADENCE,  f.  i.  Se  dit  aulH  en  Médecine 
dans  le  même  fens  qu'on  dit  intercadent ,  du  pouls 
dont  les  battemens  font  tantôt  plus  forts  ,  tantôt  plus 
foiblcs  ,  fe  font  fentir  ,  &c  dliparoilTcnt  alternative- 
ment. V intercadence  du  pouls  de  ce  malade  ne  pro- 
noftique  rien  de  bon.  Voilà  une  grande  intercadence 
de  pouls. 

On  fait  fignilîer  à  ce  terme  plufieurs  chofes  difFc- 
rentes  ,  comme  inégalité  d'humeur ,  Laulle  démarche, 
révolution  fàcheufe ,  &  autres  irrégularités.  Le  Duc 
de  Grammont  reprochoit  à  Madame  fon  époule  les 
intercadences  de  Ion  humeur.  Mad.  du  Noyhr, 
Lettre  sj- 
LTntercadence  de  la  Fortune  -,  pour  dire  ,  la  vicillî- 
tude  ,  l'inconltancc  de  la  loitune.  Perlonne  n'eft  à 
l'abri  de  V intercadence  de  la  Fortune.  Les  Condés  , 
les  Turenncs  ont  éprouvé  \' intercadence  de  la  For- 
tune. Mad.  du  Noyer,  Lettre  /j».  Ce  terme  ex- 
prime bien  les  contrariétés  &  fàullcs  démarches, 
mais  il  n'efl:  pas  aduellement  du  bel  ulage. 
INTERCALAIRE,  .idj.  m.  &c  {.  Qui  eft  niléré  dans  un 
autre.  Intercalaris.  |KF  Un  nombre  intercalaire  eft 
un  nombre  que  l'oji  insère  périodiquement  entre  deux 
autres.  Le  29^.  jour  du  mois  de  Février  ,  par  exem- 
ple ,  eft  un  jour  intercalaire  ,  parce  que  chaque  qua- 
trième année,  on  ajoute  un  jour  à  ce  mois  ,  qui  pour 
l'ordinaire  n'en  a  que  iS  ,  ce  qui  forme  l'année  biilex- 
tile ,  à  caule  des  6  heures  moir.s  1 1  minutes ,  que 
Je  foleil  emploie  à  faire  fon  cours  au-delà  de  36/ 
jours  qui  compofent  les  années  ordinaires.  En  1  an- 
née 1 700 ,  il  n'y  eut  point  de  jour  intercalaire  ,  à 
caufe  des  1 1  minutes  qui  manquent  aux  lix  heures  qui 
qui  font  au-delà  de  56/  jours ,  &  qui  avoient  fait  une 
erreur  de  dix  jours  depuis  le  Concile  de  Nicée  julqu'a 
Grégoire  XIII.  Voyei  Calendrier.  On  appelle  lune 
intercalaire  la  treizième  lune  qui  fe  trouve  dans  une 
année  de  trois  ans  en  trois  ans.  Ac.  Fr.  Il  y  a  dans  les 
Anciens  Poètes  des  vcïs  intercalaires  -,  àdins  les  anciens 
Auteurs  des  pallages  intercalaires  &  apocryphes,  qui 
y  ont  été  ajoutés  &  inicrés ,  c'cft:  ce  que  les  Grecs 
appellent  ,>-foAiii«,<jc.  Ces  fortes  de  pallages  apocryphes 
s'appellent  plutôt  interpoles  que  intercalaires.  Voyez 
Interpoles  &  Interpolations.  On  appelle  encore 
aujourd'hui  vers  intercalaires  le  refrain  du  Chant- 
Royal  &  de  la  Balade.  Dans  les  Rondeaux  redou- 
blés l'intercalaire  étoit  toujours  varié  ,  car  il  étoit 
compolé  de  iix  quatrains,  &:  il  falloit  que  les  qua 
tre  vers  du  premier  terminalFent  par  ordre  les  quatre 
fiances  fuivantcs  ,  chacun  la  fienne  par  forme  d'in- 
tercalaire ,  &  le  refrain  n'étoir  placé  qu'à  la  fin  de 
la  dernière.  Aujourd'hui  perfonne  ne  va  guère  fe  pei- 
ner à  cela.  P.  MouRGUEs. 

Ce  mot  Se  celui  qui  fuit  ,  viennent  du  Latin  in- 
tercalaris ,  intercalare  ,  intercalatio.  Calo  ,  calare  , 
fignifioient  anciennement ,  appeler  en  hauffant  la  voix. 
Un  jour  intercalaire  eft  un  jour  qui  eft  mis  entre 
deux  aunes,  lequel  pour  ce  (ujet  étoit  publié  à  haute 
voix.  C'étoient  les  Pontifes  qui  faifoient  cette  céré- 
monie. 

ifT  Ces  fortes  d'intercalations  étoient  néceflaires ,  à 
caufe  du  peu  d'accord  de  l'année  Romaine  ,  avec 
l'année  iolaire.  La  négligence  des  Prêtres  à  faire  ces 
intercalations  obligea  Céfar  à  réformer  le  Calen- 
drier. 

INTERCALATION.  f.  f.  Adion  par  laquelle  on  in- 
scre  une  chofe  dans  un  autre.  Intercalatio.  Il  ne  fe 
dit  guère  qu'en  ces  phrafes.  L'intercalation  d'un  jour 
dans  l'année  biflextile  ,  fe  fait  le  14  du  mois  de 
Février  ,  que  les  Romains  appeioient  fexto  Calen- 
das  Martias.^  Numa  Pompilius  ordonna  que  pour 
faire  convenir  fou  année  avec   l'année  folaire,  de 


I  N  T  107 

deux  ans  en  deux  ans ,  on  ajoutcroit  un  mois  qui 
avoit  alternativement  iz  6c  25  jours,  &  cette  in~ 
tercalaxion  le  faifoit  entre  le  23  &  24  Février.  Des- 
places. 

INTERCALER,  v.  a.  Inférer  une  chofe  dans  une  autre  , 
fe  dit  particulièrement  du  jour  ^CJ'  qu'o«  ajoute  de 
quatre  ans  en  quatre  ans  au  mois  de  Février  ,  afin 
que  la  manière  de  compter  cadre  plus  exadtement 
avec  le  mouvement  du  Soleil.  Dans  les  années  bit 
Icxtiles  on  intercale  un  jour.  Intercalere. 

ifj'  Intercalé  ,  ée.  part. 

INTERCÉDER,  v.  n.  Prier  pour  quelqu'un  ,  em- 
ployer fa  faveur  pour  lui  procurer  quelque  grâce, 
quelque  avantage  ,  ou  pour  le  garantir  de  quelque 
mal.  Orare  ,  ohfecrare  ,  alicui  fe  intermittere.  Les 
Bienheureux  intercèdent  pour  les  honnncs.  Tous 
les  amis  ont  intercède  pour  le  faire  revenir  à  la  Cour. 

INTERCEPTÉE,  adj.  f.  On  foufentend  ligne.  Terme 
de   Géométrie.  C'eft  la  même   chofe  qu'AbfilTe. 

INTERCEPTER,  v.  a.  Surprendre  quelque  lettre ,  ou 
paquet  d'im  ennemi  ,  par  où  l'on  découvre  fes  def- 
leins  ,  en  général  furprendre  une  chofe  en  allant 
à  fi  deftination.  Intercipere.  On  fait  maintenant 
l'art  de  déchiftrer  les  lettres  qui  ont  été  interceptées  , 
que  les  Anciens  ont  ignoré. 

1^  Larrey  a  employé  ce  terme  dans  une  acception 
particuhère,  mais  pourtant  analogue,  pour  dire, 
interrompre  le  cours  direél  d'une  chofe.  Le  Soleil 
fe  couvrit  de  nuages  qui  interceptèrent  fes  rayons. 
Du  Latin  ,  intercipere.  On  peut  s'en  fervir  comme 
d'un  terme  didactique  ,  de  même  qu'on  dit  inter- 
ception. 

Intercepté  ,  ée.  part. 

INTERCEPTION,  f.  f.  Surprife  ,  arrêt  d'une  le-tre  , 
ou  d'un  paquet.  Interceptio.  On  a  découvert  le  fecrcc 
de  vos  intrigues  par  l'interception  de  vos  lettres. 

Interception.  Terme  didadtique  ,  qui  fe  dit  en  par- 
lant de  quelque  chofe  ,  dont  le  cours  direél  eft  inter- 
rompu. Interception  des  efprits.  Interception  des 
rayons.  Acad.  Fr. 

INTERCESSEUR,  f.  m.  Celui  qui  prie  ,  qui  intercède. 
Dcprecatùr.  L'Églife  enfeigne  qu'on  peut  prier  les 
Saints  d'être  nos  intercejfeurs  auprès  de  Dieu.  Il  eft 
lintercejjeur  des  Mufes  affligées  auprès  des  favoris 
de  la  tortune. 

Dans  le  Droit  Romain  ,  InterceJJeur  fignifîe  autre 
ohofe.  C  eft  le  nom  d'un  Officier  que  les  Gouver- 
neurs de  Provinces  donnoient ,  ou  envoyoient  prin- 
cipalement pour  lever  les  deniers  du  Fifo  ,  &  exi- 
ger les  corvées  qui  étoient  dues,  f^oye^  la  troilîème 
loi  du  Code  Théodolien  de  Pignorib.  &  le  Commen- 
taire de  Godefroi  fur  cette  loi. 

On  appeloit  autrefois  Intercejfeurs  les  Évêques  qui 
pendant  la  vacance  d'un  fiégc  adminiftroient  l'Évê- 
ché  jufqu'à  ce  qu'on  eût  élu  un  lucceifeur  à  l'Évêquc 
mort.  C'étoit  ce  qu'on  appeleroit  aujourd  hui  admi- 
niftrateur.  Le  Concile  V^  de  Carthage  les  appelle 
Interventeurs  ,  Can.  8  ,  s'il  eft  permis  de  fe  fervir  de 
ce  terme. 

Quelques-uns  croient  qu'on  les  appelloic  ainfî , 
parce  qu'ils  prenoient  poireiîion  de  l'Évêché  &  de 
fon  revenu ,  &  qa'interceffor  en  Latin  lignifie  celui 
qui  le  rend  maître  ,  qui  prend  poiTelîion  d'un  bien  ; 
êiliSox'i  rts  tv/sM  :  mais  lans  tant  rafiner ,  il  femblc 
qu'ils  forent  ainfi  nommés ,  parce  que  intercedebant „ 
ils  étoient  entre  l'Evêque  mort  &  fon  fuccelTeur. 
C'eft  pour  cela  que  dans  les  Canons  de  l'Égliie  d'A' 
frique  ,  can.  y 4  ;  ils  font  appelés  en  Grec  "'1"'  "• 

INTERCESSION,  f.  f.  Du  Latin  intercejfus.^  Média- 
tion ,  prière  ,  attion  par  laquelle  on  intercède.  De- 
precatio.  Il  a  obtenu  une  telle  grâce  par  l'intercejfon 
d'un  tel  Seigneur  qui  eft  fon  patron.  Ce  confente- 
ment  ii  général  de  tous  ceux  qui  fervent  Jésus- 
Chris  t  ,  fur  l'interceffion  de  la  Vierge ,  doit  fermer 
la  bouche  à  tous  ceux  qui  ont  l'audace  de  s'élever 
contre  une  créance  li  lainte  &  (i  établie.  Ab.  de 
La  tr. 

^CFLe  mot  Latin  interccjfio,  chez  les  Romains,  lîgni- 
fioit  précifcment  le  contraire  dç  notre  mot  François 


so8  1  N  T 

■  iiicercejjion  y  Se  marquait  roppofition  des  Tribuns 
aux  propolitions  faites  par  le  Sénat  ou  p;u:  d'autres 
Magillrats ,  en  mettant  leulement  au  bas  du  décret 
ie  mot  f^cco.   Je  rempeciie. 

INTERCIDONE.  1".  f.  l'erme  de  Mythologie.  Nom 
d'une  divinité  des  Romains ,  Décile  qui  prenoit  loin 
de  conferver  les  femmes  pendant  leur  groUclle.  Jn 
tercidona.  C  etoit  une  Déelle  des  forets.  Les  Anciens 
.  croient  que  cette  Déelle  ,  avec  Pilummis  &  Dé- 
"verra  ,  confervoient  les  femmes  grolles,  &  les  ds- 
fendoient  des  infulces  du  dieu  Sylvain. 

Ce  nom  vient  du  Latin  intcrcido ,  Je  coiupe  ,  Se 
cette  Déclic  étoit  ainll  appelée  ,  dit-on  ,  ab  inter- 
■cïjlonc  fccuris  ,  peut-être  aulli  de  la  coupe  des 
bois. 

INTERCIS.  adj.  m.  Surnom  d'homme.  Intercifas.  S. 
Jacques  X'Intercis,  Martyr  en  Perle  au  V^  iiècle  ,  a 
été  ainll  furnommé  par  les  Latins,  &  p.ir  les  Grecs 
E-cmeliJh  ,  du  genre  de  .(upplice  Auquel  il  tut  con- 
flamné ,  &  parce  qu'on  lui  coupa  les  bras ,  &  puis 
les  pies  peu  à  peu ,  &  morceaux  à  morceaux  ,  pour 
le  faire  louftrir  davantage  ,  commençant  aux  extré- 
mités des  doigts  ,  &  continuant  par  intervalles  juf- 
qu'aux  épaules  ,  pour  les  bras ,  &  jusqu'aux  tronc 
au  corps  pour  les  pies. 

INTERCOSTAL  ,  ALE,  adj.  Terme  d'Anatomie. 
Ce  qui  eft  entre  les  côtes.  Intcrcojlalis.  Il  y  a  deux 
nerfs  intercoJlauK  ,  un  de  cliaque  côté  ,  qui  font  ainlî 
•  appelés,  parce  qu'en  defcendant  ils  pallent  pr/:s  les 
racines  des  côtes.  Ils  l'ont  formés  dans  le  cerveau 
par  trois  rameaux  de  nerts  ,  dont  deux  viennent  de 
la  lixième  paire  ,  &  l'autre  de  la  cinquième.  Les 
nerfs  intercojlaux  ont  une  grande  communication 
avec  ceux  de  la  huitième  paire  ,  &  fournillèm  beau- 
coup de  branches  à  la  poitrine ,  Se  à  tout  le  bas- 
ventre.  Il  y  a  aulîl  deux  artères  intercofiaUs  ,  la 
fupéricure  ,  qui  vient  de  la  fouclavière  ,  Se  qui  fe 
diîlribue  dans  les  quatre  elpaces  des  côtes  lupérieu- 
res  ;  Se  l'Inférieure  qui  vient  du  tronc  inférieur  de 
la  grolfc  artère j  &  qui  fe  répand  dans  ks  elpaces  des 
huit  côtes  inférieures ,  &  dans  les  mulcles  voifins. 
Il  y  a  une  veine  qu'on  appelle  ïntercojlale  ,  qui  vient 
des  quatre  efpaces  des  côtes  fupérieurcs  ,  Se  qui  fe 
xerinine  à  la  fouclavière.  On  nomme  encore  mufclcs 
Imercojîaux  ,  ceux  qui  occupent  les  elpaces  qui  lont 
entre  les  côtes  :  il  y  en  a  quarante  quatre  j  vingt- 
deux  de  ch.ique  côté  ,  lavoir  ,  onze  internes ,  & 
autant   d'externes. 

INTERCURREÎ^JT  ,  ENTE.  adj.  m.  Se  f.  Intercur- 
rcns.  Eièvre  intercurrente.  Outre  les  fièvres  ftation- 
naires  dominantes,  il  y  en  a  d'autres  qui  font  tîn- 
tôt  plus  ,  tantôt  moins  violentes  ,  mais  qui  le  mê- 
lant avec  toutes  les  elpèces  de  fièvres  llationnaires , 
.&  avec  chaque  clpèce  des  autres  fièvres  indillindte- 
ment ,  Se  dans  la  même  année  ,  peuvent  être  ap- 
pelées fièvres  intercurrentes.  Telles  font  la  fièvre 
pourpreufe,  la  pleurélie  ,  la  faulle  péripncumoniCj 
.le  rhumatilme  j  la  fièvre  crélipélatcufc  ,  l'elquinan- 
cie ,  &  peut-être  beaucoup  d'autres.  l^oye\  le  Dict. 
de  James.  On  appelle  pouls  intercurrent  ,  un  pouls 
inégal  qui  biceiure  deux  pallations  ,  dansle  temps  que 
l'artcfe  devroit  être  en  repos  ou  relâchée.  Il  ne  pa- 
roît  point  différent  de  l'intercade/it.  Ce  mot  vient  du 
verbe  Latin  Intercurro ,  Je  cours  .entre  deux.  Col. 

DE    ViLLARS. 

2NTERCURSI0N.  f.  f.Ce  mot  fe  trouve  dans  iHif 
toire  du  marquis  de  Saint-André  Monbrun  ,  en  par- 
lant des  courks  ,  des  incurlions  que  ks  ennemis 
font  de  temps  en  temps  dans  .an  pays.  Intercurfus. 
Le  marquis  de  Saint-André  avoit  défendu  le  Man- 
touan  Se  le  Montferrat  pendant  toutes  les  guerres 
d'Italie  ,  des  intercurjlons  des  Efpagnols  &  des  Fran- 
çois. On  dit  plutôt  incurjlons.  Mais  ces  deux  mots 
jie  font  point  fynonymes. 

îNTERCUTANÉE.  adj.  m.  Se  f.  Qui  eft  entre  ia 
chair  Se  la  peau.  Quod  ejl  carnem  inter  &  cutem  , 
intercus  ,  intercutis.  Aqua  intercus.  M.  Buffon  ,  de 
l'Académie  des  Sciences  ,  a  employé  ce  terme.  Il 
faur  l'écrire    avec. deux  e  à  la  fin,   même  au  maf- 


ï  N  T 


culin  :  Vcy.  la  remarque  fur  le  mot  Inflantame. 

INTERDICl  ION.  f.  f.  InterduTio.  |p"  C'elf  en  général 
une  défenfe  de  faire  quelque  chofe.  Vinterdiclion 
d'un  Officier  eft  la  f  ufpenlion  de  fes  fonctions.  C'eft 
la  detenle  faite  à  un  Officier  par  icntence  ou  par  ar- 
rêt de  taire  aucune  fonêfion  de  fa  charge.  Il  y  a  une 
interdiclwn  de  droit ,  qui  eft  une  fuite  d'un  décret  de 
prife  de  corps  ou  d'un  ajournement  perfonnel.  On 
dit  aulli  l'interdicîion  d'une  compagnie ,  la  défenfe- 
Laite  a  une  Cour  de  juger. 

IJO'  En  parlant  des  Officiers  de  Juftice  ,  on  dit  interdic- 
tion j  en  parlant  des  choies  Saintes  ,  Interdit. 

^C3"  Interdiction  ,  fe  dit  encore  relativement  au  ma^ 
inment  des  aftaires  ^  &:  au  commerce.  Interdiciion 
d'un  prodigue  ,  d'un  vieillard ,  d'un  furieux  ,  ^c. 
C'elf  la  défenfe  qui  eft  faite  par  Juftice  de  contrac- 
ter, de  difpofer  de  fon  bien.  Les  interdits  ne  peu- 
vent procéder  en  Juftice ,  qu'ils  n'aient  fait  lever  ï  in- 
terdiciion. 

^^L'interdiction  du  commerce  -,  c'eft  une  défenfe 
faite  par  le  Souverain  de  faire  le  commerce  avec 
telle  ou  telle  nation  ,  pour  des  raifons  particulières. 
Il  y  a  interdiciion  de  commerce  pendant  la  guerre  , 
à  moins  qu'il  n'y  ait  une  trêve  marchande,  f^oy-ei 
ce  mot. 

1/^  Interdiction  du  feu  Se  de  l'ean.  Formule  de 
condamnation  chez  ks  Romains.  En  ordonnant 
de  réfuter  au  criminel  le  feu  Se  l'eau  ,  on  ne  le 
condamnoit  pas  direclemerrt  au  banillement  j  mais 
à  une  elpèce  de  mort  civile.  P^oy.  Bannissement. 

lî-CF  Interdiction  ,  pour  trouble  ,  étonnement  ,  ne 
fe  dit  point  ,  quoiqu'on  dite  un  homme  interdit^ 
Se  interdire  quelqu'un. 

INTERDIRE,  v.  a.  Défendre  quelque  chofe.  Interdi- 
cere.  Il  le  conjugue  ainii  :  j'interdis  ,  ta  interdis ,  il 
interdit ,  nous  interdifons  ,  vous  interdifei ,  (  Se  non 
pas_  vous  interdites  ) ,  ils  interdifent.  J'ai  interdit. 
Jufque  là  il  n'y  a  p.as  de  difficulté  ;  mais  la  queffion 
eft  de  favoir  fi  au  prétérit  indéfini  ,  il  faut  dire, 
i'interdijis ,  ou  ]' interdis.  Richekt  eff  pour  le  pce- 
mier  ;  Ménage  eft  pour  le  dernier ,  &  c'ell:  conftam- 
ment  le  meilleur.  Réf.  Théodofe  interdit  les  fêtes 
payennes ,  (.Sj  fit  dépouiller  tous  les  temples.  FlÉch. 
Il  les  interdit  tous,  &  fulmina  une  fentence  d'ex- 
communication. BouH.  On  ninterdit  tout  commerce 
avec  les  étrangers ,  à  caufê  de  la  guerre  ,  de  la  pefte. 
C'etoit  un  genre  de  punition  chez  les  Romains, 
d'interdire  le  feu  Se  l'eau.  Ce  jaloux  a  interdit  .l'en- 
trée de  la  maifon  à  tousks  jeunes  gens.  Les  Médecins 
interdifent  le  vin  à  tous  ks  malades  de  la  fièvre.  M, 
de  Lionne  fe  fert  d'interdijît  dans  une  lettre  qu'il 
écrit  à  la  Reine  de  Suéde.  Le  prétexte  ne  méritoit 
guère  ce  me  femble  qu'on  interdisît  aux  Marchands 
tout  commerce  avec  ks  François.  De  Lionne. 

Interdire  ,  fignifie  aulli  ,  fulpendre  des  Officiers  de 
la  fbnétion  de  leurs  charges ,  ou  des  emplois  de  leurs 
profelîions  ou  de  leur  caraètère  ,  tant  en  matière  |>ro- 
fane  que  fpirituelk.  Le  Parkment  a  interdit  un  tel 
Procureur  ,  un  tel  Juge.  Le  Préfidial  a  été  interdit 
par  arrêt  du  Confeil  d'enhaut  II  eft  venu  des  cen- 
lures  Eccléfiaftiques  qui  ont  interdit  ce  Chapitre, 
cette  .Eglife  ,  cette  ville  ;  qui  leur  ont  interdit  l'ulàge 
des  Sacremens.  On  a  interdit  la  Melk  à  ce  Prêtre. 
Autrefois  fur  la  feule  accufation  un  Officier  étoit 
interdit  de  plein  droit ,  mais  aujourd'hui  il  faut  une 
fentence  de  condamnation  ,  ou  un  ajournement  per- 
fonnel ,  ou  un  décret  de  prile  de  corps ,  pour  qu'ils 
foient  interdits. 

Interdire,  fignifie  aullî ,  Troubler  ,  ffTçnioTK  qu'on 
ne  tache  ni  ce  qu'on  dit ,  ni  ce  qu'on  fait.  Percellere, 
turbare.W  n'eft  guère  d'ufage  qu'au  participe  Se  dans 
ks   temps  qui  en   font    formés.    Le  voilà   tout  in- 
terdit ,  la  peur  l'a  interdit. 
Interdire  ,  en  termes  de  Juril'prudence  ,  fignifie  ,  Oter 
à  quelqu'un  le    maniement   de    fon  bien ,   comme 
on  tait  aux  fous ,  aux  furieux  ,  aux  prodigues ,  Sc  à 
ceux  qui  ne  font  pas  capables  de  gouverner  leurs 
flaires. 
§Cr  Interdire  le  feu  &  l'eau.  Formule  de  condamna- 
tion 


I  N  T 

tion  chez  Les  Romains  ,  quand  ils  b;inni!roi'jnt 
quelqu'un.  Aquù  &  igiie  initrdici.  S'ctrc  rcti'ank;hc  di 
la  fociécé  civûc.  Oidonncr  ds  rcfulci'  le  k'U  oc  l'eau 
à  quelqu'un,  c'étoit  le  nietcic  dans  la  nécelllté  d'en 
aller  chercher  ailleurs,  le  bannir.  C'eil  ce  qu'on 
appelûi:  kf^uimiim  cx'dium. 

Interdit  ,iTE.  part.  \J\\ii  marchandife  imcrJ'uc ,  c'ell- 
à-dire,  dcicndue.  ïntcrdLcius  ,  prohib'uus. 

ïJCTInterdit  j  ell:  aufli  celui  auquel  le  Juge  a  faic  dé 
fl'iifè  de  l'aire  les  touchons  de  la  charge ,  ou  qui  eii: 
Literdit  de  droit  a  caule  d'un  décret  de  prile  de  corps , 
ou  d'un  ajournement  perfonnel.  On  le  dit  éi;alcment 
des  Eccléualhques  &  des  OlHciers  de  Juftice. 

ifJ'  Interdit  ,  eft  encore  celui  auquel  le  Joge  a  ôté 
l'adminiftration  de  les  biens  ,  pour  cauie  de  fureur  , 
imbécillité  ou  prodii^alité  ,  ix  à  qui,  en  conléquence  , 
il  a  créé  un  curateur  pour  gérer  fes  aftaiics  6c  avoir 
l'adminiftration  de  les  biens. 

Interdit  ,  fignifie  encore  Troublé  ,  déconcerté  ,  em 
barrallé.  Elle  rougit ,  &  parut  toute  intcrdïu  a  la  pré 
fence  de  la  rivale.  S.  Evr. 

INTERDIT,  f".  m.  Ccnfiire  eccléfiaftique  qui  fufpend 
les  Prêtres  de  leurs  lonctions  ,  &  c^ui  prive  le  peu- 
ple de  Tulage  des  Sacrcmens  &c  de  la  Sépulture 
Eccléhaftique  ,  du  Service  divin.  Interdiclio  ,  Inter 
diclum.  Ceux  qui  croient  que  l'uûge  de  Vlntcrd'n 
n'eft  pas  plus  ancien  que  le  Foiitihcat  d'Alexan 
drc  m  qui  fut  élu  Pape  en  1 1  jT?  ,  le  trompent 
m.aiiifeilcnient.  A  la  vérité ,  Graticn  n'en  Kiit  point 
mention  dans  fon  Décret  ;  mais  cette  cenfare  ett 
clairement  marquée  dans  la  cinquantième  iSc  la 
fbixante-deu.\ieme  lettres  d'Yves  de  Chartres  ,  mort 
en  II 14  ,  dans  h  troilième  &.  quatre-vingt-treizième 
lettres  de  S.  Fulbert ,  Évéque  de  Chartres  en  1007  j 
dans  le  Concile  de  Limoges  en  105  i  ou  1032,  dans 
Grégoire  de  Tours ,  Z.  nil ,  de  l'hilloire  de  Fran- 
ce, c.  ji ,  au  Livre  des  Miracles  des  Martyrs, 
c.  7_j?  &  au  Livre  de  la  Gloire  des  Confeflêurs  , 
c.  y  t. 

Interdit  ,  le  dit  proprement  d'une  excommunication 
générale  contre  une  province  ou  une  ville ,  comme 
on  voitdans  le  chapitre  17,  de  verb.Jlgn.sxiyi  Diicré- 
tales.  ^'oyer^  les  formules  de  Vhitcfdic  dans  du  Can- 
ge.  Il  y  a  un  interdit  local ,  Se  un  interdit  perfonnel. 
Si  l'un  &  l'autre  ell  joint ,  on  l'appelle  interdit  mixte. 
Cette  peine  eft  rare ,  &  peu  connue  dans  les  pre 
miers  liècleSj  aulll-bien  que  les  excommunications 
générales.^  Ce  n'eft  que  depuis  le  Pape  Grégoire  'Vli 
qu'on  a  Ibuvent  vu  des  excommunications  généra- 
les. Se  des  interdits  pour  les  crimes  des  Souverains. 
En  excommuniant  les  Princes,  l'on  excomm.unioit 
audî  leurs  fauteurs  &  adherens  ,  c'clL à-dire,  leurs 
fujcts  qui  demeuroient  dans  leur  obéiliance ,  ik  on 
mettoit  totitleur  pays  en  interdit ,  pour  exciter  ceux 
mêmes  qui  ne  tenoient  pas  pour  eux  ,  à  le  Ibulever. 
L'ulage  de  ces  interdits  devint  dans  la  fuite  très-fré 
qiicnt  ,  &  à  Texemple  des  Papes  ,  les  Evcques 
ufoicnt  aulll  de  ces  peines,  &  ils  mettoient  Ibuvent 
les  viUes  en  interdit  _,  pour  la  défobéillànce  de  quel- 
que Partlcuher  ,  dont  la  ville  ou  la  communauté 
prenoit  la  protection.  L  expérience  a  fait  voir  que 
ces  rigueurs  ,  qui  enveloppoient  les  innocens  .avec 
les  coupables  _,  nuilbient  a  la  Religion  ,  c^-  la  ren- 
doicnt  méprilablc.  Les  peuples  s'endurciiroicnt ,  Se 
ne  le  foucioient  plus  de  la  Religion j  c'eft  pourquoi 
l'on  a  été  obligé  de  modérer  cette  févérité.  L'inter- 
dit doit  être  prononcé  avec  les  mêmes  formalités  que 
l'excommunication.  V interdit  don  être  levé  de  mê- 
me. Les  P.apes  n'en  ufent  plus.  François  premier 
ordonna  à  l'Archevêque  de  Bourdeaux  de  lever  {in- 
terdit du  Pape ,  dont  il  avoit  été  l'exécuteur ,  con- 
tre les  Religieux  de  S.  François. 

On  ditj  jetter  Vinterditoa  un  interdit  fur  une  Ville  , 
fur  un  Royaume  ,  fur  une  Province.  Mettic  ta  in- 
terdit. Pubher  l'interdit ,  prononcer  interdit  ou  l'in- 
terdit. Garder  ou  obferver  Vintcrdu.  Lever  l'in- 
terdit. 
Interdit.  Terme  de  Droit.  Défcnfe  faite  par  le  Pré- 
teur. Interdiclum.  Il  y  avoit  trois  fortes  d'interdits 
Tome  V. 


I  N  T  209 

en  ufagc  parmi  les  Romains  ;  les  prohibitoiies ,  les 
lelfitutoires  ,  &  les  exhibitoires.  Prohihuoriu  ,  rejli- 
tutoriu  ik.  e.xhihitoria.  L.:s prohibitoires  ,  font  ceux  par 
Iclqujls  le  Juge  déh-nd  à  quelqu'un  de  vexer  un  autre 
dans  la  pollellion   d  un    bien  qui    lui    appartiendra 
légitimement.  Les   Rejlitutoires  ,  font  ceux  par  lef- 
qucls  le  Ju^e  ordonne  que  celui  qui  a  été  challé  de 
Ion  fonds  loit  rétabli  ,  avant  que  tie  faire  droit  fur 
la  propriété-,  Se  c'ell  ce  qu  on  appelle  R-intégrandc. 
Les  Exhibitoires ,  lont  ceux  par  lefquels  le  Juge  or- 
donne que  celui  qui  a  des  meubles  qui  lui  font  cou- 
teilés  ,  les  reprélente  ,  avant  auill  que  faire  droit  fur 
la  propriété.  Il  y  a  aulli   un  féconde   divilîon   d'/«- 
terdit  ,  Içavoir   AdipifcendA  ,  Rctinendit  ,    Recupe- 
randx   :  a  l'interdit  Adipi/cend<ie  icpoi.d  l'interdit  a.p- 
pek-  en  droit  quorum  bonorum  :  à  celui  de  Retinend^e 
repond  celui  d'Wti  pojjidetis  ,  &  Uti  ubi  ;  &  à  celui 
de  Recuperandî   répond   celui  d'Unde  vi  j  dont  on 
peu^  voir  l'explication  ,  Tit.  de  interdiclis  Inftit. 
INTERDIFS ,  ell  un  vieux  terme  de  Palais  qui  n'eft 
plus  en  ufage.  On  appcloit  autrefois  Interdits,   les 
écritures  qui   le  failbient  en  conféquence  d'un  ap- 
pointement  fur  faits  contraires  j  &  dont  on  oftroic 
de  taire  preuve.  Et  alors  les  parties  étoient  appoin- 
tées à  écrire  par  interdits ,   &  faits  contraires.  Cha- 
rondas  lur  le  Code  Henri,  Liv.  j  ,titjj.  Ce  terme 
ell  encore  en   ufage  au  Confcil  Provincial  d'Artois. 
INTERDOCO    ou   Antrodoco.  Bourg    du    Royaume 
de  Naples.^  Interocrea  ,  Interocrium.  Il  eft  dans  l'A- 
bruzze  ultérieure  ,  fur  le  Vélino  ,  entre  Aquila  & 
Riéti. 
INTERDUQUE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  ou 
furnom   que  les  anciens  Romains  donnoient  autre- 
fois à  Junon.  Interduca.  Junon  prélîdoit  aux  noces 
&  aux  mariages,  comme  on  le  lait  j  &  parce  qu'en 
cette    qualité   elle  étoit  cenfée  conduire  l'époufe  à 
Ion  époux  le  jour  des  noces,  on  l'appeloit  Interdu- 
que  ,  comme  qui  diroit  conduélrice. 
Ce  mot  vient  d'i/iterduco  ,  je  conduis. 
INTÉRESSANT  ,  ANTE.  adj.  verbal.  Qui  intérelTe. 
ifJ"  On  dit  un  homme  intérejfant.  Une  phylîonomie 
intérejjante.    Une   pièce    intérejfante.    Un    jeu  ,   un 
objet  intérejjant.  Un  événement  intérejfant.   Ainfi  ce 
terme  eft  quelquefois  relatif  au  mérite  &:  à  la  valeur , 
quelquefois    aux  événemens  ,  quelquefois  aux  fen- 
rimens  &  aux  pallions  que  les  choies  excitent.  Quel- 
ques uns  prétendent   que   dans  les  Opéra   la  danfc 
rompt  la  fuite   de  l'imprellion   que  peut  faire  une 
adrion  intérejfante,  Foyei  Intéresser. 
INTERESSER,  v.  a.   Engager  quelqu'un  par  fon  inté- 
rêt à  foutenir  ,  à  faire  quelque  airaire.  Conciliare , 
allicere  ,  jacere  fuuni.  On  a  corrompu  ce  Juge  ,  on 
l'a  intéreffé  par  plufieurs  préfents.  Les  gens  puillans 
font    louvcnt  intéreffés  fous  main   à  maintenir  un 
parti  ,  un  établillement. 
Intéresser  ,    lîgniHe    aullî    Engager  ,    attirer  à    fon 
parti  ,    rendre    quelqu'un  favorable  à  une  affaire, 
à  une  entreprife.^  Cette  République  a  intérelîé  tous 
les  Princes    voilîns   dans   fa  défeiife  ,    les    uns  par 
gloire  ,  les  autres  par  jaloulîe.  Vous  prétendez  inté- 
refj'er  ma  gloire  à  vous  lailler  périr.  Rac. 
IjCr  On  dit  qu'une  affaire  intérefe  toute  une  ville,  toute 
une  province,  poiir  dire  que  toute  la  ville,  toute 
la  province  y  a  intérêt. 
§C?  On  dit  encore  s'intérejfer  dans  une  entrcprife  ,  dans 

une  ferme  ,  y  prendre  part. 
Intéresser  ,  avec  le  pronom  perfonnel  ,  lîgnifie. 
Entrer  dans  les  intérêts  de  quelqu'un  ;  prendre  part 
à  quelque  chofe.  Curare.  De  bon  cœur  je  m'intéreffe 
dans  tous  vos  maux  Se  tous  vos  biens.  Volt.  Il  s'in- 
térejjbit  aux  affaires  de  l'État.  Abl.  Je  lens  que  mon 
cœur  s'intérefe  pour  vous.  Tous  les  Princes  s'inté- 
rejfent  dans  cette  guerre. 
«}Cr  Corneille  dans  Nicomcde  a  dit,  s'intérejfer  contre 
quelqu'un. 

Etjî  Rome  une  fois  contre  nous  j'intérelTe. 

sjC?  On  fe  ligue  ,  on  entreprend ,  on  agit ,  on  conf- 

Dd 


210  ■  I  N  T^ 

pire  contre  quelqu'un  ;  mais  on  s'ïntércjfc  pour 
îui.  On  peut  dite  ,  Rome  eft  uuérejjce  d.ins  un 
rmjtc  contre'  nous.  Contre  ,  tombe  alors  lur  le  tijitc. 
Cependant  M.  de  Volt.iire  croit  qu'on  peut  dire  en 
vers  s'uuérejje  contt'e  nous.  Celt  une  efpcce  d'eliipfc. 
Intéresser  ,  le  dit  .'Luîri  en  Morale  ,  pour  émouvoir  , 
toucher  de  quelque  pallîon.  Commovcrc  ,  ajjiccrc. 
Un  bon  Orateur  doit  intércjjer  les  Juges  ,  les  émou 
voir  à  colère  ,  a  conipafiion.  On  s'intdrejji:  dms  les 
Tpeftacles  j  dans  des  reprcfentations  hibuleulcs  , 
quand  l'Auteur  fait  bien  émouvoir  les  pallions.  Quand 
on  ne  s'intirejfe  à  rien  ,  Se  qu'on  n'a  ni  ambition  m 
amour ,  on  vit  dans  une  négligence  qui  rend  inca- 
pable d'aucuns  plailirs.  M.  ScuD.  Les  grandes  allem- 
blées  ennuient  prelque  toujours  :  on  n'y  parle  que 
de  chofes  générales  qui  n'intércjjent  perfonne.  Bell. 

f'^ouIe:^-vous  longtemps  plaire  ,  &  jamais  ne  lajfer? 
Faites  choix  d'un  héros  propre  à  ^'intéreller. 

BoiL. 

$0"  On  dit  que  le  gros  jeu  inte'reffe ,  pour  dire  qu'il 
pique  ,  qu'il  attache  ;  &  interejjer  le  jeu  ,  le  rendre 
plus  interellant  en  jouant  plus  gros  jeu. 

Intéresser,  fignilie  aulii  ,  1-orter  quelque  dcLwanra- 
ge ,  ou  quelque  préjudice  à  quelqu'un  ;  bleller  Tes 
intérêts.  Incommodare.  Cette  nouvelle  conllruCtion 
n'intcrcjfe  perloniie  ;  elle  ne  bielle  point  le  droit 
d'autrui.  Ethgurémcnt,  cela,  n  mcércjj'e  ni  mon  hon- 
neur ,   ni  ma  coniciencc. 

^CT  Intéressé,  Ée.  part.  Etre  intcrejfé  à  une  chofe ,  à 
faire  une  choie  ,  y  être  engagé  par  le  motiF  de 
Ion  intérêt.  Nous  iommes  tous  intérejjes  au  bon- 
heur, à  la  tranquillité  de  l'État. 

^3°  Un  homme  interejfé ,  eft  celui  qui  aime  le  gain , 
Se  ne  fait  rien  gratuitement,  ^d  rem  attentas  ,  corn- 
modorum  fuorum  fludiopjfimus.  L'homme  avare  eft 
celui  qui  aime  la  poUellion  ,  Se  ne  fait  aucun  uiige 
de  ce  qu'il  a.  L'avare  Te  prive  de  tout  ■■,  l'inte'rejfe 
ne  s'arrête  guère  à  ce  qui  ne  produit  rien.  Il  y  a 
des  perfonnes  qui  pour  être  inte'rejfées  n'en  font 
pas  moins  prodigues  ;  elles  donnent  librement  à 
leurs  plailirs  ce  que  l'avidité  du  gain  leur  a  fait  ac 
quérir.  Syn.  Fr. 

|f3"  On  le  dit  auilî  des  fentimens  Se  des  aftions. 
Amour  interejj'e.  'Vues  interejjecs.  Motif  interejfé. 
L'amour  des  Juits  pour  Dieu  n'ctoit  qu'une  crainte 
fervile  &  intérejfée. 

§Cr  Les  Myftiques  appellent  amour  intércjfé  ,  l'amour 
de  Dieu  qui  a  pour  objet  la  réLompcnfe  ex  la  béati- 
tude ,  parce  que  c'eft  un  amour  mercenaire  ,  Se  qui 
a  l'intérêt  propre  pour  motif"  principil. 

■  Ceux  qui  raiHnent  encore  plus  lur  l'amour  par- 
fait ,  appellent  amour  intércjjé  ,  celui  où  l'amour 
de  Dieu  prévaut ,  &  où  l'ame  ne  cherche  la  félicité 
propre  que  comme  un  moyen  (ubordonné  à  la  fin 
principale ,  qui  eft  la  p.loire  du  Créateur.  Le  motif 
même  de  notre  propre  excellence  ,  qui  le  mêle  à  l'a 
mour  interejj'e  ,  eft  ce  que  les  Myftiques  appellent 
popriece ,  avarice,  ambition  fpirituelle.  L'amour  en- 
tièrement delintérellé  doit  donc  être  j  dileiK  ils  ,  fans 
aucun  mélange  &  lans  aucun  motif  d'intérêt  propre. 
La  crainte  des  chltimens  ,  ni  le  defir  des  récompeiifes 

.  n'y  doivent  avoir  aucune  part.  L'amour  delintérellé 
implique  :  il  eft  impolîîblc  d'aimer  Dieu,  &:  de  ne 
pas  délirer  de  le  pollédcr.  Dans  cette  vie  il  faut 
toujours  propofer ,  même  aux  âmes  les  plus  parfai 
tes ,  des  motifs  intérejfés ,  pour  les  animer  ,  pour  les 
foutetiir. 

§C?  Intéressé  ,  Ée.  f.  celui  ou  celle  qui  a  intérêt  .à 
quelque  choie  •■,  qui  a  intérêt  dans  une  affaire  ,  dans 
une  enrreprife  ,  dans  une  fociété.  C'eft  la  même 
chofe  qu'alfocié.  On  appelle  i«rcTt;//;5  dans  les  Fer- 
mes du  Roi  ,  ceux  qui  ont  un  intérêt  dans  les  Sou 

■  -  fermes ,  Se  intérejjés  aux  Fermes-Générales ,  les  Fer 
miers  Généraux. 

On  dit  en  Juftice  ,  que  les  aftes  (ont  nuls,  ou 
défc(5hicux ,  quand  on  n'y  appelle  pas  tous  les  in- 
terejjes  ,  Gmncs   quorum   intcrcjl  ,  quorum  res  ejl , 


I  N  T 

tous  les  oppofms ,  tous  les  légitimes  contradideurs. 
Les  intérejjés  lui  avoient  remis  leurs  diilérends.  La 

ROCHEF. 

iNTiiRET.  f.  m.  Commodum  j  res.  §3°  Ce  terme  a  dans 
notre  langue  pluiieurs  acceptions  tout  à  fait  difté-  ■ 
rentes.  Dans  un  lens  ablolu  ^  c'eft  ce  penchant  qui 
nous  lait  chercher  nos  avantages  au  mépris  même 
de  la  juftice  &:  de  la  vertu.  C'eft  dans  ce  lens  qu'on  dit 
que  l'intérêt  eft  le  roi  de  la  terre.  Lorfque  ce  mot 
marque  un  rapport  à  une  perlonne  ,  à  une  fociété, 
à  un  Etat ,  &c.  c'eft  ce  qui  importe  ,  ce  qui  con- 
vient en  quelque  manière  que  ce  loit  à  la  perfonne  , 
à  la  fociété  ,  à  l'État ,  lans  examiner  ce  qui  con- 
vient aux  autres.  C'eft  ainli  que  l'on  dit  intérêt  per- 
lonnel ,  particulier  ,  public  ,  général.  Sacrifier  (es 
intérêts  au  bien  de  l'État.  Le  premier  de  nos  in- 
térêts ,  c'eft  notre  conlervation.  L'intérêt  marche 
toujours  le  premier.  Les  Philofophes  font  dé- 
tachés de  tous  les  intérêts  du  monde. 

Non  levis  am.ritio  ,  perfufaque  glorïa  fuco  , 
Magnarumque James follicuavit  opum.  Ovid. 

L'intérêt  parle  toutes  fortes  de  langages ,  &:  joue 
toutes  fortes  de  pcrlonnages  ,  même  celui  de  déhn- 
térell'é.  La  Roch.  Quelque  dilproportion  qu'il  y  ait 
entre  Dieu  ,  &  les  intérêts  du  monde  ,  on  ne  laiilc  pas 
de  préférer  tous  les  jours  ces  intérêts  ,  parce  qu'on 
les  fent  plus  vivement.  Nie.  L'intérêt  fait  du  plus 
fier&:  du  plus  orgueilleux,  un  adorateur.  Se  un  vil  * 
efclave  de  ceux  qui  lont  en  fortune.  M.  Esp.  Il  n'y 
a  guère  de  probité  à  l'épreuve  de  ['intérêt ,  lur-tout 
lorfqu'on  eft  né  dans  l'indigence.  Bell.  Il  n'y  a  rien 
de  moins  raifonnable  que  de  prendre  notre  intérêt 
pour  motif  de  croire  une  choie.  Il  devroit  tout  au 
plus  nous  porter  à  conhdérer  avec  plus  d'attention 
les  raifons  qui  nous  peuvent  faire  découvrir  la  vérité 
de  ce  que  nous  délirons  être  vrai.  Loc.  L'intérêt 
fait  pour  l'ordinaire  tous  les  mariages  ,  plutôt  que 
la  raifon  ,  ni  l'amour.  M.  Scud.  Notre  i/zf«'rê/ par- 
ticulier va  toujours  devant  l'intérêt  général ,  Se  ces 
zélés  pour  la  patrie  ne  le  lont  bien  louvent  que  pour 
leur  propre  bien.  Id.  Chacun  conlulte  toujours 
Ion  propre  intérêt  quand  il  s'agit  de  celui  d'autrui. 
"Vaug.  L'intérêt  eft  la  véritable  caule  des  aftliclions 
vives  Se  fenlîbles.  M.  Esp.  C'eft  l'intérêt  feul  qui 
nous  fait  agir  ,  dans  les  chofes  mêmes  où  nous  pa- 
roiilons  les  moins  intérellés.  S.  Evr.  Quand  tu  con- 
ferverois  ta  vertu  ,  ceux  qui  approcheront  de  toi 
perdront  la  leur.  La  flaterie  prendra  la  place  de  la 
vérité  ,  l  intérêt  celle  de  l'aftedion  ^  dont  il  eft  le 
poifon  &  le  venin.  Nous  parlons  l'un  à  l'autre  à 
cœur  ouvert,  mais  nos  Courtilans  ne  parlent  pas  tant 
à  nous  qu'à  notre  fortune.  D'Ablanc.  hiji.  de  Tac. 
L.   i. 

Méprifakle  intérêt  j  opprobre  de  nos  jours  , 
Tyran  des  plus  tendres  amours. 
Souffrirons  -  nous  toujours  ta  puiffance  fatale  ? 

La  Font. 

Souvent  nous  trahijfons  nos  plus  chers  intérêts  , 
En  fatiguant  le  Ciel  par  des  vœux  indifcrets.  Qui. 

Perfonne  n'eft  reçu  à  plaider  fans  intérêt.  On  re- 
çoit les  intervenans  en  une  caule  pour  y  déduire 
leurs  intérêts.  On  lui  a  tait  des  offres  qui  le  met- 
tent hors  d'intérêt ,  qui  font  qu'il  ne  peut  recevoir 
aucun  préjudice. 
Intérêt  ,  le  dit  plus  généralement  de  tout  ce  qui  re- 
garde le  bien  ,  la  gloire,  le  repos,  l'.avantase  ,  tant 
de  l'État  ,  que  des  particuliers.  C'eft  entre  les 
mains  des  Gens  du  Roi  que  réhde  l'intérêt  public  j 
c'eft-à  dire  ,  la  vengeance  publique  ,  l'intérêt  de 
l'Églife  J  des  Communautés,  des  Mineurs.  Les  Am- 
ballàdeurs  doivent  bien  connoïtre  les  intérêts  des 
Princes  ;  leur  principal  intérêt  c'eft  d'empêcher 
ragrandllfcmcnt  de  leurs  voilms.  Chaque  particu- 
lier 3.  intérêt  ï  11  gloire  de  fa  nation,  a  intérêt  ï  la 


I  N  T 

fureté  publique  ,  à  lobll-rvation  de  l.i  police.  Rien 
n-cftplus  puiUiiiit  lui  rclpnt  des  femmes  que  Vuitcnc 
de  leur  beauté  &  de  leuis  app.is.  i).  iivu. 
iNTÉRÉr  ,  f.'dJtaulli  de  l.i  part  qu'on  prend  en  quel 
que  cbolc  ,  &c  au  bieii  ou  mal  de  quelqu  un  ;  de  la 
protcdion  qu'on  lui  donne.  Je  prends  part  ,  je 
prends  incerà  à  tout  ce  qui  vous  touche.  J'ai  mis 
dans  mes  biuWcs  tous  les  lioimcres  gens.  Ce  Pnnce 
a  pris  ï'uucrà  ,  la  protcclion  de  fes  alliés.  Ce  pa- 
rent entre  bien  dans  tous  les  inicràs  de  la  lamille. 

De  /'intérêt  du  ciel  pourquoi  vous  charnel  vous  ? 
Pour  punir  U  coupable  a  t  il  bejhin  de  nous  ?  Mol. 

Qui  doit  prendre  ù  vos  jours  plus  ^''intérêt  que  moi  ? 
^  Kac. 

iNTÉRÊr  ,  fignifie  quelquefois  en  Morale  ,  Pairion. 
Un  Jut;e,  un  médiateur  ,  doivent  être  (ans  incéret , 
fans  p.inioii.  Il  y  a  des  incertts  damoui  ,  de  haine  , 
de  vengeance. 

On  dit  d'une  pièce  de  théâtre  qui  attache  ,  qui  in- 
téreflè  le,  fpedateur  par  les  fituations  &  par  les  len- 

^  timens  ,  qu'il  y  a  beaucoup  ô^intérà.  \\  y  a  des 
pièces  bien  verllfiees  qui  tombent  par  le  défaut  à'in- 
téret.  ÀcAD.  Fr. 

IP"  Intérêt  ,  fe  dit  quelquefois  abfoluir.cnt  de  ce 
qui  concerne  la  feule  utilité.  On  dit  qu'un  homme 
eft  au-delfus  de  l'intérêt  ;  que  l'intérêt  eft  la  pierre 
de  touche  de  l'amitié  ;  qu'un  honnête  homme  ne 
tait  rien  par  intérêt.  , 

Intérêt  ,  lignilie-  aullî  l'accipiirement  du  fort  princi-  j 
pal ,  qui  fe  hiit  par  la  femme  que  paye  le  débiteur  j 
pour  l'ufage  de  la  fomme   engagée  ■■,  ou  la  fomme  | 
qu'on  paye  chaque  année  à  celui  dont  on  a  pris  de  | 
l'argent ,  pour  le  dédommager  du  profit ,  ou  du  re- 
venu qu'il  en  auroit  tiré  ,  s'il  l'avoit  mis  en  fonds  j 
d'héritages;  ou  dans  le  négoce.  Fœnus  ,  ufurA  pecu-  j 
.niaris.  Les  intérêts  ne  font  licites  que  quand  on  les  ' 
paye  au   taux   du   Roi  fixé  par   l'Ordonnance.   Les  ! 
intérêts  en  Normandie  ont  été  autrefois  fixés  au  de-  i 
nier  14.  Les  anciennes  rentes  étoient  au  denier  16,  | 
on  les  a  réduites  au  denier  18  en  1 6  3  4  ,  &  depuis  au  | 
denier   20  ,  c'elf- à-dire  ,   à  cinq  pour  cent  chaque  j 
année.   On  ne  peut  Ifipuler  les  intérêts  d'un  argent 
prêté  par  un  limple  billet ,  ou  obligation.  Les  intérêts 
ufuraires  doivent  être  imputés  fur  le  principal.  On 
adjuge  les  intérêts  en  Julbce  du  jour  de  la  demande  , 
depuis  qu'on  ell  en  demeure  de  payer.  Un  tuteur  eft 
comptable  à  fes  mineurs  des  intérêts  d'intérêts  ;  hors 
ce    cas   les    intérêts  ne   portent    jamais     d'intérêts. 

^CTLes  fruits  que  produit  l'argent  ,  lont  appelés  in- 
térêts ,  quand  il  n'y  a  point  d'aliénation  du  londs  ;  ou 
arerages  ,  quand  le  fonds  eif  aliéné  ;  ce  qui  fe  fait  par 
un  contrat  de  conftitution. 

§3"  Les  intérêts  qui  proviennent  d'une  caufe  qui  n'en 
doit  point  produire ,  font  ufuraires  j  &  par  confé- 
quent  défendus  parmi   nous. 

fO"  Le  mot  d'ujure  dans  le  droit  Romain  a  le  même 
fens  que  le  mot  d'intérêt  chez  nous.  Mais  en  France 
nous  ne  prenons  le  mot  d'ulure  que  dans  un  fens 
odieux,  f^oye-^  Usure. 

Intérêts  lunaires.  On  nomme  ainfidans  les  Échel 
les  du  Levant ,  les  intérêts  ufuraires  que  les  Juits 
exijcnt  des  Nations  Chrétiennes  qui  ont  beloin 
de  leur  argent ,  foit  pour  leur  commerce,  foi't  pour 
p.ayer  les  avanies  que  les  Officiers  Turcs  de  ces  Échel- 
les ne  leur  font  que  trop  fouvent.  On  les  appelle 
Lunaires  ,  parce  qu'ils  fe  payent  à  tant  pour  cent  par 
Lune ,  &  que  les  mois  des  Turcs  ne  font  pas  lolai- 
res  comme  ceux  des  Chrétiens  j  ce  qui  en  augmente 
encore  l'intérêt  de  plus  d'un  tiers. 

Intérêts  Civils.  IJ^  On  appelle  ainfi  les  fommes  qui 
lont  adjugées  à  la  partie  civile  ,  qui  a  pouriuivi  la 
vengeance  de  la  mort  d'un  de  (es  proches  pour 
tenir  lieu  de  dédommagement  de  la  perte  qu'il  a 
faite.  Si  la  femme  &  les  enfans  pourluivent  con- 
jointement J  on  leur  adjuge  également  les  intérêts 
civils.  Voy.  Brodeau.  Quand  une  partie  a  tranfigé 
pour  les  intérêts  civils  ,  on  ne  lui  en  adjuge  point. 
Tome  V. 


INT  211 

On  peut  demander  l'intérêt  civil  même  après  vingt 
ans  que  le  crime  a  été  commis  ,  quoiqu'il  leprefcrive 
par  cet  cipatc  de  temps.  L'intérêt  civil  ne  peut  être 
deiiiandé  après  que  le  procès  elt  jugé  ,  Se  1  arrêt  exé- 
cuté 3  il  on  ne  la  pas  demandé  pendant  le  cours  du 
procès.  Les  intérêts  civils  le  prennent  fur  le  bien  de 
celui  qui  ell  condamné prétérabicment  à  l'airendcqui 
elldikau  Roi. 

On  appelle  aulIi  intérêts  civils  ,  ceux  qui  tiennent 
lieu  de  dédommagement  d'un  tort ,  ou  d'une  in- 
jure cjui  nous  a  été  injullemcnt  faite.  On  adjuge  des 
intercts  civils  a  ceux  qui  ont  (ouiicrt  quelque  dom- 
mage dans  leurs  biens  par  la  faute  ou  la  malice  des 
autres,  qui  ont  reçu  quelque  injure,  qu'on  empêche 
d'exercer  leur  charge  ,  qui  lont  emprilunnés  fans 
caule  légitime. 

On  dit  proverbialement  que  l'intérêt  nous  aveugle  ; 
que  chacun  ell  aveugle  dans  (es  intérêts;  pour  dire 
que  notre  amour-propre  nous  Hatte  ,  ne  nous  fait  pas 
cunnoitte  nosdél-auts,  le  foible  de  notre  caufe.  C'eft 
ce  que  Térence  exprime  .admirablement  bien. 

DU  veftram  fîdem  ! 
Itan'  comparatam  ejfe  hominum  naturam  omnium  , 
Aliéna  ut  melius  videant  &  dijudicent 
Quêimfua?  an  eojit ,  quia  in  re  nojlra  aut  gaudio 
Hiinius  pnepediti  nimio  ,  aut  agritudine  ? 
Hic  inihi  nunc  quanto plus  fapit ,  quam  egomet  mihi? 

0Cr Intérêt,  en  termes  de  Banque  &  de  Commerce, 
(c  prend  aulîi  pour  ce  qu'on  appelle  ordinairement 
action.  C'eif  une  des  parties  intégrantes  du  fonds 
capital  d  une  Compagnie  de  commerce.  Un  tel  a  un 
intérêt  conlidér.able  dans  telle  aifaire  ,  dans  relie  en- 
treprilé,  dans  telle  manufacture.  Cependant  quand 
les  fonds  fe  font  par  actions ,  on  dit  plutôt  action 
c^\i  intérêt ,  &  actionnaire  plutôt  qu'intérelfé. 

iNiTRJEClION.  f.  f.  InterjeHio.  Terme  de  Gram- 
maiie.  C'elt  une  des  parties  qui  compofent  le  dil- 
cours  Se  d'ordinaire  une  particule  qui  exprime  les 
pallions.  Ak  !  que  cela  ell  beau  !  Hélas  !  le  pauvre 
homme!  O  la  belle  fufce  !  Ce  font  des  inter/eêlicns 
qui  n'ont  aucun  régim.e.  Il  y  en  a  de  joie  j  de  douleur, 
de  triltelTe ,  de  compalîion ,  d'exhort.ition ,  de  colère  , 
d'admiration  ,  à'c.  Les  interj celions  ne  ngnifient  rien 
hors  de  nous  ;  ce  lont  (culement  des  voix  plus  natu- 
relles c^u'artifieielles  qui  marquent  les  mouvemens  de 
notre  aine.  Les  Grecs  confondoient  les  interj eclions 
avec  les  adverbes  ,  &  les  F^ébreux  les  confondent 
avec  les  prépohtions  &c  les  adverbes  ,  &  appellent 
tout  cela  du  mot  général  de  particule. 

Interjection  d'appel,  etl  l'.adion  par  laquelle  on  dé- 
clare qu'on  elf  appellant  de  quelque  ("entence. 

INTERJETTER.  v.  a.  Appellare  fupremum  judicem  : 
provocare  ad  fuperius  tribunal.  Terme  de  Palais  qui 
ne  le  dit  qu'en  cette  phrafe  :  Interj etter  un  appel, 
pour  dire  appeler  d'une  (entence.  On  a  anticipé  un 
tel  (ur  l'appel  par  lui  interjette.  . 

Interjette,  ée.  part. 

INTÉRIEUR,  E'JRE,  adj.  Terme  relatif  &c  oppofé  à 
extérieur.  Qui  ne  paroit  point  au-dehors.  Interior , 
internusj  inrimus.  D'un  globe  creufé  ,  la  furfice  inté- 
rieure s'appelle  concave,  &  l'extérieure  co/îVcav.  La 
partie  intérieure  d'un  bâtiment  doit  être  plus  ornée  , 
plus  riche  que  la  face  extérieure.  Les  Médecins  ne 
connoilfent  les  maladies  intérieures  que  par  les  lignes 
extérieurs.  Il  y  a  des  fens  intérieurs  aullî  bien  que  des 
extérieurs. 

Intérieur  ,  fe  dit  figurément  en  choies  fpirituelles ,  en 
parlant  de  l'ame  &  de  h  confciencc.  Un  homme  de 
bien  ne  demande  à  Dieu  que  la  paix  intérieure  de  fon 
ame.  Rien  ne  caule  tant  d'iUulion  dans  la  vie  inté- 
rieure ,  que  le  choix  indifcret  des  livres.  FÉn.  La  vertu 
a  pour  elle  l'eftime  des  hommes  &  le  calme  intérieur 
que  produit  l'innocence.  S.  ÉvR.  Je  réprime  jufqu^'à 
mes  defirs  intérieurs.  On  dit  un  homme  intérieur, 
pour  dire  un  dévot  recueilli  &  détaché  des  chofes 
(enfibles  ;  l'homme  fpirituel  qui  ell  oppofé  à  l'homme 
charnel.  Bouh.  Se  faire  une  folitude  intérieure.  Fléçh. 

Ddij 


I  N  T 


212 

Le  for  Intérieur  eft  le  jugement  de  la  confcience  ou 
le  tïibunal  de  la  confellïon  :  k  for  extiJrieur ,  celui 
des  Magilh'ats. 
^INTÉKIHUR.    Interne,  intrinfeque  ,  fynonim.'s. 
intérieur  Te  dit  plus  particulièrement  des  choies  Ipin- 
ruelles.  Intcrm  a  plus  de  rapport  aux  parties  du  corps. 
Intrinfeque  s'applique  à  h  valeur  ou  à  la  quilitc  qui 
réfulte  de  l'cllence  des  choies  mêmes.  DL-votioii  Ince- 
rleure.  Maladies  Internes.  Valeur  Intrinfeque  des  mon- 
noies.  Syn.  Fr.  Foyeiç_  Interne  &  iNTRiNSE-auE. 
Intérieur,  eft  aulH Tubftantif ,  tant  au  propre  qu'au 
Hgurc  §3°  &  fignihe  la  partie  du  dedans  ,  les  parties 
les  plus  cachées  ,  les  penlces  les  plus  iccrcttcs.  V^lnté- 
rleur  d'un  b.itiment ,  {'Intérieur  de  la  terre.  Cet  nom- 
me avoit  {'ultérieur  tout  gâté ,  tout  gangrené  ,^  il  ne, 
pouvait  pas  vivre.  V Intérieur  Acs  hypocrites  eic  tout 
autre  que  l'extérieur.  Il  n'y  a  que  Dieu  qui  connoine 
{'intérieur  des  hommes ,  qui  fonde  leur  intérieur.  Sa 
grâce  pénétre  {'Intérieur  àc  nos  amcs. 
^C?  Intérieur,    dedans,   lynonymes.    L'Intérieur   eft 
caché  par  l'extérieur.   Le  dedans  eft  renfermé  par  les 
dehors.    Il  faut  lavoir  pénétrer  dans  {'intérieur  des 
hommes  pour  n'être  pas  la  dupe  de  leur  extérieur.  Un 
bâtiment  doit  être  commode  en  dedans  &  régulier  en 
dehors.  Les  Politiques  ne  montrent  jamais  {'Intérieur 
de  leur  ame;  ils  retiennent  au  dedans  d'eux  mêmes 
tous  les  mouvemens  de  leurs  pallions. 
Intérieur.  Dans  les  Séminaires  de  S.  Sulpice,  on  ce 
lèbre  par  an  deux  fêtes  de  {'Intérieur,  l'une  de  1'/«- 
térleur  de  Notre  Seigneur  ,  &  l'autre  de  \ Intérieur 
de  la  Sainte  Vierge  ,  pour  honorer  les  tréfors  de  grâ- 
ces dont  {'Intérieur,  c'eft  à~dire ,  l'efpiit  &  le  cœur 
de  JÉSUS  Christ,  &  celui  de  fa  lainte  Mère  étoicnt 
ornés.  Ou  y  fait  aulll  toutes  les  femaines  l'Olnce  de 
{'Intérieur  de  Notre  Seigneur  ,  excepté  quand  il  le 
rencontre  quelque  Fête  de  Notre  Seigneur ,  &c  dans 
le  temps  Pifchai.  Le  Livre  qui  contient  ces  Offices 
s'appelle   auill    limplement   {'Intérieur.   Ils  donnent 
encore  le  même  nom   à,  deux  eftampes  qu'ils  ont 
fait  graver. 

Dans  la  Théologie  myftique  ,  on  appelle  voies  In^ 
térleures  ,  les  dilpolidons  internes  de  lame  pour  par- 
venir à  lapcrfedion,  &  à  la  contemplation  palilve. 
Toutes  {■e.s  \ oies  Intérieures  tendoient  à  l'amour  pur 
&  dérmtérclîc.  FÉn.  Les  principales  voies ^  Intérieu- 
res font  le  pur  amour  ,  ou  l'amour  défintérelîé  ;  la 
fainte  indiîfèrence ,  le  lacrifîce  de  route  volonté  pro- 
pre ,  la  délapprobation ,  le  lîlencc  Intérieur,  îkc.  fJCF 
Ce  langage  eft  dangereux,  (Se  peut  entraîner  dans  de 
grandes  iiludons. 
INTERIEUREMENT,  adv.  Intus.  au  dedans.  Ces  chê- 
nes font  fur  le  retour  -,  ils  font  gâtés  Intérieurement. 
On  le  dit  de  même  en  parlant  de  la  conlcience  Se 
de  l'état  de  l'ame.  Le  remords  de   confcience  tour- 
mente les  criminels  Intérieurement.  La  grâce  agit  en 
nous  Intérieurement. 
INTÉRIM.  Ce  mot  eft  devenu  unccfpcccde  fubftantif 
dans  notre  langue.  Il  lignifie  provilion  ,   un   efpace 
de  temps  qui  dure  jufqu'à  un  certain  terme.  L'inté- 
rim daïeï.i-z-i\  long-temps  î  Voilà  un  Intérim  fâcheux. 
Par  intérim  eft  une  efpèce  de  phrafe  adverbiale  re 
çue  dans  l'ufage.   Il  faut  fe   foumettre  par  intérim, 
il  faut  obéir  par  intérim,  c'eft  à  dire  ,  En  .ittcr.dant 
que  l'ordre  loit  changé  ou  révoqué,  que  la  (entence 
foie  calTee.  On  dit  quelquefois  Intérim  tout  leul.  Ce 
jeune  débauché  a  des  principes  de  Religion  ,  il  re- 
viendra de  fes  égaremens  ,  mais  Intérim  il  dillipe  tout 
fon  bien.  Les  temps  ne  feront  pas  toujours  li  mau 
vais ,  mais  Intérim  on  louftrc  beaucoup  ,  c'eft-à-di- 
re  ,  en  attendant.  On  fit  un  Traité  d'Intérim  ,  c'cft- 
à-dire,   Provilionnel ,  en  attendant  un  règlement 
final. 
Intérim.  Terme  d'Hiftoire  eccléfiaftique.  C'eft  Charles 
Quint  qui  en    IJ48.   mit  en  ulage  {Intérim,  pour 
pacifier  l'Allemagne  ;  c'étoit  une  efpèce  de  Règle- 
ment pour  l'Empire  fur  les  articles  qui  concernent 
la  Religion,  en  attendant  la  décihon  du  Concile.  Ce 
décret  fut  nommé  {'Intérim  ;  parce  que  l'Empereur 
çrdonnoit  qu'en  attendant  que  le  Concile  de  Trente 


I  N  T  ^ 

eût  pris  fes  feftîons ,  tous  les  Etats  de  l'Empire  fc- 
roient  obligés  de  s'y  loumcttre.  Il  fut  drellé  par  Jules 
Phlug  ,   Evèque  de  Naumbourg  ,   Michel  Fielding, 
Évêque  titulaire  de  Sidon  ,  &c  Jean  Agricola  d  Ille- 
be.  On  dit  que  ce  dernier  étoit  Luthérien.  Comme 
cet  édit   retenoit  les  dogmes  &  les  cérémonies  des 
Catholiques  ,  à  la  rélerve  du  mariage  qu'on  permet- 
toit  aux  Prêtres  ,  &  de  la  Communion  lous  les  deux 
elpèces ,  qu'on  accordoit    au  peuple  ,  prelque  tous 
les  Luthériens  refusèrent  de  le  recevoir.  Quelques- 
uns  cependant  des  principaux  y  toulcrivirent ,  en- 
tr'autres  ,  Joachim  ,  Életleur  de   Brandebourg ,   6c 
l'Éleclreur  Palatin.  Les  deux  partis ,  c'eft-à  dire  ,  les 
Catholiques  &:  les  Luthériens,  furent  également  mé- 
contens  de  {'Intérim.  Il  n'y  eut  que  peu  de  Luthé» 
riens  qui  s'y  loumirent ,  6c  qui  furent  appelés  Inté- 
rlmlfies   ik.  Adiapkorljles.  Cet  Intérim  contenait  les 
cérémonies  de  l'Eglife  ,  quelques  points  de  l'ancienne 
dilcipline  tirés  des  Conciles ,  la  permillion  de  com- 
munier fous  les  deux  cfpèces  pour  tout  le  monde , 
&  celle  de  fe  marier  pour  les  Prêtres.  Il  y  eut  en- 
core deux  autres  Intérim ,  l'un  qu'on  appelle  {'Inté- 
rim de  Lcypiick  ,  ou  le  nouvel  Intérim  .,  don  on  croi: 
quePfertinger,  Surintendannt  de  Leiplick ,  eft  l'au- 
teur j  &  le  troilième  fut  tait  par  les  Théologiens  de 
Franconie ,  fujets  du  Marquis  Albert  de  Brandebourg , 
qui  ne  voulurent  point  accepter  les  deux  premiers 
Intérim,  &  s'en  firent  un  autre. 

En  Efpagne  ,  il  y  a  des  Gouverneurs  par  intérim, 
en  attendant  que  le  Hoi  ait  nommé  un  Gouverneur. 
Il  a  envoyé  quérir  un  Confelîeur  a  l'extrémité  :  mais 
dans  {'Intérim,  ou  dans  l'entre-temps  il  eft  mort. 
INTÉRIMISTE.  f.  m.  Se  f.  Nom  de  parti  qui  fut  don- 
né dans  le  XVF.  (lècle  aux  Luthériens  qui  obéirent 
à  l'intérinv  de  Charles-Quint ,  Se  qui  luivircnt  les 
26  articles  que  ce   Décret   Impérial   contenoit;  Se 
que  Charles  avoit  accordé  aux  Luthériens  en  atten- 
dant un  Concile  général.  Les  Intérimljles  le  parta- 
gèrent en  trois  fecles.  La  première  fut  de  ceux  jijui 
s'attachèrent  inviolablement  à  l'intérim ,  parce  qu'ils 
croyoient  qu'il  ne  contenoit  rien  &  n'omettoit  rien 
que   d'indidérent,  Se  que  tout  l'ellentiel  de  la  doc- 
trine de  Luther  étoit  à  couvert.  On  nomma  ceux-ci 
Politiques,  ou  Impériaux,  parce  cju 'ils  luivoient  la 
volonté  de  l'Empereur  ;  Melanchton  rut  leur  chef. 
La  leconde  ,  à  la  tête  de  laquelle  étoit  le  Doéteur 
Pacius ,  &  tous  ceux  de  l'Univerlité  de  Leypfick  qui 
firent  un  fécond  Intérim.  La  troihèine  fut  celle  des 
Tliéolo^iens    de   Franconie  ,    auteurs  du   troilième 
Intérim  ,  dont  nous  avons  parié.  Les  Intérimljles  fu- 
rent auili  appelés  Luthériens  Relâchés. 
INTERLIGNE,  f.  f.  C'eft  l'efpace  de  blanc  qui  eft  en- 
tre les  lignes.  Il  eft  défendu  aux  Notaires  &  Gref- 
fiers d'écrire  en  interlignes  ,  il  faut  qu'ils  falfent  des 
renvois  Se  des  apoftilles  paraphés. 
tfJ"  On  appelle  interlignes ,  en  Imprimerie ,  des  parties 
minces  de  bois  ou  plutôt  de  métal ,  qu'on  met  entre 
chaque  ligne  pour  leur  donner  plus  de  blanc. 
INTERLINAIRE.  adj.  m.  Se  f.  Ce  qu'on  met  entre 
des  interlignes.  InterVmcarls.  Il  eft  défendu  aux  No- 
taires de  mettre  dans  leurs  minutes  des  mots  Interli- 
naires  ,  il  les  faut  mettre  aux  marges  par  apoftilles, 
&  les  faire  parapher.  La  glofe  ordinaire  de  la  Bible 
de  Nicolas  de  Lyra  eft  Intérimaire.  Les  écoliers  onc 
des  livres  clallîques  avec  des  glofes  Intérimaires.  Il  y 
a  dans  la  Polyglotte  de  Londres  une  interprétation 
intcrlinalre  du  Texte  Hébreu ,  qui  n'eft  point  dans  la 
Polyglotte  de  Paris.  Simon.  C'eft  celle  d'Arias  Mon- 
tanus  ,  qui  avoit  déjà  été  imprimée  de  même  par  Plan- 
tin  j  (5c  qui  parut  en  un  volume  in-fullo  ,  avec  une 
interprétation  du  Grec  auiîî  'intérimaire  pour  le  Nou- 
veau Teftament ,  (Se  pour  les  Livres  de  l'Ancien  qui 
ne  font  qu'en  Grec. 
INTERUNÉAIRE.  adj.  m.  &:  f.  C'eft  la  même_  chofe 
qu'intcrlinaire ,  mais  il  eft  meilleur  ^  &  le  leul  en 
ulage  aujourd'hui. 
iO-  INTERLINÉATION.  f.  f.  Ce  qui  eft  écrit  encre 

deux  lignes  dans  les  interlignes. 
INTERLÔBULAIRE.  adj.  m.  &  f.  Terme  d'Anatpmie, 


I  N  T 

qoi  fc  dit  d'un  tiflu  du  poumon.  Jncedohularis ,  e. 
Les  lobules   (du  pouir.on)  paroilkiu   tas  fciiliblc- 
iiicnt  Icpaivs  par  une  autre  lublLuice  cellul.iiic  qui 
les  enviionne  ,  propoitioiiiiéir.ent  à  leur  étendue  p.ir 
ticulicrc  ,  &:  qui   en   remplit  les  intcrlHees.  Cette 
fublbiice  forme  aulfi  une  elinèce  de  cellules  meni- 
braneul'es  irrcgulières ,  plus  minées  ,_  plus  lâches  6: 
plus  larges  que  les  cellules  ou  vélLules   brouciii- 
ques.  WiNSLow.  C'elt  ce  que  cet  habile  Anatomillc 
appelle  tilUi  ïntcrlohulaire.  Ce  tillu  le  répand  par  tout 
le  volume  de  chaque  poumon. 
INTERLOCUTEUR.  1.  m.  C'elt  le  nom  qu'on  donne 
.aux  dittérens  perfonnages  qui  s'entretiennent  enleni- 
ble  dans  un  Dialoô'ue    M.  Perr.uilt  le  cadet  a  re- 
proche à  M.  Defpréaux  ,  que  dans  Tes  Satyres  on  ne 
Liit  la  plupart  du  temps  lequel  parle  des  deux  inter- 
locuteurs. Il  lui  reproche  encore  ailleurs  qu'il  tait 
parler  un  de  les  interlocuteurs ,  comme  h  la  coiiver- 
lation  s'ctoit  liite  en  vers.  M.  Sarreau  a  cru  que  l'hcp- 
taplomères  de  Bodin  étoit  divilé  en  icpt  livres  :  il 
s'ell:  trompé  ,  dit  M.  Bayle ,  il  n'y  en  a  que  lix ,  & 
Te  mot  hcptaplomères  ne  tombe  pas  fur  le  nombre 
des  livres ,   mais  fur  les  interlocuteurs   qui  font  au 
nombre  de  lept.  Les  interlocuteurs  de  M.  Muys,  dans 
ion  L'ialogue  fur  la  Chirurgie ,  font  Podahre  ,  an- 
cien Médecin  ,  &  un  jeune  Docteur  élevé  dans  la 
nouvelle  Philofophie.  Idem.  Quir.tus  Mucius  ,  fils 
de  Publius ,  étoit  gendre  de  Lélius ,  &  il  eft  un  des 
Interlocutciirs  du  Livre  que  Cicéron  a  faitde  l'Ami- 
tié   IvL  DU  Bois  ,  Offi-  de  Cic.  Les  fupplémens 

de  du  Verdier  nous  donnent  lin  Dialogue  de  Tran 
quillus  Andronicus.  Il  a  pour  titre  Sylla  :  les  Intei- 
locuceurs  (ont  Célar  ,  Sylla ,  Pompée  ,  Minos  :  il  eft 
imprimé  à  Leiplick  ,  in-ociavo.  L'année  de  l'impref 
lîon   n'ed  point  marquée  dans  ces  Supplémens  de 
du  Verdier.   Dict.    de  Bail.   Tranq.    Andronicus  j 
rem.   S. 
INTERLOCUTION,  f  f.  Jugement  préparatoire  avant 
Je  définitif.  Interlocutio.  On  ordonne  une  interlocu- 
tion ,  une  ir.[lru:;l:ion  préalable  pour  parvenir  au  ju- 
gement dw.ininr.  Interlocutio. 

Ce  mot  fe  dit  aulH  de  tout  difcours  que  fe  font 
les  unes  aux  autres ,  les  perlonnes  qu'on  introduit 
dans  une  même  pièce.  Les  circonitmces  du  dialogue  j 
les  car.iétcres  des  perlonnages  ,  les  mterlocutionsùc  les 
bienféances  s'y  rencontrent  dans  un  haut  degré.  Mau- 
cRoix  6z  LA  Font. 
INTERLOCUTOIRE,  .adj.  m.  &  f.  C'eft  la  fentence 
ou  l'arrêt  qui  prononcent  qu'il  fera  fait  quelque  chofe 
avant  que  de  faire  droit  au  tond.  Interlocutorius ,  a. 
Interlocutoria  fententia.  Il  y  a  des  procès  lur  lefquels 
on  rend  pluiieurs  arrêts  interlocutoires.  Les  jugemens 
interlocutoires  {ont  toujours  donnés  fans  préjudice  du 
droit  des  parties  au  principal. 

Il  eft  aulh   fubftantif.  Il  y  a  eu  un  interlocutoire. 
Inftruire  un  interlocutoire. 

Je  plaide  fur  de  bons  Mémoires , 
Mon  droit  eft  établi ,  je  n'ai  plus  qu'à  vuider 
Une  évocation  j  deux  interlocutoires  j 

j4  relever  quelque  défaut ^  Sec.  SenecÉ. 

INTERLOPE,  f.  m.  Terme  de  Marine.  Bâtiment ,  vaif- 
lêau  qui  entre  en  cachette  dans  les  ports ,  pour  ne 
point  payer  les  droits  des  marchandiles. 

§3"  C'eft  proprement  un  vaifteau  qui  trafique  en  frau- 
de dans  le  pays  de  la  conceftion  d'une  compagnie 
de  commerce ,  ou  dans  les  colonies  d  une  autre  na 
tion  qiie  la  fienne  ;  qui  emplette  (ur  les  privilèges 
d'une  compagnie  de  Alarchands ,  en  faifant  le  mê- 
me commerce  qu'eux.  On  les  appelle  aullî  avantu- 
ricrs. 

INTERLOQUER,  v.  a.  Interloqui.  Donner  jugement 
préparatoire  quand  on  ne  peut  pas  juger  définitive- 
ment à  caule  de  quelque  difficulté  qu'il  faut  aupara- 
vant eclaircir.  On  interloque  un  procès  en  pluiieurs 
rencontres ,  quand  on  ordonne  qu'il  fera  fait  une 
nouvelle  éleûion,  une  nouvelle  allcmblée  de  chapi- 
tre ,  de  parens ,  de  créaaacicrs  ;  que  des  garans  ou  au- 


I  N  T  213 

très  intérelTés  feront  appelés;  qu'il  fera  fait  dcfcentc 
fur  les  lieux,  vilite  &:  eltimation  ,  arpentage;  qu'on 
rapportera  des  bulles  ,  des  titres,  des  minutes;  qu'on 
approfondira  des  iiikriptions  en  taux;  quand  on  or- 
donne   qu  il   lera   rait  enquête  ^   intormation  de   la 
commodité  ou  incommodité  d'un  nouvel  établillc- 
inent  ;    quand   on   décrète   contre   des    coii:pliccs; 
quand  on  ordonne  qu'il  fera  plus  amplement  inror- 
mé;  quand  on  reçoit  en  procès  ordinaire,  &  en  mille 
autres  occalions. 
|?Cf  On  l'emploie  audi  abfolumcnr.  Les  Juges  ne  pou- 
vant donner  un  jugement  définitif,  ont  interloqué. 
INTER-MAXILLAIRE.  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  entre  les 
deux  mâciioires.  Inter-maxiUaris  ,  e.  Les  ligamens 
inter-maxilldires.  Il  y  en  a  deux  ,  un  à  chaque  côté. 
Ce  ligament  eft  attaché  par  un  bout  à  la  face  externe  de 
la  mâchoire  iupéricure  ,  air  deflusde  la  dernière  dent 
molaire  J  &  à  côté  de  l'apophyfc  ptérygoTde  ,  où  il  eft 
comme  collé  contre  le  nnitcle  ptérygo'idien  inférieur. 
Il  elf  attaché  par  l'autre  bout  à  l'extrémité  poftérieurc 
ou  Iupéricure  de  la  ligne  faillante  oblique  de  la  tace 
externe  de  la  mâchoire  inférieure  au-deilbus  de   la 
dernière  dent  molaire.  Winslow. 
INTERMLDE.  f.  m.  Ddudium.   Ce  qu'on  donne  eii 
fj)ecT;acIe  entre  les  aéles  d'une  pièce  de  théâtre  pour 
amuler  le  peuple  ,  tandis  que  les  Adeurs  reprennem 
haleine  ou  changent  d'habits,  ou  pour  donner  loilîr  de 
changer   les  décorations.    Les  intermèdes  font    des 
ballets,  facéties,  chœurs  de  mufique ,  di'i:.  Dans  l'an- 
cienne Tragédie  le  chœur  chantoit  dans  les  intermè- 
des ,    pour  marquer  les  intervalles  entre  les  aétcs. 
Ariftote  &  Horace  donnent  pour  règle  de  chanter 
pendant  ces  intermèdes  des  chanfons  qui  foient  tirées 
du  fujet  principal.  î.lais  dès  qu'on  eut  ôté  les  chœurs  , 
l'on  introduilît  des  mimes,  des  danfeurs,  &c.  pour 
amufer  ou  délalîèr  les  fpedateurs.  C>3"Les  François 
y  ont  fubftitué  une  fymphonie  de  violons  &  d'autres 
ir.ftrumens. 
Intermède.    Terme  de  Chymie  &  de  Médecine.   In- 
grédient que  l'on  ajoute  3.  quelque  préparation  pour 
^.CFdéfunir,  décompofer  les  principes  dont  ces  ma- 
tières lont  compolces.  Intermedium.    On  décompofe 
le  nitre  par  V  intermède  du  vitriol ,  le  vitriol ,  par  V  in- 
termède de  l'alcali  fixe.  Dans  ce  fens,  intermède  & 
moyen  ou  agent  de  décompofition ,  font  termes  fyno- 
nimes.    Pour  remettre  les  teintures  métalliques   en 
corps  ,    M  Georfroy  emploie  des  intermèdes  qui, 
n'ayant  rien  de  nuifible  ni  de  déCigréable ,  permettent 
de  hiire  ulage  de  ces  teintures  en  Médecine ,  telle  eft 
la  terre  foliée  de  tartre  ,  c'eft  à- dire   l'alcali  de  ce 
mixte  imprégné  d'cfprit  de  vinaigre    &   d'efprit  de 
vin ,  ce  qui  forme  un  dilFolvant  fahn  &  fulfureux 
propre  à  étendre  les  foufres  de  l'or  &  des  autres  mé- 
taux. AcAD.  DES  Se.  1715. 
Intermède,  fe  trouve  bien  ou  mal  en  termes  de  Chi- 
mie ,  pour  fignifier  ce  qui  fcrt  à  lier  ,  à  unir  enfemble 
les  principes  d'un  mixte.  Intermedium.  Ces  fels  difté- 
rens  ne  ie  joignent  jamais  fi  bien  enfemble  que  par 
un    intermède    terreux.    Homberg  ,    Acad.    iyo2, 
Mém.p.  4S.  Il  fe  trouve  dans  l'alun  &  dans  le  borax 
une  matière  urineufe ,  c'eft  à  dire ,  une  odetn  d'urine 
qui  fe  manifclte  dans  le  feu  lorfqu'on  les  diftille  .avec 
un  intermède  terreux.  Idem,  p.  ^ç. 
|C?~  Enfin  ,  on  appelle  intermède  :,  dans  les  opérations 
chimiques,  un  corps  interpolé  entre  le  feu  &  la  ma- 
tière fur  laquelle  on  tait  l'opération.  Ainfi  l'on  dit 
appliquer   le  feu  à  une  cornue  chargée  de  quelque 
matière  que  ce  foit ,  par  V  intermède  des  cendres  ,  de 
la  limaille ,  de  l'eau ,  &c  ,  c'eft  à  dire ,  expofer  ce 
vailfe.au  à  la  chaleur  du  bain  de  cendres,  du  bain  de 
lable ,  du  bain  marie  ,  &c. 
Cf3=- INTERMÉDIAIRE,    adj.  de  t.  g.   Qui    eft  entr^ 
deux  ou  pluiieurs  autres  choies.  Intermedius  ,  inter^ 
.    jeclus.  Tems  intermédiaire ,  ^(ç'iQt  intermédiaire.  Le 
Ion  ne  fait  impreflîon  fur  l'organe  que  par  le  moyen 
d'un   Huide  intermédiaire.    Placez  plufieurs  globules 
lur  la  même  ligne  de  manière  qu'ils  fe  touchent  tous. 
Si  vous  poullcz  le  premier ,  le  mouvement  fe  commu- 
niquera au  dernier  après  avoir  palIé  par  tous  les  gior 


u 


I  N  T 


bules  buermedialres.  En  maticre  de  délais  il  y  a  deux 
chofes  à  coniidéier  :  les  deux  extrémités  &  les  jouis 
intermédiaires.  Les  deux  extrémités  (ont  le  jout  de 
l'alligiiarion  &  celui  de  réchéancc.  On  ne  compte 
point  les  jouts  que  le  délai  commence  ts:  qu'il  finit. 
Si  le  jour  de  l'échéance  le  trouve  un  jour  de  Dimiii- 
chc  ou  de  Fête,  il  doit  être  remis  au  jour  ouvrable 
fuivanr;  mais  à  l'égard  des  jours  intermédiaires  qui 
font  entre  le  commencement  &  la  îin  du  délai ,  tous 
les  jours  de  Dimanche  ,  de  Fête  &  des  vacations , 
font  continus  &  utiles.  Bornier ,  fur  l'art,  y  du  ta.  j 
deVOrd.  de  i66j. 

On  appelle  gages  intermédiaires  _,  les  gages  d'un 
office  échus  depuis  la  mort  du  titulaire  julqu'à  ce  que 
le  (uccelleur  loir  pourvu. 

INfERMEDIAT,  ATE.  adj.  m.  &  f.  Ce  qui  eil  entre 
deux.  Intermedius.  Il  le  dit  du  tems  qui  a  couru  de- 
puis unxertain  point  julqu'à  un  autre  ,  &  particuliè- 
rement des  Lettres  de  Chancellerie  ou  des  arrêts  qu'on 
donne  à  des  Officiers  pour  jouir  des  gages  de  leurs 
offices  qui  (ont  échus  depuis  la  vacance  ou  la  mort 
de  leur  prédécelleur  jufqu'à  leur  prife  de  pollclîion.  Il 
faut  obtenir  des  lettres  à'intermédiat' -powi:  jouir  des 
gages  qui  ont  couru  dans  le  tems  intermed^at  de  la 
mort  &■  de  la  prife  de  polleillon ,  linon  on  ell  fujec  à 
en  être  recherché.  Dans  les  Sociétés  Religieuies,  on 
appelle  congrégations  intermédiaires ^  les  allemblées 
qui  le  tiennent  entre  deux  Chipitres,  luit  généraux, 
foit  provinciaux.§C70nvoit  par  lexcmole  qu'on  vient 
de  citer,  qa  intermédiat  eft  aulli  (ublutntir  dans  cette 
phrafe  feule ,  lettres  d'intermédiat.  Au  reflcj  ce  terme 
ell:  de  peu  dulagc.On  dit  communément  intermédiaire. 

INTERMLMABLE.  adj.  de  t.  g.  Quodconfid  non  potejl. 
Ç)n  ne  peut  être  terminé,  qui  ne  peut  avoir  de  fin. 
Sans  r.Mtotité  de  l'Eglife  ,  toutes  les  difputes  de  Re- 
ligion tout  interminables. 

INTERMISSION,  f.  f.  Interruption  ,  difcontinuation. 
IntermiJJio  ,  quies  y  paufa.  Une  fièvre  continue  eft 
celle  qui  eft  lans  intermijjion.  Il  n'y  a  point  de  goutte 
fi  violente  qui  n'ait  quelque  intermijjion.  On  travaille 
à  ce  b.itimenc  lans  intermifflon  ,  jour  &  nuit ,  Fêtes  é^ 
Dimanches.  On  a  déclaré  Hérétiques  les,  Euchires , 
qui  difoient  qu'il  falloit  prier  Dieu  fans  intermijjion , 
ne  point  vaquer  à  autre  chofe. 

INTERMITTENCE,  f  f  Terme  de  Médecine.  Inter- 
ruption .  difcontinuation.  Interruptio  ,  intermijjlo , 
cejfatio ,  quies.  Toutes  les  fois  que  le  ventricule  fera 
fort  tendu  par  des  vents ,  le  nerf  ou  plexus  cardiaque 
qu'il  a  à  fon  orifice,  doit  fouftrir  une  contradùon, 
qui ,  fe  continuant  julqu'au  cœur ,  y  fera  un  tiraille- 
ment,  qui,  félon  qu'il  fera  plus  léger,  ou  plus  vio- 
lent ,  fera  tantôt  une  lîmple  intermittence  de  pouls , 
&  tantôt  une  véritable  palpitation  de  cœur.  Mem.  de 
Trev.  On  ne  le  dit  que  dans  cette  phrale. 

INTERMIITENr,  ENTE.  adj.  Intermittens.  Ter- 
me de  Médecine  ,  tfT  qui  difcontinue  &  reprend  par 
intervalles.  Pouls  intermittent  j,  qui  ne  bat  pas  égale- 
ment. Fièvre ,  maladies  intermittentes  qui  viennent 
par  accès  &  à  diverfes  reprifes.  L'enthoulialme ,  ou 
folie  intermittente  de  Cromwel.  Mascur. 

INTERNE,  adj.  m.  &  f  Qui  ne  paroît  point  au  dehors  , 
qui  eft  au-dedans.  Intenor.  Tous  les  animaux  ont  un 
principe  interne  de  corruption.  Une  fièvre  interne. 
Mal  interne.  On  a  recours  aux  caufes  internes  &  oc 
cultes  quand  on  ne  peut  pas  expliquer  les  effets  ex- 
traordinaires de  la  nature.  Nous  ne  connoitTbns  la 
plupart  des  corps  que  par  certains  attributs ,  mais  nous 
n'en  connoilfons  pas  la  compolîtion  interne.  S.  ÉvR. 
Les  contemplatifs  iont  l'objet  de  la  raillerie  de  ceux 
qui  ne  fentent  pas  les  opérations  internes  du  Saint  Ef- 
prit.  Fen.  Les  profanes  fe  mo  :iuent  de  ces  douceurs 
internes  dont  fe  vantent  les  Myftiques.  Id.  Il  y  a  dans 
ces  parties  internes  (de  l'homme)  une  proportion, 
un  ordre  &:  une  induftrie  qui  charment  encore  plus 
l'elprit  attentif  que  la  beauté  extérieure  ne  lanroit 
plaire  aux  yeux  du  corps.   Id. 

^C?  Interne  ,  a  particulièrement  rapport  aux  parties  du 
corps.  Les  maladies  internes  (ont  les  plus  dangereu- 
fes.  Ou  doit  dire  les  opérations  intérieures  du  S.  El- 


I  jN  T 

prit ,  les  douceurs  intérieures ,  &c  non  pas  les  opéra- 
tions internes  du  S.'Efprit ,  les  douceurs  internes.  In- 
térieur fe  dit  de  l'elprit.  Interne,  du  corps.  Son  op- 
polé  eft  externe. 

^Cj^InternEj  en  Géométrie.  Les  Angles  incernes  font 
tous  ceux  que  forment  les  côtés  d  une  figure  recti- 
lignc ,  pris  au  dedans  de  cette  figure. 

INTtRNHL,  ELLE.  adj.  Vieux  mot.  interne. 

INTERNER,  v.  a.  On  a  voulu  introduire  depuis  peu 
ce  terme  ,  &  un  des  plus  grands  Magiitrats  du  Royau- 
me ,  pour  dire  qu'il  s'etoïc  lié  d'amitié  avec  une  per- 
foiinc  en  qui  il  avoir  pris  une  confiance  fmguliere, 
difoic  que  lon^  cœur  s  eroit  interné  avec  celui  de  cet 
ami.  L'expreilîon  fcrorc  énergique  ,  (i  elle  étoit  re- 
çue. Conglutinata  erat  anima  David  anims.  Jona- 
thdL. 

INfERNONCE.  f  m.  Envoyé  extraordinaire  du  Ta- 
pe ,  Agent  de  la  Cour  Romaine  ,  qui  fait  les  aSàires 
du  Pape  en  une  Cour  étrangère ,  pendant  qu  il  n'y 
a  point  de  Nonce  exprès  &  en  titre.  înternuntms. 
\}n  tel  Abbé  a  été  internonce  en  El'pagne.  Les  Inter- 
nonces  ne  font  aucune  fonction  de  Juridiction  ec- 
cléfiaftique  en  France  i  comme  pretque  par-tout  ail- 
leurs.  WlCQ,. 

IJCF  II  y  a  des  Cours  où  les  affaires  fe  font  toujours  par 
un  Internonce  ,  c'eft-a  dire  où  le  Pape  n'envoie  que 
des  Internonces ,  &  jamais  des  Nonces.  Il  y  a  toujours 
un  Internonce  à  Bruxelles. 

INTERNONCIALURE.  f.  f.  Charge  eu  dignité  J'im 
Internonce.  Intcrnuntù  d'gnitas,  ou  munus.  V  inter- 
nonciature de  N.  n'a  duré  que  deux  ans. 

INTEROSSEUX,  adj.  Terme  d  Anatomie  ,  qui  fe  dit 
dclix  mulcles  ,  ainli  apppclés  ,  parce  qu'ils  occupent 
les  trois  elpaces  qui  fort  entre  les  os  du  métacarpe, 
Interûjjeus.  Il  y  en  a  trois  internes  qui  amènent  les 
doigts  de  la  main  vers  le  pouce  ,  &  trois  externes 
qui  les  en  éloignent.  Il  y  a  aulîi  huit  mufcles  inte- 
rojjiux  qui  rempliilent  les  quatre  efpaces  qui  font  en- 
tre les  cinq  os  du  métatarfe  ,  quatre  incernes ,  iSc 
quatre  externes.  Les  internes  amènent  les  quatre  doigts 
du  pié  vers  le  pouce  ,  les  externes  les  en  éloignent. 

INTERPELLATION,  f.  f.  Terme  de  Pratique.  Som- 
mation ,  commandement  de  répondre  fur  ce  dont 
on  eft  interpellé.  Interpellatio.  Il  faut  qu'un  -Juge 
fade  trois  interpellations  à  un  accufé  qui  ne  veut 
pas  répondre  ,  avant  que  de  lui  pouvoir  faire  fon 
procès  comme  à  un  muer.  On  lui  a  fait  plufîeurs 
interpellations  de  déclarer  le  domicile  de  fa  partie, 
de  cottcr  le  regiftre  où  ces  criées  font  enrcgilfrées , 
(ans  qu'il  y  ait  (arislait. 

INTERPELLER,  v.  a.  Sommer  quelqu'un  de  faire  une 
déclaration  ,  une  reconnoiflance  ,  ou  de  rendre 
obéiiîance  à  la  Juftice.  Interpellare.  On  l'a  fommé 
&  interpellé  de  fe  trouver  chez  le  Notaire ,  chez  le 
Commilïàire ,  pour  être  préfenr  à  un  tel  acfte ,  à 
une  telle  alTcmblée,  à  la  levée  d'un  (celle.  On  l'a  i/z- 
teruellé  de  vider  les  lieux  ,  luivant  l'arrêt  qui  l'y 
condamne. 

INTERPOLATEUR.  f  m.  Celui  qui  ajoute  quelque 
chofe  à  un  écrit  ancien.  Interpolator. 

INTERPOLATION,  f  f.  Terme  de  Belles- lettres. 
Choies  ajoutées  poftérieurement  à  un  ancien  manuf- 
crit.  Interpolatio.  Les  Copifles  ont  défiguré  plufieurs 
pièces  anciennes  ,  &  les  ont  interpolées  j  en  y  ajou- 
tant des  chofes  de  leur  temps.  Four  établir  une  in- 
terpolation,  le  P.  Ruinart  donne  ces  cinq  règles.  Il 
faut  premièrement  que  la  pièce  que  l'on  veut  don- 
ner pour  ancienne  ,  ait  l'air  de  l'Antiquité  qu'on 
prétend  lui  attribuer.  2.  Que  l'on  ait  de  bonnes 
preuves  que  cette  pièce  a  été  interpolée  ou  retou- 
chée. 3.  Que  les  interpolations  ,  on  changemens  que 
l'on  prétend  y  avoir  été  laits  ,  conviennent  au  temps 
de  l'interpolateur.  4.  Que  ces  interpolations  j,  ou  chan- 
gemens, ne  touchent  point  au  fond  de  la  pièce,  8c 
ne  foient  point  (1  fréquens  ,  qu'elle  en  loir  toiKe  de- 
figurée.  Il  taur  que  les  reftitutions  que  l'en  fait ,  re- 
viennent parraitement  au  refte  de  la  pièce.  Apologie 
de  la  Miff'.  de  S.  Maur.  p.  p/.  Quelques  modernes  ap- 
pellent ri/!re;^o/i:fjo;2,fourriite,CHASTEL.*.i.NS.iWa:ryr. 


1  N  T 


INTERPOLER,  v.  a.  Incsrpolare.  Les  critiques  ont  in 
tioduit  ce  terme  peur  marquer  des  écritures  &:  des 
l;ièces  fufpeClcs ,  auxqutllL-s  on  a  inféré  des  chofes 
bulles,  altéré  ou  traiifpoié  quelques  mots. 

Ce  terme  eltLr.iin,  6c  u'eft  pas  en  ulage  d.uis  les 
djkours  ordinaires. 

IMERPOS.  r.  K  Vieux  mot.  Relâché. 

îïIi'ERPOSER.  V.  a.  Mettre  entre  deux.  Interponere. 
il  n'a  guère  d'uf'ige  dans  le  propre  que  dans  le  llyle 
didaélique.  Quand  une  nuée  dente  &:  opaque  s'i/z- 
tcrpofc  entre  nous  &c  le  foleil ,  cela  caute  de  l'obi 
curicé.  Mars  ,  Jupiter  &  Saturne  ,  l'ont  rétrogades , 
quand  la  terre   elt  interpafée  cntr'eux  &c   le   foleil. 

ROH. 

Interposep.  ,  fc  dit  auffi  des  perfonnes  le  plus  fouvent 
inconnues,  qu'on  emploie  pour  cacher  ou  pour  dé- 
couvrir quelqu'artaire.  Mais  alors  on  s'en  lert  princi- 
palement au  participe.  Cette  homme  a  mis  tout  fon 
bien  fous  des  noms  empruntés  &   interpofcs  pour 
huftrer  l'es  créanciers.  Il  a  fu  tout  le  fecret  de  cette 
aiiaire  par  des  elpions  lik:  des  gens  qu'il  a  incerpo- 
fis. 
Interposer,  fe  dit  aulli  d'une  autorité  fupérieure_ qui 
intervient  pour  régler  &  terminer  quelque  chofe.  Il 
a  fallu  que  le  Roi  ait  interpofé  fon  autorité  pour 
régler  le  ditlérend  de  ces  Princes.  Il  faut  qu'un  Juge 
intirpofc  fon   décret  pour  rendre  une  adjudication 
valable.  L'Empereur  interpofa  Ion  autorité.  Ablanc. 
03"  On  dit  de  même  ïnterpojcr  le  nom,  l'autorité,  le 
•  crédit ,  la  faveur,  la  mcdiarion  de  quelqu'un  ,  em- 
ployer. Dans  ces  deux  cas  le  verbe  ïnterpofer  ell  pris 
dans  une  acccpdon  figurée. 
Interposé  j  ée.  part.  Tout  cela  fut  arrêté  par  des  per- 
fonnes inrerpojecs.  Négocier  par  perlonnes  interpo- 
fces ,  03°  c'eli:  le  fervir  de  la  médiation  de  quelques 
perfonne  pour  la  négociation  d'un  attaire. 
INTERPOSITION  f  f.    Situation  d'un  corps  entre 
deux  autres  ,  qui  les  cache ,  qui  empêche  leur  ac- 
tion. Intcrpojino.  L'éclipfe  du  loleil  ne  fe  fait  que 
par  \' intctprjuion  de  la  lune  entre  le  foleil  &c  nous  , 
celle  delà  lune  par  V  interpqfidon  de  la  terre  entre  le 
foleil  &  la  lune. 
iNrtRPOsiTioN  ,  le  dit  auiïi  d'une  autorité  fupérieure 
qui  intervient,  h' interpq/idon  de  l'autorité  du  Pape 
eft  ce  qui  confirme  les  Conciles. 
Interposition  de  décret,  en  Jurifprudence ,  eft  une 
formalité  dans  les  décrets ,  qui  le  fait  après  la  certi- 
fication ;    on  y  fait  les  enchères  de  l'héritage  faifi , 
&  à  l'aliife  fuivante  le  fait  l'adjudication  tinale.  C'cft 
proprement  le  jugement  qui  ordonne  que   le  bien 
laili  lera  vendu  &  adjugé  par  décret. 
INTERPRÉTATIF,  IVE.  adj.  Qui  interprète.  Décla- 
ration interprétative.  Ce  terme  eft  employé  en  mora- 
le, en  parlant  des  intentions,  &   le  dit  des  inten- 
tions Se  permiflîons  que  l'on  préfume  avec  raifon. 
Interpretativus ,  a  ,  um.  Un  homme  qui  n'eft  pas  en 
lieu  ni  en  état  de  conlulter  fon  Supérieur ,  &  de 
lui  demander  la  permifiion  de  faire  quelque  chofe  , 
la  fiit  en  préfumant  avec  railon  que  s'il  étoit  en  lieu 
de  demander  la  permiiîion  ,  on  la  lui  accorderoit  ; 
c'eft  là  une  permiffion  interprétative  ,  parce  qu'il  in- 
terprète la  volonté  de  fon  Supérieur,  Se  préfume  qu'il 
lui  donneroit  la  permiiîion  dont  il  a  befoin.  Un  OfK- 
cier  fubalrerne  fe  trouve  à  portée  de  charger  avec 
avantage  un  corps  d'ennemis,  qu'il  rencontre.  Il  n'a 
pas  le  temps  de  demander  ou  d'envoyer  demander 
la  permiiîion  de  l'attaquer  ;  mais  il  préfume  que  s'il 
jîouvoit  la  demander  ,  on  ne  la  lui  refuleroit  pas ,  Se 
fur  cela  il  l'attaque  ,  c'eft  une  permiiîion  interpréta- 
tive. Une  intention  interprétative  eft  l'intention  que 
Ion  auroit  fi  l'on  y  l'aifoit  réflexion. 

11  y  a  aulîi  une  bigamie  que  les  Canoniftes  appel- 
lent interprétative ,  car  ils  diftinguent  la  bigamie  en 
trois  etpèces.  La  bigamie  réelle,  la  bigamie  interpré- 
tative. Se  la  bigamie  limilitudinaire.  Conf.  d'An- 
gers. La  bigamie  interprétative  confifte  en  ce  qu'un 
homme  qui  n'a  pas  deux  fois  contraété  mariage  ,  & 
n'clt  pas  conféquen-.mcnt  véritablement  Se  réelle- 
ment bigame,  néanmoins  par  une  fiâion  de  droit 


I  N  T  lis 

eft  ccnfé  bigame.  C'eft  de-là  que  cette  bigamie  a  pris 


le  nom  d'interprétative.    Id.  Ainli  celui  la  eft  cenfc 
bigame  par  interpictaiion  ,  qui  a  fuccellivement  con- 
u.icic  mari.igc  avec  deux  femmes ,  dont  l'une  a  été  fa 
femme  de  droit ,  c'eft  à  dire  ,  légitime  ,  Se  l'autre  a 
été  feulement  la  femme  de  tait,  parce  qu'il  ne  pou- 
voir y  avoir  de  mariage  valable  entre  lui  Se  elle ,  a 
caule  de  quelque  empccheincnt  dirimant.  Id.  La  bi- 
gamie  interprétative    comprend   aulli  ceux  qui  ont 
époulé  des  veuves  ,  ou  des  hlles  qui  avoient  été  cor-' 
rompues  par  d'autres.  Id. 
INTERPRÉTATION  ,  f  f.   Explication ,   déclaration 
d'une  chofe  douteute.  La  glofc  &  le  commentaire 
font  des  interprétations.  Interpretatio.  Ce  pallage  eft 
obicur,  il  en  faut  chercher  V  interprétation  dans  le 
Commentaire.  Les  uns  donnent  \' interprétation  litté- 
rale ,  les  autres  l'allégorique.  Il  faut  tempérer  par  de 
faintes  interprétations  les  excellîves  exagérations  des 
A'Iyftiques.  Boss.  Il  n'y  a  prefquc  rien  qui  ne  puiftc 
recevoir  une  interprétation  favorable ,  &  une  liniftre. 
interprétation.  Les   interprétations  des  préfages ,  des 
fonges,  des  figues  du  Ciel,  font  vaines  Se  fans  au- 
cun fondement  alfuré. 
IJCT  Interprétation  desloix.C'efl  un  fens  que  l'on  tire 
de  la  loi ,  pour  lui  donner  des  extenfiqns  &  des  ref- 
trittions  que  la  railon  Se  l'équité  requièrent.  Quand 
une  loi  a  beloin  d'être  interprétée ,  il  faut  s'attacher 
à  en  découvrir  le  leiis  dans  la  raifon  qui  a  fervi  de 
fondement  à  cette  loi.  Quand  l'interprétation  d'une 
loi  ne  peut  le  tirer   d'elle-même,  des  termes,  du 
fens  de  la  loi ,  il  faut  avoir  recours  au  Souverain  , 
qui  a  feul  droit  de  l'interpréter.  Ejus  ejl  legem  in- 
terpretari ,  eu/ us  ejl  legem  condere. 
ifT  Interprétation  d'arrêt.  C'eft  une  explication  que 
donnent  les  Cours  Souveraines  à  un  arrêt  ,  fans  y 
donner  atteinte,  fans  le  rétraéler ,  mais  en  rendant 
certain  ce  qui  peut  être  équivoque  j  &  en  expliquant 
clairement  ce  qui  paroît  douteux  ou  ambigu. 
tfT  Quand  on  ne  peut  pas  fe  pourvoir  contre  un  ar- 
rêt ,  ni  par  oppofition  ,  ni  par  requête  civile  ,  ni  pat 
calîation  j  on  forme  fouvent  une  demande  en  inter- 
prétation d'arrêt. 
tfJ°  L'Interprétation  de  la  volonté  d'un  teftateur 
doit  toujours  te  faire  d'une  manière  qui  contribue  à 
lui  donner  une  pleine  &  entière  exécution. 
INTERPRÉTATIVEMENT.  adv.  D'une  manière  in- 
terprétative. Interprétative.  Les  Canoniftes  fe  fervent 
de  ce  terme  dans  la  matière  de  la  bigamie,  f^oye:^ 
Interprétatif.  Diux  mariages  contraétés  ou  véri- 
tablement, ou  interpretativement.  Conf.  d'Angers. 
%T  INTERPRÈTE,  f  m.  Se  i.  C'eft  eii  général  celui 
qui  explique  j  qui  fait  entendre  les  fentimens  ,  les 
paroles ,   les  écrits  de  quelqu'un.  Interpres.  Il  eft 
quelquefois  fynonyme  de  Tradufteur  ,   quelquefois 
de  truchement.  Bon,  habile,  fîdelle   interprète.  Se 
parler  par  interprète.  Interprète  du  Roi.  Les  Truche- 
mens  font  les  interprètes  des  langues  étrangères  pour 
les  Voyageurs  Se  les  AmbalTadeurs.  Les  Traducteurs 
font  les  interprètes  des  érrits  compotes  en  une  langue   - 
inconnue  à  ceux  qui  les  lifent.  Les  Septante  interprè- 
tes  de  la  Bible.    Quelle  beauté  ne  fe  tiendroit  pas 
heureule  ,  d'infpirer  à  ton  Amant  une  pallion  aulH 
tendre  que  celle  qu'un  Auteur  Grec  ou  Latin  inlpire 
à  fon  refpeélueux  interprète  ;  Font.  Les  Commen- 
tateurs font  les  interprètes  des  Auteurs  obfcurs  ,  foit 
qu  ils  aient  voulu  cacher  leurs  penfées ,  foit  qu'ils 
n'aient  pas  eu  l'adrelfe  de  les  expliquer  j  foit  que  l'é- 
loia:nement  des  lieux  ou  des  temps  y  ait    apporté 
de  l'obfcurité.  Les  déchitfreurs  des  lettres  en  chiffre 
fe  qualiScnt  aulli  Secrétaires ,  Se  interprètes  de  Sa  Ma- 
jefté.   Les  interprètes  Se  truchemens  de  navires  font 
I       des  officiers  qui  doivent  être  reçus  en  l'Amirauté. 
I  Ce  mot  vient  du  Latin  interpres ,  interpretari.  Ifidore 

dit ,  <\\x  interpres  eft  compof;  de  la  prépolition  inter , 
Se  de  partes.  L'interprète  tient  le  milieu  entre  deux 
parties  ,  ou  deux  perfonnes  ,  pour  leur  faire  enten- 
dre mutuellement  leurs  penfées.  D'autres  le  font  ve- 
nir d' inter  Se  de  pr^s  ^  id  eft ,  fidi j ujfor ,  eelui  qui 
fe  porte  pour  caution.  L'inîerprète  fert  en  quelque 


2l6 


I  NT 


façon  de  caution  à  deux  perfonnes  qui  ne  s'enten- 
dent pas. 

Interprète  fe  dit  encore  de   celui  qui  foie  con 
noître,  qui  fixe  &  détermine  le  Cens  d'un  Auteur, 
d'un  dillours.  L'tglile  cft  la  leule  ïnurpreu  uihiili- 
ble  des  livres  laints.    Les  Apôtres  étoient  les  mur- 
prêtes  de  la  parole  de  Dieu. 
fÔ"  Ce  mot  s'applique  de  même  à  celui  qui  eft  chargé 
de  déclarer  de  Faire  connoitre  les  volontés  de  quel- 
qu'un. Le  Chincelier  eft  {'inccrprèce  du  Roi ,  c'ell 
lui  qui  déclare ,  qui  fait  connoitre  les  volontés.  Lc« 
Miniftres  d'État  font  les  dépohtaires  &  les  interprè- 
tes des  volontés  du  Prince.  Les  Prophètes  font  les  ïn- 
ttrprètes  des  volontés  de  Dieu. 
^IfT  On  le  dit  encore  des  Phyficiens  qui  nous  dévoi- 
lent les  myftéres  de  la  nature,  des  Prêtres  du  Pa 
ganilme  qui  annonçoient  ou  prétendoient  annoncer 
la  volonté  des  dieux  ;  des  dittérens  devins  qui  pré- 
tendoient tirer  des  prélages  de  ditférentes  chofes.  Les 
Phyficiens  font  les  interprètes  de  la  nature,  ils  dé 
couvrent  le  fecret  de  les   opérations.    Les   Prêtres 
payens,  &:  ceux  qui  rendoient  les  oracles,  fe  van- 
toient  d'être  les  interprètes  des  dieux  ,  des  deftinées. 
Les  interprètes  des  longes  ,  des  prélages  ,  du  vol  des 
oifeaux  ,  &  tous  les  autres  qui  le  lont  mêlés  de   di 
vination  ,  ont  pris  la  même  qualité. 

On  dit  dans  le  difcours  familier  à  celui  qui  juge 
des  penfées  ,  des  paroles  j  ou  des  aftions  d  autrui  y 
qui  fe  mêle  de  les  expliquer  à  fa  fantailie  :  Vous  êtes 
un  bon   ou    mauvais  interprète  de  mes  Icntimens. 
Bien  n'eft  plus  gênant  dans  la  converlation  que  ces 
fubtils  interprètes  des  penftcs  d  autrui ,  qui  donnent 
à  toutes  chofes  un  fens  myllérieux.  Bal.  Je  ne  pré- 
tends point  m'ériger  en  i/jrt^rtre  téméraire  des  fecrets 
de  l'Etat.  Boss. 
Interprète,  fe  dit  en  Morale  de  quelques  lignes  qui 
découvrent  les  pallions  ,  les  fecrets  mouvemens  de 
l'ame.  Les  yeux  lont  les  interprètes  des  defirs  d  un 
cœur  amoureux  &  dilcret.   Les  loupirs  font  les  in 
terprètes  d'une  grande  douleur.  Cette  aiiaire   parle 
toute  feule ,   elle   n'a    pas    beloin    d'interprète.   La 
voix  Se  la  langue  ont  été  données  à  l'homme  pour 
être  les  interprètes  de  fes  penfées.  La  Cham.  tjfert 
animi  motus  interprète  linguâ.  HoR.  Le  peuple  prend 
les  événemens  pour  les  interprètes  de  la  volonté  du 
ciel.  Fl.  La  parole  eft  l'interprète  de  l'elprit  &  du 
cœur.  Bell. 
IN  FERPRÉTER.  V.  a.Expliquer,  faire  entendre. /«e/yr? 
tari.  ffT  II  eft  quelquefois  lynonyme  de  triduire.  Les 
Septanteontwrt^rfrert;  l'Ancien  1  ellament.CetAmbal 
fadeur  fit  un  difcours  qui  lue  interprète  en  François. 
Plus  ordinairement  il   lignine    exphquer  ce  qui  eA 
obfcur ,  difficile  à  entendre.  J.  C.  fut  trouvé  à  douze 
ans  dans  le  Temple  qui  interprétait  les  Écritures.  Il 
les  interpréta  aulli  aux  Pèlerins  d'Emmaiis.  S.  Luc  , 
chap.    2^.  Jofeph  interpréta   le  longe  de  Pharaon. 
Daniel  interpréta  le  fonge  de  Nabuchodonofor  ,  & 
même  lui  déclara  ce  qu  il  avoit  longé,  Daiiicl ,  chap. 
2.  Il  x/ oiz  interprète  ceLx  d  une  grande  famine  qui  de 
voit  arriver.  Abl.  '|,J°  Autrefois  on  fe  bornok  dans 
les  Ecoles  à  interpréter  Ariftote ,  le  maître  des  Sen 
tences,  S.  Thomas. 
ÇCJ"  Les  Proteftans  prétendent  que  c'eft  à  la  raifon  à 
iiterpréterl'EcùmK,  &  à  en  chercher  le  véritable 
fens.  Les  Catholiques  foutiennent  au  contraire  que 
cette  interprétation  n'appartient  qu'à  l'É^lile.  La  rai 
fon  peut  bien  chercher  le  Icns  de  l'Écriture  dans  Ic'î 
chofes  fur  lelquelles  cette  Interprète  établi  de  Dieu 
n'a  encore  rien  prononcé;  mais  dès  qu'il  a  parlé,  li 
raifon  doit  fe  taire ,    V  fe  foumettre  à  fes  interpré 
rations  ;  parce  que  c'eft  Dieu  lui  même  qui  parle  pai 
cet  Interprète.  Les  Proteftans  eux  mêmes  n'abandon 
nent  point  à  la  raifon  1  interpiétatioii  de  l'Écrituie. 
Quelques  uns  difent  que  c'eft  l'Églife  primitive  qui 
eft  l'interprète  de  l'Écriture",  &  daarres  que  c'eft  L 
S.  Elprit  qui  l'i/zKr/irère  à  chacun  au  fond  du  cceur 
C'eft  ce  que  Bochart  appelle  «injf.^ii!-  t.  anifixot,  i<c 
qu'on    nomme    communément    l'Efprit  particuliei 
des  Calviniftes  ,  Il  bien  réiuté  par  nos  Controverlil- 


I  NT 

tes ,  que  M.  Pélilfon  dit  que  les  Calviniftes  en  ont 
eu  honte  eux-mêmes. 

En  termes  de  Pratique  ,  on  dit  interpréter  un  ar- 
rêt, quand  on  l'explique  par  un  fécond  arrêt.  La 
Cour  en  interprétant  l'arrêt  d'un  tel  jour ,  a  oiJor.né 
que ,  <j  c. 

Inthp-preter  ,  fc  dit  auiîî  pour ,  Prendre  une  chofe  , 
une  action  ,  un  difcours  ,  en  bonne  ou  mauvaife  part. 
Accipere  in  bonam  ,  in  malam  partem.  Je  ne  fais 
comment  cette  conduite  lera  interprétée  à  la  Cour. 
Cela  peut  être  diverfeinent  interprété.  Ses  ennemis 
['interprètent  tout  autrement.  Interpréter  favorable- 
ment une  Bulle.  Pasc.  Les  gens  de  mauvailé  humeur 
interprètent  mal  tout  ce  qu'on  leur  dit.  Bell. 

Imterprete,  Et.  part. 

LM  FERREG.Nlt.  l.  m.  Femps  pendant  lequel  un  Royau- 
me eft  f-.ns  Roi.  lnterre:^num.  Dans  les  Royaumes  hé- 
réditaires il  n  y  a  point  d'interrègne  ,  ou  du  moins 
ils  font  rares.  Après  la  mort  de  Childeric ,  il  y  eut 
un  interrègne  de  quure  ou  cinq  mois.  Après  celle  de 
Thierii  IL  il  y  eut  un  interrègne  qui  dura  cinq  ou 
fix  ans.  CoRDEMoi.  D'ms  les  Royaumes  éledifs  c'eft 
le  temps  qui  s  écoule  de^juis  1 1  mort  du  Roi  jufqu'à 
1  élection  de  fjn  fuccelîeur.  Les  intenemes  font  lu- 
jets  au;c  tr-jubles  &  aux  factions.  En  Allemagne  les 
Empereur  ont  perdu  la  plus  grande  partie  de  leurs 
domaines  penimt  les  interrègnes.  |p°  Ce  mot  eft 
auiii  employé  dans  des  cas  où  les  États  font  gouver- 
nes par  d  autres  que  par  des  Rois ,  pour  délïgner  le 
temps  pendant  lequel  ils  font  fans  Chef.  Lcrfque  les 
Romains  ne  convenoient  pas  pour  l'éledtion  d'un 
Conlul ,  il  y  avoir  un  interrègne.  Du  temps  des  Juges 
d'Ifraël  il  y  eut  de  longs  interrègnes.  A  Venife  l'in- 
terrègne eft  fort  court  après  la  mort  du  Doge. 

INlEHREX.  f.  m.  Ce  nom  eft  purement  Latin  ,  mais 
il  faut  bien  s'en  fervir  dans  notre  langue  ,  puifque 
nous  ne  1  avons  point  interprété  ,  ni  habillé  à  la- 
Françoife  ,  lïc  que  nous  n  en  avons  point  qui  lui  ré- 
ponde. iféT  Celui  même  d  Entre  roi  ne  rend  point 
1  jnterrex  des  Romains,  attendu  la  difiirence  de  nos 
Gouvernemens  avec  celui  de  Rome.  Voye^  Inter- 
Roi  (Se  Entre-Roi. 

C'eft  un  Magiftr.it  qui  gouvernoit  pendant  un  in- 
terrègne ,  ou  dans  l'efpace  qu'il  y  a  encre  la  mort  du 
Roi  dans  un  Etat  Monarchique  ,  iSi  Féleclrion  ,  ou  la 
prife  de  pollcllion  de  l'on  fucc? Ueur.  Interrex.  Cette 
Magiftrature  étoit  établie  dans  l'ancienne  Rome  ,  Se 
prelque  aulii  ancienne  que  la  ville  même.  A  la  more 
de  Romulus ,  il  y  eut  un  interrègne  d'un  an ,  pen- 
dant lequel  les  Sénateurs  furent  Interrex  tour  à  tour , 
chacun  Cinq  jours.  Après  l'ctabliilement  des  Conluis 
&  de  la  République  ,  quoiqu  il  n'y  eût  point  de 
Rois,  on  garda  le  nom  &  la  fondion  d' interrex: 
car  lorfque  les  Maaiftrats  étoient  ablens  ,  Ik  qu'ils 
ne  poLivoient  tenir  les  Comices  ,  ou  qu  il  y  avoir  eu 
du  dei-'aut  dans  leur  élection  ,  i^'  qu'ils  avoient  ab- 
diqué ,  ii  on  ne  vouloit  point  créer  de  Diclratcurj 
on  falloir  un  Interrex  ,  dont  la  fondtion  &  l'autorité 
ne  duroit  que  cinq  jours  ,  après  lelquels  on  en  fal- 
loir un  autre.  L'Interrex  étoit  dépoiltaire  de  route 
1  autorité  loyale  ,  ou  Confulaire  ,  ik  il  en  falloir  tou- 
tes les  fonctions.  Il  ailembloit  le  Sénat.  Il  tenoit  les 
Comices ,  ou  allemblées  du  peuple  ;  il  avoit  loin  que 
léledion  des  Magi:hats  fe  ht  dans  les  régies,  &c. 
Ce  n'étoit  point  la  coutuine  que  le  premier  Interrex 
tint  les  Comices  ■,  du  mcir.s  on  n'en  trouve  point 
d'exemple  dans  1  hiftoire  Romaine.  Il  n'y  avoit  que 
les  P.rtrices  qui  euilcnt  droit  d'élire  Vlnterrex.  On 
difoit  déclarer  Vlnterrex ,  plurôt  qu'élire.  Le  met  con- 
frère étoit  proiere  Interregem  ,  &  non  pas  creare  , 
ou  eiigere  ,  ou  dejîgnare.  La  charge  d' Interrex  tom- 
ba avec  1 1  République  ,  quand  les  Empereurs  fe  ren- 
dirent maîtres  de  tout. 

iNi'ERRJGANF.  adj.  Terme  de  Grammaire  d'ufage 
en  cette  phrale  feule.  Point  interrogent  ou  interroga" 
tiF.  C  eft  une  ponèluation  qui  fert  à  marquer  les 
endroits  où  l'Auteur  parle  en  interrogeant,  a;in  que 
le  Lecteur  varie  ,  &  élève  alors  un  peu  fa  voix  /«' 
terro'ans.  Un  point  interrogent  lie  marque  d'un  poiot 


I  N  T 

Se  d'une  pctirc  i  reiivcrfL-c  au-deffus,  en  cette  force; 
INïERKOGAT.  f.  m.  ïcnne  de  Palais.  Quellion  , 
demande ,  qu'on  fait  en  Jullice^  &  dont  on  attend 
rcponfe.  J/ucrro^auo.  On  lui  a  Fait  cent  interrogats 
fur  klqiiels  il  n  cil  point  préparé.  Il  a  répondu  a  un 
tel  MCdiro^at ,  que  ce  tak  ne  rcgardoit  point  le  pro- 
cès. Se  quil  n'etoit  pas  oblige  d'y  répondre.  On  dit 
communément  à  un  homme  qui  f-ari^ue  par  des 
queltions  continuelles ,  qu'on  n'a  que  htire  de  tous 
les  intcnvgats. 
JN  FERHOGA 1  EUR.  f.  m.  Terme  odieux  dont  on  lé 
ilrt  pour  déligvier  ces  importuns  qui  t'ont  des  quel- 
tions continuelles.  Incarogacor.  Il  huit  éviter  la  com- 
pagnie de  cet  homme-là  ■,  car  c'ell  un  interrogateur 
perpétuel.  Il  ne  le  dit  qu'en  riant. 

11  lé  prend  aulîi  quelqueiois  en  bonne  part  pour 
celui  qui  interroge  ,  propolé  des  queltions.  Le  i  3 
M  à  171J.  îe  Chevalier  Ûignon  ,  neveu  de  1  Abbé 
Biyiion,  Intendant  de  l'aris,  fit  dans  la  Bibliothèque 
du  Roi,  un  Exercice  lur  l'Eliftoire  ,  lur  la  Chrono- 
logie. Il  eut  pour  interrogateurs  ,  M.  de  Lagny  ,  de 
l'Académie  des  Sciences  ^  Mrs  Burette  j  Hardion,  Si 
Salliery  de  1  Académie  des  Belles  -  Lettres  ;  l'Abbé 
Al.u-i  de  l'Académie  FranijOilc;  M.  Secoulfe  de  celle 
des  Belles-Lettres  i  &  Mis  deBoze  ,  Danchet ,  &  Boi- 
vin  ,  de  l'Académie  des  Belles-Lettres  &  de  l'Acadé- 
mie Françoilc  ....  Merc.  de  Juin  /7.:/. 

Ce  mot  le  trouve  dans  Nicoc  ik.  dans  Cotgrave. 
INTERROGATIF  ,  IVE.  adj.  Terme  qui  marque  une 
interrogation.  Interrogans.  Quoi  ?  Comment  ?  Quejl- 
ce  ?  font  des  particules  intcrrogatives.  Que  dites- 
vous?  Que  faites-vous  ?  font  des  phralcs  i/zrtrro^t^r/- 
vcs ,  c'ell  à  dire  qu'elles  marquent  une  queltion  de 
la  part  de  celui  qui  parle.  Quand  la  croiùème  perton- 
ne  du  verbe  interrogatif  finie  en  a  ou  en  e  ,  on  in- 
fère un  r  entre  deux  petites  barres:  Parla- r -;/ hier 
à  vous  >  aime  t  il  ? 
INTERROGALIOW.  f.  f.  Demande  que  l'on  fait  à 
quelqu'un  fur  une  chofe  dont  on  veut  être  éciairci. 
Interrogatio.  Il  y  a  des  impertinens  qui  briguent  par 
le  nombre  à' interrogations  qu'ils  font  à  ceux  qui  veu- 
lent bien  les  écouter.  Il  faut  répondre  aux  interroga- 
tions qu  on  nous  fait- 
Interrogation  ,  eil  aullî  une  figure  de  Rhétorique. 
C'eft  une  ctpèce  d'apoftrophe  que  celui  qui  parle  fe 
fe  fait  à  lui  même  ,  ou  aux  autres.  On  ne  peut  nier 
que  ces  fortes  de  figures  ne  donnent  beaucoup  plus 
de  mouvement ,  d  accion  &  de  force  au  dilcours. 
Il  n'y  a  rien  qui  imite  mieux  la  pallion  que  cette 
manière  vive  &  violente  de  fe  faire  des  interroga- 
tions ,  &C  de  fe  répondre  fur  le  champ  à  foi-même. 
BoiL.  On  le  peut  remarquer  dans  ces  vers  de  Ra- 
cine : 

Hé  bien  ,  Titus  ,  que  viens  tu  faire  ? 
Bérénice  t'attend  ,  où  vas-tu  _,  téméraire  ? 
Tes  adieux  font-ils  prêts  ?  T'es  tu  bien  confulté? 
Ton  cœur  te  promet-il  afje:^  de  cruauté? 
Car  enfin  au  combat  qui  pour  toi  fe  prépare , 
C'ejl  peu  d'être  confiant ,  il  faut  être  barbare, 

INTERROGATOIRE,  f.  m.  Aéle  judiciaire  qui  con- 
tient les  demandes  que  fait  un  Juge  ou  un  Com- 
milTaire  délégué  pour  interroger  une  partie  fur  cer- 
tains faits,  6c  les  réponles  qui  y  font  faites  par  la 
partie  ,  pour  tirer  de  la  bouche  de  celui  qui  elT:  in- 
terrogé l'éclairciflement  de  la  vérité ,  ôc  fervir  de 
preuve  dans  la  caule.   Qutfiio. 

^^Ondiftinguedeux  lortes  d'interrogatoires;  ceux  qui 
fe  font  en  matière  civile ,  qui  fe  nomment  interro- 
gatoires fur  faits  &  articles  -,  &  ceux  qui  le  font  en 
matière  criminelle ,  qui  s'appellent  interrogatoires  fur 
faits  réfultans  de  l'information.  Dans  ce  fens  c'eft  la 
même  choie  que  procès  verbal  contenant  les  quel- 
tions du  Juge  &   les   réponles  de  la  partie    ou   de 

1    l'accvifé.  On  a  lu  fon  interrogatoire, 

KJ  Interrogatoire  fignine  aulTi  la  queftion  que  fait 
le  Juge  fur  des  faits  civils  ou  criminels,  &  les  ré- 
ponfcs  que  fait  celui  qui  eft  interrogé.  Se  couper  dans 
Tome  K, 


INT  2T7 

fun  interrogatoire.  En  matière   civile  on  dit  prétet 
l'interrogatoire  lur  faits  &  articles  ;  en  matière  cri- 
minelle ,  fubir  V interrogatoire.  Cette  partie  a  prc'tc 
interrogatoire  fur  les  hits  &  articles  qui  lui  ont  été 
communiqués.  Ce  criminel  s  eft  c(Aipé  dans  le  fécond 
interrogatoire  qu'il  a  lubi.  Le  dernier  inrerrogatoire 
le  prête  lur  la  léllette,  ou  en  préfence  du  Confcil.. 
Le  Chancelier  Poyet  voulut  par  L'Ordonnance  de 
I J39  ,  que  tout  homme  fût  tenu  de  icpcndre  par  fi 
bouche ,  &:  après  ferment  prêté  fubir  V  interrogatoire 
lur  les  laits  qui  lui  krcient  f  gnihés  par  la  partie  .ad- 
veilc.  Auparavant  nul  n'étoit  tenu  de  le  condan-.ner 
par  la  bouche  ,  &  même  dans  la  lulmination  des  Mo- 
nitoircs  on  ajoutoit  cette  claule  ,  de mp ta  parte  &  con- 
filio. 
i^* Interrogatoire,  Enquête,  &  Information  ne  fi- 
gniheiit  pas  la  même  choie.   Dans  Vcnquite  Se  dans 
V  information  ,  ce  font  les  témoins  qui  lont  interrogés 
&  qui  répondent.  Dans  \  interrogatoire  j  c'eft  la  partie 
même. 
INTERROGER,  v.  a.  F.iire  une  demande  à  quelqu'un. 
Interrogare.    Un  Catéchifte,  un  Examinateur  inter- 
roge un  enfant ,  un  Récipiendaire ,  lur  les  points  de 
la  croyance,  fur  la  doCbij.e,  pour  connoitre  la  capa- 
cité. Un  Juge  interroge  un  acculé  après  avoir  pris  1er- 
mcnt  de  lui  fur  des  hits  dont  il  veut  être  éciairci. 
On  interroge  les  courriers ,  les  voyageurs  ,  pour  la- 
voir des  nouvelles  ,  pour  fivoir  ce  qu'ils  ont  vu  de 
nouveau  ,    d'extraordinaire.  (fJ  II   eft   évidei^t  que 
queftionner  conviendroit  mieux  dans  cette  dernière 
phrale. 
|&"  Interroger  ,  demander ,  queftionner,  fynonymes. 
On  interroge ,  on  demande  ,  on  quefiionne  pour  fa- 
voir.  Mais  interroger  luppole  de  1  autorité.  Qucfiion- 
ncr  luppofe  de  la  curiolité.  Demander  paroit  avoir 
quclcjUc  choie  de  plus  civil  &  de  plus  relpeflueux. 
Le  Juge  interroge  un  criminel.   Un  elpion  quefiionne 
\c.s  gens.  On  demande  l'ordre  au  Général.  Syn.  Fr. 
|f3'  On  voit ,  par  ces  exemples  ,  qa  interroger  Se  quef- 
tionner, font  leuls  un  tens  \  mais  qu'il  hut  un  cas  à 
demander,  c'eft-àdire,  que  pour  hire  un  lens  par- 
fait ,  il  hut  exprimer  la  choie  qu'on  demande. 
Interroger,  feditaulli  des  Orateurs,  qui,  par  une  li- 
gure de  Rhétorique  ,  font  des  queftions  à  leurs  par- 
tics.  Se  fouvcnc  à  des  choies  inanimées  dont  ils  n'at- 
tendent point  de  réponfe.   l^oye^  Interrogation. 
Interroger,  fe  dit  figurément  pour  examiner.   Inter- 
roge-[  le  bon  fens  ^  voyez  ce  qu'il  vous  dira.  Inter- 
rogeons fur  cela  notre  Foi  ;  interrogeons  l'Evangile  & 
n'en  croyons  point  la  corruption  de  notre  cœur.  Il 
ne  faut  qu  interroger  la  conlcience  Se  hire  atcentiou 
à  ce  qu'elle  nous  crie. 

Interrogeant  nos  goûts ,  confultant  nos  humeurs  y 
La  molleffe  a  changé  les  règles  de  nos  mœurs. 

Rec.  de  Vers. 

Interr.ogÉ  ,  Ée.  part.  C'eft  par  ce  mot  que  commen- 
cent tous  les  articles  d'un  interrogatoire  criminel. 
Interrogé ,  s'il  a  fait ,  6c. 

03°  INTER  ROI.  f.  m.  Inter  Rex.  Titre  qu'on  donne 
en  Pologne  au  Primat  du  Royaume  ,  c'eft  à  dire, 
à  l'Archevêque  de  Grefne  ,  pendant  que  le  trône  eft 
vacant.  C'eft  lui  qui  eft  chargé  de  notifier  la  vacance 
du  trcine  aux  Cours  Étrangères  ,  de  convocuer  la 
diète  pour  l'cleclion  du  Roi ,  d'expofer  à  la  dicte  aA 
femblée  la  qualité  &  le  mérite  des  Candidats,  éf/ 
&  après  que  les  Nonces  ont  procédé  à  l'éledion,  il 
recueille  les  fufti'ages,  monte  à  cheval,  demande  par 
trois  fois  lî  tout  le  monde  eft  content,  &  alors  il 
proclame  le  Roi.  Foye^  encore  Entre-Roi  Se  In- 
ter Rex. 

INTERROMPRE,  v.  a.  Interrumpere  ^  imerpellare^ 
J'interromps,  j'interrompais ,  j'interrompis ,  j'ai  inter- 
rompu, j'interromprai,  que  j'interrompe,  que  j'inter- 
rompiffe,  ou  j'interromprais.  Couper  la  parole  à  quel- 
qu'un au  milieu  d'un  dilcours,  l'empêcher  de  conti- 
nuer. Les  Avocats  ont  la  mauvaife  coutume  de  s'in- 
terrompre. On  peut  interrompre  une  partie  quand  elle 

£e 


i8 


I  N  T 


allègue  une  chofe  faulfe.  Il  cfl:  tics  incivil  A'interrom-^ 
pre  celui  qui  fait  un  rccit.  Bell.  Ce  Prédicateur  a  été 
interrompu  au  milieu  de  Ton  diCcours.  Les  parentliè(es 
trop  longues  interrompent  le  fil  d'un  ditcours ,  d'une 
narration.  En  interrompant  celui  qui  parle ,  c'cll  lui 
dire  tacitement  que  ce  qu'on  va  dire,  vaut  mieux  que 
ce  qu'il  difoit.  S.  EvR. 
ItCT  On  dit  dans  le  dikours  familier ,  fans  vous  interrom- 
pre, pour  faire  une  forte  d'cxcufc  de  ce  qu'on  inter- 
rompt le  difcours. 
fer  INTERROMPRE ,  fe  dit  dans  le  même  fens  de 
'  plufieurs  autres  chofes.  Interrompre  un  travail ,  une 
affaue,  une  négociation,  &c^  c'eft  en  empêcher  la 
continuation.  Ce  bâtiment  royal  a  été  interrompu  par 
la  guerre  qui  eft  furvenue.  Le  jugement  de  ce  procès 
a  été  interrompu  par  les  Fêtes.  Cet  Auteur  a  été  obligé 
d'interrompre  fon  Ouvrage  pour  aller  chercher  du 
pain.  Interrompre  [es  occupations.  AblAnc. 
gCT  On  dit  de  même  interrompre  le  cours  d'une  rivière 
par  une  digue,  par  une  chaulfée,  &  qu'une  allée  eft 
interrompue  par  un  folfé  qui  la  traverfe.  ^ 
fO"  En  Jiuifprudence  ,  interrompre  la  poUèiHon ,  inier- 
rompre  la  prefcnption ,  c'eft  faire  quelque  ade  qui 
trouble  la  pollellion  de  quelqu'un ,  ou  qui  arrête  le 
cours  de  la  prefcription.    Des  protcftations  fuffifem 
pour  interrompre  une  prefcription. 
Interrompu  ,  ue.  part. 

INTERRUPTEUR,  f.  m.  Qui  interrompt ,  qui  coupe 
la  parole  à  une  perfonne  qui  parle.  Quelqu'un  fe  ha- 
farde  de  le  contredire  ,  &  lui  prouve  nettement  qu'il 
dit  des  chofes  qui  ne  font  pas  vraies.  Arrias  ne  fe 
trouble  point,  prend  feu  au  contraire  contre  l'inter- 
rupteur :  Je  n'avance  ,  lui  dit-il  ,  je  ne  raconte  rien 

que  je  ne  fâche  d'original La  Bruyère  ,p.  ijS, 

ijp  de  la  nouv.  édit. 
INTERRUPTION,  f.  f.  Aélion  qui  interrompt,  <5c  état 
de  ce  qui  eft  interrompu.  Interruptio.  Un  Orateur  a 
de  la  peine  à  fe  remettre  après  de  fréquentes  interrup- 
tions. Un  homme  de  lettres  ne  doit  point  avoir  d'af- 
faires qui  apportent  de  {'interruption  à  fes  études.  In- 
terruption de  travail,  du  commerce. 

Dans  le  droit ,  interruption  fe  dit  en  matière  de 
prefcription  &  en  matière  de  poircOIon.  Il  y  a  inter- 
ruption de  prefcription  quand  on  fait  quelques  procé- 
dures ,  ou  aûes  authentiques  de  pollellion  contre  ce- 
lui qui  prétendoit  prefcrire.  En  matière  de  prefcrip- 
tion ,  il  y  a  interruption  quand  on  fait  quelque  afte 
contraire,  ou  qu'on  préfente  un  titre  nouvel.  En  ma- 
tière de  polleffion  ,  il  faut  aullî  un  ade  judiciaire 
pour  interrompre  la  polleffion.  On  appelle  aulFi  in- 
terruption ou  adtion  d'interruption  ,  la  déclaration 
d'hypothèque  ;  lorfqu'un  créancier  fait  ailîgner  le 
tiers  détenteur  d'un  héritage ,  pour  voir  déclarer  l'hé- 
ritage affefté  &  hypothéqué  à  fa  dette  à  J'eftet  d'être 
paye  fur  le  même  héritage  après  la  dilcullion  du  prin- 
cipal débiteur. 
Interruption.  Terme  de  Géométrie.  Quelques  uns 
nomment  interruption  ce  que  d'autres  appellent  dil 
jondion  de  proportion  ;  elle  fe  marque  ainli  :  Et  c'eft 
l'interruption  de  la  raifon  qui  eft  entre  quatre  termes 
proportionnels.  Cette  interruption  fc  fait  au  milieu 
de  ces  quatre  termes.  Par  exemple ,  comme  A  :  B  :  : 
C  :  D  i  c'eft-à  dire ,  comme  A  eft  à  B ,  ainfî  C  eft  à 
D.  Harris. 
Interruption  ,  eft  auftî  une  figure  de  Rhétorique  par 
laquelle  on  interrompt  foi-même  brulquement  ion 
difcours,  pour  marquer  quelques  pallions.  Exem 
pies. 

Comment  hr'ifer  les  fers  où  je  fuis  retenue? 
M'en  croira-t'on  d'ailleurs  ?  fugitive  ,  inconnue  , 

Comment Mais  quel  objet!  Arfanne  dans  ces 

lieux.  Crébillon. 

Rien  ne  peut  ébranler  fon  devoir,  ni  fa  foi , 

Et  toujours  plus  fournis quel  exemple  pour  moi  ! 

Dieux  ,  de  tant  de  vertus  n'orne^-vous  donc  mon  frère, 
(^ue  pour  me  rendre  feul  trop  femblable  à  mon  père? 

Idem. 


I  N  T 

Le  traître  l.c'en  efl  trop.  Qu'il paroijfe  à  mesyeiut. 
Il  faut Mais  je  le  vois.  Idem. 

Mais  je  devrois  parler,  le  nom  de  fils  ,  peut-être...  ^ 
Hélas  !  que  m'eût  fervi  de  le  faire  connaître? 
Loin  que  ce  nom  fi  doux  eût  fléchi  le  cruel , 
Il  n'eût  fait  que  le  rendre  encor  plus  criminel.  Idem. 

INTERSECTION,  f.  f.  Terme  de  Géométrie.  Point,  ou 
d<t\x\  lignes ,  ou  deux  cercles  fe  coupent  l'un  l'autre. 
InterfieU.io.  L'angle  fe  fait  dans  V iiuerfeclion  de  deux 
lignes  inclinées.  Le  centre  d'un  cercle  eft  dans  Vm- 
terfeclion  de  deux  diamètres.  Le  point  central,  ou 
point  miheu  d'une  figure  régulière ,  ou  irrégulière  des 
quatre  côtés ,  eft  le  point  à'interfeclion  de  fes  deux 
diagonales.  L'équinoxe  arrive  ,  quand  le  foleil  eft 
dans  ï'interfecîion  de  l'Equateur  &  du  Zodiaque,  ou 
de  la  ligne  Écliptique. 
INTERSTICE,  f.  m.  Terme  de  Droit ,  qui  fe  dit  des 
intervalles  de  tems  qui  font  réglés  ou  marqués  par 
la  loi  entre  une  chofe  &  une  autre.  Interfiitium. 
^fTOn  le  dit  particulièrement  en  matière  eccléfiafti- 
que  ,  pour  défigner  les  intervalles  qui  doivent  être 
gardés  entre  chaque  ordre  par  ceux  qui  font  promus 
aux  Ordres  lacrés.  Interfiitium,  garder  les  ïnterfiices. 
Difpenfer  des  ïnterfiices. 

Le  mot  Latin  interfiitium  vient  de  la  prépofition 
inter,  qui  veut  dire  entre  ,  6c  du  veihe  fiare  qui  ligni- 
fie être  :  ainfi  le  mot  interfiice  veut  dire  le  tems  qui 
eft  entre  deux  termes  marqués. 

On  appelle  en  Anatomie  interfiices  ciliaires  ,  de  pe- 
tits filamens  faits  comme  les  cils ,  ou  le  poil  des  pau- 
pières, qui  fervent  à  foutenir  le  criftalhn  de  l'œil,  & 
félon  quelques-uns  ,  à  le  dilater  &  à  le  relîcrrer. 
^CT  Interstice.  Terme  de  Phyhque  ,  fe  dit  des  petits 
intervalles  qui  font  dans  tous  les  corps  ,  qui  en  em- 
pêchent la  continuité ,  des  petits  vides ,  des  pores. 
Dans  le  fyftême  des  Cartéfiens ,  les  plus  petits  ïnterfii- 
ces font  remplis  d'air ,  de  matière  éthérée  ou  de  ma- 
tière fubtile  :  félon  les  Épicuriens  &  les  GalTendiftes, 
la  plupart  font  tout-à-fait  vides.  Foyt-^  Vide  ,  Plein. 
INTERVALLE,  f.  m.  Diftance  ,  efpace  qui  eft  entre 
deux  extrémités.  Intervdlum.  Il  fc  dit  des  lieux  & 
des  tems.  L'inégalité  des  intervajles  des  fenêtres  , 
ôte  la  fymétrie  d'on  bâtiment.  Il  faut  lailler  de  Vinter- 
valle  entre  les  lignes  de  ce  texte  pour  y  mettre  de  la 
glofe.  Toute  l'Aftronomie  n'a  pu  encore  définir  Vin- 
tervalle  qui  eft  entre  Saturne  &  les  étoiles  fixes.  Ke- 
pler le  met  de  60  millions  de  lieues.  §3°  Il  y  a  tant 
d'années  d'intervalle  entre  le  règne  d'un  tel  Prince 
&  le  règne  d'un  tel.  Sa  maladie  le  prend  &  le  quitte 
par  intervalles.  Les  vibrations  d'un  pendule  le  font 
par  des  intervalles  égaux.  On  le  figure  d'ordinaire  un 
intertialle  de  pénitence  entre  la  vie  &:  la  mort. 

Ce  mot  \nent  du  Latin  intervallum,  qui  ne  lîgnifîc 
autre  chofe  ,  félon  IfiJore,  que fpatium  interfofiam  & 
murum.  ^fT  Selon  quelques-uns  ,  les  pieux  que  les 
Romains  plantoient  fur  leurs  boulevards ,  s'appeloient 
\alla ,  &c  les  efpaces  entre  deux  pieux ,  uitervalla. 
gC?  Dans  l'Art  mihtaire  ,  on  appelle  inten-alle  ,  la  dif- 
tance qu'on  met  entre  les  troupes  placées  en  ligne  ou 
à  coté  les  unes  des  autres.  On  s'en  Icrt  aulli  pour  dé- 
figner l'efpace  qui  eft  entre  deux  lignes  de  troupes, 
foit  en  bataille,  foit  dans  le  camp.  En  rangeant  une 
armée  en  bataille,  il  faut  toujours  lailfer  certains  in- 
tervalles  entre  les  bataillons. 
Intervalle,  en  termes  de  Mufique,  eft  la  diftance 
qu'il  y  a  d'un  fon  grave  à  un  fon  aigu ,  tout  l'elpace . 
que  l'un  des  deux  auroit  à  parcourir  pour  arriver- 
à  l'uniftbn  de  l'autre.  Des  diftérentes  diftances  qui 
peuvent  fe  trouver  entre  un  Ion  &  un  autre,  (e 
forment  difterens  intervalles  ,  dont  les  degrés  tirent 
leur  dénomination  des  nombres  de  l'Arithmétique  : 
ainfi  le  premier  degré  ne  peut  être  dénommé  que 
par  l'unité  ,  d'où  l'on  appelle  unilFon  deux  ions  en 
même  degré  ;  par  conféquent  le  fécond  degré  s'ap- 
pelle féconde  ,  le  troifième  tierce  ,  le  quatrième 
quarte ,  le  cinquième  quinte  ,  le  lîxième  fexte  ,  le 


•> 


I  N  T 

fcptième  feptlcme  ,  le  huiticme  odave  ,  Ôcc.  en  Cup- 
pofaiit  que  k-  pivjinier  dc-rc  cil  toujours  k  plus  gta 
ve ,  Se  que  ks  aunes  ie  foniiciu  en  élcvaiu  la  voix  luc- 
ceUivcmem  fclon  les  degrés  naturels.  Rameau.  Jntcr- 
vdle  rcnverié.  Si  nous  faifoiis  rétlcxion  Ilir  la  manière 
de  trouver  ks  railbns  des  intervalles  engendrés  de  la 
tranfpolition  des  deux  Ions  de  l'oCtave  ,  ou  de  ceux 
qui  proviennent  de  la  diltmce  qu'il  y  a  d'un  intervalle 
à  un  autre  5  fans  y  comprendre  l'oiilave  ,  nous  verrons 
que  pour  avoir  un  intervalle  ïciwciié ,  il  n'y  a  qu'à 
doubler  k  plus  petit  terme  d'une  railoii  donnée  ,  ou 
en  divikr  le  plus  grand  par  la  moitié ,  ce  qui  efl:  la 
iTiênie  chofe ,  comme,  par  exemple,  la  tierce  mineure , 
f.  6.  nous  donne  la  îexte  majeure  ,  en  doublant  ; 
ou  en  divilant  6.  Mais  poin  avoir  l'intervalle  qui  fait 
la  dittérencc  des  deux  autres ,  il  faut  avoir  recours  à 
une  régie  de  louftraéHon.  Id. 
INTERVENV^NT,  ANTE,  adj.  Terme  de  Palais. Ce- 
lui qui  le  rend  partie  en  un  procès  pour  y  conkrver 
fes  intérêts.   Interventor.     Les   parties  intervenantes 
doivent  faite  apparoir   de  leurs  intérêts  avant  que 
d'être  reçues  en  caufc.  On  appelle  aulll  partie  inter- 
venante,  celui  qui  furvient  dans  une  caule,  foit  pour 
foutenir  le  demandeur  ,  foit  pour  conlcrvei  ks  inté- 
lêts  du  dc^endeur. 

Il  elt  aulli  fubftintif.   L'Intervenant  a  été   con- 
damné. 
INTERVENIR.,  v.  n.  Tntervenire.  J'interviens,  j'inter- 
venais ,  y  intervins  j  je  luis  inten'enu  ,  j'interviendrai  , 
que  j'intervienne  j  que  j'intervinjj'e  ,  ou  j'interviendrois. 
iZz  mot  efl  de  pratique  ;  &  veut  dire.  Se  rendre  par- 
tie incidemment  en  un  procès  pendant  entre  un  de- 
mandeur &  un  défendeur  ou  entre  un  appelant  & 
un   intimé.    Les  acheteurs  lont  intervenir  en  caule 
leurs  vendeurs  pour  ks  garantir.  Il  eft  intervenu  un 
dévolutaire  qui  a  emporté  k  bénéfice  que  deux  autres 
conteftoient. 
Intervenir  ,  fignifieauflî ,  entrer  dans  une  affaire  par 
quelque  intérêt  que  ce  foit.   A  ce  faire  efl:  intervenu 
un  tel  ,   qui  s'eiî  rendu   pkige  &  caution  ,  &  s'cft 
obligé  lolidairement  au  contenu  du  prélent  contrat. 
Le  mari  eft  intervenu  ,  qui  a  autorité  (a  femme.  Sont 
intervenus  les  parens  du  mineur  ,  qui  ont  approuvé  , 
ratifié  fon  mariage. 
Intervenir  ,  lignifie  auffi ,  Survenir  ,  &  fe  dit  en  par- 
lant des  choies  qui  arrivent  dans  une  aflaire  ,   qui 
en  ch:.ngent  la  face  ,  ou  qui  l'interrompent.  Le  ma- 
riage feroit  déjà  fait ,  fans  la  guerre  qui  eif  intervenue , 
fans  un  procès  qui  a  divifc  la  famille. 
Intervenir  j  fe  dit  aulli  de  tous  ks  arrêts ,  jugemens  & 
régkmens   qui  fe  rendent  durant  un  procès.  Il  eft 
intervenu    fentcnce  adjudicative    des  concluîions  du 
demandeur ,  intervenu  arrêt  conlirmatit  de  la  fentence. 
Il  eft  intervenu  décret  de  prile  de  corps  contre  lui. 
|K?  Intervenir  ,  interpofer   Ion  autorités   L'autorité 
royale  intervint  dans    cette  afuire  ^  &  fit  cefter  les 
troubles. 
§C?  Intervenir.  Se  rendre  médiateur.  Le  Pape  inter- 
vint dans  ce  différend ,  &  accorda  les  Princes.   In- 
terponere  fe. 
Intervenu  ,  ue. 
INTERVENTEUR.    Terme  de  l'Antiquité  Eccléfiafti- 

que.  Voye^  Intercesseur. 
INTERVENTION  ,   f.   f.    Terme  du  Palais.  Adion 
par  laqueHe  on  fe  rend  incidemment  partie  en  une 
.    aftair'e.  Interventio.  Il  faut  faire  recevoir  &  régler  fa 
requête  d'intervention ,  avant  que  d'y  faire  prononcer. 
Fournir  des  moyens  d'intervention  ,  mettre  en  état 
fon  inftance  d'intervention.  Picquêtc   d'intervention, 
f^oye^  Requête. 
Intervention  ,  fe  dit  aufli  |KJ"  en  fliit  de  contrats ,  de 
l'approbation  de  ceux  qui  n'étant  pas  les  principaux 
contraclans ,  y  foufcrivcnt  pour  les  ratifier  ou  pour 
fe  rendre  caution  de  la  promeife  que  l'une  des  par- 
ties y  a  faites.  Il  n'.auroit  pas  prêté  fon  argent  à  un 
tel ,  fans  l'intervention  de  fon  pcre  qui  s  efl  rendu 
caution. 
INTERVERSION,  f.^  f.  Renverfement  d'ordre.  Inter- 
verfura.  On  doit  décharger  ceux  qui  ont  été  fpoliés 
Tome   V. 


I  N  T  2Î9 

du  revenu  ik  leurs  Bénéfices.  On  a  égard  à  toutes 
fortes  d'hoftilirés  &  aux  interverjions  des  deniers 
des  décimes  ,  faites  par  ks  Gouverneurs  des  Provin- 
ces ou  autrement.  Abbé  Fleur  y  ,  inftit.  au  Droit 
Eccl. 

lO"  INTER-VERTEBRAUX.  (mufcks)  Terme  d'ana- 
tomie.  Nom  donné  à  certains  mufcks  (itués  entre  les 
vertèbres.  Ils  viennent  de  la  partie  latérale  du  corps 
d'une  vertèbre  ,  &  s'insèrent  obliquement  à  la  par- 
tie pofféricure  de  la  vertèbre  lupérieure  voiline. 

INTERVERTIR,  v.  a.  Détourner  ^  divertir  ^  fourrrairc. 
Intervertir  les  deniers  d'une  fuccelïion.  Il  fignifie 
plus  communément  déranger,  confondre,  &  on  dit 
Intervenir  l'ordre  des  dates ,  des  temps ,  des  pièces  , 
tk.c.  Intcrverterc. 


L'Etre  Jiiprême  en  fes  loix  adorables  , 

Par  des  rejjorts  toujours  impénétrables  , 

Fait  quand  il  veut  des  maux  les  plus  outrés , 

Naître  les  biens  les  plus  inefpércs. 

A  quel  propos  vouloir  donc  par  caprice 

InteiTcrtir  l'ordre  de  fa  jufiice  ? 

Rousseau  ,  Ep.  IX. 

jp=  INTERVERTI,  IE.  Part. 

INTESTABLE.  adj.  m.  &  f.  Intcflahilis ,  e.  Théodofe 
fit  une  loi  datée  du  1 1  de  Mai  591.  qui  déclaroit  les 
Apoftats  infâmes,  &  fclon  le  terme  Latin,  intefla- 
bles.  Fleury.  Ce  mot  fignifioit  chez  les  anciens  La- 
tins j  félon  Budé,  &  après  lui  Kalh  ou  Jean  Calvm  , 
dans  fon  Lexicon  Juridicum  ,  ceux  que  les  Grecs  ap- 
peloient  «jiV';  ,  c'eft-adire  ,  pr&fidio  hegum  exortes. 
Inteflable  ,  dit  encore  Kalh ,  étoit  celui  qui  n'avoir 
pas  droit  de  porter  témoignage  ,  dont  le  témoignage 
n'étoit  pas  recevable.  Enfin  Théophile  ,  dit  le  même 
Auteur,  définit  intejlable  ,  celui  C;ui  ayant  été  témoin 
dans  un  tcftament ,  &  l'ayant  ligné ,  refule  de  l'accep- 
ter après  la  mort  du  teittteur  ,  le  rejette  pour  l'in- 
firmer. Inteftahle  n'effdonc  pas  celui  qui  n'a  pas  droit 
de  faire  de  teftament ,  &c  M.  Fleury  ne  l'a  point  ainli 
entendu.  Ulpicn  le  prend  pourtant  dans  cette  ligni- 
fication. 
?fT  INTESTAT.  Terme  de  Jurisprudence. //2fe/?^faj.  Il 
n'a  d'ufage  qu'en  ces  deux  phrafeSj  mourir  intejlat  y 
tk  héritier  ab  intcflat.  Décéder  intejlat  ledit  de  celui 
qui  meurt  fans  avoir  fait  de  teftament ,  ou  qui  en  a  fait 
un  j  mais  qui  n'eft  pas  valable  j  &  qui  a  été  infirmé 
dans  la  fuite.  Intejlato  ,  ablatif  ablolu ,  ou  ab  inteflato  , 
fans  avoir  refté.    La  fuccetlion  ab  inteflat  eft  celle 
qui  eft  ouverte  fans  que  le  défunt  ait  fait  de  tefta» 
ment.  L'héritier  ah  intejlat  eft  celui  qui  recueille  la 
lucceflion  en  vertu  de  la  loi  ,  &  non  pas  en  vertu 
d'un    teftament.    Les  biens  délailfés  par  les  bâtards 
inteflats  appartiennent  au  Roi. 

Selon  quelques  Auteurs ,  le  fils  héritier  ab  inteflat 
fe  trouvant  chargé  de  reftituet  l'hérédité  à  l'héritier 
écrit ,  retiendra  outre  fa  légitime  la  quarte  trébellia- 
nique  fur  les  biens  qu'il  fera  obligé  de  reftituet.  Cette 
diltradfion  de  la  quarte  trébellianique  &  de  la  légiti- 
me en  même-temps  ,  efl  fondée  fur  1  ulage  du  Parle- 
ment de  Provence ,  qui  a  été  tiré  du  Droit  canoni- 
que ,  &  du  Icntiment  des  Interprètes.  Il  y  a  plulieurs 
autres  Parlemens  du  Droit  écrit ,  où  Pon  juge  qu'en 
ce  cas  la  légitime  oc  la  quarte  trébellianique  fe  détrui- 
fent  par  un  concours  mutuel  ;  de  foite  que  l'on  ne 
peut  les  prendre  toutes  deux  en  même  temps.  C'eft 
l'avis  de  Cujas  ,  qui  prétend  que  cette  opinioneft  con- 
forme  aux  véritables  principes  du  droit.  Aurrefois 
ceux  qui  mouroient  inteflats  ctoient  tenus  pour  dam- 
nés ,  &  pour  infimes.  Car  comme  par  les  Canons  des 
Conciles  on  étoittcnu  d'appliquer  en  œuvres  pics  une 
partie  de  les  biens ,  que  Matthieu  Paris  dit  être  du 
moins  la  dixième  pour  le  falut  de  fon  ame, celui-là 
étoit  réputé  en   avoir  abandonné  le  foin  ,  qui  avoir 
manqué  à  faire  un  teftament ,  &  des  legs  pieux.  On 
a  commandé  en  quelques  Conciles  aux  Prêtres ,  d'ex- 
horter les  moribonds  à  donner  une  partie  de  leurs 
biens  à  l'Eglile  ,  ou  aux  pauvres  :  ce  qui  fut  porte 
fi  loin ,  qu'on  rcfufoit  l'abfolution  ,  &  le  Viatique  , 

Ee  ij 


m 


220  î  N  T 

à  ceux  qui  ne  dcicroient  pas  à  leui's  exhoitations  , 
de  forte  qu'ils  ne  mettoicnt  point  de  diiiéicnce  entre 
ces  intcjlats  ,  &  les  dékfpérés  qui  s'ctoient  procure 
la  mort  ,  &  on  les  privoit  de  fépukurc.  Cela  donna 
lieu  à  un  arrêt  du  19  Mars  1409  rapporté  par  Tal 
quier  ,  qui  tait  dotenlcs  a  l'Evêquc  d  Amiens  d  em- 
pêcher ,  comme  il  failoit  ,  la  fépukurc  des  décédés 
ai>  intejlat.  Voyez  Du  Cange  ,  qui  traite  amplement 
cette  matière,  &:  qui  témoigne  que  tous  les  biens 
meubles  de  ceux  qui  étoient  morts  fans  contellion  , 
.  fans  avoir  reçu  le  Viatique ,  tk  fans  avoir  fait  des 
aumônes  par  leur  tellament ,  quoiqu'ils  tullent  morts 
de  mort  lubite  ,  étoient  confifqués  au  profit  des  Sei- 
gneurs ,  &C  en  quelques  lieux  au  profit  des  Evcques. 
On  en  voit  encore  quelques  veftio'cs  dans  les  ancien- 
nes Coutumes  de  Normandie. 

Cette  expreilîon  ,  ab  intejlat,  veut  dire  ,  fans  te/ 
tament  ;  elle  marque  qu'une  choie  arrive  lans  qu  il 
y  ait  eu  de  tellament  tait  ,  ou  à  caule  qu'il  n'y  a 
point  eu  de  tellament  fait.  Mort  ah  intejlat.  Héritier 
ab  intejlat.  On  dillingue  intejlat  de  fait ,  &  de  droit  : 
de  fait ,  lorfqu'une  perfonne  meurt  lans  faire  ertec- 
tivement  de  tellament  :  de  droit  ,  lorfqu'clle  fait  un 
reflament  qui  eft  nul  &c  calTé  ,  alors  les  héritiers  lé 
gitimes  fucccdent  al  intejlat. 

INTESTIN,  INE,  adj.  Ce  mot  efl  Latin  ,  &  fîgnifie, 
Qui  efl  intérieur  ,  qui  ell  en  dedans.  Intejlinus ,  inter 
nus  ,  intimas.  La  terre  a  àc$  feux  ,  des  vents  intejlins 
qui  caulént  les  tremblemens  de  terre.  C'ell  la  chaleur 
intejlinc  qui  produit  les  vapeurs  ,  qui  fond  les  métaux 
&  les  minéraux ,  &c  qui  les  cuit.  Il  y  a  d.ans  le  fang 
un  mouvement  intejlin  ,  ou  de  fermentation,  qui  loin 
d'être  incompatible  avec  la  fermentation  ,  en  ell  une 
luite  néceflaire. 

En  parlant  de  la  légère  fermentation  qui  fe  fait 
dans  le  vin  ou  dans  la  bière  en  certains  temps  de 
l'année  ,  M.  l'Abbé  NoUec  dit  que  ces  mouvemcns 
intejlins  ne  manquent  point  de  donner  lieu  aux  par- 
ticules d'air  defe  dégager  ,  &  de  monter  à  la  luiface. 
tom.  j.  pa^.  32 j. 

Intestin  j  fe  dit  aulîî  en  parlant  des  maux  dont  les 
caufes  font  cachées.  Il  a  une  ÇibiïC  intefùne ,  qui  le 
mine,  qui  le  fait  mourir.  Il  a  une.  àonlsnt:  intejline , 
dont  on  ne  voit  aucune  caufe  apparente. 

Intestin  ,  fe  dit  aulli  figurément  en  chofes  morales.  On 
appelle  guerre  intejline  ,  ditcorde  intejtine  ,  la  guerre 
civile ,  parce  qu'elle  fe  fait  dans  l'intérieur  de  l'Etat. 
Nos  troubles  inte/lins  avoient  long-temps  déiolé  le 
Royaume.  On  le  dit  aulli  desdiilenfions  domtldques. 
La  jalouhc  avoit  allumé  une  guerre  uitejiine  entre  les 
époux.  On  le  dit  encore  de  la  guerre  que  nouj  font 
les  paillons.  Tant  que  l'on  a  des  pallions  à  vaincre  , 
&  que  l'on  éprouve  des  guerres  intejlines.  Abbe  de 
LA  Trate. 

Intestin,  f  m.  Terme  d'Anatomie.  C'ell  ce  qu'on  ap- 
pelle boyau  ,  qui  efl  un  corps  long  ,  rond  &  creux  , 
qui  va  depuis  le  ventricule  jufqu'à  l'anus ,  qui  efl  tor- 
tillé en  divers  plis,  tours  oc  ïtioms.  Intejlinum.  Les 
intejlins  fervent  à  digérer,  à  purifier,  à  diftribuer  le 
chyle  ,  &  à  vider  les  excrémens.  C'cft  une  lubllance 
charnue  en-dedans  j  &  membraneufe  par- dehors  , 
compofée  de  trois  tuniques  ,  qui  a  une  infinité  d  ar- 
tères ,  de  veines  ,  de  nerfs  ,  de  fibres ,  de  veines  lac 
tées.  Les  intefdns  retiennent  quelque-temps  les  ali 
mens  qui  achèvent  de  s'y  perfectionner  ,  &  de  fe 
convertir  en  une  liqueur  blanche  qu'on  appelle 
chyle.  Ce  chyle  ell  enluite  exprimé  à  pluficurs  re- 
prîtes dans  les  vaiffeaux  laclés  par  la  propre  con- 
traélion  des  inteftins,  &:  par  la  prelîion  du  diaphrag 
me  &  des  mufcles  de  l'abdomen.  Les  intcjiir.s  ont 
fept  fois  la  hauteur  de  l'homme  ,  ou  ,  félon  Mippo- 
crate  ,  treize  coudées.  C'eft  une  erreur  de  croire  que 
les  intejlins  ont  une  longueur  déterminée  par  rapport 
à  la  hauteur  de  l'homme  ;  l'expérience  montre  le 
contraire.  Vimeftin  j  quoique  continu  ,  fe  divife  en 
fîx  ,  duodénum  ,  jéjunum  ,  iléon  ,  cœcum  ,  colon  &: 
reclum ,  qui  feront  expliqués  à  leur  ordre.  Lestroi: 
premiers  s'appellent  les  intejlins  grè/es  ,  Se  les  na'r- 
derniers  ks^ros  intefibis.  Les  Médecins  les  appellent 


î  N  T 

en  Latin  Intejlina  j  &  en  Grec  i'ncf»» ,  &  vulgaire- 
ment chordx  ;  dc-là  vient  qu'on  appelle  de  ce  nom 
les  cordes  de  luth;  parce  qu'elles  font  faites  de  boyaux 
delléchés. 

Il  y  en  a  qui  appellent  du  nom  à'intejlins  toutes 
les  parties  conter.ucs  dans  les  trois  ventres,  &  qfi 
dif'ent ,  par  exemple  ,  que  le  cerveau  efl  un  pacutc 
A'intefttns  qui  remplit  le  crâne.  Nehemias  Grcw  a 
donné  en  Anglois  l'Anatomie  comparative  des  ven- 
tricules &  des  inteftins, 

INTESTINAIRE.  f.  m.  Nom  que  l'on  a  donné  dans 
l'Antiquité  à  certains  Ouvriers  ,  ou  Artifans.  Intefti- 
narius.  Les  Inttftinaires  étoient  ceux  qui  faifoient  des 
ouvrages  pour  le  dedans  des  mailons  &  des  apparts- 
mens  ,  &  qu''on  .appelle  Opus intej'tinum.'&ui^ié  ik.  d'au- 
tres Savans  ont  cru  que  ces  ouvrages  étoient  ce  que 
nous  appelons  delà  boiferie  ,  de  la  menuiferie.  Ainfi 
les  Intcjlinaires  croient  des  menuifiers.  Saumaile  eft 
du  même  fentiment  que  Budé.  Voyez-le  fur  Solin  , 
p.  1034.  (Se  /04O  ,  &  la  2*^.  loi  duCodeTheodofien, 
de  Excuf.  ^rtij.  Gcdcfroi  fur  cette  loi,  Vitru\'e ,  Z, 
/;-'.  c.  4.  L.  V.  c.  L.  FI.  c.  2.  8.  Pline  ,  Z.  XFI.  c. 
42.  où  il  efl  parlé  des  ouvrages  de  ces  artifans  &:  de 
leurs  diflérentes  cfpeces. 

INTESTINAL ,  ALE  ,  adj.  Terme  d'Anatomie.  Qui 
efl  dans  les  inteftins ,  qui  leurfert ,  qui  y  a  rapport.  On 
le  dit  d'une  veine  qu'on  appelle  Intejtinale.  La  veine 
intcjunale  ,  ou  V Intcftinale  j  va  fe  joindre  à  la  veine 
porte  ,  avant  qu'elle  fe  perde  ,  &  qu'elle  entre  dans 
la  partie  cave  du  toie.  Dionis.  Une  colique  intijtinale. 
Un  enfant  à  la  fbrtie  des  dents  ,  ou  à  l'occafion  d'une 
colique  intefdnale ,e(\:  agité  de  mouvemcns  ccnvullifs. 
Le  canal  intejtina/  efl  cette  loni-ue  luite  de  boyaux 
qui  commence  au  pilote  ,  &  finit  à  l'anus  ,  après  avoir 
pris  iix  noms  difterens,  qui  font  les  fuivanscn  com- 
mençant par  le  pilore  ,  duodénum  ,  jéjunum  ,  ilcum  ^ 
ou  iléon,  cœcum  ,    colum  ,  ou  colon  &  reclum. 

INTHAL  ^  ou  INTAL.  Qui  lignifie  la  Valk-e  d'Inn; 
Intalia ,  Oeni  vallis.  C'ell  cette  partie  du  Tirol  qui 
efl  le  long  de  la  rivière  dTnn  ,  dont  elle  prend  loa 
nom.  Infpruck  de  fiall ,  en  font  les  lieux  principaux. 
Maty. 

INTHRONISATION ,  ou  plutôt  INTRONISATION, 
f.  f.  L'entrée  d'un  Prélat  en  poifellion  de  ton  Siège 
Epitcopal,  la  prile  de  poflelîion.  In  Epifcopalc  mw, 
nus  introduclio.  On  a  fait  quelquefois  des  oppolitions, 
des  prpteflations  à  V intronijation  de  quelques  Evc- 
ques. Il  y  avoir  autrefois  ,  du  moins  en  Orient,  des 
droits  à' intronijation ,  appelés  inthroniftica  ;  c'étoic 
une  fomnie  d'argent  cui  le  donnoit  par  le  Patriarche 
à  ceux  qui  l.-^voient  élu  ,  &  par  les  Evéques  à  celui 
qui  les  avoit  fàcrés  ,  lequel  la  dillribuoit  à  (es  autres 
Olficiers.  Le  Concile  de  Latran  (tenu  en  1 179.)  dé- 
fend, can.  7.  comme  des  abus  horribles  de  rien  exi- 
ger pour  V intronifation  des  Evêques  ou  des  Abbés. 
Freury,  HiJ't.   EccléJ'. 

Ce  mot  à' intronifation  efl  peu  en  ufage  en  Fran- 
çois ;  on  ne  le  dit  qu'en  parlant  de  la  prife  de  poi- 
fefîion  d'un  fiége  par  un  Evêque. 

Inthronisation  fe  dit  aulii  d'une  partie  de  la  cérémonie 
du  Couronnement  d'un  Roi  de  d'une  Reine  ,  com- 
me dans  cet  exemple  :  Au  ficre  de  l'Empereur  j  com- 
me Roi  de  Bohême  ,  fait  à  Prague  le  5  Septembre 
1723.  la  Couronne  ayant  été  bénite ,  l'Archevêque 
de  Prague  la  mit  fur  la  tête  de  l'Empereur ,  qui  re- 
tourna à  fbn  trône ,  &  l'Officiant  prononça  les  pa- 
roles de  V  intronifation.  Gaz.  1723.  p.  472.  Ainfî 
\' intronifation  IJCT  efl  proprement  le  moment  où  le 
Souverain  couronné  fe  place  fur  fon  trône.  La  prière 
qui  le  foit  alors  efl  appelée  dilcours  de  l' intronifation. 
Ce  mot  vient  de  ;»  ,    dans,  &  fc^.o^,  trône. 

INTHRONISER,  &  mieux  INTRONISER,  v.  a.  Met- 
tie  en  poflelîion  d'une  dignité  j  d'une  Prélarure. /« 
munus  introducere.  Cet  Evêque  a  été  intronijé  avec 
grande  cérémonie  ,  avec  grande  acclamation  du  peu- 
ple. 

rcr  On  le  dit  en  parlant  de  la  cérémonie  qui  fe  fait, 
quand  on  met  un  Evêque  dans  Ion  Siège  épifcop:'!, 
loriqu'il  prend  poilelhon  de  fon  Egiife.  Après  1  avoir 


I  N  T 


intronifc  on  chanta  le  Te  Deum. 
INTIAQUaCQUI.  f.  m.  Nom  d'une  Idole  des  Bar- 
bares du  Pcioii.   Intiaquaquus.    Ce  liKJt  iignilic  dans 
la  langue  du  Pérou  Holcil  frère.  Vliuiaquacqui  ctoir 
une  desrrois  flitues  du  Soleil  ,  que  les  Ferouansado- 
roient,  &  auxquelles  ils  Kiifoienc  autrefois  des  faen- 
fices  le  jour  de  K  te  ,  qui  commeiiçoit  leur  .innée.  Les 
deux    autres   ctoient    Apointi  &  Churiunti.  Foyc-^ 
Linfchotanus ,  Hifc.  Ind.  Occident. 
{CF  INTIENGA.  C  m.  Petit  animal  quadrupède  d'Afri 
que,  particulièrement  du   Royaume  de  Congo.  La 
peau  en  eft  fi   belle,  ornée  de  couleurs  fi  brillantes 
&C  Cl  vives  j  qu'il  n'eft  permis  qu'au  Roi ,  aux  Prin- 
ces de  la  famille  Royale  ,  &:  aux  Grands  que  le  Roi 
veut  diftinguer,   d'en  porter  des  fourrures.  Cet  ani- 
mai a  cela  de  particulier  qu'il  vit  toujours  fur  les 
arbres  ,  &c  meurt  aullitôt  qu'il  eft  à  terre. 
INTIMATION,  f  f  Signification  ou  déclaration  qu'on 
fait  à  quelqu'un  par  un  acle  judiciaire.  Dcnuntiano. 
On  a  fîit  Vinthnatlon  de  la  vente  des  meubles  d'un 
tel  à  un  tel  jour.  On  a  fait  de  furtifantes  ïntïmacions 
à  tous  les  oppofans  de  fe  trouver  à  ralfemblée  des 
créanciers  pour  la  vente  d'une  terre.  Suivant  l'ancien 
ftyie,  encore  ufiré  en  quelques  Provinces  ,  les  ex- 
ploits d'aflîgnation   finilîoient  par  cette  formule  ,  o 
intimation^  qui  veut  dire  avec  intimation ,  avec  de- 
claration    qu'on  fait  du  deflcin  qu'on  a  de  pourlui- 
vre  incelFamment  l'atlairc,  (Sj  d'obtenir  ics  avantages. 
Ce  mot  vient  du  Latin  indmatio  ,  du  verbe  uiti- 
mare  ;  qui  fignifie  ,  Faire  entrer  une  chofe  fort  avant, 
faire  connoître,  déclarer  quelque  choie  dune  ma- 
nière qu'on  n'en  puifîe  point  prétendre  caule  d  igno- 
rance. 
Intimation  ,  Te  dit  plus  ordinairement  de  l'exploit  que 
fait  donner  un  appelant  à  celui  qui  a  obtenu  lentencc 
à  (on  profit ,  pour  la  voir  rétormer  par  un  Juge  fupé- 
rieur.  Les  intimations  en  la  Cour  fe  font  d'ordinaire 
en  vertu  d'un  relief  d'appel  de  Chancellerie.  Quand 
l'allignation  fe  donne  par  l'autre  partie  ,  on  l'appelle 
anticipation. 

On  appelle  folle  intimation  ■,  celle  d'un  Juge  qu'on 
a  pris  à  partie  en  fon  propre  &:  privé  nom  ,  quand 
il  n'y  a  pas  lieu ,  &  quand  il   n'a  point  prévariqué 
en  fa  charge.  En  général  quand  on  intime   fur  un 
appel  quelqu'un  qui  n'a  pas  été  partie  dans  la  fen- 
lence.  On  condamne  toujours  aux  dépens  de  Xifolle 
intimation. 
$^  L'Ordonnance  de  1 66j.  tir.  6.  art.  4.  ordonne  que 
les    folles   intimations  (evont  vuidées  par  un  ancien 
Avocat,  dont  les  parties  ou  les  Procureurs  convien- 
dront. 
§3°  Intimation  d'un    Concile'.  Fqye:^^  Intimer. 
INTIME,  adj.  m.  de  f.  Ami  particulier,  &  à  qui  l'on 
découvre  Ion  cœur ,  &  fes  affaires  ,  plus  confidem- 
ment  qu'à  tout  autre.  Intimas.    Énée   &  Achates  , 
Orelles  oc  Pilades  ,  étoient  des  amis  intimes.  Je  luis 
joint  ai  une.  intime  amitié,  d'une  amitié   très  étroite, 
avec  cet  homme  là  fCT  Dans  ce  lens  on  dit  quelque- 
fois fubftantivement ,  mais  dans  le  ftyle  faiTiilier  feu- 
lement ,  c'eft  mon  intime  ,  ion  intime. 
^fT  Imtime  ,  eft  quelquefois  un  titre.    Confeiller  in- 
time de  l'Empereur. 
Intime,  en  termes  de  Théologie,  efl:  relatifà  l'intérieur. 
Le  but  de  la  Théologie  Myftique  eft  de  former  union 
immédiate  &c  intime  de  l'ame  dévote  avec  Dieu.  Ju.  S. 
François  a  expliqué  les  opérations  les  plus  intimes  de 
la  vie  contemplative.  Boss. 
|J3"  Sens  intime  ,  en  Métaphyfique.    Senfus  intimas. 
Sentiment  intérieur ,  ou   confcience  ,  termes  fyno- 
nymes  ,  qui   délignent  la  manière  dont  on  connoît 
les  chofesqui  ne  font  point  diftinguées  de  loi.  C'eft 
ainli  que  nous  connoillons  notre  ame ,  les  penfées  , 
la  douleur,  le  plailir  ,  en  un  mot  tout  ce  qui  fe  paile 
au- dedans  de  nous  mêmes. 
[NTIME  ÉE.  f.  ou  adj.  employé   fubftantivement.   Se 
dit  proprement  de  ceux,  ou  celles  qui  font  alignés 
devant  un  Jugé  fupérieur  pour  voir  juger  l'a-ppel  d'ime 
fentence  rendue  à  leur  profit.  Défendeur  en  caufe  d'ap- 
pel. L'appelant  &  l'intimé  font  les  deux  parties  prin- 


INT  221 

cipalcs  en   caufe  d'appel.  Anciennemcr.t  on  ajour- 
noir  diretfement  les  Juges  en  la  Cour,  pour  venir 
foutcnir  leurs  fenrences  à  leurs  périls  tk  fortunes  ; 
&  on  faifoit  fimpkment  lignifier  l'appel  à  la  partie  : 
ce  qu  on  appcloit  proprement  intimanon  ,  qui  n'étoic 
autrechole  qu'une  dénonciation  d'appel  i  <Sj  on  ajour- 
noit  aulîi  bien  les  Juges  Royaux  ,  que  les  Juges  guê- 
tres &  pédar.ées. 
0C?  On  n'ajourne  plus  les  Juges  pour  foutcnir   le  bien 
jugé.  On  .ajourne  feulenient  celui  qui  a  obtenu  gain 
de  caufe  en  première  inltancc  ;  S<.  l'on  a  continué  de 
donner  le  nom  d'i«f/OTe  à  celui  qui  eft  ajourné  ainfl 
en  caule  d'appel. 
INTIMEMENT,  adv.  Avec  une  afteâioii  très-étroite. 
Intime.  Ces  deux  perlonnes  font  unies  iKS-intime- 
mcnt.  Il  n'y  a  rien  de  plus  intimement  \xm  à  Jesus- 
CiiRisT  que  les  Prêtres ,  ils  le  produifcnt ,  ils  s'en 
nourillent    Flech.  Nous  pouvons  avoir  nos  idées 
intimement  unies  à  notre  elprit.    Roch.    S  il  n'y  a 
pas  mojen  ,  félon  le  fentimcnt  des  Saints  ,  de  con- 
verler   intimement  .a%  ec  Dieu  &  avec  les  hommes  ; 
il  eft  encore  bien  moins  polfible  d'ouvrir  fon  cœur 
avec  utilité  à   Dieu  &   aux  hommes  tout  enfemble. 
Ab.    de   La  Trape. 
INTIMER.   V.  a.  Signifier  &  déclarer  à  quelqu'un  le 
jour  d'une  allemblée  ,  ou  d'un  adte  judiciaire.  De- 
nunciare.  Les  Lettres  de  Chaiiccllerie  portent  com- 
miilion  à  un  lergcnt  d'intimer  un  certain  &  com- 
pétent jour ,  pour  voir  dire  ou  faire  telle  chofe.  On 
intime   les  oppofans  à  la  vente   des   meubles  ,  des 
fonds  ,  à  certain   jour  .pour  y  aJfiftcr   &:  enchérir. 
On  les  intime  ,  pour  allifter  à  une  délibération  de 
créanciers  j  aftemblée  de  parens  ,  occ.  Le  Pape,  dès 
le  lendemain  qu'il  eut  fait  donner  part  aux  Miniftres 
des  Princes  de  la  refolution  qu'il  avoir  prife.. . .  fi: 
intimer  un   Conhftoire.  Ab.  Recn. 

On  dit  en  ce  fens,  intimer  un  Synode  j  un  Con- 
cile, Indicere ,  pour  dire  ,  marquer  le  jour  &  le  lieu 
où  fe  doit  tenir  le  Synode ,  ralfemblée ,  afin  que 
tous  les  intérellés  s'y  Trouvent. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Intimare  ,  qu'on  trouve 
fouvent  en  la  lignification  de /tz/rc  connoître  ,  Jlgni- 
fer.  Men. 
Intimer  ,  fignifie  plus  particulièrement ,  Allîgner  un* 
partie  qui  a  gagné  la  caufe,  pour  voir  faire  réformer 
la  lentence  par  un  Juge  lupérieur.  Ce  n'eft  pas  allez 
d'interjetter  appel  d'une  lentencc  ,  il  faut  relever 
l'appel ,  &  faire  intimer  la  partie  ,  la  faire  allîgner 
pour  cela.  Intimer ,  aftigner  pour  procéder  fur- 
un  appel. 

On  appelle  intimer  un  Juge  en  fon  propre  &c 
privé  nom  ,  quand  on  l'accule  d'avoir  prévariqué  en 
la  charge  ,  |KF  quand  on  protelfe  de  répéter  contre 
lui  toutes  pertes  ,  dommages  &  intérêts  qu'il  aura 
caufés.  Autrefois  on  intimait  les  juges  fur  toutes  les 
appellations ,  &z  il  falloit  qu'ils  vinlîem  à  la  Cour 
pour  louteniiTeur  lentence. 

On   dit  figurément  dans    le  difcours    ordinaire. 
Pourquoi  m  intime-^-v ous  en  mon  nom  ?    pour  dire  , 
Pouquoi  vous  en  prenez-vous  à  moi  ?  je  n'ai  point 
été  l'auteur  de  cette  aiiaire. 
Intimé  ,  ée.  part. 

INTIMIDATION,  f  f.  Aftion  par  laquelle  on  me- 
nace ,  on  fait  peur  à  quelqu'un.  Terroris  injeciio. 
Intimidation  eft  plus  énergique  ,  Se  dit  plus  que 
menace  ,  mais  il   n'eft  pas  François. 

INTIMIDER.  V.  a.  Faire  naître  dans  l'ame  de 
quelqu'un  un  mouvement  vif&  iubit  de  crainte  par 
l'image  d'un  danger  réel  ou  fimulé.  Terrorem  injice- 
re.  L'arrivée  des  nouvelles  troupes  a  intimidé  les  en- 
nemis. Les  efprits  foibles  lont  ailes  à  intimider.  On 
a  intimidé  les  témoins  qui  ont  été  ouïs  en  cette  in- 
foi  marion.  Il  n'y  a  que  l'horreur  des  fupplices  qui 
puillê  intimiderles  malfaicleurs.  Intimider  la  popula- 
ce. Ablanc.  Iltîche  d'intimider  les  conjurés.  'Vaug. 

Implacable  pudeur  y  règne  fur  mes    defrs , 
Litimide  ma  voix ,  'mes  yeux  &  mesfoupirs. 

La  Suzb. 


222  I   N    T 

ÎMTiMioé,  Ée.  part. 

INTIMITÉ,  f.  t.  Liaifon  inrime.  On  dit  que  deux 
perfonnes  vivent  eniemble  dans  une  grande  indmnc. 
ifT  Concevons-nous  1  union  de  l'ame  avec  le  corps  , 
dont  toute  la  nature  nous  prouve  ïintimité.  Meai. 
DE  Trev.  Ce  mot  ligniiie  encore.  Fond,  intérieur. 
M.  Haies  j  4e  la  Sociitc  Royale  de  Londres ,  tait 
voir  j  avec  la  dernière  évidence  ,  que  tous  les  corps  , 
même  les  plus  folides  y  contiennent  de  l'air ,  non 
feulement  dans  leurs  pores  ,  mais  dans  ï'intimice 
même  de  leurs  parties  conllitutives  ,  enfortc  que 
cet  air  tait  une  portion  de  leur  lubftance . . .  Mey. 
d'Avril  IJ3S.  Intimité  ell  en  Italique  :  i!  temble  fait 
exprès  pour  l'exemple  allégué.  Si  tous  les  mots 
nouveaux  rellembloient  à  celui-là  ,  ce  feroit  une 
véiitable  richellé  pour  la  Langue  Françoile. 
INTINCTION.  f.  f.  Terme  de  Liturgie.  Mélange 
qui  le  tait  à  la  melfe  entre  la  confécration  &  la 
communion  ^  d'une  petite  partie  de  l'hoftie  con- 
lacrée  avec  le  lang  de  Jcl'us-Chrift.  Le  canon  de  la 
melfe  l'appelle  commïxtio. 

Ce  mot  à'intinciion  vient,  félon  quelques-uns, 
de  ces  paroles  de  l'Évangile  que  dit  Jétus- Chrilt. 
Qui  iruinpit  mecum  manum  fuam  in  paropjide.   &c. 
INTITULÀ'riON.  f.   f.  Infcription  qui   ferr  de  titre. 
InfcriptiO.  Vintitulation  d'un  livre.  fC?  Ce  mot  n'efl: 
pas  François.  On  dit  le  titre  d'un  livre. 
INTITULÉ,  f.  m.  Titre  qu'on  met  à  un  ade ,  &c.  Il 
paroît  par   l'intitulé  de  l'ade.   Il  n'a  guère  d'uiage 
qu'en   lèyle  de  Pratique.    L'intitulé  de  l'inventaire  , 
f3".  "eft-à  dire  ,  les  qualités  ^es  parties  comparantes  , 
le  préambule  qui  pçécéde  la  defcription  des  eftets. 
INTITULER.  V.  a.  Mettre  un  titre  à  un  livre  ,  à  un 
difcours  j  à  un  acte  judiciaire.  Infiriben.  Dans  les 
Privilèges  d'imprimer  des  livres  _,  on  marque  com- 
ment ils  iont  intitulés.  Un  tel  ouvrage  eft  intitulé  du 
nom  d'un  tel  Auteur.  Montagne  traite  de  toute  autre 
matière  que  celle  dont  il  i  intitulé  fes  Chapitres. 
Intitulé  ,  ée.  part. 

INTOLÉRABLE,  adj.   m.  &  f.  Qui  ne  fc  peut  tolé- 
rer. Intôkrabilis.    La  goutte  cauié  un  douieur  mto 
lémhlc.   Infupportable  va  mieux  avec  douleur.  Cet 
homme  (é  rend  intolérahle  à  tout  le  monde.  La  mau- 
•vaife  humeur  de  cette  Femme  elt  intoUrabU.  Ceux 
qui  fe  font  rués  eux  mêmes  regardoient  leurs  maux 
comme  intolémbles  ;  autrement  ils  n'auroient  point 
pris  ces  réfolutions  défelpérées.  Nie. 
INTOLÉRABLEMENT.  adv.  N'efl:  pas  François. 
CXF  INTOLÉRANCE,  f.  f.  întolerantia.   Mot    nou- 
veau ,  mais  qui  fe  trouve  fouvent  dans  les  livres  des 
Théologiens.  C'cft  le  contraire  de  la  tolérance.  Foy. 
ce  mot.  L'intolérance  Eccléliaftique  conlilk  à  regar- 
der conune  faulîe  toute  autre  religion  que  celle  que 
l'on  profelfe.  L'intolérance  civile  confiile  à  ne  vou 
loir  ni  tolérer  j  ni  fupporter  ,  ni  admettre  à.  la  com- 
munion des  prières ,  ni  à  la  participation  des  lacre- 
mens ,  ceux  qui  profcircnt  une  autre  religion  que  la 
nôtre. 
IP' INTOLÉRANT,  f.   m.  Intolérans.  C'eft  l'oppofc 
■  de  tolérant.  Foye^  ce   mot.  Celui  qui  ne  veut  ni 
tolérer ,  ni  fupporter  ceux  qui  profellent  un  .autre 
religion  que  la  tienne.  C'eft  le  nom  que  les  Tolé- 
lans  donnent  à  ceux  qui  tont  prorelîion  de  quelque 
communion   Chrétienne  ,    &:    par  dellus  tous  aux 
Catholiques ,  qu'ils  regardent  comme  les  plus  intolé- 
rans de  toutes  les  fociétés  Chrétiennes  ;  parce  qu'ef- 
fectivement les  Catholiques  gardent  mieux  que  per 
fonnele  précepte  de  Jéfus  Chriftj  qui  nous  ordonne 
de  traiter  comme  Payen  &  comme  Publicain  celui 
qui  n'écoute  point  l'Églife.  En  ce  lens  il  n'y  a  mê- 
me ,  à  proprement  parler   ,    que    les    Catholiques 
dont  les  principes  font  intolérans  ,  parce  qu'il  n'y  a 
qu'eux  qui  ont  les  vrais  principes. 
INTOLÉRANTISME.    f    m.    Dodrinc  ,    fentiment 
de  ceux  qui  ne  veulent  fourtrir  aucune  autre  Religion 
que  la  leur.  Nous  nous  failons  honneur  de   Vintolé- 
rance  que  les  Protcftans  nous  reprochent.  La  vérité 
cft  une,  &:  ne  fiuroit  rien  ToufFrir  qui  lui  loit  con- 
traire. 


I  N  T 


tfT  INTONNATION.  f.  f.  Intonatio.  Manière  d'en- 
tonner un  chant,  de  le  commencer,  &c  l'attion  de 
donner  le  ton  fur  lequel  il  doit  erre  chanté.  Man- 
quer à  \ intonnation.  L  intonnation  de  ce  pfeaume  eft 
du  premier  ton. 

^fj"  On  dit  encore  qu'un  Muficien  a  l'intonnation  jufte  , 
lorlqu'il  exécute  avec  préciiion  les  intervalle:  de  la 
Mulique. 

INTRADOS,  f  m.  Terme  d'Architecture.  C'eft  la 
partie  intérieure  d'une  voûte  ,  ou  la  partie  courbe 
du  dedans  d'un  voulîoir.  On  l'appelle  auili  Douelk 
intérieure. 

Quelques  -  uns  écrivent  intradcjje.  L'Auteur  du 
Traité  de  la  conlîrudion  des  cheiniiis  propole  cet- 
te dilHculté  à  réfoudre ,  quelle  doit  être  la  portée 
des  vouiloires  depuis  leur  intradojfe ,  à  tciite  forte 
de  grandeur  d'arche  j  &  d'arceau  j  à  l'endroit  de 
la  clet?  JouRN.  DES  Sav. 

M.  Gautier, dans  fon  ouvrage  l'ur  l'épaifTeur  des 
culées  des  ponts  ,  &c.  dit  intradojjé  8c  cxtradojjé  , 
Se  il  tait  ce  mot  du  genre  féminin.  Ce  n'eit  pas 
l'uiage. 

INTRADUISIBLE,  adj.  Qu'on  ne  peut  traduire.  Ce 
mot ,  expoié  d'abord  à  la  cenlure  du  Dietionnaire 
Néologique  ,  a  été  employé  avec  luccès  par  l'Au- 
teur des  Lettres  Philofophiques  ,  au  commencement 
de  la  XXIF  Lettre.  Il  y  a  ,  dit  il  ,  un  Poëmc  An- 
glais qui  s'appelle  Hudibras.  Le  iujct  eft  la  Guerre 
Civile  ,  &;  la  Secte  des  Puritains  tournée  en  ridi- 
cule. C'eft  Don  Quichotte  ,  c'eft  notre  Satyre  Mé- 
nippée  ,  fondus  eniemble  ,  c'eft  de  tous  les  livres 
que  j'ai  jamais  lus  ,  celui  où  j'ai  trouvé  le  plus  d'ef- 
prit  :  mais  c'eft  le  plus  intradwfible. . . . 

tfT  On  trouve  intraducîitle ,  dans  les  Mém.  de  Trév. 
mais  avec  un  correclit.  Quoique  cette  dcicription 
foit ,  pour  ainll  dire ,  intraduciible.  Intraduifihle  eft* 
plus  ulité. 
go  INI  R  AIT  AELE.  adj.  m.  &  f.  Intraclabilis.  Homme 
d'un  efprit  farouche  tk:  fauvage ,  d'un  caractère  dur  , 
dune  humeur  inflexible  ,  avec  lequel  on  ne  peut  ni 
traiter  ,  ni  agir  ,  ni  converfer.  L'orgueil  ,  la  lierté 
de  ce  favori,  l'ont  ïQnànmtraitablc.  Les  Poètes  font 
d'ordinaires  intraitables  lur  l.-urs  vers.  Boi.  Genus 
irritahile  vatum.  Horat.  Les  gens  qui  fe  piquent 
d'un  éminent  lavoir  ,  font  intraitables  de  ce  côté  là  ; 
ils  croient  que  tout  le  mérite  eft  renfermé  en  leur 
perfonne.  Bell.  Les  Allemands  ont  naturellement 
ielprit  dur  &  intraitable.  Flech. 

IN  TRANSITIF  ,  IVE.  adj.  L'Auteur  de  la  Gr.ammaire 
générale  &  railonnée  appelle  verbes  i«m7/î/??i/i ,  ceux 
dont  l'adion  ne  palfe  point  hors  de  celui  qui  agit, 
comme  aller  j  partir  ,  monter  ,  defcendre  ,  arriver , 
retourner &  il  dit  que  quelques  uns  de  ces  ver- 
bes,  êî intranjitifs  deviennent  tranjltifs  &  propre- 
ment actifs  J  lorfqu'on  y  joint  quelque  mot  qu'ils 
doivent  régir.  .  .  Dans  le  premier  cas  ils  prennent  le 
verbe  auxiliaire  être  ,  Il  eft  ailé  ,  il  eft  parti ,  il  eft 
monté  ,  &c.  &  dans  le  fécond  ils  prennent  le  verbe 
auxliaiie  avoir  ,  Se  le  participe  étant  gérondif,  ne 
change  plus  de  genre  ni  de  nombre.  Ainlî  l'on  doit 
dire ,  Cette  femme  a  monté  la  montagne  ,  &  non 
pas  ,  eft  monté  ou  eft  montée  ,  ou  a  montée. 

ifj-  INTRANSMUABLE,  INTRANSMUTABLE.adj. 
de  t.  g.  Qu'on  ne  peut  tranfmuer.  Les-  métaux  font 
inconvertibles  ,  intranfmuables  ,  impérillables.  Plu- 
CHE.  Voye,-{  Transmuer. 

îNTRANT.  f.  m.  Tferme  de  l'Univerfité  de  Paris. 
C'eft  celui  qui  eft  choifi  par  fa  Nation  pour  nom- 
mer le  Recteur.  Il  y  a  quatre  Intrans  ■,  parce  qu'il 
y  a  quatre  Nations  dans  l'Univerlîté  ;  âc  lorqu'il  eft 
queltiondc  fiireun  Redeur ,  chaque  Nation  nomme 
fon  Intrant.  Enfuite  cts  Intrans  fe  retirent  en  par- 
ticulier pour  faire  le  Recteur  -,  &  lorlqu'il  y  a  par- 
tage de  voix,  le  Redeur  qui  eft  encore  en  charge, 
pourvu  qu'il  ne  s'agilfc  pas  de  lui-même,  fait  pen- 
cher la  balance  du  côté  qu'il  lui  pl.iît. 

Dans  l'Univerhté  d'Angers  &.-iiJleurs,  on  appelle 
Intrans  ceux  qui  repréfentent  le  corps  de  1  Univer- 
lué  J   &   qui  compofent  fes  aifemblées  communes. 


I  N  T 

&c  qui  y  ont  voix.  C'cft  à  proprement  parler  les 
Officiers  de  1  Univcriité. 
iNTRLriDE.  adj.  m.  ik  f.  C'cft  proprement  celui 
qui  affronte  &:  voit  de  làng  froid  le  péril  le  plus 
évident ,  &:  qui  n'efl:  pas  même  effrayé  d'une  mort 
préfente.  C'cft  le  caraéi:èrc  du  héros.  Homme  in- 
trépide. Comagc  imrcpide.  foj)'.  Intrei'iditÉ.  Irnrc- 
pidus.  Le  Miiuftrc  alloit  d'un  pas  intrépide  où  la 
la  raifon  d'État  le  déterminoit.  Boss.  Le  vaincu 
lembJoit  encore  menacer  le  vainqueur  par  les  triftes 
&  intrcpidcs  regards.  id.  Un  Général  d'armée  doit 
avoir  une  armée  intrépide  \  être  hoid  &  tranquille 
dans  un  jour  de  bat.iille.  Balzac  a  dit  que  le  mot 
intrépide  lui  plaifoit  extrêmement ,  &  que  s'il  avoit 
du  crédit ,  il  l'employeroit  pour  foUiciter  (a  récep- 
tion. S'il  vivoit  ,  il  goiàteroit  le  plaillr  de  le  voir 
parfaitement  bien  établi. 

Heureux   trois  fois  heureux  /'intrépide   Turenne , 
D'avoir  perdu  la    vie  au   milieu  de  la  plaine 

Danchet. 

//  fut  fage  au  Confeil  ,  au  combat  intrépide. 

INTRÉPIDEMENT,  adv.  Avec  intrépidité.  Intré- 
pide. 

INTRÉriDITÉ.  f.  f.  tfT  Fermeté  éprouvée  par  la 
préfencedu  danger,  des  peines  &  des  fouffrances  : 
force  extraordinaire  de  l'ame  ,  qui  l'élève  au  delFus  des 
troubles ,  tk  des  délordres  que  la  vue  des  grands  pé- 
rils pourroit  exciter  en  elle.  Magnanimitas  ,  au- 
dacia  y  jortitudo.  La  Roch.  La  brutalité  mène 
quelquefois  aulli  avant  dans  le  péril ,  que  V intrépidité  ; 

«  mais  celle-ci  marche  avec  connoillance  ,  &  l'autre 
par  un  emportement  aveugle  &  féroce.  Le  courage 
du  Maréchal  de  Chàtillon  étoit  une  intrépidité 
lente  &  pareffcufe.   S.  tvR. 

|ÎCJ"  Lntrepicite.  Cœur  ,  courage  ,  valeur  ,  bravoure , 
fynonymcs.  L'intrépidité  attronte  Se  voit  de  lang 
froid  le  péril  le  plus  évident.  Elle  n'eft  point  ef- 
frayée d'une  mort  préknte.  Syn.  Fr.  Les  mots  de 
bravoure  tk.  iî intrépidité  ont  moins  de  rapport  à 
l'action  que  les  trois  autres  -,  mais  ils  renferment 
dans  leur  idée  particulière  un  certain  rapport  au  dan- 
ger que  les  autres  n'ont  pas.  L'intrépidité  lait  qu'on 
le  facnhe  :  mais  elle  ne  le  montre  que  dans  le  cas 
où  le  devoir  &  la  nécelllté  y  engagent,  /''oy.  les 
autres  mots. 

INTRER.  V.  n.  En  Latin  intrare  ,  entrer.  Intrer  n'eft 
plus  d'ufage  ,  Intrus  lublifte.  GloJJ'.  des  Poéf.  du 
Roi  de  Navarre. 

INTRIGANT  ,  ANTE.  adj.  Qui  fc  mêle  de  beau- 
coup d'intrigues.  Pour  faire  fortune  il  faut  être 
fort  intrigant.  Cette  femme  vous  pourra  taire  trou- 
ver un  bon  parti,  elle  a  l'efprit  adroit  8c  intrigant, 
c'eft  une  femme  fort  intrigante.  Il  eft  quelquefois 
fubft.    C'cft  une  intrigante.  Ac.  Fr. 

UC?Il  me  femble  que  ce  que  nous  appelions  intri- 
trigant  ,  eft  précifément  ce  qu'Horace  appelle 
Agilis. 

Nunc  agilis  fio  ,  &  mergor  civilibus  undis. 

§CT  INTRIGUE,  f.  f.  on  le  faifoit  autrefois  mafculin. 
En  Morale  ce  mot  défigne  des  pratiques  lourdes  èc 
fecrètes  qu'on  emploie  pour  faire  réulllr  une  affaire _, 
des  voies  détournées  pour  arriver  à  fes  hns  par  la 
cabale  &  par  le  manège.  Artes.  On  dit  en  ce  fens 
fotmcr  une  intrigue.  Démêler  ,  débrouiller  j  dé 
nouer,  conduire  ,  mener  une  intrigue.  Intrigues  de 
la  Cour  j  intrigues  du  cabinet. 

Ne  defcendons  jamais  dans  de  lâches  intrigues. 
N  allons  point  à  l'honneur  par  de  homeufes  brigues. 

§3^  Intrigues  ,  en  matière  de  Belles  Lettres.  Affem- 
biage  de  plufieurs  circonftances  ou  événemens  qui 
fe  rencontrent  dans  une  affaire ,  iSc  qui  embarralfent 
ceux  qui  y  font  intérelléi. 


I  N  T 


223 


^fj  Ce  mot  vient  du  Latin  intricare ,  cmbarralTcr  ,  & 
celui-ci  de  iricd  ,  cheveux  ,    hlets   que  les  oifeaux 
s'entortillent  autour  des  pieds  j  tk  qui  les  empêchent 
de  marcher.    Tripaut  adopte  cette  conjetiure  ,  6c 
allure  que  ce  mot  fe  dit  proprement  des  poulets  qui 
ont  les  pieds  ainli  empêtrés  ,  tk  qu'il  vient  du  "  tk 
if.'  ,  cheveux.   f^oye^MiuAct. 
Îf3'  Intrigue  ,   dans  ce  fens  ,  fe  dit  des  différens  in- 
cidensquitormcnt  le  nœud  d'une  pièce.  C'eft  len(L-ud 
ou  la  conduite  d'une  pièce  dramatique  ou  d'un  Ro- 
man ,  c'eft-à-dire  le  plus  haut  point  d'embarras  où 
fe  trouvent  les  principaux  perfonnages  j   par  l'arti- 
fice ou  la  fourberie  de  quelques  perlonnes,  ou  par 
la   rencontre  de  plufieurs  événemens  foituits  qu'ils 
ne  peuvent  débrouiller.  Nodus  Voy.    Nceud.    L'in- 
trigue conlïftc  à  jetter  les  fped;ateurs  dans  l'incerti- 
tude fur  le  fort  des  principaux  perfonnages.  Elle  doit 
être  fimplc  dans  fon  principe ,  féconde  dans  fes  fuites , 
naturelle  &c  vrailemblale. 
Intrigue  ,    fignifîe    auili  ,     Ce    qui  fe    fait    par  l'a- 
drelle  Se  la  pratique  de  certaines  pcrfonnes  qui  em- 
brouillent les  chofes  afin  d'en  profiter.  Il  s'eft  fait  de 
grandes  intrigues  à  la  Cour  pour  détruire  ce  favori , 
pour  en  mettre  un  autre  en  fa  place.  On  a  fi  bien  dé- 
guifé  au  Prince  la  vérité  ,  qu'il  n'a  fu  débrouiller ,  dé- 
velopper cette  intrigue^  pénétrer  le  fecret  de  cette  in- 
trigue.   Aucun  Auteur  ne   fut  plus  induftrieux  que 
Tacite  à  bien  démêler  Se  à  bien  débrouiller  les  intri- 
gues d'une  Cour  raffinée.  Amelot. 
%fT  On  dit  dans  ce  fens ,  vivre  à' intrigue ,  en  parlant  de 
gens  qui ,  par  leurs  avis ,  leurs  connoillances ,  leur 
adrelîc,  favent  embrouiller  ou  débrouiller  les  affaires 
&  en  tirer  du  profit.  C'eft  un  homme,  une  femme 
à' intrigue ,  qui  vit  d'intrigue. 
§3° Dans  le  ftyle  familier,  \c  mot  à' intrigue  fe  dit  quel- 
quefois d'un  fimple  embarras  ,  d'un  incident  fâcheux. 
On  dit  d'un  homme  qui  relevé  d'une  maladie  dangc- 
reufe  Se  qui  n'eft  plus  en  danger,  qu'il  eft  hors  à'in- 
trigue.   On  dit  la  même  chofe  d'un  homme  qui  eft 
forti  d'une  mauvaife  affaire. 
ifTLn  matière  de  galanterie ,  intrigue  fe  dit  d'un  com- 
merce fecret.  Il  a  une  intrigue  qui  l'empêche  de  par- 
tir. 
INTRIGUER,  v.  a.  EmbarrafTer,  ne  fc  dit  que  des  per- 
fonnes.    Ce  que  vous  me  dites-là  m'intrigue  beau- 
coup. 
S'Intriguer,  v.  récip.  Se  immifcere ,  rnachinari.Se  mê- 
ler, fe  fourrer  par-tout,  chercher  à  avoir  accès.   Cet 
homme  s'intrigue  par- tout.    Il  s'eft  fî  bien  intrigué 
chez  ce  Miniftre  ,  qu'il  a  obtenu  la  place  qu'il  demaii- 
doit. 
§3° S'Intriguer,  fîgnifie  aulfi  fe  donner  beaucoup  de 
peine  .  mettre  diftérens  moyens  en  utage  pour  par- 
venir ,    pour  s'avancer ,    pour    obtenir  une   grâce  , 
pour  faire  réullîr  une  affaire.    Il  s'eft  bien  intrigué 
pour  obtenir  ce  qu'il  demandoit. 
ftCr  Intriguer,  v.  n.  Employer  l'intrigue.  Il  ne  fait 
qu'intriguer  Se  cabaler.    Les  plus  habiles   intriguent 
beaucoup  J,  parlent  peu  Se  n'écrivent  point. 
Intrigué,  ée.  part,  ce  adj.  ^fTOn  dit  qu'Un  homme 
eft  bien  intrigué ^  pour  dire  qu'il  eft  bien  embarraffé. 
Ac.  Tr. 
ÇCF  II  fe  dit  auflî  en  parlant  d'une  pièce  de  ;:héatre ,   Se 
il  fignifie,  qui  contient,  qui  renferme  des  intrigues. 
Ce  n'eft  pas  affez  qu'une  pièce  foit  intriguée  ,    elle 
doit  l'être  tragiquement.  Voltaire. 
r;:x  INTRIGUEUR  ,  EUSE.  Qui  mené,  qui  conduit 
une    intrigue.    Clandejîinarum   machinator    artium. 
Ce  mot  n'eft  pas  d'ufage ,  à  moins  qu'on  ne  s'en  fer- 
ve  dans  le  difcours  familier  ,   toujours  dans  un  fens 
odieux. 
Urr  INTRINSÈQUE,  adj.  de  t.  g.  Qui  fe  dit  par  op- 
pofitioii   à    extiinfèque.    Intrinfecus.    Qui   eft  inté- 
rieur ,  au-dedans  d'une  choie.    Mais  ce  mot  paroît 
convenir  feulement  aux  qualités  des  chofes  qui  leur 
font  propies  Se  elfentielles.  Se  qui  en  font  la  valeur, 
à  la  différence  des  mots  intérieur  Se  interne,  qui  ont 
leur  ufaee  particulier.  Ainfi  l'on  dit  propriétés  intrin- 
sèques ,  bonté  intrinsèque,  V.  Intérieur  Se  Interne. 


a24  I  N  T 

Cc?IntrimsÈq.ue  ,  dir  M.  lAbbé  Girard,  s'applique  à 
la  valeur  ou  à  la  qualité  qui  r;;(ulrc  de  l'cllcncc  des 
choies  mêmes  ,  indépendamment  de  l'ertimation  des 
hommes.  Les  dirlereutes  mutations  des  monnoies  , 
ont  appris  à  faire  attention  à  leur  valeur  intrinsèque. 
La  valeur  intrinsèque  d'une  choie  eil  la  choie  même 
conlîdérée  relativement  à  fa  matière  j  indépendam- 
ment du  travail  &  de  la  façon. 

En  parlant  de  la  monnoie,  on  appelle  valeur  in 
trinsèque ,  la  valeur  des  efpèces  par  rapport  à  leur 
poids  j  &  valeur  extrinsèque ,  celle  que  le  Souverain 
àonne  aux  monnoies  ,  indépendamment  du  poids. 

't^-  INTRINSÈQUEMENT,  adv.  D'uiie  manière  in- 
trinsèque. Imrinfecè.  On  dit  qu'une  chofe  ell  intrin- 
sèquement bonne. 

fa- INTRIQUE.  Vieux  mot  dont  s'eft  fervi  Corneille 
dans  le  Menteur ,  pour  intrigue ,  lignifiant  un  inci- 
den>:  i^cheux. 

Vous  peuvent  engager  en  de  fâcheux  intriques. 

^fTOn  ne  ledit  plus.  Thomas  Corneille,  dans  l'édi- 
tion qu'il  fit  des  œuvres  de  Ion  hère  ,  lubftitua  : 

yous  couvriront  de  honte  en  devenant  publiques. 

INTROCESSION.  f  f.  VintroceJJIon  d'une  lame  exté- 
rieure que  nous  pouvons  fouvent  melurer-,  efl:  en 
raifon  foufdoublée  de  toute  la  force  qui  prelfe  inté- 
rieurement les  parties.  Les  incrocejjlons  des  parties 
font  égales  dans  le  concours  de  trois  corps  mous , 
quoique  leurs  adrions  foient  inégales.  [Elémens  Ala- 
thematiqucs  de  Phyfique  de  s'Gravefande. 

INTRODUCTEUR  ,'TRICE.  f  m.  &:  f.  Qui  introducit. 
Celui,  celle  qui  introduit.  Je  vous  fervirai  é'intro- 
duclcur ,  je  ferai  votre  introducteur  :  votre  feul  mérite 
pourroit  vous  lervir  d'introducteur.  La  crainte  de  l'en- 
fer cil  V introductrice  de  la  charité.   Nie. 

fiSTOn  appelle /«fTOi/tti-^et'r  des  A mballadcurs,  Legato- 
rum  admijjloni  pntfcclus ,  admiffionalis  ^  l'Olîieier  qui 
a  charge  de  conduire  les  Princes  Étrangers  &  les 
Arabalfadeurs  dans  la  chambre  de  leurs  Majeftés  & 
des  Enfans  de  Fiance.  Il  y  a  en  Fiance  deux  Intro- 
ducteurs des  Ambalîadeurs  qui  fervent  par  lemellres. 
Ils  prêtent  le  ferment  de  fidélité  entre  les  mains  du 
Grand-Maître.  C'eft  une  charge  alfcz  moderne  en 
France  &:  de  la  fin  du  dernier  fiècle.  Il  y  a  un  Intro- 
ducteur 3.  la  Cour  d'Elpagne.  Dans  la  plupart  des  au- 
tres Cours ,  cette  charge  eft  confondue  avec  celle  de 
Maître  des  Cérémonies. 

Il  y  avoir  des  Introducteurs  dans  les  jeux  ou  com- 
bats des  Anciens.  C'éroient  des  gens  qui  introdui- 
f  jient  dans  l'arène  ou  dans  la  lice ,  les  Athlètes.  Foy. 
Pafchahus ,  de  Coron.  I.  FI,  c.  i  r  &  12. 

INTRODUCTIF  ,  IVE.  adj.  Terme  de  Palais ,  qui  fe 
dit  en  cette  phrafe  :  Exploit  introductif  àt  l'inftance  ; 
c'efl:  à-dire ,  par  lequel  commence  l'inlLince.  Primus, 
a.  Suivant  la  requête  introduciive  ,  on  s'ell  propolé 
trois  objets.  Gueau. 

INTRODUCTION.  C  f.  îp°  Introduaio.  Adion  par 
laquelle  on  introduit.  L'introduction  de  la  fonde  dans 
la  vellîe.  On  dit  au  figuré  ['introduction  d'un  uLige , 
d'une  coutume,  pour  dire  l'établillement;  Se  dans  le 
même  fens,  introduction  à  une  Science,  à  la  Phyfi- 
que,  à  la  Géométrie  ,  &Cj,  pour  dire  entrée,  achemi- 
nement. Il  y  a  une  introduàion  à  la  vie  dévote,  de  S. 
François  de   Sales. 

En  termes  de  Palais ,  on  appelle  ex}iloit  A' introduc- 
tion ,  ce  qu'on  appelle  autrement  exploit  mtroduétif 
de  l'inftance ,  par  lequel  on  commence  ,  on  introduit 
la  conteftation. 

INTRODUIRE.  V.  a.  J'introduis,  j'introduifois ,  ]'intro- 
duifis  ,  j'iji  introduit ,  )' introduirai  ;  que  'fintroduife  , 
}  introduirons  ,  on  que  i'introduijîjje.  Faire  entrer  quel- 
qu'un, lui  faciliter  l'entrée  en  quelque  lieu.  Introdu- 
cere.  On  ne  fait  qui  a  introduit  cet  Ofhcier  dans  la 
raaifon  de  ce  Prince.  Les  Gafcons  s'introduifent  bien 
tout  feuls  à  la  Cour  ,  ils  n'ont  pas  bcfoin  que  per- 
fonne  les  introduife  en  quelque  allemblce.   Les  Mérc- 


î  N  T 

tiques  ont  introduit  fouvenc  les  ennemis  jufques  dans 
le  cœur  du  Royaume. 

;j3"En  Chirurgie,  on  introduit  la  fonde  dans  la  vellîe, 
dans  une  plaie.  Au  moral  ,  introduire  ,  c'eft  donner 
cours ,  donner  commencement.  Inducere.  C'eft  un 
tel  qui  a  introduit  cette  coutume  &  ulige.  C'eit  le 
luxe  qui  a  introduit  la  plupart  des  défordres.  Les  vices 
s'introduifent  intenliblement. 

1^  D.U1S  le  dramatique ,  on  dit  introduire  un  perfon- 
iiage  iur  la  fcène. 

Introduit  ,  ite.  part. 

INTROÏT,  f.  m.  Le  commencement  de  la  Mellè  ,  le 
premier  motet  que  les  Chantres  entonnent  pour  com- 
mencer une  Melle  haute  ,  ou  la  première  prière  par- 
ticulière de  la  Fête ,  que  le  Prêtre  dit  quand  il  eft 
monté  à  l'autel.  Introitus.  Dans  le  Millel  les  Introïts 
font  diiîérens  ,  félon  les  jours  &  les  fêtes  de  l'année. 
Requiem  uernam  clt  l'Introït  d  une  Melfe  des  Morts. 
Quajimo.o  e!t  ï'Introà  de  Piques  cloics.  Remintfce- 
re,  Ocuti  j  Judica  ,  Léttare  ,  lont  des  Introïts  qui 
donnent  leurs  noms  aux  Dimanches  de  Carême.  C'eft 
le  Pape  Céleftin  qui  a  introduit  l'ufage  de  dire  des 
Anuennes  pour  V  Introït  de  la  Melk.  Autretois  l'An- 
tienne pour  Vlntroit  étoit  fuivie  d'un  I  Icaume  en- 
tier ,  comme  il  paroit  par  le  Sacramentaire  de  S. 
Grégoire.  A  préfcnt  on  n'en  dit  plus  qu  un  verfet. 

Ce  mot  vient  à'introïtus  ,  qui  veut  dire  entrée , 
parce  que  {'introït  fe  dit  au  commencement  &  à 
l'entrée  de  la  Melfe  ;  dans  le  rit  Ambrolien  1  introït 
eji  appelé  ingrejfus  ,  ce  mot  veut  dire  la  même  cho- 
fe. S.  Grégoire  le  nomme  antienne ,  parce  qu  on 
chante  ou  qu'on  récite  alors  des  antiennes.  Ancien- 
iiement  on  a  appelé  l'Introït  en  Latin  IngreJJa  ;  il 
y  en  a  plufieurs  exemples  dans  les  Bollandiites.  Les  ■ 
Alilfels  du  nt  Ambrofien  le  nomment  quelquefois 
ainfi. 

§Cr  INTROMISSION.  C.  f.  Terme  de  Phyfique.  Adion 
par  laquelle  un  corps  eil  introduit  dans  un  autre.  In~ 
tromijjion  de  l'air  dans  les  interllices  de  l'eau. 

INTRONATI.  f  m.  pi.  Nom  dune  Académie  de 
Sienne  en  Italie.  M.  Pclilfon  rapporte  dans  l'hiftoire 
de  l'Académie  Françoife  ,  que  l'Académie  de  gl^  In- 
tonati  de  Sienne  fe  contenta  d'établir  à  la  nailîancc 
fix  loix  fondamentales  fort  courtes.  1°.  Prier.  2°. 
Étudier.  5°.  Se  réjouir.  4°.  N'oienfer  perfonne.  f. 
Ne  pas  croire  légèrement.  G°.  Lailfer  dire  le  monde. 

INTRONISATION,  /^oje^  Inthronisation. 

INTRONISER.  Voyei  Inthroniser. 

INTROUVABLE,  adj.  Qu'on  ne  lauroit  trouver.  Bon 
pour  le  dikours  familier. 

Ce  diable  de  banquier  eft  un  homme  introuvable. 
Com.  du  Flateur,  de  M.  Rousseau. 

Un  Gafcon  diroit  que  vous  êtes  introuvable  :  pour 
moi  qui  ne  fuis  pas  fi  hardi  j  je  me  contente  de  dire 
qu'on  ne  fait  où  vous  trouver.  Balzac  j  Lettres  choi- 
Jîes.  Doutes  du  P.  Bouh. 

On  a  beau  vous  chercher,  vous  êtes  introuvable. 

M.  Dcftouches  ,  acl.  3.  fc.  4. 
De  la  Com.  de  l'irrejolu. 

INTRURE.  On  lit  dans  les  nouvelles  éditions  de  Ri- 
chelet ,  à  la  hn  du  mot  intrus  ,  que  Danct  dit  s'in- 
trure  à  l'infinitif,  mais  qu'il  n'cli  point  ailleurs.  Il  l'a 
pris  dans  la  méthode  Latine  de  Lancelot  ,  qui  s'en 
eft  fervi ,  p.  ^jS.  &  Gyz.  de  la  3^.  édition.  Intru- 
dere,  intrure  :  Ohrepere  ad  Magiftratum  ,  s'intrure 
dans  une  charge.  Pomey  l'a  mis  aulli  dans  Ion  Dic- 
tionnaire ,  intrure  ,  s'intrure  dans  une  charge,  y  en- 
trer par  force.  Le  verbe  intrure  n'eft  "^oint  en  ufage. 
Ac.  Fr. 

INTRUS ,  USE.  adj.  Souvent  employé  fubftantivemenr. 
Qui  s'eft  mis  en  polfeinon  d'un  Bénéfice  ,  d'une  char- 
ge ,  fans    titre    canonique ,   ou   du   moins    colore. 

fjCT Par  voie  de  fait ,  &  fans  avoir  obfené  les  formali- 
tés requifes.  Intrus  dans  un  Bénéfice ,  dans  une  char- 
ge ^  dans  une  tutelle  ,  dans  une  geftion.  Intrufus.  Ce- 
lui 


I  NT 

lui  qui  reçoit  quelques  fruits  d'un  bénéfice  avant  que 
d'en  avoir  k  titre,  ou  eu  avoir  pris  pollclîiou  dans 
les  formes  j  eft:  unimrus.  Un  Dcvolutairc  qui  jouit 
avant  que  d'avoir  obtenu  un  jugement  de  récréance  , 
cfl:  un  incrus.  Un  oflicier  quz  fit  pourvu  lur  de  faux 

.  ccrtilicats  d'âge,  de  faullés  difpenles  ,  elt  un  intrus. 
l'iulleurs  contendans  peuvent  prendre  poUellion  d'un 
Bénéfice  fiuis  erre  i/icrus.  H  leur  fullit  d'un  titre  co- 

■    loré ,  quoique  par  l'événement  il  ne  s'en  trouve  qu'un 

.    de  canonique.  Il  lui  ordonne  de  dépoilédcr  les  deuJ 

-    intrus,  en  les  déclarant  incapables  d'exercer  le  reftc 

•    de  leur  vicaucune  charge  dans l'Églifc.  Maimbourg. 

INTRUSION,  f.  f.  Terme  de  Jurifprudcnce  canonique. 
"Ad-ion  de  celui  qui  s'ell  introduit  dans  un  bénéfice 
contre  le  droit  ou  contre  la  forme;  qui  s'efl:  mis  en 
pollellion  d'un  bénéfice  par  voie  de  fait,  lans  inl- 
titution  légitime  &  canonique,  ou  fans  avoir  obfcr- 
vé  les  formalités  requiles.  Par  extenlion  on  le  dit  de 
l'aétion  de  celui  qui  s'ell:  emparé  de.  quelque  bien 
fans  titre  légitime  ,  qui  s'elt  introduit  dans  quelque 
charge,  dans  quelque  emploi  (ans  aucun  droit,  & 
fans  y  être  légitimement  appelé.  Ufurpatio.  h'intru- 
Jlon  emporte  une  incapacité  perpétuelle  à  celui  qui 
eft  intrus  de  polféder  le  Bénéfice.  Toute  violence  ou 
autorité  privée  ,  emporte  intrujion. 

Ces  deux  mots  intrus  ôc  intrujiori  viennent  du  La- 
tin intrudere  ,  qui  veut  dire ,  faire  entrer  par  force. 

INTSANT.  Nom  d'un  village  de  la  GnzUïc. Intcfantum. 
On  le  prend  pour  l'ancien  lieu  des  Ménapiens ,  qui 
étoit  appelé  Sah/ones. 

INTSI  A.  f.  f.  Nom  d'un  arbre  très  -  grand  &  toujours 
vcrd,  qui  croît  dans  le  Malabar  j  ëc  qu'on  appelle 
aulîi  Acacia  Malabarica  globofa.  Le  fuc  de  fes  feuil- 
les &  celui  de  fon  écorce  ,  pris  avec  un  peu  de  Ici , 
calme  les  douleurs  du  ventre.  On  dit  que  la  poudre 
mife  fur  les  ulcères ,  les  rend  moins  douloureux.  Ray. 
Eift.  Plant. 

INTUITIF,  IVE.  adj.  Terme  de  Théologie,  qui  fe 
dit  d'une  vifion  ,  ou  connoilfance  claue  &  certaine 
de  quelque  choie.  Intuitivus.  Les  Bienheureux  dans 
la  gloire  auront  une  connoillance  intuitive  de  la  Ma- 
jefté  de  DieUj  &  des  myftéres,  ils  en  verront  l'im- 
mcnfité. 

INTUITION,  IKF  Terme  de  Théologie ,  qui  fe  dit 
de  la  viiîon  claire  &  certaine  des  bienheureux  dans 
le  Ciel.  Voy.  'Vision.  On  a  dit  de  Newton  qu'il  avoir 
découv  ert  par  une  efpèce  A' Intuition  fimple ,  ce  que  les 
autres  ne  démontrent  que  par  une  comparailon  fuc- 
celîive  d'idées.  Ici  ce  mot  fîgnifie  un  iîmple  coup 
d'œil.  Intuitus. 

INTUITIVEMENT,  adv.  Terme  de  Théologie.  Dune 
manière  intuitive.  Intuitive.  Voir  Dieu  intuitivement 

IP"  INTUMESCENCE,  f.  f.  Terme  de  Phyfique.  Gon- 
flement ,  aftion  par  laquelle  une  chofe  s'enfle ,  du 
Lztin  intumere  j  intumefcere  ,  s'enner  ,  le  gonfler. 

INTUS.  Ce  mot  eft  un  adverbe  Latin  qui  iignifie  dedans. 
On  s'en  fert  en  François  dans  le  ftyle  familier  ,  pour 
fignifier  la  prifon.  On  l'a  mis  intus.  Prens  garde  qu'on 
ne  te  tienne  intus  ,  &c. 

INTUS -SUSCEPTION.  f.  f.  |C?  Terme  de  Phyfique. 
Réception  d'un  fluide  ,  d'un  fuc  dans  l'intérieur  d'un 
corps  organifé  ,•  aux  parties  duquel  ce  fluide  s'atta- 
che. On  fe  fert  de  ce  terme  pour    expliquer  l'ac- 
croiflèment  des  corps  organilés  ,  des  animaux  Se  des 
plantes ,  qui  fe  fait  par  le  moyen  d'un  nouveau  fuc 
introduit  dans  les  vailfeaux ,  qui  s'attache  à  leurs  pa- 
rois. Les  plantes  fe  nourriilent  &  croiflent  par  intus- 
fufception.  Intus -fufceptio. 
IP"  Ce  terme  eft  oppofé  à  ce  qu'on  appelle  juxtà- 
pqfition  ,  dont  on  fe  fert  pour  exphquer  l'accroifre- 
ment  des  autres  corps,  des  pierres,  des  coquillages, 
qui  fe  forment  &:  augmentent  par  juxtà  -pojîtion , 
«'eft- à-dire  ,  par  l'application  d'une  nouvelle  matière 
fur  leur  furface.  Foye^  ce  mot  &  les  articles  relatifs. 
Intus-susception.  Terme  de  Médecine.  C'cft  l'entrée 
contre  nature  d'une  portion  d'intcftin  dans  une  au- 
tre ,  ou  le  redoublement  d'un  inteftin.  Iiuro  fufceptio  ^ 
intus-fufceptio.  Dict.  de  James, 

Tome  V. 


I  N  V 


I  N  V. 


zzy 


INVAINCU,  adj.  Qui  n'a  jamais  été  vaincu.  Inviclus. 
Un  courage  invaincu.  Corneille  a  dit  dans  le  Cid  , 
Ton  bras  eft  invaincu  y  mais  non  pas  invincible, 
ï^  Corneille  a  encore  employé  ce  terme  dans  les 
Horaces.  Ce  bonheur  a  fuivi  leur  courage  invaincu. 
Ce  mot ,  dit  Voltaire ,  n'a  été  employé  que  par  Cor- 
neille j  &  devroit  l'être ,  je  crois ,  par  tous  nos  Poè- 
tes. Une  expreflion  il  bie,n  mifr;  à  fa  place  dans  ces 
deux  endroits  ,  ne  doit  jimais  vieillir. 
fjO'  INVALIDE,  adj.  de  r.  g.  Ce  mot  fîgnifie  généra- 
lement infirme,  tiui  ne  peut  plus  travailler  ni  gagner 
fa  vie.  Infmnus.  Les  mcndians  ,  tant  valides  c\\.\  Inva- 
lides. On  le  dit  particulièrement  d'un  Oflicier  ou. 
d'un  foldat  qui  ne  peut  plus  fervir  à  caufe  de  fon 
grand  Tk^c  ou  de  fes  bleflures,  &  qui  a  été  reçu  x 
l'Hôtel  des  Invalides.  Le  Roi  a  fait  bâtir  un  Hôtel 
magnifique  pour  loger  les  foldats  invalides  ,  elT:ro- 
piés,  qui  ne  peuvent  plus  fervir.  Cet  Hôtel  eft  ii- 
tué  au  bout  du  Fauxbourg  Saint-Germain  à  Paris.  Il 
fur  fondé  en  ifiiSp,  &  commence  en  1671.  On  ap- 
pelle aullî  cet  Hôtel  les  Invalides  tout  courr.  §Cr  J'ai- 
merois  autant,  dit  M.  de  Montefquicu,  avoir  fait  cet 
établiffement ,  fi  j'étois  Prince ,  que  d'avoir  gagné 
trois  batailles.  On  y  trouve  partout  la  main  d'un 
grand  Monarque  ;  je  crois  que  c'cft  le  lieu  le  plus 
refpeétablc  de  la  terre. 

Pour  entrer  aux  Invalides ,  il  faut  que  le  foldat ,  ou 
l'Ôftîcier  eftropié  ait  des  certificats  de  fervice  ,  &;  du 
lieu  où  il  a  été  blclîé. 
Invalide,  ifJ"  en  Jurifprudence  ,  qui  ne  peut  valoir  , 
ni  être  mis  à  exécution.  Invalidas  ,  irritas.  On  dé- 
fîgne  par  cette  épithète  tous  les  adtcs  qui  n'ayant  pas 
les  conditions  requifes  par  les  loix ,  ne  peuvent 
produire  leur.eflfer.  Acle  invalide.  Donation  nulle  & 
invalide.  Le  défaut  d'une  condition  eilènticlle  rend 
le  mariage  invalide. 
INVALIDEMENT.  adv.  Sans  validité  ,  d'une  manière 
invalide ,  nulle.  In  irritum.  Toutes  les  perfonnes  en 
puiflance  d'autrui  qui  contra(5i:ent  fans  leur  autorité, 
le  fonr  invalidement.  Un  Prêtre  lufpens  confacre  ih. 
licitement ,  mais  non  pas  invalidement. 
INVALIDER.  V.  a.  Terme  de  pratique.  Rendre  nul, 
déclarer ,  rendre  invalide.  Refcindere  ,  irritum  face  re. 
Il  a  fait  un  fécond  teftament  pour  invalider  le  pre- 
mier. Son  mariage  a  invalidé  la  donation  qu'il  avoit 
faite.  Il  y  a  des  défauts  de  formalité  ,  qui  invalident 
les  a(ftes.  Qu'avez  vous  à  dire  pour  invalider  cet  ac- 
te ?  C'eft  à-dire  ,  pour  en  prouver  la  nullité. 
INVALIDITÉ.  {.  f.  Nullité  d'un  zâc ,  d'un  contrat. 
Nonobftant  Vinvalidite  de  cet  aéte ,  on  n'a  pas  lailfé 
de  le  vouloir  mettre  à  exécution.  Soutenir  l'invalidité 
d'un  mariage.  Maug.  ^ 
INVARIABILITÉ,  f  f.  État  invariable ,  qui  n'eft  point 
fujet  au  changement.  La  prédiclion  des  édipfes  efl 
le  morceau  brillant  de  l'Aftronomie  &c  de  la  tcience 
en  général.  C'eft  par-là  que  le  peuple  fait  que  nos 
fciences  font  folides ,  réelles  &:  prefque  divines.  Or 
elles  font  toutes  fondées  fur  la  fuppolition  de  Vinva» 

riabilité  An  cours  des  Aftres Mém.  de  Trcv. 

Avril  lûjj.  YS invariabilité 2k)io\\!£.  convient  à  Dieu 
feul.  *^ 
%3-  INVARIABLE;  adj.  de  t.  g.  Qui  n'efl:  point  fujet 
au  changement.  Mutationi  non  obno.xius  ,  mutationis 
expers.  On  le  dit  au  phyfique  &:  au  moral.  Le  coiirs 
des  aftres  éft  invariable.  Un  homme  invariable  dans 
fes  promelTes ,  dans  fes  engagemens ,  dans  fes  réfolu- 
tions ,  ftable ,  conftant.  L'ordre  invariable  qui  fe  re- 
marque dans  la  conduite  du  monde  ,  eft  l'ouvrage 
d'une  intelligence  infinie  &c  toute-puillànte.  Ab.  de 
lA  T.  La  foi  efl  une  &c  invariable.  Pasc.  Dans  la 
nouvelle  Analyfe  des  infiniment  petits  ,  ou  calcul 
ditFérenciel ,  on  appelle  quantités  confiantes  ,  ou  in- 
variables ,  celles  qui  font  toujours  les  mêmes ,  com- 
me le  périmètre  de  la  parabole  ,  &c. 
INVARIABLEMENT,  adv.  D'une  manière  invariable. 
Abfque  mutatione.  S'attacher  uniquement  &:  invaria- 
blement à  Dieu.  Pasc. 

Ff 


zi6 


I  N  V 


gcr  INVASION,  f.  f.  Aaion  violente  &  fubite  ;  ir- 
mptioii  taJte  dans  un  pays  pour  le  piller ,  ou  pour 
l'envahir,  f^'oy.  ce  mot.  Occufaiio.  L  Lnvajion  de  la 
Grèce  par  les  Turcs,  des  Gaules  par  les  barbaicb. 
Les  'i'artares  ont  louvent  tau  des  uivajions  dans  la 
Pologne. 

INVeCIIVE.  f.  f.  Difcours  injurieux  &  véhément 
contre  une  perlonne  ou  contre  une  choie.  Infccla- 
tio.  Faire  une  biveclive.  S'emporter  en  inveclivcs  ,  a 
des  inveclivcs.  Se  jetter  dans  ['invedive.  Les  invecii- 
ves  ne  lont  pcrmifes  que  contre  les  vices.  Le  Pré- 
dicateur a  fint  une  longue  inveclive  contre  1  hypo 
criile.  Les  ouvrages  critiques  des  Auteurs  font  de 
perpétuelles  inveclives  ,  ils  (ont  féconds  en  invecli- 
vcs. VinveclLve  eil  quelquefois  une  partie  nécellaire 
à  un  Orateur.  Il  ne  taut  pas  faire  pailer  une  invec- 
tive fatyrique ,  pour  une  liniple  raillerie.  M.  Scud. 

INVECTIVER.  V.  n.  Faire  des  invectives,  infeclan. 
Ce  verbe  s'ell  établi  contre  le  fentiment  de  Vauge- 
las.  On  doit  empêcher  les  Avocats  à'invechver  con- 

'  tre  les  abfens.  On  le  dit  aulîi  des  choies.  On  ne 
fiuroit  trop  hivecllver  contre  le  luxe. 

INVENTAIRE,  f.  m.  Defcription,  état  &  dénombre- 
ment qui  fe  fait  par  écrit  des  biens  ,  meubles  &  pa- 
piers qui  font  dans  une  mailon.  liecenjïo.  Un  Mar- 
chand doit  tous  les  ans  faire  l'on  inventaire  ,  pour 
voir  lécac  de  les  artaires  -,  tk  de  fon  négoce.  Les  m- 
Ventaircs  en  forme,  fe  font  par  des  Notaires  avec 
un  Huiliîer-Prifeur  ,  qui  fait  la  prilée  des  meubles 
en  préfence  d'un  légitime  contridi.teur ,  d  un  lubru 
gé  tuteur  ^  ou  d'un  fublHtut  du  Procureur  du  Roi , 
pour  les  mineurs  ou  pour  les  abiens.  On  doit  taire 
la  clôture  d'un  Inventaire  au  Grel+e  de  la  Jultice  or- 
dinaire. La  communauté  ell  dulolue  par  la  confec- 
tion &  la  clôture  de  l'inventaire  ,  qui  doit  être  fait 
trois  mois  après  la  dillolution  de  11  communauté. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Inventarium.  L'Ordonnance 
de  1677.  veut  que  les  Marchands  aient  un  inven- 
taire de  tous  leurs  biens  mobiliaires  &  immobiliai- 
res ,  &  de  toutes  leurs  dettes  actives  «Se  pallives ,  & 
qu'il  foit  renouvelle  &c  récollé  de  deux  ans  en  deux 
ans.  Il  fuiHt  qu'il  foit  fous  leur  king  privé. 

RECOLLEMENT  d'Inventaire  ,  cil  Un  a^ts  de  rcpréfeu- 
tation  fiit  des  meubles,  pour  voir  s  il  ell:  contorme 
à  l'Inventaire  qui  en  a  été  tait.  F-léritier  par  bénéfice 
d'inventaire  eil:  celui  qui  obtient  des  Lettres  de  Chan- 
cellerie ,  en  vertu  delquellcs  il  fait  faire  un  tidelle 
Inventaire,  moyennant  quoi  il  peut  (e  mettre  en 
poflefiion  des  biens  d'un  déiunt ,  fans  être  tenu  de 
(es  dettes  que  jufqu'à  la  concurrence  des  edets  conte 
nus  en  cet  inventaire ,  dont  il  ell  chargé  de  rendre 
compte. 

Un  jour  que  te  Poëte  falèrey 
Payen  peu  fuperfl'itieux , 
Et  qui  ne  croyait  en  Jes  Dieux 
Qu'à  bénéfice  t/'iiiventaire.  SenecÉ. 

Inventaire  cft  au!lî  une  vente  publique ,  ou  à  l'encan, 
des  meubles  contenus  en  un  inventaire.  Les  Curieux, 
les  Fripiers  courent  les  inventaires. 

Inventaire  gCFde  produîlion.  Terme  4e  Palais.  Inf 
trumentorum  recenfio,  C'elf  une  pièce  d'écriture  con- 
tenant une  defcription  de  pièces  rangées  par  ordre 
alphabétique  j  avec  l'indudfion  qu'on  en  tire,  pour 
faire  voir  l'équité  de  l'es  prétentions  ou  de  (<ii  dé 
fenfes.  Cet  inventaire  fe  tait  tant  par  le  demaiideur 
que  par  le  défendeur,  tant  par  l'tppelant  que  par 
l'intimé ,  en  conféquencc  d'un  règlement ,  qui  ap- 
pointe les  parties  à  mettre  ,  ou  à  écrire  &  produire. 
Il  y  a  des  inventaires  iervant  d'avcrtillementj  le- 
quel eft  compris  dans  le  préambule  de  \inventaire 
de  produdion-fommaire  fur  un  appointé  à  mettre. 
On  fait  aulTi  des  inventaires  de  communication,  c'elf 
à  dire ,  un  mémoire  des  pi;ces  dont  on  donne  co- 
pie à  la  partie  adverfe.  Il  s'eft  chargé  d^  mes  papiers 
par  un  bref  inventaire  ,  fuivant  un  mémoire  qu'on 
en  a  retenu.  Quand  on  rapporte  un  procès  dans  les 


I  N  V  ^  ^ 

formes  ,  il  y  a  un  Evangélifle  à  côté  du  Rapporteur, 
qui  doit  être  chargé  de  1  inventaire  ,  pour  vciiner  les 
pièces  de  l'inventaire. 

On  appelle  l'inventaire  du  Tréfor  des  Chartres , 
les  regiltrcs  qui  contiennent  le  mémoire  ,  ou  l'extrait 
du  Tréfor  des  Titres  ,    &  papiers  du  Roi  ,  qui  ell 
d  ordinaire  diviléen  huit  volumes,  6c  dont  on  trouve 
des  copies  en  pluheurs- Bibhothèques.  Jean  de  Ca- 
lais fit  un  inventaire  luccinct   des  chartres  du  Roi. 
Pierre  d'Étampes ,  Clerc  du  Roi  Philippe  le  Long, 
fit  en   13 10  un    inventaire  des   chartres  du  Roi  en 
deux  volumes.  Pierre  de  Gonelle  des  Achillois  com- 
mença un  autre  inventaire  des  chartres  en  1 567.  Gé- 
rard de  Montaigu  fit  un  inventaire  des  chartres  du 
Roi  par  ordre  Chronologique,  depuis  Philippe  Au- 
gufle  jutqu  en  1381.  Jean  Budé  commença  un  autre 
inventaire  le   12  Septembre  1481.   Meilleurs  Gode- 
froy   &   Dupuy    ont   fait   le    dernier  inventaire   du 
Trélor  des  Chartres  ,  qui  elt  le  meilleur,  /'oje^  aulli 
Trésor  des  Chartres.  L'inventaire  des  meubles  de  la 
Couronne  ,  e'I  celui  dont  le  Garde-meuble  du  Roi 
ell    chargé.    L'inventaire  des  Reliques   d'une    telle 
Églife. 
Inventaire,  eft  un  terme  qui  a  fei-vi  aulfi  de  titre  à 
plulieurs  livres.  L'inventaire  de  de  Serres,  ou  Abrégé 
de  l'i^itloire  de  France.  Le  P.  Monet  a  intitule  Ion 
Dicl:ionnaire  ,    l'inventaire    des   deux  langues.    La- 
tine &  Fiançoife.  M.  Régnier  dans  fon  Virelay  lur 
les  excès  de  la  Fiance  ,   le  fert  du  mot  à' inventaire 
dans  un  fens  figuré;  pour  dire  lifte,  dénombrement. 
L'inventaire  n'eft  pas  fini,  il  refte  encore  une  autre  po- 
che ,  6'c. 
Inventaire,   ou  plutôt  Eventaire.   C'eft  parmi  le 
peuple  un  panier  plat  attaché  à  la  ceinture  ,  qui  lert 
aux  noguettes  ou  revendeutes  de  poillon  ou  de  fruit , 
pour  porter  vendre  par  la  ville  leurs  marchandifes. 
INVENlER,  v.  a.  Trouver,  imaginer  quelque  chofc 
de  nouveau ,  trouver  une  chofe  par  la  torce  de  fon 
imagination.  Invenire ,  excogitare.  Il  eft  bien  difficile 
d'i/!venter.  îk  allez  tacile  d'imiter.  On  invente  tous 
les  jours  de  nouvelles  machines  pour  élever  les  eaux. 
On  ne  fait  point  de  cas  d'un  Mathématicien  qui  n'a 
rien  inventé  de  fon  chet.OnditquelesBergers  de  Sicile 
ont  invente  l'Églogue.  Jubal  eft  celui  qui  a  inventé  le 
chant  8c  lesinftrumens  de  Muuque.  Tubal-Caïn  a.  in- 
venté l'ufage  du  fer ,  Gen.  c.  4.  ce  que  les  Payens  ont 
attribué  à  AppoUon  6c  à  Vulcain.  Celui  qui  a  in- 
venté la  poudre  à  canon,  les  bombes,  les  carcalles, 
&c.  aurait   mieux   fait  de  n'y  jamais  penler.  Il  ne 
Emdroit  jamais  appliquer  fon   efprit   qu'à    inventer 
des  choies  utiles  à  la  vie ,  &  à  la  culture  des  mœurs. 
Il  faut  peut  être  moins  d'effort  d'elprit  pour   inven- 
ta: ,  que  pour  perfecl:ionner  les  choies  ;  la  raifon  eft  , 
que  ce  qui  refte  à  découvrir  eft  plus  caché  ,  &  moins 
expofé  aux  yeux.  Font. 
§C?  On  dit  proverbialement  qu'un  homme  n'a  pas  in- 
venté la  poudre  à  canon  ,  pour  faire  entendre  qu'il 
a  peu  d'efprit. 
§0°  Inventer  ,  trouver ,  fynonimes.   On  invente  des 
choies  nouvelles  par  la  force  de  l'imagination.  On 
trouve  des  chofes  cachées   par  la  recherche  8c  par 
l'étuJe.  L'un  marque    la  fécondité   de   l'efprit ,    & 
l'autre  la  pénétration  Syn.  Fr.  La   méchanique  in- 
vente les  outils ,    les   machines ,  tout  ce  qu'il  y   a 
d  utile  ou  de  curieux  dans  les  arts ,  les  fciences  Se 
les  métiers.  La  phyfique  trouve  les  caufes  8c  les  ef- 
fets. Le  Baron  de  Ville  a  invente  la  machine  de  Mar- 
li.  Harvée  a  trouvé  la  circulation  du  fang. 
§3" Inventer  ,  dans  un  fens  odieux,  fynonimede  con- 
trouver.  Comminifci.  Inventer  une  taulfeté ,  une  ca- 
lomnie pour  nuire  à  quelqu'un,  pour  le  perdre.  Ce 
fait  cft  inventé. 
Inventé  j  ée.  p^rt.  Inventus  ^  excogitatus, 
INVENTEUR  ,   TRICE.  f.  m.  &  f.  Qui  a  trouvé  le 
premier  quelque  chofe,  quelque  art,  quelque  fcien- 
ce,  quelque  machine.  Inventor.  Un  inventeur  de  mots 
nouveaux.   Sappho  a-  été  l'inventrice  des  vers  Sap- 
phiques.  Il  nous  eft  aifé  de  furpalfer  le  premier  in- 
venteur d'nn  art,  en  ajoutant  les  vues  qu'il  nous  fuiv- 


I  N  V 

nie ,  à  celles  que  nous  avons  de  notre  propre  fondî. 
Font.  Les  Lgypci^ns  incrcoiAt  au  noaibic  des  dieux 
■    les  invenccurs  des  clioks  nccelliiires,  aàn  d'excitcT 
_..  la  dili-cnce  «Se  l'induftue  des  hommes  par  cer  hoii- 
•'    neur.  Lu  Cl.  Polydore  Virgile  a  faic  un  traité  des  li- 
vcntjurs  des  choies,  de  ïnvcntonbus  rerum ,  en  huit 
livres.  AkxMdcr  Sar.lus,  ou  Alexandre  de  Sard  li- 
gne ^  a  fait  la  même  ckofe  en  deux  livres.  Rabcliis 
•dit  que  Mciîù'e  Galter  j  qui  cil  le  ventre  ,  a  été  in- 
vcnuur  des  arts  :  c'ell  une  exprelllon  empruntée  de 
Perle  : 

Magljlcr  artis ,  ingeniique  largitor  venter. 

INVCr^TIF ,  IVE.  ad;.  Qui  a  le  génie  d'inventer.  Qui 
exL'j;;icar.  Cce-artiiaii  ell  tort  inventif.  Les  femmes 
font  inventives.  Soyez  Am.iiic ,  vous  iercz  inventif. 
La  Font.  Etprit  inventif. 

INVLNTIOiN.  1.  f.  Certain  génie  particulier  qui  donne 
1.1  l.icilité  de  trouver  quelque  chofe  de  nouveau.  In- 
ventio  jjagucitas.  Il  n'y  a  point  d'art  pour  l'im'cn' 
tion ,  elle  ne  dépend  point  de  nous ,  c'eil:  un  pré- 
ùnt  du  ciel ,  &  comme  une  peiilion  qu'on  ne  tou- 
che pas  quand  on  veut.  Le  Ch.  de  M.  Ce  qui 
nous  paroit  difficile  ,  ou  même  impoillble ,  ne  l'ell; 
peut  être  qu'à  caufe  de  notre  peu  d'adréire  ,  &  no- 
tre peu  d  invention.  Le  Ch.  de  M.  Pancirolle  a  hit 
un  traité  des  vieilles  inventions  perdues ,  &  des  in- 
ventions nouvelles.  Janfon  d'Almcloveen  a  fait  un 
Onoaia  licou  des  chofcs  inventées ,  où  l'on  voit  par 
ordre  alphabétique  le  nom  des  inventeurs,  le  rems 
<S:  le  lieu  des  inventions ,  &c  les  témoins  qui  en  par- 
lent. 

Invention,  fe  dit  aullî  Se  de  l'aélion  d'inventer,  & 
de  la  choie  même  inventée.  L'invention  de  la  pou- 
dre à  canon  e!î:  une  invention  diabolique.  L'alcove 
e/l  une  invention  moderne  venue  des  Maures.  La 
gro.liéreté  des  premières  inventions  eft  d'ordinaire 
bien  éloignée  de  la  perfedion.  Font.  Il  y  a  des  gens 
dont  la  baile  jalouiie  rejette  la  vérité  ,  leulement 
parce  qu'elle  n'ell  pas  de  leur  invention.  Bal.  L'or- 
dre Doriqu;  ,  l'Ionique  &  le  Corinthien  ,  font  de 
V invention  des  Grecs ,  c'cll  pour  cela  qu'on  les  ap- 
pelle les  ordres  Grecs.  Le  Toican  ik  le  Compoiite  font 
de  l'invention  des  Latins.  D.aviler  parle  de  l'inven- 
tion d'un  ordre  François ,  qui  n'a  pas  été  exécuté , 
pour  le  troilième  éta^e  du  Louvre. 

ÇO"  li-iVENTioN  &  découverte  ,  confidérés  comme  fy- 
noiiymes.  ^'bj'.  aumot  df.couvér.tes  les  nuances  qui 
les  dillin^uent. 

§Cr  Invention  fe  dit  dans  le  difcours  familier  des  dif- 
fércns  moyens  qu'on  imagine  pour  réullîr  dans  une 
artaire.  Ratio  ,  modus.  Il  me  faut  tous  les  jours  trou- 
ver mille  inventions  pour  jouir  de  mesMaatrelîes.ABL. 

Invention,  ligniHe  auiîl ,  Découverte  d'une  chofe  ca- 
chée. L'invention  de  la  lainte  Croix  ell  une  fête  que 
l'Ejhfe  célèbre  le  4  de  Mai,  en  mémoire  de  ce  qu'il 
plu:  à  Dieu  de  faire  trouver  la  Croix  fur  laquelle 
Jésus-Christ  mourut.  Cette  découverte,  ou  inven- 
tion^ fe  fit  fous  l'empire  de  Conftantin,  &  parles 
foins  &  la  piété  de  fa  mère  Hélène  en  326.  un  peu 
après  que  cet  Empereur  eut  vaincu  Maxence  par  la 
vertu  du  figne  de  la  Croix.  'Voyez  fur  cette  inven- 
tion ,  fur  les  faux  Aétes  qui  en  ont  été  faits  ,  fur 
l'inilitution  de  cette  fcte^  &c.  le  Père  Papebroch, 
Jél.  Sancl.  Mdïi,  T.  I.p.  ^<fr.  &fuiv.  On  dit  encore 
ce  terme  de  l'invention  des  reliques  de  Saint  Etienne , 
Se  de  quelques  autres. 

Invention,  fe  dit  en  termes  de  Réthorique  «Se  de  Po'c 
tique.  En  Réthorique,  c'eft  la  recherche  ^'  le  choix 
des  argumens  don:  l'Orateur  doit  fe  fervir ,  des  lieux 
qu'il  doit  traiter  Vinvention  elT:  le  premier  des  de 
voirs  de  l'Orateur.  Cicéron  avoit  fait  quatre  livrer 
de  l'invention,  il  ne  nous  en  refle  que  deux.  En  Poe 
^.Cj  c'efl  tout  ce  que  le  Poac  ajoute  au  fujet  hifuo- 

.^'4"C  qu'il  a  choifi ,  de  le  rour  qu'il  v  donne, 

.^  On  dit  qu'un  Pocte,  qu'un  Orateur  n'a  point  d'i«- 

-  .Vention-,  qu'il  a  l'inventionhàh  \  heurcufc  ,  c'efl:  à- 
dire  qu'il  fiit  choifir  entre  les  penfées  qui  fe  préfcn- 
Tu'r.e  V, 


IN  V 


^7 


tent,  celles  qui  font  les  plus  convenables  au  fujet 
qu'il  traite ,  relativement  au  temps ,  au  Leu ,  aux 
circondances  S>c  aux  perfonnes. 
On  dit  la  même  chofe  d'un  Peintre . 
Dans  la  Peinture  ,  l'invention  cil  le  cii..j.^  <Ji.s 
objets  qui  doivent  entrer  dans  la  compoîicion  du 
fujet  que  le  Peintre  veut  traiter.  De  pi  le  s.  Cet 
Auteur  remarque  fort  judicicufement  que  l'inven- 
tion c!t  di.férente  de  la  difpolition ,  &  que  ces 
deux  chofes  enlemble  forment  la  compolltion  ; 
car  après  avoir  bien  choiiî  les  objets  qui  doivent 
entrer  dans  la  compbfition  d'un  fujet ,  on  peut  les 
ma!  difpofer ,  &  alors  l'invention  fera  belle  ,  ik. 
la  dilpolition,  où  l'ordonnance  fera  mauvaife  & 
choquante.  De  toutes  les  parties  de  la  Peinture, 
celle  qui  fournit  aux  Peintres  plus  d'occafions  de 
foire  voir  ce  qu'il  a  d'efprit,  d'imagination  &  de 
prudence  j  eft  làns  doute  l'invention.  Id.  M,  Félibiea 
appelle  invention  dans  la  Peinture  tout  ce  qui  efi:  de 
l'elprit  du  Peintre  j  comme  font  l'ordonnance  ,  la 
difpolition  du  fujet ,  le  fujet  même,  quand  il  eft  nou- 
veau. Ce  terme  d'invention  pris  en  ce  Cens  n'ell  pas 
propre  à  la  Peinture  ,  il  convient  aux  autres  Arts. 
Dans  un  autre  endroit  M.  Félibien  conlidère  l'inven- 
tion en  deux  manières  ;  fivoir ,  celle  qui  vient  pure- 
ment de  l'elprit  du  Peintre ,  &  celle  qu'il  emprunte 
de  quelqu'un.  La  première  ell  quand  il  invente  lui- 
même  le  fujet ,  &  la  féconde  quand  il  le  tire  de  l'hif- 
toire ,  de  la  fable ,  &c.  mais  il  attache  toujours  la 
même  idée  au  mot  d'invention. 

I  On  dit  proverbialement  que  la  néceffité  efi:  la  mère 
des  inventions.  Qu'un  homme  vit  d'invention,  pour 
dire  qu'il  n'a  point  de  bien ,  qu'il  vit  d'artifices  , 
d'elcroqueries.  On  nomme  bail'ement  une  invention, 
une  choie  dont  on  ne  lait  pas  le  nom ,  ou  dont  on 
ne  fe  fouvicnt  pas.  Comment  nommez-vous  cette 
invention-Vi  ?  Apportez-moi  cette  invention  qui  ell  llir 
cette  table  î 

INVENTORIER,  v.  a.  Comprendre  dans  un  Inventai- 
re. Recenjionem  faeere.  On  a  inventorié  tous  les  meu- 
bles &  papiers  de  cette  maifon. 

Ou  appelle  auîli  un  papier  inventorié ,  quand 
l'ofHcier  a  mis  fur  le  dos  un  numéro  avec  fon  pa- 
raphe j  pour  montrer  qu'il  a  été  compris  en  un  in- 
ventaire ,  &  en  quel  ordre.  Ce  contrat  de  mariage 
eft  corté  au  dos ,  'inventorié  trois. 

iMVEMToaiÉ  ,  ÉE.  pirt.  Recenfitus ,  adfer'iptus. 

LWERLOGH.  Ville  d'Écoffe  ^  autrefois  conhdérable. 
Inverlochea.  Elle  fut  ruinée  par  les  Danois  ,  &  n'el> 
aujourd'hui  qu'un  bourg  du  comté  de  Locquabyr  ,  lî- 
tuéprès  d'un  golfe,  à  onze  lieues  de  la  ville  de  Dunf- 
taSag,  du  côté  du  levant.  Mat  y. 

INVERNÈS.  l^oye-i  Innern^s. 

INVERSABLE.  .idj.  de  tout  genre.  Mot  nouveau  ,  qui 
fignifie,  qui  ne  peut  verfcr  ,  qui  ne  verfe  point.  Quoi 
everti  nonpotejl.  Une  voiture  'inverfahle  feroitde  gran- 
de utilité.  On  a  fait  pluilcurs  mémoires  fur  la  conf- 
trudion  des  voitures  'inverfables. 

INVERSE,  adj.  f.  Qui  fe  dit  d'une  manière  de  faire  h 
règle  de  trois ,  ou  de  proportion  ,  qui  femble  être 
renverfée.  i{ex'«/^  tr'ium  'inverfa,  everf.i.  Dans  la  rè- 
gle de  trois ,  droite  ou  directe ,  le  premier  terme  efc 
au  lecond ,  comme  le  troifième  eil  au  quatrième  , 
c'eft-à  dire  ,  que  iî  le  fécond  ell  plus  grand  que  le 
troilième  dans  la  même  proportion ,  ou  il  le  lecond 
ell  plus  petit  que  le  premier ,  le  quatrième  eft  aulli 
plus  petit  que  le  troilième,  dans  la  même  propor- 
tion. Mais  dans  la  règle  'inverfe ,  le  quatrième  terme 
efi:  autant  au-delfus  du  troifième  ,  que  le  fécond  efi: 
au-de!ious  du  premier  j  ou  bien  autant  au-delfous 
du  troii'.ème  ,  que  le  lecond  efi:  au-de!îus  du  premier. 
Et  ainfi  dans  la  règle  'inverfe  la  proportion  n'ell  pas  du 
premier  au  fécond  ,  comme  du  troifième  au  qua- 
trième ;  mais  du  quatrième  au  premier  comme  du 
fécond  au  troifième.  Exemple  ,  on  dit  en  la  directe  , 
Si  trois  toifes  de  bâtiment  coûtent  vingt  écus  j  com- 
bien en  coûteront  lix  î  Q\i  trouvera  quarante  écus , 
mais  en  Vmverfe.  on  dit.:  Si  vingt  ouvriers  font  dix 
toifes  de  bâtiment  en  quatre  jours  ,  en  combien  de 

Ff  ij 


2Z8 


I  N  V 


emps  quarante  les  feront-ils  ?  On  trouvera  en  deux 


jours. 


fCJ-  Ce  terme  cil  encore  ulitc  en  Logique  ,  en  Mathé- 
matique &  en  Phyfique.  On  le  dit  dune  propor- 
tion ,  d'un  théorème  ,  d'un  problème ,  d'un  rapport 
pris  dans  un  ordre  renverlc  ,  relativement  à  la  pro^ 
polîtion  Se  au  rapport  dont  on  vient  de  parler, 
r  Dans  une  propolîtion  ,  c'eft  l'attrihut  de  l.i  direèlc 
misa  la  place  du  fujet.  Tous  les  fous  font  mechans 
ell:  Vinvetje  de  tous  les  méchans  font  jous.  Voyez 
CONVERSION  3  ,6::6,  i  i.  c'eft-à-dire  ,  trois  eilàlix, 
comme  lîx  ell  à  douze.  6 ,  3  ::  li,  6.  c'cft-à-dirCj 
llx  eft  à  trois  comme  douze  ell:  à  lix. 

IJC?  On  fe  lèrt  en  Phylique  de  ce  mot  pour  exprimer 
la  loi  de  variation  d'une  choie  qui  augmente  ou  qui 
diminue  j  à  mcCure  qu'une  autre  dont  elle  dépen- 
doit ,  qui  lui  ell  comparée,  diminue  ou  augmente. 
Ainli  l'on  dit  que  l'intenlitc  de  la  lumière  ell  une 
raifon  inverfe  des  carrés  de  la  dillance  du  corps  lu 
mineux,  c'ell  à-dire,  qu'elle  diminue  dans  le  même 
rapport  que  ces  carrés  croiirent. 

IJ3"  Méthode  invafe  des  fluxions.  C'ell  la  même  chofe 
que  calcul  intégral.  I^oy.  ce  mot. 

INVERSION,  f.  f.  Adion  par  laquelle  on  renverfe ,  on 
retourne  une  choie.  Inverfîo.  Les  problèmes  de  Géo- 
métrie &  d'Arithmétique  fe  prouvent  fouvent  par 
Vïnvcrfiûn. 

Inversion.  Terme  de  Grammaire.  Manièrede  ranger  les 
mots  d'une  phrafe  dans  un  ordre  qui  n'eft  pas  le  plus 
naturel  &  le  plus  limple.  'ifT  Notre  langue  n'aune 
pas  les  inverjions  ;  la  marche  de  chaque  phrale  ell 
prefque  toujours  uniforme  :  c'ell  un  lubllantif  qui 
mène  fon  adjectif  comme  par  la  main  ;  l'on  verbe 
marche  derrière,  fuivi  dan  adverbe  qui  ne  foutlre 
rien  entre  deux  ,  &:  le  régime  .appelle  aulîitôt  un  ac- 
cufatif  qui  ne  peut  fe  déplacer.  Ne  point  déranger 
cet  ordre,  c'eft  ce  qu'on  appelle  ne  point  taire  d'//2- 
verlîoii  :  ne  point  garder  cet  arrangement  ;  voilà  \'in- 
verjion.  Par  exemple ,  De  tous  les  vices ,  le  plus  abo- 
minable &  le  plus  indigne  de  l'homme ,  c'ell  l'im- 
pureté ,  c'ell-là  une  inverjion  :  l'ordre  naturel  eft  de 
dire ,  Le  plus  abominable  de  tous  les  vices  j  &  le 
plus  mdignc  de  1  homme  ,  c'eft  1  impureté  :  ou  bien  , 
l'impureté  eft  le  plus  abominable  ,  &c.  Cette  inver- 
jion n'eft  pas  déiagtéable ,  elle  a  même  de  l'élégan- 
ce. Il  y  en  a  de  plus  rudes  &  de  plus  dures. 

Mais  pendant  que  Bourbon  ,  la  victoire  preffant , 
ya  les  bandes  j  les  corps  y  les  efcadrons  poujfant. 

P.  LE  Moine. 

La  févérité  de  notre  langue  contre  prefque  toutes 
les  inverjions  de  phrafe  augmente  encore  infiniment 
la  dilHculté  des  vers  François.  FiNEL.  Il  ne  faut  point 
introduire  tout-à  coup  dans  notre  langue  un  grand 
nombre  de  ces  inverjions.  On  n'y  ell  point  .accoutumé, 
elles  paroîtroient  dures  j  Se  pleines  d'oblcurité.  Id. 
Il  taudroit  choihr  de  proche  en  proche  les  inverjions 
les  plus  douces ,  &  les  plus  voifmes  de  celles  que 
notre  langue  permet  déjà.  Id. 
INVESTIGATEUR,  f.  m.  Qui  cherche  quelque  cho- 
fe ,  qui  tâche  de  fliire  quelque  découverte.  La  ville 
eft  II  ancienne  (  S.  Andcr  )  que  les  Invefiigateurs  de 
l'Antiquité  n'en  pouvant  découvrir  l'origine,  ni  le 
temps  de  la  fondation  ,  ne  manquent  pas  de  l'attri- 
buer à  Noé,  L'Abbé  De  Va  vrac.  Ce  mot  eft  peu 
en  ufage  :  cependant  il  eft  fott  fignificatif.  L'Euripe 
fut  non-feulement  l'occalîon  ,  mais  encore  le  trifte 
exécuteur  de  la  mort  du  grand  Invejlig.-i! :ur  de  la 
nature,  c'eft-à-dire,  d'Ariftote.  Noiiv.  fyft.  duflux 
&  du  reflux  de  la  mer:,  dans  les  Obferv.  fur  les  Ecrits 
mod.  tom.   2  s.  pag.  4(1 . 

En  termes  du  Grand  Art,  on  appelle  Invcftiga- 
tcurs  ceux  qui  cherchent  la  pierre  philofophale. 
INVESTIGATION,  f.  f.  Terme  de  Grammaire  &  de 
Collège  ,  où  l'on  appelle  invefligation  du  Thème  , 
l'art,  la  fcience  ,  la  manière  de  trouver  le  thème  dans 
les  verbes,  c'eft  à  dire,  le  temps  iJc  le  mode  primitif 
<i'un  mœuf,  d'un  temps  8c  d'une  perloimc  dérivée  &: 


I  N  V 

éloignée  de  fa  fource.  Inveftigatio.  Pour  expliquer 
les  Auteurs  Grecs ,  ï\  faut  bien  lavoir  1  invefligation 
du  thème.  Ce  thème  eft  le  préfent  de  l'indicatif  dans 
le  Grec. 

Ce  mot  a  été  pris  de  la  Grammaire  Grecque  de 
Clénard  ,  qui  a  intitulé  Invefligatio  Thematis  ,  la  par- 
tie où  il  enfcigne  la  manière  de  connoïtre  d'où  vient 
quelque  perlonne  ou  temps  que  ce  loit  d'un  verbe, 
&  de  le  réduire  à  la  diction  primitive  ,  ou  de  trou- 
ver le  prélcnt  de  fon  indicatif. 

INVESTIR,  v.  a.  Conférer  à  quelqu'un  le  titre  de  qEel- 
que  fief,  dignité  j  ou  Bénélice,  ou  ratifier  &  approu- 
ver celui  qu'il  peut  avoir  obtenu  d'ailleurs.  Inpof- 
fejfionem  inducere.  L'Empereur  prétend  qu'il  a  droit 
d"z/2Vty/ir  plulieurs  Princes  ,  tant  en  Allemagne  qu'en 
Italie.  Il  y  avoit  autrefois  une  cérémonie  pour  in- 
veflir  les  Prélats. 

Ce  mot  vient  du  Latin  invefiire ,  qui  f'i3'  fignifie 
vêtir.  C'eft  pour  cela  qn'inveflir  &c  inféoder  font  fy- 
nonymes  ,  ôc  lignifient  l'un  &c  l'autre  mettre  en  pof- 
fellion  ,  &  revêtir  du  fief  celui  qui  prête  le  ferment 
de  fidélité  au  Seigneur  dominant.  Ainli  la  réception 
à  foi  &  hommage  ell  Vinvefliture  pour  les  fiets  ;  & 
à  l'égard  des  cenhves  j  la  quittance  des  droits  fei- 
gneuriaux  tient  lieu  d'invefliture;  de  forte  que  le 
Seigneur  ne  peut  plus  après  uler  du  retrait  féodal 
oa  cenfuel  dans  les  coutumes  où  il  a  lieu. 

On  dit  aulîi ,  que  les  Archers  ont  invejîi  une  mai- 
fon ,  pour  dire ,  qu'ils  fe  (ont  polies  autour  pour  preu> 
dre  quelque  prilonnier. 

Investir,  en  termes  de  mer,  fignifie.  Attaquer  un 
vailleau. 

Investir  J  fignifie  auffi.  Échouer,  toucher  à  terre, 
foit  volontairement  ,  loit  par  la  tempête.  Hdrerey 
appellere.  Cette  galère  a  invelli  un  tel  endroit  de  la 
c6te  d'Italie.  Ce  tetme  n'eft  d'ufage  que  fur  la  Mé- 
diterranée. 

Investir  ,  fignifie  auifi,  environner  uneperfonne,  em- 
pêcher que  d'autres  ne  l'approchent.  Circumdare  ,  oc- 
cupare.  Ce  malade  n'a  pu  faire  de  tellament,  il  a 
toujours  été  invefli  d'un  nombre  de  parens  &  d'hé- 
ritiers. 

^fT  Mainard  a  dit ,  des  yeux  inveftis  de  cire  ,  bordés, 
challîcux. 

Investi  ,  ie.  part.  Il  a  les  fignifications  du  verbe. 

INVESTISSEMENT,  f.  m.  Terme  de  guerre.  Aélion 
d'inveftir  une  place  ,  |K?  de  l'entomer  de  troupes, 
pour  en  fermer  tous  les  palîagcs.  Dans  Vinvejlijfe- 
ment  on  tait  la  même  choie  que  dans  le  blocus.  On 
fait  Vinveftifjcment  à  une  place  ]  lour  l'alfiéger  dans 
les  formes,  l^oye'^  SiÉge  &  Blocus. 

INVESTITURE,  f  f  II  fe  dit  tant  du  droit  d'inveftir 
quelqu'un  d'un  fief,  que  de  l'adte  par  lequel  on  l'en 
inveftit.  In  poffijjlonem  mduclio.  C'eft  la  réception 
à  la  foi  "&:  hommage  ,  par  laquelle  le  valfal  eft  faili 
&  inverti  du  fief  par  fon  Seigneur  dominant.  Un  tel 
Prince  donne  Vinvejliture  d'im  tel  Duché.  Il  a  pris  fon 
invcftiture  de  l'Empereur.  C'eft  l'Empereur  qui  don»- 
ne  Vinvefliture  de  tous  les  fiefs  relevans  de  l'Empi- 
re. Les  inveflitures  fe  renouvellent  à  la  mort  de 
l'Empereur,  ou  de  celui  qui  polfède  le  fief.  Celui 
qui  reçoit  l'invefliture  tait  hommage  entre  les  m.ains 
de  l'Empereur ,  &  prête  fermer.t  de  fidélité ,  ou 
par  lui-même  ,  ou  par  un  Ambalfadeur.  L'invefliture 
le  faifoir  autrefois  pour  figne  d'une  pollellîon  rians- 
férée  par  la  ttadition  de  plufieurs  petites  chofes , 
comme  quand  on  mettoit  en  poiîciîîon  d'un  héri- 
tage par  un  bâton  ,  un  gant  ^  un  couteau,  un  mor- 
ceau de  manteau ,  de  bois ,  de  courroie  ,  de  cein- 
ture ,  par  la  piqûre  du  pouce  ,  par  des  clefs ,  par  une 
broche  ,  par  une  coupe  ,  un  anneau  ,  un  gazon  , 
une  branche,  une  paille,  une  étrille,  &  par  tout 
ce  qu'on  trouvoit  lous  fa  main.  Celle  des  Roy.au- 
mes  &:  des  Seigneuries  le  faifoit  par  un  étendard, 
gonfanon  ,  ou  bannière ,  par  une  épée  ,  un  arc  ,  une 
flèche  J  des  éperons.  Les  iymboles  fe  gardoient  quel- 
quefois <;ians  le  tréfor  des  mailons,  &:  s'attachoient 
.'iux  titres.  Il  V  a  des  preuves  de  toutes  ces  choies 
dans  les  Hiftoires  recueillies  par  Du  Cange. 


IN  V 


Investiture,  fe  dit  .luilî  à  l'égard  des  Bénéfices ,  l.i- 
qucllc  lé  t'.iic  p,u-  celui  qui  a  le  droir  d'en  iuvcllii- 
un  auiic.  C'elt  à-dirc  ,  de  le  mettre  en  poiîcilion. 
Elle  (é  hifoit  autrefois  par  la  tradition  de  laciolié, 
de  l'anneau  Paltoral.  L' mvcjiicurc  ctoit  le  droit  qu'a- 
voient  les  Rois  de  France  de  conFérer  les  grans  bé- 
néhccs,  en  qualité  de   Patrons  ,    &  Dotatcurs  des 
Églilcs  Cathédrales ,  &  des  principaux  Monaftèrcs 
du  Royaume.  Les  Empereurs  ont  long-temps  con 
(ervé  le  même  droit ,  &c  dès  qu'un  prel.it  étoit  ex- 
piré ,  ion   Clergé  renvoyoit   à   1  Empereur  ion  an- 
neau &  ia  croUe  ,  &  le  Prince  les  donnoit  eniuite 
en  cérémonie  à  celui  qu'il  avoit  nommé  pour  iuc- 
celleur.  C 'étoit  la  forme  des  inveftitures.  Le  premier 
qui  conteila  ce  privilège  aux  Souverains,  fot  Gré- 
goire VL  Mais  Grégoire  VIL  dans  le  onzième  fiè- 
ckj  l'entreprit  avec  plus  de  hauteur  &z  de  iuccès.  Il 
excommunia  1  Empereur   Henri  IV.  &   défondit  à 
tous  Ecclélialliques ,  louspeme  d'excommunication, 
de  recevoir  V'tnvcjliture  de  la  main  des  Princes  tem- 
porels. Parlai  II.  lut  pourtant  obligé  de  confirmer 
à  Henri  V.  le  droit  de  donner  les  inveftitures  ,  mais 
s'étant  rétraété  depuis,  il  l'excommunia,  &  le  ré- 
duilit  à  lui  venir  demander  l'abtolution.  Enfin ,  cet 
Empereur  lut  forcé  par  le  Pape  Gélale  II.  à  renoncer 
aux  élections  &  aux  bivejlkurcs.  Le  droit  à'invejii- 
ture  a  cauté  bien  des  guerres  &  des  troubles ,  fur- 
tout   en   Allemagne  &   en    Angleterre.  On  trouve 
dans  les  anciens  titres  Se  les  anciens  Auteurs  près 
de   quatre-vingt  manières   de  donner  l'invertirure. 
Aloniîeur  Du  Gange  les  a  ramallées  dans  fon  Glof~ 
faire. 

INVETÉRER.  v.  n.  Vieillir ,  devenir  vieux ,  enraci- 
ner. Feterafcere ,  invecerafcere.  Il  ne  faut  pas  laillèr 
invétérer  une  maladie  ,  un  ulcère.  Les  maux  qui  font 
invétérés  deviennent  incurables. 

Sero  Medecina  paratur, 
Cum  per  longas  evaluere  moras.  Ovid. 

Invétérer  ,  fe  dit  aulîi  en  Morale.  Il  ne  faut  pas  lailTer 
inyetirer  une  mauvaife  habitude.  Les  péchés  qui  font 
invétérés  dans  une  ame  font  un  grand  obllacle  a  la 
grâce.  Il  ell  dangereux  d'attaquer  les  erreurs  Invété- 
rées dans  1  efprit  du  peuple. 

gC?  S'iNvÉTÉRER.  V.  récip.  fe  dit  dans  le  même  fens 
qu'invérerer ,  toujours  en  mauvaife  part ,  au  phylique 
&  au  moral  ,  en  parlant  des  maladies ,  des  mauvai- 
(es  coutumes ,  des  mauvaifes  habitudes  contractées 
depuis  long-tems.  Ce  mal  s'eft  li  fort  invétéré  que  , 
éc.  Du  Latin  vêtus ,  vieux. 

iNvsTEiVE  ,  ÉE.  part. 

INVINCIBLE,  adj.  &  f  m.  &  f.  Qui  ne  peut  être 
vaincu.  Infuperah'dis j  invicius.  Ce  Prince  a  un  cou- 
rage invincible.^  L'armée  de  Xerxès  étoit  11  nombreu- 
fe  j  qu'elle  fcmbloit  invincible.  L'Alexandre  de 
Quint  -  Curce  étoit  invincible ,  Se  celui  de  Vaugelas 
elt  inimitable.  Pel.  La  vanité  Eipagnole  donnoit  le 
nom  d'invincible_  à  la  Hotte  que  Philippe  II.  avoit  ; 
préparée  pour  fubjuguer  l'Angleterre.  BizoT.  Cet 
invincible  Héros  n'a  rien  trouvé  dimpoiTible  à  fa  va- 
leur. S.  EvR.  L'Empereur  Commode  donna  l'épithéte 
d'invincible  au  mois  de  Février. 

fer  Ce  mot  eft  auill  employé  dans  un  fens  figuré. 
Obftacle  invincible,  qu'on  ne  peut  furmonter.  Opi- 
niâtreté invincible.  Ignorance  invincible.  Argument , 
railon  invincible  ,  qu'on  ne  peut  renverfer,  détruire. 
Les  Indiens  Jht  été  long-temps  dans  une  ignorance 
invincible  de  nos  myftères.  La  diîiérence  des  langues 
neft  pas  une  difficulté  invincible.  Cette  imprudence 
a  mis  un  obftacle  invincible  à  votre  fortune.  S.  Évr. 
Le  Roi  appréhendoit  la  roideur  invincible  de  fa  fille. 
De  Larrey. 

Ç^Corneille  a  dit  dans  Pompée ,  un  coup  invincible. 
Ces  termes ,  dit  Voltaire  ,  ne  paroîtront  pas  juftcs 
a  ceux  qui  exigent  la  pureté  du  langage  ,  Se  la  juf 
telle  des  figures.  En  effet,  un  coup  n'eft  pas  invin 
cible  ,  parce  qu'un  coup  ne  combat  pas. 

Invincible.  Terme  de  Mythologie.  C'ePc  un  des  fur- 
noms  de  Jupiter.  Les  Romains  célébroient  une  fête 


I  N  V  229 

aax  Ides  de  Juin  en  l'honneur  de  Jupiter  invinci- 
ble. 

INVINCIBLEMENT,  adv.  D'une  manière  invincible. 
lSecej]ario.  Cette  raifon  prouve  invinciblement  ce  que 
j'ai  avancé. 

INVIOLABLE,  adj.  m.  Se  f.  Qui  ne  fera  point  violé, 
ou  qui  ne  le  doit  point  être.  Inviolatus.  La  liberté 
de  ia  confcicnce  eft  un  privilège  inviolable.  Bay. 
Les  promellcs  de  Dieu  font  inviolables.  Le  icrmcnt 
doit  être  une  chofe  inviolable  à  un  Chrétien.  Ces 
amis  fe  font  juré  une  fidélité  inviolable.  L'afile  de 
l'Eglife  doit  être  inviolable.  Les  droits  facrés  de  l'a- 
mitié iont  inviolables.  Boss.  L'autorité  Royale  nous 
fut  toujours  facrée  Se  inviolable.  Bayl. 

INVIOLABLEMENT.  adv.  Dune  manière  inviolable. 
Inviolatè.  Les  Princes  doivent  être  jaloux  de  garder 
leurs  paroles  inviolablement.  Je  luis  inviolablement 
votre  très  humble  icrviteur.  God.  Notre  dernière 
demeure  eft  inviolablement  à  notre  choix.  Pat. 

INVISIBILITÉ,  f  f.  Qualité  qui  rend  les  chofes  invifi- 
bles.  Invijibilitas.  Ce  qui  fait  qu'on  ne  peut  voir  de 
certaines  chofes.  Aelanc.  Vinvifibilité  de  la  nature 
des  cfprits. 

INFISIBILIUM.    On    dit   proverbialement    qu'une 
chofe  a  palfé  par  invijibilium ,  pour  dire  qu'elle  eft 
demeurée  invilible  ,    qu'elle  a   été   perdue  ,    volée. 
Furet,  à  la  fin  du  mot  Invisible.  Cela  eft  bas. 
C'eft  un  terme  Latin  tiré  du  Credo. 

INVISIBLE,  adj.  m.  Se  f.  Qui  ne  tombe  point  fous  le 
iens  de  la  vue ,  qui  ne  peut  être  vu.  Invifibilis.  Les 
Anges ,  les  Démons ,  toutes  les  fubftances  incorporel- 
les font  invifibles.  Yits  Anciens  nous  ont  fait  accroire 
que  l'anneau  de  Gygès,  la  pierre  Héliotrope,  rendoicnt 
les  gens  invifibles.  Il  y  a  quelque  irrévérence  à  don- 
ner des  figures  vilibles  aux  dieux  qui  font  immortels 
Se  invifibles.  Abl. 

fer  Ce  terme  s'applique  auffî  aux  corps  qui  échappent 
à  notre  vue  à  cauié  de  la  finefte  de  leurs  parties ,  ou  à 
caufe  de  leur  éloignement.  Afipeclum  fugiens.  Les 
parties  de  l'air  iont  invifibles.  Les  Comètes  en  s'é- 
loignant  de  nous,  deviennent  invifiibles. 

tfS"  On  dit  de  même  figurénient  dun  homme  qui  dif- 
parok  tout  d'un  coup  &  fans  qu'on  s'en  apperçoive  , 
qu'il  eft  devenu  invifible.  On  le  dit  aulfi  des  chofes 
qu'on  ne  retrouve  plus.  Je  n'ai  fait  que  détourner  les 
yeux,  ma  bouife  eft  devenue  invfible.  Fugic ex ocu- 
lis. 

Invisible,  fe  dit  auiTi  de  ceux  qui  mènent  une  vie  ca- 
chée ,  qui  ne  veulent  pas  être  vus.  Le  grand  Turc 
eft  invifible  à  la  plupart  de  fes  iujets;  il  ne  ie  l.iille 
voir  que  rarement.  Il  y  a  de  certains  Importans  qui 
mettent  une  partie  de  leur  mérite  Se  de  leur  grandeur 
à  être  invifibles.  Bouh.  Il  n'approuvoit  point  ces  Ma- 
giftrats  qui  fe  rendent  invifiibUs  ,  Si  fe  font  de  leurs 
cabinets  comme  un  rempart  à  leur  oiliveté ,  ou  à  leurs 
plaihrs.  FlÉch. 

Invisible  ,  fe  ditauftî  des  chofes  fecrètes  &  cachées,  dont 
nous  ne  pouvons  pénétrer  la  caufe.  Arcanus  ,  obficurus 
nefcio  quis.  Il  y  a  un  certain  charme  invifible  qui  nous 
attache  à  notre  patrie ,  qui  fait  que  nous  y  revenons 
toujours.  Dieu  entraîne  nos  volontés  par  des  chaînes 
invifibles.  FlÉch.  Les  Amans  iont  attachés  par  des 
liens  invifiibles.  Les  affurances  d'un  avenir  invifible 
font  moins  d  imprelïïon  que  les  chofes  préiéntes  qui 
entrent  dans  l'elprit  par  les  iens.  S.  Évr. 

Invisible,  f  m.  Se  f.  Nom  de  Seéle.  Invifiihilis.  On  ap- 
pela ainfi  dans  le  XVF  fiècle  les  Proteftans  qui  foute- 
noient  que  l'Eglife  n'étoit  point  vifible. 

Invisible.  Ce  nom  a  été  auftî  donné  aux  Frères  de  la 
Rofe-Croix.  Voye\  au  mot  Rose. 

INVISIBLEMENI'.  adv.  D'une  manière  invifible.  Cl- 
tra  vifium.  $3  Le  corps  de  Jésus  Christ  eft  réelle- 
ment, mais  invifiblement ,  fous  les  eipéces  facramen- 
telles. 

INVITATEUR.  f.  m.  C'étoit  chez  les  Romains  le 
nom  d'un  domeftique  dans  les  grandes  maiibns. 
Invitator  ,  vocator.  Il  paroît  par  uneinicription  r.ip- 
portée  par  Gra-vius/».  Dxcvni,«.  «f,  que  cet  office 
n'étoit    pas  des  moins  confidérables  ,  puifqu'on  le 


I  N  V 


230 

donnoit  à  des  Affranchis;  elle  porte  AGATOPUS 
AUGG.  LIB,  INVIfATOR  ,  ù-c.  Les  Imitateurs 
écoient  ceux  qui  alloienc  inviter  les  conviés  aux  repas 
que  l'on  donnoit.  f'^oye-^i  Pline  ,  Liv.  XXXV,  c.  10, 
où  il  parle  àcs  Invitatcurs  de  Ptolomce  ,  qui!  ap 
pelle  Vocdtores  ;  Se  Laurent  Pignorius,  Comment, 
de  fcrv'ts  ,  p.  i  44  ,  <&  fuïv. 

ffO- INVITA  nON.  f.  f.  Aaion  d'inviter  ,  de  prier , 
d'alîifter  ,  de  le,  trouver  à  un  repas,  une  ictc  ,  une 
cérémonie.' //zvirario/z  à  nn  repas.  Ad  cœnam  Invi- 
tatio.  Invitation  à  une  noce.  L'Invitation  'des  Cours 
Ibuverainespouralîîiler  à  un  Te  Dcum  ,  fe  fait  par 
les  Ofiiciers  des  cérémonies. 

Invitation,  fe  dit  aullî  au  riguré,  &c  iignifîe ,  Sol- 
licitation -,  aclrion  d'exciter.  Invltatus.  Il  n'y  a  point 
de  plus  forte  invitation  à  l'amitié  ,  que  de  prévenir 
en  aimant.  Le  Mai.  Elle  eut  d'autant  moins  de 
peine  à  fe  rendre  à  V invitation  qu'on  lui  failoitj 
que  M.  le  Duc  de  Savoye  venoit  de  mourir  poli- 
tivemcnt  dans  ce  temps-là.  Des  Mais  aux.  Et  fe 
rendant  à  une  fi  douce  invitation  ,  il  alla  enfeigner 
les  Mumanités  &z  enfuitc  la  Rhétorique  dans  le 
Collège  d'inarcourt.  Huet. 

INVITATOIRE.  f  m.  Terme  de  Liturgie.  C'eft  un 
verfet  que  l'on  chante  ,  ou  que  l'on  récite  à  Ma- 
tines avant  le  Pleaume  Venue  exultemus ,  &  à  la 
fin  dece  Pfeaume  ,  on  le  mêle  aullî  aux  verfets  de 
ce  Pfeaume  ,  pour  inviter  le  peuple  à  louer  Dieu. 
Tout  cela  s'appelle  Vlnvltatolre.  Inv'uatorlum.  Ce 
verfet  fe  change  tuivant  la  qualité  des  jours  &  des 
fêtes  ;  &  ainfi  on  dit  qu'il  but  prendre  Vinvltatoirc 
du  commun  ou  du  propre  des  Saints  j  en  parlant  de 
ce  verièc  diftérent  qu'on  y  ajoiite.  Il  n'y  a  point 
à'invizatoire  au  commencement  des  Matines  le  jour 
de  l'Epiphanie ,  ni  les  trois  derniers  jours  de  la  fe- 
m.airiÉ  Sainte.  Voye^  les  railoas  de  cet  ulage  dans 
■Microl.  &  Amalar.  c.  ij. 

Ce  mot  vient  du  Latin  invitatorlum ,  qui  fe  trouve 
dans  les  rubriques  ,  ôc  dans  les  Auteurs  qui  ont 
écrit  fur  les  Liturgies;  &c  qui  vient  du  verbe  invi- 
tare  ,  iiiviter  :  ce  nom  à'invitatoire  a  été  donné  à 
cette  partie  de  l'office  divin  ,  parce  que  le  Pfeaume 
Venue  ,  exultanus  ,  commence  par  une  invitation 
à  chanter  les  louanges  de  Dieu. 

îNVriATORIEN.  f.  m.  Les  Macri  difent  que  c'eil: 
un  nom  de  l'Ordre  de  Citeaux  ,  où  l'on  appelle 
ainfi  celui  qui  a  la  charge  de  commencer  1  olhce 
divin ,  de  commencer  le  chant  ,  d'entonner  le  pre 
mier.  Invltatorlanus.  Ils  parlent  aulîi  d'un  Soujln- 
vitatorlen  ,  qui  faifoit  PoiBce  de  l'invitatorien  en 
Ion  abience. 

INVITER,  v.  a.  Prier  ,  convier  quelqu'un  à  quelque 
fête ,  à  quelque  cérémonie.  Invitare.  Tous  les  Am- 
baflàdeurs  des  Princes  étrangers  furent  invités  de  fe 
trouver  à  ce  Te  Deum  ,  à  ce  felliin  Royal  j  à  cet  en- 
trée. CKF  Inviter  à  fouper.  Ad  cxnam  invitare.  Il 
m'invita  à  venir  loger  chez  lui.  Hofpltlo  me  invita^ 
vit ,  ou  ad  hofpitium. 

Inviter  ,  le  dit  ngurément  en  chofes  morales ^  &  figni- 
fie  ,  Exciter ,  ioUiciter  ,  exhorter.  L'efpoir  de  l'éccr- 
■  nité  qui  nous  eft  promife ,  nous  doit  inviter  ,  exci 
ter  à  bien  vivre.  Cette  eau  claire  invite  les  pal!ai:s 
à  s'en  déi.-iltérer.  La  gloire  invite  les  gens  généreux  à 
s'expofer  pour  leur  Prince.  Le  beau  temps  invite  à 
la  prbmenaJc.  Il  plût  à  Dieu  de  ï'invmr  à  une 
place  plus  coniidérablc  dans  ce  banquet  délicieux  , 
&  de  l'élever  comme  par  degrés  à  la  plus  haute 
contemplation  des  perfections  divines.  P.  'Verjus. 

Invité,  Ér.  part.  &  adj.  Invltatus. 

JNVQCJDIT.  Terme  de  Bréviaire.  C'eiT:  le  nom 
que  l'on  donne  au  premier  Dimanche  de  Carême, 
parce  qu'il  eft  marqué  dans  les  Almanachs  par  ce 
mot  Latin ,  qui  eft  le  premier  mot  de  rintro'ù  de  la 
Melfe  de  ce  jour-là.  Autretois  le  Carême  ne  com 
mençoir  que  le  Dimanche  învocablt  ,  &  l'Églife 
de  Milan  a  revenu  cet  ufagc. 

INVOCATION,  f  f.  AAion  par  laquelle  on  appelle 
Dieu  à  fon  fecours.  Prièie  par  laquelle  on  s'.a- 
drelîe  à  Dieu  pour  lui  demander  fon  fecours.  Invoca- 


I  N  V 


tlo.  Toutes  les  grandes  cérémonies  Chrétiennes  com- 
mencent par  l'invocation  du  Saint-Efprit  ;  par  le 
Veni  Creator. 

Invocation  ,  fe  dit  aulîî  des  Saints  dont  on  demande 
l'intcrcelTion  auprès  de  Dieu.  Toutes  les  Eglifes  font 
dédiées  à  Dieu  tous  \' Invocation  d'un  Saint  particu- 
lier. L'Invocation  des  Saints  a  été  ^  &  eft  encore 
pour  les  prétendus  Réformés  ,  un  des  grands  fujets 
de  rupture  avec  l'Églife. 

Invocation  ,  fe  dit  aulii  des  faux  dieux  &c  des  démons. 
Les  Idolâtres  ont  fait  des  invocations  à  des  dieux  de 
bois  &  de  pierre,  qui  ne  les  pouvoicnt  fecourir. 
Un  Poëte  ne  fait  guère  de  grands  ouvrages  ,  laiis 
une  particulière  Invocation  des  Mules.  L'Invocation 
eft  propre  au  Pocme  épique  ,  elle  eft  d'ordinaire 
adreliee  à  la  divinité  qui  préfide  à  la  Poëhe  en  géné- 
ral. Ainii  l'Invocation  poétique  eft  une  prière  adrcf- 
fee  au  Génie  allégorique  de  la  Poclie  fous  le  nom 
d'une  Mufe  ou  de  quelqu'autre  divinité  dont  le 
Poëte  demande  à  être  infpiré.  Le  P.  le  B.  ffS"  Cette 
invocation  eft  nécefiaire  ,  parce  que  le  Poëte  dit  des 
choies  qu'il  ne  Laurcit  pas  ,  li  elles  ne  lui  .avoient 
été  infpirées. 

INVOLONTAIRE,  adj.  m.  &  f.  Qui  fe  fait  contre 
la  volonté  de  celui  qui  agit.  Non  voluntarius.  Tout 
contrat  ou  teftament  qui  eft  involontaire  ,  ou  forcé, 
eft  de  nulle  valeur.  1^  L'ignorance  invincible  rend 
les  aélions  Involontaires.  Pasc, 

Involontaire  ,  fe  dit  aulîi  des  mouvemens  naturels 
qui  fe  font  indépendamment  de  notre  volonté.  La 
digeftion  cil:  une  aclion  Involontaire  qui  ie  frit  dans 
l'eftomac. 

CCf' Involontaire  j  fe  dit  aullî  lubft.  Eurlamaqui 
diftingue ,  comme  on  fait  dans  les  Écoles  ^  le  vo- 
lontaire &  le  libre  ,  l'Involontaire  &  le  nécelfaire. 
L'involontaire  Se  le  néceftaire  excufent  de  tout 
péché.  Voy.  les  autres  mots. 

INVOLONTAIREMENT,  adv.  Contre  la  volonté,  ou 
ians  la  participation  de  la  volonté.  Non  voluntariè.. 
Ce  qui  fe  fait  involontairement  n'eft  ni  louable  ,  ni 
blâmable. 

C^INVOLUTION.  f_f.  Terme  de  Palais  qui  défigne 
un  alfcmblage  de  diilîcultés  ,  d'embarras.  Intrlcatio. 
Involution  de  procès  ,  de  procédures.  Les  laits  qui 
ont  été  les  plus  éclaircis  ,  le  trouvent  dans  une  a 
grande  involution  de  circonftances  ,  qu'on  s'y  perl 
doit  dans  les  momens  mêmes  qui  en  étoienr  leS' 
plus  proches.  Card  de  Retz.  if3'  Ce  mot  n'eft  paé 
d  un  ufage  fréquent ,  même  dans  le  jargon  du  Pa- 
lais. 

%fT  liMVOQUER.  V.  a.   Réclamer   l'aide  d  une  Puif- 
fance  lupèricure.  L'appellcr  à  fon  fecours.  Invocarc. 
Invoquer  Dieu  à  fon    aide.  Invoquer  le  S.  Efprii 
L'Églife  invoque  la  Vierge  Se  les  Saints  pour  avoS 
leur  interceîlion.  Les  Orateurs  invoquent  ItVnnce^ 
les    Juges  J    les   auditeurs    devant  Icfqucls  ils   ha-" 
rangueiit.'Les  Prêtres  des  faux  dieux  les  iavoquoiea^ 
fur  tout   quarid  il   failoit   rendre  des  oracles.    Les 
Poëtes  invoquent  fouvent  les  Mules  inutilement,  il 
eft  de   l'elîénce   du  Poëme  Épique   à' invoquer   les 
divinirés  qui  prélident  à  la  Poél-.e  ;  ou  aux  aéticns 
des  hommes.  Le  P.  le  B.  Lucrèce  a  invoqué  Vénu^ 
qui  préi'ide  aux  produclions  de  la  nature ,  &  en  mê- 
me temps  il  établit  que  les  dieux   ne  fe  mêlent  de 
rien. 

tfl'  Invoquer  le  nom  du  Seigneur,  'Lnis  rÉcriture- 
Sainte  ,  c'eft  l'adorer  ,  &  faire  un  a^ce  de  religion. 
Ce  fut  Énoc ,  fils  de  Seth  qui  commença  à  invoquer 
le  nom  du  Seigneur.  Gen.  c.  4. 
lNvoq.UER ,  fe  dit  aujourd'hui  au  Palais  pour  cirer  un 
Auteur  ,  ou  une  pièce.  S'autorifer,  s'appuyer  fur 
cela,  en  tirer  une  preuve  en  la  faveur.  Advocare, 
adhikere.  C'eft  ce  qu'il  faut  examiner  d'après  & 
fur  les  autorités  mêmes  que  nous  cirent  nos  advcr- 
faires. . . ..  Confukons  donc  &  le  Concile  de  Trente 
Se  ■  l'Ordonnance  de  Blois  précifement  dans  les 
mêmes  ai'ticles  que  le  Chapitre  de  N.  D.  invoque. 
MANOR.n:Y.  C'eft  donc  fur  ces  autorités  que  l'union 
que  lions  a:tca'quons  eft  fondée ,  ce  font  les  feules 


1  N  U 

que  réclame  le  V.  ï>.  dms  fes  requêtes ,  les  feules 
qu'invoque  1  Lj^lilc  de  Pans  i  votre  audknce.  lu. 
C'eft  ce  qui  refuke  des  titres  mêmes  qu'mvoque/u 
les  parties  ad/erles.  Gueau. 

INVOQ.UÉ  ,  ÉE.  parc. 

INUSI  rÉ  ,  EE.  adj.  Qui  n'eft  point  en  ufigc.  Inufl- 
zatus.    Il  y  a  plulieurs    coutumes    en    Orient    qui 

■•  font  ïnufuécs  parmi  nous.  On  l'a  battu  ,  on  lui  a  fait 
un  traitement  barbare  &  ïnujité.  Les  Orateurs  ne 
ledoiveiU  point  fervir  de  vieux  mots  ,  de  mots  étran- 
gers &C  inujués  fans  grande  précaution. 

Inusité  ,  ee.  Extraordinaire  ,  qui  n'a  pas  coutume 
d'arriver  j  qu'on  n'a  pas  coutume  de  lentir,  d'éprou- 
ver. Infoiitus ,  injuctus  ,  a  j  um. 

Mais  maintenant  que  je  fuis  en  l'automne ,  (  de  ma  vie  ) 
Ne  fais  quel  foin  iuulité  m'étonne.  Marot. 

INUTILE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  Icrt  à  rien  ;  dont  per- 
lonne  ne  protite.  InucUis  ,  vanus.  Il  ne  hut  point 
s'appliquer  à  des  fciences  vaines  Se  inutiles.  Rien  , 
d'ordinaire  ,  n'eft  plus  inutile  que  les  ellorts  que  fait 
notre  raifon  pour  furmontér  nos  paillons.  Bell. 
Quoi  que  nous  fallions  pour  Dieu  ,  nous  ferons 
toujours  des  (erviteurs  inutiles.  Le  moindre  mépris 
peut  iaire  d'un  ami  très  inutile ,  un  ennemi  très-dan- 
gereux. S.  ÉvR.  Ne  chargez  point  votre  dilcours 
de  paroles  inutiles.  Id.  Ce  n'ell  point  vivre  que  de 
vivre  inutile.  Des  h.  Il  fi'y  a  rien  de  plus  honteux 
que  d'être  inutile  au  monde  ,  &  à  foi  même  ;  &c  que 
d''avoir  de  l'efprit  pour  n'en  rien  faire.  P  a  s  c. 
11  faut  une  grande  étendue  d'efprit  pour  demeurer 
inutile  ;  prefque  perfonne  n'a  allez  de  mérite  pour 
jouer  ce  rôle  avec  dignité.  La  Br.  Si  l'on  ne  lait 
fe  palfer  des  chofes  inutiLs  &  fuperHucs ,  elles  de- 
viennent  néceiraires    à   force   de    s'y    accoutumer. 

p'ûus  ne  forme^  jamais  d'inutiles  dejîrs.  Des-H. 

On  traite  volontiers  d'inutile  ce  qu'on  ne  fait 
point  :  c'eft  une  efpèce  de  vengeance  ;  &c  comme 
les  Mathématiques  &  la  Phyfique  font  allez  généra- 
lement inconues  ,  elles  pallent  alfez  généralement 
pour  inutiles.  Fonten-  Hiji.  de  l'Acad.  des  Scienc. 
Préface. 

INUTILEMENT,  adv.  d'une  manière  inutile.  Bien 
des  gens  le  tourmentent  ,  travaillent  inutilement. 
Inutiliter.  Vous  me  priez  'inutilement  ;  ce  que  vous 
me  demandez  ne  dépend  pas  de  moi.  Il  eft  peu  de 
douleur  plus  leniible  que  celle  d'avoir  commis  un 
grand  crime  'inutilement.  S»  Real. 

^3"  Inutilement  ,  Vainement,  en  vain.  On  a  travaillé 
'inutilement  lorfque  l'ouvrage  qu'on  a  fait  ne  lert  à 
rien.  On  a  travaillé  vainement  lorfqu'on  n'ell  pas 
récompenfé  de  Ion  travail  ,  ou  qu'il  n'ell  pas 
agréé.  On  a  travaillé  en  vain  ,  loriqu'on  n'clt  pas  venu 
à  bout  de  ce  qu'on  vouloit  faire.  Sync.  Fr. 

INUTILITÉ.  (.  £.  Manque  d'utilité.  L'inutilité  de 
cette  fcience  m'a  dégoûté  de  l'apprendre.  Inutditas. 
L'inutilité  fait  regarder  un  homme  comme  un  fai- 
néant méprifable.  S.  ÉvR.  Il  ne  futht  pas  que  l'hom- 
me s'humilie  par  l'inutilité  de  fa  fcience  ,  il  faut 
qu'il  confelle  que  ce  qu'il  en  peut  acquérir  n'elf 
prefque .  rien.  Nie.  On  ne  doit  point  reprochera 
Platon ,  ni  à  Socrate  l'inutilité  de  leurs  dialogues. 
Maucroix.  Une  grande  ville  eft  le  théâtre  de  l'in- 
utilité Se  de  la  vanité  tout  enfemble.  Ab.  de 
LA  Tr. 

■NUTiLiTÉ  ,  fîgnifie  aufH  quelquefois  à -peu -près  la 
même  chofe  qu'oifiveté  ,  défaut  d'emploi.  Les  Ef 
pagnols  s'abandonnent  à  l'amour  dans  l'inutilité  de 
Madrid ,  où  rien  ne  donne  du  mouvement  que 
cette  feule  palfion.  S.  ÉvR.  L'inutilité  de  la  vie 
des  femmes  eft  la  fource  de  la  coquetterie  ;  elles  ne 
favent  que  faire  de  leur  temps.  Bell.  Au  lieu  de 
goûter  la  liberté  dans  la  retraite  ,  il  eft  à  craindre 
que l'i/zz^ri/ife  du  repos  ne  jette  dans  l'ennui.  S.  Évr. 
KUTiLiTÉ  ,  fîgnifie  aulïï ,  Chofe  inutile  ,  chofe  fu- 
perflue.  Et  en  ce  fens,  il  n'a  guère  d'ufage  qu'au 


JOA  231 

pluriel.  Un  difcours  rempli  d'inutilités.  Ac.  1k. 
INVULNÉKABILIlii.  (.  f.  Lt.u  de  celui  qui  efl 
invulnérable.  Ce  mot  fe  trouve  en  Italique  dans 
le  Mercure  d'Octobie  1732.  On  nous  apprend, 
dit  on,  que  le  cheveu  qui  etablilloit  l'invulnérabiuté 
de  Nifus  ,  étoit  couleur  de  pourpre. 
INVULNhllABj.E.  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  peut  être 
blellé.  Vulnerinon  obnox'ius.  On  le  dit  au  propre  t< 
au  figuré.  Les  Poètes  ont  feint  qu'Achille  etoit  in- 
vulnérable ,  excepté  par  le  talon.  Aujourd'hui  que 
les  héros  ne  font  plus  invulnérables  ,  il  n'eft  plus 
permis  de  méprifer  le  danger  ,  &  la  fortune  qui  vous 
en  a  tiré  eft  un  mauvais  garant  pour  l'avenir.  Voit. 
On  n'aime  point  à  palier  pour  une  perlonne  que 
l'on  puillè  aifémenc  attaquer ,  &c  qui  ne  lâche  pas 
fe  défendre  ;  on  s'applaudit  au  contraire  de  s  être 
rendu  comme  'invulnérable  ,  &c  d'avoir  accoutume 
les  gens  à  nous  craindre  &c  à  nous  ménager.  Bour- 
DAL.  Exh.I  ,  p.  ^ijj  ^^Invulnérable  aux  traits 
de  la  mcdifance.  Une  grande  ame  ell  invulnérable. 
La  Bruy. 

Il  n'y  a  que  les  perfonnes  que  l'on  puilfe  dire 
invulnérables  ,  &  point  les  corps  inanimés.  Ce  f"c- 
roit  même  parler  improprement  ,  que  de  dire  d  une 
perfonne  qu'elle  eft  invulnérable  à  toutes  fortes  de 
maux.  Invulnérable  ,  ne  regarde,  que  les  blcflures, 
&  point  les  maladies Lett.  de  Buffy. 

I  N  Z. 

INZAPATE,  Foyei  Ensabate. 

I  0. 

10.  f.  f.  Nom  d'une  femme,  célèbre  dans  les  fables. 

10  ,  us.  Elle  étoit  hlle  du  fleuve  Inichus  :  c'eft 
celui  qu'on  nomme  aujourd'hui  Planizza  dans  la 
Alorée.  Jupiter  fut  amoureux  à  la ,  Se  elle  en  eue 
Epaphus.  Pour  cacher  Ces  amours  à  Junon ,  &  évi- 
ter Ion  reilc-ntimentj  Jupiter  la  changea  en  géniffe. 
ju.ion  s'en  étant  doutée  demanda  cette  géniffe  à 
Jupiter,  qui  la  lui  accorda  ,  pour  ne  point  augmen- 
ter les  foupij-ons.  Elle  la  donna  à  la  garde  d'Al'gus. 
Ce  fuivcill  tr.t  L,ui  avoit  des  yeux  dans  tout  le  corps, 
dont  une  partie  veiUoit  pendant  que  l'autre  étoit  fer- 
mée par  le  fommeil ,  c'etf  à  dire  ,  qui  avoit  un  foin 
extrême  de  ion  dépôt  ,  &c  le  confervoit  jour  &  nuit 
avec  une  vigilance  que  rien  ne  pouvoir  tromper  , 
embarralioit  Jupiter.  Il  le  lit  tuer  par  Mercure. 
Junon  indignée  de  ce  meurtre  ,  envoie  à  la  vache 
/0  une  mouche  ,  qui  la  piquant  continuellement  de 
fon  aiguillon  ,  la  fit  errer  jufqu'en  Egypte  ;  là , 
elle  implora  le  fecours  de  Jupiter  qui  lui  rendit  fa 
première  forme  :  elle  époufà  le  Roi  Oiiris  ,  &  fut 

11  eftimée  des  Épyptiens  ,  qu'après  fa  mort  ils  la 
mirent  au  nombre  de  leurs  divinités  fous  le  nom 
d'Ilis.  Voyei  Ovide,  I..  I  des  Métamorp.  v.  s^4  ,  à 
fu'iv.  Le  Chevalier  Marsham  ,  dans  fon  Canon  JEgy- 
pt'iacus  ,  Sec.  I ,  où  il  montre  que  l'Io  des  Grecs  eft 
formée  fur  l'ills  des  Égyptiens  ,  ôc  l'Afbrte  des  Phé- 
niciens. 

Comme  Jupiter,  pour  fuifaire  la  brutale  pafTion 
■  qu'il  avoit  pour  lo  ,  la  changea  en  vache  ,  &  la 
couvroit  de  nuages  épais  :  en  terme  de  Philofophie 
hermétique  ,  cette  nuée  épaiife  fignilie  la  petite  peau 
qui  paroit  au  commencement  de  la  congélation  de 
lélixir. 

Il  y  a  deux  lo  ,  l'une    fille  d'Inachus ,   &  l'autre 
fille  de  Jafus.  Lifez  Vollius,  de  Idol.  L.  I ,  c.  14. 
JO  ,  ou  JOU.  f  m.  Terme  de  Calendrier.  Les  Catha- 
ïens  appellent  ainli  le   quatrième  Tchagh  de  leur 
cycle  duodenaire.  Ce  mot  fignilie  une  poule. 

JOA. 

JOAC  ,  Bourg  de  France.  Jocund'iacum.  Il  eft  dans 
le  Limoulin.  C'étoit  au  commencement  de  la  fé- 
conde race  un  palais  de  nos  Rois  j  auquel  la  beauté 


232  J  O  A 

du  lieu  avoir  donné  fou  nom  ;  de  Jucundus  ,  agiv'a- 
bie ,  de  même  qu'à  Jouay. 
JOACHIM.  1".  m.  Nom   d  homme.   Joachim.  Joaclu-^ 
mus.  Il  l-aut  prononcer  la  première  iyllabe  ,    d'un 
fon  nalal  &   obais  ,  comme  la  première  du  moc  in- 
juftc  ,  &c  le  ck  comme  dans  chien  ,  chr>/al ,  ù'c.  &  non 
pas  comme  un  k  ,  quoiqu'on  le  traile  dans  les  au 
très   noms  Hébreux  ,    comme  Jéckomas  ,  Achu-.s  , 
Ochofias  ,  AcKimélech  ,  &cc.  que   nous  prononçons 
,    iékonias  ,  Jkias  ,  Okofias  ,  Akïmclech,    Nicéphore 
Cailixtc  ,  hïfl.  Ecd.  L.  I ,  c.  7  ,  &  S.  Jean  Damat- 
ccne  ,  Orthod.  fid.  c.  i  j  ,  ditént  que  le  père  de  la 
iainte  Vierge  s'appeloit  Joachim.  Il  y  a  trois  Electeurs 
de  Brandebourg  qui  ont  porté  le  nom  àz  Joachim. 
Joachim  Duc  de  Poméranie.'ll  y  a  aulli   des   Joa- 
cAim^dansla  maifon  d'Annale, /oacAim  de  Calabre, 
Abbé  de  l'Ordre  de  Citeaux,  a  lieuri  au  commen- 
cement du  Xlli''.  liccle.   Foyei  Joachimite.  Joa- 
chim Au  Bellay  vécut  fous  Henri  III,  &  lé  fit  de  la 
réputation  par  fon  génie  pour  la  Pol'iie. 

Quelques  uns  écrivent  aulfi  par  un  ch  le  nom  de 
Joakim ,  Roi  de  Juda  ,  que  Pharaon  Nécao  mit  à 
la  place  de  Jofias  fon  père.  C'ell  une  ignorance  de 
la  langue  originale  Ik  de  l'étymologie  de  ce  nom  j 
qu'il  faut  écrire  &  prononcer  par  un  k. 
JOACHIMITE.  f.  m.  &  f.  Prononcez  chi  :,  comme  ki , 
ou  qui ,  &  non  pas  comme  Joachim.  Nom  de  leCte. 
Difciple  de    l'Abbé   Joachim.    Joachimita.    L'Abbé 
Joachim  ,  Calabrois  ,   Abbé  de  Flore  ,   Ordre   de 
Cîteaux,  mort  en   1202  ,  palFa  pour  un  Prophète 
pendant  ta  vie  ,  &  lailïa  beaucoup  de  livres  après  la 
mort ,   des  Commentaires  fur  UaVe  ,   fur   Jérémie , 
fur  l'Apocalypfe  j  une  concorde  de  l'ancien  &  du 
nouveau   Teilament ,  un  livre  de  la  Trinité  contre 
le  Maître  des  Sentences  j  &  beaucoup  de  prétendues 
Prophéties.  Tout  cela  étoit  plein  d'erreurs  s  &  l'Au- 
teur fut  condamné  en  i  2 1  5  au  Concile  de  Latran. 
Cependant  bien  des  gens  ne  iaiflérent  pas  de  donti- 
nuer  fes  erreurs ,  &  peut  être  même  y  en  ajoutèrent 
de  nouvelles.  Du  nom  de  cet  Abbé  on  les  appelle 
Joachimites.    Ils   fe   répandirent  en  France  j   &    le 
Concile  d'Arles  les  condamna  en   1260,  ou  1261. 
Ce  Concile  dit  que  mettant  pour  fondement  de  leurs 
extravagances  certains    Ternaires  ,   ils    établillbient 
dans    leur  Concordance  une  doékrine  pernicieufe  ; 
que  fous  prétexte  d'honorer  le  S.  Efpnt  ,  ils  dimi- 
nuoient   l'eifet  de  la   rédemption  ,  &  Je   bornoient 
à  un  certain  efpace'de  temps.  Ils  difoient  que    le 
Père    avoir    opéré    depuis   le    commencement    du 
monde  jufqu'à    l'avènement  du  Fils ,  que    c'elt    ce 
qu'il  dit  en  S.  Jean  ,  v.  /  7 ,  que  l'opér.ation  du  Fils 
avoit  duré  jufqu'à  leur  temps  pendant  1 260  ans  ,  qu'a 
près  cela  le  S.  Efpnt  devoit  opérer  .aulîî  à  fon  tour  ; 
&  que  c'ell  ce  que  figniiîoient  les  1260  jours  mar- 
qués dans  l'Apocalypfe,  de  les  mille  ans  après  lelquels 
Satan    fera   déchaîné  ,    Apocal.    XI  j  ,  XII  â  , 
XX  J?  ,  7  ,  comme  C\  d.ans  le  cours  du  llècle  prélent 
le  Saint  Efprit  devoit  être  envoyé   plus    glorieiilc- 
mcnt  que  quand  il  fe  répandit  fur  les  Apôtres. 

Les  Joachimites  divifoient  tout  ce  qui  regardait 
les  hommes  ,  les  temps  ,  la  dodrine  ,  la  manière  de 
vivre  en  trois  ordres  ,  ou  états  ,  lelon  les  trois  per- 
fonnes  de  la  Sainte  Trinité;  ain/î  chacune  de  ces  trois 
perfonnes  comprenoit  trois  états  qui  dévoient  le 
fucccder  ,  ou  s'étoient  déjà  fuccédé  les  uns  aux  au- 
tres ;  ce  qui  faifoit  qu'ils  nommoicnt  ces  divihons 
Ternaires.  Le  premier  Ternaire  étoit  celui  des  hom- 
mes ;  il  comprenoit  trois  états ,  ou  ordres  d'hommes. 
Le  premier  état  étoit  celui  des  gens  mariés  ,  qui  avoit 
duré  ,  difoient-ils ,  du  temps  du  Père  éternel ,  c'ell:- 
à-dire  fous  l'ancien  Teilament.  Le  fécond ,  celui  des 
Clercs  ,  qui  a  régné  par  le  Fils  du  temps  de  la  grâce. 
Le  troiiième  ,  celui  des  Moines  qui  devoit  régner 
du  temps  de  la  plus  grande  grâce  par  le  S.  Elprit. 
Le  fécond  Ternaire  étoit  celui  de  la  doctrine  ,  qu'ils 
diviloient  auOl  en  trois  ;  l'ancien  teilament  qu'il; 
attribuoient  au  Père  :  le  nouveau  ,  qu'ils  attribuoient 
au  Fils  ;  &  l'Évangile  éternel ,  qu'ils  attribuoient  au 
S.  Elorit.  Dans  le  Ternaire  des  temos  ils  donnoient 


J  O  A 

au  Père  tout  celui  qui  s'étoit  écoulé  depuis  le  com- 
mencement du  monde  julqu'à  Jélus  Chrill  ,  temps 
auquel,  difoient  ils  ,régnoit  l'efpric  de  la  loi  Mofaïque. 
Ils  donnoient  au  Fils  les  i  260  ans  depuis  J.  C.  juf- 
qu'à  eux  ,  pendant  lefqucls   avoit  régné  l'efprit  de 
grâce.  Enfin  ,  le  troifième  qui  devoit  f  uivre ,  &  qu'ils 
nommoient  le  temps  de  la  plus  grande  grâce,  &:  de 
la  vérité  découverte  ,   étoit  pour  le  S.  Elprit.   Un 
autre   Ternaire  conliftoit   dans  la  manière  de  vivre. 
Dans  le  premier  temps ,  ious  le  Père ,  les  hommes 
ont  vécu  félon  la  chair  &  l'efprit -,    dans  le  troifiè- 
me ,   qui   devoit  dtuer  julqu'a  la  fin  du  monde  ,  ils 
vivront  lelon  l'elprit.  Les  Joachimites  prétcndoient 
que  dans  le  troilième  temps  les  Sacremens  &  toutes 
les  figures  ,  tous  les  lignes  dévoient   celler,  Se  qiiif 
la    vérité  paroîtroit  à  découvert.  Tout   ceci  eft-tire 
du  Concile  d'Arles  ,  qui  ajoute  qu!on  appeloit  cette 
dodrine  l'Evangile  du  S.  Efprit,  &    que  le  S.  fiége 
l'avoit  déjà  condamné  ,  &  que  la  fource  de  cette 
erreur   étoit  la  Concorde  ,  &  les  autres    Livres  de 
l'Abbé  Joachim.  Dans  le  Propyl.'-um  MaH.,p.  216, 
les  Bollandilles  ont  fait  une  dillertation  fur  le  temps 
&  les  Auteurs  des  Prophéties  attribuées  à  l'abbé  Joa- 
chim &  à  S.  Malachie.   L'Auteur  eft  un  Schifraati- 
que  ,  partifan  de  l'Antipape   Clément  VII  ious  Ur- 
bain VI.  Ils  conjeclurent  que  ce  pourroit  être  An- 
lelme  ,  Évcouc  de  Marlico. 
JOACHIMS-STALL,  (c'eil-àdire  la  vallée  de  S.  Joa- 
chim). Ville    &   vallée. de  Bohème  dans  le  cercle 
d'Elnbogen  :  on  y  "découvrit  de   riches  mines  d'ar- 
gent ,  au  commencement  du  feiziéme  fiècle. 
JOAILLERIE,  f.  f.  Quelques  uns  écrivent  jouaillerie, 
Marchandife  de    bijoux   &  de   pierreries  ;   comme 
aullI  1  art  de  les  railler,   &  de  les  mettre  en  œuvre, 
Gemmati  operis   ars  ,   vel  officina.    ft?  Le  mot  de 
joaillerie  elt  un  terme  collectif  qui  com  "end  toutes 
les  pierreries  ,  taillées  ou  brutes  ,  montées  ou  nonj 
&  toutes  lortes  de  bijoux  précieux. 
JOAILLIER  ,  1ÈRE.  f.  m.  &c  h   Quelques  uns  écrivent 
Jouadlier.   Qui  iait  le  commerce  de  joaillerie.  Gem- 
mati operis  artifex  ,  aut  venditor  ,  &  dans  la  baflè 
Latinité    jocolarius.    Les  Orfèvres    font  Marchands 
Joailliers.   C'ell  Louis  de  Berqucn  qui  a  appris  a^ 
Joailliers  l'art  de  tailler  les  pierreries  avec  la  poujEe 
de  diamant  en  1476,  &  auparavant  on  les  portoit 
bruts,  à  ce  qu'a  écrit  Robert   de  Berquen  Joaillier, 
fon  petit  fils.   Les  Joailliers  ne  peuvent  tenir  bouti- 
que qu'ils  ne  foient  examinés  lut  la  touche  ,  pour  fa-i) 
voir  toucher  ce  qu'ils  vendront  ou  recevront;  &:  ceU 
examen  fe  doit  faire  en  la  Cour  des  monnoies. 
SAN-JOAN  DE  PESQUARA.  Bourg  de  la  Provincej 
de  Tralofmontes ,  en  Portugal.  Fanum  S.  Joannis  di\ 
Pijcaria.  Il  ell  à  cinq  lieues  de  Lamégo  du  côté  du  le- 
vant ,  fur  le  Douro,  qui  commence  en  cet  endroitài 
porter  bateau.   Maty. 
JOANNÉEou  JOUANNÉE.  f.  f.  On  appelle  ainfi  en 
Touraine  les  feux  de    la  S.    Jean.    De  Joannata, 
formé  de  Joamics  j  Se   qui  a  été  dit  premièrement 
des  feu:çde  la  S.  Jean,  &  enfuite  de  tous  les  autres 
feux  de  joie.  Ménage  ,  Dicl.  Etym. 
JOANxNICE.  f  m.  Nom  dhomme.  Joannicus.   C'eft 
la  même  chofe  que  Jean.  Jean  ,  ou  Joannice  ,  qui  fe 
qualifioit  Empereur  des  Bulgares,  &  le  dennoit  les 
mêmes  titres  que  l'Empereur  des  Grecs ,  &  avec  le 
même  faftej  pour  affermir  fi  nouvelle  domination, 
defira  recevoir  la  couronne  de  la  part  du  Pape  Inno- 
cent III  en  1199,  &  réunit  à  l'Églile  Romiine  fon 
peuple  qui  en  étoit  féparé  depuis  long-teins,  comme 
les  Grecs.  Le  Pape  félicita  Joannice  fur  l'heureux  fuc- 
cès  de  fes  armes  &  Ion  inclination  pour  l'Eglife  Ro 
maine,  &  lui  envoya  des  No;ices  &:  des  Légats. 

Ce  nom  eil  formé  de  Joannes  j  avec  une  terminai-l 
fon  Bulgare. 
JOANNINA.  Foyex  JANNA. 

JOANNINE.  f  f.  Qui  fe  dit  dans  l'Eglife  de  Reimsj 
d'une  Sentence  arbitrale  r^endue  par  le  Cardinal  Jean 
de  Béarnais  en  i5~2,  entre  l'Archevêque  de  Reims 
&  fon  Chapitre,  au  fujet  des  droits  Se  privilèges  de 
l'Eglife  de  Reims.  Joannina,  Joanr.ina  femcntïa. 

JOANNINE 


J  o  c 

JOANNINE.  /  oy^î  JEANNINE. 

JOANNITE.  (.  ni.  D.uis  le  cinquicmc  riùcle  on  appela 
Joannacs  ,  ceux  qui  Ibuniufiu  les  iiucrcts  de  S.  Jean 
Chryloltôme  ,  cV  qui  lurent  toujours  unis  de  com- 
munion avec  lui ,  quoiqu'il  eut  été  envoyé  en  exil 
par  lesartiliccs  de  1  Inipéiatricc  Eudoxic  ,  &  même 
dépofé  daui  un  Conciliabule  par  Théophile  d'Alcxan- 
dricj  ik  depuis  encore  par  un  autre  Conciliabule  de 
Conihntiiioplc.  Ih  turent  appelés  Joannacs  pur  leurs 
ennemis.   Doi'iN. 

JOANNOPOLI.     royei  PERETSLAW. 

JOB. 

JOB.  f.  m.  C'efl:  le  nom  d'un  Saint  du  vieux  Teftament , 
propolc  ordinairement  pour  un  exemple  de  tcrmcté 
&  de  patience.  Jobus.  Ce  nom  a  produit  ces  phrales 
en  notre  langue  :  Il  eil:  pauvre  comme  Joh;  il  taudroit 
avoir  une  patience  de  Joh  pour  louftrir  ce  valet.  Le 
peuple  appelle  une  ptrlonne  opiniâtre  &  querel- 
leuié ,  la  kinme  à  Job.  Voyez  fur  Joh  VotF.  de  Idolol. 
L.  Il,  c.  j. 

Doué  en  biens  ,  tel  fut  Créfus  tenu  j 

Qui  tout-à-coup  un  Job  ejl  devenu.   Marot. 

Ce  mot  lé  dit  aulTi  du  Livre  de  l'Écriture  Sainte 
qui  contient  l'hiftoire  de  Jol  ;  car  on  l'appelle  le  Li- 
vre de  job  ,  ou  limplement  Job.  Le  Livre  de  Job  ell 
un  Livre  Protocanonique,  qui  a  toujours  été  reconnu 
pour  divin  par  les  Juifs  Si  les  Chrétiens.  Nous  liions 
dans  Job ,  XIX  y2s,  26 ,  2j  ^  un  témoignage  mani- 
fefte  de  la  foi  de  la  rélurredion  des  corps  i  c'eft  à 
dire ,  dans  le  Livre  de  Job.  S.  Grégoire  a  fait  des  Ex- 
polltions  morales  iur  Job.  D'excellens  Commentaires 
lur  Job ,  font  ceux  de  Codurc,  de  Cordier,  de  Bol- 
duc  ,  de  Pinéd.1 ,  de  SanCtius. 

Job.  Fontaine  de  l'Iduméc.  Ilidore,  cité  par  Orte- 
lius  ,dit  qu'elle  change  de  couleur  quatre  fois  lan, 
&  qu'elle  eil  fucceilivement  bourbeulc,  de  couleur 
de  lang,  verte  &  limpide. 

JOBELIN.  f.  m.  Terme  populaire.  Sot ,  manière  de 
cocu.  C'eft  un  Jobelin. 

JoBELiNS.  C'eft  ainh  qu'on  appcloit  par  oppofition  à 
Uranins  ,  les  beaux  elprits  qui  eftimoient  plus  le  Son- 
net de  Job  ,  fait  par  Benferade,  que  le  Sonnet  d'Ura- 
nie  fait  par  Voiture.  Ce  qui  donna  lieu  à  cette  pointe  : 

Les  femmes  font  Uranines  , 
Et  les  mans  Jobehns. 

JOBER.  V.  n.  Le  petit  peuple  fe  fert  de  ce  mot,  pour 
dire,  mocquer,  railler  ,  il  itjohe  de  nous. 

JOBET.  f.  m.  Nom  d'homme,  diminutif  de  Job.  Jobus, 
Jobetus. 

JOBITE.  1.  m.  (Se  f.  Nom  d'une  Dynaftie ,  qui  a  régné 
en  Egypte.  Jobit,«.  L'an  ^67  de  l'iigire,  le  Kalife 
Adheb  étant  mort ,  SalaJin  fe  rendit  maître  du  cliâ- 
teau  du  Caire  ,  &  établit  en  Egypte  une  nouvelle 
principauté  des  Aioubites  ou  Jobitcs  :  car  c'eft  ainfi 
que  la  poftérité  de  Saladin  a  été  nommée  à  caufe 
d'Aiub  ou  de  Job  l'on  aïtul.  D'Hep  belot.  Au  refte  , 
il  eft  mieux  de  dire  Job'ite  <\\x'Aiouf'ite  ;  car  quoique 
les  Arabes  difent  Aiub  ^  Job ,  de  l'Hébreu  ^  S  ,  Alob  ; 
nous  difons  Job  a\ec  les  Grecs  &  Latins j  d'où  par 
conféquent  il  faut  former  Jobite. 

J  O  C. 

JOCASTE.  f.  £  Fille  de  Créon,  Roi  de  Thèbes  ,  & 
femme  de  Liïus ,  fut  mère  d'CEdipe  qu'elle  époufa 
fans  le  connoître. 

JOCELIN,  ou  JOSSELIN.  Bourg  ou  petite  ville  de 
Bretagne  en  France.  Jocelinum  ,  Jojjennum.  Il  eft  fur 
la  nviere  d'Ouft  ,  à  fept  ou  huit  lieues  de  Vannes,  du 
cote  du  nord.  long.  14.  d.  56',  lat.  48.  d.  2'. 

JOCONDITE.  f  f.  Vieux  mot.  Joie,  allégrelfe,  du 

.  Latin  ]!tcunditas. 

JOCi\ISS£.  (.  m.  Terme  injurieux  &:  populaire ,  qui  fe 
J.  orne   F. 


J  O  G  233 

dit  en  cette  phrafe  proverbiale,  c'eft  un  jocnjjc,  en 
fe  nioqu.ant  d'un  homme  qui  samufcaux  menus  foins 
du  ménage ,  qui  eft  foible  &  qui  fe  laille  gouverner. 

J  O  D. 

JOD.  f.  m.  Terme  de  Grammaire  Hébraïque.  Jod.  C'eft 
la  dixième  lettre  de  l'Alphabet  Mébraïquc.  Il  a  cette 
forme,  1 .  Un  jod  1  iébiaïque,  un  jod  Samaritain.  Le 
;0(/ prend  la  place  du  n  ,  he  ,  fur-tout  dans  les  verbes 
quon  appelle  Qutcfcentia  lamedhe ,  c'eft-à-dirc ,  qui 
ont  un  1,,  Ae,  pour  dernière  radicale.  P.  Souciet, 
Dijjen.p.  20s.  1  rois /Wpofés  en  triangle,  ou  bien 
deuxyoa'  avec  un  kamets  délions,  expriment  en  Chal- 
deen  le  nom  propre  de  Dieu.  Quelques-uns  ont  pré- 
tendu que  cela  marquoit  la  Trinité  des  perfonnes  en 
Dieu,  dont  les  anciens  Rabins  avoient  eu  counoif- 
lance.  Communément  on  prononce  jod  comme  fi  Vj 
étoit  conionne ,  8c  de  même  que  dans  Job;  mais  ce 
n'eft  pas  la  véritable  prononciation.  Car  quoique  le 
jod  Cou  en  effet  confonne,  il  n'a  pourtant  pas  le  fou 
de  notre  y  confonne ,  qui  de  vrai  n'eft  point  un  l  _, 
mais  un  g  ;  le  jod  ou/  confonne  Hébraïque,  fe  pro- 
nonce à  la  manière  de  ['iota  Grec ,  ou  comme  les 
Allemands  prononcent  l'i. 

Jod.  Terme  de  commerce.  C'eft  en  Angleterre  le 
quart  du  quintal. 

Jod  eft  aullî  une  mefure  des  diftances  Se  longueurs  dont 
ont  fe  lert  dans  le  Royaume  de  Siam.  Vingt  c'mqjods 
font  le  roé-neug  ou  lieue  Siamoifc  d'environ  deux 
mille  toiles  Françoifes. 

JODAME.  f.  f.  Mère  de  Deucalion  ;  elle  fut  aimée  de 
Jupiter,  qui  la  rendit  mère  de  ce  Prince. 

JODELET.  f  m.  Qui  fait  rire  par  les  fottifes.  C'eft  le 
jodelet  de  la  compagnie.  Terme  populaire. 

JODO.  Ville  du  Japon  ,  dans  l'ile  de  Niphon,  fur  la 
route  d'OIacca  à  Méaco. 

JODOCE.  Foyei  Josse. 

JODOCAWA.  Rivière  du  Japon  ,  dans  l'île  de  Ni- 
phon  -,  elle  a  fon  embouchure  dans  le  golfe  d'Ofacca. 

JODOIGNE  ou  JUDOIGNE.  Lieu  qu  on  nomme  ea 
Flamand  Geldernaken ,  en  Latin  Geldonia.  C'eft  une 
ville  du  r.aoant  ,  près  de  Huigarden  &  d'Orp  le 
Grand,  Monaftère  bâti  par  Alpaïde,  mère  de  Charles 
Martel.  DbYai.qis  ,  J^'otit.  Gall.p.  22^. 

JOE. 

JOEE.  f.  f.  Vieux  mot.  Soufflet.  Ce  mot  a  été  fait  de 
Joéj  qui  a  été  dit  pour  Joué. 

JOËL.  f.  m.  Nom  d'homme.  Joël,  is ,  au  génitif.  Joël 
eft  dans  la  Vulgate  &  dans  le  texte  Hébreu ,  le  fécond 
des  douze  petits  Prophètes  j  &  le  quatrième  feule- 
ment dans  la  verlion  Grecque.  Comme  c'eft  une 
conrtante  tradition  parmi  les  Juifs ,  que  les  Prophètes  , 
dont  le  tems  n'eft  pas  marqué  dans  leur  prophétie  , 
font  contemporains  de  celui  qui  les  précède  dans  l'or- 
dre des  Livres  ficrés ,  ou  du  Canon  des  Juifs  ,  il  y  a 
des  Interprètes  qui  croient  que  Jo'él  étoit  contempo- 
rain d'Ozée.  D'autres ,  néanmoins ,  ont  cru  que  Joël 
n'a  écrit  que  lous  ÉzéchiaSj  environ  700  ans  avant 
JÉSUS  Christ.  Leur  raifon  eft  qu'il  ne  parle  point 
des  Tribus  que  Salmanafar  avoir  déjà  tranfportées. 
/oë/ prophétife  la  captivité  de  Babylone,  la  defcentc 
du  S.  Efprit  &  le  jugement  dernier. 

Ce  nom  fe  dit  aulîi  du  Livre  de  la  prophétie  de  ce 
Prophète.  Charles  Etienne  imprima /oé/ en  1/57, 
avec  le  Commentaire  Hébreu  de  R.  D.  Kimhhi,  in- 
quart.  Livelejus  a  fait  des  Annotations  fur  Joël. 

JOESDI  ou  JOHESDI.  Vieux  mot.  Jeudi. 

JOESVOE ,  on  prononce  Joufwou.  Ville  de  la  Chine , 
&  la  huitième  du  département  de  Péking. 

J  O  G. 

JOGGERY.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Sucre  groftîer  ou 

mélalfe  épaill'e.  Saccara/Tz  impi^ra/ra.  Bremond.  1732, 

F-   '  3- 
JOGHI  ou  JOGUE.  f.  m.  Pénitent  j  Gentil ,  dans  les 


234  J  ^  i 

Indes.  Pœnuens  Indus  ,  Afuta  Indus ,  Joghius.  A 
up.e  lieue  d.e  Tichéopaly ,  s'cleve  une  colline  lut  la- 
quelle les  Gentils  ont  conihuit  un  temple  dont  ils  ont 
confié  la  garde  à  un  célèbre  Joghi.  Les  dehors  de  la 
vie  auftère  lui  ont  allocié  un  grand  nombre  d'autres 

Joghis  qui  vivent  Cous  fa  conduite Ce  font  de 

Vrais  briyans  qui  portent  la  défolation  dans  tous  les 
villages  ,  Se  qui  senricliillent  des  extoriîons  ik.  du 
pillage  qu'ils  font  fur  le  peuple.  Lett.  cur.  et  édu. 
Rec.  IX,  p.  2S1.  On  dit  que  les  Joguts  ne  fe  ma- 
rient point  ,  qu'ils  ne  polfédent  rien  en  propre , 
«ï|u'ils  vivent  d'aumônes  &  qu'ils  pratiquent  de  gran- 
des auftérités.  Ils  voyagent  Se  parcourent  toutes  les 
Indes  en  pèlerins  iSc  en  prêchant.  Ils  ont  un  chef  qui 
les  envoie.  Quand  ils  ont  gardé  la  continence  pen- 
dant un  certain  tems,  ils  fe  regardent  comme  impec- 
cables ,  fe  croient  tout  permis  &:  le  plongent  dans  les 
plus  honteufes  débauches.  Les  Jogucs  font  Payens  & 
fournis  à  un  Général  qu'ils  changent  tous  les  ans  dans 
leurs  alfcmblées.  Us  courent  prefque  toujours  de 
pays  en  pays  fins  porter  le  plus  fouvent  aucun  habit, 
ils  ne  vivent  que  d'aumônes  &  font  profellion  de 
palfcr  ,  fort  fouvent,  pluficurs  jours  de  fuite  fans 
manger,  &  fms  boire.  On  croit  qu'ils  font  de  la  fecle 
des  anciens  Gymnofophiftes.  Les  Joghis  font  une  efpc- 
cede  pénitens  qui  s'occupent  principalement  aux  Indes 
à  faire  des  pèlerinages  dans  les  lieux  les  plus  confacrés 
par  la  dévotion  du  peuple.  P.  Catrou,  Jefuite. 

J  O  H. 

JOHANSBERG  ou  JOHANSBOURG.  Ville  de  Po- 
icgne ,  dans  la  Sud.avie ,  canton  de  la  Prulfe  Du- 
cale ,  fur  la  rivière  de  Pyfch ,  allez  près  du  lac  de 
Spirding. 

JOHNSTOWN  (  SAINT)  bourg  de  l'Ultonie,  en  Ir- 
lande. Fanum  S.  Joannis.  Il  eft  dans  le  Comté  de 
Donnégal ,  fur  la  rivière  de  Foyle ,  un  peu  au-delllis 
de  Londonderry. 

JOHNSTOWN  ou  BALLANALIE.  (  SAINT  )  Nom 
d'un  autre  bourg  de  la  Lagénie,  en  Irlande.  Fanum 
S.  Joannis.  Il  eft  dans  le  Comté  de  Longfort ,  fur 
la  rivière  de  Camlin  ,  un  peu  au  delïus  de  la  ville 
de  Longfort. 

JOHNSTOWN.  (  SAINT.  )  Foye^  Perth. 

JOHNSTPOINT.  (  SAINT  )  c'eil  à-dire  ,  le  Cap  de  S. 
Jean.  Caput  ou  Promontarlum  S.  Joannis  ,  ancien- 
nement Ifamnium  Promonconum.Cup.  de  l'Ultonie  , 
en  Irlande.  Il  ell  dans  le  Comté  de  Downe  ,  fort 
près  de  la  ville  de  ce  nom.  Maty. 

J  O  I. 

JOIANT,  ANTE.  adj.  m.  Vieux  mot.  Joyeux.  Litus , 
gaudcns.  Et  il  en  fu  niult  liez  es:  joiant.  Villehard. 
n.  2S-}..  D'autres  hfent  joyant. 

Charles  en  fut  lie  &  joyans , 

Ec  II  Archevêque  oians.  Philippes  Mouskes. 

JOIE.  f.  f.  Émotion  de  l'ame,  mouvement  vif  & 
agréable  que  l'ame  relient  dans  la  pollellion  d'un 
bien  réel  ou  imaginaire.  Gaudium.  La.  joie  eft  peinte 
fur  fon  vifage.  Le  larmes  de  joie  viennent  d'un  ex- 
cès de  tendrelfe.  On  p.imc  de  joie,  ainfi  que  de  tril- 
telle.  Corn,  f^oye^  pâmer.  Les  gens  férieux ,  &: 
qui  ne  defcendent  jamais  de  leur  gravicé ,  font  fort 
incommodes  à  ceux  qui  veulent  fe  livrer  à  la  joie. 
Bell.  Rien  ne  fait  mieux  fcntir  la  joie  que  le  plailir 
de  la  dire.  S.  ÉvR.  Je  penfai  expirer  de  toutes  les 
■  diftérentes  'joies  qui  s'allèmblèrent  alors  tout  à  la 
fois  dans  mon  cœur.  H.  S.  de  M. 

Faire  enrager  le  monde  ,  ejlmaplus  grande  joie.  Moi. 

Je  fens  unzjoie  bien  différente  de  cette /oie  d'i- 
vrcfTc  &  de  palfion  ,  de  cette  joie  molle  &:  folâ- 
tre ,  dont  mes  (ens  ont  été  empoifonnés  ;  mais  une 
joie  de  raifon,  toujours  pure,  toujours  égale  ,  &:  qui  | 


J  O  I 

ravit  l'ame  fans  la  troubler  Fén.  La  /o/ê  intérieure 
des  âmes  dévotes  vient  d'une  allurance  lecrète  qu'elles 
penlenr  avoir  d'être  agréables  à  Dieu.  S.  Évr.  La 
joie  fuit  loin  de  moi ,  &  refufe  d'entrer  dans  mon 
cœur.  L'intérêt  des  Courtifans  fait  cette  ]oie  luperfî- 
cicUe,  ou  cette  tnftelfe  apparente  qui  paio'it  fur  kur 
vifagc.  Nie.  Les  aifes  de  la  vie ,  &  la  profpérité  , 
font  que  les  Princes  ont  de  la  joie  de  refte  pour 
rire  de  tout.  La  Br.  U  ne  faut  pas  que  la  joie  d'un 
repas  relfcmble  à  la  fureur  ^  ni  que  le  libertinage 
prenne  la  place  de  la  liberté.  M.  Scud.  Il  y  a  des 
gens  qui  ont  un  fonds  de  mauvaife  humeur  capa- 
ble d'empoifonner  toutes  les  joies  du  monde.  Beli.. 
Une  joie  forcée  ne  réjouit  perfonne.  Idem. 

Enfin  je  me  dérobe  à  la  joie  importune 
De  tant  d'amis  nouveaux  que  me  fait  la  fortune. 

Racine. 
I 
S'il  ejl  vrai  que  la  joie  ejl  mère  des  amours. 

Des  HouL. 

Ce  mot  vient  du  Latin  jocus  ;  ou  de  joi ,  qui 
en  langue  Celtique  ou  Bas -Breton  fignitie  joie, 
où  on  dit  aulfi  jocus i  pour  dire,  joyeux.  Ménage  le 
fait  venir  du  Latin  gaudia.  On  trouve  gioca  dans  la 
balïe  Latinité ,  pour  fignilîer  joie. 
^  Il  ne  faut  pas  confondre  les  mots  joie ,  contente- 
ment, latisfaction  Se  plailirs  qui  ont  chacun  leurs 
nuances  particulières.  Le  contentement  regarde  pro- 
prement l'intérieur  du  cœur.  La  joie  regarde  parti- 
culièrement la  démonllration  extérieure  :  c'eft  une 
expreffion  du  cœur  qui  agite  quelquefois  l'elprit.  La 
fatisj'aclion  regarde  plus  les  pallions.  Le  plaihr  re- 
garde principalement  le  goiit.  l'oye^  ces  mots.  Syn.. 
Fr. 
^  Joie  &  gaieté ,  fynonymes.  La  joie  eft  dans  le 
cœur  ,  la  gaieté  eft  dans  les  manières.  L'une  coniîfte 
dans  un  doux  fentiment  de  l'ame  ;  l'autre  dans  une 
agréable  fituation  d'efprit.  Lo.  gaieté  nem  plus  au  tem- 
pérament ,  à  l'humeur.  Elle  éclate  toujours  dans  les 
yeux  &c  fur  le  vilage.  La  /oie  atfecl:e  fouvent  1  ame 
alfez  vivement,  fans  paroitre  au- dehors.  U  arrive 
fouvent  que  la  pofl'elfion  d  un  bien  ,  dont  rcfpérancc. 
nous  avoit  caufé  beaucoup  de  joie ,  nous  procure 
beaucoup  de  chagrin. 

La  joie  publique  fe  témoigne  par  des  cris  ,  des 
feftins  ,  des  décharges  de  canon ,  des  feux  d'artifices  ; 
&  généralement  par  tous  les  lignes  àtjoie  qui  font 
éclatans.  §3"  On  fait  des  feux  de  ]OLe  dans  les  ré- 
jouiflànces  publiques  ,  pour  la  naiffànce  d'un  Prin- 
ce ,  pour  la  prife  d'une  ville  ,  &c.  Ignés  jejlivi. 
Joie  humaine,  dans  les  livres  fpirituels,  lignifie  /oie 
mondaine ,  prophane  ,  qui  ne  convient  pas  à  1  état 
d'un  Chrétien.  Cette  expreffion  a  plus  de  grâce  au 
pluriel.  Jésus-Christ  a  condamné  les  joies  humai-, 
nés  ,  Se  a  donné  fa  malédiftion  à  ceux  qui  rient. 
AebÉ  de  la  Trape. 

On  dit  dans  le  ftyle  familier ,  Qu'une  perfonne 
eft  bien  en  joie  ;  qu  elle  a  le  cœur  en  joie  ;  qu'elle 
eft  à  la  joie  de  fon  cœur,  quand  il  arrive  quelque 
nouvelle  „  quelque  fortune  qui  la  ravit  de  joie  ,  qui 
la  fait  trelfaillir  de  joie.  On  appelle  maligne  jok  , 
une  joie  fecrette  qu'on  a  du  mal  qui  arrive  à  au- 
trui, &  qu'on  n'ofe  témoigner  au  dehors  i  Se  faujfe 
joie  ou  courte  joie ,  quand  on  fe  réjouit  d'une  nou- 
velle qui  peu  après  fe  trouve  faulle.  On  appelle 
rahat-joic  un  homme  rébarbatif,  ou  quelques  acci- 
dcns  fâcheux  qui  viennent  troubler  la  joie  de  ceux 
qui  font  en  humeur  de  fe  réjouir.  De  tous  les  plai- 
fus  qui  durent  peu ,  on  dit  que  ce  font  des  joies 
de  mariage. 

Montjoie.  Voyez  à  fon  ordre. 

On  dit  proverbialement  de  celui  qui  n'eft  pas  d'un 
divcrtillèment  dont  il  entend  le  bruit ,  qu'il  entend 
les  yoiej  de  Paradis,  m.ais  qu'il  n'y  peut  pas  entrer. 
On  appelle  auflî  les  quinze  joies  de  mariagt ,  le  dé- 
nombrement des  incommodités  du  mariage  dont  oa 
a  fait  un  volume  exprès.  Les  payfans  fe  laluent  par 


J  OI 

ce  compliment ,   Iionncnr  Se  fou:  On  appelle  aufli 
filles  de  jok  ,  des  CourtilàiKS  publiques. 
Joie.    Terme  d'Aflrologie  Judiciaire.  Certaines  iîrua- 
tioiis  des  planètes.  On  dit  des  planètes  qu'elles  font 
dans  leurs  /oks ,  lorlquc  le   Ibleil  cfl  dans  la  neu 
vième  mailon ,  la  Imie  dans  la  troiiième  ,  Saturne 
dar.s  la  douk:ièmC',  Jupiter  dans  la  onzième.   Mars 
dans  la  fi>;iènic ,  Vénusdans  lacinijMiènie,  ik.  Mercure 
dans  la  première. 
Joie  des  l'Iiilol'ophes.  Terme  du  Grand  Art.  C'eil  la 
pierre  au  blanc  parEiit ,  ainli  nommée  j  parce  que 
dans  cet  état  elle  fait  la /oà'  des  l-hilolopiies ,  car  elle 
ne  peut  plus  manquer  de  venir  au  rouge  partait  , 
Se  que  tous  les  clprirs  volatils  &  délicats  ("ont  fixés  , 
&  peinent  (outiVir  le  ku  dans  la  luire. 
Joie.  Terme  de  Mytholoï,ic.  C'étoit  une  Divinité  chez 
les  Romains ,  au  rapport  de  Clément  Alexandrin. 
.  Gaudium.  Voyez  au(U  Volllus  ,  de  Idolol.  L.  FUI. 
c.  IX.  p.  ipj- 
JOIGNANT.  Piépolîtion.  Qui  cft  auprès  ^  qui  joint , 
fans  qu'il  y  ait  rien  entre  deux.  Juxcù.  Cet  héritage 
«ft  joignant  le   grand  chemin,  zoiit  /oignant  L  ri- 
vière. 
JoiGNANt ,  ANîE.  aJj.  Attenant  ,  tout  auprès.  Sa  mai- 
fon  efl:  joignante  à  la  miciine,  il  a  acheté  deux  hé- 
ritages qui  lont  joignans  (on  château.  On  ne  le  dit 
que  des  mailons  &  autres  polîefîions  en  terres. 
JOIGNY.   Petite  ville  avec  (iège  d'Elcdion  ,  (!>c   titre 
de  Comté.  Joviniacum.  Elle  efi:  dans  la  Champagne  , 
province    de  France,    fur  l'Yonne,   entre  Auxerre 
&  Sens.  Maty.  Il  y  a  un  antre  Joigny  dar.s  le  Rhé- 
mois.  l^oye\  de  Valois  ,  Noùt.  GalLp.  2 y 4.  long. 
.  21  d.  lat.  47.  d.  jô'. 
JOINDRE,  v.  a.  Je  joins  ^  nom  joignons  ,  je  joignais, 
je  /oignis,  j'ai  joint,  je  joindrai,  que  je  joigne,  que 
je  joigni/J'e  ,  ou  je  joindrois.  Allemblcr  deux  chofes, 
Jcs  approcher  de  manière  qu'elles  fe  tiennent.  Jun- 
gere.  Cette  menuilerie  eft  faite  ,  il  n'y  a  plus  qu^à  ra(- 
fembler ,  à  en  joindre  les  pièces  enfembie.  Les  Ton- 
neliers dilent  joindre  un  rond  de  tonneau;  pour  di- 
■  re  ,  l'unir   en    le  pa!lant   fur  le  fer  àz  la  colombe. 
Les  Cordonniers  te  fervent  aulii  du  verbe  Joindre , 
pour  (igniher  coudre  une  choie  avec  une  autre.  Join- 
dre une  paire  d'empeignes.  Quand  on  prie  Dieu ,  on 
joint  les  mains.C'eft  les  tenir  étendueSj  en  forte  qu'cl 
les  touchent  l'une  à  l'autre  par  dedans. 
Ce  mot  vient  du  Latin  jungers. 
gC?  Joindre  ,  fynonyme  d'ajouter  ,    faire  un  tout  de 
plufieurs  parties  ,  qu'on  met  l'une  avec  l'autre.  Par 
l'addirioi:  on  joint  plufieurs  fommes  enfembie  pour 
en  faire  un  tout.  On  joint  deux  tomes  en  un  volu- 
me ,  en  les  reliant  enfembie.  On  joint  deux  jardins  , 
un  jardin  à  un  autre.  On  joint  un  traité  à  un  autre. 
Addere  Voy.  Ajouter. 
§3°  Joindre,  relatif  à  la  marche  ou  à  quelque  mou- 
vement :  atteindre  ,   fe  trouver  enfembie.  AJj'cqui. 
Les  deux  armées  doivent  le  joindre  en  tel  endroit. 
Si  notre  Général  peut  joindre  l'ennemi ,  il  le  défera 
ians  doute.  Telle  Efcadre  a  joint  l'armée  navale.  Je 
ferai  grande  diligence ,  &  je  le  joindrai  dans  peu  de 
jours  ,  quoiqu'il  (oit  parti  long-temps  avant  moi. 
^CF  On  ait /oindre  quelqu'un,  l'approcher  de  fi  près 
qu'on  puilfe  lui  parler  ,  en  parlant  de  quelqu'un  qui 
en  évite  un  autre.  Malgré  toutes  les  précautions  qu'il 
prend   pour  éviter  ma  rencontre,  je  faurai  bien   le 
joindre. 
fCFOn  dit  de  même  qu'une  rivière  fe  joint  à  une  au- 
tre ,  que  deux  rivières  fe  joignent.  La  Seine  &:  l'Yonne 
fe  joignent  à  Montereau. 
Joindre  j  en  termes  de  Palais,  fe  dit  de  plufieurs  inf- 
tances ,  procès  ou  demandes  c^u'on  ordomie  être  mis 
enfembie  pour  les  inftruire  &  juger  par  un  Arrêt. 
Les  appellations   verbales  font  toujours  jointes  au 
procès  par  écrit.  Quand  on  évoque  des  inllances  con- 
nexes ,  c'eft  pour  les  joindre.  Quand  on  joint  une 
requête  de  provifion  ,  au  principal  ^  ou  en  déboute 
tacitement. 

§ar  On  /■c.-.-2f  quelquefois  faufà  disjoindre,  c'eft  à-dire 
que  fi  l'on  reconno'ir  dans  la  fait^  qu'il  v  ait  lieu 
Tome  F. 


J  O  I  23; 

de  juger  une  afraire  avant  l'autre;  on  les  disjoint  pour 
les  juger  féparément. 
ifj  Joindre  ,  au  moral  ,  en  parlant  des  liaifons 
d'amitié  ,  d'alliance  ,  &c.  fynonyme  d'unir.  Unire , 
Jhciare.  Ils  font  joints  enfeinble  pour  leur  intérêt 
commun.  Ils  iom  joints  d'amitié;  tâchons  de  les 
joindre  encore  d'intérêt. 

Joignons  d'un  nœud  facré  ma  famille  à  la  vôtre. 

CoR>v 

c?  On  s'unit  pour  former  des  corps  de  fociété.  On 

fe  joint  pour  fe  rallembler  ,  &  n'être  pas  feuls. 
Joindre,   fe   dit  fort    fouvent   dans  le  fins   d'Al- 
lier, unir.  Les  Romains  avoient^o/^r  à  la  puilîàncc 
Impériale  la  facerdotale.  Il  joignit  le  Gér.éralat  à  la 
Vice-Royauté.    Pat.  Il  faut  joindre  l'expéuence  au 
raifonnement.,  les  vertus  morales  avec  les  intellec- 
tuel les.  Joigne^  vos  prières  aux  ir.ienncs.  Heureux 
qui  peut  joindre  l'utile  iv  l'honnête. 
l/J^On  dk  joindre  la  prudence  &  la  valeur  j  &:  join- 
dre la  prudence  à  la  valeur  ,  ou  avec  la  valeur. 
Joignez  ,  fe  dit  quelquelois  abfolument  par  iorme  de 
tranfition.  Adde  quod  ^,  è'c.  quid ,  quod.  QuinUiam. 
Joigne:^  à  ces  raifons  l'ufage  établi.  Joigne:^  à  cela 
ces  confidér.ations. 
Joindre  dans  la  première  acception  efl  quelquefois  neu- 
tre.  Ces  ais ,  cette  porte ,  ces  fenêtres  ne  joignenÉ 
pas  bien.  Ac.  Fr. 
Joint,  ointe.  part.-(Sv:  adj.  Foy.  le  verbe.  Deux  ar- 
mées jointes.  Cette  cloifon  efl  bien  jointe ,  bien  af- 
femblée.  Il  l'a  prié  à /oi/2re.f  mains  de  cette  grâce.  Il 
fe  vante  de  fauter  à  pies  joints  fur  cette  table.  Junc- 
tus  ,  unitus  ,  collcclus. 

Au  Palais  on  dit  un  appointement  en  droit  &:  joint, 
lorf qu'on  appointe  une  caufc ,  S.C  qu'on  y  joint  quel- 
ques accidens.  Cette  requête  a  été  jointe  au  procès  ,  . 
pour ,  en  jugeant ,  y  avoir  tel  égard  que  de  raifon. 
Dans  les  qualités  d'un  jugement  criminel ,  après  celle 
du  complaignant,  on  met  toujours,  le  Procureur  du 
Roi  joint.  Joint  les  moyens  de  nullité  ,  &  la  pro- 
duction nouvelle  :  ce  font  des  claufes  d  un  apointe- 
ment  de  concluhon. 
Joint  ,  fe  dit  auili  en  Morale.  Ils  fjnt  joints  par  ma- 
riage ,  joints  d'amitié  ,  joints  d  intérêts. 

En  Mufique,  des'notes  jointes,  font  des  notes  unies, 
liées  par  un  trait ,  ou  par  plufieurs  traits. 
JOINT,  f.  iTii  L'endroit  ou  deux  chofes  fe  joignent, 
CCF  Jiinaura.  Ce  mot  en  terme  d'AirchiteCture  a 
différentes  lignifications.  1°.  C'eft  l'intervalle  plein 
ou  vuide  qui  relie  entre  deux  pierres  contiguës  ,  les 
feparationj  d'entre  les  pierres  ,  qu'on  remplit  de 
mortier ,  de  plâtre  ou  de  ciment ,  ou  qu'on  laille 
à  tec.  Commijjurs.  Dans  ce  lens  on  dit,  petit /oi/zr  , 
grand  joint.  z°.  Il  le  prend  pour  la  ligne  de  divi- 
lion  des  cintres  en  voulloirs  :  ainlî  l'on  dit,  /oint  en 
coupe  J  joint  de  tête ,  joint  de  lit ,  joint  de  doële  ; 
où  il  faut  remarquer  que  quoique  les  joints  de  lit 
loient  des  divilions  longitudinales  de  la  docle,  on 
n'entend  par  joints  de  doële  que  les  joints  tranl- 
verlaux ,  autrement  dits /oJ«M  de  tête.  3°.  Le  mot 
de  joint  lignifie  aulli  quelquefois  la  furface  d'une 
pierre  inclinée  ou  cachée  dans  une  voûte;  niais  alors 
au  lieu  de  dire  -joint  en  lit  ,  il  faut  dire  ,  lit  en- 
joint. 

Les  joints  mcntans,  font  les  intervalles  qui  font' 
entre  les  pierres  potées  à  plomb  les  unes  lur  les  au-- 
très.  Les  joints  de  lit ,  font  ceux  qui  font  entre  les 
pierres  pofées  de  niveau  ,  ou  faivant  une  pente  don- 
née. Les  joints  carrés  ^  font  ceux  qui  lont  d'équfrre 
en  leur  retour.  Les  joints  de  tête  ,  ou  de  face  ,  lont 
ceux  qui  font  en  coupe  ou  en  rayon  .au  parement , 
&  féparcnt  les  voulloirs .  ou  claveaux.  Le  joint  de 
recouvrement  fe  fait  par  le  recouvrement  d'une  mar- 
che lur  une  autre.  Le  joint  recouvert ,  ell  le  recoit- 
vrement  qui  le  fait  de  deux  dalles  de  pierre,  par  le 
moyen  d'une  efpèce  d'ourlet ,  qui  en  cache  le  joint. 
Le  joint  feuille  ell  le  recouvrement  de  deux  pierres 
l'une  lur  l'autre  par  une  entaille  de  leur  demi-épailleur. 

Gg  ij 


23^  JOI 

Joints  ferrés ,  font  ceux  qui  font  il  étroits ,  qu'on  eft 
oblige  de  les  ouvrir  avec  le  couteau  a  Icie  ,  à  melurc 
que  le  bâtiment  talle  &  prend  la  charije.  Joints  ou- 
verts ,  lont  ceux  qui  à  caulc  de  leurs  cales  épailles 
font  hauis  &  faciles  à  ficher.  On  appelle  aulli;t)//2M 
ouverts  ,  ceux  qui  le  lont  écartés  par  mal  taçon,  ou 
parce  que  le  bâtiment  s'eft  attaillé  plus  d'un  coté 
que  d'autre.  Joints  relaits,  font  ceux  qu  on  eft  obligé 
de  retailler  de  lit  ou  de  joint  lur  le  las  ,  parce  qu'ils 
ne  font  ni  à  plomb ,  ni  de  niveau.  Ce  lont  auili 
les  joints  qu'on  hiit  en  ragréant  &:  ravalant  avec 
mortier  de  mcine  couleur  que  la  pierre.  Joint  à  on- 
glet ,  eft  celui  qui  fe  lait  de  la  diagonale  d  un  retour 
d  équerre ,  comme  il  s'en  voit  dans  les  comparti- 
mens  de  marbre  &  les  incruftations.  Daviler.  Les 
joints  en  coupe ,  font  les  joints  en  rayons  tirés  du 
centre  des  arcs  du  plein  cintre.  Joints  de  doellc  , 
ceux  qui  lont  (ur  la  longueur  du  dedans  d'une  voû- 
te ,  ou  lur  l'épaiileur  d'un  arc.  Joint  gras  eft  celui 
qui  eft  plus  ouvert  que  l'angle  droit.  Joint  maigre 
eft  le  contraire. 

Joint  ,  fe  dit  aulîî  de  la  diverfe  manière  des  allembh- 
ges  des  pièces  de  menuiferie  &  de  charpenteiie  , 
comme  joints  carrés  à  onglets  d'abouement ,  a  queue 
d'aronde  ;  joints  perdus,  lont  ceux  qui  lont  cachés, 
&  ne  fe  voient  que  loriqu'on  examine  l'ouvrage  de 
près.  Joint  à  plat  joint,  quand  on  tient  deux  pièces 
approchées  fuis  rainure  ni  languette.  Il  y  a  autant 
d'cCphccsàt  joints  qu  il  y  a  de  dinérentes  fortes  dal- 
femblage.  Commijjura. 

fer  JoiiMT  ,  en  An?.tomie.  C'eft  l'endroit  où  deux  os  fe 
joignent.  Articulation.  Le  joint  de  l'épaule.  On  dit 
troUï'cr  le  joint.  Vous  n'entendez  pas  a  couper  Uii 
chapon ,  vous  ne  lauiiez  trouver  le  joint.  On  a  de 
la  peine  à  trouver  le  joint  des  oifeaux  de  rivière. 

JOINE.  Foyei  YoN. 

JOINT-QUE.  Particule  conjonftive  qui  fert  de  tranfi- 
tion.  Aide  qubd.  Joint  qui\  y  avoir  en  lui  de  cer- 
taines choies  ,  6'c.  Vaug.  Ce  mot  fe  dit  particuliè- 
rement dans  les  écritures  du  Palais  ,  &  figniiie , 
Ajoutez  à  cela.  Partout  ailleurs  il  eft  hors  d  ulage. 

JOINTE,  f  £  Alfemblée ,  Confeil ,  union  ,  focicté. 
Confilium.  Ce  mot  s'eft  introduit  dans  notre  langue, 
depuis  que  Philippe  V.  eft  devenu  Roi  d  Elpagne. 
Jointe  eft  un  mot  purement  Efpagnol.  Junta.  Et  on 
ne  s'en  iert  qu'en  parlant  desCofileils  j  ou  alfemblees 
d'Elpagne.  Le  Roi  Charles  II.  établit  une  jointe  par 
fon  teftament.  La  jointe  députa  au  Roi  '1res  Chré- 
tien. La  jointe  du  commerce,  la  jointe  des  Finan- 
ces. La  jeune  Reine  aififtoit  à  la  jointe  pendant  le 
féjour  de  Philippe  "V.  en  Italie.  On  écrit  jointe  & 
junte. 

Jointe,  f  f.  Terme  de  Manège.  C'eft  la  même  chofe 
que  Paturon.  /oi«fe  plianre  &  flexible  ,  c'eft-à  dire. 
Paturon  ,  pliant  &  flexible.  Flulieurs  Auteurs  qui  ont 
traité  de  1  art  de  Cavalerie  &  de  Manège ,  fe  fervent 
du  mot  de  jointe  au  lieu  de  paturon ,  qui  eft  aujour- 
d'hui le  plus  en  ulage.  Le  détaut  des  chevaux  long- 
joiiitésj  eft  d  avoir  les  jointes  pliantes  &c  flexibles. 
DicT.  DE  Manège. 

IJCJ"  Dans  les  Manufactures  en  foie ,  \i  jointe  eft  une  par- 
tie d'Organhn  dévidée  fur  des  rochers,  pour  nouer  les 
fils  qui  caftent. 

JOINTE  ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Manège.  Un  cheval  long 
jointe  ,  eft  celui  qui  a  le  paturon  long,  eftilé  & 
pliant  •,  &   cour-jointe  ,  celui  qui  a  le  paturon  court. 

JOINTEE.  1.  f.  Quantité  de  grain  qu'on  peut  prendre 
avec  les  deux  mains,  quand  on  les  joint  enfcmble 
pour  laite  un  creux.  Quantum  capere  potefi  juncla 
manus  utraque.  On  porte  une  juintée  de  blé  à  un 
bourgeois ,  qui  en  veut  acheter,  pour  fervir  de  mon- 
tre. 

On  tient  qu'une  jointée  de  fèves  ou  de  froment , 
mile  parmi  Pavoine  des  chevaux  ,  les  engraillè. 
JOINTIS.  adv.  ou  prép.  vieux  mot.  Joignant. 
JOINTI'VE.  adj.  f.  Latte,  jointive ,  en  maçonnerie,  font 
des  lattes  clouées  li  près  à  près,  qu'elles  fe  touchent, 
pour  faire  les  plats-fonds  8c  lambris  étant  recou- 
vertes de  plâtre. 


I  O  L 

JOINTOYER,  v.  a  Terme  d'Architeaure.  C'eft  après 
qu'un  bâtiment  a  pris  la  charge  ,  remplir  les  ou- 
vertures des  joints  de  pierre  d'un  mortier  de  la  mê- 
me couleur  que  la  pierre.  On  appelle  pierres  join- 
toyées ,  celles  qui  ont  le  dehors  des  joints  bou- 
ché ,  &  ragréé  de  mortier  ferré ,  de  ciment  ou  de 
plâtre.  On  dit  aulii  rejointoyer^  ou  remplir  d'un 
mortier  de  chaux  &  de  ciment  les  joints  d  un  bâti- 
ment qui  eft  vieux  ,  ou  conftruit  dans  l'eau. 

JOINTURE,  f  f.  L'endroit  où  fe  lait  un  alfcmbb.ge,  ■ 
particulièrement  l'en.iroit  où  les  os  du  corps  fe  joi- 
gnent pour  lexécution  de  certains  mouvemens.  Junc- 
tura.  Cet  inftrument  eft  li  bien  fondé  ,  fi  bien  limé, 
qu'on  ne  voit  pas  la  jointure  des  pièces.  La  goutte 
le  noue  dans  les  articles,  dans  les  jointures  du  corps. 
Les  Cordonniers  appellent  jointure  ,  la  couture  qui 
joint  les  deux  quartiers  du  loulier. 

Cf3°  Dans  les  Arts  méchaniques  on  appelle  générale- 
ment jointures  les   endroits  où  deux  corps  rappro- 

'  chés_  tè  touchent ,  font  aflemblés.  C'eft  la  même 
choie  que  joint. 

I/Cr  Jointure  ,  en  Manège  ,  fynonyme  de  jointe  ou 
paturon.  ' 

§3"  Jointure,  en  Peinture,  c'eft  l'endroit  où  fe  joi- 
gnent deux  parties  de  la  mcine  figure  ,  comme  la 
jambe  avec  la  cuiffe. 

JOINVILLE.  Petite  ville  de  France.  Jovifvllla ,  Jo- 
nicvdla  ,  Junvitla,  Juinvdla.  Elle  eft  drns  la  Cham-  . 
pagne  ,  fur  la  Marne ,  entre  Chaumont  &  S.  Di- 
zier,  à  huit  lieues  de  la  première,  &  à  Ç\\  de  la' 
dernière.  Joinviile  tut  érigée  en  Principauté  l'an 
I  jji.  par  Henri  II.  en  faveur  des  puînés  de  la  Mai- 
fon  de  Guile.  P'oye-:^  'Valois.  Not.  Gall.  p.  2s4- 
Maty  &:c.  Paradin,  dans  les  annales  de  Bourgogne, 
écrit  Genville ,  fuivant  apparemment  la  prononcia- 
tion de  fon  temps  &  de  fa  province  ,  qui  feroit  au- 
jourd'hui très  -  mauvaile.  long. '12.  45'.  lat.  48.  d. 
20'. 

JOIRE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Vieux  mot  pour  dire 
Georges.  Dans  plusieurs  titres  anciensl'Ab,bayc  de 
S.  Georges  ,  près  de  Rouen  ,  porte  le  nom  de  S. 
Joire  de  Bochciville.  Dejcrlpt.  Géogr.  &  hijl.  de  la 
haute  Norm.  T.  II.  p.   444. 


J  O  K. 

JOKAITS.  Ville  du  Japon  dans  Pile  de  Niphon ,  fur 
la  route  de  Méaco  à  Fammamatz. 


J  O  L. 


I 


lOL.  f  m.  Terme  de  Marine.  Barque  dont  fe  fer\'ent 
les  Danois  &  les  Rulliens. 

lOL.  Nom  d'une  ancienne  ville  d'Afrique  ,  fituée  fur 
la  Mcditcrrannée.  Jubal  le  jeune  ,  Roi  de  Maurita- 
nie ,  fortifia  (Se  refit  le  port  à' loi ,  qu'il  nonnna 
Célarée,  pour  fiire  la  cour  à  Augufte.  Aujourd'hui 
cette  ville  s'appelle  Alger. 

lOLAS.  f  m.  Parent  d'Hercule,  que  ce  Héros  tua,  fé- 
lon Euripide ,  dans  un  excès  de  hireur  qui  lui  prit 
au  retour  des  enfers. 

lOLAUS.  f  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un 
homme  qui  fut  déifié.  lolaits.  Il  etoit  fils  d'Iphicle, 
(Se  fut  compagnon  d'Hercule  ,  &  l'aida  lur-tout  dans 
le  combat  de  l'Hydre  :  il  parvint  à  une  extrême  vieil- 
lefle  ,  après  quoi  Hercule  obtint  qu'il  rajeunît.  Ovid. 
Métam.  L.  IX.  LesThébainshonoroient  lolaùs  com- 
me un  Dieu.  Ils  célébroient  des  jeux  le  jour  de  là 
fête  ;  il  eut  même  un  Autel  à  Athènes.  Voss.  de 
Idol.  L.  I.  C.  13. 

lOLCHOS.  lokhos.  C'étoit  une  ville  de  la  Thelfahe, 
qu'on  appela  depuis  Larllfe.  Erienne  de  Byzancedit 
qu'elle  fut  nommée  lolchos  ,  du  nom  d'Iolches ,  fils 
d'Amvrus.  D'autres  prétendent  qu'elle  etoit  fur  la 
côte,  dans  la  Magnche;  mais  il  paroit  par  Mêla, 
L.  II.  c.  3.  qu'elle  étoit  dans  les  terres. 

lOLE.  f  f.  Fille  de  Jardan,  du  Roi  de  Lydie,  ou,  fé- 
lon Ovide,  d'Eurytus  ,  Roi  d'Œchalie,  fut  cnlevcô 
par  Hercule, 'qui  l'époufa.  C'eft  cette  Iclt  qui  ex- 


JO  L 

cita  la  j.iloLiiîc  cic  Dt'janirc  ,  iSc  dont  l'amour  fut  la 
preinicrc  cauic de  la  mort  dflerculc. 

lOLtES.  r.  f.  pi.  Teruic  de  Mythologie.  C'efi;  le  nom 
dci[^tcTCs  ou  des  jci*  que  les  Athéniens  avoient  con- 
lacrc  à  lolas  ,  compagnon  d'Mercule. 

JOLI,  lE.  Qui  plaît j  qui  cil  agréable  par  la  gcntillcl 
fe ,  par  Ces  manières.  Coiicimius.  Quand  on  dit  d'une 
femme  qu'elle  eit  jolie  ,  on  entend  qu'elle  ell  bien 
prife  dans  fa  taille ,  &  qu'elle  a  de  l'agrément  dans 
Ui  pccConne  &:  dans  fes  manières  ;  mais  une  jo/ic 
femme  exprime  davantage,  /^oyf^  plus  bas.  Ce  mot 
cftoppolcau  grand;  &  qui  tliruit  dune  fuperbe  mai 
fon,  ou  d'un  poL'mc  héroïque,  c'eil  une  jolie  mai- 
fon,  voilà  un  /tiA'pocme,  ne  parleroit  pas  propre- 
ment. Aufti  Boileau  fait-il  dire  à  fon  campagnard 
pour  le  rendre  ridicule  ,  A  mon  gré  le  Corneille  eft 
joli  quelquefois.  Quand  ont  dit,  c'efl:  un  joli  hom- 
me, on  ne  devroit  entendre  par-là  qu'un  homme 
propre  &  allez  beau-,  mais  joli  a  pris  la  place  de  gen- 
til ,  &  s'étend  plus  loin.  Il  s'applique  à  tout ,  quoi- 
qu'on ne  le  doive  dire  que  des  petites  choies. 

Un  joli  petit  homme  ,  eft  celui  qui  fe  pique 
De  chanter  des  premiers  les  airs  de  Du  Boujfet , 

Qui  n'a  point  d'or  dans  fon  goufj'et  _, 
Mais  des  points  .,  des  rubans  ,  autant  qu' une  boutique, 
■     Bien  peigne  j,  bien  chauffe' j  qui  j  ait  pas  de  ballets  j 
A  décrajferfes  dents  met  fon  étude  extrême ,  &c. 

Senecé. 

Un  ]o\i petit  homme,  Aminthc ^  efl ,  entre  nous. 
Une  fort  grande  bagatelle.  Idem. 

Joli  ,  fe  dit  des  perfonnes  qui  ont  de  bonnes  qualités , 
lans  qu'il  (oit  queftion  de  beauté.  Vous  êtes  le  plus 
joli  homme  du  monde.  Bouhours,  écrivant  à  une 
perfonne  qui  lui  avoit  fait  un  plailîr  de  bonne  gi-âcc. 
Vous  me  parlez  là  d'un  ton  joli  fujet.  Le  Sage.  On 
dit  le  mot  de  joli  dans  le  même  fens  en  beaucoup 
d'autres  occalîons.  Le  peu  de  Mufique  que  je  fais  me 
facilite  la  prononciation  Siamoife.  Cela  feroit  bien 
joli ,  li  je  pouvois  entretenir  le  Roi  de  Siam  à  mon 
aife.  De  Choisi,  Nous  apprenons  mille /o/itfj  choies. 
Idem. 

Joli  ,  eft  quelquefois  fubftanrif  On  dit  qu'une  chofc 
parte  le  joli ,  pour  dire  qu'elle  eft  belle.  On  aime 
mieux,le  joli  que  le  beau. 

Ménage  tient  que  ce  mot  vient  de  julius  dérivé  du 
Grec  laXôs ,  qui  (i^ni^e  prima  lanugo ,  ou  plutôt  de 
jovialis,  parce  qu'on  a  dit  autrefois  yo^^/i.  Il  y  a  ap- 
parence (\nejoli  vient  de  jolis,  qui ,  en  bas  Breton  , 
fignifie  la  même  cholf .  C'eft  le  fentiment  de  M.  Huet. 

Joli,  feditaulîî  des  animaux  &  des  choies  inanimées. 
Voilà  un  joli  rollîgnol ,  une  ]olie  chienne ,  un  joli 
cabinet,  un /û/i  meuble,  un  habit  ion  joli  ^  une  jolie 
garniture. 

Pour  mériter  un  cachet  fi  joli , 
Si  bien  gravé ,  fi  brillant,  fi  poli. 
Il  faudrait  avoir,  ce  me  femble  , 
Quelque  joli  fecret  enfemble  ; 
Car  enfin  les  jolis  cachets 
Demandent  de  jolis  fecrets.  Scud. 

Joli  ,  fe  dit  aullî  en  Morale  ,  de  l'efprit  &z  de  fes  pro- 
ductions ,  particulièrement  des  petits  ouvrages.  Ca- 
tulle écoit  un  joli  efprit.  Voiture  a  fait  quantité  de 
jolis  rondeaux  &  fonnets ,  de  jolies  lettres.  Les  Fran- 
çois excellent  à  faire  de  jolies  chanfons,  de  jolis  airs. 
Ce  n'cft  guère  que  ces  difeurs  &  ces  faifeurs  de  jolies 
chofes,  qu'on  appelle  des  beaux  efprits.  Bouh.  On 
ne  fauroit  avoir  trop  d'efprit  dans  une  converfation 
enjouée  J  il  fe  faut  pourtant  bien  garder  de  paroître 
toujours  prêt  à  dire  de  bons  mots  &  de  jolies  chofes. 
Le  Ch.  de  m.  Quand  l'efprit  eft  occupé  aux  befoins 
de  la  vie,  il  ne  fonge  guère  à  dite  de  jolies  chofes. 
Je  me  lais  bien  fervir  des  jolies  chofes  que  j'entends 
du-e.  Voit.  Il  fit  un  compliment  à  la  Noblclfe  ,  fort 
joli,  comme  il  favoit  très  bien  faire.  Bussi  Rae. 


J  O  L 


23T 


On  dit  ironiquement  qu'un  homme  s'eft  f.m~'joli 
garçfon  J  lor^u'il  s'eft  enyvrc  d.ms  une  débauche. 
C'cll  un  joli  ptrfonnage  ,  pour  dire  de  quelqu'un  ,' 
qu'il  a  tenu  une  conduite  ridicule  Se  imprudente.  On 
dit  par  mépris ,  vous  êtes  un  joli  Monlieur.  La  jolie 
choie  qu'un  amant  de  So  ans.  On  le  dit  aulli  en  plu- 
lieurs  autres  chofes  qu'on  ycut-méprifer.  Voilà  un 
joli  entretien ,  nn  joli  complimenta  me  faire. 

IP'  Le  mot  de  joli ,  dit  le  P.  Bouliours ,  eft  plus  piltc 
que  jamais  :  il  fe  met  à  tout.  Les  femmes  ne  trouvent 
rien  qui  ne  foit  pour  elles  ou  méchajir ,  ou  joli. 
On  oppofe  même  quelquefois  joli  au  beau.  Elle 
n'eft  pas  belle  ,  dit-on  ,  mais  elle  eil  jolie.  Mus  joli 
ii'cxciiid  ni  le  grand  ,  ni  le  beau,  quand  on  le  joint 
avec  femme.  C'eft  une  jolie  femme  :  &  ce  font 
deux  chofes  dillérentcs  de  dire  d'une  femme ,  elle 
eft  jolie  ,  &  de  dire  ,  c'eft  une  jolie  femme.  Nous 
ii'entendons  guère  par  joli  tout  feul  ,  qu'une  taille 
hne  ,  un  air  agréable  :  nous  entendons  par  jolie 
femme,  de  la  beauté,  de  l'agrément,  de  l'efprit  , 
de  la  laiion  ,  de  la  vertu  ,  enfin  un  vrai  mérite.  (  Je 
ne  lais  li  ces  deux  dernières  qualités  entrent  pour 
quelque  chofc  dans  le  caractère  de  joli.  El'c  on  joli 
par  la  raifon  &  par  la  vertu);  On  ne  dit  pas ,  c'eft 
un/(Vi  homme  dans  le  fens  qu'on  dit,  c'eft  une  jolie 
femme.  L'un  eft  une  louange  ,  &  l'autre  une  cf- 
pcce  de  raillerie.  Nous  n'entendons  par  joli  homme 
tout  au  plus  qu'un  petit  homme  ,  propre  ,  &  afiez 
bien  fait  en  là  taille.  On  ne  laiflê  pas  de  dite  d  un 
jeune  homme  comme  une  louange  ,  il  eft  joli;  mais 
on  ne  dit  pas  de  même ,  c'eft  un  joli  homme.  Nous 
dilons  cela  en  nous  mocquant  ;  comme  vous  êtes 
un  joli  perlonnage  :  vous  êtes  joli. 

IP'  Le  beau  eft  grand ,  noble  &  régulier  :  on  l'ad- 
mire ,  &  il  attache,  royei  Beau.  Le  joli  eft  fin  , 
délicat  ôc  mignon  ;  on  eft  toujours  porté  à  le  louer, 
&  dès  qu'on  l'apperçoit ,  on  le  goûte ,  il  plaît.  Le 
premier  tend  avec  plus  de  force  à  la  perfection  ,  & 
il  doit  être  la  règle  du  goiit.  Le  fécond  cherche  les 
grâces  avec  plus  de  foin ,  &  dépend  du  goût.  Les 
Dames  lont  belles  dans  les  Romains.  Les  Bergères 
lont  jolies  dans  les  Poètes. 

i^  Le  beau  fait  plus  d'eSrct  fur  l'efprit;  nous  ne  lui 
refufons  pas  nos  applaudiiremens.  Le  joli  fait  quel- 
quefois plus  d'imprellîon  fur  le  cœur  ;  nous  lui  don- 
nons nos  fentimens. 

|KF  Souvent  une  belle  perfonne  brille  j?c  charme  les 
yeux  ,  fins  aller  plus  loin  ,  tandis  que  la  jolie  for- 
me les  liens  ôc  fait  de  véritables  pallions.  Syn.  Fr. 

l)^  Le  teint ,  la  taille  ,  la  proportion  &  la  régularité 
des  traits  forment  les  belles  perfonnes.  Les  jolies 
le  font  par  lesagrémcns,  la  vivacité  des  yeux,  l'air 
&  la  tournure  gràcieufe  du  vifage ,  quoique  moins 
régulière.  Une  femme  ne  peut  être  belle  que  d'une 
façon  ;  mais  elle  peut  être  jolie  de  cent  mille. 

f.C?Dans  les  ouvrages  d'efprit,  Foye^  au  mot  Beau, 
ce  qu'il  faut  pour  les  rendre  beaux.  La  vraifemblan- 
ce ,  la  vivacité ,  la  lîngularité  &  le  brillant  fuftifent 
pour  les  rendre  jolis. 

U3"  Quelqu'un  a  dit  que  les  Anciens  étoient  beaux, 
&  que  les  Modernes  font  jolis.  Je  ne  fais  s'il  a 
bien  rencontré  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ;  mais  cela 
même  eft  du  nombre  des  jolies  chofes ,  &  non  des 
belles. 

'J^  Le  beau  eft  plus  férieux  j  &:  il  occupe.  Le  joli  eft 
plus  gai  ,  &  il  divertit.  C'eft  pourquoi  l'on  ne  dit 
pas  une  jolie  tragédie  ,  mais  l'on  peut  dire ,  une 
jolie  comédie. 

§3°  On  peut  placer  dans  l'ordre  de  ce  qui  eft  joli 
les  reparties  Se  les  faillies  Galconnes  quand  elles 
ont  du  fel.  Tel  eft  par  exemple  ,  la  réponfe  d'un 
mauvais  Peintre  devenu  Médecin  j  qui  dit  à  ceux 
qui  lui  demandoient  la  raifon  de  Ion  changement 
d'état  ,  qu'il  avoit  voulu  choifir  un  art  dont  la 
terre  couvrît  les  fautes  qu'il  y  feroit. 

tfJ'  Le  mot  de  beau  le  place  fort  bien  à  l'égard  de 
toutes  fortes  de  chofes  ,  quand  elles  en  méritent 
l'épithète.  Celui  de  joli  ne  convient  guère  à  l'égard 
des  choies  qui  ne  fouftrent  point  de  médiocrité.  Telles 


238  J  O  L 

font  la  Peinture  &  la  Pofciîc.   On  ne  dit  pas  un  joli 
pocme  ,  ni  un  joli   tableau.  Ces  fortes    douvr.iges 
font  beaux  ,  ou  s'ils  ne  le  font  pas ,  ils   lont  mau 
vais. 
Ip°  Lorfque  les  épithctcs  de  beau  &:  de  joli  font  don 
nées  à  l'homme,  leurs  lignilîcations  n'ont  alors  rien 
de  commun.   Un  Irel  homme  ell  tout    autre  choie 
qu'un  joli   homme.  Le  fens  du  premier  tombe  lar 
la   figure  du  corps  &  du  vifage  ;   &  le  kns  du  fé- 
cond tombe  fur  l'humeur  &  fur  les  manières  d'agir. 
Ceci  ne  s'accorde  pas  avec  ce  que  dit  le  P.  Bouhours 
À'nn  joli   homme. 
|3"  Quelqu'un  a  dit  que  l'agrément  eft  comrri^  un  vent 
léger  &  à  fleur  de  furface  -,  qui  donne  itux  jaculcés 

-intérieures  une  certaine  mobUite  ,  de  la  fouplejfe  o' 
de   la  vivacité.    Mais   cette    déhnirion  precieuie  & 

.pénible  ,  donne-telle  de  fon  objet  une  idée  iatis- 
failante  î  Le  joli  ne  fe  définit  point  ;  c'eft  le  fecret 

-de  la  nature  riante.  Littérature   de    M.  B. 
IJC?  Les  oraclesde  la  langue  ont  dit  que  le  joli  étoit 

-un  diminutif  du  beau.  Mais  où  eft  le_  rapport  du 
terme  primitif  avec  fon  dérivé  î  Ne  font  -  ils  pas 
l'un  &  l'autre  exademenr  diftmfts?  Leur  efpèce  , 
leurs  loix  &  leurs  eifecs  ne  lont-ils  pas  entièrement 

-diftérens  î  On  nous  préfenre  une  tempête  fortie  des 
mains  d'un  Peintre  médiocre.  A  quel  degré  de  di 
minution  ce   tableau  ,  qui  n'a  pas  atteint   le    beau 

1  qu'il  cherchoitj  pourroitil  defcendre  au /o/i  ?  Eft  il 

.de  fon  ellencc  de  pouvoir  y  arriver?  Qu'on  fe  rap- 
pelle le  fer  qui  trouvoit  la  mer  jolie  ,  &  le  fat  qui 
traitoit  le  grand  ïurenne  de  joli  homme. 
|KF  Le  joli  a.  donc  fon  empire  féparé  de  celui  du 
beau.  L'un  étonne ,  éblouit  ,  iubjugue  ;  l'autre  oc- 
cupe ,  amufe  &  fe  borne  à  plaire.  C'eft  à  l'ame  que 
le  beau  s'addrelle  ;  c'eft  aux  fens  que  parle  le  joli. 
lis  n'ont  qu'une  règle  commune _,  c'eft  celle  du 
vrai.  Si  le  joli  s'en  écarte  ,  il  fe  détruit  ,  &  de- 
vient maniéré  ,  petit  ,  raelquin  ou  grotelque.  Nos 
arts  ,  nos  ufages  &  nos  modes  fur  tout ,  font  au- 
jourd'hui pleines  de  fa  laulle  image. 
JOLICOUP.T.  (.  m.  Terme  de  Flcurifte.  Nom  d'une 

Tulipe ,  couleur  de  tuile  &  jaune.  Morin. 
JOLIER.  v.  n.  'Vieux  mot.    Etre  de  bonne  humeur, 

rii-e  ,  fe  divertir. 
JOLïET,  ETTE.  adj.  diminutif  de  joli.   Fenujlulus.  Il 
n'a  guère  d'ufagc  qu'au  féminin  &  dans  le  diicours 
familier. 

Mon  Dieu,  quelle  eft  johctte! 

dit  nne»vieille  chanfon. 

JOLIETTE  ou  JOLIVETÉ  des  quatre  couleurs,  f  f. 
Terme  de  Flcurifte.  Nom  d'un  Œillet.  Quadrlcolor 
vcellus.  Il  eft  panaché  d'un  beau  pourpre  fort  brun  , 
d'un  beau  rouge  8c  de  couleur  de  roie ,  fur  un  fin 
blanc  ;  toutes  Tes  couleurs  (ont  très-bien  &  égale- 
ment di'ftinftes  &  détachées.   Mohin. 

JOLIMENT,  adv.  D'une  manière  jolie.  Non  invenuftc. 
Ce  cavalier  fiit  joliment  des  vers,  chante  joliment. 
Cette  fille  danfc;o/w«e/2f,  joue  du  luth  tort /o/iwt'wr, 
fort  proprement  Achille  biloit  la  cuihnc  tort  joli- 
ment. Mademoiselle  l'Héritier. 

Celui  qui  pour  bouquet  ne  fait  qu'un  compliment , 
■    Doit  le  faire  au  moins  joliment.   Rec  de  'Vers. 

JOLIVETÉ.  f.  f.  Gentilklfes  que  font  les  epfans.  Fcjli- 
vitas.  Les  pères  ne  le  laileut  point  de  iraire  admirer 
aux  autres  les  70/ivt'rej  de  leurs  enfans,  leurs  gentil- 
lelfes.  Il  eft  vieux-  &  ne  fe  dit  qu'au  pluriel. 

JqlivetÉs  ,  fignifie  aufli  des  bijoux,  de  certains  petits 
ouvrages  artiftemcnt  travailles  ^  mais  qui  ne  (ont  pas 
d'un  grand  fecvice.  On  fait  en  Orient  un  grand  tra 
fie  des  jolivetés  d'Europe. 

JOLIVEÎ'TE.  f.  f.  Terme  de  Fleuriftc.  Anémone  ,  qui 
eft  de  couleur  de  chair  mêlée  de  rouge,  fa  peluche 
couleur  de  brique  AioE.iN. 


J  O  N 


J  o  M. 

JOMADA.  f  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  di^in- 
quième  mois  des  Agaréniens  &c  des  Turcs ,  qui  ré- 
pond .à  peu  près  au  mois  de  Janvier.  On  l'appelle 
aulli  (uivant  les  diftcrentes  manières  de  prononcer  , 
Ciumad ,  Gumedi  ,  Giumada ,  Giamadi ,  Giumadi  , 
Giumediu  j  Giamadia. 

Ce  nom  vient  du  verbe  Giamada. ,  qui  hgnifia 
concrevit ,  &  exprime  la  concrétion  de  l'eau  qui  de- 
vient glace. 

JOMBARBE.  f^oyei  Joubarbe, 

I  O  N. 

TON.  A  la  fin  du  nom  ne  fait  qu'une  fyllabe  en  profe^, 
mais  en  fait  deux  en  vers.  'Vers/o« ,  dévotion  ,  paf- 
ùon.  Mais  ion^  à  la  première  pfifjnne  du  pluriel  de 
l'imparfait  de  l'Indicatif,  &  la  première  du  préfent, 
&  du  premier  imparf^iitdu  Subjouétif,  ne  fait  qu'une 
fyllabe.  Nqus  devio/25,  nous  attendions.  Nous  au- 
rons ,  &c.  Remarquez  encore  qu'il  ne  faut  pohit  em- 
ployer en  vers  des  mots  terminés  en  ion  qui  aient 
plus  de  quatre  fyllabes  i  autrement  cela  eft  trop  traî- 
nant, &  le  mot  abomination;  par  exemple,  oc- 
cupe trop  languKfamment  la  moitié  d'un  vers.  Mén, 

« 

Raffineurs  de  locuûons. 
Entrepreneurs  de  verfions.  MÉN. 

ISfon ,  je  ne  hais  rien  tant  que  les  contorfions 
De  tous  ces  grands  faifeurs  de  proteftaûons. 

Mol. 

Cette  fièrc  raifon  dont  on  fait  tant  de  bruit , 
Contre  les  pafsions  eft  unipible  remède.   Des-H, 

Mon  cœur  exempt  de  foin  ,  hbre  de  pajsion , 
Sait  donner  une  borne  à  fon  ambiûon.  Desp. 

Nous  devions  fuir  l'amour ,  &  c'eût  été  le  mieux. 

Font. 

Nous  attendions  un  fon  plus  heureux  que  le  notre. 

Rac. 

ION.  f  m.  Nom  d'homme.  Ion.  C'eft  Ion ,  félon  les 
Grecs,  qui  donna  (on  nom  aux  Ioniens.  Il  étoit  fils 
de  Xiftus,  ou  d'Apollon  &  Creiife  ,  fille  d'Éiechtée. 
Il  acquit  tant  de  gloire  dans  la  guerre  qu'il  fit  à  Eu- 
molpe.  Roi  de  ThracCj  que  les  Athéniens  &  toutes 
les  Colonies  d'Athènes  prirent  fon  nom.  C'eft  -  là 
tout  ce  que  la  tradition  oblcurcie  ,  8c  mêlée  de  fa- 
bles &  de  menfonges,  avoir  appris  aux  Grecs  de 
l'origine  de  ce  nom;  mais  le  vraî  Ion  étoit  Javan  , 
fils  de  Javet ,  dont  il  eft  parlé  dans  la  Genèfe  ,  X.  2. 
4.  C'eft  ce  Javan  qui  peupla  la  Grèce ,  iSj  c'eft  de 
lui  que  les  Grecs  prirent  le  nom  d'Ioniens.  Homère , 
Iliade ,  XXIII.  v.  6  S  y.  les  appcllb  Jaones ,  noia 
plus  ancien,  &  qui  approche  plus  du.  Javan  ou  Jaouan 
des  Hébreux.  I^oje^  Bochart  dans  (on  Phalcg,  Z. 
///.  c.   s. 

JONA  f.  m.  Jona.  'Voyez  Jonas.^ 

JONA  ,  ou  Chilca  ,  Nom  d'une  île  d'Écollc,  qu'on 
nomme  autrement  Cholmkil  ou  Cholumbkil ,  c'eft- 
à  dire.  Ile  de  Saint  Columban-,  &  encore  Chilca , 
Jona  ,  Chilca ,  Rona ,  Hiona  ,  Hii ,  Infula  fancîi  Co- 
lumbani.  C'êft  une  dts  Wefternes.  Elle  eft  (ituée  à 
la  pointe  de  la  prefqu'ile  de  l'île  de  Mul ,  qui  s'avance 
le  plus  au  midi.  Cette  île  eft  très  petite ,  &  n'eft  re- 
marquable qu?  par  le  bourg  de  Sodore,  réddence 
ordinaire  de  l'Évêque  de  Wefternes,  &  par  l'Abbaye 
de  S.  Columban  ,  où  font  les  tombeaux  des  anciens 
Rois  d'Écolle.  Mat-ï". 

JONAS.  f.  m.  Nom  d'homme ,  dans  lequel  il  faut  tou- 
jours faire  fonner  l'.f.  Jonas.  Quoique  .Jonas  Se  Jona 
(oient  la  même  chofc  ,  Se  le  même  nom  en  Hébreu , 
nous  y  n.ettons  cependant  de  la  ditférencc  dans  no- 
tre langue  J  comme  en  ont  mis  les  Grecs  &  les  La- 


J  O  N 

lins  dans  le  rcxte  ,  cV  les  verfions  de  la  BiWe  ,  d'où 
cet  uljge  nous  clt  venu.  Car  quand  il  cli:  dic  d'un 
homme  dont  il  cil  paiL-  d.ins   l'ancien   c.ibiiicnt , 
nous  dilons  Jo/ias ,  &  non  pas  Jona.  Jo/ias ,  l'un 
des  douzes  petits  Prophètes,  propliécifa  Ibus  Ama 
lias   Roi  de  Juda  ,    Os:  Joas  Koi  diiraël.  roye?  k 
Jr  L.  des  Rois  ,   Xir  2 y.  Jonas  étoit  de    la   vilL 
de  Gethceplier  ,  (  ou  plutôt  Geth  Hhéplu-r  j  d.ns  la 
tnbu  de  Z.ihulon.  11  laut  qu'il  ait  commence  au  plu 
tard  a  paroitre  dms  les  premières  années  de  Jéro- 
boam II  environ  S 30  ans  avant  J.  C.  puilqu  il  pré- 
dit les  hciireux  (uccès  de  fon  règne.  AinU  il  doit  palier 
pour  le  plus  ancien  de  tous  les  Prophètes,  dont  nous 
ayons  les  écrits.  Sa  Prophétie   néanmoins  n'eft  pla 
«ce  qu après  celle  dOfce  ôc  des  trois  Prophètes  liii 
v.-ins,  parce  que  l'hiltoirc  qu'il  a  écrite  n'cll  arri- 
vée qu  environ  l'an  770  avant  J.  C.  Il  elHe  leul  des 
1  rophctes  que  Diea  ait  envoyé  aux  Gentils.   Saci 
Riberu  ,  Rivec  ,   Drufius.  Comme  Jonas  fut  trois 

f  "  t-^^j''"'?  ""'"  ''•"''  '^  ^^""'^  '^'^  '^  '^^'^'»'=  >  ainli 
le  i-ils  de  1  Homme  lera  trois  jours  &  trois  nuits 
dans  le  cœur  de  la  terre.  Port  R.  Les  Nmivites  le 
lèveront  au  jugement  avec  cette  nation ,  &  la  con- 
damneront :  cardes  que  Jonas  prêcha,  ils  firent  pé- 
nitence.  BoUH. 

Au  contraire  ,  quand  il  s'agit  des  hommes  dont 

r    "  V  /'Y     ^"^  '*'""  '^  nouveau  Teftament ,  fuf- 
lent  ils  de  1  ancien  ,  il  but  dkc  Jona  ,  &  non  pas  Jo 
nas.     ar  exemple  ,  Qui  hit  fils  de  Joleph ,  qui  fut 
Fils  de  Jona,  qui  fut  lils  d'Eliakim.  Port-R.  en  S. 
lue  ,  III  JO.  Simon  hls  de   Jona.    Louv.    en    S 
Matth.^  XFI  /7.  Et  de  même  des  Rabbms.  R.  Jona 
ce    Médecin  de  Cordoue  ,  plus  fameux  encore  par 
Ion  habileté  dans  la  Grammaire  Hébraïque  ,  vivoit 
vers  lan   iizi  ^   &  compofa  une  Grammaire  Hé- 
braïque que  Ion  appelle   >0,^-^-.'3  ^fepherhankma  , 
iSc  unUiccionnairequi  porte  lenom  de  J-c-u^iD    /^, 
pher  fcoajchim  ,  Livre   des  Racines.   Aben  Ezra  & 
IJavid  Kimhai  ,  bons  connoiiïèurs ,  louent  fouvcnt 
le  Grammairien  R.  Jona.  Il  ell  vrai  qu'en  S.  Mat- 
thieu ,.^^//;.  ,  en  S.  Jean  I.  ^i ,  les  traduc- 
tions de    Genève  &  de  Mons   traduifent  Jean,  m 
lieu  de  Jona;  anais  c'eft  qu'ils  fuivent  le  cexte  Grec 
.  ou  il  y  a  I .  «. ,  &  qu'ils  prcniicit  ce  mot  pour  un 
abrège  de  Jehohhanan  ,  qu,  i,g„,fie  Jean;  mais  mal 
a  mon  fens  :  1  abrégé  de  Jehohhanan  feroir  Johha 
«tf«    outoutau  plus  Jchhan,Sc  jamais  l'-i-  ,  com- 
me il  eft  dans  le  Grec.  D'ailleurs,  quelles  preuves 
a  t-on  de  cette  abréviation  ;  D  -us  ces  temps  !à  on 
dilo.t  Jelio!ihan.,n    .:ouc  au  long  ,  comme  il   paroit 
par  le  nom  des  deux  S.  Jean  ,  J  cannes  ;  car  jLnes 
elt  Jehohnananjivzc  la  termii.aifon  Greque  ,^      & 
quiconque  penlera  le  concraue  ne  faura  point  '  ou. 
laura  oien  luperhciellemcnt  les  langues.   Si  l'on  avoit 
lait  une  abréviation  ,  elle  le  leroit  faite  dans  l'ulaae 
ordinaire  ,  comme  elle  fe  trouve  dans  tous  les  noms 
modernes     ou  du   langage   moderne ,  tels   que  ce- 
lui de  S.  Jean-Baptiftc  &  de  S.  Jean  l'Évanlelille 
de  même  qi^  dans  celui  du  prétendu  Jean  ,  père  de 
S.  Pierre.     Car  1  ufage  ne  fait    pas  dans  u„  nom 
commun  une  abréviation  pour  un  homme  feul    Je 
ne  puis  donc   douter  que  le  l'-^-iv  du  Grec  ne  foit 
une  faute  ,  &  qu',I  ne  fulle  ôter  le  dernier. 

L  Edition  que  j'ai  de  la  Tradudion  de  Louvain  met 
Jona  en  nn  endroit ,  &  Jonas  à  l'autre  ;  mais  c'eft  une 
faute  d  imprelhon;  les  éditions  de  Plantin  &  les  au- 
tres bonnes  mettent  Jona  à  tous  les  deux  endroits. 

!"  %  ^f"^-  ^P  ^  '7.8c  cnS.JeanI,    .r  ,  H 
gpe  le  le  p..e  de  S  Pierre ,  Jonas.  On  ne  voif  poin 
b    alon  de  cette    di&rcnce  ;  cV  c'eft  certainement 
voulSr  ■"'"'■'    '"P""'^/:P«d"  P-  Bouhours,  qui 

r-ii.la  diltindion  que  nous  avons  dite  entre  les  per 
onnes  q,ii  ont  porté  ce  nom  ,  c'eft  un  bit  quffe 

îssrfe--:rï^:^::^-^eu.. 


JON  239 

1     eft  pailc  d'm,  des  Ancêtres  de  N.  S.  dont  on  /c 

tiouve  rien  dans  l'ancien  Teftament,  e^c  du  père  de 

i.  iierre,  dont  il  ne  peut  y  avoir  mention  que  dans 

c  Nouveau.  Jacques  dEtaples  ,  ou  la  Bible  d'Anvers 

les  Lovamftes  ,  René  Benoit  Véron  .  Fruon  ,  le  P.' 

Amciot  ,  M.    Simon  ont  fait  la  diftindion   que  j^ 

dis,  ce  qui  montre  que  c'eft  l'ufage,  cV  qu'il  le  fa  1- 

bit  fuivre    II  faut  cependant  convenir  que  la  faute 

du  P.  Bouhours  eft  une  erreur  lavante .  li  l'on  peut 

ainl.  parler  :  car  il  n'a  mis  Jonas  que  parce  qu'il  a  vu 

q^iUonas,Ôc  Jona  croient  le  même  nom,  comme  nous 

I  avons   remarque  d'abord.  Voyant  donc  que  le  mot 

W  etoit  eii  ulage     ,1  a  cru  qu'il  falloir  toujours 

auc    I     P    ?r'  '"'-^  P^'"^«'^^voitil  remarqué 

que    le  p.    Montreuil  ,  dans  fon  excellente  Vie  de 

^•1  ic  re  hls  de  Jonas  ,  Se  non  pas  de  Jona.  Chatillon 
dit  aulh  toujours  Jonas  ,  &  jamais  Jona.  Mais  après 
tour  ces  autorités  ne  prévalent  pas  à  tous  nos  autres 
IradLiacurs,  depuis  les  premiers  jufqu'aux  derniers  ; 
^  1.  1  on  dit  quelquefois  Jonas  ,  il  ne  s'enfuit  pas 
qu  on  le  dile  toujours.   C'eft  amfi  que  l'ufage  veut 
que  Ion  dile  quelquefois  Juda,  &   quelquefois  Ju- 
das, quoique  ce  loit  toujours  le  même  mot,  ainfi 
que   ;e  le  remarquerai    à   fa  place.    Olivetan    écrit 
toujours  Jonah  ,   pour  marquer  les  lettres  Hébraï- 
ques dont  ce  nom  eft   compofe.    Cela    feroit   bon 
dans  une  Dillertation  d'érudition.  Dans  une  verfion  de 
1  Ecriture  ,  ,1  ne  but  pas  l'imiter.  Quant  aux  Chré- 
nens  qui  onr  porte  ce  nom  ,  il  faut  écrire  Jonas  ,  8c 
prononcer  Is  ,  comme   au.ind   on    parle   du  Pro- 
phète :  car   c'eft  en   eftet   le  nom  de  ce  Prophète 
quon  leur  adonne    &  c'eft  l'ufage.  Jonas,  Irlan- 
dois,   Abbe    de   Bobir,  vivoit  vers  le  commence- 
ment &  le  milieu  du  leptième  liècle.  Jonas  ,  Moine 
de  Fontenelles ,  a  écrit  la  vie  de  Saint  Wlfran    Ar- 
chevequc  de  Sens.  Jonas  ,  Évéque  d'Orléans.  ' 
Jonas,  le  dit  aufti  pour  le  Livre  de  Jonas.  Acoftaa 
bit  un  Commentaire;  &  Grynsus ,  des  Prélevions 
iui   Jonas.  Jonas  na  que  quatre  Chapitres. 
/or^èe  '"°'   ''''"'  "^^   ^^"^'^Jomh,  qui  fignifie  co- 
JONATHAN,  ou  JONATHAS.  f.  m.  Nom  d'hom- 
me.  Jorathan,  anis  ;  Jonachas  ,  a.  Quoiqu'au  fond 
ce  dans  la  langue  originale  ces  deux  noms  foient  la 
memechofe,  &  que  le  fécond  ne  foit  qu'une  cor- 
ruption du  premier ,  l'ulage  cependant  y  a  mis  de 
la  diltinclion  dans  notre  langue,   comme  en  Latin- 
car  en  Grec  on  lit  toujours  Jonathan ,  comme  en 
Hemeu.  La  ditkrence  qu'il  y  a  dans  notre  langue, 
ceit  que  n^Jtis   appelons  Jonathas  ,  1°.  Le   fils    de 
Saul  ,  am.  de  David.   La   Hèche  de  Jonathas  n'efi 
jamiis  retournée  en  arrière.  Elle  a  toujours  été  teinte 
du   ang  des  morts,   &c.  Saci.   2    des  Rois  1 ,    22, 
Saul   Ix  Jonathas  ,  ces  Princes  fi  dignes  d'être  ai- 
mes   Id.  23.  Votre  mort  me  perce  de  douleur  ,  Jo- 
nathas   mon   fiere  ,  le  plus  beau  des  Princes,  &c. 
iD.  i6   A,nli  c  eft  une  bute  contre  l'ubgc  de  dire 
avec    Ohvetan  ,  &  la  Bible   de    Genève,   Chafteil- 
ion  ,   &  les  Des-Marets  ,  l'arc  de  Jonathan  jamais 
ne    retourna  en   arrière.    Olivetan.  Saiil  &   Jona^ 
than    amis  &c  plaibns   en  leur  vie.  Chasteillon. 
Jonathan  mon  irère  ,  je  fuis  en   angoilTe  pour  l'a- 
mour de  toi.  Des  Mar. 

1°.  ^  Il  fliut  dire  auin  Jonathas  quand  on  parle 
du  hcre  de  Judas  Machabée  ,  qui  lui  fuccéda  au 
Souverain  Pontificat,  &  dans  la  conduite  des  armées. 
Jonathas  &  Simon  emportèrent  le  corps  de  Judas 
eur  frère  ,  &  l'enterrèrent  dans  le  fépulchre  de 
leur  père  ,  dans  la  ville  de  Modin.  Saci  ,  /.  des 
Machab.  IX ,  i  p.  Jonathas  reçut  alors  le  comman- 
dement, &  prit  la  place  de  Judas  fon  frère.  Id.  5 1. 
On  dit  de  même  Jonathas  ,  fils  de  Joïdas  II ,  Sou- 
verain Pontife ,  alla  au-devant  d'Alexandre  quand  il 
palla  par  Jérulalem.  Et  Jonathas  fils  d'Anne  ,  qi-e 
l'Empereur  Virellius  fit  fouverain  Pontife  à  la  place 
de  Caïphe.  Ce  font  les  Grecs  qui  depuis  leur  éta- 
bli! ement  dans  l'Orient,  avoient  fait  Jonathas  de 
Jonathan. 


240  J  O  N 

Au  contraire  ,  on  dit /onaMiZ/z ,  &  non  pas  Jona- 
thiis  ,  de  tous  ceux  qui  ont  porté  ce  nom  dans  l'An- 
cien Tellament  avant  l'Empiie  des  Grecs ,  excepté 
le  ieul  lîls  de  Saiil ,  ainli  que  nous  venons  de  remar- 
quer. On  dit  aulii  Jonathan  de  tous  les  Rabbins  qui 
ont  porté  ce  nom  ,  même  après  Jésus-Christ.  Ils 
le  dreilcrent  l'idole  taillée ,  &■  ils  établirent  Jonathan 
hls  de  Gjrlam  ,  qui  étoit  fils  de  Moyfc  ,  &  ics  fils 
en  qualité  de  Prêtres  dans  la  Tribu  de  Dan.  Saci  , 
Jug.  XVIII ,  jo.  Ne  me  renvoyez  point  dans  la 
priton  de  Jonathan  ,  Secrétaire  ,  de  peur  que  je  n'y 
mcuce.  Id.  Jt-rémie  XXXF'II ,  i g.  Jonathan  v\sA:'\3- 
xiei ,  Auteur  d'une  partie  de  la  Paraphrale  Chaldaï- 
que  de  l'Écriture.  On  attribue  ordinairement  à  On- 
kelos  la  paraphrale  qui  ell  lur  le  Icntateuque ,  & 
à  Jonathan  celle  qui  ell  lur  les  textes  Tjue  les  Juifs 
'nomment  Prophètes.  Simon  R.  Jonathan ,  &  R. 
Élïézer  ,  fils  de  Chalmaj  lont  deux  célèbres  Arith- 
méticiens &  Aftronomcs  ,  lefquels  ,  à  ce  que  di- 
fent  les  Rabbins  ,  Tavoicnt  compter  les  gouttes  de 
la  mer. 
JONC.  f.  m.  Prononcez  jon.  Juncus  acutus  capituli 
Sorghï.  Bauh.  Pin.  ii.  Genre  de  Plante.  On  en- 
tend par  ce  mot  toutes  fortes  d'herbe  qui  croît  dans 
les  prés  ,  &  dans  les  marais  ,  qui  pouile  beaucoup 
de  tiges  à  la  hauteur  de  deux  pieds ,  allez  grolles , 
roidcs,  pointues,  compofées  d'une  écorce  épaille  , 
&  d'une  moelle  un  peu  dure  6c  blanche  ,  envelop- 
pée depuis  la  racine  de  graines  feuillues,  rougeâtres  , 
qui  s'élè-vent  julqu'à  près  d'un  pied.  Juncus.  Ses 
rieurs  font  ordinairement  compolecs  chacune  de  iîx 
pétales  dilpolés  en  étoile  fins  calice  :  elles  lont  fui- 
vies  de  caplules  relevées  de  trois  coins,  &  qui  ren- 
ferment des  lemences  fort  menues.  Cette  ftrutiure 
de  Heur  &  de  fruit  lert  à  diftinguer  le  jonc  de  plu- 
fieurs  plantes  ,  auxquelles  on  avoit  attribué  ce  nom  : 
celles  qui  ont  leurs  fleurs  à  étamines  font  appelées 
fcirpus.  Il  y  a  plulieurs  autres  efpèces  de  jonc.  Les 
près  qui  font  trop  humides  font  fouvent  remplis  de 
jonc  ,  on  y  tait  des  rigoles  ,  des  laignées  ,  pour  em- 
pêcher qu'il  n'y  croille  des  joncs.  On  fait  des  balais 
de  jonc  ,  des  paniers  de  jonc.  Les  figues  s'envoient 
dans  des  cabas  de  jonc.  Il  vient  des  nattes  de  jonc  de 
Hollande  j  qui  font  fort  propres.  Les  navires  des 
Chinois  n'ont  que  des  voiles  de  jonc. 

Ce  mot  vient  du  Latin  juncus  ,  ainfi  dit  ,  quod 
ipjius  ufus  fit  ad  junFturas  potijjtmus  _,  parce  qu'on 
s'en  lerr  principalement  pour  lier  ,  pour  attacher 
une  chofe  à  uiie  autre. 
Jonc  odorant  ,  cft  une  autre  forte  de  plante  fort  odo- 
rante Se  aromitique  ,  qui  croit  en  abondance  dans 
l'Arabie  heureule  ik.  au  pié  du  Mont  Liban.  On 
l'appeJle    autrement    Sckœnance.     l^oye^    Schœ- 

N  A  NTE. 

?ONC  MARIN  ,  eft:  une  forte  de  jonc  qui  a  la  tige  dure  , 
•boifeufe  ,  &:  les  Heurs  jaunes  ,  il  ne  dirtère  du 
genct  Ik  du  fparte  qu'en  ce  qu'il  eft  épineux.  Gcnijla, 
fpartum. 

On  dit  proverbialement  d'une  perfonne  de  belle 
taille  ,  &  qui  fe  tient  fort  droite ,  qu'elle  eft  droite 
comme  un  jonc.  Tercncc  a  dit  ,  juncca  virgo  ,  fille 
menue  &  droite  comme  un  jonc.  On  dit  auHi  d'un 
glorieux  qui  ne  fe  baiHe  point  pour  faire  la  révé- 
rence ,   qu'il  fe  tient  droit  comme  un  jonc. 

Jonc  ,  en  termes  de  Joaillier  ,  eft  une  elpèce  de  ba- 
gue qui  n'a  point  de  chaton  ,  &  dont  le  cercle  eft 
égal  par-tout.  Un  jonc  d'argent  ,  un  jonc  d'or ,  un 
jortc  de  diamans  ,  de  rubis  ,  d'émeraudcs. 

Jonc  ,  ou  Jonco.  f.  m.  Eft  le  nom  qu'on  donne  à 
une  cfpèce  de  vailfeau  fort  léger  ,  dont  on  fe  lert 
dans  les  Indes  Orientales  ,  &  lur  tout  le  long  des 
côtes  de  la  Chine.  Myoparo.  Sa  leulc  redource  fut 
un  navire  Chinois  ,  qui  alloit  droit  au  Japon  ,  &  qui 
étoit  un  de  ces  petits  bâtimens  qu'on  appelle  Joncs 
à  la  Chine.  Bouh.  Le  maître  du  navire  ,  nommé 
Nécéda  5  étoit  un  fameux  Corfaire  ....  li  connu  par 
les  brigandages  j,  que  fon  vaiileau  fe  nommoit  com- 
munément le  jonc  du  voleur.  Idem. 

Îp-JONCAIRE.  f.  f.  Plante.  Foye-^  Juncaria. 


J  O  N 

JONCHEE,  f.  f. Herbes ,  Heurs  j  joncs, ou  branchages 
verts  dont  on  jonche  les  rues  un  jour  de  cérémonie. 
Herharum  fiorumque  firatura.  Les  Juifs  firent  des 
jonchées  de  palmes  a  l'entrée  de  Jésus-Christ  en 
Jerulalem.  On  lait  des  jonchées  d'herbes  odorantes 
devant  la  procellion  du  Saint  Sacrement. 

Jonchée  ,  eit  aufll  un  fromage  de  lait  fraîchement 
caillé  ,  &  égoutté  dans  de  petits  paniers  faits  d'oiier, 
ou  de  joncs.  En  Latin  juncata  ,  eo  quod  fit  juncis 
involuta. 

A  JONCHÉES,  adv.  Signifioit  autrefois  ,  A  pleines 
mains  J  abondamment.  Plenis  manibus  ,  cumul  at'e  , 
ajjatïm. 

Le  bon  Vieillard  Inachus  à  jonchées 

Lui  prcj enta  des  herbes  arrachées.  M AKor. 

JONCHER.  V.  a.    Parleraer  les  rues  ,    les    paHages, 

les  Eglifes  ,  de  joncs,  de  Heurs,  de  feuillages ,  pour 

quelque  cérémonie  au  jour  de  quelque  fcte  folcnnelle. 

Joncher  les  chemins  de  Heurs.  Voit.  Solum  operire  , 

fiernere. 
Joncher  ,  fe  dit  figurément  pour  couvrir  ,  en  parlant 

de  chofes  femées  &  répandues  ça  &:  la  dans  des  plai-  . 

nés.  Après  cette  déroute  la  campagne  fut  toute  /0/2- 

chee  d'armes  ,  de  bagages  ,  de  morts. 

//  écarte  ,  il  ahat ,  il  dijjlpe  les  rangs  , 

£t  jonche  le  terrain  de  morts  &  de  mourans. 

P.  LE   Moine. 

On  le  dit  auiïï  quelquefois  des  fleurs  parfemées 
dans  une  chambre  ,  fur  un  plancher.  C'était  des 
jonquilles,  &c  de  ces  autres  belles  fleurs  du  prin- 
tems  ,  mon  appartement   en  étoit  tout  jonché.     La 

COMT.   DE    M. 

Jonché  ,  ée.  part.  Il  eft  étrange  de  voir  le  théâtre 
Anglois  ;o«cAc;'  de  cadavres  à  la  fin  d'ime  tragédie, 
8c  de  trouver  dans  la  Garderobe  des  Acteurs  ,  nom- 
bre de  dagues  ,  de  poignards ,  de  roues ,  de  tafles 
pour  adminiftrer  le  poifon ,  avec  quantité  d'autres 
inftrumens  de  la  mort.  Jour,  des  Sav. 

JONChEl-ilE.  f.  f.  Vieux  mot.  Tromperie. 

JONCHEES.  1.  m.  Petits  bâtons  menus  dont  on  fait 
une  forte  de  jeu  ,  dont  Ovide  fait  mention.  Of- 
cilla. 

Ce  mot  vient  de  ce  qu'on  y  jouoit  autrefois  avec 
de  petits  brins  de  jonc ,  &  depuis  on  s'eft  fervi  de 
petits  brins  de  paille  ,  &  maintenant  d'ivoire. 

JONCO.  1.  m.  Elpèce  de  vaiHcau  fort  léger  ,  dont 
on  le  lert  dans  les  Indes  Orientales  ,  &  le  long  des 
côtes  de  la  Chine.    Foy.  Jonc 

JONCTION.  1.  f.  Action  par  laquelle  on  unit  ,  on  I 
joint  deux  chofes  enlemblc.  Junclio.  La  jonclion  ' 
des  Mers  ,  Océane  &z  Méditerranée ,  qu'on  croyoit 
impoHible  ,  s'eft  faite  par  le  canal  du  Languedoc. 
La  jonction  de  la  Seine  à  la  Marne  le  fait  vers  Cha- 
renton.  La  jonàion  des  armées  le  doit  faire  un 
tel  jour. 

|C? Jonction  ,  union  ,  fynonimes.  La  jonclion  re- 
gudc  proprement  deux  choies  éloignées  qui  fe  rap- 
prochent l'une  auprès  de  l'autre.  Ainli  ce  mot  fem- 
ble  luppoler  une  marche  ou  quelque  mouvement  ; 
au  lieu  que  le  mot  d'union  entérine  une  idée  d'ac- 
cord ou  de  convenance.  La  jonclion  des  armées, 
de  deux  rivières  ;  l'union  des  couleurs  ,  l'union  de 
deux  voilins. 

§3"  Le  mot  de  jonclion  ne  s'emploie  que  d.ins  le 
fens  littéral  ,  au  lieu  que  celui  d'union  s'emploie 
fouvent  au  figuré.  Vunion  foutient  les  familles  & 
fait  la  puiftance  des  États.  La  jonclion  des  ruilleaux 
forme  les  grands  Heuves.  Syn.  Fr. 

ifJ  Jonction  ,  terme  de  Jurilprudencc  ,  le  dit  de 
l'union  d'une  demande  à  une  autre  ,  pour  y  ene 
fait  droit  conjointement.  Quand  un  procès  eft  joint 
à  un  autre  ,  ou  qu'il  lurvient  une  demande  inci- 
dente ^  que  le  Juge  ne  peut  pas  juger  à  l'audience, 
ou  qu'il  furvienr  une  partie  intervenante  ,  le  Juge 
trouvant  la  demande  équitable  ,  il  prononce  ap- 
pointé 


J  O  N 

pclncé  &  joint.  Dans  ce  cas  il  faut  inflTuiic  la  de 
inandc  ,    ccriie    &c   produiie.   Quand    il   pionouct 
limplement   joint  ,  il  n'y   a  point   d'mltruccion  à 
faire  ,  &  eu  jugeant  j  les  Juges  ftatucnt  fur  la  ic 
quête.  Fhrr. 
§^r  Jonction   du  Procureur  du  Roi.  C'ctl  (ou  inter- 
vention dans  les  matières  criminelles  où  il  y  a  par 
tic  civile.    La  partie  civile  ell:  le  demandeur  :  M.  le 
Procureur  Général  joint  eft  l'acculateur.  Hn  l'rance 
il  n'appartient  pas  aux  particuliers  d'acculer  ,  ils  ne 
peuvent  que  le  plaindre ,  &  conclure  aux  intérêts 
civils.    La  peine  &:  la  vengeance  publique  rélident 
dans  la  pcrlonne  de  M",  les  Procureurs  Généraux  , 
&c  dans  leurs  Subllituts.  C'eft  pourquoi  le  plaignant 
requiert  la  jonction  ,  l'intcrveiuion  du  minillère  pu- 
blic pour  conclure  à  la  punition  du  délit. 
JONE.  adj.  Vieux  mot.  Jeuiie. 
JONG,  ou  YONG,  ou  JOiNGiiE  ,  ouJUNIUS.  Nom 
d'homme ,  qui  fe  dit  de  ces  quatre  manières.  Junius. 
Jacques  Jonc  ,  ou  Tonc  ,   hiuidois  ,    Horilloit  vers 
le  comniencement  du  XV^  liècle.  Jonghe  de  Dor- 
drechtj  difciplc  de  Jufte  Liple ,  entra  enfuite  dans 
l'Ordre  de  S.  François. 
JONGLER,  v.  n.    Vieux   mot  ,  qui   figniiioit  autre- 
fois ,  Faire  des  fubtilités  ,   des  lauts   périlleux ,  Se 
des  tours  de  palFe  pallè  pour   amufcr  &  divertir  le 
peuple.  Scurr.iri ,  mimos  componerc. 

Ce  mot  vient  de  Picardie  ,  où  il  ert:  encore  en 
ufage.   En  Latm  jocari  j  Jouer.   Autrefois  on  a  dit 
jongloyer  ,  pour  jongler,   qu'on  dit  aujourd'hui. 
JONGLERIE,  f.  f.  Charlatanerie ,  tour  de  palîe-palîe, 

Nug£  ,  mimi. 
§3"  JONGLEUR,  f.  m.  Ce  mot  efl:  aujourd'hui  fynonime 
de  b.âteleur  ,  joueur  de  tours  de  palVe-paire.  Scurrci  , 
mimus ,  circulator.  Charlatan  qui  amufe  le  peuple 
par  des  fubtilités  ,  des  lauts  ,  Se  des  tours  de  main. 
On  donnoit  .autrefois  ce  nom  à  des  clpèces  de 
Ménétriçrs  ,  qui  alloient  dans  les  maifons  des  grands 
Seigneurs  chantant  des  chanfons.  Il  y  avoir  j  dit  Paf- 
quier  ,  des  Poètes  qui  ne  failoient  que  de  petits 
poëmes  ,  qu'on  a  appelés  jongleurs  ou  joingleurs. 
Ces  Poètes  fréquentoient  particulièrement  la  Cour 
des  Comtes  de  Flandre.  Mais  on  domia  particulier 
ment  ce  nom  à  des  efpèces  de  Bateleurs  ou  Farceurs 
quiavoient  tuccédé  aux  Hiltoriens.  La  plupart  étoient 
Provençaux,  iavoient  la  Mulique  ,  Se  jouoient  des 
inftrumens.  Ils  fe  joignirent  aux  Troubadours  ou 
Trouveurs  ,  Poètes  Provençaux  connus  dès  le  XF 
fîècle  J  pour  débiter  Se  exécuter  ce  que  ceux  -  ci 
avoient  inventé.  Par  ce  moyen  ils  s'inttoduifirent 
dans  les  Palais  des  Rois  &  des  Princes  dont  ils  ti- 
roient  de  magnifiques  préfens.  On  les  appeloit  aulîî 
Jugkurs ,  Jongleours  ,  Se  les  femmes  Jonglerejj'es. 
Ces  mots  viennent  du  Latin  Joculator. 
§3°  Vers  la  fin  du  XIV*^  fièclc  ,  les  Trouveurs  Se  les 
Jongleurs  fe  féparèrent  en  deux  bandes  ;  les  uns ,  fous 
le  nom  de  Jongleurs  joignoient  aux  inftrumens  le 
chant  Se  le  récit  des  vers  ;  les  autres  fous  le  nom 
de  Joueurs,  Joculatores  ,  amufoient  le  peuple  par 
des  tours  de  pade-palfe ,  avec  desfinges,  6'c.  com- 
me nos  Bateleurs  d'aujourd'hui.  Vers  le  temps  de 
Philippe  Augufte  les  Jongleurs  tombèrent  dans  le 
mépris ,  parce  que  la  Poëfie  déchut  beaucoup  en  ce 
temps-là  ,  fur-tout  après  la  mort  du  Comte  de  Cham- 
pagne qui  fit  tant  de  vers  amoureux  pour  la  Reine 
Blanche.  Le  nom  de  Jongleur  étoit  devenu  fi  mé- 
piifable  ,  qu'il  ne  fut  plus  .ipproprié  qu'aux  Bate- 
leurs, deforte  que  n'ayant  plus  alors  à  dire  que  des 
fottifes  ,  on  appela  jonglerie  une  menterie  ,  Se  on 
dit  jongler  ou  jauglcr  ,'pour  dire  ,  mentir.  Fau- 
CHET,  Pasq..  C'eft  pourquoi  Philippe  Augufte  les 
challa  de  fa  Cour  Se  de  fes  États.  Cependant  ils 
reparurent.  Se  furent  tolérés  dans  la  fuite  du  règne 
de  ce  Prince  Se  des  Rois  (es  fuccelîéurs.  Ils  prirent 
tous  le  nom  de  Jongleurs  comme  le  plus  ancien, 
ils  demeuroient  dans  une  feule  rue  ,  qu'on  appe- 
loit rue  des  Jongleurs ,  aujourd'hui  de  S.  Julien  des 
Alénétricrs 

Saint  Julien  des  Ménétriers  à  Paris  étoit  autre 
Tomç  V. 


JO  N 


241 


fois  Un  hôpital  fondé  en  faveur  des  Muficiens  par 
Julien,  fameux  Jongleur.  Aulii  voit-on  au  portail 
des  figures  de  trois  fortes  de  Muficiens ,  des  Trou- 
vères ou  Romamicos  ,  des  Chanterres  ou  Ménétrels  , 
Se  des  Jongleurs  ou  Ménétriers ,  Se  dans  une  fenê- 
tre de  l'Églile  on  voir  la  figure  du  Jongleur  Julien 
avec  tous  les  attributs  de  la  miifique.  Bonnlt  j  Hijl. 
de  la  Mujique. 
Jonoleour,  au  (èns  figuré  ,  fignifioit  un  Parleur  ,  Cau- 
feur  ,  que  les  Anciens  appeloicnt  des  Encliantiéres 
Se  Multeplièrcs  de  paroles.  Glojj]  des  Po'éf.  du 
Roi  de  Nav. 
CtJ"  Parmi  les  Sauvages  d'Amérique  on  donne  le  nom 
de  Jongleurs  à  certains  Magiciens  ou  Eiiciianteurs 
qui  font  auilî  profellion  de  la  Médecine.  Ces  Char- 
latans ie  vantent  d'.avoir  commerce  avec  les  génies 
bienfîiifaiis  ,  éc  de  caimoitre  par  leur  moyen  ce 
qui  ("c  palîe  dans  les  pays  les  plus  éloignés  ,  ce  qui 
doit  arriver  dans  les  temps  les  plus  reculés;  de  dé- 
couvrir la  nature  &  la  caule  des  maladies  les  plus 
cachées  j  (Se  d'avoir  le  lecrtt  de  les  guérir  ;  de  faire 
réulhr  les  négociations  les  pluj;  difficiles;  de  rendre 
les  dieux  propices  ,  &c.  f^oye^  le  détail  de  toutes 
ces  impoftures  dans  le  P.  Charlevoix. 

ffJ'll  eft  certain  que  ces  prétendus  Devins  ont  des 
fccrets  finguhers  ,  tels  que  celui ,  non  d'enchanter 
comme  ils  le  difent ,  mais  d'engourdi»  les  ferpens 
les  plus  venimeux  qu'ils  manient  ,  qu'ils  mettent 
dans  leur  iein  ,  &  dont  ils  fe  font  des  bandeaux 
&des  ceintures  lans  qu'il  leur  en  arrive  aucun  mal. 
/''bjyeç  PsYLLEs.  Le  Chevalier  de  Beauchêne  dit 
dans  (es  avantures,  que  les  Jongleurs  l'ont  fouvenc 
étonné  ,  s'ils  n'ont  pu  le  perfuader.  Ils  appellent , 
dit'il ,  Ouahiche  leur  démon  qui  les  inftruit  de  tout 
ce  qu'ils  veulent  i.ivoir. 
Ce  mot  vient  du  Latin  joculator. 

lONIDES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Nymphes 
près  d'Héraclée  en  Élide.  î!  y  avoir  fur  les  bords  d'une 
fontaine  qui  fe  jette  dans  le  Heuve  Cythérus,  un  tem- 
ple qui  leur  étoit  confacré. 

lONIE.  Ancien  nom  d'une  contrée  de  la  petite  Afie. 
lonia.  Elle  étoit  le  long  de  la  côte  de  l'Archipel , 
ayant  l'EoIie  au  nord  Se  la  Carie  au  midi.  Ses  villes 
principales  étoient  Milet,  Éphèfe ,  Colophon  ,  Lébé- 
dus,  Smyrne,  Erythrée  Se  Clazoméne,  Smyrne  & 
Éphèfe  font  encore  confidérables  dans  ce  pays  qui 
porte  le  nom  de  Sarchan  en  Natolie ,  Se  qui  eft  bor- 
né par  le  Bccfangil  au  nord ,  par  le  Germian  au  le- 
vant, par  TAidineUi  au  midi.  Se  par  l'Archipel  au 
couchant. 

IONIEN,  lENNE.  adj.  Qui  eft  d'Ionie.  Ion,  lonicus. 
C'eft  un  Ionien  j  c'eft  une  Ionienne.  Le  Dialecte 
Ionien.  Les  Grecs  Ioniens ,  qui  avoient  fecoué  le  joug 
desPerfes,  leur  tuèrent  30C00  mille  hommes  dans  la 
bataille  de  Mycale,  fous  la  conduite  de  Léotychides. 
Boss.  Les  Ioniens  ont  pris  leur  nom  de  Ion ,  ou  plu- 
tôt Javan.  Voye^  Ion.  On  entend  communément 
par  Ioniens  les  habitans  de  l'Ionje  fur  la  côte  de  l'Afie 
mineure,  ce  ne  fonr  pourrant  pas  les  premiers  ni  les 
fculs  Ioniens.  Ce  nom  d'abord  fut  donné  aux  def  cen- 
dans  de  Javan  ou  Jon,  qui  occupèrent  le  terrein  qui 
s'étend  depuis  la  Thrace  jufqu'à  l'Ifthme  du  Pélo- 
ponnèfe,cN:  ce  pays  s'appella  l'Ionif;  car  Flutarque 
dans  la  vie  de  Théfée  ,  &  Strabon ,  L.  VII  Se  L. 
VIII,  nous  apprennent  que  Théfée  avoit  éiigé  un 
cippcou  colonne  à  l'entrée  de  l'Ifthme  fur  laquelle  , 
du  côté  du  nord,  on  lifoit  en  Grec,  ceci  n'eft  point 
le  Péloponnèfe,  mais  l'Ionie;  &  de  l'autre  côté  ,  ceci 
eft  le  Péloponnèfe  Se  n'eft  plus  l'Ionie.  Dans  l'Anti- 
quité on  donne  plus  communéoient  ce  nom  aux  Athé- 
niens Se  à  toutes  leurs  colonies.  Mais  Fiérodote  nous 
apprend,  I.  /,  que  les  Athéniens  étoient  originaire- 
ment venus  d'Ioniens  plus  anciens.  Il  dit  aulfi  que 
les /(P«ie/Z5  s'emparèrent  du  Péloponnèfe  j  m.ais  qu'ils 
en  furent  chalfés  par  les  Achéens,  &  qu'ils  bâtirent 
douze  villes  fur  la  côte  d'Afie  ,  autant  qu'ils  en 
avoient  bâti  dans  le  Péloponnèfe.  Les  Abdérites ,  les 
Théiens  étoient  Ioniens.  La  plupart  des  autres  Grecs , 
les  Abantes  dans  l'Euboée ,  les  Miniens,  les  Driopes , 

Hh 


zAz  ION 

Us  Phocéens,  les  MololFes,  les  Arcadiens,  les  Pélaf- 
giens,  les  Doue  as  j  tpiuiauricns  ,  ctoic-iit  mêlés 
à' Ioniens.  Ils  octupoient  auiii  les  îles  de  i  Archipel , 
&  c'étoit  de-là  quils  étoicnt  venus  dans  le  conci 
ncnr.  Tout  cela  convient  paiiaitement  à  javan  &  à  la 
poliérité.  De  plus ,  quoiqu  Héiodote  ,  Aiiitote  ,  He- 
raclide,  Stiabon,  Piutarque  li^  d'autres  cillent  que  les 
Ioniens  ne  (ont  que  les  Athéniens  &c  Icius  colonies  \ 
Bochard  prétend  e^ue  d  autres  nations  Grecques  ont 
aullî  porté  ce  nom.  Hélyciiius  le  donne  aux  Bertiens  , 
Homère  aUx  Déliens ,  dans  Ion  Ode  à  l'honneur  d  A- 
pollon,  Arjftophane  aux  Acarnanes;  enhn,  il  conclut 
que  les  Macédoniens  mêmes,  ou  poiu:  le  moins  les 
peuples  de  la  côte  de  Macédoine,  étoient /o«iÊ/2jj 
parce  que  la  mer  qui  la  baigne  s'appcUoit  la  mer 
Ionienne.  Tout  cela,  ou  n'eii;  point  contraire  à  Hé- 
rodote &  aux  autres  Anciens,  ou  n  eft  pas  lort  con- 
vainquant, âc  l'on  doit  s'en  tenir  à  ce  qu  ris  nous  ap- 
prennent des  Ioniens.  Il  eft  au  relie  très-vrailembla- 
hle  quedouze  villes  aulîi  conhdérables  que  celles-là, 
ne  furent  pas  fondées  par  les  leuls  Athéniens  j  mais 
aufii  par  les  Pyliens  &  les  Thébains  qui  croient  aulïi 
Ioniens ,  comme  il  paroit  par  ce  que  nous  avoris  dit 
d'abord  des  premiers  Ioniens. 

La  mer  Ionienne ,  ou  la  mer  de  Grèce.  lonium 
mûre.  C'eCi  une  elpèce  de  ja'and  golrc  de  la  mer  Mé- 
diterranée, Il  eft  rcniermé  entre  la  côte  occidentale 
de  la  Moréc  &  celle  de  lÉpire ,  qui  la  bornent  du 
côté  dalevant,  comme  les  côtes  orieiualcs  de  1  Italie 
Se  de  la  Sicile  la  bornent  vers  le  couchantj  elle  a  la 
bouche  du  golle  de  Venile  au  nord.  Les  Anciens  ren- 
fermcient  cette  mer  dans  la  mer  Adriatique ,  qu  ils 
étendoient  du  moins  juiqu'aux  côtes  de  Malte,  com- 
me cela  paroit  par  la  navigation  de  S.  Paul.  ^cl. 
XXFII.  Maty.  On  dit  aullî  mode  Ionien  en  termes 
de  Mulîque.  C'eft  l'onzihne  des  douze  modes  au- 
thentiques des  Anciens,  il  efl:  gai  &  propre  pour  les 
daiifes  ,  les  ballets,  <St.  Il  commence  en  C ,  Sol, 
Vt,  Fa  :  Chez  les  Modernes,  ceft  le  La  D'Jj  Mi, 
La:,  Re. 

En  parlant  des  perfonnes,  des  peuples,  on  dit  tou- 
jours lon'en  &  jamais  Ionique. 
Ionien,  ell  aulii  lubilantit,  &  iignifîe  la  langue  qu'on 
paile  dans  l'ioiiie  ,   ou    le    Dialecte  Ionien.    Savoir 
l'Ionien.  Entendre  l'Ionien. 

loNitN.  1".  m.  Terme  de  Pociîc  &  de  Profodie.  C'eft 
un  pied  compole  qui  entroic  dans  les  vers.  Il  y  a  le 
grand  &  le  petit  Ionien.  Le  grand  Ionien  eft  compofé 
d  un  Ipondee  «Se  d  un  pyrrique;  c'eft  à  dire,  de  deux 
longues  &  de  deux  brèves,  comme  evinccre ,  ëc  le 
petit  Ionien  eft  compole  d'un  pyrrique  &  d  un  ipon- 
dee ,  comme  diomedes  ou  lacry  mantes. 
IONIQUE,  ajj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  l'Ionie,  ou 
aux  Ioniens.  lonicus,  a.  Il  y  avoit  une  région  dans  la 
grande  Grèce  en  Italie ,  qu'on  appeloit  la  région  Io- 
nique,  ou  lîmplemcnt  l'Ionujue.  La  Muiique  /0«;- 
ijut ,  les  d  i.iilcs  Ioniques ,  paiîoient  autrehjis  pour  des 
airs  ou  des  exercices  mous  ^pcufeants,  peuhonné 
tes.  Foye-{  Platon,  L.  III ,  de  Kepub.  Ik  Horace,  L. 
III ,  Od.  VI ,v.  2!.  La tranimigration  Ionique czo\z 
autrefois  une  époque  célèbre.  C'eft  la  retraite  des  Co 
lonies  Athéniennes,  qiù,  après  la  mort  de  Codius, 
s'en  allèrent  fous  la  conduite  de  iNlclée  fon  hls^  établir 
les  douze  villes  de  l'Ionie  d'Aiie.  Ces  Coloiiies  le  ti- 
rent, félon  Eratofthène  ,  jo  ans  après  le  retour  des 
Héraclidesj  &:  lelon  le  Chevalier  Marsham,  77  ans 
après  la  prife  de  Troye,  &  5-7  après  le  retour  Àes  Hé- 
laclides.    Les   Marbres  d'Arondel   parlent  de  cette 
tranimigration  Ionique.  La  Sedle  Ionique  étoit  la  pre 
mihe  des  trois  plus  anciennes  Secles  de  Philolbphes. 
Les  deux  auTei;  étoient  l'Iiali^ue  6c  l'£léarique.    Le 
chef  de  la  iiedte  Ionique  étoir  Thaïes ,  l'un  des  lepc 
Sages  de  la  Grèce;  il  étoit  de  Milet  en  îonie  ,  c'eft  ce 
qui  fit  appeler  Tes  difciples  la  Seéle  Ionique.  La  Seélc 
Ionique  croyoit  que  l'eau  étoit  le  principe  de  toutes 
chofes.  C'eft  à  quoi  Pindarebit  allufion  au  commen- 
cement de  la  première  ode  de  l'es  Olympiennes.   A 
peu  près  dans  le  même  tems  (de  Cyrus  &  de  Cambyle) 
Thaïes,  Milélîen  forma  la  Seéïe  Ionique.  Bossuet. 


J  O  N 

Ionique.  Terme  d'Architeéture.  L'Ordre  Ionique  cH  le. 
tromèmc  des  cinq  Ordres  d'Archuc>.i.ure  ;  il  en  ûi.iin- 
gué  dvS  autres  particulièrement  en  ce  qu  li  a  des  vo- 
lutes ,  ou  des  cornes  de  bélier  qui  oruci.t  Ion  chapi- 
teau, &  que  le  fut  des  colonnes  tlt  leplus  fouvi.nt 
cannelé.  Les  colonnes  Ioniques  ionc  oïdinaircmcnt 
canneléesde  24  cannelures.  11  y  en  ac^uiue  fontcrcu- 
les  ë<.  concaves  que  jul^u  a  la  t.oihcn.e  parue  du  bas 
de  la  colonne,  cette  tion^euie  partie  a  les  caiineiures 
remplies  de  baguettes  ou  batui,s  ronds,  a  la  oiitcieiice 
du  lurplus  du  haut  qui  eft  ftiié,  cannelé  en  creux  & 
eniièremcnt  vide.  Sa  corni.uc  a  des  denti^uks  ;  il 
tient  le  milieu  entre  la  manière  folide  &  la  dclKate. 
Sa  colonne  a  neuf  diamètres  de  la  colonne  prile  de 
haut  en  bas  avec  le  chapiteau  ts;  la  baie.  Lorlque  cet 
ordre  tut  inventé  ,  les  colonnes  nav oient  que  huit 
modules  ou  diamètres  de  haut.  Mais  les  nncicns 
voulant  rendre  cet  ordre  plus  agréable  que  le  i^ori- 
que  ,  augmentèrent  la  hauteur  des  colonnes  en  y 
ajoutant  une  bafe  qui  n  etoit  point  en  ulage  dans 
1  Ordre  Dorique.  L'Ordre  Ionique  eft  un  Ordre  des 
Grecs  qui  tire  ton  nom  de  ïionie.  Province  d'Alie. 
Fel.  Il  y  en  a  qui  croient  que  l  Ordre  Ionique  a  été 
formé  lur  le  modèle  du  corps  d  une  renime,  ik.  1  Or- 
dre Doii..ue  fur  le  n:odele  du  corps  d  un  nomme, 
&  que  ces  deux  ordres  Oiit  entr'eux  la  même  propor- 
tion de  folidité  6c  de  déli^ateire  que  le  corps  d'ui7 
homme  &  celui  d  ur.e  temme  :  ils  ajoutent  que  les 
volutes  du  chapiceâu /j«;^z/i^  rcprélentcnt  les  boucles 
de  cheveux  que  les  teinmes  portent  de  chaque  côté 

-    du  viiage  quand  elles  lont  coënées  en  cheveux. 

On  appelle  aulli  dans  la  Grammaire  Grecque  le 
Dialede  Ionique,  une  manière  déparier  parti. uli}rc 
aux  lumens.  Il  étoit  d'abord  le  même  que  l'Attique 
ancien-,  mais  lort'qu'il  eut  paftc  dans  l  Aue  ,  il  ne  re- 
çut pas  la  pertection  ,  Se  ne  parvint  pas  a  la  d^iicatellè 
où  arrivèrent  les  Athéniens.  Il  fe  corrompit  un  peu 
dans  l'Aile  mineure  8c  y  reçut  comme  une  nouvelle 
teinture.  C'eft  en  cette  langue  qu'ont  écrit  Hippo- 
crate  Se  Hérodote. 

Ionique  ,  en  termes  de  Mufique,  eft  le  nom  d'un  cer- 
tain mode.    A^oyt'^  loNiEi>i. 

On  ne  dit  jamais  Ionique  en  parlant  des  perfonnes, 

JONKERAD.  Bourg  du  Cercle  Llecl:oral  du  Rhin. 
Jonkeradum.  Il  eft  durs  le  Comté  de  Mandcrcheid, 
lur  la  rivière  de  Kyll ,  entre  Stadkyl  &  Hildeshcim. 
Quelques  Géographes  ^ï^ww-nx.  J onkerad  pour  le  heu 
de  la  nalFe  Allemagne  que  les  Anciens  nommoient 
Egorigium  6c  Legio  XII ,  que  d'autres  mettent  à 
Ruyt ,  village  iitué  a  une  lieue  de  ce  bourg.  Matvt. 

IONinE.  Nom  d'une  rivière  de  France.  Jeauna.  Voye^ 
Yonne.  Valois  écrit /t)/;«e.  Aoc.  Gall.  pag.  .3^j'. 

JONQUE.  Terme  de  Marine.  Sorte  de  bâtiment  dont 
on  fe  lert  fur  les  côte;,  des  Indes  ôc  de  la  Chine,  i"  oy. 
Jonc. 

JONQUÈRE.  Nom  d'un  ancien  Bourg  de  la  Cata- 
logne, en  Efpagne.  Juncana.  Il  eft  dans  le  Lampour- 
dan,   entre  Perpignan  6c  Girone.  J 

JONQUIÉRES.    Nom  dun  Bourg  de  Provence  ,   en  '! 
France.    Juncaria.  C'eft  un  de  ceux  qui  Ibrraent  la 
ville  de  Martigues.  Voyc^  Martigues. 

JONQUILLE,  f.  f.  Fleur  odoriférante  ,  blanche  ou 
jaune  J  qui  vient  fur  une  tige  comme  les  narcitles.  Se 
qui  tleuiit  en  Mars.  JonquiUa ,  narc.Jjus  ,  juncifoUus. 
On  fait  des  pa.f-fums,  des  poudres,  des  pommades, 
des  eaux ,  des  eftences  de  jonquille.  Des  gants  de  jon- 
quille ;  ce  font  des  gants  j;  armmés  avec  des  jonquilles. 
Ses  feuilles  reftcmblent  à  du  jonc.  Quoiqu  il  y  ait 
grand  nombre  d'elpèces  de /o/î^z^iZ/Wj  elles  fe  rédui- 
fent  pourtant  à  douze ,  qui  lont  les  plus  finguhères 
(Se  les  plus  cftimces  :  elles  le  nomment  la.  jonquille  d: 
Lorraine  ,  la  jonquille  recoquillée ,  la  jonqudle  au 
grand  godet ,  les  jonquilles  d'Etpagne ,  grande  &  pe- 
tite, la  (impie  A;  la  double  qui  font  toutes  d'un  jaune 
ch^ir.  Outre  celle  ci ,  i!  y  a  encore  la  grande  jonquille 
blanche  &  la  petite,  la  blanche  à  godet  citronné,  & 
la  blanche  &  la  verte  d'Automne. 

'3"  Toutes  CCS  prétendues  variétés  de  jonquilles  ,  font 
des  efpèces  de  narcille  ainli  dénommées  par  les  Fleu- 


J  O  N 

rlftcs.  Narclffus  juncifolius  luteus.  Jonquille  j.uiiie 
ou  lïini^ie.  Narcig'us  juncifolius  ,  flore  plcno.  Jon^ 
quille  doiihle.  Narajfus  juncijolius,  petalis  angujiif- 
fimis,  calice  maxuno ,  tuhum  rejcrcnte.  Jonquille  a 
grand  godet.  Namjjus  juncifolius  ,  luteus  ,  major, 
ohlongo  calice.  GnnAc  jonquille  au  godet  citronne.^ 
Les  jonquilles  ne  veulent  avoir  du  ioleil  que  mé- 
diocrement. Se  demandent  une  terre  qui  ne  foit  ni 
forte,  ni  légère,  laprofondeur  de  trois  doigts  it  au- 
tant de  dillance  :  oii  les  levé  ordinairement  tous  les 
trois  ans  pour  en  ôtcr  le  peuple.  (G  Mais  il  vaut 
mieux  les  tranlplanter  tous  les  ans,  parce  que  lans 
■cette  précaution  leurs  racines  s'alongent ,  s'aniincil- 
fent  ik  ne  donnent  plus  de  belles  Heurs  dans  la  (uite. 

La  Jonquille  blanche  &  la  jaune  double  ,  font 
mieux  dans  des  pots  que  dans  des  planches.  Elles 
veulent  un  fond  de  terre  gralle  &  détrempée,  mais  le 
lit  fur  lequel  on  les  plante  doit  être  d'une  terre  mai- 
gre ,  dans  laquelle  ayant  couché  les  oignons  ,  on  les 
recouvre  de  même  terre  légère  &:  maigre  à  la  hauteur 
d'un  pié  de  terre  bien  graile.  Quand  la  terre  eft  un 
peufeche,  ces  /o«5w//tfJ  veulent  ùre  légèrement  ar- 
rofées ,  parce  que  cela  les  fait  merveillcufement  pro- 
fiter. Il  ne  les  hut  lever  que  pour  en  couper  les  fi- 
lets &c  les  cheveux ,  &  cela  ié  doit  faire  au  mois  de 
Septembre.  Il  faut  les  replanter  aulli  tôt,  parce  que 
ces  petits  oignons  foutfrent  beaucoup  quand  ils  lont 
hors  de  terre i  néanmoins,  iî  on  les  veut  garder  quel 
que  tems  hors  de  terre,  on  le  peut  faire,  mais  il  les 
faut  envelopper  dans  du  papier  &  les  ferrer  dans  des 
boëtes. 

Grande  Jonquille  blanche.  Elle  efl:  diiférente  de  la 
"rande  lîmple  d'Elpagne  pour  la  couleur  &  pour 
l'odeur ,  parce  que  celle-ci  ne  knr  rien. 

Petite  Jonquille  blanche.  Elle  diftcre  de  celle  d'Et- 
pagne  en  ce  qu'elle  a  la  tleur  étroite  &  qu'elle  efl:  fans 
odeur. 

Jonquille  blanche  d'Automne.' Elle  jette  trois  fleurs 
blanches  qui  n'ont  pas  grande  odeur  ,  elle  poulfe  fa 
tige  avant  les  feuilles. 

Jonquille  blanche  au  godet  citronné.  Elle  ne  dif- 
fère de  la  grande  blanche  que  parce  qu'elle  a  le  go- 
det d'une  autre  couleur  :  cette  même  jonquille  pro- 
duit quatre  ou  cinq  Heurs  blanches  qui  tirent  à  une 
couleur  blanchâtre  avec  le  godet  au  milieu,  mais  un 
peu  plus  obfcure.  On  l'appelle  encore  jonquille  de 
mouton,  p^axe  qu'elle  prend  en  bas  &:  rebrouH'e  les 
feuilles  en  haut,  &  ainfi  tait  la  figure  d'un  mouton 
qui  cornaille. 

Jonquille  d'Espagne.  On  l'appelle  ainfi  parce  qu'elle 
a  été  apportée  d'Elpagne.  Elle  eft  infinie  dans  la  di- 
veriîté  de  l'es  Heurs  ,  parce  qu'il  y  >en  a  qui  les  ont 
grandes,  d'autres  petites,  les  unes  claires,  les  autres 
plus  pleines  ;  elles  tout  pourtant  toutes  de  la  même 
couleur  qui  eft  un  beau  jaune  clair,  6:  ont  une  très- 
agréable  odeur. 

Jonquille  au  grand  godet.  Elle  eft  ainfi  nommée, 
parce  que  fon  godet ,  qui  eft  également  rond  &:  beau  , 
eft  pourtant  beaucoup  plus  long  que  celui  des  deux 
autres  efpèces  ci-dellus  ,  bien  que  les  Heurs  <Sc  fes 
feuilles ,  qui  font  découpées  en  étoile  ,  foient  plus 
étroites. 

Jonquille  de  Lorraine.  Elle  eft  unie  à  fix  feuilles 
d'un  beau  jaune  clair,  qui  portent  les  unes  lur  les  au- 
tres ,  &  c'eft  pour  cette  railon  qu'elle  eft  appelée 
unie  :  elle  a  le  godet  au  milieu  qui  s'élève  de  la  grof- 
feur  d'un  demi  doigt,  &  eft  frilée  par  le  bord  :  elle 
*  ne  donne  pas  beaucoup  de  Heurs  ;  mais  elle  lupplée 
bien  à  ce  défaut  par  la  vivacité  de  fa  couleur.  Se  parce 
que  c'eft  celle  de  toutes  les  jonquilles  qui  ell  la  plus 
durable  &  la  plus  alfurée 

Jonquille  recoquillÉe.  Elle  eft  ainfi  appelée,  parce 
que  le  bord  de  fes  feuilles  fe  renverfe.  Elk  eft  diffé- 
rente de  la  précédente  dans  (on  godet  qui  eft  plus 
large  &  moins  phHé ,  comme  auîlî  dans  fa  couleur 
qui  eft  plus  couverte;  &  outre  cela  elle  eft  bien  plus 
ouverte  dans  fa  fleur. 

Jonquille    verte  étoilÉe.    Celle-ci   vient   auill   en 
Automne ,  elle  a  les  feuilles  découpées  en  étoile  :  elle 
Tome  V. 


J  O  R 


243 


fleurit  avant  que  de  jetter  aucufi  vert  du  pié. 

JONQUINES.  f  f.  pi.  Marchandilc  dont  U  eft  parle 
dans  le  tarif  de  la  Douane  de   '  '  '>n. 

JONSAC,  ou  JONZAC.  Petite  v/i;.'  de  France  en 
Saintonge ,  auprès  de  la  Sévio'Jie,  qui  lomb^  dans 
la  Charante. 

JONTE.  Foyei  Junte. 

JONTEREAUX.  f  m.   V'oyei  Joutereaux, 

JONTHLASPI.  f.  m.  Plante  dont  il  y  a  ceux  efpèces. 
La  première  pouilé  de  petites  tiges  faimentcufes , 
couchées  à  terre ,  rondes ,  purpurines ,  couvertes 
d'un  poil  blanc  ,  rudes ,  garnies  de  petites  feuilles 
oblongucs,  étroites,  rudes,  féches,  d'un  goût  her- 
beux. Ses  fleurs  nailîent  aux  fommités  des  braiiclics 
en  manière  d'ombelles,  ou  plutcit  de  grappes  alîéz 
grandes,  jaunes  j  odorantes,  compofées  de  quatre 
feuilles  en  croix.  Il  leur  fuccèdc  un  huit  grand 
comme  une  lentille  ,  preique  rond  ,  fort  aplati  ,  cou- 
vert d'un  poil  blanc  oC  rude.  Il  contient  une  feule 
fcmence  ronde  &c  aplatie  ,  rougeâtre.  Cette  plante 
fleurit  aux  mois  de  Mai  &  de  Juin  ,  &:  réfifte  au 
froid. 

La  féconde  efpèce  ne  diffère  guère  de  la  première 
que  parce  qu'elle  eft  plus  petite  dans  fa  tige  ,  les  feuil- 
les &  fes  fleurs  ,  &  que  fes  petites  tiges  qui  pouflènt 
environ  à  la  hauteur  d'un  pied,  ne  rampent  pas 
comme  les  autres,  mais  fe  courbent  feulement  en 
leurs  extrémités.  Les  feuilles  y  font  rangées  alterna- 
tivement. Toutes  les  deux  efpèces  tont  déterfives  , 
apéritives  Se  vulnéraires.  Tournefort,  après  Fabius 
Colomna ,  leur  a  donné  le  nom  de  Jonchlafpi ,  com- 
me qui  diroit  efpèce  de  Thlafpi,  couvert  de  poil. 
De  "  c'  ? ,  poil  foie  t. 

JONTOYER.  Il  faut  dire  jointoyer.  'Voyez  ce  mot. 

J  O  P. 

JOPAS.  f.  m.  Roi  d'Afrique.  Virgile  en  fait  un  des 
Amans  de  Diuon ,  &:  lui  donne  le  mérite  d'être  mbile 
dans  la  Mullque. 

JOPPE.  F'oyei  Jafa. 

JOPPE.  f  f.  Ancien  nom  qu'on  donnoit  à  une  efpèce 
de  foulier  en  ufage  chez  les  Hongrois.  Joppa.  Carlo- 
mand  défendit  aux  Clercs  de  porter  cies  Jappes.  "Voyezv 
Ion  décret ,  X.   I- 

3  O  Q. 

JOQUES.  f  m.  pi.  Sefte  de  Br.amines  qui  fe  trouvent 
au  Royaume  de  Narfingue.  Ils  vivent  d'aumônes  & 
dans  de  grandes  auftérités  ,  voyageant  dans  les  Indes 
en  faveur  des  Pèlerins  ,  &  s'abftenant  de  tous  plaifirs 
charnels,  julqu'à  im  certain  temps  j  après  lequel  étant 
devenus  abduls ,  c'eft-à-dire  j  exempts  de  toutes 
loix  Se  incapables  de  tout  péché ,  ils  s'abandonnent 
aux  laletés  les  plus  déteftables  ,  Se  ne  fe  refufent  rien 
de  ce  que  leurs  fens  demandent.  Ils  ont  un  chef  qui 
jouit  d  un  grand  revenu  qu'il  diftribue  ,  Se  qui  en- 
voie plulieurs  Jo^yi^c-^'^Drêcher  leurs  folies  en  certains 
temps. 

J  O  R. 

JOR.  C.  m.  'Vieux  mot.  Jour.  On  le  fervoit  ancien- 
nement d'un  cornet  pour  avertir  que  le  jour  étoit 
venu. 

f^ous  me  vifles  ainfi  que  la  guette 
Eut  V aube  du  jor  cornée. 

On  a  dit  aulTi  Jornoyer  ;  pour  dire,  faire  des  jour- 
nées dans  un  voyage. 

JORJANIAH  ,  ou  Corgang.  Nom  d'une  grande  ville 
que  l'on  mer  dans  le  Chorafan  ,  en  Perfe  ,  fur  le 
Jehun  ,  à  vingt  lieues  de  fon  embouchure.  Corcanjia  , 
Joxjania.  On  l'appelle  Grand  Corcang ,  pour  la 
diftinguer  d'une  autre  qu'on  appelle  le  petit  Cor- 
cang J  &  qui  eft  à  trois  heues  du  grand. 

JORNÉE.  i.  f.  On  trouve  ce  mot  dans  les  coutumes, 
pour  jour.  Jornée  fervante.  Voye:^iovp.. 

Hh  ij 


2  44  J  O  S 

JORTAN.  Nom  d'une  ville  d'Afic.  Jonanum.  Elle  cft 
d.ms  l'île  de  Java  ,  fur  la  côte  Septentrionale  ,  vers 
le  détroit  de  Balambuan,  &  vis-à-vis  de  la  petite  ilc 
de  Madurc.  Jonan  eft  capitale  d'un  Royaume  ,  qui 
port^  ion  nom  ;  il  a  un  bon  port  ,  &c  tort  IréquentJ. 
Maty. 

J  O  S. 

JOSAPHAT.  f.  m.  Nom  d'un  homme.  Jofaphat ,  Jo- 
faphatus.  Jofaphat  y  fils  d'Aia ,  fut  un  pieux  Roi 
difraël. 

La  vallée  àz  Jofaphat.  Il  en  efl:  parlé  dans  le  Pro- 
phète Joël  III.  2.  &  li.  J'alfemblerai  tous  les  peu- 
ples J  &  je  les  amènerai  dans  la  vallée  de  Jofaphat , 
où  j'entrerai  en  jugement  avec  eux,  touchant  Ilraclj 
mon  peuple  &  mon  héritage  ,  &c.  Saci.  Jocl  III.  2. 
Que  les  peuples  viennent  fe  rendre  à  la  vallée  de 
Jofaphat  ;  j'y  paroitrai  aiîîs  lur  mon  trône  pour  ju- 
ger tous  les  peuples,  qui  y  viendront  de  toutes  parts. 
Id.  V.  12.  La  vallée  as  Jofaphat  étoit  entre  la  ville 
de  Jérufalem  &  la  montagne  des  Olives ,  ainh  que 
l'ont  remarqué  Lyranus,  Vatablej  Arias  Montanus, 
&  Adricliomius.  On  ne  lait  pourquoi  elle  portoit 
le  nom  de  Jofaphat.  Le  fentiment  le  plus  probable 
eft  que  ce  fut  en  mémoire  de  la  grande  victoire 
qu'y  remporta /o/i/i/iizr,  &  qui  eft  rapportée  au  Liv. 
II.  des  Paralip.  ch.  XIX.  C'eft  le  fentiment  de  Live- 
lejus.  Le  torrent  de  Cédron  couloit  dans  cette  val- 
lée. Saint  Jérôme  a  cru  que  ce  leroit  en  ce  lieu  -  là 
que  (e  feroit  le  jugement  dernier.  Lyr.anus ,  Ribéra , 
Oiîander  ,  au  rapport  de  Tarnovius  ,  &  quelques 
autres  modernes  dans  (Ecolampade,  ont  fuivi  ce  fen- 
timent, tous  fondés,  comme  S.  Jérôme,  lur  les  pa- 
roles de  Joël  que  nous  venons  de  citer.  D'ailleurs  ils 
ont  cru  qu'il  étoit  alFez  vrailembl.^ble  que  JÉsus- 
Chrjst  parût  glorieux  dans  les  airs  au  dernier  jour  , 
&  vint  juger  les  honunes,  au  dellus  de  la  vallée,  où 
a  commencé  la  paillon.  D'autres  prétendent  que  ce 
ne  peut  être  là  le  lens  du  Prophète  ,  qui  ne  parle 
point  du  lieu,  mais  de  la  manière  du  fécond  avène- 
ment du  Sauveur  ;  que  la  vallée  de  Jofaphat  cft  trop 
petite  pour  contenir  tous  les  hommes  ;  que  le  relie 
du  chapitre  ne  cidre  point  à  cette  explication  ;  qu'ain- 
fi  il  eft  inutile  de  dire  que  ce  jugement  ne  fera  point 
dans  la  vallée,  mais  dans  les  airs  au  delfus  de  cette 
vallée.  Ils  prennent  ces  mots  vallée  de  Jofaphat 
pour  des  noms  appeilatifs ,  qui  lignifient  la  ■vallée  du 
jugement  de  Dieu.  Car  c'eft  ce  que  lignifie /()/i^>/u7£, 
ainli  qu'on  le  verra  par  l'étymologie.  Or  quelque 
part  que  le  falle  le  jugement  dernier ,  ce  lieu  fera 
toujours  en  ce  fens  la  vallée  de  Jofaphat.  Voye-^ 
Mercérus  ,  Tarnouvius  ,  Chafteillon  ,  Grotius  , 
&c.  D'autres  prennent  encore  le  mot  de  vallée  dans 
un  fens  moral ,  &  veulent  qu'on  entende  par  la  val- 
lée de  Jofaphat  la  profondeur  du  jugement  de  Dieu  ; 
mais  cette  interprétation  eft  moins  probable. 

Ce  mot  eft  compofé  de  nini  Jehovah  ,  nom  pro- 
pre de  Dieu  ,  Se  ViSfV ,  fcaphat ,  qui  lignifie  juger. 
Jofaphat ,  jugement  de  Dieu.  Le  mot  Hébreu  eft 
nStt'n"!  ,  Jehofchaphat. 

L'opinion  t^ue  ce  lieu  fera  celui  où  fe  fera  le  ju- 
gement dernier  a  produit  dans  notre  langue  une  ex- 
prellîon  populaire  J  mais  lort  hgnificative  j  &  quia 
fait  une  image  vive  de  ce  que  l'on  veut  dire.  Car 
pour  marquer  une  grande  multitude  de  peuple  alfcm- 
blée  en  un  même  lieu  ,  on  dit ,  c'étoit ,  ou  c'eft  la 
vallée  de  Jofaphat.  Je  viens  du  lermon,  ou  bien  du 
lalut;  il  y  a^voit  un  monde  infini-,  c'étoit  la  vallée  de 
Jofaphat.  Mais  cette  phrile  ne  doit  point  fottir  de- 
là converfation ,  ou  du  ftylç  lamilicr. 

LE  JOSAS.  Petit  canton  de  l'Ile^  de  France ,  entre  la 
Seine  tk  la  Beaulle.  Il  eft  difficile  d'en  maïqucr  à 
préicnt  les  bornes.  On  ne  le  iert  de  ce  mot  que  dans 
les  aiiaires  eccléliaftiques ,  &  pour  déligner  la  partie 
du  Diocèle  de  Paris  ,  qui  s'étend  au  midi  julqu'au 
Diocèle  de  Chartres. 

JOSEPH,  f.  m.  Nom  d'homme.  Jofephus.  Le  Patriar- 
che Jq/ct'^  ,  fils  de  Jacob  ,  premier  Miniftre  de  Pha- 
raonj  Roi  d'iigypre ,  eft  un  modèle  parfait  de  pureté 


J  O  S 

&C  de  continence.  Libenius  &  le  P.  le  Jay,  tous  deux 
lavansJéluites  ,  l'un  flamand  Ik.  l'autre  franijOis,  ont 
fait  fur  Jofeph  plulieurs  Tragédies  qui  font  imprimées. 

S.  Jofepli ,  époux  de  la  lainte  Vierge ,  étoit  de  la 
race  de  David. 

L'Hiftorien  Jof'phe ,  qui  nous  a  donné  les  Anti- 
quités Judaïques ,  l'hiftoire  de  la  guerre  des  Juifs 
contre  Velpahen  ,  tk  la  dellruCtion  de  Jérulalem , 
deux  livres  contre  un  Grammairien  nommé  Apion  ; 
un  Traité  de  1  Empire  de  la  raifon ,  qui  eft  un  éloge 
des  Machabées  ;  &  enfin  fa  propre  vie;  cet  Hiftorien, 
dis  je,  étoit  Juif,  fils  de  Âlathatias,  homme  conil- 
déré  également  &  des  Juifs  &  des  Romains.  Jofephe 
riroit  fon  origine ,  par  fon  père  ,  des  Grands  Prêtres, 
&  par  la  mère  des  Afmonecns.  Il  naquit  lous  Cali- 
gula.  Se  ne  mourut  que  lous  Domkien.  C'eft  une 
hmtaifie  d  appeler  cet  Hiftorien  Jofephe  ,  &  les  au- 
tres Jofeph  ;  comme  il  ce  n'étoit  p.*s  toujours  le  mê- 
me mot  ;  d'ailleurs  ,  l'ufage  condamne  ablolument 
cette  innovation. 
Joseph  d'Arimathie  eft  ainh  lurnommé  dans  l'Evangile , 
du  nom  d'un  botlrg  htué  daos  les  montagnes  d'E- 
phraïm  ,  èv  qui  tut  la  patrie. 

L'Empereur  Jofeph  ;  c'eft  le  frère  &  le  prédécef- 
leur  de  l'Empereur  Charles ,  fils  de  Léopold  I.  Il 
naquit  le  vingt  fixième  Juillet  1678  ,  tut  déclaré  Roi 
héréditaire  de  Hongrie  en  1687,  élu  Roi  des  Rom:iins 
le  ving  quatre  Janvier  1690  ,  marié  l'an  1699.  quin- 
zième de  Janvier ,  à  WiUelmine  Amélie  ,  fille  de  Jean 
Frédéric  de  Brunlvik  ,  Duc  d'Hannovre  ;  il  prit  pof- 
fellion  de  l'Empire  à  la  mort  de  Ion  père  l'Empe- 
reur Léopold  ,  arrivée  au  mois  de  Septembre  1 70J-. 
Il  mourut  le  dix  leptième  Avril  171 1. 

Le  Père  Jofeph  ,  c'eft  un  Capucin ,  fils  de  M.  le 
Clerc  ,  Prélident  au  Parlement  de  Paris ,  illuftre  par 
ion  habileté  dans  les  Controvetfes  &  dans  la  Poli- 
tique ,  dont  le  Cardinal  de  Richelieu  fe  lervit  beau- 
coup. Il  mourut  à  Paris  le  21  Décembre  1653,  nom- 
mé au  Cardinalat  par  Louis  XIII.  Projettant  un  jour 
avec  le  Cardinal  de  Richelieu  une  expédition  de  guerre 
qu'il  trouvoit  fiicile ,  il  marquoit  lur  la  cai'te  la  mar- 
che des  troupes,  leur  failant  palier  des  endroits  où 
il  n'y  avoit  point  de  pont ,  le  Cardinal ,  dit-on  , 
l'arrêta  ,  en  lui  difant ,  Cela  ne  va  pas  fi  vue  ,  Père 
Jofeph  :  où  pallcront  ces  troupes  î  Ces  paroles  pafte- 
rent  en  proverbe ,  &  l'on  dit  encore  quelquefois 
aux  gens  qui  ne  doutent  de  rien, qui  ne  voient  point  de 
difticulté,  à  ce  qu'ils  propolent  ou  entreprennent  : 
cela  ne  va  pas  ji  vue  ,  Père  Jofeph. 
HospiTALiÈRh  DE  S.  JosEPH  ,  OU  fille  de  S.  Jofeph. 
yoye-^  Hospitalière. 

Frère  du  Purgatoire  de  S.  Joseph.  Nom  prétendu 
des  Religieux  d'un  ordre  fuppolé  par  Abraham  Bruin, 
Se  Adrien  Damman  ,  par  Jolie  Ammanus  j  (?c  par 
Schoonebeck.  P.  Helyot.  Pref.  p.  g. 

Congrégation  de  S.  Jofeph.  C'eft  une  Congréga- 
tion de  Prêtres  fécuhers  ,  tondce  à  Rome  l'an  1620.  à 
l'exemple  de  S.  Philippe  de  Néri,  par  le  'V.  L'in- 
tention du  P.  Motta,  fut  de  former  des  Eccléliaftiques, 
qui  lans  oublier  leur  propre  perfection  ,  travaiUaf- 
fcnt  continuellement  lous  la  direclion  du  Pape  &  de 
Ion  Vicaire  dans  Rome  à  édifier  &:  inftraiie  les  peu- 
ples. Lins  aucun  intérêt  humain.  Les  Prêtres  de  cette 
Congrégation  ne  vivoient  pas  d'abord  en  commun  ; 
mais  l'an  1646.  lept  d'entr'eux  donnèrent  commen- 
cement à  la  vie  commune,  &  donnèrent  des  rentes 
à  l'Églife  de  S.  Pantaléon  ,  &  à  un  Moaaftèrc  voi- 
lin  que  les  Baliliens  avaient  abandonné  :  ce  qu'In- 
nocent X.  confirma  en  1646.  en  approuvant  leur  Con- 
grégation. En  1 6651.  il  ne  reftoit  plus  que  deux  de 
ces  lept  Prêtres  ,  qui  cédèrent  leur  maiion  à  la  Con- 
grégation. ClémentXI.  approuva  la  cellion  pour  ceux 
qui  vivi*Dient  en  communauté.  Le  Père  Marc  Soccini 
de  l'Oratoire,  leur  ht  àzi  conftitutions  qui  furent  ap- 
prouvées en  16S4.  par  Innocent  XI.  P.  Héliot.  T. 
FUI.  Cs- 

Congrégation  de  S.  Joseph.  Prêtres  Miirionnaires 
de  la  Congrégation  de  S.  Jofeph  ,  nommés  aulli  Cré- 
teniftesj  parce  tiu'ils  furent  établis  par  Jacques  Cre- 


J  o  s 

tcnct ,  l.xfc  ,  &  Ciiirurgien  de  profciîion  ;  mais  qui 
le  lit  lictic  en  1666. 

Sauis  ou  lilles  de  S.  Joseph.  Nom  d'une  Congré- 
gation de  tillts ,  qui  a  pris  l'on  origine  dans  la  ville 
du  l'iiy  en  Vélay.  lille  lut  criijée  en  16  jo.  par  Hcaii 
de  IvLiupas  du  Tour,  Evêque  &  Comte  de  cette 
ville  ,  à  la  {bliieitation  du  P.  Jcan-I'jerre  Médaille  , 
de  la  Compagnie  de  Jélus.  Ce  l'réi.it  la  confirma 
en  16  ji.  &  leur  preicnvit  des  rèyles  .iv'  une  forme 
d'habillement.  Il  contirnia  de  nouveau  (ïc  approuva 
leurs  coiilticutions  &  réglcmens  le  zj  Septembre 
i66j.  Le  Uoij  par  Lettres  Patentes  de  1666,  au- 
torila  tous  leurs  établiiiemens.  Elles  prennent  la  con- 
duite des  pauvres  dans  les  hôpitaux,  Se  la  dircdion 
des  mations  de  refuge.  Elles  tiennent  des  écoles ,  & 
emhralient  tous  les  exercices  de  charité  &  de  mifé- 
ricorde.  P.  Hélyot.  T.   FUI.  C.  24. 

On  appelle  Coton-Jofcph  _,  une  force  de  cocon  fi- 
lé de  médiocre  qualité  ,  &  de  peu  de  débit  eu  Frajjce. 
Oji  ditpopulairement  d'une  peribnne  qui  veut  s'en- 
gager dans  le  mariage ,  qu'elle  veut  être  de  l'Ordre 
de  S.  Jofipk. 
Joseph  pluant  ,  Jofcph  collé  ^  Jofiph  à  foie.  Ce  font 
des  noms  que  l'on  donne  à  certaines  efpèces  de  papier. 
San  -  Joseph.  Nom  d'un   bourg ,  ou   petite  ville  de 
l'Amérique  Méridionale.  Fanum  S.  JoJ'cphï.  Ce  lieu 
eft  dans  l'ile  de  la  Trinidad ,  ou  de  \x  Trinité,  fi- 
cuéc  dans  le  goire  de  Paria. 
San-Josi.pk.   /^oy^^  Sepan. 

JosÉi'HE.  t.  h  Terme  de  lleurifle.  Nom  d'une  Tulipe 
ilabclle,  rougeatre,  panachée  de  jaune,  avec  un  peu 
de  rouge.  Mokin. 
JoSÉi'KiNE.  f.  f.  Nom  de  femme  qui  a  reçu  le  nom  de 

S.  Jofeph  au  baptême.  Jofepha  ,  Jofiphina. 
Joséphine  ,  qui  (e  dit  des  hlles  de  l'iimpereur  Jofeph. 
Jopphina.  la  Cour  de  Vienne  ne  iauroit  avoir  ou 
blié  la  teneui  des  Contrats  de  mariage  &  des  Renor.- 
ciations  des  Archiduchellcs  Jqfephines.  Ranarq.  fur 
un  Refera  de  la  ville  de  Vienne  de  1 741. 
JOSÉPIN  ,  INE  ,  ou  JOi)LPHISTE.  f.  m.  &  f.  Nom 
de  Seite.  Jofephinus  ,  Jofephijîa.  'iÇJ  Les  erreurs  des 
Jofepins  furent  condamnées  par  Luce  III  en   11 84. 
&  par  Grégoire  IX.  en  1153.  Rciner  dans  fon  traité 
contre   les  Hérétiques   les    nomme  Jofeahiftes.   Ils  i 
avoieiit  apparemment  ce  nom  de  quelque  Chef  dont 
ils  fuivoieut  les  erreurs,  &  qui  le  nommoit  Jofeph. 
Il  y  a  auiîi  de  l'apparence  que  ce  n'étoit  qu'une  bran- 
che des  Vaudois.    Nous  ne  frvoiis  de  leurs  erreurs 
que  ce  qu'en  rapporte  Reiner  à  l'endroit  que  j'ai  ci- 
_té  ;  lavoir  ,  qu'ils  conrraCtoicnt  un  mariage  fpirituel 
&  qu'ils  ne  fe  permcttoient  point  l'acte  du  mariage  , 
mais  que  du  relie  ils  s'abandonnoient  à  toutes  fortes 
d'autres  impuretés. 

M.   l'Abbé  Fleuri ,  Hift.  Eccl.  Liv.  LXXIII.  p. 
S32,  dit   qu'il  n'a   rien  trouvé  de   ces  hérétiques. 
Rciner  Sachon ,   de  Plailance  ,   qui   vivoit  au  mi- 
lieu du  XilP.  iiècle,&  qui  fut  Chef  des  'Vaudois, 
&  enluitc   Dominicain  &  Inquillteur  Général ,  en 
parle  pourtant  dans  fon  Traité  contre  les  Vaudois. 
JOSIDA.  Ville  du  Japon,  fur  la  route  de  Méaco  à  Fa- 
maraatz,  à  trois  lieues  d'Alcafaka.  On  la   nomme 
aulïï  Joffida.  On  entre  dans  fes  fauxbcurgs  par  un 
pont  de  trois  cens  cinquante  pas  de  long.    C'eft  la 
même  qui  eft  nommée  Jofnda  dans  l'Amballade  des 
Hollandois. 
JOSSE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Jodocus ,  Judocus.  Saint 
Jojfe  étoit  fils  du  Comte  de  Juthaïl ,  que  nous  appe- 
lons Juël ,  Roi  d'une  partie  de  la  petite  Bretagne  en 
France  ,  &  frère  du  Roi  Judicacl ,  que  nous  appe- 
lons vulgairement  S.  Gignel.  Baillet  au  1 3  de  Dé- 
cembre. S.  Jojfe  après  avuir  refufé  la  couronne  que 
fon  frère  quitta ,  &  qu'il  lui  voulue  mettre  fur  la 
rete  ^  fe  retira  dans  le  Ponthicu  en  Picardie ,  où  il 
vécut  folitaire  ,  &:  où  il  mourut  vers  l'an  668.  Joffe  , 
Marquis  de  Moravie ,  fut  créé  Roi  des  Romains  en 
1410.  MoR.  Saint  Jojfe  aété  un  des  plus  remarqua- 
bles Icrviteurs  de  Dieu  en  ce  fiècle.  Godeau.  C'eft 
au  yil.  fiècle.  Saint /q//è  vint  dans  une  folitude  ap- 
pelée Brahic ,  ou  Radie ,  iic  maintenant  c'eft  le  vil- 


J  O  T  24r 

lagc  appelé  Roye.  lD.Florcr,tius  a  écrit  la  vif  de  S  Jolli 

SAINT  JtjSSH  sua  MER.  Nom  d'un  bourg  avec 
Abbaye.  Cella  S.  Jodo^i ,  ou  Judoci ,  anciennement. 
Qiiencavicus.  Il  eft  dans  le  Pontliieu  en  i  ijardic  à 
deux  lieues  de  Monrreuil ,  vers  la  côte.  Maty.  Ce 
heu  eft  près  de  l'embouchure  de  la  Candie.  Valois  , 
Nor.  Giilt.  p.  2)6. 

JOSSELASSAK.  f.  m.  c'eft  une  des  fortes  de  cotons 
filés  qui  lé  tirent  de  Smvrne.  Il  eft  moindre  que  ce- 
lui qu  on  nomme  Montaliln  ,  quoique  1  un  &c  l'au- 
tre le  cultivent  &  fe  recueillent  dans  le  mcui'.  can- 
ton. 

rr  JOSSELIN.  Foye:^  Joceun. 

JOSTE.  Prépofition.  Vieux  mot.  Auprès  :  du  Laiin 
JuxCa. 

JOSUE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Jofué ,  Jejus.  Le  con* 
duèfeur  du  peuple  de  Dieu  après  Moyfe  fut  Jofué , 
fils  de  Nun.  L'hiftoire  de  fon  gouvernement  e»:  dé- 
crite dans  le  Livre  qui  porte  fon  nom.  Ce  nom  s'en- 
tend aulli  de  ce  livre.  Ainfi  l'on  dit  ,  Manlius  a 
fait  un  fort  bon  commentaire  fur  Jofué ,  c'eft  à- 
dire ,  fur  le  livre  de  Jofué. 

ify  Ce  livre  comprend  l'hiftoire  de  l'entrée  du  Peuple 
de  Dieu ,  de  fes  premières  conquêtes  &  de  fon  eta- 
blillèment  dans  la  terre  promife  ,  fous  la  conduite 
Aq  Jofué.  C'eft  un  livre  canonique.  Ce  nom  eft  en 
Hébreu  yv^'ini  Jehofchua,  comme  de  Hi  1  nom 
propre  de  Dieu  ,,  &  yu",  qui  lignifie  falut.  Jehofchua, 
veut  dire  falut  de  Dieu. 

I  O  T.       J  O  T. 

IOTA.  f.  m.  C'eft  au  propre  un  petit  i  dont  fe  fervoienc 
les  Grecs,  la  neuvième  lettre  de  leur  alphabet.  On 
s  en  fért  dans  notre  langue  pour  dire  ,  la  plus  petite 
chofe ,  un  point ,  un  rien.  Je  vous  livre  cet  ouvrage 
complet,  il  n'y  manque  pas  a/2  iota.  L'Écriture  die 
aulîî ,  que  toutes  les  Prophéties  s'accompliront ,  & 
qu'il  ne  s'en  manquera  pas  un  iota.  Je  vous  dis  en 
vérité  ,  le  ciel  &  la  terre  périront  plutôt  que  tout  ce 
qui  eft  de  la  loi  ne  s'accomplillè  jufqu'à  un  feul  iota  , 
ou  un  feul  point.  Bouhours. 
JOTA.  Foyei  Jeta. 

JOTAPAIE ,  ou  JOTAPATA.  Nom  de  lieu.  Jotapata. 
C'étoit  anciennement  une  ville  très-forte  de  la  Pa- 
leltine.  Elle  étoit  dans  la  Galilée  intérieure ,  près  de 
la  mer  de  Galilée  ,  fur  des  rochers  extrêmement  hauts 
&:  elcarpés ,  6'c  qui  n'étoient  acceilibles  que  d'un  cô- 
te.  Joféphe  l'Hiftorien,  Juif,  étant  Gouverneur  de 
la  Galilée  ,  la  défendit  contre  Vefpafien  ,  qui  1  ayanc 
prife,  après  quarante- fept  jours  de  fiège ,  la  fit  en- 
tièrement ruiner.  Maty. 
JOTA  VILLA.  1.   f.  Nom  d'une  efpèce  d'alouette.  Ce 
font  les  Italiens  qui  lui  ont  donné  ce  nom.  Alauda, 
Italis  dicla  Jotavilla.   Cet  oifeau  a   le   chant  très- 
agréable  ,  &  n'eft  pas  connu  de  roue  le  monde  ,  la 
niaife  eft  la  meilleure,  la  mangeaille  eft  du  milice, 
du  chenevi,  ou  de  la  compohtion  que  l'on  fait  aux 
aloueetcs.  Le  mâle  a  une  peeite  couronne  fur  le  mi- 
lieu de  la  tête  ,  &z  bien  que  la  femelle  ait  la  même 
couronne  ,  elle  eft  néanmoins  plus  blanchâtre.  Ou- 
tre cela  le  mâle  a  l'ongle  de  derrière  ,  ou  plutôt  l'épe- 
I       ron  fi  long  qu'il  palle  le  genou.  La  Jotavilla  a  cou- 
I       tume  de  faire  fon  nid  dans  les  vallées  où  il  y  a  des 
I       arbres  feuillus;  il  eft  compofé  de  même,  que  celui 
de  l'alouette  commune,  elle  fait  quatre  ou  cinqœurs. 
La  bocagère  eft  très  bonne  ,  la  niaile  néanmoins  ex- 
celle pour  le  chant ,  elle  chante  la  nuit ,  ainli  que 
le  rollignol.  Quand  elle  eft  toute  élevée,  on  lui  don- 
ne de  la  navette  &  du  millet ,  elle  vie  environ  huit 
ou  dix  ans. 
JOTTE.  f.  f.  Herbe  potagère  ,  qu'on  appelle  autremene 

Bette ,  ou  poiréc.  Foyc^^  Bette. 
JOTTE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Les  Jattes  d'un  vaif- 
feau  font  les  joues  d'un  vailfcau  ;  c'eft  à -dite  ,  les 
deux  côtés  de  l'avant  depuis  les  épaules  jufqu'à  l'é- 
trave. 
JOTTEREAU.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Jottereaux  d'un 
vailfeau.  /^oyf^  Joutereau. 


24^ 


J  O  U 


J  o  u. 


JOU.  f.  m.  C'ccoic  le  véiitaîîle  nom  de  Jupiter,  dont 
■Jovis  ell  le  génitih  Les  Celtes  appeloient  ce  Ditii 
Jc).v,«:'efi:à-du-e,  le  jeune,  pour  marquer  que  Dieu 
ne  vieillit  jamais.  Le  mont  Jou ,  dans  les  Alpes  ,  que 
les  Latins  appeloient  Mans  Jovis  j  lui  étoit  confacré, 
ik  prouve  que  c'étoit  le  nom  de  Jupiter.  Le  jour  de 
la  femaine  qui  portoit  (on  nom  ,  dus  Jovis  ,  Jeudi, 
le  prononce  encore  dans  toutes  les  Provinces  méri- 
dionales de  la  France ,  Di-jou.  Enfin  c'elT:  lous  ce  nom 
de  jou  que  le  louveraindes  dieux  étoit  autrefois  connu 
&  honoré  dans  les  Gaules. 

IKTJOUAIL.  Terme  de  Marine.  Fnyei  Jas. 

Ip-JOUAILLER.  V.  n.  Jouer  à  perjt  jeu,  &  feule- 
ment pour  s'amiifer.  Il  e(l:  du  Itvle  familier. 

JOUAILLERIE.  Foyei  Joaillerie. 

JOUALLIER  ,  ERE.   F'oyei  Joallier. 

JOVANOT^  OTTE.  adj.  m.  &  i.  Vieux  mot.  Jeunet , 
jeunette.  Un  Prince  comparoir  une  de  fes  Maîtrelfe  à 
l'oifeau  de  Paradis ,  où  il  y  a  plus  de  plumes  que  de 
chair,  la  taxant  par  là  d'être  maigre.  Aulîl ,  dit  Bran- 
tôme, étoit  elle  tiop  jovanotte  pour  être  gralfe  j  n'y 
ayant  ordinairement  que  celles  qui  deviennent  âgées 
qui  prennent  de  l'embonpoint.  Dames  Galantes , 
tom.  r.  p.  m.  24.S.  2^p. 

JOUARA.  Petite  île  dcferte.  Gyarus  ,  ou  Gyaros.  Elle 
efl  dans  l'Archipel ,  entre  celle,  d'Andry ,  de  Ténos , 
&  de  Zéa.  Maty. 

JOUARRE.  Nom  d'un  village  avec  Abbaye.  Jotrum. 
Il  cil  dans  la  Brie  ,  Province  de  France,  l'ur  le  petit 
Morin  ,  à  demi  -  lieue  de  la  Marne  ,  &:  de  la  Ferté 
lous  Jouarre,  Maty. 

U  y  a  à  Jouarre  une  fameufe  Abbaye  de  Bénédic- 
tines tondée  vers  l'an  630.  par  Adon  ,  frère  de  S. 
Ouen-,  c'cft  pour  cela  que  Jouarre  eft  appelle  juarre 
les  Nonnains  ,  en  Latin  ,  Jotrum  Nonnarum.  On 
trouve  aulli  en  Lazlnjodorum ,  &  Jodariu/n.  D'abord 
on  a  dit  en  François  Juerre ,  &  enluite  Jouarre.  Va- 
jLOis.  Not.  Gall.p.  2  s 4-.  Voyez  fur  cette  Abbaye  \Hift. 
de  l'Eglife  de  Meaux ,  T.  I.  p.  ^j.  &c  fuiv. 

JOUAN.  Bourg  de  ¥t:a.na:.  Jocondiacum.  U  eft  dans  la 
Touraineprès  de  Tours,  lurle  bord  du  Cher.  Valois. 
iVV-  Gdll.  p.  2J-J. 

JOUBARBE  ,  ou  JONBARDE.  f.  f.  Plantç  qui  poulie 
des  feuilles  oblongues  ,  pointues,  gralles  ,  charnues, 
toujours  vertes ,  dilpolées  en  rond.  Il  s'élève  de  leur 
milieu  une  tige  à  la  hauteur  d'environ  un  pied  ,  ou 
plus  haute  ,  droite  ,  allez  grollé  ,  garnie  de  feuilles 
femblables  à  celles  d'en -bas;  mais  plus  étroites  & 
plus  pointues.  Ses  Beurs  font  portées  à  l'extrémité 
de  la  tige  ,  cjui  ell  divilée  en  quelques  branches  couiv 
tes  &  fans  teuilles.  Chaque  feuille  eft  compolce  de 
plufieurs  pétales  fort  étroits,  8c  de  couleur  purpu- 
rine. A  ces  rieurs  fuccédent  des  fruits  formés  par 
plufieurs  petites  graines  ramalfées  en  manière  de  tè- 
te ,  Se  remplies  de  (emences  lort  menues.  Cette  plan- 
te ,  que  l'on  nomme  grande  joubarbe  ,  Sedum  rnajus 
vulgare  C.  B.  pour  la  dillinguer  de  plufieurs  autres 
efpèces  de  joubarbe  qui  lont  plus  petites  ,  eft  rafraî- 
chiUante.  Il  y  a  une  efpèce  de  joubarbe  qui  s'élevc 
fort  haut ,  &  qui  poulie  des  tiges  &  des  branches 
en  manière  d'arbre.  Ses  Heurs  (ont  jaunes ,  c'eft  celle- 
ci  qu'on  nommoit  Sedum  arbore/cens ,  J.  B.  Cette 
plante  croit  lur  les  murailles  &  fur  les  toîts  des  mai- 
fons.  Elle  eft  fort  rafraîchi  11  ante  ,  propre  pour  les 
inHammations,  pour  adoucir  les  douleurs  de  la  brû- 
lure ,  de  la  goutte  ,  des  cancers. 

On  la  nomme  en  Latin  Sedum  majus  vulgare.  C. 
Bauii.  Pin.  18}.  Sedum  vient  àe  fédère ,  parce  que 
la  plupart  des  elpèces  de  joubarbe  lont  comme  ailî- 
les  lur  les  toits  &  fur  les  murailles  ,  où  elles  croif- 
fent ,  ou  bien  de  fcdare  ,  appaifer ,  parce  que  la 
•  joubarbe  empêche  les  inriammations.  On  la  nomme 
aullî  fempervivumk  caule  qu'elle  conferve  fa  verdure 
en  hiver,  aullî  bien  qu'en  été.  Autrefois  on  l'appc 
loit  jovis  barba  ,  ou  Jovis  herba, d'où  eft  venu  le  mo 
de  joubarbe. 


JOU 

Petite  Joubarbe,  f.  f.  p^'ermicularis.  Petite  plante 
dont  les  tiges  font  à  peu  près  de  la  longueur  de  la 
main  ,  dures  ,  ligneules  &  rougeâtres.  Ses  feuilles 
font  longuettes  ,  rondes  ,  charnues  ou  fucculentes  , 
ayant  la  ligure  d'un  petit  ver  ,  ce  qui  lait  qu'elle  s'ap- 
pelle en  Latin  f^ermicularis.  Ses  Heurs  naillent  en  les 
lommités  comme  en  bouquets  ,  blanches ,  compo- 
fées  chacune  de  cinq  feuilles  dilpolées  en  rofe.  Lorf- 
quc  cette  fleur  eft  palfée  ,  il  lui  luccèd^  un  petit  fruit 
compole  de  pluheurs  graines  ramalfées  en  tète  ,  ^ 
remplies  de  pluheurs  lemences-fort  menues.  Sa  ra- 
cine eft  menue  &  fibrée.  Cette  plante  croit  fur  les 
murailles.  Son  goût  eft  alfez  iniipide.  Elle  contient 
beaucoup  d'huile  &  de  Hegme  ,  &  peu  de  fel.  Elle 
entre  dans  la  compohtion  de  J'onguent  Populeum. 
Elle  eft  humectante  ,  rafraichilian.tc  ,  réfolutive,  con- 
folidante ,  propre  pour  les  maladies  de  la  peau  , 
pour  les  inriammations ,  pour  les  hémorrhoïdcs , 
écralée  <S<r  appliquée  extérieurement.  Lé.meri. 

JOUE.  1.  f.  Partie  du  vilage  qui  s'étend  dei  deux  cutés 
du  nez  jufqu'aux  oreilles  ,  &  depuis  les  tempes  jul- 
qu'au  menton.  Mala,  gêna.  Les  Médecins  divifem 
la  joue  en  deux  parties ,  &  appelle  la  pomme  ,  ou 
\c  pommeau  ,  la  lupérieure  qui  eft  un  peu  élevée  en 
bollette  ,  entre  le  nez  &  l'oreille  au-dcHous  des  yeux  , 
&  qui  eft  le  liège  de  la  pudeur,  parce  qu'elle  rou- 
git :  ils  appellent  Bouffe  ,  &c  en  Latin  buaa  ,  la  par- 
tie inférieure  qui  eft  plus  lâche,  qu'on  enfle  de 
vent  quand  on  veut  :  c'ert  la  joue  proprement  dite. 

Du  Cange  dérive  ce  vnoc  de  geuJiA  ,  mot  de  k 
bafle  Latinité.  Les  Picards  dilent  encore  aujourd'hui 
jeues.  Les  lemmes  le  tardent  les  joues  avec  du  rou- 
ge. La  pudeur  lui  a  mis  un  beau  vermillon  fur  les 
joues.  Il  vient  fouvent  des  fluxions  fur  les  joues.  Cou- 
vrir la  joue.  Donner  fur  la  joue ,  c'eft  donner  un 
fourilet  :  l'Évangile  en  ce  cas  confcille  de  tendre  l'au- 
tre joue  pour  en  recevoir  un  lecond. 

Ce  mot  vient  du  Latin  gêna,  qui  félon  Ifidore, 
vient  du  Grec  -/6»f«" ,  qui  lignihe  ^  la  barbe ,  parce 
que  les  joues  lont  les  parties  du  vilage  où  vient  la 
barbe.  Les  Grecs  appellent  le  menton  y£»uf  ^  pour  la 
même  raifon. 

On  dit,  coucher  en  joue  ,  pour  dire,  vifer  à  quel- 
que but  pour  y  atteindre  avec  une  arme  à  Icu  qu'on 
approche  de  la  joue.  On  dit  aulîî  au  figuré  _,  coucher 
en  joue  quelque  choie  ,  quand  on  la  confidère  bien 
attentivement ,  qu'on  la  dehre ,  &  qu'on  fait  les 
etlorts  pour  l'obtenir.  Cette  exprelîîon  _,  au  figuré ,  n'eft 
que  du  ftyle  lamilier. 

1^  On  dit  auOi  les  joues  d'un  cheval.  Ce  cheval  a 
trop  de  joues. 

^3"  On  le  lert  de  ce  mot  dans  les  arts ,  pour  défigner 
les  parties  de  certaines  machines  placées  fur  les  cô-   | 
tés  ,  correlpondantes  lune  à  l'autre. 

{iCTDans  l'Artillerie  On  appelle  joues  les  deux  côtés 
de  l'épaulement  d'une  batterie,  coupés  lelon  Ion  épaif 
leur  ,  pour  pratiquer  l'embralure. 

Joues  de  Peson.  Terme  de  Balancier.  Ce  font  des  ma- 
nières de  petites  plaques ,  qui  lont  de  part  &:  d'au- 
tre fur  les  broches  du  pefon. 

JOUE.    Terme  de   Marine.  Joue  de  vaillèau.   P^oyi\ 

JOTTE. 

JOUE.  Jocundiacum.  Bourg  de  France  en  Touraine , 
dans  l'Éleécorat  de  Tours. 

JOUÉE,  f.  f  En  terme  de  Maçonnerie  ,  fe  dit  des  côtés 
ou  de  l'épailleur  du  mur  dans  l'ouverture  ou  dans 
la  baie  d'une  porte,  d'une  fenêtre,  d'une  lucarne, 
par  où  on  tire  du  jour  ;  il  fe  dit  aulli  de  l'ailance 
avec  laquelle  jouent  les  po.rtes  ,  les  fenêtres  ,  &  quel- 
ques machines.  Lacera.  Cette  porte  n'a  pas  aftezde 
jouée  ou  de  jeu  ,  de  facilité  pour  s'ouvrir.  Jouées 
d' abat-jour ,  ce  font  les  côtés  rampans  d'un  abat- 
jour  fuivant  leur  talus  ,  ou  glacis.  On  dit  TM&jouees 
de  foupirail ,  pour  lignifier  la  même  chofe.  Jouée 
d'une  lucarne,  jouée  d'une  languette. 

Ce  mot  de  jouée  vient  de  jouer ,  quand  il  figni- 
fie  avoir  du  mouvement  :  car  la  jouée  des  portes , 
des  fenêtres,  ell  l'endroit  où  elles  jouent,  où  elles 
ont  leur  mouvement.  M.  Félibien  dérive  ce  mot  de 


JO  u 

celui  de  jour,  parce  que  c'cll  par  hs  jouées  que  vient 
le  jour. 
JOUELLE.  f.  f.  Ce  mot  le  trouve  dans  Pomcy,  pour 
iignihcr  une  forte  de  joug,  compoL-  de  trois  pièces, . 
de  deux  droites  ,  &c  d'une  qui  traverfe  ,  lequel  jou;; 
=  {"ert  à  arranger,  à  dilpolcr  les  Icps,  les  larmtns  de 
vigne  ,  d'une  certaine  manière.  Jugum.  Dreller  une 
vii'iie  en  jouelU.  Relever  la  vigne  lur  UjouelU'.  Ju- 
gare  vlneam. 

JOVENTE.  i.  f.  Vieux  mot.  Jcuneilè.  On  a  dit  aull' 
Jouvantc  &c  Jouvance.  On  a  dit  encoxtjûueue  ,  pour 
/îgnificr  la  même  choie. 
JOUER.  V.  a.  &  n.  Ludere.  S'amufer,  badiner,  faire  une 
chofe  agréable,qui  donne  du  plaiiir,  du  divertillemcnt, 
folâtrer  ,  fe  divertir.  ^  Dans  ce  fcns  on  l'empluie 
fouventavcc  le  pronom  perfonnel.  Les  znia.\\s  jouent 
enfemble  ,  ils  jouent  l'un  avec  l'autre.  Les  entans 
jouent,  (c jouent Avtc  leurs  hochets,  avec  leurs  pou 
pces.  Les  mères  fe  jouent  avec  leurs  enfans.  Ceux 
du  moyen  âge  jouent  à  de  petits  jeux,  au  fabot, 
aux  oli'elets ,  &c.  Elle  tcnoit  un  évantail  don:  elle 
jouait.  Bussi.  Les  jeunes  chiens  !k  les  petits  chats 
jouent  avec  leurs  petits ,  avec  une  balle ,  &c. 
IJC?  On  dit  aulll  fe  jouer  de  quelque  chofe  ,  faire  quel- 
que chofe  en  (e  jouant ,  iâns  application ,  (ans  pei 
ne,  en  s'amufant.  Vous  croyez  cela  fort  dilKcilei  je 
Tai  fait  en  me  jcmant. 
Jouer,  fe  dit  aulli  en  parlant  des  jeux  qui  ont  des  rè- 
gles. Jouer  à  la  Paume  ,  au  Billard,  aux  Échecs,  aux 
Dames  ,  aux  Cartes  ,  au  Hoc  ,  à  la  Bailette  ,  au  Bre- 
lan ,  &c.  Jouer  gros  jeu.  Jouer  jeu  de  garniton  ,  jouer 
de  fon  relte,  à  quitte  ou  à  double,  c'eftà  dire  ,  met- 
tre tout  au  halard,  le  piquer  au  jeu.  Jouer  de  mai- 
heur  ,  c'ell,  perdre  continuellement.  Donner  à  jouer; 
c'eft  tenir  Brelan ,  Académie ,  &c  tirer  pour  cela  tri- 
but des  joueurs. 
Jouer  s'emploie  auiïï  à  de  certains  jeux  de  cartes  ,  avec 
le  nom  de  la  couleur  dans  laquelle  on  joue.  Jouer 
en  carreau ,  en  cœur.  Je  joue  en  trèfle ,  ùc.  Et  Faire 
jouer  hgnifie.  Nommer  la  couleur  dans  laquelle  le 
coup  doit  être  joué.  C'cft  lui  qui  a   fait  jouer  en 
pique. 
Jouer  &  Faire  jouer ,  fignifient  à  de  certains  jeux  de 
cartes ,  jouer  fans  prendre  ,  ëc  Faire  jouer  lans  pren- 
«Ire ,  c'eft  à-dire  ,  fans  écarter ,  &  fans  prendre  de 
nouvellercartes  au  talon. 
Jouer  un  jeu  ,  lignine  ,  le  favoir  bien  jouer  ,  le  jouer 
par  préférence  ,  être  dans  l'ufage  ,  dans  l'habitude  de 
le  jouer. 
§3°  Jouer  le  jeu  ,  jouer  félon  les  règles  du  jeu.  Jouer 
bien  les  cartes  au  Piquet ,  tirer  tout  le  parti  polîible 
de  les  cartes  peur  faire  plus  de  mains. 
Jouer  quelqu'un  par  delîous  la  jambe  ,  lignifie  tîguré- 
ment  dans  le  ftylc  familier  ,  déranger  avec  facilité  les 
projets  de  quelqu'un  ,  &  par  fupériorité  d'efprit  ou  de 
conduite  ,  l'amener  à  nos  vues. 
Ce  mot  vient  du  Latin  Jocarl. 
Jouer  ,  fe  dit  fîgurément  en  morale  d'un  bon  nombre 
d'acl:ions  de  notre  vie  ,  à  caufe  des  métaphores  tuées 
de  plufieurs  fortes  de  jeux.  Ainfl  on  dit  jouer  a.u  Roi 
dépouillé,  pour  dire  ,  qu'on  vole  ,  qu'on- pille  ,  quon 
ruine  quelqu'un,  qu'on  emporte  jufqu'à  fes meubles, 
fes  habits.  On  dit ,  jouer  aux  barres  ,  quand  deux  per- 
fonnes'fe  cherchent  réciproquement  ,  &  en  même- 
temps  ,  &  ne  le  rencontrent  point.  On  dit ,  qu'un 
homme  joue  des  gobelets ,  non  feulement  au  propre , 
mais  aulli  quand  il  ufe  de  quantité  de  fouplelies  Se 
d'artifices  pour  tromper  ,  &  déguifer  une  a^faire.  On 
dit  aulli ,  qu'il  joue  d'adrelfe  ,  de  fînelTe  ,  qn'djoue  au 
plus  fin  ,  qu'il  joue  à  jeu  fur  ,  quand  il  vient  à  bout 
de  fes  delfeins  par  quelque  voie  que  ce  foit.  On  dit 
aulli ,  qu'on  va  jouer  des  couteaux  ,  quand  on  cft  prêt 
à  fe  battre  ,  à  avoir  la  guerre.  On  dit  qu'un  homme 
a  joué  pièce  à  un  autre  ,  qu'il  lui  a  joué  quelque  tour 
pour  dire  qu'il  lui  a  fait  quelque  affront ,  quelque  ni  - 
.che  ,  quelque  fupercheric.  f^oyei  PiâcE.  On  dit  en- 
core d'un  Capitaine  ,  d'un  homme  d'État,  qu'ils  ont 
joué  à  tout  perdre  ;  pour  dire  ,  qu'ils  ont  mis  lar 
mée  &  l'état  en  grand  danger.  Et  on  dit  d'un  par 


J  O  U  247 

ticulier  ,  qu'il  joue  à  fe  couper  ,  à  fe  blelTcr ,  à  fe  faire 
.pendre  ,  quand  il  le  met  en  danger  de  ces  accidcns. 
On  dit  d'une  coquette  ,  qu'elle  joue  de  la  prunelle  , 
pour  due  qu'elle  conduit  fes  yeux  avec  affeèt.ation  , 
à  dclléin  de  donner  de  l'amour.  On  dit  aulli 
qu'un  homme  fe  joue  de  l'argent  d'autrui  ,  lorf- 
qu'il  fait  profiter  l'argent  qu'il  doit ,  ik  qu'il  paie  le 
plus  tard  qu'il  peut.  On  dit  ,  jouer  du  pouce  ,  pour 
dire  j  compter  de  l'argent  pour  payer.  Il  elf  bas.  AcAu. 
Fr.  fouies  ces  façons  de  parler  approciicnt  fort  des 
proverbiales  ,•  &c  par  conlequent  on  ne  s'en  peut  fcr- 
vir  que  dans  le  ftyle  familier  Se  comique. 

On  dit  aulU  figurément  :  Jouer  di:  fon  refte  ,  pour 
dire  ,  Prendre  un  moyen  extrême  ,  après  lequel  il 
n'y  en  a  plus  d'autre  à  prendre.  Il  lignifie  aulll ,  Ache- 
ver de  coiifumer  fon  bien.  Il  a  joué  de  fon  refte  avant 
que  de  retourner  dans  (a  Province. 
Jouer  ,  fe  dit  aulîi  en  matière  de  difcours  Se  d'ouvra- 
ges ,  &'  lignifie  ,  S'égayer  ,  badiner.  Cet  Auteur  joue 
fur  les  mots ,  fait  des  allufions  ,  des  équivoques  ,  des 
antithèfes  ,  il  fe  joue  fur  toutes  fortes  de  lujets.  S. 
Augulfin  ,  &  les  Pères  ,  jouent  fouvciit  lur  les  nom- 
bres. C'eff  dans  une  Lettre  de  galanterie  que  l'ima- 
gination a  toute  la  liberté  de  fe  jouer.  M.  Scvd.  Il 
fe  joue  en  defcription  agréables  pour  charmer  le  lec- 
teur. Abl. 

Ce  ncjlpas  cependant  qu'une  Muje  un  peu  fine  , 
Sur  un  mot  quelquefois  ne  joue ,  &   ne  b^d:ne. 

BoiL. 

Jouer,  figniSe  encore.  Railler,  plaifanter;  rendre 
ridicule.  Ludificari.  Molière  a  joué  les  faux  dévots. 
Les  Saryriques  jouent  toutes  fortes  de  gensi  ils  jouent 
les  vices  de  leur  temps.  C'ell  un  tel  qu'ils  ont  joué 
fous  le  nom  de  Licidas.  On  dit  aufli ,  qu'on  joue. 
quelqu'un  ,  lorfqu'on  le  fût  courir  inutilement , 
ou  qu  on  le  trompe  ,  qu'on  l'amule  de  belles  paroles, 
&  de  vaines  promefîes.  Les  libertins  fe  jouent  de  l'É- 
criture ik.  des  chofes  les  plus  faintes  ,  ils  s'en  mo- 
quent ,  ils  en  font  des  profanations  ,  ^c.  Se  jouer 
fur  le  luxe  des  habits.  Abl.  Pour  dire  ,  s'en  railler  , 
s'en  moquer ,  s'en  divertir.  U  ne  faut  point  le  jouer 
de  l'amour.  H.  S.  de  M.  Elle  joue  la  dévote  ,  la  ca- 
pable ,  la  pcureufe  ,  la  petite  poitrine ,  la  meilleure 
fille  du  monde.  Mac.  de  Sev. 

On  dit  fe  jouer  à  quelqu'un  ;  pour  dire  l'attaquer 
mal  à-propos.  Ne  vous  ]oue\  pas  à  lui.  Ne  vous 
joue-[  point  aux  dévots  ,  une  querelle  avec  eux  n'eft 
point  un  fujct  de  rifée.  H.  S.  de  M.  Ces  canailles 
s'ofent  jouer  à  moi.  Mol.  On  dit  aufli ,  ne  vous  y 
joue\  pas  ,  ne  vous  joue-[  pas  à  cela  ;  pour  dire  , 
prenez  garde  à  ce  que  vous  allez  faire ,  ne  foyez 
pa.":  alfez  fou  ,  alTez  téméraire  pour  faire  cela ,  vous 
vous  en  repentiriez. 

En  jouer  à  quelqu'un ,  c'ell  lui  faire  un  affaire  , 
le  jetter  dans  quelque  embarras ,  le  traverler  en 
quelque  chofe.  Cette  exprellion  eft  balfe.  On  dit 
au  même  fens  ,  en  jouer  d'une  ,  en  jouer  d'une 
bonne. 

Sire  Appollon  dépité  contre  moi , 

De  ce  quavois  fait  écorne  à  fa  gloire  , 

En  le  quittant  pour  fuivre  une  autre  loi  y 

M'en  joua  d'une  ,  £*  par  malice  noire  , 

Durant  la  nuit ,  de  l'un  à  l'autre  bout , 

Gâta  l'ouvrage  ,  &  le  boufilla  tout.  P.  Du  Cerc. 

0Cr  Jouer,  ou  fe  Jouer  de  fon  fief,  en  Jurifpru- 
dence  féodale  ,  c'eft  en  aliéner  une  partie  ,  qui  n'ex- 
cède pas  les  deux  tiers ,  fuivant  la  coutume  de  Pa- 
ris ,  ou  autre  partie  du  fief ,  fuivant  la  difpoiition  de 
la  coutume  du  lieu;  de  manière  que  l'on  retienne 
la  foi  entière  avec  quelque  droit  Seisneurial  '^Do- 
manial fur  la  partie  du  fief  que  l'on  aliène.  Aliéner 
ainfl  partie  de  fon  fief  ,  fans  le  confentcment  de 
fon  Seigneur  ,  s'appelle  St  jouer  de  fon  fief,  parce 
que  cesYortes  d  aliénations  faites  par  le  vallal ,  avec 
réfei-ve  de  porter  toujours  la  foi  &c  hommage  pour 


248  J  o  u 

les  parties  aliénées  _,  ne  font  qu'un  jeu  ,  puirque 
ces  portions  de  fief  ainli  aliénées  ne  cellcnt  point 
de  faire  partie  du  même  fief ,  &  font  toujours  ga- 
ranties fous  le  même  hommage ,  fans  qu'il  y  ait  chan- 
gement de  vallal,   ^qyf^  aulfi  Démembrement. 

En  termes  de  Marine  ,  on  dit  qu'un  vailieau  joue 
fur  fon  ancre  ,  quand  il  eft  agité  par  les  vcntSj  &  en 
même  tems  arrêté  lur  fon  ancre. 

En  termes  de  Guerre  ,  on  dit ,  Faire /ouer  la  mine  , 
le  fourneau  ,  le  canon  ;  pour  dire  ,  y  mettre  le 
feu ,  le  tirer  pour  faire  brèche. 

On  dit  ;  Jouer  du  drapeau  ;  pour  dire  ,  Faire  vol- 
tiger un  drapeau  .ivec  adrelle. 
I^En  termes  de  Manège  ,  on  dit  qu'un  cheval  joue 
avec  fon  mors  ,  lorfqu'il  le  mâche  avec  action ,  en 
le  lecouant  dans  (à  bouche. 

En  termes  de  Méchanique  c^'  d'Hydraulique  j  on 
.  dit  Faire  jouer  les  machines ,  faire  jouer  les  fontai- 
nes ;  pour  dire  Mettre  les  machines  en  mouvement , 
lâcher  les  eaux  pour  leur  faire  faire  leur  eftet. 
^Cr  On  dit  que  les  eaux  ,  que  les  calcades  jouent , 
pour  dire  j  qu'elles  ne  font  plus  retenues ,  qu'on  les 
fait  couler  ou  jaillir.  On  dit  qu'une  clef  joue  bien 
dans  une  lerrure  ,  qu'une  porte  joue  bien  fur  tes 
gonds  ,  qu'un  pifton  joue  bien  dans  un  corps  de 
pompe  j  quand  leur  mouvement   eft  libre  &  aiié. 

Dans  un  lens  métaphorique  ,  on  dit  faire /o/^er  des 
reilorts  ;  pour  dire  ,  agir  ,  intriguer  pour  qu'une 
choie  réullllfe.  Il  fe  mit  en  tête  de  venir  à  bout  do 
fes  delfeins  avant  fon  départ  ;  pour  cet  etîet  il  fit 
jouer  toutes  fortes  de  relforts.  Mil.  l'Héritier. 
Dans  le  Méchanique  ,  on  dit  aulli  jouer  ,  de  routes 
les  pièces  des  machines  &  des  ouvrages;  pour  dire , 
avoir  le  mouvement  libre  ,  aifè  ,  convenable  à  l'etïet 
qu'on  attend  ,  à  la  fin  qu'on  s'eft  propofèc. 

En  Mulique  ,  Jouer  des  inftrumens  ,  lignifie  les 
toucher  avec  art ,  enlorte  qu'ils  falfent  un  fon  agréa- 
ble à  l'oreille.  Jouer  des  orgues ,  du  luth  j  du  clave- 
cin ,  du  violon  ,  de  la  vielle.  |C?  On  dit  aullî , 
Jouer  de  la  trompette ,  jouer  du  cor ,  mais  plus  ré- 
gulièrement fonner  du  cor  ,  de  la  trompette.  On 
dit  aulîl ,  Joue:^  une  gavotte  ,  un  branle  ,  une  cou- 
rante ,  quand  on  veut  entendre  une  de  ces  fortes 
d'airs. 
Jouer  à  couvert.  Terme  de  Mufique  à  inftrumens. 
C'eft  en  Jouant  d'un  inftrument  à  vent ,  comme  la 
mufctte  ,  le  chalumeau  ,  ne  lever  qu'un  doigt  à  la 
fois  de  defllis  fon  trou  ,  6c  tenir  tous  les  autres 
trous  de  l'inftrument  fermés  avec  les  doigts  qui  les 
couvrent.  En  jouant  de  la  mufette  il  ne  fiut  jamais 
lever  qu'un  doigt  à  la  fois  ,  fi  ce  n'eft  lorfque  l'on 
tremble  ;  8c  c'eft  ce  qu'on  appelle  jouer  à  couvert. 
Anonyme,  Traite' de  la  Mufette ,  P.  I,  C.  7. 
Jouer  à  découver.  C'cft  au  contraire  lever  pluheurs 
doigts  enfemblc  ,  découvrir  plufieurs  trous  à  la  fois. 
Le  jeu  à  découvert  eft  plutôt  celui  de  la  mufette 
èzs  Bergers  ,  que  l'inftrument  dont  nous  parlons 
ici  ,  du  chalumeau  fîmple.  Idem. 

En  Pocfie  on  dit ,  que  les  amours  jouent ,  folâtrent 
fur  le  fein ,  dans  les  cheveux  d'une  belle  ;  que  les 
Zèphirs  jouent  fur  les  fleurs  ,  fur  les  eaux  ;  que  les 
Tritons  jouent  lut  la  mer  ;  que  la  Fortune  fe  joue  des 
humains  j  pour  dire ,  qu'elle  renverfe  les  projets 
des  hommes.  Luduni  infolentem  ludere  peninax. 
La  fortune  fe  joua  des  ordres  qu'il  avoit  donnés 
Vaug. 

Au  Théâtre,  on  dit  qu'on  joue  un  Pocme  Dra- 
matique ,  pour  dire  ,  qu'on  reprèl'ente  une  Tragédie  j 
une  Comédie ,  une  Paftorale.  On  joue  Cinna  ,  les 
Horaces ,  Andromaque  ,  le  Tartuffe  ,  &c.  On  dit 
qu'un  homme  joue  la  Comédie  ,  pour  dire  ,  qu'il 
eft  Comédien  de  profeftlon.  On  dit  en  ce  fens  , 
qu'il  joue  bien  Ion  perlonnage  ,  qu'il  joue  bien  fon 
rôle  ;  pour  dire  qu'il  fait  bien  l'Amant  ,  le  père , 
ou  autre  chofc  ,  qu'il  en  prend  les  airs  ,  les  maniè- 
res ,  le  langage  :  qu'un  Bouffon  joue  bien  la  farce  , 
qu'un    Charlatan  joue  bien  des    marionettes  ,  &c. 

De  là  ,  quantité  de  façons  de  parler  figurées. 
Cet  homme  joue  la  Comédie  ;  pour  dire  ,  ÇCf  II 


jo  u 

feint  ce  qu'il  ne  fent  pas.  Jouer  l'affligé ,  jouet 
l'homme  d  nnportance ,  feindre  l'un  te  l'autre ,  cher- 
cher à  en  impofer  là-dcftus.  Remarquez  combien 
de  perfon nages  ditférens/o«e  un  Courtifan.  M.  Esp. 
Un  honnête  homme  ne  cherche  point  à  monter  (m 
le  théâtre  du  monde  :  mais  la  Fortune  l'y  place  ,  il 
y cwc- parfaitement  bien  fon  rôle.  S.  EvR.  Après  que 
l'AmbalIadeur  a  bien  joué  (on  rôle  dans  les  fondions 
de  (on  caractère  ,  il  doit  faire  l'honnête  homme 
quand  il  ne  joue  plus  la  Comédie.  Wicq.  Une 
feule  bonne  aâion  ne  fait  pas  un  honnête  homme  : 
ce  n'eft  bien  fouvent  qu'un  perlonnage  qu'on  jouti 
S.  EvR.  On  dit  aullî ,  qu'un  homme  joue  un  fot.  j 
perfonnage  ,  quand  il  eft  dans  un  pofte  dcfavan- 
ragcux  ,  quand  il  n'y  a  ni  honneur  ni  profit  à  acqiiç- 
rir  en  une  aftaire. 

X^ue  vous  jouez  au  monde  un  petit  perfonnagel 

Moi. 

Jouer.  Terme  de  Joaillerie.  Il  fe  dit  de  la  feuille  que 
l'on  met  ious  une  pierre  ,  pour  lui  donner  de  l'é- 
clat. 

Jouer  ,  fe  dit  encore  de  deux  chofes  différentes  qui 
font  un  bon  eftct  ,  loriqu'elles  font  jointes  enfem- 
blc ,  &  qui  réjouiffent  la  vue.  Ces  deux  étofes 
jouent\)\zn  enfemble.  Cet  alfortimemyo^e  fort  bien, 
tic  eft  de  bon  goût. 

Jouer  -,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  :  Jouer 
de  l'épèe  à  deux  talons  ,  c'eft-àdire,  s'enfuir.  On 
dit  qu'un  homme  eft  parent  du  Roi  David  ;  qu'il 
joue  de  la  harpe,  ou  qu'il  jOue  d-e  la  poche,  qu'il 
joue  de  la  grifte  ,  pour  dire  ,  qu'il  eft  lujet  à  déro- 
ber ce  qu'il  trouve.  On  dit  de  celui  à  qui  on  fait 
dèbouricr  beaixcoup  d'argent ,  qu'on  lui  a  fait  jouer 
du  pouce.  On  dit  aufli  d'un  qui  fe  pique  fort  au 
jeu  ,  qu'il  joueroit  jul'qucs  à  fa  chemile.  On  die 
d'un  homme  qui  de  deux  moyens ,  de  deux  expé- 
diens  ,  choifit  celui  où  il  y  a  le  moins  de  rifque, 
qu'il  joue  au  plus  sûr.  On  dit  qu'un  homme  joue 
à  la  faulle  compagnie ,  quand  il  trompe  ,  quand  il 
abandonne  fes  alfociés  ;  quand  il  joue  au  boute-hors  , 
quand  il  tâche  de  débutquer  Ion  collègue  ,  fon 
compétiteur  ,  fon  rival.  On  dit  aullî  ,  qu  U  joue  les 
deux  ,  quand  il  a  intelligence  avec  les  deux  parties 
contraires,  &  qu'il  trompe  l'un  &  l'autre.  On  dit, 
d'un  tour  ufé  ,  &  quelquerois  d'un  vieux  conte  , 
Cela  fut  joue'  à  Loches.  On  dit  auflî  qu'il  ne  faut 
pas  Ce  jouer  a.  {on  Maître;  pour  dire  ,  attaquer,  cho- 
quer uiï-plus  puiilant  que  foi. 

Jouer  aux  pots  caftes.  Façon  de  parler  proverbiale, 
pour  dire  ,  S'expofer  au  danger,  à  des  pertes  confi» 
dérables ,  rifquer  tour. 

Un  Roi  feul  demeure  ; 
Les  fots  font  chajjes  : 
Fortune  à  cette  heure  j 
Jotie  aux  .pots  cajfe's. 

Sat.  Ménip.  ïn-oCcÎLW.p.  2}. 

On  dit:  Jouer  z.  quitteou  à  double  j  pour  dire, 
Mettre  tout  au  hafard ,  rifquer  le  tout  pour  le 
tout 

Joui  ,  ÉE.  part.  On  dit  proverbialement  au  jeu  des 
Dames  ,  du  Triètrac  ,  &  des  Echecs ,  Dame  tou- 
chée ,  Dame  jouée ,  pour  dire ,  que  quand  on  a 
touché  une  pièce  ,  on  eft  obligé  de  la  jcuer. 

JOUEREAU.  f.  m.  on  prononce  joûreau.  Celui  qui 
joue  mal  à  quelque  jeu  que  ce  foit ,  ou  de  quelque 
inftrument.  In  ludo  ruais.  On  le  dit  auill  de  celui  qui 
joue  trop  petit  jeu.  Il  eft  familier. 

JOUET,  f.  m.  Ce  mot  {i::  dit  de  toutes  les  bagatelles 
avec  lefquellcs  on  amufe  &  on  fait  jouer  les  en- 
fans.  Crepundia.  Une  poupée  ,  un  cheval  de  bois , 
eft  un  jouet  d'enfans.  Les  Déclamateurs  ont  avili 
l'éloquence  ,  &  en  ont  fait  un  jouet  ,  Se  un  amu- 
(ement  d'enfans.  S.  EvR.  Les  Bimblotiers  ne  trafi- 
quent que  des  jouets  d'enfans.  Ariftote  dit  qu'Ar- 
chitas  de  Tarente  fut    le  premier  qui  inventa  les 

jouets 


J  o  u 

jouets  qui  font  du  bruir,  pour  amufer  lesenTans. 

JouLT  j  le  die  aiiili  de  ce  qui  fcit  à  anuifcr  les  gniidcs 
pciibnncs.  Cette  femme  a  un  petit  chien  qui  lui  lei\ 
de  jouet.  Ce  Bourgeois  fait  danler ,  lauter  Ion  peut 
eninnt  ,  c'eft  tout  fbn  jouet, 

Jcurr,  fe  dit  figurcmeiit  des  perfonncs  dont  on  le 
joue  ,  dont  on  le  moque  ,  qui  diveitillent  les  au- 
res.  Ludihnum  ;  litdus  ,  fabula.  Il  clt  le  triltc  jouet 
de  les  ennemis.  Sca!^..  C  eit  un  folatic  qui  len  de 
jouet  à  tout  le  monde.  Etre  le  jouet  des  lots.    Abl. 

Jouet,  le  dt  encore  de  ceux  qui  lont  allujctis  a 
leurs  pallions  ,  qui  en  l'ont  les  elclaves  :  ou  de  ceux 
qui  font  en  butte  à  la  Fortune  -,  qui  font  l'objet  de 
fon  inconllance  ,  &c  de  les  caprices  ,  qui  éprou- 
vent les  revers.  Vous  êtes  le  jouet  à  une  folle  pal 
lion.  Ce  malheureux  Prince  étoit  le  jouet  dune 
femme  fatis  pudmr.  Fén.  Errant  de  pallion  en  paf- 
fion  nous  devenons  le  jouet  de  la  Fortune  ,  &  de 
notre  propre  cupidité.  FlÉc.  Je  fuis  le  monde  pour 
n'être  plus  le  jouet  as  la  Fortune  ,  &  n'éprouver 
plus  fon  inconllance.  S.  £vR. 

Miférables  jouets  ie  notre  vanité.  Boit. 

Vous  femhloit-  il  croyable  , 
Que  le  trijh  jouet  d  un  jhft  impitoyable  , 
Dût  connaître  l'amour ,  & /es  Jolies  douceurs? 

Rac. 

Mi/érable  jouet  de  l'aveugle  Fortune  , 
F'iclime  des  maux  (j"  des  loix , 
Homme  ,   toi  qui  par  mille  endroits 
Dois  trouver  la  vie  importune  , 

D'où  vient  que  de  la  mort  tu  crains  tant  le  pouvoir? 

Des-Houl. 

^^  On  dit  aulîl  figurément  y  qu'un  vaiifeaii  eft  le 
jouet  des  vents  ,  des  Ilots ,  de  la  tempête. 

JOUET,  f.  m.  Terme  de  Marine.  On  appelle  jouets 
des  plaques  de  fer  de  diverfes  longueurs ,  donc  lu 
fage  ell  diftérent ,  félon  l'emploi  qu'on  en  fait.  On 
appelle  jouets  de  pompe ,  ceux  qui  font  cloués  aux 
côtés  des  fourches  de  la  potence  d'une  pompe  ,  au 
travers  de  laquelle  on  fait  palier  des  chevilles  qui 
fcrventà  tenir  la  bringuebale  ou  brinbale.  Les  jouets 
qui  empêchent  l'eùleu  des  poulies  d'entailler  le  fep  , 
font  appelés  jouets  de  fep  de  dnjfe.  Jouet  eft  aulli  le 
nom  qu'on  donne  à  une  pièce  de  bois  qui  traverfe 
la  tige  de  l'ancre  par  le  bout ,  &  force  l'ancre  de 
comber  lur  une  de  les  pattes ,  &  de  mordre  le 
terrain.  On  l'appelle  ordinairement  Jas  ,  Se  EJJieu. 
A.xis. 

p3"  Jouet  ,  Terme  de  Manège.  C'eft  une  petite 
chaînette  lulpendue  à  la  brifure  du  canon  qui  forme 
l'embouchure.  Acad.  Fr.  On  met  un  jouet  dans 
la  bouche  du  cheval  ,  pour  en  foUiciter  l'aclion. 

JOUEUR ,  EUSE.  f  Qui  joue  ,  ou  qui  fiit  jouer , 
qui  a  l'inclination  au  jeu.  Lufor.  Rien  n'eft  fi  grave , 
&  Il  férieux  qu'une  aifcinDlce  de  Joueurs  ;  une 
tiiftc  févérité  rigne  fur  leurs  viliges-,  implacables 
l'un  pour  l'autre  ,  ik  irréconciliables  ennemis  :  tant 
que  la  léance  dure ,  ils  ne  reconnoilfent  ni  liai- 
fons  ,  ni  diflindions  :  le  halard  leul  ,  aveugle  & 
farouche  divinité  ,  prélldc  au  cercle  ,  &  y  décide 
fouverainement  :  en  un  mat  toutes  les  puilfances 
fulpendues  cèdent  à  une  leule  :  c'cil:  celle  du  jeu. 
La  Br. 

Un  Joueur  d'un  commun  aveu  , 

N'a  rien  d'humain  que  l'apparence.  Des  H. 

Les  remontrances  ne  corrigent  point  un  joueur 
de  profelilon  j  ce  font  les  revers  de  la  Fortune.  S. 
EvR.  Un /o;<^ar  toujours  diftrait  ,  toujours  Ibufi 
lant  après  le  gain  ■■,  ëc  toujours  roulant  dans  fa  tcte 
quelque  incident,  néglige  d'ordiMiie  le  foin  d'ur, 
ctabii!;emenc  folide.  Id.  !l  y  a  peu  de  diiérence 
entre  les  joueurs  ds  profelliun  ^  &  ies  voleurs.  Thiers. 
Il  faut  jouer  pour  le  divenir  ,  enforte  qu'on  ne  voie 
Tome   p". 


J  O  U  249 

fur  le  vifigc  des  joueurs  ,  ni  la  crainte  de  perdre  , 
ni  l.i  douleur  d'avoir  pcrau.  S.  tvR.  Il  clt  allez 
ordinaire  aux  joueurs  ,  &  aux  joueufes  ,  de  le  re- 
pc/itir  inutilement,  &:  de  retourner  au  jeu.  M.  icoD. 
f^oyei  le  Virelay  de  M.  l'Abbé  Régnier  fur  les  ex- 
cès. Il  y  parle  des  joueurs  &  des  joueujcs.  11  leur 
diloit  que  les  tromperies  ,  les  querelles ,  les  cm- 
portemens  ,  ôc  les  blalphèmes ,  ctoient  défendus 
aux  joueurs  ,  mais  que  le  jeu  n  étoit  pas  détendu 
aux  loldats.  Boun. 
$3"  On  appelle  beau  joueur  ,  un  homme  qui  a  des 
procédés  honnêtes  au  jeu  ,  foit  qu  il  gagne  ,  foit 
qu'il  perde.  Vilain  joueur  ell  Ion  oppolé.  Un  bon 
joueur  eft  un  homme  qui  joue  bien  ,  polléde 
bien  le  jeu.  Théopliile  Lucas  a  fait  en  Anglois  une 
hilloire  des  joueurs  célèbres  ik  de  leurs  friponneries. 
Beau  joueur  ,  bon  joueur  j  aimable  joueur  ,  fage 
joueur  ,  grand  joueur  ,  fin  jou:ur.  1  outes  ces  ex- 
prelllons  ont  un  lens  ditiérent.  Un  beau  joueur  eft 
un  homme  qui  reçoit  d'un  vifage  égal  la  bonne  & 
la  mauvaile  rortune.  Un  bon  joueur  eft  un  homme 
qui  fait  bien  les  parties.  Un  aimable  joueur  eft  un 
homme  qui  donne  facilement  des  revanches.  KJw 
fage  joueur  eft  un  homme  qui  ne  k  livre  point  trop 
aux  caprices  de  la  fortune  j  qui  ne  le  pique  point 
de  la  perte  J  &  qui  lait  le  prévaloir  de  l'on  bon- 
heur ,  enfin  qui  eft  capable  de  faire  de  grands 
gains,  &  qui  ne  peut  faire  que  de  médiocres  per- 
tes. \in  grand  joueur  eft  un  homme  qui  entreprend 
de  grands  coups  ,  qui  joue  hardiment  de  grolfes 
fommes.  Un  hn  joueur  eft  un  homme  raffiné  au 
jeu  „  qui  dans  les  coups  difficiles  ou  délicats,  prend 
bien  Ion  parti.  C.  De  Rior.  Grand  joueur  c&  aulli 
un  homme  qui  joue  beaucoup ,  qui  joue  continuel- 
lement. C'eft  encore  un  homme  très-habile  au  jeu." 

On  appelle  un  grand  joueur  de  Paume  ,  un  grand 
joueur  d  Échecs  j  ceux  qui  jouent  à  ces  jeux  avec 
grand  avantage  lur  les  autres  ,  qui  y  excellent  ;  & 
aux  autres  jeux  ,  celui  qui  ne  fait  autre  métier 
que  de  jouer  ,  ou  qui  joue  gros  jeu. 

On  dit  figuréraent  ,  qu'un  homme  eft  un  rude 
joueur ,  pour  dire  ,  qu'il  eft  brave  ,  qu'il  fe  bac 
bien  ,  qu'il  eft  dangereux  ,  qu'il  eft  à  craindre. 
Que  vous  êtes  une  rude  joueuje  en  critique  !  Mol. 
On  le  dit  aulli  de  celui  qui  blelfe  les  autres  en 
jouant  à  des  jeux  de  main. 
^CT  Joueur  d'instrument.  Celui  qui  joue  d'un  inf- 
trument.  Joueur  de  violon  ,  ou  violon.  ï^oy.  ce 
mot.  Joueur  d'orgues.  Organifte.  l^oye:^  ce  mot. 
Joueur  de  harpe  ,  de  clavecin.    &c. 

On  appelle  auili  joueurs  de  firces  ,  joueurs  de 
gobelets  j  joueurs  de  marionnettes  ,  des  Cnarlat^ns  , 
qui  amulent  le  public  par  ces  lortes  de  moyens , 
éc  qui  amallent  le  peuple  pour  vendre  leurs  drogues. 
Alimi.  agyrtA,  circumforauei. 

On  dit  proverbialement  ,  Au  bon  joueur  va  la 
balle  ,  ou  la  balle  cherche  le  joueur  ;  poui  dire  que 
ceux  qui  excellent  en  une  profellion ,  lont  ceux  qui 
ont  le  plus  depratiQue. 
JOUFLU  ,  ou  JOUFFLU  ,  UE.  adj.  Qui  a  de  grolTes 
joues.  Bucculatus  ,  hucculentus.  On  dépeint  les  ver-ts 
avec  des  vilages  jouflus  ,  qui  ont  les  joues  enHces. 
Il  le  prend  aullî  (ubllantivement.  Deux  gros  joujlus. 
Mol.  Il  eft  familier,  &  ledit  particulièrement  des 
petits  enfans  qui  ont  trop  d'embonpoint.  C'eft  un 
gros  jouflu  ,    c'eft   une  grolle  joufiue. 


Que  d'une  aimable  mère 

Naiffe  un  beau  jour  quelque  petit  jouflu, 
Digne   des  vœux  de  l'aïeul  ù"  du  père.  R. 

JOUG,  f  m.  (  Faites  un  peu  fenrir  le  g  ).  Pièce  de  bois 
traverfant  par-delfus  la  tcte  des  bœufs  ,  avec  la- 
quelle ils  font  attelés  pour  labourer  ,  ou  pour  ti- 
rer quelque  voiture.  Jugum  ,  Joug  de  chariot.  Vaur. 
Les  chevaux  commencèrent  à  fe  cabrer  ik  à  fecouer 
le  joug.  Vaug. 

On  appelle  auflî  joug ,  le  fommet  ou  le  fléau  de 
la  balance. 

li 


zyo 


J  O  U 


Ce  mot  vient  du  Lznn  jugum ,  du  Giec  {^ly.; ,  qui 
figmlie  ia  même  choie. 
Joug  ,  le  dit  figurémeiit  en  Morale  ,  en  parlant  des  cho- 
fes  qui  aHajctillent ,  qui  contraignent  la  liberté ,  ou 
qui  nnpol'entune  elpece  de  lervuuJe.  Jesus-Christ 
dit  que  l'on  /oug  eft  doux-,  c'ell-à-dir?,  la  domma- 
tion,  fl's  comnianJcmens.  Le  yc;/^' de  Jésus-Christ 
cil  léger,  plus  par  lamour  qui  en  loulage  le  poids , 
que  par  la  nature  des  choies  commandées  qui  ion;: 
dures  à  la  chair.  S.  ÉvR.  On  regarde  d'ordinaire  fon 
devoir  comme  lui  maître  fâcheux ,  &  on  cherche  à 
fecouer  un  joug  qu'on  ne  porte  qu'à  regret.  S.  EvR. 
Les  Chrétiens  d'Alie  languillent  ious  le  joug  inCup- 
portable  des  Mahométansi  ils  n'en  peuvent  fecouer 
le  joug.    U  fiut  qu'ils  plient  ious  le  joug.    Celles 
qu'on  a  mariées  malgré  elles ,  re^-oivent  a  la  (în  par 
devoir ,  un  joug  qu'on  leur  a  impoié  par  nécelllté.  Id. 
Je  cherche  à  malfranchir  dujoug  des  cérémonies. 
S.  ÉvR.    Les  Romains  impoibient  le  joug  de  leur 
langue  aux  Nations  vaincuesj  avec  celui  de  la,  lervi- 
tude.  Bou.    L'ulage  eft  un  joug  pelant  qu'il  faut  fe- 
couer quelquefois,  pour  donner  une  honnête  liberté 
à  l'ciprit.  Id.  La  Reine  Marie  s'eft  trop  mal  trouvée 
du  joug  d'Efpagne  ,  pour  croire  que  la  Reine  Elita- 
beth  le  veuille  reprendre  ,  &  qu'elle  le  laille  éblouir 
à  l'éclat  de  tant  de  couronnes  jointes  enlcmble.  P. 
de  Cl.  U  y  a  des  tilles  qui  ne  fe  mettent  fous  le  joug 
du  mariage ,   que  pour  n'être  plus  ious  le  joug^  de 
leurs  parens.  Div.  Cu.  Elle  plia  avec  douceur  Ibus 
le  joug  de  l'autorité  maternelle.  Fl.  Les  jeunes  gens 
regardent  les  devoirs  de  la  vie  comme  un  joug  infup- 
portable.  S.  Évr.    Les  vaincus  portoient  impatiem- 
ment Icjoug  de  la  fervitudc.  Fén. 

Heureux  qui ,  facisfait  de  fon  humble  fortune , 
Libre  du  joug  fuperbe  où  je  fuis  attaché , 
f^it  dans  l'état  obfcur  où  les  dieux  l'ont  caché. 

Rac. 
Le  foin  de  notre  gloire  , 
Jette  fur  nos  defirs  un  joug  impérieux.  Corn. 

Les  Romains  faifoient  palfer  fous  le  joug ,  mitte- 
hant  fuh  jugum  ,  les  ennemis  qu  ils  avoient  v.rincus , 
c'eft  à-dire  ,  qu'ils  les  faiioient  palier  ibus  une  ei- 
pcce  de  fourches  patibulaires.  C'étoit  une  arme 
comme  une  pique  ,  ou  une  hallebarde  pelée  de  Tra- 
vers, &  foutenue  fur  deux  autres  drelfces  à  plomb. 
gCTCela  formoit  une  efpèce  de  baie  de  porte^  plus 
balfe  que  la  hauteur  d'un  homme  ordinaire.  Les  vam 
eus  qui  y  paifoient  l'un  après  l'autre  ,  prelquc  nuds  j 
croient  obligés  de  fe  bailfer ,  ce  qui  marquoit  l'en- 
tière foumillîon.  Après  cela ,  ils  traitoient  humai- 
nement leurs  ennemis  &  les  renvoyoient  dans  leius 
maifons.  Palfer  fous  \zjoug  étoit  le  comble  du  dés- 
honneur. 

Régnier  &:  Brébeuf  on  dit ,  faire  joug  ,  pour  fe  fou- 
niettre.  On  dit  que  tout  fait  joug  devant  un  Prince  , 
devant  une  armée  j  pour  dire  que  tout  cède  ,  que  rien 
ne  réfille.  Cette  exprellion  n'ell  plus  en  ufrge. 

L'ajlre  qui  de  naijfance  à  la  Mufe  me  lie  , 
Me  fait  rompre  la  tête  après  cette  fotie 
Que  je  reconnais  bien  :  mais  pourtant  malgré  moi , 
Il  faut  que  mon  humeur  fajje  joug  à  la  loi. 

Régnier. 

L'Aufonien  par-tout  fait  joug  à  fes  efforts. 

Brebeuf. 
Régnier  a  dit  proverbialement. 

Le  bœuf  aime  le  joug ,  que  toutefois  il  traîne  , 

Pour  marquer  qu'on  aime  fouvent  les  chofcs  mê- 
mes qui  nous  tout  de  la  peine. 

En  termes  de  Marine  j  on  appelle  jouq  de  poupe  , 
l'extrémité  de  la  galère ,  qui  eft  léparée  du  cou  de  la 
poupe  ;  &  joug  de  la  proue ,  l'extrémité  féparée  du 
cou  de  la  proue. 


J  O  V 

Joug  de  terre ,  eft  l'efpace  que  deux  bcrufs  accouplés 
peuvent  labourer  en  un  jour.  Ce  mot  ell  encore  en 
utage  dans  l'Auvergne. 
JOUGNE.  Petite  ville  ou  ancien  bourg  ,  avec  un  châ- 
teau. Jugna.  Elle  eft  dans  la  Franche  Comté ,  près 
du  mont  Jura,  dans  le  Bailliage  de  Pontarlier,  (ïc  à 
quelques  licucs  de  la  ville  de  .ce  nom  ,  vers  le  midi. 
Matv. 

JOUI.  Jovis  mons.  Le  mont  Joui  cil  une  montagne  de 
la  CataloL,ne ,  en  Eipagne.  Elle  cil  près  de  Barcelone. 
Il  y  avoir  un  fort  pour  la  défenfe  de  la  ville.  Il  n'eft 
pas  étonnant  que  NIaty  appelle  cette  montagne  IVI; 
mais  on  ell  ilirpris  que  NI.  Corneille  l'ait  iuivi.  Nous 
difons  &  nous  écrivons  toujours  Joui  j  &:  le  mont 
Joui,  ou  en  un  mot  Alontjoui.  On  peut  voir  toutes 
nos  Cartes  ,  &  en  particulier  celle  de  M.  de  Lifle  ;  & 
nos  gazettes  de  l'an  1697  ,  au  iujet  du  ilége  de  Barce- 
lone ,  &  lur  les  deux  autres  lièges  qu'on  en  a  fait  de- 
puis ,  où  il  eft  ibuvcnt  parlé  du  Mont  Joui.  Quelques 
Cartes  rappellent  iV/cwr  Juing  y  mais  mal. 

JOUI.  f.  m.  Liqueur  alimentaire  &  rellaurante  qu'on 
fait  au  Japon ,  qu'on  peut  traniporter  t<c  garder  dix 
ou  douze  ans  ,  fins  qu'elle  le  corrompe.  Elle  ell 
Huide  comme  du  bouillon,  noire  ,  d'une  odeur  agréa- 
Vile,  d'un  bon  goût,  ialé  &  favoureux.  La  baie  du 
joui  eft  du  jus  de  bœuf  exprimé  quand  il  eft  à  demi- 
rôti.  Le  relie  n'eft  connu  que  des  leuls  Japonois, 
qui  en  font  un  myftcre  aux  autres  Indiens  ,  qui  iont 
obligés  d'en  acheter  d'eux.  Cette  liqueur  eft  fort 
chère  :  cependant  quelques  perionnes  riches  &  ma- 
lades en  font  venir,  parce  qu'elle  répare  les  forces 
abattues  par  de  grandes  maladies.  Les  peribnnes  ri- 
ches du  pays  en  allàifonnent  preique  tout  ce  qu'ils 
mangent  ,  comme  d'un  ragoût  délicieux.  Tous  les 
Orientaux  croient  le  joui  fort  propre  à  exciter  la 
luxTjrc. 

JOVIAL ,  ALE.  adj.  Qui  eft  gai  &  joyeux  naturelle- 
menr.  Gaudii  amans.  On  aime  dans  les  compagnies 
les  gens  de  complcxion  joviale ,  qui  n'aiment  qu'à 
rire  &  à  fe;  divertir.  Il  y  a  des  allres  de  nature 7 ovia/tf, 
d'autres  de  nature  Saturnicni-ie. 

Ce  mot  vient  de  Jovis ,  autrefois  nominatif,  &  à 
préfcnt  génitif  du  mot  Latin  Jupiter.  Jupiter  ,  que  les 
Aftrologues  dilent  être  cauie  de  joie  6c  de  bonheur 
dans  les  horoicopes.  On  appelle  une  humeur  jo- 
viale J  qui  eft  agréable ,  divertillantc  ,  qui  iemble  avoir 
et»  communiquée  par  quelque  heureufe  planète. 

JOVIALE,  i".  f.  Allcmbléedu  Jeudi.  La  Reine  Chrilline 
de  Suéde  avoir  établi  à  Stockolm  une  Académie  qui 
s'alîembloit  les  Jeudis.  Pour  lors  on  s'allembloit  chez 
moi  les  Mercredis.  Cela  lui  donna  occahon  ,  en 
m^apprenant  ce  nouvel  établillement  ,  de  m'écrire 
en  ces  termes  :  Ma  Joviale  ell  très  humble  i'ervante 
de  votre  Mercuriale.  J'ai  toujours  cru  que  ce  tr.ait 
n'étoit  pas  d'elle.  Il  eft  trop  François  pour  partir 
d'une  étrangère.  Menagiana.  Voyez  les  Origines  de 
M.  Ménage,  au  mot  ÀIercuriale,  où  il  parle  de 
l'alîcmblée  que  M.  l'Abbé  de  Dangeau  renoit  chez 
lui  les  Mardis,  appelée  par  cette  raiion  la  Martiale. 
On  pourroir  achever  la  iemaine,  en  allignant  des 
noms  convenables  à  chacun  des  autres  jours. 

JOVIEN.  f  m.  Nom  de  Milice.  Garde  de  l'Empe- 
reur. C'eft  Dioclétien  qui  leur  donna  ce  nom.  Jo- 
vianus.  Depuis  Dioclétien  ,  il  y  .avoir  certaines  Com- 
pagnies que  l'on  nommoit  Joviens,  de  ion  nom. 
Fleur  */.  Valentinien  commandoit  la  Compagnie  des 
Gardes  que  l'on  nommoit  Joviens.  loEiM.  Dioclétien 
fut  lurnommé  Jovius  ,  comme  Maximien  ,  Ion  col- 
lègue ,  Hcrculius. 

JOUIERES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Charpentier.  Foye-{ 
Amarres. 

JOUILLÈRES,  ou  JOUlÈRES.  f  f.  Terme  d'hydrau- 
lique. Ce  font  dans  une  éciule  ,  les  deux  murs  à 
plomb  avancés  dms  l'eau,  qui  retiennent  les  berges, 
Se  où  iont  attachées  les  portes  on  coulillès  des  van- 
nes. 

JOVINIANISTE.  (.  m.  c^-  f.  Nom  de  Seifle.  Joviniani  df- 
cipulus  ,  ajjecla.  Jovinian^us ,  a.  Jovet  appelle  ainii 
les  Seélateurs  de  Jovinien ,   qui  fut  diiciple  d'Helvi- 


JO  u 

dius ,  aux  cricurs  duquel  il  en  ajoura  d'autres,  /"cjyc^ 
l'art,  liiivant. 

JOVINIEN.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Jovinianus. 
L'hérétique  Jovinicn  étoit  un  Mojiic  d'un  Monallèrc 
de  Milan ,  lequel  ne  voulant  pas  lupporter  les  aullc- 
lités  de  l'on  état,  quitta  l'a  loliuudc.  11  diloit  que  ceux 
qui  étoient  réscnérés  par  le  Baptême,  ne  pouvoient 
plus  pécher;  que  l'abltnience  n'ctoit  d'aucun  mérite  \ 
que  ceux  qui  conl'ervoicnt  le  Baptême  avoient  tous 
une  même  récompenl'e  dans  le  Ciel  ;  que  la  virginité 
ji'étoit  pas  préférable  au  mariage  ;  que  la  (aiiirc  Vierge 
n'avoir  pas  coniervé  la  virgunté  après  qu'elle  fut 
mère  de  Jéfus  Chriilj  que  la  chair  de  Jélus-Chnll 
n'étoit  pas  véritable  Se  Icmblable  à  celle  des  autres 
hommes.  Cet  Hérétique  hit  condamné  par  le  Pape 
Silice j  l'an  trois  cent  quatre-vingt-dix,  &C  dans  un 
Concile  de  Milan,  royc^  S.  Jérôme ,  Liv.  I.  contre 
Jovinien,  Saint  AmbroiCc ,  JIp.  2S.  Baronius,  &c. 

JOUJOU,  f".  m.  Terme  familier,  qui  lignifie  les  baga- 
telles que  l'on  donne  aux  pcrits  enfans,  pour  les  ré- 
jouir 6c  les  empêcher  de  crier.  Crcpundia.  Un  oif  eau , 
un  cheval  de  carton,  des  grelots,  éf  ,  lourdes  jou- 
joux. 

Vrai  fang  des  Condés ,  des  Boulions  j 
Par  la  clarcé  du  jour  f  es  ardeurs  ecliaujfécs  , 
Sitôt  qu'il  fera  né ,  lauriers  ^  atnies  ^  trophées  y 
Vont  être  J'es  joujoux ,  &c.  D.  De  S. 

JOUIR.  V.  n.  Poiréder  quelque  chofcadluellement,  en 
être  le  maître ,  en  avoir  les  fruits ,  les  émolumens  en 
Cx  difpolition.  Frui.  On  jouit  d'un  héritage  à  iitrc  de 
propriété,  à  tiue  de  ferme  ou  de  louage,  à  titre  d'u- 
ïufruit.  On  dit  aulli  de  celui  qui  a  donné  le  fonds  de 
Ion  bien  ,  qu'il  n'en  jouit  plus  qu  à  titre  de  précaire. 
Ce  Gentilhomme  jouit  de  la  terre  par  les  mains ,  la 
fair  labourer  par  les  gens ,  la  fait  valoir  par  lui-même. 
On  ne  jouit  des  Bénéfices  ou  des  penlions ,  que  la  vie 
durant.  Ce  Seigneur  jouit  de  tant  de  revenu  en  fonds , 
en  rentes  ,  charges  ,  &c.  Les  Secrétaires  du  Roi 
jouijfent  de  beaux  privilèges.  On  ne  peut  jouir  d'un 
Bénélice  fans  titre.  Il  faut  jouir  paihblement  pour 
acquérir  la  prclcription.  Un  Fennier  doit  jouir  d'un 
héritage  en  bon  père  de  famille ,  c'eft-à  dire ,  comme 
feroit  un  propriétaire,  ne  le  point  dégrader,  le  bien 
fumer  ,  cultiver  Se  enfemenccr.  Son  père  jouirait 
de  plulîeurs  beaux  gouvernemens  &:  de  quantité  d'au- 
tres bienfaits  du  Roi.   Mlle  L'Héritier. 

Ce  mot  vient  de  gaudcre.  En  Picardie ,  on  dit  en- 
core gouir  pour  jouir. 

Jouir  ,  ditfere  de  polléder,  en  ce  que  l'on  peut  polTe- 
der  par  écrit ,  comme  difent  les  Jurifconfultes ,  c'eft- 
à  dire,  avoir  un  titre  légitime  pour  poireder-,  au  lieu 
que  jouir ,  fe  dit  feulement  de  la  perception  aétuelle 
des  fruits.  Ainli,  celui  dont  la  terre  ell  en  décret ,  la 
polléde  toujours  ,  en  eft  propriétaire  jufqu'à  l'adjudi 
cation  ,  quoique  ce  foient  fes  créanciers  qui  en  jouif- 
fent  à  l'égard  des  fruits. 

On  dit  aulli  jouir àe.  la  vie,  pour  dire  en  prendre 
tous  les  plailirs ,  palfer  le  tems  de  la  vie  à  le  bien 
divertir.  Il  faut /oair  du  préfent  fans  fe  tourmenter  de 
l'avenir.  Nous  ne  jouijjons  de  la  vie  qu'à  mefure  que 
nous  la  perdons.  M.  P.  On  le  dit  encore  par  rapport 
à  toutes  les  commodités.  Jouir  d'une  partaite  famé  ; 
jouirai:  la  lumière,  de  la  clarté.  On  a  juftement  blâ- 
mé Montagne  d'avoir  employé  jouir  dans  une  lîgnitî 
cation  adive  :  Je  reçois  ma  fmté  à  bras  ouverts ,  & 
aiguife  mon  goût  à  la  jouir.  C'eft  un  Gafconifmc. 
Ménage. 

JoDiR ,  fignifie  aulli ,  difpofer  de  quelqu'un ,  l'avoir  à  fa 
difpolition.  On  ne  fauroit  jouir  de  cet  Avocat ,  tant  il 
eft  employé.  J'ai  mené  cet  homme  à  la  campagne 
pour  jouir  de  la  converfition. 

Jouir,  lignifie  aulli  avoir  commerce  avec  une  femme. 
On  lui  a  fait  épouler  cette  fille  ,  parce  qu'il  en  avoir 
j^ij  parce  qu'il  l'avoit  abufée. 

Jouir,  feditaulîi  en  chofes  fpirituelles  &  morales,  & 

lignifie ,  fentir  les  avantages  de  polféder  ,  goûter  le 

plailîr  que  donne  la  polkllïon.   Les  Saints  jouijfent 

Tome  V. 


J  o  u 


2yl 


de  la  gloire  éternelle,  de  la  vifion  béatifique.  Il  ell 
doux  de  jouir  du  fruit  de  fa  victoire,  de  fes  travaux 
de  la  lortune.  Ce  Royaume /ou/r  d  une  profonde  paix. 
Vou'i  jouijj'ei  des  privilèges  de  la  jcuncllc.  On  s  ima- 
gine nii  jouir  de  foi  même  Se  de  fes  delîrs ,  que  dans  la 
liberté  qu'on  le  donne  de  pcnfer  tout  ce  qu'on  veut. 

BOSSUET. 

//  jouit  du  ciel  même  irrité  contre  lui.  Boit. 

Et  fruitur  diis  iratis.  Juven.  Ne  le  défabufoiiî 
point,  Se  laillons- le /o^ir  de  fa  crédulité.  Rac.  Elle 
ne  voulut  point  jouir  de  mon  embarras.  Vill.  J'ai 
voulu  jouir  de  la  maligne  joie  de  vous  voir  aban- 
donnée de  tous  les  hommes.  S.  Évr.  Nous  avons 
plus  d'intérêt  à  jouir  du  monde  qu'à  le  connoitre.  Id. 
Mon  cœur  va  jouir  d'une  éternelle  paix.  M.  Se. 
• 

Je  veux ,  je  veux ,  cruel ,  jouir  de  ton  courroux  j 
£t  les  troubles  civils  te  feront  mon  époux.  BrÉbeuf. 

Mon  ennemi  tranquille 
iomvs.  dans  fon  cœur  de  ma  rage  inutile.  Boit. 

JOUISSANCE ,  f.  f.  En  Jurifprudence ,  poUiffion,  per- 
ception aétuelle  des  fruits  d'un  héritage  ,  d'un  droit. 
P^M'iffî'-''-  Une  longue  Se  paillble  jouijfance  acquiert 
prekription ,  Se  vaut  titre.  Une  fentence  de  récréance 
adjuge  la  jouijjance  d'un  Bénéfice.  Celle  de  réinté- 
gr.-inde  rétablit  en  jouijjance.  Un  fermier  qui  ell  trou- 
blé en  la  jouijjance  de  fa  ferme  ,  peut  demander  de 
la  diminution.  Il  n'ell  en  jouijfance  de  cet  héritage 
que  par  précaire  ,  c'eft  à  dire  ,  il  le  polféde  au  nom 
dautrui.  Il  n'a  h  jouijjance  que  par  ulufruit  ;  c'eft-à- 
dire  ,  qu'il  n'en  a  pas  la  propriété.  Il  y  a  des  cas  où 
l'on  impute  les  jouiff'ances  fur  le  principal. 

Jouissance,  le  dit  quelquefois  des  fruits  mêmes  dont 
oiVajoui.  Il  faut  reftitucr  les  jouijjances  d'un  Bénéfice, 
c'eft  à-dire  ,  les  fruits  qu'on  a  recueillis  du  Bénéfice 
dont  on  jouit  fans  titre. 

Jouissance  ,  fe  dit  aulli  en  chofes  morales  ,  Se  particu- 
lièrement en  matière  d'amour.  Voye:^  Jouir.  Nous 
payons  une  councjouiffance  des  faveurs  de  la  Fortune  , 
de  toute  notre  liberté.  S.  Évr.  L'efpérance ,  lorfqu'elle 
n'eft  pas  trop  douteufe ,  eft  un  pkiiir  qui  ne  cède  guère 
à  la  jouijjance.  Le  Ch.  de  M.  L'efpérance  de  ce  que 
l'on  nous  promet  cède  naturellement  à  la  jouijjance 
du  préfent  S.  EvR.  Il  faut  de  l'œconomie  dans  la 
jouijfance  des  plailirs  ;  car  l'ame  s'ennuie  d'être  tou- 
jours dans  la  même  alliette. 

On  dit ,  avoir  la  jouijfance  d'une  femme ,  avoir  com- 
merce avec  elle  -,  &  en  termes  un  peu  libres ,  bonne 
ou  mauvaiCe  jouijfance. 

Jouissance.  Terme  de  Poëfie.  C'eft  une  pièce  de  vers 
où  l'on  décrit  une  aventure  amoureule ,  que  l'on  con- 
duit jufqu'à  la  conclulion.  La  cinquième  tlégie  d'O- 
vide eft  une  jouijfance.  S.  Amant  a  fait  une  Pièce  inti- 
tulée la  Jouijfance. 

JOUISSANT  ,  ANTE ,  adj.  Qui  jouit ,  qui  difpofe  d'une 
chofe.  Qui  fruitur.  Une  fille  majeure  de  2  j  ans ,  prend 
la  qualité  d'ufante  ,  Se  jouijfante  de  fes  droits.  On  aiîî- 
gne  tous  les  engagiftes  Se  jouiJJ'ans  du  Domaine  pour 
rapporter  leurs  titres. 

JOUR ,  f.  m.  Divifion  du  temps ,  fondée  fur  l'appari- 
tion ,  Se  la  difparition  du  Soleil.  Dies.  Cette  diffé- 
rence fi  notable  qui  fe  prclente  incellàmment  à  nos 
yeux  ,  par  la  vicilîîtude  confiante  Se  perpétuelle  des 
ténèbres  Se  de  la  lumière  ,  que  produit  le  mouvement 
rapide  du  foleil  autour  de  la  terre  ,  ou  de  la  terre 
autour  du  foleil ,  a  fait  appeller  jour  naturel ,  cet  es- 
pace de  temps  que  le  foleil  emploie  à  faire  fon  tour. 
Le  jour  naturel  ,  ou  folaire  ,  fe  divife  en  Aftionomi- 
que ,  &  en  Civil.  Le  jour  AJlronomique  eft  la  durée 
d'une  révolution  entière  de  l'Equateur  ,  &  de  la  por- 
tion du  même  Equateur  qui  répond  à  cette  partie  de 
l'Ecliptique  que  le  foleil  parcourt  par  fon  mouvement 
propre  pendant  un  Jour  naturel.  Car  fi  le  foleil  ne  le 
mouvoir  point  dans  l'Ecliptique ,  Se  qu'il  retournât  au 
même  point  de  l'Ecliptique  d'où  il  étoit  parti  le.  jour 

li  ij 


2T2.  J    O    U 

pivcédent ,  alors  une  révolution  entiL-re  de  l'Équa- 
teui  raefureroit  exaclement  le  jour  ;  mais  parce  que 
le  loleil  avance  continuellemenc  d'un  degré  par  jour 
d'Orient  en  OccideiK  ,  cela  hut  que  lorlque  le  point 
de  l'Kqu.iteur  ,  avec  lequel  le  ioleil  ctoit  parti  du  mc- 
ridien  ,  ert  retourné  au  même  méridien  ,  le  loleil  n'y 
eCï  pas  encore  arrivé ,  il  s  en  faut  un  degré.  Le ;02//' Ci- 
vil eft  déterminé parraport  a  Ion  commencement^  &  a 
la  lin  ,  Iclon  1  ulage  de  chaque  nation.  Les  bgyptiens 
le  déterminent  a  minuit.  Les  Chaldéens  depuis  le  le- 
ver du  lokil.  Les  Juns  ,  &  les  Athéniens  a  Ion  cou- 
cher. Les  François  cs:  prelque  toutes  les  autres  nations 
de  1  Europe  ,  depuis  minuit:  ce  que  1  Ej^lile  oblerve 
aufù  a  Legard  d.s  Jeunes  iS:  des  Fttes  ;  li  ce  n'elt  qu'a 
l'égard  de  1  Utiice  djs  Jretes  doubles  le /UJ/r  commence 
dès  Vêpres.  Les  Aitronomes  le  commencent  a  midi. 
Dans  Tufage  ordinaire  il  commence  a  minuit ,  c'elt  le 
/g)///- naturel  ,  civil  &  Eccléiiallique.  Les  iSaoyloniens 
autrefois  commençoient  [t  jourù  un  orient  a  l'autre  , 
ceux  de  Nuremberg  en  ulent  aujourd  liiu  de  même  : 
les  Ital»ns  l'ont  déterminé  d'un  occident  a  l'autre  , 
&  comptent  la  première  heure  au  lobil  couchant. 
Les  Marins  comptent  le  jour  comme  les  Alhonomes 
depuis  un  midi  julqu  a  1  autre. 
.§Cr  "Tous  les  1-euples  ont  connu  ce  que  nous  appelions 
•   y'owr  naturel;  mais  la  diltribution  du  /our.tn  i4  par- 
ties ou  heures  ,  n  elt  pas  li  ancienne.  Cette  divii;on  a 
été  inconnue  aux  Romains  avant  la  première  guerre 
■Punique.  D  abord  ,  la  divilion  le  porta  lut  le /oi^r  arti- 
ficiel ,  &  dans  les  commencem'ens  les  Uraelites&les 
autres  anciens  leuples  n'avoient  point  d  autres  ter- 
mes ,  pour  ejcprimer  cette  divjiion  ,  que  le  matin  j  le 
midi  &  le  loir.  Hérodote  nous  aprend  que  les  Grecs 
avoient  appris  des  Egyptiens  a  diviter  le  jour  en  iz 
parties  :  C  eft  ,  je  crois ,  le  plus  ancien  témoignage 
que  fournille  l'antiquité.  Nous  voyons  cet  ulage  éta 
bli  parmi  les  Juifs  du  temps  de  Notre-Seigneur.  La 
première  heure   du  jour  commençoit  au  levA  du 
ioleil ,  &c  la  dernière  le  terminoit  au  coucher  ;  d  où 
rélultoit  une  grande  variation  durs  les  heures  endiiié- 
rentes  l.iifons.  Les  Romains  le  partageoicnt  en  quatre 
parties  ,  qu  ils  apeloient  Prime,  1  ierce,  bexte  &  No 
ne,  &  la  nuit  en  quatre  veilles.  Cet  ufagepailachez  les 
Juifs ,  apparemment  depuis  qu'ils  eurent  été  fubjugués 
par  les  Romains. 

Le  jour  artificiel  t?i.  la  durée  du  temps  que  le  foleil 
éclaire  lur  l'horifon.  Il  eft  inégal ,  lelon  les  temps  &  les 
lieux  ,  à  caule  de  l'obliquité  de  la  Iphsre.  H  n'y  a  que 
<lans  la  Zone  torride ,  &  entre  les  deux  tropiques ,  que 
le  jour  eft  toujours  égal  a  la  nuit ,  du  moins  la  ditiéren- 
-ce  n'eft  pas  grande.  Quand  le  loleil  elt  dans  l'équi- 
noxe  du  printemps  ,  veis  le  lo  de  Mars  ,  ou  dans  l'é 
quinoxe  d'automme,  vers  le  zi  de  Septembre,  la  jour 
eft  égal  à  la  nuit  par  toute  ia  terre.  La  diiiérence  qu'on 
met  entre  les  jours  ,  vient  des  Fêtes ,  des  fokmnités  de 
chaque  jour.  Il  y  a  des  jours  fériés  ,  6c  non  fériés  ;  des 
Jours  de  Dimanche  &  de  Fête,  pendant Jel'cuels  il  eft 
défendu  de  travailler  ;  des  jours  ouvriers ,  ou  ouvrables 
où  l'on  travaille  ;  des  jours  gras  ,  où  il  eft  permis  de 
manger  de  la  chair  i  des  jours  maigres,  des  jours  de 
jeûne  ,  des  joun  d  abftirience  j  où  il  eft  défendu  d'en 
manger.  L'Eglile  dit  du  jour  dt  Pâque  ,  où  l'on  célèbre 
la  rélurrcdion  de  Jésus  Christ  ,  Se  du  jour  de  Noël , 
où  l'on  célèbre  la  naillance  ,  que  ce  lont  des  jours  que 
le  Seigneur  a  faits.  Le  jour  des  Morts ,  eft  un  jour  del- 
tiné  par  1  Églife  ,  à  prier  pour  tous  les  morts  qui  peu- 
vent être  encore  dans  le  Purgatoire.  On  appelle  /our 
de  l'an  ,  le  premier /oi/r  de  l'année.  On  appelle  bons 
Jours  ,  Las  kuenas pafquas  ,  toutes  les  Fêtes  folenrel- 
Jes  ;  &  on  dit ,  taire  Ion  bon  jour  ;  pourdire  ,  recevoir 
les  Sacreraens  de  Pénitence  &  d'Euchariftie.  Les  Juifs 
fêtoient  le  jour  du  Sabbat. 

On  diftingue  aulîî  les  jours  par  certaines  occupa- 
tions auxquelles  ils  font  dellinés.  Les  jours  plaidoya 
iîles  ,  ce  font  les  joun  où  l'on  plaide  ,  autrement  les 
jours  de  Palais.  C'eft  ce  que  les  Romains  apeloient  : 
Dus  fajîi ,  &  (Lies  nefafti. 

Jllfi  nefaflus  eritperquem  tria  vcrhajiiaitur; 


J  O  U 

Fajlus  eritperquem  lege  licebit  agi.  OviD.  i.FaJti 

îfJ"  Ces  trois  mots  dont  parle  le  Poëte ,  font  do  ,  dico  , 
addico ,  que  le  Préteur  prononçoit  hs  jours  jajles ,  où 
il  étoit  permis  de  rendre  jufticc  ,  &C  qu'il  ne  pouvoir 
prononcer  le  jours  nejajies. 

Jours  duConleil  des  dépêches.  Jour  dePoftes.  Jour  de 
Comcdic.  Jourd'Opcia.  Jour  de  congé.  Le  Jour  de  fes 
noces.  On  ditauifi  d.-s  Officiers  ,  qu'ils  lont  de  jour, 
quai  d  ils  roulent ,  quand  il  y  en  a  plulieurs  à  exercer 
la  même  charge  ,  qui  ont  chacun  leui:  jour. 

Jour  servant  ,  Dans  les  Coutumes  ,  lignine  le /o«r  au- 
quel une  caufe  eft  aftîgnée  ,  &  doit  avoir  expédition. 
On  l'appelle  quelqueiois  jornécfdrvante. 

§-?  Il  y  avoit  dans  le  droit  Romain  des  jours  qu'on 
nommoit  Compcrcndini  dies  ,  jours  de  délai ,  jours  où 
l'on  alîignoit  l'on  Ad\'erfiire  à  comparoltre  le  fur- 
lei. demain  de  la  première  Audience.  Dies  jujii ,  jours 
de  repi  qu'on  accoidoit  aux  débiteurs  ,  pour  leur  don- 
ner le  temps  de  trouver  de  l'argent.  Trente  jours 
complets  accordés  par  la  loi  des  douze  tables  :  cet 
elpace  d;  temps  fe  nommoit  jujlidium. 

Grands  Jours  ,  étoient  des  karices  qui  fe  tenoient  en 
certaines  villes  du  Royaume  marquées  par  le  Roi  pour 
juger  d.s  ahaires  civiles  &  criminelles ,  iuivant  lacom- 
million  que  le  Roi  en  donnoit  à  ceux  qu'il  commet- 
toit  pour  tenir  les  Grands  jours.  C'étoit  comme  une 
allile,  &  une  diète  folennellc.  Les  Grands  jours  ont 
été  tenus  pour  le  Roi  a  Mont-Ferrand  en  1454  ,  a  An- 
gers en  I  J39  ,  à  Moulins  en  i  J34  ,  1540  ,  1550  ,  à 
1-oitiersen  1454,  i  J31  ,  1 J41  ,  ij*^/  >  i579,aRiom 
en  1446,  à  lours  en  153  j  ,  1547  àïroycsen  1402, 
153  J  ,  a  Lyon  en  i  596. Par  l'Édit de  1579  AesGrands 
Jours  doivent  être  tenus  tous  les  ans  dans  les  1  rovin- 
ces  les  plus  éloignées  des  Parlemens.  En  i  jS  i  ,  ils  fu- 
rent publiés  pour  être  tenusà  Clermont  en  Auvergne, 
ce  qui  ne  lut  exécuté  que  1  année  fuivante  1/82.  Les 
Grands  Jours  de  Moulins  ,  d.'Auveruie  ,  ont  cité  plu- 
lieurs arrêts  notables  des  Grands  .  ours  ;  c'eft  comme 
qui  diroit  les  grands  plaids.  Le  Duc  de  Bcrri  avoit 
droit  de  faire  tenir  les  Grands  Jours  pour  les  pays 
de  fon  obeillance.  Avant  l'éreiflion  duFarlement  de 
Dijon  ,  les  Grands  .'ours  du  Duché  de  Bourgogne  fè 
tenoient  à  Beaune.  Les  Comtes  de  Cliampagne  fai- 
foient  tenir  les  Grands  jours  à.  Troyes  deux  fois 
J  année  ,  conuTie  les  Ducs  de  Normandie  leur  échi- 
quier ,  &  les  Rois  leur  Parlement.  Les  Grands  ..  ours 
de  froyes  croient  la  Juftice  de  Champagne  ,  pendant 
que  cette  Province  avoit  les  Comtes.  Les  Comtes  de 
Joigny  ,  de  Réthel  ,  de  Brienne ,  de  Porcien  ,  de 
Grandpré  ,  de  Roucy  &  de  Braine  ,  qui  étoient  les 
fept  Pairs  de  Champagne  ,  aliîftoienr  les  Comtes  aux 
Grands  Jours.Dms  des  lettres  parentes  du  Roi  Charles 
VI.  du  4  Mars  1405  ,  il  eft  porté  que  le  Comte  de 
Joigny  ,  comme  Doyen  des  lept  Comtes  &  Pairs  de 
Champagne  ,  eft  allis  auprès  du  Comte  quand  il  tient 
fon  État  &  Grands  Jours.  C'eft  des  décilîons  de  ces 
Grands  Jours  de  Troyes  ,  que  tous  les  autres  Grands 
Jours  ont  pris  leur  nom.  Car  le  Roi  PliiUppe  le  Bel  en 
l'an  1302  ,  ordonna  que  ces  Grands  Jours  feroient 
tenus  deux  fois  l'année  ,  &  pour  cela  y  envoyoit  des 
Commillâires  Ecclélîaftiques  &  Gentilshommes  :  C9 
qu'on  nommoit  la  Cour  de  Champagnt. 

On  dit  auftî  que  Dieu  tiendra  fes  Grands  Jours  au 
Jour  du  Jugement ,  qu'on  appelle  auirememle  grand 
jour  du  Seigneur  ,  le  jour  tcrrdile  ,  épouventable  ,  le 
jour  du  Seifneur  :  Dies  Domini  magnus.  On  dit  auftî 
les  Jours  de  l'éternité  ,  en  parlant  de  la  durée  ,  quoi- 
qu'elle ne  fe  puilfe  mefurcr.  Mille  ans  devant  la 
face  du  Seigneur  font  comme  un  jour  j  dit  le  Pûl- 
mifte. 

Jours  Généraux.  On  difoit  autrefois  Jours  Généraux i 
au  lieu  de  grands  jours  ,  &  l'oji  nommoit  ainlil'allem- 
blée  des  États  d'une  Province.  Paradin  ,  en  fes  Anna- 
les de  Bourgogne  L.IIl.p.  3s°  >'^''^>  LeRoiJeai^ai- 
fint  fon  entrée  à  Dijon  ,  comme  Duc  .  au  mois  de^e- 
cembre  (  i  361.  )  jura  folennellement  .les  privilèges  de 
la  ville ,  fur  l'autel  S.  Bénigne,  coiiuTie  étoient  les  Ducs  ■ 


J  o  u 

de  Bourgogne  coutumicrs ,  &  le  vingt-huirieme  dudic 
mois  il  accorda  aux  gens  des  trois  Ltats  du  pays  que 
la  Duché  de  Bourgogne  (croit  de-là  en  ores  régie  <\: 
gouvcrnéc  par  Baillis  ,  Chancelier  ,  Auditeurs  ,  &  par 
adèmblécs  de  Grands  Jours  ,  'qu'ils  noninioient  lors 
jour» généraux,  qui  feroient  tenus  à  Beaune  ,  lefqucls 
jugeroient  fans  appel  &  en  dernier  rellort.  Paradin. 
En  Normandie ,  on  appelle  les  hauts  jours  ,  les  deux 
faifons  où  les  Maîtres  des  eaux  &  forêts  doivent  tenir 
leurs  ailïfes  ;  (avoir  ,  à  Pâques  &c  à  la  Saint  Michel. 

On  appelle  les  ycw/.f  caniculaires  ,  dcsyci^nr  extrê- 
mement chauds ,  parce  que  le  grand  chieu  ,  ou  l'étoile 
nommée  Canicule  ,  (e  lève  &  (e  couche  avec  le  (bleil , 
depuis  le  24  de  Juillet  ju("qu 'au  24  d'Août.  Vqs  jours 
Alcyoniens  ,  les  it\>x.  jours  qui  précédent ,  ou  qui  ("ui- 
vent  le  Solftice  d'hiver  ,  pendant  lclqnels  le  calme  rè- 
gne (ur  la  mer ,  &  les  Alcyons ,  fuivant  l'ancienne  tra- 
dition ,  font  leur  nid  iur  (es  bords. 

Les  Médecins  ob(ervent  auill  des  jours  critiques 
dans  les  maladies  ,  &  ils  appellent  y  oz^/'j  vides  ,  ceux 
qui  ne  (ont  pas  critiques ,  ik  où  ils  peuvent  purger  (ans 
danger. 

^3°  Dans  tous  les  temps  on  a  dillingué  les  jours  en  /ours 
heureux  &  malheureux.  Cette  (up>eri1:ition  étoit  com- 
mune à  tous  les  Peuples.  Les  Romains  ,  dans  leur  ca- 
lendrier ,  niarquoient  de  blanc  les  premiers  ,  év'  de 
noir  ceux  qu'ils  regardoient  comme  malheureux.  Le 
lendemain  des  Calendes ,  des  Nones  &  des  Ides  ,  tous 
les  jours  où  il  étoit  arrivé  quelque  malheur  ,  ou  quel- 
que échec  à  la  République ,  &  quelques  autres  encore , 
étoient  regardés  comme  malheureux.  Il  étoit  défendu 
de  rien  entreprendre  ces  jours-la. 

^S'Outre  ces  jours  j  il  y  en  avoit  d'autres  que  chaque  parti- 
culier regardoit  comme  malheureux  pour  lui-même. 

^3"  Cette  erreur  ,  toute  ablurde  qu'elle  eft  ,  infeéie  en- 
core aujourd'hui  bien  des  efprits. 

Les  Arabes  appellent  dans  leur  calendrier  Jours  dé- 
robés ,  les  cinq  jours  qu'ils  ajoutent  à  la  fin  de  l'année 
folaire  compoiéc  de  560  ,  pour  avoir  le  cours  entier 
du  foleil ,  ôc  que  les  Grecs  8c  les  Latins  appellent  £fa 
gomcnt.  ;  c'eft  à-dire  ,  ajoutés. 

Four  Préfix  ,  eft  un  terme  ,  ou  un  jour  qu'on  marque 
'  précilément  pour  quelque  affaae.  Il  a  été  allîgné  à  cer- 
tain &  compétent  jour,  il  a  comparu  zjourprefix.  Il 
a  pris y'oi^r,  heure  pour  cela.  Il  eft  venu  3.  jour  nom- 
mé ,  au  jour  qu'on  lui  a  donné.  On  dit  auîîl ,  donner 
une  ailignationà  longs/oi/zj  ;  pour  dire  ,  à  un  long 
délai  ,  au  delà  de  celui  établi  par  l'Ordonnance.  Celle 
qu'on  donne  à  trois  hneis  jours  ,  fe  dit  en  matière 
criminelle ,  quand  on  adigne  à  fon  de  trompe  pour 
inftruire  une  contumace,  f^oje^  ci-de(lus.  On  dit  aulli 
d'une  chofe  qui  ne  pre(îe  pas.  Il  y  a  jour  d'avis  entre 
ci  &  là. 

Dans  le  commerce  ,  on  appelle  j  ours  de  fiveur  ,  les 
jours  de  délai  qu'on  a  pour  payer  une  lettre  de  chan- 
ge ,  lorfquc  le  temps  pour  lequel  elle  a  été  acceptée  , 
eft  expiré.  A  Paris ,  &  dans  toute  la  France  ,  il  y  a  dix 
jours  de  faveur  ;  il  y  en  autant  à  Dantzic ,  il  y  en  a  huit 
à  Naples ,  &:  fix  à  Venife  ,  à  Rotterdam  ,  à  Middel- 
bourg ,  à  Anvers  ,  quatre  à  Francfort  hors  le  temps 
des  foires ,  &  trois  à  Londres ,  à  Leypfik  Se  à  Naun- 
bourg  ,  il  y  a  cinq  jours  de  faveur  entre  les  deux  foi- 
res ,  il  y  en  a  autant  à  Ausbourg. 
CT  Jour  préfix  ,  jour  nommé  ,  en  matière  de  lettre  de 
change  ,  fedit ,  lorfque  le  jour  où  la  lettre  de  change 
doit^ctre  payée  J  eft  fixé  dans  la  lettre.  Les  letttes'a.  jour 
préfixe  ne  jouilîént  pas  du  bénéfice  des  dix  jours  de 
grâce. 

P"  Il  y  a  des  lettres  à  deux ,  à  trois ,  à  quatre ,  &c.  jours 
de  vue,  préfixe,  c'eft  à- dire  ,  qui  doivent  être  payées, 
deux  ,  trois  ,  quatre  ,  &-c.  jours  après  celui  de  l'ac- 
ceptation. 

Rèsle  des  vingt /oarj.  royei  Règle  en  matière  bé- 
neficiale. 

OURS  DE  planche!  Certain  nombre  de  jours  réglés  par 
les  loix  ou  par  la  coutume  de  chaque  port  de  mer , 
011  autre  ville  où  les  bateaux  peuvent  aller  ,  pendant 
lefquels  ceux  qui  y  ont  des  marchandifes  font  obli- 
ges de  les  décharger ,  ou  au  défaut ,  de  payer  tant  par 


J  O  u 


25-3 


jourzw  Capitaine  ou  Batelier  pour  chaque /oi^r  qu'ils 
les  y  laillcnt  de  plus  ,  lorfque  les  jours  de  planche  fonï 
expirés. 

Jour  NOMMÉ.  Batteau  de  diligence  ,  dont  le  Maître  s'eft 
obligé  d'arriver  à  certain yoi^rpiéfix  dans  le  port  de  (a 
deftination  ,  à  peine  de  diminution  de  la  moitié  du 
prix  porté  par  fa  lettre  de  voiture. 

Jour  ,  le  dit  auili  pour  déligner  un  temps  incertain.  Un 
jour  viendra  que  vous  vous  en  mordrez  les  pouces. 
Erit  tempus  illud,  illucejcet  aliquando  illa  dies  ,  cùm  , 
&c.  Tous  les  hiilturs  de  contes  commencent  par  ,  un 
jour,  (Sec.  On  vous  ira  prendre  un  beau yoar  de  Dieu, 
lorlqne  vous  y  penferez  le  moins.  Jour  de  Dieu  ,  eft: 
auili  un  (erment  que  font  les  femmes  du  peuple.  Jour 
de  Dieu  ,  je  l'étranglerois  de  mes  propres  mains  ,  (i 
elle  avoir  foriait  à  fon  honneur.  Mol. 

Jour  ,  lignifie  aufti  la  clarté  du  fokil  qui  diftingue  le 
jour  de  la  nuit.  Dieu  a  nommé  la  lumière  le  jour , 
&  les  ténxbres  la  nuit ,  en  la  Gen.  c.  i .  Le  fpeétacle  du 
joureà  uniforme;  ce  n'eft  qu'un  foleil ,  &  une  voûte 
bleue.  Font.  On  appelle  l'aurore  ,  l'auhe  du  jour,  le 
point  du  jour  J  le  petit  jour ,  le  midi ,  le  chaud  du  jour; 
le  (oir,le  déclin  du/oz^r.  On  dit,  brûler  ley o^r,  quand 
on  allume  la  chandelle  pendant  qu'il  fait  encore  allez 
clair  J  quand  il  fait  ^nnd  jour,  quand  on  eft  en  plein 
jour.  On  dit  qu'une  chofe  eft  claire  comme  le  jour  ; 
pour  dire  qu'il  n'y  a  point  de  difliculté. 

Le  jour  n'ejl  pas  plus  pur  que  le  fond, 'e  mon  cœur. 

Racine. 

On  dit  auflî  chez  les.  Grands  ,  eft-il  jour  ?  pour 
dire  ,  eft-on  levé  ;  &  abfolument  on  dit ,  il  fait  jour.  Il 
ne  fait  jour  chez  M.  tel  qu'à  dix  heures  du  matin  ; 
c'eft-à-dire ,  il  ne  fe  levé  qu'à  cette  heure  ;  §CT  ôc  l'on 
appelle  petit  jour  le  temps  où  l'on  tire  les  rideaux 
du  lit  :  alors  ce  mot  qui ,  au  propre  ,  lignifie  le  crépuf- 
cule  du  matin  j  eft  pris  dans  un  lens  figuré. 

Le  Dieu  du  Jour  ,  le  Père,  oul'Aftredu/oar;c'eft: 
en  Poëlie  Phœbus  ,  le  Soleil ,  Parens  luminis ,  lucis  , 
ou  luminis  auclor. 

Déjà  le  Dieu  du  jour  dans  fon  char  lumineux  , 
Rapportait  aux  humains  fes  clartés  S^fesfeux  j 
Et  des  premiers  rayons  verjes  de  fa  carrière  , 
Otoit  à  fes  enfans  leur  flamme  &  leur  lumière, 

Brébeuf. 

Jour  ,,fe  dit  auflî  des  lumières  qu'on  allumç  la  nuir. 
Ne  vous  tenez  pas  à  ce  coin-là  ,  approchez-vous  du 
jour.  Le  grand  nombre  des  lampes  <X'  des  lumières  de 
cette  illumination  faifoient  un  beau  jour  au  milieu 
de  la  nuit.  Et  noclem  flammis  junalia  vincunt.  'Virg. 

Jour  ,  fe  dit  aulli  de  l'ouverture  des  portes,  des  fenê- 
tres ,  &  de  tout  autre  endroit  par  où  palîe  l'air  ,  &  la 
lumière.  Ces  chalîîs  ne  font  pas  biens  clos  ,  on  y  voit 
encore  du  jour,  une  porte  à  claires  voies ,  eft  Une  porte 
à  jour.  On  lui  a  fait  boucher  les  jours  _,  les  fenê- 
tres qu'il  avoit  fur  le  voiUn.  Dans  le  Panthéon  ,  le 
jour  vient  d'en  haut  ,  il  ne  tire  du  jour  que  par  le 
dôme.  Ce  bâtiment  a  tant  de  jours  l'ur  la  rue  ,  pour 
dire  ,  tant  de  fenêti'es.  Jour  d'efcalier  ^  c'eft  dans  un 
efcalier  à  plufieurs  noyaux  ,  ou  à  vis  fufpendue  ,  l'ef- 
pace  carré  ,  ou  rond  ,  qui  refte  entre  les  noyaux  &  li- 
mons droits  J  ou  remparts  de  bois ,  ou  de  pierre. 

^fT  On  appelle  jour  de  coutume  ,  l'ouverture  qu'il  eft 
permis  de  faire ,  fuivant  la  coutume  du  lieu  ,  dans 
un  mur  contre  lequel  le  voifm  n'a  pas  de  bâtiment 
adolTé. 

^fT  Et  jour  de  fei-vitude  ,  une  ouverture  ou  fenêtre  dans 
un  mur ,  en  vertu  d'un  titre  ou  d'une  convention  par- 
ticulière. 

03°  Jour  ,  en  peinture.  C'eft  la  diverfe  dilpolltion  des 
objets  pour  recevoir  la  lumière.  On  dit  ,  qu'un  ta- 
bleau eft  dans  (on  jour  ,  quand  il  eft  dans  la  même 
fuuation  à  l'égard  du  jour  ,  dans  laquelle  il  a  été 
peint  ;  c'eft  à  dire  ^  lorfque  la  lumière  ,  qui  fait  qu'on 
le  voit,  vient  du  même  coté  que  celle  qui  éckire  les 
objets  peints  dans  le  tableau  ;  enfortc  que  II  les  objets 
imites  paroillent  éclairés  par  un  jour  qui  vient  du  cô- 
té droit  ,  i;l  faut  que  le  jour- de  l'endroit  où  eft  le  ta^ 


2T4  J  O  U 

bleau  ,  vienne  auflî  du  côté  droit.  On  dit  qu'un  tableau 
efl  contre  jour  ,  quand  on  le  regarde  hors  de  Ion  jour 
naturel.  On  appelle  aulli  jours  ,  les  endroits  les  plus 
éclairés  d'un  tableau  ;  mais  il  lemblc  que  dans  ce  cas 
on  doic  dire  lumieies  d'un  ubleau  ,  par  oppolîtion  à 
ombres ,  &:  non  pas  jours  d'un  tableau. 

Des  jours  droits  ,  des  jours  de  refiec ,  ou  des  lumiè- 
res retiéchies.  Jours  naturels  :  ce  font  des  lumières 
direftes.  Tableau  dans  fon  jour,  dans  un  faux  ;our. 
Un  fiux /tc^r  eft  celui  qui  vient  obliquement  en  quel- 
que lieu  ,  qui  en  déguife  les  couleurs  ,  qui  ne  l'e- 
claire  pas  bien.  On  dit  aulfi  ,  qu'il  faut  voir  une 
étoffe  au  jour  ;  pour  dire  ,  qu'il  ne  la  faut  point  voir 
à  la  chandelle,  mais  au  foleil ,  ôi  en  un  lieu  découvert. 

La  plupart  des  exprclllons  de  l'article  précédent 
fe  difent  auOî  figurément  des  chofes  morales.  Ils  fu- 
rent fe  préparer  dans  l'obkurité  du  defert  à  fouftrir 
avec  moins  de  danger  le  grand  jour ,  où  ils  dévoient 
être  enfuite  expofés  p.ir  leurs  for.élions.  P.  'Verjus.  Il 
y  aura  un  moment  ,  qui  ne  peut  être  éloigne  j  où 
vous  verrez  dans  un  autre  jour  tout  ce  qui  peut  pré- 
fentement  vous  donner  de  la  peine.  Abbe  de  la 
Trape. 
|Kr  On  dit  qu'une  chofe  efl:  dans  fon  jour  ,  pour  dire 
qu'elle  eft  dans  une  fituation  qui  en  fait  paroître  toute 
la  beauté  ;  8c  qu'une  affaire  ell  mife  dans  un  Jaux 
jour,  pour  dire  qu'on  la  fiit  paroître  autre  qu'elle 
n'eft. 
Jour  ,  en  termes  de  guerre  ,  fe  dit  de  l'ouverture  qu'on 
fait  dans  les  rangs  des  ennemis.  Dès  qu'il  y  a  diï/our 
dans  un  bataillon  ,  qu'on  y  peut  entrer  ,  il  eft  bientôt 
défait.  Le  canon  faifoit  jour  par-tout.  Le  canon  hiit 
jour  dans  un  bataillon  quand  il  tue  ceux  qui  le  for- 
ment. Ce  Colonel  fe  fit  jour  à  travers  les  ennemis  ,  Se 
alla  fecourir  la  place. 

Dans  la  Méchanique  ,  jour  fe  dit  de  l'ouverture 
qui  eft  entre  deux  chofes  ,  entre  les  parties  d'une 
machine  ,  les  pièces  d'un  ouvrage.  Jour  d'eflîeu  d'un 
affût  ,  jour  d'elfe  ,  jour  de  boulon  ^  jour  de  touiil 
Ion  ,  6c. 

Dans  la  Charpenterie  ,  jour  fignifie  le  vide  qu'on 
îaiffc  entre  /deux  pièces  de  bois  j  de  peur  qu'elles  ne 
s'échauffent. 
Jot'R  ,  fe  dit  pour  la  vie  ,  le  temps  qu'on  vit ,  &  en  ce 
fens  il  efl:  fort  en  ufage  au  pluriel.  Les  Latins  avoient 
cet  ufage.  Palfer  Ces  jours  dans  la  joie ,  dans  les  larmes , 
dans  la  triftelfe ,  &c.  Dies  ducere.  L'âge  eft  une  elpece 
d'émancipation  qui  les  tire  (  les  Anciens  )  de  l'alfujct 
tilfement  effentiel ,  daws  lequel  il  faut  qu'un  Religieux 
paife  &c  fînifle  (es  jours.  Abbé  de  la  Trape. 

Titus  donna  au  monde  une  courte  joie ,  &  ces  jours 
qu'il  croyoit  perdus  ,  quand  ils  n'étoient  pas  marqués 
par  quelque  bienfait  ^  feprécipitèrent  bien  vîteBoss. 

Tes  jours  s'écoulant  dans  la  joie 

Seront  filés  d'or  &  de  foie.  Le  Duc  de  Nevers. 

Mais  le  Ciel  m'a  laiffe  pour  prix  de  ma  fureur. 
Des  jours  qu'il  a  djj'us  de  tnjîejje  &  d'horreur. 

Crebillon. 

Tu  vols  le  jour ,  Cinna ,  mais  ceux  dont  tu  k  tiens ,  &c. 

Corneille. 

Nous  devons  du  refpeét  à  ceux  à  qui  nous  devons 
le  jour.  On  dit  perdre  le  jour  ;  pour  dire  ,  mourir. 
Au  pluriel  on  dit  ,  qu'un-  homme  a  palfé  les  plus 
beaux  jours  ;  pour  dire  ,  qu'il  n'eft  plus  dans  la  pre- 
mière jeunefle  ;  qu'il  eft  lur  (es  vieux  jours  ;  pour  dire , 
qu'il  eft  avancé  en  âge.  Les  femmes  mondaines  ne 
donnent  au  foin  de  leur  falut  que  ces  vieux  jours , 
qui ,  malgré  elles  j  ne  iont  plus  propres  à  la  vanité. 
FlÉch.  On  dit  que  quelqu'un  a  fini  fes  jours  ;  pour 
dire  ,  qu'il  eft  mort;  qu'un  tel  remède  ,  qu'un  tel  ac- 
cident a  abrégé  (es  jours  ,  qu'ils  ont  hâté  fa  mort.  Ne 
donnez  pas  tous  vos  jours  à  la  gloire  ,  vous  en  devez 
quelques-uns  aux  plaifus.  La  Parque  me  file  de  beaux 
jours.  Sar. 

A  de  lâihes  devoirs  facrlfie^  ies  jours. 


J  o  u 

Dont  les  mains  de  l'amour  doivent  filer  le  cours, 

VlLU 

Ah  '.  fouffre-^  qu'un  Couvent ,  dans  les  auftérltés , 
Vfe  les  trijies  jours  que  le  Ciel  m'a  compta.  Mol. 

On  dit  que  nos  jours  font  comptés.  On  dit  aufïî  ^ 
qu'une  choie  s'eif  taite  de  nos  jours  ;  pour  dire ,  dans 
notre  tiècle  ,  dans  notre  âge.  L'Ancien  des  jours  ; 
c'eft  une  phrate  de  l'Ecriture  qui  lignifie  Dieu ,  & 
qui  marque  Ion  éternité. 

Jour  j  le  dit  en  parlant  de  ce  qu'on  donne  au  public  , 
qu'on  met  en  lumière,  qu'on  découvre  a  tout  le  mon- 
de. Lux.  Cet  Auteur  a  mis  plulieurs  livres  au/our.  J'ai 
un  manufcric  qui  n'a  jamais  vu  le  jour.  L'hypocrilie 
craint  le  grand /oi^r,  elle  craint  que  fes  vices  Ibcretsne 
paroillcnt  au  ]our. 

Mettre  m  jour,  mettre  en  jour  ,  font  deux  exprel- 
fions  qui  ont  un  fens  diîiérent  :  mettre  au  jour  ,  veut 
dire  ,  donner  au  Public  ,  comme  il  vient  d'être  expli- 
qué. Mettre  en  jour  ,  fignifîe  faire  paroître  quelque 
chofe  d'une  manière  éclatante,  faire  que  cette  choie 
frappe  l'efprit  ou  les  yeux ,  qu'elle  foit  remarquée  , 
lui  donner  de  l'éclat.  U  n'y  a  guère  d'aCtions  écl.uan- 
tes  dans  la  vie  de  Mithridate  ,  qui  n'aient  trouvé  place 
dans  la  Tragédie.  J'y  ai  inféré  tout  ce  qui  pouvoit  met- 
tre en  jour  les  mœurs  Se  les  fentimens  de  ce  Prince , 
je  veux  dire  ,  fa  haine  violente  contre  les  Romains, 
fon  grand  courage  ,  fa  fineffe  ,  la  difllmulation  j  &c. 
Racine.  La  fin  du  Poète  dramatique  eff  de  porter  à 
la  vertu  ,  &  d'éloigner  du  vice  -,  c'eff  de  montrer 
l'inconftance  des  grandeurs  humaines  ,  les  revers  im- 
prévus de  la  fortune ,  les  fuites  malheureulesde  la  vio- 
lence &  de  l'injultice  ;  c'eft  de  mettre  en  jour  les  chi- 
mères de  l'orgueil  j  6"c.  P.  de  Courbeville  ,  J. 

C'eft  ici  qu'Homère  me  iemble  véritablement  un 
grand  maître  ;  &  je  voudrois  pouvoir  réuflzr  à  bien 
mettre  en  jour  l'art  qu  il  a  employé  dans  le  caradtètc 
d'Achile.  De  la  Motte. 

Se  mettre  i  tous  les  jours  ,  fignifîe  s'expofer ,  ne 
fe  point  ménager ,  faire  une  choie  très  fréquemment 
&  à  toute  occalîon.  Ce  Meftre  de  camp  fe  moque 
des  gens  ,  de  fe  mettre  à  tous  \es  jours  ,  ainfi  que  de 
pauvres  Avanturiers  Bussi  Rab.  Pour  acquérir  de 
l'honneut  je  me  mettois  à  tous  les  jours.  Idem.  Ce 
Prédicateur  le  met  à  tous  les  jours  :  cela  ne  lent  point 
le  grand  Prédicateur  ;  c'eff-à  dire  ,  il  prêche  à  toute 
occafion.  Il  accepte  toute  forte  de  fermons.  On  dit 
qu'un  homme  fe  met  à  tous  les  jours ,  par  alluf ion  aux 
habits  communs  6c  de  tous  les  /ours.  Il  ne  fîtut  pas 
mettre  fes  amis  à  tous  les^o^w  ;  pour  dire  s'en  lervità 
toutes  occafîoHS  ,  les  importuner  trop  fouvent. 

Jour  ,  fe  dit  aufli  d'une  lumière  ,  d'une  ouverture  qui 
nous  vient  dans  l'efprit ,  qui  nous  donne  bonne  efpé- 
rance  du  fuccès  d'une  afiaire.  Cela  n'eil  pas  impof- 
fible  ,  j'y  vois  quelque  jour ,  quelque  apparence  d'en 
venir  à  bout. 

Jour,  fe  dit  adverbialement  en  ces  phrafcs.  Il  efl: ar- 
rivé précifément  au  bout  du  mois ,  jour  pour  jour.  Il  i 
recevoit  de  jour  à  .autre  divers  avis.  Pat.  Les  troubles  i 
croiircnt  de  jour  à  autre.  Ablanc.  Il  me  remet  de  jour 
à  autre  ,  ou  de  jour  en  jour.  Je  vous  conterai  cette  hii- 
tohe  jour  pu  jour.  D'un  jour  à  l'autre.  Cet  adverbe 
marque  un  temps  défini ,  Se  fignifîe  l'efpace  de  deux 
jours  ,  ou  en  tout ,  ou  en  partie.  Du  plus  riche  hom- 
me de  la  ville  qu'il  étoit ,  il  eft  devenu  d'un  jour  i 
l'autre  le  plus  pauvre.  Vaug.  Remarq. 

A  jour,  eft  encore  une  manière  d'adverbe,  qui  fi- 
gnifîe J  qui  a  des  ouvertures.  Panier  à  jour.  On  l'a  per- 
ce à  jour,  ou  de  part  en  part.  Prends  garde  que  je  ne  te 
perce  à  jour  d'une  dcmonffration.  Ablanc.  Percer  à 
jour  3  (e  dit  quelquefois  pour  pénétrer  ,  voir  f  décou- 
vrir tout  ce  qu'un  homme  penfe;,  Cet  Ambaffadeur 
a  toute  l'adrelfe  Se  toute  la  pénétration  pofîîble;  il 
perce  à  jour  tous  les  Miniftres  avec  lelquels  il  traite. 

Après  ce  mot  de  jour  on  met  la  particule  de.  Le 
jour  d'hier  ,  le  jour  de  devant ,  le  jour  d'après  :  fi  le 
mot  un  fe  trouve  devant  le  mot  de  jour,  on  ne  met- 


J  o  u 


rr.i  point  la  particule  de  dans  ces  phrafes.  Un  jour  de- 
vant ,  un  iour  après. 

On  dit  en  ftyie  populaire  :  Bon  jour  &  honfoir  , 
>ccc.  Bon/o^/r&bonan.  Vtonjour&c  adieu.  On  dit  au(- 
Ï!  lion  jour  h.  ceux  qu'on  n'a  pas  vus  depuis  long-temps. 
Il  n'a  fnit  que  dire  bon  jour  6c  adieu  :  pour  duc  , 
il  cft  venu  ,  ôc  s'en  clt  .lUc  aulli-tôt  ;  il  n'a  point  été 
long  temps. 

Au  Jour  i.a  JournÉh.  Phrafe  adverbiale,  /-^oyc^  Jour- 
née ,  dans  les  proverbes:  en  Latin  ,  in  dicin. 

Jour  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrales  :  Quand 
on  veut  tt-moigner  qu  une  choie  ennuie  &  dure  trop  , 
on  dit  qu'elle  ell  longue  comme  un  jour  fans  pain. 
Pour  bien  louer  un  enfant  ,  ou  une  autre  perlunne 
de  fa  beauté  ,  on  dit  qu  il  ell  beau  ,  qu  elle  ell  belle 
comme  le/twr.-  &  pour  la  méprilcr  ,  ont  dit  quelle 
eft  belle  à  la  chandelle  ,  mais  que  le  jour  gâte  tout. 
On  dit  aulli  ,  bon  your.bonne  œuvre  ;  pour  dire  ,  que 
les  f'célérats  font  les  jours  de  Fêtes  les  meilleurs 
coups.  On  dit  encore  ,  quand  on  veut  pcnler  à  une 
choie  ,  ou  la  remettre  :  Demain  il  fera  jour.  On  dit 
aulli ,  pour  montrer  que  deux  choies  ne  fe  rellemblent 
pas  :  Il  y  a  de  la  diflérencc  comme  du  jour  à  la  nuit. 
A  chaque  /t'i/rfufHt  fa  peine.  Ce  proverbe  eft  formé 
de  ces  paroles  de  l'Evangile  :  Sufficit  diei  malitia 
fua.  On  dit  qu'un  homme  fait  de  la  nuit  le  jour 
ôc  da  jour  la  nuit ,  quand  il  palle  le  jour  à  dormir  j 
&  la  nuit  .\  fe  divertir.  On  dit  aulli  qu'un  homme 
vit  a.u  jour  la  journée  ,  quand  il  dépenfe  chaque  /our 
ce  qu  il  a  gagné.  On  dit  :  les /ours  ie  luivent ,  mais  ils 
ne  fe  rellemblent  pas  ,  pour  dire  que  les  choies  ont 
changé  ou  changeront  de  t.icc. 

On  dit  qu'une  perfonne  tient  fes  grands  jours  , 
quand  elle  reçoit  chez  elle  beaucoup  de  monde.  On 
dit  de  M.  de  Marillac  ,  Garde  des  Sceaujc  ,  qu'il  avoit 
l'art  de  trouver  plus  de  vingt-quatre  heures  au  jour. 
De  ViGM.  Mar.  On  pouvoir  le  dire  .avec  plus  de  rai- 
fon  de  M.  d'Argenlon ,  Garde  dus  Sceaux ,  régillant  en 
même  temps  les  Finances. 

JOURA.  Perite  île  de  l'Archipel.  Gyaros  ,  Gyari.  Elle 
eft  entre  les  îles  d'Andri  ,  de  Ténos  &  de  Zca.  Joura 
eft  inhabitée  ;  on  n'y  voit  que  quelques  cabanes  de  pê- 
cheurs. Elle  fe  nommoit  autrefois  Gyare  ,  &  c'étoit  un 
lieu  d'exil ,  comme  il  paroït  par  ces  vers  de  Juvénal , 
Satyre  ,  /.  \crf.  jj. 

Audi  aliquid  brcvibus  Gyarïs  6'  carcere  dignum  , 
Si  vis  eJJ'e  aliquid. 

Holfteiiius  croyoit  que  l'ancienne  Gyaros  n'étoit 
point  Joura  ,  mais  Caloïro  ,  ou  Caloïera  ;  mais  il  y  a 
beaucoup  plus  d'apparence  que  c'eft  Joura.  Le  nom 
même  n  eft  qu'une  corruption  de  celui  de  Gyaros. 
J^oye^  Spon  ,  Voyage  de  Grèce  ,  T.  I.  Le  P.  Hardouin 
croit  que  Philoltrate  parle  de  cette  île  dans  la  vie 
d'AppoUonius  ,  L.  Fil.  c.  S.  p.  341  ,  &  qu'il  y  faut 
lire  \.'Uix  ,  au  lieu  de  tv«£./.  M.  Corneille  dit  Giaros , 
mais  puilque  l'ufage  a  fait  un  autre  nom  à  cette  île  , 
il  n  eft  point  nécelfaire  de  retenir  l'ancien  mot.  On 
le  pourroit  pourtant  en  parlant  de  l'antiquité. 
JOURDAIN ,  f.  m.  Nom  dune  rivière  delà  Terre  Sain- 
te, qui  s'appelle  aujourd'hui  Scheviah.  Jordanis.  C'eft 
la  feule  rivière  confîdérable  de  la  Paieftine.  Elle  naît 
dans  le  mont  Liban  de  deux  fources  ,  lefquelles  ,  à  ce 
que  l'on  dit  ,  forment  par  leur  union  la  rivière  du 
Jourdain.  Elle  traverfe  le  lac  de  Samachonite  ,  &  en- 
fuite  celui  de  Genélareth  ,  &  fe  va  enfin  perdre  dans 
la  mer  Morte.  Le  Jourdain  étoit  anciennement  la 
borne  de  la  Terre  de  Chanaan  ,  ou  de  la  Terre  Pro- 
nùfe ,  &  il  la  féparoit  des  pays  qui  furent  conquis  lur 
Séhon  ,  Roi  des  j^morrhéens  ,  &  fur  Og  ,  Roi  de  Ba- 
fan  j  &  qui  furent  donnés  aux  Tribus  de  Raben  ,  de 
Gad  j  &  à  une  moitié  de  la  Tribu  de  Manaffé.  Cette 
rivière  eft  très-célèbre  dans  l'hiftoire  fainte  ,  les  lÉhë- 
lites  la  palferent  à  l'ec  ,  comme  ils  avoicnt  pallé  la  mer 
Rouge.  Elie  &  Élifée  firent  enfuite  la  même  chcfc. 
Nahaman  ,  Miniftre  d'un  Roi  de  Syrie  ,  fut  guéri  mi- 
raculculement  de  la  léprc  ,  en  s'y  baignant.  JÉsus- 
Christ  y  fut  baptifé  p'ar  JcanBaptifte. 

Quelqi.ics-uns  dilent  que  cette  rivière  fort  de  deux 


J  O  U  2yy 

fontaines,  dont  l'une  fe  nomme /or,  &:  l'autre  Dan; 
ik  que  c'eft  de-la  que  vient  le  nom  du  lleuve.  Mais 
Jofepii  ne  parle  que  d  une  fontairiC  du  Jourdain  ,  & 
l'antiquité  n'en  a  jamais  reconnu  d-ux.  D'autres  ti- 
rent ce  nomde  i"ii'  ,  Jorcd ,  qmligmhc defcendanc  ,  de 
T  1  '  ,  Jarad  ■■,  c'eft-à  dire  ,  dcfcendre  ,  6c  de  Dan  , 
parce  que  ce  Hcuve  defcendoit  de  la  partie  du  mont 
Liban  ,  qui  étoit  dans  la  1  ribu  de  Dan  :  mais  la 
Tribu  de  Dan  étoit  au  midi  de  la  1  erre-Sainte  ,  tk. 
bien  loin  du  Liban  &  de  la  fource  du  Jourdain.  Il 
falloir  dire  que  Jourdain  iignihe  dcjcendant  de  Dan  , 
parce  qu'il  defcendoit  de  la  partie  du  mont  Liban 
qui  étoit  proche  de  la  ville  de  Dan ,  &  dans  fon  ter- 
ritoire ,  &  non  pas  de  la  Tribu  de  Dan.  En  fuppo- 
fant  cette  étymologie  vraie  ,  Jordan  ,  Jourdain  ,  eft 
une  corruption  &  une  abréviation  pour  Joreddan  , 
n'^"' ,  avec  un  daghès  dans  le  Daleth. 

Il  ne  hmt  jamais  ni  écrire  ,  ni  prononcer  en  Fran- 
çois Jordain  ;  m.iis  toujours  Jourdain. 

Jourdain  ,  en  Aftronomie.  Le  Heuve  Jourdain.  Nom 
d'une  conftcllation  formée  par  Auguftin  Royer  ,  de 
quelques  étoiles  informes.  Elle  eft  dans  l'hémifphère 
feptentrionaJ.  Elle  eft  placée  entre  la  grande  ourfe  & 
le  lion  ,  &  compofee  de  5  i  étoiles  ,  depuis  la  fécon- 
de jufqu'à  la  -fixième  grandeur.  Foye^  ks  Tables  de 
Royer. 

Jourdain  ,  f  m.  Nom  d'homme.  Jordanus.  Jourdain  de 
Saxe  ,  touché  des  prédications  de  S.  Renaud  ,  en- 
voyé à  Paris  par  S.  Dominique  ,  entra  dans  l'Ordre 
de  ce  Saint  en  i2zq  ,  &c  en  fut  créé  Général  en 
1222. 

JOURNAIRE  ,  f.  m.  yoye\  Journal.  Bréviaire. 

JOURNAL ,  adj.  &c  f.  m.  |p*  Comme  adjedif ^  il  fe  joint 
avec  livre  ,  papier.  Livre  ,  papier  journal ,  papiers 
journaux.  Livre  j  papiers  qui  contiennent  ce  qu'on 
reçoit  ,  ce  qu'on  dépenfe  ,  ce  qu'on  veiid  ,  ce  qu'on 
acheté  chaque  jour.  Comme  f  ubftantif ,  il  fignifie  une 
relation  jour  par  jour  de  ce  qui  fe  palle  ,  ou  de  ce 
qui  s'eft  pafté  en  quelque  endroit  ,  ou  en  quelque 
artaire.  Diarium  ,  éc.  Un  homme  d'ordre  tient  un  pa- 
pier journal  de  ce  qu'il  reçoit  ,  de  ce  qu'il  dépenfe. 
Les  Marchands  tiennent  des  livres  journaux  de  ce 
qu'ils  vendent  ,  &  de  ce  qu'ils  achettent.  Quoique 
l'Ordonnance  porte  que  les  Journaux  des  Marchands 
feront  lignés  ,  cottes  &c  paraphés ,  l'ufage  confulairc 
confirmé  par  les  Arrêrs  les  a  difpenfés  de  cette  ri- 
gueur. Cette  Hiftoire  eft  réduite  en  forme  de  jour- 
nal ,\o\i}:  par  jour.  Le  Journal  d'un  fiége  contient  jour 
par  jour  tout  ce  qui  fe  patle  à  ce  fiége.  Les  relations 
des  Voyageurs  le  font  fouvent  en  forme  de  Journal. 
Le  Journal  d'Henri  III.  Le  Journal  des  Audiences  du 
Parlement  en  trois  volumes  in-folio  :  c'eft  un  recueil 
des  arrêts  les  plus  notables.  Le  journal  du  Palais  en 
douze  vol.  i«-4°.  a  été  compolé  par  MM-  Guéret  & 
Blondcau  :  c  eft  un  recueil  d'arrêts  de  divers  Parle- 
mens.  Les  queftions  fur  lefquelles  ils  ont  été  rendus  , 
y  font  traitées  favamment.  Ménage  dérive  ce  mot  de 
Diurnale. 

|t!r  On  appelle  Journal  desSavans,  un  ouvrage  pério- 
dique qui  s'imprime  tous  les  mois  ,  contenant  l'ex- 
trait des  livres  nouveaux  ,  avec  un  détail  des  décou- 
vertes que  l'on  fait  dans  les  arts  &  dans  les  fciences. 
Les  Journaux  des  Savans  ont  été  inventés  pour  le 
foulagement  de  ceux  qui  font  ou  trop  occupés  ,  ou 
trop  parelleux  pour  lire  les  livres  entiers.  C'eft  un 
moyen  de  tatistaire  fa  curiofité  ,  &  de  devenir  favant 
à  peu  de  frais.  Ils  gâtent  par -là  bien  des  gens;  néan- 
moins comme  ce  dellein  a  paru  très  commode  ,  & 
très  utile  ,  il  a  été  imité  fous  des  titres  diftérens.  Ce- 
pendant l'on  a  donné  inditféremment  le  nom  de 
Journaux  ,  aux  Ouvrages  compofes  fur  le  même 
plan  que  le  Journal  des  Savans  de  Paris;  comme  les 
Tranfaclions  Philofophiques  de  Londres  ,  les  Acies 
deLeiphck  ,  la  République  des  Lettres  ,  la  Biblio- 
thèque untverfclle ,  les  Mémoires  pour  l'HiJIoire  des 
Sciences  &  des  Arts.  En  1692.  M.  Junckerus  a 
publié  en  Laàn  un  Traité  hijîorique  des  Journaux 
des  Savans  publies  en  divers  endroits  de  l'Europe  juf- 
qu'à prefcnt  ;   Volfîus  &  Burchardus ,  Gottelfius, 


25-6  J  O  U 

Struvius ,  eii  ont  aulïï  parlé ,  &  celiti-là  dans  G 
Dillêrtatioa  ,  de  Photio  Epkemeridum  Eruduorum 
inventore  ,  celui  ci  dans  ies  SuppUmenta  ad  Noti- 
dam  Rei  LimrarU,  &  après  lui  ks  Mémoires  de 
Trévoux  ,  1-12.,  pag.  217. 

Les  rranûdioas  l'iiilotophiques  ,  les  Mémoires 
&  l'hilloire  de  l'Acadcmis  des  Sciences  ,  celle  de 
l'Académie 'des  Belles  Lettres.  Les  Mifccllanea  Na- 
ture Cunofomm  ,  qui  tinirenc  en  1706  après  avoir 
duré  30  ans-,  les  Saggi  di  naturaU  efperunie  fane 
nel  Academ.a  dd  cimcnco ,  c'elt  à  dire  ,  les  EJjais 
dis  expériences  naturelles  fuices  dans  l'Académie  de 
l'Epreuve  :  les  Acla  PhJoexoticorum  nature  &  ar- 
tis  y  qui  ont  paru  depuis  Mars  1686  ,  jufqu'en 
Avril  1687,  &  qui  font  une  hilloire  de  l'Académie 
de  Breliè  ;  les  Mifcellanea  Berolinenfia  ,  ou  Mé- 
moires de  1  Académie  des  Sciences  de  Berlin  ,  & 
les  aiiircs  ouvrages  fcmblables  ,  ne  font  point  des 
Journaux ,  on  a  tort  de  les  mettre  de  ce  nombre  ^ 
de  leur  nom. 

Junckcr  &  Conllantin  Volfius  ,  qui  donnent  à 
Photius  la  gloire  d'être  l'Inventeur  des  Journaux  , 
■  ont  plus  de  raifon.  Sa  Bibliothèque  n  eft  pourtant 
pas  tout  à  tait  ce  que  font  nos  Journaux  ,  ni  fon 
delfein  le  mcmc  ;  ce  font  des  abrégés  &:  des  extraits 
des  livres  qu'il  avoii  lus  pendant  fon  ambailade  de 
Pcrfe. 

On  ne  peut  donc  refufer  la  gloire  de  l'invention 
des  ■Journaux  a  la  France  ,  &  à  M.  Salo  ,  conleiUer 
au  Parlement  de  Paris  ,  qui  commença  le  Journal 
des  Savans  à  Paris  en  166;  fous  le  nom  de  lieur 
d'Hédouville.  Le  premier  parut  le  cinq  de  Janvier  ; 
il  continua  jufqu'au  trente  de  Mars.  Sa  mort  inter- 
rompit l'ouvrage.  On  n'a  de  cet  excellent  homme 
que  treize  Journaux  de  l'année  1665,  depuis  le 
premier  de  Janvier  ,  jufqu'au  lundi  trente  de  Mars. 
U  mourut  la  même  année  de  chagrin  d'avoir  perdu 
1 00000  écus,  c'ell-à-dire  ,  tout  fon  bien  au  jeu. 
De  'Vign.  Marv.  M.  l'Abbé  Gallois  le  reprit  au 
commencement  de  1666.  Après  quelques  interrup- 
tions fur  la  tin  de  1674,  il  le  céda  à  M.  l'Abbé  de 
la  Roque  ,  qui  le  fit  pendant  huit  à  neuf  ans  ^  & 
qui  eut  pour  luccelfeur  M.  Coufm,  Prélident  à  la 
Cour  des  Monnoies.  Il  le  fît  jufqu'en  1701,  que 
M.  l'Abbé  Bignon  inllitua  une  nouvelle  Compa- 
•  gnie  ,  à  qui  il  donna  le  foin  de  continuer  ce  Jour- 
nal. On  lui  donna  en  même  temps  une  nouvelle 
forme,  &  on  l'augmenta.  =j:T  Cette  Compagnie  iuh 
fitte  encore  ;  &  c'eil  M.  de  NLilesheroes  qui  en  a 
l'inlpection.  .  , 

Les  autres  Journaux  François  font  les  Mémoires 
Ôc  Conférences  fur  les  Sciences  &  les  Arts  ,  par  M. 
Denis,  pendant  les  années  1672  ,  1673  ,  '^74  i 
les  nouvelles  découvertes  fur  toutes  les  parties  de 
la  Médecine,  p.ir  M.  de  Blegny  ,  en  1679;  le  Jour- 
nal de  Médecine  commencé  en  16S2,  &  quelques 
autres  femblabies  difcontinués  auiiitct  que  com- 
mencés. Les  nouvelles  de  la  République  des  Let- 
tres que  M.  Baylc  commença  en  1684  ,  ik  que  M. 
de  h  Roque ,  &  quelques  autres  amis  de  M.  Bayle  , 
&  M.  Bernard  ,  ont  continué  depuis  Février 
1687,  qu'une  maladie  obligea  M.  Baylc  de  le  quit- 
ter jufqu'en  1689.  Après  une  interruption  de  neuf 
•ou  dix  ans,  M.  Bernard  le  reprit  au  commencement 
-de  1699  ,  &  l'a  continué  jufqu'en  17 10.  L  hilloire 
des  ouvrages  des  Savans  par  M.  Balnage  de  Beau- 

■  val  commença  pa*  le  mois  de  Septembre  1686  ,  i^t 
a  fini  en  Mars  17 10.  La  Bibliothèque  univertelle  & 
hiftorique  de  M.  le»  Clerc  ,  dont  il  y  a  jufqu'en 
1603  vingt  cinq  volumes.  La  Bibliothèque  choifie 
du'mêi-ne  commença  dix  ans  après  en  1705.  Les 
Mémoires  pour  l'hllfoire  des  Sciences  &  des  beaux 
Arts ,  appelés  communément  les  Mémoires  de  Tré- 

■  voux ,  cm  commencé  en   1701.  Les  Ellàis  de  Lit- 

■  térature  n'ont  été  poufTés  qu'au  douzième  volume 
pendant  'les  années  1702  ,  1705  ,  &  1704.  Ces 
Ellais  ne  parloient.que  des  livres  anciens.  L'an  1704 
vit  naître  Se  fini-  le  Recueil  des  pièces  fugitives  j 
dont  il  ne  parut  que  quatre  volumes.  Dix  ou  douze 


J  O  U 

ans  après  on  a  repris    cet  ouvrage  avec  auffi  peu 
rte    lucces.  Le   Journal  Littéraire  ,    ouvrage    du  P. 
Hugo  J  Prémontré  ,  commença  ëc  finit  avec  l'an- 
née   170J.  On  a   tenté  deux  tbis  à  Hambourg   un 
Journal  en    François  ,   mais    l'entreprit'e    n'a    pas 
réu.li.  U  n'a   paru  que  fix    feuilles  des  Ephéméri- 
des   lavantes  ,  ëc  deux  années  d  un  Journal  des  Sa- 
vans ,   dont    M.    Dartis    étoit    l'Auteur  ,   1694  & 
1695.  Celui  que  M.  Chauvin  entreprit  à  Berlin  en 
1697  a  duré  trois  ans.  On  a  fait  quelque  tentative 
lemblable  à  Genève.  Il  y  a  de  plus  en  France  le 
Journal  Littéraire  commencé  à  la  Haye  en  1715  ,  Se 
celui  de    Verdun  ,    Se    la   Bibliothèque    Angloife. 
IfT  On    diroit   que    la    Fureur   des    Journaux  &  des 
Dictionnaires    s'efl    emparée    de    la    nation    Fran- 
çolte.    Année   Lluéraire.    Journal    Etranger.    Jour- 
nal   Chrétien.  Journal  de   Médecine.    Annonces   & 
Affiches.    Journal   Encyclopédique  ,   qui  te   fait  & 
s'imprime    à  Liège ,  fi   l'on   en   croit  le  titre.  Xe 
Conjervateur.  UObJervateur  Littéraire.  Annales  Ty- 
pographiques, Journal  du   Commerce.  Journal  Eco- 
nomique.  Journal  pour  les  Dames.  Journal  Villa- 
geois.  Eeuille  nécejj'aire  ,  Sec. 

Les  Journaux  Anglois  font  The  hijlory  of  the 
Vorks'oj  the  Leaoned  ,  c'elt  à-dire  ,  l'hijïoire  des 
Savans  J,  qui  commença  à  Londres  en  1699.  Cen- 
Jura  tzmporum  en  1708.  En  1710  il  en  parut  deux 
nouveaux  :  1  un  tous  le  titre  de  Mémoires  de  Litté- 
rature -,  c'elt  une  feuille  volante  ,  qui  ne  contient 
qu'une  Tradu.fion  Angloit'e  de  quelques  articles 
des  Journaux  Etrangers.  L'autre  elt  in-  4".  en  quatre 
ou  cinq  tcuilles  :  c'ell  un  Recueil  de  pièces  fugiti- 
ves ,  intitulé  :  Bibiiotheca  curiojiora  ,  &c.  Ils  lôn: 
de  M.  de  la  Roche. 

Les  Journaux  Italiens  font  celui  de  l'Abbé  Na- 
zari  ,  qui  a  duré  depuis  1668,  jutqu'en  1681.  Il 
s  imprimoit  à  Rome.  Celui  de  'Venite  commença 
en  1671  ,  &  (init  en  même  temps  que  celui  de 
Rome.  Les  Auteurs  étoient  Pierre  Moretti  &  Fraa- 
çois  Miletti.  Le  Journal  de  Parme  par  le  P.  Gau- 
dence  Roberti  ,  &  le  P.  Benoît  Bacchini,  Bénédic- 
tin de  la  Congrégation  du  Mont-Caifin.  Il  tomba 
en  1690,  on  le  reprit  en  1692.  Le  Journal  de  Fer- 
rare  ,  entrepris  par  M.  l'Abbé  de  la  Torre  ,  cona- 
mença  &  tînit  en  1691,  La  Galeria  di  Minerva, 
commencée  en  1696  y  eft  l'ouvrage  d'une  lociété 
de  gens  de  Lettres.  M.  Apoftolo  Zeno ,  Sécretaite 
de  cette  fociété  ,  commença  un  autre  Journal  en 
17 10  fo-.is  les  aufpices  du  Gitnd_  D\xz.  Il  s'impri- 
moit  à  Venife  ,  &  pluiîeur;  pcrtonnes  de  dilHnc- 
tion  y  avoient  part.  Les  Fafii  eruditi  délia  bibiio- 
theca volante  fe  taifoient  à  l'arme. 

Le  premier  des  Journaux  Larins  etl  celui  de  Leip- 
Ç\ck,Acla  Eruditorum ,  commencé  en  1682.  Pier- 
re-Paul Manzani  en  avoir  commencé  un  à  Parme. 
Les  Nouvelles  Littéraires  de  la  mer  Baltique  ,  Nova 
Litteraria  maris  Balthici  ,  ont  duré  depuis  1698, 
jufqu'en  1708.  Le  Journal  de  Hambourg  commença 
en  1703.  Les  Acia  Litteraria  ex  manufcriptis ,  Sc 
h  Bibiiotheca  curiofa  commencée  en  170?  ,  &  finie 
en  1707  font  de  M.  Struvius.  M.  Kufter  &  M.  Sike 
commencèrent  en  1697  ,  &  firent  pendant  deux 
ans  la  Bibliothèque  -des  Livres  nouveaux.  Le  Jour- 
nal Suille  appelé  ,  Nova  Litteraria  Helvetica  ,  com- 
mença en  1702  ,  qui  eft  de  M.  Scheuchzer  ,  &: 
les  kcla  Medica  Hajnienfia  de  Thomas  Bartholin, 
qui  font  cinq  Tomes,  depuis  1671  jutqu'en  i''79. 

I!  y  a  deux  Journaux  Flamans  :  l'un  fous  le  titre 
àtBoocki  alv an  Europe.  U  fut  commencé  en  i(?92 
par  Pierre  Ribbus  à  Rotterdam  ,  Ss:  continué  de- 
puis #702  ,  jutqu'en  1708  par  MM.  Sewel  &_Ga- 
vcrn  ;  l'autre  eft  d'un  Médecin  nommé  Ruiter, 
^i  l'a  commencé  en  1710  au  mois  de  Ju:,.et. 

Les  Journaux  Allemands  les  plus  coni^us  ,  font 
le  Monrtlichen  Unterredungen  ,  qui  a  duré  depuis 
16S9  ,  jufqu'en  1698.  La  Bibliothèque  Cuneuie 
commencée  en  1704  ,  &  finie  en  1707.  Ces  deux-ci 
font  de  M.  Tenzel.  Le  Journal  d'Hanovre  com- 
1  mencé  en  1700  ,  6c  fait  pendant  deux  ans  par  U. 
'  /       >  r  Eccardj 


J  o  u 

Eôcard  j  fous  la  direction  de  AI.  le  Baioii  de  Lcib 
iiitz  ,  &  continué  cni'uice  par  d'.iunes.   Le  iounuil 
Thcologique  de  M.  Lœfehcr  ,  fous  le  titre  ,  JUcs 
and  JSleucs  ,   c'cfl:  -  à  -  dire  ,  Anciens  &   Nouveaux. 
Un  troilième  qui  fe  vend  à  Leiphk  tk.  à  Franctori 
depuis  1708  ,  6c  dont  les  Auteurs  font  MM.  Cluil" 
tophe   Wolterek  ,  ^  Jean-,  leun  Kraute  ,  &,  Jérô- 
me  Auguilin    GrolchulHus  ;  &c    un    qu-itrièmc    de 
Hall,  dont  l'Auteur  cil  M.  Guillaume  iurk.  foyc^ 
les  Auteurs  cités  d'abord. 
Journal  ,  en  termes  de  Marine  ,  cil  un  regrftrc  que 
les  Pilotes  tiennent  de  tout  ce  qui  elt  arrivé  au  vail 
feau  ,  par  chaque  jour  &  d^heure  en  heure  ,  pour 
fcrvir  à  hiire  Iclu"  ellimc  &  leur  pointage  ,  comme 
les  rumbs  ,   les  vents  ,  le  lilLige  ,  les  hauteurs ,  les 
tourmentes ,  les  rencontres  ,  ùc. 
Journal   ou   Jdurnau  ,    eft  une    mefure   de    terre 
gCr  en  uiage  dans  plulieurs  Provinces.  L'étendue  du 
journal  a  été  rixec  lur  ce  qu'une  charrue  peut  labou- 
rer en  un  jour:  &  comme  il  y  a  des  terres  plus  ai 
fées  à  labourer  que  d'autres  ,  le  journal  n  a  pas  la 
même  étendue  par  tout.  Jugerum.  En  plulieurs  en- 
droits on  donne  les   terres  par  journaux  ,  au  lieu 
d'arpens.   Ce    mot   n'eft    en   ufige    qu'en  quelques 
Provinces ,  par  exemple  en  Champagne.  Cotgrave 
qui  a  mis  ce  mot  dans    fon  Dictionnaire  ,  tait  l'e 
valuation  du /i)i^r/2i2«  de  quelques  Provinces  de  Fran- 
ce. On  nomme  ainlt  en  quelques  endroits   de    la 
Guienne  ,   ce  qu  aux  environs  de  Paris  on  nomme 
Demi  arpent.    Quatre  quartonnats  font    le  journd. 
Ce  mot  elt  tort  ancien  en  ce  tens.   Par  acte  de 
vente  fait  la  trente  Se  troilième  année  du  Règne  de 
Charlemagne  ,  &  par  conlequent  l'an  Soi  ,   Bctton 
cède  à  S.  Ludger ,  entre  autres  'choies  ,  un  journau  de 
terre  labourable  ,  Et  uno  jurnalï    in  terra  arubili. 
Voyei  les  Bollandiftes.  Acia    Sancl.  jan.    T.    II , 
;;.  6ss-  A, 
J^  Journau.  Terme  de  Coutume.    Droit  de  corvée. 
C'eft  proprement  une  journée  d'homme  par  torme 
de  redevance  ,   que  quelques  Seigneurs  du  Royau- 
me étoient    en    droit   d  exiger   de  leurs    hommes. 
Ceux  qui  étoient  obligés  au  journau  étoient  iiouiTaS 
par  leurs  Seigneurs. 
OURNAL  ou  JOURNAIRE.    f.  m.   iorr^mum ,  Li- 
ber diurnalis.    C'étoit  autretois  dans  l'Églile  Latine  j 
ce   qu'ell  l'horloge  d ms  l'Églifc  Grecque  „   c'eft  à- 
dire  ,  un    livre  d't,gliic   qui   contenoit  l'Office  de 
chaque  jour.  Quelques  uns  dilent  que  c  étoit  la  mê- 
me choie  que  le  Graduel.  Il  y  a  cependant  bien  de 
la  diiiérence  encre  le  Graduel  &  l'Office  de  chaque 
jour  ;  il  paroit  plutôt  que  c'étoit  ce  que  nous  appe 
Ions   Bréviaire  ^   ou  bien    ce   que  nous  nommuni 
Diurnal. 
fQURNALIER  ,    1ÈRE.    adj.    Ce  qui  fe  fait  chaque 
jour.    Quotidianus.  L^exercice  journalier  d'un  Chré- 
tien. Travail  journalier.  OcLupation  journalière.  On 
attribue   aux    Planètes    des   mouvemens  journaliers 
qu'ils  font  chaque  jour  ;    &  des    mouvemens   pro- 
pres j  qu'ils  ne  font  que  dans  certains  période^.  On 
dit  ,   la   révolution  journalière  du   premier  mobile 
du  foleil.  On  dit  mieux  mouvement  diurne. 
louRNALiER  ,    le  dit  aulii  de  ce  qui  eft  inégal  ,  tan- 
tôt d'une  façon ,  tantôt  de  l'autre.  Dubius ,  varius  , 
incertus.    Les  armes  font    journalièr'es  ;  tantôt    on 
perd  ,  tantôt  on  gagne  des  batailles.   Les   beautés 
font  journalières.  Un  Auteur  eft  journalier. 
journalier,  ledit   en   quelques  endroits,  d'un  ou 
vricr  qui  travaille  à  la    journée.   Alors  il  elt    fubl- 
tantif.  C'elt  un  bon  ,  un  pauvre  journalier. 

Charles  IX  ,  par   une  Ordonnance  ,  défend   lu 
lage  du  vin  aux  mercenaires  ,  journaliers  ,  valets  de 
laboureurs  ,    &  il    ne   leur    permet   qu'à    certains 
I    jours  d'en  ufer. 

toURNALISTE.  f  m;  Celui  qui  fait  un  Journal  , 
ou  qui  y  travaille.  On  le  dit  de  tous  les  Auteurs 
de  Journaux  ,  quoiqu'ils  ne  portent  point  ce  titre. 
Il  n'y  a  guère  d'écrits  mieux  reçus  du  public  ,  ni 
lus  avec  plus  d'avidité  ,  que  ceux  des  iournalifies. 
Les  Journalifies  de  L,cipfik  ,  les  iournalijhs  de 
Tome  F, 


J  O  u 


^57 


Trévoux.  Un  'ioumalijlc  de  Paris  j  de  Hollande  , 
&c.  c'elt  à  dire  ,  un  de  ceux  qui  travaillent  aux 
Journaux  de  Paris  ,  de  Hollande  ,  &c. 

On  appelle  plus  particulièrement  Journaltjîes , 
ceux  qui  tout  les  extraits  des  livres.  Les  Journalifies 
de  Paris  font  ceux  qui  travaillent  au  Journal  des 
Savans  ,  qui  s'cll  longtemps  imprimé  toutes  les 
lemaines  .  ik.  qui  s'imprime  à  préfcnt  tous  les 
mois  à  Paris. 

Parmi  les  Journalifies  qui  avoicnt  accompagne 
Photius,  il  en  choiiit  quatre.  Sallo  fut  le  pumier  j 
&  i  jufte  titre.  L'Abbé  Gallois  fut  le  fécond.  Un 
de  Trévoux  obtint  la  troilième  place  ,  Se  un  de 
HoUinde  la  quatrième.  La  difficulté  fut  de  lavoir 
Il  elle  leroit  accordée  à  Bayle  ou  à  Balnage.  On  au- 
loit  louhaité  de  les  placer  cous  deux.  Chacun  eut 
peur  de  perdre  fon  avantage  :  ils  s'accommodèrent , 
&  convinrent  qu  ils  occuperoient  cette  place  tour 
à  tour ....  Car.    des    Auteurs  anciens  &    mod. 

Un    Journalifie    pallionné  a  beau  jeu  pour  fatis- 
faire  fa  pallion.  Il  a  ,   fuivant   Martial ,  trois  côtés 
par  où  il   peut  prendre  un  livre  j  le  bon ,  le  mé- 
diocre ,   Se  le  mauvais. 
JOURNAU  ou    JOURNAL,  f.  m.    Fojq  le   dernier 

article  de  Journal. 
JOURNiiE.  f.  t.  Durée  du  jour  artificiel  ;  le  temps  que 
le  foleil  eft  fur  l'horizon.  Dies.  ïfJ"  On  le  dit  par- 
ticuhcrenient  par  rapport  à  la  manière  agréable  ou 
pénible  dont  on  remplit  la  durée  du  jour.  Heiireufe 
journée.  Mauvaife  journée.  Travailler  toute  la  jour- 
née. Pailer  triftement  ou  gaiement  toute  la  journée. 

Depuis  cette  journée  , 
Dois-je  dire  junefie ,  helas!  ou  fortunée  ?  Rac. 

tfT  Nous  avons  pris  cette  façon  de  parler  des  Italiens 
qui  ditent  giornata .  On  dit  beau  jour ,  par  rapport 
au  beau  temps  ;  &  une  belle  journée  ,  par  rapport 
aux  occupations  agréables. 

Tenir  la  journée.  Manière  de  parler  fort  en  ufage 
dans  notre  f-lilloire.  Quand  une  ville  étoit  allîégée, 
&  qu'elle  capituloit  lous  la  condition  que  lî  dans 
un  temps  marqué  elle  n'étoit  pas  lecourue  par  de 
plus  grandes  forces  que  celle  des  Aiîiégeahs  :  lï  le 
Iccours  arrivoit  après  cette  efpèce  de  capitulation  , 
cela  s'app'doit  Tenir  la  journée. 
Journée,  le  dit  auiîl  pour  marquer  le  jour  de  quel-, 
que  bataille  fignalée  ,  ou  la  bataille  même.  La  jour- 
née de  Pharfale.  Les  journées  dTlIiiS  ,  &  d'Ar- 
belles.  Us  le  vinrent  prier  de  leur  rendre  leurs  ci- 
toyens qu'il  avoit  fait  prilonniers  à  la  journée  du 
Granique.  Ablanc.  La  journée  de  Cannes  tut  fort 
lar.glante.  La  journée  des  éperons.  La  journée  de  Poi^ 
ticr  ,  la.  journée  de  Rocroi  ,  la  journée  de  Norlinghen. 
Journée  ,  eftaulli  un  elpacede  chemin  qu'on  peut  taire 
en  un  jour ,  le  chemin  qu'on  fait  d'un  lieu  à  .un 
autre.  Jter  diurnum  ,  itineris  dies.  Les  journées  font 
réglées  par  la  Juftice  à  dix  lieues,  tant  pour  les  alli- 
■gnations  qu'on  donne,  que  pour  la  taxte  des  frais 
des  voyages.  On  dit ,  Marcher  à  grandes  journées  , 
Magnis  itinenbus  ;  à  petites  journées  ,  pour  dire  , 
Aller  diligemment  ,  ou  lentement.  Les  voyageurs 
d'Orient  comptent  les  diftances  des  villes  par  jour- 
nées. Ils  étoient  à  trois  journées  du  Danube.  Abl. 
On  diftingue  les  journées  des  voyageurs  en  journées 
de  voyageurs  ordinaires  ,  en  journées  de  caravanes 
de  chevaux  j  &  en  journées  de  caravanes  de  cha- 
meaux. Les  journées  des  voyageurs  lans  marchan- 
diies  ,  en  valent  deux  de  caravanes  de  cheval.  Se 
celle-ci  deux  de  caravanes  de  chameaux.  L'Infan- 
terie venoit  après  à  fes  journées.  Bussi  Rab.  c'eft- 
à  dire ,  failant  le  chemin  qu'elle  a  coutume  de  faire 
fans  fe  prelfer  ni  s'arrêter. 

Dernière  journée.  C'eft  l'écroue  du  dernier  jour 
de  chaque  mois  de  la  dérenfe  de  la  mailon  du 
Roi. 
|iCr  Journée  ,  fe  dit  aullî  du  travail  d'un  homme  pen- 
dant un  jour.  Opéra  diurna.  On  le  dit  de  même 
du   liilaiie  qu'on  donne  pour  le  travail  d'un  jour. 

Kk 


J  o  u 


258 

Merces  ,falanum.  Gagner  fa  journée.  Payer  la  jour- 
née aux  ouvriers. 

Onappellcdcs  gensde  journée  y  des  ouvriers  qu'on 
loue  pour  travailler  le  long  d'un  jour.  Operarli  mer- 
ccnard.  Il  y  a  des  Artilans  qui  travaillent  à  la  ta 
elle  ,  iSc  d'.autres  à  la  journée  ,  il  lui  but  rabattre 
une  demi- journée.  Il  faut  avoir  des  challe-avans 
ou  piqueurs  dans  les  ateliers  ,  afin  de  faire  bien  em 
ployer  la  journée  des  ouvriers  &  des  manœuvres. 

En  pariant  du  travail  des  ouvriers  ,  on  dillingue 
trois  fortes  de  journée;  ajournée  de  l'Entrepreneur, 
qui  ne  regarde  que  la  peine  Se  la  fatigue  des  ou- 
vriers qu'il  emploie  ;  la  journée  bourgeoife  ,  qui 
s'entend  de  l'ouvrage  exécuté  fous  la  conduite  d'une 
perfonne  de  la  part  du  bourgeois  fans  l'Entrepre- 
neur; Il  journée  du  Roi,  qui  eft  pour  des  ouvrages 
qui  ne  le  peuvent  guère  apprécier  juftement  &:  pré- 
cilément  ,  parce  qu'il  les  faut  changer  &  refaire  j 
Comme  des  modèles,  des  delîeins  d'ArchiteÛure  , 
de  Sculpture ,  te. 
03" Journée,  terme  de  Pratique,  fignifie  en  matière 
de  dépens  ,  le  droit  qu'a  un  Procureur  pour  avoir 
alfifté  fa  partie  de  fon  miniftcre  Se  de  (a  préfence  le 
jour  que  la  caule  aéré  plaidée,  ou  qu'il  y  a  eu  quel 
que  inftruâ:ion  ,  à  laquelle  le  Procureur  eil:  réputé 
avoir  été  préfent. 

On  dit  proverbialement  Se  ironiquement ,  qu'un 
homme  a  bien  gagné  ajournée  ;  pour  dire  ,  qu'il  a 
calfé  ou  brifé  quelque  choie  qui  lui  a  caufé  quel- 
que perte.  On  le  dit  aulli  de  tous  les  accidens  qui 
font  arrivés  par  la  faute.  On  dit  aulîi  ,  qu'il  a  tant 
fait  par  (es  journées  ,  c'eft-à  dire  ,  par  (on  travail , 
par  l'es  (oins  ,  par  (on  induftrie  ,  &c.  qu'il  a  obtenu 
ce  qu'il  (ouhaitoit  ■,  qu'il  cfl:  venu  à  bout  de  (on 
entreprife.  On  le  dit  auiîî  (ouvent  en  mauvaile  part  , 
&  en  raillant.  Il  fera  tant  par  fes  journées  qu'il  (c 
fera  challer  de  la  Cour.  On  dit  aulTl  qu'un  homme 
vit  au  jour  la  journée  ,  lorlque  le  (alaire  de  (a  jour- 
née ne  (u(Kt  que  pour  Je  nourrir ,  Se  qu'il  ne  peut 
rien  épargner, 

Toutesfois  je  fuis  de  ces  gens 

De  toutes  chofes  négligens  , 

Qui  vivant  au  jour  la  journée, 

A^e  contrôlent  leur  dcjlinée.  Régnier. 

§^  On  donnoit  autrefois  le  nom  de  journée  à  ce  que 
nous  appelions  aujourdhui  une  Icène  dans  une 
pièce  de  théâtre.  Quelquefois  la  journée  contenoit 
plulîeurs  fcènes ,  &  dans  ce  cas  la  journée  (croit 
ce  que  nous  nommons  un  Adte. 

§CF  C'efl-  un  terme  de  Poëhe  Elpagnole.  On  donne  ce 
nom  en  Elpagne  à  ce  que  nous  appelons  Acte 
dans  nos  pièces  dramatiques.  Les  Elpagnols  divi- 
sent communément  leurs  pièces  en  trois  journées. 
La  première  journée  contient  l'expofition  du  (ujet , 
la  féconde  forme  le  nœud  de  l'intrigue  ,  &  la  troi- 
fième  le  dénouement.  Ils  ont  des  pièces  qui  (e 
bornent  à  deux  journées  ,  d'autres  qui  vont  jul- 
qu'à  quatre  ,  pluiieurs  n'en  ont  qu'une.  Goujet. 

^Cr  Journée  j  s'eft  dit  autrefois  pour  Congrès,  airem- 
blée.  Mais  particulièrement  vouloient  la  treuve  gé- 
nérale ,  Se  qu'une  journée  fe  tint  en  Picdmont  ,  où 
chacun  pourroit  envoyer  Amballadeurs.  Commines. 
On  appelle  à  Mets  en  Lorraine  les  Journées  Feu^ 
dales  ,  la  Julfice  temporelle  de  l'Évcché  de  Mets, 
qui  juge  de  toutes  les  terres  vallales  de  l'Evcché. 
Dans  un  jugement  rendu  aux  Journées  Feudales  de 
Mets  de  l'an  1556,  on  voit  que  les  Comtes  de 
Deux-Pons  ,  Se  de.  Blammont ,  y  préddoient  en 
qualité  de  Pairs  &  de  Hauts-Hommes  de  l'Évêché. 
Dans  les  Mémoires  du  dernier  fiècle  ,  on  ap- 
pelle la  journée  des  Dupes ,  le  jour  où  le  Cardi^ 
nal  de  Richelieu  découvrit  les  intrigues  de  quelques 
Seigneurs ,  &  rompit  les  mefures  qu'ils  prenoient 
contre  lui. 

JOURNEE,  f.  m.  Jornale ,  dans  la  balTe  Latinité,  & 
dans  les  titres.   Quelques    Auteurs   appellent  jour- 


J  O  u 


nel ,  ce  que  d'autres  nomment  journal ,  ou  journau. 
f'^oye-^   ces  mots. 

JOURNELLEMENT,  adv.  Tous  les  jours.  Quotidie. 
Cette  fortification  lera  bientôt  achevée  ,  on  y  tra- 
vaille journellement.  On  lui  fait  journellement  des 
(acrifices.  Bens.  Cicéron  s'exerçoit  journellement  à 
faire  des  Harangues.  Taleman. 

JOUSANT.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'ell  le  reflux 
de  la  mer  ,  fon  mouvement  lorlqu'elle  fe  retire  , 
Se  s'éloigne  des  côtes,  .jîjlas  maris  ,  ou  maritimi 
recedentes. 

JOUTE,  f  f.  Combat  à  cheval  d'homme  à  homme 
avec  des  lances.  Pur^  hafia  certamen.  Les  fêtes  & 
réjouillances  des  Grands  autrefois  (e  failoient  par 
des  joutes  Se  tournois.  Il  y  avoit  des  prix  ,  &  des 
Juges  pour  les  joutes.  Les  joutes  fe  font  avec  la 
lance  ,  on  jette  le  tfard  au  tournoi.  Les  Efpagnols 
ont  pris  ces  exercices  des  Maures ,  Se  les  nomment 
le  Jeu  de  cannes  ,  parce  qu'Us  fe  tirent  en  tour- 
noyant des  cannes  les  unes  contre  les  autres  j  Se  fe 
couvrent  de  leurs  boucliers  pour  les  recevoir.  C'eft 
le  vrai  jeu  de  Troye  que  la  jeunelle  Romaine  pra- 
tiquoit  autrefois.  Les  Turcs  s'y  exercent  encore  à 
prélent  ,  Se  c'ell  ce  qu'ils  appellent  lancer  le  Gé- 
rid.  Foy.  Tournois.  La  difîcrencc  des  joutes  & 
des  tournois  confille  en  ce  que  les  joutes  (ont  des 
elpèces  de  tournois.  On  appeloit  tournois  toutes 
fortes  de  courles  &  combats  militaires  qui  fe  fai- 
loient par  divertillement  Se  galanterie  ;  Se  les  joûtK 
étoicnt  des  combats  qui  (e  fai(oienf  de  près  avec  la 
lance  Se  l'épée.  Le  tournoi  (e  (aKoit  entre  pluiieurs 
Chevaliers  qui  combattoient  en  troupe  ^  Se -Xz  joute 
étoit  un  combat  (mgulier  d'homme  à  homme.  Quoi- 
que les  joutes  fe  fillent  ordinairement  dans  les  tour- 
nois après  les  combats  de  tous  les  champions ,  il  y 
en  avoit  cependant  qui  fe  failoient  (cules  ,  indé- 
pendamment d'aucun  tournoi  j  on  les  nommoit 
joutes  à  tous  venans  ,  grandes  &  pléuières.  Celui 
qui  paroilloit  pour  la  première  fois  aux  joutes  , 
donnoit  Ion  heaume  ,  ou  calque ,  aux  héros  ,  à 
moins  qu'il  ne  l'eût  déjà  donné  dans  un  tournoi. 
Ce  mot  vient  de  juxtà  ,  à  caufc  que  les  com- 
battans  (e  joignoient  de  près  pour  fe  battre.  Sau- 
maile  dit  qu'il  vient  du  Grec  moderne  ^oujlra,  ou 
plutôt  rÇfçps! ,  qui  (e  trouve  en  ce  fens  dans  Nicé- 
phore  Grégoras  ,  L.  X.  j.  D'autres  le  dérivent  de 
jufla  ,  qui  ell:  le  nom  qu'on  a  donné  dans  la  balle  La- 
tinité à  ces  exercices ,  parce  que  le  combat  eft  plus 
julfe  Se  plus  égal  dans  Is.  joute  que  dans  le  tournoi. 
Foyei  le  Glollàire  de  M.  Du  Cangc,  au  mot  jujla. 

Les  Bateliers  ,  en  tirant  l'oiloUj  font  aullî  des /oa- 
tes  avec  des  lances  plates  par  le  bout,  pour  fe  ren- 
ver(er  dans  l'eau. 

Joute  ,  fe  dit  aullî  du  combat  de  certains  animaux  qu'on 
fait  combattre  l'un  contre  l'autre ,  comme  des  cail- 
les J  des  coqs  Se  des  béliers.  Boileau  a  employé  ce 
mot  au  figuré. 

Quand  la  première  fois  un  athlète  nouveau 3 
Vint  combattre  en  champ  clos  aux  joutes  du  barreau. 

JOUTER.  V.  n.  S'exercer  à  Is.  joute,  combattre  avec 
des  lances  ,  ("oit  à  outrance  ,  (oit  par  divertilfement. 
Equefiibus  haftis  ludere.  Le  Concile  d'Albi  de  l'an 
12^4,  défend  aux  Clercs  de  jouter  dans  les  tournois 
avec  l'écu  &  la  lance. 

On  le  dit  aullI  des  animaux.  Que  dirois-tu,  il  tu 
voyois  jouter  publiquement  des  coqs  ?  Ablan. 

§CFOn  l'emploie  au  figuré  comme  fynonyme  de  dilpu 
ter;  mais  dans  le  (lyle  familier  (eulenicnt.'  Je  crain- 
drois  de  jouter  eonxxe  un  fi  habile  homme. 

JOUTEUR.  (.  m.  Cavalier  qui  combat  .avec  la  lance. 
Qui  certatlanceâ.  Il  y  avoit  de  rudes  jouteurs  en  cette 
occafion.  Pierre  Arrias,  (urnommé  le  Jouteur ,  un 
des  Colonels  que  le  Cardinal  Ximenès  avoit  fait  pal- 
fer  en  Afrique,  rendit  de  gr.xnds  fervices  dans  cette 
guerre.  Flech.  ^7e  de  Ximenès ,  L.  III,  p-  ^20. 
On  le  dit  aullî  figurément  des  champions  qui  dil- 


J  o  u 


purent,  qui  combattent  en  d'autres  fortes  d'exercices. 
C'ed  un  riidc  jouteur.   Il  cil:  familier. 

JOUTEKEAUX  ou  JOUTHHAUX.  On  écrit  aulli  jout- 
tereaux,  jauteraux,  jomnaux.  f.  ni.  pi.  Terme  de 
marine.  Ce  font  deux  pièces  de  bois  lenibl.ibles  que 
l'on  attache  des  deux  côtés  au  haut  du  mat ,  pour 
foutenir  les  barres  des  hunes. 

Ce  font  aulli  des  pièces  de  bois  à  l'éperon  du  vaif 
feau  ,  qui  répondent  dune  htrpe  à  l'autre  du  haut  en 
bas,  &  qui  l()nt  mifes  parallèles  pour  faire  l'allem 
blage  des  herpès. 

JOUVE,  f.  f.  Nom  d'un  petit  oifeau  d'Afrique,  de  la 
grofleur  d'une  alouette,  qui  pond  fcs  œuls  près  du 
chemin ,  ik.  eft  fort  fameux  parmi  les  pronoftiqueurs. 
Dapper  ,  p.  2sS. 

JOUVENCE,  f.  f.  Juventus.  Ce  mot  eft  vieux.  Il  figni- 
fleJeunellé,  &  ne  lé  dit  qu'en  cette  phrafc.  Fontaine 
de  Jouvence,  qui  avoit ,  dit-on,  la  propriété  de  rajeu 
nir.  Vous  avez  été  à  la  fontaine  de  Jouvence,  en  par- 
lant d'un  vieillard  qui  eft  fain  &  vigoureux  ,  qui  (cm- 
ble  rajeuni.  Il  eft  parlé  de  cette  fontaine  dans  le  Ko 
man  de  Huon  de  Bordeaux  ,  où  il  eft  dit  que  c'étoit 
une  fontaine  dans  un  lieu  defert ,  qui  venoit  du  Nil 
&c  du  Paradis  tcrreftre,  qui  avoit  une  propriété  ii 
merveilleufe ,  que  11  un  homme  malade  en  buvoit , 
ou  en  lavoit  fes  mains,  il  étoit  aullîtôt  guéri  ;  &:  s'il 
étoit  vieux  &  décrépit ,  il  revenoit  à  l'âge  de  30  ans  , 
&  une  femme  étoit  aulli  fraîche  qu'une  pucelle.  Il 
fait  aulîî  mention  d'un  arbre  de  Jouvence  qui  portoit 
des  pommes  qui  avoient  la  même  propriété. 

Grand  dommage  ejl,  que  ceci  fait  /omettes  , 
Filles  connais  qui  ne  font  pas  jeunettes^ 
A  qui  cette  eau  de  Jouvence  viendrait 
Bien  à  propos. 

D'Herbelot  prétend,  dans  fa  Bibliothèque  Orien- 
tale 5  que  ce  terme  Ae.  fontaine  de  Jouvence ,  nous  eft 
venu  des  Romans  des  Orientaux  ,  dans  leiquels  la 
fontaine  qu'ils  appellent  d  Élie,  ou  de  l'immortalité  , 
eft  fort  fameufe. 

JOUVENCEAU,  f.  m.  Jeune  homme  encore  dans  l'a- 
dolelcence.  On  peint  les  Anges  comme  de  beaux /0//- 
yenceaux.  Je  ne  crois  pas  que  1  on  blâme  l'amoureule 
ardeur  dont  m'enftamme  le  bel  œil  de  ce  jouvenceau. 
Voit.  On  ne  le  dit  guère  qu'en  plailantant.  Vous 
êtes  un  joli  Jouvenceau ,  de  me  donner  des  avis.  Du 
Latin  juvenculus  diminutif  de/z^ve/z/^. 

JOUVENCEL.  f.  m.  Vieux  mot.  C'eft  la  même  chofe 
que  Jouvenceau.  Adolcfcens.  Si  manda  (  S.  Louis  )  à 
Pans  à  la  bonne  Royne ,  fa  mère ,  qu'elle  lui  envoyât 
du  fecours;  ce  qu'elle  fît  en  diligence ,  &  vindrent 
devers  lui  fes  bons  &  anciens  loyaux  ferviteurs  de  la 
Couronne  ,  jufques  audit  Montl'herry  ,  &  là  trouvè- 
rent le  beau  Jouvencel ,  Se  l'amenèrent  à  Paris  fain  & 
fauf  Anonym.    f^ce  de  S.  Louis. 

JOUVENCELLE,  f.  f.  Terme  de  plaifanterie  ,  pour 
dire ,  une  jeune  fille.  Juvencula.  Jouvencelle  au  teint 
déhcat.  ScAR. 

JOUX.  Nom  d'une  petite  ville  ,  ou  bon  bourg ,  qui  a 
un  château.  Jovium  ou  Jurium.  Ce  lieu  eft  en  la 
Franche  Comté  dans  le  Bailliage  de  Pontarlicr ,  à  une 
lieue  de  la  ville  de  ce  nom.  On  voit  dans  le  même 
Bailliage  un  village  avec  Abbaye  ,  qui  porte  aulli  le 
nom  de  Joux  ,  ôc  qui  eft  fur  le  lac  de  Joux  ,  à  fept 
lieues  de  Pontarlier ,  vers  le  midi.  Ces  deux  lieux  ont 
donné  à  une  partie  du  Mont  Jura  le  nom  de  Mont 
Joux.  Voyez  Jura  &  Valois ,  Not.  Gall.p.  2 sj. 

JOUXTE.  (.  m.  Vieux  terme  de  coutume.  Attenant, 
contigu,  joignant  un  autre.  Continuus  ,  contiguus .  Il 
■  ne  fe  dit  que  des  héritages ,  &  en  termes  de  Pratique. 
Il  faut  avoir  les  bouts  &  jouxtes  des  héritages ,  quand 
on  fait  une  faifie  réelle ,  pour  les  fpécifier.  Ce  qu'on 
appelle  autrement  tenons  &  aboutijjans.  Dans  les 
déclarations  qu'on  donne  aux  Seigneurs  ,  il  faut  que 
les  \Jom.s  &c  jouxtes  y  foient  bien  marqués. 

Ce  mot  eft  formé  de  la  prépofition  qui  va  fuivre. 

JOUXTE ,  eft  auftî  une  prépofition  qui  ilgnitîe  ,  joignant. 
Juxta.   Cette  pièce  de  terre  eft  (viuétjouxte  le  che- 
Tome  V. 


J  O  Y  2^9 

min,  tendant  d'un  tel  lieu  à  un  tel  lieu.  Il  ne  le  die 

qu'en  termes  de  Pratique,  &  il  vient  du  V.:iX.a\  juxtà. 
lîG  Ce  terme  étoit  aulli  d  uf'age   en  Inipriiiiciic   dans 

citte  phrafc.  Jouxte  la  copie  originale,  ceft-à  dire 

conf-ormcincnt. 
JOUY.  Nom  de  lieu.  Gaudiacus.   Il  eft  dans  le  pays 

Chartrain.   Valois,  Notit.  Gall.  p.  2^1. 

J  O  Y. 

JOYANT.  Toye:^  J01ANT. 

JOYAU.  L  m.  Ornement  précieux  d'or,  d'argent,  de 
perles,  de  pierreries  qu  on  garde  dans  un  cabinet, 
dans  un  tréfor,  ou  dont  on  le  lert  pour  iL-  parer  en 
de  certaines  occalions  d'éclr.t  &  de  Ccicmonie,  com- 
me font  les  colliers,  les  bracelets,  les  pendans  d  o- 
rcilles,  les  bagues  &  autres  choies  de  cette  nature. 
Gemmeus  ,  aurcufve  ornatus.  Le  mot  jocalia  fe  trou- 
ve fouvent  dans  la  balle  Latinité  pour  des  tils  de  per- 
les ,  des  diamans,  en  un  mot  des  joyaux. 

Dans  leTrélor  de  S.  Denis  on  voit  plulieurs  riches 
joyaux.  Il  y  a  des  Ofticiers  du  Roi  qui  gardent  les 
joyaux  de  la  Couronne.  Les  femmes  ffipulent  par 
leurs  contrats  de  mariage ,  qu'elles  emporteront  telle 
fomme  pour  leur  préciput  ,  avec  leurs  bagues  &c 
joyaux  ,  Hc  les  hommes ,  leurs  chevaux ,  armes  oc  ba- 
gages. 

llCrCemot  eft  vieux,  abandonné  aux  Notaires  &  aux 
Praticiens. 

§3°  Joyaux  de  la  Couronne,  ceux  qui  appartiennent  à 
la  Couronne.  Regia  ga^a. 

Le  mot  de  joyau  vient  du  Latin  jocus  ,  jochus ,  ou 
jocalia ,  flgnih'ant  les  chofes  qu'on  a  du  plailir  à  voir  , 
ou  bien  de  l'Arabe  algiochar ,  ou  algiofar,  dont  fe 
fervent  aulli  les  Efpagnols,  pour  dire  des  perles.  Sau- 
maif'e  dit  que  johar  fignilie  en  Arabe  gumma.  Du 
Cange  le  dérive  de /t)y<«  ,  qu'on  a  dit  dans  la  bafle  La- 
tinité pour  jocalia. 

On  appelle  proverbialement  &  ironiquement  un 
beau  joyau ,  quelque  chofe  dont  on  ne  fait  pas  grand 
cas ,  comme  une  femme  laide  ,  quelque  ouvrage  garni 
de  faux  brillans,  &c. 

JOYE.   royei  Joie. 

JOYENVAL.  Abbaye  de  l'île  de  France,  fituée  à  deux 
lieues  de  S.  Germain  en  Laye ,  du  côté  du  couchant. 
Maty. 

JOYEUSE.  Gaudiofa ,  Jaiqfa.  Bourg  de  France  dans  le 
Vivarès ,  fur  la  petite  rivière  de  Bcfme ,  au  midi  d'Au- 
benas.  Joyeufe  a  titre  de  Duché ,  &  a  donné  fon  nom 
à  l'ancienne  maifon  de  Joyeufe. 

Joyeuse,  f.  f  C'eft  le  nom  qui  eft  donné  dans  les  Ro- 
mans à  répée  de  Charlemagne ,  à  celle  de  Renaud , 
&  à  celle  de  Roland. 

JOYEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  joyeufe.  Hilare. 
Ces  débauchés  paffent  leur  vie  joyeufement,  ils  ne 
prennent  ni  fouci ,  ni  chagrin. 

JOYEUSETÉ.  f.  f.  Vieux  mot.  Joie,  plaifir. 

En  fa  verdeur  fe  réjouit  l'eflé , 

Et  fur  l'hyver  laijfe  joyeufeté.  Marot. 


Ainfi  dans  la  maifon 
Joyeufeté,  farces ,  badineries , 
Juventions  &  telles  drôleries , 
Hyver,  été  y  font  toujours  de  faifon.  R. 

JoyeusetÉs.  f.  f.  &  pL  Paroles  ou  actions  gaillardes  &. 
joyeufes.  Fejliva  verba.  Les  anciens  Chevaliers  di- 
vertifloient  leurs  Dames  avec  plufieurs  gabs  &  ]oyeu~ 
fêtés.  Cela  ne  fe  dit  plus  qu'en  riant  :  cependant  le 
Traduéfeur  des  pieufés  récréations  du  P.  Angeli 
Gazée ,  dit  que  c'eft  une  œuvre  remplie  de  faintes 
joyeufetés  pour  les  âmes  dévotes. 

JOYEUX,  EUSE.  adj.  Qui  donne  ou  qui  reiïènt  de  la 
joie.  Hilaris.  Je  fuis  tout  joyeux  de  vous  voir  :  cette 
phrafe  n'eft  bonne  que  dans  le  tlifcours  familier,  8c 
entre  perfonnes  égales.  Cail.  Pour  engager  un  mari 
à  une  joyeufe  reconnoiffance ,  vous  lui  voulez  donner 
out   votre    bien  en    l'époufant.   P.   Com.    ^3" eus 

Kkij 


z6o 


1  P  E 


joyeux,  d'humeur  joyeufe ,  te  tenir  joyeux,  mener. 
une  vizjoyeufe,  mtmï  joycufe  vie  ,  -Or.  expreliions 
familià-es.  Joyeuje  nouvelle.  Chaulbn  /oyeufe.  On 
dit  de  même ,  bande /oye/^/è ,  en  parlant  dune  com- 
pagnie de  gens  qui  ne  cherchent  qu  a  (e  réjouu' ,  a 
mener  joyeuje  vie.  Foye^  Joie. 

§3"  On  dit  en  Ityle  de  formule ,  le  joyeux  avènement 
du  Roi,  pour  dire  l'avènement  du  Roi  a  la  Cou- 
ronne i  &C  de-là  on  a  employé  ce  mot  pour  iigniher 
plulieurs  droits  dont  le  Roi  jouit  à  Ion  avènement. 
Quelques  uns  de  ces  droits  font  utiles  ,^  tels  que  ceux 
qui  le  lèvent  fur  les  perlbnnes,  l'ur  les  Corps  &  Com- 
munautés. D'autres  font  llmplement  hononhques  , 
comme  de  nommer,  au  préjudice  de  tous  les  Gra- 
dués ,  à  la  première  prébende  qui  vaque  dans  chaque 
EgliCe  Cathédrale. 

^Quelques  uns  prétendent  que  ce  droit  n'eil  pas  fort 
ancien  ,  &  n'en  font  remonter  l'origine  qu'a  Henn 
III  ;  mais  il  efl:  évident  que  ce  Prince  ,  dans  les  lettres 
patentes ,  ne  fait  que  confirmer  un  ancien  droit  auquel 
on  vouloit  donner  atteinte. 

JOYNE.  Joviniacum,  Juviniacum.  On  dit  aujourd'hui 
Joyne  ,  autrefois  on  a  dit  Juvign/ea.  C'etoit  une  terre 
de  l'Abbaye  de  S.  Rémi  de  Reims.  Valois.  Noc. 
G  ail.  p.  2  sS. 

JOYOSA.  Villa  Joyofa ,  ou  Villa  Loyfa.  Joyofa.  Pc 
tite  ville  du  Royaume  de  Valence ,  en  Efpagne.  Elle 
eft  fur  le  golfe  d  Alicante  ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de 
ce  nom ,  du  côté  du  nord.  On  croit  par  limple  conjcc 
rure,  qu'elle  eft  l'ancienne  Hùnojca ,  ville  de  l'El- 
pagne  Tarragonoife.  Matv. 

I  P  A. 

IPANA.   Fleuve  du  Paraguay,  dans  l'Amérique  méri 
dionale.  Ipana.    Les  peuples   qui   habitent^  iur   les 
bords  de  VIpana  étoient  très-barbares  &c  très-cruels. 
Ce  fleuve  ne  le  trouve  point  fur  nos  cartes. 

I  P  E. 

IPÉCACUANHA.  f.  m.  Prononcez  ipécacouana,  Ipe- 
pacuanha ,  radix  Brafilienfis.  Petite  racine  grof- 
fe  comme  le  chalumeau  d'une  plume  médiocre, 
qui  nous  eft  apportée  féche  de  plulieurs  endroits  de 
l'Amérique.  Il  y  en  a  de  trois  efpèces ,  une  brune  , 
une  grïfe  &  une  blanche.  La  brune  eft  la  plus  efti- 
mée  :  elle  eft  compaflc ,  tortue  ,  ridée  par  anneaux , 
cordée  dans  fon  milieu ,  difficile  à  rompre  ,  d'un  goût 
acre  &  amer  :  elle  naît  dans  le  Brélil  fur  les  mines 
d'or  :  elle  poulfe  une  plante  de  moyenne  hauteur,  en 
partie  rampante  &  en  partie  élevée,  portant  peu  de 
Feuilles  oblongues,  pointues,  approchantes  de  celles 
delà  pariétaire.  Ses  fteurs  lont  blanches,  compofécs 
chacune  de  cinq  feuilles  foutenues  par  de  petites  tê- 
tes j  d'où  fortent  des  baies  grolfes  comme  des  cerifes 
fauvages  ,  de  couleur  rouge-brune  quand  elles  font 
mûres,  remplies  d'une  pulpe  blanche  iucculente,  où 
l'on  trouve  à  chacune  deux  grains  ayant  la  figure  des 
lentilles,  dures,  jaunâtres.  La  racine  à' Ipécacuanha 
grife ,  diffère  de  la  précédente  par  fa  couleur  &  par 
la  qualité ,  car  elle  eft  un  peu  moins  forte ,  mais  elle 
poulfe  une  plante  femblable  :  elle  croît  au  bas  des 
Uiontagnes ,  dans  les  prés  &  dans  les  autres  lieux  hu- 
mides. Les  Efpagnols  l'appellent  Bexugillo.  \J Ipé- 
cacuanha blanc  eft  dilférent  des  deux  autres,  non- 
feulement  par  la  couleur ,  mais  par  la  figure ,  car  il 
n'eft point tortu,  ni  raboteux,  il  rellemble  beaucoup 
à  la  racine  du  didlamne  blanc.  On  ne  convient  pas  de 
la  figure  de  la  plante  qu'il  poulfe.  "L' Ipécacuanha  eft 
purgatif  &:  aftringent;  il  eft  aulfi  un  peu  vomitif:  c'eft 
un  des  meilleurs  remèdes  «Se  des  plus  alfurés  qu'on  ait 
trouvés  jufqu'ici  pour  la  dylTenterie. 

IPEPA.  Ancienne  vijle  Épilcopale  de  l'Afie  mineure. 
Kypspa ,  Hypitp£.  Elle  étoit  dans  la  Lydie  près  des 
confins  de  l'Ionie.  Elle  eft  aujourd'hui  dans  la  Nato- 
lie  propre  ,  fur  le  Sarabat ,  à  quelques  lieues  au  del- 
Ais  de  Sinyrne.  Maty, 


I  P  S 

IPER ,  ou  YPER.  Petite  rivière  des  Pays  Bas, de  laquelle 
la  ville  d'Yprcs  a  pris  fon  nom. 

I  PH. 

IPHIANASSE.  C  f.  Fille  de  ProUtus  ,  Roi  des  Argiens  , 
fut  mariée  a  Aielampus,  qui  i'avoit  i^ucric  ,  elle  &; 
fes  foçurs  d'une  maladie  dont  la  DétllcJunon  les 
avoir  aftligées. 

Iphianasse.  Line  des  quatre  fille  d'Agamemnon  ,  fé- 
lon Sophocle  ,  dans  fon  Eledre.  Homère  ne  tait 
mention  que  de  ccue  Pimcellè  ,  &  dit  que  fur  la 
fin  du  liège  de  1  roye  ,  le  Pvoi  de  Myccncs  ,  pour 
appaiter  la  colère  d'Achille  ,  lui  envoya  oftrir  en 
mariage  fa  fille  Iphianajje.  Ce  Poëte  ne  dit  rien  d'I- 
phigénie  ,  ni  de  les  deux  autres  iœurs ,  Llectre  &c 
Chrylothémis. 

IPHICLUS.  f.  m.  Fils  de  Philaclus ,  Prince  de  Thefia- 
lie.  Il  eut ,  entr'autres  enfans,  Protéhlas  ,  le  premier 
des  Grecs  qui  fut- tué  au  liège  de  iroye.  Ipluclus 
fut  un  des  Argonautes. 

Iphiclus  ,  fils  de  Theftius ,  Se  frère  d'Althée  ,  mère  de 
Méléagre  ,  eft  aulîi  compté  parmi  les  Argon.iutes. 

IPHIGÉNIE.  f.  f.  Suivant  plulieurs  anciens  Auteurs  ci- 
tés par  Paufanias  &  par  Mutarque  ,  elle  étoit  fille 
de  ïhéfee  c^c  d  Hélène. 

IPHIMEDIE.  f.  f.  Fille  de  Triopas ,  femme  d'Aloiis. 

IPHIS.  f.  m.  Père  d'Etéocle  &  d  bvadné  ,  femme  de  Ca- 
panée. 

IPHITUS.  f.  m.  Roi  d'Elide  ,  contemporain  de  Lycur- 
gue  :  il  fut  le  reftauratcur  des  Jeux  Olympiques.  iJans 
le  temple  de  Junon  à  Elis  on  confervcit  le  palet  d'/- 
phitus  j  fui-  lequel  étoient  écrites  en  rond  ks  loix 
des  Jeux  Olympiques  ,  avec  les  privilèges  dont  ils 
étoient  accompagnés. 

I  P  O. 

IPOQUISTIDOS.  f  m.  Drogue  dont  il  eft  parlé  dans  le 
Tant-  de  la  Douane  de  Lyon  1632.  C'eft  1  Hypociftis 
du  Tarif  de  1664. 

I  P  R. 

IPRE ,  ou  IPRES.  Nom  d'une  rivière  &c  d'une  ville  des 
Pays-Bas.  Iprs.  ,  Ipra.  Elle  eft  dans  la  Flandre  ,  fur 
la  petite  rivière  à' Ipre  ,  entre  Nieuport  &  Lille  ,  à 
lîx  lieues  de  la  première  ,  &  à  cinq  de  la  dernière. 
Cette  ville  ,  qui  eft  riche  par  la  bonté  de  Ion  ter- 
roir ,  par  fes  manufaClurcs ,  &  par  les  foires  ,  eft  bien 
fortifiée  &  défendue  par  une  bonne  Citadelle.  Les 
François  la  prirent  en  1678  ,  &  elle  leur  fut  cédée 
la  même  année  par  la  paix  de  Nimégue ,  avec  tout 
le  quartier  qui  porte  fon  nom  ,  &  qui  contient  les 
châtellenies  Alpres  ,  de  Bailleul  &c  de  Caftèl.  Par 
la  dernière  paix  elle  a  été  donnée  en  échange  de 
Lille  j  &  aujourd'hui  elle  eft  à  l'Empereur.  Les  Alle- 
mans  &  les  Flamans  l'appellent  Iperen. 

M.  Corneille  écrit  le  nom  de  la  ville  par  un  Y , 
Yprcs ,  &  il  appelle  la  rivière  Yper ,  ou  Iper.  Cette 
rivière  n'eft  qu'un  petit  ruifleau  formé  des  égoûts  du 
pays.  Après  qu'il  a  fcrvi  aux  Artifans  dans  leurs  dif- 
ferens  métiers  ,  il  devient  un  canal  confidérable  ,  & 
de  grande  utilité  au  commerce  de  la  ville  ,  qui  par 
fon  moyen  a  communication  avec  Nieuport ,  Often- 
de  ,  Bruges  ,  Furnes  ,  Bergue  ,  Dunkerke  ,  Saint- 
Omcr  ,  Bourbourg  ,  &c.  Ce  canal  eft  entretenu  pen- 
dant trois  ou  quatre  mois  de  l'été  des  eaux  de  deux 
étangs  qu'on  a  faits  au-dcllus  A'Ipres  ,  parce  qu'alors 
le  ruilfeau  d'Ipres  ,  ou  A' Iper  eft  à  fec. 

IPB  EAU.  f.  m.  Ormeau  à  large  feuille  :  ainfi  appelle  de 
la  ville  d'Ipres ,  d'où  l'on  a  apporté  ces  arbres. 

I  P  S. 

IPS ,  ou  IBS.  Bourg ,  ou  petite  ville  de  l'Archidûché  , 
en  Allemagne.  Ihijjs  ,  Ipjium  Ce  lieu  eft  près  du 
Danube  ,  à  Tembouchure  de  la  petite  rivière  àlbs, 
&  à  quatorze  lieues  au-dellous  de  Lint^. 


I  R  A 

L'IP.S.  Rivière  d'Allemagne  en  Autriche,  dans  le  quar- 
tier du  Haut  Wicnnerw.ild  ,  qu'elle  arrole  du  midi 
au  teptentrion  :  elle  a  la  iource  au  pied  d'une  mon- 
tagne ,  au  midi  de  laquelle  l'Ens  le  recourbe  vers 
le  couchant  &:  (e  jette  à  Ips  dans  le  Danube. 

IPSALA  ,  ou  CYPSELA.  Nom  d'une  ville  autrefois 
Épifcopale.  Cypfella.  Elle  cil  dans  la  Uomanie  ,  lin- 
la  rivière  de  Larilla  ,  entre  Trajanopoli  &  Bilzier. 
Maty. 

IPSCH.  royji  YVOIZ. 

IPSO  FACTO.  ExprclIIon  Latine  j  qui  s'ell  francifcc 
par  le  fréquent  ulage  qu'on  en  a  fait ,  principalement 
en  Droit  Canon.  Il  y  a  des  excommunications  pro- 
noncées par  le  Juge  après  les  monitions  requiles  ,  &: 
il  y  en  a  d'autres  qui  lonr  portées  par  la  Loi  ,  &c 
qui  lont  encourues  ipfo  faclo  ,  c'eft-à-dire  ^  dès  que 
l'aélion  cft  conimil'e.  Celui  qui  frappe  un  Prêtre  eft 
excommunié  ,  ipfo  faclo  ,  par  le  feul  fait. 

IPSOLA.  1.  f.  Efpcce  de  laine  qui  vient  de  Conftanti- 
nople. 

IPSWICH.  Ipfvichum  ,  Gippevicum.  Ville  alTez  confi- 
dérable  d'Angleterre  ,  capitale  du  Comté  de  Suf- 
folck.  ,  &c  lituée  fur  la  rivière  d'Orwel  ,  à  1 1 
lieues  de  la  ville  de  Norwich  ,  du  côté  du  midi.  Elle 
cft  célèbre  pour  avoir  donné  nailîànce  à  Wolfey  , 
qui  de  lïmple  Chapelain  du  Roi  Henri  VIU.  fut  élevé 
aux  dignités  de  premier  Miniftre  d'Etat  ,  de  Chan- 
celier d'Angleterre  ,  d'Archevêque  d'Yorck  ,  de  Car- 
dirîal ,  &  de  légat  à  latere  ,  &  qui  ayant  été  le  prin- 
cipal auteur  du  fameux  divorce  de  Henri  VIIL  mou 
rut  enfin  dilgracié.  Maty.  Long;.  i8  d.  3  j'.  lat.  jz  d. 
6'. 

I  Q  U. 

IQUIQUE.  Nom  d'une  île  de  la  mer  du  Sud ,  fur  la 
côte  du  Pérou.  Iquiqua.  L'île  de  Iquique  eft  au  pied 
du  morne  de  Carapucho.  L'ile  de  Iquique  eft  habi- 
tée par  des  Indiens  &  des  Noirs  qu'on  y  occupe  à 
tirer  la  Guaux.  A  douze  lieues  de  Iquique  ,  on  a  dé- 
couvert des  minières  d'argent.  Frézier.  Je  ne  fais 
ponr.quoi  cet  Auteur  afpire  toujours  l'/dans  ce  mot, 
&c  qu'il  ne  die  pas  l'île  à'Iquique ,  mais  l'ile  de  Iquique. 

IRA. 

^T  IRAC  ,  IRAC-ARABI  ,  IRAC-AGÉML  Toy^ç 

Yerac. 
IRACAHA  ,  ou  IRUCAH.5.  f.  m.  Grand  arbre  des  In- 
des Occidentales  ,  qui  le  trouve  dans  l'iic  de  Mara- 
gnan.  Il  a  fcs  branches  au  lommet ,  &  les  feuilles  lont 
prelquc  lemblablcs  à  celles  du  figuier.  Ses  fleurs  font 
jaunes,  &:  Ion  fruit  eft  de  la  forme  d'une  poire  , ayant 
l'écorce  jaunâtre.  Sa  chair  eft  d'un  fort  bon  goût  j  & 
bonne  à  manger. 
IRAIGNE,  IRANTAIGNE.  f.  f.  Araignée.  On  ne  dit 
plus  en  Anjou  ,  comme  du  temps  de  Ménage  ,  Iran- 
taigne  ,  mais  Iraigne.  Dict.  des  Arts  ,  17  j  i  ,  à  la 
fin  du  mot  Araignée.  P^oyei  le  chapitre  i  34  du  I.  tome 
des  Oblervations  de  Ménage  lur  la  Langue  Françoilc. 
,  IRAK.  Foyei  Yerac. 

I  IRAN.  Province  particulière  de  Perfe ,  entre  l'Aras  & 
le  Kur.  Les  Orientaux  donnent  ce  nom  à  la  Perfe  , 
en  général. 
IRASCIBLE,  adj.  /n2yc7i?';/i5.  Terme  Fhilofophique,  Epi - 
thète  qu'on  donne  à  l'appétit  ou  à  la  partie    infé- 
rieure de  l'ame  j  où  rélîcie  la  colère  &  les  paftiojis 
qui  fe  portent  contre  les  choies  difficiles ,  ou  pour 
lelquelles  on  a  de  l'averlion.  Des  onze  genres  de  paf- 
fions  qu'on  attribue  à  l'ame  j  on  en  donne  cinq  à 
l'appétit  irafcible  ■■,  favoir  ,  la  colère  ,  l'audace  ,  la 
crainte  ,  l'elpérance  &  le  défefpoir.  On  rapporte  les 
fix  autres  à  l'appétit  concupilcible  ,  c'eft-à-dire  ,  la 
volupté ,  la  douleur ,  la  cupidité  ,  la  fuite  ,  l'amoru- 
&  la  haine.  Platon  partageoit  l'ame  en  trois  par- 
ties :  en  partie  raifonnable  ,  en  partie  irafcible  ,  & 
en  partie  concupilcible.  Virafcible  ,  &  la  concupil- 
cible lont  j  félon  ce  Philolophe  ,  les  parties  corpo- 
relles &  mortelles  de  l'ame  ,  qui  caufent  toutes  nos 
pallions  ;  &  Platon  établie  le  fiége  de  Virafcible  dans 


I  R  E 


161 


le  cœur  ,  5c  celui  de  la  concupifcible  dans  le  foie  , 
comme  dans  les  deux  fources  du  fang  ,  &  des  cf- 
prits  ,  qui  fculs  excitent  les  pallions.  On  a  fait  d'au- 
tres divilions  des  pallions  qui  font  traitées  par  Gaf- 
fendi  dans  fa  morale ,  &  par  Dernier  fon  Abrévia- 
teur. 

Il  eftaulTi  quelquefois  fubftantif,  &  fe  prend  pour 
l'appétit  irafcible.  Iracundia. 

I  R  E. 

fRE.  f.  f.  L'un  des  fept  péchés  capitaux.  Colère  ,  mou- 
vement de  l'ame  cjui  la  porte  à  nuire  à  fon  pro- 
chain ,  ou  à  le  venger  de  lui.  Ira.  Ce  mot  ,  quoi- 
qu'un peu  vieux  ,  cft  toujours  en  ufige  dans  le  Ca- 
tliechilmc  ,  ou  en  parlant  de  la  cokre  de  Dieu  exci- 
tée par  les  péchés  des  hommes  ,  on  lit  :  Les  Nini- 
vites  appailercnt  \'irc  de  Dieu  par  la  pénitence  qu'ils 
firent  après  la  prédication  de  Jonas.  Au  jour  du  Ju- 
gement paroîtra  le  courroux  &  l'ire  du  Seigneur. 
Conlultez  la  mémoire  des  chofes  pallées  ,  &  vous 
trouverez  que  les  Anciens  ont  introduit  des  céré- 
monies ,  ou  pour  remercier  la  bonté  divine  ,  ou  pour 
détourner  les  fléaux  de  fon  ire.  Ablanc.  Ils  ont  amaflé 
un  trélor  A'ire  ,  pour  le  jour  terrible  du  Jugement. 
Mauc. 

Hier  Ménage  trouve  ce  mot  beau  ,  mais  il  n'eft  pas  de 
l'ulage  ordinaire.  On  ne  peut  s'en  fervir  que  dans  la 
grande  poëiie  ,  dans  le  ftylc  foutenu  ,  en  parlant  de 
choies  grandes  &z  relevées ,  de  la  colère  de  Dieu ,  des 
Rois.  L'ire  de  Dieu ,  l'ire  célefte. 

Enfer  que  la  foi  m'attejle  ^ 

Séjour  où  /'ire  celefle 

Exerce  un  jujle  pouvoir  : 

Ma  raifon  qui  te  médite  , 

D'e^roi  glacée  -,  interdite , 

Te  croifans  te  concevoir.  N.  Ch.  de  vers. 

Ire  ,  eft  en  ufage  dans  le  burlefque, 

L' Aquilon  fouffle ,  &'d'un  commun  aveu. 
Point  n'ejl  ma  chambre  expoféeàfon  ire. 

Des  HouuERES. 

Q^u  un  favori  cacha  durant  une  grande  ire.  Id. 

Ce  mot  vient  du  Latin  ira  ,  qui ,  félon  quelques- 
uns  ,  vient  du  verbe  urere  ,  brûler.  Donat  tire  ce  mot 
du  verbe  ire  ,  aller.  Il  dit  pour  railon  ,  que  l'homme 
colère  ,  exit  à  fcipfo  quadantenus  ,  fort  en  quelque 
manière  de  loi  même  ,  d'où  vient  qu'on  dit  d'un  hom- 
me qui  eft  revenu  de  fa  colère  qu'il  eft  entré  en  lui- 
même.  On  pourroit  encore  tirer  ce  mot  du  Grec 
îp/f,  difpute  j  débat ,  ce  qui  ne  le  palfe  guère  fans  quel- 
que fentimenr  de  colère. 

Ire  ,  fe  dit  de  la  mer  &  des  vents  ,  quand  ils  font  violents 
&  agités.  Les  vents  commencent  à  devenir  en  ire ,  Se 
la  mer  grollé  nous  dura  pendant  quelques  jours.  Fré- 
zier. C'eft  apparemment  un  terme  ulité  fur  mer. 

Ire.  Terme  de  Mythologie.  Les  Anciens  avoient  fait 
une  Déefle  de  Vire  ,  ou  de  la  colère.  Ira.  On  dé- 
peignoit  Vire  grinçant  les  dents  ,  mais  avec  des  grin- 
cemens  aftreux.  Voye':^  Stace .  Thebaide  ,  Z.  VI.  v. 
jSj.  &  Barthius  fur  cet  endroit,  &  L.  IV.  Sylv.  9. 

\-  SB- 
IRE ,  ÉE  ,  vieux  adj.  Mis  en  colère.  Iratus ,  a ,  um. 
IRRÉGUA.  Nom  d'une  fort  petite  rivière  de  la  Caftillc 
vieille  ,  en  Efpagne.  Irrega.  Elle  fe  décharge  dans 
l'Èbrej  au  village  nommé  Fuente  de  Mudres,  en- 
tre Logrono  &  Calahorra.  Maty. 
IRELAND.  Nom  d'une  des  Iles  Bermudes  ,  fituées  dans 
la  Mer  du  Nord.  Irelandia  ,  Hibernia.  Elle  eft  fur 
la  côte  feptentrionale  de  la  Bermude.  Son  étendue 
n'eft  pas  grande ,  &  les  Anglois  qui  lui  ont  donné 
le  nom  qu'elle  porte  ,   y  ont  quelques  habitations. 
IRELANDE.   Quelques  vieux  Auteurs  écrivent  ainli  : 

aujourd'hui  on  écrit  Irlande.  Voye:^  ce  mot. 
IRÉNARQUE.  f.  m.  Prince  de  paix,  furnom  que  Syn- 


2^2 


ÎR.I 


cellus  a  donné  à  N.  S.  Jésus  Christ  ,  &  qu'il  a  pris 
d'Haïe  ,  qui ,  IX.  6.  dit  que  le  nom  de  Melîie  fera  ad- 
mirable j  Confeillcr,  Dieu  tort,  père  du  liècle  fu 
tur  ,  Prince  de  paix  :  Princeps  Pacis  dans  la  Vulgate. 

IrÉnarque.  f.  m.  Nom  d'un  OHîcier  de  Guerre  dans 
l'Empire  Grec.  Irenarcha.  Prdjeciuspads.  La  fonction 
de  VIrenarque  étoit  d'avoir  loin  de  maintenir  la  paix  , 
le  repos  ,  la  tranquillité  ,  la  lureté  dans  les  Provinces , 
&  {a  charge  revenoit  à  celle  de  nos  Prévôts  des  Maré- 
chaullécs.  Dans  le  code  de  Juftinien  ,  Liv.  X.  m.  7/  , 
il  ell  dit  que  les  Irénarques  font  envoyés  dans  les 
Provinces  pour  y  maintenir  la  tranquillité  &  la  paix  , 
ce  qu'ils  failoient  ,  en  punillant  les  crimes  ,  &  en 
faitant  oblcrver  les  loix.  Il  y  avoit  encore  un  au- 
tre Irénarque  dans  les  villes  j  pour  y  procurer  &  y 
conferver  la  concorde  entre  les  bourgeois,  &z  y  étein- 
dre lesdilfenllons.  On  l'appeloit  autrefois  Prêter  delà 
ville.  f^oye\  le  code  ,  Z.  f^II.  &c  les  notes  de  Godc- 
froy.  C'étoic  les  Décurions  ,  qui  fous  l'autorité  des 
Gouverneurs  ,  failoient  faire  l'éleétion  des  Irénar- 
ques. Les  Empereurs  Théodole  &  Honorius  luppri- 
merent  les  charges  d' Irénarques  ,  parce  qu'abulant 
de  leur  pouvoir  ils  troubloient  les  peuples ,  au  lieu 
d'y  maintenir  l'ordre.  Julfinien  les  rétablit.  l^oye~ 
les  Macri  ,  le  Diétionnaire  de  Calvin  ,  Godefroy 
cité  ,  &  les  notes  du  Père  Hallois ,  Jéfuite  ,  fur  le 
XII*.  Chapitre  de  la  vie  de  S.  Polycarpe  .-  Illufir. 
Ecclcf.  Orient,  fcript.  Viu  &  docum.  T.  I.  p.  fS4  , 
Brillonius  ,  de  verhor.  Jlgnific.  L.  IX.  Les  Irénarques 
croient  ioumis  aux  Gouverneurs  des  Provinces,  /^oj  cr 
la  loi  :  Dlvus  Hadrianus  ,jff.  de  Cujlcd.  &  exhibit. 
reor.  f^oyei  encore  ,  L.  6 .  de  cujlod.  reor.  l.  ult'ima  ,  <j. 
Irenarcha.  ff.  de  Muner.  &  konor.  Il  cil:  parlé  de  \' Iré- 
narque de  Pamphilie  dans  la  vie  de  S.  Neftor  ,  Se  de 
\' Irénarque  de  Paleftine  dans  celle  de  S.  Porphyre  de 
Gaze. 

Ce  mot  veut  dire  Prince  de  Paix  ;  il  vient  du  Grec 
ti^ifiâ'^vus.  ce  mot  eft  compolé  de  deux  autres  ,  uiU,,  , 
qui  veut  àïïc  paix  ,  &z  «&«,  qui  lignifie  Prince  , 
&  qui  vient  d'  '^xi .  commandement  ,  charge  ,  of- 
fice. Rutfin  ,  Hijl.  Eccl.  L.  IV.  c.  /  c  &  Joannes 
Chrifiophorfonus  appellent  V Irénarque  en  Latin  Pr.i- 
feclus  Pacis.  S.  Auguftin  ufe  aullî  de  périphrafe  ,  Ep. 
1 59.  de  l'ancienne  édition.  Ad  quos  tuend&publicA pa- 
cis vigilantia pcrtinet.  Il  eft  pourtant  mieux  ,  comme 
a  remarqué  le  P.  Hallois,  de  retenir  le  nom  à' Irénar- 
que ,  puifque  c'eft  le  nom  d'office.  Il  eft  mieux  aulîî 
de  dire  Irenarcha  ,  quirenarchus  lelon  le  Grec  ,  parce 
que  c'eft  l'ufage.  Voyei  encore  l'Onomafiicon  de 
Rofwcid. 

IRENE.  (.  f.  Nom  propre  de  femme.  Irène.  Sainte  Irène 
ayant  été  expoléc  dans  un  lieu  infâme  ,  elle  y  fut 
prélervée  de  toute  lorte  de  violence  par  une  pro- 
vidence fingulière  de  Dieu  ,  elle  fut  enfuite  mar- 
lyrifée. 

Ce  nom  eft  Grec ,  e'^'»)  ,  dans  cette  langue  ,  veut 
ànepaix. 

IRÉNEE.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Irenaus.  S.  Iré- 
née  ,  Evcque  de  Lyon  ,  vivoit  fur  la  fîn  du  fécond 
liecle.  Le  Comte  Irénée  étoit  fauteur  du  Neftoria- 
nifme. 

Ce  nom  eft  Grec  ,  &  veut  d^Tt  pacifique. 

IR  I. 

IRL  Voyei  RuPEtA. 

IRIA.  Nom  d'une  ville  d'Efpagne.  Iria.  Quelques-uns 
la  prennent  pour  Elpadron^  ;  c'eft  aujourd'hui 
une  petite  ville  de  Galice ,  à  iîx  lieues  de  la  mer  du 
côté  du  levant ,  &  à  quatre  au  midi  de  Compoftelle. 
Iria  étoit  autrefois  Evêché.  Ce  fiége  a  été  depuis 
rranfporté  à  Compoftelle. 

Il  y  a  eu  auffi  trois  Iria  en  Italie  ,  l'une  en  Pié- 
iTiont ,  qu'on  nomme  aujourd'hui  Sartyrana  ;  r.auti"e 
en  Ligurie  ,  on  l'appelle  maintenant  Sarivia  ;  &c  la 
troilleme  en  Lombardie.  Léandre  croit  que  c'eft 
'Voghéra. 

IRlE  j  ÉE  ,  adj.  'Vieux  mot.  Irrité  ,  courroucé.  On  a 
dit  aullî  Iror  ;  pour  dire  ,  colère  ,  &  Iriement.  adv. 
Dire  une  chofe  iriement ^  pour ,  la  dite  en  colère. 


I  R  I 

SAINT  IRIER  DE  LA  PERCHE.  Nom  de  lieu ,  &  d'un 
Monaftcre  fondé  par  taint  Irier.  Atanus ,  fanum  Sanc- 
ti  Aredii.  Il  eft  dans  le  Limoufin.  Ce  Monaftcre  ayant 
été  ruiné  ,  a  été  lécularifé  ,  &  à  la  place  des  Moines 
qu'il  y  avoit  ,  on  y  a  mis  trente -deux  chanoines  , 
avec  un  Abbé  &  un  Doyen.  'Valois,  Not.  Gall.p.  45. 
Saint  Irier.  Voye^  Saint  Hyrica. 

IRINGION.  f.  m.  Nom  d'une  efpece  de  Chardon  , 
Iringium. 

IRIO  ,  ou  IRIS.  Nom  d'une  grande  rivière  de  l'Allé 
mineure.  On  la  nomme  autrement  Calalmach.  Iris 
Cafalmachus. 

Elle  a  fa  lource  dans  l'Antitaurus ,  aux  confins  de 
l'Aladuli  ,  &  de  l'Anadole  ,  près  de  Savaftia.  \Jlrio 
pafte  à  Torat  &  à  Amaiie  ,  &c  te  décharge  dans  la 
mer  Noire  ,  a  l'Orient  de  Laly. 

IRIPA.  f  f.  Grand  arbre  qui  croit  aux  environs  de  Re- 
polyn  ,  &  dans  d'autres  conrrées  du  Malabar.  Ses 
teuiUes  lont  cathartiques.  On  prépare  de  (es  feuilles 
bouillies  dans  de  l'urine  de  vache  ,  avec  une  addi- 
tion de-  miel  ,  une  potion  ,  qui  pafte  pour  guérir  la 
gale ,  la  lèpre  ,  &  les  autres  maladies  de  la  peau.  Ray  , 
Hifi.  Plant.  Malus  indicajpomo  cucubitiformi ,  moto- 
pyreno. 

IP"  IRIS ,  MÉTÉORE.  Quelques-uns  font  ce  mot  fémi- 
nin :  d'autres  le  font  mafcuiin  avec  l'Académie  ;  &  il 
paroît  que  c'eft  l'ufage  le  plus  général.  Arc  en  ciel, 
qui  fe  fait  par  la  réHexion  de  la  lumière  dans  une 
nuée  pluvieule.  Iris.  L'Iris  (e  fait  par  réflexion  des 
rayons  du  Soleil  avec  deux  rcfraétions  de  fuite 
dans  une  même  goutte  de  pluie  :  ce  qui  a  été 
remarqué  par  Jcau  Fleilcher  de  Brellaw  ,  dès  Tan 
I J71  ,  &  par  Antoine  de  Dominis ,  Italien  ,  en  1 61 1  , 
en  cjuoi  ils  ont  prévenu  Delcartes  ,  qui  a  expliqué 
l'arc-cn  ciel  intérieur  par  deux  réfraftions  ,  Se  une 
réflexion  ,  &  l'extérieur  par  deux  réfraétions  ,  Se  deux 
lifiexions  fur  une  même  goutte  d'eau.  On  peut  voir 
deux  ou  trois  iris  ,  quand  il  y  a  des  nuées  de  diftérente 
élévation.  Deux  perfonnes  qui  font  éloignées  l'une 
de  l'autre  ,  ne  voient  pas  le  même  iris  ,  parce  qu'il 
change  félon  la  fituation  de  l'œil  ,  qui  le  regarde , 
félon  les  angles  par  lefquels  la  lumière  eft  réfléchie. 
L'Iris  fut  montré  à  Noé  en  figne  de  paix  après  le 
déluge.  Il  fe  fait  aulîî  des  Iris  dans  des  prifmes ,  ou 
verres  triangulaires ,  dans  des  fioles  pleines  d'eau  , 
dans  des  jets  de  fontaines.  On  voit  même  des  iris 
renvertés  ,  dont  les  caufes  (ont  fort  bien  expliquées 
dans  la  Dioptrique  ôc  les  Météores  de  Delcartes.  Le 
Père  Pardies  tait  mention  d'un  pareil  iris  dans 
une  lettre  ,  dont  l'extrait  (e  trouve  dans  le  Journal 
des  Savans  du  7  Février  1667.  Ariftote ,  dans  fon 
livre  du  monde ,  frit  mention  d'un  iris  perpendicu- 
laire ;  mais  ce  phénomène  ne  peut  être  que  ce  qu'on 
appelle  des  verges  ,  ou  de  longs  bâtons  de  la  cou- 
leur de  l'arc  en  ciel  en  confudon  ,  &  d'une  teinture 
changeante.  Cependant  la  République  des  Lettres  du 
mois  de  Septembre  1684  ,  art.  VII.  parle  d'un  iris 
perpendiculaire.  Entre  les  deux  Tropiques  on  voit 
des  iris  de  lune  ,  dont  les  couleurs  lont  fort  vives. 
Voye'^  Ariftote  &  Delcartes  dans  leurs  traités  des 
Météores.  M.  de  la  Chambre  dans  fon  traité  de  l'I- 
ris ,  &c. 

Iris  ,  en  termes  d'Anatomie  ,  le  dit  d'un  cercle  qui  eft 
autour  de  la  prunelle  de  l'œil  ,  &  qui  eft  de  difté- 
renres  couleurs  j  tantôt  noir  ,  tantôt  bleu  ,  tantôt  vert. 
C'eft  un  tillu  de  fibres  dilpolées  en  rond  ,  qui  vien- 
nent de  la  tunique   qu'on  appelle  Uvée  ou  choroïde. 

L'Iris  elt  un  cercle  membraneux  polé  fur  le  devant 
de  l'œil.  On  l'a  ainli  nommé  ,  à  caule  ^s  difté- 
rentcs  couleurs  ,  qui  dans  l'homme  paroiftènt  fur 
fà  furtace  au  travers  de  la  cornée  rranlparente.  Ce 
cercle  forme  dans  fon  centre  un  trou  ,  auquel  on 
a  donné  le  nom  de  Prunelle  ,  apparemment  parce 
qu'il  paroît  de  couleur  noire.  Méry.  Acad.  des  Se. 
IJ04.  Mém'.  pag.  2G1.  C'eft  une  efpece  de  zone 
ou  d'anneau  circulaire  ,  aft'ez  large  ,  dont  le  milieu 
qui  eft  vide  ,  eft  la  prunelle  par  où  les  rayons  en- 
trent dans  l'œil.  Quand  l'œil  eft  expofé  à  une  gran- 
de lumière  ,  la  prunelle  fe  rétrécit  lenllblement  , 


I  RI 

c'eft-à-diic  ,  que  l'iris  le  icUcric.  A  une  lumicre 
moyenne ,  louveitiac  de  la  pruncJlc  ou  l'oxccnllon 
de  Vifis  cil  inoycniic.  Font.  iâ.  HijL  p.  13.  Qu.ind 
la  prunelle  (e  dilate  j  les  fibres  de  Vins  s'accourcil- 
îcnt.  Quand  elle  fe  rell'erre  ,  ces  hbrcs  s'alongent. 
Mery  ,  ib.  Si  \'iris  avoir  des  fibres  circulaires  &c 
concentriques  à  la  prunelle  ,  on  concevroit  que  ces 
fibres  feroienc  autant  de  petits  mukles  ,  qui  en  (e 
gonl^ant  &  en  fe  eontradtant  ,  accourciroicnt  les 
cercles  qu'ils  formeroient ,  &  en  diminueroient  l'el 
pace  ,  &  par  conléquenr  l'ouverture  de  la  prunelle  ■-, 
\'ïns  n'a  point  de  fibres  circulaires  ,  elles  font 
toutes  tirées  de  la  conlérence  vers  le  centre.  Font. 
ib.  La  prunelle  fe  dilate  dans  l'ombre  ,  &  le  rellerre 
expofée  aux  rayons  de  la  lumière.  Or  ,  comme  on 
ne  remarque  point  de  fibrts  circulaires  dans  \iris 
pour  rétrécir  la  prunelle  ,  il  y  a  lieu  de  croire  que 
îa  dilatation  dépend  uniquement  du  rellort  des  fi- 
bres droites  de  X'iris ,  qui  toutes  vont  le  terminer  à 
la  conférence  interne  de  ce  cercle.  Idem.  i/>. 
lais ,  f.  f.  Divinité  fabuleufe  des  Anciens ,  que  les  Poè- 
tes ont  feint  être  mellagère  de  Junon.  i^  Son  prin- 
cipal emploi  croit  de  couper  le  cheveu  fatal  des  tem 
mes  Agonilantes  ,  comme  Mercure  étoit  chargé  de 
faire  lortir  du  corps  les  âmes  des  hommes  prêts  à 
expirer.  Virgile  dit  qu'elle  lut  envoyée  pour  couper 
quelques  cheveux  à  Didon ,  pour  laire  un  iacririce 
à  Proferpine  ,  afin  qu'elle  mourût  plus  facilement. 
Iris  étoit  fœur  des  Harpies  ,  fille  de  Thaumante 
ik  d'Élcélre.  l^oyei  fur  ['iris  ,  prile  dans  le  pre- 
mier &  dernier  fens  ,  Volllus  de  Idol.  L.  III.  C. 
13. &  14. 

C'eft  aulîî  un  nom  que  les  Poètes  donnent  fou- 
vent  à  leurs  maîtrefles  réelles ,  ou  chimériques. 

Irai-je  de  fang  froid  ^  &  fans  être  amoureux , 
Pour  un  Iris  en  l'air  faire  le  langoureux  î 

Ce  mot  vient  de  ff-" ,  parler ,  annoncer.  Cette  éty- 
mologie  convient  à  Viris  ,  météore  _,<?,:  à  l'iris  di- 
vinité de  la  fable  ,  celle-ci  eft  la  mellagère  de  Ju- 
non ,  Ik  l'autre  un  phénomène  qui  annonce  la  pluie. 
Iris.  f.  f.  C'ell:  félon  Héiiode ,  l'une  des  trois  Harpies, 

lœur  d'Aëllo  &  d'Ocypéte. 
Iris.  Terme  de  Fleurille.  Les  Fleuriftes  le  font  maf- 
culin  ,  ôc  il  paro'rt  que  quand  on  parle  de  cette  Heur  , 
il  faut  les  imiter.  Plante  .  qui  a  été  ainfi  appelée  , 
parce  que  les  couleurs  de  les  fleurs  rellèmblent  à 
peu  près  à  celles  de  l'arc  en-ciel  que  les  Latins  ont  ap- 
pelé in  j.  On  appelle  autrement  cette  plante /ViZ/;2i>e. 
Il  y  a  pluheurs  fortes  d'iris  j  car  il  y  en  a  de  com- 
muns ,  de  Perfe  ,  de  fimples  &  de  doubles.  Le  lîm- 
ple  au  haut  de  la  tige  étend  les  feuilles  j  dont  les 
unes  (ont  renverlées  ,  6c  les  autres  fe  tiennent  droi- 
tes. Il  ne  porte  qu'une  Heur  ou  deux  ,  &  change 
de  couleur  &  de  figure  ,  en  quoi  il  n'elt  pas  (fa- 
ble. Le  double  a  les  feuilles  du  milieu  petites  Se  re- 
doublées. Il  change  auili  de  couleur  &  de  figure. 

Il  y  a  des  iris  d'Angleterre  ,  de  Floreiice  ,  de  Por- 
tugal ,  de  Suie  j  &c.  La  racine  de  l'iris  de  Florence 
ell  fort  odoriférante  ;  li  on  en  fait  tremper  dans  du 
vin  tandis  qu'il  bout  ,  ou  dans  la  bière  ,  cela  lui 
donne  un  goût  &  une  odeur  agréable.  Quand  elle 
ell  broyée  ,  on  la  mêle  avec  de  la  poudre  qu'on 
appelle  poudre  d'iris.  Foyei  Flambe.  La  variété  des 
couleurs  qui  le  rencontrent  aux  Iris  ell  grande  ,  elle 
provient  en  partie  des  divers  climats  où  ils  font  éle- 
vés ,  &c  c'eft  de  là  que  font  venus  tant  d'efpèces  diffé- 
rentes, &  qui  ont  prisdiftérens  noms  :  ou  de  ceux  qui 
les  ont  élevées  les  premiers  de  graine  j  ou  des  pays  d'où 
ils  font  venus.  L'iris  aime  à  avoir  médiocrement  le  fo- 
leil ,  une  terre  à  potager ,  trois  doigts  de  profondeur, 
&  autant  de  diftance. 
Iris  de  l'Abbé.  Il  a  les  mentons  ,  les  langues  &  les 
étendards  d'un  haut  pourpre;  il  eft  tardif  à  fleurir, 
&  ne  croît  guère  haut  ;  quand  il  pallè  hors  de  la 
terre,  le  foureau  de  fes  feuilles  eft  verd,  marqueté 
d'un  pourpre  ,  ou  rouge  pourpre  ,  à  la  manière  de 
la  plante  nommée  Serpentaire. 
IR-is  Agate.  Il  a  les  mentons  Se  les  langues  d'uii  jaune 


I  R  I 


2^3 


dore  mêlé  de  tête  d'ombre  ,  les  étendards  gris ,  pana- 
chés de  violet. 
Iris  d'Afrique.  Il  a  les  mentons  jaunes  mêlés  de  bleu  , 

les  langues  de  bleu  clair  ,  les  étendards  violets. 
Iris  d'Alep.  Celui  ci  a  les  mentons  jaunes  j  les  langues 
Se  les  étendards  blancs  ,  loupe  de  lait  ,  mêlé  de  jaune. 
Iris  d'Amboise.  Celui  là  a  les  mentons  jaunes  ;  les  lan- 
gues jaunes  Se  bleues  ,   les  étendards  d'un  gris  de 
lin  pâle. 
Iris  des  Anciens.  Il  a  les  mentons  blancs  ,  bordés  de 
bleu  pâle ,  les  langues  &  les  étendards  bleus  ;  il  eft 
très  odoriférant ,  Se  tardif  à  fleurir. 
Iris  d'Andalousie,    f^oye^  ci-delfous  Iris   de  Por- 
tugal. 
Iris  d'Arabie.  Il  a  les  mentons  d'un  jaune  doré  ,  les 
langues  de  feuille  -  morte  enfumée  ^  les  étendards 
violets. 
Iris  d'Arménie.  Il  a  les  mentons  jaunes  ,  &  feuille- 
morte  ,  les  langues  d'un  jaune  pâle  mêlé  de  feuille- 
morte  ,  les  étendards  violets. 
Iris  d'Auvergne.  Il  a  les  mentons  jaunes  &  mêlés  de 
bleu  ,  les  langues  de  pur  bleu  ,  les  étendards  font 
violets ,  panachés  de  bleu  Se  de  feuille-morte. 
Iris  Blaisois.  Il  a  les  mentons  de  jaune  Se  d'aurore , 
les  langues  jaunes  ,  mêlées  de  bleu  ,  fes  étendards 
gris  de  lin  rayés  d'aurore  en  long  par  le  milieu. 
Iris  du  Bois.  Il  a  les  mentons  jaune  pâle  ,  les  langues 
Se  les  étendards  blancs  ,  tirant  au  bleu  pale  \  il  de- 
meure noir  ,  du  refte  il  rellémble  à  l'iris  de  Caftille. 
Iris  des  Bretons.  Il  a  les  mentons  Se  les  langues  jau- 
nes ,  Se  les  étendards  d'un  blanc  terni. 
Iris  de  Brie.  Il  3  les  mentons  jaunes  j  les  langues  blan- 
ches ,  aux  extrémités  jaunes ,  les  étendards  font  blancs , 
panachés  de  bleu. 
IrIs  de  Boulogne.  Il  a  les  mentons  ,  les  langues  &  les 

étendards  d'un  blanc  (ulphuré. 
Iris  Bulbeux.  Les  iris  bulbeux  portent  ordinairement 
neuf  feuilles  en  chaque  fleur,  les  extrémités  des  trois 
feuilles ,  qui  s'inclinent  &:  penchent  vers  la  terre  , 
fe  nomment  mentons  ;  les  trois  qui  font  jointes  à 
celles-ci ,  Se  dont  l'extrémité  fe  relève  en-haut  ,  le 
nomment  langues  ;  Se  les  trois  fupérieures  qui  s'élè- 
vent au  deffus  des  autres  pour  former  la  (îeur,  fe 
nomment  étendards  ,  ou  voiles.  Il  fiut  remarquer 
que  tout  iris  bulbeux  aux  feuilles   étroites  ,  porte 
une  marque  jaune  alfez  large  ,  &  au  milieu  de  cha- 
que menton  ce  qu'on  nomme  écujfon  jaune  ;  il  eft 
commun  à  tous  les  iris. 
Iris  de  Calabre.  Celui-là  porte  fa  feuille  toute  jaune. 
Iris  Cameloté.  Celui-ci  a  les  mentons  jaunes  Se  feuille- 
morte  ,  les  langues  de  couleur  de  triftamine  ,  les  éten- 
dards ,  couleur  gorge  ramier ,  Se  feuille-morte  ,  c'eft 
l'iris  de  Morin  ,  lorlqu'il  fe  panache  ,  (oit  par  vieil- 
leffe  ou  autrement  .  ainfî  que  les  tulipes  de  lîmple 
couleur  ,  qui  le  panachent  avec  le  temps. 
Iris  de  Candie.  Il  a  les  mentons  d'un  verd  d'olive 
jaunâtre  ,  les  langues  aulli  de  la  même  couleur  ,  en- 
tremêlé de  bleu-pâle  ,  les  étendards  font  gris- de  lin. 
Iris  de  Castille.  Il  aies  mentons  jaunes  ,  les  langues 
Se  les  étendards  couleur  de  foupe  de  lait  ,  qui  eft  un 
blanc  impur. 
Iris  de  la  Chine.  Il  eft-  panaché  de  bleu  -,  il  demeure 
noir ,  ne  s'élevant  de  terre ,  que  de  la  hauteur  d'ua 
demi  pié,  ou  environ. 
Iris  de  Crète.  Il  eft  tout  blanc ,  s'élève  en  haut ,  & 

fait  fa  fleur  alfez  ample. 
Iris  Damassé.  Il  fleurit  en  bleu  panaché  de  violet,  c'eft 

X'iris  de  Portugal  quand  il  le  panache. 
Iris  d'ÉcyPTE.  Il  a  les  mentons  Se  les  langues  bleus, 

les  étendards  violets. 
Iris  de  Florence.  Il  eft  tout  blanc  ,  comme  Viris  de 
Crète  j  mais  celui-ci  ne  croît  pas  fi  haut ,  Se  fa  fleuf 
n'eft  pas  fi  ample. 
Iris  de  Floride.  Il  a  les  mentons  d'un  bleu  mêlé  ,  les 

étendards  violets  mêlés  de  gris-de-lin. 
Iris  de  la  Froktiere.  Il  a  les  mentons  bleus  &:  jau- 
nes ,  les  étendards  violets. 
Iris  des  Feuillans.  Il  a  les  mentons  de  couleur  de 
feuille-morte ,  les  langues  triftamine  ,  les  étendards 


2^4  î  R  î 

de  couleuf  de  gorge  de  pigeon-ramier. 

ÎRis-DE  Gascogne.  Il  a  les  inentons  &  les  langues 
d>jn  gris  de  perle  ,  les  étendards  de  bleu  pâle. 

Iris  Grand  Seigneur.  Il  a  les  mentons  d  un  jaune 
<qui  eft  bordé  de  feuille-morte  ,  fes  langues  gris-de- 
lin  mêlé ,  les  étendards  gris  de-lin  chargé. 

Iris  de  Grèce.  Il  a  les  mentons  &c  les  langues  de  bleu 
mêlé  d'an  peu  de  jaune ,  les  étendards  violets  avec 
du  blanc. 

ÎRis  DE  Guinée.  Il  a  les  mentons  de  couleur  feuille- 
morte  5  les  langues  d'un  bleu  mêlé ,  les  étendards  lont 
violets. 

Iris  des  Indes.  Il  a  les  mentons  &  les  langues  jau- 
jies  ,  les  étendards  font  d'un  gris-de  lin  mêlé  de 
violet. 

Iris  de  Judée,  il  a  les  mentons  jaunes  mêlés  de  bleu  , 
les  langues  &:  les  étendards  lont  d'un  violet  chargé  , 
il  porte  fa  fleur  plus  courte  que  les  autres  iris. 

Iris  Levantin.  Il  a  les  mentons  ilabelle  mêlé  de  terre 
d'ombre  ,  les  langues  d'un  blanc  &  clair-bleu ,  les 
étendards  mêlés  de  violet. 

Iris  des  Lombards.  Il  a  les  mentons  Se  les  langues 
blancs ,  les  étendards  font  bleus. 

Iris  de  Lorraine.  Il  a  les  mentons  blancs  ,  les  lan- 
gues Se  les  étendards  blancs  tirant  au  bleu  mourant. 

Iris  de  Libye.  Il  a  les  mentons  jaunes  ,  les  langues 
Si  les  étendards  font  d'im  jaune  mêlé 

Iris  de  Macédoine.  Il  a  les  mentons  8c  les  langues 
d'aurore  &  jaune  ,  les  étendards  couleur  de  gorge 
de  pigeon  ramier. 

Iris  de  Maldives.  Il  a  les  mentons  d'un  jaune  paille , 
mêlé  de  bleu  ,  les  étendards  de  clair  bleu  mêlé  de 
jaune. 

Iris  de  MÉlinde.  Il  efl  tout  couvert  de  penfées,  excepté 
l'éculfon  qui  eif  jaune-doré ,  Se  plus  petit  qu'aucun 
autre  iris. 

Iris  de  Mexique.  Il  a  les  mentons  jaunes  ,  les  langues 
jaunes  mêlées  de  bleu  ,  les  étendards  gris-dc-lin  iSc 
violets. 

Iris  de  Milan.  Il  a  les  mentons  &  les  langues  d'un 
clair  bleu  ,  les  étendards  gris  de- lin. 

Iris  des  Moluques.  Il  a  les  mentons  de  jaune  auro- 
re ,  les  langues  couleur  de  citron  mêlé  de  bleu ,  les 
étendards  bleus  à  fond  violet. 

Iris  Oriental.  Il  a  les  mentons  d'un  bleu  violet  Si 
jaune,  les  langues  violettes  j  les  étendards  lont  vio 
lets  panachés  de  pourpre  :  c'cft  l'un  des  plus  beaux 
iris  qu'on  puilîe  voir. 

Iris  Parfait.  Ses  mentons  font  d'un  violet  rougeâtre  , 
panachés  de  pourpre  ,  fes  langues  de  violet  mêlé  , 
les  étendards  lont  d'un  violet  fort  vil;  il  palle  pour 
un  des  plus  beaux  Ins. 

Iris  de  Perse  ,  eft  une  Heur  précoce  qui  fleurit  fur  la 
lin  de  Février  ;  la  racine  eft  inlipide  &  bulbeule  en 
forme  d'une  petite  poire.  Sa  tige  eft  d'un  vert  bLaf- 
fard  ,  blanche  par  le  bas  ;  d'un  bleu  lavé  par  le  haut. 
Sa  fleur  eft  blanche  avec  quelque  teinte  de  bleu  , 
rayée  Se  tachée  d'orange  &  de  violet  fort  enfon- 
cé. Elle  a  neuf  feuilles  ,  iix  grandes  Se  trois  peti- 
tes. Sa  fleur  laiflc  à  l'entour  d'elle  un  limbe  bbnc  , 
&  du  rertc  eft  femblable  aux  autres  iris.  On  trouve  la 

.  figure  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Scien- 
ces. L'iris  de  Perle  eft  allez  agréable  j  il  a  la  tige 
courte  Se  tendre  ;  il  écarte  trois  feuilles  d'un  bleu 
foncé  qui  fe  renverlcnt  ,  &  font  traverfées  par  le 
milieu  d'une  ligne  orangée  ,  Se  d'une  autre  violet- 
te i  les  autres  trois  kuilles  du  milieu  fe  tiennent 
droites ,  Se  font  d'un  beau  clair.  Il  fleurit  dans  l'hi- 
ver ,  &c  ne  fait  pas  plus  de  fept  ou  huit  fleurs  j  dont 
Tune  pafle  pendant  que  l'autre  fleurit. 

Iris  de  Picardie.  Il  a  les  mentons  feuille-morte ,  Se 
bleu  enfinTié,  les  étendards  lont  decouleurde  gorge 
de  pigeon-ramier. 

Iris  de  Picardie  panache;  les  mentons  de  celui-ci 
font  mêlés  de  feuille  morte  &:  de  pourpre,  les  lan- 
gues d'une  feuille  morte  enfumée  ,  les  étendards  lont 
pourpre  colombin  Se  un  peu  de  feuille-morte  :  c'eft 
l'iris  précédent  lorfqu'il  fe  panache  par  vieillelî'e , 
comme  font  aullî  les  tulipes. 


I  R  I 

"Iris  des  Poètes.  Il  a  les  mentons  d'un  vcrd  d'olive 
mêlé  de  bleu  ,  les  langues  Se  les  étendards  font 
bleus. 

Iris  de  Poitou.  Il  a  les  mentons  &  les  langues  jaunes, 
les  étendards  de  feuille  morte. 

Iris  de  Portugal  ,  ou  d'ANDALOUSiE.  C'cft  une  au- 
tre efpèce  d'iris  qu'on  appelle  de  Portugal ,  ou  d'An- 
daloulie  ,  parce  qu'il  eft  venu  de  ce  pays  là  ;  cet 
iris  jette  du  haut  de  la  tige  douze  ou  quinze  fleurs 
attachées  fort  court ,  fur  de  petites  queues  de  dou- 
ble couleur  j  parce  que  quelquefois  elles  lont  d'un 
bleu  couvert  j  Se  quelquefois  d  un  blanc  de  lait.  Se 
lont  faites  comme  celles  des  autres  iris ,  ayant  fix 
feuilles  ,  dont  il  y  en  a  trois  en  dedans  &  trois  en 
dehors  qui  le  renverlent.  Elles  fleuiiflent  au  milieu 
de  l'hiver.  L'iris  de  Portugal  eft  tort  commun , 
il  porte  fa  fleur  toute  violette ,  Se  eft  des  plus 
hatils. 

Iris  du  Puy.  Il  a  les  mentons  jaunes  Se  de  couleur 
de  terre  d'ombre. 

Iris  des  Pyrénées.  Il  a  les  mentons  jaunes,  les  lan- 
gues mêlées  de  bleu  ,  les  étendards  font  de  clair-bleu. 

Iris  Rochetain.  Il  porte  les  mentons  Se  les  langues 
jaunes,  les  étendards  gris  de-lin. 

Iris  Royal.  Il  a  les  mentons  feuille  morte-pàle  ,  pa- 
nache de  terre  d'ombre ,  les  langues  feuille  morte 
lont  mêlées  de  bleu  ,  les  étendards  gris  de  -  lin 
pamichés  de  violer. 

Iris  deSavoye.  Il  a  les  mentons  jaunes  d'aurore  ,  les 
langues  lont  d'un  jaune  enlumé  j  les  étendards  feuil- 
le -morte. 

Iris  de  Savoye  panaché.  C'eft  le  précédent  lorfqu'il 
panache  par  viciUclle ,  comme  il  arrive  à  plulleurs 
autre  iris  Se  aux  tulipes. 

Iris  SiÉnois.  Il  eif  tout  jaune  comme  l'iris  de  Cala- 
bre ,  mais  celui  ci  porte  ordinairement  cinq  ou  iix 
fleurs  lur  la  tige ,  lors  principalement  que  la  bulbe 
eft  aflez  grofle  ,  autrement  il  n'en  porte  que  deux 
ou  trois  ,  comme  la  plupart  des  autres  iris. 

IRIS  de  Sicile.  Il  eft  tout  jaune  aufll ,  mais  fa  fleur  n'eft 
pas  fi  ample  que  celle  des  iris  de  Cilabre. 

Iris  des  Suisses.  Il  a  les  mentons  jaunes  ,  les  langues 
Se  les  étendards  font  d'un  jaune  mêlé  de  bleu. 

Iris  Syrien.  Il  a  les  mentons  de  terre  d'ombre  ,  les 
langues  &  les  étendards  lont  de  clair-bleu. 

Iris  de  Tartarie.  Il  a  les  mentons  d'un  jaune-pâle, 
mêlé  ,  les  étendards  de  bleu  impur. 

Iris  de  Touraine.  Il  a  les  mentons  &  les  langues 
de  jaune  bleu ,  Se  les  étendards  bleus. 

Iris  de  Turquie.  lia  les  mentons  de  minime  clair, 
les  langues  font  d'un  bleu  mêlé  de  feuille-morte, 
les  étendards  violets. 

Iris  de  Vallée.  Il  a  les  mentons  de  bleu  mêlé  de 
feuille  morte  J  les  langues  d'un  bleu  mêlé,  les  éten- 
dards violets. 

Iris  de  'Valois.  Il  porte  les  mentons  jaunes,  fes  lan- 
gues lont  d'un  jaune  mêlé,  les  étendards  gris  de -lin 
laie  ,  rayé  d'un  jaune  en  long  par  le  milieu  j  il  relfem- 
ble  fort  à  Vins  Blaifois  ci-devant  décrit. 

Iris  des  Vaudois.  Il  eft  tout  bleu ,  excepté  l'éculTon 
jaune  ,  qui  eft  au  milieu  de  chaque  menton  ,  & 
porte  fouvent  i  i  ou  i  j  feuilles  en  la  fleur. 

Iris  Vénitien.  Il  porte  les  mentons  d'un  bleu  mêle 
de  blanc  ,  les  langues  bleues  ,  les  étendards  font 
violets. 

Iris.  Terme  de  Fleuriftc.  Nom  d'une  Tulipe  ,  qui  eft 
triftamin  ,  rouge  Se  jaune.  Morin. 

Iris,  eft  auffi  une  pierre  qu'on  met  au  rang  des  pre- 
cicufes  Se  des  opales  ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  d'ex- 
trême valeur  ,  laquelle  étant  expofée  au  foleil  j  ren- 
voie une  lum-ere  de  diverfes  couleurs.  Bocce  la 
met  au  rang  du  criftal ,  à  caufe  qu'elle  naît  comme 
lui  avec  hx  faces.  On  la  tient  pourtant  pour  Orien- 
tale ,  &  Pline  dit  qu'elle  vient  de  la  mer  Rouge. 
Sa  couleur  eft  un  gris  de  hn  fort  tranfparent ,  dans 
lequel  il  paroît  du  rouge. 

gfT  On  appelle  aufli  Iris  ou  vert  d'iris  ,  une  couleur 

qu'on  emploie  à  la  Miniature  ,  Se  k  la.  Gouache. 

Ac  Fr. 

IRITAN. 


I  R  L 

IRIVAN.  Foyci  Erivan. 

I  R  K. 

IRKEN,  lERKÉEN,  ou  Y^^RCAN.  Irca.  Riche  & 
gmndc  ville  de  Tartarie  ,  capitale  de  la  petite  Bucha- 
lic  ,  avec  un  château.  C'cfl  le  dépôt  de  tout  le 
commerce  qui  fe  tait  entre  les  Indes  &  le  nord 
de  l'Alic.  Les  Kahnoucks  qui  en  font  les  maîtres, 
y  tolèrent  toutes  fortes  de  Religions. 

I  R  L. 

IRLAND.  f.  m.  C'eft  le  vieil  EcofTois.  Scaligerana. 
Car  on  prérend  que  les  Ecoirois  parloient  autrefois 
le  même  langage  que  les  Irlandois ,  &  même  qu'il 
en  reftc  encore  des  vertiges  dans  la  langue  que  par- 
lent les  Montagnards  d'ÉcolIe. 
IRLANDE.  Nom  d'une  île  qu'on  nommoit  autrefois 
X'Hïbcrnïe ,  &:  la  Bretagne  Mineure  ,  ou  Occiden- 
tale. Hibernia ,  Brïtannia  m'inor ,  ou  occidentalis  , 
Juverna,  Ivcrna  ,  lerna  ,  &  Iris.  C'efl:  une  des 
deux  grandes  iles  Britanniques.  Elle  efl:  au  cou- 
chant de  la  grande  Bretagne  j  dont  elle  n'cft  fépa 
rce  que  par  la  mer  d'Irlande.  On  lui  donne  fix- 
vingt  lieues  du  nord  au  fud  ,  loixante  d'orient  en 
occident ,  iSj  environ  deux  cents  cinquante  de  cir- 
cuit. L'air  y  elf  grollier ,  mais  frin ,  Se  tempéré 
en  hiver  éc  en  été.  Le  terroir  eft  fort  gras  ,  il 
abonde  fur  tout  en  pâturages ,  où  l'on  nourrit  une 
grande  quantité  de  bœufs  ,  de  chevaux  Se  de  bre- 
bis. Il  produit  aulH  aflèz  de  blé  ,  de  fruits  _,  de  ia- 
fran  Se  de  chanvre ,  &  il  en  produiroit  beaucoup 
davantage  li  les  habitans  vouloient  prendre  la  peine 
de  le  bien  cultiver.  Cette  île  eft  arrolce  par  un  grand 
nombre  de  rivières  dont  le  Shannon  eft;  la  principale  ; 
on  y  voit  pluiieurs  grands  lacs  ,  &  un  très-grand 
nombre  de  marais  environnés  de  bois  &c  de  broul- 
failles  ,  où  fe  tiennent  les  Raperies ,  qui  font  des 
Irlandois  prefque  fauvages  ,  &  qui  ne  vivent  que 
de  larcin.  On  alfure  que  {Irlande  ne  nourrit  point 
de  bêtes  venimeufes  ,  ni  ferpens  j  ni  crapaux  ,  ni 
araignées ,  Se  que  k  bois  qui  y  croît  n'eft:  point 
fujet  à  la  vermoulure.  Il  y  a  dans  la  partie  fcpten- 
trionale  de  {'Irlande  un  grand  nombre  d'Écoilbis  , 
Se  dans  l'orient  un  grand  nombre  d'Anglois.  Le^Ir- 
landois  font  Catholiques  pour  la  plupart. 

Les  Hiftoriens  Ecolfois  rapportent  la  fondation  de 
la  Monarchie  d'Irlande  8c  de  la  leur ,  à  Hibcr ,  fils  de 
Gathéle  &  petits-fils  de  Cécrops.  Les  Irlandois  fe 
vantent  d'une  origine  beaucoup  plus  ancienne.  Ils 
•difent  qu'environ  300  ans  après  le  déluge  Bartho- 
lenus  (Se'  fes  trois  fils  vinrent  établir  leur  domination 
en  Irlande.  D'autres  dilent  que  vers  l'an  du  monde 
2500.  Némode  J  qui  delcendoit  de  Magog ,  fils  de 
Japheth  ,  vint  des  bords  du  Tanaïs  avec  fa  flotte , 
&  occupa  cette  île.  Si  ce  ne  font  point  là  des  fables , 
■cela  en  approche  fort.  La  plupart  des  Hiftoriens 
conviennent  que  cette  île  n'a  été  loumife  aux  An- 
glois  que  par  la  conquête  que  fit  Henri  IL  vers  la 
fin  du  douzième  fiècle. 

On  compte  quatre  Archevêchés  en  Irlande ,  qui  font 
Armach  ,  Dublin  ,  Thoam  &  Calfel.  On  y  a  mis  juf- 
qu'à  cinquante  Evcchés  ,  que  les  réunions  ont  réduits 
■au  nombre  de  douze.  La  mer  ,  qui  environne  cette  île , 
eft:  extrêmement  poiflonneule ,  Se  elle  y  forme  un 
très  -  grand  nombre  de  grandes  &  bonnes  baies  , 
où  l'on  fait  quelque  commerce  de  poillons  falés  , 
de  chair  falée  ,  de  beurre ,  de  cuirs  Se  de  laines.  Ce 
commerce  feroit  beaucoup  plus  grand  fi  les  Irlan- 
dois éroient  moins  parelfeux ,  &  s'ils  n'étoient  pas 
obligés  de  vendre  quelques  unes  de  leurs  denrées  , 
comme  leurs  laines  ,  aux  Anglois  feuls.  La  capitale 
eft  Dublin  :  fes  Provinces  font  l'Ultonie  ,  la  Con- 
nacie  ,  la  Momonie  &  la  Lagénie.  Quelques  Géo- 
graphes y  en  ajoutent  une  cinquième  ,  en  détachant 
la  Médie  de  la  Lagénie.  Toutes  ces  Provinces  ont 
eu  autrefois  leurs  Rois  paniculiers ,  Henri  II ,  Roi 
d'Angleterre,  les  fubjugua^  &  prit  le  nom  de  Sei- 
Tome  y. 


I  R  M  26s 

gneur  d'Irlande  ,  &  Henri  'VIII  changea  ce  nom 
en  celui  de  Roi  d'Irlande.  Ce  Royaume  a  fon  Par- 
lement particulier  ,  compofé  de  deux  Chambres  , 
comme  celui  d'Angleterre  ,  la  Chambre  Haute  ,  où 
fiégent  les  Seigneurs  Lccléiiaftiqucs  Se  féculiers  ;  Se 
la  Balle  j  lormée  par  les  Dépurés  des  Comtés ,  qui 
font  au  nombre  de  trente-deux ,  Se  par  ceux  des 
villes.  Se  des  bourgs  royaux  :  mais  le  gouverncmcnc 
général  du  pays  eft  entre  les  mains  d'un  Viceroi , 
que  les  Rois  d'Angleterre  y  envoient  ,  &  qui  a 
une  très  grande  autorité.  Maty. 

La  mer  d'Irlande.  Mare  H'ibernicum  ,  Oceanus  Hl- 
hcrnïcus.  C'eft  un  grand  canal  de  l'Océan  occiden- 
tal ,  ou  Atlantique.  Il  s'étend  au  midi  de  V Irlande, 
julqu'aux  iles  de  Sillcy  ,  Se  forme  le  canal  de  Saiiit 
George  j  ou  de  Briftol  ;  Se  au  couchant  de  {'Irlande 
julqu'aux  côtes  d'Angleterre  Se  d'Étolfc.  Cette  mer 
eft  dangercule  en  cet  endroit ,  à  caulc  des  \  ents  qui 
y  régnent  J  &  des  couransqui  y  font  un  grand  nom- 
bre de  rivières  ,  qui  s'y  déchargent.  Matv. 

Ce  nom  d  Irlande  eft  formé  de  deux  njots  du 
vieux  langage  Anglois  :  hiere  j  qui  veut  dire  occi- 
dent  ,  Se  land  ,  qui  fignifie ,  dans  les  langues  du 
nord  ,  pays.  Irelande  veut  dire  poys  occidental  ; 
ce  nom  convient  fort  à  l'île  qui  le  porte ,  puilqu'elle 
eft  le  pays  le  plus  occidental  de  toute  l'Europe.  Bo- 
chard  dérive  le  nom  d'Irlande  d'un  morde  la  lan- 
gue Phénicienne  (  Ibern&  )  qui  veut  dire  dernière 
demeure  ,  uldma  habïtatïo  ,  Pays  qui  eft  à  l'extré- 
mité du  monde. 
IRLANDOIS  ,  OISE,  f  m.  Se  f.  Nom  de  peuple  ha- 
bitant ,  ou  originaire  d'Irlande.  Irlandus  ,  Hihernus. 
Les  Irlandois  font  ordinairement  de  belle  taille,  & 
blonds  J  ils  font  bons  foldats ,  (ur-tout  hors  de  leur 
pays.  Il  ne  faut  pas  croire  les  Anglois  fur  le  chapitre 
des  Irlandais.  Ils  entendeur  l'Anglois  ;  mais  leur 
langue  naturelle  eft  fort  diftérenre  de  routes  les  au- 
tres :  c'eft  une  raere  langue ,  qui  n'eft  point  connue 
hors  de  l'Irlande.  On  attribue  aux  Irlandais  ce  mot 
pour  deviie  ,  Nous  croyons  tout  ce  qui  nous  flatte. 
LarPvEY.  Le  Chevalier  Jacques  Nararus  a  donné  un 
fort  bon  ouvrage  des  Auteurs  Irlandcm  ,  qui  ont 
écrit  depuis  le  quatrième  liccle  jufqu'à  ion  temps  , 
c'eft-àdirej  jufqu'au  dix-feptième  fiécle.  Kéting  a 
fait  en  Irlandois  une  hiftoire  d'Irlande  fort  eftimée  ■, 
il  y  a  mis  les  Généalogies  de  toutes  les  principales 
maifons  d'Irlande.  Cet  ouvrage  a  été  traduit  eiî 
Latin. 

I  R  M. 

IRM ANOS  ,  fette  Irmanos  ,  c'eft:-à  dire  , ,  Les  fept 
frères.  InfuU  fcptem  fratrum.  Ce  font  fept  îles,  une 
glande  ,  &  fix  petites  -,  mais  toutes  également  dé- 
ferres. Elles  ont  été  découvertes  par  les  Portugais 
fort  avant  dans  l'Océan  Ethiopien ,  entre  l'île  de 
Madagafcar,&  les  Maldives.  On  voit  à  l'orient  des 
Sette  Irmanos  ,  un  autre  peloton  de  petites  îles, 
que  quelques-uns  nomment  OJIres  Irmanos  ,  c'eft- 
à  dire  ,  les  Trois  Frères  ,  &  d'autres  CJlers  Irma- 
nos,  c'eit  à  dire  ,  les  Frères  Orientaux.  Maty. 

IRMIN,  IRMINSUL,  ERMINSUL  ,  IRMENSUL , 
IRMENSEUL.  Quelques  uns  écrivent  Hermenfewl , 
d'autres  Hemonjlal.  f.  m.  Nom  d'un  dieu  des  Ger- 
mains. Il  y  en  a  qui  difent  que  c'eft  le  dieu  lune  , 
ou  Lunus  ;  d'autres  prétendent  que  c'eft  Mercure. 
f^oyei  les  étvmologies.  Les  Auteurs  rapportent  dif- 
féremment ce  nom  -,  les  Annales  des  Francs ,  celles 
de  Fulde  c^'  Adelmus  difent  Irminful.  Ditmarus 
Mesburgenfis ,  Schafnaburgenfis  ,  Hcrmannus  Con- 
traéfus  ,  &  Urfpergenfis  ,  l'écrivent  de  la  même 
manière.  Adam  de  Brème  dit  Irmindful.  Albertus. 
Sradenfis ,  Erminful.  L'Auteur  de  la  vie  de  Chaile- 
i-nagne,  Ermenful.  Les  Annales  de  Canifius,  Ermenfd. 
D'autres  y  mettent  une  afpiration ,  comme  Reginon  , 
qui  è^iiHermanfaul.  Roleving  Hermefeul ;  Sicebert  , 
l'Auteur  d'un  MS.  de  la  canonifation  de  Charle- 
mngne  ,  la  grande  Chronique  Belgique,  Hermcnful ; 
Adon  de  Vienne  ,  Adurmenful  ;  la  Chronique  Sa- 
xonne, Armcnful. 


iGG 


I  R  M 


I  R  O 


Les  noms  ^Irmenfeul  &  à' Herinenfewl  viennent , 
félon  quelques  uns ,  (Carmen  ,  qui  veut  dire  pauvres  , 
Se  ds  feule  ,qui  ligniàe  colonne  ;  delorte  que  le  dieu 
eue  les  Germains  adoroient ,  s'appeloit  en  leur  lan 
gue  la  colonne ,  l'appui  ,  le  loutien  ,  le  protecteur 
des  pauvres.  D''.utres  diicnt  qu'Hermenfeul  lîgnihc 
finipement  ftatue  ,  image  de  Mercure ,  &  ils  déri- 
vent ce  nom  de  ceux  de  Hermès  Se  feul.  Pour  Her 
monfial ,  on  le  fait  venir  de  heer,  qui  fignifie  Sel 
gneur ,  de  mon ,  qui  veut  dire  lune  ,  &  de  ^al ,  qui 
veut  dire  lieu ,  place  :  ainii  Hermonjlal  eft  la  même 
chofe  en  Françoisj  que  place  ,  ou  temple  du  dieu 
Lune ,   ou  Lunus ,  qui  efl  le  Seigneur. 

Quoiqu'il  en  foie  de  ces  étymologieSj  Irmin  étoit 
un  dieu  des  Germains  ,  &  en  particulier  des  Sa- 
xons. C'étoit  celui  que  les  Germains  appeloicnt 
Vola  j  ou  Goda.  Charlemagne  fit  abattre  un  temple 
Se  une  colonne  ou  ftatue  de  ce  dieu  Irmin.  La  ftarue 
à'Irmi'i  s'appeloit  Irmin  Saut  ,  nut  qui  dans  la 
fuite  fe  changea  en  Hermenfaul ^  comme  on  le  voit 
dans  -Réginon.  Quelques-uns  croient  que  c'cft  le 
nom  Grec  de  Mercure  e  V"  ,  Hermès.  De  ce  nom 
de  Mercure  furent  formés  dans  les  peuples  du  Nord 
les  noms  propres  d'Hommes  Irmingarie  j  Irmin- 
gaire  ,  Irminjroy  j  Irmïngili  ,  Sec.  C'eft  le  fenti- 
nient  de  Gobclinus  ,  qui  dit,  qu'IrminJul  étoit  Mer- 
cure. Aventin  a  écrit  que  c'étoit  une  ftatue  d'Hermi- 
nion.  Plulieurs  Auteurs  veulent  qu'elle  eût  été  éri- 
gée à  l'honneur  d'Harminius  ,  ou  Arminius  ^  ce  fa- 
meux Roi  des  Chérufques ,  qui  fit  tant  de  peine 
aux  Romains.  Goropius  Becanus  dit  que  c'étoit  une 
flatue  Hiéroglyphe  :  mais  il  eft  plus  vraifemblable 
qvï Irmenful  étoit  le  Mars  des  Germains.  Tacite  , 
Kifl.  Liv.  IF,  dit  que  le  principal  dieu  des  Tenc- 
tères  &  des  Ufipétes  étoit  Mars.  Il  eft  croyable  que 
les  Saxons,  nation  non  moins  guerrière j  honoroient 
aulîi  Mars.  Munfter  Se  Crantzius  ont  décrit  fort 
en  détail  la  forme  fous  laquelle  on  dépeignoit  ce 
dieu.  Elle  ne  paroît  avoir  aucun  des  attributs  de 
Mercure.  C'cft  ce  qui  fait  juger  à  Spelman  &  à 
beaucouD  d'autres,  qn  Irmin  eft  plutôt  Mars  que  Mer- 
cure ,  qiif  ce  nom  eft  compofé  de  Ir  ou.  Er,  qui  vient 
d'Aç»,?^  Mars ,  Se  de  man,  qui  fignifie  protection  , 
refuge.  Vom  fui ,  il  fignifie  colonne  ,  ftatue.  Ersber- 
gue  étoit  la  montagne  où  ce  dieu  avoit  un  temple. 
Crantzius  Saxonin ,  L.  III.  e.  g  ,  croit  que  Ifmenful 
fignifie  une  ftatue  publique  ,  Se  que  ce  mot  s'eft  dit 
pour  Idermanful  ;  c'eft  à-dire  ,  aille  publjc  &  com- 
mun ,  comme  ii  les  peuples  du  Nord  eulfent  regardé 
Mars ,  comme  l'afile  commun  de  tous  les  hommes. 
On  lereprélentoit  fous  la  figure  d'un  homme  armé 
de  pied  en  cap  ,  qui  tenoit  de  fa  main  droite  pour 
étendard  une  rofe.  Cette  fleur  qui  paftc  bien  vite  j 
marquoit  que  l'événement  des  combats  dépend  d'un 
moment.  A  la  main  gauche  il  avoir  une  balance, 
pour  marquer  l'incertitucie  des  combats  &:  de  la  vic- 
toire ,  qui  pour  la  moindre  chofe  penche  de  côté 
ou  d'autre.  Il  avoir  lur  la  poitrine  une  ourfe ,  qui 
marquoit  l'intrépidité  des  guerriers  \  fur  fon  bou- 
clier un  lion ,  fymbole  de  la  valeur.  On  le  plaçoit 
fur  un  terrain  femé  de  Heurs  ,  pour  marquer  le  plai- 
iîr  que  la  guerre  fait  aux  braves.  Tout  ceci  eft  tiré 
de  Crantzius.  Aventin ,  dans  fes  Annales  Boiorum  , 
L.  IV,  l'appelle  H^rman  Se  Hermion.  Il  dit  que  ce 
fut  le  cinquième  Roi  de  la  Germanie  ;  qu'il  étoit 
arrière-petit  fils  de  Man  ;  Se  fils  de  Thuifeon.  Ses 
figures  étoient  coloffalcs  ;  c'eft  apparemment  pour 
cela  qu'on  les  appeloit  Sul ,  ou ,  comme  dit  Aven- 
tin ,  rala,q\x\  vouloit  dire  ,  colonne.  Voye:^  Spelman  , 
Vollîus,  de  Idol.  L.  II ,  c.  j2.  Les  Monumenta 
Paderborncnfa  ,  pag.  T i  o  ,  &  r  T l. 
IRMONZ.  f  m.  Nom  d'homme.  Irmondus.  A  Mond 
au  Duché  de  Juliers ,  Saint  Irmonr  berger  ,  fous  le 
nom  duquel  l'ancienne  Églife  cémetériale  de  ce  lieu 
ctoit  dédiée.  Chast.  Martyrol.  T.  I ,  p.  434-  On 
ne  laitue  ce  faint  Berger  que  le  nom  Se  le  cuire  qui 
eft  immémorial.  îl  y  a  à  Mond  au  Duché  de  Ju- 
liers ,  le  Puits  de  ûint  Irmon^  qui  eft  fort  célèbre.  Id. 


I  R  O. 

IROIS ,  OISE ,  f  m.  &  f  Nom  de  peuple.  Dans  les 
Us  Se  Coutumes  de  la  mer ,  lis  Irlandois  font  ap- 
pelles Irois.  Hibernus. 

Ce  nom  à'Irois  ,  lignifie  occidental  :  il  a  été  donné 
aux  peuples  d'Hibernie ,  parce  qu  ils  font  les  plus 
occidentaux  de  l'Europe  ,  ou  parce  qu'ils  font  à  l'oc- 
cident des  Anglois  ,  ou  des  Écoilois  leurs  voifins , 
qui  les  ont  ainli  nommées  du  mot  hière  ou  ire  , 
lequel  ,  dans  l'ancien  langage  du  pays  ,  fignifie 
Occident. 

IRONIE,  f.  f.  Figure  dont  fe  fert  l'Orateur  pour  faire 
entendre  le  contraire  de  ce  qu'il  dit.  Ironia.  Vous 
excellez  dans  l'ironie  ;  Se  pcrfonne  ne  vous  peut 
dilputer  l'honneur  de  cette  figure.  S.  Evr.  L'ironie 
étoit  la  figure  fivorite  de  Socrate.  Cost.  Hypéride 
a  une  facilité  merveilleufe  à  manier  finement  ï'iro- 
nie.  BoiL.  Ces  ironies  ingénieufes  j  dont  on  nous 
joue  ,  même  en  notre  préicnce  ,  marquent  une 
prévention  aveugle  en  notre  faveur.  Bell.  L'hon- 
neur que  vous  me  rendez  en  apparence  ,  n'eft  qu'une 
maliticufe  ironie.  Herman.  h'ironie  confifte  bien 
plus  dans  le  ton  ,  que  dans  les  paroles.  Voici  un 
exemple  de  ces  fortes  d'ironie. 

Hé  bon  jour ,  Monfieur  du  Corbeau  , 
Que  vous  êtes  joli ,  que  vous  nie  fembler  beau  ? 

La  Font. 

Les  contre  vérités  font  les  plus  fortes  ironies. 

Quinaut  eft  un  Virgile  : 
Bourfaut ,  comme  un  foleil ,  en  nos  ans  a  paru  j 
Pelletier  écrit  mieux  qu  Ablancourt  ni  Patru. 
Cctin  à  fes  fermons  traînant  toute  la  terre , 
Fend  les  flots  d' auditeurs  pour  aller  à  fa  chaire. 

BoiL. 

ifT  La  figure  de  Xironie  ,  dit  M.  de  Voltaire  j  tient 
prcfque  toujours  du  comique  ;  car  l'ironie  n'eft  au- 
tre chofe  qu'une  raillerie.  L'éloquence  fouftre  cette 
figure  en  profe.  Démofthène  &  Cicéron  l'employent 
quelquefois.  Homère  Se  Virgile  n'ont  pas  dédaigné 
même  de  s'en  fervir  dans  l'Epopée  :  mais  dans  la 
trp.gédie  il  faut  l'employer  fobrement  ;  il  faut  qu'elle 
foit  néccifaire  ;  il  faut  que  le  perfonnage  fe  trouve 
dans  des  circonftances  où  il  ne  puillè  s'expliquer  au- 
trement ,  où  il  fort  obligé  de  cacher  fa  douleur, 
&  de  feindre  d'applaudir  à  ce  qu'il  détefte.  Racine 
hit  parler  ironiquement  Axione  à  Taxile  ,  quand 
elle  lui  dit  : 

Approche  ,  puiffant  Roi  , 
Grand  monarque  de  l'Inde  j  on  parle  ici  de  toi. 

§^  Il  metauftî  quelques  iron/w  dans  la  bouche  d'Her- 
mione  ;  mais  dans  fes  autres  tragédies  il  ne  fe  fert 
plus  de  cette  figure. 

§3"  Remarquez  en  général  qui  l'ironie  ne  convient 
point  aux  partions  :  elle  ne  peut  aller  au  cœur ,  elle 
féche  les  larmes. 

§3°  Il  y  a  une  autre  efpèce  d'ironie ,  qui  eft  un  re- 
tour fur  foi-même  ,  Se  qui  exprime  parfaitement 
l'excès  du  malheur.  C'eft  ahifi  qu'Orelte  dit  dans 
l'Andromaque. 

Oui  J  je  te  loue  j  o  ciel  !  de  ta  perfévérance^ 

et?  C'eft  ainfi  que  Gatimoziu  difoit  au  milieu  des 
flammes ,  Et  moi  fuis  je  fur  un  lit  de  rojcs?  Cène 
figure  eft  très-noble  &:  très-tragique  dans  Orefte  j 
&  dans  Gatimohn.  Elle  eft  fublime. 

Ce  mot  vient  du  Grec  «ç^v^i'ï  ,  d^iffvnulation  ,fein- 
tife ,  du  verbe  Re»viuj;«fM  ,  diftlmulo  ,  je  difjimule. 

IRONIQUE,  adj.  m.  Se  f  Qui  contient  quelque  iro- 
nie. Ironicus.  Les  termes  ironiques  conviennent  fort 
à  la  fatyre.  Ton  ironique.  Difcours  ironique. 

IRONIQUEMENT,    adv.   D'une    manière    ironique. 


I  RR 

Ironkè  Cet  Auteur  n'a  pas  dit  cela  fL-ricufcmciit  , 
mais  ironiquement. 
IROQUOIS  ,  (Jlii:.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple.  Irocus , 
Jroquius y  a.   Ce  font  des  peuples  couicJercs  de  l'A- 

.  médque  l'eptentiionale.   Ils  prennent  kuis  noms  des 

"cab.mes  Tous  leiquelles  ils  demeurent.  Leur  pays  s'é- 
tend le  long  de  la  côte  méridionale.  Se  de  l'orientale 
dulacd'OntariSj  julqu'au  lac  Champlain ,  où  ils  ont 

.aulli  quelques  villages  le  long  du  bord  leptentrional 
du  lac  Ontaris  ,  tk  de  la  rivière  de  iaiiit  Laurent ,  juf- 
qu'.iu  conHuent  de  celle  des  François.  Ils  font  les 
pluspullfans  &c  les  plus  cruels  des  peuples  du  Cana- 

.  da  ,  &  ils  écoient  auticiois  prelque  toujours  en  guerre 
avec  les  Hurons&:  avec  leurs  autres  voilins;  mais  on 
allure  qu'ayant  été  battus  par  les  François  ,  ils  font 
devenus  plus  pacifiques. 

Aufeul  bruit  dcfon  nom ,  le  farouche  Iroquois  , 
Abandonne  fon  arc  j  ù"  juit  au  fond  des  bois. 

Le  lac  des  Iroquois,  autrement. le  lac  Champlain. 
Iroquiorum  lacus  ^  lacus  Campoplanenjîs.  C'ell  lui 
lac  du  Canada,  litué  entre  la  nouvelle  Angleterre  & 
la  rivière  de  S.  Laurent ,  dans  laquelle  il  le  décharge 
par  un  grand  canal  au  delious  de  l'île  (Si  du  Fort  de 
Montréal. 

I  R  R. 

IRRADIATION,  f.  f.  Terme  didaélique.  Adion  du 
foleil  qui  lance  fes  rayons.  Irradiatio.  Il  but  que 
l'irraduztion  ,  ou  le  rayon  du  (oltil ,  palle  par  les  pin- 
iiulcs  d'une  alhidade  ,  pour  taire  une  obiervation 
jufte.  L'iris  fe  torme  par  \ irradiation  du  foleil  fur  les 
gouttes  d'eau  de  la  pluie. 

Irradiation,  fe  dit  par  extenfion  du  mouvement  des 
efprits  animaux ,  parce  qu'ils  fe  répandent  de  tous 
côtés  &  dans  toutes  les  parties  du  corps ,  comme  un 
corps  lumineux  répand  les  rayons.  Motus  fftrituum 
animalium.  Dégager  l'écorce  des  nerfs  des  acides 
vitrioliques  ,  qui  empêchent  {'irradiation  des. efprits 
animaux.  Mém.  de  Tr.  Cette  irradiation  cft  nécef- 
. faire  ,  pour  que  les  mouvcmens  volontaires  s'exécu- 
tent. C'eft  la  même  choie  que  rayonnement. 

Irradiation  ,  eft  encore  un  terme  dont  Vanhelmoiit 
&  quelques-autres  Chimiftes  le  font  fervi  pour  expri- 
mer l'aâion  de  quelques  minéraux,  &  la  force  qu  ils 
ont  de  communiquer  leur  vertu ,  fans  poulï'er  hors 
d'eux-mêmes  rien  de  matériel,  ou  ai  iubftantiel ,  & 
fans  aucune  émanation  de  corpufcules.  Harris. 

IRRAISONNABLE,  adj.  de  t.  g.  Terme  du  ftyle  didac- 
tique. Qui  n'a  pas  la  puillance  de  railonner.  Irratio 
nabilis.  Les  brutes  iont  des  animaux  irratfonnables. 
L'ame  corporelle  ell  irraifonnahle. 

\  IRRAMENABLE.  adj.  m.  &  f.  Que  l'on  ne  peut  rame- 
ner. C'eft  un  terme  que  l'on  trouve  dans  une  lettre 
du  Général  des  Chartreux,  au  R.  P.  de  la  Chaife^ 
écrite  au  commencement  de  ce  liècle ,  au  (ujet  du  cas 
■de  conlcience.  Cela  les  rend  prefque  ïrramenables. 
La  lettre  eft  très-bien  tournée;  c'eft  dommage  que  ce 
mot  la  dépare  un  peu.  Le  Père  Bouhours  dans  fes 
Doutes ,  dit  nettement  qu'il  ne  peu:  s'accommoder 
à'irramenable. 

IRRASSASIABLE.  adj.  Qui  ne  peut  être  raflafié.  Scar- 
-xon  appelle  un  Pédant 


Animal  irralTafiable , 
En  été  même  indecrotable. 
Menagiana ,  tom.  i 


P^S- 


62. 


Ce  mot  eft  bon  dans  le  ftyle  burlefque ,  tel  qu'étoit 
celui  de  Scarroji.  Hors  ce  cas-là ,  il  faut  dire  Infatia- 
ble.  ■' 

IRRATIONEL,  ELLE.  adj.  Terme  de  Géométrie,  qui 
ledit  des  lignes  incommeniurables,  qui  n'ont  aucun 
rapport  ,  ni  proportion  entr'elles.  Irrationalis.  Le 
cote  d'un  carré  &  fa  diagonale ,  font  des  lignes  irra- 
tionnelles &  incommcnfurables ,  comme  le  prouve 
Euclide  au  dixième  livre.  Tous  les  nombres  ou  raci- 
Jies  lourdes,  &  toutes  les  lignes ii»comraenfurables , 


I  R  R  2^7 

font  des  grandeurs  irrationclles ,  c'eft  à  dire ,  que  leur 
raifon  à  des  grandeurs  rationelles  ,  n'cft  point  de 
nombre  à  nombre  ,  ou  ne  peut  être  expiiméc  pai  des 
nombres.  La  raifon  de  la  racine  carrce  de  huit,  ou 
de  la  racine  cubique  dequ;itre,  à  quelque  nombre 
que  ce  (oit,  ne  peut  être  exprimée  par  nombres, 
ainfi  ces  racines  font  irrationeUcs.  De  même  la  diago- 
nale cii:  irrationelle  à  l'égard  du  cêné  de  fon  carrée 
parce  que  fa  raifon  à  ce  côté  ne  peut  être  exprimée 
par  aucuns  nombres.  Des  grandeurs  qu'on  appelle 
irrationclles ,  parce  qu'elles  le  font  à  l'égard  de  cer- 
taines autres  grandeurs  ,  peuvent  être  rationelles  eii- 
tr  elles.  Par  exemple  ,  la  racine  carrée  de  trois  j  Se  la 
racine  carrée  de  douze  ,  font  irrationellet  y  parce 
qu  en  eftet  elles  font  incommenlurables  à  tous  les 
nombres  poflibles;  mais  elles  font  rationelles  com- 
menfurables  :  car  trois  &  douze  étant  pris  pour  des 
carrés ,  l'un  eft  quadruple  de  l'autre ,  &  par  conlé- 
quent  leurs  racines  font  comme  un  a  deux  ,  ce  qui  eft 
une  railon  de  nombre  a  nombre;  mais  les  ratines 
carrées  de  trois  &  de  quinze ,  font  irrationelles ,  non- 
feulement  à  tous  les  nombres,  iriais  entr'elles ,  parce 
que  trois  &  quinze  étant  pris  pour  des  carrés,  ils  font 
entr'eux  comme  un  &  cinq,  dont  les  racines  font  un 
ik  racine  de  cinq  qui  n'cft  pas  un  nombre. 

IRRECEVABLE,  adj.  Non  recevable.  Les  fîns  de  non 
recevoir  doivent  être  oppofées  dès  le  commencement 
du  procès ,  pour  taire  déclarer  le  demandeur  irreceva- 
ble    Bornierjur  le  dernier  art.  du  tit.  /  de  l'Ordi, 

civile.  Irrecevable  eft  encore  deux  lignes  plus  bas  que 
l'exemple  allégué.  Ce  mot ,  que  Cotgrave  a  mis  dans 
fon  Dictionnaire,  ne  vaut  pas  mieux  qa'inrecevable  , 
employé  par  M.  1  Abbe  Des  Fontaines ,  pour  fe  mo- 
quer d'autres  termes  de  nouvelle  création. 

IRRÉCONCILIABLE,  ad;,  m.  &  f.  Qui  ne  fe  peut  ré- 
concilier. Implacabiiis.  Ce  terme  s'applique  à  toutes 
les  pallions  qui  divifcnt  les  hommes.  La  querelle  de 
ces  deux  maifons  eft  une  haine  invétérée  &  irrécon- 
ciliable. L'envie  eft  plus  irréconciliable  que  la  haine, 
La  Roch£F.  La  République  d'Athènes  étoit  la  plus 
irréconciliable  ennemie  de  la  Royauté.  Dac. 

IRRECONCILIABLEMENT.  adv.  Sine  fpe  reconci- 
liationis.  D  une  manière  irréconciliable.  Ces  gens 
mariés  ont  rompu  irréconciliablement.  La  plus  grande 
partie  des  dévots  oftenfent  Dieu  plus  ir''éconcdiable~ 
ment  par  l'efprit ,  qu'Us  ne  l'ont  otFenfé  par  les  fens. 
Ab.  de  la  Tr. 

IRRÉDUCTIBLE,  adj.  m.  &  f.  Ce  qui  après  avoir  été 
dillous  ne  peut  fe  remettre  en  corps ,  &  revenir  à  fon 
premier  état.  Non  reduclibilis ,  irreduclivus  ;  qui  in 
priorem  formam  redire  non  potejl  ubi  femel  dijjolutum 
eft.  Il  f e  dit  de  la  partie  des  chaux  métalliques ,  telle- 
ment décompofée  par  la  calcination ,  qu'on  ne  peut 
la  réduire  en  métal.  Les  teintures  métalliques  de  M. 
Geoffroy,  ne  font  pas  irréductibles ,  ce  font  des  tein- 
tures où  le  métal  ell  divifé  &  voiatilifé  autant  qu'il 
peut  l'être  fans  fe  décompofer. 

§Cf  En  Algèbre,  ce  terme  déligne  ce  qui  ne  peut  être 
réduit  fous  une  forme  plus  limplc.  On  le  dit  particu- 
lièrement des  équations  qui  ne  peuvent  être  abaillées 
à  un  moindre  degré  que  celui  fous  lequel  elles  fe  pré- 
fentent,  &  plus  particulièrement  encore  du  cas  où 
une  équation  cubique  a  trois  racines  réelles,  toutes 
trois  inégales  J  avenant  fous  une  forme  imaginaire. 
Le  cas  irréduclible  du  troifième  degré.  Ce  cas  eil  ainfi 
appelé  ,  quoiqu'on  n'en  puille  pas  démontrer  l'irre- 
dudibilité.  Le  cas  irréductible  efî  en  Algèbre  ,  ce  que 
la  quadrature  du  cercle  eft  en  Géométrie.  Acad.  Fr. 

IRRÉFORMABILITÉ.  f.  f.  Cet  Auteur  voudroit prou- 
ver X'irreformabilite  de  la  Conftitution  ,  par  l'accep- 
tation générale  des  Prélats  de  toutes  les  Nations  Ca- 
tholiques. 

IRRÉFORMABLE.  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  petit  être  ré- 
formé. Lorfque  le  pubhc  s'accorde  à  méprifer  un 
Auteur  en  général,  ou  un  ouvrage  en  particulier,  ce 
jugement  pafTe  toujours  pour  infaillible  &  irréforma' 
ble Le  Pour  &  Centre.  M.  l'Abbé  Des  Fontai- 
nes, en  parlant  des  divers  jugemens  que  M.  l'Aiibii 
Lenglet  a  feinés  fur  le  fond  &  fiu'  le  fiylc  des  ouvra- 

Ll  ij 


1 


é8 


I  R  R 


ges  dans  Çzs  principes  de  l'Hiftoire ,  dit  qu'il  y  a  quel- 
ques uns  de  ces  jugemens  qui  ne  font  pas  irréforma- 

hles Ohferv.  fur  tes  Ecrits  modernes. 

^n  matière  de  foi,  dire  qu'un  jugement  eft  irréfor- 
mahle ,  c'efl:  dire  qu'il  ell  infaillible  &c  lans  appel. 
L'infaillibilité  d:  l'Églile  dilperlcc  ne  fuppole  pas 
l'unanimité  abfolue  des  Palteurs.  Il  luffit  pour  que 
•fes  dici/ions  foienr  irrcformables ,  que  la  prelqu'u- 
nanimité  des  Évêques  fe  réunille  avec  le  Pape 
dans  la  décifion  d'un  point  de  dodrrine.  Mais  le 
grand  nombre  ne  fuffit  pas  ■■,  le  plus  grand  nom 
bre  des  Evêques  reçut  les  décillons  du  Concile  de 
Rimini. 

IRRÉFRAGABLE,  adj.  m.  &  f.  Qu'on  ne  peut  contre- 
dire, qu'on  ne  peut  reculer.  Certus.  Il  y  a  un  té- 
moignage irréfragable  de  cette  vérité  ,  dans  un  Auteur 
contemporain.  L'expérience  eft  une  preuve  irréfraga- 
ble qui  vaut  mieux  que  tout  le  raifonnement.  \Jn 
Dovfleur  Anglois,  Alexandre  de  Haies,  a  été  appelé 
le  Doéteur  irréfragable.  Autorité  irréfragable.  Ce  ter- 
me fent  un  peu  l'école. 

t^  IRRÉGULARITÉ,  f.  f.  Manque  de  régularité,  defec- 
tus ,  afymttria.  Ce  mot  s'applique  au  propre  &:  au  figu- 
ré, à  tout  ce  qui  s'écarte  du  iyftême  de  règles  que  1  on 
doit  fuivre.  C'eft  proprement  l'écart  de  la  règle  à  la- 
■quelle  on  doit  fc  conformer.  \J irrégularité  d'une 
tragédie  ,i  \' irrégularité  du  pouls  ,  l'irrégularité  des 
traits  du  vifage.  Dieu  accomplit  les  volontés  éternel- 
les par  les  témérités  &  les  irrégularités  des  hommes. 
Ju.  V irrégularité à.c  vos  manières  vous  a  perdu  dans 
l'efprit  du  monde,  S.  Evr.  On  rcconnoit  l'amour  à 
la  précipitation  &  à  l'irrégularité  de  (es  mouveraens. 
M.  Esp.  U irrégularité  de  nos  paroles  vient  d'ordi- 
naire de  celle  de  nos  fentimens.  Bell.  Les  anciens 
Mtimens  choquent  la  vue  par  leur  irrégularité.  On  a 
fait  ces  dehors  pour  couvrir  l'irrégularité  de  cette 
place.  Il  y  a  fouvent  des  irrégularités  qui  donnent  de 
la  grâce  à  un  ouvrage ,  &  qui  valent  mieux  que  toute 
la  juftc-lle  de  l'art.  P.  le  B. 

Irrégularité,  en  termes  de  Jurifprudcnce  canonique 
&  de  Théologie  morale ,  eft  un  empêchement  cano- 
nique provenant  d'iui  défaut  perfonnel  qui  rend  un 
Eccléfiaftique  incapable  de  polféder  des  Bénéfices  tk. 
de  bire  les  fondtions  faciées,  ou  d'être  promu  aux 
ordres.  Irregularitas.  \J irrégularité  eft  un  empêche- 
ment canonique  qui  rend  un  homme  inhabile  à  être 
promu  aux  Ordres  facrés ,  ou  exercer  les  Ordres  fa- 
crés  qu'il  a  reçus.  Confer.  Eccl.  du  Diocèse  d'Ang. 
L'homicide  même  involontaire ,  l'apoftaiie  ,  l'adul- 
tère, emportent  l'irre^Warir^'.  Ceux  qui  fe  font  mu- 
tilés volontairement,  font  aulîî  irréguliers,  &  ceux 
dont  la  nailîance  n'eft  pas  légitime.  Ces  irrégularités 
excluent  des  Ordres  facrés,  &c  même  de  la  première 
ronlurc.  Cependant  dans  les  derniers  hècles  on  s'eft 
contenté  pour  les  ordinations  ,  qu'il  n'y  eût  pas  d'irré- 
:gularites  formelles.  On  a  même  trouvé  moyen  que 
les  irrégularités  ne  fullent  pas  des  obftacles  invinci- 
bles. On  en  a  dilpcnfé  d'abord  après  coup,  pour  ne 
pas  déclarfr  nulles  des  ordinations  douteulcs  ou  vi- 
cieufes,  Enfuite  on  a  donné  des  difpcnlcs  pour  par- 
venir à  l'ordination  ,  tk.  elles  fe  font  rendues  très- 
communes.  On  a  reçu  dans  le  Clergé  ceux  qui 
avoient  commis  des  crimes  notables  &  publics,  fous 
prétexte  qu'ils  en  avoient  fait  pénitence  ,  &  fous  le 
même  prétexte  on  a  rétabli  des  Clercs  criminels.  Les 
Bénéhces  ont  été  l'occadon  de  ce  relâchement. 
Fleur  Y.  Un  Clerc  qui  contradte  mariage  ,  tombe 
dans  l' irrégularité.  Un  Bénéficier  qui  donne  fa  voix 
lorlqu'il  s'agit  d'un  jugement  de  mort ,  tombe  dans 
l'irrégularité j  &  Ion  Bénéfice  devient  vacant. 

h' Irrégularité  eft  de  deux  fortes,  l'une  que  l'on 
encourt  pour  un  défaut ,  Irregularitas  ex  defeclu  ,  &■ 
raurre  qui  s'encourt  par  un  crime ,  Irregularitas  ex 
>deHclo.  Les  défauts  &■  les  crimes  qui  caufent  l'irrégu- 
larité,  font  ceux  qui  emportent  quelque  impuillance , 
-ou  quelque  indécence  contraire  à  la  dignité  des  Or- 
dres lacrés,  ou  à  leur  exercice.  On  compte  jufqu'à 
neuf  de  ces  défauts:  i.  Le  défaut  de  nailîance,  c'eft- 
àdirc,  une  naiflance  illégitime,  hors  d'un  mariage 


I  R  R 

légitime,  défaut  qui  fe  corrige,  i",  par  le  mariage 
lubféquent  du  perc  &  de  la  mère,  pourvu  eue  dans  le 
tenis  de  la  conception  ils  aient  pu  validement  con- 
traéler;  2°,  par  la  Prpfeftion  religitufe.  Le  fécond 
défaut,  eft  un  défaut  de  l'efprit;  c'eft  la  fohe,  la 
phrénélie ,  l'épilepfic.  Le  troihème  eft  un  défaut  dans 
le  corps.  En  ce  cas  iont  les  aveugles,  les  lourds,  les 
•  boiteux,  s'ils  ne  peuvent  aller  à  l'autel  lans  bâton, 
ceux  qui  manquent  d'une  main,  du  pouce,  de  l'in- 
dex, d'un  œil,  au  moins  de  1  œil  gauche.  Le  qua- 
trième eft  le  défaut  d'âge ,  le  cinquième  le  défaut  de 
liberté,  le  fixièmc  le  défaut  d'obligation ,  le  feptième 
le  détaut  de  répuution  ,  le  huitième  le  défaut  de  fa- 
crement  ou  la  bigamie,  le  neuvième  le  défaut  de 
douceur. 

Les  caufcs  pour  lefquellcs  on  devient  irrégulier  par 
crime,  ex  deiiclo  ,  luivant  la  dilcipline  prciênte  de 
l'Églife,font,  1°,  1  héréfie  &:  l'apoltalîe;  2"^,rhonii. 
cide  &  la  mutilation;  3°,  le  violement des cenfurcsi 
4°,  la  réception  non  canonique  des  Ordres;  5°,  leur 
ulage  illicite;  6"^',  la  réitération  du  baptême,  qui 
rend  &:  le  baptiiant  &  le  baptilé  irrcguliers.  ^oyeç 
les  Conférences  d'Angers. 

U irrégularité  rend  incapable  d'acquérir  un  béné- 
fice, mais  elle  ne  rend  pas  incapable  de  polléder  ce- 
lui qu'on  a  déjà.  Dans  l'irrégularité  ex  defeclu  ,  h, 
choie  eft  claire.  Si  un  Ecclciiaftique  tombe  en  dé- 
mence &  perd  l'clprit,  il  ne  perd  pas  pour  cela  le 
bénéfice  qu'il  avoir;  &  pour  V irrégularité  ex  deliclo^ 
elle  ne  prive  pas  non  plus  le  coupable  de  Ion  béné- 
fice ,  (Se  s'il  vient  à  le  perdre ,  c'eft  à  caule  du  crime 
qu'il  a  commis,  &C  non  à  caufede  l'irrégularité <\m  y 
eft  attachée.  L'homicide  purement  involontaire , 
c'eft- à  dire  ,  comme  l'expliquent  les  Cafuiftes  ,  quand 
celui  qui  l'a  commis  s'occupoit  à  une  choie  licite, 
&  qu'il  a  pris  fes  précautions  pour  qu'il  n'arrivât  au- 
cun accident ,  cet  homicide ,  dis-je  ,  n'emporte  point 
d'irrégularité.  'Voyez  les  Conférences  d'Angers.  Et 
s'il  étoit  vrai  qu'il  emportât  V  irrégularité ,  un  phréné- 
cique  j  un  enfant  qui  tueroient  ou  mutileroient  quel- 
qu'un ,  dcviendroient  irréguliers ,  ce  qui  n'eft  pas ,  & 
eft  même  contraire  à  la  Clémentine ,  Furiofus  de  ho- 
micidio ,  où  il  eft  dit  :  Si  furiofus  aut  infans  ,  feu  dor- 
iniens  mutilet  vel  occidat,  nullam  ex  hoc  irregularita- 
tem  incurrit.  Il  en  eft  de  même  de  celui  qui  tue  quel- 
qu'un pour  défendre  fa  vie ,  pourvu  qu'il  l'ait  feit 
cum  moderamine  inculpata  tutelx.  :  car  la  même  Clé- 
mentine ajoute  :  Idem  cenfemus  de  illo  qui  mortetn 
aliter  vitare  non  valens  ,fuum  oicidir ,  vel  mutilât  in- 
vaforem  ;  &  le  Concile  de  Trente  n'a  point  corrigé 
fur  cela  la  décifion  de  Clément  V.  f^oye^  les  Conlé- 
rences  d'Angers.  Il  n'eft  pas  moins  faux  que  1  adultère 
emporte  l'irrégularité.  On  ne  trouvera  aucune  déci- 
iion  du  Droit  qui  le  montre.  Aullî  eft  il  inoui  qu'on 
exige  une  dilpenle  d'un  adultère  qui  le  préfente.  L'a- 
dultère n'eft  pas  même  des  crimes  qui  font  vaquer  le 
bénéfice  ipfi  faclo. 

Il  n'y  a  aulli  que  les  Clercs  qui  font  dans  les  Ordres 
facrés  ,  qui ,  en  contraétant  mariage ,  encourent  l'ir- 
régularité, parce  qu'il  n'y  a  que  ceux  qui  ont  fait  vœu 
de  chafteté  qui  l'encourent,  f^oye:^  fur  cela  .'es  Con- 
férences d'Angers. 
IRRÉGULIER  ,  ÈRE.  adj.  |Cr  Ce  terme ,  ainli  qu'irré- 
gularité ,  s'applique  au  propre  &:  au  figuré ,  à  tout  ce 
qui  s'écarte  de  la  règle  qu'on  doit  luivre.  On  peut 
le  dire  de  toutes  les  produdions  humaines  qui  font 
fufceptibles  d'irrégularité.  Nous  ne  le  difons  guère 
des  produdrions  de  la  nature ,  dont  nous  ne  con- 
noillons  pas  alfez  la  variété  &  la  conduite ,  pour  l'ac- 
cufer  d'irrégularité.  Ah  normâ  deficiens.  Ilfembleque 
les  Anglois  n'ayent  été  faits  julqu'ici  que  pour  pro- 
duire des  beautés  irrégulières.  Volt.  Il  y  a  des  beau- 
tés irrégulières  qui  ont  quelque  chofe  de  plus  piquant 
que  des  vifiges  dont  les  traits  font  régulièrement 
beaux.  S.  ÉvR.  La  concupilcence  eft  irrégulière  Sc 
défordonnée.  M.  Esp.  Ce  qu'il  y  a  d'irregulier  dans 
les  moyens  n'empêche  pas  qu'un  Ouvrage  ne  puille 
être  bon.  Jurieu.  On  mande  les  Procureurs  à  la 
Communauté,  qwand  ils  font  quelque  procédure  ir- 


I  R  R 

régulière.  Les  places  irrégulières  four  plus  difficiles  à 
fortihcr  que  les  réguliàes. 
Irrégulier,  le  dit  dans  l'arc  de  bâtir,  non-feulement 
des  parties  de  l'Architecture  qui  foix  hors  des  pro- 
portions réglées  par  l'Architecte ,  mais  aulH  des  pla- 
ces pour  bâtir,  dont  les  angles  &  les  côtés  ne  font 
pas  égaux.  On  appelle  colonne  irrégulière ,  celle  qui 
non-feulement  eft  hors  des  proportions  des  cinq  Or- 
dres ,  mais  dont  les  ornemcns  du  fût  &  chapiteau 
font  de  mauvais  goût ,  confus  Se  mis  fans  raifon ,  &c 
participent  de  l' Architecture  antique  Se  gothique. 
On  dit  en  Géométrie,  figure  irrégulière ,  dans  le  mê- 
me fens ,  qui  ne  font  pas  terminées  par  des  furfaces 
égales  &  femblables. 

En  Grammaire,  il  y  a  des  déclinaifons  ou  conju- 
gaifons  irrégulières  ,  anomales ,  hétéroclites.  Un  verbe 
irrégulier j,  une  conftrutlion  irrégulière. 
^CFOn  appelle  mot  irrégulier j  celui  qui  ne  fuit  pas  la 
marche  du  parodigme  qui  lui  eft  propre ,  ou  dont  les 
Variations  n'imitent  pas  exactement  les  variations  du 
parodigme  commun.  Ce  terme  générique  renferme 
fbus  lui  anomal ,  qui  s'applique  aux  verbes  irrégu- 
iiers,  ôc  hétéroclite ,  qui  s'applique  aux  noms.  Mot 
irrégulier.  Verbe  anomal.  Nom  hétéroclite.  Voyez 
ces  deux  mots. 
gcrConftruition  irrégulière,  celle  qui  s'écarte  de  l'u- 

fage  &  des  règles  de  la  langue. 
IfS'En  Poc'fîe  ,  on  appelle  vers  irréguliers  ou  libres, 
chez  lés  Italiens  verfi  fciolti  y  ceux  où  l'on  ne  s'allu- 
jettit  pas  aux  règles  ordinaires  ,  qui  font  d'inégale 
mefure ,  &:  qui  ne  font  pas  réglés  par  les  rimes. 
Irrégulier.  En  teimes  de  Caiuiflc,  eft  un  Eccléfiafti- 
que  interdit,  fufpendu  ou  cenfuré,  qui  a  encouru  les 
peines  de  droit ,  &  qui  eft  incapable  de  polféder  des 
Bénéfices ,  ou  de  faire  quelques  tondions  facrées.  /r- 
regularis ,  cenfurâ  notatus.  Ce  Prêtre  eft  devenu  irré- 
gulier par  un  meurtre  qu'il  a  commis.  On  n'efl  irré- 
gulier qu'à  /are ,  &  non  point  ab  homine, 
[RRÉGJLIÈREMENT.  adv.  D'une  manière  irrégu- 
lière. Perverse.  Les  Clercs  qui  vivent  irrégulièrement 
caulent  un  grand  fcandale.  Cela  eft  bâti  irrégulière- 
ment. 

RRÉLIGIEUSEMENT.  adv.  D'une  manière  peu  re- 
ligieufe.  Impie.  Un  impie  parle  des  myftères  irreli- 
gieufement ,  avec  irréligion. 
RRÉLIGîEUX,  euse.  adj.  Qui  n'a  point  de  religion  , 
de  rcfpeCT:  pour  les  chofes  Saintes.  Irréligiofus.  Im- 
pius.  Les  débauchés  font  d'ordinaire  libertins  &  irré- 
ligieux. Quand  le  peuple  eft  prévenu  qu'un  hom- 
me a  de  la  religion  ,  il  n'y  a  rien  de  li  hardi  ,  & 
même  de  fi  irréligieux  ,  qu'il  ne  puifle  tenter  im- 
punément. S.  REAL. 
O"  Le  mot  d'irréligieux  ne  s'applique  guère  aux  per- 
\  fonnes  ,  &  le  dit  plus  ordinairement  des  chofes  qui 
I  bleffent  le  refpecT:  dû  à  la  religion.  Sentimens  irré- 
!  ligieux  ,  aétion  irréligieufe. 

RRÉLIGION.  f  f.  Manque  de  religion,  ^oye^  ce  mot. 
Irreligio.  Impietas.  Ces  propotîtions  font  fcanda- 
leules  ,  &  tiennent  de  {'irréligion.  Il  n'y  a  rien  de 
plus  ridicule  que  de  faire  vanité  de  libertinage  & 
d'irréligion.  Nie.  C'eft  le  dérèglement  des  pallions  , 
ou  ^irréligion  ,  qui  a  formé  le  fentiiTient  de  fe  tuer. 
M.  ScuD.  Malherbe  étoit  foupçonné  d'irréligion.  Bay. 
RRÉMÉDIABLE.  adj.  qui  eft  fans  remède.  Infanabi- 
I.  Us.  Au  propre,  maladie  irrémédiable.  Au  figuré  ,  faute 
I  'irrémédiable.  Les  médifances  publiques  des  Satyri- 
ques  font  des  maux  irrémédiables.  La  gangrène  dans 
les  vifcères  eft  une  maladie  irrémédiable.  Des  fluxions 
'irrémédiables.  P.  Verjus. 

!IRÉMÉDIABLEMENT.  adv.  D'une  manière  irrémé- 
diable ,  fans  remède.  Extra  fpem  remedii.  Les  dé- 
bauches de  cet  homme  ont  ruiné  fa  fanté  irrémédia- 
blement. 
"^RÉMISSIBLE.  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  fe  peut  remettre 
ni  pardonner.  Venue,  expers.  On  refufe  les  grâces  en 
Chancellerie  ,  quand  les  crimes  font  énormes  Se 
irrémiffibles.  Quand  on  reproche  à  une  femme  qu'elle 
a  de  l'âge ,  ou  peu  de  beauté ,  c'eft  une  offenfe  ir- 
rém'ijjlble  ,  qu'elle  ne  pardonne  jamais. 


ÎR  R 


2^9 


IRREMISSIBLEMENT.  adv.  Sans  rémifîion.   Jbfjue 
venia.  Le  Roi  veut  que  les  duels  loient  punis  trré- 
mijjiblement  f  il  ne  donne  point  de  grâce  auxducl- 
liltes. 
IRRÉPARABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  peut  fe  réparer, 
Irrcparabiiis.  Les  aftronts  à   l'honneur  font  irrépa- 
rables. Dans  une  perte  irréparable  la  douleur  peur 
être  fans  bornes.  I'lÉch.  L'inondation  de  la  mer  a  fait 
en  Hollande  des  dommages  'irréparables.  La  mort  de 
ce  Capitaine  eft  une  perte  irréparable. 
IRRÉPARABLEMENT,  adv.  D'une  manière  irrépara- 
ble. Abfquefpe  reparatioms. 
IRRÉPRÉHENSIBLE,  adj.  m.  Se  f.  Qui  eft  fans  dé- 
fiut  ,  en  qui  on  ne  fauroit  rien  trouver  à  repren- 
dre. Irreprekenfus.  Un  Prélat  doit  être  d'une  vie  ir- 
répréhensible ,  comme  le  marque  S.  Paul.  Irrépré- 
hen/lble  dans  fes  mœurs  ,  dans  fes  aétions. 
IRRÉPRÉHENSIBLEMENT.  adv.  D'une  manière  ir- 
répréhenfîble.  Sine  rcprehenjione.  Il  vit ,  il  fe  conduic 
i  né  pré  h  enjlblem  ent. 
IRRÉPROCHABLE,  adj.  m.  &  f .  A  qui  on  ne  peut 
rfcn  reprocher.  Vit&  integer.  \]\\  Magiftrat  qu'on  re- 
çoit doit  être  d'une  vie  'irréprochable.   On  ajoute  foi 
aux  témoins  irréprochables  ,  contre  lefquels  on  n'a 
pu  alléguer  des  reproches.  Quand  on  cite  l'Écritu- 
re ,  les  Conciles ,  ce  font  des  témoignages  ,  des  au- 
torités irréprochables.  Ils  ont  mieux  aimé  vivre  irré- 
prochables parmi  nous  j  que  de  vivre  heureux  avec 
des  rébelles.  Fléchier. 
IRRÉPROCHABLEMENT,  adv.  D'une  manière  irré- 
prochable ,  fans  mériter  de  reproche.  Abfque  reprehen-^ 
Jione.  Cet  homme,  cette  femme  ont  toujours  vécu 
'irréprochablement. 
IRRÉSISTIBILITÉ.  f  f.  Qualité  d'une  chofe  à  laquelle 
on  ne  peut  réflfter.  C'eft  un  terme  dogmatique  ,  dont 
on  fe  fert  en  Théologie.  \J irréjifi'ib'tl'ité  de  la  grâce 
eft  une  opinion  erronée  &  condamnée  par  le  Con- 
cile de  Trente.  On  fe  fert  même  de  ce  terme  en 
d'autres  occafions  qu'en  parlant  de  la  grâce.  M.  Dit- 
ton  ,  dans  fa  Religion  Chrétienne  démontrée  par  la 
réfurreCl:ion  de  N.  S.  J.  C.  dit  que  l'évidence  qui  con- 
vient à  des  faits  ,  eft  entière  ,  lorfque  les  preuves 
font  plus  fortes  que  les  objeétions  ;  qu'une  éviden- 
ce de   cette  nature  efl:  la  démonftration  des  faits  ; 
que  partout  où  elle  fe  trouve  ,   l'acquiefcement  de 
l'elpric  eft  abfolument  &  indifpenfablement  nécef- 
laire.  Cette  nécelîité  ,  dit-il ,  n'elt  pas  de  contrainte  & 
d'irréJîJiibUité ,  comme  dans  la  démonftration  propre- 
ment dite  ;   mais  elle  eft  d'obligation  Se  de  devoir. 
IRRÉSISTIBLE,  adj.  m.  &  f.  A  quoi  on  ne  peut  réj 
fifter.  Cui  rcjijii  non  potejl.  C'eft  un  fentimenc  hé- 
rétique ,  condamné  par  les  Conciles  &  en  dernier 
lieu  par  celui  de  Trente  ,  de  dire  que  la  grâce  eft  ir- 
réjijlible  ,  qu'elle  entraîne  l'acquiefcement  de  l'hom- 
me ,  fins  qu'il  puiffe  réfifter.  Ce  mot  &  le  fuivant 
font  purement  dogmatiques,  Se  ne  fe  font  introduits 
dans  la  langue ,  que  parce  qu'on  a  voulu  dire  en  Fran- 
çois tout  ce  que  les  Théologiens  difent  fur  les  ma- 
tières de  la  grâce. 
IRRÉSISTIBLEMENT,  adj.  D'une  manière  irréfifti- 
ble.  Abfque  rejijlent'ia.  On  peut  toujours  réfifter  à  la 
grâce  ,  Se  Dieu  ne  convertit  point  les  pécheurs  'irré- 
Jijliblement. 
tf3'  On  cherchera  l'explication  de  tous  ces  termes  né- 
gatifs à  leur  acception  pofitive  ,  remède  ,  pardon  , 
réparation  ,  &c. 
IRRÉSOLU  ,  UE.  adj.  |p"  mfuator ,  hxfitans  ,  ammi 
anceps.  Ce  mot  défigne  proprement  un  homme  dont 
la  volonté  a  de  la  peine  à  ie  déterminer.  Foye^  Ir- 
résolution. C'eft  ordinairement  un  efprit  médio- 
cre ,  qui  n'a  pas  aflez  de  bon  fens  pour  choifir  ,  ou 
qui  eft  trop  méfiant  pour  recevoir  fa  termination 
d'ailleurs.  Les  gens  irréfolus  femblent  n'avoir  d'ef- 
prir  que  pour  douter.  Ces  fortes  d'efprits  font  pu- 
nis par  leur  irréfolution.  Pendant  qu'ils  temporifent , 
l'occafion  échappe ,  le  mal  arrive  ,  ou  le  bien  s'en- 
fuit ;  &  ce  qu'il  y  a  de  plus  fâcheux  encore  j  c'eft 
qu'on  ne  conclud  rien  avec  les  gens  'irréfolus  ,  8c 
qu'ils  font  fubir  aux  autres  la  peine  de  leur  'irréfo- 


270  î  R  R  ^ 

luûon.  L'cfprit  à\x  Maréchal  de  i  urenne  retiré 
en  lui  même  ,  &  plein  de  tes  dclkins  &  de  les  pro- 
jets, l'a  bit  palier  pour  timide  &  irréfolu.  S.  ÉvR. 
Nos  (l'ns  trop  décitiis  emportent  facilement  noste 
rait'on  incertaine  &  irréfolue.  Boss. 

T'^os  applaudiffemens 
Fixent  dans  mon  devoir  mes  vtEttx  irréfolus.  Rac. 

Mes  pas  irréfolus  ,  mes  regards  ,  mon  vifage , 
De  mon  efpric  troublé  font  une  affreuje  image. 

^y  Cette  épithète  ne  convient  qu'aux  perlonnes  ,  &c 
l'on  ne  dit  point  d'une  quellion  indecile  ,  lur  la- 
quelle on  n'a  point  prononce  ,  qu'elle  ell  irrtfolue. 

IRRÉSOLUBLE,  adj.  Qui  ne  peut  être  rclolu.  Ntv/ton 
n'explique  point  la  pefànteur  ,  &i  prétend  qu'il  ne 
faut  point  expliquer  ce  qu'il  n'explique  point  ,  & 
que  le  problème  eft  réfolu  parla  même  qu'il  elt 
déclaré  irrcfoluble.  C'eft  la  quelHon  de  lavoir  s'il  elt 
irrefoluhle.  Mém.  de  TrÉv. 

IRRÉSOLUMENT.  adv.  D'une  manière  irréfolue  & 
incertaine.  Incertc.  On  ne  parle  de  cette  nouvelle  que 
fort  irréfalument ,  on  en  doute. 

IRRÉSOLUTION,  f.  £  IpT  Etat  de  celui  qui  eft  irré- 
folu ,  dont  la  volonté  a  de  la  peine  à  le  déterminer. 
H.e/itJtio  ,  fufpcnjîo.  Les  gens  loibles  &  peu  éclai- 
rés vivent  dans  une  perpétuelle  imjolution.  Il  elt 
dirticile  de  décider  ,  h  Virréjoluiion  rend  l'homme 
plus  malheureux  que  méprifable  ,  &  s'il  y  a  plus 
d'inconvénient  à  prendre  un  mauvais  parti  ,  qu'à 
n'en  point  prendre.  La  Br.  Les  irrefolutions 
d'une  ame  combattue  de  divers  fentimens,  font  des 
matières  pour  les  ftances.  S.  EvR.  Voici  un  exem- 
ple ae  ces  fortes  A' irrefolutions. 

Que']efens  de  rudes  combats  l 
Contre  mon  propre  honneur ,  mon  amour  s'inte'reffe  ; 
Il  faut  venger  un  père  ,  &  perdre  une  Maitrcfe  ! 
L'un  échauffe  mon  cxur,  l'autre  retient  mon  bras. 


De  tous  côtés  mon  mal  efl  infini, 

O  Dieu  j  l'étrange  peine  ! 
Faut  il  laijfer  un  affront  impuni  ? 
Faut-il  punir  le  père  de  Chiméne?  CoRN. 

^3"  Irrésolution  ,  Doute  ,  Incertitude.  Ces  trois 
mots  ,  fynonymes  quand  ils  marquent  une  indéci- 
fion  ,  ont  leurs  nuances  particulières.  Uirrefolution  , 
dit  M.  l'Abbé  Girard ,  vient  de  ce  que  la  volonté  a 
de  la  peine  à  fe  déterminer.  On  eft  dans  Virréfolu- 
tion  lur  ce  qu'on  veut  faire.  F'oye^  les  autres  mots. 

IRRÉVÉREMMENT.  adv.  D'une  manière  irrévéren- 
te.  Irreverenter.  Un  homme  qui  caufe  pendant  le 
lervice  divin  ,  agit  irrévéremment. 

IRRÉVÉRENCE.  L  f.  manque  de  vénération.  On  le  dit 
particulièrement  du  relped  qui  eft  dû  aux  chofes 
fainres  &  facrées.  Irrcverentia.  Les  Libertins  parlent 
avec  irrévérence  des  myftères  ,  des  cérémonies  de  l'É 
glife.  On  n'oferoit  commettre  ^CF  dans  l'anticham- 
bre d'un  Grand  les  irrévérences  qui  fe  font  dans  les 
Eglifes.  C'eft  une  irrévérence  de  fe  couvrir  dans  la 
Chambre  du  Roi ,  Quoiqu'il  n'y  foit  pas. 

gcr  IRRÉVÉRENT,  ente  ,  adj.  Particulièrement ,  ou 
même  uniquement  employé  en  matière  de  religion 
&  des  chofes  laintes.  Ce  qui  eft  contre  le  refpecl  , 
contre  la  révérence.  Quod  rcverentiâ  caret  ,  irrcve- 
'  rens.  Il  eft  irrévérent  de  caufer  pendant  l'office  di 
vin  ,  de  tourner  le  dos  à  l'Autel  où  l'on  dit  la 
Melle.  Rien  n'eft  plus  ordinaire  que  de  voir  des  gens 
dans  une  pofture  irrcvércnte  dans  nos  Eglifes  j  ou 
avec  des  manières  irrévérentes. 

Depuis  ^:/ 'irrévérent  envers  les  immortels , 
Tu  tache  de  mépris  l'Eglife  &fes  Autels. 

Régnier. 

iRRÉVOCABILITÉ.  f.  f.  Qualité  de  ce  qui  eft  irrévo 
■  •cable.  Irrevocabilitas.  Virrévocabilué  des  jugemens 


I  R  R 

de  Dieu.  Virrévocabilité  des  Édits. 

IRRÉVOCABLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  ne  peut  être  révo- 
qué ,  &  en  parlant  du  temps  ,  qui  ne  peut  être  rap- 
pelé. Irrevocabilis.  Le  palle  eft  irrévocable.  Les  pto- 
mclles  de  Dieu  font  irrévocables.  On  met  dans  tou- 
tes les  donations  ,  procurations  &  Edits  j  qu'ils  font 
perpétuels  ,  irrévocables  ;  cependant  on  les  révoque 
louvent.  Loi  irrévocable.  Arrêt ,  décret  Lirevocable. 

IRRÉVOCABLEMENT,  adv.  D'une  manière  irrévo- 
cable. Immutabilitcr.  La  nécelLté  de  mourir  eft  une 
loi  qui  s'exécute  irrévocablement.  Les  décrets  éternels 
de  Dieu  ont  décidé  de  nous  irrévocablement.  M.  P. 

IRRlSiON.  f.  f.  Moquerie  ,  mépris.  Derfio.  Ce  mot  eft 
furanné. 

^  IRRITABILITÉ  f.  f.  Terme  Didaûique  ,  ufitéen 
Médecine.  Qualité  de  ce  qui  eft  niitable.  Il  y  a  dans 
le  corps  humain  deux  fortes  de  parties  i  les  unes 
font  lulceptibles  de  leniibilité  &  lî irritabilité  ,  les 
autres  n'en  iont  pas  lulceptibles.  Les  parties  irrita- 
bles font  celles  qui  deviennent  plus  comtes ,  quand 
un  corps  étranger  les  touche  un  peu  fortement  ; 
leur  irritabilité  le  manilefte  par  la  contradion. 
Haller.  La  peau  &:  les  membranes  nervculcs  n'ont 
aucune  irritabilité  ,  quoiqu'elles  aient  beaucoup  de 
fenubilité.  Idem.  1.' irritabilité  eft  indépendante  de 
l'ame  &  de  les  volontés  ,  puilqu'elle  lubfifte  dans 
une  jnnbe  coupée  ,  qui  n'a  plus  aucun  commerce 
avec  lame.  Idem.  Irruabilitas. 

ffT  IRRITABLE,  adj.  m.  &  f.  Sujet  à  l'irritation  ,  qui 
peut  être  irrité.  Irritabilis.  V.  Irritabilité.  Il  y  a 
un  ouvrage  Latin  de  M.  Haller  ,  qui  a  pour  titre  :  Mé- 
moire lur  la  nature  lenlible  &  irritable  des  parties-^ 
du  corps  animal ,  traduit  en  François  par  M.  TilTot.  i 

IRRITANT,  ANTE,  adj.  Terme  de  Droit.  Qui  calîe , 
annulle  &:  rend  vain  &  inutile.  Le  mariage  étant 
un  Contrat  civil  ,  aufti  bien  que  naturel  ,  on  ne 
peut  dilputer  au  Prince  le  pouvoir  d'y  appofer  des 
conditions  i'mw/zfd'j.  Gerbais.  Si  l'Eglife  peut  faire 
des  conditions  iiritantcs  à  l'égard  du  facrement  dci 
mariage  ,  le  Prince  a  aulll  ce  pouvoir  à  l'égard  du 
contrat  civil.  Lamoignon.  La  publication  des  bans, 
quoiqu'ordonnée  j  n'eft  point  au  nombre  des  clau- 
fes  irritantes  portées  par  le  Concile  de  Trente  :  l'E- 
vêque  en  peut  ditpenler.  Ce  mot  vient  du  Latin  Irri- 
tus  ,  qui  a  les  mêmes  lignifications. 

^3'  Irritant  ,  Terme  de  Médecine  ,  adj.  &  paix.  Re- 
mède irritant. 

(fT  IRRITATION,  f  f.  Adion  de  ce  qui  irrite  les 
humeurs ,  les  membranes ,  ou  état  des  parties  irri- 
tées. Irritatio.  Remède  qui  purge  par  irritation.  L'ir- 
ritatlon  des  humeurs. 

^fT  On  entend  par  ce  mot  en  médecine ,  l'adion  qui 
fait  qu'un  corps  ou  une  partie  du  corps  animal  fe 
contrade  ,  ou  laftedion  qu'éprouvent  les  parties  fen- 
fibles  du  corps  animal  quand  elles  fe   contractent 

§Cr  IRRITER.  V.  a.  De  1  ancien  mot  ire  ,  colère,  /m- 
ter,  mettre  en  colère,  irritare.  Les  péchés  des  hom- 
mes avoient  irrité  le  Ciel.  C'eft  une  choie  terrible 
de  tomber  entre  les  mains  de  Dieu  irrité.  Un  d.'d.ùii 
continuel  irrite ,  ôc  rebute  à  la  fin.  Bell.  Lucrèce  fe  ' 
moque  de  la  iîmplicité  des  hommes  qui  fe  figurent  ' 
pouvoir  otFenfer  Se  irriter  les  dieux.  S.  ÉvR. 

Mais  mon  cœur  prévenu  d'une  crainte  importune , 
Craint  même  en  ejpérant ,  </'irriter  la  Fortune.  Rac. 

Les  bêtes  venimeufes  ne  font  du  mal  que  quand 
on  les  irrite  :  leur  venin  confîfte  dans  leurs  elprits 
irrités  ,  comme  le  dit  Ch.arras  dans  Ion  Traité  des 
vipères.  On  irrite  les  taureaux  pour  les  foire  com- 
battre. On  le  dit  aulli  de  la  mer.  La  mer  s'irritoitM 
lieu  ie  s'appailer. 
Cf3°  Irriter  ,  en  Médecine,  c'eft  affeder  une  partie 
du  corps  animal  de  façon  qu'elle  le  contrade  ,  fe 
trémoulîe  j  &  éprouve  des  mouvemens  convullîfs. 
Irrités  avec  le  fcalpel  j  les  nerfs  ne  font  entrer  en 
convuhion  que  les  mulcles  auxquels  ils  fe  dif- 
tribuent ,  &  cette  convuliion  n'a  jamais  lieu  quand 
on  irrite  les  nerls  avec  un  corroilf.  Tissot. 


I  R  T 

f:T  On  le  dit  aulll  des  cliofes  ,  qui  par  leur  qualité  ,  ou 
par  un  niouveniciit  trop  vif-" ,  atfedent  délagrcablc- 
nient  quelque  partie  du  corps  :  une  humeur  acre  ir- 
f'itc  ,  picote  une  membrane. 

laRiTUR  ,  fe  dit  rigurément  en  cliofes  morales,  &  fi- 
gnifie  aigrir  ,  piquer ,  rendre  plus  vif  &c  plus-  vio 
lent.  Irriurh  colère.  La  contrainte,  les  dcfenfcs  , 
les  obftaclcs  irritent  l'amour.  Les  grandeurs  Irritent 
les  pallions  plus  qu'elles  ne  les  contentent.  FÉn. 
Mes  loumi/lions  bien  loin  de  ramener  mon  enne- 
mi ,  n'ont  fxit  <\\x  irriter  là  haine  ^  irriter  fa  fierté. 
Les  choies  lalées  irritent  l'appétit.  Cette  plaie  s'irrite 
par  les  remèdes  ,  au  lieu  de  fe  guérir.  La  plupart 
des  maux  s  irritent  en  vieillillant.  Les  perfonnes  vaines 
s'attirent  l'envie  Se  le  mépris ,  &  irritent  la  médifmce. 
Bell.  Le  récit  &  le  fpectacle  des  grandeurs  mon- 
dâmes irritent  votre  ambition.  FlÉchier.  L'hétélie 
d'Arms  étoit  de  la  nature  de  ces  maux  opiniâtres 
(\v:i  $- irritent  par  les  remèdes.  Herman.  La  misère 
avoit  aigri  &  irrité  fon  humeur  atrabilaire.  MÉze- 
RAY.  N'irritei  point  l'envie.  Bossuet. 

Chaque  objet  qu'il  contemple  imiQ  fes  douleurs. 
^  Bréb. 

Dans  fis  premiers  tranfports  l'amour  impétueux 
S'kikeparla  réfijlance.  Corn. 

Pourquoi  veux-tu,  cruelle,  irriter  mes  ennuis? 
IRRITÉ  ,  ÉE ,  part.  &  adj. 

Il  jùuitdu  ciel  même  irrité  contre  lui.  Boil. 

ÎCT  On  dit  au  figuré  ,  les  ilôts  irrités  ,  la  mer  irritée  , 
agitée  par  la  tempête. 

IRRORATION.  f.  f.  Irroratio.  HCF  Terme  de  Médeci- 
ne ,  lynoiiyme  avec  arrolement. 

^  On  le  dit  dune  forte  de  tranfplantation  ,  par  la- 
quelle on  prétend  guérir  certaines  maladies.  V Irro- 
ration  conhlle  à  arrofer  tous  les  jours  des  arbres  ou 
d'autres  plantes  convenables  avec  l'urine  ,  les  fueurs, 
les  lelles  ,  ou  les  lavures  du  membre  malade  ,  ou 
de  tout  le  corps ,  féparément ,  ou  conjointement  , 
julqu'a  la  guérifon  entière  de  la  maladie.  Après 
quon  a  arrofé  ,  il  faut  auiïï  tôt  jetter  de  la  terre 
nouvelle  dellus  ,  afin  dempccher  que  l'air  ne  diffi- 
pe  la  vertu  de  la  mumie  ,  c'ell  à  dire  ,  de  l'efprit  vi- 
tal qui  elt  contenu  dans  les  chofes  avec  Icfquclles 
on  arrole 

IRRUPTION,  f  f.  ^  Entrée  foudaine  Se  imprévue 
dans  un  pays  pour  s'en  emparer  ,  ou  pour  le  ra- 
vager. Irruptio.  Les  Tartares ,  les  Arabes  ,  ne  font  la 
guerre  que  par  de  loud.xines  irruptions  ,  pour  enlever 
du  butin  &  des  prilonniers ,  &  puis  fe  retirent.  La 
lologne  eft  lujctte  aux  irruptions  des  Turcs  Se  des 
Colaques  ,  parce  que  les  frontières  font  dégarnies  de 
places  fortes. 

11  fe  dit  auin  au  figuré.  La  vertu  a  toujours  à  fe 
garder  des  irruptions  du  tempérament.  B.  Com 
JRTIS  Rivière  de  la  Tartane  Mofcovite.  Irtis.  Elle  a 
la  lource   dans  les  montagnes  d'Altay  ,   ancienne- 
ment Imads  ,  &  coule  long-temps  vers  le  nord- 
ouelt,  enfuite  tournant  vers  le  nord,  elle  va  pren- 
dre le  Tobolk  à  la  ville  de  ce  nom  ,  Se  enfin  fe 
décharge  dans  lOby.  Maty. 
IRUS.  f  m.  C'étoit  un  gueux  du  pays  d'Ithaque  ,  à  la 
luite  des  Amans  de  Pénélope.  Il  y  avoit  ,  dit  Ho- 
mère ,  Odyjf.  L  i8.  à  b  porte  du  Palais  un  men- 
diant qui  avoit  accoutumé  de   demander  fon  pain 
dans  Ithaque  ,  &  qui  par  fon  horrible  gloutonne- 
ne,  sctoH  rendu  fort  célèbre  ;  car  il  mangeoit  tou- 
n,?>'l  r-«^^j"°'^  toujours  affamé.  Cependant  ,  quoi- 
quil  h,t  dune  taille  énorme,  il  n'avoit  ni  force  ni 
l'.nn'f '•    r°"  ^^"^^ble  nom  étoit  Amée  ;  mais  on 

donfi""]  f'  P''"  '^"''^  ^^^^o'^  tous  les  meli:ages 
don  on  le  chargeoit.  Du  Grec  .«,.,  pour  -..,  por 
ter  la  parole.  C'eft  Irus  qui  a  donné  lieu  au  prover- 

Ducïé  d^e  r  ^"  ^?"'^'  méridionale  ,   capitale  du 
JJuche  de  Cuninghan ,  à  l'embouchure  de  la  rivière 


ISA  271 

A'Irmn  dans  le  golfe  de  Cluyd.  Irvinum.  Cette  ville 
avoit  autrefois  un  bon  port ,  qui  maintenant  n'tft 
.icceiliblc  qu'aux  petits  b.timcns  ,  à  caule  des  Ik, 
blcs  qui  s  y  font  amallés,  Maty. 

I  S  A. 

ISAAC.  f  m.  Prononcez  I^ac.  Nom  d'homme.  Ifaaci 
Ijaacus  Le  Patriarche  Ijaac  ,  fils  unique  d'Abra- 
liam  Se  de  bara  ,  fut  ainfi  nommé  parce  que  fi 
mère  qui  étoit  avancée  en  ige  ^  Se  ftérilc,  fe  mit  à 
rire  ,  lorlqu  un  Ange  annon(,a  à  Abraham  qu'elle 
toncevroit  un  fils.  Gen.  Xrill ,  p,  &  Juiv.  Abra- 
ham av^oit  alors  loo  ans,  Se  Sara  90.  Gen.  XXI ^ 
\  '  ^n^^  f  j  17.  H  y  a  trois  Ifaacs  de  la  famille 
des  Comncnes  ,  dont  deux  ont  été  Empereurs  de 
Conltammople-,  l'un  depuis  1057  ,  jufqu'en  1059 , 
&1  autre  depuis  ii8j,  jufqu'en  iijp. 

Ce  nom  cft  Hébreu  ,  &  s'écrit  dans  cette  lan- 
gue ItLshhak.  Il  vient  de  pnST  ,  tfahhak  ,  qui  fignific 
rire. 

ISABEAU.  f.  f  Nom  de  femme.  Ifahella  ,  Erqabe- 
rAu.  Ehlabeth  ,  Ifi^beau  ,  Se  Ifabelle  ,  font  la  même 
choie,  autrefois  on,a  écrit  Ifiibel.  En  général,  Ifa- 
beau  ne  fe  dit  guère  que  de  quelques  Princefles  de 
France  j  ou  s'il  fe  dit  de  quelques  Piincclfes  étran- 
gères ,  elles  ont  été  mariées  Se  ont  vécu  en  France. 
En  particuher,  voici  celles  de  nos  Princeffes  ^  dont 
jai  trouve  qu'on  le  dit.  Ifabeau  de  France,  fille  de 
Louis  VIII,  &  de  Blanche  de  Caftille,  c^'  fœur 
de  S,  Louis,  née  en  liio  ,  ou  12Z4  ,  fonda  eu 
1269  le  Monaftère  de  Long-Champ,  près  de  Pa- 
ns ^  où  elle  le  retira  ^  &  où  elle  mourut  le  ij 
Fevncr  1269.  Ifabeau  d'Angoulême  ^  Reine  d'An- 
gleterre ,  fille  d'Aimar  I ,  Comte  d'Angoulême  ,  Se 
d'Ahx  de  Courtenai  ,  mourut  en  124;.  Ifabeau  de 
France  ,  fille  de  Philippe  le  Bel ,  Se  de  Jeanne , 
hentière  d'Henri  I ,  Roi  de  Navarre  ,  naquit  en 
1292.  Elle  fut  mariée  à  Edouard  II  ,  Prince  de 
Galles,  Se  enfuite  Roi  d'Angleterre,  le  22  Janvier 
1 308.  à  Boulogne  ,  &  mourut  le  3 1  Novembre  1357, 
à  Rallcing  ,  où  fon  fils  Edouard  III  l'avoit  fait  en- 
fermer pour  des  galanteries  qu'elle  fut  accufée  d'avoir 
avec  Roger  de  Mortemer  ,  à  qui  il  fit  couper  la 
tête.  Une  fille  du  Roi  Philippe  le  Long,  qui  fut 
mariée  en  1 3  20.  à  Guignes  ,  douzième  Dauphin  de 
Viennois  ,  porta  auflî  le  nom  à'Ifabeau.  On  dit  en- 
core Ifabeau  de  Hainaut  ,  Reine  de  France  ,  femme 
de  Philippe  Augufle  ,  Se  fille  de  Baudouin  V ,  dit 
le  Courageux  ,  Comte  de  Hainaut  ;  Se  Ifabeau  de 
Bavière ,  aulll  Reine  de  France  ,  femme  de  Char- 
les VI ,  fille  d'Etienne  le  Jeune ,  Duc  de  Bavière  , 
Se  Comte  Palatin.  Ifabeau  de  Bavière,  mère  du 
Roi  Charles  VII ,  étoit  une  mère  aveuglée  Se  déna- 
turée ,  qui  lui  voulut  arracher  le  fceptre»  Le  Maî- 
tre. Plaid.  7. 

ISABELLE,  f.  f.  Nem  de  femme.  Ifahella. 
Voici  quelques-unes  des  femmes  qu'il  faut  appeler 
Ifabelle ,  &  non  pas  Ifabeau  ,  ou  Élifabeth  ,  quoi- 
que ces  trois  noms  ne  foient  que  la  même  chofc. 
Ifabelle  d'Arragon ,  Reine  de  France ,  femme  de  Phi- 
lippe le  Hardi  ,  .Sj  fille  de  Jacques  I ,  Roi  d'Arragon. 
IJabelle  de  Portugal  qui  époufa  Charles  V.  L'Impé- 
ratnce  Ifabelle  femme  de  Charles  V.  P.  Verjus. 
François  de  Borgia  Duc  de  Candie  ,  qui  eut  ordre 
d'accompagner  le  corps  A' Ifabelle  de  Tolède  à  Gre- 
nade ,  fut  fi  touché  quand  il  fallut  jurer  que  c'étoit 
le  corps  de  l'Impératrice  ,  de  n'y  trouver  qu'un  amas 
confus  de  pourriture  Se  de  corruption  ,  qu'il  fit  def- 
fem  de  quitter  le  monde  pour  fe  retirer  dans  la 
Conipagnie  de  Jéfus.  Id.  &  Moréri.  Ifabelle  de  Bor- 
gia la  lœur  avoit  époufé  D.  Geoffroy  de  Borgia  qui 
etoit  le  Seigneur  le  plus  confidérable  de  cette  même 
maifon.  P.  Verjus.  Élifibeth  ou  Ifabelle  de  France 
Reine  d'Angleterre  ,  Se  depuis  Duchellé  d'Orléans, 
fut  fille  de  Charles  VI  ,  Se  d'Ifabeaude  Bavière.  Ifa- 
belle de  Cafl-ille  fille  de  Jean  II ,  époufa  Ferdinand 
d'Arragon.  Je  ne  fai  pourquoi  quelques  Auteurs  l'ap- 
pellent   Élifabeth  ,    ou  Ifabelle.    Car   nous  difons 


272  I  S  A 

toujours  Ifaklle.  Feaiin.nd  &  Ifahelle  à^zffaoM 
les  Maures  dElpagne.  rei-dinand  &  JJabclie  lor.t 
les  piemiers  qui  aient  porté  le  titre  de  Rois  Catlio 
liques  roye::  ks  vies  du  Cardinal  Ximcnez  par  M. 
Flechier  &  par  M.  ^'lar(uller.  Ifabelle  ,  Icmmc 
a  Emmr.iucl  de  Poitugal ,  tille  aînée  de  Ferdinand  , 
&'  à'Ifahcllc.  Ifabelle  de  France  Reine  de  Navarre  , 
fille  de  S.  Louis  &  de  Marguerite  de  Provence.  Ifa- 
bdle  de  Valois  ,  tille  de  Charles  de  France  &  de 
Marguerite  de  Sicile,  époula  en  li?.»"  tdouard 
Prince  d'Écolle.  IfabelU  de  France  Dachcllc  de 
Miian  étoit  nlle  du  Roi  Jean  ,  8c  de  Bonne  d; 
Luxembourg.  Ifabelk -C\ùïi:  Eugénie  d'Autriche, 
Duchede  de  Br.ibant  ,  Comtelle  de  Flandres  ,  oc. 
étoi:  tille  de  Philippe  II  ,  Roi  d  Etpagne»  c\'  d'Eh 
iabeth  de  France.  En  général  on  peut  ,  ou  même  on 
doit  toujours  dire  Ifabelle  ,  en  pariant  des  Princellcs 
dEi'pagne ,  excepte  ,  famte  Élitabeth  Reine  de  Por 

tuS-^l-  .  .,  , 

Ce  nom  A' Ifabelle  ,  vient  ,  félon  quelques-uns, 

èCElfabella  ,  ou  plutôt  A'Eiifabcch  ,  en  y  taifant 
quelques  changemens. 
Isabelle,  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'un  œillet 
de  couleur  de  rote  pâle  ou  âhm ,  ion  blanc  très 
fin  &  tes  panaches  de  pi'^'ces  emportées,  la  Heur 
fort  large  ,  (^-  garnie  de  Feuilles  qu'elle  renverk  quel 
quefois^,  ne  callé  point  avec  cinq  oii  lix  boutons  , 
produit  beaucoup  de  marcotes  qui  t'ont  fujettes  aux 
taches  blanches  rougeâtres  ,  c'eft  a  dire,  à  la  gale  & 
,    au  roux  ,  qui  eft  une  etpèce  de  gale  :  ta  tlcur  eft  le 

plus  fouvent  hâtive.   Morin. 
Le  fort  Isabelle.  Jrx  Ifahella.  C'eft  un  petit  fort  de 
la  Flandre.  Il  eft  à  une  demi-lieue  de  l'Eclute  ,  &c  à 
une  de  la  mer  d'Allemagne.  Les  Efpagnols  qui  l'ont 
conftruit  du  temps  de  l'Archiduchellc  Ifabelle  ,  lui 
donnèrent  ton  nom. 
Isabelle,  adj.  Couleur   qui  participe   du    blanc,   eu 
jaune  j  &  de  la  couleur  de  chair.  Ex  albo  rutilans. 
fer  On  le  dit  particulièrement  du   poil  des  chevaux 
qui  tire  fur  le  jaune ,  où  le  jaune  domine.  Couleur 
ifabelle.  Cheval  ïfabelle.  Les"  chevaux  ifabelles  ont 
quelquefois  la  queue  ifabelle  ,  &  ks  crins  ifabelles. 
Il  eft  aulli  quelquefois  fubftantif,  &  malculin.  Ifa- 
belle clair  ,  Ifabelle  obfcur.  Voilà  un  bel  Ifabelle. 
ISAGA.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Officier  de  la  mai- 
Ibn  du  Grand  Seigneur  ,  Grand  Chambellan.  Magnus 
Cubilarius ,  o\i  Camerarius.  L'Ifaga  à  quatre  ducats 
par  jour  ,  3c  plus  de  6ooo  que  lui  valent  les   droits 
Se  profits  tous  les  ans.  Il  tient  lieu  de  Grand  Cham- 
bellan ou  Sommelier  du  corps.  C'eft  lui  qui  porte  les 
paroles  lecrètes  du  Prince  à  la  Sultane.   Il  commande 
aux  Pages  de  la  Chambre  ,  &:  de  la  garderobe  ,  &  à 
tout  ce  qui  concerne    la    perfonne    du   Grand  Sei 
gncurj  ViGENÈRE,  fur  Chalcond.  p.  3Si\  L'//i^'d 
■eft  eunuque.  Id. 
ISAGAS  ,  ou    TAGODASS.    Tagodaflum.    Ancienne 
ville  d'Afrique  en  Barbarie  ,  au  Royaume  de  Maroc, 
dans  la  Province  d  Elcure.      * 
ISAGO.  Royaume  d'Afrique  dans  la  Guinée,  au  cou- 
chant du' Royaume  de  Bénin  duquel  il  relevé. 
ISAGONE.  adj.'  m.  &  f.  Terme  de  Géométrie ,  dont 
on   lé  fert  quelquefois  pour  exprimer  une  figure  à 
angles   égaux.    Harris.  Eu   Umn  Ifagenus ,  a. 

Ce  mot  vient  du  Grec  '« .  égal ,  &  «'-y^'  angle. 
Ifzgonus,  a,  qui  a  des  Angles  égaux. _ 
ÏSAIE.  f.  m.  Ifdias.  Nom  d'homme.  L'utage  eft  pour 
Ifaïe.  Il  ne  faut  point  dire  Efaie  ,  ni  Jefale.  Ijaù 
a.  été  un  faint  Prophète.  Il  étoit  Prince  du  tang  des 
Roi 5  de  la  maifon  de  David  ,  &  il  a  prophétite  prcL 
que  un  lîècle  entier.  Port -Royal  ,  Préface  Jur 
Jfaic.  Ifaii  a  prophétifc  fous  les  règnes  d'Olias,  de 
Jorthan  ,  d'Achaz  &  d'Ézéchias  ,  Rois  de  Juda. 
Sa  prophétie  eft  pleine  de  particularités  de  la  nait- 
fance  ,  de  la  vie  &  de  la  mort  de  Jétus-Chrift  le 
Mcilre,  li  claires  qu'il  eft  impolllble  de  l'y  ,mé 
connoître. 
Isa'e  ,  fc  di-  aulll  du  L'vre  des  Prophéties  ^Ifiie. 
On  lit  en  Ifau  ,  Chap.  IX  ,  v.  <?  ,  une  belle  P.o 
fkérie  ae  jtsus-ChRiSi.  Le  meilleur  Commentaire 


î  S  G 

que  je  connoilîe  fur  Ifaie  _,  eft  celui  de  Forérius. 

Moines   de    l'Abbe  IsaVe.  Il  fe  trouve  une  règle 
fous  k  nom  de  l'Abbé  Ifaie ,  qui  eft  propre  pour 
ks   Ermites  ,    principalement    pour    ks   Novices  ■, 
mais  on  ne  lait  quel  étoit  fon  Monaftère.  On  con- 
jecBure  que    cet    Abbé  pourroit  avoir   vécu  en  É- 
gyptc   ou   dans   la   Thébaïde.  P.    HÉlyot  ,    i./, 
C.    /j.  On  croit  qu'il  étoit   difjple    de   faint  Pa- 
côme  &  de  faint  Antoine.  Id. 
ISAMBERT.  f  m.  Nom  que  les  Normands  donnent 
à  la  poire  de  Beurré  rouge.  Le  Beurré  rouge  ,  autre- 
ment l'Angloife  ,  ouf //à/7;/'e/-r  des  Nor.nands  ,  &  le 
BLunégiis&  k  Beurré  vert,  ue  tout  qu'une  même 
chofci  fouvent  il  s'en  trouve  de  toutes  ces  façons  fur 
un  même  arbre.   La  belle  expolition  ,  ou  peut-être 
une  médiocre  infirmité  de  tout  1  arbre  ,  ou  Itulcment 
de  quelques  branches  ,  en  font  d.s  routes.  L'ombre     j 
&  la  vigueur  ,  toit  de  l  arbre  entier  ,  toit  de  la  bran-     \ 
che  particulière  ,  en  font  des  gris  ou  des  verts  ,  le 
cognadicr  &  le  franc  fur  kfqucls  fe  trouvent  grertés 
ces  poiriers  ,  fe  font  aulli  connoître  jpar  ks  diiiérens 
coloris  qui  viennent  a  leur  fruit ,  le  rond  fec  ,  ou  le 
fond  humide  y  contribuent  aulli.  La  Qiiint._ 
ISAMBKON.  L  m.  Etpèce  de  panne  ou  d'étolfe  qu'on 
employok  dans  les  habits.  Il  étoit  détendu  aux  Cha- 
noines de  S.  Victor  de  porter  de  \ifamhron.  i 
ISARD,  f  m.  Etpèce  de  chèvre  tâuvage ,  que  l'on  ap-    \ 
pelle  plus  ordinairement  Chamois  ,  dont  la  peau  eft 
tort  eltimée  dans  le  commerce  des  cuirs. 
ISAIIS  j  ou  GLASrUM  ,  qu'on  nomme    Paflel  en 
Languedoc  ,  &:  Fouéde   en    Normardie.  Ceft  une 
plante  qui  donne  k  bku  ,  après  une  préparation  pré- 
liminaire.  Foyei  GuHDE  &  Pastel. 
ISAUHIE.  Nom  de  Contrée.  îfauria.  C'étoit  ancien- 
nement un  petit  pays  de  la  Galatie  eir  l'Atie  Mineu- 
re. Il  étoit  aux,  confins  de  l.i  PiUdie  ^  &  de  la  Lycao- 
nie,  fa  principale  ville  étoit  Ifaura  ,  qui  lui  donnoit 
fon  nom  ,  aujourd  hui  Saura.  C'eft  maintenant  une 
partie   de  la  grande   Caramanie.    Maty."'-  VIfaurie 
étoit  terminée  d  un    côté  par  k   mont  Taurus  ,  & 
d'un   autre  par  la   Cilicie.    V  Ifaune^  tut  tubju^uee 
par  Servilus  qui  en  prit  le  nom  d  U.uiiique. 
ISAURIEN.  Nomdel  euple.  Ifaurus.  Les  Ifauriens  [ont 
ks  peuples  qui  habitoient  1  Ifaurie.  En  parlant  de  ces 
peupks  ,  l'ul'ige  veut  qu'on  les  nomme  Ifauriens, 
&  non  pas  Ifauriques. 

Dans  le  Droit  t^omain  il  y  a  des  loix  contre  les 
Ifauriens  qui  courioient  ks  mers  pour  taire  la  pi- 
raterie j  car  ks  Ijaunens  ttcicnt  de  grands  pir.atcî. 
L'Empereur  Probus  avoit  ordonné  que  ks  Ijaunens 
enverioient  leurs  enfans  à  la  guerre,  quand  ils  aa- 
roient  dix-huit  ans  ,  afin  d'empêcher  par  la  les  bri- 
gandages qu'ils  commettoient. 
lO-IsAuRiEN  eft  aulll  adj.  &  lignifie  alors  qui  con- 
cerne l'Iiaurie ,  ou  les  habitans  du  pays.  On  te  ktc 
de  ce  nom  pour  défiguer  l  Empereur  Léon  HI-  Lcon 
Ifaunen  ou  Ifaunque  ,  vivoit  au  huitième  tiecie.  Il 
commença  à  régner  l'an  de  J.  C.  717- 
ISAURÎQUE.adj.  Ce  mot  n'eften  ufige  qu'en  parlant 
de  certaines  pcrfonncs  auxquelles  il  a  été  donne  pour 
furnom.  Ifauncus.  Servilius  tut  turnommc  IJaurique, 
à  caufe  de  la  conquête  qu  il  ht  de  rilaurie. 
IsAURiQUh.f.  m.  Ifauricum.  Tribut  que  ks  Empereurs 
fnfoient  payer  chaque  année  aux  Ilauriens  :  c  ttoïc 
des  fommes  d'argent  ou  des  préfens  que  les  Empe- 
reurs taifoient  donner  à  ces  peuples  pour  empêcher 
leurs  courks  fur  les  terres  de  lEmrue.  Les  Ozars 
de  Mofcovie  font  f.ire  de  kmblabks  prekns  par  le 
Gouverneur  d'Aftiacan  aux  Tartares  qui  habitent  i 
l'Orient  du  Volga. 
ISAYE.  Foyci  IsaYe. 

I  S  C. 

ISC.  Village  des  Pays  Bas  ,  dans  le  Brabanr ,  piès  de 
Bruxelles.  Il  n'cft  remarquable  que  parce  qu  U  ea 
la  patrie  de  Jufte-Liple. 

ISCARIOT.  Nom  d'un  Bourg  de  la  Tcrrf-;a.nte, 
félon   quelques    Auteurs.    Ifcanot.    S.  ■''^^'-"'^  '.. 


I  s  c 

flprcs  lui  Atliichomius  le  mctceiic  dans  la  Tribu  d'É- 
pluaïm.  ^(jyfj  l'art,  iliivanr. 
ISCAHIOIE.  Ifcariotes.  L'tvangile  donne  fouvent 
ce  (lirnom  à  Judas  ,  qui  rraliic  Notre  Seigneur.  Simon 
le  Cananéen  61'  Judas  Ifcanote  ,  qui  j-ut  celui  qui  le 
trahie.  Phre  AiWtLori..  Alors  l'un  des  douze  ,  appelé 

•  i[.xà.\sIfcanotc  ,  s'en  alla  trouver  les  Princes  des  Prê- 
tres. PoRT-K.  Judas  Vlfcariocc,  celui-là  même  qui 
le  livra.  P.  Bouhours.  Il  parloit  de  Judas  Ifcariote 
fils  de  Simon.  Simon. 

Ce  n'eft  point  un  fcntiment  général  qu.' Ifcariote 
foit  un  nom  de  pays ,  beaucoup  moins  qu'il  lignifie 
un  habitant  d'Ilcariot ,  ou  qu'il  y  ait  eu  un  bourg 
de  ce  noiii ,  c'eft  cependant  le  plus  probable.  Plu- 

•  lieurs  croient  que  c  ell  un  nom  formé  "I3^  W^S  , 
Is  Sacar,  qui  lignifie  ,  l'homme  au  falaire  j  le  ven- 
deur, celui  qui  a  vendu  fon  maître.  Ceux  qui  le  pren- 
nent pour  un  nom  de  pays  ,  prétendent  qu'il  ell 
compolc  de  i^'S ,  Is  ,  homme  Se  Keriot  nom  d'une 
ville  de  Juda  ,  dont  parle  JotuéjX/^,  2f,  tk  qu'il 
lignifie  un  homme  de  Kériot.  Al.  Pvéland  qui  Ibu 
tient  ce  lentiment  dans  la  IIF  de  ("es  Dilîa-tations 
Milcellanées ,  dit  qu'il  n'efi:  point  extraordinaire  de 
trouver  dans  les  noms  Juits  des  compolitions  lembla- 
blés  de  deux  mots  :  témoin  ii«{CsA<i^«iJî ,  ^dniya , 
BitffM'Sx,  T/LiTu^ti-ft,  A'xÉA^KWit ,  Sfc.  BarcheUmi ,  Boa- 
nerges  ,  Bethfaide  ,  Capharnaum  ,  Haceldama  ,  & 
femblables  :  que  Ifcanote  lignifie  homme  de  Ca 
riotli  ,  ou  limpleuient  un  homme  originaire  de 
Carioch  ,  ou  un  homme  coniidérable ,  un  Notable 
de  Canoth  ;  que  c'ell  ainfi  qu'Antigonus  _,  qui  ap- 
prit &  reçut  la  loi  orale  de  Siméon  le  Jufte ,  eft  ap- 
pelé 'O\o  an,  Is  Soco  ,  homme  de  Soco.  De  mê- 
me encore  entre  les  Dodeurs  Mifchniques  il  y  en 
a  deux,  dont  l'un  eft  nommé  KrTirn^;:^  «  ,  hbar 
thotha ,  homme  de  Barthotha  ,  &  l'autre  «u:n  'lii 

'  XD''i.i  ,  homme  du  bourg  de  Hhanar.ia.  l!  confirme 
ce  fcntiment  du  témoignage  de  Béze  ,  qui  dit  que  dans 
fon  ancien  Manuicritil  y  avoit  toujours  dans  Saint 
Jean  cn^j  Kïfiâ;»  j  au  lieu  à'uy.ui^ixi  Lighttoot  ,  de 
i<iKmiîD«^  Ifconia  ,  mot  Talmuldique  formé  de 
Sconms,^  &  qui  en  a  la  lignification  ;  mais  il  n'y  a 
nulle  raiibn  à  cette  étymologie  que  quelque  reliera- 
blance  de  mots.  Bartholocci  ,  dans  fa  Bibliothèque 
Rabbinique  ^  veut-  que  ce  mot  foit  compoi^e  de  tOS 
Ijch  ,  homme  ,  &  de  S:3"Tip  cariota  ,  qui  eft  le 
nom  d'une  efpèce  de  palmia"  ,  d'où  il  infère  que 
Ijcariote  eft  un  homme  qui  a  pris  naillance  dans  un 
lieu  fertile  en  palmiers  :  &  comme  la  vallée  de  Jé- 
richo en  portoit  beaucoup  ,  il  veut  que  ce  mot  ligni- 
fie un  homme  qui  y  avoit  pris  naiftance ,  &  que  Judas 
par  conlequent  en  fut. 

ISCH  ,  ou  BLIDA.  Oefchus.  C'étoit  anciennement 
une  ville  des  Triballiens ,  en  la  Mœlie  inférieure. 
£lle  eft  maintenant  dans  la  Bulgarie  ,  à  l'embou- 
chure de  la  rivière  d'Ifcho  ,  dans  le  Danube  ,  à 
quelques  lieues  au  deilus  de  Nicopoli  ,  ou  Nigéro- 
poli.  Maty. 

ISCHEBOLI  ,  ou  Efchibaba.  Nom  d'une  petite  ville 
de  la  Romanie.  Scopelus.  Elle  eft  fur  les  frontières 
de  Bulgarie.  C'étoit  autrefois  une  ville  Épifcopale  , 
dont  l'Evêché  étoit  fuiiragant  d'AndrinopIe.  Ifche- 
boli  eft  près  delafource  de  la  rivière  appelée  Capriza 
au  nord  d'AndrinopIe. 

ISCHEL.  Petite  ville  ou  bourg  de  la  Haute  Autriche  , 
en  Allemagne.  Ifckelia.  Elle  eft  fur  la  rivière  de 
Traun  ,  un  peu^  au-deffus  de  fon  entrée  dans  le  lac 
nommé  Traun-Sée.  Quelques  Géographes  la  prennent 
pour  l'ancienne  Tumo  ,  petite  ville  du  Norique 
Ripenfe,  que  d'autres  placent  à  Léonpach  ^  village 
oe  la  m;mc  contrée.  Matv. 
ISCHER.  Petite  rivière  de  France  ,  en  Alface  ,  entre 
ic  cours  de  Lill  &  celui  du  Rhin,  dans  laquelle 
elle  fe  jette. 

bl;e  eft  conftruite  (ur  un  terrain  qui  eft  en  la  partie 
onentale  de  file  d-Ifckia  ,  &  qui  lui  eft  joint  par  une 
ç.iauiree.  Cette  ville  eft  forte  ,  défendue  par  une 
bonne  citadelle ,  &  dk  a  lyi  Éycché  fufTiagant  de 
Tome  F, 


I  S  c 


27^ 


Naples.  Ferdinand  ,  Roi  de  Naples  ,  en  fit  fon 
aille  l'an  149;,  lorfque  Charles  VIII  conquit  tour 
le  Royaume  de  Naples.  Maty. 

L'Ile  d'IscHiA  ,  en  Latin  7/2 Aw  ,  anciennement, 
^riaria  ,  Inarime  ,  &  Pithccufa  ,  eft  une  ilc  du 
Royaume  de  Naples  ,  fituée  dans  la  mer  di  Tof;anc  , 
à  une  lieue  du  c:.p  qui  (eparc  le  golfe  de  Naples  de 
celui  de  Galte.  Elle  peut  avoir  quatre  ou  cinq  lieues 
de  tour  ,  &  fept  ou  huit  villages  ,  outre  Ifchia  fa 
capitale.  Son  terroir  eft  tout  plein  de  foufre  ,  qui 
s'étant  allumé  dans  les  entrailles  de  la  terre  du  temps 
de  Charles  II ,  Roi  de  Naples  ,  brîila  une  demi  lieue 
de  pays ,  vers  la  ville d'Z/c/ii'a.  Ce  pays  porte  le  nom 
de  Terra  Cremata  ,  c'eft-à  dire  ,  terre  brûlée  ,  & 
ne  produit  rien ,  le  lefte  de  lile  eft  fertile  en  vins 
cxcellens.  Maty. 

ISCHIADIQUE.  adj.  C'eft  une  épithète  que  les  Méde- 
cins donnent  à  deux  veines  du  pic  ,  qui  vont  fe 
terminer  à  la  crurale.  Ifchiadicus.  Il  y  a  la  grande 
Sx.  la  petite  ifhiadique.  La  première  eft  formée  par 
dix  petits  rameaux  qui  viennent  des  orteils  ,  &  qui 
le  joignant  ne  font  qu'une  veine  qui  monte  par  les 
muicles  du  gras  de  jambe.  La  petite  ifchidiaque  eft 
faite  de  pluheurs  ramifications  qui  viennent  de  la 
peau  &  des  muicles  qui  environnent  l'article  de  la 
cuille.  On  les  appelle  auOI  fciatiqucs. 

Ce  mot  vient  du  Grec  itjui ,  ou  U'Jùi ,  coxa  , 
la  hanche. 

ISCHIATIQUE.  Voye:^  Sciatique  ,  c'eft  la  méms 
choie. 

ISCHIO-CAVERNEUX.  adj.  m.  Terme  d'Anatomie, 
qui  fe  dit  de  deux  mufcles.  Ifchio-cavcrnofus.  Les 
muicles  if  hio  caverneux  lont  fitués  à  côte  tout  le 
long  des  racines  des  corps  caverneux.  Chacun  d'eux 
eft  attaché  par  un  bout  très-obliquement  à  la  Icvre 
interne  de  la  branche  de  l'os  ifchion  depuis  la  tubé- 
rofîté  ,  va  accompagner  la  racine  des  corps  caver- 
neux jufqu'à  la  fympliylede  l'os  pubis,  &  enfuite 
s'attache  par  l'autre  bout  au  corps  caverneux  atte- 
nant leur  union  ;  d'où  les  fibres  de  l'un  vont  fe  ren- 
contrer avec  les  fibres  de  l'autre  ,  &:  s'épanouiirent 
réciproquement  de  côté  &  d'autre  iur  les  deux  corps 
caverneux.  Ils  (ont  plus  bas  &  plus  en  dedans  que 
les   racines  de  ces  deux  corps.  Winslow. 

ISCHIO  COCCYGIEN.  Foyei  Coccygien. 

ISCHION.  C  m.  Terme  d'Anatomie.  C'eft  le  nom 
qu'on  donne  à  un  des  os  des  hanches  ,  dans  lequel 
il  y  a  une  profonde  cavité  qu'on  nomme  cotyle , 
acetùhule ,  ou  embo'èture  ,  pour  recevoir  la  tête  de 
l'os  de  la  cuilTe.  Cette  cavité  eft  environnée  d'un 
cercle  cartilagineux  ,  qu'on  nomme  yè«rd/ ,  &  qui 
fert  à  aftermir  lacuilte.  Vifchion  avec  l'iiion  ,  le  pu- 
bis ,  &  l'os  ficré  _,  font  le  balhn  qui  contient  la  vef- 
lie,  la  matrice  ,  les  iiiteftins. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  i?c  fignifie  fort ,  de  -V;,;»; ,  rohur. 

ISCHIO  PECTINÉE.  adj.  m.  Terme  d'Anatomie.  Le 
grand  hgament  tranfverfal  du  baiîhi  peut  s'appeler 
IJchiopecHnée.  Winslow.  Il  faut  écrire  ce  mot  avec 
deux  e  à  la  fin  ,  par  la  raifon  que  l'on  trouvera  au 
mot  Instantanée. 

ISCHO  ,  ou  GHIGEN.  Nom  d'une  petite  rivière  de 
de  la  Bulgarie.  Oefcus.  Elle  prend  fa  fcurce  dans  le 
mont  Argentaro  ,  &  fe  décharge  dans  le  Danube  , 
à  la  petite  ville  d'îfeh.  Maty. 

ISCHURETIQUE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Méde- 
cine ^  qui  le  dit  des  remèdes  qui  guérillent  l'ilchurie, 
Ifchurcticus  ,  a.  Les  remèdes  ifhurctiques  font  ceux 
dont  on  le  fert  pour  faire  fortir  l'urine,  dans  le  cas 
de  fa  (uppreilion.  Harris. 

ISCHljRIE.  {.  f.  Terme  de  Médecine.  Entière  fup- 
preiîîon  d'urine.  Ifchuria.  hTfchurie  eft  cauCe  par 
tout  ce  qui  peut  boucher  les  conduits  des  reins  ,  ou 
les  metères  ,  ou  le  canal  de  la  vellie  ,  comme  font 
le  fable  _,  la  pierre  ,  les  fiegmes  ,  Jes  grumeaux  de 
(ang ,  l'inHammation.  Elle  dépend  auffi  de  l'obf- 
trucStion  des  nerfs  qui  vont  aux  reins ,  ou  à  la  vellîe, 
ce  qu'on  remarque  dans  la  paralyfic  des  parties  in- 
férieures depuis  le  diaphragme.  La  trop  graiide  dif- 
tcnfion  de  la  vellie   produit  ei:corc  le  même  etlct , 

Mm 


274  I  S  E 

paixe  que  fes  fibrçs  fon:  li  fort  alongées  ,  &  par 
conféquent  li  rttrécies ,  que  les  eiprks  qui  font  nc- 
cellaires  pour  leur  contraction  n'y  peuvent  point 
entrer  :  d'où  vient  que  les  peribnncs  qui  retiennent 
trop  long-temps  leur  urine  ,  ont  enluite  beaucoup 
<ie  peine  à  la  rendre  ,  &  bien  l'ouvent  il  faut  ayou- 
recours  au  cathéter  ou  à  la  fonde  pour  la  faire 
fortir. 

Ce  mot  eft  grec  ,    &  compofé   du  verbe   'arx"  > 
j'arrrcte  ,  Se  sfoo  urine. 

I  S  E. 

ÎSEL  ,  ISELSTEIN.   Fnyei  Issel  ,  Isselthn. 

ISÉLASTIQUE.  f.  m.  M.  de  Saci,  dans  fa  Traduc- 
tion de  la  première  lettre  ,  que  nous  citerons  dans 
l'article  fuivanr  ,  a  cru  que  ce  nom  fe  donnoit  à  ceux 
qui  préfidoient  aux  jeux  Ifelafiiques.  Car  où  I  linc 
<lit  ,  Ego  contra  fcrïbo  Ifelajlicorum  nomine  ,  il  tra- 
duit :  Au  contraire  je  fuis  de  l'avis  de  ceux  qui  prejî- 
dent  à  ces  combats.  Mais  le  texte  de  Pline  ne  paroit 
pas  avoir  ce  fens  ,  puii'qu'il  continue  ainli ,  Itaque 
eoruni  vehementer  addubitem ,  anjit potiàs  id  tempus  , 
quo  fi'.-i^aira» ,  intuenium.  On  ne  laiL  a  quoi  rapporter 
cet  eoruni  ,  il  l'on  joint  nomine  avec  IJelaJiicorum. 
J  aime  mieux  fuivre  la  corredrion  que  Samuel  Petit 
hiit  à  ce  texte  dans  fon  Commentaire  fur  les  loix 
Attiques,  /'.  (>J.  Il  veut  qu'on  lile ,  Ego  cum  tran- 
fcribo  j  Ifelajlicorum  ,  nomine  itaque  eorurn  vehe- 
menter addubitem  j  &  le  verte.  Dclorte  que  la  pen- 
k'e  de  Plrne  foit  celle  ci.  Mais  en  décrivant  leur 
requête  pour  vous  l'envoyer ,  &  y  trouvant  le  mot 
Ifelajliquc  ,  ce  mot  me  iait  douter  II  ce  ne  11:  pas 
plutôt  au  temps  qu'ils  font  leur  entrée  qu'on  doit 
avoir  égard.  Il  n'ell  pas  sûr  pourtant ,  &c  Pline  ne 
donne  point  à  entendre  qu'il  tranfcrivit  la  requête 
des  Athlètes  Ifelafiiques  ;  il  n.'ert  point  néceilaire 
non  plus  de  le  luppofer  avec  Samuel  Petit ,  pour 
trouver  du  l'ens  à  la  lettre  en  queftion.  J'aime  donc 
mieux ,  en  luivant  la  correétion  de  ce  favaut  hom- 
me ,  dire  que  Pline  ne  parle  là  que  de  fa  lettre  ; 
&  qu'il  dit  à  Trajan  ,  Mais  en  écrivant  Ifelafii- 
ques ,  leur  nom  même  me  fait  beaucoup  douter  li 
ce  n'cil  pas  plutôt  au  tanps  qu'ils  font  leur  entrée  , 
qu'on  doit  avoir  égard  ;  enlorte  que  ce  loit  en  écri- 
vant fa  lettre  à  Trajan ,  &  y  mettant  le  nom  àïlfé- 
lafiique ,  que  cette  réflexion  lui  vint.  J'ai  conjcéfuré 
encore  qu'au  lieu  de  ces  mots  càm  tranfcriho  ,  Piïne 
avoit  peut  être  mis  ,  Ego  cîiw.  ad  te  fcribo  y  ou 
chm  tibi  fcribo  ,  Ifelafiicorum  :  mais  quoi  qu'il  eu 
foit ,  Ifelafiiques  le  dit  là  des  jeux  ,  &  par  confé- 
quent  ne  iignifioit  point  ceux  qui  préhdent  à  ces  jeux. 
L'élégant  Traduéfcur  n'avoit  pas  connoillance  de  ce 
que  Petit  a  écrit  (ur  cette  lettre  ,  il  en  eût  fait  mention  , 
au  moins  dans  une  note. 

IsÉlastique.  adj.  m.  èc  f.  Nom  d'une  efpèce  de  com- 
bats ou  de  jeux.  Ifelafiîcus  ,  a,  Ifelafiicum  ccrta- 
men.  Agon  Ifelafiîcus.  Sous  TEmpire  Romain  ,  dans 
les  villes  Greques  ou  d'Alie  loumifes  aux  Empe- 
reurs on  appcloit  jeux  Ifelafiiques ,  ceux  d'où  celui 
qui  lortoit  vainqueur  ,  étoit  conduit  dans  (avilie,  & 
y  entroit  comme  en  rriomphe.  M.  de  Saci  ajoute 
qu'il  y  entroit  par  une  brèche  ,  couronné  &  monté 
fur  un  cheval  blanc.  Je  ne  trouve  point  ces  circonf- 
tances  ailleurs.  Les  Athlètes  Ifelafiiques  avoient  de 
grands  privilèges  que  les  Empereurs  leur  avoient  ac- 
cordés à  l'exemple  d'Augufte  &c  des  Athéniens  ,  qui 
en  donnoient  auill  à  ceux  qui  vainquoient  dans  les 
jeux  Olympiques,  les  Pythicns,  les  Irthmiens  ,  géné- 
ralement à  tous  les  Hiéroniques  ou  Vainqueurs  dans 
ks  combats  facrés.  Ils  étoient  couronnés  fur  le 
champ  après  leur  viftoire  ,  on  leur  affignoit  des  pciT- 
lîons,  ou  on  leur  fournilloit  leurs  alimens,  &  on  les 
introdiiiloit  en  triomphe  dans  leur  patrie.  Trajan 
avoit  établi  quelqu'une  de  ces  récompenfes ,  Pline  , 
Liv.  X.  Lettre  CXIX ,  le  confulte  (ur  cela.  Les  Athlè- 
tes ,  Seigneur ,  prétendent  que  le  prix  que  vous  avez 
établi  pour  les  vainqueurs  dans  les  combats  Ifelafii- 
ques,  leur  ert  dû  dès  le  jour  qu'ils  ont  reçu  leur  cou- 


I  S  E 

ronne  -,  qu'il  importe  peu  quel  jour  ils  font  leur  en- 
trée folcnnellci  qu'il  ne  faut  reu,arder  que  de  quel 
jour  ils  ont  vaincu,  &  de  quel  jour  par  confcquent 
ils  ont  pu  la  faire.  Au  contraire  je  luis  de  l'avis  de 
ceux  qui  préfident  à  ces  combats,  &  je  crois  (non 
pourtant  (ans  douter  bien  fort  )  qu'il  ne  faut  compter 
que  du  tems  qu'ils  ont  fait  leur  entrée.  Ces  Athlètes 
demandent  encore  leur  rétribution  pour  le  combat 
que  vous  avez  rendu  depuis  Ifelafiique  j  quoiqu'il  ne 
le  fût  pas  au  temps  qu'ils  ont  remporté  la  victoire.  Ils 
difent  pour  raifon  que  de  même  qu'on  ne  leur  donne 
rien  pour  ces  combats  qui  ont  celle  d'être  Ifelafiiques 
depuis  qu'ils  ont  vaincu  ,  aulll  eft  il  )ulte  de  leur  don- 
ner pour  ceux  qui  le  font  devenus.  Je  me  trouve  en- 
core fort  embarrallé  fur  cela ,  ôc  je  doute  fort  que 
l'on  doive  faire  remonter  les  prix  avant  leur  établiile- 
ment,  &  les  donner  à  ceux  a  qui  ils  n'avoient  point 
été  propofés  quand  ils  ont  vaincu.  Je  vous  iupplie 
donc.  Seigneur,  de  réfoudre  mes  doutes,  ou  plutôt 
de  vouloir  bien  interpréter  vous-même  vos  grâces. 
Saci.  Trajan  répond  dans  la  lettre  fuivante  :  La  rc- 
compenfe  aflignée  au  vainqueur  dans  les  combats  Ife'~ 
lafiiques,  ne  me  paroît  due  que  du  jour  qu'il  a  fait 
fon  entrée  dans  la  ville.  Les  rétributions  pour  les 
combats  ,  qui ,  avant  que  je  les  culle  rendus  Ifelafii- 
ques,  ne  l'étoient  point  ,  ne  peuvent  remonter  au 
tems  où  elles  n'étoient  point  établies.  Et  les  changc- 
mens  furvenus ,  foit  dans  les  combats  qui  ont  com- 
mencé à  être  Ifelafiiques,  foit  dans  ceux  qui  ont  cclfé 
de  l'être  ,  ne  décident  rien  en  faveur  des  Athlètes. 
Car  quoique  la  nature  de  ces  combats  change ,  on  ne 
leur  fait  point  rendre  ce  qu'ils  ont  une  fois  reçu.  Id. 
On  voit  par  ces  lettres  que  les  mêmes  combats  n'é- 
toient pas  toujours  Ifelafiiques  ,  on  voit  encore  quel- 
les étoient  les  récompenfes  établies  au  moins  par  Tra-  ; 
jan.  Car  ce  que  M.  de  Saci  appelle  d'un  nom  géné- 
ral rétributions,  Pline  &:  Trajan  le  nomment  plus  m 
particulièrement  obfonia  ,  c'e(l-à  dire ,  alimens.  Voyez  11 
fur  les  jeux  Ifelafiiques ,  Samuel  Petit ,  dans  fon  Com-  |( 
mentaire  fur  les  Loix  Attiques,  L.  i.  Tit.  I,  p.  6 r     ji 

&   62. 

§3^ ISELSTEIN.  Petite  Ville  des  Pays  Bas,  (ur  l'Iirel, 
à  une  lieue  &  demie  d'Utrecht ,  ainfi  nommée  de  la 
rivière  qui  l'arrole. 

ISENACH.  Voyei  Eisenach. 

ISENBOURG.  Nom  d'un  gros  Bourg  avec  un  bon  châ- 
teau. Ifcnburgum.  Il  eft  dans  le  Comté  du  bas  Ifen- 
bourg  ,  en  Wétéravie  j  fur  la  rivière  de  Seyn ,  à  trois 
lieues  de  la  ville  de  Coblents  ,  du  côté  du  Nord. 
Maty. 

Le  bas  Ifenbourg.  Nom  de  contrée.  Comitatus 
Ifenburgenfis  inferior.  Ce  pays  qui  eft  proprement  le 
Comté  à' Ifenbourg  y  eft  dans  la  \VctéraviCj  le  long  de 
la  rivière  de  Seyn^  entre  les  Etats  de  Trêves  &c  de 
Cologne ,  &■  les  Comtés  de  Wied  &  de  Seyn.  Ce 
Comté  elî  de  petite  étendue  (Se  n'a  rien  de  conlidcra- 
ble  que  le  bourg  qui  lui  donne  le  nom.  Il  appartenoit 
autrefois  aux  Comtes  à' Ifenbourg.  Il  eft  maintenant 
à  ceux  de  Runkel  &  Wied.  AL\tY. 

Le  Comté  du  haut  Ifenbourg,  qui  eft  proprement 
le  Comté  de  Budingen.  Comitatus  Ifenburgenfis fupe- 
rior ,  ou  Budingenfis  ,  petit  Etat  de  la  Wétéravie ,  eu 
Allemagne.  Il  eft  entre  le  Landgraviat  de  Hellê, 
l'Abbaye  de  Fulde  &  les  Comtés  de  Hanaw  &  de 
Solms.  Il  peut  avoir  huit  lieues  de  long  &:  trois  de 
large.  La  petite  ville  de  Budingen j  (ur  la  Senne,  en 
eft  le  lieu  principal.  Ce  Comté  appartient  à  la  mai- 
fon  d'Ijenbourg  ,  qui  eft  divilce  en  deux  branches, 
l'aîné  fait  la  rélîdence  à  Oifenbach  (ur  le  Mein  ,  <Sc  le 
cadet  à  Bierftein  aux  confins'de  Fulde.  Maty. 

ISENDICK.  Nom  d'un  bourg  fortifié  des  Pays-bas. 
Ifendicum.  Il  eft  dans  la  Flandre  Hollandoite,  près 
de  Biervlid ,  entre  i'Eclufe  &•  le  Sas  de  Gand.   Maty. 

ISENGKIEN.  Nom  d'un  bourg  des  Pav^  bas.  Ifnge- 
nium.  Il  a  titre  de  Comté ,  &  il  eft  Ikué  dans  la  Flan- 
dre, à  deux  lieues  de  Courtrai  du  côté  du  nord. 
Maty. 

ISENGRIN.  f.  m.  Nom  de  fadtion.^T/ê/z^ri/za^.  On  ap- 
pela Ifengrln,  fous  Philippe  Augufte,  certains  fac- 


I  s  I 

deux  ou  bandits  qui  sclcverent  en  Fr.mce  d.iiis  le 
tcnitoire  de  Furiies ,  ou  plutôt  les  h.ibicans  du  icrri- 
toire  de  l-'urncs  ,  qui  le  uiiicnr  à  piller  cSc  fc  rendirent 
redoutables.  IJcngrin ,  dans  les  Auteurs  du  moyen 
âge ,  lignifie  un  loup  ;  on  donna  ce  nom  Flamand  à 
ceux  du  canton  de  Furnes,  parce  qu'ils  piiloient  les 
bergeries  comme  des  loups.  f'^OYc:^  Guillaume  le 
Breton,  I.  //.  /X,  &  X.  delà  Philippide,  &  Buze- 
lin,  Galloflandr.  L.  I.  c.   iS. 

iSENFiEIM.  Bourg  de  France  dans  la  Haute  Allace.  Il 
eft  chel  lieu  d'une  des  terres  de  l'anoien  domaine  de 
la  Mail'on  d'Autriche,  dont  le  Roi  lit  don  au  Cardi- 
nal Mazarin  après  le  traité  des  Pyrénées. 

ISÉO.  Bourg,  ou  petite  ville  de  l'Etat  des  Vénitiens j 
en  Italie.  Ifeum.  Ce  lieu  eli;  dans  le  Brellan ,  lur  le 
bord  méridional  du  lac  à'Jfco ,  auquel  il  donne  Ion 
nom.  Maty. 

Le  lac  A'Ifeo ,  Ifcus  laais ,  clt  dans  l'État  de  'Ve- 
nife ,  fur  les  confins  du  Brellan  Se  du  Bergamafc.  Il 
n'a  pas  beaucoup  d'étejidue  d'orient  en  occident , 
mais  il  a  environ  cinq  lieues  du  fud  au  nord.  La  ri- 
vière d'Oglio  la  traveile  dans  toute  fa  longueur,  ik  la 
petite  ville  à'Ifeo ,  qui  ell  fur  les  bords,  lui  donne  le 
nom.   Maty. 

|3°ISEQUEBO.  Nom  d'une  colonie  Hollandoifc  d'A- 
mérique j  dans  la  Guianej  Province  de  l'Amérique 
méridionale. 

ISER.  Nom  d'une  riviàe  d'Allemagne.  Ifira.  Elle 
prend  fa  fource  aux  confins  du  Tirol ,  travcrle  le  Du- 
ché de  Bavière^  baignant  Munick,  Freifing,  Lands- 
hut  &:  Dingellmg  ,  de  fe  décharge  enluite  dans  le 
Danube,  entre  Straubing  &  Pallaw.  L'//èr  eft  grofii 
par  plufieurs  rivières  ,  dont  les  principales  font  la 
Loyola  &:  l'Amber.    Maty. 

ISÈRE.  Nom  d'une  rivière  de  France.  I/ara.  Elle  a  fa 
fource  dans  la  Savoie  aux  Alpes  Tarantailes.   Elle  y 

,  baigne  Moutiers  &  Montmellian  ,  puis  entrant  dans 
le  Dauphiné ,  elle  palle  à  Grenoble ,  à  Fontany ,  à 
Tuilins,  à  Châteauneuf,  à  "Vinay,  à  la  Sône,  à  la 
Baume ,  à  la  Jonchère  ,  à  Romans ,  à  Confulens ,  & 
fe  jette  dans  le  Rhône  j  un  peu  au-deilus  de  Valence. 
Elle  reçoit  dans  fa  couric  entr'autres  rivières ,  l'Arch 
&  le  Drac.  Valois,  Not.  G  ail.  p.  2  s  s-  H  ne  faut 
point  dire ,  comme  quelques-uns,  Lifére,  mais  Ifére ^ 
ou  Yifére. 

ISERLOHN.  Petite  ville  ou  bourg  du  cercle  de  Wcll- 
phalie.  Ifcrlonia.  Ce  lieu  eft  dans  le  Comté  de  la 
Mark  ,  uir  la  rivière  de  Baren ,  environ  à  lepc  lieues 
de  la  ville  d'HanV ,  vers  le  midi.  Maty. 

ISERNIA  ,  ou  SERGNA.  Petite  ville  du  Royaume  de 
Naples.  Efernio ,  .AiftrnLa.  Elle  eft  dans  le  Comté  de 
Molille,  entre  les  montagnes,  près  de  la  rivière  de 
Volturno.  Cette  ville  a  un  Evcché  fuffiagant  de  Ca- 
poue,  mais  elle  décheoit  beaucoup.  Maty. 

ISERRE,  ou  ISEURE.  Iciodcrum  Turonwn.  Ce  bourg 
eft  dans  la  Touraine  ,  lur  les  confins  du  Berri ,  fur  le 
bord  de  la  Crcufe.  Grégoire  de  Tours  en  parle  ^  & 
l'appelle  Iciodorum  &  Ilîodorenjis  pagus.  Valois  , 
tiotit.  Gall.  pag.    2^(). 

^3"  SET.  Nom  d'une  Province  de  l'Empire  Rulîîen  ,  en 
Sibérie.  Elle  dépend  du  Gouvernement  général  de 
Tobolsk. 

I  S  H. 

ISHI.  C.  m.  Nom  que  les  peuples  de  l'île  Formofc  don- 
nent au  Dieu  tout-puillànt.    Jovet. 

I  SI. 

ISIAQUE.  f.  m.  Prêtre  de  la  Déelfe  If^s.  ICiacus.  Les 
Moques  portoient  à  la  main  une  branche  d'abfynthe 
marine  au  lieu  d'olive.  Dioscoride,  Z.  K  C.  27. 
1  line,  i.  XXV II.  C.  7.  Ils  prenoient  auffi  .à  la  main 
uri  afpic  qu'ils  portoient  autour  du  temple.  Ils  chan- 
toient  deux  fois  le  jour  les  louanges  d'Ilis  j  le  matin  à 
la  première  heure,  c'eft-à-dire,  au  lever  du  foleil , 
lorfqu'ils  ouvroient  fon  temple  ,  ce  qu'ils  appcloient 
ouverture.  Ils  faboient  la  Déelfe,  &  appeloient  cette 
cérémonie  Salutation  ou  Exercice.  Enfuite  ils  de- 
Tome  V, 


I  S  I  27y 

mandoient  1  aiunone  tout  le  jour ,  &  revenoient  à  la 
huitième  heure  ;  ils  adoroicnt  debout  la  ftatue  d'Ifis 
l'acommodoient  i<<:  la  couvroient  j  puis  ils  lermoient 
fon  temple.  Telle  éroit  la  vie  &L  les  lonCtions  des  IJta~ 
ques.  Ces //Ti^f^i^c-^  qui  étoicnt  les  Galles  dont  nous  avons 
parlé  en  leur  place ,  comme  Ilis  étoit  Cybéle  ,  ne  fe  cou- 
vroient les  pies  que  des  écorces  fines  de  l'arbre  appelé 
Papyrus  ;  c'cft  pour  cclaque  Prudence  V  d'autres  ont 
dit  qu'ils  alloient  nus  pies.  Il  y  a  une  ftatue  antique 
à  Rome,  qui  reprélente  un  Iliaque  .avec  une  beface 
&  une  clochette  à  la  main  ,  foit  qu'ils  s'en  fcrvllfent 
en  demandant  l'aumône ,  ou  qu'elle  leut  fut  d'ufigc 
dans  leurs  facrifices ,  comme  Lucien  l'a  dit.  Les  Ifia- 
ques  ne  fe  revctoient  que  de  robes  de  lin ,  parce  qu'I- 
(is  avoit  appris  aux  hommes  à  cultiver  &:  à  travailler 
le  lin.  Ils  ne  mangeoientni  cochon,  ni  mouton,  & 
ne  filoient  jamais  leurs  viandes,  porw:  être  plus  chai- 
res. Ils  mêloient  beaucoup  d'eau  dans  leur  vin,  &  le 
rafoient  la  tête.  Ils  portoient  quelquefois  la  ftatue 
d'Ilis  fur  leurs  épaules,  &c  le  fervoicnt  du  fiftrc  dans 
leurs  cérémonies.  Fîncij  Diodore  de  Sicile,  L,  I. 
Plutarque ,  de  Iflde  &  OJinde. 

Table  ijiaque.  C'eft  le  nom  qu'on  a  donné  à  un 
monument    des   plus   confidérables   que    l'antiquité 
nous   ait    tranlmis  ,    qui   contient   la  figure  &  les 
myftères  d'Ilîs  ,  avec  un  grand  nombre  d'adres  de 
la  Religion  des  Egyptiens.  Ce  monument  fut  trou- 
vé au  fac  de  Rome  en  ijij  ,  &  gravé  plufieurs  fois 
dans  toute  fi  grandeur  ,  qui  eft  de  cinq  pieds  de 
hauteur  fur  trois  de  largeur.  L'original   lut  perdu 
en   1650,  en  forte  qu'il  n'en  relie  que  des  copies. 
La  Table  i/laùque  paroît  toute  fymbolique  &  énig- 
matique  :  on  y  apperçoit  une  grande  quantité  de  fi- 
gures rangées  avec  ordre,  qui  renferment  fûrement 
quelque  fens  mvftérieux  ;  mais  favoir  li  cela  repré- 
fente  quelque  hiftoire  d'Ilis  &  des  dieux  d'Egypte  , 
ou   quelque    lyllème   enveloppé  de   la  Religion  du 
pays  ,  ou  quelque  inftruétion  morale  ,  ou  plufieurs 
de  ces  chofes  enfemble ,  c'eft  ce  qu'on  ne  peut  af- 
fûter ,  ce  femble  ,  fans  hafarder  de  s'y  méprendre. 
Nous  voyons  dans  cette  table  la  figure  de  prelque 
.  tous  les  dieux  des  Égyptiens ,  &  nous  les  y  recon- 
noillons  par  le  fecours  des  autres  monumens.  Une 
autre  choie  qu'on  y  remarque  ailément ,  c'eft  que  , 
comme  dans  un  thé.âtre  ,  on  y  voit  plufieurs  aétions 
diftinétcs  ,  où  les  mêmes  perlonnes  reviennent  fou- 
vent  ,  &c  où  elles  fe  trouvent  encore  répétées  dans  la 
même  aélion.  Plufieurs  ont  tenté  d'expliquer'  cette 
myftérieufe  table.  Pignorius  eft  celui  qui  palle  pour 
y  avoir  mieux  réuflî ,  quoiqu'il  ne  parle  ordinaire- 
ment qu'en  doutant  ,  &c  qu'il  ne  donne  ce   qu'il 
avance  que  comme  des  conjeétures.  Le  P.  Kirker , 
venu  depuis  _,  explique  tout  ,  &  ne  doute  prelque 
jamais  ;  mais  fes  explications  font  fouvem  de  nou- 
velles énigmes  à  deviner. 
ISIDORE.  1.  m.  Nom  propre  d'homme.  îjldorus.  Il  y 
a  Ifldore  de  Pclufe  j  IJidore  de  Cordoue  j  IJidore  de 
Séville.  S.  IJidore  d'Antioche  n'eft  pas  le  véritable 
nom  du  Saint  qu'on  honore  fous  ce  nom.  C  eft  une 
très  ancienne  corruption  de  Syr'u  Dominl.  Il  y  avoic 
dans  les  anciens  manufcrirs  du  Martyrologe  de  S. 
Jérôme  au  deuxième  jour  de  Janvier  ,  AnnochU  Sy- 
ria  Domini  Epifcopi  ejufdem  loci  ;  c'eft-à  dire  ,   à 
Antioche  de  Syrie  fe  fait  la  mémoire  de  S.  Domne , 
Evêque  du  même  lieu.  De  Syru  Domini  on  a  fait 
plufieurs  noms    diftcrens   qu  on    donne  à  ce  Saint. 
Quelques  manufcrits  du  Martyrologe ,  dit  de  S.  Jé- 
rôme ,  &  Ufuard  ,  ont  dit  IJidori  ;  l'exemplaire  de 
Corbie  Sirldoni  ;  celui  de  Luc ,  Syridoni  ■■,  un  de  Ba- 
vière, Ifidori  ;  celui  d'Étternac,  Ifrid.  C'eft  Flolfténius 
qui  dans  une  lettre  à  Florcntinius  eft  auteur  de  cette 
conjedure  judicieufe.  M.  Châtelain  l'adopte  dans  fon 
Martyrologe,  T.I.p.  jS.  Se  39-  El'e  eft  confirmée 
par  un   manufcrit  de  la  Bibliothèque  de^  la  Reine 
Chriftine  de  Suéde  ,  contenant  un  abrégé  du  Mar- 
tyrologe de  S.  Jérôme  ,  qui  a  fervi  autrefois  à  l'Ab- 
baye de  Sainte  Colombe  ,  près  de  Sens ,  où  on  lit 
clairement  ces  mots  :  AntiochiA  Syria  ,  S.  Domim 
Epifcopi  ejufdem  loci.  M.  Châtelain  ajoute  ,  à  la  con- 

Mm  ij 


27^  ï  ^  ï    . 

jedure  d'Holllcnius ,  que  peuc-êtie  il  y  avoir  un  au- 
tre S.  Domnc  d'Audoche  de  Pif.die  ,  que  l'Auteur 
de  ce  Martyrologe  a  vcnilu  diftingucr,  en  ajoutant , 
contre  la  coutume ,  le  nom  de  Syiia  à  celui  d\4;i 
tiOchU.  Il  faut  donc  appeller  ce  S.  Doinne  ^^  &c  non 
pas  IJidore  ou  Spindon  ,  &c.  Beaucoup  moins  en 
taut-il  faire  deux  Saints  ditlérens  ;  l'un  nommé  //;- 
dore  ,  Se  l'autre  Séridon  ou  Spindon  ,  comme  ont 
fait  Molan  ,  Morolycus ,  Galcluiius  &  Baronius. 

ÎSIES  ou  ISIENNES  ,  f.  f.  c^-  plur.  Fêtes  d'Ilis.  Jfia.  Les 
Jj'ùs  éiioient  des  lacritîces  &  des  fttes  pleines  d'im- 
pureté &  d'abomniation  ;  c'ell  pourquoi  on  cxigeoit 
un  fecret  inviolable  de  ceux  qui  y  étoient  initit;s. 
Elles  duroient  neuf  jours  ,  &  étoient  li  aAreufcs  & 
il  exécrables ,  que  le  Sé>îat  ks  abolit  à  Rome  fous 
k-  Confulat  de  Pifon  &  de  Gabinius.  L'Empereur 
Commode  le  rétablit  environ  deux  cens  ans  après. 
Il  le  mêla  lui-même  aux  Prêtres  de  la  Déeile  ,  &  y 
parut  tcte  rafe  ,  portant  Anubis.  Et  tandis  qu'il  tut 
à  Rome ,  on  ne  célébra  nulle  fête  avec  tant  de  cé- 
rémonie (Se  de  luperftition ,  &  l'on  eut  une  conli- 
dération  toute  particulière  pour  les  Ifiaques  ,  Prêtres 
de  la  Déell'e.  /^oye^  Suétone  dans  Néron  ,  C.  XXXf^I. 
Tacite  ,  de  Mûnh.  Germ.  C.  IX.  Dion.  L.  XL. 
XLII.  XLFII.  LUI.  Se  LIF.  Lampridius  dans  Com- 
mode, Se  TertuUiendans  fon  Apologétique,  c.  6. 

ISiGNl.  Gros  bourg  de  France  ,  dans  la  Balle-Norman- 
die. Il  efl:  fort  connu  à  caofe  de  (es  falines  ,  de  Ion 
cidre  Se  de  fon  beurre. 

ISIR  ,  f.  m.  Terme  de  Philofophie  liermétiqne.  C'cll; 
le  nom  que  les  Sages  donnent  à  l'élixir  au  blanc  , 
lorfqu'ils  veulent  le  multiplier. 

ISIS  ,  f.  f.  Nom  propre  d'une  faulîe  Divinité.  IJis ,  idis. 
La  Déelîe  IJis  étoit  honorée  des  Égyptiens  Se  des 
anciens  Germains.  L^s  Poètes  feignent  qu'Io  chan- 
gée en  vache  étant  venue  en  Egypte  ,  Jupiter  lui 
rendit  fa  première  forme  ;  qu'elle  époula  Oihis , 
Roi  du- pays,  &  qu'elle  fut  fr  aimée  des  Égyptiens, 
qu'rls  la  mirent  au  nombre  de  leurs  divinités  après 
la  mort.  Us  avoient  reçu  en  effet  à'ifis  de  grands 
bienfaits.  C'ell  elle  qui  leur  apprit  à  hier  la  laine  , 
■&■  à  la  mettre  en  œuvre  ,  après  l'.ivoir  appris  ellc- 
inême  de  Mercure.  C'eil  elle  qui  leur  apprit  l'art 
de  cultiver  la  terre  ,  de  recueillir  le  blé  ,  Se  d'en 
frire  du  pain.  C'eft  elle  qui  leur  donna  des  loix. 
Ijis  n'étoit  point  une  divinité  iimple  êv  particulière. 
C'eft  la  lune  ,  la  terre  ,  Cérès  ,  Cybéle  ,  Vénus  j 
Aftarté  ,  Rhéaj  la  grand'mere  ou  la  mère  des  dieux  , 
Minerve  Cécropienne  ,  Yénus  Paphienne  ,  Diane 
Diétynné  ,  Proferpine  ,  Junon  ,  Bellone  ,  Hécate  , 
Rhamnulie  ,  &c.  Se  en  un  mot  ,  c'étoit  toute  la 
nature.  Quelques-uns  veulent  que  VIJîs  des  Egyp- 
tiens foit  Eve ,  Se  qit'Orifis  foit  Adam.  Foye^  Vol- 
lîus  ,  de  Idolùl.  L.  I.  c.  17.  2.  3S.  L.  II.  c.  24.  2j. 
36.  s6.  L.  FIL  c.  2.  &  1  0.  D'autres  ont  prétendu 
<\\x'Ijfls  étoit  la  conftellation  de  la  Vierge  ,  ou  la 
Vierge  qui  a  été  placée  dans  le  Ciel.  Une  inlcrip- 
tion  raportée  par  Diodore  de  Sicile  dit  à  la  vérité 
-qu'//?5  cft  dans  les  aftrcs  ,  mais  elle  dit  que  c'eft 
dans  la  conftellation  du  chien.  Les  Prêtres  à'IJis  s'ap- 
peloient  Iliaques.  Foye\  ce  mot. 

Il  y  avoit  des  idoles  à'I/is  Hermaphrodite.  Foyc':^ 
Barthius  :  Animadverf.  ad  Statïum  ,  Theh.  L.  F.  v. 
2  0.  W  y  a  dans  le  cabinet  du  P.  Kirker  une  figure 
à'IJîs  ,  repréfenrée  avec  plulîeurs  mammelles  ,  com- 
me la  Diane  d'Éphèle.  On  donnoit  aux  ftatues  d'I- 
Jîs  des  ailes  de  vautour  ,  à  ce  que  témoigne  Élien  , 
L.  X.  c.  22.  Plutarque  a  fait  un  livre  àHfis  Se  d'Olîris. 
Ifis  étoit  fur-tout  honorée  à  Bubafte  ,  à  Copte  & 
à  Alexandrie.  Les  Romains  reçurent  aulli  fon  culte, 
&  on  inftitua  en  Italie  les  mêmes  facrifices  en  Ion 
honneur  ,  que  ceux  qui  le  failoient  en  Egypte.  On 
n'ofoit  regarder  curieufement  les  myftères  de  la  Décile 
Jfis  en  Phocide,  crainte  de  perdre  la  vue.  Mascur. 

V! Ifis  des  Germains  étoit  diftérente  de  celle  des 
Egyptiens.  Elle  avoit  été  femme  de  \LTnnus ,  fils  de 
Tuitcon  ,  d'où  les  Germains  prétendoient  tirer  leur 
origine.  Quelques  Savans  difent  forr  ingénieuiement 
que  Man  ou  Mannus  ,  &  X'îfi.s  des  Gsrmains  Icnc 


I  S  L 

Adam  &:  Eve  y  Se  que  l'hiftoire  fabuleufe  de  ceux 
là  étoit  un  refte  de  la  tradition  de  ces  peuples  tou- 
chant nos  premiers  .pères  :  que  Man  n'ell  autre  cho- 
fe  qu'Adam  en  langue  Germanique  i  car  l'un  Se 
l'autre  mot  ligmfic  homme  :  que  les  Germains  ne 
diloient  point  Ifis  ,  mais  Iftha  ,  dont  les  Romains 
firent  Ifis  ,  croyant  que  c'étoit  Ifis  ,  Se  qu'Ifeha  étoit 
en  langue  Germanique  la  même  chofe  qu'lfis  en 
Égyptien  :  qu'au  refte  Ifcha  n'étoit  rien  moins  qu'/- 
fis ,  que  c'étoit  le  nom  nWIN  ,  IJ'cha  ,  en  Hébreu  , 
plra  ,  qu'Adam  donna  à  Eve  en  la  voyant  la  pre- 
mière fois.  Gen.  II.  23  :  que  les  Germains  avoient 
conlervé  ce  nom  dans  leur  langue.  Foye^  Vollius , 
L.  CXXXFIIL  de  IdoloL 

Tacite  dit  que  les  Suéves  adoroient  cette  Décile 
fous  la  forme  d'un  vailleau. 

vfF  M.  Pluche  prétend  que  dans  l'origine  Ifis  n'étoit 
qu'un  figne  qui  rcpréfentoit  la  terre.  La  figure  de 
l'homme  qui  commande  aux  animaux  ,  Se  qui  gou- 
verne tout  fur  la  terre  ,  avoit  paru  la  plus  propre 
pour  exprimer  le  foleil  qui  anime  tout  dans  la  na- 
ture. Quand  on  voulut  fignifier  la  terre  ,  qui  enfante 
Se  nourrit  toutes  chofes  ,  on  choifit  l'autre  fexe. 
La  femme  ,  qui  eft  mère  Se  nourrice  ,  étoit 
une  image  naturelle  de  la  terre.  Elle  fut  donc  peinte 
avec  fes  produélions  fous  la  forme  à'Isha  ou  d'Ifis  , 
qui  eft  l'ancien  nom  de  la  femme  ,  Se  le  premier 
qu'elle  ait  porté.  Ce  n'eft  que  depuis  qu'on  en  fit 
une  divinité. 

Isis  eft  aulli  un  terme  de  Calendrier.  C'eft  le  nom  d'un 
des  cinq  jours  que  les  Coptes  ont  ajouté  à  leur  an- 
née pour  la  faire  de  trois  cents  loixante- cinq  jours: 
le  quatrième  de  ces  cinq  jours  qu'ils  ont  ajoutés 
s'appelle  Ifis.  Foyei  le  P.  Kirker,  Fabricius  ,  &c.  Se- 
lon l'Aftrologie  des  Egyptiens  ,  Ifis  eft  la  divinité  qui 
prélide  au  ligne  du  mois  Parthénape  j  qui  eft  le 
premier  de  l'année  des  Égyptiens  ,  Se  répond  au 
mois  de  Septembre.  Foye^  Welkhius  ,  Kirker  ,  &c. 

ISITE  ,  f  m.  Se  f.  Nom  de  fecle  parmi  les  Mufulmans. 
Ifita.  Les  Ifiees  prennent  leur  nom  d'Ifa  Merdard  , 
leur  Chef  j  qui  foutenoit  que  l'Alcoran  n'eft  pas 
éternel  ,  qu'il  eft  créé  ,  &:  que  quand  Mahomet  dit 
qu'il  eft  érernel ,  il  parle  de  l'original  ,  &  non  pas 
de  La  copie  de  l'Alcoran.  Foye:[  l'Empire  Ottoman 
de  Ricaud. 

|3°  ISITERIES.  f.  f.  pi.  C'eft  .rinfi  qu'on  nominoit  à 
Athènes  une  fête  qui  tomboit  au  commencement  de 
Juin  ,  jour  auquel  ks  Magiftrats  entroient  en  Char- 
ge j  iSc  commcnçoicnt  leur  année  de  Magiftrature. 

I  S  L. 

ISLAM,  f.  m.  Nom  propre  de  la  Religion  de  Maho-  | 
met ,  Mahométilme.  Iflamïca  Religio  y  Mahometif- 
mus.  Mahomet  prêchoit  fur  toute  choie  l'abandon  à 
la  volonté  de  Dieu  ,  lans  réferve  ,  &  lans  crainte 
d'aucun  péril ,  fe  fondant  lur  la  prédeftination  mal 
entendue ,  &  regardée  comme  une  deftince  fatale. 
Du  verbe  Salama  ,  qui  fignifie  fe  réligner  ainfi  à 
la  volonté  de  Dieu  ,  eft  venu  le  nom  A'Iflam ,  qui 
eft  le  propre  nom  de  la  Religion  de  Mahomer  ,  & 
celui  de  Mollemin  ,  pour  fignifier  ceux  qui  la  pro- 
felVent.  Nous  l'exprimons  par  celui  de  Mufulmans. 
Fleury.  Ainfi  Iflam  eft  la  même  chofe  que  Mufet- 
manilme.  Foye^Es-LAU. 

ISLAMI.  f  m.  Terme  de  Relation  ,  qui  fignifie  Uni  & 
pacifique.  C'eft  un  nom  que  les  Turcs  fe  donnent 
entre  eux.  Amicus  pacificus.  Ce  fera  à  vous  à  vous 
£iire  paroître  ce  que  vous  êtes ,  à  lavoir ,  bons  Mu- 
fulmans à  votre  laint  Prophète  ,  Se  à  votre  Empe- 
reur ,  Se  entre  vous  bons  Ifiamïs.  VxgenÈre.  Cont. 
de  Chalcond.  L.IF.p.  4ÇI. 

ISLAMISME,  f.  m.  C'eft  la  même  chofe  que  Mufulma- 
nifme  ,  ou  Mahométilme.  Les  Mahométans  difent 
Eflam,  ou  Iflcim.  D'Hcrbelot  en  a  fait  en  notre  lan- 
gue Ifiamifime.  Ce  mot  le  prend  pour  la  Religion 
des  Mahométans.  Mahometana  Religio  ,  fiuperflitio. 
Ce  mot  fignifie  une  entière  foumilîîon  &  rélignation 
du  corps  &  de  l'ame  à  Dieu  ,  «Se  à  ce  que  Maho- 


IS  L 

met  a  rcvclé  de  {a  pan  ,  en  quoi  confifte  tout  le  Mu- 
iulmaniihic.  Les  Muirtilm.iiis  difciit  que  tous  les 
hommes  naillènt  dans  ï'JJlamifme  ,  mais  que  leurs 
païens  les  en  détournent ,  tk  les  engagent  dans  les 
autres  religions.  D'Herbelot.  Voyei  encore  Ismae 

LISME. 

Islamisme  ,  fe  prend  aulli  pour  le  pays  que  pollédcnt 
les  Mahométans.  Mahumetanorum  duio.  J3'Merbe)ot 
dit  EjLimiac  ,  &  Iflamïfmc  ;  mais  il  s'en  lient  a  ce 
dernier.   C'elt  ainli  ,  dit-il  ,  que  nous  appelions  la 
Chrétienté  fout  ec  qui  elt  habité  par  les  C^hrétiens. 
L'étendue  de  V Ijiamifmc  du  temps  d'Ebn  Alvardi  , 
Géographe    Aral|t  qui  vivoit  Tan  383.  de  l'hégire , 
de  J.  C.   99/.  étoit   depuis  la   ville  de  Farganah  , 
dans  la  Province  de  Tranloxante  ,  ou  de  de  là  la  ri 
,   vière  qui  eft  le  Zagarhay  ,  litué  au  delà  du  Hcuve 
Gihon  ,  ou  Oxus  ,  julqucs  aux  rivages  maritimes  de 
l'Iémcn  ,  ou  Arabie  heureufe ,  fur  1  Océan  ,  vers  la 
ville  d'Aden.  C'ellainli  que  l'on  prend  la  longueur  , 
qui  comprend  cinq  mois  entiers  de  caravane.  Sa  Lar- 
geur cft  depuis  le  pays  de  Roum  ,  qui  ell  l'Anato 
lie  (  peut  être  a-t-on  voulu  dire  la  Romanie  )  juf- 
ques  à  Manfourat ,  ou  Sourattc  aux  Indes ,  da]is  le 
Koyaume  de  Décan  ,  &  cet  elpace  contient  quatre 
mois  de  chemin.  Ebn  Alvardi  ne  comprend   point 
la  partie  occidentale  de  l'I/Iam/Jme  ,  depuis  l'Egypte 
le  long  de  l'Afrique  jufqu'en  Efpagne  ^  parce  que 
cette  partie  de  Vljlamifme  ,  qui  ell ,  dit-il  ,  comme 
la  manche  d'un  habit,  eft  rellerrée  par  la  mer  Mé- 
diterranée du  côté  du  nord  ,  &  par  les  Nègres  du 
côté  du  midi.  Depuis  cet  Auteur  ,  la  plus  grande 
partie  des  Indes,  en  y  comprenant  les  Royaumes  de 
Vifapour ,  Se  de  Golconde,  eft  devenue  Mahométa- 
ne  ,  &  il  les  Mahométans  ont  perdu  l'Efpagne  ,  ils 
ont  beaucoup  gagné  du  côté  de  la  Grèce  ,    de  la 
Hongrie  &  de  la  Tartarie.  D'Herbelot. 

ISLANDE,  r.  f.  Nom  d'une  ile  de  l'Océan  feptentrio- 
nal.  IJlandia.  Elle  eft  iituéc  tous  le  premier  méri- 
dien ,  &  fous  le  cercle  du  pôle  ArClique ,  entre  les 
côtes  de  la  Norvège  ,  des  îles  Britanniques ,  &  de 
la  Groënlande.  Quelques  uns  lui  donnent  loixante- 
dix  lieues  de  long  ,  &:  trente  quatre  de  large  ,  &c 
d'autres  la  tont  une  fois  plus  grande.  Les  côtes  en 
iont  aftez  bien  peuplées  ,  on  y  compte  environ  trois 
cents  trente  paroiftes  -,  mais  le  dedans  du  pays  eîl;  plein 
d'aftreules  montagnes.  Celles  d'Hécla  ,  de  la  Croix 
&  d'Helga  j  iont  les  principales.  Elles  Iont  en  tout 
temps  chargées  de  neiges  ,  &  vomiffent  des  ftam- 
mes  comme  le  mont  Gibel.  Les  plus  grands  jours  y 
font  de  vingt  quatre  heures  preique  entières  ,  la  nuit 
n'y  a  pas  plutôt  paru  qu'elle  difparoît  s  les  plus  gran- 
des nuits  y  ont  la  même  longueur  que  les  plus  grands 
jours.  L'air  y  eft  extrêmement  froid  ,  &:  le  pays  eft 
.  couvert  de  neiges  pendant  neuf  mois  de  l'année  , 
auffi  ne  produit  il  point  de  grains  ;  mais  les  pâtu- 
rages y  Iont  h  bons,  qu'on  y  nourrit  une  quantité 
incroyable  de  bétail.  Les  rivières  ,  les  lacs  &  la 
mer ,  fourniftent  tant  de  poillon ,  que  les  habitans 
en  font  un  grand  commerce.  Ses  lieux  principaux 

■  font  Halar  &  Scalhot,  villes  Épifcopales  ,  &c  Befté- 
de  ou  Kroningefcard  ,  forterelfes  ,  où  le  Viceroi 
feit  fa  réfidence.  Vljlande  ,  que  la  plupart  des  Géo- 
graphes prennent  pour  la  Thulc  des  Anciens  ,  fut 
découverte  lous  le  règne  d'Harald  Harfager  Roi  de 
Norwége  ,  par  un  pirate  Norvégien  ,  qui  lui  donna 
le  nom  de  Snecland,  c'eft-à-dire  ,  le  pays  de  la  nei- 
ge. Le  Roi  y  envoya  pour  la  mieux  découvrir  l'an 
891,  un  Norvégien  nommé  Flocke  ,  qui  lui  donna 
le  nom  à'IJlande  ,  c'eft-à  dire  ,  le  pays  de  la  glace. 
Maty.  Gyraldus  Cambreniis  a  fait  la  Topogiaphie 
à'IJlande  ;  mais  il  y  a  mêlé  tant  de  fables  ,  que  les 
Savans  n'y  ajoutent  point  de  foi. 
ISLANDOIS  ,  OISE,  adj.  Qui  eft  de  l'île  d'Ittande.  If 
landus.  Les  IJlandois  font  originairement  Norvé- 
giens ,  car  peu  de  temps  après  que  l'IjJande  eut  été  dé- 
couverte ,  comme  nous  l'avons  dit  au  mot  Islan 
DE  ,  les  nobles  Norvégiens  ne  pouvant  fouffrir  la 

'     domination  d'Harald  ,  qui  les  dépouilloit  de  leurs 
privilèges ,  pafférent  dans  ï'IJlande ,  y  tranfporterent 


I  S  M  277 

quantité  de  familles  ,  S<  ce  fut  ainlî  qu'elle  fut  peu» 
picc  i  auni  on  y  a  confcrvé  le  langage  ik  les  maurs 
des  anciens  Goths ,  Danois  Hc  Suédois  ,  tk  les  hif- 
toirés  de  ces  peuples  (èptcntrionaux  écrites  en  vers. 
L'an  1000  ,  Olaiis  ïrygo  ,  Roi  de  Norvège  ,  y  en- 
voya des  rrctres  ,  pour  convertir  les  IJ/andois  au 
Çhriftianifme  j  ks  foins  rculluent ,  on  y  établit  deux 
EVcqucs,  un  à  H.alar ,  &  l'autre  à  Sciiholr,  &  les 
Iflandoh  qui  avoient  confcrvé  leur  liberté  julqu'a- 
lors  ,  fe  ioumirenr  aux  Norvégiens  :  ils  paUèrenc 
avec  eux  {ous  la  domination  des  Rois  de  Danemarck , 
&  ils  reçurent  enfuitc  la  confcliion  d'Ausbourg  ,  dont 
ils  font  profedion.  MatY.  Ihéodoric  ,  Moine  du 
douzième  fiècle  ,  qui  a  écrit  un  livre  des  anciens 
Rois  de  Norvège  ,  dit  qu'il  s'eft  principalement  fcr- 
vi  des  annales  des  IJlandois  ,  qui  de  tous  les  peu- 
ples du  Nord  (ont  ceux  qui  ont  pris  le  plus  de  foin 
de  conicrver  la  mémoire  des  chofes  palfées.  Olaiis 
Vormius  a  dit  que  leurs  annales  font  très-curieu'.cs 
fur  ce  qui  s'eft  fait  dans  les  Hébrides  ,  dans  l'EcolIe 
es:  dans  l'Angleterre  ,  &  même  chez  les  anciens 
Ducs  de  Normandie.  Leurs  anciennes  hiftoires  ,  & 
celles  qu'ils  eftimcnt  le  plus  ,  font  en  vers  ,  parce 
que  les  anciens  Rois  &  Capitaines  du  Nord  avoient 
toujours  auprès  d'eux  quelques  Poètes  qui  faifoient 
des  vers  (ur  leurs  vièlroires. 

I  S  M. 

ISMAEL.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ifmaél.  Celui  à  qui 
ce  nom  fut  donné  le  premier,  &  pour  lequel  il  ru: 
fait  ,  eft  Ifmaïl  ,  fils  d'Abraham  &  d  Agar  ,  fer- 
vante  de  Sara  ;  car  ùi  maitreftc  la  maltraitant  ,  parce 
qu'elle  lui  infultoit  à  caufe  de  fa  ilèiilité  ,  elle  la 
quitta ,  &  s'enfuit  dans  le  dcfert  de  Sur  ,  où  un  An- 
ge lui  apparut  près  d'une  fo)itaine  ,  t\;  lui  ordonna 
de  retourner  chez  fa  maitreflè  Sara ,  &  de  lui  ren- 
dre les  relpeèts  qu'elle  lui  devoir.  Il  lui  dit  en  mê- 
me temps  que  l'enfant  qu'elle  avoit  conçu  d'Abra- 
ham étoit  un  fils  ,  &  il  lui  ordonna  de  le  nommer 
IfmaïL ,  parce  que  Dieu  l'avoir  exaucée  dans,  fon  af- 
Hidlion.^  Ce  nom  eft  compofé  de  "^mv ,  fchama  ,  il 
a  écouté  ,  il  a  exaucé ,  &  Hè? ,  El ,  Dieu. 

ISMAELIEN  ,  ENNE  ,  f.  m.  &  f.  &  adj.  Ce  n'eft  pas  k 
même  choie  qu'Ifmaëlite.  Les  Ifmaëlites  font  les 
Arabes  ,  mais  les  Ifmaëliens  font  les  Princes  de 
deux  Dynafties  ,  dont  la  première  règne  en  Afrique 
&  en  Egypte  ;  Se  la  féconde  dans  l'Allé.  Les  pre- 
miers font  connus  fous  le  nom  de  Fathémites  &c  de 
Kalifes.  Les  Perfiens  traitent  les  féconds  Ifruacliens 
d'hérétiques  &  d'impies.  Foyei  d'Herbelot  ,  Bibl. 
Orient. p.  joj.  On  les  appelle  Ifmaëliens  de  Perfe  ; 
&:  Ifmaëliens  d'Afrique.  Foye^  le  même  Auteur  , 

Sjoi.  au  mot  IsMAEL. 
AELISME.  ('.  m.  Prérendue  religion  qu'Ifmacl  prê- 
cha autrefois  aux  Arabes.  Ifmaëlnica  Religio  ,  fec~ 
ta  ,  fuperftitio.  La  conformité  de  nom  entre  l'Ifla- 
milme  ,  &c  Vlfmaëiifme  ,  a  fait  que  plufieurs  Doc- 
teurs Mahométans  ont  confondu  ces  deux  chofes , 
Se  ont  foutenu  que  la  Religion  enieignée  par  Ma- 
homet Se  fes  Seélateurs  (  &  qu'ils  appellent  Illamif* 
me  )  n'eft  autre  chofe  que  celle  qu'Ifmaël  prêcha 
autrefois  aux  Arabes.  D'HerelioTj  au  mot  Ismael. 
ISMAELITE,  f.  m.  Se  f.  Nom  de  peuple.  Defcendam 
d'Umacl.  IfmacUta.  Les  Ifmaëlites  font  les  enfans  , 
les  dcfcendans  difma'èl  j  hls  d'Abraham  &  d'Agar. 
Kmaël  époufa  une  Égyptienne  ,  dont  il  eut  douze 
enfans  ,  qui  furent  les  Patriarches  des  Ifmaëlites  , 
Az%  Arabes  ,  des  Agaréniens  ,  des  Sarrazins  ,  &c. 
Parce  que  dans  la  Genèfe  ,  Chap.  XXXFII.  les  Mar- 
chands auiquels  on  vendit  Jolèph  font  appelles  v. 
2j  Ifmaëlites ,  8e  v.  2S.  Médianites  ,  quelques  In- 
terprètes ont  cru  que  Céthura ,  mère  des  Madiani- 
tés  ,  étoit  la  même  qu'Agar  ,  &  que  l'on  appclla  If- 
maëlites tous  les  peuples  qui  delccndirent  des  en- 
fans qu'elle  avoit  eus  d'Abraham  ;  tk  plus  particu' 
liérement  ceux  qui  defcendoienr  d'Ifmacl;  mais  cela 
n'a  pas  grande  apparence.  Il  eft  plus  probable  que 
c'étoient  des  Ifmaëlites ,évh\\s  pour  leur  commerce 


78 


I  S  N 


chez  les   Madianites   ;   aiiifi   ils  croieni:  Ifmaeiucs 
d'origine  ,  &  Madianites  de  domicile. 
ISMANET.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  premier 
mois  des  Danois  ,  m.ois  de  Janvier  chez  les  Danon  : 
on  l'appelle  aulîi  Glugmanec  ,  &  ces  noms   ligni- 
fient mois  de  la  glace  ,  ou  des  fenêtres  fermées.  Fa- 
■hYLicivs.  Menlol.p.  144. 
ISMANING.  Petite  ville  du  Cercle  de  Bavière. //otu-- 
n'inga.  Elle  eft  fur  Hier  ,  dans  l'Évcché  de  rrtifin- 
gue  ,  entre  la  ville  de  ce  nom  ,  &  celle  de  Munick. 
Mat\'. 
ISMÉNE.  f.  f.  Sœur  d'Antigone  &  des  deux  frcrcs  en- 
nemis Ethéocle  oc  Polinicc  ,  naquit  d'CEdipe  &  de 
Jocafle. 
ISMÉNIDES.   f.  f.  pi.  Nymphes  du  fleuve  Ifménus. 
ISMÉNIE.  adj.  f.  Terme  de  iMythologie.  Surnom  de 
Minerve.  Il  y  avoir  à  Thèbes  deux  temples  de  Mi- 
nerve ,  dont  l'un  s'appelloit  Minerve  Ifménie  ,  à  cau- 
fe  du  fleuve  Ifménus  ,  fur  le  bord  duquel  étoit  ce 
ce  temple. 
ISMÉNIUS.  f  m.  Terme  de  Mytologie.  Fils  d'Apollon 
&  de  Mélie  :  il  reçut  de  fou  père  le  don  de  devi- 
ner. Comme  il  étoit  né  fur  les  bords  du  fleuve  La- 
don  ,  dans  la  Béotie  ,  il  donna  fon  nom  à  ce  fleu- 
ve ,  qui  s'appela  depuis  Ifménius  ou  Ifménus. 
ISMÉNO.  Petite  rivière  de  l'Achaïe ,  en  Grèce.  Ifmé- 
nus ,    Ifménius.  Elle  baigne  la  ville  de  Thébes  ,  év' 
fe  décharge  dans  le  golfe  de  Négrcpont ,  à  Une  lieue 
de  la  ville  de  ce  nom  ,  vers  le  couchant.  Maty. 
ISMîD.  l'^oyei  Nicomédie. 
JSMYR.  Foye-2  Smirne. 

I  S  N. 

ISNE  3  ou  ISNY.  Ville  Impériale  du  cercle  de  Souabe, 
Ifia.  Elle  t^  dans  Argov/  ,  fur  la  rivière  d'Arg  , 
entre  Lindav/  &  Kemptcn.  Cette  ville  ayant  prêté 
à  Othon  ,  Baron  de  Walbourg  ,  dont  elle  dèpen- 
àoit,  la  fomme  de  huit  mille  florins  d'or  ,  à  con- 
dition que  s'il  étoit  tué  à  la  guerre  _,  elle  leroit  li- 
bre ,  elle  acquit  effectivement  la  liberté  par  ce 
moyen  l'an  15SJ.  Ifie  ,  dont  le  Gouverneur  ell 
Prote.flant ,  eft  prile  par  la  plupart  des  Géographes 
pour  l'ancienne  ville  de  la  Vindèlicie  ,  nommée 
J^ianci ,  que  quelques  autres  Géographes  mettent  à 
Weiflènborn.  Maty.  Long.  27  d.  45'.  Lat.  47  d.  3  3'. 

ISNEL  ,  ELLE.  adj.  Vieux  mot  ,  qui  hgnifioit  ,  Vif  &: 
gaillard ,  prompt  &  léger.  Alacer.  On  difoit  encore 
du  temps  de  Ronfard ,  un  vol  ifnel ,  une  courfc  if- 
nelle.  Il  eft  maintenant  hors  d'ufige. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  _/«<;/  ,   ou  de  l'Italien 
fiidlo  ,  qui  fignifient  la  même  chofe. 

ISNELLEMENT.  Vieux  adverbe.  Vîtcment  ,  prompte- 
ment.  Alacriter  ;  cito  ,  celeràer.  Et  quand  ils  virent 
la  route  venir  ,  fi  couruent  as  armes  mult  ifnelk- 
ment ,  que  ils  cuidoient  que  ce  fulfcnt  li  Grieu.  Vîl- 

LEHARD.  n.   19J. 


Jf:s  pieds  mult  .ifnellemenr. 
S'agenouilla  &  humblement.  Monstrelet.  i.  v 

p.  61. 


ol. 


ISNELLETÉ.  f.  f.  Vîtefle.  Celcmas ,  velocitas.  Et  fâchez 
que  la  ifnellcté  dou  cheval  eft  connue  as  oreilles.  G. 

DE  GUIGNEVILLE. 

JSNIC.  Voyex  NicÉe. 

I  S  O. 

ISOCÈLE ,  adj.  Terme  de  Géométrie  ,  qui  fe  dit  d'un 
triangle  qui  a  deux  côtés  égaux.  Ifoceles  ,  Ifocelus. 
Un  triangle  ifocèlc  j  tout  triangle  équilatéral  eft  ifo- 
cèle  \  mais  tout  triangle  ifocèle  n'eft  pas  équilatéral. 
Quelques  Auteurs  écrivent  ainfi  ,  les  autres  ajourent 
une  j  ,  fuivant  l'étymologie.  i'«,-  égal,  &  skiMs,  jam- 
be ,  pied ,  parce  que  les  deux  côtés  égaux  (ont  com- 
me deux  jambes  qui  foutiennent  le  triangle  ifocèle. 

ISOCHRISTE.  f.  m.  &  f.  Nom  d^une  fede  hérétique. 
Ifochriflus.  Vers  le  milieu  du  fixième  ficelé  ,  après 
la  mort  de  Nonnus ,  Moine  Origénifte  ,  les  Origé- 
jiiftcs  (e  diviiercnt  en  deux  feftes  à  Conftantinoplc  ; 
les  uns  huent  nommés  Protodiftes ,  ou  Tétraditcs , 


I  S  o 

&  les  autres  Ifochr'ifles.  Ceux  ci  furent  ainfi  nom- 
més ,  parce  que  Théodore  de  Cappadoce ,  l'un  des 
principaux  ou  le  chef  de  la  ieéle  ,  difoit ,  dans  un 
écrit  qui  fut  condamné  au  Concile  de  Conftantmo- 
ple  en  5^5.  Si  les  Apôtres  font  à  préfent  des  mira- 
cles ,  &  (ont  en  Çi  grand  honneur  ,  quel  avantage 
recevront-ils  dans  la  rèfurredtion  ,  s'ils  ne  (ont  égaux 
à  JÉSUS  Christ. 

i«>- ,  i\<i,mfie.femblabU  ,  égal  •■,  &  z^Uc ,  Christ. 
ISOCHRONABLE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Mathéma- 
tique. On  veut  Gvoir   par   quelle  ligne  courbe  la 
dclcente  d'un  corps  pefmt  eft  ifochronable  avec  fa 
chute  perpendiculaire,  c  eft-à  (^c  ,  qu'il  fe   puilfe 
Elire  que  la  dclcente  d'un  corps  (oit  continuellement 
aufll  prompte  que  s'il  tomboit  à  plomb  du  (ommct 
de  cette  courbe  ,  &c.  Cette  courbe  eft  la  parabole 
du  premier  genre. 
ISOCHRONE,  adj.  m.  &c  f.  Terme  de  Phyfique  &  de 
Mathématique.  Qui  (e  fait  en  temps  égaux  ,  qui  a 
une  égale  durée.  Ifochronus  ,  a.  Les  vibrations  d'un 
pendule  (ont  toutes  Ifochrones  ,  c'eft  à-dire  ,  qu'el- 
les (e  font  toutes  dans  le  même  etpace  de  temps  , 
foit  que  l'arc  que  le  pendule  décrit  (oit  plus  grand , 
ou   plus  petit  :    car  quand  il  eft:  plus  petit  ,  il  fe 
meut  plus  lentement  ;  ëc  quand  il  eft  plus  grand  , 
il  va  plus  vite.  Harris.  Les  vibrations  plus  longues 
ou   plus  courtes  ,   lelquelles  ne  laillent  pas  d'être 
ifochrones  ou  d'égale  duiée.  de  la  Hire  ,  Académie 
des  Sciences  1705  ,  Mémoires  ,  pag.  2?i6.  La  cy- 
clo'ide  eft  la  figure  néceilaire  pour  fai'C  que  les  vi- 
brations  longues  ou  courtes  foient  Ifochrones.  Id. 

Ce  mot  eft  formé  d'-«f  ,  égal ,  &  >p«« >  temps. 
)fT  ISOCHRONISME.  f.  m.  Qualité  de  ce  qui  eft  ifo- 
chrone.  Egalité  de  durée  ,  dans  les  vibrations  d'un 
pendule  ,  en  général  d  un  corps  quelconque.  Il  y  a 
trois  chotes  à  conlidirer  dans  leurs  vibrations  •, 
leur  étendue  &  la  véhémence  du  fon  ,  qui  fait  l'in- 
renfité;  le  nombre  de  ces  vibrations  ,  qui  rend  le  fon 
plus  ou  moins  aigu  ;  &  leur  ifochromfme  ,  d'où  dé- 
pend l'uniformité.  Diderot. 
ïff  L'égalité  de  durée  ,  entre  les  vibrations  de  dcux' 

pendules  diftèrens  ,  s'appelle  fynchroniime. 
ISOCHRYSON.  f.  m.  i-jvsp»?".  Titre  pompeux  que  Ga- 
lien  donne  à  un  collyre.  Lib.  de  Comp.  Médic.  I,  ' 
iib.  IV.  c.  7.  c'eft-à  dire ,  qui  vaut  Ion  pefant  d'or.  ■ 
Ifochryfon  eft  encore  le  nom  d'une  compoiition- 
chimique  dont  Libavius  fait  mention  ,  faite  de  ré- 
gule martial ,  d'aiitimoine  &  de  mercure  ,  en  par- 
ties égales. 
ISOLA.  Nom  d'un  bourg  ou  petite  ville  des  Véni- 
tiens. Ifola  ,  anciennement  Alietum  ,  Caflrum  Halie- 
ti  ,  ou  AquiU.  Ce  lieu  eft  fur  une  petite  prefqu  île 
de  la  côte  occidentale  de  l'Iftrie  ,  environ  à  deux 
lieues  de  Capo  d'Iftria  ,  vers  le  midi.  Maty.  Ce  mot 
eft  Italien  ,  &  fignifie  île.  Infula. 
Isola.  Autre  petite  ville  de  la  Calabre  ultérieure  , 
Province  du  Royaume  de  Naples.  Infula  ,  Efula  , 
jîifiila  ,  ^-"^fyla.  Elle  eft  fituée  près  de  la  côte ,  & 
elle  a  un  Evèché  j  fuffragant  de  S.  Sévérino  ,  dont 
elle  efi:  éloignée  de  fix  lieues,  vers  le  lud  eft. 
Isola.  Eft  encore  le  nom  d'un  bourg  du  Royaume  de 
Naples.  Infula.  Il  eft  dans  la  terre  de  Laboiu: ,  fur 
une  petite  île  du  Gariglan  ,  entre  Sora  &  Aquino. 
Cluvier  met  à  quelques  milles  A' Ifola ,  du  côté  du 
midi ,  l'ancienne  Intcrramna  ,  ville  des  Volfques , 
&  une  des  douze  colonnies  qui  refulérent  du  le- 
cours  aux  Romains  contre  Annibal  ;  mais  d'autres 
la  placent  à  Ifolette  ,  ou  à  Torre  di  Termine  ,  vil- 
lage de  la  même  contrée.  Maty. 
ISOLEMENT,  f.  m.  Terme  d'Architedure.  C'eft  la  dif- 
tance  d'une  colonne  à  un  pilaftre  ;  ou  de  quelque  au- 
tre pièce  qui  doit  être  détachée  des  autres. 
ISOLER.  V.  a.  Faire  une  pièce  d'Architcfture  dé- 
tachée &  dégagée  ,  &  qui  ne  touche  point  à  une 
autre.  Pour  embellir  ce  château  ,  il  le  fâudrbit  ifo- 
ler ,  le  détacher  de  la  balfecour  qui  y  tient.  Vn- 
cadémie  dit  que  ce  verbe  n'eft  pas  en  ulage  :  da 
moins  eft-il  certain  qu'il  eft  beaucoup  plus  uiite  su 


I  s  o 

Participe.  L'ancienne  Rome  croit  fi  grande  j  qu'il  y 

avoit   quarante  huit  mille  mail'oiis  ifoUes.  Lti  co- 
lonnes iJoUcs  font  celles  qui  ne  touchent  à  aucun 
corps  dans  leur  pourtour  ,  ci- qui  ne  lont  point  join- 
tes a  la  muraille.  Les  batiniens  d'Italie  lont  la-piu 
part  ifoUs  :  ce  qui  ell  plus  commode ,  à  caulc  des 
joins  qu'on  prend  de  tous  côtes,  des  illucs  qu'on  a 
iur  les  rues ,  Cs:  qu  ils  iont  plus  à  couvert  des  acci- 
djiis  du  ieu.  On  appelle  autel  i/'olJ  ,  un  autel  qui 
Il  c/t  adollé  ,  ni  contre  un  mur  ,  ni  contre  un  piUicr. 
§Cr  En  Phyliquc  ,  ifoler  un  corps  ,  c'elt  l'empêcher  de 
commuiiiquer  avec  certains  autres  corps.   Ce  mot 
eà  i'ur  tout  d'ufage  ,  lorfqu  il  s'agit  d'Eledricité. 
Isoler  ,  (e  peut  lialarder  dans  le  hgurc  ,  pourvu  qu'on 
l'emploie  comme  lynonyme  ,  ou  avec  quelque  adou- 
cilfiment.  Réfl.  Le  favori  n'a  point  de  fuite  ;  il  ell 
lans  engagement,  &:  lans  liailon  ;  il  peut  être   en- 
touré de  créatures ,  mais  il  n'y  tient  pas  ;  il  eft  dé- 
taché de  tout  ,  &  comme  ifo/e.  La  Br.  Les  Fron- 
deurs en  fe  prêtant  au  Cardinal  Mazarin  ,  pour  fe 
défaire  du  Prince  de  Condé  ,  n'avoient  cherché  qu'à 
VifoUr ,  &  qu'à  lui  enlever  le  leul  lecours  qui  l'a- 
voir déjà  lauvé.  Mcm.fecr.  de  la  Cour  de  Fr.  IfJ'  L'Ab- 
bé Des  fontaines  avoit  le  coup  d'œil  pénétrant  ;  mais 
il  ne  fe  reprélentoit  pas  toujours  l'objet  en  entier  ; 
il  lavoit  faihr  les  détaurs  &  les  beautés  ;  mais  il  les 
ifjlolt  trop  ,•  Se  les  rapports  lui  échappoient.  Mem. 
de  Trév. 

Ah  ,  que  mon  cxurn'ejl  il  de  ces  cœufs  Ifolés  , 
Qu'ipur  aucun  endroit  ne  tiennent  à  la  terre  ! 

Des  H. 


ISOLÉ  ,  ÉE,  part.  Dans  la  plupart  des  pays  de  l'Afie  , 
chaque  f-amille  eft  ,  pour  ainli  dire  ,  i/blee.  Montesq.. 
Un  homme  {foie  ,  libre  ,  indépcndanr  ,  qui  ne 
tient  à  rien  ,  cell  un  être  malheureux  ,  pour  qui 
pcrlonne  ne  s'inrérelle  ,  parce  qu'il  ne  s'intérelîe 
pour  perlonne.  'Vous  êtes  ifolé  de  tout  j,  6c  vous 
pouvez  penfer  quinze  jours  durant  à  un  bon  mot  , 
lans  que  pertonne  vous  trouble  ,  &  aller  après  tou- 
jours chaud  de  vin  ,  le  débiter  par  tout  aux  dépens 
de  vos  amis  :  vous  n'avez  que  cela  à  faire.  Mo- 
lière à  fon  ami  Chapelle.  F^ie  de  Molière. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  ,  &  eif  dérivé  à'Ifola , 
Ile  ,  à  caule  qu'une  île  eft  environnée  d'eau  de  tous 
côtés  ,  Se  qu'elle  ne  touche  point  au  continent. 

SOMÉRIE.  f.  f.  Terme  d'Algèbre.  Manière  de  déli- 
vrer une  équation  de  fraébions  ,  qui  iont  toujours 
incommodes  dans  le  calcul.  Cela  fe  fait  en  rédui- 
fant  en  même  dénomination  toutes  les  fraéf  ions  ,  & 
en  multipliant  chaque  membre  de  l'équation  par  le 
dénominateur  commun. 

Ce  mot  vient  de  ""': .  e'gal  ;  &  de  /*.'f<i'  >  partie. 

jCfCeft  un  terme  de  l'ancienne  Algèbre.  On  dit  au- 
jourd'hui réduire  les  fraéfions  au  même  dénomina- 
teur ,  à  la  même  dénomination. 

[SONA.  Petite  ville  de  Catalogne  dans  la  'Viguerie  de 
Lérida. 

SONZO.  Fojei  LISONZO. 

SOP.  Terme  de  Marine.  Les  matelots  fe  fervent  de 
ce  mot  entre  eux  pour  s'exciter  à  hillér  quelque 
chofe. 

Ce  mot  vient  du  Flamand  hjs  op  ,  qui  veulent 
dire  cà  en  haut. 

SOPEHIMETRE.  adj.  Terme  de  Géométrie  ,  qui  fe 
dit  des  hgures  dont  les  circonférences  font  égales. 
Les  figures  ifjpe'rimètres  ont  fouvent  leurs  aires  ou 
leurs  capacités  rrès  diftérentes.  Les  figures  fonr  éga- 
les quand  leurs  aires  font  égales ,  mais  elles  ne  font 
pas  pour  cela  ifopérimctres.  Deux  parallélogrames 
dont  l'un  a  cinq  &c  fix  pour  côtés  ,  Se  r.iutre  trois 
Se  dix  ,  lont  égaux  -,  car  l'aire  de  chacun  eft  de  trente  ; 
mais  ils  ne  font  pas  ifopérimètrcs  ,  le  premier  a 
vingt  deux  de  circuit ,  Se  le  fécond  vingt  fix.  Si  un 
cercle  eft  ifopérimètre  à  une  autre  figure  ,  fon  aire 
eft  toujours  plus  grande. 

CT  On  dit  aulfi  ifopérimétrique.  Dans  le  i^.  article  du 
49'-  vol.  des  trauf.  Phrl.  on  écablit  une  règle  gé- 


ISP  279 

nérale  ,  pour  réfoudre  les  problèmes  ifopériméiriqucs 
de  tous  les  ordres.  Journal  Ltk. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  Se  compofé  de  '«î,  aaTcalis , 
égal  ;  de  "if ,  circum  ,  alentour  j  Se  de  ^s'Jfi'a ,  mttiur^ 
/e  mefurc. 
iSOPbtPHE.  adj.  On  appelle  vers  Ifopsèphes  ,  les  vers 
conftruits  de  manière  que  les  lettres  numérales  du 
premier  diftiquc  ,  produilent  le  mcme  nombre  que  cel- 
les du  lecond.  (fJ"  Les  Grecs  n'avoicnt  point  d'au- 
tres chiUrcs  que  les  lettres  de  leur  alphabet.  A  li- 
gnifioit  un  ,  i>  deux ,  1    trois  ,  ainli  du  refte.  Ils  ap- 
peloient  mots  Ifopsèphes  ,  ceux  dont  les  lettres  cal- 
culées produilent  le  même  nombre  ;  ils  avoient  de 
même  des  vers  qu  ils  appeloient  ifopsèphes  pour  les 
mcmes   railons.   Les  anciens  Grammairiens  avoient 
découvert  plulieurs  vers  Ifopsèphes  dans  Homère  ; 
mais  c'étoit  le  leul  hafird  qiu  les  avoir  produits.  Un 
certain  Léonide  s'avila  d'en  faire  exprès  ,  Se  com- 
poloit  des  Epigrammes  dont  les  deux  premiers  vers 
étoient  Ifopsèphes  aux  deux  féconds.  Quand  l'épi- 
gramme    n'étoit    compolée  que   de  deux  vers  ,    8e 
qu'on  ne  pouvoir  par  conléquent  oppofcr  diftique  à 
dilhque  ;  pour  lors  on  oppoloit  vers  à  vers  ;  c'eft  ce 
que  M.  Huet  remarque  dans  1  épigramme  du  dou- 
zième chapitre  du  iixième  Livre  de  l'Anthologie 
commençant  par  ces    mots  :   Eiça-f.sî»,  qui    i-^'ç.(î 
compolée  que  de  deux  vers  ,  &  dont  chacun  d'eux 
forme  le  nombre  de  41 11.  Ce  mot  vient  de  '.-«?, 
dqualis  ,  Se  «J'oipo? .  calculas. 
ISOPYRON.  f  m.  C'eft  le  nom  que  Diofcoride  donne 
à  une  plante  que  plulieurs  croient  êtrel  Ancolie. 

Ce  mot  vient  à'  ■s"':,  égal  ^femblabk  ;  Se  de  jn-fif, 
froment.  Voye\  Ancolie. 
ISORA-MUNE.  f  f  Arbre  qui  croît  au  Malabar.  L» 
lue  de  fa  racine  palle  pour  excellent  dans  l'eupyê- 
me  Se  dans  les  maladies  de  la  poitrine  ,  même  en 
application  extérieure  :  il  palfe  pour  bienfàifant  dans 
les  éruptions  cutanées  Se  dans  les  maux  d'aventure. 
ISORROPIQUE.  f  f.  C'eft  la  même  chofe  que  Stati- 
que ,  &  Statique  eft  plus  ufité  ,  ou  le  feul  ulîté  ea 
notre  langue.  Voye\  Statique. 
ISORROPOSTATIQUE.  f  f.  Terme  de  Mathémati- 
que. Partie  de  la  Statique  qui  traite  de  l'égalité  ,  de 
l'équation  des    poids.    Iforropoflatica.  Paul    Guldin 
de  S.  Gai   divife  la  Statique  en  huit  parties  ,  donc 
V Iforropofiatique  eft  la  troilicme.  Foyeiç^  Statique. 
ISOSCÈLE.   adj.  Terme   de    Géométrie.    Foye^  Iso- 
cèle. 
ISOU.  'Ville  des  Indes  dans  l'île  d'Amboine,  dont  elle 
eft  la  Capitale. 

I  S  P. 


ISPAGNAC.  Petite  ville  de  France  ,  au  gouvernement 
de  Languedoc  ,  dans  le  Gévaudan  ,  Diocèfe  de 
Mende. 

ISPAHAN  ,  HISPAHAN  ,  ASPACHAN  ,  SPAHAN. 
Nom  d'une  des  plus  grandes  villes  du  monde.  Af 
pahamum  ,  Ifpahamum  j  Hifpahanum.  Elle  eft  Capi- 
tale de  la  Perle ,  Se  fituée  dans  la  province  d'Iérack , 
aux  confins  de  celles  de  Fars  Se  de  Chufiftan.  La 
fltuation  de  cette  ville  eft  allez  belle.  Elle  eft  au  itù- 
lieu  d'une  plaine  ,  Se  elle  eft  environnée  de  tous 
côtés  j  à  trois  lieues  de  diftance  ,  d'un  cercle  de  mon- 
tagnes qui  s'élèvent  doucement  en  forme  d'amphi- 
théâtre. Elle  n'a  que  la  petite  rivière  de  Senderut  , 
dont  les  eaux  fcurniftent  des  fontaines  prefque  à 
toutes  les  maifons  de  la  ville  ,  arrofent  les  jardins 
du  Roi  J  &  vont  achever  de  fe  confumer  dans  la  cam- 
pagne voifine.  Les  maifons  à'Ifpahan  lont  bien  bâ- 
ties ,  Se  elles  ont  prefque  toutes  leurs  couvertures 
en  plare-forme  ,  Se  en  ère  on  s'y  promène  ,  on  y 
mange  ,  &  on  y  couche  même  pour  prendre  le 
frais.  Il  y  a  trois  grands  fauxbourgs  :  celui  de  Zulfa 
ou  Julfa  ,  eft  habité  par  les  Arméniens  ;  les  Géor- 
giens occupent  prefque  tout  celui  d'Hafenabart.  Et 
celui  de  Kibrabath  ou  de  Tabrifabath  ,  eft  rempli 
de  Payens.  Ces  fauxbourgs  a\ec  la  ville  font  un  cir- 


cuit de  douze 
peine  de  faire 


grandes  lieues   de  France  ,  qu'on  a 
dans  un  jour  de  chemin.  Les  P>.ois  de 


28d 


I  s  R 


Perle  y  font  Icut  ll'jour  tlepuis  environ  quatre- 
vingts  ans  ,  &  ils  l'ont  embellie  de  plulieurs  édifi- 
ces publics,  mofquées,  marchés,  caravanceras  ,  ou 
mailons  deltinées  à  loger  les  étrangers  ,  &  à  ferrer 
leurs  marchandiks.  Quoique  cette  ville  foit  fort 
éloignée  de  là  mer ,  &  des  grandes  rivières  ,  il  s'y 
fait  pourtant  un  très-grand  commerce  :  les  Indiens, 
les  Tartares ,  les  Turcs  ,  les  Juifs  ,  les  Arméniens  , 
les  Géorgiens  ,  les  Européens  François ,  Efpagnols  , 
Italiens  ,  Anglois  ce  Hollandois  ,  tous  ces  dittérens 
peuples  trafiquent  à  Ifpahan.  Au  refte  ,  cette  ville 
n'ell  point  fortifiée ,  elle  n'a  qu'une  llmple  enceinte 
de  murailles  ,  de  même  que  les  palais  du  Roi.  Il  y 
a  un  château  flanqué  de  quelques  vieilles  tours ,  mais 
qui  n'elt  d'aucune  défenfe.  Maty.  Il  y  a  à  Ifpahan 
plufieurs  Millionnaires  Catholiques  qui  travaillent  à 
la  converfion  des  l'ayens  ,  &  à  la  réunion  des  Ar- 
méniens à  rÉglile.  Dans  deux  afyles  qu'il  y  a  dans 
Ifpahan  ,  on  fouftre  les  meurtriea-s  &  les  aiîalîins 
aulll  long  temps  qu'ils  ont  de  quoi  s'y  entretenir  , 
mais  on  n'y  fouftre  les  larrons  que  pendant  deux 
ou  trois  jours  ,  à  caufe  de  l'horreur  extrême  que 
les  Perlans  ont  pour  le  larcin.  Maty.  On  croit 
qu'elle  a  été  bâtie  fur  les  ruines  de  l'ancienne  Hé- 
catompylos  ,  ville  de  l'Alie ,  qui  avoir  cent  portes. 
Les  Géographes  du  pays  mettent  Ifpahan  à  qua- 
tre-vingt-lix  deg.  quarante  min.  de  longitude  ,  &  à 
trente-deux  d.  40  m.  de  latitude.  Meilleurs  de  lA- 
cadémie  ne  diftèrent  point  pour  la  latitude  ou  hau- 
teur du  pôle  ,  mais  ils  ne  mettent  Ifpahan  qu'à 
quatre  vingt-trois  deg.  trente  min.  de  longitude. 

On  écrit  quelquefois  Hijpahan.  Dans  l'Orienr  on 
l'appelle  Spahan  ,  Spuhan  ,  Sephaon  ou  Spahon  , 
comme  prononcent  les  Perlans  ,  qui  l'appellent  auf- 
li  Dar  el  Seltenec ,  c'cft-à  dire  ,  ville  ou  liège  du 
Sultan  ou  du  Roi.  l'^oyei  tur  cette  ville  Tavernier  , 
F'oyage  de  Perf  L.  IF.  L'Etat  prélent  de  la  Perfe 
par  un  Millionnaire  François  nommé  Samlon  j 
Oléarius  ,  Foyage  de  Pefe  &  de  Mofcovie  ,  X.  F. 
La  Defcriptiou  A' Ifpahan  par  M.  Kempfer  dans  les 
Amizmtatum  Esotkarum ,  Polldco-Phyfœ-Medka- 
rum  Fafciculi  V. 

§3"  Cette  ville  a  beaucoup  fouffert  pendant  le  dernier 
fiége  de  i/iz  ,  par  la  famine  autant  que  par  la  guerre. 
Elle  fut  pillée  ,  laccagée  ,  ion  commerce  ruiné.  Des 
Arméniens  de  Zulfa  ont  écrit  qu'il  étoit  mort  à  // 
pahan ,  durant  ce  fiége ,  un  milion  quarante  mille 
perfianncs  ;  ce  qui  n'eft  guère  vraifcmblable  ,  en 
ajoutant  même  aux  liabitans  les  peuples  du  voiîi- 
nage  effrayés  par  les  Agvvans  ,  peuples  venus  du 
Candahar  ,  qui  ont  délolé  la  Perle  pendant  trente 
ans  ,  &:  y  ont  caulé  l'étrange  révolution  qui  a  jette 
ce  Royaume  floriilant  dans  un  abyme  de  mal- 
heurs. 

|t3°  ISP  ARA.  f.  m.  Nom  d'une  divinité  des  Malabares 
fur  la  côte  de  Coromandcl.  On  repréiente  ce  Dieu 
avec  trois  yeux  &;  huit  mains  ;  il  a  une  fonnerte 
pendue  au  cou  ,  une  demi-lune  &  des  leipens  fur 
le  front. 

I  S  R. 

ISRAËL.  C.  m.  Nom  propre  d'homme.  Ifracl.  C'efl:  un 
furnom  que  l'Ange  donna  à  Jacob  après  la  lutte 
myllique  de  ce  Patriarche  .wec  cet  Ange  ,  près  du 
torrent  de  Jacob  ,  ainli  qu'il  ell  rapporté  dans  la 
Genèf'e  ,  XXXII.  14,  18.  Les  enians  à' Ifracl ,  c'eit 
le  peuple  qui  delcendoit  de  Jacob  ,  les  Ilraclites. 

Ce  nom  ,  comme  il  efl  dit  à  l'endroit  que  l'on 
vient  de  citer  ,  lignifie  celui  qui  a  prévalu  contre 
Dieu  ,  &  vient  de  THV  ,  Sara  qui  iii,vàÇit principcm 
e[fe  ,  pr&vaUn,  &  de  hS ,  El ,  Dieu.  Un  Ange  con- 
tre qui  il  eut  un  combat  plein  de  myflères  ,  lui 
donna  le  nom  à'Ifra'cl  ,  d'où  fes  enfans  font 
appelés  les  Ilraclites.  Bossuet. 

Israël  ,  eft  auffi  un  nom  de  peuple  ,  &  fe  dit  dans 
le  ftyle  de  l'Ecriture  pour  les  Ifraëlites  ,  les  defcen- 
dans  à'Ifraél  ,  le  peuple  qui  defcendoit  de  Jacob. 
Car  il  ne  le  dit  point  en  ce  lens  d'un  particulier  , 
c'cfî:  un  nom  collectif ,  qui  fignilîe  toute  la  Natjon  ; 


I  S  R 

dans  les  langues  Orientales  ,  c'efl:  l'ufage  de  don- 
ner aux  peuples  le  nom  du  Patriarche  ,  leur  Chef, 
dont  ils  tirent  leur  origine.  Ifra'él ,  Ifra'éiua ,  Ifrae- 
Uticus populus.  Jacob  dit  à  Éphraïm  ,  ifra'él  fera  béni 
en  vous.  Saci  ,  Gen.  XLVIII.  20.  Va  &  aflemble 
les  Anciens  d'Ifracl  &c  leur  dit  Lovan.  Exod.  III. 
16.  Vous  irez,  vous  &  les  Anciens  d'ifraël ,  vers  le 
Roi  d'Egypte.  Saci  ,  Ibid.  18.  Ayant  choili  parmi 
tout  Ifrat'l  des  hommes  braves  &  courageux ,  il  les 
établit  Princes  du  peuple  ,  Exod.  XFIII.  1  j.  Et  vous 
Bethléem ,  terre  de  Juda  ,  vous  n'êtes  pas  la  moin- 
dre entre  les  principales  villes  de  Juda  ;  puifque  de 
vous  fortira  le  Chef ,  qui  gouvernera  Ifraél  ,  mon 
peuple.  BouH.  Alatth.  II.  6.  Je  vous  dis,  en  véri- 
té ,  que  je  n'ai  point  trouvé  une  fi  grande  foi  dans 
Ifra'él  même.  Port-Royal  ,  Match.    FUI.    10. 

Ce  Mellie  ,  qui  devoir  iauver  Ifraél.  Bourdal. 
Exhort.  T.  II.  p.  254. 

Telle  fut  toujours  la  fignifieation  de  ce  mot  juf- 
qu'à  la  fin  du  règne  de  Salomon  ,  &  fouvent  en- 
core après  ;  mais  (ouvent  aulîi  depuis  il  a  un  fens- 
moins  étendu ,  &c  ne  s'entend  que  des  dix  Tribus' 
qui  à  l'occalion   de  la  dureté  de  Roboham  j   fe  {&. 
parèrent  des  deux  Tribus  de  Juda  &  de  Benjamin,; 
&    firent  un  peuple  ou  un  état  différent  ,  qui 
fes  Rois  patriculiers.  C'eft  en  ce  (eus  qu'il  fe  pri 
dans  les  exemples  qui  fuivent.  Ifraël  fe  iépara  de' 
mailiDn    de    David  ,  comme  il  l'eft  encore  aujoi 
d'hui.  Tous    ceux  à'Ifraél  ayant  ouï  dire  que  Jérô' 
boam  étoit  revenu  ,  1  envoyèrent  quérir  &  le  firent 
venir  dans  une  allemblée  générale  ,  où  ils  l'établi- 
rent Roi  fur  tout  Ifraél.  Saci  ,  ///.  L.  des  Rois  J 
XII.   19  ,  20.  C'ell  en  ce  fens  qu'on  appelle  Rois] 
d'Ifraël  ,  par  oppofition  aux  Rois  de  Juda  ,  cei 
qui  régnèrent  fur  ces  dix  tribus  ,  ëc  Royaume  à'I- 
fraél l'État  que  formèrent  ces  dix  Tribus  ,   &  qi 
pendant   2jo  ans  eut  fes  Rois  particuliers  ,  depi 
Jéroboam  jufqu'à  Olée  j  qui  fut  le  dernier  Roi  d'JI 
fraél.  La  Chronologie  des  Rois  de  Juda  &  celle  des 
Rois  à'Ifraél  clf  marquée  dans  l'Écriture  ,  &  ne  fpni 
pas  fi  difiiciles  à  concilier  qu'on  fe  l'imagine  ,  Sil- 
manafar  détruiiit  le  Royaume  à'Ifraél  la  neuvièûli 
année  d'Ofée ,  Roi  à'Ifraél ,  &c  la  quatrième  anniejl 
d'Ezéchias  ,  Roi  de  Juda. 

Cette  divifion  du  peuple  de  Dieu  en  deux  peu- 
ples &:  en  deux  Royaumes  ,  l'un  appelé  Jud.i  ,  & 
l'autre  Ifraél  ,  eft  plus  marquée  depuis  Jéroboam^ 
qu'auparavant  ;  elle  paroît  néanmoins  plus  ancien-él 
ne  ,  èv  l'on  en  trouve  des  veffiges  dans  le  premier  chi-i 
pitre  du  livre  des  Juges  -,  mais  alors  Juda  comprcnoii  k  ' 
■Tribu  de  Juda  è'c  celle  de  Siméon  ,  &  peut-être  | 
aulli  celle  de  Benjamin  Se  de  Dan  ;  &  Ifraél  toutes, 
les  autres. 

Au  refte ,  depuis  même  que  cette  diftinôioa 
la  fignifieation  de  ces  mots  elt  plus  étabhe  Se 
marquée ,  on  ne  lailiè  pas  d'étendre  encore  le  lïfea 
d  Ifraél  à  toute  les  douze  Tribus  en  général ,  coiiune 
il  paroît  par  quelques  exemples  déjà  cités  ci  delîus , 
&  par  1  endroit  même  où  cette  diftinccion  com- 
mence à  fe  faire,  ///.  L.  des  Rois  ,  XII.  v.  /7.  où 
il  eft  dit  que  Roboam  régna  fur  tous  les  enfans  à'Ifràtl 
qui  habitoient  dans  les  villes  de  Juda. 

On  appelle  aulli  ce  peuple  enfins  à'Ifraél ,  Fils 
à'Ifraél  ,  peuple  à'Ifraél  ,  peuple  des  enfans  d'/- 
fraél  ,  hommes  ou  gens  à'Ifraél  ,  maifon  à'Ifrûïl. 
Dans  la  Vulgate  ,  F'd'ù  Ifraél ,  populus  Ifraél ,  po- 
pulus fil'iorum  Ifraél,  Firi  Ifraél.  Domus  Ifn:..- 
Tout  cela  conformément  au  texte  Hébreu. 

On  dit  encore ,  Tribus  à'Ifraél ,  Armée  à'I/r.:.: , 
Camp  à'Ifraél  ,  Terre  à'Ifraél  j  confins  d'Ifruù. 
C'eft  la  Terre  Sainte  ,  les  confins  de  la  Terre  Sainte. 
Roi  à'Ifraél  s'eft  dit  depuis  Saul  jufqu'à  Jéroboam , 
pour  Roi  de  tout  le  peuple.  Dcpuis_  Jcroboara  il 
n'eft  dit  que  d^s  dix  Tribus  qui  le  féparerent  de 
celle  de  Juda  Se  de  Benjamin  ,  &  firent  un  Etat  à 
part  ,  qu'on  appelle  Royaume  à'Ifraél.  Terre  à'I- 
fraél a  aulli  ces  deux  lignifications  ,  &:  lignifie  quel- 
quefois tout  le  pavs  qu'occupoicnt  les  delcend.îiis  de 
Jacob  j  toute  la  Terre  promifc ,  ou  toute  la  Terre- 
Sainte 


I  ss 

Sainte  -,  quelquefois  (lulcmcnt  le  p.iys  des  dix  Tri- 
bus qui  luivirent  Jéroboam. 
ISRAELITE,  i'.  m.  Se  f.  Nom  de  peuple,  lils  d'ifr.icl , 
defcendaiu  j  illii  de  Jacob,  qui  tut  nommé  Ihaci. 
Jfnië/ita,  Iraclues ,  m.  Ifraéiuis,  f.  Ce  nom  a  eu 
en  dittérens  temps  ,  &  à  dirterens  égards  plus  ou 
moins  d'extenilon  dans  la  lignification  ;  nous  l'avons 
expliqué  au  mot  Israël.  Les  iiaints  ont  regardé  le 
miracle  du  buillon  qui  bride  lans  le  conlumer  , 
comme  la  figure  de  ce  qui  arrive  aux  véritables 
élus  ,  qui  lont  aftligés  dans  le  monde  ,  comme  les 
Jfraëlhes  l'étoient  alors  par  l'ordre  de  Pharaon  ,  mais 
qui  ne  lont  point  conlumés  de  ces  Hammes  qui  ks 
environnent  de  toutes  parts.  Royaum.  Il  arriva  que 
le  fils  d'une  femme  Ifra'd'ue  ,  qu'elle  avoir  cii  d'un 
Égyptien  entre  les  enhuis  d'ilracl  ,  eut  une  dil- 
pute  dans  le  camp  avec  un  Ifraciat  ,  ^c.  Leva. 
XXtV.io. 

Ce  mot  a  pallé  en  notre  langue  dans  ce  prover- 
be 5  c'eft  un  bon  Ifraclue  ,  c'eit-à  due ,  un  homme 
bon  ,  franc  >Sc  hncère  ,  craignant  Dieu  ,  &  aimant 
la  julHce.  Il  eft  tiré  du  Chap.  I.  v.  47.  de  l'Évangile 
de  S.  Jean  ,  où  Jésus-Christ  parlant  de  Natha- 
nacl ,  qui  étoit  un  homme  incapable  de  tromper  , 
dit  :  Voilà  un  véritable  Ifraélue  en  qui  il  ji'y  a  nul 
artifice.  Delà  elî  venu  l'ulage  d'apeler  un  bon  Jfraë- 
lue  ,  un  homme  (ans  artifice  &  lans  déguilemcntj  <Sc 
même  un  homme  un  peu  lunple. 

I  S  S. 

ISSACHAR.  1".  m.  Prononcez  le  ch ,  comme  un  K. 
Nom  propre  d'homme,  Ijfachar.  Ainli  fut  nommé 
un  nls  de  Jacob  qu'il  eut  de  Lia.  Gen.  XXX.   \S    I. 
des  Rois,  IV.  ij   Ijjackar fm  le  neuvième  des  en- 
cans de  Jacob.  Plulieurs  prononcent  iTachar  ,    ou 
I\achar,  &  peut-être  même  quelques-uns  l'écrivent- 
ils  avec  une  feuleyj  comme  a  taitHoftman  en  Latin. 
Cela  n'eft  pas  bien.    Tous  nos   rraducl:eurs,    le   P. 
Amelot ,  le  Port-Royal,  le  P.  Bouhours,  M.  Sniion  , 
écrivent  tous  Ijjackar. 
IsSACHAR,  eft  auilî  le  nom  de  l'une  des  douze  tribus 
ài'Ifraël  ,  dont  Iffachar  fur  le  chef  &  le  père.    La 
Tribu  6.' Iffachar  étoit  dans  la  partie  du  nord  de  la 
Terre  Sainte  ,  dans  la  partie  méridionale  de  la  Gali- 
lée inférieure.  Elle  avoir  au  couchant  la  mer  Médi- 
terranée ,  qui  baignoic  le  pié  du  mont  Carmel ,  qui 
fiiloit  fon  extrémité  de  ce  côté-là.  De-là,  elle  s'éten- 
doit  en  long  vers  l'orient  julqu'au  Jourdain ,  &  étoit 
entre  la  Tribu  de  Zabulon,  au  nord,  &  la  demi  Tribu 
■  de  Manallé  d'en  deçà  le  Jourdain  au  midi ,  dans  un 
terrein  propre  au  labourage ,  comme  la  bénédiction 
de  Jacob  le  marque,  Gcn.  XLIX.  i ^.  //. 
ISSANDON  ou  ISSAUDON.  Nom  de  lieu.  Exaudo , 
Exaudo    Lcmovicum.    Exaudo  ,   Hifando  ,    IJfando. 
Valois  croit  néanmoins  (\\iExando  (i9i  une  faute,  & 
qu'il  laut  lire  Exaudo.  Ce  lieu  eft  dans  le  Limoufin. 
ISSANT^  ANTE.  adj.  Terme  de  Blafon,  qui  fe  dit  du 
lion  &  des  autres  animaux  qui  fe  mettent  fous  le  chef 
de  l'écu,  qui  ne  parollfent  qu'à  demi-corps,  ou  qui 
fortent  de  quelque  maiton  ,  de   quelque  bois  ,  &c. 
Prodkns.   Il  eft  difficile  de  diftinguer  le  lion  ijjant 
du  naillant.  Quelques-uns  croient  que  le  lion  i[fant 
eft  celui  qui  (ort  du  champ  de  derrière  un  ample  bla- 
fon ,  montrant  la  tête ,  le  cou ,  les  bouts  de  jambes 
de  devant  &  l'extrémité  de  la  queue  contre  le  chef 
de  l'écu  ;  &c  le  naiffanc  prend  la  lource  environ  le  mi- 
lieu du  champ  de  l'écu ,  &  paroit  dehors  du  train  de 
devant  &  du  bout  de  fa  queue ,  comme  s'il  fortoit  de 
terre,  &:  lorfqu'il  repofe  le  haut  du  corps  contre  le 
champ  de  l'écu. 
IssANT  ,  fe  dit  auffi ,  en  termes  de  blalon ,  d'un  petit  en- 
fant nu,  ferrant  de  la  gueule  d'un  ferpent.  Ainlî ,  on 
dit  aux  armes  de  Milan  ,  un  enfant  de  gueules  iffdnt , 
de  la  givre ,  ou  ferpent  onde  &  tortueux. 
ISSAS.  f  m.  Terme  de  Marine ,  eft  une  corde  qui  fert 
à  haulfer,  ou  bailfer,  foit  les  vergues,  loir  les  pavil- 
-  ^°"l"    ^^^'^  amermam  attollms.  On  l'appelle  aulTi 
^  drï£ë;  &:  le  fep  de  drille  eft  au  pié  du  grand  mât,  où 
Tome   l^. 


1  S  s 


281 


l'on  amarre  fon  ijfas ,  ou  fa  ddfle,  c'eft-à-dirc,  la 
corde  qui  fert  à  la  grande  vergue. 
ISSÉ.  1.  f  l'ille  de  Macaré  ,  qui  fe  lailfa  féduirc  par 
Apollon  déguifé  en  berger.  M.  de  la  Mothc  a  fait 
une  paftorale  héroïque  fur  les  amours  d'Apollon  & 
à'ijje.    Cet  opéra  parut  pour  la   première  fois  en 

ISSLDONS.  f.  m.  pi.  Peuples  voifins  des  Hyperborécns , 
dit  Mérodote.  lis  n'avoient  qu'un  œil,  c'eft  à  dire, 
que  les  grands  froids  de  leur  pays  faifoient  qu'ils 
avoient  prefque  toujours  fur  le  vilagc  une  efpcce  de 
malquc  qui  n'avoir  qu'une  ouverture  pour  les  yeux  j 
on  bien  on  a  voulu  marquer  par-là  que  ces  peuples  , 
voilms  du  Pôle,  étant  la  moitié  de  l'année  dans  les 
ténèbres,  n'avoicnt  que  la  moitié  de  la  lumière  donc 
jouill'jnt  les  autres  hommes.  Le  mot  de  lumière  fe 
prend  fouvent  pour  œil.  Le  même  Hérodote  raconte 
des  Iffcdons ,  que  quand  quelqu'un  d'entr'eux  a  per- 
du Ion  père,  tous  les  parens  lui  amènent  beaucoup 
de  bétail ,  &  après  avoir  coupé  en  morceaux  le  cada- 
vre ,  ils  mêlent  les  chairs  avec  celles  des  animaux  & 
les  (ervcnr  dans  le  feftiil ,  réfervant  feulement  la  tête 
du  mort  qu'ils  enchàllent  dans  de  l'or,  &  s'en  font 
une  idole  à  laquelle  ils  offrent  tous  les  ans  des  facri- 
fices  lolennels.  Ces  peuples  dévoient  donc  avoir  une 
prodigieufe  multitude  de  dieux  ,  fi  chaque  chef  de 
tamiUe  étoit  ainlî  honoré. 

ISSEL.  ICala^  Sala.  Il  y  a  le  vieux,  le  nouvel  &  le  petit 
///c/.  Le  vieux  Ijfel  eft  une  grande  rivière  des  Pro- 
vinces-Unies des  Pays-Bas.  Elle  prend  fa  fource  dans 
le  Duché  de  Clèves  ,  &  entrant  dans  le  Comté  de 
Zutphcn  ,  elle  reçoit  le  nouvel  Ijfel  à  Doesbourg,  & 
cniuite  elle  baigne  les  villes  de  Zurphen ,  de  Déven- 
ter &  de  Campen ,  &  peu  après  elle  fe  décharge  dans 
le  Zuiderzée,  par  deux  embouchures.  Maty. 

Le  nouvel  Iffel.  Ilala  nova ,  Foffa  Drujlana  , 
Drujiifojfa.  C'eft  un  grand  canal  que  Drufius ,  beau- 
fils  de  1  Empereur  Augufte  &:  frère  de  Tibère ,  fit 
faire.  Il  a  environ  trois  lieues  de  longueur  ;  il  prend 
fes  eaux  dans  le  Rhin ,  deir.i- lieue  au  delîijs  d'Arnem  , 
&  il  les  décharge  dans  le  vieux  IJJci  ,  à  Doef- 
bourg.  Id. 

Le  petit  Ijfel ,  ICala  miner.  Rivière  des  Provinces- 
Unies.  Elle  coule  dans  La  Seigneurie  d'Utrecht  Se 
dans  le  Comté  de  Hollande,  baigne  Illeftlin,  Mont- 
fort,  Oudewater&:  Gode,  Se  va  fe  décharger  dans  la 
Meule,  demi-lieue  au  delfus  de  Roterdam. 

ISSELBOURG.  Nom  d'un  bourg  du  Cercle  de  la  Weft- 
phalie.  ITaloburgum,  ou  Iffelburgum.  Il  eft  diuis  le 
Duché  de  Clèves ,  fur  le  vieux  Iftel ,  aux  confins  de 
Alunfter  Se  du  Comté  de  Zutphen.  quelques  Géogra- 
phes le  prennent  pour  l'ancienne  Alifo ,  ville  des 
Chamaves,  que  d'autres  mettent  à  Almen ,  village  du 
Duché  de  Wcftphalie ,  fitué  à  la  loujce  de  la  rivière 
d'Alme,  &  d'autres  encore  à  Allen,  village  fur  la 
même  rivière  &  dans  l'Évêché  de  Paderbon.  Maty. 

ISSELMONDE.  Nom  d'une  petite  ile  avec  un  bourg 
de  même  nom.  Iffelmunda  ,  IffaU  Oftium.  Elle  eft 
formée  par  la  Meule  entre  les  villes  du  Dort  &  de 
Roterdam  ,  vis  à  vis  de  l'embouchure  du  petit  Ilfel 
dont  elle  a  pris  fon  nom.  Maty. 

ISSELSTEIN ,  ou  YSELSTEIN.  Nom  d'une  petite 
ville ,  avec  un  vieux  château.  YJfelJieinum  ,  Iffeljlei- 
num.  Elle  eft  dans  la  Hollande  méridionale,  fur  le 
petit  Ilfel  ,  à  deux  lieues  d'Utrecht.  Cette  ville  eft 
capitale  d'un  petit  territoire  qui  eft  une  dépendance 
du  Comté  de  Bure,  &  qui  appartient  à  la  maifon  de 
Nallàw, 

ISSENGEAUX,  ou  ISSIGNAUX.  Bourg  de  France, 
firué  dans  le  Vêlai ,  à  une  lieue  de  la  Loire  &  à  deux 
de  la  ville  du  Puy ,  vers  le  levant.  Enjïgenjlum. 

ISSER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  C'eft  haulfer  les  voiles 
ou  la  vergue,  &  les  faire  monter  au  haut  du  mat. 
Attollcre.  Voyez  Hisser. 

ISSI.  Village  de  France  dans  l'Illc  de  France,  auprès  de 
Paris.  On  dit  qu'il  doit  Ion  nom  à  la  Déelfe  Ilis  qui  y 
avoit  un  temple. 

ISSINI.  Le  Royaume  à'Iffîni  eft  dans  la  Guinée.  Iffl- 
nium.  Il  ne  s'étend  qu'à  deux  ou  trois  lieues  dans  les 

Nn 


^%^  ISS. 

tmes,  fur  dix  ou  douze  de  côté,  &  ne  contient  que 
dix  ou  douze  villages.  Le  principal  de  tous ,  nomn.e 
Airoco  ou  Alîuco  ,  où  le  Boi  rélide,  ell  litue  dans  une 
île,  &  compote  d'environ  deux  cents  cales  qui  tonc 
mille  ou  douze  cents  âmes.  La  terre  eft  balle  &  n'elt 
*  qu'un  Cible  blanc  &  aride  qui  porte  néanmoins  de 
l'herbe  propre  à  nourrir  des  troupeaux  ,  li  les  Ncyrcs 
en  vouloient  avoir.  Elle  eft  meilleure  dans  les  îles  que 
forme  la  rivière.  Il  y  croit  désignâmes^  des  patates, 
des  bananes ,  des  cocos ,  des  palmiers ,  des  caroliiers , 
des  papayers,  &c. 
IssiNi ,  eft  auffi  une  rivière  qui  arrofe  le  pays  de  même 
nom  ,  en  Afrique.  Iffinius  Flavius.  La  nvicre  Aijjun 
eft  un  des  plus  beaux  fleuves  d'Afrique.  Les  Nègres 
difent  qu'à  fix  grandes  journées ,  en  remontant  vers 
lafource,  elle  eft  bouchée  par  de  grands  cochers,  de 
deilus  lefquels  elle  coule  &  forme  une  cafcade  admi- 
rable; enfuite  elle  eft  navigable  par  tout  &  fe  icpand 
bien  avant  dans  le  pays  &  jufqu'au  delà  de  500  lieues. 
Le  P.  Loyer.  Relation  du  R.  dlflini. 
ISSÎNOIS ,  OISE.  f.  m.  &  f.  Habitant  du  Royaume  d  II- 
lini ,  dans  la  Guinée,  'ijjinenfis  ,  IJJinictiJis .  Les  Iff^ 
noïs  ne  font  point  originaires  du  pays  qu'ils  habitent. 
Ils  y  font  venus  d'une  contrée  plus  orientale.  Lesna- 
turels  du  pays  s'appellent  Vétérez.   Les  IJjinois  font 
bien  faits,  d'une  belle  taille  &  bien  proportionnes. 
Ils  ont  un  grand  fom  d'entretenir  la  blancheur   de 
leurs  dents,  en  les  frottant  continuellement  avec  un 
certain  bois  qui  naît  en  leur  pays,  &  ils  ne  lont  pas 
moins  curieux  du  noir  de  leur   peau  qu'ils  trottent 
tous  les  jours  avec  du  charbon  broyé  &  délayé  dans 
de  l'huile  de  palme.  Ils  ont  de  l'efprit ,  l'œil  vif;  ils 
font  fins ,  adroits  ,  menteurs,  voleurs ,  avares.  Voyci 
la  Relation  du  R.  P.  Loyer.  Les  Iffimïs  font  étran- 
gers par  rapport  au  pays  qu'ils  habitent.  Il  n'y  a  pas 
lonsçtems  que  les  anciens  habitans  les  reçurent  dans 
la  v'ue  de  s'en  fervir  contre  un  autre  peuple  qui  les 
maltraitoit'  ,   quoiqu'ils  lui  eulfent   donné   retraite 
chez  eux.  Les  i//Z«ow  vengèrent  les  anciens  habitans; 
mais  leur  reconnoillance  n'alla  pas  plus  loin,  &  ils 
devinrent  à  leur  tour  des  hôtes  fort  incommodes.  Il  y 
eut  quelques  guerres  entre  les  anciens  habitans  cv 
eux  ,  &  à  la  tin  ils  demeurèrent  par  accommodement 
m.a;tres  de  la  contrée  qu'ils  occupent  fur  le  bord  de 
la  mer ,  &  l'ancien  peuple  qu'on  nomme  'Vétérez , 
Te  retira  dans  les  terres  le  long  de  la  grande  rivière  qui 
arrofe  le  pays.  P.  Loyer. 

La  Religion  des  Ijfinoh  contîfte  à  reconnoitre 
Dieu  ,  créateur  du  ciel  c^'  de  la  terre ,  <Sc  honorer  avec 
beaucoup  de  fuperftkion  leurs  Fétiches.  Foye^  Féti- 
che. Ils  croient  la  métempfychote  &c  une  révolution 
perpétuelle  des  âmes  en  ce  monde  &  en  un  autre. 
ISSIR,  v.  n.  'Vieux  mot,  qui  fignilîoit  autretois  for- 
tir,  &  qui  n'eft  plus  en  ufige.  Prodirc.  Vljfuc  prof 
pcre  ,  &c  vient  à'ijfir  qui  eft  aboli.  La  Bruyère  ,  à  la 
fin  du  chapitre  de  quelques  ufages. 

Ce  verbe  faifoit  au  futur  j'yftrai ,  tu  y ftras  ^  il  yftra  , 
nous  yltronsj  vous  yltrez,  ils  yftront;  car  on  l'écri- 
voit  par  un  y.  Ec  à  ce  pourra  le  Roi  délivrer  tant  de 
pouvrcs  prinfonniers  qui  ont  été  prins  au  tervice  de 
Dieu  &  dufien,  qui  jamais  n'en  x/Zrowr^  s'il  n'en  va 
aintî.  JoinVii-LE. 
ISSOIRE.  Icciodorum,  Iciodorum ,  Iciodnim.  "Ville  de 
France  ,  dans  la  Baffe-Auverne  ,  fur  la  rivière  de 
Couze ,  tout  auprès  de  l'Allier ,  entre  Clermont  & 
Brioude.  Maty.  FoyeiYûoïs,  Not.  Gall.  p.  24p. 
long.  20.  d.  s  s'-  I  •"•  '-^t.  45.  d.  3  3'.  56". 
ISSON.  f.  m.  Terme  de  Marine.  On  appelle  IJfons , 
des  cordages  blancs  de  cinquante  bralles  de  long  &c 
de  quatre  pouces  de  grotfeur ,  qui  fervent  à  ijjer  l'an- 
tenne. 

Ce  mot  vient  de  i^r  qui  eft  Tufage  auquel  les  cor- 
dages aDpclés  iffons  font  deftinés. 
ISSOUDÛN.  Nom  d'une  ville  de  France.  Extlodunum, 
Exolidinum  ,  Exoldurmm ,  Eifoldunum ,  EJfodunum  , 
Effoldunum  ,  Iffoldunum ,  Iffuldunum.  Elle  eft  dans 
le  Berri ,  fur  la  rivière  de  Thiols ,  à  fept  lieues  de 
Bourges  ,  du  côté  du  couchant.  Quelques  Géogra- 
phes prennent  Iffoudun  pour  l'ancienne  Ernodorum  ^ 


I  S  T 


ville  de  la  Gaule  Celtique  ,  que  d'autres  placent  à 
Saint  Ambrois  lur  Arnon ,  village  du  Bcrti.  l^oyei 
Valois.  Not.  GalL  p.  i po.  long.  18.  d.  39'.  49".  ht. 


ISSOUDUNOIS  OISE.  Qui  eft  A'IJjouduri.  Exoldunen- 

fls ,  JJJbldunenfis. 
ISSU  ,  LiE.  part,  qui  fe  dit  en  Généalogie  de  ceux  qui 
font  nés  ,  defcendus  de  tels  ou  tels.  Ortus,  Ce  mot 
vient,  auffi  bien  que  le  fuivant,  du  verbe  ijpr,qm 
n'eft  plus  en  ufage.  Il  n'y  a  que  les  enfans  légiti- 
mes :,  ijjus  en  légitime  mariage,  qui  héritent.  Ceux  qui 
font  ijjus  de  noble  race  ont  un  avantage  que  npnt 
pas  ceux  qui  font  ijjiis  de  pauvres  parens.  Fulîiez- 
vous,  ijjii  d'Hercule  en  droite  ligne.  Boit.  Les  Rois 
dont'  il  eft  iffu ,  ont  acquis  le  titre  de  i  rès-Chré- 
tiens.  Pat.  '^fS  On  dit  coulîns  ijfus  de  germain  ^  ou 
lîmplcment  ijjlts  de  germain  ,  pour  dire  les  entans 
des  deux  coulîns  germains. 
ISSUE,  f.  f.  Lieu  par  où  l'on  peut  Ibrtir.  Exitus.  On 
a  fait  une  nouvelle  ijjue  au  palais  qui  dégage  de 
beaucoup  d'embarras.  On  a  bouché  toutes  les  entrées 
&  les  ijjues  de  cette  ville.  Il  commanda  d'environ- 
ner la  maifon,  de  peur  qu'il  n'échappât  par  quelque 
ijjue  dérobée.  "Vaug.  Le  fceau  d'Hermès  ne  lailfe 
aucune  iffue  à  la  vapeur  la  plus  fubtile.  Un  labyrin- 
the n'a  qu'une  iJJue  'difricile  à  trouver.  Pendant  que 
le  fuc  le  plus  pur  des  alimens  pallé  de  l'cftomac 
dans  les  canaux  deftinés  à  faire  le  chyle  &  le  fang, 
les  parties  grofticresdc  ces  mêmes  alimens  font  tcpa- 
récs  comme  le  fon  l'eft  de  la  Heur  de  la  farine  par 
un  tamis  ,  &  elles  font  rejertées  en  bas,  pour  en, 
délivrer  le  corps ,  par  les  ijjues  ks  plus  cachées  & 
les  plus  reculées  des  organes  des  fens,  de  peur  qu'ils 
n'en  foient  incommodés.  FÉnel. 
Issue  ,  fe  dit  aufti  de  la  fortic  ,  du  temps  où  l'on  fort. 
Les  criées  fe  doivent  faire  alijfue  de  la  méfie  paroif- 
lîale.  J'irai  vous  voir  à  l'ijjue  du  dmer. 
Issue  ,  fe  dit  tîgurément  en  chofes  morales,  du  fuccès 
de  l'événement  des  aftaires.  On  n'a  jamais  bonne 
ijfue  d'une  enrrprife  téméraire.  Elles  's'enqueruienc , 
quelle  avoir  été  l'iffue  du  combat.  "Vaug.  Saint  ^aul^l 
dk  que  Dieu  nous  donne  avec  la  tentation  ,  \'ij[fue.*^ 
Nous  n'avons  qu'une  entrée  poru"  venir  au  monde,  ' 
ëc  nous  avons  cent  ijfues  pour  en  fortir.  Bonne, 
mauvaife  iffue. 
Ip'  On  le  dit  aulli  des  expédiens  pour  fortir  d'une 
aftaire.  Je  ne  vois  point  d'ijjuek  cette  aftaire. 

Ce  mot  vient  du  Latin  exire.  Vous  leur  ferez  voir' 
les  iffues  funeftes  de  leurs  deffeins.  Bouh.  On  s'em-: 
barque  tans  y  prendre  garde  fous  des  prétextas  de' 
piété  dans  des  dilhpations  qui  n'ont  nulle  tîn  ,  ni  nulle 
iJfue  que  celle  de  la  vie.  Cela  s'appelle  vouloir 
mourir  dans  l'agitation  ,  &  non  poirit  dans  la  paix. 
Ai.  de  la  trape. 

Droits  d'iffue  &  d'entrée  ,  dans  quelques  coutumes 
font  les  lods  &  ventes ,  honneurs  ,  &  autres  droits 
fcigneuriaux  qui  fe  payent  au  Seigneur  cavier,  ren-.' 
tier,  ou  ceniiiel  &  direét  ,  par  le  vendeur  &  par 
rachereur  de  l'héritage  aliéné  ,  &  redevable  envers 
quelque  Seigneur  foncier  pour  le  vcft  &  déveft  ,  fai- 
fine  ,  défaifme.  On  appelle  en  Latin  ce  droit  des 
noms  fuivans  ,  ingrejjus  ,  imroitus ,  honorarius.  Les 
Empereurs  Romains ,  quand  ils  étoient  élus  ,  fai- 
foient  aux  foldats  un  prélent  pour  leur  entrée ,  ou 
leur  avènement  à  l'Empire  ,  ce  prêtent  s'appelok 
Augujlaûcum. 
#3"  Issues  ,  en  termes  de  Boucherie  &  de  Cuitine, 
fe  dit  des  extrémités  iSc  des  entrailles  de  quelques 
animaux.  Les  pieds ,  la  tête ,  la  queue  ,  le  cœur  ,  le 
foie ,  le  poumon  ,  la  rare ,  &c.  Trunculi.  TruncuU 
anfeVis  ,  petite  oie  ,  ijJue  ,  les  pieds ,  les  bouts  des 
ailes  ,  la  tête  ,  le  cou.  Mangar  une  iffue  d'agneau. 
IS  SUR-TILLE.  Petite  ville  de  France  en  Bourgogne, 
fur  la  rivière  d'Ignon ,  près  de  la  Tille ,  avec  Mairie, 
grenier  à  Sel,  &  un  HôpitaL 

I  S  T. 
ISTACHAR,  ou  ASTACHAR.  C'cft  la  même  diofe 
qu'Eftarke 


I  s  T 

ISTARBA.  Ville  d'Alîc  d.ms  JcKorcan. 
ISTHÉCHIA.  Petuc  ville  de  h  Moiéc.  IJIechia.Ble cd 
iituce  dans  le  pays  des  M.iiiiottes  ,  près  dti  golfe  de 
Coron  ,  à  deux  lieues  de  Chialifa  ,  du  -côté  du  midi. 
Quelques  Géographes  la  prennent  pour  la  petite  ville, 
nommée  anciennement  Lcuctra   Se    Leucirum  ,  que 
la  plupart  mettent  à  Marina.  Matv. 
ISTÉVON  ,    ONE.   Nom  d'un  ancien  peuple  de   la 
Germanie.  IJî^vo.  Les  IJlevons  étoicnt  au  couchant 
des  Hermions,  &  au  lud  des  Vindillcs  ,  ils  étoient 
-  bornés  ailleurs  par  le  Rhin  &  par  la  mer.  Ils  renfcr 
m  oient  tous  tes  autres  peuples  ,   les  Frilieiis ,  les 
Bruftcres  ,  les  Angrivaviens  ,   les   AnfibariènSj  les 
Chamarres,  les  DulgibinienSj  Les  Maries,  les  Tu- 
bantes  ,  les  Alariatiens  ,  les  Sicambres,  les  Ubiens, 
les  TenCtères  ,  les  Juhons  ,    &  les   Martiaques.   Ils 
pollédoicnt  une  partie  de  la  Souabe  ^  une  partie  de 
la  Franconie ,  tout  ce  qu'on    trouve  à  la  droite  du 
Rhin  ,  des    cercles  du  haut  &  Bas  Rhin ,  &   celui 
de  Weftphalie  ,  &  des  Pays-Bas  ,  avec  une  petite 
partie  de  la  Saxe.  Maty. 
ISTHÉMO.  Foyei  ESTHAMO. 
ISTHME,  f.  m.  Terme  de  Géographie.  IJlhmus.  Petite 
langue  de  terre  qui  joint  deux  continens,  ou  une 
cherfonnèfe ,  ou  péninfulc  à  la  terre  ferme,  &  qui 
fépare   deux   mers.    C'eft   un  mot  Grec  qui  fignihe 
encolure  ,  parce  que  cette  terre  repiéfence  un  cou 
qui  joint  la  tête  au  corps.  Les  plus  célèbres  ijlhmes 
font  celui  de  Panama  ,  ou  de  Darien ,  &  ceux  de 
Sucs  ,  de  Corinthe  ,  ou  du  Péloponnèle  ,  ou   de  la 
Moiéc.   Vijlhme  de  la  Tartaiie  Crimée ,  autrement 
ï'ijihmc  de  la  cherfonnèfe  Taurique  ,  qui  a  une  heue 
de  large ,  de  la  prelqu'ile  de  la  Romanie  &  d'Érillo  ^ 
ou  l'ile  de  la  cherfonncle  de  Trace ,   ou  du    mont 
Athos ,  dans  le  Jamboli ,  province  de  Macédoine. 
Il  n'a  que  i  2  ftades  :  c'eft:  celui  que  Xerxès  fît  couper. 
L'//?AOTe  (  de  Corinthe  )  efl:  une  petite  colline  picr- 
reufequi  eft  large  environ  de  dix  milles  ,  &  nous  vî- 
mes en  la  montant,  un  i"ell:e  de  fondement  de  la  mu- 
raille que  les  Grecs  appelloient  Hexamile.  Du  Loir. 
Voyage  de  Lèvent,  p.  340.   L'Afrique  &  l'Afic  ne 
font  jointes  que  par  un   ifihme  qui  cil  au  bout  de  la 
mer  Rouge  au  Sues.  Les  deux  continens  de  l'Amé- 
rique ne  font  joints  que  par  un  ijîhme  vers  Panama. 
On  dit  que  plulieurs    ont  voulu  percer  Vijlhme  de 
Corinthe  ,  ou    du  Péloponnèfe  ,  pour   faire  com- 
muniquer les  deux  mers  j  mais  c'étoit  une  cntreprife 
ridicule  en  un  temps  où  l'on  n'avoir  pas  l'invention 
des  éclufes.  L'IJlhme  de  Corinthe  ,  IJlhmus  Corin 
thianus  ,  efi:  large   d'environ    fix   milles.    Vljlhme 
de  Thrace  ,  Ifihmus  Tracïus  ,  qui  joint  la  Cherfon- 
nèfe à  la  Thrace  ,  a   cinq  mille  de  largeur.  V IJih- 
me  de   Macédoine  ijlhmus  Macedonicus ,   qui  joint 
le  Mont  Athos  à  la  Macédoine  ,  &  que  Xerxès  fit 
percer.   Il  a  quinze  cents  pas  de  large.  Vijlhme  de 
de   la   Crimée  ,    Tauricus    Ifihmus  ,  a  auftl    i  joo 
pas  de  large.  U Ifihme  de  Malaca  dans  l'Océan  orien- 
tal ,  Chryfius  ou  Malacenfîs  ifihmus.    V Ifihme   de 
Sucs ,  qui  eft  entre  la  Méditerranée  &  la  mer  Rouge  , 
&c  joint  l'Afrique  à  l'Afie.  Ifihmus  Arabicus  ,  a  en- 
viron cent-  milles.  VIfihme  de  Panama  ,  ifihmus  Pa- 
namenfis  ,    qui   joint    l'Amérique    Méridionale   Se 
l'Amérique  Septentrionale  ,  a  environ  dix-huit  lieues 
de  large. 

Ce  mot  vient  du  Grec  .'«^ù?  qui  fî^f^nific  la  mê- 
me chofe ,  oppofé  à  m^fin; ,  qui  fîgnifîe  une  mer 
qui  eft  à  l'étroit  entre  deux  terres. 

Les  Anatomiftes  appellent  ihfime  ,  cette  partie 
étroite  de  la  gorge  qui  eft  fituée  entre  les  deux  amyg- 
dales. Ils  l'appellent  auiTî  Détroit. 
ISTHMIEN  ,  lENNE.  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient , 
qui  a  rapport  à  iTfthme  de  Corinthe  ,  ou  du  Pélo- 
ponnèfe. Iflhmius ,  a.  Ce  mot  ne  fe  dit  que  des  jeux 
qu'on  célébroit  dans  l'Ifthme  de  Corinthe  ,  &  des 
Odes  que  Pindare  a  faites  à  l'honneur  de  plulieurs 
de  ceux  qui  avoicnt  remporté  le  prix  dans  ces  jeux 


I  S  ^ 


Tom«  V, 


t  283 

Théféc  ,  dit  que  ces  combats  furent  inftitués  par 
ce  I  fér(;v  a  l'imitation  d'Hercule,  qui  avoir  inftitué 
les  jeux  Olympiens  ;  mais  Archias  ,  dans  la  première 
épigrammc  du  Z.  /  de  l'Anthologie,  dit  qu'ils  le 
furent  par  Mélicerte  ,  ou  Pala:mon,  que  les  Latins 
appellent  Portunus  ;  d'autres  difent  que  l'Inftitutcur 
des  combats  IJlhmiens  fut  Nilis  ,  hls  de  Neptune  ; 
<bc  d'.uitres  que  ce  tut  Sifyphe  ,  frère  d'Athamas  &c 
Roi  de  Corinthe ,  à  l'occalion  que  voici.  Ino  SC 
Athanias  eurent  deux  hls ,  Léarque  &  Méliccitc. 
Athamas  ,  en  fureur,  tua  le  premier;  Ino  fuyant 
la  fureur  de  fon  mari  fe  précipita  du  haut  d'un 
rocher  dans  la  mer  avec  le  fécond.  Un  dauphin  .ap- 
porta le  corps  de  celui  ci  fur  le  rivage  ,  &  Silyphe 
le  lit  inhumer  par  Amphimaquc  &  Donarin.  'v'ers 
ce  temps  la  ,  Corinthe  fut  affligée  dune  violente 
pelle.  L'oracle  confulté  répondit  qu'elle  ne  cclleroit 
que  lorfque  l'on  auroir  tait  un  combat  funèbre  à 
l'honneur  de  Mélicerte.  On  négligea  d'obéir  ,  &  la 
•pelte  augmenta.  Apollon  confulté  de  nouveau  répon- 
dit qu  il  ne  futlifoic  plus  de  rendre  des  honneurs  tu- 
nébriîs  à  Mclicerte  ,  qu'il  falloit  en  établir  de  per- 
pétuels. Silyphe  donc  inllitua  les  jeux  Ifihmiens^ 
l'honneur  de  Mélicerte,  qu'on  honoroit  déjà  comme 
un  dieu  marin.  D'autres  cependant  font  foi  que 
c'étoit  à  1  honneur  de  Neptune  quils  fe  railuienr. 
Quoi  qu'il  en  foit  de  tout  ceci  ,  c'étoit  dans  l'ifthme 
de  Corinthe  qu'ils  fe  celébroient ,  &  c'eft  de  ce  lieu 
qu'ils  prirent  le  nom  A'Ifihmiens.  Archias  dit  dans 
fon  épigramme  ,  que  la  couronne  de  pcrlil  étoit  le 
prix  du  vainqueur  dans  les  jeux  Ifihmiens.  Le  Sco- 
lialle  de  Pindare ,  &  celui  de  \ Argonauticon  d'A- 
pollonius difent  la  même  chofe.  Plutarque  écrit 
dans  fes  Propos  de  Table ,  Sympociaca,  &  Strabon, 
Llv.  VIII ,  que  le  prix  fut  d'abord  une  couronne  de 
pin  j  qu'après  on  la  changea  en  une  couronne  de 
perfil  ,  Se  que  dans  la  fuite  on  reprit  1  couronne 
de  pin.  Voye\  fur  ces  combats  le  Scoliafte  de  Pin- 
dare au  commencement  du  IV^  Livre  de  ce  Poëte. 
Jean  Benoît  Se  Schmidius  au  même  endroit ,  Se 
Broda;us  dans  fon  Commentaire  fur  la  première 
Épigramme  de  1  Anthologie. 

Les  combats  Ifihmiens  étoient  devenus  fi  célè- 
bres ,  fî  facrés  ,  qu'après  la  deflrudlion  même  de 
Corinthe  ,  on  donna  aux  Sicyoniens  la  charge  de 
les  continuer.  Outre  la  couronne  dont  nous  avons 
parlé ,  on  afligna  encore  dans  la  fuite  une  récom- 
penfe  de  cent  drachmes  en  argent.  Le  concours  y 
étoit  il  grand ,  qu'il  n'y  avoir  que  les  principaux 
des  plus  fameufes  villes  qui  pullent  y  avoir  place. 
Athènes  n'avoir  d'efpace  qu'autant  que  la  voile  du 
navire  qu'elle  envoyoit  tous  les  ans  à  Delos  en  pou- 
voir couvrir.  Solin  s'eft  trompé  ,  quand  il  a  dit ,  c .  7  , 
que  ces  jeux  ne  fe  faifoient  que  tous  les  cinq  ans } 
c'étoit  tous  les  trois  ans.  Voye-^  Saumaife  fur  cet 
Auteur  ,  Se  P.  Faber  ,  Agomfi.  C.  Pajchalius  de 
Coronis  ,  L.  IF,  c.  21  ,  Gafp.  Barthius  fur  Stace, 
I.  FI,  V.  /4. 

Les  Ifithmiennes  font  le  quatrième  Livre  des  Odes 
de  Pindare  ,  intitulé  Ifihmia  on  Ifimionicis. ,  Se  faites 
à  l'honneur  des  vainqueurs  dans  les  jeux  Ifihmiens. 
ISTHMION.  f.  f.  Terme  d'Antiquaire.  Efpèce  de 
coofture  des  femmes  chez  les  anciens  Grecs  :  orne- 
ment qui  ceignoit  Se  couronnoit  la  tête.  Ifihmium  j 
Ifihmiaca  ,  orum.  La  tête  couronnée  de  VIfihmion. 
Baudelot  ,   HJl.  de   Ptol.  Aul.  p.   II ,    C.    8  ^ 

P-  34P- 

ISTHMIQUES.  adj.  m.  Se  pi.  Les  jeux  Ifihmiques 
étoient  des  jeux  qu'on  célébroit  tous  les  trois  ans 
dans  la  Grèce  j  à  l'exemple  des  jeux  Olympiques. 
IJlhmica.  Ils  furent  inftitués  par  Sifyphe  ,  Roi  de 
Corinthe ,  à  l'honneur  de  Mélicerte ,  environ  treize 
cents  cinquante  ans  avant  la  nailîance  de  JÉsus- 
Christ.  On  les  appeloit  Ifihmiques  ,  parce  qu'on 
les  célébroit  dans  l'Ifthme  de  Corinthe  ,  près  du 
temple  de  Ncprune.  Plulieurs  difent  IfihmLens. 
Fûye\  ce  mot. 

ISTIGIAS.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  grande  Tar- 
tarie.  Ifiigiafa,  Elle  eft  dans  la  Mawiralnaha ,  au 

Nn  ij 


284  I  T  A 

ieptenrrion  de  Briifdafcan.  Quelques  Géograplies  îa 
prennent  pour  l'ancienne  capitale  de  la  Baélriauc  , 
jioinmée  Charïafpa  ,  Zariafpa  &c  Baclra  ,  que 
d'autres  mettent  a  I3alch.  Mat  y. 

ISTIMON.    Voyei  HsTHAMO, 

ISTRES.  Ancien  bourg  de  la  Provence  ,  Province  de 
France.  A(iromela.  Il  cil  lur  le  bord  occider.tal  de 
la  mer  de  Martigues  ,  près  de  la  folié  Crapone  j  à 
deux  lieues  de  Berre  ,  &  un  peu  moins  de  Terriére, 
vers  ie  couchant.   Maty. 

ISTRIA  ou  ISTRIE.  Ville  de  l'Etat  de  Vcnife  ,  &  ca- 
pitale de  11  Itrie.  Caput  IJIn£;on  la  nomme  Capo 
d'iftria.  Elle  ell  fituée  fur  une  petite  île  du  golfe  de 
Triefte  ,  &  jointe  à  la  terre-ferme  par  des  ponts  le- 
vis.  Cap o  d^IJIria  ,  qm  a  un  Évèchc  lutiragant  d'A- 
quilée  ,  fut  nommée  anciennement  ^gida.  Elle  prit 
cnfuite  le  nom  de  Jujîinopolis  ,  à  1  honneut  del  Em- 
pereur Juftin  qui  la  rétablit. 

ISTRIE.  Nom  d'un  pays  de  l'Italie.  Iftria.  Il  s'avance 
en  forme  de  pielqu'ile  dans  le  golfe  de  Venife  ,  ayant 
au  nord  les  montagnes  délia  Vena ,  &  la  rivière  de 
Rifano  ,  avec  le  petit  golte  de  Muglia  ,  où  elle  (e 
décharge  ,  qui  le  {épatent  de  la  Carniole  &  du  F rioul .. 
où  ell  Triefte  Se  fon  territoire  ,  quoique  quelques 
Géographes  la  renferment  dans  Vlfirie.  L'air  de  ce 
pays  eft  fort  groiiler  ,  principalement  vers  les  côtes  ; 
Je  terroir  produit  abondamment  du  vin ,  de  l'huile , 
des  p.uurages ,  Se  du  bois  propre  à  conftruirc  des 
jiavires  ;  on  y  trouve  aulîi  àcs  carrières  de  beau  mar- 
bre. Les  Vénitiens  pollcdent  pour  le  moins  les  deux- 
tiers  de  ce  pays.  Ils  ont  toutes  les  côtes  ,  depuis  la 
petite  ville  de  Muglia  ,  jufqu'à  celle  de  Fianone. 
On  y  trouve  Capo  d'Iftria  ,  capitale  &  réildence  du 
Gouverneur;  Purano  ,  Citta  Nova,  Parenzo,  Ro- 
vigno  j  Pola  Se  Albona  ;  &c  dans  les  terres  ils  tien- 
jienrS.  Laurcnzo  j  Montona  j  le  Marquiftt  de  Pié- 
tra  Felola ,  avec  tour  ce  qui  ell  au  midi  &  au  cou- 
chant de  ces  places.  La  mailon  d'Autriche  poll'éde 
ce  qui  ell  vers  l'orient  leptentriojial  ,  où  Ton  trouve 
Pedana,Pifino  ,  Colliac  ^  Polana,  S.  Weit,  Se  quel- 
ques autres.  Maty. 

ÎSTRIE.  (  Rose  d"  )  Foy.  Rose. 

ISTRIEN ,  ENNE.  f.  m.  Se  f.  Nom  de  peuple.  Qui 
ell  d'Illrie.   IJlrius  _,  a. 

Bientôt  aux  yeux  de  tous  fe  s  flammes  lumlncufes 
Montrent  les  Illrieas_y7</'  des  roches  affrcufcs. 

Brébeue. 

ÎSTROPOLE.  IJlropolïs.  Ancienne  ville  fur  la  mer 
Noire  ,  à  l'embouchure  du  Danube  ,  c'étoic  une 
peuplade   de   Miléliens. 

I  T. 

IT  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  que  les  Igu- 
l'éens  donnent  à  l'onzième  Giagh  de  leur  cycle  duo- 
dénaire  d'HEr<.BELOT  ,  Bïhl.  Orient  p.  jo6.  Iguno- 
rumcydi pars  undccima.  C'ell  aullî  le  nom  de  l'on- 
zième de  leurs  figncs  ccleftes  ,  Se  de  l'onzième 
heure  du  jour.  Ce  mot  en  leur  langue  lignifie 
chien. 

I  T  A. 

ITA  EST.  Termes  Latins  qui  veulent  dire  ,  cela  efi 
ainjl.  On  les  emploie  dans  la  pratique  des  afîaires 
en  cette  manière.  Lorfqu'un  Notaire  qui  a  reçu 
\\'\  contrat  ell  décédé  ou  ablent ,  le  Scelleur  du 
Chàtelet  qui  a  un  regiftre  fur  lequel  font  toutes  les 
fignatures  de  chaque  Notaire  ,  met  lur  l'expédition 
ita  efl ,  après  qu'il  en  a  vu  la  minute  j  cela  lient 
lieu  de  fignature.  On  donne  un  genre  malculin  à 
ces  mots  ,    &  on  dit  le  Scelleur  a  mis    fon  ita  efi. 

ffT  Ainfi  X'ita  efi  efl  un  certificat  mis  au  bas  de  l'ex- 
pédirion  faite  après  la  mort  ou  pendant  l'abience  du 
Notaire  qui  a  reçu  la  minute  de  l'aéle  \  par  lequel 
certificat  le  Scelleur  attefle  que  ce  qu'il  figne  ,  & 
fcelle  du  tceau  duChàcclet,  ell  véritable,  &  qu'on 
doit  y  ajouter  loi. 


A 


§3"  Cet  Orficicr  s'appelle  quelquefois  Tta  efi  du  Chà- 
telet ,  &  l'on  dit  chez  les  Notaires,  l'aile  eft  chez 

„   Vlta  efi, 

ITABERAÇA.  Nom  d'un  village  d'Indiens  du  Para- 
guay ,  dont  les  habitants  ont  fait  une  ville  en  fc 
conveitillant  à  la  Foi.  Itaberaca.  Voyez  Hifi.  Paraq. 

L.  m ,  c.  32. 

^3°  ITABU.  L  iTi.  Arbre  du  Japon ,  clpèce  de  figuier 
fauvagc  ,  dont  le  fruit  ell  de  couleiu  purpurine ,  & 
la  ieuille  longue  de  quatre  ou  cinq  doigts  ,  terminée 
en  pointe  &  lans  découpure. 

ITACLE.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Cordage  qui  eft 
amarré  par  en  haut  au  milieu  d'une  vergue  contre 
les  racages ,  Se  va  palier  par  l'encomade  ,  qui  Icrt 
à  faire  couler  la  vergue  le  long  du  mât.  Antennt 
[unis  helciarius.  Ce  mot  s'écrit  diverlemeiit ,  itaque  , 
étagle  ,  étaque  ,  ifiacle  &  fiague  ;  itdgue  j  étague  , 
font  plus  en  ufage  que  les  autres  mots.  Itague 
de  la  grande  vergue ,  ou  grande  itague  :  itague  de  la 
vergue  de  grand  hunier;  itague  de  grand  perroquet: 
de  niiléne  :  itague  de  la  vergue  d'artimon  ,  c'efl  une 
itague  limple  :  itague  de  la  vergue  de  perroquet  de 
longue  :  itague  de  la  vergue  de  civadière  :  itague  de 
perroquet  de  beaupré  :  itague  de  palan:  faulîe  itague 
ell  une  manœuvre  qui  eft  ordinairement  frappée  au 
côté  gauche  du  vailleau  ,  Se  va  palier  par  une  poulie 
au  derrière  du  mât  de  hune  ,  &  va  le  joindre  a  la 
drille  du  hunier  par  une  poulie  de  palan.  Son  uiage 
ell  de  icrvir  à  hiller  le  humer,  Se  par  occafion  à 
citer  le  mât  de  hune.  ftCF  C'ell  une  manœuvre  cou- 
rante qui  pallc  dans  deux  fortes  poulies  à  la  tête  de 
chaque  mât  de  hune  ,  &  de-là  dans  une  autre  pou- 
lie lur  la  vergue  de  hime  ,  (  où  elle  fait  quelquefois 
dormant  ):  delà  elle  le  fixe  lur  les  poulies  de  drille 
de  chaque  côté  :  elle  fcrt  à  hiller  les  huniers  dont 
elle  porte  tout  le  poids.  Il  y  a  des  itagues  de  perro- 
quet ,  de  grand  foc  j  &c.  En  un  mot  toutes  les 
mana-uvres  qui  ne  font  miles  en  aélion  que  par  une 
autre  plus  courante  ,  s'appellent  Itagues. 

ITAGUE,  ITAQUE  ou  ÉTAGUE.  Foyei  l'art,  pré- 
cédent. 

ITAL  ,  ALE.  adj.  Vieux  mot.  Tel. 

ITALA  ou  AT  AL  A.  Nom  d'un  bourg  de  Sicile. 
Jtala  ,  Atala.  Il  eft  fitué  dans  la  vallée  de  Démona  , 
entre  Melline  Se  Toarmine.    Maty. 

ITALE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuples.  Italien ,  habitant 
d'Itahe.  Italus.  Il  faut  dire  Italien  en  parlant  des 
temps  préfens.  Itale  ne  fe  dit  que  de  l' Antiquité  , 
(Se  fur  tout  des  premiers  habitans  de  l'Italie  ,  depuis 
qu'elle  a  porté  ce  nom. 

Chacun  quitte  fon  pofie  ,  &  d'une  force  égale 
On  voit  cingler  fur  l'onde  &  le  Grec  &  /'Italc . 

Brébeuf. 

tfT  ITALIANISER,  v.  a.  Se  dit  proprement  des  Ita- 
liens qui  inttoduifent  des  mots  étrangers  dans  leur 
langue  ,  en  leur  donnant  la  teruimaifon  Se  i'in- 
Hexion  de  cette  même  langue. 

§3" Italianiser,  s''eft  dit  parmi  nous  pour  introduire 
dans  notre  langue  des  mots  Italiens.  Du,  temps  de 
François  I  ,  plufieurs  courtilans  introduiloient  dans 
notre  langue  quantité  de  mots  Italiens.  Pour  s'op- 
pofer  à  cet  abus  ,  Henri  Etienne  publia  en  1J7S 
deux  dialogues  du  nouveau  langage  italiani/e ,  ôc 
autrement  déguilé  par  les  courtilans  de  ce  temps. 

§3"  S'Italianiser  .,  Prendre  les  manières  d'Italie  , 
foit  pour  le  langage  ,  foit  pour  les  modes  du  pays. 

|tr Italianisé  _,   ée.  parc.   &  adj.  François  italianife. 

ITALIANISME,  f.  m.  Façon  de  parler  Italienne. 
Menagiana. 

ITALIE.  Nom  d'une  gtande  région  de  l'Europe.  Italia. 
Elle  a  pris  fon  nom  ou  d'Italus ,  un  des  Rois  qui  ont 
régné,  ou  de  ces. bœufs  que  les  Grecs  nommoient 
haies.  Elle  a  porté  anciennement  plulleurs  autres 
noms  ,  comme  celui  de  petite  Hefpétie  ,  pour  la  dif- 
tiiiguer  de  l'Efpagne  ,  qu'on  nommoit  la  grande 
Hefpérie  ,  Se  ceux  de  Saturnie  ,  d'Œnotrie  &  d'Au- 
fonic.   Elle  eft  au  milieu  de  la  Zone  tempérée  se- 


I  T  A 

lendant  entre  le  trente  fcpt  Se  le  quar.xnte-fixicmc  de- 
gré de  Luitudc  (cptennioiiale  ,  &c  entre  le  vingt  cinq 
ik.  k  qu.uantieaie  de  longitude.  On  lui  donne  deux 
cens  quarante  lieues  de  loiigucur  ,  depuis  les  confins 
de  la  Savoye  ,  julqu'à  l'exciéinité  du  Royaume  de 
Naples;  pour  (a  largeur  elle  elt  li  Korc  inégale  ,  qu'on 
n'en  peut  pas  donner  une  jufte  idée,  L'Italie  c[\.  très- 
forte  par  la  nature  de  la  lituatioii  ;  c'ell  une  pre(- 
qu'ile,  bornée  au  couchant,  en  partie  au  nord, 
par  les  hautes  montagnes  des  Alpes ,  &c  baignée 
ailleurs  par  la  mer  Méditerranée.  Elle  ell:  la  plus  cé- 
lèbre région  de  l'Europe  ,  ayant  été  anciennement 
le  lîége  de  l'Empire  Romain  j  &  Rome  ,  fa  capitale  , 
étant,  depuis  l'établillèment  du  Chriftianilme  ,  le 
fiégedu  premier  'Vicaire  de  Jésus-Christ.  L'Icalic  elt 
belle  ,  on  la  nomme  le  Jardin  de  l'Europe.  L'air 
y  eft  fort  tempéré  &  fort  (ain  ,  à  la  rélerve  de  l'É 
tat  Eccléhaftiquc  où  il  eft  allez  grollier.  Le  terroir 
elt  tort  fertile  j  il  produit  abondamment  du  blé  ,  du 
riz  ,  du  vin  ,  de  l'huile  ,  des  oranges,  des  citions  , 
des  grenades,  toutes  fortes  de  fruits  "-c  de  Heurs,  du 
miel ,  de  la  foie  j  &  même  du  coton  &  du  lucre 
dans  le  Royaume  de  Naples.  Ses  forets  fourniilent 
toute  forte  d&  gibier  ,  &  les  montagnes  de  beaux 
pâturages ,  où  l'on  nourrit  quantité  de  bcftiaux.  On 
y  trouve  encore  des  mines  de  foufrc  ,  de  fer  ,  &■ 
même  d'or  &  d  argciit  ;  pluaeurs  carrières  d  albâ- 
tre ,  de  jafpe ,  ik  de  toutes  les  efpéces  de  marbre. 
L'Italie  eft  montagncute;  outre  les  Alpes  qui  Ten- 
vironnenr  vers  le  couchant  ,  6c  en  partie  vers  le 
nordj'clle  a  l'Apennin  qui  la  traverfe  du  couchant 
au  levant  ,  le  Mont  Vefuve  ou  di  Somma  ,  qui 
vomit  des  flammes  ,  le  Mont  Gargan  ,  &c.  Ses  prin 
cipales  rivières  font  le  Po ,  le  Tibre  ,  l'Arno  ,  l'Addi 
Se  l'Adige  ,  auxquels  on  peut  ajouter  le  Tclin ,  la 
Dora ,  la  Sellîc  ,  l'Oglio ,  le  Tajamento  ,  le  Ta- 
naro  j  le  Gariglan  ,  ù'c.  Il  y  a  pluiîeurs  grands 
lacs ,  le  lac  Majeur,  ôc  ceux  de  Lugano ,  de  Como, 
d'Iféo,  de  Garda,  de  Pérugia  ,  de  Bolféna,  de  Brac- 
ciano  ,  de  Célano  ,  &c.  Comme  l'Italie  repréiente 
allez  la  forme  d'une- botte  ,  cela  a  donné  lieu  à  la 
divifcr  en  trois  parties  générales,  i".  La  genouillière 
de  la  botte  ,  qui  renferme  toute  l'ancienne  Lombar- 
die.  1°.  Le  haut  de  la  jambe ,  où  font  les  États  de 
l'Églifé&  de  Tofcane.  3°.  Le  bas  de  la  jambe  &:  le 
pié  ,  qui  font  le  Royaume  de  Naple-s.  On  y  met 
ordinairement  une  quatrième  partie  ,  qui  comprend 
les  îles  d'Italie ,  dont  la  Sicile  ,  la  Sardaigne ,  la 
Corfe  ,  &  les  îles  de  Lipari  font  les  principales. 
Ces  contrées  renferment  un  grand  nombre  d'États 
fouverains.  |K?  L'Empereur,  ci  devant  Duc  de  Lor- 
raine pofléde  la  Tofcane  ,  le  Duc  de  Savoie  la  Sar- 
daigne. f).  Philippe  fils  de  Charles  III ,  Roi  d'Ef- 
pagne ,  Naples  ôc  Sicile.  D.  Philippe ,  Parme  ,  Plai- 
fance  &   Gualtalla. 

Le  Roi  de  France  y  polTéde  la  Principauté  de 
Monaco  ;  il  avoit  aulll  Pignerol  ôc  fon  territoire , 
qui  fut  rendu  au  Duc  de  Savoie  par  la  paix  de  1 696. 
Outre  ces  États  poifédés  par  des  Princes  étrangers, 
on  y  voit  encore  ceux  du  Pape  ,  de  la  République 
de  Venife ,  ôc  de  celle  de  Gènes.  De  plus  ,  il  y  en  a 
plutîeurs  moindres  ,  qui  font  les  Républiques  de 
Lucques  ôc  de  S.  Marin  ;  les  Duchés  de  Maffa , 
de  Guaftalla ,  de  Sabionette ,  de  la  Mirandole ,  que 
TEmpereur  tenoit  de  Bracciano  ;  le  .Comté  de  No- 
vellare  -,  les  Principautés  de  Bozzolo  ,  de  Malferan  , 
de  Piombino  ,  de  Caltiglione  &  de  SoUarino  ;  ôc 
les  Marquifats  de  Fofdinovo  j  ôc  del  Monts.  Il  n'y 
a  point  de  pays  en  Europe  ,  où  l'on  foit  fi  avide  de 
grands  titres  qu'en  Italie  :  tout  y  eft  plein  de  Princi- 
pautés ,  de  Duchés  ,  de  Comtés  ,  de  Marquifits, 
&c.  Un  petit  Fief  luffit  pour  acquérir  ces  illaftres 
titres.  Les  Archevêchés  &  les  Évêchés  y  font  aulïï 
fort  nombreux.  Il  y  a  plufieurs  Univerlités ,  dont 
les  plus  célèbres  font  celles  de  Salerne ,  de  Naples , 
de  Rome  ,  de  Fermo  ^  de  Macérata  ,  de  Boulogne , 
de  Ferrare  ,  de  Sienne  ,  de  Pife  ,  de  Turin  ,  de 
Pavre  ,  de  Padoue  ôc  de  Venife.  Il  n'y  a  prefque 
point  de  ville  qui  n'ait  une  Académie,  toute  lltu- 


I    '^ 


1  A  285» 

lie  a  une  langue  commune  tirée  du  Latin,  de  mê- 
me que  la  Fran(,oife  ÔC  l'Efpagnolc  ;  ôc  elle  e(t  plus 
pure  dans  la  Tofcane  ^  qu'en  aucun  autre  lieu. 
L'Inquilition  elt  établie  dans  tous  les  États  de  l'Ita- 
lie, pour  y  conferver  la  Religion  Catholique  dans 
fa  pureté.  Il  y  a  pourt.ùit  encore  quelques  Vaudoiî 
dans  le  Piémont ,  ôc  quelques  Réformés  étrangers 
dans  les  villes  maritimes ,  où  on  les  foulfrc  à  caufc 
du  commerce.  Les  Juifs  y  ont  des  Synagogues  juf- 
quesdans  Rome.  On  t'ouilrc  auiîi  dans  Rome  même, 
que  les  Grecs  ôc  les  Arméniens  Catholiques  y  f^f- 
fcnt  l'exercice  de  la  Religion  ,  félon  le  rit  de  leur 
pays.  Rome  eft  la  capitale  de  l'Italie ,  ôc  l'emporte 
fur  toutes  fcs  autres  villes  en  antiquité  ôc  en  auto- 
rité. On  diltinguc  les  principales  villes  d'Italie ,  par 
des  qualités  qu'on  leur  a  données,,  Se  l'on  appelle 
Rome  la  Sainte ,  Naples  la  Noble  j  Florence  la 
Belle,  Gènes  la  Superbe,  Milan  la  Grande  ^,  Ra- 
venne  lAncienne,  Venife  la  Riche  ^  Padoue  la  Doéte, 
Boulogne  la  Grade  ,  Livourne  la  Marchande  ,  Vé- 
rone la  Charmante  ,  Lucques  la  Jolie ,  &  Cafal  la 
Forte.  Celle-ci  a  perdu  fbn  titre  avec  fes  fortifica- 
tions, fa  citadelle  ôc  fon  château  l'an  1694.  En  Ita- 
lie on  compte  les  heures  autrement  qu'on  ne  fait 
ailleurs.  On  commence  à  compter  la  première  heure 
à  l'entrée  de  Li  nuit  ,  &  on  continue  à  compter  juf- 
qu'à  vingt-quatre  heures.  Les  Italiens  ont  plufieurs 
bonnes  qualités  ;  mais  ils  en  ont  grand  nomljre  de 
mauvaifes.  Ils  font  polis  ,  adroits ,  prudens  ,  ingé- 
nieux ,  politiques  ;  ôc  ils  ne  m.inquent  pas  de  valeur 
quand  ils  (ont  aguerris  ;  mais  ils  palfcnt  pour  être 
extrêmement  vindicatifs. 

Bochard  prétend  que  l'Italie  n'étoit  d'abord  que 
le  pays  des  Brutiens  avec  une  partie  de  la  Lucanie  ; 
c'eit  a  dire  j  le  bout  de  la  Calabre  ultérieure,  du 
côté  de  la  Sicile  ,  entre  le  golfe  de  Squilacie  ôc  celui 
de  Sainte  Euphémie.  Ariftote ,  Poluicor.  L.  f^IIy 
c.  10.  Antiochus  de  Syracule ,  Auteur  encore  plus 
ancien  qu'Ariltote  ,  cité  par  Denis  d'Halicarnallfe , 
ôc  Strabon ,  L.  VI ,  l'allurcnt  ,  ôc  le  premier  dit 
qui!  ne  l'écrit  qu'en  fuivant  le  fentiment  des  plus 
habiles  du  pays.  Bochard  va  plus  loin  ;  il  prétend 
que  ce  font  les  Phéniciens  qui  donnèrent  ce  nom  à 
cette  petite  langue  de  terre.  Car  comme  elle  étoit 
pleine  d'arbres,  appelés  Pifea  ,d'où  découle  la  poix  , 
&:  que  les  Talmudiftes  nomment  la  poix  i  i.  Itran  , 
il  conjedure  que  les  Phéniciens  nommèrent  ce 
pays  snai£  ,  Itaria,  comme  qui  diroit  Picearia, 
Pépinière  de  Picea ,  ôc  que  changeant  l'r,  en  /, 
d'Itaria  on  a  fait  Italia.  Il  traite  de  fables  ce  que 
dilent  les  Grecs ,  que  ce  mot  lui  vint  du  mot  Ita~ 
lus  jqui  fignifîoit  un  bœuf,  un  taureau  ,  comme  on 
le  voit  dans  Héfychius,&  qu'on  lui.  donna  ce  nom 
parce  qu'elle  abondoit  en  cette  forte  de  bétail  ,  ainfi 
que  Varron  ôc  Columelle  l'écrivent  ;  ou  bien  parce 
qu'un  bœuf  d'Hercule  palla  de-là  en  Sicile  à  la  nage. 
Il  ne  croit  pas  non  plus  que  ce  foit  un  de  fes  Rois 
nommé  Italus  ,  qui  lui  ait  donné  ce  nom  ,  foit  qu'on 
le  falle  Sicilien  avec  Tucydide  ;  ou  (Enotrien  ,  avec 
Antiochus  de  Syracufe  ,  ou  qu'il  fût  fils  de  Télé- 
gone  ôc  petit-fils  d'UlilTe  ,  ainfi  qu'il  a  plu  à  Idy- 
gin.  Lifez  le  Chap.  33  du  I.  Livre  du  Chanaan  de 
Bochard. 

PÈCHE  d'Italie.  Voye\  Pêche. 

ITALIEN  ,  ENNE.  f.  m.  Nom  de  peuple.  Habitant 
originaire  d'Italie.  Italus  ,  a.  Les  Italiens  font  na- 
turellement fagcs.  Charles  V  difoit  que  les  Italiens 
paroilloient  fages  ôc  l'étoient.  Les  anciens  Italiens 
ont  eu  de  grands  génies  dans  tous  les  arts,  les  Ci- 
cérons,  les  Virgiles ,  les  Varions, les  Horaces  ,  les 
Tites-Lives  ,  &c.  Les  Italiens  modernes  ont  encore 
autant  d'efprit  qu'en  avoient  les  anciens ,  mais  ils 
n'ont  pas  le  goût  fî  bon  ,  &  ne  pCnfent  pas  fi  natu- 
rellement. Le  Marquis  d'Orfi  a  pourtant  fait  leur 
apologie  contre  les  Critiques  du  P.  Bouhours  dans 
fa  Manière  de  bien  penfer.  D'ailleurs  j  il  ne  faut  en- 
tendre cela  que  de  ceux  qui  ont  écrit  en  Italien. 
Ange  Politien  j  Fracaftor  ,  Sannazar ,  Flaminius  , 
Manuce  ,    Maftce  ^  Bembe  ,  ôc  plufieurs   autres  , 


86 


1  T  A 


ont  t-cnt  d'rjilf  bon  goût  que  les  Anciens  ;  mais 
en  f.iic  de  Pcintiire ,  de  Sculpture  &  d'Architec- 
ture civile  ,  les  lïuIL'/is  niod^rncs  l'ont  emporté  lur 
tous  les  peuples  du  monde.  L'huaieiir  des  Italiens 
dent  de  la  vivacité  Françoile  &  de  la  gravité  Elpa 
gnole.  Les  Italiens  (ont  vindicatil-s,  &.  ne  fe  récon- 
cilient guère. 

On  dit  un  Italien,   un  Poëte  Italien,  la  poëfie 
Italienne  ,  les    vers    Italiens  ,  les  Peintres  Italiens. 
La  Muùque  Italienne.  Un  motet  Italien  ,  un  goût 
Italien.   Un  régime  Italien.   Les  troupes  Italiennes 
ne  font  pas  communément  fort  bonnes.  Un  Hillorien 
d'Italie  cil  mieux  qu'un  Hillorien  halien ,_  à  caule 
de  la  cacophoni  3  que  lait  la  terminailon  l'emblable 
des   deux    mots  -,    Riccioli    eft    un    excellent    Ma- 
thématicien &  Aftronome  Italien.  On  ne  dit  point 
les  places  Italiennes,  non  plus  que  les  places  Alle- 
mandes, comme  l'on  dit  les  places    Françoit'es,  les 
places  Etpagnoles  ,  les  places  HoUandoiIes. 
Italien,  i".  m.   Langue   qu'on  parle   en  Italie  ,  lan- 
gage  d  Italie.  Lingua  Italica  ,  Sermo    Italicus.   L'I 
talien\iem  fans  doute  du  Laun  -,  &:  de  toutes  Icslan 
gués  qui  fe  font  formées  de  la  Latine ,  il  n'y  en  a 
point  qui  porte  un  caracl-ère  plus  viiible  de  fon  ori- 
gine ,  que  [Italienne.   L'Italien  cft  une  des  langues 
modernes  les  plus  parfiites  ;  on  y  trouve  des  mots 
ôc  des  phrafes  pour    repréfenter  toutes  les  idées  , 
exprimer  tous  les  fentiniens ,  s'énoncer  fur  toutes 
fortes" de  matières  j  nommer  tous  les  inlkumens  des 
Arts ,  toutes  les   nouvelles  inventions  -,  mais  on  te 
plaint  qu'il  a  trop  de  diminutifs  ,  &  de  fuperlatifs  , 
ou  plutôt  d'augmentatifs  :  c'ell  peut-être  une  injuf- 
tice  qu'on  lui  fait ,  &    fi  ces  mots  ne  préfentent  à 
l'efprit  que  la  jufte  idée  des  chofes ,  ils  ne  font  pas 
plus    blâmables  que    nos  hyperboles  &  nos   pléo- 
nafmes.   Cependant  il  faut  avouer  que  le  caraélère 
des  Italiens  eft  fort  difterent  du  nôtre ,  Se  c'eft  peut- 
être  ce  qui  nous  iait  trouver  des  défauts  dans  leur 
langue  ;  car  quoique  ['Italien  foit  propre  pour  tous 
les  genres  d'écrire  ,  pour  tous  les  l^yles ,  pour  tou- 
tes les    matières  ,    comme  les  Auteurs   le  peignent 
dans  leurs  ouvrages  ,  il  y  en  a  quantité  qui  ne  réuf 
filfent  pas  quand  ils  font   traduits  en  François  ,  & 
que  nous  ne  (aurions  goûter  ,  même  dans  la  langue 
dans  laquelle  ils   ont  été  écrits.   La  multitude  d'E- 
tats fouverains  qui  partagent  l'Italie  ,  a  introduit  quan- 
tité de  dialeéles  dans  ['Italien ,  qui   font  tous  bons 
dans  le  pays  où  l'ufige  eft  de  les  parler.  On  préfère 
communément  ['Italien  de  Tolcane  aux  autres  dia- 
leâes  j   &  la  prononciation  Romaine  à  celle    des 
autres  villes  d'Italie  ,  d'où  efl:  venu  le  proverbe  Ita- 
lien ,  Lingua  Tojlana  in  bocca  Romana.  On  entend 
l'Italien  dans  l'Europe,  &:  bien  des  gens  le  parlent 
en  Allemagne  ,  en  Pologne  ,  en  Hongrie.  A  Conl- 
tantinople ,  dans  la  Grèce ,  &c  dans  les  échelles  du 
Levant,  on    parle  autant  ['Italien  que  la  langue  du 
pays  -,  l'Italien  efl:  la  langue  commune  de  toutes  les 
nations  ,  c'efl:  la  langue  du  commerce  pour  toutes 
les   perfonnes  qui  font  de  difFérens  pays  ;  il  n'y  a 
que   le   François  ,    qu'on    entende  aulli  communé- 
ment ,  &c  qu'on  parle  prefque  auilî  univerfellement 
en  Europe  que  ['  Italien.  Il  eft  vrai  que  Y  Italien  qu'on 
parle  dans  les  Échelles  du  Levant ,  &:  qu'on  appelle 
franc ,  n'elt  pas  le  pur  Italien  qui  fe  parle  en  Tof- 
caiie  &  à  Rome ,  mais  il  eft  mêlé  de  beaucoup  de 
mots  étrangers  ,  &  de  tours  particuliers  que  tant  de 
nations  y  ont   introduits. 
ITALIOTE.  f.  m.  &:  f.  Nom  de  peuple.  Italiota.  Ita 
liâtes.  Il  ne  faut  point  confondre  les  Italïotes  ,  ni 
avec  les  Italiens  ,  ni  avec  les  Italiques.  Les  Italiotes 
ne  font  que  les  premiers  Italiens ,  les  peuples  dont 
le  pays  a  porté  d'abord  le  nom  d'Italie  ,  c'eft  à  dire, 
les  anciens  habitans  du  bout  de  la  Calabre  ultérieure 
du  côté  de  la  Sicile,  ainfi  que  nous  l'avons  dit  au 
mot    Italie.    Au  lieu   que  les  Italiens  ,  fur-tout  à 
préfént  ,  font  &  ceux  là  ,   &  tous  les    habitans  de 
toute  la  péninfuls  que  nous  nommons  Italie  j  &  les 
Italiques  font  ceux   des  Provinces.    Italiote  &  Ita- 
lique lie  fe  dit  que  de  l'Antiquité  ;  Italiens ,  plus  des 


I  T  A 

Modernes  que  des   Anciens.    Des   Savans  fe    font 
trompés  pout  n'avoir  pas  fait  ces  diitinéfions.   f^oyer^ 
Saumaile    fur  la  vie   d'Elegabalc    par   Lampridius  , 
Berncggcr  fur  Juftin  ,    L.  XX ,  C.  i. 
ITALIQUE,  adj.  m.  &  f.  Qui  efl  d'Itahc  ,  qui  appar- 
tient a  l'Italie.  Italicus  ,  a.  Les   peuples  Italiques  , 
les  villes  Italiques.    On    appeloit    peuples  Italiques 
dans    l'EiTipire   Romain  ,   les  Italiens  qui    s'etablif- 
foient   dans  les  Provinces  ,  principalement  en    Ef- 
pagne  ,  les  Colonies  d'Italiens  qu'on  y  conduifoit , 
&  qu'on  y  plaçoit.  Confultez  les  Notes  de  Cafau- 
bon  fur  Suétone ,  C.   46.  de  la  vie  d'Augufte ,  & 
fur  Spartien  dans  la  vie  d'Adrien. 

Il  ne  faut  dire  Italique  qu'en  parlant  de  l'Anti- 
quité, &  Italien  en  parlant  de  ce  qui  eft  moder- 
ne, &  de  ce  qui  eft,  ou  appartient  à  l'Italie  d'au- 
jourd'hui. L'humeur  Italique  ,  un  goût  Italique, 
la  mufique  Italique  ,  &c.  feroient  mal.  Il  faut 
dire  j  1  humeur  Italienne ,  un  goût  Italien ,  la  mu- 
iîque  Italienne ,  &  ainfï  des  autres.  La  guerre  Ita- 
lique eft  celle  que  les  Romains  eurent  à  foutenir 
contre  les  peuples  d'Italie  ,  qui  fe  révoltèrent  au  fu- 
jetdela  loi  Mutia  Licinia,  portée  l'an  de  Rome  6jc) 
par  les  Confuls  Licinius  Crallus ,  &  Mutius  Scz- 
vola.  Cette  loi  ôtoit  le  droit  de  Bourgeoifîe  Ro- 
maine à  plufîeurs  des  Alliés  des  Romains  qui  fe  l'at- 
tribuoient.  La  guerre  Italique  commença  l'an  de 
Rome  GGi  ,  quatre  ans  après  cette  loi  portée.  On 
l'appela  aullî  Guerre  des  Alliés  Sociale  ,  pour  la 
railon  que  je  viens  de  toucher  ;  &c  Guerre  Mar- 
lique  ,  Marjicum ,  parce  que  les  Maries  furent  les 
premiers  qui  remuèrent  &  qui  donnèrent  l'exem- 
ple de  la  révolte.  Koye-^  les  Annales  de  Salien  aux 
annéesdu  monde  39  (■9  ,  3965  ,  &  fuiv. 
§Cr  Italique  ,  fedit  aulîi  en  Aftronomie.  Les  heum 
Ittiiques  Com  les  vingt-quatre  heures  du  jour,  com- 
ptées à  la  manière  des  Italiens  ,  depuis  un  coucher 
du  foleil  jufqu'à  l'autre. 
iTAiiciUE  ,  lignifie  aulîi  ce  qui  appartient  aux  Italiotes  , 
Ainli  quand  Platon  ,  dans  (a  Lettre  VII.  aux  pa- 
rens  de  Dion,  &  après  lui  Cicéron  ,  Tufcul.  Quijl. 
L.  y ,  11,100  ,  parlent  des  Tables  Italiques , 
ils  entendent  le  repas  des  Italiotes  dont  ils  blâment 
le  luxe. 
Italique  ,  adj.  eft  auiTi  le  nom  d'une  feéte  de  Philo^ 
fophes  anciens  ,  qu'on  nomme  Italiques  ,  la  feétc 
Italique.  Pithagore  fut  le  chef  de  la  fede  Italique, 
Elle  fut  ainfi  nommée  ,  parce  que  ce  Philofophe 
enfeigna  dans  l'Italie  ,  c'elf-à-dire  ,  dans  la  partie 
orientale  de  l'Italie  ,  que  l'on  nommoit  aulfi  gran- 
de Grèce  ,  &c  remplit  de  la  dodtiine  les  villes  de 
Tarente ,  de  Métapont ,  d'Héraclée  ,  de  Croto  Sc 
des  Thuriens.  La  fecl:e  italique  ne  comnfcnça  que 
quelques  années  après  la  fede  Ionique,  i-^oyc-^  Vof- 
lius  ,  de  Philofoph.  Seclis.  C.  6 .  Georg.  Hornius  , 
Hifi.  Philûfophic.  Lib.  J,  C.  i  T.  Se  ci- après  au  mot 
PiTHAGORiciEN.  La  Philofopliie  florilfoit  dans  la 
Grèce.  La  fede  des  Philofophes  italiques  ,  Se  celle 
des  Ioniques ,  la  remplilloicnt  de  grands  hommes , 
parmi  lefquels  il  fe  mcla  beaucoup  d'extravagans , 
à  qui  la  Grèce  curicufe  ne  lùila  pas  de  donner  le 
nom  de  Philofophes.  Du  temps  de  Cyrus  &  de 
Cambyfe  ,  Pythagore  commença  la  Cccic  Italique 
dans  la  grande  Grèce  j  &:  aux  environs  de  Naples. 

BOSSUET. 

^CTItauque.  Terme  d'Imprimerie,  &  adj.  Le  carac- 
tère italique  eft  un  caradère  un  peu  couché  ,  ditté- 
rent  du  Romain  &  du  François  qui  efl  un  carac- 
tère plus  gros  &  plus  rond.  Nous  avons  plulîeurs 
livres  imprimés  en  lettres  italiques.  On  fe  fert  or- 
dinairement de  ['italique  pour  imprimer  ce  que  l'on  [ 
veut  dillinguer  du  relie  du  difcours. 

On  appelle  parmi  les  Savans  l'ancienne  Italique , 
vêtus  Italica ,  l'ancienne  verfion  Latine  de  la  fain- 
te  Écriture  ,  qui  avoir  été  faite  avant  la  corredion 
de  S.  Jérôme.  On  a  gîrdé  dans  les  Pieaumes  l'an- 
cienne verlion  Italique  ,  parce  que  le  commun  des 
Fidèles  les  lavoir  par  cœur  ,  &  y  étoit  accoutume. 

ITALIQUE.  Ancien  nom  d'une  ville  d'Efpagne.  Ita- 


I  T   E 

Hca.  Aîornlès  croir  que  c'clt  Scvila  l.i  vicja  ,  c'cft-à- 
dirc-  ,  Scville  la  vieille.  Elle  iut  ainli  nommée  , 
parce  que  ,  l'clon  Mari.ina  ,  elle  Uic  bâtie  par  Sci- 
pion ,  c:'c  remplie  Ik  peuplée  d'Italiens  ,  apparem- 
ment de  ioldats  que  ce  Général  y  avoic  amenés 
d'Italie.  D'autres  croient  que  c'eft  Alcala  dcl  Rio  , 
ville  à  quatre  lieues  de  îjéville. 

Pentina  ,  ville  d'Italie  ,  a  été  aulll  appelée  autre- 
fois Italique  ,  comme  on  le  voit  dans  iitrabon  ,  L. 
ni,  L.  i/^,  L.  FIL 

ITALIQUE,  r.  m.  Italiais.  Nom  de  mcfure  tk  de  vaif- 
feau  lervant  à  boire.  C'étoir  un  vale  qui  conrenoir 
ce  qu'on  peut  boire  en  lin  coup ,  comme  nos  ver- 
res, nos  talles  ,  nos  goblers. 

ITALLIQUE.  Foyci  Corfinium. 

ITAMAKACA.  Foyei  Tamaraca. 

ITAPOA  ,  ou  ITAPUA.  Nom  d  un  bourg  de  colo- 
nie des  Elpagnols.  Itapoa.  Il  eit  dans  le  Paraguay  , 
région  de  l'Amérique  méridionale  ,  fiu'  la  rivière 
de  Parana  ,  dans  la  Province  de  ce  nom  ,  &  aux 
confins  de  celle  de  Rio  de  la  Plata.  On  nomme 
audi  ce  bourg  de  V Incamaàon.  Maty  îtapua  efi:  un 
lieu  élevé ,  lîtué  lur  le  bord  méridional  du  Parana , 
à  égale  diftancc  à  peu  près  du  conHuent  du  Para- 
guay Ik.  des  confins  de  la  Guaïrane  ,  c'eft  à-dire  ,  à 
l'oixante  lieues  de  l'un  ou  de  l'autre.  Id.  ib.  c.  /. 
On  y  ramalia  vers  le  commencement  du  liècle  paffi 
les  Indiens  da  voilmage  ,  on  les  civilila  ,  on  en  for- 
ma une  Ville  ,  on  les  inllruific  j  &:  on  les  baptila. 
Id.  iè.  Ces  peuples  s'appellent  Itapuains.  Icapuani. 
îtapua  ell  trente  lieues  au  delîus  du  marais  Appii- 
pen.  Ib.  Ç.  6 . 

ITAPtJAIN  ,  AINE  ,  f.  m.  &  f.  Nom  propre  de  peu- 
ple. Voyt-^  Itapua.  On  dit  que  les  Itapuains  étoient 
fréquemment  infectés  par  les  malins  elprits  ,  qui 
leur  apparoilloienc  fous  des  formes  terribles.  Dès 
qu'on  eut  commencé  à  célébrer  nos  Saints  Myftè- 
les  dans  l'Églile  qu'on  bâtit  à  Itapua  ,  les  Ipeétres 
celferent  de  paroîtrc.  Uift.  Paraq.  L.  V,  C.  /. 

ITAQUE.  VoytTi  Ithaque. 

I  T  E. 

âp°ITARA.  Province  &  Ville  d'Afrique  qui  fait  par- 
tie du  Royaume  de  Tafile  ,  dans  le  Biledulgerid  , 
près  des  déleits  de  Saara. 

Ccr  ITEGUE  ou  ITIGUE.  f.  f.  C'eft  le  nom  qu'on 
donne  en  Abillinie  à  celle  que  le  Negus  a  choili 
pour  époule.  Ce  terme  répond  à  Reine  ou  Impé- 
ratrice. 

ITEM.  adv.  Terme  de  pratique  dont  on  fe  fert  pour 
diftinguer  les  articles  d'un  inventaire  ,  d'un  compte. 

Item  ,  s'emploie  aulli  fubftantivemenr.  Quant  à  ce  que 
vous  4ites ,  c'eft  un  autre  item.:,  pour  dire,  c'eft  une 
autre  atfaire.  Régnier  a  dit  dans  (es  Satyres 

Or  en  premier  xizxwfous  mes  pies  je  rencontre. 


Item  ,  fe  dit  auftî  du  nœud  d'une  affaire  ;  voilà  ,  ou 
c'eft  là  l'item  ,  c'eft  là  le  fait.  On  dit  auftî:  item  ,  c'eft 
tout  -,  pour  dire  ,  qu'on  n'a  plus  rien  à  donner  ,  à 
dire  ,  &c.  Tout  cela  eft  très  familier. 

On  dit  proverbialement ,  item  il  fiut  vivre ,  pour 

dire   que   quelque   choie  que  l'on  talle  ,   il  faut  y 

trouver  Ion  compte. 

ITÉRATIF  ,  ivE.  adj.  Terme  de  pratique.   Iteratus. 

Réitéré  ,  qui  eft  fait  une  fecoiide  fois.  Une  fiilie- 

reelle  ne  doit  être  faite  qu'après  un  itératif  com- 

niandeiTienr.  On  a  fait  itératives  inhibitions  &  dé- 

fenles  aux  parties  de  fe  pourvoir  ailleurs  qu'en  la 

Cour.  Il  y   a  eu  une  itérative  juftion   de    vérifier 

cet  Édit. 

ITERATIVEMENT.  adv.  Terme  de  pratique.  Deux 

ou  pluficursfois  de  fuite.  Iterum  ,  iterato.  Si  unColla- 

teur  aftefte  de  fruftrer  l'expedtant   par  des  provi- 

lions  données  itérativement  à  fon  préjudice  dans  les 

vacances  qui  font  arrivées  depuis  la  notification  des 

lettres  de  nomination ,  on  l'oblige  à  donner  à  l'expec- 

tant ,  par  chacun  an  ,  le  revenu  d'une  prébende  de 


I  T  H  287 

{on  tglifc  ,  jufqu'à  ce  que  l'expectative  foit  rem- 
plie. FuET.  On  la  fomme  itérativement. 

ITÉRA TO.  f.  m.  ferme  de  pratiqué.  On  appelle  un 
arrêt  à'itérato  ,  celui  qui  le  donne  pour  les  con- 
traintes par  corps  après  les  quatre  mois ,  pour  dé- 
pens excédans  la  fomme  de  200  liv.  Cet  arrêt  or- 
donne qa' Itératif  commandement  fera  fjir  à  la  partie 
de  payer  le  contenu  en  une  preinièrc  condamna- 
tion ,  dans  quir,zaine  ;  à  iautc  de  quoi  clic  fera  con- 
trainte par  emprilonnement  de  fa  pcrfoniie.  Ce 
terme  le  trouve  dans  l'tdit  de  Cliarles  V'III.  de 
1493  ,  art.  104  ,  de  Charles  IX.  de  lan  i  J67  ,  de 
Flcnri  III.  de  l'an  ij8z. 

îfj^  On  appelle  lettres  d' iterato  ,  celles  qui  portent  uii 
nouveau  mandement. 

ITERDUCA.  f.  f  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'unt 
divinité  des  ^inciens.  Iterduca.  C'étoit  celle  qui  fcr- 
voit  de  guide  aux  voyageurs.  Son  nom  le  marque, 
il  vient  de  iter  ,  &  dux  ou  duco.  Guide  du  che- 
min. Foye:(^  Otto  ,  Dijjen.  de  Diis  yialibus. 

I  T  H. 

ITHACIEN.    f.  f.  Nom  que  l'on    donna   fur  la  in 
du  quatrième  liècle  à  ceux  qui  s'unirent  avec  Itha- 
ce  ,  Évêque  de  Softibe  en  Elpagne  ,  pour  pourfui- 
vre    la   mort  de   Prifcillien   c^  des    Prifcillianiftcs. 
Ithacianus.  Les  Évêques  Ithaciens  obtinrent  de  l'Em- 
pereur, (Sy.  Fleury.  Comme  les /rAizde/zj  dévoient 
hire  l'ordination  de  Félix.  Id.  S.  Martin  ayant  été 
lollicité  par  le  tyran  Àdaxime  de  communiquer  avec 
les  Évêques  Ithaciens ,  le  Saint  ne  le  voulut  point 
faire.  Il  fe  relâcha  dans  la  luite  pour  fauver  la  vie 
à  quelques   perfonnes  ,   qui  lans  cela  alloient  être 
mites  à  mort  ;  mais  après  il  s'en  repentit  extrême- 
ment. 
ITHANCHESTER.    Ithanchejlria    ,    anciennement  , 
Othonia  ad  Anfam.  C'étoit  anciennement   une  pe- 
tite ville  des  Triiiobantes  _,  maintenant  c'eft  un  vil- 
lage du  Comté  d'ElIex  en  Angleterre.  Il  eft  fur  un 
petit  golfe  ,  à  demi  lieue  de  Maldon ,  vers  l'orient. 
Maty. 
ITHAQUE.  Nom  d'une  île  de  la  Grèce.  Ithaca  Ne- 
ricia.  Elle  eft  dans  le  golte  de   Patras  ,   entre  l'île 
de    Céfalonie  ,   ik  les  Curzolaircs.   Ithaque  eft   cé- 
lèbre pour  avoir  été  la  patrie  dUliife.  Elle   avoir 
une  petite  ville  ,    qui  portoit   fon  nom  ;  elle   n'a 
plus   que   quelques   villages.  On  la   nomme   Valdi 
Compare  ,  la  petite  Cétalonie  ,  Thiachi  &  Piachi. 
Son  circuit  eft  d'environ  fept  lieues.  Maty. 

J'aime   cent    fois  mieux  la  pauvre  Ithaque    d'U- 
lylle ,  qu'une  ville  brillante  par  une  ii  odieufe  ma- 
gnificence. Fénelon.    . 
ITHMOÎDE.  Foye-[  Ethmoide. 

ITHOME.  Nom  de  plulieurs  anciennes  villes.  Ithome. 
Il  y  avoir  deux  Ithomes  en  Thellalie  ;  l'une  dans 
l'Eftiéotide ,  &  l'autre  dans  la  Fhthioti.de ,  qui  étoic 
l'une  des  parties  de  la  Thellalie  :  une  autre  dans  le 
territoire  de  Meiféne  ,  aujourd'hui  Mollénigo  ,  dont 
le  territoire  s'appelle  le  Belvédère. 
Ithome.  f.  f.  C'étoit ,  lelon  les  Meiléniens ,  l'une  des 
nourrices  de  Jupiter  ,  Néda  étoit  l'autre.  Ithome 
éroit  le  nom  de  la  montagne  fur  laquelle  étoit  le 
Temple  de  Jupiter  ,  &  Néda  étoit  le  nom  d'une  fon- 
taine au  pied  de  cette  montagne  ,  oii  l'on  prenoit 
tous  les  jours  de  l'eau  qu'on  portoit  dans  le  Tem- 
ple. Pausanias  j  4.  53. 
§3"  Les  Malléniens  célébroient  tous  les  ans  ,  en 
l'honneur  de  Jupiter  ,  une  fête  qu'ils  nommoient 
Ithomée.  Cette  fête  fe  palfoit  à  porter  très  dévote- 
ment de  l'eau  au  bas  dt  la  montagne  dans  un  grand 
réfervoir  bâti  fur  le  fomraet ,  pour  la  provilion  des 
Prêtres  du  Dieu  ,  qui  en  auroient  manqué  fans  cette 
précaution, 
ITHOMÉTE.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Surnom 
que  l'on  donnoit  en  Grèce  à  Jupiter ,  à  caufe  d'un 
temple  qu'il  avoir  dans  Ithome  du  territoLie  de 
Meiféne.  Ithometes.  Ariftomène  de  Melïéne  facrifia 
trois  cens  hommes  à  Jupiter  Ithométe. 


288 


1  T  O 


ITHOS.  f.  m.  Ce  mot  eft  grec ,  .«f»'  ,  &  fignifie  mo- 
ralité ,  la  morale.  Il  faudroit  prononcer  éthos  plu- 
rôt  qu'if/zojT.  Dans  les  Homélies  des  Pères  Grecs  , 
la  dernière  partie  ,  qui  elt  la  morale  du  fermon  , 
s'appelle  ta»* ,  éthos  ou  ïthos.  Molière  a  dit  :  On 
voir  partout  chez  vous  \lthos  Se  le  pathos ,  c'efi:  à- 
dire  ,  moralité  &  pathétique. 

ITHYPHALLE.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom 
que  les  Grecs  &  les  Egyptiens  donnoient  à  Priape. 
ip«A/j  lignifie  les  parties  naturelles  de  Thomme. 

Ithyphalle.  f.  f.  Terme  d'hiftoire  ancienne.  C'étoit 
une  elpèce  de  Bulle  ,  en  forme  de  cœur  ,  que  Ton 
pendoit  au  cou  des  enfans  .Se  des  vclbles  ,  à  la- 
quelle on  attribuoit  plulieuis  propriétés  merveil- 
leufes.  Pline  dit  ,  liv.  28  j  chap.  1;  ,  que  l'ic/iy- 
phalle  étoit  un  prékrvatif  pour  les  enfans  &  les 
Empereurs  mêmes  ;  que  les  veftales  le  mettoient  au 
nombre  des  choies  lacrées  ,  &  le  révéroient  com- 
me un  Dieu  ;  qu'on  le  (uipendoit  au-delîous  des 
chariots  de  ceux  qui  triomphoient  ;  &  c]u'il  les  dé- 
fendoit  contre  l'envie. 

ITHYPHALLIQUE.  adj.  Terme  de  Poéhe  Grecque  , 
qui  délîgne  une  forte  de  vers.  Il  y  avoir  deux  for- 
tes de  vers  Ithyphalliques  ,  le  Trochaïque  &  le 
Daétilique  ;  le  premier  corapofé  de  trois  Trochées , 
qu'on  cntremcloic  ordinairement  de  vers  un  peu 
plus  longs  (  f^oyc^  Trochée  )  :  le  fécond  compofe 
de  trois  Daétyles  êc  d'un  ïambe. 

ITHYPHALLORES.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Mi 
niftres  des  Orgies  ,  qui  dans  les  procellîons  ou  cour- 
fcs  de  Bacchantes  s'habrlloient  en  Faunes  j  contre- 
faifant  des  perfonnes  ivres  ,  &c  chantant  en  l'hon- 
i:eur  de  Bacchus  des  cantiques  dignes  de  leurs  fonc- 
tions. 

I  T  I. 

ITICUCU.  f.  m.  Plante.  Foye^J^Ticvcu, 

iPT  ITIGUE.  Foyei  Itegue. 

ITINÉRAIRE,  f.  m.  Defcription  que  fait  un  voyageur 
de  fon  voyage  ,  &  des  llngularités  qu'il  a  obfcr- 
vces  dans  les  lieux  où  il  a  pallé  ,  loit  dans  la  Na- 
ture ,  foi:  dans  la  morale.  Itlncranum.  ^fJ"  Il  lîgni 
fie  plus  ordinairement  un  état  ou  mémoire  de  tous 
les  lieux  par  où  l'on  palle  ,  de  la  route  qu'il  faut 
fuivre  pour  aller  d  un  endroit,  d'un  pays  à  un  au- 
tre 5  &  Ion  principal  ufrge  eft  en  parlant  de  quel- 
ques voyages  anciens.  Les  Allemands  ont  fait  beau- 
coup d'ulnéraircs.  L'uinéraire  d'Antonin.  Cet  ni- 
némire  marque  tous  les  grands  chemins  Romains 
dans  l'Empire  ,  &  toutes  les  llations  des  armées 
Romaines.  Il  fut  fait  par  ordre  de  l'Empereur  An- 
tonin  le  Pieux  ,  comme  le  rapporte  Luitprand  de 
Tézin  ,  qui  vivoit  au  milieu  du  dixième  lîècle. 
L'uinJruire  de  Jérufxlem  ,  &c.  L'ninéruire  qui  por- 
te le  nom  d'Antonin  eft  fort  défectueux.  Les  Co- 
piftes  y  ont  glillé  une  infinité  de  fautes. 

Ce  mot  vient  du  Latin  icineranum  ,  qui  fignifie 
auftî  routi:. 

Itinéraire  j  en  termes  d'Églifes  ,  fe  dit  des  prières 
que  doit  faire  un  voyageur  ,  quand  il  commence 
fon  voyage  ,  Se  fur  tout  un  Eccléllaftique.  Il  y  a  à 
la  fin  du  Bréviaire  un  itinéraire  pour  les  gens  du 
Clergé  ,  qui  eft  un  formulaire  de  ces  prières.  L'irz- 
néraire  de  Benjamin  a  été  traduit  de  l'Hébreu  en 
Latin  par  Benoît  Arias  Montanus. 
tfT  Itinéraire.  ,  eft  auiîî  adj.  Colonne  itinéraire. 
Melures  itinéraires.  Voye\  Mesure.  On  apiielle  co- 
lonne itinéraire  ,  eolomna  itineraria  ,  une  colonne 
à  pan  pofée  dans  le  carrefour  d'un  grand  chemin  , 
pour  enfeigncr  les  routes  différentes  par  les  infcrip- 
tions  gravées  fur  chacun  de  (es  pans. 
iPr  ITING.  (".  m.  Nom  que  les  habitans  des  Iles  Phi- 
lippines donnent  à  un  oileau  fort  commun  dans  le 
pays.  Suivant  les  relations  des  voyageurs  ;  il  eft  de 
la  clalle  de  nos  pies. 

1  T  O. 

ITOMAMPO.  Petite  contrée  d'Afrique  dans   l'île  de 

Madngafcar. 


I  T  U 

ITON.  f.  m.  Petite  rivière  de  France.  Itona  ,  Ittona 
Ico  ,  Itto  i  Itus.  Elle  coule  dans  la  Normandie  , 
baigne  Bretcuil  ,  Condéj  Aunay  ,  la  Noue  ,  Évteux  , 
&c   fe    décharge   peu   après  dans  l'Eure.  'Valois  , 
Not.  Gall.  p.  j;jj. 

ITONE.  Nom  d'une  ancienne  ville  de  Grèce.  Itone. 
Paufapias  la  met  dans  la  Béotie ,  entre  la  Phère  & 
Larifte.  Le  Scholiafte  de  Callimaque  fur  l'hymne 
fîxième  ,_  faite  à  l'honneur  de  Cérès  ,  la  place  dans 
la  rheftalie.  Cette  ville  étoit  célèbre  par  le  culte  de 
Minerve  ,  qui  étoit  pour  cette  raifon  furnomméc 
Itonia.  Quelques-uns  ,  pour  accorder  ces  Auteurs , 
diftinguent  deux  Itônes  ,  l'une  en  Béotie  ,  &  l'autre 
en  Thellalie  ,  toutes  deux  confacrées  à  Minerve. 

Peut-être  ce  nom  venoit  il  à  ce  lieu,  d'Itonus, 
fils  de  Deucalion  &  Roi  de  Thelfalie  ,  qui  ,  dit- 
on  ,  trouva  l'art  de  fabriquer  le  cuivre,  l'argent  &c 
l'or  ,  &:  de  frapper  la  monnoie. 

ITONIEN  ,  ENNE.  f  m.  &  £  Qui  eft  d'Itône  ,  ou  qui 
y  a  quelque  rapport.  Itonius  ,  a.  Minerve  étoit  fur- 
nommée  Itonienne  ,  à  caulc  de  la  ville  d'Itône  ,  où 
elle  étoit  honorée.  On  l'appelloit  auffi  Iconide  Se 
Itoniade  ,  en  Latin  Itonis  ,  Itonias. 

I  T  R. 

ITRI.  Bourg  du  Royaume  de  Naples.  Itrum.  Il  eft  dans 
la  terre  de  labour  ,  entre  Fondi  Se  Gaëtc.  On  voit 
près  de  ce  bourg  les  ruines  d'une  ville  ancienne , 
qu'on  nommoit  Mamurrha  ,  ou  Mamurrharum  Urbs. 
Maty. 

ITT.  y 

ITTATA.  Ile  de  la  mer  du  Sud  ,  fur  les  côtes  de  l'A- 
mérique ,  alfez  près  de  Guatalio  ,  au  Mexique. 

ITTE.  1.  f.  Nom  de  femme  ,  abrégé  apparemment  & 
corrompu  de  celui  de  Iduberge.  Itta  ,  Idubergis. 
Les  Chanoinefles  de  Nivelle  en  Flandre  ,  furent 
fondées  par  Itte  ou  Iduberge  ,  femme  de  Pépin  de 
Landen  ,  Prince  de  Brabant  ,  Maire  du  Palais  ,  ôc 
Miniftre  des  Rois  d'Auftrafic  j  vers  l'an  64O.  P.  HÉ- 

LYOT  3    T.    n. 

ITTER.  Bourg  d'Allemagne  ,  fitué  dans  le  Landgra- 
viat  de  Helîe  Caflél  ,  fur  la  rivière  d'Itter  ,  à  deux 
ou  trois  lieues  de  Waldeck  ,  du  côté  du  couchant. 
Ittera.  Ce  bourg  a  été  chef  d'une  Seigneurie  allez 
étendue  ,  dont  les  Landgraves  de  Hefle-Caftel  font 
en  poilelîion  depuis  l'an  13^1.  ALaty. 

I  T  U. 

ITURÉEj,  &  PÉRÉE.  Nom  de  contrée.  Ituréta  ,  Pe- 
r&a.  C'étoit  anciennement  une  des  paities  de  la  Pa- 
leftine  ,  fous  la  domination  des  Romains.  Elle  ren- 
fermoit  les  Tribus  de  Ruben  Se  de  Gad  ,  Se  elle 
avoir  la  Samarie  au  couchant  ,  la  Trathonitide  au 
nord  ,  Se  TArabie  au  levant  Se  au  midi.  On  l'ap- 
peloit  Pérée  ,  parce  qu'elle  étoit  au  delà  du  Jourd.ain, 
du  mot  Grec  =1;?«;  ,  au  delà  ,  &  Iturée  j  à  caufe 
des  Ituréens  ,  peuples  Gentils ,  qui  s'y  étoient  éta- 
blis parmi  les  rcftes  des  liraclites.  Il  y  a  cepen- 
dant des  Géographes  qui  diftinguent  la  Pérée  de 
V Iturée  ,  les  uns  mettant  celle-ci  dans  la  partie  fep- 
tentrionale  de  la  Trachonitide  ,  le  long  du  mont 
Hermon  ,  Se  les  autres  dans  la  Galilée  ,  le  long  du 
mont  Liban.  Maty.  Tibère  érigea  Ylturée  en  Té- 
trarchie  ,  Se  Philippe  frère  d'Hérode  Antipas  en  ht 
fait  Tétrarque.  Luc.  III.  i . 

Ce  nom  vient  de  Jétur  ,  l'un  des  fils  d'Ifmacl  , 
ou  de  TlJ  ,  Tur  ,  nom  Chaldécn  ,  qui  fignifie  mon- 
tagne -,  V Iturée  étoit  pleine  de  montagnes. 

ITURÉEN,  ENNE.  f  m.  &  f.  Nom  de  peuple.  Qui  eft 
de  l'Iturée.  Itur^us  ^  a.  Les  Ituréens  étoient  habiles 
à  tirer  de  l'arc  ,  &  ne  fe  fervoient  guère  que  de 
cette  arme  à  la  guerre.  Une  lettre  de  l'Empereiu' 
■Velérien  à  Aurélien  ,  rapportée  par  'Vopifcus  dans 
Aurélien  ,  les  appelle  Ityrécns  ,  il  dit  qu  Aurélien 
avoir  un  corps  de  trois  cens  archers  Ityréens. 

f3"iTYPHALE. 


J  U  A 


JU  A 


I  T  Y. 

C^ITYPHALE.  f.  f.  Suivant  l'Aculcniie ,  cfp^-cc  d'a- 
mulette que  les  anciens  poicoiLiit  au  cou  comme 
un  picTcivatif  contre  les  maladies  ,  contre  les  mau- 
vais defleins.  Foyei  Ithyphalle.  C'cft  la  même 
chofe. 

ITYRÉEN  ,  ENNE.  Foyei  IturÉen. 

ITYS.  r.  m.  Fils  de  Tcree  ,  Roi  de  Thrace  <S>:  de  Pro- 
giic  :  il  tut  mallicré  par  ù\  propre  mère  j  qui  le  fit 
manger  à  fon  mari',  pour  venger  l'injure  qui  avoit 
cte  faite  à  ia  fœur  Plulomèlc. 

I  T  Z. 
ITZEHOA.  Nom  d'une  ville  du  cercle   de   la    BalTe 
SA\t.'Itiehoa.  Elle  eft  dans  le  Holftcin  propre  ,  lur 
la  rivière  de  Stoër ,  aux  confins  de  la  Stormaiic  ,  & 
au  nord  de  Gluekllat.  Maty. 
ITZICH.   EptiiKum.   Ce   Heu  cff  dans  le   Duché  de 
Luxembourg  fur  l'Allitz  ^  ou  l'Alfat.  'Valois  ,  No- 
ta. G  ail.  pag.  13.  • 
I  V. 

I  V.  Ces  deux  lettres  font  une  marque  du  chiffre 
Romain  ,  qui  lîgnilie  Quatre  ;  car  l'I  mis  devant  un 
autre  chift're   fignifie  un   moins  que  ce   chiii're  de-  1 
vant  lequel  il  eft.  Or  V  marque  le  nombre  cinq  ,  I 
ainfi  IV  ,  lignifie  un  moins  de  cinq,  ou  comme  on  j 

diroit  en  Algèbre  ,  cinq  moins  un  ,  j 1.  c'eft-à-  I 

dire,  quatre.  Aiutrefois  les  Romains  mettoient  qua- 
tre I  de  luire  ^  pour  iîgnih'cr  quatre  ,  IIII ,  ainfi  que  ' 
nous  l'avons  dit  au  commencement.  1 

JU.  U  y  a  une  rivière  ôc  deux  villes  de  ce  nom  dans 
la-Chine  ,  dans  la  Province  de  Honan  ,  &  une  ri- 
vière du  même  nom  dans  la  Province  de  Itonan, 

J  U  A. 

[VA-BEBA.  f.  m.  Nom  d'un  arbrillcau  de  l'Amérique. 
Sa   racine   paiîe    pour  un    grand  délbbftruant  ;    fa 
propriété  principale  elt  de  dégager  les  reins  -,  mais 
comme  elle  eft  très-amère  ,  on  met  ordinairement 
dans  fa  décodion  de  la  réglille  d'Amérique.  Ray  , 
Hiji.  Plant. 
JUAMI.  Ville  de  1  île  de  Niphon  ^  en  Ahe.  Juanum. 
Elle   eft   la  capitale   d'un   Royaume  qui  porte  fon 
nom  ,   &  iituée  fur  la  côte  occidentale  du  Jamay- 
foit,  ou  Jamaiftero.  Maty. 
JUAN.  (.  m.  Nom  d'homme.  Jean.  Joannes.  Ce  nom 
eft  Efpagnol.  Les  Caftillans  difent  Juan  de  Joannes , 
Jean  ,  &c  nous  difons  ce  mot  en  parlant  des  Efpa- 
gnols.  Quelques  uns  de  nos  Auteurs  ont  cependant 
la  délicatelîe  de  ne   s'en  point  fervir  ,   &  de  dire 
toujours  Juan.  On  trouve  en  Latin  Juvanus  ,  6c  Ju- 
van  ,  &  même  en  Grec  ifa.^j  dans  Cantacuzène  L. 
I.B.^ô  &  57.  Dom  Juan  d'Autriche  ,  fils  naturel 
de  Charles  Quint  ,  commandoit  l'armée   des  Prin- 
ces  Chrétiens  à  la  bataille  de  Lépante  ,  en  ijyi. 
Dom  Juan  d'Autriche  ,  fils  naturel  de  Philippe  IV. 
naquit  en  1629  ,  de  Manc  Calderona ,  Comédien- 
ne ,  fut  Grand  Prieur  de  Caftillc  ,  commanda   les 
armées  d'Eipagne  en  Italie  ,   en  Flandre  Se  contre 
le  Portugal,  &  mourut  le  17  Septembre  KÎ79. 
SAN  JUAN.  Nom  d'une  île  de  l'Océan  Indien.  In- 
fula  S.  Joannis.  C'eft  une  des   Philippines  ,  fituée 
au  nord  de  celle  de  Mindanao  ,  dont  elle  n'eft  fé- 
parée  que  par  un  petit  canal.  Sa  longueur  ôc  fa  lar- 
geur (ont  de  vingt  cinq  à  trente  lieues.  Elle  a  de 
pendu  des  Efpagnols  ^  mais  elle  n'eft  plus  foumife 
a  leur  domination.  Maty. 
San-Juan  ,  ou  Défaguadéro.  Nom    d'une  rivière  de 
l'Audience  de  Guatimala  j   dans   l'Amérique   méri- 
dioiiale.  Fluvius  Sancii  Joannis  ,  Emijfarius.  Il  fort 
du  kc  de  Nicaragua  ,  Se  fe  décharge  dans  la  mer 
du  Nord. 

Juan  I-ERNANDis.  Les  îles  àc  Juan  Fernande  s ,  en  La- 
tin JnJuU  Joannis  Femandi.  Ce  font  deux  îles  de 
la  mer  Pacifique,  fituécs  proche  la  côte  du  Chili  , 
vis-a-vis  de  la  ville  de  S,  Jago.  Celle  qui  eft  la  plus 
Towe  V. 


289 

proche  de  la  côte  en  prend  le  nom  de  Tierra  ;  on 
donne  a  l'autre  celui  de  Fuora  ,  qui  fignilic  hors, 
Se  qui  marque  qu'elle  eft  plus  éloimiée  de  li  terre 
que  1  autre.  Llleslont  toutes  deux  bien  cultivées. 

San-Juan  de  la  Frontera.  Petite  ville  de  l'Améri- 
que méridionales  /-^«///w  S.  Joannis  de  Confinio. 
Llle  elt  dans  le  Chicuito  ,  Province  du  Chih  au 
pied  des  Andes.  On  voit  près  de  cette  ville  dtiK 
Volcans. 

Juan  de  Nova.  L'île  Juan  de  Nova ,  en  Latin  Infula 
Joannis  de  Nova.  Petite  île  de  l'Afrique.  Elle  eft 
entre  l'île  de  M.adagalcar  ,  Se  la  côte  de  Zangue- 
bar  ,  a  l'orient  du  Mozambique.  Elle  a  été  décou- 
verte l'an  1501.  par  un  Pilote  de  Galice  duquel 
elle  porte  le  nom.  Maty. 

San-Juan  de  Oro.  Nom  d'un  bourg  de  l'Amérique 
méridionale.  Fanum  S.  Joannis  de  Auro.  Il  eft  dans 
le  Pérou  ,  entre  ks  montagnes  à  trente-cinq  lieues 
du  lac  de  liiicaca,  vers  le  levant.  Maty. 

San-J(jan  de  la  Penna.  Nom  d'un  village  avec  Mo- 
mrtèrc.  Fanum  S.  Joannis  de  Rupe.  Il  eft  dans 
l'Arragon  ,  en  Efpagne  ,  à  trois  lieues  de  Jaën  ,  vers 
le  couchant.  S.  Juan  étoit  autrefois  le  lieu  de  la 
lepulture  des  Rois  d'Arragon.  Maty. 

San-Juan  de  Porto  Rico  ,  ou  limplemem  Porto 
Rico  ,  pour  les  François  Portorlc.  Fanum  S.  Joan- 
nis de  Portu  divite.  Ville  de  l'Amérique  ,  capitale  de 
l'île  qui  porte  fon  nom  ,  &  fituée  fur  la  côte  fep- 
tentnonale  ,  où  elle  a  un  fort  bon  port.  Elle  eft  le 
fiége  du  Gouverneur  de  l'île  ,  Se  d'un  Évêque ,  fuf- 
fragant  de  S.  Domingue.  Maty. 

San-Juan  dk  Porto  Rico  ,  ou  Porto  Rico  ,  ou  Bo- 
Rii:î.uen.  Infula  S.  Joannis  de  Porta  divite.  EWe  eft 
une  Ats  grandes  Antilles  ,  fituée  dans  la  mer  de 
Mexique  ,  à  feize  lieues  ,  au  levant  de  l'Hifpaniola. 
Cette  île  a  environ  trente  lieues  de  long  ,  &  feize 
de  large.  Elle  fut  découverte  par  Chriftophle  Co- 
lomb l'an  1493.  Elle  appartient  aux  Efpagnols.  L'air  y 
eft  allez  tempéré  ,  Se  le  terroir  fertile.  Elle  a  eu  de 
riches  mines  d'or  &  d'argent  ;  mois  elles  font  épui- 
Ices  ,  ou  abandonnées.  On  trouve  pourtant  encore 
des  grains  d'or  en  quelques  torrens  ,  &  on  y  voit 
une  efpèce  d'arbres  qui  produifent  une  gomme 
blanche  ,  dont  on  fe  fert  pour  calfeutrer  les  na- 
vires ,  pour  fiire  des  chandelles,  &  pour  guérir  les 
plaies.  On  trouve  auilî  dans  cette  île  quantité  de 
lucre  ,  de  ga'iac  &  de  fel.  Ses  lieux  principaux 
lont  S.  Juan  de  Porto  Rico  ,  Se  S.  Germain. 
Maty. 

San-Juan  de  Salinas.  Foyei  Valladolid. 

San-Juan  de  Ulua.  Petite  ville  de  l'Audience  de  Mexi- 
que ,  en  l'Amérique  feptentiionale.  Fanum  S.  Joan- 
nis de  Ulua.  Elle  eft  dans  la  Province  de  Tlafcala  y 
lur  le  golfe  de  Mexique  ,  où  elle  a  uii  port ,  dans 
lequel  le  rendent  tous  les  vailleaux  qui  vont  d'Ei- 
pagne au  Mexique.  San  Juan ,  qu'on  appelle  le  plus 
fouvent  la  FeraCrux,  du  moins  en  notre  langue, 
eft  fort  riche  par  le  commerce  ,  &  défendu  par 
une  bonne  citadelle  conftruite  fur  un  rocher,  à 
l'entrée  du  gort.  Ce  lieu  fut  le  premier  auquel  les 
cinq  cens  Efpagnols ,  conduits  par  Ferdinand  Cor- 
tcz  ,  pour  la  conquête  du  Mexique  ,  s'arrêtèrent  , 
&  créèrent  leurs  premiers  Magiftrats  ,  ayant  aban- 
donné le  vieux  Hi\re  de  Vera-Crux  ,  fitué  à  lix 
Hciies  de  S.  Juan  de  Ulua ,  parce  qu'il  étoit  expo  - 
fé  à  la  violence  des  vents  du  nord.  Maty. 

JUANA.  C'eft  le  nom  que  Chriftophe  Colomb  don- 
na d'abord  à  llle  de  Cuba ,  à  fon  premier  voyage  , 
avant  que  de  lavoir  fi  c'étoit  une  Ile ,  dans  la  fui- 
te on  l'appella  Fernandine  ;  mais  ces  deux  noms 
ne  lui  ont  pas  refté. 

JUANA.  Foyei  Iguana. 

JUANOGOROD.  Nom  d'une  bonne  forterelfe  de 
Suède.  Ju  igronoda.  Elle  eft  bâtie  fur  un  rocher  , 
près  de  la  rivière  de  Norva! ,  vis  à-vis  de  la  ville  de 
ce  ne  m.  On  l'appelle  quelquefois  Narva  des  Rut- 
fiens  ,  pa-ce  qu'elle  a  été  aux  Mofcovites  j  mais  ils 
la  cédéreat  aux  Suédois  par  le  traité  de  Sthokolm 
l'an  161S. 

Oo 


Z90  J  U  B 

IVARCH.  f.  m.  Nom  d'homme.  Iharchus.  C'cll  un  des 
Saints  Maicyrs  du  Japon  qu'on  lionoix  le  cin'q  de 
Février  ,  &  ficrc  de  B.  Caraiume  ,  l'un  des  plus 
illufties  de  ces  Martyrs.  Voyei  Bollandus  au  i  j  1  c- 
vricr. 

J  U  B. 

JUBA.  f-  m.  Nom  d'homme.  Juba.  Il  y  trois  Juha  , 
Rois  de  Mauritanie.  Minucius  Félix  dit  ,  que  les 
Maures  honorèrent  Juia  comme  un  dieu.  Volîius  ^ 
de  Idolol.  L.  I.  c.  J2.  conjecture  que  ce  nom  n'é- 
Toit  peut-être  pas  un  nom  propre  d'abord  ,  mais  un 
nom  appellatif  ;  ce  qui  lui  a  fait  naître  cette  con- 
jedure  ,  c'cll:  la  rcllemblance  de  ce  nom  avec  le 
nom  propre  de  Dieu  ,  Jéhova  ,  que  quelques  peu- 
ples prononçoicnt  Juabo  ,  Jabo  ,  Jabe  ,  Jao.  J'ai- 
merois  mieux  dire  que  Jaba  eft  le  même  nom  que 
Joh  ,  DVIî. 

|P°  JUBARTE.  f.  f.  Nom  d'une  cfpcce  de  baleines 
qu'on  trouve  près  des  Bcrmudes.  Elles  n'ont  point 
de  dents  •,  elles  font  plus  longues  ,  mais  moins  grol- 
fes  que  celles  du  Groenland. 

JUBAYE.  Ville  Maritime  de  Sourie ,  à  quatre  licucs 
de  Patron. 

JUBE.  f.  h  Juba.  Crinière  du  Lion.  Danet.  un  hom- 
me fans  cheveux  eft  comme  un  lion  lans  jubé  ,  un 
coq  fans  crête ,  &  un  paon  fans  queue. 

|CF  Le  mot  de  crinière  ell  plus  ufité  que  celui  de  ju- 
bé. On  ne  trouve  point  ce  dernier  dans  le  diction- 
naire de  l'Académie  ;  il  eft  dans  les  autres  Vocabu- 
laires. 

JUBÉ.  f.  m.  Lieu  élevé  dans  les  Églifes ,  en  forme  de 
galerie  ,  qui  fait  ordinairement  la  léparation  du 
Chœur  &  de  la  Net  ,  où  l'on  va  dire  l'Évangile 
des  Méfies  folennelles.  Pulpitum.  Ambo.  Il  y  avoit 
des  Jubés  dans  les  Égliles  dès  l'an  420.  Tillemont. 
Les  Reliques  de  S  Etienne  ayant  été  portées  à 
Uzala  ,  elles  furent  placées  au  Jubé  de  l'Églife  de 
la  ville.  Id.  On  y  lut  le  recueil  des  miracles  qui 
s'éroient  faits  ,  &  après  qu'on  avoit  lu  un  miracle  j 
on  failoit  monter  au  Jubé  la  perfonne  dont  on  ve- 
noit  de  r.apporter  la  guérifon  ,  lorfqu'elle  fe  trou- 
voit  préfente  ,  afin  qu'elle  en  rendît  elle-même  un 
témoignage  authentique.  Id. 

Ce  mot  eft  Latin ,  &  lignilîe  commande:^  ,  &  eft 
venu  de  ce  ^fF  que  le  Diacre  ,  le  Sôudiacre  ,  ou 
le  Ledleur  avant  que  de  commencer  ce  qu'il  doit 
chanter  eu  reciter  j  demande  au  Célébrant  fa  béné- 
ditbion  ,  en  lui  dilant  ,  Jubé  ,  mot  du  Bréviaire  , 
Jubé  y  Domne  ,  Benedkcre.  On  chantoit  autrefois 
les  leçons  de  Matines  au  jubé.  Voyc^  la  Dillcrtation 
de  M.  Thiers  lur  les  Jubés. 

On  dit  en  proverbe  ,  je  l'ai  fait  venir  à  Jubé ,  je 
l'ai  réduit,  à  fe  foumettre,  à  en  palier  par  où  je  vou- 
drai. C'eft  comme  il  l'on  difoit ,  je  l'ai  réduit  à  ve- 
nir prendre  mes  ordres  ,  &  me  dire  ,  commandez 
ce  qu'il  vous  plaira  ,  Jubé ,  Sec. 

JUBEL-HADRA.  Montagne  d'Afrique  au  Royaume 
de  Maroc.  On  l'appelle  communément  la  Monta- 
gne Verte. 

JUBILAIRE,  adj.m.  &  f.  |C?Qui  concerne  le  Jubilé. 
Les  Juifs  avoient  trois  fortes  d'années  ;  l'année  or- 
dinaire ,  l'année  fabb.itiquc  ,  ou  la  feptième  année 
qui  arrivoit  tous  les  fept  ans  ;  &  l'année  jubilaire  , 
qui  arrivoit  après  fept  années  fabbatiques ,  ou  après 
quarante-neufans;  c'eft  à-dire  :,  tous  les  cinquante  ans. 
f^oye:[  Jubilé. 

tpr  On  peut  encore  appeler  année  Jubilaire  ,  celle  où 
nous  .avons  le  Jubilé. 

03"  Jubilaire.  Dans  quelques  chapitres.  P^oy.  Jubilé. 

JUBILATE.  Terme  de  Bréviaire  que  l'on  a  appliqué 
au  troihème  Dimanche  .après  Pâques  ,  parce  que 
l'Introït  de  la  Melfe  de  ce  jour  commence  par  ce 
mot ,  &  que  ce  troifieme  Dimanche  eft  ainii  mar- 
qué dans  les  Aimanachs. 

JUBILATION,  f.  m.  Réjouillance.  Utitia  ,  jubilatus. 
Il  le  dit  en  termes  de  plailanterie  en  ces  phrafes  : 
Enfans  de  jubilation  ,  vifige  de  jubilation  ,  maifon 
de  jubilation,  où  l'on  n'aime  que  la  joie. 


J  U  B 

Jubilation.  Terme  d'Eglife.  Jubilatio.  La  jubilation , 
dit  S.  Auguftin ,  fur  le  Pfcaume  XCIX  n.  4.  n  cit 
autre  choie  qu  un  fon  fuis  paroles.  Le  même  Saint 
dit  fur  le  Pfcaume  XXXII.  n.  S.  que  iz  jubilation  eft 
un  langage  incltable.  Il  Liut  louer  Dieu  :  les  paroles 
nous  manquent ,  que  nous  rcfte-t-il  ,  que  de  nous 
lailfer  aller  à  la  jubilation  ?  Le  Brun. 

gcr  JUBILÉ,  f.  m.  C'étoit  chez  les  Juifs  dans  la  loi  de 
Moyic,  une  folcnnité  publique  qui  le  faifoit  après  k 
révolution  de  lept  femaines  d'années ,  de  cinquante 
ans  en  cinquante  ans  ,  lors  de  laquelle  tous  les  ekla- 
ves  devenoient  libres ,  toutes  fortes  de  dettes  étoient 
remiies ,  &  tous  les  héritages  retournoient  en  la  pof- 
felHon  de  leurs  anciens  maîtres.  JubiUum  ,  JubiUi 
tempus.  Au  vingt-cinquième  chapitre  du  Lévitique, 
il  eft  ordonné  aux  Juifs  de  compter  lept  femamcs 
d'années,  c'eft  à  dire,  lept  fois  lept,  qui  font  qua- 
rante-neuf j  &  de  bnéliher  la  cinquantième  année. 
Les  Juifs  ne  vendoient  pas  leurs  biens  &c  leurs  terres 
à  perpétuité ,  mais  feulement  jufqu'à  l'année  du  Ju- 
bilé. 

U^'Le  Jubilé ,  chez  les  Chrétiens ,  eft  une  cérémonie, 
une  folcnnité  éccléfiaftique  qu'on  tait  pour  gagner 
une  indulgence  plénière  que  le  Pape  accorde  extraor- 
dmairement  en  certains  temps  &  en  certaines  occa- 
fions.  Les  Papes  donnent,  accordent  ordinairement 
un /«Ai/e  extraordinaire  à  leur  avènement.  Recevoir, 
publier,  ouvrir  le  Jubilé.  Faire  ion  Jubilé.  Le  Jubilé 
fut  établi  par  Bonitace  VII ,  en  l'an  1300,  en  faveur 
de  ceux  qui  iroient  ad  limina  Apojlolorum  ,  &  il  vovi- 
lut  qu'il  ne  fe  célébrât  que  de  cent  ans  en  cent  ans. 
L'année  de  cette  célébration  apporta  tant  de  richelles 
à  Rome ,  que  les  Allemands  l'appeloicnt  l'année  d'or. 
Clément  VI  réduilit  la  période  du  Jubilé  à  cinquante 
ans.  Urbain  VI  voulut  qu'on  le  célébrât  tous  les 
trente  cinq  ans  ,  &  Sixte  IV  tous  les  vingt-cinq  ans, 
ik.  il  ne  fît  que  publier  la  Bulle  de  Paul  II  qui  l'avoit 
ainli  réglé.  Il  y  a  une  hiftoire  des  Jubilés  en  Italien, 
faite  par  un  Dominicain  Italien.  Boniface  IX  en  ac- 
corda en  divers  lieux  à  pluficurs  Princes  &  Monaftè- 
res.  Depuis  on  les  a  rendus  plus  tréqueiis  ,  Se  le  Pape 
en  accorde  félon  les  betoins  de  l'Églilc.  Chaque  Pape 
donne  prétcntemcnt  un  Jubile,  l'année  de  fa  conlë- 
crarion.  Port  R.  Pour  gagner  le  Jubilé ,  la  bulle 
oblige  à  des  jeûnes ,  aumônes ,  prières ,  èc  à  vifiter  les 
Églifes  où  font  des  ftations  du  Jubilé.  Elle  donne  pou- 
voir aux  Prêtres  d'abfoudre  des  cas  réfervés,  même  de  ■ 
ceux  contenus  en  la  bulle  in  Cœnâ  Domini  j  de  faite 
des  commutations  de  vœux  ^&c.  Ce  qui  fait  fa  diffé- 
rence d'avec  l'indulgence  plenièrc.  Au  temps  du  /ii- 
^i/f  toutes  les  indulgences  font  fulpendues.  Le  Jubilé 
autrefois  s'appeloit  le  grand  Pardon. 

Ce  mot  vient  de  l'Hébreu  yoèe/ ,  qui  lignifie  cin- 
quante ,  à  caufe  que  le  Jubilé  fe  faitoit  chaque  cin- 
quantième année.  Mais  ceux  qui  difent  ceci  fe  trom- 
pent ■■,  car  le  mot  Hébreu  ^ST"  ne  fîgnihc  point  cin- 
quante ,  ni  fcs  lettres  prîtes  pour  des  chiftres,  ou  fé- 
lon leur  puillance  numérale,  ne  font  point  jo,  mais 
10  ,  (S,  2.  &  50  ,  c'eft- à-dire,  48.  D'autres  difent  que 
jobel  lignifioit  un  bélier,  6c  qu'on  annonçoit  le  Jubilé 
avec  un  cor  fait  d'une  corne  de  bélier  ,  en  mémoire 
du  bélier  qui  apparut  à  Abraham  dans  le  builfon, 
lorfqu'il  voulut  facrifier  fon  fils.  Malins  croit  que  ce 
nom  vient  de  Jubal ,  qui  fut  le  premier  inventeur  des 
inftrumcnsde  Mulique^  auxquels,  pour  cette  nùfon, 
on  donna  fon  nom.  Gen.  IV.  21 .  De-là  enfuite  les 
noms  de  Jobel  tk.  de  Jubilé ,  pour  lignifier  l'année  de 
délivrance  &  de  rémillion  ,  parce  qu'on  l'annonçoit 
avec  un  de  ces  inftrumens  qui  ne  furent  d'abord  que 
des  cornes  de  bciier  iSc  fort  imparfaits. 

Il  y  a  plulieurs  médailles  des  Papes  pour  les  Jubi- 
lés,  où  la  Porte  Sainte  eft  diverfement  figurée  avec 
plulieurs  infcriptions  différentes  :  en  celle  de  Clément 
VIL  Ports.  Cœli  apertA  funt.  En  celle  de  Paul  III  en 
ijfo.  Jujli  intrabunt  per  eam.  En  celle  d'Urbain 
VIII.  Aperuit  (S"  claujit.  An  Jubilé  Ae  1700,  le  Car- 
dinal de  Bouillon ,  en  qualité  de  Doyen  du  fâcré  Col- 
lège ,  ouvrit  la  porte  S.rinte  avec  un  marteau  d'or ,  & 
on  frappa  des  médailles. 


J  u  c 

Il  y  a  des  Jubiles  particuliers  en  certaines  villes  par 
les  rencontres  de  certaines  fêtes.  Au  Piiy-en-Yciay , 
quand  la  lete  de  l'Annonciation  de  la  iainte  Vierge 
arrive  le  Vendredi-Saint;  &  à  Lyon,  quand  la  Kètc 
de  {'lint  Jean  Baptiftc,  Patron  de  la  grande  Églife , 
concourt  avec  la  Fère  Dieu. 

L'an  1640  ,  les  Jéfuitcs  cclcbrercnt  à  Rome  un  Ju- 
bilé fblcnnel  du  Ccute:iairc  depuis  la  coniirniaiion 
de  leur  Compagnie ,  &  cette  même  f-cte  le  célébra 
daiis  toutes  leurs  maifons  établies  en  divers  endroits 
du  monde. 
JuBii  É  ,  OU  Jl'dilaire  ,  adj.  fe  dit  à  l'imitarion  de  ce  Ju- 
bile àzs  Juii's,  d'un  Religieux  qui  a  cinquante  ans  de 
proi'cllion  d.ms  un  Monaftère  ,  ou  d'un  Eccléliaftique 
qui  a  dclièrvi  une  Églife  pendant  cinquante  ans ,  d'un 
Chanoine  qiii  a  cinquante  ans  de  fervite.  C'cft  à  pro- 
portion ce  i]uc  les  Anciens  appeloient  veterani,  dans 
la  Milice.  Les  Religieux /i^/^i/e'jj  en  divers  endroits  j 
l'ont  difpenfés  de  îvLuines ,  des  rigueurs  de  la  Règle. 
Par  la  même  raifon,  l'on  a  dit  que  Benfcrade  étoit 
Auteur  plus  que  jubilé ,  parce  qu'il  avoit  vécu  plus 
de  cinquante  ans  depuis  Ion  premier  ouvrage.  Parmi 
les  Mendians,  celui  là  eft  Dodreur  jubilé  qui  a  en- 
feigné  dix  huit  ans,  d'autres  diient  quinze.  S.  Rémi 
eft  appelé  jubilé  par  quelques  Auteurs,  parce  que  la 
vie  a  été  de  près  d'un  liècle,  ce  Saint  ayant  vécu  96  ans. 
JUBILER,  v.  a.  A  Rome  ,  quand  un  laquais  n'ell  plus 
en  état  de  tervir,  ton  maître  le  jubile,  c'eftàdire, 
qu'il  lui  donne  la  moitié  de  (es  gages,  &i  il  ne  fert 
plus.  Le  B.  Dh  Polinitz. 
JUBIS.  f.  m.  Railins  en  grappe  féchés  au  foleil ,  que  les 
Mirchands  Épiciers  tirent  ordinairement  de  Pro- 
vence pour  les  provihons  de  carême. 
JUBLAINS  ou  JUBLENT.  |Bourg  du  Diocèlb  du 
Alans ,  à  dix  lieues  de  cette  Ville. 

J  U  C. 

JUC.  r.  m.  Terme  de  ménage  de  campagne ,  qui  fe  dit 
du  lieu  où  les  poules  &  les  volailles  fe  perchent  pour 
dormir.  Jugum ,  cubile.  On  dit  mieux  juchoir. 
lUCA.  f.  m.  Sorte  de  plante  qui  c^-oit  dans  les  îles  de 

l'Amérique,  p'^ùye-^  Yuga. 
JUCADAM.  Jucadam.    Nom  d'une  ville  de  la  Tribu 

de  Juda  dans  la  Terre-Sainte.  Jof.  XV.  r(f . 
JUCATAN,  ou  YUCATAN,  ouJUCÀTAM.  Nom 
d'une  prefqullc  de  l'Atnérique  (eptcntrionale.  Jucaca- 
nla.  Elle  elt  entre  le- golfe  de  Mexique  &:  celui  de 
HunduraSj  &  elle  confine  avec  les  Provinces  de  Ta- 
bafco ,  de  Chiappa ,  &  de  Vera-pax.  Son  circuit  eft 
environ  de  deux  cent  cinquante  lieues,  fonTerroir  ell 
montagneux,  mais  fertile,  principalement  en  coton. 
Les  Eipagnols  en  font  les  maîtres  depuis  l'an  i  j  1 7  ,  & 
ils  y  ont  les  villes  de  Mérida,  de  Valladolid,  de  Cam- 
pêche  &  de  Salamanq'ue.  Cette  prelqu Ile  eft  une  des 
provinces  de  l'Audience  du  Mexique.    Maty. 

La  Péninfule  de  Jucatam  eft  fituée  depuis  le  feiziè- 
iTic  degré  de  latitude  feptentrionale  jufqu'au  vingt- 
deux,  depuis  le  golfe  de  Gonajos  julqu'au  goUe  de 
Trifte,  ayant  fa  fitu.uion  nord-eft  &  fud-oueftj  du- 
quel côté  elle  eft  attachée  au  continent ,  &  Ion  autre 
pointe  qui  eft  au  nord ,  eft  nommée  le  Cap  Catoche  j 
où  autrefois  les  Indiens  ont  eu  de  beaux  édifices  , 
comme  il  paroît  encore  par  les  ruines  qu'on  voit  fur 
une  petite  île  qui  eft  proche  ,  nommée  Caya  de  Muiè- 
res.  Du  coté  de  l'oueft  ou  ponant,  les  Eipagnols  y 
ont  une  belle  ville  nommée  faint  Francilco  de  Cam- 
péche,  &  au  milieu  une  autre  nommée  Mérida,  où 
il  fe  fait  un  grand  commerce  avec  les  Indiens;  & 
Campcche  étant  un  port  de  mer  en  a  bien  plus.  Il  y 
a  eu  beaucoup  d'autres  villes  &:  bourgs  lur  cette  pé 
ninfule  ;  mais  depuis  que  les  étrangers  ont  fait  la 
guerre  aux  Efpagnols  dans  ce  pays  ,  ils  ont  été  dépeu- 
plés &  font  venus  à  rien.  Les  Efpagnols  occupent  la 
partie  occidentale,  &  les  Indiens  l'orientale,  qui  eft 
du  côté  de  Honduras. 

Ce  nom  a  été  donné  à  ce  pays  à  caufe  que  la  pre- 
mière fois  que  les  Efpagnols  abordèrent  en  cette  pé- 
ninfule ,  ils  demandèrent  aux  Indiens  le  nom  du 
Tomi  V. 


JUD 


291 


pays.  Les  Indiens  qui  ne  les  entendoicnt  p.is,  leur  ré- 
pondirent Jucatam,  c^\  lignifie  en  leur  langue.  Que 
dites-vous;  Ce  qui  ht  que  les  Efpagnols  l'appelèrent 
Jucatam ,  /bit  que  ne  lâchant  pas  la  langue  de  cette 
contrée,  ils  cruftcnt  que  c'étoit  fon  véritable  nom, 
ou  qu'en  cHbtils  lui  aient  laillé  ce  même  \\v,Vii  en  mé- 
inoirc  de  ce  qui  s'étoit  pailé. 

Cette  péninlule  eft  trèsrertile  en  tout  ce  que  l'A- 
mérique produit  ;  autrefois  elle  a  été  fort  peuplée 
d'Indieiis;  mais  les  Efpagnols  le«  ont  tellement  dé-, 
truits,  qu'il  n'y  en  a  aujourd'hui  que  très  peu  qui  font 
leurs  tributaires  J  ou  pour  mieux  dire  leurs  eftlaves  , 
parce  qu'ils  n'ont  aucune  liberté.  fiiST.  des  Fliuust. 

JUCHER.  V.  V-  Qui  fe  dit  des  volailles  qui  fe  mettent  la 
nuit  (ur  une  perche  ou  fur  quelque  branche  pour 
dormir.  JJJîdere  ,Jîdere.  î^G"  Les  poules /ucAe/jf  dans 
le  poulailler  ,  les  faifans  fur  les  arbres.  Ce  verbe  eft 
auliî  réciproque.  Les  failans  fe  juche,'.:  fur  les  arbres. 

îfj"  On  le  dit  figuréraent  &•  populnircmenr  d'un  hom- 
me logé  au  troihème  ou  au  quatrième  étage  ,  ou  placé 
dans  un  lieu  élevé  &c  peu  convenable.  Il  étoit  juché 
lur  un  auvent.  On  a  de  la  peine  à  vous  aller  voir  , 

•  vous  êtes  -trop  haut  j.uché.  Elle  étoit  juchée  comme 
une  poule  au  haut  du  bagage.  Scar. 

|SJ" Juché,  ée.  part. 

|,G" Cheval  juché,  en  termes  de  manège,  fynonyme  de 
rampin.  C'eft  celui  dont  le  boulet  fe  porte  tellement 
en  avant,  qu'il  marche  &  repofe  lur  la  pince.  Suivanc 
les  Encyclopédiiles  ,un  cheval  /acAe'&ûxelui  dont  les 
boulets  des  jambes  de  derrière  font  le  même  effet  que 
ceux  des  jambes  de  devant. 

§3°  Ce  mot  vient  du  Latin  jugare,  &  juc  de  jugum. 

M  EN. 

JUCHOIR.  f.  m.  Lieu  où  les  poules  juchent.  Sedile 
aviarium,  gallinanum.  Il  ell:  a'ile  d'attraper  les  pou- 
les 3.U  juchoir, 

JUD. 

JUD.  Ville  de  la  Tribu  de  Dan ,  dont  parle  Jofué.  XIX. 
4S-  J"d.  Les  Septantes  l'appellent  Aior. 

JLII)A.  f  m.  Nom  d'homme.  Juda  ,  Judas.  Nous 
avons  touriié  ce  nom  dans  notre  langue  en  trois  ou 
quatre  façons ,  qu'il  ne  faut  pburtant  pas  employer 
indifféremment ,  l'ufage  y  ayant  mis  de  la  diftinélion. 
Ces  manières  font  Juda,  Judas  &  Jude  à  quoi  l'on 
peur  a,'outer  Jchuda.  Ce  dernier  ne  fe  peut  dire  qu'en 
parlant  des  Rabbins, comme  nous  l'avons  remarqué  en 
Ion  lieUj  &  c'eft  le  mot  juda  prononcé  à  l'Hébra'i'que. 
Juda  fe  dit  du  Patriarche  Juda  fils  de  Jacob  ,  &  père 
ou  chef  d'une  des  Tribus  d'Ifraël ,  à  laquelle  il  a  don- 
né le  même  nom,  &  des  Rabbins  communément. 
Judas  fe  dit  d'un  illuftre  Machabée,  &  de  l'inlame 
traître  qui  vendit  N.  S.  Voyc^  ce  mot.  Jude  le  dit 
d'un  faint  Apôrre  dont  nous  parlerons  au  mot  JUDE. 
Le  Patriarche  Juda  étoit  le  quatrième  fils  de  Jacob 
cV-  de  Lia.  Gen.  XXIX.  3 s-  Abraham  fut  père  d'I- 
faac  ,  Ifaac  de  Jacob ,  Jacob  de  Juda  tk.  de  les  frères. 
Juda  tut  de  Thamar  Phares  &  Zara.  Bouh.  Juda  en- 
gendra de  Thamar  ,  Phares  iv-  Zara.  Port-R.  Le 
Trébodicn  de  ce  Digefte  Hébraïque  (  la  Milchne  )  hit 
le  fameux  Rabbin  Juda,  furnommé  le  Sainte  ^^^^^X'"<  >' 
le  phénix  de  fon  fiécle,  dit  Maiemonides;  il  vivoit, 
félon  la  Chronologie  des  Juifs,  l'an  du  monde  3910, 
c'eft  à-dire,  vers  le  milieu  du  II  lîécle,  fous  l'Empe- 
reur Antonin;  &  il  fit  ce  Recueil  fi  l'on  en  croit  le 
ni3K  l^n;  ou  David  Ganrz  &  le  Rab.  Serina  Gaon, 
l'an  du  monde  3978  ,  c'eft-à  dire,  l'an  de  J.  C.  2x8  , 
I  ;o  aift  ,  dit  le  même  Gantz  ,  ou  plutôt  1 48  ans  après 
la  deftrudion  du  temple.  P.  Souciet.  DiJJenJur  la 
Mifclme.  R.  Juda  le  Lévite ,  Auteur  du  Dialogue  inti- 
tulé Goiri ,  mourut  l'an  du  monde  J900.  de  J.  C. 
1 140.  Id.  liée,  de  Di[î.  R.  Juda,  fils  de  David  Pallî  , 
furnommé  Hhing ,  juif  de  Fez  ,  qui  vivoit  vers  fan 
de  Jéfus  Chrift  1040,  eft  le  premier  Grammairien 
qu'aient  eu  les  Juifs.  Foye^  la  Bibliothèque  Hébra'i- 
que  de  Bartholocci,  &  celle  de  Volphius,  p.  4.22  , 

JUDA,  fe  dit  dans  le  ftyle  de  l'Écriture  pour  la  poftérité 

Oo  ij 


292.  J  U  D 

ko.  Juda  ,  les  dcfcendans  de  Judj.  La  Tribu  de  Juda. 
Juda  dreilera  il-s  tentes  veis  l'oiienr  dans  un  corps 
<iiib";iguc  par  bandes.  Saci.  Nomb.  IL  ^.  Juda  ayant 
marché  contre  les  Chananéens  qui  habitoient  à  Hé- 
bron ,  dont  le  nom  écoir  autrefois  Caiiath-zlrbé ,  défit 
Selaï,  Ahimaîi  &:  Tholmaï.  Id.  Jug.  I.  lo.  Il  eft 
certain  que  N.  S.  eft  lorti  de  Juda,  qui  cil  une  Tribu 
à  laquelle  Moyle  n'a  jamais  attribué  le  Sacerdoce. 
Port  R.  Heb.  Fil.  14. 

La  Tribu  de  Juda ,  la  maifon  de  Juda ,  les  hls  ou 
les  enians  de  Juda  font  la  même  choie. 
Juda  ,  fe  dit  non-f'culcment  de  la  Tribu  de  Juda  feule  , 
mais  encore  de  la  Tribu  de  Juda  jointe  aux  autres 
Tribus  qui  s'allioicnt  à  elle  ou  le  joignirent  à  elle,  & 
ne  firent  enfemble  qu'un  même  corps ,  ou  un  même 
ctat  auquel  la  Tribu  de  Juda ,  comme  la  principale , 
donnoit  fon  nom.  D'abord  ce  fut  Juda  5i  Siméon , 
comme  on  le. voit  au  Livre  des  Juges  I.  i ,  2,  j  , 
4,  &c.  Après  la  mort  de  Jofiié,  les  enfans  d'ilraël 
confulterent  le  Seigneur,  &  lui  dirent:  Qui  marche- 
ra devant  nous  pour  combattre  les  Chananéens,  &: 
qui  fera  notre  chef-  dans  cette  guerre  î  Le  Seigneur  ré- 
pondit :  Juda  marchera  devant  vous  ,  je  lui  ai  donné 
la  terre  ennemie  entre  les  mains.  Et  Juda  dit  à  Si~ 
méon  fon  frère  :  Venez  avec  moi  pour  m'aider  à 
gagner  ma  part  de  cette  terre ,  &  combattez  les  Cha' 
nanéens  afin  que  j'aille  auliî  avec  vous  pour  vous  ai- 
der à  gagner  la  part  qui  vous  eft  due.  Siméon  donc 
s'en  alla  avec  Juda.  Juda  ayant  marché  contre  les  en- 
nemis, le  Seigneur  livra  entre  les  mains  des  Hébreux 
les  Chananéens ,  les  Phérézéens ,  &  ils  taillèrent  en 
pièces  10000  hommes  à  Bézec.  Saci  ,  Jug.  I.  i ,  Sec. 
Il  y  a  dans  le  texte.  Se  le  Seigneur  livra  entre  leurs 
mains  les  Chananéens ,  Oc.  On  voit  par  là  que  les 
trois  premières  irois  Juda  eft  mis  pour  Juda  leul ,  mais 
que  la  dernière  fois  il  eft  mis  pour  Juda  ôi.  Siméon 
joints  enkmble.  Dans  la  tuite  il  fc  dit  de  Juda  Se  de 
Benjamin ,  &  c'eft  ce  que  depuis  Salomon  l'on  appelle 
Juda  Se  Royaume  de  Juda ,  par  oppolition  aux  dix 
autres  Trfbus  qu'on  nommoit  Ilracl  ,  &  Royaume 
d  Iracl.  C'eft  en  ce  (en s  quon  dit  Rois  de  Juda.  Les 
exemples  en  lont  h  tréquens,  lur  tout  dans  les  der- 
niers Livras  des  Rois  &  le  1^  des  Paralipomènes ,  qu'il 
eft  inutile  d'en  rapporter.  Et  Juda  fit  le  mal  devant  le 
Seigneur ,  &  l'irritèrent  par  les  péchés  qu'ils  commi- 
rent. Saci.  j.  des  Rois  XI F.  22.  Si  vous  vous  aban- 
donnez à  la  fornication,  ô  Ifraël,  que  JudasM  moins 
ne  tombe  pas  dans  le  péché.  Saci.  Ofee  IF.  /  r.  Ce 
nom  refta  a  ces  mêmes  Tribus  après  la  deftruélion  du 
Royaume  d'Ura'êl  par  Salr.ianalar ,  pendant  la  capti- 
vité de  Babylone,  &  depuis  leretour,  &  c'eft  de-là 
que  s'eft  fait  celui  de  Judée  Se  de  Juif.  Foye':^  encore 
ce  mot. 

Dans  Jérémie,  XXFI.  iS.  i  g.  où  il  eft  dit  du  Pro- 
phète Michée  ,  Michée  de  Morafti  prophétifa  au 
temps  d'Ezéchias,  Roi  de  Juda ,  Se  il  dit  à  tout  le 
peuple  de  Juda  :  Voici  ce  que  dit  le  Seigneur  des  ar- 
mées :  Sion  fe  labourera  comme  un  champ  ;  Jérufalem 
fera  réduite  en  un  monceau  de  pierreij  &  cette  mon- 
tagne où  eft  la  mailou  du  Seigneur  deviendra  une 
haute  forêt.  Fut- il  pour  cela  condamné  à  mort  par 
Ézéchi^s  Roi  de  Juda,  Se  par  tout  Juda  F  Ravancl 
prétend  qu'au  dernier  mot  ,  Juda  le  prend  pour  le 
S.anédrin  ;  mais  ce  qui  précède  montre  le  contraire. 

Le  delert  de  Juda  eft  une  partie  de  la  Tribu  de  Juda, 
du  côté  du  midi,  vers  ITdumée,  ayant  la  ville  d'Arad 
au  nord. 

Le  Royaume  de  Juda.  C'étoit  la  partie  méridio- 
nale de  la  Terre- Sainte  i  qui  comprenoit  la  Tribu  de 
Juda  Se  celle  de  Benjamin ,  Se  même ,  félon  quelques- 
uns,  une  partie  de  celle  de  Siméon. 

Le  Royaume  de  JUDA.  Petit  pays  d'Afrique  dans 
la  Guinée,  entre  le  Royaume  du  grand  Ardre  au  le- 
vant ,  &  la  rivière  de  Volte  au  couchant. 
Juda  ,  ou  la  Tribu  de  Juda ,  fe  prend  aulli  pour  le  pays 
qu'occupoit  dans  la  Terre-Sainte  la  poftérité  du  l'a 
u'iarche  Juda.  La  Tribu  de  Juda  étoit  lîtuée  dans  la 
partie  méridionale  de  la  Terre  Sainte ,  ayant  au  levant 
îa  nier  Morte  ,  ou  le  lac  Afphaltique ,  au  midi  les 


J  U  D 


montagnes  de  Se'ir  Se  l'idumée  -,  au  couchant  les  Tri- 
bus de  Siméon  Se  de  Dan  ,  &  au  nord  la  Tribu  de 
Benjamin.  La  Tribu  àcjuda  étoit  la  plus  puiflante  & 
la  plus  nombreule  de  toutes  les  Tribus.  Dans  le  pre- 
mier dénombrement  fiit  par  MoTfe  dans  le  dcfert  de 
Sinaï ,  la  Tribu  de  Juda  avoit  foixante  Se  quatorze 
mille  lix  cents  hommes,  depuis  vingt  ans  &  au  delliis. 
Nombres  I.  26 .  2j.  Dans  le  fécond  fait  par  Moïfe 
dans  les  campagnes  de  Moab ,  il  fe  trouva  76500  hom- 
mes.  Aulîî  jofué ,  C.  XF,  lui  affigne  1 1  j  villes  ■■,  on 
en  démembra  quelques  unes  pour  les  donner  à  la  Tri- 
bu de  Dan  &  à  celle  de  Siméon;  mais  elle  fut  après 
cela  même  la  plus  puiflante.  Ce  fut  aulîi  la  plus  noble. 
C'eft-  d  elle  que  Dieu,  depuis  David  ,  prit  les  Rois  qui 
gouvernèrent  fon  peuple.  C'eft  ce  qui  fiit  dire  à  Da- 
vid ,  Pf.  LIX.  Juda  eft  Prince  de  mes  Etats.  Saci  , 
ou  plutc>t,  Juda  eft  mon  Roi,  Se  Pf.  -LXXFII.  6 S. 
Il  rejetta  le  tabernacle  de  Joleph ,  Se  ne  choilit  poiiit 
la  Tribu  d'Éphraim;  mais  il  choifir  la  Tribu  de  Juda, 
la  montagne  de  Sion  c,u'il  a  ain:ée.  En  même  teins 
un  homme  envoyé  de  Dieu  vint  de  Juda  à  Béthel , 
lorfque  Jéroboam  étoit  près  de  l'autel  &  qu'il  enceii- 
foit.  Id.  3.  des  Rois.  XIII.  i.  Voyez  encore  4  des 
Rois.  XXIII.  /7.  Ainfi  il  régna  (Roboam)  fur  la 
Tribu  de  Juda  Se  de  Benjamin.  Or  les  Prêtres  &  les 
Lévites  qui  étoient  dans  tout  Ifraël ,  quittèrent  leurs 
demeures  J  Se  vinrent  fc  rendre  auprès  de  fa  perfonne. 
Ils  abandonnèrent  les  fiubourgs  &  les  biens  qui  leur 
avoient  été  donnés.  Se  fe  retirèrent  dans  Juda  Se  à 
Jérulaleni.  Id.  2.  de  Parai.  XI.  14.  La  montagne  ou 
les  montagnes  de  Juda  qui  font  dans  cette  Tribu. 

Le  lion  de  la  Tribu  de  Juda.  Mais  un  des  vieillards 
me  dit  :  Ne  pleurez  point ,  lâchez  que  le  lion  de  la 
Tribu  de  Juda  ,  celui  qui  eft  forti  de  la  race  de  Da- 
vid, a  vaincu ,  Se  qu'il  ouvrira  le  livre  Se  en  rompra 
les  fept  Iceaux.  P.  Amelote  ,  Apoc.  F.  /.  C'eft  une 
périphrale  élégante  dont  S.  Jean  fe  fert  pour  exprimer 
d'une  manière  fublime  le  nom  de  Jésus  Christ. 
Simon. 

judaïque,  adj.  m.  Se  f.  Qui  appartient  aux  Juifs.  Ju- 
daicus.  La  Loi  Judaïque.  Lex  vêtus.  Les  cérémonies 
Judaïques  ;  le  peuple  Judaïque.  L'L'glife  Judaïque 
étoit  villble  &  frès  vifible  en  Juda.  Péliss.  Nous 
lommes  exadts  dans  la  pratique  de  certaias  devoirs 
extérieurs  jufqu'a  y  être  attachés  d'une  manière  fu- 
perl'txtieule  Se  Judaïque.  Nie.  Joleph  a  écrit  des  .anti- 
quités Judaïques.  Il  a  été  tsaduit  par  Génébrard  Se 
depuis  par  M.  Arnaud  d'Andilly. 

Pierre  Judaïque.  Lapis  Judaïcus.  C'eft  une  pierre 
obloncue  ,  un  peu  ronde  ,  de  la  figure  d'une  olive  j,; 
rayée  R)ut  autour  de  lignes  également  diftantes; 
placées  félon  toute  la  longueur  ,  depuis  la  bafe  ji 
qu'au  fommet.  Sa  couleur  tire  fur  le  blanc ,  ou  ell^ 
tireunpculur  la  cendre;  intérieurement  elle  reluity-- 
Se  elle   fe  fend  obliquement  en  des  lames  qui  ref 
femblent  à  des  feuilles  :  on  la  donne  en  poudre  juG' 
qu'.i  une  dragme  dans  une  liqueur  convenable.  On» 
l'apY'eWe  Pierre  Judaïque  ,  ou  de  Syrie  j  parce  qu'oi» 
la  trouve  dans  la  Judée  &  la  Syrie.   Quelques-uns 
rappellent  Euroius ,    parce  qu'elle  excite  l'écoulé^"' 
lenifnr   de  l'urine.    On   croit  que  cette  pierre  a  la 
propriété  de   briler    la   pierre  dans  la  veille,  ou  le 
calcul    des    reins.    M.  GéofFroi  ,    cité  par  James, 
explique  la  manière  dont  on  peut  concevoir  que  11 
pierre  de  Lynx,  la  pierre  Judaïque  Se  les  yeux  d'é- 
crevifles ,  ont  une  qualité  diurétique  j  quant  à  celle  de 
diflbudre  la   pierre  ,  ni    l'expérience  ,  ni  la  raifon 
ne  l'ont  encore  démontrée. 

A  LA  Judaïque.  Sorte  d'adv.  qui  lignifie  ,  A  la  ma- 
nière des  Juifs  3  lelon  les  coutumes  &  les  cérémo- 
nies des  Juifs.  Juddorum  more.  Vivre  à  la  Judaïque. 
On  dit  vivre  à  la  Juive  ,  quand  il  s'agit  des  mœurs , 
Se  à  la  Judaïque  ,  quand  il  s'agit  des  cérémonies. 
BouH. 

JUDAISER.  v.  n.  Tenir  quelque  chofc  de  la  Reli- 
gion ,  de  la  fupcrftition  &  des  cerémoiiies  Judaï- 
ques ;  pratiquer  les  cérémonies  Judaïques.  Judaï- 
cos  ricus  Jequi.  On  a  beau  convertir  un  Juif ,  '\\ju- 
ddfe  toujours  ,   il  retient  quelque  chofc  de  fon  an- 


JU  D 


J  U  D 


tienne    Rtlit;ioii.    S.   Paul  nous   dit  nu  chnp.  2.  ilc 
ion  Ép'it.  aux  CJal.ircs  ,  qu'ayant  rencontré  S.  l'icnc 
à  Antiociie  ,  il  lui   rélilla  en  Face  ^  &  lui  cicmauda 
pourquoi  il   contraignoit  les  Gentils   à  judaifer. 
JUi>AI,>ME.  {".  ra.  La  Religion    des  Juits.  judaifmus. 
iin  Hollande  il  y  a  pludcurs  ptrfonncs  qui  Font  pro- 
icilion  du  Judatjhtc. 
JUDAS  ou  JUDA.  Car  quelquefois  on   prononce   1'^ 
mcme   devant    une  conFonne.   F.   m.  Nom  d  hom- 
me ,    qui  ell    la   même  choie  que  Juda.    Celui  -  ci 
fe    dit    de   Judas    Machabce  ,     &    de   Judas    iFca- 
riote  ,  dilciple  de  J.  C.  qui  le  trahit   &  le  vendit 
pour  trente  deniers  ,  &  non  pas  Juda  Machabéc  , 
ou   Jude   Michabée  ,  ni    le    traître  Juda. ,  ou  Judt. 
Judas  ivlacnabce  a  été  Fort  vaillant  dès  la  jcuncllc. 
Qu'il  loit  Général  de  vos  troupes.  Saci  ,  /.    Mac  h. 
II,  6  G.  Judas  Ifcariote  ,  qui  elF  celui  qui  le  trahit. 
PûktR.  Comme  il  parloit  encore.  Judas  l'un  des 
douze  arrive  ,  luivi  d'un  grand  nombre  de  gens  ar- 
més d'épécs  ic  de  bâtons,  &  envoyés  par  les  Prin- 
ces des  Prêtres  &:  les  anciens  du  peuple.  Bouhours. 
On  le  dit  aulH  des  autres  dont  il  ell  parlé  dans  le 
Nouveau    rtllament.  Judas   de  Galilée    s'éleva  en- 
fuite  lorfque  le  ht  le  dénombrement ,  ôc  il  attira  à 
fon  parti  beaucoup  de  monde  ^  mais  il  périt  aulîî , 
&  tous  ceux  qui  avoient  cru  en  lui  furent  diilîpés. 
PoRT-R.   Cherchez  en  la  mailon  de  yWtr^  un  nom- 
me Saul  de   ïaiFes ,  car  il  eiF  en  prières.  Id.  Il  en 
faut  e.V'jcptcr    deux    qu'on    nomme   Jude.    /"^oyc-j 
ce  mot. 

On  Fc  Fertde  ce  mot  en  pluiïeurs  phraFes  prover- 
biales ,  par  rapport  au  traître  Judas   qui  l'a  porté. 
Il  eft  traître  comme  Judas  ,  damné  comme  Judas. 
Un    baiFer  de  Judas  ,    Fe   dit  des  careFlés    que  fait 
un  homme  à  un  autre  pour  le  trahir.  On  appelle 
du  biaii  de  Judas  ,  des  taches  de  rouiîeur  qui  vien- 
nent Fur  le  viFi-;e  ,  &  on  dit  d'un  homme  qui  a  le 
poil  roux  &  ardent  ,  qu'il  a  un  poil  de  Judas.  On 
montre  au  Trélor  de  S.  Denis,  la  lanterne  de  Ju- 
dus  ,   comme  une  pièce  d  antiquité. 
Judas.  F  m.  On  a  appelé  populairement  il  y  a  quel- 
ques  années  un  Judas  ,  une  petite  monnoie  de  bil- 
lon   ou  de  même  métal  que  les   Fous  marqués.   Le 
peuple  l'a  ainfi  appelé  par  alkuion  aux  trente  de- 
niers que  Judas  vendit  Notre  Scii^neur  ,  parce  que 
cette  monnoie  valoit  trente  deniers  ,  comme  on  le 
lit  dans  Ion  inFeriptiun.  Les /:^(/a5  Font  marqués  d  un 
côté  de  deux  LL  adolîees  j  au  lùilieu  de  trois  iieurs 
de  lis,  une  à  droite,   l'autre  à  gauche,  là  3"^    d^l- 
fous   &   Furmontée  de  la  couronne   de  fiance.    La 
légende  eft  Latine  ,  Lud.  XIIII  ,  Fr.  ik  Nav.  Rex. 
1710,  ou  171 1.  De  l'autre  côté  c'cft  une  croix  lar- 
ge ,  portant  un  point  au  milieu ,  cantonnée  de  quatre 
fleurs  de  lis  ,  &  terminée  à  les  quatre  bouts  de  trois 
petits  globes  ,   avec    ces  mots  François ,   pièce  de 
XXX  DENIERS  ,  cL'   la    lettre    de  la  ville  où  ils  ont 
été    Frappés.    Quelques  uns  ont  une  hermine  entre 
xxx,  &  deniers. 
JUDE.  F  m.  Nom  d'homme  qui  eft  le  même  que  Ju- 
da ,  &  Judas  ,  mais  qu'on  ne  dit  pourtant  que  de 
deux  perFonnes  ,  un  (aint  Apôtre  de  J.  C.  Frerc  de 
S.  Jacques  le  Mineur ,  &  un  Fiint  Dilciple  ,  dont 
il  eft  parlé  dans  les  Actes  des  Apôtres  ,  C.  XF.  Ju 
das.  L'Apôtre  S.  Jude  fut  Furnommé  ïhadée.  S.  Ju 
de  prêcha  l'Ev.angile  dans  la  MéFopotamie  ,  l'Ara- 
bie ,  la  Syrie ,  l'Idumée  &:  les  autres  pays  voilms  , 
comme  nous  l'apprend  Nicéphore  ,  Hifi.  Eccl.  L. 
II.  c.  jf..  S.  Jérôme  a  confondu  S.  Jude  avec  les  deux 
Simons  J  le  Cananéen  ,  &  le  parent  de  Notre  Sci 
gneur  ,  comme  Baronius  l'a  remarqué  à  Tan  44. 
de  J.  C.  n.  21.  Épitre  Catholique  de  S.  Jude.  P.  R. 
C'cft  une  Epitre  canonique  dont  ce  Saint  eft  Auteur. 
S.  Jude  appelé  Thadée  ,  eft  le  frère  de  Saint  Jac 
ques  le  Mineur ,  Evêque  de  JéruFalcm  ,  frère  com- 
me lui  ,  c'cft  à-dire  ,  parent  de  Notre-Seigneur.  Il 
écrivit  cette  lettre  j  Félon  la  remarque  d'Œcumé- 
nius  ,  après  la  mort   de    la  plupart  des  Apôtres  , 
comme  il  Femble  le  témoigner  allez  lui-même  exhor- 
,  ent  ceux  à  qui  il  écrit  de  Fe  Fouvenix  de  ce  que 


293 


les  Apôtres  leur  ont  prédit,  il  Fe  propoFe  dans  cette 
Ep;trt  le  mcme  but  que  S.  Pierre  dans  Fi  Féconde  , 
qui  ell  de  combattre  les  dikiple's  de  Simon  ,  6>:  les 
Nicolai'tes  ,  qui  le  contentant  d'uric  foi  ftérik  & 
Fins  œuvres ,  introduiFoicnt  clans  l'EgliFc  le  liLcrti- 
nage  &  la  corruption  des  mœuis.  Port.  R.  d'après 
Baronius  ,  an.  6 S.  n.  j  ,  .^.  Foye^  cet  fliftoiitn. 
Quelques  uns  ont  dit  lans  preuves  que  Saint  Jude 
étoit  mort  vers  l'an  65.  de  J.  C.  Saint  Jude  parle 
des  Agapes  que  les  hérétiques  qu'il  coaibat  ,  pro- 
fanoient  par  leurs  débauches.  Fleury.  Cet  Apôtre 
S.  Jude  ,  Furnommé  I  hadée  ,  ou  Lébée  ,  étoit  trè- 
rc  de  Saint  Jacques  l'Evecjue  de  Jérulalem.  Idlm. 

L'Ep'itre   de  S.  Jude  paro'it  écrite  après  la  mort 
des  autres  Apôtres  ;  elle  a  le  même  Fujet  ,  &  con- 
tient en  FuDftance  la  même  doéciine  que  la  Fécon- 
de Epitre  de  S.  Pierre  ,  étant  contre  les  mêmes  hé- 
rétiques ,  c'eft  à-dire  j  les  Nicolai'tes  ,  &c   leurs  fem- 
blables.    L'Apôtre  y    Fait    mention   du   combat  de 
l'Archange  S.  Michel  contre  le  Démon  tcuclvint  le 
Qorps  de  Moïle  ,  dont  il  étoit  parlé  dans  un  livre 
apocryphe  ,    nommé   l'enlèvement  de   Moïle.  Il  y 
cite  encore  un  palT^igc  du  livre  qui  palFoit  Fous  le 
nom  du  Patriarche   Enoch.    Ces   livres  Fe  trouvent 
auiil  cités  par  quelques  uns  des  plus  anciens  Pcrcs  j 
mais  de  ce  que  S.  Jude  les  cite ,  on  ne  doit  pas  con- 
clure qu'il   les  approuve    comme   divins  ,    puilque 
S.   Paul  a  ciré  même  des  Portes  piophar.es.   Le  S. 
Elprit  nous  a  marqué  par  ces  citations  quelques  vé- 
rités  contenues  en   ces  Ouvrages  Fans   autoriFer  le 
refte.  Idem. 

La  S.  Simon  &  la  S.  Jude  j  c'eft  la  fête  de  ces 
Saints  ,  le  jour  que  l'on  fait  une  tête  à  leur  hon- 
neur ,  que  '1  on  célèbre  leur  mémoire  ,  qui  eft  le 
i8  d  Octobre. 

Quint  à   l'autre  S.    Jude  ,    Difciple    de    JÉsus- 
Chi<.ist  ,  &  Furnommé  DarFibé  ,  le  P.  Montreuil 
&  le  P.  Brignon  dans  la  vie  de  JÉsus  ,  la  vcrLoii 
de  Mons ,  le  P.  Bouhours ,  le  P.  Amelote  &  M.  Si- 
mon le  nomment  Jude.  Aind  il  faut  les  luivre  plu- 
tôt que  les  verlions  de  Genève  &  de  Louvain  ,  qui 
l'appellent  Judas.  Cela  ne  fait  pourtant  pas  encoie 
un  uFige  II  établi  que    pour  S.  Jude  ,  Apôtre  ,  & 
je  ne  blàmerois  pas  encore  un  Traduéfeur  ,  qui  au 
C.  XF.  des  Aétes  diroit  Judas  &  Silas  ,  avec  Lou- 
vain ^    Genève  ,    comme    je    condamnerois    celui 
qui  diroit  S.  Judas  ,  Apôtre  ,  lurnommé  Thadée. 
JUDE'E..  No.n    d'une  contrée  de   la  Syrie  ,  prite    en 
général.  Judta  ,  Pal&Jluia  ;  C!ianaan  ,  Ckanaanïtïs 
Regauni  ,   Hïcrofolyimtanum  ,  Terra  Promïjfionls  , 
Terra  Sancla  ;  Jud^a.   Ce  pays   a  porté  un    grand 
nombre  de  noms  differens.  Chanaan  ,  fils  de  Cham  , 
&  petit  fils  de  Noé  ,  s'y  étant  établi  avec  la  lamille , 
lui  donna  le  nom  de  Chinaan-;  Dieu  ayant  promis 
au  Patriarche  Abraham  de  le  djnner  à  (a  poitérité  , 
les  iFraëlites   l'appelèrent  la   lerie  PromiFe  ,  ou  la 
Terre  de  Promniion  ;   les  Paleftins  ou  Philiftins  y 
étant  devenus  puiilans  &  célèbres ,  lui  firent  porter 
le  nom  de  Paleftine  ;  les  iFraclitcs  l'ayant  conquis , 
en  chalîant  ou  exterminant  prelque  tous  les  Char.a- 
néens ,  elle  prit  le  nom  de  Terre  d'iFraël.  Depuis  , 
le  Royaume  étant  divilé  en  deux  après  la  morr  de 
Salomon  ,  &c  l'un  ayant  été  appelé   Royaume   de 
Juda  ,  &  l'atitre  Royaume  dlFraël  ,  les  parties  qu'ils 
occupèrent  Furent  aulli  appelées  Terre  de  Juda  ,  & 
Terre  d'iFraël  ,  comme  on  lé  voit  Fi  Fouvent  dans 
l'Ecriture.    EriFuite    le    Royaume    d'ilracl   ayant  ete 
détruit,  &  les  dix  Tribus  qui  le  compoFoknt  tranl- 
portées  en  Airyric ,  le  Royaume  de  Juda  leal  rcfta  , 
compoFé  des  Tribus  de  Juda  ik.  de  Benjamin.  Elles 
Furent   tranFportées    quelques   temps  après   dans   la 
Babylonie  ,   mais  elles,  revinrent  70  ans  après  ,  Se 
occupèrent  de  nouveau  ce  pays  ,  c'eft  ce  qui  lui 
fit  donner  le  nom  de  Judte  ,  &:  à  ce  peuple  le  nom 
de  Juifs.    Les  Chrétiens  d'Occident  ayant  entrepris 
d'arracher  ce  pays  aux  Mahométans  dans  l'onzième 
Fiècle ,  lai  donnèrent  le  nom  de  Terre  Sainte  ,  par- 
ce que  les  Myftères  de  notre  Falut  y  ont  été  accom- 
plis ;  &i  ces  mêmes  Chrétiens  l'ayant  conquis ,  8c  y 


5?  4 


J  U  D 


ayant  fondé  un  Royaume  ,  dont  Jcrufalcm  ctoit  la 
capiule  ,  ils  l'apptlcrenc  le  Royaume  de  Jérudikm. 
Ce  pays  retomba  ious  la  domination  des  Soudans 
d'Egypte  ,  &  enluite  (eus  celle  des  Turcs ,  fous  la- 
quelle il  gémit  prélentemcnt. 

La  Juiùe  ei\  bornée  au  nord  par  les  montagnes 
du  Liban  ,  qui  la  léparenr  de  la  Hiénicie  j  au  raidi 
par  les  montagnes  .de  Séir ,  &  par  te  torrent  de  Bé- 
lor  ,  qui  la  féparent  de  l'Arabie  Pctrée  ;  une  partie 
de  cette  Arabie  ,  &  une  partie  de  la  Déferte  la  con 
iinent  du  côté  du  les'ant;  &  elle  el\  baignée  au  cou 
vchant  par  la  mer  îviéditerranée.  L'air  y  ell  tempé- 
ré ,  Se  le  terroir  h  bon  j  que  liiiftoiie  lainte  1  ap- 
pelle un  pays  où  coulent  le  lait  ôc  le  nntl.  Il  pro- 
dmloit  en  abondance  des  blés  ,  des  vignes  ,  des  oli- 
viers ,  des  figuiers ,  des  palmiers  ,  &c.  &  fes  mon- 
tagnes ,  qui  lonr  en  grand  nombre  ,  fournilloient 
d'excellens  pâturages.  La  terre  eft  la  même  qu'au- 
xrelois  ,  mais  le  petit  nombre  de  fes  habitans  ,  & 
le  déi.uir  de  culture  la  rendent  déleite  en  pluiieurs 
endroits  ,  comme  il  eft  arrivé  à  tous  les  pays  que 
les  Turcs  ont  fournis  à  leur  Enipue.  On  y  voir 
plufieurs  rivières  ,  la  plus  confidérable  eft  le  Jour- 
dain :  fes  principaux  lacs  font  la  mer  Morte  ,  la 
nier  de  .Galilée  ,  Se  le  lac  Samochonite.  Ce  pays 
lut  le  liége  de  l'ancienne  Eglife  ,  &  le  berceau  de 
la  nouvelle  ,  lorfque  tous  les  peuples  du  monde 
étoient  plonges  dans  l'ignorance  &c  drns  l'idolâ- 
uie  j  Dieu  écoit  connu  ,  adoré  &  fervi  en  Judée 
par  les  Ifraëlites.  JÉsus-Christ  y  naquit  ;  il  y  vé- 
cut ,  il  y  prêcha ,  il  y  fit  un  prodigieux  nombre  de 
miracles  ;  il  y  foulirit  la  mort  pour  la  rédemption 
du  monde;  il  y  relîulcita  ;  il  monta  de  là  au  ciel  ; 
il  y  répandit  fbn  Efptit  fur  les  Ditciples  d'une  ma- 
nière vilîbic  -,  il  y  forma  la  première  Eglife  Chré 
tienne  ,  dont  toutes  les  autres  ont  tiré  leur  ori- 
gine. 

,  On  a  divifé  la  Judée  différemment  en  divers 
temps.  D'abord  que  les  Ifraëlites  l'eurent  conquis  , 
ils  en  firent  treize  parties.  Il  y  en  avoit  dix  entre 
1g  Jourdain  &  la  mer  Méditerranée  ,  Se  trois  à 
l'orient  du  Jourdain  ,  entre  cette  rivière  ,  &  les 
montagnes  d'Arabie.  Cette  diviiiou  fe  fît  fuivant  le 
nombre  des  Tribus  qui  compofoient  le  peuple. 
Car  ,  quoique  Jacob  n'eût  eu  que  douze  enians  , 
&  que  même  la  Tribu  de  Lévi  n'eût  point  de  part 
à  cette  divilion  ,  néanmoins  parce  que  Jofepli  feul 
fit  deux  Tribus  ,  celle  d'Ephra'i'm  &  celle  de  Ma 
nadé  ,-Sc  que  celle  de  Manaiïé  étoit  divifée  en  deux  , 
&  occupoit  deux  paities  de  cette  diviiion  ,  cela 
faifoit  encore  treize  parties.  Les  Tribus  de  Juda  , 
de  Siméon  &  de  Dan  étoient  au  midi  ;  la  première 
vers  le  Jourdain  (Se  la  mer  Morte  ,  Se  les  deux  au- 
tres le  long  de  la  Méditerranée  ;  en  montant  au  fep- 
ter.trion  on  trouvoit  la  Tribu  de  Benjamin  ,  celle 
d'Ephra'un  ,  la  demi  Tribu  de  Manaflé  ,  la  Tribu 
d'Ilfachar  ,  celle  de  Zabulon  ,  au  nord  de  laquelle 
étoient  les  Tribus  d'Af'er  Se  de  Nephtali  ,  celle  là 
au  couchant ,  &  celle  ci  au  levant.  Les  trois  autres 
parties  étoient  à  l'orient  du  Jourdain  ,  Se  on  les 
trouvoit  dans  cet  ordre  ,  en  defccndant  du  nord  au 
fud  ,  l'autre  moitié  de  la  Tribu  de  Manailé ,  la  Tribu 
de  Gad  ,  Se  celle  de  Ruben.  Tout  ce  pays  ne  fit 
qu'un  corps  de  République  fous  le  gouvernement 
des  Juges  ,  Se  qu'un  Royaume  fous  les  règnes  de 
Saiil ,  .de  David  &  de  S'alomon  ;  mais  lorfque  Ro- 
boam  ,  fils  de  Salomon  ,  fut  monté  fur  le  Trône  ,  | 
il  fe  fît  une  féduion  qui  partagea  ce  Royaume  en 
deux  :  celui  de  Juda  demeura  à  Roboam ,  &  il  ne 
renfermoit  que  la  Tribu  de  Juda ,  &  celle  de  Ben- 
jamin ;  celui  d'Ifraël  ,  dont  Jéroboam  s'empara  , 
cpmprenoit  les  autres  Tribus  ,.  Se  tout  le  rcfte  du 
pays.  C'efl  à  caufe  de  cette  divifion  que  la  Terie- 
Sainte  eft  foavent  appelée  depuis  dans  l'Ecriture  ■, 
Terre  de  Juda  ,  Terre  d'Ifraël  j  comme  nous  l'avons 
dit. 

Après  le  retour  des  Juifs  de  la  captivité  de  Ba- 
bylone ,  la  Judée  fat  autrement  partagée.  Elle  com- 
prit fix  parties  générales.  Il  y  en  avoir  trois  entre 


JU  D 

le  Jourdain  Se  la  mer  Méditerranée  ,  la  Judée  pro- 
pre étoit  au  midi ,  la  Samarie  au  milieu ,  6c  la  Ga- 
lilée au  nord  :  deux  autres  étoient  à  l'oiicnt  du 
Jourdain  ,  la  Trachonitidc  au  nord  ,  Se  au  midi  la 
Pérée  ,  avec  laquelle  quelques-uns  confondent  i'I- 
turéc.  f^oye^  Iturée.  L'Iduméc  ayant  été  non  feule- 
ment conquife  ,  mais  incorporée  a  la  Judée  par  Jean 
Hircan  ,  qui  obligea  les  Iduméens  à  recevoir  la 
Circoncifion  ,  Se  toute  la  Religion  Judaïque  ,  elle 
fît  une  fixième  partie  de  la  Judte  ,  fîtuéc  au  midi 
de  la  Judée  propre  Se  de  la  Pérée. 

Aujourd'hui  ce  pays  eff  divilé  en  deux  parties 
générales  :  lOiientale  ,  qui  ell  au-delà  du  Jour- 
dain ,  eft  du  Royaume  des  Arabes  ;  Se  l'Occiden- 
tale J  qui  ell  au  deçà  du  Jourdain  j  appartient  au 
Turc.  Elle  eft  habitée  par  des  Arabes ,  des  Juifs  Se 
des  Syriens  mêlés  enfemble.  On  y  voit  trois  Prin-^ 
cipautés  tributaires  du  Turc  j  qui  font  Gale  j  Cai- 
lar  ou  Céfarée  ,  Se  Sayd  ou  Sidon  ,  &  deux  San- 
giacats  ,  celui  de  Jérufalem  Se  celui  de  Naploufe. 
Les  villes  principales  qu'on  y  trouve  font  Gâfe  , 
Elkhalis  ou  Hébron  j  Elkops  ou  Jérufalem  ,  Na- 
ploufe ,  autrefois  Sichen  ,  Acre  ou  Ptoléma'ïde  , 
Rama ,  Saphet  &  Sayde  ,  ou  Soyde ,  ou  Sidon.  Ce 
font  les  reftes  d'un  très  grand  nombre  de  villes  , 
dont  la  Judée  étoit  anciennement  toute  pleine  ,  Se 
•  elles  ne  fbnt  mcme  que  l'ombre  de  ce  qu'elles  ont 
été.  Maty 
JueÉe  propre  5  ou  Royaume  de  Juda.  Jud^a  proprie 
fumpta  y  Regnurn  Judte<s.  C'étoio  la  partie  de  la  Ju- 
dée qui  refta  aux  fuccefleurs  de  D.ivid  ,  depuis  le 
fchifme  de  Jéroboam  ,  jufqu'à  la  captivité  de  Baby- 
lone.  Il  avoit  au  midi  l'Idumée  ,  Se  par  tout  ail- 
leurs il  étoit  borné  par  le  Roy.aume  d'Ifr.iël  ,  il 
comprenoit  les  Tribus  de  Juda  Se  de  Benjamin ,  & 
Jérufalem  en  étoit  la  ville  capitale.  Maty. 
ifT  JuDÉt.  (  Bitume  de  )  Nom  donné  par"  quelques  Na- 
turalilles  à  i^ie  efpèce  d'Afphalte  qui  fe  trouve  fur 
la  furtace des  eaux  de  la  mer  Morte,  /^fje J  Asphalth 
Se  mer  Morte. 
JUDENBOUP.G.  Nom  d'une  petite  ville  d'Allemagne,  1 
Judenturgwn.  Elle  eft  dans  la  haute  Stirie  ,  fur  le 
Muer  ,  environ  à  trois  lieues  de  Seckaw  ,  vers  le 
midi.  Quelques  Géographes  la  prennent  pour  la 
ville  du  Norique  ,  nommée  Sabatlnea  ,  que  d'autres 
placent  à  Sunebend  Kirch,  village  près  du  Muer,  à 
deux  lieues  au  midi  de  Aîuraw.  AIaty. 
JUDIA.  Foyei  Siam. 

JUDICA.  Terme  de  Bréviaire.    Nom   du  cinquième 
Dimanche   du  Carême  ,   qui  eft  ainfi  marqué  dans 
l'Almanach.  Ce'  nom  lui  vient  du  premier  mot  de 
l'Introït   de  la  Melfe  qu'on   dit  ce  jour-là.  Judicct 
nie  ,  Deus.  On  l'appelle  aulïï   le  Dimanche  de  la 
Pallion. 
JUDICATUM.  f.  m.  Terme  de  l'Hiftoire  Eccléfiafti- 
que  :  c'eft  le  nom  que  l'on  donne  à  une  Sentence 
du  Pape  Vigile  contre  les  trois  Chapitres  ,  ou  plu- 
tôt c'etl  le  nom  que  le  Pape  y  donna  lui-même"^  , 
(Se  que  nos  Auteurs  retiennent  en  notre  langue. /a- 
dicatum  ,  K'tgilii  Papa  Decretum  adversùs  tria  Ca- 
pitula. Le  Pape  Vigile  condamna  les  trois  Chapi- 
tres l'onzième  Avril  J48.  jour  du  Samedi  Saint ,  & 
il    nomma  fa  Sentence  ,  Jugement.  Judïcatum.  Il 
donna  fon  Judïcatum  à  Mennas  ,  à  qui  il  étoit  adref- 
fé  ,  &  en  envoya  copie  à  Rome  au  Diacre  Pelage. 
Fleury.  Il  y  condamne  les  trois  Chapitres  ,  fans  pré- 
judice du  Concile  de  Chalcédomc.  Idem.  Ruftiquc 
Se  Sébaftien ,  Diacres  de  Vigile  ,  fe  déclarèrent  con- 
tre le  Judïcatum.  Idem. 
Ip"  judïcatum  SOLVI.  Exprefllon  Latine  ,  en 
ufage  au  Palais  ,  dans  cette  phrafe.  Caution  Judïca- 
tum folvi.  Caution  qu'un  étranger  ,  dcmaiideur  ou 
appelant  ,    eft-  cbiiné   de    donner   pour   fureté  des 
condamnations  de  dépens  ,  Se  autres  qui  pourront 
être  prononcées  contre  lui  par  le  jugement, 
go-  JUDÎCATURES.  f.  f.  Etat  ,  prcfellion  de  ceux 
qui  font  emplovés  à  l'adminiftration  de  la  Juftice. 
Judicatus,  May^ijhatus  avilis.  On  le  dit  par  cxtenflon 
de  quelques  olHces  qui  fervent  à  l'adminiftration  de 


J  U  D 

la  Juflicc.  La  Judicacure  cil  une  cfpèce  de  Saccido- 
cc.  11.  Il  n'y  a  guère  qu'en  Fiance  où  l'on  vende 
les  OlHces  de  Jud'icature.  Cctcc  homme  a  quitte  l'é- 
pce  pour  ie  mettre  dans  la  iudicaturc.  Les  Offices 
de  Greffiers  ,  de  Procureurs  ,  de  Notaires ,  &  tous 
autres  qui  vivent  de  procès  j  lont  réputés  Offices  de 
Jud'icature.  On  a  dit  auilî  judkaturc  ,  pour  l'éten- 
due de  la  jurifdidion  ou  du  rcliort  d'un  Juge.  Dix- 
ccfis  judïcïana. 
JuDicATURE.  Dignité  j  état  &  condition  de  ceux  qui 
gouvernèrent  les  Juits  après  Moïie  &  Jolué  ,  avant 
rérabliilement  des  Rois  ,  &  qui  portèrent  le  nom 
de  Juge.  La  Judicaturc  comnien(,a  a  Othoniel ,  & 
dura  julqu'à  Saiil  j  qui  fut  le  premier  Boidcs  Juih. 
Salian  explique  fort  au  long  dans  les  Annales  ,  la 
ditîércncc  qu'il  y  avoir  entre  les  Juges  &  les  Rois  , 
mais  M.  Ferrand  n'cft  pas  toujours  de  fon  fentiment. 
Ce  dernier  Auteur  prétend  aulli  que  Grotius  &: 
Tertul'ien  fe  (ont  trompés  ,  l'un  en  dilant  que  ceux 
qui  étoicnt  appelés  à  la  Jud'icature  ,  jugeoient  dans 
le  grand  Sanhédrin  ,  &  l'autre  en  les  regardant 
comme  Ccnlcurs.  Il  prétend  qu'ils  n'avoient  que  le 
commandement  militaire, (Se  qu'ils  étoient  à  peu  près  ce 
qu'étoient  les  Suffetcs  de  Carthagc  ,  oc  les  archon- 
tes perpétuels  d'Athènes. 
JUDICELLO.  Nom  d'une  fort  petite  rivière  de  la 
vallée  de  Démona ,  en  Sicile.  Jud'icellus ,  ancienne- 
ment Ainemanus  ,  Amènes  ,  Àmafenus.  Elle  prend 
fa  lource  au  pied  du  mont  Gibel ,  baigne  les  rui- 
nes de  Catane  ,  &  fe  décharge  dans  le  golfe  de  ce 
nom.  Maty. 
JUDICIAIRE,  f.  f.  Puiirance  de  lame  qui  a  le  difcer- 
nement ,  la  faculté  de  juger.  Jud'ic'ium ,  vis  jud'ican- 
d'i.  Ce  Pocte  imagine  bien  ,  mais  la  j ud'ic'ia'ire  lui 
manque.  Il  n'a  jamais  eu  l'imagination  bien  vive  , 
&  c'eft  pour  cela  que  j'ai  toujours  bien  jugé  de  fa 
judiciaire.  Mol.  Ce  terme  n'elt  que  du  ftylc  himilier. 
Judiciaire,  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  la  Jultice  , 
qui  cfl:  fait  en  Juftice  ,  par  autorité  de  Juftice.  Ju- 
diciarius  ,  jur'id'icus.  Dans  tous  les  procès ,  il  faut 
obferver  les  formes  judiciaires  ;  c'eft  à-dire  ,  le  ftyle 
ufitédans  les  Tribunaux,  pour  les  procès  Se  pour  les 
jugemens.  Un  bail  conventionnel  fe  convertit  louvcnt 
en  judiciaire.  Un  Fermier  judiciaire  eft  celui  à  qui 
un  bail  a  été  adjugé  en  Juftice.  Requête  judiciaire 
eft  celle  qui  fe  forme  fur  le  barreau. 

On  appelle  auffi  en  Rhétorique  genre  judiciaire  , 
Genus  judiciale  ,  celui  des  trois  genres  qui  enfeigne 
à  défendre  un  accufé  ou  à  le  convaincre.  î'^oyer^^ 
Genre. 

A&.ïo\o^it  judiciaire.  AJtrologia  jud'ic'iaric.  Eft  celle 
qui  fe  mêle  de  pronoftiquer  les  événemcns  par  le 
mouvement  des  aftres  ,  leurs  alpeéts  &  htuarions 
La  plus  vaine  de  toutes  les  Iciences  elf  TAfirolo- 
gk  jiidic'iairc.  Pic  de  la  Mirandole  ,  Alexandre  ab 
Angelis ,  Sextus  ad  Htininga  ,  le  P.  Merfcnne  ont 
fort  bien  combattu  l' Aftrologie  judiciaire.  Les  Arabes 
ont  beaucoup  écrit  iur  l'Aftrologie  judiciaire,  l'oye:^ 
Manilius  &:  fes  Commentateurs. 

Après  que  l'on  voit  tant  de  gens  infatués  des  fo 
lies  de  l'Aftrologie  judiciaire  ,  &  que  des  perfonnes 
graves  traitent  cette  matière  férieulement    ,  on  ne 
doit  plus  s'étonner  de  rien.  Il  y  a  une  conftellation 
dans  le  ciel  ,  quil  a  plû  à  quelques  perionnes  de 
nommer  Balance  j  &  qui  rellemble  à  une  balance 
comme  à  un  moulin  à  vent.  La  balance  eft  le  fym- 
bole  de  la  Juftice  ■■,  donc  ,  ceux  qui  naîtront  fous 
cette  conftellation  feront  juftes  &  équitables.  U  y 
a  trois  autres  lignes  dans  le  Zodiaque  qu'on  nom- 
me l'un  Bélier  ,  l'autre  Taureau  ,  l'autre  Capricor- 
ne ,  &  qu'on  eût  pu  aulfi  bien  appeller  Eléphant  , 
Crocodile  &z  Rhinocérot.  Le  Bélier  j  le  Taureau  & 
le  Capricorne  font  des  animaux  qui  ruminent  jdonc  , 
ceux  qui  prennent  médecine  lorfque  la  lune  eft  fous 
ces  conftellations  ^  font  en  danger  de  la  revomir. 
Quelque  e.xtravagans  que  foient  ces  raifonnemens  , 
il  fe  trouve  des  perfonnes  qui  les  débitent  ,  &  d'au 
très  qui  s'en  lailtent  perfu.ader.  Loc. 

Le  mot  de  Judiciaire  eft  quelquefois  fubftantif  , 


J  U  E  295- 

j  &  on  l'emploie  feul,  fans  y  .ajouter  le  mot  d'Af- 
trologie.  La  jud'iciaire  eft  la  plus  vainc  de  toutes  les 
Iciences. 

JUDICIAIREMENT,  adv.  Juridicè  ,  j urid'iciorum  mo- 
re ,  inter  jud'icandum.  En  forme  judiciaire.  Sur  la 
requête  judiciaireme/it  fa'ni:  pardevant  nous,  &c.  C'eft 
ainli  que  commencent  toutes  les  requêtes  verbales. 
Un  bail  fait  judiciairement. 

JUDICIEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  judicicufe. 
Prudenter ,  apte  ,  multo  cum  judicio.  Parer  ,  fe  coii> 
duirc  judic'ieufemcnt. 

JUDICIEUX,  tusE.  adj.  CCFQui  a  le  jugement  bon; 
qui  marque  du  jugement  Ik  du  bon  Icns.  Qui  a  du 
jugement  ,  ou  qui  eft  fait  avec  jugement.  On  le 
dit  des  perfonnes  &  des  clioles.  Prudcns  ,  judicio 
pradicius ,  pollens.  Une  réponfe  jud'ic'ieufe  fait  plus 
d'honneur  qu'une  répartie  brillante.  Bell.  U  faut 
(e  remplir  de  ces  judic'icufes  réHcxions  qui  fortifient 
l'elprit  contre  les  lauiîes  opinions  du  monde.  Fléch. 
Cet  Amballadeur  a  tenu  une  conduite  fort  judicieu- 
Je.  Tons  les  Ouvrages  de  cet  Auteur  font  fort  ju- 
dicieux. Rien  n'échappoit  à  fa  critique  fine  &C  judi- 
cieufe.  BouH.  Un  Prédicateur  ne  doit  s'attacher  qu'à 
plaire  aux  Auditeurs  jud'ic'ieux  tk  intelligens.  Nie. 
Les  penlées  &  les  réflexions  jud'ic'ieufes  lont  allez 
trilles.  S.  Eva.  Ceux  qui  alpirent  à  la  réputation 
de  fagelle  ,  .aHeélent  la  gravité  des  gens  fenfés  &  jud'i- 
c'ieux. M.  Esp.  Hérodote  eft  tïès  judicieux.  Bossuet. 

JUDITH,  l.  f.  Nom  d'une  Héroïne  Juive  qui  tua 
Holokrne  ,  Général  des  troupes  Allyriennes  ,  dans 
la  tente  ,  &  délivra  Béthulie  ,  fa  patrie  ,  qu'elles 
allîégeoient.  Judith. 

Ce  nom  lignifie  Juive. 

C'eft  aull;  le  nom  d'un  Livre  Canonique  de  l'Ecritu- 
re ,  qui  contient  l'hiftoire  de  l'expédition  &  de  la 
mort  d'Holoferne.  Le  livre  de  Judith  n'eft  point 
dans  le  canon  des  Juils  ;  c'eft  pour  cela  qu'il  n'a 
pas  été  reconnu  d'abord  pour  canonique  par  tout  le 
monde  ;  mais  S.  Jérôme  dit  que  le  premier  Concile 
de  Nicée  le  mit  dans  le  canon.  Le  même  Saint  dit  que 
ce  livre  a  été  écrit  en  Chaldéen  ;  on  n'en  connoît 
pas  l'Auteur.  Le  fentiment  qui  paroît  à  quelques  Sa- 
vans  le  plus  vraifemblable  ,  eft  que  ce  tut  le 
Grand-Prête  Eliacim  ou  Joakim  ,  celui  qui  exerça 
la  louveraine  Sacrihcature  ,  enrre  Sobna  &  Helcias. 
Grotius  a  prétendu  que  ce  livre  n'étoit  qu'une  pa- 
rabole. Il  n'eft  fuivi  de  peilonne.  On  dit  dans  Ju- 
dith ,  parce  que  le  Seigneur  eft  patient  ,  failons  pé- 
nitence ,  Judith  ,  FUI.  14.  c'eft-à-dire  ,  au  livre  de 
Jud'ith ,  Chap.  VIII.  vcrf.  14.  Il  y  a  un  excellent 
Commentaire  de  Sérarius  fur  Judith  ,  Iur  le  Livre 
de  Jud'ith. 

JUDOIGNE.  Petite  ville  que  les  Flamands  nomment 
Geldenahem  ,  en  Latin  Judon'ia  ,  Geldenacum ,  G'il- 
dornacum.  Elle  eft  dans  le  Brabant  Elpagnol  ,  fur 
la  petite  rivière  de  Gias  ,  à  deux  lieues  au  delfus  de 
Tilmont  ,  &C  à  cinq  de  Louvain  ,  du  côté  du  mi- 
di. Maty. 

JUDSUNAMASI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Prières  de 
la  féconde  heure  de  la  nuit  chez  les  Turcs.  Orat'io 
horâ  nocl'is  fecundâ  fieri  fol'ita  apud  Turcas.  Pen- 
dant que  Bajazet  demeura  à  Conftantinople  ,  le 
(îxième  du  mois  de  Zuinafvil  Evellis  ,  après  le  Jud- 
fu  Namaji  ,  ou  prières  qui  fe  font  entre  le  foleil 
couchant  &  la  minuit,  &  que  les  Turcs  ont  accou- 
tumé d'appeler  la  féconde  heure  de  la  nuit ,  il  vint 
un  fi  grand  tremblement  de  terre  à  Conftantinople  , 
qu'il  abattit  le  fommet  des  tours  joignantes  les  Mof^ 
quées ,  les  tours  de  la  ville  ,  &c.  'Vigenere  ,  Coût, 
de  Chalcond  L.  II.  p.  21  y. 

JUEkIANG  ou  Juenchiang.  Ville  de  la  Chine,  dans 
la  province  de  Junnan  ,  dont  elle  eft  la  Icptième 
dans  l'ordre  des  villes  militaires.  Les  paons  y  font 
fort  communs. 

JUEk.  f".  m.  Nom  d'homme.  Juthàil  ,  Jutha'él.  Le 
Comte  Juthaïl  ,  que  nous  appelons  Juel ,  étoit  Roi 
d'une  partie  de  la  petite  Bretagne  ,  en  France.  Bail- 
LET  ,  au  treizième  de  Dec.  il  cependant  il  y  a  eu  des 
Rois  en  Bretagne. 


29^ 


I  VE 


I  V  E. 


IVELINE.  La  foiêt /ve//V2^.  C'écoit  autrefois  une  fout 
de  la  Ceauce,  en  France.  AquUina  ou  Evelina ,  ou  Euli 
na  Sylva.  Elle  écoic  à  l'orient  de  Chartres ,  près  du 
bourg  S.  Arnould  ;  mais  elle  elt  aujourd'hui  prefque 
toute  défrichée.  Elle  alloit  julqu'à  Rambouillet ,  0\: 
une  partie  (e  nommoit  le  bois  de  Rambouillet.  De 
Valois  ,  Nom.  Gall.p.  .^S o. 
IKJ"  La  forêt  à'Iveiine  ,  ou  le  bois  des  Iveli/ies  eft  en- 
tre Chevreufe  ,  Rochefort  ,  Saint-Arnoul  &  Eper- 
non.  Elle  s'érendoit  autrefois  davantage  ,  &  le  bois 
de   Rambouillet  en  faifoit  partie.  Quand  M.   Bau- 
drand  dit  OjU'clle  cft:  prelque   toute  déhichée  ,  on 
■doit  entendre  qu'on  a  éclairci  (Se  cultivé  divers  en 
■droits  d'une  l'eule  forêt ,  de  manière  que  pluiieurs 
parties  détachées  ont  préientemcnt  des  noms  parti- 
culiers j  comme  le  bois  des  Ivelines  ,  qui  conferve 
l'ancien  nom  ,  le  bois  de  Rochefort  ,  la  forêt  de 
Dourdans  ,  le  bois  de  Batonneau ,  le  bois  de  Ram- 
bouillet ,  les  taillis  d'Epernon  ,  Se  la  forêt  de  S. 
Léger.  Tout  cela  failoit  une  forêt  continue  ,  lorique 
la  France  étoit  moins  peuplée  qu'elle  n'efl:  prélcn 
temcnt  ;  &  cette  forêt  étoit  nommée  Aquilina  Sil- 
va.,   Silva  Evelina  ,  ou  Eulina  dans  les  anciens  ti- 
tres. 
IVELMOUTFL  Nom  d'un  petit  golfe  du  Comté  de  Som- 
merfet,  en  Angleterre.  îvdmuûum,  Vcxala,  U.xila.  Il 
eft  formé  par  l'embouchure  de  l'Ivcl  ,  dans  la  Sa- 
verne  ,  près  du  bourg  de  Watchet  ,  au  delfous  de 
Bridgewater.  Maty. 
I  V  E  -  M  U  S  Q  U  É  E.  f.  f.  Herbe  qui  rampe  Se    le 
courbe  contre    terre   ,    Se    dont    les   feuilles    font 
femblabies  à  la  petite  joubarbe ,  mais  plus  menues 
de  beaucoup  ,  plus  gralles  &  plus  cotonnées.  Il  y 
en  a  un  fi  grand  nombre  ,  qu'elles  font  comme 
cntallées  autour  des  branches.  Elles  ont  la   forme 
&c  l'odeur  du  pin  ;  ce  qui  fait  que  l'on  appelle  cette 
herbe  Ckamicpuis  ,  petit  pin  ,  de  i':"!  >  qui  veut  dire 
à   terre  ,   &  de  «,«0.)  ,  pjn,-  Ses  fleurs  qui  reluilent 
par  toute  la  tige  font  jaunes  ,  petites  ,  minces  ,  & 
fes  racines  longues  d'une  palme  avec  des  capillatu- 
res.   Elle  a  un  goiit  amer  j  accompagné  d'un  peu 
d'acrimonie.  Cette  plante  eft  chaude  ,  incilive  ,  abl- 
terlive    &   mondificativc   ,   Dioicoride  dit  que  les 
feuilles  priies  en  breuvages  pendant  lept  jours ,  gué- 
rillènt  de  la  jaunilîe  ,   que  continuées   durant  qua- 
rante jours  J  elles  (ont  très-bonnes  pour  les  Iciati- 
tiques  ,  Se  qu'on  les  ordonne  particulièrement  aux 
difficultés  d'urine  ,  aux  déleéluolités  du  foie  &   des 
reins ,  &  pour  les  tranchées  du  ventre.  Il  parle  de 
deux  autres  elpèces  à'ive. 
JUENCHEU.  Nom  d'une   ville  de  la  Chine.   Juen- 
cheum.   Elle    efl:    la    onzième   de    la    Province   de 
Kiangfi ,  &  a  trois  autres  ville  fous  fa  Jurifdidion. 
Maty. 
IVERDON  ,  ou   IVERDUN.  Eherodunum  Eelvetio- 
rum  ,  Eburudunum  ,  Ehrodunum  ,  Ehredunum  ,  Ehrc- 
dunum  ,  Ehrïdutmm  ,  Eberodunenfe  cajirum.  Ce  lieu 
ell  dans  la  SuilFe  ,  à  l'entrée  du  lac  de  Neuven- 
burg  ,  Se  de  Ncuchaftel  à  quelques  6  ou  7  milles 
du  Château  Se  de  la    rivière  d'Orbe  ,  ou  Orbach. 
■Valois.  Not.  Gall.p.  184. 
IVERNE.  Nom  que  l'on  a  donné  autrefois  à  l'Irlande. 

Iverna 
l'VES.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ivo.  Saint  Ive  efl:  patron 
des  Procureurs.  Ives  de  Chartres  étoit  Prêtre  & 
Prévôt  de  Saint  Quentin  de  Beauvais  ,  lorfqu'il  fut 
élu  Evêque  de  Chartres  (ous  le  Roi  Philippe  j  à  la 
recommandation  du  Pape  Urbain  II.  Fleurv  ,  Hïfi. 
Ecdéfiaft.  Liv.  46.  Plufîcurs  écrivent  Yvts  par  un 
y.  L'i  ne  fe  prononce  point  dans  ce  mot.  On  dit 
Saint  Ive  étoit  l'Avocat  des  pauvres 3  &  non  pas  Saint 
Ive  zétoit  l'Avocat ,  &c.  y 

IVETOT.  Foyei  Yvetot. 

IVETTE ,  ou  IVE  mulquée.  1.  f.  Abiga  odorata.  Sorte 
de  plante.  Vûyi\  Chamapitys.  C'efl:  la  même 
choie. 


J  U  G 

J  u  G. 

JUGA ,  ou  JUGATINE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie. 
Nom  que  l'on  donnoit  a  Junon  en  qualité  de  déellè 
qui  préhdoit  aux  mariages.  Juga,  Jugacina.  Ce  nom 
vient  de  jugum ,  joug,  ou  coiiinic  dit  Feflus,  parce 
qu'elle  unilloit  tous  le  même  joug  les  perfonnes  qui 
le  marioient ,  ou  par  allufion  au  joug  que  l'on  mettoit 
en  ertet  lur  les  deux  époux  dans  la  cérémonie  des  no- 
ces ,  comme  l'écrit  Servius  lur  le  commencement  du 
quatrième  Livre  de  l'Enéide ,  p.  ^i  j ,  de  l'Édition  de 
Rob.  Etienne ,  in-fol.  Du  relie  Fellus  eft  le  feul  qui 
appelle  Junon  Juga;c:ir  Ser\'ius  dit  Jugalis.  Junon 
Juga  avoit  un  autel  dans  une  rue  de  Rome,  qu'on 
appeloit  à  caule  de  cela  Ficus  Jugadus.  'Voyez  Fef- 
tus,  Servius  &  Dempfter  dans  les  Additions  aux  An- 
tiquités de  Rolîn ,  Se  Voilîus ,  de  Idol.  L.  IL  c.  26. 
§CrjuGA.  f.  f.   Terme  de  Botanique.   Plante  dont  la" 
fleur  efl:  monopétale  ,  en  entonnoir  ,  Se  porte  un 
tuyau  frangé.  Il  fort  du  fond  du  calice  un  piftil  qui 
eil  attaché  comme  un  clou  à  la  partie  poftérieure  de 
la  fleur ,  Se  qui  devient  dans  la  fuite  une  filique  mol- 
le j  charnue,  contenant  des  fcmences  irrégulières. 
JUGAL.  adj.  m.  Jugalis.  Terme  d'Anatomie.  C'cfl;  un 
allemblage  de  deux  apophyfes  ou  éminences  qui  naif- 
fent,  l'une  de  l'os  temporal.  Se  l'autre  de  l'os  delà 
pomette ,  &  qui  font  jointes  par  une  future  oblique 
qu'on  nomme  Zygomatiques.   Ces  deux  apophyfes 
font  une  arcade  cjui  donne  paflage  au  mutcle  crota- 
phite  &  qui  le  couvre.  Le  mufcle  majje:er  prend  fon 
origine  de   l'os  jugal.    Les  Anatomiftes  l'appellent 
aulîl  Zygoma,  Ç'yaj.^^ ,  du  mot  Grec  Ijiyk ,  jugum, 
joug. 
JuGALE,  étoit  chez  les  Romains  un  furnom  de  Junon, 

Voye-{  Juga. 

JUGATIN.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  de  deux 
dieux  chez  les  anciens  Romains.  Jugaûnus.  Il  y  avoit 
deux  dieux  Jugatins  ,  dont  l'un  prélîdoit  aux  mariages 
Se  l'autre  aux  fommets  des  montagnes.  S.  Auguflin 
efl  le  feul  qui  nous  fafîe  connoître  ces  deux  divinités 
dans  fon  Livre  quatrième  de  la  Cité  de  Dieu;  il  parle 
du  premier  Jugaûn  au  ch.  XL  Se  du  fécond  au  ch. 
FUI.  Il  parle  encore  du  premier  au  ch.  IX.  du  Livre 
fixième  du  même  Ouvrage. 

Ce  nom  a  été  formé  du  moi  jugum ,  qui  fe  dit  en  1 
Latin ,  Se  du  mariage ,  &  du  fommet  d'une  montagne. 
JUGATINE.   f.  f.  Surnom  de  Junon ,  en  qualité  de  ( 
déelle  qui  préfidoit  aux  mariages.  C'ell   la    même  1 
chofe  que  Juga.  Voyez  ce  mot  Se  Votnus,  L.  IL  c, 
26 .  de  Idolol. 
fO°JUGE.  f.  m.  Judex.  C'efl  en  général  celui  qui  cft  > 
établi  pour  décider  les  différends  des  particuliers,  &  1 
rendre  à  un  chacun  ce  qui  lui  appartient.  Le  caradère 
de  Juge  eft  une  portion  de  la  Majefté  Royale  dont  le 
Prince  le  dépouille.  Il  tient  de  Dieu  le  pouvoir  de  jii- 
ger  :  ceux  à  qui  il  le  communique  ne  font  que  le  re- 
préfenter  dans  l'exercice  de  la  juftice. 
03°  Autrefois" les  Rois  rendoient  eux-mêmes  la  juflice 
à  leurs  peuples;  mais  ne  pouvant  fuffire  à  pourvoir  ' 
aux  aftaires  de  l'État  Se  à  juger  leurs  Sujets ,  ils 
créèrent  des  perfonnes  fages  pour  le  faire  fous  leur 
autorité.  C'efî  ce  que  nous  appelons  7/^^fi.  Le  devoir 
des  Juges  eft  de  rendre  la  juftice.  La  Bruyère  ajoute 
que  leur  métier  eft  de  la  différer. 
IJcyLemot  de  /«^tf  vient  du  Latin /i^i^cw ,  quajîjus  di- 
cens,  qui  rend  la  juftice. 

Anciennement  les  Juges  étoient  perfonnellement 
refponfables  de  leurs  jugemens.  On  les  prenoit  à  par- 
tie &  on  les  allignoit  fur  l'appel,  &  ils  étoient  con- 
damnés à  l'amende  s'ils  avoient  mal  jugé.  Les  Juges 
Royaux  furent  dans  la  fuite  déchargés  de  cette  peine  j 
qui  fut  refheinte  aux  Juges  ieigneuriaux.  Enfin,  cette 
coutume  s'eft  entièrement  abolie  à  l'égard  des  uns  Se 
des  autres ,  Se  la  partie  feule  court  le  hafard  de  la  fen- 
tence  ,  Se  les  Juges  ne  font  plus  appelés  pour  foutenir 
leur  jugement.  Il  y  a  encore  un  veftige  de  cette  an- 
cienne coutume  ;  car  les  Juges  inférieurs  font  encore 
obligés  de  comparoître  au  Parlement  à  certains  jours , 

comme 


J  U  G 

comme  poiu  rendre  compte  de  leur  conduite  ;  mais 
kiir    prctciicc   n  cil  plus   qu'un   rcfpect   de  forma- 
Ijic  que  le  l'aricmeiir  s  clt  conkrvc.  l'alquicr ,  en  rap- 
portant cet  ancien  ulàgc,  ajoute  qu'il  tcroit  à  fouhai- 
tcr  qu'il  Kit  rétabli  pour  réprimer  les  injulticcs  des  Ju- 
ges inférieurs  qui,  n'étant  point  garans  de  leurs  (en 
tenccs,  halardent  tout  Ik.  ne  s'appliquent  pas  aiièz  à 
bien  adniiniiher  la  julace.  Foye:^  Appel. 
■IK/  On  a  dojiné  aux  Juf^cs  plufieurs  noms  particuliers  , 
iuivant   l'étendue  de  leurs  junldictiojis  ,  c^'  iuivant 
les  diliércntes  matières  dont  ils  peuvent  cunnoitrc. 
On  appelle  Juges  ordinaires  ,  ceux  qui  connoillent 
dés  cliitérends  6c  conreftations  entre  perlonnes  lou- 
inifes  à  leur  jurildiztion  en   conféquence   du  droit 
commun  ,  &  non  pas  en  vertu  d'une  attribution  par- 
ticulière de  jurildution. 
ffS"  Les  Juges  extiaoïuinaires  ,   iont   ceux  qui  jugent 
en  vertu  d'une  juriidi^tion   particulière  ,    qui  leur 
a  été  attribuée  ,  par  quelque    privilège   pertonnel , 
ou  par   rapport  à  la  matière  qui  tait  le  fujet  de  la 
conreltation  d'entre  les  parties. 
0c?  i'cls  font  les  Juges  des  requêtes  de  l'Hôtel  &  du 
Palais,    les   Juges  des    privilèges  de    l'UniveiTité  , 
qui  connoillent  de   la  jurildiction    ordinaire  ,  mais 
encre  perlonnes  privilégiées  feulement. 
^Criels  iont  les  Ciranibres  du  Domaine  &  du  Tré- 
lorj  les  Haux  &  forets,  l'Amirauté,  la   Conncta- 
blie  ,  les  Prévôts  des   Marchands  &  Eehevins  ,  les 
Juges  Coniuls  ,  les  Conlervateurs  des  privilèges  des 
foires ,  qume  connoillent  que  de  certaines  attaires, 
miH   entre  toutes  lortes  de  pcrionnnes. 
^C?  i'els  font  enfin  les  £lus ,  les  Officiers  du  Grenier- 
à  Sel  &  des  Traites  Foraines ,  les  Cours  des  Aides 
où  fe  relèvent  les  appellations  des  Élus ,  Greniers- 
à-Scl  ,  &c  des  Traites  ;  le    Grand-Conleil ,  où  ref- 
fortit  l'appel  du  Grand-Prévôt ,  les  Cours  des  Mon- 
nuicsj  qui  coiinoillent  entre  routes  fortes  de  perlon- 
nes ,  de  certaines  aftaires  particulières  ,  dont  les  Par- 
iemens  ne  peuvent  connoitre  ni  en  première  inftan- 
ce  ,  ni  en  caule  d'appel. 
^r  Jugés  fouvcrains ,  ceux  qui  jugent  en  dernier  ref- 
ibrtjlans  appel.  Leurs  jugemeiis  s'appellent  Arrêts, 
&  leurs  compagnies  j  Cours. 
^fT  Juges  iniciieurs  j  ceux  qui  ne  jugent  pas  en  der- 
nier rellort ,    des  jugeir.ens  detqucis  on  peut  inter- 
jc'tter  appel.   Leurs  jugemcns  s'appellent  Sentences. 
^3°  Juges  Royaux  ,  ceux  qui  Iont  établis  par  des  pro- 
vifions  du  Roi  J  pour  rendre  la  juftice  enfbnnomj 
dans  l'étendue  de  leur  rellort. 
•§Cr  Juges  des  Seigneurs  ,  communément  appelés yîi/'iî/- 
temes ,  ce  font  ceux  qui  (ont  établis  par  des  Seigneurs 
qui  ont  droit  de  Juftice  -,  mais  qui  ne  peuvent  pas 
connoitre  de  certaines  caufes  dont  la  connoilîànce  eft 
réiervée  aux  Juges  Royaux. 
§3"  Juge  à  quo  ,  celui  de  la  Sentence  duquel  on  inter- 
jette appel. 
§CrJuGE  ad  quem  ,   celui  par -devant  lequel    l'appel 

eft  interjette  du  Juge  à  quo. 
^JC?  Juges  d'attribution,    ceux   qui    font   établis  fpé- 
cialement   pour    connoitre    de     certaines  aftaires  j 
dont  la  connoilfance  leur  cil:  attribuée  ,  àTexcluiion 
des  Juges  ordinaires. 
1^  Juge  compétent  j  qui  peut  connoitre  du  différend 
des  parties.  Incompétent  ,  cjui  |xjur   certaines   cau- 
fes n'en  peut  pas  connoitre.  f'^oye^  ces  mots. 
^3"  Juge  délégué ,  c'eft  celui  qui  eft   commis  par  le 
Prince ,  ou  par  une  Cour  louveraine ,  pour  inftruire 
&  juser  un  difterend. 
§3"  Les  Inrcndans  des  Provinces  font  des  /w^ej  délégués 
&  départis  dans  les  Provinces,  qui  ont  aullî  des  Sub- 
délégués. 
^^"  Juges  délégués  in  panibus ,  font  des  Juges  que  le 
Pape  délègue  dans  le  diocèfe  où  une  affaire  doit  fe 
traiter.  Quand  il  y  a  appel  en  Cour  de  Rome  des  Pri- 
mats &  Métropolitains  ,  le  Pape  eft  obligé  de  déléguer 
des  Commiirairesi/2/7.îr/iii^j,  c'eft  à  dire,  en  France 
«y  intnï  eandcm  Diœccfirn  ,  afin  que  les  particuliers 
ne  loient  pas  obligés  d'ailtr  plaider  à  Rome. 
CfS^JuGEEccléfiaPrique,  eft  celui  qui  exerce  la  Jurif- 
Tûme  V. 


J  U  G  297 

didion  Ecçlcfiaftique. 
0CJ'iuGH  Auditeur,  /^ovc^  Auditeur. 
;,KrJuGE  i\:  Coniuls,  ce  Iont  cinq  Marchands,  dont  le 
premier  s'appelle  Juge  y  &c  les  quatre  autres  Co/î/^^j^  , 
qui  connoillent  de  toutes  lortesde  conteUations  euuc 
Marchands,  pour  laie  de  marchandiles.  A'oytj  Con- 
sul. 

Jjcr"A  LyoUj  il  y  a  im  Juge  Confervateur  des  Privilèges- 
des  Foires. 

$Zf  Le  Prévôt  de  Paris  eft  Juge  Confer\'atcur  des  privilè- 
ges de  l'Univerhte.  ics  Licutenans  font  les  Juges  Ci- 
vils, Criminels  ix  de  Police. 

CCf  Juges  de  Police,  font  des  Jujjes  créés  pour  veiller 
à  la  sûreté  des  villes  où  ils  Iont  établis,  &:  pour  con- 
noitre des  délits  de  ceux  qui  contreviennent  aux  Or- 
donnances Si  aux  Règlcniens  de  Police. 

Juges  Conseillers  de  la  Retenue.  Ce  font  Jlts  Mar- 
chands choilis  &:  nommés  par  les  Prieur  &  Coniuls 
de  la  Bourle  commune  de  iouloule,  pour  lesaliifter 
au  jugement  de's  aftaires  de  Commerce ,  qui  font  de  la 
compétence  de  cette  Jurifdiction./ 

Juge  du  dehors.  Jue^  dejora.  Nom  que  l'on  donne  à 
un  Officier  de  Judicaturc  en  Portugal.  Judex  aLienï- 
gena.  Voici  comme  en  parle  M.  de  la  Neuville  dans 
Ion  Flift.  de  i*ortug.  Tom.  I.  p.  yS.  (_iutre  les  Juges 
ordinaires  qui  Iont  dans  les  villes  capitales  de  chaque 
ComarquCj  on  a  encore  établi  un  Jue-^  de  fora, 
ou  Juge  du  dehors  ^  parce  qu'il  ne  doit  pas  être  né 
dans  le  même  lieu  où  elt  la  jurilJidion  ;  cette 
Charge  c4l  triennale.  Si  l'on  appelle  de  lesjugemcris, 
cet  appel  eft  porté  aux  Chambres  civiles  de  Ion 
rellort,  oà  les  Letrados  (c'eft  ainii  qu'on  nomme 
les  Avocats)  vont  plaider  &  défendre  les  intérêts 
de  leurs  parties. 

Juge  &  Garde  de  la  Prévôté,  c'eft  un  Juge  fubal- 
terne  du  Bailli ,  celui  ci  juge  les  caules  des  Nobles  , 
3c  l'autre  les  caufes  des  Roturiers.  Caufarum  ignohi- 
llum  Judex.  Il  y  a  des  Juges  &C  Gardes  de  la  Pré- 
vôté à  Mehun  ,  à  Illbudun  en  Berri ,  &c  en  plu- 
Iicurs  autres  villes  du  Royaume. 

Juge  des  Exempts.  Nom  de  cenains  Officiers  de  Jus- 
tice établis  pour  les  apanages  des  Princes  ;  ils  con- 
noilfoient  au  nom  du  Roi  des  cas  RoyaiLX  ,  &c  des 
caules  des  Egliles  de  fondation  Royale  ,  &  des  Privi- 
légiés ,  &c  de  tous  les  cas  dont  les  Otllciers  Royaux 
connoiftoient  par  prévention  dans  les  terres  &  pro- 
vinces données  en  appanage.  yoye')^  les  lettres  Pa- 
tentes de  Charles  IX.  de  l'an  ijfîô,  pour  les  apa- 
nages des  Ducs  d'A.njou  &  d'Alençon  l'es  frères; 
la  nu'me  chofe  a  été  faite  pour  Montargis ,  lorfque 
le  Duché  d'Orléans  fut  donné  en  apanage ,  &c  en 
d'autres  occafions  encore. 

^fl"  Juge  d'Armes.  Titre  d'Offices.  Par  Edit  du  mois 
de  Janvier  161 5.  Louis  XIII  créa  un  Juge  Géné- 
ral des  Armes  à  la  fuite  de  la  Cour  j  avec  plein 
pouvoir  de  juger  des  blafons  ,  fautes  &  meiréances 
des  armoiries ,  &  de  ceux  qui  peuvent  &  doivent 
en  porter  :  enfemhle  de  connoitre  des  diiîérends  qui 
pourroient  arriver  en  cette  occafion  ,  lui  attribuant 
toute  cour  Se  juriidiclion  ,  voulant  S.  M.  que  les 
fentenccs  reftortiffent  nuement  par  devant  les  Ma- 
réchaux de  France.  Cet  Office  fut  fupprimé  en  i6ç)6; 
mais  par  autre  édit  du  mois  d  Avril  1701  ,^  il  fut 
rétabli  ,  Se  en  1706  un  Arrêt  du  Confeil  d'Etat  de 
S.  M.  déclare  qu'il  appartient  auxdits  Juges  île  ïé^Xez 
les  armes  que  les  particuliers  ont  droit  de  porter  , 
&  d'empêcher  qu'aucun  ne  s'approprie  celles  des 
meilleures  Maifons.  M.  d'Fîozier  Généalogifce  de 
la  Maifon  du  Roi ,  en  eft  aCluellement  pourvu. 

CD' Juge  de  Paix.  Officier  de  Juftice  en  Angleterre. 
Ce  font  des  Officiers  établis  par  le  Roi  pour  pu- 
nir les  perturbateurs  du  repos  ^  public  ,  yoleu;  s  , 
meurtriers  Se  autres.  Si  l'on  a  été  menacé  par  un 
ennemi ,  on  peut  fe  pourvoir  pardevant  un  de  ces 
Juges  ,  qui  met  le  plaignant  en  sûreté  ,  exigeant  de 
l'autre  une  promelle  fous  bonne  caution  ,  qu'il  ne 
fera  aucun  mal  pendant  un  an  Se  jour  à  celui  que 
la  Juftice  prend  fous  la  proceelion. 

Juge- Mage.  Nom  d'uu  Officier-  de  Judicature.    Prç- 

Pp 


g8 


J  U  G 


niier  Juge,  Chef  de  la  Juftice  dans  une  Ville.  Cela 
fe  die  dans  quelques  Provinces  miiidionales  de 
France.  Judex  major.  C'cll  ainlî  qu'on  appelle  a 
Touloufe  ,  le  pieniier  Juge  ordinaire  ,  tel  que  le 
Lieutenant  du  Sénéchal. 

^fT  Juge  Pédanée.  Voye\  Pédanée. 

|Cr  Chez  les  Auguîtins  on  appelle  ia^^cs  des  caufcs, 
des  Religieux  qui  dans  les  Chapitres  Provinciaux 
examinent  le  droit  de  ceux  qui  prétendent  voix  , 
&  jugent  d'autres  petites  aitaires  qui  leui's  lont  en- 
voyées _  des  couvens  dont  le  Chapitres  lont  com- 
pofés. 

g3"On  appeloit  autrefois  Juge  hotte ,  un  Jugeo^  n'é- 
toit  pas  gradué.  On  ledit  aujourd'hui  par  mépris  de 
ceux  qui  jugent  lans  lumières 

Juge  ,  4e  dit  dans  l'Écriture  de  certains  perfonnages 
illuftres  que  Dieu  envoya  depuis  Jofué  julqu  a  l'é- 
tabliliemcnt  des  Rois ,  pour  gouverner  Ion  peuple. 
Ces  Ju^cs  n'étoisnr  point  des  Magiftrats  ordinaires  ; 
mais  des  Magiitrats  extraordinaires  ,  que  Dieu  en- 
voyoit  quand  il  lui  plaifoit ,  à  fon  peuple  ,  pour  le 
délivrer  de  l'es  ennemis  ,  commander  les  armées 
&  le  gouverner.  Car  Salien  remarque  qu  ils  ne 
prélidoient  pas  feulement  dans  les  jugemenSj  mais 
encore  qu'ils  étoient  les  chefs  des  conleils  ,  des 
armées  j  &  dans  tout  ce  qui  concernoit  le  gouver- 
nement de  l'État i  quoiqu'ils  ne  prilkiit  le  nom  ni 
de  Chefs  ,  ni  de  Princes  ,  ni  de  Gouverneurs.  Le 
même  Salien  remarque  fept  points  en  quoi  ils  difté- 
roient  des  Rois.  i".  Ils  n'étoient  point  héréditaires. 
2°.  Ils  n'avoient  point  un  droit  abfolu  de  vie  &  de 
niort  ,  comme  les  Rois  ,  mais  teulement  félon  les 
loix,&:  dépendammencdcsloix.  5°.Ilsn"entreprenoient 
point  la  guerre  à  leur  gré  ,  comme  les  Rois  ;  mais 
feulement  quand  Dieu  les  cnvoyoit  pour  la  faire , 
ou  que  le  peuple  les  appeloit.  4".  Ils  n'exigeoient 
point  de  tribus,  f.  Ils  ne  fe  luccédoient  pas  immé- 
diatement :  quand  un  Juge  étoit  mort ,  il  éroit  libre 
au  peuple  de  lui  donner  un  luccelîeur  lur  le  champ , 
ou  d'attendre  ;  &  de  tait ,  il  y  a  fouvent  pluheurs 
années  d'intervalle  entre  eux.  6°.  Ils  ne  portoient 
point  les  marques  de  la  fouveraineré  ^  lelceptrCj  le 
diadème.  7°.  Ils  n'avoient  point  d'autorité  pour  taire 
de  nouvelles  loix  ,  mais  feulement  pour  taire  ob- 
ferver  celles  de  Moïle.  Ils  étoient  auiH  en  quelque 
chofe  femblable's  aux  Rois.  1°.  L'autorité  leur  a  été 
donnée  à  vie;  &  non  pas  feulement  pour  un  temps. 
2°.  Ils  gouvernoient  feuls  &  tans  dépendance  ,  ce 
qui  fait  que  Joleph  appelle  leur  condition  une 
Etat  monarchique.  Le  peuple  Hébreu  a  été  gou- 
verné par  quinze  Juges  depuis  Othoniel  ,  qui  tut 
le  premier,  jufqu'à  Héli  pendant  l'elpace  de  340 
ans.  U  y  a  dans  la  Chronologie  des  Juges  des  années 
de  lervirude  ,  &  les  années  des  Juges.  Le  P.  Pétau 
&  quelques,  autres  les  diitinguent  ;  mais  il  faut  les 
joindre. 

Les  Juges  ,  ou  le  Livre  des  Juges,  C'eft  un  Livre 
Canonique  de  l'Écriture,  qui  contient  l'Hilloire  des 
Juges  ,  dont  nous  venons  de  parler.  On  ne  tait  cjuel 
en  eft  l'Auteur.  Il  eft  probable  qu'il  n'efl:  pas  d'une 
feule  main;  que  c'étoient  d'abord  dirlérentes  petites 
hilloires  ;  qu'Efdras  ou  Samuel  les  rallembla  en 
un  même  volume  ,  a'în  qu'elles  te  contervallènt  plus 
aitément ,  &  qu'ils  les  tirèrent  des  anciens  Jour- 
naux, ou  Annales,  &c  Mémoires  que  chaque  Juge 
avoir  compotes.  Le  tentiment  des  Hébreux  eft  que 
ce  fut  Samuel  qui  fit  ce  recueil.  Voye^i  Cornélius 
à  Lapide  ,  &  Bonfrérius  dans  tes  Pr&loquïa.  On  dit 
les  Juges  ,  ou  le  Livre  des  Juges.  On  lit  dans  les 
Juges  ,  aux  ch.  XX,  &  XXI  ,  comment  la  Tribu 
de  Benjamin  penla  être  détruite.  Il  y  a  un  Com 
mentaire  de  Bonfrérius  tur  les  Juges. 
En  JUGEANT  _,  fe  dit  quand  fur  la  plaidoirie  conna- 
diétoiredcs  Parties,  le  Juge  ne  fe  trouve  pas  en  état 
de  décider  ,  parce  que  la  décihon  de  la  caule  dé- 
pend de  l'examen  des  pièces  produites  dans  l'artairc 
principale  qui  eft  appointée,  ou  que  la  Requête  tend 
à  faire  juger  à  l'audience  ce  qui  eft  appointé.  En 
l'un  &  l'autre  cas  le  Juge  prononce  ,  joint  la  Rc- 


J  U  G 

qiîcte  à  Vlnjlance  ou  Procès ,  pour  en  jugeant  y  avoir 
tel  égard  que  de   raifort. 
JUGEMENl .  f.  m.  Faculté ,  puilîance  de  l'ame  pour 
connoître   &  ditcerner  le  bon   d'avec  le  mauvais 
le  vrai  d'avec  le  faux.  Judicium  ,  mens  ,  intelleclus 
vis  animi.  Le  jugement  n'eft  que  la  grandeur  de  la 
lumière  de  l'efprit.    La   Rochef.   Quand  on  a  la 
mémoire  heureute  ,  on  a  d'ordinaire  moins  de  ju- 
gement.   Le    tempérament    qui   rend    1  imagination 
vive  eft  contraire   à  celui  qui  fait  le  jugement.  For- 
mer le  jugement  ,    c'elt  donner  à  un  etprit  le  goût 
&  le  dilcernement   du  vrai  ;    c'eft   le  rendre   déli- 
cat à    reconnoître  les  faux  raifonnemens  j  &  à  ne 
fe   pas  lailler  éblouir   par  de    faux    principes.  Nie. 
Avoir  un  jugement  éclairé  &  incapable   d'être  fur- 
pris.    Flec.    Le   jugement  eft    préférable  au  lavoir  : 
le  premier  fc  peut   palier    du  ïecond  ;  mais  le   fé- 
cond ne  fe    peut  palier   du    premier.    Mont.    Le 
jugement   peut    être    loue  d'être   lolide  ,  profond, 
délicat  à  ditcerner ,  jufte  à  définir  ;  mais  on  ne  lui 
donna  jamais  la  qualité  de  vafte S.  Évr.  Le  juge- 
ment tout  t'eul  paroit  fade  &  ennuyeux  :  on  aime  mieux 
la  vivacité   lans  le  jugement ,  que  le  jugement  fans 
vivacité.  Bell.  Le  jugement  n'eft  pas  ti  févcre  qu'on 
ne   pullfe  quelquetois  mêler  d'agréables  folies  aux 
chotes  les  plus  férieutes.  M.  Scud.  Le  jugement  eft 
le   partage    des  perfonnes  qui   font   obligées    d'être 
férieutes  ,  ou  par  leur  âge ,  ou  par  leur  profeftîon. 
Bell.  Quand    l'ima-';ination   eft  en  la  torce ,  le  ju- 
gement n'eft  qu'à  demi  tormé ,  Se  il  n'arrive  guère 
en  la  perfeélion  que  les  autres  puillances  de  l'ame 
ne    tbient    fur   leur    déclin  ,  &    fur  leur   retour. 

COSTAR. 

Jugement  ,  te  dit  aulTî  de  l'aftion  par  laquelle  cette 
puilîance  exerce  ta  fonction.  Cette  adrion  a  été  con- 
duite avec  prudence  ,  avec  jugement  :  c'eft  un  acte 
de  grand  jugement.  Voilà  une  faute  de  jugement. 
Il  ne  faut  point  hatarder  l'honneur  de  fon  jugement^ 
en  décidant  trop  vite.  Le  Cl.  ht  jugement  des  honx- 
mes  eft  bien  louvent  faux  &  trompeur.  On  aban- 
donne tous  les  jours  le  jugement  pour  ne  pas  man- 
quer d'etprit  &  de  vivacité.    Bill. 

§Cr  Jugement  J  Discernement.  Le  difcernement  re- 
garde non  teulement  la  chote  ,  mais  encore  l'es  ap- 
parences ,  pour  ne  la  pas  confondre  avec  d'autres. 
C  eft  une  connoillance ,  qui  diftinguc.  Le  jugement 
regarde  la  chote  conlîdérée  en  elle-même ,  pour  en 
pénétrer  le  vrai  ;  c'eft  une  connoillance  qui  pro- 
nonce. Il  s'attache  à  ce  qu'il  y  a  faire  j  &  poulie 
les  lumières  jutque  dans  l'avenir  ;  il  lent  le  rappoit 
&  la  contcquence  des  chofes ,  en  prévoit  les  fuites 
&  les  ettets.  Il  eft  tage,  il  rend  la  condiùie  prU'^ 
dente  ,  &  empêche  qu'on  ne  s'égare  en  donnant 
dans  le  travers  ou  dans  le  ridicule.  Syn.  Fr. 

§3"  Loriqu'il  s'agit  de  taire  quelque  démarche  ,  ou 
de  te  déterminer  à  prendre  un  parti ,  il  fout  fuivre 
le   conleil    des  perlonnes  qui    ont  du  jugement. 

Le  jugement  eft  plus  ou  moins  sûr  ,  félon  la  force 
de  la  railon  &  l'habitude  de  l'expérience.  Qui  n'a 
point  de  difcernement  eft  une  bête.  Qui  manque 
tout-à  tait  de  jugement  eft  un  étourdi.  F^oy.  encore 
Discernement. 

iK?" Jugement,  Efprit,  raifon,  bonfens,  entendement, 
conception  ,  intelligence  ,  génie,  conlidérés  dans  une 
fignifîcation  fynonyme  relative. 

Le  jugement  eft  tolide  &  clair-voyant  ;  il  ban- 
nit l'air  imbécile  &:  nigaud  ;  met  aifément  au  fait 
des  choies  ;  parle  &c  agit  en  conféqr'^ce  de  ce 
qu'on  dit  &  de  ce  qu'on  propofe. 

Cf3"  L'étourdcrie  eft  l'oppofé  du  jugement.  Voye^  les 
autres  mots. 

Jugement  ,  en  termes  de  Logique ,  eft  la  teconde  ope- 
ration  de  l'ame.  C'eft  celle  par  laquelle  elle  alKrnie 
ou  elle  nie  quelque  chote  d'un  objet  ;  par  laquelle 
elle  joint  ou  elle  fépare  deux  idées ,  &  en  aftirme 
ou  en  nie  h  convenance.  Dieu  eft  bon  :  c'eft  un 
Juf^cmeut  affirmarif.  Dieu  n'eft  pas  injufte  :  c'eft  un 
Jugement  né;^.atif.  Le  premier  jc^int  l'idée  de  bon 
avec  celle  de  Dieu  ;  Ôc  le  fécond  fépare  l'idée  d'in- 


J  U  G 

juftcdc  l'iilcc  tie  Dieu.  Pkiricurs  Philofophes  mci- 
tcnt  le  Jugement  dans  le  feul  verbe  eft  ,  les  deux 
aunes  termes  iont  des  idées  ou  des  peiceptioiis  feules. 
En  ce  lens  on  peut  diie  que  tout  justement  efl  ailir- 
ii/iatif.  Car  ^  Dieu  n'cft  pas  injulie  ,  n'eil  autre 
choie  que  Dieu  cil  non  injuik. 

^'  On  demande  dans   les   Écoles  iî   le  jugement  cft 

un  aiîlc  de  la  volonté  ,  ou  de  l'entendement.  Qucf- 

tion  peu  intérellante.  C'eft  la  même  amc  qui  con- 

noît,  qui  arrange  ,  qui  combine  les  idées  ,  qui  pro- 

.  nonce  <ur  leur  convenance  ou   leur  dilconvcnancc  , 

,,qui  fe  porte  vers  certains  objets  ,  qui  s'éIoit;nc  des 
autres  ,  6'c.  &  qui  reçoit  ditlerens  noms  luivant  la 
dirtérence  de  les  fonélioiis. 

Jugement  ,  fe  dit  aulli  des  décidons  des  puillmces 
fouveraines  \,  Hc   par  excellence  on  le  dit  de  Dieu  , 

j  pour  fignifier  les  décrets  de  fa  providence.  Quand 
le  jufte  eft  aftligé  ,  c'ell  par  un   fecret  jugement  de 

.  Dieu.  Il  taut  adorer  les  jugemens  ,  Se  it  loumettre 
aux  décrets  de  la  Providence.  Il  ne  faut  pas  londer 
les  abymes  de  les  jugements.  Fléch.  Adorons  la 
profondeur  des  jugemens  de  Dieu  ,  lans  les  éplu- 
cher. Boss.  La  confidération  des  jugemens  de  Dieu, 
cil  une  méditation  trop  grollière  pour  les  parfaits  ; 
il  leur  faut  des  Ipiritualités  plus   délicates.  Fléch. 

§^  On  appelle  aulîî  le  Jugement  ,  le  Jugement  der- 
nier j  final  ou  univerlel   auquel   Dieu    jui-.eia    les 

.   vivans    &    les  morts  ,    récompenfera   les  bons   & 

.  punira  les  méchans.  Le  Jugement  particulier  efl 
celui  par  lequel  Dieu  juge  les  âmes  aufîi-tôt  après 
la  mort. 

On  appeloit  autrement  jugement  de  Dieu ,  com- 
me le  dit  Agobard  ,  les  preuves  extraordinaires  qui 
le  faifoient  en  Juftice  des  crimes  fecrcts ,  qu'on 
faifoit  par  les  jugemens  ,  par  les  armes  &  par  le 
combat  lingulier  ,  &  par  l'attouchement  du  fer 
chaud  ,  ou  1  immerlion  du  bras  dans  l'eau  chaude  , 
ou  de  tout  le  corps  dans  l'eau  froide  ,  dans  la 
croyance  que  Dieu  leroit  un  miracle  plutôt  que 
de  lailler  périr  rmnocence  &  la  vérité.  Mais  quoi- 
que cette  coutume  ait  été  Ipng- temps  fouit'erte 
dans  l'Églife  ,  elle  a  été  abrogée  vers  le  temps  de 
S.  Louis.  Elle  eil  encore  en  ulage  chez  quelques 
Nations,  ^^oye^  Épreuves  ,  Fer  Chaud  ,  Feu  ôc 
Eau.  Ces  épreuves  fe  fiiloient  dans  l'Églife  ,  hors 
les  jours  de  tète  &  de  jeûne  ,  en  préfence  des  Évê- 
ques  ,  des  Prêtres  &  des  Juges  féculiers,  après  un 
jeûne  de  trois  jours  ,  une  confellîon  &  une  com 
muniouj  avec  plulieurs  adjurations,  &  cérémonies 
décrites  par  du  Cange  en  plulîeurs  endroits.  Du 
Cange  dit  qu'en  vieux  François  ces  Jugemens  s'ap- 
pelloient  Juis  de  Dieu  ,  &  il  les  étendoient  juf- 
qu'aux  jeux  de  dez  &  de  iiafiid  j  d'où  ils  croyent 
que  le  mot  de  jeu  eft  dérivé. 

Jugement    de    Dieu    devant    la    Croix.    Nom    que 
Ton  a  donné  autrefois  à  une  de  ces  épreuves ,  dont 
on  fe  fervoit  pour  connoître  la  vérité  d'un  droit  ou 
d'un  fait  contefté.  Judicium  Dei  ante  Crucem.  03"  Il 
coniiftoit  à  donner  gain  de  caufe  à  celui  des  deux 
Parties  qui  tenoit  le  plus  long  temps  les  bras  éten- 
dus en  forme  de  croix.   Un  différend  que  Fulrad, 
Abbé  de  S.  Denis  en  France  ,  eut  avec  l'Évcque  de 
Paris  ,  au  fujet  d'un  Monaflère  bâti  au    village  de 
Plaifir ,  près  de   S.  Germain  çn  Laye  ,  fournit  un 
exemple  de  cette    épreuve.   Les  Juges   ne   fichant 
lequel  des  deux  avoit  droit,  eurent  recours  à  l'épreuve 
qu'on  appeloit  le  Jugement  de  Dieu  devant  la  Croix. 
Deux  hommes  ,  dont  l'un  foutenoit  les  droits  del'É 
glife  de  Paris,  &  l'autre   ceux    de  l'Abbaye  de  S. 
Denis ,  allèrent  dans  la  Chapelle  du  Roi ,  &  peu 
dant  qu'un  Prêtre  récitoit  les  prières,  ils  commen- 
cèrent tous  deux   à  étendre  les  bras  en    forme  de 
croix.  Celui  de  S.  Denis  étant  demeuré  ferme  dans 
cet  etatj  &  l'autre  ayant  un  peu  chancelé  ,  il  n'en 
fallut  pas  davantage   pour  faire   perdre  le  procès  à 
l'Evcque   de  Paris,  qui   avoua  lui  même  que  Dieu 
s'étoit   déclaré  en  faveur  de  l'Abbaye  de  S.  Denis. 
^    Sur  quoi  le  Roi  Charlemagne  alïïfté  des  Comtes  & 
des  autres  Officiers  de  Juftice  ,  prononça  en  faveur 
'        Tome  F.  ^ 


J  U  G  299 

de  l'Abbé  Fulrard  ,  qu'il  maintint  en  poilciiîon  du 
Monaftère  de  Plaifir  ,   par  un  Arrêt  du  iS  Juillet 
77y.    Cette    forte  d'épreuve  fut   interdite   quelques 
années   après    par  Louis  le    Débonnaire.  Hélyot 
T.  F,  C.  11. 

.Jugement,  fe  dit  auflî  des  fentenccs  ,  arrêts ,  &  au- 
tres décifîons  qui  font  prononcées  par  l'autorité  des 
Rois ,  ou  autres  puiflances  terreftres  ,  foit  de  leur 
propre  bouche ,  foit  par  les  Ofliciers  qu'ils  commet- 
tent pour  rendre  la  juftice  en  leur  place.  Une  fcn- 
tence  cft  un  jugement  d'un  Juge  dont  on  peut  ap- 
peler i  un  arrêt ,  un  jugement  f  ouverain  ,  &  en  der- 
nier reftort.  Un  Eccleflaftique  ne  peut,  pas  ailifteC 
à  un  jugement  de  mort  ,  fans  être  irregulicr.  On 
dit  qu'un  criminel  a  été  renvoyé  à  fbn  premier 
jugement  ,  quand  la  fentçnce  rendue  contre  lui  a 
été  confirmée. 

Jugement  interlocutoire  ,  eft  celui  qui  ne  décide 
pas  la  conteilation  ,  mais  qui  ordonne  quelque 
cliofe  pour  y  parvenir  ;  comme  quand  le  Juge  or- 
donne que  le  demandeur  ou  défendeur  juftifiera 
dans  un  tel  temps  d'un  fait ,  ou  quand  l'enquête  , 
préalablement  à  la  décilîon  du  fond  ,  efl  ordonnée  , 
afin  que  dans  une  affaire  où  les  parties  font  con- 
traires en  fait ,  le  Juge  puiffc  connoître  lequel  des 
deux  eft   fondé  en  raifon  &  en   droit. 

ffJ"  Jugement  provifionel  ,  eft  celui  qui  fur  une 
raifon  apparente  &c  d'équité  adjuge  pendant 
l'inftruélion  à  l'une  des  parties  quelque  chofe  par 
provilion  ,  comme  une  certaine  fomme  ,  pour.ali-. 
mens,  la  liberté  de  fa  perfonne  ,  de   fes  biens  ,&c\ 

tfJ"  Jugement  définitif  ,  efl  celui  qui  termine  le  dif- 
férend   des  parties. 

|1CF  Jugement  rendu  à  l'audience  ,  ne  contient  qu2 
deux  chofes  ,  favoir  les  qualités  des  parties  ,  &  le 
prononcé   du    difpofitif. 

§3"  Jugement  rendu  fur  produdlions  ,  contient  trois 
chofes  ,  les  qualités  des  parties  ,  le  vu  &  le  diétum. 

ffZr  Jugement  contradicloire ,  c'eft  celui  qui  eft  rendu, 
par  le  Juge  ,  après  avoir  entendu  toutes  lesparties, 
qui  ont  défendu  leurs  intérêts. 

IJC?  Jugement  par  défaut  ,  qui  eft  rendu  contre  une 
des  parties  défaillante.  Voye^  Défaut. 

Jugement  doflrinal ,  fe  dit  en  matière  Eccléfiaftique 
&  Théologique ,  des  jugemens  qui  font  portés  par 
des  perfonnes  inftruites ,  habiles  &  doéles,  mais  qui 
n'ont  pas  autorité  &  ne  font  pas  conftituées  de 
Dieu  pour  décider.  Judicium  docîrinale.  Les  Uni- 
verfités  ,  les  Doéleurs ,  les  Théologiens  ,  les  fim- 
ples  Prêtres  ne  peuvent  porter  des  Livres  qu'unya^e- 
ment  dodtrinal.  Le  Pape  feul  &  les  Évêques  peuvent 
porter  des  jugemens  Juridiques  &  décitlfs  ,  ou  dé- 
finitifs. 

Jugement.  Dans  la  Jurifdiélion  Conliilaire  on  diftin- 
gue  un  Jugement  d'avec  une  Sentence.  On  appelle 
Jugement  ce  qui  a  été  prononcé  fins  décilîon  finale  :, 
comme  la  remife  d'une  caufe  à  un  autre  jour ,  un 
plus  ample  informé  ,  une  furféance ,  pour  fiire 
venir  quelques  témoins.  Au  contraire ,  on  appelle 
Sentence  ,  l'ade  définitif  qui  juge  &  prononce 
condamnation. 

Jugement  ,  fe  dit  auffi  du  tribunal ,  du  lieu  où  l'on 
juge  ,  ou  de  l'audience  qtie  l'on  tient.  Tribunal  , 
forum.  Les  requêtes  verbales  commencent  ainfi  : 
Sur  la  requête  faite  devant  nous  en  jugement ,  Sec. 
On  ajoute  foi  aux  pièces  authentiques  &  fcellées  , 
tant  en  jugement  que  dehors.  Pourfuivre  quelqu'un 
en  jugement.  Patru.  On  fait  le  procès  en  juge- 
ment à  un  criminel  qu'on  prend  en  flagrant  délit 
à  l'audience  ,  c'eft-à-dire ,  fur  le  champ. 

Jugement  ,  fe  dit  aulîî  de  l'avis  &c  de  la  décilîon 
des  particuliers  en  toutes  fortes  de  rencontres,  de 
l'approbation  ou  improbation  de  quelque  aélion 
morale.  Exijiimatio.  Il  s'en  faut  rapporter  au  juge- 
ment,  à  l'opinion  des  gens  fages.  L'intérêt  nous 
rend  injuftes  aullî-bien  dans  nos  jugemens  que  dans 
nos  aélions.  Le  Ch.  de  M.  Nos  palîîons  corrom- 
pent les  jugemens  de  la  raifon.  Nie.  Il  faut  fuf- 
pcndrc  fon  jugement  dans  les  chofes  qui  font  d'un 

Pp  ij 


300  J  U  G 

ordre  naturel  ,  tant  qu'on  manque  d'évidence.  La 
Pl.  Il  n'y  a  point  d'clpri:  plus  dangereux  que  ceux 
qui  font  capables  de  foutenir  une  conduite  dérai- 
sonnable contre  le  jugement  public  ,  &C  de  ie  mettre 
au  dellus  des  jugemens  de  tous  le  monde.  Nie.  Pour 
apprendre  à  s'humilier  ,  il  n'y  a  qu'à  ouvrir  les  yeux 
fur  divers  jugemens  qu'on  forme  de  nous.  Bell.  Une 
grande  partie  des  faux  jugemens  des  hommes  vient 
de  la  précipitation  de  l'efprit  ,  (Se  de  défiut  d'atten- 
tion ,  qui  frit  que  l'on  juge  témérairement  de  ce 
que  l'on  ne  connoît  que  confufément  &  oblcure- 
ment.  Log.    Perfonne  ne  fait  expreiiénient   ce  rai- 

fonnement:  M a  cent  mille  livres  de  rente  i 

donc  il  a  raifon.  Néanmoins  il  fc  palfe  quelque 
chofe  de  femblable  dans  lefprit  de  la  plupart  du 
monde  ,  &:  qui  emporte  leur  jugement  fans  qu'ils 
y  penfent.  Log.  En  s'alfujettillant  aux  jugemens 
incertains  des  hommes  ,  on  devient  l'elclave  de 
ceux  mêmes  au  dellus  defquels  on  veut  s'éjever.  FlÉc. 
Voyez  ce  faux  brave ,  il  étoit  tout  polledé  des  ju- 
gemens qu'on  feroit  de  lui  s'il  reculoit ,  Se  ces  ju- 
gemens le  preiFent  comme  un  ennemi.  Nie. 

Des  jugemens  d' autrui  nous  tremblons  follement , 
Et  chacun  l'un  de  t autre  adorant  les  caprices  , 
Nous  cherchons  loin  de  nous  nos  vertus  ,  &  nos  vices. 

BOILEAU. 

Jugement,  fignifie  aufil  critique,,  fentiment  d'un  Au- 
teur fur  fon  ouvrage ,  fes  correttions  ou  obiervations. 
Combien  y  a-t-il  de  gens  qui  appelleroient  de  vos  /u- 
gemens?  Bon. 

§CF  Jugement  &C  Crise,  en  Médecine,  termes  abfo- 
lument  fynonimes.  Le  dernier  ,  qui  ell  Grec  ,  eft 
fcul  en  ufage.  On  die  qu'une  maladie  ell  terminée 
par  une  crife  ,  &  qu'elle  eft  jugée  au  feptieme 
jour. 

Jugement  d'Oléron.  Sont  des  léglemens  pour  la  Ma- 
rine ,  le  commerce  &:  la  navigation.  Eléonor  Du- 
cheire  de  Guienne  j  les  a  faits  :  ils  font  dans  le  tré- 
for  des  Chartres  de  la  Comptablie  de  Bourdeaux  j 
au  livre  cotté  A  ^  fol.  içr.  Ils  ont  été  imprimés  à 
Rouen  en  1671.  dans  un  livre  i/z^".  intitulé  :  Zej 
Us  &  Coutumes  de  la  mer. 

Jugement  ,  fe  dit  aulîî  en  Peinture  ,  d'une  repréfen- 
tation  d'un  Jugement.  Le  Jugement  de  Saiomon.  Le 
Jugement  de  Pari?.  Le  Jugement  de  Midas.  Le  Juge- 
ment de  Michel-Ange  ,  qui  a  peint  le  Jugement 
univerfel. 

On  dit  proverbialement  d'une  affaire  qu'on  voit 
traîner  en  longueur  ,  qu'elle  durera  jufqu'au  jour  du 
Jugement.  On  appelle  aulli  Jugement  de  Payfans,  Ju- 
diciumRuflicoTum  ,  celui  qui  partage  le  différend 
par  la  moitié. 

JUGEOLINE  ,  ou  JUGIOLINE.  f.  f.  Plante  qui  eft  une 
cfpèce  de  digital  ,  &  qu'on  appelle  autrement  Sé- 
fame  ,  en  Latin  ^  Digitalis  orientalis  ,  fefamum 
dicia.  Pit.  Tournefort.   f^oye^  Sésame. 

JUGER,  v.  a.  Exercer  fon  jugement,  pour  connoîtrc, 
&  difcerner  le  bon  du  mauvais  ,  le  vrai  d'avec  le 
faux.  Judicare.  C'eft  Taétion  de  notre  efprit  par  la- 
quelle j  joignant  eniemble  diverles  idées ,  il  nie  ou 
affirme  quelque  chofe.  Log.  ifF  C'cft  appercevoir 
&  reconnoître  les  rapports,  les  quantités  &  les  qua- 
lités ou  façons  d'être  des  objets.  C'eft  l'entendement 
qui  juge  ,  la  volonté  obéit.  La  paillon  &  la  préoc- 
cupation font  caufe  que  nous  ju':;eons  mal.  A  mefure 
que  nous  acquérons  l'avantage  de  bien  juger,  nous 
perdons  celui  de  bien  inventer.  Cos. 

Tel  excelle  à  rimer  qui  juge  fotiement.  Boïl. 

03"  Juger  ,  fignifie  aulTirendre  la  Juftice.  Nous  difons 
en  ce  fens  ,  que  Dieu  viendra  juger  les  vivans  &  les 
morts.  Il  fignifie  plus  ordinairement  porter  une  Sen- 
tence ou  un  Arrêt ,  décider  un  diftérend  en  Juftice  , 
rendre  juftice ,  abfoudre  ou  condamner.  Juger  un  pro- 
cès j  une  affaire ,  une  requête  civile.  Juger  en  dernier 


J  U  G 

reftort.  L'affaire  n" eft  pas  encore  jugée:  Adhuc  fub 
judice  lis  ejî. 

§3" On  dit  des  Juges  ordinaires,  qu'ils  ont  bien  ou 
mal  jugé ,  félon  que  leur  Sentence  a  été  confirmée 
ou  inhfmée.  On  dit  proverbialement,  &  dans  un 
fens  figuré ,  juger  fur  l'étiquette  du  fac  ,  ou  iîm- 
plement,  fur  l'étiquette,  pour  dire,  légèrement  & 
fur  la  première  apparence. 

^fJ"  On  dit  aulli  juger  quelqu'un ,  pour  dire  ,  juger 
fon  procès.  Un  tel  (era  juge  dans  peu.  Il  a  été  jugé 
à  mort.  Un  Rapporteur  dit  aulîi  ,  je  vous  jugerai 
demain ,  pour  dire  ,  je  t'crai  le  rapport  de  votre  pro- 
cès à  vos  Juges. 

^fT  Juger  ,  fe  du  encore  des  particuliers  qui  donnent 
leur  décilion  ,  comme  arbitres  ,  quand  on  s'en  eft 
rapporté  à  eux.  Nous  l'avons  pris  pour  arbitre  ,  c'eft 
lui  qui  nous  jugera.  Juge\  ce  coup  là;  nous  nous  en 
rapporterons  à  ce  que  vous  en  jugereTf. 

Utr Juger  ,  conftruit  avec  la  particule  de,  en  par- 
lant des  chofes  ,  décider  du  défaut  ou  de  la  per- 
feélion  de  quelque  choie  ;  en  parlant  ties  perion- 
nes  ,  décider  en  bien  ou  en  mal  du  mérite  d'au- 
trui ,  de  fes  penfées  ^  de  fes  fentimens  ,  «yc.  Dire  fon 
fentiment ,  Ion  opinion  (ur  quelqu'un  ,  lur  quelque 
choie.  Volt.  Judicium  habere  de  aliquo.  Juger  bien 
de  la  Poëlîe  ,  de  la  Peinture,  &c.  En  juger  comme 
les  aveugles  des  couleurs.  Juger  bien  ,  juger  mal  de 
fon  prochain.  Les  ignorants  jugent  de  tout  témérai- 
rement. La  charité  conlifte  à  juger  bonnement  d'au- 
trui ,  &  févérement  de  loi -même.  Nie.  Il  laut/a^cr 
de  loi  même  auih  iincérement  que  d'une  peiionne 
indiftérente.  Le  C.  de  M.  On  juge  tout  di.iéremment 
des  mêmes  perlonnes,  (elon  que  l'on  eft  préoccupé 
de  haine  ou  d'amour.  S.  Evr. 

Vous  dont  la  piété  folide 
Loin  d'avoir  d'indifcrets  tranfports  ,  ' 
EJI  pour  juger  d' autrui ,  toujours  lente  &  timide. 

Des-h. 

|J3°  Juger  ,  fe  dit  encore  en  parlant  des  fens.  L'œil 
juge  des  couleurs  ,  l'oreille  juge  des  fons.  Judicium 
aurium  fuperbijfimum  ,  dit  Cicéron.  Diiceinement 
délicat  des  oreilles. 

Juger  ,  fignifie  aullî ,  Prévoir  ,  conjeélurer.  Facere 
conjecluram ,  conjeclura  affequi.  On  juge  du  beau 
temps  du  lendemain  par  le  coucher  du  foleil.  Cet 
Aftrologue  a  mal  réulîi  en  jugeant  cette  nativité.  Ce 
Médecin  entend  bien  le  pronoftic ,  il  juge  bien  de 
l'événement  d'une  maladie.  On  juge  à  la  mine  que 
cet  homme  eft  un  fripon.  On  dit  aulli  qu'un  joueur 
juge  bien  la  balle  ,  quand  il  prévoir  où  elle  doit 
tomber.  §3"  On  dit  aulli  figurément  &  £imilière- 
ment ,  juger  la  balle  ,  pour  dire  ,  prévoir  quel  tour 
une  affaire  prendra.  Ac.  pR. 

§Cr  Juger;  Croire  ,  être  d'avis ^  de  fentiment;  eftimer. 
Que  juge^-vous  que  je  doive  faire .''  Il  n'a  pas  jugé 
à-propos  de  venir. 

|Cr  Juger  ,  s'imaginer ,  fe  repréfenter  dans  fon  ef- 
prit. Juge-(  quelle  tut  ma  joie.  Vous  pouvez  bien 
juger  que  perfonne  ne  fut  content  d'un  tel  procédé. 

Juger  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On  dit 
qu'un  homme /a^t' comme  un  aveugle  des  couleurs, 
quand  il  juge  mal  .d'une  choie  :  quand  il  ne  la  con- 
noît point.  On  dit  aulli  juger  à  boulcvue  ;  pour 
dire  j  au  hafard  ,  &  lans  examen.  On  dit  aulii  , 
juger  fur  l'étiquette  ,  quand  on  juge  des  chofes  (ans 
les  avoir  bien  examinées  ,  &  pelé  les  raifons  de 
part  &  d'autre;  juger  iur  une  limple  apparence. 

Jugé  ,  ée.  part.  On  ne  peut  revenir  contre  un  arrêt, 
c'eft  une  choie  jugée.  Anne  Robert  a  fait  un  re- 
cueil d'arrêts  &:  de  plaidoyers,  qu'il  a  intitulé  ,  Des 
choies  jugées.  Bien  jugé,  mal  appelé  ;  mal  jugé , 
bien  appelé  :  ce  font  les  formules  d'Arrêts  quand  un 
Juge  {upérieur  confirme  ou  calle  la  Sentence  d'un 
Juge  fubalterne.  Ac.  Fr.  §Cr  Établir  par  de  bons 
moyens  le  bien  jugé  d'une  Sentence.  Donner  cau- 
tion de  payer  le  jugé.  Voy.  Caution.  Dans  ces  cas , 
jugé  eft  pris  fubftantivement. 


JU  I 

JUGÈRE.  f.  m.  Nom  d'une  ancienne  mefure  de  terre. 
Jugeif,  is  j  Jurcrum  ,  i.  C'efl  l.i  quantité  de  terre 
qu'une  paire  de  bœufs  peut  labourer  en  un  jour.  C'ell 
environ  un  demi-arpent.  Horace  parle  d'un  homme , 
qui  avoir  mille  jugèrcs  de  fonds  de  terre.   S.  Félix 

i  prit  à  loyer  un  jardin  contenant  trois  jugères  ,  c'ell 
à-dirc  j  environ  un  arpent  iv  demi  ■■,  il  le  cultivoit  de 
fcs  mains.  Fleuri. 

JUGERIE.  (.  f.  Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans  quel- 
ques coutumes  ,  il  lignifie  jurifdiciion  d'un  Ju^e. 
Dans  la  balie  Latinité  jugeria.  On  le  prend  auili 
pour  le  rellort ,  le  territoue  d'une  ville.  On  trouve 
ce  mot  dans  l'Edit  de  Charles  VIII.  de  l'an  1495  , 
art.  7j ,  de  Louis  XII.  de  l'an  1499  ,  art.  49  >  &  64 , 
de  Charles  VI.  de  l'an  1413  ,  art.  163  j&c  290, £y. 

JUGEUR.  f.  m.  Elt  un  nom  qu'on  a  donné  dans 
l'inftitution  du  Parlement  aux  Confcillers  qui 
n'avoient  foin  que  de  juger.  Judex  ,  djiimacor.  Les 
Rapporteurs  étoient  des  Conkillers  qui  ne  failoient 
que  rapporter.  Ce  mot  n'eîl  plus  en  ulagc.  Par  l'Or- 
donnance de  Philippe  le  Long  de  l'an  1519  ,  il  eft 
porté  que  dans  les  deux  Chambres  des  Enquêtes, 
il  y  aura  huit  Clercs  ,  &  huit  Lais  Jugeurs  ,  &c  ^1 
Rapporteurs.  Par  l'Ordonnance  de  Philippe  de  Va- 
lois de  l'année  1544  ,  ^'^^  évanouie  la  différence 
des  Jugeurs  &  Rapporteurs.  Pasq. 

lUGIOLlNE.  f.  f.  Plante,  royei  Sésame 

'UGN ,  NE.  Vieux  adj.  Qui  ell  à  jeun.  Qui  n'a  point 
mangé.  Jejunus  ,  a.  Adonc  requnnes  que  l'on  nous 
mît  à  terre  ;  mais  on  ne  le  voulut  pas  faire  ,  &  di- 
loient  les  Sanafins  que  ce  feroit  honte  aux  Ami- 
raux "de  nous  lailîér   fottir   de    leurs   priions   tous 

jugns.  JoiNVILLE. 

UGON.  Petite  ville  de  France  en  Bretagne  ,  dansl'É- 
vcché  de  S.  Bricu  j  à  cinq  lieues  de  la  mer. 

3°  JUGULAIRE,  adj.  de  t.  g.  Terme  d'Anatomie.  Qui 
appartient  à  la  gorge  ,  en  Latin  Jugulum  ,  Jugulans. 
Veines  jugulaires.  C'ell:  un  nom  que  les  Anato- 
miftes  donnent  à  quelques  veines  du  cou  qui  vont 
le  terminer  a  la  iouclavière.  Jugularis.  Il  y  en  a 
deux  de  chaque  'côté  ;  l'une  externe ,  qui  reçoit  le 
fang  de  la  face  ,  &C  des  parties  externes  de  la  tête  ; 
&  l'autre  interne  ,  qui  reporte  le  lang  du  cerveau. 

Jugulaire  ,  eft  aulli  un  nom  fublt.  fem.  La  faignée 
de  la  jugulaireit  fait  à  l'une  des  veines  de  ce  nom. 

DiONIS. 

Jugulaire  ,  fe  dit  auffi  de  quelques  glandes  du  cou. 
il  y  a  dans  les  efpaces  des  mufcles  qui  occupent  le 
cou  ,  plulieurs  petites  glandes  que  l'on  appelle  jugu- 
laires j  à  canfe  qu'elles  accompagnent  les  vailleaux 
du  même  nom.  Elles  font  de  diftérentes  figures ,  les 
unes  plus  grolFcs  ,  les  autres  moins.  Elles  font  atta- 
chées les  unes  aux  autres  par  des  membranes  &  des 
vailfeaux,  &  leur  fubflance  eft  feinblable  à  celle  des 
maxillaires.  On  en  trouve  julqu'au  nombre  de  qua- 
torze. Ellesfeparentdela  lymphe  ,  qui  retourne  par 
les  vailleaux  ,  tous  ces  mufcles  lymphatiques.  C'ell 
l'obllruélion  de  ces  glandes ,  qui  caufe  les  écrouelles. 

DlONIS. 

J  U  H. 


UHEL.  Nom  d'homme.  Il  y  a  eu  un  Archevêque  de 
Reims  de  ce  nom  au  treizième  iiècle. 

UHORSKI ,  JUHORA ,  ou  JUGORIE.  Nom  d'une 
province  qui  a  titre  de  Duché.  Juhra  j  Jugra.  Nos 
cartes  la  placent  le  long  de  la  mer  de  Mofcovie, 
entre  les  provinces  de  Condiski  Se  de  Petzora.  On 
dit  qu'elle  eft  habitée  par  des  Tartares  fort  fauvages. 
I'  n'y  a  que  des  villages ,  dont  le  principal  porte  le 
nom  de  la  province.  Maty. 

J  U  I. 

^JUIBUS,  ou  JÉBUSES.  f.  f.  pi.  Prêtrelfes  de  l'île 
Formofa.  Parmi  les  autres  nations  des  Indes  le  fer- 
vice  des  dieux  fe  fait  par  les  hommes  :  ici  ce  font 
les  femmes  qui  font  le  fervice  public.  On  les  nom- 
me Juibus.  Leur  culte  conlifte  en  des  invocations 
&:  des  lacrificcs.  Elles  factifient  des  pourceaux ,  & 


J  U  I  301 

en  conf-xcrent  une  partie  avec  du  riz ,  du  pinang , 
Se  beaucoup  de  breuvage.  Quand  la  confécration  cil 
faite  ,  une  ou  deux  Prêtrcflés  fe  lèvent  ,  font  un 
grand  lermon  ,  Se  au  milieu  de  leurs  invocations  Se 
de  leurs  conjurations ,  on  les  entend  cfier  Se  hurler 
horriblcmenr  en  faifant  des  grimaces  ,  des  contot- 
fionsiSc  des  ligures  aulli  bizarres  qu'indécentes.  Elles 
entrent  enfin  dans  une  efpèce  de  frénéfie ,  Se  le  laif- 
fent  tomber  comme"  li  elles  étoient  en  extafe.  A  la 
fuite  de  ces  tranfports  ,  pendant  lefquels  elles  pré- 
tendent que  leurs  dieux  leur  ont  appatu  ,  elles  îonc 
le  récit  de  leur  prétendues  vilions  j  prédilenr  l'avenir  , 
la  bonne  ou  la  mauvaife  fortune  ,  la  pluie  ou  le 
beau  temps. 

UCFUne  des  fondions  de  ces  Prctrclfes  eft  encore  de 
challer  les  diables ,  dont  le  peuple  croit  que  le  pays 
eft  infedlé.  Pour  cette  opération  elles  font  des  cris 
aftieux  :  elles  portent  des  fabres  nus  dans  les  inains, 
&  pourfuivent  les  diables  jufqu'à  ce  quelles  les 
aient  contraints  de  fe  jetter  dans  l'eau ,  ou  de  s'en- 
fuir d'un  autre  côté. 

IVICA  ,  IVICE  ,  ou  IVIQUE.  f.  f.  Foy.  Yvice. 

JUIF  ,  IVE.  f.  Se  adj.  On  prononce  1/dans  le  mot  de 
Juif:  autrefois  on  l'écrivoit  dans  le  féminin  Juifve  , 
mais  on  ne  doit  point  la  faire  fentir  dans  la  pronon- 
ciation. Une  femme  Juive  ,  de  la  nation  Juive.  Nom 
d'un  peuple  defccndu  du  Patriarche  Jacob.  Juds.us, 
Le  peuple  Juif  poae  aulli  le  nom  de  peuple  de  Dieu  ; 
parce  que  pendant  une  longue  fuite  des  fiècles,  il 
a  été  le  Icul  peuple  qui  connût  le  vrai  Dieu  j  Se  qui 
l'adorât  purement.  Les  Juifs  gémirent  plus  de  deux 
cens  ans  fous  l'efclavage  des  Égyptiens  ;  Moïfe  les 
en  retira.  Se  les  conduifit  pendant  quarante  ans  , 
parmi  les  dcferts  de  l'Arabie  Pétrée  ,  où  Dieu  lui 
donna  fi  loi  ,  Se  les  nourrit  d'une  Manne  j  qu'il 
leur  faifoit  tomber  du  ciel  tous  les  matins.  Jofué  les 
mit  en  pollelîion  du  pays  de  Chanaan  ,  que  Dieu 
avoit  promis  à  leurs  pères  ;  mais  ayant  fouvcnr  of- 
fenlé  Dieu  par  leurs  idolâtries  ,  il  permit  que  les 
Babyloniens  détruifiirent  les  Royaumes  d'Ifracl  ôc 
de  Juda ,  Se  qu'ils  tranfportalTent  dans  les  terres  de 
leur  Empire  les  Juifs  Se  les  Ifraëlites.  Cependant , 
foixante  Se  dix  ans  après  ,  il  leur  procura,  fclon  fes 
promelles,  la  liberté  de  retourner  dans  leur  patrie. 
Il  y  en  retourna  en  eflet  un  grand  nombre  ,  fous  la 
conduite  de  Zorobabel ,  de  Néhémie  Se  d'Efdras. 
Ils  rebâtirent  Jérufalem ,  leur  ville  capitale,  &  le 
Çimeux  temple  de  Salomon  ;  il  rétablirent  leur 
Etat ,  Se  ils  fe  divisèrent  au  fujet  de  la  Religion  , 
en  plufieurs  feéles  ,  dont  les  pr-ncipales  furent  les 
Pharifiens,  les  Saducéens  Se  les  ElTéniens.  Ils  atten- 
doicnt  tous  le  Mellie  que  Dieu  leur  avoit  promis  ; 
mais  quand  il  parut  ils  le  méconnurent.  Se  le  cru- 
cifièrent. Depuis  ce  temps-là  ils  ont  toujours  porté 
les  marques  de  la  malédittion  divine.  Les  Romains  j 
lous  Vefpafien ,  Se  Tite  fon  fils  j  en  firent  périr  un 
prodigieux  nombre  ,  Se  ruinèrent  leur  temple  & 
leurs  villes.  Ils  fe  foulevcrent  enfuite  contre  les 
Romains  paf  les  infpiratioas  de  l'Impofteur  Barcho- 
chebasj  qui  fe  difoit  être  leur  Mellie  :  Mais  l'Em- 
pereur Adrien  en  fit  un  horrible  carnage;  &  depuis 
ce  temps- là  ils  font  difperfés  en  Europe ,  en  Afri- 
que ,  Se  principalement  en  Afie  ,  méprifcs  Se  haïs 
par-tout ,  &  obllinés  en  leur  haine  contre  Jéfus- 
Chrift.  Ils  font  divifés  en  deux  principales  feftes: 
les  Karaïtes  ,  qui  ne  reçoivent  pour  règle  de  leur 
Religion  que  la  loi  écrite  de  Moïfe  -,  Se  les  Rabba- 
niftesj  qui  ajoutent  à  cette  loi  les  traditions  du 
Talmud. 

Juif  ,  ive.  adj.  fe  trouve  pour  fignifier  ce  qui  appar- 
tient aux  Juifs.  Judaicus ,  a  j  um.  Une  fuperftitior» 
Juive.  Babin.  Conf.  d'Ang.  C'eft  une  faute,  il  fal- 
loit  dire  Superllition  Judaïque.  Juif  ne  doit  point 
fe  prendre  ainfi. 

Juif.  f.  Sedtateur  de  la  religion  Judaïque.  Cette  reli- 
gion eft  un  vieux  tronc ,  qui  a  produit  deux  blan- 
ches qui  ont  couvert  toute  la  terre  ,  je  veux  dire  le 
Mahométilmc  Se  le  Chriftianilme  :  ou  plutôt  c'eft 
une  mère  qui  a  engendré  deux  filles,  qui   l'ont  ac- 


502  J  U  I 

cablee  de  mille   plues  ,  cai"  en  fait   de  Religion  , 
les  plus   proches   iont  les   plus   grandes   ennemies. 
LFIH.     Lettre     Pcrfanne.     L'Auteur    des    Règles 
pour  rintcUigence   des  Saintes   Ecritures  ,    prétend 
qu'il  ne  faut  pas  ^  comme  l'ont  fait  la  plupart  des 
anciens  Interprètes  ^   dittérer    le    rappel  des    ]uijs 
jufqu'à  la  fin  des  fiècles  ;  ni  le   limiter  à  quelques 
années  avant  le  dernier  jugement.  /^  i^ye\  la  Xl*^  Vé- 
rité fur  le  retour  des  Juïjs.    •    _       ^ 
fà"  Ce  mot  ,  pris  dans   un  fens  figuré  ,  a  pake  dans 
quelques  phrafes  de  la  langue.  On  dit  bmihèrement, 
j'aimcrois  autant  être  entre  les  mains  des  )ui[s  ,  pour 
dire  de  gens  durs  &  impitoyables.    Riche   comme 
un  'Juif,  fort  riche.  En  parlant  d'un  Marchand  qui 
vend  trop  cher ,  ou  qui  prête  à  uture  ,  on  dit ,  ce  11 
'  -un  Juif,  un  vrai ,  un  franc  Juïf.  On  le  dit  de  même 
de    tout  homme    qui     montre^  une   grande   avidité 
pour  l'argent.   On  appelle  auih  le  /az/ errant,    un 
phantôme  qu'on  croit  avoir  vu,  d'un  Juif  qui  court  le 
monde  fans  fe  repofer  ,  en  punition  de  ce  que  l'on  dit 
qu'il  empêcha  Jésus-Christ  de  fe  repofer  lorlqu'il 
étoit  f-arigué  de  porter  fa  croix;  &  par  allulion  on  le 
dit  des  hommes  qui  courent  toujours ,  qu'on  ne  trou- 
ve jam.ais  chez  eux. 
JUIFVE.  Les  Balles  de  la  Juijve  ^  ou  Baxas  de  Judia. 
Synis  Jud,i£.   Ce  font  les  écueiis  de  l'Océan  Éthio- 
pien, Ils  font  le  long  de  la  cote  de  l'île  de  Madagaf- 
car ,  vis-à-vis  de  la  ville  de  Mozambique ,  en  Z.angue- 
bar,  &  ils  ont  environ  cinquante  lieues  d'étendue  du 
nord  au  fud.    Maty. 
g^-JUIFVERlE.  f  f.  roy ex  JviVEKiE. 
JUILLET,  f.  m.  Le  feptième  mois  de  l'année.  Julius. 
La  canicule  commence  en  Juillet  j  quand  le  loleil  en- 
tre dans  le  ligne  du  Lion,  au  13  de  Juillet.  On  ap- 
pelle vulgairement ,  &  avec  railon  ,  le  mois  de  Juillet, 
le  mois  des  fruits  rouges ,  parce  que  julqu'au  1  j  ou 
20  de  ce  mois,  on  continue  d'en  avoir  abondam- 
ment de  toutes  les  fortes.    La  Quint. 

Ce  mois  étoit  fous  la  protedion  de  Jupiter.  Il  eft 
perfonnifié  dans  Aufone  ,  fous  la  figure  d'un  homme 
tout  nu ,  qui  montre  fes  membres  hàlés  par  le  foleil. 
Il  a  les  cheveux  roux ,  liés  de  tiges  &  d'épis.  Il  tient 
dans  un  panier  des  mûres,  fruit  qui  vient  fous  le  figne 
du  Cancer. 

On  dit  proverbialement  ,  en  Juillet  faucille  au 
poignet,  parce  qu'on  commence  à  couper  les  blés 
dans  le  mois  de  Juillet. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Julius  ,  furnom  de  C.  Céfar, 
Didateur.  Marc  Antoine,  dans  fon  Conlulat,  ordon- 
raquece  mois^,  qui  s'appeloit  auparavant  Q2z,-/2f;/ij  j 
portât  le  nom  de  Julius,  parce  que  c'étoit  celui  de  la 
nailÏÏmce  de  Jules  Céfar.  On  l'appeloit  Quintilis  , 
parce  qu'il  étoit  d'abord  le  cinquième  mois  de  l'an- 
née ,  qui  ne  comraençoit  qu'au  mois  de  Mars  dans  le 
premier  Calendrier  des  Romains  établi  allez  grollié- 
remcnr  par  Roinulus.  Par  une  femblable  railon,  le 
mois  d'Août  s'appeloit  Sextilis ,  parce  qu  il  étoit  le 
fixicme  ,  &  les  mois  de  Septembre ,  Octobre  ^  No- 
vembre &  Décembre  ,  ont  retenu  le  nom  de  leur 
premier  rang. 

Quii  fequitur ,  numéro  rurba  notatafuo.  Ovid.  Fast. 

JUILLY-LE-CHÂTEL.  Baronie  dans  le  Diocèfe  de 
Langres,  Bailliage  de  Troyes. 

JUIN.  f.  m.  Le  fixiè-me  mois  de  l'année  où  le  foleil  en- 
tre dans  le  figne  du  Cancer,  où  eft  le  folftice  d'été. 
Junlus.  Les  plus  longs  jours  de  l'année  dans  tout  l'hé- 
mifphèrc  feptentrional ,  (ont  le  zi  ,  iz  ,  23  de  Juin. 

Mercure  ctcit  la  Divinité  tutélairedccemcis.  Voici 
comme  Aufone  le  perfonnifié.  Juin  va  tout  nudj  dit-il, 
&  nous  montre  du  doigt  une  horloge  folaircj  pour 
fignifier  que  le  foleil  commence  en  ce  mois  à  deicen- 
dre.  Il  porte  une  torche  ardente  tk  Hamboyante  , 
pour  marquer  les  chaleurs  de  la  laifon  qui  donne  la 
maturité  aux  fruits.  Derrière  lui  ell  une  faucille.  Cela 
veut  dire  qu'on  commence  en  ce  mois  à  le  difpoier 
aux   moillons.  On    voit   auili   une  corbeille  pleine 


J  U  I 

des  fiTjits  du  printems  qui  viennent  dans  les  pays 
chauds. 

Alexandre  ,  fur  la  repréfentation  qui  lui  fut  faite 
que  les  Rois  de  Macédoine  ne  mettoient  jamais  leuts 
armées  en  campagne  au  mois  de  Juin  _,  répondit  qu'il 
n'y  avoit  qu'à  appeler  délormais  le  mois  de  Juin,  le 
fécond  mois  de  Mai. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Junius ,  que  quelques-uns 
tirent  à  Junone.  Ovide,  dans  le  V*  des  Fartes,  fait 
dire  a  cette  Dcelfe  : 

Junius  à  nojiro  numine  nomen  habet. 

D'autres  aiment  mieux  le  tirer  à  junioribus  ,  de» 
jeunes  gens  ,  comme  le  mois  de  Mai  étoit  pour  les 
vieillards.  Ovid.  Fart. 

Junius  eft  Juvenum,  qui  fuit  antè  fenum. 

JUINE.  Nom  d'une  petite  rivière  de  France.  JunrKu 
Elle  a  fa  lource  dans  la  foret  d'Orléans  ^  traverfe  le 
Gàtinois,  &  ayant  reçu  l'Yonne,  ou  la  rivière  d'É- 
tampes,  elle  va  le  décharger  dans  la  Seine  à  Corbeil, 
Maty.  La  Juine  paife  à  Etampcs  où  elle  reçoit  le 
Loet;  de-là  à  Mongny,  à  Champigny,  àBonnes^à 
Ver-le-Petit,  à  Saint  Vrain  où  elle  fe  grolîit  d'une 
petite  rivière  qui  vient  de  Marches  &  de  la  Fetté- 
Alais  ;  elle  defcend  enfuite  à  Villeroi,  à  Vill'abbé,  à 
S.  Juft  ,  &  enfin  à  EHone  où  elle  change  de  nom,  & 
s'appelle  la  rivière  d'Ellbne,  Exona,  ou  Jxçna ,  &c 
peu  après  elle  le  jette  dans  la  Seine  à  Corbeil  j  comme 
on  l'a  dit.  Valois  ,  Not.  Gall.p.  2 s?. 

JUJUBE.  1.  f.  C'eft-le  fruit  d'un  arbre  qu'on  appelle  ju- 
jubier. Zi-fiphum.  Voyez  Jujubier. 

JUJUBIER.   1.  m.    Arbre  qui  porte  les  jujubes.    Zi-n- 
phus.  Cet  arbre  n'elf  guère  moins  grand  qu'un  pru- 
nier, mais  il  eft  tortu ,  couvert  d'une  écorce  rude, 
raboteufe,  crevaiîée.  Ses  rameaux  font  durs,  garnis) 
d'épines  fortes.  Ses  feuilles  font  oblongues  ,  un  peu) 
dures,  fe  terminant  en  pointe  obtufe  ,  de  belle  cou- 
leur verte  luifmte ,    légèrement    dentelées  en  leurs  | 
bords.  Ses  Heurs  fortent  d'entre  les  feuilles  attachées^ 
à  des  pédicules  courts;  chacune  d'elles  eft  ordinaire- 
ment à  cinq  feuilles  difpofces  en  rofe  autour  d'une  I 
rofette  qui  eft  placée  au  milieu  du  calice,  de  couleur  j 
herbeufe  ou  pâle.  Quand  ces  Heurs  font  paftces,  il 
leur  fucccde  des  fruits  verts  au  commencement,  mais 
ils  rougllfent  en  mûrillant  :  ils  font  gros  comme  des 
prunes  médiocres,  oblongs  ou  ovales,  rouges  en  de-! 
hors,   jaunâtres  en  dedans,  charnus,  tendres,  d'iui 
goût  doux  &  vineux ,   ayant  la  peau  allez  dure.  Ils 
renferment  un  noyau  olleux.  Le  jujubier  croit  dansi 
les  pays  chauds  ;  il  eft  fort  commun  en  Provence, &' 
il  y  en  a  auffi   aux  îles  d'Yéres.    Les  jujubes  font 
pedorales  &;  apéritives.  Elles  adoucillent  l'âcreté  des 
humeurs  &  excitent  le  crachat.  On  cueille  les  juju- 
bes en  automne,  &c  on  en  hit  des  liafîes  ôc  poignées, 
qui,  étant  un  peu  kchées  au  foleil,  font  pendues  au 
plancher.  Pline  dit  que  fur  la  fin  de  l'Empire  d'Au- 
gufte,  Sextus  Papinius  apporta  le  premier  à  Rome 
les  jujubes  de  Syrie  &  les  truHes  d'Afrique.  En  Ladn 
1!~iphus.  DoD.  Pempt.  807. 

Il  y  a  un  jujubier  blanc.  Les  Perfans  appellent 
Tagek,  c'eft-àdire,  petite  couronne,  uneefpècede 
lot  &:  Ac  jujubier  blanc  ,  auquel  ils  donnent  encore  le 
titre  à'A\addifahth ,  d'où  nous  avons  formé  le  nom 
corrompu  à'Jiédarac.  Le  fruit  de  cet  arbre  étant 
propre  à  fùre  des  grains  de  chapelet,  eft  appelé  par 
les  Italiens  Albero  de  Pater  nofirï ,  &  il  femble  que 
les  Perfins  qui  fe  fervent  aullîbien  que  les  autres  Mu- 
fulmans  d'une  efpèce  de  chapelet,  aient  donné  à  cet 
aibre  le  nom  de  Ta^eh  à  ce  fujet. 
A  LA  JUIVE.  Sorte  d'adv.  A  la  manière  des  Juifs.  On 
dit  vivre  à  la  juive ,  pour  le  regard  des  mœurs ,  ôcàk 
jud.aïque ,  pour  le  regard  des  cérémonies.  Bo'uh. 

JUIVERIE.  f  f.  Quartier  d'une  ville  où  demeurent  les 
Juils.  Dans  la  balfe  Latinité  on  appelle  ce  lieu  Judia , 
Judaaria,  Judiria,  Judaica,  Judaïfmus. 


J  U  L 

l^ous  avf:^  les  Juifs ,  put fqu  avoir  les  volés , 
En  la  Juiveric ,  on  les  a  chemines. 

Chron.  de  Bertr.  du  Guesclin. 

Les  lieux  où  dcmeiucnc  les  Fripiers  s'appellent 
auili  en  pluliciirs  lieux  la  juiveric  ,  parce  que  la 
plupart  des  Frippicrs  font  Juifs ,  ou  l'ctoient  autre- 
fois. 

J  U  K. 

JUKAGIR.  Nom  d'une  contrée  de  la  Grande  Tar- 
tarie.  Jukagira.  Elle  ell:  placée  dans  la  Carte  de  M. 
Witlcn  _,  au  nord  de  la  Dautie  ,  &  au  levant  de  la 
rivière  de  Lena  ,  qui  la  léparc  de  la  Tungoeiîe. 
Les  Molcovitcs  n'y  ont  point  encore  pénétré  ,  & 
les  Tartares  qui  l'habitent  y  n'ont  point  de  villes  ni 
de  villages.  AIaty. 

J  U  L. 

JULE  J  ou  JULES,  f.  m.  Nom  d'homme.  Julius.  Ce 
Ce  nom  fc  dit  &:  d'anciens  Romains  ,  &  de  per- 
fonnages  récens.  En  parlant  des  Anciens  il  hiut  di- 
re Jules  ,  excepté  quand  il  eft:  précédé  j  ou  fuivi 
du  nom  Latin.  La  famille  des  Jules.  Jules  Célar  , 
ik  Caïus  Julius  Céfar.  Le  premier  des  Empereurs 
Romains  s'apcloit  Jule.  Jules  Capitolin  ,  ou  Julius 
Capitolinus  ,  1  un  des  Auteurs  de  l'hiftoire  d'Au- 
guftc  ,  Julius  Firmicus  ,  Julius  Sylvanus.  Pour  les 
Modernes  il  faut  toujours  dire  Jules  ,  il  y  a  trois 
Souverains  Fontites  qui  ont  porté  le  nom  de  Jules. 
Jules  M-izarin.  Le  Prince  de  Condé  Hcmi-Jules  , 
ttoit  iils  du  Grand  Condé  Louis  IL  du  nom.  Jules 
CéLar  fut  mis  au  nombre  des  dieux.  De  là  l'inf- 
cription  Divos  Jvlivs  fur  fes  médailles,  f^oye:^ 
Volîîus  ,  Liv.  I.  c.  12.  de  Idolol.  Il  faut  dire  au 
pluriel  les  Jules  ,  la  fair.ille  des  Juks  ,  ou  bien  la 
£imille  Julia  ;  mais  non  pas  les  Juliens  j  comme 
fait  d'Ablancourt ,  qui  dans  fa  traduction  de  Taci,-  • 
te  dit  les  Jules  ,  ou  les  Juliens.  Julien  eft  un  nom 
tout  différent. 

En  Poche  ,  on  fe  fcrt  du  nom  de  Jule  ,  pour 
dc-Ugner  JuU  Célar.  Nos  PoUtcs  moderrcs  l'emploient 
aulh  en  parlant  du  Cariiinal  Mazarin^  parce  que  ce 
Ministre  s'appeloit  Jules. 

ULE  ,  Terme  de  Calendrier  ,  nom  du  premier  des 
mois  des  anciens  habitans  de  lîle  de  Chypre  ,  & 
fur-tout  de  ceux  de  Paphos.  Julus  ,  Julius.  11  corn- 
mençoit  le  24  du  mois  de  Décembre  ,  &  s'éten- 
doit  bien  avant  dans  le  mois  de  Janvier. 

Ce  mot  vient  du  Grec  'ïa»,-  ,  on  trouve  quelque- 
fois  /o'A!S<. 

ULE.  f.  m.  Nom  d'une  pièce  de  vers  anciens  ,  que 
les  Grecs  ,  &  enluite  les  Romains  ,  à  leur  imita- 
tion ,  chantoient  pendant  la  moillbn  à  l'honneur 
de  Cérès  &  de  Bacchus ,  pour  fe  les  rendre  propices. 
Juins.  Ce  nom  vient  de  «a«  ou  '«■>.«*  qui  lignifie  une 
gerbe.  On  appeloit  aulli  cet  hymne  Démétrule  ou  Dé- 
métriule  ;  c'ell  à  dire  ,  Iule  de  Cérès.  F^oye-^  le  Scho- 
liafte  d'Apollonius  ,  L.  I.  Athénée  ,  L.  XIV.  & 
Henri  Etienne  au  mot  oS^m?,  T.  II.  p.  12S6.  On 
difcit  Ule  ,  ou  Iule. 

JLE.  f.  m.  Monnoie  d'argent  qui  fe  fabrique  à  Rome, 
^oye^  Jules. 

3"  JULE.  Julus.  Terme  de  Botanique.  Voyei  Cha- 
ton. C'eft  dans  quelques  plantes  une  partie  qui 
n'eft  compofée  que  d'étamines  ,  ou  d'étamines  &  de 
petites  feuilles  ou  écailles  attachées  à  un  axe  com- 
mun. Cette  cklfe  de  plantes  s'appelle  Julifere. 

3°  JULE.  Terme  de  Zoologie.  Infefte  qui  a  beau- 
*^°"ji^  rapport  avec  les  Scolopendres  ;  mais  qui 
en  dittere  principalement  en  ce  que  fes  pieds  font 
de  chaque  côté  du  corps  en  nombre  double  de 
celui  des  fcgmens  dont  le  corps  eft  compofé.  U  y 
z^dçs  Jules  qui  ont  jufqu'à  134  pieds  de  chaque 
cote.  AcAD.  Fr.  Cet  infecte  fe  trouve  communé- 
ment dans  les  jardins  ;  il  fe  roule  dès  qu'on  le 
touche.  Cnarkon  dit  que  pris  dans  du  vin  ,  il  eft 


J  U  L  303 

bicnfaifmt  dans  la  jaunille  &  dans  b  difficulté  d'u- 
riner. Julus. 
JULLP.  f.  m.  Zulapionj  Julepus.  Terme  de  Pharma- 
cie. Le  peuple  dit  Jullet.  C'cft  une  potion  douce 
&:  agréable  qu'on  donne  aux  malades  ,  compofée 
d'eaux  diftillées ,  ou  de  légères  décodions  ,  qu'on 
cuit  avec  une  once  de  fucre  fur  7  ou  8  onces  de 
liqueur  ,  ou  de  (uc  clatjhé.  On  en  donne  quelque- 
fois pour  la  boillçin  ordinaire  en  certaines  maladies. 
Il  (en  a.  préparer  les  humeurs  pcccantes  ,  ou  pour 
rétablir  les  forces  du  c(rur  abattues  ,  pour  provo- 
quer le  fommeil. 

Ce  mot  vient  de  l'Arabe  giulep.  Menace  ,  ou 
plutôt  du  Grec  'iviM-nU.  Oléafius  le  dérive  de  Culap  , 
mot  Perlan ,  qui  fignihe  eau  rofe. 
0^' JULES.  I.  m.  Nom  d'une  petite  monnoiequia  cours 
a  Rome  ,  dans  l'état  Eceléliaftique  ,  &C  en  quelques 
autres  lieux  d'Italie.  Julius.  Il  fiut  huit  Jules  8c 
demi  pour  faire  notre  écu  de  France  de  5  liv.  Quel- 
ques-uns ne  font  valoir  le  /ules  que  cinq  fols.  Selon 
cette  évaluation  ,  qui  paroît  faulFe ,  il  en  faudroic 
1  2. 

Le  nom  de  cette  monnoie  vient  de  celui  des  Pa- 
pes ,  qui  lé  lont  nommés  Jules. 
JULETUNGLET.  f.m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du 
douzième  mois ,  qui  eft  Décembre ,  chez  les  Suédois  , 
on  l'appelle  autrement  Jylamona  ,  &  Jwlemanat. 
/  (.'jfj  le  Comput  eceléliaftique  de  Magnus  Celfus, 
pap^.  / 1 0  de  Suivantes. 
JULFA.  P'-oyei  Zulfa. 

JULIA.  Nom  d'une  famille  Romaine.  Famille  des  Ju- 
les. Julia  gens.  La  famille  Julia  prétendoit  tirer  fon 
origine  de  lulus  ,  fils  d'iinée  ,  &  venir  par  lui  de 
Vénus.  Les  médailles  de  la  famille  Julia  font  com- 
munes &  en  gnrnd  nombre.  Quelques  unes  ont  au 
revers  une  Énée  qui  porte  Im"  le  bras  gauche  le  bon 
homme  Anchife  ,  &  qui  tient  de  fa  main  droite  le 
Palladium  ,  qui  marche  à  grands  pa;s  comme  un 
homme  qui  fuit. 
JULIADE.  royexBnsAiDE. 

SAIIMT  JULIAN  ^  ou  SAINT  JULIEN.  Nom  d'une 
Baie.  Sinus  S.  Juliani.  Elle  eft  en  la  côte  orientale 
de  la  terre  Ma;3ellanique  ,  au  midi  du  cap  S.  Geor- 
ge ,  du  Port  Déliré.  Maty. 
JULIANE.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Tuhpe  ,  colom- 

bin  J  blanc  &  gris.  Morin. 
Juiiane.  Autre  terme  de  Fleurifte.  Nom  d'une  Ané- 
mone qui  a  les  feuilles  blanches  ,  mêlées  d'incar- 
nat i  fa  peluche  eft  incarnat.  Morin. 
JULIEN.  1.  m.  Nom  d'homme.  Julianus.  Il  y  a  eu 
un  (aint  Julien  ,  Evcque  du  Mans.  Julien  l'Apollat  eft 
un  Empereur  Romain  qui  vivoit  au  quatrième  fiècle  : 
il  ne  régna  que  deux  ans  ,  ëc  périt  iriiférablcmenr , 
allant  faire  la  guerre  contre  les  Perfes.  L'Empereur 
Julien  étoit  éloquent  ,  il  en  a  donné  des  marques 
dans  fes  Céllu-s.  M.  Spanheim  les  a  heurcufement 
traduits  en  François  ,  &  les  a  embellis  d'agréables 
&  lavantes  notes. 

Il  y  a  un  Ordre  militaire  appelé  de  S.  Julien  di^ 
Poirier  ,  qui  fut  établi  dans  le  Royaume  de  Léon 
en  1179  ,  &  approuvé  p.ar  les  Papes  Alexandre  III. 
Luce  III.  &  Innocent  III.  Ferdinand  II.  s'en  ren- 
dit le  Proteéleur  ,  &•  Gomez  Fcrnandez  en  fut  le 
premier  Grand  Maître.  Les  premières  armes  des 
Chevahcrs  étoient  d'or  à  la  croix  fleurdelifée  de 
finople ,  chargée  en  cœur  d'un  écu  d'or  au  poirier 
de  linople.  Après  qu'Alphonfe  ,  Roi  de  Léon ,  eut 
pris  la  ville  d'Alcantara  lut  les  Maures  ,  il  la  don- 
na au  Grand  Maître  de  Calatrava  ,  qui  enluite  la  don- 
na  au  nom  du  Grand-Maître  de  S.  Julien  du  Poirier. 
Les  Chevaliers  de  cet  Ordre  fè  nommèrent  eux  mê- 
mes Chevaliers  d'Alcantara ,  &  abandonnant  leurs 
premières  armes  ,  ils  portèrent  la  croix  verte  de 
fleurs  de  lis  fur  la  poitrine.  Ils  vivoient  fous  l'Or- 
dre de  S.  Benoît  ,  Se  firent  premièrement  vceu  de 
chafteté  ;  mais  le  Pape  Paul  ÏV.  les  releva  ce  ce 
vœu  ,  &  leur  permit  de  fe  marier.  Enfin  la  Char- 
ge de  Grand  Maître  de  cet  Ordre  fut  unie  à  la  Cou- 
ronne de  Caftille  par  le  Pape  Alexandre  'VI.  en  fa- 


J  U  L 


^04 

veui-  de  Feidiiiand ,  Roi  d'Aiiagon  ,  3c  de  la  Rei- 

de  llabelle  ,  la  temme. 
S.  Julien,  f.  m.  Nom  d'une  efpèce  de  prane.  Pruni 

fpecks  àfanclo  Jidiano  dicta.  Elle  eft  violette  ,  titant 

au  noir.  La  Quint.  P.  IH.  c.  14. 
JULIENS,  f.  m.  Les  Luperces  ,  les  plus  anciens  Piètres 

de  Rome,  étoient  divifes  en  trois  Collèges,  des  F.r- 

bieus  ,  des  Quintiliens ,  Se  des  Juliens. 
JULIENNE.  Cf.  Nom  propre  d'une  femme.  Juliana. 

Julienns  cft  fort  jolie.  Ce  fut  aulli  un  des  noms  de 

Jimon. 
fer  JULIEN,  JULIENNE,  adj.  Terme  de  Chronolo- 
gie  ,    ordinairement  joint   avec    le  mot   annet   Se 
avec  le  mot  période.  Année  Julienne.  Annus  Julianus. 
Les  années  Juliennes  font  ou  communes,  ou  billéx- 
tiles.  Les  communes  font  de   565  jours  ,  &  les  bil- 
lextiles  de  3  66.  Soligéne  ,  dont  Cétar  je  fervit  pour 
la'  réformation  du  Calendrier  ,  fuppola  que  l'année 
folaire  moyenne  étuit  jullement  de   365  jours,  lix 
heures.  Se  fur  ce  fondement ,  Céfar  ordonna  que  des 
quatre  ans,   l'un  feroit  billextile  &  les  trois  autres 
communs.   Voye\  Année.  La  période  Julienne  :  c'ell 
une  période  fort  utile  dans  la  Chronologie  inventée 
par  Scaligeri  elle  ell  de  7980  ans  par  la  combmaifon 
de  trois  ïiclcs,  de  lindiJion  qui  ell  de  15  ans,  du 
nombre  d'or  qui  eft  de  iS.   On  le  fait  commencer 
avant  la  création  du  monde  plus  ou  moins,  félon 
l'hypothèfe  qu'on  veut  iuivre.  La  première  année  de 
l'Ere  Chrétienne  dans  tous  ces  fyffémes  de  Chronolo- 
gie, eft  toujours  la  4714.  de  b  pùïiode  Julienne.  Elle 
a  été  appelée  Julienne ,  à  caufe  qu  elle  a  été  accom- 
modée à  l'année  Juliermej  ou  réformée  par  Jules  Cé- 
far. /^oye^  PÉRIODE. 
fer  Ce  mot  eft  aulli  en  ufage  au  malculin.  Le  délor- 
dre  où  le   Calendrier    Julien   étoit    tombé  ^   parce 
qu'on    y  avoir  négligé  quelques  minutes  ,  avoit  ré- 
veillé les  Aftronomes  du  XVF_.  iiècle. 
|CT  JULIENNE.  En  Botanique,  f.  f.  Genre  de  plante 
à   rieur  en  croix  ,  compofée   de  quatre   pétales.  Il 
fort  du  calice  une  filique  longue  qui  renferme  des 
lemences. 
%3-  C'eft  une  pièce  de  giroflée.  Il  y  en  a  de  fimples 
&  de  doubles.  La  fleur  eft  belle  ,  d'une  odeur  agréa- 
ble ,  un  peu  forte  ;  ordinairement  blanche  ,  quel- 
■quefois  violette.  Hcfperis  ,  viola  matronalis.  Les  ju- 
liennes fe  multiplient  de  graine  ,  de  bouture  Se  de 
plan  enraciné. 
iJULIERS.  C'eft  le  nom  d'une  ville  du  Cercle  de  Weft- 
phalie  en  Allemagne.  Jidiacum.  Elle  eft  forte  ,  défen- 
due par  une  bonne  Citadelle ,  Capitale  du  Duché  de 
Juliers,  Se  fituée  fur  le  Roër,  entre  Maftricht  Se  Co- 
logne, à  dix  lieues  de  la  première,  à  huit  de  la  der- 
nière. Se  à  fix  d'Aix-la-Chapelle.  Maty.  Il  lémble 
que  cette  ville  ait  pris  fon  nom  de  Jules  Céfar  ou  de 
quelqu'autre  Jules.  V.alois ,  Not.  Gall.  p.  2^6.  Ju- 
liers étoit  dans  le  pays  des  Ripuaires.  Id.  Nqu  Gall. 
2)6.  long.  Z4.  d.  10'.  lat.  50.  d.  53'. 

La  Duché  de  Juliers.  Juliacenfis  Ducatus.  C'eft 
une  contrée  du  Cercle  de  Weftphalie  ,  en  Allemagne. 
Elle  eft  entre  les  Évcchés  de  Trêves  Se  de  Cologne, 
l'Évéché  de  Liège  &  les  Duchés  de  Gueldre  Se  de  Lim- 
bourg.  Ce  pays  qui  s'étend  le  long  des  deux  bords  de 
la  rivière  de  Rocr,  ou  de  Rure  ,  peut  avoir  dix-huit 
lieues  de  long  &  huit  ou  neuf  de  large.  Il  a  été  érigé 
en  duché  par  l'Empereur  Charles  IV  ,  l'an  i  550  ,  &  il 
appartient  au  Duc  de  Neubourg,  Électeur  Palatin. 
Ses  principaux  lieux  font  Juliers  ,  capitale ,  Duren  , 
Sufteren  ,  Tudders ,  &c.  Aix-la-Chapelle  y  eft  encla- 
ve^, mais  elle  n'en  dépend  pas,  c'eft  une  ville  Impé- 
riale. Maty. 
fULIN.  Ancienne  ville  de  la  Wandalie  dans  1  île  que 

forme  la  Suine  &  le  Divenow. 
JULIN.  Foye-^  WoLiN. 

JULIS.  f.  m.  Julia  ,  ou  Julis.  Petit  poillon  de  mer,  long 
comme  le  doigt,  menu,  couvert  de  petites  écailles 
rendies,  de  coulelirs  variées ,  violette,  bleue,  verte, 
blanche,  rouge  ou  brune  ,  rcprétentant  toutes  en- 
femble  celles  de  l'arc  en-ciel.  Son  mufcau  eft  pointu  , 
les  dents  font  recourbées ,  la  queue  cft  ronde  On  le 


J  U  M 

trouve  dans  la  mer  Adriatique,  proche  des  rochcrs- 

II  fe  nourrit  de  petits  poillons  ou  d'Alga  :  il  eft  vorace 

&  nage  ordinairement  en  troupe.  Ileft  bon  à  manger , 

mais  on  croit  que  fa  tête  eft  un  poilbn ,  Se  l'on  a  foin, 

de  la  couper. 
JULIUS.  Foyer  Jules. 
JULIUS,  JULIA.  La  famille  JULIA.  Foyf ç  JULE. 

JULLY.  Nom  d'un  Bourg  avec  Abbaye.  Juliacum. 

Il  eft  dans  1  ile  de  France  à  deux  ou  trois  lieues  de 

Meaux  du  côté  du  nord.  Maty. 
JULO.  f.  f.  Nom  de  Cérès.  Ulo  ,  ou  Julo.  Ce  nom  lui 

venoit  de  l'hymne  appelé  Jule  ,  ou  de  !»/>'! ,  ou  biea 

o.A«,  qui  lignifie  gerbe  de  blé.  On  difoit  Ulo,  ou 

Julo. 
JULUS.  f.  m.  C'eft  un  petit  infecte  de  terre  compofé  de 

plufieurs   anneaux  ,  marchant  fur  plufieurs  pâtes. 

f^oye^  Jule. 

J  U  M, 

JW^IALA.  f.  m.  Nom  que  les  Laponois  Se  autres  peu, 
pies  du  nord  donnoient  autrefois  au  plus  grand  de 
leurs  dieux.  Jumala.  Ils  le  nommoient  aulli  Taurus. 
Ces  peuples  repréfcntoient  Jumala  lous  la  figure  d'un 
homme  aflîs  fur  une  efpèce  d'Autel.  Us  lui  donnoient 
une  couronne  enrichie  de  douze  pierres  précieufes, 
Se  un  collier  dor  de  grands  poids.  D  autres  dilent  que 
ce  n'étoit  point  un  collier ,  mais  un  riiban  duquel 
pendoit  une  médaille  d'or  gravée  Se  ornée  de  pierre- 
ries ;  c'étoit  le  dieu  Ibiiverain  des  Lapons  auquel  tous 
les  autres  dieux  étoient  fournis.  Se  <pi  dominoit  fur 
tous  les  élémens ,  maître  fouverain  de  la  vie  Se  de  la 
mort.  On  lui  mettoit  encore  fur  les  genoux  une  gran- 
de coupe  d'or  pleine  de  monnoie  d'or.  Jumala  n'avoit 
qu'un  temple ,  il  étoit  au  milieu  d'un  bois  fermé  d'une 
haie  vive  fort  cpailfej  qui  n'avoir  qu'une  ouverture 
par  où  entroient  ceux  qui  venoient  adorer  l'Idole. 
gd"  L'or  Se  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  précieux ,  ayanc 
été  enlevé  de  ce  Temple ,  le  dieu  &  tous  les  ornemens  1 
facrés,  furent  réduits  en  cendras.  Cet  or  étoit  l'or 
que  l'on  mettoit  dans  la  plus  grande  quantité  qu'il , 
étoit  poilible,  dans  le  fem  de  Jumala,  qui  avoit  fur 
fes  genoux  une  taflè  d'or  11  pelante  Se  li  grande,  que 
quatre  hommes  auroient  eu  de  la  peine  à  boire  la  li- 
queur qu'elle  pouvoir  contenir.  Voye\  la  Laponie  de 
Schefîer.  c.  /.  ,       , 

JUMART.  f.  m.  Bête   de   lommc  ,    engendrée   d^un- 
taureau  Se  d'une  anelle  ,  ou  d'une  jument  -,  ou  d'un 
âne  &  d'une  vache.  Le  jumart  porte  aulIl  pelàittl 
que  le  mulet.  Onotaurus. 
JUMEAU  ,  JUMELLE,  adj.  m.  &  f.  f.  m.  Geminus , 
gemellus.  On  difoit  autrefois  Gémeau.   Terme  re- 
latif qui  fe  dit  de  deux  ou  trois  enfans  qu'une  nie- 
re  a  portés  en  même-temps  dans  Ion  fein.  Efaii  & 
Jacob  étoient  deux  frères  jumeaux.  Ces  deiix  fœurs 
étoient  jumelles.  Ces  deux  hommes  fe  reflemblent 
li  fort ,  qu'on  les  prendroit  pour  des  jurneaux.^  On 
difpute  lequel  des  deux  jumeaux  eft  cenfé  l'ainé.  La 
Faculté  de  Montpellier  a  décidé  que  le  dernier  ve- 
nu au  monde  eft  réputé  l'aîné  ,_  parce  qu'il  eft  le 
premier  conçu  ■■,  mais  par  la  Jurilprudence  qui  s'ob- 
lérve  aujourd'hui ,  le  premier  né  joiiit  des  préroga- 
tive  de  l'aînefle.  On  confirme  cet  ulage  par  l'exem-  ; 
pie   d'Éfali  &  de  Jacob.    Mais   ces  deux  jumeaux , 
étoient  nés  dans  l'obfcurité  ,  enforto  que  l'on  ii'cut 
pu  difcerner  lequel  avoit  paru  le  premier.  Il  fera* 
ble  que  ni  l'un  ni  l'autre  ne  doit  prétendre  au  pri- ! 
vilége  de  1  ainefle  ,  qui  doit  demeurer  en  lufpens  à  1 
caufe  de  leurs   concours   mutuel.  D'autres  veulent: 
qu'on  en  remette  la  décifion  à  la  volonté  du  père  ,1 
ou  au  hafard  du  fort.  Il  peut  naître  trois  jumeaux  \  • 
comme   on  l'a  dit  des   Horaces  &  des   Curiaces. 
Il  pourroir  même  naître  un  plus  grand  nombre  de 
jumeaux  ,  félon  l'opinion  des  Médecins  modernes :,; 
qui  le  trouve  confirmée  par  quelques  hiftoires.  1  U- ! 
ne    rapporte    qu'à  la   fin  du  règne   d'Augulle   uncl 
femme  nommée  Faufta ,  mit  au  monde  deux  gar- 
çons ,  Se  deux  filles  tout  enlemble. 
Ce  mot  le  dit  aulli  des  fruits  qui  viennent  dou- 
bles,, 


J  U  M 

blcs  ,  Se  attaclics  cnfcmblc  ,  pcndaiis  à  une  mcnic 

qiicuc  j  nuqucl   Cens  il  cil  leulcmcnt   adjcdif.  On 

.    trouve  plulieurs  eeiifcs  jumelles  ,  abricots  jumeaux. 

Amandes  ,  noix  jumelles.  J^oye-^  Monstruosiths. 

Jumeaux,  en  Anatomie,  fe  dit  du  troiheme  ligne  du 
Zodiaque  ,  auquel  fens  il  n'eit  jamais  que  fubltantih 
Gemini.  Quoique  quelques  uns  difent  indiliïremment 
jumeau  ou  Gémeau  ,  en  parlant  de  ce  iigne  ;  il  cft 
certain  pourtant  que  Gémeaux  le  dif  plus  ordinai- 
rement que  jumeaux,  f^'oye^  Ge-meaux. 

Jumeaux  ,  en  terme  de  Chimie  ,  (e  dit  de  deuxalam- 

■  bics  pôles  l'un  auprès  de  l'autre  ,  cnlorte  que  le 
bec  de  liui  entre  dans  le  ventre  de  l'autre ,  (Se  que 
réciproquement  le  fécond  taile  la  même  choie  que 
le  premier.  Ce  font  proprement  deux  alambics 
d'une  pièce  ,  dont  l'un  (ert  de  récipient  à  l'autre. 
C'ell:  par  leur  moyen  que  le  fait  la  dilbllation  par 
circulation.  On  les  appelle  auilî  Gemini. 

Jumeaux.  (  les  )  i.  m.  pi.  Terme  d' Anatomie.  Ce  font 
deux  petits  mulcles  plats  Se  étroits  ,  htués  prelquc 
tranfverfalement  l'un  au  dellus  de  l'autre,  entre  la 
tubérofité  de  rilchion  &  le  grand  trochanter  ,  im- 
médiatement au  deilous  du  pyri Forme  ,  féparés  l'un 
de  l'autre  par  le  tendon  de  l'obturateur  interne.  Ge- 
melli.  Dict.  de  James. 

Les  grands  jumeaux  ,  ou  Gaflrocnémiens  ,  font 
deux  mufclcs  épais  ,  peu  larges  Si  oblongs  ,  mis 
fur  un  même  plan  l'un  à  côté  de  l'autre  au  délions 
du  jarret  ,  qui  forment  en  partie  ce  qu'on  appelle 
le  gras  de  la  jambe.  On  nomme  interne  celui  qui 
cfl  du  c'aé  du  tibia  j  &  externe  celui  du  côté  du 
péroné.  On  leur  a  donné  le  nom  grec  de  gallroc- 
némiens  ,  parce  qu'ils  (ont  comme  le  ventre  de  la 
jambe.  Winslow.  yxçr,f ,  ventre  ,  &  xviifi»,  la  jamh. 

JUMELLE,  f.  f.  Nom  d  une  pièce  de  bois  comparée  à 
une  autre  toute  femblable.  Ce  mot  de  jumelles  le 
dit  chez  prelque  tous  les  Artilans  ,  de  deux  pièces 
de  bois  ou  de  métal  qui  (ont  égales ,  &  partaitement 
femblables  ,  qui  te  trouvent  en  la  plupart  des  ma- 
chines &  des  outils.  Gemin£  hijuges.  Ainh  on  ap- 
pelle les  jumelles  d'un  prelfoir  ,  les  deux  grollbs 
pièces  qui  font  à  plomb  ,  qui  (outienncnt  l'arbre  , 
la  vis  (Se  récroue  d'un  prelloir.  On  le  dit  aulli  des 
pièces  de  bois  qui  touticnnent  les  prelles  d'impri- 
merie ,  des  monnoies  ,  &c.  Les  jumelles  d'un  étau  , 
font  les  deux  pièces  de  fer  égales  ,  qui  lervent  à  (er- 
rer l'ouvrage.  Les  jumelles  d'un  tour  font  deux 
pièces  de  bois  parallèles  à  l'horilon  ,  qui  fervent  à 
foutenir  les  poupées  ,  &  qui  forment  comme  une 
coulille  dans  laquelle  on  les  fait  avancer  ou  recu- 
ler ,  &c.  \ 

Jumelle.  Terme  d'Artillerie.  C'efl  le  nom  d'une  piè- 
ce d'Artilierie  ,  ainti  nommée  parce  qu'elle  étoit 
compoléc  de  deux  canons  ,  qui  féparés  l'un  de 
l'autre  par  en  haut  ,  fe  réunilfoient  dans  le  milieu 
vers  la  ceinture  ou  ornement  de  volée.  Ces  deux 
canons  étoient  fondus  enfemble  .nvec  une  feule  lu- 
mière ;  on  les  chargeoit  tous  deux  en  même  temps 
avec  deux  barres  de  fer  attachées  enfemble  ,  (!<>; 
éloignées  l'une  de  l'autre  ,  lelon  la  diùance  des  deux 
bouches.  L'ulage  de  ce  canon  Jumelle  inventé  par 
un  Fondeur  de  Lyon  ne  dura  guère.  Le  Père  Da- 
niel en  donne  la  ligure  dans  fi  milice  Françoife  , 

T.I.p.4s^- 

Jumelle.  Ternie  d'Artificier.  C'eft  un  affemblage  de 
deux  fufées  adollées  fur  une  baguette  commune. 

On  appelle  aullî  jumelles  ,  en  terme  de  Marine  , 
des  pièces  de  bois  arrondies  S<.  creufées  en  dedans  , 
qu'on  applique  autour  du  mât  pour  le  fortifier  , 
quand  la  mèche  ou  le  brin  principal  n'a  pas  alfez 
de  force.  Elles  font  attachées  autour  du  mât  avec 
de  gros  cables  ,  &  on  appelle  les  jumelles  d'un 
mat  ,  gahurons  ,  clamps  ,  cojlons. 

JUMELE  ,  ÉE  ,  adj.  Terme  de  Blafon  qui  fe  dit  des 
pièces  de  l'écu  qui  font  doubles  comme  des  ju- 
melles.^ojj/e:^  Jumelles.  Sautoirs  jumelles  ,  croix 
jumellees  ,&c. 

JUMELLEH.  v.  a.  Fortifier  ,  foutenir  quelque   chofc 
avec  des  jumelles.  Jumellcr  un  mât ,  c'ell  un  terme 
Tome    y. 


J  U  N 


^GS 


de  charpenterie  Se  de  marine,  fortifier  un  mât  avec 
des  jumelles. 

JUMELLES  ou  GEMELLES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Rla- 
fon.  C'ell:  une  cfpèce  de  fafce  double  ,  ou  de  fafcC 
de  deux  en  deux  deviles  ,  dont  on  charge  le  milieu 
de  l'écu  ,  Se  qu'on  féparc  par  une  diflance  égale 
à  la  largeur  de  chaque  pièce.  Biju^cs  injliu.  Quand 
il  n'y  en  a  qu'une  ,  on  la  met  au  milieu  de  l'é^u  , 
Se  quand  il  y  en  a  plulieurs  ,  on  les  fépare  par  dcs 
intervalles  plus  larges  que  celui  qui  eft  entre  les 
deux  pièces  qui  compolent  la  /ttWcV/t;  pour  la  dif- 
tinguer  r.avec  l'Ecu  burelé.  Ces  jumelles  ne  doivent 
avoir  que  la  cinquième  partie  de  la  largeur  dti  K:f- 
ccs.  On  les  met  aulïï  en  pal  j  en  bande  ,  en  bar- 
re y  en  fautoir  ,  en  croix  ,  Se  même  en  chevrons* 

JUMEiMT<  f.  f.  La  femelle  d  un  cheval ,  qu'on  nom- 
me aulli  eavalle.  Equa.  i^a  grande  jument  de  Gar- 
gantua efl  décrite  dans  Rabelais.  Les  Nogais  ,  peu- 
ples de  Tarrarie  ,  font  des  fromages  de  lait  de  ju- 
ment. Armentalis  equa  mammis  &  lacté  fer.no ,  &Ct 
Strabon  parle  de  ces  fortes  de  fromages. 

Jument  Poulinière  ,  ou  jument  de  Haras.  C'efl  mia 
cavalle  que  l'on  entretient  dans  les  haras  ,  pour 
contribuer  avec  les  étalons  à  la  propagation  de  l'ef- 
pèce  des  chevaux. 

Certain  franc  Campagnard  avec  longue  rapière. 
Montant fuperhement  fa  iiiment poulinière  , 
Qu'il  honorait  du  nom  de  fa  bonne  jument ,  &c. 

Mol. 
Ce  mot  vient  du  Latin  jumcntum  ,  du  verbe  ja- 
vare  ,  aider  ,  fjulager.  Ces  aniiiiaux  fervent  beau- 
coup aux  hommes  pour  labourer,  pour  porter  des 
cliarges.  D'autres  aiment  mieux  tirer  ce  mot  de 
]ugum  ou  de  jungo  ;  parce  qu'on  accouple  ces  for- 
tes d'animaux  pour  tirer  la  charrue  ,  ou  autres  el- 
pèccs  de  chariots. 

On  dit  proverbialement  que  coup  de  pied  de  ju- 
ment ne  fit  jamais  de  mal  à  cheval  ,  pour  di  e  que 
les  hommes  ne  doivent  point  s'oiienfér  de  rc.  evoir 
un  coup  ou  une  injure  d'une  femme. 
Jument  ,  ell  le  nom  qu'on  a  donné  a  une  machine 
pour  faire  la  monnoie  ,  &  pour  la  marquer  en  mê- 
me -  temps  ,  parce  qu'on   la  taifoit  mou/oir   avec 
une  jument.  Voyet  Mouli  ^i. 
Jument  ,  fe  dit  aulîi  d'un   autre  inllrument  dont  fe 
fervent  les  faux-munnoyeurs  ,  Se  qui  elt  en  forme 
de   fers  à  faire  des  gau;tres.  Cette  forte  de  jument 
fait  pendre  ordinairement  fon  maître. 
JUMENTS.  Le  Golfe  de  juments.  Voye\  Cadiz  ,  la 

mer  de  Cadiz. 
JUMIEGE.  Nom  d'un  village  .avec  une  célèbre  Ab- 
baye de  Bénédi(5tins  ,  fondée  au  f'eptième  hècle  par 
S.  Filibert ,  fécond  Abbé  de  Rebais.  Gemeticum.  Ce 
lieu  ell  fîtué  en  Normandie  ,  fur  la  rive  droite  de 
la  Seine  ,  entre  Duclair  Se  Caudebcc.  Voye\  la  Dcf- 
cript.  Géogr.  &  Hijl.  de  la  Hautc-Norm.  T.  II.  p, 
2j\f.  &fuiv. 

J  U  N, 

JUNCAGO.  f.  m.  Plante  dont  parle  Tournefort  <S>: 
plulieurs  autres  Botaniftes.  Elle  tient  beaucoup  du 
gramen  ,  mais  fes  feuilles  relfemblent  à  celles  des 
joncs  les  plus  menus.  Ses  fommités  fe  terminent 
par  des  épis  ,  où  font  attachées  des  Heurs  à  plu- 
lieurs feuilles  difpofces  en  rofe.  Il  leur  fuccède  des 
fruits  oblongs  ,  compofés  de  trois  gaines  dans  le 
creux  defquelles  on  trouve  uPiC  femence.  Cette 
plante  croit  dans  les  marais.  On  lui  a  donné  le 
nom  de  juncago  ,  comme  qui  diroit  faux  jonc  j  par- 
ce qu'elle  tient  quelque  chofe  du  jonc. 

JUNÇALAON  ,  ou  JUNSALAM.  Ville  du  Royaume 
de  Siam  en  Alie.  Juncalonium.  Elle  eft  fur  la  côte 
occidentale  de  la  prcf'qu'île  de  l'Inde  de-là  le  Gan- 
ge ,  où  elle  a  un  bon  port ,  environ  à  cent  trente- 
quatre  lieues  de  la  ville  d'Odiaa ,  du  côté  du  mi- 
di.  Maty. 

JUNCARIA  ,  ou  JONCAIRE.  (.  f.  Efpèce  de  rubia  ; 
petite  plante  rameufc  dont  les  tiges  relfemblent  au 

Qq 


o6 


JUN 


J  U  N 


jonc  ,  ce  qui  lui  a  fl^it  donner  le  nom  de  juncarla.  Ses  j 
feuilles  approchent  de  celles  du  lin  ,  mais  elles  font 
plus  rudes  ,  oppofées  l'une  à  l'autre.  Elle  porte  une 
grande  quantité  de  Heurs  pailleules  ,  blanches.  Sa 
femence  cft  menue  &  noirâtre.  Elle  croit  dans  les 
lieux  fablonncux  dans  les  vignobles.  Elle  cil  vul- 
néraire ,  déterlive  &  apéritive. 

JUNGCHANG.  Grande  ville  de  la  Chine  ,  huitième 
métropole  de  la  Province  de  Junna  :  on  dit  que  les 
habitans  couvrent  leurs  dents  d'une  feuille  d'or  , 
d'où  on  les  appelle  K'inchi  ,  gens  aux  dents  d'or. 

JUNGCHEU.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine. .  Jung- 
chcum.  Elle  elt  la  troificme  de  la  province  d'Hu- 
quang  ,  &  elle  a  fix  autres  villes  fous  fa  jurifdidion. 
Maty. 

^  JUNG  FERNHOF.  Petite  ville  de  Livonie  ,  dans 
le  territoire  de  Letten  ,  à  neuf  lieues  de  Riga. 

JUNGLl.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Provmce  de 
Queicheu. 

S.  JUNIEN.  Nom  d'une  ville  de  France.  Junïanopo- 
lis.  Elle  eft  dans  le  Haut  Limofin  ,  fur  la  Vienne. 
Elle  ell  renommée  par  fon  grand  commerce  de 
gants. 

JUNING.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Juninga. 
Elle  ell  la  huitième  de  la  province  d  Honan  ,  & 
elle  a  treize  villes  fous  fa  jurifdiélion.  Matv. 

JUNIPA.  f.  m.  Arbre  du  Brefil  qu'on  appelle  au- 
trement   Genipa   ,  ou  janipaha.   P^oye^  Janipaba. 

JUNIUS  ,  JUNIA.  Nom  d'une  famille  Romaine 
très-illuflre.  Junius  ,  a.  Les  Junius  prétendoient  être 
originaires  de  Troye  ,  &  dctcendrc  d'un  des  com- 

f)agnons  d'Énée.  junius  Brurus  ,  celui  qui  châtia 
es  P\.t>is  &  fut  le  premier  Conlul  ,  étoit  patri- 
cien ;  mais  ayant  fait  mourir  fon  fils' pour  avoir 
conjuré  en  faveur  de  Tarquin  ,  il  ne  lailla  point 
de  poftérité  ,  &:  tous  les  Junius  qui  fuivirent  j  fu- 
rent plébéiens.  Les  Médailles  de  la  famille  Junia  ne 
font  pas  rares.  Elles  ont  quelquefois  pour  infcrip- 
_tion  PiETAs  ,  quelquefois  Libertas. 

Les  modernes  à  qui  bous  donnons  ce  nom  ,  ne 
l'ont  point  véritablement  porté  ,  c'ell  leur  nom  dé- 
guifé  en  Latin.  Junius.  L'Auteur  des  Traités  ,  de 
Anno  &  Minfibus  ,  Animadverforum  ,  L.  FI.  de 
Comma  Batavia  ,  &  de  quelques  pièces  de  vers  , 
&  qui  étoit  de  Hoorn  en  Hollande  ,  où  il  naquit 
en  ijii  ,  s'appcloit  Jonghe  ,  ou  du  Joug^  &  Ju- 
nius né  à  Bourges  en  1545  ,  d'où  il  le  retira  à 
Genève  ,  parce  qu'il  donnoit  dans  les  opinions  de 
Calvin  ,  s'appcloit  François  du  Jon.  C  ell  lui  qui 
enfeigna  la  Théologie  à  Hcidelberg  ,  à  Léyde  ,  Se 
ailleurs  ,  &  qui  traduifit  la  Bible  avec  Trémellius. 

JUNNAN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Junnanum. 
Elle  eft  grande  ,  &  firuée  à  la  fource  de  la  rivière 
de  Kiang  ,  dans  le  Junnan  ,  dont  elle  ell  la  capita- 
le. Son  territoire  particulier  rentcrme  douze  autres 
villes.  Maty. 

JUNNAN.  Eft  auflî  le  nom  d'une  province  de  la  Chi 
ne  ,  la  quinzième  ou  dernière  en  ordre.  Junna- 
nia.  Elle  eft  environnée  vers  le  levant  par  les  Pro- 
vinces de  Suchucn  ,  de  Queicheu  ,  &  de  Quanglî. 
Elle  a  vers  le  couchant  l'Inde  de-là  le  Gange.  Cet- 
te province  a  beaucoup  d'étendue.  On  y  remarque 
douze  de  ces  villes  que  les  Chinois  appellent  gran- 
des villes  ,  &  qui  font  capitales  d'autant  de  con- 
trées ,  ou  territoires.  Junnan  eft  capitale  de  toute 
la  province.  Maty. 

JUNON.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
décile  des  anciens  Paycns.  Juno.  La  décile  Junon 
étoit  fille  de  Saturne  &  de  Rhée.  Theog.  v.  4J4  , 
fœur  &:  femme  de  Jupiter.  Virgile  ,  Eneïd.  L.  I. 
V.  19  ,  46  ,  185  J  447  ,  4J0  ,  66  J.  Elle  éroit  décile 
des  Royauiîies  &  des  Empires  ,  des  richelfes  &c  des 
mariages  ,  fous  le  nom  de  Lucine  &:  de  Junon  Lu- 
cine.  Elle  étoit  encore  la  déclTe  de  la  propreté  & 
des  ornemens  ,  &  c'eft  pour  cela  que  les  ftatues 
avoient  les  cheveux  frifés  &  dilpofés  très-propre- 
ment ,  &  avec  grand  foin.  Quelques  uns  la  dillin- 
'giient  de  Lucine  qu'Héfiode  dit  être  fa  hlle  ,  Thcog. 
V-  ppi.  Elle  fut  encore  mère  d'Hébé  ,  de  Mars  &  de 


Vulcaln.  Si  l'on  en  croit  les  Poctes  ,  elle  eut  Hé- 
bé  &  même  Mars  ,  lans  commerce  avec  aucun  hom- 
me -,  mais  la  première  par  le  moyen  d'une  faladc  de 
laitue  tauvage  ,  dont  Apollon  la  régala  ,  &  qu'elle 
mangea  avec  beaucoup  d'appétit  ;  &  Mars  en  flai- 
rant une  Heur,  bclon  les  Mythologues  Junon  eft 
l'air  ,  &c  l'on  a  teint  qu'elle  étoit  tœur  &  femme 
de  Jupiter  ,  à  caufe  de  la  relfemblance  &  du  rap- 
port de  l'union  qu'il  y  a  entre  l'air  &  l'yEther  , 
qui  eft  Jupiter.  Elle  avoit  Iris  pour  commilîîon- 
nairc  ou  mellagère.  La  brebis  étoit  la  viétime  pro- 
pre de  Junon.  Vollius  prétend  que  Junon  étoit  en- 
core la  même  que  Diane.  Lifez  de  Idol,  L.  II, 
Ckap.  -?  f. 

Outre  les  noms  des  pays  où  elle  étoit  honorée , 
comme  Argolique  ,  Égyptienne  ,  &c.  Junon  en  avoic 
beaucoup  d'autres.  On  l'appeloit  Calendaire  ,  ou 
nouvelle  ,  parce  que  les  Calendes  ,  qui  étoient  le 
premier  jour  du  mois  ,  lui  éroient  confacrées.  La 
Caprotine  ,  ou  Chevrotine  ,  Curis  ,  ou  Quiris  ,  qui 
lignifie  hafte  ,  à  caute  qu'on  lui  en  donne  commu- 
nément en  main  ;  Fébruate  ,  à  caufe  qu'on  faifoit 
fes  fi.crifices  &  les  fêtes  au  mois  de  Février  ;  Fluo- 
nie  ,  Julie  ,  ou  Julienne  ,  Martiale  ,  Monnoie  ,  ou 
plutôt  Avertilleuie  ,  donneufe  d'avis,  Moneta  à  mo- 
nendo  ;  Opigène  ,  c'ell-à-dire  ,  fille  d'Opis  ,  ou  de 
Rhée ,  Populonie  ,  Reine  ,  elle  a  iouvent  ce  titre 
furies  médailles,  Jvno  Regina  Jvnoni  ReginjCj 
Soroiienne  ,  ou  Sororia  ,  Confervatrice  ,  Sofpita. 
Par  rapport  aux  mariages  auxquels  elle  prélidoit  , 
on  lui  donnoit  les  noms  de  Cinxia  ,  à  caule  de  la 
ceinture  des  nouvelles  époules  ,  de  Domiduque  , 
d'Interdica  ,  de  Lucine  &  d'Unxia. 

Anciennement  ,  foit  ignorance  de  la  fculpture  , 
foit  quelque  myllère  caché  ,  les  ftatues  de  .  unon 
n'étoient  autre  chofe  que  des  B^ETYLES.  Foye'^ 
ce  mot.  Dans  la  fuite  on  la  reprétenta  fous  la  h::,ure 
d'une  femme  ,  alïîfe  fur  un  trône  ,  tenant  un  fcep- 
tre  en  main  ,  le  diadème  en  tête  dms  les  nuages. 
A  côté  d  elle  étoit  Iris  ,  &  à  (es  pieds  des  l'aons  , 
qui  lui  étoient  particulièrement  conlacrés. 

Comme  on  donnoit  à  chaque  homme  fon  gé- 
nie ,  on  donnoit  aulîi  à  chaque  femme  fr  Junon. 
Cela  paroît  dans  Ovide  en  plufieurs  endroits  ,  ôc 
dans  Ladance  ,  De  falf.  Kelig.  L.  I.  c.  17.  ôc 
VoHIus,  de  Idol.  L.I.  c.  18. 
^fT  Les  femmes  juroient  par  leurs  Junons  ,  comme 
les  hommes  par  leurs  Génies.  Junoncm  iratam  ha.~ 
heam  fi. .  iic. 
Junon  étoit  une  des  divinités  qui  avoit  droit  de  lan- 
cer la  foudre  ,  li  l'on  en  croit  Stace  ,  Theb.  L.  X. 
V.  6p.  Cependant  les  autres  n'accordent  ce  droit 
qu'à  Jupiter  j  à  Vulcain  &  à  Minerve.  Foye^  Ser- 
vius  fur  le  I.  L.  de  l'Enéide  ,  v.  40  ,  /J  &  2Ss- 
Junon  portoit  la  couronne  rayonnée  aullI  bien  que 
Jupiter.  On  mettoit  aulîi  quelquefois  un  croillant 
fur  fon  diadème.  C'eft  qu'on  honoroit  la  Lune 
fous  le  nom  de  Junon  ;  peut-être  aulîî  parce  que 
la  Lune ,  la  plus  balfe  des  planètes ,  eft  portée  fup 
la  fphère  de  l'air  ,  qui  etoit  Junon  ,  comme  nous 
l'avons  dit.  Les  animaux  &  les  plantes  conficrées  à 
Junon  ,  étoient  la  brebis  ,  la  chèvre  j  le  paon  , 
l'oie  ,  le  coucou  j  la  corneille ,  ou  le  choucas  ,  la. 
cigogne  &  l'oranger  ,  l'ichneumon  ,  le  diclame  ,  le 
pavot.  Volîîus  ,  de  Idolol.  L.  IX.  c.  21  &  2 y. 

Vollîus  traite  de  Junon  dans  de  Idolol.  Liv.  II. 
ch.  2 s  ,  26  ,  s 9  ,  S 4.  L.  ni.  CI  ,4,10.  L.  FUI. 
ch.  12  &  16. 

Ce  nom  ,  félon  Varron  ,  vient  de  juvare  ,  qui 
veut  dire  ,  fiire  du  bien  ;  cette  déelle  fut  ainfi 
nommée  ,  quod  unà  cum  Jove  juvat.  En  Grec  cette 
Décile  s'appcloit  h'ç^  ,  Ere. 

On  s'ell  quelquefois  fcrvi  de  ce  nom  pour  dire 
Perfécutrice.  C'eil  ainfi  qu'on  appela  Marguerite  , 
fœur  d'Edouard  IV  ,  Duchelfe  de  Bourgogne  ,  la 
Junon  d'Henri  VII  ,  Roi  d'Angleterre  ,  parce  qu'elle 
fut  fi  perfécutrice  ,  comme  Junon  l'étoit  d'Enee  , 
ainfi  qu'écrit  Larrey  ,  ou  plutôt  parce  qu'elle  lui 
fufcita  des  travau-x ,  &  eu  quelque  forte  àts  mon!- 


I  V  o 


trcs  dans  les  deux  faux  Edouards  qu'elle  protégea  , 
to!7nne  Junon  en  lufcitoit  à  Hercule. 
JIJN'ONALES.  {.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fêtes  en 
l'honneur  de  la  décfîe  Junon.  On  diloit  .-lulli  Ju- 
n.uiks.  Junonalia.  Voye\  la  dcfcription  de  ces  Fêtes 
dans  Tire  Live ,  deçà.  3.  L.  FIL 
JUNOLIEN.  Surnom  donné  à  Janus ,  parce  que  c'cfl: 
lui  qui  introduilit  en  Italie  le  culte  de  Junon ,  d'où 
il  lut  aulïi  appelé  fils  de  cette  décile. 
JUiNONIES.  f.  i.  pi.  Fêtes  de  Junon  à  Rome. 
JUN-SALAM.  Port  d'Alie  ,  au  Royaume  de  Siam  : 
c'cfl  un  adlc  pour  cous  les  vailleaux  qui  allant  à  b 
côte  de  Coromandel ,  font  (urpris  d'un  ouragan. 
JUNSTAIN.  Bourg  de  la  baHe-Carnithie  ,  en  Alle- 
magne. Juenna.  Il  efl:  aux  confins  de  la  Carniole  , 
à  trois  lieues  de  Volckmar  ,  du  côté  du  midi. 
Maty. 
rUNTE  ,  ou  JUNTA.  f.  f.  Allembléc  ,  Confeil  ,  So- 
ciété de  pluiieurs  perfoimes  pour  quelque  adminif- 
trarion.  Conc'dïum  ,  Collegium  ,  Juncla.  Ce  terme 
cft  en  ufage  en  parlant  des  affaires  d'Efpagne  tk  de 
l'ortugal.  M.  de  la  Neuville  dans  fon  hilloue  géné- 
rale de  Portugal  dit  Junu.  On  dit  communément 
Junte  ,  ou  Joute.  A  la  mort  de  Charles  II  ,  Roi 
d'Efpagne  ,  le  Royaume  fut  gouverné  par  une  junte  , 
pendant  rabfcnce  de  Philippe  V.  Ce  terme  Junta 
lignifie  une  allemblée  de  gens  habiles  &c  de  probi- 
té. De  la  Neuville,  T.  I.  p.  jé.  Il  y  a  en  Por- 
tugal trois  Juntes  conhdérables.  La  Junta  du  com- 
merce j  la  Junta  des  trois  États ,  &  la  Junta  du  ta- 
bac. La  Junta  du  commerce  doit  fon  établillement 
au  Roi  Jean  IV.  qui  lui  donna  le  titre  de  Convoi 
pour  le  Brefil.  Le  Roi  Alfonfe  VI.  unit  la  Junta 
du  commerce  à  là  Couronne ,  Ik.  créa  un  Préhdent 
&  des  Confeillers.  C'eft  le  Confeil  de  Marine.  Le 
Roi  Jean  IV.  allembla  les  États  Généraux  pour  créer 
le  tribunal  de  la  Junta  des  trois  États.  Le  Roi  Pier- 
re II.  a  créé  en  167J  ,  la  Junta  du  tabac.  Elle 
cfl:  compofée  d'un  Prcfîdent  &  de  fix  Confeillers. 
yoye\  M.  DE  LA  Neuville  à  l'endroit  cité. 

Le  Parallèle  du  Cardinal  Ximenès  &  du  Cardi- 
nal de  Richelieu  a  été  plufieurs  fois  imprimé  en 
France  ,  en  Efpagne  ^  en  Hollande.  La  Jonte  l'a 
fait  traduire  en  Efpagnol.  Cette  nation  fut  charmée 
qu'un  Hiilorien  François  eût  donné  la  préférence  à 
leur  premier  Miniftre.  M.  l'Abbé  Richard  ,  Paral- 
lèle du  Card.  de  Richelieu  ,  &  du  Card.  Ma\ann  j 
au  comm.  de  l' Avis  imponant  au  Lecteur  curieux. 
Vous  remarquerez  que  cet  avis  ne  fe  trouve  pas 
dans  tous  les  exemplaires.  La  Junte,  dit  M.  l'Abbé 
de  Vayrac  ,  n'eft  ni  un  Tribunal  ,  ni  un  Confeil  , 
mais  un  certain  nombre  de  perlonnes  que  le  Roi 
d'Efpagne  admet  dans  les  délibérations  du  gouver- 
nement  quand  il   lui  plaît  ,    &  qu'il  révoque    de 

même Merc.  de  Nov.  i7.2-f- 

Les  Juntes  étoient  une  fociété  de  Libraires ,  ou 
Imprimeurs  ,  à  Venife  ,  donc  les  Editions  qu'on 
appelle  les  Éditions  des  Juntes  ,  font  belles  &  ef- 
timées. 
JUNUS.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  que  les  an- 
ciens Latins  donnoient  au  dieu  Pan.  Junus.  Pan 
s'appeloit  Junus  ,  parce  qu'il  fe  faufiloit  ,  qu'il  al- 
loic  pêle-mêle  avec  tous  les  animaux,  l'oyei  Hoft- 
man  ,  qui  cite  DempP'er   fur  Rofin  ,  Ànt.  Rom. 

L.  U.c.  20. 

I  V  o. 

IVOGAZIMA ,  c'eft-à-dire ,  île  de  foufre.  île  du  Ja- 
pon dans  la  Province  de  Saxuma. 

IVOIRE,  f  rn.  Quelques-uns  écrivent  Yvoire.  Quel- 
ques Auteurs  ont  fait  ce  mot  féminin'.  Aujourd'hui 
l'ufage  le  fait  mafculin.  Dent  ou  plutêit  détente  de 
l'éléphant  ,  en  forme  de  longue  corne  ,  qui  nait 
des  deux  côtés  de  fa  trompe.  Cette  dent  ou  cette 
défenfe  ne  s'appelle  ivoire  ,  que  quand  elle  eft  dé- 
tachée de  la  mâchoire  de  l'éléphant  pour  erre  mife 
en  œuvre.  Ebur  ,  Elephas.  Les  Tabletiers,  les  Sculp- 
teurs emploient  ,  polillent  Vivoirc.  Un  cornet  d'^- 
voire.  Cornu  elurneum  ,  une  boëtc  d'ivoire  ,  pixis 
Tome  F", 


I  V  O  307 

eburnea.  Diofcoride  écrit  qu'en  faifuic  cuire  l'ivoire 
avec  la  racine  de  mandragore  l'etpace  de  iix  heu- 
res ,  elle  s'amollit  entorte  que  l'on  en  peut  faire 
tout  ce  que  l'on  veut.  L'ivoire  de  l'île  de  Ccylan 
ik  de  l'ilc  d'Achem  a  cela  de  particulier  ,  qu'il  ne 
jaunit  point,  comme  celui  de  la  Terre-ferme  ,  îk  des 
Indes  occidentales  ,  ce  qui  le  rend  plus  cher  que 
l'autre.  Dieppe  cil  peut-être  la  ville  du  monde  où 
l'on  travaille  le  mieux  l'iro;>t;;  on  y  fait  en  ce  gen- 
re des  ouvrages  d'une  propreté  &  d'une  délicatelle 
turprenante.  Defcript.  Géograp.  &  Hijior.  de  lot. 
Haute  Normandie  ,  Lomé  L  p.  I2j. 

On  appelle  noir  J'ivo;Vd  ,  de  l'ivoire  que  l'on  brû- 
le ,  &  que  l'on  retire  en  feuille  quand  il  eft  de- 
venu noir.  Ebur  adujîum.  On  le  broie  à  l'eau  ,  &c 
on  en  fait  de  petits  pains  plats  ,  ou  des  trochifques 
dont  les  Peintres  fe  lervent.  Ce  noir ,  que  l'on  ap- 
pelle autrement   noir  de   velours  ,   doit   être  bien 
broyé   ,    tendre    &   friable  pour  être  de   la  bonne 
qualité. 
Ivoire  de  Mofcovie.  On  nomme  ainli  une  torte  d'/- 
voire  qui  fe  trouve  affez  avant  dans  terre  dans  quel-  - 
qucs  endroits  de  la  Tartarie  Mofcovite  ,  particuliè- 
ment  le  long  de  la  Lena  &   de  la  Jcnicia  ,  deux 
grands  tlcuves  qui   arrotent  cette   vafte    partie  des 
États  du  Czar.  Foye^  dans  le  Diftionnaire  de  Com- 
merce les  divers  tentimens  au  lujet  de  cet  Ivoire. 
^fJ"  Les  Sibériens    emploient   cet    ivoire    fo/lîle    aux 
mêmes  utages  que  Vivoire  ordinaire  ,  dont  il   n'ell 
diftingué  que'  par  quelques  variétés ,  qu'ont  dû  occa- 
tîonner  les  tues  de  la  terre. 
§Cr  Je  demande  aux  Naturaliiles  d'où  peut  venir  cette 
grande   quantité   de  dents    d'Eléphant  qu'on    trou- 
ve dans  les  entrailles  de  la  terre  ,  non -feulement 
en  Sibérie  ;  mais  encore  dans  plufieurs  autres  pays  , 
où  il  n'y  a  point  ,  &  où  il  n'y  a  jamais  eu  d'Elé- 
phans  ,  qu'on  ne  trouve  que  dans  les  pays  chauds. 
Dire  que  ces  animaux  y  ont  été  conduits  par  des 
peuples  qui  y  portoient  la  guerre  ,  ou  que  ces  pays 
ont  elluyé   un  bouleverfement  général  ,    qui  en  a 
changé  la  température  ,  &  a  englouti  tous  les  ani- 
maux ,  c'ell  fuppoler  des  faits  peu  croyables.  L'hit- 
toirc  fe  tairoit  elle  fur  des  événemens  de  cette  na- 
ture .'' 
Ivoire  ,  fe  dit  figurémenc  &  poétiquement  de  ce  qui 
eft  dur  &:  blanc.  Des  dents  d'ivoire  ,  Dentés  ebur- 
nei  ,   candidi.  Un-  téin    d'ivoire.   Son  corps  eft  un 
grand  temple  d'ivoire.  Voit. 
IVOIRE.  Nom  d'un  bourg  du  Chablais  ,  en  Savoye. 
Aquaria.  Il  eft  tur  le  lac  de  Genève  ,  à  (ix  lieues  de 
la  ville  de  ce  nom  ,  vers  le  levant. 
IVOIRIER.  f.  m.  Qui  travaille  en  ivoire.  Qui  vend  des 
ouvrage  d'ivoire.  On  fît  venir  pluiieurs  marchands 
ivoiriers  ,  &  la  matinée  fe  paila  à  faire  des  emplet- 
tes. Merc.  d'Août  ijzô .p.  r  ()i4. 
JUONIGRAD  ,  ou  XUONIGRAD.  Nom  d'un  bourg 
de  la  Croacie  ,  titué  aux  confins  de  la  Bofnie  ,  Se 
de  la  Dalmatie.  Juonigrada.  On   prend  communé- 
ment ce  lieu  pour  l'ancienne  ville  de  la  Liburnie  j 
nommée  AJifia  tk  AJfifia.  Maty. 
IVOY.  Nom  d'un  ancien  château  ,  fitué  dans  le  ter- 
ritoire  de  Trêves  en  Allemagne.   yEticus  l'appelle 
Epoijfium  ,  la  Notice  de  l'Empire  Epufum  ,  Grégoi- 
re de  Tours  Epofium  cafirum  ,  dans  quelques  exem- 
plaires d'/Eticus  ,  on    trouve   EpoiJJius   vicus  ,   Se 
EpoiJJîo  vicus.  Sigeberr  dans  fa  Chronique  dit£'vo- 
yïum  ,  Se  Anfelme  Abbé  de   Gemblours  Ivofium  , 
d'où  quelques  uns  ont  fait  par  corruption  Ivodia  ; 
mais   mal.    Làmhcrtus    Schafnahurgenfis   fe   trompe 
aulîI  quand  il  l'appelle  Civois  pour  Ivois.  Ivoy  cil 
fur  le  Chier. 

D' Epufum  ,  on  a  fait  Epofum,  Epofium  ,  Evofium  , 
Ivofium  ,  Ivois  ,  Ivoy.  Le  p  fe  change  aifément  en 
u  ,  témoin  œuvre  ,  d'opéra  ,  Fandeuvre ,  de  Fando- 
pera  ,  ouvrir  ,  d'aperire  ;  avril  ,  d'aprilis  -,  couvrir  , 
de  cooperire  ;  recouvrer  ,  de  recuperare ,  &c.  Valois  , 
Not.  G  ail.  p.  12  p.  Maty  j  Se  après  lui  M.  Cor- 
neille ,  écrivent  ce  nom  par  un  y.  Je  n'y  vois  pas 
de  raiton. 

Qq  ij 


3o8  JUP 

Il  y  a  encore  en  Beiry  Ivoy  ,  bourg  fitué  Uir  la 
petite  Sandre  au  dellus  de  la  Chapelle  d'Angillon. 

J  U  P. 

JUP  AN  j  ou  JUPAIN.  f.  m.  Titre  d'honneur  autre- 
fois en  Servie.  Terme  de  dignité.  Jupanus.  Le  fé- 
cond fils  des  Rois  de  Servie  portoit  autrefois  le  ti- 
tre de  Jupain ,  Se  on  le  nommoit  Grand  Jupain  de 
Servie.  Âlagnus  Jupannus  Servie.  L'Auteur  de  la 
vie  de  faint  Sabas  cite  des  lettres  d'Etienne  ,  Grand 
Jupain  de  Servie  ;  &  parmi  les  lettres  d'Innocent 
III.  la  1 6j^.  eft  adrelfée  au  Grand  Jupain  de  Servie. 
Jean  Tomeus ,  Auteur  de  la  vie  de  (aint  Sabas  ,  &c 
Evcque  de  Saraio  ,  dit  que  ce  fut  Siméon  ,  fécond 
Roi  de  Servie  ,  qui  établit  la  coutume  de  donner  ce 
ritre  au  fécond  fils  du  Roi  de  Servie.  Il  étoit  fils 
d'Etienne  ,  en  faveur  de  qui  l'Empereur  Frédéric 
allant  en  Paleftinc ,  érigea  la  Servie  en  Royaume  , 
ainlî  rinftitution  de  ce  titre  ell  du  XIIF.  hèclc.  l^oyei 
dans  Bollandus  ,  Acla  Sancl.  Jan.  T.  I.p.  $S o.  n.  3. 

JUPE.  (.  f.  Habillement  de  femme  qui  prend  de- 
puis §CF  la  ceinture,  &  defcend  jufqu'aux  pies.  Suppa- 
rum  inferius  ;  vejlis  muliebris  pars  imjima.  Les  ju- 
pes de  delfus  lont  plus  longues  :  celtes  de  dellous 
font  plus  couïtcs.  On  fait  des  jupes  de  toutes  lot- 
tes d'étotfes.  On  appelle  ]upe  volante ,  une  jupe  lé- 
gère pour  l'été,  de  taftetas  ,  de  gaze  ,  (S'c.  On  dit  le- 
ver une  jupe  chez  le  marchand.  On  dit  auflî  lever  , 
troulîer  fa  jupe. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  juppe  ,  qui  fignifie 
pourpoint  de  payfan  ,  d'où  l'on  a  fait  jupon  ,  ou  de 
l'Arabe  guibba  ,  d'où  les  Elpagnols  ont  hiit  aljuha , 
qui  fignihe  la  mcnie  choie.  Ménage.  Du  Cange 
dit  que  les  Auteurs  de  la  bafle  Latinité  ont  dit  ju- 
pa  ,  ôc  jupcUum  ,  pour  dire  ,  jupe  &C  jupon.  Les 
Picards  diient  aulli  jupel.  Jupa  étoit  autrefois  un  ha- 
bit qui  delcendoit  julqu''à  terre  ,  comme  aujourd'hui 
les  ]upes  des  femmes. 

Dans  quelques  conftitutions  d'Ordres  Religieux  , 
il  eft  parlé  des  jupes  ,  c'efl  ,  dans  ces  endroits ,  un 
habit  traînant  diftérent  de  la  tunique  ,  du  hoc  ,  du 
fcapulaire  &  du  manteau. 

JUPILE  ,  ou  JOPIL.  Jopila  ,  Jopilum  ,  Jupila  ,  Job'ù 
villa  ,  ou  Jovii  villa.  Ce  lieu  étoit  dans  le  Diocèle 
de  Liège  ,  fur  le  bord  de  la  Meufe  ,  vis-à-vis  d'Herf 
tal.  Valois ,  Not.  Gall.  p.  2  s 3. 

JUPIN.  f  m.  Terme  burlelquc.  Nom  que  l'on  donne 
à  Jupiter  en  badinant ,  &  dans  le  ifyle  burkique  , 
au  lieu  de  celui  de  Jupiter.  Jupiter ,  Jovis. 

Les  grenouilles  fe  laffanc 
De  l'État  démocratique. 
Par  leurs  clameurs  firent  tant 
Que  iw^m  les  founut  au  pouvoir  monarchique.  La  F. 

JuPiN.  f.  m.  'Vieux  mot.  Débauché  ,  paillard  ,  qui  fré- 
quente les  mauvais  lieux.  Ne  me  lera  corrival  ce 
beau  Jupin  ,  &  ja  ne  laullera  fon  pain  en  ma  lou- 
pe ,  quand  enlemble  ferions  à  table.  Conlidérez 
les  geftes  &  beaux  faits.  C'a  été  le  plus  fort  rufhen , 
&  plus  infâme.  Cor  (  Je  dy  )  bordclicr  ,  qui  onc- 
ques  fut  paillard  ,  toujours  tumant  comme  un  ver- 
rat.... Rabelais  ,  liv.  j.  c.  12.  Au  lieu  que  nous 
foulions  voir  tant  de  fripons  ,  friponniers  ,  jupins  , 
galocires ,  marmitons ,  &  autres  fortes  de  gens  mal- 
fiifans  ,  courir  le  pavé  ,  hanter  les  bordeaux  ,  tirer 
la  laine  ,  &  quereller  les  Rôtilleurs  de  Petit  Pont  , 
vous  ne  voyez  plus  pertonne  de  telles  gens  par  les 
Collèges.  Sat.  Mén.  t.  i.p.  7  (). 

JUPITER,  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un 
dieu  de  l'Antiquité  payenne.  Jupiter ,  Jovis.  Les  an- 
ciens Latins  appeloient  Jupiter  le  premier  de  leurs 
dieux.  Dieu  fouverain  da  Ciel  &  de  la  terre  ,  & 
comme  ils  difent  fouvent  ,  le  père  des  dieux  &  le 
Roi  des  hommes.  Jupiter  étoit  fils  de  Saturne 
&c  d'Opis ,  ou  de  Rhée  ,  &  frère  jumeau  de  Ju- 
non,  qu'il  cpoula.'  Il  fut  caché  après  fa  naiïlance, 
élevé  par  les  Curetés  dans  un  antre  du  mont  Ida  , 


JUP 

&  nourri  du  lait  de  la  chèvre  Amalthèe ,  qu'il  pla- 
ça enluite  parmi  les  Aftres.  On.  déroba  ainfi  fa  naif- 
lance  a  Ion  père  Saturne  ,  qui ,  en  vertu  d'une  con- 
vention faite  entre  lui  &   Ion  hère  Titan  ,  dévoroit 
rous  les  enfans  malcs  qui  lui  nailfoient.  Dans  la  fui- 
te il  challa  (on  père  du  Ciel ,  &  partagea  l'empire 
du  monde  avec  lès  frères.  Il  eut  pour  lui  le  ciel  &: 
la  terre.  Neptune  la  mer  &  les  eaux  ,  Pluton  les  En- 
fers. Les  Titans  ,  Géans  terribles  ,  enfans  de  Titan 
&  de  la  Terre  ,  entreprirent  de  détrôner  Jupiter  , 
comme  il  avoir  détrône  Saturne  fon  père  ;  mais  ils 
hirent  vaincus.  Claudicn  a  décrit  cette  guerre  dans 
fi  Gigantomachie. 
Jupiter  ,  avoit  un  il  grand  nombre  de  furnoms  qu'il 
eft  impollible  de  les  raporter  tous.  On  trouve  fur  les 
médailles   Jupiter  Coniccrateur  ,  Jupiter  Gardien  j 
Jupiter  Défenleur  ,  Jupiter  fulminant  ,fulgerator,  & 
julgurator  ;  Jupiter  Invincible  ,  Jupiter  Triompha- 
teur ,  Jupiter  Olympien  ,  Jupiter  Auteur  de  la  paix  , 
Pacifer  ;  Jupiter  Combattant  ,  Propugnator  ;  Jupiter 
Stator  j  c'eil  à  dire  ,  donnant  la  fermeté  &  la  con- 
fiftance,  /«/^ir^r  Tonant ,  Jupiter  Vainqueur,  Jupi- 
ter Vengeur.  On  trouve  ailleurs  Jupiter  Ammon  , 
Jupiter  Fagutalis  ;  Jupiter  Capitolin  ,  Jupiter  Cref- 
tius  J  Diefpiter  ,  Jupiter  Elicius ,  Jupiter  Férétricn  , 
Jupiter  Hercéjus  ,  Jupiter  Inventeur  ,  Jupiter  Indigc- 
tc  J  ////«iftfr Pierre  ,  Lapis;  JupiterL:}nû  ,  c'eft  à  dire  , 
du  pays  L.atin.  Lucetius ,  c'eft  le  nom  que  lui  don- 
noicnt  les  Ofques  -,  Paparus  ,  c'eft  celui  fous  lequel 
les  Scythes  l'honoroient  ;  Jupiter  Pi/ior  j  ou  Bou- 
langer ;  Jupiter  Butineur  ,  prddator  ;  Jupiter  Prodi- 
gialis  ;  Jupiter  Sponfijr  ,    c'eft  à-dire  ,  qui  donne 
les  alfurances ,  Jupiter  Tigillus  ,  J^ejupiter ,  Jupiter 
du  mont  Viminal  y    Vimineus.  Ceux  de   ces  noms 
qui  mériteront  quelque  explication  ,  fe  trouveront 
expliqués  en  leur  place. 

Bel ,  Bélus  ,  ou  Baal ,  eft  le  Jupiter  des  Chaldéens 
&:  des  Phéniciens.  Baal  Semin  ,  ou  Samin  ,  eft  un 
nom  de  celui  des  Phéniciens  ,  c'eft  le  Joma'us  des 
Arcadiens ,  le  Marna  de  ceux  de  Gaze ,  le  Moloch 
des  Chananéens  j  l'Urius  des  habitans  du  Bof- 
phore. 

Un  Ancien  nommé  Chryfippe  ,  &•  cité  par  Ci- 
céron  ,  de  Nat.  Dcor.  L.  I.  n.  40.  diloit ,  comme 
nos  Mythologues  ,  que  Jupiter  n'étoit  autre  chofe 
que  Vu¥,ther  ,  ou  la  matière  éthérée.  D'autres  ,  Se 
fur-tout  les  Pères  ,  ou  anciens  Ecrivains  Chrétiens  , 
foutenoient  que  c'étoit  un  Roi  de  Crète,  f^oye^ 
Minutius  Félix  ,  Laftance ,  L.  I.  de  falfa  Relig.  c. 
Tj.  Dans  l'Antiquité  ce  fenriment  n'étoit  pas  conf- 
tant.  Le  Scholaftique  d'Apollonius  fur  le  troihème 
livre  de  cet  Auteur  ,  cite  un  certain  Démétriiis 
Sceplius  ,  qui  racontoit  que  les  Phrygiens  ,  les 
Cretois ,  &  les  Arcadiens  fe  le  difpuroient  les  uns 
aux  autres.  Cicéron  au  troifième  Livre  ,  de  Nat. 
Deor.  n.  42.  dit  que  l'on  trouve  dans  les  livres  des^ 
Grecs  qu'il  y  avoir  eu  plufieurs  Jupiters  ,  &  l'oitj 
en  a  diftingué  ,  depuis  trois  jufeu'à  trois  cens  ; 
Vairon  au  rapport  de  Tertullien  ,  en  comptoit  tout 
autant.  De  tous  ces  Jupiters  on  n'en  avoit  qu'un  au- 
quel on  attribuoit  les  actions  de  tous  les  autres.  Il 
faut  confulter  fur  cela  Voiïïus  ,  de  Théolog.  Gentil. 
L.  I.  c.  14.  Cet  Auteur  prétend  encore  ,  L.  V'IL  c.  4. 
que  fous  le  nom  de  Jupiter  les  Anciens  adoroient 
toute  la  ixiture. 

L'Aigle  ètoir  confacré  à  Jupiter.  Elle  porroit  fôn 
foudre  dans  fes  ferres.  Jupiter  crc^:  -ïUifi  reprèlenté 
quelquefois  porte  fur  fon  aigle.  Le  taureau  ,  le  bou- 
vil'On  J  la  brebis  ,  le  bélier ,  &  la  perdrix ,  étoient 
confacrés  à  Jupiter  Ammon.  Vofîius  ,  de  Idolol. 
L.  IX ,  c.  /7.  Le  chêne  &  même  tous  les  arbres 
qui  portent  quelque  efpèce  de  gland  ,  étoient  con- 
facrés à  Jupiter.  Id.  de  idol.  L.  V,  c.  4.?.  Outre  les 
livres  cités  liiez  encore  fur  ce  dieu  ^  Vofîius  ,  de 
Idolol.  L.II,  c.  II ,  ij,  33  ,  /7>  S/y  ^4-  L- 
V,c.  4S.  L.  FUI ,  c.  12  ,  13  >  17 ,  iS- 

Jupiter  voyant  nos  fautes  j 


J  U  P 

Dit  un  jour  du  haut  des  airs  , 
RempliJJoris  de  nouveaux  hôtes 
Les  cantons  de  l'Univers.    La  Font. 

Jupiter  ne  tarda  ^uère 

A  modérer  /es  tranfports  ; 

O  vous  Rois  ,  qu'il  voulut  faire 

Arbitres  de  notre  fort  y 

Lai£e'^  entre  la  colère  , 

Et  l'orage  qui  la  fuit  j 

L'intervalle  d'une  nuit.  Id. 

Ce  nom  vient  de  ces  deux  mots  Latins  juvans 
pater ,  qui  veulent  dire  ,  père  qui  fait  du  bien.  Il 
y  en  a  qui  dâùvent  ce  mot  Jupiter  de  l'Hebrcu  ''i^', 
Jthovak  ,  mais  le  premier  lentiment  qui  cil  de  Ci- 
céron  ,  d'Aulugelle  &  de  Macrobe ,  elt  plus  vrai- 
lemblable. 

Le  Père  Souciet ,  Jéfuite  ,  dans  une  dllFertation 
fut  le  nom  Jehovah  ,  remonte  bien  plus  haut.  Les 
Latins  ,  dic-il ,  ont  nommé  le  premier  de  leurs  dieux 
mm ,  Jehovah  ,  &  ils  l'on  exprimé  en  leur  langue 
mni  y  par  Jovis.  Car  il  ell;  certain  ,  continue-t  il  , 
que  ce  Jovis  a  été  non-feulement  un  cas  oblique  j 
niais  encore  le  nominatif.  Cela  paroît  évidemment 
par  ces  deux  vers  d'Ennius. 

Juno  ,  rejla  ,  Minerva ,  Ceres  ,  Diana  ,  Fenus ,  Mars  , 
Mercurius  j  Jovis,  Neptunus ,  Fulcanus ,  Apollo. 


Par  Vairon  qui  dit ^   L.   Fil ,  de   ling.  lat.  p.  pi  , 
edit.  Par.  in-S°.  ann.  i SS4.   A  diffimilibus  fimilia 
(  dtclinantur  )  ut  Jupiter  Jovis  ;  &  Jovis  ,  Jovis ,  & 
par  le  revers  de  plufieurs  médailles.  Car  on  trouve 
Jovis   CuSTOs'dans  Othon  ,  dans  Vefpafien ,  dans 
Tite  ,    &  dans   Caracalle  ;  Jovis   Propugnator  , 
dans  Alexandre  Sévère  i  Jovis  Stator   dans  Gor- 
dien IIL   Se  dans  Gallien.  Or   ce  nominatif  Jovis 
n'eft  autre  chofe  que  le  nom  Jehovah  ,  nini  ,  dans 
lequel  on  n'a  point  exprimé  le  Scke'va  ,  non  plus 
que  dans  tous  les  compotes  de  ce  nom  Jofué ,  Jofé- 
dek  ,  Jùhhanan  ,  &c.  En  Hébreu  même  l'on  fait  une 
élifion  de  ce  Schéva  ,  &  nous  trouvons  pTiX/im    & 
pdV    ij  nni    &    J7W11  ,    indifféremment    dans    le 
même   chapitre.    Voyez    par  exemple  ,    /  ,    Reg- 
XIF ,  42  ,  ^_? ,  4^,  &  4S.  Pour  la  dernière  fyl- 
labcj  on  n'a  fait  que  changer  la  terminaifon   Hé- 
braïque -    en    terminailon    Latine  :  is  Jehovah  , 
Jehovis,  Jovis.   Ainfi  s'elf  formé  ce  nom  dans  les 
premiers  temps.  De  même  ,  ajoute-t  il ,  Jupiter  n'elf 
autre    chofe    que   Jekupater ,   c'eft-à-dirc  un    com- 
pofé  du  même  nom  nini  &-  de  pater  comme  \i^l^^n1  ^ 
Jehohhanan  y  ptTiV.i  ,  Jéhofedok,  le  font    de    f^'^Ti 
&  de  iJn  ,  &  p"'îf  i  deforte  que  par  la  même  con- 
traétion   dont  j'ai    parlé  ,     on   a  fait  Jupater  ,   & 
enfuite  changeant  l'a  en  i  Jupiter,  comme  Diefpi- 
tcr  ,9Èc  Marfpiter  ,  que  Varron  rapporte,  L.  IF, 
de  ling.  lat.  p.  i ç.    de  l'édition   déjà  citée.    Cette 
opinion  a  été   celle  de  Varron.  Du  moins  on  peut 
le  croire  fur  ces  mots  de  faint  Auguftin  ,  Z.  /,  de 
Confenfu.  Evang.  c.  22.  Varron  a  cru  que  le  dieu 
des  Juifs  écoit  Jupiter.  Volllus  eft  de  même   fenti 
ment ,  de  Idolol.  L.   Fil ,  c.  4. 
UPITER.  [.  m.  Jupiter.   Terme  d'Aftronomie.  L'une 
des  fepc  Planètes,  dont  l'orbe  eft  iitué  entre  Saturne 
&  Mars.  Outre   qu'elle  tourne  en  Z4   heures  d'O- 
rient en  Occident  autour  de  la  terre ,  elle  décrit  un 
cercle  fous  le  Zodiaque ,  qui   étant  beaucoup  plus 
grand  que  celui  que  la  terre  décrit,  elle  n'achevé  Ion 
coursqu'en  onze  ans  ,&  trois  cens  treize  jours  ,  &  dix- 
neuf  heures.    Ainfi  vers  le  pôle  de  cette  planète  il 
doit  y  avoir  des  jours  &  des  nuits  ,  de  lîx  ans  en 
tiers.  Jupiter  eft  81  fois,  félon  quelques-uns,  &  95  , 
I  félon   d'autres  ,  plus    grand  que  la   terre.  Comme 
Jupiter  eft  l'une  des  trois  planètes  fupérieures  ,  c'cft 
à  dire  ,  l'une  des  trois  qui  font  au  de  11  us  dufoleil, 
elle  n'a  aucune  parallaxe  ,  parce  que  fa  diftance  à  la 
rcrie  e.fttiop  grande  pour  avoir  une  proportion  feu- 


J  U  p 


509 


fible    avec  le  diamètre  de   la   rcrrc.  Jupiter  paioii 
prclque  aulli    grand  que  Vénus  ;  mais  il    n'eft  pas 
il  luifant  :  il  eft  quelquefois  écliplé  par  la  lune  ,  par 
le  loleil  ,  &  niL-me  par  Mars.  11  a  deux  macules  en 
forme  d'écharpe  ,  par  le  mouvement  dclqucllcs  on 
prouve  qu'il  le  meut  circul.iireinent  fur  Ion  centre. 
Galilée  a  le   premier   découvert  quatre   étoiles ,  ou 
petites    lunes   qui  roulent  autour  de   lui  ,    qu'il   a 
appelées  les  Ajlres  de  Médicis ,  les  autres  les  nom- 
ment les  Satellites  de  Jupiter.  Ce   (ont  quatre   pla- 
nètes ,  ou  quatre  lunes  qui  tournent  autour  de  lui. 
On  les  appelle  Luttes,  ou  lunules  de  Jupiter,  parce- 
qu'ils  font  leur  révolution  autour  de  Jupiter, a.  peu- 
près  comme  la  lune  fait  la  ficnne  autour  de  la  terre. 
Ces  quatre  lunes   doivent   faire   un  Ipedacle  allez 
divcrtillant ,  pour    les  habitans  de  Jupiter  ,   s'il  eft: 
vrai  qu'il  y  en  ait.  Car  tantôt  elles  le  lèvent  toutes 
quatre  enlemble   :  tantôt  elles  lont  toutes  à    leur 
midi  J  rangées  l'une  au  delfus  de  l'autre  :  tantôt  on 
les  voit  foutes  fur  l'Horizon  à  desdiftances  égales: 
&  fur- tout  elles  s'échpfent  très-fouvent  les  unes  les 
autres.  Ces  lunes  ont  des  mouvemens  diftérens  ;  la  plus 
éloignée  fait  ion  tour  en  feize  jours  &  dix- huit  heu- 
res autour  Ac  Jupiter  ;  tk  la  pins  proche  en  a  environ 
un  jour  &  1 8  heures.  Ils  foutfrent  louvent  des  écli- 
pfes  ,  dont  les   obfervations  font  fort  utiles  à  con- 
noître  les  longitudes.    M.  Callini  a  fait   des   t<ables 
pour  calculer  les  immerlîons  &  émerllons  du  pre- 
mier fiicllitc  de  Jupiter.    Pour   les  immerlîons   Se 
émerllons  des  latellitcs  de  Jupiter ,  il   faut  une  lu- 
nette   de  dix  pies  ,   Se    une  pendule  réglée   lur  le 
moyen  mouvement ,  &  mile  avec   le  loleil ,  quel- 
que   temps   avant    ou    après    l'obfervation.    Foye^ 
Immersion.    Hévélius  a  oblervé  Jupiter  de  la  gran- 
deur de  fept    ponces  ,  ayant  des  inégalités  comme 
la  lune.  M.  Callhii  a  aulîl  découvert  plufieurs  chan- 
gemens  dans  Jupiter  ,    tant   dans  les   trois   bandes 
obfcures  qu'on  y  voit  d'ordinaire  ,  que  dans  le  reftc 
de  fon  difque.  Il  y  a  vu  naître  des  taches.  Se  quel- 
quefois des  brillans  >  &  enfin  il  y  a  remarqué  une 
tache  permanente ,   par  le  moyen  de  laquelle  il  a 
conclu  que  Jupiter    tourne   autour    de  fon  axe  en 
neuf  heures  56  minutes;  mais  le  Père    Gottinies , 
Profeffeur  au    Collège    des  Jéfuires  à  Rome  ,  pré- 
tend   être    le    premier   auteur  de    cette   découverte 
du    mouvement    de  Jupiter   :  Eulfochio    Divini  Se 
Campani"  prétendent   que   c'eft   par   le  moyen   de 
leurs    lunettes  qu'on  a  découvert  fes  taches  ,  Se  en 
conteftent    la   gloire    de    l'invention    à  l'un   &    à 
l'autre  ,  comme  ils  (c  la  dilputent  entr'eux. 

M.  Harris,  dans  Ion  Diétionnaire  des  Arts  Se  des 
Sciences  j  dit  que  la  proportion  de  Jupiter  à  la 
terre  ell  d'environ  60  à  i.  La  révolution  de  Ju- 
piter autour  du  Soleil  (  il  parle  dans  le  fyftème  de 
Copernic)  eft  de  11  ans,  ou  45 So  jours.  C'eft 
ji  jours  cinq  heures  plus  que  l'on  a  dit  ci-deffus. 
Sa  révolution  autour  de  fon  axe  eft  de  dix  heures. 
Sa  moyenne  diftance  du  Soleil  eft  ,  félon  Kepler, 
de  J19650  parties,  telles  que  la  moyenne  diftance 
du  Soleil  à  la  terre  en  contient  iogoqo,  ielon  Bul- 
liaud  ,  la  moyenne  diftance  de  Jupiter  au  Soleil , 
contient  jizjzo  de  ces  parties  ,  Se  conformémeHc 
au  temps  périodique  de  la  révolution  y  101 16.  Selon 
M.  Callîni  la  plus  grande  diftance  de  Jupiter  à  la 
terre  eft  de  141919.  demi  diamètres  de  la  terre.  La 
moyenne  eft  11  fooo  -,  &  la  plus  petite  de  87081. 
Ce  diamètre  de  Jupiter  eft  égal  à  tj  demi  diamètres, 
plus  la  moitié  d'un  demi  diamètre  de  la  terre.  Ainli 
le  globe  Àt  Jupiter  eft  2460  fois  plus  gros  que  celui 
de  la  terre.  Le  demi  diamètre  de  Jupiter  vu  du  So- 
leil ,  n'eft  que  de  19  fécondes,  5  fuivant  le  calcul 
de  M.  New-on;  Se  le  demi  diamètre  de  l'cquateur 
de  Jupiter  eft  fon  demi- diamètre  polaire,  comme 
40  \  lont  à  y. 

Le  diamètre  apparent  de  Jupiter  eft  de  cinquante 
fécondes.  Suppofé  ,  félon  les  Anciens  ,  que  la  ré- 
volution de  Saturne  fé  falfe  précilémcnt  en  trente 
ans  ,  &  celle  de  Jupiter  en  douze  ,  Se  que  toutes 
les   deux  partent  du  même  point-  du  Zodiaque  ,  la 


3ÎO  JUP 

ditiéi-ciîce  entre  douze  dégrés  parconlus  en  un  an 
par  Saturne ,  &  trente  parcourus  par  Jupiter  ,  étant 
de  dix-huit  degrés  ,  Jupucr  s'éloigne  de  Saturne  en 
un  an  de  ces  ;8  degrés.  Dix-huit  dégrés  font  la  dixième 
.partie  de  cent  quatre-vingt  dégrés  j  qui  tont  la  moitié 
du  cercle.  Jupiter  fe  trouve  donc  au  bout  de  dix  ans 
oppofé  à  Saturne ,  &  en  dix  autres  années  il  le  re- 
joint ;  ëc  par  conléquent  les  conjondions  de  Jupi- 
ter &  de  Saturne  te  font  de  vingt  ans  en  vingt  ans  : 
mais  en  vingt  ans  Saturne  a  parcouru  les  deux  tiers  du 
Zodiaque  ,  qui  font  huit  lignes  ;  donc  ,  la  conjonc- 
tion de  Jupiter  &c  de  Saturne  fe  hrit  au  huitième 
figne  ,  à  compter  du  point  du  zodiaque  ,  d'où  ils 
font  d'abord  partis  enlemble.  En  Ibixante  ans  Sa- 
turne fiiit  deux  révolutions  par  le  zodiaque  ,  pendant 
lefquclles  il  fe  joint  trois  fois  à  Jupiter  ;  deforte 
qu'à  la  troifième  conjondion  ils  fe  trouvent  tous 
deux  au  même  point  d'où  ils  étoient  partis  enfemble 
foixante  années  auparavant. 

Jupiter  ,'  eft  un  aftre  bénin  ,  &  eft  appelé  par  les 
Alkologuesla^ra«</e  Fortune;  &  Vénus  la  petite 
Fortune. 

JuriT£K.  ,  chez  les  Chimiftes ,  fignifie  de  l'étaln ,  Se 
la  calcination  de  Jupiter  eft  de  la  potée  ,  ou  de  la 
chaux  d'étain.  Nicot  &  Monet  difent  qu'il  figni- 
fie le  cuivre.   Mais  ils  fe  trompent. 

Jupiter  ,  en  termes  du  grand  Art ,  fignifie  l'or  philo- 
fophal.  Les  fages  appliquent  à  leur  Art  tout  ce  que 
la  fible  a  dit  de  Jupiter ,  &  ils  prétendent  que  les 
fables  doivent  être  entendues  dans  un  lens  figuré  ; 
par  exemple ,  Jupiter  eft  le  maître  des  dieux ,  c'eft- 
à  dire  que  l'or  eft  le  premier  &  le  plus  précieux  de 
tous  les  métaux.  Mercure  eft  l'Amballadeur  de  Ju- 
piter, cela  marque  la  facihté  que  le  mercure  a  à  s'in- 
finuer  par  tout.  Jupiter  a  pour  fceptre  la  foudre  , 
c'eft  le  foufre  excerne  qui  eft  employé  pour  l'œuvre 
de  la  pierre. 

Jupiter  a  le  ciel  pour  fa  demeure  ordinaire  ,  eela 
défigne  le  volatil ,  chaud  &  fec.  Enfin  ,  les  débau- 
ches de  Jupiter,  qui  choifillbit  pour  fcs  plaifirs  la 
terre  balFe  ,  mais  prohfique  ôc  délicieufe  ,  car  c'eft 
ainfi  qu'on  parle  en  langage  du  grand  Art ,  mon- 
trent quelle  eft  la  fécondité  de  la  terre ,  &  qu'on  en 
peut  former  l'or  quand  on  fait  la  préparer.  Jupiter 
eft  fils  de  Satuine  ,  cela  veut  dire  qu'il  y  a  de  la  ref- 
femblance  dans  quelques  qualités  de  l'or  &  du  plomb. 

Jupiter.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'un  œuillet.  Ju- 
piter,  Junon  ,_Mars  ,  Mercure,  'Vénus ,  font  toutes 
divinités  piquetées  de  brun  lur  un  fin  blanc  ,  mais 
les  fleurs  en  font  petites  ;  elles  fe  trouvent  à  Lille. 
MoRiN. 

JUPlTRISER.  V.  n.   Vivre   dans  la  débauche  ,  dans 
l'impudicité  ,  mener  la  vie  de  Jupiter  ,  dont  les  Poë 
tes  parlent  comme  d'un  dieu  fort  fujet  à  caution. 

Henri  Etienne  ,  inventeur  de  ce  mot  ,  l'adapte 
aux  Papes  ,  qu'il  appelle  dieux  terreftres  jupitri- 
lans  ,  c'eft-à  dire  ,  félon  fon  explication  ,  imitateurs 
des  ades  de  Jupiter.  Il  en  cite  quelques  .apocri 
phes  dans  fon  Apologie  d'Hérodote  ,  chap.  59,  ëc 
d'autres  endroits  de  cet  ouvrage,  où  il  montre  beau- 
coup de  partiahté  Se  d'entêtement  pour  fa  Rehgion. 

■•  Le  mot  dont  il  s'agit  ici  eft  à  la  p.age  350.  du  troi 
fième  tome  de  l'édit.  de  la  Haye  1735. 

JUPON,  f.  m.  Petite  jupe  de  delfous  fort  courte ,  que 
portent  les  femmes.  fpF  il  ne  diffère  de  la  jupe  que 
parce  qu'il  eft  plus  court ,  Se  qu'on  le  porte  delfous.  Il 
y  a  des  jupons  piqués  ,  ouattés  ,  &c.  Supparum  interius. 
Du  Gange  dit  que  ce  mot  vient  de  gipo ,  qui  dans 
la  balfe  Latinité  a  fignifie  pourpoint. 

D'autres  le  dérivent  de  l'Italien  guippona  ,  qui 
eft  fomié  de  l'Arabe  gitibba  ;  ce  mot  a  été  porté  en 
Italie  par  les  Sarrazins.  Le  Père  le  Moine  ,  cité  au 
mot  de  jupe  ,  appelle  l'habit  des  Sarrazins  ,  jupe. 
F'oyei  ce  mot. 

Jupok ,  fe  dit  aulfi  d'une  efpèce  de  grand  pourpoint , 

ou  de  petit  juftaucorps  qui  a  de  longues  balques  ,  ôc 

■      qui  n'a   point  de  bufqviière  ;  qui  ne  ferre  point  le 

corps ,  Se  qui  eft  une  efpèce  de  vefte  propre  pour 

l'été.  Laxior  tuniea. 


J  U  R 

JUPPiN.f.  m.  Foyei  Jupin. 
J  U  R. 

JURA.  Ce  mot  ne  fe  met  point  feul  j  on  dit  &  on  écrit 
Monx.- Jura.  C'eft  une  chaîne  de  montagnes  qui  fc- 
pare  la  Franche-Comté  de  la  Suille.  Jura.  JuraJJus 
mons.  Les  Suilfes  étoient  rellérrés  de  toutes  parts  par 
la  nature  du  lieu  -,  d'un  côté  pat  le  Rhin  ....  de 
l'autre  par  le  moni-Juru ,  qui  eft  entre  la  Franche- 
Comté  Se  la  Suifté. 

Le  lAoni-jura  eft  une  grande  chaîne  de  moii- 
tagnes  qui  s'étend  depuis  le  Rhin  ,  près  de  Bâle, 
julqu'au  Rhône  ,  à  quatre  lieues  au-dellbus  de  Ge»- 
nève.  Cette  montagne  partageoit  autrefois  la  Bour- 
gogne en  Cisjurane  Si  Transjurane.  Elle  fépare 
maintenant  la  Suille  du  Comté  de  Bourgogne  & 
du  Bugei.  On  lui  donne  divers  noms  en  divers  en- 
droits ,  c'eft  le  grand  Credo  le  long  du  Rhône ,  le 
mont  faint  Claude  entre  le  Comté  de  Bourgogne  & 
le  Bugei  ,  le  mont  Joux ,  vers  les  iources  du  Dain 
Se  du  Doux  ;  &  Piereport ,  ou  Botzberg  ,  fur  Icj 
confins  de  l'Évêché  de  Bâle  ,  &  des  Cantons  de 
Bâle  Se  de  Soleure.  Maty. 

Jura.  Nom  d'une  île  d'Écollé.  Jura.  Elle  eft  une  des 
■VVefternes  ,  &  elle  n'eft  féparée  de  la  prefqu'ile 
Cantyr  ,  que  par  un  canal  d'une  lieue  de  largeur. 
Elle  peut  avoir  neuf  lieues  de  long  ,  Se  ttois  de 
large.  Il  n'y  a  que  des  bourgs  ,  ou  des  villages  , 
dont  le  principal  porte  le  nom  de  l'île.  Maty. 

JURADE.  f.  f  Collegium  Senatorum  ,  Putrum  confcri- 
ptotum  J  Confulum.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  le 
Corps  &  l'Allémblée  de  l'Hôtel  de  Ville  à  Bor- 
deaux ,  &c.  compofé  de  ceux  qui  ont  été  Jurats. 
Allcmbler  la  Jurade.  Toute  la  Juraie.  étoit  allem- 
blée. 

IVRAIE.   Voyei^  Ivroie. 

JURANDE,  f  h  Charge  qui  fe  donne  par  éledioa: 
dans  les  corps  des  Artifans  à  deux  ou  à  quatre  An- 
ciens pour  préfider  à  leurs  alfemblées  ,  Se  avoirs 
foin  des  affaires  de  la  Communauté  ;  faire  recevoir 
les  apprentis  Se  les  maîtres ,  empêcher  les  entre- 
prifes  qui  fe  font  fur  le  métier  ,  Se  en  faire  ob- 
ferver  les  ftatuts  Se  les  réglemens.  Le  temps  de  la 
jurande  ne  dure  qu'un  an  ou  deux. 

^fT  Jurande  ,  fe  dit  aulli  du  corps  des  Jurés.  Toute  ■ 
la  jurande  s'alfembla  pour  délibérer. 

JURAT,  f.  m.  Juratus  ,  Confcriptus  ,  Conful  ,  eft  Icj 
nom  qu'on  donne  aux  Confuls  Se  Echevins  de  Bq^ 
deaux  ,  Se  d'autres  villes  de  Gafcogne  ,  comme  11 
ceux  de  Touloufe  celui  de  Capitouls. 

Jurât.  On  le  dit  aulli  dans  les  villes  de  Béarn.  Parmii 
les  Députés  des  États  de  Béarn  ,  qui  rendirent  hora-i 
mage  au  Roi  Se  lui  firent  le  ferment  de  fidélité  le< 
5  I  Mars  1713,  étoient  le  Jurât  de  Morlas ,  le  Jurfii 
d'Oléron  ,  le  Jurât  de  Lambeye  ,  Se  le  Jurât  dcl 
Bruges.  • 

JURATOIRE.  adj.  Jusjurandum.  Terme  de  Palais,  quii 
ne  fe  dit  qu'en  cette  phraie-,Sl  y  a  eu  provilionde 
fa  perfonne  ,  main-levée  dune  laifie  à  fa  caution 
juratoire.  C'eft  une  fbumilllon  qu'on  fait  àl'Audien-l 
ce  ,  ou  au  Grefte  ,  de  le  repréfenter  ,  ou  les  biens 
failis  ,  toutefois  Se  quantes  que  par  la  Juftice  fera 
ordonné.  Juratoire ,  qui  eft  accompagné  de  fer- 
ment. 

IVRAYE.  Voyei  Ivroie. 

IVRE.  adj.  m.  &  f.  Qui  a  trop  bu  de  quelque  liqueur, 
dont  les  fumées  troublent  le  cerveau  Se  ofïlifquenc 
la  raifon.  Ebrius  ,  vinolentus ,  madidus ,  vino  obrit- 
tus.  Les  gens  du  Nord  ne  quittent  point  la  table, 
qu'ils  ne  foient  ivres.  U  ne  faut  point  raifonner 
avec  un  homme  ivre.  On  dit  aulfi  ,  Je  ne  luis  ni 
fou ,  ni  ivre  ;  pour  dire  ,  Je  luis  en  mon  bon  fcns. 
On  voit  des  Orateurs  qui,  comme  s'ils  étoient  ivre, 
fe  laillent  emporter  à  des  padîons  qui  ne  convien- 
nent point  à  leur   lujec.    Boileau. 

On  dit  proverbialement ,  ivre  comme  une  loupe, 
ivre   inort  ;  pour  dire  ,  un  homme   qui  eft  li  ivn 


J  U  R 

qu'il  en  a  perdu  tout  fcntiiiiciir.  Fini  plcnus  ,  mcrfus 


J  U  R. 


311 


vino. 


|p"On  ledit  au  figuré  de  celui  dont  l'cfprit  cfl:  trou- 
ble par  quelque  pallioii.  Etre  ivre  de  vanité,  d'or- 
gueil ,  d'ambition.  Ivre  de  fis  grandeurs  <S:  de  Ton 
opulence.  L'iiomme  en  fa  propre  force  a  mis  fa 
confiance  ,  &c.  Rous. 
fUKÉ.  {".  m.  Juratus.  Marchand ,  ou  artilan  élu  par 
ion  corps  pour  avoir  droit  de  viiite  fur  les  autres, 
pour  faire  obferver  les  ilatuts  &:  réglemens  ,  &  cm- 
pêclicr  les  cntrcprifes  fur  le  métier.  Les  Jurés  ont 
droit  de  faifu'  les  ouvrages  mal  conditionnés  ,  quand 
ils  vont  en  viiite  avec  un  OtHcicr  de  Police. 

On  ne  reçoit  pas  un  Maître  qu'en  préfence  &:  du 
confentement  des /aa'.î.  On  croit  en  Juftice  le  rap- 
port des  Jures  ,  fur  la  mal  façon  d'une  befogne. 
JCJ"  Dans  ce  fens  il  ell:  aulli  adjectif.  Les  Maîtres  Jurés 
ont  bit  leur  viiite.  Il  y  a  aulli  des  Maîtrcllès  Jurées 
dans  les  Communautés  qui  ne  font  compofées  que 
de  femmes  j  comme   les   Lingères  ,  les    Couturiè- 
res. &c. 
C?"  Dans  les  anciennes  déclarations  des  Rois  de  Fran- 
ce 5  au  fujet  des  Corps  des  Marchands  &  des  Com- 
munautés des   Arts  &   Métiers ,  on  appelle   'Villes 
jurées  ,  Bourgs  jurés  ,  des  villes  &  des  bourgs  doiu 
les  Corps  &:  Communautés  ont  des  Jurés. 
uRÉs  ,  fe  dit  aulli  de  certains  OlHciers  prépofés  pour 
faire  des  rapports  &  des  vilitcs.  Il  y  a  des  Jurés  Mé- 
decins ,   Chirurgiens  ,  tant  au  Ch.âtelet  qu'au   Par- 
lement ,  pour  vifiter  les  malades  &  les  blelîés.  Il  y 
a  des  Jurés  des  œuvres  de  Maçonnerie  &  de  Char- 
penterie  ,  pour  vilîter  les  ouvrages.   Il  y  a  des  Jurés- 
Mouleurs  de  bois  prépofés  pour    faire   mcfurer  le 
bois.  Il  y  a  des  Jures-Vendems   de  vin  ,  de  marée  j 
&  de  poillôn  frais  Se  falé  j  de  cochon  ,  de  volaille  , 
&c.  qui   font  commis  pour  recevoir  les  deniers  de 
ces  marchandiles  qui  fe  vendent  au  marché,  &   les 
faire  bons  aux  Marchands  forains.  On  appelle  aulli 
les  Jurés  Cneurs  de  corps  &  de  vins  ,  des  Officiers 
qui  alloient   autrefois  crier  par  les  rues  le  prix  du 
vin   qui  étoit   à   vendre    chez    le    bourgeois  j    Se 
les    chofes     qui    étoient    perdues  ,    mais    qui  ne 
fervent  aujourd'hui  qu'aux  cérémonies  des  enterre - 
mens.  Il   n'y  en.avoit  ci-devant  que  vingt-quatre  , 
qui  ne  fe  trouvoient  tous  enfemble  qu'aux  obféques 
des  Rois.  On  appelle  un  écolier  Juré ,  celui  qui  a  étu- 
dié cinq  ans  en  PUniverfité  de  Paris  ,  &  qui  en  a  let- 
tres &  certificat  du  ReCleur  ^  pour  être  enluite  reçu 
Maître  es -Arts. 

T  On  appelle  ennemi  y'^rc;'  ,  un  ennemi  dangereux  , 
irréconcihable. 

JRÉ  ,  fe  difoit  autrefois  pour  Échevin,  comme  Jurât 
fe  dit  encore  en  quelques  endroits.  Juracus  ,  Conf- 
criptus  ,  Conful.  On  nommoit  communément  les 
Echevins  (à  Caën  )  Bourgeois  jurés,  on  les  quali- 
fia depuis  Jurés  Se  commis  au  Gouvernement  de 
la  ■ville  ;  Confeillers  Jurés  au  Gouvernement  de 
Caën  ;  Confeillers  &  Gouverneurs  de  la  'Ville ,  Se 
enfin  Echevins.  Les  autres  Officiers  de  la  ville 
s'appcloient  petits  Jurés.  Huet  ,  Andq.  de  Caén  , 
c.  XIII.  Le  Greffier  de  la  ville  étoit  nommé  Clerc 
Juré  ,  Notaire  Se  Clerc  ,  Clerc  &  Greffier  de  la 
ville.  Id.  ih. 

On  appelle  en  Sorbonne  Juré  ,  un  étudiant  que 
les  Profelfeurs  de  Sorbonne  nomment  pour  ligner 
les  atteftations  conjointement  avec  eux.  Jurucus.  Une 
atreflation  doit  être  fignée  par  quatre  Jurés  ,  autre- 
ment elle  n'efl:  de  nulle  valeur  ,  Se  le  Profelleur 
ne  la  pourroit  pas  figncr. 
,  JRE  DU  Marteau  ,  qu'on  nomme  auffi  Juré  du 
cuir  tanné.  On  appelle  ainfi  dans  les  trois  Commu- 
nautés d'attifans  qui  travaillent  en  cuir  dans  la  ville 
&  faubourgs  de  Paris ,  ceux  qui  font  les  Gardiens 
du  marteau  avec  lequel  le  marquent  les  cuirs  forains, 
foit  à  la  Halle  au  cuir  ,  foit  au  Bureau  des  Ven- 
deurs de  cuir  ,  Se  qui  les  vont  marquer  auxdits  lieux 
toutes  les  après-dinées. 

RÉ  DE    LA    Visitation    Royaie.    C'eft    ainfi    que 
l'on  nomme  dans  la  Communauté  des  Coiroyeurs  j 


I      les  qur.trc  grands  Jurés  à  qui  il  appartient  de  faire 
les    vilitcs   tous    les    mois  ,    chez    ks  Maîtres    de 
la  Commun.iuté,  &  les  vifîtes  tous  les  deux  mois 
chez  les  Maures  Cordonniers ,    conjointement  .avec 
les  Jures  de  la  Cordonnerie. 
Juré    de  la  Conservation.    C'elf  le  nom  que  l'on 
donne   aux  quatre    petits   Jurés  des    Maîtres   Cor- 
roycurs  de  Paris. 
Jures  Teneurs  de  Livres.  C'ell  celui  qui  cfl:  pourvu 
par  Lettres  Patentes  du  Roi ,  Se  qui  a  prêté  ferment 
en  Juftice,  pour  la  vérification  des  comptes  «S:  cal- 
culs ,  lorfqu'il  y  ell:  appelé. 
Juré,  tn  Anj^leterre  on  appelle  Jurés ,  douze  pcrfon- 
nesdont  le  criminel  convient  ,  Se  qui  doivent  pro- 
noncer s'il  eft  coupable  ,  ou  lîon.  Ces  douze  Jurés 
doivent  être    de  la    même   clalfe  ,    ou  de  pareille 
condition  que  Taccufé  ,  Se  fi  c'efl  un  étranger ,  il 
peut  demander  a  être  jugé   par  lix  Jurés  de  fa  na- 
tion ,  ou  fix  étrangers  s'il  n'y  en  a  point  de  fa  na- 
tion ;  les   lix   autres  doivent   être  Anglois.  On  eu 
propofe  d'ordinaire  trente-fix  ,  Se  l'accufé  cft  obligé 
d'en    accepter  douze  ;    il  peut  reculer   les   autres. 
Ces  douze  Jurés  font  préfens  à  toute  l'inltiuitioa 
du  procès   qui  fe  fait  en   public  :  après  quoi  ils  f^ 
retirent  dans  une  chambre  où  on  les  enferme  fans 
feu,  ni  chandelle,  &    fans   leur  donner  a    boire, 
&  à  manger  ,  jufqu'à  ce  qu'ils  aient  déclaré  d'un 
conléntement  unanime  ,  fi  l'accufé   eft  coupable  , 
ou  non  ,  du  crime   dont  il  eft  accufé  _,  fur  quoi  le 
Juge  lui    impofe  la  peine  prefcrite  par  la  loi  :  car 
les  Jurés  ne  prononcent  que  fur  le  fait. 
JUREE,  f.  h  Ternie  de  coutumes.  Droit  de  jurée ,  ell 
un  droit  qui  fe  doit  pour  la  jurifdiction  &  connoif, 
fance  des  caufes.  Bourgeois  de  jurée  ,  hommes  ,  fem- 
mes de  jurée  ,  font   des  Bourgeois  ,  des  hommes  , 
des  femmes  ,  qui  doivent  au  Roi ,  ou  au  Seigneur 
haut-jufticier,  un  certain  droir  ,  à  favoir  ,  par  an  fix 
deniers    pour   livre  des  meubles  j    &:    deux  deniers 
des  immeubles  ,  à  moins  qu'il  n'y  ait  quelque  abon- 
nement. On  dit  lever ,  payer  la  jurée. 
Jurée,  fe  prend   aulfi  dans  les  CoutuiTKs    en    quel- 
ques endroits  pour  jurement  ,  ferment.  Sacramen- 
tum. 
IVREE.  Nom  d'une  ville  de  Piémont ,  en  Italie.  Epo- 
redia.  Elle  eft  capitale  du  Canavez ,  Se  fituée  fur  la 
DoriaBaltea,  à  fept  ou  huit  lieues  de  Turin,  vers  le 
nord.   Cette  ville  a  été  long  tems  Impériale  ;  l'Empe- 
reur Frédéric  II  la  donna  l'an  1349,  à  Thomas  II, 
Duc  de  Savoie,  dont  les  Succcellèurs  l'ont  polfédée 
jufqu'aujourd'hui.    Elle  eft  bien  fortifiée  ,  défendue 
par  une  bonne  citadelle ,  &  elle  a  un  Évéché  fuffra- 
gant  de  Turin.  Maty. 

Dans  le  théâtre  du  Piémont,  on  écrit  Yvrée.  M. 
Corneille  écrit  I\ree  Se  Yvrée.  La  ville  d'Yvrée, 
que  les  Latins  appellent  Eporedia  j  Se  les  Italiens 
Ivrca  ,  eft  fituée  à  l'entrée  de  cette  partie  des  Alpeî 
que  les  Latins  nommoient  Alpes  Pcnnin&.  Elle  eft 
fur  la  rive  gauche  de  la  Doire ,  à  l'endroit  où  elle  fore 
de  la  Val  d'Aoufte  ,  pour  entrer  dans  le  Canavois. 
VelleVus  Paterculus  nous  apprend  que  les  Romains  , 
avertis  par  les  oracles  des  Sibylles,  y  envoyèrent  un» 
Colonie,  Marins  étant  Conful  pour  la  troilième  fois/ 
Se  Valérius  Flaccus  pour  la  première.  Ils  lui  donnè- 
rent le  nom  à' Eporedia ,  p^rce  qu'au  témoignage  de 
Pline  J  les  Gaulois  appeloicnr  Eporedicosj  ceux  qui 
s'entendoient  à  dompter  Se  à  dreller  les  chevaux  ,  foie 
que  les  habitansd'LiTc'e  s'y  occupalient,  foit  que  les 
Romains  y  en  entretinlTent  un  grand  nombre  aux  dé- 
pens du  public  ,  Scies  y  fiffent  exercer.  Théâtre  3u 
Piémont,  p.  jOf.  Aymoin  ,  ou  fon  Continuateur, 
dans  fes  Annales  de  France,  donne  p.ar  corruption  à 
la  ville  d'Yvree,  le  nom  A'Eboreia.  Id.  Les  Auteurs 
^u  temps  d'Aymoin  la  nomment  Iporegia  ,  Iporegien- 
fis  civitas ,  Ivoreia,  qui  ne  font  que  des  corruptions 
de  fon  véritable  nom.  Elle  eft  fituée  en  partie  fur  une 
colline  ,  dont  la  montée  eft  douce  Se  aifée.  Id.  On  n'y 
compte  qu'environ  fix  mille  âmes.  Id. 

Le  Marquifat  d'Ivrée.  Eporedienfîs  Marchionatus. 
C'étoit  anciennement  un  Etat  de  l'Italie ,  les  Souve- 


312  J    U  Pv 

rains  âoient  defcendus  des  Rois  d'Ailes.  Cet  État 
comprenoit  k  Canavcz ,  la  partie  du  Piémont  qui  cil 
entre  la  petite  c<c  la  grande  Doria  ,  le  Bielez,  la  partie 
occidentale  du  Vercellois  &  la  partie  du  Montrerrat 
Savoyard  ,  qui  eft  entre,  le  Canavez  &  le  Fô.  Ce  Mar- 
quillu  ne  (.ubiifte  plus,  on  en  donne  pourtant  le  nom 
au  Canavez  qui  n'en  ell.quune  partie.  Mat  y. 
fer  JLjIIEMHIn  l.  r.  m.  Athnnation  qu'on  fait  d'une 
choie,  en  marquant  cette  atHrmation  d'un  fceau  de 
i'cli^,ion.  Jurandum  ^  jusjurandum  ,  jacramentum. 

On  divile  communément  le  jurenicnt  en  allertoire 
&c  en  promilloire.  Pontas.  Le  premier  le  tûit  pour 
aliiirer  une  choie  préfente  ou  pallée;  le  lecond  regar 
de  l'avenir  &  fc  fait  pour  alîiirer  une  promelle.  Conf. 
d'Ang.   Souvent  en  jurant  on  le  contente  d'attellcr 
Dieu,  c'eft:  à  dire,  de  1  invoquer  comme  témoin  de 
ce  que  l'on  jure;  ce  jurement  le  nomme  invocatoire. 
Quelquefois  on  ajoute  Texéciation  ou  l'imprécation, 
&  c'eft  loifque  non  iculement  on  prend  Dieu  pour 
témoin,  mais  qu'on  l'appelle  encore  pour  JUjie  & 
pour  vengeur  du  parjure ,  en  ie  fouhaitant  du  mal ,  ou 
à  d'autres ,  il  la  choie  n'eif  pas  comme  on  la  dit ,    ou 
bien  II  l'on  ne  tient  pas  la  promelie  que  1  on  fiit. 
IcEM.   Le  jurement  te  divife  encore  en  lunple  &:  en 
folenncl.  Le  jurement  limple  eit  celui  qui  ie  fait  entre 
des  perfonnes  privées  &  fans  aucune  lolennité.  Le 
jurement  folennel  eft  celui  qui  fe  fait  en  public  avec 
quelque  lolennité;  par  exemple,  en  touchant  de  la 
main  l'Evanrilc  ,    ou  en  Jullice  en  levant  la  main. 
iDi.M.  Enlîn  le  jurement  fe  divife  en  verbal ,  réel  &c 
mixte.  Le  jurement  verbal  le  tait  par  les  paroles,  le 
xéel  par  les  aélions;  par  exemple,  enlevant  la  main 
comme  font  ordinairement  les  Laïcs  en  Juftice  ,  ou 
en  la  portant  lur  la  poitrine  comme  font  les  Ecclélial- 
tiqueSj  ou  en  touchant  le  livre  des  Evangiles,  une 
relique  ou  quelque  autre  choie  lactée.  Le  mixte  te 
£iit  &  par  paroles  &z  par  aélions.  Si  ces  aftions  ie  tont 
en  invoquant  cxpreliément  le  nom  de  Dieu  ou  quel 
qu'un  de  l'es  attributs,  c'eft  un  jurement  exprès  &  di- 
xcA  :  mais  li  on  jure  par  quelque  créature  ou  lacréc 
ou  protane,  c'eft  un  /urc/wc'/îf  implicite,  virtuel  &  in- 
dirccf,  parce  qu'il  a  rapport  à  Dieu  ,  puifqu'on  ne  jure 
par  les  créatures  qu'entant  qu'elles  ont  rapport  à  leur 
Créateur.  Idem. 
fJCf  Jurement  j  lé  prend  quelquefois  comme  fynonyme 
de  Icrment  j  c'cft-à  dire  ,    pour  l'affirmation  d'une 
chute  que  l'on  hiit  en  juftice.  J^oye-^  Serment. 
§3°  Mais  le  mot  de  juremens,  au  pluriel,  lignifie  tou- 
jours blafphcmes,  imprécations,  exécrations.  P'erèa 
exfecrantia.  'Voyez  ces  mots.  Cet  homme  f  lit  d'hor 
l'ibles  juremens.  S.  Louis  fit  des  réi^lemens  tiès  fcvèrcs 
contre  les  juremens  &  les  blafphcmes;  &  un  Bour- 
geois d-;  Paris  ayant  blatphémé  avec  des  paroles  infâ- 
mes, le  Roi  lui  ht  marquer  les  lèvres  d'un  ter  chaud  , 
pour  fervir  d'exemple. 

Quelques  Souverains  &:  quelques  particuliers  ont 
affeélé  d'avoir  un  juron  qui  leur  fût  propre  ,  comme  li 
c'avoit  été  une  dcvile.  Louis  XL  juroit  P àque-Dïeu. 
Charles  VIIL  Jôur  de  Dieu.  Louis  XIL  Le  diahle 
m' emporte.  François  L  Fol  de  Gentilhomme.  Char- 
les Quint ,  Foi  d'homme  de  bien.  Charles  LK.  toutes 
fortes  de  juremens.  Henri  IV.  Ventre  faint  gris.  La 
Tremouille  qui ,  en  1 5 1  3  ,  foutint  contre  les  inities  le 
fiége  de  Dion  ,  La  vraie  corps- Dieu.  Charles  de 
^o-dihon  ,  Sainte  Barbe.  Philibert,  Prince  d'Oranr,e  , 
Saint  Nicolas.  La  Roche  du  Maine ,  Tète-Dieu  plei- 
ne de  reliques Le  Capitaine  Bayard ,  Fête-Dieu  , 

Bayard Voilà  l'article  au  long,   tel  qu'il   fc 

trouve  dans  le  Glolfaire  Bourguignon  j  au  mot  Ft-r^f- 
Dei.  Pafquier,  chap.  2.  du  huitième  liv.  de  fes  Re- 
cherches, après  avoir  dit  que  Goi  eft  une  corruption 
de  Got,  qui  figniîîe  Dieu,  explique  Vertugoi  par 
■Vertu  Dieu,  San;^oi  par  Sang  Dieu,  Alorgoi  par 
Mort  Dieu ,  &  Jatnlgoi ,  par  Je  renie ,  &c.  Glojfaire 
Bour;uignon  au  mot  J aksic.  Le  Père  Garalle,  dans 
fa  Doctrine  cuiieufe,  dit  que  Palquicr  n'ofoit  jurer 
Vertuguoi,  S<  qu'il  ofoit  bien  dire  que  le  Pape  eft  le 
fléau  de  l'Églife.  Maugré ,  qu'on  a  dit  anciennement 
pour  malgré,  s'ell  confcrvé  dans  Maugrébieu ,  jure- 


I  U  R 


ment  que  le  timoré  Pclliiron  déguife  en  Madrébi  dans 
llmpromptu  qu'il  rapporte  ,  tait  par  Elot  contre  Voi- 
ture. On  dit  encore  maugréer ,  pour  jurer ,  biajphé- 
mer...  Glojjaire  Bourguignon  ù.\x\v.ox.  Alaugrai.  Voy. 
îiullilHift.  de  i'Ac.  F»..  Nos  Anciens  utoicnt  A\x par 
Dieu  tans  tcrupule . . .  Les  Cavaliers  ,  dans  l'Amadis  , 
ne  jurent  jamais  autrement  GloJJ.  Bourg,  au  mot  Pa- 
dci.  Tout,  jutqu  aux  Prêtres  &c  aux  femmes,  dit^ar 
Dieu  dans  les  cent  Nouvelles  Nouvelles.  C  étoit  aulîî 
le  jurement  de  Montagne.  Quand  ]^  jure ,  dit  il ,  félon 
moi ,  c'eft  leulcment  par  Dieu  ,  qui  eft  le  plus  droit 
de  tous  les  fermens.  Fjjais ,  liv.  j.  ch.  j. 
0Cr Jurement,  Juron,  Serment,  fynonymes.  \.t  fer- 
ment le  tait  proprement  pour  coniirmer  la  imcétité 
d'une  promeile  ;  le  jurement ,  pour  conhrmer  la  vérité 
d'un  tcmoir,nage;  &  le  juron  n'"eft  qu'un  ft>le  dont 
le  peuple  te  tert,  pour  donner  au  diicours  un  air  af- 
turé  &  prévenir  la  défiance.  ^oye|  Serment  &  Ju- 
ron. Syn. Fr. 

Le  mot  dcyêr/ne/zr  eft  plus  d'ufige,  pour  exprimer 
l'aéfion  de  jurer  en  public  &  d'une  manière  folen- 
nelle.  Celui  de  jurement  exprime  quelquetcis  de 
l'emportement  entre  particuliers.  Celui  de  juron  tient 
de  1  habitude  dans  la  façon  de  parler.  Les  tréquens 
juremens  ne  rendent  pas  le  menteur  plus  di^ne  dette 
cru. 
JURER.  V.  a.  &  n.  Affirmer  avec  ferment,  promettre 
folennellemcnt.  Jurare.  L'Écriture  applique  ce  terme 
à  Dieu  même.  Dieu  a  juré  &  ne  s'en  reper.tira  point, 
Fteaumc  109.  Il  a /£;/'(;  a  Abraham  notre  père ,  qu'il 
fe  donneroit  à  nous.  Cantique  de  Zaciiarie.  Les 
Payens  ont  fait  aulli  jurer  leur  taux  Jupiter  par  le 
Styx.  On  jurait  autrefois  par  la  tcte  de  1  Empereur. 
J'^oyei  Jufte  Lipfe  fur  les  Annales  de  Tacite  ,  L.  LSc 
La  Cerda ,  Jéf.  fur  le  Ch.  XXXIl^  de  l  Apologétique 
de  TertuUien. 

Ce  mot  vient  du  Latin  jurare ,  quij  fclon  qi;elques- 
uns  ,  cil  dit  comme  Jovem  ,  orare  j  tejlari  j  prendrt 
Jupiter  à  témoin.  C'eft  le  lentiment  de  Berman.  D'au 
très  ditent  que  jurare  eji  in  jure  aliquid  ajjerere 
qui  ne  le  fait  guère  fans  en  venir  au  jurement. 
Jurer  ,  fe  dit  plus  particulièrement  des  proteftations  &i 
des  fermens  qui  te  tont  tolennellement  à  l'tglile  &l 
en  Juftice.  On /i^/vif  autrefois  dans  les  L':lilcs  fur  h] 
Croix,  lur  l'Autel,  fur  les  Évangiles^  les  Canons  &i 
tur  les  taintes  Reliques.  Les  Rois  ont  juré  la  paix  fui 
les  Évangiles.  Ils  jurent  dans  leur  Sacre  de  conlcrve^i 
la  Religion  &  l'État.  On  fait  jurer  aux  MagiftratsS 
aux  Officiers  l'oblervation  des  Ordonnances;  aux  peii 
pies,  aux  loldats,  fidélités  obéilfance.  On  fait /are 
aux  gens  qui  fe  marient  une  fidélité  réciproque, 
faut  c\\\on  jure  !k  affirme  vrais  les  comptes  qu'on  pi_ 
fente  en  Juftice;  la  vérité  de  la  dette  pour  laquè^ 
on  eft  colloque.  La  formule  de  jurer  àcvxnr.  le  Jug 
eft  de  lever  la  main  &  de  promettre  de  dire  vén 
Celui  qui  jure  à  faux,  qui  fait  un  faux  ferment, 
infâme.  Autrefois  on  fe  purgeoit  de  crime  en  jurant^ 
&  celui  qui  en  étoit  accufé  s'étant  purgé  par  fermcntj 
en    étoit   quitte   ayant   vingt   Chevaliers  ,    gens  iA 
créance  ,  qui  juraient  pour  lui ,  qu'il  avoir  Elit  un  bôÉ 
ferment iSc  dit  vérité,  letquels on  appeloit  Compurgtn 
leurs. 

On  emploie  ce  mot  dans  le  ftylc  des  fables  &  dans 
le  ftyie  burlefque  ,  comme  dans  le  ftyle  Icrieux. 

Les  loups  &  les  brebis  de  tout  temps  en  querelle  ^ 

Mais  certain  politique  loup 
Joua  fi  bien  fan  rôle,  &  fit  fi  bien  fan  coup  , 
Qu'ils  jurcient  entre  eux  une  paix  etirnelle. 

Le  Noble. 

Jurer,  fe  dit  auffi  de  plufieurs  affirmations  particuliè- 
res. J'en  jure  lur  mon  honneur,  foi  de  Chrétien,  fol 
de  Gentilhomme.  Il  ne  faut  point  jurer  lur  les  paro- 
les de  fon  maître ,  c'eft  à-dire  ,  le  croire  aveugle 
ment,  foutenir  fes  opinions  avec  opiniâtreté.  JÉSIJS 
Christ  a  dit  qu^il  ne  talloit  point  yurer  par  le  ciel 
parce  que  c'étoit  le  trône  de  Dieu;  ni  par  latcrrC; 
parce  que  c'eft  l'efcabeau  de  tes  pieds ,  ni  par  la  tetC; 
parce  qu'on  ne  peut  changer  un  cheveu  j  mais  feule- 

men 


JUR 


J  U  R 


ment  dire  oui ,  ou  non.  S.  Matth.  Chapitre  /.  Ju- 
rer ,  fe  dit  aulli  des  bl.irplit-nies  ,  6c  des  exécra- 
tions qui  le  proK'rcnt  centre  Dieu  ,  i\:  les  clioles 
iaùires  ,  par  emportement  ,  colère  ,  rage  j  tx'  quel- 
quefois par  mauvaile  habitude.  Pejerarc  ,  dijcrarc 
Les  joueurs  qui  perdent  ,  les  fanf-arons  qui  mena- 
cent ,  font  fujets  à  jurer.  Le  nom  de  Dieu  nt  jure- 
ras ,  c'cll  un  des  dix  commandemens  de  Dieu.  Dans 
•  Je  feizième  hècle  c  croit  la  mode  à  la  Cour  de  ju- 
rer. Le  Gouverneur  d'Henri  IV.  lorfqu'il  étoit  en- 
core jeune  ,  craignant  qu'il  ne  le  Lufsat  aller  à  blal- 
phémer  ,  lui  permit  de  jur<;r  Ventre-lai  ut-gris  j  mot 
qui  ne  lignifie  rien  du  tout.  Louis  XIJL  ne  jurou 
jamais.  Louis  le  Grand  ne  jurait  peint.  Se  a  banni 
de  la  Cour  les  juremens  &  les  blafphcmes.  De  Vign. 
Marv. 
Jurer  ',  iîgnifîe  auffi  ,  prendre  une  forte  réfolution 
avec,  loi  même  ,  s'engager  à  faire  quelque  choie  , 
promettre  ,  protefter.  Promittere  ,  fpondcre  ,  jurarc. 
Il  a  juré  la  perte  de  Ion  crmemi  ,  de  ion  rival.  Il 
a  juré  fa  ruine.  Ces  deux  perfonnes  fe  font  juré 
amitié  inviolable  ;  ils  fe  font  promis  de  s'aimer 
■éternellemeiu. 

Tout  ce  que  j' appercois  femble  jurer  ma  perte. 

Régnier. 

Je  n'ai  jamais  juré  de  quitter  Amarante  ; 
Que  je  jure  aujji  tôt  de  demeurer  confiant, 

M.  ScuD. 

On  dit  figurément  ,  que  deux  couleurs  jurent  , 
lorfqu'elles  ne  font  pas  bien  allorties  ,  qu'elles  paf- 
fent  d'une  extrémité  à  l'autre  ,  comme  le  vert  &  le 
bleu.  On  le  dit  de  même  des  autres  chofes  dont  l'u- 
nion eft  choquante.  Des  airs  évaporés  jurent  avec 
les  cheveux  gris.  Des  airs  évaporés  Se  des  cheveux 
gris  jurent  enfemble. 
Jurer  ,  fe  dit  aulli  au  figuré  des  voix  Se  des  inflru-  ' 
mens  de  mufique  ,  qui  font  de  faux  tons  ;  mais  fur- 
tout  quand  les  Ions  (ont  rudes  Se  aigres.  Sympho- 
nia  difeors. 

Son  aigre  fauffet 

Semble  un  violon  faux  qui  jure  fous  l'archet. 

BOILEAU. 

|CF  On  voit  J  par  ce  qui   vient  d'être  dit  ,   que  le 
inot  jurer,  pris  aftivement ,  iîgnihe  quelquefois  af- 1 
firmer   par   ferment  ,    en    prenant    quelqu'un    ou 
quelque   chofe  à   témoin.  Jurer  fa  foi  ,   jurer  fon 
Dieu. 
IP?  Quelquefois  blafphémer.  Cet  homme  ne  fait  que 
jurer  Dieu  ,  jurer  le  nom  de  Dieu  ;  &  abfolument , 
ne  fait  que  jurer. 
§C?  Il  lignifie  encore  confirmer  ,  ratifier  par  ferment. 

Jurer  la  paix  ,  jurer  fidélité. 
^CT  C'eft  encore  promettre  fortement ,  quand  même 
ce  ieroit  fans  ferment.  Jurer  fidélité  à  Ion  ami ,  ju- 
rer une  amitié  éternelle. 

C'e.O:  ,  enfin  ,  prendre  une  forte  réfolution  de 
faire  une  chofe.  Jurer  la  perte  de  quelqu'un.  Jurare 
in  aliquem. 

lO"  Pris  neutralement  ,  c'eft  affirmer  ,  confirmer  par 
ferment  la  vérité  d'une  choie.  Jurer  par  Ion  Dieu  , 
par  la  foi  ,  lur  fon  honneur  ,  lur  l'Évangile.  Jurer 
fur  les  Autels.  Jurare  aras. 
It^'Ou  bien  faire  des  lermens  fans  néceflitéj  par  em- 
portement ,  par  habitude.  Jurer  à  tout  propos.  Ju  - 
rer  comme  un  Charretier. 
Jurer  ,  le  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Il  jure 
comme  un  Charretier  embourbé ,  ou  comme  un  Ma- 
rinier engravé.  S'il  ne  tient  qu'à  jurer  ,  la  vache 
eft  a  nous ,  quand  on  s'eft  rapporté  au  ferment  d'un 
méchant  homme.  On  dit  aulli  à  celui  qui  affirme 
une  chofe  connue  ,  on  vous  croit  fins  jurer.  Til/i 
fides  hahctur  etiam  injurato.  On  dit  qu'il  ne  faut  de 
rien  jurer  ;  pour  dire  qu'on  peut  fiire  des  chofes 
bien  contraires  aux  réfolutions  préfentes.  On  dit 
«uflî  parmi  le  peuple  ,  Aye  ,  Maria  ,  ce  n'cft  pas 
To/ae  V, 


3^3 


jurer.  On  dit  :  Qui  finement  jure ,  finement  fe  p.ir- 
jure  ,  pour  dire  que  ceux  qui  l'ont  des  rclhi,;  ions 
mentales  en  jurant ,  font  ordinairtnicnt  de  t.uix  ler- 
mens. 

Jure  ,  ér  ,  part.  &:  adj.  Voye-:^  ci  dediis  Juré. 

IVULSSE.  (.  h  L'état  d'une  perlonnc  ivre.  1.  effet  que 
caule  le  vin  ,  ou  une  autre  liqueur  dan?  une  per- 
lonne  ivre.  Ebrietas  ,  tcmulcntta  ,  vinolentia.  L'if 
vrc(j'c  du  cidre  dure  plus  long  temps  que  celle  du  vin. 
L'/i7vJ/é  eltdiftérente  luivant  le  tempérament  i  l'une 
cil  gaie  ,  l'autre  endormie  j  l'autre  tuneule. 

Il  s'emploie  aulli  dans  le  kiis  ciguré.  Ainlî  en  par- 
lant des  pallions  ,  on  dit  que  l'ivrcff'e  en  ell  bien 
plus  dangereufe  que  celle  du  vin  ;  pour  dire  ,  qu'elles 
troublent  plus  la  railon  que  les  tumées  du  vin.  Li- 
bidinis  ic/lus  pe/or  ejl  ebrietate.  La  jeunelle  eit  une 
ivrcfj'e  continuelle  i  c'eft  la  fièvre  de  la  raifon.  La 
RocH.  Comment  un  Prince  dont  la  condition  eft'  une 
elpèce  d'ivrejje  perpétuelle  j  peut  -  il  devenir  rai- 
fonnablc  î  i>.  Real.  La  jouillance  de  la  volupté  eft 
une  courte  ivrej[j'e.  M.  Esp.  C'eft  ce  qui  les  entre- 
tient dans  leur  ivrejjc  ,  c'eft- à  dire  ,  dans  leur  atta- 
chement à  la  terre.  Bourdal.  Exh.  II.  p.  6 j. 

Les  Poètes  appellent  ivreffe  ,  l'inlpirarion  d'A- 
pollon ,  renthouliafme  ,  la  fureur  Poétique.  La  doite 
ivrejje. 

Non  ,  non  ,  je  ne  viens  point  fur  les  bords  du  Per~ 

meffe, 
Phcebus ,  te  demander  ta  frénétique  ivreffe. 
Sur  d'autres  va  vcrfer  tes  favantes  fureurs 
La  vérité  n'a  point  bcfoui  de  tesjaveurs. 

Ivresse  ,  en  termes  de  fpiritualité.  Les  Myftiques  ap- 
pellent ivrejjè  ,  l'état  de  l'ame  contemplative  dans 
1  oraifon  de  quiétude  ;  parce  que  cette  oraifon  eft 
un  tranfport  Se  une  élévation  de  l'ame  qui  ne  fe 
connoit  plus  ,  Se  ne  rcconnoît  plus  rien.  Ebrietas 
myjlica. 

JUREUR.  1.  m.  Qui  jure  beaucoup  ,  foit  par  habitu- 
de, loit  par  pallîon.  On  a  renouvelle  l'ancienne  Or- 
donnance de  S.  Louis  contre  les  jureurs  Se  blalphé- 
matcurs  du  nom  de  Dieu  ,  qui  ordonne  de  leur 
percer  ,  de  leur  arracher  la  langue. 

JuREUR  ,  dans  quelques  Coutumes  ,  ne  fe  prend  point 
en  mauvaile  part  ,  il  fignifie  leulement  celui  qui 
prête  ferment.  Jurator,  dans  Séneque,  lignifie  té- 
moin en  juftice. 

^CF"  Parmi  les  Francs  ,  on  nommoit  ainfi  ,  jurator,  ce- 
lui qui  fe  purgeoit  par  ferment  d'une  acculatiou 
ou  d'une  demande  Liite  contre  lui. 

ffJ'  Celui  qui  juroit  .avec  certain  nombre  de  témoins  , 
plus  ou  moins  coniidérable  ,  luivant  les  dirtérens 
cas  ,  qu'il  n'avoit  point  fait  ce  qu'on  lui  imputoit , 
étoit  renvoyé  ablous. 

IJCT  Apres  la  mort  de  Chilpéric  ,  Frédégonde  ,  dont 
la  conduite  peu  régulière  étoit  alfez  connue  , 
jura  avec  300  perfonnes  conlidcrables  quelle  avoir 
lu  gagner ,  que  le  jeune  Clotaire  ,  que  la  nation  ne 
vouloir  point  reconnoitre  ,  étoit  vraiment  fils  de 
Chilpéric.  Le  ferment  d  un  (i  grand  nombre  de  fu- 
reurs diillpa  tous  les  loupçons  ,  quelque  violens 
qu'ils  tullent  ■■,  Se  Clotaire  fut  reconnu  pour  légi- 
time héritier  de  la  Couronne. 

JURGANO  ^  ou  GIURGEVO.  Nom  d'un  bourg  de 
la  Turquie  ,  en  Europe.  Jurganum.  Il  eft  dans 
la  V.alaquie  à  l'embouchure  du  Télcz  dans  le  Da- 
nube. On  croit  communément  qu'il  eft  l'ancienne 
Frateria  ,   ou  Pratcria  ,  ville  de  la  Dace.  Maty. 

JURIDIQUE,  adj.  m.  &  f.  Régulier ,  qui  eft  de  droit , 
qui  eft  conforme  aux  loix  du  pays ,  ou  aux  procé- 
dures qui  font  obfervées  ;  aux  formes  de  la  Juftice. 
Juridicus  ,  Icgitimus.  Le  Droit  a  introduit  des  remè- 
des pour  fe'  pourvoir  contre  les  fentences  &  les 
arrêts  qui  ne  font  pas  juridiques.  Cette  procédure 
n'cft  paî  juridique.  Aéle  juridique. 

JURIDIQUEMENT,  adv.  D'une  manière  juiidique  , 
dans  les  formes.  Légitimé  ,  juridicè.  Toute  cette 
procédure  ,  l'inftruction  de  ce  procès  ,  a  été  faite 

Rr 


314  J  U  Ps. 

juridiquement.  Vous   avez  écc  coniiimnc  juridique 
ment. 

JURIOWGOROD.  Voyei  Derpt. 

JURIPEBA.  r.  m.  Arbnlleau  épineux  ,  ombrageux  & 
beau  ,  qui  croit  eu  Amérique  dans  les  terres  lablon- 
jieulés.  Sa  feuille  ell  longue,  déchiquetée  en  plu- 
ficurs  endroits ,  lanui^ineule  en  dellous  ,  anière  au 
goût.  Sa  rieur  ell:  dirpoice  en  étoile,  de  couleur  blan- 
che Se  bleue.  Son  tiuit  rellémble  au  railin,  &  eft 
difpofé  en  g  appe.  On  diftingue  Icjuripeba  en  mâle 
&  femelle.  Ce  dernier  eft  le  plus  épineux  ,  mais 
l'autre  a  les  feuilles  plus  grandes.  Les  feuilles  de  l'un 
&  de  l'autre  lont  vulnéraires. 

JURISCONSULih.  f.  m.  Celui  qui  eft  verfé  dans  la 
connoiir  ncc  des  loix  ;  que  l'on  confulte  fur  l'inter- 
prétation des  loix  &  dis  coutumes  ,  lur  les  diflicultés 
d'un  pro-ès.  JurifconfuUus.  Les  ;o  livres  du  Digefte 
n'ont  été  tirés  &  compilés  que  des  réponfes  des  an- 
ciens Ju  ijconfukcs  ■  on  les  apeloic  rej'ponfa  pru 
dcntum  ,  &:dansl£s  inftituts  de  Juftimen,  L.I ,  T.  2. 
elles  fon  partie  du  Droit  public.  Ulpien  ,  Papinien  , 
Paul  ,  Scocvola  ,  Ncr,\tius  ,  Cocce'ius  Nerva  ,  ont  été 
les  oiacle>  de  la  Jurifprudence.  Tribonien  ,  en  abo- 
litlànt  les  deux  mille  volumes  d'où  il  avoir  tiré  le 
Code  &  le  Digefte ,  a  ravi  en  même  temps  au  pu 
blic  bien  des  chofes  qui  auroient  contribué  à  faire 
«onnoitre  les  anciens  Jurifconfuhes  de  Rome.  On 
ne  connoicroit  prefque  que  leurs  noms ,  11  Pompo- 
nius  ,  qui  vivoit  dans  le  fécond  ficelé ,  n'avoit  pris 
foin  de  conferver  quelques  circonftances  de  leur 
vie.  Papyrius  eft  le  premier  après  l'expulhon  des 
Rois  ;  &  Modcftinus  en  Z40  eil  le  dernier.  Il  fem 
ble  que  les  Jurifconfultes  de  Rome  étoient  ce  que 
font  aujjurd'hui  les  Avocats  conlultans  ,  qui  par 
vienner.t  à  1  honneur  de  la  confultation  par  le  pro 
grès  de  làge,  &  le  mérite  de  l'expérience.  Cepen- 
dant c'ctoit  à  Rome  des  fonéfions  tout-à-fiit  dirlé- 
xentes  ,  &  les  Avocats  plaidans  ne  devenoient  point 
Jurifconfuhes,  Pendant  la  République  l'emploi  des 
Avocats  étoit  beaucoup  plus  honorable  ,  parce  que 
t'étoic  1 1  voie  pour  parvenir  aux  premières  dignités. 
Ainh  les  Jurif confulte  s  étoient  eftacés  par  les  Avocats  : 
on  les  appclo.'t  même  par  mépris  jormular'd  ,  ou 
legulei  ,  parce  qu'ils  avoient  inventé  certaines  for- 
niuk's  ,  ou  certains  monolyllabes ,  pour  répondre 
plus  gravement  ,  èc  plus  myftérieulement  :  mais  en- 
fin ,  ils  le  rendirent  fi  recommandables  ,  qu'on  les 
nomma  Prudentes  ou  Sapientes  ,  &:  les  Empereurs 
ordonnèrent  aux  Juges  de  fuivre  leurs  avis.  Augufte 
même  leur  donna  des  lettres  j  eniorte  qu'ils  étoient 
tenus  Ofliciers  de  l'Empereur  ,  &  qu'ils  n'étoient 
plus  bornés  à  fervir  de  conleil  aux  particuliers.  Voy. 
Loyfeau.  Bernardin  Reclilius  de  Vicence  a  écrit 
les  Vies  des  anciens  Jurifconfultes  qui  ont  paru  de- 
puis deux  mille  ans  \  ôc  Guy  Pancirol  a  écrit  qua 
tre  livres  des  illuftres  Interprètes  des  loix.  Cujas  a 
été  Profelîeur  de  Droit ,  le  plus  grand  Jurifeonfulte 
de  fo)i  fiècle.  M.  Charles  du  Moulin  s'appeloit  Ju 
rifonfulte  de  France  &  de  Germanie.  Balde  ,  Jafou  , 
Ba:thole  ,  ont  été  fameux  Jurifconfultes  du  Droit 
Civil,  Panorme  &■  Hoftienlis,  de  gnuds  Jurifcon 
fulces  Canonilf  es.  La  gravite  des  Jurifconfultes  épou 
vante  les  jeunes  gens  :  ils  ne  favent  pas  même  fou- 
rire.  Tour. 

|3-JURISDICTI0N.  f.  f.  L'Acad.  dit  Juridiclion  , 
contre  l'ufage  général.  Jurifdiclio.  Ce  terme  qui 
vient  du  Latin  jus  Se  dicere  ,  rendre  la  juftice  ,  a 
plulieurs  acceptons. 

f3"  Souvent  il  eft  pris  pour  le  tribunal  011  l'on  plaide  , 
où  l'on  rend  la  juftice.  Il  y  a  plufieurs  jurifdiclions  , 
glandes  ou  petites ,  dans  l'enclos  du  Palais.  On  ao 
pelle  degrés  de  jurf diction  ,  les  diftérens  tribunaux- 
dans  lefquels  il  faut  plaider  luccellîvemnt  pour  1.-. 
même  aftaiie  avant  que  de  la  porter  à  une  jurfdiclijn 
fupémure.  On  a  vu  en  France  julqu'à  cinq  degré-, 
de  jurifdicl'on, 

■§0"  Quelquefois  on  le  dit  du  relfort  ,  c'eft  à-dire  du 
territoire  qui  dépend  du  tribunal.  C'eft  ainli  que  l'on 
dit  que  hjurifdiclion  d'un  tel  prcfidial  eft  de  grande 


J  U  R 

étendue  ;  qu'un  tel  endroit  eft  de  telle  j urifdiclion  ■ 
qu'on  palle  les  limites  de  la  jurifdiUion.  Les  requê- 
tes du  Palais  ont  beaucoup  d'aftajres  ,  &c  n'ont  point 
de  jurifdictiùn  ,  c'eità-dire ,  de  territoite.  Foyer 
Ressort. 

ffF  Enfin  le  mot  de  jurifdiclion  fe  dit  aulli  du  pou- 
voir des  Juges  ,  c'eft-adirej  de  l'autorité  publique 
accordée  à  celui  qui  en  eft  pourvu  pour  connoitre 
&  ju^er  les  diftérends  des  particuliers.  C'eft  une 
émulation  du  pouvoir  fouverain  ,  qui  eft  communi- 
qué aux  Juges ,  pour  rendre  la  juftice  au  nom  du 
Prin;c.  Foye-^ivcL. 

(fT  II  y  a  deux  lortes  de  jurifdiclions  ;  la  féculièrc  qui 
appartient  au  Roi  ,  ou  aux  Seigneurs  juficiers  qui 
la  tiennent  du  Roi  en  fief  j  ou  en  arricre-fiefj  & 
l'Eccléliaftique  ,  qui  eft  le  pouvoir  qui  appartient  à 
l'Églife  d  ordonner  ce   qu'elle   trouve  de  plus  con- 
venable lur   les  choies  qui  lont  de  fa  compétence , 
ôc   de  faire  exécuter  fes  loix  tk  Ces  jugemens.  Les 
Évêques  ou  Archevêques   ont  deux  fortes  de  jurif 
dictions  :  l'une  intérieure  ,  qui  s'étend  lur  les  arnfs, 
&c  fur  les  chofes  purement  fpirituellcs  j  ils  la  tien- 
nent de  Dieu  ,   c'eft  ce   qu'on  appelle  jurifdiclion 
au  for  intérieur  ;  l'autre  qui  conhfte  à  terminer  par 
la  voie  contentieufe  des  différends  entre  les  Ecdé- 
fiaftiques  &  les  Laïques  en  certains  cas  ;  elle  leur  a 
été  accordée  par  les  Princes,  c'eft  la  jurifdiclion  au 
for  extérieur.  Il  y  a  quatre  degrés  dans  la  jurifdiclion 
EccUfaftique.  L'Oftîcial  de  l'Évêque  eft  le  premier. 
Delà  on  appelle  à  l'Official  de  l'Archevêque  ,  de 
l'Archevêque  au  Primat  ,  &  du  Primat  au  Pape.  A 
l'égard  des  Évêques  ,  ou  des  Archevêques ,  qui  font 
foumis  immédiatement  au  Pape  ,  il  n'y  a  que  deux, 
ou  trois  dégrés  de  jurifdiclions.   Quand   l'appel  eft 
dévolu  au  Pape ,    il  ell   obligé   pour  la  France  de 
déléguer   des  Commiflaires  fur  les  lieux.   On  peut 
encore  appeler  de  ces  Comraillaires  :  &■  par  le  Con- 
cordat entre  François  I  &  Léon  X  ,  il    a  été  arrêtg 
que  quand  il  y  a  trois  fentences  définitives  confor- 
mes ,  l'on   ne  peut  plus   appeler  :  autrement  l'oa 
auroit  pu   appeler  à  l'infini.   Autrefois  la  jurifdic^ 
tion    Ecclefaftique   avoit  tellement  entrepris  (ur  la 
jurifûclion  temporelle  ,  que  les  Juges  Royaux  étoient 
prelque  entièrement  dépouillés  de  leurs  fonéfions. 
On  tâcha  de  s'oppoler  à  cette  ulurpation ,  Se  dans 
la  célèbre  conférence  tenue  lous    Philippe  de  Va- 
lois en  1529  J  l'Avocat  Général  de  Cugniére  reprc- 
lenta  vigoureufement  toutes  les  entreprifes  des  Ecclé- 
liaftiques  lur  la  jurifdiclion  Royale.  Sous  divers  pré- 
textes  de    piété  ils  s'attiroient   la    connoillance  de 
toutes  les  affaires.  Ils  prétendoient  que  les   veuves 
Se  les  pupilles  étoient  lous  la  proteclrion  de  l'Églife. 
Ils  faifoient  inférer  des  fermens  dans  les  contrats, 
&  loutenoient   que    l'oblervation  du  ferment  étoit 
une  matière  Ipirituelle  de  leur  compétence  :  enfin , 
ils  maintenoient  que  ceux  qui  leur  conteftoient  leurs 
immunités,  &:  leurs  jurifdiclions ,  étoient  pour  cela 
même  leurs  juiliciables.  Se  ils  procédoient  par  excom- 
munication contre  ceux  qui  refulant  de  les  recon- 
noitre  avoient  recours  au  Juge  Royal.  D'abord  on 
introduilit  l'appel  comme  d'abus  ^  pour  tirer  infen- 
liblement  par  cette  voie  les  affaires  de  la  jurifdiclion 
Ecclefaftique  ;  mais  ce    remède  fut  allez  lent  :  les 
Ecclélîaftiques   combattirent   violemment   pour   ne 
rien  relâcher  ,   &:  ce   conflit  de  jurifdiclion  durcit 
encore   fous    le    règne     de     Charles  VIII.  Se  de 
Louis  XII.  A  la  fin  ,  le  Roi  François  I.  remit  les 
Juges  Royaux  dans  tous  leurs  droits  par  fon  Ordon- 
nance de    IJ59.  &  reftreignit  la  jurifdiclion  Ecclé-    ■ 
fafiique  lur  les  Laïques  aux  matières  des  Sacremens , 
Se  aux  autres  queftions  ipirituelles  Se  Ecclélîalliques. 
J'oye^  Fevrlt. 

Les  /urifdiciions  fculières  ou  temporelles,  lont 
de  deux  luttes  :  Royales  Se  Seigneuriales.  On  ap- 
pelle ordinairement  les  dernières ,  jurifdiclions  fuhal- 
tcrnes  j  quoique  les  jurifdiclions  Royales  foient  aulîî 
fubalterncs  à  l'égard  des  Cours  fouveiaines.  Il  v  a 
deux  lortes  de  jurifdiclions  Royales.  Les  jurifdic- 
dons  ordinaires  >Sc    extraordinaires.   Les  ordinaires 


J  U  R 

font  celles  dont  les  OHicicis  coiinoiireiit  de  toutes 
Ibrttb  de  matières  ,  tant  civiles  que  cumiucllcs ,  & 
entre  toutes  ("ortcs  de  pcrfounes.    Les  extraordinai- 
res font  celles  dont  les  Oriiciers  ne  connoilicnt  que 
de  certaines  matiùrcs ,  ou  entre  certaines  perlonnes 
privilégiées.  L)ans  la  jurifdichon  ordinaire  il  y  a  ré- 
gaiiércniciir  trois  degrés  de  jurifdïclion  ,  les  Châte- 
lains &;  Prevôr.s  Royaux.  L'appel  des  Ch.îtclains  ik 
Prévôts    rctlortit  devant   les  Baillis  &  Sénéchaux  , 
i^c  de  là  aux  Parlcmens  qui  jugent  en  dernier  ref- 
fort.  Les  j unfdlctions  extraordinaires  font  le  Grand 
Conleil^  IcsHequétes  de  l'Hôtel  &  du  Palais ,  (S-t. 
Pour  la  jun/d'iàton  Seigneuriale  ,    f^oye-^  Justice. 
Il  n'eil   point  permis   de  multiplier  j  d'ériger    de 
nouveaux  désirés  de  jurifdtaion ,  parce  que  cela  ell 
contraire  au  (bulagement  des  peuples  ,  &  à  l'utilité 
publique.   C'crt:  trop    même   que    d'avoir  à   elluycr 
trois  dégrés   de  jurifdhlions  ;    Se    l'on    épargneroit 
bien  des  frais  ,    iSr  quelquefois  des  années   d'ennui 
&  de  chagrin  j  il  l'on  retranchoit  un  de  ces  dégrés 
de   j urifdict'wn.    C'eft   pourquoi  par  l'Ordonnance 
de    Houllîllon ,  il    fut    enjoint   aux    Seigneurs    qui 
avoicnt  deux    dégrés  de   jun/dicUon  ,  d'opter   celui 
qu'ils   vouloient   rctenii-.    On  prétend  c[ue  le  keau 
du  Chàtelct  de  Paris  ,  eft  attributif  de  jurifdïclion. 
On  dit.  Décliner  hjurijdicîion  ,  quand  on  fait  évo- 
quer une  aftaire  ailleurs   que  par-devant  les  Juges 
ordinaires ,  en  vertu  d'un  privilège  :  &  quand  on  n'en 
a  point ,  on  dit,  Diftraire  la  junfdiclion  ;  ce  qui  eft 
l'ujet  à  revendication.  fKT  L'ordre  des  jurifd'tc tiens 
elt  de  droit  public.  Le  Prince  (eul  .  ou  les  Cours  fou- 
veraincSj  dépohtairesde  fon  autorité,  peuvent  diftraire 
quelqu'un  de  la  jurifdiclion  à  laquelle  il  efl  naturel- 
lement fournis. 

On  appelle  Conflit  de  jurifdiclion,  la  litifpendance 
pour  un  même  fait  en  des  Juftices  différentes ,  qui 
prétendent  qu'une  affaire  eft  de  leur  compétence. 
Judiciaria  controverfa.  Il  fe  règle  au  Confeil  Privé  , 
quand  le  conHit  eft  entre  deux  Cours  fouveraines; 
au  Grand  Conkil  ,  quand  c'eft;  entre  des  Sièges  in- 
férieurs. 

On  dit  aufîî ,  qu'une  chofe  n'eft  pas  de  la  jurif 
diction  de  quelqu'un  ,  quand  il  fe  mêle  de  juger  d'une 
chofe  où  il  n'entend  rien  ,  ou  dont  il  ne  lui  appar- 
tient pas  de  juger.  Ramus  &  les  Ramiftes  prennent 
autant  de  peine  pour  borner  les  jurifdictions  de  cha- 
que fcience^,  &  faire  qu'elles  n'entreprennent  pas 
les  unes  lur  les  autres  ,  que  l'on  en  prend  pour  mar- 
quer les  limites  des  Royaumes ,  &■  régler  les  reOorts 
des  Parlemens.  Log.  Que  l'on  vivroit  heureux  ,  h 
l'on  ôtoit  à  la  Fortune  toute  \a.  j urifdiclion  qu'elle  a 
lur  nous  !  S.  ÉvR.  Cela  eft  de  la  jurifdiclion  de  la 
raifon.  M.  Scud.  Les  penfées  de  notre  efprit  ne  font 
pas  de  la  jurifdiclion  des  Princes.  Id. 
JuRisDicTioN  des  Exempts.  C'eft  la  jurifdiclion  que 
reconnoillènt  les  Exemps  qui  font  dans  les  appanages, 
ôc  qui  ont  pour  Juges  les  Juges  des  Exempts.  Voy. 
ce  mot. 

JURISDICTIONEL.  adj.  Qui  a  jurifdiftion  ,  à  qui 
le  Roi  a  accordé  le  droit  de  faire  exercer  la  juftice  , 
Juficier. 

Par  la  Déclaration  du  Roi  François  I.  vérifiée  le 
■  2J   Avril  1557,  il  a  déclaré  qu'il  n'avoir  entendu 
par  l'Edit  de  Crémieu  faire  aucun  préjudice  au  droit 
des  Sei2.nea]:sJurfdi&ionets.   Bornier  ,  fur  les  art. 
du  cit.  6  de  l'Ordon.  civ.  Fief  jurifdiclionet. 
JURISPRUDENCE,  f.  f,  IJCT-C 'eft  en  général,  fuivant 
Burlamaqui ,  la  fciehce  ou  l'art  de  faire  des  loix  ,  de 
les  expliquer ,  ôc  de  les  appliquer  aux  aûions  hu- 
maines. C^eft  laconnoiffance  de  ce  qui  eft  jufte  ik 
injufte  ;  lalciencc  du  Droit ,  des  Coutumes  ,  des  Or 
ctonnancesj  8c  de  tout  ce  qui  fert  à  rendre  ,  ou  à 
faire  rendre  la  juftice.  Jurifprudentia  ;  peritia  ,  fien- 
tia  juris.  Les  régies  qui  forment  la  Jurifprudence  ,  fe 
tii  ent  du  Droit  naturel ,  du  Droit  des  gens  ,  &  du 
Droit  civil  qui  eft   la  partie  la  plus  étendue  de  la 
Jurifprudence. 
|}Cr  Dans  le  Barreau  on  a  attaché  à  ce  mot  une   idée 
particulière.  On  entend  pAV  là  l'ufage  que  l'on  fuit 
Tome  V. 


î  V  R  315- 

dans  chacun  de  nos  Parlcmens  pour  la  décifion  de 
certains  points  ;  l'explication  qu'on  donne  à  la  loi  ; 
&Z  où  la  loi  ne  s'explique  pnSj  la  manière  de  fe  dé- 
cider. Dans  les  cas  qui  ne  font  pas  prévus  par  la  loi  , 
un  Arrêt  lur  la  matière  n'elt  qu  un  préjugé  pour 
de  femblablcs  conteftations  ;  mais  plulicurs  Arrêts 
forment  ce  qu'on  appelle  Jurifprudence  ,  laquelle  a 
force  de  loi,  julqu'à  ce  que  le  Souverain  en  ait 
décidé  autrement.  C'eft  ce  qu'on  appelle  la  Jurif- 
prudence des  Arrêts  :  c'eft  à  dire  ,  l'induction  que 
l'on  tire  de  plulicurs  Arrêts  qui  ont  jugé  une  même 
queftion,  dans  la  même  efpèce.  Autoritas  enim  re- 
rum  judicaiarum  nih.il  aliud  ejl  quàm  res  perpétua  Ji- 
militer  judicatdt,  ,  qu&  Jimiiium  caufarum  jus  confli- 
tuunt.  Mais  comme  dans  la  plupart  des  cfpèces  il 
fe  rencontre  des  circonlf^ices  particulières  ,  les  Ju- 
ges éclairés  ne  s'arrêtent  pas  toujours  à  la  Jurifpru- 
dence àa  jugemens,  dont  les  parties  fe  fervent  pour 
autorifer  leurs  prétentions.  Aullî  un  grand  Magif- 
trat  difbit  que  les  Arrêts  étoicnt  très-bons  pour  ceux 
au  profit  de  qui  ils  avoient  été  rendus. 
llCF  Jurisprudence  bénélîciale  ,  ufàge-  que  l'on  fuir 
dans  la  décilion  des  queftions  qui  concernent  les 
bénéfices, 
fer  Jurisprudence  canonique  ,  règles  contenues  dans 

les  Canons,  dans  les  loix  Eccléfiaftiques. 
|Î3"  Jurisprudence   civile  ,  règles  que  l'on   fuit  dans 

la  décifion  des  affaires  civiles. 
03"  Jurisprudence    féodale  ,  relative  aux  fiefs. 
IJCT  Jurisprudence  criminelle.    Style    &   règles    que 
l'on  fuit  pour  l'inftrudtion   &    le  jugement   des  af- 
faires criminelles. 
|?3°  Jurisprudence  militaire,  font  les  loix  de  la  guer- 
re ,  ou  militaires  ,  &  les  principes  de  droit  qui  ont 
rapport   à  la  guerre.  ^fT  On  appelle    Jurifprudence 
naturelle  ,  l'art   de  parvenir  à  la  connoillance  des 
loix  de  la  nature  ,  de  les  développer  &  de  les  ap- 
pliquer aux  aélions  humaines. 
JURISPRUDENTj  pour  7«7//co«yî^/fe  ,  a  été  employé 
ironiquement   par  M.  Regnard  dans  fa  critique  du 
Légataire  ,  fcène  j.  Apprenez   M.    le  Jurlfprudent 
hors  de  faifon,  qu'il  n'eft  point  queftion  dans  une 
comédie ,  du  Droit  romain ,  ni  de  Juftinien.  Il  s'a- 
git de  divertir  les  gens  d'efprit  avec  art,   &  je  vous 
foutiens,  moi,  que  la  conduite  de  la  comédie  du  Lé- 
gataire ell:  tr«s-fenfée. 
§CF  JURISTE,  f.  m.  Homme  verfé  dans  la  fcience  du 
Droit.  Jurlfperltus.  Ce  nom  paroît  convenir  à  celui 
qui  a  écrit  (ur  les  matières  de  Droit.  Les  Jurlfles  dilenc 
que...  On  le  donne  en  quelques  endroits  aux  Doc- 
teurs en  Droit,  plus  généralement  aux  Etudians  en 
Droit. 
^Ip- IVROGNE,  adj.  &  f.  Le  féminin  ivrogneffe  n'eft  en 
ulage  que  parmi  le  peuple  qui  a  coutume  de  s'eni- 
vrer, à  boire  avec  excès.   Vlnofus  ,  ebrlofus.    Je  ne 
veux  point  d'un  valet  Ivrogne.  Un  ivrogne  n'eft   heu- 
reux qu'.autant  qu'il  n'eft  point  raifonnable.  S.  EvR. 
Que  me  veut  donc  conter  par- là  ce  maître  Ivrogne? 
Mol.  Bacchus  étoit  le  dieu  des  iv/'o^nw.  Cet  Artifan 
eft  bon  ouvrier ,  mais  c'eft  un  maître  Ivrogne. 
Ce  mot  vient  du  Latin  ebrlonlus.  Ménage. 
IVROGNER.  V.  n.  Boire  fouvent  &  par  excès.  Pergrs.- 
cari ,  vino  operam  dare.  J'ai  chaire  ce  valet,  parce 
qu'il  ne  faifoit  qu'ivrogner.    Il  elf  himilicr. 
IVROGNERIE,  f.  f.  Vice  de  celui  qui  eft  ivrogne,  qui 
boit  fouvent  &  avec  excès.   Ehriofuas  ,  vlnolentla , 
bihendl  Intctnperantla.     Sénéque  appelle  l'Ivrognerie 
une  folie  volontaire.  Mon  goût  &  ma  coniplexion 
font  plus  ennemis  de  l'Ivrognerie  ^  que  les  fentimens 
de  mon  efprit.  Mont.  Les"  Lacédémouiens  faifoienc 
enivrer  leurs  efclaves  pour  faire  horreur  de  l'ivrogne- 
rie à  leurs  enfans.  Les  Indiens  regardent  l'ivrognerie 
comme  une  efpèce  de  rage  ;  &  dans  leur  Luigue  le 
mot  de  ramjam  qui  fignifie  un  ivrogne  ,  fignilîe  aufîi 
un  enragé. 
Ivrognerie,  fe  dit  de  l'aclc  aufll  bien  que  de  l'habi- 
tude. Cette  femme  ne  peut  plus  fouffrir  les  ivrogne  ^ 
ries  de  fon  mari.  Ac.  Fl. 
ffT  IVROGNESSE,  f.  f.  Foyei  Ivrogne. 

Rr  ij 


3ié 


J  U  S 


IVROIE.  i.  f.  Quelques  uns  prononcent  ôc  cerivent 
/vraj  e.  Eipèce  de  chiendent  qui  poulie  des  tuyaux 
à  la  hauteur  de  deux  ou  trois  pies  j  gros  comme  ceux 
du  froment,  ou  un  peu  plus  petits,  ayant  quatre  ou 
cinq  nœuds  ,  de  chaciui  detquels  fort  ime  tcuiUe 
étroite,  verte,  gtalle ,  cannelée ,  embrallant  le  tuyau 
par  la  baie.  Ces  tuyaux  portent  en  leurs  lommitcs 
des  épis  longs  d'un  pié  &c  d'une  figure  particulière  ; 
car  ils  font  divifés  en  plulieurs  parties  rangées  alter- 
nativement, de  manière  que  chacune  paroit  un  petit 
épi  ou  paquet  compolé  de  Heurs  à  étamines  qui  lor- 
tent  du  tond  d'un  calice  écailleux.  Loiique  ces  Heurs 
lont  paHéeSj  il  leur  fuccède  des  graines  plus  menues 
que  celles  du  blé,  peu  huineufcs,  de  couleur  rou- 
geâtre.  Ses  racines  font  Hbrées.  Cette  plante  croit 
parmi  le  froment  &  l'orge.  On  l'appelle  autrement 
en  François  Zi-^anie ,  &  en  Latin  lolium  ou  gramen 
loliiiceum  fpkd  Longiore.  C.  Bauh.  Le  nom  A'ivroie 
lui  a  été  donné  à  caule  que  le  pain  &c  la  bière  ,  ou  il 
en  eit  ejitré  beaucoup ,  enivrent  &c  caule  des  maux  de 
tête.  Quelques  Botaniftes  croient  que  Vivroie  s'engen- 
dre des  grains  de  homent  &  d'orge  corrompus ,  & 
qu'elle  fe  change  aulli  en  froment.  Il  y  a  une  elpccc 
A'ivroie  que  Diolcoride  appelle  phœnix  ,  parce  que 
û  graine  eft  rouge;  on  la  nomme  en  François  ivraie 
fauvagc  ,  ou  ivraie  de  rat  ;  en  Latin  gramen  loiiaceum 
angnJUore  folio  &fpicà.  C.  Bauh. 

On  dit  figurément ,  Se  par  un  proverbe  tité  de  la 
Sainte  Écriture,  Icpaver:  Vivroie  d'avec  le  bon  grain, 
pour  dire  léparer  les  médians  d'avec  les  bons ,  ou  la 
mauvaile  docfhine  d'avec  la  bonne.  Segregare  trici- 
cum  à  -{i^ania.  Expliquez-nous  la  parabole  de  Vivroie 
femée  dans  le  champ.  Port.  R. 
JURON,  f  m.  Façon  particulière  ,  certaine  façon  affec- 
tée que  des  particuliers  ont  de  jurer.  SoUnne  jura- 
mencum.  Il  a  juré  Ion  grand  juron.  Dieu  me  damne 
&  Dieu  me  (auve ,  c'eft  le  juron  des  Galcons.  Ventre- 
iaint  gris   étoit  le  juron  du  Roi  Henri  IV.  Le  juron 
des  infidelles  dans  les  Romans  ell ,  par  Mahomet.  Les 
Juifs  difoient.  Vive  Dieu,  les  Efpagnols  dilent,  val- 
ga  me  Dios ,  voco  me  à  Dios.  fCF  Le  mot  de  juron 
tient  de  l'habitude  dans  la  fiçon  de  parler.  Les  jurons 
font  prelque  toujours  du  bas  llylc  ou  du  très  familier. 
Il  y  a  peu  d'occalions  lérieufes  où  ils  puiHent  être  pla- 
cés avec  grâce.  C'eft  un  ftyle  dont  le  peuple  fe  fert 
pour  donner  au  dilcours  un  air  aHuré  &  prévenir  la 
défiance.  f^oye:(  Jurement  &  Serment. 
iVRY.  Ihcrium.  Bourg  de  Normandie,  htué  lur  la  ri- 
vière d'Eure  ,  à  quatre  lieues  de  Dreux ,  vers  le  nord. 
Jvry  eft  célèbre  dans  notre  hiftoire,  par  la  viétoire 
qu'Henri  IV  y  remporta  fur  les  Ligueurs  l'an  1590. 
C'eft-là  que  ce  grand  Roi  difoit  à  fes  ttoupes  :  Ral- 
liez vous  à  mon  panache  blanc ,  vous  le  verrez  tou- 
jours au  chemin  de  l'honneur  &  de  la  gloire. 

Ivry  eft  dans  le  Diocèle  d'Evreux.  Il  s'appelle  en 
Latin  Ihrcium,  Ihrca ,  Ihreia  ,  Ivereium ,  Irerieum  • 
aujourd'hui  bien  des  gens  difent  Ibriacum.  Valois  , 
Non.  Gall.  p.  248. 

Sainte  Marie  d'/vry ,  en  Latin  j  Beata  Maria  Ibe- 
rienfis  ^  eft  une  Abbaye  du  bourg  d'/vry,  qui  fut  fon- 
dée en  1077,  par  Roger,  Seigneur  d'/vry,  &  où  les 
Bénédiétins  de  la  Congrégation  de  S.  Maur,  entrc- 
lent  en  1669. 

JUS.      . 

JUS.  f  f.  On  ne  prononce  pas  Vs  de  ce  mot.  Liqueur  , 
f  uc  ,  ou  fubftance  liquide  qu'on  tire  de  quelque  chofe 
par  preftîon  ,  infuhon  ou  coélion.  ]us  ,  jufculum, 
fuccus.  Le  jus  d'orange  eft  la  fauce  de  la  perdrix.  On 
prend  des  citrons  à  jus  pour  ftiire  la  limonade;  Au  jus 
d'éclanche  ou  de  bœuf  pour  faire  des  bitques.  On  tait 
des  tablettes  de  jus  de  réglilfe  pour  le  rhume.  Il  faut 
qu'une  viande  ,  pour  être  bonne ,  foit  cuite  dans  fon 
jus.  On  appelle  proverbialement  le  vin,  le  jus  de  Sep- 
tembre ,  le  jus  de  la  vigne ,  le  jus  de  la  treille.  Les 
Galcons  appellent  le  vin ,  le  jus  de  la  fouquette. 

Nous  trouverons  un  nçuvel  enjouement ^ 


J  U  s 

Un  nouveau  feu  dans  le  jus  de  la  treille  ; 

C'ejl  unfecours  contre  plus  d'un  tourment.  Des  H. 

On  dit  proverbialement.  C'eft  jus  vert,  ou  vett 
]usy  pour  dire,  c'eft  la  même  chofe. 

Jus.  Terme  du  grand  Art.  C'eft  l'éhxir  blanc  qui  eft 
très-rulible.  Jalon  a  vcrlé  le  jus  fur  les  dragons  de 
Colchos;  cette  expreHîon  bifarre  veut  dire  que  l'Ar- 
tifte  a  palfé  la  noirceur ,  &  qu'il  eft  parvenu  à  la  blan- 
cheur. 

Jus.  adv.  Vieux  mot  &  hors  d'ufage  j  qui  fignifioit  au- 
trefois bas.  Les  anciens  Chevaliers  faifoient  gloire  de 
ruer  y //i  leurs  ennemis.  Sternere  folo  ,  deturbare.  Le 
peuple  dit  encore ,  il  l'a  rué  jus ,  cela  veut  dire ,  il  l'a 
jette  à  terre.  Humi,  deorfum ,  ad  terram,  ôc  dans  la 
balle  latinité ,  jufum  ,  jofum. 

Puis  Neptune  fur  la  mer  préfident 

En  mettant  ]us /on  grand fceptre  &  trident.  Marot. 

Qui  puis  un  peu  par  fagettes  fans  nombre 

Ay  rué  jus  le  Jerpent  plein  d'encombre. 

Phyton  l'enfle.  Id. 

Avoit  mis  jus  la  nation  fuperbe 

Comme  la  faux  qui  renverfe  toute  herbe.  Id. 

Jus  fe  joint  toujours  avec  un  verbe,  comme  ruer  jus ^ 
&  lignifie  jetter  à  terre  ,  fe  défaire  de  quelque  chofe. 
Ce  terme  fe  dit  encore  dans  la  Flandre  Walonne. 
.  Glofj'.  fur  Marot. 

Ce  mot  vient  de  jushm,  qu'on  a  dit  dans  la  balle 
Latinité  pour  dcorsùm. 

Jus.  Terme  de  Droit.  On  prononce  Vs  finale  de  ce 
mot.  Ce  terme  ne  s'emploie  pas  ieul,  &  lulage  en 
eft  rare.  Jus  Patronat  ^  c'eft  le  dtoit  de  patronage.  Le 
Pape  avoit  de  quoi  luppléer  par  les  Bénéfices  qui 
croient  à  la  bienléance  de  cette  maifon  (d'Efte)  & 
dont  Sa  Sainteté  pouvoit  lui  tranfmettre  le  jus  patro- 
nat. Ab.  Rsg. 

JUSANT,  f.  m.  Terme  de  Marine.  /^oye:[  Jussant. 

§^  JUSQUE,  &  quelquefois  jufques ,  avec  une  j  à  la 
fin ,  quand  il  luit  une  voyelle.  Prépolition  qui  mar- 
que certains  termes  de  temps  &  de  lieu  au-delà  des- 
quels on  ne  pafle  pas.  Elle  régit  ordinairement  l'arti- 
cle du  datif.  Ufque  à  mane  ad  vefperam.  Depuis  le 
matin  julqu'au  loir.  Depuis  Paris  jufqu'à  Rome.  Jus- 
qu'au point,  jufqu'à,  jufques  à  ,  Ufque  adeo.  Jufqu'à 
cette  heure.  Ufque  adhuc.  Jufqu'au  cinquième  jour, 
Ufque  ante  diem  quintum.  Ufque  in  platcâ.  Jufque 
dans  la  rue.  Je  crois  qu'on  les  aura  entendus  jufqu'ici. 
Ufque  ijlinc  exauditos puto.  Ufque  eb  dùm  ut...  Juf- 
qu'à tant  que... 

L'j  le  prononce  devant  une  voyelle ,  &  fur-tout  ctt: 
vers. 

J'ai  voulu  vous  pouffer  ]u(ques  à  ce  refus.  Rac. 
J'ai  pouffé  la  vertu  julques  à  la  rudefj}.  Id. 

Jufqu'à  la  conlommation  des  fiècles.  Jufqu'aux  ex- 
trémités de  la  terre.  Il  faut  être  ami  jufqu'aux  autels, 
jufqu'à.  la  mort.  Il  faut  avoir  patience  y^y^tt'au  bout. 
Tout  va  bien  jufqu'Ki. 

De  Paris  au  Japon,  du  Japon  jufqu'à  Rome, 
Le  plus  fût  animal ,  à  mon  avis ,  c'eft  l'homme, 

BoiL. 

Ce  mot  vient  du  Latin  ufque ,  qui  veut  dire  la  mê- 
me chofe. 

JusQ^UE,  s'emploie  aulîî  pour  marquer  le  nombre  &  la 
quantité.  Ce  créancier  fera  payé  jufqu'ï  la  concur- 
rence de  fon  dil.  Un  ufurier  fe  fait-  payer  jufqu'm 
dernier  denier.  Il  a  des  dettes  jufque  par  delfus  la  tête. 
On  lui  a  fait  fon  procès  jufqu'à.  lentence  définitive  in- 
clufivement. 

Jusque  ,  fe  dit  auftî  d'un  lieu  &  d'un  temps  indéfini. 
Jufqu'à  quand  m'amulerez-vous  de  vos  belles  paroles? 
Jufques  à  quand ,  Seigneur ,  attendez-vcus  à  me  le- 
courir?  Port-R.  On  dit ,  attendez-moi  y  «y^^'à  ce  que 


j  u  s 

je  revienne.  i'pJ'JuJiju'à  ccque^  dit  Voltaire,  cft  un 
mot  rude,  raboteux,  défagréabic  :i  l'oreille,  &c  doue 
il  ne  huit  jamais  le  lervir. 

IJO"  Il  faut  éviter  de  dire  /uf^^u'h  ,^  lorfqu'il  y  a  une  répé- 
tition de  la  dernière  fyllabe  qu'à.  Par  exemple  ,  je  ne 
dirois  ps.s  jufqu'à  quatre,  mcLis  ju/qucs  à  quatre',  ni 
jufqu'à  ce  qu'après ,  ou  jufqu'à  ce  qu'ayant  ,  pour 
éviter  la  cacophonie.  Je  dirois  aulîi  jufqucs  à  quand , 
Se  non  pas  jufquà  quand. 

Jusque  ,  fe  dit  aullî  par  manière  d'exagération.  Il  a  tire 
jufqu'à.  la  dernière  goutte  de  Ion  lang. 

//  n'eji  pas  jufqu'aa.v  Qidn-^e-vingts , 

Qui  de  me  voir n  ayent  envie,  dilok  l'Étoile. 

Jusque,  marque  auilî  quelque  excès,  quelque  chofe 
qui  va  au  delà  de  l'ordinaire  tant  en  bien  qu'en  mal. 
Il  aime  jufqu's.  fes  ennemis.  Ils  ont  tué  jufqu'iux 
eiifans.  Il  neft  pas  /i/y^a'aux- valets  qui  ne  s  en  mê- 
lent. Ac.  Fr. 

JUSQUIAME.  f.  f.  Plante  nommée  autrement  Hanne- 
hane ,  dont  il  y  a  pl,uheurs  efpèces.  Hyofcyamus ,  al- 
tercuni.  La  jujquiame  noire,  ou  commune,  poulîè 
pluiieurs  tiges  a  la  hauteur  d'un  pié  &  demi ,  grolies  , 
raineufesi  les  feuilles  font  larges,  grandes,  molles, 
découpées,  lanugincules  ,  blanchâtres;  les  Heurs  nail- 
fent  entalîces  les  unes  proche  des  autres ,  de  couleur 
mêlée  jaune  &  purpurine.  Chaque  Heur  eft  une  cam- 
panc  découpée  ordinairement  en  cinq  parties  :  elle 
cil  fuivie  d'un  fruit  qui  ne  relfemble  pas  mal  à  une 
marmite  ,  &  qui  a  fon  couvercle  qui  le  terme  allez 
exactement.  Ce  fruit  eft  divife  en  fa  longueur  en 
deux  loges  qui  contiennent  des  femcnces  menues, 
noires.  Toute  la  plante  a  une  odeur  défagréable.  En 
Latin  Hyofcyamus  vulgaris  ,  vel  niger.  C.  Bauh. 
Pin.  1 6çi.  Il  y  a  une  jufquiame  blanche  qui  diffère  de 
la  précédente  en  ce  qu'elle  eft  moins  rameufe  Hc  plus 
couverte  de  laine  blanche  j  en  ce  que  fes  feuilles  font 
plus  petites  &  plus  molles,  &  en  ce  que  fes  Heurs  & 
îes  femences  font  blanches.  En  Latin  Hyofcyamus 
albus  major.  C.  Bauh.  Pin.  169.  Ces  deux  efpèces 
de  jufquiame  font  alloupiflantes  &  fouvent  mortelles 
aux  animaux  qui  en  mangent.  On  ne  s'en  lert  qu'ex- 
térieurement dans  des  ongucns,  dans  des  emplâtres, 
dans  des  huiles,  //vo/cyi^nsz^i' vient  du  Grec  u»;,  co- 
chon. Se  xnW.o,-  ,  yévtj  comme  qui  diroit/<?ve  de  co- 
chon. Le  fruit  de  la  jufquiame  rellemble  en  quelque 
manière  à  une  fève ,  Se  lorfque  les  langliers  en  ont 
mangé ,  ils  font  attaqués ,  félon  le  rapport  d'^lian , 
de  mouvemens  convuliits  li  étranges  ^  qu'ils  mour- 
roient  dans  peu  de  temps,  s'ils  n'alloient  le  jetter  dans 
un  ruilîeau  pour  y  boire  &  s'y  baigner.  Ceux  qui 
ufent  de  jufquiame  lont  regardés  comme  des  débau- 
chés parmi  les  Turcs,  Se  leurs  Dotteilrs  les  plus  rigi- 
des en  condamnent  l'ufage  comme  celui  du  vin. 

JUSSANT.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Le  reHux  de  la 
mer.  Salacia.  Il  y  a  /ujfantj  c'cftà  dire,  la  mer  s'en 
retourne.  On  dit  deux  /ujjans  conneun  Hot,  c'eft-à- 
dire,  avoir  deux  reHux  contre  un  Hux  dans  une  navi- 
gation. V.  Ébc. 

JUSSEY.  Ville  ancienne  de  la  Franche-Comté  ,  aux 
confins  de  la  Champagne  &:  de  la  Lorraine. 

JUSSION.  1.  f.  ffT  Ce  terme  fignihe  proprement  ordre , 
commandement.  Mandatum  ,  juffio.  On  entend  par- 
là  certaines  lettres  du  Roi ,  portant  commandement 
exprès  aux  Ju  j,es  de  fùre  une  chofe  qu'ils  avoicnt  re- 
fufé  de  faire ,  de  procéder  à  l'enregiftrcment  d'un 
Édit ,  d'une  Déclaration  ou  autres  Lettres-Patentes. 
On  dit  également  jufjion  Se  lettres  de  juffion.  Quand 
les  premières  n'ont  pas  un  bon  effet ,  le  Roi  en  envoie 
d'autres  qu'on  appelle  itérative  jujpon.  Le  Roi  envoya 
des  Lettres  de  jujfion  au  Parlement.  Cet  Édit  ne  fut 
cnregiftré  qu'après  trois  jujfions  réitérées.  Premièrej 
(econde ,  troifième  jujpon. 

§Cr  Commandement ,  ordre  ,  précepte ,  injonâion  , 
jujjlon,  confidérés  comme  fynonymes.  Le  mot  de  juf 
fion  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  marque  plus  pohtivement 
la  puillance  arbitraire  qui  gêne  la  liberté  Se  force  le 

■    Magiftrat  à  fc  conformer  à  la  volonté  du  Prince.   Il 


JUS  317 

femble  que  les  Cours  de  Juftice  ne  Quroient  trop 
prévenir  les  Lettres  de  /r^o«,  (Se  que  le  Mmilhc  ne 
doit  en  ufer  que  très  (obrement.  Foyei^  aux  articles 
particuliers  les  nuances  qui  dillinguent  les  autres 
mots. 

Ce  mot  fe  dit  aufll  en  parlant  des  Papes ,  Se  fignifie 
tout  de  même  commandement ,  ordre.  Le  P.'pe  après 
.avoir  répété  fes  longues  bulles,  jujfions  ,  citations. 
Maug. 

JUST.  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Juflus.  Saint /a/?, 
que  l'on  prononce  Saint  Jût,  étoit  1  un  desvgrai.ds 
orncmens  de  l'Églife  des  Gaules  au  quatrième  liécle. 
Il  gouverna  l'Eglife  de  Lyon  après  Saint  Vériliime, 
fous  les  Empereurs  Valentinien  I.  Se  Gratien  fon  hls, 
&  le  trouva  l'an  574  au  Concile  de  Valence.  Baili.et, 
au  2.  Sept.  Il  y  a  auIli  un  S.  Jujl  martyr  en  Bauvaifis 
au  cinquième  hècle,  que  Bailler,  au  /S  Ocloh.  foup- 
çoni-.croit  être  le  même  que  S.  Juftin,  fi  Ufuard  ne 
les  diilinguoit  nettement. 

S.  JUST.  Nom  d'un  Monaftère  des  Jéronymites,  fitué 
dans  l'Ellramadure  d'Efpagne  ,  à  huit  ou  neuf  lieues 
de  Plazencia.  Sancli  Jujli  Monafcrium.  La  retraite 
de  Charles-Quint,  Empereur  Se  Roi  d'Efpagne ,  a 
rendu  ce  lieu  mémorable.  Ce  grand  Prince  ,  après 
avoir  renoncé  en  ijjô  à  l'Empire  en  faveur  de  Dom 
Ferdinand  Ion  frère ,  Se  à  tous  fes  autres  États  en  fa- 
veur de  fon  fils  Dom  Phihppe  ,  repalla  l'année  fui- 
vante  par  mer  euElpagne^  Se  fe  retira  dans  l'Eftra- 
madure  au  monaftère  de  S.  Jufl ,  pour  y  faire  péni- 
tence, &  pour  y  penler  uniquement  à  fon  ialut  le 
rcfte  de  les  jours.  Il  y  vécut  environ  deux  ans  &  y 
mourut  l'an  i  558  ,  âgé  de  58  ans.  Il  faut  dire  S.  Jufl 
Se  non  pas  Jujte.  Voyez  le  P.  Verjus ,  vie  de  S.  Fran- 
çois de  Borgia.  L.  II.  p.  2^f.2  ù  fuiv. 

Jl/STAUCORPS.  f.  m.  C'eft  ainfi  que  l'écrit  l'Acadé- 
mie Françoife  en  un  ieul  mot.  |KF  Pluiieurs  écrivent 
juftc-au-corps.  C'eft  ce  que  nous  appelions  plus  com- 
munément habit.  C'eft  un  vêtement  à  manches  qui 
va  julqu'aux  genoux,  qui  ferre  le  corps,  montre  la 
taille,  &  qui  a  des  poches ,  tantôt  plus  hautes ,  tantcic 
plus  baftès,  lelon  que  la  mode  change.  Veftis  virilis. 
jujlaucorps  de  drap ,  de  velours ,  brodé. 

On  trouve  dans  la  bafte  Latinité  jufa  veflis ,  pour 
lignifier  un  habit  qui  eft  jufte  au  corps,  qui  n'eft  ni 
trop  large ,  ni  trop  étranglé. 

On  apelle  burlelquement  une  bière  jujlaucorps. 
On  le  tiit  aulli  de  la  croûte  d'un  pâté  qui  enferme 
un  lièvre. 

Justaucorps  a  brevet.  C'eft  un  jujlaucorps  de  cer- 
taine couleur.  Se  brodé  d'une  certaine  manière  parti- 
culière ,  que  le  Roi  permet  de  porter  à  quelques  Sei- 
gneurs qui  lont  de  les  plailirs  :  ce  jujlaucorps  eft  la 
marque  qui  diftingue  ces  Seigneurs  &  les  fait  connoî- 
tre  ,  afin  qu'on  leur  accorde  l'entrée  chez  le  Roi, 
dans  des  temps  où  on  la  refuie  à  d'autres  Seigneurs 
qui  n'ont  pas  le  jujlaucorps  à  brevet.  Il  y  a  eu  un 
temps  où  le  jujlaucorps  à  brevet  étoit  bleu  ,  brode 
d'or. 

fCT"  JUSTE.  (.  m.  Par  oppofition  à  injufte,  fe  dit  géné- 
ralement de  tout  ce  qui  eft  conforme  à  la  loi,  à  la 
volonté  d'un  Supérieur,  plus  particulièrement  de  ce 
qui  eft  conforme  aux  loix  civiles.  Dans  ce  lens  , 
quelques-uns  le  prennent  par  oppolition  à  équitable  , 
dont  ils  fe  fervent  pour  déhgner  ce  qui  eft  conforme 
aiLX  loix  naturelles.  Voye-^  plus  bas  le  mot  Justice. 

IP"  Juste,  adj.  àtus.Juftus.  Qui  eft  abfolument  fans 
péché.  Qualification  qui  ne  convient  qu'à  Dieu  Ieul , 
qui  eft  la  fource  de  toute  juftice.  J.  C.  eft  appelé  le 
Saint  Se  le  Jujle  par  excellence. 

Juste  ,  fe  dit  aufti  des  gens  de  bien  ,  qui  obfervent 
exadement  les  devoirs  de  la  Religion,  qui  vivent 
faintemenr ,  qui  craignent  Dieu ,  qui  obéillent  à 
fes  loix ,  autant  que  l'infirmité  humaine  le  permet. 
Intcgcr  vita  ,  fcelerifque  parus.  En  ce  lens  il  eft 
■  fou\"ent  fubftantif.  L'Écriture  dit  que  Job  étoit  un 
homme  jufte  Se  craignant  Dieu.  Saint  Jofeph  eft 
aulfi  appelé  le  jufte.  Jésus-Christ  n'eft  pas  venu 
appeler  les  juftes  ;  mais  les  pécheurs.  On  fe  ré- 
jouit plus   au  Ciel  de  la   converfion  d'un   pécheur 


5i8 


J  U  S 


que  de  la  perfévéïance  de   99    jujles.    Le  juftc  ne  1 
craint  point  les  remoids  de  fa  conkience. 

En  teime  de  lÉcrkure  Sainte,  &  de  la  Théolo- 
gie  ,  jujh  Tignihe  celui  qui  a  la  grâce  lanftifiante , 
&c  pécheur  lignifie  celui  qui  l'a  perdue  ;  en  ce 
fens  on  oppofe  les  jufics  aux  pécheurs. 

Il  le  du  aulîl  de  ceux  qui  ont  été  juftes  &  faints 
fur  la  terre ,  &  qui  font  maintenant  dans  le  Ciel. 
Si  nous  avions  de  la  foi ,  nous  travaillerions  de 
toutes  nos  forces  à  acquérir  le  bonheur  des  juJles 
dans»  le  Ciel.  ^ , 

Juste  ,   fîgnihe   aulfi  ,    qui  efl:  félon  les  loix   &   l'e- 
quité  naturelle;  qui  eit   conforme  à  la  raiion  &  à 
la  jullice.  Juftus  ,  aquus.  Les  grands  malheurs  arri- 
vent par   un  jufie  jugement  de    Dieu.    Dieu    nous 
ordonne  de  lui  lacrifier  nos  plus  jujies  relfentimcns. 
S.  ÉvR.  Dans  l'exercice  de  la  jultice  il  fiut  garder 
un  /njle  milieu.    Id. 
^3"  Une  aclion  jujlc  ,  en  Morale  ,  efl:  celle  que  l 'oncon- 
fidére  comme  conforme  à  la  volonté  d'un  Supérieur 
qui  la  commande. 
iCF  Juste,   honnête  &  utile.   /^^<t>'«:j' au  mot  Utile. 
§Cr  On  demande  fouvent  fi  une  adion  e!l:  jujie  parce 
que  Dieu  la  commande ,  ou  bien  il  Dieu  la  commande 
parce  qu'elle  efl:  juJIe  ?  Sansdoute  une  choie  eft  juJle  , 
parce  que  Dieu  la  commande  :  c'eft  ce  qu'emporte  la 
déîînition  de  la  juilice  :  Mais  Dieu  commande  telles 
ou  telles  chofcs  ,  parce  que  ces  choies  fontjpar  elles- 
mêmes  laifonnables,  conlormes  à  l'ordre  &C  aux  fins 
qu'il  s'eflrpropofées  en  créant  le  genre  humain  j  très- 
convenables  à    la  nature   &  à   l'état   de   l'homme. 
Ces  idées ,  quoique  dillinûes  ,   fe  lient  néceflaire- 
inent ,  &  ce  n'eft  que  par  une  abllraction  métaphy- 
lique  qu'on  peut  les  -léparer. 
^3"  Ceux  qui  les  diliinguent   prétendent  que  les  ac- 
tions  qui   conviennent  ou  qui  ne   conviennent  pas 
à  la  nature  de  l'être  qui  les  produit  ,  font  morale- 
ment bonnes  ou  mauvailcs  ,  non  parce  qu'elles  font 
conformes  ou  contraires  à  la  loi,  mais  parce  qu'elles 
s'accordent  avec  la  nature  de  l'être  qui  les  produit , 
ou  qu'elles  y  répugnent.    Enfuite  de  quoi  ,  la    loi 
furvenant ,  &  bâtillant  iur  les  londemens  pofés  par 
la  Nature  ,  rend  jufte  ce  qu'elle  ordonne  ou  per- 
met ,  &  injujle  ce  qu'elle  déiend.  Dans  ce  fens  on 
ne  peut  appeler  jufle  que  ce  qui  fe  fait  en  vertu  du 
droit  parfait  d'autrui ,  en  réfervant  le  nom  à'equi- 
tablc  pour  ce  qui  fe  fait  eu  égard  au  droit  impar- 
fait. Foye\  Justice  parfaite  &  imparfiite. 
Juste  ,  fignifie  encore  ,   Équitable  ,  qui  aime  la  juf- 
tice ,  qui  rend  à  chacun  ce  qui  lui  appartient.  Dieu 
qui  eft  eirentiellcment  jufis   ,  ne  peut  être  ni  in- 
diftérent  ,    ni    infenfible  à  nos  défordres.  Maleb. 
Louis  XIII  mérita  le  glorieux  titre  de  Louis  le  jufie. 
MÉz.  Vouslerez  payé  par  vos  vertus  mêm.cs  d'avoir 
été  jufie  &  vertueux.  S.  Evr.    Ceux   qu'on  oppri- 
me ,  ou  qui  fentent  une  douleur  violente  ,  implo- 
rent le  fecours  du   Ciel    par    cette    exclamation  , 
Jufie  Dieu  j  Jufie  Ciel. 
§Cr  Juste.  Qui  a  la  juftelfe  convenable  à  la  chofe  à 
laquelle   il  a  relation.    Aptus  ,    reclus  ,    legïtïmus. 
Jufie  poids  ,   jufie  mefure  ,  jufie  groifeur. 
fdr  Juste  ,  en  fait  de  poids  :  ce  qui  eft  en  équilibre  , 
ce  qui  ne  penche  pas  plus  d'un  côté  que  de  l'autre. 
Balance  jujtc.  On  fait  des  balances  il  ^ufces  pour  les 
Aliùieurs  ,    qu'elles  trébuchent   pour   la    centième 
partie  d'un  grain.   Une  pièce  de  monnoie  eft  jufie , 
quand  elle  ne  trébuche  point.  Un  Ibulier  Q^k  jufie, 
quand  il  ferre  le  pié  fans  le  bleller.  Une    horloge 
eft  jufie  ,  quand  elle  marque  précifément  l'heure 
qu'il  eft. 

On  dit  en  Aftronomie  ,  qu'une  obfervation  eft 
jufie  ,  quand  elle  eft  exa£l:e  <Sc  prêche  :  en  Arithmé- 
tique ,  qu'un  compte  eft  jufie ,  quand  on  a  fup- 
,  puté  félon  les  règles  :  en  MuhquCj  qu'une  voix  eft 
jufie,  quand  elle  ne  fait  point  de  faux  ton  ;  qu'une 
cadence  eft  jufie  ,  quand  elle  fuit  bien  les  mouve- 
mens  de  celui  qui  bat  la  mp fure  ;-  qu'un  homme  a 
l'oreille  jufie ,  quand  elle  fait\im  exviét  difcerne- 
mcnt  des  accords  :  en   Peinture  ;  qu'un  delfein  eft 


J  U  s 

jufie ,  quand  il  eft  conforme  à  l'original.  Des  con- 
tours ]ufies  ,  font  des  contours  deffinés  avec  juftelfe  , 
force  ,   &  netteté. 

On  dit  aufti  d'un  Canonier  ,  d'un  tireur  d'arc  , 
ou  d'arquebufe ,  qu'il  eft  jufie  ,  lorfqu'il  eft  sûr  de 
fon  coup  -,  &  que  ion  arme  eft  jufie  ,  quand  elle  n'a 
point  de  défaut  ,  qui  l'empêche  de  frapper  droit 
au  but. 
Juste  ,  le  dit  auftl  figurément  en  chofes  fpirituelles  & 
morales.  Les  penfées  ,  les  comparai  ions  ,  les  mé- 
taphores font  jufies  ,  quand  elles  quadrent  parfaite- 
ment au  lujet  auquel  on  les  applique  ;  quand  elles 
font  bien  entendues  :  quand  elles  n'ont  rien  de  faux. 
Une  penlée  vive  doit  être  jufie  en  même  temps.  S. 
ÉvR.  Une  penfée  jufie  j  eft  une  pcnfée  vraie  de  tous 
les  cc)tés  ,  ik  dans  tous  lés  jours  qu'on  la  regarde. 
BouH.  Quand  on  n'a  pas  le  génie  &  le  jugement 
jufies,  l'on  bronche  à  chaque  pas  dans  un  long  ou- 
vrage. Le  P.  LE  Bosa.  On  dit  de  Louis  le  Grand, 
dans  un  Sonnet  de  bouts  rimes  , 

.  Tout  confpire  à  U  rendre  un  Héros  achevé  ; 
Le  port  majefiueux  ,  l'efpru  jufte ,  élevé  , 
Et  dans  une  aine  droite  lin  courage  Intrépide. 

Juste  ,  fignifie  encore  Précis  ,  qui  eft  également 
éloigné  des  deux  extrémités  ,  de  l'excès  &  du  dé- 
faut. Il  eft  diliicile  de  marquer  julqu'où  peut  s'éten- 
dre   une  jufie    libéralité  ,   lans   être    prodigue.   Le 

P.    LE    BOSS. 

Juste  ,  eft  aullî  un  furnom  ,  &  un  nom  que  plufieurs 
perfonnes  ont  porté.  Il  eft  parlé  dans  le  Nouveau 
Teftament  d'un  Joleph  lurnommé  Jufie.  Il  y  a  eu  un 
Évêque  d'Urgel  nommé  Jufie  ,  qui  a  eu  trois  frères  aulli 
Évêques.  Louis  le  Jufie,  c'eft  Louis  Xlli,  Roi  de  France. 
Juste  &  AU  Juste  ,  le  dilenr  ad\  erbialcment ,  &  s'ap- 
pliquent avec  ces  verbes  j  Parler  ,  raifonner,  6c  au- 
tres. Parler ,  raifonner  jufie ,  c'eft  parler  &  railon- 
ner  bieli  j  avec  exactitude  ,  avec  précihon.  M.  de 
Sablé  étoit  prévenu  pour  Voiture  julqu'à  dire ,  qu'il 
rioit  jufie.  Le  Ch.  de  M.  On  penle  jufie  par  tout  où 
il  y  a  des  hommes.  Répondre  jufie  ,  c'elr  répondre  à 
propos  &  précilément  comme  il  faut. 

Onditaulhj  II  eft  venu  jufie  au  temps  du  dîner; 
c'eft-à-dire,  à  point  nommé.  Ijfio  in  tempore  ,  tem- 
pore.  Il  eft  chaullé  trop  jufie.  On  dit  aulii  ,  Suppu- 
ter au  jufie  ,  eftimer  au  jufie  des  ouvrages  ,  pour 
dire  précifément  &  exaétement.  Deftmer  juJle  ,  c'eft 
delliner  exadl:ement.  ^fï  Dans  le  Commerce  ,  on  dit 
pefer  jufie  ,  lans  donner  de  trait,  l'oye-!^  Trait.  Au- 
ner  jufie  ,  auner  bois  à  bois.  Voye^  AuneRj  & 
Event. 
Juste.  On  dit  fouvent  par  une  efpèce  d'exclama- 
tion :  Jufie  ciel  !  &:  quelquefois ,  Jufie  Dieu  ! 

On  dit  proverbialement ,  qu'une  choie  eft  jufie 
comme  l'or  ;  pour  dire  ,  qu'elle  eft  en  parfait  équi- 
libre J  qu'il  n'y  a  rien  de  trop.  On  dit  aulli  ironi- 
quement ,  jufte  Se  carré  comme  une  flûte.  On  dit 
aulli ,  parlant  d'une  opprelîion  :  Cependant  le  Jufie 
pâtit.  Intereà  patitur  Jufiius. 
JUSTE,  f  f.  Nom  d'une  mclurc  des  chofes  liquides. 
Jufia  dans  la  balle  Latinité.  Cette  mefure  contenoit 
à-peu-près  ce  qu'un  homme  peut  boire ,  comme, 
fi  l'on  difoit ,  jufie  ,  pour  jujle  mefure  ;  &  c'étoit 
apparemment  en  Normandie  &  en  Angleterre ,  ce 
qu'étoit  l'hémine  en  Italie.  Lanfranc  ,  dans  les 
Décrets  pour  l'Ordre  de  S.  Benoît ,  dit  que  les  juf- 
tes &  les  autres  vailfeaux  doivent  être  entre  les 
mains  du  Cellérier.  Guillaume  ,  Evêque  de  Paris, 
avoir  acheté  une  jufie  qui  contenoit  trois  marcs. 
Dans  quelques  conltitutions  monalliques  ,  il  eft 
ordonné  qu'on  donnera  tous  les  jours  à  chacun  des 
frères  deux  jufies  de  bière  ,  &  une  jufie  de  vin. 
Etienne  de  la  Fontaine ,  qui  étoit  Argentier  du  Roi 
en  13JO  J  dit  dans  fes  comptes,  c.  d'orfàverie. 
Pour  folder  &:  mettre  cinq  tiroirs  à  quatre  grands 
jufies  ,  &  quatre  pintes  d'argent.  On  lit  dans  l'hif- 
toire  du  Prieuré  de  Wigniore ,  en  Angleterre ,  écrite 


J  u  s 

en  François, ces  paroles  :  Il  donna,  adonksà  J'iivcsk 
une  ;;///c'  d'artiCiu  ,  pleine  de  pyemenr. 

£t  vous  ïlkvc  un  damoifel  ; 

Une  ]u[\c  fous  /on  mancel.  R.  de  Vacce. 

Ce  mot  vient  du  Latin /.7/?J,  comme  (î  l'ondifoit 
jujlc  me/urc.  D.iiis  ks  touuinies  ,  Droit  des   iuftcs 
ik  mefurcs,  c'eftle  droit  que  le  Seigneur  a  de  don- 
ner les  mciurcs  dans  û  terre. 
JUi-TH  AU  CORPS.   P^oyei  Justaucorps. 
JUSTE^IENT.  adv.  Avec  juflice  ,  équit.iblement.  M- 

ce.  Cet  HcTL-tique  a  été  jujlanaïc  condamné. 
JusT£MENT,  iignihe  encore  prealénicnt  ,  à  point  nom- 
me. Vous  ctcs  tombé  jÙjlcmcnt  dans  ma  penféc.  Il 
arriva  lujîcmcnc  au  point  que  les  Perfes  mettoient 
\  ''^}^-  Jujicment ,  luivant  cette  dodrine  cette  grâce 
clt  lurtilante.  Pasc. 
JUSTEbSE.  C.  f.  Précinon  ,  exaditude ,  régularité  à 
faire    une  chofe  comme  elle  doit  être  foire.  On  le 
dit  également  au  propre  &  au  figuré.  DUigenaa  , 
conjonmus  yjolerûa,  cura.    Cet  Aftronome  a  cal- 
cule des    Tables   avec  une  grande  jullckc.  Il  y  a 
une  grande  jufiejfe  daccords  dans  ce  concert.    Ce 
cavalier  manie  un  cheval ,  il  va  lur  toutes  les  voltes 
avec  une  grande  lufiejj'c.  Tirer  avec  julMc.  Chan- 
ter avec  jujtejfe.  ■" 
§C?  Justesse,  le  dit  au/îî  en  matière  de  langage  ^  de 
penlees     d'cfprit ,  de  goût  &  de  léntiment.  La  juf 
tcljc  du  Iang.age  conlifte  à  s'expliquer  en  termes  pro- 
pres &:  choilis  ,  ne  dire  ni  trop  ni  trop  peu.  On  doit 
.-ijoutcrau  choix  des  mots  leur  union  &  leur  arrange- 
ment. Cette  juftejfe  du  langage  a  fouvent   quelque 
choie    d'atîedé.    On  prétend  ,  dit  le  P.  Bouhours 
que  cette  extrême  ]ufteffc  dans  le  choix  de  l'arran- 
gement des  paroles ,   atr'oiblk  les  peniées  ,  amortit 
le  feu  de  !  imagination ,  ^  delTéche  le  difcours.  Ce 
qui  eil  vrai  dmstout  ce  qui  eft  du  rellort  de  l'imagi 
nstion.    La   jufieffe  du   langage  ell  ellentielle    aux 
Iciences  exaétes  ,   comme  la  Géométrie,  &c.  mais 
dans  les  autres ,  comme  la  Pociie ,  il  faut    bannir 
une  railon  Icrupuleufe  ,  qui  par  un  trop  grand  atta 
chement  à  la  ]uj}cjje  ,  ne  laillé  rien  de  libre  cS:  de 
naturel. 

.   La  jujiejfe  d'une  penfée  ,  eft  une    extrême   exac- 
titude dans  la  penfée  ,  cnforte  qu'elle  n'ait  rien  de 
faux  j  &  qui  ne  convienne   au  fujet  ;  c'eft-a-dire 
qu'elle  conlilte  dans  la  vérité  8c  dans  la  parfaite  con- 
ven.ance   au  lujet  ;  enforte  que  ,  félon  l'expreihon 
du  P.  Bouhours  ,  une  penfée  jufte  eft  une  pcnfcc 
vraie    de  tous  les   côtés  ,   &    dans   tous  les  jours 
qu  on  1  a  regardée. 
^U  ju/Ieffe  d'efprit    fait  démêler  le  jufte  rapport 
que  les    choies  ont   ensemble.    L'efprit  de    rufferfe 
conhrte  a  pénétrer  vivement   c\-  profondément    les 
contequences  des  principes.  Pasc. 
^  Le  Chevalier  de   Méré  qui  a  fiit  un  difcours  de 
\3.  ]ujtej]e    d'elprit,   diftingue  deux  fortes  de   juC 
tejje  ,  l'une   de  goût  c^  de    fentiment ,   Se  l'autre 
qui  vient  du  bon  fens  &c  de  la  raifon.  On  ne  peut 
pas  donner  des  règles    allurées  pour  la  première 
qui  tait  lentir  ce  qu'il  y  a  de  fin  &  d  exad  dans  le 
tour ,  dans  le  choix  d'une  penfée  Se  dans  celui  de 
lexprdhon    Les  honnêtes  gens,  dit  S.    £vr.   n'ont 
S"^  j?"7'^e  leçons:  ils  connoiifent  le  bien  par  la 
ju/icj[le  de  leur  goût.  L'autre  confifte,  comme  nous 
lavons  dit     dans  le  jufte    rapport  que   les  chofes 
ont  entr  elles. 
^On  dit  dans   le  même  fens  ,  la  ju/ie/fe    des  ca- 

hSnT-A^^T-^'.  ^T'  ÉP-'^-'  '•  ^aut    iurto"t 
bien  garder  hiujicfe  des  caractères.  Le  P.  Le  B 

M.  1  Abbe  Girard  ,  empêche  de  don.,er  dans  le  faux; 
&  la  preciUon  écarte   linutik.    Le    difcours   prec 

^jusTrcrrrïT"  V'^^^^^  '^■^'"p- 

une  ve  m  ;  ^"  ^'  ^"■^''''-   ^'  ^"^^  ^"  Scierai  eft 
du    a   chacun.    Elle  comprend  tous  nos    devoirs  : 


JUS  .jo 

être  jufte  de  cette  manière,  e'eft  être  vertueux 
CÎO  Dans  une  acception  moins  générale  ,1a  .../.Lk 
une  des  quatre  vertus  cardinales.  (3n  la  ddimt  en 
Dioit,  une  volonté  lerme  &:  conftante  de  rer.dre  a  cl.  i 
cun  ccqm  lui  appartient.  Les  Junfccnfulu-s  diftin- 
8  ntdctix  ortes  de  /.//...  ,  1  une  communicative, 
qui  met  de  la  droiture  dans  le  commerce  qu'ont  les 

commerce,  les  échanges  Se  les  ventes  :  Et  l'autre 
diftributive  ,  qui  rcgle  lur  l'équité  la  décil.on  de 
leuis  dU.erends  ,  Se  attribue  à  chacun  ce  qui  lui 
appartient.  La  première  eft  celle  des  particuliers. 
Elle  eft  appuyée  lur  la  droiture,  qui  renferme  la  (in- 
cerite  dans  les  paroles  ,  &  la  bonne  foi  dans  les 
laites.  La  lincerite  fait  naître  la  confiance  mutuelle, 
1  nccdlaire  entre  les  membres  d'une  même  fotiété  : 
tient""     °'  '^'''"^l'^s  traités,  la  conferve  ôe  la  main- 

^l^\r-^a'  ''''^^'^"^^  eft  celle  des  Souverains  8c 
des  Magiftrats.  Elle  réiide  dans  la  perfonnedu  Sou- 
vemm,  confiée,  quant  à  l'adminiftration  ,  aux  Ma- 
giftrats. Uju/hce  diftributive  le  divife  en  rémunér.i- 
tive  punitive,  c\-  dvile.  La  rémunérative  demande 
que  1  on  recompenfe  fdon  les  mérites  i  la  punitive 
ou  vindicative  ,  que  l'on  puniftè  à  propordon  des 
crimes  8e  des  orfaits,  la  civile  que  l'on  diftribue 
les  charges  de  1  Etat  &  les  impôts  félonies  facultés 
de  chaque  citoyen.  La  /ujlu,  eft  fondée  fur  un  or- 
dlT  confbnt  de  la  raifon.  S.  ÉvR.  En  s'attachanc 
a  1  dpritde  la  loi  dans  toute  fa  rigueur,  l'on  s  élomnc 
ailcment  de  1  équité  ,  qui  eft  naturellement  contraire 
a  cette  jujace  inflexible  qui  ne  pardonne  rien.  In. 
Quelquefois  par  une  fuifte  pitié ,  Se  fous  les  appa- 
rences trompeufes  de  l'équité  ,  l'on  s  éloigne  des  rè- 
gles de  a  !ujiice.  C.  B.  L'.amour  de  la  jujiice  n'eft, 
en  la  plupart  des  hommes,  que  la  crainte  de  fouf- 
Irir  l'nijul  ice.  La  Roch.  La  bafe  c^  le  fondement 
du  trône  des  Rois,  c'eft  hju/Ilce,  non  parla  crainte 
des  ioix     mais  par  leur  propre  indination.  M.  Esp. 

■rfr  Cette  divihon  de  la  jujîke  en  diflnbudve  Se  per~ 
mutauve,  eft  incomplette  ,  dit  Builamaqui  ,  puif- 
qu  elle  ne  renferme  que  ce  que  l'on  doit  à  autrui  en 
vertu  de  quelque  engagement  où  l'on  eft  entré, 
quoiquil  yaitpluheurs  chofes  que  le  prochain  peut 
exiger  de  nous  à  la  rigueur  ,  indépendemment  de 
tout  accord  &  de  toute  convention. 

>3crC'çft  pourquoi  ce  judideux  Auteur  dit  qu'on  peut 
diviler  13.  luftice  en  général  en  parfaite  onrigourcufe  , 
8e  imparjaite  ou  non  ngoureufe.  La  première  eft 
celle  par  laquelle  nous  nous  acquittons  envers  le 
prochain  de  tout  ce  qui  lui  eft  dii  en  vertu  d'un 
droit  parfait  8e  rigoureux,  c'eft-à-dire,  dont  il  peut 
raifonnablement  exiger  l'exécution  par  la  force  lî 
1  on  n'y  latisfait  pas  de  bon  gré  ;Se  c'eft  dans  ce  fens 
étroit  que  l'on  prend  le  plus  fouvent  le  terme  de 
]ujhce.  La.  féconde  eft  celle  par  laquelle  on  rend  à 
autrm  les  devoirs  qui  ne  lui  font  dûs  qu'en  vertu 
d  une  obligation  imparfiite  Se  non  rigoureufe  ,  qui 
ne  peuvent  point  être  exigés  par  les  voies  de  la  con- 
trainte ;  mais  dont  l'accompliftement  eft  laiftï  à 
1  honneur  &  à  la  confcience  d'un  chacun.  Ces  fortes 
de  devoirs  font  pour  lordmaire  compris  fous  le 
nom  d'humanité  ,  de  charité  ,  de  bienveillance ,  par 
opppfition  à  la  jufcice  rigoureufe  &  proprement 
ainli  nommée.  \]n  Pauvre  n'a  qu'un  droit  imparfait 
a  l'aiinione  qu'il  demande.  Le  Riche  qui  la  refufe, 
ne  pèche  pas  contre  la  juflice  proprement  dire ,  Se 
rigoureufe. 

ifT  L'on  pourroit  encore  fubdivifer  la  juJlice  rigou- 
reufe en  celle  qui  s'exerce  d'égal  à  égal ,  Se  celle 
qui  a  lieu  entre  un  fupérieur  Se  un  inférieur.  Celle- 
là  eft  d'autant  d'efpéces  diftérer.tes  qu'il  y  a  de  de- 
voirs qu'un  homme  peut  exiger  de  tout  autre  hom- 
me ,  conhdéré  comme  tel,  &  un  citoyen  détour 
autre  citoyen  du  même  état.  Celle-ci  renfermera 
autant  d'efpéces  qu'il  y  a  de  difteicntes  fociétés ,  cù 
les  uns  commandent  Se  les  autres  obéiirent. 

Justice  ,  fe  dit  aulfi ,  tant  de  cette  vertu  de  Dieu  ,  qui 
le  porte  à  rendre  à  chacun  félon  les  œuvres  ,  que 


s 


320  J  u 

de  l'exercice  de  cette  vertu.  Ciccron  dit  que  k  juf- 
-tice  ne  peut  être  en  Dieu  ,  p:u'ce  qu'elle  ne  regarde 
que  la  lociâé  des  hommes.  Il  n'y  a  point  de  juf 
tke  entre  Dieu  &  les  hommes  j  parce  qu  il  ne  leur 
-doit  rien.  Le  Mai.  Fant-il  s'étonner  que  les  peuples 
qui  ^émillent  tous  le  joug  du  péché  ,  tentent  le  poids 
de  h  jujlice  divine  î  Fl.  Tremblons  en  penbnt  à  la 
jufticc  vcngerellc  de  Dieu.  Cl.  Dieu  afflige  les  bons 
pour  les  éprouver  ,  &  les  méchans  pour  les  châtier. 
La  jujtice  divine  k  julliticra  un  jour  des  reproches 
de  notre  impatience.  S.  ÉvR.  O  Dieu  !  mes  larmes 
implorent  votre //{/Zicd.  Le  Mai.  Souvent  Dieu  nous 
prive  par  des  jujîices  fecrctes  des  choks  que  nous 
pollcdons  ici  bas.  As.  de  la  Tr.  S.  Bernard  fe  fer- 
voit  de  la  vue  de  la  jujlice  de  Dieu  contre  la  négli- 
gence tk.  fa  parelle.  Id.  Communément  on  dit  les 
jugemens  de  Dieu  ,  &  non  point  les  jujiices  de 
Dieu.  Oui ,  Seigneur  ,  je  reconnois  vos  grâces  dans 
vos  jujîices  mêmes.  Mad.  de  la  Vall. 

Justice  ,  (e  dit  aulli  ,  à  l'égard  des  hommes  y  de  la  pra- 
tique &  de  l'exercice  de  cette  vertu  ,  de  l'exécution 
du  pouvoir  de  rendre  à  chacun  ce  qui  lui  appar- 
tient. Le  Roi  a  commis  aux  Magiftr.its  le  loin  de 
rendre  la  juflice.  Le  Juge  qui  veut  s'agrandir  , 
change  en  {ouplclFe  de  cour  ,  le  rigide  &  inexorable 
minidèrede  la  jujlice.  Boss.  Ce  Lige  Magiilrat  étoit 
ferme  dans  l'adminillration  de  la  jujlice.  El.  Dans 
l'ancienne  Rome  un  père,  par  une  jujlice  farouche  , 
faifoit  mourir  Ion  fils  j  pour  avoir  fait  une  belle  aclion 
qu'il  n'avoit  pas  commandée.  S.  ÉvR.  La  jujlice 
gémit  fous  un  amas  de  loix  &  de  form.ilités  cmbar- 
rallées.  Fl. 

Justice  j  fe  dit  encore  de  l'expédition  des  affaires. 
Le  Parlement  cft  chargé  d'un  nombre  inlîni  de  pro- 
cès ,  &  on  n'y  peut  avoir  jujlice.  Déni  de  jujlice 
Voy.  DÉNI. 

Justice,  fe  dit  aulîî  des  jugemens  équitables  que  por- 
tent les  particuliers.  L'Hiftoirc  en  repréfentant  le 
vice  avec  des  caractères  dinfaiirie  ,  a  donné  un  frein 
aux  pallions  des  Princes  ,  parce  qu'elle  leur  tait 
craindre  la  jujlice  impitoyable  des  Hilloricns.  Va. 
Pcrfonne  ne  le  tait  jujlice  ,  ni  fur  le  mérite  ,  ni  fur 
l'ambition.  S.  Evr.  Il  faut  rendre  jujlice  à  tout  le 
monde,  &:  être  bien  aife  que  les  autres  ayent  du 
mérite.  Bell.  Le  public  vous  rendra  jujlice  fans 
que  vous  ayez  la  honte  de  l'en  foUiciter.  S.  ÉvR. 
On  dit ,  par  compliment ,  à  celui  qui  fe  défend  des 
honneurs  qu'on  lui  rend  ,  ou  des  louanges  qu'on  lui 
donne  ,  qu'on  rend  jujlice  à  l'on  mérite. 

Justice  ,  fignifie  encore  ,  Bon  droit ,  raifon.  Je  n^ai 
d'autres  follicitations  pour  moi  que  h  jujlice  de  mes 
prétentions.  Ne  comptez  point  (i  fort  fur  la  jujlice 
de  votrecaufe.  Caton  te  tua  de  détefpoir  que  la  juj"- 
tice  de  l'on  parti  eût  été  trahie  par  le  caprice  de  la 
Fortune.  M.  Esp.  On  vous  blâme  avec  jujlice. 
Vous  avez  tort_,  j'ai  la  jujlice  de  mon  côté.  Jujlice 
fe  dit  aulli  des  tentences ,  des  arrêts ,  &  fignifie  équi- 
té ,  conformité  au  droit.  Il  en  a  reconnu  la  jujlice 
(  de  la  fentence  )  par  rapport  à  tous  les  autres. 
De  Sacy. 

Main  de  Justice  ,  ell:  une  efpèce  de  fceptre  qu'on 
met  à  la  main  gauche  du  Roi  vêtu  de  t'es  ornemens 
royaux  ,  qui  a  la  figure  d'une  main  au  bout ,  pour 
montrer  que  la  fouverainc  puilfance  de  rendre  la 
jujlice  rélide  en  fa  pertonne. 

Lit  de  Justice  ,  eft  une  féance  folennelle  que  le  Roi 
fait  en  fon  Parlement  de  Paris  fous  un  haut  diis , 
avec  pompe  &  cérémonie  j  dms  des  occafions  im- 
portantes pour  le  bien  de  fon  État.   Foye^  Lit. 

On  dit  ,  Mettre  en  la  protedion  &  fiuvegarde 
du  Roi  &  de  la  juj'nce  ,  quelque  perfonne  ,  quand 
clic  le  plaint  &  qu'elle  ell  menacée  par  des  ennemis 
puilfans.  Alors  ils  deviennent  refponfables  de  ce 
qui  arrive  à  cette  perfonne. 

Justice,  fignifie  aullî  quelquefois  ^  Rigueur,  &  e(l 
oppotée  à  grâc:;.  Un  Chevalier  de  jujucc  ell:  celui 
quia  fait  exactement  fcs  pteuves  de"  Noblelfe.  Le 
Roi  dans  ia  lettres  de  rémiirion  dit ,  qu'il  veut 
prctcrer  miféricorde  à  jufticc. 


J  U  s 

Justice  ,  fe  dit  aulli  du  corps  des  Officiers  commis 
pour  rendre  la  juJ'nce.  Judices  ,  cognitores.  11  y  a  eu 
un  grand  tumulte  en  un  tel  quartier  ,  la  Jufcice  a  été 

.  obligée  de  s'y  tranfporter.  On  appelle  frais  de  Juf- 
tic-e  ,  non-teulement  les  frais  des  aétes  &  procé- 
dures nécelfaires  pour  la  pouriuite  ,  mais  aulïï.  le 
falaire  des  Juges  pour  le  jugement  d'un  procès. 

N'imite  point  ces  fous  ,  dont  lafotte  avarice 
Va  de  fis  revenus  engraijjer  la  Juflice.  BoiL. 

Quelle  fomme   d'argent  ! 
Qu'il  vous  en  va  coûter!  Songe\-y  bien  ,  Madame, 
De  l'avide  Juftice  appréhende^    la  dent. 

M.  De  Themiseul. 

Sous  le   nom  de  gens  de  robe  on  comprend  les 

gens  de  Jujtice  ,  &  les  Eccléliaftiques.  U  efl  alh 
réclamer  le  tecours  de  la  Jujuce  :  cela  s'enteno 
quelquefois  d'un  limple  Commillaire.  On  appelle 
ironiquement  un  Sergent ,   Membre   de   Jujhce, 

Justice  ,  fe  dit  aullî  du  liége  ,  du  tribunal  où  le  rend  Is 
jujlice  ,  de  la  qualité ,  de  1  étendue  &  des  marque; 
de  la  Juritdiction  ,  &  de  la  propriété  de  la  jujlict. 
qui  appartient  au  Roi  ,  ou  aux  Seigneurs.  Je  mt 
fuis  pourvu  en  jujlice.  Je  lai  fait  appeler  en  jujiice. 
Le  procès  eft  pendant  en  jujlice  j  en  un  tel  iiége 
J'ai  obfervé  toutes  les  formalités  de  jujlice.  La  juf- 
tice du  Châtelet ,  des  Conluls  ,  &c. 

IfT  JUSTICE  &  JURISDICTON  ,  fignifie  ordinaire- 
ment  la   même   chote  :  Néanmoins  jujlice  fe  di 
proprement   des  Juges  des   Seigneurs  ,   &  elle  et 
appellée  lubakerne  ;  &:  la  junfdiclion  fe  dit  des  Ju  ; 
ges  Ecclélialtiqiies  &  des  Juges  Royaux.  | 

CCF  Quelques  Auteurs  ,  par  jujlice  ,  entendent  la  pro-  j 
priété  de  la  jujlice  qui  appartient  aux  Seigneurs ,  ;  1 
caufe  de  laquelle  ils  font  appelés  bas  ,  moyens  & 
hauts  Jufticicrs  ;  &  par  le  mot  de  junfdiclion  ,  il 
entendent  au  contraire  l'adminiftration  Ck.  l'exercic 
de  la  jujlice  ,  qui  fe  fait  par  les  Ofnciers  du  Sei 
gneur. 

03"  Au  refte  ,  quoique  par  le  mot  de  jujlice  on  entendi 
ordinairement  la  juftice  feigneuriale  •■,  cependant  01 
comprend  aullî  fous  ce  terme  h  juftice  royale  ,  quanc 
il  ell:  pris  généralement ,  pour  le  droit  de  rendre  ; 
chacun  ce  qui  lui  appartient.  Aintî  l'on  diftingm 
deux  fortes  de  juftices  ,  celle  que  le  Roi  tait  exer- 
cer en  fon  nom  ,  &  celle  des  Seigneurs. 

§3°  La  juftice  royale  ell  celle  que  le  Roi  fait  exercei 
en  fon  nom  par  des  Officiers  de  judicature.  Ce 
foin  fut  d'abord  confié  aux  Comtes  ,  qui  avoieni 
fous  eux  des  Lieutenans  ,  qu'on  appeloit  ,  félon  la 
diilérencc  des  Provinces ,  ou  Vicomtes  ,  guaf  co- 
mitis  vicem  gerentes  ;  ou  Prévôts  ,  quafl  prs-pofti 
juri  dicundo  j  ou  Viguiers  ,  quafi  vicarii  comitum  ; 
ou  enfin  Châtelains  ,  quaft  cajlrorum  comités. 

^f3'  Il  y  a  trois  degrés  de  juftice  royale.  Le  premier 
eft  celui  des  Châtelains  ,  Prévôts  royaux  ,  ou  Vi- 
guiers. Le  fécond  ell  celui  des  Baillis  j  Sénéchaux 
ou  Prélidiaux.  Le  troiflème  cil  celui  des  Parlemens, 
T^oyei  ces  mors. 

%fT  La  jufticc  Seigneuriale  eft  celle  dont  la  propriété 
appartient  à  un  Seigneur ,  qui  la  fait  rendre  en  fon 
nom  par  des  Oflîciers  qu'il  ét.ablit  lui-même  à  ce: 
effet.  Comme  la  juflice  appartient  au  Roi  feul  en 
propriété  ;  celle  des  Seigneurs  ne  leur  appartient 
pas  jure  proprio  ,  mais  feulement  par  concellion  du 
Prince  ,  par  une  longue  polfellîon  qui  la  fait  pré- 
fumer. 

ifT  Les  juftice-s  feigneuriales  font  de  trois  fortes  ;  I2 
haute  ,  la  moyenne  &  la  balle. 

La  haute  juftice  eft  celle  d'un  Seigneur  qui  a  pou- 
voir de  taire  condamner  à  une  peine  capitale  ,  &C 
de  juger  de  toutes  caules  civiles  &c  criminelles  , 
excepté  des  cas  Royaux.  La  moyenne  ;a/?ice  a  droit 
de  juger  des  aélions  de  tutelle  «^  injures  ,  dont 
l'amende  ne  peut  excéder  foixante  fous.  La  balle 
juftice  connoît  des  droits  dûs  au  Seigneur  ,  du  dé- 
gât de  bêces  Se  injures  ,  dont  l'amende  ne   peut 

excéder 


J  u  s 

cxccdei-  fept  fous  fix  deniers ,  &  on  l'appelle  «utrc- 
luenc  jtilhce  foncière. 

Les  Àurcius  ne  s'accordent  nullement  fur  l'ori- 
gine des  JujUces  SiigmurïaLcs  ,  ëc  encore  moins 
fur  la  diftindion  de  kauce  ,  moyenne  &  baffe  Jujhcc. 
Quelques  uns  prétendent  que  du  temps  de  Charlc- 
iTiaync  il  n'y  avoir  que  des  Juges  Royaux  ,  &  que 
ce  n'eft  que  dans  la  décadence  ,  &z  la  foiblclîe  de 
Ja  race  Carlovingicnne  ^  que  les  grands  Seigneurs 
s'emparèrent  de  la  Jurifdidtion  ,  &  s'attribuèrent 
l'autorité  fur  leurs  vallaux.  j^CF  Les  Comtes  le  ren- 
dirent maîtres  des  villes  &  des  provinces  donc  ils 
ii'avoient  eu  jufqu'alors  que  le  gouvernement  :  ils 
s'arrogèrent  dans  leur  Domaine  le  droit  de  jujlke  , 
qu'ils  firent  exercer  en  leur  nom ,  par  des  OHicicrs 
qu'ils  créèrent  à  l'exemple  des  Rois  leurs  maîtres. 
Cette  ufnrpation  donna  lieu  à  ceux  qui  avoient  de 
grandes  terres  j  d'en  faire  de  même  chez  eux  :  ils 
accordèrent  aux  petits  Seigneurs  ,  qui  relevoient 
d'eux  ,  la  faculté  de  créer  des  Juges  dans  leurs  vil- 
lages j  pour  y  juger  les  caules  de  peu  d'importance  , 
.  à  la  charge  de  l'appel  devant  les  Juges  de  leurs  Sei- 
gneuries. 

ftS"  Voilà  probablement  de  quelle  manière  les  ju/lices 
fe  font  introduites  en  France  ,  &  comment  elles  y 
font  devenues  patrimoniales.  Delà  vient  aulli  que  le 
nombre  des  Jujliccs  Seigneuriales  efl  il  grand  ,  & 
que  leur  pouvoir  &c  leur  territoire  font  lî  incer- 
tains &  il  confus  ,  qu'on  ne  peut  rien  déterminer 
de  certain  là-delfus.  Les  Coutumes  ont  léglé  leurs 
droits  fort  divcrfcnienc  j  &  il  n'y  a  rien  d'unifor- 
me dans  le  Royaume  à  cet  égard.  Les  Docteurs 
en  (e  réfutant  les  uns  les  autres  ,  conviennent  feu- 
lement de  l'obfcurité  &c  de  l'embarras  qui  s'y  trou- 
ve. Tout  ce  qu'on  peut  en  débrouiller  ,  c'ell  que 
les  Jujikes  Seigneuriales  ont  eu  prelque  la  même 
origine  que  les  fiels.  Ils  en  font  le  principe  &  le 
fondement ,  &c  les  jujlices  n'en  lont  qu'une  fuite  & 
I  une  dépendance.  La  diftinèlion  de  la  haute  ^  moyen- 
ne &  balle  juflice  ,  vient  apparemment  auili  de  la 
différence  de  dignité  entre  ceux  qui  pollcdoient  les 
fiefs  j  chacun  ayant  ufurpé  plus  ou  moins  d'auto- 
rité ,  félon  le  rang  qu'il  tenoit.  Cependant  cette 
différence  eft  alfez  mal  établie  ,  &  peut  être  que  les 
Praticiens  ne  l'ont  inventée  que  pour  l'accommo- 
der aux  trois  cfpèces  de  jurildictions  des  Romains  : 
mcrum  ,  &:  mixtum  imperium  .,  Se  fimplicem  jurif- 
diclioncm.  Car  la  moyenne  jujlice  ell  imaginaire  , 
&  il  n'y  en  a  peut-être  point  d'exemple.  On  ne  re 
connoit  guère  dans  l'ulage  que  le  haut  Jufticier  qui 
ait  Jurifdiftion  contentieufe.  Les  bas  Jufticiers  n'ont 
qu'une  jujlice  féodale ,  pour  le  payement  des  droits 
feigneuriaux.  Leurs  Juges  s'appellent  Sénéchaux  & 
Prévôts  :  ce  font  les  Juges  pédanées  du  droit  Ro- 
main ,  ou  ceux  que  l'on  appeloit  en  Fiance  ,  Juges 
fous  l'orme.  Voye-^  Loiseau  ,  de  V Abus  des  Jujlices 
de  village. 

|p°  JUSTICE  FONCIÈRE  ,  CENSIÈRE  ou  CEN- 
SUELLE  ,   efl:  une  jujlice  particulière  ,   qui  a  lieu 

'  dans  quelques  Coutumes ,  dont  tout  le  pouvoir  con- 
fifte  à  condamner  les  redevables  à  payer  aux  Sei- 
gneurs cenjicrs  &  fonciers  les  cens  &  rentes  fonciè- 
res. 

Jujlice  domaniale  ,  eft  celle  qui  appartient  au  Sei- 
gneur du  domaine  pour  raifon  du  domaine. 

^3"  On  appelle  quelquefois  jujlice  domaniale  ,  mais 
plus  communément  jujuce  royale  ,  celle  qui  eft  at 
tachée  à  un  domaine  engagé  ,  laquelle  s'exerce  tant 
au  nom  du  Roi ,  que  du  Seigneur  engagifte. 

Jujlke  manuelle ,  eft  celle  où  le  Seigneur  ,  pour 
avoir  payement  des  arrérages  de  fa  rente  ou  charge , 
prend  de  fa  main  namps ,  c'eft  à  dire  ,  des  meubles  fai- 
lis ,  lur  l'héritage  ,  en  la  préfence  du  Sergent  ,  auquel  il 
les  délivre  pour  les  difcuter.  Ces  exprelfions  fe  trou- 
vent dans  les  Coutumes ,  la  dernière  eft  du  ftyle  de 
procéder  au  pays  de  Normandie. 

On  appelle  Jujlice  fous  latte  ,  celle  qui  fe  tient 
fous  le  couvert  de  la  maifon  du  Seigneur  feulement. 
Jurifdiclio  ceclo  circumfcripta. 
Tome  V 


J  U  s 


311 


IJCr  On  appelle  Jujlice  réglée  ,  un  Tribunal  qui  a  droit 
de  contraindre.  Se  pourvoir  en  jujlice  réglée,  c'cfl 
prendre  les  voies  judiciaires ,  par  oppofition  aux 
voies  de  conciliation. 

^3"  On  le  dit  aulH  des  Tribunaux  ordinaires  où  les 
affiiires  s'inftruilent  avec  toutes  les  formes  de  la 
procédure  ,  par  oppolîtiun  aux  arbitrages  &  aux 
connnillions  du  Confeil  ,  où  les  aftaires  s'inftruifent 
par  de  limplcs  mémoires. 

On  appelle  aulli  une  Jujlice  ,  les  fourches  pati- 
bulaires ,  ou  piliers  qui  lont  élevés  dans  la  campa- 
gne pour  les  marques  d'une  haute  jujlics. 

On  appelle  ,  faire  jujlice  ,  exécuter  publiquement 
un  condamne  à  une  peine  corporelle.  On  lui  livra 
le  coupable  pour  en  faire  jujlice.  Ablanc. 

Ceux  qui  font  l'amende  honorable  demandent 
pardon  à  Dieu,  au  Roi  &  à  Jujlice.  Le  peuple  dit 
faire  une  jujlice  ;  pour  dire  ,  faire  une  exécution. 
Un  particulier  dit  aulli  à  ceux  qui  fe  plaignent  de 
les  valets  :  je  vous  ferai  jujlice  ,  j'en  ferai  jujlice 
moi  même  ,  c'efi:  à-dire  ,  je  les  châtierai,  Ulcifcar 
probe. 

/Dans  le  même  fens  ,  fe  faire  jujlice  ,  c'eft  fe  ven- 
ger foi-même  ,  &  punir  ceux  dont  on  prétend  avoir 
été  oftenfé.  Perfonne  ne  doit  fe  faire  jujlice  à  foi- 
même  ,  l'amour- propre  porte  trop  loin  la  répara- 
tion de  l'injure  qu'on  a  reçue.  Nie.  Le  Dieu  des 
armées  prélide  à  cette  redoutable  jujlice  que  les 
Souverains  fe  font  à  eux-mêmes.  Flech.  Deman- 
der jujlice  ,  c'eff  demander  la  vengeance  ,  &  le 
châtiment  d'un  crime. 

Sire  J  Chimene  vient  vous  demander  judicc.  Corn. 

Justice  ,  en  termes  de  Théologie  ,  lignifie  la  pre- 
mière innocence  de  l'homme  avant  fou  péché.  C'eft 
comme  une  vertu  générale  qui  comprend  toutes 
les  habitudes  de  I^eligion  &:  de  piété.  Adam  perdit 
la  jujlice  originelle  dès  qu'il  eut  mangé  du  fruit 
défendu. 

Justice  ,  lignifie  aulîî  en  termes  de  Théologie,  la  grâce 
de  la  juftification ,  qui  rend  l'homme  jufte  &  agréa- 
ble aux  yeux  de  Dieu  ,  de  pécheur  qu'il  étoit  au- 
paravant. L'homme  juftifié  peut  avec  le  fecours  fpé- 
cial  de  Dieu ,  perfévérer  dans  Ja  jujlice  qu'il  a  re- 
çue ,  &  ne  peut  pas  y  perfévérer  fans  ce  fecours 
fpécial.  C'eft  ce  que  porte  le  vingt -deuxième  Ca- 
non de  la  fixième  Sellîon  du  Concile  de  Trente. 
La  jujlice  fe  conferve  &  s'augmente  devant  Dieu 
par  les  bonnes  œuvres.  Ibid.  Can.  24.  La  jujlice  de 
Jésus-Christ  eft  non  feulement  imputée,  mais  ac- 
tuellement communiquée  aux  Fidèles  par  l'opéra- 
tion du  S.  Efprit  J  en  forte  que  non  feulement  ils 
font  réputés  ,  mais  faits  juftes  par  fa  grâce.  Si  la 
jujlice  qui  eft  en  nous  ,  n'étoit  jufte  qu'aux  yeux 
des  hommes  ,  ce  ne  feroit  pas  l'ouvrage  du  S.  Ef- 
prit. Elle  eft  donc  jujlice  même  devant  Dieu  ,  puif- 
que  c'eft  Dieu  même  qui  la  fait  en  nous  ,  en  ré- 
pandant la  charité  dans  nos  cœurs.  Boss.  dans  fon 
Expofition,  Toutefois  j  quoique  notre  jujlice  foie 
véritable  par  l'infufion  de  la  charité  ,  elle  n'eft 
point  jujlice  parfaite  à  caufe  du  combat  de  la  con- 
voitife  ,  fi  bien  que  le  continuel  gémillement  d'u- 
ne ame  repentante  de  les  fautes  fait  le  devoir  le 
plus  nécelïiiire  de  la  jujlice  Chrétienne.  Ce  qui 
nous  oblige  de  confelfer  humblement  avec  S.  Au- 
guftin ,  que  notre  jujlice  en  cette  vie  confifte  plutôt 
dans  la  rémillion  des  péchés  ,  que  dans  la  perfec- 
tion des  vertus. 

Justice  ,  en  termes  de  l'Ecriture  8c  de  fpiricualité  , 
eft  §3°  une  des  quatre  vertus  qu'on  appelle  car- 
dinales. Dans  ce  fens  c'eft  une  vertu  qui  nous  af- 
fujettit  à  Dieu ,  &  nous  fait  remplir  nos  devoirs  à 
l'égard  du  prochain.  C'eft  une  vertu  qui  fait  que 
nous  nous  acquittons  de  ce  que  nous  devons  à 
Dieu  ,  au  prochain  &  à  nous  mêmes.  On  fe  ferc 
aulli  de  ce  mot  pour  fignifier  l'allcmblage  de  rou- 
tes les  vertus  Chrétiennes  ;  &  en  ce  fens  la  jujlics 
eft  l'amour  de  Dieu  &  du  prochain.  Jésus  Christ 
dit  à  S.  Jean,  en  S.  Matthieu  ,  ///.  //  ,  il  faut  que 
nous  accomplifllons  toute  jujlice.  Port  Royal.  Sx 

S  1 


322  JUS 

votic  jujlice  n'eft  plus  pleine  &  plus  parfaire  que 
celle  des  Docteurs  de  la  loi  &  des  Phanliens,  vous 
ii'eiirrerez  poinr  dans  le  Royaume  des  Cieux.  Id. 
Matth.  F.  2  0.  Le  P.  Bouhours  a  rradui:  :  Si  vorre 
vertu  n'eft  bien  au-dellus  de  celle  des  Scribes  & 
des  Phari(iens  ,  &c.  Dieu  ,  félon  fa  parole  ,  jugera 
non- feulement  les  dérèglemens  grolfiers ,  mais  mê- 
mes les  jujlices.  Abeé  de  la  Trappe. 

De  même  ,  dans  cette  phrale  qui  eft  prife  de  la 
Sainte  Ecriture  ,  foutirir  perfécution  pour  la  jujUcc  , 
il  iîgniHe  toute  forte  de  vertu  ,  la  pratique  de  quel- 
que vertu  que  ce  loit. 
Justice.  Terme  de  Mythologie.  C'étoit  une  divinité 
chez  les  Payens.  La  JuJIice  étoit  fille  de  Jupiter  ,  (Sc- 
elle demeura  Vierge  ,  dit  Héfiode  dans  (on  premier 
Poème  des  Ouvrages  ,  v.  Jf^.  Dans  Théogonie  , 
V.  !)02.  il  dit  qu'elle  étoit  fille  de  Jupiter  &  de 
Thémis.  Elle  accule  les  gens  injufles  au  Tribunal 
de  Jupiter.  C'eft  elle  qui  fait  profpérer  les  ouvra- 
ges &  le  travail  des  mortels.  Les  attributs  de  la 
déelle  Jujiice  ,  (ont  une  balance  dans  une  main  , 
&  une  épée  dans  l'autre ,  ou  un  faifceau  de  haches 
entourées  de  verges.  Quelquefois  on  lui  mettoit 
aufll  un  bandeau  (iir  les  yeux.  Chrylippe  dans  Au- 
lugelle  ,  L.  Xlf-^.  c.  4.  dit  qu'on  la  reprélentoit 
avec  un  vilage  trifte  &c  févère  ,  des  yeux  pleins  de 
fierté.  Augulte  bâtit  à  Rome  un  temple  à  la  Juftïce. 
La  Jujlice  n'eft  jamais  (î  bien  voilée  qu'elle  n'entre- 
voie celui  qui  la  recherche  :  le  pauvre  qui  la  foUi- 
cite  ,  efl;  prefque  toujours  importun.  FlÉch.  La  Juf- 
tice  eft  retournée  au  ciel  ,  &  l'on  ne  voit  plus 
cette  divine  vertu  parmi  les  hommes.  M.  Esp. 
Eloignez  cette  idée  qu'on  a  de  la  Jujlice  ,  qu'elle  doit 
toujours  erre  aveugle  ,  toujours  eflrayante  ,  tou- 
jours armée  •,  elle  lève  quelquefois  (on  bandeau 
pour  jetter  des  regards  de  pitié  lur  les  miférabks. 
pLicH.  Boileau  appelle  la  déelle  Jujlice , 

Vierge  effroi  des  méchans  , 
Qui ,  la  balance  en  main ,  règle  tous  les  mortels. 

Il  y  a  à  Paris  un  Collège  appelé  le  Collège  de 
Jujlice  ,  il  eft  dans  la  rue  de  la  Harpe.  Jujlitia- 
néum  Collegium. 

Justice  ,  eft  auifi  le  nom  d'un  vafe  dont  on  fe  fer- 
voit  autrefois  pour  boue  ,  on  l'appelle  quelquefois 
Jujle.  Jujlitia  ,  jujla. 

JUSTICEMENT.  f.  m.  Dans  la  Coutume  de  Nor- 
mandie ce  mot  lignifie  effet  &  exécution  de  juftice. 

JUSTICIABLE,  adj.  m.  &  f.  Habitant  fujet  à  la  Juf- 
tice ordinaire  du  lieu.  JuriJd'Lclioni  obnoxius.  Le 
Bailli  compre  dans  fon  village  tant  de  jujlicia- 
bles. 

Ju-.TiciABLE  ,  fe  dit  aufll  de  celui  qui  doit  répondre 
à  un  Juge  à  qui  on  a  attribué  certaine  Jurifdiélion. 
Un  vagabond  ,  un  coupeur  de  bourlcs  eft  jujliaa- 
ble  du  grand  Prévcit.  Un  domicilié  n'eft  point  fon 
jujliciable.  Déclaration  du  Roi  concernant  les  jujii- 
ciahles  de  la  Chambre  de  Juft:icc.  Chacun  eft  juf- 
ticiable  du  Juge  de  fon  domicile.  On  eft  auftî  jujl'c- 
ciable  du  Juge  d'un  privilège ,  lorfqu'on  eft  alligné 
devant  lui  par  un  privilégié. 

JUSTICIER ,  1ÈRE.  f.  Qui  rend  juftice ,  qui  aime  à 
faire  rendre  la  juftice.  Amans  nquitatis  ;  Ohfervan- 
iijjimus  Aqui.  Le  Roi  S.  Louis  éroit  un  grand  Jujli- 
cier.  Pierre  le  Jujlicier ,  Roi  de  Portugal ,  eft  Pierre 
I.  du  nom ,  huitième  Roi  de  Portugal.  Pierre  ,  fur- 
nommé  le  Jujlicier  ,  naquit  à  Coimbre  le  i  3  Mai 
1310.  &  commença  à  régner  à  l'âge  de  trente  fept 
ans.  La  Neuville.  Pierre  le  Jujlicier  avoir  pris 
pour  devife  une  étoile  avec  ces  mots  pour  ame  : 
Monjlrat  iter.  Cet  aftre  ,  à  l'exemple  de  celui  qui 
conduifit  les  Mages  j  devant  lui  frayer  le  chcmm 
du  Ciel.  Idem.  Dans  ce  fens  on  ne  le  dit  guère  ;  & 
au  féminin  ,  il  n'efl:  point  en  ufage. 

Justicier  ,  eft  aufli  le  Seigneur  qui  a  droit  de  Jufti 
ce  ,  un  haut  ,  un  moyen  ,  un  bas  Jujlicier.  JuriJ- 
diclionem  hahens.  Foye\  Justice,  haute,  moyenne 
êc  baffe. 


J  u  s 

En  termes  de  Chancellerie  on  appelle  Jujliciers 
les  Officiers  qui  rendent  la  juftice  au  nom  du  Roi. 
Le  Roi  parle  ainfi  dans  les  privilèges  qui  font  expé- 
diés à  la  Chancellerie ,  A  nos  Ames  &  féaux  Con- 

feillers leurs  Lieutenans  Civils  ^   &    autres  nos 

Jujliciers  qu'il  appartiendra  ,  &c. 

On  appelle  au  village  les  Jujliciers  ,  tous  les 
Officiers  de  la  Juftice  enfemble.  U  eft  bas  en  ce 
(ens. 

Maître  Justicier  _,  étoit  un  Magiftrat  du  Royau- 
me de  Naples.  Magijlcr  Jujlicianus.  Le  Maître  Juf- 
ticier  avoir  quatre  Juges  Aftefleurs  -,  il  f'uivoit  la 
Cour  ;  il  connoifloit  des  crimes  de  Lefe-Majefté  ,  '' 
des  fîefs  appelles  Quaterni  ,  &  de  leurs  parties  , 
des  appels  interjettes  à  la  Cour  ,  &  des  aftaires  des 
Officiers  du  Roi  ,  ou  gens  fuivans  la  Cour  ,  dont 
les  cau(es  lui  ètoicnt  commifes  ,  &  des  mifèrablcs 
qui  avoient  le  privilège  de  choilir  une  Jurifdidtion. 
Foye\  les  Conftitut.  Sicil.  L.  I.  Tit.  7. 

Justicier  de  Paix.  C'eft  en  Angleterre  un  Officier 
établi  par  le  Roi  en  chaque  province  ou  canron  , 
pour  maintenir  le  repos  public.  L'Office  de  ces  Juf- 
ticiers  confiffc  à  faire  venir  devant  eux  ,  &  à  exa- 
miner les  voleurs ,  vagabonds  ,  (éditieux  ,  &  autres 
gens  qui  troublent  la  paix  du  Royaume  ,  de  les 
faire  emprifonner  ,  s'ils  le  trouvent  a  propos  ,  pour 
être  leur  procès  fait  aux  premières  fefllons  par  les 
Juges  de  circuit. 

Forbcz,  dans  ("on  Injlruclio  Hijlorico-Theologica, 
L.  I.  c.  37.  L.  XII.  c.  ç.  &  L.  XIF.  c.  /,  appelle  Jus- 
ticiers ,  (  Jujliciarii  )  les  hérétiques  qui  (ont  pro- 
feffion  d'une  juftice  ou  faintcté  parfaite  ,  &c  mépri- 
fent  les  honneurs  avec  arrogance  Sz  avec  orgueil  ; 
tels  étoieut  les  Pharifiens  dans  l'ancienne  loi ,  foie 
qu'ils  aient  été  hérétiques  ou  non  ;  6c  les  Nova- 
tiens  j  les  Donatiftes ,  &  tous  ceux  qui  fe  (ont  don- 
nés le  nom  de  Parfairs  dans  la  nouvelle. 

JUSTICIER.  V.  a.  Faire  fouftrir  une  peine  corporelle 
UCT  à  quelqu'un  en  exécution  d'un  Jugement  qui 
la  prononce.  Afficere  ultimo  Jupplicio  ,  pœna  capitis  , 
capice  pleclere.  On  a  reproché  à  ce  témoin  que  fon 
père  avoir  été  jujlicié  ,  exécuté  à  mort.  Le  peuple 
dir  jujljîer  pour  jujlicier  ,   ôc  dans  le  même   fens. 

JusTiciÉ,  ÉE.  parr.  Capite  plexus. 

JUSTIFIANT  ,  ANTE.  Qui  jurtifie  ,  qui  a  tout  ce  qu'il 
fiut  pour  juftiher.  Jujlijicans.  C'eft  un  fair  jujli- 
Jiant.  C'eft:  une  preuve  jujlijîante.  Circonftance  yo/^ 
tijiantc.  Daucour.  §3^  Dans  ce  fens  on  le  dir  peu. 
Il  eft  particulièrement  en  ufage  en  Théologie  ,  en 
parlant  de  la  grâce  qui  rend  jufte  intérieiurement. 
La  grâce  jujlifîante  ,  la  foi  jujlijîante. 

JUSTIFICATEUR,  f.  m.  Terme  de  Fondeur  de  ca- 
ractère d'Imprimerie.  Il  ("e  dit  également  &  de 
l'ouvrier  qui  juftifie  les  lettres  ,  Se  de  l'inftrument 
avec  lequel  il  en  fait  la  juftificacion  ,  ou  plutôt 
avec  lequel  il  les  apprête,  c'eff-à-dire  ,  avec  lequel 
il  leur  donne  la  dernière  façon  avanr  que  de  les 
envoyer  à  l'Imprimeur.  fCF  Cet  inftrumenr  eft  coin- 
pofé  de  deux  pièces  d'acier  poli  ,  parallèles  ,  qui 
s'approchent  &  (e  reculent  par  le  moyen  des  vis 
qui  les  tiennent  unies  enfemble.  Dans  l'efpace  qui 
les  fépare  on  place  les  caraélères  que  l'on  veut  juf 
tifier  ou  apprêter ,  joints  l'un  contre  l'autre ,  com- 
me (î  l'on  vouloir  compofer  une  ligne.  Alors  on  y 
fait  avec  le  rabot  cette  petite  rainure  qu'on  voit  au 
pied  de  chaque  caraèlère. 

JUSTIFICATIF  ,  iVE  ,  adj.  Preuve  qui  ferr  à  montrer 
la  vérité  d'un  fait  allégué  ,  la  juftice  d'une  préten- 
tion ,  la  certitude  d'une  dodrine.  Un  Avocar  dit 
qu'il  a  en  main  ,  qu'il  a  produit  dans  (on  (ac  les 
pièces  jujlijîcatives  de  (a  demande  ,  qu'il  en  a  com- 
muniqué les  titres  jujlijîcatifs.  On  ne  reçoit  un  ac- 
cufè  en  fes  faits  jujlijîcatifs  ,  qui  vont  à  fa  juftifi- 
cation  ,  qu'après  (a  confrontation  :  quand  il  n'y  a 
pas  pleine  conviètion  contre  lui  ,  on  le  reçoit  alors 
à  prouver  (es  reproches  ,  ("es  alibi. 

JUSTIFICATION,  f  f.  Jujlijîcatio.  En  termes  de 
Théologie  ,  (e  dit  de  cette  grâce  qui  rend  l'hoinme 
digne  de  la  gloire  éternelle.  Pour  bien  entendre  la 


j  u  s 


j  us 


3^3 


Doilriiie  Catholique  fur  la  jul'ificaûon  ,  il  f.uic  bien  J  allégué.  Cette  pièce  fert  à  juflifier ,  &c.  On  ne  ùm- 

diftiiiguer  cjuatre  ciiofcs ,  qui  doivent  ctre  regardées  roit  jujlificr  du  contraire.  Elle   a'  bieii    iulliflj  le 

comme  ellcntielles  au  (alut  des  adultes  ;  favoir  ,  1.1  — ' \-.  ■.,-..   •     ^  .       IJJ 

vocation  ,  la  ûnditication ,  le  mérite  ëc  la  pertévc- 
rance.  C'cll  ce  qui  cil  très  bien  développé  dans  le 
S.  Concile  de  Trente  ,   fellion    lïxième  ,   en   (ci.£e 


chapitres  Cs:  trente  trois  canons,  (^oyc^  aiill:  l'Expo- 
fition  de  M.  de  Mc.uix  ,   &c.  Les  premiers  préren- 
,     dus   Réformateurs   ont   propofé   à    tout  le  monde 
l'article   de  la  juiujicadon  comme   \t   principal   de 
tous  J  &  comme  le  fondement  le  plus  ellentiel  de 
leur  rupture  ;  mais  ils  fe  (ont  bientôt  féparés  en- 
tr'cux  mêmes  ,  &  en  s'éloign.mr  tous  du  droit  che- 
min ,  ils  le  font  écartés  &  éloignés  les  uns  des  au- 
tres. L'Eglile  a  toujours  cru  ce  que  le  Concile  de 
Trente  a  déclare  exprellémcnt ,  que  nos  péchés  nous 
font  remis  gratuitement  par  la  miléricorde  Divine  , 
à  caufe   de  Jésus-Christ  ,  &  que  nous  fomnies 
dits  julKîiés  gratuitement  ;  parce  qu  aucune  des  cho  • 
fes  qui  précèdent  la  jwj'ification  ,  foit  la  loi  ,   foit 
les  œuvres  ,  ne  peut  mériter  cette  grâce.  Boss.  La 
juJDjîcadon  du  pécheur  ell  la  rémillion  j  l'abolition 
de  Its  péchés  ,  que  Dieu  lui  accorde  gratuitement 
en  vertu  des  mérites  de  Jésus-Christ  ,  en  lui  ren- 
•   dam  la  gr.âce  ianclifiante  ,  qui  le  fiit  enfant  de  Dieu  , 
&■  héritier  du  Royaume  des  Cieux.  Voyc':^  Justick 
&:  Lmputer. 
Justification  ,  en  termes  de  Palais  ,  eft  la  produc- 
tion des   titres  ou  des  témoins  ,   par    laquelle   on 
prouve  la  vérité  d'un  fait  ,  d'une  demande.  Proba- 
no  ,   argumcnmm.  On  rapporte  fur  chaque  article 
de  ce  compte  la  quittance ,  c'en  eft  la  j iiflification. 
Chaque  fait  doit  avoir  la  j uftification  particulière. 
$Cr  En  matière  criminelle  j   on  entend  par  jufl'tfica- 
tion  J  tout  ce  qui  tend  à  la  décharge  de  l'Accufé. 
(^oye'[  Faits  Jostipicatifs. 
fer  Dans  l'ufage  ordinaire  ce  terme  défigne  toute  ac- 
tion ,  tout  procédé  par  lequel  on  le  jullilie.  On  nT'a 
reproché  telle  chofe.  Je  vais  travailler  à  ma  jufiifi- 
cation. 
f3"JusTiFicATi0M  ,  enfermes  de  Fondeur  de  caraftè- 
res.  C'eft  la  comparaifon  que  Ton  fait  d'une  lettre 
nouvellement  fondue    avec    une   ancienne    lettre  , 
qui  lui  fert  comme  d'étalon  ou  de  lettre  matrice  , 
pour   donner   aux    nouvelles   fontes  leur  véritable 
hauteur  en  ligne. 
§;?  C'eft  aulli  le  nom  de  l'inftrument  fur  lequel  fe 
placent  ,  &   la   lettre  matrice   &  les  lettres  qu'on 
juftiiie  lur  la  hauteur.  On  lui  donne  ce  nom  pour 
le  diftinguer  du  juftificatcur  qui  lert  à  apprêter  les 
lettres. 
Justification  J  en  termes  d'Imprimerie  ,  fe  dit  lorf- 
qu'on  démonte  le  compolleur  ,  pour  le  mettre  au 
degré  précis  que  l'on  délire  ,  &  pour  égaler  toutes 
les  lignes  &  les  pageï.  C'eft  ce  qu'on  appelle  faire 
la  juftification  des  pages.  Paginas  componcre ,  square. 
|KT  Donner  à  la   ligne  la   longueur  qu'elle    doit 
avoir  -,  ainlî  la  jufîificadon  eft  la  longueur  des  li- 
gnes déterminée  &:  foutenue  dans  une  même  éga- 
lité par  le  fecours  du  compoftcur  &  des  elpaces  de 
différentes    épailleurs.    Tout   le    monde    a   éprouvé 
plus  ou  moins  l'inconvénient  de  la  j ujTificadon  :  la 
marge    intérieure    eft   trop    étroite  ,     ce    qui    fait 
qu'on  ne   peut  communément  lire   un  livre  ,  fur- 
tout  d'un  petit  format ,  fans  forcer  la  reliure.  Mais 
comment  fauver   cet  inconvénient  .''  Si  l'on  prend 
lur  la  marge  extérieure  pour  élargir  la  marge  inté- 
rieure ,    la  j uJliJîcatLon   n'aura  plus   de  grâce  ;   &; 
quelle  rellource  aura  t-on  pour  une  féconde  &c  troi- 
fième  reliure .''  La  reliîire  à  la  grecque ,  moins  fer 
ree  que  la  reliure  en  nerfs  ,  remédie  à  une  partie 
de  l'incommodité    ;  mais   elle  pourroit  fe  perfec- 
tionner. 
JUTIFIER.  V.  a.  Prouver  la  vérité  d'un  frit ,  la  jufti- 
ce  d'une  demande.  Probare  ,  demonjlrare  ,  convin- 
cerc.  La  noblelfc  ne  fe'  judifie  que  par  titres  authen- 
tiques ,  mariages  ,  partages  ,  provifions  de  charges  , 
èfc.  Chaque  article  d'une  production  porte  ,  Item  , 
pour  j.ufli_fier  à  la  Cour  la  vérité  de  ce  qui  a   été 
Tome  /^. 


que   l'oilivcté  eft   mère   d 


c    tout    vice. 


proverbe 
Bussi. 
Justifier.  Abfoudre  d'une  accufation.  Purgare  ,  ab- 
Julverc.  Il  a  été  jujlifé  ,  .ibfous  par  arrêt.  Il' s'eft 
bien  jujtific  des  crimes  qu'on  lui  avoir  impofés. 
Claudien  dit  que  le  fupplice  de  Kuffin  a  abfous  les 
dieux  &  a  jujlific  la  Providence.  L'événement  a 
jujiifié  le  droit  de  les  armes.  Quoique  ma  raifon 
foit  convaincue  de  votre  perhdie  ,  je  lins  que  mon 
cœur  ne  l'eft  pas  ,  &  que  f-i  foiblelîc  ch'erclic  à 
vous  jujlificr.  L.  Port.  Il  fuftit  d'ordin.iire  d'être 
malheureux  pour  être  iufdjie  auprès  du  peuple.  S. 
REAL.  La  raifon  ,  par  la  corruption  des  hommes, 
eft  réduite  à  fervir  ,  à  juflifier  les  palfions.  Mal. 
Quand  on  a  le  don  de  plaire  ,  on  fe  iuftifie  aifé- 
ment.  Corn. 

Prens  ton  glaive  ,  &  fondant  fur  les  audacieux. 
Viens  ^  aux  yeux  des  mortels  juftiûss:  les  cieux. 

BoiL. 

Justifier  jfe  dit  auiTi  en  Théologie  ,  de  l'effet  de  la 
grâce  juftifiante  qui  rend  jufte  intérieurement.  Quoi- 
qiie  le  terme  de  jujhficr  fe  prenne  quelquefois  dans 
l'Ecnture  pour  abfoudre  ,  ou  déclarer  jufte  ,  il  li- 
gnifie aulli  tranfporter  de  l'état  de  péché  ,  qui  eft 
un  état  de  damnation ,  à  l'état  de  lâlut  &  de  grâce. 
Ainli  ce  terme  comprend  la  rémillion  des  péchés  , 
&  la  communication  des  difpofitions  internes  & 
inhérentes  ,    c'eft-à-dire  ,  la  fandliiication.    Le    Cl. 

Voye:^    JuSTIFICATIO.^f. 

^3"  Justifier  lignifie  quelquefois  voir  li  deux  cho- 
fes  font  égales  en  hauteur  ,  largeur  ,  longueur 
&  épail'feur  ,  en  les   comparant  l'une  à  l'autre. 

Justifier  les  pages.  Terme  d'Imprimeur  ,  qui  ligni- 
fie rendre  les  pages  également  hautes  &  larges. 
ALquare  ,  componere.  Juflifier  les  pages.  Ces  pages 
font  bien  jufiifi.ées. 

Justifier  ,  en  termes  de  Fondeur  d'Imprimerie  ,  a 
trois  lignifications.  Dans  la  première  il  veut  dire  , 
mefurer  des  lettres  nouvellement  fondues  fur  la 
hauteur  de  la  lettre  m  ,  déjà  juftifiée  avec  l'inftru- 
ment qu'on  nomme  juftification  &  avec  celui  qu'on 
nomme  Jeton.  Dans  la  féconde  fignification  ,  c'eft 
jauger ,  ou  ii  l'on  veut ,  niveler  l'épailîèur  des  let- 
tres lur  le  marbre  ,  aufti  avec  le  jeton  ;  &c  dans 
la  dernière  fignification  on  l'entend  de  cette  façon 
qu'on  donne  aux  letttes  ^  en  les  fermant  entre  les 
branches  du  juftificateur  ,  pour  voir  li  elles  font 
bien  en  ligne  ,  &  pour  les  apprêter. 

Justifier  ,  en  termes  de  Palais  &  de  Comptes  ,  fe 
dit  avec  un  génitif ,  pour  vérifier.  Juflifier  de  l'em- 
ploi des  lommes ,  &c. 

Le  peuple  fe  fert  du  mot  juflifier  au  heu  de  ce- 
lui de  juflicier.  Voye^  ce  verlje. 

Justifié  j  ée.  part.  Juftifié  fe  prend  ,  fur-tout  en  ter- 
mes de  Théologie  &  de  Controverfe  ,  pour  celui 
qui  a  reçu  de  Dieu  la  grâce  de  la  juftification.  L'hom- 
me ,  quoique  Juftifié,  peut  encore  pécher.  C'eft  la 
décifion  du  Concile  de  Trente  ,/.'  6.  can.  2^. 

JUSTIN,  i.  m.  Nom  d'homme.  Jufiiniis.  Ce  que 
nous  avons  de  l'Hiftorien  jullin  n'eft  qu'un  abrégé 
de  l'hiftoire  qu'avoir  compofée  Trogus  Pompéius  j 
Se  qui  s'eft  perdue.  L'Empereur  Juftin  I.  luccéda  à 
Anaftafe  en  ji8.  L'autre  Jujlin  ,  petit-fils  de  Jufti- 
nien  ,  lui  fuccédi  en  ^6  6. 

JUSTINE,  f  f.  Jujîina.  Nom  de  femme. 

Justine.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'une  Tulipe  qui 
eft  panachée  de  deux  rouges  lur  le  fond  de  fatin. 

MoRIN. 

JUSTINE,  f  f.  Monnoie  d'argent  fabriquée  à  Veni- 
fe  ,  qui  contient  onze  deniers  de  fin.  On  l'appelle 
autrement  Ducaton.  Le  nom  de  Jujîine  lui  vient  de 
ce  qu'elle  a  été  frappée  fous  un  Doge  de  la  tamille 
des  Juftiniani. 

JUSTINGEN.  Bourg  d'Allemagne  ,  en  Suabe  ^  &chef- 

lieu  d'une  Seigneurie  du  même  nom. 

•  Sfij 


324  JUT 

JUSTINIANI.  Foyei  Justinien, 

JUSTINIEN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Jujlbiianus.  Il  y 
a  deux  Jujîiniens  ,  Empereurs  de  Confbntiiiople.  Le 
premier  ,  petit  hls  de  Jlii'Hu  I.  auquel  il  fuceéda 
en  j-27ilcl'econd  ,  tils  de  l'Empereur  Conftantin  le 
Barbu,  auquel  il  luccéda  en  68 j. 

Nous  difons  Juftlniarù  ,  &  non  pas  Jujlinien  , 
en  pailaiit  des  Grecs  modernes  ,  &  des  Italiens 
qui  ont  porté  ou  qui  portent  ce  nom.  Je  joints  à 
Maldonat  Benoit  Jujliniani  ,  de  la  même  lociéte  , 
dont  nous  avons  un  excellent  Commentaire  iur 
S.  Paul  ,  &  fîir  les  Epitres  Canoniques.  Simon.  La 
maifon  de  Jujimiani  eft  illuftre  à  Venife ,  à  Gènes , 
dans  le  Royaume  de  Naples  ,  dans  l'Ile  de  Corfe , 
&:  à  Scio.  MoRÉRi. 

Nous  ditons  néanmoins  S.  Laurent  Jujlinien ,  & 
non  pas  S.  Laurent  JujUniani. 

Justinien  ,  eft  aulli  un  adjeftif  dans  cette  phrafe  , 
Code  Jujlinien  ,  en  Latin  Codex  Jujliniani  ou  Juf- 
tinian&us.  Le  Code  Jujlinien  eft  un  Recueil  ou  Com- 
pilition  des  Loix  des  Empereurs  depuis  Conftantin. 
f^oyei  au  mot  Code. 

JUSTISER.  V.  a.  Vieux  mot.  Exécuter  à  mort.  Fau- 
chet  veut  qu'il  .ait  fignihé  Commander. 

JUT. 
JUT.  Voyei^  JusT. 

JUT.  On  trouve  ce  mot  dans  le  vieux  langage  \  pour 
dire ,  il  couche.  On  trouve  aulli  Jutent  au  pluriel  ; 
pour  dire ,  ils  couchent, 
fer  JUT  ES.  Habitans  de  Jutland.  Voye-^  ce  mot. 
JUTHUNGE.  {".  m.  &c  f.  Nom  de  peuple.  Juthungus , 
a.  Les  Juthunges  habitoient  dans  la  patrie  méridio- 
nale de  la  Gcrnvmie  ,  que  nous  nommons  depuis 
long  temps  Allemagne.  Dioclétieu  &  enfuite  Conf- 
iance défirent  les  Juthunges. 
JUTLAND.  Nom  d'une  grande  prefqu'ile  qui  fait  la 
meilleure  partie  du  Royaume  de  Danemarck.  Jut- 
landia  ,   Chcrfonefus   Cimhrica.  Elle  eft  bornée  au 
midi  par  le  Duché  d'Holftein  ,  &  environnée  aux 
autres  endroits  par  la  mer  d'Allemagne  ,  &  par  la 
mer  Baltique.  Sa  longueur  du  nord  au  lud  eft  d'en- 
viron foixante  &  dix  lieues ,  &  fi  largeur  du  cou- 
chant  au   levant  de  vingt.   L'air  y  eft  lort  froid  , 
mais   frùn  :  le   terroir   eft    iertile  en   grains  &  en 
pâturages  ,  où  l'on  nourrit  une  grande  quantité  de 
chevaux  &:  de  bœufs  de  grolïè   taille  que  l'on  en- 
voie en  Allemagne,  en'Hollande  &:  ailleurs.  Ce  pays 
eft  l'ancienne  Cherlonncfe  Cimbrique.  Les  Cimbres 
qui  la  pollcdoicnt ,  s'étant  joints  aux  Teutons  iSc  aux 
Ambrons  ,  l'abandonnèrent  pour  s'aller  établir  dans 
l'Empire  Romain  ,  ou  après  quelques  bons  fuccès  , 
ils  furent  déhiits  par  le  Conlul  Marins.  Les  Jutes  , 
peuples  d'Allemagne  ,    s'emparèrent  de  leur  pays  , 
&  lui  donnèrent  le  nom  de  Jutland.  En  948.  le  Jut- 
land fut  divifé  en  trois  Evêchés  fournis  à  l'Arche- 
vêché   de    Hambourg  ,    ces   trois   Evêchés    furent 
Slefwick ,  Rypen  &  Arhus  ;  &  depuis  cet  établif- 
fement ,  la  Religion  Chrétienne  ht  de  grands  pro- 
grès dans  tout  le  Nord.  On  le  divi(e  aujourd'hui  en 
deux  parties  générales  ,  qui  portent  les  noms  de  Jut- 
land {eptentrional ,  &:  Jutland  méridional  ,  à  caufe  de 
la  diverfité  de  leurs  fituations.  Vers  l'an  1071,  fous  le 
règne  de  Suénon  ,  furent  érigés  deux  Evêchés  dans  le 
"Nord-Jutland;  lavoir  ,  Vibourg  &  Burglave  ,  depuis 
transféré  à  Albor.  Fleury  ,  Hifl.  Eccl.  L.  61. 

Au  refte ,  il  faut  dire  le  Jutland ,  &  non  pas  la 
Jutlande.  De  même  les  deux  parties  font  appelées  le 
Nord  Jutland ,  Se  le  Sud-Jutland. 
Jutland  septentrional  ,  ou  Nord  Jutland.  C'eft 
une  partie  du  Jutland.  Jutia  feptentrionalis.  Elle  eft 
une  fois  plus  grande  que  l'autre  ,  dont  elle  eft  fé- 
parée  par  une  grande  ligne  ,  tirée  de  la  ville  de 
Rypen  à  celle  de  Coldingue  inclullvement.  Elle 
appartient  toute  entière  au  Roi  de  Danemarck ,  & 
elle  eft  divifée  en  quatre  Diocèles  ,  dont  les  capi- 
tales lont  Rypen  ,  Arhulîen  ,  Wiborg  &  Alborg. 
Maty. 
Jutland  méridional  ,  ou  Sud-Jutland,  ou  le  Du- 


,      J  U  V 

ché  de  Slefwick.  Jutia  meridionalis ,  Slefvicenjîs  Du- 
catus.  C'eft  la  plus  petite  partie  du  Jutland.  Elle  eft 
entre  le  Jutland  feptcntrional ,  &  le  Duché  de  Holf- 
tcin.  Ce  pays  appartient  en  partie  au  Roi  de  Dane- 
marck ,  &  en  partie  au  Duc  de  Holllein  Gottorp. 
Il  y  a  quantité  de  Noblelle  dans  le  Sud  Jutland  , 
les  lieux  principaux  font  Slclvick  ,  Eckellenford  , 
Flensbourg  ,  Appcnrade  ,  Hadcrtchelcben  ,  Tonde- 
ren  ,  Hufum  ,  Frédéricftade  &z  Tonninge.  Il  y  a 
quelques  iles  dans  la  mer  d'Allemagne  ,  oc  dans  la 
mer  Baltique  j  qui  dépendent  de  ce  pays,  Alfen, 
Nordlrrand  &  Fera  ,  en  (ont  les  principales.  Maty. 
Le  nom  de  Jutland  eft  compofé  de  celui  de  Jut, 
nom  de  peuple  ,  &  du  mot  Allemand  landt  ,  qui 
veut  dire  pays. 
JUTURNE.  f.  f  Nom  de  femme  Se  de  fontaine.  Ju- 
turna.  Jupiter  donna  limmortalité  à  Juturne  ,  ôc  en 
fit  une  Nymphe  du  fleuve  Numicus  ,  aujourd'hui 
Némi  j  en  lécompenfe  des  faveurs  qu'elle  lui  avoit 
accordées.  Mais  au  vrai  Juturne  étoit  une  fontaine 
du  Latium  ,  dont  les  eaux  étoient  très-falutaires ,  & 
qu'on  nomme  aujourd'hui  Treglio.  Elle  fe  déchar-i 
geoit  dajis  le  Némi  ;  c'eft  ce  qui  a  donné  occafion 
à  la  fable.  On  feignit  encore  qu'elle  étoit  hlle  de 
Damus  j  &  fœur  de  Taurus  j  Roi  des  Rutulois. 
J^oyci  'V'^irgile  ,  Enéide ,  Liv-  XII.  D'autres  difent 
qu'ayant  eu  commerce  avec  le  Roi  Latinus  ,  &  la 
chofc  étant  devenue  publique  ,  elle  fe  précipita  de 
chagrin  dans  le  Némi.  Juturne  avoit  un  temple  à 
Rome  dans  le  champ  de  Mars.  On  Pinvoquoit  , 
dit  Varron  ,  lortqu'on  croyoit  avoir  befoin  de  fe- 
cours  dans  quelque  entreprite.  Ce  mot  lignihe  la 
même  chofe  qu'Adjutrice.  Peut-être  étoit-ce  la  mê- 
me que  la  fœur  de  Turnus.  On  conduiioit  à  Rome 
des  eaux  de  la  fontaine  Juturne  pour  tous  les  facri- 
ficcs ,  fur  tout  pour  ceux  de  Vefta  ,  où  ii  étoit  dé- 
fendu d'en  employer  d'autre,  f^oyei  Seivius  Iur  le 
XII.  de  l'Enéide.  Il  y  en  avoit  encore  une  autre  de 
même  nom  à  Rome  ,  dans  l'endroit  où  eft  aujour- 
d'hui une  Egliie  fous  le  titre  de  Sainte  Marie  la 
Libératrice.  Confultez  Volllus ,  de  Idolol.  L.  II.  c. 
So.  L.  FUI.  c.  6. 

Servius  dérive  ce  mot  de  juvare  ,  aider',  &  dit 
qu'il  fut  donné  à  la  fontaine  dont  nous  avons  par- 
lé ,  à  cauie  de  la  bonté  de  fes  eaux  très-lalutaircs 
aux  corps.  Juturne  étoit  aulII  une  déelfe  de  la  bonne 
fanté.  Fûye\  Voftius  cité. 

J  U  V. 

JUVEIGNERIE  ,  ou  JUVEIGNEURERIE.  f.  f.  Vieux 
terme  de  Coutumes.  Ordre  de  naiflance  entre  deux 
frères  dont  l'un  eft  plus  jeune  que  l'autre. 
JUVEIGNEUR.  f.  m.  Vieux  terme  de  Coutumes  , 
qui  lignifie  un  frère  puîné ,  ou  un  cadet  à  l'égard 
de  l'aîné.  Junior.  Il  y  a  des  Terres  nobles  qui 
font  tenues  à  ligence  de  l'aîné  Se  du  juveigneur, 
qu'on  appelle  tenues  en  juveignerie  ou  en  parage. 
Ce  mor  a  été  dit  par  abrégé  de  jeune  Seigneur.  On 
trouve  aulli  jouveigneur. 

Les  Jeux  JUVENAUX.  Juvenales  ludi.  Etoienc 
des  exercices  de  corps ,  des  jeux  ,  des  combats  inf- 
tirués  par  Néron  ,  lorlqu'il  fe  fit  faire  la  barbe  pour 
la  première  fois.  C'eft  de- là  qu'ils  avoient  pris  ce 
nom.  Les  jeux  juvc'naux  le  failoient  dans  les  mai- 
fons  particulières  ,  &  il  paroît  que  les  femmes  y 
avoient  part;  car  Xiphilin  rapporte  qu'une  Dame 
de  la  première  qualité  ,  Se  très-riche  ,  nommée 
y£olia  Catula  j  y  danfa  à  l'âge  de  quatre  -  vingts 
ans.  C'étoit  appaiemment  les  mêmes  que  ceux  qu'on 
appeloit  Néroniens  ,  qui  furent  ainli  appelés  ,  lorf- 
que  Néron  les  eut  rendu  publics  Se  lolcnnels. 

JUVÉNAZZO.  royex  Giovénazzo. 

JUVENCE.  f.  f.  Vieux  mot.  Jeuneife. 

ce?  JUVENTAS.  f.  f.  Déelle  de  la  jeunelTe  chez  les 
Romains.   Foyc:(  Jeunesse  ,  terme  de  Mythologie. 

JUVIGNIEU.   Nom   d'un    ancien  lieu   litué  dans  le 
Diocèle  de  Lyon  ,  comme  il  paroit  par  les  lettres 


I  X  I 

de  Lucius  III.  Joviniacum  ,  Juvinlacum.  Dr  Valois  , 
Notit.  Gall.  pa^.  2sS. 

J  U  X. 

JUXTAPOSITION,  f.  f.  Terme  d'Hiftoirc  naturelle 
&  de  Phyfiquc.  Politioii  d'une  choie  proche  de 
r.iurre.  |K/  On  le  feit  de  ce  terme  pour  exprimer 
1.1  manière  dont  certains  corps  augmentent  de 
voKime  &  de  quantité  par  l'application  d'une  non 
velle  iiibitance  qui  s'y  ajoute  extérieurement.  Il  e(l 
oppolé  à  ïntuS'Jujuception.  Voyc\  ce  mot.  Juxlapo- 

'\JitLO.  Tournel-ort  expjiquoit  la  génération  des  pier- 
res ,  des  minéraux  &  des  métaux  par  le  dévelop- 
pement de  certaines  femences  j  ou  de  certains 
germes  analogues  aux  graines  des  végétaux  ,  &  aux 
œuls  des  animaux.  Cette  opinion  paroit  d'autant 
plus  infoutcnable  à  N.  qu'il  ne  voit  rien  d'organi- 
que dans  les  producl-ions  minérales  ,  &  qu'il  n'y 
apperçoit  qu'une  luTiple  juxtapofaïon  de  particules  j 
s'il  ell  permis  de  parler  ainli.  Journ.  des  Sav. 
1717.  p.  10 1.  En  1709.  parut  un  l'yllême  qui  éta- 
blilîbit  que  les  coquillts  des  limaçons  font  formées 
par  une  ùmple  appofition  de  parties ,  qu'on  appelle 
juxtapojlt'wn.  Acad.  desSc. 

Ce  mot  cii.  Latin  ,  tiré  de  poutre  ,  mettre  ,  &: 
.  juxta  ,  proche. 

IXAR.  Bourg  d'Efpagnc  ,  lîtué  dans  l'Arragon  ,  fur  la 
rivière  de  Martin  ,  à  quatorze  lieues  de  Sarragolfe  , 
du  côté  du  midi.  Ixarium.  Ixar  a  titre  de  Duché , 
c'eft  ,  dit-on  ,  le  feul  qui  foit  en  Arragou.  Maty. 

I  X  E. 

IXE.  'Ville  de  Jetfengen  ,  dans  l'île  de  Niphon  , 
au  Japon.  Ixum.  Elle  ell  capitale  d'un  Royaume 
qui  porte  fon  nom. 

IXEUTK^UE.  f  f.  Efpèce  de  Chalfc.  L'art  de  pren- 
dre les  oifeaux  à  la  glu.  Ixeudce.  Ce  mot  n'ell 
point  dans  l'ufage  ordinaire  de  notre  langue ,  il  ell 
purement  Grec  ;  on  pourroit  néanmoins  fort  bien 
s'en  lervir  ,  comme  de  tant  d'autres  termes  d'art 
que  l'on  tire  du  Grec.  Il  y  a  plufieurs  fortes  à'Ixeu- 
tiques.  La  première  efl:  celle  qu'on  appelle  Pipée. 
Voye-^  ce  mot.  Un  autre  e(l  de  tendre  des  gluaux  , 
ou  petites  branches  d' jfier  ,  enduites  ou  frottées  de 
glu ,  fur  le  bord  d'un  rullfeau ,  à  un  endroit  où  les 
oileaux  viennent  boire.  Les  ixeutiques  d'Opion  en 
vers  Grecs.  Il  y  a  d'autres  Auteurs  Grecs  qui  ont 
écrit  de  Vixsutique. 

Ce  mot  vient  d'4« ,  de  la  glu. 

I  X  I. 

kxION.  f  m.  Roi  des  Lapithcs ,  en  Theffilie  :  il  de- 
voit  le  jour  à  Jupiter  &:  à  la  Nymphe  Meléte ,  fé- 
lon Diodore.  Son  père  s'appeloit  Antion  _,  &  félon 
Hygin  ,  Léonte.  Les  Poètes  f-eignent  c\nIxion.  fut 
frappé  d'un  coup  de  foudre  &  précipité  dans  le 
Tartare  ,  où  Mercure  l'attacha  à  une  roue  toute 
environnée  de  ferpens  ,  cjui  devoit  tourner  (ans 
relâche. 
';ao.\.   Prince    du  fang  des  Héraçlides  ,  qui  régna  à 


I  Z  L 


3^r 


Corinthe  après  la  mort  de  l'on  père  Alétès. 
IXIR.  1.  m.  Terme  de  Philufophie  hermétique.  Nom 
que  les  Sages  donnent  au  mercure  quand  il  cil  par- 
venu à  la  couleur  noitc. 

I  X  O. 

IXO  ou  ISJO.  Royaume  du  Japon  ,  dans  l'ile  de  Ni- 
phon. 

J  Y  N. 

JYNGUER.  V.  n.  Vieux  mot.  Vouloir  jouer  ,  folâ- 
trer. Ce  mot  vient  du  Grec  ">i^  ,  qui  veut  due  , 
Amorce  pour  l'amour  ,  pour  les  plaifirs. 

JYNX.  f  m.  Petit  oifeau  un  peu  plus  gros  qu'un  pin- 
çon. Il  a  le  bec  dur  ,  robulle  ,  de  couleur  noire 
plombée.  La  pointe  de  ù\  langue  e(l  fi  forte  &  Ci 
aiguc  ,  qu'elle  perce  la  peau  d  un  homme  comme 
feroit  une  aiguille.  Il  ell  couvert  de  plumes  de  di- 
verfes  couleurs.  Il  vit  de  fourmis  qu'il  attrappe 
avec  la  pointe  de  L\  langue.  Il  fait  fon  nid  dans 
les  trous  des  arbres  &  des  maifons.  Il  e(l  bon  à 
manger ,  &  l'on  s'en  fert  contre  l'épilepfie. 

I  Y  O. 

lYO.  Nom  d'une  ville  du  Japon.  lum.  Elle  efl:  dans 
la  partie  occidentale  de  l'île  Xicoco  j  &  elle  eft  ca- 
pitale du  Royaume  de  lyo.  Maty. 

I  Z  C. 

IZCALLI.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  dix- 
feptième  mois  de  l'année  des  Mexicains  ,  elle  en 
contient  dix-huit ,  qui  lont  tous  de  vingt  jours.  On 
ne  dit  point  ce  qu'ils  font  pour  égaler  leurs  an- 
nées à  l'année  folaire.  On  appelle  auili  ce  mois 
UicallL 

Selon  quelques  uns  ,  I^calli  ell  le  douzième  mois 
des  Mexicains.  Voye^  Kirker,  Ocd.  p.  jo.  6f  Steph. 
Le  Moine  ,  F'aria  Sacra  ^  p.  4  6 p. 

,     .      I  Z  E. 

IZELOTE.  f.  f.  Monnoie  de  l'Empire ,  qui  vaut  en- 
viron trente-iâx  lous  de  France.  Elle  paife  à  Conl- 
tantinople  &  dans  les  Echelles  du  Levant  ,  pour 
les  deux  tiers  d'un  Allelani  ,  Se  quoiqu'elle  ne 
foit  pas  d'im  argent  aulfi  fin  ,  le  titre  en  étant 
moindre  d'un  quart  que  celui  des  piaftres  Se- 
villanes  ,  le  peuple  les  reçoit  volontiers  dans  le 
commerce. 

I  Z  L.  ' 

IZLI  ou  ZÉZIL.  Nom  d'un  bourg  du  Royaume  d'Al- 
ger J  en  Barbarie,  /{/t?.  Il  ell  dans  le  Télenlîn  , 
à  dix  lieues  de  la  ville  de  ce  nom  ,  vers  le  mi- 
di. On  le  prend  pour  l'ancienne  G'uluï  ,  Giglua  & 
Gilva  ,  petite  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienne, 
Maty. 

S:?  IZQUINTENANGO.  Nom  d'une  ville  de  l'A- 
mérique de  la  nouvelle  Efpagne ,  dans  la  provmce 
de  Chiapa. 


k  .4 


■<3m€. 


qj  i,[ji' 


z6 


rz- 


s.  m.  lO"  Lettre  confonne,  la  dixiè- 
me Lettre  de  notre  alpliabet ,  li  Ion 
confond  les  deux  i  ;  h  onziL-me ,  ii 
on  àiftingue  la  voyelle  /  de  la  con 
l'onne  /.  Sa  prononciation  eft  Ka 
dans  l'ancienne  appellation-,  dans  la 
nouvelle  on  prononce  Ke  comme  le 
C  dur.  Le  K  le  prononce  comme  un  C  dur  devant 
uh  a  &  un  0  j  &  devant  les  voyelles  e  ^  i ,  ;^ ,  il  le  pro 
nonce  comme  les  lettres  qu  devant  les  mêmes  voyel- 
les i  ainh  que  nous  les  prononçons  d.ins  les  mots 
quelle,  qui:,  aulli  bien  que  le  c  devant  una^  iécu\cs, 
ypecacaana ,  c//iralle. 

Cette  lettre  eft  empruntée  des  Grecs  -,  c'ctoit  leur 
kappa.  Elle  étoit  peu  en  uLage  chez  les  Latins  \  ils  ne 
l'employoient  guère  que  pour  marquer  les  Calendes. 
Le  C  tenoit  lieu  du  K.  Il  a  été  jugé  inutile  &  luper- 
liu  par  Prifcienj  livre  premier.  Claude  Daulquius 
dit,  a'Jjrès  Sallulte  ,  que  l'inventeur  du  /C  fut  nommé 
Salvius ,  &  que  cette  lettre  a  été  inconnae  aux  an- 
ciens Romains.  Le  nom  de  Kartage  eft  écrit  par  un 
K  fur  les  médailles  ,  SALVIS  AUGG.  Eï  CAES. 
FEL.  KART,  dans  Dioclétien  ,  Maximien,  ConÙan- 
tiusj  &c.  Se  quelqucl-bis  un  K  fcul  eft  pris  pour  Kar 
tago  tur  les  médailles.  Selon  M.  Béger ,  un  grand  K 
qui  le  voit  au  revers  des  médailles  des  Empereurs  de 
Conftantinople ,  lîgnihe  Konstantinus  i  &c  lur  les 
médailles  Greques  il  veut  que  ce  loir  i  oiah  •  ï  .  i/, ,  la 
Cœlélyiie.  Jufte  Lipfe  dit  qu'on  .avoit  autrefois  cou 
tume  de  marquer  les  calomniateurs  au  front  d  un  K, 
qu'on  leur  imprimoit  avec  un  fer  rouge.  La  lettre  K , 
que  les  Romains  tenoient  en  foi  &  hommage  du  Grec 
Cappa ,  eft  indubitablement  luperflue,  &:  telle  jugée 
par  i'rilcien.  Z.  /.  comme  celle  dont  on  ne  peut  uler 
qu'es  mots  Grecs  faits  Latins,  efquels  il  eft  convenu 
mettre  un  C  &  y^  enfembleraent.  Qaintilien  dit  que 
quelques-uns  étoicnt  autrefois  tombes  en  cette  héré- 
iîe,  d'eftimer  que  toutes  &  quantes  fois  qu'il  fe  trou 
voit  une  lettre  Latine  en  laquelleau  commencement 
du  mot  on  ufoit  du  C  &  de  .^,  il  y  falloit  employer 
la  lettre  de  K.  J'ai  lu  quelques  vieux  Romans  Fran- 
çois efqucls  les  Auteurs,  plus  hardiment  au  lieu  de  Q, 
à  la  tuite  duquel  nous  employons  l'U  ,  lans  le  profé- 
rer ,  utoient  de  K,  diCms  Ka,  Ke,  Kij  Ko  ,  Ku. 
Pasquier..  Reck.  L.  FJIj.  c.  6 j. 

La  lettre  K  a  diftérentes  lignifications  dans  les  titres, 
les  Chartres,  les  diplômes:  en  voici  quelques  exem- 
ples que  nous  rappoitons  ici ,  parce  que  les  aéles  le 
faif-iient  autrefois  en  Latin  en  France.  KR.  Chorus , 
KR.  C.  Cara  ùvitas.  KRM.  Carmen,  KR.  AM.  N. 
Carus  amicus  nojler ,  KS.  Chaos ,  K.  T.  Caplte  ton- 
fus,  &c. 

Autrefois  on  le  mettoit  au  lieu  d'un  C  dans  les 
noms  propres  Karolus  pour  Carolus ,  ôzc.  C'étoit 
l'ufagedu  temps  de  Charlemagne,  comme  on  le  voit 
par  plufieurs  diplômes. 

On  ne  fe  fert  plus  dans  la  langue  Françoife  de  la 
lettre  K  ,  qu'en  quelques  termes  d'Art,  &  quelques 
noms  pris  des  langues  étrangères.  On  excepte  dans  le 
Moréri  les  mots  de  Kalendes  &  de  Kyrie ,  eleifon. 
Cela  n'eft  pas  vrai  du  mot  Calendes  ,  perfonne  en 
François,  ou  prefque  perfonne  même  en  Latin,  ne 
l'écrit  aujourd'hui  par  un  K  ,  non  plus  que  Calen- 
drier. Ablancourt,  dans  fon  Dialogue  des  lettres, 
fiiitdire  au  K ,  qu'on  a  louvent  mis  en  délibération 
de  le  châtier  de  la  langue  Françoife,  &  de  le  reléguer 
dans  les  pays  du  Nord. 

On  conferve  encore  le  K  dans  les  mots  étrangers 
où  le  C  n'auroit  pas  la  même  prononciation  s'il  y 
étoif,  par  exemple,  on  écrit  Kent  (nom  d'une  pro- 
vince d'Angleterre  )■&  jamiis  Cent,  parce  que  le  C 
ji'a  pas  devant  l'e  la  racine  prononciation  que  le  K , 


mais  on  cctit  Danemarck ,  &c  indifféremment  Konif- 
herg  &■  Conisberg,  parce  que  le  c  après  IV,  ou  devant 
l'oj  a  la  même  prononciation  que  le  K  dans  les  mê- 
mes places.  K  lîgniiîe  quelquefois  Karat.  'V'^oyez  ce 
mot.  K ,  eft  audî  une  lettre  numérale  ,  qui  ligniiie 
dans  quelques  Auteurs  deux  cent  cinquante ,  fuivant 
ce  vers. 

K  quoque  du^jentos  &  quinquaginta  tenebit. 

Si  on  met  un  titre  au-delFus ,  elle  'fignihera  deiuc 
cens  cinquante  mille. 

Cette  lettre  fe  voit  fur  plufieurs  de  nos  mon- 
noies  de  Charles  V.  de  Charles  VL  de  Charles 
VIL  de  Charles  VIIL  &  fur  quelques  unes  de  Charles 
IX.  parce  que  leurs  noms  s'écrivoient  en  Latin 
Karolus. 

Cette  Lettre  eft  le  caraftèrc  dont  on  marque  la 
monnoie  qui  le  fabrique  à  Bourdeaux. 

Blanc  an  K  couronné.  P'-tite  monnoie  de  France 
qu'on  a  appelée  dans  la  fuite  Karolus  ,  ou  Caro- 
lus.  Elle  valoir  dix  deniers  tournois.  Sur  l'un  des 
côtés  il  y  a  une  croix  terminée  par  quatre  petites 
couronnes  ,  avec  ces  mots  :  SI  F  NOMEN  DO- 
MINI  BENEDICTUM.  De  l'autre  côte  le  voit  un 
K  couronne  ou  furmonté  d'une  couronne  ,  avec 
ces  mots  :  KAROLUS  FRANCORUM  REX. 

K  A  A 

KAA.  Palais  dans  l'Ethiopie  ,  auprès  de  Gondar  en 
A.byiîlnie  ,  dans  lequel  il  y  a  un  magnifique  ballîn 
d'eau  qui  lert  aux  cérémonies  de  l'Epiphanie  ,  le- 
lon  le  rit  des  Abyilîns. 

03"  KAALING.  f.  m.  Nom  d'une  cfpcce  d'Etourneau 
à  la  Chine  &  dans  les  iles  Philippines.  Il  eft  i.oir  ; 
les  yeux  ,  fon  bec  &  fes  pattes  font  jaunes.  Il  .ap- 
prend à  liftier  &  à  parler  comme  les  nôtres. 

KAAWY.  f.  m.  Efpèce  de  boilibn  que  les  Indiens 
font  avec  le  maïs. 

K  A  B. 

KABAK.  f.  m.  On  nomme  ainfi  en  Mofcovie  les 
lieux  publics  où  fe  vendent  les  vins  ,  la  bière  , 
l'eau  de  vie  ,  le  tabac  ,  les  cartes  à  jouer  ,  &:  d'au- 
tres marchandiles  au  profit  du  Czar  qui  s'en  eltré- 
lervé  le  débit  dans  toute  l'étendue  de  fes  États.  Il  y 
en  a  de  deux  fortes  :  les  grands  kabaks  ,  où  toutes 
ces  marehandifes  le  vendent  en  gros  ,  &  petits  ka- 
baks ,  où  elles  fe  débitent  en  détail. 

KABBADE  ou  CABADE.  f.  m.  Nom  d'un  habit  mi- 
litaire des  Grecs  modernes.  Kabbadium  ,  Kahadium, 
Sagum.  Tetzès  Chiliad.  i.  dit  que  cet  habit  étoit 
ainli  appelé  de  Cabades ,  Roi  des  Perles.  Codinus , 
de  Off.  Confiant,  c.  6.  dit  qu'il  avoir  palfé  des  Af- 
fyriens  aux  Grecs  de  Conftantinople.  D'autres  ont 
dit  que  ce  nom  lui  venoit  de  fa  forme  ,  qui  etoit 
lemblable  à  celle  d'un  Kappa  Grec.  Le  P.  Goar 
trouve  ce  lentiment  ridicule.  Quoi  qu'il  en  foit  , 
c'étoit  un  habit  intérieur  ,  que  l'on  portoit  fous  un 
autre  :  le  Kabbade  étoit  court  ,  ferré  ,  fans  plis  , 
il  ne  defcendoit  que  jufqu'au  haut  de  la  jambe  ,  & 
le  boutonnoit  julqu'au  bas  de  la  poitrine  avec  de 
gros  boutons.  On  le  ceignoit  d'une  ceinture  ,  il 
étoit  bordé  de  frange ,  que  le  mouvement  des  jam- 
bes faifoit  paroître  en  faifant  ouvrir  le  Kabbade 
quand  on  marchoit.  C'eft  la  defcription  qu'en  fait 
le  P.  Goar  dans  les  notes  fur  Codin  ,  p.  49.  not. 
30.  \\  croit  que  ce  n'eft  autre  chofe  que  le  Sagum 
des  Romains  ,  qui  avoit  dégénéré  en  Kabade  chez 
les  Giecs.  L'Empereur  &  le  Defpote  portoienc  le 
Cahade  violet ,  ou  pourpre.     ' 

KABBALE.  roje^C-vESALE. 


K  A  C 

KABESQUI  ,  ou  CABESQUE.  f.  m.  Petite  mennoie 
de  cuivre  ,  qui  ne  le  fabrique  «Se  qui  n'a  cours 
qu  en  l'crfe.  Le  kabefquï  vaut  cinq  deniers  &  une 
maille  de  France. 

KABIN  j  ou  KÉBIN  ,  ou  KUBIN.  f.  m.  Mariage  con- 
rra^^é  pour  un  certain  temps  Iculemcnt  parmi  les 
'  Mahomctans.  Matnmonïum  non  perpetuum.  Connu- 
bium  ai  umpus.  Le  Knhin  (e  hiit  devant  le  Cadi  , 
en  préicnce  duquel  l'homme  cpoufe  une  femme 
-pour  un  temps  limité  à  condition  de  lui  donner 
une  certaine  (omme  à  la  fin  du  terme  ,  lorfqu'il 
Ja  quittera.  Quelques  Auteurs  ditent  que  le  Kebin 
n'cll:  permis  que  chez  les  Pcrfes  Sc  dans  la  Sede 
d'Ali  -,  d'autres  prétendent  qu  il  l'eft  aullî  parmi  les 
Turcs,  f'^oye:^  Piétro  dclla  Valle  ,  Tome  111.  tk.  Hi- 
caut  de  l'Empire  Ottoman.  Méninski  l'appelle  Ma- 
ri.age  à  la  Turque,  ou  plutôt  j  c'ell ,  iclon  lui,  la 
confirmation  qui  s'en  fait  devant  le  Cadi ,  Li  con- 
dicion  impolcc  au  mari  de  payer  à  la  femme  une 
certaine  fomme  ,  s'il  la  répudie.  Il  ne  doute  point 
non  plus  que  ce  ne  foit  1  u(age  chez  les  Turcs. 
MatnmûTiïum  ,  feu  potius  confirmaùo  e]us  qu&  à 
judice  fit  ,  &  fponfalïa  ,  feu  fponfalïtïa  promiffa  j 
quïbus  foluds  iuÛa  repudïan  pojfu.  Et  enfuite  en 
Italien.  Matrlmonio  à  la  Turchejca  j  &c. 

Ce  mot  eft  Turc  T^!*^  ,  Khabin  ;  car  c'eft  un 

Khef ,  &  il  feroit  mieux  d'y  mettre  une  h. 

K  A  C. 

KACHEMIRE  ,  ou  CACHEMIRE.  Cafîmire ,  Se  Caf- 
femïre.  Nom  d'iuie  Province  des  Etats  du  Mogol 
en  Alie.  Kachemira  ,  CaJJïmini.  Elle  eft  au  pied 
du  mont  Caucafe  ,  qui  la  fépare  de  la  grande 
Tartarie.  Elle  confine  avec  le  Royaume  des  Kaka- 
res  ,  les  Provinces  de  Baudifch  ,  de  Lahor  ,  d'At- 
tock  6c  de  Cabul.  Kackemire  paffe  pour  un  des 
pays  des  plus  fertiles  des  Indes.  Ce  pays  a  eu  fes 
Rois  particuliers,  &c  n'eft  fournis  aux  Mogols  que 
depuis  le  XVI.  Iièclc. 

L'Auteur  de  l'Hiftoire  générale  du  Mogol  écrit  ce 
nom  par  un  G  ,  &  ne  lui  donne  jamais  d'article. 
Afin  de  jouir  plus  en  repos  des  plailns  de  la  paix  , 
Jehan    Guir    alloit   fouvent   palier    l'été  dans    le 
Royaume  de  Cachemire.  C'eft  le  pays  le  plus  fep- 
tentrional  des  États  du  Mogol  ■■,  il  ell  litué  au  pied 
du  mont  Caucate.  Cachemire  n'eft  à  vrai  dire  qu'une 
grande  vallée  environnée  de  montagnes  ;  quelques- 
uns  allurent  que  le  Heuve  Indus   y  prend  la  lour- 
ce.  C'eft  une  erreur  qui  n'eft  iuivie  d'aucun  Géo- 
graphe. Il  eft  vrai  qu'un  grand  nombre  de  petites  ri- 
vières fortent  de  Cachemire  ,  &  viennent  fe  jetter  dans 
l'Indus.  P.   Catrou.    Le  Royaume    de  Cachemire 
palîe  pour  le  Paradis  terreftre  des  Indes.  Aullî  n'y 
a-t-il   guère  de   pays  au   monde  où   Tair  foit  plus 
tempéré  ,  plus   lain  ,    &  où  l'on  trouve  plus  en 
abondance  toutes  les  délices  de  la  vie.  Quand  on' 
a  pallé  les  montagnes  qui  féparent  l'Indouftan  de 
Cachemire  ,  il  femble  qu'on  ait  été  tranfporté  tout 
à  coup  des  climats  les  plus  brûlans  de  l'Alic ,  dans 
les  pays  les  plus  tempérés  de  l'Europe.  Aullî  ce  ne 
lont  plus  les  mêmes  arbres  ,   &   les  mêmes  fruits 
qu'on  voit  aux  Indes.  Ce  lont  nos  fruits  &c  nos  ar- 
bres de  France  ;  des  poiriers  ,  des  pommiers  ,  des 
abricotiers  ,  &c.  le.   C'eft  dans  ce  beau  Royaume 
que  Jehan  Guir  ne  manquoit  guère  d'aller  palier  la 
l'aifon  la  plus  chaude  de  l'aimée.  Il   eftimoit  tant 
Cachemire  ,  qu'il  auroit  mieux  aimé  ,  diloit  il ,  per- 
dre le  refte  de  fes  États  ,  que  cette  feule  contrée. 
Idem. 

Ce  défaut  d'article  ne  nous  paroît  pas  extraordi- 
naire ,  parce  que  Cachemire  eft  un  nom  peu  ufité  ;  il 
eft  pourtant  contre  l'ufage  &  l'analogie  qui  demande 
communément  un  article  devant  les  noms  de  Royau 
mes ,  de  Provinces  ,  de  Contrées  ,  quand  ils  ne  font 
pas  mis  en  un  lens  indéfini  ,  ou  comme  indéfini. 
Que  le  nom  de  Cachemire  foit  étranger  ,  cela  n'y  fait 
rien  ,  nous  ne  dirions  point  Chine  n'eft  à  vrai 
dire,  &c.  Us  habitèrent  à  Japon.  Il  eftimoit  tant  Inde 


K  A  D  327 

ou  Perfc.  Il  a  rempli  Egypte,  ou  Arabie,  ou  Tun- 
qum  ,  des  marques  de  là  magnificence.  Il  femble 
donc  qu'il  eût  été  mieux  de  faire  entrer  Cachemire 
dans  la  règle  générale  :  il  faut  néanmoms  convenir 
aullî  qu'il  y  a  des  noms  étrangers  de  Provinces  ik.  de 
Royaumes  qui  ne  veulent  pomt  d'article.  Tel  eft 
Siam.  On  ne  dit  point  le  Siam,  du  Siam,  auSiam^ 
mais  Siam,  de  Siam  ,  à  Siam  ,  comme  aux  noms  pro- 
pres de  villes.  J'aimcrois  pourtant  mieux  mettre  un 
article  pour  drftinguer  t'i(tAt;/wirc;  contrée,  de  Cache- 
mire ville.  Il  faut  éviter  autant  qu'on  peut  les  ambi- 
guités  dans  les  langues.  C'eft  ainfi  que  nous  difons 
Luxembourg  ,  Mekelbourg  &C  le  Luxembourg ,  le 
Mtkelbourg ,  en  parlant  des  pays  ou  provinces  donc 
ces  villes  font  capitales,  &  ainli  communémenr  des 
autres. 

Kachemire,  eft  aullî  le  nom  propre  de  la  ville  capitale 
de  la  province,  dont  on  vient  de  parler-,  elle  eft  fi- 
tuée  fur  un  lac  d'où  fortent  deux  rivières  qui  traver- 
fent  la  ville ,  Hz  font  déjà  allez  fortes  pour  porter  ba- 
teau. On  la  prend  pour  l'ancienne  Cajpira. 

KACHEMIRISTE.  f.  m.  ik  f.  Originaire,  habitant  de 
Cachemire.  Kachemirianus.  Cajfimirianus  ^  a.  Cajfe- 
mirienfis.  Le  Père  Catrou  a  fait  ce  nom  dans  Ion  hif- 
toire  du  Mogol.  Les  peuples  mêmes  qui  habitent  cette 
agréable  contrée  (  de  Cachemire  )  n'ont  rien  de  la 
moUelle  Se  de  l'oiliveté  des  Indiens.  Ils  {ont  forts  Se 
laborieux  ,  appliqués  à  cultiver  leurs  terres  &  fort 
braves  dans  la  guerre.  C'eft  une  ancienne  tradition 
que  les  Juifs  qui  furent  emmenés  captifs  du  temps  de 
Salmanazar ,  habitèrent  à  Cachemire  ;  Se  que  les  Ca- 
chemirifies  font  les  delcendans  de  ces  Juifs  d'autrefois. 
Certainement,  quoiqu'on  ne  trouve  plus  à  Cache- 
mire aucun  veftige  de  la  Religion  Judaïque,  tous  les 
peuples  y  étant  Gentils  ou  Mahométans ,  on  voit  ce- 
pendant quelques  traces  d'une  nation  defcendue  des 
Ifraëlites.  L'air  du  vifage  &  la  phyfionomie  de  ces 
peuples  j  a  quelque  chofe  de  ce  qui  diftinguc  les  Juifs 
Se  de  ce  qui  les  fait  reconnoître  parmi  tous  les  autres 
peuples.  Le  nom  de  Moyle  y  eft  fort  commun ,  Se  l'on 
voit  encore  d'anciens  monuments  qui  délignent  une 
nation  lortie  d  llrat'l.  Par  exemple,  le  refte  d'un  édi- 
fice bâti  fur  une  haute  montagne ,  s'.ippelle  encore 
aujourd'hui  le  Trône  de  Salomon.  P.  Catrou. 

KACHÉTI,  GACHÉTI,  ou  ZACHÉTI.  Nom  d'une 
contrée  de  l'Aile.  Gaguetia.  Elle  eft  dms  la  Géorgie 
entre  les  Tartares  de  Dagheftan ,  le  Scirvan ,  Tlrvan 
Se  le  Carduel.  Ce  pays  a  fon  Prince  ou  Roi  particu- 
lier ,  tributaire  du  Roi  de  Perfe.  Zagan  en  eft  la  ville 
capitale.  Maty. 

KACHSCHAGA.  Nom  d'une  ville  de  la  Tartarie  Mof- 
covite.  Kacfchaga.  Elle  eft  dans  le  Royaume  de  Ca- 
fanj  fur  le  Wolga,  environ  à  vingt-cinq  lieues  au- 
defllis  de  la  ville  de  Cafan.  Maty. 
KAGKERLACKES.  f  m.  pi.  Habitant  des  îles  fituées 
au  fud-eft  de  Ternate.  On  dit  qu'ils  voient  mieux  la 
nuit  que  le  jour.  Aullî  fuyent  ils  la  lumière ,  Se  ont-ils 
toujours  les  yeux  à  demi-fermés. 
KACSÉOLE.  Petite  contrée  d'Autriche  en  Allemagne. 
Kacfeola.  Laas  eft  la  capitale  de  la  Kacféole. 

K  A  D. 

KADALI.  f.  m.  Ray  fait  mention  dans  fon  Hiftoirc  des 
Plantes,  de  quatre  arbrllfeaux  qui  portent  ce  nom. 
Us  croillenr  aux  Indes  Orientales.  §3"  On  fait  de  l'é- 
coice  du  fruit,  des  feuilles,  &desllcurs,  une  huile 
dont  on  fe  fert  dans  les  aphtes.  On  s'en  frotte  la  tête 
avec  fuccès  dans  l'épileplie. 

KADARE  ,  ou  KADARITE.  f  m.  &  f.  Nom  d'une 
Sedte  Mahométane.  Kadarus.  Kadarita.  Les  Giaba- 
res  Se  les  Kadares  font  deux  Seéles  oppofées.  Les 
Kadares  nient  le  deftin  ,  la  prédeftination ,  Se  tout  ce 
qui  nou5  ôre  la  liberté-  Ils  croient  que  l'homme  a  le 
pouvoir  de  faire  le  bien  ou  le  mal,  félon  fon  choix  ,  & 
qu'il  peut  toujours  ufer  de  fa  liberté  quand  il  lui  plaît. 
F'oye^  Ricaut,  de  l'Emp.  Ottom. 

Ce  nom  leur  a  été  donné  du  mot  Turc  11"ip,  Ku- 
dur ,  qui  fignifie  pouvoir,  puilfance  à  caufe  du  pou- 


328 


K  A  E 


voir  d'agir  ou  de  ne  pas  agir ,  de  faiie  le  bien  ou  le 
mal  qu'ils  reconnoillènt  dans  l'homme. 

KADEDI,  ou  KADEDIS.  Efpcce  de  jurement  Gafcon. 
Voye'^  Cadedis. 

KADELBOURG.  Village  de  Suilfe  au  Comté  de 
Bade. 

^J"  KADENS.  Terme  de  Relation.  On  donne  ce  nom 
dans  le  Serrail  du  Grand  Seigneur  à  des  femmes 
■d'un  âge  mûr  ,  qu'on  établit  pour  avoir  l'œil  fur 
les  maitrelles  du  Sultan.  Anecd.  de  la  Mai/.  Ottom. 
Cet  Auteur  dit  ailleur  Kadun,  qu'il  explique  par 
Gouvernante  des  Odaliques  ,  femme  dclHnée  au 
lervicc  des  Odaliques ,  des  maîtrillés  du  Grand  Sei- 
gneur. 

KADÉZADÉLÎTE.  f.  m.  &  f  Nom  d'une  Sede  Ma- 
hometane.  Kade\addïta.  Cette  'Sitâcs.  ne  fe  diilingue 
prefquc  que  par  quelques  cérémonies  que  l'on  y  prati- 
que aux  obféques  des  morts  ,  &  dans  les  prières  que 
l'on  fait  pour  eux.  C'eft  du  moins  ce  qu'elle  a  de  plus 
Singulier.  L'Auteur  de  cette  Sefte  eft  un  certain 
Burgali  Eftemii.  Quelques  Auteurs  femblent  vou 
loir  faire  croire  qu'ils  ont  pris  des  Chrétiens  la  prière 
pour  les  morts ,  quand  ils  difent  que  la  plupart  des 
Kadé\adéiLtcs  font  des  Rulliens  &  d'autres  Chrétiens 
renégats  ,  qui  ont  retenu  quelque  idée  confufe  du 
Purgatoire  &  des  prières  pour  les  morts  ,  comme 
s'ils  étoient  les  feuls  qui  eullcnt  ces  idées.  Voye\  Ma- 
raccio  dans  Ion  Prodromus  ad  Refutationem  Alcorani. 
P-  If^,  c.  f ,  p.  /  f  ,  col.  -? ,  où  il  explique  les  cé- 
rémonies que  les  Mufulmans  pratiquent  aux  obfé- 
ques  des  morts  ;  combien  de  fois  ,  Se  comment  ils 
lavent  le  corps  du  mort;  de  combien  d'habits,  &  de 
quels  habits  ils  le  revêtent  ;  les  fumigations  qui  fe 
font  ;  les  prières  que  récitent  (ur  lui  d'abord  les 
gens  conllitués  en  dignité  ,  enf'uite  les  parens  du 
mort ,  &c.  Ce  que  l'on  ajoute ,  que  leur  Incan  crie 
à  haute  voix  aux  oreill.s  du  corps  mort ,  qu'il  fe 
fouvienne  qu'il  n'y  a  qu'un  Dieu  &  un  Prophète  , 
n'eft  pas  plus  exadt.  Ce  n'efl:  point  aux  oreilles  du 
corps  mort ,  c'eft  aux  oreilles  des  Agonifans  qu'ils 
difent:  Il  n'y  a  point  de  Dieu  ,  fmon  un,  &  Ma- 
homet eft  fon  Envoyé  ;  &:  c'eft  leur  profellîon  de 
foi.  qu'ils  lui  luggèrent  alors  ;  mais  ce  n'eft  pas  les 
Kadc\adcruesiQ\x\s,Cit^  tous  les  Mufulmans  qui  le 
font,  f^oye:^  Maraccio. 

KADOLE.  f.  f.  Miniftre  des  chofcs  fecrètes  de  la 
Eeligion  ,  dans  les  myftères  des  grands  dieux.  Ka- 
dûlus.  Denis  d'Halicarnalle ,  dans  fes  Antiquités  Ro- 
maines ,  L.  II ,  dit  que  les  Kadoles  étoient  chez  les 
Hétruriens  ,  Se  auparavant  chez  les  Pélafges,  c'eft- 
à-dire  ,  les  anciens  Grecs ,  ce  qu'étoient  les  Ca- 
milles  chez  les  Romains  ;  que  c'étoient  les  Minif- 
tres  des  -Prêtres  dans  les  lacrifîces ,  &  dans  les  myf- 
tères des  Curetés  &  des  grands  dieux. 
JCADRIS.  f  m.  pi.  Sortes  des  Religieux  Turcs,  appelés 
ainii  de  leur  Fondateur  Abdul-^iji^n-Ghilani.  Il  na- 

•  quit  l'an  de  l'hégire  de  Mahomet  f6i  ,  &  mourut 
en  l'année  6/7.  Son  tombeau  eft  hors  des  portes  de 
Babylone,  où  vont  en  pèlerinage  la  p!up.an  de  ceux 
•qui  font  profellîon  -de  fon  Ordre.  Leur  noviciat  eft 
un  noviciat  de  jeûne  &  d'abftinence  ,  qu'ils  font  obli- 
gés de  faire  par  degrés.  Ceux  qui  vivent  dans  le 
Couvent  ont  toujours  les  pies  nus  ,  &  ne  fe  rafent , 
ni  ne  le  couvrent  la  tête.  Ils  portent  une  couverture 
blanche  ,  d'un  drap  fort  gros  ,  &:  font  ordinairement 
allls  comme  les  autres  Religieux  Mahometans  ,  la 
tête  b.iilîée  &c  le  nez  fur  la  poitrine.  Ils  ont  un  Cou- 
vent à  Thophana  ,  dans  Conftantinople.  Chacun 
d'eux  eft  obligé  de  faire  une  fois  l'an  une  retraite 
particulière  de  quarante  jours  dans  une  petite  cellule 
où  perlonne  ne  les  voie,  l'oye^  Cadrite. 

ifS-  KADUN.  Foyei  KADENS. 

K  A  E. 

KAENE.    f.  f  'Vieux   mot.  Chaîne.  On  a  dit  auiîl  en- 
^  katne  ,  pour  Enchaîné. 
JvAER.  Ancien  nom  d'une  rivière  de  Bretagne.  Kaer. 
On  trouve  ce  nom  d^ins  les  titres  de  l'Hiftoire  de 


K  A  I 

Bi;etagne,  T.  II ,  p.  7/  ,  où  il  eft  dit  que  cette  ri- 
vière étoit  in  Bot.  Carman  ,  «Se  que  Cornou  étoit 
litué  delfus. 
KAEY.  f.  m.  Arbre  haut  &  épais  qui  croît  au  pays 
des  Nègres.  Son  bois  eft  fi  dur  que  l'on  en  fait  des 
canots  qui  réiîftent  fort  long  temps  à  l'eau,  8c  qui 
ne  ie  pourriftcnt  pas  facilement.  On  en  emploie  l'é- 
corce  Si  les  feuilles  dans  des  remèdes. 

K  A  F, 

KAFFUNGEN  ^  ou  CAPUNG.  Confugia.  Petite  ville 
&  Monaftère  d'Allemagne  dans  la  Helfe  ,  près  de 
CallH. 

KAFRE-CHIRIN.   Ville   de  Pcrfe  ,  bâtie  par  le  Roi 
Nouchirevon-Aadel ,  furnommé  le  Jujle  ,  dont  les 
faits   &   dits  font   les  fondemens   de  la  morale  des  ' 
Perlans. 

K  A  G. 

KAGNE.  f.  f.  Efpéce  de-  pâte  que  font  les  Italiens  avec 
la  plus  belle  farine  de  froment  :  en  la  faifmt  palfer 
par  des  trous  faits  exprès  ils  en  forment  des  mor- 
ceaux en  façon  de  ruban j  larges  de  deux  doigts. 
Il  feroit  plus  naturel  d'écrire  ce  mot  avec  un  C , 
mais  on  ne  l'a  point  trouvé  qu'avec  un  K. 

K  A   H. 

KAHIAC.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Il  y  en  a  qui 
appellent  ainli  le  quatrième  mois  des  Coptes. 

KAHOUA ,  ou  KAHOUÉ  ,  ou  KAHOUE.  C'eft  le 
nom  que  les  Arabes  ,  les  Turcs  ,  &  les  Perlans 
donnent  au  café,  &:  d'où  nous  avons  fait  celui  de 
Caté.  foye'^  ce  mot. 

IfT  KAHOUANNE.  f.  f.  Efpèce  de  Tortue  dont  l'é- 
caille  s'emploie  dans  les  ouvrages  de  Marqueterie. 
T^oye^  Caouanne. 

KAHUER-BACHI.  f.  f.  Terme  de  Relation.  Nom 
d'un  Officier  du  Roi  de  Perfe.  C'eft  celui  qui  a  foin 
du  kahué  ,  ou  café_,  de  l'eau  rofe ,  &:  des  autres 
eaux  dillillées  que  les  Perlans  boivent. 

KAHUR.  1.  m.  Nom  d'un  arbre  qui  fe  voit  en  Perfe. 
Piétro  délia  Valle  ,  qui  en  parle  dans  la  II  Partie, 
Lettre  XVI,  p.  ^22  y  dit  que  le  Kakur  ne  porte 
aucun  fruit,  mais  (eulemcnt  des  feuilles  qu'on  donne 
à  manger  aux  beftiaux  ;  que  c'eft  un  arbre  épineux; 
qu'il  lui  paroît  que  c'eft  la  même  choie  que  l'Acacia 
qu'il  avoir  vu  dans  l'Arabie  Pétrée,  &  dont  on  tire 
la  gomme  arabique  ;  que  néamnoins  celui  d'Arabie , 
au  moins  quand  il  le  vitj  avoit  les  feuilles  beaucoup 
plus  petites  que  celui  de  Perle ,  ce  qui  venoit  peut- 
être  de  la  lailoni  que  les  Perlans  ne  retirent  aucune 
gomme  du  Kahur  ,  peut-être  parce  qu'ils  n'ont  pas 
bit  attention  qu'il  en  donne  ,  ou  qu'ils  ne  favent 
p.is  de  que!  ulage  elle  peut  être.  Il  ajoute  plus  bas 
qu'il  y  a  un  certain  village  nommé  Kahuriftan , 
à  caule  de  la  quantité  de  Kahurs  ,  ou  d'Acacias 
que  la  terre  y  produit. 

K  A  I. 

KAI.  Province  du  Japon ,  dans  la  grande  île  de  Ni- 
phon.  C'eft  d'où  les  Japonois  tirent  leurs  meil- 
leurs chevaux. 

gC^  Kai.  Ville  de  la  Chine,  dans  le  Pckeli  ,  au  dé- 
partement de  Taming. 

KAIA.  i.  m.  OftrcierTurc  ,  Commandant  des  Janilfaires 
d'Egypte.  Jan'iffiinorum  dux'in  Egypto.  Les  Janilîai- 
res  (ont  le  corps  de  milice  le  plus  puiftânt  en  Egypte. 
Il  eil:  de  douze  ou  quinze  mille  hommes.  Ils  élilent 
eux-mêmes  le  .Jrijw  qui  les  commande,  &  le  dépollé- 
dent  quand  il  leur  plaît,  /'t'je^  Paul  Lucas. 
///.   Voyage,  T.  II. 

KAIDA.  f.  m.  Ray  tait  mention  dans  fon  Hiftoife 
des  Plantes  de  quatre  arbrifteaux  qui  portent  ce 
nom,  Se  qui  ne  diftérent  que  par  leurs  fruits. 

KAIEN.    Cdiana.  Petite  ville  de  Perfe,,  remarquable 

£31 


K  A  K 

far  I.i  bonré  de  fon  air  ,  &  les  beaux  erpiits  qu'elle 
.1  produits. 
KAIGORUD,   Ville  de  RuHîc,  fur  la  Kamaj  dans  la 

Perniic.  Ou  la  nomme  aulli  Htiyorodeck. 
KAIMACAN.  Foyei  CAIMACAM. 

KAIMACHITES,  ou  NAIMAN  ,  ANE.  f.  m.  ik  f. 
Nom  d'un  grand  peuple,  qu'on  place  au  milieu  d- 
lii  grande  lartarie,  le  long  de  la  rivière  de  Cha- 
înas ,  depuis  les  environs  du  lac  de  Cavcntia  julqu'à 
•la  mer  ,  qu'on  nomme  la  mer  des  Kaimach'ues.  Mais 
dans  la  relation  que  le  Père  Avril  a  donne'c  du 
voyage  de  Tobollc  à  Péking ,  il  ne  lait  aucune 
mention  ,  ni  de  la  rivière  de  Ghamas  ,  ni  des  Kaima- 
£liius  ,  ni  des  Naimans.  Et  M.  Witftn  dans  fa 
Carte  qu'il  a  donnée  des  parties  feptentrionales  de 
l'Alîe  ik  de  l'Europe  ,  met  au  lieu  du  Ghamas 
ï'Yamour  ,  &  au  lieu  des  Kaimach'ues ,  ou  Nai- 
mans ,  il  place  les  Monguls  au  midi  du  Heuve ,  &c 
la  Dauris  ,  avec  quelques  autres  pays  ,  au  nord. 
Kaimachita  ,  Naimanus.  Maty. 

^3"  KAJOU.  1.  m.  efpèce  de  finge  de  l'Amérique 
incridionale  ,  qui  a  le  corps  velu  ,  la  barbe  grife  , 
les  yeux  noirs  ,  &  la  queue  très-longue. 

KAIQ ,  ou  CAIQUE.  f  m.  Terme  de  Relation.  Lin- 
cher  j  cymha.  C'eft  un  mot  Turc  ,  qui  Hgnihe  un 
petit  bateau.  De  la  Boulaye. 

JCAIR.  v.  n.  Vieux  mot.  Tomber  ,  du  Latin  Cadere. 
On  a  dit  aulli  Dekaïr ,   pour  dire  ,  Dccheoir. 

KAIRIOVACOU.  île  de  l'Amérique,  &  la  plus  belle 
des  Grenadines  ,  c'clTà-dire  ,  de  ces  petites  îles  qui 
font  au  nord  de  la  Grenade  ,  Tune  des  Antilles 
de  l'Amérique. 

%T  KAIRAON.  Ville  d'Afrique  ,  capitale  d'un  Gouver- 
nement de  même  nom  ,  au  Royaume  de  Tunis. 
Elle  eft  foumile  aux  Turcs. 

KAISERSHEIM.  Nom  d'une  Abbaye  d'Allemagne. 
Kaifirsheimenfc  Monajlenum.  L'Abbé  de  Kaifcrs- 
heim  eft  Prince  de  l'Empire  du  Cercle  de  Bavière. 
Cette  Abbaye  eft  de  l'Ordre  de  Cîteaux ,  &c  lituéa 
dans  le  Duché  de  Neubourg  ,  peu  éloignée  du  con 
fluent  du  Lech  &  du  Danube.  Elle  fut  fondée  en 
II 13.  par  Henri  Comte  de  LechimundiSc  de  Graif- 

.  bach,  &  par  fa  femme  Loyrarde.  Cette  Abbaye  a 
long  temps  difputé  Ion  immédiateté  contre  le  Comte 
Palatin  de  Neubourg  ,  mais  enlîn  ce  Prince  s'eft  dé- 
firté.  ImholF,  Not  Imp.  L.  III ,  c.  2S  n.  1/. 

KAILERS  LOUTERN.  ou  Cafeloutre.  Ville  d'Alle- 
magne ,  fituée  dans  le  Cercle  Electoral  du  Rhin. 
Lurra  ,  Lutra  Cafarea.  Elle  eft  dans  le  Palatinat  du 
Rhin ,  encre  Spire  &  la  ville  de  deux  Ponts.  Cafe- 
loutre eft  lituée  (ur  un  petit  lac  ,  formé  par  la  rivière 
de  Loutre,  qui  la  couvre  d'un  côté  :  un  bois  la  dé- 
fend de  l'autre  ;  outre  cela  elle  a  quelques  fortifica 
rions.  Cafeloutre  ,  qui  étoit  ville  Impériale  ,  fut 
engagée  l'an  1401.  à  l'Éieitcur  Palatin,  dont  les 
fuccelfeurs  l'ont  poifédée   julqu'à  préfent. 

KAISERSPERG.  Foyei  Keisersperg. 

K  A  J. 

KAJUTSIU ,  ou  KAOYEU.  Nom  d'une  ville  de  la 
Chine.  Kajutfium.  Kaoyeum.  C'eft  la  quatrième 
ville  lous  celle  d'Yancheu  Métropole.  Elle  eft  à  la 
droite  du  grand  canal  ,  fur  le  bord  du  lac  Piexe. 
Elle  eft  grolfe  &  bien  peuplée  ;  fon  territoire  eft 
fertile ,  &  produit  beaucoup  de  riz.  j-îmbafj'.  des 
Holland.  à  la  Chine  ,  p.  10^. 

K  A  K. 

KAKAMA.  Montagne  de  la  Laponie  Suédoife  ,  a  en- 
viron 20  min.  au  nord  de  Torno  ,  &  à  quelques 
lieues  à  l'orient  du  fleuve  de  Torno.  Le  fommet  de 
Kakama  eft  d'une  pierre  blanche ,  feuilletée  &  fé- 
parce  par  des  plans  verticaux  qui  coupent  perpendi- 

I      culaircment  le  méridien. 

IKAKA  MOULLON  ,  ou  KAKA-MULLU.  f  m.  C'eft 
un  arbre  à  filiquesj  qui  croit  aux  Indes  Orientales 
aux  environs  de  Chenotti  ,  Parou ,  &  Warapoli. 
Tome  K. 


K  A  L 


^29 


Son  ccorcc  bouillie  dans  du  lait ,  pafte  pour  guérir 
\cs  diabètes  (^  la  gonorhée.  Ray,  H'ijt.  Plant. 
KAKAUA.l.  m.  Nom  d'un  fruit  qui  fe  trouve  chez  les 
Tapuyisau  Brelil.  Kakara.  Il  a  la  forme  d'une  noix. 
Il  faut  le  fiire  cuire  pour  le  manger,  quand  il  eft 
cru  il  eft  amer.  Marcgravius  ^  Hijl.  Nat.  Brafil. 
L.    VIII ,  c.  4. 

KAKARE.  f  m.  Kakar  ,  ou  Kakarus.  Le  Royaume 
des  Kakares  eft  une  grande  province  de  l'Empire 
du  Mogol,  en  Afie.  Caiharum  regnum.  Elle  s'étend 
beaucoup  d'orient  en  occident  le  long  des  mon- 
tagnes du  Caucafe,  ayant  vers  le  nord  le  Thibeteu 
Tartarie  ,  &  vers  le  fud  les  Royaumes  de  l'itan  ,  de 
Siba  ,  de  Naugrocute  ,  !k  de  Callimirc.  Le*  Gange 
a  (es  lources  dans  le  Royaume  des  Kakares,  &c  les 
lieux  principaux  font  Purhola  &:  Dankaler.   Maty. 

KAKA-TODDALI.  f  m.  C'eft  un  petit  arbrilleau  qui 
croit  dans  toutes  les  contrées  du  Malabar.  On  fait 
avec  la  racine  Se  fon  fruit  ver  ,  frits  dans  de  l'huile  , 
un  onguent  que  quelques  uns  recommandent  con- 
tre la  goutte.  On  prépare  avec  fes  feuilles  bouillies 
dans  de  l'eau  ,  des  bains  qui  partent  pour  ialutaires 
dans  l'analarque  ,  la  cachexie  ,  les  tumeurs  csdéma- 
teufes  aux  jambes ,  &  autres  maladies  de  cette  ef- 
pèce ,  qui  proviennent  du  trop  de  féroiités. 

KAKER.  Foyei  Quaker. 

|(0"  KAKINGA  ,  ou  KAKEGAWA.  Grande  ville  de 
l'Empire  du  Japon ,  à  une  lieue  de  la  grande  ri- 
vière d'Ogingawa. 

K  A  L. 

KALA.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Mot  Turc  3  qui 
lignihe  un  Château.  De  la  Boulaye  Cajirum  , 
Caftellum. 

KALAAR.  Ville  de  Perfe  dans  le  Ghilan. 

§Cr  KAiLABA  Divan,  i.  m.  Terme  de  Relation.  Divan 
confus ,  tenu  précipitamment.  Beélas  alfembla  dans 
la  motquée  le  Calaba  Divan  j  qui  eft  le  fignal 
de  l'extrémité  où  fe  trouve  l'Etat.  Anecd.  de  la 
maif  Octorn. 

KALENTER,  ou  KALENTAR.  f  m.  Terme  de  Re- 
lation. Nom  d'un  Officier  conlidèrable  en  Perfe  : 
c'eft  le  llxième  des  fix  Vifirs  qui  lont  les  (ubftituts  du 
premier  Vifir ,  qu'on  appelle  Etmadaulet.  Le  Ka- 
lenter  eft  à-peu-près  la  même  chofe  à  Ifpahan  ,  que 
le  Prévôt  des  Marchands  à  Paris.  fCT  Cet  Officier 
municipal  eft  chargé  de  recueillir  les  impôts  ,  & 
fait  quelquefois  les  foné1:ions  de  Sous-Gouverncur. 

KALEBERG.  Mons  Calvus.  Montagne  de.  Pologne  , 
au  Palatinat  de  Sandomir  :  on  l'appelle  ainii  parce 
qu'il  n'y  a  point  d'arbres. 

KALÉCUT.  Foyei  CALÉCUT.^ 

KALENBERG.  Nom  d'une  chaîne  de  montagnes ,  fi- 
tuée dans  le  Cercle  d'Autriche  en  Allemagne.  Ca~ 
lenberga.  Elle  commence  au  Danube  ,  à  trois  lieues 
de  Vienne  ,  du  côté  du  couchant  ,  traverfe  la 
Balfe  Autriche  ,  &z  s'étend  dans  la  Stirie,  &  dans 
la  Carinthie,  jufqu'à  la  Drave.  C'eft  une  partie  de 
la  montagne  que  les  Anciens  appelloient  Cefius , 
ou  CetLus  Mons.  Maty. 

CALENDAIRE.  adj  m.  Se  f.  Qui  appartient  aux  Ca- 
lendes ,  qui  y  a  rapport.  Kalendaris.  Les  Faftes  Ka- 
lendaires  ,  Fajii  Kalendares.  Voyez  Fastes.  Junon 
Kalendaire  ;  ondonnoit  ce  titre  à  cette  déelfe^  parce 
que  toutes  les  Kalendes  lui  étoient  confacrées.  Il 
leroit  mieux  d'écrire  ce  mot  par  un  C  ,  comme 
Calendes  Se  Calendrier. 

KALENDÉRIS.  f  m.  pi.  Ordre  de  Relisieux  Turcs, 
appelés  ainll  d'un  certain  Santon  qu'on  nomnioii: 
Kalendéri  ,  &  qui  proféroit  fms  ceftè  le  nom  de 
Dieu  au  fon  de  fa  flûte  ,  qu'il  accompagnoit  de 
larmes  Se  de  foupirs.  Il  alloit  la  tête  nue  ,  le  corps 
couvert  de  plaies  ,  Se  n'avoit  point  de  chemife  , 
n'étant  couvert  que  d'une  peau  de  bête  fiuvage 
fur  les  épaules.  Il  avoit  à  la  ceinture  quelques 
pierres  bien  polies  ,  &  des  pierres  faulfes  à  fes  bras 
au  lieu  de  rubis  (Se  de  diamans.  Les  Kalendéfis.,  fes 
difciples,  prétendent,  par  une  voie  toute  oppoféeà 

Tt 


330  K  A  L 

li  lîenne ,  étte  bons  Religieux  ,   quoiqu'ils  s'aban- 
donnent   publiquement    au  libertinage.    Les^  Turcs 
prétendent  que  li  les  Chrétiens  fe  rendirent  maîtres  de 
Jérufnlem  en  l'année  fix  cens  quinze  de  Mahomet , 
ce  fut  parce  que  le  Chef  de  cet  Ordre  ,  qui  avoir 
beaucoup  de  parc  au  Gouvernement  de  la  ville  ,  étoit 
ivre  lorfque  Tallaut  fut  donné. 
KALENHAUSEN  ,   ou    CALDENHOUSEN.    Nom 
d'un  village  d'Allemagne  j   fitué  dans  le  Comté  de 
Meurs  ,  entre  la  ville  de  Meurs  &  celle  d'Ordingen. 
Kalcnhujium.    Quelques-uns   le  prennent  pour   la 
petite  ville  nommée  anciennementCalonis ,  ou  Calo  , 
que  d'autres  mettent   à  Kulf  j  village  de  la  même 
contïéc. 
KALI.    f.    m.   Plante  qu'en  appelle  autrement  fonde. 
Elle  croît  fur  le  fable  de  la  mer  ,  &  on  l'y  féme  pour 
la  brûler  verte.  On  fe  fert  des  cendres  pour  fondre 
le  verre  ,  pour  faire  du  favon ,  &  la  bière  &  le  fel 
alcali.  Kali  eft  le  nom  que  les   Arabes  donnent  a 
cette  Plante  j  qui  croit  abondamment  en  Egypte  & 
en  Syrie.  Les  Vénitiens  s'en  lervoient  pour  faire  les 
belles  glaces,  que  l'on  appelle  glaces  de  Vcnife.  Il 
s'en  trouve  aulli  beaucoup  dans  le  Languedoc  j  où 
on  l'appelle  Vitraire.  Vitrana.  On  dit  qu'en  Armé- 
nie le   Kali  croît  iî  haut ,  qu'il  devient  un  arbre  mé- 
diocrement  grand.    Bochart  dit  que  cela  n'ell  vrai 
que  d'une  elpèce  du  Kaiï  ;  mais  que  le  Kalï  elf  dans 
le  genre  des  pois  ,  &  que  les    Arabes  l'y  mettent. 
J'^'oye-^  Saumaik   lur  So\\\\ ,  page    \op6.    Bochart 
Hiéroz  ,  Pan.  II,  L.  I ,  c.  7.  Catel  en  parle  dans 
les  Alénioires  de  l'hiilloire  de   Languedoc  ,   L.  I , 
.page,  yo   &  ji.  L'on  retire  aulli  ,  dit-il  ,  un  nota- 
ble profit  dans  le  pays,  d'une  herbe  qu'on  a  accou- 
tumé de  femer  &  cultiver  au  bord  de  la  mer  ,  qu'on 
coupe  lorlqu'elle  eft  venue  à  (a  perfedion  ,  enfuite 
on  la  fait  brûler  dans  un  creux  qu'on  fait  dans  la 
terre  ,   comme  dans  un  f-ourneau  ,  couvrant  ce  creux 
de  terre  par  dellus  ,  afin  que  le  feu  ne  puille  prendre 
air.    Cette  herbe  étant  brûlée ,  Ton    découvre   ce 
creux  ,  qu'on  trouve  plein  de  certaine  matière  dure  , 
qui  s'appelle  dans  le  pays  Salicor,  qui  rellemble  au 
lel  en  roche,  &  de  laquelle  après  on  fait  les  verres. 
Cette  herbe   eft  appelée  des  Arabes  Ka/i,  des  La 
tins   Saikorràa  ,  ik   des    François  Soude.    Il  fe  fait 
il  grande  quantité  de  ce  Salicor  dans  le  Languedoc  , 
qu'on  le  tranfporte  en  divers  Royaumes  ^  mais  prin- 
cipalement en  Italie  ,  duquel  les  Italiens  fort  ingé 
jiieux  font  ces  beaux  verres,  qu'ils  apportent  après  j 
tant  en  France  qu'en  Efpagne ,  &  autres  Royaumes 
de  l'Europe.   Catel.  Le  P.  Roger  j  Récollet,  dans 
fon  'Voyage  de  la  Terre- Sainte  ,  L.  I ^  c.    /7,  dit 
qu'à  une  demi-lieue  à  l'occident  de  la  mer  Morte 
en  Judée  ,  toute  la  contrée  eft  couverte  de  KaU  , 
que  les  Arabes  brûle^ir  ,  Se  dont  ils  vendent  les  cen- 
dres à  Jérufalem ,  &c  à  F^ébron  ^  pour  faire  du  verre  : 
on  en  fait  aulli  du  favon  dans  ce  pays. 
1)3°  On  doit  conierver  le  nom  de  Kali  pour  la  plan- 
te ,  ôc  celui  de  foude  pour  les  cendres  que  l'on  en 
tire. 

Ce  mot  eft  Arabe  ,  il  vient  de  '^P ,  Kali  ;  ce  mot , 
tant  en  Arabe  qu'en  Hébreu  ,  fîgnifie  tojlum  ffriclum , 
ce  qui  eft  brûlé.  En  Arabe  'T.' ,  Coxit  ^frixit.  Sca- 
liger  ,  dans  fes  Exercitations  fur  Cardan  ,  écrit  Cha- 
li  J  mais  mal  ,  comme  a  fort  bien  remarqué  Bo- 
ciiart. 
KALIN.  Ville  de  Perfe ,  que  Tavernier  place  à  87  d. 

J.  m.  de  longiuide  &  35  d.  i  j.  m.  de  latitude. 
KALINGBOURG.  Nom  d'un  bourg  de  Danemarck. 
Calingobur^um.  Il  eft  dans  l'île  de  Zélande  ,  fur  le 
détroit  du  Belt ,  où  il  a  un  bon  porr. 
KALIS.  Petite  ville  d'Allemagne.  Calijium.  Elle  eft  de 
la  nouvelle  Marche  de  Brandebourg,  fur  un  périt 
lac  ,  formé  par  la  rivière  de  Trega  ,  à  l'orient  de 
Stargard  ,  en  Cailubie. 
Kalis.  f.  m.   Terme  de  P>.cIation.  C'eft  un  mot  Egyp 
tien  ,  qui  fignifie  une  efpèce    de  levée  qui  retient 
l'eau  du  Nil  ,  &  que  l'on  coupe  lorfque  ce  fleuve 
eft  renfermé  dans  fon  lit.  De  la  Boulave. 
KALISCH.  Nom  d'une  ville  de  la  Balle-Polosnc.  Ca- 


K  A  L 

lijjlum  3  Kalijfium.  C'eft  la  capitale  du  Palatinat  de 
Kalifch  ,  iituée  fur  le  ruifteau  de  Profila  qui  fc 
rend  peu  après  dans  la  'Warte  ,  entre  Suad  &  Pof- 
nam.  Cette  ville  eft  entre  des  marais ,  qui  en  ren- 
dent l'accès  difHcile.  Elle  fut  pourtant  prife  &c 
ruinée  par  les  Suédois  ,  dans  le  XV'Il.  fiècle. 

Le  Palatinat  de  Kalifch  ,  Califficnfis  Palaiinatus  , 
eft  une  Province  de  balle-Pologne  ,  bornée  au  cou- 
chant par  le  Palatinat  de  Pofna  ,  &  au  levant  par 
ceux  de  Sirad  ,  de  Lencici,  de  Breft  &  d  Inoulocz. 
Elle  confine  vers  le  nord  la  Prulle  Royale  ,  &  vers 
le  midi  la  Siléfie.  Ses  prmcipales  villes  font  ,  Ko.- 
lifch  ,  capitale  ,  Gncfne ,  Laudik  &  Kamin.  Maty. 
^fJ  HALLAHOM.  f.  m.  Nom  de  dignité  dans  le  Ro- 
yaume de   Siam.  C'eft:  le   nom  qu  on  donne  à  un 
des  premiers  Minilfres  ou  Officiers  ,  qui  a  le  dé- 
partement de  la    guerre   &  des    chofcs  qui  y    ont 
rapport  ,  avec  le  droit  de  commander  les  armées. 
KALMINTZ  ,  KALMUNTZ.  C'ctoit  anciennement 
le  nom  d'une  ville  des  Quades  en  Allemagne.  Kal- 
mintia  ,  Calemancia.  Ce  n'ell  maintenant  qu  un  vil- 
lage de  l'Autriche  ,  fitué  vers  la  fource  de  la  Taye  , 
au-dellus  de  Znaim  ,  &  aux  confins  de  la  Moravie. 
Maty. 
KALMOUCH  ,  KALMULCHIBUCHAR  ,  KALMA- 
KEN  ,  f.  m.  Se  f.  Nom  d'un  peuple  de  la  grande 
Tartarie    ,    en    Afie.   Kalmuchus.     Les    Kalmouchs 
croient  fitués  depuis  la  rivière  de  Jaich  ,  qui  les  le- 
pare  du  Royaume  d'Aftracan,  jufqu'aux  montagnes 
d'Altay  ,  ou  d  Imaiis  ,  par  lefquelles  ils  font  Icparés 
vers  le  levant  des  Tartares  Monguls  ;  ils  ont  au  lud 
les  Usbecs ,  ou  les  Zagatay  ,  &  au  nord  la  Sibérie. 
On   voit   dans  le  pays   de  ces  Tartares  ,   vers  les 
montagnes   d'Altay  ,  les    deférts  de   Kinros   &   de 
Lop.  Les  Tartares   Kalmouchs  n'ont  ni  villes  j  ni 
villages  ;  ils  campent  fous  des  tentes  de  feutre  par 
troupes  ,  tju'ils  appellent  Fiordes,  Se  ils  errent  ci  un 
lieu  à  l'autre  ,  lelon  la  commodité  des  pâturages. 
Chaque  F^orde  a  fon  Prince  ;  mais  tous  ces  Princes 
dépendent  d'un  Souverain  ,    qui  porte  le  nom  de 
Kam  ,  ou  Cham  ,  <Sc  qui  fe  dit  fuccelleur  du  grand 
Tamerlan.  Ils  n'ont  pas  encore  l'ufagedesarmesa  feu. 
Ils  font  idolâtres  ,  Se  ils  reconnoifTent  pour  chef 
de  leur  Religion  le  Dalac  Lama,  qui  eft  le  fouve- 
rain  Pontife  du  Royaume  de  Tangut.  On  dit  qu'il 
n'y    a  point  de   peuple  au  monde  plus  prompt  à 
camper  ,'  ou  à  décamper  ,   que  les  Kalmouchs.  Il 
ne  faut  pas  en  être  furpris  ,  puifqu  ils  font  tous  ce 
métier  pendant   toute  leur  vie.    Ils  vont  toutes  les 
années  camper  pendant  l'hiver  le  long  du  Wolga  , 
fur  les  terres  des  Mofcovites  ,  qui ,  loin  de  les  re- 
poufter  ,  leur  font  taire  des  préfens  par  le  Gouver- 
neur d'Aftracan.  Les  Usbecs  leurs  paient  aulfi  un 
tribut  en  forme  de  préfent.  Les   uns  Se  les  autres 
ravagent  leurs  terres.  Maty. 

On  écrit  ce  mot  indiftéremment  ,  ou  bien  Kali 
mouke  ,  comme  M.  Sanfon  ,  ou  Kalmouch  ,  comf 
me  Tavernier  ,  ou  Calmouc  ,  Calmouque  ,  comme 
d'autres  ,  qui  ont  donné  à  ce  nom  une  orthogra- 
phe plus  Françoife ,  ou  bien  enfin  Kalmouque  ,  ou 
Kalmouc  ,  &  Kalmouk.  f^oyc~  fur  les  Kalmouchs 
une  Lettre  du  P.  du  Ban  ,  Millionnaire  Jéfuite  dans 
la  Crimée.  Elle  a  été  imprimée  dans  le  II.  Tome 
des  Mémoires  des  Millions  du  Levant,  f^oye'^  aulli 
Tavernier  dans  fes  Voyages  ,  Se  le  mot  CAL- 
MOUC. 
KALNICK.  Ville  de  Pologne  ,  au  Palatinat  de  Bra- 
claw  ,  fur  la  rive  occidentale  du  Sup  ,  ruifleau  qui 
tombe  dans  la  rivière  de  Boh. 
KALO.  Ville  de  la  Haute  Hongrie  ,  capitale  d'un 
Comté  qui  porte  fon  nom  ,  &  fituée  dans  un  ma- 
rais qui  forme  la  rivière  de  Kalo  ,  entre  les  villes 
de  Bebrecin  ,  &  le  petit  WaraJin  ,  ou  Klein.  Warad 
Maty.  Kaloa. 

Le  Comté  de  Kalo  ,  en  Latin  Biborienfis  Comi- 
tatus.  Contrée  de  la  Haute- Hongrie.  Elle  a  au  nord 
les  Comtés  de  Zathmar  Se  d'Ugogh  j  au  couchant 
celui  de  Chége  ,  au  midi  ceux  de  Tuttur  &  de 
Czongrad  ,  &  au  levant  la  Tranfilvanie.  Kalo  en 


K  A  M 

cft  la  ville  capitale ,  les  autres  font  le  grand  Wara 
diu ,  S.  Job ,  Débcrcin  &  Bihard ,  qui  lui  donnoit 
autrefois  le  nom.  Maty. 

K  A  M. 

KAM,  ou  KAN,  CHAM.  f.  m.  Terme  de  Relation. 
Les  Kams  font  en  Perfe  ce  que  les  Gouverneurs 
font  en  Europe.  Le  Kain  des  Tartares  ,  que  nous 
nommons  le  Kam  ,  gouverne  le  Nogai  ,  le  Boud- 
giac  ,  avec  une  partie  de  la  Circallie  ,  &  toute  la 
Crimée  ,  province  connue  dans  l'antiquité  fous  le 
nom  de  Chcrlonnèfe  Taurique  ,  où  les  Grecs  por- 
tèrent leur  commerce  &  leurs  armes.  Volt.  Le  Kam 
elt  appelé  par  fes  fujets  Empereur  ;  mais  avec  ce 
gr.'.nd  titre  ,  il  n'en  eft  pas  moins  efclave  de  la 
Porte.  Le  fang  Ottoman  dont  les  Kams  font  def- 
cendus ,  &c  le  droit  qu'ils  ont  à  l'Empiie  des  Turcs  , 
au  défaut  de  la  race  du  Grand-Seigneur  j  rendent 
leur  fimille  refpeétable  au  Sultan  même  ,  &c  leurs 
perfonnes  redoutables.  C'ell  pourquoi  le  Grand-Sei- 
gneur n'ofe  détruite  la  race  des  Kams  Tartares  ; 
mais  il  ne  laille  prefque  jamais  vieillir  un  Prince 
fur  le  Trône.  Id.  Si  les  Tartares  fe  plaignent  du 
Kam  ,  la  Porte  le  dépofe  fous  ce  prétexte  ;  s'il  en 
cit  trop  aimé  ,  c'efl:  un  plus  grand  crime  ,  dont  il 
cil  plutôt  puni  :  ainli  preique  tous  pallent  de  la 
Souveraineté  à  l'exil ,  &:  fînillent  leurs  jours  à  Rho- 
des j  qui  ell  d'ordinaire  leur  prilon  &c  leur  tom- 
beau. Id. 

KAlvIA.  Cama.  Grande  rivière  de  l'Empire  Ruilîen  , 
qui  fe  jette  dans  le  Wplga ,  &  en  bonifie  les  eaux. 

KAMAKURA.  Fameuk  Ile  du  J.ipon  ,  d'environ  une 
lieue  de  circuit ,  fur  la  côte  méridionale  de  Niphon  : 
c'eil  où  l'on  envoie  en  exil  les  Grands  qui  ont  fait 
quelque  faute. 

gCr  KAMAN.  'Ville  de  l'Indouilan  ,  dans  la  prefqu'îlc 
d'en-deçà  le  Gange  ,  au  Royaume  de  Carnate. 

KAMBALU.  C'eil  le  nom  que  les  Tartares   &  Paul 
I  le  Vénitien  donnent  à  la  ville  de  Péking  ,  capitale 
de  la  Chine.  Kambalum.   f^oye:^   Péking  j   Paulus 
Venetusj  Se  l'Ambaffade  des  HoUandois  à  la  Chi- 
ne j  Pan.  IV.  au  commencement. 

KAMBAR,  f  m.  Terme  du  grand  Art.  C'eft  la  pierre 
parfaice  au  rouge. 

KAM-CHEU-FOU.  Ville  du  Kiamfi  à  la  Chine.  Sa 
latitude  ell  de  iS  d.  49  m.  jj  f.  Gouye. 

KAMÉNIEK.  Foyer  Kaminiek. 

Kaméniek.  Il  y  a  deux  bourgs  de  ce  nom  en  Polo- 
gne. Kamenecia.  L'un  eft  dans  la  Poléfie  ,  fur  la 
rivière  d  Ilfna  ,  à  huit  lieues  de  Breiîici  j  vers  le 
nord.  L'autre  dans  la  Mazovie ,  fur  le  Bug ,  à  feize 
lieues  de  V^^arfovie  ,  vers  le  nord  oriental.  Maty. 

KAMIN.  Nom  d'une  petite  ville  avec  Châtelenie. 
Kaminum.  Elle  eft  dans  le  Palatinat  de  Kalifch  , 
en  la  Haute  Pologne  ,  fur  la  VVarte ,  entre  Gnefne 
&  Lencici.  Maty. 

KAîv'IINE  MASLA  ,  ou  KAMENOIE-MASLO  ,  en 
François  Beurre  de  pierre.  C'eft  ainfi  que  les  Mofco- 
vites  nomment  une  efpèce  de  minéral ,  ou  de  dro- 
gue médecinale  ,  qui  fe  trouve  fur  les  plus  hautes 
montagnes  &  les  rochers  les  plus  durs  de  Sibérie. 
Cette  drogue  eft  l'effet  de  la  plus  grande  ardeur 
du  foleil ,  qui  l'attire  par  tranfpiration  des  pierres 
les  plus  compaétes  ,  &  qui  paroiffent  le  moins 
contenir  d'humeur.  Elle  s'y  attache  comme  une 
efpèce  de  chaux  ,  &.'  y  forme  un  enduit  ,  que  les 
habitans  ont  foin  d'enlever  ,  quand  le  kamine  a  re- 
çu fa  parfaite  coâion.  Il  fe  diiTout  dans  l'eau  com- 
me le  fel  j  &  eft  auflî  fort  que  la  couperofe.  Les 
Mofcovites  attribuent  à  cette  drogue  quantité  de 
propriétés  ,  &  l'emploient  à  la  guérifon  de  divcr- 
les  maladies  ,  particulièrement  pour  la  dyflenterie. 
Elle  fert  auffi  aux  maux  vénériens  :  mais  elle  eft 
très  -  violente  dans  quelques  remèdes  qu'on  la 
mette. 
KAMINIEK  ,  ou  KAMÉNIEK.  Le  premier  eft  le 
fcul  uficé  en  François.  Nom  d'une  ville  des  Baftai- 
nes,  Kamenecia  ,  Kaminieca  ,  Ccminiecum  ,  Came- 
Tome  F. 


KAN 


331 


I  nccum  ,  anciennement  Clcpidava.  Cette  ville  eft 
capitale  de  la  haute  Polidie  ,  ou  du  Palatinat  de 
Kaminieh ,  contrée  de  la  Pologne.  Elle  eft  fituét  fur 
la  rivière  de  Smotrycz ,  vers  les  confins  de  la  Mol- 
davie ,  environ  à  quarante  licucs  de  Lemboers  vers 
l'orient.  Kaminiek  eft  une  ville  Epif'copale  ,  fuffra- 
gantc  de  Lembourg  ,  &C  une  place  très  forte  par  (a 
fituation  fur  un  rocher  efcj.r{;é.  Elle  eft  environnée 
de  la  rivière  de  Smotrycz  ,  &:  par  un  grand  cer- 
cle de  montagnes  ,  qui  eft  au  delà  de  la  rivière. 
Elle  eft  défendue  par  une  bonne  citadelle  ,  fituée 
fur  le  fommet  du  rocher.  Les  Turcs  la  prirent  aux 
Polonois  l'an  1672  ,  &  ils  l'ont  gatdée  jufqu'ea 
l'an  1699  ,  qu'elle  a  été  rendue  à  fes  premiers 
maîtres  ,  en  vertu  de  la  paix  faite  à  Carlowitz  le 
io  Janvier  de  la  même  année  ,  entre  le  Grand- 
Seigneur  ,  l'Empereur  ,  le  Roi  de  Pologne  &  la 
République  de  'Veiiife.  Maty. 

%T  KAMMA  JAMMA.  Ville  du  Japon  ,  entre  Mia 
&  Minacutz. 

KAMPS.  Nom  d'une  rivière  de  la  baffe  Autriche. 
Cambus.  Elle  a  fes  fources  vers  les  frontières  de  la 
haute  Autriche  ,  &  fe  décharge  dans  le  Danube  , 
vis-à-vis  de  l'embouchure  du  Drafain  ,  à  l'orient  de 
la  ville  de  Krcms.  Maty. 

KAMTZKATKA.  Grande  prefqu'ile  au  nord  de  l'A- 
fîe  j  entre  un  Golphe  de  même  nom ,  &  la  mer  du 
Japon  j  à  l'extrémité  orientale  de  l'Empire  Ruflîen 
&  de  notre  continent.  Depuis  la  découverte  de  ce 
pays  ,  on  fait  à  n'en  plus  douter  que  l'Amérique 
n'eft  point  contiguc  au  nord-eft  de  l'Afie. 

KAN. 

KAN.  L  m.  Terme  de  Relation.  Il  y  a  des  Kans  pour 
les  provinces  &  les  contrées  ,  il  y  en  a  pour  les 
villes  j  ils  ont  ditlérens  noms  qui  les  diftingucnt. 
Prorex  ,  Prxfeclus  ,  Legatus.  Voye^  Cham  & 
Kam. 

Kan.  f.  m.  Nom  d'une  rivière  de  la  Chine.  Kanus 
fiuvius.  Le  Kan  a  fa  fource  près  de  la  ville  de  Xui- 
kin.  De  là  courant  au  nord  il  va  arrofer  la  ville  de 
Kancheu  ,  à  laquelle  il  donne  fon  nom  ;  au  def- 
lous  de  cette  ville  il  fe  joint  au  Changa  :  ces 
deux  fleuves ,  après  leur  confluent  ,  refTemblent  à 
une  mer  ,  tant  ils  font  larges.  Ils  vont  baigner  la 
ville  de  Kiangfl,  au  milieu  de  laquelle  ils  pafTent  ; 
delà  ils  vont  à  Nanchang  j  après  quoi  ils  fe  per- 
dent dans  le  marais  de  Poyang.  Ambaffade  des 
HoUandois  à  la  Chine ,  Parc.  I. 

KANASTER.  f  m.  Panier  ou  manne  propre  à  em- 
baller des  marchandifes.  Ce  terme  eft  étranger  ;  on 
s'en  ferc  pourtant  dans  quelques  Provinces  de 
France. 

KANCHEU  ,  ou  CANCHEU.  Nom  d'une  ville  de 
la  Chine.  Kancheum.  Elle  eft  dans  la  Province  de 
Kiangfl  ,  fur  la  rivière  de  Kang  ,  à  fon  confluent 
avec  la  Changa.  Kancheu  a  un  pont  bâti  fur  cent- 
trente  bateaux.  Kancheu  ell  une  des  grandes  villes 
de  la  Chine.  Elle  en  a  douze  autres  fous  fa  Jurif- 
diélion.  Elle  eft  gouvernée  par  un  Vice  Roi  parti- 
culier ,  indépendant  de  celui  de  Kiangfl.  Ce  n'eft 
pourtant  que  la  douzième  métropole  de  cette  Pro- 
vince ;  mais  par  fes  richefles  &  fon  opulence  ,  c'eft 
une  des  principales.  Cette  ville  eft  carrée ,  &  a  en- 
viron deux  bonnes  lieues  de  tour.  Elle  efl  fort 
bien  pavée.  Ambaff.  des  HoUandois  à  la  Chine  , 
Partie  I. 

KAND ,  ou  CHÉSEL.  Nom  d'un  fleuve  de  la  grande 
Tartarie  en  Afîe.  Chefdus  ,  autrefois  Jaxanes.  Il 
prend  fa  fource  aux  confins  du  Thibet  ,  dans  des 
montagnes  qui  font  une  partie  du  mont  Imaiis  ; 
enfuite  traverfant  tout  le  Zagathay  d'orient  en  oc- 
cident ,  quand  il  eft  arrivé  à  Kand  ,  ou  Cant  ,  il 
fe  fépare  en  deux  branches  ,  dont  la  feptentiionale 
prend  les  noms  de  Kand  ,  de  Sihum  ,  Se  de  Ala- 
hash  j  &  va  fe  décharger  dans  la  mer  Cafpienne  , 
un  peu  au  midi  de  Caracus  ;  l'autre  fe  rend  aufli 
dans  cette  mer  entre  Madrandan  &   Caralîat.   Ces 

Ttij 


3^ 


K  A  O 


deux  branches  forment  une  lile  de  plus  de  cent 
lieues  d'orient  en  occident  ,  &:  d'environ  vingt  du 
nord  au  (ud.  Foye^  la  Carte  de  'Witlen. 
KANDEL.  (.  m.  Ray  fait  mention  dans  fon  Hiftoirc 
des  Plantes  j  de  lix  arbrilleaux  qui  portent  ce  nom. 
Les  racines  ,  §3°  Técorce  ,  les  feuilles  broyées  ou 
cuites  dans  l'huile  &  le  petit  lait  ,  foulagent  les 
douleurs  &  calment  les  flatulences. 
KANDUANA.  Nom  d'une  province  de  l'Empire  du 
Mogol  ,  en  Afie.  Caniuana.  Elle  eft  au  de- la  du 
Gange  ,  fur  les  confins  de  la  grande  Tarnrie  ,  en- 
tre les  Provinces  d'Udéalt ,  de  Pitan  &  de  Gor.  Kara- 
catanka  en  eft  le  lieu  principal.  Maty. 
KANELLI.  f.  m.  Nom  de  deux  arbres  qui  croiirent 
aux  Indes  Orientales.  Leurs  feuilles  féchces  ,  réduites 
en  poudre,  &:  prifes  dans  du  laie,  guériirent  la  diar- 
rhée. 

KAN-JA.  f.  m.   Nom  d'une  fête  folenncUe  qui  fe 
célèbre  tous  les  ans  au  Tonquin.    Le  Roi  ^  accom- 
pagné de  tous  les  grands  du  Royaume,  fc  rend  dans 
un  certain  endroit,  forme  quelques  filions  avec  une' 
charrue  ,  &  donne  cnfuite  un  gtand  repas  à  i^s  Cour- 
rifans.   Cet  ulage  ne  tend  qu'à  inlpirer  l'amour  de 
l'Agriculture ,  art  trop  négligé  &  trop  méprile  parmi 
nous. 
KANNIOW.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  balfe  Vol- 
hinie  en  Pologne.  Kaniovia.  Elle  eft  furleNiéper, 
ou  le  Borifthcne ,  entre  Czircalli  &  Kiovie ,  à  dix 
lieues  de  la  première  &  à  vingt  de  la  dernière.  Ka- 
niow  eft  fortifié.    Maty. 
KANISE^  ou  CANISE.  Nom  d'une  ville  de  la  bafl'e- 
Hongrie.  Kanïjîa.  Elle  eft  dans  le  Comté  de  Zalavar  , 
fur  la  rivière  de  Sala  ,  alFez  près  du  fort  de  Serin  &  de 
la  Stirie.  Kanïfi  eft  très-forte ,  fituée  dans  un  grand 
marais  qui  Ir  rend  inaccellible. 
IJCFKANNO.  f.  m.  C'eft  le  nom  fous  lequel  quelques 
habitans   des  pays  intérieurs  de  l'Afrique  ,  défignent 
l'Être  fuprême.  L'idée  qu'ils  ont  de  la  Divinité  ne  les 
empêche  point  de  rendre  tout  leur  culte  à  des  efprits 
qu'ils  appellent  Jannanins.  Voye\  ce  mot. 
KANON  EL  AVEL.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom 
d'un  mois  folaire  de  l'aunée  des  Perfans.   Il  eft  de 
trente-un  jours. 
KANON  EL  SANL  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom 
d'un  mois  folaire  de  l'année  des  Perlans  :  il  a  trente- 
un  jours. 
KANTERKAAS.  f.  m.  Sorte  de  fromages  qui  fe  font  en 

Hollande.  Il  y  en  a  de  vcids  &:  de  blancs. 
KANUNI.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  C'eft  le  nom 
de  deux  mois  des  Turcs;  on  les  diftingue  par  l'épi- 
thète  qu'on  y  ajoute  :  Kanuni  achlr ,  c'eft-à  dire  ,  Ka- 
«««i  poftérieur,  répond  au  mois  de  Janvier;  Kanurn 
ével ,  c'eft  à-dire,  Kanuni  premier,  répond  au  mois 
de  Décembre. 

K  A  O. 

KAOCHEU.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Kaocheum. 
Elle  eft  la  feptième  de  la  province  de  Quanton  ou 
Quantung,  &  a  cinq  autres  villes  dans  Ion  terrixoire. 
Elle  eft  fituée  à  l'embouchure  du  Lien ,  dans  la  mer 
de  la  Chine  où  elle  a  un  bon  port.  Maty. 

^fT  KAOLIN,  f.  m.  Nom  Chinois  d'une  terre  qui  entre 
dans  la  compofition  de  la  porcelaine. 

KAOUANNE.  f.  f.  Efpèce  de  tortue.  Elle  eft  beaucoup 
plus  grolle  que  les  tortues  franches.  On  en  trouve 
même  de  II  grolfes,  que  l'écaillé  de  dellus  a  quatre 
pies  &  demi  de  longueur ,  &  quatre  de  large.  Cet 
animal  eft  ftupidc  &  pelant.  L'écaillé  de  la  Kaouanne 
fert  à  garnir  la  plùpait  des  grands  miroirs.  La  Kaouan- 
ne eft  plus  méchante  que  les  autres  tortues,  &:  elle 
fe  défend  de  la  gueule  &  des  pattes  ,  lorlqu'on  le  met 
en  devoir  de  la  prendre  &  de  la  tourner.  Quoiqu'elle 
foit  la  plus  granie  des  trois  efpèces ,  elle  eft  la  mains 
eftimée  ,  parce  qu'elle  a  la  chair  noire^  filaireufe  , 
fentant  la  marine ,  &  qu'elle  eft  d'un  allez  mauvais 
goîtt.  L'huile  qu'on  en  tire  eft  acre  &:  gâte  les  (auces 
où  on  la  mêle.  Elle  ne  fert  qu'à  entretenir  les  lampes. 
P.  DU  Tertre,  Mijl.  des  Ijles  de  L'Amérique ,  Pan. 


K  AR 

IF.  c.  I.  §.  12.  De  Louvillers  de  Poincy,  Bijl. 
naturelle  des  Antilles  ,  c.  21.  art.  j.  Il  écrit  Caououn- 
nos. 
RAOYEU.  Foyei  Kajut  Siu. 

K  A  P. 

KAPANE.  f.  f.  Nom  d'une  ancienne  voiture  des  Grecs, 
carrolle  des  Grecs;  voiture  traînée  par  des  mules, 
attelée  de  mules.  Kaprna  ,  rheda,  vehicutum  mulare, 
quod  muli  juncii  trahebant.  La  Kapane  étoit  apparem- 
ment lemblable  au  carpentum  ,  o::  pilentum  des  Da- 
mes Romaines,  dont  on  voit  des  figures  fur  les  mé- 
dailles. Euftathe  fur  Homère ,  Iliad.  v.  p.  -jçp.  die 
que  -.xiia..y,  étoit  la  même  choie  c^ ^.-aU-r, ,  ou  ^tih.».  ;  que 
c'étoient  les  Thellalicns  qui  avoient  fait  ce  mot  U-nn-n, , 
en  ajoutant  un  k  au  commencement.  Et  nous  de 
xuni.ty,  ,  capane  ,  nous  avons  tait  cabane.  'Voyez  le  P. 
Poulîîne ,  Jéfuite ,  dans  fon  Glollaire  fur  Anne  Com- 
nène. 

KAPI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Ce  mot  veut  duc 
porte.  On  appelle  en  Perfe  la  principale  porte  par  où 
l'on  entre  chez  le  Roi,  Alla  Kapi,  c'eft  à-dire, por» 
de  Dieu. 

KAPIGI-BACHI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  le 
nom  du  premier  Offi-ier  qui  a  loin  des  portes  du 
Palais  du  Grand-Seigneur.  Il  eft  viable  que  ce  nom 
vient  de  Kapi ,  porte ,  auquel  on  ajoute  le  nom  de 
Bachi,  ou  Pachi  j  C'iïf. 

KAPPA,  f.  m.  Nom  de  la  lettre  Grecque  k  ,  Kappa. 
■Voyez  K.  Suidrs  appelle  le  C ,  ou  une  lune  croit- 
finte,  un  croiirant,  un  Kappa  Romain,  parce  que  le 
C  étoit  dans  la  langue  Latine ,  ce  qu'eft  le  Kappa  dajis- 
la  Grecque.  C'eft  en  ce  fens  qu'il  dit  que  les  Sénateurs 
portoient  à  leur  chaullure  la  figure  d'un  Kappa  Ro- 
main. 

Kappa,  f.  m.  &  f.  Nom  d'une  Nation  de  l'Amérique 
feptentrionale  Kappa.  Les  Tormans  ,  les  Dogengais 
&  les  Kappas ,  font  voifins.  Foyei  Jovet,  T.  IF. 

p.    2/7. 

KAPPIKKE.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Monnoie  de 
Molcovie  qui  vaut  à  peu  près  un  fou.  As  RuJJlcus , 
ou  Mofcoviticus. 

IJCTKAPrUR  C'eft  le  nom  qu'on  donne  en  Pologne 
pendant  un  interrègne  à  une  commilîion  compolée 
des  perfonnes  les  plus  conlidérables ,  établie  contre 
ceux  qui  voudroient  troubler  la  tranquillité  publique. 

K  A  R. 

KARA.    Foyei  Karat. 

KARA  ANGOLAM.  f.  m.  C'eft  un  grand  arbre  qui 
croit  dans  plulieurs  contrées  du  Malabar ,  &  qui  porte 
feuilles ,  rieurs  6c  fruits  en  tout  temps.  On  fait  avec 
fes  feuilles  bouillies  dans  de  1  huile  ,  un  excellent 
onguent  vulnéraire.  Sa  racine  eft  catharcique  &  pur- 
ge les  humeurs  Icreufes  Se  pituiteutcs.  Son  fruit  eft 
extrêmement  chaud,  ainh  rarement  bon  à  manger. 
Ray  ,  Hijl  Plant. 

KARABE,  f.  m.  Nom  d'une  ancienne  efpèce  de  petit 
bateau  ou  de  barque  ,  en  ulage  chez  les  Grecs  du 
moyen  âge.  Karabium  ,  Carabus.  Ihdore  ,  dans  fes 
Glofes,  dit  que  c'eft  un  petit  elquif  fait  d'ofier  &C 
couvert  de  cuir.  Parva  Jcapha  ex  vimine  &  corio. 
Voyez  le  Glofîaire  de  Fabrot  lur  Nicétas  Choniate. 

KARABÉ.  f.  m.  Eft  un  nom  que  les  Droguiftes  don- 
nent à  l'ambre  jaune. 

Ce  nom  eft  tiré  du  mot  k  arabe  ^  qui,  félon  Avi- 
cenne  ,  fignifie  tire-paille  en  langue  Peifique.  Diot- 
coride  a  cru  que  c'étoit  la  rélînedu  peuplier,  mais  il 
s'cft  trompé.    Foye'^  Ambre  jaune. 

KARACATHAY.  Nom  d'un  pays  de  la  grande  Tarta- 
rie.  Karacathaya.  Sanlon ,  dans  fa  grande  carte  de 
l'Afie,  lui  donne  encore  le  nom  de  Chaulach  ,  &:  il 
le  place  au  midi  de  l'Oby ,  aux  confins  de  la  Sibérie 
&  de  la  Tingoéfie.  On  voit  dans  la  nouvelle  carte  de 
M.  de  Witfen  ,  un  pays  nommé  Karakitay ,  qui  eft 
dans  le  Tangut ,  autour  des  villes  de  Kamul ,  de  Sa- 
chion  &  de  Campion.    Ce  pourroit  bien  erre  le  me- 


K  A  R 

me  que  celui-ci,  non(jbft.uu  l.i  diflcrencc  de  leurs 
/îtuations.  Mat/. 
KARA-GKOCHE.  f.  m.  C'ell:  ainfi  que  l'on  nomme  à 
Conft.uitinoplc  la  richcdaic  d'Allemagne.  Le  karu- 
grocke  L-ft  rc(^u  fur  le  pié  de  l'écu  de  Fiance  de  60  lois. 
KARAIBE,  ou  KAREIBE.  f.  m.  &  f".  Foyei  Caraïbe. 
Le    P.  du  Tertre  ,    dans  ion   Hiftoire  des  lies  de 
l'Amérique,   écrit  Kareibc ;  mais  l'uiagc  elt  de  dire 
Caraïbe,  &c  de  l'écrire  par  un  C.  Cet  Auteur  décrit 
deux  fortes  de  choux  qu'on  appelle  Kareïbcs.  La  racine 
de  cette  plante  ell  une  grollc  bulbe,  rude,  ronde  &: 
madive  ,  de   couleur  de  chair.   Elle    croît  dans  la 
terre  ,  &z  poulie   plulîeurs  tiges  ,   qui  le  divifcnt 
chacune  en  cinq  ou  fix  feuilles  aulll  grandes  tSc  de 
âTiême  forme  que  celle  de  la  Chine,  comme  pana 
chces  de  blanc  &c   de  vert  ,  quelquefois  la   moitié 
d'une  feuille  ell;  blanche  :  cette  herbe  eft  excellente 
dans  le  potage  ,  elle  ell:  tendre  Se  fe  fond  au  pre- 
mier bouillon  ,  comme  de  l'okille.  On  y  mec  auiîi 
la  racine ,  qui  le  cuit  ainil  que  des  panais  ,  <bk:  rend 
le  potage  pâteux  &  épais  ,  comme  li  on   y   avoir 
mis  une   poignée  de  t-arinc.  Je  n'ai  pas    remarqué 
qu'on  s'en  ferve  en  Médecine.  P.  Du  I'ertre.. 

Il  s'en  trouve  une  autre  elpèce  ,  que  les  habitans 
appellent  chou  poivré  ,  qui  n'eft  diiiérente  de  la 
première  qu'au  goût  !k  à  la  couleur  de  les  feuil- 
les ,  qui  font  d'un  vert  plus  brun  ,  &  rarement  pa- 
nachées de  blanc  ,  comme  les  autres.  Néanmoins 
il  eft  très  ditHcile  de  les  diftinguer  ,  &z  les  plus 
experts  y  font  trompés  ,  Se  mettent  ceux  de  la  ie- 
conde  elpèce  dans  le  potage  au  lieu  des  autres ,  d'où 
il  arrive  ,  quoiqu'on  ne  s'en  apperçoive  point  en 
mangeant  ,  qu'ils  brûlent  le  goher  ,  comme  li  l'on 
avoir  mangé  des  feuilles  de  Lauréole  ,  &  même 
fî  on  en  mange  beaucoup ,  il  domie  le  Hux  de  bou- 
che. Idem. 
KARAIIE,  f.  m.  &  f.  Foye^  CARAITE ,  &  KAR- 

RAITE. 
KARAKATANKA.  Nom  dune  ville  de  l'Empire  du 
Mogol  ,  en  Aiie,  Karakatanka  ,  Canduana.  Elle  ell 
capitale  du  Royaume  du  Canduana  ,  &  lituée  iur 
une  rivière  ,  au  nord  du  l.ic  de  Chiamay.  Maty. 
KARAOUTA  ou.KAROUATA.  f  f.  Plante  qui  croît 
aux  Indes  Orientales  ,  &  qu'on  appelle  autrement 
Karaca  ,  ou  Caraguata  ,  acanga.  Foye\  Karata. 
KARASÉTACH.  f  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  le 
nom  du  Chirurgien  ,  ou  Barbier  du  Roi  de  Peife  : 
il  faigne  le  Roi  ,  lui  raie  la  tète  ,  lans  pouvoir  ja- 
mais donner  la  pLice  à  un  autre. 
KARASU.  Nom  d  une  petite  ville  de  la  Tartarie  Cri- 
mée. Carafinï  ,  Karajïna.  Elle  efl:  fur  la  rivière  de 
Karafu  ,  entre  Bacié  ,  Saray  &  Cufta.  Maty. 
KARAT.  f.  m.  Foye^  Carat.  C'ell  la  même  choie. 
Mais  ceux  qui  ont  traité  des  Monnoies  j  Iur  tout 
en  ces  derniers  temps  ,  comme  Boizard  &  le  Blanc  , 
écrivent  toujours  Karat.  Pour  être  inftruit  de  ce  qui 
regarde  les  divers  alliages ,  il  faut  lavoir  que  l'or  ell 
partagé  en  14  degrés  de  bonté  ,  chaque  d.-gré  eft 
nommé  Karat  ,  qui  eft  un  nom  de  poids  ,  mais 
qui  a  été  jugé  propre  pour  exprimer  le  titre  ik  h 
bonté  de  l'or  :  enlorte  que  l'or  à  14  Karuis  eft  au 
fuprême  degré.  Boizard  ,  Traité  des  Monnoies  , 
Part.  I.  c.  j.  Chaque  Karat  fe  divife  en  demi  ,  en 
quarts  ,  en  huitièmes  ,  en  feizièmes  &  en  trente- 
deuxièmes  ,  enlorte  qu'un  Karat  eft  compolé  de 
32  trente-deuxièmes.  On  ne  fait  pas  de  divilion  en 
de  plus  petites  parties  ,  Se  on  ne  palfe  pas  plus  avant 
en  fait  de  monnoie.  Id. 

On  marque  ce  nom  par  un  fimplc  k  ,  que  l'on 
met  après  le  chiffre  ,  ou  nombre  ,  &  un  peu  plus 
haut  ,  comme  on  met  une  /  pour  fignifier  livre  , 
ou.  l  ,  t  ,  pour  livre  tournois.  Ces  diftérens  degrés 
de  bonté  de  l'or  n'ont  été  employés  que  pour  en 
marquer  l'alliage  ,  enforte  que  quand  on  dit  de 
l'or  à  20  K  ,  c'eft-à  dire  ,  de  l'or  qui  a  perdu  qua- 
tre degrés  de  fa  bonté  intérieure  ,  Se  dans  lequel 
on  a  mêlé  un  fixième  d'argent  ,  ou  de  Cuivre.  Car 
l'or  n'eft  pas  d'un  plus  haut  titre  lorfqu'il  eft  allié  avec 
l'argent ,  que  lorfqu'il  eft  allié  avec  le  cuivre.  Boi- 


K  A  R 


333 


zard  j  au  même  endroit.  M.  Irézicr  ,  dans  fon  Voya- 
ge a   la  mer  du  iucl ,  cent  carac  _,  mais  m.>l  &  con- 
tre l'ulà^e. 
Karat    de  jln.    C'eft  un    vingt-quatrième   degré  de 
bonté  de  quelque   portion  d'or  que  ce  foit.  Boi- 
zard ,  T.  I.  c.  I  j. 
Karat  de  prix.  C'eft  une  vingi-quatrième  partie  de 
la  valeur  d'un  marc  d'or  lin  ;  comme  quand  le  marc 
d'or  valoir  4J7  1.  16  lous  ,  c'eft  pour  le  Karat  de  prix 
1 9  1.  I  1.  6  den.  Boizard,  P.  I.  c.  i  j. 
Karat  de  poids.  C'eft  iin  poids  de  fin  appelé  Karat , 
dont  les  Orfèvres  &  les  Joailliers  fe  iervent  pour 
pcfer  les  pierres  précieules  Se  les  perles.  Chaque 
Karat  ne   pèle   que    quatre    grains   ;   mais    chaque 
grain  le  divile  en  demi  ,  en  quarts ,  en  huitièmes  , 
&c.   Se  c'eft  Iur  ce  pied  que  l'on  cftimc  ,  Se  que 
l'on  donne  le  prix  aux  pierres  prccieufes  Se  aux 
perles.  Boizard,  P.  I.  c.  26. 
KARATA  1.  m.  Elpèce  d'alots  qui  croît   en  Améri- 
que.  Sa  racine   eft  femblable  en   grolleur  ,  en  fi- 
gure Se   en  couleur  à  un  oignon  :  elle  poulie  d'a- 
bord trois  ,  quatre  ou  cinq  feuilles  ,  grolles  ,  luc- 
culentes  ,  vertes  ,  creules  ;  il  en  vient  enfuite  plu- 
heurs  autres  qui  ont  la  figure  d'un  triangle  fûrt  ai- 
gu ,  droites  j  longues  de  huit,  de  dix  ou  de  quinze 
pieds  ,  larges  d'un  pied  ,  pointues  au  bout  ,    ar- 
mées de  piquans  Iur  les  côtes  ;  il  lort  d'une  racine 
trente  ou  quarante  t-euilles.  Quand  la  plante  a  deux 
ou  trois  ans  ,  il    s  élève  du  milieu  de  ces  feuilles 
une  tige  jjIus  grolle  que  la  jambe  ,  droite  ,  ipon- 
gicufe  j  haute  de  dix  huit  ou  de  vingt  pieds,  gar- 
nie de  feuilles  triangulaires  plus  petites.  Le  haut  de 
cette  tige  fe  divife  en  plulîeurs  rameaux  ,  portant 
de  petits  corps  coniques  ,  prelque  de  la  longueur 
du  doigt ,  qui  s'épanouilfent  en  une  Heur  compo- 
lée  de  cinq  feuilles  de  couleur  verte  jaunâtre  ,  qui 
a  la  figure  d'une  étoile.  On  fait  bouillir  les  feuilles 
de  cette  plante ,  Se  l'on  en  tire  du  hl  qui  eft  d'un 
fort  grand  utage  à  faire  de  la  toile  ,   des  rets  pour 
la   pêche  Se    des   lits  pendans.  Sa  racine  ,   ou  les 
feuilles  broyées  Se  jettées  dans  une  rivière  ,  étour- 
dillent  li  fort  le  poilio:ij  quon  peut  le  prendre  fa- 
cilement  à   la  main.   La  tige  étant  léchée  ,    brille 
comme  une  mèche   enfoufrée  .  Se  li  on  la   frotte 
rudement  avec  un  bois  plus  dur  ^  elle  s'enflamme 
Se  le  conlume.  Quelques  uns  nomment  cette  plan- 
te Maguey  ,  Se  d'autres  Metl  ,  Marc  grave  ,  Cara- 
guata guacu  ,  Se  C.  Bauhin  ,  Alo'é  ,  jolio  in  oèlon- 
gum  aculeum  abeunte. 
Karata  ,  le  dit  dune  autre  forte  de  plante ,  qui  cil 
commune  à  la  Jamaïque  Se  aux  Antilles.  Ses  feuil- 
les font  longues  de  lept ,  ou  de  neuf  pieds  ,  larges 
d'un  doigt  &   demi  ,  creules  ,  pointues  au  bout  , 
garnies  de  piquans  de  part  Se  d'autre.  Il  lort  du  mi- 
lieu   des   feuilles  fort    près  de  terre   beaucoup   de 
rieurs  rangées  en  rond  les  unes  proche  des  autres  , 
de  couleur  bleue  purpurine.  Chaque  fleur  eft  lon- 
gue d'un  doigt ,  Se  compofée  de  trois  teuilles.   Son 
fruit  eft  bon  à  manger ,  il  eft  long  de  cinq  doigts  , 
feiTiblable  à  une  prune  ;  le  fuc  en  eft  aigre  doux. 
Marcgrave  appelle  cette  plante  ,  Caraguata  acanga  ; 
Se  Morifon  ,  Âloï  Americana  fruciu  dulci  &  acido 
mult'plici ,  prunis  fimili. 

Il  y  a  plufieurs  plajites  dans  les  Iles  de  l'Améri- 
que ,  qu'en  appelle  de  ce  nom.  La  plupart  font  des 
cfpèces  d'Aloës  ,  ou  bien  elles  ont  prcfque  le  mê- 
me port  que  l'Alocs  ,  c'eft-à  dire  ,  que  leur  racine 
poulie  dès  la  terre  plufieurs  feuilles  en  rond  ,  longues  , 
épailles ,  pointues ,  Se  armées  la  plupart  de  piquans 
par  les  bords.  Du  milieu  de  les  fcinlles  il  en  fort 
ordinairement  une  tige  garnie  de  fes  fleurs  Se  de 
k'i  fruits  ,  félon  fon  genre.  Il  y  a  pourtant  une 
plante  qu'on  appelle  plus  proprement  Karata  dans 
la  Martinique  ,  Se  dont  le  fruit  eft  très  bon  à 
manger.  La  plante  poulie  dès  la  racine  (  laquelle 
eft  fort  grolîe  &  fort  touftue  )  plulîeurs  feuilles 
en  rond  ,  à  la  façon  des  douves  d'nn  tonneau.  Ces 
feuilles  ont  neuf  à  dix  pieds  de  hauteur  ,  Se  n'ont 
pas  plus  de  trois  pouces  de  largeur.  Elles  forw  tou- 


334  KAR 

tes  creufes  en   long  comme  des    gouttières.   Elles 
font  roides  &  épaillcs  prelque  comme  du  cuir  j  6: 
toutes   lillonnées   tort   légèrement  en  rond  ,   quoi 
qu'elles  ibient  allez  unies.  Leur  bord  elt  tout  den- 
telé en  façon  d'une  fcie  ,  par  des  piquans  lourds  , 
roides  ,  crochus  ,  ôc  qui  ont  tous  la  pointe  en  liaut. 
Leur  couleur  eft  d'un  vert  blanchâtre  lur  le  dos  , 
mais  vert  foncé  fur  le  devant.  Il  nait  tout  au  bas 
&  dans  l'enceinte  de  fes  feuilles  ,  un  amas  d'envi- 
ron deux  cents  Heurs  purpurines  ,  d'une  leule  pic- 
ce ,  mais  départies  en  trois  quartiers  jufqu'a  la  ba- 
fe  j  à  peu  près  comme  les  trois  feuilles  extérieures 
du  narcille  leucoium.  Chaque    Heur   porte   lur    un 
embryon  femblable  à  un  clou  de  giroHe  ,   lequel 
devient    enfuite  un  fruit  gros  &i    long   comme   le 
pouce  ,  &■  fait  à  peu  près  comme  une  petite  poi- 
re alongée  &:  lîllonnée  par  trois  petites  entonçures , 
depuis  le  bns  jufqu'au  fommet.  Chaque  fruit  a  une 
peau  blanchâtre ,  unie  ,   épaiilc  comme  du  vélin  , 
&  toute   enduite  d'une  poullière  très-fine  &:  roux- 
châtain,  Elle  ell  fort  adhérente  à  la  chair  du  fruit; 
mais  on  peur  l'ôter  facilement  en  trois  pièces  ,  coni 
mençant  en  bas  vers  le  haut.  Quand  on  a  été  cette 
peau,  on  découvre  une  chair  fort  blanche,  tendre, 
fucculente  &  d  un  goiît  aigre-doux ,  mais  fort  agréa- 
ble. Elle  eft  couverte  immédiatement  d'une  pellicule 
fort  déliée,  qui  la  iéparc  en  trois  quartiers,  remplis 
chacun  de  quelques  lemenccs  noirâtres,  femblablcs 
aux  femences  de  nos  pommes.  Ce  fruit  eft  excellent 
pour  nettoyer  les  ulcères  de  la  bouche;  on  dit  qu  elle 
iaigne  enluite,  li  on  en  mange  un  peu  trop.  Cette 
plante  croîr  particulièrement  parmi  les  torcts  pierieu- 
ies.  Le  R.  P.  du  Tertre  parle  de  ce  fruit  dans  fon 
Hiftoiie  naturelle  des  Antilles,  T.  II.  Traité III.  C. 
II.  p.  I .  Ce  Mémoire  eft  du  R.  P.  C.  Plumier,  Mi- 
nime. Voye\  aufli  le  même  P.  du  Tertre ,  dans  fon 
Hift.  des  lies  de  l'Amérique,  P.  III.  Traité  I.  C. 
IL  §.  2. 
KARBATA  j  ou  ALM A.  Nom  d'une  rivière  de  la  pref- 
qu'Ile  de  la  petite  Tartarie.  Karhata,  aima.    Maty 
croit  que  c'elî  la  même  que  celle  qu'on  nomme  Ba- 
ciéfarayc,  &:  qu'elle  prend  ce  nom  &c  celui  d'Alma, 
de    deux   villes    qu'elle    arrole.  Sanfon   la  nomme 
Karbata. 
KARDARIQUE.  f.  m.  Nom  ancien  d'un  Office ,  d'une 
Dignité  chez  les  Perles.   Kardarichas ,  Chardaricha. 
Ce  nom  fe  trouve  dans  Cédrénus,  dans  Anaftafe  le 
Bibliothécaire ,  (Se  dans  l'Hiftorien  Théophane;  mais 
on  n'y  apprend  rien  du  Kardarique ^  (mon  que  c'étoit 
une  dignité  très  conlldérable.  Fabrot,  Glojj.  Cedrcni. 
t3°KARDEL   ou   QUARTEEL.    Efpèce  de    tonneau 
dans  lequel  ceux  qui  pèchent  la  baleine ,  mettent  le 
lard  de  cet  animal. 
KAREGNONDL  f.  m.  Nom  d'un  peuple  du  Canada. 

/-■^oye^  HuRONS  ,  le  lac  aes  Karcgnondi. 
^CTKARESMA.  i.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  en 
Pologne  aux  hôtelleries  ou  giands   batimens  conf- 
truits  lur  les  grands  chemins ,  pour  héberger  les  pal- 
fans. 
KARGAPOL.  Nom  d'une  ville  de  la  Mofcovie.  Car- 
gapolia.  Elle  eft  fur  le  lac  de  Kargapol ,  entre  les 
villes  de  Wologda  ,  d'Ouftioug,  &c  d'Archangel  ,  en 
viron  à  loixante  lieues  de  chacune.   Elle  eft  capitale 
de  la  Province  de  Kargapol ,  qui  eft  aux  confins  de  la 
Finlande ,  entre  la  mer  Blanche  &  le  lac  d'Onega. 
Maty. 
KARHAIS,  KÉRAHEZ,  ou  CARHAIX.  Le  premier 
&c  le  dernier  expriment  la  prononciation  ordinaire. 
Nom  d'un  bon  bourg  ,  qui  a  une  Abbaye  de  Béné- 
dictins. Caretum.  Il  eft  dans  l'Evèché  de  Quimperco 
Jentin  _,  en  Balle-Bretagne  ,  à  douze  lieues  de  Quim- 
per  vers  le  nord-eft. 
KARIBOU.  /^oy.  CARIBOU. 

KARIVETTL  f.  m.  C'eft  un  arbra  d'une  grolfcur 
moyenne  qui  croit  au  Malabar.  Le  fuc  exprimé  de  les 
feuilles  donné  dans  du  petit  lait ,  eft  un  excellent  émé- 
tique  ,  &:  jl  expulfe  les  humeurs  pituiteules  &  fé- 
reufes. 
JvARKAND  ,  ou  KARivADDAN.  f.  m.  Nom  que  les 


KAR 

Arabes  donnent  au  Rhinocéros.  Ludolf  ,  ad  Hiji. 
Acth.  Comment.  L.  I.  c.  lo.  LXXXIII.  §.  j-.  £,  ^^ 
Bochart,  Hiéro:^.   P.  I.  L.  III.  c.    20.  p.  çi^.   6 

fuiv. 
KARKRONE.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Ceft  la  maifon 
des  Manufadures  Royales  en   Perle.    On  y  fait  des 
tapis ,  des  étoftes  d'or  ,  de  loie  ,  de  laine ,  &c.  des 
brocards  ,   des  velours  ,   des  taftetas  ,    des  jaques  de 
maille ,  des  fabres  ,  des  arcs ,  des  flèches  &  d'autres 
armes  :  il  y  a  des  Peintres  pour  la  miniature  ,  des 
Orfèvres  ,  des  Lapidaires  ,  &c. 
KARL.  1.  m.  C'eif  ainli  qu'anciennement  s'écrivoit  le 
nom  de  Charle  ,  nous  y  avons  ajouté  dans  la  fuite  des 
temps  notre  e  muet  &c  même  une  s  au  Imgulier  Charles 
ôc  nous  avons  changé  le  K  en  Ch,  Le  premier  Roi  qui 
a  porté  ce  nom  en  France  ,  eft  celui  à  qui  l'étendue  de 
fes  conquêtes  ik.  1  éclat  de  les  aéfions  a  fait  donner  le 
lurnom  de  Grand.  Il  eil  connu  Ions  le  nom  de  Char- 
lemagne. 
On  rapporte  différentes  étymologies  du  nom  de  Karl. 
Kilian  dit  que  Kaerle  ,  ou  Kcerle  en  vieux  langage 
Saxon,  ù^n\(\c  pcujavorable    Le  nom  de  Karl,  pris 
en  ce  fensj  convient  fort  bien  à  Charlemagne,  qui 
fit   en  diftérentes  occalions  un  fi  grand  carnage  des 
Saxons.  Dans  le  Miroir  Saxon,  il  eft  dit  que  le  mot 
Kaerle  ,  ou  Keerle  ,  hgnihe  brave ,  courageux ,  qui  efi 
de  grande  taille.  Charlemagne  avoir  ces  qualités  ,  Se 
a  mérité  par  \k  le  nom  de  Karl.  Jean  Aventin  remar- 
que ,  que  dans  la  langue  des  Vénétes  &  des  Huns,  le 
mot  de  Cal  veut  dire  Roi.  Cette  étymologie  doit 
plaire  à  ceux  qui  croient  avec  le  P.  Jourdan ,  que  les 
Francs  font  venus  de  la  Pannonie ,  où  les  Huns  s'éta- 
blirent. Martinius  tavorile  cette  étymologie ,  lorfqu'il 
dit  que  Kral  en  langage  Elclavon ,  lignifie  Roi ,  ôc 
que  les  Hongrois  en  ont  formé  leur  mot  «le  Kirali  : 
il  ajoute  que  fon  (entiment  eft  que  ce  mot  vient  du 
Grec  jctuiiui ,  qui  s'eft  dit  par  contraction  pour  «f«  t!»  , 
imperans ,  qui  commande.  On   ne  lauroit  rien  dire 
aujourd'hui  fur  cette  dernière  étymologie  ,  parce  que 
nous  ne  favons  point  fi  le  nom  de  Kral  étoit  dans  la 
langue  des  Huns,  avant  qu'ils  euftent  eu  commerce 
avec  les  Grecs ,  ôc  lorfqu'ils  étoient  encore  dans  le 
Nord  ;  d'ailleurs  j  quoique  les  liquides  fe  mettent  fou- 
vent  l'une  pour  l'autre,  il  n'y  a  pas  alFezde  rapport 
entre  Kral  ôc  x.ji!m ,  pour  croire  que  le  premier  de 
ces  mots  ait  été  formé  de  l'autre. 
KARLE.   f.  m.    C'eft  la  même  chofe  que  Karl ,  & 
Charles  ;  Krolus  ,   Karlus.  Karle  ,   par  conuption 
adouci  en  Charles .,  lignifie  magnanime  ôc  généreux. 
Du    TiLLETj   P.  I ,  p.  S. 
KARLOMAN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Nous  écrivons 
aujourd'hui  Carloman. 

Ce  nom  paroit  compofé  des  mots  Karl ,  ôcman^ 
qui  veut  dire  homme  ,  en  langue   Tudtfque. 
KARMESSE  ,  ou  plutôt  KERMESSE  eu   KERMIS. 
f.  f.  C'eft  le  nom  de  certaines  Foires  de  Hollande 
ôc    de    Flandre  ,    où    l'on   va   fe    divertir  ,    on   y 
court    la    malcarade  ,  ôc  l'on  y   tait  mille   extra- 
vagances. M.  Bayle  ,  en  fe  moquant  de  l'hiftoire  d'un 
baladin  transformé  en  âne  ,  rapporrée  par  Oiiandcr, 
lequel  ,  ayant   fous  fon   déeuilcment  conlcrvé    fon 
adrelle ,   tailoit   mille  tours  de  palle-palle,  dit  que 
quiconque  en   produiroit  un   femblable   aux    Kar- 
mejfes  de   Hollande  ,   teroit  un  proht  conlidérable. 
Madame  du  Noyer  parle  dans  fes  Lettres  des  folies 
qui  fe  pratiquent  aux  Karmcjjcs  de  Flandre. 
KARMOUSSALI.    f.    m.  Terme    de    Relation.    C'eft 
un  mot  Égyptien  ,  qui  lignifie  un  grand  navire  mal 
joint ,  ôc  fort  mal  propre  pour  rélifter  aux  tempêtes. 
Navis  jiigyptiaca.  Ceux  de  Damictte  s'en   fervent 
pour   amener    du    bois   de   Tvr  ,   &   des  fruits  de 
SaVc-Je  ,  que  l'on  y  apporte  de  Damas  pour  l'Egypte. 
De  la  Boulaye. 
KAKN-TAUR.  Nom  d'une   montagne  d'Allemagne. 
Carnicus    Taurus.    Elle    eft   entre  l'Archevêché  de 
Saltzbourg  ,  ôc  la   Carinthie.  On  prétend    que   ce 
font  les  montagnes  où  habitoient  anciennement  \ti 
peuples  appelés  Morici  Taurici.  Maty. 
KARNWALD.  Nom  d'une  tbrêt  de  la  Suiffe.   Came. 


K  A  s 


fylva.  Elle  fcparc  le  Caiicon  d'[Jiidci.-\r.iI  en  cfeu-i- 
p.irtics,  qui  portent  le  yoin  cl'Obdciiv/aKj ,  &  d'Uii- 
derwal  ,  dont  le  premier  iignihe  au-delUis  de  la  fo- 
ret ,  c'i  l'autre  au  dellous  de  J,i  furet.  Matv. 

KAROPiMlTZE ,  ou  GLIUBOTHN.  Nom  d'une  mon- 
tagne de  la  Turquie  en  Europe.  Caropnidus  ,  ou  Orbc- 
lus  mons.  Elle  iepare  la  Macédoine  de  l'Albanie  ,  & 
k  va  joindre  au  rnont  Arijcntaro  ,  lur  les  confina  de 
la  Bulgarie.  Matv. 

KARON.    Foye^i  KOROIN. 

KAKOSCA.  Vo;^ei  Kl;:ROSCA. 

KAROUATA.  1.  m.  Plante  qui  croît  aux  Indes  Occi- 
dentales j  dans  l'Iic  de  Marignan  ,  (Si  qui  eft  tort 
iemblablc  à  l'ananas.  Elle  produit  des  feuilles  lon- 
gues d'une  aune  ,  &:  larges  de  deux  pouces ,  épailles 
i\:  épincutes  d'un  côté  «ik:  d'autre.  Du  niilitu  de  ces 
feuilles  (ort  une  tête  ,  à  laquelle  naillcnt  ,  à  deux 
palmes  de  terre  ou  environ  ,  cinquante  huits  ,  &c 
quelquefois  beaucoup  davantage  ,  de  la  longueur 
d'un  doigt,  ent  liés  cnlemble  ,  de  la  forme  d'une 
pyramide  triangulaire  ,  jaunâtres  dehors  &  dedans , 
agréable  au  palais  ,  &  d'un  tort  bon  goût.  Ce  fruit 
ell  plein  d'une  matière  ipongiculc  ,  &c  de  plulieurs 
grains  &  menue  temencc  ;  le  (uc  en  eft  aigre-doux. 
Si  on  en  mange  beaucoup  ,  il  tait  fiigner  les  genci- 
ves &c  la  langue.  Il  eft  ibrt  bon  contre  le  Icorbut 
&:  dans  les  tièvres. 

KARME.  f.  f.  Vieux  mot,  qui  fe  difoit  autrefois  en 
Normandie;  il  (ignilie ,  à  ce  qu'on  croit  ,  hachis  de 
carpe.  Cette  conjcdurc  eft  fondée  fur  ce  qu'un 
Abbé  voulant  réformer  les  Moines ,  au  lieu  des  ha- 
chis de  viande  qu'ils  mangeoient  ,  il  leur  fit  donner 
un  mets  qu'on  appeloit  dans  le  pays  Karpie  ,  comme 
Il  on  vouloir  dire  Karempie ,  ajoute  l'Auteur  ;  mais 
la  fignitication  de  ce  dernier  mot  eft  inconnue  au- 
jourd'hui. 

KARRAITE.  f.  m.  &:  f.  Nom  d'une  feifte  parmi  les 
Juifs.  P^oye'i  Car  aï  te  ;  c'eft  ainfi  que  nous 
prononçons  &  que  nous  écrivons  communé- 
ment. Ce  mot  fîgnifie  Scripturaire.  Outre  les  Auteurs 
cités  au  mot  CaraÏte  ,  Foyei  Buxtorf ,  Lexic. 
Thalm.  p.  211  j  ,  Voec,  T.  II ,  Difput.  feleclar. 
p.  t)6  &  141. 

KARS ,  ou  CARS ,  &  CHISERI.  Ville  de  la  Turco- 
manie,  en  Afie.  Chorfa  ;  C^^/è.  Elle  eft  à  la  fource 
du  Kur.  Kars  eft  fort  ,  &  capitale  du  Béglcrbéglic 
de  Kars  ,  qui  renferme  le  Royaume  de  Bara- 
tralu ,  &  qui  eft  borné  par  le  Royaume  d'Imiré- 
te  ,  &  par  celui  de  Guriel ,  au  couchant  par  le 
Béglerbéglic  de  Trébizonde  ,  au  midi  par  ceux  d  Er- 
zerum  &  de  Tchildic  ,  &  au  levant  par  le  Carduel  & 
par  l'Ivran  ,  Province  de  Perfe.  Mat  y. 

KARSTEN,  ou  CARSO.  Nom  d'une  petite  contrée 
d'Italie.  Karfiia  ,  Calderus  mons.  C'eft  la  partie 
du  Frioul  qui  s'étend  depuis  la  rivière  d'Anfa  jul- 
qu'aux  frontières  de  l'Iftrie ,  entre  le  Comté  de 
Gorice ,  &  les  golfes  de  Venife  &  de  Triefte.  On 
y  trouve  Aquilée  ,  Profeco  ,  Tricife  &c  Montefal- 
cone.  Cette  dernière  ville ,  avec  Ton  territoire  ,  dé- 
pend des  Vénitiens  ;  le  lefte  eft  à  la  Maifon  d'Au- 
triche. On  comprend  aufii  quelquefois  dans  le 
Karflen  la  Carnioie  féche  ,  autrement  l'Iftrie  Au- 
trichienne. 

KARTIKAM.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du 
huiri)mc  mois  Lunaire  de  douze  ,  qui  compofent 
l'année  chez  les  Indiens  de  l'Indouftan.  Ce  mois 
répond  à  notre  mois  de  Novembre. 

K  A  S. 

KASAKE.  f.  m.  Nom  d'une  nation  Tartare.  Kafa- 
kiis  ,  a.  M.  de  Witfen  ,  dans  fa  nouvelle  Carte , 
met  des  Tartares  Kafahes  entre  les  Kalmucs  ,  <k  il 
les  place  aux  confins  du  Zagathay  ,  &  vers  les  Ibur- 
ccî  de  Chéfei.  Maty. 

KASEMITH.  f.  m.  C'eft  le    nom  que  porte  aujour 
d'huien  Syrie  le  fteuve    qu'on  nommoit  autrefois 
LirrutUère.    Eleutherus.  Il   tire   fa   fource  du   mont 
Li:)aii ,  traverfe  l'Iturée  &  la   Galilée  ,  pour  venir 
fe  jettcr  dans  la  mer  de  Phénicie  ,  entre  Sarepta 


K  A  T  33^ 

(?r  la  ville  de  Tyr.  C  eft  ce  qui  lui  donne  aujour- 
d'hui le  nom  Ac  Kafemïtli  ,  qui  f  ignilie  parcage.  Il 
eft  très-rapide.  La  pèche  des  tortues  y  eft  tres-abon- 
dante  en  certains  temps  de  l'année.  Alem.  des  iMiJf. 
du  Levant  ,  T.  F,  p.  lo.  Ce  mot  clt  Arabe,  &c 
vient  du  verbe  Arabe  aop  ,  Kafama ,  qui  lignilie 
divifù  ,  il  a  divifé  ,  partage. 

KAbG'HAR.  Kaj'f^hana.  M.  Sanfon  ,  dans  fa  grande 
Carte  de  l'Alic  ,  met  un  Jioyaume  de  Kafcghar,  ou 
de  Chal\ag ,  au  nord  du  Zagathay  ,  &  r;u  touchant 
des  Tartares  Kahnuchs  ;  mais  M.  de  Witfen  ,  dans 
fa  nouvelle  Carte  de  la  Tartarie  ,  donne  tout  ce 
pays  aux  Kalmuchs  ,  &  il  place  le  Royaume  de 
Cufcar,  qui  eft  fans  doute  le  même  que  le  kaf^har, 
dans  le  Turqueltan  ,  vers  les  fourcts  du  Gange.  Il  y 
met  la  \'illc  d'Hiarchan  ,  &:  quelques  autres.  Matv. 

KASI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  le  quatrième 
Pontife  de  Perle,  qui  eft  en  même  temps  le  fécond 
Lieutenant  Civil ,  qui  juge  des  atiaires  temporelles  ; 
il  a  deux  Subftituts  qui  terminent  les  atiaires  de 
moindre  confèquence  ,  comme  les  querelles  qui 
arrivent  dans  les  Catiés,  &c.  De  la  Eoulayc  dit  que 
Kaji  _,  ou  Kadi  ,  c'eft  un  Juge  ,  ou  un  Magiftrat  , 
en  Turc  &   en  Perlaii.    f^oye^  Cadi. 

KASJAVA-MARAM.  f.  m.  Arbre  qui  croît  au  Mala- 
bar. Il  eft  d'une  grandeur  moyenne.  On  fait  avec 
fes  feuilles  bouillies  dans  de  l'huile  avec  le  ourcuma 
frais  ,  un  hniment  recommandé  contre  les  puftulcs 
aqucufes.  Le  fuc  de  fes  feuilles  appliqué  avec  un 
linge  derrière  les  oreilles ,  guérit  la  th.alhe.  On  pré- 
pare encore,  avec  fa  racine  bouillie  dans  de  l'huile, 
un  onguent  bon  pour  la  goutte  Se  le  mal   de  tête. 

gcr  KASI  KARMEN.  Vnie  de  la  petite  Tartarie  ,  dans 
le  pays  des  Tartares  de  Drobuce ,  lur  le  Niéper. 

ç'JCr  KASIMIERS.  Cafimma.  Ville  de  la  haute  Pologne  , 
fur  la  Viftule  ,  au  Palarinat  de  Lublm. 

KANMILLE.  f  m.  Nom  d  un  faux  dieu  de  l'Antiquité. 
KafmUlus  ,  Cafmdlus  L'Ancien  Interprète  Grec 
d'Apollonius  ,  fur  le  premier  livre  des  Argonautl- 
con  de  cet  Auteur,  dit  que  c'étoitun  dieudes  Samo- 
thraces ,  ôc  l'un  de  leurs  quatre  Cabires ,  ou  grands 
dieux  ^  qui  étoient  Axiéros ,  Axiocerla  ,  Axiocerfos 
(k  Kajhûlle  ;  qu'Axiéros  étoit  Cérès  ,  Axioccrfa 
Proferpine  ,  Axiocerfos  lluton  ,  &  KafmilU  Mer- 
cure. Varron  ,  au  contraire,  de  Ling.  Lac.  L.  VI , 
dit  que  Kafmille  n'étoit  peint  Cabire  ,  ou  grand 
dieu  ,  mais  Miniftre  de  Cabire  ,  comme  Mercure 
chez  les  Grecs  &  chez  les  Romains.  Denis  d'Hall- 
carnafte  dit  la  même  chofe  dans  le  II  Livre  de  fes 
Antiquités  Romaines.  Plurarque  dit  la  même  cho- 
fe ,  d'après  Juba;  &  Feftus ,  Macrobe,  Servius,  &c. 
difent  que  Camille  fîgnifie  Miniftre.  Or  Kafm'dle  8c 
Camille  ,  eil  la  même  chofe.  Foy.  ce  dernier  mot. 

KASTA.  f.  f.  C'eft  un  arbre  facré  des  Indiens ,  ap- 
pelé Lui  en  Perfan.  De  la  Boulaye.  Foy.  Lui. 
On  le  nomme  aulli  Ber. 

K  A  T. 

KATAPAN,  ou  KATÉPAN.  f.  m.  Nom  de  charge, 
que  l'on  écrit  plus  communément  par  un  C ,  8c 
dont  nous  avons  parlé  fous  la  lettre  C.  Radulphc, 
ou  Raoul  ,  Moine  de  l'Abbaye  du  Saint  Sépulchre 
à  Cambrai ,  Auteur  de  la  Vie  de  S.  Lietbert  j  es, 
n.  4-1  ,  écnzKatapani  8c  il  dit,  en  parlant  de  1  Ile 
de  Chypre  ,  que  l'on  y  appelle  le  fécond  Seigneur 
Katapari  :  hoc  nomine  fecundum  Dominum  vacant. 

Les  Bollandiftes  marquent  fur  cela,  Âci.  Sancl, 
Jun.  T.  IF,  p.  3 3 p.  C.  que  fi  ce  mot  eft  Grec, 
fait  de  "-«''«  "<«' j  qui  fîgnifie  ad  omnia ,  à  tout,  pour 
tout ,  Katapan  eft  un  Ôftîrier,  un  Gouverneur  ,  qui 
a  un  pouvoir  fouverain  ,  qui  eft  Vicaire  de  l'Empe- 
reur, Viccroi;  mais  qu'il  y  a  plus  de  vr.aifemblance 
que  les  Grecs  modernes  l'ont  pris  du  mot  Capita- 
neus  ,  d'où  ils  ont  fait  Capitan ,  Capitépan ,  &c  Ca- 
patan  ;  noms  que  les  Italiens  donnoient  aux  Gou- 
verneurs des  Villes  &  des  Provinces ,  que  les  Em- 
pereurs de  Conftantinople  envoyoient  en  Italie. 
Du  rcfte ,  voye^  Catapan. 


33 


K  A  U 


KATAPANAT  ,  ou    KATAPANIE.    Foyei   Kati- 

PANAT. 

La  Princefre  Anne  Comnéne  ,  au  troifù-nie  li- 
vre de  Ion  Hilloire  ,  ou  plutôt  une  Lettre  de  (ou 
frère  Alexis  à  Henri ,  Pvoi  de  Germanie  ,  qu'elle 
rapporte ,  p.  94-  ,  de  l'édition  du  Louvre  ,  dit  K^- 
Tti.!.»  ,  Se  non  pas  Katapan  ,  &  parle  du  K^tsï.v^^ 
Ti>  x'iixfiârvj ,  c'eft-à  dire,  de  celui  qui  étoitoppotc 
■à  toutes  les  autres  dignités  ,  ou  charges  ;  ^Jr  1"°^ 
le  P.  Poulllne  dit  dans  l'on  Gloilaire  des  mots  d'Anne 
Coinnéne  ,  que  ce  mot  eft  formé  de  »»>1à  <Sc  '^"'".^ 
&  qu'il  iiynirie  en  général  ,  celui  qui  eft  prepole 
fur  quelque  chofe ,  &  commis  pour  en  avoir  loin  , 
Surintendant;  que  ce  n'eft  point  un  nom,  mais  un 
adverbe  qui  ne  doit  fe  dire  qu'avec  l'article  "  K"^- 
?i»«»<a  j  les  Surinteiidans  ;  qu'ainli  il  eft  tout  difte- 
rent  de  K.iJiV^-os  ,  Ka.Vs-avif  ou  K«T£7a"«  ,  Capi- 
taine. Cependant  Curopalates  en  fait  un  nom,  &c 
dit  K  iVî^TAKi?, 

^KAT-CHERIF.  f.  m.  Nom  que  les  Turcs  don- 
nent aux  ordres  émanés  directement  du  Grand  Sei- 
gneur. Ces  ordres  font  écrits  par  des  Secrétaires  , 
&  marqués  de  l'empreinte  du  nom  du  Monarque. 
Quand  ils  n'ont  que  ces  marques  ordinaires  ,  on  les 
nomme  Tura;  mais  quelquefois  le  Grand  Seigneur 
écrit  dellus  de  fa  propre  main  ,  Que  mon  Commande- 
ment fo'a  exécuté  félon  fa  j orme  &  teneur  ;  &  c'eft 
ce  qu'on  appelle  Kat  Cherij  ,  Sublime  Lettre. 

KATHAY ,  ou  KîTHAY.   Foye^  Catay. 

KATIPANAT.  f.  m.  ou  KAFIPANIE.  f.  f.  Capi- 
tainerie ,  Gouvernement  ,  OlKce  de  Katapan ,  ou 
Karipan.  Catipania  ,  Catipanatus.  Les  Bolbndiftes  , 
Acla  Sancl.  Jun  T.  lp^,p.  jpfi,  difent  qu'on  a  dit 
ces  mots  pour  charge  de  Catapan.  On  pourroit  dire 
auill  Katapanat  ôc  Katapanie. 

KATOU  COiMNA.  f  m.  Grand  arbre  qui  croît  au 
iLilabar  ,  qui  eft  toujours  vert ,  &  qui  porte  Heurs 
ôc  fruits  en  tout  temps.  La  décoârion  de  fes  Veuilles 
cmpéciie  les  cheveux  de  blanchir ,  &  guérit  la  lè- 
pre. La  pâte  faite  de  fon  écorce  avec  le  lucre  ,  a  les 
mêmes  propriétés. 

§0="  KATOU-INDEL.  f.  m.  Efpcce  de  palmier  fui- 
vage  ,  qui  croît  au  Malabar  dont  le  fruit  rellemble 
à  la  prune.  Le  petit  peuple  du  pays  le  mâche, 
comaie  les   Grands  mâchent  l'Aréca. 

KATOU-NAREGAM.  f.  m.  Grand  arbre  de  Mala- 
bar ,  qui  porte  une  efpcce  de  limon  fort  petit.  Le 
fuc  de  fes  feuilles  palle  pour  un  remède  excellent 
dans  les  maux  de  tête.  Pris  avec  le  poivre  ,  le  gin- 
gembre &  le  fucre,  il  guérit  la  touXj  &  les  autres 
maladies  des   poumons  qui  ont  le  hoid  pour  caule. 

KATTEQUL  f.  m.  Toile  de  coton  bleue  ,  qu'on 
tire  des  Indes  orientales  ,  particulièrement  de  Sutate. 

KATUTIJELTI-POU.  f.  m.  Nom  d'une  plante.  ^/72- 
brojîa  Malabarica  ,  ArtemifiâL  joliis  ,  odoris  fragran- 
tïs.  On  vante  dans  i'Hortus  Alalabaricus  les  pro- 
priétés de  cette  plante  pour  réfoudre  les  empycmcs 
&  les  autres  abcès  internes  ,  avant  qu'ils  viennent 
à  maturité  ,  ainh  que  pour  guérir  les  convullions 
&  l'hydropifie.  On  en  prend  aulII  l'infulîon  comme 
celle  du  thé  ,  au  moins  en  bien  des  endroits  d'Alle- 
magne. Cette  plante  vient  de  îvLtlabar. 

IP^KATUWALA.  f  m.  Plante  des  Indes  ,  Jra- 
chidna  indka  ,  qui  produit  en  terre ,  èc  hors  de 
terre  j  des  efpèces  de  glaiids ,  bons  à  manger ,  & 
d'un  goiit  très  agréable. 

KATZBÂCH.  Nom  d'une  petite  rivière  de  la  Silélîc. 
Cattus.  Elle  baigne  la  ville  de  Ligintz  ,  &  à  quel- 
ques hcuesde  la  elle  fe  décharge  dans  l'Oder.  Maty. 

K  A  U. 

KAVIA  ,  KAVIAC  ,  KAVIAR ,  ou  CAVIAL.  f.  m. 
Ce  font  des  œufs  d'efturgcou ,  que  l'on  met  en  pe- 
tites g.ilettes  épailfes  d'un  doigt,  &  larges  comme  la 
panme  de  la  m?in  ,  que  l'on  fait  laler  &  lécher  au 
foleil.    Voye\  Cavial. 

KAUFBEUREN.  Petite  ville  Impériale  du  Cercle  de 
la  Souabc.  Kaufiura.  Elle  eft  fur  la  rivière  de  Wer- 


K  A  Z 

tach  ,  à  fept  lieues  de  V/ertach  ,  &:  autant  de 
Kempten  ,  vers  1  orient  leptentrional.  Kaufèeurcn 
a.  dépendu  des  Comtes  de  Hof ,  qui  lui  rendirent  fa 
liberté  pour  cinquante  mille  ccus  ,  ce  qui  fut  con- 
firmé par  l'Empereur  Conrad  II.  Kempteu  eft  mal 
peuplée  ,  peu    conlidérablc.    Maty. 

KAUKI.  f  m.  Arbre  qui  croît  a  Java,  &  qui  porte 
de  petites  Heurs  odorit-erantes  ,  dont  on  diltille  une 
eau  qui  a  les  mêmes  propriétés  que  l'eau -rofe. 

KAURYSAOUL.  f.  f.  Terme  de  Relation.  Les  Kaury. 
faouls  forment  le  cinquième  &  le  dernier  des  cinq 
corps  de  Troupes  de  la  Maifon  du  Roi  de  Pcrfe: 
ce  iont  des  Huiftlers  a  cheval  au  nombre  de  deux 
mille  ;  ils  ont  pour  chef  le  Connétable  ,  en  fou 
ablence  le  Chevalier  du  Guet  k's  commande.  Ils 
font  le  guet  la  nuit  aux  environs  du  Palais  ,  écartent 
la  foule  quand  le  Roi  monte  à  cheval ,  font  faire 
filence  aux  Audiences  des  AmbaH'adcurs  ,  fervent 
à  arrêter  les  Kams  ;  &  autres  Otiiciers  difgraciés, 
&  à  leur  couper  la  tête  quand  le  Roi  l'ordonne. 

KAUSTEVEN  ,  BRIG  -  KAJSTEVEN.  Bourg  du 
Comté  de  Lincoln  j  en  Angleterre.  Caufennis.  Il  eft 
dans  la  partie  leptentrionale  du  Comté  de  Kaujlc- 
ven.  On  y  voit  les  ruines  de  l'ancienne  Cauj'ennis  ^ 
d'où  apparemment  il  a  tiré  fon  nom. 

K  A  Y. 

KAISERLAUTERiM.  C^farea  ad  Lutram.^  Ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  le  Bas  Palatinat ,  autrefois  libre  & 
Impénale  ,  mais  iujette  a  l'Éledteur  Palatin  depuis 
1402.  Elle  elt  lituée  lur  la  rivière  de  Lauter. 

Ip-  KAYSERPERG  ,  ou  KAYSERBtPvG  ,  c'eft-à-dire  . 
montagne  de  l'Empereur.  Cnfaris  mons.  Ville  de 
France  en  Allemagne  ,  dans  la  partie  d'Alface  la 
plus  feriile  en  vins,  à  deux  lieues  de  Rapolftein, 
a  dix  licues  de  Baie. 

§3"  Kaiserperg  ,  ou  Kaiserberg.  Bon  bourg  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  Stirie  ,  litué  fur  la  rivière  de 
Saltcl  J  dans  le  Comté ,  &;  à  l'orient  de  la  ville  de 
Cilley.  Maty. 

KAIiERSTUL.  On  prononce  Kayserstoul.  Forum. 
Tiberù.  Ville  de  SuiHe  au  Comté  de  Bade  ,  fur  uu 
coteau    élevé  ,  au  bord  du  Rhin. 

IJCFKAISER'WERD.  Petite  ville  d'Allemagne,  duis 
le  Duché  de  Berg  ,  au  diocèfe  de  Cologne  ,  entre 
Cologne  &:  Rheirabergen. 

K  A  Z. 

KAZIMIERS.  Petite  ville  de  la  Haute-Pologne.'  Cufi- 
mira.  Elle  eft  lur  la  Viftule  ,  dans  le  Palatinat  de 
Lublin  ,  à  quatorze  lieues  de  la  ville  de  ce  nom,& 
à  treize  de  celle  de  Sandomir.  Maty. 

KAZINE.  f  m.  Tréfor  du  Grand  -  Seigneur.  f^oye:[ 
Khazine. 

KASNADAR  BACHI.  f.  m.  Terme  de  Relation. 
Nom  d'un  Officier  conlidérable  en  Perfe.  C  eft  le 
grand  Tréforier  :  il  garde  tout  l'argent  qui  eft  dans 
les  coriîes  du  Roi.  On  écrit  auili  Chasnadar- 
Bassi  &  Khazinedar-Bachi,  Voy.  ces  mots. 

K  E. 

KE.  Vieux  mot.  Pronom  relatif ,  conjondlion ,  adverbe. 
C'eft  notre  que  ,  qui  s  ecrivoit  autretois  par  ke. 
»  Henri,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roi  de  Engieterre, 
>■>  Seigneur  de  Yiland  ,  &  Duck  de  Aquyrayne  ,  à 
i>  tous  ceux  a  ki  ces  Lettres  vendront ,  laluz.  Sachent 
«  tous  ke  nous  aurins  otreyé  &  graé  a  noble  lier 
)>Juhan  ,  Duck  de  Bretaine  ,  à  li  cntérvner  à  li 
»  acumpleyr  dedens  le  jur  de  Jouedy  prochain  de- 
;>  vant  le  fête  S.  Barnabe  l'Apoftle  ou  mois  de 
)î  Juin  ,  les  ditz  e  la  tenur  de  une  lettre ,  ke  nus  li 
aurins  rendu  la  Kunté  de  Kichemont ,  &c  ».  C'eft 
un  aéte  d'Henri  III  ,  Roi  d'Angleterre  l'ani2(5(j, 
rapporté  dans  la  nouvelle  Hiiloire  de  Bretagne , 
T.  II :,  p.  30p.  M.  Revmer  n'a  point  rapporte 
cet  atle  dans  fon   Recueil.    \}\\  autre  du   même 

Piince, 


K  E  B 

Prince,  palTc  en  1267,  le  s^  ^'■^  ivgne  d'Henri, 
au  mois  de  Juillet ,  &  félon  M.  Rynier  dans  Ion 
premier  Tome  ,  l'an  1268.  au  iujct  encore  de  l.i 
Comté  de  Richcmojit ,  écrit  toujours  de  même  , 
&  quoique  cet  Adtcdillerc  enplulieurs  choies  dan:, 
le  1'.  Lobineaui.\:  dans  M.  Rynier  ,  T.  I  ,p.  «V^/  , 
H4S ,  il  convient  cependant  dans  l'un  &  dans  l'au 
tre  à  écrire  toujoiu's  Kc.  Un  autre  Ade  du  même 
Prince  rapporté  par  M.  Rymer  ,  /'.  S ^S'  ,  écrit 
quelquefois  qe  par  un  q  ,  &  quelquefois  he  par  un 
k.  Il  y  a  encore  en  bien  d'autres  endroits  de  ce  Re- 
cueil un  grand  nombre  d'exemples  de  cette  ancienne 
orthographe.  k 

K  E  B. 

KÉBER.  Nom  d'une  feéte  chez  les  Perfans.  Ce  mot  de 
^ê/jc/- veut  dire  Infidèle ,  du  mot  Turc  Kiaphir,  qui 
fignifie  renégat ,   ou  plutôt  l'un  &c  l'autre  viennent 
de  "l£2  ,  caphar ,  qui  en  Chaldéen  ,  en  Syriaque  & 
en  Arabe  ,   llgnihe  nkr  ^  renier  ^  d'où  vient  en  Arabe 
133  ,  cafar,  un  hérétique ,  un  renégat.  Ceux  de  cette 
{eue  font  la  plupart  de  fort  riches  Marchands.  Quoi- 
qu'ils foicnt  au  milieu  de  la  Perle  j  Se  qu'il  y  en  ait 
beaucoup  dans  un  faubourg  d'Kpahan  nommé  Keb- 
tabath  ,  on  ne  lait  s'ils  font  Peiians  originaires ,  parce 
qu'ils  n'ont  rien  de  commun  avec  les  Perlans  que  la 
langue.  On  les  diiîingue  par  la  barbe  qu'ils  portent 
fort  longue  ,  &  par  1  habit  ,  qui  eft  tout-à-tait  dirté  ■ 
rent  des  autres.  Leurs  femmes  ne  fe  couvrent  point 
le  viftge  comme  celles  des  autres  Perfans  ,  &  on  les 
voit  dans  les  rues  &  ailleurs  j  contre  la  coutume  de 
celles  qui  font  profellion  de  vtvre  dans  l'ordre.  Elles 
fe  coniérvcnt  néanmoins  dans  une  haute  réputation 
de  régularité.  Les  Kebers  lont  payens.  Il  y  a  des  Au 
teurs  qui  dilent  qu'ils  ont  de  la  vénération  pour  le 
feu  ,  comme  les  anciens  Perles  ;  mais  d  autres  pré- 
tendent que  non.  Ils  croient  l'immortalité  de  l'ame  , 
&  quelque  chofe  d'approchant  de  ce  que  les  anciens 
ont  dit  de  l'Enfer  &  des  Champs  lililees.  Quand  quel- 
qu'un d'eux  eft  mort ,    ils  lâchent  de  ix  mailon  un 
coq,  &:  le  chaflent  dans  la  campagne  -,  lî  un  renard 
l'emporte  ,  ils  ne  doutent  point  que  lame  du  dérunt 
ne  foit  lauvée.  Si  cette  première  preuve  ne  luiiit  point , 
ils  fe  fervent  d'une  autre  qui  paife  chez  eux  pour  in- 
dubitable. Ils  portent  le  corps  du  mort  au  cimetière  , 
&c  l'appuient  contre  la  muraille  foutenu  d'une  four- 
che. Si  les  oifeaux  lui  arrachent  l'œil  dioit ,    on  je 
conlidere  comme  un  prédeftiné  ,  on  l'enterre  avec  cé- 
rémonie ,  ëc  on  le  defcend  doucement  &  avec  ordre 
dans  la  folle  ;  mais  II  les  oifeaux  commencent  par 
l'œil  gauche,  c'eft  une  marque  infaillible  de  répro- 
bation :  on  en  a  horreur  comme  d'un  damné ,  &  on 
le  jette ,  la  tête  première  ,  dans  la  folfe.    Ces  Kebers 
paroilfent  fi  femblables  aux  Gaures ,  que  ce  pourroit 
bien  être  la  même  chofe.  Il  n'y  a  pas  loin  de  Kébcr  à 
Gaure ,   &  l'on  a  pu  aifément  dire  l'un  &  l'autre  , 
ou  prendre  l'un  pour  l'autre. 
ÇCFKÉBIN  ,  f  m.  Ondonnece  nom,  à  la  Porte,  à  des 
lettres  d'affranchiiremcnt.    Tous  les  fujcts  du  Turc 
font  efclaves ,  &  ils  ne  fortent  de  cet  état  que  par 
un  Kébin  ;  encore  fe  donne-t  il  rarement.  Anecd.  de 
la  maif.  Occom. 
|CF  KÉBiM.   Mariage.  Voy.  Kabin, 
KÉBLAH  ,  ou  KÉBLEH  ,  ou  KIBL^IH  ,    KIBLAH  , 
f.  m.  Terme  de  Relation  &  d'Hiftoirc  Turque.   La 
partie  du  monde  vers  laquelle  on  le  tourne^  en  taitant 
fa  prière.  Kéblah ,  Locus  orbis  qmm  orando  refpicis. 
Mahomet  n'ofa  point  propofer  d'abord  d'autres  Ké- 
hleh  à  tes  difciples  que  le  Temple  de  Jérufalem  ,  qui 
étoit  le  Kébleh  des  Juifs  Se  des  Chrétiens;  en  eifct , 
toutes  les  anciennes  Eglifes  des  Chrétiens  étoient  tel- 
lement difpofées  ,   que  le  Prêtre  à  l'Autel  regardoit 
l'orient  :  mais  dans  la  fuite  ,  ce  faux  Prophète  vou- 
lant fépaterles  fiens  de  toute  communication,  en  fait 
r    1       de  Religion  ,  avec  les  Chrétiens  &  les  Juifs  ,  il  leur 
I  ordonna^ans  l'Alcoran  de  fe  tourner  en  priant  du 

côté  du  Temple  de  h  Mecque.  Depuis  ils  ont  appelé 
ces  deux  Temples  Kéblàan  ,   ou  les  deux  Kébleh. 
Tome  f^. 


3  37 

Voyez  d'Mcrbclot ,  Blhlioth.  Orient,  p.  pf2.  Maho- 
met ne  propofa  point  d'abord  de  Kéblah  à  fcs  feda- 
tcurs.  Dans  la  leconde  Sure  de  l'Alcoran  ,  v.  1/6.  il 
leur  permet  de  fe  tourner  en  priant  de  quel  côté  il 
leur  plaira  ,  !k  leur  dit  que  l'orient  &  l'occident  font 
à  Dieu  ;  qu'ajnli  vers  quelque  endroit  qu'ils  tournent 
la  face  ,  la  fera  celle  de  Dieu  ,  parce  que  Dieu  eft 
immcnle  &  clairvoyant.  Il  ajoute,  au  v.  //i'.  que  la 
jullicc  ne  conliile  point  en  cette  obfervance.  Au  v. 
I4f-  il  déclare  qu'il  n'y  a  point  de  mal  à  fe  tourner 
vers  Jérulalem  ;  tk  au  v.  146.  il  leur  ordonne  de  re- 
garder vers  la  Mecque.  De  même  au  v.  //2.  C'eft 
que  ,  lelon  la  remarque  de  Maiaccio  ,  il  a  voulu  fc 
conformer  aux  Chrétiens  ,  aux  Juifs  &  aux  payens 
Arabes  ,  Ik  prendre  quelque  chofe  de  chacun  d'eux. 
Et  parce  que  le  Temple  de  la  Mecque  ,  par  rapport 
à  l'Europe  &  aux  Etats  du  Turc  ,  eft  au  fud  eft  ,  que 
l'on  appelle  Siroco  fur  la  Méditerranée ,  ils  appellent 
le  fud-eft  &c  le  vent  de  fud-eft  Kébleh. 

Ricaut ,  de  l'Empire  Ottoman  ,  dit  ,   pour  parler 
plus  proprement ,  que  ce  n'eflpas  le  Temple  de  la  Mec- 
que que  les  Turcs  appellent   Kiblah  ,  mais  plutôt  la 
grolfeTouj  carrée  ,  qui  eft  au  milieu  de  l'amphithéâtre 
de  la  Molquée. 
Kébleh  Ce  prend  encore  pour  un  autel  que  les  Mahomé- 
tans  ont  dans  toutes  leurs  Mofquées ,  de  qui  eft  fort 
exadtement  tourné  du  côté  du  Temple  de  la  Mecque. 
D'Herbelot  ,  p.    fifj.   Ce  que  d'Herbelot  appelle 
ici  autel ,  Ricaut ,   de   l'Empire  Ottoman  ,  l'appelle 
une  niche  ,  qui  dans  toutes  les  Mofquées  de  Turquie  , 
eft  à  la  muraille  du  côté  qui  regarde  la  Mecque.  Du 
Loir ,  dans  fon  "Voyage  du  Levant  ,  Lett.  II.  p.  4S. 
avoit  écrit  Guéblé ,  mais  très-mal.  Il  a  corrigé  Québlé  y 
qui  n'cft  pas  mieux.  Il  écrit  quelquefois  Kéblé  ;  mais 
Kébleh  cit  beaucoup  mieux.  lisent  fait  dans  la  mu- 
raille (  de  iainte  Sophie  )  leur  Québlé  ,  qui  eft  une 
elpèce  de  niche  ,  tournée  prelque  au  midi  ,  ieloii  le 
commandement  de  l'Alcoran  ,  qui  leur  ordonne  d'a- 
dreller  leur  prière  vers  cette  partie  du  Inonde  _,  parce 
qu'ils  croient  qu'Abraham  fit  fon  facrifite  à  la  Mec- 
que fur  une  montagne  qui  la  regarde  ;  &  c'eft  à  cette 
montagne  qu'ils  lont  obligés  d'aller  une  fois  en  leur 
vie,  s'ils  veulent  latistaire  au  commandement  qui  leur 
en  a  été  tait  par  Muhemmet.  Du  Loir. 

Dès  que  les  Turcs  font  entrés  dans  la  Mofquée,  ils 
lèvent  les  yeux  en  haut ,  &  ayant  porté  leurs  pouces 
aux   oreilles  ,  ils  font  une  profonde  révérence  au. 
Kébleh  ,  qui  eft  le  lieu  proche  duquel  eft  l'Iman.  Id. 
p.  141. 
Kébleh  le  prend  aufll  métaphoriquement  pour  objet ,   la 
fin  qu'on  te  propote  ,  l'intention  qu'on  a  en  quelque 
choie.  Le  Kébleh  que  regardent  les  Rois  eft  leur  cou- 
ronne &  leur  autorite  ;  celui  des  gens  d'ailaires  eft  l'or 
&  l'argent  ;  celui  des  adorateurs  de  la  beauté  cor- 
porelle ,  eft  un  peu  de  terre  &  d'eau  détrempée  ,  que 
l'on  appelle  de  la  boue  ;  celui  des  débauchés  eft  l'ex- 
cès Se  la  lupert^uité  en  toutes  choies  ;  celui  des  gour- 
mans  eft  la  bonne  chère  Se  le  tommeil  ;  celui  d'un 
homme  d'cfprit  eft  la  fcience.  Le  Kébleh  des  gens  de 
bien  eft  le  combat  de  leurs  pallions  ;  celui  des  dévots 
eft  la  prière  ;  celui  des  âmes  trantportées  de  l'amour 
]       de  Dieu  ,  eft  l'union  inféparable  avec  lui  :  enfin  ,  ce- 
lui des  contemplatils  les  plus  élevés  ,  eft  la  gloire  &: 
la  majefté  divine  toute  pure.  D'Hereelot. 

Les  Mutulmans  difent ,  en  termes  de  tpiritualitc  : 
faire  la  prière^  ou  laire  quelque  bonne  œuvre  tans  Â  e- 
bleh  c'eft  à-dire,  fans  droiture  d'intention  j  &:par  con- 
féquent  fans  mérite.  D'Hereelot. 

Ce  mot  vient  du  verbe  Arabe  '  -?  ,  Kabala  ,  qui  fi- 
gnifie  ,  fe  tourner  vers  un  côté  ,  regarder  un  côté  ,_  & 
qui  vient  de  l'Hébreu  ^:^?  ,accepit ,  dont  il  a  aulli  la 
lignification. 
KÉBiEH  NoMA  ,  ou  NuMA.  Tcmie  de  Relation.  C'eft  le 
nom  que  les  Perfans  Se  les  Turcs  donnent  à  une  bout- 
foie  ,  qu'ils  portent  ordinairement  fur  eux  pour  taire 
exaiStement  leur  prière  ,  d'Herb.  ou  plutôt,  pour  fe 
tourner  du  côté  qu'il  taut  en  la  faifant. 
KEBTH ,  KEBTHI.  Les  A  rabes  appellent  l'Egypte  Kctth , 
Se  un  Egyptien  Kebthi  ,  ou  Kohihï ,  d'où  nous  avons 

Vv 


3?8 


K  E  I 


bit  le  nom  de  Cophte ,  ou  Copte  ;  mars  on  ne  peut 
douter  que  k  Kebck  des  Arabes  ne  (oit  fait  de  a,-/j.,1.} 
d:s  Grecs.  On  dit  auilî  Kikk  Se  Kibthi.  _         • 

KEBULA  ,  {".  f.  Nom  qu'on  donne  en  Afie  à  ces  l-ruits 
que  l'on  nomme  en  Europe  Myrabolans  ,  Cebula. 
C'eft  du  Cabulcftan  que  l'on  tire  les  Myrabolans  , 
qui  (ont  nommés  Cahuli.  Nos  Botanilles  les  appellent 
kébula  ôc  Cébula.  D'Herbelot  ,  au  mot  CabuL 

K  E  C. 

KECCIO  ,  KÉCË  ,  ouCHÉCO.  Nom  d'une  ville  d'Inde 
delà  le  Gange,  Kechium  ,  Checum.  Elle  ell  grande, 
&c  capitale  du  Royaume  de  Tunquin  ,  dont  on  lui 
donne  quelquefois  le  nom  •  Kiccio  eil  (ituc  (ur 
une  grande  rivière ,  à  quarante  lieues  du  golfe  de  la 
Cochinchine.  On  croit  qu'elle  pourroit  bien  être 
l'ancienne  Daona  ,  capitale  des  Daoniens.  Maty. 

KÉCHEKLCHI  ,  f.  m.  Terme  de  Relation.  Les  Ké- 
chckkhïs  (ont  des  gardes  du  Roi  de  Perle  ,  qui  por- 
tent un  moulquet  d'un  fort  gros  calibre.  Ils  ont  ete 
indirués  par  l'Arhemat-Daulet  Mahamet-Beg,  vers  le 
milieu  du  dernier  (iccle. 

K  E  D. 

KÉDANGU.  f.  m.  Arbrilfeau  qui  croît  au  Malabar. 
Les  bains  préparés  avec  la  décoclion  de  fes  feuilles  , 

"  padent  pour  réfoudre  toutes  fortes  de  tumeurs.  Le 
(uc  de  (es  (leurs  ell:  un  excellent  remède  pour  l'épilcp- 
(le  ,  &  pour  les  aphtes  des  enfins. 

KÉDÈSE  ,  ou  KÉDÉSA,  Nom  d'une  ville  de  Phénicie. 
Kedifa.  Jofepli  ^  de  Bello  ,  II.  l  g.  dit  que  Kédèfe 
étoit  une  ville  des  Tyriens  ,  &  au  VIII.  Livre  des 
Anûq.  Judalq.  c.  p.  il  dit  qu'elle  étoit  voiiine  du  ter- 
ritoire des  Tyriens  &  de  la  Galilée.  Eusèbe  la  place 
dans  les  montagnes  de  Nephtali ,  en  Galilée.  Quel- 
ques uns  la  confondent  avec  Cadès ,  ou  fCadès,  de  la 
Tribu  de  Nephtali  ,  comme  nous  l'avons  fiit  au  mot 
CADÈS.  M.  Réland  croit  qu'il  faut  les  diftinguer  au 
mot  Kcdefch. 

KÉDUMIM  ,  ou  KÉDUMMIM.  Nom  d'un  torrent  de 
la  Terre-Sainte.  Le  torrent  de  Kédumim  ,  ou  de  Ca- 
du.-nim.  Torrens  Ccdumim.  Il  n'en  e(l:  parlé  qu'une 
feule  fois  dans  l'Ecritme,  Jug.  V.21.  Quelques-uns 
le  prennent  pour  le  Kilchon ,  ou  Ciion ,  dont  il  ell 
parlé  au  même  endroit ,  \'  que  l'on  trouvera  ci  def- 
fus.  La  Vulgate  l'appelle  U  tonsnt  Cadumïm.  Les 
Septante  en  font  un  nom  appcllitif ,  &  traduifent  le 
torrent  des  AîKiens  de  canp,  Kiddam ,  qui  (ignilîe 
prsivit ,  anteïvit  ^  antevenu ,  &c  aip,  Kedcm  ,  An- 
t'wuitds.  De- là  DJ;np  ,  félon  les  Septante,  les  de- 
vanciers ,  les  anciens  ,  oî  xt^xw.  La  Verdon  de  Ge- 
nève imite  les  Septante  j  &  traduit  le  torrent  an- 
cien ,  &■  dans  la  Note  ,  le  torrent  des  rencontres  ,  ou 
des  prévenus.  Les  Lovanifbes  &  Saci  mettent  Cadu- 
mim  ,  comme  fi  c'étoit  dans  le  texte  Hébreu  la  forme 
Chaldaïque  ;  Serrarius  dit  que  le  Cil'on  Ct  partage  en 
deux  branches  j  Se  que  celle  qui  va  vers  l'orient  j  & 
le  décharge  dans  le  lac  de  Généiareth  ,  s'appelle  Ka- 
dumim. 

K  É  E. 

KÉER  j  ou  CEER.  f.  m.  Poids  dont  on  (e  fcrt  dajjs 
quelques  villes  des  Etats  du  Grand-Mogol  _,  particu- 
lièrement à  Agbar  &  à  Ziamgcr.  Dans  la  première 
de  ces  villes  ,  le  Kéer  pc(c  trente-lix  petits  poids  , 
qui  reviennent  à  une  livre  &  un  quart ,  poids  de  marc  ; 
dans  la  (econde ,  il  en  pefe  trente-fix  ,  ou  une  livre 
£<.  demre. 

K  E  I. 

KÉILA  ,  CEILA  ,  CÉGILA.  C'étoit  anciennement  le 
nom  d'une  ville  de  la  Judée.  Ceyla.  Elle  étoit  dans 
la  Tribu  de  Juda  ,  à  une  ou  deux  lieues  d'Hébron  vers 
le  couchant. 

Keila.  Il  faut  dire  Ceïla.  C'efl:  le  nom  d'une  ville  de 
ia  Tiibu  de  Juda.  Cc:la.  Kdla.  Elle  étoit  du  côté  de 
loccidcnt,  félon  le  P.  Lubin ,  qui  croit,  aulH-bicn 


K  E  L 

que  M.  Réland  ,  que  c'eft  PEchela  d'Eusèbe  &c  de 
S.  Jérôme.  Du  temps  de  ce  Père  ^  ce  n'éto  it  plus  qu'un 
village  à  huit  milles  au  levant  d'Elcuthéropolis.  Jo- 
feph  l'appelle  Killa. 

KEILLIR.  v.  a.  Vieux  mot.  Cueillir. 

KEINTEGERN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Kentigernus, 
Kentegernus.  Saint  K eintegern  ixoïi  Evêque  de  Ghfco. 
On  voit  une  fort  ancienne  ftatue  de  ce  iaint  en  l'E- 
glile  Métropolitaine  de  Cologne  ,  où  il  ell  reprélenté 
tirant  une  bague  de  la  gueule  d'un  faumon.  Son  por- 
trait fe  voit  aulli  à  Paris  ,  en  une  vitre  de  la  petite 
Eglile  de  S.  André  des  Ecollois ,  où  on  le  nomme 
communément  S.  Mongo  ,  qu'en  EcolTois  on  écrit 
Mungo.  Il  eft  aulfi  repré('enté  fur  le  fceau  du  Cha- 
pitre de  Glafco  ,  donnant  la  bénédiction  à  trois  Aco- 
lytes à  genoux  ,  avec  cet  hexamètre  autour  du  fceau. 

Kentegerne  tuos  benedic  pater  aime  minijlros. 

Voilà  tout  ce  qu'on  en  trouve  de  sûr.  Chastelain^ 

Martyr.  T.  I.  p.  2jj. 
KEINTEGERNE.  f.  f.  Nom  de  femme.  Kentigema:. 

Kentegerna.  Adam  King  dit  ,  qu'il  y  a  une  Eglife  Pa- 

roiiliale  du  nom  de  cette  Sainte  à  Loclommont ,  en 

l'ile  d'Inchelroche.  Cette  île  eft  aux  côtes  d'Irlande. 

Chastelain.  Mait.  T.  I.  p.  12 j. 
KEIRI.f.  m.  Nom  que  les  Arabes  &  les  Apoticaire; 

donnent  aux  violettes ,  ou  girol-Jées  jaunes.  Foy.  ct 

mot. 
§3^  KEIROTONIE.   Foy.  Chirotonie. 

K  E  L. 

KÉLABITE.  f  m.  ^-  f:Nom  d'une  Tribu  d'Arabes.  Kc 
labïtes.  Mardas  Salech  ,  ("urnommé  Adad  Edoulat 
c'e('l-à-dire ,  le  Lion  de  la  Principauté  ,  étoit  Kèlabit 
d'origine.  D'Herbelot. 

KELBINS.  Nom  d'un  peuple  d'Afie.  Kelhinus.  a.  Le 
Kelbins  vivent  à  la  campagne  ,  proche  des  Drufe 
en  Syrie  ,  à  deux  ou  trois  journées  d'Alep.  Les  Kel 
bins  ne  (ont  ni  Chrétiens,  ni  Mahométans  ;  maisil 
ont  moins  d'éloignement  de  la  Religion  Chrétienii» 
-,  que  du  Mahométilme.  Fbye:^  le  Théâtre  de  la  Tu: 
quie  j  par  Michel  le  Févre. 

KELCHYN.  (.  m.  Vieux  mor  ,  qui  (ignifîe  une  Conc  d'à 
mende;  on  la  payoit  plus  forte  aux  grands  Seigneurs 
qu'à  ceux  qui  croient  d'un  rang  intérieur. 

KELLÉGE-COULCHICI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Non 
d  un  Officier  du  Roi  en  Perle.  C'eft  celui  qui  porte  li 
fabre  du  Roi. 

KELL.  (  Le  fort  de  )  Fort  important  d'Allemagne ,  bât 
par  les  François  ,  (ur  les  delleins  du  Maréchal  de  Vau- 
ban.  Il  appartient  aux  Allemans. 

KELLEN.  C'étoit  anciennement  le  nom  d'une  petite 
ville  de  la  Balle  Allemagne.  Colonui  Trajana  ,  Co- 
lonïa  Ulpia  Trajana.  ALiintenant  ce  n'eft  qu'un  vil- 
lage du  Duché  de  Cléves  j  fitué  à  demi-lieue  de  la 
ville  de  ce  nom.  Maty. 

KELLES.  Nom  d'une  petite  ville  Epifcopale  d'Irlande. 
KeUinum  d^firum.  Elle  eft  dans  le  Comté  d  Eaft- 
Meach ,  en  Lagénie  ,  à  cinq  lieues  de  Trime  ,  du  côté 
du  nord.  Quel.iues Géographes  prennent  Kelles  pour 
l'ancienne  Labcrus  ,  ville  des  Eblaniens  ,  que  d'autres 
mettent  à  Kildare.  Matv. 

KELLINGTON.  Ville  d'Angleterre  ,  au  pays  de  Cor- 
nouailles. 

KELMART  ,  ou  KELMUNTZ.  C'étoit  anciennement 
une  petite  ville  de  la  Vindelicie.  Cœlius  mous  ,  Cœlio 
mons.  Ce  n'eft  maintenant  qu'un  petit  bourg  de  la 
Souabe  ,  (itué  (ur  1  Hier  ,  enrre  Memmingen  &  Ulm. 
Maty. 

KÉLONTER.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Nom  d'un  Of- 
ficier ,  qui  eft  en  Pcrfe  à  peu  près  ce  que  le  Prévôt  des 
îvîarchands  eft  en  France  ,  &  ce  qu'étoit  autrefois  le 
Tribun  du  peuple  à  Rome.  Le  Kélonter  ne  dépend 
que  du  Roi,  qui  en  établit -un  dans  toutes  Its  villes, 
pour  défendre  le  peuple  contre  les  vexations  des  Gou- 
verneurs ,  CCTprincipalemenr  pour  décider  les  procès 
entre  les  Arméniens ,  fur  le  fait  du  commerce.  Ne 


K  £  M 


K  E  M 


feroic-ce  point  la  mcme  cliole  que  le  Kalaiitcr  î 

K  E  M. 

K£'MACH  ,  ou  CHÉMACH.  Nom  d'une  pcrite  ville 
de  la  N.itolic.  Camacus.  Elle  eft  dans  l.i  Caraniame 
méridionale,  ou  le  Bégierbéglic  de  Chypre  ,  aux  con- 
Hiis  de  celui  d'Alcj-)  &  de  l'Aladulie.  Kcmach  croit 
autrefois  une  ville  tpilcopale. 

fp°KEMAKAT.  Ville  d'Alie,  autrefois  capitale  d'un 
petit  Royaume ,  qui  iûit  prélentcmem  partie  de  l'Etat 
d'Ava. 

^KEMBOKU.  f.  m.  Nom  d'un  arbre  du  Japon,  de 
moyenne  grandeur  ,  conlacre  aux  Idoles.  Ses  baies 
pointues  lont  de  la  grollèur  d'un  grain  de  poivre.  Ses 
lemences  lont  d'ungoiit  amer  tic  tort  allringent. 

KÉMÉAS.  1.  m.  Taftetas  à  fleurs  de  (oie  ,  qui  vien- 
nent des  Indes  Orientales. 

KÉMENTCHÉ.  f.  f.  Nom  d'un  inftrument  de  Mufi- 
quc  chez  les  Turcs.  Fiies  ,  Barbitus  Turdcus  ,  ou 
Turcica  ,  Barhïton  Turcicum.  La  Kemenulié  eft  une 
cfpèce  de  viole  ,  dont  le  corps  elt  rond  ,  &  le  man- 
che fort  long.  Du  Loir  ,  Voyage  du  Lev.  page  ijjf. 

KEMER.  Nom  d'un  petit  lieu ,  lur  la  côte  occiden- 
tale de  la  Natolie  ,  entre  Héraclée  ,  ou  plutôt  Ro- 
dofto  ,  &  Gallipoli.  Kcmer.  Après  avoir  pailc  à  la 
vue  de  Rodollo  nous  jettâmes  l'ancre  en  un  périt 
lieu  nomme  Kémer  ,  par  les  ruines  duquel  il  eft 
évident  que  c'étoit  autrefois  une  ville  :  mais  je  ne 
fais  laquelle  de  ces  deux  villes  peut  être  celle  que 
les  Anciens  appeloient  Bifante ,  ou  Padtia.  Du  Loir  , 
Voyage  du  Levant , page  20  f. 

KEMMEROUF.  Nom  d'une  ville  de  l'Inde  de  là  le 
Gange.  Kcmmerovia.  Elle  eft  capitale  du  Royaume 
d'Allen  ,  &  fituée  vers  le  lac  de  Chiamay.  Maty. 

KEMNITZ.  Nom  d'une  ville  de  la  haute  Saxe.  Chem- 
n'uium  ,  Chemnh'uu  Elle  eft  capitale  de  l'Ertage 
burg  ,  en  Milnie  ,  &c  défendue  par  le  Château 
d'Auguftbourg.  Cette  ville  étoit  autrefois  Impériale. 
Frédéric  le  Mordu  ,  Mairquis  de  Milnie ,  s'en  em- 
para l'an  1 50S.  Matv. 

KÉMOIS,  OISE.  f.  m.  &f.  Nom  d'un  peuple  de  l'Inde 
de-là  le  Gange.  Kemus  ,  a.  Les  KémoLS  habitoient 
dans  les  montagnes  ,  qui  lont  entre  le  Royaume  de 
la  Cochinchine  &  celui  de  Camboja. 

KEMPENLAND  ,  ou  Campigne  ,  ou  Campine.  Nom 
d'une  contrée  des  Pays-Bas.  Campinia.  Il  y  a  le 
Kempenland  Hollandois  ,  &  le  Kempenland  Lié- 
geois. Le  Kempenland  Hollandois  ,  ou  Brabançon  , 
eft  une  partie  de  la  Mairie  de  Boifleduc  ,  en  Bra- 
bant.  Elle  ne  contient  que  la  petite  ville  d'Eyndo- 
ven  i  le  refte  lont  des  villages.  Le  Kempenland 
Liégeois  eft  une  partie  du  Diocèfê  de  Liège  ,  & 
comprend  le  Comté  de  Borne  ,  la  partie  leptcn- 
trionale  de  celui  de  Loorz ,  léparée  de  la  méridio- 
nale par  le  Dcmer ,  &c  dans  laquelle  lont  les  peti- 
tes villes  de  Péer  ,  de  Hammont  ,  de  Brey  ,  de 
Maekick ,  de  Béringue  &  de  Stochen.  Nous  dilons 
mieux  Campine.  Voye\  ce  mot.  Il  y  a  auili  une 
Campine  en  Efpagne  -,  mais  celle  là  ne  porte  point 
le  nom  Flamand  de  Kempenland.  Voye^  Campine. 

KEMPERKEMS.  f.  m.  Nom  que  l'on  donne  dans  les 
Pays-Bas  à  plufieurs  oifeaux  de  combat ,  Se  qui  li- 
gnifie pugnaces.  Ces  oifeaux  fréquentent  les  eaux  , 
&:  font  très  remarquables  ,  tant  pour  la  diveri;tc 
de  leurs  pennages  ,  que  pour  leurs  étranges  figures 
&  façons  de  taire  ,  entièrement  différentes  de  celles 
des  autres  oifeaux.  Les  Kemperhems  viennent  des 
pays  feptentrionaux  ,  &  arrivent  dar.<;  les  Pavî  Ca'; 
au  mois  de  Mai  ;  l'on  remarque  qu'ils  font  toujours 
a  leur  arrivée  beaucoup  plus  de  mâles  que  de  te 
rnelles  ,  c'eft  ce  qui  femble  les  inciter  à  un  com- 
bat tellement  opiniâtre ,  qu'ils  ne  fe  quittent  jamais 
qu'ils  ne  fe  foient  tués  les  uns  les  autres  ,  jufqii'à 
ce  qu'ils  fe  trouvent  un  nombre  égal  aux  temelles , 
afin  qu'ils  fe  puiirenr  aparier  Se  taire  leurs  petits  , 
lefquels  aulfi-tôt  qu'ils  font  en  érat  de  pouvoir  vo- 
ler ,  s'en  retournent  tous  enfemble  ,  pères  &  pe 
tics ,  au  pays,  d'où  les  pères  font  venus ,  Se  ce  qu'il 
lome  V. 


3  39 


y  a  de  remarquable  ,  t^cft  qu'ils  font  prcfouc  tous 
d'une  fi.îure  6c  à  un  pennagc  diftemblable  ,  ainli 
que  Ton  pourra  voir  par  les  defcriptioir.  fuivantes , 
qui  foiit  tirées  d'Aldiovand. 

Le  premier  rcllcn.ble  tout  à  f'.it  à  la  perdrix  ,  le 
champ  de  Ion  pennage  eft  Icnié  de  taches.  Le  ven- 
tre (Se  les  grandes  pennes  des  ailes  noires  ;  l'on  bec 
noirâtre  ,  menu ,  &  uiv  peu  courbé  à  l'extrémité  j 
la  langue  eft  longue ,  pointue  j  étroite  Se  noirâtre  ; 
la  tête  Se  le  derrière  de  la  tête  ,  Ion  dos  ,  fcs  ai- 
les 5  Ion  ventre  &  fcs  cuiftes  ,  font  d'une  couleur 
jaune  tirant  lur  le  châtain  ,  Se  lont  ornés  de  ces 
.  belles  taches  dont  j'ai  parlé  ,  qui  (ont  il  petites 
lur  la  tête,  qu'elles  rellemblent  plutôt  à  de  petits 
points  qu'à  des  taches.  Son  golier  j  là  poitrine  Se 
fa.  queue  font  d'un  blanc  tirant  fur  le  cendré.  Ses 
jambes  font  longues  Se  jaunes  ,  auilî  bien  que  les 
doigts  de  devant  ,  qui  lont  longs  Se  jaunes  :  celui 
du  milieu  eft  le  plus  long  ,  celui  de  derrière  eft 
tort  petit  ;  les  ongles  lont  noirs  Se  crochus  ;  fa  tê- 
te eft  couverte  d'une  huppe  comme  celle  de  l'a- 
louette huppée. 

Un  fécond  a  une  crête  pareillement  fur  la  tête  ; 
mais  il  eft  différent  par  la  couleur  du  pennage  ;  car 
fon  ventre  eft  noirâtre  ,  tout  lou  corps  eft  blanchâ- 
tre ,  Ion  menton  a  une  tache  noire  ou  plutôt  une 
certaine  elpèce  de  barbe  ;  Ion  Iront  eft  blanchâtre  ; 
le  derrière  de  la  tête  &  les  autres  parties  (ont  d'un 
blanc  titant  lur  le  brun  ;  Ion  bec  eft  longuet ,  me- 
nu 3  noir  ,  blanc  à  l'endroit  par  lequel  il  eft  joint  à 
la  tête.  Sa  queue  eft  allez  longue  ,  &  fcs  jambes 
de  même,  k  (quelles  font  brunes  ;  le  doigt  qui  lui 
fert  d'éperon  eft  très-court. 

Le  troilième  a  prelque  tout  le  champ  de  (on 
pennage  roux  ,  Se  (emé  de  taches  en  croillant  par 
tout  le  corps  ,  excepté  (ui  la  tcte.  Ses  cuiifes  Se 
le  bas  de  Ion  croupion  font  d'une  couleur  tannée  ; 
les  grandes  pennes  de  les  ailes  font  noires ,  &  jau- 
nes à  leurs  extrémités  &  aux  côtés  ;  la  prunelle  de 
(es  yeux  eft  noire  _,  l'iris  jaune  ;  (on  bec  eft  un  peu 
plus  court  que  cclili  des  précédcns  ,  très  menu  Se 
délicat. 

Le  quatrième  eft  d'une  couleur  approchante  de 
celle  du  précédent  ;  mais  fon  ventre  eft  fort  brun  , 
fa  queue  Se  les  ailes  font  blanchâtres  ,  tirent  un 
peu  fur  le  cendré,  avec  plulîcurs  grandes  taches; 
les  pennes  font  bi  unes  à  leurs  extrémités  ;  Ion  bec 
eft  long,  noir  èv'  courLé  à  l'extrémité,  la  tcte,  qui 
eft  noire ,  elt  ornée  de  grandes  plumes  comme  une 
capeline  ,  ou  un  calque  ,  qui  en  ieroit  chargé. 

Le  cinquième  eft  prelque  de  la  même  couleur 
que  le  précédent  ,  mais  les  pefinaches  que  nous 
avons  dit  qu'il  dreile  lorlqu'il  le  prépare  au  com- 
bat, font  beaucoup  plus  grands  à  celui-ci  :  ils  (ont 
blancs  ,  Se  ont  leurs  txtréniitcs  noires. 

Le  (îxièrae  a  les  mêmes  plumes  que  celui  dont 
nous  venons  de  parler  ,  de  couleur  blanche  ,  mais 
il  eft  diilércnt  en  couleur  ,  car  il  eft  entièrement 
brun  par  le  corps ,  à  l'exception  des  cuilles  &:  de 
la  queue,  qui  font  dune  couleur  tannée;  devant 
(es  grandes  plumes  blanches  qui  font  élevées  au 
cou  j  il  en  a  d'autres  r.u  fommet  de  la  tête  qui 
(ont  noires ,  Se  plus  petites  que  celles  eu  cou  ;  (a 
tête  eft  d'un  cendré  jaunâtre  ;  fon  menton  eft  blanc  ; 
fes  jambes  &  (es  pies  font  bruns  ;  le  tour  de  la 
priuielle  de  (es  yeux  eft  d  un  jaune  couvert  Se  fon- 
cé ;  Ion  bec  eft  noir. 

Le  feptièmc  a  le  pennage  divcrdfié  de  quantité 
de  couleurs  -,  de  vert ,  ^c  blanc  ,  de  rouge ,  de  cou- 
leur d  amétifte  Se  de  jaune  j  _&  ce  qu'il  y  a  de  plus 
lingulicr  ,  c'eft  que  toutes  (es  plumes  font_  d'une 
couleur  difttrente ,  fans  que  pas  une  d'elles  le  trou- 
ve mêlée  d'aucune  autre  couleur  -,  fes  pies  &:  fa  tê- 
te ("ont  jaunes.  Quelques  perfonr.es  rapportent  que 
l'ciT  voit  en  Angleterre  des  oileaux  de  cette  elpèce. 

Le  huitième  eft  d'une  figure  tout  à'fiit  monftruculc. 
§Cr  II  a  deux  oreilles  ,  Se  les  jambes  beaucoup  plus- 
courtes  que  ceux  dent  on  vient  de  parler.  Son  bec 
eft    c,u'!e  ,  fcs  ailes  tiès-lcavues  :  il  v  a  des  plumes 

Yv  ij 


340  KEN 

qui  lui  tombent  depuis  la  tête  tout  le  long  du  cou  , 
qui  font  de  pareille  grande ur  ;  mais  elles  lont  di^ 
verlifiécs    de    pluheuts    couleurs  ,    qui   compotent 
quantité  de  colliers  ^  les  uns  de  couleur  de  roiul  e  , 
les  lutres  rouges  ,  &  les  autres  blancs.  Ses  oreilles 
font  longues  &  de  la  forme  de  celles  des  ânes.  Son 
cou  cft  fort  long  ,  menu  c\:  grcle  ,  blanchâtre  par 
les  côtés ,  &  jaunâtre  par  tout  le  refte  ;  il  cit  tache- 
té de  part  &  d'autre  de  petites  lignes  noires.  Son 
bec  ,  fa  tête  ,  fes  ailes  ,  fes  oreilles  ,  &  Ion  dos 
font  de  couleur  de  rouille;  Ion  ventre  &  les  cuit- 
fcs  ,   qui  font  couvertes  de  plumes  julquaux  jam- 
bes ,  font  jaunâtres  ,  fes  jambes  &  les  doigts  de  tes 
pieds  font  approchant  de  la  couleur  de  chair  ;  ^1  e- 
peron  ell  extraordmairement  court  -,  des  deux  cotes 
de  la  tête  il  a  une  grande  tache  de  vermillon  ,  dans 
laquelle  fes  yeux  icmblent  être  placés  ;  les  paupiè- 
res font  longues  &  apparentes  -,  la  prunelle  de  les 
yeux    eft   noite  ,    c\-   le  cercle    qui   les  environne 

blanc.  ^      1      1     r       1 

KEMPTEN.  Nom  d'une  ville  du  Cercle  de  Souabe. 
Campodurium  ,  Campidona.  Elle  ell  limée_  dans  le 
territoire  de  l'Abbaye  de  Keinpten  ,  (ur  l'Iller  ,  a 
cinq  ou  fix  lieues  de  Memmmgen  ,  vers  le  midi. 
Kempten  a  dépendu  des  Abbés  de  Kemptcn  ;  mais 
elle  fe  racheta  l'an  ijij.  &  elle  eft  maintenant 
Impériale.  Long.  i8  d.  lat.  47  d.  42'.  ,     ,     „ 

L'Abbaye  de  Kemptcn.  C'eiT:  une  contrée  du  Cer- 
cle de  Souabe.  Campoduiienfis  Abbatia.  Elle  eft  en- 
tre TEvêché  dAugsbourg ,  &  la  Baronie  de  Wal- 
bourg.  Ce  pays  peut  avoir  fept  lieues  de  long  ,  & 
autant  de  large.  Il  n'y  a  aucun  lieu  conhdérable  que 
les  villes  de  Kempten  Se  de  Kaulliutcn  ,  qui  (ont 
Impériales.  L'Abbé  de  Kempten  a  la  dignité  de 
Prince  de  l'Empire  ;  fon  Monaftère  eft  hors  des 
murailles  de  Kempten  ,  6c  il  y  a  ordinairement  douze 
Reli-ieux  qui  font  preuve  de  Noblefté,  Se  qui  ont 
le  droit  d'élire  leur  Abbé.  Maty.  Les  Abbés  de 
Kempten  Se  d'Elwagen  fe  précèdent^  l'un  l'autre 
alternativement  aux  aftemblées  Se  cérémonies  de 
l'Empire.  L'Abbaye  de  Kempten  cit  de  l'Ordre  de 
S.  Benoît.  L'Abbé  de  Kempten  n'a  pas  plus  de  dix 
mille  livres  de  rente.  Heis ,  Hiji.  de  l'Emp.  L. 
VI.  art.  7. 
KEMS.  Nom  d'un  village  du  Sundgow.  Kemfa.  Il  eft 
près  du  Rhin  ,  à  deux  lieues  au  deftbus  de  Bàle. 
On  le  prend  pour  l'ancien  lieu  des  Raur.iques , 
appelle  Cambeta  Se  Cambetïs. 

KEN. 

KEN.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  de  plufieurs 
mois  lunaires  des  foixame  qui  compolent  le  cycle 
de  cinq  ans  des  Chinois.  On  diftingue  ces  mois  en 
y  ajoutant  un  nom  particulier.  Ken  su  eft  le  fep- 
tiènie  j  Kenfchin  eft  le  dix-feptièmc  ,  Ken- gin  eft 
le  vingt  feptième  ,  Kui-çu  eft  le  trente  feptième  , 
Ken-shin  eft  le  cinquante  feptième. 

Ken.  Mefure  des  longueurs  dont  on  fe  fert  à  Siam. 
C'eft  une  efpèce  d'aune  qui  n'a  pas  tout  à  hit  trois 
pieds ,  deux  kens  faifant  un  voua  ,  cjui  revient  à  la 
toife  de  France  moins  un  pouce. 
:T  KENA  f.  f.  Nom  d'une  plante  dont  les  femmes 
de  la  petite  Bucharie  fe  fervent  pour  fe  teindre  les 
ongles  en  rouge.  Elles  la  font  fécher  ,  la  réduifent 
en  poudre  ,  Se  la  mêlent  avec  de  l'alun  pulvérilé  , 
pour  l'employer  à  cet  ufage. 

KÉNASSÉRIN.  Nom  d'une  ville  de  Syrie.  Kenajferin. 


¥ 


M.  Réland  écrit  Kennafirin  Se  Kinnefrin  ,  Se  dit 
qu'elle  étoit  entre  Alep  Se  Emèfe.  Mais  d'Herbe- 
lot  écrit  Kenajferin  ,  Se  dit  qu'elle  étoit  aftez  pro- 
che d'Alep  à  /i  d.  de  longitude  ,  &  à  3;  d.  ou 
30  m.  de  latitude  ,  ce  qui  fe  doit  entendre  lejon 
les  Géographes  Arabes.  Les  Auteurs  Arabes  diient 
que  c'eft  l'ancienne  Soba. 
KÉNATH.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte.  l'e 
nath.  La  Vulgate  l'appelle  Ckanath  ,  mais  en  Hé- 
breu c'eft  Kenath  ,  Nombr.  XXXII.  42.  C'étoit  une 
ville  de  la  demi-Tribu  de  Manalfé  ,   d'au  delà  du 


S.  E.P 

Jourdain.  Du  temps  d'Eufébe  ce  n'étoit  qu'un  vil- 
lage de  l'Arabie  ,  iicué  dans  la  Trachonitide  ,  &  peu 
éloigné  de  Boftre.  M.  Rclana  croit  que  c'elt  la 
Kanatha  que  Jofeph  ,  de  Bell.  L.  I.  c.  4.  place 
dans  la  Cœléfyrie  ,  Se  qu'il  appelle  Kana  au  i. 
des  Antïq.  c.  6 . 
KENDAL.  Concangïum.  Ville  riche  d'Angleterre  ,  au 

Weft  Morland ,  fur  la  rivière  de  Ken. 
KENGIS  ,  ou  KANGIS.  Bourg  de  Bothnie  ,  au  nord 
de  Tornéo.  Il  y  a  à  Kengïs  des  mines  de  fer  Se  de 
cuivre.  Des  Mathématiciens  Suédois  ayant  pris  avec 
un  Aftrolabc  la  hauteur  du  folcil ,  fupputerent  la 
hauteur  du  pôle  de  Kengïs  un  peu  plus  grande  que 
66  d.  45  m.  De  leurs  obfervations  M.  Calfmi  lef 
time  de  G(>  d.  42  m.  M.  Callini  écrit  Kengis  ,,  Se 
M.  de  la  Hire  Kangis.  Foyei  les  Mém.  de  l'Ac. 
des  Se.  de  1700.  p.  37.  ip.  éc. 
|p=-  KENKOO.  f  m.  On  appelle  ainfi  au  Japon  une 

plante  avec  laquelle  on  fait  du  papier. 
KENMERLAND  ,ou  KENNEMERLAND.  Nom  d'u- 
ne contrée  de  la  Hollande   feptentrionale.  K  enma- 
ria  ,  Kennemana.  Elle  eft  le  long  de  la  mer  d'Alle- 
magne ,  entre  la  Weftfrife  ,  le  W.aterland  ,  Se  la 
Hollande  méridionale.  Alcmaer  en  eft  k  ville  ca- 
pitale. Maty. 
KENNE.  f    f.  Nom    d'une    pierre    engendrée    dans 
l'a-il  du  ceif.  Dict.  de  James.  Cette  pierre  paroit 
fabuleule. 
KENOQUE.  (  Le  fort  de  la  )  Fort  des  P.ays  Bas ,  dans 
la  Flandre    Autrichienne  ,   entre  Ipres  Se   Fumes. 
Long.  20  d.  26'.  lat.  50  d.  50'. 
KENT  SHIRE  ,  ou  le  Comté  de  Kent.  Canuum.  Pro- 
vince   d'Angleterre  ,   qui  eft   bornée   vers   le   cou- 
chant   par  les  Comtés  d  Efléx   ,    de  Surrey  Se   de 
SulFex  ,  &:    environnée  de  la  mer  du    côté  du  le- 
vant. Cette  Province  ,  qui   a  formé  un  Royaume 
particulier   fous   les  Saxons  ,   peut   avoir    dix-lept 
lieues   de  long  ,  Se  dix  de  large.  Elle  eft  impor- 
tante ,  pour  fa  proximité  de  la  France  ,  dont  elle 
n'eft  feparée  que  par  le  pas  de  Calais.  Cantorbery 
en  eft  la  ville  capitale   ,  Se  on  y  voit  encore  Ro- 
chefter  ,  Douvres  ,  Sandwick  ,   Hyth  ,  Rumney  , 
Gravelande  ,   Se    les  châteaux   de  Sandowne  ,   de 
Déale  &  de  Walmer.  Maty. 
KENT  E.  Nom  d'une  petite  Ile  fur  laquelle  les  Fran- 
çois ont  fondé  une  colonie.  Kenta.  Elle  eft  dans  le 
lac  d'Ontario  ,  en  la  nouvelle  France.  Maty. 
KENTIEN  ,  ENNE.  f  m.  cV  f.  Qui  eft  de  la  Province 
de  Kent  en  Angleterre.  Cantius  ,   Cantlanus  ,  Can- 
ticnfis.  Les  Kentiens  eurent  à  peu  prés  la  même 
fortune  que  les  Gallois.  P.  d'Orléans. 
KENTZINGEN.  Nom  d'une    petite  ville  du   Cercle 
de  Souabe.    Ke/itfmga.  Elle    eft  dans  le    Brilgaw  , 
aux  contins  de  l'Ortnaw  ,  fur  la  rivière  d'Eltz  ,  & 
à    une    licue    du   Rhin.   Long.    25   d.    26    m.  lat. 

48   d.   If  m. 

K  E  P. 

KÉPATH.  C  m.  Nom  Arabe  j  qui  fignifie  propre- 
ment Goulic  de  Caroubier.  C'eft  aulîi  le  nom  d'un 
poids ,  qui  eft  la  moitié  du  danek  ,  ou  grain  ,  dont 
lîx  font  le  dirhem  ,  ou  la  drachme  Arabique  ,  de 
forte  qu'il  y  a  douze  képaths  à  la  drachme.  C'eft 
de  ce  mot  que  vient  celui  de  Carat ,  dont  nous  nous 
fervons  ,  Se  qui  pèfe  quatre  de  nos  grains.  D'Her- 

BELOT.  .  , 

Il  y  a  bien  de  l'apparence  que  ce  mot  vient  du 
Grec  K.i,c,:,c.,Jlltqua  ,  une  goufte  ,  &  qui  étoit  aufti 
un  poids. 
KEPHA.  Quelques-uns  appellent  ainfi  une  ville  de  ia 
Terre-Sainte  ,  que  d'autres  plus  conformément  à 
l'Hébreu  ,  nommci.t  Hepha  ,  Se  les  Aiabes  Hipha- 
Le  Géographe  Arabe  Schérif  Ibn  Idris  dit  qu'elle 
étoit  aubord  de  la  mer  j  à  deux  journées  de  Cc- 
faréc  ,  au  pié  du  Mont  Carmel.  Etienne  le  Moine 
dans  fes  varia  facra  ,  page  S 2 p.  croit  qu'elle  a  eu 
je  nom  Kepha  du  nom  Syriaque  N33  ,  Cépha  ,  qui 
"lignine  pierre  ,  parce  qu'elle  étoit  en  un  lieu  plein 
de  rochers  :  mais  les  Arabes  écrivent  par  un  HLi , 


K  E  R 

~  Se  lion  pas  par  un  Ktif,  ni  pir  un  Kcf  ,  &  les 
Hébreux  p;u-  un  H  ,  ^^cch  ,  ik  non  pas  par  un  Caph. 
Foye:^  M.  KcLincl ,  /'<//,-.://.  /'i^^'w  ûpp  &  S i p. 

KÉPHALÉONOMANCi;.  1'.  t./lcmie  de  Divination. 
Certc  ridicule  lupcrltition  le  pratiquoit.  en  failarit 
diiféreiires  cércmonics'lur  la  tête  d'une  âne  cuite. 

Cet  mot  ell  Grec  ,  il  ell:  coinpoié  de  »£^«a,  ^  tête  , 
«»«,  âne,  &  ,««<'>>'''• ,  divbmdon.  On  ne  trouve  point 
ce  mot  écrit  avec  un  c  ,  Ccphalconomance  ,  comme 
il  (croit  naturel  qU  il  le  tût  ,  de  même  que  les  mots 
qui  font  dérivés  du  mot  Grec  '.e;«A>!  ,  céphal'iquc  , 
hydrocéphale  ,  Buccphale  j  &c.  mais  l'ulage  du  mot 
de  Képhalconomance  eft  fi  rare  qu'on  ne  trouve 
point  ce  mot  dans  les  Auteurs  récens. 

KÉPHAR  HAAMMONAI.  Quelques-uns  nomment 
ainli  une  ville  de  la  Tnbu  de  Benjamin  ,  que  nous 
appelons  Emona.  Jof.  XFIII.  z^.  Le  Kéri  ,  ou  la 
variante  marginale  du  texte  Hébreu  cfl:  naïQl/'n,  Haa- 
monach  ,  au  lieu  de  Oiaj/'n ,  Haamùnai.  Foye^  He- 
MONA  &  Emona. 

KÉPHIRA.  Nom  d'une  ville  des  Gabaonites  ,  que 
d'autres  nomment  Cephira  ,  &c  d'autres  Caphara. 
Képhira  ,  Céphira  ,  Caphara.  Elle  étoit  dans  la  terre 
de  Chanaan ,  5c  dans  la  Tribu  de  Benjamin  ,  Jofué 
IX.  /7.  &  XFIII.  26. 

KÉPHIRITE.  1:  m.  &c  i.  Habitant  de  Képhira.  Képhi- 
rha.  Foyc^  Joreph  j  Andq.  L.  F.  c.  / . 

KEPLER,  r.  i.  C'ell  le  nom  que  les  Aftronomes  don- 
nent à  la  quatrième  tache  de  la  lune  ,  luivant  le  ca- 
talogue du  P.  Riccioli. 

ffl"  Jean  Kepler  ,  né  à  Wiel  dans  le  pays  de  Wirtem- 
berg  j  a  trouve  deux  loix  qui  l'ont  fait  regarder 
comme  le  père  de  l'Alhonomie.  La  première  de 
ces  loix  eft  que  les  aires  Aftronomiques  parcourues 
par  les  planètes  font  comme  les  temps  employés  à 
les  parcourir.  La  féconde  ,  les  carrés  des  temps  pé- 
riodiques des  planètes  qui  tournent  autour  d'un  cen- 
tre commun  ,  lont  comme  les  cubes  de  leurs  dit- 
tanccs  à  ce  centre. 

ftCF  Newton  a  donné  la  raifon  de  ces  loix.  Les  pla- 
nètes décrivent  autour  du  foleil  des  aires  propor- 
tionnelles an  temps  à  caufe  d'une  force  centripète 
qui  poulfe  les  planètes  vers  le  loleil  :  &  les  carrés 
des  temps  des  révolutions  lont  comme  les  cubes 
des  diftances  moyennes  des  planètes  au  foleil  j  par- 
ce que  cette  force  centripète  eft  en  railon  invcrle 
du  carré  de  la  diftance. 

K  E  R. 

KER.  'Vieux  mot  Breton  ,  &  Celte  ,  qui  fe  trouve  en 
pluficurs  noms  propres  Bretons  ,  &C  qui  lignihe 
Fille  ,  Urhs  ,  oppidum.  Ce  mot  eft  pur  Hébreu.  Tp  , 
Kir,  ville  d'où  vient  nnp  ,  Kiriach  j  &c.  On  trouve 
ce  mot  au  commencement  de  quantité  de  noms 
.  propres  de  lieux  j  &  de  familles  de  Bretagne. 
KLRAHES.  rojc^CARHAix. 

KÉRAMIEN  ,  ENNE.  f  m.  &c  f.  Terme  de  Relation 

&   d'Hiftone   Mahométane.   Nom    d'une   leéle    de 

Mufulmans  ,  qui  a  pris  Ion   nom  de  Mohammed 

ben  Kéram  fon  Auteur.  Keramianus ,  a.  Les  Kéra- 

miens  foutenoient   qu'il  klloit  entendre  à  la  lettre 

fout  ce  que  l'Alcoran  dit  des  bras  ,  des  yeux  ,  Se 

des  oreilles  de  Dieu.  Ainfi  ils  admettoicnt  la  Tagi.il- 

lum  ,  c'eft  à  dite  ,  quelque  forte  de  corporéité  en 

Dieu  j  qu'ils  expliquoient  cependant  fort  diiiérem- 

ment  entr'cux.  D'Herbelot.  C'étoient  les  Anthro- 

jomorpiiitcs  Mululmans. 

KER  AN  A.  f.  f.  Terme  de  Relation.  C'eft  une  longue 

trompette  de  la  figure  d'une  trompette  parlante  ; 

les  Perfans  s'en  fervent  pour  crier  à  pleine  tête  ,  & 

ils  mêlent  ce  bruit  à  celui  des  hautbois  j  des  tym- 

bales  j   des   tambours  ,   &  '  des   autres    inftrumcns 

qu'ils  font  entendre  au  foleil  couchant  ,  &  à  deux 

heures  après  minuit. 

KERAS.   Foye:^  KIRA. 

irr  KERATOGLOSSE.f.  m.  J^overCERATOcLOSsE. 
KÉRATOPHYTON  ,ouKÉRAtOPHYTE.  C.  m.  Nom 
d'une   plante  qui  vient  de  la   mer.  Elle   eft  d'une 


K  E  11  341 

confiftancc  vifqueufe  ou  gluante,  tranfparentc  com- 
me la  corne  ,  ôc  couverte  oïdinauemtnt  d'une 
croûte  de  la  nature  de  la  craie  ;  elle  eft  quelque- 
fois de  diftérentes  couleurs  tort  belles.  Boerh.  Ind. 
Plant.  Bocrhaave  en  compte  fcizc  efpèces  ,  dont 
aucune  n'a  de  propriété  médccinale  excepté  la  fep- 
tième. 
UCF  Ce  que  les  Natiiialiftcs  appellent  Kératopkytes  , 
lont  des  foililes  qui  viennent  originairement  de  la 
mer  -,  les  pétrifications  d'une  efpèce  de  corail  ,  à 
branches  hautes  &  minces  ,  qu'il  ne  faut  pas 
conhondrc  avec  d'autres  plantes  qui  fe  trouvent  quel- 
quelois  incruftées  dans  le  tuf. 
KÉRAUNOSCOPIE.  f  f.  Sorte  de  divination  chez  les 
anciens.  L'art  de  deviner  par  l'obfervation  de  la  fou- 
dre. Keraunocopia.  Il  faut  écrire  Kéraunofcopie  j  &: 
non  pas  Ktranofcopie  :  car  ce  mot  eft  Grec  ,  &C 
vient  de  '■^f"  s ,  foudre  ,  &  non  pas  «'->»•-!  ,  &  de 
cTK'.nl-fiai  ^  j'ohferve  ,  je  confidere.  /^oy^^  Foudre. 
KERCL  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Tartarie  Cri- 
mée. Ccrcum.  Elle  eft  fur  le  détroit  de  Kerci  , 
qu'on  nomme  plus  ordinairement  le  détroit  de 
Cafta.  Maty. 
KERES.  Nom  d'une  rivière  de  la  haute  Hongrie. 
Chryfus  ,  Cufus.  Elle  eft  formée  par  trois  rivières  , 
qui  prennent  toutes  trois  leurs  fources  en  Tranfil- 
vanie.  Le  Keres  eft  au  milieu  :  il  reçoit  le  Fékier- 
kerès  ,  du  côté  du  midi  ,  baigne  Giula  ,  &  tra- 
verfe  le  lac  de  Sarkad ,  après  quoi  il  reçoit  du  côte 
du  nord  la  Sébeskérès ,  qui  a  baigné  le  grand  Wa- 
radin  ,  enluitc  le  Kérès  va  fe  décharger  dans  le  Be- 
reton  ,  à  Saravas  ,  &  avec  lui  dans  la  Teifte  ,  à 
Czongrad.  Maty. 
KÉRETZEN.  Village  de  Suilfe  ,  au  bord  du  lac  de 
Wahleftatt ,  au  canton  de  Giaris.  Il  y  a  auprès  de  ce 
village  une  montagne  qui  eft  percée  à  jour  dans 
fon  (ommct  ,  enforte  que  ceux  qui  font  dans  un 
certain  endroit  du  lac  peuvent  voir  le  ciel  à  travers 
de  cette  ouverture. 
KERÉVAN-SERAI ,  c'eft  à-dire  ,  maiibn  des  carava- 
nes. Foye\  Caravanseka. 
KERHAER  &  KERHAÉS.  Ville  d:  Balfe-Bretaêne.  Ce 
n'eft  point  là  la  véritable  ortographe  de  ce  mot  j  on 
écrit ,  &  on  prononce  Carhaix. 
KÉRIOTH  ,  ou  CARIOTH.  Nom  d'une  ville  de  la 
Terre  Sainte  ,  qu'on  nommoit  aullî  Hérioch  Hefron  , 
de  même  qu'on  appelle  la  Haye  ,  Y^oga  ,  ou  Haga 
Comitum.  Kerioth  ,  Carioth.  M.  Réland  croit  que 
c'étoit  la  patrie  de  Judas.  Foye\  fcs  Dijjcrc.  Mif- 
cellan.  P.  I.  Diff.  III.  n.  i.  p.  123.  &z  fa  Palef- 
tine  ,  p.  /0  0.  du  mot  Kerioth. 
KERKA  ,  KURKA  ,  c^  CHERCA.  Nom  d'une  ri- 
vière de  la  Dalmatie  ,  qu'elle  féparoit  anciennement 
de  la  Liburnie.  Cherca.  ,  ou  litius  Fluvius.  Elle  a 
deux  fources  ,  dont  l'une  vient  de  la  Bofnie ,  &  y 
baigne  Chnin  ,  ou  Tina  ■■,  s'étant  jointes  elles  paircnt 
à  Scardonna  &z  à  Sebcnnico  ,  &  le  déchargent  dans 
le  sioUe  de  Venile.  Maty. 
KERRA.  Ville.  Foye^  Tina. 

KERKÉDAN.   f.    f.   Nom    Perfien    du    Rhinocéros. 
Foye\  Rhi:jocÉros.  On  dit  auiîî  Karkane  ôc  Kar- 
kaddan. 
KERLBOURG.  Nom  d'un  bourg  de  la  Hongrie.  Ker- 
lelmrgum.  Il  eft  fur  le  Danube  ,  à  quatre  lieues  de 
Presbourg  j  vers  le  midi.  On  prend  ce  bourg  pour 
l'ancienne   Gerulata  ,  ville  de  la  haute  Pannonie. 
Maty. 
KERMAN.   Nom  d'une  province  &c  d'une  ville   de 
Perfe.  Aller  dans  le  Kerman  ,  revenir  du  Kerman. 
Tavernier  dit  que  c'eft  l'ancienne  Caramanie  :  elle 
s'étend  vers  le  golfe  d'Ormus.    La  capitale  de  cette 
province  eft  la  ville  de  Kerman.  La  province  de  Ker- 
man eft  fituée  (fclon  les  Géographes  Arabes)  entre 
les  27  &  31  degrés  de  latitude  feptentrionalc.  Ker~ 
manum  3  Kermania  j,  elle  confine  du  côte  de  l'orient 
avec  le  Ségeftan  &  le  Macron,  Se  du  côté  du  cou- 
chant avec  la  province  de  Fars,  qui  eft  la  Pcife  pro- 
preaient  dite.    Le  grand  delert  de  Naubendigian   la 
I       fé;;are  d'avec  le  Koroilan  vers  le  fcptciurion.  La  mer 


il 


K  E  11 


342 

&  golte  de  Perfe  la  bornent  du  coti;  du  midi.  Cepen- 
dant quelques-uns  compïcnncnt  dans  cette  provnicc 
la  ville  d'Orniuz  qui  clt  dans  le  fécond  climat  &  au 
vingt-cinquième  degfé  de  latitude.  D'Herbelot. 
La  capitale  du  ICerrnan  étoit  autrefois  Cau(chir 
qui  a  été  aullî  nommée  Berd-Ardfchir  j  &  aujour 
d'hui  par  abréviation  Berdalchirj  mais  elle  n'elt  plus 
capitale,  Gireft  ou  Sirefr  &  Sirgian  (ont  plus  conlidé- 
rables.  La  province  de  Kerm.in ,  qui  eft  la  Car.ima- 
nie,  eft  abondante  en  toutes  choies.  Wicquei'-ort , 
Amhii(J'.  de  Flt^ueroa  ^  p.  iiS.  D'autres  écrivent 
Kerman.  Voyez  ce  mot. 

KERMANIEN,ENNE,ouKEKMANITE,  f.  m.  Se  f. 
Les  Perfans  difent  Kermani.  Qui  eft  de  la  province  de 
Kerman.  Kermanianus.  a.  Plulieurs  Auteurs  Perfans 
portent  ce  nom. 

KERMEN.  Nom  d'une  ville  de  la  Turquie,  en  Euro- 
pe. Gerniia.  Elle  elf  dans  la  Romanie ,  près  de  la  ville 
d'Andrinople.  Il  y  a  apparence  qu'elle  eft  celle  qu'on 
trouve  tur  les  cartes  fous  le  nom  d'Hermandi. 

KERMENT.  Nom  d'un  bourg  fortilié.  Kermendum  ^ 
Kormcndum  y  Cormendum,  Il  eft  dans  la  bafle  Hon- 
grie ,  fur  le  Raab ,  au  deftus  de  Sarwar.  Quelques 
Géographes  le  prennent  pour  la  ville  de  la  bafle  l'an 
noniej  nommée  Scambantia^  on  Julia  Scambantia^ 
dont  d'autres  croient  que  les  ruines  le  trouvent  près 
du  bourg  deChépreg.  Maty. 

KERMÈS,  f.  m.  Efpèce  de  coque  grolle  comme  une 
baie  de  genièvre,  ronde,  lilk,  luifantej  d'un  beau 
rouge  ,  remplie  d'un  fuc  de  la  même  couleur ,  d'une 
odeur  vineule  ,  d'un  goût  un  peu  amer,  allez  agréa- 
ble; elle  (e  trouve  attachée  Se  .adhérente  en  manière 
d^excroiflance  à  l'écorce  d'en  bas  (Se  lur  les  feuilles 
d'une  eipèce  de  chêne  vert .  que  C.  Bauhin  appelle 
Ilex  acuUata.  cocciglaudifera ,  Pin.  42  j.  &  qui  croit 
en  Elpagne ,  en  Languedoc  &  en  pluhcurs  autres  en- 
droits chauds.  L'origine  du  Kermès  vient  de  ce  que 
une  eipèce  de  vermiflcau  piquant  ce  cliêne-vert,  pour 
en  tirer  (a  nourriture  ,  y  tait  naître  une  coque  ou  une 
veflîe  qui  fe  remplit  de  lue  ,  &C  qui ,  en  mûrillant ,  de 
vient  rouge  comme  nous  la  voyons.  Ce  petit  mferte 
s'enveloppe  dans  la  coque.  Lorfque  l'on  iait  lécher  le 
Kermès  ,  il  en  lort  une  li  grande  quantité  de  petits 
vers  &  de  moucherons  prelque  imperceptibles,  que 
toute  fa  fubftance  intérieure  femble  s'être  convertie 
en  ces  petits  in(eé1:es.  C'eft  pour  cette  raifon  qu'on 
le  nomme  auiiî  vermillon ,  ou  parce  qu'il  lait  la  tein- 
ture du  beau  rouge  vermeil.  Pour  remédier  à  cet 
accident,  quelques  uns  mettent  tremper  un  peu  de 
tems  le  kermès  dans  du  vinaigre  avant  que  de  le  faire 
fécher.  On  tire  du  kermès  le  lue  ou  la  pulpe  pour  en 
faire  du  firop ,  en  y  ajoutant  une  quantité  luliiîante  de 
fucre.  On  fait  auili  lécher  de  la  pulpe  de  kermès  le 
parée  de  (on  écorce  ;  on  appelle  cette  pulpe  léchée 
Pajlcl  d'écarlatc.  Les  teinturiers  s'en  (crvent.  Le /fer 
mes  eft  cardiaque  ,  defùcatil,  aftringenr,  il  fortifie 
l'eftomac  &  empêche  l'avortement.  En  Latin  ker 
mes  j  granum  ûnciorium ,  ou  coccum  infeclorium.  Ce 
mot  eft  Arabe. 

Le  Kermès  eft  une  petite  coque  ronde  ,  membra- 
neufe ,  fort  fine ,  lille  &  luilante ,  de  couleur  d'un 
rouge  brun  mêlé  de  blanc  cendré  ,  d'environ  trois 
lignes  de  diamètre ,  divilée  ordinairement  en  deux 
cavités  inégales,  dont  la  plus  grande  elt  remplie  d'un 
nombre  prelque  infini  de  petis  œufs  ovales  fort  rou 
ges  &  fort  vermeils,  &  la  plus  petite  d'une  efpèce  de 
liqueur  mucilagineule,  p-treiUement  rouge  ,  qui  ne 
relfemble  pas  mai  à  du  lang.  Nissoee.  La  graine  de 
kermès  eft  d'un  grand  ulagc  pour  la  Médecine,  ia; 
d'im  plus  grand  encore  peur  les  teintures  en  écarlate. 
La  France  eft  redevable  à  M.  Façon  de  l'avoir  recon- 
nue &  trouvée  abondamment  en  Provence  &  en 
Languedoc,  où  elle  naît  d'une  efpèce  de  chêne -vert  ^ 
qui  ne  monte  qu'à  la  hauteur  d'un  arbrilfeau.  Selon 
les  expériences  que  M.  le  C.  de  MarfiUi  a  faites  à 
Montpellier ,  la  graine  de  kermès ,  de  même  que  la 
noix  de  galle  ,  mêlée  avec  le  vitriol ,  fait  de  l'encre  , 
avec  de  l'huile  de  tartre  ou  de  l'eau  de  chaux;  fa  cou- 
leur, qui  eft  femblablc  <à  celle  de  la  brique  ,  fe  chan- 


KER 

ge  en  un  beau  crauioilî  :  dans  la  décoftion  de  mru 
vcs  ou  de  tournetols,  elle  garde  fa  première  coulci;;. 
Il  n'a  pas  été  poiiiblc  d'en  donner  un  lel  rixe  elfentiti , 
mais  à  l'alambic  elle  donne  beaucoup  de  lel  vc5l  .til 
alcali,  qui,  au  lentiment  de  M.  le  C;  de  Mariilii, 
auroit  un  meilleur  eilet  en  Médecine  pris  dans  quel- 
que liquide ,  qu'enveloppé  dans  des  conlcrvcs  &'  des 
confettions  qui  ne  font  qu'empêcher  Ion  aétion.  Le 
P.  Roger ,  KécoUet ,  dans  Ion  voyage  de  la  Terre 
Sainte,  L.  I.  c.  2.  dit  que  le  kermès  y  eft  commun, 
&  qu'on  s'en  lert  pour  teindre  en  écarlate.  Ceux  qui 
ont  oblervé  avec  plus  de  foin  la  manière  dont  le  ker- 
mès eft  produit  aux  pays  chauds,  dilentque  ces  pe- 
tits grains  que  l'on  recueille  lur  l'Ilec  Cocchigera,  Se 
qui  fervent  à  la  teinture  de  la  pourpre,  fe  convcrtif- 
lent  en  une  multitude  innombrable  de  petits  couiîns 
de  couleur  rouge,  qui  roulent  çà  &  là  fur  cet  aibrif- 
fcau  qui  leur  a  lervi  de  matrice,  Se  par-tout  où  ils  fe 
rcpolent,  il  y  refte  pour  l'année  luivante  le  germe 
d'un  de  ces  grains  que  les  Grecs  ont  appelé  Coccos , 
les  Latins  Vermiculus  ,  &  ceux  du  pays  Graine  de 
vermeil ,  à  caufe  des  vers  ou  petites  chenilles  &  pa- 
pillons dont  ils  font  pleins.  Monconys  ,  P.  /. 
p.  17  c. 

Il  y  a  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Scien- 
ces de  1714J  une  DiHertation  lur  Torigine  &  la  na- 
ture du  kermès,  par  M.  Niflole.  Le  Couite  MarlΣ,li 
a  écrit  en  Italien  une  lettre  qui  contient  des  oblerva- 
tions  fur  la  graine  appelée  Alkermès. 

Kermès,  eft  encore  une  certaine  préparation  de  l'anti- 
moine ,  qui  produit  une  poudre  rouge  en  ufage  dans 
la  Médecine  ,  6z  que  l'on  appelle  communément 
Poi'dre  des  Chartreux. 

KERMESSE  ou  KERMIS.  C'eft  ainfi  qu'on  dcvroit 
écrire.    l^oye\  CarjvIesse. 

KERNE.  f.  m.  Nom  d'une  milice  d'Irlande.  Fantallîn. 
Karnus.  Kambden,  dans  les  Annales  d'Irlande,  ^û^« 
j p2 ,  dit  que  les  armées  d'Irlande  font  compotees 
de  Cavalerie ,  qu'on  nouune  Galloglajjes  ,  dont  nous 
avons  parlé  en  Ion  lieu ,  &:  de  Fantaliins  armés  à  la 
légère,  qu'on  nomme  Kernes.  Les  Kcrnes  étoient 
armés  d'épécs  &c  de  dards  garnis  d'une  courroie  ,  pour 
les  retirer  quand  on  les  avoit  lancés. 

KÉROSCA  ,  CUROSCA.  Ancien  nom  d'une  petite 
ville  des  ScordifqueSj  dans  la  Balfe  Pannonie.  C'eft 
maintenant  un  bourg  de  la  Balle  Hongrie,  litué  près 
du  Danube  ,  au-dellbus  de.Bon  Monfter.  Maty. 

KERPEN.  Carpio.  Petite  ville  enclavée  dans  le  Duché 
de  Julicrs ,  &  fituée  lur  la  rivière  d'Erpe  ,  ou  d  Erift , 
entre  Juliers  &  Cologne.  Cette  ville  déper.doit  au- 
trefois de  la  Gueldre ,  les  Efpagnols  la  vendirent  aux 
Archevêques  de  Cologne,  avec  fa  Seigneurie  ,  parta- 
gée en  deux  petits  |»ys,  dont  Kerpen  &  Lummerlum 
font  les  lieux  principaux.  Maty.  Keipen  a  pafté  à  la 
mailon  de  Manderlcheid  par  le  mariage  de  Vinnemar 
avec  Ildegarde.  Richard ,  leur  arrière-petit  lîls  ,  & 
dernier  fils  d'Henri  &  d'Irmgarde ,'  Comte  de  Betrin- 
gcn,  ayant  eu  Kerpen  àz.n%  Ion  partage,  il  en  prit  le 
nom  &  les  armes,  tk.  quitta  celui  de  Manderfchcid. 
ImhoiF,  Noc.  Imp.  L.  IX.  c.  4.. 

KERPiY.  Nom  d'une  contrée  de  la  Lagénie  en  Irlande. 
Kerria  _,  Kerr'unjh  Comïtatiis.  Elle  eil  entre  les  Com- 
tés de  Corke  ,  de  Lemmcrik  ,  de  Clare  &  l'Océan 
Atlantique.  Elle  a  environ  vingt-quatre  lieues  de  lon- 
gueur. C'eft  un  pays  couvert  de  montagnes  &:  de  fo- 
rêts, ce  qui  l'a  fouvent  rendu  la  retraite  des  rebelles. 
Il  y  a  trois  lieux  qui  ont  iéance  &  voix  au  Parlement 
d'Irlande,  Ardart,  capitale  j  Dingle  iSc  le  bourg  de 
Tulle.  Maty. 

KERSONNÈSE.  Le  P.  ALainbourg&  Tillemont  écri- 
vent toujours  ainli.  Il  làut  écrire  Ckerfonèje.  Voy. 
ce  mot. 
KER  VA.  f.  m.  Plante  j  qu'on  appelle  autrement  if /Vw , 
ou  grande  catapuce  ,  ou  épurge,  dont  la  graine  eft 
un  violent  purcatîf  y^oye^  Ricin. 
KÉ  UA.  f.  m.  Nom  que  les  Apoticaires  donnent  à 
la  icmence  de  la  plante  du  E.idnus  ,  ou  Palmd 
CkriJlL  Cptte  femence  rellcmble  entièrement  a 
l'arjimal  de  couleur  livide,  que  les  Latins  ont  .ap- 


KE  s 

ipelc  Ridnus  ,  &  les  François  Tiquet.  De-là  eft 
venu  qu'on  a  donne  à  cette  plante  le  nom  de  Ri- 
cinis ,  ou  Tiquet.  Le  Ki'rua  elt  U]i  pui'gatir  j  <!<,:  un 
vomitif,  li  on  le  boit.  Il  cil  aulli  diurétique.  On 
en  prend  depuis  fept  grains  jufqu'à  quinze  ,  quel 
qucs-uns  dilent  même  trente,  ^oyc^  Vinet  ,  Alui- 
fun  Champ. 

K  E  S. 

KESCHING.  Cctoit  autrefois  une  petite  ville  du 
Norique.  KcJ'chinga,  anciennement  Cic/ardtz  5o/c)- 
rum.  Ce  n'cll  maintenant  qu'un  village  de  la  Ba- 
vière ,  fituc  près  du  Danube  ,  &  de  la  ville  d'In- 
golllat-  Matv. 
KESCHITA ,  ou  KÉSITA.  1.  m.  Nom  d'une  mon- 
noie  ancienne  ,  &C  la  plus  ancienne  dont  on  ait 
connoillancc.  Kefckka.  Gen.  XXXIII,  i p.  Il  ell 
dit  que  Jacob  acheta  un  champ  des  enfans  d'Hémor, 
&  qu'il  en  donna  cent  Kcfch'ua.  Et  dans  Job.  XLII. 
II  ,  que  (es  amis  lui  donnèrent  chacun  un  Kef- 
ckka. Les  Interprètes  ont  rendu  ce  mot  diftcrem- 
ment.  Les  Septante  ,  Onkélos  j  la  veriion  Syriaque , 
les  deux  Arabiques  &  la  Vulgate ,  le  traduilent 
agneau  ,  ou  brebis  ,  &  quelques  Interprètes  croient 
qu'il  ne  lignilie  rien  autre  choie.  La  Paraphrale 
Chaldaïque  de  Jonathan ,  &  celle  de  Jcruialem , 
Gen.  XXXIII.  i  p  ,  traduifent  Kefchuoch  par 
l'SaiO  ,  M-irgalian  c'eft  à  dire  j  des  pierres  prédeu- 
fes.  On  a  cjnjeduré  qu'ils  avoient  fait  venir  ce 
mot  Kcfchita  du  Chaldéen  ^V^  ,Kafchfdict  ,  qui 
fignifie  j;v767'j  d'où  s'eft  fait  CVO'p  ,  or/2er72enc  ;  pucce 
qu'entre  les  ornemens  ,  les  pierres  prccieuies  tien- 
nent le  premier  rang ,  ils  ont  pris  ornement ,  dit  ab- 
f'olumcnt ,  pour  des  pierres  précieufes  ,  d'autres  le 
prennent  pour  une  monnoie. 

Ce  dernier  fentiment  elT:  lans  contredit  le  plus  pro- 
bable. En  eftct,  le  mot  nuap  ,  ne  le  prend  nullement 
dans  l'Écriture ,  &:  ne  fe  trouve  dans  aucune  des 
autres  langues  Orientales  dans  le  fens  de  brebis ,  ou 
d'agneau  ;  au   contraire ,  en  Arabe  il  lignifie  une 
monnoie  j   comme    nous   le   dirons.    i°.    Kefchica 
peut  avoir  deux  lens  qui  l'un  tk.  l'autre  conviennent 
très- bien  à  une  monnoie;  car  premièrement  tJiïp  j 
Kofcket.  Pfal.  LX ,  v.  û  ,  lignihc  vérité  ;  ainli  l'on 
a  fort   bien,  pu    donner   ce  nom  à  une  monnoie , 
pour  montrer  qu'elle    étoit  d'un   mctail  bien    tin  , 
&  qui   n'étoit  point  falfifié ,  qu'elle  étoit  d'un  bon 
aloi  ,  Il    l'on  peut  s'exprimer  ainlî ,  en   parlant   de 
ce   temps-là  ,  ou  bien   qu'elle   étoit  de  poids.   Se- 
condement ,  Il   Kefchita    lignifie   un    agneau  ,    ce 
nom  ne   convient  pas  moins  à   une   monnoie.  Les 
Patriarches  ,  dit  le  Père    Souciet  ,  dans  la  Dillerta- 
tion  fur  les  médailles  Hébraïques  ,   s'étoient  tervis 
de  monnoies  fur    lefqu'elles  il  y  avoir    des  figures 
empreintes  ;  telle  étoit  celle  qui  fe  nommoit  Kcf- 
chua  J  un  agneau  ,  parce  qu'elle  étoit  marquée  de 
la  figure  de  cet  animal  ,  comme  autrefois  les  mou- 
tons d'or  en  France.  C'eft  encore  ainll  qu'autretois 
des  monnoies  d'Athènes  le  nommoient  K.,»  .^ ,  JiUes , 
ou  vierges  ,  parce  qu'elles   avoient  l'eftigie  de  Mi- 
nerve appellée  K  f  ^  ;  d'autres  de  la  même  ville  s'ap- 
pelloicnt  b-î,    bœuf,    parce    qu'elles  étoient    mar- 
quées de  la  tête  d'un  bœuf,  on  voit  encore  de  ces 
monnoies  dans  les   cabinets  des  Antiquaires.   Il  y 
avoir  aulli  des  monnoies  du  Pélopponèfe  marquées 
d'une  tortue   qu'on  appeloit  pour  cela  ;c£^-j»«'  ,  des 
torrens  ;   d'autres    de   Corinthe    qu'on    nommoit 
niiAdi ,  Poulins ,  parce   qu'elles  portoient  la  figure 
d'un  cheval.   Quelques  uns  difent  que  les  Kefchica 
5  appelloient  ainli  ,  parce  que   c'éroit  le  prix  ordi 
naire  d'un  agneau  ,  ou  d'une  brebis.    Mais  il  eft 
des  Auteurs  qui  prétendent  que  Kefchita  n'a  jamais 
lignifie  un  agneau  ,  ou  une  brebis  ;  que  c'eft  une  erreur 
dans  laquelle  le  Grec  des  Septante  a   fait  tomber-, 
eue  les  Septante  l'avoient  traduit  par^rà,  une  mine  ■ 
qu'ils  avoient  mis,  Genèfe  XXXIII.  ip  ,  c;.»,ri,  ^,^,, 
c'eft  à  dire  ,cent  mines  ;  que  quelques  Copiftes  igno- 
rans  l'ont  changé  en  t««t„  i.;t/u, ,    qui  veut  dire  cent 


K  E  S 


345 


brebis  ;  que  de*  même ,  Gen.  XXXI.  y ,  ils  avoient 
change  .  c't^à  ^»^>  en  <Js«à  iy.i,ii ,  comme  on  le  voit 
dans  les  queftions  de  S.  Jérôme  fur  la  Gcnèfe  j  &: 
dans  S.  Auguftin  ,  queft.  9;  ,  fur  la  Gcnèfe.  Ou 
peut  voir  encore  R.  David  Kimhhi ,  David  de 
Pomis  d'Aquin  ,  dans  leurs  Didtionnaires  ,  R.  Na- 
than Maidochée  ,  dans  l'es  Concordances  ,  de  géné- 
ralement tous  les  Rabbins  ,  excepté  Aben  Ezra.  Il 
icroit  trop  long  de  citer  les  Auteurs  Chrétiens 
qu'on  peut  ailémcnt  conluiter.  5°.  R.  Akiba,  dans 
le  Thalmud  ,  au  Traité  du  commencement  de  l'An- 
née y  n:\yn    vk-^  ,  Chap.  III  j  fol.  col.  i  ,  dit 

qu'en  voyageant  en  Afrique  ,  il  y  avoit  trouvé  une 
monnoie  nommée  Kefchita.  Il  eft  fort  vraifembla- 
ble  que  cette  monnoie  tk  ce  nom  venoit  à  ces  peu- 
ples des  premiers  temps.  Il  eft  probable  que  ceux 
chez  qui  R.  Akiba  avoit  trouvé  cette  monnoie , 
étoient  Phéniciens  ,  o'eft-à  dire ,  des  Carthaginois , 
ou  que  c'étoir  des  Phéniciens  qu'ils  avoient  reçu 
cette  monnoie  &  ce  nom  ;  car  chez  quel  autre  peu- 
ple de  l'Afrique  trouvons-nous  des  noms  purement 
Hébreux  ;  En  quatrième  lieu  ,  avant  Jacob  l'uiage 
avoit  changé  dans  le  commerce.  Il  ne  le  fniloit 
plus  par  échange  ,  mais  par  argent.  Cela  paroîc 
clairement  par  la  Genèfe  XVII.  12,  /j.  XXIII, 
16.  XLVn.  16  ,,  j°.  S.  Etienne  ,  au  Chap.  Fil,  des 
Aétesdes  Apôtres,  v,  16  ,  dit  que  ce  champ 
fut  acheté  à  prix  d'argent.  Car  quoiqu'il  y  ait 
de  la  ditîiculté  en  cet  endroit  ,  on  y  a  cependant 
fatistait  d'une  manière  plaulible  ,  comme  on  le 
peut  voir  dans  Bochard  Hiéroz.  P.  II ,  L.  II y 
Chap.  XLIII.  Enfin  c'eft  le  fentiment  de  R.  Akiba, 
à  l'endroit  dont  on  a  parlé  ci-deftus  ,  de  R.  Sché- 
lomo  Jarhi ,  &  de  R.  Lévi  Ben  Gerfon  ,  dans  leurs 
Commentaires. 

Quelques  Auteurs  conjed:urent  que  c'étoit  une 
monnoie  marquée  du  arc  ;  au/p  ,  Kefchct  en  Hébreu 
fignific  un  arc.^ 

Il  n'eft  pas  li  aifé  de  décider  quelle  monnoie  c'étoit 
que  le  Kefchita ,  &  quelle  étoit  fa  valeur.  Les  Rabbins 
difent  communément  que  c'étoit  une  obole ,  parce 
que  R.  Akiba  dit  que  le  Kefchita  qu'il  avoit  vu  en 
Afiique  étoit  une  obole  :  mais  il  n'eft  pas  polîible  que 
Jacob  n'ait  acheté  un  champ  que  cent  oboles,  ni  que 
les  amis  de  Job ,  XLII.  11.  ne  lui  donnalfent  qu'une 
obole.  Si  le  changement  de  f.n^  en  <ia-.;.  étoit  bien 
certain ,  les  Septante  auroient  cru  que  le  Kejchita 
valoir  une  mine ,  &  ce  feroit  ce  que  nous  aurions 
de  plus  probable  fur  cela  :  mai?  au  vrai  il  n'y  a  rien 
fur  quoi  l'on  le  puillc  bien  fonder  ,  pour  déterminer 
la  matière  ,  le  poids  ,  la  valeur  du  Kefchita.  Voyez 
fur  le  Kefchita  Bérévood,  de  Pondcr.  Pr:t.  c.  I.  §.  /. 
Waferus  ,  de  Antiq.  Hebr.  Num.  L.  II.  c.  i  S-p-  S  p. 
Druf.  in  Gen.  XXXIII.  i p.  Bochart,  Hiero-{.  P.  I. 
c.  43.  &c  une  Didértation  de  feu  M.  Pelletier  ,  im- 
primée dans  les  Mémoires  de  Trévoux  ,  1 704.  au  mois 
de  Mai. 

KÉSÉGHU.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  pre- 
mier mois  de  l'année  j  &  d'un  ligne  du  Zodiaque  chei 
les  Turcs  Orientaux.  Ce  mot  dans  leur  langue  lignifie 
rat. 

KÉSELBACHE.  De  la  Boulaye  écrit  ainfi.  "Voyez  KIZIL- 
BACHE',  c'eft  la  même  chofe. 

KÉSEN.  Nom  d'une  petite  île  qui  eft  près  de  celle  d'Or- 
mus  ,  à  l'entrée  du  golfe  Perfique.  Kefemus  Infula. 
Voyez  Piétro  délia  Valle  ,  P.  IL  p.  36.  &  64. 

KÉSIL ,  ou  CÉSIL.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre  Sainte , 
Kefd  ,  &  dans  la  Vulgate  Ccfil.  Elle  étoit  de  la  Tribu 
de  Juda  y  de  dans  fa  partie  méridionale.  Jof.  XF.  30. 

KÉSIL  BASCHI.  ^oyq  KURTCHI. 

KESM  ARCKT ,  KASEMARCK ,  ou  KEYSER  M  ARCK. 
C'eft  une  ville  défendue  par  une  citadelle.  Cafareopo- 
lis.  Elle  eft  dans  le  Comté  de  Czépus  ,  en  la  Haute- 
Hongrie  ,  vers  les  monts  Crapacks ,  à  quatre  lieues 
de  Leurs  ,  du  côté  du  nord.  Maty. 

KESRA.  lî  m.  Nom  que  les  Arabes  donnent  en  général 
au  Roi  de  Perfe.  B.ex ,  Impcrator  Pcrfarum.  M. 
D'Herbelot  croit  que  ce  mot  eft  pris  du  nom  Perfien 
Khofrau  ,  ou  Khofrou  ,  duquel ,  dit  il ,  nous  avons 


344  K  E  U 

fait  Kofroes  :  mais  je  cioirois  plutôt  qu'il  eft  pris  du 
mot  Latin  Ctefar. 

KERSROAN.  Chauic  de  montagnes  qui  font  partie  du 
mont  Liban  ,  en  Aiie  ,  fut  la  côte  de  Syrie. 

K£iSAEIEN,EMNE.  f.  m.  &f.  Nom  de Setie parmi  les 
-Alahométans.  Kcjfahianus ,  a.  Les  X  ejfahicns  cioyoient 
que  NLihomeE  Ben  Hanefah  ,  ou  Hanehah  ,  fils  d'Ali , 
mais  d'une  autre  temmc  que  Fathcmah  ,  n'étoit  pas 
mort,  &  qu'il  devoit  un  jour  régner  liir  tous  les  Mu- 
fulmans.  D'herbelot. 

KESSEL.  Nom  de  lieu.  La  terre  de  Keffel.  En  Latin 
Kejjelienjîs  ,  ou  Cajldlanus  Traclus.  C'eft  un  petit 
pays  de  la  Gueldre  Efpagnole  ,  fitué  entre  la  terre  de 
Cuick ,  le  Comté  de  Horn  ,  la  Meule  ,  &  le  marais 
de  Pécl.  Il  n'y  a  rien  de  confidérable  que  le  bourg  de 
Duremonde  ,  qu'on  prend  pour  la  petite  ville  de  la 
Balle- Allemagne  j  que  les  anciens  appeloient  Cefiel- 
lum  Miaapïorum.  Maty. 

KESSEL- ISSAR.  Château  de  Bulgarie  qui  défend  le  dc- 
Jilé  nommé  Dervent-Capi ,  qui  a  plus  de  lix  lieues  : 
c'en:  la  porte  Trajane  des  anciens. 

^3"  KESTEVEN.  Nom  d'une  petite  Province  d'Angle- 
terre ,  une  des  trois  parties  du  Comté  de  Lincoln. 

KÉSULLOTH.  Réland  appelle  ainfi  une  ville  de  la 
Tribu  d'Iilachar  ,  que  la  Vulgate  appelle  Cafaloth  , 
Se  que  lui ,  luivant  l'Hébreu  ,  devoit  appeler  Cheful- 
loth.  Car  c'eft  un  i  ,  capk ,  &  non  pas  un  p ,  koph. 
Eufébe  &  S.  Jérôme  la  placent  près  du  mont  Thabor  , 
dans  la  plaine  ,  à  huit  mille  ,  ou  deux  lieues  &  demie 
à  l'orient  de  Diocélarée.  N.  Réland  doute  fi  ce  n'eft 
point  Exile ,  Exalus  ,  dont  il  eft  parlé  dans  le  Con- 
cile de  Jérulalem. 

K  E  T. 

tfT  KETIEN.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province  de 
Junnan  ,  au  département  de  Jungning. 

fer  KETMIA  (.  h  Goinhaut  dans  nos  iles  Françoiles, 
&  Roje  de  la  Marânique  aux  Lides  occidentales. 
Genre  de  plante  dont  la  fleur  cft  allez  Ismblable  à 
celle  de  la  mauve.  Il  y  en  a  de  plulieurs  elpèces  , 
dont  quelques-unes  font  cultivées  dans  les  jardins  ; 
on  les  élevé  en  buillon.  Il  y  en  a  à  fleur  double  ,  <Sc 
dont  la  Heur  change  de  couleur  en  ditlérens  temps 
du  jour. 

KETSERI.  f.  m.  Sorte  de  petits  poids  ,  dont  il  fe  fait 
un  grand  commerce  aux  Indes  orientales.  Ils  vien- 
nent en  abondance  dans  pluflcurs  petits  Royaumes 
du  Malabar. 

ffJ"  KETULE.  1.  m.  Efpèce  d'arbres  de  l'île  de  Ceylan  , 
dont  on  tire  par  incifion  une  liqueur  agréable  & 
rafraîchillimte.  En  la  faifant  bouillir  ,  on  en  fait  une 
elpèce  de  fucre  qu'on  raflme  comme  le  fucre  ordi- 
naire ,  &  qui  eft  de  très-bonne  qualité.  L'ccorce  de 
cet  arbre  le  partage  en  filets  doiu  on  fait  des  cordes. 

K  E  U. 

KEU.  f.  m.  Terme  de  Calejidrier.  Nom  de  l'onzième 
mois  de  l'année  ,  &z  d'un  figne  du  Zodiaque  chez  les 
Tartares  du  Cataï.  Ce  mot  dans  Iciu-  langue  lignifie 
chien. 

Les  Chinois  appellent  Keu-Jio  le  quarante-feptième 
mois  lunaire  de  leur  cycle  de  cinq  ans. 

ffT  KEU  eft  aulTi  le  nom  d'une  ville  de  la  Chine ,  d.ins 
la  Province  de  Xantung  ou  Channton  ,  au  départe- 
ment de  Tungchang. 

KE'VAROU.  f.  m.  Terme  de  Bot.inique.  Nom  d'un  petit 
grain  de  l'Inde  ,  dont  plulieurs  perlonncs  (e  nourril- 
fent.  Ce  grain  relfemble  tort  pour  la  couleur  &  la 
grollcur  à  la  graine  de  navet;  mais  la  tige  &c  les  feuilles 
font  entièrement  différentes.  Let.  Edif.  &  Cur.  XXFI. 
Rec.  p.  iS6. 

KEUB.  f.  m.  Mefure  des  longueurs  dont  on  le  fert  à 
Siam.  Le  keuh  contient  douze  nious  :  c'eft  la  paume 
des  Siamois  \  c'eft-à-diic  j  l'ouverture  du  pouce  &  du 
doigt   moyen. 

KÉVERNBOURG.  Nom  d'un  ancien  château  d'Alle- 
magne. Kever.ihurgwn.  Ilétoit  fitué  près  de  la  ville 


K  H  A 

d'Arnftad  ,  Se  l'on  y  voit  encore  fes  ruines.  Ce  châ- 
teau avoit  titre  de  Comté.  Quelques  uns  prétendent 
que  la  Maifon  de  Schwartzbourg  vient  des  anciens 
Comtes  de  Kévernbour^.  Ce  qui  cft  certain  ,  c'eft 
qu'elle  en  a  les  armes.  Imhomtt.  Noc.  Imp.  L.  VI. 
c.  i6.  n.  I. 

KEVROD.  f.  m.  Nom  d'un  ancien  droit  qui  fe  levoit 
en  Bretagne  Kevrod.  Une  donation  faite  au  Monaftère 
de  Sainte  Croix  de  Kemperlé  porte  :  Ue  ipfa  auttm. 
terra  hic  reddïtus  efi ,  fcdïcetTerqu'ijlaeth  ,  l  cvrod, 
multones ^  paflus  ,  deàmA  &  cetera  jura  quA  de  propria 
terra  ad  Dominum  pertinent.  Sur  quoi  fe  P.  Lobineau 
dit  dans  fon  Glollaire  ,  que  le  droit  de  Kévrod  eft  le 
même  que  celui  de  Quevaife. 

Il  ajoute  j  que  ce  mot  de  Kévrod  vient  de  Kaer-rout, 
qui  veut  dire  ,  fors  dehors  ;  de  même  que  Kai-ec- 
mais  i  d'où  l'on  a  formé  Quevaile. 

K  E  W. 

KEW.  Nom  d'un  ancien  bourg  de  la  Hongrie.  Keva , 
anciennement  Onochinum.  Il  eft  fur  le  Danube  ,  à  une 
ou  deux  lieues  au-delfus  de  Futak ,  Se  vis-à-vis  de 
Bonmonfter.  Maty. 

K  E  X. 

KÉXOLM  ,  ou  CARÉLOGOROD.  Petite  villô  de  la 
Finlande  ,  en  Suéde  Kexholmia  ,  Carelogroda.  Elle 
eft  fituée  entre  des  marais  ,  lur  le  lac  de  Ladoga  ,  & 
défendue  par  une  citadelle  très-forte.  Elle  eft  à  dix- 
fept  lieues  de  Wibord  ,  vers  le  levant ,  Se  à  vingt- 
huit  de  Notteborg  vers  le  nord.  C'eft  la  capitale  de 
la  Kéxolmie ,  pays  plein  de  lacs  &  de  marais  ,  peu 
habité  ,  Se  encore  moins  cultivé  j  qui  s'étend  vers  le 
nord  du  lac  de  Ladoga ,  Se  qui  a  été  autrefois  une 
partie  de  la  Carélie.  Maty. 

K  E  Y. 

KEYSERSMARCKT.  Voy.  KESMARCKT. 

KEYSERSTUL.  Nom  d'un  ancien  bourg  de  la  Suiiïè. 
Forum  Tiherii.  Il  eft  dans  le  Comté  de  Bade  ^  fur  le 
Rhin,  entre  Eglilaw  Se  Zurzach.  Maty. 

KEYSERWERD.  Prononcez  Kifervert.  Nom  d'une 
ville  forte  du  Cercle  Eleétoral  du  Rhin.  Verda  .,  Ce- 
farts  infula.  Elle  eft  fur  une  petite  île'" formée  par  le 
Rhin  ,  ,  dans  l'Archevêché  de  Cologne  ,  entre  Dul- 
feldorp  &  Duisbourg.  Les  François  s'en  emparèrent 
l'an  i6SS.  Le  liège  de  Ktyferwcrd,  foutenu  par  M.  de 
Blainville  au  commencement  de  la  dernière  guerre , 
fut  très-beau.  Saint  Switberg  vint  trouver  Pépin  à 
Cologne  l'an  707.  Se  parles  bons  offices  de  Pledtrude, 
il  obtint  de  lui  une  île  lur  le  Rhin  ,  proche  de  la 
même  ville  de  Cologne  ,  entre  Nuis  Se  Duisbourg , 
nommée  l'île  de  Célar  ,  Se  en  langage  du  pays  Keifer- 
wert ,  où  il  bâtit  un  célèbre  Monaftère.  Ce  Monaf- 
tère fut  changé  depuis  en  un  Collège  de  Chanoines. 
P.  Jourdan  ,  Hifi.  de  Fr.  L.  XXFIII.p.  s 9 3- 

K  E  Z. 

KÉZELBASCH ,  ou  KÉZELBA  ,  Se  KÉZILBAS.  Voy. 
KIZILBCAHE. 

K  H  A. 

KHAGHUETS.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du 

cinquième  mois  des  Arméniens ,  il  répond  au  mois 

de  Février. 
KHAI.  f.  m.  Terme  de  Relation.   Nom  du  douzième 

cycle  de  l'année  des  Cathaïens  &  des  Mogols.    Ce 

nom  fignifie  noir ,  ou  un  porc  ,  ou  un  fang|ier. 
KHAIBAR.  Ville  de  l'Arabie  heureufe  ,    éloignée  de 

Médine  d'environ  lix  ftations. 
KHAKAN.  f.  m.  Titre  de  dignité ,  le  même  que  Khan  ; 

mais  moins  ulité.   Vo\e-^  Khan. 
KHAKANIEN.  adj.  m.  "Celui  qui  a  porté ,  qui  porte  le 

titre  de  Khakan.  Il  étoit  de  la  Dynaftie  des  Khaka- 

niens,  D'Hurbelgt, 

KHALIFE. 


K  H  A 

KHALIFE,  f'oyei  Caufh.  D'Hcibclot  dit  que  quel- 
ques-uns  éciivfut  Calïje ^  6c  d  autres  Chulijt:  ;  pour 
lui  il  cent  Ca/ijl:  Voycz-lc  au  mot  Khalifat. 

KHALIl-Ar,  r.  m.  Qu.ilitc,  dignité  de  Kli.ilite.  D'Hcr- 
bcloc,  au  même  endroit,/'.  _f;J'7. 

KHAN.  Cm.  H.ilinti,  dans  ion  Didionnairc  Pcrfien  , 
donne  à  cç  nom  la  lignification  de  grand  cc  puillant 
Sài,ncui;  mji;nus  à:'  potais  Dominus.  Les  Kois  les 
plus  puiilàns  du  Turquellaii ,  de  la  grande  Tartaric 
<ï^-  du  Kathayj  fe  font  attribués  autrefois  ce  titre.  Le 
fameux  Gingliiz  ne  s'en  eli  point  donné  d'autre.  Les 
Tartares  de  la  Crimée  ,  ou  petits  Tartarcs  qui  dtlcen- 
dcnt  de  lui,  le  confervent  encore.  C'ell  aulli  le  pre- 
mier que  preuucjit  les  Empereurs  Ottomans.  Les 
Seigneurs  de  la  Cour  &  les  Gouverneurs  de  Province , 
prennent  aulli  le  titre  de  Khan  dans  la  Perle.  On  dit 
audl  Khakanj  mais  il  n'elt  pas  fi  uiité.  Les  Mogols 
prennent  ce  nom  fins  afpiration  ;  Kaan  ,  ou  Caan  ,  au 
lieu  de  ^Ajw.  D'Herbllqt.  En  François  nous  écri- 
vons communément  CHAM.  P'ayei  ce  mot. 

jJCF  Khan. f. m. On  donne  cenomen  Turquie  à  des  édifi- 
ces publics ,  cfpcces  d'hôtelleries  bâties  dans  les  villes 
ëc  quelquctois  dans  les  campagnes ,  pour  recevoir  & 
loger  les  étrangers. 

KHANAKAH.  f  f  Nom  d'une  fcte  des  Mahométans  , 
qui  le  célèbre  le  ving-deuxicme  jour  du  mois  de  Tel- 
clirin.  D'Hereelot. 

KHANDGER.  f  m.  Terme  de  Relation.  Poignard  que 

_  portent  les  k-mmes  Turques.  Gladius  acbiaces.    Les 

femmes  Turques  attachent  à  leur  ceinture  un  khand- 

'  ger ,    c'ert-à  dire  poignard^  qu'elles  portent   plutôt 

par  galanterie  ,  que  par  bravoure.  Du  Loir  ,  p.  /.('j. 

KHANKOU.  Ville  de  la  Chine,  à  une  demi-journée 
de  la  mer  :  elle  eft  très  conhdérable  par  le  concours 
de  Marchands  que  le  négoce  y  attire. 

KHARÉGIEN,  ENNE,  ou  CHARÉGITE.  f.  m.  &  f. 
Terme  de  Relation.  Schiiniatique  Mahométan  ,  re- 
belle à  rimam.  Rebellis  Imamo  j  Schïfmaticus  Ma- 
homctanus.  Ceux  d'entre  les  Mululmans,  qui  ne  fe 
foumcttent  pas  à  l'Imam  légitime  &  reconnu,  font 
appelés  Khaovaréges  ,  ou  Kharégiens ,  mot  qui  ligni- 
fie des  gens  fortis  de  l'obéiliance ,  &  regardés  par  les 
autres  comme  des  rebelles  auxquels  on  eft  obligé  de 
faire  la  guerre.  Il  y  en  a  de  plufieurs  iortes ,  &  en 
grand  nombre,  qui  ont  donné  beaucoup  de  peine 
dans  la  fuite  des  tems  aux  Khalifes.  D'Herbelot. 
Afchaat  Ben  Ca'is  fut  le  premier  chef  des  Kharégï- 
tes ,  nom  qui  fignifie  ceux  qui  fe  révoltent  contre  les 
deux  Puilfances  politiques  «Se  rcligieufe.  Iv.p,  pi.Ç.^ 
fut  l'an  57.  de  l'Hégire,  6^7.  de  J.  C.  ÏD.p.  g2.  Et 
ces  premiers  Kharégïtes  turent  ceux  qui  fe  foulevè- 
rent  contre  Ali. 

KHAS  ODA.  Terme  de  Relation,  qui  fignifie  chambre 
privée.  Privatum  cubïculum.  C'eft  le  nom  de  la  cin- 
quième blanche  des  Pages  du  Serrail  du  Grand  Sei- 
gneur. Elle  n'eft  compofée  que  de  quarante  Pages  qui 
fervent  à  la  chambre  du  Prince.  Du  Loir  ,  p.  p2. 
Ce  mot  eft  compote  de  khas ,  qui  fignifie  privé , 
particulier ,  Se  oda,  qui  veut  dire  chambre. 

KHATAI.  D'Herbelot  écrit  ainfi.  Communément  c'eft 
'CATHAY,  ou  KATHAY.  Le  même  Auteur  met 
deux  points  fur  l'/j  &  le  fépare  de  l'a  j  Kathaï.  Nous 
■  en  failons  une  diphtonguj ,  &  nous  prononçons  Ca- 
thé.  Nom  de  la  Chine  feptentrionale  ,  qui  a  toujours 
été  poflédée  par  des  Rois  dans  les  plus  anciens  tems, 
dont  les  Hiftoires  des  Orientaux  font  mention. 
D'Hereelot.  Ces  mêmes  Hiftoires  mettent  la  ville 
de  Nanking  dans  le  Kathaï;  ce  qui  fait  voir ,  dit  le 
même  Auteur,  que  le  Kathaiefi:  la  Chine,  car  Nan- 
king eft  Nanquin  ,dont  les  relations  de  la  Chine  par- 
lent. Il  en  conclut  encore  que  Khambalig ,  ou  Cam- 
balu,qin  étoit  capitale  da Kkatai ,  étoit  dans  la  Chi- 
"^,'  ^  """^  P*^^  "^^"^  l-"-  gtande  Tartarie ,  comme  la 
plupart  de  nos  Géographes  l'ont  cru.  Foye^  Abul- 
pharaîçc  fur  le  Khatai. 
KHATKAIEN,ENNE.  f  m.  &  f.  Khataïerifs ,  Ca 
thaicnfs.  Natif,  origi-naire  du  Khathai.  Les  Arabes 
difent  Kathah.  'Voyez  ce  mot  dans  la  Biblïoth. 
Orient,  de  d'Herbelot. 
.  Tome  V. 


K  H  O 


345- 


I  KHATHOUAT.  f.  m.    Nom  d'une  mefure  des  Ion 
gucurs  chez  les  Arabes.  C'eft  le  nom  qu  ils  donnent 

m  au  pas  Géométrique.  Paffus  gcomcttkus  Arakum.  Le 
khathouat  compxi^nd  trois akdains  ou  pics.  D'Herbe- 
lot. Il  tant  douze  mille  khaihouacs  pour  faire  une 
parafa  11  gc.  Id. 

KIIAVEN.  (.  m.  Nom  du  troifiéme  cycle  de  foixante 
années  des  Khata'iens.  D'Herbelot.  Temus  anno- 
rum  6  0  cyclus  apud  Cathaienfcs. 

KHAZINE.  f  f.  Terme  de  Relation.  Tréfor  du  Grand- 
Seigneur.  j¥,rarium  Tunarum  Irnpcratons.  Le  Tré- 
lor  du  Grand  Seigneur  qu'ils  appellent  Kka-^ine  ^  efl 
un  peu  au  de-la  du  Divan  à  main  gauche.  Là ,  en 
met  les  Regiltres  des  recettes ,  les  comptes  des  Pro- 
vinces en  des  cailfes  cottées  par  années ,  avec  les 
aiomsdes  Provinces  &  des  lieux,  &  l'on  y  ferre  tou- 
tes les  veltes  ds:  les  fourrures  qui  fervent  à  la  perfonne 
du  Prince  &  à  la  Cour.  Tous  les  jours  de  Divan  on 
ouvre  ce  trélor,  ou  pour  y  mettre,  ou  pour  en  tirer 
quelque  choie  :  il  laut  que  les  principaux  Oihciers 
qui  en  ont  la  charge ,  alîillent  à  cette  ouverture.  Le 
l'chaouch-Bachi  lève  en  leur  préfence  la  cire  dont  le 
trou  de  la  ferrure  eft  fcellé  ,  &c  l'ayant  porté  au  Gr.and- 
Vilir,  ce  Miniltre  le  baife  d'abord  &  puis  le  regarde. 
Il  tire  après  de  fon  iein  le  fceau  d'or  du  Grand  Sei- 
gneur qu'il  y  porte  toujours ,  &  il  le  donne  au  Tcha- 
ouchBachi,  qui,  ayant  refermé  &c  fcellé  le  tréfor, 
rapporte  au  Vihr,  avec  la  même  cérémonie,  le  cachet 
qu'il  en  .ivoit  reçu.  Du  Loir  ,  Voyage  du  Levant  y 
p.  Si  j  s 2.  Ce  mot  fe  dit  proprement  Chafna. 

KHAZINEDAR  BACHI.  f  m.  Nom  d'un  Othce  à  k 
Cour  du  Grand  Seigneur.  Primus  ALranififci  Cuftos. 
Primus  Ga^te.  ImparatorU  Prafecius  apud  Turcas. 
L'Agha  qui  lui  eft  immédiatement  inférieur  (au  Ca- 
pai  Agha)  eft  le  premier  Tréforier  appelé  par  eux  (les 
Turcs)  Khaiinedar-Bachi.  Son  Omce  regarde  le 
tréfor  qui  eft  renfermé  dans  l'appartement  du  Grand- 
Seigneur  ,  où  font  toutes  les  pierreries,  l'or  &  l'ar- 
gent en  oeuvre ,  les  épées ,  les  carquois  garnis  de  pier- 
res précieufcs ,  &  en  un  mot  tous  les  bijoux.  Du 
Loir,  Re/at.  du  Voyage  du  Levant ,  L.  III.  p.  ço. 
La  quatrième  chambre  des  Pages  du  Serrail  qui  n'eft 
que  de  vingt-quatre,  qui,  fous  le  Kha-(inedar  Bachi , 
ont  foin  du  Trélor  où  ils  n'entrent  jamais  avec  des 
habits  qui  ayent  des  poches,  \vi.p.  pr.  D'autres  di- 
fent ChafnatarbaJJi.  Voyez  ce  ce  mot  où  vous  trouve- 
rez l'étyinologie. 

K  H  E. 

KHE.  /^oy£j  KiziLEACHE.  C'eft  la  même  chofe. 

KHERMAN  ,  KIRMAR  ,  ou  CARMANIE.  Nom 
d'une  Province  de  Perfe  en  Afie.  Cermonia^  ancien- 
nement Carmania.  Elle  eft  le  long  du  golfe  d'Ormus 
(Se  de  la  mer  d'Arabie ,  ayant  au  couchant  la  Province 
de  Fars ,  au  nord  le  Sableftan  ,  &  au  levant  le  Sigiftaii 
avec  le  Mackéran.  On  tire  de  cette  Province  de  l'a- 
cier, des  armes  excellentes  ,  des  tapis,  des  toiles,  des 
turquoifes,  la  tutie,  &  la  graine  borbotane  dont  on 
fait  la  confeèfion  Kermès.  Ses  principaux  lieux  font 
Kherman,  Bermafir,  Moeheftan,  auxquels  quelques- 
uns  ajoutent  Ormus  ,  Bender  Gomioni ,  Guadel ,  Dul- 
cindu  ,  &c  les  pays  qui  en  dépendent.  Maty. 

KHÉSELI.  Grande  rivière  d'Afie ,  dans  la  Tartarie ,  au 
pays  des  Usbecs  :  elle  n'a  plus  de  communication  avec 
la  mer  Cafpienne,  mais  elle  porte  fes  eaux  dans  le 
lac  d'Atall. 

K  H  O. 

KHOARÉGE,  ou  KHAOURÉGE.  Voyei  KHARÉ- 
GIEN ,  c'eft  la  même  chofe. 

KHOL  AN.  f  m.  Nom  d'une  efpèce  de  gomme,  ou  fuc 
d'arbre  qui  croît  en  Perfe.  Gummi  quoddom  Perjî- 
cum  ,  Kholanum.  On  fait  de  petits  emplâtres  de  Kho- 
lan ,  ôc  on  les  applique  fur  les' tempes,  pour  guérir 
les  maux  de  tête. 

KHORASSAN  (le)  ou  le  CORASAN.^  Nom  d'un 
grand  pavs  d'Alie.  Khorajjanum.  Le  Géograohc  Per- 

X  X 


34^  K  O  U 

iîen  Jk  que  le  mot  Khos  ,  ou  Khour^  Cignide  foleil , 
&  qiCaU'anj  veut  dire  lieu  habité.^  Khoraffan,  grande 
étendue  de  pays  bien  habité  du  côté  du  toleil,  c'eft-à- 
dite  du  levant.'   Aulli  les Peitans de  l'Iraque  rciliquc , 
dilcnt  que  le  KhoraJJan  s'étend  depuis  Rhéi ,  ville  de 
1.1  Perle  mont.it;ncurc  ,  julqu'au  lever  du  foleil.    Le 
Khonijfaneil  borné  parundelért,  vers  le  couchant, 
du  côté  du  pays  de  Giorgian  &  du  Gébal ,  oii  de  l'Ira- 
quc  Perfique.  Vers  le  midi  il  a  un  autre  dctcrt  entre 
la  Perle  proprement  dite  &  le  pays  de  Comas  ;  le  Se- 
geftan  &  les  Indes  vers  le  levant .  &  le  Maravalnahar 
avec  une  partie  du  Turkeilan,  vers  le  leptentrion. 
D'Herbelot  ,  d'après  U  Géographe  Perficn.  Le  Kho- 
raffan a  qu.urc  villes  Royales,  où  les  Rois  qui  y  ont 
régné  ont  fait  leur  réfidence  ;   lavoir ,  les  villes  de 
Balk ,  de   Mérou ,  de  Nilchabour  &  de  Hérat.  _Id. 
Les  anciens  Rois  de  Perle  ont  eu  le  Khoraffan  lous 
leur  puillance.    Après  la  conquL-te  de  la  Perle ,    les 
Arabes  s'en  rendirent  ks  maîtres  ibus  le  Kalife  Othr 
man.  Id. 

KHOR  ASSANIEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Natir  ou  origi- 
naire du  KhoralTan.  Khoraffanus ,  Khoraff^aràenfis. 

KHO TAN  ,  ou  KHOTUN ,  Pays  d'Aile  au  lurquelbn  , 
&:  arrolé  de  plufieurs  rivières.  Sa  capitale  cil:  aulli 
nommée  Khoian, 

KHOTATE.  f.  m.  Mot  Arabe.  C'ell  le  nom  d'une  dro- 
gue, dont  les  femmes  fe  fervent  en  Turquie  pour 
peindre  leurs  fourcils  ou  en  rouge  ou  en  noir ,  &  pour 
les  rendre  larges  félon  le  goût  du  pays.  C'ell  un  flird 
pour  elles  qui  ell  de  mauvais  goût  pour  les  Européens. 
On  l'appelle  en  Turc  p'nCNT,  Raffic ,  &  en  Arabe 
INïïn  ,  Hhotate ,  ou  Khotatc. 

Ce  mot  vient  de  l'Arabe  lyn,  Hhatta,  qui  fignifîc 
peindre. 

KOUARÉZEM.  Nom  de  pays  &  de  ville.  On  prononce 
aulH  Khouarepn.  Le  Khouaré\em  ell:  lîtué  en  partie 
au  de-cà  du  Gihon ,  ou  de  l'Oxus ,  du  côté  de  Mava- 
ralnahar  ,  ou  de  laTranfoxane.  Il  a  à  l'occident  &  au 
leptentrion  le  Turkeftan ,  la  Tranfoxane  à  l'orient , 
&  le  KhoralTan  au  midi.  Il  y  a  encore  de  ce  pays-là 
cinq  ou  fix  journées  pour  arriver  à  l'embouchure  de 
rOxus.  Le  Khouaré-{em  eft  fort  froid.  Sa  capitale  , 
que  plulîeurs  appellent  Khouaré\em  j  du  nom  de  tout 
le  pays,  le  nomme  Korkangj  ou  Giorgianah,  félon 
les  Arabes.  Tout  ce  pays  ell:  entouré  de  deferts.  Quel- 
ques uns  prétendent  que  le  Khouaré\em  s'étend  juf 
qu'à  l'embouchure  de  l'Oxus ,  fur  le  rivage  de  la  mer 
Cafpienne.  D'Herbelot,  d'après  Albergcndi  &  Ara- 
bichah. 

KHOUAREZMIEN,  ENWE.  f.  m.  &  f.  Natif,  origi- 
iMJie  du  Khouarézem.  Khouarc-:{mius  ,  a.  Kouare'^- 
mienjis.  Les  K houare^miens  ont  une  inclination  lî 
grande  ,  &c  tant  de  dilpolition  pour  la  Mulique  ,  que 
leurs  enfans  crient  Ôc  pleurent  en  fredonnant.  Ils 
ont  l'efprit  plus  fin  que  ceux  de  Samarcande,  &  ils 
s'adonnent  fort  à  la  Po'cfie.  D'Herbelot  ,  Alber- 
GENDi ,  Auteur  Arabe. 

KHOUREH.  Nom  d'une  ville  de  Perfe  ,  qui  donne  fon 
nom  au  Khouriftan  ,  dont  elle  eft  capitale.  D'Her- 
belot. 

KHOURISTAN.  Nom  d'une  Province  j  ou  d'un  pays 
de  Perfe,  auquel  la  ville  de  Khoureh  a  donné  le 
nom. 

KHOUZISTAN.  Nom  d'une  Province  d'alfez  grande 
étendue,  luuée  entre  la  Province  de  Fars,  ou  Perle 
propre  ,  &  le  pays  de  Ballorah.  Khouflfianum  ^ufiana. 
Elle  a  du  côté  du  couchant  les  plaines  de  ValTeth. 

K  I. 

JCL  Ancien  mot.  Pronom  relatif  mafculin  &  féminin , 
hngulier  &:  pluriel.  Qui,  quit ,  quod.  On  le  trouve 
ainfi  écrit  dans  des  aftes  anciens.  "  A  tous  ceux  à  ki 
>■>  ces  Lettres  vendront  ,  laluz  ».  Voyez  l'HiJl.  de 
Bretagne:,  ^.  Il, p.  .f.oj.8c  ci-delîus,  KE. 

Kl.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  de  la  lixième  par- 
tie du  fécond  cycle  des  Khataïens  &  des  Iguriens,  le- 
quel étant  joint  avec  le  premier  cycle  qui  eft  duodé- 
naire,    fert  pour  compter  leurs   jours   qui  font  au 


K  I  A 

nombte  de  fept ,  Se  forment  la  femainc.  D'Herbelot. 
Sexta pars  fecundi  Khataicnfium  &  Igurianorum  cycli. 
C'cll  aulli  le  nom  du  dixième  mois  de  l'année,  & 
d'un  des  fignes  du  Zodiaque  chez  les  Tartares  du  Ca- 
tay.   Ce  mot ,  dans  leur  langue  ,  veut  dire  poule. 

C'eft  encore  le  nom  de  plufieurs  mois  lunaires  des 
loixante  mois  du  cycle  de  cinq  ans  des  Chinois.  On 
les  dillingue  en  y  ajoutant  un  autre  mot.  Ki  su  eft  le 
iixième  mois  de  ce  cycle.  Ki-mah  le  Icizieme.  Ki- 
ckcu  le  vingt -lixième.  Ki-ha  le  trente-lixicme.  Ki-yeu 
le  quarante  lixième.  Ki-vi  le  cinquante-lixième.  C'eft 
toujours  le  lixième  de  chaque  dixainc.  §3"  Plufieurs 
villes  de  la  Chine  portent  le  nom  de  Ki. 
fjCT  La  première  au  Pékéli ,  dans  le  département  de 
Xuntien  -,  la  féconde  au  même  pays ,  département  de 
Chiuting;  la  troilième  dans  la  Province  de  Chanli, 
département  de  Taiyven;  la  quatrième  dans  la  Pro- 
vince de  Huquany  ,  département  de  Hoangcheu  ;  la 
cinquième  dans  la  Province  de  Honan,  département 
de  Caifung;  &  la  Iniième  dans  la  même  Province,  dé- 
partement de  Gueih'oei. 

K  I  A. 

KIA.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Ce  mot  eft  aulTi  le 
nom  de  plufieurs  mois  du  cycle  des  Chinois,  dont  il 
a  été  parlé  dans  l'article  précédent.  On  les  diltingue 
par  diftércns  mots  qu'on  ajoute.  Kia  eu  eft  le  pre- 
mier. Kiajio  eft  l'onzième.  Kia  shin  eft  le  vingt  uniè- 
me. Kia  u  eft  le  trente  unième.  Kia-shin  eft  le  qua- 
rante unième.  Kia  y  in  eft  le  cinquante-unième.  C'eft 
le  premier  de  chaque  dixaine. 

0CrDeux  villes  de  la  Chine  portent  le  nom  de  Kia, 
l'une  dans  la  Province  de  Chenli  ,  département  de 
Lengad;  l'autre  dans  la  Province  de  Honan,  départe- 
ment de  Ju. 

§Cr  KIAIA,KlAYA,mieux  que KIAHIA.  f.  m.  C'eft  chez 
les  Turcs  ce  que  nous  appelions  Lieutenant,  Officier 
en  lecond.  Kiala  du  Grand  Vilir.  Kiala  de  l'Aga  des 
Janiftaires. 

iCTKIACIANG.  Ville  delà  Chine,  dans  la  Province 
de  Xantung,  au  département  d'Ycncheu. 

KIAHING.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Kiahingum. 
C'eft  la  féconde  métropole  de  la  Province  de  Ché- 
kiangj  fituée  dans  une  campagne  fertile  &  agréable, 
qu'on  arrofe  par  des  canaux  tirés  du  lac  Tienling, 
qui  eft  proche  de  la  ville.  Elle  a  lix  villes  dans  fa  dé- 
pendance.   Ainbaff.  des  Holland.  P.  I. 

I^KIAI.  Nom  de  deux  villes  de  la  Chine  :  la  première 
dans  la  Province  de  Chenfi ,  dép.artcment  de  Chan- 
geh'.Tng,  la  leconde  dans  la  Province  deChanlî,  dé- 
partement de  Pingyang. 

IP^KIAIHIEU.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de 
Chanli,  département  de  Fuencheu. 

KIAM  ,  ou  le  JAMCE.  C<truleus  fiuvius.  Grande  ri- 
vière de  la  Chine,  qui  fe  jette  dans  la  raei:  orientale 
au-delFous  de  Nanquin.  Son  cours  eft  très- rapide,  & 
il  eft  11  profond ,  que  les  Chinois  dilent  en  proverbe  : 
»  La  mer  n'a  point  de  botnes ,  &  le  Kiam  n'a  point 
"de  fond  ".  Quelques-uns  écrivent  Kiang.  Voyez 
ce  mot. 

KIAMCHEU.  Ville  du  premier  ordre  dans  la  Province 
de  Chaavi ,  à  la  Chine.  Kiamcheum.  Sa  latitude  eft 
de  5/  d.  57  m.  N.  Sa  longitude  131  d.  59  m.  1$  f. 
Paris  fuppolé  à  li  d.  3  m.  de  longitude.  Gouye. 

KIANG.  Nom  d'une  rivière  qu'on  appelle  la  rivière 
bleue.  Kiangus ,  on  Cdiruleus  fluvius.  C'eft  l'une  des 
deux  plus  grandes  rivières  de  la  Chine.  Elle  a  fa  four- 
ce  dans  la  partie  occidentale  de  cet  Empire ,  en  la  pro- 
vince &  près  de  la  ville  de  Junnan.  Elle  coule  d'abord 
du  côté  du  nord ,  environ  julqu'au  milieu  de  la  pro- 
vince de  Succheu,  où  elle  tourne  vers  le  levant,  & 
ayant  traverfé  la  province  d'Huquang,  iSc  celle  de  Nan- 
king ,  dont  elle  baigne  la  capitale ,  elle  fe  décharge 
dans  le  golfe  de  Nanking.  Maty.  Elle  s'appelle 
Yangou  Kiang,  c'eft- à-dire, jf/j-  de  la  mer.  te  Kiang 
change  fouvent  de  nom.  Près  de  lalource  il  s'appelle 
Minkiang  ,  parce  qu'il  fort  des  montagnes  qu'on 
nomme  Min,   Dans  la  ville  de  Sincin,  il  prend  le 


Kl  A 

nom  de  Takiang-,  ilaiis  colle  de  Li]icliai,    celui  de 
Linkiang  &z  dans  celle  de  Kingclicu  il  reprend  encore 
celui  de  Takiang.  Voyez  l'A'nbdlJadi:  des  HoUandois 
à  la  Chine ,  dcrn.vart.  c.  12.  où  ion  cours  cil  décric. 
KiANG.    Nom  de  deux  villes  de  la  Chine.  KLwgutn. 
Elles  font  dans  la  province  de  Xanll,  &  dépendent  de 
l'ingyang,  lecundc  métropole  de  la  Province.  Amb. 
des  Holland.  P.  I. 
JKT  II  y  a  une  troiiième  ville  de  même  nom  dans  la 
Province  de   Quangli ,  au  département  de  Taiping. 
Atlas.  Syn. 
^  KIANGCHUEN.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Pro- 
vince de  Jiinnan  ,  au  département  de  Chingkiang. 
j(C°  KIANGHOA.  Ville  de  la  Chine  ^  dans  la  Province 

de  Hiiquang  ,  département  de  Gungcheu. 
KIANGNAN.    Nom  d'une   Province    de    la    Chine. 
Kïangnanum.  C'eft  la  même  que  celle  de  Nankin , 
à  laquelle  on  donne  aulll  ce  nom.  Voyc-[  Nankin. 
§3=-  KIANGNING.  Ville  de  la  Chine  ,  première  mé- 
tropole de  la  Province  de  Kiangnan.  C'cft  la  même 
que  Nankin. 
"fCFKIANGPU.  Ville  de  la  Chine,  dans  la  Province 

de  Kiangnan  ,  au  département  de  Kiangning, 
KIANGSI ,  ou  QUIANSI.  Nom  de  la  huitième  en  or- 
dre des  Provinces  de  la  Chine.  Kiangfia  ,  Quianjiu. 
Elle  eft  bornée  au  nord  par  celle  de  Nanking;  au  cou- 
chant,  par  celle  d'Huquaiig;  au  midi,  par  celle  de 
Quantung,  &  elle  a  au  levant  celles  de  Fokien  &  de 
Chékiang.  Cette  Province  efl:  divifée  en  treize  con- 
trées qui  ont  autant  de  villes  capitales  j  iSc  foixante- 
fept  qui  leur  font  ioumifes.  Nanchang  ell  la  première 
&:laprincipalede toute laProvince.  Maty.  Navarete, 
Traà.  I.  c.  4.  §  /.  Le  ^w^ produit  de  l'or,  de  l'ar- 
gent ,  du  plomb ,  de  l'étain ,  du  fer.  Il  elf  très  peuplé. 
Ses  habitans  lont  li  féconds,   que  les  Chinois  leur 
donnent  le  nom  de  Uats.  Ils  ont  de  l'efprit ,  de  la  lub- 
tilité  ,  de  la  difpolition  aux  Iciences.    Le  Kan  coupe 
cette  Province  du  fcptentrion  au  midi,  &c  la  fertilife. 
Amb.  des  Holl.  P.  I. 
KiANGSi.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  capitale  de  la 
Province  de  même  nom.   Kiangfium.   Ambaff.    des 
Holl.  à  la  Clune. 
§3"  KIANGXAM.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Pro- 
vince de  Chékiang,  département  de  Kinchcu. 
Ctcr  KIANGYEU.  Ville    de  la  Chine  j  dans  la  Pro- 
vince de  Suchuen  ,  département  de  Lunggan. 
^  KIANGYN.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province 

de  Kiangnan  ,  au  département  de  Changcheu. 
KIAO.  Nom  d'un  lac.   l'^oye\  Kienchang. 
§3°  C'eft  aulll  le  nom  d'une  ville  de  la  Chine  dans  la 
Province  de  Channton  ,  département  de  Laicheu. 
Atlas.   Syn. 
|Cr  KIAOCHING.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine  ,  dans 

la  Province  de  Chanli ,  département  de  Taiyven. 
I^KTAOHO.  Ville   du  Pekeli ,   au  département  de 
Hokihen  ,  troifième   métropole  de  cette  Province. 
KIARAN ,  KÉRANj  ou  KEIRAN.  f.  m.  Nom  d'hom- 
me Kiaranus.  S.  Kiaran  étoit  Irlandois ,  dilciple  de 
S.  Finien.  Il  mourut  en  J49  ,  &  il  eft  différent  de  S. 
Keiran ,  Evcque  de  Sagir ,  mort  en  $10.  M.  de  Tiile- 
mont  écrit  Kiéran.  S.  Kiéran ,  honoré  par  l'Eglife  le 
cinquième  de  Mars,  eft  un  de  ceux  qu'on  prétend 
avoir  prêché  l'Evangile  dans  l'Irlande   avant  Saint 
Patrice ,  Se  on  l'appelle  le  premier  Saint  de  ce  pays. 
Bollandus  traite  tout  cela  de  fables.  Il  a  donné  une 
vie  de  ce  Saint  dont  il  n'eil  pas  non  plus  fort  content  ; 
elle  le  fait  vivre  trois  cens  ans.  On  le  fiit  Evêque  d'un 
lieu  appelé  Sagir,  vers  le  milieu  de  l'Hibernie.  Bollan- 
dus croit  qu'il  peut  être  mort  vers  l'an  510  ou  J50. 
Voye\  les  Acla  Sancî.  au  cinquième  de  Mars 

L'Ordre  de  S.  Kiaran,  ou  Keiran^,  eft  un  Ordre  Reli- 
gieux fondé  par  S.  Kiaran ,  difciple  de  S.  Finien  ,  &c 
approuvé  par  le  S.  Siège,  comme  le  témoigne  Ullé 
rius.  Les  deux  principales  maifons  de  cet  Ordre  étoient 
Seir-Kciran  en  Eftmcaft,  ou  Médie  orientale  j  & 
CluanMiénois,  Clunes,  ouKiloomen  Vv'cftmeathj 
ou  Médie  occidentale.  Celle-ci  a  été  érigée  en  Evcché, 
qui  eft  maintenant  uni  à  celui  de  Médie.  Colgan  dit 
que  cette  Abbaye  fut  comblée  de  bienfaits  par  les 
Tome  y. 


K  I  B  347 

Seigneurs  d  Irlande,  &c  qu'elle  eut  quantité  d'autres 
Eglifcs ,  ou  Prieurés  lous  (a  dépendance.  P.  Hélyot  , 
Hijl.  des  Ord.  Religieux,  Pareil,  c.  20. 

KIASTKE  f.  m.  Kiàjler,  ai.  Efpècc  de  bandage  pour 
la  rotule  fradturée  en  travers.  Pour  le  faire,  on  mec 
d'abord  (ur  le  genou  une  comprcMe  en  long,  fendue 
dans  le  milieu  ,    &  coupée  par  les  deux  bouts  en 
fronde  à  quatre  chefs.    On  a  foin  d'approcher  les 
deux  pièces  de  la  rotule  l'une  auprès  de  l'autre.  On 
place  au-delfus  &c  au  dcllous  un  rouleau  de  linge  fait 
en  croillant  pour  les  concenir.  On  adapte  par-delFous 
le  jarret  de  faux  fanons  laies  avec  une  lerviette  roulée 
par  les  deux  bouts ,  de  manière  que  les  touleaux 
(oient  appliqués  aux  parties  latérales  du  genou.  En- 
luite  on  prend  une  bande  longue  de  fept  aunes,  large 
de  deux  travers  de  doigt,  roulée  à  deux  chefs  égaux. 
On  l'applique  par  le  milieu  fur  Je  croilïànt  fiipérieur, 
on  conduit  les  chefs  par  dellus  les  fanons  fous  le  jar- 
ret ,  où  on  les  croife  pour  venir  par-dell'us  la  parcie 
inférieure  des  fanons  lur  le  croillànc  inférieur,  en 
changeanc  les  chefs  de  main.  Après  les  avoir  croifés  , 
on  delcend  obliquemenc  lous  le  jarret ,  pour  revenir 
lur  le  premier  tour  au-deilus  de  la  rotule,  &  l'on 
continue  ainli  jufqu'à  la  fin  de  la  bande.  On  met  fur 
le  genou  une  comprelle  trempée  dans  un  défenfif,  &c 
l'on  relevé  les  quatre  chefs  de  la  première  comprefîe 
fur  la  rotule,  en  les  croifant  obliquement  pour  ap- 
procher exaètement  les  deux  pièces.  Se  foucenir  le 
bandage  :  enfin,  l'on  pofe  la  partie  dans  un  carton 
garni-  d'une  lerviette  ,   pour  entretenir  toujours  la 
jambe  tendue.   Le  nom  de  ce  bandage  vient  de  la 
lettre  Grecque  Cappa ,  qui  eft  croifce  de  cette  ma- 
nière K,  ou  du  Chi ,  .ainll  exprimé  ,.  ^n  ce  casj  il 
(audroit  écrire  Chiaftre.  Diél.  de  Méd. 

KIATING.  Nom  d'une  rivière  de  la  Chine.  Kiatingus 

fluVLUS. 

Kiating  ,  eft  aullî  le  nom  d'une  ville  fituée  fur  le  bord 
de  ce  fleuve.  Kiadngum.  Elle  eft  de  la  province  de 
Suchuen ,  &  elle  a  fcpt  villes  dans  la  dépendance. 
Elle  a  au  nord  la  montagne  de  Micnkiang  ,  d'où  coule 
la  petite  rivière  de  Chocung.  Amb.  des  Holl.  Part.  I, 

^fTl\  y  a  une  autre  ville  de  même  nom  dans  la  pro- 
vince de  Kiangnan,  département  de  Sucheu.  Atlas 
Syn. 

CCTKIAXEN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Chékiang ,  département  de  Kiahing. 

^'  OAYU.  Nom  d'une  ville  de  la  province  de  Hu- 
quang ,  au  département  de  Vuch'ang. 

K  I  B. 

KIBAIC.  f.  m.  Terme  de  Philofophie  hermétique.  Ce 
mot  dans  le  langage  myftérieux  de  cet  art,  veut  dire 
le  foufre  dans  la  terre. 

KIBLAH.  f.  m.  Lieu  vers  lequel  les  Mahométans  fe 
tournent  lorfqu'ils  font  leurs  prières.  C'eft  le  Temple 
de  la  Meque,  ou  plutôt  cette  tour  carrée  qui  eft  au 
milieu  de  l'enceinte  du  parvis.  UCTDans  toutes  les 
Mofquées  il  y  a  une  ouverture  du  côté  de  la  Meque  , 
afin  que  l'on  fâche  de  quel  côté  il  faut  le  tourner, 
pour  faire  une  prière  agréable  à  Dieu  &  à  fon  Pro- 
phète. 

KiBOURG.  Nom  d'une  petite  ville,  autrefois  capitale 
d'un  Comté  qui  portoit  fon  nom.  Kiburgum.  Elle  eft 
dans  le  Canton  de  Zurich ,  en  Suilîe ,  fur  la  rivière  de 
Thoeff,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  Zurich  ,  veis  le 
levant,  avec  un  Château.  C'eft  un  des  plus  be.aux 
Bailliages  du  Canton.    Maty. 

Quelques-uns  font  defcendre  les  anciens  Comtes 
de  Kibourgit  Ruthard,  filsd'Eberard,  Comte  d'Al- 
facc,qui  vivoit  vers  le  commencement  du  huitième 
fiècle  :  mais  le  premier  dont  on  fâche  quelque  chofe 
eft  Adclbert  ,  furnomraé  l'ancien  j  qui  vivoit  vers 
l'an  890.  Voyci  Scampfius  ,  Helvet.  L.  V.  c.  ^(?. 
Hottinger,  Specul.  Reipub.  Tigurins..  Philip,  jac. 
Spéner,  Sylloge  Gen.  Hift.  infamil.  Aufir.  Harti- 
man,  Evcque  d'Augsbourg  &  dernier  Comte  de  ■K'i- 
bourg  &:  de  Dillingen^  mort  en  1286,  donna  à  fon 
Eglife  Kihourg ,  Dillingen,  le  Comté  de  W^itiflingen, 

X  X  ij 


54^  K  I  E 

un  gland  nombre  de  bouigs  &  de  villages.  Imhoft, 

Not.  Imp.  L.  III.  c.  10.  §.4. 
KIBTH,  &  KIBTHI.  Fovei  KEBTH. 
KIBTZAIM  ,   ou  CIBSAIM.    Nom  d'une  ■ville  de  la 

Tribu  d'Ephraïm ,  Kibciaùn ,  CLbfaim.  Jo(.  XXI.  22. 

K  I  C. 

gCTKiCE.  Ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Pé- 

king ,  au  dcparcement  de  Quampeing. 
KICHÉRI.  f.  m.  C'el^  une  forte  de  légume  dont  les  In- 
diens le  nourrillent  ordinairement.  DelaBoulaye. 

KICHTAN ,  ou  KINCHTANES.  f.  m.  Nom  du  dieu 
fouverain  chez  les  Sauvages  qui  habuoient  la  Nou- 
velle Angleterre  en  Amérique.  Kkhtan  ,  Kincktanes. 
Ces  peuples  croient  que  Kichum  a  créé  le  monde  ôc 
tout  ce  qu'il  contient  ;  qu'après  la  mort  les  hommes 
vont  frapper  à  la  porte  du  Palais  de  Kkhtan  ;  qu'il 
reçoit  les  gens  de  bien  dans  le  ciel  où  il  règne;  qu'il 
rejette  les  méchans,  en  leur  dilant  :  Retirez  vous,  il 
n'y  a  point  ici  de  place  pour  vous  ;  que  ces  miférables 
condamnés  à  un  éternel  exil ,  ont  à  fouftrir  des  mi- 
sères qui  n'auront  jamais  de  fin.  Voyei  Richard 
Waitbornius  dans  fa  Defcription  de  la  Nouvelle  An- 
gleterre, Pan.  I.  c.  4.  Se  Thom.  Pfanner,  S^JI. 
Thcol.  Gentil.  C.7.&  c.  2r. 

K  I  D. 

KIDER.  f.  m.  Oifeau  de  Laponie.  C'efi:  une  efpèce  de 
faifan  ,  ou  de  coq  fauvage.  Il  porte  deux  crêtes  aiu' 
côtés  fur  les  yeux. 

K  I  E. 

i^CTKIE.  Nom  de  deux  villes  de  la  Chine  ,  l'une  dans 
la  Province  de  Xanll ,  au  département  de  Pin- 
gyangi  l'autre  dans  la  Province  de  Chanll,  au  dé- 
partement de  Fuancheu. 

|Cr  KIÉCHI.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province  de 
Chanl'i,  département  de  Tayven. 

KIÉGAN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Kk<;anum. 
C'efl  la  neuvième  métropole  de  la  Province  de 
Kiangil.  Elle  cft  fur  It  bord  occidental  de  la  ri- 
vière de  Kan  ,  à  1  endroit  où  commencent  les  ro- 
chers qu'on  nomme  Xépatan.  Elle  a  neuf  villes 
dans  fa  jurifdiction. 

KIEL  ,  ou  KIÉLE.  Nom  d'une  ville  du  Cercle  de  la 
Balle  Saxe.  Kdonium.  Elle  ell  dans  le  Holftein 
propre,  à  cinq  lieues  de  Rensbourg,  vers  l'orient, 
&  à  une  ou  deux  de  Chriftianpris  ,  vers  le  midi. 
Kkl  a  un  bon  port  fore  fréquenté  ,  fur  un  petit 
golfe  de  la  mer  Baltique  ,  formé  par  la  rivière  de 
Swétin  ,  &;  une  Univerlité  tondée  par  le  Duc  de 
Holftein-Gottorp  l'an  1669.  Elle  eft  aulll  défendue 
par  une  bonne  citadelle.  Maty.  La  Bible  Hébraï- 
que d'Optius  eft  imprimée  à  Kkl. 

La  diftérence  de  cette  ville  à  Paris  en  longitude 
a  été  trouvée  par  une  écliple  du  foleil  de  3j  min. 
45  f.  en  temps.  CAssmi, -Hijl.  de  l'Ac.  des  Se. 
ijo  0  ,  p.  1 06 . 

^  KIELUNG.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province  de 
Quangfi ,  département  de  Taiping. 

KIEN.  Nom  de  fontaine  d'eaux  minérales  à  la  Chine. 
Voye\  l'Hiftoire  Latine  de  l'AmbalIàde  des  Hol- 
landois  ,  Part.  I ,  p.  82. 

ICC'eft  aulïï  le  nom  de  trois  villes  :  la  première  dans 
la  Province  de  Xcnll  ,  au  département  de  Sigan  ; 
la  féconde  dans  la  Province  de  Suchuen ,  au  dépar- 
tement de  Chingtu,  &:  la  troihème  dans  la  Pro- 
vince de  Suchuen ,  au  département  de  Paoning. 

KIENCHANG.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine  ,  qui 
eft  la  iixièrae  métropole  du  Kiangli.  Kknehangum. 
Elle  a  dans  fes  murailles  un  lac  nommé  Kinquei,  &: 
hors  de  fes  murailles  un  autre  plus  grand  nommé 
Kiar  ,  à  (on  occident  la  montagne  de  Maca.  Du 
refte ,  fon  terroir  eft  fertile  &  agréable.  Elle  a 
fous  elle  cinq  villes.   Ainbaff.  des  Holland.  Part.  I. 

f3"Il  y  a  encore  une  ville  de  ce  nom  dans  k  Pio- 


Kl  H 


vince  de  Kiangfi,  département  de  Nankang  ,  Se  une 
forterelle  dans  le  Suchuen.  Atlas  Syn. 
IfJ-  KIENCHUENNE.  Ville  Se  fortereifc  de  la  Chine 
dans  la  Province    d  lunnan  ,    département  de  Cio- 
king. 
'ifj-  KIENGHUEL  Ville  de  la  Province  de  Suchuen , 

au  département  de  Kiating. 
KIENHOA.  Nom  d'une  montagne  de  la  Chine.  Kkn~ 
hoa.  Elle  eft  près  de  la  ville  de  Tungling ,  ou  'i  un- 
kgliny  ,  dans  la  Province  de  Nanki)i  tV  dans  la 
jurifdirtion  de  cette  ville.  Le  mont  Kknkoa  eft  cé- 
lèbre à  la  Chine  par  un  écho  admirable  qu  il  y  a 
qui  renvoie  plulieurs  fois  les  (ons  ,  Se.  avec  autant 
de  force  qu'ils  ont  été  envoyés.  Les  Amballadeurs 
des  HoUandoisà  la  Chine  en  firent  l'épreuve.  Voy. 
l'Hiftoire  de  leur  Ambalfadc  en  Latin  ,  Part.  I , 
p.  8S  ,  S 9. 
gcr  KIENLI.  Ville   de  la  Province  de  Huquang ,  au 

département  de  Kincheou. 
KIENNING.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine ,  quatrième 
métropole  de  la  Province  de  Fokien.  Kienkengum. 
Elle  eft  fur  le  bord  oriental ,  près  de  la  montagne 
Xin  ,  la  plus  haute  de  la  Chine.  Elle  gouverne  tept 
autres  villes.  AmbaQ.  des  Holland.  Part.  I. 
CCr  KIENPING.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province 

de  Kiangnan  ,  au  département  de  Quangre. 
KIEN  -  TCHEOU.  f  m.  Étoffe  de  foie  fort  eftimée 
dans  la  Chine.  Les  vers  dont  on  la  tire  tont  (auv.rges. 
Se  on  les  va  chercher  dans  les  bois  ,  particulière- 
ment dans  ceux  de  la  Province  de  Kanton.  Cette 
foie  eft  de  couleur  grile  ,  fans  aucun  luftre. 
IP  KIENTE.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province  de 

Kiagnan  ,  au  département  de  Chiceu. 
$:?  KIENXI.   Ville  de  la  Chine  dans  la  Province  de 

Suchuen  ,  au  département  de  Queicheu. 
|C?  KIEU.  Ville  de  la  Province  de  Xantung  ,  au  dé- 
partement de  Tunchang. 
KIEUKIANG.  Nom  de  la  cinquième  métro- 
pole du  Kiangh  ,  Province  de  la  Chine.  Kku- 
kiangum.  Elle  eft  arrolée  au  midi  par  le  Kiang,à 
l'endroit  où  il  entre  dans  le  lac  Poyang.  Elle  eft 
auiîl  entourée  d'eau  du  côté  du  nord  Se  de  l'eft  ; 
&:  quoiqu'elle  loit  à  plus  de  cent  lieues  de  la  mer , 
on  voit  une  quantité  prodigieufe  de  navires  y  aborder 
à  tout  moment.  Elle  eft  métropole  de  cinq  villes. 
Ambajfades  des  Hollandais  ,  Part.  I. 
KIÉXUI.  Kkxujum.  C'eil  la  quatrième  des  neuf  villes 
qui  font  de  la  dépendance  de  celle  de  Kiégan  j  dans 
la  Province  de  Kiangiî  à  li  Chine.  Elle  eft  de 
forme  triangulaire ,  Se  peut  .avoir  ime  lieue  &  demie 
de  tour.  Les  montagnes  &  les  vallées  qui  diverlifient 
fon  territoire  le  rendent  fort  agréable.  Elle  a  quatre 
portes  de  fer.  Elle  eft  fur  le  rivage  droit  du  Meuve 
Kan  ,  fur  lequel  elle  s'étend  l'efpace  de  fept  cens 
pas.  Amb.  des  Holland.  P.  I. 
IP"  KIEYANG.  Ville  de  la  Province  de  Quantung ,  au 
département  de  Chaucheu. 

K  I  F. 

KIFTH.  Foyei  KÉBTH. 

K  I  H. 

KIHAI A.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Officier  Turc.  Lieu- 
tenant des  Stipendiaires  ,  qu'ils  appellent  Olofegi. 
VigenÈre.  Secundus  Stipendiariorum  Prxfeclus  apud 
Turcas.  §C?Cemot  fignifie  en  général  Lieutenant, 
Officier  en  fécond.  On  écrit  ordinairement  Ki.iia 
ou  Kiaya  de  l'Aga  ,  des  Boftangis  du  Grand  Vifir.  La 
place  de  Kiaïa  ou  Lieutenant  -  Général  du  Grand 
Vilir  eft  très-importante.  Toutes  les  ordonnances  de 
l'Empereur  ont  fon  attache  ,  (ans  quoi  les  Bâchas 
ne  fe  croient  pas  obliaés  d'v  avoir  égard. 

KIHISSAR.  C'eft  LAODICÈE.  Foy.  ce    mot 

K  I  K. 

KIKI.  f  m.  Nom  d'une  Plante.  C'eft  ce  qu'on  appelle 
Palma  Chrijii  dans  les  boutiques. 


K  I  L 

^KIKIANG.  Ville  de  la  Province  de  Siiclnicn  , 
au  département  de  Chuiigking ,  cinquième  mctio- 
polc  de  la  l'rovince. 

K  I  L. 

KILAN  ,  ou  GILAN.  nom  d'une  Province  du  Royau- 
me de  Perfe.  Kilania  ,  Gelania.  Elle  ell  baignée 
au  nord  par  la  mer  Cafpienne  ,  qu'on  nomme  quel- 
quefois la  mer  de  Kilan.  Elle  a  au  couchant 
l'Adirbeitzan  ,  au  midi  l'Ycrack  Agémi ,  &:  au 
levant  le  Mazanderan  &  l'Allérabat ,  ou  le  Tabarci 
tan.  Quelques  uns  y  renferment  la  première  de  ces 
Provinces  ,  !k  d'autres  toutes  les  deux.  L'air  y  eli: 
fort  tempéré  ^  &  le  terroir  un  des  plus  fertiles 
de  Peri'cj  en  vin  j  foie  ,  huile,  riz  ,  tabac,  oran- 
ges ,  &c.  Elle  a  aulll  un  grand  nombre  de  belles 
villes ,  dont  Rcfcht  eft  la  capitale.  Maty. 

Le  Kilan  ell  aux  environs  de  l'embouchure  de 
l'Araxe.  Kilanum  ,  Kilanum  lïtus.  »  Encore  que  nous 
»  employalîjons  quarante  jours  en  notre  voyage ,  «i'c 
3J  une  partie  du  Carême  ,  nous  ne  laiilions  pas  de 
3J  manger  tous  les  jours  du  faumon  frais ,  que  l'on 
»  y  apportoit  couvert  d'un  peu  de  Ici  ,  de  la  côte 
»  de  Kilan,  lur  la  mer  Caipie ,  oii  l'on  pcche  les 
»  meilleurs  j  à  l'embouchure  de  la  rivière  d'^ra.vci  ». 
WicQUEFORT.    Amb.  de  Figuéroa  ,  p.  2()0. 

KILBÉGAN.  Nom  d'un  bourg  d'Irlande.  Kilbegana. 
Il  cft  dans  le  Comté  de  Well  Méath  en  Lagénie , 
environ  à  cinq  lieues  de  MoUgar  ,  vers  le  midi  occi- 
dental. Kilbégan  a.  féance  &:.  voix  dans  le  Parlement 
d'Irlande,  Maty. 

KILBEGS,  oii  KALEBACH.  Nom  d'un  bourg  d'Ir- 
lande ,  (itué  dans  le  Comté  de  DAneghal  j  en  Ul- 
tonie  ,  fur  une  petite  baie ,  oii  il  y  a  un  alfez  bon 
poiT ,  &  à  cinq  lieues  du  bourg  de  Doneghal.  Kil- 
bergs  a  léance  &  voix  dans  le  Parlement  d'Irlande. 
Calebachlis.   Maty.  M.  de  l'ille  l'appelle  Kilheg. 

KILDARE.  Ville  d'Irlande,  capitale  du  Comté 
de  Kildare  ,  en  Lagénie.  Kildaria.  Elle  n'eil  pas 
conhdérable  ,  quoiqu'elle  ait  un  Évêché  ;  il  eft  Sut-- 
fragant  de  Dublin  ,  dont  elle  eft  éloignée  d'envi- 
ron douze  lieues. 

Le  Comté  de  Kildare  ,  en  Latin  Kildarienfîs  Co- 
mitacus  ,  eft  une  contrée  de  la  Lagénie  en  Irlande. 
Elle  eft  au  couchant  des  Comtés  de  Dublin  &  de 
Wicklo.  Sa  longueur  eft  de  quatorze  ou  quinze 
lieues  ,  &  fa  plus  grande  largeur  de  fept.  Le  terroir 
y  eft  généralcmejit  fertile  ,  &  les  lieux  principaux 
font  Kildare,  Carbre ,  NaaSj  &  Arthy.  Maty. 

KILDERKIN.  f  m.  Terme  de  Commerce,  Meiutc 
des  liquides  dont  on  le  fert  en  Angleterre.  Deux 
kilderhins  font  le  baril  j  &:  deux  barils  le  muid  , 
ou  hogshéad. 

KILDUYN.  Nom  d'une  Ile  de  la  mer  feptentrionale. 
Kilduina.    L'Ile  de    Kilduyn  eft   environ    à    69  d. 

-  40  m.  de  latitude.  Elle  n'eft  pas  fort  éloignée  de 
celle  de  Wardhuys.  Elle  eft  petite,  &  couverte  de 
moulle  ;  c'eft  toute  la  verdure  que  l'on  y  vcit. 
Kilduyn  n'eft  habitée  que  pendant  l'été  ,  c'eit-à- 
dire  ,  aux  mois  de  Juin  ,  Juillet  &  Août  ,  qu'il  y 
vient  quelques  Lapons  ôc  Finlandois  ,  qui  pendant 
l'hiver  fe  retirent  ailleurs  dans  les  forêts  ,  où  ils  ont 
du  bois  pour  fe  chaufter.  Il  y  vient  aufîl  quelques 
Ruilîens  qui  s'en  retournent  du  côté  de  la  mer 
Blanche ,  par  où  ils  ont  accoutumé  de  venir.  Re- 
cueil de  Foyages  au  Nord  ,  T.  IF". 

KILER.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Troifième  Cham 
bre  du  Scirail  du  Grand-Seigneur  ,  qui  eft  la  lom- 
mellerie  &  la  fruiterie.  Frucluum  ,  &  bellariorum 
pcnu  apud  Turcas.  La  troilième  Chambre  ,  nommée 
Kiler ,  comprend  bien  deux  cens  pages,  qui  outre 
leurs  exercices  font  commandés  Par  le  Kilcrds/i 
Bachi ,  pour  le  fervice  de  la  fommclerie  Se  de  la 
fruiterie.  Du  Loir  ,  Foyage  de  l.ev. p.  pr.  Quand 
le  Grand  Seigneur  fort  du  Serrail  ,  le  Silikftar  &: 
le  Tohoagar l'accompagnent  par-tout,  avec  un  Page 
du  Kilcr  qui  lui  porte  toujours  à  boire.  Id.  D'au 
très  écrivent  Khiler ,  ou  Chilcr,  parce  qu'en  Turc 


K  1  L 


349 


c'eft  un  Khef  1X13.  Foye:ç^   Khiler-Bassi. 

KILERDGI  BACm.  f  m.  Nom  d'un  Ofticicr  de  la 
Porte  Ottomane.  Chef  d'échinfonnerie  ,  de  fom- 
mclerie &  fruiterie ,  &  Garde  des  contrcpoifons  <?< 
de  la  vaillélle.  Summus  Imperacoris  Turuu  Pro- 
mus eondus.  Le  troilième  Agha  (  duScrniil)  s'ap- 
pelle Kilerdgi  Bachi ,  qui  garde  fous  fon  fceau  les 
confitures,  les  drogues ,  les  contrcpoiions,  les  théria- 
ques ,  la  corne  de  licorne,  le  bezoart ,  la  terre  fîgil- 
lée  ,  toutes  lortes  de  lyrops  ,  la  porcelaine  i^:  la  vaif- 
(elle  d'or  &:  d'argent  enrichies  de  pierreries.  Du 
Loir  j  Foyage  de  Levant,  Lett.  III.  p.  yo.  Foy. 
Kiler.  D'autres  difcnt  Se  écrivent  ChilerbaJJi.  Foy. 
ce  motj   où   vous  trouverez  aulîi  létymolotie. 

ffT  KILEROGLANDARI.  f.  m.  C'eft  le  nom  que 
portent  les  Pages  de  la  troilième  Chambre  du  Ser- 
rail ,  cjui  ont  loin  de  la  lommcleric  ,  de  la  fruiterie  , 
&  de  ce  qui  en  dépend.  Ils  font  commandés  par  le 
Ivilcrdgi  Bachi. 

KILFENÉROG  ,  ou  KILFÉNOR.  Nom  d'une  petite 
ville  d'Irlande.  Kiljenora ,  Killofeneragus ,  Fenna- 
hora.  Elle  eft  dans  le  Comté  de  Claie  ,  en  Momo- 
nie  ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  Clare  j  &  à  deux 
de  l'Océan  occidental.  Kilfenor  a  une  Évêché ,  luf- 
fragant  de  Cashel.  Maty.  M.  de  l'ille  n'a  point 
marqué  cette  ville  dans  la  carte. 

KILIA-VECHIA  ,  ou  KILIASTARY.  Nom  d'une 
ancienne  ville  de  la  Balle  Mellie.  Kilia  vctus ,  ou 
Achillea.  Elle  eft  dans  la  Bellarabie  ,  fur  l'île  de 
Kilia  J  formée  par  la  branche  feptentrionale  du  Da- 
nube. Maty. 

KILIA  NOVA.  Nom  d'une  ville  de  la  Turquie,  en 
Europe.  Kilia  nova  ,  ou  Achillea  nova.  Elle  eft  dans 
la  Beftarabie ,  fur  la  branche  la  plus  feptentrionale 
du  Danube  ,  du  côté  de  la  terre  ferme  ,  à  huit  lieues 
de  la  mer  Noire.    Maty. 

KILIEN.  f.  m.  Nom  d'hornme.  Kilianus  ,  Chilianus 
dans  le  mattyrologe  Romain.  S.  Kdien  _,  ou  h yl- 
len  ,  que  les  Alkmans  appellent  S.  Kuln ,  étoii  né 
en  Irlande  ,  &  y  .xvoit  été  élevé  dans  la  piété  &  les 
lettres  par  les  foins  de  l'es  parens.  Baillet  ,  hui- 
tième Juillet.  Saint  Kilien  fut  Évêque  Apoftolique 
&  Millionnaire  en  Franconie  ,  où  il  fut  martyrilc 
l'an  6S9.  Foy.  le  P.  Jourdan  ,  Hijl.  de  France, 
L.  XXFII  ,  p.  s6i.  Le  P.  Mabillon  ,  S&c  IL 
p.  ppi  ,  &  M.  deTillemont.  Godeau  écrit  Kilian  , 
comme  on  faifoit  autrefois.  Saint  Kilien  fut  facrc 
à  Rome   par  le  Pape  Conon  ,   l'an   687. 

KILISTINOU.  f.  m.  &  f.  Les  KHiJlinous  ,  ou  KiFifti- 
noux  ,  font  des  peuples  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale. ^;/ii'Zi«i,  >\iliJHnones.  Us  font  dans  la  nouvelle 
France  ,  entre  le  lac  fupérieur,  &  la  baie-d'Hudlon. 
Sanfon  les  appelle /Ciri/?i/;oi/i'  dans  les  cartes.  Leur 
pays  eft  baigné  par  une  rivière  qui  porte  leur  nom, 
&  qui  fe  décharge  dans  la  baie  d'Hudfon.  Maty. 

KILKENNY.  Ville  d'Irlande  ,  capitale  du  Comté  de 
Kilkenni  ,  en  Lagénie  ,  &  fituée  fur  la  Nure,  à 
onze  lieues  de  Waterford ,  du  côté  du  nord.  Kcl- 
chennia  ,  fanum  ,  ou  Cella  S.  Canici.  Kilkenny 
n'étoit  autrefois  qu'une  chapelle  _,  dédiée  à  S.  Ca- 
nice;  maintenant  elle  eft  une  des  meilleures  villes 
d'Irlande.  Elle  eft  divifée  en  deux  ;  la  vieille  eft 
peuplée  d'Irlandois  ,  &  le  fiége  de  l'Evêque  d'Ci- 
fery,  fuftr.agant  de  Dublin-,  &  la  nouvelle  eft  une 
colonie  d'Anglois. 

Ce  nom  s'eïl:  formé  de  /fi/ ,  de  Cdla ,  &  de  Canici  , 
dont  par  corruption  s'ell  tait  Kenny. 

Le  Comté  de  Kilkenny  ,  en  Latin  Kilckennienjîs 
Comitatus  ,  eft  une  contrée  de  la  Lagénie  en  Ir- 
lande. Elle  a  au  nord  le  Comté  de  Quéens  ,  ou 
de  la  Reine  ,  Se  au  levant ,  ceux  de  Caterlagh ,  ou 
Karlow  ,  &  de  Wexford  ;  la  Momonie  la  confine 
aux  autres  endroits.  Sa  longueur  eft  de  treize  lieues , 
Se  fa  largeur  moyenne  de  icpt.  Son  terroir  ,^  arrofé 
par  leBarrou  &  par  la  Nure  ,  eft  fertile  en  blés  &  en 
pâturages.  Kilkenny  en  eft  la  capitale.  On  y  diftingue 
encore  les  bourgs  de  Thomaftow,  d'Inishtage  ,  de 
Kels  ,  de  Cablan ,  de  Gowian ,  Se  de  Knocktho 
pher  J  qui  ont  féance  Se  voix  au    Parlement  d'Ir- 


250  K  I  M 

lande  ,  &  dent  M.   de  Lille  n'a  marqué  que  Kels  I 

de  Callen.  ,  , 

KILKERAN.  Nom  dun  bourg  du  Comte  d  Argyie  , 
en  EcoUe.  Kikheranum.  C'ell  le  lieu  principal  de  la 
prelquile  de  Camyr.  Il  eR  fuué  lur  le  cap  de 
Cantyr,  vis-à  vis  de  1  Irlande.  Maty.  M.  de  Lille 
Ta  oublié  ,  à  moins  que  pour  Kdkeran ,  il  naît 
mis  Kilran  ,  comme  il  y  a  de  l'apparence  ;  mais  il 
le  place  allez  loin  du  cap  de  Cantyr ,  lur  la  cote 
orientale  de  la  prelquile.  --artt 

KILLALO  ,  ou  KILALO  ,  KILLALOW  ou  C ABU 
Nom  d'une  ville  de  la  Momonie  en  Irlande.  X^/- 
laloa,  Laona.  Elle  eft  dans  le  Comte  de  Clare, 
fur  le  Shanon,  qui  fortant  un  peu  au-dellus  de 
cette  ville  du  lac  de  Derg  ,  le  précipite  dun 
rocher  avec  un  bruit  effroyable.  _  Kz/a/<^ell  le  liege 
de  trois  Évcchés  réunis  ,  Se  tuftragans  de  Cashe  . 
Maty.  M.  de  Lille  écrit  Killalow ,  &  Spced  KU- 

ielaw.  .  Il     j    1     /" 

KiLLALO  ,  ell  encore  le  nom  d'une  ville  de  la  Con- 
iiacie  ,  en  Irlande.  Killa/a  ,  Allada.  Elle  cil  dans 
le  Comté  de  Mayo  ,  fur  la  rivière  de  ce  nom  ,  près  de 
fon  embouchure  dans  la  mer.  Elle  a  un  Evèche,  au- 
quel on  a  uni  celui  d'Achonry  ^  tous  deux  luttragans 
de  Toam.  Maty.  Cette  ville  manque  dans  la  carte 
de  M.  de  Lille  ,  aulli-bien  que  le  Mayo.' 
IJO^KILLIN.  Ville  de  Bellarabie  ,  allez  conliderable , 

à  28  lieues  de  Bender. 
KILMACALO  ,  KILM ACH  -  DU  -  ACH.  Nom  d'une 
petite  ville  de  la  Connacie ,  en  Irlande.  Kilmaca- 
lum  ,  Duacum.  Elle  ell  dans  le  Comré  de  Galway , 
entre  la  ville  de  ce  nom ,  &  celle  de  Clare.  MaTY. 
Kilmacalo  a  un  Évéché  uni  à  celui  de  Clunefort.  Id. 
M.  de  Lille  l'appelle  Kilmacough.  Je  ne  (ais  pour- 

KILMALOCK.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Momo- 
nie ,  en  Irlande.  Ullocia  ,  Kiimalocum.^  Elle  cil 
dans  le  Comté  de  Limmerick,  à  fix  ou  fept  lieues 
de  la  ville  de  ce  nom  ,  du  côté  du  midi.  Maty. 

KILMARE.  Nom  d'une  rivière  d'Irlande.  Kïlmarus , 
Jernus.  Elle  coule  dans  le  Comté  de  Kerry  ,  en  Mo- 
monie ,  &  forme  en  fon  embouchure  une  grande 
baie,  qui  ell  entre  celle  de  Dingle  &  Bantry.  San- 
fon  dans  fts  cartes,  appelle  cette  rivière-  Mayre. 
Maty. 

KILMORE.  Nomd'une  petite  ville  d'Irlande.  Kïlmora, 
Chïlmora.  Elle  cil  dans  le^ Comté  de  Cavan ,  vers 
le  coiichai-it.  Kilmore  a  un  Évcché ,  créé  par  le  Pape 
Nicolas  V,  l'an  1454.  fous  le  titre  d'Évcché  de 
Bréane.  Il  ellfullTagant  d'Armacgh.  Ma»ty.  Kilmore 
manque  dans  la  carte  de  M.  de   Lille. 

K  LMORE ,  ell  aufli  le  nom  d'une  petite  ville  d'Ecolie. 
Kilmora.  Elle  ell  dans  la  Knapole  ,  contrée  du 
Comté  d'Argylc  ,  furie  golfe  de  Tynn  ,  &  à  quatre 
lieues  de  l'iïlhme  de  Cantyr.  Maty.  Elle  n'ell  pas 
non  plus  dans  la  carte  de  M.   de  Lille. 

K  I  M, 

KIMDI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  L'heure  de  Vê- 
pres chez  les  Turcs.  Fefper  ou  Fe/pera  Turcarum. 
L'Oraifon  fe  fait  ordinairement  chez  les  Turcs  cinq 
fois  le  jour  à  la  Mofquée ,  à  l'heure  du  Sabah ,  qui 
cil  du  point  du  jour,  du  Euylé  du  midi ,  du  K  midi 
de  vêpres,  de  Akcham  &:  de  Yatili  j  du  foir  <S:_du 
coucher.  Du  Loir  ,  /'.  13^-  Toutes  leurs  Orailons 
conlîllent  en  plufieurs  rekiers  -,  ils  en  font  fix;le  ma- 
tin ,  huit  à  midi,  fix  au  kmtii  ,  huit  au  foir,  & 
huit  à  la  nuit.lD.  p.    t^^. 

lîCTKIMFER.  roycï  QuiMPER. 

KI^LSAI.  Voyei  "Kinsai. 

KIMSKI.  Ville  de  la  Tartarie  Mofcovite  ,  dans  le 
Tunguoka. 

KIMSU.  Foyci  Kinsai. 

KiM-TE-tCHIM.  Grand  bourg  de  la  Chine,  dans 
la  Province  de  Kiamjî.  C'eft  ce  heu  qui  fournit  lui 
fcul  prcfque  toute  la  belle  porcelaine  de  la  Chine. 
Il  ne  lui  manque  qu'une  enceinte  de  murailles  pour 
être  une  des  plus  grandes  villes  de  la  Chine. 


K  I  N 

IJCrKlMUEN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans 
la  Province  de  Kiangnang  ,  département  de  lioci- 
cheu. 

K  I  N. 

^KIN.    Ville   de   la  Chine  j  dans  la  Province  de 

Xenfi  ,  au  département  de  Liniao. 
KINA,  ou  CINA,  dans  la  Vulgate.  Nom  d'une  ville 
de  la  Tribu  de  Juda.  Kina  ,  Kinah  ,  China.  Elle  ell 
au  midi  de  cette  Tribu.  Jof.  XF,  22. 
KINCHEU  ,  ou  KINGCHEU.  Ville  de  la  Chine. 
Kinclieum.  Elle  ell  la  lixième  de  la  Province 
d'Huquang  ,  a  douze  autres  villes  dans  fon  territoire. 
Kincheu  ell  fitué  fur  la  rivière  de  Kiangue.  Maty. 
KINDAR-BACHI.  f  m.  Terme  de  Relation.  Nom 
d'un  Officier  du  Roi  en  Perfe.  C'ell  celui  qui  garde 
les  ielles  dont  le  Roi  fe  fcrt  quand  il  monte  à 
cheval. 
KING.  Nom  d'un  Royaume  particulier  enfermé  dans 
celui  de  la  Chine,  i-  ingum.  L'fùlloire  Latine  de 
l'Ambalfade  des  Hollandois  à  la  Chine  ,  dernière 
Partie  ,  c.  13  ,  p.  77  ,  7S  ,  dit  que  dansles  mon- 
tagnes de  Suchuen  il  y  a  un  Royaume  ,  qu'on  nom- 
me King  j  dont  les  habitans  font  libres  ,  &  que  les 
Chinois  n'ont  jamais  pu  foumettre  ,  non  plus  que 
ceux  de  plufieurs  autres  montagnes  dans  les  provin- 
ces de  Queichcu  ,  de  Changno  ,  de  Kiai;gli  ,  de 
Fokicn  &:  de  Canton. 

ijcr  KING.  Nom  commun  à  plufieurs  villes  de  la 
Chine.  Il  y  en  aune  dans  la  province  de  C^uantung  , 
au  département  de  Lieucheu  :  une  autre  dans  la  pro- 
vince de  Xenli ,  au  département  de  fingkang  :  une 
troifième  dans  le  Pékéli ,  au  dcparteUiCnt  ûe  ho- 
kieu  :  une  quajriéme  dans  la  province  de  Kiangnang , 
au  département  de  Ningque. 

KIEGAN.  i.  m.  Sorte  d'étoft'e  à  fond  bleu  ,  qui  fe 
fabrique  dans  le  Japon. 

KING  CHARLES  -  SOUTH  -  L AND  ,  c'eft  à  dire  ,  le 
pays  méridional  du  Roi  Charles.  Rcgio  Aujlralis 
Régis  Caroii.  C'ell  un  pays  de  l'Aménquc  méri- 
dionale. Il  eft  dans  la  Terre  de  Feu ,  vers  l'entrée 
orientale  du  détroit  de  Magellan.  Jean  Narbroug  , 
Anglois  ,  le  parcourut  l'an  1 670  ,  <bt  lui  donna  le 
nom  du  Roi  Charles  II.  Maty. 

Ip-  KINGCHEU.  Foyez^  Kincheu. 

KINGES-LYNNE.  Foye^  Lynne. 

KINGESTOWNE ,  ou  PHILIPSTOWNE.  Nom  d'une 
ville  de  la  Lagénie  ,  en  Irlande.  Regiopolis  ,  Philir 
popolis.  Elle  ell  capitale  du  Comté  de  Kings  ,  Se 
iituée  entre  Kildare  &  Athlone. 

IfT  KINGFU.  Ville  de  la  Province  de  Suchen  ,  au 
département  de  Sieucheu.  , 

KING-HORN.  Kinkornia.  Ville  d'Ecoiïe  ,  dans  la  Pro- 
vince de  Filé,  fur  le  Forth  ,  à  trois  lieues  d'Edim- 
bourg. 

Ip-  KINGLING.  Ville  de  la  Chine  ^  dans  la  Pro- 
vince de  Huquang  ,   au  département  de  Chingtien. 

§CrKlNGMUEN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine, 
dans  le  département  de  Chingtien  ,  quatorzième  mé- 
tropole de  la  province  de  Huquang. 

KINGS  ,  ou  plutôt  Kmgfcovjnty  ,  comme  a  dit  M. 
de  Lille,  le  Comté  de  Kings,  c'eft  à  dire  ,  du  Roi. 
Régis ,  ou  Regius  Comicatus.  Contrée  de  la  Lagé- 
nie ,  en  Irlande.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  le 
Comté  de  Kildare  ,  &  au  flridi  par  celui  de  Qucens; 
le  Schannon  la  fépare  de  la  Connacie  ,  vers  le  cou- 
chant.'Ce  pays  peut  avoir  quinze  lieues  de  lon- 
gueur ,  &  quatre  de  largeur.  Il  eft  fort  maréca- 
geux ,  &  mal  cultivé.  Kingeftown ,  fa  capitale  ,  & 
les  bourgs  de  Banaber  ,  Ballibrit  &  d'Eglish  ,  en 
font  les  lieux  principaux  ,&  Athlone,  à  lix  lieuesde 
la  première ,  &  à  neuf  de  la  dernière.  Cette  ville 
porte  le  nom  de  Philippe  II ,  Roi  d'Efp.igne ,  & 
mari  de  Marie  ,  Reine  d'Angleterre.  Maty. 

KINGSALE.  Kinfalia.  Ville  dirlande  ,  dans  la  ^Pro- 
vince de  Munller ,  à  quatre  lieues  de  Cork.  Foyi\ 

KiNSALE. 

KINGSTON.  Nom  d'un  bourg  du  Comte  dc_Surrey , 
en  Angleterre.  Regiopolis.    Il  eft  fur  la    lam.ife> 


K  I  N 


K  I  N 


environ  à  une  licuc  d'I  lainptoncourt.  Kingjlon  porte 
aulii  le  iiom  de  Kinfingtori ,  ou  de  KingeJl.ounc ,  qui 
(ignitie  J'aille  Royale.  Ce  nom  lui  a  ccc  donne, 
apparemment  parce  que  les  Rois  d'Angleterre  y 
ont  un  fort  beau  palais.  Maxy. 
Kingston.  Ville  d'Angleterre  ,  au  Comte  de  Surrey , 
fur  la  Tamifé ,  à  dix  milles  de  Londres.  C'cii:  où  le 
tiennent  les  Affiles. 
fPCTKINGTU.  Ville  de  la    Chine,  au    Pékéli ,  dans 

le  département  de  Palling. 
KINGTUNG.  Nom  de  la.  l'eptième  Métropole  de  la 
Province  d'Iunnan ,  à  la  Chine.  Kingtungum.  Elle 
cft  entre  des  montagnes  alireufes.  Elle  n'a  aucune 
ville  fous  la  JurilHiCtion.  A  l'occident  de  la  ville , 
il  y  a  un  pont  fait  de  chaînes  de  ter.  Ambaff.  des 
Holland.  Part.  I. 
^  KINGXAN.  Ville  de  la  Chine ,  dans  la  Province 

d'Huguang  ,  département  de  Khingtien. 
KINGYANG.    Nom  dune  ville  de  la  Chine  Kingia- 
num.    Elle  eft  la  leptième  de  la  province  de  Xenli, 
bien  fortifiée,  &  capitale  d'un  territoire  ,  où  quatre 
autres  villes  lout  renfermées.  Maty. 
.KiNGYANG.  Nom  d'une  ville   de  la  Chine.  Kingigan- 
gum.  Elle  eft  dans  la  Province  de  Xeniî,  ou  Chenfi, 
&  de   la  dépendance   de   Sigan  ,  première    mcnro- 
pole  de  cette   Province.  Am.  des  Holland.  P.  I. 
KINGYVEN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Kingyve- 
num.  Elle  elflatroifième  de  la  province  de  Quiangii , 
&  elle  a  un  territoire  qui  renferme  neuf  autres  villes. 
Maty.  Elle  a  an  nord  la  montagne  Y,  le  long  de 
laquelle  coule  rapidement  le  Lung.  Toute  cette  pro- 
vince eft  pleine  d'horribles  montagnes.  Ambaff.  des 
Holland.  P.  I. 
|Cr  II  y  a  une  autre  ville  de  même  nom  dans  la  province 
de  Khekiing  ,  au  département  de  Khueheu.  Ax.  Syn. 
^KINGYUN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans 

le  Pékéli  ,  département  de  Hokien. 
KINHOA  ,  ou  CHINHOA.  Nom  d'une   ville  de  la 
Chine  ,  dans  la   province    de   Chékiang.   Kinkoa. 
Dans  la  conquête  des  Tartares  kinkoa  foutlrit  beau- 
coup. Ma-Tie-To  qui  la  prit  y  fit  couper  le  cou  à 
40000  hommes.  Cette  ville  ne  laifloit  pas  de  payer 
du  temps   de   Navarette   cinquante    mille  ducats  à 
l'Empereur,   f^oye^  cet  Auteur  ,   Traité  FI ,  c.  i  j  , 
&  14..  Kïnhoa  eft  la  cinquième  ville  de  fa  Provin- 
ce ,  &  a  huit  autres  villes  ,  dont  elle  eft  métropole. 
Son  nom  lignifie  fleur  de  Vénus  ,  Se  lui  a  été  donné 
à  caufe  d'une  difpute  fabuleule  de  Vénus  pour  une 
fleur.  Ibid. 
liCFKINKI.  f.  m.  ou  poule  d'or.  Nom  que  les  Chi- 
nois donnent  à   un  oifeau  ,  qui  ne  fc  trouve  qu'à 
la  Chine  ,  dont  le  plumage  eft  fi   éclatant ,  qu'un 
foleil  ,  il  paroit  tout  d'or  ,  avec  les    nuances  les 
plus  vives.   On  dit  de  plus  qu  il  eft  d'un  goût  déli- 
cieux. 
KINKINA.  Voye'^  Quinquina. 
KINNERTH.  Foye^  CÉNÉRETH. 
KINNESRIN.  Nom  d'une  ville  de  Syrie  que  les  Géo- 
graphes  Arabes  placent  entre  Alep  &  Edelîè ,  ik 
qu'ils  difent  être  l'ancienne  Soba.  Kinnejhn.   Voy. 
M.  Réland  ,  PaUfl.  L.  I ,  c.  3.4..  Il  écrit  aullî  Ken- 
nafrïn.    Voy.  Kénasserin. 
KINONGAMI  ,    &    KINONGAMICHIS.    Ce  font 
deux  lacs  de  la    nouvelle    France  ,  en    l'Amérique 
feptentrionale.  Kïnongamïchius  Lacus.  Ils  lont  tous 
deux    formés  par  la    rivière  de  Sagueney  ;  le  pre- 
mier à  trente  lieues  de   TadoulTàc  ,  &c  le  dernier 
au  delFous  de  l'autre  ,    &  au-deflus  de  celui  de  S. 
Jean.  Maty. 
KINQUEI.  Nom  d'un  Lac.  Voy.   Kienchang. 
KINROS.    Le   Defert  de   Kinros.    Defertum   Kinros. 
C'eft  un  defert  que   M.   de  Witfen   place  dans  le 
pays  des  Kalmuchs  ,  ou  Kalmakes  ,  en    la  grande 
Tartarie.  Il  eft  au  nord  du  defert  de   Lop  ,  &    au 
midi  des  fources  de   l'Irtis.  Maty. 
KÎNSAI ,  KIMSAI  ,    ou  plutût  KIMSU.  Nom  d'une 
ville  de  la  Chine  ,  appelée  autrement  Ham-Cheu. 
Kïnfdïum.    Philippe  Clavier  ,  dans  fon  Z.  VI.  c.  6. 
doute  fi  la  Ville  de  Kinfai,  dont  parle  Marc  Polo  , 


z.  II.  c.  6  S.  etoit  la  Cour  du  Roi  Tartarc  ,  ou  celle 
du  Roi  de  la  Ciiine.  Il  remarque  aulfi  .avec  rail'on  les 
exagérations  dont  Marc  Polo  le  Ictt  en  écrivant  de  la 
nicme  ville  de  Kinfai.  Au  lieu  de  Kinjai  il  devoit 
écrire  Kunfu  ,  c'cft- à-duc  ,  Cour  Maîtrejje  ;  car  A  ini 
iigniHt  Cour,  &c  fu  ,  m;iitrc-,  parce  que  l.i  Cour  eft 
comme   le  modèle  du   rclte  du  Royaume.    Kinfai 
donc  ,  ou  Kimfu,  étoit  la  Cour  des  Rois  de  la  fa- 
mille Sum  que  les  l'artares  Occidentaux  dépouillè- 
rent de  l'Empire  au  teins  de  Marc  Polo.  Cet  Auteur 
rapporte  qu  il  y  avoit  à  Kinfai  douze  mille  ponts. 
Mais  outre  que  nous  avons  vu  le  contraire  de  nos 
yeux  ,    les  Chinois  qui  rapportent  dans  Icuis  livres 
tant    de  particularités  de  peu  d'importance  ,  n'au- 
roient  pas  manqué  de  faire  mention  d'une  chofe  fi 
confiderable.  Ce  que  dit  auili  Marc  Polo  de  la  gran- 
deur de  plulieurs  de  ces  ponts  ,  fous  lefqucls  de  grands 
vaideaux  pouvoient  palier  leurs  mâts  élevés  ,   n'eft 
aucunement   vraifemblable  ,    parce  qu'il   n'eft  pas 
croyable  qu'ils  loient  tous  ruinés  (ans  qu'il  en  Ibic 
relié  aucun  veftige.  Un  Auteur  Chinois  fort  célèbre, 
qui  a  fait  un  Traité  des  grandeurs  de  cet  Empire  ,  ne 
donne  à  la  ville  de  Ham  Cheu ,    qui  eft  la  même 
que  Kinfai ,    que  cinq  ponts  conlidéiables  ,    &  il 
n'auroit  pas  manqué  de  parler  de  cette  hauteur  ex- 
traordinaire ,  Il  elle  avoir  eu  quelque  fondement.  Le 
refte  de  ce  que  Marc  l'olo  raconte  de  cette  ville  eft 
véritable  ,  quoiqu'il  1  amplifie  tk  l'exagère  à  fon  Or- 
dinaire. Relation  du  P.  Magaillans  ,  Jéf.  Voyez  l  At- 
las du  P.  Martini ,  folio  J  op. 
KINSALE.   Ville  forte  de  la  Momonie  ,  ou  province 
de  Munfter  en  Irlande.    A  infalia.    Elle  eft  dans  le 
Comté  de  Corke  ,   à   cinq  lieues  de  la  ville  de  ce 
nom  ,  du  côté  du  midi.  Kmfale  a  un  fort  beau  porc 
dans  la  baie  de   Kinfale  formée  par    la  rivière  de 
Banq.  Les  Efpagnols  ayant  tait  foulever  les  Irlandois , 
tous  le  règne  d'Elilabeth,  le  fortifièrent  dans  Kinfale  ; 
d'où  ils  te  retirèrent  enluite  avec  leurs  etfets.  long. 
9.  d.  10'.  lat  ji.  d.  36'. 
KINSU.  f.  m.  Nom  d  une  plante  qui  croît  à  la  Chine, 
près  de  la  ville  Kingyang  ,  dans  la  Province  de  Xan- 
il.    Elle  produit  une  elpèce  de  filalle  jaune,  fem- 
blable  à  des  cheveux  blonds ,  dont  on  fabrique  des 
toiles  très  eftimées  dans  le  pays.  Elle  eft  amèrc  au 
goût ,  &  guérit  la  gale. 
KINTZEN.  C'étoit  anciennement  une  petite  ville  de  la 
\\nAcïiciç.Kintia,Quintana-Cûftra,  Quintana,  Quin- 
tian£.  Maintenant  c'cft  un  village  de  la  Bavière  ,  litué 
fur  le  Danube  ,  entre  les  bourgs  de  Wiltshouen  & 
d'Orethoven  ,  &  à  llx  lieues  de  Paftaw ,  vers  le  cou- 
chant. Maty, 
KINTZIG.    Nom  d'une  rivière  de  la  Souabe.  Kintia. 
Elle  traverfe  la  Principauté  de  Furftemberg  &  l'Or- 
tanaw  ,  où  elle  baigne  Gengenbach  tk  Oftembourg, 
&  te  va  décharger  dans  le  Rhin  par  deux  embou- 
chures vis  à  vis  la  ville  de  Strasbourg.  Maty. 
KINTZING.  Nom  d  une  ville  d'Allemagne.  Kint\inga. 
C'eft  une  petite  ville  aftez  jolie ,  fituée  fur  le  bord 
du  Mein  ,  qu'on  y  paile  fur  un  fort  long  pont  de 
pierre  qui  topare  la  ville  d'un  fiuxbourg.    Elle  eft 
dans  la  Franconie.  Monconys  j    P.  //.  p.  2  6 ç. 
KINYRADE.  f.  m.  Prêtre  d'une  faulle  Déelfe  honorée 
dans  l'île  de  Chypre.  Kiny rades.  Kinyre,  ou  Cinyre, 
Roi  j  avoit  une  maîtrellè  qu'il  fit  honorer  comme 
une  déeftè  fous  le  nom  de  "Vénus.  Il  voulut  que  les 
Prêrres  de  cette  infâme  divinité  fuftent  tous  pris  dans 
ta  famille  ;  c'eft  pour  cela  qu'on  les  appelle  Kiny- 
rades.  Voyez  Voftius',  de  Idololat.  L.  I.  c.  XFII.  &C 
c.  XXI.  fur  la  fin.  On  peut  aulli  écrire  &  prononcer 
Cinyrade ,  comme  Cinyre. 
^  KYN  YU.  Les  Chinois  donnent  ce  nom  à  un  poif- 
fon  qui  fe  trouve  dans  quelques  unes  de  leurs  rivières. 
Le  mâle  a  la  tête  &  la  moitié  du  corps  rouge.    Le 
refte  cft  parfcmé  de  taches  brillantes  comme  de  l'or. 
La  femelle  eft  blanche  comme  l'argent  ;  ce  qui  fait 
un  effet  admirable  lorlque   le  toleil  donne  deffus  : 
c'eft  un  très  petit  poifibn.  Les  gens  riches  en  mettent 
dans  les  baftins  de  leurs  jardins. 
îçj-  KIvOCMEU.   Ville  de   la  Chine  dans  la  Province 


3T2 


K  I  O 


de    Pékin  ,    dc-parremenc   de   Qiiampeing. 
fO"  KIOHEU.    Ville  de  la  Province  de  Xcintung  ,   au 
•département  de  Yencheu. 

K  I  O. 

KIOCING.  Nom  d'une  fortciefle  de  la  Chine.  Kio 
<ingum.  Elle  ell  dans  la  Province  de  Junnan  ,  & 
commande  à  lix  autres  villes  ,  dont  la  première  porte 
aulli  le  nom  Kiocing.  Amb.  de  Rolland.  P.  I. 

KIOG3  ou  KOGE.  Nom  d'une  ville  de  Danemarck. 
Kigoa.  Koga.  Elle  eft  fur  la  côte  orientale  de  l'île 
de  Zéland  au  midi  de  Copenhague.  Kiog  Heurilîoit 
autrefois  par  le  commerce  ;  mais  la  ville  de  Copen- 
hague le  lui  a  prefque  entièrement  enlevé.  Maty. 

ifJ"  KIOO.  r.  m.  efpèce  d'abricotier  du  Japon  dont  le 
fruit  eft  gros.  On  le  nomme  vulgairement  Anfu  Se 
Katamomu. 

KIOSK,  KIOSKE,  KIOCHE  ^  ou  KIOSQUE.  On 
prononce  Kiock  en  une  fyllafje.  C'eil  un  terme  de 
Relation  j  &  li  l'on  veut  d'Architecture  étrangère.  Un 
Kiofque  eft  dans  le  Levant  un  pavillon  ,  un  petit  bâ- 
timent féparé  de  tout  autre  ,  où  l'on  le  retire  pour 
prendre  le  frais  ,  fe  divertir ,  jouir  de  quelque  belle 
vue.  Le  Grand  Seigneur  a  des  Klofques  magnifiques 
à  Conftantinople  .  l'or  y  brille  en  dedans  de  tous 
côtés.  De  la  Boulaye  écrit  Kiorck.  Kiorch  ,  eft  un 
terme  Turc  qui  répond  à  celui  de  Belvédère  en  Italien , 
&  (ignificen  Francjois  un  petit  cabinet  d'où  l'on  décou- 
vre au  loin  ,  bâri  feul  à  l'écart  ,  &  que  l'on  ferme 
avec  des  toiles.  Le  Roi  des  Ottomans  en  a  un  beau  à 
la  pointe  du  ferrail.  De  la  Boulayï. 

KIO  VIE  j  ou  KIOW.  Ville  de  la  Rullîe  Rouge,  dont 
elle  a  été  autrefois  la  capitale  Kiovia  ,  Chiovia.  Elle 
l'eft  aujourd'hui  de  la  balfe  Wolhinie  ,  qu'on  appelle 
autrement  le  Palatinat  de  Kiovie.  Elle  eft  fituée  lur 
le  Borirthène  ,  environ  à  foixante  lieues  de  Lufic  vers 
l'oiient.  Kiovie  a  été  fort  grande ,  comme  il  paroît 
par  les  ruines  de  les  anciennes  murailles  ;,cllc  eft  en- 
core conlidérable  ,  elle  a  une  bonne  citadelle,  &  eft 
le  fiége  d'un  Evèque  Latin ,  fuftragant  de  Lembourg  , 
&  celui  d'un  Archevêque  Grec  Schilmatique.  Les 
Polonois  ayant  été  obligés  pour  appaifer  les  Cotaques 
de  leur  mettre  kiovie  entre  les  mains  ^  ceux-ci  l'en- 
gagereiit  aux  Molcovites ,  auxquels  les  Polonois  l'ont 
enhiite  vendue  pour  la  fomme  de  fept  cens  mille  flo- 
rins. Maty 

KIOVIE.  Palathiat.  Foye^  Volhynie,  la  baife  Vol 
hynie. 

tW  KIOXAN.  Ville  de  la  Chine ,  dans  la  Province  de 
Honan ,  département  de  Juning. 

|p°KIOYAO.  Ville  de  la  Province  de  Xanfi,  au  dé- 
partement de  Pingyang. 

K  I  R. 

KIRA.  Nom  d'une  tour  fort  élevée  près  de  Salamine. 
Keras.  C'eft  l'ancien  Keras  ,  d'où  Xerxès  conlidcrant 
fon  armée  de  1800000  hommes,  le  mit  a  pleurer  en 
penlantque  dans  100  ans  il  ne  refteroit  pas  un  ieul 
homme  d'une  h  grande  multitude.  Elle  eft  partagée 
comme  en  deux  cimes  ,dont  l'une  s'appelle  Grand 
Kira,  dans  le  pays  Magalo-Kira i  &  l'autre  Petit- 
Kira  j  Micro-Kira.  Voyez  Spon  ,  Voyage  de  Grèce  , 
P.  II.  p.^  261. 

KIRANIDÈS.  f.  m.  Roi  de  Pcrfe,  qui,  dans  un  ou- 
vrage fur  les  pierres ,  leur  attribue  quantité  de  vertus 
fabuleufes  ,  ainfi  qu'Evax ,  Roi  Arabe ^  dont  l'ouvrage 
Grec  a  été  traduit  en  vers  latins  en  1585. 

KIRCHBERG.  Nom  d'un  château  d'Allemagne.  Kirch- 
berga.  Imhotf,  dans  fa  Notice  de  l'Empire,  L.  II. 
c.  p.  où  il  traite  de  l'Elefteur  Palatin ,  dit  §.  10.  que 
Kirchhere,  a  eu  autrefois  titre  de  Comté  &c  fcs 
Comtes  particuliers  qui  avoient  encore  l'Avoucrie 
du  Monaftère  de  Ravengersbourg  ;  mais  en  1408  ,  il 
fut  réuni  au  Palatinat  à  la  mort  de  Gérard  ,  Comte  de 
Kirchberg  par  défaut  d'héritiers. 

Ce  nom  eft  Alleman  j  compofé  de  K irck  ,E'^\i(c , 
éc  berg  ,  montagne ,  &c  marque  que  ce  ii'étoit  d'à- 


K  I  R 

bord  qu'une  Èglife  bâtie  -fur  une  hauteur. 

Il    y  a  un.  autre  Kirchberg   que  Charles  -  Quint 
donna  en  fiel  aux  Barons  de  l'ugger  en  IJ30. 

Il  y  a  encore  un  Kirchberg  litué  proche  d'Iéne 
fur  une  montagne  allez  haute  ,  dont  la  Sale  baigne 
le  pic.  Celui-ci  donne  ion  nom  au  Comté  ,  ou  Bur- 
graviat  de  Kirchberg.  Burgraviatus  Kirchbergcnjls  ^ 
ou  Templimontanus  ,  comme  dit  Wernerus  Hackius 
dans  fi  Chronique.  Rittershufius  tk  Bucelin  ont 
donné  la  Généalogie  des  Burgraves  de  Kirchberg^ 
mailon  conlidérable  en  Allemagne  dès  le  douzième 
fiécle.  Voye'[  aulîi  Imhoft  ,  Net.  Imp.  L.  IX,  c.  14. 
Le  Comté  de  Kirchberg ,  en  Latin  Kirchhergen- 
Jîs  Comitatus  ,  eft  un  petit  pays  du  Cercle  de  Souabe. 
Il  ell:  autour  du  Danube  ,  au-dellus  de  la  ville 
d'Ulm ,  Se  divilé  en  deux  portions  par  la  Baronnie 
de  Juftingen.  Ehingen  eft  le  principal  lieu  de  la 
partie  occidentale  ;  Erbach  &  Kirchberg  font  dans 
l'orientale.  Ce  Comté  appartient  à  la  mailon  d'Au- 
triche. Maty. 

KIREK.  f.  m.  Nom  d'homme.  Guevrokus.  Saint 
Gueuvrok ,  ou  Kirek  ,  Moine  &  dilciple  de  Saint 
Tugdual,  fut  tiré  de  fa  folitude  de  Plou  Daniel 
par  S.  Paul  (  de  Léon  )  qui  l'employa  à  la  con- 
duite des  peuples.  Il  mourut  à  Ladernau.  P.  Lobi- 
NEAU  ,  Hijl.  de  Brct.   L.  II ,  p.  jô . 

KIRI  J  ou  CHIRI.  Nom  d'une  petite  rivière  de  la 
Dalmatie.  Kirius  ,  Drinus  ,  Drinajus.  Elle  baigne 
la  ville  de  Scutari,  Ik.  le  décharge  peu  après  dans 
la  Bojana. 

KIRIATH.  Nom  d'une  ville  de  la  Tribu  de  Benja- 
min. Kiriath.  Voyez  Jofué  XVIII ,  2S  ,  où  elle 
eft  nommée  Cariath  par  S.  Jérôme.  Eufébe  dit 
qu'elle  étoit  fous   la  Métropole  de  Gaba. 

KIRIATHAIM.       \   „  f  Cariathaim. 

KIRIATHARBE.     j    ^"^"    \  Cariatharm. 

Et  Ainfi  des  autres  qui  commencent  par  le  mot 
Kiriath  ,  qui  fignifie  ville.  Kiriath  eft  la  pronon- 
ci.ition  du  mot  Hébreu  ,  ielon  les  Miilorctes  ,  & 
les  Hébraïlans  le  luivent.  On  peut  le  taire  comme 
eux  dans  des  dillertations  &  des  ouvrages  d'érudi- 
tion. Hors  de  -  là  il  faut  luivre  l'uiage  que  la  Vul- 
gate  &  les  Septante  ont  établi  d'écrire  ,  tJc  de  pro- 
noncer Cariath. 

KIRIELLE.  Foyei  Kyrielle. 

KIRISTINOU.    Foyei   Kilistinou. 

KIRK.    Foyci  Vegia. 

KIRKBYSIEVEN.  Nom  d'un  bourg  autrefois ,  main- 
tenant d'un  petit  village  d'Angleterre.  Fanum  S. 
Stephani.  Il  eft  dans  le  Comté  de  Weftmorlaiid, 
fur  la  rivière  d  Eden  ,aux  confins  du  Comté  d'Yarchj 
Maty.  Ce  nom  eft  formé  de  Kirck  ,  Eglife  j  ôc  de 
Steven,  qui  vient  de  Stephunus  ,  Etienne. 

KIRKIÉ.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Vélum.  Le  kirkié 
ell  une  efpèce  de  voile  que  les  femmes  Turcques  por- 
tent l'été  J  quand  elles  fortent  de  la  niaifon.  le  Brun. 

KIRKISIA  ,  ou  KARKIiE.  Nom  dune  ville  de  la 
Turquie,  en  Alie.  Circcfmm. ,  Circeum.  Circufum , 
Conjlantina.  Elle  eft  dans  le  Diarbeckir  ,  fur 
l'EuphratCj  à  vingt-cinq  lieues  au-delFous  de  Rik^ 
On  y  voit  le  tombeau  de  l'Empereur  Gordien. 
Maty. 

KIRKUDBRIGE.  Nom  d'une  petite  ville  d'Écoirc. 
Kirkenbrigia.  Elle  eft  dans  le  Comté  de  Galloway , 
à  l'embouchure  de  la  Dée ,  entre  la  ville  de  Wit- 
hern  &  celle  de  Dunfrées ,  à  lix  lieues  de  la  pre- 
mière ,  &  à  huit  de  la  dernière.  Cette  ville  a 
fcance  &  voix  dans  le  Parlement  d'ÉcoIle.  Maty. 
M.   de  Lille  écrit  Kirkuhright 

KIRKWAL,^ou  KIRKEWALD.  Petite  ville  & 
capitale  de  l'Ile  deMainland  ,  une  desOrcades.  Kùt- 
coviaca ,  .Kurkuallum.  Cette  ville  a  été  fondée  par 
les  Danois  •,  elle  a  un  bon  château  ,  cSc  un  bon  port. 
C'eft  le  fiége  de  l'Evcque  des  Orcades.  Maty. 

KIRMAN.  Voye\  Kherman. 

KIRMENT.   Voye^  Kerment. 

KIRN.  Nom  d'un  château  du  Palatinat  du  Rliin. 
Kiriium  II  eft  dans  le  Comté  de  Spanhcim  j  près 
de  Nachc  ,  (l<c   de  la  petite   ville  de  Kimbourg ,  à 

lix 


K  I  S 

fix  licucs  au  dcllus  de  celle  dz  Crcutznach.  Maty. 

KIRONONA.  1".  m.  &  t'.  Nom  d'une  Nation  de  l'A- 
mérique i'cptentnoiiale.  Kironona.  De  là  ils  pafsè- 
rent  cliCis  les  Kirononas,  où  ils  turent  très-bien 
reçus.  JovET. 

KlK^OTOMIE.  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Kirfocomia. 
Opération ,  ouverture ,  incilion  qu'on  fait  aux  va- 
rices pour  les  guérir. 

Ce  mot  eft  compolé  de  deux  mots   Grecs  «ifirk  j 
varice ,  Se  T.y-iu ,  je  coupe  . 

KIRTEL  ,  ou  KYRTEL.  C  m.  Nom  d'un  ancien 
habit  que  l'on  donnoit  aux  Chevaliers  du  Baingj 
quand  on  les  hihoit  Chevaliers.  Kinellum.  J^oyei 
du  Cange  dans  Ion  Glolîaire.  Dans  l'Ordonnance 
&c  manière  de  créer  &  de  faire  nouveaux  Chevaliers 
du  Baing  ,  eu  temps  de  paix  ,  lelon  la  coutume 
d'Angleterre  j  il  ell  dit  :  Que  le  plus  gentil  &  le 
plus  laige  Chevalier  donnera  à  l'Elcuyer  fa  che- 
niile  ,  un  autre  lui  baillera  fes  brages  ,  le  tiers  lui 
donnera  un  pourpoint  ,  un  autre  lui  vcflira  un 
kind  de  rouge  tartarin. 

K  I  S. 

KISCHION,  ou  CÉSION.  Nom  d'une  ville  delà 
Tribu  d'Ilfachar,  dans  la  Terre  Sainte.  Kifchion  ^ 
Cefion.  Voy.  Jol'ué  ,  XIX.  20  _,  &  XXI y  2S. 

KISIL  BASCHI.   Voyei  KURTCHI. 

KISISQUE.  C'ell  ainii  qu'on  nomme  aujourd'hui  les 
ruines  de  Cizique.  Voye-:^  la  delcription  qu'en  fait 
Grelot  dans  fon  voyage  de  Conllantinople.  Peur 
CysiQUE.   Voy.  ci-dellus. 

KISLERAGASI,  f.  m.  Terme  de  Relation.  ^Le 
P.  Ladoire  dans  la  relation  de  fon  voyage  à  Conf- 
tantinojtle  ,  écrit  Ciiler-Aga.  Ce  mot  lignifie  Maî- 
tre des  filles  ou  des  femmes.  C'eil  à  lui  en  efîet 
que  la  garde  des  pcrfonnes  du  fexe  pour  les  plai- 
firs  du  Grand-Seigneur  ,  eft  commif'e.  Il  eft  quali- 
fié Bâcha  à  trois  queues  :  il  a  le  rang  au  dellus  de 
tous  les  Wizirs  ,  excepté  le  Grand- Wizir  :  &  mc- 
lîie  ce  premier  miniftre  de  l'Empire  eft  fouvent 
'  obhgé  de  lui  faire  la  cour.    Ladoire. 

KISLEU.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  neu- 
vième mois  des  Hébreux  qui  répondoit  à- peu-près 
à  notre  mois  de  Novembre  ,  leur  année  commen- 
çant au  mois  de  Mars.  Les  Juifs  d'aujourd'hui  écri- 
vent Ccfleu  ,  ëc  ils  le  commencent  au  douzième 
de  Novembre.  Quand  ils  mettent  le  commence- 
ment de  leur  année  au  mois  de  Septembre  en 
Automne  j  le  mois  de  Cajleu  eft  le  troilième  de 
l'année.  Quelquefois  on  trouve  Cijleu  ,  Cejîeu  , 
Cajlim  ,  Chafeleu  ,  pour  Kijleu  &  Cajleu ,  qui  font 
les  deux  noms  les  plus  ordinaires  de  ce  mois.  Voye^ 
Casleu. 

KISLOT-TAABOR.  Nom  d'une  ville  de  la  Tribu  de 
Zabulon.  KiJIochTkabor.  La  Vulgare  l'appelle  Ce- 
feleth  Thabor.  Elle  était  fur  les  confins  de  cette 
Tribu  ,  du  côté  de  l'orient    XIX ,  12. 

KISTE.  f.  m.  Nom  de  raefure  dont  il  eft  parlé  dans 
les  Auteurs  Arabes  &  les  Rabbins.  Klfius.  C'eft 
une  raclure  pour  les  chofes  liquides  que  quelques- 
uns  comparent  non  pour  la  figure ,  mais  par  rapport 
aux  chofes  qu'elle  contient ,  à  une  bouteille  ,  un 
flaccon  j  un  verre  ,  un  fetier. 

KiSTE.  f.  f.  eft  aulîî  luie  efpèce  de  laine  qui  fe  tire 
d'Allemagne. 

KISTIQUE.  Terme  de  Médecine.  Qui  appartient  au 
Kifte  ,  qui  y  a  rapport  ,  qui  peut  le  guérir ,  l'ex- 
tirper. Voy.  Kyste. 

KIT. 

KITAI.  f.  m.   Efpèce  de  damas  qui  fe  fait  à  la  Chine. 

Les   femmes  des  Oftiakes ,   peuples    de    la    Sibérie 

foumife  au  Czar,  en  fout  des  voiles  dont  elles  fe 

couvrent  le  vifage  par   modeftie. 
\fT  On  donne  le  même  nom   à  des  toiles  de  coton 

de   la  Chine  ,  les  unes  blanches ,  les  autres  rouges 

ou  d'autre  couleur. 
Tome  V. 


KIU  373 

CCTKITCME.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  les  Turcs 
donnent  au  bonnet  des  Janillaires  j  élevé  en  pain 
de  fucre  ,  &  terminé  par  le  haut  en  tonne  d  une 
manche  pendante. 

KrrifEY.   Voyei  Catay. 

KITLISH.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-S:àntc.  Kk- 
lifch  ,  Cethiis  ,  dans  la  Vulgatc.  Llle  étoit  de  la 
n  ribu  de  Juda.  Jof.^  XV  ,  jS.  C'eft  M.  Réland 
qui  écrit  K'uiifch.  Il  eût  été  mieux  de  dire  Cludifch  , 
pour  marquer  le  3  ,  &  le  n  ,  mais  toutes  les  fois 
que  les  lettres  na3133  ,  font  daghellées  d'un  daghès 
doux  en  Hébreu,  il  ôte  l'afpiration  j  &  les  ex- 
prime par  des  tenues.  Il  eft  plus  commode  de  ne 
point  tant  lailFer  à  réHéciiir  à  fon  ledfeur. 

KITSHAAG.  f.  m.  Terme  de  Relation  &c  d'Hiftoire 
naturelle.  C'eft  le  nom  d'une  efpèce  d'abeilles  qui 
fe  voit  au  pays  des  Tapuyis  ,  au  Brelil.  Kit- 
thaag.  Ces  abeilles  fe  produifcnt  fous  terre  ,  où  elles 
font  ,  formant  une  efpèce  de  ruche  ;  on  ks  en  tire 
en  fiilant  de  la  fumée.  Marcgrav.  RlJI.  Nac. 
Brafd.  L.   VII,  c.  12. 

KITSHAARA.  f.  f.  Terme  de  Relation  &  d'Hiftoire 
naturelle.  Nom  que  les  Tapuyis  donnent  à  une 
efpèce  d'abeilles  qui  fe  trouve  dans  leur  pays  au 
Brelil.  Kitshaara.  Ces  abeilles  s'attachcr.t  aux  ar- 
brilleaux  &  aux  broullàilles.  0\\  leur  fait  des  ru- 
ches longues  d'une  derni-aune.  Ce  font  celles  qui 
font  le  meilleur  miel  j  &:  le  plus  agréable.  AL\rc- 
GRAV.  Hïft.  Nat.BrafilL.  VII ,c.  12. 

KITTIS.  Nom  d'une  montagne  de  la  Laponie  Sué- 
doife  ,  environ  à  GG  d.  4S  m.  io  f.  de  latitude. 
En  y  montant  on  trouve  une  grofle  fource  d'eau 
la  plus  claire ,  qui  fort  d'un  fable  très  -fin  ,  &:  qui 
pendant  les  plus  grands  froids  de  l'hiver  confervc 
fa  liquidité.  Pendant  que  la  mer  du  fond  du  golfe 
de  Bothnie  ,  &  tous  les  fleuves  font  aulli  durs  que 
le  marbre  ,  cette  eau  coule  comme  pendant  l'été. 
Maupertuys.  Il  la  fiippofe  une  heure  23  m.  plus 
orientale   que  Paris. 

KITZINGEN.  Nom  d'une  petite  ville  du  Cercle  de 
Franconie  ,  en  Allemagne.  K'UTiingum.  Elle  eft  fur 
le  Meyn  ,  aux  confins  de  l'Evëché  de  Wurtzburg 
&  du  Marquifat  d'Onfpack.  Cette  ville  eft  divi- 
fée  en  deux  parties  ,  donc  l'une  appartient  à  l'Évc- 
que,  l'autre  au  Marquis.  Maty. 

K  1  U. 

|1S?KIU.  U  y  a  deux  villes  de  ce  nom  à   la  Chine, 

l'une  de  la  Province  de  Xantung ,  au   département 

de  Cincheu  :  l'autre  dans  la  Province  de  Suchuen  , 

au  département  de  Xunkin. 
Ip-  KIV AC.  Ville  d'Afie ,  dans    le  pays   de  Carefcn 

ou  Kouarefm,à  95  d.  35  m.  de  long.  Scïi,ç)  à.  50' 

de  lat.  Hift.  de  Tïmur  -  Bec. 
KIUCHEU.   Nom  d'une  ville  de    la  Chine  ,  fîxième 

métropole  de  la  Province  de  Chékiang.  Kiucheum. 

Elle  eft  au  midi  de  cette  Province  ,  Se  a  cinq  villes 

fous  fa  jurifdiciion.    AmhajJ'.  de  Holl.  P.  I. 
Ifj'  KIUCIN.  Nom  d'une   ville  de    la  Chine  ,  dans 

la   Province    de  Gunnan  ,   au  département  de  Li- 

kiang. 
§CT  KIUCKIANG.  Ville  de  la  Province  de  Suchuen, 

au  département  de  Changking. 
gC?  KIUHIANG.    Ville   de    la  Chine  ,  Province   de 

Xantung  ,  département  de  Yencheu. 
Ip-  KIUIUNG.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province 

de  Kiangnan  ,  département  de  Kiangning. 
1)3"  KIULO.  Ville  de  la  Chine,  dans  la  Province  de 

Pékin  ,  département  de  Xunte. 
ipr  KIUN.  Ville  de  la   Chine  ,  dans   le    Huquang  , 

département  de  Sanguyang. 
|p°  KlUNCHEU.    Nom   d'une    ville   de    la  Chine  , 

dixième    métropole  de  la   Province    de  Quantung. 

Elle  a  douze  autres  villes  fjus  fa  jurilcliftion. 
ïfT  KIUNCMING.    Ville   de  la    Province  de   Xan- 
tung ,  au  département  de  Yencheu. 
if3'  KIUNG.  Nom  de  la  quatrième  cité  de  la  Province 


3T4 


K  I  Z 


de  Suchuen ,  à  la  Chine.  Elle  a  trois  places  dans 
(on  département. 

fP^-KIUYANG.  Ville  de  la  Province  de  Huquang,  à 
la  Chine  ,  dans  le  département  de  Xincheu. 

lO'KiUYE.  Ville  de  la  Province  de  Xantung  ,  dé- 
partement de  Ycncheu  ,  à  la  Chine. 

ICFKIXAN.  Nom  d'une  ville  de  la  Province^  de 
Chenli  ,  département  de  Fimgciang.  C'ell  aulfi  le 
ivjin  d'une  forterelFe  de  la  Province  de  Xantung. 

ÇCTKIXUI.  Ville  de  la  Province  de  Huquang  ,  dé- 
partement de  Hoangcheu. 

îpr  KIYANG.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province 
de    Huquang,    au   département   de    Yunchcu. 

K  I  Z. 

KIZIBALCHE.  C.  m.  Terme  de  Relation.  Mot  Turc, 
qui  lignifie  Tcte  rouge  ,  Ruhrum  caput  ,  Erytroco- 
ryphûs.  Les  Turcs  appellent  les  Perlans  de  ce  nom  , 
d^epuis  qu'Ifmaël  Sophi  ,  fondateur  de  la  Dynaftie 
des  Princes  qui  régnent  aujourd'hui  en  Perfe  ,  com- 
manda à  les  loldars  de  porter  un  bonnet  rouge  ,  au- 
tour duquel  il  y  a  une  écharpe  ,  ou  un  turban  à 
douze  plis  ,  en  mémoire  &  à  l'honneur  des  douze 
Imans  (uccelFeurs  d'Ali  ,  del'quels  il  prétendoit 
dekendre.  Ce  bonnet  s'appelle  en  Perhen  Tag,  & 
fut  inllitué  l'an  907.  de  l'hégire.  D'kerbelot.  Cet 
Auteur  écrit  Kefdhafch  ,  &  Kifilbafch  à  la  Tur- 
que ,  &  Ki\ilbache  à  la  Françoife. 

Vigenère  écrit  Ké-^cilba(]\  &  il  dit  après  des  Re- 
lations de  Perle  ,  que  c  eft  un  haut  bourc  ,  ou 
bonnet  à  la  marinelque,  plilletoutdu  long  à  douze 
godrons  ,  ou  tuyaux  emboutis  en  guile  des  côtes 
d'un  melon  ,  &  il  ajoute  que  fuivant  l'interpréta- 
tion vulgaire  des  Perlans  ,  cela  fignifie  les  douze 
Sacremens  de  leur  loi.  Et  parce  que  cela  ne  le  latis- 
fait  pas ,  il  en  cherche  une  autre  caule  ,  Se  dit  que 
c'ell  un  myftère  émané  de  l'antiquité  du  Paganilme , 
où  les  Perles  adoroient  le  feu  ,  dont  l'ardeur  eft  dé- 
notée par  la  couleur  rouge  ,  &c  comme  iymboli- 
fant  au  loleil,  qu'ils  avoient  aulli  en  très -grande 
vénération  ;  que  ces  douze  godrons  emboutis  mon- 
troient  les  douze  mois  de  l'année  ,  &  les  douze 
lignes ,  où  cet  aftre  fait  (on  cours.  Telle  eft  la  con- 
jeéture  de  Vigenère  ,  mais  la  forme  de  ce  turban  n'eft 
pas  lî  ancienne  que  ce  lavant  homme  penloit  •■,  & 
ce  que  nous  avons  rapporté  de  d'Hcrbelot  eft  plus 
croyable.  Vigenère  écrit  ailleurs  Cafdbas. 

Wicquefort  écrit  Kifilbach  ,  Se  au  pluriel  A'//?/- 
bachs.  Un  Perfan  des  principaux  de  ces  foldats ,  qu'ils 
appellent  Kijîlbachs.  Wicq.uef.  Le  Roi  (de  Perle  à 
l'audience  de  Figuéora  )  croit  vêtu  d'une  cafaque  de 
ces  toiles  ,  dont  les  plus  pauvres  Paylans  de  Perle 
s'habillent,  de  couleur  verte,  &  avoir  fur  la  tête  une 
coëifure  fort  commune  ,  bordée  de  foie  verte  Se 
incarnate  par-dc!lus  le  bonnet ,  de  la  même  façon 
qu'en  la  religion  Perlanne  les  perfonnes  de  condi- 
tion portent  ordinairement,  comme  aulîi  les  gens 
de  guerre  que  l'on  conno'it  fous  le  nom  de  Tur- 
quefque  ,  qui  leur  eft  particulier  de  Kijilbach.  Ces 
bonnets  font  d'un  gros  feutre  rouge.  Se  la  plupart 
garnis  de  coton  ,  enforte  qu'ils  peuvent  rélifter  à  un 
coup  d'cftiamaçon  ,  quelque  violent  qu'il  puille  être. 
Ils  tout  li  étroits  à  1  entrée  ,  qu'il  faut  qu'ils  failent 
eftort  pour  y  faire  entrer  la  tête  ,  mais  après  cela 
ils  s'élargillent  petit  à  petit  vers  le  bout ,  de  la 
longueur  d'un  demi  pié  ,  Se  en  haut  ils  font  ronds 
6c  unis  ,  fiifans  quelques  plis  ,  comme  les  capu- 
chons de  deuil  en  Elpagne  ;  ou  comme  ceux  que 
portent  ordinairement  les  gens  de  balle  condition  en 
la  Manche  ,  ou  en  la  Caftille-vieiUe.  Ces  plis  dont 
nous  venons  de  parler  ,  ne  peuvent  pas  excéder  le 
nombre  de  douze,  comme  aulli  il  n'y  en  doit  man- 
quer à  ce  nombre,  &  cela  par  une  cérémonie  par 
ticulière ,  introduite  en  la  nouvelle  religion  des  So- 
phicns  \iv:  Schich  Hiïdac  d'Ardébie.  Au  centre  de 
la  (uperhcie  de  ces  bonnets,  où  tous  les  plis  abou 
tilient ,  il  y  a  un  petit  bkon  ,  ferme  &  bien  atta- 
ché, de  la  grandeur  de  quatre  doigts  ,  oc  épais  d'un 


K  I  A 

doigt ,  étant  un  peu  plus  gros  au  bout  d'en-haut  ,  & 
plat,  de  la  même  façon  que  le  bonn  «.  Tout  le  Ion» 
de  ce  petit  bâton  depuis  le  bas  julqu'en  haut,  cou- 
rent douze  canaux  ,  qui  te  vont  joindre  en  fou  cen- 
tre ,  vers  l'extrémité  d'en-haut  ,  où  l'on  diftinguc 
fort  aifément  ces  douze  canaux  ,  ou  rayons,  qui  fe 
rapportent  aux  douze  plis  du  chaperon  ,  d'où  le 
bâton  fort  ,  Se  ce  bâton  eft  rouge  aulli  ,  comme  le 
rerte  du  bonnet.  Sur  cela  ils  mettent  une  grande 
pièce  de  toile  fort  déliée ,  qui  y  fait  plulieurs  tours, 
&  forme  un  tort  luperbe  turban  -,  eniorte  néanmoins 
que  le  bout  d'en-haut  ,  où  les  douze  plis  fe  rencon- 
trent ,  demeure  toujours  découvert  ,  quoique  bien 
(ouvent  il  n'y  paroille  que  le  petit  bâton  ,  parce  que 
la  toile  couvre  tout  le  rcfte.  Wicc>uefort.  Ambaff. 
de  F'igueroa  ,  pag.  2 ^ s  >  2  j6 , 

Ce  mot  vient  de  Kï\il ,  ou   Ké\el ,  rouge  ,   & 
hafch  ,  tête. 

K  L  A. 

KLATAW.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Bohême. 
Clatovia.  Elle  eft  lur  la  rivière  de  Bradauca  ,  dans 
le  Cercle  de  Pilfen  ,  et  à  fept  lieues  de  la  ville  de 
ce  nom ,  vers  le  lud.  Maty. 

K  L  E. 

KLÉCKOW.  Voyei  HÉGOW. 

KLETTENBERG.  Nom  d'un  bourg  de  la  Thuringc, 
en  Haute-Saxe.  Kleaenberga.  Ce  lieu  eft  chef  d'une 
Seigneurie  ,  qui  a  eu  autrefois  titre  de  Comté.  Il  eft 
dans  le  Comté  d'Hohenfteid  ,  à  deux  lieues  de  la 
ville  de  Northauien  ,  du  côté  du  couchant.  Maty. 

K  L  L 

KLINGENAW.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Suilfe, 
lituée  dans  le  Comté  de  Bade  ,  fur  l'Aar  ,  à  qua- 
tre lieues  de  la  ville  de  Bade.  Klingenavia.  Kimge- 
nuw  eft  la  capitale  d'un  Bailliage  duquel  dépend  la 
ville  de  Zurzarch.  Maty.  long.  ij.  d.  56'.  lat.  47. 
d.  3;'. 

K  L  O. 

ifJ'  KLODA.  f.  m.  Nom  d'une  mefure  dont  on  fe 
fert  dans  la  petite  Pologne  Se  dans  la  Rullle  Rouge. 
Le  Kiûdu  contient  quatre  boilleaux. 

K  L  U. 

KLUFFT ,  ou  KLOUFTE.  f.  f.  Les  Allemands  don- 
nent ce  nom  aux  fentes  des  rochers  &  des  mon- 
tagnes ,  qui  accompagnent  les  filons  métalliques, 
dans  différentes  directions. 

KLUTSMEISTER.  f.  m.  Nom  d'Office  dans  plufieurs 
villes  d'Allemagne  &  des  Pays-Bas  ,  Se  en  parti- 
culier dans  Groningue.  Urbis  Magijler.  Ces  Offi- 
ciers font  dans  ces  villes  ce  que  font  chez-nous  les 
Commiffaires  Examinateuts  ,  ou  Commiilaires  ai 
Quartiers.  Foyeiàe  la  M.ue  ,  Traité ^de  Police , 
L.  I.  Tu.  XI,  c.  II  ^T.  I ,  p.  220.  \ 

K  N  A. 

KNAPDALE ,  ou  KNAPOLE.  Nom  d'une  des  trois 
contrées  du  Comté  d'Argile  ,  en  Ecofl'e.  Knapda- 
iia.  Elle  eft  entre  l'Argile  propre  ,  &_la  prefqu'llc 
de  Cantyr.  Cette  contrée  peut  avoir  fept  lieues  de 
longueur  ,  &  trois  ou  quatre  de  largeur  ;  elle  abonde 
en  pâturages  ,  où  l'on  nourrit  beaucoup  de  bctail. 
On  y  prend  des  bœufs  lauvages  ,  qu'on  mange  aux 
meilleures  tables.  Kilmorc  en  eft  le  lieu  le  plus  con- 
l^dérable.  Maty. 

KNARINGEN.  C'étoit  autrefois  une  petite  ville  de 
la  Viud^licic  ,  maintenant  c'eft  un  bourg  du  Marqui- 
Çxi  de  Burgaw  ,  en  Siube.  Knaringa.  Il  eft  luv  la 
rivière  de  Karnlach,  à  demi-lieue  de  la  vide  de 
Burgaw  >  anciennement  Granaiio,  M.\ty, 


K  N  O 


K  N  E. 

KNEF.  f.  m.  Voye:[  Cnef. 

KNEZ  ,  ou  KNEES.  Nom  de  dignité  en  Mofcovic.  Les 
Knei  font  en  ce  pays  là  les  [ncmicis  Scigneiu's  de 
1.1  nation,  comme  les  Ducs  &:  l'aiis  en  Fiance,  les 
Grands  en  Efpagne,  &c.  Frimâtes,  Proceres  regiû 
Mofcovkki.  CG"  Il  y  en  a  de  tiois  forces  ;  ceux  qui 
dclcendent  de  Volodimir  I  ,  Grand  Duc  de  RuOic  , 
ou  qui  ont  été  élevés  par  lui  A  cette  dignité  :  ceux  qui 
defcendcnt  des  Princes  fouvcrains  étrangers  rétablis 
en  Rullîc  :  &  enfin  ceux  qui  ont  été  créés  Princes 
par    quelqu'un  des  Grands  Ducs. 

K  N  I. 

KNIPENS.  A^oji??  Knipiiausen  j  qui  fuit. 

KNIPER.  f.  m.'E(pècè  de  pic  qui  naît  particulièrement 
dans  la  Laponie.  Il  a  le  dos  noir  ,  ainh  que  la  tête 
&  la  plus  grande  partie  de  fcs  ailes,  l'ellomac  &  le 
ventre  blancs ,  le  ^bec  rouge  ,  fort  long  ,  &  armé 
de  dents.  Il  a  auffi  les  pies  rouges  6^  fort  courts  , 
avec  une  petite  peau  entre  les  doigts  ,  comme  les 
autres  oifeaux  de  rivière. 

KINIPHAUSEN.  Nom    d'un   lieu  d'Allemagne,  qui 

.  a  titre  de  Baronnic  libre.  Kniphufium.   Kmphaufcn , 

qui  fe  nommoit  autrefois  Knipens ,  appartient  aux 

Ducs  de  Holllein.  roy.  Imhoft ,  AW.  Imp.  L.  IF, 

c.   f> ,  §.  8. 

KNIPHOFE.  Foyei  à  Konigsberg. 

K  N  O. 

KNOCFERGUS  ,  ou  CARIKVERGUS.  Nom  dune 
ville  torte  de  l'Ukonie  ,  ou  province  d'Ulfter  ,   en 
Irlande.   Rupes    FerguJiL'  Elle   ell;   dans  le  Comté 
d'Antrim  ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  ce  nom  ,  du 
côté  du  levant.  Knofergus  a  un  fort  bon  port  dans 
une  baie  qui  porte  fon  nom,  &  que  quelques  uns 
premicnz  pouï  le  rinderius  Jluvius  des  Anciens,  que 
.   d'autres    croient   être   la  Boyne.    Matv.    Le  nom 
Latin  montre  l'étymologie  &  la  lignification  de    ce 
nom.   M.  de  Lille   l'appelle   Cankfergus. 
KNODSENBOURG.  Nom  d'un  bon  fort  des  Provin- 
ces-Unies.   Knodfenburgum.   Il  eft  dans  la  Gueldre 
.lur  le  Wahal  ,    vis  à  vis  de  la  ville   de   Nimégue 
Maty. 
^  KNOUT  ,  KNOUTR  ,  ou  KNUT.  f.  m.  Sorte 
de  châtiment    ou  de   fupplice   ufité  en  Ruffie.    Le 
knout  efl:    une  courroie  de  cuir^  épairfe  &  dure  , 
de  la  longueur  d'environ  trois  pieds  &  demi,  atta- 
chée par  un  bout  à  un  bâton  long  de  deux  pieds, 
par  le  moyen  d'un  anneau  qui  le  fiit  jouer  comme 
un  Héau.  Il  y  a  deux  manières  de  donner  le  knout. 
La  première  eftpour  les  crimes  moins  odieux.  Le 
coupable    ayant  la  chemife    levée  ,  cft  mis  fur  le 
dos    d'un  autre    homme  ,    &   reçoit    du  Bourreau 
autant  de  coups  qu'il  ell:  ordonné  par  le  Juge.  Ces 
Maîtres ,  comme  les  appellent  les  Mofcovites ,  font 
fi  adroits,  qu'il  arrive  rarement  qu'ils  frappent  deux 
coups  fur  le  même  endroit.   Ils  les  appliquent  l'un 
à  côté  de  l'autre  depuis   le  haut  des   épaules ,  juf- 
qu'aux  fefles.  Celui-ci  efl:  regardé  comme   une  pu- 
nition de  faveur  ,  à  moins  qu'il  ne  foit  fuivi  d'un 
exil  en    Sibérie. 

La  féconde  manière  de  donner  le  knout ,  eft  plus 
rigoureufc.  On  lie  les  deux  mains  du  Patient  der 
ricre  le  dos ,  &  par  le  moyen  d'une  corde  qui 
tient  à  (es  mains,  &  d'une  poulie,  on  le  fufpcnd 
â  une  potence ,  avec  deux  poids  fort  pefans  atta- 
ches a  les  pieds  :  &  dans  cette  pollure  on  lui  appli- 
que le  nombre  des  coups  ordonnés.  Ce  fupplice  ell 
ordinairement  ordonné  comme  une  queftion  pour 
faire  avouer  quelque  chofe.  à  ceux  qui  font  acaifes 
de  quelque  crime. 

f^        K  N  U. 

KNUPHIS.  Foyei  CNEF. 
Tome  F. 


K  O  D 


3yr 


K  N  Y. 


KNISSIN.   Nom    dune   petite    ville   de   la   Pologne. 
Knyjjmum.    Elle  efl:  dans  la  Polaquie  ,  en  Mazovic 
cnue  la  ville  de  Bielsko  ,  &  celle  d'Auguftow ,  à 
quinze  licucs  de  la  première ,  £c  à  dix  de 'la  dernière. 
Matv. 

K  O  B. 

KOBA.  Nom  d'une  grande  ville  de  i'Usbeck,  en  la 
grande  Tartane.  Koba.  Elle  doit  être  dans  la  pro- 
vince de  Targana.  Matv. 

KOBALTHUM.  f.  m.  H  y  en  a  qui  écrivent  Cobal- 
thum.  Pierre  dure  ,  pelante ,  rougeâtre  _,  formée  pat 
grains-  :  clic  fe  trouve  ,  avec  plulieurs  autres  de  mê- 
me efpèce,  attachées  enfcmble  à  une'efpèce  de  gan- 
gue ,  &  à  une  marcanite  femblable  à  l'antimoine 
minerai.  Le  Kobalthum  le  trouve  ordinairement  dans 
les  mines  d'argent  ;  c'eft  un  poifon  corrofif  qui 
ulcère  les  jambes  de  ceux  qui  travaillent  aux  mines , 
quand  ils  les  mettent  dan.s  l'eau  où  il  eft  tombé  du 
À  ohalthum. 

Il  y  en  a  qui  confondent  le  Kobalthum  avec  la 
cadmie  ,  ou  pierre  calaminaire;  mais  ils  fe  trom- 
pent. 

KOBBERA-GUION.  f.  f.  Animal  amphybie,  qui 
fe  trouve  dans  l'île  de  Ceylan.  Il  mange  les  corps 
morts  des  bêtes  &  des  oifeaux.  Sa  langue  fourchue 
s'allonge  en  forme  d'aiguillon  ,  ce  qui  joint  à  fou 
fiiSement ,  rend  cet  animal  eUrayant.  Cependant  il 
n'attaque  point  les  hommes. 
KCBEL.  Nom  d'un  lieu  ,  fitué  fur  les  confins  du 
Tirol  »  &  de  l'État  de  Venife.  Kobdïus ,  Scopulus  , 
Kabelia  Rupes.  C'efl:  un  haut  rocher  efcarpé  per- 
pendiculairement ,  &  creufé  dans  la  moitié  de  la 
hauteur.  Il  appartient  à  la  ALiifon  d'Autriche.  Il 
lé  nomme  Kohel  en  Allemand  ,  &:  Chinjfa  en  Ita- 
lien. Il  commande  au  grand  chemin  d'Italie  en 
Allemagne  ,  fur  lequel  il  efl:  ;  enforte  que  rien  ne 
peut  palier  qu'on  ne  le  foudroyé  de  cette  caverne  , 
où  l'on  ne  peut  monter  que  par  une  corde  &c  un 
bâton  lur  lequel  on  efl:  alîis  ,  &  que  l'on  tire  d'en- 
haut  par  une  poulie.  On  dit  qu'il  y  a  des  moulins , 
des  fources ,  &  plufieurs  chambres.  Monconys  , 
P.  II,  p.  407. 

K  O  C. 

KOCHELS  ,  ou  COCHEES.  Nom  d'un  village  de 
Bavière.  Kochelum.  Il  eft  fur  le  petit  lac  de  Ko- 
chels  formé  par  la  Loyfa  ,  à  dix  lieues  de  Munich  , 
vers  le  midi.  Kochels  eft  le  lieu  de  la  Vindélicie , 
qui  portoit  anciennement  le  nom  de  Corvelice. 
Maty. 

KOCTZE.  Nom  d'un  petit  chariot  en  ufage  autrefois 
en  Hongrie ,  <Sc'  propre  à  aller  vite.  Curius  velox  , 
Cijium.  Paul  Thomorée  ,  Cordelier,  &  Archevêque 
de  Coloccnfe  ,  ayant  averti  le  Roi  Louis  par  plu- 
fieurs meflages  de  l'arrivée  des  Turcs ,  voyant  que 
pour  toutes  les  lettres  on  ne  fe  hâtoit  point  de  le 
fccourir  ,  vint  lui-même  ,  en  la  plus  grande  dili- 
gence qu'il  lui  fut  poflîble  ,  fur  des  petits  chariots 
nommés  kocics  ,  dont  il  changeoif  fort  fouvenc , 
trouver  fon  Roi  Louis  à  Villegiade  le  vingtième 
jour  de  Mars.  "VigenerEj  Contin.  de  l'HÎfi.  des 
Xurcs  ,  L.  IF,  p,  4Sj. 

K  O  D. 

IvODAFA.  f  m.  Terme  de  Relation.  Nom  du  Chef 
de  l'Ordre  des  Sophis ,  que  Chiek  Sephi  établit 
en  Perle  j  pour  attacher  à  fa  perlonne  ,  &  à  celle 
des  Rois  fes  fucceflaurs ,  des  lujets  fidèles.  Il  aflem- 
ble  les  jeudis  au  foir  les  Sophis  dans  une  Mofquée  , 
&  ils  prient  tous  eniemble  pour  la  profpérité  du 
Roi  :  les  jours  de  fetc  k  Kodafa  fe  préfente  devant 
le  Roi  ,  avec  un  baflîn  dans  lequel  il  y  a  quelques 
fucreries;  il  fait  une  prière  comme  pour  les  bénir , 

Yy  i, 


# 


356  K  O  K' 

puis  le  Roi  eti  prend  un  morceau  ,  &:  aprcs  lui ,  les 
Seigneurs  de  fa  Cour  en  prennent  aulîi. 

KODEN.  Nom  d'un  petite  ville  ,  ou  bon  bourg  du 
Duché  de  Lithuanie.  Koda.  Ce  lieu  eil:  dans  la  Polc- 
lie  j  lur  la  rivière  de  Bug  ,  à  cinq  lieues  au-dcilus 
de  Breflîci.  Maty. 

KODOIA.  -f.  m.  Terme  de  Relation.  Miniflre  de 
Mofquée,  Otticier  des  Mofquées  chez  les  Mahomé- 
tans,  Kodgia.  Conllantinople  n'a  qu'un  faubourg  -, 
il  s'appelle  Ayvanfarï  vulgairement,  &:  je  crois  que 
proprement  c'eft  Tuvim>'htfan  ,  c'eft-à-dire  la  for- 
terelle  d'Yup  ,  que  les  Turcs  tiennent  pour  un  de 
leurs  plus  célèbres  Prophètes ,  <Sc  des  plus  vaillans 
Capitaines  ,  qui ,  ayant  combattu  pour  la  Religion , 
fc  loit  lignalé  en  ce  lieu. ...  Le  lépulchre  de  ce 
Prophète  y  ell  en  grande  vénération  ,  quantité  de 
lampes  y  brûlent  continuellement.  Se  il  eft  enrichi 
de  pluiieurs  dons  des  grands  Seigneurs  ,  qui  ont  gagé 
des  Prêtres  ôc  des  Kodgias  ,  qui  y  prient  toujours 
Dieu.  Du  Loir  ,  Voyage  du  Levant. 

Ordinairement  les  Kodgias  &  les  Talifmans ,  qui 
tiennent  parmi  eux  rang  de  Diacre  j  &  qui  ,  les 
jours  de  Beyram ,  font  des  prédications  lur  un  texte 
pris  del'Alcoran,  chantent  avec  l'Iman  ,  &  lui  ré- 
pondent. Du  Loir  ,  p.   146. 

KOGIA.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  un  Nom 
Turc ,  que  l'on  donne  aux  gros  Marchands.  Kogia 
Pictros,  ou  Kogia  Pierre.  De  La  Boulaye-. 

Jv  O  L 

KOL  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  huitième 
mois  de  l'année  ,  &  d'un  des  fignes  du  Zodiaque 
chez  les  Turcs  Orientaux.  Ce  nom  ,  dans  leur 
langue,  veut  dire  hrdis. 

K  O  K. 

KOKENHAUSEN.  Nom  dune  ville  de  Suhàç.Koken- 
hufium.  Elle  eft  dans  la  Livonie  ,  fur  la  Dzwine  j 
à  iiix  lieues  au  -  dclUis  de  Riga.  Kaukenhaufen  eft 
une  place  forte  ,  plutôt  par  fa  fituation  lur  une  hau- 
teur ,  que  par  fes  travaux.  Elle  eft  défendue  par 
une  bonne  citadelle.  Les  Mofcôvites  la  prirent  l'an 
1 6  j4 ,  mais  il  la  rendirent  aux  Suédois  par  la  paix  fui- 
vante.  Maty.  Long.  43.  d.  38'  lat.  $6.  d.  40' 

KQKOB.  f.  m.  Nom  d'un  ferpent  de  l'Amérique  méri- 
dionale. Kokob,  Kokohus.  Le  Kokob  fe  trouve  dans 
le  Jucatan  ,  prefqu'ile  fituéc  entre  le  golfe  de  Mexi- 
que &:  celui  de  Honduras.  C'eft  une  efpèce  d'hémor- 
roiis  II  a  trois  pieds  de  long,  &c  eft  d'une  couleur 
noirâtre.  Quand  on  en  eft  piqué  on  perd  tout  fou  fang 
dansl'efpnce  d'une  heure,  &  l'on  meurt  dans  le  jour 
même  fi  l'on  n'y  apporte  au  plutôt  remède  ,  qui  con- 
fifte  à  mêler  du  tabac  dans  du  fuc  de  poivrette ,  &:  à 
le  boire.  VoyeT^  Nieremberg ,  Hift.  Natur.  L.  XII. 
c.  dernier;  Se  après  lui,  Vollius,  de  Idolol.  L.  IV. 
c.  60.  p.  116. 

KOKOS.  f  m.  Nom  d'un  arbre.  L'Hiftoire  Latine  de 
rAm-baffade  des  HoUandois  à  la  Chine  ,  écrit  ainfi, 
P.  IL  p.  I  01  ;  mais  en  François  nous  écrivons  coco. 
Voye-:(^  Palme. 

KOKOTAN.  Nom  d'une  ville  du  Mongal ,  ou  de  la 
Mugalie  en  la  grande  Tartaric.  Kokotanum.  Elle  eft  , 
félon  le  P.  Avril,  fur  la  route  que  l'on  tient  pour  al- 
ler de  Tobolk  à  Péking.  M.  de  Witlen  la  place  au 
couchant  de  la  Chine  j,  environ  à  trente  heucs  de  la 
rivière  d'Hoamk  ,  entre  les  villes  que  les  Chinois 
pofscdent  en  Tartarie.  Maty. 

g^-KOKUTAN.  Ville.de  la  Chine,  bâtie  par  les  Chi- 
nois,  hors  de  la  grande  muraille,  pour  ariêtcr  les 
courles  des  Calmoucs  à  quinze  journées  de  Péking. 

KOKZUBL  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Bellarabie. 
Kociubum.  Elle  eft  dans  les  pays  des  Tartares  d'Ocza- 
cow,  à  deux  hcues  de  l'embouchuie  deNiefterj  du 
cote  du  nord.   Maty 

KOL. 
KOLA.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Laponie  Mofco- 1 


K  O  M 

vite.  Kola.  Elle  eft  dans  le  Moure  Manskoy  Lépori , 
à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Kola^  dans  l'océan 
leptentrional.  Les  Anglois  &  les  HoUandois  font 
quelque  commerce  à /<rc)/a  j  d'où  ils  tirent  des  pelle- 
teries. Maty.  long.  53.  d.  i .  lat.  Ce.  d.  55'. 
KOLACH.  1.  m.  Arbre  qui  croit  au  pays  des  Ncirs  &: 
qui  poulfe  d'aliez  hautes  branches.  Ses  fruits  font 
faits  à  peu  près  comme  des  prunes ,  &  iont  fort  bons 
à  manger.  ■ 
§CFKOLAOS.  On  appelle  ainfi  à  la  Chine  les  grands 
Mandarins  ou  Miniftrcs  qui,  après  avoir  pailë  par 
les  places  lespluS'éminentes  ,  Iont  appelés  auprès  de 
l'Empereur  pour  l'aider  de  leurs  conleils,  ou  pour 
préilder  en  Ion  nom  aux  tribunaux  (upcrieurs  établis 
à  Péking. 
KOLDING,  ou  KOLDINGUE.  Nom  d'une  ville  du 
Danemarck.  Koldinga.  Elle  eft  dans  le  Nord  Jut~ 
land,  fur  les  contins  du  Duciié  de  Slefwick,  à  cinq 
lieues  de  Fridériichs  Odde  &  du  détroit  de  Middçl- 
far.  Kold'jig  eil  détendu  par  une  bonne  citadelle,  & 
conhdérable  par  les  droits  de  lortie  qu'on  y  paie  de 
tous  les  bocuts  &  de  tous  les  chevaux  que  l'on 
tire  du  Danemarck.  Maty. 
KOLLOMENSKE.  Kolhmenska.  Ville  de  1  Empire 
Ruilîen ,  dans  le  voilinage  de  Mofcou.  Long.  /7.  d. 
iS'.  lat.  ;j.  d.  iS'. 
KOLMKILL.  Nom  d'une  île  d'Écoife.  Lona,  Chdea, 
Rona ,  Hiona ,  li ,  Infula  Sancli  Cûlumhani.  M.  de 
Liile  l'appelle  Ifle  de  Sainte  Colombe ,  mais  mal;  il 
falloir  dire  de  Saint  Colomban.  Spétd  1  appelle  }ona. 
C'eft  une  des  Wefternes  ou  îftes  de  i'Oueil.  Elle  eft 
fituée  à  la  pointe  de  la  prelqu  ile  de  1  Ile  de  Mul ,  qui 
s'avance  le  plus  vers  le  midi.  Elle  eft  trespetitCj  & 
n'eft  remarquable  que  parce  que  l'Lvcque  de*  Wefter- 
nes y  fait  fa  réiidencc  dans  le  bourg  de  Sodore,  &  par 
l'Abbaye  de  Saint  Colomban ,  où  loni  les  tombeaux 
des  anciens  Rois  d'Écofte.  On  écrit  aulli  Cholmkil , 
mais  mal. 

Ko/m,  corrompu  de  Columbanus ;  &  Kil ,  Cel- 
la  ,  Cellule  ,  Monaftère  ,  forment  ce  mot.  . 
!  ^  KOLMOGORA.  Ville  de  l'Empire  Rullien  ,  à  /o 
wertes  d'Arcliangel.  C'eft  le  liège  d  un  Yladika,  ou 
Archevêque  du  rit  Grec. 
^KOLO.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Le  Comte  de 
Branicki ,  Grand  Général  de  l'armée  de  la  Couronne 
(  en  Pologne  )  convoqua  le  Kola ,  ou  le  grand  Con- 
leil  Militaire.  Le  Kolo  fe  tint  en  la  manière  accoutu- 
mée. Gazette.  Le  Kolo  eft  proprement  l'allembléc 
des  Etats  Provinciaux ,  qui  précédent  lallemblée  gé- 
nérale des  Etats.  On  y  délibère  fur  les  affaires  qui  doi- 
vent être  traitées  à  la  grande  Dicte ,  &  l'on  arrête  les 
inrtruéfions  qu'on  doit  donner  aux  Députés  qui  doi- 
vent y  être  envoyés. 
KOLOSWAR,  ou  CLAUSEMBOURG.  Nom  d'une 
ville  de  Tranfylvanie.  Claudiopolis.  Entre  les  villes 
de  Samos  &  d'Albe  Julie  ,  on  trouve  Kolofwar^  iîtuée 
fur  le  petit  Samos.  Claufcmbourg  eft  une  grande  ville, 
où  s'aifemblent  ordinairement  les  États  de  Tranfylva- 
nie. Quelques  Géographes  prennent  Kolojwar  pour 
l'ancienne  Patruijfa,  ou  Pacrovijfaj  &  d'autres  pour 
l'ancien  Zeugma,  villes  de  la  Dace;  mais  cela  eft  in- 
certain ,  Se  d'autres  placent  la  première  à  Bralfovie, 
Se  la  féconde  à  Millenbach. 

K  O  U. 

O^'KOM.  Ville  confidérable  de  Petfe  ,  dans  l'Irac- 
Agémi,  à  50  lieues  de  Casbin.  Les  Géographes  orien- 
taux lui  donnent  75  d.  40'.  de  long.  &  jé.  d.  35'.  de 
lat. 

KOMARE,  ouKOMORE.  Nom  d'une  ville  forte,  & 
défendue  par  une  bonne  citadelle.  Comaria.  Elle  eft 
dans  la  Balle  Hongrie  ,  lur  la  pointe  orientale  de  la 
grande  lile  de  Schur  ,  à  l'endroit  où  fc  rejoignent  les 
deux  branches  du  Danube.  Quelques  Géographes 
prennent  Komorc  pour  l'ancienne  Brigiicium ,  d'au- 
tres pour  l'ancienne  Crumcrumijl^zivics  villes  de  la 
Haute  Pannonie.  Elle  eft  capitale  du  Comté  de  Ao- 
OTore  j  qui  renferme  les  îiles  de  Sçhut,  &  s'étend  me- 


K  O  N 

me  quelque  peu  r.u  dc-là  du  Danube ,  dans  la  I  I.uite- 
Hongiie.  On  n'y  voit  rien  de  conlidérable,  outre  Ko 
more  ,  que  Sumétien.  Mat  y. 

KOMOS.  r.  m.  Terme  de  Rcl.ition.  Konios  EccLfm. 
Pmpojitus.  Les  AbylHns  ont  dans  chaque  Eglife  prin- 
cipale une  dignité  ou  une  charge ,  dont  celui  qui  en 
e!t  pourvu  s'appelle  Komos ,  &  au  pluriel  Komofat. 
Son  oliicc  e/l  d'avoir  foin  du  temporel  de  l'Églife  j  (."<>: 
de  terminer  les  dirtcrcnds  èJc  les  procès  des  Clercs.  Lu 
dolf^  Hijl.  Jlick.  L.  III.  c.  7.  §.  Jd  &  2j. 

KOMROM  Nom  d'une  ville  de  Perfe,  nommée  aufli 
Bander  Komron  &  Bander  Aballî.  On  dit  au(li  Gcni 
rom  ,  au  lieu  de  Komrom.  Komroma  ,  Comfoma , 
Banlcr-Ahajjhim ,  Emporium  AhaJJium.  Elle  eft  (î- 
tuce  (ur  le  golfe  de  Balléra,  vis  à  vis  d'Ornuis  dans  le 
Farlitan ,  ou  plutôt  dans  l.l  Province  de  Kirman  ou 
Carmanie.  Komrom  ell  grand,  fort  marchand,  &  il 
a  une  bonne  rade  qui  y  attire  beaucoup  de  vailleaux 
Européens.  L'air  y  ell  mal  l.iin  Se  li  exceflîvemcnt 
chaud  pendant  les  mois  de  Juin  ,  de  Juillet  &■  d'Août  j 
qu'on  eft  obligé  d'aller  chercher  du  frais  dans  les 
montagnes  voilines  que  l'on  va  habiter  alors. 

K  O  N. 


KONGEL ,  ou  KONGAL.  Nom  d'une  petite  ville  du 

Gouvernement  de  Bahus  ,    en  Norvège.    Congella. 

Elle  ell:  à  l'embouchure  feptcntrionale  de  la  rivière  de 

Trolhette,  entre  la  ville  de  Bahus  &  celle  de  ALieU- 

.'    trand,  à  deux  lieues  de  la  première,  &  à  une  de  la 

dernière.  Maty.  long.  29.  d.  10'.  lat.  57.  d.  jo'. 
Cf3"KONG-PU,  f.  m.  C'eft  ainli  qu'on  appelle  à  la 
Chine  Je  Tribunal  qui  eft  chargé  des  travaux  publics 
de  l'Empire,  comme  le  Palais  de  l'Empereur,  les 
grands  cjiemins,  les  temples,  les  fortitications,  ic. 
Ce  Tribunal  eft  prélidé  par  un  des  principaux  Man- 
darins. 
KONICÉPOLE ,  au  KONIECPOLE.  Nom  d'une  ville 
du  Royaume  de  Polojjne.  Coniecpola.  Elle  ell  dans  la 
Badè  Podolie,  au  continent  d'uuf  petite  rivière  avec 
le  Bog^  &  à  vingt  quatre  lieues  au  delfus  de  la  ville 
de  Braclav/-.  Maty. 
KONIGLNIGRETZ  ,  KONINGRETZ  ,  KONIGS- 
GRATS  ,  ou  KRALOWIHRADES.  Nom  de  la  ville 
capitale  d'un  Cercle  du  même  nom.  Reginx  Grade- 
cïum.  Hraaium  Régime,  Elle  eft  dans  la  Bohème,  fur 
l'Elbe,  à  dix- huit  lieues  de  Prague.  Elle  a  un  Evêchc 
iutlraganc  de  Prague ,  Se  érigé  par  le  Pape  Alexandre 
VIL  l'an  1664.  Maty. 
KONIGSBERG.  Nom  de  la  ville  capitale  de  la  Pruifc 
Ducale.  Konisberga,  Regius  JMons ,  Mons  Regalis. 
Elle  eft  dans  la  Smalande ,  fur  l'embouchure  du  Pré- 
fel ,  dans  le  Frifch  HafF.  Konigsbcrg  eft  une  ville  An- 
féatique  &:  fort  marchande,  grande,  bien  bâtie  Se 
fortifiée.  On  y  Voit  le  Palais  des  ancjiens  Ducs  de 
Prulfe,  enrichi  d'une  belle  Bibliothèque;  le  Palais 
des  anciens  Evêques ,  l'Églife  Cathédrale ,  l'Univerlîté 
fondée  par  Albert  de  Brandebourg  l'an  1 544  ,  &  un 
bon  château  qui  défend  le  port  &  qui  commande  la 
ville,  font  encore  remarquables.  Konisherg  eft  par- 
tagé en  u-ois.  La  première  partie  eft  le  vieux  Ko- 
nigsbcrg ;  c'eft  dans  celle-là  qu'eft  le  château  Ducal; 
l'autre  partie ,  où  eft  l'Églife  Cathédrale  &  l'Univer- 
fité.  Ce  nomme  Knipkoff.  La  troifième  s'appelle  LJ- 
bémchc.  Les  Polonois  appellent  Konigsberg  en  leur 
langue  Kroleffsky.  Konigsberg  fut  bâti  en  1 160 ,  par 
les  Chevaliers  de  l'Ordre  Teutonique. 

Konigsberg  eft  la  même  chofe  en  Allemand  que- 
Royaumont,  ou  Montroyal,  &:  Montréal  en  Fran- 
çois. Il  eft  compofé  de  Berg  j  qui  fîgnifie  Montagne  j 
ik  Konig  ,  Roi. 

Il  y  a  aufîî  dans  la  Stirie  une  petite  ville  du  même 
nom.  Elle  eft  entre  Cilley  &:  Pettaw,  à  fix  ou  fept 
lieues  de  l'une  &  de  l'autre.  Cette  ville  eft  du  Cercle 
d'Autriche. 

Ceft  encore  le  nom  d'une  petite  ville  de  la  nou 
vc'le  Marche  de  Brandebourg.  Elle  eft  vers  les  con- 
tins de  k  moyeiKie  Marche  &c  de  la  Pomcranie ,  en- 


K  O  N  3^7 

trc  Cuftrin  Ôc  Gartz,  à  huit  ou  neuf  lieues  de  l'une 
Se  de  l'autre.   Maty. 
KONIGSBERG,  ou  KONIGSBRUCK.  Nom  d'une  pc 
tite  ville ,  avec  titre  de  Coraté.  Konisberga  ,  Konif- 
bruga.  Elle  eft  dansla  haute  Luface ,  à  huit  lieues  de 
Bautzen ,   vers  le  couchant ,  Se  à  cinq   de  Drefde. 
Maty. 
KONIGSDALLRE.  f.  m.    Monnoie    d'argent,    quî  a 
cours  en  plulicurs  lieux  d'Allemagne  ,  particulière- 
ment fur  les  frontières  de  France.   Il  vaut  cinquante 
fous  du  pays ,  ce  qui  revient  à  trois  livres  fix  fous 
huit  deniers  de  France. 
IvONIGSGRATZ.  Voye-{  Konigingketz. 
KONIGSMOVEN.    Nom  d'une  petite  ville  du  Cercle 
de  Fraiiconie.  Konigshovia  ,  Régis  Curia.    Elle  eft 
dans  l'Evcchédc  Wurtzburg,  aux  confins  du  Comté 
d'Henneberg  fur  le  Saal ,  à  trois  Ueucs  au  delfus  de 
Ncuftar.   Konigshoven  eft  une  place  forte.    Elle  fut 
aftiégée  &:  prife  par  le  Roi  de  Suéde,   l'an   163 1. 
Maty.  Long.  17.  d.  i*S'.  lat.  49.  d.  38'. 

C'eit  aulli  le  nom  d'une  autre  petite  ville  du  Cer- 
cle Electoral  du  Rhin.  Elle  eft  dans  l'Archevêché  de 
Mayence,  furleTaubcr,  à  deux  lieues  au  delîbus  de 
Marienthal.  Maty. 
KONIGS- LUTTER.  Lutera  Regia.  Petite  ville  d'Alle- 
magne ,  avec  une  célèbre  Abbaye ,  dans  le  pays  de 
Brunfwick- Woltenibutel.  Lom:.  28.  d.  6'.  lat.  ci. 
d.  2' . 
KONIGSMACHREN.  Nom  d'un  bourg  du  Duché' de 
Luxembourg.  Machra^,  Machru  Rcgis.  Il  eft  fur  la 
Molellc,  dans  la  Prévôté  de  Thionville,  à  une  lieue 
au  dellous  de  la  ville  de  ce  nom.  Maty.  '  ■ 
KONIGSTEIN.  Nom  d'une  petite  ville  du  Cercle 
Electoral  du  Rhin.  Konigfieinum ^Lapis  R.egius.  Elle 
eft  dans  l'Archevêché  de  Mayence,  à  quatre  ou  cinq 
lieues  de  la  ville  de  MayencCj  Se  de  celle  de  Franc- 
fort. Konigflein  eft  fortifié  à  la  moderne  Se  défendu 
par  un  château;  mais  il  n'eft  pas  de  grande  défenfe  , 
à  caufe  des  montagnes  qui  le  dominent.  C'eft  la  ca- 
pitale d'un  Comté  qui  fur  réuni  en  qualité  de  fief  à 
î'Archevêché^de  Mayence,  par  la  mort  du  dernier 
Comte  de  Konigflein  ,  arrivée  l'an  1487.  Maty. 
Voye-:{  Imhoff,  Not.  Imp.  Introd.  ad  I.  VI.  §.  3 .  Il 
écrit  Kocningfleinjis  Comitatus.  Long.  3  i.  d.  36'.  lar. 

■^^'-  ^-  ^^'-  /-.    ,  ■ 

Ce  mot  eft  compofe  de  Konig ,  ou  Koning  ^  qui 

fîgnifie  Roi ,  Seflein,  qui  veut  dire  pierre  en  Alle- 
mand. 

KONINGSECK.  Koningfeccium.  C'eft  un  bourg  de  k 
Suabe ,  fitué  entre  les  villes  d'Uberlingue  &  de  Bu- 
chaw  ,  à  quatre  ou  cinq  lieues  de  l'une  Se  de  l'autre. 
Ce  lieu  eft  chef  d'un  Comté  qui  porte  fon  nom ,  Se 
duquel  dépend  la  Seigneurie  de  Rotrenfels,  qui  eft- 
aux  confins  du  Comté  de  Brézentz,  &  de  l'Evêché 
d'Ausbourg.  Les  Comtés  de  Koningfeck  font  divifés 
en  deux  branches  diltinguées  par  les  noms  d'Aulen- 
dorf  &  de  Roitenfcls.  ]VL\ty.  Voye-{  Jacq.  Philip. 
Spéner ,  Théatr.  P.  II.  p  42.  Se  P.  III. p.  3  r. 

KONINGS'WINTER.  Nom  d'une  petite  viUe  ou  bon 
bourg  de  l'Archevêché  de  Cologne.  Koningswi/uem. 
Ce  lieu  eft  fur  le  côté  droit  du  Rhin,  à  une  lieue  Se 
demie  au  delTus  de  Bonn.   Maty. 

KONISBRUCM.  Nom  de  lieu  &  d'un  Mor.aftère  fitué 
dans  le  diocèle  de  Strasbourg  en  AUace.  Konisbruga. 
Le  Monaftère  de  Konisbruch  a  été  fondé  par  Dagobert. 
P.  Jo(irdan ,  Hifi.  de  Fr.  L.  XXVII.  p.  sic 

KONISMARK.  f  f.  On  a  donné  le  nom  de  Konifmaik 
à  une  certaine  lame  d'épée  qui  eft  large  de  trois  ou 
quatre  doigts  proche  la  poignée,  pendant  un  demi- 
pied  feulement ,  Se  dont  le  refte  jufqu'à  h.  pointe  ,  n'a 
que  la  largeur  ordinaire.  Ce  nom  lui  vient  du  Comte 
de  Konifmark  ,  ce  fameux  Général  de  Suéde ,  qui  pilla 
la  ville  de  Prague  en  1 648  ,  où  il  butina ,  dit-on ,  plus 
de  douze  millions.  Il  inventa  cette  forte  d'épée  pour 
■fes  troupes.  La  Konifmark  porte  fa  parade  pref- 
que  d'elle  même  ;  mais  elle  n'eft  pas  honorable. 
Les  honnêtes  gens  auroient  honte  de  s'en  fervir.  Se 
lailfcnt  cela  aux  brétailleurs  de  profeilion  qui  en  ont 
honte  eux- même";.  Ils  la  c?.chent  fous  leur  habit ,  & 


# 


Mb^ 


3j8  K  O  P 

n'ofcnt  lorer  de  leur  cote,  de  peur  qu'on  ne  voie 
leur  turpitude  qui  leur  donne  une  elpèce  de  hardicile 
qu'ils  n'auroient  pas  lans  ce  fecouis. 
KONITZ ,  ou  CHONICZE.  Nom  dune  petite  ville 
de  1.1  Prulîe  Royale.  Coniûa ,  Conidum.  Elle  eft  fur  la 
rivière  de  Bro  ,  dans  la  Pomérélie ,  près  du  defert  de 
Waldow,  à  vingt  lieues  de  Danrzick  ,  vers  le  midi, 
&  à  dix  deCulni ,  vers  le  couchant.  Matv. 
flCTKONQUER.   f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  au 
Chci'de  chaque  nation  des  Mottentots.  Chacuncdc 
ces  nations ,  dit  le  P.  Tachard  ,  voy.  de  Siam  ,  a  (on 
Chef  ou  Capitaine  auquel  elle  obéit  :  cette  Charge 
elt  héréditaire  &  palVc  des  pères  aux  enfans.  C'eft  aux 
aines  quappartieiit  le  droit  de  luccclfion  ,  &  pour 
leur  conferi'er  l'autorité  &  le  repos  ;  ils  font  les  fculs 
héritiers  de  leur  père ,  les  cadets  n'ayant  point  d'autre 
hérirage  que  l'obligation  de  fervir  leur  aîné.  Le  Kon- 
quer  porte  une  couronne  de  cuivre  ',  il  préhde  à  toutes 
les  aflaires,  à  la  paix  ,  à  la  guerre,  avec  les  Capitaines 
qu'il  a  fous  lui. 

K  O  P. 

KOP.  L  m.  C'eft  la  plus  petite  mefure  dont  les  détail- 
.    leurs  fj  fervent  à  Amfterdam  pour  la  vente  des  grains. 
Huit  kops  font  un  vierdevat ,  quatre  vierdevats  un 
fchépcl  \  quatre  fchépels  un  mudd'e  ,  &  vingt  fept 
muddes  un  lall. 
KOPERSBERG,  ou  FIÉLUN.  Nom  d'une  petite  ville 
àehSnéAi:.  Cuprimantium.  Elle  eft  dansla  Geltricie  , 
près  du  lac  Konn  ,  &  de  la  montagne  qu'on  nomme 
Kopersberf;,  c'eft-àdire,  la  montagne  du  cuivre,  à 
caufe  de  fes  mines  de  cuivre.  Maty. 
KOPIMG.  Nom  d'une    ville  de  la  Suéde.  Kopingia. 
Elle  ell  dans  la  Wefnianie  ,  près  du  lac  Mêler  ,  entre 
la  ville  d'Arofen  &  celle  d'Aavbogen.  Il  y  a  près  de 
Koping  de  bonnes  mines  de  fer  &  d'air.iin.    Maty. 
Jean-Guftave  Halman  ,  Suédois,  qui  en    1728, 
•   donna  à  Stockholm  une  hiftoire  ou  defcription  de 
cette  ville  ,  dit  qu'elle  eft  fituée  entre  le  59  &  le  60 
degré  de  latitude  ,  &   entre  le  36^  57  de  longi 
rude  ,    dans   le  territoire   appelé    Weifmanie  ,    &: 
aujourd'hui  Ulft'und  ,  ouUkerbo,  Acia  L'ut.  Suce. 
I72(}.  p.  S7Ç- 
Koping  ,  eft  aulli  le  nom  d'une  petite  ville  du  Dane- 
marck.  Koplnga.  Elle  eft  dans  l'ile  d'Arroë,  vis-à- 
vis  de  la  pet-ice  ville  de  Foburg  en  Fionie.  Maty. 
fC?  Le  mot  Koping  ,  qui  figniîîe  marché ,  entre  dans  la 
terminaifon  de  plulîeurs  noms  de  villes  ou  bourgs  en 
Suéde. 
KOPPAN.  Nom  d'une  petite  ville  du  Comté  de  Zy- 
geth ,  en  la  Balfe  Hongrie.  Copanum.  Elle  eft  à  neuf 
lieues  d'Albe  Royale  ,  du  côté  du  midi.   Maty. 

K  O  Q. 

KOQUET.  f  m.  On  appelle  ainfi  en  Angleterre  ce 
qu'on  nomme  en  France  droit  de  fortie.  Les  Fran- 
çois en  payent  le  double  dr  ce  qu'en  payent  les 
Anglois. 

K  O  R. 


K  O  R 


KORATHES  ,  ou  TOQUES  de  Cambaye.  f  f  Ce  font 
de  grolles  toiles  de  coton  qui  viennent  des  Indes 
Orientales  ,  particulièrement  de  Surate. 

KORBAN.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  un  mot 
du  Levant  ,  qui  lignine  une  grande  réjouillance  par 
la  mort  de  quelque  animal  ,  que  l'on  fait  cuire 
tout  entier  ,  puis  on  le  partage  aux  Alîiftans.  De  la 

BOULAYE. 

Le  Kotban  étoit  un  facrifice  en  uftgc  parmi  les 
Chrétiens  Orientaux,  qui  confiftoit  à  conduire  avec 
pompe  un  mouton  fur  le  parvis  de  l'Églife.  Le  Prê- 
'  tre  ficrificateur  bénilfoit  du  fel  ,  &  le  mettoit  dans 
la  gorge  de  la  viètime  ;  il  faifoit  enluite  quelques 
,  prières  fur  le  coute.iu  dont  il  alloit  fe  fervir,  & 
•iprès  avoir  impofé  les  mains  fur  la  tête  du  mouton  , 
il  régorgeoit.  La  vidime  étant  égorgée  ,  le  Prcue 


avoir  grand  foin  de  s'en  appropier  une  bonne  partie  , 
&  abandonnoit  le  rcfte  aux  alîiftans  ,  qui  en  fai- 
loicnt  un  grand  feftin  ,  dont  les  fuites  étoient  très- 
iouvent  tuneftes  aux  bonnes  mœurs.  On  doit  aux 
zèles  des  Millionnaires  François  le  bonheur  de  ne 
voir  prelque  plus  aujourd'hui  ces  fortes  de  facrifi- 
ces.    Mémoires   des   Mijjlons  du  Levant  ,  T.  IV  ^ 

pag-   37  >   i^- 

Korban  eft  un  mot  Hcbreu,  qui  fignifie  offrande 
ollatlon  ■  de  snp  ,  kùrub ,  qui  à  la  cinquième  con- 
jugailon  D'ipn  ,  j  fignihe  oJ}rir. 
KORCLN  ,  ou  COREZIN.  Nom  d'une  petite  ville 
du  Palatinat  de  Sandomir,en  Pologne,  Corcinum, 
Korcina.  Elle  eft  à  l'embouchure  de  la  Nida  dans  la 
Viftule,  entre  Cracovie  6c  Sandomir.  Maty. 
KORY.    Foyei  GORY     . 

KORIAM.  L  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  neu- 
vième mois  def  dix  qui  compolcnt  l'année  chez  les 
habitans  de  l'Ile  Formofe. 
KORNi3URG.   Koneburgum  ,  Concdunum.  C'étoit  an- 
ciennement une- petite  ville  de  la  haute  Pannonie; 
ce  n'elt  m.iintcnaat  qu'un   petit  bourg  de  la  Stirie  , 
iuué  fur  le  Raab  j  à  neuf  lieues  de  la  Gracz  ,  vers  le 
levant.  Maty. 
KORNEWBOURG.  Nom  d'un  petite  ville  de  l'Autri- 
che en  Allemagne.  Corneburgum.  Elle  eft  fortifiée  , 
&   fituée   fur  le  bord  feptentiional  du  Danube  ,  3 
quatre  lieues  au  delius  de  Vienne.   Maty. 
KOROA.  f  m.  &  f.  Nom  d'une  nation  de  l'Amérique 
feptentrionale  ,  où  le  Iieur   de  la  Salle   arriva    au 
mois  de  Mai   1 680  ,  &  dont    le  village   étoit  ,  di- 
foient-ils  eux-mêmes  ,   à  dix  journées  d2    la  mer  , 
c'eft  à-dire  ,  de  .la  mer  Pacifique. 
KOROM.    Nom    dun   bourg   de  la  Balfe  Hongrie, 
fitué  fur  le  Danube  j  vis  à  vis  de  l'embouchure  de 
la  Teilfe.   Koroma.  Quelques    Géographe^  la  pren- 
nent pour  l'ancienne    Cornacum  ,  pence  ville  de  la 
balle  Pannonie  ,  que  d'autres  mettent  au  bourg  de 
Kérof;a  ,  &  d'autres  encore  à  celui  de  Zatha,  lituc 
dans  la  même  contrée.  Maty. 
KORPIKYLA.  Hameau  fur  le  bord  du  fleuve  Torno^ 
habité  par  les  Fiiteis ,  &  à  une  journée  de  la  V:lle 
de  Torno.  Maupert. 
KORSOE,  KORSOR,  CORSOR.  Nom  d'une  petite 
forcerelfe   de    Danemarck.     Corfoa.    Elle    eft    dans 
rîle  de  Zélande  ,   fur  le  grand  Pelt ,  vis  à-vis  de  la 
pointe  feptentrionale  de  l'Ile  de  Langueland.  Kor- 
foe  a  un  bon  port ,  d'où  l'on  fait  ordinairement  le 
trajet  en  l'Ile  de  Fionie.  Maty. 
KORSUM.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  balfe  Volhi- 
nie ,  en  Pologne.  Korfuma.  Elle  eft  capitale  du  pays 
des    Cofaques  Rebelles ,  &  fituée  fur  la  rivière  de 
Roir,  à  dix-fcpt  lieues  de   Czircafti ,  vers  le  cou- 
chant. Maty.  long.  49,  d.  55',  lat.  49  ^  d.   }'. 
KORTCHI.  f  m.  Terme  de  Relation.    Les  Korccliis 
forment  en  Perfe  un  Corps  de  .Cavalerie  j  deftiné  à 
garder  les  frontières  :  on   ne    les    rétorme    jamais. 
Chaque    Kortchi  a  cent  écus  d'appointement ,  qui 
fe  prennent  fur  le  domaine.   Les   enfans  fuccèdent 
à  leurs  pères  dans  l'emploi  de  Kortchi  ,  avec  l'agré- 
ment du  Général.    Les    Kortchis    dclcendent   d'un 
ancien  peuple  étranger  ,  qui  campoit  (ous  des  tentes 
comme  les  Turcomans  ,  &c  qui  a  toujours  été  en 
réputation  pour   la  bBavoure.  Tavernier   écrit  Cor- 
'    chis ,  &  dit  qu'on   les  appelle  ordinairement  Ké- 
fels-Cachs ;  c'eft  à  dire  ,  Têtes  rouges,  parce  qu'au- 
trefois ils    portoienc  des  bonnets  rouges. 
KORTCHI  -  BACHI.    L   m.    Nom  d'un  Officier  de 
guerre  confidérable  en  Perfe.  C'eft  le  Commandant 
des  Kortchis.  Autrefois  il  étoit  le  premier  Ofhcicr 
du  Royaume  ,  miintenanc  il  n'eft  plus  que  le  fécond. 
Il  ne  quitte  la  Cour  que  pour  aller  commander  les 
Années  j    ce    qui   arrive    rarement  ,  parce  que   le 
Roi  doit  lui  fiire  fa  maifon ,  lui  donner  de  ia  vail- 
felle  d'or,  &  une  partie  de  fes  Gardes.  Le  Kortchi- 
Bachi  eft  ordinairement  pourvu  d'un  des  premiers 
Gouvernemens. 
KORY.   Foyci  GORY. 
KORYBANTE.  Foyei  CO^YBANTE. 


i 


K  O  U 


K  O  s. 

KOST.  f.  m.  Nom  d'une  mcfure  Égyptienne.  Kojl , 
kojlus.  Un  Auteur  Ar.ibe  ,  nomme  Sérapion ,  c;:é 
par  le  P.  Kirker ,  Œdip.  ALt^.  T.  H ,  P.  II  , 
p.  2  i'û  ,  dit  qu'elle  valoic  une  livre  Romaine  ,  plus 
deux  tiers,  ce  qui  fait  vingt  onces  R.omaines.  Aben 
Sira  dit  la  même  choie.  Il  s'en  (uit  que  le  kojl  ell 
une  livre  de  France  ,   plus    une   once  &  demie  , 

-  deux  gros  tC  (eizc  grains  ;  en  luppolant  que  l'once 
Romaine  étoit  d'un  neuvième  plus  foible  que  la 
nôtre. 

K  O  T. 

KOTATE.  Foyej  KHOTATE. 

gCT  KOTBAH.  f.  m.  C'eft  ainli  qu'on  appelle  chez  les 
Mahométans  une  prière  que  l'Iman  tait  toiis  les 
vendredis  après  midi  dans  les  Alolquées  ,  pour  la 
famé  &  prolpérité  du  Souverain  dans  les  États  de 
qui  il  le  trouve. 

KOTEN.  Nom  d'un  bourg  avec  un  beau  château. 
Coctha.  Il  ell:  daiis  la  Principauté  d'AnJialt  ,  en 
Haute- -Saxe  j  lur  une  petite  rivièue  ,  à  quatre  lieues 
de  DeiLiv/  &z  de  Bernbourg.  Maty. 

K  O  U. 

KOUAN.  Quelques  -  uns   écrivent  CHOUAN,  f.  m. 
C'eft   une  graine  légère ,  d'un  vert-jaunàtre ,  d'un 
goût  un  peu  lalé  Ik.  aigrelet  :  elle  rellemble  allez  au 
Jèmeri  contra  ,  mais  elle  eft  plus   grolle  &  plus  lé- 
gère. La  plante  qui  porte  le    koujn   eft  balle  ,  la 
graine   eft  à    petits    bouquets  ,   comme   le   fcmcn 
contra.  On  le  l'crt   en  France  du  kouan  pour  faire 
le  carmin. 
Ip-  KOUAN-IN.  f.  f.    C'eft  le  nom  que  les  Chinois 
donnent  à  la  divinité  tutélaire  des  femmes.  Les  Chi- 
nois repréfentcnt  cette  diviiîité  lur  leur  porcelaine 
blanche  ,  lous   k  figure    d'une  femme    tenant   un 
enfant  entre  les  bras.   Les  femmes  llérilcs  révèrent 
beaucoup   cette  figure  ,   bien  perluadées  que  la  di- 
vinité qu'elle  reprélente,  les  rendra  fécondes. 
KOUHEL.  r.  m.  Terme  de  Relation.  Noir  à  noircir  , 
dont  les  Arabes  ,    hommes  ,  femmes  &  entans ,  le 
fervent  en  Orient  pour  fe  teindre  le  bord  des  pau- 
pières &  le  blanc  des  yeux.  P.  Roger  j    Voyage  de 
la  Terre  Sainte  ,  L.  II ,   c.  ii. 
KOUJA.  f   m.  Idole  de  la  Chine.  Kouja.  L'idole  ou 
le   faux  dieu  Kouja   eft  honoré  à    Nanchang ,  ou 
Kiangll  ,  capitale  de  la  province  de  Kiangfi.   Il  ell 
dans  le    veltibule   de  la    principale    Pagode   de   la 
ville  nommée  Thifiking.    Il  eft  entouré  de   beau- 
coup   d'autres  idoles    plus  petites  ,  mais  qui  font 
pourtant  une  fois  auiîl   grandes    qu'un    homme  de 
taille  ordinaire.  Kouja ,  comme  le  maître  &c  le  dé- 
fenfeur  de  cette    Pagode  ou   Temple  ,   eft  fur   un 
trône  élevé ,  ayant  fur  les  épaules  un  manteau  cou- 
leur de  pourpre  i  il   eft  allîs  fur  une  longue   per- 
che que  deux  dragons  aftreux  &  menaçans  entou- 
rent par  leurs  replis.   Aml'ûjJ.  des  Hollandais  à  la 
Chine  y  P.  I,p.  jS.  de  l'edit.  Lut. 
KOUL.  1.    m.   Terme   de    Relation.    Les  Kouls  ,  ou 
Efclaves   du  Roi  ,    foriPient   en   Perle  le   troidcme 
Corps   de   Troupes  ,  des   cinq    qui    compolent   la 
Maifon  du  Roi.  Ils  font  la  garde  dans  le  portique , 
^  qui    eft   entre   la  première  &  la  féconde  porte  du 
Palais.    Ces    Kouls  font    gens   de   qualité  ;  il    faut 
avoir  fcrvi   dans  ce  Corps  pour  parvenir  aux   pre- 
mières Charges.    Les    Kouls    font    au  nombre    de 
quatre  mille. 
KOULAM-VISIRI.  f.   m.  Terme   de  Relation.  Nom 
d'un  Officier   confidérable  de  Perfe.  C'eft  le  Tiéfo- 
rier   &  le  Payeur  des  Troupes  Efclaves. 
r.OULER  -  AGASI.  f.  m.'  Terme  de  Relation.   Nom 
d'un  grand  Officier  de  guerre  en  Perfe.  Le  Kouler- 
Agafi  eÇc  Chef  &   Commandant  des  Kouls;  il  eft 
ordinairement    Bourvu    d'un   beau    Gouvernement. 
KOUM-POULATî.  Terme  de  Relation.  C'eft  un  mot 


K  R  A  359 

compofc  de  Koum ,  qui  lignifie  du  fable  en  Turc , 
mais  une  ville  en  Perfan  ;  ik  poulatc  ,  acier-,  comme 
qui  diroit  de  l'acier  de  Koum  j  dont  font  faites  les 
épées  de  Perfe  ,  que  nous  appelons  damafquinées. 
Dt  LA   BouLAYE.  C'eft  l'acier  de  Damas. 

KOURDAD.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  d'un 
mois  des  Égyptiens.  Les  Perfnis  fe  fervent  aulli  de 
ce  Calendrier  ,  dans  lequel  le  mois  de  Kourdad 
eft  le  troilième  ,  &:  commence  vers  la  fin  de  no- 
tre mois  de  Juin. 

KOURDSTAN.  f  m.  Nom  de  pays.  De  la  Bou- 
laye  écrit  ainh  ;  mais  nous  difons  CURDISTAN. 
Voy.  ce  mot. 

KOWNO.  Nom  d'une  petite  ville  avec  Châtellenie. 
Cowna.  Elle  eft  dans  le  Palatinat  de  Troki  ,  en 
Lithuanie  ,  fur  les  confins  de  la  Samogitie ,  à  l'em- 
bouchure de  la  'Vilia',  dans  le  Niémen,  tic  à  dix- 
huit  lieues  de  la  ville  de  Troki  ,  vers  le  couchant. 
Maty.  long.  43  j  d.  40'  ,  lat.    54,  d.   2.8'. 

§CF  KOUROy.  f.  m.  ou  KURU.  C'eft  le  nom  que 
l'on  donne  a  une  des  clalîes  des  Prêtres  des  peuples 
idolâtres  de  l'Indoftan. 

^KOUROUK.  f  m.  Proclamation  qui  fe  fait  en 
Perfe ,  trois  jours  avant  que  le  Souverain  ,  accom- 
pagné de  fes  femmes  ,  lorte  d'Ifpahan  ,  pour  faire 
quelque    voyage    ou   quelque     promenade.     Voye^ 

CoUROOK. 

K  O  Z. 

KOZE.  f  m.  Nom  d'un  dieu  des  Iduméens.  Jofeph 
parle  ,  dans  fes  Antiquités  Juda'i'ques ,  d  un  cer- 
tain Collobare ,  qui  étoit  d'une  famille  confidéra- 
ble parmi  les  Iduméens ,  &  dont  les  ancêtres  étoient 
toujours   Prêtres  du  dieu  Koie. 

Ce  mot  vient ,  félon  quelques  uns  ,  du  mot  Chal- 
daïque  Nïfip  ,  qui  veut  dire  fainteté  ;  la  racine  eft 
VVit'^,  en  Hébreu  J  &  tanp  ,  en  Chaldaïque ,  ces 
mots  veulent  dire  Saint  dans  ces  langues.  Il  y  en 
a  qui  écrivent  Coçe  avec  un  C ,  parce  que  dans  le 
Grec  il  y  a  K ,  KsÇé  ,  que  nous  changeons  en  un  C 
dans  le  Latin  ,  &  dans  nos  langues  modernes 
d'Europe.  D'autres  confervent  le  K  au  nom  de  Kofe , 
pour  mieux  marquer  fon  origine  ,  en  mettant  un  K 
pour  un  p  Hébreu  ,  ou  Chaldaïque ,  &  un  C  pour 
le  D  des  mêmes  langues. 

K  R  A. 

KRACH.  Foyei  HÉRAT. 

KRAIBURG.  Kriibuorgum  ,  Carrodunum.  C'étoit  ancien- 
nement une  petite  ville  de  la  Vindélicie.  C'eft  main- 
tenant un  petit  bourg  de  la  Bavière,  iitué  lur  l'Inn  , 
à  fix  lieues  de  Burckhaufen  ,  du  côté  du  couchant. 
Maty. 

KRALOWIHRADES.  Foye^  Konigingretz. 

KRANOWItS.  Petite  ville  de  la  Haute  Siléfie ,  dans 
la  Province  de  Trop.iu  ,  entre  Ratibor  &  Tropau. 
Long.  35  d.  48'.  lat.  $0  d.  10'. 

KRAPACK  ,  ouCRAPAACK,  &  CRAPPAAK.  Nom 
d'une  longue  chaîne  de  montagnes  ,  qui  environ- 
nent la  Hongrie  &  la  Tranfylvanie  ,  du  coté  du  nord 
&c  du  côté  de  l'oueft.  Elles  commencent  au  conHuent 
de  la  Morave  &  du  Danube  ,  6c  s'avancent  cîure 
la  Hongrie  d'un  côté  ,  la  Moravie  &  la  Siléfie  de 
l'autre  jufqu'à  la  petite  Pologne ,  où  on  les  appelle 
Schneberg.  Ce  font  les  plus  hautes  cimes  du  mont 
Krapach  ,  6c  celles  que  l'on  ncmmoit  autrefois 
Sannatic£  Rupes.  Enfuite  elles  féparer.t  la  Hongrie 
de  la  Pologne  ,  isj  elles  portent  en  ce  quartier  le  nom 
de  Siépéfi  &c  de  Krempach.  Enfin  ,  elles  s'avancent 
jufqu'ai  Moldavie  ,  entre  la  Tranfylvanie  &  la 
Ruifie  Rcu2e  ,  &  là  on  les  nomme  Bics  Sciadi. 

ffJ-  KRAPîTZ.  Petite  ville  de  la  Siléfie  ,  au  Duché 
d'Oppelen,  fur   l'Oder.  Long..  3;    d.  40',  lat.    js 

d.   38'.  - 

KRASNOBROD.  Village  de  Pologne  ,  où  Jean  So- 
bieski  ,  depuis  Roi  de  Pologne  ,  remporta  uac 
grande  viftoire  fur  les  Tartares. 


• 


3^o 


K  R  U 


% 


KRASNOSLAW  ,  KRASNOSTAW  ,  CRANÛS- 
lAW.  Petite  ville  de  la  Ruilie  Rouge,  en  Po- 
dogne.  Crafnojlavia  j  CraJ'iwJlavia.  Ce  lieu  elt  lîtué 
iur  un  petit  lac ,  forme  p.ir  la  rivière  de  Wieprz  , 
dans  le  Palatinat  de  Kelj  iSc  à  huit  lieues  de  la 
ville  de  ce  nom  ,  vers  le  couchant  méridional. 
Kmfnojlaw  eft  fortifié.  Il  a  une  Châtelleiiie  :  l'on 
-Eveclié  a  été  transtéré  à  Chehn. 

K  R  E. 

KREISS  ,  ou  CREUTZ.  Nom  d'une  ville  de  Hon- 
grie. Crux.  Elle  eft  hu"  la  rivière  de  Hun  ,  à  l'o- 
rient d'Agram.  C'cfl  la  capitale  d'un  Comté  qui 
porte  fon  nom. 

Le  Comté  de  Kreif] ,  ou  de  Kreut^  ,  eft  une  petite 
Province  de  l'Elclavonie,  en  Hongrie.  Crucienjis  ,  ou 
BJJiipJis  Cornlcatus.  Ce  Comté  s'étend  d'orienr  en 
occident  ,  depuis  le  Comté  de  Polléga  jufqu'à  ce- 
Jui  de  Cilley.  Celui  de  Waradin  avec  la  Drave  le 
bornent  au  nord  ,  &  celui  d'Agram  avec  la  Save 
au  midi.  Creur^  la  capitale  ,  ell  le  feul  lieu  conli- 
dérable  qui  s'y  trouve. 

^  KREMLIN,  f.  m.  Nom  du  Palais  des  Cars  à 
Mofcow. 

KREMPE.  Nom  d'une  petite  ville  qui  appartient  au 
Roi  de  Danemarck.  Kreinpa  ,  Crempa  ,  ëc  elle  eft 
fituée  dans  le  Duché  de  Holftein  ,  près  de  la  ri- 
vière de  Stoëer,  &  de  la  ville  de  Glucftadc. 

KREMPACK.   roye:(  Krapack. 

KREMPS.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Bafle-Autri- 
che  ,  en  Allemagne.  Crcpjfa  ,  Cvcm'ijium  ,  Crcmhfa. 
Elle  eft  dans  le  quartier  du  haut  Manhartsherg  , 
lur  le  Danube  ,  à  tept  ou  huit  lieues  audeftus  de 
Vienne.  Maty. 

KREUX  ,  ou  CREUXER.  f.  m.  Monnoie  de  cuivre 
qui  a  cours  en  Allemagne  ,  &  qui  y  lerc  aullî  de 
monnoie  de  compte.  Le  krcux  vaut  environ  huit 
deniers  Tournois. 

K  R  I. 

KRIIZOW.  Ville  Épifcopale  de  Lithuanie._  Elle  palfe 
dans  le  pays  pour  avoir  été  Ja patrie  d'Elculape. 

KRIMLNDA.   Foyei  Krim. 

KRINOK.  Bourg  d'Écofle  avec  un  bon  port.  C'eft  le 
partage  des  paquebots  de  ce  Royaume  en  Irlande. 

fer  KRIVE.   Foy<:\  au  mot  Percunus. 

KRO. 

KRODO ,  ou  KRODON.  f.  m.  Nom  d'un  dieu  ou 
d'une  idole  que  les  anciens  Saxons  honoroient. 
Krodo.  Depuis  qu'ils  eurent  embrairé  la  Religion 
Chrétienne  ,  le  nom  de  Krodo  devint  un  terme 
d'exécration  dont  ils  le  fervoicnt  pour  marquer 
qu'ils  avoicnt  quelque  choie  en  horreur.  CrantziuSj 
Mctropol.  L.  I ,  c.  ^  j  dit  que  Krodon  étoit  le  ia- 
turne  des  Saxons.  Voye^  le  Glolî'aire  de  Du  Cange. 

KROLOWICE.  Foy.  Konigsberg. 

K  R  U. 

KRUISWICK,  ouKRUSWICK.  Nom  d'une  petite 
ville  de  la  Cujavie  ,  en  Pologne.  Cru/vicia.  Elle 
eft  lur  le  lac  de  Guplo ,  à  l'endroit  où  la  rivière  de 
Netec  fort  de  ce  lac  ,  de  à  deux  lieues  d'Inowlocz  , 
vers  le  midi.  Krufwkfc  a  été  la  réiidence  de  Popiel  I, 
&  de  Popiel  II  ,  Rois  de  Pologne.  On  dit  que  ce 
dernier  ayant  lait  malîacrer  fon  oncle  ,  y  fut  dévoré 
avec  la  femme  par  des  rats ,  qui  fortirent  du  corps 
du  mort,  ou  félon  d'autres, du  lac  de  Guplo.  D'au- 
tres dilent  que  ce  Roi  ayant  invité  à  un  teftin  vingt 
oncles  qu'il  avoit ,  les  fit  empoitonner  par  les  con- 
feils  de  fa  femme  ,  &  qu'il  fortit  de  tous  ces  ca- 
davres des  rats  d'une  groftèur  prodigieufc ,  qui  dé- 
vorèrent les  enfans  de" Popiel,  &  cnfuite  lui  &  fa 

,     femme.   Tout  cela  fcnt  bien   la  table.  Maty. 

KRUMAW ,  ou  CROMAW.  Nom  d'un  bourg  avec 


K  R  Y 

uue  bonne  citadelle.  Crumarla  ,  Cromtna.  Il  eft 
dans  le  cercle  de  Prach  j  en  Bohème ,  fur  le  Mul- 
daw  ,  à  trois  lieues  au-del!us  de  Eudweill.  Maty. 

KRUMLAW.  Nom  d'un  bourg  du  Royaume  de  Bo- 
hème. Crumlavia.  U  eft  dans  la  Moravie ,  fur  l'I- 
gla  ,  entre  Znaim  &:  Brian  ,  à  quatre  ou  cinq  heues 
de  l'un  &r  de  l'autre.  Maty. 

|tT  KRUZMANN.  Nom  d'une  divinité  adorée  autre- 
fois par  les  peuples  qui  habitoient  fur  les  bords  du 
Rhin ,  près  de  Strasbourg.  Elle  étoit  reprcfentée  avec 
une  malfue  &  un  bouclier.  C'étoit  probablement 
un  Hercule. 

K  R  Y. 

KRYLOW.  Nom  d'une  ville  de  la  Ruiïïe  Rouge  ,  en 
Pologne.  Krylovia.  Elle  eft  lur  la  rivière  de  Boug, 
dans  le  Palatinat  de  Belcao  ,  à  lepr  lieues  de  la  ville 
de  ce  nom  ,  tirant  vers  celle  de  Ulodzimiers ,  donc 
elle  eft  éloignée  de  huit   lieues.  Maty. 

Krylow  j  eft  encore  le  nom  d'un  autre  petite  ville 
forte  ,  qui  eft  dans  la  Balfe-Volbinie  ,  en  Pologne  , 
&  firaée  près  du  Borifthène  ,  lur  une  petite  Ile  ,  que 
forme  la  rivière  de  Tafmin  eiv  fe  déchargeant  dans 
ce  rieuve ,  à  quatorze  lieues  au-delfous  de  Czir- 
cafti.  Krylovia.  Maty. 

K  U  A. 

KUANGSI.  Nom  d'une  des  quinze  Provinces  de  k 
Chine.  Kiangjîum  ,  Kiangfia.  Navarec ,  Trait.  I ^ 
c.  IF,  §.  I. 

KUANG TUNG.  Nom  de  l'une  des  quinze  Provinces 
de  la  Chine.  Kuangtungum  ,  Cantonia.  C'eft  celle 
que  les  Européens  par  corruption  nomment  Can- 
ton. Navaret.  ,  Trat.  I,  C,  IF,  §.  i.  Foye\ 
QuANTUNG  ,  éc  \' AmhaJ[ade  des  Hollandais  à  la 
Chine  ,  P.  I. 

K  U  B. 

KUBAN.  Nom  d'une  rivière  de  la  Circalîîe ,  en  AC\e , 
qu'on  appelle  autrement  Copa  ,  anciennement  Rhom- 
bites  ,  ou  Rhomhites  Mûgnus.  Elle  fe  décharge 
dans  la  mer  de  Zabache  ,  environ  à  trente  -  quatre 
lieues  de  l'embouchure  du  Don  ,  vers  le  midL 
Maty. 

^RUBANS,  ou  KOUBANS.  Peuple  Tartare  ,  à  l'o- 
rient du  Palus  Méotide.  C'eft  une  branche  des 
Tartares  de  la  Crimée.  Ils  prennent  leur  nom  de 
la  rivière  dont  ils  occupent  les  bords.  Ils  ont  lui 
Kan  particulier. 

gCT  KUBO  SAMA.  Foyei  Cubo. 

K  U  C. 

KUCHEL.  Nom  d'un  village  du  Cercle  de  Bavière. 
Kuchcla.  Il  eft  fur  la  rivière  de  Saltz  ,  dans  l'Évê- 
ché  de  Saltzbourgj  à  cinq  lieues  au  delîus  de  la 
ville  de  ce  nom.  On  prend  Kuchcl  pour  l'ancienne 
petite  ville  du  Norique  ,  qui  étoit  appellée  Ctt«//i , 
ou  CuculLt.   Maty. 

KUCHING.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Kuckin- 
gum.  Cette  ville  eft  au  midi  de  la  province  de  Pé- 
king;  c'eft  la  quatorzième  de  celles  qui  relTortiirent 
de  la  ville  de  Hokien  ,  troihème  métropole  de  cette 
province.  Kuching  eft  litué  lur  le  fleuve  nommé 
Guei ,  à  fa  gauche  ,  &  du  côté  du  feptentrion  :  il 
peut  avoir  deux  lieues  de  tour.  Il  eft  dans  une  plaine 
fort  agréable.  Amhaff.  des  Hollandais  â  la  Chine  j 
P.   II  j  p.  I zS .  du  Latin. 

KUD. 

KUDACK  ,  ou  HUDACK.  Nom  d'une  forterelfe  de 
la  balle  Volhinie  ,  en  Pologne.  Kudacum  ,  Huda- 
cum.  Elle  eft  fur  le  Borifthène,  près  de  Porowvs , 
ou  fauts  de  ce  fleuve  ,  à  trente  lieues  au-delfus  d  Oc- 
zakow  ,  &  de  la  mer  Noire.  Uladiflaw  Sigimiond 
fit  conftniirc  Kudack  l'an    1637.   pour    arrêter  les 

Cofaques , 


K  UL  ^ 

Cofaques  ,  qui  peu  aprcs  en  égorgcrciit  la  ganiifoii  , 
Se  s'en  rcndiicnt  m-iitrcs.  Maty. 

K  U  E. 

KUEI-CHEN.  Nom  de  ruiie  des  quinze  Provinces 
de  l'Empire  de  la  Chine.  Rueichcnum.  Navarctc , 
Tratad.l  ,  c.4,  i.  i. 

K  U  F. 

KUFA.  Nom  d'une  ville  de  la  Turquie,  en  Afie.  C:ifa  , 
Jrjca  Arabum.  Elle  cft  dans  ITcrack  Araby ,  donc 
elle  porte  quelquefois  le  nom  ,  ln:  lituce  lur  le  bord 
occidental  de  1  Euphrate  ,  environ  à  loixante-dix 
lieues  au-dellus de BaUora.  Kufa3.éii  une  ville  grande 
.&  forte  ,  Se  la  rélidence  des  Califes  de  Babylone. 
Elle  eft  maintenant   lort  déchue.  Matv. 

KUFSTEIN.  Nom  d'une  petite  ville  avec  un  château. 
Cuficnïum.  Elle  eft  dans  le  Tuol  ,  lur  l'Inn  ,  à  qua- 
torze lieues  au-dellous  d'Inipruck  ,  &:  lur  les  con- 
fins de  la  Bavière  ,  dont  elle  dépendoit  autrefois , 
avec  quelques  villages  voilîns.  Maty. 

%T  KUGAN.  'Ville  de  Chine  ,  au  Pékéli ,  dépar- 
tement de   Pékin. 

|}Cr  KUGE.  f.  m.  Mot  Japonois  ,  qui  fignifîe  Sei- 
gneur. Les  Prêtres  de  ce  Royaume  prennent  ce 
litre  faftueux. 

K  U  H. 

KUHESTEK.  Nom  d'un  port  des  Indes.  Kueftekum. 
C'eil  le  port  de  Mina ,  ville  du  Mogolillan.  Piecro 
délia  Falle,  P.  II,  Len.  XFI,  p.  340, 

K  U  I. 

KUIL-KIASTI.  r.  m.  Nom  d'une  idole,  ou  faux  dieu 
de  la  Chine.  Kuil  K'uijîi.  Ce  dieu  a  un  temple ,  ou 
une  pagode  dans  la  ville  de  Kancheu.  Une  partie 
de  ce  temple  eft  une  elpèce  d'hôtellerie.  Elle  el1: 
pleine  de  lits  ,  non  feulement  à  l'ufage  des  Prêtres 
du  temple  ,  mais  encore  pour  les  Chinois  qui  voya- 
gent ,  &  qui  vont  coucher  là.  Dans  le  veitibule  de 
ce  temple  il  y  a  deux  pagodes  de  plâtre  ,  mais  de 
taille  gi^antefque.  L'une  lance  un  fcrpent  ;  l'autre , 
qui  a  un  vitage  terrible  ,  &:  une  épée  nue  en  main  j 
tient  lous  les  pies  un  petit  homme  ,  qu'il  lemble 
qu  ii  va  tuer.  Les  Chinois  n'approchent  de  ces  pa- 
godes &  ne  les  regardent  qu'avec  un  extrême  frayeur  , 
&  en  tremblant  de  tout  leur  corps.  Il  y  a  encore 
deux  autres  ilacues  lembl.ibles  ,  mais  plus  petites. 
Defcnpcion  Latine  de  l'AmbaJf.  des  Hollandois  à 
la  Chine.  P.  /,  p.  7/. 

K  U  K. 

KUKUL.  f.  m.  Terme  de  Philofophie  hermétique.  Ce 
mot  lignifie  ,  1°.  l'ouvrage  des  Philolophes  ;  z".  le 
noir  très-noir;  3".  le  laiton 

K  U  L. 

KUL  ,  ou  KOUL.   f.  m.  Terme  de  Relation.   Ce  nom 

fignifie  proprement  un  Efclave  ,  un  Serviteur.  Selon 
Meninsky  il  fe  donne  dans  l'Empire  Ottoman  aux 
Soldats  ,  fur-tour  à  ceux  de  la  Garde  du  Gr.and- 
Seigneur  ,  &  à  l'Infanterie.  Servus ,  Mancipium  j 
Mlles  ,  Miles  Prctorianus  ,  Militia  ,  Militia  pe- 
dejlris  &  excuhiit.  Meninski.  On  appelle  les  Capi- 
taines d'Infanterie  ,  &c  ceux  qui  commandent  les 
Gardes,  i'.i//  Zahy  tiers,  ôc  les  Soldats  de  la  Garde 
Kapu-Kulleri  ,  c'eft-à-dire  ,  Efclaves  de  la  Cour. 
D'autres  dilent  ,  que  tous  ceux  qui  exercent  des 
Charges  dépendantes  de  la  Couronne  ,  pu  qui  re- 
çoivent des  gages  de  l'épargne  ;  en  un  mot ,  qui  font 
fur  l'état  du  Grand-.Seigneur  ^  &  à  fon  fervice  en 
quelque  manière  que  ce  foit  _,  prennent  le  titre  de 
Kul_  ,  plus  glorieux  que  celui  de  Sujet.  Le  Grand- 
Vifjr  lui  même  &  tous  les  Bâchas  font  gloire  de 
Tome  V. 


K  U  O 


3^1 


le  porter.  Un  Kul ,  ou  Elclavc  du  Grand  Seigneur , 
peut  maltraiter  avec  autorité  tous  ceux  qui  ne  font 
que  fesSiije»s;  au  lieu  que  le  Sujet  du  Grand  Sei- 
gneur ferait  lévércment  puni  ,  s'il  doit  taire  I.t 
moindre  choie  à  un  Kul ,  ou  Efclave  de  ce  i'rincc. 
Les  Kuls  out  un  dévouement  entier  à  la  volonté  du 
Grand  Seigneur  ,  &  ils  regardent  comme  un  mar- 
tyre qui  leur  mérite  le  ciel  ,  la  mort  qu'ils  fouifrent, 
ou  par  ordre  du  Grand-Seigneur ,  ou  en  exécutant 
fes  comniandeniens.  Les  Kuls  font  la  même  chofe 
que  ceux  que  quelques  Aiiteurs  appellent  Kvuls 
dans  kurs  Relations.    Voye\  ce   mot. 

Ce  mot  elt  Turc  ;  h^'} ,  Kul ,  en  cette  langue  cft 
la  même  chofe  que  "O'J  ,  Ehed  ,  en  Hébreu  ,  en 
Chaldéen  ,  en  Syriaque  &  en  Arabe ,  &i  que  rn23  , 
Bende  ,    Efclave. 

KULN.   Aoyq  KiLiEN. 

KULP.  Nom  d'une  rivière  cfb'i  a  fa  fource  dans  la 
Carniole,  où  elle  baigne  Metling  ,  &  entrant  dans 
la  Croatie,  elle  palle  à  Carloftat,  Se  va  fe  déchar- 
ger dans  la  Save  ,  aux  confins  de  l'Elclavonie, 
Culpa  ,   Colapis.  Maty. 

K  U  N. 

Ip-KUNCHANG.  Ville  de  la  province  de  Suchuen  , 
département  de  Siucheu  j  à  la  Chine. 

KUNKAN.  Nom  d'une  grande  contrée  de  l'Inde. 
Kunkan,  Kunkanum.  Le  Kunkan  eft  la  partie  des 
Indes  qui  comprend  le  Mogoliftan  <Sc  les  Royaumes 
des  Malabares.  Voye\  Hornius  ,  Orb.  Imper,  pas. 
44S-  C'eft  la  péninfule  de  l'Inde  en  de  -  ça  du 
Gange. 

KUNOW.  Nom  d'un  bourg  de  la  Haute-Pologne  , 
fitué  dans  le  Palatinatde  Sandomir  ,  à  quinze  lieues 
de  la  ville  de  ce  nom  ,  du  côté  du  nord.  Kunovia , 
Kunow  n'eft  connu  que  par  les  carrières  de  marbre 
qui  font  dans  Ion  territoire.  Maty. 

K  U  O.  ^ 

KUON-IN-PU-SA.  f.  f.  Nom  d'une  fauire  divinité 
de   la  Chine.  Kuoninpufa.  Dans  la  leCte  de  Foë   on 
•  honore  une  femme   nommée  Kuon-In-Pu  Sa.  C'eft 
une    des  plus  célèbres  Idoles   de   la   Chine.    Quel- 
ques uns  difent  que  c'eft  la  fille  d'un  Roi  des  Indes; 
d'autres    que   c'étoit  une  fille  Chinoile  ,  qui  vécut 
dans  les  montagnes  ,  qui  font  proches    de  Macoa. 
Un  Chinois   Chrétien  nommé  le  Dodeur   Paul  ,  a 
prétendu  que    c'étoit  la  Sainte  Vierge;  que  les  Sy- 
riens ,  qui  portèrent  le  Chriftianilme  à  la  Chine  au 
fixième    fiècle  ,    y    introduifirent    le    culte    de    la 
Sainte  Vierge;  qu'ils  y  laifsèrent  une  de  fes  images; 
que  dans   la    fuite ,   tou«  ces   Millionnaires  Syriens 
étant    morts  ,  &  le  Chriftianilme  étant  éteint ,  les 
Chinois    prirent   cette   image   pour    un   idole  ,  Se 
firent  de  la  Sainte   Vierge  une  déelfe.    Cela    peut 
être  ;  mais  d'habiles  Miilionnaires  Jéluites  en  dou- 
tent aullî  bien  que  moi ,  dinNavarete.  ^  Ce  qu'il  y  a 
de  certain  ,  par  le  rapport  des  Lettrés  convertis  à 
la  Foi  ,  c'eft  qu'on  la  repréfente    comme   une  fem- 
me. Son  nom  lignifie  que  de  mille  lieues  elle  voit 
les  bcfoins  de  ceux  qui  ont  de  l'aiiecfion  pour  elle  , 
Se   que  de  mille  lieues   elle  entend  leurs  prières , 
auxquelles   elle    lacisfait    toujours  très  hbéralement. 
On  la   peint  avec  plufieurs    mains.  Il  y  en  a  une 
figure  à  Canton  qui  en  a  jufqu'à    vingt  quatre.   Ces 
mains  lignifient  le  grand  nombre  de  bientaits  qu'elle 
répand  ,  Se  font   un    fymbole  de    fa  libéralité.    Le 
peuple  a  beaucaup   de   dévotion   pour    cette   idole 
monftrueufc.    NAVArvEXE  ,    Tratudo  II ,  C.   IX, 
§.  10. 

K.U  P. 

KUPFERBERG.  Il  y  a  plufieurs  lieux  de  ce   nom  en 

Allemagne.  Kupferberga ,  Cuprimontium.  Kupj:r- 
herg  en  Franconie  eft  dans  l'Évêché  de  Bamberg  ,  à 
neuf  lieues  de  la  ville  de  Crouach  ,  vers  l'orient. 
Kupferhirg   en    Thuringe    eft    dans    le   Comté    ds 

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3^2  K  U  R 

M.msfeld  ,  à  une  licuc  &  demie  de  la  ville  de  ce 
nom  ,  vers  le  nord  ,  lur  le  Wipper.  Kapferber^ 
en  Silciîe  eft  kir  le  Bober  ,  dans  la  •Principauté  de 
Jawer  ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  ce  nom,  vers  le 
couchant.   Maty. 

Ce  nom  fignifie  montagne  de  cuivre  ,  &  fe  donne 
à  des  montagnes  dans  lefquelles  il  y  a  des  miiits  de 
ce  métal. 

K  U  R. 

KUR.  Nom  d'une  grande  rivière  d'Afie  Cyrus ,  Cyr- 
rhus  ,  Cyrnus.  Elle  prend  la  (ource  dans  la  Géorgie  , 
bligne  Teriis  dans  le  Royaume  de  Carduel ,  Zégan 
dans  celui  de  Kakhéti;  enfuite  elle  lepare  le  Scirvan 
de  l'Erivan  &  de  l'Adirbeitzan  ,  &•  le  décharge  dans 
la  mer  Cafpienne  ,  grolîie  par  les  eaux  de  l'AralFe  , 
&  de  quelques  autres  rivières  moins  confidérables. 
Maty. 

Ce  nom  de  Kur  efl:  une  corruption  de  l'ancien 
nom  de  ce  Hcuve  Cyrus  ,  comme  l'a  remarqué 
Pietro  délia   Vallc,  P.  H ,  Lett.  XK,  p.    2y6. 

Il  y  a  encore  un  autre  Heuve  en  Afie  nommé  de 
même  par  les  anciens  ,  Cyrus ,  ou  Corus  ,  comme 
on  le  voit  dans  Sciabon  ,  L.  Il ,  &c  qui  conlerve 
au!îî  encore  aujourd'hui  le  nom  de  Kur.  Celui-ci 
coule  dans  la  Perle  ,  &  te  jette  dans  le  goUe  Per- 
lîque.  Il  prit  le  nom  de  Cyrus  ,  Il  l'on  en  croit  Stra- 
bon  ,  L.  Xf^ ,  parce  que  Cyrus  étant  enfant  hit 
fxpolé  fur  fes  bords.  Piétro  dclla  Valle  ,  P.  II , 
Lett.  XV ^  p.  2jj  ,  croit  que  ce  Heuve  Kur,  qui 
cil  en  Perfe  ,  eft  cekii  que  Strabon  ,  L.  XV.  Quinte- 
Curce  _,  L.  V,  &  Diodore  ,  L.  XVII ,  en  parlant 
de  l'expédition  d'Alexandre  ,  nomment  Araxe  ,  dif 
férent  de  l'Araxe  d'Arménie. 

KURAB.  Petite  ville  de  Perle  ,  capitale  de  la  pro- 
vince de  Kesker ,  à  une  demi-lieue  de  la  mer  Caf- 
pienne. Long.  67  d.  jo',  \\x,   37  d.  56'. 

KURAURA.  1.  m.  Nom  d'un  fruit  qui  croît  au  pays 
ies  Tapuyis  ,  au  Brehl.  Kuraura.  Il  eft  de  la  grof 
leur  d'une  de  nos  pommes,  &  n'eft  bon  que  quand 
il  s'eft  détaché'  de  lui-même  de  l'arbre  ,  &  qu'il 
eft  tombé.  Marcgrave  ,  Hijl.  Nat.  Brajtl.  L. 
VIII ,  C.4.  ^ 

KURGAN.  Rivière  d'Alîe  très-poiironneufc  ,  qui  a  fa 
liiurce  dans  le  Khoralan  ,  &  le  jette  dans  la  mer 
Calpienne. 

KUKA.   A'oyt'ï  Kerka. 

jp" KURO-GANNI.  f.  m.  Arbre  du  Japon,  dont  le 
bois  eft  extrêmemenr  dur.  Il  porte  des  baies  de  la 
grolleur  des  petites  prunes  lauvages. 

KURTCHI.  f  m.  Terme  de  Relation.  Nom  d'une 
Milice  Perllenne  ,  qui  lignifie  Armé.  Armatus.  Les 
Kurtchis  lont  un  Corps  de  Cavalerie  j  c'eft  la  No- 
blclle  du  Royaume  de  Parle  ,  &  la  poftérité  des  Con- 
quérans  Turcs  d'origine  ,  qui  mirent  Ilmaël  Sophi 
lur  le  Thrt)ne.  Ils  portent  un  Turban  rouge  à 
douze  plis ,  d'une  forme  particulière  ,  qui  leur  fut 
donné  par  Ilma'el  ,  comme  une  preuve  de  leur  atta- 
chement à  la  Religion  &  à  la  famille  d'Ali.  ,  Les 
douze  plis  rappellent  le  louvenir  des  douze  Imans  , 
ou  Prédicateurs  du  Mahométiiaie  ,  dclcendus  en 
droite  ligne  d'Ali ,  &z  li  fameux  dans  la  Seéte.  Le 
Turban  eft  rouge  ,  pour  animer  ceux  qui  le  portent 
à  venger  fur  les  Ottomans  le  fang  d'Ali  &  d'Huf- 
lein  ,  répandu  par  les  Chefs  des  Sunnis  ,  dont  les 
Turcs  fuivent  la  Seéle.  C'eft  ce  Turban  qui  a  fait 
donner  aux  Perlans  par  les  Turcs  le  nom  de  Kl 
fdbafchï  ,  c'eft-à-dire  ,  Têtes  Rouges.  Ces  nobles 
Perfins  adoptent  ce  nom  avec  un  léger  change- 
ment ,  &  fe  nomment  eux-mêmes  Kéjllhafcln  , 
Têtes  d'or.  Ce  Corps  eft  d'environ  dix-huit  mille 
hommes.  Leur  Commandant  s'appelle  Kurtchï-  Baf 
chi.  C'étoit  autrefois  la  première  dignité  du  Royau 
me  ,  &  Ion  autorité  ctoit  pareille  à  celle  de  Conné- 
table en  Fr.mce.  Il  n'a  plus  d'autoritc  que   fur  les 

Kurtchts. 

KURTCHI  BASCHI.   p'oyer  Curtchi. 

KUROSCA.   Voxei  Kéroska. 

g^  KURULTAL  1.  m.  C'eft  ainll  qu'on  appelok  fous 


K  Y  L 

Gengis  kan  &:  lamerlan,  l'alfemblée  générale  des 
Princes  &  des  Seigneurs  Tarcares  ,  vailaux  ou  tri- 
butaires du  Grand  Kan.  On  convoquoit  ces  dictes 
pour  les  artaires  de  grande  importance. 

K  U  S. 

KUS.  Nom  d'une  ville  que  Baudrand  dit  être  la  prin- 
cipale de  la  Haute-Egypte.  Cufa.  Il  la  place  fur  le 
bord  oriental  du  Nil  ,  vis  à-vis  de  Collir  ,  qui 
lui  lert  de  port  fur  la  mer  Rouge. 

KUSCK.    Voyei    KoscK. 

ICTKUSNOKI.  f.  m.  C'eft  ainfi  que  les  Japonnois 
appellent  l'arbre  dont  ils  tirent  le  camphre.  Voy, 
Camphre. 

K  UT. 

KUT.  f.  m.  Nom  d'un  oifeau  ainli  appelé  par  les 
Anglois.  Cotta  ,  feu  Cutta  Anglorum.  L'on  dit 
qu'on  ne  trouve  point  de  poule  d  eau  en  Angleterre; 
mais  bien  un  oileau  qui  lui  eft  temblable ,  tant 
pour  la  forme  que  pour  la  couleur  -,  il  eft  néan- 
moins un  peu  plus  petit  ,  ils  l'appellent  Cotte  , 
ou  Kut  en  leur  langue.  Il  fréquente  les  rivières  & 
les  étangs  ;  il  a  fur  le  bec  une  marque  rouge  éle- 
vée ,  fes  jambes  lont  rouges  :  il  vit  de  vale  ,  de 
limon  ,  d'herbes  ,  de  petites  moules ,  &  de  toute 
lorte  de  coquillage. 

KUTTENBERG.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Bo- 
hème. Kutna.  Elle  eft  entre  celles  de  Czallaw  & 
de  Caurzin  ,  à  deux  lieues  de  la  première  j  &  à 
trois  de  la  dernière  i  &  on  la  nomme  aulll  Hora. 
Long,   35  d.   li',   lat.   49  d.   56'. 

KUTUBUTH.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  les  Arabes  don, 
nent  à  une  araignée  aquatique ,  inleCle  perpétuelle- 
ment en  mouvement.  Sennert  a  tranfporté  ce  nom 
à  une  efpèce  de  mélancholic  qu'il  appelle  Alelancholia 
errahunda. 

K  U  Y. 

CCFKUYVEN.  'Ville  du  Xenfi,  département  de  Pin- 
gleang,  à  la  Chine. 

KUYNDER.  Nom  d'une  petite  ville ,  où  l'on  voit  quel- 
ques petites  lortihcarions.  Cuyndera.  Elle  eft  dans 
l'Ovériftèl ,  une  des  Provinces  Unies  des  Pays-Bas, 
aux  confins  de  la  Frife ,  &  à  l'embouchure  de  la  ri- 
vière de  Kuyndefj  dans  le  Zuyder-Zce.  MaTy. 

K  Y  A. 

KYAKYA  ,  ou  HIAKYA.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine, 
Kyakya,  Hiahya.  Elle  eft  à  trois  ou  quatre  lieues 
de  Kioxui ,  dans  la  province  de  Kiangii ,  au  pié  des 
montagnes  qui  s'étendent  julqu'à  Honan.  Elle  eft  fur 
le  Kan  ,  qui  la  baigne  au  midi ,  &  dont  pluheurs  ca- 
naux entrent  dans  la  ville  pour  l'arrofer.  Elle  eft  fort 
peuplée.  Amb.  des  Hotl.  P.  I. 

K  Y  B. 

KYBOURG.  Foyei  Kibourg. 

K  Y  L. 

KYL.  f.  m.  Nom  que  les  Turcs  donnent  à  un  petit  oi- 
feau qui  le  trouve  fur  le  Bofphore  &c  aux  environs  de 
Conftantinople.  Kylus  ,  Porrigino fus.  Quelques '^eiis 
du  pays  croient  que  c'eft  l'Alcion  ;  mais  on  n'en  trou- 
ve jamais  de  nids ,  quoiqu'il  y  ait  louvent  bonace  fur 
cette  mer  ;  Se  tous  les  jours  de  l'été  qui  font  iereins, 
on  les  voit  en  grandes  troupes  remonter  le  Bolphore 
quand  le  loleil  le  couche.  Leur  plumage  eft  tout 
blanc,  leur  vol  eft  bas,  mais  très  rapide,  de  les  Turcs 
prennent  plaihr  à  le  leur  fiire  précipiter  encore  da- 
vantage ,  en  leur  criant  par  pluheurs  fois  ce  mot  Ky! , 
qui  veut  dire  teigneux.  Du  Loir  ,  Voyage  du  Le- 
vant, p.  y  s- 

KYLBURG.  Nom  d'une  petite  ville,  capitale  d'un  des 
Bailliages  de  l'Ele^loiiat  de  Trêves.  Kilburgum.  Elle 


K  Y  R 

eft  fur  la  livièi-e  de  Kyll ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de 
Trêves,  da  côté  du  nord.    Maty. 
KYLE.  Province  de  l'Écolie  méridionale.    Kila ,  Cova- 
iia  j  Coda.  Elle  clt  bonicc  au  nord  par  le  Cuniii- 
ghan ,  au  levant  par  la  Cluyd!.idale  ,  ik.  au  midi  par 
la  Nitlicldale,  le  Galloway  &  le  Carriek;  le  goUe  de 
Cluyd  la  baigne  au  couchant.  Ce  pays  ,  qui  s'étend  le 
loii^  des  deux  bords  de  la  rivière  de  Kylc  ,  peut  avoir 
dix  lieues  de  long  &:  cinq  de  large.  ïi  ell  k>it  teitilc 
ik  bien  peuplé  ;  mais  il  n'y  a  aucun  lieu  conhdéiable 
qu'Air,  ou,  l'elon  M.  de  Liile,  Ayre  qui  en  eft  la  ca- 
pitale. 
KYLL.    Nom   d'une  rivière  du   Cercle  Éleéloral  du 
Rhin ,  en  Allemagne.   Kylla.  Elle  a  fi  fource  aux 
contins  des  Duchés  de  Limbourg  ^  de  Julicrs  ,  coule 
dan;  !e  Comté  de  Manderlcheyt ,  &:  dans  l'Archevê- 
ché de  Trêves,  baigne  Stad-Kyll,   Gérolrtcinj  Kyl- 
burg,  (Scie  décharge  dans  la  Mofelle,  à  deux  lieues 
au-dclFous  de  la  ville  de  Trêves.  Cette  rivière  ell  celle 
qu'on  nommoit  anciennement  Gelbis.  Matï, 
KYLLEN.   Foyei  Kilien. 

K  Y  N. 

KYNANCIE,  ou  KINANCIE.  f.  f.  Kynanche ,  es; 
Angïna. ,  i.  Terme  de  Médecine.  Efpèce  de  Iquinan- 
cie  inflammatoire,  dans  laquelle  la  refpiration  ell:  li 
difficile ,  que  les  malades  lonc  contraints  de  tenir  la 
bouche  ouverte ,  &  de  tirer  inccllamment  la  langue 
comme  les  chiens.  Elle  ell  caulée  par  l'inliammation 
des  parties  internes  du  larynx. 

Ce  mot  vient  de  xmot  ,  génitif  de  x.lim ,  chien  ;  & 
'^vyj'i ,  /uffoquer. 

KYNEBURGE.  f.  f.  Nom  de  femme.  K'meburgis.  Voy. 
Kynesvide. 

KYNESVIDE.  f.  f  Nom  de  femme.  Kinefvuha.  M. 
Biilteau  l'écrit  Kimifwide  ;  ce  qui  ne  le  peut  pro- 
noncer. Chast.  Martyrolog.  T.  I  j  p-  4H2.  Sainte 
Kyn'efyide  étoit  fœur  de  Sainte  Kyneburge ,  &  fille 
du  Prince  Mervale ,  père  de  Sainte  Miltréde  ,  qui 
fut  élevée  en  l'Abbaye  de  Chelles  près  Paris.  Id. 

KYNOCEPHALE.  f.  m.  Efpèce  de  /mge  d'Egypte  ^ 
plus  gros  &  plus  fauvage  que  les  linges  ordinaires. 
Ce  mot  eft    Grec  ,  &  fignifie   tke   de  chien  ,  kuhs 

K  Y  p. 

KYPHONISME.  f.  m.  Nom  d'un  ancien  fupplice, 
qu'on  a  fouvent  fait  endurer  aux  Saints  Martyrs. 
Kyphonifmus.  On  peut  dire  aulîî  Cyphonifine  ,  Si' 
Cyphohifmus.  Le  Kyphonifme  ,  ou  Cyphonifme  , 
coniiftoit  à  frotter  le  corps  du  patient  de  miel ,  în: 
àl'expofcrainliau  foleil ,  afin  que  les  mouches  &:  les 
guêpes  vinlîent  le  tourmenter  par  leurs  morfurcs. 
Cela  fc  faifoit  en  trois  manières.  Quelquetois  on 
lioit  fimplement  le  patient  à  un  poteau  ,  comme 
on  le  voit  dans  les  Aétes  de  Saint  Maurice  &: 
de  fes  compagnons  rapportés  par  Surius  au  qua- 
trième Tome.  Quelquefois  on  les  élevoit  en  l'air 
fur  des  claies  ,  ou  dans  des  paniers  de  jonc  , 
comme  on  le  voit  dans  Saint  Grégoire  de  Na- 
zianze  _,  Invedive  I  ,  contre  Julien  ,  dans  Théo- 
doret ,  Hifl.  Eccl.  L.  Ill ,  c.  7.  dans  Sozoméne  , 
Hi/i.  Eccl.  L.  F,  c.  ig.  dans  Nicéphore  ,  Hift. 
Eccl.  L.  X  ,  c.  p  ,  &  dans  Surius ,  Tome  I ,  où 
tous  ces  Auteurs  parlent  du  martyre  de  Saint  Marc 
d'Aréthufe.  D'autres  fois  on  les  écendoit  par  terre 
les  mains  liées  derrière  le  dos.  Suidas  rapporte  le 
fragment  d'une  Loi  qui  punilfoit  du  Kyphonifme 
pendant  vingt  jours  j  ceux  qui  avoient  traité  les 
Loix  avec  mépris  :  après  quoi  on  les  précipitoit 
de  quelque  lieu  haut  ,  revêtus  d'un  habit  de  fem- 
me. Voy.  fur  le  Kyphonifme  Cœlius  Rhodiginus^ 
Antlq.  Lecl.  L.  X  ,  c.  s  3  Gallonius  j  de  SS. 
Manyrum  Cruclatlbus ,  C.  I  ,  p.  12  ,  &  ij,  edït. 
Parif.  iGsç).  &  Rofweid  ,  dans  fon  Onomajllcon. 
Ce  mot  eft  Grec_,  &c  vient  de  K;?»'.  ,  qui  fignifie 
le  pieu  auquel  on  artachoit  un  patient  ;  ou  un 
carcan  ,  un  collier  ,  qu'on  lui  mettoit  au  cou , 
Tome  V. 


K  Y  R 


3<^3 


ou  un  inftrument  dont  on  fe  fervoit  pour  le  tour- 
menter. LeScholiauc  d'Ariflophane  ,  lut  la  Comé- 
die de  Plutus  ,  A'dc  II  ;  Scène  4  ,  dit  que  c'é- 
toit  une  entrave  de  bois  •>  ik  l'on  croit  qu'on  lui 
avoit  donné  ce  nom  K^fp^,^  du  verbe  x.vji5ij»  ,  Cour- 
ier:, parce  que  cet  inftrument  tenoit  les  fuppliciés 
courbes  ,  &  dans  une  poilurc  gênante.  D'autres 
difcnt  que  c'étoient  des  pièces  de  bois  qu'on  leur 
mcttoitiur  la  tête  ,  afin  qu'ils  ne  pullént  fe  tenir 
droits ,  ni  lever  la  tête.  Dans  Hélichius  ,  il  eft  dé- 
fini un  bois  qui  Icrt  à  tourmenter  les  coupables  j 
&C  lur  lequel  on  les  étend  :  apparemment  le 
K^^m  étoit  tout  cela  ,  &  il  y  en  avoit  de  plufieurs 
fortes.  C'étoit  un  mot  générique  ;  mais  le  Kypho- 
nifme ne  fe  dit  que  du  luppiice  que  nous  avons 
expliqué.  Junius  ^  Buxtorf  ik  Bochart  ,  ont  heu- 
reufement  rétabli  ce  mot  xvSa-  dans  la  Verfion 
Grecque  de  l'Écriture ,  aux  Proverbes  Fil .  22 , 
au  lieu  de  xân»»  qu'on  lit.  Poy.  fon  Hiéroz ,  Par.I, 
Llv.  II  ,  chap.  su.  Il  ell  étonnant  qu'on  ne  les 
ait  pas  fuivis  dans  les  nouvelles  éditions,  &  qu'on 
n'ait  pas  marqué  cette  corredion  dans  les  nouveau:^ 
Héxaples,  au  moins  dans  une  Note. 

K  Y   R. 

KYRGESSIS.  Nom  d'une  nation  Tartare.  Kyrgeffis. 
Les  Tartares  Kyrgejfes  habitent  par  troupes  dans 
les  campagnes,  ils  honorent  la  Terre ,  &  lui  fa- 
crifient  en  cette  manière.  Le  Prêtre  prend  du  lang, 
du  lait,  de  la  fiente  d'animaux  j  &  de  la  terre, 
mêle  le  tout  enlemble  ,  &:  le  met  dans  un  \à(e. 
Cela  fait ,  il  prend  le  vale  ,  &  monte  fur  un  arbre  , 
d'où  il  parle  au  peuple  ;  fon  dilcours  fini  ,  il  af- 
perge  le  peuple  du  mélange  qu'il  afiit;  on  fe  prof- 
terne  contre  terre  ,  &  on  reçoit  ce  qu'il  jette  coirr- 
me  uiï  dieu  ;  car  ce  peuple  cil  perluadé  que  rien 
n'ell  li  falutaire  au  genre  humain  ,  que  la  terre  & 
les  belliaux.  Foy.  Alexandre  Guaguin  ,  dans  fa  Sar- 
matie  Européenne,  Vollîus,  de  Idol.  T.  U.c.  (> i, 

KYRIAQUE.  1.  m.  Nom  qui  fe  donnoit  autrefois 
aux  Eglifes ,  aux  Temples  confacrés  à  Dieu.  Klrla- 
cum  ,  Domlnlcum  Templum.  Ce  nom  fe  trdove 
dans  la  vie  de  fiint  Antoine  j  par  laint  Athanafe  , 
chap.  XFI.  On  appeloit  ainli  les  Temples  des 
Chrétiens  de  Kj^ios-,  Seigneur ,  parce  qu'ils  étoient 
dédiés  à  Notre-Seigneur  ,  deilinés  à  Ion  culte  ,  de 
même  que  le  premier  jour  de  la  femaine  s'appelle 
Y^v  ir/K,,  ,  Domlnlca ,  à' ou  nons^y onsisii  Dimanche, 

KIRIC-SEAT.  f.  m.  Nom  d'un  ancien  droit  qu'on 
payoit  aux  Egliles.  Les  prémices  des  fruits.  Ky- 
rickCeattum  j  dricfeattum.  Saint  Ina  ,  Roi  des  Well- 
Saxons  ,  ou  Saxons  occidentaux,  fit  des  loix,  par 
lelquelles  il  ordonna  de  payer  le  Kyrkfeat,  ou  Ca- 
ricjcat.  Les  Bollandiftes  en  ont  rapporté  le  com- 
mencement dans  la  vie  de  ce  Saint.  Acla  Sancî. 
Feh.    T.  I y  p.   çio. 

Ce  mot  ell  formé  de  Kyrlck  ,  ou  Kerk  ,  qui 
fignifie  Églife  ,  fc  de  Set ,  ou  Saet ,  qui  en  Saxon 
lignifie  Semen  ,  lemence  j  fruit ,  de  forte  que  Kyric- 
fcat  ell  proprement  fruit  de  rEt;iile. 

KYRYÉ  ,  ELEISON  f.  m.  C'ell  la  partie  de  la  Melfe 
où  l'on  invoque  Dieu.  Chanter  le  Kyrie'  ,  élélfon. 

Ce  mot  ell  Grec  ,  &  fignifie  5  Seigneur  ,  ayez 
pitié  de  nous ,  formé  de  y.ifus  >  Domlnus  ,  Sei- 
gneur _,  &  iAeri»  j  avoir  pitié  ,  à  l'impératif  Us>iV<>» 
<jyf  !•  pitié. 

Dans  ces  mots  Kyrlé,  élélfon ,  on  prononce  \'s  d'un 
fon  rude  &  fifîlant  ,  quoiqu'elle  foit  entre  deus 
voyelles ,  mais  on  a  confervé  à  1'^  le  fon  qu'elle 
a  dans  la  langue  Greque  ,  de  laquelle  ces  mots 
font  pris  fans  aucun  changement.  Il  y  en  a  qui 
mettent  deux  s  ,  afin  que  ceux  qui  ne  favent  pas 
le  Grec ,  ne  foient  point  trompés  à  la  pronon- 
'  dation. 

Le.  Kyrlé  élélfon  fc  dit  trois  fois  en  l'honneur 
de  la  Très-Sainre  Trinité. 

Dans  le  Millél  de  faint  Ambroife  ,  le  Kyrlé, 
élélfon  ne  fe  dit  pas  comme  il  eft  m  m-  ■■.-'•  aujour- 

Zz  ij 


m 


^04  K  Y  K 

d'hui  dans  le  Miiïd  Romain  ,  où  l'on  dit  après 
rinnoïcc  trois  fois  le  Kync  y  éUifon  ,  puis  tiois 
fois  Chnfic:,  cUifon,  &c  enfan  trois  fois  KyrU  ,_éUi 
fin.  Selon  le  nt  Anibroficn,  on  dit  trois  fois  Kyrie, 
éléïfin  après  le  GLorïa  in  exceljis ,  trois  autres  fois 
après  l'Evangile,  &  trois  fois  après  la  Communion. 
Dans  l'Églile  Greque  on  ne  dit  point  Chrijlé ,  éUl 
fin,  mai"s  feulement  Kyvie,  ekifon.  Pour  lavoir  la 
lailbn  qu'il  y  a  de  répéter  neut  fois  cette  prière  , 
&  les  lîgnitications  mylliques  qu'elle  a  ^  Foy.  Saint 
Thomas  ,  Qiiarti ,  fur  les  Rubriques  de  la  Melle  , 
le  Cardinal  Bona,  &c.  Lulage  de  chanter  le  Kyrie, 
éUifin  ell  plus  ancien  en  Orient  &  en  Italie  qu'en 
France.  C'ell:  le  Concile  de  Bazas  qui  en  529,  le 
prit  de  ces  Églifes  ,  &  commença  à  l'établir  en 
France.  Arrien,  qui  vivoit  au  commencement  du 
fécond  fiècle  de  l'Eglifs  ,  dit  exprellemcnt  que  les 
Paycns  alors  invoquoient  aullî  Dieu  en  dilant  Ky- 
rie, éleifiii.  Voy.  Diffirt.  Epiclet.  L.  II  ,  cap.  7. 
Vollîus  croit    qu'ils  avoient    pris   cette  prière    des 

Chrétiens.  ,  '  ,  /- 

KYRIELLE,  f  f.  Litanie  ,  prière  de  l'Eglile  en  l'hon 
neur  de  Dieu  ,  de  la  Vierge ,  des  Saints ,  ou  de 
quelque  myftère  ,  compofée  de  pluheurs  invoca- 
tions ,  éloges  ,  à  la  fin  de  chacune  defquelles  on 
répète  ,  Ayez  pitié  de  nous ,  li  c'eft  à  Dieu  qu'on 
parle  ;  ou  Priez  pour  nous ,  fi  les  prières  s'adrellent 
aux  Saints.  Litaniâ,  filemnis  precatio ,  precum  ordo. 
Ce  mot  vieillit  ,  &  ne  le  dit  guère  ^  férieufement. 
Cette  bonne  vieille  eft  long-temps  à  dire  fes  ky- 
rielles. Dans  cette  phrafe  ,  ce  mot  le  prend  pour 
toutes  fortes  de  prières  ,  &  dans  le  fens  propre  , 
il  n'a  point  d'autre  lignification  ,  &  il  ne  s'entend 
pas  des  Litanies  feules. 

Ce  mot  vient  de  ce  que  les  Litanies  commencent 
toujours  par  ces  mots  Grecs,  Kyrie,  éléifin,  KÙpu  , 
lM>im  ,  Seigneur,  aye\  pitié  de  nous. 
Kyrielle,  fe  dit  figurement  &  familièrement ,  en  Mo- 
rale ,  d'une  lifte ,  d'un  dénombrement ,  d'une  longue 
fuite  de  malheurs ,  de  paroles ,  de  citations  &  autres 
chofes  dont  le  récit  eft  ennuyeux  ou  fâcheux.  Séries, 
lokga  narratio  ,  enumeratio ,  commemoracio.  Cette 
plaideufe  nous  a  fait  une  longue  kyrielle  de  fes  maux, 
des  perfécutions ,  des  injuftices  qu'on  lui  fait.  J'efpère 
que  cette  longue  kyrielle  ne  vous  ennuiera  point. 
Mad.  du  Noyer.  Quelle  kyrielle  de  témoignages  ! 
Que  veut  il  avec  la  longue  kyrielle? 

Tout  hors  d'haleine  il  courait  après  elle  , 
Et  lui  conçoit  pourtant  la  longue  kyrielle 


K  Y  S 

Des  rares  qualités  dont  il  était  orné.  Font. 

Ce  mot  eft  ancien.  L'Auteur  de  la  vie  de  fainte 
BerlindCj  qui  vivoit  dans  l'onzième  fiècle,  dit,  cap. 
II.  num.  If.  Clericis  hymnum  concinentibus fignaque 
compulfantibus  j  laïcis  vero  Kyrieles  celehrantibus. 
Voyez  les  Acla  Sancl.  Febr.  T.  I.  p.  3  S  3. 
Kyrielle.  Terme  de  Poëfie  Françoifc.  Sorte  de  vieille 
rime,  qui  confiftoit  à  répéter  un  même  vers  à  la  fin 
de  chaque  couplet,  ou  de  chaque  ftance. 

K  Y  S. 

KYSTE,  f.  m.  Terme  de  Médecine.  Kyftus.  C'eft  un 
fac  ,  une  membrane  en  forme  de  veiiie  qui  rcr.îerme 
des  humeurs  liquides  ou  épaillies  centre  nature.  Ex- 
tirper un  kyjie.  Le  n-.eilicur  moyen  de  guérir  un 
kyjîe  ,  eft  de  l'extirper.  M.  Dionis  écrit  kifte  &:  kyjte: 
il  faut  fuivre  la  dernière  orthographe  ;  on  ne  la  chan- 
ge guère  dans  les  mots  d'art  dont  elle  marque  l'ori- 
gine. 

Ce  mot  eft  Grec;  il  vient  de  »»'?/?,  vejjie. 

KYSTITOMIE,  ou  KYSTEOTOMIE.  f.  f.  Terme  de 
Chiruxgie.  Kyftitomia.  Opération  qui  fe  fait  à  la 
veille  pour  en  tirer  l'urine  qui  n'en  peut  fortir  autre- 
ment. Il  y  en  a  qui  prétendent  qu'on  doit  appeler 
l'extrat'tion  de  la  pierre  <..u  nom  de  Kyjlitomie  ,  6c 
non  pas  de  celui  de  Luhotomie  ,  puce  qae  dans  l'ex- 
traclion  de  la  pierre  ,  on  fait  une  incifion  à  la  veiîîe, 
&  on  ne  coupe  point  la  pierre  ;'  mais  l'ufage  en  a  dé-  , 
cidé  autrement ,  &  il  veut  qu'on  appelle  Lithotomie , 
l'extraftion  de  la  pierre,  i^J" &c  Kyjléotomie ^^c^pi- 
ration  qui  fe  fait  à  la  vellie  lorfqu'on  en  veut  tirer 
l'urine.  On  l'appelle  autrement  la  pondtion  au  péri- 
née. 

Le  nom  de  Kyjlitomie  eft  compofé  de  deux  mots 
Grecs,  ^Lus ,  vejfie  ;  Se  nf^yi',  je  coupe. 

K  Z  E. 

KZEL-BACHE.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Ornement 
de  tête  chez  les  Perfans  :  il  eft  compofé  de  deux  ai- 
grettes d'or  qui  s'élèvent  au-delFus  de  la  coefture.  Ce 
mot  veut  dire.  Tète  d'or,  ou  Tête  rouge. 

On  appelle  aufti  K^el  Bâches,  ceux  qui  portent 

l'ornement  de  tête  appelé  K\el-Bache.  Il  y  a  en  Perle 

une  milice  de  K\el-Baches ,  qui  font  tous  adroits  & 

courageux.   On  dit  aulîi  KEZELBACHE ,  KIZILBA- 

I      CHE,  &c.   Voyez  ces  mots. 


^^^% 


1^1 


CCF  f.  f.  fiiivant  l'ancienne  appellation 
qui  prononce  elle  ,  &  m.  fuivant  la 
nouvelle  appellacion  qui  prononce  le. 
C'eft  la  douzième  lettre  de  notre  alpha- 
bet. Se  la  neuvième  confbnne.  Ij  a 
un  fon  doux  qui  (e  prononce  en  appli- 
quant la  langue  au  palais.  Marcianus 
Capella.  Il  y  a  des  /  liquides ,  comme  en  ces  mots 
flat,  plein,  plus,  clair,  clairon,  &c.  D'autres  qui  fe 
mouillent  quand  elles  le  trouvent  doubles  après  un  i 
voyelle,  comme  en  ces  mots,  vermillon,  travailler, 
recueillir,  fouiller ,  &c.  Les  /  font  aulïï  mouillées 
dans  les  mots  qui  finiflent  par  une  feule/,  S>c  où  cette 
/  ell  précédée  d'un  i  voyelle ,  comme  en  ceux-ci ,  tra- 
vail, pareil ,  œil.  Sec. 
iCTLa  règle  générale  cfl:  que  cette  lettre  fe  prononce 
mouillée  quand  elle  eft  double,  &  qu'elle  eft  précé- 
dée de  ai,ei,  oui,  comme,  travailler,  maille,  veil- 
ler, recueillir,  fouiller,  grenouille  :  de  même  dans 
quelques  mots  où  elle  n'cft  précédée  que  d'un  i , 
comme  Jille,  briller.  Sec.  De  même  dans  les  mors 
qui  hnillent  en  ail,  eil ,  ueil ,  &  ouil ;  comme  tra- 
vail,  réveil,  cercueil,  œil , fenouil ,  Sec,  Se  enfin  dans 
quelques  mots  qui  ne  finillent  que  par  il,  comme  pé- 
ril, nul,  pour  millet.  Mais  il  y  a  tant  d'exceptions, 
que  l'on  ne  peut  guère  donner  de  règle  générale  là- 
ddius.  C'eft  l'ufige  fcul  qu'il  faut  confulter,_&  nous 
aurons  ibin  dans  le  cours  de  cet  ouvrage  ,  de  marquer 
les  cas  particuliers  où  cette  lettre  fe  mouille. 

Rien  n'eft  plus  dilagrcable  que  la  prononciation 
vicieufe  que  l'on  fubftituc  très-communément  à  celle 
de  1'/ mouillée  ,  que  l'on  prononce  dans  iille  ,  oreillcj 
feuille ,  paille ,  Verfaille,  &c.  comme  s'il  y  avoit^e, 
oreye ,  Jeuye  ,paye ,  Ferfaye ,  &c.  Ce  défaut  n'eft  pas 
moins  ordinaire  à  Paris  que  dansles  ProN-inces  ;&  il  ne 
paroïr  pas  que  l'on  ait  beacoup  d'attention  à  rompre  de 
bonne  heure  dans  les  enfans  une  habitude  dont  ils  ont 
honte  ,  quand  ils  entrent  dans  le  monde  ,  Se  dont  il 
cft  rare  qu'ils  fe  défallènt  aifémcnt.  M.  Restaut. 

PalTerat  dit  que  /  s'efl  mife  pour  un  h ,  cillibA  pour 
clHlU  :  pour  un  d ,  alipe  pour  adipe  ,  rallus  ,  ral- 
lum  ,  ralla  ,  de  radere  :  pour  un  c  ,  mutica  fpica  , 
pom  mutila  :  pour  une  n  ,  comme  arbdla  d'arvina  , 
&  belle  de  benè,  coUigo  de  conligo  :  pour  une  r,  comme 
fratellus  àef rater, baratrones  pour  balatrones:  pour  une 
s,  comme  ancde  de  am,  8e  Cdfum,  equilio  pour  equifio: 
pour  un  r,comme  equifelis  ,pom  equifitis,Thelis  pour 
Thetis.  Mais  cilliba  eltune  tranfpolition  plutôt  qu'un 
changement  ,  ou  peut-être  une  faute  dans  Feftus  , 
qu'il  faut  corriger  par  Varron  ,  qui  dit  cibilla  ,  de 
Ling.  Lat.  L.  IV.  Mutica  peut  être  aulfi  une  faute. 

Anciennement  on  ne  metioit  jamais  une  double 
//  en  aucun  mot ,  on  l'a  ajoutée  depuis ,  alium  Se 
non  pas  allium  ,  macelum  Se  non  point  macellum  , 
polucere  Se  non  point  pollucere.  Deux  //  ont  été  chan- 
gées en  li ,  '''»i>i-'-:'-t ,  falio  ,  «»,«s.  alius  ,  <^-»^o' ,  folium  : 
&  l'r  en  deux  //,  comme  hira  ,  hilla  ,faturare,faturlare. 
Sec.  Se  1'/  en  x ,  ou  en  xill  ,  comme  ala  ,  axilla  ; 
mala  ,  maxilla  ;  palus  ,  paxillus  ;  paulum  ,  paxil- 
lum  ;  vélum  ,  yexillum.  Le  i  s'eft  mis  pour  une  /  ; 
l'/z  pour  deux  //  ;  IV  pour  une  /.  Ce  font  encore 
des  remarques  de  Palferat.  L  eft  fouvent  à  la  place 
d'un  D  ,  comme  dans  Vlyffe  ,  du  Grec  o^uwïiî  ^  Se 
J^"5  le  dialefte  Eolien  T'^.;<«Tf ,  d'où  s'eft  fait 
f  lyfle.  De  même  dautia  Se  lautia  ,  lacrimx  de  da- 
cruma  ,  n:editari  de  f-iMrZt. 

Cette  lettre  s'eft  mife  autrefois  devant  la  parti- 
cule on,  quandon  la  mettoit  après  le  verbe.  Celui  jour 
portoïc  l'on  les  croix  en  proceftions  en  plufieurs 
lieux  de  France ,  Se  les  appeloit  l'on  les  croix  noi- 

ÏCS.  JoiNVILLE. 


Il  y  a  bien  des  peuples  ,  comme  les  Chinois  en 
Alîc  ,  les  Illinois  en  Amérique,  6'c.  qui  ne  fauroienc 
prononcer  IV,  Se  qui  la  changent  encore  en  /  :  ainfî 
quand  on  leur  donne  au  baptême  le  nom  de  Petrus 
de  Francifcus  ,  6'c.  ils  difent  Petlus  Se  Flancifcus. 

Nous  avons  pris  des  Latins  la  figure  de  notre  L  , 
que  les  Latins  tenoient  des  Grecs  ,  Se  ceux-ci  des 
Mébreux  ,  dont  le  vrai  &  ancien  caraélcre  a  17,  ou 
le  lamcd  iOMt  feinblablc  au  nôtre  ,  excepté  qu'ils  font 
l'angle  ordinairement  plus  aigu  j  comme  on  le  peur 
voir  dans  la  Dillertation  du  Père  Souciet,  Jéfuite  , 
fur  les  médailles  Hébraïques  ,  page  /j.  Se  page 
14S-  Les  Hébreux  ont  aulli  donné  cette  lettre  aux 
Chaldéens ,  aux  Syriens ,  aux  Arabes ,  Se  même  aux 
Egyptiens. 

L  ,  eft  auOi  une  lettre  numérale  chez  les  anciens  , 
qui  hgniiioit  cinquante  ,  Se  qui  le  figni.^ie  encore  en 
chiftle  Romain  ,  luivant  ce  vers, 

Quinquies  L  denos  numéro  dejignat  habendos. 

Quand  on  y  ajoute  un  titre  ,  L,  elle  lignifie  cin- 
quante mille.  L  a  été  pnfe  pour  iîgnitier  cinquante  , 
parce  que  c'eft  la  moitié  d'un  C ,  qui  lignitioit  cent, 
&  qui  autrefois  fe  marquoit  ainfi  ]  qui  font  deux 
LL  ,  l'une  droite  Se  l'autre  renverlcc.  f'oyei  Paf- 
quier  ,  Reck.  L.  IF.  c.  22. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  en  a  dans 
\'elle  ,  par  une  mauvaife  allulion  de  l'aile  avec  la 
lettre  L  ,  pour  lignifier  qu'il  a  palIc  cinquante  ans. 

L  J  dans  les  monnoies.  Nos  Louis  d'or  ont  des  croix 
de  huit  LL  entrelacées  Se  dilpofécs  en  forme  de 
croix.  L'L  fur  nos  monnoies  lignifie  Louis.  On  voit 
une  Z  couronnée  fur  celles  de  Louis  XII.  Se  fur 
celles  du  feu  Roi  ,  &  de  Louis  XV.  aujourd'hui  ré- 
gnant ,  des  L  enlacées  fignifiant  le  même  nom.  Il  en 
eft  de  même  dans  les  chiftres  que  l'on  met  fur  des 
bordures  de  tapiiferies  ,  dans  les  décorations  ,  fur  des 
carroftbs  ,  fur  des  houflés  de  chevaux ,  des  couver- 
tures d'équipages ,  &c.  où  des  L  enlacées  font  le  chif- 
fre du  Roi ,  Se  lignifient  Louis. 

Les  Epoques  fe  marquent  prefque  toujours  (  fur 
les  médailles  Grecques)  par  le  lambda  antique  L  , 
qui  fignifie  ,  félon  la  tradition  des  Antiquaires  , 
Aiiy.x^o:''!; ,  mot  poctiquc  &  inulité  daus  le  langage 
.  ordinaire  ,  qui  veut  dire  Anno ,  Se  qui  probablement 
étoit  plus  commun  en  Egypte  que  dans  la  Grèce  , 
puifque  c'eft  fur  les  médailles  de  ce  pays  cju'il  fc 
trouve  toujours.  Nous  avons  cependant  un  beau  Ca- 
nope  au  revers  d'Antonin  Etoycb.  comme  nous 
avons  du  même  Empereur  un  revers  Lenatoy  ,  & 
plufieurs  autres  avec  les  fimples  chiftres  LZ.  LH. 
Llr.  chargés  des  figures  de  l'Equité  ,  de  la  tête  de 
Sérapis  ,  Se  d'un  Dauphin  entortillé  à  un  trident. 
P.  JoBERT.  Auy.xZxi  fe  trouve  dans  Homère  ,  Se  dans 
une  ancienne  Epigramme  ,  Se  Macrobe  ,  L.  I.  c.  /7. 
dit  que  ce  font ,  non  pas  les  Egyptiens ,  mais  les  an- 
ciens Grecs  ,  qui  appeloient  ainfi  l'année  ,  du  nom 
Av""  ,  un  loup  ,  qu'ils  donnoient  au  foleil.  Foye^  ci" 
delfous  au  mot  Loup. 

Cette  lettre  eft  le  caradère  dont  on  marque  la 
monnoie  fabriquée  à  Bayomie. 

L.  ST.  fignifie  Livres  ftcrlings.  L.  DE  G.  ou  LG. 
veut  dire  Livres  de  gros.  L  majutculc  Italique  fe  met 
pour  Livres  tournois  ,  qui  fe  marquent  aulli  par 
cette  figure  *.  Deux  petites  Ib.  liées  de  la  forte  font 
livres  de  poids. 

L  A 

LA.  Article  qui  dénote  le  genre  féminin  ,  qui  fert  à 
décliner  les  noms.  La  Mule.  La  chofe.  On  man- 
ge Va  quelquefois.  Z'allée.  L'entreprife.   Vous  avez 


7^66  LA 

ma  boiu-fs  ,  donnez  /a  lui.  Quelques-uns  blâment 
la  i-cpétition  de  l'ai-dcle  en  cet  endroit ,  à  caule  de 
la  cacophonie  ,  quelques-uns  en  ettct  le  fuppLinicnt  : 
mais  ce  n'elT;  que  dans  la  converlation  ,  iS<  l'on  ne 
peut  fe  dilpenter  de  remployer  en  écrivant  :  le  plus 
lûr  eft  d'éviter  ces  façons  de  parler.  ML  T.  On  ne 
peut  pas  être  plus  contente  que  je  la  fuis  de  l'ap- 
probation que  vous  donnez  à  cette  aimable  belle- 
l'œur.  Je  veux  fur  toutes  choies  que  vous  foycz 
contente  ,  &c  quand  vous  la  ferez ,  je  la  ferai.  Mad. 
DE  Sev. 

Les  Grammairiens  François  ont  difpiite  pour  la- 
voir fi  une  femme,  en  parlant  d'elle  même  ^  devoir 
fe  fcrvir  du  pronom  la  avec  le  verbe  être ,  dans  les 
phrafes  où  un  homme  en  parlant  de  lui-même  ,  em- 
ploie le  pronom  le.  Par  exemple  ,  fi  on  demande  à 
une  femme  :  Etes  vous  malade  ?  ôc  qu'elle  veuille 
répondre  quelle  ne  l'eft  pas  ,  doit-elle  dire  :  Je  ne 
h  fuis  pas  ,  ou  bien,  je  ne  k  fuis  pas? 

M.  Reftaut ,  dans  fa  Grammaire  ,  établit  à  ce  lu- 
jet  deux  règles  ,  i°.  Le  pronom  le  eft  indéclinable  , 
c'ert  à-dirc  ,  qu'il  eft  toujours  le  même  pour  le  maf- 
culin  &  le  féminin  ,  pour  le  fingulier  ik  le  pluriel  , 
toutes  les  fois  qu'il  fe  rapporte  à  un  ou  à  pluiieuis 
noms  adjedifs  _,  de  quelque  genre  ,  &  en  quelque 
nombre  qu'ils  foient.  Ainfi  ,  fuivant.  cette  règle  ,  il 
faut  qu'une  femme  réponde  à  la  quellion  :  êtes-vous 
iTialade  î  Je  ne  le  fuis  pas.  i°.  Le  pionon  le  eft  dé- 
clinable ,  c'eft-à-dire  ,  qu'il  fait  la  au  féminin  ,  Se  les 
au  pluriel ,  toutes  les  fois  qu'il  fe  rapporte  à  un  nom 
fubftantif.  Etait  ce  là  votre  penfée  ?  Pouve\-vous  dou- 
ter que  ce  ne  \:\.jût.  Etes-vous  Madame  une  telle  ? 
Oui ,  je  h  fuis.  Les  femmes  ne  négligent  rien  pour 
y  paroître  belles  ,  elles  y  réuililfent  quelquefois  ;  & 
s'il  y  en  a  quelqu'une  qui  ne  la  loir  pas ,  il  ne  faut 
pas  s'en  prendre  à  la  Comédie.  Difcoursfur  la  Co- 
médie. Cependant  au  pluriel ,  elles  diroient  le. 

|S?  Vaugelas  a  décidé  clairement  cette  queftion.  Si  je 
dis  à  une  femme  :  quand  je  luis  malade  ,  j'aime  à 
voir  compagnie  ;  Se  qu'elle  me  réponde ,  &  moi 
quand  je  h  fuis  ,  je  luis  bien  aile  de  ne  voir  per- 
fonne  ,  c'eft  une  faute  de  dire  quand  je  la.  fuis ,  Se 
il  faut  dire  quand  je  le  fuis  ;  parce  que  ce  le  ne  fe 
rapporte  pas  à  la  femme  (  car  alors  il  faudroir  dire 
la  )  mais  à  la  chofe  dont  on  parle  ,  &  équivaut  à 
cela  ,  c'eft-à-dire  malade  ,  dans  l'exemple  propofé. 
Il  eft  il  vrai  que  ce  le  fe  rapporte  a  la  choie  dont 
il  eft  queftion  ,  &  non  pas  à  la  perionnc  qui  par- 
le j  qu'au  pluriel  on  dit  ég.alement  le  Se  non  pas 
les.  Si  je  dis  à  deux  amis  :  quand  je  iuis  malade  , 
je  fais  telle  chofe  ;  ils  me  répondent ,  &  nous  quand 
nous  le  lommes  ,  nous  ne  failons  pas  aind.  Il  eft 
évident  que  (î  l'on  dcvoit  dire ,  quaiijd  /e  la.  fis  ,  dans 
le  premier  exemple  ,  il  fuidroit  dire  dans  le  (ccond  , 
quand  nous  It  s  femmes.  C'eft  ainli  que  Malherbe  a 
dit  :  les  choies  ne  nous  iuccedent  pas  comme  nous 
le  défiions.  Quoique  cet  exemple  ne  ioit  pas  préci- 
fément  le  même  ,  il  a  pourtant  beaucoup  de  rap- 
port à  l'autre  ,  &  eft  dans  la  même  règle. 

^CT  En  un  mot ,  ce  le  eft  neutre.  Etes  vous  fatisfaites  ? 
Nous  le  fommes  ,  &  non  pas  nous  lesfommcs.  C'eft 
pourquoi  ,  quand  ce  mot  eft  relatif  à  un  adicélif 
qui  préfide  ,  il  hgnifie  cela  ,  &:  n'a  ni  pluriel  ni 
féminin.  Ma  fille  Se  ma  nièce  ont  été  malades  ,  & 
le  font  encore.  Mais  fi  c'eft  un  fubftantif  qui  prélî- 
de  j  on  fe  fert  de  le  ,  la  ,  les  ,  fuivant  le  genre  & 
le  nombre  du  fubftantif,  pour  fignifier  lui  on  elle , 
eu.v  ou  elles.  Etes-vous  malade  î  je  le  fuis.  Etes-vous 
la  malade  que  je  viens  de  voir?  je  la.  fuis  ,  c'eft-à- 
dire  ,  je  fuis  elle. 

$3"  LA.  adv.  démonftratif  qui  fe  dit  d'un  lieu  confidéré 
comme  différent  de  celui  où  l'on  eft  ,  Se  comme 
moins  pioche.  Demeurez-/^  ,  &  n'approchez  pas  de 
moi.  Je  reviendrai  dans  un  moment  ;  attendez-moi- 
là.  Qui  va-/à  .''  allez  par-/J.  En  fortant  àt-là.  F'oye^ 
ici.  Souvent  ce  mot  employé  au  commcncment  du 
rnembre  d'une  période  ,  défigne  fimplement  la  dif- 
férence des  lieux  ,  fans  aucun  rapport  à  l'éloiçne- 
ment.  Le  Peintre  avoir   repréfenté  dans  un  même 


L  A  A 

tableau,  /a  une  troupe  déjeunes  bergères,  ici  une 
troupe  de  Bacchantes  ;  là  une  aurore  ,  ici  ,  &c. 

gCT  Çà  Se  là  ,  joints  enfemblc  ,  lignifient  difperfion 
&  confufion.  Après  cette  déroute  ,  les  troupes  étoient 
difpcrfécs  çà  Se  là.  Tous  l'es  meubles  étoient  jettes 
çà  Se  là.  Errer  çà  Se  là  ,  fans  lavoir  où  Ion  va. 

gC#'  Souvent  là  fe  joint  avec  d'autres  adverbes  qui  va- 
rient fa  fignification.  Là-haut ,  la-bas.  Là-delfus  j  là- 
auprès.  Je  jugeai  bien  dès-/à  -,  dès  /à  je  commençai  à 
me  défier  de  lui.  Il  eft  allé  de-/à  l'eau.  Il  a  été  payé 
au- de/à  de  fes  efpérances.  Il  falloir  bâtir  un  peu 
plus  en- de/à.  Quand  vous  ferez  de  de/àj  écrivez  nous. 
En  de  là  Se  de  delà  font  mauvais  ,  Se  icule- 
ment  du  peuple  ,  ou  de  quelques  provinces.  Il  nous 
a  dit  quelque  chofe  de  cette  aftaire  par-ci  ,  par-/à. 
C'eft  une  néceflîté,  il  faut  bien  en  palier  par/à.  On 
dit  aufti ,  par  là,  ou  par  la  fençtre.  Ce  dernier  eft 
populaire.  * 

Comme  s'il  importait  étant  ombre  là-bas. 

Que  votre  nom  vécût  ou  qu'il  vécûcpas.  Régnier. 

§3°  La  fe  met  aulîï  à  la  fuite  des  pronoms  démonftratifs 
&  des  noms  ,  pour  une  plus  grande  déhgnation. 
Celui  là  ,  celle  /à.  Ce  lieu /à  ,  ce  temslà.  Cet  hom- 
me/à. 

Quelquefois  là  n'eft  employé  que  par  une  efpèce 
de  redondance  ,  Se  pour  donner  plus  de  force  & 
plus  d'énergie  au  dilcours  ,  conmie  dans  les  exem- 
ples luivans  :  c'eft/à  une  belle  adtion.  Que  dites- 
vous  /à  ?  Sont-ce-/à  nos  gens  ? 

0CrDeçà  &  delà ,  de  côté  Se  d'autre.  Jambe  deçà ,  jambe 
de/à.  De/à  ,  de  ce  fujet  là  ,de  cette  caufe.  De/à  font  ve-, 
nues   les   guerre;  civiles.  Inde. 

Delàjprépofinon.Dela  la  rivière.  Voye^  Delà.  Ku.- 
deVa.P^oy.  ce  mot.  En-de/à,plus  loin  :  c'elf  plus  en  de/à. 

La  Où.  Façon  de  parler  adverlar.  pour  dire  :  Au  lieu 
que.  Il  a  perdu  cela  pour  rn'avoir  fâché  ,  là  où  s'il 
eût  fait  fon  devoir  ,  il  fût  parvenu  à  de  plus  hau- 
tes dignités.  Les  gens  de  bien  meurent  dans  une 
douce  efpérance  ,  là  où  les  méchans  lont  tourmen- 
tés de  remords  ,  &c.  Il  eft  vieux. 

La-la  ,  adv.  Réponle  que  l'on  fait  à  certaines  ques- 
tions ,  Se  qui  lignifie  médiocremenr.  Vous  a  r  il  feit 
bonne  chère  î  Zà-/à.  Eft-il  fort  favant  î  Là  là.  Ac. 
Fr.  Lifette  ,  dans  le  Diftrait  de  Regnard  ,  répond  à 
Carlin  qui  lui  demande  l'état  de  la  lanté  :  Je  me 
porte  /à-/à.  Voye\^  auifi  la  Comédie  de  la  Faufte  Co- 
quette. 

^fT  La  la  fe  dit  auflî  par  menace  dans  le  ftyle  fami- 
lier. La  la  ,  nous  nous  retrouverons.  Par  répriman- 
de ,  la  la ,  tout  beau.  Par  forme  de  confolation  Se 
d'adoucilïement.  La  la  ,  rafturez-vous  -,  ne  craignez- 
rien. 

|t?  La  j  terme  de  muiîque.  C'eft  la  fixième  note  de  la 
gamme.  Ut ,  ré  j  mi ,  fa ,  fol  j  la. 

L  A  A. 

LAABIM.  f  m.  Nom  d'homme  Se  de  peuple.  Laabim. 
Il  eft  dit  dans  la  Genèfe  ,  X.  i  j.  que  Laabim  étoit 
fils  de  Mifia'i'm.  Les  Laahim  qui  delcendirent  de 
lui  ,  lont  les  Libyens  en  Afrique.  C'eft  le  lenriment 
de  Jofeph ,  Ant.  L.  L  de  Saint  Jérôme  ,  de  Corné- 
lius à  Lapidé  ,  d'Ainfwoit ,  àe  Lyranus  ,  de  Junius , 
de  Bochart  j  L.  IV.  c.  28.  &c.  Il  y  a  cependant  une 
difficulté.  Car  la. plus  grande  partie  de  l'Afrique  s'ap- 
,  pelle  Libye ,  Se  dans  l'Ecriture  les  Libyens  font  .ap- 
pelés Phut  Se  Lubim  :  mais  Bochart  répond  que  les 
Laahim  lont  (eulcment  les  Libyens  ,  que  Pompo- 
nius  Mêla ,  L.  I.  c.  4..  Pline  ,  L.  V.  c.  S.  Ptolo- 
mée  ,  L.  IV.  c.  /.  appellent  Libyens  d'Egypte  , 
parce  qu'ils  étoient  en  eliet  voillns  de  l'Egypte.  Ils 
demeuroient  dans  un  pays  plein  de  fables  brùlans  , 
c'eft  delà  qu'ils  avoient  pris  leur  nom  :  car  nart'? , 
Laaba  en  F^ébreu  î\%\\Ae  flamma ,  chaleur ,  ardeur. 
D'autres,  comme  Arias  Montanus  &:  Malvenda  ,  di- 
fent  que  ce  font  les  Libyens  Cyréna'iques ,  ou  com- 
me dit  encore  Malvenda ,  Marmariques. 

LAAC.  Voye■:^^  Laea. 


L  A  B 

0Cr  LAAR.  Voyci  Lar. 

LAAS.  Nom  d'une  petite  ville  du  Cercle  d'Aiitiiche  , 
en  Allemagne.  Lafiuin.  Elle  eft  dans  la  balîe  Car- 
jiiole  ,  au  pic  At^  montagnes  ,  &  à  une  lieue  du  lac 
de  Czirnicz  ,  du  côte  du  nord.  Laas  cft  capitale  d  un 
petit  pays  ,  qu'on  nomme  la  Kacféole.  Matv. 


LAB. 

LABA  ,  ou  LAAC.  Nom  d'un  bourg  de  l'Aurriclic  , 
en  Allemagne.  Laha  ,  Lacia.  Il  ell:  aux  confins  de 
la  Moravie  ,  environ  à  quatre  lieues  de  Znain  ,  en 
tirant  vers  Vienne.  Maty. 

LABACH.  Foye^  Laubac. 

§crLABADIA.  Ville  d'Italie,  dans  le  Polefin  de  Ro- 
vigo  j  lur  l'Adigc.  Elle  elt  fujette  aux  Vénitiens. 

tp"  LAbADISlE.  royei  Labbadiste. 

LABAN.  Nom  de  lieu  dont  il  cil  parlé  au  Dcutérono 

■  me  ,  ck.  I.  V.  I.  Labaii.  Ce  lieu  étoit  au  delà  du 
Jourdain  ,  dans  la  plaine  du  De(ert  ,  vis  à-vis  la 
mer  Kouge  ,  entre  Pharan  ,  Tophel  &  Haferotli. 
Les  Septante  Tappellent  Lohon.  Ce  qui  fait  croire 
que  c'cd  Lebna  dont  il  ell  parlé  au  Livre  des  Nom- 
bres ,  XXXI H.  20.  où  les  Septante  le  nomment 
Leboiia.  P.  Luhin, 

LABANA.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre  Sainte.  La- 
bana.  C'eft  .ainli  que  la  Vulgate  l'appelle  en  Jo- 
fué  ,  XV,  jf2.  mais  les  Septante  dilent  Lebna  ,  ce 
qui  hit  connoître  que  c'eft  la  même  que  Lebna 
dont  parle  Joluc ,  X.  2p ,  jo  ,  j r  ,  Se  que  les  Sep- 
tante nomment  aulli  Lebna.  Sous  les  Chananéens 
Labana  étoit  capitale  d'un  Royaume  ;  à  la  conquê- 
te des  Hébreux  elle  fut  donnée  à  la  Tribu  de  Ju- 
da.  C'eft  celle  qui  eft  appellée  Lobna  par  la  Vulgate  , 
en  Jofué  XXL  i  j.  par  les  Septante  Lobna  Se  Lebna. 
C'étoit  une  ville  Lévitique.  Du  temps  de  S.  Jérôme 
ce  n'étoit  qu'un  village  du  territoire  d'Eleuthéropo- 
lis  ,  qui  coniervoit  encore  Ion  ancien  nom  de  Lobna. 
P.  Lub'm.  M.  Réland  la  nomme  Libna  ,  (uivant  la 
prononciation  du  texte  Hébreu. 

LABANATH.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte. 
Labanath  ,  dans  le  texte  Hébreu  Llbnath.  Elle  étoit 
dans  la  Tribu  d'Aler  ,  &  lur  les  confins  du  côté  du 
midi ,  SsL  aux  environs  du  mont  Carmel.  Il  ne  faut 
point  la  contondre  avec  AhaLab  ,  P.  Lubïn. 

LABARUM.  1.  m.  Enleigne  ,  étendard  qu'on  portoit 
devant  les  Empereurs  Romains  à  la  guerre.  C'étoit 
un  longue  lance  ,  traverféc  par  le  haut  d'un  bâton  , 
duquel  pendoit  un  riche  voile  de  couleur  de  pour- 
pre ,  orné  de  pierreries  ,  Se  d'une  frange  à  l'cn- 
tour.  Il  y  avoir  une  aigle  peinte  ,  ou  tiftue  d'or  lur 
le  voile  julqu'à  Conftantin  ,  qui  y  fit  mettre  une 
croix  ,  avec  un  chitlre  ou  monogramme  qui  mar- 
quoit  le  nom  de  Jésus  Christ  ,  Se  qui  étoit  accom- 
pagné de  ces  deux  lettres  a  <Sc  a  ^  pour  fignifier  que 
Jésus  Christ  eft  le  commencement  Se  la  fin  de  tou- 
tes chofes.  Quelquefois  au  delîus  du  voile  s'élevoit 
une  couronne  au  milieu  de  laquelle  étoit  enfermé 
le  monogramme  de  Jésus  Christ.  De  la  traverfe 
pendoit  un  morceau  d  étolîe  précieufe  en  quarré  , 
fur  lequel  étoient  repréfentées  les  têtes  de  Conftan- 
tin Se  de  fcs  enfans.  Conftantin  y  fit  mettre  aulîl  fa 
figure  en  or  ,  Se  celles  de  fes  enfins.  On  ne  les 
voit  pas  néanmoins  ,  que  je  fâche  ,  lur  les  médailles. 
L'Empereur  choifir  enluite  cinquante  homme  des 
plus  braves  ,  Se  des  plus  pieux  de  fes  Gardes  ,  qui 
eurent  la  charge  de  porter  le  labarum  tour-à-tour. 
VoytT^  Suétone  dans  Augufte,  c.  i  o  la  vie  de  Conf- 
tantin par  Eufébe  ,  Z.  1.  c.  27.  &  2S.  L.  IL.  c.  S. 
Prudence  ,  I.  /.  contre  Symmaque  ,  v.  4S8.  Cujas. 

Conftantin  ,  pour  montrer  qu'il  attendoit  de  Dieu 
la  viétoire  ,  inenoit  avec  lui  des  Evêques  ,  &  fai- 
foit  marcher  à  la  tête  Je  fes  troupes  l'enfeigne  orné 
de  la  croix,  c'eft  à  dire,  le  labarum.  On  le  gardoit 
daiis  une  tente  féparée  loin  du  camp  :  Se  la  veille 
des  jours  de  combat,  TEmpereur  s'y  retiroit ,  pour 
prier  a\'ec  peu  de  perfonnes  ;  obfervant  une  pure- 
té particKLiè;;c  ,  Se  pratiquant  le  jeûne  Se  la  mortifi- 


L  A  B 


67 


cation.  Fieury  ,  Hijl.  Eccl.  L.  X.  p.  1 0  j.  Zozime  , 
L.  IL  p.  ûSo. 

On  dit  que  Conftantin  donna  cet  étendard  à  (es 
troupes  à  l'occalion  d'un  prodige  qui  lui  arriva 
en  allant  combattre  Maxcncc  ;  car  il  vit  dans  l'air 
une  croix  avec  ces  mots  Grecs  :  EN  toïtiî  nika  , 
c'eft-à  dire  ,  Vainque-^  par  ce  figne.  On  voit  pour- 
tant au  revers  des  médailles  des  deux  Licinius  le  pè- 
re Se  le  fils  j  un  labarum  ,  avec  la  figure  d'une 
croix  au  fommct  de  la  pique  ou  hafte  de  cet  éten- 
dard. M.  Triftan  ,  dans  Ion  troilièmc  tome  ,  pa«e 
S4f.  conjecture  que  Licinius  Se  (on  fils  le  Icrvi- 
rent  du  labarum  pour  contenter  Conft..ntin  pen- 
dant le  temps  de  leurs  réconciliations  ;  que  le  perc 
le  lailoit  par  une  complailance  forcée  ,  craignant 
Conftantin  ,  Se  le  fils  par  obligation  Se  inftrudtion  , 
comme  étant  nourri  dans  le  Chriftianilme  par  fa 
mère  Conftantia  (œur  de  Conllantin. 

Dans  les  combats  que  Conftantin  livra  à  Lici- 
nius j  par  tout  où  paroilîoit  le  Labarum  ,  les  enne- 
mis fuyoient  ,  Se  la  piélence  raliuroit  les  troupes 
ébranlées.  Cinquante  hommes  choiiis  entre  les 
Protedcurs  ou  Gardes  du  Corps  ,  étoient  deftinés 
à  la  garde  de  cette  enleigne  ,  Se  la  portoient  tour- 
à  tour  fur  leurs  épaules.  Un  d'eux  épouvanté  dans 
le  combat  ,  le  donna  à  un  autre  pour  s'enfuir 
plus  librement  ;  &  aufti-tôt  il  fut  tué  d'un  trait 
dans  le  ventre.  On  tira  plulieurs  coups  lur  celui 
qui  avoir  le  Labarum  ;  mais  il  ne  fut  blclFé  d'au- 
cun :  ils  portèrent  tous  fur  le  bois  de  l'cnleignc. 
Fleury.  Eulébe  avoit  appris  cette  merveille  de  la 
propre  bouche  de  l'Empereur.  Voye^  cet  Auteur 
dans  la  vie  de  Conftantin  ,  L.  II.  c.  6  ,  y  ,  S  , 
ç  ,  16.  Voilà  bien  des  prodiges  dont  la  vérité  fem- 
ble  n'avoir  pas  befoin, 

\-Zs  Romains  avoicnt  pris  cet  étendard  des  Ger- 
mains ,  des  Daces  ,  des  Sarmates  ,  des  Pannoniens  , 
des  Arméniens ,  nations  qu'ils  avoient  vaincues.  On 
prétend  que  Conftantin  eft  le  premier  qui  le  don- 
na pour  un  étendard  aux  troupes  Romaines.  Ainlî 
quand  on  le  voit  fur  les  médailles  d'Augufte  Se 
des  Empereurs  Gui  ont  précédé  Conftantin  ,  ce  n'eft 
point  un  étendard  Romain  ,  mais  l'étendard  de 
quelque  nation  vaincue  par  l'Empereur  ,  pour  qui 
la  médaille  a  été  faite.  Il  paroit  néanmoins  par 
Tertullien  dans  fon  Apologétique  ,  qu'avant  Conf- 
tantin les  enfeignes  militaires  reftembloienr  à  une 
croix ,  de  laquelle  pendoit  un  morceau  d'étoffé  ,  Se 
que  par  conféquent ,  à  la  couronne  près  éc  au  mo- 
nogramme de  JÉSUS  Christ  ,  c'étoit  la  même  chofe 
que  le  labarum  ;  Se  qu'ainii»  Conftantin  ne  fit  qu'y 
ajouter  ces  deux  choies  à  l'occalion  qu'on  a  dite. 
Théodole  le  jeune  donna  de  grands  privilèges  en 
416.  à  ceux  qui  étoient  chargés  du  Labarum  ,  ou 
Laborum  ;  car  c'eft  ainfi  que  S.  Grégoire  de  Na- 
zianze  ,  S.  Ambroile  ,  Prudence  ,  &  d'autres  enluite  , 
appellent  cet  étendard. 

Le  nom  de  Labarum  n'eft  connu  que  du  temps 
de  Conftantin  ,  mais  cet  étendard  de  la  forme  qu'on 
le  wient  de  dire  ,  était  celui  des  Empcreuis  avant 
lui.  Conftantin  y  ajouta  les  marques  du  Chriftia- 
nifmc. 

S.  Grégoire  de  Nazianze  dit  que  le  Labarum  étoit 
ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  finilîoit  les  travaux,,  com- 
me 11  ce  mot  venoit  de  labor.  Mais  on  a  très  bien 
remarqué  que  cet  étendard  étant  venu  des  Nations 
barbares ,  on  cherche  inutilement  fon  nom  dans 
les  langues  Grecque  ,  ou  Latine.  Quelques-uns  dé- 
rivent ce  mot  d'^i'AaÎRa  ,  qui  lignifie /Jz^re.  D'autres 
le  tirent  de  ;.«bf''v  ,  prendre.  Fullérus  Mifcel.  L.  IV. 
c.  12.  croit  que  ce  nom  s'eft  fait  de  XH",'-'  ,  dé- 
pouilles ,  en  changeant  ■-  en  «  ,  comme  dans  calix 
de  '-"Al?  ;  Se  qu'il  fut  donné  à  cet  étendard  :  d'abord 
le  labarum  étoit  m^"/-"  ,  une  dépouille  de  l'eniiemi. 

Ceux  qui  ont  traité  du  Labarum  ,  outre  les  Au- 
teurs cités  ici ,  font  Eukbe  dans  la  vie  de  Conftan- 
tin,  Z.  /.  c.  ^i? ,  i»  :,  i/  ;  Nicéphore,  Z/^(/?.  Eccl. 
L.  Vit.  c.  20.  Fullérus  déjà  cité  ;  Milcel.  L.  II. 
c.  1.  &  L.  IV.  c.  12.   Giraldus  ,   Dialog.   XXV. 


f 


3rî8  L  A  B 

Alciat  fui-  le  XIl.  L.  du  Code  ,  Tu.  ds  Prxpof.  La 
horum  ,  Cujas  lur  le  même  endroit  -,  J.  Liple  ,  L. 
m.  de  truce  ,  c.  i s-  &  Ohjerv.  L.  XL  c.  20. 
Meiufiuî  dans  fou  Glollan-e  -,  Volllus  ,  ds  V'uiis 
Scrm.  L.  III.  c.  i  S .  bc  dans  Ion  Etymohgïcum  ; 
Pameiiiis  ,  Not.  244.  &  24s-  lui-'  le  '•'''•  ^^^-  'i'-' 
l'Apologériquc  de  TemiUien  \  De  Valois  dans  fcs 
iiores  fui-  Eufébe  à  l'endroit  cité  -,  Suicer  au  mot 
Akiitf.  j  HoSlnan  au  mot  Ziî^iiraOT  j  &  M.  du  Gan- 
ge au  même  mot  dans  Ion  Glollaire  ,  M.  Tillemont  , 
^Eijt.  des  Empereurs  ,  T.  IT.  p.  12s.  On  trouve 
aulli  Labonim  en  Grec  ;  mais  en  François  nous  di^ 
Ions  toujours  Lahanim  ,  ik  même  en  Latin  oijjie 
trouve  guère  autrement.  On  prétend  que  les  Ibl- 
dats  qui  gardoicnt  le  Laharum  ,  font  ceux  quj|9es 
codes  de  Théodole  &  de  Julliinicn  appellent  Pm- 
fecii  laborum  ;mi\s  laborum  en  Grec  par  unorpour- 
roir  être  une    faute.  Il  eft  aifé  fouvent  de  prendre 

■  un  «  pour  u.  S.  Jean  Chriloftôme  ,  Hom.  III.  lur 
la  première  Epître  à  Timothée  ,  l'appelle  Aiôsjov  , 
laburum. 

iABASSiN  ,  ou  ALBAZIN.  Nom  d'ime  ville  de  la 
grande  Tartarie.  Labiifînum  ,  Albajlnum.  Elle  ell  lur 
la  rivière  d'Amur  ,  ou  d'Yamour  ,  dans  la  Provin- 
<.t  de  Dauria.  Labûjjhi  eH  fitué  fous  le  112.  degré 
de  longitude  &  le  J4.de  latitude,  à  trois  mois  de 
chemin  de  Mofcow,  &  à  trois  femaines  de  Péking , 
félon  la  relation  du  P.  Avril  ,  Jéfuitc  ,  qui  s'accor- 
de fort  bien  avec  la  carte  de  M.  Witlen.  Labajfin 
appartient  aux  Mofcovites  ;  il  elt  fur  l'im  des  che- 
mins que  tiennent  les  Marchands  pour  aller  de 
Alofcow  à  Péking  par  terre  ;  &  il  a  une  bonne 
fortercfle  pour  fe  défendre  contre  les  Tartares 
Mcnguls  &  les  Chinois. 

LABATHSAN.  Nom  d'un  village  de  la  balfe-Hon- 
•grie  ,  fitné  à  une  lieu  de  Gran.  Labathfanwn.  Il  pa- 
roît  par  uneinlcription  qu'on  y  a  trouvée  ,  que  c'elt 
l'ancien  Commerdum ,  bourg  de  la  balle  Pannonie. 

LABBADiSTE  ,  ou  LABADISTE,  f  m.  &  f  Nom 
d'une  Secte  Fanatique  ,  qui  a  pris  fon  nom  de  Jean 
J-abbadie  ,  natif  de  Bourg  eu  Guienne.  Labbadifia. 
Cette  ieclc  n'a  pas  duré.  On  dit  cependant  qu'il  y 
t  a  encore  des  Labbadijîes  dans  le  Duché  de  Cléves. 
ifs  Ce  fanatique  aptes  avoir  été  Jéfuite  ,  puis  Carme  , 
enfin  ,  Minilh'e  proteftant  à  Montauban  &c  en 
Hollande  ,  finit  par  être  chef  de  fecte  ,  &c  mourut 
dans  le  Holftciu  en  1674. 

LABOANUM.  f  m.  Efpcced«  gomme  ou  réfine.  l^oy. 
Ladanum. 

jLABER.  Rivière  d'Allemagne  ,  dans  la  Bavière.  Il  y  en 
a  deux  fort  voifines.rune  de  l'autre  ,  &  on  les  dif- 
tingue  par  les  lurnoms  de  Grojf  ôc  de  Klein  , 
c'eil  à  dire  ,  de  Grand  cc  de  Petic. 

It?  LABETZAN.  Contrée  de  Perlé  ,  dans  le  Kilan  , 
le  long  de  la  mer  Cafpienne.  On -en  tire  d'excel- 
lentes loies. 

LABEUR,  f.  m.  Travail  corporel  ,  long  &  pénible. 
Labor ,  opéra  ,  opus  :  Il  vieillit  ;  &  n'eft  plus  guère 
en  ufage  que  dans  le  ftyle  foutenu  ,  &  dans  la 
Poéfie.  \Jn  nouveau  labeur  à  tes  armes  s'ay^n-ête. 
ALvLHERDE.  Il  a  été  réccmpenlé  de  Ion  labeur  :  il 
jouit  du  fruit  de  fes  labeurs.  Les  anciens  Moines  vi- 
voient  du  labeur  ,  du  travail  de  leurs  mains.  Dieu 
a 'béni  leur  labeur.  On  dit  aulfi  ,  que  des  terres 
font  en  labeur  ,  quand  on  les  cultive  &  qu'on  les  fa- 
çonne félon  que  les  pays  ou  les  fiifons  les  requièrent. 

Coups  de  ci/eaux  au  travers  de  l'ouvrage 

De  mon  labeur  effacèrent  les  traits.  P.  du  Cerc. 

Labeur.  Terme  d'Imprimerie.  Il  fignifie  les  Ouvrages 
ou  éditions  des  livres  fur  lefquels  les  Compagnons 
&  Ouvriers  ont  commencé  de  travailler.  fCTOn  ne  le 
dit  que  des  ouvrages  confidérables  ,  qui  peuvent  oc- 
cuper les  ouvriers  pen.dant  long  temps  par  oppoli- 
tion  à  ouvrage  de  ville  ,  termes  par  lelquels  ils  dé- 
fignent  des  ouvrages  de  peu  d'étendue  ,  &  qu'on  ti- 
re en  petit  nombre  ,  conmie  faCcums ,  &c. 

On    dit    proverbialement   j    le    labeur  iurmcuf. 


L  A  B 

tout.  Labor  omnia  vincit  improbus.  Virg.  Ce  pro-' 
verbe  eil  Latin  ,  &  ce  mot  vient  de  lahorare ,  oui  fi- 
gnifie originairement  ^  cultiver  la  terre  ,  la  la- 
bourer. 

Les  Poètes  avoient  fait  dans  l'Antiquité  payennc 
un  dieu  du  labeur  ,  Se  ils  le  comptoient  parmi  les 
dieux  d'enfer.  Foye:ç_  Héfiode  ,  Theog.  v.  226, 
Volîius  ,  de  Idolol.  L.  III.  c.  i  p.  &  L.  FI  H.  c.ii. 

LABEURER.  v.  n.  Opérer.  Vieux  mot  qui  \\x  plus  d'u- 
lage  que  dans  ce  proverbe  :  En  peu  d'heures  Dieu 
labeure  j  qui  fc  dit  quand  un  pécheur  fe  convertit 
tout-à-coup ,  &  change  de  vie  ,  ou  quand  il  arrive 
un  grand  changement  de  fortune  auquel  on  ne  s'ac- 
tendoit  pas.  Nos  anciens  ont  louvent  changé  l'o 
des  Latins  en  eu.  De  DemorarïWs  ont  lait  demeurer. 
Ils  ont  dit  de  même  preuver  de  probare.  Nous  en 
voyons  des  reftes  dans  le  mot  de  preuve.  Il  ont  dit 
aulh  Labeurer  de  Laborare.  Ménage. 

LABEZ  ,  ou  CALAO.  Nom  d'une  ville  de  la  provin- 
ce de  Bugie  ,  en  Barbarie.  Labe^a  ,  Calaum.  Elle 
ell  près  de  la  rivière  Major ,  au  midi  de  Bugie ,  Se 
elle  eft  capitale  du  Royaume  de  Labe^  ,  renfermé 
dans  des  montagnes  prelqu'inaccelhbles  ,  dont  la 
petite  ville  de  Tezli  délend  les  avenues.  Les  Rois 
de  Label  ^°"^  tributaires  des  Algériens  ,  qui  011c 
bien  de  la  peine  à  exiger  d'eux  le  tribut  ,  à  caufe 
de  l'àpreté  des  montagnes  qu'ils  habitent.  On  croit 
que  Labe^  eft  l'ancienne  Altao  ,  ou  Atao  ,  ville  de 
la  Mauritanie  Céfirienne.  Maty. 

§Cr  LABIAL  ,  ALE.  adj.  du  Latin ,  Labia  ,  lèvres ,  qui 
a  rapport  ,  qui  appartient  aux  lèvres.  En  Anatomie  , 
artère  labiale.  Lablalis. 

§3^  En  Grammaire  ,  on  appelle  lettres  labiales  ,  litte- 
fiz  labiales  ,  celles  qui  le  prononcent  par  le  mou- 
vement des  lèvres.  On  dit  de  même  articulation  la- 
biale ,  qui  eft  produite  par  les  divers  mouvemens 
des  lèvres.  Il  y  a  cinq  confonnes  labiales  ,  B  ,  F  , 
M  ,  P  ,  V. 

Labial.  Terme  de  Palais  ,  qui  fe  dit  des  offres  qui  fe 
font  limplement  de  bouche  ,  Se  même  par  écrit 
quand  il  n'y  a  point  de  deniers  eftetlifs  qui  loient 
offerts.  Ferbo  tenus  ,  ore  tenus ,  par  oppofition  à  ofrcs 
réelles  qui  le  font  à  deniers  découvers  .-  Prsfente  , 
numeratà  pecunia.  En  Juftice  ,  les  otrres  labiales ,  ne 
lont  point  confidérées. 

LABIA W.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Pruiïe  Du- 
cale. Labia.  Elle  eft  dans  la  Nadravie  ,  à  l'embou- 
chure de  la  Dême  ,  dans  le  Curish-Hoff ,  Se  à  onze 
lieues  de  Konigsberg.  Maty. 

tf3'  LABIÉ  ,  lÉE.  adj.  Terme  de  Botanique.  Fleur  la- 
biée. Flos  labiatus.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  aux 
fieurs  Monopétales  irrégulières  ,  qui  lont  formées 
d'un  tuyau  percé  ordinairement  dans  le  fond  ,  ter- 
miné en-dev.ant  par  une  elpèce  de  mafque  ,  com- 
polé  de  deux  lèvres  principales  ,  dont  la  lupérieu- 
re  le  nomme  Galea  ,  Tintérieure  barba  ,  Se  l'ou- 
verture n2«j  ou  palatum  :  telle  eft  la  fleur  d'Hyfo- 
pe  ,  de  Lavande  ,  &c, 

|K?  La  forme  ,  la  pofition  &■  la  découpure  de  ces  lè- 
vres fervent  à  diftinguer  les  genres  ;  mais  les  fleurs 
de  cette  famille  lont  diftinguées  des  autres  mono- 
pétales irrégulières  ,  en  ce  qu'elles  ont  quatre  éta- 
mines  attachées  au  piftil  ,  dont  deux  font  plus 
courtes  que  les  deux  autres  j  &  quatre  lemences  qui 
n'ont  pour  enveloppe  que  le  calice  qui  lubfille 
jufqu'à  la  maturité  du  fruit.  Les  femences  des 
fleurs  en  calque  ou  en  mufle  ,  lont  renfermées 
dans  une  caplule  qui  n'eft  point  le  calice. 

LABIEE,  .adj.  m.  &  f.  Epithète  qui  fe  donne  à  une 
mauvaile  mémoire  ,  qui  manque  au  beloin  ,  qui 
ne  peut  rien  retenir.  Labilis.  Avoir  la  mémoire  la- 
bile.  Ce  terme  ne  le  dit  que  dans  cette  phrale. 

^  LABIO-NASALE.  Quelques-uns  appellent  de  ce 
nom  la  lettre  M  ,  parce  qu'elle  fe  prononce  des 
lèvres  &  du  nez  ,  paice  qu'elle  eft  moitié  labiale  Se 
moitié  nafale. 

LABlTHi.  Horchia.  C'eft  le  nom  que  les  anciens 
Thyrréniens  Se  les  Scythes  donnoienr  à  la  décile 
Velu. 

LABIZA. 


L  A  B 

LABIZA.  f.  m.  Efpcce  d'ambre  ou  de  fuccin  d'une 
odeur  agrcablc ,  qui  coule  par  iiicKion  d'un  arbre 
qui  croit  dans  la  Caroline. 

gCr  LAHIZA  clt  le  nom  de  certains  arbres  que  l'on 
trouve  dans  la  province  de  Bcnarim  &  dms  quel- 
ques autres  endroits  du  Royaume  d'Apalaclie.  Les 
originaires  du  pays  leur  donnent  ce  nom  ,  qui  dans 
leur  langue  ,  lignifie  joyau  ,  parce  qu'ils  en  tirent 
leurs  colliers  &  leurs  bracelets.  Us  font  de  la  grof- 
feur  ôc  de  la  figure  des  lauriers ,   &  ont  des  ikurs 

.  qui  approchent  de  celles  des  abricotiers  ,  mais  qui 
ne  lont  luivies  d'aucun  fruit.  En  récompcnl'e  le 
tronc  &    les  groiles  branches  fournillcnt  une  ci'pè- 

.  .ce  de  gomme  de  bonne  odeur  _,  d'un  jaune  pale,  à 
laquelle  on  peut  donner  telle  figure  que  l'on  veut 

•  :  quand  elle  elt  nouvellement  recueillie.  Gardée  quel- 

.   que  temps  dans  un  lieu  fec  ,  elle  devient  lî  dure  , 

.    qu'elle  ne  peut  plus  le  dillbudre  ni  à  la  pluie  ^  ni 

,  dans  l'eau  chaude.  Pour  avoir  une  plus  grande  quan- 
tité de  cette  liqueur  ,  les  habitans  vont  faire  au 
printemps  des  incihons  '  au  tronc  &  aux  grolIes 
branches  ,  &  vont  de  temps  en  temps  ramallcr  la 
liqueur  qui  y  pend  en  gouttes.  Ils  en  font  leurs 
colliers  ,  leurs  pendans  d'oreilles  &  divers  autres 
ornemens. 

LABORADOR  ,  Terre  de  Lahorador.  F  Estotilande. 

Laborador  ,  La  petite  Lahorador ,  ou  Labrador.  La- 
boratorls  tara  parva.  C'eft  la  partie  orientale  de 
l'Ile  qu'on  nomme  le  Cap  Breton.  C'eft  en  cette 
contrée  qu'eif  le  lac  de  Labrador.  Maty. 

Il  n'y  a  point  à  douter  qu'on  n'ait  donné  à  ces 
pays  ce_  nom  Efpagnol  qui  lignifie  Laboureur,  parce 
qu'ils  font  propres  au  labourage. 

LABORATOIRE,  f.  m.  Terme  de  Chimie.  C'eft  le 
lieu  où  les  Chimiftes  font  leurs  opérations,  où  font 
leurs  fourneaux ,  leurs  drogues ,  leurs  vaillèaux.  Offi- 
dna ,  PharmacopdLa.  Le  Roi  a  deux  beaux  Labora- 
toires ,  l'un  a  la  Bibliothèque  j  l'autre  à  Ion  Jardin  des 
Plantes  :  on  y  enfeigne  la  Chimie.  Le  laboratoire 
dans  un  hôpital  eft  le  lieu  où  l'on  compofe  les  lemè 
des.  En  général  on  appelle  laboratoire  un  lieu  où  l'on 
fait  des  expériences  de  Phylique,  des  opérations  de 
Chimie  ,  de  Pharmacie ,  &c.  Par  un  Edit  du  Roi  de 
l'an  i68i,  le  51  d'Août,  article  XI,  il  eft  défendu  à 
toutes  fortes  de  perfonnes,  de  quelque  profellion  & 
condition  quelles  foient ,  excepté  aux  Médecins  ap- 
prouvés &  dans  le  lieu  de  leur  réfidence,  aux  Proief- 
îéurs  en  Chimie  &  aux  maîtres  Apothicaire?,  d'avoir 
aucuns  laboratoires ,  &  d'y  travailler  à  aucunes  prépa- 
rations de  drogues  ou  diftillations ,  fous  prétexte  de 
remèdes  chimiques  ,  expériences ,  &c. 

On  le  dit  hgurément  en  quelque  forte  des  feux  fou- 
terreins.  La  nature,  comme  la  Chimie,  a  fes  four- 
neaux &  les  laboratoires  fouterreins.  C'eft-là  qu'elle 
fabrique  l'or  &  les  métaux,  &c  qu'elle  prépare  pour 
les  plantes  qui  croilîent  fur  la  terre,  &  pour  les  eaux 
minérales,  les  fels,  les  foufres,  le  nitre,  le  vitriol. 
MÉm.  de  Tr. 

LABORD.  roye^  Lapord. 

LABORIEUSEMENT,  adv.  Avec  beaucoup  de  peine  & 
de  travail,  ^grè ,  operosè  j  laboriosè.  Ces  grands 
compilateurs  ont  pallé  leur  vie  bien  laborieufement. 

LABORIEUX,  EUSE.adj.  Homme  qui  aime  le  travail 
&  qui  y  réilfte.  Patiens  laboris.  Il  fc  dit  tant  des  tra- 
vaux du  corps  que  de  l'elprit.  Les  François  font  plus 
induftrieux  ,  &  les  AUemans  plus  laborieux. 

Laborieux,  fe  dit  aulli  des  chofes  &  lignifie  Pénible j 
qui  coûte  beaucoup  de  peine  &  de  travail.  Laboriofus. 
on  profite  des  recherches  laborisufes  des  excellens 
Tradudteurs.  S.  Evr.  Les  Capucins,  les.  Hermires  , 
mencntune  vie  bien /a/^t)r;ea/ê.  Examen  laborieux  Se 
difficile.  PÉLissoN.  De  longues  &  laborieufes'  re- 
cherches. Idem.  On  le  dit  généralement  des  ouvrages 
qui  demandent  plus  de  travail  que  de  génie. 

LABORUM.    royei  Labarum.       • 

LABOfH.  Nom  d'un  lieu  de  la  Terre  Sainte.  Labotk. 
S.  Jérôme.,  in  Loc.  Ilebr.  le  met  dans  la  Tribu  de 
Jltda. 

LABOUR,  f.  m".  Remuement  de  la  terre  fait  à  delfeiu  de 
Tome  y. 


la 

eu. 


L  A  B  3^9 

rendre  fertile,  propre  à  nourrir  les  végétaux.  Oy  tra, 
dturaterrd.    Une  terre  à  blé  pour  être  bien  façon- 


née, doit  avoir  uoh  labours.  11  faut  lembourk-r  au 
Eermicr  qu  on  dépofsède  ,  \<is  labours  Se  knicnces.  Il 
eft  dérendu  de  failir  les  chevaux  de  labour  qui  fer- 
vent à  la  charrue.  ÇCTOn  dit  qu'une-  pièce  de 
terre  eft  en  labour ,  pour  dire  qu'elle  eft  préparée 
pour  recevoir  la  femcncc. 

Il  eft  manifefte  que  ce  mot  &  fes  dérivés  vierr.ent 
du  Latin  labor ;  cependant  le  P.  Pezron  dit  que  ce  mot 
elt  pris  du  Celtique  labour ,  cawwwz  laborare  \'ie\\i  Je 
labourât,  qui  veut  dire  travailler.  Quelques-uns  ti- 
rent labor  de  ^«Vu,  douleur.  'Vollius  aime  mieux  le 
dériver  de  «a.<  ^  qui  lignifie  travail  :  on  a  ajoute  une, 
/  au  commencement  i  ou  bien  de  >.<*i  .>  t^ya ,  prendre 
de  l'ouvrafe. 

Les  Vignerons  &  les  Jrudiniers  fe  fervent  auiJî  de 
ce  terme  quand  ils  travaillent  ,  ceux-là  avec  kuis 
houes,  &  ceux-ci  avec  leurs  bêches.  D<;nner  un  /a- 
^cw;- à  la  vigne.  Donner  un /ai^oi^r  aux  elpaliers.  Ope- 
ram  dare  ,fodere.  Les  plus  fréquens  labours  foiît  d'or- 
dinaire les  meilleurs  :  à  l'égard  des  arbres  il  en  faut 
quatre  par  an  ;  fwoir  ,  au  printemps ,  à  la  S.  Jean  ,  à 
la  fin  d'Août,  &:  inmédiatement  avant  l'hiver.  La 
Quint.  P.  L.  C.  LIL.  art.  j.  Quand  les  tares  font 
peu  pierreufes  ,  les  labours  y  font  plus  aifjs.  La 
Quint.  Les /a^o/^w  à  proprement  parler,  ne  lont  au- 
tre choie  qu'un  mouvement  ou  remuement ,  qui,  fe 
failant  à  la  luperficie  de  la  terre,  pénétre  jufqu'à  une 
certaine  profondeur  ,  enforte  que  les  parties  de  dellus 
&  celles  de  délions ,  prennent  réciproquement  la 
place  les  unes  des  autres.  La  Quint.  /*.  /i.  c.  J/.  Il 
s'en  fait  à  la  bêche  &  à  h  houille,  &cela  dans  les  ter- 
res ailées.  Il  s'en  fait  à  la  fourche  &  à  la  befoclie  ,  Se 
cela  dans  les  terres  pierreufes  &  cependant  allez 
fortes.  Il  s'en  ftit  de  plus  profonds  ;  favoir  ,  en  pleine 
terre  &  au  milieu  des  carrés,  &:  il  s'en  fait  de  plus 
légers,  favoir,  autour  des  pies  des  arbres ,  fur  les  af- 
perges ,  à'e. 
^'  On  fouit,  on  renverfe  la  terre  avec  des  infttumens 
propres  à  cette  opération,  non  (eulement  pour  dé- 
truire les  mauvailes  herbes  ,  mais  encore  pour  fou- 
lever  la  terre  Se  la  rendre  perméable  aux  influences 
de  l'air  ,  du  foltil ,  des  pluies  ,  des  rof.es.  1d.  Les  la- 
bours rendent  les  terres  non  Iculement  plus  agréables  , 
mais  encore  plus  meubles,  ils  augmentent  la  fertilité 
dans  les  terres  qui  en  ont  p£U,&  la  conleivent  dans  cel- 
les qui  en  ont  luffifamment.  Les  labours  fe  doivent 
faire  en  ditiérens  tcms,  &  même  diiîéremment  pour 
la  multiplicité,  eu  égard  à  la  différence  des  terres  Se 
des  failons;  les  terres  qui  lont  chaudes  Se  sèches  ,  doi- 
vent en  été  être  labourées  ou  un  peu  avant  la  pluie , 
ou  pendant  la  pluie j  ou  incontinent  après,  fur  tout 
s'il  y  a  apparence  qu'il  en  doive  encore  venir;  Se  1  on 
ne  lauroit  les  labourer  ,  ni  trop  fouvent ,  ni  trop 
avant ,  quand  il  pleut  ;  comme  par  la  railon  des  con- 
traires ,  il  ne  faut  guère  les  labourer  pendant  le  grand 
chaud ,  à  moins  qu'on  n'ait  foin  de  les  arroler  aullitôt  : 
ces  fréquens  labours  donnent  pallage  à  l'eau  des 
pluies.  Se  les  font  pénétrer  vers  les  racines  qui  en 
ont  beloin.  Au  contraire  j  les  terres  froides ,  fortes  & 
humides,  ne  doivent  jamais  être  labourées  en  rems 
de  pluie,  mais  plutôt  dans  les  grandes  chaleurs.  Se 
pour  lors  on  ne  fauroir  les  labouter ,  ni  trop  fouvent, 
ni  trop  avant,  afin  d'empêcher  qu'elles  ne  fe  fendent 
par-dcllus,  ce  qui  fait  grand  tort  aux  racines  j  &  aiiii 
qu'étant  amollies  par  les  labours  j  la  chaleur  y  pénètre 
plus  aifément.  Id.  Les  labours  fréquens  empêchent 
qu'une  partie  de  la  bonté  de  la  terre  ne  s'épuife  à  la 
produétion  Se  à  la  nourriture  des  méchantes  plantes. 
Id.  Les  tems  auxquels  les  arbres  Heurillent  &  la  vigne 
poulfe ,  font  extrêmement  dangereux  pour  les  labours. 
Id.  La  pratique  pour  les  labours  qu'il  faut  faire  aux 
arbres ,  tant  en  hiver  qu'au  printems  ,  eft  que  dans  les 
terres  sèches  Se  légères,  il  en  faut  donner  un  grand  à 
l'entrée  de  l'hiver  ,  Se  un  pareil  incontint  après  qu'il 
eft  palfé ,  afin  que  les  pluies  &  les  neiges  d'hiver  ,  & 
les  pluies  du  printems  entrent  ailcment  dans  les  terres 
qui  ont  befoin  de  beaucoup  d'humidité;  Se  à  l'égard 

Aaa 


370 


L  A  B 


des  terres  fortes  C-c  humides ,  il  îàat  leur  donner  nu 
mois  d'Octobre  un  petit  lahour,  i'vukmcntpoin-  ôter 
les  méchantes  herbes ,  &  un  tort  grand  à  la  hn  d'A- 
vril ou  au  commencement  de  Mai,  quand  les  huits 
font  tout  à  hit  noues  &:  les  grandes  humidités  pal- 
fées.  Id.  ^, 
LABOUR  ,   ou  LABOURD  ,  &:   LABOURT.    Nom 
d'une  contrée  de  la  Gakogne,  Province  de  France. 
LapurdeiifisTraaus.  Elle  a  au  midi  les  Pyrénées  &  la 
Ball'e-Navarre ,  au  levant  &  au  nord  les  Landes ,  &: 
au  couchant  la  mer  de  Bifcaye.  Bayone  en  e(l  la  capi- 
tale :  Tes  autres  lieux  an  peu  conlîdérables  tont  S.  Jean 
de  Luz ,  Andaye  &  Cibourre.  Maty.  Foyei  M.  de 
Marca  dans  fon  Hiftoire  de  Béarn ,  L.  I.  c.  ^.  Il  y  a 
une  coutume  de  Labour  qui  fut  rédigée  en  151 4. 

Cette  diction  de  Labouri  cft  balque  ;  Lapurra 
fignifiantun  pays  dcfert ,  expofé  aux  voleurs  ,  comme 
difent  ceux  qui  entendent  mieux  les  iécrets  de  cette 
langue.  Marca.  Hift.  de  Béarn.  L.    I.   c.  S. 

La  terre  de  Labour.  Terra  Laboracorls.  Terra  La- 
horis  ,  Laborlœ  ,  Campi  Laborini ,  Campama  felix. 
En  Italien  Terra  di  Lavoro.  Province  du  Royaume 
de  Naples.  Elle  ell  bornée  au  couchant  par  la 
campagne  de  Rome  ,  &c  par  l'Abrullc  ultérieure  ; 
an  nord  par  la  citéricure  ,  &  par  le  Comté  de  Mo- 
liire ,  &  à  l'orient  par  les  deux  Principautés  ;  la 
mer  de  Tofcane  la  baigne  du  côté  du  midi.  Ce 
pays  peut  avoir  vingt-hx  lieues  de  long  ,  &  qua- 
torze de  large.  Il  ell  fort  propre  pour  le  laboura- 
ge ,  &  c'eft  de- là  qu'il  a  pris  fon  nom.  On  l'appe- 
loit  autrefois  la  Campagne  heureufe  ,  à  caute  de  fa 
grande  fertilité  en  blés,  vins  excellens  ,  &  autres 
fruits.  On  y  trouve  en  plufieurs  lieux  des  eaux  mi- 
nérales ,  &  des  mines  de  foufrc;  le  Mont  Véfuve  , 
ou  di  Somma,  en  doit  être  rempli j  puilqu'il  en 
vomit  fouvent  àes  torrens.  Les  principaux  lieux 
de  cette  province  font  Naples  capitale  ,  Capoue  , 
<iui  rétoit  anciennement ,  Gaete ,  Fondi ,  Aquino  , 
Sora  ,  Vénafre  ,  Sella  ,  Carino  ;  Tiano  ,  Calvi  , 
Cajazzo  ,  Caferrc  ,  Averfe  ,  Acerra  ,  Noie  ,  Pouz- 
zol ,  Sorrento  j  &C  Malîà  ,  qui  font  autant  de  villes 
Épifcopales.  Le  Gariglai: ,  èc  le  "Volturne  ,  en  font 
les  plus  grandes  rivières.  Maty.  On  n'appella  d'a- 
bord Terre  de  Labour  ,  en  Latin  Laboria  ,  qu'un 
petit  canton  qu'on  nomme  Terrhorio  di  Gaudo 
San-Felicio.  Puis  on  a  donné  ce  nom  à  toute  la 
Campanic. 

Ce  nom  a  été  donné  à  ce  pays ,  parce  qu'il  eft 
propre  au  labour ,  au  labourage. 
LABOURABLE,  adj.  m.  &  f  Épithète  qu'on  donne  aux 
terres  qui  font  propres  à  être  labourées  pour  rapporter 
des  grains.  Culture  habilis ,  idoneus.  Cette  ferme  a  des 
prés  ,  des  bois  ,  &  zoo  arpcns  de  terres  labou- 
rables. LaBeaucenc  conlilfe  qu'en  terres  labourables. 
LABOURAGE,  f  m.  Ce  mot  le  dit  tant  de  l'art  de 
labourer  la  terre  ,  que  du  travail  Se  de  la  bc- 
fogne  du  Laboureur.  Agricultura.  Il  entend  bitn  le 
labourage.  Il  a  quitté  le  labourage  pour  le  trafic. 
Les  Confuls  Romains  (e  loiit  appliqués  au  labou- 
rage. Selon  la  diverhtc  des  lieux  ,  il  y  a  diverlité 
de  labourage  à  grands  ou  à  petits  filions.  C'ell  un 
pays  de  montagnes  ,  où  l'on  ne  lait  ce  que  c'clt 
que  le  labourage.  J'ai  donné  tant  pour  le  labou- 
rage de  mes  terres.  Le  labourage  des  terres  fablon- 
neufes  eft  plus  aifé  que  celui  des  terres  gralfes.  On 
dit  aulll  ,  qu'une  terre  a  le  labourage  de  deux  ou 
trois  charrues  ;  pour  dire  ,  qu'il  faut  avoit  autant 
de  charrues,  pour  la  labourer  &  faire  valoir.  J'ai 
un  labourage  de  vingt  arpcns  de  terre.  Liger. 

On  appelle  décharge  &  labourage  des  vinSj  ci- 
dres &  autres  boillons  ,  la  lortie  de  ces  fortes  de 
liqueurs  hors  des  bateaux  dans  lefquels  elles  font 
arrivées  aux  ports  de  la  ville  de  Paris.  C'eft  aux 
leuls  Maures  Tonneliers  à  qui  il  appartient  de  faire 
ce  labourage  ,  à  l'exclufion  de  tous  autres  Déchar 
geurs  établi?  fur  lefdits  poiTS. 
LABOURER,  v.  a.  Cultiver  la  terre  en  la  remuant. 
Tcrram  arare  ,  aratro  exercere.  On  laboure  en 
pleine   campagne  avec  la  charrue  garnie  d'un  foc 


L  AB 

&  d'un  coutre.  Les  vignes  le /a/^oz/rf/z/ avec  la  houe 
les  jardins  avec   la  bêche.  En  Brie  il  faut  labourer 
avec    les  chevaux.    En   Berri    on    laboure  avec   des 
baufs.  "Voy.  Labour.  Il  étoit  défendu  dans  la  Loi  de 
Moïle  de  labourer  avec  le  bœuf  &  l'âne.    Les  No- 
bles ne  peuvent   labourer  qu'une  de  leurs  terres  à 
deux    charrues  feulement.     On  appelle   labourer  à 
blé,  quand  on  donne  la  troificme  façon  aux  terres 
qu'on  eif  près  d'enfemcnccr  en  blé. 
^dT  Labourer  j  fe  dit  par  exteniion,  de  quelques  ani- 
maux j  &  d'autres  chofcs  qui  font  à  peu  près  fur  la 
fuperhciede  la  terre  le  mémeertet  que  la  charrue, 
la  bêche,  &c  les  inftrumens  du  labourage.  Les  cochons 
labourent  un  pré  avec  leur  grouin.  Ce  pré  eft  prefque 
tout  labouré  par  les  taupes. 
IJCJ'  En  termes  de  Guerre ,  on  dit  qu'un  boulet  de  ca- 
non laboure  quand  il  commence  à  rouler  fur  la  terre, 
vers  la  fin  de  fa  portée  ,  &z  qu'il  y  trace  des  filions, 
•fer  On   dit  encore  que  le  cznon  laboure  un  rempart, 
lorfque    plufieurs    batteries    viennent    obliquement 
aboutir  à  un  même  point ,  comme  centre  commun 
de    leur  aélion.    Enfin  on  le   dit  de   l'effet    de   ia 
bombe  qui  remue  les  terres  où  elle  tombe. 

En  terme  de  Marine ,  on  dit  qu'un  ancre  laboure , 
quand  le  fond  du  terrain  n'eft  pas  bon  pour  l'an- 
crage ,  quand  l'ancre  ne  peut  enfoncer  ,  ni  s'y  te- 
nir ferme.  On  le  dit  aufli  du  vaitleau  quand  il 
touche  à  la  terre  ,  quand  il  n'y  a  pas  ailez  d'eau. 
Labourer  le  fable.  Terme  de  Plombier.  C'ett  mouil- 
ler ik.  remuer  avec  un  bâton  le  fable  qui  eft  dans  les 
chaihs  autour  du  moule  ,  dans  lequel  doit  le  couler 
une  grande  table  de  plomb. 
Labourer  les   vins.    C'eft  les  décharger  des  bateaux 

où  ils  ont  été  voitures  ,  Se  les  mettre  à  terre. 
Labourer  j  Ce  dit  aulll  figurément  dans  le  ffyle  fami- 
lier feulement,  pour  avoir  beaucoup  de  peine  ,  avoir 
beaucoup  à  f  ouffrir.  Il  aura  bien"  à  labourer  avant  que 
de  parvenir  à  fon  but.  Labourer  fe  difoit  autrefois, 
pour  travailler  en  matière  d'affaires  ,  S-c  de  cho- 
fes  fpirituellcs.  A'bye^  ^'Hiji.  de  Bretagne  duV.  Lobi- 
neau  ,  T.  Il ,  p.  ppo. 
LABOuRER^_y.  n.  Travailler  en  quelque  art  ou  ma- 
tière que  ce  foit,  s'y  exercer  ,  s'y  employer. 

Où  tellement  aux  armes  laboura  , 

Que  le  corps  pris  ,  l'honneur  y  demeura.  Marot. 

Ce  mot  eft  vieux  en  ce  fens. 

LABOURÉ  ,  EÉ,  part. 

fO"  LABOUREUR,   f,    m.    Celui    qui  cultive  ,   qui^ 
laboure  les  terres.  Agrkola.   Riche  Laboureur.  Pa 
vre  Laboureur.  Voye-[  Labour. 

On  dit  poëriquement ,  quand  les  blés  font  beau%^ 
que  c'eft  l'efpérance  des  Laboureurs. 

Laboureur.  Terme  de  Plombier.  C'eft  le  bâton  dont 
le  Plombier  fe  fert  pour  labourer  le  fable.  Où  eft 
le  Laboureur  ?  Donnez  moi  le  Laboureur. 

LABI^ADOR.  C'eft,  un  intervalle  de  mer  qui  cov_ 
par  la  moitié  l'Ile  du  Cap  Breton ,  à  la  réferve  St" 
8ao  pas  de  terre  ou  environ  j  qu'il  y  a  depuis  le 
fort  Saint -Pierre  jufqu'.à  l'extrémité  de  cette  iner 
de  Labrador ,  qui  fait  une  efpèce  de  golte  dont  l'ou- 
verture efl  à  l'orient  de  l'Ile  du  Cap  Breton  ,  Se  finit 
à  l'occident  du  côté  du  fort  Saint  -  Pierre.  La  marée 
monte  jufqu'à  l'extrémité  du  golfe  ,  Se  l'on  compte 
vingt  lieues  depuis  fon  entrée  jufqu'à  800  pas  du 
fort  où  elle  aboutit  ;  Se  lorfqu'il  eft  pleine  mer 
en  Labrador,  il  eft  balîê  mer  de  l'autre  côté  vis-à- 
vis  du  fort.  L'ouverture  de  cette  petite  mer  de  Labra- 
dor e(\:  à  l'eft  jurtement ,  à  l'oppofite  de  l'autre  côte. 
Ce  qui  fait  cette  ditlérence  de  marée  ,  c'eft  que  la 
baie  de  Saint  Pierre  a  Ton  ouverture  droite  àl'oueil, 
joint  qu'il  n'eft  jamais  pleine  mer  dans  un  havre, 
que  la  lune  ne  foit  droit  à  l'oppofite  de  l'entrée  du 
havre  ,  foit  dellus ,  fuit  detîous  l'horifon.  Dans  La- 
brador il  y  a  un  grand  balTin  ou  étang  de  huit  lieues 
de  longueur  Se  de  cinq  de  largeur  ,  avec  des  anles  de 
chaque  côté  qui  entrent  fort  avant  dans  les  tefres 
Tquc  le  tour  de  Labrador  eii  bordé  de  montagnes 


L  A  B 

dont  p:\rrics  font  de  plâtre.  Les  terres  n'y  lont  pas 
bien  boiuics  ,  quoique  les  montagnes  ioiciit  cuu 
vertes  d'arbres  ,  dont  la  plus  grande  partie  font 
pins  &  lapins ,  mêlés  de  bouleaux  &  hêtres.  La  pê- 
che n'y  eît  pas  bonne,  il  s'y  trouve  feulement  des 
huîtres  j  qui  ne  font  pas  bonnes  quand  elles  font 
fiouvellemcntpêchccs  ,  parce  qu'elles  lont  trop  dou- 
ces; mais  elles  ont  une  propriété  ,  c'elt  qu'on  peut  les 
garder  huit  ou  dix  jours  lans  qu'elles  perdent  leur 
cauj  après  quoi  elles  font  lalées  ,  &  perdent  cette 
fadeur  que  leur  caule  l'eau  douce  des  rivières,  à 
l'embouchure  dcfqucllcs  on  les  pêche.  Dbnis  ,  Dcf- 
cr'ip.  de  l' Amer.  Sep.  P.  I ,  c.  6 . 

LABRANDA.  Nom  d'un  ancien  bourg  de  Carie.  La- 
brandd.  Jupiter  étoit  honoré  à  Lahranda ,  &  y  avoir 
un  Temple  d'où  il  prenoit  le  lurnoni  de  Jupiter 
Lahrandeus  ,  comme  a  corrigé  le  P.  Hardouin  dans 
Pline,  I.  XXXII ,  c.2.Yoy.  les  Notes  de  ce  Père. 
On  difoit  auparavant  Jupiter  Labradius  ,  ou  La- 
bradeus. 

LABRIT.  Qui  s'eft  dit  autrefois  pour  Abret,&  l'Al- 
bret ,  Si  dont  nous  avons  fait  ces  noms,  /^ovtrj' 
VHiJ}.  de  Brec  T.  II, p.  441. 

LA3SA  ,  ou  LASSACH.  Nom  d'une  ville  de  l'Arabie 
Heureufe ,  en  Afie.  Lahfa  ,  ou  LaJJachum.  Elle  ell 
à  vingt  lieues  d'Elcatif,  du  côté  du  midi,  dans  une 
contrée  que  Sanlon  appelle  le  Béglerbcy  de  Lahfi , 
&c  Vifchcr  la  Principauté  d'Elcatif,  tributaire  du 
Turc.  Maty. 

LABURNUAL  f  m.  Arbre  de  médiocre  grandeur 
qui  eft  une  elpèce  de  cytife  :  il  relTcmble  à  l'anagy- 
ris  ,  excepté  qu'il  n'eft  point  puant.  Son  bois  ell 
dur;  les  payfans  en  font  des  preux  dont  ils  enfer- 
ment leurs  champs.  Ses  feuilles  font  trois  à  trois  , 
fins  poil  ,  &z  d'un  vert  aifez  foncé  en-dcllus ,  velues  , 
lïc  d'un  vert  -  pâle  en  -  delîous  ,  attachées  à  une 
queue  menue  j  ronde  ,  velue.  Sus  Heurs  lont  légu- 
mincufes  ,  femblables  à  celles  du  petit  genêt  ,  de 
couleur  jaune.  Après  qu'elles  font  tombées ,  il  pa- 
roît  des  goulles  femblables  à  celles  des  pois ,  lef- 
quelles  contiennent  des  femences  groifes  comme 
des  lentilles.  On  le  nomme  autrement  Auhours. 
M.  Tournefort  l'appelle  Cytifus  Alpinus  ladfolius , 
fiore  racemofo  pendulo.  Injl.  R.  Herb.  '6 4S . 

LABYRINTHE,  f  iti.  Chez  les  Anciens ,  ou  Dédale. 
Grand  édifice  qui  eft  coupé  de  divers  chemins  qui 
rentrent  l'un  dans  l'autre,  &:  dont  on  a  de  la  peine 
à  trouver  l'iirue.  Lahyrïnthus.  Le  plus  fameux  Az^ 
labyrinthes  a  été  celui  de  Crète ,  bâti  par  Dédale  , 
pour  enfermer  le  Minotaure,  &:  d'où  Théfée  ne 
re  fiât  pas'lauvé  fins  le  fil  d'Ariane. 

Il  eft  fait  mention  de  quatre  labyrinthes  dans 
l'Antiquité  :  celui  de  Crète  fait  par  Dédale;  celui 
d'Egypte  ,  qui ,  félon  Pline ,  fut  le  premier  de 
rous  ,  &  fut  conflruit  par  le  Roi  Pétéfucus  ,  ou  Ti- 
thoës  :  mais,  félon  Hérodote  ,  ce  fut  l'ouvrage  de 
plulieurs  Rois  ;  &  le  dernier  qui  y  fit  travailler  fiit 
Pfamméticus.  Ce  labyrinthe  lubliftoit  encore  du 
temps  de  Pline.  Il  y  avoir  ,  dit- il,   3600  ans  qu'il 

-  avoir  été  fait.  Le  Père  Kirker parle  de  ce  labyrinthe 
d'Egypte,  dans  fon  Œdipus  .Aij^yp.  T.  II ,  P.  II ^ 
p.  ^06  ,  &:c.  .Celui  de  Lemnos  ,  compofé  de  co 
lonnes  d'une  grande  beauté.  Il  y  en  avoit  encore 
quelques  rcftes  au  temps  que  Pline  écnvoit.  Celui 
d'Italie  ,  que  Porfenna  ,  Roi  d'Etrurie  ,  fit  faire 
pour  être  fon  tombeau.  Pomponius  Mêla  décrit  le 
labyrinthe  d'Egypte ,  dans  fon  /.  L.  c.  fi.  Pline 
les  décrit  tous  trois,  L.  XXXIV ^  c.  i  j.  Virgile  a 
décrira  fa  manière  celui  de  Crète  ,  L.  V ,  de  l'Enéï- 
dc,  V.  '^SS  ,  &  fuiv.  Pline  appelle  les  labyrinthes 
l'ouvra.y  le  plus  merveilleux  ,  le  plus^  miraculeux 
de  l'clprit  humain.  Le  labyrinthe  d'Egypte ,  bâti 
furies  bords  du  lac  de  M  y  ris  ,  étoit  compofé  de 
douze  palais  &  de  quinze  cens  cha'mbres ,  Mêla  dit 
ter  mille  domos  ,  d'où  il  étoit  impollîble  de  trouver 
Il  fortie  quand  on  y  étoit  entré.  Les  Gnoilîens  ont 
un  labyrinthe  fur  leurs  médailles.  Voyei  dans  Trif- 
tan ,  T.  I ,  p.  i)j  ,  comment  on  l'y  reprélentoit. 
Voyc\  le  récit  que  M.  Tournefort  a  fait  à  l'Aca- 
Tome  V. 


LAC*  371 

demie  des  SLiences  fur  les  labyrinthes  des  Anciens, 
l.c  plus  dangereux  des  labyrinthes  ell  celui  des  car- 
rières d'Arcueil ,  qui  vont  plulieurs  lieues  fous  terre. 
On  appelle  labyrinthes  Je  carrière  ,  la  coufulion 
des  rues  d'une  carrière  beaucoup  fouillée.  ladepren- 
Jus  &  irremeabiUs  crror. 

Labyrinthe,  fe  ditaulli  figurément  en  Morale,  d'une 
complication  d'aUaircs  embrouillées  ,  des  aifaircs  , 
des  procès  où  l'on  ell  fi  cmbarralié  ,  qu'on  n'en 
lauroit  Ibrtir.  Les  détours  de  la  chicane  on  fait  des 
Libyrinthes  des  moindres  procès.  Cette  banqueroute 
a  mis  ce  Marchand  dans  un  grand  labyrinthe  d'af- 
faires. Salomon  ,  après  avoir  fait  une  peinture  naïve 
de  fcs  doutes  &:  de  les  irrélolutions  ,  conclut  qu'il 
n'y  a  que  la  fagclle  éternelle  qui  puille  démêler 
ce  labyrinthe  P.  Com.  "Nous  avons  en  Droit  deux 
règles  pour  nous  démêler  de  ce  labyrinthe,  Patru. 

Labyrinthe  ,  en  ternies  d'Anatomie  ,  fc  dit  de  la 
féconde  cavité  de  l'oreille  interne  ,  qui  eft  creufée 
dans  l'os  pierreux  :  elle  eft  aiuiî  appelée ,  parce 
qu'elle  eft  fenibarralfée  de  pluheurs  détours.  Cette 
cavité  fe  uivile  en  trois  parties  ;  la  première  ell 
celle  qu'on  nomme  le  vejtibule  du  labyrinthe ,  parce 
qu'elle  conduit  aux  deux  autres;  la  féconde  com- 
prend trois  canaux  ronds,  courbés  en  demi  cercle  , 
qu'on  appelle  les  canaux  demi-circulaires  j  qui  font 
au  côté  du  vcftibule  vers  le  derrière  de  la  tête  ;  la 
troifième  eft  le   limaçon  qui  eft  à  l'autre  côté. 

Labyrinthe  ,  en  Architeclure.  On  appelle  labyrinthe 
de  pavé  ,  une  efpèce  de  compartiment  de  pavé, 
formé  de  plate  bandes  droites  ou  courbes,  qui  par 
diftérens  détours  lailfant  des  efjsaces  ou  fentiers  ,  imi- 
tent le  plan  des  labyrinthes  de  l'antiquité. 

IJCF  Labyrinthe  de  Jardins.  C'eft  un  bofquet  d'al- 
lées étroites  qui  s'entrecoupent  ;  de  manière  que 
quand  on  y  eft  engagé  ,  on  trouve  difticilement  la 
route  pour  lortir. 

§Sr  Le  labyrinthe  de  'Verfailles  eft  un  des  plus  beaux 
ouvrages  modernes  en  ce  genre,  &  même  le  plus 
beau  par  la  magnificence  des  ornemens  qui  l'ac- 
compagnent. C'eft  un  bofquet  compofé  de  pluheurs 
allées  entrelacées  &z  bordées  de  palilîades  ,  dans 
lelquelles  on  s'égare  aifement.  Le  bofquet  eft  du 
dellein  de  le  Nautre. 

Labyrinthe.  Terme  de  Poëlîc.  Sorte  de  vers  fort 
embarralfés.  Voye-;^  Raban  de  Sainte-Croix,  qui  en 
donne  des  exemples. 

En  termes  de  Philofophe  hermétique  ,  labyrinthe 
fignifie  l'œuf  hermétique.  Quand  les  Sages  difent 
que  le  Minotaure  eft  dans  le  labyrinthe,  cela  veut 
dire  ,  que  le  Mercure  qui  participe  des  deux  na- 
tures ,  qui  eft  mâle  &c  femelle,  qui  eft  de  la  na- 
ture animale  j  6c  de  la  nature  minérale,  ell  enfer- 
mé dans  l'œuf. 

LAC. 

LAC.  f  m.  Grand  amas ,  grande  étendue  d'eaux  dou- 
ces &c  dormantes,  qui  ne  tarilfent  jamais,  &  qui 
ne  le  communiquent  à  la  mer  que  par  quelques 
rivières,  ou  quelques  canaux  lourerrains.  Ulpien  , 
dans  l'interprétation  de  l'Édit  du  Préteur,  dit ,  qu'un 
lac  diliére  d'un  étang  ,  en  ce  qu'un  lac  a  toujours 
de  l'eau ,  &  ne  tarit  jamais  ,  &  qu'un  étang  tarit 
quelquefois.  Le  lac  eft  plus  étendu ,  &  fon  vo- 
lume d'eau  plus  confidérable.  Les  lacs  font  des  amas 
d'eaux  qui  ont  allez  de  profondeur  pour  être  dif- 
tingués  des  marais ,  &  qui  n'ont  point  de  com- 
munication avec  la  mer  ,  ou  qui  ne  s'y  déchargent 
que  par  des  rivières.  Il  y  en  a  quelques-uns  aux- 
quels on  donne  le  nom  de  mer,  comme  la  mer  Caf- 
pienne ,  la  mer  de  Galilée  &:  la  mer  morte.  Les  autres 
Lacs  plus  confidérables  font  ceux  de  Genève  ,  de 
Conftance,  de  Ladoga ,  d'Onega  ,  £•<:,  en  Europe.  Le 
Lac  de  Nicaragua  &  ceux  d'Ontario ,  de  Karegnondi , 
le  Lac  fupérieur  &  celui  des  Puants ,  tx  ,  en  Améri- 
que. Le  Lac  de  Chiamay,  en  Afie.  Ceux  de  Zaire, 
de  ZaHan  ,  de  Dambea  &:  de  Niger  en  Afrique.  Ma- 
ïy.  La  Suilfe  eft  un  pays  où  il  y  a  de  grands  Lacs. 

Aaa  ij 


372^ 


LAC 


lacus.  Le  Iiîc  de  Conlkncc.  Le  Rhône  palïc  à  tra- 
vers le  Lac  de  Gcncve.  On  a  aulli  appelé  le  Lac  de 
Généiareth  en  Galilée,  près  duquel  J.  C.  appcUa  tes 
Apôtres ,  la  mer  de  Tibériade  ,  à  caule  d'une  ville  du 
même  nom  ;  c'ell  un  étang  li  grand  qu'il  paroit  un 
Lac ,  il  a  cent-quarante  ftades  de  longueur ,  &  qua- 
rante de  largeur. 

Les  Gaulois  avoient  un  refped  religieux  pour  les 
Lacs ,  qu'ils  regardoient  comme  autant  de  divinités, 
ou  du  moins  comme  des  lieux  qu'elles  choiiilloicnt 
pour  leur  demeure.  Us  donnoient  même  à  ces  Lacs 
le  nom  de  quelques  dieux  particuliers.  Le  plus  célè- 
bre de  ces  Lacs  étoit  celui  de  Touloufe ,  dans  lequel 
ils  jettoient.  Toit  en  elpèccs,  Toit  en  barres  ou  lin- 
gots ,  l'or  &  l'argent  qu'ils  avoient  pris  fur  leurs  en- 
nemis. Il  y  avoit  aulli  dans  le  Gévaudan  ,  au  pied 
d'une  montagne ,  un  grand  Lac  conficré  à  la  Lune, 
où  l'on  s'aU'embloi.!:  tous  les  ans  des  environs,  pour  y 
jetter  les  offrandes  qu'on  faifoit  à  L  déeire.  Strabon 
parle  d'un  autre  Lac  très  célèbre  dans  les  Gaules  , 
qu'on  nommoit  le  Lac  des  deux  Corbeaux  ,  parce 
qu'il  y  avoit  deux  de  ces  oileaux  qui  y  failoient  leur 
féjour,  &  defquels  on  failoit  mille  contes  ridicules; 
mais  ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'eft  que  dans  les  diflé- 
rends  qui  arrivoicntj  les  deux  parties  s'y  rendoient  ôc 
leur  jettoient  chacune  un  gâteau  ;  (t3°  celui  dont  les 
corbeaux  mangeoicnt  le  gâteau ,  avoit  gain  de  caule  ; 
&  celui  dont  les  corbeaux  fe  contencoient  de  becque- 
ter Se  d'éparpiller  l'offrande,  étoit  condamné  par  la 
bouche  mcnje  des  dieux.  Il  eft  difficile  d'imaginer 
quelque  chofe  de  plus  extravagant. 
Ce  mot  vient  de  ^àx.y,i>^  lacus ,   un  lac. 

§3^  Lac    f'^oye:^  Lacs. 

LACAY,  ou  LAQUET.  f.  m.  Nom  d'une  ancienne 
Milice  étrangère.  On  trouve  ce  mot  dans  des  comp- 
tes des  Tréforiers  du  Duc  de  Bretagne  au  quinzième 
fiècle.  Le  P.  Lobineau ,  dans  Ton  Glolîaire ,  éciit  la- 
çais y  OU  lacquèts.  Et  dans  l'Hiftoire ,  T.  L.  p.  777. 
Lacquets.  Dans  un  compte  de  1451,  je  ne  trouve 
que  lacays. 

LACAYOTA.  f.  f.  Nom  d'une  plante  de  l'Amérique 
méridionale.  Lacayota.  Il  y  a  (à  Coquimbo )  une  el- 
pèce  de  citrouille  qui  dure  toute  l'année,  appelée  la- 
cayota :  on  la  fait  ramper  (ur  les  toits  des  mailons ,  & 
l'on  en  fait  une  excellente  confiture.  FrÉzier,/'.  122. 

LACCIVOLO..  La  PuntadeI«aivo/o.  En  l^zimAmum 
Promontorlum.  C'eft  un  cap  qui  eft  fur  la  côre  occi- 
dentale de  l'ile  de  Corfe,  .à  fept  lieues  de  la  ville  de 
Calvi  du  côté  du  nord,  &  à  huit  de  S.  Fiorenzo ,  vers 
le  couchant.  Maty. 

LACÉDÉMONE.  Nom  d'une  ville  fort  ancienne  , 
qu'on  nomme  autrement  Sparte ,  &  qu'on  dit  avoir 
été  fondée  avant  Rome  &  Carthage  ,  l'an  171S  ,  avant 
la  nailîance  de  J.  C.  Sparta  Laced^mon.  Elle  a  été 
fort  célèb  re  par  la  valeur  de  les  habitans ,  &  par  les 
belles  Loix  que  Lycurgue  lui  donna.  Elle  étoit  capi- 
tale de  la  Laconie.  Elle  le  fut  enfuite  du  Defpotat  du 
Péloponnèfe ,  &  Epifcopale ,  Suftragante  de  Corin- 
the.  Elle  eft  encore  aujourd'hui  Epifcopale,  &  porte 
le  nom  de  Mifitra,  d'Ebada&de  Zaconie.  Lacéde- 
mone  eft  alfez  grande ,  accompagnée  de  deux  grands 
faubourgi ,  &  défendue  par  une  citadelle  conftruite 
au  fommct  d'un  rocher  qui  s'é'eve  en  pain  de  lucre, 
&  qu'on  dit  n'.ivoir  jamais  été  prife  par  la  fiim.  Cette 
ville  eft  capitale  de  la  Zaconie  en  Morée ,  &  fituée  fur 
le  Valîlipotamo ,  à  fept  lieues  de  l'on  embouchure 
dans  le  golfe  de  Colchine.  Les  Vénitiens  s'en  rendi- 
rent maîtres  l'an  1687,  &  l'ont  perdue,  avec  le  refte 
de  la  Morée,  en  171  5. 

On  dit  que  Lacédémonc  s'appela  d'abotd  Lélégie , 
deLélexfon  premier  Roi,  qui  étoit  contemporain  de 
Cécrops  &  d'Erichtonius.  Elle  prit  en  fuite  le  nom  de 
Lacédémonc  ,  de  Lacédémon  ,  fils  de  Jupiter  &  de  Se - 
mêlé ,  ou  de  Tavgète  qui  époufa  Sparte  ,  fille  d'Euro- 
tas  &  petite  fille  de  Lélex.  Ce  Lacédémon  y  regnoit, 
dit  on,  au  teras  de  Mo'ife.  Elle  prit  auffi  le  nom  de 
Sparte,  de  la  Reine  Sparte,  femme  de  Lacédémon. 
Le  Royaume  de  Lacédémone  commença  fous  Lélex  , 
premier.  Roi  de  cette  ville ,  vers  l'an  du  monde  2J70 , 


LAC 

lorfquc  Sthénélus  regnoit  à  Argos ,  de  dura  jiuqu'à 
1  ifamène  ,  fils  d'Oreitc,  treizième  &c  dernier  Roi  de 
la  première  Dynaftis  ,  qui  fut  challé  par  les  Héraclidcs 
vers  l'an  du  monde  2.9  J  i .  La  Dynattie  des  Héraclides 
fi;t  divifée  en  deux  familles ,  les  Eurilthênides  ,  autre- 
ment les  Agides,  qui  donnèrent  trente  un  Rois  à  La- 
cédémonc y  Se  les  Proclides  ,  ou  Euriponuides  qui  en 
donnèrent  vingt  quatre.  Lacédémone  aujourd'hui  eft 
partagée  en  quatre  parties  détachées  les  unes  des  au- 
tres ,  la  ville,  le  château ,  le  Méfochorion  j  &  VExo- 
chorlon y  qui  font  deux  faubourgs;  les  Turcs  nom- 
ment aulli  le  dernier  Marathe.  Le  Bafilipotamos  fé- 
pare  l'Exochorion  des  trois  autres  parties.  V.  Meur- 
fius ,  Mlfccllanea  Laconïca ,  &  R.e^num  Laconicum. 

LACEDEMONIEN,  ENNE-  f  m.  Se  f.  Lacon,  Lace- 
demonius  ,  Spartanus  j  a.  Les  Lacédémoniens  furent 
des  barbares  jufqu'à  Lycurgue  ,  qui  les  poliça  Se  leur 
donna  des  Loix.  Il  établit  un  Confeil  compofc  de 
trente  deux  Conlcillers ,  dont  le  Roi  étoit  un.  Ce 
Confeil  ne  pouvoit  rien  conclure  fans  le  confente- 
ment  du  peuple.  Le  Roi  Théopompus  établit  les  Gi- 
horcs  qui  étoient  comme  les  Tribuns  du  peuple  à 
Rome.  Ils  balançoient  l'autorité  du  Roi  Se  celle  du 
Sénat.  Les  Lacédémoniens  élevoicnt  leurs  entans  avec 
beaucoup  de  loin  &  fort  durement,  &  dans  les  exer- 
cices du  corps  les  plus  violens.  Ils  accoutumoient 
aulli  les  filles  aux  mêmes  exercices.  Ils  infpircient  à 
la  jeunelle  beaucoup  de  refpeét  pour  les  Magiftrats  & 
pour  les  vieillards.  Ils  leur  donnoient  de  l'horreur 
de  l'ivrognerie  Se  de  l'intempérance,  en  leur  faifant 
voir  des  etclaves  ivres  ,  &  leur  faifant  remarquer  tou- 
tes les  impertinences  qu'ils  faifoient  Se  qu'ils  difoient 
en  cet  état.  Ils  avoient  un  amour  inconcevable  pour 
leur  liberté  ,  &  une  envie  pareille  de  dominer  fur  les 
autres  peuples 'de  la  Grèce.  Ils  parloient  peu  Se  di- 
foient beaucoup  en  peu  de  mots.  Il  y  a  une  infinité  de 
bons  mots  des  Lacédémoniens ,  qui  font  pleins  des 
fentimens  les  plus  nobles,  &  qui  marquent  un  grand 
courage  &  de  grandes  âmes.  Les  Lacédémoniennes 
accouchoient  ordinairement  &  fe  délivroicnt  de  leurs 
enfans  fur  un  bouclier  ,  ainfl  qu'on  le  remarque  dans 
Ariftophane  en  ù  Comédie,  intitulée  LyAlhata,  Se 
dans  NonnuSj  en  fés  Dionyf.  L.  41 .  où  il  dit  que  'Vé- 
nus voulut  accoucher  fur  un  livre  de  la  Nymphe  Be- 
roé,  comme  les  Lacédémoniennes  ,  dit  il ,  accouchent 
de  leurs  enfans  dans  un  grand  bouclier.  Triftan, 
T.  L.  p.  Sj.  Les  Lacédémonienne?  déguifécs  en  fol- 
dats,  défendirent  vaillamment  leur  ville  contre  les 
Mclîéniens  qui  étoient  venus  pour  la  furprendre  en 
l'abfence  de  leurs  maris.   Voyc')^  Laet.  ii. /.  c.  10. 

LACER,  v.  a.  Serrer  avec  un  lacet;  palier  un  cordon, 
ruban  ,  ou  lacet  dans  des  œillets  ou  petits  trous.  La- 
queo  illigare.  Les  femmes  lacent  leur  corps  de  Juppé 
pour  le  faire  joindre. 

jjCF Lacer  du  ruban,  c'eft  le  palTer  plufieurs  fois  par 
ornement  au  bord  d'un  habit,  d'une  robe. 

Lacer.  Terme  de  Marine.  Lacer  une.  \oï\t ,  c'eft  fiifîr 
la  voile  avec  un  quarantenier  qui  paile  dans  les  yeux 
du  pied,  &:  qui  l'attache  à  la  vergue.  Cela  le  fait 
lorfqu'on  eft  furpris  d'un  gros  vent  &  qu'il  n'y  a  point 
de  garcettes  au  ris. 

Lacer.  Couvrir.  On  fait  lacer  ks  lices  par  les  meilleurs 
chiens ,  afin  d'en  avoir  de  bonne  race.  On  s'en  fert 
encote  pour  exprimer  l'état  du  chien  &:  de  la  chienne 
qui  fe  tiennent  enfemble. 

Lacer.  Mettre  quelqu'un  dans  fes  lacs ,  le  tenir  ,  l'en- 
lacer ,  le  ferrer.  Poéf.  du  Roi  de  Nav. 

LACÉ,  ÉE.  part. 

Lacé,  ée,  fe  dit  de  l'accouplement  des  chiens.  Il  faut 
que  cette  chienne  ait  été  lacée  par  un  mâtin.  Les  en- 
fans courent  après  les  chiens  qu'ils  trouvdit  lacés. 
Quand  une  lice  a  été  lacée  ,  Se  qu'elle  a  retenu  ,  on  dit 
qu'elle  eft  nouéo. 

LACÉRATION,  f  f.  Terme  de  Palais,  déchirement 
d'un  écrit,  d'un  livie.  laccracio.  Le  Juge  a  ordonné 
la  lacération  d'un  tel  hbelle.  Ce  mot  n'eft  en  ulage 
qu'en  parlant  des  papiers,  titres,  livres  Se  choies 
femblables.  En  Médecine  on  dit  ,  dilccération  des 
chairs,  des  fibres,  i>c. 


LAC 


LACJiRER.  V.  a.  Terme  de  Pal.iis,  déchirer  une  pièce  , 
un  livre,  un  écrit.  Lacerarc.  Ces  deux  mots  ne  fc  di- 
fcni  qu'au  Palais,  où  l'on  ordonne  quelquefois  qu'une 
Requête  injurieufe  fera  lacérée  en  prélence  de  la  Par- 
tie; qu'un  livre  icandakux  izïti  lacéré  parles  mains 
du  Bourreau. 
LACÉRÉ,  ÉE.  part.  Laceratus. 

LACÉRET,  C  m.  Outil  de  Charpentiers ,  de  Charrons , 
OH  autres  ouvriers  en  bois.  Icrcbclla.  C'efl:  la  même 
chofe  que  ia  petite  tarière. 
LACERNE.  f.  f".  Nom  d'un  habit  des  Anciens.  Lacerna, 
lacernum,  chlamys  j  birrus.   C'étoit   une   clpcce  de 
manteau  de  laine  à  l'ulage  des  hommes  (eulemcntj 
&  même  d'abord  des  leuls  gens  de  guerre;  elle  le 
mettoit  par-dclfus  la  robe  appelée  coga ,  &c  quelque 
fois  même  quand  on  quittoit  cette  robe ,  par  dellus  la 
tunique.   Elle  s'attachoit  avec  une  agrafte  fur  l'épaulej 
ou  par-devant.   La  laccrnc  étoit  courte  d'abord  ,  aufiî- 
bicn  que  le  manteau  à  la  Grecque;  cnluite  ,  quand  dès 
armées  on  l'eut  hiit  palier  dans  l'ufage  ordinaire ,  tk. 
que  tout  le  monde  en  porta ,  on  l'alongea.  Elle  fer- 
voit  à  garantir  du  froid,  de  la  pluie  &  du  mauvais 
tcms.  Il  y  avoit  des  laccnies  d'été  &:  des  lacernes  d'hi- 
ver, les  unes  plus  grotfés  tk.  plus  chaudes,  &:  les  au- 
tres plus  légères.  La  laccrne  ne  lut  en  ufage  à  Rome 
que  fort  tard  ,  (Se  dans  les  derniers  tcms  de  la  Républi- 
que; du  tcms  de  Cicéron  on  ne  f.ivoit  encore  ce  que 
c'ctoit  que  d'en  porter ,  &  c'étoit  une  honte  que  d'en 
prendre.    Les  guerres   civiles  du  Triumvirat  firent 
qu'on  (c  familiarila  avec  les  lacernes  :  car  comme 
toutes  les  armées  étoient  fouvcnt  alors  dans  Rome  & 
aux  portes  de  Rome ,  on  s'accoutuma  à  voir  des  lacer- 
nes,  Se  l'on  y  prit  goût,  dô  forte  qu'elles  devinrent 
un  habit  ordinaire  des  Scnatcucs  &  des  Chevaliers, 
même  en  paix ,  jufqu'au  tems  de  Gratien  j  Valentinien 
&  Tliéodofe,  qui  défendirent  aux  Sénateurs  d'en  por- 
ter en  ville ,  car  la  lacerne  ell  la  même  choie  que  l'h.i- 
bit  appelé  chlamys  &  le  birrus.  Voyez  fur  les  lacernes 
Saumaile ,  dans  les  Notes  fur  Spartien  &z  fur  Lampri- 
dius.   Martial  parle  des  lacernes  achetées  jufqu'à  dix 
mille  fefterces.  Il  y  avoit  des  lacernes  qui  avoient  des 
chapetons.  Un  homme  qui  a  une  laccrne^  couvert 
d'une  lacerne,  lacernatus ;  un  Sénateur  en  lacerne, 
Senator  lacernatus.  Lacerne  vient  de  ^mx.»  ,  ou  >^<tx.y.--i , 
qui  fignihe  un  habii^  ou  une  tunique.  Saumaife  fur 
Lampridius  ,  p  iS ^ 
ACÉRON.  f.  m.  Cicerhua.  Plante  qu'on  appelle  aii^ 

rrement  La'uron.  Voyez  Laitron. 
LACET,  i.  m.  Petit  cordon  ferré  par  les  deux  bouts j 
qui  fert  à  ferrer  un  corps  de  jupe  ,  une  chemifette  , 
&c.  Laqueus.  Quelques-uns  écrivent  lajfet  ,  mais 
mal.  Il  y  a  des  lacets  ronds,  des  lacets  plats  ,  des  la- 
cets de  fil ,  de  foie  ,  &c.  On  fournit  des  lacets  à  Mef- 
fieurs  de  la  Chambre  des  Comptes  pour  enfiler  leurs 
papiers. 
"fj"  On  le  dit  aufîî  en  termes  de  clialle  ,  comme  fynony- 
me  de  lacSj  de  plufieurs  crins  Ao.  cheval,  cordés  en- 
fcmble ,  ou  d'autres  chofes  dont  on  fait  desefpèces  de 
colliers  pour  prendre  des  perdrix ,  des  lièvres  &  autre 
gibier.  Tendre  un  lacet  dans  une  haie.  Prendre  un 
lièvre  au  lacet.  Voyez  Lacs.  Dans  cette  acception  , 
quelques  uns  l'on  employé  comme  fynonyme  avec 
piège.  Il  eft  pris  comme  au  lacet,  exprellion  popu- 
laire. 

AcET,  laqueus,  vient  du  Celtique  lace.  Pezron.  Ce 
mot  vient  de  laqueus ,  qui  fignirie  la  même  chofe  ,  cV 
qui  vi;nt  lui  même  du  Grec  mvh,  qui  veut  dire  une 
branche  d'ofier ,  de  faulc ,  parce  que  dans  les  com- 
mcncemens,  les  laqs ,  ou  lacs ,  fe  htifoient  de  faule 
&c  d'ohcr ,  &  non  encore  de  corde. 
ACET.  Les  Serruriers  nomment  lacet ,  une  petite  bro- 
cne  de  fer ,  qu'ils  appellent  aulîî  rivure. 
ACKTÀIN ,  AINE,  f  m.  &  f  Nom  d'un  ancien  peu- 
ple d'Efpagne.  Lacetanus ,  a.  Les  Lacctains  étoient 
dans  la  Catalogne  ,  fitués  aux  environs  de  la  Ségre  ;  ils 
s'étcndoient  depuis  les  Pyrénées  jufqu'aux  Lobrégat  & 
l'Ebre.  Ils  avoient  les  Ilergètes  à  l'occident  &  les 
Cérétains  avec  les  Aufétains  à  l'orient;  c'efl  à  dire, 
qu'ils  occupoient  une  partie  du  Dioccfe  de  Lérida. 


LAC 


37S 


Foyei  Pline ,  Z.  ///.  c.  3.  Le  P.  Crier  &  Sanfon.  Au 
relte ,  il  vaut  mieux  de  Lacetanus,  dire  Lacéiaui  ,  que 
Lacétanien;  nous  difons  Romain  ^  tk  non  pas  Koma- 
nien. 
LACHURE.  f.  f  Terme  de  Tailleur  ,  qui  fe  difoit  en 
parlant  d'un  ruban  qu'oji  laçoit  autrefois  autour  du 
haut  de  chaude,  au  liaut  des'canons  èic  des  manches. 
Femoralium  limbo  cucurnplkata  t&nia.  Laceure  bien 
faite.  Cette  mode  ne  fublillc  plus, 
et? LACHE,  adj.  de  t.  g.  Qui  a  ditlérentes  acceptions, 

tant  au  propre  qu'au  figuré. 
LÂCHE,  elt  quelquefois  l'oppofc  de  tendu.  Laxus ,  re- 
mijjus.  Une  corde  tft  lâche,  lorfqu'elle  Hé(*it  dans 
quelque  endroit  de  fa   longueur.    Les  Danfeurs  de 
corde  voltigent  fur  une  corde  lâche,  6c  danfent  fur 
celle  qui  eft  tendue. 
CCF LÂCHE  ,   oppolé  de  ferme.    Une  étoffe  eft  lâche, 
quand   elle  n'eft  pas  bien  frappée  ,  quand  la  trame 
n'cll  pas  bien  battue  (?c  ferrée.  Une  toile  lâche. 
IJS" LÂCHE  ,  oppolé  de  ferré.  Couture  lâche  ,   où  les 
points  font  éloignés  &•  mous.  Il  faut  coudre  cette 
dentelle  lâche  ,  pour  empêcher  qu'elle  ne  falfe  la  gri- 
mace, 
et?  En  Botanique  ,  on  défigne  de  même  par  le  terme 
lâche,  laxus,  ce  qui  n'efl  pas  ferré  ou  preflé  l'un 
contre  l'autre. 
0^ LÂCHE,  oppofé  de  rellcrré.  Avoir  le  ventre  lâche ^ 

trop  libre.    Voye-^  ce  mot. 
et? LÂCHE,  oppofé  d'adif.  Mollis ,  iners.   Un  cheval 
lâche,  qui  manque  de  vigueur  &  d'aârivité,  qui  va 
nonchalamment  &  foiblement.    Les  petits  chevaux 
font  moins  fujets  à  être  lâches  que  les  grands. 
I^T  LÂCHE  j  au  figuré.  Ignavus  ,  vecors.  C'efl  celui  qui 
manque  de  valeur,  f^oyyi  ce  mot.  Lâche  f oldar ,  lâ- 
che Capitaine.    Il   ell  louvcnt  employé   fubflantivc- 
ment.  Les  /acAej deviennent  hardis,  s'ils  s'apperçoi- 
vent  qu'on  les  craint.   Bouh. 
^^'L'épée  d'un  lâche  ne  fait  point  de  mal.   C'efl  un 
lâche  ■  il  n'y  a  qu'un  lâche  qui  en  ule  de  la  forte. 

Le  lâche  craint  la  mort ,  &  c'ejl  tout  ce  qu'il  craint. 

Rac. 

Quiconque  pour  l'Empire  eut  la  gloire  de  naître^ 
EJl  un  lâche,  s'il  n'cfe  ou  fe  perdre  ou  régner. 

Corn. 


US" LÂCHE,  Poltron,  fynonymes.  Le  lâche  recule,  le 
poltron  n'ofe  avancer.  Le  premier  ne  fe  défend  pas, 
il  manque  de  valeur.  Le  fécond  n'attaque  point ,  il 
pèche  par  le  courage.  Syn.  Fr. 

^"Il  ne  faut  pas  compter  fur  la  réfiflance  d'un  lâche , 
ni  fur  le  fecours  d'un  poltron. 

03°  Corneille  ,  dans  fa  Médée ,  applique  cette  épithète 
à  la  Fortune  : 

Cette  lâche  ennemie  a  peur  des  grands  courages. 


ffT  Cela  efl:  imité  de  Sénèque ,  Fortuna  fortes  metuit  , 
ignavos  premit,  ôc  enchérit  encoie  fur  l'original, 
l'outes  les  Tragédies  qui  précédèrent  la  Médée  de 
Corneille,  dit  Voltaire,  font  remplies  d'exemples  de 
ce  faux  bel  efprit.  Ces  puérilités  furent  li  long-tems 
en  vogue ,  que  l'Abbé  Cotin  ,  du  tems  même  de  Boi- 
leau  &:  de  Molière  j  donna  à  la  fièvre  l'épithète  d'in- 
grate :  Cette  ingrate  de  fièvre  qui  attaquait  infolem- 
ment  le  beau  corps  de  Madcmoifelle  de  Guife  où  elle 
étoit  fi  bien  logée. 

ifJ'On  appelle  figurément  un  fl-yle  AkAe ,  lorfqu'il  n'a 
rien  de  nerveux,  qu'il  n'ell  point  ferré,  qu'il  efl  char- 
gé de  mots  inutiles. 

IJCr  On  dit  auiu  que  le  tems  efl  lâche ,  pour  dire  qu'il 
efl  vain  &  mou. 

§;j°  Lâche,  fynonyme  de  bas  &  honteux;  qui  n'a  au- 
c!Ui  fentiment  d'honneur.  On  le  dit  de  même  des  ac- 
tions qui  font  perdre  l'honneur  ,  &z  attirent  le  mépris 
des  honnêtes  gens  à  ceux  qui  en  font  les  auteurs.  C'eft 
être  bien  lâche  que  de  trahir  fon  ami.  C'efl  une  amc 
lâche  ik  baffe,  capable  de  tout  faire  pour  de  l'argent. 


374  LAC 

Pi-océdé  /acAe  :,  indiiine  d'un  homme  d'honneur.  La 
tmhifon  eft  la  phis  lâche  de  toutes  les  actions.  Injamis. 

f^a,\à.che:,fais  l'amour,  &  renonce  à  l'Empire.  Rac. 

Ejl-il  rien  de  plus  noir  que  ca  l.ichc  aclion?  Mol. 

Morbleu,  c'ejl  une  chofe  indigne ,  Viàift , ^infâme  , 
De  s'abciijjer  ainfi  jufquà  trahir  fin  ame.  Id. 

LÂCHEMENT,  adv.  Foiblement ,  mollement  ,  non 
chahimment.  Ignavè  ,  moliuer  ,  fegniter.  Les  Ou- 
vriers qu'on  ne  paye  pas  vont  lâchement  en  belo- 
gne.  Il  fe  dit  aulli  pour  ballement ,  honteufement  j 
par  manque  de  valeur  ,  de  courage  ,  d'honneur.  Tur- 
piter,  ignavè  ,  vecorditer.  On  a.  dégradé  ce  Capitai- 
ne ,  parce  qu'il  s'elt  défendu  &  rendu  lâchement. 
Abandonner  lâchement ,  trahir   lâchement  les  amis. 

LÂCHER.  V.  â.  §3°'  Laillér  aller  une  choie  ,  l'aban- 
donner à  elle-même,  en  écartant  l'obllacle  qui  la 
rctenoit.  Cette  lignification  générale  eft  modifiée 
par  des  idées  particulières  qui  fe  joignent  à  l'idée 
principale  ,  dans  les  diftérens  cas  où  ce  verbe  eft 
employé.  La.xare  ,  rcmittere.  Lâcher  la  corde  d'une 
grue,  d'un  cabeftan  ,  d'un  tourniquet.  F.iire  qu'elle 
foit  moins  tendue.  Lâcher  un  bateau  à  vau  l'eau.  Lâ- 
cher une  chofe  qu'on  tient  à  la  main  ,  la  laillèr 
tomber.  Il  faut  lâcher  ce  qu'on  ne  peut  retenir. 
Le  changement  de  temps  fait  tendre  oii  tâcher  la 
corde  des  inftrumens.  il  fout  lâcher  la  chanterelle 
d'un  luth  qu'on  quitte. 

On  dit  ,  lâcher  l'eau  du  moulin  en  levant  les 
pâles,  les  lançoirs.  Pour  pccher  un  étang,  il  fiut 
lâcher  la  bonde.  Pour  inonder  les  pays ,  on  lâ- 
che les  éclules. 

Lâcher  de  l'eau  ,  c'eft-à-dire,  pilfer  ,  lailfer  aller 
fon  urine.  On  dit  aulli  ,  lâcher  l'aiguillette  ,  pour 
dire,  décharger  le  ventre.  Lâcher  un  vent  ,  pour 
dire ,  lailfer  échapper  un  vent  par  derrière.  On  dit 
qu'un  malade  lâche  tout  fous  lui  ,  pour  dire  qu'il 
ne  peut  retenir  fes  excrémens.  Ces  dernières  ex- 
prelfions  font  populaires ,  ou  familières. 

On  dit  aulïï  au  jeu  de  rhombre  ,  qu'on  lâche  une 
main  ,  pour  dire  qu'on  la  laille  aller  à  un  autre , 
quoiqu'on  ait  de  quoi  la  lever.  Cela  eft  commun 
à  plufieurs  autres  jeux,  comme  la  Bête ,  le  Piquet^ 
l'Impériale  ,  la  Mouche  ,  le  Triomphe  ,  le  Bril- 
quambille,  le  Quadrilh:  &  le  Médiateur. 

LÂCHER  ,  fignifie  aufll ,  décocher  ,  débander.  Lâcher 
une  flèche,  un  trait,  un  coup  de  Rililj  un  coup  de 
canon;  pour  dire  ,   tirer  un  coup  de  ces  armes. 

IP"'  On  dit  populairement  ,  lâcher  un  coup ,  pour 
donner.  Il  lui  lâcha  un  foulflet. 

LÂCHER  ,  fignifie  aulfi  ,  faire  courir  après.  Quand  on 
a  fait  lever  le  gibier ,  on  lâche  les  chiens  ,  on 
les  lailfe  courre  après.  On  lâche  des  Archers  après 
un  voleur.  On  donne  charge  de  le  pourfuivre.  Dieu 
voulant  éprouver  la  confiance  de  Job  ,  lâcha  Satan 
pour  le  perlécuter.  Ce  terme  n'eft  bon  en  ce  fens , 
que  dans  le  ftyle  ordinaire  &   familier. 

LÂCHER  ,  fignifie  aufli  ,  laider  échapper,  foit  inconfi- 
dérément  ,  foit  à  dellein.  C'eft  un  Amant  difcret 
qui  n'oferoit  lâcher  le  moindre  foupir.  Il  a  lâché  le 
mot,  il  ne  fauroit  plus  s'en  dédire.  Il  a  lâché  un 
mot  qui  a  ruiné  tout  leur  accommodement. 

Puifque  la  parole   en  ejî  lâchée  , 

Je  confins  à  ce  que  vous  voule^.  Mol. 

Jdieu ,  ce  mot  lâché  me  fait  mourir  de  honte. 

Corn. 

Je  veux  qu'on  fiit  fincere  ,  £'  qu'en  homme  d'honneur 
On  ne  lâche  aucun  mot  qui  ne  parte  du  cœur.  Mol. 

§3°  On  dit  lâcher  la  parole  ,  lâcher  le  mot ,  lorfque 
dans  un  marché  on  dit  le  dernier  mot  du  prix  qu'on 
veut  avoir  ou  donner  ,  ou  lorlque  dans  une  négo- 


L  A 


dation ,  après  quelques   diuicultés ,  on  donne   en- 
fin fdn  confcntemcnt  à  une  chofe. 

Lâcher  ,  lignifie  aulîl  ,  abandonner  un  delfein  ,  une 
aftaire.  Dimittcre.  Ce  Capitaine  pouvoit  emporter 
cette  place  ,  mais  il  a  levé  le  liége  ,  il  a  lâché  prife , 
il  a  tui  honteufement  ,  il  a  lâthé  le  pied.  Pour  ob- 
tenir cette  charge  il  faut  tenir  bon  ,  ne  la  point  lâ- 
cher à  d'autres.  Les  Soldats  avoient  enlevé  du  bu- 
tin des  prilonniers  -,  mais  on  leur  a  bien  iûi  lâcher 
leur  proie  ,  on  les  a  contraints  de  fe  retirer. 

Se  Lâcher  :  s'abandonner  librement  &  fans  contrain- 
te ,  tenir  des  propos  indilcrets  ,  quelquefois  indé- 
cens.  Il  eft  familier. 


Parmi  les  verres  &  les  pots 

On  vit  ce  Maître  de  la  Terre  (Augufte)        t 

Se  lâcher  en  joyeu:-:  propos.  y 

En  termes  de  Médecine  ,  on  dit  qu'un  remède  lâ- 
che ^  quand  il  rend  le  ventre  libre,  quand  il  purge  les 
mauvail.es  humeurs.  Les  pruneaux  lâchent  le  ventre. 
Mol. 

En  termes  de  Manège ,  on  dit ,  lâcher  la  bride, 
pour  dire,  pouller  un  cheval,  ouïe  lailler  aller  en 
liberté.  Habenas  permitterc.  ^fT  Lâcher  la  main  à 
fon  cheval ,  c'eft  le  faire  aller  de  toute  fa  vîtelle.  Lâ- 
cher la  gourmette,  c'eft  l'attacher  au  premier  mail- 
lon ,  quand  elle  lerre  trop  le  menton  du  cheval ,  étant 
attachée  au  fécond. 

En  termes  d'Efcrime,  lâcher  Is.  mefure,  c'eft  re- 
culer. 

En  termes  de  Jeu  de  Paume ,  lâcher  la  baie  ,  c'eft  la 
lailfer  aller ,  ne  la  point  toucher ,  parce  qu'on  gagne 
la  chafte. 

On  dit  aulfi  figurément  ,  lâcher  la  bride  à  quel- 
qu'un -,  pour  dire  ,  l'abandonner  à  fa  conduite  ^  lui 
lailfer  faire  tout  ce  qui  lui  plaît.  On  dit  aufti  ,  lâ- 
cher la  main  ,  pour  dire  ,  diminuer  quelque  chofe 
de  fes  prétentions  ,  confentir  à  des  propolitions 
d'accommodement.  On  dit  auffi  ,  qu'il  faut  qu'ua 
Marchand  lâche  la  main  ,  pour  due  ,  qu'il  rabatte 
quelque  chofe  du  prix  de  fa  marchandite ,  pour  en 
avoir  du  débit. 

Lâcher  ,  ternie  de  l'Autourcerie ,  qui  fe  dit  de  l'Au- 
tour quand  il  part  de  la  main  :  ce  qui  le  fait  en 
ouvrant  la  main.  Dimittere  yf^mittere.  A  l'égard  du 
faucon  ,  on  dit  jeter ,  &  on  appelle  lâcher  de  re- 
bat ,  quand  on  lâche  l'Autour  après  l'avoir  retenu 
en  (a  première  fecoullc. 

IJCT  Lâcher  ,  eft  aulîi  réciproque  ,  &  quelquefois 
neutre.  On  dit  qu'une  corde  lâche  ,  Se  qu'elle  s'eft 
lâchée.  Si  le  fufil  vient  à  lâcher ,  a.  fe  lâcher,  c'eft- 
à-dire  ,  à  k  débander  de  lui  même.  Ce  rcllort  fe 
lâche. 

LÂCHÉ  ,ÉE,  part.  Foyei  le  verbe. 

LACHÉSIS  j  C  f.  Prononcez  Lakéfis.  Nom  de  l'une 
des  trois  Parques.  Lachefis.  Selon  les  Fables  ,  c'eft 
Lachéfis  qui  tient  la  quenouille  ,  c'eft  Clotho  qui 
file  ,  ôc  Atiopos  qui  a  les  citeaux  en  main  pour 
couper  le  fil.  Cependant  les  Poètes  confondent  fans 
difficulté  ces  fondions  ,  &'  font  quelquefois  filer 
Lachefis  ,  comme  a  fait  Juvénal ,  L.  I.  Satyr.  LU. 
verfi.  2/. 

Dumfiuper  efi  Lachefis  quod  torqueat. 

Pendant  que  Lachéfis  a  encore  de  quoi  filer, 
pendant  que  nous' vivons  encore. 

Ce  nom  eft  Grec  ,  &  lignifie  firt  ,  de  >i«lx«"i  , 
firtir. 

LÂCHETÉ.  C.  f.  Foiblefle  de  corps  qui  empêche  l'appli- 
cation au  travail.  Débilitas j  lafiîtudo.  Dans  ce  kns 
on  ne  le  dit  point. 

§CF  Ce  mot  qui  ne  fe  dit  point  au  propre  ,  fe  dit  en 
morale  ,  pour  défaut  de  valeur  ■■,  aéfion  balfe  &:  hon- 
teufe  ,  indigne  d'un  homme  d'honneur  :  qui  fait 
perdre  l'cftime  des  honnêtes  gens  ,  &:  attire  le  mé- 
pris. Ign.ivia  ,  vecordia  ,  prohrum  ,  dedecus.  Pour 
tout  l'or  du  monde   il    ne    faut  pas    qu'un    brave 


LAC 

liommc   falfc    une    lâcheté.    La    trahifon    cft    une 
grande  lâcheté.  On  lui   rcprocheia  toujours  la   hi- 
cheté  qu'il  a  hirc.   Le  monde  a  attaché  à  la  valeur 
le  plus  haut  degré  d'eftime  ,  ixr  à  la  lâcheté  la  /ou 
veraine  infamie.  Nie.  Il  s'elt  déshonoré  par  nnllc 
lâchetés. 
LACHI.  Lachïum  ,  Petra.  C'étoit  anciennement  une 
petite  ville  du  Royaume  de  Macédoine.  C'eîl:  main- 
tenant un  bourg  de  l'Albanie,  fitué  fur  la  mer  Io- 
nienne ,  à  deux  lieues  de  la  ville  de  Durazzo  ,  du 
coté  du  midi.  Maty. 
LACHIS.  Prononcez  Lakis.  C'étoit  anciennement  une 
ville  de  la  Tribu  de  Juda  j  dans  la  Judée.  Lachis  , 
Lachifa.  Elle  ctoit  à  quatre  lieues  de  Jérufalem  .  du 
côté  du  midi.  //.  Rois  ,  C.  XVIll.  Lachis  i:toi:  entre 
Jechthel  Se  Balcath.  Bocliart  croit  que  c'eli   Belle- 
na.  C'cd:  à  Lachis  que  l'armée  de  Scnnachérib   fut 
égorgée  par  un  Ange.  f''oyei  fur  cette  ville  Jofué , 
X.  3.  Xr.  3ff,  5.  L.des  Rois,  XriIL  14,  des  Pa- 
rai. XI.  Ce  fut  fous  les  Chananécns  une  ville  Ro- 
yale. Après  avoir  été  attribuée  à  la  Tribu  de  Juda  , 
elle  lui  fut  ôtéc  pour  être  donnée  à  celle  de  Dan  ; 
à  ce  qu'il  paro'it  au  P.    Lubin  ,  par  Jofué  ,  XIX. 
jf.-j.  où  elle  eft  appelée  Lefen  ,  &  où  il  elf  dit  que 
les  Danites  la  prirent  ,  s'y  établirent ,  &  l'appelè- 
rent LelemDan  ,  du  nom  de  leur  Patriarche.  La 
raifon  du  P.  Lubin  eft  qu'au  lieu  de  Lefem  les  Sep 
tante  ont  Lachis  ;  mais  le  texte  Hébreu  ayant  Le- 
fem 5  comme  la  'Vulgate  ,  cette  raifon  ne  peut  être 
reçue.  Du  tems  d'EuIebc  ,  ce  n'étoit  plus  qu'un  vil- 
lage à  fept  mille  au  fud  d'Elcuthéropolis  en  allant 
à   Daroma  ,   &c  à  deux  lieues  à  l'ouell;  de  Caria- 
thiarim. 
§3-  LACHRYMAL  ,    LACHRYMATOIRE.    Foyei 

Lacrymal  ,  Lacrymatoire. 
|Cr  LACHTER.  f  m.  Nom  dune  mefure  qui  répond 
à  une  brafle  ,   dont  on  le    fert   pour  compter  en 
Allemagne  la  protonjcur  des  pirits  de   mines  ,  & 
les  dimendons  des  galeries. 
LACIER.  v.  a.  'Vieux  mot.  Attacher.  Du  Latin  La- 

queus  qui  a  fait /açj-.  ^oy^^  Laler. 
§3*  LACINIE  ,  ÉE.  Terme  de  Botanique.  Découpé  en 
Lanières.  Les  Botaniftes  appellent  feuilles  laciniées  , 
celles  qui  font  profondément  découpées  jufque  vers 
le  milieu  ,   &  dont  les  lobes  lont  eux  mêmes  dé 
coupés.  Telles  font  les  feuilles  du  fenouil.  Lacinia- 
tus  ,  jeclus  in  lacinias.  J^oye^  PacmÉ. 
LACINIENNE.  adj.  f.  Terme  de  Mythologie.  Laci 
nia.  Surnom  que  l'on  donnoit  à  Junon  ,  tiré  d'un 
Promontoire  d'Italie    ,  dans  le   golfe   de  Tarente  , 
où  elle  avoit  un  Temple  refpeélable  par  fa  fainte- 
té  ,-  dit  Tite  Live  j  &  célèbre  par  les  riches  préfens 
dont  il  étoit  orné. 
LACIS,  f.  m.  Ouvrage  de  fil  ou  de  foie  fait  en  forme  de 
rézeau    ou  de  filet ,    dont    les   brins  font  entrela- 
cés les  uns  dans    les  autres.    Textura  hamata.  Les 
femmes  en  font  des  coëflures.  On  le  nomme  plus 
communément  Marly. 

Les  Médecins  &  les  Anatom'ftes  fe  fervent  aulîî 
du  nom  lacis  ,  qu'ils  donnent  à  un  corps  rougeâ- 
tre  contenu  dans  les  ventricules  de  la  tête  ,  &  lur- 
tout  dans   le   troifième  ,  qui  en   renferme  la   plus 
grande  partie  ,  ëc  qu'ils  nomment  lacis  choroïde  , 
&  autrement  plexus  choroïde.  Plexus  choroïdis ,  ou 
reticularis  en   Latin.   Le  lacis  choroïde  eft  un  tilîu 
qui  eft  fait  d'une  infinité  d'artères  fort  déliées  ,  qui 
viennent  des  carotides  &  des  vénules  ,  qui  vont  le 
rendre    dans    le    quatrième    finus   de  la    duremè- 
re.  Il    eft   aulîl   compofé  de   quantité   de  vailfeaux 
lymphatiques  ,  &  de  beaucoup  de  glandes  fort  pe- 
tites ,  qui  feroient  imperceptibles  fans  le  lecours  du 
microfcope  ,  d'où  vient  que  Sténon  croit  qu'il  le 
fait  là  une  filtration  d'une  partie  de  la  férolîté  qui 
coule  dans   les  ventricules.  Ce  lacis  eft  Ci  artilie- 
ment  fait  ,  que  l'on  a  fujet  de  croire  qu'il  a  des 
iiiages  confidérables  :   c'eft    pourquoi    plufieurs   le 
lont  eftorcés  de  les  découvrir.  En  voici  deux  qu'on 
lui  attribue  -,  l'un  eft  de  fervir  comme  de  bain-ma 
rie,  dont  h  chaleur  douce  coiiferve  le  mouvement 


LAC 


des  cfprits  dans  le  corps   calleux  ^  qui  eft  immédia- 
tement au  dellu-i  de  lui  ,   (k.   qui  autrement  feroit 
trop  froid  ,  n'ayant  que  très  peu  de  vaille-mx  qui 
le  réchaurtént  ;  tk  l'autre  ,  que  la  chaleur  de  ce  la- 
cis entretient  la  liquidité  de  la  ferofité  dsns  ces  ven- 
tricules ,  qui   la  pourroieiu    épaillir  par  leur  froi- 
deur ,  s'ils  n'étoicnt  éciiauFtés  par  ce  grand  nombre 
de  vaillèaux  ;  ce  qui  empêche  que  ces  humeurs  ne 
croupillent  ,  &c  ne  lalient  des  obftrucLions  dans  ce 
qu'on  appelle  l'cntoiinuir.  Dionls.  Lacis  rétifonne. 
l^'oye'^  Rets  admirable  ,  au  mot  Rets. 
LACK.  f.  m.  Monnoie  de  compte  en  1-erfe.  Un  lack 
vaut  cent  mille  roupies.  Une  roupie  d'or  vaut  trei- 
ze  roupies  d'argent  ,  &  une  roupie  d'argent  vaut 
trente  huit  fols  de    notre   monnoie.  Un  carol  vaut 
cent  lacks.  Quand  on  dit  qu'un  lack  vaut  cent  mille 
roupies  ,  il  s'agit  de  roupies  d'argent.  Ainlî  un  lack 
vaut  environ  deux  cens  mille  francs  ,  tk  un  carol 
environ  vingt  millions.  Obf*ry.  fur  les  Ecrits  mod. 
pag.   14  p. 
LAC  MAJEUR.  Lacus  Major.  Lac  d'Italie  ,  au  Duché 
de  Milan  ,  d'environ  treize  lieues  de  long  fur  trois 
de  large. 
LACOIS  ,  ou  LÉCOIS.  Nom  d'une  contrée  de  Fran- 
ce.  Laticenfis  pagus.  Elle   eft   dans   le  Diocèfe   de 
Langres ,  en  Champagne.  Il  y  a  encore  un  Archi- 
diacre dans  l'Eglile  de  Langres  ,  qui  porte  le  titre 
d'Archidiacre  de  Lacois.  Chatillon  fur-Scinc  &  Dam- 
pierre  lont  dans  cet  Archidiaconé.  Le  Lacois  étoic 
autrefois  aux  environs  &  dans  la  banlieue  de  Lan- 
gres ,  aujourd'hui  il   ne  commence  qu'à  une  lieue 
de  cette  ville  ,  &c  comprend  tout  ce  qui  eft  depuis 
Châtillon   julqu'à  Bar  ,  de  l'un  &   de  l'autre  côté 
de  la  Seine.  Hadr.  Vall.  Not.  Gall.p.  28. 
fS-  LACONICON  ,  ou  LACONIQUE,  f.  m.  Terme 
d'Antiquité,  C'étoit  dans  les  paleftres  Grecques  ,  une 
étuve  lèche ,  un  pocle  ,  une  étuve  pour  luer.  Laco- 
nicum.  Elle  étoit  de  l'invention  des  Lacédémoniens  , 
comme  le  mot  le  dit  alfez.  Agrippa  fit  bâtir  un  magni- 
fique Laconicon  à  Rome. 
LACONIE.    Nom   de    contrée.    Laconia  ,  Laconica. 
C'étoit  anciennement  un  des  Etats  du  Péloponnè- 
fe  ;  il  confinoit  du  côté  de  la  terre  .avec  la   Mcllé- 
nie,  l'Arc.adie  &c  l'Argie;  &:  il  étoit  environné  du 
côté  de  la  mer  par  les  golfes  Argolique,  Laconique 
&  MefténaTque.   Ce  pays  eft  aujourd'hui  la  partie 
méridionale  de  la  Zaconie  ,  en  Morée.  Il  contient 
le  pays  des  Mainottes ,  &  les  villes  de  Lacédémone  , 
ou  Mifitra  ,  de  Malvafia  ,  de  Maina  j  de  Cucciava  , 
de  Chielifa  ,  de  Zarnala  ,  i'c.  Maty. 
LACONIEN ,  ENNE.  adj.  m.  Se  f.  Lacon.  Se  dit  en 

cette  phrafe  ,  Scytale  ,  Laconienne.  f^oy  e^  Scytale.  • 
LACONIQUE,  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  la  La- 
conie.    Laconicus  ,   a  ,  um.  L'Ile   de  Cérigo    eft  li- 
tuée  à  la  plage  Laconique.  Du  Loir  ,  p.  3. 
LACONIQ.UE.  adj.  m.  &  f.  Conck  ,  lerré  à  la  manière 
des  Lacédémoniens.  Laconicus.   Le   ftyle  Laconique 
a  été  eftimé  chez  toutes  les  nations.  Il  n'y  a  guère 
de  bons  mots  qui  ne  loient  Laconiques  ,  concis  & 
énergiques.  Quelques-uns   écrivent   L'aconic.  Tu    es 
devenu  bien  Laconic  en  peu  de  tems.  Mascur.  Il 
faut  écrire  Laconique. 
LACONIQUEMENT,  .adv.  Brièvement,  d'une  manière 

Laconique.  Laconicè, 
LACONISME.  iVm.  Laconifmus.  Langage  bref ,  ani- 
mé &  fententieux  ,  formé  lur  celui  des' Ladédémo- 
niens  ,  manière  de  s'énoncer  fuccinde  &  lerréc. 
J'évite  par  là  d'elluyer  la  gravité  de  fon  ris  amer  , 
&  de  fon  laconifme.  La  Br.  Le  laconifme  des  Spar- 
tiates confervoit  un  air  de  grandeur  &  d'autorité 
dans  leur  manière  de  dire  beaucoup  en  peu  de 
mots.  La  Guill. 
LACQUE.  f.  m.  Laccus.  Sorte  de  vailfeau  qui  fervoit 
autrefois  chez  les  Romains  dans  lesprelfoirs,  à  met- 
tre du  vin  ,  à  recevoir  du  vin.  Ulpien.  Cujas  l'appelle 
citerne  devin  ,  parce  qu'il  étoit  entoncé  dans  la  terre  , 
&:  enduit  )Jar  dedans  par  dehors  pour  retenir  le  vin. 
Suidas  dit  que  les  Athéniens  avoient  des  lacques 
pour  garder  de  l'huile  (?c  du  vin.  Ak,.^;-. 


\ 


6 


Lx\C 


37 

LACQUE.  Feyei  Laque.   ' 

LACRE  ,  ou   ACKE.  f.  m.  Monnoic   de  compte  de 
Surate  &  des  autres  États  du  Mogol ,  qui  vaut  cent 
mille.  Un  lacre  de  roupies  vaut  cent  mille  roupies , 
c'eft-àpeu  près  comme  ce  ^u'on  appelle  une    ton- 
ne d'or  en  Hollande  ,  &  un   million  eu  France  , 
non  pour  la  valeur ,  mais  pour  l'ulage  qu'on  en  tait 
dans  les  comptes. 
Laçre.  Le   Tarif  de  France  de   1664.  appelle  Lacre 
ou  cire  à  cacheter  ,   ce  qu'on  nomme  plus  com- 
munément cire  d'Efpa2;ne.  Foyc^  Laque. 
LACRINGE  ,  ou  DACRINGE.  1".  m.  &  f.  Nom  de 
peuple.  Lacringus ,  a.  Les  Lacringes  habitoicnt  vers 
ia  Dace.  Tillemont. 
|Cr  LACRYMA  CHRISTL  C'eil  ainfi  qu'on  appelle 
un  vin  mufcat  ,  très  agréable  ,  qu'on  recueille  en 
Italie  ,  dans  le  royaume  de  Naples  au  milieu  des 
cendres  du  mont  Véiuve. 
LACRYMAL,  ALE.  adj.  Lûcrymalis.  Terme  d'Anato- 
mie  ,    qui  le   dit  d'une  gl.mde   iituée  au-dellus  de 
l'œil ,  proche  le  petit  angle  :  elle  filtre  une  Icroiité 
qui  ferc  à  humecler  le  globe  de  l'œil ,  &  à  faciliter 
fon  mouvement.  Proche  du  grand  angle ,  il  y  a  une 
petits  cmmence  en  manière  de  caroncule  ,  qu'on  a 
aulîi   pris  pour  une  glande  lacrymale  :  cependant 
ce  n'efl:  autre  chofe  que  la  réunion  de  la  membra- 
jie  intérieure  des  paupières.  Du  même  côté  on  voit 
fur  les  bords  des   paupières  deux  petits  trous  que 
l'on  nomme  points  lacrymaux.  Ce  font  les  ouver- 
tures d'un  petit  fie  membraneux  ,  appelé  le  lac  la- 
crymal. Ce  fac  ell  l'entrée  du  canal  excrétoire  qui 
va  dans  la  cavité  du  nez.  De  ce  même  côté  il  y  a 
un  os  fort  mince  qui  eft  un  des  os  de  la  m.ichoire 
fupérieure  ,  on  l'appelle  l'os  lacrymal  ,  ou  l'os  un- 
guis.  M.  Anel  a  donné  un  Livre  intitulé ,  Nouvelle 
Méthode  de    guérir  les  fiftules  lacrymales.  Il  y    a 
joint   une  defcription  exacte  du   conduit   lacrymal 
dans  fon  étendue  ,    depuis   les  points  lacrymaux  , 
jufques  dans  le  lieu  où  il  s'ouvre  dans  l'intérieur  du 
nez.  Cette   defcription   eft  nouvelle  ,   &  très  con- 
forme à  la  véritable  ftru.;iurcde  l'organe  dont  il  s'agit. 
Il  n'y  a  que  quelques  Anatomiftes  qui  aient  ap- 
pelé les  os  unguis  ,  lacrymaux  ;   mais  ians  railon. 
f^oye'^  Unguis. 

On  appelle  en  terme  de  Médecine  ,  fiftulc  lacry- 
male ,  la  fiftule  qui  fe  fait  au  grand  coin  de  l'œil  : 
elle  arrive  d'ordinaire  après  un  abcès  qui  le  forme  ! 
dans  le  lac  Licrymal  par  la  rétention  de  la  férofué 
qui  y  pallè  ;  cette  férolîté  étant  retenue  devieju 
acre ,  &  fait  dans  ce  tac  un  ulcère  ,  qui  enfuite  dé- 
génère en  fiftule.  JEg'ilops. 
LACRYMATOIRE.  f  m.  Terme  d'Antiquaire.  Vafeou 
gCF  phiolc  de  verre  ou  de  terre  ,  que  les  anciens 
Romains  enfermoicnt  dans  les  lépulchres ,  &  dans 
lefquellcs  on  confcrvoit  les  larmes  qui  avoient  été 
répandues  aux  hméraillcs  du  mort.  Lacrymatorium. 
Un  lacrymatoirc  Egyptien.  Baudelot.  On  en  voit  en- 
core dans  les  cabinets  des  curieux. 
LACRYMULE.  f  f.  Du  Latin  lacrymula.  Petite  lar- 
me. On  diloit  autretois  larmeue  ;  mais  ce  diminu- 
tif eft  tombé  avec  beaucoup  d'autres.  Scarron  ,  dans 
fon  Jodelct ,  Maître  Valet  ,  Jci.  j.  Se.  2.  fait  ainli 
«parler  Déatris  à  Dom  Louis  : 

Orfi  vous  en  tlre-^  la  moindre  lacrymule  , 
Je  vous  donne  gagné ,  foi  de  Béatricule. 
Vous  rie\  ,  Dom  Louis  j  de  ce  diminutif: 
Dame  ,  nous  en  ufons ,  &  dufupcrlacif 

Ce  mot  ne  peut  fc  dire  qu'en  plailantant. 
LACS,  f  m.  Laquei.  D'autres  écrivent  Laqs  ;  mais  de 
quelque  manière  qu'on  l'écrive  ,  il  faut  prononcer 
las.  C'cft  un  ou  plufieurs  cordons  lacés  ,  noués  ou 
entremêlés ,  pour  fervir  à  divers  ulages.  Les  muets 
du  Serrail  étranglent  des  Princes  ,  des  Viiirs  ,  avec 
des  lacs  de  loie.  Le  keau  eft  attaché  aux  Edits  avec 
des  lacs  de  loie  ,  le  plomb  aux  Bulles  avec  des  lacs 


LAC 


de 

Lacs 


Cl 


let 


chanvre. 


fc  ■iit  auill  d'un  certain  nœud  coulant^  propre 


pour  prendre  des  oifeaux  ,  des  lièvres  j  &c. 

UO°  On  donne  en  Maréchallcrie  ce  nom  à  une  corde 
dont  on  fe  fert  pour  abattre  les  chevaux.  Il  y 
a  moius  de  danger  à  abattre  un  cheval  avec  les  en- 
traves ,  qu'avec  le  lacs. 

Lacs  ,  fe  dit  figurémcnt  en  morale  des  pièges  ,  des 
embûches  ,  des  embarras  où  l'on  fait  tomber  quel- 
qu'un. §3"  Ce  terme  en  ce  fens  s'applique  en  géné- 
ral à  tout  embarras,  dont  on  a  de  la  peine  à  fe  ti- 
rer ,  à  une  paftion  dans  laquelle  on  fe  lailfe  enga- 
ger par  des  manières  artificieutes.  C'ell:  un  homme 
fimple  qu'on  fera  tomber  aifément  dans  le  lacs. 
L'amour  me  tient  dans  fes  lacs.  Bens.  Taidre  des 
lacs.  Se  tirer ,  s'échapper  des  lacs. 

La  coquette  tendit  fes  lacs  Waj  les  matins  ; 
Compofa  de  fa  main  les  fleurs  de  fon  vifage.  Boil. 

Lacs  d'Amour  ,  fe  dit  des  chiiFres  ou  lettres  entre- 
mêlées ,  ou  des  cordons  noués  de  certaine  niamè- 
re  ,  dont  fe  fervent  les  Amans  pour  hire  des  cachets  , 
des  gravures  fur   les  arbres  ,   &  autres  choies   qui 
leur  fervent  de  marque  pour  fe  connoître.  Ils  met- 
tent  d'ordinaire   les  premières   lettres  de  leur  nom 
en  Lacs  d'Amour. 
LAci-D'AMouR.  Sorte  de  linge  ouvre  qui  fe  fait  en 
Balfe  Normandie  ,  particuhèreraent  à  Ca'e'n  &  aux 
environs. 
LACTAIRE,  adj.  m.  &  f  On  appeloit  autrefois  à  Ro- 
me Colonne  Lactaire  ,  une  colonne  élevée  dans  le 
marché  aux  herbes.  Laclaria.  En  fous-endant  colum- 
na.  C'étoit-là  que  l'on  expofoit  les  entans  abandon- 
nés   J    afin   qu'ils   fullent   nourris    aux    dépens    du 
public. 
LACTANCE.   f  m.  Nom  d'homme.  Laclantius.  Fir- 
mien  Lacîance  elf  un  Auteur  Eccléfiaftique  du  qua- 
trième liècle.  Quoiqu'il  fût  Africain ,  félon  quelques 
Auteurs,  c'eft  peut-être  celui  de  tous  les  Pères  qui 
écrit  le  mieux  en  Latin.  Lacîance  fut  di{:iplc  d'Ar- 
nobe.   Quelques-uns  croient  qu'il  étoit  de  Fermo 
«n  Italie  ,  &  que  c'eft  pour   cela  qu'il  le   nomma 
Firmicn.  Les  Ouvrages  de  iai3.7ni:t'  lont,  Jnfiitutio- 
num  ,  L.  VIL  Inftitutionum  Epitome  ,  De  Ira  Dei  , 
De  Opificio  Dei ,  De  Mortibus  Perfecutorum.  Quel  • 
ques  Critiques  doutent  que  ce  dernier  Ouvrage  foit 
de  lui.  Voye:^  les   Ménjoires  de  Trévoux  ,    i/i^ 
page^iQSS. 
LACTEE,  adj.  f  Qui  a  la  couleur  ,  ou  la  nature  du 
lait.  Lacieus.  On  appelle  veines  laàees  ,  de  petits 
conduits  qui  font  difpcrfés  par  tout  le  méfentère  , 
&  qui  portent  le  chile  des  intcftins  au  réfervoir  de 
Pecquet  :   ils    font  ainfi  nommés  parce  que  la  li- 
queur  qu'ils   contiennent  eft  lemblable  à  du  lait. 
Gafpard  Afellius  ,  Médecin  Italien  ,  eft  le  premier 
inventeur   des  veines    laclécs.   Il   les  découvrit    en 
l'année  1612.  Janfon  d'Alméloveen  prérend  qu'el- 
les ont  été  connues  d'Hypocrate  &  de  Galien. 
Voie   Lactée.  Ce  mot   a    été  expliqué  à  'VOIE  ,  à 
LAIT ,  &  à  GALAXIE.  La  voie  laclée  eft  un  af- 
femblage    d'une   infinité   de    petites  étoiles  ,    dont 
chacune  en  particulier  n'a  pas  allez  de  force  pour 
fe  faire  fentir  à  nos  yeux  ,  aulli-bien  quc_  les  nébu- 
leufes ,  dont  la  lumière  lombre  &  contule  eft  lem- 
blable à  un  petit  nuage  ,  ou  à  la  tête  d'une  Co- 
mète. P.  Le  Comte.  ifF  On  a  aulîi  employé  ce 
mot   au  makulin.   On  remarque  dans   les  plantes 
une  admirable  variété  de  tuyaux  capillaires  propres 
3  la  diftribution  des  fucs  nécellaires  à  la  nourritu- 
re de  la  plante.    Ces  efpèces    de  conduits   imper- 
ceptibles ,  mais  réels  ,  qui  répondent  aux  trachées 
àzs  animaux  ,  aux  vaiflêaux  lad:és ,  aux  artères  &c. 
Mém.  de  Trev. 
LACTOS.  f  m.  Terme   de   Mythologie.  Nom  d'un 
fiuxdieu  honoré  autrefois  parJesSarmates.iac?o.s.  Le 
dieu  Laclos  étoit  le  Pluton  des  Sarmates. 
LACTUCINE.  Voyei  Lacturce  ,  qui  fuit. 
LACTURCE  ,  eu  LACTURCIE.  f  f.  Terme  de  My- 
thologie.   Nom  d'une  déelfe  des  anciens  Rom.ùnS. 
Laclurcia.  Flore  avoir  foin  des  fromens  en  Heur  , 

LaU'.:rci 


» 


LAD 

LaCiurce  quand  ils  s'amolli(îènt  en  l.iit.  De  Ceri- 
siers ,  Trad.  de  la  Cuc  de  Dieu  de  S.  Aii^ufl.  L. 
IF.  c.  S.  Louis  Vivez  remaïque  lur  cec  endroit 
qu'.iu  lieu  de  Laclurcia  ,  d'autres  lilent  Lacïidnïa  , 
iX  que  Servius ,  lur  le  premier  des  Géorgiques  ,  v. 
j/j.  dit  après  Varron  ,  que  c'cft  le  dieu  Lactans 
qui  doinie  le  lait  aux  blés  ,  qui  les  amollit  en  laie  j 
qui  leur  fait  produire  du  lait.  Les  Pères  Béncdic- 
tmsj  dans  leur  édition  ,  ont  mis  Laclumus  ,  le 
dieu  Lacturne  ,  au  lieu  de  la   déellc   Laclurce  ,  fon- 

..  dés,  i".Jur  les  anciens  Livres,  qui,  di(ent-i!s,  li- 
fencainii  ,  lans  néanmoins  en  indiquer  aucun  ;  z°. 
fur  ce  que  Servius  donne  cette  fonction  à  un  dieu  , 
&c  non  pas  à  une  déelîe.  Volllus  ,  De  Idolol.  L.  X. 
c.  4j.  &  Hoftman  j  ont  dit  Lacludna  ,  Ladtucine , 

j  que  je  n'ai  point  trouvé  ailleurs. 

LAi:TUE_NE.  f.  ni.   Foye^  I.acturce. 

LACUL  1.  m.  Oifeau  de  la  Chine  ,  gros  comme  un 
merle  J  &c  de  couleur  cendrée.  On  dit  que  le  Lacui 
apprend  fans  peine  tout  ce  qu'on  lui  montre.  L'Au- 

.  teur  de  la  Nouvelle  K  dation  de  la  Chine  ,  dit  que 
le  Lacui  s'appelle  aufli  Oifeau  de  bec  de  cire  ,  parce 
que  fon  bec  en  a  la  couleur. 

LACUNE,  i.  f.  Défont  de  fuite ,  interruption  ,  vide 
dans  un  Livre.  Lacuna.  Il  y  a  beaucoup  de  Lacunes 
dans  les  anciens  Auteurs,  parce  que  les  manufcrits  ont 
étépourris,  etfàcés  &  déchirés.  Beaucoup  de  Critiques 
ont  tkhé  de  rétablir  &:  de  remplir  les  lacunes  de 
Tite-Liye  ,  de  Pétrone  ,  de  Quinte-Curce.  M.  No- 
doc  a  fait  imprimer  un  Pétrone  fuivant  un  prétendu 
■manufcrit  trouvé  à  Rellcgrade  en  1-588  ,  où  il  pré- 
tend remplir  généralement  toutes  les  lacunes  de  cet 
Auteur  :  mais  l'artihce  de  cette  pièce  fuppofée  elt 
trop  groilicr  pour  luiprendre  les  connoilfeurs. 

I_Acu.vE ,  en  terme  d'Anatomie  ,  fe  dit  par  quelques 
Anatomiftes  de  certains  canaux  excrétoires.  Les  fem- 
iiies  ont  entre  les  fibres  charnue;  des  uretères,  &  la 
membrane  du  vagin  j  un  corps  blanchâtre  &  glan- 
duleux ,  épais  d'un  travers  de  doigt  _,  qui  s'étend 
le  long  &  autour  du  col  de  la  vellîe.  Il  a  plufieurs 
conduits  ,  qui  lont  autant  de  canaux  excrétoires  , 
que  Giïf  appelle  lacunes  ,  qui  fe  terminent  à  la 
partie  intérieure  de  la  vulve  j  où  ils  verfent  une  hu 
.  mcui-  glaireufc ,  qui  fe  mêle  avec  la  femence  du 
mâle.  DioNis. 

tfT  Lacune  ,  pour  lieu  marécageux  ,  rempli  de 
lacs,  qu'on  trouve  dans  les  anciennes  éditions,  ne 
fe  dit  point.  Les  lagunes  de  Venife,  &  non  pas  les 
lacunes.  Fûye~  ce  mot. 

LACUNETTÈ.  f.  f.  Terme  de  Fortifications.  On  ap- 
peloit  ainfi  autrefois  un  petit  folfé  qu'on  a  depuis 
appelé  cunettc. 

!P=LADAC,  ou  LADUCA.  Royaume  d'Afie,  dans 
le  grand  Tibet  j  dont  il  fait  partie. 

LAD. 

LADANUM  ,  ou   LABDANUM.   f.   m.   Terme  de 
Pharmacie.   C'eit  une  matière   gommeufe  ,  ou  réii 
neufe  ,    qui  lort  des  feuilles  d'un  arbridéau  appelé 
Cidus  ladanijera  ,  léde  ,  ou   leduin  fort  commun 
dans  les  pays  chauds  ,  &  dont  il  y  a  plufieurs  ef- 
pcces.  On  retire  \c  ladanum'pav'Xt  moyen  des  boucs 
&  des  chèvres  :  ces  animaux  broutant  les  feuilles  de 
ces  elpèces  de  cilk  ,  reviennent  à  l'érable  .avec  leur 
barbe    chargée    d'une    fubllance    gralFc  ,    laquelle 
les   paylans    ont    foin   de    lamallèr    avec  des    ma- 
nières de  peignes  de  bcis  faits  exprès.  Ils    mettent 
cette  maticie  en  malle  ,  &  comme  elle  efl:  mêlée 
de  quelques  brins  de  poil  &  d'autres  impuretés  ,  ils 
l'appellent  ladanum  en  barbe  ,   ou  ladanum  naturel. 
D'autres  font  palier    des  cordes  fur  les  feuilles   & 
lur  tout  l'arbriHéau ,  ils  raclent  enfuite  ce  que  ces 
cordes  ont  emporté  ,  &  en  font  le  ladanum ,  qu'ils 
envoient  en  petites  boules.  Le  ladanum  z^  réfineux, 
&  de  couleur  obfcure  j  odorant  quand   on  l'appro- 
che du  teu  J  &  s'amolilî'ant  facilement.  Il  eft  pro- 
pre pour  ramollir  ,  pour  digérer ,  pour  atténuer  , 
pour  refoudre. 
Tome  y. 


-L  A    L)  2  nn 

Piétro  dclla  Valle  dit,  qu'il  avoir  appris  d'Indiens 
bien   inflruits  ,  que  le  ladanum  fe  forme   de  la  ro- 
lee  ,  &  tombe  du  ciel  comme  la  manne;  qu'il  fc 
ramallc  lur  les  feuilles  duncplante  ,  qui  pour  l'or- 
dinaire n'a  qu  une  palme  &:  demie  ,  ou  tout  au  plus 
deux  palmes  de  haut,  &  qui  a  fes  feuilles  petites; 
que  quand  on  a  ramallé  cette  matière  ,  on  la  cuit, 
qu'on  retend  avec   la  paume  de  la  main  quand  elle' 
eft  cuite  J  parce  qu'elle  elt  molle  cV  pliante  comme 
de  la  cire  ,  qu'ils  lui  donnent  la  forme  de  la  bougie, 
<^:   la  plient  comme   un  pain  de  bougie  ;  qu'en  cet 
ctat  il  eft  noir ,  &  qu'il  a  une  bonne  odeur ,  forte 
«îfc  aromatique.  Le  ladanum  vierge  ,  c'cft   celui  qui 
n'cft    point    mixrionné.    Piet.   délia    Falle ,   India 
Lect.   XIII ,  p.  4^S.  33-  Il  eft  bien  plus   naturel 
de  regarder  le  ladanum  comme  une   partie   du   fuc 
nourricier  de  rarbrillèau  ,  qui  cranfude   au  travers 
du    tillu  des    feuilles  ,    comme   une  fueur  gtalFe  » 
dont  les  gouttes  font  luilantcs  &  odoriférantes 
LADEBOUHG  ,    ou  LADENBOURG.    Nom    d'une 
petite  ville  du  Cercle  Llecloral  du  Rhin.  Ladcbur- 
gum   ,    Ladenburgum   ,    anciennement    Lahodunum. 
Elle  eft  dans  Je  Palatinat  fur  le  Nécre ,  à  trois  lieues 
au-deftbus    d'Heidelberg.    Cette  ville  appartient  en 
partie  aux  Évêques  de  Wormes  ,  &  en    partie  aux 
Eleveurs    Palatins.   Maty.    Long,    ij   d.  17' ,  lat, 
49  cl-,  -i/'- 
LADENDO.  f.   m.  'Vieux  nom  d'une  maladie  popu* 
laire,  dont  Pafquier   parle  ainfl  ,  Rech.  L.  IF ,  c. 
:2s.  L'an   1417  ,  vers  la   Saint   Rémi  ,  il  vint  un 
air  corrompu  qui  engendra  une  très-mauvaife   ma- 
ladie ,  que    l'on  appeloic  Ladendo ,  dit  un  Auteur 
de    ce  temps.    Il  n'y    eut   prefque  ni  homme  ,  ni 
femme   ,    qui    n'en    fut  attaqué.    Elle  commençoit 
par  une  douleur  de  reins  ,    Icmblable  à  celle  d'iâne 
force  gravelle  ;  enfuite  venoient  des  frillons  j  &  l'on 
écoic    huic  ou  dix    jours  fans  pouvoir  ni   boire  ,  ni 
•     manger  ,   ni   dormir   :   à  cette  infomnie    fuccédoic 
une   mauvaifc  toux ,  fore  incommode.  Cette  mala- 
die dura   jufqu'à  quinze  jours  après  la  Toulfaints, 
&  l'on    ne  voyoit  prefque   pcrfonne.  qui  n'eût  "la 
bouche  (Se  le  nez  tout  élevé  de  grolîes  galles.  C'cft 
par-là   quelle  hnilloit. 
If3'  LADI.  Mot  emprunté  des  Anglois.  C'eft  un  titre 
qui  (e  donne  aux  femmes  des  perfonnes  de  qualité  , 
julqu'à  celles  des  Chevaliers  inclufivement.  Ac.  Fr. 
LADIK.,  ou   LADIKIA.    Foye^  Laodicée. 
LADISLAS.  f.  m.Nom  A^omme.LadiJlaus.  SûmLadif 
las,  que  le  vulgaire  appelle  quelquefois   Lancelot , 
ou    Lajio ,_  de    Ladf.aw ,  étoit   fils  du  Roi  Bêla  ,  & 
petit-hls  d'un  couim-germain  du  Roi  Saint  Etienne, 
appelé  l'Apôtre  de  Hongrie.   Il  naquit  en  Pologne 
vers  1  an  1059.  Baillet.  Il  fut  élu  Roi  de  Hongrie 
en  1080  ,  cV  mourut  le  50  de  Juillet  de  l'an   109J 
après  un  règne  de  quinze   ans.  Ce  nom  eft  com- 
mun en   Hongrie    &c   en   Pologne  ,  où  l'on   écrit 
aulli  VLADISLAS.  Il  y  a  fix  Rois  de   Hongrie  & 
autant  cri  Pologne  ,  qui  ont  porté  ce  nom. 
Ladislas  eft  lormé  fur  le  Latin  Ladijlaus  :  mais  du 
mot  Hongrois  Ladjlau  ,    l'ufage  a  fait  LaJlo  ^  puis 
Lanjlo  ,  qu'on  a  écrit    enfuite   Lancelot.  Du  Tillet 
convient  aulîi  que  Lancclot  vient  de  Ladiflas ,  I.  P. 
p.  24S.  mais  il  dit  Laodiflae  ,    &  Landillae ,    qui 
n'eft  pas  le  vrai  mot. 
LADOCO.  Los  Codos  de  Ladoco ,  en  Latin  Ladicus 
mons.  Montagne    du  Royaume   de   Léon  en  Efpa- 
gnc  J-  elle  eft  au  couchant  de  la  ville  de  Léon  ,  &c 
n'eft   remarquable   que   par  cette  infcription  qu'on 
a  trouvée  ,  JOFI  LADICO  ,   c'eft  à  dire  au  Ju- 
piter de  Ladico.  Maty. 
LADOG.  1.  m.  Nom  d'une  efpèce  de  hareng  ,  qui  eft  par- 
ticulier au  lac  de  Ladoga.  Ladog  ,  Ladogus.  gCTLes 
Ruftcs  le  filent ,  &   le  conlervent  dans  des  barils 
pour  Is  Carême  &c  les  jours  de  jeûne  j  comme  nous 
conlervons  les  harengs  falés. 
LADOGA.  Nom  d'une    petite  ville  de  la   Mofcovie. 
Ladoga.  Elle  eft  dans  la  Principauté  de  Novogorod- 
Wêliki  ,  fur  la   rivière   W^olchova  ,  à   cinq  eu  fix 
lieues  du  lac  de  Ladoga ,  du  côté  du  midi.  Maty. 

Bbb 


378  LAD 

Le  lac  de  Ladoga.  Lac  de  l'Europe  Ic-pteiuiionale. 
Ladoga.    Il    elt   fur   les  confins  des  États  de  Suède 
&  de  Mofcovie  ,  enue  la  Principauté  de  Novogo- 
rod-Weliki  ,  l'Ingrie  ,  &:  la  Livonie.  Ce  lac  reçoit 
les  eaux  du  lac  llnien  ,  par  la  rivière  de  Wolchova , 
celles    du  lac   Onega  ,  par   la   rivière  de   Suéri ,  & 
celles  de  plulîeurs  lacs  iS:  marais  de  la  Livonie  ,  par 
la  rivière  de  Wofen  ,  &  il  le  décharge  dans  le  gol!-e 
de  Finlande  par  celle  de  Niéva.  Ce  lac  pallé  pour 
le    plus   grand  de  l'Europe,    ayant   cinquante-trois 
lieues  du  nord  au  Tud  ,  <Sc  vingt-cinq  du  levant  au 
couchant.   Il  efl  aulll   le   plus    poiljonneux.    On   y 
prend  une  prodigicufe  quantité  de  laumons  ,  &  une 
efpèce  de  poillon  particulier ,  gros  comme  un  ha- 
reng ,  qu'on  appelle  Ladog  ;  &  c'eft  de-là  ,  dit-on  , 
que  ce  lac  a  pris  le   nom  de  Ladoga.  Au  refte  ,  le 
"  pays  qui  fe  trouve  entre  ce  lac  &  celui  d'Onega, 
'  ctoit  autrefois  une  Province  particulière  ,  qui  por- 
toit  le  nom  de  Ladoga.  Elle  eft  maintenant  incor- 
porée   à    la    Principauté    de    Novogorod  -  Wéliki. 
Maty. 
LADON.  Fleuve  d'Arcadie  ,  que  la  Fable  dit  erre  père 
de  la  Nymphe   Daphné  &  de  la  Nymphe  Syrnix. 
C'eft  des  rofeaux  du  fleuve  Ladon  doni  Pan  fe  fer- 
vit  pour  fiire  fa  flûte  à  fept  tuyaux- 
Li^DRE.  adj  de  t.  g.  Malade  atteint  &c  infefté  de  Icpre. 
/  Elephandacus ,  kprofus.  Homme  ladre.  Femme  la- 

dre. On  fépare  les  ladres  des  hommes  iàins.  Ce  qui 
a  donné  delà  haine  aux  Orientaux  pour  les  cochons  , 
c'eft  parce  qu'ils  font  lujets  à  être  ladres.  On  a  créé 
des  Oflîciers  langueyeurs  de  cochons  ,  pour  vifiter 
ceux  qui  font  ladres  j  ou  furfemés  ,  qui  ont  des  grains 
à  la  langue  &  à  la  gorge. 

Ce  mot  eftauffi  fubftantif ,  &  alors  il  fait  au  fémi- 
nin ladrejje.  Ac.  Fr.  Il  fe  dit  tant  au  propre  qu'au 
figuré.  Elephantiaca ,  avara  ,  Jordida.  C'eft  un  la- 
dre^ une  ladreJJ'e.  Ac.  F. 

On  appelle  par  corruption  Saint  Lazare  ,  Saint 
Ladre  ;  la  rue  Grenier  Saint  Ladre  ,  c'eft-à-dire  du 
Grenier  Saint  Lazare  :  de-là  vient  qu'on  appelle  La- 
dres ,   les  lépreux. 

On  appelle  ladres  blancs  ,  les  ladres  ou  lépreux 
qui  ont  encore  la  face  belle  &  le  cuir  poli  &  Ihlé  , 
Jie  donnant  aucun  figne  par  dehors  de  la  lèpre , 
dont  ils  font  atteints  au  dedans  ;  Se  ladres  verts  ^  des 
ladres  confirmés,  qui  ont  plufieurs  boutons  qui  pouf- 
lent  au  dehors  ,  qui  font  fort  durs  ,  &  dont  la  bafe 
cft  verte  &  la  pointe  blanche.  Ambroife  Paré  dit  j 
qu'il  y  avoir  en  Guienne  ôc  en  Bretagne  plulîeurs  de 
ces  ladres  Blancs  ,  qu'on  appeloit  Cacots ,  cagots  , 
capots  &c  gabets  j  d'où  plulîeurs  prérendent  qu'eft 
venu  le  mot  de  cagot ,  qu'on  a  appliqué  odieufe- 
ment  &  par  dérifion  à  ceux  qui  menoient  une  vie 
retirée  &  folitaire  ,  comme  font  les  ladres  ;  car  on 
les  obligeoit  à  vivre  à  part  ,  &c  s.  porter  des  cli- 
quettes &  des  barils ,  afin  qu'ils  fullent  connus  ik. 
évités  du  peuple. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  du  Grec  ^«1=^»^,  qui 
fignifie  impudent ,  effronté ,  difforme  ,  honteux.  Les 
Grecs  ont  appelé  cette  maladie  (>.£?«. 7i'i:r,{,  à  caufe 
que  les  ladns  ne  fentent  rien  ,  &  relfemblent  à  l'é- 
léphant ,  qui  eft  prefquc  infenfible ,  à  caufe  de  la 
dureté  de  fa  peau.  Borel  le  dérive  de  Lafre ,  vieux 
mot  François  ,  qui  eft  dérivé  de  La\are  ,  à  caule  que 
Je  Lazare  étoit  chargé  d'ulcères. 

Autrefois  on  appeloit  les  ladres  ,  Lazarcs  ,  comme 
on   le  voit  dans  les  anciens  Statuts  des  Maladrcries 
ou  Hôpitaux  pour   les  ladres.    De  Lazare  on  a  fait 
Lacère ,  Laire ,  ladre.  Le  ^  Se  le  û*  fe  changent  ai 
lément. 
Ladre  ,  fe  dit  d'un  cheval  quia  des  marques  de  ladre. 
ffT  Ce  font  de  petites  taches  naturellement  dégarnies 
de  poil  j  &  de  couleur  brune  ,    autour  des   yeux , 
ou  au  bout  du  nez  ,  ou  même    dans  ces  _deux  en- 
droits tout  à  la-fois ,  avec  une  chair  rouge  ,  plus  ou 
moins  blr.nchâtre  ,  Se  quelquefois  mêlée  de  taches 
obfcures.  Les   m.uques  de  ladre  ,  font  des  indices 
de  la  bonté  d'un  clieval. 
Î-ADRE  j  %aifie  figurémeu:  en  Morale  ,  excelllvemenc 


L  A  E 

avare.  Parcus ,  prxparcus.  Ce  vieux  pédant   eft  un 
ladre  ,  qui  n'a  jamais  donné  à  manger  à  pcrfonne. 
Fi ,  que  cela  eft  ladre  !  'Voilà    une  aétion  bien  la- 
dre. C'eft  un   homme   très  -  ladre.   Il    eft  du  ftylc 
familier. 
Ladre,  fe  dit  auflî  de  ceux  qui  font  infenfibles , tant 
au  phylique  qu'au    moral  ,  au  propre  qu'au  figuré. 
Hebes  ,Jlupidus,  Jlupor.  J'ai  bien  reflenti  ce  coup, 
je  ne  luis  pas   ladre.  Non   mihi  cornca  fibra  ejl.  Il 
faut  que  cet  homme  foit  ladre ,  de  louitrir  tant  de 
brocards    fans  en  témoign'er  du  rcftentimcnt.  11  cft    i 
du  rtyle  familier. 
Ladre  ,  en  Vénerie  ,  le  dit  des  lièvres.  Un  lièvre  la- 
dre ,  c'eft  un  lièvre  qui    habite  aux   lieux    maréca- 
geux. S/U. 
LADRERIE,    f.    f.   Lèpre.     Elephantiafis.     Tous   les 
Agnes  de  la  ladrerie  ont  été  décrits  au  mot  de  iè- 
pre.    Voy.  Lèpre. 
Ladrerie  j  fe  dit  auflî  des  Hôpitaux   où  l'on  reçoit 
les    lépreux.  On    les  appelle   autrement  Maladre- 
rics  ,  Se  Léprofenes.  Leproforum  domus  ,  NofocO' 
mium  y  Xenodûchium. 
Ladrerie  ^   le  dit  figuré-.ncnt  en  Morale  d'une  for- 
dide    avarice.   Sordida  parcimonia  j  fordes.    Je   fuis 
étonné  de  la  ladrerie  de  cet  homme.   C'eft  une  /a- 
</reri£  la  plus  grande  du  monde.    Scar. 

On  dit   proverbialement  ,  la   pauvreté  n'cft  pas 
vice,    mais    c'ell     une    elpèce    de    ladrerie,     cha- 
cun la  fuit. 
LADRESSE.  f.  m.  De  LADRE,   Foyei  ce  mot. 
LADSLA'W.   Foyei  Ladjslas. 

L  A  E. 

LAERCE.  f.  m.  Nom  ou  iurnom  d'homme.  Laer- 
tius.  Diogène  Laerce  a  donné  en  Grec  les  vies 
des  Philofophes.  M.  Ménage  a  fait  une  belle  édi- 
tion de  Diogène  Laerce.  Prononcez  ce  mot  en  trois 
fyllabes  ,  féparant  Va  de  1'«;. 

LAERTE.  Ville  de  la  Cilicie  montagneufe  ,  dans  la 
Pamphilie. 

Laerte.  f.  m.  Fils  d'Arcéfius ,  eft  compte  par  Ap- 
pollodore  au  nombre  des  Argonautes.  Il  étoit  en 
eftét  contemporain  &  parent  de  Jalon.  Il  époufa 
Anticlie  ,  fille  d'Antolicus  j  dont  il  eut  le  célèbre 
Uiyfle. 

LAES.  f.  m.  Efpèce  de  monnoie  de  compte  ,  dont 
on  fe  fert  dans  quelques  endroits  des  Indes  Orien- 
tales ,  particulièrement  à  Amadabath.  Un  laes  vaut 
looooo  roupies,  cent  laes  font  un  crou  ,  &  cha- 
que crou  vaut  quatre  arebs. 

L^TARE.  Terme  du  Bréviaire.  Noin  du  quatrième 
Dimanche  de  Carême,  qui  eft  ainh  marqué  dans 
l'Almanach.  Ce  nom  lui  vient  du  premier  mot  de 
l'Introït  de  la  mellé  qu'on  dit  ce  jour- là.  Lutare , 
Jerufalem. 

§CJ"  LAFFA.  f  m.  Nom  d'un  arbre  qui  fe  trouve 
dans  l'île  de  Madagafcar.  Les  habitans  en  tirent 
des  filamens  femblables  à  du  crin  de  cheval ,  dont 
ils  font  des  lignes  pour  la  pêche. 

L  A  G. 

LAGA.  f.  f.  Sorte  de  fève  rouge  &:  noire  ,  qui  croît 
dans  quelques  endroits  des  Indes  Orientales  ,  & 
qui  en  plufieurs  lieux  fert  de  poids  pour  pcfer 
l'or  Se  l'argent.  Les  Malais  l'appellent  Conduri. 

LAGAN.  f.  m.  Nom  ancien  Se  hors  d'ufage.  Droit 
que  les  valiàux  payoient  aux  Seigneurs  pour  les 
marchandilès  que  la  mer  jette  fur  le  rivage.  Droit 
de  bris ,  droit  que  les  Seigneurs  avoient  fur  les  nur- 
chandifes  Se  les  vailleaux,  qui  .avoient  fait  naufra- 
ge ,  &  dont  la  mer  jettoit  les  débris  fur  la  côte. 
Laganum.  Ce  mot  apparemment  veaoit  de  laga, 
qui  fedifoir  pour  lex ,  loi.  L'ondifoit  d'abord  Laga 
maris  ,  la  loi  de  la  mer  ;  enluite  lagan  maris ,  qui 
fe  trouve  dans  une  chartre  de  Philippe  Augufte.  Foy. 
du  Cange. 

De  la  Morlièrc  dans  fon  Hiftoire  d'Amiens ,  L.i, 


L  A  G 

p.  I ^ ,  l'appelle  le  Langan  delà  mer.  Ce  hit  en  li 
ville  d'Amiens,  &:  c\\  là  hivcur,  que  l'an  1191  ,  Je 
Roi  Philippe  Augulle,  le  Comte  de  Tlandies  j  Phi 
lippe  d'Aliace  ,  Jean  Comte  de  Ponthieii  ,  la  Com- 
tellè de  Boulogne  Idc  ,  Bernard  .Seigneur  de  S.  Valé- 
ry ,  (1\:  Guillaume  de  Caveu  ,  quittèrent  jadis  Se  abo- 
lirent le  lagan  de  la  mer.  Et  les  lettres  ou  l'aéte 
qu'il  en  rapporte,  l'appellent  en  Latin  Lapamans. 
Il  ell  parle  dans  les  regiftres  de  la  Chambre  des 
Comptes  du  XIV  &  du  XV^.  liècle  des  lagans  ,  des 
grands  ôc  petits  lagans  ,  des  gros  lagans.  On  ap- 
prend par  ces  comptes  que  les  grands  lagans  font 
ceux  qui  excèdent  loixante  fous.  Dans  un  compte 
de  l'an  1569,  on  lit  ces  paroles  ^  les  lagans  venus 
par  marée  à  Thormont. 

Ce  mot  le  prend  aulli  pour  les  chofes  mêmes  que 
la  mer  rejeite. 

Le  mot  de  lagan  a  autrefois  figni(îé  en  Picardie 
une  choie  qui  s'étend  au  loin ,  qui  n'ell:  point  bor- 
née ,  ni  rentermée ,  telle  en  un  mot  que  celles  qui 
flottant  fur  la  mer  ,  &  vont  çà  Se  là. 
Lagan.  Nom  d'une  rivière  de  l'Ultonie  ,  en  Irlande. 
Laganus.    Elle   baigne   Dromore  iSc  Bellall  ,    &   fe 
décharge  peu  après  dans  la  baie  de  Carik-Fergus  , 
ou  Knoc-Fergus.  Maty. 
LAGARA.  Nom  de  lieu.  Ce  font  les  ruines  de  l'an- 
cienne Lagarïa  ,   villes   des  Lucains  eu  Italie.   Elles 
font   dans    la    Calabre  citérieure  ,  Iur*a  rivière  da 
Carnillalo  j  environ  à  une  lieue  de  Callàno  ,  &c  \ 
deux  du  golte  de  Tarenrc.  Matv. 
LAGE.  Nom  d'une  petite  ville  ou  bourg  de  la  Seigneu- 
rie de  Roftok  ,  dans  le  Duché  de  Meckelbourg. 
Laga.  Ce  lieu  eft  fur  la  rivière  de  Rebnicz ,  à  qua- 
tre lieues  de  la  ville  de  Rollock,  du  côté  du  midi. 
Maty. 
LAGELAND.  Voye-^  Langeland. 
LAGÉNIE  ,  aujourd'hui  LEINSTER.  Nom  de  Tune 
'    des  quatre  provinces  de  l'Irlande.  Lagenia.  Elle  ell 
bornée  au  nord  par  l'Ultonie  ,  &  au  couchant  par 
la  Connacie  ,  &c  par  la  Mamonie  ;  la  mer  d'Irlande 
la  baigne  au  midi ,  &c  au    levant.  Elle   peut  avoir 
cinquante    lieues  de   long.  Se    vingt- cinq    dans  fa 
moyenne   largeur.    Elle   ell   baignée  par    plulieurs 
rivières  ,  dont  le  Shannon  ,  la  Boyne  &  le  Barrow , 
font  les  principales.  Le  terroir  eli  tort  fertile  ,  quoi- 
que marécageux  en  plulieurs  endroits,  &  les  habi- 
tans  font  en  partie  Irlandois  ,  &  en  partie  Anglois. 
On  divile  cette  province  en  douze  Comtés.  On  en 
trouve  cinq   dans  cet  ordre  en  remontant  le  long 
de  la  côte  du  fud  au  nord;  Wexfor  ,  Wicklo,  Du- 
blin ,   Eaft-Méath  ,  &   Louth.  Les  fept  autres  qui 
font  dans  les  terres  ,  portent  les  noms  de  Longfort , 
de  Wellméath  ,  de  Kings  ,  de  Queens  ,  de  Kilkenny  , 
de  Câtcrlag  &c  de  Kildare.    Dublin   eft  la  capitale 
de  la  province ,  &  de  toute  l'ile.  Maty.  Ce  pays 
s'appelle  Leighnigh  ,  en  ancien  langage  Britannique 
Lein  ,  en   Latin    Lagenia  ,  dans  les  anciennes  vies 
des   Samts  Lagen  ,   &  en  Anglois  Lebijler.   Il  a  la 
forme  d'un  triangle  ,   dont  les   côtés   lont  prefque 
égaux.  Le  côté  qui  s'étend  du  fud  efl:  à  l'oueft  ,  ayant 
environ  80  milles ,  celui  qui  va  de  l'oueft  au  nord'-eft 
70  milles  j   &:   le  troilîcme    qui  eft  le  long  de  la 
mer  d'Irlande  80  milles.  L'air  y  eft  lerein  &  tem- 
péré. C'eft  le  pays  où  Ptolomée  place  les  Brigantes, 
les  Cauques  ,  les  Ménapiens  &  les  Blaincs.   Elle  a 
trois  rivières  remarquables  ,  le  Shour ,  le  Néor  (Sc- 
ie Borrao  ,  ou  Borrow.  Spéed. 
LAGÉNITE.  f  f.  Pierre  qui  reprélente  une  bouteille. 
LAGÉNOPHORIES.  f  f.  pi.  Fêtes  célébrées  à  Alexan- 
drie du  temps  des  Ptolomées.  Elles  étoient  aiulî  nom- 
mées ,  parce  que  ceux  qui  les  célébroient  loupoient 
lut  des  lits    étendus  ,    &    buvoient   chacun  de   la 
bouteille  qu'il  avoit  apportée  de    chez  lui.  C'étoit 
une   fête  qui   n'ctoit  que    pour    le    menu    peuple. 
De  ;i47,.«  ,  bouteille  ,  &   de  pipu  ,  je  porte. 
LAGETTO,  f.  m.    C'eft  le  nom  d'un   arbre   qui  fe 
trouve  dans  les  montagnes  de   la  Jamaïque  ,   dont 
les  feuilles  relfemblent  à  celles  du  laurier.  Sous  la 
B.reinicre  écorce  qui  eft  dure  «Si  brune  comme  celle 
Tome  F. 


L  A  G  ^70 

des  autres  arbres  ,  il  y  en  a  une  autre  qui  paroîc 
blanche  &c  alfez  folidc.  Cette  féconde  écorce  eft 
admirable  en  ce  qu'elle  eft  compoféc  de  douze 
ou  quatorze  couches  qui  s'enlèvent  facilcmenr  les 
unes  des  autres  ,  cV  qui  compcjfcnt  'autant  de  piè- 
ces de  drap  ou  de  toile  ,  dont  le  fervent  les  habi- 
tans.  La  première  de  ces  couches  ',  qui  vient  après 
la  prcmicrc  écorce ,  forme  un  drap  allez  épais  pour 
laire  des  habits.  Les  couches  intérirures  rellem- 
blent  à  du  linge ,  Se  font  propres  à  faire  des  che- 
mifes,  Se  les  dernières  &  celles  des  plus  petites 
branches  fournillcnt  autant  de  toile  de  gaze  ou  de 
dciuclle  très  tîne  qui  s'étend  ou  fe  rellerre  comme  urk 
lezcrau  de  foie.  On  Ht  autrefois  préfent  d'une  cravate  à 
dentelle  de  lagetto  à  Charles  II ,  Roi  de  la  Grande- 
Bretagne. 

LAGHI.  Nom  d'une  ville  de  l'Arabie  Hcureufc.  La- 
gium.EUe  eft  à  trente  lieues  de  la  ville  d'Adcn  , 
vers  l'orient ,  &  environ  à  quinze  de  la  mer  d'Ara- 
bie. Baudrand  dit  que  Lagki  a  Ion  Prince  particu- 
lier. Sanlbn  la  renferme  dans  le  Béglierbéglic  d'A- 
den,  &  Vifchcr  dans  la  Principauté  de  la  Mocca. 
Maty. 

LAGHLYN  ,  LOWGHLYN.  Nom  d'une  ville  d'Ir- 
lande ,  fituée  en  Lagénie  j  fur  le  Barrow ,  dans  le 
Comté  de  Caterlagh,  ÔC  à.  trois  lieues  delà  ville  de 
ce  nom  ,  du  côté  du  midi.  Laglmia ,  Leglinia.  La- 
ghlin  eft  réduit  en  village  y  qui  a  pourtant  féance  Se 
voix  dans  le  Parlemeni:  d'Irlande  ;  fou  Évcché  a 
été  uni  à  celui  de  Fernes.  Maty.  M.  de  Lille 
la  nomme  Léglin. 

LAGIAS.  I.  f.  pi.  Toiles  peintes  très-belles  ,  qui  fe 
fabriquent  &  fe  vendent  au  Royaume  de  Pégu.  Ces 
toiles  lont  11  eftimées  ,  que  par  excellence  on  les 
appelle  Lagïas  du  Roi. 

LAGIDE.  1.  m.  &  f.  Nom  que  l'on  donna  aux  Rois 
Grecs  qui  pollcdèrent  l'Egypte  après  la  mort  d'Ale- 
xandre.   Lagida.    Les  deux  plus   puilTàntes  Mcnar- 

.  chies  qui  fe  foient  élevées  alors  ,  furent  celle  d'E- 
gypte ,  fondée  par  Ptolomée  ,  fîls  de  Lagus  ,  d'où 
viennent  les  Lagides  ;  &  celle  d'Aiie  ou  de  Sy- 
rie,  fondée  par  Séleucus  i  d'où  viennent  les  Séltu- 

cidcs.  BoSSUET. 

LAGNIEU.  Petite  ville  de  France  ,  dans  le  Bugey,  au 
Dioccie  de  Lyon  ,   fur  le  bord  du  Rhône. 

LAGNY.  Nom  d'une  petite  ville  du  gouvernemenc 
de  l'Ile  de  France.  Latuûacum.  Elle  eft  dans  la  Brie 
Françoile  ,  fur  la  Marne  ,  entre  Paris  Se  Meaux  , 
environ  à  lix  lieues  de  la  première ,  Se  à  quatre  de 

•  la  dernière.  Lagny  a  titre  de  Comté ,  &  une  Ab- 
baye célèbre  de  Bénéditlins.  Maty.  L'Abbaye  de 
Lagny  fut  fondée  par  S.  Fourfy  dans  le  VII  lîècle. 
Long.    20    d.    io' ,  lat.  48  d.    jo'. 

LAGON.  I.  m.  Terme  de  Relation,  Efpéce  de  lac.  Il 
y  a  dans  la  nouvelle  Eipagne  un  Lagon  qui  ren- 
ferme trois  lies  ,  toutes  trois  proche  de  Ion  em- 
bouchure :  il  aboutit  par  fon  autre  extrémité  dans 
la  rivière  de  Veftaqua. 

Lagon.    Voye\  Lagan.  Rivière, 

LAGONÉGKO.  Lacus  niger.  Nerulum.  C'étoit  an- 
ciennement une  petite  ville  de  la  Lucanie  en  Ira- 
lie  ;  cev  n'cft  maintenant  qu'un  village  litué  dans  la 
Balilicate  ,  entre  les  lources  du  Gino  Se  du  Négro  _, 
à  trois  lieues  de  la  ville  de  Policaftro ,  du  côté  du 
Levant.  Maty, 

LAGOPHTALMIE.  (.  f.  Terme  de  Médecine  &  de 
Chirurgie.  Maladie  des  paupières  ,  qui  confifte  en 
ce  que  la  paupière  fupérieure  eft  retirée  tellement  , 
que  l'œil  ne  peut  être  fermé  entièrement ,  6e  de- 
meure ouvert  en  dormant.  Lagopthalmos. 
Ce  nom  eft  compofé  de  deux  mots  Grecs,  >,uyli , 
lièvre  ,  Se  ;.p««W«  ,  œil  §3^  parce  qu'on  dit  que 
les  lièvres  dorment   les  paupières  ouvertes. 

Ucr  LAGOPOS.  Il  y  a  en  Laponie  une  efpèce  d'oi- 
feau,  que  les  Lapons  appellent  Snyeuripo_,  &  que 
les  Grecs  appelloicnt  Lagopos ,  de  la  golfeur  d'Une 
poule.  Cet  oifeau  a  pendant  l'été  fon  plumage  gris  , 
de  la  couleur  du  Faitan  ,  &  l'hiver  il  eft  extrêm&- 
ment   blanc ,  comme  prelque  tous   les  animaux  de 

Bbb  ij 


3B0  L  A  H 

ce  pays.  Il  eft  d'un  goût  plus  excellent  que  la  per- 
drix. Il  annonce  par  les  cris  qu'il  doit  tomber  de 
la  neige.  Regn.  Voye^  De  Lap. 

XAGOPUS.  f.  m.  Lagopus.  Plante  qui  ell:  une  ef 
pèce  de  trérie.  Ce  mot  eft  Grec  ,  il  vient  de  ^-«-/af , 
lièvre  ,  &  de  3J-5  ,  pie.  On  l'appelle  aulll  pie  de 
lièvre.  iToye'^  Pié  de  LiÈvre. 

LAGOS ,  &  non  pas  Lago.  Nom  d'une  ancienne 
ville  4u  Portugal.  Lagium  ,  Lacohriga,  Lancobnga  , 
Lancobrica.  Elle  ell  lur  la  côte  méridionale  du 
Royaume  d'Algarve  ,  environ  à  cinq  lieues  de  la 
ville  de  Silves  ,  &  du  cap  de  S.  Vincent.  Lagos 
eft  uiie  ville  fortiiîée  ,  &  détendue  par  une  cita- 
delle. Elle  a  un  bon  port ,  &  elle  eft  capitale  de  la 
Commarca  de  Lagos  ,  qui  eft  la  partie  occidentale 
del'Algarve,  &  qui  n'a  point  d'autre  lieu  conhdé- 
rable  que  la  ville  de  Silves.   Maty. 

|t3"  LAGOW.  Ville  de  la  petite  Pologne  ,  dans  le  Pa- 
latinat  de  Sendomir. 

LAGUE.  f.  f.  Terme  de  mer.  C'eft  l'endroit  par  où 
un  vailliau  palfe.  Venu-  dans  la  lague  d'un  vaillbau  , 
c'eft  venir  dans  les  eaux ,  dans  fon  liUage. 

I.AGULA.  Nom  d'un  bourg  de  la  Natolie ,  en  Allé. 
Liigula.  Il  eft  lur  la  mer  Noire  ,  à  fept  lieues  de 
Pendarachi.  Quelques  -  uns  y  mettent  l'ancienne 
Acone  ,  ou  j4con£  ,  petite  ville  de  la  Bithynie  ,  que 
d'autres  placent  à  Naxio  ,  village  qui  fert  de  port  à 
Pendarachi.  Maty. 

Lagula  ,  eft  aulll  un  ancien  bourg  de  la  Narolie.  La- 
gula  ^  Calinda  ,  Calymna  ,  Calïdna.  Il  eft  dans  le 
■  Manteleli  j  lur  le  golfe  de  Macre.  Maty. 

LAGUNA  ,  ou  San -Chriftoval  de  la  Laguna.  Nom 
d'une  petite  ville  de  l'île  de  Ténérife.  Lacus  j  Fa- 
num  ,  ou  Oppidum  Sancli  Chrijîophori  de  Lacu.  Elle 
eft  au  pié  du  Pic  de  Ténérile  ,  près  d'un  lac  d'où 
elle  a  pris  Ion  nom.  La  Laguna  eft  capitale  des 
Canaries  ,  &  le  Gouverneur  de  ces  lies  y  tait  la 
réfidence  ordinaire. 

LAGUNE,  f.  f.  Lacus.  Petit  lac.  Ce  mot  n'eft  d'u^ 
fage  qu'au  pluriel.  Lagunes  de  Venife.  C'eft  le  nom 
que  l'on  donne  aux  divers  canaux,  ou  aux  courans 
d'eau  qui  partagent  la  ville  de  Venife,  &  aux  lieux 
marécageux  dans  l'État  de  Venile.  Le  flux  &  le 
reflux   eft   lenlible  dans  les  Lagunes  de  Vcnilc.   S. 


Didier. 


L  A  H. 


LAHÉLA.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte,  nom- 
mée autrement  Chale  ,  ou  Hala ,  li  l'on  croit  San- 
fon.  Lahela.  Elle  ctoit  dans  la  partie  lejtentrionaic 
de  l'Aflyrie  propre  ,  fur  les  confins  de  la  grande 
Arménie  ,  non  loin  du  fleuve  Gofm.  P.   Lubin. 

LAHEM.  Nom  d'une  ville  dont  il  eft  parlé  au/,  des 
Parai.  IV^  22.  Lahem,Lehcm,Lechem.  C'eft  la  même 
que  Bethléem,  comme  l'ont  montré  Sanclius,  Cor- 
nélius à  Lapide,  &  Tirin,  parce  que  fouvent  les  Hé- 
breux ôtent  par  aphérèle  une  partie  des  noms  pro- 
pres. Ainfi ,  l'on  trouve  Ram  pour  Aram  ,  Chonias 
pou;  Jechonias  ;  &:  au  même  L.  L.  des  Parai.  XX.  f. 
Léhcmite  en  Hébreu  eft  traduit  Béthlémite  par  S.  Jé- 
rôme. 

LAHOLM.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Suède.  Lahol- 
mia.  Elle  eft  dans  la  Province  deHallandj  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  Laga  dans  le  Cattégatj  à 
trois  lieues  d'Halmftat  vers  le  midi.  Laholm  a  une 
citadelle  &  un  bon  port.  Maty.  Les  habitans  la 
namxwtnx.  Laa  Holm.  Long.  50.  d.  iS'j  lat.  '^6.  d.  ;6'. 

LAHOR.  Nom  d'une  ville  de  l'Empire  du  Mogol  en 
Aile.  Lahorium.  Elle  eft  capitale  du  Royaume  dePen- 
gab,  dont  elle  porte  quelquefois  le  nom,  &c  lituée 
fur  la  rivière  de  Ravey  ,  à  foixante-quinze  lieues  de  la 
ville  de  Delli,  vers  le  nord  occidental.  Cette  ville  eft 
une  des  plus  grandes  de  l'Aile  ,  quelques  uns  lui  don 
nent  vingt  lieues  de  circuit,  &  d'autres  vingt-quatre i 
,pcut-ètie  ne  lout  ce  que  de  petites  lieues  de  France  -, 
ce  qui  fait  encore  un  terrible  amas  de  bâcimcns.  Il  y 
a  une  foit  grande  citadelle  &  un  beau  Palais,  où  le 
grand  Mogol  fait  quelquefois  fa  réfidence.  Au  refte  , 
on  croit  que  Lahor  eft  l'ancienne  Ducephala  ou  Aie- 


L  A  I 

xandria  Bucephalos ,  qu'Alexandre  le  Grand  eut  la 
foiblelfc  de  faire  bâtir  à  l'honneur  de  fou  cheval  Bu- 
céphale.  Maty.  La  ville  de  Lahor  eft  lituée  fous  les 
trente-trois  degrés  de  latitude  ,  &  les  cent  dix-neuf 
degrés  quarante  minutes  de  longitude. 

LAHOR,  Royaume.   Voye^  Pengab. 

LAHRA.  Nom  d'une  ville  d'Allemagne.  Lahra.  Cette 
ville  a  eu  tes  Seigneurs  particuliers ,  qui  1  ctoient  aulli 
de  ion  territoire.  Il  n'y  a  pas  long  tems  que  le  dernier- 
étant  mort  lans  enfans  mâles  ,  le  Marquis  de  Dourlac, 
qui  avoir  époulé  l'héritière  àt  Lahra  ^  la  réunit  à  Tes 
autres  domaines. 

LAI. 

LAI ,  LAIE.  adj.  Par  corruption  du  mot  laïque  ,  qui 
n'eft  point  engagé  dans  l'Ordre  eccléliartiquej  Laicus,  • 
Un  frère  lai,  eft  un  homme  dévot  &  non  lettré,  qui--^ 
s'eft  donné  à  quelque  Couvent  pour  fervir  Dieu  &  les  ' 
Rehgieux ,  qui  a  un  habit  diftérent  du  leur ,  qui  n'en- 
tre point  dans  le  chœur ,  ni  dans  le  chapitre ,  c(ui  n'eft 
point  dans  les  Ordres ,  &  qui  a  feulement  tait  vœu  de 
ftabilité  &  d'obéilîance.   Frère  lai  le  prend  aulîî  pour 
un  Religieux  non  lettré,  qui  a  foin  du  temporel  &  de;' 
l'extérieur  ,  de  la  cuiline  ,  de  la  porte ,  te.  Il  y  a  aufli'. 
des  frères  lais  qui  font  les  trois  vœux  de  Religion. 
On   appelk   fœurs   laies  plus   ordin.iiremenr  fœtus 
coRveries  ,  dans  les  mailons  des  tilles ,  celles  qui  pa- 
reillement n'entrent  point  dans  le  chœur  6c  qui  Icnc 
reçues  pour  le  lervice  du  Couvent. 

C'eft  en  l'onzième  fiècle  que  commença  1  inlli- 
tution  des  frères  lais  ou  laies  ;  c'eft  à  dire  ,  des  Reli- 
gieux qui,  étant  fans  lettres  j  ne  peuvent  devenir 
Clercs  ,  oa  qui  ayant  étudié  &  pouvant  entrer  dans 
les  Ordres ,  y  renoncent  par  humilité ,  Se  font  uni- 
quement deftinés  au  trav.iil  corporel  &  aux  œuvres 
extérieures.  Les  premiers  qui  prirent  de  ces  frères 
lais,  turent  les  Moines  de  Vallombreufe  ,  enfuite 
ceux  de  Hirlange.  S.  Gualbert  eft  le  premier  qui  ait 
inftitué  des  frères  lais  dans  fon  Monaftère  de  Vallom- 
breufe, fondé  vers  l'an  1040.  L'Abbé  Guillaume  eft 
marqué  dans  fa  vie  comme  Inftittiteur  de  cette  efjsèce 
de  Religieux.  Les  Chartreux  en  eurent  aulli  dans  le 
même  hècle ,  comme  marque  Guibert  de  Nogent ,  & 
les  nommèrent  frères  barbus.  Cette  inftitution  feni- 
ble  être  venue  de  ce  que  les  laïques  dans  ce  tems-là 
n'avoient  la  plupart  aucune  teinture  des  lettres,  & 
n'apprenoient  pas  même  à  lire  :  d'où  vint  aulli  que 
l'on  appela  Clercs  ceux  qui  avoient  étudié ,  qui  fa- 
voient  quelque  choie.  La  Langue  Latine  n'étant  donc 
plus  vulgaire  comme  elle  étoit  du  tems  de  S.  Benoît,-; 
il  ctoit  prefqu'impoflible  aux  la'iques  d'apprendre  les 
pkaunies  par  cœur,  &  de  profiter  des  lectures  qui  I 
tailoient  dans  l'Eglifc  :  ainii  on  les  appliqua  au  trava 
&  aux  offices  domeftiques.  Voye'^  Convers. 
Lai  a  été  aulli  adjettif,  &  lignifioit,  qui  eft  du  peuplej 
qui  n'a  nul  degré  :  du  L.atin  Laicus ,  qui  a  été  tait  du 
Grec  Àuc; ,  peuple.  C'eft  de  là  qu'on  trouve  dans  Vi- 
génère,  li,  laie  gens,  pour  dire,  les  lais,  le  petit 
peuple.  Il  eft  aulli  fubftantif.  Les  clercs  Se  les  lais. 

On  l'a  dit  aulli  pour  laid ,  nviuvais. 

Ec  puis  aurons  vin  qui  n'ejl  mie  lai. 

On  appelle  aulli  Moine  lai ,  un  obl.it  ou  foldat  ef- 
tropié  qui  a  un  brevet  du  Roi  pour  demeurer  dans  un 
Bénélice  de  fondation  Royale.,  où  on  lui  doit  fournir 
une  portion  monacale  pour  fa  fubliftance.  /-'"ojeç 
Oblat.  Il  eft  tenu  de  balayer  les  cours  Se  de  fonnec 
les  cloches.  Maintenant  on  a  converti  cette  portion 
en  argent,  ou  en  penlion  de  cinquante  écus  par  an, 
qu'on  paye  à  l'Hôtel  des  Invalides, 

On  appelle  aulli  Cour  laie  ,  une  Juftice  temporelle 
&:  fécuiière.  \]n  Confeiller  lai,  eft  un  Confeiller  qui 
n'a  point  de  c'éricature  :  &  un  Patron  lai ,  c'eft  un 
laïque  qui  a  fondé  quelque  Bénéfice  avec  réferve  du 
patronage  j  Se  fans  le  contentement  duquel  le  béné- 
fice ne  peut  être  réligné ,  ni  conféié. 
Lai.  f.  m.  Vieux  mot,  qui  lignifie,  complainte,  do- 


L  A  I 

lé.mce.  Querimonla.  C'eft  auJÎI  une  forte  dt;  vieille 
Pociic  l'iaïK^oill-,  fajte  de  pecits  vers.  Elegïa  Callica  , 
Icjj'us.  Il  y  avoir  de  deux  foites  de  lais  y  le  giand  tic  le 
petit.  Le  gr.ind  lai  étoit  un  Poème  eompole  de  douze 
couplets  de  vers  de  ditîerentc  mehire,  du-  deux  ri- 
mes. Le  pcûlLai  étoit  un  Poëme  de  leiz-e  ou  de  vingt 
vers,  divilc  eu  quatre  couplets ,  prefque  toujours  fur 
deux  rimes.  Ces  lais  étoient  la  Poëlie  Lyrique  de  nos 
vieux  Poètes  François,  &  parce  qu'il  y  avoit  un  vers 
plus  petit  que  les  autres  qui  fînilloit  chaque  couplet  ^ 
ils  appeloient  cette  (orte  de  Poëme  arbre  fourchu. 
Alain  Chartier  a  tait  de  grands  lais  ,  &  Molinet  en  a 
compolé  de  petits.  On  s'en  (ervoit  particulièrement 
en  fujets  graves  &  trilles,  &  on  prétend  qu'ils  ont  été 
f.iits  fur  le  patron  des  vers  trochaïques  des  Tragédies 
Grequcs  &  Latines.  Des  Lais  plaintifs.  Voici  l'exem- 
ple d'un  lai  rapporté  par  le  P.  Mourgues  dans  Ion 
Traité  de  la  Poëfie  Fraucoife, 

Sur  l'appui  du  monde 
Que  jaut  il  qu'on  fonde 

D'efpoir? 
Cette  mer  profonde  , 
En  débris  féconde  , 

Fait  voir 
Calme  au  matin  ,  l'onde  i      , 
Et  l'orage  y  gronde 

Le  foir. 

Ce  mot  vient  de  leffus. 
Lai,  s'ell  dit  autrefois  en  termes  de  Monnoies,  pour 
loi,  alloi.  Dans  l'Hilloire  de  Bretagne j  T.  IL  page 
lOjj.  Cy  enfuivent  les  noms  de  ceux  qui  ont  prêté 
au  Duc  pour  la  fomme  de  dix  mille  livres  tournois, 
bonne  monnoie,  à  6  den.  de  laij  &z  6.  liv.  8  den.  de 
taille. 
LAÏANS.  Vieux  mot.  Là  dedans. 
LAJAZZO ,  ou  AJAZZO.  Nom  d'une  ville  de  la  Na- 
tolie.  IjfuSy  Adjacium.  ^£  eil  dans  la  partie  occi- 
dentale du  Béglierbéglk  JRlep  ,  au  feptentrion  d'A- 
lexandrette.  Elle  a  un  bon  port.  On  écrit  aullî  Ad- 
ja\\o  tk  AjaccLO. 

Le  golfe  de  Laja\-[o  eft  un  golfe  de  la  Méditerra- 
née, entre  les  côtes  de  Syrie  ,  de  l'ancienne  Cilicie  & 
de  l'Ile  de  Chypre.  Adjacii  Sinus ,  autrefois  Sinus 
IJJlcus.  Il  prend  maintenant  Ion  nom  de  ia  ville  de 
Lajar{o  ,  qui  eft  lur  les  bords. 

Lajaiio  j  ou  Aja\\o  ,  ou  comme  Sanfon  écrit, 
Adiaiio  y  ell  encore  une  ville  de  l'Ile  de  Corfe,  qui 
en  a  été  autrefois  capitale.  Adjacium ,  ancienrjement 
Urcinium.  Elle  eft  fur  la  côte  occidentale  de  l'Ile,  au 
bord  d'un  golfe  qui  porte  fon  nom. 
^.AÏC  ,  QUE.   Foyei  Laïque. 

iJCTLAÏCAL,  ALE.  adj.    Qui  concerne  les  Laïques. 
Diime  féodale,  /.«iw/e  &  patrimoniale.   Ce  mot  eil 
de  peu  dulage. 
LAÏCHE.  f.  f  Efpèce  d'herbe  qui  croît  dans  les  prés ,  & 
qui,  fe  mêlant  avec  le  foin  ,  blelfe  la  langue  des  che- 
vaux. Ce  foin  ne  vaut  rien ,  il  eft  tout  plein  de  lai- 
ches.    Sparganium. 
Laîche.  f.  f.  Vieux  mot.  Lame  de  fer.   Lamina.  Une 
Ordonnance  de  Jean  Duc  de  Bretagne  de  l'an  1425  , 
porte  :  Ceux  qui  fautont  tirer  de  l'arc,  qu'ils  ayent 
arc  ,  troulTe ,  cappeline  ,  couftille ,  hache ,  ou  mail  de 
pion  ,&  (oient  armés  de  forts  Jacques ,  garnis  de  laî- 
chcs  ,  chaînes  ou  mailles,  pour  couvrir  les  bras.  Hijl. 
de  Bret.  T.  IL  p.  pçp.  On  dit  encore  en  Bretagne 
une  laîche  de  beurre.  Lobin.  Gloff.   Les  bras  cou- 
verts de  laîches  6c  mailles  de  fer.  Ih.p.  2po. 
LAICHEU.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Laicheum. 
Elle  elt  la  lixicme  de  la  Province  de  Quantung  ,  &  fi- 
tucc  près  de  la  côte  où  elle  a  un  bon  port ,  vis-à-vis  de 
la  ville  de  Hainan.  Laicheu  tiï  capitale  d'un  territoire 
où  il  y  a  fix  autres  villes.    Maty. 
LAICTOURE.  Foyc^  Lectoure.  ^ 
LAICOCEPHALE.  f.  m.  &  f.  Hérétique  qui  reconnoit 
un  laïc  pour  chef  de  l'Églife.  Laicocephalus  ,  a.  On  a 
donne  quelquefois  ce  nom  aux  Anglicans ,  dont  Sam- 
fon  &  Morjfon  étoient  les  cli^efs ,  parce  qu'ils  étoient 


LAI  381 

obligés  de  rcconnoître  le  Roi  du  lieu  où  ils  vivoient, 
pourchefde  la  Religion.  /^ yyt;?  Sanderus,  Ilcréf.i20. 
Ce  mot  ell  Grec ,  compolé  de  /«/»« ,  laïc ,  Hc 
y.i'pa.M ,  tête. 
LAID,  LAIDE,  adj.  c'c  f.  Dcformis.  Difforme,  qui  a 
quelque  défont  remarquable  dans  les  proportions  ou 
dans  les  couleurs  requiles  pour  la  beauté,  qui  a  des 
figures  ou  une  qualité  défagréablc  à  la  vue  ou  à  l'idée 
que  nous  ikjus  lommcs  formée  du  beau.  Rigaud  ,  dans 
(its  notes  kir  Tertullien  j  a  dit  que  Jésus-Christ 
étoit  laid ,  ôc  le  P.  Vavalleur  l'a  réfuté  par  un  livre 
intitulé  :  £>e  forma  Ckrijii.  Cette  laide  avec  fes  ri- 
cliclles ,  ne  peut  avoir  que  des  adorateurs  mercenaires. 
S.  ÉvR.  Une  femme  laide  &  ajuftée  en  paroit  encore 
plus  laide.  Guillerague  difoit  hier  que  Pélillon  abu- 
ïoit  de  la  pennillion  qu'ont  les  hommes  d'être  laids. 
Mad.  Di  Siv. 

Une  belle  fe  damne  j  on  la  preffe  ,  on  l'enflamme  , 

On  fait  contre  elle  cent  efforts  : 
Afin  de  vousfauver,  le  Ciel  a  mis  votre  ame 

En  sûreté  dans  un  laid  corps.  Bens. 

§3"  Les  idées  de  la  laideur  varient  comme  celles  de  la 
beauté,  lelon  les  temsj  les  lieux  &  le  caradtère  des 
Nations.  Les  nés  camus  lont  lûids  en  France  &  beaux 
en  Ahique.  On  dit  par  injure  à  une  femme  qu'elle  eft 
laide  comme  une  guenon ,  que  c'eft  une  laide  bête  , 
qu'elle  eft  laide  à  faire  peur,  qu'elle  eft  richement 
laide  ;  à  un  homme ,  que  c'eft  un  laid  magot ,  un  laid 
mâtin  ;  à  un  enfant.  Fi ,  qu'il  eft  laid. 

(CFLaid,  le  dit  aullI  des  animaux  qui  font  mal  confor- 
més par  rapport  aux  autres  de  leur  elpcce.  On  dit 
d'un  chien ,  qu'il  eft  laid  ,  bien  laid.  On  le  dit  encore 
de  ceux  donc  la  conformation  ou  la  figure  paroit 
défagréable.  Le  hibou  eft  un  laid  oifeau.  Le  linge  , 
l'ours  J  &c ,  lont  de  laids  animaux,  Fcedum ,  immua- 
dum  animal. 

Laid  ,  fe  dit  tamilièrement  pour  vilain.  Triftis ,  ingra- 
tus.  Il  habite  dans  une  /jic/d  maifon.'Il  a  amené  une 
laide  mode.  Voilà  une  laide  garniture.  L'hiver  eft 
une  laide  laifon.  Le  tems  n'eft  pas  laid ,  on  peut  s'al- 
ler promener. 

Laid  ,  fe  dit  figurément  &■  familièrement  en  chofes  mo- 
rales. Turpis.  Il  y  a  du  laid  &  du  beau  dans  cette 
Comédie _,  dans  ce  tableau,  dans  cette  broderi.e.  Il 
n'y  a  rien  de  plus  laido^nn.  le  vice  &  la  crapule,  que 
l'ivrognerie  &  l'impureté. 

^3° On  obferve  dans  le  Did.  Encyc.  que  le  mot  de  laid 
ne  convient  pas ,  du  moins  quand  on  parle  avec  no- 
blelîe  &  précifion ,  lorfqu'il  eft  queftiun  d'exprimer  la 
privation  des  qualités  qui  nous  rendroient  agréables 
les  êtres  inanimés ,  &  qu'on  ne  doit  pas  dire  une  laide 
mode  ,  une  laide  maifon  :  de  même  quand  il  eft  ap- 
pliqué aux  êtres  moraux,  &  que  dans  ce  cas  il  iaut  le 
îervir  d'une  autre  épithcte ,  ou  d'une  périphrale.  Cette 
oblervation  paroît  jufte  ,  &  je  ne  croîs  pas  qu'on 
puiiîe  s'en  feiTir  dans  ces  deux  cas,  hors  du  dilcours 
familier. 

|t3*  L'Auteur  de  l'obfervation  ajoute  que  laid  fe  dit  des 
efpèces  trop  diftercntes  de  celles  qui  peuvent  nous 
plaire ,  &  difforme ,  des  individus  qui  manquent  à 
l'excès  des  qualités  de  leur  efpèce.  Laid  luppofê  des 
défeuts;  difforme  fuppofe  des  défeéluoJués.  Cela  n'eft 
pas  clair. 

IJCTLaid,  eft  une  terme  générique,  qui  s'applique  à 
tout  ce  qui  a  des  qualités  défagréables  à  la  vue ,  ou 
contraires  à  l'idée  que  nous  nous  formons  de  la  beau- 
té, à  tous  les  animaux  qui  ont  quelque  déhut  dans 
les  proportions  ou  dans  les  couleurs  requifes  pour  la 
beauté  ;  à  tous  ceux  qui  fout  mal  conformés  par  rap- 
port aux  autres  de  leur  efpèce ,  &  à  quelques  uns  donc 
la  conformation  nous  paroît  délagréable  par  elle-mê- 
me. On  l'applique  de  même  aux  difiérentes  parties 
d'un  corps  animé.  Un  homme  laid,  une  femme 
laide,  des  mains  laides ^  une  gorge  laide.  On  dit  d'un 
chien,  comparé  avec  ceux  de  fon  efpèce,  que  c'eft 
une /tzii/t;  bête.  On  dit  d'un  oufs,  lans  aucune  com- 
paraifon ,  que  c'eft  un  laid  animai  ;  d'un  hibou ,  que 


382  LAI 

c'efl:  un  laid  oikau  :  au  lieu  que  difforme  ne  s'appli-  I 
■que  qu'aux  choies  qui ,  par  une  mauvaile  conforma-  j 
don  ,  par  un  arrangement  extraordinaire   de  leurs 
parties,  ont  une  ligure  qui  s'éloigne  aiîèz  de  la  ni 
tutelle  ,  pour  choquer  la  vue.  l^oyei  Difforme. 

On  dit  provcrbiaiement  qu'il  n'y  a  point  de  belle 
prifon,  ni  de  laides  amours. 

LAID,  Si  LAIT.  f.  m.  '^/ieux  mot  qui  lîgnifie  injure  j 
atiî-ont.  Injuria,  contumdui.  Quiconque  che  Ibit  a 
qui  on  fâche  lait ,  5c  chil  à  qui  on  fait  le  lait ,  fe  de- 
fent  encontre  chelui  qui  li  fut  le  lait,  il  ne  doit  point 
d'amende ,  &c.  Us  d'Amiens. 

LAIDANGE.  f.  f.  Opprobria.  'Vieux  mot  qui  fe  trouve 
dans  les  Hiftoires  &  dans  les  Coutumes.  Le  mot  de 
laidange  ilgnific  des  injures  verbales  ,  ikfquelles  cehu 
qui  avoit  injurié  à  tort ,  fe  devoit  dédire  en  Jufticc  en 
fe  prenant  par  le  bout  du  nez.  Sounnr  moult  de  lai- 
dan^^es  &c  de  reproches  vilaines.  Le  Mir. 

Vers-Jirc  cheminente  grant  erre. 

Pour  faire  au  Comte  Gui  laidanges.  Guiart. 

Ce  mot  vient  du  Grec  Ao.'^.pû»,  qui  fignific  injurier. 
Du  Cange  dit  que  le  mot  de  laid,  oude  laidange , 
vient  de  lada  &  ladare  ,  vieux  mot  qui  fe  difoit  autre- 
fois quand  la  loi  permettoit  de  fe  purger  de  certains 
crimes  &  vilaines  adions  par  le  ferment  de  pluiieurs 
perfonneSj  dont  le  nombre  (e  proportionnoit  à  la 
qualité  du  crime  ,  &  à  la  réputation  de  l'acculé.  Ainli 
on  difoit,  inné  laid ï  quelqu'un,  pour  dire  lui  taire 
injure ,  &c  l'obliger  à  fe  purger  par  ces  lortes  de  Icr- 
mensj  qu'on  appcloit  dans  la  balle  latinité /a^^ii ,  & 
en  François  laid,  dont  il  eil  fait  mention  dans  la  Cou- 
tume d'Amiens. 

LAIDANGER.  v.  a.  Vieux  mot,  qui  fignifie  injurier  de 
paroles ,  dire  des  laidanges.  Conviciari. 

LAIDANGIER.  v.  a.  Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans  des 
titres  de  l'Kiftoire  de  Bretagne  ,  fynonyme  de  lai- 
danger.  Pudore  afflcere ,  Conviciari,  contumeliù  ajfi- 
cere  ,  prohris  onerare. 

Ces  mots  viennent  du  vieux  mot  Breton  llaid ,  qui 
fignifie  de  la  boue,  ou  de  llad ,  qui  llgniiîe  tuer.  Lo- 
BiN.  Hifl.  de  Brct.  Glo[l'. 

tAIDER  &  LAEDER.  f.  m.  Terme  de  Coutdmes.  Les 
laidcrs ,  ou  laedcrs ,  font  les  Collecteurs  d'un  certain 
droit  appelé  laide  ;  ceux  qui  le  lèvent  Leidarii ,  Leuda- 
rii.  Voyez  de  la  Thomaflîère,  Coût,  de  Berry. 

LAIDERON,  f.  f.  Invenujîa.  C'eft  ainlî  qu'on  appelle , 
dans  le  difcours  Familier,  une  jeune  f.Ue  ou  une  jeune 
femme  qui  eft  laide ,  mais  qui  n'eft  pas  pour  cela  lar.s 
agrémens.  Ce  jeune  homme  a  époufe  une  petite  lai- 
deron qui  fait  la  belle  &  la  coquette.  C'eft  un  laide- 
ron qui  ne  déplaît  pas. 

H  y  en  a  qui  difent  laidronne.  Ces  pauvres  laidron- 
nes  s'ajuftoient  tout  de  leur  mieux.  La  Suze. 

LAIDEUR,  f.  f.  Qualité  de  ce  qui  eft  laid.  C'efl:  l'op- 
polédebeau.  Dejormitas.  Lu  laideur  ëc  la  beauté  dé- 
pendent du  caprice  &  de  l'imagination  des  hommes. 

Son  extrême  laideur  la  force  d'être  fage  , 
Et  le  feul  dcfcfpoir  fait  fa  dévotion.  Gom. 

Laideur  ,  fe  dit  aulîî  figurément  en  Morale  des  vices  & 
des  aclions  vicieuies  &  malhonnêtes.  Turpitudo.  La 
laideur  à'une  aétion.  La  leule  laideur  du  vice  nous  en 
devroit  dégoûter. 

LAIDIR.  v.  a.  Vieux  mot  qui  fignilîe  faire  laid  ,  laidin- 
ger  ,  laidir.    Voyez  ces  mots. 

LAIDURE.  f.  f.  Souillure,  difformité.  Gloff.  fur  Ma- 
rot.  Il  eft  vieux. 

LAIE.  f.  f.  Jper  fœmina  ,  porca  fera.  Terme  de  Challe. 
La  femelle  d'un  fmglier  ,  ainli  nommée,  parce  que 
les  Chalîeurs  la  laillcnt  pour  frire  des  petits.  f^oye~ 
Sanglier. 

Laie  ,  en  termes  d'Eaux  &  Forêts,  efî;  une  rourc  coupée 
dans  une  forêt.  S emita,  callis ,  trames.  Il  eft  permis 
aux  Arpenteurs  de  faire  des  laies  de  trois  pieds  pour 
porter  leur  chaîne  ,  quand  ils  en  ont  beloin  pour  u- 
pcnter  ou  marquer  les  coupes.  L-îOrdonnance  défend 


L  A  1 

aux  Gardes  d'enlever  le  bois  qui  a  été  abattu  pour  faire 
des  laies.  On  écrivoit  autrefois  lée ,  d'où  elt  venu  le 
mot  à' allée  dans  les  jardin? ,  comme  qui  diroit  lée. 

Ce  mot  eft  formé ,  à  lata  via ,  vel  quod  lattri  agri 
aut  fylvA  adjaceat.  On  trouve  aufli  dans  les  vieux  ti- 
tres lada  ,  leia ,ëc  lia,  en  femblable  lignification. 

LaiEj  lîgnifioit  autrefois  en  vieux  François,  une  foret, 
d'où  vient  le  nom  de  S.  Germain-en- Zjie.  Silva. 
Dans  les  vieux  titres  Latins  j  on  l'appelle  laya.  Ce 
mot  a  encore  fignifié  plus  particulièrement  autrefois 
une  certaine  quantité  de  bois,  un  certain  efpace  de 
forêt. 

Laie.  Nom  d'une  forêt  de  France.  Lediafylva,  Se  en- 
luite  Lea ,  Leia  ,^  Laia  &c  Loia.  La  foret  appelée  Laie 
s'étendoit  dans  1  lie  de  France  ,  depuis  S.  Germain  juf- 
qu'à  Poilfy ,  &  c'eft  de  là  que  S.  Germain  eft  appelé 
S.  Germain -en  Zaye.  On  met  dans  cette  forêt  la 
Grange  de  Saint  Louis,  les  Loges,  Vaux,  le  Mefnil, 
la  Muette  &  S.  Germain.  Foye^  Hadr.  Valef.  Notit, 
Gai.  page  26 û .  J^oye^  Laie. 

Laie  _,  en  termes  de  Maçonnerie,  eft  un  inarteau  de 
Tailleur  de  pierre,  bretelé  &  dentelé,  qui  laiffe  fur 
les  pierres  taillées  des  rayes  oubretures  qui  s'appellent 
aulli  laies.  Malleus  denticulatus. 

Laie.  Terme  de  Coutumes.  Laies  à  cenfes,  font  At& 
baux  d'hérit.ages  à  rente ,  foit  que  la  rente  foit  perpé- 
tuelle ,  foit  qu'elle  loit  pour  quatre  vingt  dix  neuf 
ans,  ou  pour  un  moindre  tems.  De  Lauriere. 

Laie,  nom  de  peuple.  T'^oye-^  Lao  ,  Royaume. 

LAIER.  J^'oyei  Layer. 

LAIETTE,  LAIETTIER  ,  LAIEUR.  Foyei.  Layet- 
te. &c. 

LAIGNE.  f.  m.  Vieux   mot.  Bois,  du   Latin  Lignum. 

LA  IN.  adj.  Vieux  mot.-  Lent. 

LAINAGE,  f.  m.  Marchandife  de  laine.  Négoce  qui 
le  fait  des  laines.  Lanea  merces.  Ce  Marchand  fait 
grand  trafic  de  lainage. 

Lainage  ,  ou  Lanage.  1.   m.    Façon  que  l'on  donne 


aux  draps  &  autres  étqiàs  de  lainerie  ,  en  les  tirant 
poWy 

cium  ,  lanificium. 


avec  des  chardons  poffy  faire  venir  le  poil.   Lani- 


§C?  Lainage  ,  le  dit  aullî  du  droit  de  dixme  qui  eft 
dû ,  en  quelques  endroits  ,  lur  les  toilons  des  bêtes 
à  laine  ,  à  celui  à  qui  appartiennent  les  dixmes. 
Ce  Curé  a  la  dixme  des  lainages. 

LAINDRY.  Bourg  de  France  ,  dans  la  Champagne, 
Diocèle  de  Langres  ,  &  Eleétion  de  Tonnerre. 

LAINE,  f.  f.  Lana.  fCF  Poil  qui  couvre  le  corps  Je 
certains  animaux,  comme  moutons,  brebis,  agneaux,  . 
&c.  &  qui  s'appelle  toifcn  quand  il  eft  coupé  ,  &  J 
qu'il  n'a  encore  reçu  aucun  apprêt.  Ce  Fermier  a 
deux  troupeaux  de  bêtes  à  laine.  Tavernitr  a  rapr  ' 
porté  que  la  laine  d'Alie  eft  incomparablement  pluj 
fine  que  celle  d'Europe  ,  Se  qu'apparemment  c% 
toit  cette  riche  toifoii  qu'on  cherciioit  à  Colchpî. 
Il  y 'a  des  moutons  à  grande  laine.  Parmi  nqg 
monnoies  du  Roi  Jean  ,  Se  de  Charles  VI ,  il  y 
avoit  les  moutons  à  la  grande  laine  ,  qui  étoient  l'A- 
gneau Palcal  de  S.  Jean  -  Baptifte.  Les  vers  fe  met- 
tent dans  les  laines  graffes.  Il  faut  donner  plufieurj 
préparations  à  la  laine  ,  la  laver  ,  dcgrailîèr ,  échau- 
der,  carder  ,  fouler  ,  filer  &  teindre.  On  appelle  laine 
mère  ,  celle  qui  fe  prend  lur  le  dos  Se  fur  le  cou 
des  brebis  &;  des  moutons  ,  &  c'eft  la  meilleure. 
Il  y  a  de  la  laine  qu'on  appelle  cuife  ,  Se  d'autre 
qu'on  appelle  ventre  ;  à  caule  de  l'endroit  de  la 
bête  où  on  la  prend.  On  appelle  laine  crue  ,  celle 
qui  n'cft  point  apprêtée. 

Les  laines   les  plus   eftimées  font    les    laines  de  ; 
Scgovie,  les  laines  d'Angleterre,  les  laines  de  Berri.  ; 
On  dit  que  ces  dernières  ont  une  propricré  lingu-  t 
lière  que  nul   autre  n'a  ,  qui  eft  de  faire  des  liga- 
tures avec  toutes  lortes  d'autres  laines.   Dans  l'An- 
tiquité on   eftimoit  celles  de  l'Attique  ;   celles  de 
Mcgare  ,   celles  de  Laodicée;  celles  de  Milète  ,  &c. 
En  Italie  ,    celles  de  la  Grèce  ,  celles  de  l'Apulie  , 
ou    l'Apouille  ,  mais    principalement    la  laine  de 
Tarente.  On  vante  encore  celle  de  Parme  &  celle 
d'Altino  dans  la  Lombardie ,  qui  du  temps  de  Co- 


L  A  I 

lumcllc  l'cmportoit  même  fur  celle  de  Tarcmc 
/^oyc:^  cet  Auteur  ,  L.  Fil ,  c.  2  ,  Ik.  Vairon  ,  de 
Re  Rujl.  Liv.  Il,  c.  2 ,  qui  dit  qu'on  avoit  cou- 
tume de  couvrir  les  brebis  de  peaux  ,  pour  que 
leur  laine  ne  ("e  gâtât  point. 

Les  Angloiî  prétendent  que  la  bontiî  des  laines 
d'Elpagnc  vient  de  ce  que  (ous  Henri  II  ,  Roi  d'An- 
gleterre ,  on  fit  palier  de  cette  lie  des  troupeaux  en 
Efpagnc.  D'autres  di(ent  que  ce  ne  fut  que  ious 
Edouard  IV.  en  1465.   Ce  qui  cft  faux. 

On  dit  que  dans  les  Salles  du  Parlement  d'Angleter- 
-rCj  lesficges  ne  font  autre  chofe  que  des  lacs  de  laine  , 
-pour   laire    continuellement  penter    aux    membres 
de  ce   Corps ,  que  les  laines  &   le  commerce  des 
iaines  ,  iom   un   des  principaux  appuis  &   fonde- 
ment  du  Royaume. 

Un  Ouvrier  en  laine  ,  Lanarius.  On  le  dit  auflî 
d'un  Marchand  de  laine.  Un  Cardeur  de  laine  , 
Lanarius  peclinarius ,  que  l'on  trouve  dans  une  an- 
cienne inicription.  On  trouve  aulli  Lanarius  coarcli- 
larius  ;  mais  c'ell:  un  Chapelier. 

L'art  de  travailler  la  laine  ,  Lanificium.  Les  An- 
ciens attribuoient  à  Minerve  l'invention  de  cet 
art,  c'efl:  pourquoi  ils  lui  en  donnoient  le  foin  & 
la  (ur-intendance. 

Filer  la  laine ,   fileufe  de  laine.    Lanifica.  Qui  a 
la  garde  des  laines  ,  des  habits   de    laine.  Lanipen- 
dla.  L'endroit  où    fe    gardent  les    laines.  Lanlpen- 
dlum.    Voyez   la    règle    de    laint  Célaire  pour    les 
Religieufes ,  c.  2S.  Voy.  fur  la  laine  ,  Pline ,  Liv. 
FUI,  c.  4j ,  4S.    Voifius  ,  de  idolol.   Liv.  III ^ 
c.  70. 
Laine,  vient  du  Latin /tz/za.  Ifidore  ,  dans  fesétymolo 
gies ,    Liv.  XIX  ,  c.  2j.   dérive    lana   de   laniare  , 
parce  qu'avant  que  l'on  tondit  les  brebis  ,  on  leur 
arrachoit  la  laine  ,  d'où  vient  aulii  le  nom  vellus 
de   vellere  •  mais  comme  Volïîus  l'a  remarqué ,  il  y 
a  bien  de  la  di.rérence  entre  vellere  ,  tirer  ,  arracher  , 
&i  laniare  ,  déchirer  ,  mettre  en  pièces.  Il  faut  donc 
tirer  lana  Ae.  ^1  "■  ,  en  Dialecte  Do  rien  /à>o(r,  qui, 
comme  Hétychiusle  marque  ,  lignifie  la  même  chofe 
que  f/jv  de  la  laine.  Selon  l'Auteur  du  Jardin  des 
Racines  Greques  ,  il  vient  de  >.f.x,in ,  lana  ,   lanugo. 
Laine  ,  le  dit  àulii  de   cette  même  toilon    préparée , 
dont  on  ftit  divcrles  étoffes  &  ouvrages.  Les  t.ipif 
feries  de  laine  ont  des  couleurs  bien  plus  vives.  La 
fcrrandine    eft  une  étofte   moitié   foie,    &    moitié 
laine.  La  tiretaine  eft  moitié  laine ,  &c  moite  fil.  Le 
drap  n'eft  fait  que  de  bonne  laine.  Un  chapeau  de 
laine  de  vigogne.  On  fait  auOi  des  matelats  de  laine.  Il 
eft  défendu  aux  ouvriers  de  mêler  les  laines ,  parce  que 
les  unes  foulant  moins  que  les  autres  ,  cela  rend  le 
drap  creux  &  impartait. 
Laine  Basse  ,  ou  Basse  Laine.   C'eft  la  plus  courte 
&  la  plus  fine  laine  qui  loit  dans  la  toifon  du  mouton 
ou  de  la  brebis  :  elle  provient  du  collet  de  l'animal 
qu'on  a  tondu. 
Laine  crue.  C'eft  la  laine  qui  n'eft  point  apprêtée. 
Laine  de  Moscovie.  C'eft  ainlj  qu'on  appelle  le  du- 
vet des  caftors,  qu'on  tire  adroitement,  fans  otFen- 
.     fer  ni  gâter  le  grand  poil.  Ce  fecret  de  tirer  ainli 
le   duvet  des  caftors  ,   n'eft   pas  encore  connu  en 
France. 
Laine  en  suin  ,  ou   Laine   grasse  ,    que   quelques- 
uns  appellent  aulïï  Laine  furge.   C'eft   de   la  laine 
qui  n'a  point  encore  été  lavée  ,  ni  dégrailîée.  Lana 
fuccida. 
§3" Laine  pelade,  ou   Laine   avalie.    C'eft    celle 
que  les  Méyuîîers  &  les  Chamoifeurs  font  tomber  , 
par  le  moyen  de  la  chaux  ,  de  delfus  les  peaux  de 
brebis  &  mourons ,   provenantes   des    abattis    des 
Bouchers. 
fjO"  Laine  rislard.  C'eft  la  plus  longue  de. celles  quife 
trouvent  fur  les  peaux  non  apprêtées.  Elle  fett  aux 
Imprimeurs  à  remplir  les  balles. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  fe  laifte 
tondre  la  laine  fur  le  dos  ,  lorfqu'il  eft  fîmple  , 
doux  &  patient,  qu'il  fe  lailfe  maltraiter,  ou  piller 
fins   fc  défendre.  On  dit  auiiî  qu'un   filou  tue  la 


L  A  1 


383 


laine,  quand  il  vole  la  nuit  les  chapeaux  ou  les 
manteaux  des  pallàns  ;  de  là  vient  qu'on  appelle 
Tireurs  de  laine  ,  ces  fortes  de  voleurs. 

LAINHR  ,  ou  LANER.  Aplaigner  ,  cplaigncr  , 
emplaigner.  v.  a.  Termes  dont  on  fc  fert  dans  les 
maïuifirtures  de  Drapctics  ëi  d'autres  étoffés  de  lai- 
ne ,  pour  fignifier  ,  firtfr  de  la  laine  fur  la  fuper- 
ficie  d'une  étoffé,  la  garnir,  y  faire  venir  le  poil 
par   le  moyen  des  chardons. 

Lainer  une  tapiireric.  C'eft  dans  la  fabrique  des  ta- 
piireries  de  teintures  de  laines ,  couvrir  de  laine  ha- 
chée de  réduite  en  poullière,  l'ouvrage  du  Peintre  , 
avant  que  les  couches  en  (oient  féthes  ;  ce  qui  fe 
fait  par  le  moyen  d  un  très  petit  tamis  que  l'Ou- 
vrier tient  à  la  main. 

LAINERIE.  f  f  §C?  Terme  colleftif  qui  exprime  toutes 
fortes  de  marchand ifes  de  laine.  Il  fe  dit  aulîl  de 
l'art  de  fabriquer  les  lames.  Iles  lanarla.  On  dit, 
Commiilaire  ou  Infpedeur  des  Manufaétures  de 
draps  &  étoffes  de  lalneric. 

LAINEUR,  ou  LANEUR.  Aplaigneur,  éplaigneur , 
ou  emplaigneur,  f  m.  C'eft  l'Ouvrier  qui  laine  les 
étoffes  ou  autres  ouvrages  de  lainerie. 

LAINEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  a  beaucoup  de  laine. 
Lanojus.  On  le  dit  des  moutons  ,  quand  ils  ont 
encore  leur  toifon  fur  le  dos  ,  &  des  étoffes  bien 
garnies  de  laine.  ^fT  On  le  dit  encore  de  certaines 
plantes  qui  font  couvertes  de  poils  ou  de  duvet. 
Foyei  ces  mots. 

LAIlNflER  ,  1ÈRE.  f.  m.  &  f.  Lanarius.  Marchand 
qui  vend  des  laines,  &  fur-tout  de  celles  qui  font 
en  écheveaux  ,  qu'on  emploie  aux  tapilferies  ,  fran- 
ges ,  &  autres  ouvrages.  Prefque  tout  Paris  appelle 
ces  fortes  de  Marchands,  Lamiers ,  mais  entre  eux, 
&  dans  leurs  lettres  de  Maittife  ,  ils  s'appellent 
Teinturiers  en  laine, 

LAINIÈRE,  f.  f.  On  appelle  Barques  lainières ,  de 
petits  bâtimens  François  qui  font  avec  les  Anglois 
un  commerce  de  contrebande  des  laines  d'Angle- 
terre ,  d'Écofle  &  d'Irlande. 

LAINO.  Nom  d'un  boii  bourg  de  la  Calabre  cité- 
rieure.  Lalnum.  Il  eft  fur  la  rivière  de  Léo ,  à  qua- 
tre ou  cinq  lieues  au  -  delTus  de  Scaléa.  Quelques 
Géographes  prennent  Lalno  pour  la  petite  ville  des 
Brutiens ,  nommée  Lails  ou  Laum  ,  que  d'autres 
mettent  à   Scaléa.    Maty. 

LAÏQUE,  adj.  m.  &  f.  Laicus.  |Cr  Par  oppofition  à 
Ecclélîaftique  &  Religieux.  On  k  dit  des  pcrfonnes 
qui  n'ont  aucun  engagement  dans  l'état  ecclélîafti- 
que ,  &  des  biens  &  de  la  puiffance  qui  leur  appar- 
tiennent. Un  Officier  laïque.  Un  Patron  laïque. 
Bénéfice  en  patronage  laïque.  Puiffance  laïque.  Il  eft 
aullî  fubftantif.-Un  Laïque.  Les  Eccléiîaftiques  ont 
beaucoup  de  privilèges  que  n'ont  point  les  Laïques. 
Un  Clerc  qui  eft  pris  en  habit  laïque,  perd  fon 
privilège  de  renvoi.  Les  Religieufes  ne  font  plus 
au  nombre  des  perfonnes  laïques.  Foye^  Lai. 

LAIRA.  f.  f.  C'eft  la  même  que  Hilaire  ,  fille  de 
Leucippus  j  qui  fut  fiancée  à  Lyncée  &  enlevée  par 
Caftor. 

LAIRE.   Foyei  Lere. 

LAISOT.  C  m.  Oifeau.  Il  y  a  dans  le  premier  Volume 
du  Mercure  de  Décembre  1715  j  une  Fable  inti- 
tulée ,  le  Lalrot,  laquelle  commence  ainfi  : 

Pour  mieux  furprendre  une  jeune  Bergère  , 
L'Amour  prit  l'autre  jour  la  forme  d'un  Lairor, 

C'eft  peut-être  \z  Loriot ,  que  les  Latins  ,  dit  Bé- 
lon  ,  ont  appelé  larida.  Foyei  l'Étymologique  de 
Ménage  ,  au  mot  Loriot. 
LAISj  f  m.  Terme  des  Eaux  Forêts.  Arbor  refes  pro- 
letarïa.  Jeune  baliveau  de  l'âge  du  bois ,  qu'on  laille 
quand  on  coupe  le  taillis  ,  afin  qu'il  revienne  en 
haute  futaie.  Toutes  les  Ordonn.-mces  furie  fait  des 
eaux  &  forêts  ,  enjoignent  de  laiflér  par  chacun 
arpent  vingt-fix  baliveaux  de  l'âge  du  bois  ,  qu'on 
nomme  des  lais  ,  outre  les  autres  baliveaux  anciens  & 
modernes. 


384  L  A  î 

Ce  mot  vient  du  veibc  laiffer,  pnrce  que  lais 
cft  un  jeune  arbre  qu'on  lailte  dans  les  coupes  de 
bois  i  qu'on  ne  coupe  point ,  comme  le  relie  du 
bois. 

Dans  quelques  Coutumes  le  mot  de  lais  fignifie 
-ce  que  la  rivière  donne  par  alluvion  au  Seigneur 
Jufticier.  Atterrillement  fait  par  une  rivière.  Accre- 
■do  ,  ïncrementum  quod  alluvionefit.  On  appelle  com- 
munément lais  la  croiilance  que  la  rivière  donne. 
CouT.  DE  BouRBONN.  ari.  J40. 

Ce  mot  sert  dit  apparemnen:  parce  qu'une  rivière 
laljje  ces  terres,  qu'elle  ne  les  couvre  plus,  qu'elle 
•ie  retire  ailleurs. 

Ce  mot  de  lais  fignifîe  aulll  quelquefois  la  même 
chofe  que  laya  ,  terme  de  Coutumes.  P^oye^. 
ce  mot. 

Lais.  Nom  d'une  ville  des  Chananécns  &  de  la  Terre- 
Sainte.  Lais.  Quelques  -  uns  écrivent  Laish  ,  ou 
Laïfih  pour  exprimer  le  u  ,  Schin  Hébreu.  Cette 
ville  étoit  à  l'extrémité  de  la  Terre- Sainte  du  coïc 
,  du  nord  ,  &  dans  le  territoire  alllgné  à  la  Tribu 
-d'Afer  ;  mais  une  petite  colonie  de  la  Tribu  de  Dan 
s'en  étant  emparée  ,  ils  s'y  établirent.  Sous  les  Cha- 
nanécns elle  (e  nommoit  Laïs.  Les  Ilraëlitcs  la  nom- 
mèrent enfuite  DAN.  F^oye^  ce  mot.  Monlîeur 
Réland  prétend  aulll  que  c'eft  la  même  que  la  Lé- 
lem  de  Jolué  ,  X/X,  ^7.  Les  Grecs  la  nommèrent 
-Panéas,  Diolpoiis  ,  Célarée  de  Philippe,  iSj  enfin 
Néroniade.  Elle  eut  un  Évêque  fuliragant  de  Tyr. 
Elle  ell  détruite  depuis  long-temps  ,  on  la  nomme 
aujourd'hui  Bclina  j  ou  Belenas  ,  ou  ,  félon  quel- 
ques-uns ,  Bolbec.  P.  LuBiN. 

LAIS.  f.  f.  Fameufe  Courcilanc  de  Corinthe.  C'eft 
elle  qui  demanda  pour  une  nuit  dix  mille  dragmes 
à  Démofthène  ,  qui  lui  répondit  qu^il  n'achctoit  pas 
iî  cher  un  repentir.  Quelques  femmes  jaloufes  de 
fa  beauté  ,  l'ayant  furpnfe  dans  un  Temple  de  Vé- 
nufe,  la  tuèreut  à  coups  d'aiguilles;  &  depuis  ion 
aventure  j  la  Véjius  de  Corinthe  lut  turnommée 
AuJfKjfoïoç ,  c'eft-à  dire  ,  '  Homicide.  Dans  le  faux- 
bourg  de  cette  ville  étoit  le  tombeau  de  Lais,  iur 
lequel  on  voyoit  une  lionne  qui  tenoit  un  bélier 
entre   fes  pattes. 

LAISA.  Nom  dune  ville  delà  Tm-e-Sainte  ,  dont  il  eft 
parlé  dans  Ifaïe ,  X.  jo.  Laifa.  Athénée  en  parle 
auffi ,  L.  IV.  C'eft  la  même  chofe  que  Laïs  , 
&  conléqucmment  la  même  que  Dan.  L'endroit 
d'Ifaïc  lemble  montrer  qu'elle  étoit  aux  extrémités 
du  pays ,  ce  qui  convient  à  Dan.  Voye\  Laïs. 

LAISÀNT  ,  ANTE.  adj.  m.  &  f.  Vieux  mot.  Qui  ne 
veut  rien  faire  ,  qui  ne  veut  avoir  aucune  peine. 

Penfc^-vûus  que  je  fois  laifant^ 
Et  que  vous  ponere:^  le  fais? 

LAI  SAINTCHRISTOPHE.  Village  diftant  d'une 
lieue  de  Nanci.  Il  y  a  un  Monaftèrc  de  Bénédidlins  , 
tk  dans  le  jardin  des  Religieux  ,  deux  fontaines , 
dont  les  eaux  pétiifient  le  bois  &  la  moulfe,  &  for- 
ment du  tuf.  Ces  eaux  renferment  un  fel  coagulant 
qui  forme  des  concrétions.  Ainlî  elles  font  dange- 
reulcs  pour  la  lanté. 

lAISCHE.  Foyei  Laîcke. 

LAISOT.  i.  m.  On  nomme  ainii  à  Laval  en  Bretagne 
la  plus  petite  laize  que  les  toiles  qui  fe  fabriquent 
dans  cette  ville  ,  peuvent  avoir  fuivant  les  Régle- 
mens. 

LAISSADE.  f.  f.  Terme  de  la  Marine  des  Galères. 
L'endroit  d'une  galère  où  l'on  diminue  la  largeur  des 
fonds  en  venant  fiir  l'arrière.  Ce  terme  de  laifade 
■  n'eft  en  ulage  que  parmi  quelques  ouvriers  ;  ceux 
qui  parlent  bien  dilent  quefle  de  poupe.  .Il  y  en  a 
qui  écrivent  l'aiffade  ,  cette  ortographe  eil  mauvaife. 

Ife/"  LAISSE,  f.  f  Corde  dont  on  ie  fert  pour  tenir 
un  chien  qu'on  conduit  ,  ou  pour  en  accoupler  , 
iur  tout  les  lévriers.  Les  Chall'eurs  l'appellent  aulll 
[raie.  Lorum.  Les  Chafleurs  mènent  en  laijfe  ,  tien- 
nent en  laiffe  leurs  chiens  ,  jufqu'à  ce  qu'ils  ayent 
découvert  le  gibier  fur  lequel  il  les  lâchent. 


L  A  I 

§C?  On  dit  ordinairement  une  laife  de  lévriers ,  en 
parlant  de  deux  lévriers  j  loit  qu'on  les  mène  en 
laijfe  ou  non. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  laqueus.  Les  Italiens 
l'appellent  laccio  di  cani  ,  les  flamans  letfe.  Du 
Cange  le  dérive  de  lexa  ,  qu'il  dit  être  formé  de  li- 
cia ,  liffe  ,  terme  de  Tilîutiers  ,  ou  de  Tapilîiers  ; 
ou  bien  de  laxa  ,  qui  vient  de  laxare. 

Laisse  ,  fe  dit  Hgurément  &  familièrement,  en  parlant 
des  gens  iimplcs ,  ou  loumis ,  qu'on  mène  par  tout 
où  l'on  veut ,  comme  on  feroit  des  lévriers.  C'eft 
un  pauvre  ibt  que  la  femme  mène  en  laiffe.  tfj'  Il 
le  mène  en  laiffe  ,  il  dilpole  de  lui  comme  il  lui 
plaît  ;  il  lui  fait  laite  tout  ce  qu'il  veut. 

Ja  fur  fes  pas  Chicane  téméraire 

Traînait  en  lailîc  Avocat  &  Notaire.   Fuzel, 

Laisse.  Terme  de  Chapelier  ,  eft  un  cordon  uni  dont 
on  fait  plulieurs  tours  iur  la  iorme  du  ch.tpeau  pour 
la  tenir  en  état.  Lorum.  On  bit  des  laijfes  de -crin ,  de 
Ibie  ,  d'or  &  d'argent. 

Laisse,  en  terme  de  Chaile,  fe  dit  des  lieux  où  les 
loups  aigyiient  leurs  ongles. 

On  appelle  aulli  laife ,  la  fiente  ,  ou  excrémcns 
des  ianglierSj  ou  autres  bêtes  mordantes.  Aprugnum 
flercus.     Voye^   Laissées. 

Laisse.  Vieux  mot.  Chanlon. 

LAISSÉES.  1.  f.  plur.  Apri  flercus.  Quelques-uns  difent 
laijfes  ,  mais  mal.  Terme  de  Vénerie  ,  qui  ie  dit 
de  la  fiente  du  loup  ,  du  fanglier ,  des  bêtes  noires. 
Sal.  Ménage  dit  laijfes. 

LAISSER.  V.  a.  Relinquere.  Ce  vetbe  n'a  rien  que  de 
régulier  dans  la  conjugaifon  :  ainii  c'eft  mal  parler 
que  de  dire  comme  on  a  dit  autrefois  au  futur  de 
iTndicarif,  &  à  l'imparlait  du  Subjondtif  je  lairrai, 
je  lairrois  :  il  faut  dire  je  laiJJ'erai  ,  je  laif'erois. 

tfJ'  Ce  mot  vient  ,  iclon  quelques  uns  de  laxare  , 
Latin  ;  i'elon  d'autres  ,  de  Lalfen  ,  Allemand  ,  qui 
lignifie  la  même  choie. 

gCT  Ce  verbe  a  plulieurs  acceptions  tout-à-fait  diffé- 
rentes. 

§3°  La'isser,  Quitter  ,  s'éloigner-  J'ai  laiJfé  mon  ca- 
marade en  bonne  lancé.  Un  tel  a  laijjé  fon  équi- 
page en  tel  endroit.  Le  Général  a  lailfé  la  place 
bien  pourvue.  Relinquere  ,  difcedere. 

gC?  Laisser  un  chemin,  un  village  fur  la  gauche, 
c'ell  s'en  éloigner  en  prenant  iur  la  droite. 

^CTLaisseR  ,  Oublier.  J'ai  laiJfé  ma  montre  à  la  maifon , 
j'ai  oublié  de  la  prendre.  Quelquefois  il  iignihe  iimple- 
ment  ne  pas  emporter.  La'Jfe^  votre  argent,  de  peur   5 
des  voleurs  ,  ne  l'emportez  point. 

■fT  Quelquefois  ,  Metttc  en  les  mains  de  quelqu'un.' 
Je  n'ai  point  trouvé  celui  à  qui  la  lettre  étoit  adrcP 
iée   :  j'ai  laijfe  la  lettre. 

ffT  Laisser  ,  Dépofer  ,  mettre  en  dépôt ,  confier. 
Avant  mon  départ  ,  j'ai  iaijfé  tous  mes  papiers  à 
mon  ami.  Il  a  laiffe  fon  argent  entre  les  mains  de 
fa  femme.  On  dit  auiîî  laijfer  en  dépôt. 

ffT  Laisser  ,  Abandonner.  C'eft  un  négligent  qui 
laijje  tout  à  l'abandon.  Il  a  laiffe  fon_  ami  dans 
l'embarras  ,  &  s'eft  iauvé.  Il  a  laijfe  là  ion  travail, 
fon  entteprife. 

§3°  Laisser  ,  dans  la  fignification  de  céder.  Je  vous 
laijfe  tout  le  profit  de  cette  aitaiie.  Les  ennemis 
nous  ont  laiffe  le  champ  de  bataille. 

Laisser  ,  lignifie  aulîi.  Donner ,  léguer  ,  tranfporter. 
Legare  ,  dare  ,  concedere.  Cet  homme  a  laijfe  tout 
fon  bien  à  ies^  enfms.  Il  a  laifjé  par  fan  tcftamenc 
beaucoup  à  l'Églife.  Il  a  laiJJ'e  la"  ferme  de  là  terre 
à  tel  prix.  Alexandre  laJJoit  à  les  gens  le  profit  de 
fes  conquêtes,  &:ils  lui  en  lajpisnt  tome  la  gloire. 

Laisser.  ,  lignifie  aulîi  ,  Endm:er  ,  permettre.  Sinere,, 
permittsrc.  LaiJJé^-n\oi  foupirer  à  mon  aife.  Se  la'fjer 
émouvoir  aux  impulfions  de  la  grâce.  Fen.  Laif- 
fc[  moi  vivre  à  ma  fantaifie.  Laijfe^- moi  h  hberte 
du  choix  de  faire  ce  que  je  voudrai.  On  l'a  laijfe 
aller  Se  venir  ians  lui  dire  mot,  on  l'a  laijfe  iur 
fa  bouiîe  foi.  Il  faut  laifcr  faire  ,  laijferdhs ,  laijjer 

penisr 


L  A  I 

penfer  à  chacun  ce  qu'il  lui  plaira.  Il  faut  laiffcr 
•  allci:    les    cbofes    connue    elles     vont.    Ce   Criti- 
que ne   Liijj'c  rien  pailer.  On  laijjc  ciicr  le  peuple 
quand  on    laijje   vivre  les    foldics  à   dilcrérion.   Il 
s'eft  laiJJé  enfin  perfuacler. 
^fl'  Se  Laisser    dire    une   cliole.   Je  me    fuis   laiJJc 
dire  telle   nouvelle    ;   manière  de  s'exprimer    allez 
tndinaire  ,    mais    mauvaife  ,    pour    iaire   entendre 
qu'on  a  oui  dire  une  choie  ,  à  laquelle  oji  n'ajoute 
pas  grande  foi.  Il   faut  dire   tout   iuiiplcment  ,  on 
m'a  dit  telle  nouvelle,  j'ai  entendu  dire  telle  chofc. 
Il  Icmblc  que  l'autre  exprelîion  annonce  qu'il  faille 
fouftrir  quelque  violence  qui   contraigne  à  fe  laijjer 
dire  :  comme  quand  on  dit,  il  s'ell  laijji:  battre. 
§3" Quand  laifjer  s'emploie  avec  la  négative,  il  a  It 
flgnihcation    de    celler  ,    dilcontinucr  j    s'abftenir. 
Malgré    ce    qu'on  peut    lui  dire  ,   il  ne   ImjJs   pas 
de  taire  tout  ce  qu'il  s'étoit  piopofc.  On  dit  quel- 
quefois   .ablolument  ,   Laiffe^  ,  laijje^  ,  pour  dire, 
c'ell  allez.  Il   eft  fimilier. 
^j"  On  dit  aulli  ,  Il  eft  pauvre  ,  mais  il  ne  lai(fe  pas 
d'être  honnête  homme.  Nihdominus  vir  probus  eft. 
Malgré   le  peu  de  vrailemblance  ,  ce  fait  ne  laiffc 
pas  d'être,  ou   que  d'être  vrai;   pour  dire  ,  ce  tait 
clf  vrai  ,  quoique  peu  vraifemblablc. 
Laisser  ,  lîgnihe  aulîl ,  Communiquer  ,  donner,  faire 
refter.  Ce  vin  laïffc  un  mauvais  goût.  L'encens  brûlé 
lalffc  une  bonne  odeur  dans  la  chambre.  Le  gibier 
laijj'e  quelques  vertiges  par  oii  il  palle. 
Laisser,  feaitaulfien  parlant  de  ce  qui  n'eft  pas  terme  , 
,  robufte  ,  vigoureux.  Ce  jeune  homme  le  laijj'e   aller 
en  danlant ,  n'eft  pas  ferme  lur  les  jambes.  Ce  ma- 
lade lai\je  tout  aller  lous   lui.    Eniiii  il  s'eft   laijlc 
mourir.   Ce  cheval  bronche  ,  &i  le   laijfc    tomoer 
trop    louvent.    Il  s'eft  lalffé  aller   iSc   entramer  au 
courant. 
^^  On  dit  familièrement  qu'une  fille  s'eft /tî/Z/d'' aller  , 

pour  dire  ,  qu'elle  s'eft  Laifté  féduire. 
§CF  En  termes  de  Challe  ,  on  dit  laijfer  courre  les 
chiens,  pour  dire  ,  les  lâcher  après  la  bcte  ,  &  même 
le  lieudertinéà  les  lâcher  ,  s'appelle  le  Laiffer  courre. 
§3"  Laisser  aller  Ion  cheval,  en  termes  de  Mané 
ge  ,  c'eft  le  laijfer  marcher  à  la  lantailîe,  ne  le  pas 
retenir  de  la  bride  ,  ou  bien  lui  rendre  toute  la 
main ,  &  le  faire  aller  de  toute  la  vîtellc. 
Laisser  ,  fe  dit  aulfi  en  chofes  morales.  Je  /ai Je 
cela  à  votre  prudence  ,  à  votre  conduite.  Pruden- 
t'u  tu.t  relinquo ,  permuta.  Pour  dire  ,  Je  m'en  rap- 
porte à  vous.  Le  Prince  IdlJJe  le  loin  à  les  WÉnillres 
du  gouvernement  des  affaires.  Il  le  laiJJe  aller  à  la 
triftelle  ,  au  défelpoir.  Il  a  laiffe  une  bonne  opi- 
nion de  fon  mérite  ,  de  fa  valeur.  Il  iatjfe  à  fa 
famille  beaucoup  d'honneur  ,  un  grand  exemple 
de  vertu.  L'Évangile  dit  que  deux  perfonnes  étant 
fous  un  même  toit  ,  une  fera  prife ,  l'autre  fera 
laiffee.  Dieu  ne  /aijj'e  jamais  les  Élus  fans  fecours  ^ 
fans  conlolation.  Un  Orateur  dit  aulli  ,  Je  /aiffe  à 
part  mille  .autres  bonnes  qualités  ,  par  une  hgure 
qui  s'appelle  Prete'rition.  Cette  parole  qu'il  a  là 
chée ,  lalffe  beaucoup  à  penfer  j  donne  occafion  de 
faire  plulieurs  réflexions. 

On  dit  fîgurément  ,  Laiffer  quelqu'un  dans  la 
nallë  -^,  pour  dire  ,  Le  laiJJer  dans  un  embarras  , 
dans  une  méchante  aftaire  où  on  l'a  engagé,  &  dont 
on  le  tire  loi-même. 

On    dit  qu'une  marchandile  eft  à  prendre   ou   à 

laiffer  ,  pour  dire  qu'il  en  faut  donner  le  prix  que 

le  Marchand  en  demande  ,  ou  qu'on  ne   l'aura  pas. 

On  dit  encore  en  parlant  de  quelque  chofe  ,  qu'il 

y  a  à  prendre  Se  à  laijfer  ,    pjur  dire  ,  qu'il  y  a 

du  bon  &  du  mauvais ,  &c  qu'il  faut  lavoir  choiiir. 

On  dit  d'un  enfont,  ou  d  une  perfonne  infirme  , 

&    qui  n'a  pas  la  force  de   retenir  fes  excrémens  , 

qu'il  laiff'e  tout  aller  fous  lui. 

Laisser  ,  fe  dit  proverbialement  en   ces  phrafes.  On 

ne  laijfe  pas  de  fémer  pour  les  piicons  ;  c'eft  à  dire  , 

qu'un    petit   inconvénient    ne   doit    pas    empêcher 

l'entrcprife  d'une   bonne    aftaire.  On  dit  qu'il  faut 

laiJJer  le  monde  comme  il  eft  ,  pour  dire  ,  qu'il  eft 

Tome  V. 


LAI  385- 

dangereux  de  troubler  l'ordre  qui  eft  dJj.x  établi. 
On  dit  qu'une  hlle  a  laijj'é  aller  le  chat  au  noma- 
ge  ;  pour  dire  quelle  a  rait  faux  bond  a  ion  hon- 
neur. On  dit  qu'un  homme  a  tau  comme  les  belles 
filles,  qu'il  s' cil  laiffe  aller  ;  pour  dire,  qu'il  n'a 
pu  réfifter  aux  prières  ,  aux  importuiités  d.'  quel- 
qu'un. On  dit  qu'un  homme  a  laiye  fcs  bottes  en 
quelque  endroit;  pour  diie,  qu  il  y  a  luj/-:  la  vie. 
On  dit  à  ceux  à  qui  on  a  /ajje  la  dernière  p.iit,  encore 
y  a  t-il  à  choiiir  ,  vous  avez  a  prendre  ,  ou  a  laijjer. 
On  dit  qu'on  a  donné  à  queiju'un  un  ûr^  laijj'e  • 
pour  dire ,  qu'on  lui  a  fait  clperer  quelque  profit , 
donc  on  l'a  cnfuite  fruftré.  On  dit  ,  fe  laijj'er  tondre 
la  laine  fur  le  dos,  le  laijfer  mener  par  le  nez  com- 
me un  burtle;  pour  dire,  fourtrir  l'empire  ou  les 
volontés  d'autrui.  Il  vaut  mieux  laijj'er  Ion  entant 
morveux  ,  que  de  lui  arracher  le  nez  ,  louftrir  un 
petit  mal  pour  en  éviter  un  plus  grand.  On  dit  qu'un 
homme  a  laijfe  de  fes  plumes  en  quelque  endroit  ; 
pour  dire  qu  il  y  a  fait  quelque  perte.  On  dit  aylil , 
quon  abeauêtte  las  ,  on  ne  larffe  pas  d'aller  ;  pour 
dire  ,  qu  il  le  faut  évertuer  dans  la  néceiiltc. 

LAISSES.  L  f.  pi.  On  appelle  lajfes  ,  ou  relais  ,  les 
terres  que  la  mer  a  laniees  lur  le  rivage. 

Laisses,  entérines  de  Vénerie,  f^oye^  Laissées. 

LAir.  t.  m.  Liqueur  blanche  que  la  nature  prépare 
dans  les  mamelles  des  femmes  pour  nour.ir  leurs 
entans,  ou  dans  les  femelles  des  animaux  vivipares 
pour  nourrir  leurs  petits.  Lac.  Le  laiC ,  félon  le 
lentiment  des  Anciens  ,  eft  tait  du  lang  ;  mais  la 
plupart  des  Modernes  loutiennent  c,ue  ce  n'eit  que 
du  chile  tout  pur  qui  eft  porté  par  les  artères  aux 
mamelles ,  &  qui  lans  autre  co-tion  ,  eft  criblé  par 
les  glandes  dont  elles  font  compolee";  ,  de  1 1  nicmc 
manière  que  l'urine  dans  les  reins  eft  criblée  au 
travers  des  glandes  rénales  ,  lans  y  recevoir  j^refque 
d  altération.  Le  lait  eft  un  compcfj  de  globules 
qui  nagent  dans  une  liqueur  claire  ëc  tranfp.irente  , 
qu'on  appelle  petit  lait  ,  &  qui  lont  de  diicrente 
groft'eur ,  comme  obferve  M.  Leuwenhoek.  Le 
lait  eft  compolé  de  trois  fortes  de  parties  ,  de  bu- 
tireufes ,  de  caféeules  &  de  léreules.  Les  bitureufes 
font  la  crème  j  &  ce  qu'il  y  a  d'onélueux  qui  s'é- 
lève au  dellus  du  lait  ,  c'eft  une  graille  fiabtile. 
Les  cafeeufes  font  les  plus  grolfières  &  celles  qui 
fe  coagulent  ,  &:  dont  on  fait  les  fromages  ,  c'ell 
une  fubftance  niuqueule  :  &  les  féreufes  font  pro- 
prement la  lymphe  ,  &  ce  qu'il  y  a  déplus  liquide, 
que  nous  appelions  le  lait  clair,  ou  le  petit  laie, 
IJCF  ou  lait  de  beurre.  C'eft  une  liqueur  aqueule , 
chargée  d'une  matière  faline  &  muqueufe;  &  cette 
dernière  ,  féparée  du  petit  lait,  eft  ce  qu'on  ap- 
pelle Sel  ou  Sucre  de  lait. 

^fT  On  appelle  lait  coupé ,  du  laie  dans  lequel  on 
a  mis  une  portion  d'eau. 

Dans  l'analvle  du  lait  de  vache  Se  de  chèvre ,  la 
liqueur  aqueufe  a  une  odeur  agréable  ,  &  même  la 
liqueur  ronfle  ne  lent  pas  mauvais,  mais  comme  un 
gâteau  frais  &  un  peu  grillé;  au  lieu  que  le  laità'k- 
nelle  dès  le  commencement  de  la  diftillation  ,  rend 
une  odeur  fade  &  défagréible  qui  augmente  de  plus 
en  plus  ,  &  devient  femblable  à  celle  de  la  vieille 
graiife  ,  ou  du  vieux  oing.  Cette  didérence  femble 
venir  de  ce  que  le  lait  de  vache  &  de  chèvre  con- 
tient à  peu -près  autant  de  matière  butireule  que  de 
caféeufe  ,  ou  de  crème  que  de  fromage  ,  &  que  le 
lait  d'ânelfe  contient  trois  ou  quatre  fois  plus  de 
fromage  que  de  crème.  Além.  de  l' Acad.  iji 2. 

Le  lait  vient  aux  mamelles  des  femmes  ,  quand 
elles  font  grolfes  de  quatre  mois.  Leur  lait  fe  perd, 
fi  on  ne  les  tire.  La  fermentation  du  lait  qui  fe  fait 
aux  premiers  jours  qu'une  temme  eft  accouchée  , 
lui  donne  une  fièvre  qu'on  appelle  Fièvre  de  Lût. 
Ariftote  dit  que  quelques  hommes  ont  du  lait  aux 
mamelles.  Cardan  dit  en  avoir  vu  un  qui  en  avoir 
aifez  pour  nourrir  un  enfant  ;  &  les  Relations  de 
l'Amérique  difent  ,  que  les  homrnes  y  en  ont  en 
grande  quantité.  En  fuçant  le  bout  du  fein  d'un 
homme,  ou  d'une  fille  j  on  fait  enfin  venir  du  laïc. 

Ccc 


% 


386  LAI 

Le  lait  aigri  ,  ou  conompu  dans  l'eftomac  des 
cnf.ms  ,  leur  caufe  plulieurs  maladies.  Un  rcmcde 
excellem,  à  ce  que  prétend  DoWel ,  Médecin  de  Mal- 
i-nuyen,  en  Danemarck  ,  dans  une  Dillertationqu  il 
a  faite  à  ce  fujet  ,  ell  de  leur  faire  prendre  un 
verre  d'eau  filée,  c'eft-à-dire  ,  dans  laquelle  on  a 
jeccé  &  foit  dilloudre  un  peu  de  lél.  C'cll  un  cnie- 
tique  qui  leur  iait  jetter  toute  la  pourriture  de  l'elfo- 
mac  ;  il  allure  qu'il  ell  éprouve  das  le  nord ,  où  les 
payfans  le  donnent  à  leurs  enfans  avec  luccès.  Il  dit 
l'avoir  éprouvé  lui-même  dans  fa  jeunelle ,  Se  avoir 
été  guéri  par-là.  Au  relte  ,  ce  remède  n'a  pas  le  luf- 
fragefculdes  payfans  &:  de  l'expérience;  Cclfe  en  a 
parlé,  L.  I.  c.  j.  Cependant  comme  les  enfans  font 
toujours  extrêmement  délicats ,  pour  éviter  les  mau- 
vais eîfets  que  ce  remède  pourroit  faire  lur  leur  ven- 
tricule tendre ,  M.  Dohel  croit  cju'il  vaut  mieux  en- 
core prendre  de  la  fiumure  qui  furnage  fur  le  beurre 
falé ,  lequel  aura  émoullé  les  pointes  du  fel.  Le  lait 
aigjri  qui  nous  paroît  fi  défagréable  &  quinous  incom- 
mode ,  ne  fait  aucun  mal  ,  Se  paro'it  fort  bon  aux 
Arabes.  Us  le  laillent  aigrir  pour  le  prendre  ék:  ils  le 
trouvent  délicieux. 

On  appelle  un  veau  de  laiCj,  un  cochon  de  /ah, 
ceux  qui  tettent  encore. 

On  dit  en  ce  fens ,  qu'un  enfant  a  été  nourri  tout 
d'un  hzu ,  quand  il  n'a  eu  qu'une  nourrice  ;  qu'il  la 
été  de  deux  laies  ,  quand  il  en  a  changé.  On  ap- 
pelle un  lait  nouveau  ,  jeune  lait ,  celui  d'une  femm.- 
accouchée  depuis  peu  :  un  lait  d'un  an  ,  quand  il  y  a 
un  an  qu'elle  ell  accouchée;  un  vieux  lait,  quand  il  y 
a  déjà  long-temps  qu'elle  eft  accouchée.  On  dit  que 
deux  enfuis  qui  ont  tetré  d'un  même  lait ,  font  hè- 
res de  lait  :  ce  qui  fe  dit  aulïï  d'un  nourrillbn  ,  & 
du  fils  de  la  nourrice  du  même  âge.  On  appelle  dents 
de  lait ,  les  premières  dents  qui  viennent  aux  entans 
durant  qu'ils  tettent ,  Se  qui  tombent  avec  l'âge. 

On  dit  figurémcnt ,  fucer  une  opinion  ,  une  doc- 
trine ,  avec  le  lait ,  pour  dire ,  l'apprendre  ,  en  être 
inilruit  dès  la  plus  tendre  enfance. 

Titus  Quvre  les  yeux  : 
Quel  air  refpïres  tu  j  N'es-tu  pas  dans  des  lieux  y 
Où  la  haine  des  Rois  avec  le  hjitfucee  , 
Par  crainte  j  ou  par  amour,  ne  peut  être  effacée  ? 

Rac. 

Le  lait  eft  un  aliment  pour  les  grandes  perfonnes  , 
qui  fert  quelquefois  de  remède.  Les  Tartares  vivent 
principaleiiK-nt  de  lait  de  jument.  Les  Anciens  s'en 
fervoient  particulièrement ,  aulli  bien  que  du  lait  de 
chameaux.  On  met  les  malades  au  lait  d'ànelle  ,  au 
lait  de  vache  ,  pour  les  rafraîchir  ;  Se  delà  viennent 
ces  façons  de  parler  :  Etre  au  lait  ,  prendre  du  lait. 
On  fait  du  fromage  de  lait  de  vache  ,  de  lait  de  chè- 
vre ,  de  lait  de  brebis  ,  &c.  Le  lait  fe  caille  par  quel- 
que acide  ,  par  la  prélure.  On  mange  du  /ait  cru  îk  du 
lait  bouilli.  On  appelle  lait  clair  ,  ou  petit  lait ,  cette 
férofité  qui  fe  léparc  du  caillé  par  l'acide.  Il  a  deux  au- 
tres fubftances  ■,  qui  font  le  beurre  &  le  homage. 
F'oyez  ,  fur  la  police  du  lait ,  le  Traité  de  Police 
de  M.  de  la  Mare  ,  L.  IV.  T.  Fil.  Se  L.  F.  T. 
XXUI.  c.  VU.  §.  I. 

On  appelle  ,  en  terme  de  manège  ,  des  chevaux 
foupe  de  lait ,  qui  font  roux  &  blancs  ,  tirant  fur  l'I- 
iabelle  ,  Se  qui  relleniblent  au  potage  au  lait  où  l'on 
a  mis  force  lucre.  Chevaux  foupe_  de  lait.  On  le  dit 
aulli  de  certains  pigeons  bhncs  ilabelle  ,  &  ce  font 
les  plus  eftimés.  V\d,eo\\s  foupe  de  lait  Acad.  Fr. 

On  appelle  ,  Fièvre  de  lait ,  une  fièvre  qui  vient 
aux  femmes  dans  les  premiers  jours  de  leurs  cou 
ches,  Se  qui  eft  caufée  par  le  /air  qui  commence  à 
leur  venir.  Fehris  laclca.  33°  Et  lait  répandu ,  un  acci 
dent  qui  arrive  aux  nouvelles  accouchées  qui  ne  veu 
lent  pas  alaiter  :  fi  la  fièvre  de  lait  ell:  foible ,  &:  de  cour- 
te durée  ,  &  qu'elle  ne  foit  point  luppléée  par  des  vi- 
danges abondantes  ;  alors  le  lait  repompé  dans  le 
fang  ,  fe  mêle  avec  lui  ,  en  altère  inlenfiblcment  la 


LAI 

mafle  ,  &e  devient  la  fource  d'une  infinité  de  maladies, 
prefque  toujours  incurables. 
gCT  Caillement  de  lait  ,  poil  de  lait.  Autre  accident 
qui  arrive  aux  femmes  qui  n'alaitent  point ,  Se  aux 
nourrices  qui  ne  lont  pas  luftitamment  tétées.  Ce  qui 
joint  à  plulieurs  caules  particulières  ,  comme  une  pat- 
lîon  vive  ,  un  froid  lubit ,  l'application  des  acides  ou 
des  aftringens  fur  les  mamelles  ,  l'ulage  de  certains 
alimens ,    fait  cailler  Se  grumeller  le  la.it ,   enlortc 
que  la  mamelle  devient  douloureule  ,  Se  très-dilpo- 
fée  à  l'inhammation.  Lorlque  cette  douleur  occalion- 
née  par  le  lait  caillé  Se  réduit  en  grumeaux  ,  eft 
accompagnée  d'une  douleur  particulière  que  l'on  a 
ridiculement  attribuée  à  un  poil  avalé  par  la  femme 
en  buvant ,  &  porté  enfuite  par  la  circulation  dans 
la  fubftance  tongueule  des  mamelles  ;  on  donne  alors 
à  cet  état  le  nom  de  poil  de  lait.    Pour  remédier  à 
cet  inconvénient ,  la  femme  n'a  rien  de  mieux  à  taire 
que  de  fe  faire  tetter  par  une  perfonne  qui  loit  allez 
robufte  pour  attirer  ,  à  force  de   fuccion  ,  le  lait 
grumelé.  Se  évacuer  ainfi  les  mamelles. 

Lait  ,  le  dit  aulli  de  plulieurs  liqueurs  ,  tant  naturelles 
qu'artificielles  ,  cjui  rellemblent  à  du  lait  feulement 
par  la  couleur.  -Ct  C'elf  ainfi  qu'en  Botanique  on 
appelle  lait  cette  liqueur  blanche  qui  fort  de  certai- 
nes plantes  ,  quand  on  en  coupe  les  tiges  ,  les  bran- 
ches ,  les  racines  ,  les  feuilles  ,  les  fruits  ;  Se  l'on 
donne  le  nom  de  laiteufes  à  ces  fortes  de  plantes. 
Laclefccntes.  Le  figuier ,  le  tithymale ,  Sec.  lont  des 
plantes  laiteufes.  Le  lait  de  tithymale  eft  acide  Se 
corrofif.  Le  lait  de  figuier  guérit  ,  à  ce  qu'on  dit ,  les 
porreaux  ,  ou  vérues.  Les  œufs  frais  ,  cuits  à  pro- 
pos ,  rendent  du  lait.  On  exprime  du  lait  des  aman- 
des pilées  ,  qu'on  appelle  Lait  d'amandes.  Lait  de 
chencvis.  Il  faut  donner  du  laie  de  chenevis  aux 
fereins  quand  ils  font  malades.  Le  /ait  de  chenevis 
fe  fait  ainli  j  vous  prendrez  une  poignée  de  chenevis 
que  vous  laverez  dans  de  l'eau  de  fontaine  ,  Se  après, 
vous  l'écralcrez  avec  un  pilon  de  bois  ,  dans  une 
féconde  eau  ;  vous  exprimerez  cela  fortement  dans 
un  linge  blanc  ,  &  vous  vous  lervirez  de  cette  eau  , 
qu'on  appelle  Lait  de  chenevis.  Hervieux.  Le  /ait  de 
chenevis  échauffe  les  oileaux. 

On  appelle  aulîî  lait  de  chaux  ,  la  liqueur  claire 
Se  blanche  qu'on  tire  de  la  chaux  ,  quand  on  l'éteint, 
&  dont  on  blanchit  les  murailles.  Ce  crépi  s'appelle 
albarium  ,  en  fous- entendant  opus. 

Lait  de  Bufrle.  Le/jirde  butïle  entre  dans  la  teinture  des 
toilej* Indiennes  ;  on  le  incle  avec  l'infufion  de  Ca- 
doncaille.  On  le  préfère  à  celui  de  vache  ,  parce 
qu'il  eft  beaucoup  plus  gras  Se  plus  onftueux.  Ce 
lait  produit  pour  les  toiles  le  même  eftet  que  la 
gomme  ,  Se  les  autres  préparations  que  l'on  emploie 
pour  le  papier  ,  afin  qu'il  ne  boive  pas.  En  eiict  , 
j'ai  éprouvé  que  notre  encre  peinte  fur  une  toile 
préparée  avec  le  cadou  s'étend  beaucoup  Se  pénètre 
de  l'autre  côté.  Il  en  arrive  de  même  à  la  peinture  noi- 
re des  Indiens.  P.  Coeurdoux  ,  Lettre  Edif.  T, 
XXFI. 

Pierre  de  lait  ,  ou  Moroclhus.  On  l'emploie  en 
Médecine  pour  provoquer  le  lait.  On  lui  attribue 
je  ne  fais  combien  d'autres  propriétés  ,  qui  n'ont 
jamais  été  bien  conftatées.  C'cft  ce  que  d'autres  ap- 
pellent lait  de  lune. 

Lait  de  la  Lune.  Terme  de  Chimie.  I,ac  Lum.  C'eft  cç 
qu'on  appelle  autrement  fleur  d'argent  ^flores  argenti  ; 
Se  pierre  de  latin,  Moroclhus ,  lapis  /acleus.  C'eft  une 
terre  blanche  ,  poreule  ,  friable,  infipide  ,  nuis  qui  fe 
dilloutdans  l'eau,  &  qui  la  teint  en  couleur  de  lait, 
C'eft  un  fublimé  ,  un  extrait  de  la  matière  qui  le  trou- 
ve communément  dans  les  mines  d'argent.  C'eft  delà 
que  lui  vient  fon  nom.  Harris. 

LesNaruraliftes  appellent aulîi  lait  de  la  lune,  l'A- 
garic follîle  ,  qui  n'eft  pas  le  vrai  Agaric  ,  Se  qui  n'en 
a  qu'improprement  le  nom  ,  &  n'en  a  pas  tous  les 
effets.  Chorier ,  Hifl.  de  Dauph.  L.  I.  T.  L  p.  jJ". 

Lait  Virginal  ,  eft  une  liqueur  qui  a  été  ainfi  nom- 
mée ,  parce  qu'étant  verfée  dans  de  l'eau ,  elle  la  blan- 
chit comme  du  lait  ^  Se  que  les  filles  %'en  fervent 


\ 


L  A  I 

|)our  fe  dccralTci- ,  6c  pour  cmbellif  Iciii-  pcan.  Le 
/ait  virginal  fi;  prcpait:  av^c  k  Ici  de  Saturne  dillous 
dans  du  viiiaigte  dilUllc  ,  ou  avec  la  Cciiuuie  de  ilo- 
rax  (J\:  d;  beiijuiii  hiite  avec  de  l'clpiit  de  vin.  On  en 
fait  de  piulu  uis  autres  manières. 

En  tenues  de  l'idlofophie  hermétique  ,  laie  virgi- 
nal ,  ou  lait  de  la  vierge ,  ou  laie  des  l'iiiloloplies  , 
/igniHe  le  mcicure  iicrmérique  ,  ou  l.i  pierre  au  blanc 
fondante,  &.  projectée  lur  quelque  métal  qu'elle  ciiangc 
en  /dit  ;  alors  elle  s'appelle  or  blanc  ,  parce  qu'elle  a  le 
poids  ik  le  volume  de  1  or.  Dans  le  langage  du  même 
art,  on  dit  cuire  le  laie  ,  pour  dire  cuire  le  mercure  des 
Sages,  ou  cuire  la  pierre  ,  &c  lapoullcr  jufqu'au  rouge. 
La  pierre  le  nourrit  de  Ton  laie  ,  ou  de  l'on  fperme  , 
cela  veut  dire  qu'elle  ell  engendrée  du  mercure  her- 
métique. 
ffr  Cliemin  de  laie,  chemin  de  S.  Jacques,  en  ftyle  po- 
pulaire, ordniairement  voie  laClée.  f^oye:(ce  mot. 
fCT  On  appelle  encore  laie  une  certaine  liqueur  blanche 
qui  fc  trouve  dans  un  œuf  frais  ,   quand  il  elt  cuit 
bien  à  propos.  Un  œuf  ell  cuit  comme  il  faut,  quand 
il  a  bien  du  laie. 
Lait,  le  dit  proverbialement  en  ces  phrafcs.  Si  on  lui 
tordoirle  nez,  il  en  fortiroitdu /a/f /pour  dire  ,  il  elf 
encore  jeune  ,  ëc  lans  expérience.  Il  a  avalé  cetatfront 
doux  commelait  ;  c'eil  à  dire , il  n'a  pas  ofés'en  plain- 
dre. On  dit  qu'on  a  troublé  le  laie  à  une  nourrice  -, 
pour  dire  qu'on  l'a  engrolîée.  On  dit  qu'on  fait  une 
Vaché  à  laie  d'une  aftaire ,  quand  on  la  tire  en  lon- 
gueur ,  pour  en  tirer  toujours  du  profit.  On  appelle 
aufli  vache  à  laie  une  perfonne  ,  &  par  extenfion  , 
Une  choie  dont  on  tire  un  profit  continuel.  On  dit 
qu'un  homme  a  une  dent  de  laie  contre  quelqu'un  ; 
pour  dire,  qu'il  a  une  hame  invétérée  contre  lui. 
On  dit  aulîi  ,  il  me  Icmble  qu'on  me  bout  du  laie , 
quand  on  nous  rend  quelque  fervice  qui  nous  eft 
agréable  ,  quand  on  nous  dit  quelque  chofe  qui  nous 
fait  plaifir;  Se  l'on  dit  dans  un  fens  défavorable  ,  il  me 
femble  qu'on  me  fait   bouillir  du  laie  ,   quand  on 
me  dit  cela  ;  il  femble  qu'on  fe  mocque  de  moi  , 
qu'on  nie  prend  pour  un  enfant.  Le  peuple  dit  aulîî  , 
vin  fur  laie ,  c'ell  iouhait;  laie  fur  vin  ,  c'efl:  venin; 
c'eft  à  di'.e  ,  qu'on  dchre  de  fortir  de  l'enfance  où 
l'on  n'ed  nourri  que  de  laie,  pour  palfer  à  l'âge  où 
l'on  boit  du  vin  ;  &  que  laie  fur  vin  eft  venin  ,  parce 
que  l'on  ne  remet  au  laie ,  que  ceux   qui  font  dan- 
gereufement  malades  de  phthyfie ,  &  de  défaillance. 
Le  peuple  prend  louvent  ce  proverbe  en  un  autre 
fens  ,  comme  s'il  fignifioit  qu'on  peut  boire  du  vin 
après  avoir  mangé  du  laie  ,  mais  qu'il  eft  dangereux 
&  nuii'.blc  de  manger  du /i7;r  après  avoir  bu  du  vin; 
de  là  vient  qu'en  quelques  endroits  ,  au  lieu  de  c'ejl 
fouhaie  ,  on  dit ,  vin  fur  laie  ,  c'ejl  le  droie  ,  c'eft  à- 
dirc  ,  nSium  ejl ,  mais  ce  n'elT:  pas  là  le  fens  du  pro- 
verbe. On  dit  aulïî  ,  prov.  &  hg.  que  le  vin  eft  le  laie 
des  vieillards.  On  dit  aufti ,  qu'un  homme  fait  con- 
noître  mouche  en  laie  ;   pour  dire  ,  qu'il  n'eft  pas 
niais ,  qu'il  lair  l'air  du  monde.  La  plupart  de  ces 
proverbes  font  bien  bas  ,  &  ne  fe  difent  qu'en  ba- 
dinant. 
LAITAGE,  f.  m.  Ce  qui  fe  fait  de  lait ,  beurre ,  crcme  , 
fromage.  Laclaria  ,  ou  laclaneia.  Les  HoUandois  tra- 
fiquent beaucoup  de /dir^.'e. 

Alhi  couper  vos  joncs  ,  & prejfer  vos  laitages.  Boil. 
Dans  l'île  Britannique  ,  au  VII.  fiècle  ,  les  laieages  , 
ëc  les  œu.*-s  mêmes ,  n'étoicnt  point  défendus  en  Carê- 
me. Foye:{  Bédé  III.  Hijl.  c.  j. 
LAITANCE,  ou  LAITE  ,  f  f.  La  partie  des  poiiîons 
mâles  où  eft  contenue  leur  femenre ,  &  dont  on  ex- 
prime une  liqueur  blanche  qui  rciTemble  au  lait.  Pif- 
as  lacleapulpa.  Les  laieances  de  carpes  font  excellen- 
tes. La  laiee  d'un  hareng  frais.  A  Paris  on  dit  plus  or- 
dinairement laiee   que  laieance.   Leuvenhoek  ayant 
examiné  de  près  avec  un  bon  microfcope  la  laieance 
dune  mcrue  ,  trouva  qu'elle  contient  plus  d'ani- 
maux vivans ,  qu'il  ne  peut  y  avoir  d'hommes  fur 
terre.  On  doit  regarder  comme  une  chofe  qui  n'eft 
pas  ordinaire  ,  ce  que  raconte  un  des  Bartholins 
Tome  y. 


LAI  ^g; 

qu'il  a  trouvé  dans  un  poilfon  nommé  Àfdlus  en 
Latin  ,  Se  dont  le  merlan  eft  une  clpccc  ,  une  lai- 
ee ,  ik.  des  œufs.  Journ.  de  lô^jj.  L'Auteur  écrit 
laieee  avec  deux  et. 

(Jn  appelle  auiîi  laitance  de  cliaux  j  le  lait  de  chaux 
dont  on  a  parlé  ci  dellus.   Calx  acjuâ  mulcâ  dduca. 
f  oye^  Lait. 
LAIIE.  yoye:[  Laitance. 

LAITE  ,  LE  ,  adj.  Terme  qui  s'applique  au  PoifTon  qui 
a  de  la  laite.  Pinguis  laciariâpulpâ.  Carpe  laicée.  Ha- 
reng laite. 
LAITÉE  ,  f.  f.  Eft  un  nom  que  les  Challeurs  donnent  à 
la  portée  d'une  lice  ,  ou  de  quelques  autres  animaux  , 
pour  comprendre  tous  les  petits  d'une  portée. 
LAITERIE,  f.  f.  Lieu  où  l'on  Icrre  le  lait ,  où  1  on  bat 
le  beurre ,  où  (e  fait  le  fromage.  Cella  la'clana ,  lac- 
tarium. Il  y  a  dans  la  ménagerie  du  Ch.îtcau  de  Mcu- 
don  une  fort  magnifique  laiecne. 
LAITERON  ,  vulgairement  LACERON ,  f.  m.  Son- 
chus.  Plante  ,  dont  il  y  a  deux  efpèces  générales  j 
une  liile  ,  l'autre  rude  &  épineufe.  Le  laiecron  lilîe 
a  une  petite  racine  hbrée  ,  blanche  ;  fa  tige  croit  à  la 
hauteur  d'un  pied  Se  demi ,  creulc  en  dedans  ,  ren- 
dre ,  de  couleur  purpurine  ;    les  feuilles  lont  lon- 
gues ,  lilles  ,  découpées  comme  celles  de  la  dent  de 
lioii  ,  dentelées ,  rangées  alternativement  ;  les  Heurs 
Jiaiiient  au  lommet  des  branches  par  bouquets  à  demi- 
fleurons  jaunes ,  plus  petites  que  celles  de  la  dent  de 
lion.  Quand  ces  Heurs  font  pallécs  ,  leur  calice  de- 
vient un  huit  qui  foutier.t  de  petites  femcnces  oblon- 
gues  ,  garnies  chacune  d'une   aigrette.  Cette  plante 
rend  un  lue  laiteux  ;  elle  eft  bonne  à  manger.  On 
l'appelle  aufti  palais  de  lièvre  ,  parce  que  les  lièvres 
en  lont  friands  ;  brejferon  ,  ou  laceron.  En  Latin  fon- 
chus  lavis  laciniaeus  laeifolius.  C.  Bauh.  Pin.  i  14.  Le 
laiecron  rude  a  fes  feuilles  entières  ,  ou  peu  laciniées  , 
approchantes  de  celles  de  l'endive  ,  embrallar.t  la  tige 
par  leur  baie  ,  de  couleur  vertc-oblcure  i^'  luilante  , 
garnies  d'épines   longues  ,   dures  Sx.  piquantes.  Ses 
rieurs  ,  les  Icmences  &  fes  racines  ,  font  femblables 
à  celles  du  laiecron  lille  ;  il  rend  aufli  un  fuc  laiteux. 
En  Linn  fonchus  afpcr  non  laciniaeus.  C.  Bauh.  Pin, 
ii3.  Ces  deux  etpèces  de  laiecron  font  humeétantes, 
rafr.aichillantes  ,  apéritives  ,  on  s'en  fert  pour  les  in- 
flammations du  foie  ,  de  la  poitrine  ,  &  pour  puri- 
fier le  iang.  Ménage  Se  Voflîus  dérivent  ce  mot  de  lac~ 
eorones ,  ou  de  lacions. 
LAITEUX,    EUSE,    adj.   Terme  de    Botanique 
qui  fc  dit  de  certaines  plantes  qui  ont  un  fuc  blanc 
fcmblable  à  du  lait.  Le  figuier  ,  le  tithymalc  ,  le  L^.ite- 
ron  ,  font  des  plantes  laieeufcs.  La&ens  ou  laclejcens. 
On  trouve  dans  les  Antilles  un  arbre  que  les  ha- 
bitans  appellent  arbre   laiceux  ,  à  eau  le  que  quand. 
on  l'incile  ,  il  rend  une  grande  quantité  de  lait.  Ce 
lait  ,  loin  d'être  cauftique  &  dangereux  ,    comme 
on  l'a  dit  dans  la  précédente  édition  ,  eft ,  au   con  • 
traire  ,  un  fouverain  remède  pour  la  réunion  &  mon- 
dification  des  plaies  :  on  s'en  icrt  auflî  intérieure- 
ment avec  iuccès  ,  pour  la  fièvre  ,  pour  la  dyflènte- 
rie  ,  &  pour  la  coiique.  roye^  le  P.  Labat ,  page  j  24» 
du  II.  Tome  de  fes  'Voyages  en  l'Amériqueé 

L'arbre  eft  fi  tendre  qu'on  cafle  fes  branches  en  le 
branlant ,  ainfi  elles  iautent  toutes  en  pièces  i'i  l'on 
y  donne  un  coup  de  bâton.  Il  croit  gros  comme 
la  jambe  ,  fort  égal  depuis  le  bas  julqu'à  fa  cime  , 
&  haut  de  deux  piques.  L'extrémité  de  Ces  bran- 
ches ,  qui  font  fort  courtes  ,  eft  plus  grofle  que  le 
milieu.  Il  porte  au  bout  de  chaque  branche  une  ving- 
taine de  fleurs  blanches  d'aflez  bonne  cdcur  ,  &  qui 
reflemblent  à  celles  du  jafmin.  Elles  font  beaucoup 
plus  grandes  ,  &  à  leur  chute  quinze  ou  vingr  feuilles 
croilfent  au  même  endroit  ,  longues  de  deux  pies  j  8c 
larges  de  quatre  doigts  ,  qui  finilTent  en  pointe  , 
enlorre  qu'on  les  prendroit  pour  des  lames  de  poi- 
gnards. 
§CF  Les  Lapidaires  appellent  au'nilaieeu/ès ,  des  pierres 
fines  tranfparentes,  dont  la  couleur  tirant  fur  le  lait  , 
diminue  beaucoup  la  valeur.  Une  opale  laieeufe  , 
dont  le  blanc  eft  trouble.  Foyei  Opale. 

Ccc  ij 


3 


88 


L  A  I 


LAITIER  ,  f.  m.  Terme  de  grolfes  Forges.  C'eft  une 
certaine  matière  ccumeufe  qui  fort  du  fourneau  où 
l'on  fait  fondre  la  mine.  Spuma  ferri.  Cette  matiè- 
re vient  ,  iion-feulemcnt  de  la  mine  ,  mais  encore 
plus  de  la  cailinc  qu'on  met  avec  la  mine  pour  en 
faciliter  la  fulion  ,  comme  on  met  du  borax  pour 
fondre  l'or  ,  Se  du  falpêtre  pour  fondre  l'argent. 
Les  laitiers  font  criftaliles  ,  d'une  couleur  bleuâtre 
tirant  fur  le  vert.  Les  laitiers  ne  font  propres  à  rien  ; 
mais  comme  ils  emportent  toujours  avec  eux  quelque 
portion  de  fer  ,  les  Forgerons  ont  foin  de  les  hrire 
piler  dans  un  moulin  fait  exprès  ,  aiin  d'en  tirer  le 
fer  qu'ils  ont  charrié  avec  eux. 
LAITIERE,  f.  f.  Femme  qui  vend  du  lait ,  qu£  lac  ven- 
dit. Les  Laitières  portent  leur  pot  au  lait  lur  la  tête  avec 
une  merveilleufe  adreffe. 

Ce  mot  fe  ditaullides  nourrices  qui  ont  beaucoup 
de  lait.  Laclans  nutrià.  Le  lait  de  cette  nourrice  cil 
bon  ,  mais  elle  n'eîl  pas  grande  laitière.  En  ce  fens  , 
il  ne  fe  peut  dire  qu'en  parlant  familièrement. 

Ce  mot  fe  dit  aulli  des  vaches  qui  donnent  beau- 
coup de  lait.  Par  une  Ordonnance  de  Police  du  4. 
de  Novembre  1701  ,  il  eft  permis  aux  Bralleurs  de 
vendre  aux  particuliers  qui  nourrilfent  des  vaches 
laitières  le  marc  de  l'orge  moulu,  vulgairement  ap- 
pelé Drcfche,  &c  aux  particuliers  d'en  nourrir*  leurs 
vaches  ,  pourvu  que  la  dtefche  ne  loit  point  aigrie. 
Traité  de  Police  ,  L.  IF.  Titre  FIL  page  s/û  ,  S77- 
LAITON  ,  ou  LETON.  Le  premier  ell  le  plus  ordi- 
naire ,  f.  m.  Métal  fi'flice  ,  qui  fe  fait  avec  du  cui- 
vre rouge  ,  dans  lequel  on  mêle  de  la  calamine  ,  qui 
cil  im  minéral  jaune,  dont  il  y  a  abondance  au  pays 
de  Liège  ,  qui  augmente  le  poids  du  métal.  Orichal- 
cum  ,  aurichalcum.  De  cent  livres  de  cuivre  rouge  , 
&  de  cent  livres  de  pierre  calaminaire  fondus  en- 
femble ,  il  le  forme  cent  cinquante  livres  de  cuivre 
jaune  ,  ou  laiton.  Le  mélange  en  eft  plus  ou  moins 
t;rand  ,  félon  l'ouvrage  qu'on  veut  faire.  On  diloit  au- 
trefois laton. 

Ce  mot  vient  du  Flamand  lateon  ,  ou  de  l'Anglois 
latton.  D'autres  difent ,  qu'il  vient  de  elcclum  ,  quia 
ejl  metallum  faclitium.  Aurichalcum  lignifie  propre- 
ment du  cuivre  d'or  ,  ou  du  cuivre  qui  paroit  or  ; 
&  orichalcum  fignifie  du  cuivre  de  montagne  ,  «V"  . 
mons  ,  montagne  ,  &  >:«/x«,  cuivre  ,  airain.  M.  Huet 
dérive  ce  mot  laiton  de  Utwm  ,  qui  en  langue  de 
Galles  j  lignifie  la  même  chofe. 

En  termes  du  grand  Ait  ,  laiton  des  Philofophes 
fignifie  l'élément  de  la  terre  ,  ou  le  corps  immonde. 
Laiton  non  net  y  c'eft  matière  parvenue  au  noir.  Lai- 
ton blanc  des  Philofophes ,  c'eft  le  Mercure  hermé- 
tique ,  ou  la  Lune  des  Sages.  Laiton  rouge  des  Phi- 
lofophes ,  c'eft  l'or ,  ou  l'airain  des  Philofophes  ,  ou 
leur  pierre  parhite  au  rouge.  Laver  le  laiton  lept 
fois  dans  le  Jourdain  ,  comme  Naamin  le  Lépreux  , 
cxprellion  figurée  ,  qui  veut  dire  ici  ,  toujours  ,  long- 
temps ,  autant  qu'il  but.  Blanchir  le  laiton  ,  c'eft  ftire 
devenir  blanche  la  matière  ,  de  noire  qu'elle  étoit  , 
ce  qui  le  ftit  par  l'opération  appelée  lavement  des 
Philolophes. 
LAITUE ,  f.  f.  Plante  dont  il  y  a  deux  efpèces  géné- 
rales ,  une  cultivée  ,  Se  l'autre  lauvage.  Lacluca.  La 
laitue  cultivée,  ou  domrftique,  comprend  pluiicuis 
efpèces.  La  plus  commune  ,  que  C.  Bauhin  appelle 
lacluca  fativa  ,  PiN..i2i.  a  fes  feuilles  longues  ,  lar- 
ges ,  ridées ,  de  couleur  verte-pâle  ,  pleine  d'un  fuc 
laiteux  ,  agréable  au  goût  pendant  qu'elle  eft  jeune  , 
m.ais  qui  eft  amer  ,  quand  la  tige  eft  venue.  Cette 
tige  fe  divife  en  beaucoup  de  rameaux  ,  portant  en 
leurs  fommités  de  petites  Heurs  jaunes  ,  qui  font 
des  bouquets  à  demi  fleurons ,  foutenus  par  un  ca- 
lice un  peu  long  ,  grêle  ,  compofé  de  feuilles  en 
écailles.  Lorfque  ces  fleurs  font  pallées ,  il  leur  lue 
cède  des  femences  o,blongiics  ,  pointues  par  les  deux 
bouts  ,  de  couleur  cendrée  ,  garnies  d'aigrettes. 
Cette  efpècc  de  laitue  eft  pommée  ,  ou  non  pom- 
mée. 

Il  y  a  une  autre  efpcce  de  laitue  Romaine  ;  en 
Latin  lacluca  Romana  ,  longa  ,  dulcis.  J.  Bauh.   1 . 


L  AL 

Pin.  99S.  Sa  feuille  eft  longue  ,  médiocrement  large, 
légèrement  découpée  ,  garnie  en  dellous  le  long  de 
fa  côte   de  petites  épines.  Sa  fleur  eft  femblable  à 
celle  de  la  laitue  commune  :  la  lemence  eft  noire. 
ifT  La  laitue  crêpe  ou  crêpée ,  lacluca  crijpa  &c  tenuicer 
dijfecla  ,  a  fcs  feuilles  découpées  j  pliess  &  repliées 
comme  une  crêpe.  Ses  fleurs  lont  comme  celles  des 
autres  elpèces.  Sa  fcmence  eft  blanche. 
^fT  La  grofté  crêpe  eft  très  douce ,  tendre  &  délicate.  La 
petite  crêpe  ,  ou  petite  noire  ,  ainfi  nommée  parce  que 
fa  graine  eft  noire  ,  a  les  feuilles  d'un  vert  jaunâtre  , 
entalîées  en  pomme  ,  dentelées  &:  très-frilees.  Celle 
qu'on  appelle  ronde,  n'eft  prcfque  pas  frifée ,  &  vient 
afléz  grolfc.  Les  graines  des  deux  premières  fourniflent 
les  laitues  à  couper.  Les  Jardiniers  cultivent  plufieurs 
autres  efpèces  de  laitues  ,  dont  on  trouve  le  détail 
dans  tous  les  livres  de  jardinage.  Laitue  cabufe  ou 
pommée  ,  dont  le  nom   eft  devenu  générique  ■,  la 
george ,  l'auberviliers  ,  la  grolfe  blonde  ,  la  dauphine  , 
la  bapaume  ,  la  batavia  ,  la  fanguine  ,  la  coquille  ,  la 
paillon  ,  la  verfaille  ,  la  cocalfe ,  &c. 

Il  y  a  aulli  plufieurs  efpèces  de  laitues  fauvages. 
Les  laitues  humeétent ,  rafraîchillent ,  tempèrent 
l'âcreté  des  humeurs  ,  &  provoquent  le  fommcil. 

On  a  trouvé  au  Pérou  Aes  laitues  qui  peloient  juf- 
qu'à  lept  livres  &  demie. 

La  laitue  a  été  ainfi  appellée ,  parce  qu'elle  eft  de 
toutes  les  plantes  potagères  ,  celle  qui  rend  le  plus 
de  lait. 
LAÏUS  ,  f  m.  Fils  de  Labdacus  ,  Roi  de  Thèbes. 
LAIX  ,  ou  LAIS.  Terme  de  Coutumes.  Foyei  Laie  , 
■     terme  de  Coutumes. 

LAIZE,  f  f.  Terme  de  manufaélure.  Largeur  qu'u- 
ne étofte  ,  ou  une  toile  j  doit  avoir  entre  les  deux 
lifières. 
Laize  de  Bonjon.  Terme  de  Manufaélures  de  toiles  ^ 
particulièrement  en  ufage  dans  celles  de  Norman- 
die. Il  fignifie  la  largeur  d'une  toile  faite  dans  les  rots 
d'une  aune  ,  en  forte  qu'elle  le  trouve  de  trois  quarts 
&  demi  un  fixième  de  large. 

L  A  K. 

LAPCIUM  ,  ou  BISKOPS  LACK  ,  bourg  du  Cercle 
d'Autriche  en  Allemagne.  Lakium.  Il  eft  dans  la 
Carniole ,  fur  la  petite  rivière  de  Zéir  ,  environ  à 
deux  lieues  de  Crainbourg.  Quelques  Géographes 
prennent  Lakium  pour  la  petite  ville  de  la  Pannonie 
lupérieure  ,  nommée  anciennement  Fntorium  La- 
tovicorum ,  que  d'autres  mettent  à  Pridanik  ,  village 
de  la  Carniole ,  fitué  fur  la  rivière  de  Gurek ,  vers 
le  lac  de  Czernicz.  Maty. 

L  A  L. 

^fT  LALA.  f.  m.  Titre  d'honneur  que  le  Sultan  donne 
aux  Vilirs  ,  &  à  un  Grand  de  l'Empire.  Ce  mot  fi- 
gnifie tuteur.  Ils  font  les  gardiens  &  les  tuteurs  is& 
frères  du  Sultan. 

LALAIN.  Nom  d'un  bourg  ,  avec  un  château  &  df 
tre  de  Duché.  Lalinum.  Il  eft  dans  la  Flandre  ,  fur 
la  Scarpe  ,  environ  à  une  lieue  au-dellous  de  Douai 
Maty. 

LALAND.  Nom  d'une  Ile  du  Danemarck.  Lalanâia. 
Elle  eft  dans  la  mer  Baltique  ,  près  de  la  côte  méri- 
dionale de  celle  de  Séclande.  Laland  eft  une  petite 
Ile  qui  n'a  que  huit  lieues  de  long  ,  &  quatre  de 
large;  mais  elle  eft  très  fertile  en  grains,  &  fur  tout 
en  froment  dont  elle  pourvoit  la  ville  de  Coppenha- 
gue  &  les  autres  lieux  voifms  où  il  eft  rare.  Les 
Flollandois  en  tirent  tous  les  ans  quantité  de  grains  & 
de  pois.  Elle  a  Ion  Gouverneur  p.articulicr ,  duquel 
dépendent  plufieurs  petites  îles  voifines.  Ses  lieux 
principaux  font  NaxkoWj  capitale,  Saxkoping,  & 
Nvfted.  Maty. 

LALBENQUE.  Petite  ville  de  France  dans  le  Querci , 
Généralité  de  Montauban. 

LALI,  CASILIRMAR,  ou  OTIvlAGIUCHL  Nom 
d'une  rivière   de  la  Natolie  en  Aile.  Halys.    Elle 


L  A  M 

baigne  Otmaginch  &  Ce  décharge  clans  la  mer  Noire , 
à  fcpt  lieues  de  Sinii(b,  vers  le  couchant.  Matv. 

LALLUS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un  dieu 
des  anciens  Romains.  Lallus.  C'étoit  celui  qui  préli 
doit  aux  enfantillages  que  les  nourrices  font  pour  di- 
vertir leurs  noiurillons,  aux  mots  enfantins  qu'elles 
leur  difent ,  comme  lalla  mamma  ,  pour  leur  appren- 
dre infenfiblcment  à  prononcer  quelques  mots;  Sic 
même,  comme  il  paroitpar  l'Epitrc  XVI  d'Aufonc  , 
V.  90  &:  91 ,  aux  chantons  qu'on  leur  chantoit  pour 
les  endormir.  Voyc\  Turncbe  ,  Adv.  L.  XVIII.  c. 
^4.  Lallare  lignifie  chanter  pour  endormir  les  enbns. 

ICTLALONDE.  f.  f.  Jafmin  de  lilc  de  Madagafcar  , 
dont  l'odeur  cil  très  agréable.  Il  a  la  feuille  plus  gran- 
de que  nos  jafmins  d'Europe,  &  croît  en  arbrilleau  , 
fans  s'attacher  à  d'autres  arbres. 

L  A  M. 

LAM.  f.  m.  Terme  de  Grammaire  Arabique.  Nom  de 
la  vingt  troiiième  lettre  de  l'Alphabet  des  Arabes,  la 
quelle  répond  à  notre  L.  Lam.  S'arrage ,  Auteur  Ara- 
be ,  explique  les  myllcres  des  Lam  ,  dans  (on  livre  in- 
titulé EiiLan.  D'Herbelot.  Le  Lam  elf  aulîî  une  lettre 
numérale  en  Arabe,  qui  lignifie  50.  Cafid.  'Lz  Lam 
cftaullî  une  prépolition  qui  a  didérentes  lignifications. 
Le  P,  Souciet  dans  les  Dillertations  Critiques ,  page 
4p()  ,  montre  quelle  lignifie  la  fin  qu'on  fe  propoie. 

LAMA.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Prêtre  des  Tartares 
Occideiîtaux ,  voifins  de  la  Chine.  Prêtre  idolâtre  du 
Top.bu  ,  ou  du  Royaume  de  Thibet  &  de  Baraniola  , 
lequel  eft  fort  relpeéfé  par  les  Tartares,  que  les  Chi- 
nois appellent  Occidentaux  à  leur  égard.  Sacerdos 
Tartarus ,  Sacrificulus  Tartarus  ^  Lama.  Ces  Tarta- 
les,  qui  ne  (ont  pas  tout  à-fait  idolâtres,   louffrent 
néanmoins  que  ces  Lamas  ayent  des  Temples  chez 
eux.  D'Herbelot    Quelques-uns  dilent  Lamas  mê- 
me au  Imgulicr.   Les  Tartares  ont  un  grand  Lamas 
qui  ell  kur  Grand  Prêtre  qu'ils  appellent  aulîi  Baran- 
tola  &  Lalla.  Dans  le  Royaume  de  Tangut,  il  cil  la 
féconde  perfonne  du  Royaume ,  &  après  le  Roi  il  a 
le  plus  d'autorité.  Non-feulcmcnt  ,les  peuples  ,  mais 
même  les  Rois  voifins  viennent  l'adorer  dans  le  fond 
de  fon  Palais  j  où  il  reçoit  leurs  hommages  allis  com- 
me une  divinité.  Aucun  de  ces  Rois  n'ell  intronifé, 
s'il  n'a  auparavant  envoyé  des  Amballadeurs  à    ce 
grand  Lama ,  avec  des  prélens  pour  obtenir  la  béné- 
diélion.  Voyc^  Kirker  ,  China  Illujl.  L.  II.  c.  4.  Les 
Lamas  font  fort  adonnés  à  la  Magic.  Les  Lamas  font 
les  Prêtres  Tartares  &  les  plus  fuperftitieux  de  tous 
les  Bonzes.  P.  Le  Comte.  Ce  font  les  dilciplesdeFô  , 
que  les  Siamois  ont  appelés  Talapoins  ,  les  Tartares 
Lamas  ou  LamasSem  ,  les  Japonois  Bonzes ,  &  les 
Chinois  Hocham.  Idem.  La  Reine  ,  mère  de  l'Empe- 
reur de  la  Chine,  étoit  fort  entêtée  de  la  Religion  des 
Lamas ,  Prêtres  Tartares,  &  les  plus  fuperftitieux  de 
tous  les  Bonzes.  Idem.  De  nouvelles  lumières  qu'eut 
l'Empereur  (de  la  Chine)   lui  découvrirent  l'inno- 
cence du  Prince  dépofc,  &  les  artifices  qui  avoient 
été  employés  pour  le  perdre.  Il  lut  que  pour  y  réullir 
le  Régulo  avoir  eu  recours  à  la  Magie,  &  à  divers 
preftigesi  &  que  par  linftigation  de  certains  Lamas 
fort  expérimentés  dans  l'ulage  des  fortiléges ,  il  avoit 
fait  enterrer  une  ftatuc  en  Tartarie  ,  en  accompagnant 
cette  cérémonie   de  plufieurs  opérations  magiques. 
L'Empereur  envoya  fur  le  champ  faifir  ces  Lamas ^  8c 
déterrer  la  ftatue ,  le  Régulo  eut  fon  Palais  pour  pri- 
fon ,  8c  fut  condamné  à  un  châtiment  qui  marquoit 
allfc  l'indignation  de  l'Empereur.  Lett.  Edif.  T.  X. 
P-  122. 
LAMANAGE.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  le  travail 
des  Mariniers  qui  conduilent  un  navire  à  l'entrée  ou 
à  la  lortie  d'un  porc  ou  d'une  rivière ^  particulièrement 
aux  lieux  où  l'entrée  ell  difficile.  Res  naucleraria  ^  lït- 
torum  peruia.    On  l'appelle  aulli  menu  pilotage  & 
louage.  On  intente  des  actions  en  Juftice  pour  le  la- 
manage. 
LAMANEUR.  f  m.  Terme  de  Marine.  Pilote,  ou 
Marinier  qui  fait  le  lamanage.  C'eft  un  homme  qui 


LAM  389 

rélide  dans  un  port ,  qui  en  conno'it  les  entrées  &  les 
illues ,  &c  qui  conduit  les  vaillcaux  étrangers  dans  les 
rades  ,  ou  dans  les  ports  ,  lorfquc  les  parages  fjiit 
dangereux ,  8c  inconnus  à  ceux  qui  abordent.  Nau- 
clerus  iiuorarius  ,ponuarius.  On  les  appelle  aulîi  Loc- 
mans ,  ou  LormanSj  ou  Lomcns.  Le  litre  III  du  IV 
Livre  des  nouvelles  Ordonnances  de  la  Marine ,  con- 
tient les  Réglemens  faits  pour  les  Pilotes.  Lamancurs 
ou  Locmans.  Ils  doivent  avoir  vingt- cinq  ans  pour 
être  reçus,  après  un  examen  en  la  Juftice  de  l'Ami- 
rauté, où  on  leur  taxe  leur  lalairc;  8c  fi  le  vailibau 
qu'ils  conduifent  échoue  par  leur  ignorance,  ils  fonc 
condamnés  au  fouet;  li  c'ell  par  malice,  ils  font  pen- 
dus à  un  mât.  Les  Lamaneurs  (ont  aulli  des  Pilotes  de 
rivières  vers  leurs  embouchures ,  qu'on  loue  pour  évi- 
ter les  bancs,  fequcs  ,  fyrtcs  &  autres  dangers;  parce 
que  l'Océan  &:  les  eaux  d'amont  les  font  changer  de 
place  prefquc  tous  les  ans ,  &  fur-tout  vers  Rouen ,  où 
il  y  a  des  Lamaneurs  Jurés  de  deux  lieues  en  deux 
lieues. 

Luitprand  dit  que  ce  mot  vient  de  lomen ,  ou  guide. 
D'autres  difent  que  Lamaneur  eft  dit ,  quajî  laborans 
manu,  à  cau(c  qu'il  (i:  (ert  fouvent  de  cordes,  crocs  , 
harpins  &  avirons,  pour  mettre  un  vaiftèau  en  rade 
ou  en  furin.  Il  y  a  plus  d'apparence  qu'il  vient  de 
I^oman,  qui,  en  langage  Celtique,  ou  Bas -Breton  , 
(ignifie  Maure  de  Navire. 
LAMANTIN.  Foyei  Lamentin. 

LAMARIE.  (.  t.  C'eft  ainfi  que  quelques-uns  appellent 
la  plante  qui  fert  à  hiire  la  foudc.  Voyei  Soude. 

LAMBACH.    Voyei  Lampach. 

LAMBAD.  i.  m.  Vent  de  fcptentrion  qui  foufïle  à 
Smyrne  tous  les  jours  depuis  l'équinoxe  de  Mars  ]u£- 
qu'à  celui  de  Septembre ,  8c  depuis  les  neuf  heures 
du  matin  jufqu'à  neuf  heures  du  (bir.  Boreas.  Du 
Loir,  p.   16 , 

LAMBALE.  Petite  ville  de  Frarce.  Lamhalium.  Elle  eft: 
dans  la  Bretagne,  à  cinq  lieues  de  Saint  Brieux,  vers 
l'orient  méridional.  Maty. 

03"  C'étoit  anciennement  la  capitale  des  Ambiliates, 
dont  parle  Céfar.  Elle  eft  aujourd'hui  regardée  com- 
me le  chef  lieu  du  Duché  de  Penrhievre.  Long,  i  y. 
d.  4',  lar.  48.  d.  28'. 

LAMBALOIS,  OISE,  f  m.  &  f.  Qui  eft  de  Lambale. 
Lambalenfîs ,  Ambilias ,  Amhialites.  Dans  les  édi- 
tions de  Céfar ,  Comm.  Liv.  III,  on  trouve  Ambïba- 
rii;  mais  Cluvier  a  averti  dans  fa  Germania  Antiqua  , 
Lib.  II ,  que  les  anciens  manufcrits  portent  Ambilia- 
tes ,  ou  Amhiaiuts.  Céfar  eft  le  (eul  des  anciens  qui 
parle  de  ce  peuple ,  que  quelques-uns  prennent  pour 
ceux  d'Avranche.  Hadr.  "Valoisj  Not.  Gall.p.  16 . 
Yi' Ambiliates  j  en  y  joignant  l'article  François  le  ,  là , 
on  a  fait  Lambale  8c  Lambalois. 

LAMBDA.  1.  m.  Terme  de  Grammaire  Greque.  C'eft 
le  nom  de  la  douzième  lettre  de  l'Alphabet  des  Grecs. 
Lambda.  Le  Lambda  ell  une  liquide  immuable. 
PoRT-R.  Dans  les  nombres,  le  Lambda  vaut  50.  Sa 
figure  eft  A  &  ^  (ur  les  Médailles  ,  quand  il  lignifie 
Aoitâô«»7«5 ,  il  a  celle  de  \'L.  Latine.  Les  Attiques  le 
mettent  pour  ni.  Port-R.  On  le  change  aulîi  en  à. 
Idem. 

Lambda  vient  de  l'Hébreu  Lamed ,  ou  du  vieu.x 
Syrien  Lambda.  Idem. 

LAAIDBOIDE.  adj.  f.  Terme  d'Anatomie.  C'eft  une  épi- 
thète  qu'on  donne  à  la  troiheme  (uture  vraie  du 
crâne ,  parce  qu'elle  rclfemblc  à  la  lettre  que  les  Grecs 
nomment  ^,  Lambda.  Par  la  même  railbn  on  l'ap- 
pelle Ypjîlo'ide  ,  parce  qu'elle  a  quelque  apparence 
d'un  Ypfilon,  ou  ï  Grec. 

LAMBEAU,  f  m.  Textifegmentum  ,fegmen.  Morceau 
d'une  étofté  vieille,  ou  déchirée.  Cet  habit  s'en  va 
tout  en  lambeaux.  Il  ne  changeoit  point  d'habit  que 
celui  qu'il  portoit  ne  s'en  allât  tout  en  lambeaux. 
BouH.  Xav.  L.  VI. 

On  voit  fur  les  chemins  l'équipage  en  lambeaux , 
Des  mulets  décharnés ,  des  ombres  de  chevaux. 

Renard, 


390  L  A  M 

Ménage  dei-ive  ce  mot  de  lamina,  6c  dit  qu'on  en 
a  fait  iamba  Se  ion  diminutif  /ambeHum;  ou  bien  de 
limbus  qui  lignihe  la  même  chofe.  Borel  le  dérive  de 
flambe,  aullî-bieii  que  l'oriliamme. 

Dans  la  -balle  Latinité  on  ttouve  labdlus  ,  pour 
fignifier  un  ornement  précieux  qui  pendoit  des  ge- 
noux, ou  à  la  hauteur  des  genoux  ;  6c  c'cft  de  la  ,  fé- 
lon quelques  uns,  que  s'elt  fait /a^f^u j  &  puis  lam- 
beau. Peut-être  labeltus  venoit-il  de  lïmbus. 
Lambeau  ,  fe  ditaufli  figurément  en  Morale.  Je  n'ai  re- 
tenu que  quelques  lambeaux  de  ce  diicours.  Les  écrits 
de  cet  Auteur  font  péris,  il  ne  nous  en  rcfte  que  quel- 
ques fragmens ,  ou  lambeaux.  Dans  la  décadence  de 
l'Empire  Romain  ,  Jes  Barbares  emportèrent  chacun 
ion  lambeau. 

Efiropicr  Horace,  en  foi  fi  méthodique. 
Pour  coudre  à  jes  leçons  des  préceptes  nouveaux, 
-Fmrquoi  le  déchirer  &  le  mettre  en  lambeaux  ; 

On  dit  en  ftyle  dogmatique,  mettre  en  lambeaux 
un  Auteur ,  un  Livre ,  un  pallage. 
Lambeau,  en  termes  de  Chalfe,  fe  ditaulll  d'une  peau 
velue  du  bois  du  cerf,  qu'il  dépouille  en  certain  tems. 
■Cornu  cervini  vdli. 
I^tLambeau,  en  termes  de  Chapelier ,  c'efl:  un  mor- 
ceau de  toile  forte  que  l'on  met  entre  chaque  capade  , 
pour  empêcher  qu'elles  ne  fe  joignent,  tandis  qu'on 
Jes  bîitit  pour  en  faire  un  chapeau.  C'elt  le  lambeau 
•qui  donne  la  figure  au  chapeau ,  &  fur  lequel  chaque 
capade  le  forme. 

Lambeau  ,  ou  Lameel  ,  en  termes  de  Blafon ,  efl:  une  ef- 
pèce  de  brifure  la  plus  noble  de  toutes,  qui  le  forme 
par  un  filet  qui  fe  met  ordinairement  au  milieii  &  le 
long  du  chef  de  l'écu,  lans  quil  touche  fes  extrémités. 
Tcjjerarius  parm&  limbus.  Sa  largeur  doit  être  de  la 
neuvième  partie  du  chef.  Il  eft  garni  de  pendans  qui 
jellémblent  au  fer  d'une  coignée ,  ou  plutôt  aux  gout- 
tes qu'on  repréfente  en  Architecture ,  dans  la  frife  de 
l'ordre  Dorique  fous  les  triglyphes.  Quand  il  y  a  plus 
de  trois  pendans,  il  faut  en  fpcciher  le  nombre,  &  on 
en  mer  quelquefois  jufqu'à  lix  dans  les  écus  des  cadets, 
îîichelet  prétend  qu'on  ne  dit  ^Xws^lambel,  &  qu'il 
faut  toujours  dire  lambeau.  C'elf  précilément  le  con- 
Traii-e.  Les  lambeaux  étoient  originairetnent  une  el- 
pèce  d'écharpe ,  de  collet  ou  de  jarretière  à  languettes 
ou  aiguillettes  pendantes,  que  les  jeunes  gens  por- 
toient  au  cou  ,  comme  on  y  porte  maintenant  les  cra- 
vates. Ces  rubans  s'attachoient  au  cou  du  heaume  ,  & 
quand  il  étoit  placé  fur  l'écu  ,  il  en  couvroir  la  partie 
la  plus  haute  \  ce  qui  fervoit  à  diftinguer  les  enhms  de 
''leurs  pères,  parce  qu'il  n'y  avoir  que  ceux  qui  n'é- 
toicnt  pas  manés  qui  en  pprtalfent ,  ce  qui  a  donné 
Gccalion  d'en  faire  des  brifures.  On  les  appeloit  alors 
labels  &:  labeaux.  C'étoit  aulll  des  bandes  étroites 
propres  à  lier  des  guirlandes  &  des  couronnes,  dont 
les  bouts  étoient  pendans.  C'ell  aulii  de  l'ancien  ulage 
de  porter  des  lambeaux  autour  de  la  tête  en  forme  de 
diadème,  qu'ell  venu  celui  de  mettre  des  lambeaux  en 
chef  fur  les  écus.  Pluheurs  des  anciens  lambeaux 
avoient4,  j,  6,  7  &  8  becs  ou  pendans  ,  comme 
pointe  de  râteau;  ce  qui  les  a  fait  appeler  par  les  Ita- 
liens Radelli;  mais  depuis  on  leur  a  donné  plus  dé- 
tendue, à  caulé  qit'on  les  a  chargés  quelquefois  dlier- 
mines,  de  fleursde  lis ,  &  autres  femblables  pièces. 
Quelques-uns  ont  fait  brocher  le  lambcl  lur  les  pièces 
princioales  de  l'écu. 

LAMBEL.  f.  m.  Tefferariùs  parm^  limbus.  Terme  de 
Blafon ,  qui  vient  d'être  défini.  C'elf  la  première  bri- 
fure de  l'écu  que  portent  les  cadets,^  pour  les  dilUn- 
guer  d'avec  les  armes  pleines  des  aînés.  Ainli  le  Duc 
d'Orléans,  fécond  fils  de  France  ,  porte  d'azur  chargé 

•  de  trois  fleurs  de  lis  d'or,  brifé  d'un  lambel  de  trois 
pendans  d'argent. 

LAMBERT,  f.  m.  Nom  d'homme.  Landehertus  ,Lant- 
hertus.  S.  Lambert  naquit  à  Macftricht,  peu  après 
l'an  640 ,  de  parens  nobles  &  d'une  famille  qui  étoit 
Chrétienne  depuis  plufieurs  générations.  Eah.let.  Il 
fut  tait  Évêque  de    Maeftricht  la  patrie  ea   66S  , 


L  A  M 


&  foufFrit  la  mort  pour  la  Foi ,   l'an  708. 

Le  pays  de  Lambert.  Regio  Lamberti.  C'efl:  ua 
côté  de  la  Groenlande.  Elle  eft  fous  le  foixante  dix- 
huitième  degré  de  latitude,  &  a  été  découverte  par  les 
Hollandois  ,  l'an  1670  ;  mais  on  n'en  dit  rien  de  par- 
ticulier. Maty. 
LAMBESC.  Petite  ville  de  France.  Lambefia  ,  lambef- 
cum.  Elle  eft  dans  la  Provence  ,  à  trois  ou  quatre 
lieues  d'Aix  ^  vers  le  couch.rnt  feptentrional.  Comme 
cette  ville  eft  bien  bâtie ,  que  fon  terroir  eft  fort  beau 
&  fon  air  fore  pur,on  y  tient  ordinairement  rallëmblée 
des  États  de  la  Province.  Long.  23  d.  y'jlat.  43. 
d.  3i'. 
LAMBESC  A,  autrefois  L  AMBhSC.  Za/n^ejG  ,  Lam- 
pefa.  C'étoit  anciennement  une  ville  Epilcopale  de 
la  Numidie;  maintenant  ce  n'eft  qu'un  petit  bourg 
du  Royaume  d'Alger ,  lîtué  fur  le  Sufegmar ,  dans  le 
Royaume  de  Conftantine,  à  huit  lieues  de  la  ville  de 
ce  nom  vers  le  midi.  Maty.  Le  Concile  de  Lambefca 
fut  allemblé  l'an  24s  de  J.  C. 
LAMBETH.  Village  d'Angleterre,  fitué  fur  laTamife, 
vis  à-vis  de  la  ville  de  Weftminfter  ,  partie  de  celle  de 
Londres.  Lambetha  ,Lametha.  Il  y  a  dans  ce  village 
un  Palais  des  Archevêques  de  Canrorbéry ,  dans  le-, 
quel  ces  Prélats  font  ordinairement  leur  réfidence. 
Maty. 
LAMBEY.  Petite  île  du  Comté  de  Dublin  en  Irlande. 
Elle  eft  près  de  la  côte  entre  la  ville  de  Dublin  Se  celle 
deDroghcda.  Quelques  Géographes  la  prennent  pouE 
celle  que  les  Anciens  nommoient  Limnos  ,  que  d'au-; 
très  pLacent  à  Rameiéy ,  petite  île  fituée  fur  la  côte  da 
Comté  de  Pembrockj  en  Angleterre,  vis-à-vis  de  la 
ville  de  Saint  Davids.  Maty. 
IIO'LAMBEYE.  Petite  ville  de  France,  dans  leBéarn, 

Diocèle  de  Lefcar. 
LAMBIN,  f.  m.  LAMBINE,  f.  f.  Lentdus ,  piger ,  tar' 
dus.  Ce  terme  eft  populaire  ,  ou  irimilier.  Il  fignifie, 
qui  eft  lent   jufqu'à  chagriner  ,  jufqu'à   donner  de 
l'ennui.  Cet  homme  eft  un  vrai  lambin.  Cette  femme 
eft  une  vraie  lambine. 
LAMBINER,  v.  n.  Terme  familier.  Faire  ce  que  l'on 
fait  lentement ,  avec  nonchalance.  Pigrari  ,  pigri- 
tari  ,  cunclari,   ce(jare ,  ofcitanter   agere.   Qui   m'a 
donné  ce  grand  piuelleux  là  î  il  ne  fait  que  lambiner. 
11  ne  faut  pas  lambiner.  Ac.  Fr. 
LAMBIQUEK.  v.  a.  Vieux-  mot.  Diftiller. 
LAMBIS.  f.  m.  Major  cochlea  Umax  Grand  limaçon, 
qui  fe  trouve  dans  les  mers  des  îles  de  l'Amérique. 
Sa   coque  eft  li    grolle  qu'elle    pefe  quelquefois  fix 
livres.  Elle  forme  une  efpèce  de  roche  ,  tant  elle  eft 
dure,  &    relevée  en  quelques  endroits  par  de  pe- 
tites pointes.   On    en  compofe   un    ciment   qui  re- 
lifte  a  la  pluie.  Les  Sauvages  en  mangent  la  chair. 
Le  Larnbis  a  peut  être  eu  ce  nom  à  caufe  que  le 
poillbn  qui  le  fait  mouvoir  a  la  figure  d'une  grolFe 
langue,   qui  lèche  ( /jot^;/:  )   cette    humeur   gluante 
qui"  s'attache  fur  les   rochers  que  la  mer  baigne  de 
fes  Hors.    C'eft  un  des   plus    gros  coquillages    qui 
fe  voient.    Il  eft  du  genre  des   murex  ou  rochers. 
C'eft  une  efpèce  d'araignée  ,  dont  la  queue  ,  ainfî 
que   la  clavicule ,   eft   pointue.    Le  Lamhis   eft  rc- 
troufié  par  l'un  de  fes  bords ,  comme' pour  faire  mieux 
paro'itre  la  belle   couleur  purpurine   qui  l'enrichir 
au  dedans.    Mais  fa  malle   étant   a^Fez    grollière   & 
hériiréepardcHus  de  plufieurs  boflés  rudes  &:  poin- 
tues ,  lui  fermeroit  la  porte  des  cabinets ,  fi  l'arti- 
fice, en  lui  enlevant  fa  première  jrobe ,  ne  décou- 
vroit  la  bigarrure  &  le  poli  de  l'écaillé  marquetée  , 
qu'il  porte  fous  cet  liabit  de  campagne.  Le  p^llon 
qui    loge  fous  les  cavernes   de  cette    petite   roche 
mouvante  ,  eft  (i  gros  ,  qu'il  en  faut  peu  pour  gar- 
nir un  plat.  Il  peut  être  admis  fur  les  tables  dch«a- 
tes>  pourvu  qu'il  foit  bien  cuit,  &■  .encore   mieux 
poivré  ,   parce   qu'il  eft   fort  indigcfte.  Le  ciment    ! 
qu'on  en  tire  fe  fait  en  calcinant  le  lambis ,  Se  le    \ 
mêlant  avec  du  fable  de  rivière.  Ce  lambis  s'enton'    ' 
liant  aulîi  comme  un  cor  de  chade,  &  s'entendant 
de  fort   loin  ,   quelques  habitans   des  Antilles  s'en 


ferveiu  pour  appeler  leurs  gens  au  repas. 


Lonvil- 


L  A  M 

Icrs  de  PoiiKy  ,  Hijl.  Nat.  des  Antilles  ,  ch.  i  ç , 
arc.  û. 
LAMBOURDE,  f.  f.  Laquearium  ,  tigilla.  Terme  de 
Charpcntciie.  Pièce  de  bois  de  fciage  qui  a  riois 
pouces  en  cane  ,  èc  qui  icrc  à  foutenii'  le  païqucc , 
ou  les  ais  d'un  plancher,  &:  que  pour  l'ordinaire 
on  pofe  obliquement  à  quelques  pieds  de  diilance. 
Ce  (ont  aulli  des  pièces  de  bois  entaillées  ,  qu'on 
met  au  côté  Acs  poutres ,  &  fur  lelquclles  on  poie  les 
folives. 
gS"  Lambourde  ,  ou  Franc-Banc.  Terme  de  Car- 
rier &  de  Maçon.  C'ellainii  qu'on  appelle  le  der- 
nier des  bancs  ou  lits  de  pierre  de  taille  qui  le  trou- 
vent dans  les  carrières  des  environs  de  Paris.  La 
Lambourde  a  l'avantage  de  pouvoir  être  délitée  fans 
danger. 

ÇC/"  On  appelle  Lambourdes  j  en  Jardinage ,  de  petites 
branches  qui  ne  s'élèvent  point  droit  comme  les 
autres  ,  mais  fur  les  côtés ,  &:  en  manière  de  dard , 
principalement  dans  les  arbres  à  pépin.  C'ell:  lur 
ces  lambourdes  que  naillent  principalement  les  bou- 
tons à  fruit. 

LAMBREQUINS,  f.  m.  pi.  Fluentes  pcr  ambitum  laci- 
nU.  Terme  de  Blalon.  Quelques-uns  difent  lamc- 
quin,  &  d'autres  lambequin.  Les  lambrequins  (ont  des 
morceaux  d'étoftcs  découpés  ,  qui  dclccndcnt  du  cal- 
que ,  &  qui  cocrtent  &  cmbrallent  l'Ecu  pour  lui 
fervir  d'ornement.  C'étoit  l'ancienne  couverture 
des  calques  ,  comme  la  cotte  d'armes  étoit  celle 
du  rclte  de  l'armure  ,  pour  garantir  ,  de  la  cha- 
leur ,  de  la  pluie  ,  de  la  poudre ,  6c  faire  rc- 
connoître  les  Chevaliers  dans  la  nxclée.  Ils  étoient 
d'étoffe  ,  Ik  fervoient  à  loutenir  &'  à  lier  les  ci 
miers  qui  étoient  de  plumes.  Les  lambrequins  for- 
més de  feuillage  ,  entremêlés  les  uns  dans  les  au 
très  ,  font  plus  nobles  que  ceux  qui  font  compofés 
de  plumes  naturelles. 

Quelques-uns  les  ont  aufll  appelés  f^illarts  , 
parce  qu'ils  refTembloient  en  quelque  façon  aux 
feuilles  d'acanthe.  Ils  ont  été  quelquefois  mis  fur  le 
cafque  en  forme  de  bonnet  élevé  comme  celui  du 
Doge  ;  &  leur  origine  vient  des  anciens  chaperons 
qui  fervoient  autrefois  de  coëfîure  ,  tant  aux  hom- 
mes qu'aux  femmes. 

Quelques  uns  veulent  que  les  lambrequins  repré- 
fcntent  les  rubans  Se  les  livrées  ,  que  les  Dames 
prenoient  foin  d'ajufter  au  calque  ,  Se  d'achemer  , 
comme  on  parloir  alors. 

Le  fond  &  le  gros  du  corps  des  lambrequins 
doivent  être  de  l'émail  du  fond  du  champ  de  l'Ecu  ; 
mais  leurs  bords  doivent  être  de  fes  autres  émaux. 
Quelques  Hérauts  ont  appelé  Folet,  cette  habille 
ment  du  cafque  lorfqu'il  étoit  léger  ,  parce  qu'il 
voletoit  au  gré  du  vent ,  &  n'y  étoit  attaché  qu'a 
vec  un  tortil  ,  ou  bourlet  j  compofé  de  cordons 
entrelacés  des  couleurs  &  métaux  des  armes  du 
Chevalier.  D  autres  lui  ont  donné  le  nom  de  Ca- 
peline ,  quand  il  étoit  fiit  en  manière  de  cape  ,  d'où 
eft  venu  un  ancien  proverbe  militaire.  Homme  de 
Capeline  j  pour  dire ,  réf'olu  Se  déterminé  au  com- 
bat. On  l'a  aulll  appelé  Mantelet ,  quand  il  étoit 
large  &:  court ,  &  envcloppoit  le  cafque  (Se  l'Ecu  ;  ce 
qui  le  faifoit  appeler  par  quelques  uns  Camail.  On 
croit  que  les  lambrequins  ont  été  ainti  nommés ,  parce 
qu'ils  pendoient  en  lambeaux  ,  &  étoient  tous  ha- 
chés à  caufe  des  coups  qu'ils  avoient  reçus  dans  les 
batailles.  Mais  le  P.  Méneftrier  prétend  que  ce  mot 
vient  du  Latin  lemnifcus  ,  qui  (îgniHc  ces  rubans  vo- 
lansdont  les  couronnes  des  Anciens  étoient  attachées. 
LAMBRIS,  f.  m.  Laque ar ^  lacunar.  Plafond,  orne- 
ment de  Menuiferie  ,  dont  on  couvre  le  plancher 
du  haut  d'une  (aile,  ou  d'une  chambre  de  parade. 
La  mort  attaque  les  Grands  fous  les  lambris  dorés  j 
aufll  bien  que  1«  pauvres  dans  leurs  cabanes.  Juf 
qu'à  la  prife  de  Carthage  ,  on  ne  fut  à  Rome  ce  que 
c'ctoit  que  lambris  doré.  On  commença  j  fous  la 
Cenfure  de  L.  Mummius ,  par  dorer  ceux  du  Capi- 
tolc.  Pline  ,  Liv,  XXXIII ,  c.  3. 

On  appelle  fîgurémcnt  &z  poétiquement  le  ciel , 


L  A  M  391 

le   célefte  lambris  ,  ou  les   céleflcs  lambris  ,   ou  le 
lambris  de  la  voûte  celcfk-. 

Lambris  ,  cfl  aulli  l'enduit  de  plâtre  foucenu  par  des 
lattes,  qui  fcrt  à  faire  des  chambres  d.ans  un  gre- 
nier ,  ou  fous  le  toit  d'une  maifon  ;  d'où  vient  que 
quelques  uns  ,  avec  l-ellus  ,  ont  fait  venir  ce  mot 
d'ambnces  ,  lignifiant  en  Latin  une  latte,  onà'im- 
brex  ,  une  tuile  ,  en  y  ajoutant  l'article  ,  comme  le  dit 
Ménage  en  fes  Origines.  Il  vient  plutôt  de  lambru/q , 
mot  Celtique  ,  ou  Bas  Breton,  lignifiant  la  même 
chofê,  félon  le  P.  Pezron. 

Lambris  ,  le  dit  aufll  plus  particulièrement  de  la  me- 
nuiferie dont  on  couvre  les  murailles  ,  qui  eft  peinte 
d'ordinaire  ,  &  qui  fcrt  d'ornement  ,  ou  de  fapilfe- 
rie.  On  met  des  lambris  à  hauteur  d  appui  dans  les 
fallesj  à  caufe  de  l'humidité.  |CF  On  appelle  lam- 
bris k  hauteur  d'appui  ,  celui  qui  n'a  que  deux  ,. trois 
ou  quatre  pieds  de  hauteur  dans  le  pourtour  d'une  pièce. 
On  appelle  lambris  de  revêteirtent ,  celui  qui  elf  de- 
puis le  bas  jufqu'en  haut.  Un  lambris  feint ,  eft  un 
lambris  fait  par  compartimcns  de  coukur  de  bois , 
ou  de  marbre  qui  imitent  un  vrai  lambris.  Les  Cha- 
pelles dans  les  Églifes  ont  des  lambris  enrichis  de 
tableaux. 

(CF  LAMBRISSAGE.  f.  m.  Ouvrage  du  Maçon  ou  du 
Menuilier  quialambrillé.  Il  en  a  tant  coûté  pour  le 
lambrijjage  de  cette  maifon. 

LAMBRISSER,  v.  a.  Lacunare.  Dans  la  bafl'c  Latinité 
lambrufcare.  Couvrir  d'un  lambris  de  plâtre  ,  ou  de 
menuiferie.  Tout  le  principal  appartement  de  ce 
logis  efl  lambriffe  ik  doré. 

Ce  mot  peut  venir  de  llam  ,  qui  fïgnifie  du  bois 

•  en  vieux  Breton  ,  &  debryccan,  qui  fignine  couver- 
ture. On  dit  encore  en  Breton  lambrufca  ,  pour  lam- 
briJJ'er,  Lob.  Glojf.  Voy.  Lambris. 

Lambrissé  ,  ée,  part.  pail.  Se  adj.  Laqueatus.  On  ap- 
pelle particulièrement  une  chambre  lambrijfée  ,  celle 
qui  efl  pratiquée  dans  un  grenier  ,  fous  le  toit. 
Par  les  Ordonnances  de  Police  j  il  n'eft  permis  de 
faire  que  trois  étages  carrés,  &  un  lambnjfe. 

LAMBRO.  f  m.  Rivière  du  Duché  de  Milan  ,  en  Ita- 
lie. Lamhrus.  Elle  a  fa  lource  près  du  lac  de  Como  , 
palle  près  de  la  ville  de  Milan  ,  baigne  Melignano  , 
&  f  c  décharge  dans  le  Pô  ,  environ  à  deux  lieues 
au-delfusde  Plaifance.  Maty. 

LAMBRUGE  ,  ou  LAMBRUsQUE.  f  f  Efpèce  de 
vigne  fauvage  qui  croit  fans  culture  aux  bords  des 
chemins  ,  &  dans  des  hayes.  Son  fruit  eft  un  fore 
petit  raifin  ,  qui ,  quand  il  mûrit  ,  devient  noir  • 
mais  quelquefois  il  ne  mûrit  point.  En  Latin  vitis 
fylvejîris ,  labrujla.  C.  Baui-i.  Pin.  299.  Labrufca. 
vient  du  Latin  labrum  ,  parce  que  cette  plante  croît 
aux  bords  des  chemins  ,  qui  font  comme  des  lèvres  , 
ou  bien  parce  que  le  goût  acerbe  de  fon  fruit  bletfe 
les  lèvres. 

Lambruche  ,  ou  Lambrusque  ,  fe  dit  aufll  du  fruit 
de  la  lambrufque.  Œnante  ,  labrufca  uva.  Cette  vigne  , 
au  lieu  de  fruit  ,  ne  produit  que  des  lambruches ,  dit 
Dieu  dans  Ifaïe ,  Chap.  V. 

Il  y  a  dans  l'Acadie  quantité  de  lambruches ,  de 
vignes  fauvages  qui  portent  du  raifin  dont  le  grain 
eft  gros  &  de  fort  bon  goût,  mais  l'écorce  en  efl 
épailfe  &  dure.  Denis.  Cet  Auteur  écrit  lembru- 
che ,  ôc  fait  ce  mot  mafculin  ,  le  lembrufche  de 
vigne  ,P.L,  C.  2  ,  p.  s  5  i  ^  mais  cet  Auteur 
allez  exaft  dans  fes  defcriptions  ,  ne  l'cft  pas  beau- 
coup dans  fon  ftyle. 

LAMBSPRING.  Petite  ville  d'All-emagne  en  baffe 
Saxe. 

LAME,  f  f.  Lamina.  La  première  fyllabe  de  ce  mot 
crt  brève ,  &  Va  de  cette  fyllabe  a  un  fon  clair.  Pièce  de 
métal  battu ,  &  étendu  en  long  ou  en  large  ,  enforte 
qu'elle  foit  mince  &c  déliée.  Dans  l'ancienne  Loi 
le  Grand  Prêtre  portoit  fur  le  front  une  lame  d'or , 
fur  laquelle  on  lifoit  ces  mots  ,  mn'  "Wt^  ,  la  fainteté 
de  Jéhovdh.  Une  lame  de  plomb  bien  mince  ,  cou- 
chée de  plat  ,  n'enfonce  point  dans  l'eau.  La  cé- 
rufe  eft  faite  de  lames  de  plohib  ,  le  vert  de  gris  de 
lames  de  cuivre  trempées  dans  le  vinaigre. 


39^       L  A  M 

-sL'iME,  lamina,  vient  du  Celtiqife  lamen.  Pezron. 
L'Auteur  du  Jardin  des  Racines  Gieques  le  tire  de 
tiitfii,  écorce  ,àom  la  racine  ell  X'.-irx  ,  dtconico  j  ou 
■âe  /«fOK» ,  fait  par  lyncope  akm:.;),  dont  la  racine  ell 
IPi«',«a  ,  &  txia ,,  ag'uo  j  ducliU  opus  jacio.  On  a  fait 
/jOT  à'^ lamina  ,  lamine,  lamne ,  lame  ;  £c  ce  chan- 
gement cft  ancien  :  car  on  trouve  lama  dans  Anal- 
tafe  le  Bibliothécaire  ,  pour   lamina. 

I.AME ,  eft  audi  cette  partie  de  fer  mince  &:  étendue  | 
qui  pique  &  qui  tranche  ,  dont  on  fait  les  épées ,  i 
les  couteaux.  Lamella  ,  haflile  venitum.  Cette  épée 
a  une  bonne  lame  ,  qui  plie  bieuj  qui  etl  bien 
vidée.  Lame  a  arête  ,  à  dos  j  à  demi  dos.  Les  cou- 
•teau.x  d'Angleterre  font  eftimés  pour  leurs  lames. 
Une  lame  d'acier  de  Damas.  Cette  lame  fera  plutôt 
calk'e  que  fuilfée. 

Les  lames  de  Vienne  ,  c'eft-dire  ,  lames  d'épées 
flûtes  à  Vienne  en  Dauphiné  ,  (ont  eftimées  depuis 
long  temps  ,  comme  l'Auteur  du  Roman  de  Girard 
de  Roullillon  le  témoigne  par  ces  vers  : 

Si  l'en  jéri  de  l'efpic   Viennois  , 
Nel  garer.ti  ne  arme  ,  ne  courrais  , 
Mon  l'abaci  del  bon  dexter  norois. 

On  appelle  auln  lame  ,  la  largeur  d'un  clou  à 
ferrer  les  chevaux. 

En  termes  d'Anatomie ,  on  dit  les  deux  lames  ou 
tables  du  crâne ,  en  parlant  de  (on  épailFeur ,  qui 
cfl:  double  ,  comme  s'il  étoit  compote  de  deux  os 
appliqués  l'un  fur  l'autre.  On  dit  aulli  les  lames 
oileules  du  nez. 
Lame  ,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  des  houles  .ou 
vagues  de  la  mer  qui  coulent  les  unes  lut  les  autres  ; 
des  Hots  en  forme  de  n.ippe  ,  formés  par  l'agitation 
du  vent  fur  la  mer.  Unda  ,  fluclus.  La  tempête  étoit 
fî  forte,  que  les  lames  de  mer  entroient  dans  le 
vaifleau.  On  dit  :  La  lame  vient  de  l'avant,  la  lam.e 
vient  de  l'arrière  ,  la  lame  nous  prend  de  travers  ; 
pour  dire  ,  que  lèvent  poulie  la  mer  de  ces  côtés  là. 
La /ûOTÊ  vient  du  large.  Courrir  au-devant  de  Vxlame. 
La  lame  eft  longue  ,  la  lame  eft  courte  ;  îfT  c'eft:  à- 
dire  ,  que  les  vagues  fe  luivent  de  loin&  lentement, 
ou  qu'elles  le  fuivent  de  près.  Préfenter  à  la  lame  , 
prélenter  le  cap  à  la  lame. 

L'air  fe  trouble ,  la  mer  eft  brouillée  ,  &  les 
lames  viennent  tantôt  d'un  côté  ,  tantôt  d'un  autre. 
L'AbbÉ  de  Choisi.  La  mer  eil:  très  rude ,  la  lame 
f  ft  courte ,  le  navire  ne  lait  où  le  mettre.  1d. 

Les  trois  lames,  en  termes  de  Marine  ,  ce  lont 
trois  vagues  ,  qui ,  dans  le  mouvement  de  la  mer  , 
viennent  de  temps  en  temps ,  &  lont  plus  grolles 
que  les  autres.  Si  l'on  n'a  loin,  quand  on  débarque  , 
d'attendre  que  les  trois  lames  loicnt  pallécs  ,  ou 
qu'on  leur  donne  le  travers  ,  on  court  grand  ritquc 
d'en  être  abymé.  Les  trois  lames  font  à  craindre  , 
fur  tour  à  Aiica,  port  du  Pérou. 
Lame  ,  en  termes  de  Monnoie  ,  fe  dit  des  matières 
d'or  ,  ou  d'argent  ,  qui  le  jettent  dans  des  chalîls 
difpofés  à  cet  eftet ,  avec  du  (able  préparé  éc  bien 
battu.  Quand  les  matières  d'argent  en  bain  ont  été 
bien  bradées,  on  prend  une  cuiller  dont  le  manche 
de  lix  pieds  de  long  ,  eft  de  bois  par  le  bout ,  & 
dont  le  cuilleron  cil  de  ferj  d'un  bon  demi  pied  de 
diamètre,  &  prefque  autant  de  profondeur;  on  fait 
rougir  ce  cuilleron  ;  on  le  leit  de  la  cuiller  pour 
retirer  les  matières  d'argent  du  creiifet ,  on  les  jette 
par  le  goulot  qui  cil  au  cuilleron  dans  le  moule; 
&  en  coulant  ,  l'argent  remplit  les  creux  des  em- 
preintes des  modèles  ,  dont  il  prend  la  ligure  :  c'cll 
ce  qu'on  apelle  ]ctter  en  lames.  Boizard  j  P.  I , 
c.  i6.  A  regard  des  matières  d'or  en  bain,  on  ne 
les  retire  pas  avec  une  cuiller  comme  l'argent  ;  mais 
on  retire  le  crculct  du  fourneau  avec  des  tenailles 
en  manière  de  croi liant  par  le  bout  ,  pour  misnx 
embraffer  &  ferrer  le  creufei ,  on  les  verle  par  le 
jet  du  moule  ,  &  en  coulant  elles  .  remplilîent  le 
creux  des  empichites  des  modèles  dent  elles  pren- 
nent la  figure  ;  ce  qui  s'appelle  auffi  jetter  en  lames. 


L  A  M 

Id.  Les  matières  de  cuivre  en  bain  fe  jettent  aulîl 
en  lames  de  la  même  manière  que  celles  d'or  &  ' 
d'argent.  Id.  Quand  les  matières  ont  été  ainfi  jettccs 
en  lames ,  on  les  retire  des  moules  ,  on  les  ébarbe  , 
&  on  les  brolle  exaètcment.  Id.  Étendre  les  lames  , 
c'cll  les  faire  palier  par  le  laminoir.  Voye\  ce  mot. 
Recuire  les  lames ,  c'efl  les  mettre  dans  un  four- 
neau entre  les  charbons.  Voy.  Laminoir. 

5JC?  Lame.  Terme  de  Manula.hure  &'  d'Ouvriers  en 
draps  d'or  &  d'argent.  Se  dit  encore  de  l'or  ou  de 
l'argent  trait ,  battu  ou  aplati  entre  deux  petits 
rouleaux  d  acier  poli ,  pour  le  mettre  en  état  d'être 
facilement  tîlc  ou  prtillc  fur  de  la  foie  ou  fur  du 
fil.  Onen  fait  auiîî  entrer  de  non  filé  dans  la  com- 
polition  de  quelques  étoftls  &:  broderies,  pour  les 
rendre  plus  riches  &  plus  brillantes.  Les  broderies 
où  il  y  a  beaucoup  de  lames  &  de  paillettes, 
brillent  plus  que  les  autres.  Lamella. 

Lame.  Il  fe  prend  pour  tombe  dans  Marot  ,  &  dans 
Villon.  Voici  un  exemple  tiré  de  ce  dernier. 

Mon  père  ejl  mort ,  Dieu  en  ait  l'âme  : 
Quand  ejl  du  corps  ,  il  gît  fous  lame. 
]  entends   que  ma  mère  mourra  , 
Et   le  Jait  bien  la  pauvre  jemm.^^  , 
Et  le  fils  pas   ne  demourra. 

Lame  ,  ou  Flèche,  f.  f.  Terme  du  jeu  de  Trictrac. 
C'eft  une  figure  de  cône  j  peinte  fur  la  table  du 
Trièlrac  aux  endroits  où  1  on  doit  placer  les  dames  , 
&  faire  des  cafés.  Elles  font  de  deux  couleurs  dif- 
férentes ,  alternativement  mêlées.  La  flèche  ou  la 
lame  de  las.  Tr.  du  Trict.  On  l'appelle  aulli 
Flèche  ,  parce  qu'elle  rellemble  au  t^r  ou  à  la 
pointe  d'une  flèche. 

Lame  ,  eft  auiïi  une  partie  du  métier  de  Tiflcrand  ,  qui 
lert  à  liauHer  &  à  bailler  l'etain  pour  faire  courir 
à  travew  la  navette.  Infilc.  En  quelques  lieux  on 
l'appelle  aulIî  Peigne. 

Lame  ,  le  dit  auftl  parmi  les  Confifeurs  ,  des  tran- 
ches de  l'écorce  de  quelques  fruits  ,  qu'ils  font 
confire.  Lame  décorce  de  citron  ,  de  limon ,  d'o- 
range ,  &c. 

LaivŒs  a  deux  tranchans.  C'eft  ainfi  que  les  Cou- 
vreurs appcllcnr  le  corps  du  marteau  dont  ils  fe 
icrvent  pour  couper  l'ardoife.  Lamina  biceps. 

§Cr  Lames.  Termes  de  Rubannier.  Ce  font  de  peti- 
tes lattes  qui  foutiennent  les  marches  du  métier^ ^ 
c^iîi  fe  haulîent  ou  fe  baillent  avec  les  marches| 
melurc  que  le  pied  leur  donne  le  mouvement. 
On  appelle  proverbialement  &  balfemcnt, 
bonne  lame,  une  fine  lame  ,  une  perlonne  fine» 
adroite-,  cela  ne  fe  dit  qu  en  inauvaife  part ,  pri 
cip.ilemeiu  quand  on  dit  d'un  ton  aduiiratif ,  ta 
bonne  lame  !  On  dit  aulli  proverbialement  des  gens 
d'cfprit,  que  la  lame  uie  le  foureau  ,  pour  marq  ^ 
qu'ils  font  communément  d'une  fanté  foible  & 
licate ,  &   que  l'elprit  ufe  &  affaiblit  le  corps. 

Lamé,  ée.  adj.  Terme  de  Manufaèlure  de  draps  d'or 
&  d'argent.  On  dit  d'un  drap  d'or  ou  d'argent, 
qu'il  ell  frifé  ,  broché  &c  lame  d'or  &  d  argent} 
i'fy  c'eft  à-dire ,  qu'il  y  entre  de  la  lame  d'or  .& 
d'argent.  f^oye\  Lame  ,  terme  de  M.inufaélure  Â 
draps  d'or  ,  d'argent.  T 

LAJvîED.  f.  m.  Terme  de  Grammaire  Hébraïque  & 
Chaldaïque.  Nom  de  la  douzième  lettre  de  l'Alpha- 
beth  des  Hébreux  &:  des  Chadéens.  Lamed.  Un 
lamcd  Hébreu  ,  un  lamed  Samaritain.  Cette  lettre 
à  la  force  de  notre  L.  Sa  figure  eft  celle-ci  h.  lamed. 
Dans  l'ancien  Hébreu  j  qu'on  appelle  communé- 
ment Samaritain  ,  elle  a  celle  de  notre  L  tournée 
à  gauche  y  Se  communément  l'angle  eft  un  peu 
plus  aigu.  Dans  les  nombres  elle  vaut  trente. 
C'ell  auffi  une  prépofition  Hébraïque. 
Le  lamed  en  Hébreu  fignifie  la  fin  ,  le  motif 
pour  lequel  on  fut  une  choie.  Il  fe  met  devant 
le  nom  de  la  perfonne  ,  ou  de  la  chofe  à  laquelle 
fe  rapporte  une  adion.  Le  P.  Soucie:  le  prouve 
fort    au  long   dans    fes    Dillertatigas    Critiques , 


L  A  M 


p.  S^7  >  <S'  fuiv.   Se  montre  qu'un   grand  nombre 
d'endroits  de    l'Écriture  ne  lauroient  le    bien    en- 
tendre qu'en    donnant  ce  feus  à  la    prcpolition  h. 
Les    Grammairiens   Hébreux   lui  donnent  plulieurs 
figniHcations.  f'^oyc^  R.  D.  Kimhhi ,  dans  Ion  Mi 
clol.  fol  14.  Samuel  Arcuolti  dans  la  Grammaire , 
p.  S  &  ^.  R.Abraham  deBalmisdans  (a  Grammaire  , 
Rabbi  Elias  Lcvita,  Orat.  i.fund.  6.  ou  les  Dillcr- 
tations  qu'oïl  vient  de   citer^  p.  ^06  ,  &  fuiv. 
LAMÉGAL.    Lama.    C'étoit   anciennement  une  ville 
des  Vertons ,  peuples  de  la  Lufitaiiic.  Maintenant  ce 
h'eft  qu'un  village  de  la  Province  de  Tralos-montes  , 
•  ■    en  Portugal.   Il  eft  à  fept  litues  de  Guarda,  du  côte 
•.    du  nord.  Matv. 

LAMÉGO.  Nojn  d'une  ville  Epifcopale  de  la  Province 
de  Béira,  en  Portugal.  Lamcca^  Lamaca,  Lamacum. 
Elle  eft  près  de  la  rivière  de  Dauro,  à  treize  lieues  au- 
dellus  de  Porto ,  &  à  feize  de  Braga ,  dont  fon  Evcché 
eft  (uftraganr.  Ptolomée  l'appelle  Lama. 
LAMÉLIF.  1.  m.  Terme  de  Grammaire  Arabique,  nom 
d'un  caradtcre  Arabe.   Lamélïf.   Le  lamclif  eft  une 
lettre  particulière  de  l'alphabet  Arabique,  iclon  plu 
lîeurs  Grammairiens ,  quoique  ce  ne  loit  proprement 
qu'une  L  &c  un  ^  joints  enlemblcj  (c'eft-àdire,  un 
lam  &  un  élif  ).  Cependant  quelques  Dodleuts  Mu- 
l'ulmans  des  plus  fuperftitieux ,  foutiennenr  que  c'eft 
véritablement  une  lettre  diftinéte  des  autrcs,qui  fait  la 
vingt  neuvième  de  leur  Alphabet,  &  que  Mahomet , 
dans  je  ne  iais  quelle  tradition  ,  a  menacé  de  damna- 
tion éternelle,  ceux  qui  ne  la  tiendroicnt  pas  pour 
telle.  D'Herbelot. 
LAMENTABLE,  adj.  m.  &  f.  Déplorable ,  qui  mérite 
d'être  plaint  ou  pleuré  ,  qui  excite  à  coropaliion.  La- 
mtntabUis.    Une  hiftoire  pitoyable  &  Lamentable-   A 
la  prite  d'une  ville  on  entend  les  cris  lamentables  des 
vieillards  ,  des  femmes  &  des  enfàns.  La  fin  lamenta- 
ble de  ce  Prince  excita  la  pitié  dans  tous  les  cœurs. 
C'eft  un  mélancolique  qui  ne  le  plaît  qu'à  raconter 
des  hiftoires  lamentables  avec  une  voix  trifte  &  lan 
goureufe ,  comme  s'il  étoit  payé  pour  pleurer  tous  les 
malheurs  du  monde.  M.  bcuD.  Confuhon  lamenta- 
ble. Pat.  Voix  lamentable    "Voit. 
LAMENTABLEMENT,  adv.  Mifcrabïlïter.^  D'un  ton 
lamentable.  Il  nous  a  conté  la  mort  de  la  femme  tril- 
tement  &  lamentablement. 
LAMENTANO.  Nom  de  lieu.  C'étoit  autrefois  une 
ville  Epifcopale  ,    maintenant  ce  n'eft  ^u'un  petit 
bourg  de  la  Sabine,  lîtué  près  de  Monte  rotondo  ,   à 
quatre  ou  cinq  lieues  de  la  ville  de  Rome,  vers  le 
fud  eft.   Numentum  ,  Nomcntum.    On  voit  près  de  ce 
bourg  le  village  de  Lamentano  Kecchio ,  appelé  an- 
-     ciznnemen^ Nomentanum  ëc  Lamentanum. 
LAMENTATION,  f.  f.  Plainte  accompagnée  de  cris 
.  &  de  gémillemens.  Lamentatio.  Les  lamentations  de 
Jérémie.  Les  lamentations  des  Rhodiens  ont  pafté  en 
proverbe  en  pluheurs  endroits.  La  douleur  des  fem- 
mes s'exhale  en  cris  &  en  lamentations.  Les  longues 
lamentations  donnent  plus  de  mépris  pour    la  loi- 
bleft'e,  que  de  compallîon  pour  le  malheur.  S.  EvR. 
Jérémie  feul  eft  capable  d'égaler  les  lamentations  aux 
calamités.  Boss.    Les  lamentations  perpétuelles  font 
ennuycufes;  nous  n'aimons  pas  à  gémir  fi  long  tems 
(ur  les  malheurs  d'autrui.  Bell.  Enée  ne  lait  que  gé- 
mir ,  &:  à  la  première  difgrace  ,  ce  bon  Héros  de  Vir- 
gile s'abandonne  aux /aOTe«fario,'Z5.  S.  ÉVR. 

Les  lamentations  de  Jérémie  ,  font  un  Livre  Cano- 
nique de  l'Écriture  Sainte  j  ou  une  partie  de  la  Pro- 
phétie de  Jérémie  :  car  quelquefois  on  ne  les  fépare 
point  du  livre  de  ce  Prophète.  Les  Juits  non-feule- 
ment les  féparent ,  mais  les  mettent  en  différentes  par- 
ties de  la  Bible ,  la  prophétie  dans  les  Prophètes ,  & 
les  lamentations  dans  les  Hagiographes.  Threni ,  la- 
mentationes.  C'eft  un  Livre  poétique  fait  par  Jérémie, 
pour  déplorer  la  deftruéhion  de  Jérulalem.  Jofeph , 
^mq.  L.  I.  c.  6.  Le  Paraphrafte  Chaldaïque,  S.  Jé- 
rôme ,  Rabanus .  Maurus  &  Maldonat ,  ont  cru  que 
cts  lamentations  avoient  été  faites  à  la  mort  de  Jofias  ; 
mais  il  y  a  plufieurs  chofes  qui  ne  conviennent  point 
à  la  mort  de  ce  Prince.  Quelques-un?  veulent  que  le 
Tems  y^ 


LAM  593 

Livre  que  Baruch  lut  au  peuple  dans  le  temple,  par 
ordre  de  Jérémie  ,  &  que  Jolias  fit  brûler  ,  mais  que 
Dieu  commanda  à  Jérémie  de  récrire  une  féconde 
fois,  Jerem.  XXX FL ,  que  ce  Livre,  3is  je,  étoit  ce- 
lui des  lamentations  de  ce  Prophète. 

On  a  appelé  autrefois  les  jours  des  lamentations , 
les  trois  jours  de  la  Semaine  Sainte ,  où  l'on  ciiante  à 
Tcjièbres ,  c'eft  à-dire  a  Matines  ,  les  lamentations 
de  Jérémie. 
LAMENTER,  v.  a.  Lugere,  lamentari.  Pleurer,  faire 
des  plaintes  fur  quelque  perte ,  quelque  accident  fâ- 
cheux. La  coutume  veut  en  plulieurs  endroits  que 
les  veuves  viennent  lamenter  la  mort  de  leurs  maris 
fur  leurs  tombeaux.  Dans  ce  Icnsil  eft  vieux. 

On  le  dit  aulîî  avec  le  pronom  perfonnel.  Vous 
vous  lamente:^  en  vain,  la  mort  eft  inexorable,  elle  ne 
rend  point  ce  qu'elle  a  pris.  Ils  fe  lamentent  fur  leur 
misère.  S.  ÉvR. 
Lamenter  ,  le  dit  aulîî  pour  chanter  d'un  air  trifte  ôc 
lamentable. 

Quand  l'un  des  conviés ,  d'un  ton  mélancolique  ^ 
Lamente  trijlement  une  chanfon  bachique.  Boil. 

On  le  dit  aulîî  abfûlument.  Vous  avez  beau  pleiu:er 
&  lamenter.   Il  eft  peu  ulité. 

Lamenté,  ée.  part.  &  adj.  Lamentatus ,  deploratus. 

LAMENTIN,  ou  LAMANTIN,  f.  m.  Lamemmiis pif- 
cis.  Animal  amphibie ,  que  quelques  Naturaliftes  onc 
mis  au  rang  des  poillbns  vivipares,  &  que  beaucoup 
d'autres  regardent  comme  un  quadrupède.  On  le 
trouve  ordinairement  à  l'embouchure  des  grandes  ri- 
vières en  divers  lieux  d'Afrique ,  dans  la  mer  rouge  , 
dans  l'île  de  Madsgafcar,  aux  îles  Moluques,  Philip- 
pines, Lucaycs,  Antilles,  dans  la  rivière  des  Amazo- 
nes ,  &c. 

Le  Lamentin  eft  de  la  grolfeur  d'une  vache  Se 
d'une  longueur  prodigieufe.  Sa  tcte  a  quelque  ref- 
lemblance  a  celle  dune  vache,  d'où  vient  que  quel- 
ques relations  l'appellent  vache  de  mer.  Il  a  de  petits 
yeux  &  la  peau  épailfe ,  de  couleur  brune  ,  ridée  en 
quelques  endroits  ,  &c  parfemée  de  quelques  petits 
poils  qui  font  lort  rudes.  Ct?  Cet  animal  a  deux  bras 
lort  courts  ,  terminés  par  une  cfpèce  de  nageoire 
compolee  comme  une  main  de  cinq  doigts  qui  tien- 
nent les  uns  aux  autres  par  une  forte  membrane ,  &c 
qui  ont  des  ongles  fort  courts.  C'eft  à  caule  de  ces  ef- 
pèces  de  mains  que  les  Eipagnols  ont  donné  à  cet  ani- 
mal le  nom  deManates  ou  Manati.  Il  n'y  a  point  d'ap- 
parence de  pieds  à  la  partie  poftérieurc  qui  eft  terminée 
par  une  large  queue.  Les  deux  pieds  dont  on  vient 
de  parler  font  beaucoup  trop  foibles  pour  fupporter 
un  corps  fi  lourd.  Auili  plulieurs  prérendent  que  le 
Lamentin  ne  marche  point ,  &l  qu'il  peut  tout  au  plus 
fe  traîner  fur  le  fable.  Quand  on  le  tire  de  l'eau ,  il 
jette  des  larmes  &  poulie  un  cri  plaintif;  c'eft  delà 
que  lui  vient  fon  nom  de  Lamentin.  Il  vit  de  l'herbe 
qui  croît  autour  des  rochers  &c  fur  les  balles.  Les  fe- 
melles portent  ordinairement  deux  petits  à  la  fois. 
Elles  ont  deux  grolfes  mamelles  lur  la  poitrine. 
Quand  elles  ont  mis  bas,  elles  les  alaitent  en  les  ap- 
prochant de  leurs  mamelles  avec  les  bras ,  &  elles  ne 

^  les  abandonnent  point  qu'ils  ne  puilîent  brouter 
l'herbe.  Sa  chair  eft  fort  bonne  &  très-nourrillanre, 
femblable  à  celle  d'un  animal  terreftre  :  elle  eft  auiîi 
courte ,  vermeille ,  appétiflante  ,  fans  os  ni  arrêtes ,  Se 
entremêlée  de  graille ,  qui  étant  fondue  ne  fe  rancit  ja- 
mais. Lorfque  la  chair  de  Lamentin  a  été  deux  ou  trois 
jours  dans  le  fel ,  on  tient  qu'elle  eft  plus  faine  que 
quand  elle  eft  fraîche.  On  trouve  plus  fouvent  ces 
gros  poiftons  à  l'embouchure  des  rivières  d'eau  douce, 
qu'en  pleii-te  mer.  Ils  fortent  même  quelquetois  de 
l'eau  pour  fe  repofer  fur  le  fable ,  &  dormir  au  foieil. 
Ce  qui  fait  qu'on  leur  donne  place  parmi  les  amphi- 
bies, mais  ils  ne  s'écartent  guère  de  l'eau,  afin  de 

,  s'y  pouvoir  couler  au  moindre  bruit  qu'ils  entendent. 
Les  Chinois  font  grand  cas  des  pierres  qui  fe  trouvent 
dans  les  têtes  de  ces  Lamentins  ,  &  auxquelles  ils 
attribuent  la  propriété  de  poufler  dehors  le  fable  Se  la 
gravcUe ,  &  de  guérir  les  obftrué^ions  qui  caufent  les 

Ddd 


L  A  M 


394 

récentions d'urine;  mais  ce  remède  cft violent.  Am- 
.    bajfade  des  Hollandais  à  la  Chine ,  P.  II.  p.  i  o  o  ^où 
l'on  cent  lamcntin.  Le  P.  Du  Tertre  écrit  de  même 
dans  fon  hi'ftoire  des  Antilles ^  P.  IV.  Jr.  I.  C.  I. 
f .  ^ ,  où  il  traite  de  ce  poillon ,  iSj  où  il  décrit  la  ma- 
nière dont  on  le  prend  dans  la  mer  des  Antilles. 
|CFLa  figure  du  Lamcntin,  embellie  par  l'imagination 
des  Po'c'tes,  pourroit  bien  avoir  donné  lieu  à  la  fable 
des  Syrènes ,  quoique  le  gémilfement  ou  le  cri  plaintif 
du  Lamentin  Toit  bien  différent  du  chant  mélodieux 
des  Syrènes. 
LAMIA ,  ou  SCALA  MARMOREA.  C'eft  un  port  du 
détroit  de  Conftantinople.    Lamia  ,    anciennement 
Amydi ,  Amici ,  Daphne.  Il  efl:  fur  la  côte  de  Nato- 
lic  ,  près  de  la  ville  de  Chalcédoinc.  Maty. 
LAMIE.  f.  f.  Monftre  marin.  Lamia.    Rondelet  écrit 
.   que  c'cft  un  poillbn  d'une  grandeur  fi  extraordinaire , 
qu'à  peine  peut  il  être  tramé   fur  une  charrette  par 
^   deux  chevaux.  On  en  a  vu  qui  pefoient  jufqu'à  trente 
mille  livres.  A  Nice  &  à  Mariéille  on  a  pris  des  la- 
mies ,  dans  l'eftomac  defquels  on  a  trouvé  des  hom- 
mes entiers ,  &  même  un  tout  armé.  Le  même  Auteur 
dit  qu'il  en  a  vu  une  en  Xaintonge  qui  avoit  la  gueule 
il  grande,  qu'un  homme  gros  &  gras  y  fut  ailément 
entré  ,  &  ajoute  que  fi  on  tient  cette  gueule  ouverte 
avec  un  bâillon  ,  les  chiens  y  entrent  aifément  pour 
manger   ce  qu'ils  trouvent  dans  l'eftomac.    Gelner 
confirme  la  même  chofe  &  en  fiit  la  même  delcrip- 
tion.  Elle  a  les  dents  aiguës,  âpres  &c  grolfeSj  de  fi- 
gure triangulaire,  découpées  comme  une  Icie,  dilpo- 
fée  par  lix  rangs,  dont  le  premier  (e  montre  hors  la 
gueule ,  celles  du  fécond  font  droites  ,  les  autres  font 
courbées  en  dedans.  Les  Orfèvres  garnilfent  ces  dents 
d'argent,  &  les  appellent  dents  de  ferpent.  C'eft  le 
plus  goulu  de  tous  les  poilFons  &  qui  digère  en  moins 
de  tems.  Quelques-uns  ont  cru  que  ce  fut  ce  poillon 
qui  dévora  Jonas,  &  non  pas  une  baleine,  à  caule 
que  les  Payens  ont  feint  qu'Hercules  avoit  demeuré 
trois  jours  dans  le  ventre  du  canis  carcarias ,  qui  eft 
un  autre  nom  qu'on  a  donné  à  ce  poilîbn.  Les  lamies 
font  autrement  appelées  Chiens  de  mer. 

On  a  appelé  quelquefois  lamies ,  §CF  certains  dé- 
mons imaginaires  j  qui  prenoient,  difoit  on,  la  fi- 
gure de  belles  femmes  j  pour  dévorer  les  enfans.  Sor- 
ciers qu'on  prétend  (e  nourrir  de  chair  humaine. 
Monftre ,  loup-garou  dont  on  failoit  peur  aux  petits 
enfans.  Dans  tous  les  tems,  les  nourrices j  les  gou- 
vernantes, les  bonnes  femmes  ont  inventé  des  êtres 
chimériques  ,  pour  faire  peur  aux  enfans ,  pour  les 
empêcher  de  crier,  pour  les  appaifcr.  Lami&.  Ho- 
race en  parle  dans  fon  Art  Poétique.  Quelques  Au- 
teurs les  ont  appelées  lanid ,  à  laniando.  PhUoilrate 
dit  qu'elles  font  auOi  appelées  Larves  ou  Lémures , 
comme  li  c'étoit  la  même  chofe. 
•Lamie,  fille  de  Cléonor,  Athénien ,  célèbre  courtifanc 
&C  habile  à  jouer  des  inftrumens,  étoit ,  luivant  la 
fable,  une  fort  belle  femme.  Lamie  eut  des  cnfins 
de  Jupiter.  Junon  en  conçut  du  dépit ,  &  lui  procura 
de  faulfes  couches.  Lamie  en  rcilcntit  un  li  grand 
chagrin  J  qu'elle  devint  affieufemcnt  laide,  &:  dévo- 
-  roit  les  enfans  des  autres.  Voye\  le  Scholiafte  d'Aril- 
tophane  fur  les  Crahrones.  Les  Athéniens  &  les  Th4- 
bains  lui  élevèrent  un  Temple  (ous  le  nom  de  Venus- 
Lamie. 

Bochart  prétend  que  le  mot  de  Lamia  étoit  pris  de 
la  langue  Phénicienne.  Sa  raifon  efl  que  la  fable  des 
Lamies  venoit  de  Libye-,  car  Héfychius  &  Doris  ou 
Duris ,  dans  Suidas ,  difent  que  Lamie  étoit  une  fem- 
me de  Libye.  Avant  eux  Euripide  avoit  dit  qu'elle 
étoit  Africaine.  Il  paroit  de  plus  par  Diodore  de  Si- 
cile, liv.  XX,  où  il  parle  d'Ophellas  Roi  de  Sicile, 
j1  paraît,  dis  je,  que  ce  mot  étoit  en  ufage  jufqu'au 
fond  de  l'Afrique.  Ainfi  Bochart  croit  qu'il  vient  de 
ani ,  dévorer.  Il  eft  encore  en  ufage  dans  l'Arabe  en 
ce  fens.  . 

I.AMIE  &  Auxefie,  deux  divinités  auxquelles  on  rendoit 
un  culte  à  Epidaure  ,  à  Egire  &  à  Trézéne.  On  célé- 
broit  tous  les  ans  en  leur  honneur ,  une  fête  qu'on  ap- 
..-    -peloit  laîTipidation. 


L  A  M 


LAMIER.  f.  m.  Ouvrier  dont  la  profeiTîon  eft  de  faire 
des  lames  pour  fervir  aux  Ouvriers  en  draps  d'or, 
d'argent ,  de  foie  &  de  laine ,  aux  Tilferans  &  à  ceux 
qui  tout  des  bafins,  des  furaines  ,  des  canevas  5c  au- 
tres femblables  qui  travaillent  fur  le  métier. 
LAMINA.  Nom  d'une  ville  de  la  Grèce ,  fituée  dans  la 
Thelîalie ,  fur  la  rivière  d'Agioméla ,  vers  le  golfe  de 
Zeiton.  Lamia.  Maty. 
LAMINAGE,  f.  m.  L'aélion  de  pafïerdes  métaux  entre 
des  rouleaux  pour  les  réduire  en  lames.  Dans  les  Hô- 
tels des  Monnoies,  il  y  a  des  machines  qu'on  appelle 
des  Laminoirs ,  pour  réduire  l'or  ,  l'argent  &c  le  cui- 
vre en  lames  de  l'épailleur  qu'on  veut  donner  aux  ' 
monnoies.  M.  Rémond  a  tait  un  grand  écrit  intitulé  .• 
Mémoire  fur  le  laminage  àc  plomb.  Ce  n'eft  que  de*, 
puis  quelques  années  que  le  laminage  de  plomb  dk% 
connu  en  France.    Idem.  " 

LAMINE,  f.  f.  Lamina.  Quelques  Auteurs  emploient 
ce  motj  il  veut  dire  petite  lame.  J 

LAMINER,  v.  a.  Mettre  en  lames,  donner  à  une  l?mS*- 
de  métal  une  épailleur  uniforme  par  une  compreilîon 
toujours   égale.    Ce    mot  fe   dit  principalement  du 
plomb  que  l'on  fabrique  en  tables  de  io  à  jo  pieds 
de  long  fur  8  de  large,  &  auquel  on  peut  donner  telle 
épaiffeur  qu'on  veut  par  le  moyen  d'un  moulin  dont 
la  propriété  eft  de  réduire  ces  tables  à  l'épailleur  que 
l'on  iouhaite ,  en  les  rendant  tout-à  fait  unies  &  par- 
faitement compactes  J  fins  pores  j  pailles,  vents,  ni 
fouillurcs.   Ce  Moulin  a  d'abord  été  inventé  en  An- 
gleterre, enfuite  perfeétionné  en  France,  examiné  & 
approuvé  par  l'Académie  Royale  des  Sciences,  lui- 
vant fon  certificat  du  28  Janvier  1728.  Merc.  d'Oc' 
tobre  IJ30. 
Laminé,  ée  part.  pafl".  Qui  fe  dit  des  métaux  qui  ont 
paflé  par  le  laminoir ,  qui  font  en  lames.  Je  couvris 
le  pot  avec  une  platine  mince  de  plomb  laminé ,  &c  je 
cimentai  bien  les  jointures.  De  Buffon.  p.  3.  Il  y  a 
un  livre  intitulé  :  Obfervations  fur  le  plomb  laminé. 
LAMINOIR,  f.  m.  Terme  de  monnoie.  C'elt  une  ma> 
chine  où  l'on  fait  pafler  les  lames  d'or  ou  d'argent,  & 
où   on  leur  donne   l'épailleur  dans  laquelle  1  efpcce 
doit  être    fabriquée.    Laminarum  ducioria  machina. 
Comme  les  lames ,  foit  d'or ,  foit  d'argent ,  loit  de 
cuivre ,  font  toujours  plus  épailFes  que  les  efpèces  à 
fabriquer;  on  les  pailc  entre  deux  rouleaux  d'acier  en 
forme  de  cilindres  environ  de  deux  pouces  d'épaif' 
feur  ,<  iSc^e  quatre  de  diamètre  qui  font  fort  ferrés  fur 
leur  épailleur,  enclavés  par  le  milieu  dans  des  bran-  1 
ches  de  fer  carré ,  &  tournés  par  les  roues  d'un  mou-, 
lin  que  des  chevaux  font  tourner ,  &  toutes  ces  pièces; 
enfemble  compofentce  qu'on  appelle  laminoirs.  Boi- 
ZARD ,  P.  I.  c.  16 .  Quand  on  veut  étendre  les  lamts 
d'or,  on  les  fait  recuire  dans  une  cfpèce  de  tourneafl: 
dont  l'.âtre  eft  de  carreaux,  ou  de  briques ,  ayant  huit 
à  neuf  pouces;  au-dellus  on  les  couvre  de  braife  Se. 
on  les  laiffe  en  cet  état  julqu'à  ce  qu'elles  foient  ain^*: 
recuites  :  alors  on  les  retire  du  fourneau,  &:  on  li 
jette  dans  un  baquet  plein  d'eau  commune,  parce  que 
cela  les  adoucit ,  enforte  qu'elles  s'étendent  plus  faci- 
lement ;  on  les  pafle  après  cela  entre  les  rouleaux.  Les  ' 
roues  des  moulins  font  tourner  ces  rouleaux  :  les  la- 
mes s'étendent  ainfi  en  paftant,  on  les  rcpalle  de  mê- 
me entre  les  rouleaux ,  jufqu'à  ce  qu'elles  foient  à- 
peu-près  de  l'épailîcur  des  efpèces  à  fabriquer;  on 
ferre  à  cet  eftet  les  rouleaux  plus  ou  moins,  par  le 
moyen  des  écroues  &  des  vis  qui  fervent  à  cela.  On 
en  ufe  de  même  pour  étendre  les  lames  d'argent, 
mais  on  fe  fcrt  d'autres  pareils  laminoirs.  On  les  palTe 
d'abord  avant  que  de  les  recuire,  comme  celles  d'or, 
mais  on  les  laiffe  refroidir  fans  les  jetter  dans  l'eau, 
parce  que  cela  les  aigriroit  de  manière  qu'elles  ne 
pourroient  plus  s'étendre  facilement,  &:  pourroient 
même  fe  caller  en  pallant  entre  les  rouleaux.  Quand 
elles  font  refroidies,  on  les  pafFe  entre  les  rouleaux, 
jufqu'à  ce  qu'elles  foient  à  peu-près  de  l'épailleur  des 
efpèces  à  fabriquer,  &:  en  état  d'être  coupées  en  flans. 

BolZARD. 

^fT  On  donne  aullî  le  nom  de  laminoirs  à  la  machine 
qui  fert  à  laminer  le  plomb ,  c'eft  à  dire,  à  le  réduire 


L  A  M 


L  A  M 


en  tables  de  telle  cpaillèiir  qu'on  veut.  Foyei  La- 
miner. 
LAMI.S.  f.  m.  On  appelle  a  Smyinc  draps  lamis ,  une 
des  fortes  de  draps  d'or  de  Vcnile^  que  les  vaillèaux 
Vénitiens  y  apportant. 
ItCTLAMIUM.  ù  m.  Sorte  d'ortie  qui  ne  pique  point. 

J'^oyc^  Ortie. 
LAMO.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Natolie.  Lanius. 
Elle  ell  dans  la  Caramanie ,  près  du  Tarie ,  du  côté  du 
couchant.  Elle  a  un  Evéché,  luiragant  de  Seleucie. 
Matv. 
Lamo,  c^'  non  pas  Lamon-,  comme  a  ditAIaty.   Nom 
d'une  ville  de  la  côte  de  Zanguebar  j  en  Etliiopie.  La- 
mum.   Elle  e-.i  lur  un  petit  golrc  ,  environ  a  trente 
lieues  de  la  ville  de  Mélinde,  du  côté  du  nord.    Elle 
cft  capitale  d  un  petit  Royaume  qui  porte  Ion  nom. 
Maty. 
LAMON.  f.  in.  Bois  de  Bivlîl  qui  vient  de  la  Baie  de 
de  tous  les  Saints  dans  l'Amérique.  On  l'appelle  auiil 
Brélil  de  la  Baie,  &  Bréul  de  tous  les  Saints. 
LAMPACH  ,    LAMBACH  ,    LxiEMBACH.    Ancien 
bourg  du  Norique.  Lampachum  ik  Tergolape.    Il  y 
a  un  Monallère  célèbre,  6:  il  ell  litué  dans  la  Haute- 
Autriche,  lur  le  Traun,  à  lix  lieues  de  Lintz,  vers  le 
midi.    Matv. 
LAMPADAIRE,  f.  m.  Nom  d'un  Officier  de  l'Églife 
de    CDnft'.iiiinople.    Lampadanus.     Le  Lampadaire 
avoit  foin  du  luminaire  ue  l'Eglile;  il  portoit  un  bou- 
geoir devant  le  Patriarche ,  devant^  l'Empereur  ic 
l'Impératrice,  quand  ils  étoiem  à  l'Eglife,  ou  qu'ils 
r.lloieut  en  procedion.  La  bougie  qu  il  portoit  devant 
l'Empereur   étoit  entourée  de  deux  cercles  d'or  en 
forme  de  couronne ,  celle  qu  il  portoit  devant  1  Im- 
pératrice &  devant  le  Patritrche,  n'en  avoit  qu'un. 
Cette  cérémonie  fut  établie  pour  avertir  despcifon- 
JK'S  d'un  il  haut  rang,  que  leur  lumière  doit  éclairer 
ceux  q-ai  leur  font  fournis.    Voy^i  l'Euchologc  des 
Grecs,  Balfamon,   &c. 

Il  y  avoic  aullî  des  Lampadaires  pour  le  Palais  de 
l'Empereur.  Il  y  en  avoit  pour  le  lervice  des  Grands 
OriLiers  &  des  premiets  Magiilrats ,  &  fur  tout  du 
Préiec  du  Prétoire  &  du  Maure  des  Offices.  Il  n'y 
eut  d  abord  que  ces  grands  Officiers  qui  eulfent  droit 
davoir  des  Lampadaires  ;  les  Empereurs  l'accordè- 
rent enluite  aux  charges  inférieures,  &:  lur  tout  aux 
(Juefteuis  ou  Tréforiers  ,  &  aux  Gouvernems  des 
Iles.  Julbnien  par  un  Édit  l'accord i  aulîi  au  'Vicaire 
de  11  contrée  du  Pont.  Les  Grands  Officiers  avoient 
plusieurs  Lampadaires  ;  car  il  y  en  avoit  un  qu'on  ap 
peloic  Priinicier  des  Lampadaires.  Avec  les  flambeaux 
on  portait  auili  devant  les  Magilhats  l'image  de  l'Em- 
.  percur  ,  comme  il  paro.t  par  le  VII  Concile ,  Aétion 
jre.  ^  il  qI\  croyable  qu'on  ne  leur  accordoit  de  faire 
porter  les  llambtaux  devant  eux  ,  qu  à  caule  de  cette 
image  de  l'Empereur.  Pour  LEmpereur ,  c'eft:  Héro- 
dien  dans  Commode  Se  dans  Antonin ,  Se  Tcrtullien 
dans  fon  Apologétique ,  c.  J4  ,  qui  nous  apprennent 
qu'on  pottoir  devant  lui  des  flambeaux.  Les  Lampa 
daires  le  précédoient  même  julques  dans  l'Églife  Se 
pendant  la  Liturgie,  ou  les  laints  myftères,  comme 
ou  le  voit  dans  Codinus  j  de  OJfic.  c.  VI.  n.  4,  ji  ^ 
41 ,  &  chap.  Fil.  n.  24.  Les  Patriarches  de  Conftan 
tinoplc  firent  aullî  porter  devant  eux  des  flambeaux  & 
des  bougies;  &  comme  cet  ufage  palîa  des  Empereurs 
à  eux ,  c'eft  peut-être  d'eux  qu'ell  venu  celui  de  porter 
un  bougeoir  à  nos  Evcques  quand  ils  officient. 
Lampadaire.  Inftrument  propre  à  porter  ,  à  foutenir 
des  lampes.  Lampadarium.  Quelques  Auteurs  appel 
lent  lampadaire  d'or,  l'inftrument  du  Temple  de  Sa- 
lomon  que  l'on  appelle  communément  le  chancfeliei 
d'or ,  conformément  à  la  'Vulgate  ,  qui  le  nomme 
Candelabrum  aureum.  Et  il  faut  convenir  que  le  nom 
de  lampadaire  lui  convient  mieux  que  celui  de  chan- 
delier, car  il  portoit  des  lampes  &  non  pas  des  chan- 
delles. Il  y  a  fur  l'arc  de  Tite  une  figure  du  lampa- 
daire d'or.  Outre  la  tige  ,  le  lampadaire  d'or  avoit  fix 
branches  ou  fix  bras,  trois  de  chaque  côté,  de  forte 
qu'il  portoit  fept  lumières  ou  lampes. 

Ce  mot  de  Lampadaire  vient  de  lampas ,  lampadis , 
Tome  V. 


Vi'î 


J      lampe  ;  mais  lampe ,  comme  je  l'ai  dit ,  fe  prend  pour 
bougie ,  flambeau  de  cire. 
iPjLAMPAUALION.  f  f.  Genre  de  fupplice  qu'on 
failoit  louarir  aux  premiers  martyrs.  On  les  étt.idoic 
fur  un  chevalet.  Se  on  leur  appli^^uoit  aux  jaruts  des 
lampes  ardjntes.  C'étoit  uiu  elpècc  de  que.'îion. 
§a-LAMPADIAS  ou  LAM.'AS.  C  cft  amii  que  Pline 
appelle  une  comète  flamboyante ,  météore  qui  a  la 
figure  d'un  flambeau  ardent. 
;p- LAMi'ADEUKOMIE. f. f.  Icrmc d'Liilloireancien- 
iie,  du  Grec  \if«3«f,  lampe,  flambeau,  &     «f-  <,  cour- 
fe.  C'ellainfi  cju'onappcloità  Athènes  la  courfe  des 
jeunes  gens  qui  lé  hiluit  un  flambeau  a  la  main.  Ce- 
lui qui  arrivoit  le  premier,  fins  que  fon  flambeau  s'é- 
teignit, remportoit  le  prix.  Ccscouifes  fe  faifoient  à 
pié  ou  à  cheval. 
Ip-LAMPADISTES.  f.  m.  pi.  Terme  d'Antiquité.  C'eft 
ainli  qu'on  appeloit  ceux  qui  s'exerçoient  à  la  courfe 
des  flambeaux. 
^O-LAMPADOMANCIE.  f  f.    Du  Grec  a-^.t«,  &c 
f'Mifx,  Divination.  Elpèce  de  divination  dans  laquelle 
on  tiroit  des  prélages  pour  l'avenir  de  la  couleur  & 
des  divers  mouv  ■mens  de  la  lumière  d'une  lampe. 
LAMPADOPHORE.  f  m.  On  appeLit  ainli  chez  les 
Anciens,  des  gens  qui  donnoientle  fignal  du  combat 
en  élevant  en  haut  des  torches  ou  des  flambeaux. 
Lampadophorus.  Les  Lampadophores  taifoient  autre- 
fois avec  leurs  torches  ce  qu'ont  fan  depuis.  Se  ce 
que  font  encore  les  trompettes  &  les  tambours  en 
lonnant  la  charge. 

Ce  mot  eft  Grec ,  compofé  de  A«,ii=:i; ,  >,x^.^i.îoi ,  une 
lampe.  Se  qa.a,  je  porte. 
LAMPADOFHORIES.  f.  f.  pi.  Fêtes  dans  Icfquelles  on 
fe  lervoit  de  lampes  pour  les  facrinces.  Les  Athér,iens 
en  .allumoient  piincipalcir.cnt  aux  fêtes  de  ^;inerve, 
parce  qu'elle  étoit  1  inventrice  des  arts;  à  celles  de 
Vulcain,  parce  qu'il  étoit ,  félon  eux,  1  auteur  du  feu 
&:  des  lampes;  Se  à  celle-- de  Prométiiée,  parce  qu'il 
avoit  apporté  le  teu  du  ciel.  La  fjte  des  lampes  reve- 
noit  donc  trois  fois  l'année.  La  première  s'appeloic 
Athénée;  la  lecondeHépheftiéeou  Vulcanie;  la  troi- 
lième  Prométhée.  Dans  ces  jours  là  on  donnoit  auflî 
des  jeux  à  la  lueur  des  lampes.  C'étoit  daris  ces  fêtes 
que  fe  faifoient  les  couiles  des  Lanij;adiiks. 
LAMPADOUSE ,  LAMPÉDCUSE.  i\'om  d  une  île  de  la 
mer  Méditerranée.  Lopadufa.  Elle  eft  entre  l'île  de 
Malte  &  les  côtes  du  Royaiue  deTur.is.  Quoiqu'elle 
loit  défette ,  elle  eft  pourtant  célèbre  a  caufe  d'une 
Chapelle  qu'il  y  a  dédiée  à  la  bienheuieufe  Vierge, 
&■  qui  fert  d  alyle  pour  les  ekl;;ves,  tant  Turcs  que 
Chrétiens.  La  flotte  de  l'Empeieuv  Charles  Quint  fit 
nauhai  e  aux  côtes  de  cette  île  l'an  i  5  j  i .  Mat  y. 
LAMPANGUY.  Nom  dune  montagne  de  rAmérique 
méridionale.  Lanipançuyus  mons.  Cette  montagne 
le  nomme  la  montagne  S.  Chriftophle  de  Lampan- 
guy.  Elle  eft  auprès  de  la  Cordillère ,  envi;  on  foui  les 
31  d.delatitude,à8olieuesde Valpaiaiflo.  Onyadé- 
couvert  en  1 7 1  o ,  quantité  de  mines  de  toutes  (Lrtes 
de  métaux ,  d'or ,  d'argent ,  de  fer ,  de  plomb ,  de  cui- 
vre Se  d'étain.  FrÉzier  ,  p.  104.  L'or  de  Lampanguy 
eft  de  zi  à  il  carats;  le  minéral  y  cft  dur.  Id. 
LAMPARILLAS,  ou  NOMPAREILLES.  f  f.  Sorte  de 
petits  camelots  très  légers  ,  qui  le  fabriquent  en  Flau- 
die  ,  particulièrement  à  Lille  Se  aux  environs. 
LAMPÀS.  f  m.  Terme  de  Manège.  C'eft  une  tumeur, 
ou  enflure  ,  qui  vient  dans  cette  partie  de  la  bou- 
che du  cheval  que  l'on  appelle  palais  dans  la  bou- 
che des  hommes  ,  derrière  les  pinces  de  la  mâchoi- 
re (upérieure.  Tumor  in  are  equino  ,  tumor  palati. 
Brûler  le  lampas.  Ce  nom  lui  vient  de  ce  qu'on  la 
guérit  en  la  brûlant  avec  une  lampe  ou  un  fer  chaud. 
On  l'appelle  aulîI  la  Fève. 
Lampas  ,  ledit  en  ftyle  figuré  Se  burlefque,  pour  le 
palais ,  le  dedans  de  la  bouche. 

Ah  !  Ah  !  Sire  Grégoire  , 
Fous  ave^foif;;e  vois  qu'en  vos  repas  , 
Vous  humccle^  volontiers  le  lampas.  La  Font. 

Ddd  ii 


39^ 


L  A  M 


Compère,,  dites  moi ,  là  ne  pourrait  on  pas  , 
Attendant  le  dincr ,  humecter  le  l.iuipas.  Du  Cerc. 

|Cr  LAMPAS.  Etofte  de  foie  de  la  Chine  ,  façonnée  ^ 
peu  près  comme  les  gros-de-Tours  brochés.  Il  y  en 
a  avec  dorure  &  lans  dorure. 

LAMPASSÊ  ,  ÉE.  Terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit  des 
animaux  donc  la  langue  paroic  hors  de  leur  gueule  , 
lorlque  l'émail  de  la  langue  eft  différent  de  celui 
du  corps  de  l'animal.  Exerta  linguâ.  Quelques-uns 
difent  aulli  Imgue.  Luxembourg  porte  d'argent  au 
lion  de  gueules",  armé  ,  UmpaJJe  &  couronné  d'or. 

tfr  LAMPASSES.  f.  f.  pi.  Toiles  peintes  qui  (e  font 
aux  Indes  Orientales  ,  particulièrement  en  pludeors 
lieux  de  lapôte  de  Coromandei. 

LAMPE,  f.  t.  Vailleau  propre  à  faire  brûler  de  l'hui- 
le avec  une  mèche  ,  pour  éclairer.  Lucerna.  Il  laut 
dans  les  Hglifes  qu'il  y  ai6  toujours  une  lampe  qui 
brûle  devant  le  S.  Sacrement.  Il  y  a  des  lampes  ion- 
dées  pour  brûler  devant  la  Vierge  ,  &  auprès  de 
quelques  tombeaux. 

L'uGge  des  lampes  allumées  dans  les  Eglifes  eft 
très  ancien  ,  comme  il  paroît  par  les  Auteurs  Ec- 
cléliaftiques.  Dans  la  ville  de  Fez ,  on  voit  une  mol- 
quée  où  il  y  a  900  lampes  de  bronze  qu'on  allume 
toutes  les  nuits.  Les  Juifs  allument  plulicurs  lampes 
dans  leurs  fynagogucs.  Les  illuminations  le  font  en 
Turquie  avec  des  lampes.  On  voit  à  Mexique  ,  chez 
les  Dominicains  ,  une  lampe  eftimée  huit  cent  mille 
écus  ,  qui  porte  300  branclies_  avec  leurs  bobèches, 
&  ICO  petites  lampes  de  dilïérens  dclleins.  Elle  eft 
■  faite  par  les  Orfèvres  du  lieu.  Les  Anciens  n'étoient 
éclairés  que  par  les  lampes.  Polidore  "Virgile  ,  de 
Invent.  Rer.  liv.  II.  c.  ip.  dit  dans  les  derniers  mots 
de  ce  Chapitre  ,  que  les  Égyptiens  ont  été  les  in- 
venteurs des  lampes.  Clément  Alexandrin  le  dit  en 
effet  ,  liv.  I.  Strom.  n.  XFI.  &  Eufebe  ,  Prap. 
Evang.  liv.  X.  c.  2.  Hérodote  rapporte  même ,  lir. 
II.  c.  62.  que  les  Égyptiens  avoient  une  fcte  des 
lojnpes  ,  &  la  décrit. 

Le  Père  Kircher  enfcigne  la  manière  de  préparer 
des  lampes  qui  jettent  une  lumière  difpofée  de  telle 
forte  ,  qu'elle  fait  paroitre  les  vilagcs  de  ceux  qui 
font  préfens  comme  on  veut ,  noirs  ,  livides  ,  rou- 
ges ,  d-ï.  Les  lampes  d'argent  doivent  être  contre- 
marquées  au  corps,  culot  &  chapiteau.  A  l'égard  des 
panaches j  collets,  cercles,  cintures  &  petites  cou- 
ronnes ,  il  furtit  du  poinçon  du  maïtte. 

Lampe  Sépulcrale.  C'eft  une  opinion  conftante  de 
quelques  Auteurs,  que  les  anciens  avoient  trouvé,  par 
le  moyen  d'une  huile  qui  ne  fc  coniumoit  point , 
l'art  de  faire  des  lampes  dont  la  lumière  ne  s'étcignoit 
jamais,  et  qu'ils  les  mettoicnt  dans  les  lépulcres  pour 
honorer  leurs  morts.  On  dit  que  fous  le  Pontiiicac  de 
Paul  III,  l'on  ouvrit  un  tombeau  à  Rome,  où  l'on 
trouva  une  lampe  qui  devoit  .avoir  brûlé  pendant  feize 
cens  ans,  &  qu'elle  s  éteignit  dès  qu'on  l'eut  expofée 
à  l'air.  On  alfure  encore  que  dans  le  territoire  de  Vi- 
terbc ,  l'on  a  découvert  quantité  de  ces  lampes  éter- 
nelles. Jean  Baptifte  Cafali,  dans  fon  Livre  De  Ve- 
terïhus  Chrijlianorum  ritibus ,  eh.  41 ,  où  il  traite  De 
Lucernis  Chrijlianorum  &  aliis  luminihus ,  foutient  ce 
fehtiment,  &  pour  preuve  il  rapporte  que  dans  le  ci- 
metière de  Calliate,  on  trouva  dans  un  ancien  fépul- 
cre  une  lampe  encore  allumée  qui  s'éteignit  d'abord 
qu'elle  prit  l'air  à  l'ouverture  du  lepulcre.  Lcandcr 
Alberti  raconte  la  même  choie  arrivée  à  l'ouverture 
d'un  tombeau  trouvé  dans  la  Campagne  de  Rome , 
fous  le  Pontificat  d'Alexandre  VI.  Jean-Baptiftc  de  la 
Porte,  dit  qu'en  1550,  dans  l'ile  deNihta,  près  de 
Naplcs ,  on  trouva  par  halard  un  fépulcre  ,  dans  le- 
quel il  y  avoir  un  vafe  de  verre,  où  la  lumière  duroit 
encore  &  n'étoit  point  éteinte.  Différens  Auteurs  ont 
cherché  la  caufe  d'un  effet  fi  furprenant  •■,  les  uns  , 
comme  Wolfgangus  Lazius ,  l'attribuent  à  une  huile 
extraite  de  l'or;  d'autres  à  des  poudres  artificielles; 
d'autres,  comme  François  Cirelîo,  à  l'amiante  j  & 
d'autres  enfin  à  la  peau  de  la  Salamandre.  Mais  beau- 
coup d'autres  Auteurs ,  cntr'aucres  Ferrari ,  s'inlcri- 


L  A  M 

vent  en  faux  contre  ce  que  l'on  dit  de  ces  lampes 
inextinguibles  ,  &  prétendent  que  c'eft  une  fable. 
(f3°Tout  ce  qu'on  dit  de  ces  lampes  inextinguibles  j 
n'eft  appuyé  que  fur  le  rapport  des  manœuvres  qui 
fouilloient  dans  ces  tombeaux.  Ces  gens ,  peu  Phyù- 
ciens,  ayant  vu  fortir  de  ces  tombeaux  quelques  ma- 
tières entlammées  ou  feux  follets  (  phénomènes  aflez 
ordinaires  dans  nos  cimetières  &  dans  les  terres  graf- 
fes)  &  trouvant  des  lampes  dans  le  voilinagej  cru- 
rent J  fins  doute  ,  que  ces  lampes  venoient  de  s'étein- 
dre; tic  voilà  l'opinion  des  lampes  éternelles  établie. 

Ce  qu'il  y  a  de  vrai ,  c'eft  que  chez  les  anciens  Ro- 
mains, les  gens  de  condition  chargeoient  par  leur  tef-- 
tament  leurs  aftranchis,  de  tenir  continuellement  une 
/dWjPe  allumée  dans  leur  tombeau,  &  de  gatder  leurs 
corps  J  ce  qui  prouve  qu'il  filloit  renouveller  l'huile 
à  melure  qu'elle  fe  confumoit. 

Pietro  fandi  Bartholi  a  fait  un  beau  recueil  de  ces 
lampes  fépulcrales  ,  qu'il  a  fait  graver  en  taille- 
douce,  &c  Jean-Pierre  Bellori  y  a  joint  des  obierva-. 
tions  très-curicufes.  Ce  livre  a  été  depuis  peu  traduit 
de  l'Italien  en  Latin  j  par  Alexandre  du  Kérus ^  aulli 
bien  qu'une  autre  des  mêmes  Auteurs  iur  les  anciens 
mauiolées  ou  tombeaux  des  Romains  qui  ont  cré  trou- 
vés dans  la  ville  de  Rome.  Fortunius  Licetus  a  fait 
aullî  un  luiiè  àts  lampes  des  Anciens,  De  Lucernis 
Antiquorum  reconditis. 

La  lampe  de  Cardan  eft  une  lampe  de  l'invention 
de  cet  Auteur  ,  qui  fournit  elle-même  Ion  huile  :  c'eft 
une  petite  colonne  d;  cuivre  ou  de  verre  bien  bou- 
chée par  tout,  à  la  réferve  d'un  petit  trou  par  en  bas 
au  milieu  d'un  petit  goulot  où  fe  met  la  mèche  ;  car 
l'huile  ne  peut  fortir  qu'à  mefure  qu'elle  le  confume 
&c  quelle  fait  découvrir  cette  petite  ouverture. 

Les  lampes  de  Cardan  pourroient  s'appeler  lampes 
de  Caftiodore  ;  car  les  lampes  que  ce  grand  homme 
inventa  pour  l'ufagc  de  les  Moines  du  Monaftère 
qu'il  avoit  bâti  près  de  Squillace  en  Calabre  étoient 
la  même  chofc,  à  mon  fens,  que  les  lampes  de  Car-  ' 
dan.  f''oye\  Calllodore  lui  même  _,  De  Inftitutione 
divinarum  litterarum  ,  c.  ^0.  Se  l'on  ne  voit  pas  trop 
quelle  idée  leP.  Garet,  Bénédidin  de  S.  Maur,  en 
avoit  dans  la  tête ,  lorfqu'il  difoit  dans  fon  édition  de 
Calllodore,  que  ces  /«ot^w  étoient  non  admiratione 

folàm  ,fed  aternis  etiam  laudihus  dignijjîmas quas 

Jîupendo  artijïcio  concinnaverat.  Et  à  la  marge  du 
chapitie  que  nous  avons  cité ,  Caffiodre  avoit  invente 
des  lampes  éternelles  :  Lucernas  perpétuas  invenerat 
CaJJlodorus.  Caftiodore  le  dément  en  difant  lui-mê- 
me, que  ces  lampes  conlervoient  long  lenis, prolixe ^ 
&  non  ^AS  perpétuellement ,  la  lumière,  &  fe  four— 
niiroient  elles  mêmes  l'huile.  Voye^  fur  ces  lampes  ^ 
Baronius  à  l'an  562,  n.  XI ,  &  Ponlpeo  Sarnelli  dinsjJ 
fes  Lettres  Eccléfiaftiques ,  T.  X:  Lett.  61.  &  autres;! 
On  les  a  beaucoup  pcrtedionnées.  Au  cylindre  dq^ 
cuivre  on  a  lubfticué  une  phiole  de  verre ,  qui  fournit'' 
de  l'huile  allez  pour  entretenir  la  lumière  pendant 
plufieurs  jours,  au  lieu  que  de  ce  qu'a  dit  Calîîodoie, 
on  ne  peut  guère  inférer  ,  finon  qu'elles  duroient  une 
nuit,  pour  fuffireaux  veilles  de  la  nuit.  Après  tout, 
cela  dependoit  de  la  capacité  du  cylindre ,  qui  conte- 
noit  l'huile.  Depuis  quelque  tems  ces  fortes  de  lam- 
pes font  devenues  d'un  très-grand  ulage  parmi  les 
gens  d'étude  &  les  Religieux. 

Les  Épiciers  &  les  Chandeliers  ont  des  lam.pes  à 
plufieurs  mèches,  ou  à  pluùcurs  becs.  Lychnus ,  lu- 
cerna polymixos. 
Lampe  ,  en  termes  de  Marine,  lignifie  quelquefois j 
Éclair.  Fulgur.  En  ce  fens  ce  mot  eft  pris  de  relampa- 
go ,  Eipagnol ,  qui  fignifie  la  même  chofe. 
Feu  de  Lampe  ,  fe  dit  en  Cliymie  d'un  teu  doux  &  lent, 
d'une  lampe  allumée  lous  quelque  vailîèau.  L'émail 
fe  travaille  à  la  lampe  ^  au  feu  de  lampe  ;  c'eft  à-dire, 
à  la  pointe  d'un  feu  d'une  grolfe  mèche  qui  trempe 
dans  la  cire  ou  dans  l'huile,  &  qu'on  fouftle  conti- 
nuellement avec  un  fouffletj  ce  qui  rend  un  feu  tres- 
ardent.  C'eft  ainfi  que  les  Émailleurs  font  leurs  menus 
ouvrages,  bagues j  oifeaux,  &c ,  de  toutes  fortes  de 
couleur  &  de  figure. 


L  A  xM 

L'Écriture  dit  figiircmciir  ,  qu'il  ne  fxut  point 
jncttre  la  Xampe  alliunce  Tous  le  boilFcau  ;  pour  dire 
qu'il  faut  faire  paroître  les  bonnes  œuvres  pour 
cditîer  le  prochain.  S.  Luc.  c.  FUI.  v.  lû.  Elle 
fait  aulli  une  Parabole  des  Vierges  fages  &  des 
Vierges  folles  ,  dont  les  unes  avoient  de  l'huile  dans 
leur  lampe  ,  pour  dire  ,  qu'elles  étoient  préparées 
pour  entrer  aux  noces  de  l|tpoux ,  &  les  autres 
non.  S.  Matth.  c.  XF ,  v.  2s- 

Godeau  ,  en  parlant  de  la  Lune  a  dit,  lampe  d'ar- 
gent au  Ciel  pendue  ;  comme  un  Auteur  moderne 
a  dit  d'une  belle  lampe  d'Eglife  ,  HJl  flclUi  jilo 
penjllis.  L^Auteur  du  Pocmc  de  la  Magdelainc  a  dit 
de  la  fainte  Baume  j  ou  retraite  de  la  Magdclaine. 

La  Lune ,  par  un  trou  tout-àfau  obligeant  , 
Lui  faifoïc  dans  fa  chambre  une  lampe  d'argent. 

Expreffion  ridiculement  comique. 
Cul  de  lampe  ,  cfl  une  ligure  ou  efpéce  de  vignette 
ou  Hcuron  ,  chez  les  Imprimeurs ,  qui  leur  fert  a 
remplir  le  blanc  de  la  page  qui  eft  à  la  fin  d'un 
livre  ,  d'un  traité. 
Cul  de  lampe  ,  ell  aullî  un  ornement  de  menuileric  , 
ou  de  fculpture ,  fait  comme  le  cul  d'une  lampe 
d'Églile,  qui  defcend  pendant,  iSj  en  bas,  comme 
on  en  voit  au  plancher  de  la  Grand  Chambre  du 
Palais  de  Paris.  C'ell:  aulîi  un  ornement  d'Archi- 
teâure  pour  finir  ,  &  terminer  le  dcllous  de  quel- 
que ouvrage.  Fundum  tejludineatum  ,  arcuatum  ,  acu- 
minatum.  La  plupart  dts  trompes  font  foutenues 
fur  des  culs  de  lampe.  Les  clefs  des  voiites  (ont 
quelquefois  ornées  d'un  cul  de  lampe  ,  &  font  une 
laillie  pendante  en  dehors. 

On  dit  aulîi  _,  quand  on  voit  un  vieillard  qui  fe 
meurt  par   défaillance   de  nature,  qu'il  n'y  a   plus 
d'huile  dans  la  lampe ,   qu'il   n'y  a  plus   d'humide 
radical ,  de  principe  de  vie. 
Lampe,  dans  le  commerce  de  lainage  ,c'efl:  auffi  une 
forte  d'étamine   de  laine  qui  fe  fibrique  dans  quel- 
ques lieux  de  la  Généralité  d'Orléans  ,   particulière- 
mcnr  dans  les  Manufiétures  d'Authon.  Ces  étoflbs  ie 
font  toutes  de  laine  d'Efpagne  :  on  appelle  aulîi  quel- 
quefois laines  lampes ,  les  laines  dont  elles  font  faites. 
LA.'viPliE.  f.  f.   Grand  verre  de  vin  pur.   Capax  vmi 
pocuLum  ,  haujius  largior.  Les  Allemands  font  gloire 
de  Ooire  de  grandes  lampées  de  vin    fins  s'enivrer. 
Froluere  fe   vino.  Ce  nom  &    Ion  verbe  qui  luit  j 
font  populaires. 
LAMPER.   V.  a.   Boire  avidement    de    grands  verres 
de  vin.  Capacia  haurire  pocula.  Il  a  lampe  plulieurs 
verres  de  vin.  Il  cil  auHl  neutre.   On  voit  à  la  de- 
marche  de  ces  gens  là  j  qu'ils   ont  bien  lampe  au- 
jourd'hui 

Borel  dérive  ce  mot  du  Latin  lamho  ,  qui  fignifie 
lapper ,  boire  avec  la  main. 
LAMPERON.  f,  m.    EU  le  petit  tuyau  ou  languette 
qui   tient  la  mèche  dans  une  lampe.  Ellychnii  al- 
veolus  ,   lingula. 
LAMPÉTIE.  f.  f.   Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
fille  du  Soleil  &  de  Néira  _,  &  fœur  de  Phaétufe. 
Lampétie  j    Lampetia.  Le  Soleil  avoit  confié  à  Lam- 
pétie  &  à  Phaétufe  le  foin  &  la   garde  des   trou- 
peaux qu'il    avoit  en   Sicile.   Ulifle  ayant  été  jette 
par  la  tempête  fur  les  côtes  de  Sicile ,  fes  compa- 
gnons   tuèrent  quelques   bœufs  de  ces  troupeaux. 
Lampétie    s'en   plaignit  à    Ion   père    Apollon  ,   & 
Apollon  à  Jupiter  ,  qui  pour  venger  fon  fils,    fit 
périr  tous   les   compagnons  d'Ulilfe   par  la  foudre , 
&  par   les  fers.  C'eft   une  fiélion  d'Homère  dans 
1  Odyfliée ,  Liv.  XIII.  Soit  qu'il  y  eût  deux  Lam- 
péties ,  foit  qu'il    n'y  en  eût  qu'une,  d'autres  par- 
lent d'une   Lampétie  fille  du  Soleil   &    de   Climè- 
ne  ,  &  l'une  des  Phaétontiades  ,   qui   furent  chan- 
gées en  peupliers  à  caufe  de   la  mort  de  Phaëton 
leur  frère.    Voy.    Ovid.  Métam.   liv.  IL  v.    342, 
&c.  Mais  Servius  appelle  la  fille  de  Cliniène  ,  &; 
Cœur  de  Phaëton  ,  Lampétule,  de  non  pas  Lam- 


L  A  M  397 

pétie.  Foye-{  fur  le  iiv.  X,  de  l'Enéïde ,  p.   jS(f. 
lidit.  de  Robert  Etienne. 
LAMPÉTIENS.    Nom  de  fede.  Lampetiamis  ,  a.  Les 
I.ampéticns]  lont  des  Hérétiques  cjui  rcnouvt  lièrent 
quelques  erreurs  des  Aériens.   S.  Jean  Dainallcne 
en  parle  ,  Her.  pS.    Lampetius   condamnoit  toutes 
fortes    de   vœux  ,  particulièrement  celui  de  l'obéif- 
fmcCj  difant  qu'il  ctoit   contraire  à  la  liberté   des 
cnfansdc  Dieu.   Jovet.    Le  Père  Le    Quien  ,  dans 
les   notes   fur  S.   Jean   Damakène  ,  remarque  que 
Lampetius  ,  dont  les  Lampétiens    prirent  le  nom , 
(Se  qui  forma  cette   feéle ,   étoit  un  des  principaux 
chets  des   ALircianifîes  ;  qu'il   avok    écrit  un  Livre 
intitulé  ,  le  Tcllamcnt  ;  qu'il  étoit  plus  ancien  que 
Marcicn ,    qui  vivoit    fous    Jullinien   I.  qu'il  avoic 
donc    paru   au    V.   fiècle.   S.    Jean    Damafcène  dit 
que   les  Lampétiens    permettoient   aux  Moines  qui 
fe  retiroient  dans  les  Monaftères  ,  de   vivre  &  de 
s'habiller    comme   il    leur   plairoit.    Us    poulloient 
même   plus  loin   leur  prétendue    liberté   Évangéli- 
que  ;  car  on  prétend  qu'ils  enleignoicnt  qu'il  hlloic 
accorder   à  la    nature  tout  ce   qu  elle   demandoit  ; 
qu'enfin   ils  enfeignoient    d'autres    erreurs    lembla- 
blcs  à  celles    des    Ariens.    Le   P.    Le  Quien   cor- 
rige ,  Aériens  j  parce  qu'en  effet  les  Aériens  avoient 
une   doétrine  conforme  aux    Mallaliens  ,   &    que 
les  Malfaliens  éc  les  Lampétiens   ne  ditîéroient  pas. 
LAMPION,  f.  m.  Petit    vaill'eau  de    terre  ,    de    fer- 
blanc  ,   ou  d'aurre  matière  ,  où  l'on  met  des  huiles 
ou   des   grailles  ,  dont  on  fe  fcrr  pour  former   des 
illuminations.  Lucernula. 
§3°  On  appelle  aulîi  lampion  ,  les   vafes  de  verre  qui 
font  fuipendus  au  milieu  des  lampes  d'Églile ,  entre 
le  panache   &C   le    culot  ,   &  c'eft- là  où   l'on   met 
l'huile  qui    brûle.    Lampion  à  parapet ,   dans    l'art 
Militaire  ,   eft  un  vaiileau    de   fer  où  l'on  met  du 
goudron  &  de  la  poix  pour  brûler ,  Se  pour  éclai- 
rer la  nuit  (ur  le  parapet  dans  une   ville   alîiégée. 
On  fe  fert  fur  mer  de   lampions  qu'on   met  dans 
les   lanternes  ,  quand    on  va    dans  les  voûtes  aux 
poudres. 
LAMPON.  f.    m.  Sorte  de  crochet  d'or  ,    d'argent  ,' 
ou  de   cuivre  ,  dont  on    s'efl:  lervi  pour    retrouller 
le  chapeau. 
Lampon.    Ville  d'Alie  an  fond  d'un    golfe  ,  dans  la 
partie  la  plus  méridionale  de  l'Ile  de  Sumatra ,  dans 
une  contrée  à  laquelle  elle  donne  le  nom. 
LAMPONS.   Ce   mot  veut  dire  ,  Buvons.   C'eft   une 
forte  de  chanfon  populaire  ,  où  l'on  répète  lampons 
à  la  fin  de  chaque  couplet.  Chanter  des  lampons. 
Scar. 
LAMPOS  ,  ou  le  Refplendiirant.  C'eft  le  nom    que 
Fulgence   le   Mytologue    donne  à  un   des  chevaux 
du  foleil.  Il  eft  pris  du  foleil  vers  fon  midi ,  où  il 
a   toute  ta  fplendeur. 
Ip-  LAMPRESSES.  f  f.  pi.  C'eft  le  nom  qu'on  donne 
en    Bretagne   aux   filets   qui   fervent  à  prendre  les 
Lamproies. 
LAMPRIDE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lampridius.  On 
die  aulîi  Lampridius.  Lampridius  a  écrit  les  vies  de 
Diaduménicuj  d'Élagabale  , d'Alexandre  Sèwhc.Lam- 
pride   &   les  autres  qui  ont  fait  l'Hiftoire  Augufte 
au  commencement  du  IV.  liècle  ,  ne  méritent  point 
du  tout  le  nom  d'Hiftoriens.  Tillemont.  Les  Au- 
teurs ,    dont  on  a   compofé  le  corps  de  l'Hiftoire 
Augufte ,  qui  font  Spartien  ,  Lampride  ,  Vulcace  , 
Capitolin ,   Pollion  ,  &  Vopifque  ,  ont  tous  vécu 
fous  Dioclétien,  quoique  quelcjucs-uns    aient    en- 
core  écrit  fous   fes  fuccelîeurs.    Id.  Quelques^  Ma- 
nufcrits  attribuent  à  Spartien  toutes  les^  vies  qui  por- 
tent le  nom  de   Lampride  ,  particulièrement  celle 
d'Alexandre  Sévère  :  &  véritablement  il  y  a  tant  de 
conformité  entre  les  vies  attribuées  à  l'un  &  à  l'au- 
tre ,  que  quelques-uns  ont  cru  que  ce  n'étoit  qu'un 
feul  Auteur ,  nommé  /Elius  Lampridius  Spartianus. 
Td.  D'après  Volîius ,    Hifl.  Lat.  L.  II ,  c.  7. 
LAMPROIE,  f  f.  Poiffon  de  mer  qui  fe  pêche  auflî 
dans  les  rivières ,  qui  eft  de  figure  de  ferpent ,  ou 
d'anguille,  avec  des  trous  des  deux  coiés.  Murana^, 


398  L  A  M 

kedella.    Il  a  le  vcncrc  blanc,  &  le  dos  diverfifié  de 
taches  bleues  &   blanches.  Lamproie  cordie  ,  ic  du 

"  de  celle  qui  elt  devenue  duie  ,  &z  qui  a  pallé  la 
failbn.  La  Lamproie  fe  pêche  depuis  la  fin  de  No- 
vembi-e  julqu'à  la  Pentecôte.  Elle  entre  dans  les 
rivières  au  commencement  du  ptintemps.  Elle  ell 
alors  fort  grallc  ,  &  bonne  à  manger.  Plus  elle  y 
féjourne,  iJluselle  diminue  de  qualité.  Se  devient 
cordée. 

Le  mot  de  Lamproie  vient  à  lamhendis  pétris. 
Valois  le  dérive  de  nampreda,  qui  eft  le  nom  pro- 
pre que  donnoient  à  ce  poillbn  les  vieux  Gaulois. 
Ménage  dit  qu  il  vient  de  lampetra  ,  Latin  ,  qu'on 
a  dit  pour  murma  ,  lignifiant  lamproie.  Auloniie 
l'appelle  Muftella ,  d'autres  galexia. 

Il  y  a  auill  des  lamproies  d'çau  douce  ,  ou  de 
rivières  ,&  ce  font  de  petits  poiiîbnjqui  vivent  d'eau 
■&  de  fange  ,  qui  font  de  la  grollcur  d'un  doi-t , 
&  longs  de  4  ou  5  pouces.  On  prétend  que  la 
lamproie  eftlepoillon  que  Pline  appelle  Eciieneis , 
parce  qu'elle  arrête  les  vailleaux  ,  <î«  t^  i-^ùt  -imv.x;  , 
ik  qui  cil  diftérente  d'une  autre  lamproie  que  décrit 
Appian  ■,  &  qu'il  appelle  auiîî  Echeneis. 

LAMPROPHORE.  f.  m.  de  f.  Nom  que  l'on  donnoit 
autrefois  aux  Néophites  pendant  les  (ept  jours  qui 
fuivûient  leur  baptême.  Lamprophorus.  Dans  la  cé- 
rémonie du  baptême  un  revêt  le  nouveau  Clirctien 
d'un  habit  blanc  ■■,  mais  aujourd'hui  immédiatement 
après  la  cérémonie  ,  on  l'ôte  aux  nouveaux  bapti- 
fês  ,  même  aux  Adultes  ;  autrefois  ils  le  portoient 
pendant  une  femaine  entière  ;  &  pendant  qu'ils  le 
portoient  on  les  appcloit  Lamprophores  ,  à  cauie 
•de  la  blancheur  de  leur  habit.  Car  ce  mot  iîgnifie 
un  homme  qui  porte  un  habit  éclatant,  &c  vient 
de  Mi*-^ff  éclacant,  &  de  <pïfa  ,  je  porte.  Voy.  Sui- 
cer  au  mot  >.xu-ii.ù'p-ç,oç.  Les  Grecs  donnoient  auiîî 
ce  nom  au  jour  de  la  Réfurreéf  ion  ,  tant  parce  que 
ce  myftère  répand  la  hunière  de  la  foi  dans  les 
âmes ,  que  parce  que  ce  jour  là  les  mailons  étoient 
ornées  &  éclairées  de  tous  côtés  d'un  grand  nom  - 
bre  de  cierges  ,  pour  donner  aux  FidcUes  un  fym- 
bole  de  cette  lumière  que  ce  myilère  a  répandue 
dans  le  monde,  f'^oyei  Saint  Grégoire  de  Nazianze , 
Orat.  2.  in  Pafcha.  Si  ailleurs  ,  dans  le  fécond 
difcours  contre  Julien  ,  il  lemble  blâmer  ces  illu 
minations  comme  une  coutume  prife  des  Payens ,  il 
ne  les  blâme  point  en  eftet ,  comme  Suicer  le  veut 
faire  entendre  ;  mais  il  dit  qu'il  ne  faut  point  s'en 
tenir  à  ces  marques  extérieures  de  religion  ,  qu'il 
faut  y  ajouter  le  culte  intérieur  ,  la  pureté  de  cœur  , 
la  joie  de  l'cfprit ,  la  prière  ,  la  contemplation  ,  &c. 

LAMPROYON  ,  ou  LAMPRILLON.  f.  m.  Ce  font 
de  petites  lamproies  ,  de  la  grandeur  d'un  doigt ,  ou 
d'un  ver  de  terre ,  dit  Rondelet.  Il  .ajoute  qu'on  en 
vend  beaucoup- à  Touloufe,  où  on  les  appelle  CAa- 
tillons  ,  MÉNAGE  Dict.  Etym.  On  trouve  lamproyon 
dans  l'Académie.  C'cft  donc  ainiî  qu'il  faut  dire  , 
&  non  pas  lamprillon.  Les  autres  dictionnaires  ne 
mettent  ni  l'un  ni  lautre  :  c'eft-à-dirc  ,  les  nou- 
veaux ;  car  lamproyon  ôc  lamprillon  font  dans 
Nicot. 

^3"  Il  paroît  que  c'eft  le  nom  qu'on  donne  aux  Lam- 
proies d'eau  douce  ,  à  ces  petits  poillons,  qui  ref- 
femblent  à  la  lamproie  ,  qu'on  trouve  dans  les 
rivières  &  dans  des  ruilleaux  ,  oii  il  ne  paroît  pas 
qu'elles  puillent   être  venues  de  la  mer. 

lAMPSACO  ,  ou  LAMPSAQUE.  Nom  d'une  ancienne 
ville  de  l'Alîe  mineure.  Lampfacus  ,  L.ampfacum. 
Elle  eft  encore  le  liégc  d'un  Archevêché  ,  mais 
petit  &  peu  confidérable.  Lampfaque  ell  htué  dans 
la  Natolic,  fur  la  mer  de  Marmara,  à  deux  lieues 
du  détroit  des  Dardanelles.  Maty.  Quoique  Lamp 
faque  foit  plus  François  que  Lampfcao  ,  je  trouve 
cependant  celui-ci  dans  nos  Auteurs.  Je  demandai 
il  dans  Lampfaco ,  il  n'y  avoir  plus  perlonne  qui  hit 
en  droite  ligne  héritier  du  bon  homme  Priape  ,  & 
s'il  n'y  avoir  plus  de  jardins  qu'il  eut  plantés  ,  où  je 
pulle  remarquer  quelque  lîmple  rare.  Du  Loir. 
Foyagc  du  Levant , p.  zii.  Leunclavius  dit  que  les 


LAN 


Turcs  l'appellent  encore  Lepfech.  Priape  étoir  autre- 
fois honoré  d'une  manière  particulière  à  Lampfaque. 
Ovide  le  marque  dans  les  1  rifces  ,  L.  I  ,  Eleg. 
IX,  V.  '/jo.  Quelques  uns  dilcnt  qu'elle  fut  bâtie 
par  les  Phocéens  j  &  d  autres  par  Priape-,  d'autres 
enfin  par  les  Milélîens  en  la  trente  unième  Olym- 
piade. Ils  bâtirent  aullI  Cizique  vis  à-vis.  On  dit 
qu'elle  prit  Ion  nom  d'une  fille  nommée  Lampfacé y 
qui  en  étoit  originaire.  Strabon  ,  L.  XIII ,  vante 
Ion  port  ,  &  un  temple  de  Cybèle  qui  s'y  voyoit. 
Elle  étoit  encore  renommée  par  la  bonté  de  fes 
vins. 

LAMPSANE.  f.  f.  Plante  dont  la  racine  eft  fimple; 
blanche  ,  fibrée  :  elle  poulfe  une  tige  à  la  hauteur 
d'environ  trois  pieds  ,  ronde  ,  cannelée  ,  rougeâ- 
trc ,  creule ,  rameute.  Lampfana.  Ses  feuilles  d'en- 
bas  font  d'une  grandeur  ôc  d'une  figure  appro- 
chantes de  celles  du  laitron  liile  \  mais  celles  qui 
accompagnent  le  haut  de  la  tige  &  des  rameaux , 
lont  oblongues  ,  étroites  ,  pointues  j  fans  queue. 
Ses  fleurs  lont  des  bouquets  ronds  à  demi-fleu- 
rons jaunes.  Ses  femences  font  un  peu  longues, 
déliées,  ordinairement  pointues,  noirâtres.  Toutç 
cette  plante  rend  un  lue  laiteux  amer.  En  Latiu 
Lampfana  Dodonni.  Pempt.  6j ^. 

Ce  mot  vient  du  Grec  hnfijrcehit  ,  évacuer  ,  à 
caule  que  cette  herbe  étant  mangée  ,  lâche  le  ven- 
tre. Pluheurs  l'appellent  Papillaris  herha  ,  herbe  aux 
mamelles  ,  parce  qu'elle  eft  fort  propre  pour  gué- 
rir le  bout  du  lein  quand  il  eft  fendu,  ou  écorchév 
elle  lert  auiîî  à  ôter  les  taches  d'huile. 

LAMPSAQUE.    Voyei^  Lampsaco. 

LAMPTA.  Nom  d'un  bourg  du  Royaume  de  Fez. 
Lampta.  Il  eft  près  de  la  ville  de  ce  nom  ,  &  il  ï 
été  bâti  des  ruines  de  l'.incienne  Vobrix  ,  ou  Bo- 
hrix ,  ville  de  la  Mauritanie   Tingitane.   Maty. 

LAMPTERIES.  f.  f.  pi.  Fête  en  l'honneur  de  Bac- 
chus  ,  qui  le  célébroit  immédiatement  après  la  vcn  • 
dange.  Lamptena.  Cette  fête  conhftoit  en  une 
grande  illumination  notturne  ,  &  à  verlcr  du  vin 
à  tous  les  pallaus.  Pausanias  ,  in  Ackaàis. 

LAN. 

LAN  ,  ou  LANDE.  C'eft  un  mot  Breton  ,  qui  entre 
dans  la  composition  de  pluheurs  mots  ;  Lan  Con- 
nili, //{/?.  de  Bret.  T.  II ,  p.  loj.  ia/2  loet-quet, 
p.  /7,  Lan  EvLnnoc ,  p.  26.  Xt:/2-hoetleian  , />.  i2. 
Za«-Loethbon  ,  p.  /7.  Lantàzyan  ,  p.  jo.  Le 
mot  de  lan  ,  félon  Davies ,  fignific  Églife  ,  temple,  . 
place,  ou  cimetière.  En  Bretagne  ce  mot  le  prend 
pour  du  Jan  ,  plante  qui  s'appelle  en  Latin  GeniJIa- 
fpartium.  Lobineau  ,    Gloff. 

Lan.  Le  mont  de  Lan.  Lanius  mons.  On  le  prend 
pour  le  lieu  de  la  Gaule  Narbonnoile  ,  nomincè 
anciennement  Melofedum.  C'eft  un  village  du 
Dauphiné ,  fitué  entre  la  ville  de  Grenoble  &  celle 
de  Briançon  ,  au  lommet  de  la  montagne  de  Lan, 
qui  eft  fort  haute  ,  &  qui  a  vers  le  lommet  un 
chemin  lur  la  Roche  vive  avec  des  gardefoux , 
parce  qu'il  eft  au  bord  d'un  précipice  arlrcux ,  au 
fond  duquel  coule  la  rivière  de  Romanche. 

LANAR.  l^oye^  Lanerik.  t(k 

LANCAN.   t'oyei  Lankan. 

LANGASTRE.  Nom  d'une  ville  d'Angleterre ,  ca- 
pitale du  Comté  de  Lancaftre  ,  &  lîtuée  fur  la  ri- 
vière de  Lune ,  ou  de  Liène  ,  à  cinq  lieues  au  midi 
de  Kendal  ,  anciennement  Longancum  ,  mainte- 
nant Lancajlria.  En  Anglois  on  écrit  Lancajler. 
Long.  14.  d.    3  5',lat.  5-4.  d. 

Le  Comté  de  Lancajlre  ,  en  Anglois  Lanca-Shire. 
Lancajlria.  Province  d'Angleterre.  Elle  eft  bornée 
au  nord  parles  Comtés  de  Cumbcrland  &  de  Weft- 
morland  ,  au  levant  par  celui  d'Yorck  ,  &c  au  lud 
par  celui  de  Chefter.  Il  eft  baigné  au  couchant 
par  la  mer  d'Irlande.  Sa  longueur  eft  de  vingt 
lieues  ,  fa  largeur  movenne  de  lix  ou  lept.  Il  .abonde 
en  grains  Se  en  beftiaux ,  particulièrement  en  bœufs 
fort  grands.  S^i  principau.x  lieux  font  Lancaftre  , 


LAN 

capitale,  Se  les  bourgs  de  Manchcftcij  de  Prcllon  , 
de  Newton,  deWigaii,dc  Clitciow ,  de  Léerpole, 
qui  ont  léance  &  voix  au  Pailcment  d'Angleterre. 
Ce  Comté  a  été  pollédé  long  temps  par  des  Princes 
de  la  Maifon  Royale  d'Angleterre  j  qui  tonnèrent 
Je  parti  de  la  Rofe  Rouge  ,  Se  difputérent  long- 
temps la  Couronne  aux  Ducs  d'Yorck  ,  dont  le 
parti  fut  celui  de  la  Rôle  Blanche.  Henri  VII , 
Comte  de  Richemont ,  Chef  de  la  Maifon  de  Lan- 
cajlrc  ,  étant  parvenu  à  la  Couronne  Tan  148JJ 
cpoufi  l'hénticrc  du  Roi  Edouard  IV  ,  qui  avoit 
été  Chef  de  la  Maifon  d'Yorck  ,  Se  ainll  il  fit  cef- 
1er  cette  grande  querelle,  pendant  laquelle  on  allure 
qu'il  fe  donna  jufqu'à  trente  batailles ,  &:  qu'il  fut 
tué  trois  Rois ,  &:  quatre-vingts  Princes  de  l'une 
ou  de  l'autre  Maifon.  Maty.  Les  anciens  habitans 
du  Comté  de  Lancajlrc  étoicnt  lesBrigantes.  Spéed. 
LANCE,  f.  f.  Arme  otfenlîve  des  anciens  Cavaliers, 
faite  d'un  bois  long  comme  une  demi  pique,  pointu 
&  ferré  par  le  bout ,  &  pefint  du  côté  de  la  main. 
Lancca.  La  Iclikc  a  trois  parties ,  la  poignée ,  les  ailes 
&  la  Hèche.  On  appelle  ,  Main  de  la  lance  S<  de 
l'épée  ,  la  main  droite  du  Cavalier.  Le  pié  de  la 
lance  ,  c'eû  le  pié  de  derrière  hors  du  montoir , 
parce  que  la  lance  étant  en  arrêt  ,  le  tronçon  ré- 
pond à  ce  pié-là.  L'arrêt  de  la  lance  el\  la  courroie 
ou  la  partie  de  l'armure  du  Cavalier  qui  fcrvoit  à  l'ar- 
rêter quand  il  alloit  lance  bailFée  contre  l'ennemi. 
Il  y  a  aulïï  des  lances  de  drapeaux  Se  d'étendards 
qui  fervent  à  les  porter.  Kajlile.  On  peint  Pallas 
avec  une  lance.  En  cette  journée  (  de  Pontcharra , 
où  Amédée  ,  Duc  deSavoye ,  fut  défait  par  Lefdiguiè- 
res  l'an  1591.)  Ja  lan^e  ,  autrefois  la  plus  noble  de 
toutes  les  armes  ,  dont  fe  fervillent  les  Gentils- 
hommes François  ,  perdit  prefque  toute  la  gloire 
qu'elle  avoit  acquife  en  tant  de  belles  occalions, 
&  tomba  en  tel  mépris  ,  que  l'ufage  en  fut  bientôt 
aboli  dans  les  combats  ;  d'autant  que  les  Cavaliers 
de  l'armée  de  Savoye  qui  en  portoient ,  manquant 
d'adrcde  pour  la  manier,  firent  croire  que  ce  n'é- 
toit  qu'un  fardeau  inutile  &  embatralfant;  ôc  LeC 
diguières  lui  même  ,  qui  l'avoit  toujours  peu  cfti 
mée  ,  montra  par  un  beau  coup  de  fa  main  que 
ce  n'avoit  pas  été  fans  quelque  railon  :  car  en  ayant 
parlé  le  foir  d'auparavant  à  table  ,  &  avancé  qu'il 
ii'étoit  rien  li  facile  que  de  détourner  un  coup  de 
lance  ;  comme  il'  vit  un  Capitaine  couvert  d'une 
cafaque  de  velours  ,  toute  chamarrée  de  clinquant 
d'or,  à  la  tête  de  vingt  Lanciers,  qui  venoit  à  lui 
.  la  lance  en  arrêt  ,  il  l'attendit  de  pié  ferme ,  dé- 
fendant à  tous  fes  gens  de  fe  mettre  au  devant ,  ni 
de  lui  toucher  ,  &  jetta  la  lance  à  côté  avec  fon 
épée  j  &  puis  lui  Dorta  la  pointe  dans  la  vifière  , 
fi  bi?n  qu  il  en  tomba  mort  par  terre.  Mez£ray  , 
T.  III ,  p.  poo. 

Les  Romains  ,  fslon  Varron  ,  repréfenroient  leur 
dieu  de  la  guerre  lous  la  torme  dune  lance,  avant 
qu'ils  eulfent  trouvé  l'art  de  donner  la  figure  humai- 
ne à  leurs  (lames.  Ils  avoient  pris  cette  coutume 
.  des  Sabins  ,  chez  qui  la  lance  étoit  le  lymbole  de 
la  guerre.  D'autres  peuples ,  félon  Juftin  ,  rendoient 
leur  culte  à  une  lance ,  Se  c'eft  de-la ,  dit  il ,  qu'eft 
venue  la  coutume  de  donner  des  lances  aux  ftatues 
des  dieux. 

Pline  écrit ,  L.  VII.  c.  s^ ,  que  l'on  attribuoir  aux 
Etoliens  l'invention  de  la  lance.  Varron  ,  &  après 
lui  Aulu  Celle  ,  dit  que  le  mot  lancea  étoit  Elpa- 
gnol  ,  iurquoi  quelques  Savans  loutiennent  que  l'u 
fige  de  la  lance  étoit  venu  d'Efpagne  en  Italie  ;  que 
cet  inftrument  n'étoit  pas  feulement  une  arme  des 
Efpagnols ,  mais  de  tous  les  Celtes. 

Ce  mot  vient  du  Latin  lancea.  Diodore  de  Si- 
cile dit  que  ce  mot  eft  pris  de  la  Langue  des  Gau- 
lois. Varron  ,  au  rapport  d'Aulu-Gelle  ,  croit  que 
c'eft  un  mot  Efpagnol  ;  Fertus  le  dérive  du  Grec  a.I^;, 
Le  P.  Pezron  le  fait  venir  du  mot  Celtique  lance. 
Sifenna  ,  cité  par  Nonius  ,  pcnfe  que  c'eft  un  mot 
de  la  Langue  des  Suèves  ,  qui  étoient  des  peuples 
de  la  Germanie  -,  les  AUemans  appellent  en  leur 


LAN  399 

Langue  Lant^  ,  une  lance ,  &  Lanfquenet  veut  dire 
un  loldat  armé  d'une  lance  ,  ou  ,  (uivant  l'étymo- 
logie  ,  un  homme  ,  un  valet  de  lance.  Borel  dcrivc 
le  mot  lance  de  l'Hébreu  lamh ,  qui  fignific  la  mê- 
me chofe. 

Autrefois  on  a  appelé  les  lances ,  bois  j  bourdons  , 
bourdonna£es. 

On  dit  aullI  au  Manège  ,  qu'un  cheval  a  le  coup 
de  lance  ,  quand  il  a  une  marque  ,  ou  enfoncement 
au  cou,  ou  près  de  l'épaule  ,  comme  s'il  avoit  été 
percé  d'un  coup  de  lance  :  c'eft  la  marque  d'un  bon 
cheval  ,  qu'on  trouve  à  quelques  Barbes  j  Se  aux 
chevaux  d'Efpagne. 

On  faifoit  autrefois  des  combats  de  lance  à  ou- 
trance ,  à  fer  émoulu  :  d  autres  par  divertilTcment 
&e  exercice  militaire  ,  pour  montrer  fa  force  Se  fon 
adrelle ,  comme  dans  les  joutes  Se  tournois.  On  di- 
foit  j  faire  un  coup  de  lance  ,  brifer  une  lance  , 
Etire  voler  les  lances  en  éclats,  rompre  des  Lnces , 
pour  combattre  avec  la  lance.  Il  lut  queftion  de 
rompre  des  lances  l'un  contre  l'autre  ,  fuivant  la 
mode  de  ce  fiècle-là.  Mademoifelle  l'Héritier.  On 
dit  ptoverbialement  &  familièrement  ,  rompre  des 
lances  pour  quelqu'un  ,  le  défendre  contre  ceux  qui 
l'attaquent.  Bailler  la  lance  ,  c'étoit  s'avouer  vain- 
cu ,  céder  la  victoire  ,  fe  foumettre.  On  le  dit  en- 
core en  ce  fens  au  figuré,  pour  avouer  la  fupério- 
rité  d'un  auue  en  quelque  chofe  ;  lui  céder ,  le  fou- 
mettre à  fes  volontés. 


Chacun  le  fut  ;  Bapt'ijle  en  fut  moqué; 

Sur  fon  égal  il  en  eut  pris  vengeance  , 

Ou  fon  efprit  eût  au  befoin  manqué  ; 

Mais  franchement  quand  on  ejl  attaqué 

Par  Alaréchaux ,  il  faut  baifter  la  lance.  SÉnecÉ. 

On  appelle  dans  les  joutes  ,  lance  brifée  ,  une 
lance  à  demi  fciée  près  du  bout  ,  enlorte  qu'elle 
fe  peut  facilement  bnfer.  Ac.  Fr. 

On  appcloit  autrefois  lances  courtoifes  ,  lances 
moufles  ,  frettées  &  marnées  ,  celles  dont  le  fer 
étoit  émouffé  ,  non  pointu  ,  &  qui  avoit  une  fret- 
te  j  morne  ,  ou  anneau  au  bout.  Maintenant  on  ne 
fe  lert  de  lance  que  pour  courir  la  bague.  Dans  un 
Tournoi  que  fit  Charles  Quint  à  fon  avènement  à 
la  Couronne  d'Efpagne  ,  foixante  Chevaliers  en- 
trèrent dans  la  lice  avec  des  lances ,  qui  avoient  au  lieu 
de  fer ,  des  diamans  taillés  exprès  pour  un  combat 
fi  galant.  Lakk^y  ,  dans  Henri  VIII.  p.  1 34. 

Lance  ,  ou  pique.  Lancea.  Inftrument  de  Chirurgie. 
Il  y  en  a  de  deux  fortes  ,  l'une  dont  on  fe  fert  dans 
l'opération  de  la  filtule  lacrymale  ;  l'autre  pour  ou- 
vrir la  tête  du  fœtus  mort  &  arrêté  au  paflage.  On 
l'appelle  la  lance  de  Mauriceau. 

Lance  gaie  ,  ou  Lance  guaie.  f.  f.  Ancien  nom  d'u- 
ne arme  oftenfive.  Trait  ,  zaguaie  ,  félon  le  P.  Lo- 
bineau.  J aculum  ^  fpiculum. 

Dardes ,  javelots  ,  lances  gaies  , 
S  avoient  jetter  &  faire  plaies. 
GuiLL.  DE  S.  André  ,  Hijl.  du  Duc  Jean. 

La  lance  gaie  eft  une  arme  d'aft  ,  ou  bâton  ferré 
par  le  bout,  qu'on  nomme  aulïï  lut  la  mer  de  Le- 
vant ,  arche  gaie  ,  haffeguaie  &  ^aguaie  ,  &  g^\^~ 
guaie.  Hafca  Africana.  Au  Ponant  on  la  nomme 
demi-pique.  Elle  eft  plus  menue  qu'une  pique  ,  ce- 
pendant plus  longue.  On  a  cru  autrefois  que  la 
lance  fameufe  dont  fe  fervoit  Charlemagne  ,  étok 
la  même  que  celle  du  Centurion  qui  ouvrit  le  cô- 
té de  Notre- Seigneur  ,  Se  qu'elle  le  rendoit  invin- 
cible. Cependant  l'an  1198  ,  les  Croifés  crurent 
avoir  trouvé  à  Antioche  la  lance  dont  Notre  Sei- 
gneur eut  le  côté  percé. 

La   lance  de  S.  Maurice  étoit  autrefois  l'enfeigne 

du    Royaume   de  la    haute   Bourgogne.    Foye^i  Du 

Tillet  ,  dans  fon   Recueil  ,  /.  P.  p.  s^ •  ^  Cho- 

rier  ,  dans  forr  Hift.  du  Dauphiné. 

Lance  Spezzate  ,  eft  un  Officier  réformé ,  qui  étoit 


^oo  L  A 

autrefois  un  Gendarme  démonté  qu'on  plaçok  dans 
l'Infanterie  avec  quelque  avantage  ,  dont  on  a  fait 
Jnfpejjddc  ,  qui  marche  après  le  Caporal.  Le  Pape 
a  encore  pour  la  garde  ,  outre  trois  cens,  Suilles  , 
douze  lances  fpei\ates  ,  ou  Officiers  réformes.^ 

Les  Bateliers  appellent  aulîi  lances  ,  des  bâtons 
longs  &  plats  par  le  bout ,  avec  lelquels  ils  joutent 
&  le  renvcrfenr  dans  l'eau  ,  lorfqu'ils  font  leurs  fê- 
tes en  tirant  l'anguille  ou  loilon. 

Les  Sculpteurs  &c  Ouvriers  appellent  aulli  lances  , 
des  fpatules,  &  outils  dont  ils  fe  (ervait. 
Lance  ,  lîgnifioit  autrefois  un  Gendarme  ,  un  cavalier 
armé  de  toutes  pièces  ,  qui  combattoit  avec  la  lan- 
ce &  l'écu.  Hajlatus  eques.  C'étoit  un  beau  com- 
mandement d'avoir  une  compagnie  de  ;o  Unces  , 
de  mener  50  lances  ou  hommes  d'armes.  Ils  étoient 
la  plupart  ^Gentilshommes.  Autrefois  les  Ducs,  dé- 
voient être  accompagnes  en  bataille  de  400  lances , 
les  Comtes  &  les  Marquis  de  100  ,  les  Barons  de 
190  ,  Se  les  Seigneurs  Bannerets  de  50  ,  avec  les 
gens  de  trait  qui  leur  appartenoieiit. 
lier  Et  l'on  appelloit  lance  fournie  ,  un  homme  d'ar- 
mes ayant  tout  l'on  accompagnement ,  c'elt-à  dire  , 
un  certain  nombre  d'archers  ,  de  valets  &  de  che- 


LAN 

tfT  On  défigne  en  Botanique  ,  par  le  terme  de  lanceo- 
latus  j  les  teuilles  de  certaines  plantes  ,  qui  font 
faites  en  fer  de  lance.  Lanceolatum  folium 

LANCELEE.  f.  f.  C'efl  le  nom  d'une  plante  qui 
s'appelle  autrement  lonchile  ou  lonkïle  ,  car  c'ell 
ainh  qu'il  le  prononce.  Voye\  Lonchile. 

LANCELOT.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lancelotus.  C'eft 
la  même  chofe  que   LADISLA^.    Voye-!^  ce  mot. 

LANCER.  1.  m.  Le  lancer.  Terme  de  Challe.  Le 
temps  ,  l'adfion  de  lancer  une  bcte  ,  la  faire  fortir 
de  fon  fort  pour  la  courir,  la  faire  partir,  la  don- 
ner aux  chiens.  Excïtaûo  ,  agltado.  Se  trouver 
au  lancer. 

Le  rende\-vous  cjl  au  milieu  du  bois. 


vaux. 


Lance  ,  s'cft  dit  autrefois  dans  un  fens  figuré  pour 
homme  ,  par  oppolition  à  quenouille  ,  qui  le^  diloit 
dans  le  même  lens  pour  femme  :  ces  expreliîons  le 
font  confervées  dans  quelques  occallons  ;  par  exem- 
ple ,  fief  qui  tombe  de  lance  en  quenouille  ;  pour 
dire  ,  qui  palle  d'un  mâle  à  une  femme. 

Lance  ,  fe  dit  aulli  en  Phyfique  ,  de  certains  météo- 
res qui  s'cndamment  en  l'air  ,  qui  font  longs  & 
menus ,  &  reilemblent  prefque  à  des  lances.  Acon- 
tia  ,  Xiphia. 

Lance  a  feu.  Terme  d'Artificier.  C'cfl:  une  compolî- 
tion  de  poudre  à  canon  faite  en  forme  de  fulée-  j 
qui  rend  un  feu  fort  clair  ,  qui  jette  de  temps  en 
temps  des  étoiles  ,  &  qu'on  attache  lue  les  échatfauds 
des  feux  d'artifice ,  pour  les  éclairer  pendant  que  le 
reftc  joue.  Hajla  ignica.  On  en  fait  aulli  pour  jet- 
ter  dans  des  vallfeaux  ennemis  ,  dont  on  voir  les 
compohtions  dans  les  Pyrotechnies  de  Hanzelet  & 
de  Vanoccio  ,  de  François  Malthus ,  &  de  Cafimir 
Simierowicz  Polonois. 

Lance  à  feu  puant.  Quand  le  mineur  entend  un  bruit 
fourd  ,  après  avoir  fait  un  trou  avec  la  fonde  ,  ik 
tiré  pluueurs  coups  de  pilfolet  ,  il  enfonce  une  lan- 
ce à  feu  puant ,  6c  ferme  bien  le  trou  de  fon  cô- 
té ,  afin  que  la  fumée  n'y  vienne  point.  La  fumée 
qui  s'enferme  dans  les  terres ,  en  empoifonne  telle- 
ment l'air  ,  qu'il  ell  impollible  d'en  approcher  pen- 
dant deux  ou  trois  jours  ,  &  fouvent  on  a  été  obli- 
gé de  retirer  par  les  pieds  ,  des  mineurs  qui  ont 
voulu  s'y  obftiner. 

Lancî  i  dans  l'Artillerie  ,  cft  un  inftrument  propre 
à  recevoir  la  charge  du  canon  ,  &  à  la  conduire 
au  fond  de  l'ame.  On  lui  donne  ce  nom  parce  qu'il 
en  a  la  figure.  ' 

Lance  ell  aulli  une  verge  de  fer  qui  Ce  place  au  tra- 
vers d'un  noyau  de  terre  d'une  bombe  ,  &  qui  le 
fufpend  en  l'air  quand  on  la  coule  ;  &  lorlqu'elle 
cft  fondue  ,  on  rompt  cette  lance  avec  des  inllru- 
mens  faits  exprès.  En  recevant  des  bombes ,  il  faut 
bien  prendre  garde  que  ces  lances  n'y  relient ,  il  n'y  au- 
roit  pas  moyen  de  les_ charger. 

Lance  de  feu.  On  s'en  fert  fur  les  murailles  pour  em- 
pêcher l'efcalade. 

Lance  d'eau.  En  hydrauhque.  On  appelle  ainh  un 
jet  d'eau  d'un  feul  ajutage  de  peu  de  grolfeur,  fur 
une  grande  hauteur. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  eft  à  beau 
^jied  fans  lance  ;  pour  dire  ,  qu'il  cft  démonté  & 
défarmé  :  Se  figurément  ,  pour  dire  ,  qu'il  n'a  plus 
d'équipage  ,  qu'il  efl  mal  dans  les  affaires.  On  dit 
aulTi  ,  qu'il  baille  la  lance  :  cendic  manus  ,  vicias 
fatifcit  ,  cedit  :  lorfqu'il  s'ennuie  de  plaider  ou  de 
difputer  ,  qu'il  commence  à  céder  ,  à  demander 
.quajtier  à  fa  partie. 


Dc-la.  vous  pourre^  être  au  lancer ,  aux  abois. 

Nivelle  de  la  Chaussée. 

Lancer. V.  a.  Jetter  avec  violence.  Vibrare ,  torquere. 
Les   Anciens  combattoient  en  (e  lançant  des  dards  ,  i 
des  traits  ,  des  javelots.   Les  Maures  fe  lancent  au- 
jourd'hui des  zaguaies ,  ou  petites  lances.    Les  ba- 
liftes  ,  catapultes  ,  &  autres   machines  anciennes ,  I 
fervoient  à  lanctr  des  pierres ,   de    gros    dards  &  ! 
matras. 

|!3^  En  Poëfie  &:  dans  le  ftyle  foutcnu ,  on  dit  que  Dieu,! 
lance  la  foudre ,  le  tonnerre.  CoUeret ,  en   parlant  ' 
du  Prince  de  Coudé  Louis  II  ,  connu  dans  les  prcr 
mières  années  de  L\  vie  fous  le  nom  du  Duc  d'Enr 
guien  ,  a  dit  j  lancer  un  tonnerre. 

Veux-tu  peindre  ce  Duc  au  mtiieu  des  combats  ? 
Peins  Jupiter  qui  lance  un  tonnerre  ici-bas. 

§^  En   parlant    du  Soleil  ,   on  dit   qu'il    lance    (es 

rayons.   Vibrare.  Darder. 
Lancer  ,    fe   dit  figurément  en  Morale.    Lancer  des 

foupirs   vers  le  Ciel.    Lancer  des  regards  affreux  ,. 

menaçans.   Lancer  des  œillades  amoureufes. 

Vos  yeux  favent  lancer  de  trop  dangereux  traits. 

CoRN. 

Hé  j  que  me  veulent  dire  ,  &  ces  foupirs  pouffes  , 
Et  ces  fombres  regards  que  fur  moi  vous  lancez  î 

Mol. 

En  termes  de  Challe ,  on  dit  lancer  la  bête  ,  le 
cerf,  le  fanglier  ;    pour  dire  ,  les  faire   partir  ,  le 
donner  aux    chiens.   Exigere  ,  excitare.   Lancer  Itfj 
cerf ,  c'eft  le  faire  partir  de  la   repolée  comme  les  | 
autres  bêtes  fauves.  Salnove.  Lancer  un  loup^c'eftj 
le  faire  partir  du  liteau.  Id.  Lancer  un  lièvre  ,  c'eft" 
le  faire  partir  du  gîte.  Id.  Lancer  une  bête  noire , 
c'eft  la  faire  partir  de  la  bauge.  Id. 

Lancer  ,  en  termes  de  Marine.  IncUnare  j  vacillare. 
Il  lance  bâ-bord  ,  il  lance  ftribord  ,  fe  dit  d'un 
vaidc.iu  qui  ne  failant  pas  fa  droite  route  ,  fe  jette 
d'un  côté  &  d'autre  ,  foit  par  la  faute  du  Timo- 
nier ,  ou  autrement.  Dans  cette  acception  il  eft  neu- 
tre. Le  vailleau  lance  bâbord.  Lancer  une  ma- 
nœuvre, c'eft  l'amarrer  autour  d'un  bois  fait  pour 
cet  ufage.  Lancer  un  vailleau  ,  c'eft ,  lorfqu'il  eft 
fur   le  chantier  j  le  mettre  à  l'eau ,  à  la  mer. 

Lancer  ,  avec  le  pronom  perlonnel  ,  fignifie ,  fe 
Jetter  foi-même  impétueufement.  Irruere  j  invehi. 
Ce  furieux  s'eft  lancé  de  delfus  le  pont  dans  la 
rivière.  Ce  brave  a  fait  un  faut  pour  le  lancer  dans 
le  vailleau  ennemi.  Les  dogues  fe  lancent  fur  les 
voleurs.  Les  ferpens  irrités  le  lancent  fur  les  hom- 
mes. Le  lion  fe  lança  fur  lui  ;  &  le  mit  en  piè- 
ces. ASL. 

LakcÉ  ,  ÉE.  part.  pair.  &:  adj.  Vibratus. 

lANCEROTTE  ,  ou  LANCELOTTE.  Nom  d'une 
des  îles  Canaries.  Lancerotta ,  Lancelotta.  Elle  eft 
vers  les  côtes  du  Royaume  de  Sus,  en  Afrique, 
à  cinq  lieues^de  l'île  de  Forteventura  ,  du  côté  du 
nord.  Cette  île  ,  qu'on  prend  communément  pour 
la  Junonia  Minor  des  Anciens  ,  peut  avoir  dix  lieues 

de 


LAN 

de  long  ,  &r  quatre  de    large;.  Elle  a  un  bourg   qui 
porte  (on  nom.  Maty. 
LANCE r.  1".  m.  Nom  que  l'on  donne  dans  les  Loix 
d'Angleterre  à  une  efpcce  de  valîaux.  Lanccta.   Les 
l.aiicccs  litoient  tenus  depuis  la  Saint  Michel  jufqu'à  la 
lin  de  l'Automne,  de  travailler  un  jour  chaque  l'eniainc 
pour  le  S'ciijncur  ,  (oit  avec  la  fourche  ,  (oit  avec  la 
•      bêclic  ,  (bit  avec  le  fléau,  au  choix  du  Seigneur. 
Ce  nom  vient  de  l'Allemaïul  Laiidleet  ,  qui  veut 
dire  originaire  du  pays  ,  indigena  ,  inqu'dinus. 
LANCETTE.  ('.  (.  Inftrument  de  Chirurgie  fait  d'un 
acier  très-fin ,  pointu  tk.  à  deux  tianchans  qui  fert 
principalement  à  ouvrir  la  veine.    Scalpcllus  ,  fcal- 
per.  Donner  un  coup  de  lancette.  Il  (ert  auiH  aux 
Icarilications  ,  aux  ouvertures   des   apoftèmes  ,  <j'c. 
Les  Latins  l'appellent  Lanceola. 

On  fait  ordinairement  de  quatre  fortes  de  lan- 
cettes. La  première  cft  à  grain  d'orge  ;  elle  eft  plus 
large  vers  la  pointe  que  les  autres.  Elle  convient 
pour  les  vaifleaux  gros  &  (uperlîciels.  La  féconde 
ell:  appelée  lancette  à  grain  d'avoine ,  parce  que  (a 
pointe  eil  plus  alongée  que  celle  de  la  précédente. 
Elle  eft  propre  à  tous  les  vailTeaux  ,  principalement 
à  ceux  qui  font  profonds.  La  troilîèmc  en  pyra- 
mide, ou  à  langue  de  ferpent.  Elle  va  toujours  en 
diminuant  ,  &  le  termine  par  une  pointe  très-lon- 
gue ,  très  fine  &  très  aiguc  ;  elle  ne  convient  qu'aux 
vaifleaux  les  plus  profonds.  La  quatrième  eft  nom 
mée  lancette  à  abcès.  Elle  eft  plus  forte,  plus  lon- 
gue &  plus  large  que  les  autres ,  parce  qu'elle  ne 
lert  que  pour  pénétrer  dans  des  endroits  protonds. 

La  lancette  d'un  Chirurgien  ,  avec  ce  mot  Pun- 
genio  fanac  ,  eft  la  devife  d'un   PoUte  fityrique  ,  ou 
d'un  difeur  de  bons  mots ,  qui  par  des  traits  railleurs 
corrige  les  vices. 
LANCHESTER.  C'étoit  anciennement  une  petite  ville, 
des    Brigantes.    Langovicum.    Ce    n'cft  maintenant 
qu'un  village  d'Angleterre ,  fitué  dans  le  Comté  de 
DurhaiTi  ,  à  trois  lieues  de  la  ville  de  ce  nom  ,  du 
côté  du  couchant.   Maty.  Mais  Spéed  croit  que  le 
pays  des  Brigantes  étoit  le  Comté  de  Lancaftre ,  6c 
que  Lancaftre  eft  le  Langovicum  des  Anciens. 
LANCHIUOL.  Nom  d'une   partie  de  l'Océan  orien- 
tal.  Mare  AnchidoUum.  Elle  cft  entre  l'île  de  Java 
&  les  Moluques  ,  qui  la  terminent  vers  le  nord  ,  & 
la  nouvelle  Hollande ,  partie  des  terres  Auftrales  , 
vers  le  midi. 
LANCL  f.  m.  Terme  d'Architeéture.  Les  lancis  font 
dans  le  jambage  d'une  porte  ,  ou  d'une  croifée^  les 
deux  pierres  plus  longues  que  le  pié  droit  qui  eft  d'une 
pièce.  Ces  lancis  fc  font  pour  ménager  la  pierre , 
qui  ne  peut  pas  toujours  l'aire  parpaing  dans  un  mur 
épais.  On  nomme /.j/zci   du   tableau,  celui  qui  eft 
au  parement;  Se  lanci  de  lécoinçonj  celui  qui  eft 
en  dedans  du  mur, 
LANCIANO.  Nom  d'une  ville  du  Royaume  de  Na- 
plcs.  Lanoeanum  ,  anciennement  Anxanum.  Elle  eft 
grande,  Archiépifcopalc  ,  capitale  de  l'Abrulle  cité- 
rieute  ;  &  célèbre  pour   les  toires  qui  s'y  tiennent 
au  mois  de  Mai  &  au  mois  d'Août ,  où  il  y  a  un 
grand  concours  de  Marchands  d'Italie,  de  Dalmatie  , 
de  Grèce  j  &c.  Elle  eft  lituée  fur  la  rivière  de  Fel- 
trino  ,  près  de  celle  de  Sangro  ,  à  quatre  lieues  de 
Civita  di  Chieti  ,  vers   l'orient  méridionaL  Maty. 
LANCIER.  V.  a.  Vieux  mot  Lancer. 
Lancier,   f.    m     Vieux  mot  ,  qui   fignifioic  autrefois 
Gendarme  ,   Cavalier,  qui  comb.ittoit  avec  la  lance. 
Hajiatus   eques.   Lancearius  dans   la  baffe    Latinité. 
Vcfpafien  avoit  des  Lanciers  dans  fon  Armée.    Jo- 
fepW  en  parle  ,  L.  LIL ,  de  Bello   ]ud.    c.  S.    Va- 
lentinien  I.  eut  fous  Julien  la  charge  de  Tribun  des 
Lanciers  ,  ou   Joviens  de    la  Garde  ,  qui  dévoient 
luivre  par-tout  l'Empereur.   Tillemont.  Louis  XI. 
établit  pour  fa  Garde  une  Compagnie  de  Lanciers, 
cui  dévoient  avoir  chacun  un  Homme  d'armes  tk 
deux    Archers.   Les  Efpagnols  ont  des  Lanciers  en 
Ameii.-uc.    On  eut  à   combattre  les  Lanciers  ;  ce 
/bnr  des  gens  fur  qui  les  Llpa^nols  comptent  beau- 
coup.  Ils  ont  des  l.uices  de  neuf  à  dix  pieds  ,  & 
Tome  f-\ 


LAN  401 

quelquefois  plus  longues.  Ils  attendent  que  la  de- 
charge  des  armes  à  feu  foit  faite,  enfuite  ils  foncent 
Ôc  dardent  de  douze  à  quinze  p.is  avec  beaucoup 
d'adrelîe  ^  ne  manquant  jamais  leur  coup.  Oexmilin. 
^yj"  Lancier  ,  au  figuré.  Mayret  ne  voulut  pas  lutter 
ouvertement  contre  un  pareil  advcrfaire  (  le  grand 
Corneille  ).  Il  dét.aclu  un  de  les  Lanciers  pour  lui 
porter  le  premier  coup  :  ce  fut  Claveret ,  mauvais 
Poète  &  Avocat  noyé.  M.  M.  Parfait. 

On  appelle  ironiquement  un  chaud  Lancier ,  un 
finfaron  qui  (e  vante  de  beaucoup  de  chofes  qu'il 
ne  peut  faire,  &c  particulièrement  en  prouclfe  d'a- 


mour. 


LANCIERE.  f.  f.  Terme  de  Coutume.  Ouverture  par 
où  l'eau  s'écoule  quand  les  moulins  ne  vont  pas 
Oftium.  ^ 

g::?- LANCINANT,  ANTE.  Douleur  vive  &  lanci- 
nante. Voye^  Lancination. 
tP"  LANCINATION.  f  f  mot  nouveau  qui  fe  dit 
d'une  douleur  vive  &  aiguc,  femblable  à  celle  que 
produifent  des  coups  de  lancettes ,  d'où  vient  (ou 
nom.  Ce  terme  eft  d'ufige  en  Médecine  &  en  Chi- 
rurgie, &  même  en  Phylîque  en  fait  d'électricité. 
On  relient  dans  les  doigts  une  efpècc  de  lancina- 
tion ,  femblable  à  celle  des  panaris.  Nollet. 
LANÇOIR.  f.m.Eft  la  palle  qui  arrête  l'eau  du  mou- 
lin ,  &  qu'on  levé  quand  on  le  veut  faire  moudre, 
ou  écouler  l'eau  du  biez. 

LANÇU  ,  ou  LANZU.  f.  m.  Nom  d'une  fede  des 
Chinois.  Lancua  /cela.  Les  feélateurs  de  Lancu 
croient  que  leur  ame  &  leur  corps  vont  au  ciel 
jouir  des  délices  infinies.  Ils  débitent  qu'ils  ont  des 
charmes  contre  toutes  fortes  de  malheurs  ,  &  qu'ils 
challènt  les  démons  des  corps  des  poffédés  &  des 
lieux  qui  en  (ont  infedés.  Ce  nom  eft  celui  de 
r/\uteur  d^»  cette  fefte  ,  Se  (îgnifie  Philofophe 
ancien,  ou  vieux,  p.irce  qu'on  feint  qu'il  demeura 
quatre  vingts  ans  dans  le  fein  de  fa  mère  ,  &  qu'il 
naquit  vieux,  f^oye^  le  P.  Kirker  ,  China  Llluft. 
C.  Il  y  a  de  l'apparence  que  c'eft  la  même  fede 
que  celle  qu'on  nomme  au  Tunquin  Lanthac ,  au 
rapport  de  Tavernier 

LAND.  f.  m.  &  LANDE,  f.  f.  Quelquefois  oii  écrit 
le  premier  avec  un  t  après  le  d ,  landt.  Ces 
mots  entrent  dans  la  compofition  de  plufîeurs  noms, 
comme  Landgrave  ,  Zélande  ,  Zélandt ,  Gotland  , 
6'c.  Ils  viennent  du  mot  landt  ,  lequel  dans  les 
langues  du  Nord  ,  'veut  dire  pays.  Quand  nous 
difons  lande  en  François  j  nous  tàifons  du  genre 
féminin  les  mots  à  la  fin  dcfquels  il  fe  trouve  dans 
la  compofition  ,  comme  la  Zélande  ,  la  Hollan- 
de ,  &c.  &:  nous  donnons  le  genre  mafculin  à 
ceux  où  nous  mettons  le  mot  de  lani ,  ou  lande; 
ce  qui  fait  qu'un  même  mot  eft  quelquefois  du 
genre  mafculin  ,  ou  du  genre  féminin  ,  félon  la 
ditiérente  ortographe  de  ce  mot  ,  comme  le  Groen- 
land o\x  \z.Groenlande.  La  plupart  des  provinces  de 
Suède  ont  un  nom  compofé  de  celui  de  land  ,  & 
du  nom  des  anciens  peuples  qui  les  habitoient  : 
l'île  de  Gotland  ,  par  exemple ,  dont  le  nom  figni- 
fie  pays  des  Goths  ;  \' Âmelande  veut  dire  ,  pays  des 
Amales  :  c'eft  de  cette  nation  que  font  venus  les 
noms  À'Amalaric  ,  A'Amalafunte  ,  &c.  On  dit  en- 
core en  Bas-Breton  lannec  aiu  même  fens. 

LANDAFF.  Nom  d'une  petite  ville  du  p.iys  de  Galles 
en  Angleterre.  Landavitm  ,  Fanum  ad  Tqffum. 
Elle  eft  dans  le  Comté  de  Glamorgan  ,  fur  le  Taft  , 
à  mille  pas  au-deftbus  de  la  ville  de  Cardiftl  Lan 
daff  a  un  vieux  château  &  un  Évêché  fufflagant  de 
Cantorbéry  ;  mais  elle  eft  fort  mal  peuplée. 

LANDAIS.  Landefium.  Ville  de  France  dans  le  Berri  ; 
au  Diocèfe  de  Bourges. 

LANDAN.  f.  m.  Arbre  qui  fc  trouve  dans  les  îles  Mo- 
luques ,  'Sr  qui  croît  jufqu'à  la  hauteur  de  vingt 
pieds.  Ses  feuilles  reftemblent  à  celles  du  coco, 
excepté  qu'elles  (ont  plus  petites.  Cet  arbre  eft  (i 
gros ,  qu'à  peine  un  homme  peut-il  l'embraffer. 
On  le  coupe  néanmoins  fort  aifément  avec  un 
couteau  ,  à  caufe  qu'il  n'eft  compofé  que  d'écorce 

Eee 


402  L  A  N    _ 

&  de  moelle.  L'ccorce  a  un  pouce  d'épailTeur  j  ou 
environ  ,  &  pour  la  moelle   on  en  fait  du  pain. 
Elle  cfl:   faite  comme  du  bois  vermoulu,  &  on  la 
pourroit   manger   au  fortir  de  l'arbre  ;  en  ôtanr  les 
veines  de  bois  que  l'on  y  trouve  mêlées.  Les  habi- 
tans,  après  avoir  coupé  l'arbre,  le  fendent  par  le 
milieu  en  cylindre  j  Se  hachent  la   mo'clle  jutqu'a 
ce  qu'elle  foit  réduite  en  poudre  ,  à  peu  près  comme 
la  farine.  Enfuite  ils  la  mettent  dans  un   tas  ,  qu'ils 
font  de  l'écorce  du  même  arbre ,  &  ce  fis  eft  mis 
fur  une  cuvette  faite  de  fes  feuilles.   A  mefure  qu  il 
s'emplit ,  ils  l'arrofent  d'eau ,  &  l'eau  en  dégageant 
la  farine   d'avec  les  veines  du  bois  ,   tombe    toute 
blanche  &  épailfe  comme  du  lait  dans  cette  cuvette, 
au  haut  de  laquelle  ell  une  rigole  par  où  elle  de- 
gorge  ,  en  laillant  fon   marc  au    fond.   Ce  m.arc  , 
qu'ils  nomment yâga  ,  leur  fert  de  farine  ,  Se  c'eft 
en  effet  de  la  farine  quand  il  elf  fec.  Ils  la  cuifent 
dans  des  formes  de  terre  qu'ils  font  rougir  au  teu  , 
enforte  qu'en  y  mettant  la  farine  elle  devient  pâte  j 
âc   fe  cuit  en  un  moment.   Cela  le  fait  avec   tant 
de  promptitude  ,  qu'un   homme  leul  pourroit  eu 
trois  ou  quatre  heures  faire  autant  de  pain  qu'il  en 
faut  pour   nourrir  cent  perfonnes  pendant  tout  un 
jour.    Ils  tirent  de  ce  même  arbre  une  liqueur  aulîî 
agréable  à  boire  que  le  vin  ,    &  qu'ils    appellent 
Tuach.  Quand  les  feuilles  font  encore  jeunes ,  elles 
font  couvertes  d'une  efpcce  de  coton  ,  dont  ils  font 
des  étoffes  ,  &  lorfque  ces  feuilles  font  plus  gran- 
des, ils  en  couvrent  leurs  maifons.  Les  grolTes  veines 
de  ces  mêmes  feuilles  leur  fervent  de  perches  pour 
bâtir,  &  les  plus  petites   font  une  façon  de  chan- 
vre avec  lequel  ils  font  de  fort  bonnes  cordes. 
LANDANO.  Foyei  Londano. 

LANDAW  ,  ou  LANDAU.  Nom  d'une  ville  de  la 
Prévôté  d'Haguenaw  ,  en  Alfacc.  Landavia  ,  Landa- 
yïum.  Elle  efl:  enclavée  dans  le  Palannat  du  Rhin, 
&  iituée  fur  la  rivière  de  Quicch  ,  environ  à  cinq 
lieues  de  Philisbourg  &  de  Spire  ,  vers  le  couchant. 
Landaw  a  été  une  ville  Impériale.  Elle  appartient 
à  la  France.  Maty.  Long,  zj  d.  47',  30".  lat.  49 
11',  38". 
LandJ^  5  efl  au/n  le  nom  d'une  petite  ville  ou  bourg 
du  Duché  de  Bavière.  Landavia.  Elle  efl  fur  la  ri- 
vière d'Ifer  ,  à  huit  lieues  au-defFous  de  Landshut. 
Maty. 
LANDE,  f.  f.  Grande  étendue  de  terre  inculte  ,  qui 
ne  produit  que  des  genêts  ,  .des  bruyères  ,  du  jonc 
marin  ^  des  broulfaillcs.  Sahulecum  ,  tcfquum  inhof- 
pitum  ,  landa  dans  la  baffe  Latinité.  La  Gafcogne 
eff  un  pays  de  landes.  Les  landes  de  Bretagne. 
§3°  Dans  quelques  Provinces  ,  comme  en  Bretagne  , 
on  donne;  particulièrement  le  nom  de  lande  au 
jonc-marin  qui  croît  dans  ces  terres  incultes  ,  de 
même  qu'au  terrein  qui  le  produit.  On  coupe  ces 
landes  pour  chauffer  le  four. 
Lakdes  ,  au  pluriel,  fe  dit  aullî  fîgurément  pour  (îgni- 
fier  des  endroits  fecs  ëc  ennuyeux  qui  fe  trouvent 
dans  un  Ouvrage.  Il  y  a  d'aflez  belles  chofes  dans 
ce  Livre  j  mais  il  y  a  bien  des  landes.  Ac.  Fr.  Ce- 
la ne  peut  paffer  que  dans  le  difcours  familier. 

Ce  mot  vient  de  land  ,  qui  en  Allemand  ligni- 
fie terre  ,  pays  ,  ou  patrie.  De  l'Anglo-Saxon  land , 
terre  ,  pays  ,  s'efl  fait  le  nom  de  lande  ,  qui  fignihe 
.  une  terre  inculte ,  &:  ((ue  plufieurs  perfonnes  por- 
tent pour  nom  de  Seigneurie  ,  d'où  efl  venu  le  di- 
minutif de  Landelle.  Les  Anglo  Saxons  difent  aullî 
lond  ,  dans  la  même  lignification.  D'où  vient  le 
nom  de  la  Londe  &  le  Londel.  Huet  ,  Orig.  de 
Caen  ,  CL  XXI. 
Lis  Landes  ,  ou  les  Landes  de  Bourdeaux.  Landarum 
traclus  ,  Landii.  Burdegalenfcs  ,  ager  fynicus.  C'eft 
une  contrée  de  la  Gafcogne  ,  Province  de  France. 
Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  Guienne  propre  -,  au 
couchant  par  le  Bazadois  ,  le  Condomois  ,  &  la 
Gafcogne  propre  ;  &  au  midi  par  le  Béarn  ,  6c  par 
la  terre  de  Labour.  La  mer  des  Bafques  la  baigne 
au  couchant.  C'eft  un  pays  qui  répond  allez  à  fon 
lîora  j  il  eft  plein  de  bruyères  &  de  fablons.  Ses 


LAN. 


lieux  principaux  font  Dax  ,  capitale  ,  Tartas  &:  Al- 
bret.  Maty. 
LANDEK.  Petite  ville  de  Bohême  au  Comté  de  Gratz  , 
remarquable  par  fes  bains  chauds.  Il  y  a  aulii  une 
ville  de  même  nom  en  Pruile  ,  dans  la  Pomerelle. 
LANDEN.  Nom  d'une  petite  ville  des  Pays-Bas.  Lan- 
dm  j  Landenum.  Elle  eif  dans  le  Erabant  Elpagnol  , 
aux  confins  de  l'Evcché  de  Liège  ,  à  trois  lieues  de 
Tilmont ,  du  côté  du  couchant ,  &  à  deux  de  Lewe  , 
vers  le  midi.  Cette  petite  ville   eft   capitale   d'une 
Mairie  ,  &  pafle  pour  la  plus  ancienne  des  Pays- 
Bas.   Les   Hollandois  appellent   la  bataille  de   Lan- 
den  ,  celle  que  nous  nommons  la  bataille  de  Ner- 
winde  ,  où  le  M.aréchal  de  Luxembourg  défit  entiè- 
rement l'Armée  du  Prince  d'Orange  le  29.  Juillet 
1693.  &   où  nos  Princes  ,   nos  Officiers  &  toutes  . 
nos  Troupes  firent  des  prodiges  de  valeur  ,    pen- 
dant un  jour  prefqu'entier  que  dura  la  bataille. 
LANDERNEAU.  Ville  de  l'Evëché  de  Léon  ,  en  Balfe- 
Bretagne.  fJCT  C'eft  le  Chef- Lieu  de  la  baronie  de  ; 
Léon.  Long,  i  3  d.  zi.  lat.  48  d.  2j'.  i 

Ip-LANDERON.  Petite  ville  de  SuilFe  ,  dans  laPrin-'^ 

cipauté  de  Neuf-Châtel. 
LANDÉVENEC.  Nom  d'un  bourg  de  France.  Fin- 
dana  portas.  Il  eft  en  Bretagne  fur  le  bord  de  la 
mer  ,  &  près  de  Brcft.  Il  y  a  une  ancienne  Ab- 
baye. Valef.  Not.  Call.  p.  lor. 
LANDGRAVE,  f.  m.  Prince  ou  Seigneur  Allemand  , 
d'une  Seigneurie  qu'on  appelle  Landgraviat.  Cornes. 
Le  Landgrave  de  Heffe. 

Ce  mot  vient  de  land,  qui  fignifîe  terre.  Se  Grau , 
qui  fîgnifioit  Juge  ;  ce  que  les  Latins  appeloient  Co- 
rnes ,  Se  ce  qu'en  Normandie  on  appelle  encore 
Ficomte ,  parce  qu'autrefois  la  Juftice  étoit  rendue 
à  la  Cour  par  ces  Juges  qui  accompagnoient  tou- 
jours l'Empereur.  Ainfi  on  a  compofc  d'autres  noms 
Allemands  ,  Palci-Grave  j  qui  eft  le  Chef  de  la  Juf- 
tice du  Palais  Impérial  ;  Marckgrave  ,  Juge  d'une 
Province  frontière  ;  &  Burggrave  ,  Juge  Se  Gou-- 
verneur  de  quelque  Place  importante.  Les  Juges 
peu  à  peu  ont  empiété  l'autorité  ,  «Se  la  foibleffe  ou 
la  négligence  des  Empereurs  a  été  caufe  qu'ils  fe 
font  rendus  en  quelques  endroits  propriétaires  des 
terres  dont  ils  n'étoient  que  Gouverneurs  Se  Juges. 
Foye^  les  Lett.  de  Grégorio  Létï.  Se  Grave 
LANi3GRAVIAT.  f.  m.  Terre  d'un  Landgr.ave ,  fujet- 
te  à  un  Landgrave.  Comitatus  ^  Landgraviatus.  Ce 
mot  Landgraviat ,  ou  Langraviat ,  veut  dire  ,  Com- 
té Provincial  ,  Comitatus  Provincialis.  Heiss.  Hijl, 
de  l'Emp.  L.  VI.  c.  16.  Le  Landgraviat  de  Hefic» 
Il  y  a  aujourd'hui  quatre  principaux  Landgravia^ 
dans  1  Empire.  Le  Landgraviat  de  Thuringe ,  Se  ceiK* 
de  HefTe  ,  d'Alface  ,  &  de  Leuchtenberg  :  m.ais  ce- 
lui d'Alface  efl  à  la  France.  Quelques-uns  ajoutent 
à  ces  quatre  le  Landgraviat  de  Sulenberg ,  &  celià 
de  Nellenbourg.  /'lyt-ç  Lymnxus. 
LANDGR  AVINE,  f.  f.  Femme  d'un  Landgrave^  Pria- 
ceflë  qui  polléde  un  Langraviat.  Comitijfa  ,  Land 
gravina.  C'étoit  mon  père  ,qui  avoit  traité  avec  J| 
lameufe  Landgravine  de  Helle.  Abbé  de  Choi 
s  y. 
LANDI.  f.  m.  Foire  qu'on  tient  à  S.  Denis  en  Fran- 
ce ,  qui  étoit  autrefois  tort  iolennelle  ,  comme  il  fe 
voit  en  ce  qu'encore  à  préfent  ,  le  Parlement  & 
l'Univerfité  prennent  un  jour  de  vacation  ,  qu'on 
appelle  le  Landi ,  fous  prétexte  d'aller  .à  cette  Foi- 
re. C'étoit  anciennement  un  droit  du  Reéleur  de 
l'Univerfité  de  Paris  j  que  le  Landi  ,  ou  Lendi^  de 
Saint  Denis  ne  pouvoit  être  ouvert  qu'après  avoir 
été  béni  par  le  Reiieur  ^  qui  s'y  tranfportoit  en 
pompe  Se  en  cérémonie.  C'eft  ce  que  dit  Palquier , 
Rech.  L.  IX.  c.  22.  Ce  fut  Charles  le  Chauve  qui 
fît  transférer  la  Foire  qu'on  appelle  le  Landi  à  S.aint 
Denis.  Elle  fe  taifoit  du  temps  de  Charlemagne  à 
Aix-la  Chapelle  ,  où  l'en  prenoit  rous  les  ans  un 
jour  pour  montrer  les  Reliques  de  la  Chapelle  im- 
périale aux  Pclenns  ,  &:  parce  qu'on  indiquoit  ce 
jour  ,  on  lui  donna  le  nom  à'indit ,  Se  par  corrup*  . 
tiou  landit.  Cordemoy.  Du  Tillet  ,  dans  fon  Re- 


LAN 

cueil  des  Rois  de  l-rancc  ,  &  de  leur  Couronne  & 
Mnifcii ,  dit  ,  p.  332  ,  jjj  j  que  la  Foire  du  Len- 
dit ,  comme  il  ell  porcé  par  un  titre  de  Louis  le 
Gros  j  fur ,'  par  autorité  Apofloliquc  ,  confirmation 
des  Archcvc-qucs  ôc  Evc-qucs ,  &  Ordonnances  des 
J^ois  ,  établie  en  l'honneur  ,  révérence  &:  mémoire 
iKs  làints  Clou  &  Couronne  de  notre  Redamptcur  , 
k  tel  jour  placés  en  l'Eglife  de  S.iinr  Denis  ,  pour 
Ja  protedioii  des  Rois  «Sj  du  Royaume  ;  que  nos 
Hilîoircs  s'y  accordent  ,  dil'ant  que  Charles  le  Chau- 
ve tranlportaà  Saint  Denis  ces  (àiiitf  s  Reliques  ,d'Aix- 
la  Chapelle  où  Charlcmagne  les  avoit  miles  ,  &  inC- 
tiiua  le  Lcndu  pour  la  caule  qu'on  a  dite  :  que  le 
premier  jour  de  cette  Foire  ,  le  Moine  ,  Portier  de 
l'Abbaye  de  Saint  Denis  ,  avoir  droit  de  venir  ar- 
mé avec  {"es  gens  à  la  Proccllîon  de  la  bcnédi6lion 
du  Lendu  ,  déclaré  par  Arrêt  du  Parlement  donné 
le  neuvième  Avril  1^34:  mais  que  l'Abbaye  a  lailïé 
perdre  ce  droit ,  parce  qu'il  ne  convenoit  pas.Ciiar 
Ls  le  Chauve  ne  Ht  donc  jias  transférer  la  Foire  à 
S.ùnt  Denis  ,  comme  a  dit  M.  de  Cordcmoy ,  mais 
les  Reliques  ,  &  il  inftitua  la  Foire. 

Landi  j  s'eft  dit  auflî  du  ialaire  ou  préfenr  que  les 
Ecoliers  donnoient  à  leurs  Maîtres  vers  la  iâiîon  du 
liindi  ,  conliftant  en  fix  ou  fcpt  écus  d'or  j  qu'on 
fichoit  dans  un  citron  ,  &  qu'on  mettoit  dans  un 
verre  de  criftal.  Exiger  djs  lendits.  Le  landi  fe  payoir 
au  Recfcur  &  aux  Suppôts  de  l'Uiiiverhté  ,  pour 
fournir  aux  frais  du  Rccîeur  ,  qui  alloit  à  Saint  De- 
nis en  grande  céiémonie  au  temps  de  la  Foire.  Le 
Parlement  a  aboli  la  cérémonie ,  &  le  droit  de  lun- 
di ,  par  Arrêt  de  l'an  1608.  On  appeloit  frippc- 
landis  ,  ceux  qui  truRroient  leur  Maître  de  ce 
prélent. 
fCs"  Vaugclas  veut  qu'on  éciiye  landit  avec  un  f  qu'on 
ne  prononce  pas  ,  ik  fait  venir  ce  mot  d'ïndictum  , 
qui  iîgnifioit  une  Foire  :  fcn&  indlcld  ,  ou  d'annus 
dicîus  ,  parce  que  c'étoit  à  la  fin  de  l'an  fcolaitiquc 
que  ce  prélcnt  fe  foi  (oit  au  ^/îaîtrc.  L'an  dit ,  en  trois 
mots  féparés.  Dans  la  fuite  par  corruption  ,  l'arti- 
cle s'étant  joint  ,  &  comme  incorpore  avec  an  ,  il 
a  fallu  lui  donner  un  nouvel  article  j  &  on  a  dit 
le  landit.  Ménage  veut  qu'on  écrive  &  qu'on  pro-' 
nonce  landi.  On  a  ciit  premièrement  l'endit  ,  enfui- 
te  lendit ,  lendi ,  landi  ,  &  enfin  landy. 

On  l'appelle  encore  le  Landi  Minerval.  Richcr 
nommé  Cenféur  de  l'Univcrfité  ,  lors  de  la  réfor- 
raation  à  laquelle  le  Roi  Menti  IV.  fit  travailler  , 
fouifrit  beaucoup  pour  abolir  le  Landi  Mmcrval. 
Baillet  j  Journ.  des  Say. 
LANDIE.  f.  f.  Terme  d'Anatomie.  C'eft  ce  qu'on  ap- 
pelle autrement  les  Nymphes  ,  ou  Dames  des  eaux  , 
qui  font  deux  productions  ou  excroillances  char- 
•  jiues  ,  lituées  entre  les  deux  lèvres  des  parties  na- 
turelles des  femmes.  Lendica. 

Ce  mot  vient  de  lendica.  Le  fcrupule  de  Cicéron 
a  été  jufqu'au  point  de  trouver  de  l'obfcénité  en  ces 

.  paroles,  Anillam  f/icûOT  ,  à  caufé  du  rapport  qu'elles 
ont  avec  le  mot  lendica  ,  d'où  vient  le  mot  l'andie. 

LANDIER ,  f.  m.  Grand  chenet  de  cuifine.  Canterius 
jocarius. 

Nicot  dit  que  ce  mot  vient  de  l'Anglois  endiron , 
compofé  en  end ,  qui  fignifie  bout  ^  &  de  iron  ,  qui 
lignifie /er,  auquel  les  François  ont  ajouté  leur  ar 
ticle  ,  comme  qui  diroit  patte  de  fer  ,  chenet  à 
foutenir  les  bûches.  iVlénage  le  dérive  du  Bas  Bre- 
ton landcr. 

On  dit  qu'un  homme  eft  froid  comme  un  Lui- 
dier,  lorfqti'il  eft  naturellement  froid  ,  d'un  carac 
tcre  froid. 

IP"  LANDINOS.  Nom  par  lequel  les  Efpagnols  d.^t'i 
gnent  les  Indiens  du  Pérou  qui  ont  été  élevés  dans 
les  villes  &  dans  les  bourgs. 

LANDON  ,f.  m.  Vieux  mot.  Petite  lande  ,  ou  pâturage. 

LANDOUZY.  Petite  ville  de  France  dans  la  Généra- 
lité de  Soillons,  Election  de  Guifc. 

LANDRAMITI  ,  ou  ANDRAMITI  ,  ANDRIMIT- 
TI  ,  LANDRIMITTI  ,  LANDIMITRI  &  SAN 
DIMITRî.  Petite  ville  de  la  Turquie  en  Afie.  Jdra- 
Tome  f. 


/L  A'  N  403 

mlttum.  Elle  cil  fur  la  cote  occidentale  do.  la  Nato- 
lie  ,  (ur  un  golfe  auquel  clic  donne  fon  nom  ^  &: 
où  elle  a  un  port  vis  à  vis  de  l'îlede  Métciin. 

Le  goltc  de  Landrcmitti  ,  ou  d'Andran}^  ,  eft 
un  golfe  de  l'Archipel  j  ou  de  la  mer  Egée.  Adra- 
mittenus  ,  ou  Adraminicus  Jinus.  Il  eft  entre  la  cô- 
te de  Méiclin  &  la  cote  de  Natolie  ,  &  il  prend 
Ion  nom  de  la  ville  de  Landtamiti.  On  ne  com- 
prend quelquefois  dans  ce  golfe  que  ce  qui  eft  fur 
la  côte  de  Natolie. 

LANDRECJ.  Nom  d'une  petite  ville  ,  mais  foitc. 
Landeriacum  ,  Landcriciacum  ,  L.andericiit.  Elle  ell: 
dans  le  Maynaut  j  Province  des  Pays-Bas  ,  (ur  la 
lource  de  la  Sainbre  ,  à  iix  lieues  de  Vcflencicnnes, 
ik.  à  fcpt  de  Cambrai ,  du  côté  du  levant.  Landreci 
a  été  cédé  à  la  Frar.ce  par  la  Paix  des  Pyrénées. 
Maty.  Dans  le  pays  on  dit  Landrechles  ,  ëc  en 
France  quelques-uns  écrivent  Landrecies  ,  mais  nous 
prononçons  Landreci.  Il  a  pris  (on  nom  de  Lande- 
ric  ,  ou  Landri  ,  Maire  du  Palais  fous  Clotaire  le 
jeune  ,  Roi  de  France.  Valef.  Not.  Gall.p.  260. 

Landreci  eft  célèbre  par  les  fiéges  qu'il  a  foutcuus 
en  IJ43  ,  contre  Charles  Quint  ,  qui  avec  jocoo 
hommes  &  jo  pièces  de  canon  fut  obligé  de  l'a- 
bandonner ;  &  en  171 2  ,  contre  les  Impérùiux  & 
les  HolLindois ,  qui  levèrent  aulfi  le  ficge  ,  &  per- 
dirent Dénain  ,  ïk  un  prodigieux  amas  de  muni- 
tions qu'ils  avoient  dans  ce  camp.  Long.  21  d.  28'. 
lat.  jo  d.  4'. 

LANDREUX  ,  euse  ,  adj.  Infirme  ,  valétudinaire  ,  ou 
convalekent  ,  qui  fe  plaint  de  quelque  incommo- 
dité corporelle  ,  qui  ne  peut  bien  rétablir  fi  (anté. 
Infirmus.   Il  eft:  tout  landreux. 

Ce  mot  n'eft  plus  en  ulage.  Il  vient  de  landrcant , 
qui ,  en  langage  Celtique  ,  ou  Bas-Breton  ,  fignifie 
jainéant. 

LANDRY,  f.  m.  Nom  d'homme.  Landericus.  Sain 
Landry  étoit  Evêque  de  Paris  au  feptième  lîècle. 
Il  foufcrivit  au  Concile  de  Chàlons  fous  Clovis  IL 
Quelques-uns  le  font  finir  en  657.  &  d'autres  ca 
660.  Saint  Landry  à  Paris  ell  une  Eglile  Faroilîiale 
dans  1  Ile  Notre-Dame. 

Ce  mot  s'eft  foimé  du  Latin  Landeric  ,  Landric  , 
Landri  _,  Landiy. 

LANDSBERG.  Nom  d'une  ville  de  la  Bavière.  Lands- 
herga.  Elle  eft  lîtuée  (ur  une  colline  ,  dont  le  Lech 
baigne  le  pié  ,  à  fcpt  lieues  au  detlùs  de  la  ville 
d'Ausbourg.  Maty. 

LANDSHUT.  Ville  du  Duché  de  Bavière  en  Allema- 
gne. Landishutum.  Elle  eft  lur  l'Iler  ,  à  fcpt  lieues 
au-delfous  de  Freifingue  ,  environ  à  dix  de  Ratis- 
bonnè  ,  du  côte  du  midi.  iawnj-A^f  eft  une  ville  for- 
tifiée ,  &  défendue  par  une  bonne  citadelle  :  ce  qui 
n'empêcha  pas  le  Roi  de  Suède  de  la  prendre  l'an 
1652.  Maty.  Long.  29  d.  jo',  lat.  48  d.  /5'.  ■ 

§3°  Landshut.  Petite  ville  de  Bohtme ,   en  Siléfie 
au  Duché  de  Schweidnitz. 

^3"  Il  y  a  une  petite  ville  de  même  nom  en  Moravie , 
fur  la  rive  occidentale  de  la  Mora  ,  au  delïbus  de 
Goding. 

LANDSKRON.  Ville  de  la  Suède  ,  fituée  dans  la  Sc.a- 
nie  ,  fur  le  Sund  j  vis  à  vis  de  l'Ile  de  Vv'ccn.  Co- 
ronia.  Landskon  a  un  bon  port  ,  eft  allez 'bien  for- 
tifié ,  &:  défendu  par  une  bonne  citadelle.  Maty. 

LANDSKRON  ,  ou  CRONSTAT,  ou  BBASSOVIE. 
Nom  d'une  ville  du  Royaume  de  Hongrie.  Co- 
ronia  ,  Stephanopolis  ,  Brajjovia.  Elle  ell  dans  la 
Tranfylvanie  ,  vers  les  confins  de  la  Valaquie  &  de 
la  Moldavie.  Landskron  eft  fortifié  ,  &  il  a  un  Evê- 
ché.  Quelques  uns  le  prennent  pour  la  Fatrovilla  , 
Ik  d'autres  pour  la  Pretoria  Augujla  de  l'ancienne 
Dace  ;  mais  l'un  &  l'autre  fentimenr  eft  également 
incertain. 

LANDSl'ERG.  Nom  d'une  petite  ville  .-le  la  Nouvelle 
Marche  de  Brandebourg.  Landfperga.  Elle  eft  fur  la 
Warte  ,  à  (ept  lieues  au  dclllis  de  Cufttin.  Landf- 
perp^  eft  une  Place  fortifiée  ,  ^m  a  été  prife  &  re- 
ptile pluiieurs  fcis  pendant  les  guerres  des  Suédois 
en  Allemagne.  Maty. 

Eree  ij 


404  LAN 

Landsperg  ,  cfi:  encore  le  nom  d'une  autre  petite 
ville  ,  ou  bourg  de  la  l'rullc  Ducale.  Landfpcixd.  Ce 
lieu  eft  dans  le  Cercle  de  Natanyc ,  envuon  a  ncui- 
lieues  de  la  ville  de  Coningsberg  ,  du  côté  du  mi- 
di. Matv. 

Landsperg  j  cil  aulll  un  des  Bailliages  du  Duché  de 
Deux-Fonts  ,  en  Allemagne.  Landjpergenjîs  pnfcc- 
tura.  li  eft  au  midi  de  la  \ille  de  Deux  Ponts  ,  cV 
n'a  rien  de  coniii-rable  que  le  château  de  Landj- 
pcrg  ,  dont  il  prend  le  nom  ,  avec  le  bourg  (Se  clw  - 
teau  de  Frankenftein.  Maty. 

LANDSQUENET'.  l'.  m.  Mot  Allemand  qui  fignilîc 
un  Ibldat  qui  lert  en  Allemagne  dans  les  Corps  d'In- 
fanterie. Pedes  Gcrmanus.  On  a  fait  autrefois  ula- 
gc  de  cette  forte  de  Ibldats  en  France. 

Ce  mot  vient  de  lani ,  qui  en  Allemand  lîgniEe 
pays  ,  ëc  knecht ,  garçon  ,  jerviteur.  Les  Allemands 
prononcent  Landsknccht.  Nous  écrivons  &  nolis 
prononçons  Lanfquénets  fans  d.  f^oyei  le  P.  Daniel , 
dans  la  Defcription  de  la  bataille  d'Arqués.  Htft.  de 
Fnrnce  ,  T.  IJI.  p.  142J  & Juiv. 

LANDSTOUL.  Nom  d'un  bourg  avec  un  château 
fort  ,  litué  fur  une  montagne ,  dans  le  Duché  de 
Deux-Ponts ,  entre  la  ville  de  ce  nom  ,  &  celle  de 
Cafeioutrc.  LandfiuUum. 

LANEBOURG.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Savoye.  ■ 
Landurgum.   Lariciuin   Burgium.    Elle   ell    dar.s    le 
Comté  de  Morienne  j  fur  la  rivière  d'Arc  ,  au  pic 
du  mont  Cénis  ,  qui  cfl:  uiî  célèbre  pallage  des  Al 
pes  pour  aller  en  Italie.  Maty. 

LANEK.  f^oyei  Lainer. 

gCr  LANEUR.  f  m.  La  même  cliofe  que  Laincur.  Foy. 
ce  met. 

LANERET.  (.  m.  C'eft  le  mâle  du  Lanier.  Le  lanera 
doit  être  choili  le  plus  grand  que  l'on  peut  ren- 
contrer ;  que  la  hgure  foit  .ipprochante  de  celle  du 
lanier  j  &  le  champ  de  Ion  pennagc  de  même. 

Le  Lancret  eft  beaucoup  plus  agréable  en  ta  vo- 
leric  que  le  Lanier  ,  il.  vole  pour  corneille  ,  pour 
courlis ,  &  pour  les  champs  ;  il  e{4  fort  ailé  i'gou- 
vemer  &  à  maintenir  en  bon  état  ;  il  ncly pas  ii 
fujet  aux  maladies  que  le  Lanier  ,  &  n'eu  pas  li 
Hci^matique.  f^oyc:(  Lanier. 

LANERICK  ,  LANRIK  ,  LANCICK  ,  ou  LANAR. 
Bourg  de  l'Ecolle  méridionale.  Lancrlcia ,  Larnig'ui. 
Il  cil  dans  la  CluydeiJalc  j  lur  la  rivière  de  Cluyd  , 
à  lept  lieues  au-deflus  de  Glafquo.  Lanerich  ell  un 
Viconué  de  la  maifon  d'Hamilton  ,  &.'  a  léance  cs: 
voix  dans  le  Parlement  d'Ecolle.  Matv. 

LANFET  ,  ou  LENFET.  (.  m.  La  plus  fine  étoile  du 
clianvre. 

§3°  LANGAGE,  f  m.  Ce  mot  déhgnc  proprement  la 
manière  dont  les  hommes  le  communiquent  leurs 
penlées  par  une  fuite  de  paroles  ,  de  gelles  ,  d'ex- 
prelîions.  C'eft  la  manière  de  parler  d'une  nation  , 
analogue  à  fon  génie  ,  à  l'es  mœurs  j  Ik  au  climat. 
Modus  &  ufus  loqutndi.  L'homme  ,  né  pour  la  lo- 
ciété  ,  a  dû  chercher  les  moyens  de  manifefter  les 
penlées  à  fes  Icmbliblcs  ;  Se  11  la  fociété  le  forme 
par  la  communication  des  idées  &  des  fentiments  , 
la  parole  en  doit  être  le  lien  le  plus  ellcntiel  &z  le 

flus  gr<y;ieux  ,  étant  tout  à  la  fois  le  pinceau  de 
efprit  ,  l'image  de  fes  opérations  ,  &c  l'interprète 
du  cœur.  Ainfi  ,  en  fuppolant  même  que  Dieu 
n'eût  pas  enfeigné  le  langage  aux  hommes  ,  ils  s'en 
feroient  naturellement  formé  un  par  le  befoin  qu'ils 
ont  les  uiîs  des  autres. 

On  demande  s'il  n'y  a  p.a^  un  langage  naturel  , 
c'eft  à  dire  ,  lî  tous  les  hommes  n'auroient  pas  parlé 
un  même  langage  ,  fi  l'éducation  ou  l'inftitution  des 
hommes  n'eût  pas  effacé  celui  que  la  nature  leur 
avoir  imprimé.  Mais  comme  les  peuples  parlent 
tous  un  langage  ditlérent  ,  &  qu'il  n'y  a  aucune 
liailon  entre  les  mots  ,  t'v'  les  chofes  qu'ils  ligni- 
fient,  c'eft  une  marque  ailurée  que  le  langage  n  eft 
point  fouvrage  de  leur  nature  ,  mais  de  leur  li- 
berté. Art  de  Parler.  Dans  le  langage  humain  , 
les  circonftances  des  chofes  déiermiiient  le  fens  des 
paroles  ,  ôc  fuivant  que  ne  3  exprellions  font  pla- 


LAN 

cées  ,  quelquctois  oui  veut  dire  non  ,  5c  blanc  veut 
dire  noir.  Iei.isson.  Le  ton  duquel  on  dit  les  cjio- 
fes  ,  change  .auili  quelquefois  le  lens. 
Langage  j  le  dit  aulii  en  Grammaire  ôc  en  Rhétori- 
que ,  de  l'art  de  parler  ,  du  ftyle  ou  des  manières  j 
&  des  divcrfes  façons  de  s'exprimer  dans  fa  propre 
langue.  Scrmo ,  dictio  ,  fiylus  ,  loqucndi  genus.  Un 
Orateur  doit  avec  un  grand  loin  delà  pureté  du  lan- 
gage ,  parler  un  lanf.age  noble  ,  pompeux  ,  Heu-  . 
ri  ;  éviter  le  vieux  langage  ,  le  langage  bas  Se  po- 
pulaire. On  fe  dégoûte  bicntêit  d'une  certaine  con-£ 
trainte  de  langage  ,  qu'on  tâche  de  faire  rellemblerî 
au  naturel  ,  tout  étudié  qu'il  eft.  Val.  La  beautcj 
du  langage  ne  plaît  guère  moins  que  celle  des  pen-S 
lées  j   &  cette  beauté  dépend  beaucoup  plus  de  la." 
délicatefte  du  goût  &  de  l'eiprit  ,  que  de   la  con- 
noiftàiice  des  mots  &  des  façons  de  parler.  Le  Ch. 
r>£  M.  Le  langage  des  Provinces  doit  être  réglé  fur 
celui  de  la  capitale  du  Royaume  ,  &  de  la  demeu-  A 
re  du  Souverain.  MÉn.  ALilailément  trouverez  vous,  ,| 
dit   Lalquier  ,   un  homme  brulque  en  les  mœurs  , 
qui  n'ait  la  parole  de  même  ,  (Se  peu  de  perlonnes  i^ 
tardives  6e  Luurnicnnes  ,  qui  n'ayent   un  langagei^ 
morne  &c  Itnt.  Ainlî  voyez-vous  le  Normand  ,  allez  ' 
avilé  en  les  aftaires  ,  tramer  quelque  peu  la  parole  : 
au  contraire  ,  le  Gafcon  efcarbillar  par  delliis  tous  , 
parler  d'une  promptitude  de  langue  non  commune 
à  l'Angevin  &  au  Manceau  ,  un  peu  moins  échauf- 
fés en  leurs  aflaires.  L'Eipagnol  ,  haut  à  la  mam  , 
produit  un  vulgsire  luperbe  &c  plein  de  piaîle.  Les 
Italiens  ,  dégénérant  de  l'ancienne  force  du  Romain, 
formèrent  peu-à  peu  de  ce  langage  mâle  Romain  , 
un  vulgaire  tout  efféminé  &  mollallè.  Voici  la  mê- 
me  chofe    en   langage   plus  poli.   Le  langage  fuit 
d'ordinaire  la  dilpolition  des  clprits  ,  &  chaque  Na- 
tion a  toujours  parlé  ielon  Ion  génie.  Les  Grecs  j 
qui  étoient   gens  polis  &  voluptueux  ,  avoicnt  un 
langage  délicat ,  &  plein  de  douceur.  Les  Romains , 
qui   lemblûient  n'ctre  nés  que  pour  commander  , 
avoicnt   un  langage  noble  &  auguftc.  Le  langage 
des  Elpagnols  fe  fent  de  leur  gravité.  Se  de  cet  air 
■  fuprrbe  qui  cil   commun  à  toute  la  nation.  Celui 
des  Italiens  eft  mou  iSe  ciléminé  ,  félon  le  tempé- 
rament &c  les  mœurs  de  leurs  pays.  Les  Franecis  , 
qui  iont  naturellement  brulques  ,  &  e]ui  ont  bc.;u-r 
coup  de  vivacité  is:  de  feu  ,  ont  un  langage  coluc 
&   animé  ,   &   tjui  n'a  rien  de   languillant.  Paso. 
BouH.  Vaugelas  met  une  grande  diftércnce  entre  ia 
pureté  &  la  netteté  du  langage  On  peut  parler  net- 
tement ,  fins  parler  purement,  /"byfç  ces  mots. 
Langage  ,    le  dit  auili   de  la   manière   dont  chaei^!! 
parle  lelon  Ion  génie  particulier  ,  plus  par  rapp'eic 
au  fer.s  que  par  rapiport  aux  mots  &  à  la  di^;tie.:. 
Ufjis  loquendi.  L'Ecrituïe  le  fert  quelquefois  de  pa- 
raboles ik.  d'allégories  ;   c'eft  Ion  langage.  Les  gers 
fages  parlent  un  langage  grave  &  dilcret.  Cet  hom- 
me s'eft  converti,  iSe,  a  bien  changé  de  langage.  Le 
cœur  a  Ion  langage  ,  comme  l'elprit  a  le  fîcn.  Le 
Ch.  de  m.  Mon  langage  eft  net  &  franc  :  je  ne  dé- 
guife  rien.  La  Poélîe  ,  par  la  lublimité  des  penfées 
&  par  la  magnificence  du  dilcours  ,  fe  peut  .appe- 
ler  le   langage   des  dieux.  S.  EvR.    La  Poélîe  eft 
tantôt  le  langage  des  dieux  ,    tantôt  le  langage  des 
fous ,  &  rarement  celui  d'un  honnête  homme.  La 
Bruy.  La  civilité   du  monde  lubftituc   un  langage 
d'affection  ,  au  défaut  d'une  afteCtion  vérit.ible.  Nie. 
Le  langage  des  avertiilemens  eft  un  langage  parti- 
culier :  ce  ne  font  que  réticences ,  on  ne  s'exprime 
qu'à  demi.  Id. 
Langage  ,  fe  dit  par  extenlîon  en  Morale  des  lignes 
muets ,  des  cris  ,  ou  des  ions  inarticulés  qui  fervent 
à  faire  connoître  plulieurs.  chofes ,  en  général,  de 
tout  ce  qui  fert  à  faire  connoître  la  penfée  ,  laiis 
parler.  Les  Cieux  ont  un  langage  muet  ,  qui  an- 
nonce la  gloire  du  Seigneur  ,  dit  le  Pfalmifte.  Les 
Amans   dilcrets   le  lervcnt  du  langage  des  yeux  , 
piour   expliquer  leur  paillon.  Le  langage  des  yeux 
n'eft  pas  celui  qui   perluadc  le  moins.  Ce  langage 
eft  exprelllf ,  amouixitx,  l.uiguillam.  Pti,- 


LAN 


Le  langaf^e  des  yeux  ejl  un  charmant  langage  : 
On  le  parle  en  tout  lieux.  La  Suze. 

Soupirs,  devoirs j  petits  (oiiis  ;  en  amour  tout  cfl: 
langage.  Patru.  Il  ne  faut  pas  qu'une  honnête 
femme  entende  le  langage  des  pallions  ,  ni  les  fi- 
gues qui  lont  les  interprètes  de  ce  langage.  M.  Esi». 
^Cr  Ce  terme  s'applique  encore  à  la  voix  ^  au  cri ,  au 
chant  ,  &  en  général  à  tous  les  lignes  extérieurs 
dont  les  animaux  le  fervent  pour  fc  faire  cntcndic. 
Ainli  les  animaux  ont  aulli  Xqwx.  langage.O\-\'g'ci.\.a\<k 
qu'ils  ont  un  jargon  intelligible  entr'eux  ;  &  Por 
phyre  rapporte  que  Tirélias  &:  AppoUonius  de  Tyanc 
entendoicnt  leur  langage.  Le  Rabbin  Lira,  eu  louant 
Eve  ,  dit  qu'elle  étoit  intelligente  ,  &  lâchant  le 
langage  des  animaux.  Il  cil  certain  du  moins  qu'ils 
expriment  leurs  pallions  par  des  lignes  extérieurs. 
Les  anciens  devins ,  les  Prêtres  des  dieux  j  &  fur 
tout  ceux  d'Apollon  ,  fe  vantoient  d'entendre  le 
'  Langage  des  oileaux  : 

Qui  tripodas  ,  Clara  lauros ,  cpàjldcra  fenûs  , 
Et  vùlucrum  lïnguas ,  & prxpetis  omuia  penna. 

C'efl  fur  la  connoillance  de  ce  langage  des  oi- 
feauXj  qu'étoit  fondé  l'art  des  Augures  ,  qui  faifoit 
une  grande  partie  de  la  Religion  des  anciens  Ro- 
mains. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  n'a  que 
du  langage  ,  du  babil  ;  pour  dire  ,  qu'il  promet 
beaucoup  ,  &  qu'il  n'exécute  rien  ;  qu'il  n'y  a  rien 
de  lolide  à  tout  ce  qu  il  dit  :  que  ce  n'elt  que  du 
verbiage. 

LA  NGAIEUR.  roye^  Langueyeur. 

LANGAN.  /  oyq  Lagan. 

LANGANICO  ,  LONGANICO ,  ou  LONGAVICO. 
C'étoit  aîicienncment  une  ville  du  Péloponnèlc. 
Longanicum.  Autrefois  Olympia  ,  Olympia  Pifa. 
Elle  etoïc  huneule  par  les  jeux  Olympiques  qu'on 
y  célébroit  :  ce  n  eft  maintenant  qu'un  bourg  de  la 
Moréc  ,  litué  dans  le  Belvédère  ,  lur  l'Alphée ,  en 
viron  a  trois  lieues  de  Ion  emboui;hure  de  la  mer 
Ionienne.  Maty. 

LANGARL»  &c  LANGART.  adj.  Employé  aulh  fabl- 
rantivement.  Qui  a  beaucoup  de  langue  ,  qui  aime 
à  médire  ^  qui  parle  Lins  dilcretion.  Linguofus  ,  fu- 
J'urro.  Ce  mot  ell  vieux  &c  bas. 

Dire  vous  veux  ,  maugré  chacun  langard  , 
A  l'arriver ,  doucement ,  Dieu  vous  gard. 

Cl.  Marot. 

LANGÇAN.  Nom  d'un  fort  de  la  Chine.  Langçanum. 
Il  el't  de  la  Province  de  Junnan.  Il  a  fous  Ion 
obéillance  la  ville  de  Langkiu  ,  ôc  un  territoire  al- 
fez  vaik  ,  qui  aboutit  à  la  Province  de  Suchucn  , 
où  l'on  fuit  de  très-bons  tapis  ,  &  on  recueille 
quantité  de  mufc  &  de  pommes  de  pin.  Amh.  des 
Hall,  à  la  Chine  y  Part.  J.  p.  zSj. 

^3"  LANGE,  f.  m.  Ce  mot  comprend  tout  ce  qui  fert 
à  envelopper  les  enfans  au  maillot.  Fafci£  cunales  , 
cunabula.  Les  langes  de  delfous  ,  qui  font  aippliqués 
furie  corps  de  l'enfant,  font  de  toile.  Ceux  de  def 
fus,  qui  font  pour  la  parure ,  font  de  fatin,  de  bro- 
cajrd  ,  &c.  Ceux  d'entre-deux,  qui  fervent  à  tenir 
l'enfant  chaudement ,  font  de  laine.  Le  Pape  envoie 
des  langes  bénits  au  Roi ,  à  la  naillànce  du  Dauphin. 

Ce  nom  vient  de  linum  ou  plutôt  de  lauium  ,  qu'on 
a  dit  pour  laneum.  Les  Moines  ont  appelé  langeo- 
lum  ,  une  chcmile  de  laine  qui  s'étendoit  jufqu'à  leurs 
genoux. 

Lange,  s'eft  dit  quelquefois  d'une  pièce  d'étoftc  dont 
on  le  couvre.  Lannus. 

Lange  ,  chez  les  ouvriers,  fe  dit  des  morceaux  de  drap 
qui  fervent  aux  Papetiers,  Imprimeurs,  Cartonniers  , 
&c  ,  pour  léparer  les  feuilles  de  papier,  pour  les 
prcllèr,  &  les  imprimer.  Pannus. 


L  A  N  405- 

I  LANGEAC.  royc'i  Langiiac.  ' 
LANGEAIS,  LANGEST,  LANGEY.  f  m.  Melon  ex- 
cellent.  On  appelle  ce  melon  Langeais,  parce  qu'il 
vient  d'une  petite  ville  de  Touraine  qui   porte  ce 
nom-là.  Richclct  dit  Langé,  mais  mal.    Ménage. 
Nous  avt>ns  m.nigé  un  bon  Lant^eais. 
LANGE  KYl.ANDT.   Foye^  LoNGUi-ire. 
LANGELAND.  Illc  du  Danemark.  Langelandia.  Elle 
cil  d.ii:s  la  mer  Baltique  j  entre  cefles  de  Zéelande, 
de  la  Lande  &  de  lyoïinic.  Sa  longueur  ell  de  huit 
lieues,  (S;  fa  largeur  ne  va  pas  à  deux.    On  en  tire 
beaucoup  de  grains.  Ses  lieux  principaux  font,  Rud- 
coping ,  capitale  ,  &  la  forterelic  de  Trankiarre. 
LANGEN  ACKERS  SCHANS  ,   ou  NILVVSCHANS. 
C'elt  un  bon  fort  des  Provinces  Unies.    Arx  nova  y 
Arx  longi  Agri.  Il  ell:  dans  la  Seigneurie  de  Gronin- 
gue  ,  fur  le  bord  méridional  du  golle  de  Dollert,aux 
confins  du  Comté  d'Embden.  Mat/. 
LANGENBOURG.   Nom  d  un  château  d'Allemagne. 
Langenhurgum.  Il  ell:  dans  la  Francoiiie  ,  ik  a  les  Sei- 
gneurs particuliers   qui  portent  le  titre  de  Comtes. 
La  Mailon  de  Langenhourg  fe  divile  en  deux  bran- 
ches;   celle  At  Langenhourg  ,   &c  celle  de  Waldcn- 
bourg. 
LANGEUL.  f  m.  "Vieux  mot.  Drap  de  laine,  Serge.  Le 
procès-verbal  des  Miracles  de  Charles  de  Blois ,  por- 
te ,  Art.  XX.   Qubd  quando  D.  Carolus  debebat  in- 
trare  lecium ,  amovebantur paramenta ,  &  culcitra  plu- 
me a ,  &  fe  ponehat  fuprit  pannum  laneum  vocatum  lan- 
geul  G  allie:  ,  feu  fuper  fargiam  fine  Untheaminibus  li- 
neis  J  &  ibi  jaccbat  in  blancheto  fuo  ,   ôcc.  Hiji.  de 
Bret.  T.LI.p.  yyo.  On  l'appcloit  aulii /d«i,'(;  j  com- 
me on  le  voit  par  ce  ferment  d'une  Dame  ,  dans  le  Ro- 
man de  Lancclot  du  Lac  :  "  Jamais  je  ne  gerray  que 
»  une  nuyél  en  une  ville  devant  que  je  l'aurai  trouvé 
3j  ou  mort  ou  vif  j  ne  je  ne  velarai  jamais  linge  emprez 
5>  ma  chair,  Ç\  non  lange,  ôcc.  Lobin.  Glojf. 
LANGEY,LANGEAIS&  LANGEST.  Nom  d'un  bourg 
de  France,  que  nous  prononçons  Zaw^èj-.  En  Latin 
Alingavia,   Lingia ,  Lingiacum.    Ce  bourg  cil  fort 
ancien.  Il  cil  en  Touraine,  lur  le  bord  delà  Loire.  Les 
melons  de  Langey  lont  renommés  par  leur  bonté  lin- 
gulière. 
LANGHAC,  LANGEAC.   Nom  d'une  petite  ville  dc^ 
Fi\ince.  Langiacum.  Elle  ell  dans  l'Auvergne  fur  l'Al- 
lier, à  cinq  lieues  au  delfus  de  Brioude ,  &  à  ll.x  ou 
lept  de  Saint  Flour  ,  du  côte  du  levant.  Maty. 
LANGIA  ,  NEMÉE.  Nom  d'une  petite  rivière  de  la  Sa- 
canie ,  en  Moréc ,  ï.angia  ,  Nemea.  Elle  fe  décharge 
dans  le  golfe  de  Lépante,  à  deux  ou  trois  lieues  de  la 
ville  de  Corinthe,  du  ctité  du  couchant. 
LANGIEN  ,  ENNE.  f  m.  &;  f.  Qui  ell  du  Royaume  de 
Lao,  aux  Indes  Orientales.  Langianus ,  Layus.  Les 
Langiens  lont  apparemment  les  mêmes  que  ceux  que 
Sainlon  a  nommés  Layes  dans    les  petites   Cartes. 
l'oye'i  Lao. 
LANGIONE.  Grande  ville  d'Afie,  capitale  du  Royau- 
me de  Lao ,  avec  un  Palais  magnifique  ,  où  le  Roi  fait 
fi  rélidence. 
LANGIS.  Foy(\  Longils. 

LANGO.  Nom  d'une  des  Iles  de  l'Archipel.  L^onga  In- 
fula,  autretois  Cos ,  ou  Coos.  Elle  eft  vers  la  côte  de 
la  Natolie,  près  du  Cap  Crio.  Sa  ville  capitale  porte 
aullî  le  nom  AtLango.  Elle  a  un  Evêché,  &•  elle  eft 
défendue  par  une  bonne  citadelle.  Maty. 

Les  médailles  qui  ont  pour  inlcription  Kr;i2Nj  & 
quelquefois  écrira  revers,  font  des  médailles  de  cette 
Ille.  Quelques  Interpiéte,  croient  aulli  que  c'eft  de 
cette  Ille  que  Salomon  lailuic  venir  des  chevaux.  ///. 
L.  des  Rois.  X.  2S ,  2  1). 
L ANGOBERT.  f  m.Nom  d'une  eijsèce  de  poires.Le  Lati- 
gohert  ell  une  alfez  grolfe  poire  ,  longue ,  colorée 
d'im  côté,  (^-  d'un  gris  roulsâtre  de  l'autre;  le  bois 
de  l'arbre  tire  extrêmement  à  celui  du  beurré,  &  la 
poire  n'y  rcllenible  pas  mal.  La  Quin.  P.  III.  T.  I. 

P-  343- 
LANGOGNE.  Petite  ville  de  France,  dans  le  Gévau- 

dan  ,  vers  la  fource  de  Lallier. 
LANGON ,  ALENGON.  Nom  d'un  ancien  bourg  de 


40<5 


L  A  î 


Galcogne.  Alingonis  ponus.  Il  eft  dans  le  Baz.i- 
dois,  iur  k  Garonne  ,  a  une  lieue  au  dcHus  de  Cadil- 
lac ,  &  à  cinq  de  Bouidcaux.  Maty. 


§--?LANGONE.  f.  f.  Lihra  L 


^  ^^ ..  „.  Ingonica.  C'eft  le  nom 

d'une  monnoie  du XIII  liècle,  ainll  nommée,  parce 
qu'elle  le  baicoic  à  Langres. 

ffj  LANGOU.  r.  m.  Fruit  de  l'île  de  Madagalcar,  qui 
croit  fur  une  plante  rampante.  C'ell  une  elpcce  de 
noix  anguleule  que  les  habitans  mâchent  pour  (e 
noircir  les  dents ,  les  gencives  &  les  lèvres,  ce  qui 
en  fait  la  beauté'. 

LANGOUREUSEMENT,  adv.  D'une  manièrcb.ngou- 
reufe.  Languide.  Begaidei  langoureujimcnc.  ÇfT Lan 
guidas,  languidulus.  Ce  terme  s'applique  à  celui  qui 
cft  en  langueur ,  qui  lent  de  la  langueur ,  ainlî  qu'à  ce 
qui  en  marque.  Voye\  Langueur.  On  dit  d'un 
homme  qui  n'efl:  pas  bien  remis  d'une  longue  mala- 
die ,  qu'il  ell  encore  tout  langoureux.  Je  ne  puis  du 
roue  vous  pardonner  d'être  toujours  langoureux.  Les 
femmes  choiliroient  plutôt  d'être  diverties  fans  être 
aimées  j  que  d'être  aimées,  Tans  qu'on  les  divertifl'e. 
Ch.  d'H. 

§:?  On  dit  par  dérifion  qu'un  homme  fait  le  langou- 
reux auprès  d'une  femme ,  pour  dire  ,  qu'il  fait  le 
pallîonné. 

Faudra  t-il  de  fens  froid  j  &  fans  être  amoureux , 
Pour  quelque   Iris    en  l'air  faire  le   langoureux. 

BoiL. 

Langoureux  ,  fc  ditauflî  des^chofes.  Son  air  efl;  tou- 
jours trifle  &  langoureux.  Ton  langoureux ,  regard 
langoureux. 

Ce  ne  font  point  de  ces  grands  vers  pompeux  , 
Mais  de  petits  vers  doux  ,  tendres  ôc  langoureux. 

Mol. 

'Jllei  pouffer  vos  foupirs  langoureux.  Pv.  de  Ch. 

LANGOUSTE,  f.  f.  Peut  infede  ailé ,  plus  commu- 
nément appelé  fauterellc.  Foye-{.  ce  mot.  Il  y  a 
auilî  une  langoufle  qui  eft  une  efpèce  d'écrevilîe. 
Locufla  pifcis. 

Langouste  de  mer  ,  eft  un  petit  poiifon  que  quel- 
ques-uns appellent  dragon  marin  ,  ou  cheval  marin  , 
en  Latin  h:ppocam.pus ,  ainil  nommé  ,  à  cauie  de 
la  reilemblince  qu'il  a  avec  les  chenilles  qui  man- 
gent les  herbes  des  champs  ,  étant  long  d'environ 
fix  doigts  ,  &  à  caufe  qu'il  a  la  tête  &  le  cou 
rellemblant  au  cheval  ,  ayant  néanmoins  un  bec 
long  &:  creux  comme  un  Hagcolet.  Son  corps  eft 
b.iti  de  petits  cercles  &  rondeaux  cartilagineux 
&  pointus ,  ayant  depuis  la  tête  julqu'à  la  queue , 
deux  gros  rangs  d'arêtes  mi-parties.  Sa  nageoire  eft 
au  dos  j  il  a  une  queue  carrée  &  recourbée  à  la 
manière  d'un  crochet.  Son  ventre  eft  blanchâtre  , 
gras  8c  enHé.  Il  a  des  yeux  ronds  ,  &  deux  arêtes 
fur  les  cils  des  yeux  j  qui  fe  changent  en  cheveux 
quand  il  eft  en  mer.  Le  delfus  du  cou  eft  velu  j 
aullî  bien  que  le  devant  de  la  tête ,  mais  fon  front 
eft  (ans  poil.   Matthiole. 

On  appelle  auflî  Langoujte  un  gros  poiiron  de 
mer ,  fCT  ou  animal  cruftacée  ,  qui  a  beaucoup  de 
rapport  avec  l'écrevlire  ,  mais  qui  eft  beaucoup  plus 
grand.    J^oye-^  Ecrevisse. 

LÂNGOUTL  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  une 
petite  pièce  de  linge  ,  dont  les  Indiens  le  lervent 
pour  cacher  les  parties  naturelles.  De  la  Boulaye. 
SuHigaculum  ,  fubligar  Indorum. 

LANGRENUS.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  les  Aftro- 
nomes  donnent  à  l'une  des  taches  de  la  Lune.  C'eft 
la  trente-neuvième  du  Catalogue  du  P.  RiccioH. 

LANGRES.  Nom  d'une  ville  de  France.  Andcmctu- 
num  J  Antematunum  ,  Andomadunum ,  Andomatu- 
num  Lingonum.  Elle  eft  dans  la  Champagne  ,  Iur 
une  montagne  ,  à  la  fouixe  de  la  Marne  ,  envi- 
ron à  quatorze  lieues  de  Dijon  ,  du  côté  du  nord. 
Langres  eft   une  ville  ancienne ,  grande  S-z  capit.ale 


LAN 

du  BalHgny.  Il  y  aFréfidial  ,  Éledioii  ,  &  Évcché 
iuftl-agant  de  Lyon.    Son  Evêque   en    eft  Seigneur 
temporel  ,   &   il  eft  un  des  anciens  Ducs  &  Pairs    i 
du  Koyaurac.   Maty.   Denis  Gaultheror  écrit  tou- 
jours Lengres  dans  fon  Hiftoirc  de  cette  ville  qu'il 
intitule  ,  L'AnaJIafe  de  Lengres  ,  tirée  du  Tombeau 
de  fon  Antiquité.  Il  la  divife  en  deux  parties ,  Law- 
gres    Payenne   &  Langres    Chrétienne  ,  dans  lef- 
quelles  il  y  a  beaucoup  de  recherches  ,   &  peu  de 
critique.  Il  prétend   que  Langres   fut  bâtie  l'an  du 
monde  ii6i.  par  Longo  VP  Roi  des  Celtes  ,  envi- 
ron   1813.  ans  avant   la  nailfance  de  J.  C.  &  que 
ce  Longo   ctoit  Hls  de   Bardus  ,  fils  aîné  de  Dryus, 
qui  étoit  filsde  Sarron,  fils  de  Magus ,  lequel  etoit 
frère  de  Samothes ,  furnommé  Dys,  fils  de  Gomer, 
qui   étoit    fils  de  Japheth  ,  fils  de    Noe  ,    dit  cet 
Auteur.   Il   atlhrc   que  Langres  dès   le  ■  berceau  de 
l'Egliie  J  eut  quelque  conncillance  de  la  vraie  Re- 
ligion -,  mais  que  S.  Bénigne ,  dilciple  de   S.  Poly- 
carpe  ,   qui    l  étoit  de    S.  jean    l'Évangéliftc  j  y  nÇ 
éclater  la  fplendeur   du    Chriftianifme  par  la    conr 
vcrhon    de   trois    gémeaux    fils   de   laiiue  Léonillç 
Duchefle  de  Flandres  ,  &    ComtelFe  de  J.angres-\^ 
fwur    de    Fauftus ,  Prévôt  d'Autun ,   6c   Comte  de 
Saulieu  ,  dès   l'an   156.    lous    l'Empire    d'Antonin 
le  Pieux  &  de  Marc-Aurele  ;  que  Langres  fut  long- 
temps   République   alliée    des  Romains;    qu'elle  a 
autrefois  armé  jufqu'à  72  mille  hommes;  quelle  fut 
ruinée  par  les  Vandales  en  406  ,  ou  407  ;  qu'on  com^ 
mença  à  la  rebâtir  en  41 1 ,  &  qu'elle  l'a  été  en  diffé- 
reiis  temps  &  diftérentes  reprîtes  ;  que  lous  Louis  VU. 
l'an   1179.  Hugue  III.  Duc  de  Bourgogne  ,  acheta, 
le  Comté  de  Langres  d'Henri    Duc  de  Bar ,  &  de 
Guy  de  Saux ,  &  le  donna  à  Gauthier  fon  oncle  en 
échange  du  domaine  de  Dijon  ,  &  que  dès  lors  il 
fut  uni  à  l'Évêché  ,  &  changé  en  Duché  ,  &  la  ville 
néanmoins  annexée  à  la  couronne  ;  que  depuis  ce 
temps  ,  cette  ville  fut    gouvernée   par  l'Évêque  au 
temporel  comm.:e  au  Ipintuel ,  &:  par  le  Chapitre 
conjointement  ,  jufqu'à  ce  que   les  mcnles    furent 
féparces.  L'Eveque  de  Langres  obtint  de  Charles  le 
Chauve  le  droit  de  battre  monnoie  :  &  ce  privilège 
lui  fut  confirmé  par  Cliarles  le  Gros  ,  Empereur. 
Le  Blanc. 
LANGROIS.  Nom  d'une  contrée  de  France.  Tracîus 
Lingonenjïs.  Le  Langrois  eft  une  partie  de  la  Cham- 
pagne ;   il  prend    Ion  nom  de  Langres  la  capitale. 
Valois  ,    Nût.   Gall.  p.    2yS.   a  ramallé    beaucoup 
d'antiquités  fur  le  Langrois  6c  Tes  habitans. 
LANGROIS ,  OISE.  f.  m.  Se  f.  Qui  eft  de  Langres ,  ou 
du  Langrois.  Lingo,  Lingonenjis.  Les  Langrois  avoient 
anciennement  plulieurs  villes.  Gaultherot  j^.  r-i 
6"    I  J.    Les  Langrois  chafsèrent  les  Tolcans  ôc  lis 
Umbres  de  leur  pays ,  c.  4 ,  p.  jj.  Les  peuplades 
Langroifes,  l'tglifc   Langroife.    Le  même  Auteiu, 
qui  écrit  Lengrois. 
LANGRUNE.  Bourg  de  France  en  Normandie  ,  dans 

l'életlion  de  C.aën. 
|p°  LANGUE,  f.  f.  Partie  charnue  ,  capable  d'une  iiifi- 
nité  de  inouvemens ,  qui  ell  dans  la  bouche  de  l'a- 
nimal ,  qui  eft  le  principal  organe  du  goût  dans 
tous  les  animaux  j  &  de  la  parole  dans  l'homme. 
Lingua.  Sa  fubftance  eft  mufculeufe ,  compofee  de 
plulieurs  plans  de  fibres  ,  qui  fe  croilent.  Elle  eft 
couverte  de  trois  membranes  :  la  première  eft  l'ex- 
térieure qui  lui  tient  lieu  d'épiderme  ;  la  féconde 
eft  percée  comme  un  crible  ,  ce  qui  la  fait  appeler 
membrane  réticulaire ,  ou  réfeau  :  la  troifièmé_eft 
compoiée  d'un  grand  nombre  de  papilles  nerveules, 
qui  pailent  à  travers  la  membrane  réticulaire  ,  &  qui 
aboutiliént  à  la  première  ;  on  la  nomme  membrane 
papillaire.  C'eft  à  l'occafion  de  l'ébranlement  de  ces 
petites  papilles  ,  caufé  par  les  fels  contenus  dans 
les  alimens  ,  que  nous  avons  la  lenla:ion  du 
goût.  J'^oye^  GoÛt.  La  Langue  a  beaucoup  de  neris 
qui  (ont  des  rameaux  de  la  cinquième  &  de  la  neu- 
vième paire.  Elle  a  deux  veines  au  dclfous  qu'on 
appelle  ramults  ou  racines  ,  qui  vont  fe  rendre  dans 
les  jugulaires.    Ses   artères  viennent  des  carotides. 


LAN 

Elle  a  fous  le  milieu  un  fort  ligament  fuf  lequel  clic 
porte,  dont  on  nomme  l'exrrcmitCj  \c  JiUc ,  ou  le 
frein  de  la  langue  :  ce  rilct  s'ctend  quelquefois  aux 
enfans  jufqu'au  bout  de  Li  langue  ,  ce  qui  les  em- 
pêche de  tctter ,  Se  alors  on  elt  obligé  de  le  couper 
avec  la  pointe  des  cifeaux.  Elle    cil  mobile  &  i'a- 
longe  j  s'accourcit  &:  s'élargit  par  le  moyen    de  dix 
mulcles  qui  la  Font  mouvoir  en  haut ,  en   bas  j  en 
avant ,  en  arrière  ,  «Si:  vers  les  cotés  :  il  y  a  des  Aiia- 
tomilles  qui  n'en  mettent  que  lix  ,  d'autres  en  met- 
tent douze.  Ils  appellent  le  plus  large  de  fa  bafe  le 
pie  de  la  langue  ,  ou  la  foulangue.  Jjon  bout  pointu 
r avant  langue  j  &  la  partie  lupéricure  &   rude,  la 
furlangue.   La  langue  ell  un  tillu  de  petits  mutcles 
(Se  de  nerts  (î  fouplcs  ,  qu'elle  le  replie  comme  un 
ferpentj  avec  une  mobilités  une  fouplcllc  incon- 
cevable.  Elle  fait  dans    la  bouche  ce  que  tout  les 
doigts ,  ou  ce  que  fait  l'archet  d'un  maître  (ur  un 
inllrument  de  mufique.  Elle  va  frapper  ,  tantôt  les 
dents  ,  &■  tantôt  le  palais.  Fenelon.  On  perce  la  lan- 
gue aux  blalphéiuateurs  ,  on  leur  arrache  1-a  langue. 
On  dit  qu'un  homme  a  la  Langue  gralle ,  loriqu'il 
bégaie ,  ou  ne  prononce  pas  bien  certaines  lettres , 
comme  17  &  1'/'.    Demofthène  mettoit  des  caillous 
dans  fa  bouche  pour  le  dénouer  la  langue  ,  6c  acqué- 
rir la' facilité  de  parler.   Cette   femme  qui  fe  coupa 
la.  langue  avec  les  dents  ,  ôc  la  cracha  au  vilage  du 
Tyran  ,  pour  ne  pas  révéler  fon  fecret ,  avoit  railon 
de  fe  défier  de  fa  langue  ,  de  peur  qu'elle  ne  lui  jouât 
un  méchant  tour.   Bouh.  la  langue  eft  rinterprète 
de  nos  penfées.  Port-R. 

Les  Arabes  difent  que  le  cœur  <?c  la  langue  font 
les  pluspetites  parties  du  corps  humain  ,  lelquelles  ce- 
pendant diftinguent  davantat,e  les  hommes  ;  que  la  lan- 
gue eft  un  étranger  dans  l'homme  ,  &  t]u'il  faut  que  le 
cœur  lui  ferve  toujours  de  compagnon  &  de  guide. 
Ali    dilbit  que  l'honirae  eft  caché  fous  fa  langue, 
parce  que  c'eft   fon  difcours  qui  le  fait  connoitre. 
D'Heruhlot. 
Langue  ,   fe  dit  aufll  à  l'égard  des  animaux.  Le  camé- 
léon étend  une  longue  langue  pour  prendre  des  mou- 
ches dont  il  (c  nourrit.  Les  lerpens  ont    la  langue 
mince,  &  à  trois  fourchons  branlanSj  &  fort  longs. 
Les  lézards  l'ont  fourchue  &  velue.  Les  veaux  ma- 
rins l'ont  double.  Les  lions  &  les  léopards  l'ont  rude  , 
&   creul;  comme  une  tuile  ,  &  femblable    à  une 
lime.  Les  poilîons  l'ont  adhérente  au  palais  ,  com- 
me la  carpe.    Des  langues   de   bœuf    fumées.  Des 
langues  de   cochon  fourrées  ,  ou  farcies.  Des  lan- 
gues de  mouton  en  ragoût. 

Ce  mot  vient  du  Lmn  Imgua  ,  que  Varron  dérive 
de  ligare  ,  parce   qu'elle  eft  comme  liée  dans  l'en- 
clos &  le  rempart  des  dents.  D'autres  croient  qu'elle 
prend  Ion  nom  de  Ungere  ,  qui  lignifie  lécher. 
Langue  ,  fc   dit  aullî   de    ce   qui   a  quelque  relfem- 
blance  avec  la  langue.  Le  Saint-Efprit  defcendit  lur 
les  Apôtres  en  langues  de  feu. 
Langue  de  terre.    Ifthmus.   ^fT  C'eft   une  efpace  de 
terre  plus  long  que  large ,  qui  ne  tient  aux  autres 
terres  que  par  un  bout  ,  &c  qui  eft  environné  d'eau 
de  tous  les  autres  côtés.  Ce  port  eft  à  l'abri  par  une 
langue  de  terre  qui  s'avance  dans  la  mer.  La  Corée 
n'eft   pas  une  Ile  ,  mais  une  langue  de  terre    fort 
longue.  Ces  deux  mers  venant  à  ferrer  la  terre  des 
deux,  côtés ,  font  une  langue  qui  attache  à  la  terre- 
ferme  cette   Province.  Vaug. 
§3"  On  le  dit  aulîi  des  pièces  de  terres  plus  longues 
que  larges  ,  qui  font  enclavées  dans  d'autres  terres. 
On  dit  qu'une  langue  de  terre  labourable  traverle 
une  prairie.  Dans  ces  cas  le  mot  de  langue  eft  pris 
dans  un  fens  figuré. 
UCT  L'Ecriture    donne  aulîi  le  nom  de  langue  à  l'cx- 
tremitc  méridionale   de   la  mer  Morte,  ou  du  lac 
Afphlatite  ,  à  caufe  de  fa  reilemblance  avec  le  bout 
de   la  langue.  Sacy   l'a  dit   aulli    en    François.  Au 
haut  de  la  mer  Salée  ,  &  à   cette  langue  de   mer 
qui    regarde   le    midi.  Puifquc  nous  difons  langue 
de  terre  ,   pourquoi  ne   dirions  nous   pas  dans    le 
m:me  fens,  langue  dz  mer? 


LAN 


407 

Langue.  Terme  de  Vitrier.  Fente  qui  fc  fait  fur  le 
verre  l'orlqu'on  le  coupe.  On  fc  fert  préfentement 
d'un  diamant  fin  pour  couper  le  verre,  mais  autre- 
fois on  n'employoit  pour  cela  que  l'émeri  ;  & 
comme  il  ne  pouvoir  pas  couper  les  plats  ou  tables 
de  verre  épais  ,  on  fe  fcrvoit  d'une  verge  de  fer 
rouge,  ce  qui  fc  fait  encore  quelquefois. 
Langue,  fe  dit  aulFi  par  les  Fleuriftes ,  en  parlant  de 
l'Iris  bulbeufe ,  de  trois  feuilles  de  cette  Heur  dcf- 
quelles  l'extrémité  fc  relevé  en  haut  ,  &  qui  font: 
jointes  à  trois  autres  feuilles ,  dont  l'extrémité  pen- 
cjie  vers  la  terre  j  &c  qui  fe  nomme  menton.  Iris 
qui   a  les  langues  d'un  bleu  clair.  Morin. 

Ce  nom  s'elf  donné  à  ces  feuilles  à  caufe  de  la 
reilemblance  qu'elles  ont  avec  la  langue.  Liger. 
Langue  ,  le  dit  figurément  en  Morale  ,  &  fignifie 
la  parole  :  ^CJ"  ou  plutôt  le  mot  de  langue  ,  con- 
lîdéré  comme  l'organe  de  la  parole  ,  entre  dans 
différentes  façons  de  parler.  Cette  femme  a  une 
méchante  langue  ,  une  langue  de  fcrpent  ;  pour 
dire  qu'elle  eft  fort  médilante.  On  dit  encore  qu'elle 
a  bien  de  la  langue  ,  qu'elle  a  la  langue  bien  lon- 
gue ,  pour  dire  qu'elle  eft  une  grande  caufeufe.  C'eft 
un  h.ableiu"  j  un  Hattcur  ,  qui  donne  du  plat  de  la 
langue  ,  qui  promet  plus  qu'il  ne  veut  tenir.  Il  eft 
bas.  On  dit  que  la  langue  a  fourché  à  quelqu'un  ; 
pour  dire ,  qu'il  a  lâché  une  parole  pour  l'autre 
contre  Ion  intention.  fCf  On  dit  aulli ,  avoir  la  Jan- 
gue  bien  pendue  j  parler  avec  une  grande  facilité. 
Avoir  une  grande  volubilité  de  langue  ,  palier  avec  ra- 
pidité. On  dit  de  celui  qui  parle  ficilement&  élégam- 
ment ,  que  c'eft  une  langue  dorée  :  de  celui  à  qui 
on  a  défendu  de  parler  ;  qu'il  a  la  langue  liée.  On 
dit  aulli ,  dénouer  la  langue. 

Et  pour  louer  un  Roi  que  tout  le  monde  loue  , 
Ma  langue  n'attend  pas  que  l'argent   la    dénouei 

Bon. 

■  On  dit  d'un    homme  fecret  ,  &  qui  parle  peu, 
qu'il  n'a  point  de  langue. 

On   appelle  figurément  ,  Coup  de  langue  ,  une 
médifance  ou  un  mauvais  rapport  que  l'on  fait. 

Ce  Marcellus  armé  feulement  de  la  langue , 
Et  qui  n'eft  généreux   que  dans  une  harangue. 

"  Bréb.     • 

C'eft  dans  ce   même  fens  que  Virgile  fait  dire 
par  Turnus  à  Drances  : 

An  tihi  Alavors 

Ventofa  inUngua  ,  pedibufque  fugacibus  iftis  , 
Semper  erit 

Un  homme  fage  doit  être  le  maître  de  fa  langue  , 
c'eft-à-dire,  qu'il  doit  être  difcret  &  retenu.  Les  fem- 
mes ne  font  maîtrelfes ,  ni  de  leur  cœur ,  ni  de  leur 
langue.  Bell.  Il  eft  impoflible  d'arrêter  la  langue  des 
Poètes.  BoiL.  On  dit  qu'un  homme  a  une  chofe  lia- 
le  bout  de  la  langue ,  pour  dire  qu'il  lait  bien  une 
chofe ,  mais  qu'il  ne  la  peut  dire  à  point  nommé. 
{CF  Prendre  langue ,  s'informer  de  ce  qui  fe  pailé,  de 
l'état  des  aftaires,  du  caraétère  des  perfonnes  avec  qui 
nous  avons  affaire.  On  envoie  des  coureurs  vers  les 
quartiers  des  ennemis ,  pour  prendre  langue.  Quand 
on  arrive  dans  un  pays  inconnu,  il  faut  détacher  quel- 
qu'un pour  prendre  langue.  Le  Capitaine  lit  jctter 
l'ancre  jufqu'au  retour  de  la  chaloupe  qu'il  avoit  en- 
voyé prendre  lahgue  à  la  côte  la  plus  voiiine.  Bouh. 
Xav. 

En  termes  de  Manège  ,  on  dit  aulli  les  aides  de  la 
langue  ,  quand  le  cheval  s'anime  ,  &  fe  réveille 
par  un  certain  cri  que  fait  le  cavalier.  Focis  adju- 
menta.  Ce  cri ,  ou  plutôt  ce  bruit  (fc^glapillemcnt 
qui  ne  fe  peut  écrire  ,  &  qui  eft  difficile  à  expri- 
mer ,  fe  fait  en  preft'ant  fortement  la  langue  contre 
le  palais  ,  &  la  retirant  avec  précipitation  en  ou- 
vrant la  bouche  ,  &  en  réitérant  cette  aélion  plu- 


4o8 


LAN 


fleurs  fois  priîcipk.-ir.iinent ,  Se  avec  volubjliic. 
§Cr  Langue,  fi-jnilic  aaifi  rallemblage ,  h  luite^  ou 
plutôt  la  tocaiicc  des  temies  &  des  cxprcHions  qui  loiu 
en  ufage  ,  &  pioprcs  a  une  nation  pour  exprimer  les 
penfées  par  la  voix.  Le  mot  d'idiome  elt  relatif  aux 
variétés  de  cette  langue  dans  les  diliérentes  contrées. 
Le  mot  de  langage ,  que  l'on  contond  fouvent  avec 
lanijut: ,  a  plus  de  rapport  au  caradtère  de  celui  qui 
parle.  Langue^  cnfemble  des  termes,  des  cxprcliions 
propres  à  une  nation.  Idiome  ,  variétés  de  cette  lan- 
gue générale,  ou  manière  de  s'exprimer  propre  à 
ch.ique  contrée.  Langage  ,  manière  de  s'exprimer 
propre  à  chaque  particulier  j  (elon  fon  caractère,  fé- 
lon les  intérêts j  les  pallions  qui  le  font  agir.  Lin- 
gua,Jirmo.  Le  caractère  de  la  langue  Yïxncdii^zcon- 
lifte  dans  la  clarté  ,  la  pureté  ,  la  finelle  &  la  force.  Le 
but  de  l'Académie  a  été  de  porter  la.  langue  Franij'oile 
à  fr  dernière  perfeètion.  Pel.  On  a  inliniment  enri- 
chi la  langue  dans  ce  (îèele.  Bouh.  Quelque  riche 
que  foit  notre  langue ,  elle  cft  encore  pauvre  liv  ftérile 
fur  bien  des  chofes.  Bail. 

Outre  la  connoillance  qu'il  a  des  langues  Greque 
Se  Latine,  il  parle  celle  de  nos  voilins,  prelqueaufù 
facilement  &  aulîî  poliment  que  la  liennc.  Entr. 
d' Ar.  Se  d'Eug.  Vaugclas  dans  les  Remarques  avec 
les  Notes  de  Thomas  Corneille,  blâme  cette  façon 
de  parler  j  il  fiit  les  langues  Latine  &  Greque ,  Se  pré- 
tend qu'il  faut  dire  la  langue  Latine  Se  la  langue  Gre- 
que ,  ou  la  langue  Latine  Se  la  Greque.  Meilleurs  de 
l'Académie  Françoife ,  en  confirmant  la  Remarque 
de  Vaugelas,  approuvent  fur  tout  la  répétition  du 
mot  langue.  Il  lait  la  langue  Latine  &  la  langue  Gre- 
que. 

Bayle  favoit  mieux  les  langues  mortes  &  les  étran- 
gères, flUe  ia  Françoile ,  qui  étoit  pourtant  Li  langue 
naturelle.  Notre  langue  elf  redevable  au  célèbre  La 
Fontaine,  de  quantité  de  mors  qu'il  a  lieureulement 
inventés  ou  renouvelles.  Perfonne  n'a  mieux  connu 
les  richefl'es  Se  1  énergie  de  la  langue  Françoife  ,  Se 
Ji'en  a  fi  bien  fu  tirer  parti  que  Rabelais.  Cette  obfer- 
vation  que  je  tiens  d'un  des  meilleurs  Foeces  de  ce 
ficelé  (M.  Roulleau)  me  paroît  fort  importante.  Elle 
a  été  connue ,  fans  doute  du  célèbre  La  Fontaine  qui  en 
fait  un  très-bon  ufa;;e.  Nos  jeunes  Écrivains  n'ont  qu'à 
imiter  cet  exemple,  chacun  Iclon  Ion  génie,  &  le 
genre  d'écrire  qu'il  a  deifein  de  cultiver,  &  ils  ver- 
,  ront  que  notre  langue  n^ft  pauvre  que  par  la  négli- 
gence de  ceux  qui  ne  s'étudient  point  à  en  découvrir 
les  véritables  richcffes.  M.  Côth,  Notes  fur  Mon- 
tagne. 

Quand  Segrais  affranchi  des  terrejlres  liens  , 
Defcendit plein  de  gloire  aux  champs  Elyjîens , 
Virgile  en  beau  François  lui  Jî tune  harangue  ; 
Et  comme  à  ce  difcours  Segrais  parut  furpris , 
Si  je  fais ,  lui  dit-il  j  le  fin  de  votre  langue , 

C'ejl  vous  qui  me  l'ave^  appris.  De  la  Monn. 


La  multitude  des  langues  eft  venue  de  la  confufion 
dont  Dieu  punit  l'orgueil  de  ceux  qui  bàtillbient  la 
tour  de  Babel.  Les  Mahométans  font  d'accord  avec  les 
Juifs  Se  les  Chrétiens  touchant  la  confulion  &  la  di- 
vifion  des  langues  arrivées  pendant  le  tems  de  la  conf- 
truétion  de  Babel.  D'Herbelot. 

On  difpute  fi  Dieu  eftaça  feulement  le  fouvcnir  de 
la  fignilication  des  termes  de  la  mémoire  de  ceux  qui 
élevoient  la  tour  de  Babel ,  ou  s'il  leur  infpira  direifte- 
ment  des  langues  différentes.  Scaliger  tenoit  que  les 
ouvriers  oubliant  tout  d'un  coup 'la  lignification  des 
mots,  &:  ne  convenant  plus  du  nom  qu'ils  donnoient 
aux  choies,  ils  nommoient  l'une  pour  l'autre,  quoi- 
qu'ils parlalfent  tous  la  langue  Hébraïque.  Cafaubon 
ne  convenoit  point  non  plus  qu'ils  eulfent  parlé  fubi- 
tement  divers  langages  ,  &  félon  lui  la  confulion  des 
/a/2^:/ej- n'emporte  point  du  tout  l'introduiiUon  d'une 
multiplicité  de  Langages  différens.  Voye-:^  fur  la  divi- 
fion  des  langues, Ix  Dillertation  de  AL  G.  David  Ziégra, 
de  Confufione  Linguarum  Bahylonicà  ad  Gen.  XI.  Elle 


L  A  N 

fe  trouve  dans  le  Thefaurus  I heologico-Phihloglcus 
P.  I.p.iôp. 

La  langue  Hébraïque  eft  la  plus  ancienne  des  Lan- 
gues:c\\'i  eft.-.ppeléc  la  Langue] ainte,  parce  que  c'étoit 
la  langue  que  parloir  le  peuple  de  Dieu ,  Se  que  la  loi 
que  Dieu  donna  à  fon  peuple  étoit  ég:ite  en  cette 
langue ,  aulVi  bien  que  la  plus  grande  partie  de  l'an- 
cien Tcftament. 

"Hérodote  raconte  que  dans  la  conteftation  entre  (es 
Egyptiens  &  les  Phrygiens ,  pour  l'antiquité  de  leur 
langue,  l'fammétieus,  Roidtgypte,  fit  élever  deux 
enfuis,  avec  détenle  de  prononcer  aucune  parole 
devant  eux ,  afin  de  lailler  parler  la  nature.  Le  pre- 
mier mot  qu'ils  prononcèrent  fut  beccos ,  qui  lignifie 
du  pain  en  langue  Phrygienne.  Les  Egyptiens  ne 
voulurent  point  déférer  a  cette  preuve.  Les  Arabes 
conteilent  aux  Hébreux  le  droit  d'ancienneté;  mais 
les  Juits  jaloux  jufqu'à  l'excès  de  l'honneur  de  leur 
narion  ,  fe  vantent  que  la  langue  Hébraïque ,  telle  que 
nous  l'avons  dans  les  fiints  Livres,  eft  la  langue 
primitive.  Se  celle  du  premier  homme.  D'autres  pré- 
rendent  que  la  langue  que  parloir  Adam  s'eft  perdue , 
Se  que  l'Hébreu,  le  Chaldaïque  i\:  l'Arabe  ne  font 
que  des  dialettes  de  cette  langue  primitive.  Bien  loin 
de  donner  la  préléance  d'antiquité  à  la  langue  Hé- 
braïque J  ils  dilent  qu'Abraham  parloir  Chaldéen 
avant  qu  il  pafsat  l'Euphrate ,  Se  qu  il  n'apprit  la  lan- 
gue Hébraïque  que  dans  le  pays  de  Chanaan.  Ainfi 
cette  langue  n'étoit  f  oinr  une  langue  Ipéciale  Se  con- 
facrée  au  peuple  de  Dieu.  C'étoit  originairement  le 
langage  des  Chananéens.  Le  Cl.  La  langue  Hébraï- 
que eft  tort  au  deilous  de  la  langue  Greque  ,  foit  pour 
la  fécondité  J  foit  pour  l'élégance  ,  foit  pour  la  clarté  : 
elle  eft  lèche  Se  deltituée  d'orncmens,  &  fi  peu  riche, 
que  manquant  d'exprellions  pour  varier  la  phrafe,  les 
mêmes  périodes  reviennent  à  tous  momcns.  Les 
louanges  excellîves  que  les  Juifs  donnent  à  leur 
langue  ,  font  de  iaulfes  louanges.  Id.  Les  Rabbins  di-r 
leur  que  c'ell  à  caufe  qu'elle  eft  h  pure  &  11  chafte, 
qu'on  n'y  trouve  point  le  nom  propre  des  parties 
honteufes  ,  ni  de  celles  par  où  on  fe  décharge  le  ven- 
tre. L'Arabe  eft  la  plus  abondante  de  toutes  les  lan- 
gues. Les  Grecs  appeloient  barbares  routes  les  autres 
langues.  La  langue  Latine  a  été  autrefois  la  langue  do- 
minante. 

La  langue  Françoife  a  en  quelque  façon  fuccédc  à 
la  langue  Latine ,  Se  cft  devenue  la  langue  commune 
Se  univerfelle.  Voye^  le  mot  François  Se  Gaulois, 
fur  les  divers  accroillcmens  de  la  langue  Françoife, 
Ce  tut  fous  le  règne  de  Charles  le  Chauve ,  qui  ai- 
moit  les  belles-lettres ,  où  il  excella  lui-même  ,  Se  qui 
remplit  la  France  de  Savans  qu'il  rit  venir  de  Grèce  & 
d'Aiie  :  ce  fut,  dis-je,  fous  ce  Prince  que  la  langue 
Françoife  commença  à  fe  former  de  la  Romance  ou 
de  la  Latine  corrompue  ,  à  laquelle  elle  doit  fon 
origine.  Malherbe  .avoir  long-tems  étudié  notre  lan- 
gue. Il  eft  le  premier  qui  l'a  purgée  de  cette  rouille 
cv"  de  cette  cralle  de  l'antiquité.  Huet  ,  Orig.  de 
Cacn,  c.  24. 

La  langue  Françoife  eft  fimple  fans  badelfe,  libre 
fans  indécence,  élégante  Se  Heurie  lans  frrd,  majef- 
tueule  fans  fafte ,  harmonieufe  lans  enflure ,  délicate 
fins  mollelle  ,  &  énergique  fins  rudelfe.  Gill.  Il  n'y 
a  point  de  langue  qui  foit  plus  ennemie  des  équivo- 
ques Se  de  toute  obfcurité ,  plus  grave  &  plus  douce 
tout  enfemble,  plus  chafte  &  plus  retenue  en  (es  lo- 
cutions, plus  judicieufe  en  les  figures,  qui  aime  plus 
l'élégance  Se  l'ornement ,  mais  qui  craigne  plus  l'-af 
fedtarion.  'Vaug.  Notre /^«^ac  fuit  les  façons  de  par- 
ler balfes.  Se  les  proverbes  jufqucs  dans  le  dilcours 
familier  :  elle  abhorre  les  termes  ampoulés  &  le  phé- 
bus  jufqucs  dans  le  ftyle  iliblime.  Le  bon  fens,  la 
bienféance ,  l'accompagnent  toujours.  Avec  fa  ma- 
jefté  elle  eft  gaie  Se  enjouée  en  de  cert.oines  rencon- 
tres ;  mais  il  y  a  toujours  de  l'honnêtcré  Se  même  de 
la  fagelTe  dans  ta  gaieté  Se  dans  ton  enjouement.  Ses  \ 
plailanteries  Se  fes  débauches ,  tl  j'ofe  parler  ds  la 
forte  J  font  comme  celles  de  ces  pcrfbnnes  raifonna- 
bks  J  qui  ne  s'oublient  jamais ,  quelque  liberté  qu'elles  } 

fe 


L  A  N 

fc  donnent.  Elle  y  cil  en  quelque  façon  plus  admira- 
ble que  dans  les  grands  ouvrages  où  la  matière  la  fou- 
tient ,  &  où  les  chofes  donnent  de  la  force  &  de  la 
dignité  aux  paroles.  Elle  hait  les  ornemcns  exceflifs  , 
&:  pour  s'exprimer  plus  limplemcnt,  elle  voudroit 
prefque  que  lés  paroles  hiliént  toutes  nues.  Elle  ne  fc 
parc  qu'autant  que  la  néccllitc  &  la  bienféancc  le  de- 
mandent. 

Il  l'emble  que  les  Efpagnols  font  dépendre  la  no- 
blclle  &  la  gravité  de  leur  langue  du  nombre  des  fyl- 
iabes  &c  de  l'cnHure  des  paroles  ,  8c  qu'ils  parlent 
moins  pour  le  faire  entendre,  que  pour  fc  faire  ad- 
mirer. Ils  ont  des  termes  valles  &  refonnans,  des  ex- 
prellîons  hautaines  &  fanfaronnes ,  de  la  pompe  &: 
de  l'ollentation  par-tout.  Leur  langue  n'efl:  point  pro- 
pre à  peindre  les  penfées  au  naturel;  elle  fut  pour 
l'ordinaire  les  objets  plus  grands  qu'ils  ne  font ,  ik  va 
plus  loin  que  la  nature.  La  langue  Italienne  n'enlle 
peut  être  pas  tant  les  chofes,  mais  elle  les  orne  &  les 
embellit  davantage  j  &  ces  enrichiiremens  &  ces  or- 
nemens  ne  font  pas  de  véritables  beautés.  Les  exprel- 
fions  Italiennes  lî  Heurics  &  fi  brillantes ,  font  com- 
me ces  vifages  fleuris  &  fardés  qui  ont  beaucoup  d'é- 
clat ^  &  qui  n'ont  rien  de  naturel.    Bouh. 

Enfin  la  langue  Efpagnole  rellémble  à  ces  fleuves 
dont  les  eaux  font  toujours  grolles  &  toujours  agi- 
tées ,  qui  ne  demeurent  guère  renfermées  dans  leur 
lit ,  qui  fe  débordent  fouvent ,  &  dont  les  déborde- 
mens  font  un  grand  bruit  &  un  grand  fracas.  L'Ita- 
lien ell:  fcmblablc  à  ces  ruiiïeaux  qui  gazouillent 
agréablement  parmi  les  cailloux,  qui  i'erpenrent  dans 
des  prairies  pleines  de  Heurs  :  mais  la  langue  Françoife 
cil  comme  ces  belles  rivières  qui  j  fans  être  ni  lentes , 
ni  rapides j  roulent  majeffueufement  leurs  eaux,  &: 
ont  toujours  un  cours  égal.  Puifque  la  langue  Latine 
ell  leur  mère  commune  ,  ne  pouvons-nous  pas  dire 
encore  que  ce  font  trois  fœurs  qui  ont  des  inclinations 
fort  contraires?  La  langue  Efpagnole  efl  une  orgueil- 
leufe  qui  le  porte  haut ,  qui  fe  pique  de  grandeur , 
qui  aime  le  fafte  &  l'excès  en  toutes  choies.  La  langue 
Italienne  efl  une  coquette  toujours  parée  &  toujours 
fardée,  qui  ne  cherche  qu'à  plaire  ,  &  qui  le  plaît 
beaucoup  à  la  bagatelle.  La  langue  Françoife  ell  une 
prude  ,  mais  une  prude  agréable ,  qui ,  toute  fage  & 
toute  modefle  qu'elle  efl,  n'a  rien  de  rude  ni  de  fa- 
rouche. BouH.  Il  faui  prendre  garde  qu'on  n'énerve, 
qu'on  ne  rende  la  langue  barbare ,  en  la  dépouillant 
de  tout  ornement ,  fous  prétexte  de  la  rendre  plus  na- 
turelle. S.  ÉvR.  Il  c  .lullî  impoffible  de  fixer  la  lan- 
gue Françoife,  qu'il  efl  impolîlble  de  fixer  l'humeur 
Françoife.  S.  Evremont.  Pafquier  a  fait  des  recher- 
ches de  l'origine  de  la  langue  Fra'nçoife.  Ménage , 
Bouhours  ,  Vaugelas ,  ont  fait  des  remarques  fur  la 
langue  ,  pour  enfeigner  la  pureté ,  les  finellcs ,  les  dé- 
licatelles  &  les  vices  de  la  langue.  Ce  n'efl  pas  une 
louange  de  bien  favoir  fa.  propre  langue ,  mais  c'ell 
Une  honte  de  ne  la  fîivoir  pas.  Port-R.  On  emploie 
à  apprendre  les  langues  le  tems  même  defliné  a  en 
faire  ufage.  La  Br.  Le  néceilaire  d'une  langue  ne 
coûte  guère,  mais  les  délicarelîes  font  difficiles.  Le 
Ch.  de  m.  Nos  vieux  Poètes  faifoient  de  la  langue 
tout  ce  qu'il  leur  plaifoit,  &  l'alfujétilloieiit  à  tous 
leurs  befoins  <Sc  à  tous  leurs  caprices.  G.  G. 

Sur  tout  qu'en  vos  écrits  la  langue  révére'e. 

Dans  vos  plus  grands  excès  vousfoit  toujours  facrée. 

BoiLHAU. 

Il  y  a  dans  le  II  Tome  de  l'Hifl.  de  Bret.  p.  /.  & 
fuïv.  une  éclairciffement  fur  la  langue  Bretonne,  où 
l'on  prouve  que  c'eft  l'ancienne  langue  des  Celtes. 

La  langue  Chinoife  n'a  aucune  analogie  avec  tou- 
tes celles  qui  ont  cours  dans  le  monde.  Cette  langue 
ne  contient  que  trois  cens  trente  mots  ou  environ  , 
tous  dune  fyllabe  ,  ou  qu'on  prononce  au  moins 
d'une  manière  fi  ferrée,  qu'on  n'en  diftinguc  prefque 
jamais  qu'une.  Ce  peu  de  mots  ne  fuffiroit  pas,  fi 
l'on  n'.ivoit  trouvé  l'art  d'en  multiplier  le  l'en  s  par  les 
dtikrens  accens  qu'on  leur  donne.  Ainfi  la  langue 
Tome  V. 


LAN  409 

Chinoife,  quand  on  la  parle  cxaftcment,  efl  une  ef- 
pèce  de  Mulique  ,  &  renferme  une  véritable  harmo- 
nie qui  en  fait  l'eflènce  «Se  le  caredlèrc  particulier.  Il 
y  a  cinq  tons  qui  s'appliquent  à  chaque  parole,  félon 
le  fens  qu'on  lui  veut  donner  :  le  premier  ell  une 
prononciation  uniforme  ,  fans  élever  ou  baiifcr  la 
voix  ,  comme  li  l'on  continuoit  durant  quelque  tems 
la  première  note  de  notre  muliquc.  Le  fécond  élevé 
la  voix  notablement  plus  haut;  le  troilième  ell  très- 
aigu  :  dans  le  quatrième  de  ce  ton  aigu,  on  defccnd 
tout  d'un  coup  à  un  ton  grave.  Dans  le  cinquième , 
on  padc  encore  à  une  note  plus  profonde,  fi  l'on 
peut  s'exprimer  ainfi,  creufant&  formant  une  efpcce 
de  balle.  P.ar  cette  diftérence  de  prononciation  de 
555  mots,  on  en  fait  i66f.  Outre  cela  on  peut  pro- 
noncer uniment, -ou  afpircr  chaque  parole,  ce  qui 
efl  fort  ordinaire ,  &  qui  augmente  encore  la  langue 
de  la  moitié.  Quelquefois  on  joint  ces  monofyllabeS 
cnlcmble  :  fouvent  une  phrafe  entière ,  fclon  qu'elle 
fuit ,  ou  qu'elle  en  précède  une  autre  ,  a  un  fens  tout- 
à  fait  contraire;  de  forte  qu'il  efl  aifédc  voir  que  cette 
langue  fi  pauvre,  fi  ferrée  en  apparence,  ne  lailfe  pas 
d'être  en  eftct  fort  riche  &  allez  étendue  pour  s'expli- 
quer facilement.  Voye-:^  le  P.  Le  Comte  ,  Nouv. 
Mém.  de  la  Chine  y  T.  I.p.  j  6 p  &fuiv. 

On  divife  les  langues ,  en  langues  matrices  &  origi- 
nelles, comme  font  If-Iébreu,  l'Arabe  en  Orient;  le 
Teuton,  le  Sclavon  en  Occident,  &:  en  langues  déri- 
vées. Kirker  dit  que  la  langue  Cophte  ell  aullî  une 
langue  mère  ,  &  indépendante  de  toutes  les  autres. 
Du  Jon  tient  que  la  langue  Gothique  eft  la  mère  de  ' 
toutes  les  langues  Teutones;  c'efl-à  dire,  de  toutes  les 
langues  qu'on  parle  dans  le  Septentrion.  Le  Bafque  & 
le  Bas  Breton  font  tenus  aullî  pour  langues  matrices  , 
qu'on  croit  être  celles  des  anciens  Celtes  ou  Gaulois. 
Les  langues  dérivées  font  celles  qui  font  mêlées  du 
langage  de  plutieurs  peuples  voifins  qui  ont  eu  com- 
merce enfemble,  comme  le  François,  l'Italien  1  Ef^ 
pagnol.  Il  y  a  une  langue  Franque  qu'on  entend  par 
toute  la  Méditerranée.  Voye^  Franque.  Gefii'.r  a 
fait  un  Traité  qu'il  appelle  Muhrïdate  ,  de  la  dille- 
rence  des  langues  anciennes  &  modernes  ,  mortes  ou 
vivantes,  pour  faire  voir  en  quoi  elles  s'accordent  ou 
diffèrent,  &  pour  les  apprendre  en  particulier  ,  ou 
former  une  langue  univerlelle  de  leur  mélange.  On  a 
appelé  langue  Thyoife,  ou  langage  Theut-Franc ,  ou 
Franc-Theut,  un  François  mêlé  d'Allemand,  qui  fe 
forma  quand  les  François  entrèrent  dans  la  Gaule.  On 
dit  que  la  langue  des  Goths  fait  le  nom  de  Languedoc. 
D'autres  difentque  cela  vient  de  langue  de  oc,  qui 
veu  dire  oui,  pour  la  diflingucr  de  celle  des  peuples 
voilîns,  où  l'on  difoit  oaz  ou  oil.  En  eftét,  on  trouve 
plulîeurs  titres  où  font  ces  paroles,  tant  en  langue 
d'oc,  quen langue  d' oil ,  &  il  n'y  a  guère  plus  de  ijo 
ans  qu'on  a  celle  de  fiire  cette  dillinélion  :  on  dit 
encore  en  Agenois  hoc,  pour  dire  oui.  Scaliger  dit 
qu'en  France  il  y  a  trois  langues  ,  &  que  ceux  qui  les 
parlent  ne  s'entendent  point  les  uns  les  autres,  le 
Bafque,  le  Breton  &  le  Romain;  que  le  Romain  ell; 
divifé  en  langue  Tortue  6c  langue  Françoife  ;  qu'il 
n'y  avoir  autrefois  en  France  que  deux  Gouverneurs , 
Princes  du  fang,  l'un  à  Paris  pour  la  langue  Fran- 
çoife ,  l'autre  à  Montpellier  pour  la  langue  Tortue. 
On  appelle  langues  mortes ,  celles  qu'aucun  peuple 
ne  parle  plus ,  qui  ne  fubliftent  que  dans  les  Auteurs , 
&  qu'il  faut  apprendre  par  les  règles  de  la  Gram- 
maire, comme  l'Hébreu,  le  Syriaque,  leChaldéen, 
le  Latin  &  le  Grec.  Les  langues  vivantes  font  celles 
qu'on  peut  apprendre  par  la  fréquentation  des  peuples 
qui  les  parlent.  L'ufrge  efl  le  tyran  des  langues  vivan- 
tes. Il  y  a  des  gens  qui  ont  prétendu  faire  une  langue 
univerfelle.  La  langue  maternelle  eft  celle  du  pays  où 
l'on  efl  né. 

Les  langues  favantcs  font  celles  qui  ne  fubfîflent 
plus  que  dans  les  livres,  &  qu'il  faut  appreridre  li  l'on 
veut  devenir  favant;  le  Latin,  le  Grec ,  l'Hébreu,  le 
Chaldéen,  le  Syriaque,  le  Samarit.ain  ,  l'Arabe  mê- 
me. Les  langues  vulgaires  font  celles  qui  fc  parlent 
à  préfent.  Les  langues  vivantes  font  les  mêmes  que 

F  ff 


^io  L  A 

les  vulgaircs.  Les  langues  Oiienc:iles  font  celles  qu'on  a 
parie  ou  qu'on  pane  en  Orient  ;  communément  ncan- 
momson  ne  comprend  guère  Tous  ce  nom  que  les  lan- 
WfJ  lavantes  de  rOncnt,l'Hébteu  Je  Chaldeen,leSyria 
que,leSaniaritain,rArabe,lePerlan&mêmele  Copine 
&  rtti-uopien.quipaUcntaullI  çowï langues  Orienta- 
les, quoique  ce  loient  des  langues  d'Atrique.  Les  lan- 
gues Occidentales  font  celles  de  l'Europe  ,^ant  ancien- 
iies  que  modernes,  le  Grec,  le  Latin,  le  Celtique,^ la 
langue  Teutonique,  celle  d'iUyrie,  le  Sclavon,  &c. 
Le  Fran(;-ois ,  l'Italien  ^  lEfpagiiol,  l'Allemand  ,  l'An- 

glois,  èc. 

Il  n'y  a  point  de  véritable  érudition  ians  la  con- 
noillance  des  langues  lavantes.  Raimond  LuUe  tolii- 
cita  long  temsdans  les  XIII'^^:  XIV<^  hècles  letablil- 
îêment  des  études  de  ces  langues.  Enfin,  l'an  1311, 
le  Pape  Clément  V ,  &  le  Concile  de  Vienne ,  ordon- 
nèrent qu'en  Cour  de  Rome  &  dans  les  Univerlites 
de  Paris  ,  d'Oxford ,  de  Boulogne  &:  de  Salamanque  , 
on  étabîiroit  des  Maîtres  pour  enléigner  les  trois /.7/7- 
gues  ,  Hébraïque,  Arabique, &  Chaldeenne,  deux 
Maîtres  pour  chacune,  qui  léroicnt  itipendiés  &  en 
tretcnus  en  Cour  de  Rome  par  le  Pape  ,  à  Paris  &  a 
Oxford  par  les  Rois  de  France  &  d'Angleterre,  & 
dans  les  autres  villes  par  les  Prélats ,  les  Monaftèrcs 
&  les  Chapitres  du  pays.  Foyei  le  Concile  de  Vien- 
ne &c  d.ms  les  Clémentines,  iiv.  F.  Tu.  I.  c.  I.  dius 
l'Edition  du  Décret  par  M.  Pithou,  T.  II.  p.  3  6p. 

Le  Tréfor  des  langues ,  c'ell  le  titre  de  pluheurs 
Didionnaires.  Un  Profelleur  des  langues  Orientales  , 
enfeigne  la  langue  Hébraïque  &:  Chaldaïque  ,  &c.  L'n 
Maître  de  langues  ell  celui  qui  enléigne  l'Italien  ,  l'E(- 
pagnol,  l'Allemand  &  le  François  ,  en  un  mot  une 
langue  vivante.  On  appelle  aufli  Secrétaires  &  Inter- 
prètes ies  Langues,  ceux  qui  fervent  de  truchcmens 
pour  faire  entendre  les  Amballadeurs  étrangers. 
gO"  On  appelle  enfans  de  langue  ,  les  jeunes  gens  que 
les  Princes  entretiennent  dans  les  Echelles  du  Levant, 
pour  y  apprendre  ks  langues  Orientales,  Se  devenir 
capables  de  fervir  de  Drogmans. 

Le  don  des  langues  ,  Grâces  que  Dieu  fait  à  un 
homme  quand  il  lui  donne  par  miracle,  &  fans  étu- 
de .  la  connoillance  &  lufage  d'une  langue  qu'il  ne 
fait  pas,  &  qu'il  n'a  point  apprife,  enlorte  qu'il  en- 
tende ceux  qui  la  parlent,  qu'il  la  parle  lijimeme. 
Donum  lïnguarum.  Le  Saint  Efprit ,  en  déicendant 
fur  les  Apôtres  le  jour  de  la  Pentecôte,  leur  donna  le 
don  des  langues,  ainlî  qu'il  elf  marqué  au  c.  II.  des 
Aétes  des  Apôtres.  Le  don  des  langues  eft  quelque- 
fois feulement  un  prodige  poiu'  donner  de  l'admira- 
tion aux  Infidelles.  Il  peut  même  les  (candalifer.  S'ils 
entrent  dans  votre  allcmblce,  qu'ils  vous  entendent  par- 
ler tous  diverfes  langues  ,  ils  vous  prendront  pour  des 
infenfés.  S.  Paul,  /.  Cor.  XIF.  22.  Le  don  des  lan- 
gues, desguérifonsmiraculeufes,  de  prophétie,  dans 
les  commencemens  de  l'Eglife,  étoient  répandus  fi 
communément  fur  les  Fidelles^  que  quelques-uns  en 
tiroient  vanité ,  &  d'autres  en  étoient  jaloux.  Fleury. 
S.  Irénée,  dans  fon  V  Livre,  c.  6 ,  témoigne  que  le 
don  des  langues  fubfiftoit  encore  dans  l'Eghfe  de  fon 
tems.  Xavier  n'avoir  pas  le  don  des  langues ,  quand 
il  commença  à  inftruire  les  Paravas;  mais  il  paroît 
quedepuisil  entendoit  &  il  parloit  la  langue  Malabare, 
foit  qu'il  en  eîit  acquis  la  connoilfance  par  fon  tra- 
vail ,  foit  que  Dieu  lui  en  eût  imprime  les  efpèces 
d'une  manière  furnaturelle.  Il  eft  probable  du  moins 
qu'étant  aux  Indes ,  dès  qu'il  étudioit  une  langue  ,_  le 
Saint  Efprit  fecondoit  fon  application  j  &  fe  faifoit 
en  quelque  forte  fon  Maître.  Car  c'eft  une  chofe 
conilante  ,  qu'il  apprenoit  en  peu  de  tems  les  langues 
les  plus  difficiles-,  &  au  rapport  de  pluiîcurs  perfon- 
nes,  il  les  parloir  fi  naturellement,  qu'on  ne  Lauroit 
pas  cru  étranger.   Bouhours. 

.  On  dit  qu'Ennius  &  Cécrops  favoient  plufieurs 
langues.  Guillaume  Poilel  étoit  en  matière  de  doc- 
•  trine  ,  le  plus  grand  efprit  de  fon  fiècle;  une  vivacité  , 
une  pénétration  &  une  mémoire  qui  alloienr  jufqu'au 
prodige;  un  génie  univerfel  qui  n'ignoroit  rien,  & 
qui  excelloit  particulièrement  dans  la  connoillance 


LAN 

des  langues.  Outre  la  Latine  ,  la  Grcque,  l'Hébraï- 
que, la  Chalda'îquc  6c  la  Syriaque,  il  lavoit  ii  bien 
celles  qui  fe  parlent,  &  qui  font  viv.intes,_quïl  fe 
vantoit  de  pouvoir  faire  le  tour  de  la  terre  tans  tru  - 
chement.  Èouhour. 

Mithridate  lavoit  vingt  deux  langues  ,  c'eft-à-dire, 
toutes  les  /an^i/tJ  différentes  des  di.tércns  peuples  qui 
compofoient  lés  États;  &  il  favoit  li  bien  ces  langues  , 
qu'il  pouvoir  haranguer  tes  peuples  chacun  dans  fa 
langue.  Charles  Qumt  ,  félon  l'opinion  des  Turcs, 
difoit  qu'autant  de  langues  qu'on  parle  ,  autant  de 
fois  on  eft  homme.  Il  vouloir  attirer  à  foi  le  Drogman 
du  Sultan  Soliman,  qui  parloir  parfaitement  dix-fept 
fortes  de  langues.   Brantôme. 

Bibliander  a  écrit  en  1518,  De  radone  communi 
Lïnguarum,  in-4°.  Gefner  de  la  différence  des  lan- 
gues, en  1J71.  Lazius  a  fait  une  Introdudion  pour' 
apprendre  les  plus  belles  langues  par  une  méthode 
commune,  en  1548.  Mégillier  ,  le  tableau  de  qua- 
rante langues  diverlés  &  di.ilecT:es  diflérens  dont  il 
donne  le    modèle   dans    l'Oraifon   dominicale  ,   etf 
1595.  De  Recolesj  dans  tés  additions  au  monde  da 
Al.  Davici,  a  mis  le  P^fifr /w//tv  dans  toutes  les  lan~ 
gués  qu'on  parle  parmi  les  Chrériens ,  en  parlant  de 
la  religion  de  chacune  des  nations  Chrétiennes.   Al-,_ 
béric.  Gentil,  a  écrit  du  mélange  des  langues,  et^ 
1603.    Le   Dilcours  fur  les  étymologies  par  le  P<: 
Reinicr';  Jéfuite  ,  eft   un  ouvrage  de  même  genre- 
Claude  Durer  ,    Bourbonnois  ,   a  écrit  le  trétor  de 
l'hiftoire  Aes  Langues  ,  en   1613.  Etienne  Guicharr, 
de  l'harmonie  étymologique  des  langues ,  en   1619, 
Ed.  Bcevevood  a'  fait  des  recherches  curieufes  fur  la 
diverlité  des  langues  Se  des  religions. 
Langue,  ledit  auili  en  faifant  diftindlion  des  nations. 
Il  arrive  dans  les  Échelles  d'Orient  des  Marchands 
de  tous  pays ,  &  de  toutes  langues.  On  appelle  la 
Poëlie  la  langue  des  dieux. 

On  n' extravague  plus  en  vers  impunément  ; 

Aux  règles  du  dijlours  &  du  raifonnement 

Un  Poète  ejl  fournis  comme  les  autres  hommes: 

On  pardonnait ,  dit -on  ,  aux  temps  de  nos  ayeuXj 

Une  fottife   dite  en  la  langue  dei  dieux  j 

Pourquoi  faire  les  dieux  plus  fots  que  nous  ne  fommes? 

P.   MOURGUES. 

Langue  ,  daiis  l'hiftoire  de  Malte,  fe  prend  pour  Na- 
tion. On  divifoit  avant  le  Schifme  d'Angleterre  l'or- 
dre des  Chevaliers  en  huit  langues  ,  ou  Nations.  Na- 
tio  ,  gens.  Il  y  a  trois  langues  pour  la  France ,  la 
langue  de  Provence  ,  d'Auvergne  &  de  France.  Pour 
l'El'pagne  deux>,  la  langue  de  Caftille  &  d'Arragon. 
Les  trois  autres  font  la  langue  d'Italie ,  d'Allemagne 
Se  d'Angleterre.  Depuis  le  Schifme  d'Angleterre  cette 
dernière  langue  ne  lublîfte  plus.  Chacune  de  ces 
langues  a  un  chef  qu'on  nomme  Pilier,  8c  qui  pre- 
tîde  aux  Alfemblées  de  la  langue ,  dont  il  eft  le 
Chef.  Foyei  Malte. 

Langue.  Tabac  à  la  langue.  C'eft  une  des  quatre 
fortes  de  tabac  que  l'on  cultive  dans  l'Amérique.     , 

IJCr  Langue  ,  en  Botanique.  Foy.  Languette.  *■ 

Langue  de  Bœuf  ,  eft  une  plante  qu'on  appelle  aii> 
tremcnt  buglofe.  Foye^  Buglose. 

Les  Maçons  appellent  aulli  langue  de  bœuf,  un 
inftrument  dont  ils  le  fervent.  Il  eft  fait  d'une  pla- 
que de  fer  en  forme  de  cœur  ,  Se  dentelée  tout  au- 
tour avec  une  branche  ou  tige  de  fer,  qui  va  s'infé- 
rer dans  un  manche  de  bois  avec  lequel  on  tient 
la  langue  de  bœuf.  C'eft  un  outil  ou  cifeau  plat , 
pointu  ,  crettéj  qui  eft  taillé  en  forme  de  cœur. 

Langue  de  bœuf.  Terme  de  Coutume.   C'eft_  un  droit 

.  qu'a  l'Évcque  de  Grenoble  ,  Se  qui  conlifte  en  la 

fixième   partie  des  langues  de  bœuf ,  dont  la  chair 

eft  expofée  en  vente  par  les  Bouchers.  Ce  droit  fur 

acquis  à  cette  Éghfe  en  iioi.  par  Hugues  Evéque 

.  de  Grenoble.  Chorier  ,  Hiji.  de  Dauphiné ,  T.  I, 
p.  4-S . 

Langue  ue  Bouc  ,  eft  une  plante  qu'on  appelle  au- 
trement Fipérine  ,  ou  herbe  aux  vipères.  Les  Grecs 


LAN 

l'ont  appelée  îjiio»,  c'eft  à-dircj  vipérine.  On  l'a  nii/îî 
appelée  Alcihiacum ,    parce  qu'un  certain   Akibius 
en  découvrit  le  premier  la  propriété  contre  les  vipè- 
res. Ayant  été  morJu  en  dormant  par  une  vipère  , 
il  hir  guéri  en  avalant  le  jus  de  cette  herbe  ,  dont 
il  niit  après  le  marc  (iir  la  plaie. 
Langue  de  Cerf  ,  eft  une  plante  qui  poulie  de  fi  ra- 
cine  huit  ou  dix  Veuilles  ,    &   quelquefois  davan- 
tage ,  longues  ordinairement  d'un  demi-pied ,   lar- 
ges d'environ   deux   doigts  j    pointues  en  lacoii   de 
langue.  Sa  graine  naît  fur  le  dos  des  feuilles  d'ans  des 
niions    membraneux   fendus   dans    leur  longueur  , 
&  qui  renferment  un  amas  de  coques  entallèes  les 
unes  fur  les  autres.  Chaque  coque  ell  prefque  ova- 
le ,    entourée   dans  fa    moitié  d'un    cordon  par   la 
contraètion  duquel  ces  coques   fe  déchirent  &  ré- 
pandent quelques  femences.   Sa  racine  eft  fibrtufe 
&■  noirâtre.  Elle  cil  un  peu  aftringeiue ,  pedtorale , 
vulnéraire?.    On  l'appelle  autrement  fcolopendrc  vul- 
gaire.hn  Latin  lingua  ccrvina  ojficinarum.  C.  Bauh. 
Pin.   3J3.  Il  y  a  plulieurs   autres  efpèces  de  langue 
de  Cerf. 
Langue  de  Cheval  ,  ell  une  plante  à  laquelle  on  a 
donné  ce  nom  ,  parce  qu'on  a  trouvé  quelque  relFem- 
blance  de  la  figure  de  fa  feuille  avec  celle  de  la  lan- 
gue d'un  cheval  ,  d'où    vient  qu'on  l'appelle  aulFi 
hippoglojfum.    Rufirus.   On  l'appelle  encore  laurier 
Alexandrin.    C'cft  une  efpèce    de  houxfrelon   que 
M.    Tournefort   nomme    Keus   angujlifolius  fruclu 
folio    innafcente.    Ind.    R.   herb.    Voye:^    Laurier 
Alexandrin. 
Langue   db.  Chien.    Plante  qui  a  été  ainfl  nommée 
parce  que  (es  feuilles  ont  la  figure  de  la  langue  d'un 
chien  :  elles  font  longues,  étroites  ,  pointues  ,  lanu- 
gineufes  ,    molles  ,   blanchâtres.   CynogloJJum.     Ses 
tlcurs  font  femblables  à   celles  de  la    buglofe,  de 
couleur  rouge  tirant  fur  le  purpurin.  Son  fruit  ell 
à  quatre  caplules  hétillées  de  poils  piquans  qui  s'at- 
tachent  aux  habits  ;  chaque   capfule    contient   une 
jfemence.    Sa    racine  eit  longue  ,  grolTe  ,    noire  en 
dehors ,  blanche  en  dedans.  Cette  plante  eft  incral- 
iante  ,  rafraîchillante  ,  adouciliante.  C.  Bauhin  l'ap- 
pelle CynoglojJum  majus  vulgare.  Pin.    2J7.  Il  y  a 
plufieurs  autres^  efpèces  de  langue   de  chien. 
Langue  de  Serpent  ,  ou  Langue  Serpentine.  Petite 
plante  qui  poulie  une  queue  haute  comme  la  main, 
loutenant  une  feule  fcmile  ,  femblable  en  quelque 
manière   à   une  petite   feuille  de  poirée ,  mais  plus 
gralle,  charnue,  lillè  ,  droite,  quelquefois  longue 
&  étroite ,  quelquefois  large   &   arrondie.  Il    lort 
du  haut  de  la  queue  un  fruit  qui  a  la  figure  d'une 
langue    aplatie  ,  à   bords   relevés ,    &:   divifés    dans 
leur  longeur  en  plufieurs   petites    cellules  qui  ren- 
ferment une  poullière  très  menue.   Ses  racines  font 
fibreules.   Cette  plante  ell  vulnéraire  ;  quelques-uns 
prétendent   guérir  les    defccntes    par   l'ufage  de  la 
poudre  de  cette  herbe.  En  Latin  Ophioglojjum  vul- 
gatum.  C.  Bauhin.  Pin.  3  J4.  Il  y  a   plulieiirs  au- 
tres efpèces  de  langues  de  jhpens.  Elle  a  été  aiijl 
nommée  à  caufe  que  fou   huit  a  .la  figure  de  la 
langue  d'un   ferpent. 
Langue   de  Serpent.  Terme  de  Dcntille.    C'eft  ur. 
petit  inflrument  dont  on  fc  fert  pour    ratiirer   & 
nettoyer  les  dents  de  la  mâchoire  intérieure.  Il  tft 
fait^  comme    les   rugincs  ,    excepté    que    fa    partie 
antérieure  eft  une  lame  pointue  ,  taillée  en    langue 
de_  ferpent  ,    plane  d'un   côté  ,  relevée    de    d'eux 
bileaux  de  l'autre  ,  tranchante  par  les  côtés, 
p?  Langue  de  Carpe.  Terme  d'Arquebufier.    Périt 
eutil  fait  en  forme  de  langue  de  carpe ,  tranchais 
par  les  deux    côtés    &  par   la    pointe  ,  emmanché 
dans  un  petit  morceau  de  bois,  fcrvant  pour  créa- 
<cr,  Iculpter,  6  c. 
-ANGUE  de  Voile.  Terme  de  Marine.    C'eft  un  mor 
ccau  de  toileà  voiles  ,  étroit  par  le  haut,  ^  large 
I    p"   le   bas  ,    qu'on   met    aux   côtés    de   plufieurs 
voiles.  ^ 

LANGuÉ,ÉE.adj    Terme  de  Blafon ,  eft  la  mcme 
Sholeqn."  'omraffé,  quand  l'animal  peint  fur  l'Ecu 


LAN  411 

montre  une  langue  d'un  autre  émail  que  Ton  corps 
txercd  Itnguâ.  Mais  langue  fe  ilit  plutôt  de  celle  des 
aigles,  &  lampajje  de  celle  des  lions. 
LANGUEDOC.  ÎNom  d'une  des  plus  grandes  &:  des 
plus  conlidérables  Provinces  de  France.  Occitaniay 
Languedoaa  ,  i>epûmania  j  Gothia.    Gallia  Narbo- 
nenjis.  Elle  cil  bornée  au  levant  par  le  Rhône,  qui 
la  Icparc  de  la  Piovence  Se  du  Dauphiné  ;  au  nord, 
par  le  i-oi-ctz  ,  l'Auvergne ,  le  Rouergue  &  le  Qucr- 
cy;  au  couchant  ,  par  la   Gafcogne  ,  dont  la  Ga- 
ronne la  lépare  en  quelques  endroits;  &  au  midi , 
par  le  Koullillon ,  &  par  le  golfe  de  Lyon  ,  partie 
de  la  mer  Méditerranée.  On  donne  à  cette  Province 
loixante  tic  dix-huit  lieues  d'orient  en  occident ,  & 
cinquante  dans  la  plus  grande  largeur  du  fcptentrioa 
au  midi  ,  le  long  de  la  rivière  du   Rhône.    Toute 
cette  Province ,  ii  on  en  excepte  le  quartier  des  Sé- 
venncs ,  jouit  d'un  air  fort  tempéré ,  &c  ion  terroir 
produit  abondamment  des  blés^  des  vins,  de  l'hui- 
le ,  de  la  foie  ,  tk  toutes  fortes  de  fruits ,  à  la  ré- 
lerve  des   oranges  &  des  citrons.  On  la  divife  en 
trois  grandes  contrées ,  dont  chacune  a  foii  Lieute- 
nant de  Roi ,  quoiqu'elles  n'aient  toutes   enfemble 
qu'un  Gouverneur.  Le  haut  Languedoc  en  eft  la  par- 
tie occidentale  ,  le  bas  Languedoc    l'orientale  ,  & 
les   Sévennes    la   feptentrionale.    Cette  Province  a 
fes  Etats  particuHers,  où  entrent  pour  le  Clergé  trois 
Archevêques  &  dix-neuf  Évèques  ;  pour  la  noblelîe 
vingt  deux  Barons  ,  un  pour  chaque  Diocèfe  ;  leurs 
dignités   font   attachées  aux  terres  qu'ils  polïédent  ; 
èc  pour  le  tiers  États ,  un  député  de  chaque  capitale 
de  ces  ving  deux  Diocèfes.  Ces  capitales  des  Diocèies 
lont  dans  le  haut  Languedoc  ,  Touloufe  capitale  de 
toute  \m  Province  ,  &   Archevêché ,   Montauban  , 
Albi    Archevêché ,  Rieux  j  Ramiers  ,   S.  Papoul  , 
Lavaur  ,  Mirepoix  &  Caftres.  Dans  le  bas  Langue- 
doc ,   Narbonne  Archevêché  ,  Aleth  ,  Carcallbnne  , 
S.   Pons  ,   Béziers  ,  Lodéve  ,  Agde  ,  Montpellier  , 
Nif  lies  &    Ufez.  Et  dans  les   Sévennes  ,    Mende  , 
le  Puy  &  Viviers.  On  y  diftingue   encore  les  villes 
de  Foix  ,  de   Limoux  ,  de  Caftelnaudary  ,  de  Péze-ï 
lias,  d'Aiiduze  ,  d'Alais  c^-  de  Beaiicaire,  célèbre 
par   les  Foires.  Maty. 

Quelques  Auteurs  ont  cru  que  ce  pays  avcit  été 
appelé  Languedoc  à  caufe  des  Goths  qui  l'ont  pollé- 
dé,  S<  àtLandt-Got,  c'eft-à-dire  ,  pays  des  Goths. 
C'eft  le  fentiment  d'Andoque  ,  Hiji.  de  Langued. 
p.  iiû.  Nicot  le  dérive  de  Langue  goth ,  comme  ' 
qui  diroit  Langue  Gothique ,  parce  qu'on  y  parloir 
cette  langue.  C'eft  l'opinion  de  Bouche  en  fon  Mift. 
de  Provence  ,  T.  l,  p.  //i'.  D'autres  difent  qu'au- 
trefois on  divifoit  le  Royaume  en  deux  parties , 
qu'on  appeloit  Langues  ;  l'une  j  la  Langue  d'ouï  • 
&  l'autre  ,  la  Langue  d'oc  ,  &  delà  vint  à  cette 
Province  ,  qui  étoit  une  de  celles  de  la  langue  d'oc , 
le  nom  de  Languedoc.  Cette  divilion  étoit  fondée 
fur  ce  que  les  Gafcons  ,  &  fur  toat  les  Goths,  di- 
ioient  oc  ,  ou  bien  hoc ,  pour  dire  ouï ,  6c  que 
dans  le  refte  de  la  France  on  difoit  ouï  :  de  Langue 
d'oc, on  f omis.  Lingua  Occitana,  en  Latin  ^  &  puis 
Provincia  lingu&  Occicanm. ,  &  enfin  Occitania  ,  que 
quelques-uns  ont  écrit  Orcitania,  mais  mal  Foyez 
Hadr.  Val.  Not.  Gall.  p.  s  16.  Et  Catel ,  Hift.  de 
Languedoc  ,  l.  L ,  p.  40.  Pafquier  j  Rech.  liv.  1  , 
c.  12.  Du  Tillet  croit  que  ce  mot  vient  de  Langue- 
dod.  Nous  avons  des  Mémoires  pour  l'Hiftoirè  de 
Languedoc  par  Catel  ,  &  une  Hilloire  de  Langue- 
doc par  Pierre  Andoque. 

Le  Canal  du  Languedoc.  Occitaniix.  incile  ,  fjC?  ou 

Canal  de  la  jonclion  des  deux  mers  ,  Canal  Royal , 

ou   Canal  de    Riquet.   Fameux  canal  ,  qui   traverfe 

la  province    de  Languedoc  ,  joint  enfemble  la  Mé- 

ditetranée  8c  l'Océan  ,   &  tombe  dans   le  port  de 

Cette,   f^oye-^  Canal. 

$3-  LANGUEDOCIEN  ,  mieux  que  LANGUEDO- 

CHIEN.  Originaire  ^  habitant  du  Languedoc.  Oc~ 

citanus. 

LANGUEDOIL.    Nom   d'un  pays  de   France.  Par  le 

traité    que    Charles  VII.   fit  avec  les  Ducs  de  Bre- 

Fffij 


4ï2  LA  N 

ngne  en  1415  ,  le  Roi  promit  au  Duc  ,  qu'il  lui 
ciunneroit   l'adminilh-anon    des  Finances ,  non   pas 
ciu    Languedoc  ,   comme   qticlqucs-uns   ont   écrie  , 
nuis  du  Languedoil ,  pays  touc  diliérenc  du  Langue- 
doc j  ainfi  qu'on  le  voit  par  divcrles  Ordonnances  de 
nos  Rois.  Les  uns  croient  que  par  ce  mot  on  cnten- 
cîoit  le  pays  d'en-deçà  de  la  Loire.   Celame  paroit 
faux    par  le    traité  dont  il  s'agit  ;  car  le  Roi  alors 
n'avoit  rien  en-deça  de  cette  rivière  -,  c'ell  pourquoi 
il   me  lerable    que   c'ell  plutôt  le  pays   d'entre  la 
Loire  &c  le  Languedoc,  à  qui  ce  nom  étoit  donne,, 
pour  une  railon  que  je  ne  iais  point ,  &  fur  quoi 
on  ne  peut   faire  que   des    conjedtures   allez    peu 
folides.  P.  Daniel,  Hi/i.  de  Fr.  T.  II ,  p.  1036. 
^CTLanguedoil  ,   eft  probablement   la  même  chofc 
que   Languedoui.    Voye\   Languedoc  ,  pour    les 
étymologies. 
LANGUEFRIDE.  f.  f  Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans 
nos  anciens   Auteurs.  Froillard  l'emploie  ,  &:  l'ex- 
plique   ainiî.    L'Empereur    Charles  IV'.   inftitua  le 
Duc   Wincelent    de    Bohème  ,    &   le  fit    Souve- 
rain Regard  d'une  inftitution  &  ordonnance  ,  qu'on 
dit   en  Allemagne    la  Languefride  ,  c'eft  à-dire  ,  te- 
nir les  chemins  couverts    &  {ùrs ,    &    que    toutes 
manières  de  gens  puilent  aller  ,  venir ,  &  chevau- 
cher de  ville  en  autre  (urement. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  Landfrïcd ,  qui  veut 
dire  ,  paix  du  pays  ,  paix  de  la  terre. 
LANGUES.  Les  Langues.  LangA,  Langarum   traclus. 
C'eil  un  pays  du  Duc  de  Savoie.  Il  eft  en  partie  dans 
le  Piémont  propre,  &  en  partie  dans  le   Montter- 
rar  Savoyard ,  entre  les  rivières  de  Sture  &  de  Ténar 
d'un  côte  ,  &   de  Belbo  de  l'autre.  C'eft  un  pays 
fort  fertile  ,   diftingué  en  hautes  Langues  ,  qui  font 
vers  le  midi ,   &  dont  Albe  eft  la  capitale  ;  &  en 
balles  Langues ,  qui  font  vers  le  nord  ,  entre  Albe 
&  Aft.  Maty. 
LANGUETTE,  f.f.  Ce  qui  eft  taillé  en  forme  d'une  petite 
langue.  Lingula.    Il  y  a  eu  une  m.odv;  de  tailler  le 
linge  &  les  habits  ,  &  de  les  découper  en  languet- 
tes ,  ce  qui   leur  lervoit    d'ornement.    On  portoit 
des  rabats  à  languettes. 
Languette.  Terme  de  Luthier  :  c'eft  une  petite  iou- 
pape  à  rellort  qui  fert  à  ouvrir  &  fermer  les  trous 
de  quelques  inftrumciis  à  vent.   Quand    on   appuie 
.     furuae  touche  d'un  clavier  d'orgue  ,  on  fait  bailler  la 
languette  ,  qui  ouvre  u!i  trou  par  où  le  vent  entre 
dans  le  Icmmier  ,  &  dans   les  tuyaux. 
Languette  j  eft  aullî  en  termes  d'Organifte  ,    cette 
partie  du  tuyau  qui  eft  taillée  en  bifeau ,  ou  en  talus , 
qui  fert  à  couper  ,  &  fendre  le  vent  qui  entre  de- 
dans.  Glottis.   Elle  eft  ainfî  nommée  parce  qu'elle 
fert  de  langue  à  la  bouche    des    tuyaux   pour    les 
faire  parler.    On  appelle  aullI  languette  ,  une  petite 
lame   de  laiton  plate  ,  mobile  &  tremblante  ,  qui 
couvre  le   concave  du  demi- cylindre  des  tuyaux  à 
anche.   On  l'appelle  autrement  Ethalotte. 
^Zr  Dans  un  balon  ,  on  appelle  Languette  ,  un  pe- 
tit morceau  de  bois  rond  ,  percé  des  deux  côtés  , 
auquel    on    attache    la   vellîe  ,   &   par   lequel    on 
feringue  l'air  dans  le  balon. 
Languette.  Terme  de  Méchanique  ,  eft  cette  aiguille 
élevée  fur  le  fléau  d'une  balance  ,  qui  fert  à  mar- 
quer   l'équilibre   quand  elle  eft  à  plomb.    Examen 
trutiuA.  C'eft  ce  que   les    Anciens  appeloient  pro- 
prement trutina.  D'autres,  donnent  ce  nom  au  trou 
par   où    palfe   la   languette    qui  fait  l'équilibre.    Il 
vaut  mieux  dire  aiguille.  Richelet  dit  que  languette 
dans  ce  fens  eft  Provincial. 
Languette  ,  en  termes  de  Maçonnerie ,  eft  le   mur 
de  plâtre    qui    fait  la  féparation  des  tuyaux  d'une 
cheminée  ,  qui    portent  fur  des  bandes  de   trémie 
qui  font  de  fer.  Languettes  de  chauîTè  d'aifance,  ce 
font  des   dales    de  pierre  dure  ,  qui    féparcnt  une 
chaulfe  d'aifance  ,  à   chaque  étage  ,  à    hauteur  de 
devanture  ,  ou   plus  bas.   Languette   de  puits  ,  eft 
une  dale  de  pierre  qui   fous  un  mur  mitoyen  par- 
tage également  un  puits  ovale  à  deux  propriétaires; 
&  deftead  un  peu  plus  bas  que  le  rez  de  chiiiilléc. 


LAN 

Languette  ,  en   termes  de  Menuifcrie ,  eft  la  partie 
la  plus  mince  d  un  pancau  ,  qui  entre  dans  les  rainu- 
res   préparées    pour    la  recevoir  ,   quand    on    fait 
les   allemblages.  Lingula.   Ainli  on    dit  de  diveifes 
pièces  de  bais,  qu'elles  tout  jointes  ,   &  alfemblécs 
en  languette.  Les  languettes  [on:  taillées  aux  bords  des 
paneaux  ,  des  planchesdans  le  milieu  de  leur  épailfeur. 
Languette.  Terme  de  Potier  d'étain.  C'eft  un  morceau 
d'étain   qui  eft  fur  le   couvercle  du  vaiifeau  :  il  eft 
enchâlfé  à  lanfe  ,  &c  on  levé  le  couvercle  en  met- 
tant le  doigt  delfus. 
0^  Languette  ,  ou  Langue.   Terme  de   Botanique, 
Ligula  ,   ou  lingula.    C'eft  un  appendice  étroit  qui 
n'eft  adhérent  que  par  une  de  les  extrémités.  On  ditl- 
ligulatus  ,  ou  Imgulatus  fios  j  ce   qui  convient  aux 
demi-rieurons. 
Languette  ,  en  termes  d'Anatomie  ,  eft   une    fente 
qui  eft  au  devant  du  larynx  ,  Liquelle  eft  formée  par . 
la  jonction  des  cartilages  aryténo'i'des.  Elle  fert  à  for- 
mer la  voix.  On  l'appelle  autrement  Glotte.  V.  ce  mot. 
Languette  ,   fe   dit  auili  par  quelques-uns  de  l'épi-j, , 
glotte.   F^oye^    Épiglotte.  f 

Languette  j  en  termes  d'Orfèvre,  eft  un  petit  mor-i| 
ceau   d'argent  qu'on  laille  exprès  en  faillie  Se  horri 
d'oeuvre  aux  ouvrages d'Orfévrerie  ,  que  l'Athneur  rc»'i 
tranche,  pour  l'cprouver'iSr  en  connoïtre  le  titre ,  avant 
que  de  contremarquer  l'ouvrage  du  poinçon  de  la  ville. 
Languette,    /^ojeç  Chimère.  ^, 

§CF  LANGUEUR,  f  f.  Ce  mot  déûgne    proprement 
une  diminution  do  forces   plus  ou  moins  conlidé- 
rable;  un  état  d'abattement  dans  lequel  le  corps  eft 
peu    propre   à  l'aâion  Sz  au  mouvement.  Cet  ctat 
eft  fufceptible  de  dittérens  degrés.  Quelquefois  touc 
le  corps  fe  trouve  afteèfé ,  comme  il  arrive  ordinai- 
rement dans  les   maladies  chroniques  ;  quelquefois 
une  partie  feulement ,  comme  quand  on  dit  qu'on 
fent  des  langueurs   d'eftomac.  Pour  y  remédier ,   il 
faut  rendre  aux  parties  le  ton  &  le  rellort  qu'elles 
ont   perdu.    Langer.    Traîner    (a  vie   en    langueur. 
Les  maux  de  langueur  font  d'autant  plus  rudes,  qu'ils 
nous  ôrent  incelfamment  quelque  partie  de   nous- 
mêmes  ,   &  que  nous  portant  tous  les  jours  quel- 
que trait  dans  le  fcin  ,  il   nous  confument  infcnfi- 
blement.    Fl.  Les  fièvres  étiques  ,  les   maladies  qui 
vicinient  de  confomption ,  font  mourir  en  langueur. 
La  langueur  de  fon  corps  n'a  point  alloibli  Ion  ef- 
prit.  S.  ÉvR.  Dans  une  longue  &  pénible  langueur, 
qu'il  eft  à  craindre  que  l'inquiétude  3c  l'impatience 
ne  diminuent  un  peu  la  foumiilion  de  la  foi.  FlÉc, 
//  kâtoit  de /es  ans  l'importune  langueur.  Bon. 
La   vieejl  une  mort  à  qui  vit  en  langueur.  S.  EvK^ 
En  parlant  de  l'état  où  la  terre  a  accoutumé  d'êd| 
en  hiver  j  on  dit  figurément  que  toute  la  nature è 
alors  en  langueur  ;  &  on  dit  que  des  orangers  £qvxI\ 
en  langueur  ,   quand   ils   ne   font  pas  en  aulli  bon  I 
état  cyi'à  l'ordinaire  lorfqu'ils  poullent  1-oiblement.^"' 
IJCF  Langueur.  ,  fe  dit  aullî  en   Morale  de  l'etièti"    ' 
pallions  violentes  ,  qui  abattent  ou  qui  accablent  l'ef-l 
prit  ,  des  peii>es  de  l'cfpnt;  fur  tout  de  celles  qilÛT 
procèdent  de  l'amour,  ou  de  quelque  defir  violeite] 


qu'on  ne  peut  fatisfairc.  ^gritudo^  .tgrimonia. 


cà* 


1 —  —  ^  -  —  ^  -         ^       _,  ^,  - 

homme  eft  lî  afflige  de  la  mort  de  fa  lemmcj  quil 
ne  vit  plus  qu'en  langueur. 

fC?  L'on  dit  dans  ce  fens.Tenir  quelqu'un  en  langueur,hà 
lailîer  long-temps  attendre  une  choie  qu'il  délire.  Les 
Amans  appellent  poétiquement  leur  palfion  ,  une 
amoureufe  langueur ,  éz  dilent ,  qu'ils  fentent  une 
ainoureufe  langueur. 

LANGUEYER.  v.  a.  Tirer  la  langue  d'un  porc ,  la 
confidérer  ,  pour  voir  s'il  eft  ladre  ou  non.  oua- 
riam  linguam  infpicere.  On  langueye  les  porcs  en 
leur  mettant  un  baron  dans  la  gueule.  ^  " 

Lais'cueyeRj  fe  dit  aufti  en  termes  figurés  &:  très  bas, 
pour.  Entretenir  quelqu'un  ,  lui  fiire  des  quellions, 
pour  apprendre  de  lui  adroitement  ce  qu'on  veut 
fivoir.  Percontari.  On  ne  tirera  aucune  vérité  de 
ce  prifonnier  ,  il  a  été  bien  langueye.  Quand  on 
veut  favoir  le  fecre:  d'un  maître,  il  faut  langueycr 


LAN 

{es  valets.  Langueyer  Se  cajoler  quelqu'un.  Mas^ 
cuR.  On  ne  le  die  plus. 
LANGUEYEUR.  f.  m.  Eli  un  Officier  établi  clans  les 
marches  pour  vifitcr  les  cochons ,  &  cr.ipcchcr 
qu'il  ne  s'en  débite  de  ladres.  Infpcctor  fuatius.  Les 
Lan^ueyeurs  font  des  Inipcileurs  établis  en  titre 
d'ofJicc  pour  vificer  les  porcs  à  la  langue  dans  les 
marciiés  ,  &:  avant  qu'ils  Ibicnt  achetés  ;  parce  que 
J'on  prétend  que  lorlqu'ils  font  ladres ,  il  paroît  à 
cette  partie  des  puflules  ou  marques  blanches  ,  Se 
quelquefois  même  des  ulcères  ,  qui  indiquent  cette 
maladie.  De  la  Mare,  Traité  de  Police , 
Z.  ir,  T.  F,  c.  2  ,  Se  L.  F;  T.  XXI,  c.  4. 

LANGUIER.  f.  m.  Partie  du  cochon  ,  qui  contient  la 
gorge  Si  la  langue ,  qu'on  fale  Se  qu'on  met  à  la 
fumée.  Lin^ua  fuilla.  Les  Languiers  du  Mans  fout 
en  grande  réputaùon. 

LANGUIR.  V.  n.  \^vre  en  langueur  ;  être  confumé 
peu  à  peu  par  quelque  maLidie  qui  abat  les  forces. 
Languere.  La  pleurélie  emporte  bientôt  les  plus  ro- 
buftcs ,  elle  ne  les  fait  guère  languir.  La  goutte  ,  la 
graveile ,  font  long  temps  languir  les  vieillards. 

Languir  ,  en  ce  fens  ,  le  dit  non-{eulement  des  ani 
maux  ,  mais  aullî  des    arbres  &    des  plantes.  On 
dit ,  \es  blés   languijjcnt  beaucoup  ;   cet  arbre  lan- 
guit j  c'cfc-à-dire  ,  il  ne  donne  que  de  foibles  pro- 
dudfions.  Liger. 

Languir  ,  fignitie  audi  ^  Souffrir  un  fupplice  lent. 
Lento  fupplicio  emori.  On  a  bien  fait  languir  ce 
criminel  en  le  brûlant  à  petit  feu.  On  appelle 
coup  de  grâce  ,  celui  qu'on  donne  kir  l'eftomac  des 
roués   pour  les  empêcher  de  languir. 

Languir  ,  fe  dit  auHi  iîgurément  en  parlant  des  in- 
commodités de  la  vie ,  des  beloins ,  des  fouftrances 
Se  d;s  aftîiclions ,  dans  lefquelles  on  palîe  trifte- 
ment  la  vie.  Gtmcre  j  papeti.  L^Evangile  nous 
apprend'  à  fouiager  ceux  qui  languijjcnt  de  froid, 
de  faim  ,  &  de  ioil- ,  qui  languij]ent  dans  la  mi- 
sère j  dans  la  pauvreté  ,  dans  les  prifons  ,  dans 
l'efclavage. 

^3"  Languir  jfe  dit  à-peu-ptès  dans  le  même  fens  en 
parlant  des  peines  de  l'eiprit ,  qui  font  caufées  par 
quelque  palîion  violente.  L'ame  languit ,  cft  dans 
la  langueur ,  quand  elle  n'a  ni  les  moyens  ,  m  l'ef- 
pérance  de  iàtisfaire  une  palîîon  qui  la  remplit. 
Les  Courtilans  languijjent  quelquefois  long  temps 
dans  l'efpérance  de  la  fortune.  Les  débiteurs  font 
fouvent  languir  leurs  créanciers  dans  l'attente  du 
payement.  Ne  foufrrent-ils  pas  alfez,  fans  les  laif 
fer  encore  languir  après  le  foulagement  léger  qu'ils 
efpétent  de  nous  ?  P.  de  Coureeville. 

jCr  Languir,  fe  dit  abfolument  pour,  Soupirer  pour 
une  femme.  La  Belle  ne  le  lailîa  pas  long  temps 
languir  ,  ne  fut  pas   long  temps  cruelle. 

Permette:^- moi  de  languir  à  vos  pieds.  Rac. 


fN?  Languir  ,  fe  dit  encore  en  parlant  des  chofes  qui 
font  l:'.ns  vigueur,  fans  acli  vite  ;  Se  généralement  de 
celles  qui^nc  font  pas  en  auiïi  bon  état  qu'à  l'ordi- 
naire. Frigcre.  On  dit  qu'une  arbre  languit ,  quand 
il  poulie  foiblement  ,  quand  il  ne  donne  que  de 
foibles  productions  ".  que  la  nature  languie  pendant 
l'hiver  ,  qu'elle  eft  cngoiirdic  ,  (ans  vigueur.  Que 
les  nouvelles  ,  que  les  plaifirs  languiffcnt  ,qu;ind  il  y  a 
peu  de  nouvelles  intérellantes ,  Se  qu'il  y  a  peu 
de  divertilTemens  :  que  la  convcrfation  languit  , 
quand  perfonne  ne  la  foutient ,  ou  qu'on  ne  dit 
oue  des  chofes  froides. 

0:-i  dit  qu'un  difcours  ,  qui^des  vers  languiffcnt , 
iorfqu'il  y  a  de  l'inégalité,  qu'ils  font  froids  iSc  tr.iî- 
nans  ;  qu'ils  ne  font  pas  foutenu;  avec  la  même  for 
ce  :  qu'une  pièce  de  théntre  languit  ^  lorlqu'elle 
n  im'nime  pas  alfez  vivement  les  pallions  ,  qu'elle 
n'intévelfc  pas  alfez  les  Spedateurs  :  qu'un  ftyle 
languit  ,  Iorfqu'il  n'cft  pas  fouicnu  de  nobles  ex 
prelhons  ,  ou  de  belles  penfées  :  que  la  converfation 
languit ,  quind  elle  fe  fait  entre  des  gens  peu  fpiri- 
tuels,ou  mélancoliques,  qui  fc  taifcnt  fouvciK j  ou 


LAN  413 

qui  n'ont  rien  à  dire  d'agréable  :  fi  vous  ôtcz  ces  deux 
belles  voix  de  ce  concert  j  il  ne  fera  plus  que  lamndr. 

LANGUISSAMMENT.  adv.  D'une  maniàe  languif- 
fmte.  Languide  ,  molUtcr.  Ces  Amans  fe  regardcnr 
languiQammcnt.  Cet  ami  moribond  lui  tendoit  lan- 
guijj'amment  la  main. 

LANGUISSANT  ,  ANTE.  adj.  Qui  languit.  Foyei 
Languir.  Languidus.  Les  loldats  languijfans  fur  le 
champ  de  Bataille  j  prient  par  pitié  qu'on  les  ache- 
vé. Il  y  a  trois  ans  que  et  paralytique  eft  langu'tjfant 
dans  fou  lit.  Il  a  dit  adieu  à  fcsamis  d'une  voix  ttifte 
Se  languijjante. 

Languissant  J  fe  dit  aulîI  en  Morale  ,de  tout  ce  qui 
n'a  rien  de  vif ,  ni  d'animé  ;  qui  eft:  fade ,  en- 
nuyeux,  froid  ,  énervé.  Iners  ,  marcidus  y  frigidus. 
Il  n'y  a  rien  de  plus  froid  Se  de  plus  languijj'ant  que 
le  ftyle  de  cet  Orateur.  Les  Vers  de  ce  Poète  (ont 
foibles  &  languijfans.  Onpallc  une  vie  bien  languif- 
fante  ,  quand  on  n'eft  touché  de  rien.  Le  Ch.  de  M. 
Les  plailirs  où  l'cfprit  n'a  nulle  part  ^  deviennent 
fades  (Se  languijfans.  Bell.  Tous  les  pas  d'un  Amant 
content  font  des  démarches  languijfantes.  S.  ÉvR. 

Tes  écrits  ,  il  eft  vrai ,  fans  force  ,  languillans  , 
Semblent  être  formés  en  dépit  du  bon  fens.  Boil. 

Languissant*,  fignific  encore,  pailîonné,  amoureux 
qui  m.irquc  beaucoup  d'abattement  ou  beaucoup 
d'amour.  Ces  Amans  fe  jetoicnt  des  regards  ten- 
dres Se  languiffans.  S.  HvR.  Je  ne  puis  fouftrir  ces 
languifjans  éternels  qui  en  veulent  à  toutes  les  Belles 
avec  uue  égale  ardeur.  M.  Scud. 

LANIANG.  Nom  d'une  petite  ville  de  l'Inde  de-là 
le  Gange.  Lanianum.  Elle  eft  capitale  d'un  petit 
Royaume ,  qui  eft  eutre  ceux  de  Pégu  &  de  Siam . 
&  tributaire  de  ce  dernier.   Maty. 

LANICE.  adj.  f  Qui  eft  fait  de  laine.  Ce  mot  ne  fe 
dit  guère  qu'en  cette  phrale  ,  Bourre-Awk?.  C'cft: 
la  bourre  qui  le  tire  de  la  laine  de  mouton  ,  foie 
avec  le  peigne  de  Cjrdeur  ,  ou  le  chardon  de  Bon- 
netier ,  ou  p.ar  les  Tondeurs  de  draps  Se  de  cou- 
vertures. Tomentum  laneum.  Il  eft:  défendu  aux  Ta- 
piûiers  de  mêler  du  lavcton  avec  de  la  bourre-Z^z-» 
nice  dans  la  fabrique  des  matelats. 

LANIER,  f  m.  Oifeau  de  proie ,  efpèce  de  faucon 
de  leurre.  Laniarius,  Il  a  le  bec  Se  les  pieds  bleus , 
Se  les  plumer  mêlées  de  noir  Se  de  blanc.  Il  eft 
bon  pour  la  perdrix  &  pour  le  lièvre.  Il  eft  le 
formé  ou  la  femelle  du  laneret.  Quelques-uns  déri- 
vent ce  nom  à  laniandis  avibus ^  Se  Jacques-Au- 
gufte  de  Thou  eft  aullî  d'avis  qu'il  vient  à  laniena  ; 
d'autres  à  ^;/m  lan,z  fmillimis.  En  1.3x1».  laniarius  , 
ajlerias. 

Lanier  François.  Laniarius  Gallorum.  Cet  oifeau 
eft  plus  connu  Se  beaucoup  plus  commun  en  France 
qu'aux  autres  pays  étrangers  :  ce  n'eft  point  ici  cette 
efpèce  de  Lanier  décric  par  Al'bert  le  Grand  ,  à 
caufe  de  fon  peu  de  courage  ,  mais  c'eft  celui 
qu'Aldi'ovand  nomme  le  Lanier  des  François  ,  parce 
qu'il  s'en  rencontre  quantité  en  France;  il  eft  plus 
petit  que  le  faucon  gentil  j  &:  eft  d'un  fort  btaa 
pennage ,  &  furpafle  le  facre  en  beauté.  Son  bec , 
fes  jambes  Se  fes  mains  font  bleues  ,  Se  fon  pennage 
eft  diverfifié  par  devant  de  noir  Se  de  blanc  :  ces 
taches  ne  vont  pas  de  travers  ,  mais  elles  diftin- 
guent  les  pennes  en  long  ,  à  la  différence  des  fau- 
cons ;  les  plumes  de  Ion  dos  ne  iont  pas  fi  couvertes 
de  taches ,  non  plus  que  celles  des  manteaux  Se  de 
fa  queue,  parledelfus  Se  à  la  partie  de  dehors;  & 
fi  par  hazard  on  y  découvre  quelques  tacheSj  elles 
font  petites ,  longuettes  Se  blanchâtres  ,  à  la  partie  des 
ailes  étendues  qui  panche  en  bas  ,  elles  paroillcnt 
courbées.  Se  tout  à- fait  différentes  des  autres  oifeaux 
de  proie  pour  la  figure  de  leurs  taches  ;  car  elles  font 
rondes  comme  de  petits  noyaux  femées  à  la  fuper- 
ficie ,  encore  que ,  comme  nous  avons  dit ,  les  pennes 
du  corps  év'  celles  de  devant  aient  des  marques 
étendues  en  long  &;  difpofées  fur  les  bords  ;  il  a  le 
cou  court  Se  gros  ^  <Sc  le  bec  de  même. 


414  L  A  N 

Pour  être  bon  ,  il  but  qu'il  Ibitde  moyenne  taille  , 
la  tête  moyenne  &  ronde  ,  de  gros  yeux  à  Heur  de 
tête;  quiHbit  tout  dune  pièce  ;  linon  deux  mailles; 
bien  relevés  de  m.ihuttes  ;  le  vol  long  &  bien  afiilé , 
qui  ne  croille  point  ;  bien  couvert  de  manteaux  ; 
la  mani  en  Jbrêije  .irdoiiéc  ,  grande  &c  dcliêe  ;  le 
champ  de  l'on  pcnnage  tirant  fur  le  roux  ,  &  qu'il 
foit  bordé  de  feu  fur  les  mailles  de  derrière,  ^oyei 
Laneret. 

Le  Lanier  ,  eft  fort  propre  au  vol  pour  champs, 
pour  rivière  j  &  à  toute  volerie.  Il  faut  fe  jgouverner 
envers  tous  les  oifeaux  du  leurre  ,  comme  envers  les 
faucons  :  il  n'a  pas  beaucoup  de  courage  ,  &  n'efl: 
pas  de  grande  entreprifc  ;  il  vole  de  laim  &  de 
iiéceilité  j  à  moins  que  ce  ne  foit  un  Lankr  de 
partage  ;,  il  n'ell  pas  beaucoup  agréable  en  fa 
volerie. 

Le  Laneret  ,  eft  beaucoup  plus  agréable  en  fa  vole- 
rie que  k  Lanier  ;  il  vole  pour  corneille  ,  pour 
courlis ,  &z  pour  les  champs  ;  il  elt  fort  aiie  à  gou- 
verner &  à  maintenir  en  bon  état  ;  il  n'eft  pas  Ci 
fujet  aux  maladies  que  le  Lanier  ,  &:  n'eft  pas  ii 
flegmatique. 

Le  Lanier  &  le  Laneret  doivent  être  tenus  pen- 
dant leur  mue  dans  un  heu  lain  &  tempéré;  ils 
font  familiers  &:  domeftiques  :  on  les  rr.aitc  au  com- 
mencement i'c  pendant  la  mue  comme  les  laucons  ; 
il  faut  leur  donner  des  viandes  chaudes. 

Martinot  dit  que  le  faacon  Lanier  cil  commun 
en  tous  pays  ,  &  partculièrement  en  France  ;  qu'il 
fait  fon  aire  fur  les  plus  grands  arbres  des  bois 
de  haute  futaie  dans  les  nids  des  corbeaux  ,  ou 
dans  les  rochers  qui  font  '  le  long  des  rivages  de  la 
mer;  qu'il  eft  de  moindre  taille  que  le  faucon  gen- 
til; que  fon  pennage  eft  très  beau  après  la  mue; 
qu'il  eft  plus  court  empiété  qu'aucun  des  autres 
faucons  j  &c  que  les  meilleurs  des  niais ,  ou. fors  j 
font  ceux  qui  ont  groïle  tête  ,  &  la  main  tirant 
fur  le  bleu  ;  qu'ils  font  bons  à  toute  volerie  & 
font  faciles  à  leur  vivre  ,  &  fupportent  mieux  le 
gros  pât  qu'aucun  autre  oileau ,  ôc  font  très  -  fami- 
liers c\:  ailés. 

Il  n'y  a  pas  d'oifeau  plus  paiiible  fur  la  perche  ; 
il  demeure  toujours  dans  le  pays  où  il  eft  né ,  &: 
n'eft  pas  de  pallàge  j  comme  les  autres.  Il  eft  beau 
coup  meilleur  en  été  &  en  automne  ,  qu'en  hiver. 
On  lui  donne  quelquefois  le  (urnoni  de  raucon  La 
nier  ;  &  parce  que  l'on  en  trouve  plus  commu- 
nément ;  qu'il  eft  beaucoup  plus  facile  à  gouverner 
&  entretenir  ,  qu'il  eft  plus  himiher  &  plus  ailé  j  l'on 
s'en  fert  plus  oi^inairement  en   France. 

Les  Laniers  ,  c-iui  ont  la  guirlande  blanche  autour 
du  cou ,  font  les  plus  courtois  cifeaux  de  ceux  de 
leur  efpèce  ;  &  félon  l'opinion  d'habiles  Faucon- 
niers, ils  lont  meilleurs  pour  perdrix  que  les  la- 
cres;  car  ils  endurent  plus  de  peine  &■  de  travail 
qu'aucun  autre  oileau  ,  <Sc  le  peuvent  réclamer  au 
poing  ,  8i  arrêter  en  toutes  manières  &  en  tous 
lieux  ;  mais  les  facres  font  plus  fjrrs  pour  rélifter. 
Il  y  a  une  elpècc  de  Lanier  qu'on  appelle  autre- 
ment Pie  grièche ,  en  Latin  Collurio.  Il  y  en  a 
de  deux  fortes  ,  qui  ne  iont  ditlcrciues  que  par 
leur  lexe. 

La  femelle  eft  de  la  grandeur  d'une  moyenne 
grive.  A  la  voir  de  loin  ,  le  champ  de  fon  pen- 
nage paroît  entièrement  gris ,  mais  de  près  fon  ventre 
&  fa  poitrine  paroillent  blancs  ,  fon  dos  eft  gris 
cendré.  Elle  a  une  très  -  grolle  tête  ,  &  les  yeux 
diftans  l'un  de  l'autre.  Depuis  l'ouverture  du  bec 
le  long  des  yeux  jutques  lur  le  cou  ,  elle  a  une 
marque  noire  ,  qui  eft  un  peu  oblique.  Elle  a  le  bec 
d'un  noir  luifant,  &  courbe  comme  celui  de  i'éi:er- 
vier  ;  le  delfus  l'eft  beaucoup ,  &  le  deftous  l'eft 
médiocrement  en  haut. 

L'autre  Lanier  ou  Pie  grièche  mâle  ,  en  Latin  La- 
niusmas  ,  eft  dune  plus  petite  taille  :  il  a  les  couleurs 
plus  lavées ,  &  le  dclius  de  la  tête  &  du  dus  d'un 
brun  moins  éclatant.  Ses  jambes  &c  fes  pieds  font 
bruns.    Son  bec  eft  û  fort,  qu'il  perccioit  un  gaat 


L  AN 

doublé  ,  &  blelferoit  encore  la  main  ;  auffi  cafte-t  il 
la  tète  &  les  os  des  oiltaux  qu'il  prend  très-facile- 
ment. Celui-ci  eft  appelé  Fie  grièche  ou  Lanier 
blanc  ,  en  Latin  Lanius  albus  ,  &  il  n'y  a  que  le 
bec,  les  jambes  &  les  ongles  qui  ne  le  loient  pas; 
car  le  bec  ik  les  ongles  font  noirs  ,  ik.  les  jambes 
jaunes  ,  étant  icmblable  pour  le  refte  au  précédent. 
Il  vit  de  papillons  &  grands  inleéles  ;  il  prend 
aufli  quelquefois  de  petits  oiieaux  ,  dont  il  cafte 
les  os  &  les  avale. 
Le  Lanier  ,  ou  Pie  grièche  mue  tous  les  ans  au  com- 
mencement du  printems  ;  il  n'a  point  de  chant;  il  fe 
foutient  comme  1  émcrillon  ,  &c  (e.  perche  toujours 
au  faite  des  arbres  :  il  agace ,  mais  non  pas  il  fort 
que  la  grande  pie.  On  l'a  ainli  appelé  à  cauk  que 
fon  pennage  eft  diveriiiîé  de  deux  ou  trois  couleurs. ,' 
Faultrier. 

Il  y  a  une  efpèce  de  Lanier  q\È  n'eft  point  le  La- 
nier François  dont  on  fe  lert  dans  la  Fauconnerie; 
mais  c'eft  un  oileau  de  rapine.  Il  eft  de  la  t.uile  du 
faucon  ;  le  dellus  de  la  tètceftplit  &  large  :  elle  eft 
très-groife  aulli  bien  que  fon  cou  ^qui  lont  d'un 
cendré  clair  j  de  même  que  le  ventre  ,  &  tout  le 
dcfïus  de  (on  dos  ,  de  les  cuilles,  de  fon  croupion  , 
ôc  le  deftous  de  fi  queue  ;  la  prunelle  de  Ion  œil 
eft  noire  ik.  environnée  d'un  eercle  jaune.  Entre  le 
grand  coin  de  l'œil  &c  le  bec  ,  il  a  une  tache  noire. 
Son  bec  tout  entier  eft  de  la  grolleur  d'un  doigt;  il, 
eft  noir  &  fort  courbé  ,  Ôc  crochu  à  Textrémité  : 
proche  de  la  tête  il  eft  couvert  d'une  membrane 
jaune.  Son  dos ,  le  delfus  de  les  manteaux ,  ôc  les 
plumes  qui  couvrent  les  grandes' pennes ,  que  les 
Fauconniers  appellent  les  témoins  aux  oifeaux  de 
proie  ,  &  le  haut  de  fi  queue  ,  lont  d'un  gris  qui 
tire  lur  le  brun  :  mais  les  couteaux  &  les  vanneaux 
foni;,  tout-à-fait  obicurs,  ou  pour  mieux  dire  rfoirs. 
Son  vol  eft  long  &  bien  aftilc ,  8c  pall'e  de  beau-  ' 
coup  le  croupion  ,  de  manière  qu'il  ne  s'en  faut 
qu'un  pouce  qu'il  n'égale  la  longueur  de  la  queue. 
Ses  cuilles  ne  lont  pas  entièrement  couvertes  de  plu- 
mes. Ses  jambes ,  qui  font  jaunes ,  font  fort  grêles 
à  proportion  de  la  grulleur  de  Ion  corps ,  ÔC  ne 
font  pas  plus  grolles  qu'un  tuyau  de  blé.  Les  doigts 
de  l'es  pieds  font  pareillement  grêles  ôc  jaunes  ;  ils 
font  garnis  de  petits  ongles  noirs ,  crochus  ,  me- 
nus &  très  foibles  ,  qui  font  tout  autant  de  figues 
de  fa  foiblelle  ,  ôc  de  fon  peu  de  courage.  Fault. 
Il  y  a  encore  une  autre  efpèce  de  Lanier  la.ns  cœur, 
que  1  on  pourroit  appeler  bule.  Il  a  le  bec  noir ,  cou- 
ronné lv'  jaune  ,  la  langue  large  ts:  noire;  le  cercle 
qui  environne  la  prunelle  large  ôc  jaune.  Sa  tête  & 
tout  Ion  dos  font  de  couleur  brune  un  peu  mêlée  de»' 
jaune.  Le  haut  des  ailes  eft  gris  cendré  ;  les  ailes  font . 
compofées  de iîx ordres;  les  trois  derniers  font  de  cou- 
leur de  rouille;  elles  lont  néanmoins  blanches  en  de- 
dans. Il  y  en  a  trois  tout-à-fait  noires  du  fécond  or- 
dre ,  qui  font  un  peu  blanchâtres  à  leurs  extrémités. 
Le  troilîème  ordre  eft  compofé  de  hx  pennes  blan- 
ches J  les  quatre  premières  def  quelles  lont  brunes ,  les 
deux  autres  traveifées  d'une  couleur  noire.  Le  qua- 
trième ordre  en  a  deux  châtain.  Le  cinquième  autant, 
mais  elles  font  dilpolées  de  manière  que  les  deux  der- 
nières vont  au  troilîème  ordre.  Le  fixième  &  dernier 
eft  compofé  de  trois  pennes ,  qui  répondent  aux  plu- 
mes du  quatrième.  Sa  queue  eft  fournie  de  douze 
pennes  j  dont  les  trois  premières  de  chaque  coin  lont 
blanches  ôc  marquées  de  taches  de  couleur  de  rouille 
lavé;  la  quatrième  eft  tachée  de  noir  ;  la  cinquième 
de  taches  brunes  &  de  couleur  de  rouille  ;  les  deu.t 
du  milieu  qui  couv|fent  les  autres  j  qui  pour  cette 
raiion  lont  .ippelées  couvertes,  lont  de  gris  cendré; 
le  croupion  eft  entièrement  blanchâtre.  Sa  poitrine 
eft  de  gris  cendré  ;  tout  le  refte  jufques  aux  cul  eft 
diverhfié  de  taches  de  couleur  de  rouille.  Ses  pieds 
font  jaunes  ,  fe-;  cuilles  revêtues  de  plumes  julques 
au  genoux.  Ses  jambes  lont  droites  comme  deux  bâ- 
tons ;  fes  ongles  noirs  j  longs  &  fort  crochus  quoi- 
qite  les  doigts  n'aient  pas  beaucoup  de  longueiu'. 
Faultrier.  . 


.    I 


LAN 


I 


I.ANIÈRE.  f.  f.  Bande  de  cuir  coupée  en  long  ,  &  allez 
;     étroite  j    fervant  à  ditlérens  ul.jges.  Hahcna ,  loruin. 
Les  fouets  donc  les  eni^ans  fouettent  leurs  Libots  iont 
faits  de  lanières  de  cuir.  On  fait  des  jarretières  avec 
des  lanières   ëc  des  iboucles.  On  attache  les  oifeaux 
de  proie  avec  des  lanières. 
LANIFÈRE,  adj.  m.  &c  i.  Lanigerus  .  Épithètc  que  l'on 
donne  aux  arbres  qui  portent  une  fubllance  l.uneuîe 
ou  cotonncufe  ,  telles  que  celles   que   l'on  trouve 
ordinairement  dans  les  chatons  du  laule.  Dict.  ut 
James. 
LANIL.  f.  m.  Nom  d'une  plante  du  Chili ,  en  Améri- 
que. Lanil  efl  une  elpèce  d'Indigo  qui  teint  en  bleu. 
Frézier.  ,p.  J2. 
LANION.   i^Jom  d'une  petite  ville  de  France.  Lanio- 
num.  Elle  ell  dansTÉveché  de  Tréguier,  en  BrctagnÇj 
à  trois  lieues  deTiéguier  ,.  vers  l'occident  méridional. 
Maty. 
DCTLANISTE.  f.  f.  Terme  d'Hiftoire  Ancienne.  Ccft 
ainfi  qu'on  nommoità  Rome ,  les  Maîtres  des  Gladia- 
teurs ,  c'ell  à-dire  ,  ceux  qui  les  achetoicnt ,  &c  les 
vendoient  cnfuite  au  Public ,  .après  les  avoir  formés. 
Lantjla. 
LANKAN,  ou  LANCAN.  Grande  rivière  d'Afie,  qui 
fejette  dans  le  Golfe  de  la  Cochinchine  ,  vis-à  visde 
l'Ile  d'Hairan. 
LANMEUR,    ou  LANDMEUR.    Nom  d'un  ancien 
^    bourg  de  France.  Lanmurium  ,  autretois  Kerfunccum. 
Il  ell  dms  rÉvêchè  de  Tréguier,  en  Bretagne  ,  près 
de  la  côte  ,  à  fix  ou  fept  lieues  de  la  ville  de  Tréguier , 
vers  le  couchant  méridional.  Maty. 
LANNOY.  Nom  d'une  petite  vilk  des  Pays  Bas.  Lan- 
noya ,  Alnetum.  Elle  ell  dans  la  Chatellenie  de  Lille 
en  Flandre,  encre  Lille  &  Tournay ,  à  deux  lieues  de 
la  première  ,   &  à  trois  de  la  dernière.  Maty. 
LANQUART.  Nom  d'une  rivière  d'Allemagne.  Lan- 
garus.  Elle  elf  dans  la  Rhétic  ,  palîe  près  de  Malans, 
&  ie  jette  prèsde-là  dans  le  Rhin. 
LANQLERRE.  f.  f.  Peau  en  forme  de  gros  &  large 
bourrelée ,  qui  fe  mec  au  dclfous  des  reins  en  forme 
de  ceincure  ,  &  qui  foucienc  un  homme  lur  l'eau 
LANSAC.  Nom  d'un  village  de  France,  en  Provence. 
Lar.Jacum.  Hadr.  de  Valois,  Not.  Gall.p.  i  S  p.  croit 
que  c'ell  l'ancien  Clanum  ou  Glanum  ,  ville  des  an- 
ciens Saliens  dans  Pcolomée.  Lanfac  efi:  fur  le  bord 
du  Rhône  encre  Tarafcon  &  Arles.  Pline  l'appelle 
Glanum  Livii ,  ôc  Mêla  Glanon  ;  nuis  Bouche  dans 
fon  Hiftoire  de  Provence,  L.  III.  c.  j.  p.  r^tf.  veuc 
que   ce  foie  S.  Remy  ,   encre  Cavaillon  &    Arles; 
&:  le  P.  Hardouin  le  fuie  dans  tes  Noces  fur  Pline  ,  & 
die  que  Bouche  le  prouve  excellemment. 
Lansac.  C.  m.  Nom  d'une  efpèce  de  poire,  qu'on  ap- 
pelle auffi  la  Dauphine ,  &  en  quelques  endroics  Li- 
chefnon  d'automne.  Sa  grolfeur  ordinaire  efl:  comme 
celle  des  Bergamoces ,  &  il  n'y  en  a  de  bonnes  que 
les  petiees;  (a  figure  efl:  encre  ronde  &  place,  place 
par  la  cète  ,  &  un  peu  allongée  vers  la  queue  ;  fa  cou- 
leur efl:  d'un  jaunâtre  pâle  ;  (on  eau  efl:  iucrée  ^  un  peu 
parfumée  :  elle  a  fa  peau  lillê  ;  fa  chair  jaunâtre ,  ten- 
dre &  fondante  ;  -fon  œil  gros  &  à  Heur;  fa  queue 
droite  &:  longuetee,  alTez  gcolîe  &  charime.  Il  y  en 
a  qui  font  parfaites  pour  le  goût ,  mais  ce  n'eif  que 
quand  elles  font  médiocrement  grolfeSj  &  que  lur 
touc  la  plûparc  de  leur  peau  elf  j  pour  ainli  dire , 
couverte  d'un  manteau  roux   ou  minime  ,   ce  qui 
arrive  fouvenc  à  celles  qui  fonc  venues  dans  les  cerres 
féches ,  ou  en  arbre  de  tige.  Car  d'un  autre  côcé  cecce 
elpèce  de  poire  efl  pâeeufcj  infipide  ,  Se  en  un  moc 
une  des  plus  imparfaiees,  quand  elles  viennenc  dans 
un  fond  froid  &  humide,  principalemenc  enbuiflon. 
Elle  mûnt  à  l'encrée  de  Novembre.   L'Amadoce  ,  le 
Bciidéry  ,  &  fur  touc  la  poire  de  Lanfac  pour  l'aucom- 
ns  )   &c  généralcmenc  prefque  couces  les  poires  d'hi  - 
ver,  quilonc  bonnes  à  manger  crues,  font  admirables 
cuites ,  pourvu  qu'on  les  meece  au  feu  avanc  qu'elles 
foicnc  arrivées  en  macuricé  ;  car  aucrcmenc  la  cuilfon 
les  réduic  en  bouillie. 
LANSBERGIUS.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  les  Aftonomes 
donnent  a  l'une  de:  taches  de  la  Lune.  C'efi:  celle  du 


LAN  415- 

numéro  9  du  Catalogue  du  P.  Riccioli.  Ce  nom  cil 

tiré  du  célèbre  Alfroiiome  Philippe  Lansberg. 

LANSCl  lET.  f^oyei  Lencici. 

LANSON.  i.  m.  Pecic  poilfon  de  mer  ,  que  la  morue 
fuir  ,^&  donc  elle  elf  friande.  Il  ^'cn  pèche  beaucoup 
aux  environs  de  l'Ile  Percée,  fur  la  cote  de  l'Arcadie, 
où  il  va  s'échouer  pour  éviter  la  morue  qui  le  pour- 
fuie.  Il  lert  de  boiee  ou  d'appâe  aux  Pécheurs  de  mo- 
rue. Denys  ,/*./.  C  p. 

LANSPEÇADE.  Foye:ç  Ansi'E3sade,&  Lansespezza- 
DE.  Quelques-uns  écrivcnr  LanfpéJ'ade. 

LANSQUENET.  Foye^  Landsquenet. 

Lansquenet.  Jeu  de  hal.u"d  qui  fe  joue  avec  des  carces. 
On  y  donne  a  chacun  une  carte,  fur  laquelle  on  mec 

,  ce  qu'on  veuc,  celui  qui  a  la  main  fe  donne  la  lien- 
ne  ,  il  tireenluite  les  carres  ,  &  s'il  amené  la  henné  , 
il  perd  :  s'il  amené  quelqu'une  des  autres ,  il  gagne. 
Le  Lanfquenet  cÙ.  défendu.  Voyei^  le  Traité  de  Po- 
lice de  M.  de  la  Mare  ,  L.  III.  Tu.  IF.  C.  6.  p. 
467.  &  fuiv.         ^       , 

Lanfquenet  fe  die  aulll  du  lieu  où  l'on  joue  au  Lanfque- 
net,  tîc  aux  ancres  jeux  femblables.  C'efl:  un  Che- 
valier de  Paris ,  il  faie  fes  Car.ivanes  dans  les  Lanfque- 
ncts.  Le  Sage  ,  Turearet ,  Acl.  L  Se.  I. 

LAN  LA.  Perite  ville  de  France  dans  le  Hauc-Languc- 
doc  ,  au  Diocèle  de  Touloufe. 

LANTAINE.  Nom  d'une  rivière  de  Franche-Comeé. 
Lantana.  La  Lantaine  fe  jccce  dans  la  Saône  encre 
Foulcougncz  &  ConHans.  Hadr.  'Val.  Not.  Gall. 
p.  310. 

LANTEAS.  Grandes  barques  Chinoifes ,  donc  les  Por- 
tugais de  Macao  fe  fervent  pour  faire  le  commerce 
de  Canconj 

LANTER,  ou  LENTER.  v.  a.  Terme  de  Chaudron- 
nier. C'eft  faire  avec  la  téce  du  marceau  de  pecices 
façons  &  de  pecics  agrémens  fur  le  cuivre  qu'on  a 
mis  en  œuvre.  C'eft  le  planer  ,&  imprimer  des  coups 
de  marteau  par  ordre.  Lanter  un  chaudron.  Lanter 
le  couvercle  d'une  marmite. 

LANTERNE,  f.  f.  Vailfeau  fait  de  matière  rranfparence , 
fervane  à  conferver  la  lumière  qu'on  tranfporce  ,  ou 
qui  efl:expofée  au  vent  ëc  à  la  pluie.  Laterna.  Lanterne 
de  verre  j  de  corne  ,  de  papier,  de  cale  ,  de  coile.  On 
caxe  pour  les  lanternes  qu'on  mec  la  nuie  dans  les 
rues.  La  lanterne  d'Epiéléce  fuc  vendue  aucrefois 
3000  àis.gmts.'L-x lanterne àe.  Diogène  écoicune  pièce 
cuiieufe  chez  les  Anciens  'La  lanterne  de  Judas  fe 
gardoie  au  Trélor  de  S.  Denys»  comme  une  pièce  cu- 
rieufc  &  ancique. 

Lanterne  vienc  du  Lacin  lanterna  ,  qui  efl  dérivé  de 
lateo ,  je  fuis  caché ,  parce  que  le  feuell  caché  dedans, 
eo  quod  lucem  habeat  interiùs  claufam ,  die  Ifidore, 
&  Lambin  aufll  fur  le  Prologue  de  l'Amphycrion  de 
Plauee.  Mais  laterna  ,  lanterne,  a  été  tiré  du  Celti- 
que letern ,  die  le  P.  Pezron.  Lanterne ,  félon  Saumai- 
fe  ,  fur  Lampridius  , /J.  iSç.  s'eft  formé  de  lato, 
parce  qu'une  lanterne  porce  la  lampe  ,  ou  la  lu- 
mière. 

Lanterne  fourde  ,  efl:  une  lanterne  de  fer  blanc,  ou 
noirci ,  qui  n'a  qu'une  ouvercure  ,  qu'on  ferme  quand 
on  veuc  cacher  la  lumière,  de  façon  que  celui  qui  la 
porce  voit  fans  ècrc  vu-  Les  Anciens  avoienc  aulîî.  des 
lanternes  lourdes  ,  mais  elles  difléroienc  des  nôcres. 
Elles  étoienc  couverces  de  quatre  peaux  fur  les  quatre 
côtés,  &  crois  de  ces  peaux  écoiene  noires,  &  une 
f?ulemenc  écoie  blanche.  Cafaubon  qui  les  décric  ainfi , 
a  ciré  cecce  defcripcion  d'un  Manufcric  de  Julius  Afri- 
canus.  On  s'en  fervoie  fur  couc  à  la  guerre  quand  on 
vouloir  dérober  la  nuie  fa  marche  aux  ennemis.  Les 
Anciens  fe  iervoienc ,  comme  on  faie  encore  aujour- 
d'hui ,  de  veilles  pour  faire  des  lanternes.  Il  y  a  eu 
dans  le  moyen  âge  des  lanternes  militaires  ,  donc  on 
actribue  l'invencion  à  Manuel  Comnène  ,  Empereur 
de  Conflantinople.  Foye^  l'Hiftoire  de  Manuel  par 
Cinnamus,  liv.  F.n.  i.  Adhelmus  dans  Ton  Poëme, 
De  laude  Virginum ,  décrie  une  lanterne  de  verre. 
Aucrefois  on  en  feifoic  de  corne  de  bœuf  lauvage 
appelé  Urus.  Pline  die,  'Liv.  FUI.  c.  i s-  que  cecce 
corne  coupée  en  petites  lames  minces  étoic  cranfpa- 


4i6  LAN 

rente.  On  cite  fur  les  lanternes  de  corne  ,  Pl.iutc  , 
dans  le  Prologue  de  TAmphytrion  ,  &  Martial,  Liv. 
XIl^.  Ep.  6i.  Ileft  vrai  qu'ils  y  parlent  àc  lanternes , . 
mais  ils  n'en  dilent  point  la  matière.  Car  pour  le  titre 
de  l'Épigramme  de  Martial ,  lanterna  cornea  j  cft  on 
bien  sûr  qu'il  foit  de  Martial  Itù-mêmeî 

On  appelleyc>i{^t'«  à  laraernes  j  ceux  qui  repré- 
fentent  une  /awrcra?  de  papier  ,  dont  l'.iis  fupérieur, 
quand  on  le  levé,  demeure  parallèle  à  1  ini-cricur 

Il  y  a  à  la  Chine  une  fête  célèbre  qu'on  appelle  la 
fête  des  LaJiterncs.CtiWt  quinzième  jour  du  premier 
mois  ;  on  le  nomme  le  jour  oii  la  fête  des  Lanternes  , 
parce  qu'on  en  (ulpend  d.ms  toutes  les  maifons  &  dans 
les  rues  en  fi  grand  nombre  ,  que  c'eil  une  fureur 
plutôt  qu'une  fête.  On  en  allume  peut-être  plus  de 
deux  cens  millions  ce  jour-la.  (^n  a  outré  en  cette 
matière  une  cérémonie  ,  qui  d'ailleurs  eût  pu  êu'e  to- 
lérée ,  comme  pluiieurs  autres  coutumes ,  pour  s'ac- 
commoder au  caprice  du  peuple  ,  &  qui  ell  deve- 
nue par  un.  entêtement  ridicule  le  plaifir  le  plus  fé- 
rié ux  des  gens  de  qualité. 

On  expolc  ce  jour  là  des /ii«fc'r/2(r.î  de  toutes  lottes 
de  prix;  quelques  unes  coûtent  julqu'à  deux  mille 
écus  ;  &  il  y  a  tel  Seigneur  qui  retranche  toute  l'an- 
née quelque  choie  de  la  table  ,  de  les  habits,  de  fon 
équipage,  pour  être  magnifique  en  lanternes.  Ce 
n'eft  pas  la  matière  qui  coûte  ■,  la  dorure  j  la  fculptu- 
re ,  les  peintures ,  la  foie  &;  le  vernis ,  en  font  toute 
la  beauté:  pour  la  grandeur,  elle  eft  énorme.  On 
en  voit  de  vingt  cinq  à  trentepieds  de  diamètre.  Ce 
font  des  laies  ,  ou  des  chambres  ,  &  trois  ou  quatre 
de  ces  machines  feroient  des  appartemens  fort  raifon- 
nables  i  de  lorte  qu'à  la  Chine  on  peut  manger  ,  cou- 
cher ,  recevoir  des  vihtes ,  reprélenter  des  comédies , 
&  danler  des  ballets  dans  une  lanterne.  Il  faudroit 
pour  l'éclairer  y  allumer  un  feu  de  joie  ,  tel  que 
nous  le  reprélentons  dans  nos  places  publiques  ; 
mais  comme  on  en  feroit  incommodé ,  on  fe  con- 
tente d'y  mettre  un  nombre  infini  de  bougies ,  ou 
de  lampes ,  qui  de  loin  tont  un  fort  bel  etfet.  On  y 
rcpréfente  aulll  divers  fpeélacles  pour  divertir  le 
peuple  ,  &  il  y  a  des  gens  cachés  ,  qui  par  le  moyen 
de  pluiieurs  petites  machines,  font  jouer  des  marion- 
nettes de  grandeur  humaine  ,  dont  les  aftions  font 
fî  naturelles  ,  que  ceux  mêmes  qui  en  Gvent  l'artifi- 
ce ,  ont  de  la  peine  à  ne  s'y  pas  méprendre. 

Outre  ces  lanternes-  wiov&mzxx^çs ,  il  y  en  a  une 
infinité  d'autres  médiocres.  J'en  ai  vu  non-feulement 
de  propres ,  mais  encore  de  magnifiques.  Elles  font 
ordinairement  cornpofées  de  iix  t-aces,  ou  panneaux  , 
dont  chacun  fait  un  cadre  de  quatre  pieds  de  haut ,  & 
d'un  pied  &  demi  de  large  ,  d'un  bois  vernis  ,  &  orné 
de  quelque  dorure.  Ils  y  tendent  une  toile  de  foie  fine 
&  tranfparente  ,  fur  laquelle  on  peint  des  Heurs  ,  des 
rochers,  &  quelquefois  des  figures  humaines.  La  pein- 
ture en  cft  belle ,  les  couleurs  vives  ;  &  quand  les 
bougies  font  allumées  ,  la  lumière  y  répand  un  éclat , 
qui  rend  l'ouvrage  tout-à-fait  agréable. 

Ces  fix  paneaux  joints  enfemble  compofent  un 
hexagone  furmonté  par  les  extrémités  de  fix  figures  de 
fculpture ,  qui  en  font  le  couronnement.  On  y  fuf 
pend  tout  autour  de  larges  bandes  de  fitin  de  toutes 
couleurs  en  forme  de  rubans,  avec  divers  autres 
ornemens  de  foie  qui  tombent  fur  les  angles,  fans 
rien  cacher  de  la  peinture ,  ou  de  la  lumière.  Les 
Chrétiens  len  fervent  quelquefois  pour  l'ornement 
des  Egliles.  Les  Chinois  en  (ulpendcnt  aux  fenêtres 
dans  leurs  cours  ,  dans  les  lalies  ,  &  quelquefois  dans 
les  places  publiques.  La  fête  des  Lanternes  eft  encore 
célèbre  par  les  feux  de  joie,  qui  paroident  en  ce  tems- 
là  dans  tous  les  quartiers  de  la  ville. 
Lanterne  ,  qu'on  nomme  auiîî  P/ioir ,  terme  de  Ga- 
zier.  Inftrument  rond  qui  fert  aux  Gaziers  à  ôter  la 
foie  de  deft'us  l'ourdilloir  ,  pour  la  mettre  fur  les 
deux  enlubes  du  haut  du  métier  à  gaze. 
Lanterne  ,  en  termes  de  Guerre  ^  Inftrument  de  Ca- 
nonnier  dont  on  fe  fert  pour  charger  le  canon.  On  le 
nomme  aulfi  Cuiller  à  charger,  yoyçi  et  mot.  Lan- 
ternes  ou  cuillers  à  charger.    De  la  Font. 


LAN 

Elle  eft  faite  en  lornic  d'une  longue  cuiller  ronde, 
&  eft  attachée  au  bout  d'un  bâton. 
Lanterne  à  mitrailles ,  eft  un   bois  rond  concave  en 
forme  de  bocte  qu'on  remplit  de  mitrailles  pour  en 
charger  un  canon. 
Lanterne  à  gargoulfes.  Terme  de  Marine.  Etui  de  bois 
dans  lequel  on  met  les  gargoulTcs  pour  les  porter  en 
h.aut. 
Lanter  ne,  en  termes  d'Orfèvre,  eft  la  partie  d'une  crofle 
d'Evêque  ,  ou  d'un  bâton  de  Chantre  ,  qui  eft  grofte& 
à  jour,  qui  en  quelque  laçon  rcpréfente  une /a/îrcr- 
ne.  Les  crolfes  &  bâtons  d'argent  doivent  être  con- 
tremarques  aux  valcs  ,  fonds  de  lanterne  ,  dômes  , 
douilles  &  croilillons ,  fuivant  les  Statuts  des  Or- 
fèvres. 

ipF  Lanterne  ,  en  termes  de  Méchanique  ,  eft  une  pe- 
tite roue  dans  laquelle  engrenne  une  autre  roue ,  un 
rouet  ,  un  hérillon.  Elle  diffère  du  pignon  en  ce  que 
les  dents  du  pignonfonr  fiillanrcs ,  &:  placées  au  dellus 
&  autour  cie  toute  la  circonférence  :  au  lieu  que  les 
dents  de  la.  lanterne ,  h  on  peut  les  appeler  ainli,  ne 
(ont  proprement  que  des  trous  pratiqués  au  dedans  du 
corps  mcrne ,  où  les  dents  d'une  autre  roue  doivent 
entrer. 

Lanterne  ,  en  termes  d'Horlogerie  ,  eil  de  même  une 
petite  roue  placée  au  centre  d'une  grande;  elle  tient 
lieu  de  pignon  dans  les  grolîes  Horloges.  Les  lanternes 
font  compolées'dc  fufeaux  ronds ,  cylindriques ,  mon- 
tés &:  rivés  entre  deux  plaques  parallèles.  Il  (croit  à 
fouhaiter  que  l'on  pût  exécuter  les  lanternes  en  petit, 
avec  autant  d'égalité  &  de  facilité  que  l'on  foit  les  pi- 
gnons ,  pour  s'en  lervir  dans  les  montres  ;  mais  l'exé- 
cution en  eft  trop  difticile  :  on  doit  former  les  ailes 
des  pignons  en  général ,  autant  qu'il  fera  polfible  ,  far 
la  forme  d'une  lanterne ,  quoi  qu'en  puillent  dire  les 
partilans  dufentiment  contraire.  On  fe  tcrt  plus  volon- 
tiers de  lanternes  pour  les  grolîes  Horloges ,  &  de  pi- 
gnons pour  les  montres.  Les  dents  des  roues  engren- 
ncnt  dans  les  ailes  des  lanternes  ou  des  pignons.  Le 
pignon  ou  lanterne  qui  conduit  une  roue  ,  doit  avoir 
fes  ailes'  un  peu  plus  larges  que  les  dents  de  la  roue 
qui  eft  conduite  ,  &  les  ailes  d'un  pignon  qui  eft 
conduit,  leront  plus  ferrées.  Le  P.  Alexandre.  Les 
dents  de  la  grande  roue  engrenant  dSns  la  lanterne 
qui  eft  fur  l'axe  de  la  roue  moyenne  ,  l'obligent  à 
tourner.  Idem. 

Lanterne  de  Moulin,  eft  un  pignon  à  jour  fait  en  for- 
me de  lanternes  ,  qui  cft  compolé  de  deux  tourtes, 
ou  pièces  de  bois  rondes  ,  au  bord  defquelles  lont . 
des  fufeaux  où  s'engrennentèv' s'accrochent  les  dents 
de  la  roue  intérieure  du  moulin  qui  hit  tourner  les 
meules. 

Lanterne  ,  en  Architecture  ,  eft  une  conftruftion  de 
charpente  qui  le  met  au  plus  haut  des  dômes  &  des 
p.avillons,  où  il  y  a  d'ordinaire  quelques  fenêtres  pour 
leur  donner  plus  de  jour. 

Lanterne,  fe  dit  aulll  d'une  cage  carrée  de  charpente, 
garnie  de  vitres  ,  au  delfus  du  comble  d'un  corridor 
de  dortoir,  ou  d'nne  galerie  entre  deux  rangs  de 
boutiques  pour  l'éclairer,  comme  il  s'en  voit  à  la 
bourfe  de  Londres. 

Lanterne  d'efcalier,  eft  une  tourelle  élevée  au-delfus 
d'une  plate-forme  ,  ou  terrafté ,  pour  couvrir  la  cage 
ronde  d'un  eicalier  par  où  l'on  y  monte  ,  qui  fe  prati- 
que dans  les  pays  chauds  ,  où  les  terraffes  fervent  de 
couvert'ure  ;  &:  comme  il  s'en  voit  de  pierre  à  lenteur 
de  la  plupart  des  dômes. 

Lanterne  d'Eglife  ,  eft  une  petite  tribune  en  forme  de 
cage  de  menuiferie  vitrée  ,  ou  fermée  dejalouiies  ,  qui 
feVt  d'oratoire  dans  une  Eglife ,  pour  prier  Dieu 
avec  moins  de  diftraiftion. 

Lanterne  ou  Écoute,  cft  aulli  un  petit  cabinet  de  me- 
nuiferie ,  fermé  de  jalouhes ,  qu'on  élève  dans  des 
lieux  où  le  font  des  aèlions  publiques ,  pour  placer 
quelques  perfonnes  qui  veulent  écouter  fins  être 
vues.  Il  s'étoit  gliiré  dans  la  lanterne  de  la  Grand- 
Chambre  ,  quand  on  plaidoit  fa  caufe. 

Lanterne  magique ,  eft  une  petite  machiiie  d'Optique, 
qui  lait  voir  en  grand ,  fur  une  mur.xille  blanche  ou 

fur 


LAN 

fuf  une  toile  ,  diffcrens  objets ,    ditfcrcmcs  (îguir s 
peintes  en  petit  fur  des  morceaux  de  vcne.  Elle  cil: 
compofée  d'un  miroir  paniboliquc   qui  réfléchit  la 
lumière  d'une  bougie  j  dont  la  lumière  fort  par  le  pe- 
tit trou  d'un  tuyau ,  au  bout  duquel  il  y  a  un  verre 
de  lunette,  Se  entre  deux  on  coule  luccellivemcnt 
plulîeurs  petits  verres  peints  de  diverfes  hgures,lcf- 
quelles  Ce  repréfentent  fur  la  muraille  oppofée  ,   en 
plus  grand  volume.  Le  premier  qui  a  eni'eigné  la  conl- 
truéiion  de  la  lanterne  magique  efl:  Swenterus  ,  en  ion 
livre ,  Delicu  Aluchemacicu.  Le  P.  Kircher  &  Keft- 
Ictus  ,  Jéluites,  en  ont  aulll  écrit,  &  avant  tous, 
Roger  Bacon,  Anglois,  en    avoir    donné  quelque 
idée. 
^trCeux  qui  ûvent  les  principes  de  la  Catoptrique  & 
de  la  Dioptrique  comprendront  focilement  tout  le 
mécanilme  de  la  lanterne  magique.  Ils  verront  que 
l'on  met  au  fond  de  la  boëte  un  miroir  concave  de 
métal,  afin  que  les  rayons  envoyés  par  la  chandelle 
placée  au  foyer  de  ce  miroir,  fbient  réfléchis  parallè 
les  fur  des  figures  peintes  en  petit  avec  des  couleurs 
fort  tranfparentci  (ur  des  verres  très-minces ,  que  l'on 
a  mis  au  commencement  du  tuyau  mobile  de  ix  lan- 
terne magique.  Ils  verront  encore  que  puifquc  ces  pe- 
tites figures'peintes  (ur  le  verre  ,  &:  vivement  éclairées 
par  derrière  j  n'envoient  fur  la  muraille  que  des  rayons 
de  lum.ière  qui  ont  paflé  par  deux  verres  convexes  , 
donton  a  eu  foin  de  garnir  le  tuyau  de  la  lanterne ,  ces 
petites   figures   doivent  être  peintes  en  grand  fur  la 
muraille.  Une  des  propriétés  des  verres  convexes  eft 
de  grolîîr  les  objets.  Enfin  ils  verront  que  piiilquelcs 
verres  convexes  repréfentent  les  objets  dans  une  fîtua- 
tion  oppofée  à  celle  qu'ils  ont ,  il  eft  nécellaire  de 
renverfer  les  figures  que  l'ont  veut  repréfenter  fur  la 
muraille  dans  leur  état  naturel. 

La  lanterne  magique  dont  l'Abbé  Nollet  donne  la 
defcription,  5.  vol.  de  ks.  leç.  de  Phyf.  a  fon  tuyau 
mobile  garni  de  trois  verres  lenticulaires.  Mais  alors , 
il  faut  mettre  les  objets  d'abord  après  le  premier  verre 
lenticulaire ,  &  placer  la  chandelle  un  peu  plus  bas 
que  le  foyer  du  miroir  de  métal  ,  afin  que  les  rayons 
de- lumière  foient  réfléchis  divergens  par  la  furfaee  de 
ce  miroir. 
^f3'  Pour  faire  une  lanterne  magique  fans  le  fecours  d'un 
verre  de  métal ,  placez  d'abord  une  chandelle  allumée 
au  fond  de  la  boëte;  mettez  enfuite  un  verre  con- 
vexe ,  après  ce  verre  convexe  mettez  les  objets ,  puis 
à  quelque  diftance  des  objets  un  fécond  verre  convexe 
qui  les  repréfente  en  grand  iur  la  muraille. 
Lanternes,  ell  aullî  un  inftrument  d'Effayeur  d'orév: 
d'argent ,  qui  eft  une  petite  conftrudtion  de  menuife- 
rie  en  forme  de  petit  cabinet ,  ou  de  tabernacle,  dans 
laquelle  font  fufpendus  deux  trébuchets  ou  balances 
très-fines.  Le  defïus  &  les  côtés  font  fermés  avec  du 
verre ,  pour  empêcher  l'aâion  de  l'air  fur  le  trébu- 
chet. 
Lanterne,  au  pluriel,  fe  dit  figurcment  des  fadaifes, 
dei'  fots  contes ,  des  difcours  impertinens.  Tout  ce 
que  vous  me  dites ,  ce  font  des  lanternes.  Il  eft  fami- 
lier. 

On  dit  proverbialement  en  parlant  d'un  fot  &  d'un 
crédule  à  qui  l'on  fair  croire  tout  ce  qu'on  veut,  même 
les  chofes  les  plus  abfurdes  ,  qu'on  lui  feroit  croire  que 
des  vellies  font  des  lanternes. 
LANTERNEAU.  f.  m.  Termes  de  falines.  Ce  mot  fe 
trouve  écrit  avec  une  apoftrophe  après  la  lettre  / ,  ce 
qui  femble  marquer  qu'il  y  a  un  article ,  &:  qu'on 
doit  dire   &  écrire  anterneau  :  cependant  ce  mot  a 
toujours  une  /  avec  apoftrophe  dans  un  Traité  ma- 
nufcrit  fur  la  manière  de  fiire  le  fel ,  &  dans  la  plan- 
che gravée  d'un  marais  falant,  où  les  noms  de  cha- 
que partie  fe  trouvent  fins  article.  XJ Anterneau  eft 
la  petite  chauffée  qui  fépare  les  méans  dans  les  ai- 
res; elle  eft  terminée  de  chaque  côté  par  les  bral 
féaux. 
LANTERNER,  v.  a.  Fatiguer  ,  importuner  par  des  dif- 
cours ridicules  ,  impertinens.  Odium  creare  ,  odium 
cffene.  Je  ne  fais  ce  qu'il  me  vient  lanterner.  Il  n'eft 
que  du  difcours  familier. 
Tome  y. 


A  N 


417 


V- 


L'on  me  lanterne /ej  oreilles. 
Quand  on  me  dit  qu'un  repas ,  &c. 


Lanterner  ,  v.  n.  Signifie  auflî ,  S'amufJér  à  la  bagatelle, 
n'aller  point  au  folidc  ,  ne  conclure  rien.  Incptè  in  re 
aiujuâ  tcrgiverfari.  Cet  homme  ne  fait  que  lanterner 
tout  le  jour.  Il  ne  fait  que  lanterner,  marchander 
tout ,  &  n'achette  rien.  Que  diantre  iantcrnez-vcJuj 
tant  ?  dit  Sénecé  à  un  homme  qui  fait  de  grands  àïÇ-3 
cours,  au  lieu  d'aller  droit  au  but.  Il  eft  aullî  fa- 
milier. 

LANTERNE  RIE.  (.  f.  Difcours ,  ou  chofe  de  peu  d'im- 
portance. Inania  verha.  Il  ne  dit  que  des  lanterne- 
ries  y  il  ne  s'amufe  qu'à  des  lanternenes.  Il  eft  fami- 
lier. 

LANTERNIER.  f.  m.   Celui  qui  a  foin  d'allumer  les  ' 
lanternes  des  rues.  Latcrnarius.    On  le  dit  aullî  de 
l'ouvrier  qui  fait  ou  qui  vend  des  lanternes. 

fCFOn  le  dit  figurémcnt,  mais  dans  le  ftyle  familier 
feulement,  d'un  difeur  de  fadaifes.  Nuga  ,  nugator 
ineptus.  'Ho.  vous  amufez  pas  à  ce  qu'il  vous  dit  j  c'eft 
un  vrai  lanternier. 

fCFOn  le  dit  de  même  d'un  homme  qui  ne  peut  pren- 
dre aucun  parti  ,  que  la  moindre  difficulté  arrête. 
Cejjator.  N  efpérez  pas  conclure  avec  lui,  c'eft  un 
lanternier,  un  franc  lanternier. 

LANTERNISTES.  f.  m.  Nom  d'Académiciens  établis 
à  Touloufe.  Les  noms  de  la  plupart  des  Académies 

Italiennes ,  paroillent  bifarres  tk.  extraordinaires 

Nos  Lanternifies  de  Touloufe  femblent  avoir  voulu 
fympathifer  avec  l'Italie  à  cet  égard-là.  Merc.  de 
Janv.  17^2. 

En  1 69  5  &  en  1 696 ,  Mlle  l'EIéritier  eut  le  prix  de 
rAcadémi;  des  Lanternifies  de  Touloufe.  Ce  fut  en 
lui  adjugeant  le  fécond,  que  cette  célèbre  Académie 
l'admit  dans  fon  corps ,  honneur  qu'elle  n'avoir  en- 
core accordé  à  aucune  dame.  Journ.  des  Sav.  Decem. 

1734- 

Ces  Académiciens  ont  été  ainfî  nommés  ,  parce 
qu'avant  que  leur  Société  fût  érigée  eu  Académie  ,  ils 
s'aflembloient  la  nuit ,  éclairés  par  de  petites  lanter- 
nes fC*"Ces  Meflieurs  ne  fe  formalifcrent  point  du 
fobriquet ,  &:  pour  conferver  le  fouvenir  de  leur  ori- 
gine ,  ils  prirent  pour  devife  une  étoile  avec  ces 
mots  Lucerna  in  nocle. 

Sp-LANTERNON.  f.  m.  Terme  d'Architefture,  di- 
minutif de  lanterne.  Sorte  de  coupole.  Il  refte  un 
point  (touchant  la  reftauration  du  Panthéon  )  fur  le- 
quel je  n'ai  garde  de  vouloir  juftifier  ceux  qui  le  pro- 
pofent.  C'eft  le  lanternon  à  placer  fur  le  grand  œil 
de  la  voûte.  Lettre  fur  le  Panthéon.  Mém.  de  Trév. 
Nûvemh.  I  jsS.  Cette  idée  n'eft  cependant  pas  de 
l'Architeéire ,  elle  vient  de  plus  haut,  &  on  y  eft  tel- 
lement attaché,  qu'on  ne  veut  point  entendre  parler 
d'embellir  la  voûte,  à  moins  qu'on  ne  la  garantille 
par  ce  lanternon ,  des  injures  du  tems.  Il  faut  avouer 
que  cette  ouverture  de  la  voûte  eft  extrêmement  in- 
commode pour  ceux  qui  font  dans  l'Eglife.  Par  là, 
tombent  avec  la  pluie ,  la  neige ,  la  grêle ,  des  rhu- 
mes &  des  catharres  de  toute  efpèce.  Mais  le  boucher 
par  un  coupolin  ,  c'eft  furcharger  l'édifice  ,  c'eft  alté- 
rer l'effet  de  la  lumière  qu'il  reçoit  par  cet  œil ,  c'eft 
faire  difparoître  tout  l'artifice  de  l'ancien  Archi- 
teiîle.    Id. 

LANTIONE.  f.  f.  Sorte  de  bâtiment  qu'on  voit  dans 
les  mers  de  la  Chine.  Il  approche  fort  des  galères  de 
l'Europe  :  il  a  feize  rangs  de  rameurs ,  huit  à  chaque 
côté ,  &  fix  hommes  à  chaque  rang.  Les  Corfaires 
des  mers  de  la  Chine  fe  fervent  fouvent  de  lantiones. 

LANTIPONNAGE.  f.  m.  Mot  bas  &  burlefque ,  pour 
dire  importunité  ridicule ,  difcours  frivoles  &  impor- 
tuns. Importunitas  ,  cejfatio.  Monlieur  le  Médecin, 
que  de  lantip^nnage  ?   Mol. 

LANTIPONNER.  Terme  populaire  &  burlefque,  quf 
fignifie  tenir  des  difcours  frivoles,  inutiles  &  impor- 
tuns ,  fans  aller  au  fait.  CeJJare ,  nugari.  Vous  ne  faites 
que  lantiponner  :  venons  au  fait. 

LANTRIGUET.   Foyei  Tréguier. 

Ggg 


8 


LAN 


LANTURE.  f.  £  Terme  de  Chaudronnier.  Ce  font  les 
petites  façons  ,  les  petits  agrémens  qu'on  fait  avec  le 
marteau  'fur  le  cuivre  lorfqu'il  efl:  travaillé.  Cette 
lanturc  eft  belle  &  bien  rangée-    Voyc\  Lanter. 

-LANTURLU.  Terme  populaire,  Ip'qui  n'a  point  de 
fens  proprej'&  dont  on  le  fert  pour  faire  connoitre 
qu'on  ne  croit  point  une  chofe  dont  on  parle,  ou 
pour  marquer  un  refus  accompagné  de  mépris.  Le 
Roi  leur  a  répondu /a/zr/zr/uj  Voit.  Cette  façon  de 
parler  eft  tirée  d'un  refrain  de  chanfon  ou  fameux 
vaudeville  qui  eut  grand  cours  en  1619.  Lanturlu  , 
lanture.  L'air  de  ce  vaudeville  étant  brufque  &  mili- 
taire, des  vignerons  féditieux  attroupés  l'année  fui- 
vante  à  Dijon ,  un  jeudi  au  foir  28  de  Février ,  &  tout 
le  jour  du  lendemain  premier  de  Mars,  furent  de  là 
nommés  Lanturlus ,  parce  qu'ils  faifoient  battre  cet 
air  fur  le  tambour  par  la  ville  pendant  leur  marche. 
Ils  pillèrent  plufieurs  maifons  ,  &  cette  lédition  , 
quand  on  en  parle ,  eft  encore  appelée  le  Lanturlu  de 
Dijon.  Glqffaire  Bourguignon.  Scarron  ,  lïv.  VII  de 
fon  Virgile  cravejli ,  donne  à  ce  terme  une  explica- 
tion fort  burlefque. 

Latin  ,  le  dijcours  entendu  , 

Leur  répondit  Lanturelu  : 

Ce  mot ,  en  langage  vulgaire , 

Veux  dire  :  Alle\  vous  faire  faire  : 

Je  ne  faurois  honnêtement 

Vous  l'expliquer  plus  clairement. 

^  LANUAS.  f.  m.  pi.  C'eft  le  nom  que  les  Apalachi- 
tes  donnent  à  leurs  Alédecins  qui  (ont  auffi  leurs  Prê- 
tres ou  Sacrificateurs  du  foleil.  Ils  ont  une  longue 
robe  faite  de  peaux  de  diverfes  bêtes  fauvages ,  cou- 
pées par  bandes  de  diftérente  grandeur,  dont  les  poils 
de  diverfes  couleurs,  préfcntent  aux  yeux  un  mélange 
affreux.  Cette  robe  qui  leur  tombe  julqu'au  dellous 
du  gras  de  la  jambe ,  eft  ferrée  par  le  milieu  avec  une 
ceinture  de  cuir  de  cerf  ,  à  laquelle  font  attachées 
trois  ou  quatre  eicarcellcs ,  ordinairement  remplies 
de  plufieurs  fortes  d'herbes  auxquelles  ils  attribuent 
de  grandes  propriétés  pour  la  guérilon  de  plufieurs 
maladies  qui  régnent  particulièrement  dans  ce  pays. 
Par  delîlis  cet  habillement  ,  ils  portent,  au  lieu  de 
manteau,  la  dépouille  entière  d'un  lion,  d'un  tigre 
ou  d'un  Léopard ,  dont  la  tête  &  les  pattes  qui  font 
sèches ,  leur  pendent  fur  l'ellomac  &  des  deux  côtés. 
Ils  ont  les  oreilles  percées,  &:  ils  y  attachent  certains 
petits  oifeaux  noirs  endurcis  à  la  fumée.  Soit  par 
coutume  ,  foit  par  fuperftition  ,  ils  ont  en  tout  tems 
les  pieds  nus ,  mais  leur  tête  eft  couverte  d'un  bonnet 
fort  haut  qui  aboutit  en  pointe ,  &  qui  eft  compofé 
de  deux  peaux  avec  leur  poil ,  marquetés  de  diftéren- 
tes  couleurs ,  &  les  plus  hideufes  qu'ils  puiffent  trou- 
ver. Leurs  braSj  nus  jufqu'au  coude ,  font  marqués 
de  plufieurs  caradl:ères  &  de  plufieurs  figures  faites 
dans  le  tems  de  leur  promotion  à  ces  charges  de  Sa- 
crificateur &  de  Médecins,  par  ceux  qui  règlent  leur 
religion.  Ces  prijicipàux  Miniftres  ou  Surintendans, 
après  les  avoir  deftînées  fur  la  peau  de  leurs  difciples  , 
y  font  des  piquûres  jufqu'au  lang  ,  qu'ils  étanchent 
auffitôt  en  jetant  fur  la  plaie  la  cendre  d'une  certaine 
écorce  d'arbre  qui  laifte  à  la  cicatrice  une  couleur 
brune  que  rien  ne  peut  eftacer. 

LAN-VETHELIN ,  ou  LANVILLIN.  Nom  d'un  bourg 
de  la  Principauté  de  Galles,  en  Angleterre.  LanvilU- 
nun.  Il  eft  dans  le  Comté  de  Montgommery  ,  à  cinq 
lieues  de  la  ville  de  ce  nom ,  &  vers  le  Comté  Dcn- 
big.  On  croit  que  ce  bourg  eft  l'ancienne  Medïolanum 
Ordovicum.  Cité  des  Ordovices.  Maty. 

|Cr  LANUGINEUX,  EUSE.adj.  Terme  de  Botanique  , 
qui  s'applique  aux  plantes  &  aux  parties  des  plantes, 
qui  font  couvertes  d'une  elpèce  de  duvet  ou  coton 
femblable  à  de  la  lune.  On  le  dii  aulîî  des  fruits. 
'9  9  Lanugmofus.  Les  pelotes  de  mer  font /iZ/2a^//z(?i/_/è^.  Il 
eft  quantité  de  plantes  dont  les  feuilles  font  lanugineu- 
fès  :  telles  (ont  la  molaine,  la  guimauve;  l'agnus- 
caftus,  la  belladon.1,  le  bouillon  blanc  ,  letullîïage, 
réthiopienne,  &<:.  Voyez  Poils,  en  Botanique. 


L  A  O 

LANUSURE.  f.  f.  Terme  de  Plombier.  Pièce  de  plomb 
qui  ell:  au  droit  des  arrêrières ,  &  lous  les  amortille- 
mens.  On  l'appelle  auffi  ^tî/^i^e.  Il  y  en  a  qui  écrivent 
anufure  pour  lanufure ,  comme  (1  le  mot  de  Yauufure 
renfermoit  l'article  la. 

LANZANI.  f.  m.  Nom  d'un  animal  d'Afrique.  Lani^a- 
nifera.  Jacques  de  Vitri ,  dans  Ion  hiftoire  d'Orient, 
chap.  S p  ,  parle  du  Lan\ani ,  &C  dit  qu'il  eft  11  terri- 
ble par  fa  cruauté ,  que  jufques  au  lion  même  les  bétes 
les  plus  féroces  &  les  plus  fortes  le  craignent. 

LANZANO.   Voyei  Lanciano. 

LANZO.  Axima.  Ville  d'Italie  au  Piémont  ,  fur  la 
Sture. 

L  A  O. 


LAO.  Le  Royaume  de  Lao.  Laum  Regnum.  C'eft  un 
Royaume  de  l'Inde  de  la  le  Gange.  Il  eft  borné  au  le- 
vant par  celui  de  Tunquin  -,  au  midi ,  par  celui  de 
Camboye  ;  au  couchant ,  par  ceux  de  Siam  &  de  Pé- 
gu  ;  &  au  nord ,  pjr  les  peuples  qu'on  nomme  Gnai. 
Ce  pays,  étendu  depuis  le  14"^  degré  de  latitude  juC 
qu'au  22,  50  minutes  ,  elt  tout  environné  de  mon- 
tagnes remplies  de  grandes  forêts  &:  de  précipices,  & 
qui  en  rendent  l'entrée  fort  difHcile  ;  mais  le  dedans 
du  pays  eft  très  fertile  en  riz  qui  pafte  pour  le  meil- 
leur de  l'Orient ,  en  coton ,  en  beftiaux  &  en  f el ,  qui 
s'y  forme  d'une  manière  toute  fingulière.  Car  après 
qu'on  a  coupé  le  riz,  les  pluies  &  les  vents  produifent 
fur  la  terre  une  écume  fort  blanche ,  qui  étant  durcie 
par  le  foleil  ell:  de  fort  bon  fel.  On  trouve  encore 
dans  ce  pays  quantité  de  benjoin,  de  la  laque,  du 
miel ,  de^  la  cire ,  de  l'ivoire  ,  du  mufc  ,  de  l'ambre 
rouge ,  &  même  de  l'or  &  de  l'argent  que  l'on  pêche 
dans  les  rivières  avec  des  filets  de  fer.  Ce  Royaume  eft 
baigné  par  la  rivière  de  Lao,  qui  y  forme  plulieurs 
canaux.  Sa -ville  capitale,  que  l'on  place  au  18^  degré 
de  latitude,  &  qu'on  appelle  Langione,  eft  fort  gran- 
de ,  à  caufe  du  Palais  du  Roi  qui  a  une  étendue  pro- 
digieufe.  L'air  eft  (1  bon  dans  le  Royaume  de  LaOy 
que  les  hommes  à  cent  ans  y  font  capables  de  porter 
les  armes.  Le  Roi  de  Lao  eft  il  abfolu  ,  qu'il  eft  maî- 
tre de  toutes  les  terres,  cnforte  qu'elles  ne  peuvent 
palier  des  pères  aux  enfans  que  par  grâce.  Il  étoit  an- 
ciennement tributaire  de  la  Chine,  mais  il  s'eft  af- 
franchi de  cette  férvitude  à  la  faveur  des  montagnes 
qui  environnent  fon  pays.  Les  habitans  du  pays  qu'on 
nomme  Langiens ,  &  qui  font  fans  doute  les  mêmes 
que  les  Layes  des  petites  cartes  de  Sanfon,  comme  la 
rivière  de  Lao  ,  eft-  le  Mécon  de  ces  mêmes  cartes  ;  ces 
peuples,  dis  je ,  (ont  Païens,  &  croient  la  trantnii- 
gration  des  âmes;  ils  ne  s'attachent  qu'à  l'agricultute, 
à  la  chalFe  ou  à  la  pêche.  Quoiqu'ils  foient  robuftes, 
ils  ne  font  pas  guerriers ,  &  on  dit  qu'ils  ne  défendent 
leurs  pays ,  quand  leurs  voillns  y  veulent  entrer, 
qu'en  empoifonnant  les  rivières  Maty. 

LAOCOON.  f.  m.  Frère  d'Anchife ,  étoit  Prêtre  d'A 
Ion  &  de  Neptune  en  même  tems. 

LAODAMIE.  f.  f.  Teime  de  Mythologie.  Fille  de 
lérophon  &  d'Achémone ,  fut  aimée  de  Jupiter,  dont 
elle  eut  Sarpédon,  Roi  de  Lycie. 

Laodamie.  Femme  de  Protétilas. 

Laodamie,  Princefle  d'Epire  ,  que  les  Epirotes  aflôm' 
mèrent  auprès  de  l'autel  de  Diane  où  elle  s'étoit  réfu- 
giée. » 

LAODICE.  f.  f.  Mère  de  Niobé ,  félon  quelques  uns. 

Laodice.  f.  f.  Fille  d'Agamemnon  &  de  Clytemneftre, 
Son  père ,  dit  Homère ,  l'offrit  en  mariage  à  Achille 
pour  être  le  fceau  &  le  lien  de  leur  réconciliation. 

Laodice.  f.  f.  Reine  de  Cappadoce ,  qui  fit  empoifonnet 
cinq  de  fes  enfans.  Elle  fait  le  fujet  d'une  Tragédie 
de  Thomas  Corneille. 

Laodice.  f.  f.  Fille  de  Priam  &  d'Hécube  ,  fut  mariée  en 
premières  nc)ces  à  Télephe ,  fils  d'Hercule.  Ayant 
été  abandonnée  de  Ion  époux  ,  fon  père  la  remaria  a 
Hélicaon  ,  fils  d'Anténor  ,  qui  fut  tué  peu  de  tems 
après.  On  voyoit  encore  dans  la  Phrygie  le  tombeau 
de  cette  Princelfe  du  tems  de  Maximus,  Préteur  de 
l'Afle ,  qui  le  fit  réparer. 


» 


L  A  O 

LaodicF..  f.  f.  Fille  d'Agapciioi-  ,  qui  commandoit  les 
troupes  Ai-cadicnncs  au  liège  de  Troye. 

LAODICÉE.  Nom  d'une  ville  de  Syrie,  anciennement 
Arcliicpifcopale.  Laodicea,  Laodkea  ad  Libanum. 
Elle  elt  aujourd'hui  fort  peu  importante.  Elle  porte  le 
nom  de  Lyclie  ou  de  Ladikia,  &  elle  eft  fur  la  côte  de 
Syrie,  à  lix  ou  l'ept  lieues  au  midi  d'Antioche.  L'inf- 
cription  de  fcs  médailles  cil  AAOAu^hv.a  'liiM  uroE 
«AArtSS/iN.  Elle  n'eft  jamais  fur  (es  médailles,  ni  co- 
lonie, ni  métropole.  P.  Hardouin. 

iAODicÉE,  ou  Laudiésa,  cil  une  autre  petite  ville  de 

Syrie.    Laodkea^  Laodkea  Cabiofa.    Elle  eft  à   la 

fource  du   Farfar  ,   à  fix  ou  fcpt   lieues   au-deflus 

d'Hcms.   Laodicée  ctoit   anciennement^  Epifcopale  , 

.  ful-îragante  de  Damas.  Maty.  Après  la  ("édition  d'An- 

,tioche,  Théodofe  le  Grand  la  priva  de  la  qualité  de 

■f métropole,  qu'il  transféra  à  Laodkee ,  ville  voifine 
d'Antioche  ,  &  toujours  jaloufe  de  fi  grandeur.  Til- 
..LEMONT.  C'eft  cette  Laodkee  qui  infcrit  les  Médail- 
les, lOÏAlEI'iN  KaI  AAOAlKEiîN  ,  &C  AAOAIKEQN   TX2N 

nri;s  AiliANON;  car  c'eft  la  même  ville  felo"!!  le  P. 
Hardouin.    D'autres  ont  prétendu  qite  la  première 
infcription  étoit  celle  de  Laodkee  fur  mer.  Sous  les 
Empereurs  ,  les  médailles  ne  nous  repréfentent  ja  - 
^    mais  que  cette  Laodkee.  Elle  étoit  alors  jjartagée  en 
deux  villes,  la  vieille  &  la  nouvelle.  La  nouvelle  fut 
bâtie  du  tems  de  Jules  Céfar,  &  elle  en  prit  le  nom 
de  I  iTAitUN'.  C'eft  celle-là  feule  qui  eft  métropole  fur 
quelques  médailles  ,    ou  métropole  &  colonie   fur 
d'autres.  P.  Hardouin;  Les  deux  Laodkées  de  Syrie 
écrivent  leur  nom  en  caraètère  Latin  ,   LAUDIK- 
THON  ,  ou  LAODIKTHON  ,   celles  d'Afie ,  ja- 
mais. Id. 
LaodicéEj  ou  Ladick.  C'étoit  anciennement  une  ville 
conlldérable  de  la  Galatie,  dans  l'Aùe  Mineure.  Lao- 
dicea  combujla.  Elle  fut  ruinée  par  un  tremblement 
de  terre ,  &  par  les  Hammes  qui  fortirent  du  (ein  de 
la  terre.    Ce  n'eft  plus  qu'un  village  de  la  Caramanie 
en  Natolie ,  fitué  au  levant  de  Cogni ,  &  au  fepten- 
trion  de  Tachia,  ou  Antioche.  Maty. 
Laodicée.    Ville  autrefois  célèbre  &  Archiépifcopale 
de  la  grande  Phrygie  en  TAiie  Mineure.   Laodkea  ad 
Lycuni.  Cette  ville ,  dont  Saint  Jean  reprend  11  vive- 
ment l'Eglife  ,  Apoc.  III,  eft  entièrement  ruinée. 
Les  Turcs  appellent  fes  ruines  Eskihillar  ,  &  on  les 
trouve  dans  la  Natolie  propre ,  fiK  le  Licho ,  un  peu 
au-delïïis  de  fon  confluent  avec  le  Madré.  Maty. 
Laodicée  vient  de  ;>.<=;■ ,  ôcpopulus  AV., ,  jus ,  comme  qui 
diroit  JUS  popuU.  P.  Royal  ,  ou  plutôt  comme  qui 
diroit,  lieu  où  l'on  rend  juftice  au  peuple. 
LAODICÉEN,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  quel- 
qu'une des  quatre  Laodicèes  dont  on  a  parlé.  Laodi- 
cenfis.  Lorfque  cette  lettre  aura  été  lue  parmi  vous , 
ayez  loin  qu'elle  foit  lue  aullî  dans  l'Eglile  de  Laodi- 
cée ,  &  qu'on  vous  life  de  même  celle  des  Laodkéens. 
•P.  R.  Colojf.  IV.  i6.  LEpitre  de  S.  Paul  aux  Laodï- 
céens  que  l'on  avoir  dans  les  premiers  fiécles  de  l'E- 
glife ,    étoit  apocryphe.    La  véritable  Epitre  de  cet 
Apôtre  aux  Laodkéens  étoit  perdue  dès-lors. 
LAODS.  Voyei  Lods. 

LAOMÉDON.  f.  m.  Fils  d'Ilus  &  père  de  Priam  , 
régna  à  Troye  ving  deux  ans.  Il  fit  environner  la  ca- 
pitale de  11  fortes  murailles,  qu'on  attribua  cet  ou- 
vrage à  Apollon,  dieu  des  beaux  Arts.  Les  fortes  di- 
gues qu'il  fit  faire  aull:  contre  les  vagues  de  la  mer  , 
palferent  pour  l'ouvrage  de  Neptune  -,  &  comme  dans 
la  fuite ,  les  vents  &  les  inondations  ruinèrent  une 
partie  de  ces  ouvrages  j  on  publia  que  Neptune  ayant 
été  fruftrè  de  la  rècompenfe  qui  lui  avoir  été  promif e , 
s'etoit  vengé  du  perfide  Laomédon. 
LAON.  Prononcez  LAN.  Nom  d'une  ville  du  Gouver- 
nement de  l'Ifle  de  France.  Laudunum  ,  Lugdunum 
Clavatum.  Elle  eft  capitale  du  Laonois,  contrée  de 
Picardie.  Cette  ville,  fituée  fur  une  montagne,  à  fix 
lieue;  de  Soiirons ,'  du  côté  du  nord ,  eft  grande  ,  fogi- 
j  fiée  &  Epifcopale  :  fon  Evcque  ,  qui  porte  le  nom  de 
I  Duc ,  eft  un  des  douze  anciens  Pairs  de  France  &  fuf- 
fragant  de  Reims.  Laon  eft  au  milieu  d'une  grande 
campagne,  dans  laquelle  s'élèvent  pluficurs  éminen- 
Tome  V 


LAP  419 

ces  qu'on  peut  appeler  plutôt  des  boftes  que  des  colli- 
nes, ni  des  montagnes.  Elle  eft  b.'itie  fur  la  plus  haute 
de  toutes  ,  &  en  occupe  la  tête  en  forme  prcfque 
d'une  coufonne,  ayant  un  circuit  alfe^  fpacitux,  Hc 
avec  cela  un  grand  tiiuxbourg.  Ses  coteaux  fout  plan- 
tés de  vignobles  ,  o^i  n'y  peut  aborder  de  quelque  • 
côté  que  ce  foit  qu'en  montant ,  &  autrefois ,  à  caufc 
de  cette  aillette,  elle  fut  ellimée  bien  forte.  MÉze- 
RAYj  T.  III.  p.  I  oSû .  Laon  étoit  le  fiége  des  Rois 
de  la  féconde  race  au  dixième  liéclc.  Mézerai ,  dans 
Louis  d'Outremer,  T.  I.p.j^r.  Laon  fut  érigé  en 
Evêché  l'an  496,  fous  le  règne  de  Clovis;  il  faifoit 
auparavant  une  partie  du  Diocèfc  de  Reims. 

LAONE,  ou  SAINT  JEAN  DE  LAONE.  Nom  d'un 
bourg  de  Uourgogne.  Latona  ,  Laona. 

Ce  nom  s'eft  formé  de  celui  de  Latone,  en  retran- 
chant le  r,  parce  que  cette  divinité  Payenne  y  avoir 
autrefois  un  Temple ,  &  y  étoit  honorée.  Il  ,y  a  au- 
jourd'hui une  Eglife  dédiée  à  Saint  Jean  ,  d'où  il  a  pris 
le  nom  de  Saint  Jean  de  Laone.  On  l'a  appelé  aulii  le 
Pont  de  Laone.  Ce  lieu  eft  fur  la  Saône ,  entre  Dijon 
&  Dole.  Valef  'Noc.  Gall.  p.  26 4. 

LAONOIS,  OISE.  f.  m.  c^  f.  Qui  eft  de  Laon.  Zaa^a^ 
nenjls ,  Clavas. 

Laonois.  Nom  d'une  contrée  de  Picardie,  Province 
de  France.  Laudunenjis  pagus  ,  Clavates.  LQ^aonois 
eft  l'Evêché  de  Laon.  Hincmar  l'appelle  Laudunenjis 
pagus ,  ou  Comhatus.  Dans  la  divihon  que  fit  Louis 
le  Débonnaire  de  fon  Royaume  entre  fes  enfans,  le 
Laonois  étoit  entre  le  Rémois  &  le  Mutelgou ,  ou  le 
pays  de  la  .Mofelle.  P^oye^  Hadr.  Valef.  Not.  Gall. 
p.  2S p.  &  fuiv. 

LAORINA.  'Voyei  Lauria. 

LAOSYNACTE.  f.  m.  Nom  d-^un  Officier  dans  lEglifc 
Grecque.  Laojynacles.  L'Ofhce  du  Laofynacle  étoit 
d'allbmbler  les  Diacres  &  de  les  appeler  tous  par  leur 
nom,  pour  voir  s'il  n'en  manquoit  point.  Les  Laofy- 
nàcles  alfembloient  auill  le  Prince  &  le  peuple,  & 
c'eft  dc-là  qu'ils  prenoicnt  leur  nom. 

Ce  mot  eft  Grec,  compofc  de  A««r , peuple ,  Se  de 
stjixya,  j'ajjemble. 

LAP. 

LAPATHIOS.  Nom  d'une  ville  aujourd'hui  réduite  en 
village.  Lapkhus ,  Lapachos ,  Lapethcs.  Elle  a  pour- 
tant un  Evêque  du  Rit  Grec,  &  elle  eft  fituée  fur  la 
côte  feptentrionale  de  l'Ile  de  Candie ,  près  du  Cap 
de  Cormachifti.  Maty. 

LAPATHUM.  f.  m.  Sorte  de  plante  qu'on  appelle  au- 
trement Parelle ,  bu  Padencc.  Vo.yez  Patience. 

Lapathum  vient  du  mot  Grec  ;^.>^»<^M■.-n■ ,  purger;  car 
on  prétend  que  cette  plante  eft  purgative.  • 

LAPER.  V.  n.  Boire  à  la  manière  des  chiens  &  de  quel- 
ques autres  animaux  ,  en  tirant  l'eau  avec  la  langue. 
More  canum  kïhere.  Les  chiens  ,  les  renards  j  les 
loups  lapent. 

^CTOn  le  dit  auftl  de  la  manière  dont  ces  anim.aux 
mangent  les  chofes  fluides.   Alors  il  eft  atlif. 

La  Cko^me  au  long  bec  ne  put  attraper  mktte  , 

Et  le  drôle  eut  lapé  le  tout  en  un  moment.  La  Font. 

LAPEREAU,  f.  m.  Quelques  uns  difent  LAPREAU. 
Petit  lapin  de  l'année.  Tener  cunkulus.  On  fert  des 
accolades  de  lapereaux. 

LAPHISTIUM.  Nom  d'une  montagne  de  Béotie.  La- 
phiftium.  Jupiter  y  étoit  honoré. 

LAPHYRE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Surnom  de 
Minerve.  Laphlra.  Elle  étoit  .ainfi  nonuinée  ,  comme 
qui  diroit  Laphyria  ,  de  ^^çup»; ,  dépouilles ,  butin  , 
parce  qu'elle  étôit  la  déelfe  de  la  guerre ^,  &  que  c'é- 
toit elle  qui  faifoit  fairedu  butin,  remporter  les  dé- 
pouillef  des  ennemis. 

LAPHYSTIEN ,  ENNE.  f  m.  >-V  f.  Qui  a  quelque  rap- 
port au  mont  Laphiftium.  Lapkiftius ,  a  On  trouve 
dans.Paufanias,  Jupiter  Lapkyftkn  ,  &:  les  Bacchantes 
Laphypcnnes.  ^  ..,,,. 

LAPIDAIRE,  f.  m.  Ouvrier  qui  raille  les  pierres  p:c-. 

Ggg  i; 


420       L  A  P 

cicufes ,  Marchand  qui  les  débite ,  ou  celui  qui  eft 
expert  à  les  connoître.  Gemmarius.  Il  y  a  bien  de 
l'art  à  être  bon  Lapidaire  j  à  bien  tailler  les  di.imans. 
On  appelle  auili  Lapidaires ,  les  Auteurs  qui  ont  écrit 
des  pierres  précieuks,  comme  duRoluel,  Berquen  , 
Boot,  &c. 

Lapidaire,  adj.  Style  lapidaire.  C'eft  un  ftyle  propre 
aux  infcriptions.  Il  tient  le  milieu  entre  les  vers  &  Li 
profe.  Il  faut  également  éviter  un  Ityle ,  ou  trop  froid, 
ou  trop  brillant.  Cicéron  en  a  prefcrit  les  règles: 
Accédât  oportet  oratio  varia  ,  vehemens  ,  plena  animi , 
plena  fpiritùs.  Omnium  fententiarum  gravitate  ^  om- 
nium verborum  ponderibus  eft  utendum.  Le  ftyle  lapi- 
daire ,  qui  étoit  péri  avec  les  vieux  monumens ,  a  été 
renouvelle  au  commencement  de  ce  lîècle  par  le 
Comte  Emmanuel  Thefauro.  On  l'emploie  aujour 
d'hui  à  toutes  fortes  d'ufages,  à  la  tête  des  Livres ,  ou 
en  forme  d'Epitres  dédicatoires  ,  ce  qui  n'a  point 
d'exemple  chez  les  Anciens.  S.  EvR. 

LAPIDATION,  f.  f.  Du  Latin  lapis ,  pierre.  C'eft  le 
fupplice  de  ceux  qu'on  tuoit  a  coups  de  pierre.  La- 
pidado.  Saint  Paul  alîllla  à  la  lapidation  de  Saint 
Etienne.  La  lapidation  étoit  ordinaire  chez  les  Juifs. 
On  abandonnoit  les  criminels  au  peuple,  qui  les  al 
fommoit  à  coups  de  pierres.  Les  témoins  jettoient  les 
premières. 

LAriDATioN.  C'eft  le  nom  d'un  jour  de  Fête  que  les 
Eginétes  célébroient  en  mémoire  de  deux  tîUes  de 
Crète  qu'ils  avoient  tuées  à  coups  de  pierres  dans  une 
"f édition. 

LAPIDER.  V.  a.  Tuer  quelqu'un,  Tairommer  à  coups 
di  pierres.  Lapidibus  obruere.  Jésus  Christ  empêcha 
les  Juifs  de  lapider  la.  femme  adultère.  Dans  les  émo- 
tions populaires,  on  court  rhque  d'être  lapide'.  Le 
Roi  les  fit  lapider.  AblAnc.  Sigebert  étant  audî-tôt 
monté  à  cheval ,  alla  droit  aux  mutins  que  fa  préfence 
déconcerta.  Il  fit  prendre  les  plus  infolens  ïk  les.  fit 
lapider  à  la  vue  de  l'armée.  C'eft  l'unique  exemple 
que  je  trouve  dans  notre  Hiftoire ,  de  cette  efpèce  de 
châtiment  pour  des  foldats.  P.  Daniel,  Htft.  de  Fr. 
T.  L.  p.  ijo. 

Lapider  ,  fe  dit  figurément  en  parlant  des  gens  qui  s'é- 
lèvent avec  chaleur  contre  ceux  qui  font  ou  qui  difent 
quelque  chofe  qui  les  choque.  Si  vous  témoigniez  du 
mépris  pour  les  femmes ,  elles  vous  lapideraient. 

LAPIDÉ,  EE.  part.  Lapidibus  obrutus. 

LAPIDIFICATION.  f.  f.  Terme  de  Chimie.  Action 
par  laquelle  on  convertit  quelque  fubftance  en  pierre. 
Lapidificatiû.  Ce  qui  arrive  en  failant  dilloudre  quel- 
que métal  dans  un  elprit  corrofif ,  &  bilant  cuire  la 
dillolution  en  confiftance  de  pierre.  La  lapidijkation 
le  fait  des  métaux ,  des  Tels  fixes  &  des  fcls  des  plantes  ; 
ce  qui  le  dit  aulli  quand  on  fait  des  pieires  artificielles. 

^C?  Le  terme  de  lapidification ,  lignifie  proprement  for- 
mation des  pierres.  C'eft  un  tetme  employé  dans 
l'Hiftoire  naturelle  ,  pour  marquer  l'aéHon  par  la- 
quelle la  nature  forme  les  pierres  par  le  moyen  de 
certains  fucs  qu'on  appelle  lapidifiques,  chargés  de 
parties  tcrreufes  qui  s'unllFent  ,  ou  fe  criftallifent. 
Ainiî,  \d. lapidification  eft  bien  différente  de  L\ pétrifi- 
cation, par  laquelle  la  nature  change  ou  convertit  en 
pierre  des  fublhrnces  qui  n'appartenoient  point  aupa- 
ravant au  règne  minéral.   Voye-^  Pétrification. 

LAPIDIFIER.  V.  a.  Terme  de  Chimie.  Réduire  les  mé- 
taux en  pierre  par  le  moyen  de  leur  calcination.  In 
lapidem  convertere. 

LAPIDIFIQUE.  adj.  Qui  fe  dit  des  fubftances  propres  a. 
former  les  pierres.  Suc  Lapidifique.  In  lapidem  con- 
vertens.  Tous  les  minéraux  s'engendrent  par  un  fuc 
lapidifique  de  la  terre.  Auprès  de  Nacfinan  ,  il  y  a  un 
ruilFeau  lapidifique  qui  fe  convertit  en  peu  de  tems  en 
pierre  dans  des  rélcrvoiis  qu'on  creufe  exprès;  &  un 
grand  Car.avanferat  voifm  eft  tout  bâti  de  ces^ierres  , 
comme  témoigne  Tavcrnier. 
LAPIN ,  LAPINE,  f.  m.  &c  f.  Périr  animal  fauvage  qui 
fe  fî3"  retire  pendant  le  jour  dans  des  trous  qu'il 
creufe  en  terre,  qu'on  .appelle  terriers,  où  il  habite 
avec  {'es  petits.  Cuniculus.  On  l'appeloit  .autrefois  Co- 
nil.  Il  eft  à-peu-près  de  la  taille  du  lièvre,  avec  lequel 


L  AP 

il  a  beancoap  de  rapport  dans  la  conformation  du 
corps.  Il  eft  blanc  tk  gris ,  ou  marqueté.  Il  z  les  oreil- 
les longues  &  droites  tic  la  queue  courte.  Les  lapins 
de  garenne  font  exccUens  à  manger.  Ceux  de  clapier , 
qu'on  nourrit  dans  des  cours  &C  dans  des  greniers ,  ne 
valent  rien ,  ik.  on  les  appelle  des  mangeurs  de  ckoux. 

Sur  un  lièvre  flanqué  de  fix  poulets  étiques , 
ParoiJ] oient  trois  ïa'çms ,  animaux  domefiiques , 
Qui  dès  leur  tendre  enfance  élevés  dans  Paris  y 
Sentaient   encor  le    chou  dont  ils  jurant  nourris. 

BoiL. 

Il  y  a  aulîî  des  lapins  que  les  Rotiireurs  appellent 
lapins  huijfonniers  ,  parce  qu'ils  fe  tiennent  toujours 
dans  les  bullFons.  Ils  ne  (ont  pas  tout-à  fait  li  bons 
que  les  lapins  de  garenne  ,  mais  ils  valent  beaucoup 
mieux  que  les  lapins  de  cLipier.  11  y  a  des  lapins  d'In- 
de qui  font  blancs.  Les  lapins  peuplent  beaucoup ,  Sç 
les  femelles  portent  tous  les  mois  cinq  ou  lix  petits, 
quelquefois  fept  ou  huit.  On  appelle  les  femelles 
hafies.  Un  jour  à  la  table  de  M.  de  Mefmes ,  un  mau- 
vais Pùëte  failoit  fonner  bien  haut  des  vers  d'un  aftez 
mauvais  goût  qu'il  avoit  compofés  à  la  louange  du 
lapin,  fouile  titre  de  Cunicuh  encomium.  Montmor,  * 
fatigué  de  fon  dilcours,  lui  dit  :  Ce  lapin  là  n'cft  pas 
V    de  garenne,  fervez  en  d'un  autre.  De  Vign.  Marv. 

Ce  mot  vient  de  lepinus  ,^dhmn\itû  de  lepus ,  Se  de    . 
leporellus.  Mén. 

On  dit  vulgairement  d'un  homme  habillé  de  neuf, 
ou  qui  eft  paré,  qu'il  eft  brave  conmrc  un  lapin ^  & 
d'une  femme  qui  fait  beaucoup  d'enfans  ,  que  c'eft 
une  lapine ,  une  vraie  lapine. 

Le  lièvre  &  le  lapin  fur  les  médailles ,  font  le  fym- 
bolc  de  l'Efpagnc ,  où  il  s'en  trouve  quantité.  On  en 
voit  auiTî  fur  les  médailles  de  Sicile,  &  ils  marquent 
en  général  l'abondance  à  caufe  de  la  fécondité  de  ces 
animaux.  P.  Jobert. 
Lapin.   Terme  de  Conchyliologie,  f.   m.  Nom   d'une 

forte  de  coquillage  marin.  Cun.iculus  concha. 
LAPIS,  f.  m.  Efpèce  de  pierre  précieule  qui  n'eft  point 
tranfparente.  Stellatus  lapis  ^  lapis  la\uH.  Elle  eft 
bleue ,  avec  des  filets  d'or ,  éc  quelquefois  mêlée  de 
pourpre.  Le  plus  dur  &:  le  plus  chargé  de  couleur  eft 
le  plus  coniidéré ,  &  on  l'appelle  le  mâle.  Le  moins 
bleu  eft  la  femelle*  On  le  trouve  parmi  les  fables  d» 
la  mer,  &c  dans  les  cavernes  qu'elle  a  creufées  en 
morceaux  carrés ,  ou  ovales ,  qui  ont  quelquefois  fix  ' 
à  fept  pouces  de  haut.  Il  eft  plus  tendre  que  l'agate. 
On  en  fait  des  vafes  &  on  en  orne  des  cabinets.  De 
celui  qui  ne  peut  être  employé  ,  on  en  compofè 
l'.azur  d'outremer ,  dont  l'invention  eft  due  à  un  Roi 
d'Egypte.  L'oriental  eft  fixe ,  ne  change  point  la  cou» 
leur  au  feu  ,  &  ne  devient  point  fri.ible.  Dans  la.^ 
montagne  Payen  au  Chili,  il  le  trouve  du  lapis  lazulL 
Frézier  ,  p.  jâ. 

Les  Grecs  l'ont  appelé  ^uâvî-s,  ou  pierre  bleue ,  Se 
les  Arabes  la^uli,  d'où  vient  le  mot  d'azur  qui  eft  la 
même  chofe. 
Lapis.  Terme  du  grand  Art.  Le  lapis  eft  le  fel  de  l'or. 
Lapis.  On  donne  ce  nom  à  Jupiter  en  mémoire  de  la 
pierre  que  Saturne  avoit  dévorée  à  la  place  de  fon 
fils ,  Se  fous  cette  dénomination ,  il  étoit  confondu 
avec  le  dieu  Terme.  Le  ferment  que  l'on  failoit  par 
ce   nom   miftérieux  étoit   très-refpecfable  ,    comme 
nous  l'apprend  Apulée.  C'eft  ce  que  Cicéron  appelle 
Jovem  lapidem  jurare.    Ep.   à  Trébatius  Septimus , 
parmi  les  Epitres  familières. 
Lapis  dentalis.    Sorte  de  coquillage  que  les  Apothi- 
caires font  entrer  dans  la  compolition  de  cpelqiies 
remèdes.    Voye\  Dentale. 
LAPITHE.  f  m.  &  f.  Nom  propre  de  peuple.  Lapi- 
tha.  Les  Lapithes  étoient  un  peuple  de  Thellalie  en 
Grèce.     Ils  habitoicnt  les  montagnes  de  Pindc ,   de 
Pcléthrone  &  d'Othrys.    L'Antiquité  a  cru  que  les 
Lapithes  avoient  inventé  la  bride  &  la  felle  à  cheval. 
Pline  ,  Liv.  VIL.  c.  56.  Du  moins  Vitgile  le   dit, 
Georg,  L.  II.  v.  4s 7.  &  L.  III.  v.  ris-  &^  Enéide , 
L.  FI.  V.  ÔQ1.&  L.  FIL  V.  }esp.  On  dit  qu'Us 


L  A  P 


avoienc  pris  le  nom  de  Lap'ukcs ,  de  Laphitha,  fils  1 
d'Apollon  ôc  de  la  Nymphe  itilbé. 
lAl'ORD,  ou  LAl'OUKD,  ou  LABORD.    Nom  an- 
cien dune  ville  de  France.  Lapurduni.    Selon  quel- 
ques-uns c'eit  Lourde  ,  lelon  d'autres  ,  c'ell:  B.iyonne, 
lixième  ville  de  la  Novempopulanic ,  qui  fut  appelée 
Lapurdum  en  langage  du  pays ,  a  caufe  des  pirateries 
6c  des  brigandages  de  les  habitanï.    Enl'uitc   on  la 
nomma  Civitas  Boacium ,  Bayonnc ,  c''elè-à-dire  en 
langage  du  pays.  Bon  Porc,-  parce  qu'en  ellét  elle 
neit  qu'à  une  lieue  de  la  nier  ,  Ik  que  le  conHuenc  de 
la  Nivc  1^  de  l'Adour  y  font  un  bon  part.  Souvent 
dans  l'Antiquité  Eccléliallique ,  les  Evcquesde  Bayon- 
ne  lont  appelés  LapurdenJ'es  Epifcopi ,  Se  le  territoire 
de  cette  ville  s'appelle  Lapordj  oaLabord,  pays  de 
Lapourd.  V.  Hadr  Valois,  Nocu.  Gall.p.  360  &fuiv. 
LAPPA.  f.  f.  Sorte  de  plante  qu'on  appelle  autrement 
Bardane ,  ou  GLouuron.  Voyez  Bardane. 

Ce  mot  vient  du  Grec  xâXni ,  prendra ,  s^ attacher ,  à 
caulc  que  les  têtes  de  la  lappa  s'attachent  aux  habits 
des  pallans. 
LAPPMUDE.  f.  f.  Robe  de  peaux  de  Rennes,  dont  on 
ie  fert  en  Laponie  &  en  Suéde.  La  fumée  ne  put  nous 
défendre  des  mouches,  plus  cruelles  fur  cette  mon- 
tagne (Horn  laKcro)  que  fur  Niwa.  Il  fallut,  mal- 
gré la  chaleur  qui  étoit  très-grande,  nous  envelopper 
la  tête  dans  nos  lappmudes  ,  &c  nous  faire  couvrir  d'un 
épais  rempart  de  branches  de  fâpins ,   &c  de  fapins 
même  entiers.   Maupertuis. 
LAPPON,  ou  LAPON ,  ONE ,  f.  m.  &  f.  &  adj.  ce  der- 
nier eil  plus  ulité.  Nom  des  peuples  de  la  Lapponic. 
Lappon.  La  nuion  Lappone ,  la  langue  Lappone  eft  la 
même  que  celle  de  Finlande.  Les  Lappons  font  des 
peuples  venus  de  la  Finlande.  Ils  habitent  dans  des 
cabanes  faites   avec   des  planches  6c  couvertes  de 
peaux.  Ils  font  de  fort  petite  taille  ;  on  dit  qu'il  n'excè- 
dent pas  la  hauteur  de  trois  coudées.    Ils  ont  les 
cheveux  noirs  &  la  barbe  de  même  couleur,  ce  qui 
leur  eft  particulier  entre  les  peuples  du  Nord.  Ils  font 
laids  &c  courbés ,  mais  fort  robuftes  &  excellîvement 
poltrons.  Ils  ont  une  merveilleufe  adrelFe  à  courir  fur 
la  neige ,  au  travers  des  précipices  dont  leur  p.tys  efi: 
plein,  en  attachant  à  leurs  pieds  de  larges  planches 
qui  les  empêchent  d'enfoncer.  On  dit  merveilles  de 
leurs  lortiléges  :  chaque  tamille  doit  avoir  fon  efprit 
familier  en  commun ,  &  chaque  perfonne  doit  avoir 
aullî  le  lien  en  particulier  i  ce  font  des  héritages  que 
les  pères  lailïent  à  leurs  enfans.  Il  y  a  bien  de  l'appa 
rence  que  cela  eft  exagéré  ;   cependant  on  en  peut 
bien  croire  quelque  chofe  j  fi  on  conlîdère  comme  le 
démon  s'eft  joué  autrefois  &  fe  joue  encore  aujour- 
■  d'hui  des  peuples  plongés  dans  l'dolatrie ,  tels  que  le 
font  encore  la  plupart  des  Lappons.  Ils  vivent  long- 
tems;  il  leur  arrive  liTez  fouvent  d'atteindre  l'âge  de 
cent  ans  j  8c  de  ne  mourh:  que  de  vieilleire.  Ils  aiment 
fi  éperduement  leur  pays ,  &  le  genre  de  vie  qu'ils  y 
mènent ,    qu'ils  ne  peuvent  vivre  dans  des  climats 
plus  doux ,  comme  on  l'a  reconnu  par  plufieurs  expé- 
riences.  Leurs  occupations  ordinaires  font  la  pêche 
-qu'ils  font  dans  leurs  lacs  &  dans  leurs  rivières  j  où  il 
.  y  a  une  prodigieufe  quantité  de  poilfons,  &  en  parti- 
culier des  brochets ,  des  perches  &  des  faumons  d'une 
grolieur  démcfurée.  Ils  lesfontou  fécheraufoleil,  ou 
à  la  gelée,  luivant  la  faifon,  &  les  ayant  réduits  en 
poudre,  ils  s'en  fervent  au  lieu  de  pain.  Les  bêtes  fau- 
vages  qu'ils  prennent  à  la  chalfe ,  qui  eft  leur  autre 
métier,  leur  fourniirent,  avec  leurs  rennes ,  de  la  chair 
&  des  peaux  pour  fe  couvrir.    Ils  tuent  une  prodi- 
gieufe quantité  d'ours  blancs ,  de  loups  &;  de  lièvres  de 
même  couleur ,  des  martes ,  des  martes  zibelines ,  des 
renards  noirs,  des  écureuil3,des  caftors,  des  loutres  :  les 
peaux  de  ces  animaux  font  l'or  &  l'argent  des  Lap- 
pons ;  ils  les  échangent  pour  d'autres  denrées  avec 
leurs  voifins.  Se  ils  en  paient  leurs  tributs  aux  Princes 
dont  ils  dépendent.  Leurs  -armes  ordinaires  font  les 
flèches;  ils  en  ont  qui  font  émoulTées;  ils  s'en  fervent 
pour  tuer  les  bêtes  dont  les  fourures  font  précieufes, 
&  il  j  ont  l'adrefle  de  les  frapper  an  nez  pour  ne  gâter 
pas  la  peau.  Ils  font  maintenant  quelque  ufage  des 


L  A  P  4^1 

armes  à  feu ,  qu'ils  ont  appris  de  leurs  voifins    mais 
ils  ne  s'en  (crveiu  que  pour  la  groUe  challe.  Ils  lonc 
lujets  en  partie  des  Danois ,  en  partie  des  Mofcovites 
Se  en  partie  des  Suédois  ;  ce  qiù  donne  lic'u  a  dillin- 
gucr  la  Lapponie  en  trois  parties ,  comme  on  le  va 
voir  Cl  après.  Nous  avons  une  Relation  de  la  Lappo- 
nie en  François,  Se  une  Hiftoire  de  la  Lapponie 
par  Schoeficr.  Les  Arabes  appellent  les  Samoj^-des 
Se  les  Lappons,  Séclabs,  &  dilcnt  qu  ils  defcendcnt 
de  Séclab,  fils  de  Japhet.  D'Mi.RBti.oT, 
LAPPONIE,   LAPONIE  ,  ou  LAPPIE.   On  dit  plus 
ordinairement  LAPONIE.   Nom  d'une  grande  Ré- 
gion de  l'Europe  ,  la  plus  feptentrionale  que  nous 
connoillions  de  notre  continent.  Lappia  ,  Lapponia. 
Elle  eft  renfermée  entre  le  64  ,   c\'  le  71    degré   dé 
latitude.   Se  entre  le   $9  ,   &   le  68  de  longitude. 
L'air  y  eft  extrêmement  froid  ,  Se  l'hiver  y  dure  neuf 
mois,  dont  trois  ne  font  qu'une  nuit  continuelle, 
pendant  laquelle  oh  ne  s'appcrçoit  de  la  diftinclion 
des  jours  ,  que  par  quelques  crépufcules  qui  paroif- 
feiit  le  matin  &  le  foir  :  en  échange  ,  les  trois  mois 
d'été  Y  lont  un  jour  continuel  ,  qui  y  caufe  d'alïcz 
grandes  chaleurs.  Tout  ce  pays  eft  plein  d'aftreufes 
montagnes  ,  il  ne  produit  ni  grains  ,  ni  fruits  ,  Se 
on  n'y  nouirrit  pour  toutes  bêtes  domeftiques  que 
des   rennes  ,  qui   font  des   efpèces  de   cerfs ,  plus 
gros  que   les  ordinaires  ,  qui  fervent  aux  h'ibirans 
à  tirer  leurs  traîneaux  ,  à  porter  leurs  charges,  & 
qui  leur  fourniirent  du  lait ,  de  la  chair  pour  man- 
ger, (.V-   des  peaux  pour  fe  couvrir.  On  dit  qu'ils 
le  lont  encore  des  habits  de  la  peau  Se  des  plumes 
d'un^oilcau    nommé  Loom.   Il  ne   faut  pas  vous 
imagnier  que  pour  être   dans  la  Lapponie  ^,  je   re- 
nonce   au    commerce  des  hommes.  Se  de  mes  an- 
ciens amis.  M.  G.  de  l'A. 
Lapponie  Danoise.  Appelée  autrement  la  Finmarchie  ," 
ou  le  Gouvernement  de  Ward'huys.  Pr^feàura  jvar- 
dhufiana  ,   Finryiarchia  ,  Lappia  Danica  ,  ou  Nor- 
vegica.  C'eft  la  plus  petite  partie  de  la  Lapponie.  Elle 
eft  au  couchant  feptentrional  ,  féparée  de  la  Mof-  ' 
covite  par  le  lac  d'Encra-Treck,  Se  de  la  Suédoife  , 
par  les  célèbres  montagnes  de  Norvége.*Lc  Château 
de  Ward'huys ,  réfidence  du  Gouverneur  ,  en  eft  le 
lieu  principal.    Matv.   On  l'appelle  aulîi  Lapponie 
Norvégienne. 
Lapponie  Moscovite.  C'eft  la  partie  la  plus  orientale 
de  la   Lapponie.   Lappia    Mofcovaia ,  ou   Rujfua. 
Elle  s'étend    depuis  le  lac  d'Encra-Treck  ,  jufqu'à 
l'entrés  de  la  mer  Blanche ,  &  aux  confins  de  la 
Mofcovie  &  de  la  Finlande.  On  prend  la  Lapponie 
Mofcovite  pour  l'ancienne  Biarmie,  &  on  la  divife 
en  trois  grandes  Provinces.  La  Mouremanskoy  Lé- 
porie,  qui  eft  au  couchant  des  deux  autres;  la  Ters- 
koy  Léporie  ,  qui  eft  à  l'orient  feptentrional  j  le 
long  de    l'Océan  ;    Se  la   Bellamorskoy    Léporie , 
qui  eft  autour   de  Bella  More,   c'eft  à-dire  ,  de  la 
mer  Blanche.  Il  n'y  a  rien  de  confidérable  dans  tout 
ce  pays  que  la  petite  ville  de  Kola ,  fituée  dans  la 
première  de  ces  Provinces.  Maty. 
Lapponie  Norvégienne.  Koye^  Lapponie  Danoise. 

C'eft  la  même  chofe. 
Lapponie  Suédoise.  C'eft  la  partie  la  plus  méridionale 
de  la  Lapponie.  Lappia  Sutcica.  Elle  eft  féparée  des 
deux  autres  par  les  montagnes  de  Norvège ,  ou  de 
Daara-Fiel ,  Se  bornée  vers  le  midi  par  l'Angerma- 
nie  ,  la  Bothnie  j  le  golfe  de  ce  nom ,  Se  la  Ca- 
jane.  Elle  eft  plus  étendue  que  les  deux  autres  en- 
femble  ,  ayant  deux  cens  quarante  lieues  de  lon- 
gueur autour  des  montagnes  ,  &  cinquante  de  lar- 
geur. L'air  y  eft  plus  doux  que  dans  le  refte  de  la 
Lapponie  ;  on  y  trouve  des  mines  de  fer  ,  de  plomb 
Se  de  cuivre j  des  pierres  précieufes,  mais  peu  efti- 
mées  ;  de  très-beau  criftal.  Se  des  perles ,  dont  quel- 
ques-unes  approchent  de  la  beauté  de  celles  du  Le- 
vant. On  les  prend  dans  des  coquillages  lemblables 
à  des  moules  ,  qui  fe  trouvent  en  grand  nombre 
le  long  des  rivières.  On  divife  ce  pays  en  cinq 
grandes  Provinces  ,  qui  font  .autour  de  ces  cinq  ri- 
vières   principales.  On  kj    trouve  dans  cet  ordre 


412  L  A  Q 

en|allanc  de  Sucde  en  Molcovic  :  Uma-Lap-Maixk  , 
Pkha -Lap-Maixk  ,  Lula-Lap-Marck  ,  Torna-Lap- 
MaL-ck,.Kimi-Lap-Mai.-ck.  Elles  renferment  la  plus 
grande  partie  de  la  Scritofînnie  des  Anciens ,  & 
prennent  leurs  noms  des  bourgs  d'Uraa  j  de  Pitha  , 
de  Lula,  de  Torna  ,  de  Ximi ,  qui  font  aux  em 
•bouchures  des  rivières  de  même  nom  dans  le  goUe 
de  Bothnie.  Les  Lappons  Suédois  font  prelque  tous 
profeffion  du  Chriftianifmc.  Les  Rois  de  Suéde 
ont  pris  foin  d'y  fonder  des  collèges  ,  'Se  de  faite 
tradiîire  en  Lapponnois  les  Catéchilnies  ,  les  Prières 
publiques ,  &  un  Manuel ,  qui  renferme  les  Pleau- 
mes  de  David  ,  les  Proyerbes  de  Salomon  ,  les 
Évangiles  ,  &c.  Il  y  a  apparence  que  par  ces  moyens 
on  les  retirera  enfin  de  l'idolâtrie  ,  à  laquelle  ils 
ont  encore  un  très-grand  penchant.  Maty. 
Lapponie.  Terme    de   Fleuriite.    Nom    d'une  Tulipe 

qui  cil  colombin  blanc  &  rou^e.  Morin. 
fCTLAPS.    f.    m.  Du    Latin    Lapfus.    Il   n'a    d'ufage 
.     qu'en    Pratique  ,   au    fmgulier  ,^  dans  cette  phrafe. 
Laps    de  temps ,   c'eftà  dire ,  Ecoulement ,  efpace 
de  temps.    Tcmporis  decàrfus.  On  ne  prefcrjt  point 
contre  le  droit  naturel   par  quelque  laps  de  temps 
que  ce  foit.  Les  bonnes   coutumes  s'abolilîcnt  par 
laps  de  temps.  Plufieurs  belles  inventions   font  pé- 
ries  ^  les  plus  beaux  édifices  ont  été  ruinés  par  laps 
de   temps.  Les    arbres  enterrés   dans   la  terre  ,   par 
laps   de  temps  ,  acquièrent  une  dureté ,  accompa- 
gnée d'une  noifceur  &  de  certaines  veines ,  qui  fe 
font  aulîl   remarquer  au  bois  de  chêne  ,  lorfqu'il 
a  été  long  temps  lous  les  eaux.  Mascor. 
Laps  ,  fe  dit    adjecfbivement   en   cette  phrafe ,  Héré- 
tique  laps  8c  relaps  ,   qui    eft   tombé   &c   retombé 
deux  fois   dans  l'hétéfie,  C'eft  ainii  qu'on  appeloit 
en  France  les  Prétendus  Réformés  qui  retournoient 
à  leur   Religion  ,  après  avoir  embrafle  la  Religion 
Romaine. 

Dans  l'Antiquité  Eccléfiaftiqu'e  ,  on  appelle  Laps , 
Renégats  ,  JMp/i  ,  Negatores  ,  ceux  qui  avoient 
renoncé  à  la  foi  par  la  crainte  des  fupplices ,  ou 
-  autrcmei:^!;  •,  &  on  leur  donnoit  ce  nom  ,  même 
après  leur,  retour  à  l'Églife  parla  pénitence,  f^oyei 
fut  ces  Laps  le  Concile  d'Agde  ,  Can.  60.  le  IV. 
d'Oiléans ,  Can.  S.  celui  d'Épaune ,  Can.  20.  le 
XVII  de  Tolède,  Can.  i  j.  Jacques  Godefroy ,  fur 
la  Loi  5  du  Code  Théod.  de  Apojîac. 
LAPTOS  ,  qu'on  nomme  autrement  gourmets.  Ce 
font  des  efpèces  de  matelots  Maures  qui  aident  à 
remorquer  les  barques  dans  les  rivières  de  Gambie 

&c  de  Sénégal. 

« 

L  A  Q. 

LAQS.    Foyej  Lacs. 

LAQUAIS,  f.  m.  Valet  qui  fuit  à  pié  fon  maître ,  &: 
qui  porte  fa  livrée.  Pcdilfequus.  Les  jeunes  gens 
fe  piquent  d'avoir  des  Laquais  bien  faits ,  &  propre- 
ment habillés.  Les  femmes  fe  font  mifes  fur  le  pié 
d'avoir  de  grands  laquais  ,  &  on  en  médit.  Pourquoi 
croit-on  que  l'on  charge  les  carrolles  de  ce  grand 
nombre  de  laquais  ;  C'eft  pour  exciter  dans  ceux 
qui  les  voient  l'idée  que  c'elf  une  perfonne  de  grande 
condition  qui  palle  ,  &  la  vue  de  cette  idée  fatisfait 
la  vanité  de  ceux  à  qui  ils  appartiennent.  Log. 

Alidor  j  dit  un  fourbe ,  il  ejl  de  mes  amis  , 

Je  l'ai  connu  Laquais ,  avant  qu'il  fût  commis. 

BoiL, 

Balzac  &z  Coftar  écrivent  laquay  ,  au  lieu  de  /.j- 
quais  j  mais  on  ne  les  doit  point  imiter  en  cela.  On 
dit  une  malice  de  laquais  ,  pour  dire  ,  une  malice 
balfe,  &  indigne  d'un  homme  un  peu  bien  élevé. 

Fauchet  tient  que  ce  mot  vient  de  naquet ,  ligni- 
fiant autrefois  valet  allant  à  pié.  M.  Huet  èftdece 
fentimciit  ;  il  dit  qu'on  a  changé  la  lettre  n  en  / , 
comme  le  peuple  iXnnantilles  pour  lentilles  :  il  ajou- 
te ,  q\x  naquet  a.  été  formé  par  tranfpofitioii  des  Ict- 


L  A  Q 


très  de  l'Allemand  hneckt ,'  qui  fîgnifie  valet.  Enfin  , 
il  remarque   que  laquais  fe   prcnoit  autrefois  pour 
fantajjin ,  foldat  fervant  à  pié ,  fur  quoi  il  rapporte 
ces  paroles    de    Jean   d'Auton  ,   dans  l'Hifloire  de 
Louis  XII.  Leur  tranfmit  foixante  laquais  Gafcons  , 
&  ne  leur  voulut  bailler  nulles  gens  de  cheval.  D'au- 
tres   difcnt  ,   &c.  que  le  mot  eft  Balque  ,  fignifianc 
ferviteur,  paice  que  les  meilleurs  valets  de  piéviea- 
nent  de  ce  pays-là.  Ménage  ajoute ,  que  le  lac ,  ou 
loc  ,  en  langue  Éthiopiquc ,  fignitie  un  valet ,  que 
les    Bas-Bretons  dilent   laques    en  ce  lens.    Il  s'en 
tient  à   cette  étymologie ,  &  abandonne    celle  de 
verna  ,  d'où  il  tiroit  laquais   après  bien  des  chan- 
gemcns.  ^fJ"  Vernula  ,    Vernulacus  ^  Vernalacdius  ^ 
Lacaius  ,   Laquay  :    comme    Maïus ,    May  ,  puis 
Laquais.  Il  dit    que  ce    mot  n'eft  pas  ancien   dans, 
notre   langue ,  &  qu'on   ne   le  trouve    dans  aucun 
Auteur  plus  vieux  que  Marot  Se  Monftrelet.  Il  fe- 
roit  plus  ancien  ,  s'il  étoit  vrai  que  le  Grec  barbare 
ou  laxiis  ,  a  été  fait  du  François  laquais  ,  comme  le 
dit  Du    Cange.    M.    Ménage  n'en   convient  point. 
D'Hetbelot  prétend  que  ce  nom  vient   de  lahiehfa , 
ou    lacaiths  ^   mot    Arabe  ,  qui  fîgnifie    un  enfant 
expofé  ,  dont  la  mère    eft  inconnue  :  il  dit  que  de 
ce  mot  les  Efpagnols  ont  fait  lacaio ,  Se  que  de  ce- 
lui-ci nous  avons  fait  laquais. 
^fS"  Laquais  ,  Valet ,  fynonymes.  Le  mot  de  laquais 
a  un  fens  particulier  qui  ne  convient  qu'à  une  forte 
de  domeftiques.  Il  dèfigne  proprement  un  homme' 
de  fuite ,  Se  emporte  une  idée  d'oftentation.  Voilà 
pourquoi  il  eft  plus  honorable  d'avoir  un  laquais 
que  d'avoir  un  valet ,   &  qu'on  dit  que  le  laquais 
ne  déroge  point  à  fa  noblelle.   f^oye-^  Valet. 
LAQUE,  f".  f.  Elpèce  de  réhne  dure ,  rouge ,  claire , 
tranfparente  ,  qui  encre   dans  la  compofition  de  la 
cire  d'Efpagne.  Laccha.  La  laque  fe  fait  aux  Indes 
par  un  concours  d'une  iijfinitè  de  petits  moucherons 
qui  s'amaflcnt  fur  de  petits  b.àtons  gluans  qu'on  dif- 
pofe    exprès   pour  les  y   attirer  ,  &   qu'on  ratille 
enfuite. 
Laque  ,   ou   Lacre  à  cacheter,  f.    f.  C'eft    ce  qu'on 
nomme   communément    Cire   d'Efpagne  ,  quoique 
ce   nom  ne  lui  convienne  point  du  tout  ,   les  h{- 
pagnols  ne  faiiant  pas  de  cette  cire ,  &  ne  s'en  fer- 
vant  même  point.  La  cire  ou  laque  à  cacheter  fe  fait 
ordinairement  en  France  avec  la  laque  en  graine, 
colorée    de   vermillon.    F'oye^^    le  Dictionnaire  de 
Commerce. 

Il  y  a  aulîl  une  gomme  laque  qui  dégoutte  des  I 
arbres  qui  font  dans  le  pays  de  Siam  ,  Cambo- 
dia ,  Pégu,  &c.  On  fait  de  la  fine  laque  de  l'extrait 
ou  de  la  lie  de  la  cochenille  ,  qui  fert  aux  Teintu- 
riers. La  laque  eft  une  efpèce  de  gomme  que  l'on 
trouve  iiir  des  branches  d'arbres  ,  &  même  quelque- 
fois fur  terre.  Plufieurs  croient  que  c'eft  l'excre- 
ment  de  certaines  fourmis.  D'Herbelot. 

Le  nom  de  laque  ell  commun  à  plufieurs  efpèces 
de  Pâtes  féches  dont  les  Peintres  fe  fervent;  mais_ 
ce  qui  s'appelle  plus  proprement  laque  ,  eft  une 
forte  de  gomme  ou  lèfine  rouge  _,  dure  ,  claiie ,  tram-; 
parente ,  fragile ,  qui  vient  de  Malabar ,  de  Ben-' 
gale,  &  de  Pégu.  Le  P.  Tachard  ,  Jéluite  ,  a  écrit' 
que  de  petites  fourmis  roullcs  qui  s'attachent  à  diftc- 
rens  arbres ,  laiftent  fur  leurs  branches  une  humi- 
dité rouge  ,  qui  fe  durcit  en  cinq  ou  fix  jours  :  ce 
n'eft  pas  le  fimple  fuc  des  arbres  ■>  car  celui  qui  en 
fort  quand  ils  font  piqués  ,  n'eft  qu'une  gomme  diite- 
rente  de  la  laque.  Ces  fourmis  vivent  de  fleurs;  & 
comme  les  fleurs  font  plus  belles  ,  Se  viennent 
mieux  fur  les  montagnes  que  fur  le  bord  de  la  mer  , 
la  laque  cueillie  fur  les  montagnes  eft  plus  belle  & 
d'un  plus  beau  rouge.  M.  Lémery  ayant  mis  la  la- 
que aux  épreuves  de  la  Chimie,  a  jugé  que  c'eft 
un  mixte  moyen  entre  la  gomme  &  la  réfine ,  plus 
abondant  en  Ici  qu'en  huile.  Voye'^  les  Mémoires 
de  l'Académie  des  Sciences  ijro.  Ôii  peut  voir  fur 
la  laque  ,  tant  naturelle  que  factice  des  Anciens  , 
Bochard  ,  Hierbi.  P.  IL  ,  L.  V ,  c.  14,  ^  S^"" 
maite  fur  Solin  ,  p.   i  i^-p  :  Se  pour  la  moderne  j 


L  A  R 

Jifezle  Traité  de  Tavcrnier ,  intitule  j  Ghfirvaùons 
fur  le  Commerce  des  Indes  Orientales. 

On  appelle  aiilli  laque  arnficielle  ,  une  fubftancc 
colorée  qu'on  fait  en  1-rance  ,  (S»:  qu'on  tire  des 
fleurs,  comme  la  jaimede  la  Heur  de  genêt ,  la  rouge 
du  pavot,  la  bleue  de  J'iris  ,  ou  de  la  violette  j  i't. 
Laccha.  On  tire  les  teintures  de  ces  fleurs  en  les  fhi- 
fant  diftillcr  plufieurs  fois  avec  de  l'eau  de  vie ,  ou 
bien  en  les  faifant  cuire  à  feu  lent  dans  une  leilive 
de  fonde  Se  d'alun.  Elle  fert  aux  Enlumineurs. 

On  fait  aulli  la  laque  artificielle  avec  du  brclil  boulii 
dans  la  leilive  de  cendres  de  ûrniens  de  vigne ,  en  y 
ajoutant  un  peu  de  cochenille  &c  de  tcrramérita  ,  de 
l'alun  calciné  ,  &  un  peu  d'arfénic  qu'on  incorpore 
dans  des  os  de  féches  pulvérifés  ,  dont  on  fait  de 
petites  tablettes  qu'on  fait  fécher  fur  la  carte.  Si  on 
la  veut  fort  rouge,  on  y  ajoute  du  jus  de  citron.  Si 
on  la  veut  brune  ,  on  y  met  de  l'huile  de  tartre.  On 
en  fait  aullî  avec  des  tontures  d'écarlate  bouillies  dans 
la  leilive  de  cendres  gravelées ,  ou  de  tartre  calciné. 
La  laque  colombine  fe  fait  avec  du  brclil  de  Fernam- 
bouc  ,  trempé  dans  du  vinaigre  dilHllé  pendant  un 
mois  ,  mêlé  avec  de  l'alun  incorporé  dans  des  os 
de  féches.  Le  marc  de  la  laque  colombine  fait  un 
beau  couleur   de  pourpre. 

On  appelle  aullî  laque  ,  le  beau  vernis  de  la 
Chine ,  ou  noir ,  ou  rouge.  En  ce  fens  il  eft  maf- 
culin.  Voilà  du  beau  laque.  On  n'a  pas  encore  pu 
imiter  le  beau  laque  de  la  Chine. 
LAQUÉAIRE,  ou  LAQUEARIUS;  car  dans  ces  for- 
tes de  mots  on  peut  retenir  en  notre  langue  le  mot 
Latin.  L  m.  Nom  d'une  des  efpèces  d'Athlètes  des 
Anciens.  Laquearius.  Les  Laquéaires  avoient  d'une 
main  un  lacet  pour  embarrafler  leur  ennemi ,  &  de 
l'autre  un  poignard  pour  s'en  défaire.  Jufte-Lipfe , 
Saturn.  Z.  //,  c.  13. 
LAQUELLE.   Voye-^  Lequel  ,  dont  il  eft  le  féminin. 

L  A  R. 

LAR.  Nom  d'une  afTez  grande  ville  de  Perfe.  Lara. 
Elle  eft  lîtuée  fur  une  montagne  ,  &  défendue  par  un 
château.  Elle  a  été  capitale  d'un  Royaume ,  qui  s'é- 
tendoit  jufqu'aù  golfe  de  Balfera ,  &  renfermoit  les 
villes  de  Bander  ,  Bander  Abalfy  ,  Gomrom  j  &c. 
Elk  donne  le  nom  aux  Larins  ,  monnoie  de  fort 
bon  argent  ,  qui  a  cours  en  Perfe.  Cette  ville  eft 
maintenant  dans  le  Farllftan  ,  près  du  Kherman  , 
&  de  la  rivière  Tifnidum ,  &  elle  dépend  du  Roi 
de  Perfe.  Maty.  Lar  eft  à  peu  près  à  mi-chemin 
de  Schiras  à  Mina.  Piétro  délia  Valle  Perfia  ,  Lett. 
^J^I ,  p.  339-  Les  Sciences  y  font  cultivées  ,  & 
il  n'y  a  nulle  part  ailleurs  en  Perfe ,  tant  de  Savans 
ni  de  fi  habiles  gens  qu'à  Lar.  Le  même  ,  p.  36 S. 
Lar  eft  ai/  degrés  17  minutes,  &  un  peu  plus  de 
latitude  leptentrionale.  Le  même ,  p.   3jS. 

LARA.  Nom  d'un  bourg  avec  un  château.  Lara.  Il  eft 
dans  la  Caftille  vieille  en  Efpagne  ,  entre  les  mon- 
tagnes d'Urbion  ,  fur  la  rivière  d'Arlanza ,  à  quinze 
lieues  de  Burgos  vers  le  levant.  Lara  a  été  bâtie  des 
ruines  de  Maufina  ,  qui  étoit  anciennement  une  ville 
épifcopale.  Maty.  Voyei^  auilî  Lare. 

LARACHE ,  LA  RACHE ,  L'HARAIS ,  LIXE.  Nom 
d'une  ville  du  Royaume  de  Fez  ,  en  Barbarie.  Lixa. 
Laraix.  Elle  eft  dans  la  Province  d'Afgar,  aux  con- 
fins de  celle  d'Habata ,  &c  à  l'embouchure  de  la 
xivière  de  Larathe ,  dans  l'océan  Atlantique.  La- 
rache  eft  ancienne.  On  la  faifoit  autrefois  capitale 
du  Royaume  d'Antée  ,  &  on  y  plaçoit  le  jardin 
des  Helpérides.  Elle  a  une  bonne  citadelle  &  un  bon 
port ,  &  elle  a  été  occupée  par  les  Efpagnols  depuis 
l'an  1610  ,)ufqu'en  1681  ,  que  les  Maures  l'ont  re~ 
prife.  Maty. 

Laraghe  ,  eft  aufti  le  nom  d'une  rivière  du  Royaume 
de  Fez  ,  en  Barbarie.  Lixus.  Elle  prend  fa  fource 
«ans  les  montagnes  d'Errifis  ,  traverfe  la  Province 
d'Habata  ,  &  entrant  dans  celle  d'Afgar  ,  elle  y 
baigne  Cafu'  &  Larache  ,  &  elle  fe  décharge  peu 
après  dans  l'océan  Atlantique.   Maty. 


LAR 


4^3 


LARAIRE.  f.  m.  Temple  ,  Oratoire  ,  Chapelle  do_ 
meftiquc  ,  deftinéc  chez  les  anciens  Romains  au' 
culte  des  dieux  Lares.  Lararium.  On  n  honoroit 
pas  feulement  les  Lares  dans  le  Laraire ,  mais  tous 
les  dieux  particuliers  de  la  famille  ,  ou  de  la  mai- 
fon.  Lampndius  dit  dan?;  la  vie  d'Alexandre  Sévère  , 
que  cet  Empereur  avoit  dans  fon  Laraire  l'image  de 
Jéfus  Chrift  ,  avec  celle  d'Apollonius  ,  d'Orphée 
Se  d'Abraham.  M.  Baudelot  Dairval  ,  dans  fon 
Traité  de  l'utilité  des  Voyages,  parle  des  La  rai  re  s  ^, 
&  difcute  lî  ces  Temples  étoient  particulier^  ou 
non.  J'airaerois  mieux  dire  Oratoire  domcftique, 
I  ou  Oratoire  ,  que  Laraire  ,  à  moins  que  dans  une 
Dillertarion  d'érudition  ,  il  ne  fût  néccllaire  d'ufcr 
de  ce  mot. 
LARANDA.  Foyei  Lare. 

LARANDA.  Nom  d'une  ancienne  ville  Épifcopale  , 
futtraganre  de  Cogni.  Laranda.  Elle  eft  dans  la 
Caramanie  ,  en  Natolie ,  à  la  fource  du  Cydne  ^ 
ou  Caralu  ,  à  dix-fept  lieues  de  Cogni ,  du  côté 
du  levant.  Maty. 
LARARES  ,  ou  LARARIES.  f.  f.  &  pi.  Nom  d'une 
fête  que  les  Anciens  célébroient  à  l'honneur  des 
dieux  Lares.  Lararia.  Les  Larares  fe  célébroient 
l'onzième  des  Calendes  de  Janvier  ,  c'eft-à-dire  , 
le  il  Décembre,  yoye^  Macrobe  ,  L.  l ,  Sa- 
turn. c.  10. 
LARC  ,  ou  L'ARC  ,  &  ARC.  Nom  d'une  petite  ri- 
vière de  Provence.  Laris ,  Larius  ^  C'ocuus.  Elle  a 
fa  fource  près  de  Fourrières  ,  où  Marius  délîr  les 
Cimbrcs  ,  baigne  la  ville  d'Aix  ,  &  va  fe  déchar- 
ger à  Berre  dans  la  mer  de  Martigues. 
LARCHAMPS.    Bourg    de    France    dans    le  Maine , 

Éleéfion  de  Mayenne. 
LARCHANT.  Voye^  S.  Mathurin. 
LARCIN,  [.  m.  Aétion  de  celui  qui  dérobe  ,  qui 
prend  furtivement  &  non  à  force  ouverte  ,  ni  avec 
eftraéfion.  Furtum.  Le  Droit  Romain  définit  le 
larcin  ,  une  louftraétion  frauduleufe  du  bien  d'au- 
trui ,  pour  fe  l'approprier  malgré  celui  à  qui  il 
appartient.  Si  elle  fe  fait  par  force  &  par  eftrac- 
tion ,  cela  s'appelle  un  vol.  Par  le  Droit ,  le  iim- 
ple  larcin  &  fecret  ,  étoit  puni  de  la  peine  du 
double  j  &:  le  larcin  manifefte  du  quadruple  de  la 
choie  dérobée.  On  appeloit  larcin  manifefte  ,  quand 
le  larron  étoit  pris  lur  le  fait  ,  &  non  manifefte , 
quand  il  n'avoir  pas  été  pris  fur  le  fait.  On  n'ob- 
fervc  point  cette  diftinétion  en  France  :  le  larcin 
eft  plus  ou  moins  févérement  puni  ,.  félon  les  cir- 
conftances  dont  il  eft  accompagné  ,  Se  qui  aggra- 
vent ou  diminuent  le  crime.  Il  y  a  bien  des  gens 
qui  ne  vivent  que  de  larcins  &  de  brigandages.  On 
ne  peut  être  abfous  d'un  larcin  par  un  ConfelFeur  , 
qu'en  faifant  reftitution.  Le  larcin  n'étoit  point  puni 
à  Lacédémone  ,  pourvu  qu'on  ne  fût  point  pris 
fur  le  fait;  les  Circallicns  d'aujourd'hui  l'eftiment, 
quand  il  eft  fait  avec  adrelfe  ;  &  ils  ne  donnent 
point  à  boire  aux  jeunes  gens  dans  leurs  feftins  ,  s'ils 
n'en  ont  fait  quelqu'un  de  confidérable  ,  comme  dit 
Jean  de  Luca  en  fa  Relation  de  Circaftîe.  Solin  ra- 
conte qu'en  Sardaigne  il  y  avoit  une  fontaine  qui 
fervoit  à  découvrir  celui  qui  avoir  commis  un  lar- 
cin. 

Comme  il  y  a  un  larcin  d'oppreflîon ,  par  lequel 
on  fait  les  pauvres ,  il  y  a  un  larcin  de  détention , 
par  lequel  on  refufe  d'aiîîfter  ceux  qui  le  font  , 
ce  qui  eft  également  injufte  ,  également  criminel, 
M.  Flechier  ,  Sermon  de  l'obligation  de  l'Aumône. 
Larcin,  fignifie  auffi  la  chofe  même  qu'on  a  déro- 
bée, qu'on  a  prife  furtivement.  Les  receleurs  des 
larcins  font  auffi  coupables  que  les  larrons.  Une 
pièce  expofée  en  vente  a  fait  découvrir  tout  le7arci/z. 
Larcin j  fe  dit  auffi  en  matière  de  Littérature,  des 
vers  ,  des  paifages ,  des  penfées ,  &:  même  des  djf- 
cours  entiers  qu'un  Auteur  dérobe  à  un  autre  _,  fans 
faire  mention  de  lui  ,  pour  s'en  attribuer  l'inven- 
tion &  la  gloire.  Plagium.  Celui  qui  pille  les 
Auteurs  ,  doit  du  moits  favoir  bien  déguifer  les 
larcins  .  BouH.  Il  faut  faire  différence  entre  les  lar^ 


42-4  L  A  R 

cins  direfts  Se  manefcftes  d'un   Auteur  ,  oc  les  imi- 
tations qu'il  fait  d'un  original. 

On  le  dit  aulîî  dans  la  galanterie ,  des  plaiiîrs  dé- 
robés Se  pris  en  cacliettc. 

lARCUDIA  ,  ou  ARCUDIA.  Nom  d'une  petite  ville 
de  Barbarie  ,  en  Afrique.  Arcudia.  Elle  elf  dans 
le  Royaume  de  Tripoli  ,  vers  la  frontière  de 
celui  de  Barca  ,  fur  le  golfe  de  Sidra.  Quelques 
Géographes  croient  qu' Arcudia  eft  la  ville  qu'on 
nommoit  anciennement  PhiUni  vicus  ,  ou  PhïU- 
norum  ara ,  que  d'autres  jugent  être  Naima  ,  ou  ■ 
Taimi  ,  fur  le  même  golfe  ,  mais  un  peu  plus  à 
l'occident.  On  conjeéture  encore  ,  que  Larcudia 
pourroit  être  l'ancienne  ville  èC Auiomala  ,  que  d'au- 
tres placent  à  Zanagra  ,  bourg  du  voifniage  de  Lar- 
cudia. Sanfon  dit  Larcudia ,  Se  non  pas  Arcudia , 
comme  Maty.  Mais  Michelot  &  Term  ,  Pilotes 
du  Roi  ,  &  Berthelot  ,  Profelleur  d'Hydrographie 
à  Marleille  ,  dans  leurs  Cartes  de  la  mer  Méditer- 
ranée ,  la  nomment  Liconda ,  Se  non  pas  Larcudia. 

LARD.  f.  m.  Graille  ferme  qui  eft  entre  la  chair  Se 
la  peau  des  animaux.  Laridum.  On  le  dit  parculière- 
ment  des  pourceaux  ,  des  marfouins ,  des  baleines. 
Les  pourceaux  qu'on  nourrit  de  glands  ,  ont  le  lard 
plus  ferme  que  les  autres.  Ce  cochon  a  plus  de  qua- 
tre doigts  de  lard.  Du  petit  lard  eft  un  morceau  de 
cochon  où  il  y  a  peu  de  chair  qui  tient  au  lard ,  Se 
qu'on  met  au  pot.  Une  Hèche  de  lard  eft  cette 
grallFe  qu'on  levé  tout  le  long  d'un  des  côtés  d'un 
pourceau  ,  qu'on  (aie  6e  qu'on  garde  long-temps. 

Laridum  ,  du  lard ,  a  été  pris  des  Celtes  ,  qui  di- 
fent  lard.  Pezron.  Ces  Celtes  font  les  Bas-Bretons  : 
or  il  n'eft  pas  sûr  qu'ils  n'aient  pas  pris  lard  du  Latin  , 
ou  de  ceux  qui  l'avoicnt  reçu  des  Romains. 

Lard  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Ceux 
qui    aiment   à  dormir   long  -  temps    font    du    lard. 

^3"  L'on  dit  d'une  pcrlonne  fort  gralfe ,  qu'elle  eft 
gralfe  à  lard ,  Se  d'un  homme  fur  qui  on  veut  re  - 
jctter  quelque  faute  ,  que  c'eft  lui  cjui  a  mangé  le 
lard.  On  dit  aulli  d'un  homme  fort  avare  j  qu'il 
eft  vilain  comme  lard  jaune. 

On  dit  encore  des  bons  ménagers  ,  principale- 
ment de  ceux  qui  approchent  un  peu  de  la  lélinc , 
qu'ils  ne  jettent  point  leur  lard  aux  chiens. 

Lard.  Terme  de  Charpentier  Se  de  Mcnuifier.  Les 
Ouvriers  qui  travaillent  en  bois  ,  appellent  le  lard 
du  bois ,  ce  qui  eft  entre  l'écorce  &  le  vif  de  l'ar- 
bre. On  le  nomme  autrement  aubier.  Voy.  ce  mot. 

Lard.  Nom  d'un  ancien  bourg  du  Royaume  de  Tii 

,     poli ,  en  Barbarie.    Larda,  M\.nzko\%  Ajpis.  Il  eft- (ar 

:  la  côte  occidentale  du  golfe  de  Sidra  ,  près  du  cap 
àcLard,  &  au  nord  du  bourg  de  Zédico.  Maty. 

LARDER,  v.  a.  Piquer  une  viande  ,  y  appliquer  de 
petits  filets  de  lard.  Lardo  figere.  Il  y  a  des  Rotit 
,  feurs  en  blanc  qui  ne  foi>t  que  larder.  Il  y  en  a  qui 
•  aiment  mieux  barder  la  viande  que  la  larder.  On 
larde  de  gros  lardons.  Se  en  dedaiis,  la  viande  qu'on 
met  en  pâte  ,  à  la  daube  ,  à  l'étuvée.  On  lardi: 
le  bœuf  à; la  mode. 

Larder  ,  fe  dit  auill  figurément  en  quelques  phrafes 
familières  au  lieu  de  Percer  Se  Ae.  piquer.  Figcre  ,  con- 
figere.   Trarifvcrherare ,  tranfadigere.  On  peint  Saint 

'  Sébaftkn  tout  lardé  de  flèches.  Ces  deux  loldats  qui 
fe  battoient  fe  foqt  lardés  de  coups  d'épées  ,  pour 
dite,  percés  de  pluheurs, coups.  •' 

^3"  En  Âlaréchallerie  .  on  dit  larder'  uii'  cheval-  de 
coups  d'éperon  ,  lui  en  donner  ta!nt  de  coups  que 

.     les  plaies  y  paroilîent. 

Ivlolicre  fait  dire  à^  l'Avare ,  Je  voudrois  bien  la- 
voir à  quoi  vous  lerveiK  tous  ces  rubans  dont  vous 

_>,  voilà  lardée  depuis  les  pies  jufqu'à  la  tête.  On  larde 

;  --les  jambons  de  citrons,  de  cannelle^de  clous  de  girolle. 

.  On  dit  .aulîî  Larder  \mc  cittc  ,Lnferere  ,  quand 
on  la  fourre  entre  plufieurs  autres  cartes  ,  ou  un 
feuillet  daijs  un  livre. 

,LjARDER  LA   Bonnette.    Terme  de  Marine.  C'eft  un 

■  moyen  dont  fe  fervent  les  Caltateurs  quand  un  vail- 

feau  a  été   percé  à  l'eau  j  fans   pouvoir   découvrir 

l'endroit  où  eft  la  voie  d'eau ,  pour  la  trouver  &e  pour 


L  A  R 

l'arrêter.  Ils  lardent  une  bonnette  avec  plulîcuis 
bouts  de  fil  de  carrer ,  qu'ils  laiftent  pendre  tout  du 
long  ,  &  après  avoir  mouillé  la  bonnette  ,  ils  jettent 
de  la  cendre  ,  ou  de  la  poulîière  fur  ces  bouts  de 
fil  ,  afin  de  leur  donner  un  peu  de  poids  pour  la 
faire  enfoncer  dans  l'eau.  Ils  delcendent  la  bon- 
nette dans  l'eau ,  &  la  pronienenr  à  ftribord  ,  & 
à  bâbord  de  la  quille  ,  jufqu'à  ce  qu'elle  fe  trouve 
oppolée  à  l'ouverture  qui  eft  dans  le  bordage  ;  alors 
l'eau  qui  court  pour  y  enter  ,  poulfe  la  bonnette 
contre  le  trou  :  ce  qu'on  connoit  par  une  efpèce  de 
gazouillement  ,  ou  de  frémillement  que  font  l'eau 
&:  la  bonnette.  Pour  exprimer  ce  bruit,  les  Mate- 
lots clifcnt  que  la  bonnette  lape. 

LARDÉ  j  ÉE.  part.  On  appelle  une  collation  lar- 
dée ,  Cœna  duhia  ,  celle  où  l'on  fcrt  de  la  viande 
lardée  en  même  temps  que  des  fruits ,  aiftrement 
un  ambigu. 

LARDÉRE.  f  f  Petit  oifeau  que  Pomey  appelle  en 
Latin  parus ,  Se  qu'il  croit  être  la  même  chofe  que 
méfange. 

LARDIER.  f.  m.  'Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans  nos 
anciens  Auteurs;  il  lignifie  un  lieu  où  l'on  garde, 
on  ferre  le  lard.  Lardarium  dans  la  balfe  Latinité. 

Trois  bacons   avait  en  un  mont', 

Chei  un  prudhomme  en  un  lardicr.  R.  Du  Renard. 

Lardier.  f.  m.  Henri  I  ,  Roi  d'Angleterre  ,  donna 
parla  crollc  l'inveftiture  de  deux  Evêchés,  à  Roger 
fon  Chancelier;' celui  de  Salisbiui  ,  Se  celui  d'Her- 
ford  à  un  autre  Roger  fon  Lardier  :  ainh  nom- 
moit-on  celui  qui  gardoit  les  provifions  de  bouche. 
Fleury  ,  Hijl.  Eccl. 

LARDOIRE.  f.  m.  Petit  inftrument  qui  fert  à  larder. 
Veruculum  lardarium.  C'eft  une  forte  de  brochette 
creufée  Se  fendue  en  quatre  par  un  des  bouts  ,  aîin 
d'y  pouvoir  mettre  le  lardon  à  melure  qu'on  larde 
quelque  viande  que  ce  foit.  On  en  fait  de  cuivre 
&  de  bois.  Grolle  lardoire  ,  petite  lardoire ,  lardoire 
à  piquer  ,  lardoire   à  venaifon. 

LARDON,  f  m.  Petit  morceau  de  lard  coupé  en  long, 
dont  on  pique  la  viande  quand  on  ^a  rôtit  ,■  ou  quand 
on  la  met  en  pâte  ,  ou  à  la  daube.  Laridi  lingula, 

AJfaillir  un  poulet  hérijfé  de  lardons.  N.  ch.  de  vers. 

Lardon,  fe  dit    figurémant  Se   familièrement,  pour  j 
Brocard  ,  raillerie  ,  mot  piquant.  Diclenum  ,  /corn-  i 
ma,fcurrile  dictum.Wy  a  de  certaines  petites  villes  de 
France  ,  où  perfonne  ne  paiîe  lans  avoir  ion  lardon. 
Le  pauvre  homme  fut   mal  accominodé  dans  cette 
compagnie,  chacun  lui  donna  (on  lardon. 

Celui  qui  mord  fis  amis  en  cachette  , 

Qui  rit  tout  bas  des  lardons  qu'on  leur  jetée.  |K-' 

Lardon,  fe  dit  aulll  d'un  petit  feuillet  de  nouvelH 
particulières  que  l'on  donne  outre  la  gazette.  On  a 
appelé  ce  feuillet  lardon  ,  parce  qu'il  renlerrae  or- 
din  i.irement  quelque  brocard  ,  quelque  piquante 
r,aiiierie  contre  quelqu'un.  On  a  vu  des  lardons 
qui  n'étoient  que  des  groffières  latyres  ;  il  y  en* 
d'autres  dont  les  traits  font  fins  Se  délicats.  On  dit  J 
d'une  femme  qu'elle  e&ie  lardon  de  fon  quartier,' 

'■'  quand  elle  inftruit  les  gens  de  tout  ce  qui  s'y  paJlei 
qu'elle  en  fait  toutes  les  nouvelles. 

C'ejl  par  elle  toujours  qu'on  apprend  dans  le  monde,'] 
Les  bons  tours  qui  fe  font  clie^  la  brune  &  -la  blonde, 

S.   ÉVR. 

Lardon.  Efpèce  de  Gazette  de  Hollande.  Ayant  cou: 
ftilté  M.  Bayle  j  Profefieur  de  Roterdam,  touchant; 
l'étymologie  du  mot  de  lardon  ,  dans  cette  (ignifîca- 
tion  de  Gazette  ,  voici  ce  qu'il  me  répondit  :  Je  crois' 
que  c'eft  à  Paris  que  le  titre  de  lardon  a  été  donne  a 
nos  petites  nouvelles  raifonnées  ;  car  dans  le  temps 
que  perfonne  ne  les  appeloit  de  la  forte  en  Hollande , 


L  A  R 

ôc  qu'elles  n'y  croient  connues  que  de  peu  de  gens , 
mon  hère  m'écrivit  de  Paris  qu'on  y  voyoit  le  /ur 
don  toutes  les  lemaiiics  ;  s'exprimant  comme  Ci  c'eût 
été  un  nom  déjà  établi.  On  croit  qu'on  a  nommé  ces 
Gazettes  de  la  (orte  j  du  mot  de  lardon  ,  dans  la  figni- 
fication  d'un  trait  piquant  ;  i\:  que  la  figure  longue 
&  étroite  du  papier  lur  lequel  on  imprime  ces  nou- 
velles, y  a  aulii  contribué.  Ménage  ,    Dia.  Etym. 
Lardon.  Terme  d'Horlogerie.  Pièce  longue  que  l'on 
met  à  la  couliire.   La  queue  d'aronde  que  l'on  met 
au  nez  &  au  talon  de  potence  de  montre  s'appelle 
aulIi  coulijje  ou  lardon. 
Lardon.  Terme  d'Artificier.  On  appelle  de  ce  nom 
les  petits  lerpenteaux  de  différentes   groifeurs  ,  loit 
parce    qu'ils  ont  quelque  rapport   à  l.i   figure  d'un 
lardon  à  larder ,   foit  parce  qu'en  les  jettant  par  le 
moyen  des  pots  à    feu  dans  les  Ipedacles  d'artifices 
fur  les  alliflans,  on  donne  matière  à  rire  de  la  vaine 
terreur  qu'on  leur  caufe,  parce  qu'en  langage  popu- 
laire ,  le  mot  de /ar^o/z  ligniiie   un  trait  piquant  pour 
fe  moquer  de  quelqu'un. 
Ç3°  On  appelle  aulli  lardon  en  Serrurerie  &  ouvrages 
en  fer  ,  de  petits  morceaux  de  ter  qu'on    met  aux 
crevalTes  qui  le  font  en  forgeant  ,  afin  de  rapprocher 
&  de  fouder  les  parties  écartées. 
LARE ,  ou  LARA.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom 
d'une  Naïade  ,  qu'on   nomme  aullî  LARÂNDA  & 
LARUNDA.  Lara  Laranda.  La  N.iY.ade  Lare ,  étoit 
fille  du  fleuve  Almon ,  Mercure  la  ht  mère  de  deux 
jumeaux  qu'il  nomma  Lares  ,  du  nom  de  leur  mère  , 
&  qui  furent  honorés  comme  des  dieux.  F'oy.  Ovide , 
Faji.  L.  LI ,  V.   j^7  ,  &  6 1 s.  Lara  s'appeloit  aullî 
Larunda  ,   8c  Mania  j  parce  qu'elle  étoit  mère  des 
Mânes.    V^oye^  Volîîus ,  de  Idolol.    L.  I ,   c.    ii. 
Lara  j    ou  Larunda,    qu'on  appelle    aullî    Mania, 
parce  qu'elle  étoit  mère  des  Mânes,  l'étoit  encore 
des  Lares  ôc   de  la  folie.  Aullî  prioit-on  ces  dieux 
pour  les  fous ,  comme  il  paroît  par  les  Menœckmi  de 
riaurcj  Acl.  Il ,  fan.   11,  v.  i6.  Ôc  par  Horace, 
L.  Il ,  Satyr. 
_ARE ,  ou  LARES,  f.  m.   &c  pi.  Terme  de  Mytho- 
logie. f~fT  Lar ,  au  pluriel  Lares.  Ce  terme  eft  ra- 
rement employé  au  llngulier  :  on  dit  en  llyle  d'An- 
tiquaires ,     qu'une  figure  repréfente   un  dieu  Lare. 
Les  Lares  étoient  des  Génies  que  les  Payens  croyoient 
affilier  les  hommes  ;  ou  les  divinités  qu'on  révéroit 
dans  la  maifon  ,  &  qui  étoient  comme  les  gardien- 
nes des  familles  ;  des  dieux  domeftiques  qu'on  pla- 
çoit  dans  le  coin  du  foyer.  Lares.  Plutarque  ,  dans 
ïes  Quertions  romaines  ,    diftingue  de  bons  Se  de 
mauvais   Lares  ,  comme  il  y  avoit  de  bons   Se    de 
mauvais  Génies  :&  quelques  uns  ,  comme  Euclide, 
ont  cru    que   chaque   homme  en  avoit  deux  ,  l'un 
bon  8c  l'autre  mauvais.  Il  y  en  avoit  de  publics  & 
de  particuliers.  Apulée  dit  que  les  Lijrt'j- domeftiques 
n'étoient    autre   chofe   que  les  amcs    de  ceux   qui 
avoient    bien  vécu  ,  &   bien  rempli  leur  carrière; 
au  contraire  ,  ceux  qui  avoient  mal  vécuerroient  va 
gabonds ,  &  épouvantoient  les  hommes  .•  on  lesappe- 
lok  Larves.  On  nommoitauili  les  premiers  Pénates  , 
&  on  les  adoroit  fous  la  figure  de  petits  marmoulets 
de  cire ,  d'argent  &  d'autres  matières.  Les  Panthées  , 
ou   les  figures   qui  repréfcntent    tout-à-la  fois    plu- 
lîeurs    dieux  ,  étoient  aullî  nommés  Lares.  Varron 
&  Macrobe   difent  que  les  Lares  étoient  enfans  de 
Mania.  Ovide  dans  les  Fartes ,  les   fait    enfans   de 
Mercure   V  de  Lara,  que  Laftance  Se  Aufone  ap 
pellent   Larunda.  Le  Temple   des  Lares  étoit  dans 
la  huitième   région  de   Rome.  T.  Tatius ,  Roi  des 
Sabins ,  eft  le  premier  qui  a  bâti    un  Temple  aux 
Lares.  La   cheminée  Se  le  foyer  des   mailons   leur 
croient  confacrés. 

Les  dieux  Zûrej  étoient  auffi  des  dieux  de  la  naif- 
fance  ,  parce  qu'ils  prenoient  foin  d'un  enfant  dès 
fa  nailfance  ,  comme  on  le  voit  dans  Ovide  ,  FaJl. 
L.  II.  v.6i6.  dans  Tibule  L.  I ,  Eleg.  XI ,  v.  r  f  ,  Se 
dans  Clodien  ,  defexto  Conful.Honor.  Carm.  XXVllI, 
y.  /<?2.  C'eft  pourquoi ,  parce  que  Macrobe  écrit,  Sa- 
turn.  L.  I,  7j  c.  iff,im  la  fin,  que  les  Égyptiens  avoient 
Tome  y. 


LA  R  425: 

quatre  dieux  qui  prélidoicnt  à  la  naiilance  ,  le  génie  , 
la  f-ortune ,  l'amour  Se  la  néccifité ,  8c  qu'il  les  ap- 
pelle Pne/iiees  J  quelques  uns  lui  font  dire  que  les 
Egyptiens  avoient  aulii  leurs  dieux  Lares  ;  mais  il 
y  a  bien  de  la  ditlércncc  entre  les  dieux  des  Égyptiens 
8c  les  Lures  ;  Se  tous  ks  dieux  qui  prélidoient  à  la 
naillance,  n'étoient  pas  Lares  pour  cela. 

Il  y  avoit  des  Lares  publics  ,  <!><:  des  Lares  particu- 
liers ,  privés  ,  domeftiques.  Voy.  Gruter  ,  Infcript. 
p.  CFI  ,n.  4  ,&  n.  12.  Ces  Lares  privés  ,  ou  parti 
culiersj  avoient  loin  de  chaque  maifon,  de  chaque 
famille  particulière.  On  peut  voir  lur  cela  le  Prolo- 
gue de  la  Comédie  de  l'iaute  ,  mivuAce. ,  Aulularia, 
Les  Lares  particuliers  s'appclioient  auill  Pr/tjlues  , 
comme  qui  diroit  Gardiens ,  de  pr&Jlo. 

Quod  prdjiant  oculis  omnia  tuta  fuis. 

dit  Ovide  ,  dans  les  Falles. 

Les  Zt^rtj- publics  le  nommoient  ^lufCi  Compicales  , 
Compicana  de  compitum  ,  carrefour  ;  &  Viales ,  com- 
me qui  diroit  'Voyers ,  de  via  ,  voie  ,  chemin  public  i 
parce  qu'on  les  plaçoit  dans  les  carrefours  Se  lur  les 
grands  chemins  ,  dont  le  peuple  les  regardoit  comme 
les  dieux  tutélaires  ,  ainli  qu'Arnobe  le  dit ,  Z.  111. 
adv.  Gentes.  Dans  Gïmur:  :,p.LXXFlll.  n.  /.Laki 
ViAH  ,  RoM/E  ^TERNyE.On  Hommoit  Urbani ,  c'eft- 
à-dirc  ,  Lares  de  ville ,  ceux  qui  avoient  la  protec- 
tiondesvilles;  8c  Hoftiliens,yZ>^i/«,  ceux  qui  avoient 
loin  d'éloigner  l'ennemi.  Il  y  avoit  des  Lares  de  la 
campagne  que  les  Inlcriptions  antiques  appellent  Z<z- 
res  RuraiTX,  Lares  Rurales  dans  Gruter  ,  p.  CCLI. 

Apulée  ,  de  Dec  Socra.  allure  que  \zi  Lares  étoient 
la  poftérité  des  Lémures.  Arnobe  dans  fou  troilième 
Livre  ,  Adv.  Gentes  ,  rapporte  que  tantôt  Nigridius 
diloitquc  c'étoient  les  Gardiens  &;  les  Proteéleurs  des 
mailons,  &  tantôt  que  c'étoient  les  Curetés  de  Samo- 
rhracc  ,  que  les  Grecs  appeloient  Dactyles  Idéens  , 
&  dont  nous  avons  parlé  au  mot  CURETE^,  &  au 
mot  DACTYLE  :  que  Varron  n'éroit  pas  plus  conf- 
tant'dans  fes  opinions  lur  ces  dieux,  que  tantôt  il 
diloit  que  ce  lont  les  Mânes,  d'oii  vient  que  l'on  di- 
loit  que  leur  mère  étoit  lurnommée  Mania  ;  Se  que 
tantôt  il  les  appelloit  Héros,  Se  dieux  de  l'air.  Les 
Lares  avoient  un  Temple  à  Rome  dans  le  Champ 
de  Mars.  On  les  y  honoroit  fous  le  titre  de  Grun- 
dules  ,  comme  qui  diroit  grognants  ,  comme  font 
les  porcs. 

Tertulien  dans  fon  livre  de  Refurreclione  carnis , 
dit  que  le  culte  des  dieux  Lans  eft  venu  de  ce  que 
l'on  avoit  coutume  autrefois  d'enterrer  les  corps  dans 
les  mailons;  ce  qui  donna  occafion  au  peuple  crédule 
de  s'imaginer  que  leurs  âmes  y  demeuroient  aulîî , 
comme  des  dieux  fecourables  &  propices ,  &  de 
les  honorer  en  cette  qualité.  On  peut  ajouter  que  l.i 
coutume  s'étant  enfuite  introduite  d'enterrer  les  morts 
fur  les  grands  chemins ,  ce  pourroit  bien  être  de-là 
qu'on  prit  occalîon  de  les  regarder  comme  les  dieux 
des  chemins.  Au  rapport  de  S.  Auguftin,  de  Civit. 
Dei  ,  L.  IX.  c.  II.  c'étoit  le  fentiment  des  Platoni- 
ciens ,  qui  des  âmes  des  bons  faifoient  les  Lares  ,  Se 
les  Lémures  des  âmes  des  méchants. 

La  vidrime  qu'on  otlroit  aux  Lares  étoit  un  porc 
quand  on  leur  facrifioit  en  public.  Plaute  ,  Menœch. 
Acl.  II.  Scen.ll.  V.  16.  Horace,  Z.  II.  Satyr.  3. 
En  particulier  on  leur  ofFroit  du  vin  ,  de  l'encens  , 
une  couronne  de  laine  ,  &:  un  peu  de  ce  que  l'on  fer- 
voit  à  table.  Voye\  Volîîus,  de  Idolol.  L.  1.  c.  11. 
On  couronnoit  les  Lares  de  fleurs  Se  fur  tout  de  vio- 
lette ,  de  myrte  ,  de  romarin.  On  leur  oftroit  de  la 
farine  &  des  petits  bouquets  ;  on  brûloit  des  parfums 
devant  eux.  Le  fymbole  des  dieux  Lares  étoit  un 
chien,  que  l'on  repréfentoit  ordinairement  avec  eux 
à  caufe  de  fa  fidélité ,  &  du  fervlce  qu'il  rend  aux  hom- 
mes pour  la  garde  des  maifons.  On  les  reprcfcntoit 
auffi  quelquefois  vêtus  d'une  peau  de  chien,  comme 
l'a  remarqué  l'Auteur  du  Traité  de  l'utiUté  des  Voya- 
ges. Voyey^  fur  les  Lares  Arnobe  à  la  fin  de  Ion  troi- 
lîème  Livre,  Adv.  Gentes.  Laftance  ,  Z.  1.  c.  20. 

Hhh 


^z6  L  A  R 

Tectullien  ,  Jpolog.  c.  i  j  ,èc  2J.  avec  les  Notes  de 
Pamélius  ,3c  L.  de  Speclac.  c.  j.  S.  Augiillin,  de  Civit. 
DcL ,  L.  IX.  c.  II  Se  les  Notes  de  L.  Vivez,  Natalis 
Cornes ,  Mythol.  L.  IF.  c.  4.  Lambin  ,  fur  le  Prolo- 
gue de  YAululana  de  Plaute ,  &  fur  la  IIP.  Satyre  du 
ir.  Livre  des  Satyres  d'Horace  ,  à  ces  mots  Immolet 
dquus  hic  porc um  Laribus.  Spon.  Rech.  d' Antiq.  Dif- 
fère. XFÎII.  Calaubon ,  fur  Suétone  dans  Aueufte  , 
c.  2.  Voye\  encore  ci-dellbus  PENATE  ;  car  c'ctoit 
la  même  choie. 

Ce  nom  de  Lares  vient  du  Latin  Lares ,  qui  efl; 
dérivé  de  Lara  ou  Lare;  c'eft  le  nom  d'une  Nymphe 
qu'on  difoit  être  la  mère  des  Lares. 
j,AREDO.  Nom  d'une  petite  ville  d'Efpagnc.  Laredum. 
Elle  eft  fur  la  cote  de  Bifcaye ,  où  elle  a  un  Port 
fort  grand  &:  fort  sûr ,  à  onze  lieues  de  Bilbao^  du 
côté  du  couchant.  Maty. 
LARENIER.  f.  m.  En  termes  de  Menuiferie  ,  eft  une 
pièce  de  bois  qui  avance  au  bas  d'un  challis  dormant , 
d'une  croifée  ou  du  cadre  des  vîtres  ,  pour  empêcher 
que  l'eau  ne  coule  dans  l'intérieur  du  bâtiment ,  & 
pour  l'envoyer  en  dehors.  Cette  pièce  eil:  communé- 
ment de  la  forme  d'un  quart  de  cylindre  coupé 
dans  fa  longueur. 
LARENTINALES.  f.  f.  pi.  Terme  d'Hiftoire  &:de 
Mythologie.  Larentinalia.  Nom  d'une  fête  chez  les 
Romains.  Il  y  en  a  qui  croient  que  c'étoit  une  fête  des 
Lares ,  mais  il  n'y  a  pas  d'apparence  que  le  vingt- 
deuxième  jour  de  Décembre  leur  étant  conlacré  ious 
le  nom  de  Compitales  ,  le  vingt  troiiième  le  fût  en- 
core fous  un  nouveau  nom  ;  il  eût  été  plus  naturel , 
&  plus  conforme  à  l'ulage  ,  de  leur  confacrer  deux 
jours  fous  un  même  nom.  Le  lentiment  de  Paul  Ma- 
nuce  ,  de  Goltzius  ,  de  Thafconius ,  de  Rohnus  ,  & 
de  plufieurs  autres  ,  eft  que  les  Larentinales  font  la 
même  chofe  que  les  Laurentales.  Voyei^  ce  mot ,  & 
les  Auteurs  cités  ,  auiîî  bien  que  Macrobe. 

Les  Larentinales  étoient  une  fête  à  l'honneur  de 
Jupitçr.  Elles  le  célébroient  le  X.  des  Calendes  de 
Janvier ,  qui  eft  le  23  de  Décembre.  Un  Auteur  Ano- 
nyme ,  dans  une  Differtation  lur  deux  médaille's  d'or 
du  cabinet  de  Madame,  imprimée  à  Paris  en  lyiOj 
prétend  que  les  Larentinales  furent  inftituées  à  l'hon- 
neur des  deux  Acca  Laurentia  ,  l'une  nourrice  de 
Romulus,  &:  l'autre  célèbre  Courtifane  de  Rome, 
qui  avoir  inftitué  le  peuple  Romain  Ion  héritier  ,  fous 
le  règne  d'Ancus  ;  que  ces  fêtes  furent  enfuite  appe- 
lées Jeux  Floraux,  parce  que  le  Sénat  honteux,  fui- 
vant  Laitance ,  de  célébrer  une  fête  fous  le  noni  de 
deux  Courtifanes  fameufes ,  prit  du  nom  de  Flora  que 
l'on  avoir  donné  à  la  dernière  j  le  prétexte  d'jlluftrer 
&  d'ennoblir  en  quelque  façon  une  chofe  peu  hon- 
nête i  que  ce  qui  fe  paftoit  à  Rome  pendant  les  Jeux 
Floraux  ,  répond  à  l'idée  que  l'on  y  avoit  des  deux 
Acca  Laurentia  ,  en  l'honneur  defqucUes  ces  Jeux 
avoient  été  établis. 

On  rapportoit  fort  différemment  l'origine  &c  l'oc- 
cafion  de  cette  fête ,  comme  on  le  peut  voir  dans 
Macrobe ,  L.  I.  Satiun.  c.  1 0.  Plutarque  &  Ovide  les 
appellent  Laurentales  j  Feftus  ,  Larentales  ;  d'autres 
Laurenties  ,  Laurentalia,  Larentalia  Laurentia  feris, 
Macrobe  &  pluheurs  autres  Larentinales.  Le  Prêtre 
de  cette  déelfe  ,  qui  prélldoit  aux  Larentales  ,  fe  nom- 
moit  Larentiaiis  ou  Laurcntialis flamen. 
LARGAGE,  f.  m.  'Vieux  mot  qui  fignifie  une  forte 
de  tribut.  Largagium  ,  dans  la  balle  Latinité.  Il  y 
en  a  qui  prétendent  qu'on  doit  due  lardage  larda- 
gium  ,  parce  qu'ils  croient  que  ce  tribut  fe  levoit  fur 
le  lard. 
LARGAR  AY.  Nom  d'une  ville  de  l'Inde  de  là  le  Gange. 
Larganum.  Elle  eft  près  du  Lac  de  Chiamay  ,  iSc  de 
la  rivière  d'Ava  ,  &  elle  eft  Capitale  d'un  Iloyaumc 
qui  porte  fon  nom.  Maty. 
LARGE,  adj.  m.  &  f.  &(.  Ce  qui  a  la  féconde  dimen- 
fion  des  corps  ,  laquelle  avec  la  première  qu'on  nom- 
me longueur  ,  fait  des  fuperficies.  Ce  qui  eft  compo 
fé  de  deux  ou  plufieurs  lignes  parallèles  ,  ou  mifes  à 
côté  les  unes  des  autres  ,  &  qui  (e  joignent.  Latus  ,  a. 
La  figure  carrée  eft  au'.lî  longue  que  large.  Une  ligne 


L  A  R 

en  Géométrie  n'eft  point  large  -,  mais  en  Ecriture  on 
appelle  des  lignes  larges ,  quand  il  y  a  beaucoup  de 
diftance  entre  deux  rangées  de  caractères. 

Large  ,  ie  dit  aullî  relativement  du  côté  d'une  furface 
à  une  autre.  Celui  qui  a  le  plus  d'étendue  s'appelle 
le  long,  &  celui  qui  en  a  le  moins  ,  s'appelle  le  large. 
Ce  Royaume  a  trois  cens  lieues  de  long  ,  &  deux 
cens  de  large.  Chaque  étofte  doit  être  large  ,  fuivant 
qu'il  eft  ordonné  par  les  Rcgleuicns  de  la  Marchan- 
dife.  On  appelle  du  ruban  large  ,  celui  qui  a  quatre 
doigts  de  large  ;  demi  large  ,  celui  qui  n'en  a  que 
deux. 

Au  Large.  Cette  exprelllon  ,  qui  fignifie  à  l'aife  ,  fans 
être  prefte  j  ni  incommodé  ,  eft  une  lorte  d'adverbe. 
Il  a  pris  un  grand  logis  ,  il  eft  logé  bien  au  large. 
Quand  il  eft  à  table,  au  Sermon  ,  il  veut  être  aftis  au 
large  ,  n'être  point  prefté. 

Moi  qui  ne  compte  rien  ni  le  vin  ni  la  chère  ,         :ii 
Si  l'on  n'eji  plus  au  large  ajfts  dans  un  jejiin  , 
Qu'aux  Sermons  de  Cajfaigne ,  ou  de  l'Abbé  Cotin, 

BoiL. 

IJC?  Au  Long  &  au  Large  ,  c'eft-à  dire ,  dans  toute  l'é- 
tendue de  la  fuperhcie  ,  s'étendre  au  long  &  au  large  , 
acquérir  beaucoup  de  terrain  autour  de  loi ,  de  tous 
côtés. 

En  termes  de  Marine ,  ces  mots  au  large  font  un 
commandement  qu'on  fait ,  ou  un  avertiirement  qu'on 
donne  pour  empêcher  une  chaloupe  ,  ou  un  autre 
bâtiment,  d'approcher  d'un  vailleau.  En  général ,  ces 
mots  au  large  lignifient  plus  avant  en  mer ,  &:  il  eft 
relatif  à  un  autre  lieu ,  ou  un  autre  corps ,  dont  il 
marque  que  celui  dont  on  parle  eft  éloigné. 

IJ^"  Large  s'emploie  auili  fubftantivement.  Ainfi  l'on 
dit  qu'une  étoffe  a  une  aune  de  large.  Cette  toile  n'a 
que  demi-aune  de  large.  Gagner  le  large  ,  prendre  le 
large.  ExprelFion  familière.  S'enfuir. 

Large  ,  f.  m.  Terme  de  Marine.  Ce  mot  ie  dit  pour 
exprimer  une  dilpolition  ,  une  htuation  par  laquelle 
on  eft  éloigné  d'une  côte  ,  ou  d'un  vailleau  ;  ou  un 
mouvement  par  où  on  s'en  éloigne.  C'eft  la  haute 
mer  ou  un  endroit  de  la  mer  éloigné  des  côtes,  ou  un 
endroit  éloigné  d'un  autre  à  la  mer.  Courir  au  large, 
le  mettre  au  lar^e  ,  être  trente  lieues  au  large.  La 
mer  vient  du  large  ;  cette  exprelîîon  fignifie  que  les 
lames  (ont  pouftées  par  le  vent  qui  vient  de  la  mer, 
Hc  non  pas  par  le  vent  qui  vient  de  la  terre.  On 
dit  que  la  Flotte  a  pris  le  large,  qu'on  attire  l'en- 
nemi au  large  ,  prendre  le  large  d'une  tour  ,  palier 
au  large  d'un  vailfeau.  C'eft  la  même  choie  que  largue. 
On  dit  aulIi  J  en  termes  de  Manège,  d'un  cheval, 
qu'il  va  large ,  quar.d  il  gagne  le  terrain  ,  en  s'éloi- 
gnantdu  centre  de  la  volte.  Un  cheval  large  du  de- 
vant ,  qui  a  beaucoup  de  poitrail. 

§3° Large  ,  en  Fauconnerie  j  le  dit  de  l'oifeau ,  lorfqu'îl 
écarte  les  ailes.  C'eft  une  marque  de  ianté  par- 
fiite. 

Large,  en  termes  de  Médecine.  Pouls  large.  Pulfus 
latus.  On  dit  que  le  pouls  eft  large  ,  lorfque  l'artère 
paroît  à  chaque  pullation  diftendue  contre  nature. 
Dicl.  de  James. 

§3"  Large  ,  en  Peinture.  C'eft  l'oppofé  de  mefquin. 
Dans  le  méchanilme  de  l'art  ,  ce  mot  a  la  même  ii- 
gnification  que  le  tnoz  grand,  dans  les  parties  de  cet 
art ,  qui  font  du  reOort  de  l'eiprit.  Lumièies  larges  , 
grandes  ,  étendues.  Contours,  draperies  larges.  Pein- 
dre large ,  largement  ,  donner  de  grands  coups  de 
pinceau,  en  n'exprimant  point  trop  les  petites  parties 
des  objets ,  &  en  les  réunillant  iur  des  malles  généra- 
les de  lumières  &:  d'ombres,  qui  donnent  à  toutes  ces 
parties  ,  &  conléquemment  au  tout,  un  certain  fpe- 
cicux  ,  qui  le  tait  paroître  plus  grand  qu'il  n'eft  réel- 
lement. 

Large   de  loi  ,  en  termes  de  Monnoie  ,  fe  dit  des  efpc- 

ces ,  ou  des  pièces  qui  lont  au-dcllus  du  titre  régie 

par  l'Ordonnance  J  comme  fort  ie  dit  de  celles  qui 

lont  au-dclIus  du  poids  ordonné.  Purior  quàm  lex 

\      wowfMriay^if'f.jr.  Si  ès  boctcs  fe  trouvent  aucuns  de- 


L  A  R 

niers  forts  de  poids ,  ou  larges  de  loi ,  au  dclTiis  de 
rOidonnaiice  ,  ne  fera  d'icclui  forçage  5c  largellc  nu 
cuiie  chofc  allouée  en  la  dcpcnlc  des  états  des  Mai 
très.  Ordonnance  de  ij'J4. 
Large  ,  fc  dit  figurémeiit  en  chofes  morales  &c  fpiii 
ruelles.  On  dit  des  Docteurs  relâchés  dans  la  inoralc 
qui  font  peu  krupulcux ,  qu'ils  ont  la  conlcienle /«/•- 
ge.  On  le  dit  dans  le  fens  des  ientimcns  qui  n'ont  rien 
de  rigoureux,  ni  de  gênaiir.  Les  opinions  larges  ik 
relâchées  n'appartiennent  pas  à  tout  le  Corps  des  Jé- 
l'uites.  Pasch.  Nous  voici  bien  au  large ,  grâce  à  vos 
opinions  probables.  Id. 

Elles  le  pcrluidentque  ce  leracn  fe mettant  plus  au 
large  ,  h  je  puis  parler  ainli ,  en  le  rendant  moins  lu 
jettes  aux  pratiques  d'une  maifon,  Se  en  s'attribuant 
coaime  de  plein   droit  des  privilèges  particuliers  , 
qu'elle  fe  procureront  du  foulagement  ,  Se   qu'cl 
les  diminueront  leurs  peines.  Boukoau  Exk,  T.  I. 
p.  223. 
^3° Être  au  large ,  fignifie  encore  dans  un  fens  figuré  , 
être  dans  l'opulence:  Se  mettre  a.a large ,  mettre  dans 
un  état  cornmodt  Se  opulent. 
IJCT  Large,  qui  nous  adonné  largelfe  ,  s'efl  dit  autre- 
fois pour  libéral ,  mais  il  n'eft  plus    en  ufage. 
lîCrOn  dit  encore  adverbialement ,  &c  en  ftile  populai- 
re, du  long  Se  du  large.  On  lui  en  a  donné  du  long 
&  du  large  j  pour  dire  ,  il  a  été  bien  battu,  bien  tour 
né  en  ridicule.  , 

Large  ,  fc  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On  dit , 
Faire  du  cuir  d'autrui/ar^'s courroie;  pour  dire,  qu'on 
ménage  mal  le  bien  d'autrui.  On  dit  de  celui  qu'on 
a  battu  dos  «Se  ventre  ,  qu  il  en  a  eu  tout  du  long  Se 
du  large  ;  ce  qui  le  dit  aulli  au  figuré  ,  de  celui  qui  a 
perdu  fon  procès  avec  amende  es:  dépens.  On  dit  d  un 
libertin,  ou  d'un  homme  peu  fcrupulcux,  qu'il  a  la 
confcience /ar^e  ,  comme  la  manche  d'un  Cordelier. 
On  dit,  autant  dépend  chiche  que  large  j  pour  dire  , 
qu'une  avarice  mal  entendue  porte  autant  Se  plus  de 
préjudice  qu'une  dépenle  honnête.  On  dit  aulîi  a  celui 
qui  en  preile  trop  un  autre  lans  nécellité  ,  accommo- 
dez-vous ,  le  pays  eft  large:  ce  proverbe  fe  dit  encore 
pour  fignifier  ,  qu'on  elt  en  lieu  où  l'on  peut  prendre 
toutes  les  commodités.  Acad.  f  r.  On  dit  ironique- 
ment d'un  avare  ,  qu'il  eft  large  ,  mais  c'eil  des  épau 
les.  On  dit  d'une  lieue  qui  ennuie  ,  qu  elle  n'eft  guère 
large ,  mais  qu'elle  eft  bien  longue. 
LARGEMENT,  adv.  Abondamment  ,  autant  &  plus 
qu'il  ne  faut.  Copiosè  larguer.  Dieu  récompenfe  lar 
gement  les  Elus.  Ce  prince  eft  libéral ,  il  donne  lar- 
gement.   Il  a  été  payé  largement. 
Largement  ,  le  dit  auili  pour  pleinement  y  entièrement. 
Penitus  ,  omnïno  ,  plané  j  funditùs.   Ils   font  tous 
difpenfés  largement  de  reftituer.  Pasch.  Je  me  fuis 
abandonné  largement  aux  plailirs.  Mont. 
LARGESSE,  f  f.  Don  ,  diftribution  qu'on  fait  de  quel- 
que choie.  Larguas  .  Lirguio.  Les  largejjes  des  parti- 
culiers tiennent  dt  la  prolufion.  Les  Magiftrats  ro- 
mains faifoient  des  large/fes  au  peuple.  Quelquefois 
une  pieufe  avarice  fe  bit  des  prérextes  d'acquérir  pour 
être  plus  en  état  de  taire  de   laintcs  largejjes.  Le  P. 
Gail.  On  admire  dans  le  monde  ceux  qui  fe  diftin- 
guent  par  leurs  préfens  Se   leurs  largejjes.  M.  Es  p. 
Les  largejfes  que  les  Empereurs  Romains  faifoientau 
peuple,  s'appeloient  Congiaires;   celles    qu'ils   fai- 
foient à  l'armée,  fe  nommoient Donatifs.  f^ojei  ces 
mots.    » 
§3°  Cette  coutume  de  diftribuer  quelques  légères  libé- 
ralités au  peuple  dans  certaines  occaiions ,  s'eft  aulîi 
pratiquée  en  France  ,  &:  l'on  appelle  encorepièce^  de 
I      ^'^''S^II^  î  certaines   pièces  d'or  Se  d'argent  que   les 
Hérauts  jettent  parmi  le  peuple  au  facre  des  Rois , 
&  aux  autres  grandes  cérémonies.  Anciennement  ils 
crioient  largejfe  ,  largejfe.  Munera  ,    nummi    miffi- 
les. 
V  i'  Le  mot  de  largejje   fe  dit  particulièrement  de  la 
diftribution  d'argent  ou  d'autre  chofe  faite  dans  des  oc 
I  j      calions  particulières.  Ainfi  il  ne  faut  pas  le  confondre 
r  I      avec  don,  préfent,  libérallcé ,  qui  ont  leurs  nuances 


propres. 


Tome  V. 


L  A  11  427 

Largesse  de  loi.  Termes  de  Monnoie.  Ce  qui  excède 
le  titre  ordonné  par  les  Loix  ,  Monetx, purïtas  ma- 
jor quàm  à  lege  pr^ifcrihatur.  Si  le  Maître  fe  trouve 
avoir  excédé  le  titre  permis  par  l'Ordonnance,  6c  que 
les  cfpèces  fabriquées  loient  rapportées  par  Tcllayeur 
à  plus  haut  titre  que  celui  de  lOrdonnance  ;  ce  qui 
fe  trouve  déplus  iScau-dellus  du  titre  ,  eft  nommé  lar- 
gtjfè  ,  par  l'Ordonnance  de  15S6.  qui  oblige  les  Ju- 
ges Gardes  d'avertir  le  Maure ,  &  de  lui  faire  enten- 
dre qu'il  ne  lui  fera  tenu  aucun  compte  de  cette  lar- 
gclle ,  ajin  qu'il  puijje  j  aire  refondre  ces  efpèces  ,  avant 
qu'elles  lui- j  oient  délivrées  par  les  Juges  Cardes  ,pour 
être  e.xpofccs  dans  le  commerce.  Boizard  ,  P.  1.  c.  ^. 
Il  faut  obkrver  c^ue  le  terme  de jorcage  eft  toujours 
employé  pour  le  poids  ,  Se  celui  de  largejje  pour  la 
loi  ;  ainfi  on  dit ,  forçage  de  poids ,  Se  largeffe  de 
loi.  Id. 

LARGEUR,  f  f.  La  féconde  dimenfion  des  corps ,  qui 
appariient  aux  luperhcieSj  ou  étendue  d'une  choie 
conhdérée  |C?  d'un  de  les  côtés  à  l'autre  ;  ou  bien  la 
dimention  qui  concourt  avec  la  longueur  pour  for- 
mer l'aire  ou  la  luperficie.  On  la  conhdère  comme  for- 
mée de  plulieurs  lignes  mifes  à  côté  les  unes  des 
autres.  Latitudo.  Cette  place  a  60  toifes  en  longueur  , 
fur  30  de  largeur.  Le  prix  des  étoffes  diminue  ou 
augmente  ,  à  proportion  de  leur  largeur.  Les  draps 
d'Elpagne  doivent  avoir  une  aune  &  demie  de  largeur, 
ou  une  aune  un  ticKs.  Il  a  été  tait  un  Règlement  au 
mois  de  d'Août  1  ■569  pour  les  largeurs  ,  longueurs  & 
qualités  de  toutes  fortes  d'étoftes. 

LARGION.  f.  f.  Vieux  mot.  Don,  libéraUté.  C'eftun 
abrégé  de  largition  :  du  Latin  largitio. 

L  ARGIS.  Nom  d'un  bourg  de  l'Écollc  méridionale,  fitué 
dans  la  Province  de  Cuiiinghan ,  lur  le  Golte  de 
Cluyd  ,  à  Icpt  lieuesde  la  ville  de  Reinfreu ,  vers  le 
couchant.   Maty. 

LARGITIONAL.  L  m.  Nom  d'un  bas  Officier  dans 
l'Empire  Romain.  Largitionalis  ,  Apparitor.  Ces 
Officiers  étoient  des  elpèces  d'Huilîiers  Se  de  Ser- 
gens. 

ïp"' LARGO,  adv.  Terme  de  Mufique,  tiré  de  l'Ita- 
lien,  qui  fe  place  à  la  tcte  d'un  air  ,  pour  marquer 
que  cet  air  doir  être  joué  d'un  mouvement  lent  moyen 
entre  l'andante  &  l'adagio. 

|K?  Le  diminutif  larghetto  marque  un  mouvement  un 
peu  plus'animé  que  le  largo. 

LARGO.  Terme  Barbare  ,  qui  vient  de  l'Italien,  dont 
les  Provençaux  Se  quelques  autres  le  lervent  dans 
les  écritures  mercantilles  :  il  lignifie  amplement.  Je 
vous  ai  écrit  largo  par  le  dernier  ordinaire  iiir  la  vente 
de  mes  velours. 

LARGUE ,  ou  LARGE,  f  m.  Quelquefois  on  donne  un 
article  féminin  à  ce  mot ,  Se  on  dit  la  largue.  Terme 
de  Marine.  Haute  mer.  Altum  mare  ,  altum.  Il  n'a 
guère  d  ufage  qu'en  ces  phrafes  ;  Prendre  le  largue  y 
tenir  le  largue  ,  faire  largue;  pour  dire  j  Prendre  la 
haute  mer  ,  tenir  la  haute  mer ,  aller^  en  haute  mer. 
On  dit  auftî  adverbialement  qu'ils  le  font  mis  à  la 
largue  ,  qu'ils  fe  font  mis  en  haute  mer  ,  de  peur  d'être 
jettes  fur  les  côtes.  Tous  les  autres  vaifteaux  qui  étoient 
dans  le  ports'étant  mis  à  la  largue  ,1kluerent  ces  nou- 
veaux venus  de  toutes  leur  artillerie.  Du  Loir  ,  Voya- 
ge dulevant,p.  I çy.  Ils  fe  contentèrent  d'inveftir  les 
Galères ,  &  quelquefois  de  fe  mettre  à  la  largue  ,  poui 
tâcher  à  les  attirer  au  combat  hors  de  la  portée  du  ca- 
non de  la  Fortereffe. 

Ce  mot  eft  auffi  adjeftifi  ainfi  on  appelle  vent 
largue  ,  ou  vent  de  quartiers  ,  Obliquus  ventus  ,  l'aire 
de  vent  qui  eft  comprifc  entre  le  vent  arrière.  Se  le 
vent  de  bouline.  C'eftle  plus  favorable  des  vents  pour 
le  fillage,  car  il  donne  dans  toutes  les  voiles;  au  lieu 
que  le  vent  en  poupe  ne  porte  que  dans  les  voilesd'ar- 
rièie  ,qui  dérobent  le.vent  aux  voiles  des  mâts  d'avant. 
Un  vajJïeau  ,  qui  fait  trois  lieues  par  heure  de  vent 
largue,  n'en  fait  que  deux  de  vent  en  poupe.  Au  lieu 
denoustenii  iu  plus  près  ,  nous  coulions  vent  lafgue 
de  deux  aires  de  vent,  afin  d'être  mieux  en  ligne. 
M.  LE  Comte  de  Toulouse.  Nous  avons  im  peu  de 

.     vent ,  mais  il  eft  largue.  Toutes  nos  voiles  portent , 

Hhhij 


428  L  A  R 

&  rtoùs  ne  roulons  plus.  I.'AbbÉ  de  Chois  y. 
Ce  mot  ell  la  même  chofe  que  large  ,  il  n'y  a 
que  la  prononciation  de  la  dernicie  {yllabc  qui  loit 
diftérente;  mais  il  ne  faut  s'en  (etvir  qu'en  termes 
de  Marine. 

LARGUER.  V.  a^  Terme  de  Marine.  Laiffer  aller  ,  fi- 
ler ,   lâcher  les  manœuvres  quand  elles  font  hàlées  , 

§;?  lâcher  ou  hier  le  cordage  qui  retient  une  voile  par 
le  bas.  Remiture.  Larguer  les  écoutes  j  c'eft  les  déta- 
cher ,  pour  leur  donner  plus  de  jeu. 

§Cr  Larguer  lignifie  en  général  lâcher  ce  qu'on  tient. 
On  dit  en  commandement  largue  en  bande,  pour  faire 
lâcher  fubitement  quelque  choie. 

Larguer  »  lîgniiîe  aulli  en  général,  tirer  à  côté ,  ou 
ntcttre  à  la  largue.  On  dit  d'un  vailleau  qu  il  a  largue  , 
lorfquc  fes  membres  ou  les  bordages  fe  léparcnt  , 
lorfqu'il  s'ouvre  en  quelque  endroit.  Cela  (igniHe 
encore  que  le  vailleau  s'eft  fervi  du  vent  pour  fun- 
le  combat.  En  ces  occafions,  le  verbe  larguer  ell 
neutre. 

LARIGOTi  f.  m.  'Vieux  mot  qui  fignifie  flageolet ,  ou 
un  ■  efpècc  de  flûte  champêtre ,  à  l'imitatioii  de  la- 
quelle on  a  compolé  un  jeu  entier  de  l'orgue ,  qui 
cftde  quarante-huit  tuyaux,  qui  font  un  iiflement  fort 
aigu.  Fijlula.  Ce  jeu  elf  de  tuyaux  ouverts  ,  dont  le 
plus  petit  eft  d'un  pied  cinq  pouces. 

On  dit  proverbialement ,  boire  à  tire  larigot  \  pour 
dire,  boire  beaucoup j  &  àloiTgs  traits.  Quelques-uns 
tirent  l'origine  de  ce  proverbe  du  jeu  de  l'orgue,  à 
caufe  qu'il  lîfle  beau-coup  ,  &  que  les  Buveurs  appel- 
lent louvent /y?<;r ,  boire  beaucoup.  D'autres  d'une 
cloche  de  Rouen ,  qui  eft  la  leconde  en  grofleur  dans 
la  Cathédrale  qu'on  appelle  la  Rigault  ,  du  nom  de 
celui  oui  l'a  donnée  •■,  &t  parce  que  les  Sonneurs  ont 
beaucoup  de  peine  à  la  fonner  ,  on  dit  qu'au  (ortir 
de- là  ils  vont  boire  en  tire  la  Rigault.  D'autres  le 
dérivent  d'une  petite  flûte  d  ivoire  ,  qui  rend  un  ton 
fort  haut  ,  dans  laquelle  il  faut  touffler  à  perte  d'ha- 
leine ;  &  parce  que  quand  on  Veut  boire  jufqu'à  la 
dernière  goutte  ,  il  faut  lever  le  coude  ,  le  menton  & 
le  verre ,  comme  ceux  qui  flûtent  avec  un  larigot ,  on 
a  appelé  cette  manière  ,  boire  à  tire  larigot  :  ce  qu'on 
dit  autrement  jouer  de  la  flûte,  de  l'Allemand,  par 
comparailon  à  ces  verres  longs  &  étroits,  dont  les 
Allemands  ("e  fervent  dans  leurs  débauches  ,  qu'ils 
nomment  'Aùtes.  D'autres  difcnt  que  ce  mot  vient  des 
Goths ,  qui  ayant  tué  leur  Chef  Alaiic  j  &  mis  Ci  tête 
au  bout  d'une  pique  ,  bûvoient  par  dérilion  à  la  fanté 
en  proférant  des  mots  ,  à  ti  Alaric  Goht ,  d'où  on  a 
dit  par  torrupiion,à  tue  liîrigjt.  Borel  le  dérive  d'un 
vieux  mot  François  larigzude  ,  qu'il  dit  (igniher  le^'o 
Jîer  ,tk  être  dérivé  àe.lafynx.  Ainli,  boire  à  tire  /(z- 
n^or,  lignifiera  boire  à  tire  le  ^o/Ter.  V^oye^  Ménage  j 
qui  le  fait  venir  de  ^pTJiJlula  ,fîjlularis  jjij7ularius , 
fijîularicus  ,  laricus  ,  laricotus  :  larigot ,  &  de-là  boire 
à  tire  larigot,  à  caule  de  la  reflemblance  des  longs 
verres  aux  flûtes ,  parce  qu'en  buvant  on  attire  la  li- 
queur qu'on  boiti  boire  à  tire  larigot ,  c'eù.  à  dire  à 
longs  traits ,  tr'akendo  vinum  quod  eft  in  cyatho.  De  là 
vient  que  nous  .avons  dit_yft^fer  pour  boire,  expreilîon 
qui  eft  encore  ulitée  aujourd'hui  parmi  le  peuple  dans 
cette  lignification.  M.  Ménage  troiive  le  P.  Bouhours 
très-ridicule  d'avoir  voulu  ridiculifer  cette  étymolo- 
gie  de  larigot,  amlî  que  quelques  autres  qui  ne  pa- 
roillent  pas  moins  fingulièreSi 

Larigot.  Ce  mot  le  trouve  employé  au  figuré  par 
Saint- Amant ,  mais  dans  un  fens  un  peu  trop  libre. 
Danfcr  le  double  branle  au  fon  du  larigot. 
LARIN.  f.  m.  Nom  d'une  monnoie  qui  a  coUts  au 
Mogol ,  en  Arabie  ,  en  Perfe  ,  &  principalement 
dans  les  Golfes  Perfiques  &:  de  Cambaye.  Larinus. 
Le  Larin  eft  un  fil  d'argent  plié  en  deux  ;  il  eft  de  la 
grolFeur  d'un  tuyau  de  plume  ordinaire ,  &  long  de 
deux  travers  de  doigt  ou  environ.  Sur  ce  fil  d'argent , 
ainfi  plié ,  on  voit  le  nom  du  Prince  dans  les  Etats 
duquel  le  Larin  a  été  fabriqué.  T)\\Larins  valent  une 
Piaftre.  Huit  Larins  font  un  Or  ,  &  dix  Ors  valent  un 
Toman  de  Peife  ,  qui  vaut  quinze  Ecus ,  comme  on 
dit  ordinairement ,  mais  il  vaut  précifément  quarante- 1 


L  A  R 

lix  livres ,  un  denier  &  un  cinquième.  Ainfi  \x\\  Larin 
eft  un  peu  plus  de  dix  fols.  | 

Le  Larin  tlf  d'une  forme  bizarre  ,  ce  n'eft  autre  ' 
chofe  qu'une  petite  verge  d  argent  d'un  poids  fixe , 
repliée  ,  cnforre  qu'un  boùt'cit  plus  long  que  l'autre, 
&  au  coude ,  qui  eft  l'endroit  où  elle  fe  plie ,  elle  efl 
inarquée  dune  petite  empreinte.  On  l'appelle  iari/j, 
parce  que  c'étoit  la  monr.uie  propre  des  Princes  de 
Lar  ,  ville  de  Perfe  j  &  qu  ils  .ivoient  inventé  ,  lorf- 
que  cet  Etat  étoit  féparé  du  Royaume  de  Perfe.  La 
bonté  de  l'argent,  &  la  diUiculté  de  le  f.allifier, 
parce  qu'on  ne  le  prend  qu'au  poids ,  fait  que  c'elt 
une  monnoie  courante  dans  tout  l'orient ,  &  que 
non  feulement  les  Princes  de  Lar,  qui  en  font  les 
Auteurs,  mais  tous  les  Princes  d'Alie  ,  les  Turcs, 
les  Perles ,  les  NIogols  &  lesautresjen  battcntccn-, 
tinuellenient.  Quelque  patt  au  refte  qu'on  la  fabrique, 
elle  retient  fon  premier  nom  de  Larin,  ou  Lar ^ 
comme  parle  Piétro  Délia  Valle ,  Pcrjia  Lett.  XVIL 

p.  4.S8  i^QO. 

LARLNA  ,  ou  LARINE.  Quelques  Cartes  difent  Larino. 
Ville  du  Royaume  de  Naplcs.  Larinum,  Elle  eft  dans 
le  Comté  de  Moiiilè  ,  aux  confins  de  la  Capitanate, 
&  à  fept  lieues  de  la  ville  de  Moliflè.  Lanna  eft  peu 
de  choie ,  quoiqu'elle  ait  Un  Évéché  futiragant  dt 
Bénévent.  Matï.  ^  g 

LARIS.  Nom  dune  petite  ville  ,  autrefois  Épifcopalet    J 
Lariffa.  Elle  eft  dans  la  Syrie  fur  la  rivière  de  Tat- 
far  ,  à  quelques  lieues    au  dtflus   d  Hama.   Elle  efi 
aujourd'hui  prefc,ue  déferre.  Matv. 

LARISSA  J  ou  MÉGARISE.  Rivière  de  la  Romanie. 
Lariffc  ,  Larijfus  ,  Mêlas.  Elle  prend  la  fource  dans 
les  montagnes  ,  qui  font  vers  les  confins  de  la  Bul- 
garie ,  baigne  BergaSj  Iplala  ,  Afpri ,  &:c.  &  fa 
va  décharger  dans  l'Archipel ,  entte  la  Prefqu'ile 
de  la  Romanie  ,    &    l'embouchure    de    la  Marilla. 

M AT Y.  k 

LARISSE.  Nom  d'une  montagne  de  l'Arabie  Pétréc* 
Lariffa  :,  Cajjiusmons.  Elle  eft  le  long  de  la  mer  Mé- 
diterranée ,  vers  les  confins  de  la  Judce.  Elle  a  pris 
fon  nom  de  l'ancienne  LotIs  ,  ou  Lariila  ,  Ville  de 
l'Lfumée  ,  fituée  à  douze  lieues  de  Gaza  ,  vers  le  midi. 
Baudouin  L  Roi  de  Jerufalem  ,  mourut  en  cette  ville, 
l'an  II 18.  Maty.  Solin  rapporte  que  du  haut  de 
cette  montagne  en  été  ,  on  voit  encore  le  foltil  à  la 
quatrième  veille  de  la  nuit;  d'où  RL  Scarfoj  Senti. 
Geôgr.  tire  la  hauteur  perpendiculaire  de  cette  mon- 
tagne de  cinquante  mille  pas. 

LAUISSE  ,  LAFIZZA  ,  LARSA.  Nom  d'une  grande 
ville  &:  Arcliiéfilcopale.  Lariffa.  Elle  efl  dan-  la 
Theflalie  _,  fur  le  Pénée  ,  environ  à  dix  lieues  de  foft 
embouciuue  dans  le  Golfe  de  Salonichi.  Lariffe  eft 
fort  ancienne ,  ça  été  la  Patrie  d'Achille.  Cette  Lariffi 
étoit  dans  la  contrée  de  Thellàlie,  qu'on  appeloitPé- 
lafgiotide  ,  à  quinze  milles  de  Pharlale. 

Larisse,  ou  Larizo.  Nom  d'une  ancienne  ville  dé 
Grèce.  Larijju  pcnfilis  ,  Creniajîe.  Elle  eft  dans  la 
Theflalie,  lut  une  colline,  eriTC  le  Golfe  de  Zel- 
ton ,  &  celui  de  l'Armiro  ,  à  onzj  ou  douze  lieues 
deDémétriade.  Maty. Celle-ci  étoit  dans  lapartiede 
Theflalie  ,  qli'on  nommoit  la  Phthiotide. 

Il  y  avoir  encore  anciennement  beaucoup  d'autres 
LanjJ'es;  deux  en  l'Ile  de  Crère  ,  dont  parle  Etienne 
de  Bylance.  Homère  parle  d'une  Lariffe ,  qu'il  dit 
être  dans  un  pays  de  blé ,  fertile  en  blé.  On  ne  fait 
quelle  eft"  cette  Lariffe.  Il  y  en  .avoir  une  en  Syrie, 
qui  étoit  EpifcopalCj  fous  la  Métropole  d'Apamée; 
une  autre  en  Lydie  -,  une  dans  l'Eolide  ,  alfez  près 
de  Cumes.  Lariffe  étoit  auflî  le  nom  de  la  citadelle 
d'Argos ,  bâtie  par  Danaiisj  fi  l'on  en  croit  le  Géogra- 
phe Etienne  ,  &  d'un  bourg  d'Éphèfc,  où  Apollon 
ctoir  honoré  ,  &  dont  il  prenoit  le  nom  de  Lariffenus, 
&  d'une  petite  contrée  dans  le  mont  Olîà. 

L  ARISTAN.  Contrée  de  Perfe  aux  environs  de  la  ville  de 
Laar  _,  &  qui  s'étend  depuis  le  vingt-cinquième  degré 
de  latitude  julqu'au  vingt- feptième. 

LARIX.  f.  m.  Nom  d'un  arbre.  Larix.  Le  Térébinthe 
&  le  Larix  font  de  diflérente  efpèce  ,  néanmoins 
comme  ils  jettent  naturellement  par  les  ouvertures 


L  A  R 

de  leurs  ccorccsdes  larmes  odorantes  j  Se  de  beau- 
coup d'etiicace  dans  la    guérifoii  de  divers    maux, 
on  a  applique  à   ce  mcdicameiit  le  nom  rie  Tcré 
benthinc  ,  comme  un  nom  gcnéial.CHORirR  ,  BiJL 
•du  Dauphïné yL.  I.  T.  /.  p   sS.  Voye.\  fur  le  Larix ^ 
Pline, X.  FI ,  c.  lo,  4«  ,  -^-' .  ^-  XIT,  c.  i6.  L. 
XVI>  c.iS,2{,  s$.   Cet  Auteur  rapporte  com 
me  une  chofe  extraordinaire  que  (ous  le  régne  de  J  i 
bcre  ,  on  vit  à  Rome  une  poutre  de  Lanx  ,  longue 
de  iîx  vingt  pieds  &  par-  tout  également  cpaillc  de 
deux  pieds. 

Célar,  Vitruve,  Pli  ne,  Brantôme  &  quantité  d'au- 
tres ,  dilent  que  le  bois  de  cet  arbre  eft  incombuftible. 
Jules  Céfar  1  éprouva  lorfqu'il  ailiégea  le  Château  de 
Larignum  ,  proclie  des  Alpes.  Il  y  avoir  une  tour  de 
bois  près  de  la  porte  de  ce  Château,  dont  l'entrée  étoit 
détendue  par  ceux  qui  étoicnt  dedans,  quiaccabloient 
de  pierres  ceux  qui  en  vouloient  approcher.  Célar 
ordonna  à  les  troupes  d'environner  cette  Tour  de 
fagots ,  S:  d'y  mettre  le  feu  j  ce  qui  fut  exécuté  : 
mais  il  vit  avec  étonnement  que  quand  le  feu  de  tous 
«ces  fagots  fut  éteint ,  cette  Tour  qui  devoir  être  ré- 
duite en  cendres,  parut  toute  entière  ôc  fans  être  en- 
dommagée ,  parce  qu'elle  étoit  faite  de  bois  de  Larix , 
fort  commun  dans  le  pays,  &  qui  eft  à  l'épreuve  des 
Gammes. 

^CTCroira  t  on  qu'un  bois  plein  de  réfine, comme  le  Larix 
que  nos  Botaniftes  modernes  croient  être  le  même 
que  le  Mélèze  des  Alpes  &  du  Dauphiné ,  puilîe  ré- 
fifter  au  feu  î  les  Anciens  le  dilent;  Les  Modernes 
allurent  poiitivement  le  contraire.  En  admettant  com- 
me vrai  le  fait  dont  on  vient  de  parler  ,  il  faut  donc 
regarder  le  larix  &  le  mélèze  comme  deux  arbres 
diliérens.  Je  demande  dans  ce  cas,  qu'efl:  ce  que  le 
larix  de  Célar  dont  la  tour  étoit  conftruite  ,  &  qui 
avoit  donné  ion  nom  à  la  fortereffe  de  Larignum  ? 

LAR-KIN.  f.  m.  Ternie  de  Relation.  C'eft  le  nom  d'un 
breuvage  fort  en  ufage  dans  toutes  les  Iles  des  Indes 
Orientales.  C'eft  une  liqueur  délicieule ,  mais  dont 
il  ne  faut  point  faire  une  ulage  ordinaire ,  parce  qu'elle 
eft  trop  forte.  On  peut  s'en  iervir  dans  des  foiblelles , 
elle  eft  reftaurante.  On  en  pourroit  faire  aufll  des 
rôties  excellentes ,  comme  on  fait  avec  le  mufcât  & 
la  malvoilie  de  Candie.  Piétro  Délia  Valle  ,  qui  rap- 
porte ceci  dans  fon  Voyage  de  l'Inde  ,  L.  XFIIL  p. 
S 37  ^  S 3^  ,  marque  qu'il  favoit  la  compolition  du 
Lar-Kin ,  mais  il  ne  le  dit  pas. 

LARME. f.  f  Eau  claire,  limpide  &  falée  qui  forr  de 
l'œil  par  lacompreffion  des  mufcles,  caufée  par  quel- 
que douleur ,  affliction  j  tluxiou ,  ou  par  quelque  agent 
extérieur.  Lacryma.  gCT  Au  dclfus  de  l'œil  ,  affez 
près  du  petit  angle  ,  eft  fituée  une  glande  à  laquelle 
les  Anatomiftes  ont  donné  le  nom  de  lacrymale.  Elle 
filtre  une  eau  qui  fert  à  humeéler  le  globe  de  l'œil , 
&  qui  fe  rend  dans  une  cavité  que  Ton  nommey2?c  la- 
crymal. C'eft  de  cette  cavité  que  la  comprelîion  des 
mufcles  ,  occalionnée  par  la  douleur  ,  la  joie  ,  le 
tire ,  ùc ,  fait  lortir  une  humeur  que  nous  appelons 
larme.  Les  violentes  douleurs'  tont  verler  des  larmes. 
Son  amant  fondoit  en  larmes  à  fcs  pieds.  La  compal- 
fion  tire  des  larmes.  Ils  ont  de  la  peine  à  retenir  leurs 
larmes.  Il  ne  peur  s'empêcher  de  donner  des  larmes 
aiix  malheurs  d'aurrui.  Répandre  des  larmes.  Avoir 
les  yeux  baignés  de  larmes.  Jetter  des  larmes.  Qu'on 
Voie  tomber  des  larmes  de  nos  yeux ,  lorlque  l'excès 
de  notre  douleur  nous  les  fait  répandre,  mais  ne  nous 
excitons  jamais  à  pleurer.  M;  Esp.  Je  ne  faurois  fouf 
frir  un  Héros  tel  qu'Énée  ,  qui  ne  foiirnit  qiJe  des  lar- 
tnes  aux  malheurs ,  &  des  craintes  à  tous  les  périls 
qui  fe  préfentent.  S.  Evr.  Comme  les  larmes  (ont  les 
inarques  d'un  naturel  fenfible  &  pitoyable  ,  elles  font 
aullî  des  marques  de  foiblelle  ou  d'artifice.  FÉn.  Ses 
loupirs  ridicules  &  fes  larmes  niaifes  ont  fait  rire  tout 
le  monde.  Mol.  Les  femmes  ont  le  don  des  larmes , 
&  un  merveilleux  talent  pour  pleurer.  S.  EvR.  Les 
Elpagnols  ont  là  deflus  un  proverbe  :  Lagrymas  de 
mugeres  valen  mucho  ,  y  cueflan  poco  :  Les  larmes 
des  femme»  valent  beaucoup  &  coûtent  peu.  Alexan- 
dre verfa  des  larmes  jaloufes  de  la  gloire  de  fon  père. 


L  A  R  429 

s.  Evr.  Lcsfaux  foupirsj  ni  icsfaunès7rtr/7ic-jj  n'ont 
rien  qui  fente  unprotond  regret.  Gh.  de  M.  Les  pre- 
mières /awzcj  font  naturelles  à  la  douleur,  elles  ont 
leur  fourcc  dans  le  cœur;  mais  fi  elles  durent  trop 
long-tcms,  alors  c'eft  l'art  qui  les  fait  couler,  la  na- 
ture ne  les  veut  plus  reconnoitre.  S  Evr.  Les  larmes 
font  l'éloquence  des  fcnuncs.  M.  Esi'. 

La  Tragédie  en  pleurs 
D'Orefte  parricide  exprima  les  allarmcs , 
Et  pour  nous  divertir ,  nous  arracha  des  larmes. 

BoiL. 

Apparemment  que  l'antiquité  cr'oyoit  que  les  lar- 
mes des  vivans  fervoient  ou  étoient  agréables  aux 
morts  ,  car  elle  leur  en  procutoit  avec  grand  foin 
dans  leurs  funérailles ,  jufqu'à  inftituer  des  pleureules 
de  profeftîon  ,  comme  li  celles  de  leur  famille  ne  leur 
eulîent  pas  futii.  Elfuyer  les  larmes  d'une  pcrlontie 
affligée ,  c'eft  la  confoler ,  lui  faire  oublier  fa  douleur. 

Et  contre  ma  douleur  j' aurols  fenti  des  charmes  ^ 
Lorfquune  main  fi  chère  eut  effuyé  mes  larmes. 

Corn. 

On  peint  des  figures  de  larmes  fur  les  tombeaux, 
&  on  en  applique  lur  les  ornemens  qui  (ervent  aux 
pompes  funèbres. 

Il  y  a  auiîi  des  larmes  de  joie  qui  font  caufées  par 
la  même  comprellïon  des  mufcles  ,  quand  ils  font 
violemment  émus  par  quelque  lurprile  extraordi- 
naire. Ainli  ou  dit  :  Rire  julqu'aux  larmes  ,  quand  on 
fait  un  grand  effort  de  rue  ,  en  forte  que  les  larmes 
coulent  des  yeux. 

On  dit  hyperboliquement ,  un  torrent  de  larmes  , 
de  celles  qui  coulent  en  abondance.  Pleurer  à  chau- 
des larmes ,  à  groft'es  larmes.  Les  larmes  lui  tom- 
boient  des  yeux  a  grands  Ifots.  Vaug.  On  dit  d'un 
grand  malheur  ,  qu'on  le  devroit  pleurer  avec  des 
larmes  de  fmg.  Elles  pieu  roient  avec  des  larmes  de 
fang  leur  pudicité  violée.  Vaug.  Les,Poëtes  ont  feint 
que  la  mer  éroit  une  larme  de  Saturne  j  pour  frire  en- 
tendre que  le  tems  .engendre  toutes  chofes. 
Larme  ,  fe  dit  aufti  en  parlanr  de  la  pénitence  ,  foie 
qu'on  verfe  des  larmes  efteïlives  ,  foit  qu'on  lente 
une  vive  douleur  de  fes  fautes.  Malherbe  a  fait  un 
Poëme  des  larmes  de  S.  Pierre  qu'il  a  imité  du  Tan- 
lile.  La  Madeleine  arrofa  de  fes  larmes  \es  pies  du 
Sauveur  J  ôc  les  eduya  de  les  cheveux.  Il  faut  noyer 
fes  péchés  dans  fes  larmes  ,  les  effacer  à  force  de  pleu- 
rer ,  ou  de  s'en  repentir.  Ainh  larme  le  prend  fou- 
vent  pour  l'affliétion  même  qui  les  fait  répandre. 

Achille  au  fang  d' Hector  doit  l'éclat  de  fes  armes  , 
Et  vous  n'êtes  tous  deux  connus  que  par  mes  larmesi 

Racine. 

Larme  ,  fe  dit  quelquefois  d'es  animaux.  Virgile  dit 
qu'en  la  pompe  funèbre  de  Pallas  ,  fon  cheval  jettoit 
de  grolfes  larmes.  Les  cerfs  aux  abois  répandent  des 
larmes.  Ils  jettent  aullî  des  larmes  qlii  coulent  dans 
leurs  larmières,  qui  s'y  épaiiriflcnt  &•  forment  une  ef- 
pèce  de  gomme  &c  de  chaftîe.  On  appelle  en  termes 
de  Vénerie  larmes  de  cerf,  une  liqueur  jaune  qui  fe 
prend  dans  les  larmières  ducerf.  Salnove.  Il  fe  fait 
une  diftil'.ation  qui  coule  des  yeux  du  cerf  dans  deux 
fentes  qui  font  au  delfous ,  que  nous  appejons /û/wiè- 
res ,  laquelle's'y  arrête  ,  s'y  épaiftît  en  forme  d'on- 
guent de  couleur  jaunâtre  ,  ce  que  nous  nommons 
larmes  de  cerf  ,  qui  font  très  fouveraines  pour  les 
femmes  qui  ont  le  mal  de  mère  ,  délayées  &  prifes 
dans  du  vin  blanc  ,  ou  dans  de  l'eau  de  chardon  bénit  : 
elles  fervent  aulîi  pour  le  mal  caduc.  Ib.  chap.  II. 
page  I  )-. 

Larme  ,  fe  dit  aUftl  du  fuc  qui  diftillé  goutte  à  goutte  de 
quelque  arbre  ,  comme  de  la  vigne  quand  on  la  tîiille , 
du  fapin  ,  d'une  efpèce  de  palmier  d'où  il  diftille  une 
liqueur  d'un  goût  fort  agréable ,  femblable  à  du  vin-- 


43©  L  A  R 

Gutta.  Les  gommes  les  i-élincs ,  les  maftics  ,  font  des 
larmes  de  didérens  aibies. 
Larme  ,  lignifie  auHi  une  petite  quantité  de  liqueur. 
Guttula  ,  lacryma.  Voilà  dune  elleiice  li-exquile, 
qu'il  n'en  faut  qu'une  larnu  pour  taire  une  bouteille 
diiippocras.  Ce  malade  demande  du  vin  dans  (a  liè- 
vre ,'ne  lui  en  donnez  qu'une  larme. 
|Cr  Larme  Bataviq,ue.  Lacryma  batavïca.  On  donne 
ce  nom  en  Phylique  à  des  etpèces  de  larmes  de  verre 
qui  fe  font  en  laillànt  tomber  dans  l'eau  une  goutte  de 
verre  fondu.  On  leur  a  donné  le  nom  de  Bataviques  ^ 
parce  qu'on  a  commencé  à  les  taire  en  Hollande  ,  en 
Latin  Batavia.  Prenez  un  peu  de  la  matière  fondue 
dont  on  fait  les  verres;  lailléz-là  couler  &  tomber 
dans  un  valc  plein  d'eau.  Laiflez  refroidir  dans  l'eau 
la  partie  la  plus  épaille  &  la  plus  pelante  qui  coule 
fans  fe  détacher  tout-à  fait,  &  qui  s'alonge  en  forme 
de  larme.  Frappez  avec  un  marteau  la  tête  de  cette 
larme :,  elle  ne  lé  brifera  pas.  Pourquoi.''  Les  parties 
frappées  ne  peuvent  pas  être  difpofées  en  forme  de 
voiitej  fans  le  foutenir  les  unes  les  autres.  Elles  doi- 
vent donc  être  à  l'épreuve  des  coups. 

Si  vous  rompez  l'extrémité  de  \a.  larme  batavique , 
elle  s'écartera  tout  d'un  coup  en  poullicre ,  à  deux  ou 
Trois  pies  à  la  ronde.   Pourquoi  ? 

Il  faut  conlîdérer  la  larme  batavique  comme  un 
compofé  de  plufieurs  furfaces  ou  couches  appliquées 
les  unes  fur  les  autres.  Puifque  c'eft  dans  l'eau  qu'on 
a  fait  refroidir  les  larmes ,  la  première  furhice  a  les 
parties  beaucoup  mieux  rapprochées  &  beaucoup 
mieux  liées  que  la  leconde;  laieconde,  que  latroi- 
fîème,  &c  ainfi  de  fuite ,  julqu'à  la  dernière,  qui  ren- 
ferme un  grand  nombre  de  bulles  d'air  qu'on  voit 
ralfemblées  au  centre.  Si  vous  rompez  la  queue  de  la 
larme ^  l'air  extérieur  entre  .ivec  impétuolîté  dans  la 
larme,  en  challe  l'air  intérieur,  qui,  pénétrant  de 
furface  en  (urface  par  des  routes  qui  vont  toujours  en 
fe  retrécillant  ,  acquiert  alfez  de  force  pour  faire 
éclatter  la  larme  en  mille  pièces. 

Faites  refroidir  la  larme  batavique  dans  l'air  <Sc  non 
dans  l'eau  ;  rompez-en  la  queue ,  la  larme  ne  fe  brife- 
ra pas.  Pourquoi? 

Si  l'on  fait  refroidir  la  larme  dans  l'air,  les  différen- 
tes couches  qui  la  compolent ,  fe  refroidillént  lente- 
ment &  prelque  en  même  tems,  &  par  conléquent 
les  interfuices  (ont  à  peu  près  égaux.  L'aétion  de  l'air 
intérieur  qui  pénètre  de  iurtace  en  furface,  n'elf  plus 
la  mêiiTe  que  dans  le  premier  cas. 

C'eft  à-peu-près  par  la  même  raifon  que  les  Itirmcs 
recuites  ne  ie  brifent  pas  plus  que  les  larmes  refroi- 
dies dans  l'air. 

On  appelle  aullî  en  Architeéfure,  larpies ,  ou  cam- 
panes  ,  ou  clochettes ,  gutt£  ,  certains  ornemens  d'Ar- 
chiteâure  qu'on  appelle  autrement  Gouttes.  Ce  font 
des  ornemens  ronds  qui  repréfentent  àes gouttes  d'eau 
&  qui  font  comme  de  petits  cônes  fous  le  plafond  de  la 
corniche  dorique  ou  triangulaire  ,  comme  de  petites 
pyramides  au  bas  des  tiiglyphes  de  l'ordre  Dorique. 
"Lktkwb  d'lJo^,  Lacryma  Johi.  Plante  arondinacée  ,  qui 
poulfe  des  tiges  à  la  hauteur  de  deux  ou  trois  pieds , 
grolfes  ,  nouées.  Ses  feuilles  font  longues  d'environ 
un  pié  &:  demi ,  alfez  larges  ,  comme  celles  des  ro- 
feaux.  Ses  fleurs  naillent  en  manière  d'épi ,  compo- 
fées  de  plufieurs  étamines.  Elles  ne  font  fuivies  d'au- 
cunes graines.  Ses  fruits  croiirent  iéparément  fur  le 
même  pié  :  ce  font  des  coques  dont  chacune  renferme 
une  femence  grolle  comme  un  petit  pois ,  dure  ,  lille  , 
jaun.âire  au  commencement,  rougeâtre  quand  elle  cft 
miire  ,  faite  en  forme  de  larme,  ce  ftjui  a  donné  le 
nom  à  la  plante.  On  les  enfile  après  les  avoir  amollies 
dans  l'eau  bouillante,  &  l'on  en  fait  des  chapelets. 
On  cultive  cette  plante  dans  les  jardins  en  Candie ,  en 
Syrie  ;  &  dans  les  autres  pays  orientaux.  Elle  porte  à 
peine  de  la  femence  dans  les  pays  froids.  Lemery. 

On  appelle  proverbialement  des  larmes  de  croco- 
dile j  les  larmes  feintes  de  ceux  qui  verfent  des  pleurs 
fans  être  véritablement  affligés.  On  dit  aullI  ironique- 
ment à  un  enfant  qui  témoigne  quelque  envie  de 
pleurer,    qu'il  eft  furie  pont  de  Sûnit-Larme.  On 


L  A  R 

dit  aulfi ,  ce  que  maître  veut  &  valet  pleure ,  font  tou- 
tes larmes  perdues.  On  dit  en  fe  moquant  de  ceux  qui 
ont  les  yeux  foibles  &c  débiles  ,  eu  une  fluxion  fur  les 
yeux ,  qu'ils  ont  toujours  la  larme  à  l'œil. 

LARMER.  V.  a.  'Vieux  mot.  Pleurer.  On  ne  le  dit 
plus. 

LARMETTE.  f.  f.  Petite  larme.  Lacrimula.  Il  eft 
vieux. 

O  liqueur  fainte  ,  o  petite  larmette  , 
Digne  qu'aux  cieux  ,  au  plus  haut  on  te  mette  ^ 
Qui  l'homme  à  Dieu  peut  réconcilier  , 
■   Quand  il  fe  veut  par  toi  humilier.  Marot. 

LARMIER,  ou  LARME,  f  m.  Terme  de  Maçon:' 
nerie ,  qui  fe  dit  de  cette  avance  ,  ou  petite  corni- 
che qui  eff  au  haut  du  toit  ,  éc  qui  préfcrve  les 
murs  de  la  chute  des  eaux  ,  en  empêchant  que  U 
pluie  ne  tombe  le  long  des  pierres.  Summi  parie- 
tiscorona,  lorica.  C'eft  fur  cette  corniche  que  pofc 
l'extrémité  des  clèvrons  ,  des  tuiles  &  des  ardoi- 
fes.  On  l'appelle  aufîi  moucheae  ,  gouttière  ,  ou 
couronne. 

M.  Félibien  dit  que  le  nom  du  larmier  vient  de 
ce  que  ion  ulage  efï  de  faire  écouler  l'eau  ,  &  la 
faire  tomber  goutte  à  goutte  ,  &c  comme  par  lar- 
mes loin  du  mur. 

Larmier  ,  eft  aulll  le  chaperon  ,  ou  fo.mmct  d'une 
muraille  de  clôture  ,  qui  eft  fait  en  talus  pour 
faire  écouler  l'eau  ,  &  quand  ce  talus  ou  chaperon 
eft  des  deux  côtés ,  cela  défigne  que  le  mur  eft 
mitoyen.  Supercilium.  Le  larmier  d'une  cheminée,  jj 
c'eft  le  couronnement  d  une  louche  de  cheminée.         * 

Larmier  Gothique ,  ou  à  la  Moderne ,  eft  dans  les 
vieux  murs  le  long  d'un  cours  d'aififïe  au  droit 
d'un  plancher,  ou  fous  les  appuis  des  croilees,  une 
ef'péce  de  plinthe  en  chanfram  refouillé  par-deflous 
en  canal  rond  ,  pour  jetter  plus  facilement  les  eaux 
au-delà  du  mur. 

Larmier  bombé  &  réglé,  c'eft  en  dedans  ou  en  dehors 
œuvre  d'une  porte ,  ou  d'une  croilee  ,  le  luiteau  cin- 
tré par  le  devant  &  droit  par  Ion  profil. 

Laraiier  ,  cft  aulll  une  efpèce  de  .  fenêtre  fort  ébra- 
feé  qu'on  pratique  dans  les  caves,  cuihnesj  &c. 
Ohliquati  luminis  jenejîra.  Larmier  lans  meneau  ,• 
eft  une  fenêtre  à  une  feule  ouverture  ;  Unius  lumi- 
nis ohliquati  jenejîra  ,  fimplarïi  luminis  obliqua  je- 
nejlra  :  larmier  à  meneau  ,  qui  a  un  montant  mi- 
toyen ,  eft  celle  qui  eft  de  deux  ouvertures  fans 
croifière.    Medii  fcapi    obliquata  fenejlra.    Monet. 

Larmiers  ,  fe  dit  aulli  en  parlant  du  cheval.  Parties 
à    côté  des  yeux  du  cheval,  ou  un  peu  au-deflus,_ 

|t?  depuis  le  petit  coin  de  l'œil  jufqu'au  derrière  des 
oreilles  :  ce  qui  répond  aux  tempes  dans  les  hom- 
mes. Ce  mot  fe  prend  aufli  pour  une  veine  auprès 
de  l'œil   du  cheval.  Pomey.   Equi  vena  ocularia. 

Larmier,  f  m.  ou  LarmiÈre.  f  f.  Terme  de  Chaffe. 
C'eff  l'endroit  auprès  des  yeux  par  où  il  coule  au 
cerf  quelque  larme  ,  ou  gomme  qui  s'épaiftît.  Juxta 
Cerri  temporacavum.  Sahiovefairce  mot  maiculin  , 
&  dit  Larmiers  ,  &  non  pas   Larmières. 

LARMOIE,  f  f.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'une  Tu- 
lipe qui  eft  gris-de-lin  &  blanc  de  larmes.  Morin. 

fCLARMOIEMENT.  f  m.  État  dans  lequel  les  yeux 
font  toujours  baignés  de  larmes.  Le  larmoiement 
dépend  quelquefois  d'un  \  ice  local.  S'il  n'en  dépend 
pas  ,  c'eft  un  ligne  que  le  fang  eft  porté  avec  vio- 
lence vers  la  tête.  Dans  les  maladies  aiguës  il  pre- 
fage  le  délire  ,  ou  l'hémorragie  dans  le  nez.  Lacry- 
matio. 

Ip- LARMOYANT,  ANTE.  adj.  Qui  fond  en  larmes. 
Lacrymabundus.  On  trouva  cette  mère  toute  lar- 
moyante. 

§C3°  On  a  appliqué  ce  mot  à  un  certain  genre  de  Comé- 
dies ,  plus  attendnlfantcs  que  comiques  ,  qui  font 
pleurer  plutôt  que  rire  ;  &  qui  par  cette  raifon  font  du 
goût  de  bien  peu  de  gens ,  quoique  quelques-unes 
aient  été  jouées  fur  nos  Théâtres  avec  allez  de  fuc- 
cès.    Si    la   Comédie   manqiioit    de  comique  ,    dit 


L  A  R 

Voltaire  ,  fi  elle  ii  ctoic  que  larmoyante  ,  c'efl: 
nlois  qu'elle  feioit  uji  genre  vicieux.  Le  inclangc 
du  comique  &  du  larmoyant  ,  le  inclangc  des  ris 
&  des  pleurs  neft  pas  lupportable  dans  une  Comé- 
die :  mais  les  Dct-enleurs  du  larmoyant  préteiuiciic 
qu'une  pièce  attendri  (lance  &  lins  aucun  mélange 
de  comique  ,  eft  très  conforme  aux  mœurs  ,  &  très- 
théâtrale.  Les  pièces  attendrilîantes  font  dans  le  genre 
des  Romans  tendres  &  pa/Honnés. 

Larmovant  ,  ANTH.  f.  m.  i^c  f.  Nom  de  ScAe  On 
J'a  donne  ,  dit -on  ,  à  quelques  Hérétiques  ,  qui 
prioient  ic  k  lamentoient  dans  leurs  prières.  La- 
crymans  ,  plangens. 

Larmoyer,  v.  n.  Fleurer  à  chaudes  larmes  té- 
moigner la  douleur ,  Ton  aftlidtion  par  des  larmes. 
lacryman.  Ce  mot  a  peu  d'ufage.  Cette  femme  ne 
fait  que  larmoyer. 

Sénecé  l'a  fait  adif  dans  l'épitaphe  d'une  chienne 
en  vieux  ftyle. 

Ci  git  Cochette  ,  à  qui  Dame  Lucine , 
Traîtreufemmt  pourchajja  maie  mort , 
Chien  elle  fut  moult  fiacteufe  &  badine  j 
Trop  mieux  lefent  qui  larmoyayôrt  fort.  SÉnecé. 
LARMOYEUX  ,  EUSE.  adj.  L'Auteur  du  Difcours  furies 
Critiques  j  parmi  les  Œuvres  de  S.  Évremont,  s'eft 
lervi  de  ce  terme  ,  même  en  parlant  ferieufement. 
Le  peuple  n'attend  pas  que  l'Orateur,  par  des  ré- 
flexions   couchantes    &c  chrétiennes  ,  l'attendrilîe  , 
il  pleure  fouvenc  où  il  entend  parler  des  jugemens 
•le    Dieu  ;  bien  moins  toutefois  par  un  fentimeiic 
de  pièce ,  que  pour  être  plus  larmoyeux  ,  &  pour 
s'affliger  ailément  des  moindres  chofes.  Ce  ternie  ne 
le  trouve  point  ailleurs. 
LARNÉCA.  Bourg  ,  ou  petite  ville  de  l'île  de  Chypre 
dans  fa  partie  méridionale  &  fur  la  côce  qui  regarde 
l'Egypte  ,  avec  un  port  fort  fréquenté  par  les  Eu- 
"ïopéens.   Larneca. 
LAROBO.  Ancienne  petite  ville  de  la  Numidie.   La- 
Toba.  ,    autrefois  Collops  parvus.    Elle    ell    dans  la 
Conftantine  ,  province  du  Royaume  d'Alger ,  entre 
la  ville  de  Colle ,  &  celle  de  Bone.  Maty. 
LARRES.  f  m.  pi.  Monnoies  dont  on  fe  fert  aux  Mal- 
dives. Cinq  larrés  font  une  piaftre. 
LARRIS.  1,  m.  Vieux  mot  François ,  qui  fignifie  pays 
qui  n'eft  pas  cultivé  ,   terre  qui  n'eft  pas  cultivée. 
Jgerincultus  ,  &  dans  la  balle  Latinité  Larricium. 
Tout  au  long  d'un  larris  fauvage  , 
Plein  de  fojffèsj  pris  de  bofcage.  Guiart. 
LARRON,  Larronnesse.  f.  m.  &  f  Qui  prend  fur- 
tivement le    bien  d'autrui.   Fur ,  latro.   Un    larron 
domeftique  mérite  la  corde.  Les  larrons  qui  fe  ca- 
chent la  nuit  dans  les  maifons  j  ou  qui  y  entrent 
avec  bris  de  portes,  ou  avec  de  laulfes  clefs,    font 
punis   du  même  fupplice.    Juftinien    condamne  le 
larron  manifefte  au  quadruple  ,  &  le  larron  non  ma- 
rifefte  au   double.    Cette  diftinrtion    n'a  point  de 
lieu  en  France.  La  peine  efl  arbitraire.  On  a  écrit 
l'Hiftoire  des   larrons  ,  pour  apprendre  à  le  garan- 
tir de  leurs  finelfes.  Le  Capitaine  Smith  a  fait  aulîî 
en  Anglois  une  Hiftoire   des  larrons  de  fa  nation. 
Vousêtesde  franches,  vous  êtes  de  fines  larronejjes. 
83"  Larron  ,  Fripon  ,  Filou,  Voleur  ,  fynonime.  Le 
larron   prend  en  cachette  ce  qui   ne  lui  appartient 
pas.  Il  dérobe,  roy.  aux  autres  articles  les  nuances 
propres  à  chacun  de  ces  mots. 
Larron  ,  Latro  ,  eft  pris  de  lar:^  ,  lazron  ;  car  chez 
les  Celtes ,  laia  veut  dire   occidere  ,  tuer  ,  mettre 
à  mort.   C'eft  une  étymologie  du  P.  Pezron.  Lar 
ron   vient  plus  probablement  de  latro  :  latro  s'eft 
dit  pouc  latero  ,  que  l'on  difoit  d'abord  de  latus , 
cotc,&  qui  fignifioit  un  Soldat,  un  Garde  du  corps 
qui  eft  au  côté  de  celui  qu'il  garde.  ffT  Ceux  qui 
engageoienc  ces  Braves  ,  les  avoient    fans  celle  a 
leurs  cotes;  de-là  ils    furent  appelés  laterones  ,  &: 
par  abréviation  latrones.  Et  comme  ces  foldats  pil 
loient  ,  volcuent  ,  detroulfoient  les  pair-ms ,  on  ap 
pela  latrones  .  voleurs  ,  ceux  qui  en  faifoicnr  autant. 
Larron  ,  le  dit  quelquefois  en  général  d'un  malfai- 


J-  A  R  4^  j 

teur  ,  d'un  criminel.  Jésus-Christ  fut  crudfié 
entre  deux  larrons.  11  pardonna  au  bon  larron 
Larron:  ce  mot  au  figuré,  Hc  dans  le  flyje  badin, 
le  dit  de  celui  qui  s'empare  d'une  choie,  qui  1  em- 
porte ou  la  conlume.  C  eft  une  UonnefjeL 
cœui.  Un  larronà  honneur.  Malh.  C'eft-à-duxrqui  a 
attente  a  la  pudeur  dune  fille,  ou  à  l'honneu  d  un 
mari. 

Jh  !  je  devais  du  moins ,  pour  contenter  ma  raee 
taire    au   larron  d' honneur ,  crier  le   voifmage. 

Mol. 
L'âge  la  fit  décheoir  ;  /es  foins  ne  purent  faire 
Qu  elle    échappât  au  temps  ,  cet  infigne  larron. 

La  Font. 

Les  Écoliers  appellent  larrons  ,  de  petites  pelli- 
cules lèches  ,  qui  lont  dans  les  plumes  ,  de  qui 
boivent ,  ou  qui  dérobent  leur  encre. 

fP"  Les  Imprimeurs  appellent  larron  ,  une  feuille  de 
papier  qui  le  trouve  pliée  quand  elle  palle  fous  la 
pi  elle,  &  qui  caule  une  interruption  d'imprcllïon 
quand  on  la  déplie.  Ils  donnent  le  même  nom  à  un 
niorcc-iu  de  papier  qui  ,1e  trouve  collé  fur  une  feuille 
qu'on  imprime,  Ik  qui  lailîe  du  blanc  à  la  place  qu'il 
occupoit,  lorlquil  vient  à  fe  détacher. 

Les  Relieurs  appellent  aulFi  larrons  ,  des  feuillets 
plies  qu'ils  lailicnt  par  inadvertance  ,  fans  être  ro- 
gnes. Il  yapluneurs  larrons  dans  ce  livre. 

Larron  ,  fe  dic  proverbialement  encesphrafes.il  fiuc 
être  Marchand,  ou  larron -çom  dire,  quun  Mar- 
chand qui  vend  trop  cher,  dérobe.  On  dit  qu  on 
a  eu  un  larron  de  marché  ,  lorfqu'on  a  acheté 
quelque  choie  de  hafaid  qu'on  a  cU  à  vil  prix. 
On  dit  au  contraire  ,  quand  on  a  acheré  quelque 
choie  trop  cher  ,  ou  fa  jufte  valeur ,  qu'il  ne  faut 
point  crier  au  larron.  On  dit  que  l'occafion  fait  le 
larron, -pom  dire,  que  la  facilité  de  dérober  invite 
à  le  faire ,  &  ce  proverbe  ne  fe  dit  pas  feulement  du 
larcin  ,  mais  de  toute  autre  occahon  où  l'on  eft 
tenté  par  la  préfencc  de  l'objet.  Ce  que  l'Efpagnol 
exprime  plus  élégamment  :  En  cafa  abierta  el  jufto 
pccca.  On  dit  de  deux  perfonnes  d'intelligence  pour 
faire  des  friponneries .  qu'elles  s'entendent  comme 
larrons  en  foire.  Acad.  Fr.  Demandez  à  mon  com- 
pagnon fi  je  fuis  larron.  On  dit  encore  ,  Les  grands 
larrons  pendent  les  petits.  On  tient  que  Diogéne  eft 
le  premier  Auteur  de  ce  reproche .  qui  dit ,  voyant 
un  larron  mené  par  les  Miniftres  de  la  Jufticc, 
Magni  fures  parvum  ducunt.  Pour  dire  ,  fe  confiera 
celui  dont  on  devoir  fc  délier  davantage  ,  on  dit  ,  Au 
plus  larron  la  bourfe  ,  par  allufion  à  l 'hiftoire  de 
Judas  j  à  qui  on  avoir  confié  la  bourfe.  On  dit  aullî , 
la  chofe  la  plus  hardie  eft  la  chemife  d'un  Meu- 
nier ,  parce  qu'elle  prend  tous  les  matins  un  larron 
au  collet.  On  dit  aufli ,  qu'un  homme  eft  larron 
comme  une  chouette,  &  eft  bon  larron  qui  à  lar-. 
ron  dérobe  ,  lorfqu'on  prend  quelque  chofe  à  un 
homme  qui  l'avoir  dérobée  à  un  autre. 

On  trouve  un  jeu  que  Vopifcus  &  d'autres  Anciens 
appellent  Ludus  latrunculorum  ,  Ad  latrunculos  lu- 
dere.   C'eft  le  jeu  des  Echets.  Voye:^  ce  mot. 

Les  Iles  des  Larrons  ,  ou  de  la  Vêlas ,  ou  de 
la  Sapana ,  ou  de  Marie- Anne.  InfuUlatronum  ,vela- 
rumSapaniz  ,  Mari&Annd.  C'eft  un  amas  d'une  ving- 
taine d'Iles.  Elles  font  entre  l'océan  oriental  ,  &  la 
mer  Pacifique,  dans  l'Archipel  de  S.  Lazare.  Elles 
s'étendent  depuis  le  huitième  degré  de  latitude  fcp» 
tentrionale  jufqu'au  vingtième.  On  leur  a  donné  le 
nom  d'Iles  des  Larrons  ,  à  caufe  du  vice  de  leurs 
habitans ,  &  les  Efpagnols  leur  ont  donné  celui  de 
Marie-Anne,  à  l'honneur  de  Marie  Anne  d'Autri- 
che ,  Reine  d'Efpagne.  La  Sapana ,  ou  Sépan  ,  qui 
leur  donne  quelquefois  ion  nom,  eft  une  des  prin- 
cipales. Les  Elpagnols  ont  fait  quelques  établilTemcns 
dans  ces  îles ,  pour  favorifer  leurs  navigations  du 
Pérou  aux  Philippines.  Maty. 

LARRONNEAU.  (.  m  Petit  larron.  Qui  ne  vole  que 
des  chofes  de  peu  de  valeur.  Furunculus.  C'eft  à  faite 


43^ 


L  A  R 


à  ces  petits  larronneaux ,  de  fe  feivir  des  rufes  que  tu 
me  coiifcillcs.   Vaug.    Il  n'ell:  pas  fort  ulitc  j  ii  ce 
n'eft  dans  le  ftyle  badin. 

Cejfei  donc  d'encrer  en  furie , 
Pour  quelques  petits  grains  que  ronge  un  larronneau. 

La  Fontaine. 

LARTA  ,  ou  ARTA.  Nom   d'une    ville    de  la  Gic- 
ce.   Arta.    §3"  C'eft    une    faute   dans  Maty  ,  ainfi 
que  dans  ceux  qui  l'ont  copié.  Cette  ville  le  nomme 
Ârca.   J^oye'^  ce  mot. 
LARTAGO.   (-^oyei  Lupadi. 

LARVES,  f.  m.  Terme  de  Mythologie  ^  qui  fignifie 
les  démons  de  lair.  C'eft  ce  que  le  peuple  appelle 
loups -garous.  Larva.  Les  Anciens  croyoicnt  que 
c'ctoient  les  âmes  des  médians  qui  erroient  çà  &:  là  , 
&  des  Ipedres  qui  eftrayoicnt  les  hommes.  Voyc^ 
au  mot  Lare. 

LARVA ,  fignifie  un  mafque  ;  &:  comme  les  maf- 
ques  dont  on  fe  fervoit  autretois  ,  étoient  fi  gro- 
tefques  ,  qu'ils  faifoient  peur  aux  petits  entans ,  on 
donna  le  nom  de  Larves  aux  âmes  des  méchans 
que  l'on  croyoit  errer  fous  des  figures  hideufes, 
pour  effrayer  &  oourmentcr  les  hommes. 
LARUDA.  Voyei  Lara. 

LARUS.  f.  m.Oifeau  inconnu  ,  de  couleur  noire.  On 
fe  fert  de  fa  cervelle  ,  de  fon  cœur,  &  de  fon  cfto- 
mac.  Cœlius  Aurelianus  ,  dit  que  fi  cervelle  gué- 
rit l'épilepfie  ,  que  fon  cœur  hâte  l'accouchement , 
&  que  fon  eftomac  facilite  la  digeftion.  Dale. 
LARYMNE  ,  ou  LARYMNA.  Nom  de  ville.  Larymna. 
Il  y  en  a  deux  de  ce  nom  dans  l'Ajuiquité  -,  1  une 
en  Béotie  fur  le  Céphill'o  ,  &  l'autre  en  Acha'ie , 
vis  à  vis  de  l'Eubée  ,  ou  du  Négrepont. 
LARYNGOTOMIE,  f.  f.  Terme  de  Médecine  &  de 
Chirurgie.  Opération  qui  fe  fait  à  la  trachée-artère 
par  une  incilion  entre  deux  de  (es  ar^neaux  ,  pour 
donner  moyen  de  relpirer,  loriqu'il  y  a  danger  de 
fuffocation.  Laryngotomia.Voyez  Bronchotomie , 
C'eft  la  même  chofe. 

Ce  mot  veut  dire  incifion  du  larynx ,  il  eft  com- 
pofé  de  deux  mots  Grecs  a«  vyi  &c  Ttuta,. 
LARYNX,  f.  m.  Terme  d'Anatomic'  C'eft  le  nœud 
de  la  gorge  ,  qu'on  appelle  ordinairement  le  cou- 
vercle, ôc  latcte  de  la  trachée  aitàx.  Larinx.  C'eft 
un  des  organes  de  la  relpiration  dont  le  corps  eft  prcl- 
que  tout  cartilagineux  j  qui  doit  être  toujours  ouvert 
pour  lailFcr  palier  l'air  qui  entre  &  qui  lort.  C'eft  la 
partie  fupérieure  eu  commencement  de  la  tracbec- 
artère.  Le  larynx  eft  lîtué  a  la  partie  antérieure  du 
cou  ,  direéVement  au  milieu,  parce  qu'il  eft  unique. 
C'eft  le  principal  organe  de  la  voix.  Sa  figure  eft  ton- 
de &c  circulaire  à  caufe  qu'il  falloir  qu'il  fût  cave 
pour  le  pallage  de  l'air  ;  il  avance  par  devant  &  eft 
un  peu  aplati  par  derrière  ,  pour  ne  point  incommo- 
der l'œfophage  fur  lequel  il  eft  placé;  c'eft  ce  que  le 
vulgaire  appelle  le  morceau  d'Adam,  ou  la  pomme 
d'Adam  ,  comme  fi  le  morceau  de  la  pomme  défen- 
due qu'il  mangea  lui  fût  demeuré  augolicr^  ik  lui 
eût  caufé  cette  grolfeur.  Le  larynx  eft  de  diftérentes 
grolîeurs  ,  luivant  les  âges  ;  les  jeunes  l'ont  étroit , 
d'où  vient  que  leur  voix  eft  aigu'e.  Ceux  qui  font  plus 
avancés  en  âge  l'ont  ample,  ce  qui  leur  fait  une  voix 
plus  forte  &  plus  grolle.  Les  hommes  l'ont  plus  gros 
que  les  femmes  ,  ils  ont  aulli  la  voix  plus  grave  qu'el  ■ 
les.  Il  pnroît  moins  aux  femmes,  parce  que  les  glan- 
des qui  font  placées  au  bas  du  larynx  ,  font  plus 
groffes  aux  femmes  qu'aux  hommes.  Le  larynx  fe 
meut  dans  le  moment  de  la  déglutition ,  tk  dans  le 
tems  que  l'œfophage  s'abailfe  pour  recevoir  l'ali 
ment  ou  la  boillon ,  le  larynx  s'élève  pour  les  com- 
primer &  en  faciliter  la  defcente. 

Cinq  forte"  de  parties  entrent  dans  la  compofition 
du  larynx  ;  favoir,  des  cartilages,  des  mufcles,  des 
membranes ,  des  vailleaux  &  des  glandes.  Ses  carti- 
lages font  le  tyro'ide ,  le  crico'i'de ,  l'aritéxoïde  ,  la 
glotte  &  l'épiglorte.  Ils  forment  tout  le  corps  du 
larynx.  Ils  fe  deirechent  3c  s'endurciirent  à  mcfure 


LAS 

qu'on  vieillit  ;  ce  qui  a  fait  croire  quelquefois  qu'il 
étoit  ofFeux.  Il  a  quatorze  muiclcs  ,  fcpt  de  chaque 
côté  qui  fervent  à  mouvoir  les  cartilages  &  à  les  dila- 
ter &  les  rellcrrcr  félon  le  befoin.   Il  y  en  a  quatre 
comnmns  Se  dix  propres.   Ceux  là  font  ceux  qui  ne 
prennent  pas  leur  origine  au  larynx,  mais  qui  vien- 
nent s'y  inférer.  Ceux  ci,  au  contraire ,  font  ceux  qui 
y  ont  leur  origine  &  leur  infertion.   Les  communs 
font  les  fternotiroïdicns  &  les  hyotiro'i'dicns.  Les  pro- 
pres font  les  cricotiro'idiens  antérieurs  ,  les  cricoti- 
roïdiens  poftérieurs,  les  cricotiroïdiens  latéraux,  les 
ariariténoïdicns,  les  tiroariténo'idiens.   Le  larynx  n'^ 
que  deux  membranes ,  l'une  extérieure  qui  eft  la  con-  - 
tinuité  de  celle  qui  couvre  la  trachée-artère.  Se  l'autre  " 
intérieure  qui  ell  la  même  qui  tapi  lie  toute  la  bouche. 
Il  a  deux  branches  de  nerfs  qui  lui  viennent  des  rc- 
currens.  Quatre  groftes  glandes  fervent  à  liumeéler  le 
larynx,  àt\\\  (îtuées  au-dclîus,  qui  s'appellent  tonfi. 
les,  &  deux  au-dellous  que  l'on  nomme  tiro'i'des. 
P^oye'^  Dionis  dans  fa  fixième  Démonftration  Anato- 
niique  des  poumons  &  de  leurs  patries  ;  ladix-hjiric- 
me  Table  d  Eullachio  que  M.  Lancifi,  premier  Mé- 
decin du  Pape ,  a  donnée  au  public  ,  &  le  Theatrum 
Anatom'icum  de  M.  Manget,  L.  111 ,  c.  S. 

Le  larynx  eft  fait  de  cinq  cartilages ,  par  le  moyen 
dcfquels  il  fe  peut  aifément  dilater  &reftreindre,  fe 
fermer  &  s'ouvrir.  Le  premier  s'appelle  tyroide  ,  ou 
fcutiforme  ,  parce  qu  il  a  la  forme  d'un  écu  ou  bou- 
clier carré.  On  l'appelle  aulîi  anrericus ,  parce  qu'il 
eft  litué  feulement  en  la  partie  de  devant.  Il  eft  gib^ 
beux  en  dehors  &  cave  en  dedans;  Se  parce  qu'il 
avance  davantage  aux  hommes  qu'aux  femmes,  on 
l'appelle  vulgairement  le  morceau  d'Adam.  Le  fe-  » 
cond  s'.appelle  cricoide  ou  annulaire ,  parce  qu'il  reC  J 
fcmble  à  un  anneau  que  les  Turcs  mettent  à  Icuç 
pouce  pour  tirer  de  l'arc.  Il  eft  plus  étroit  par  le  b.as 
Se  par  le  devant,  Se  plus  large  par  derrière,  rL-lienai 
blant  au  chaton  d'un  anneau.  Il  eii:  circulaire  Se  tient  ' 
le  fitlct  ouvert.  Le  rroifième  Se  le  quatrième  s'appel-'^ 
lent  Arytanoïdes  Se  pojlérieurs  ,  parce  qu'étant  joints, 
ils  reiremblent  à  un  bec  ou  biberon  d'aiguière,  ou 
d'un  pot  à  huile  que  les  Grecs  appellent  :.fnxn«.  Ils 
font  fîtués  fur  le  derrière.  Se  font  une  fente  qui  fert  à 
la  modulation  de  la  voix,  qui  s'appelle  proprement 
glotte.  Elle  eft  imitée  par  les  anches  qu'on  applique 
au:;  flûtes  Se  tuy.mx  d'orgues ,  &  elle  fert  principale- 
ment à  faire  la  voix  aiguë  ou  grave  j  félon  qu'elle  fê 
ferme  ou  fe  dilate.  Le  cinquième  eft  Vépiglotte.  Le 
larynx  a  quatorze  mufcles,  dans  lefquels  font  femés 
pluiieurs  rameaux  du  nerf  récurrent.  Jacques  Du- 
bois, natif  d'Amiens,  Médecin  de  la  Faculté  de  Pa- 
ris, Profclleur  Royal,  &  mort  en  1J55,  eft  le  pre- 
mier qui  ait  obfervé  &  décrit  les  glandes  qui  font  à  la 
racine  du  larynx.  Voyez  le  BibHographi&  Anatomi- 
cii  Spécimen. 

Ce  mot  eft  Grec ,  Se  fignifie  la  même  chofe ,  >,«(oy  *. 
Les  oies ,  les  canards  Se  les  grues  ont  double  la- 
rynx, dont  l'un  eft  au  bas  de  l'âpre  artère ,  qui  con- 
fifte  en  un  os  &  deux  membranes  qui  font  à  l'en- 
droit où  elle  fe  divife  en  deux  pour  entrer  dans  le 
poumon. 
LARZlCOURT,  Petite  ville  de  France  en  Champagne, 
fur  la  Marne  ,  à  quatre  lieues  au  deflous  de  Sainc- 
Dizicr. 

LAS. 

LAS.  Interjeftion ,  expreflîon  d'un  mouvement  de  dou- 
leur ou  d'aflîiétion  ,  laquelle  on  marque  avec  cette 
ponctuation  ! 

Ce  mot,  pour  Fiélas,  n'eft  plus  que  pour  le  ftyle 

Marotique ,  ou  tirant  fur  le  ftyle  Marotique  '. . .  Glojf. 

Bourg,  au  mot Hélcilïe  moi.  Il  eft  vieux,  &:  à  fa  place 

on  le  fert  à' hélas.  Ac.  Fa.  Heu!  Nous   dîmes  mille 

'folies;  mais  hélas  !  nous  n'en  finies  point. 

Le  Dcjlin  veut  que  j'aime  ,  il  lejautfatisfaire; 
Je  ne  réfifce plus  :  las!  que pourrols-je faire? 

La  Suze. 

LAS 


LAS 

LAS.  f.  m.  ou  LASSIÈRE.  {.  F.  Terme  d'économie  lufti 
que.  Qui  (c  dit  d'une  partie  d'un  endroit  d'une  gran 
ge.    Manlpulorum  locus.  Le  las  d'une  grange  elt  un 
endroit  à  côté  de  l'aire,  où  l'on  cntadè  les  gerbes  de 

b}é.    LiGER. 

ff3°  LAS ,  LASSE,  adj.  Ce  terme  eft  fouvent  employé 
comme  Çyiionymc  àe  facigué.  Lajfus ,  fejfus  ,  dejlui- 
gatus.  On  dit  en  ce  (l'iis  qu'on  efl:  las  à  force  de 
travailler  i  qu'on  cft  /ûj  d'avoir  marché  long- rems. 

^fT  II  f-aut  pourtant  remarquer  que  ces  deux  mots  qui 
fe  rellemblent  par  l'idée  générais  qu'ils  préfcntent, 
ont  leurs  nuances  particulières  qui  les  caradérifcnt  ; 
en  lorte  qu'il  y  a  des  occalîons  où  ils  ne  peuvent ,  ni 
ne  doivent  figurer  l'un  pour  l'autre.  Le  mot  fatigué 

■  fuppofc  toujours  un  travail  rude  ,  ou  par  la  difficulté 
ou  par  la  longueur.  Etre  fatigué,  c'ell  avoir  trop  agi , 
c'eit  n'avoir  plus  la  force  d'agir.  Le  mot  las  ^  au  con- 
traire j  luppofe  la  continuation  d'une  même  chofe.  Il 
déiîgne  proprement  l'état  d'un  homme  qui  n'a  plus  la 
volonté  ni  !a  force  d'agir.  Etre  las ,  c'ell  ne  pouvoir 
plus  agir.  On  ell  las  d'un  travail  qui  commence  à 
déplaire.  On  eft  fouvent  las  fins  avoir  rien  fait. 
L'homme  facigué  a.  bclo'in  de  repos  pour  réparer  fcs 
forces.  L'homme  las  doit  changer  de  tr.avail  pour 
éviter  l'ennui.  Les  Manœuvres  écoicnr  rebutés  &  las 
du  travail  d'une  fi  rude  journée.  Cet  homme  efl:  bien 
las  des  fatigues  de  la  guerre.  Ces  troupes  font  laU'cs 
d'une  longue  marche.  Je  fuis  un  peu  las  du  voyage. 
Voit. 

Las  ,  le  dit  aulîî  figuiémcnt  de  l'ennui  que  donnent  les 
choies  qui  durent  trop  long-tems.  Je  fuis  las  de  com- 
pofer  (ans  truit  &  fans  récompcnfe.  Je  fuis  las  d'en- 
durer vos  remontrances ,  le  récit  de  vos  vers  ou  de  vos 
procès.  Je  luis  las  de  parler  à  des  fourds  qui  ne  pro- 
fitent point  de  mes  difcours.  On  dit  auOi  qu'une  fem- 
me ell  bien  laffe  de  fon  mari,  qu'elle  ne  peut  plus 
fouftrir  fcs  débauches.  Les  avares  ne  font  jamais  las 
d'acquérir  des  richelfes  pour  ceux  qui  fouhaitent  leur 
mort.  GoMB.  Je  fuis /.li- de  la  fervitudc.  Dac. 

On  dit  proverbialement,  on  va  bien  loin  depuis 
qu'on  efl:  las ,  pour  dire  qu'un  homme  qui  a  du  cœur 
fait  des  efforts  extraordinaires.  On  appelle  aulfi  las 
d'aller ,  un  fiinéant,  un  parefleux ,  un  lâche.  Expref- 
fion  populaire. 

Las.  adj.  Vieux  mot.  Trille ,  affligé.  Glojf.  fur  Maroc. 

LASA.  Ville  de  la  Terre  Sainte,  en  Afie.  Lafa.  Quel- 
ques-uns la  mettent  dans  la  Tribu  de  Rubcn,  &  difent 
que  c'eft  celle  dont  parle  la  Genéfe,  X.  i p.  &c  qu'elle 
appelle  Le/a.  S.  Jérôme  la  nomme  Callirhoé ,  c'ell- 
à  dire,  Belle-Fontaine,  parce  qu'il  y  avoit  des  fourccs 
d'eaux  chaudes  &  froides ,  douces  &  falées  j  qui 
étoient  médecinales  &  fort  agréables  à  boire. 

LASAA.  roye-^  Laghi, 

LASAH.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  huitième 
mois  des  Arabes,  au  rapport  d'Abraham  Échellenfis: 
il  répond  à  notre  mois  d'Avril. 

LASCAR.  Foye^  Lhscar. 

LASCHANGE.  f.  f.  Vieux  mot.  Intervalle,  Onze  fe- 
■maines  fans  lafchange. 

LASCHE.    ^oy^î  LÂCHE. 

LASCHEMENT.  Foyei  L.^chement. 

LASCHER.  Foye:(  Lâcher. 

LASCHETÉ.  Foyei  Lâcheté. 

IJO"  LASCIF  ,  IVE.  adj.  Le  mot  Latin  lafcïvus  ne  fe 
prend  pas  toujours  dans  un  fens  odieux  chez  les  An- 
ciens. Souvent  il  ne  fignifie  que  badin  ,  folâtre ,  bon- 
dillant.  Pline  a  dit ,  lafcïvus  in  vino  ,  qui  a  le  vin  gai , 
qui  efl  badin ,  enjoué  le  verre  à  la  main.  Virgile  a  dit , 
enparlarr  d'une  bergère  qui  agaçoit  un  berger ,  malo 
me  galutca  petite  lafcivapuclla.  Ovide  a  dit  lafcivior 
hxdo,  plus  bondilfant  qu'un  chevreau  i  &  Martial  j 
lafcivum  pecus ,  en  parlant  des  chevreaux  &  des  chè- 
vres. Maisçn  François  le  mot  lafcifk  prend  toujours 
en  niauvaile  part ,  Se  paroit  défigner  un  homme  en- 
clin à  la  luxure ,  à  une  vie  molle  &  fenfuelle.  Salax. 
On  le  dit  de  même  des  chofes  qui  y  portent ,  &  il  pa- 
ron  tenir  plus  particulièrement  aux  mouvemens  qu'à 
la  fenfation.  On  défend  les  table.aux  lafcifs  ,  les  poftu- 
ics  la/cives  ,  les  regards /a/c//} ,  les  hwïçs  laf.ij s  ,  les 
Tome  F. 


LAS  453 

paroles /^y?/v£j ,  &  tout  ca  qui  excite  aux  avions  ou 
aux  pcnlées  deshonnctes. 

LASCIS.  Foyci  Las  sis. 

LASCIVEMENT,  adv.  D'une  manière  lafcivc.  Salad- 
ier. Ceux  qui  regardent  les  femmes  lafcivemcni ,  pè- 
chent contre  la  Loi  de  Dieu.  Elles  fe  jouent  la/cive - 
mène  &  làns  pudeur.  Pat. 

LASCIVETÉ.  f.  h  Forte  inclination  à  la  luxure,  niou« 
vement  indécent  ,  a6lion  qui  bielle  la  pureté  des 
mœurs.  Vie  molle  &c  fenfuelle.  Lafcma  ,  falacicas. 
Voyez  Lascif.  Les  Princes  Orientaux  s'abandonnent 
à  toutes  fortes  de  lajcivecés.  Il  fut  challé  du  ciel  pour 
ii  lafùvcté.  Ablanc. 

Lasci  VETÉ  ,  le  dit  aulli  de  ce  qui  porte ,  de  ce  qui  excite 
a  la  luxure.  11  y  a  trop  de  lafcivuté  dans  ces  tableaux , 
dans  ces  vers. 

LASCI  VIE.  f.  f.  Lafciveté.  /^.  ci-delfus.  Lemotde/t^/chve 
le  trouve  dans  Bayle,  mais  il  n'eft  pas  reçu  par  l'ufage. 

LASEE.  Nom  d'une  ville  dont  il  elt  parle  dans  le  texte 
Grec,  Acl.  XXFIl.  S.  Lafia.  La  Vulgate  la  nomme 
Thalalle.  C'étoit  apparemment  une  ville  maritime 
de  l'Ile  de  Crète.  Des  manufcrits  la  nomment  AlylTà. 
Grotius  croit  que  c'ell  fon  véritable  nom  -,  que  la 
Vulgate  &  l'interprète  Arabe  qui  la  nomment  Alafia, 
ont  lu  ainfi. 

LASER,  f.  m.  Suc  qu'on  tire  par  incifion  d'une  pknte 
qui  croît  dans  la  Syrie,  dans  la  Médie,  dans  la  Lybic. 
Plulïeurs  croient  que  cette  plante  efl  une  efpèce  de 
Laferpitium ,  d'où  ce  fuc  a  pris  fon  nom.  On  l'ap- 
pelle autrement  JJfa  fœtida.  Assa  Fœtida, 

LASERPITIUM.  f.  m.  Plante  dont  il  y  a  plufieurs  ef- 
pèces.  Celle  que  C.  Bauhin  appelle  Laferpitium  Gal- 
licum  ,  Pin.  1)6.  poulie  une  tige  haute,  femblable  a 
celle  de  la  férule,  canelée ,  nouée,  fongueufe.  Ses 
feuilles  font  difpolées  en  ailes ,  fermes  &  roides  ,  gar- 
nies par  derrière  de  quelques  poils  rudes.  Ses  Heurs 
font  à  cinq  feuilles  dilpofées  en  rofeSj  &  attachées  à 
de  grandes  ombelles.  Ses  femences  font  alfez  grandes , 
jointes  deux  à  deux ,  garnies  chacune  en  leur  longueur 
de  quatre  grands  feuillets  en  vives-arrêtes,  odoran- 
tes, de  couleur  de  buis.  Elle  ell  incifive ,  atténuante  , 
réfolutive ,  vulnéraire. 

Ce  mot  vient  du  Latin  laccrare  y  déchirer,  parce 
qu'on  fait  j  l^lon  quelques-uns  ,  des  incifîons  à  la  tige 
&  aux  racines  du  laferpitium  étranger ,  pour  en  avoir 
une  gomme  qu'on  appelle  Lafer,  oa  AJja  fatida. 

LASLO.  J'oye:^  Ladislas. 

LASPI.  Ancienne  ville  de  l'Afie  Mineure.  Lafpia ,  au- 
trefois Priapus  ,  Priapum.  Elle  ell  dans  la  Natolie  j 
fur  la  mer  de  Marmara ,  un  peu  au  nord  de  Lampfaco. 
Maty. 

LASSAN.  Petite  ville  de  la  Poméranie  Royale.  Laffa- 
num.  Elle  elt  dans  le  Comté  de  Gutzkow,  fur  la  ri» 
vière  de  Pêne ,  à  trois  lieues  au  dellus  de  AVolgafl ,  & 
vis-à-vis  du  lac  de  Lallan,  que  le  Pêne  forme  dans 
l'Ille  d'Uledon.   Maty. 

LASSANT ,  ANTE.  adj.  Qui  lalfe  ^  ennuyeux.  Travail 
laffant.  Belogne  laffante.  Voyez  Lasser.  C'eft  une 
chofe  bien  laffante  de  dire  toujours  à  une  même  pcr- 
fonne ,  je  vous  aime.  S.  EvR. 

LASSATIN.  1.  m.  Laffatinus.  Quelques  uns  nommenc 
LaJJatini,  ceux  qu'on  nommoit  communément  Allaf- 
fins ,  dont  le  chef  s'appeloit  le  Vieil ,  ou  le  Vieux  de 
la  montagne.  /-^.  Spelman,  5c  ci  delfus  Assassin. 

LASSA  Y.  Petite  ville  de  France  dans  le  Maine,  fur  un 
ruilleau  qui  tombe  dans  la  Mayenne. 

KF-L ASSÉNÉE.  p.art. 

LASSER.  V.  a.  |KF Souvent  employé  avec  le  pronom 
perfonnel  On  le  confond  ordinairement  avec  fati- 
guer :  mais  il  faut  obferver  avec  M.  l'Abbé  Girard, 
que  c'ell  la  continuation  d'une  même  choie  qui  lajje  , 
èc  que  c'efl  la  peine  qui  fatigue.  On  fe  lajfe  à  fe  tenir 
debout.  On  fe  fitigue  à  travailler.  Lajjare  ,fatigare. 
On  fe  lalfe  autant  à  être  debout  qu'à  marcher. 
Ce  Capitaine  efl  infatigable,  il  ne  fe  laffe  point,  il  efl 
toujours  à  cheval.  La  leélure  continuelle  lafje  les 
yeux.  Il  a  la  main  lajfc  d'écrire.  Les  chevaux  qui 
vont  le  trot,  laffent ,  fatiguent  beaucoup. 

Lasser.  ,  en  termes  d'Agriculture ,  fe  dit  des  terres  ,y?ï- 

lii 


434  L  A  ô 

riUfcere ,  effœtum  ficrl.  Cette  tcnc  fe  laff&  de  porter 
du  guin,  il  tant  lui  donner  du  repos.  Cet  arbre  le 
lajji  de  donner  de  belles  produdions.  Liger. 
Lasser  ,  fe  dit  tîgurément  en  Morale  de  ce  qui  eniiuic  , 
ou  rebute  l'elprit.  Fafiidlum  afferre ,  cnare.  La  Mu- 
fique  la  plus  agréable  lajfe  enfin ^  dégoûte,  ennuie. 
Le  trop  grand  nombre  de  pentécs  dans  Sénéque,  ac- 
cable Sc^lajjc  l'elprit.  Nie.  Ce  qui  divertit  la  plupart 
du  monde'm'ennuie,  &  les  choies  de  lens  &  de  rai- 
fon  ne  me  Liffcnt  point.  Le  Ch.  de  M.  Se  lajjir  3.  po- 
lir  une  rime.' BoiL.  Uefprit  le  lafe  aulîi- bien  que  le 
corps.  Les  crimes  des  hommes  avoient  /a£c  la  pa- 
tience de  Dieu  quand  il  envoya  le  déluge.  Les  plus 
généreux  fe  iajfent'dc  prêter  à  ceiix  qui  ne  rendent 
point.  Ils  commençoient  à  fe  lajjer  de  fournir  des 
chevaux.  Ablanc. 
^Lasser  ,  Fatiguer  ,  dans  le  fens  figuré.  Un  fup- 
plianc  lajfc  par  fa  perfévérance  ,  &  fatigue  par  les  im- 
portunités.  On  le  lajjc  d'attendre.  On  fe  fatigue  à 
pourluivre. 
Lasser.  Terme  de  Marine.  Lajfcr  une  voile,  c'efl  faifir 
la  voile  à  la  vergue  avec  un  quarantenier  qui  palle 
dans  les  yeux  de  pie  ;  cela  fe  fait  lorlqu'on  ell  lurpris 
d'un  gros  vent ,  &  qu'il  n'y  a  point  de  garcettes  aux 
ris. 
LASSER,  LASSET,  L ASSURE.  Toye?  Lacer  ,  Lacet, 

Laceure. 
LASSER  ET.  f.  m.   Voye^  Laceret. 
LASSIÈRE.  f  f.  Foye\  Las.  f.  m.  C'eft  la  même  chofe. 
LASSIS,  ou  LACIS,  l.  m.  Elpèce  de  capiton,  ou  de 
bourre  de  loie. 

On  appelle  .aufli  de  la  forte  des  étoffes  de  peu  de 
conléquence  faites  de  capiton. 
LASSIS.    f^oyei  Lacis.  Quelques-uns  écrivent  ce  mot 

avec  deux_//j  au  lieu  d'un  c,  mais  mal. 
fj"  LASSITUDE,  f.  f  Lajfuudo,  defatigado.  Ce  terme 
ell  fouvent  employé  comme  fynonyme  avec  fatigue  ^ 
c'eft- à-dire,  comme  délignant  la  luite  ou  l'ettét  d'une 
aclion  violente  ,  d'un  travail  rude ,  ou  par  la  diffi- 
culté, ou  par  la  longueur.  Mais  il  exprime  propre- 
ment l'état  d'un  homme  qui  ne  peut  plus  agir.   La 
lajjîcude  fe  fait  quelquefois  fentir  lans  qu'on  ait  rien 
£iit.  Foye-:^  l'art,  luivant.  La. fatigue,  au  contraire, 
elï  toujours  la  fuite  de  l'adion.  On  fort  bien  louvent 
de  fa  laffîtude  en  changeant  de  travail,  /''byej  Las. 
03"  La  lûjjttude ,  qui  n'eft  précédée  d'aucun  exercice, 
au  moins  violent,  vient  d'une  difpolîrion  du  corps, 
d'une  lenteur  de  circulation  dans  le  lang,  de  foibleilè 
dans  les  nerfs ,  d'obftrudion,  &c.  Torpor ,  Jlupor.  Les 
Médecins  appellent  ces  lortes  de  lajfuudes ,  iajjitudcs 
fpontanées.   Elles  précédent  ou  accompagnent  ordi- 
nairement les  maladies  aiguës. 
IJCTLe  mot  de  /ajjltude  le  prend  aulli  dans  un  fens  figuré 
pour  déligner  l'ennui  qui  provient  d'une  choie  qui 
déplaît  par  elle-même,  ou  par  la  durée,  ou  par  la 
dilpoiuion  dans  laquelle  on  le  trouve.  Moleflia.   La 
réconciliation  avec  nos  ennemis  n'eft  bien  fouvent 
qu'une  laffîtude  de  la  guerre.  La  Roch.  On  change 
d'amis  autant  par  laffîtude ,  que  par  dégoût.  M.  Esp. 
Le  mépris  de  la  mort  n'eft  quelquefois  qu'une  lajfi- 
tude  de  maux  prétents.  S.  ÉvR. 
LAST.  f  m.  Terme  de  Marine.    C'eft  en  général  la 
charge  entière  d'un  navire ,  ou  un  certain  poids  de 
marchandifes  ,   ou  une  certaine    melure  de  grains. 
Navis  onus.  C'eft  un  mot  Allemand  qui  eft  en  grand 
ufage  dans  toute  la  mer  du  Nord.  Les  Grecs  &  les 
Latins  l'appcloient  Achane.  En  particulier ,  c'eft  une 
certaine  quantité  de  telle  ou  telle  pefanteur ,  différente 
félon  les  lieux  &  les  denrées,  comme  à  Dantzic  le 
/<3/?j  ou  charge  de  lin ,  eft  de  2040  livres.   Le  lajl  de 
houblon  eft  de  3830.  Un  lajl  de  farine  ou  de  miel, 
comprend  douze  tonneaux.  Un  lajl  de  fcl  en  con- 
tient dix-huit.  Voyez-en  toutes  les  difrércnces  dans  la 
Pyrotechnie  de  Calimir  Poloncis.   Ordinairement  le 
lajl  le  prend  pour  deux  tonneaux  de  France  ,  de  lortc 
que  quand  on  dit  un  vailllau  de  cent  lajîs ,  on  en- 
tend un  vailfeaude  deux  cents  tonneaux.   Un  lajl  de 
froment.    Un  lajl  de  leigle.  Le  lajl  de  harengs  eft  de 
dix  milliers ,  chaque  millier  de  dix  centaines,  &  cha- 


L  A  T 

que  cent  de  cent  vingt.  On  trouve  aulîi  dans  les  titres 
de  la  balle  Latinité  ,  lejla  ,  lajlus ,  lajl ,  lajius  &  Uft 
pour  figniher  la  même  chofe.   On  dit  aulli  Uth    &c 
c'eft  le  mot  le  plus  uiité  en  France. 

Il  y  en  a  qui  écrivent  ce  mot  avec  un  e  muet  à  la 
fiuj  lajlej  &  qui  lui  conlervent  Ion  genre  mafculin. 
C'eft  ainli  qu'on  le  trouve  dans  le  Didionnaire  de 
l'Académie  Françoife. 

IJCF  L AST-GELD.  C'eft  aiiifi  qu'on  appelle  à  Ham- 
bourg ,  un  droit  de  fret  qui  fe  levé  lur  tous  les  vaif- 
fcaux  étrangers  qui  y  arrivent  ou  qui  en  partent, 
excepté  les  vailleaux  François  qui  en  lont  exempts. 

LAST-GELT.  C'eft  ainfi  que  le  nomme  en  Hollande 
un  droit  qui  le  levé  fur  chaque  vailïeau  qui  entre  ou 
qui  fort ,  ainli  nommé  de  ce  qu'il  le  paie  à  proportion 
de  la  quantité  de  lejl  ou  laji ,  que  chaque  bâtiment 
entrant  ou  lortant  peut  contenir.  Ce  droit  eft  de  cinq 
fous  ou  ftuyvers  par  lejl  en  lortant ,  &  de  dix  lous  en 
entrant.  Sur  quoi  il  faut  remarquer  que  ce  droit  étant 
une  fois  payé,  le  vaiftcau  qui  l'a  acquitté  relie  franc 
pendant  une  année  entière. 

LASTRE-BLANC.  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  nomme  à 
Smyrne  les  carreaux  de  verre  qui  s'emploient  en  vi- 
trages. Le  lajlre  blanc  paie  à  la  Douane  de  cette  ville 
les  droits  d'entrée  ,  à  railon  de  vingt  cinq  piaftres  la 
caille.  Il  y  a  aulli  du  lajlre  de  couleur  ;  celui  ci  paie 
julqu'à  trente  piaftres. 

LA-SUS.  adv.  Ci-dellus  ,  ou  de  la  demeure  célefte. 
Glojf.  Jur  Marot. 

L  A  T. 

LAT.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.    Nom  d'une  Idole 
des  anciens  Arabes  du  Paganilme.  Lat  j  Latis.    Les 
Mahométans  difent  que  ce  mot  eft  une  corruption  de 
Allah  j  nom  du  véritable  Dieu  qui  doit  être  adoré. 
D'Hereelot.    Il  y  a  plus  d'apparence  que  ce  nom 
vient  de  l'LIébreu  Ulb  operuit ,  obvolvit,    d'où  s'eft 
fait  ub  lat,  ahjconjio.  Se  au  pluriel  D'd"?  latim ,  en- 
cliantcmens,  opéiations  du  démon  ,  parce  qu'elle  ne 
le  font  qu'en  fecrer.    Ainli  quand  l'Idolâtrie  s'intro- 
duilît  chez  les  Arabes  j  l'on  appela  Tih  ,  Lat ,  l'IdoJe 
qu'ils  adoroient;  c'eft  à-dire  ,  abj'conjlo ,  res  abdita  , 
parce  qu'on  n'ofoit  idolâtrer  qu'en  Iccrct. 
Lat  j  eft  aulîî  le  nom  d'une  Idole  des  Indiens,  qui  étoit 
adorée  dans  la  ville  de  Soumenat.    Sa  ftatue   étoit 
d'une  feule  pierre,  haute  de  cinquante  bralles,  pofée 
au  milieu  d'un  Temple ,   foutenue  de  cinquante-lix 
colonnes  d'or  mallîf.  D'Herbelot.  C'étoit  apparem- 
ment la  même  Idole  que  celle  des  Arabes,  qui  l'a- 
voient  portée  aux  Indes;  car  outre  que  c'eft  le  même 
nom ,  nous  lavons  d'ailleurs  que  les  Arabes  Idolâtres 
adoroient  anciennement  des  Abadirs  ,  ou  Bactiles-., 
c'eft-à-dire,   de  grolles  pierres  brutes.   F'.  BaétyU 
&  Abadir. 
LATAINE.  f  f.   Vieux  mot.   Colère. 
LATANIER.  f.  m.  Arbre  des  îles  Antilles ,  qui  eft  une 
efpèce  de  Palmier.   Il  élevé  fa  tige  at!ez  haut ,  mais  il 
ne  croît  pas  beaucoup  en  groffeur.   Au  lieu  de  bran- 
ches, il  n'a  que  de  longues  feuilles,  qui,  étant  épa- 
nouies ,  lont  rondes  par  le  haut ,  6v  plilîées  par  le  bas 
à  la  façon  d'un  éventail.    Elles  lont  attachées  à  de 
grandes   queues    qui   fortent  de    certains   filamens 
qui  entourent  la  tête  du  tronc,    comme  une  groflê 
toile  rouge  &  fort  claire.  Ces  feuilles  étant  liées  par    î 
petits  faifceaux  ,  fervent  à  couvrir  les  cales  ;  &  la    . 
peau  qu'on  enlevé  de  dcftus  les  queues,  ell:  propre  à    . 
faire  des  cribles ,  des  paniers  &  plufleurs  autres  pe- 
tits meubles  très-propres.    Du  même  endroit  d'où    . 
naillent  ces  feuilles  ,  il  fort  aullî  une  efpèce  de  gouf- 
fcs  membraneulcs ,  qui,  fe  fendant  en  long,  produi-    ; 
lent  en  dehors  une  petite  gerbe  bianchue  ,  chargée  de 
quantité  de  très-petites  Heurs  blanches,  dont  le  piftil 
devient  enluite  une  baie  un  peu  plus  grofte  qu'une 
baie  de  piftolet,  remplie  d'un  lue   violet  &  d'une 
Icmence  ronde^,  dure  &  de  la  grolîeur  d'un  pois.  Les 
Indiens  de  ces  Iles  font  aufll  du  bois  de  cet  arbre ,  Se 
de  celui  du  Palmifte  franc ,  des  arcs  ,   des  mallucs 
dont  ils  fe  fervent  en  leurs  combats  aulieu  d'épées. 


L  A  T 

Ils  en  font  encore  des  zag.iycs ,  qui  font  cîe  petites 
lances  aiguUs  qu'ils  dardent  avec  1a  main  contre  les 
ennemis,  ik  ils  en  niunillent  la  pointe  de  Icius  (lè- 
ches, qui  font,  par  ce  moyen,  aulli  pénétrantes  que 
Il  elles  ctoient  d'acier.  M.  Ray  appelle  ces  arbres , 
Palma  BrajUicnfis  prunïfcra  folio  pUcatUi  ,  feu  fia- 
htlll  formi  caudicc  fquammc.to.  Voyez  encore  l'ilif- 
toire  des  Antilles  du  F.  Du  Tertre,  Pan.  III.  '/'.  //. 
C.  I.  §.  2j,  ik  celle  de  M.  de  Poincy,  C.  FI.  arc. 

I^LATAQUIE,  ouLATAKIE.  Ville  de  Syrie,  fur 
la  côte  j  à  deux  petites  journées  de  Tortofe. 'C'efl:  un 
refte  de  l'ancienne  Laodicée. 
LATARACO  ,  LATTARICO.  Ancien  bourg  du 
Royaume  de  Naples.  Lataracum ,  Etriculum  ,  Httrï- 
culum.  Il  eft  dans  la  Calabre  citérieure,  entre  S. 
Marco  &  Cozença.  Maty. 
LATE.    Voye\  Latte. 

Late.  r.  f.  Terme  de  Coutumes.  C'efl:  en  Provence 
une  forte  d'amende  pécuniaire.  Mulcla  ,  emenda , 
dans  la  balle  Latinité.  Il  y  a  une  Luc  imiple  &  lace 
triple;  la /are  hmple  eil:  de  neui' deniers  ;  la  triple  ell 
de  vingt-fept.  La.  lace  fmiple  eft  la  même  chofc  que 
l'e'rame,  l'arrance,  ou  Vadras. 
Late  ,  ou  Lates.  Le  Château  de  Laces  ,  ou  la  Tour  de 
Lace.  Lacara.  Ce  (ont  les  ruines  d'un  ancien  Châ- 
teau fitué  (ur  le  Lez  ,  dans  le  Diocèle  de  Nilmcs. 
t^oyei  Hadr.  Valeiii  ,  Noc.  Gall.  p.  26 j. 
LATEBRES.  L  1.  pi.  Vieux  mot.  Cachettes ,  lieux  reti- 
rés &  tecrets,  du  Latin  lacebm,  qui  veut  dire  la  mê- 
me choie. 
LATENT,  ENTE.  adj.  Qui  eft  caché,  qui  ne  paroît 
pas  aux  yeux.  Latens ,  abdicus.  Il  n'ell  guère  en  uLige 
qu'en  cette  phrale.  On  eft  obligé  de  garantir  un  che- 
val des  vices  lacens  ,  comme  pouiîe  ,  morve  &  cour- 
bature ,  pendant  huit  jours  eii  quelques  Coutumes , 
&  pendant  quatre  en  d'autres  ,  parce  qu'ils  le  peu- 
vent cacher  ik  lulpendre  pendant  ce  tems  là. 

Ce  mot  eft  purement  Latin ,  Se  n'eft  guère  reçu  en 
.    notre  Langue.      , 
LATER.  F'oyei  L  ATT  EK. 

LATÉRAL,  ALE.  adj.  Qui  eft  à  côté.  Lahralis ,  lace- 
rarius.  La  nouvelle  fortification  a  cet  avantage  iur 
l'ancienne,  qu'outre  la  défenfe  de  Iront ,  elle  a  en- 
core la  lacérale  qui  te  tire  du  Hanc ,  du  côté.  Les  Ma- 
riniers appréhendent  fort  les  vents  lacéraux  qui  fouf- 
flcnt  de  côté.  Les  p.irties  laccrales  d'un  chapiteau. 
Perrault,  Vitr. 
-§3° On-  dit  en  Chirurgie;  opération  lacérale ,  paralyfîe 

lacérale  ,  isc.    ■ 
§C70n  appelait  autrefois  équation  lacérale,  ce  qu'on 

appelle  aujourd'hui  équation /?/n^/e,  o\\  linéaire. 
LATÉRALEMENT,  adv.  D'une  manière  latérale.  Ex 
latere.  Le  Hanc  défend /aie'm/e.Tze/zr  la  face  du  baftion 
oppofé. 
LATÉRAN.  f.  m.  Nom  d'un  Palais  de    l'Impératrice 
Faufta.  Laczranum.  Le  Concile  de  Rome  de  l'an  313. 
s'alfembia  dans  le  Palais  de  l'Impératrice  Faufta ,  nom- 
mé la  maiion  de  ia^tnt/z.  Fleur  y.  C'ellde-là  que  vient 
\e.  \\o\Xi  as.  Latraii.  /^oj-ej  ce  mot;  car  c'eft  ainli  qu'il 
faut  dire  &  écrire 
Latéran.  f.  m.  Terme  de    Mythologie.    Nom  d'une 
faulfe  divinité.  Laceranus.    Le  dieu  Lacéran  étoit  le 
dieu  des  Foyers,  &  ce  nom  lui  fut  donné,  dit  Arno- 
be  ,  parce  qu'anciennement  on  faiioit ,  ou  l'on  revc- 
tifloit  le  foyer  d'une  cheip.inée  de  briques ,  qui  en 
Latin  s'appellent  laceres.Onle.  fait  encore,  mais  on  fe 
fert  de  bri':jues  cuites  ;   &  Arnobe  dit  qu'on  y  em- 
ployoit  des  briques  crues. 
LATERCULE.  1.  m.  Nom   d'un  Officier  de  l'Empir.-; 
Grec.  .Laccrculus  ,  Lacsrculcnjïs.   Le  Lacercule  avoit 
foin  du  cabinet  du  Prince,  &c  de  les  papierSj  ainli 
que  du  rôle  des  charges,  offices  &  dignités. 
LATERE.  Nom  d'un  village  ^  (itué  près  de  la  côte  Occi- 
dentale de  Corfe,  vers  la  ville  d'Adjazzo.  Lacer.  C  e- 
toitanciennement  une  petite  ville  nommée  Arenofum 
lictus.  Aîaty. 
A  LATERE.  Terme  Litin  ,  dont  on  fe  fert  pour  quali- 
fier les  C:ardinaux  que  le  Pape  envoie  pour  Légats 
Tome  y. 


t  A  T  435- 

dans  les  Cours  étrangères ,  qui  s'appellent  Légats 
à  Lacère ,  parce  qu'ils  font  les  Confeillcrs  ordinaires  , 
&  Allîftans  aux  côtés  du  Pape.  Voye\  Légat.  Les 
Gardes  des  Princes  étoient  autrefois  appelés /.arcroz/ej, 
parce  qu'ils  étoient  toujours  à  leur  côtés,  à  lacère. 
foyei  Du  Cangc  dans  Ion  Glollaire.  Il  y  a  eu  auill 
des  Comtes  à  lacère  ,  des  Moniteurs  à  lacère. 

LATIAL.,  ALE,  ou  LATIAR  ,  are.  adj.  Surnomd 
Jupiter.  Lacialis.  Il  étoit  ainli  appelé  de  Laiium , 
qui  lignifie  le  pays  des  Latins,  petite  contrée  d'Italie 
où  il  étoit  honoré.  Tarquin  le  Superbe  érigea  à  }\i- 
p'net  Lacial  uneftatue  (ur  une  haute  montagne  proche 
d'Aibe,  où  les  Romains,  les  Latins,  les  Herniques& 
les  VoKqucs  ,  célébroicnt  enlembie  des  fêtes  tous  les 
ans.  Foye^  Dempfter  ,  Parai,  ad  Rojin.  Amiq.  Rom. 
L.2.^  c.  c  Une  des  lept  collines  de  Rome  s'appeioit 
aulli  colline  Lattale  ,  ou  Latiare.  VoyeT^  Rofin  ,  L.  I. 
c.  a. 

LATIAR. f.  m.  Fête,  cérémonie  inftituée  par  Tarquin  le 
Superbe  à  l'honneur  de  Jupiter  Latial.  Laciar.  Ce 
Prince  ne  deftina  qu'un  jour  a  cette  fcte.  Les  premiers 
Conluls  en  ajoutèrent  un  autre  ,  après  qu  ils  eurent 
conclu  le  Traité  avec  les  Latins;  on  en  ajouta  un 
troiiième  ,  après  que  le  peuple  qui  s'étoit  retiré  fur  le 
Mont  facré,fut  revenu  à  Rome;  &  un  quatrièmCj 
après  qu'on  eutappailé  la  (édition  qui  s'éleva  à  l'occa- 
lion  du  Confulat ,  auquel  le  peuple  vouloit  avoir  part. 
Ces  quatre  jours  étoient  ceux  qu'on  appeloit  Fériés 
Latines.  Et  tout  ce  qui  le  faiioit  pendant  ces  fériés  , 
fêtes,  oftrandes,  facrihces  j  (S-c.  tout  cela  s'appeioit 
Laciar,  c'ert-à  dire  ,  fête  de  Jupiter  Latial,  ou  La- 
tiar.  Voye^  Jean-Fridéric  Gronovius^  Obfervat.  L. 
IV.  c.  2/.  Tarquin  ayant  fait  un  Traité  d'alliance 
avec  les  Latins ,  propofa  pour  en  afturer  la  perpé- 
tuité ,  d'ériger  un  Temple  commun,  où  tous  les  alliés, 
les  Romains  ,  les  Latins  ,  les  Herniques  &  les  Volf- 
ques ,  s'allèmbladent  tous  les  ans  pour  y  faire  une 
foire,  &  y  apporter  leurs  marchandiles,  fe  régaler 
les  uns  les  autres  j  &  faire  enfemble  des  fêtes  &  des 
facrifices.  Telle  fut  l'inftitutiondu  Laciar. 

LATICLAVE.  f.  m.  Habillement  de  diftmdl:ion  &  de 
dignité  parmi  les  Romains.  Laciclavius ,  ou  Lacuscla- 
vus.  Le  laciclave  étoit  une  bande  de  pourpre,  qui 
delceiidoit  du  haut  de  la  robe  des  Magiftrats  &  des 
Sénateurs  en  bas  en  forme  de  clou  ,  &  qui  dilfinguoic 
leur  habillement  de  celui  du  commun.  Je  diroisauiîï 
plus  volontiers  en  forme  de  fcapulaire  ,  qu'en  forme 
de  clou  j  (i  parmi  la  diverdré  des  opinions  j'en  voyois 
quelqu'une  mieuxappuyée  que  celleci,  qui  fe  (outient 
aumoinspar  l'analogie.  NousTuppolerons cependant 
que  (ous  les  Empereurs  ,  un  ornement  qui  avoit  plus 
de  fept  cens  ans  d'antiquité  ,  reflembloit  à  un  clou  à 
peu  près  comme  le  bonnet  appelé  mortier ,  relfcm- 
ble  au  mortier  d'un  Apothicaire.  Quelques-uns  pré- 
tendent que  c'étoit  ime  tunique  (ur  laquelle  on  atta- 
choit  des  boutons  en  forme  de  clous  à  tête  large.  Je 
m'en  tiens  à  l'explication  de  M.  Dacier,  fur  le  trente- 
lixième  vers  de  la  cinquième  Satyre  du  Livre  I.  d'Ho- 
race ,  où  il  dit  que  le  laciclave  étoit  une  vefte  bordée 
de  chaque  côté  d'une  large  bande  de  pourpre  ;  qu'on 
s'eft  trompé  quand  on  a  cru  que  ces  bandes  étoient 
taillées  en  lorme  de  clou  ;  mais  que  la  raifon  du  nom 
clavus  étoit  que  les  anciens  apeloient  ainli  ces  bandes  , 
parce  que  failant  la  bordure  de  chaque  côté  de  la 
vefte  j  elles  y  étoient  comme  clouées.  De  la  Mon- 

NOYE. 

Les  bandes  larges  faifoient  le  laciclave  ,  &  les  ban- 
des étroites  Vangufticlave.  Dag.  Dans  tout  ce  qui 
regarde  les  habits  des  Anciens,  il  n'y  arien  (urquoi 
les  S.avans  (oient  moins  d'accord ,  que  iur  le  laciclave  , 
ôc  Vangujliclave.  Quoi  qu'il  en  (oit ,  c'étoit  une  mar- 
que d'honneur.  Les  Sénateurs  ,  les  Préteurs,  les  Edi- 
les ,  avoient  droit  de  le  porter.  On  mettoit  la  robe 
qu'on  appeloit  Prétcxce  ,  fur  le  laciclave.  Quand  le 
Préteur  prononçoit  un  Arrêt  de  mort ,  il  quirtoit  la 
Prétexce  ,  &  retenoit  le  laciclave.  Les  premiers  Ma- 
giftrats des  ColcMiies ,  ou  des  Villes  municipales ,  por- 
toient  aulli  le  laciclave. 
LATICZOW.  Nom  diine    petite  ville   de   la  Ru.^ie 

lii  ij 


43<^  L  A  T 

Rouge,  en  Pologne.  lafiqovia.  Elle  eft  dans  la  haute 
Podolie,  lur  le  Bog  ,  à  viiigt-cinq  lieues  au  délias  de 
la  ville  de  BracLiW.  lafiqow  ell  le  lieye  d'une  Cha- 
telenie.  Mat  y. 

LATIER.  (".  m.  Terme  de  Coutumes.  Celui  qui  exige 
r.-imendc  appelée  late. 

LATIN  ,  ou  LATINUS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Latinus. 
Le  Roi  Latinus  ,  ou  Latin  ,  qui  a  le  pi-emict  porte 
ce  iionij  &  de  qui  il  a.  enluite  pallé  aux  autres  hom 
mes  ,  au  peuple  ,  au  pays ,  &  aux  autres  choies  qui 
l'ont  porté  ,  fut  un  Prince  qui  régna  en  Italie  .avant 
l'arrivée  dEnée,  qui  lui  luccéda.  Selon  Eulebe, 
Latinus  tut  le  cinquième  Roi  depuis  Janus.  D'autres 
n'en  mettent  que  trois  ,  ^  donnent  à  Latinus  trente- 
fix  ans  de  règne  ;  félon  le  P.  Pétau  ,  il  regnoit  environ 
1248  ans  avant  Jéfus  Chrilî.  Voye\  Rat.  Temp.  P. 
II.  L.  H.  c.  10.  Il  étoit,  félon  Héliode ,  dans  fi 
Théogonie,  v.  lorj.  fils  d'Ulyire  lie  de  Circé;  Sz 
fclon  d'autres  ,  de  Faune  &  de  la  Nymphe  ALirica. 
Foyei  Denis  d'Halic.  L.  I.  Titc-Live  ,  L.  I.  c.  i. 
Aurelius  Viilor  ,  de  Orig.  Gent.  Rom.  Syncellus , 
Virgile  ,  Enéide  ,  L.  XII.  cV  Héfiode  cité. 

LATIN  ,INE.  f.  m.  &  f.  Nom  d'un  ancien  peuple 
d  Italie  ,  qui  hahitoit  le  Latium.  Latinus ,  a.  Les  La- 
tins ,  ou  les  peuples  Latins  ,  avoient  pris  leur  nom 
daUoi  Latinus  ,  eu  du  nom  de  leurs  p^ys,  Latium. 
Les  Lût:ns  n'étoient  proprement  que  les  habitans  de 
l'a.ncien  Latium  ;  on  y  comprit  enluite  ceux  du  nou- 
veau, f^oye^  Latium. 

Latin  ,  ine.  adj  Qui  appartientaux  Latins  ,  ou  au  peu 
pie  Latin.  Latinus  ,  a  Les  peuples  Latins  furent  des 
premiers  que  les  Romains  vainquirent.  Les  féiies 
Latines.  Latinn.  Feria.  Foye^  Latiar.  Une  'Veriion 
Latine,  un  Auteur  Latin,  les  Livres  Latins  ne  font 
prefquc  plus  lus,  tant  les- fcicnces  (ont  déchues.  Les 
villes  Latines,  une  phrafe  Latine,  une  harangue 
Latine.  Un  Dictionnaire  Grec  &:  Latin ,  François  &c 
Latin.  Un  proverbe  Latin,   la  langue  Latine,  ôcc. 

Pays  Latin  ,  ou  Latium.  Foye^  Latium. 

On  appelle  l'Univerfité  &  les  Collèges ,  le  pays 
Latin  ,  ce  qui  fe  prend  fouvent  pour  pédanterie  :  & 
on  dit  d  un  nnuvais  Ecuyer,  qu'il  pique  eri  Latin, 
pour  due  qu'il  fe  tient  à  cheval  de  mauvaile  grâce  , 
comme  un  Ecolier.  Scaliger  dit ,  que  les  Langues 
FraneoifeSj  Italienne  &  Efpagnolcj  lourdes  avorte- 
mens  de  la  Langue  Latine. 

Régnier  a  dit,  les  gens  de  Latin ,  pour  les  Savans  : 

Si  la  fcience pauvre,  affreufe  &  méprifce , 
Sert  au  peuple  de  fable  ,  aux  plus  grands  de  rifee  ; 
Si  les  gens  de  Latin  des  jots  font  dénigres  , 
Et  fi  l'on  ejl  Doàeur  fans  prendre  fes  degrés. 

Régnier. 

Latin,  fe  dit  quelquefois  par  oppolîtion  aux  Grecs; 
&  alors  il  le  dit  des  peuples  &  des  nations.  Latini. 
Corneille  a  dit  de  Rome  j  dans  fcs  Horaccs  : 

Et   que   tes  bons  dejiins 
Ne  fe  borneront  pas  che'^  les  peuples  Latins. 

L'Églife  Grecque  a  fouvent  eu  des  diiférends  avec 
l'Eglife  Latine.  On  appelle  ainh  l'Eglile  Romaine, 
ou  l'Eglile  d'Occident  pour  la  diitinguer  de  l'Eglile 
Grecque  ou  d'Orient.  Les  Pères  Grecs  ,  &:  \es  Latins  , 
ont  eu  les  mêmes  Icntimcns  pour  la  Foi.  Dans  le 
droit  on  diftingue  deux  fortes  de  Latins  ;  les  Latins 
d:s  Colonies,  Latini  Colonarii ,  c'etoit  ceux  qu'on 
menoit  dans  les  Colonies  :  les  Latins  de  Junius  ,  Lati- 
ni Juniani,  ainlî  nommés  parce  qu'ils  furent  établis 
^ar  h  Loi  Junia  ,  que  Junius  Norbanus  Flaccus  avoit 
portée.  Ceux  ci  ne  jouilloient  pas  d'une  liberté  pleine 
&  entière ,  laquelle  étoit  un  caraâère  ellentiel  des 
citoyens  Romains. 
FiaiES  Latines.  Latines  Feri<t.  Foye\  Latiar. 

En  termes  de  Marine ,  on  appelle  des  voiles  lati 
«ej ,  des  voiles  faites  en  triangle  ,  ou  en  tiers  point, 
qu'on  appelle  autrement  oreilles  de  lièvres ,  quiabou 
cillent  en  pointe  par  en  bas.^On  s'en  ferclur  la  Me 


L  A    T 

diterranée  ,  &c  dans  les  Galères.  Dans  les  vaiireiux  les 
voiles  d'artimon  font  d'ordinaire  latines.  On  dit 
aullî  en  proverbe  fur  la  mer  ,  une  marchahdife  lati- 
ne ,  c'eft  à-dire  ,  aulll-tôt  vendue  qu'apprêtée,  ou  de 
.  bon  débit  ;  telle  qu'eft  l'huile  de  la  baleine. 
LATIN.  I.  m.  Langue  morte  qu'on  parloir  autrefoisdans 
le  Latium  ,  &  puis  à  Rome  ,  &  qui  eft  aujourd'hui  la 
langue  de  l'Eghfe,  &  celle  de  tous  les  Savans.  Latina 
lingua.  Le  Latin ,  que  quelques-uns  mettent  au 
nombre  des  langues  originales,  n'en  eft  point  une: 
il  s'elt  formé  du  Grec  ,  &  fur  tout  du  dialecte  Eolien  de 
cette  langue  ,  Se  des  divers  mots  des  langues  des  Of- 
ques  ,  des  Etruriens ,  &z  des  autres  anciens  peuples 
d'Italie.  Le  commerce  &  les  guerres  étrangères  y  por- 
terent  dans  la  tuite  beaucoup  d'autres  mots.  Le  Latin 
eft  une  langue  ferme  ,  qui  nous  reprélente  bien  le 
carartere  noble  de  ceux  qui  l'ont  parlé.  On  a  des 
ouvrages  en  tout  genre  bien  écrits  en  Latin  ,  quoiqu'il 
s'en  foit  perdu  une  infinité.  Le  Latin  eft  plus  figu- 
ré que  le  François,  moins  abondant  que  le  Grec, 
moins  faftueux  que  l'Elpagnol,  moins  délicat  que  l'I- 
talien. Du  Latin  le  (ont  formées  les  langues  Françoi- 
fe  ,  Italienne,  Efpagnole  &  Portugaife ,  avec  leurs 
dialedles. 

Au  commencement  la  langue  Latine  étoit  renfer- 
mée dans  la  ville  de  Rome,  &  les  Romains  n'en  per- 
mcrtoient  pas  communément  l'ulage  a  leurs  voifins , 
ou  aux  peuples  ciu'ils  avoient  (ubjugués.  Cicéron 
dilùit  encore  de  Ion  temps,  que  le  Grec  le  liloirpar 
tout  j  &  que  le  Latin  n'étoit  entendu  que  dans  un  petit 
pays.  C'eft  dans  la  harangue  pour  le  Poëte  Archias. 
Graca  legumur  in  omnibus  ferè  gentibus.  Latina  fuis 
finibus  e.xiguis  fane  ,  continentur. 

Maison  l'accordoit  comme  une  faveur.  Depuis  ils 
comprirent  de  quelle  nécellité  il  étoit  pour  la  facilité 
du  commerce  ,  que  la  langue  Latine  s'entendit  p.ar- 
tout,  &  que  toutes  les  Nations  lujettes  à  l'Empire 
fullent  unies  par  un  même  langage.  Ainlî  ils  impo- 
ferent  comme  une  loi  ce  qui  étoit  une  grâce ,  &:  ils 
obligèrent    les    Nations  fubjuguées  à  parler  Latin. 
Après  la  tranllation  du  lîége  de  l'Empire  à  Conftanti- 
nople  ,  les  Empereurs  d'Orient  voulant  toujours  con- 
ferver  la  qualité  d'Empereurs  Romains,  ordonnèrent 
que  la  langue  Latine  demeurât  toujours  en  ulàge  & 
dans  leurs  Rcfcrits  &  dans  leurs  Edits  ;  comme  on  le 
peut  voir  par  les  Conftitutions  des  Empereurs  d'Orient 
recueillies  dans  le  Code  Théodohen.  Enfin  ,  les  Em- 
pereurs ,  négligeant  l'Empire  d'Occident ,  abandon- 
nèrent la  langue  Latine  ,  &:  permirent  aux  Juges  de 
prononcer    leurs   Jugemens    en    Grec.   Juftinien  a 
compofé  fes  novellcs  en  Grec.    Charicmagne,  étant 
devenu  Empereur  d'Occident ,  ordonna    que   dans 
tcus  les  Tribunaux  fouverains  l'on  rendît  les  Arrêts 
en  Latin,  &  que  les  Notaires  drelTàllenr  tous  leurs 
Acles  en  la  même   langue.  Cet  ulage  a  duré  très- 
long-temps  dans    une   grande  partie    de    l'Europe. 
C'eft   François  I.  qui  l'a    aboli   en    France.    Entre 
plulieuis  Ordonnances  qu'il  fit  pendant  Ion   règne, 
il  y  en  a  une  fort  ample  de  i  J39.  dont  l'Article  III. 

ordonne    que    dorénavant   tous    Arrejls 

fuient  prononcés ,  enregijlrés  ,  &  délivrés  aux  Par- 
ties en  langage  maternel  François ,  &  non  autrement. 
La  railon  qu'il  en  apporte ,  eft  qu'il  naiftoit  fouvent 
des  difficultés  iur  l'intelligence  des  mots  Latins  ,  qui 
donnoient  lieu  a  de  nouveaux  procès.  Foye:[  Ar- 
rêt. Avant  lui  on  expédioit  tous  les  Acles  de  Juftice 
en  Latin.  L'Office  divin  de  l'Eglile  Catholique  fe 
fait  en  Latin.  Laurent  "Valle  appelle  Boëce  le  dernier 
des  Latins.  Et  Naudé  appelle  Modernes  tous  ceux 
qui  ont  écrit  après  lui.  On  appelle  de  mauvais  Latin, 
du  Latin  de  Bréviaire.  Mais  afin  que  vous  ne  dilïez 
pas  que  c'eft  un  Latin  de  Bréviaire,  le  Jurifconl'ulte 
Pomponius  s'en  eft  (crvi.  Abbé  d'Aubignac. 
Latin  ,  le  dit  quelquetcis  figurément  &  par  raillerie 
pourune  chofe  qu'on  n'entend  pas.  Dame  ,  je  n'en- 
tends pas  le  Latin.  Moi.  pour  dire,  je  n'entends  pas 
cela.  C'eft  du  Latin  qui  palle  votre  game.  Voit,  pour 
dire  ,  cela  eft  au  delFus  de  votre  portée ,  de  votre  ca- 
pacité. 


L  A  T 

Latin,  fedit  proveibialemcnc  en  ces  phiafo.  Quand 
on  entend  ciiie  du  Ladn  à  un  ignorant,  on  dit  ;  le  jour 
du  jiycinent  viendra  bientôt ,  les  ânes  parlent  Latin. 
ti-,  quelques  endroits  où  il  y  a  Univcrlité,  on  dit:  les 
î:i  T.des  Ecoles  ont  couclié  ouvertes  ,  les  ânes  parlent 
j'.'-.v;.  Les  grandes  Ecoles  iont  les  Ecoles  de  Droit. 
C  :i  dit  dans  le  nit-nie  fens  la  Sorboniie  a  couché  ou- 
verte. 

On  dit  aulli  à  un  Eccléiîaflique  ignorant,  qui  dit 
quelques  mots  de  Latin  ,  que  c'eii:  du  Latin  de  Bré- 
viaire ,  pour  lui  reprocher  qu'il  ne  (ait  autre  Latin 
que  celui  qu'il  a  appris  en  dilant  ion  Office.  On  dit 
encore  du  méchant  Latin  ,  que  c'ell  du  Latin  de 
cnilme  ,  il  n'y  a  que  les  marmitons  qui  l'entendent. 
On  dit  auiîî  qu'un  homme  eft  au  bout  de  Ton  Latin  , 
quand  il  ne  Lritplus  que  dire  ni  qucfitire  pour  achever 
quelque  chofc;  qu'il  va  perdu  f  on  Z<!ri/2,  pour  dire  , 
qu'il  a  perdu  tous  les  loins  èv'  ("es  trais. 

Revuke  à  mes  raifons  ,  il  Je  rend  plus   mutin , 
Etma  Philofophie  y  perd  tout  fon  Latin.  Régnier. 

On  dit  encore  ,  parler  Latin  devant  les  Cordeliers , 
quand  on  parle  à  des  gens  plus  ("avans  que  (bi.  On 
di:  encore ,  qu'un  homme  crache  du  Grec  &  du  Latin , 
quand  il  en  cite  beaucoup  ;  tîc  quand  il  le  fait  mal  à 
propos  j  on  dit  qu'il  ell  iou  en  François  &  en  Latin. 
Quand  on  veut  traiter  un  homnie  d'ignorant,  on  dit 
qu'il  ne  (ait  ni  Grec  ,  ni  Latin- 

LA  i  INEUR.  (.  m.  Elpèce  de  pédant  qui  ne  fait  que 
du  Latin ,  &  qui  n'a  nulle  politclîc.  Litterator.  Un 
Latincur  ell  ridicule  chez  les  Grâces  &  chez  l'Amour. 
CoTiN.  Ce  motn'eft  pas  reçu. 

LATINIER.  (.  m.  Vieux  mot.  On  en  trouve  un  exemple 
dans  M.  Fleury.  Le  Latin  étoit  nécellairc  pour  les 
airaires  &  pour  les  Acles  publics  i  il  l'étoit  pour  les 
voyages  ,  &c  on  appeloit  les  interprètes  Latiniers. 

Latinier  ,  étoit  aiurefois  un  mot  qui  lignifîoit  Truche- 
ment,  Literprête.  Lnterpres  ,  peregrini  fermonis  péri 
tus.  Il  eft  encore  aujourd'hui  en  ulage  en  ce  (ens  dans 
la  Balfe  Bretagne. 

Ce  mot  a  aulîî  (îgnifié  un  homme  qui  fait  le  La- 
tin, qui  l'entend,  qui  peut  l'exphquer,  Latinm  lin- 
guaperitus  ,  &  à  caufe  de  cela  on  a  appelé  un  Inter- 
prète du  nom  de  Latinier.  »  Le  (it  rcquerre  par 
î>  Latiniers  ,  qu'ele  li  dit  de  quel  linaige  ele  eftoit  ". 
Voyage  d'outremer  du  C.  de  Ponthieu.  Froillart 
fe  fert  auOi  de  ce  mot. 

Latinier  fu  ,  fi  fot  parler  Roman  , 

Englois  ,  Gallois ,  à,'  Breton  ,  &  Normand.  Vacces. 

LATINISATION,  f.  f.  L'aétion  de  rendre  Latin  un 
mot  d'un  autre  langue  ,  de  lui  donner  une  terminai- 
fon  Latine.  Le  foixante-neuvième  article  du  Huetiana, 
,  eft  intitulé  j  De  la  Latinifation  des  noms  ,  &  com- 
,  menée  ainfi  :  Sur  la  queftion  de  la  latinifation  des 
noms  &  des  furnoms  ,  on  voit  une  (î  grande  variété 
de  fentimens  &  d'ulàges ,  qu'il  y  a  lieu  de  s'étonner 
que  les  Critiques  &  les  Grammairiens  n'aient  pas  el- 
Ciyé  d'en  lîxer  les  règles. 

LATINISER,  v.  n.  Parler  prcfque  toujours  Latin  ,  faire 
parade  de  fon  Latin,  fe  (ervir  de  (on  Latin  à  tout 
propos  ,  ou  mal  à  propos.  Latinum  fermonem  fre- 
quentiàs  adhibere. 

Un  Pédant  qu'on  appelle  Gilles  -^        ' 
Penfe  avoir  attrapé  nos  filles  , 
Quand  il  a  bien  latiniié.   Cotin. 

Latiniser,  fe  dit  le  plus  fouvent  pour  faire  des  mots 
qui  aient  l'air  ou  la  terminaifon  Latine.  Donner  une 
inflexion  Latine  à  un  mot  d'une  autre  Langue.  Alors 
Il  eftadtih  Latinâ  linguâ  donare.  Les  Auteurs  Fran- 
çi'is,  pour  vouloir  latinifier  leurs  noms ,  font  lî  bien 
qu'on  ne  les  connoît  plus  ,  comme  Democharcs ,  de 
Moiichi,  Petreius  Dolabella,  Pierre  Doubeau.  On 
a  ctc  contraint  de  faire  un  Diftionnaire  pour  enten 
dre  M.  de  1  hou ,  à  caufe  des  mots  qu'il  a  latinifés. 


L  A  T  437 

Tite  Live  a  latinifié  pluficurs  noms  barbares  qui  en- 
trent dins  fon  Hiftoire. 

LAI'INISE,  ÉE.  part.  En  matière  de  controverfe,  on 
appelle ,  Grec  Latinifié ^  un  Grec  qui  eft  entré  dans  les 
(entimens  de  l'Eglile  Latine.  Ac.  Fr. 

LATINISME,  f.  m.  Façon  de  parler  de  la  Langue  La- 
tine.   Latinum    idioma.    I^atinfimus.   Conftrudlion 
tour  de  phrafc  propre  à  la  Langue  Latine.  C'eft  un 
laimifimc.    Le  ftylc  Fiançois  de  cet  Auteur  eft  plein 
de  latimfime. 

On  écrit  régulièrement  depuis  le  fiècle  dernier 
l'on  eft  elclave  de  la  conftrudion,  l'on  a  enrichi  l.i 
Langue  de  nouveaux  mots,  fecoué  le  ]o\.\'i  Au  latimfi- 
me,  ik  réduit  le  ftyle  à  la  phrale  purement  Françoiié. 
Mœurs  de  ce  fiècle.  Voyez  la  Dillcrtation  fur  les  La- 
tinifimes  du  Nouveau  Teftament,  par  M.  Sigifmond- 
Fridéric.   Dresig. 

LATINISTE.  (.  m.  Qui  fiit  le  Latin,  qui  entend  & 
parle  bien  cette  Langue.  Il  ne  faut  pas  être  un  grand 
Latinific  (c'eft-à-dire  ,  il  ne  faut  pas  (avoir  beaucoup 
de  Latin)  pour  comprendre  que,  &c.  Abbé  de  Vay- 
RAc,  Meic.  d'Août,  172 s-  Si  le  Ma'ttre,  fimpleXa- 
tinfie y  plein  de  lui-même,  fe  trouve  un  efprit  faux j 
incapable  de  juftcllè  dans  le  raifonnement,  un  efpnt 
(ans  méthode;  enfin ,  un  clprit  qui  ne  voit  que  par  les 
yeux  du  préjugé  vulgaire  ,  &  qui ,  fans  vouloir  rai- 
(onner  ,  (outienne  obilinément  que  le  fyftcme  du 
Bureau  Typographique  eft  frivole,  il  fera  aifé  de  s'ap- 
percevoir  qu'un  tel  caradère  n'eft  pas  le  meilleur  que 
l'on  puiife  defirer  pour  élever  un  enfant.  Merc.  de 
Juin  IJ32. 

LATINITÉ.  I.  f  Langage  Latin ,  ou  plutôt  manière  & 
(açon  de  parler  Latin,  qui  dépend  du  tour  qu'on 
donne  aux  phrafes ,  des  expreifions  &  des  mots  dont 
on  (e  (ert.  Latinitas.  Cet  Auteur  a  une  belle  Latinité. 
Il  étoit  du  tems  de  la  bonne  Latinité.  La  Latinité  de 
Sénéquc  n'a  ïien  de  celle  du  tems  d'Augufte ,  rien  de 
facile,  rien  Je  naturel.  S.  Évr.  On  a  dit  du  Cardinal 
Bembe ,  que  de  peur  de  corrompre  fa  belle  Latinité, 
il  ne  lifoit  ni  fon  Bréviaire,  ni  la  Bible.  Teissier. 
C'elVà-dire ,  qu'il  ne  les  lifoit  pas  en  Latin ,  mais  en 
Grec.  Cela  a  tout  l'air  d'une  faulferé.  On  appelle  les 
Auteurs  de  la  balle  Latinité ,  les  Modernes  qui  ont 
écrit  depuis  que  le  Latin  a  commencé  à  fe  corrom- 
pre ,  les  Auteurs  du  dernier  tems  011  le  peuple  parloit 
encore  Latin.  Les  Auteurs  de  la  balfe  Latinité  font  la 
honte  &  l'infamie  de  la  Langue  Latine.  Art  de 
Parler. 

LATIS.  Voye-^  Lattis. 

LATISSIMUS.  Nom  Latin,  qui  fignifîe  très-large ^  & 
que  les  Anatomiftes  donnent  au  troiiième  mufcic  du 
bras  ,  parce  qu'en  effet  il  eft  très  large  ;  ils  le  nomment 
encore  ficalptor  ani ,  parce  qu'il  porte  la  main  à  l'a- 
nus. Il  couvre  preique  tout  le  dos  de  fon  ccstéj  & 
prend  (on  origine  de  la  troiiième  &  quatrième  vertè- 
bres inférieures  du  dos ,  de  toutes  celles  des  lombes  , 
de  l'épine  del'osiacrum,  de  la  partie  poftérieure  de 
la  lèvre  de  l'os  des  îles ,  &  de  la  partie  externe  des  fauf- 
fes  côtes  inférieures.  Il  s'attache  à  l'angle  inférieur  de 
l'Cmioplate ,  &c  va  s'inférer  à  la  partie  (iipérieure  & 
interne  de  l'humérus  qu'il  tire  en  bas  de  plufieurs 
manières  par  (es  différentes  fibres  Dionis. 

LATITER.v.a.  Terme  barbare  de  Juiirprudencc,  fync- 
nyme  de  cacher ,  receler.  Aà/condere,  abdere.  Une  veu- 
ve qui  a  caché  &  toire  les  eiifets  de  la  fuccelîion  de  fon 
mari ,  eft  privée  des  avantages  qu'il  lui  a  (ait.  f^oye:(_ 
Divertir,  Receler. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Latitare ,  qui  eft  neutre,  & 
non  pas  adtif. 

L ATITÉ ,  ÉE.  part. 

LATITUDE,  f.  f.  L'Abbé  de  la  Trappe ,  mauvais  mo- 
dèle à  (uivre,  a  pris  ce  mot  pour  étendue.  Il  y  a  peu 
de  Religieux  qui  entrent  dans  la  vérité  de  leur  profef- 
(lon,  qui  en  connoiftent  l'étendue  j  &  qui  ne  fe  pre('- 
crivent  des  bornes  qui  n'ont  point  été  connues  de 
leurs  Inftituteurs  &  de  leurs  pères.  On  fe  relTerre 
dans  une  condition  qui  veut  une  latitude  extrême  , 
puifqu'il  n'y  a  rien  de  plus  grand  &  de  plus  élevé , 
que  l'obligation  de  tendre  à  ce  que  la  Religion  a  de 


4^3  L  A  T 

plus  put-,  de  plus  Liint  &  de  plus  parfait.    Ab.  de 
LA   Tr.  , 

Latitude.  Cf.  Terme  de  Géographie,  i'CF'qui  ii^ni- 
iîe  la  largeur  de  la  terre  depuis  l'equateur  jutqu  a  l'un 
des  pôles.  L'origine  de  ce  mot  vient  de  ce  que  les  An- 
ciens ne  connoiiroient  pas  la  terre  comme  nous  la 
connoidbns  aujourd'hui.  Leurs  connoillàncesalloiciit 
bien  plus  loin  de  l'Occident  en  Orient,  que  du  Sep- 
tentrion au  Midi;  &  quoiqu'un  globe  n'ait,  à  propre- 
ment parler,  ni  longueur,  ni  largciu",  les  deux  di- 
meniions  étant  égales ,  les  Géographes  n'ayant  égard 
qu'aux  pays  habités  Se  connus  ,  la  longueur  de  la 
terre  étoit  pour  eux  d'Occident  en  Orient ,  ik  fa  lar- 
geur du  Midi  au  Septentrion.  Us  connoilîbient  fi  peu 
de  chofe  au-delà  de  l'equateur,  que  cela  peut  être 
compté  prefquc  pour  rien.  Ils  appelèrent  longituile 
de  la  terre,  ou  fa  longueur,  la  plus  grande  étendue 
qu'ils  connuilénti  &  latitude  de  la  terre,  ou  fa  lar- 
geur, la  plus  petite  étendue  bornée  entre  l'equateur 
&  les  deux  pôles.  On  a  confervé  ces  noms ,  &c  ils  ont 
été  confacrés  par  les  Géographes  qui  s'en  krvent  pour 
marquer  la  diftance  d'un  lieu  à  l'equateur.  Latkudo. 

|p°La  latitude  particulière  d'un  lieu  ,  eftla  diftance 
qu'il  y  a  entre  le  zénith  de  ce  lieu  &  l'equateur  cé- 
lefte  :  une  perfonne  a  fon  zénith  au  point  du  ciel  qui 
fe  trouve  précifément  fur  fa  tête.  Ainfi,  il  lell  évident 
que  tous  les  pays  qui  font  fous  la  ligne ,  n'ont  point 
de  latitude  ,  puifqu'ils  ont  leur  zénith  dans  l'equa- 
teur ;  &  que  ceux  qui  font  fous  les  pôles ,  ont  la  plus 
grande  latitude  polliblc,  puifque  leurzénich  e!t  éloigné 
de  l'equateur  de  90  degrés.  On  compte  cette  diftance 
fur  les  degrés  du  méiidien.  On  la  nomme  autrement 
l'élévation  du  pôle  fur  l'horifon,  parce  qu'en  eftet  la 
diftance  de  l'equateur  au  zénith ,  eft  toujours  égale  à 
l'élévation  du  pôle ,  qui  eft  l'arc  du  méridien  compris 
entre  le  pôle  &  l'horifon  feprentrional  ,  (î  le  lieu 
dont  il  s'agit  eft  au  Septentrion  de  l'éciuateur,  ou  de 
l'horifon  méridional  :  lî  ce  lieu  eft  dans  la  bande  du 
fud  ,  on  donnera  au  mot  longitude  ,  la  longitude  & 
la  latitude  de  tous  les  endroits  de  la  terre  dont  elles 
font  connues.    f^oye\  Longitude. 

Les  parallèles  de  l'equateur  font  appelés  Cercles  de 
latitude  ,  à  caufe  qu'ils  k  marquent  par  leur  interfec- 
tion  avec  le  méridien.,  Prendre  les  latitudes  ;  degré 
de  latitude  ;  trouver  la  latitude  d'un  lieu.  Sanson. 
Paris  a  48  degrés  J2  minutes  de  latitude  boréale,  ou 
fcptentrionale  ,  ou  d'élévation  du  pôle  aréfique.  De 
l'autre  côté  de  la  ligne,  ou  au  delà  de  l'equateur  j  on 
l'appelle  latitude  aujlrale  ou  du  fud.  Les  Marins  di- 
fent  ordinairement  latitude  fud  &■  latitude  nord ,  au 
lieu  de  latitude  du  côté  du  fud  ,  &  latitude  du  côté 
du  nord.  On  dit  fur  la  mer  ,  bande  du  nord  ou  bande 
du  fud,  pour  dire  deçà,  ou  delà  la  ligne.  fJCFTous 
les  peuples  comptent  les  latitudes  de  même,  &  com- 
mencent à  l'équ.ateur;  ainfi,  l'orfqu'il  y  a  de  la  ditté- 
lence ,  cela  vient  du  plus  ou  du  moins  d'exadlritude 
que  l'on  a  apportée  en  faifant  les  obfervations.  Dans 
les  cartes  générales,  les  degrés  de  latitude  (ont  mar- 
qués de  dix  en  dix,  ou  de  cinq  en  cinq.  Dans  ks 
moins  générales  ,  chaque  degré  eil  diftingué  ;  &  cfems 
celles  qui  n'ont  qu'un  pays  médiocre  à  repréienter, 
on  y  trace  les  minutes  :  les  fécondes  le  marquent  ra- 
rement. Ce  n'eft  que  pour  une  plus  grande  précihon 
que  les  Modernes  les  mettent  dans  leurs  calculs. 

Latitude  ,  en  termes  d'Aftronomiej  eft  la  diftance 
d'un  aftre  à  l'écliptique  ,  ou  à  l'orbite  du  foleil ,  vers 
un  des  pôles  du  zodiaque ,  Latitudo  ;  elle  diftere  en 
ce  point  de  la  déclinailon,  laquelle  eft  un  éloigne- 
ment  de  l'equateur  vers  un  des  pôles  du  monde.  Ainlî 
la  latitude  Géographique  eft  la  même  chofe  que  la 
déclinaifon  Aftronomique ,  Se  la  latitude  Aftronomi- 
que  eft  tout  autre  chofe.  La  latitude  Aftronomique  fe 
mefure  par  l'arc  d'un  de  ces  grands  cercles  perpendi- 
culaires, compris  entre  cet  aftre  Se  l'écliprique.  Le 
foleil  n'a  j.amais  de  latitude ,  Se  on  dit  que  les  planètes 
ont  quelque  latitude  ,  quand  elles  s'éloignent  de  l'é- 
cliprique. C'eft  pour  cela  que  dans  la  Iphère  armil- 
laire  on  donne  au  zodiaque  quelque  largeur.  Les  An- 
ciens ne  la  frifoient  que  de  flx  degrés  de  chaque  côté  ; 


L  A  T 

de  l'écliptique.  Les  Modernes  l'ont  étendue  jufqu'à 
neuf;  car  par  les  oblerv.ations  de  Tycho-Brahé ,  Vénus 
a  de  latitude  boréale  ç  degrés  2  minutes;  Mercure, 

3  degrés  55  minutes.  La  lune  dans  Ion  quadrat  avec 
le  loleil,  5  degrés  17  minutes,  &  en  fon  oppolltion 
&c  conjonélion,  4  degrés  58  minutes;  Saturne,  z  de- 
grés 48  minutes;  Jupiter,  i  degré  58  minutes;  Mars, 

4  degrés  3 1  minutes.  Quand  les  planètes  font  dans 
leur  plus  grande  latitude  méridionale  ,  ou  feptentrio- 
nale  ,  on  dit  qu'elles  lont  dans  le  ventre  de  leur  dra- 
gon. Leur  plus  grande  latitude  n'eft  pas  toujours  h 
même;  mais,  félon  le  calcul  d'Ozanam ,  elle  ne  fur- 
pafle  jamais  5  degrés  à  l'égard  de  la  lune ,  1  degrés 
5-0  minutes  à  l'égard  de  Saturne;  i  degré  50  minutes 
à  l'égard  de  Jupiter;  7  degrés  à  l'égard  de  Mars,  9  de- 
grés à  l'égard  de  Vénus ,  &  5  degrés  à  l'égard  de  Mer- 
cure ,  félon  Gaftendi.  Quand  elles  n'ont  aucune  lati- 
tude,  on  dit  qu'elles  lont  dans  les  nœuds  de  l'éclipti- 
que ,  ou  dans  finterleétion  de  leur  obite  avec  celle  du 
{oleil ,  qu'on  appelle  la  tcte  &:  la  queue  du  dragon  ;  & 
c'eft  alors  qu'elles  peuvent  caufer  ou  louftrir  l'éclipfe 
du  iolcil.  On  appelle  latitude  fcptentrionale  afcen- 
dante ,  lorfquc  la  lune  va  du  nœud  leptentrional  vers 
la  limite  ieptentrionale.  Latitude  fcptentrionale  dcf- 
csndante ,  lorlque  la  lune  va  de  la  limite  Ieptentrio- 
nale vers  le  nœud  méridional.  Latitude  méridionale 
afcendante ,  lorlque  la  lune  va  de  la  limite  méridio- 
nale vers  le  nœud  feprentrional.  Latitude  méridionale 
défendante ,  lorfque  la  lune  va  du  nœud  méridional 
vers  la  limite  ieptentrionale.  Il  en  eft  de  même  à 
proportion  des  autres  planètes.  Voye-^  fur  chaque 
planète  à  leur  ordre.  Li:^  latitudes  des  étoiles  fixes, 
qu'on  avoir  cru  invariables  j  changent  un  peu  Se  en 
diftérens  fens.  IniHtut.  Afronom.  p.  jps.  Leur  lati- 
tude peut  aller  jutqu'à  90  degrés ,  lelon  qu'elles  font 
éloignées  de  l'écliptique  vers  les  pôles  du  zodiaque. 
La  latitude  héliocenrrique  ell  celle  qu'on  oblerveroit 
du  foleil.  La  latitude  géocentrique  eft  la  diftance 
d'une  planète  à  l'écliptique ,  telle  que  nous  l'obfer- 
vons  de  la  terre.  "L'amplitude  ortive  ou  occafe  d'un 
aftre,  ou  d'un  degré  de  l'écliptique,  eft  l'arc  de  l'hori- 
fon compris  entre  le  point  du  lever  Se  du  coucher  de 
l'equateur,  &  le  point  du  lever  ou  du  coucher  de  cet 
aftre.  \J amplitude  ortive  ou  occafe  du  foleil ,  ell  ce 
qui  tait  connoître  l'étendue  de  l'arc  diurne  ,  ou  noc- 
turne ,  ou  la  durée  du  jour  &  de  la  nuit ,  en  telle  forte 
que  plus  cette  amplitude  eft  grande ,  &  plus  il  y  a  de 
diftércnce  entre  ces  deux  arcs,  ou  entre  le  jour  Seh. 
nuit.  Quand  elle  eft  boréale,  le  jour  eft  plus  grand 
pour  ceux  qui  font  dans  l'hémifphère  boréal.  Quand 
elle  eftauftrale,il  elh  pluspetit.  Cette  amplitude  e!i  ce 
que  d'autres  ont  appelé  latitude ,  'fort  improprement. 

LAIITUDINAIRE.  Du  hiim  Latus ,  large,  adj.  Sei. 
m.  &  f.  Ce  mot  le  trouve  dans  les  écrits  de  quelques 
Théologiens.  Liherïor ,  la.xior  infidei  Ckriflanx,  do^- 
matibus  Jlatuendis.  Il  lignifie ,  qui  n'aime  point  à  être 
gêné  dans  les  dogmes ,  ni  dans  fa  morale  ,  qui  ouvre 
aux  autres  un  chemin  plus  large  &  plus  commode 
pour  aller  au  ciel ,  fur  tout  par  rapport  à  la  créance 
des  myftères,  en  forte  que  la  diirérence  des  fentimens 
en  fait  de  religion  ,  ne  foit  pas  une  railon  pour  en 
exclure  les  Scélaires.  C'eft  un  fentiment  de  Latitw- 
dinaire  ^  de  dire  que  le  dogme  de  la  Trinité  n'eft  point 
nécellaire  au  falut.  M.  Juiicu  a  intitulé  un  de  fes  Li- 
vres ,  La  Religion  du  Latitudinaire.  C'eft  ce  qu'on 
appelle  autrement  Tolérant.  Bayle  publia  un  ouvrage 
contre  lui  fous  le  titre  de  Janua  cœlorum  omnibus  refe- 
rata.  La  porte  du  Ciel  ouverte  à  tous.  Les  prin- 
cipes des  Latitudinaircs  font  les  mêmes  que  ceux 
des  premiers  prétendus  Réformateurs  ,  &  il  n'eft 
pas  étonnant  que  les  fentimens  des  Latitudinai- 
rcs ,  fe  foient  il  fort  répandus  parmi  toutes  les  Sectes 
Proteftantes.  Quand  une  fois  on  a  fecoué  le  joug  de 
l'Egli'e,  il  eft  fort  naturel  de  fecoucr  toute  forte  de 
joug ,  de  ne  gêner  fon  efprit  &  fi  prétendue  railon 
flir  rien ,  de  regarder  la  Religion  comme  une  chofe 
fort  indiftércnre.  Se  n'y  tenir  que  par  politique ^  par 
rcfpecl:  humain  ,  par  intérêt. 

LATiTUDLNARIEN.  Nom  de  Sede,  Latitudinarius , 


L  A  T 

<f.  On  dit  plus  commiicmenc  Ladtudïnalre .  V.  ce  mot 
ci-dclîùs.   M.   Bolluct  ,  Évcque    de    Mciux  ,  a    dit 
Laûtudïnanen.   Sur  les  principes  de  Chcjlciiworth , 
Anglois  ,    il  s'cfl:  forme  en  Angleterre  une  Sedk- , 
qui  eft  répandue  dans  toute  l'Églifé  Anglicane  Tro- 
teftante  ,  où  l'on  ne  parle  que  de  paix  &:  de  charité 
univerfcllc.  Les  défenfeurs  de  cette  paix  fe  donnent 
eux-mêmes  le  nom  de  Ladtudinarkns  ,  pour  expri- 
mer   l'étendue   de  leur   tolérance    qu'ils  appellent 
charité  &  modération ,  qui  eit:  le  titre  fpécieux  dont 
on  couvre  la  tolérance  univerfcllc.  Bossuet. 
LATIUM.  Terme  purement  Latin ,  qui  fe  cojiferve 
dans    notre  langue.  Nom  d'une   contrée    ancienne 
d'Italie.  Pays  Latin.  Pays  des  Latins  ^  peuple  d'Ita- 
lie. LatLum.  Quoique  ce  nom  foit  Latin ,  nous  nous 
__  en  fervons  fort  bien  dans  notre  Langue  :  en  par- 
'  lant  de  l'antiquité,  il  vaut  mieux   l'employer    que 
celui  de  pays  Latin,  parce  que  nous  avons  attaché 
[ ,  à  ce;tte  phrale    une  autre   idée  ,  cotnme  on  l'a  dit 
^  en  (a  place.  Vigénère  ,  Du  Rycr ,  &c  tous  nos  Au- 
teurs ,  difent  le  Ladum.  Pline  dit  que  le  Ladum  eft 
le  pays   qui  eft  entre  l'embouchure  du   Tibre    & 
Monte  Circello  ,  près   de    San-Felice.   Ce   fut -là 
l'ancien  Ladum.  Dans  la  fuite  fcs  bornes  s'étendi- 
rent; on  y  comprit  les  Hcrnifques  ^  les  Eques,les 
VoKquej;  &  les  Aufones  jufqu'au  Vulturne,  aujour- 
d'hui I^ohurno  ,  tic  cela  fe  nomma  le  nouveau  La- 
dum. ^  Le   premier    alloit    depuis  le    Tibre  jufqu'à 
Fundi ,    &  l'autre  depuis  Fundi  jufqu'au  Folturno  , 
On   bien    jufqu'à  Minturne  ,  &    l'embouchure    du 
Lins  j  aujourd'hui  Gariglian.  La  longueur  de  l'ancien 
fut  dacrminée  par  Tibère  Circeïus  à   ;o  mille  pas. 
Les    habitans   de  l'ancien   Ladum   ont   eu  plus    de 
privilèges  que  ceux  du  nouveau. 

Ce  nom  de  Ladum  vient  du  Latin  ladre  ,  qui 
veut  dire  ,  être  caché  ,  parce  qu'on  prétend  que 
Saturne  étant  challe  de  fon  Royaume  par  fon  fils 
Jupiter,  chercha  une  retraite  en  Italie  ,&  fc  cacha 
dans  cette  contrée  ,  qui  fut  appelée  depuis  Ladum  , 
à  caufe  de  cet  événement.  Varron  dit  que  c'eft  parce 
que  l'Italie  eft  cachée ,  enfoncée  entre  les  Alpes  & 
l'Appenin.  Bochart  le  tire  du  Phénicien  oh  ,  au  plu- 
riel C^vh  ,  ou  pnS  ,  Ladm  ,  ou  Ladn ,  qui  ligni- 
he  enchantement ,  parce  que  ce  pays  étoit  plein 
d'herbes  propres  aux  enchantemens  &  de  poilons , 
ce  qu'il  prouve  par  Efchyle  &  par  Théophrafte  , 
,     Hi/l.  Plant.  L.  IX,  c.  i s-  f  > 

Le  P.  Kirker  a  fait  une  defcription  du  Latlum. 
Voyei  auûi  Cluvier,  dans  fon  ancienne- Italie     & 
Merula  ,  Cofmog.  P.  II,  L.  II ,  c.  8. 
LATMOS,  ou.LATMUS.  Montagne  d'Afie,  partie  dans 
rionie  ,  &  partie  dans  la  Carie,  remarquable  dans  la 
Fable  par  les  amours  de  Diane  &  d'Endymion  :  fon 
nom   moderne  eft  Pa^atchia  ,    félon  M.  Baudrand. 
LATOBIUS.  1.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un 
dieu  de  l'Antiquité  Payenne.  Latobius.  Je  ne  trouve 
de   mention  de  ce  dieu  que  dans  deux  Infcriptions 
de  Giuter,  p.  lxxxvti.  n.  7,  &   n.    8.    Toutes 
deux  en  Carinthie  ,  &  elles   marquent  l'exécution 
d'un  vœu  fait  au  dieu  Latolnus.  La  première  eft  un 
vœu  qu'une  mère  fait  pour  la  faute  de  fon  lils  &c  de 
fa  lillc.  Latobio  fac.  pro  falute  Nam.  Sabinïanï  ,  & 
Juha  Babilloe  ,   Findona  mater,   F.  S.  L.  L.  M. 
De  tout  cela  je  conjeéture  que  c'étoit  un  dieu  par- 
ticuhei  aux  anciens  Noriques  ,  dont  la  Carinthie 
failoit  partie  ;  que  peut  être  c'étoir   un  dieu   de  la 
fante  ;  qu'outre  les  vœux  qu'on  lui  fait  ,  fon  nom 
pourroit  le  marquer.   r,«,  en  Grec,  fignifie  la  vie. 
La  première  partie  Lato ,  pourroit  venir  d'un  vieux 
verbe  ,  dont  fera  a  pris  fon  fupin   latum  ,   de  les 
temps  qui  en  dépendent  ,  ëc   Latobius  ,  fignilieroit 
celui  GUI  donne  la  vie  ;  ou  bien  de  À«v.9-<i.a  ;  comme 
Il  c  etoit  le   principe  caché  de  la  vie  &  de  la  finté 
dont  en  auroit  fait  un  dieu.  Mais  fi  ce  mot  eft  Scla- 
von  ,  toutes  ces  conjcétures  font  vaines. 
LATOIDE  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Fille  de  Latone. 
lato:s.  C'eft  une  épithète  ou  furnom  que  les  Poètes 
donnciit  a  Minerve  ,  parce  qu'elle  étoit  hlle  de  La- 
tone. Divine  Latoïde.     . 


L  A  T  439 

LATOMIE  ,  ou  LAUTUMIES.  f.  f.  &.-  pi.  Carrière 
lieu  d'où  l'on  a  tiré  de  la  pierre.  Latomia,  Lautumia  ' 
Lapidictna.  Les  lieux  d  où  Ion  avoit  tiré  de  la  pierre 
ont  (ervi  fouventdans  l'antiquité  de  prifon  aux  crimi- 
nels. Denis  le  Tiran  fit  creufer  dans  le  roc  un  lieu 
icmblable  près  de  Syracufe  ,  où  il  fit  enfermer  bien 
du  inonde.  Cicéron  reproche  aulH  à  Verres,  d'avoir 
bit  enfermer  des  Citoyens  Romains  dans 'les  La- 
tomies.  Ainlî  ce  nom  devint  comme  un  nom  pro- 
pre de  prifon.  On  peut  s'en  fervir  quand  on  parle 
de  l'antiquité.  En  ce  icns  on  ne  le  dit  guère  qu'au 
pluriel.  On  difoit  aulli  Lautumies  ,  &c  les  prifon- 
niers  (ju'on  y  enfcrmoit  s'appeloicnt  Lautumiers , 
Laucumarii  ,  Lautumiarii. 

Le  mot  Laomie  eft  Grec,  de  a«s  fie  ne ,  Se 
'£/«»« ,  /■(,'  coupe.  Pour  lautumie  ,  je  ne  lai  fi  ce  n'é- 
toit  point  une  antiphiafe  tirée  de  lautus ,  enforte 
(\uc  lautumie  \ou\i\t  dire  un  lieu  où  l'on  eft  bien. 
Sencque  femble  l'infinuer  dans  fes  Controverfes. 

LATON.  i.  m.  Il  y  en  a  cjui  écrivent  ainfi  ce  mot , 
au  heu  de  leton ,  ou  laiton  :  la  dernic-re  ortogra- 
phe  eft  la  meilleure,  &  la  première  eft  la  plus 
mauvaife.   Foyei  Laiton. 

LATONE.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
décile  de  l'Antiquité.  Latona.  Elle  étoit  fille  du 
Titan  Cocus  ,  &  de  Phœbé  fa  fœur.  Junon  ayant 
fu  fon  commerce  avec  Jupiter  ,  la  chalfa  du  ciel  , 
&:  la  fit  tourmenter  &  perfécuter  par  toute  là 
terre  par  le  ferpent  Pithon  ,  afin  qu'elle  ne  pût 
trouver  de  repos  nulle  part ,  ni  de  lieu  pour  faire 
les  couches  ;  car  elle  fit  jurer  la  Terre  qu'elle  ne 
lui  en  donneroit  nulle  part  :  mais  l'île  de  Délos , 
qui  étoit  alors  iiottante  ,  fe  trouva  par  hafard  fous 
les  eaux  ,  lorfque  Junon  exigea  ce  ferment.  Ne 
l'ayant  donc  point  fait,  Neptune  lui  ordonna  de 
fe  fixer  ,  &  de  recevoir  Latone.  Elle  y  mit  au 
monde  deux  jumeaux,  un  fils  &  une  fille,  Apol- 
lon &  Diane.  Foy.  Lucien  ,  dans  le  Dialogue  d'Iris 
&  de  Neptune.^D'autres  difent  ,  qu'après  bien  des 
couries  j  étant  arrivée  à  l'île  Ortygie ,  en  laquelle 
ix  lœur  avoit  été  changée  ;  elle  lui  donna  retraite. 
Et  d'autres  encore  ,  qu'au  temps  de  fes  couches 
elle  fut  changée  en  caille ,  &  qu'elle  s'envola  fur 
l'Ile  ,  qu'on  appelle  Ort-gia  à  caufe  de  cela  ,  c'eft- 
à-dircj  rîlede  la  Caille  ,  ou  des  Cailles ,  d'.'f7„J,  ^ 
caille.  Homère ,  dans  fon  Hymne  fur  Apollon ,  die 
que  Latone  étoit  fille  de  Saturne  ,  &  Hérodote 
dans  Ion  Euterpe ,  qu'elle  ne  ftit  que  nourrice 
d'Apollon  &  de  Latone  ,  dont  le  père  &  la  mère 
étoient  Dionyfius  &  Ifis.  Foy.  Natalis  Comés 
L.  IX  ,  Mythol.  c.  6.  Latone  fut  autrefois  hono- 
rée dans  les  Gaules.  Foy.  Laone.  Latone  étoit  h. 
déelle  principale  des  Tripolitains.  On  la  voie 
fur  leurs  médailles ,  avec  cette'  infcriprion  :  autij 
TfinoAEiTnN.  Foyei.  dansTriftan^  T.  I,p.  226. 
Ce  n'étoit  pas  feulement  les  femmes  en  couche 
auxquelles  Latone  préfidoit  ,  elle  aidoit  aulli  les 
femelles  des  animaux  à  mettre  bas  leurs  petits  ,  com- 
me on  le  voit  par  la  dernière  Épigramme  du  trente- 
troifième  Chapitre  du  premier.  Livre  de  l'Antologie. 

Latone  ,  félon  les  Mytologues  ,  vient  de  a^.S^v  ,  être 
caché  ,  parce  que  Latone  n'eft  autre  chofe  que  la 
matière,  &  que  la  matière  étoit  cachée,  mvilible, 
avant  la  création  de  la  lumière. 

Latone  ,  en  terme  de  Philofbphie  hermétique  ,  figni- 
fie la  terre  ,  comme  Jupiter  fe  prend  pour  le  feuj 
Junon  pour  l'air  ,  &  Python  pour  l'eau.  Latone  fe 
prend  plus  particulièren-ient  pour  le  fein  ,  les  en- 
trailles ,  &  ,  comme  parlent  les  Sages ,  piour  la 
matrice  de  la  terre ,  où  les  métaux  s'engendrent , 
c'eft-à-dire ,   fe  forment  &  fe   nourriirent. 

LATORIA.  Bourg  ou  village  proche  d'Ephcfe ,  ancien- 
nement Latois.  C'étoit  un  vignoble  renommé ,  où 
croilFoit  le  vin  qu'on  nommoit  Pramnium.  Y  oyez. 
Athénée,  L.  I ,  c.  24. 

LATRAN.  f  m.  Origiiiairement  nom  d'homme.  La- 
tcranus.  Ce  nom  a  palfé  à  un  ancien  Palais  de 
Rome,  &  aux  bàtimens  qui  ont  été  faits  à  fi  place 
à  Rome.  Latcranum.  Latran   étoit  un   Patrice  Ro- 


440       L  A  T 

m.iin_,  qui  vivoit  Tous  l'Empire  de  Néron.  Il  fut 
délîgné  Conful,  mais  cet  Empereur  le  fit  tuer.  On 
prétend  qu'il  fut  appelé  Lateranus  ,  parce  qu'il  ai- 
moit  la  retraite  ,  &  à  vivre  caché  ,  Quod  /atere 
frequens  in  otiofolcret.  Son  Palais  fut  appelé  le  Pa- 
lais ,  l'Hôtel ,  la  mailon  de  Latran.  Il  étoit  lur  le 
mont  Cœlius  ,  proche  de  la  Porte-Latine.  Conftan- 
tin  le  donna  aux  Papes ,  qui  en  font  encore  maî- 
tres ,  &  qui  y  ont  une  Eglife  fous  le  titre  de  S. 
Jean  de  Latran  ,  de  un  Palais  qu'on  nomme  le  Pa- 
lais  de  Latran. 

Saint  Jean  de  Latran  eft  le  premier  Siège  des 
Papes.  Prudence  en  parle.  Conftantin  ayant  fait 
bâtir  cette  Églife  ,  elle  fut  appelée  Balîlique  Conf- 
tantinienne  ,  autrement  l'Églife  du  Sauveur  ,  à  caule 
que  pendant  que  S.  Sylveftre  en  falloir  la  dédica- 
<.e  ,  l'image  du  Sauveur  apparut  fur  la  muraille  :  mais 
comme  l'Empereur  fit  fùre  près  de  cette  Eglife  un 
baptilfère ,  Se  que  les  baptillères  avoient  l'image 
de  Saint  Jein  -  Baptifte  ,  on  lui  donna  auffi  le 
nom  de  S.  Jean  de  Latran  ,  qui  lui  ert  refté ,  quoi- 
que fon  véritabk  nom  foit  celui  de  S.  Sauveur  ,  & 
que  ce  foit  fous  ce  nom  que  l'Églife  folennile  le  9 
Ncrvembre  la  dédicace  de  cette  Eglife.  Sixte  V  fit 
rebâtir  le  Palais  de  Latran  ,  &C  Innocent  X  a  fait  ré- 
parer l'Églife  de  S.  Jean  de  Latran. 

On  appelle  Conciles  de  Latran  les  Conciles  qui 
le  font  tenus  à  Rome  dans  la  Balîlique  de  Latran. 
Il  y  a  cinq  Conciles  de  Latran  tenus  en  1123, 
II 59,  1179,  121J,  &  en  1513  ,  jufqu'en  15 17. 
Quoiqu'il  y  ait  d'autres  Conciles  tenus  dans  le  Pa- 
lais de  Latran  ,  comme  celui  de  l'an  3 1 5  ,  on  ne 
les  appelle  pourtant  pas  Conciles  de  Latran  ,  mais 
de  Rome,  f-^ojci  encore  Latéran.  Il  y  à  Paris 
une  Commanderie  de  l'Ordre  de  Malte  du  titre  de 
S.  Jean  de  Latran.  Il  y  avoir  autrefois  à  Aix  la- 
Chapclle  un  Palais  qui  s'appeloit  Latran. 

Chanoines  Réguliers  de  la  Congrégation  de  S.  Sau 

.  veurde  Latran.  C'eft  une  Congrégation  de  Cha- 
noines Réguliers ,  dont  l'Églife  de  S.  Jean  de  Latran 
étoit  le  chet-lieu.  Dom  Gabriel  Penot  ,  qui  a  écrit 
l'Hilloire  de  cette  Congrégation  ,  dont  il  étoit , 
jjrétend  qu'il  y  a  eu  depuis  les  Apôtres  une  fuccef- 
flon  non  interrompue  de  Clercs  vivans  en  com- 
mun. Se  que  c'eft  de  ces  Clercs  que  les  Papes  éta- 
blirent à  S.  Jean  de  Latran  ,  après  que  Conftantin 
l'eut  fait  bâtir.  Mais  ce  ne  fut  que  fous  Léon  I ,  vers 
le  milieu  du  cinquième  fièclc  ,  que  les  Chanoines 
de  S.  Jean  de  Latran  commencèrent  à  vivre  en 
commun.  Ils  poftèdèrent  cette  Églife  pendant  huit 
cens  ans  ,  depuis  Léon  I.  jufqu'à  Boniface  VIII , 
qui  la  leur  ôta  l'an  1294  pour  y  mettre  des  Cha- 
noines léculiers.  Eugène  IV  les  y  rétablit  cent  cin- 
quante ans  après",  ayant  tiré  pour  cela  des  Chanoi- 
nes de  la  Congrégation  Frigdonienne  ,  ou  Frifo- 
naire  ,  dont  nous  avons  parié  en  fa  place.  Diver- 
fes  Congrégations  ont  été  unies  à  celle  de  S.  Jean 
de  Latran  ,  &  cet  Ordre  s'eft  étendu  jufqu'en  Pologne 
ik  en  Moravie.  Voy.  le  P.  Hélyot  ;  Hijloire  des  Or- 
dres Relig.  Se  MÙit.  P.  II  ,  c.  3  ,4,  s  &  6. 

Ce  nom  de  Latran  vient  de  l'ancien  Palais  de  la 
famille  des  Latérans  ,  qui  étoit  bâti  dans  ces  quar 
tiers-là  de  Rome.  D'autres  le  dérivent  du  nom  d'une 
idole  appelée  Latéran ,  Lateranus  ;  on  le  nomma 
ainii  du  nom  Latin  later  ,  qui  veut  dire  bnque  , 
parce  que  cette  idole  étoit  la  divinité  des  foyers  , 
qui  font  ordinairement  bâtis  de  brique.  Foy.  ci-delfus 
Latéran. 

LATRECEY.  Bourg  de  France  dans  la  Bourgogne, 
Diocèfe  de  Langres  ,  dans  le  Marquifat  d'Arc  en 
Barrois. 

LAJREUTIQUE.  adj.  m.  Se  f.  qui  fe  dit  du  ficri 
fice  qu'on  offre  à  Dieu  comme  au  Sou\'erain  Etre  , 
pour  leconnoître  la  fouveraine  Majeftc  ^  &  le  fou- 
vcrain  domaine  qu'il  a  lur  tous  les  êtres.  Latreuti- 
cus ,  a  ,  um.  L'holocaufte  eft  un  ficrificc  latrcuti- 
que.  Le  ficrifice  de  la  Melfe  n'eft  pas  feulement  un 
facrificc  d'adion  de  grâces  ,  il  eft  tout  enfemble 
Euchariftique  ,  latrcutique  ,  propitiatoire  &:  impéura- 


L  A  T 


toire.  CoNFïRENCES  d'Angers.  On  le  nomme  la- 
treutique  ,  quand  on  l'oftre  à  Dieu  pour  recon- 
noître  Ion  fouverain  domaine  lur  toutes  les  créa- 
turcs.  Idem. 

Ce  mot  vient  de  >.«r.s/.«  ,  latrie ,  culte  de  latrie: 
d'où  le  torme  ;i»rf£!.'ia»  adoro  ,  ^.xrfzi^i ,  cultor  ,  ado- 
rator.  Pour  Akt(»,k«  ,  je  doute  qu'on  trouve  latrcu- 
tique dans  un  bon  ouvrage. 

LATRIE,  f  f.  Terme  de  Théologie.  Culte  de  Re- 
ligion qui  n'appartient  qu'à  Dieu  feul.  Latria.  Les 
Chrétiens  adorent  Dieu  d'un  cuite  de  latrie  :  ils 
honorent  les  Saints  d'un  culte  de  dulie.  On  confond 
quelquefois  les  termes  d'honorer  Se  d'adorer,  de  latrie 
Se  de  dulie  ;  iijais  il  faut  les  diftinguer  quand  on 
parle  exactement.  Le  culte  de  Latrie  n'appartient 
qu'à  Dieu,  Se  ne  peut  fe  terminer  qu'à  lui.  Cette 
adoration  intérieure  que  nous  rendons  à  Dieu  en 
efprit  Se  en  vérité  ^  a  fes  marques  extérieures  j  donr 
la  principale  eft  le  facnfice  ,  qui  ne  peut  être  offert 
qu'à  Dieu  feul ,  parce  que  le  iacrificc  eft  établi  pour 
faire  un  aveu  public  Se  une  proteftation  folennejle 
de  la  Souveraineté  de  Dieu  ,  Se  de  notre  dépendance 
de  lui.  Tout  culte  religieux  fe  doit  terminer  à  Dieu 
comme  à  fa  fin  nécelTîiire  ;  Se  h  l'honneur  que  l'E- 
glife rend  à  la  Sainte  Vierge  Se  aux  Saints  j  peut 
être  appelé  religieux  ,  c'eft  à  cauie  qu'il  fe  rap- 
porte nécellairement  à  Dieu.  Boss.  M.  Daillé  con- 
vient que  les  Pères  du  quatrième  ficelé  ont  reconnu 
la  diftinètion  que  nous  faifons  de  latrie  Se  de  dulit. 
Se  qu'ils  ont  honoïé  les  Saints  comme  nous  le 
fiilons. 

LATRINES,  f  f  pi.  On  ne  fe  fcrt  guère  de  ce 
terme  en  François  ;  ce  que  le?  Latins  appeloient 
latrines  ,  nous  l'appelons  privés  ,  garderobe  ,  lieux 
fecrets  ,  Se  même  abloluraent  les  lieux.  Latrina 
forica. 

Mais  on  s'en  fert  encore  pour  exprimer  ceux  des 
Romains  ,  ou  du  moins  d'une  antiquité  reculée.  Vef- 
pafien  mit  un  impôt  lur  les  latrines.  Voy.  Lieux. 

H  eft  défendu  de  mettre  des  latrines  auprès  i.t% 
puits.  Ce  mot  vient  du  Latin  Lucre  ,  être  cache. 

LATTE,  f.  f  AJlula  ,  amhrices.  C'eft  un  morceau  de 
bois  de  chêne  refendu  lelon  fon  fil  en  manière  de 
règle  mince  ,  qui  s'attache  fur  les  chevrons  d'un  com- 
ble pour  en  porter  la  tuile  ,  ou  l'ardoife.  La  latte  fè 
cloue  fur  les  chevrons.  Les  lattes  pour  l'ardoife  s'ap- 
pellent lattes  volices.  On  couvre  de  lattes  les  pans 
de  charpente  pour  loiitenir  un  enduit  de  plâtre; 
(Se  celle  là  s'appelle  latte  jointive.  On  s'en  fert 
auHî  pour  foutenir  les  toiles  des  ailes  de  moulin. 
La  latte  carrée  doit  avoir  quatre  pies  de  long ,  ^^ 
pouce  trois  quarts  ,  ou  deux  pouces  de  large  ,  & 
deux  à  trois  lignes  d'épailleur  ,  Se  cinquante  à  k 
botte.  La  latte  volice  a  même  longeur  Se  épaillèur, 
&  a  quatre  à  cinq  pouces  de  lar^e.  Il  n'y  en  a  que 
vingt  cinq  à  la  botte.  Les  contrelattes  font  ordi- 
nairement de  la  même  longueur  que  les  lattes.  0|i 
attache  les  contrelattes  en  hauteur  contre  les  latt^ 
On  appelle  contrelattes  de  fente  ,  celles  qui  foU 
fendues  par  éclats  minces ,  &:  fervent  pour  les  tuil^ 
&  contrelattes  de  Iciages  ,  celle-:  qui  fervent  pour  les 
ardoifes  ,  &:  qui  (ont  refendues  à  la  fcie  :  ce  font 
ces  dernières  que  Daviler  appelle  Lattes  volices.  On 
emploie  l'ardoife  lur  des  lattes  de  lente  avec  contre- 
lattes de  fciagc.  Daviler.  Toute  latte  Se  contre- 
latte,  tzm  de  fente  que  de  fciage  ,  doit  être  fans  au- 
bier. Id. 

Ce  mot  vient  de  lata  ,  c'eft-à-dire  large;  ou  de 
l'Allemand  latt  ;  ou  de  l'Hébreu  laat ,  vah  ou  vh 
lut  ,   qui  lignine  texit ,   obvolvit. 

Latte.  Terme  de  Meunier.  On  appelle /tirre.f  les  éche- 
lons qui  (ont  aux  volans  d'un  moulina  vent.  Se 
fur  lefquels  on  tend  la  toile  ,  ou  les  voiles  fur  lel- 
quelles    porte  le  vent. 

Latte.  Terme  d'Arpenteur.  Mefure  dont  on  fe  fctt 
pour  l'arpentage  j  dans  quelques  endroits  de  la  Guien- 
ne.  Elle  eft  plus  ou  moins  grande  luiv-inc  les 
lieux. 

On  appelle  iouvent  Az^rcj-  des  pièces  de  bois  min- 
ces. 


L  A  V 

tes.  î.aUes  h  baux,  en  termes  de  MariiiCj  font^dc 
pentes  pièces  de  bois  fort  minces  qu'on  mec  entre 
les  baux  ,  les  barrots  ,  les  barrotins  d'un  vaillcau. 
Lattes  de  gabarit ,  ce  font  des  Lûtes  qui  fervent  à 
former  les  façons  d'un  vailleau  ,  qui  prend  la  ron- 
deur qu'elles  lui  donnent  dans  leur  tour  :  elles  font 
rondes  par  l'avant  ,  &  dans  les  tiLites  elles  le  font 
aulll  à  l'arrière  ■■,  elles  (ont  minces  &  ovales  en 
tirant  de  l'aVant  vers  le  milieu  ,  ik  carrées  au  mi- 
lieu. Luttes  de  caïUebottis ,  ce  lonc  de  petites  plan- 
ches rclciccs  ,  qui  dervcnt  à  couvrir  les  barrotins 
de  caillebottis. 

Latte.  Terme  de  la  Marine  des  Galères.  Les  lattes 
font  des  travcrks  ,  ou  des  poutres  qui  foutiennent 
le  pont  ,  ou  plutôt  la  couverte  des  Galères. 

Latte.  Nom  d'un  ancien  village  ou  bourg.  Latara. 
Il  cil  dans  le  Languedoc  ,  à  un  mille  de  Montpellier, 
fur  le  lac  de  iVlaguclonne,  qu'on  appelle  quelque- 
fois pour  cette  raiion  le  Lac  de  Latte.  AIaty. 

LATTER.  v.  a.  Appliquer  des  lattes  fur  des  che- 
vrons ,  fur  un  pan  de  bois  de  charpente  ,  attacher 
fur  un  comble  des  lattes  elpacées  de  quatre  pouces 
pour  y  accrocher  la  tuile  j  ou  l'ardoife.  AJJulas 
Jlernere.  Latter  à  claire  voie  ,  c'efi:  mettre  des  lattes 
fur  un  pan  de  bois,  pour  retenir  les  plâtras  des  pan- 
neaux ,  (Se  le  recouvrir  de  plâtre.  Latter  à  lattes  join- 
tives,  c'eft  clouer  des  lattes  li  près  les  unes  des  au- 
tres ,  quelles  fe  touchent ,  ce  qu'on  appelle  lattis , 
pour  lambriller  les  cloilons  ,  plafonds  ,  cintres  , 
&c.  Daviler.  Un  mur  de  charpente  qu'on  a  latte 
&  enduit  ,  eft  eftiniè  les  trois  quarts  d'un  mur  de 
maçonnerie.  Quand  il  eft:  contre  latte  ,  il  vaut  au- 
tant que  le  mur   entier. 

LATTE  ,  ÉE.  part.  AJj'ulis  firatus. 

LATTIS,  f.  m.  Terme  de  Couvreur.  Couverture  de 
lattes  _,  arrangement  des  lat:es  tur  un  comble.  y4J}ul£ 
Jirata.  Faire  un  lattis.  Voy.  Latter. 

L  A  V. 

LAVABO,  f.  m.  Terme  d'Eglife ,  &  d'Imager.  Carte 
qu'onmet  au  côté  droit  de  l'Autel,  où  lonc  écrites 
ces  paroles  ,  Lavabo  inter  innocentes  manus  meas , 
&c.  Mettie  le  lavabo  où  il  doit  être. 

Lavabo  ,  fe  dit  aufll  de  l'adlion  des  Prêtres  qui 
fe  lavent  les  mains ,  en  difanc  la  Meile  ^  &  d'e  la 
partie  de  la  Melfe  où  cette  action  le  fait.  La  Melfe 
en  étoit  au  lavabo  ,  quand  je  fuis  arrivé.  Il  a  fallu  en 
entendre  une  autre. 

lavabo  ,  fe  dit  encore  du  linge  auquel  le  Prêtre 
s'elluie  les  doigts  j  après  fe  les  être  lavés  en/uite  de 
l'Odertoire. 
îfT  LAVADEROS.  Balîîns  où  fe  fait  le  lavage  d'une 
certaine  clpèce  de  terre  où  il  fe  trouve  de    l'or. 
Voye-^  Lavoir. 
§CF  LANGAGE,  f.  m.   Adion  de  laver  ,  c'eft-à-dirc  ^ 
de  nettoyer   avec  de  l'eau  ,  toutes   les  faletés ,  les 
ordures  dont  une  chofe  eft  couverte.  Lotura ,  lava- 
tio.  Le  lavage  des  vitres. 
§3°  Lavage  ,  fe    dit  quelquefois   d'une  trop   grande 
quanricé  d'eau  répandue  pour   laver  quelque  choie. 
On  a  jecté  trop    d'eau  pour  nettoyer  le  plancher  ^ 
I      d^où   peut  venir  tout  ce  lavage. 
§3°  On    le  die    beaucoup   mieux    des  alimens  noyés 
dans  une  crop  grande  quannté  d'eau.  Ce  potage  eft: 
un  vrai  lavage.  Vous  mettez  trop  d'eau  dans  votre 
vin  ,   ce  n'eft   plus  que  du  lavage. 
ifT  On  le  dit  de  même  quand  on    prend   une   trop 
grande  quantité  de  quelque   breuvage  que  ce  foit. 
Je  crains  fort  que  vous  ne  vous  trouviez  mal   de 
tout  ce  lavage. 
Lavage.  En   termes    de    Salpêtrier ,  c'eft:    quand  on 
met  del'eaude  puits  pure  fur  les  cendres  &  plâtres 
des  cuviers  ,    qui  eft    un  Jour  &    un   feu    plus  à 
palier. 
^'Lavage  ,  dans   le    travail  des  mines j   c'eft  une 
opération  par  laquelle  on  dégage  ,  on  fépare  ,  par 
le  moyen  de  l'eau ,  les  parties  terreftres ,  picrrtu- 
fes  ,   en   un   mot  ,  les   parties   qui  ne    fonc  poinc 
Tome  V. 


LAV         441 

mécalliqucs  ,  de  la  partie  propre  à  ccrc  fondue. 
Lavage.  Manière  de  tirer  l'or  des  rivières.  En  plu- 
licurs  endroits  du  Chili  &  du  Pérou  on  tire  de 
l'or  par  le  lavage.  Voy.  Lavoir. 
LAVAGNA.  Npm  d'une  petite  ville  qui  a  titre  "de 
Comté  ,  &C  qui  dépend  de  la  Maifon  de  FicfqUe, 
Lavania  ,  Lebonia.  Elle  eft  de  l'État  de  Gènes , 
&  iituée  fur  la  côte  du  levant  ,  à  deux  ou  trois 
lieues  de  Rapallo ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de 
Lavagna  ,  iznhixm  Lavania,  ik.  anciennement  £'/2- 
tella.  M  AT  Y. 
LAVAGNE.  f  f.  La  pierre  de  Lavagne  de  Gènes  eft 
une  cfpèce  d'ardoifc  ,  dont, on  couvre  les  maifons 
Ik.  dont  on  fait  du  pavé.  Elle  eft  très-bonne  par  fa 
grandeur  &  fon  épailleur  à  peindre  de  grands  ta- 
bleaux. On  la  tire  de  la  côte  de  Gènes  dans  un  lieu 
appelé  Lavagne. 
LAVAL  ,  ou  LAVAL  -  GUION.  Fallis  Guidonis. 
Ville  de  France  ,  iituée  dans  le  Maine  ,  fur  la  Mayen- 
ne ,  à  quinze  lieues  d'Angers,  du  côté  du  nord. 
Laval  appartient  aux  Ducs  de  la  Trimouille  ,  & 
eft  conlidérable  par  fes  Manufiélures  de  toiles. 
A-Caty.  La  Maifon  de  Laval  étoit  une  des  plus 
anciennes  &  des  plus  conlidérablcs  de  France.  On 
la  fiifoit  remonter  julqu'au  IX^  liècle  ,  où  Gui  I  , 
Baron  de  Laval ,  vivoit  fous  les  enfans  de  Charle- 
magne.  Long.  \G.  d.  4/'  ,  lat.  48.  d.  4'. 
|cr  LAVANCHE.  f  f.  C'elt  la  même  chofe  que  LA- 

VANGE.  Voy.  ce  mot. 
LAVANDE,  f  f.  Sorte  de  plante  dont  il  y  a  plufieurs 
tÇ'çzccs.  Pfeuioiiardum  ,  lavandula,  Ciz/î"*;.' La  grande 
lavande,  ou  la  lavande  mâle  ,  qu'on  appelle  aulli 
Nard  iSc  Afpic  en  Provence  ,  pouft'e  des  tiges  à  la 
hauteur  de  deux  ou  trois  piés  ,  dures ,  ligneules , 
carrées.  Ses  feuilles  font  oblongues  ,  blanchâtres. 
Ses  fleurs  (ont  en  gueule  ,  petites  :  elles  naillent  à 
la  cime  des  tiges  (Je  des  branches ,  ditpofées  comme 
par  anneau  ,  &c  en  manière  d'épi,  de  couleur  .bleue 
ou  violette.  Ses  iemences  font  menues,  oblongues , 
enfermées  dans  une  caplule  qui  a  fcrvi  de  calice  à  la 
fleur.  Toute  la  plante j  (Se  principalement  la  fleur, 
rend  une  odeur  torte  ,  aromatique  ,  agréable.  Elle 
eft  propre  pour  fortifier  le  cerveau  iSe  les  nerfs  , 
pour  chafter  les  vents  ,  pour  exciter  les  mois  aux 
iemnies.  On  (e  fert  des  fleurs  de  la  lavande  pour 
faire  une  huile j  qu'on  appelle  Huile  elfentielle  de 
lavande.  En  Provence  on  l'appelle  Jluile  d' afpic  , 
par  corruption  j  pour  Huile  de  fpic.  Voy.  Aspic. 
En  La.tm lavandula  latifolia.  C.  Bauh.  pin.  zi6. 
ipr  La  Lavande  femelle  ,  Lavandula  minor,  ou  Au- 
gufii  folia ,  eft  femblable  à  la  lavande  mâle  dont 
on  vient  de  parler ,  mais  elle  eft  plus  balTe  ,  fes 
feuilles  font  plus  étroites  ôc  plus  courtes  j  ôc  l'odeur 
eft  moins  lorte. 

Ce  mot  vient  de  lavare  ,  laver ,  8c  l'on  a  donné 
ce  nom  à  la  lavande  ordinaire  ,  parce  qu'on  l'em- 
ploie dans  les  bains.  Lavandula  ,  lavande ,  eft  pris 
du  Celtique   lavend.  Pezron. 
LAVANDER.   f.  m.  Efpèce  de   linge  ouvré  ,  qui  fe 

manuiaiture  en  quelques  lieux  de  Flandre. 
LAVANDIER.  f.  m.  Officier  du  Roi  qui  a  foin  de 
faire  blanchir  le  linge.  Lotor  Regius.  Il  y  a  dans 
la  Maifon  du  Roi  deux  Lavandiers  du  corps ,  fei- 
vanc  lîx  mois  chacun.  Un  Lavandier  de  Panneteric 
bouche.  Un  Lavandier  de  Panneterie  commun  or- 
dinaire. Deux  Lavandiers  de  cuiline  ,  bouche  & 
commun. 
Lavandier  des  Philosophes.  Nom  que  les  Sages 
donnent  à  Jupiter  ,  lequel  agit  &C  règne  durant 
l'opération  appelée  lavement  des  Piulofophes. 
LAVANDIÈRE,  f  f.  Femme  qui  blanchit  du  linge, 
des  toiles.  Lotrix.  Il  y  a  grand  nombre  de  Lavan- 
dières à  Charenton  ,  à  Saint-Cloud.  En  ce  fens  on 
dit  plutôt  Bhmchijfeufes.  On  fe  lert  du  mot  de  La- 
vandière ,  quand  on  veut  parler  de  celle  qui  lave 
tk  qui  aide    à  la   Blanchillcufe. 

Ce  mot  vient  du  Latin  labendria  ,  dont  s'eftfervi 
Gellus.  Du  Cange  dit  auflî  qu'on  a  ait  lavandarius 
ôc  lavander  dans  la  balle  Latinité. 

Kkk 


L  A  V 


Lavandière.  1".  f.  Petit  oifeau  qui  fréquente  le  bord 
des  rivières  ,  &  que  Ton  appelle  plus  ordinaire- 
ment Bergeronnette  ,  ou  Hoche-queue.  Motaalla. 
Ce  petit  oifeau  fe  plaît  le  long  des  eaux  &:  des 
rivières:  il  cherche  des  mouches  &  des  vcrmilleaux 
en  ces  lieux  ;  il  aime  aulli  le  bétail  ,  à  eaufe  qu  il 
y  a  quantité  de  mouches,  qui  voUigeat  pour  l'ordi 
naire  autour  des  troupeaux.  La  Lavandière  a  la  taille 
lonaiie  -,  elle  a  le  fommet  de  la  tête  ,  le  haut  du 
cou  &c  la  poitrine  noirs.  Son  dos  cft  cendre  ;  fon 
bec  efl:  longuet  ,  menu  &  noir  ;  fon  golier  ell 
blanc  par  le  dedans  ■■,  fon  ventre  eft  tout  blanc  ; 
fcs  ailes  font  bleues  j  diverfihées  ,  de  blanc  &  de 
noir,  aullîbien  que  fa  queue  qui  efl  plus  longue  que 
fcs  ailes  -,  les  jambes  &  fcs  pics  font  bruns  ,  ëc  allez 
longs. 

La   femelle  a  le  fommet  de  la   tète  cendré  ,   la 
gorge  blanchâtre  j  pour  le  relie  ,  femblable  au  mâle.  _ 
Les  jeunes  Lavandières  jufqu'à  fix  mois,  à  ce  que 
dit  Bellon  ,  font  d'aucre  couleur  que  celles  d'un  an 
qui  ont  mué. 

Bellon   dit  qu'il  y  a  une  autre  efpèce  de  Lavan- 
dière d'une  taille  plus  petite  que  celle   dout    nous 
venons  de  parler. 
LAVANGE.  f.  f.  Amas  de  neiges  qui  fe  détache  tout  à- 
coup  des  montagnes  &  des  hauts  rochers  ^  gCF prin- 
cipalement des  Alpes  &  de  Pyrénées ,  &  qui  après 
s'être    augmentées  peu  à-pcu  fur  la  route  ,  forment 
des  maires  allez  conlidérables  pour  caufer  de   très- 
grands  ravages  ,  &   entraîner  tout  ce  qui  fe  trouve 
fur  leur  pallage  ,  fur  tout  quand  -elles  font  pouilées 
.par  un   vent   impétueux  ,  ou   qu'elles  le  détachent 
après  avoir  été  durcies  par  la  gelée.  Nivis  glohus , 
w2o/i5.,  Un  petit  peloton  de  neige  qui  roule  le  long 
d'une  haute  montagne  groilit  tellement ,  qu'il  forme 
une    lavanpe.   On  les   nomme   ainfi  en  Dauphiné  ; 
mais    vers    Briançon    &c    Pignerol    on   les   nomme 
avalanges  ,  avalanches  ,  ou    luvanches. 
LAVAN  i'.  Nom  d'une  rivière  du  Cercle  d'Autriche. 
Lavantus.  Elle  a  fa  fource  dans  la    Haute  Styrie  , 
traverfe  une  partie  de  la  Cariuthie  ,  &  fe  décharge 
dans   la  Drave  ,  à    Lavant- Mynd.  La  vallée  de  La- 
vant .   que  cette  rivière  baigne  ,  efl  la  plus  fertile 
de  la  Cariuthie.  Maty. 
LAVANT  MYND  ,    ou  LAVEMUND.   Lavantmun- 
dd  ,Lavaiimunda,Lavantiortium.    Petite  ville  d'Al- 
lemagne   dans  la  Carinthie  ,    à  l'embouchure   du 
Levant  dans  la  Drave.  Cette  ville  appartient  à  l'Ar- 
chevêque   de  Saltzbourg  ;  elle  eft  ornée  d'un  châ- 
teau i'C'   d'un  Évêché  ,    fondé    l'an    1075  ,  par  les 
Archevêques  de   Saltzbourg  ,  dont  il   eft  fuifragant 
Maty. 
LAVARDIN.    Nom    d'un    ancien    Château  ,    qui  a 
donné  le  nom  aux  Seigneurs  de  Lavardin.   Lavardenfe 
Cajlrura  ,  &:  Lavari\ium.    Dans  Godefroi  de  "Ven- 
dôme j     L.   LU  ,  Ep^    2j.   Lava-^inenfe    Cajlrum. 
Dans  la  vie  de  Hildcbert ,  Évcque   du  Mans ,    La- 
yarceium.   Dans  Odéricus    Vitalis  ,    L.   X ,   Hiflor. 
Lavardinum.  Il  efl:  près  de   Vendôme  ,  lur  le   bord 
du    Loir  ,  vis  à-vis  de    Montoire.   Hadr.    Valchi  , 
Not.  Gall.  p.  2  64. 
LAVARET.  f.  m.  PoilFon  qui  fe  trouve  dans  les  lacs 
du  Bourget  &  d'Algubelette  en  Savoy^.    Lavarctus. 
PoMEY.  C 'efl:  une  efpèce  de  faumon  ,  ou  de  triiite  , 
qui  a  le  dernier  aileron  du  dos  ,  gras  &:  rond  com- 
me les    faumons  &  les  truites  :  il  efl:  de   la  gran- 
deur d'un  pied  -,  il  a  le    corps   aplati ,  à  peu   près 
comme  le    hareng  ,  ou  l'alofe.   Son  corps  efl:  cou- 
vert décailles  claires  &  .argentées  ;  depuis  fes  ouics 
jufqu'à  laquelle,  il  efl  traverfe  par  une  ligne  pref- 
que  droite  :  il  a  deux  ailes  près  les  ouïes  ,  autant 
au  milieu  du  ventre,  près, de  l'anus j  &:  une  aune 
fur  le   dos    allez  grande  ,    &   la    dernière   qui   eft 
gralîe   comme  aux  truites.  La  queue   finit  en   deux 
pointes  noires   par   le  bout.   Il  a  de    chaque    côté 
quatre   ou'ics   doubles,  le  cœur   fait 'à   angles,   le 
foie    (ans  fiel  :  il  n'a  point  de  dents  •■,  la    chair  cil 
blanche  ,    molle  ,  de    bon   goût  ,   point    gluante  , 
d'un  bon   lue ,  qui   nourrit  médiocrement,   il   tait 


L  A  V 

ks  œufs  en  Automne.    Rondelet  ,    Des  poiffons 
des  lacs  ,  c.   //. 
Lavarht  ,  fe  dit  aulfi  d'un  oilèau  de  leurre,  ou  de 

proie. 
LAVARONUS.  f  m.  Poilfon  de  mer  qui  reffemble 
beaucoup  au  Lavaret  poillon  de  rivière.  Il  efl:  cou- 
vert d'écaillés  luifantes  comme  de  l'argent.  Sa  tête 
eft  grolVe ,  &  l'on  trouve  dedans  deux  petites  pier- 
res. Sa  chair  eft  très  blanche  ,  légère  ,  bonne  •  à 
manger  &c  de  facile  digeftion.  On  le  trouve  dans 
la  Méditerranée.  Les  pierres  de  la  tête  prifes  en 
poudre  font  bonnes  contre  la  gravelle.  Sa  chair  eft 
nourriirante  ,  reftaurante  &  llomacale.  Lémery  , 
après  Bellon,  .appelle  ce  poilfon  Lavaronus ,  à  La- 
vande ,  parce  qu'il  eft  toujours  fort  net  Hc  bien  lavé: 
mais  à  MarMlle  &  à  Gènes  on  le  nomme  Cabajfo- 
nus  ëc  Capajjonus. 

LAVASSE.  1'.  f.  Pluie  'fubite  ,  abond.ante  &  impé- 
tueufe.  Unda  ,  pluvia  ,  irnher  pr&cipitans  ,  pr&ceps  ; 
diluvïes  j    colluvies.   Nous    avons  été    furpris  a  la 

.  campagne  par  une  lavajjè.  Les  lavaffes  font  fouvent 
déborder  les  petites  rivières,  &  en  tont  des  torrens 
qui  font  bien  du  tort  dans  la  campagne. 

§a-  LAVATERA.  f  f.  Terme  de  Botanique.  Genre  de 
plante  dont  la  Heur  rellbmble  à  celle  de  la  Mauve; 
mais  dont  le  piftil  devient  un  fruit  qui  eft  uneel- 
pèce  de  bouclier  mcmbr.vieux  ,  garni  en  deftous 
d'un  rang  de  femences  ,  difpofces  en  manière  de 
cordon  ,  de  la  forme  d'un  petit  rein  fans  enveloppe, 
.atuchées  par  leur  échanciure  à  un  petit   filet. 

LAVATION.  f  f.  Fête  que  les  Romains  cclébroiem 
en  l'honneur  de  la  mère  des  dieux.  On  portoit  ce 
jour-là  en  pompe  la  ftatue  de  la  dédié  fur  un  cliar, 
&:  on  alloit  enfuite  la  laver  dans  le  Heuve  Almon, 
à  l'endroit  où  il  tombe  dans  le  Tybre.  Cette  fo- 
lennité  ,  qui  arrivoit  le  vingt-cinq  de  Mars  ,  fut 
inftituéeen  mémoire  du  jour  que  le  culte  de  Cybéle 
fut  apporté  de  Phrv2;ie  à   Rome. 

LAVAUR  ,  ou  LA  VAUR  ,  &  félon  quelques  uns 
LAVOUR.  Ville  du  Haut  -  Languedoc  ,  lîtuée  fut 
la  rivière  d'Agouft  ,  à  fix  lieues  de  Touloufe ,  du 
côté  du  levant.  Vaurium  ,  Vaurum.  Cette  ville  eft 
petite  ,  mais  agréable.  Elle  a  un  Évêché  fuftragant 
de  Touloufe.  Maty.  Lavaur  en  Lauragais  ,  au 
Haut  Languedoc  j  étoit  un  ancien  Monaftère  fonde  1 
au  VIP.  liccle  par  S.  ALiin  ,  ou  Elan  ,  Évêque,; 
honoré  le  vingt  cinq  de  Novembre.  En  109S  ,  Ifarn, 
Evcque  de  Touloufe ,  donna  cette  Églife ,  nommée 
S.  Elan  ,  &  fituée  dans  fon  Diocèfe  jàFrocard  Abbé 
de  S.  Pons  de  Tomiers ,  pour  la  rétablir  ,  parce 
quelle  étoit  détruite  par  négligence.  On  y  étab 
un  Prieuré  dépendant  de  S.  Pons  ,  qui  fublîfta  juf- 
qu'à l'an  13 18,  auquel  Jean  XXII.  l'érigei  en 
Évêché  le  vingt  deuxième  de  Février ,  &c  lui  donna 
pour  premier  Évêauc  Roger  d'Armagnac.  Fleury, 
Hijl.  Eccléfiaft.  Ù  XCLL.  Voy.  auiFi  Catel ,  H^. 
de  Languedoc  ,  L.  V  :,  p.  I02(),  où  il  rapporte 
la  fuite  des  Évêque  de  Lavaur.  Long.  19.  d.  31', 
Lit.  43.  d.  42'. 

LAUBACH  3  ou  LABACH  ,  en  Italien  LUBIANA. 
Ville  du  Cercle  d'Autriche.  Labacum  ,  Lubiana. 
Elle  eft  capitale  de  la  Carniole ,  éc  fituée  fur  la 
rivière  de  Laubach  ,  à  deux  lieues  au-deflus  de  fon 
embouchure  dans  la  Saxe.  Laubach  a  un  Évêché  , 
fuftragant  autrefois  d'Aquiléc  ,  &  maintenant  de 
Saltzbourg.  On  la  prend  communément  pour  l'an- 
cienne Amonia  j  ou  Emonia  ,  ou  Emona  ,  cité  de  la 
Pannonie  fupérieure.  Maty. 

Laubach  ,  Klein  Laubach  ,  c'eft-à  dire  ,  le  petit  Lau- 
bach. Petite  ville  de  la  Carniole ,  fituée  fur  la  ri- 
vière de  Laubach  ,  à  deux  ou  trois  lieues  au-dcftus 
de  la  grande  Laubach.  I^abacum parvuin.  Cette  ville, 
&  même  la  rivière  fur  laquelle  elle  cft  ,  ont  etc 
appelléj^  par  les  Anciens  Nauportus.  Maty. 

Laubach  ,  Ober  Laubach  ,  c'eft  à  dire  ,  le  Haut  Lau- 
bach. Labacum  Superius.  C'eft  un  bourg  de  la  Car- 
niole ,  lîtué  fur  la  rivière  de  Laubach ,  près  de  la 
foutce  (Se  du  Comté  de  Gorice.  Matv. 

Laubach  .  eft  encore  le   nom  d'un  bon   bourg  du 


L  A  U 


Comcc  de  Solms  ,  en  Wéréravie.  Laubacum.  Il  cft 
aux  confins  du  Comté  de  Nida  ,  &  du  Landguviat 
de  Hcllc  ,  à  crois  lieues  de  la  ville  de  Giellcii. 
Maty. 
LAUBAN.  Petite  ville  de  la  Luface.  Lauba.  Elle  eft 
aux  confins  de  la  Silclie  ,  (uu  la  liviàc  de  Quiellcc, 
à  quatre  lieues  de  Gorlitz  ,  du  côte  du  levant. 
Maty. 
LAUBEN.  Foyei  Leuben, 

LAUDA.  Nom  d'un  bon  bourg  avec  un  château. 
Lauda  ,  Laudum  ,  anciennement  Laus  Pompeia.  Il 
eft  dans  l'Évcché  de  Wuitzbuig  en  Fianconic  j  fut 
le  Taubcr  ,  à  deux  lieues  au-dellbus  de  Marien- 
thaï.  Maty. 
LAUDANUM,  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  C'efl:  le 
nom  que  les  Chimiiles  ont  donné  à  Textrait  d'O- 
pium ,  à  caufc  de  les  excellentes  qualités  ,  comme 
qui  dhoit  laudandum  de  laudare  ,  louer.  Pludcurs 
y  ajoutent  les  corau.x  .,  les  perles  ,  la  thénaque  , 
l'extrait  de  fafiran.  Le  Laudanum  efl  un  remède  ad- 
mirable ,  quoiqu'cn  dite  M.  Patin  ;  il  provoque  le 
fommeil  ;  il  appaile  les  douleurs  ;  il  arrête  les  cra- 
chemens  de  fang  ;  les  Hux  des  menftrues  &  des  hé- 
morrhoïdcs  :  il  e(l  aullî  très-bon  pour  toutes  (ortes 
de    flu.vions  violentes. 

On  dit  populairement  ,  Donner  du  Laudanum  à 
quelqu'un  ;  pour  dire ,  Le  louer ,  le  flatter. 
LAUDE.  Terme  de  Coutumes.  Droit  de  vendition 
qui  fe  levé  dans  les  foires  fur  les  marchandites. 
Droit  qui  fe  levé  fur  les  habitans  de  quelques  lieux 
du  Berry.  Lauda.  Quafi  propur  laudandam  vcndi- 
non:m.  Sur  chacun  defdits  habitans  non  ayans  bœufs , 
deux  deniers  tournois  ,  &z  s'appelle  ledit  droit , 
le  droit  de  Laudc  ;  leuda  ,  dans  la  balle   Latinité. 

On  peut  aulli.  appeler  Laude  ,  aulîî  bien  que 
louange ,  une  efpcce  de  prières  de  l'Oflice  Mofara- 
bique  ,  appelée  en  Latin  laus  j,  &  en  Efpagnol 
lauda.  Une  laude  el\  compofée  de  plulîeurs  ver- 
fets  qui  fe  répètent  ,  &  relfemblent  en  quelque 
forte  aux  prières  qu'on  dit  dans  le  Rit  romain  les 
jours  de  férié  d'Avent  &  de  Carême.  On  recite 
une  laude  chaque  jour  dans  l'OfEce  Mofarabique 
à  Laudes ,  &  à  chacune  des  petites  Heures. 
LAUDEN.    Foyei  LoTHiANE. 

LAUDER.  Petite  ville  de  l'Écolfe  méridionale.  Lo- 
dera.  Elle  efl  à  huit  ou  neuf  lieues  de  Batwick, 
du  côté  du  couchant ,  &  eft  capitale  de  la  Lau- 
derbale  ,  qui  efl;  une  petite  Province  ,  environnée 
paf  la  Lothiane  ,  la  Marche  ,  la  Tv/édale ,  &c  la 
Tivédale  ,  dans  laquelle  quelques  Cartes  la  ren- 
ferment. Maty. 
LAUDES,  f.  f.  pi.  La  féconde  partie  de  l'OfEce  ordi- 
naire du  Bréviaire,  qui  le  dit  après  Matines.  Lau- 
des. C'étoic  autrefois  la  fin  de  l'Office  de  la  nuit. 
Les  Laudes  font  principalement  compolées  de  Pleau 
mes  ,  de  Cantiques  ,  &  d'une  Hymne.  L'Office  des 
Morts  finira  Laudes.  Calïïen,  dans  fon  Ouvrage, 
de  Noclurnis  Orationibus ,  L.  III ,  c.  lO,  fait  en- 
tendre que  les  anciens  Anachorettes  d'Egypte  chan- 
toient  la  nuit  les  mêmes  Pleaumes  que  nous  réci- 
tons à  Laudes. 

Dans  l'Ordre  de  Cluny  ,  le  mot  de  Laudes  eft 
fynonymc  de  celui  de  Matines.  Laudes ,  feu  Matu- 
tîni.  Seal.  cap.  gen.  anno  lyij.  Anciennement 
on  appeloit  les  Laudes  j  l'Office  du  matin  ,  ou  Mati- 
nes ;  &  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  Matines  j 
X  s'appeloit  Nofturne  ,  ou  Office  de  la  nuit  :  les 
■  Laudes  s'appeloient  Matines  j  parce  qu'on  les  diloit 
le  matin.  Les  anciens  Moines ,  qui  luivent  h  Rè- 
gle de  S.  Benoît ,  ont  féparé  les  Laudes  des  Mati- 
nes, ce  qui  a  donné  occafion  à  diiiércns  Auteurs 
de  traiter  une  quefl:ion  allez  inutile^  lavoir  Ci  l'Of 
fice"  divin  efl:  compofé  de  huit  parties,  ou  heures 
différentes ,  ou  de  fept  feulement  ;  mais  il  importe 
peu  combien  on  tompte  d'heures ,  pourvu  qu'on 
dife  dans  le  temps  marqué  celles  que  la  coutume 
&C  l'Églife  prefcrivcnt.  Dans  l'Éghfe  Romaine  on 
ne  compte  que  fept  heures  dans  l'Office  divin  , 
parce  qu'on  joint  les  Laudes  aux  Matines.  Les  an- 
Tome  F. 


cicns  Mouies  les  ont  leparees  pour  fc  conformer 
davantage  au  texte  du  Pfcaume  ,  qui  porte  que 
David  fe  levoit  la  nuit  pour  louer  Dieu  ,  &:  qu'il 
le  louoit  fept  fois  le  jour.  Il  y  a  dans  les  Laudes  de 
l'Office  fMofarabique  une  chofc  lingulière  ,  c'eft 
qu'on  n'y  récite  janu»  le  Cantique  Benediclus  , 
excepté  le  jour  de  Saint  Jean  Baptillt.  La  Règle  de 
Saint  Céfiire  pour  des  Rcligicuf es  porte  §.  ii.  En 
tout  temps  après  Laudes  qu'elles  lilènr  jufqu'à  huit 
heures  du  matin,  &  cnfliite  que  chacune  falle  ion 
ouvrage.  Quand  il  y  a  une  morte  ,  quelques  Sœurs 
en  petit  nombre  la  veilleront  jufqu'à  minuit  ,  ik  on 
lira  de  l'Apôtre.  Pallé  niinuir  ,  celles  qui  auront 
veillé ,  fe   rcpoferont  jufqu'à  Laudes. 

Ce  nom  de  Laudes  vient  de  ce  que  les  Pfcau- 
mes  qui  compofent  cette  partie  de  l'Office  divin, 
contiennent  des  louanges  de  Dieu.  Foye\  le  mot 
de  Bréviaire ,  où  la  forme  des  Laudes  ,  félon  les 
diflérens  rits ,  efl:  rapportée. 
LAUDICK.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  grande  Po- 
logne. Laudicum.  Elle  efl:  fur  la  rivière  de  Warta, 
dans  le  Palatinat  de  Kalisk  ,  à  douze  lieues  de  la  ville 
de  ce  nom  ,  du  côté  du  Nord.  Maty. 
LAUDIESA  ,    LAUDICK  ,    LAUDICKIA.     Voye^ 

LaodicÉe. 
LAUDUN.   Petite  ville  de  France  dans  le  bas  Langue- 
doc ,  au  Diocèfe  d'Ulez. 
^tCF  LAVE.  f.  f.  Le  'Véfuve   lance  des   monceaux  de 
cendres ,    des  torrens  d'eau  ,   des  puilleaux  de  feu , 
des  matières  embrafées  ,  pierres ,  bitumes ,  &c.  c'eft 
ce    qu'on  appelle  les   laves  du   Véfuve.   Nous  de- 
vons craindre  parmi   nous   l'inondation  des  petites 
chofcsj  autant  que  les  voilîns  du   Véfuve  craignent 
les  laves  Hc  les  tulminations.  Mém.  de  Trév.  C'eft 
le  nom  générique  que  l'on  donne  aux  matières  li- 
quides &•  vitrifiées  que  les  volcans  vomiflènt   dans 
le  temps  de  leurs  éruptions  ,  &:  qui  forment  com- 
me des  ruiffeaux  enflammés. 
gCTLAVE  (  le  ).  Rivière  de  France  ,   en   Artois.  Elle 
palfe  près  de  Béthune  par  le  moyen  d'un  canal  que 
l'on  a  fait  pour  y  communiquer.  Elle  fe  jette  dans 
la  Lis ,  à  la  Gorgue. 
LAVÉDAN.   Levitania.    Vallée    de  France    enrre  les 
Pyrénées.    C'efl:  une  des  deux  parties  du  Bigorre  _, 
elle  a  titre  de  Vicomte.  Levicanenfis   Comitatus.  Sa 
capitale  efl  Lourde.  Hadr.  Valef.  Not.  Gall.p.  S 4. 
Lavédan  ,  fe  dit  aufli  des   chofcs  qui  appartiennent 

à  ce  pays.  Levidanus. 
Lavédan  ,  efl:  une   efpèce  de  cheval  qui  a  pris  fon 
nom   du    Comté  de  Lavédan  ,  en  Gafcogne  ,  où 
Ton  nourrit  de   forr  bons  chevaux.  Les  Lavédans  , 
ou  les  chevaux  Lavédans  étoient  autrefois  célèbres 
par  leur  vîtelfe  3c  leur  facilité  à  faire  les  voltes, 
même  en  couranr. 
LAVEE,  f.   f.  Terme  de  commerce   de  lainage.  Une 
lavée  de  laine  efl:  un  tas  de  laine  tirée  de  l'eau,  & 
expofée  à  l'air  pour  s'égoutter. 
LAVÉGE^ou  LAVEZZl.f.  f.  Sorte  de  pierre  dont  on 
fe  fert  à  faire  des   marmites ,  &  autres  pots  &  uf- 
tenhles  de  cuifine   qui  fe   mettent  au  feu.  Il  n'y  a 
que  trois  carrières  d'où  l'on  tire  cette  pierre  :  l'une 
dans  le  Comté  de  Chiavennes ,  l'autre  dans  la  Vai- 
téline  ,  &  la  rroillème  dans  le  pays  des  Grifons. 
LAVELLO.  royex.  Laviello. 

LAVEMAIN.  T.  m.  Petit  réfervoir  d'eau  fait  de 
pierre,  ou  de  plomb,  avec  robinets,  pour  dillri- 
buer  l'eau  ,  &  qui  fert  à  laver  les  mains  à  l'entrée 
d'une  facriflie  j  ou  d'un  réfeéloire.  Malluvium  ,  la- 
brum  ,  guttus.  Il  y  a  à  hauteur  d'appui  au  deffous 
du  lavtmain  un  baflîn  de  pierre  carré  -  long  pour 
recevoir  l'eau. 
LAVEMENT,  f  m.  Adion  par  laquelle  on  lave.  La- 
vado  ,  lotura  ,  ablutio.  Ce  mot  n'efl guère  d'ufage  que 
dans  les  phrafes  iuivantes.  Le  lavement  des  pies  étoic 
une  civilité  ordinaire  chez  les  Juifs  j  qu'ils  faifoient 
à  leurs  hôtes  en  arrivant.  La  Cène  eft:  une  céré- 
monie où  le  Roi  lave  les  pies  à  de  petits  garçons  , 
en  commémoration  du  lavement  des  pies  que  notre 
Seigneur  fît  à   les  Apôtres.  Le  lavement  des  miins 

Kkk  ij 


444  L  A  V 

du  Pictie  hgnifie  la  pénitence  des  fautes  quotidien- 
nes de  notie  infirmité.  S.  Cyr.  Le  lavement  des 
doigts  du  Prêtre  fe  dit  plus  ordinairement  que  le 
lavement  des  mains.  Port  R.  On  fait  aulii  le  Jeudi- 
Saint  la  cérémonie  du  lavement  des  Autels ,  que  le 
peuple  vient  enluitc  baifar. 

Arnobe  ,  adv.  Gentes  L.  VII  ,  parle  d'une  fête 
des  Anciens  qu'on  appeloit  le  lavement  de  la  Mère 
des  dieux.    Lavatïo   Matiis    Deàm    Voyez  Lava- 

TION. 

Lavement  ,  efl:  aullî  un  remède  qu'on  prend  par  le 
fondement.  Clyfterïum  ,  dyfier.  Il  efl:  compofé  de 
décoftion  d'herbes  laxatives ,  comme  i»tiuves ,  gui- 
mauves ,  pariétaires  ,  violiers  de  Mars  ^  &  autres 
qu'on  .appelle  herbes  à  lavement.  On  dillout  d'or- 
dinaire dans  cette  décoition  du  catholicum  ,  du 
miel ,  du  fucre  rouge  ,  ou  quelque  autre  chofe  ,  lui- 
vant  l'intention  qu'on  a.  On  en  fait  auiîi  avec  du 
iait  &  de  l'eau  fimple^  pour  rafraîchir ,  pour  lâcher 
le  ventre.  Beaucoup  de  gens  en  prennent  par  dé- 
licatelle  ,  pour  le  conferver  le  teint  frais ,  &  le 
ventre  libre.  En  Médecine  on  l'appelle  clyfiere. 
Voye'^  ce  mot.  Les  Médecins  Chinois  ne  conoif- 
fent  l'ulage  du  lavement  que  depuis  qu'ils  ont  eu 
communication  avec  les  Médecnis  de  Macao.  Ils 
ne  défapprouvent  pas  ce  remède  ,  mais  ils  le  nom- 
ment le  remède  des  Barbares.  P.  Le  Comte. 

Cy  gyji  Maître  Louis  ^ 

Si  accoutumé  à  prendre  , 

Qu'il  aima  mieux  mourir  que  rendre 

Un   lavement  'qu'il  avait  pris. 

Lavement  des  Philosophes.  Terme  de  Philofophie 
hermétique.  Opération  par  laquelle  ,  lorique  la 
noirceur  s'eft  épaillie  ,  l'humide  en  s'élevant  circule  , 
&  retombe  lur  la  matière  noire  j  ce  qui  fe  fait  tant 
de  tois  que  la  matière  ,  de  noire  ,  devient    blanche. 

LAVER.  V.  a.  Nettoyer  quelque  choie  avec  de  l'eau , 
ou  avec  quelque  autre  tiuide.  Lavare  ,  abluere.  La 
Police  oblige  les  Bouchers  à  bien  laver  leurs  échau- 
doirs  ,  pour  les  tenir  propres  &  nets.  Il  y  a  plu- 
lieurs  villes  où  on  lave  les  rues  avec  de  l'eau  qu'on 
élevé  par  des  machines.  On  lave  la  lalade  avec  de 
l'eau.  Dans  .les  cuihnes  on  a  loin  de  mettre  une 
grande  pierre  à  laver.  La  coutume  de  le  laver  les 
mains  efl:  très  ancienne  ,  elle  étoit  même  beaucoup 
plus  commune  autrefois ,  qu'elle  ne  l'ell  aujour- 
d'hui. On  le  lavoit  les  mains  avant  que  de  fe  met- 
tre à  la  prière  ,  avant  que  de  s'approcher  de  la 
fainte  Communion  ;  les  Prêtres  le  les  lavaient  avant 
la  confécration  ,  comme  on  le  fait  encore  à  pré- 
fent.  On  fe  lavoït  encore  avant  la  ledure  de  l'Ecri- 
ture-Sainte.  Hé ,  hé  ,  direz-vous  ,  il  a  fait  aupara- 
vant une  longue  &  (érieufe  pénitence ,  il  a  été  deux 
ans  à  bêcher  le  jardin  ,  à  faucher  les  prés ,  à  laver 
les  vaiirdles.  Voilà  ce  qui»  l'a  rendu  digne  de  la 
doélrine  de  S.  Auguftin.  Racine. 

Laver  la  Lessive.  Vaye\  Lessive. 

Laver  ,  fe  dit  aulîî  de  ce  qu'on  nettoie  avec  d'autres 
liqueurs.  Eluere.  On  lave  une  plaie  ,  on  la  bafline 
avec  du  vin  &  de  l'huile.  On  lave  le  viftge  avec 
de  l'eau  de-vie ,  avec  de  l'eau  de  fivon  ,  quand  on 
frit  fa  barbe.  On  fe  lave  les  mains  avec  de  la 
pâte ,  les  pies  avec  des  herbes  fines.  On  lave  le  pa- 
pier avec  de  l'eau  d'alun  ,  pour  empêcher  qu'il  ne 
boive,  pour  le  rendre  plus  uni  ,  plus  égal. 

Laver  ,  fe  dit  abfolument  poux:  k  laver  les  mains  en 
le  mettant  à  table.  Voulez  vous  vous  veTiir  laver? 
Les  Électeurs  ne  veulent  laver  qu'avec  les  Princes. 
Donnez  à  laver.  Cedo  aquam  manibus. 

Laver  les  verres ,  un  verre  bien  lavé.  Prenez  foin 
de  bien  laver  les  verres  avant  que  de  verfer  à  boi- 
re. Synonyme  de  rincer. 

§3"  On  die  figurément ,  Laver  fes  péchés  de  fes  pleurs , 
avec  fes  larmes  ,  pleurer  fes  péchés ,  les  eftacer. 
Lielere.  Se  laver  d'un  crime,  s'en  jnffifîer  ,  prouver 
(on   innocence.    L'ingr.atitude    ell   un  vice  li   bas. 


L  A  V 

que  rien  ne  peut  laver  d'une  tache  fi  infâme ,  l'ef- 
taccr.  Rodrique ,  dans  le  Cid ,  dit  en  parlant  d'un 
foufflet  : 

Ce  n'ejl  que  dans  lefang  qu'on  lave  un  tel  outrage. 

§Cr  On  dit  proverbialement  &:  figurcment  ,  laver  la 
tête  à  quelqu'un  ,  lui  faire  une  fevère  réprimande: 
à  laver  la  tête  d'un  âne  ,  ou  d'un  More  j  on  y  perd 
fa  leilive.  ^thiopem  lavare  ,  oleum  &  opérant 
perdere.  Vouloir  inihuire  ou  corriger  une  perfonne 
ftupide  ou  indocile  ,  c'eft  peine  perdue  :  &  pour 
marquer  qu'on  ne  veut  point  avoir  de  part  à  une 
.affaire  qu'on  ne  croit  pas  julfe ,  on  dit.  Je  m'en 
lave  les  mains  ,  par  allufion  à  la  même  cérémonie 
que  fit  Pilate  quand  on  le  prefla  de  condamner 
Notre  Seigneur. 

Laver,  fe  dit  aufîi  des  mers&  des  rivières  quipalTent 
auprès  d'une  ville  ,  une  province  j  qui  1  arrofent 
de  leurs  eaux.  Alluere.  La  mer  lave  les  murs  de 
Conffantinopkj  le  Pénée  lave  les  campagnes  de  la 
Theilalie. 

Laver,  en  termes  de  Peinture,  fe  dit  en  parlant  des 
couleurs  qu'on  étend  ,  &  qu  on  couche  fur  un  def- 
fein  avec  le  pinceau  ,  à  la  différence  de  celles  qu'on 
.applique  en  pointillant  ,  comme  on  fait  en  minia- 
ture. Colores  effundere.  On  dit  aulli  ,  que  des  cou- 
leurs font  bien  lavées  ,  quand  les  nuances  qui  tont 
les  ombres  (ont  douces  ,  &  palfent  infenliblement 
d'une  couleur  à  l'autre.  On  dit  aufli  qii  on  lave  un 
tableau  ,  quand  on  le  décraffe  pour  lui  rendre  fa 
première  couleur  ,  par  un  Iccret  qu'ont  quelques 
Artilles. 

Laver  ,  fe  dit  auiîl  en  termes  de  Peinture ,  ou  de 
deiTein  lorfque  fur  un  dellein  paffé  à  l'encre ,  on 
couche  avec  un  pinceau  une  couleur  d'encre  de  la 
Chine  ,  ou  de  biif  re  à  l'eau  ,  pour  le  faire  paroitre 
le  plus  au  naturel  qu'il  eif  polhble  ,  par  les  ombres 
des  iaillies  &:  des  baies ,  &  par  l'imitation  des  ma- 
tières dont  l'ouvrage  doit  être  conffruit.  Ainllon 
lave  d'un  rouge  tendre  pour  contrefaire  la  brique 
&  la  tuile  :  d'un  bleu  d'Inde  clair  pour  l'eau  6c 
l'ardoife  ;  de  vert  pour  les  arbres  &c  galons  ;  de 
iafr^n  ou  de  graine  d'Avignon  pour  l'or  &  le  bron- 
ze ;  &  de  diverles  couleurs  pour  imiter  les  mar- 
bres. Ces  lavis  le  font  par  teintes  égales  ou  adou- 
cies fur  les  jours  avec  de  l'eau  claire  ,  &  fortifiées 
de  couleurs  plus  chargées  dans  les  ombres.  On  met 
de  l'eau  de  gomme  dans  quelques  couleurs  ,  com- 
me dans  le  rouge  &  le  bleu  ,  &c  on  lave  aufH  fur 
le  trait  au  crayon.  Daviler. 

Laver  a  dos.  Laver  à  dos  de  la  laine  ,  c'eft  laver 
la  toifon  lut  la  bête  avant  que  de  la  tondre. 

Laver  les  couleurs,  c'eft  les  hire  tremper  «Se  délayer 
dans  l'eau ,  'afin  que  la  couleur  fe  précipitant  au 
fond  ,  on  puitle  ôter  toutes  les  faletés  qui  s'amaf- 
fentau-dellus  de  l'eau  jCe  qu'on  réitère  plulieurs  fois. 

Laver  au  plat.  Terme  de  Monnoyage.  C'eft  laver 
dans  un  plateau  ou  balîln  de  bois ,  les  cendres ,  ba- 
layures ,  <!s:  autres  chofes  lemblajples ,  pour  en  tirer 
les  plus  grosSnorceaux  d'or  ou  d'argent  qui  y  font 
mêlés. 

{JS"  Laver  les  plumes.  Chez  les  Plumaftîers,  c'eft 
rincer  les  plumes  dans  l'eau  après  les  avoir  fa- 
vonnées. 

§CJ"  Laver  les  formes.  Terme  d'Imprimerie.  C'eft  les 
mettre  dans  un  baquet  rempli  de  lellive ,  les  broller 
&  les  pafler  enluite  à  l'eau  nette  avant  que  de  les 
mettre  fous  la  prelle. 

Laver,  en  termes  de  Charpenterie,  fignifie  citer  une 
dofe  de  chaque  côté  d'une  poutre ,  pour  la  mettre  à 
vive  arrête.  C'eft  ôter  avec  la  belaigue- tous  les  traits 
de  fcie  &  rencontres  d'une  pièce  de  bois  de  fciage , 
pour  la  drelfer  &  l'aviver.  Daviler.  Laver  une 
poutre.  Fel. 

Laver,  eft  aullî  un  terme  de  Chymie.  C'eft  ôter  par  le 
moyen  *le  l'eau  les  impuretés  groflières  de  quelque 
mixte.  Glas. 

LAVÉ,  ÉÉ,  part.  paif.  c\'  adj.  Lotus ,  lavatus.  On  dit 
proverbialement  d'une  mailon  dont  la  cuifine  eft  en 


L  A  V 

J^fordrc,  il  n'y  a  ni  pot  au  feu  ni  écucllcs  lavées. 
Une  b.ubc  bien  Idvée  ell  à  demi  faite. 
Lavé  ,  ée  ,  dans  l'acception  d'adjcCUf  j  n'a  d'ufagc  qu'en 
parlant  de  certaines  couleurs  peu  vives  &  peu  char- 
gées. Ainlî,  on  dit  d'un  cheval ,  qu'il  ell  de  poil  bai 
lavé t  pour  dire  de  poil  bai  clair.  Ht  on  appelle  en 
peinture  ,   couleur  lavce ,  une  couleur  toible  ik  dé- 
chargée. Ac.  Fr. 
LA  VERNE,  r.  £  Terme  àz  Mythologie.  Nom  d'une 
décile  des  anciens  Romains.  Laverna.  C'étoitla  déel'e 
..   des  larrons   qui  étoient  fous  fa  protection.   Il  lem- 
^ble  à  lire  Horace,  L.  I.  Ep.  XVI.  v.  60  &fuiv.  cjuc 
Vj.Lavernc  fût  aulll  la  déclic  de  l'hypocrilie.  Laverne  , 
lui  dit-il ,  donnez  moi  l'art  de  tromper  tic  de  paroître 
/,  jufte ,  faint ,  innocent  ;  répandez  les  ténèbres  &  l'obf- 
curité  fur  mes  crimes  &c  fur  mes  tromperies.  L'image 
de  Laverne  étoit  une  tête  (ans  corps.  Elle  avoir  à  Ro- 
me un  bois  lacré  ,  &c  elle  donnoit  ion  nom  à  la  porte 
voiiine  qu'on  appeloit  Lavernalis  porta.  Son  temple 
s'appcloit    Lavernium.    Les  lacriHces   &   les    prières 
qu'on  lui  oftroit  le  faifoient  en  grand  idence.    f^oyci 
Vo/iîus,  de  Idolol.L.  Vin.  C.  ij. 

Feftus  dirive  ce  nom  de  lavemio  ,  parce  que  les 
voleurs  le  nommoient  Lavernioncs.  D'autres  de  le- 
vare ,  parce  que  Pétrone  les  appelle  Lcvatores.  D'au- 
tres de  >.xUlt ,  prendre ,  &  d'autres  de  >,xipafx  ,  dépouil- 
les ,  butin,  étymologies  qui  conviennent  toutes  au 
nom  de  la  déelle  des  voleurs.  ' 

LAVETON.  f.  m.  C'ell  la  grolfe  laine  qui  demeura  dans 
les  moulins  où  l'on  foule  les  draps,  la  groll'e  bourre 
qui  en  fort  par  la  foulure ,  dont  on  frit  les  mauvais 
matelas.  Le  Liveton  eft  toujours  gris  ,  &  fort  d'une 
étolie  groinèrc  ,  comme  le  bureau  &:  la  bourre  laiiice 
ell  ce  qui  fort  d'une  écofte  fine.  Il  ell  défendu  aux 
Tapiflîers  %le  faire  des  macelats  où  il  y  ait  de  la  laifie 
fur  les  bords ,  &  du  laveton  au  milieu. 
LAVETTE,  f  f.  Terme  de  cuifîne.  Petit  torchon  qui 

lert  à  laver  la  vaillelle. 
LAVEUR,  f.  m.    Celui  qui  lave.  Lotor.   \}\\  laveur  de 
livres ,  de  gants.  Les  Mégillîers  ont  des  laveurs  de  toi- 
fons. 
LAVEURE.  Voye\  Lavure. 
LAVEUSE.  Celle  qui  lave  la  vaiffelle.  Lotrix  cuFinaria. 

■  C'ell  une  laveufe  d'ccuelles. 
LAUFFEN.    Nom  de  pluheurs  villes   en   Allemagne. 

Lauffa. 
Lauffen  dans  l'Archevêché  de  Saltzbourg  ,  fur  le  Salt- 

zach,  entre  Salzbourg  !k  Burtchaufen. 
Lauffen  ,  ou  Lauffen  Franconie ,  fur  le  Pregnitz  ,  dans 
le  territoire  de  Nuremberg,  à  quatre  lieues  de  la  ville 
de  ce  nom. 
Lauffen  en  Suille  ,  dans  le  Canton  de  Zurich ,  près 

du  Rhin,  au  midi  de  Schaffoufe. 
Lauffen  enSuabc,  dans  le  Duché  de  Wurtenberg ,  fur 
le   Neckre'j    à  deux  lieues  au-dellus   d'Hailbron. 
Maty. 

LAUFFENBOURG.  Nom  d'une  ville  de  la  Suabe.  Lauf- 
fenburgum.  Elle  efl  une  des  quatre  qu'on  apelle 
Foreftières  ,  Se  qui  appartiennent  à  la  Mailon 
d'Autriche.  Cette  ville  ell  à  llx  lieues  de  Bàle,  fur  le 
Rhin,  qui  la  coupe  en  deux,  &  elle  efl  allez  bien* 
fortifiée.  Le  Duc  Bernard  de  Weimar  la  prit  l'an 
1658.  Maty.  Long.  ij.  d.  45' ,  lat.  47.  d.  36'. 
LAUGINGEN  ,  ou  Lawingen.  Nom  d'une  petite  ville , 
avec  citadelle  &  Univerfîté.  Lauginga.  Lavinga.  Elle 
eft  du  Cercle  de  Bavière ,  &  fituée  fur  le  Danube , 
entre  Ulm  &  Donavert ,  à  lept  lieues  de  la  première , 
&  à  huit  de  la  dernière.  Cette  ville  a  été  Impériale. 
Elle  dépend  maintenant  du  Duc  de  Neubourg.  Maty. 
LAVICAiSl,  ANE,  adj.  Qui  fe  dit  d'un  grand  chemin 
d'Ital'e,&  d'une  porte  de  l'ancienne  Rome.  Lavica- 
nus  j  a.  Il  y  a  deux  chemins;  le  chemin  Lavican,  Via 
Lavicana;  &c  le  chemin  de  Prénelle ,  Via  Frane/lina, 
•qui  (ortent  de  la  porte  à  laquelle  les  anciens  Auteurs 
ont  donné  tantôt  un  de  ces  noms  &  tantôt  l'autre. 
Cette  porte  eft  celle  qui  eft  aujourd'hui  entre  la  porte 
S.  Jean  &  celle  de  S.  Laurent  ^  &  s'appelle  Porta 
maggiore.  Le  chemin  Lavican  conduit  à  Valmotone  j 
que  plufieurs  tiennent  être  l'ancien  Lahicum^  de  qui 


L  A  V  44^ 

ce  ciiemm  prit  fon  nom.  La  porte  Lavicane  eft  du 
côté  de  l'orient. 
LAVIELLO ,  ou  LAVELLO.  Petite  ville  du  Royaume 
de  Naplcs.  Labellum  ,  Lavellum.  Elle  eft  dans  la 
Bafilicate,  aux  confins  de  la  Capitanate  ,  c\;  à  fix 
lieues  de"'Cirenza.  Laviello  cil  un  Evéché  fullhiganc 
deBari.  Maty.  Il  y  a  à  Lavello  beaucoup  de  reftes 
d'antiquités.  Lavello  eft  à  une  lieu  de  l'Oifànto ,  que 
les  Anciens  appellent  Aufidus ,  entre  Melfi  à  l'occi- 
dent,  &  Minorbino  à  1  orient. 

LAVIGNON.  f.  m.  Petit  coquillage  de  mer ,  grand  à- 
peu-près  comme  la  moule ,  mais  un  peu  plus  Luge  , 
plus  court,  plus  arrondi  &  plus  plat.  Sa  coquille  elt 
lille  &  polie  eu  dehors ,  mais  encore  plus  en  dedans , 
de  couleur  blanche.  Le  haut  de  cette  coquille  eft  un 
peu  relevé  ,  mais  elle  diminue  infenhblcment  juf- 
qu'aux  bords,  &  rc.piéf'ente,  quand  elle  cil  ouverte, 
deux  cuillers  fans  manche.  Le  petit  poillon  qu'elle 
renferme  cil  tout  au  plus  gros  comme  celui  de  la 
moule,  de  couleur  blanciie  ,  bon  à  manger  &  de  fa- 
cile digcftion.  On  tfouvc  ce  coquillage  au  bord  de  la 
mer,  dans  la  boue,  où  il  noircit  fa  coquille,  enforte 
qu'on  la  croiroit  noire  ,  mais  en  le  lavant  bien  il  rc  - 
prend  (a  couleur  blanche. 

LAVINIA.  Civita  Lavinia.  Nom  d'un  bourg  de  la 
Campagne  de  Rome,  en  Italie.  Lanuvium.  Il  eft  en- 
tre Vélitri  &  Ardea.  Quelques  Géographes  le  pren- 
nent pour  l'ancien  Lanuvium  ,  d'autres  pour  l'ancien 
Lavinium  ,  &  quelques-uns  confondent  ces  deux  vil- 
les en  une.  D'autres  placent  Lanuvium  à  Judovina, 
à  fcize  milles  de  Rome,  fur  la  voie  Apple.  Holile- 
nius  croit  que  Lanuvium  étoit  fur  une  hauteur ,  & 
que  c'eft  celle  cju'on  nomme  aujourd'hui  Monte  di 
Levano.  . 

LAVINIE.  f.  f.  Fille  unique  deLatinus,  RoiduLatium 
&  de  la  Reine  Amate  :  elle  époufa  Enée  lorfqu'il  eut 
tué  Turnus. 

LAVINIUM.  Ville  bâtie  par  Enée  en  l'honneur  de 
Lavinie  ,  fon  époufe,  dans  un  lieu  qui  lui  avoir  été 
déligné  par  l'Oracle. 

LAVINO.  Nom  d'une  petite  rivière  ,  remarquable , 
parce  que  ce  fut  fur  fes  bords  qu'Oélavius,  Marc  An- 
toine éc  Lépidus  formèrent  leur  Triumvirat.  Labi- 
nius.  Elle  coule  dans  le  Bolonois  en  Italie ^  environ 
à  trois  lieues  de  la  ville  de  Boulogne ,  vers  le  cou- 
chant. Maty. 

LAVIS,  f.  m.  Terme  de  Deflmateur  ,  qui  fe  dit  des 
adoucilïemens  qui  fe  font  fur  des  delfeins  fiits  avec 
la  plume,  ou  le  crayon,  en  y  appliquant  de  la  fan- 
guine,  de  la  fuie  détrempée,  de  l'encre  de  la  Chine, 
&  autres  fortes  de  couleurs  fîmples  détrempées  avec 
de  l'eau  qu'ils  appellent  Lavis.  'Voyez  Laver. 

§CrLAVIT.  Petite  ville  de  France,  en  Gafcogne,  au 
Comté  d'Arrftagnac.  On  l'appelle  ordinairement  La- 
vit  de  Lomagne,  parce  qu'elle  eft  au  pays  de  Lo- 
magne. 

LAVIZARO.  Borgo  Lavi^aro  ,  en  Latin  Lavifariim^ 
autrefois  Forum  Lebuorum  ,  ou  Lihicorum.  C'étoic 
anciennement  ime  petite  ville  des  Infubrcs ,  en  la 
Gaule  Cifilpine  ;  maintenant  ce  n'eft  qu'un  vilLite 
du  Duché  de  Milan,  fitué  fur  le  Gogna,  dans  le  Nc- 
varois  ,  à  deux  lieues  de  Novare,  vers  le  midi.  Maty. 

LAUMELLlNA,oula  LAUMELINE.  Nom  d'une  con- 
trée ou  province  du  Duché  de  Milan ,  en  Italie.  Lau- 
mellïna.  Elle  eft  entre  Pavie  &  Cafil ,  le  long  du  Pô, 
qui  la  icpare  en  deux  parties ,  dont  la  fcptentrionale 
eft  beaucoup  plus  grande  que  l'autre.  Mortare  &  Va- 
lence en  font  les  villes  principales;  l'ancienne  Lau- 
mellum  qui  lui  a  donné  le  nom ,  eft  aujourd'hui  le 
village  de  Lumello  ,  fitué  fur  la  Gogna ,  entre  Valence 
&  Vigevano.  Maty. 

LAUMÈR.  f.  m.  Nom  d'homme.  Launomarus.  Saint 
Laumer,  ou  Lômer,  Abbé  ,  né  de  parejis  peu  relevés  , 
félon  le  monde, mais  bons  Chrétiens,dans  un  village  du 
Diocèfe  de  Chartres,  appelé  la  Neuville  Lamar,  fous 
le  règne  des  enfans  de  Clovis  Ij  pafla  les  premières 
années  de  fa  vie  à  conduire  les  moutons  de  foupcre. 
Baillet,  ^v<-'?  Bollandus ,  au  dix- neuvième  de  Jan- 
vier. Chafcelain,  au  même  jour. 


44^ 


L  A  V 


L  A  U 


De  Launomams,  on  a  i^iLaunomar,  Launomer , 
Laimcmer ,  Laumer.  D.  Mabillon  ,  qui  a  donne  la  vie 
de  S.  Laumer  (ur  un  manufcnt  de  Citeaux  ,  dit  que  ce 
fut  à  Neuville- Lamai  qu'il  naquit ,  qu'on  y  a  bati  une 
chapelle  en  l'on  honneur ,  &  que  ce  lieu  crt  a  quatre 
liciies  de  Chartres.  Ne  faudroit-il  point  écrire  Neu 
viilc-Lamare;  &  ne  leroit-ce  pointée  lurnom  de  la 
Mare  qu'on  avoit  cru  dérive  de  Launomarus  ,  qui  au- 
roit  fait  prendre  ce  lieu  pour  celui  de  fa  naillance? 
Chastelain.  „ 

LAUNCESTON.  Ville  d'Angleterre  ,  au  pays  de  Cor- 

nouailles  :  on  h  nomme  aulll  Dunhivid.  ^ 
LAUNY.  Bourg  du  Cercle  de  Satz  en  Bohême.  Launa. 
U  ell  fur  la  rivière  d'Eger  ,  à  cinq  ou  iix  lieues  de 
Lctomerit ,  vers  le  couchant  méridional.  Maty. 
LAVOIR,  f  m.  Réftrvoir  d'eau  dertme  pour  y  laver  le 
lin-e  auprès  d'une  fource  ,  ou  d'un  ruille.au.  Lava- 
crum,  lavamna.  Ce  village  a  un  lavoir  beau  &c 
commode.  ,       ,  ,         , 

Lavoir.  ,  fe  dit  .lulïï  d'un  lieu  prépare  pour  laver  les 
mains  des  Religieux  dans  un  Monaftere.  I^jvafonwm. 
Pïfana.  C'ell  d'ordinaire  un  grand  balhn  de  pierre 
où  tombe  l'eau  de  plulieurs  robinets  ,  qm  eft  litue 
près  du  Rétedoire.  On  dit  plus  ordinairement 
Idvtr/nai/2 ,  que  lavoir  ^n  ce  fens. 
Lavoir  decuiline,  eft  le  lieu  où  on  Lave  la  v.iillelle. 

Lavatrina  culinaria  ,  lavacrum. 
Lavoir,  fe  dit  .aulfi  en  parlant  des  lieux  qu'on  voit 
chez  les  Indiens  &:  les  Mahomét-ins  ,   proche   de 
leurs  Pagodes    &   de   leurs    Mofquées ,    où    ils    le 
lavent  le  corps,  ou  les  principaux  membres,  avant 
que  d'y  entrer,  par  une  cérémonie  de  Religion.  Ba- 
lineum  ,  balneum  ,  pifdna. 
è'JF Lavoir,  terme  d'.arqucbufier.  C'eft  une  verge  de 
fer ,  à  un  des  bouts  de  laquelle  on  met  un  linge 
mouillé  pour  nettoyer  le  canon  d'un  fudl. 
LAVOIR,  ou  LavadÉro.  Terme  de  Relation.  Endroit 
où  l'on  tire  de  l'or  par  le  lavage ,  au  Chili  &  au  Pé- 
rou. Auri  lavatorium.  Voici  comment  M.  Fresier 
décrit  les  lavoirs  du  Chili.  On  creule  aii  fond  des 
coulées  dans  les'  angles  rentrans  qui  le  forment  par 
fuccefllon  de  temps  ,  où  l'on  juge  par  certaines  mar- 
ques qu'il  peut  y  avoir  de  l'ori'car  il   n'en'paroit 
point  a  l'cvil  dans  les  terres  où  il  eft.  Pour  faciliter 
cette  excav.ationj  on  y  fait  couler  un  ruitleau ,  &z 
pendant  qu'il  coule  on  remue  la  terre  ,  afin  que  le 
courant  la  délaie  &  l'entraîne  plus  facilement.  Enfin  , 
quand  on  eft  arrivé  au  banc  de  terre  où  eft  l'or  ,  on 
détourne  le  ruiifeau  ,  pour  creufcr  à  force  de  bras  ; 
c'eft  cette  terre  qu'on  porte  fur  des  mulets  dans  un 
petit  baiTm  fait  par  fon  plan  comme  un  fouftlet  de  lor- 
gc,  dans  lequel  on  fait  couler  avec  rapidité  un  petit 
ruilfeau  pouf  la  délayer  -,  &:  afin  qu'il  détrempe  mieux  , 
&  détache  l'or  qui   eft  mclé  parmi  -,  on  la  remue 
fans  celle  avec  un  crochet  de  fcr^  qui  fcrt  aulli  à 
ramallcr  les  pierres  qu'on  jette  hors  du  balfin  avec 
les  mains  :  cette  précaution  eft  nécellaire  pour  qu'elle 
n'arrête  pas  le  cours  de  l'eau  ,  quidoit  tout  entraîner, 
excepté  l'or ,  que   fa  grande  pelânteiir  précipite  au 
fond  du  baifin  parmi  un   fable  noir  fin  ,  où  il  n'eft 
guère  moins  caché  que  dans  la  terre  ,  s'il  n'y  a  de 
gros  grains,  du  moins  comme  une  lentille,  il  s'en 
trouve  fouvent  de   plus  gros  ,  &  dans  quelques  Az- 
voirs  on  en  a  tiré  de  trois  marcs.  Je  i-.e  doute  pas  néan- 
moins que  par  ce  canal ,  il  ne  s'écoule  hors  du  balhn 
beaucoup  de  petites  particules  d'or  -,  à  quoi  l'on  poiir- 
roit  facilement  remédier.  Bien  des  gens  racontent  des 
Lavadéros  d'Andacoll  ,  auprès  de  Coquimbo ,  qu'a- 
près plulieurs  années,  on  trouve  encore  de  l'or  danî 
la  terre  qui  avoit  été  lavée.  Ces  lavoirs  font  ti.s- 
fréquens  dans  le  Chili. 

Il  y  a  des  lavoirs  très-abondans  où  l'on  a  trouve 
Acs  pepitas ,  OM  grains  d'or  vierge,  d'une  grandeur 
prodigieufe  ;  entre  autres  deux  ,  dont  un  qui  pefoit 
foixante-quatre  marcs  &c  quelques  onces  j,  fut  acheté 
par  le  Comte  de  laMoncloa  j  Viceroi  du  Pérou  ,  pour 
'  en  faire  un  prélent  au  Roi  d'Efpagnc  ;  l'autre  eft  tombé 
entre  les  mains  de  D.  Juan  de  Mur  en  i7iopendar.t 
qu'il  écoit  Corrégidor  d'Arica.  Celui-ci  eft  feit  comme 


un  coeur  de  bœuf  en  petit ,  Se  pefe  quarante-cinq 
marcs,  de  trois  alois  dillérens,  autant  que  je  m'en 
puis  fouvenir  ,  de  onze  ,  dix-huit ,  de  de  vingt  un 
carats,  ce  qui  eft  remarquable  dans  une  même  malle. 

FrÉSIER  ,  p.   1)1. 

A  neuf  ou  dix  lieues  vers  l'Eft  de  Coquimbo  , 
font  les  lavoirs  d'Andacoll ,  dont  l'or  eft  de  vingt- 
trois  carats.  On  y  travaille  toujours  avec  beaucoup  de 
profit  quand  l'eau  ne  manque  pas.  Les  habitans  alfu- 
rent  que  la  terre  eft  créadke  (  créatrice  )  ;  c'eft  à- 
dire  ,  que  l'or  s'y  forme  continuellement ,  parce 
qu'après  avoir  été  lavée  ,  quelque  60  ou  8q  ans  après, 
on  trouve  prcfque  autant  d'or  qu'auparavant.  FrÉ- 

ZIER,/^.    121.- 

LA  VON  A.  Bourg,  ou  petite  ville  de   l'Amafie  ,  en 
Natohe.  Lavona.  Elle  eft  fur  la  mer  Noire,  entre 
Chirifonda  &  Pormon.  On  prend  ce  lieu  pour  \'în- 
ciznne  Hermonajfa  ,  qui  étoit  en  Cappadoce.  Maty. 
LAVOT.  f.  m.  Terme  de  Commerce.  Mefure  dont  on 
fe  fert  à  Cambray  pour  mefurer   les  grains.  Il  faut 
quatre  lavots  pour  la  razière.  La  razière  rend  fcp: 
boillcaux  un  tiers  de  Paris. 
LAURA.  Nom  d'un  bourg  de  l'Alentéjo  ,  en  Portugal. 
Laura.  Il  eft  fur  la  petite  rivière  de  Laura ,  a  huit  lieues 
d'Ebora  ,  vers  le  couchant  feptentrional.  Quelques 
Géographes  prennent  Laura  pour  X'Arcobriga  ,  ou 
Arcohnca    de    l'ancienne   Lulitanie  ,    que    d'autres 
mettent  à  Arcos   de   l'Eftramadura  ,  ou   de  Val  de 
Vez ,  qui  eft  un  village  de  1  Eftramadure  de  Portugal. 
Maty. 
LAURAGUÈS,  ou  LAURAGUAIS.  Nom  d'une  con- 
trée ,  avec  titre  de  Comté.  Lauracius  ager  ,  Lauracen- 
fis  ,    ou   Lauridcenfis  ager.   Elle   eft  dans  le  Haut- 
Languedoc  ,  entre  Touloufe  ,  Carcalfone  &  Caftres. 
'*  On  la  divife  en  haut  &:  bas  Lauraguais.  Caftelnaud.iry 
eft  le  principal  lieu  du  premier,  &  Lavaur  du  dernier. 
Maty.  Lavaur  en  Lauraguais  :iu  Fîaut  -  Lan^f,uedoc. 
FttuRY.  Papitius  Maftbn  dit  que  c'eft.Saint  Papoul, 
qui  eft  capitale  du  Lauraguais. 

L'an  1477.  par  Lettres  Patentes  du  mois  de  Jan- 
vier ,  le  Roi  (  Louis  XL  )  érigea  en  Comte  le  pays 
de  Lauraguais  ,  qui  étoit  de  l'ancien  Touloufaini& 
en  inveftft  Bertrand  II.  de  la  Tour,  Comte  d'Auver- 
gne &  de  Boulogne ,  en  contre  échange  de  la  ville  de 
Boulogne,  que  ce  Seigneur  céda  au  Roi.  La  Faille, 
Annales  de  Touloufe  .p.  2 4S. 

Ce  pays  a  pris  fon  nom  de  Lauriac ,  lieu  du  Lau- 
raguès  ;  quelques  uns  veulent  qu'on  dife  Auriac, 
Auriacum  ,  ScAuraguès  ^  Auriacenfis  pagus  ,  ouavçc 
l'article  {'Auraguès.  U  y  a  apparence  en  elîet  que 
c'eft  en  joignant  l'article  à  ce  mot  qu'on  en  a  iàit 
Lauraguès.  Foye^  Valef  Not.  Call.  p.  2  6 ). 
LAURE.  f.  f.  Laura.  Lieu  où  demeuroient  ancienne- 
ment des  Moines.  Une  Laure  diftéroit  d'un  Monaf- 
tère.  Les  Monaftères  étoient  femblables  à  ceux  que 
nous  voyons  encore  aujourd'hui  parmi  nous.  C'etoiciit 
de  grands  bàtimens  compofés  de  lisux  deftinés  aux 
diftérentes  alfemblées  de  la  Communauté  ,  &  de  cel- 
lules ,  ou  chambres  que  les  Moines  occupoient ,  cha- 
cun ayant  la  lienne  particulière.  En  un  mot,  le 
Monaftère  étoit  occupé  par  des  Moines  qui  vivoient 
en  Communauté  fous  la  conduite  d'un  Abbé,  & 
menoient  la  vie  Cœnobitique.  Les  I^aw  étoient  des 
efptccs  de  villages,  dont  chaque  mailon  i-^F"^^^^ 
étoit  habitée  par  un  ou  deux  Moines  au  plus.  Ceft-' 
à  dire  que  la  Laure  étoit  formée  de  cellules  déta- 
chées, dans  lefquelks  vivoient  àm  Solitaires  iéparcs 
les  uns  des  autres,  quoique  fournis  à  un  même  Aobe. 
Ainfi  l'on  pourroit  dire  que  les  maifons  des  Cliar- 
trcux  nous  reprélentent  en  quelque  forte  les  ancien- 
nes Launs  ;  &:  celles  des  Moines  font  devrais  Monal- 
tères.  La  Laure  de  S.  Sabas  eft  fimeulc  d.uis  le  V 
liècle.  La  première  de  ces  Laures  fut  fondée  par  un 
S.  Chariton  ,  que  les  uns  difent  .avoir  été  martyrJts 
fous  l'Empereur  Aurélien  ,  &  que  les  autres  loûtien- 
neiit  erre  un  autre  Ch.ariton ,  qui  ne  fonda  la  Laure  a 
lix  milles  de  JéruLilem  ,  qu'après  que  S.  Hilano^i  eut 
introduit  la  vie  Monaftiqwe  dans  la  Palelline.  ^''^'^t 
TiUeraont,  JÏ//^.  d^s  Emp.  T.  IILp.  7'^-  ^  ^''J^' 


L  A  U 

Ecd.  T.  IF.  p.  6 S 4.  &  Je  P.  Hclyor ,  Hlfl.  des 
Ordres  licUg.  F.  I.  C.  XFI.  Ce  premier  Fondateur 
des  Liiurcs  hit  imité  dans  le  V  licclc  par  S.  Euthy- 
nie  le  Grand  ,  qiii  bâtit  aullî  une.  Laurc  à  quatre 
ou  cinq  lieues  de  Jérul.xlem.  La  Laurc  de  b.  Sabas  fut 
cnluitefort  renommée.  Il  y  avoir  àQ\x\Laurcs,  dites  de 
S.  S.-ib.is,la  vicillcil-  la  nouvelle.  Foye:^  ki,  Noces 
du  P.  le  Quien  ,  lur  la  vie  de  S.  Jean  Damarcéne  , 
P.   IX.  not.  I. 

.  Ce  nom  ne  fe  dit  que  des  anciens  Monauèrcs  d'O- 
ncnt  &c  d'Egypte ,  on  ne  le  dit  point  des  Monaftcrcs 
d'Occident. 

Laure  ,  s'ell:  dit  encore  autrefois  pour  ce  que  nous 
appelons  aujourd'hui  l'E^lileParûilllale.  Laura ,  Pu- 
rochialis  Ecclcfia.  Arius  gouvernoit  une  des  princi- 
pales SEglifes  ,  de  celles  qu'on  nommoit  dans  ce 
rctnps  là  Laures  ,  &  que  nous  nommons  prcfente- 
mcnt  Pareilles.  Mainbourg  ,  Hift.  de  V Arumiftnc. 
11  y  en  a  qui  dillinguent  entre  Laun  &  Monallère. 
Quarélùno  prétend  qu'une  Laurc  efl:  un  Monaftcre 
où  il  y  a  plus  de  mille  Moines;  mais  outre  qu'il  elt 
dilHcile  d'en  alfembler  tant  dans  un  même  lieu  ians 
qu'il  y  ait  de  la  confullon ,  même  entre  des  perloji- 
ncs  fages  &  vertueufeSj  nous  favons  qu'il  n'y  a^'oit 
pas  plus  dcloixante  &  dix  Anachorètes  dans  la  Za^re 
de  i>.  Géiahn,  &  qu'en  certains  temps  il  n'y  en  a 
pas  eu  davar.tage  dans  celle  de  S.  Sabas ,  quoiqu'cn 
d'.iutres  temps  il  y  en  ait  eu  plus  de  mille  dans  celle- 
ci.  D'autres  croient  tivcc  allez  de  vraifemblance  , 
qu'une  Laurc  eft  un  Monaftère  dont  les  cellules  font 
cntijrement  féparées  ,  non-leulement  comme  le  font 
celles  des  Chartreux  ,  lelcuelies  lont  jointes  par  un 
Cloirre  commun ,  mais  comme  elles  étoient  au  Mo- 
nailère  de  la  Chartreufe,  dans  les  commencemens  de 
l'Ordre  j  entièrement  léparées ,  &  éparles  çà  &  là. 
Les  Moines  des  anciennes  Laures ,  aullî  bien  que  les 
Chartreux  dans  les  commencemens  de  leur  Ordre  , 

,  ne  s'airembloient  qu'une  fois  la  fem.aine  pour  faire 
rOiiice  en  commun  ;  c'étoit  depuis  le  Samedi  juf- 
qu'au  Lundi  :  le  Dimanche  après  avoir  reçu  l'Eucha- 
rilcie  ,  ils  prenoient  un  repas  tous  enlemble ,  où 
ils  mangeoient  des  légumes  cuits  ,  &  buvoient  un 
peu  de  vin  ,  les  autres  jours  de  la  femaine  qu'ils 
étoient  féparés  dans  leurs  cellules  ,  ilsfe  contentoient 
de  pain  &  d'eau. 

Ce  mot  Laurd  vient  du  Grec  ^«ïf«  ,  qui  veut  dire 
hameau ,  village.   Cette  étymologie  favorite  le  der- 
nier   fentlment  qui   vient   d'être  rapporté  ;  car  les 
cellules  léparées  d'une  Laure  forment  une  elpèce  de 
,  village. 

iAUREA.  f.  f.  Nom  d'une  divinité  payenne.  Laurea. 
Une  inlcription  trouvée  en  Catalogne  ,  &  rapporté» 
par  Gruter  j  p.  CIF.  n.  /.  eft  conçue  en  ces  termes: 

LAVRE/Ë    AVGVST^. 

SACR  VM 

IN.  HONOREM.    ET.   MEMORIAM. 

^  M  I  L I  ^ 

L.   ^MILIUS.   MATERNVS. 

ET  • 
FABIA.    FVSCA.  PARENTES 
S.  P.  F.   C. 

C'eft- à-dire  ,  Sepulchrum  pofueruntfilu  chariffimA, 
LAURÉAT,  adj.  m.  Poëte  Lauréat,  ou  couronr.é  de 
laurier  -,  du  Latin  Laureatus  Poeta ,  eft  un  Poëte 
déclaré  tel  par  la  cérémonie  ducouronntmenr  de  lau- 
rier: cérémonie  qui  s'eft  pratiquée  en  Italie  ,  en  Alle- 
magne ,  en  Efpagne ,  &:c.  Cette  cérémonie  étoit 
fort  ancienne.  A  la  tin  du  XIF  ficclc  ,  on  vit  revi- 
vre la  cérémonie  des  Poètes  Lauréats  ,  c'cft  à-dire  , 
couronnés  de  laurier.  De-là  vinrent  les  Jeux  Floraux 
inftitués  à  Touloufe  en  1 3  24. 

Les  recherches  de  M.  l'Abbé  du  Refncl  fur  les 
Poètes  couronnés  ,  Poët£  Laureati ,  offrent  plutieurs 
traits  curieux  &  agréable?.  L'ufage  de  couronner  les 
PoL-tes  eft  ^ffi  ancien  que  la  Poëlîe  ,  mais  il  fut  aboli 
avec  les  combats  Capitolins  ,  où  les  Poëtes  étoient 
couronnés  d'une  manière  éclatante.  Nos  Rois  ne  fe 


L  A  U  447 

font  point  foocics  de  créer  des  Poètes  en  titre  ;  cepen- 
dant le  titre  de  Poëte  Lauréat ,  n'étoit  pas  inconnu 
en  France.  Ronlard  ,  quoique  reprélenté  avec  une 
couronne  Poétique,  ne  la  reçut  jamais  dans  les  for- 
mes. Il  fut   plus  honoré  par  les  Vers  que  Charles 

IX.  fit  à  fa  louange Ulferv.  fur  les    écrits 

Modernes. 

On  voit  plufieurs  Poètes  Lauréats  en  Italie ,  en 
Allemagne ,  en  Elpagne  &z  en  Angleterre  :  mais  on 
n'en  voit  point  en  France.  Il  eft  vrai  qu'on  y  voulut 
couronner  Pétrarque-,  mais  la  ville  de  Rome  ditjîuti 
cet  honneur  à  celle  de  Paris  ,  Se  Pétrarque  donna 
la  préférence  à  la  première  :  &  d'ailleurs  c'eût 
toujours  été  un  Poëte  Italien  couronné  Pocrc  Lau- 
réat en  France.  Le  Tallc  étoit  près  de  recevoir  cet 
honneur ,  &  tout  étoit  ditpoté  pour  cette  cérém.o- 
nie  ;  mais  il  mourut  la  veille  de  ton  couronnement. 
On  a  couronné  des  Poëtes  Lauréats  en  Allemagne , 
dont  le  nom  n'étoit  leulemcnt  pas  connu  avant 
cette  cérémonie.  C'étoit  plutôt  à  la  parenté  ,  à  la  lol- 
licirationj  ou  même  à  l'intérêt  qu'on  donnoit  fou 
fiilTrage  ,  qu'au  véritable  mérite.  Daniel  Klefcli^us 
remporta  de  les  courfes  beaucoup  d'amis ,  de  fcience 
&  d'honneur,  &  les  titres  de  Maure  de  Philhfophie 
&  de  Poëte  Lauréat.  Goujet. 

LAURÉATION.  t".  f.  Terme  reçu  dans  quelques  Uni- 

verhtés  pour  détigner  l'aètion  par  laquelle  on  prend 

le  degré  de  Ma'itre-ès-Arts.   Ce  mot  vient  du  Latin 

Laurus.  Le  laurier   confacré  à  Apollon  el1:  regardé 

.comme  le  fymbole  de  la  gloire  Littéraire. 

LAURÉE.  f.  f.  Eft  le  nom  d'une  couronne  de  laurier, 
que  ries  Grecs  donnoient  aux  Lutteurs  qui  avoient 
remporté  la  viétoire  ,  Se  les  Romains  à  deux  qui 
avoient  ménagé  ou  conjîrmé  la  paix  avec  les  ennemis. 
Corona  laurea. 

LAUREL,  f.  m.  Nom   d'un  arbrilfeau  du  Chili ,  en 
l'Amérique  méridionale.  Laurellus.  C'eft  une  efpèce 
de  laurier  ,  dont  le  bois  ePc  blanc  &:  for:  léger.  Fré-' 
'  ZIER  ,  p.  I  oS. 

LAURENCE,  f.  f.  Laurcntia.  Nom  de  femme.  Ce  fut 
à  Naples  que  fe  lit  le  premier  établilï'ement  des 
Capucines ,  par  la  Vénérable  Mère  M^niz-Laureiicc 
Longa.  P.   HÉLYOT. 

LAURENT,  f.  m.  Nom  d'homme.  Laurentlus.  Il  y  a 
un  S.  Laurent ,  Archevêque  de  Cantorbéry  ,  qui  a 
vécii  à  la  fin  du  VF  &  au  commencement  du  VII* 
fiècie ,  &  un  autre  Archevêque  de  Dublin  en  Irlan- 
de, qui  mourut  le  14  Novembre  118 1.  Foye^  fur 
celui-ci  la  Defcript'ion  Çeograph.  &  Hiji.  de  la  Haute- 
Normandie  ,  T.  I.p.  71.  Saint  Laurent,  Diacre  de 
S.  Sixte  Pape,  fut  brûlé  vif  iur  un  gril  à  Rome, 
l'an  258.  dans  la  perfécution  de  Valérien.  Foyc:(_ 
l'éloge  que  S.  Ambroite  fait  de  ce  Saint  dans  t'es 
Offices,!.  I.c.  41.  &  l'Hymne  n.  du  Perijîeph. 
de  Prudence.  Quelques  uns  ,  comme  Godeau  ,  éeri- 
ycnt  Laurcns;  &  d'autres,  comme  M.  Chaftelain, 
tantôt  Laurens  ,  ôc  tantôt  Laurent. 

Île  de  Saint  Laurent.  C'eft  une  île  de  la  mer  du 
Sud  ,  près  du  Calao ,  port  du  Pérou,  du  côté  du  lud- 
fud-oueftde  cette  ville  j  par  les  li  deg.  8  m.  de  la- 
titude méridionale  ,  &  parles  300  deg.  15m.  de 
longitude.  L'Ile  de  Madagafcar  s'appelle  autïï  l'île  d; 
Saint  Laurent.  Voye^  Madagascar. 

Saint  Laurent  ,  eft  encore  le  nom  d'une  rivière  i.\: 
d'un  Golfe  de  Canada.  Le  fleuve  de  Saint^  Laurent 
eft  une  des  plus  grandes  rivières  de  l'Amérique.  Il 
prend  fa  fource  dans  le  Lac  des  Hurons ,  traverfe 
ceux  d'Erie  ,  d'Ontario  &  de  Saint  Pierre  >  &  va  fe 
décharger  dans  le  grand  Golfe  de  Saint  Laurent,  à 
rilc  d'Anricofti,  après,  avoir  reçu  pluiîeurs  rivières, 
dont  les  principales  font  celles  de  Saint  François  ,  des 
Prairies ,  des  Monts  ,  des  trois  rivières  de  Saguenay  & 
de  Sainte  Marguerif'  ,  qui  s'y  déchargent  du  côté 
du  nord  -,  &  celles  des  Iroquois  &  de  Champlain 
qui  s'y  rendent  du  côté  du  midi.  On  donne  au  fleuve 
de  Saint  Laurent  huit  cens  lieues  de  cours.  Il  en  a 
trente  de  large  à  fon  embouchure  ;  &  à  peu  près  deux 
cens  bralles  de  profondeur.  Les  vailTeaux  de  guerre 
remontent  ceite  Civière  jufqu'à  Tadoullac  ,  Se    les 


448 


L  AU 


Vriilleaux  marchands  jufqu'àÇi-.cbcc.  Mais  aii-dclfus 
as  cette  ville  on  trouve  divers  laucs  ,  ou  chutes  li^c 
cataractes  ,  qui  en  rendent  la  navigation  impoiiible. 
Les  principales  de  ces  cataractes  (ont  le  laut  de  Saint 
Louis  j  &  le  làut  Long  ,  que  l'on  trouve  entre  l'Ile 
de  Montréal ,  &  le  Lac  Ontario  ;  &  le  fatit  de  Niaga- 
ra ,  qui  eit  entre  ce  Lac  Se  celui  d'Erie.  Cette  chute 
eft  la  plus  grande  que  l'on  connoillc  ;  elle  elt  for- 
mée par  une  petite  Ile  ,  ou  rocher  ,  qui  elt  au  milieu 
du  cours  de  la  rivière,  &  qui  la  lépare  en  deux  bran- 
ches, qui  fe  précipitent  à  plomb;  1  une  du  côté  du 
nord.  Se  l'autre  de  celui  du  lud  ,  dans  un  même 
abyme ,  quieftà  plus  de  cent  toifes  ou  lix  cens  pies 
au  delTûus  de  l'endroit  d'où  elles  tombent.  On  allure 
que  quand  le  vent  louifle  du  côté  du  fud  on  entend  le 
bruit  de  cette  chute  à  plus  de  quinze  lieues. 

Le  Gollé  de  Saint  Launnc ,  ou  de  Canada  ,  Sinus 
Sancli  Laurenm  ,  ou  Canaicnjîs.  C'ell:  la  partie  de 
la  mer  de  Canada  qui  eft  renf-crmée  entre  l'île  de 
Terre-Neuve;  celle  du  Cap  Breton  ,  Se  les  côtes  de  la 
Nouvelle  France,  &  il  cit  formé  par  la  rivière  de 
Saint  Laurent  qui  s'y  décharge. 

Saint  Laurent  des  Eaux.  Nom  d'un  bourg  de  France 
Faniiin  Sancli  Laurcndï  de  Arcolis.  Il  eft  dans 
rOiléanois  près  du  Blailois  ,  &  du  côté  gauche  de 
la  Loire  ,  environ  à  deux  lieues  au  delfous  de  Beau- 
gcncy.  Maty. 

Saint  Laurent  en  Lions.  Prieuré  de  Chanoines  Ré- 
guliers de  la  Rélorme  de  Friardel  ,  fondé  vers  le 
milieu  du  douzième  hècle  dans  la  lorct  de  Lions  , 
au  Vexin.  Voye\  la  Dcfcription  Géographique  & 
HiJIoriqus   de  la  Haute- Normandie  ,  T.  II.  p.  j22. 

Saint  Laurent  iî'Oulx.  Chanoine  Régulier  de  la 
Congrégation  de  Saint  Laurent  d'Oulx.  Le  Mo- 
naftère  de  Saint  Laurent ,  litué  proche  d'Oulx  ,  bourg 
du  Dauphiné  dans  le  Briançonnois ,  &  du  Diocèle 
de  Turin ,  a  donné  le  nom  a  cette  Congrégation.  On 
prétend  qu'il  étoic  fondé  avant  Saint  Benoîr.  Les 
Vandales  le  détruisirent  après  leur  retraite  ;  il  de- 
meura inhabité  julqu'au  milieu  de  l'onzième  iiècle, 
qu'un  Saint  homme  nommé  Gérard  Charbrerius  , 
s'y  retira,  &  bâtit  en  1050  une  petite  cellule  proche 
de  l'Eglile,  qui  fubriftoit  encore.  En  10J7,  Odon  , 
Comte  de  Savoie ,  donna  cette  Eglite  à  Gérard  &  à 
les  Chanoines.  La  Chartre  s'en  conlerve  encore  dans 
les  Archives  de  Turin.  Cunibert,  Evêque  de  Turin, 
-confirma  cette  donation  en  1065,  &  donna  encore 
1  ces  Chanoines  plus  de  quarante  autres  Eglifes ,  & 
principalement  celle  de  Sainte  Marie  de  Suze.  Ainii 
ie  forma  cette  Congrégation  à  laquelle  les  Comtes 
de  Savoie  &  les  Papes  Alexandre  II  &  III,  Urbain 
II,  Eugène  III,  Adrien  IV,  LuciusIII,  ont  accordé 
beaucoup  d'autres  grâces.  Elle  avoir  environ  trente 
Prieurés  ,  dont  quelques-uns  font  polfédés  mainte- 
nant par  les  Chanoines  de  laint  Sauveur  de  Latran. 
Le  Chef,  qui  efl:  le  Prieur  de  S.  Laurent  d'Oulx , 
porte  le  titre  de  Prévôt,  &  exerce  une  jurifditlion 
fpirituelle  dans  toute  l'étendue  de  f^Prevôté.  L'habit 
de  ces  Chanoines  ne  di'icre  de  celui  des  Eccléliafti- 
ques,  que  par  un  petit  Icapulaire  de  lin  de  la  largeur 
de  deux  doigts  ,  qu'ils  mettent  fur  la  foutane.  Au 
chœur  ils  portent  pendant  l'été  un  furplis ,  Se  l'hiver 
un  rochet  avec  un  camail  noir  par  dellus.  P.  Héhot , 
/'.  //,  c.  10. 

LAURENTALES.  f  (.  pi.  Terme  d'Hiftoirc  Se  de 
Mythologie.  Laurentalia.  C'étoit  chez  les  Romains 
une  fèce  qui  fe  célébroit  le  aixième  jour  devant  les 
Calendes  de  Janvier  ,   qui  eft  le  vingt-u-oifième  de 

^  Décembre  ,  en  l'honneur  d'Acca  Laurentia  ,  fem- 
me de  Fauftulus,  ce  Berger  qui  trouva  Rémus  & 
Romulus  ,  &  les  donna  à  élever  à  fa  femme.  Voycv 
Larentikales.  • 

Ce  nom  de  Laurcntales\ïzni  du  Latin  Laurenta- 
lia ,  qui  eft  formé  de  Laurentia. 

LAURENTE.  Nom  d'une  ville  du  Latium.  Lauren 
tium.  Elle  étoit  fur  la  côte  de  la  mer  j  elle  avoir 
tiré  fon  nom  du  grand  nombre  de  lauriers  plantés 
en  ces  quartiers-là.  Tillemont    Emp.  T.  II p.  ^i S . 

Laurente.  f.   m.  &  f.  Nom  de  'peuple.   Laurcns.  Les 


LAU 

Laurentes  étoient  les  habitans  de  l'ancien  Lauren- 
tum  j  aujourd  liui  San-Lorenzo.  Les  Laurentes  croient 
du   Latium. 

Dans  une  loi  de  Théodofe  datée  de  Milan ,  l'an 
385  de  J.  C.  il  elt  parlé  d'une  Compagnie  de  Lau- 
rentes ^  qui  ,  ce  fcmble,  devoir  être  en   Italie. 

SAN-LAbKENZO,  ou  S.  LAURENT.  Nom  dune 
ville  de  l'Illrie.  Fanum  S.  Laurentii.  Elle  eft  luuée 
près  de  la  fource  de  la  rivière  de  Lémo  ,  ci-itre  la 
ville  de  Rovigo  ,  Se  celle  de  Montana.  .S'.  Lau- 
ren^o  appartient  aux  Vénitiens  ,  auxquels  elle  s'eft 
donnée  volontairement.    Maty. 

San-Laurenzo  ,  eft  aulîi  une  ville  de  l'État  de  l'É- 
glile.  Fanum  S.  Laurentii.  Elle  eft  fur  la  côte  de  la 
campagne  de  Rome  ,  entre  le  cap  Antio ,  Se  l'embou- 
chure du  Tibre.  San  Lauren^o  eft  ,  à  ce  que  l'on 
croir ,  le  lieu  où  étoit  l'ancienne  Laurentum  ,  petite 
ville  du  Latium. 

LAURÉOLE.  f  f.  Efpècc  de  Garou,  ou  de  Thymé- 
Ixa ,  laquelle  on  diftingue  en  mâle  &  en  femelle. 
Laureola  Chamxdaphne.  La  laureole  mâle  a  une 
tige  quelquefois  lîmple  ,  quelquefois  divilée  en  plu- 
lleiu's  rameaux  flexibles  Se  diUi-iles  à  rompre  ,  cou- 
verts d'une  écorce  cendrée  ,  ou  blanchâtre  ,  por- 
rant  en  haut  un  grand  nombre  de  feuilles  oblongues, 
larges  ,  charnues  ,  lillès ,  noirâtres ,  luifantes ,  lem- 
blables  à  celles  du  laurier  ,  ramalfées  par  touftes , 
&  demeurant  toujours  vertes.  Ses  fleurs  font  peti- 
tes y  de  couleur  verte-jauùâtre  ,  difpofees  comme 
en  bouquet  aux  iommités  des  branches  :  chacune 
d'elles  eft  un  petit  tuyau  évafé  en  haut  ,  &  coupé 
en  quatre  parties  pointues ,  oppofées  en  croix.  Quand 
cette  Heur  eft  palVée ,  il  lui  luccède  un  baie  grolfe 
comme  celle  du  genièvre  ,  de  figure  ovale  ,  au  com- 
mencement verte  ,  mais  noire  quand  clic  eft  mure: 
elle  renferme  une  lemence  oblongue  ,  dure ,  rem- 
plie d'une  moelle  blanche.  Sa  rasine  eft  longue, 
groHe  ,  hgncufe ,  pliante.  Toute  cette  plante  a  une 
il  grande  acrimonie,  qu'elle  brûle  la  bouche  quané 
on  en  met  dedans.  M.  Tournefort  l'appelle  Thy- 
meUa  lauri  folio  femper  virens  ,  Jive  laureola  mas, 
Inft.  R.  herb.  695. 

La  laureole  femelle  que  les  Jardiniers  appellent 
Bois  gentil ,  ou  Mézéréon  ,  eft  un  petit  arbrilleau 
qui  croit  jufqu'à  la  hauteur  de  quatre  pieds.  Ses 
feuilles  approchent  en  figure  de  celles' de  la  précé- 
dente ;  mais  elles  lant  plus  molles  ,  de  couleur  plus 
pâle ,  Se  non  luifantes  :  elles  tombent  au  commen- 
cement de  l'hiver.  Ses  fleurs  font  aullî  femblables  • 
à  celles  de  la  laureole  mâle  ,  mais  de  couleur  rouge- 
pâle  ,  tirant  fur  le  purpurin.  Il  leur  luccède  des 
baies  rouges  ,  qui  en  féchant  deviennent  noires. 
Toute  cette  plante  a  ,  de  même  que  l'autre, 
un  goijt  fort  acre  Se  fort  brûlant.  M.  Tourne- 
fort  l'appelle  ThymeUa  lauri  folio  deciduo  ,  Jive 
laureola  jœmina.  Inlt.  R.  herb.  59 j.  Les  feuilles, 
les  fxuits  &  les  écorces  de  ces  deux  efpèces  de  lau- 
reole ,  purgent  violemment.  Il  y  a  des  Empyri- 
ques  qui  s'en  fervent  pour  vider  les  eaux  des  hydro- 
piques * 

Laureole  vient  de  laurus  ,  laurier ,  comme  qni 
diroit,  petit  l.iurier  ,  parce  que  les  feuilles  Se  les 
baies  de  ces  plantes  reilemblent  à  celles  du  laurier. 

Laureole  ,  fe  dit  aulH  dans  le  figuré,  la  laureole 
des  Martyrs.  Laureola. 

Laureole,  ou  Auréole.  Terme  dont  l'Eglitc  le  ferc 
pour  marcjucr  la  récompenfe  de  trois  fortes  d'états, 
des  Vierges  ,  des  Doébeurs  &  des  Martyrs.  La 
laureole  de  la  Virginité,  du  Martyre.  Vil. 

LAURESTAN.  Province  du  Royaume  de  Perfe;  elle 
eft  bornée  à  l'orient  par  la  Seigneurie  de  Goulpa- 
kan  ,  au  midi  par  la  Suhane  ,  à  l'occider.t  parle 
Tigre  ,  au  nord  par  la  Médie  inférieure.  M.  Sanlon 
dit  que  le  Laurejian  eft  le  pays  des  Elamitcs  ,  ou 
rcgnoit  Chodcrlahomor. 

LAURET.  f.  m.  Nom  d'une  Monnoie  d'Angleterre, 
qui  fut  battue  fous  le  règne  de  Jacques  I ,  l'an  1 61 9. 
&   appelée    Lauret  ,  parce    que  la  rete  du  Roi  y 


étoit  reprélcntée ,  couronnée  de  laurier.  Laureatus 


II 


L  A  U     ^ 

l!  y  en  avoir  de  trois  prix  :  les  uns  à  io  lous ,  qui 
poitoit-'m  la  marque  XX.  d'autres  à  lo  louSj  mar- 
qués X.  &  les  derniers  à  j  fous,  marques  V.  Mar- 
ris ,  T.  H. 

I.AURETTE.  Foyei  Lorette. 

LAURIA.  Lauria.  C'étoic  inticnncment  une  petite 
ville  de  la  Lutanie  ,  en  Italie  ,  nommée  Ulci.  Ce 
n'cll  maintenant  qu'un' petit  bourg  de  la  Bahlicate  , 
J'rovince  du  Royaume  de  Naples.  Il  cil:  vers  le 
golfe  de  Poliealîro  ,  à  lix  lieues  de  la  ville  de  ce 
nom  ,  vers   le   levant.  Maty. 

LAURIAC.  Foyei  Loire. 

LAURIER,  f.  m.    Arbre  dont  la  tige  cd  unie  .Se  fans 

-  nœuds.  Laurus  ,  daphne.  Ses  feuilles  lont  longues 
comme  la  main  ,  larges  de  deux  ou  trois  doigts,  poin- 
tues ,  dures  ,  toujours  vertes  ,  ncrveules  ,  polies  , 
d'un  goût  acre  ,  aromatique ,  Se  un  peu  amer.  Ses 
Heurs  n'ont  qu'un  pétale  découpe  en  quatre  ou  cinq 
parties  ,  de  couleur  blanche  ,  ou  jaunâtre.  Il  leur 
fuccède  des  baies  grolFes  comme  de  petites  cerifes , 
oblongues ,  vertes  au  commencement  ;  mais  prenant 
une  couleur  noire  en  muriilant.  On  trouve  lous 
leur  peau  une  coque  allez  dure ,  Se  qui  renferme 
dans  fon  creux  une  femence  oblongue.  Ces  baies 
font  odorantes  ,  aromatiques ,  huileules  ,  anicres 
au  goilt.  On  en  tire  une  huile  ,  qu'on  appelle 
huile  laurln.  Ses  racines  font  grollcs  &:  inégales.  En 
Latin  Laurus  vulgcris.  C.  Bauh.  Les  feuilles  &  les 
baies  de  laurier  lont  incilîves  ,  atténuantes  ,  propres 
pour  réioudre  ,  pour  challer  les  vents  ,  pour  lor- 
tifîer  les  nerfs  &  le  cerveau.  Les  ramiers  ,  les  mer- 
les ,  les  corbeaux  ,  &  autres  oileaux ,  fe  purgent 
avec  les  baies  de  laurier  ,  ôc  en  ulent  comme  de 
contrepoifon.  Les  Anciens  ont  mis  au  rang  des 
prodiges  un  laurier  frappé  de  la  foudre.  Voye^  dans 
Ovide  la  Métamorphole  de  Daphné  en  laurier.  Le 
laurier  étoit  un  arbre  conlacré  à  Apollon  ,  Se  le 
fymbole  de  la  Icience.  Le  laurier  étoit  aulîî  conla- 
cré à  Cérès.  La  couronne  de  laurier  le  donnoit 
aux  "Vainqueurs.  Voye\  Voiluis  ,  de  Idolol.  L.  II , 
c.  12.  Sur  les  médailles,  les  Augultcs  lont  cou- 
ronnés de  lauriers. 

Sur  les  médailles ,  une  branche  de  laurier  à  la  main 
d'un  Empereur  ,  fait  voir  les  victoires  ,  les  conquê- 
tes &  fon  triomphe.  P.  Jobert.  On  voie  lur  les 
monnoies  d'Athènes  ,  une  petite  branche  de  laurier 
à  côté  de  la  chouette. 
Laurier  Alexandrin.  C'eft  une  efpèce  de  houx  fre- 
lon qui  poulie  plulleurs  tiges  à  la  hauteur  de  deux 
pieds  ,  portant  des  kuilles  oblongues  ,  allez  épaifles, 
nerveules  ,  pliantes ,  pointues ,  d  une  belle  couleur 
verte  j  femblables  à  celles  du  laurier  ,  mais  plus 
petites.  Carpophyllùn  rujcus.  Il  lort  du  milieu  de  ces 
feuilles ,  un  autre  petite  feuille  de  la  même  figure 
en  manière  de  languette.  Ses  fleurs  lont  très  petites , 
formées  comme  en  grelots ,  attachées  par  de  petits 
pédicules  qui  fortent  de  delfous  les  languettes  des 
feuilles.  Il  leur  fuccède  des  baies  grolles  comme  des 
pois  chiches  ,  un  peu  molles  ,  qui  rougillent  en 
muriirant  :  elles  renlerment  chacune  une  ou  deux 
femences  dures  comme  de  la  corne.  On  appelle 
cette  plante  Laurus  Alexandrina  ,  parce  que  la  fi- 
gure de  fes  feuilles  approche  de  celles  du  laurier. 
Se  qu'on  en  trouvoit  artrcfois  beaucoup  à  Alexan  ' 
drie.  On  l'appelle  aulli  Hypoglojjum  ,  ou  Dljllngua. 
Ce  dernier  nom  lui  a  été  donné  ,  parce  que  les 
feuilles  font  doubles  ,  ayant  la  figure  de  deux  lan- 
gues jointes  enfemble.  M.  Tournefort  la  nomme 
Rufcus  angujiifollus  ,  frucîu  ,  folio  Innafcente  ,  Injl. 
R.  herb.  ^ q.  Il  y  a  quelques  autres  clpèccs  de  lau- 
rier Alexandrin. 

Laurier  d'Amérique.    Voye\  Laurier  d'Inde. 

Laurier  AROMATiq.uE.  C'eft  un  arbre  des  îles  de 
l'Amérique  qu'on  appelle  autrement  Bois -dinde. 
Laurus  aromatica.  C'eft  une  elpèce  de  laurier  qui  croit 
pourtant  exceffivement  gros  quand  il  cft  en  bonne 
terre  ,  &  en  des  lieu-<  humides  :  il  a  l'écorce  jau 
nâtrcj  &  fi  polie  ,  qu'il  fcmbleque  ce  foit  le  bois 
dépouillé  de  fon  écorce.  Elle  cft  mince ,  fort  aftrin- 
Tome  K, 


L  A  U         449 

gcntc  au  goût ,  &:  féche  ;  les  feuilles  loni  prcjfquc 
Icmblablcs  à  celles  du  laurier  ,  mais  un  peu  plus 
fouplcs  &  plus  rondes  ■■,  elles  fentcnt  le  clou  de 
girolle,  (Si  ont  un  goût  de  cannelle  piquant  ,  aftrin- 
gent ,  Se  qui  lailfe  dans  la  bouche  une  petite  amertume 
qui.n'cft  pas  délagréablc.  Les  habitans  de  nos  Iles, 
&  même  les  Sauvages,  en  ufcnt  dans  toutes  lems 
lauces.  Ce  bois  eft  le  plus  dur,  le  plus  plein  j  le 
plus  malîîf ,  Se  le  plus  pelant  de  to'js  les  bois  du 
pays.  Il  coule  à  fond  comme  du  plomb.  L'aubier 
eft  de  couleur  de  chair  ,  Se  le  cccur  de  l'arbre  eft 
tout  violet  j  &  fe  polit  comme  du  marbre  en  le 
travaillant.  Il  ne  fe  pourrit  jamais.  La  décoétion  de 
fes  feuilles  cft  fort  nerv.-.le  ,  loulage  beaucoup  les 
paralytiques  ,  Se  feit  délcnHer  les  hydropiques.  P. 
Du  Tertre,  ///,  P.  l'r.  II ,  c.  /  j  §.  ly.  Vov. 
encore  CampÉche. 
Laurier-Cerise  ,  cft  un  petit  arbre  fort  agréable  à 
la  vue  ,  dont  la  feuille  eft  lemblable  à  celle  du 
lauriiir ,  ou  du  citronnier,  dentelée  aux  bords,  douce 
au  toucher  ,  de  couleur  verte  ,  luifante  ,  d'un  goût 
aftringent ,  un  peu  amer.  Lauro  cerajus.  Sa  fleur  eft 
à  cinq  pétales  blancs,  fms  odeur  ^  difpolés  en  ro- 
fe.  Lorlqu'ellc  eft  pallée  ,  il  fe  forme  un  fruit 
charnu  ,  lemblable  à  une  cerife  ,  de  couleur  rou- 
ge ,  dans  lequel  on  trouve  une  coque  prcfque  ova- 
le ,  mince  ,  fragile  ,  remplie  d'une  femence  oblon- 
gue ,  amère.  Ce'  fruit  a  un  goût  doux.  CluL  Rift.  4. 
Le  laurier-cerlfe  eft  ainli  appelé  parce  qu'il  a  les 
feuilles  leniblablcs  à  celles  du  laurier  ,  Se  les  fruirs 
approchans  de  ceux  du  cerilier.  Une  feuille  bouil- 
lie dans  du  lait  lui  donne  le  goût  d'amande  ;  mais 
il  donne  la  colique.  La  feuille  en  poudre  fait  éter- 
nuer.  L'eau  diftillée  du  laurier  cenfe  eft  peut-être 
le  plus  dangereux  de  tous  les  poifons.  Cette  eau 
a  d'abord  la  couleur  laiccufe  ,  mais  quand  l'huila 
qui  s'élève  dans  le  récipient  pendant  la  diftillation, 
a  été  luliilamment  léparée  du  flegme  Se  palfée  par 
la  chaufle  ,  elle  devient  aulli  claire  que  l'eau  com- 
mune. Elle  a  l'odeur  d'amande  amère  ,  ou  de  noyau 
de  pêche.  Depuis  long  temps  on  l'emploie  beau- 
coup (  en  Angleterre  )  dans  les  cuifines ,  pour  don- 
ner ce  goût  gracieux  aux  crèmes  Se  aux  poudinsj 
&  les  gens  qui  boivent  de  l'eau-de  vie  ont  cou- 
tume de  mettre  dans  un  petit  verre  une  partie 
d'eau  de  laurier  fur  quatre  d'eau  dévie.  Quoique 
cet  ulage  fût  très  fréquent ,  on  n'en  avoit  point  vu 
de  mauvais  eflets  julqu'en  l'année  1718  ,  qu'on 
en  découvrit  par  halard ,  &  que  l'on  fit  enluite  beau- 
coup d'expériences  qui  les  confirmèrent  tous ,  comme 
on  le  peut  voir  dans  les  Tranladlions  Philolophiques 
i-j^i  ,  p.  121  &  fuiv. 
Laurier-Chêne,  f.  m.  Phellodrys.  Plante  qui  croit  en 
Dalmatie ,  &  fuivant  quelques-uns  eu  Grèce.  /^oyd:j 
le  Dlcllonnalre  de-iAWES. 
Laurier  d'Inde,  qu'on  appelle  audl  Laurier  d'Améri- 
que. Il  a  les  feuilles  lemblables  au  citronnier  ,  <!^ 
donne  des  fleurs  blanches  qui  le  ramailent  en  grappe. 
Il  veut  du  foleil  médiocrement  ,  une  bonne  terre 
gralfe  Se  humide  i  il  veut  être  louvent  arroié  ;  on  le 
taille  au  mois  de  Mars ,  &  on  n'ôte  que  ce  qui  eft  fec. 

MORIN. 

Laurier-Rose,  eft  un  arbrilleau  qui  eft  fort  agréable  à 
la  vue.  Se  qu'on  cultive  dans  les  jardins.  Ses  feuilles 
font  aigucs,  longues,  larges  d'environ  un  pouce,  roi* 
des ,  dures ,  épailFes.  Ses  rieurs  lont  fort  belles,  gran- 
des ,  femblables  à  des  rofes  de  couleur  rouge  ou  blan- 
che :  chaque  fleur  eft  un  tuyau  évafé  par  le  haut^  en 
manière  de  calice  divifé  en  cinq  quartiers.  Lorlque 
ces  rieurs  font  palfées  ,  il  leur  luccéde  des  filiques 
prelque  cylindriques ,  contenant  des  femences  gar- 
nies d'aigrettes.  Cette  plante  eft  un  poilon  violent  à 
l'homme  &  à  toutes  fortes  d'animaux  qui  en  man- 
gent. C.  Bauhin  l'appelle  Nerlum  florlbus  rubefcend- 
bus,  &  Nerlum  florlbus  albls.  Inft.  R.  herb.  60;.  Ses 
feuilles  font  un  puilfanc  fternutatoire. 

Laurier-Thym.  F'oye^  l'article  fuivant. 

LaurIer-Tin.  f.  m.  ou  Laurier  fiuvage.  Tlnus.  Arbrif- 
fcau.  Il  y  a  trois  elpèces  de  Lauriers-lins.  La  première 


450  L  A  U 

elt  *de  Lv  gsraiideur  Ju  Cornouiller  femelle ,  çoulT^int 
plulieurs  veigcs  ,  lontjues  ,  carrées,  rameules.  Ses 
feuilles  font  grandes,  larges,  preique  feir.blablcs  à 
celles  du  Cormier  femelle ,  approchant  de  celles  du 
Laurier,  rangées  deux  à  deux  à  l'opotîte  l'une  de  l'au- 
,  tre,  le  long  des  branches,  noirâtres,  luilantcs,  un 
peu  velues ,  toujours  vertes ,  fans  odeur  ,  d'un  goût 
amer  ,  avec  un  peu  d'ailriition.  Ses  Heurs  naillent  au 
fbmmet  des  rameaux,  en  bouquets,  blanches,  odo- 
rantes. Chacune  d'elle  eft  un  balfin  découpé  en  cinq 
parties  5  il  leur  fiicccde  un  huit  formé  par  le  calice  des 
rieurs,  qui  approche  un  peu  de  la  hguie  dune  olive  , 
mais  plus  petit  &  plus  pointu  par  le  bout  d'en-haut, 
où  il  elf  garni  d'une  cfpèce  de  couronne.  Sa  peau  eif 
un  peu  charnue  &  d'une  belle  couleur  bleue.  Il  ren 
ferme  une  femence  couverte  d'une  peau  cartilagi- 
neufe.  Cet  arbrilléau  croît  dans  les  haies  &  dans  les 
lieux  rudes  &  pierreux. 

La  leconde  efpèce  diffère  de  la  première  ,  en  ce 
qu'elle  eft  plus  rameufe,  que  les  branches  tout  plus 
fermes  &  couvertes  d'une  écorce  rouge  verdârre ,  que 
fes  feuilles  font  plus  longues  j  plus  étroites  &  plus 
veineufes  ,  que  la  fleur  tire  un  peu  iur  le  purpurin ,  &: 
qu'elle  eft  moins  odorante;  le  fruit  en  eft  aufn  plus 
petit  &  plus  brun.  Cette  efpèce  croît  dans  les  lieux 
incultes  &  maritimes. 

La  troilîème  efpèce  eft  la  plus  curieufe  de  toutes , 
aulll  la  cultive-t-on  dans  les  jardins  pour  la  beauté , 
mais  fa  fleur  eft  là  moins  odorante.  Cet  arbnlîeau , 
de  la  troifîème  efpèce ,  eft  plus  petit  en  toutes  fes  par- 
ties que  les  deux  autres  :  il  fleurit  deux  lois  l'année, 
au  Printems  &  en  Automne.  Son  fruit  eft  d'un  bleu 
noirâtre,  du  refte  il  reifemble  aux  autres.  Les  fruits, 
&  principalement  ceux  de  la  troilîème  efpèce ,  lont 
fort  acres  &  brûlans.  Ils  purgent  par  en-bas  avec 
beaucoup  de  violence.  |Cr  Chez  les  Anciens  j  le 
Laurier  étoit  confacré  à  Apollon.  On  donnoit  une 
couronne  de  laurier  aux  Capitaines  qui  avoient  rem- 
porté la  victoire  ,  &  aux  Poètes  qui  avoient  mérité  le 
prix.  Delà ,  pluljeurs  acceptions  figurées ,  dans  lel- 
quelles  ce  mot  a  été  employé. 

Balzac  a  blâmé  cette  expreflion  figurée,  aller  plan- 
ter des /iîaritw  jufques  lur  les  rives  de  l'Euphrare.  M. 
Ménage  trouve  Balzac  trop  févère.  Le  Prince  a  moif- 
lonné  des  lauriers  ;  il  eft"  revenu  chargé  de  lauriers , 
pour  dire  remporter  des  viéfoires.  Mêle  à  tes  lauriers 
des  guirlandes  de  fleurs.  Sar.  Nous  avons  cueilli  des 
lauriers  par  tout  où  nous- avons  porté  la  guerre.  Flec. 
La  gloire  veut  que  les  amans  foufirent  pour  elle ,  &c 
fait  acheter  bien  chèrement  fes  lauriers.  Voi.  Alexan- 
dre ne  ravagea  la  terre  que  pour  couronner  fon  front 
de  lauriers :,  Se  l'honorer  de  ces  feuilles  inh'uétueules. 
M.  Esp. 
^3"  On  dit  auflî  flétrir  fes  lauriers ,  déshonorer  fa  vic- 
toire. 

Irlais  quelque  vains  lauriers  que  prcmerce  la  guerre  j 
On  peut  être  Héros  fans  ravager  la  t:rre.   Bcil. 

Aux  plus  javans  Auteurs  ■,  comme  aux  plus  grands 

Guerriers , 
Apollon  ne  promet  qu'un  nom  &  des  lauriers.  Boil. 

Mainard  qui  fit  des  vers  fi  bons  , 
Eut  du  laurier  pour  lécompcnfe.   Scar. 

-     Un  jeune  laurier  qui  ci'oît  à  l'ombre  du  grand  lau- 
rier qui  Ta  pouflé ,  &  ce  mot , 

Parvafub  ingenti  matris  fe  fuhjicit  umhrâ  , 

marque  une  jeune  Princelfe  fous  la  conduite  d'une 
mère  vertueufe. 
LAURIOL,  ou  L'AURIOL.  Nom  d'une  petite  ville  de 
France.  Laureolum ,  ou  Aureolum.  Elle  eft  dans  le 
Dauphiné  ,  près  de  la  rivière  de  Drome ,  à  quatre 
lie  ues  au-dclîous  du  Creft ,  &  à  une  du  Rhône.  Quel 
ques  Géographes  prennent  ce  lieu  pour  l'ancienne 
Baiiana,  petite  ville  des  Ségalaunes.  ÂIaty. 


L  A  U 

LAURISHAM ,  ou  LORSCH.  Bourg  du  Cercle  Elec- 
toral du  Rhin.  Lauriskamum.  Il  eft  dans  l'Evêché  de 
Wormes ,  à  trois  lieues  de  la  ville  de  ce  nom,  du 
côté  du  levant,  lur  une  petite  île,  formée  par  La  ri- 
vière de  Welchnitz.  Il  y  a  dans  ce  lieu  un  monaftèic 
célèbre,  où  Talîilon  ,  Duc  de  Bavière  ,  &c  fon  fais 
Théodon ,  Louis  II'  &  Louis  IIP ,  Rois  de  Germa- 
nie,  ont  été  inhumés.  Maty. 

LAURO,  ou  LAURON.  Ancienne  ville  de  i'Efpagne 
Tarragonoiie  ;  c'eft  où  les  troupes  de  Jules  Céfar  dé- 
firent celles  de  Sextus  Pompée  qui  y  périt. 

LAUSANNE.  Ville  de  la  Suiiié.  Laufonium  ,  Laufanr.a. 
Elle  eft  dans  le  pays  de  Vaud ,  à  demi-licue  du  bord. 
feptentrional  du  Lac  de  Genève,  à  douze  lieues  de  la 
ville  de  ce  nom ,  &  à  dix  de  celle  de  Fribourg.  Cette 
ville  eft  aflez  grande,  mais  incommode  ,  parce  qu  c- 
tant  bâtie  fur  les  deux  bords  d'un  vallon  tort  étroit, 
&c  fort  profond ,  elle  n'a  aucune  rue  où  il  ne  faille 
monter  &  defcendre.  Son  Egliie  cathédrale  ,  litucc 
au  plus  haut  de  la  ville  ,  eft  grande  &  magnihque. 
Laufannc  étoit  autrefois  une  ville  Impériale  ,  mainte- 
nant elle  eft  fujette  aux  Bernois,  qui  y  tiennent  un 
Bailli.  Elle  avoir  auflî  un  Evéché  fuffragant  de  Bcfaa-. 
çon;  mais  étant  depuis  long  tems  toute  Proteftante, 
Ibn  Evêque  fait  fa  rélidence  à  Fribourg.  Maty. 
Hadr.  Valois,  Not.  Gall.p.  26s.  long.  24.  d.  20', 
lat.  46.  d.  50'. 

1)3°  Le  lac  de  Genève  eft  quelquefois  appelé  lac  de  Lau- 
fanne ,  lacus  Laufonius ,  Laufinius ,  Lofanenfs ,  lacus 
Lofannit. 

Laufanne  a  pris  fon  nom  ,  félon  Stumpf  us ,  de 
deux  petites  rivières  qui  y  paflént,  dont  l'une  le  nom- 
me Lofe  j  &z  l'autre  Aune.  Quelques  Auteurs  préten- 
dent que  Laufanne  a  été  fondée  vers  l'an  27^0 ,  par 
un  certain  Arpentin  ,  compagnon  d'Hercule,  dont 
elle  prit  le  nom  àArpcntina. 

LAUSE,  &  LAUZE.  f.  f.  Ce  mot,  dans  quelques  pro- 
vinces méridionales  de  la' France  ,  s'eft  dit  pour  lods  , 
&  en  généi-al  pour  un  droit,  une  redevance,  une 
fomme  qu'on  reçoit  de  quelqu'un.  M.  de  Lauriere  dit 
qu'il  (ignihe  cens. 

liCTLAUSERTE.  Petite  ville  de  France  _,  aux  frontières 
du  Querci ,  à  lîx  lieues  de  Cahors. 

LAUSIAQUE.  adj.  m.  &  f  Qui  appartient  aux  Laures. 
Lau/ïacus ,  a ,  um.  Ce  mot  ne  fe  dit  que  d'une  Hil- 
toirc  des  anciens  Pères  ou  Moines  qui  vivoient  dans 
des  Laures  J  &  qu'on  appelle  l'Hiftoire  Laufiaque  ^ 
adrelfée  à  Laulus ,  Maître  de  la  Chaiv.bre  (acrée  de 
l'Empereur  Théodoie  le  jeune.  C'eft  un  ouvrage  de 
Palladius ,  Evèque  d'Hélénopolis ,  qui  vivoit  lur  la  J 
du  quatrième  ^  &c  au  commencement  du  cinquièiri 
liècle.  Cet  ouvrage  fut  traduit  en  Latin  par  Ruhn.  L| 
P.  Fronton  du  Duc  l'a  donné  en  Grec  dans  fon  Au 
tarium ,  &  Coutelier  en  a  imprimé  des  Suppléracii! 
&  des  Additions  dans  fes  Monum.  Eccl.  Gr.  T.  II. 

LAUSTON  ,  &  LANCESTON.  Nom  d'un  bourg 
d'Angleterre.  Lauftonia ,  Lanfîephadonia. ,  Fanum  S^ 
Stephani.  U  eft  dans  le  Comté  de  Coniouaiiles,  fd 
l.i  rivière  de  Tamer  ,  &  les  confins  du  Comté  dl 
Devon,  à  fix  lieues  au-delfus  de  Plimouth.  Laufioni. 
féance  &c  voix  dans  le  Parlement  d'Angleterre 
Matv. 

LAUTER.  Nom  d'une  petite  rivière  du  Palatinat  diî 
Rhin.  Lutra.  Elle  baigne  Caieloutre ,  Lautereclc , 
Meifenheim;  &  ayant  recule  Glan,  elle  fe  décharge 
dans  le  Nahe  ,  à  deux  ou  trois  lieues  au-delfus  de 
Creufznach.  Maty. 

LAUTERBOURG.  Nom  d'un  bourg  avec  un  château. 
Luiraburgum ,  Lutrd  Caflrum.  Il  eft  dans  la  Prévôté 
de  Weiflènbourg  en  Allace ,  aux  confip.s  du  Palarin.at, 
t<i.'  à  l'embouchure  du  Lauter  dans  le  Rhin.  Maty. 

LAUTERECK.  Petite  ville  du  Palatinat  du  Rhin.  Lutra. 
Elle  eft  ^tuée  fur  le  Lauter  j  au  confluent  du  Glan ,  & 
à  lept  lieues  au  deflous  de  Cafcloutre.  Cette  ville , 
avec  Ion  territoire ,  eft  une  dépendance  du  Comté  de 
Ve'ldents.  Maty.  Voyc^CdiZi^l ,  Hifl.  de  Languedoc ^ 
L.  II .  p.  3)0. 

LAUTREC.  Petite  ville  avec  titre  de  Vicomte.  Lautri- 
cum,  Lauterrecana,  Lautrecum^  Luceljlenia,  Vclden-, 


L  A  \y 


lia.  Elle  cft  clans  le  Languedoc ,  Province  de  France , 
à  deux  lieues  de  Callres  j  du  côté  du  nord-  Maty. 
LAWENBOUUG.  Ville  du  Cercle  de  la  balle  Saxe.  La- 
W<:nl/ur^um,  Leomburgum.  Elle  cfl:  capitale  du  Duclic 
de  Lawenbourg,  &  ijtuée  (ur  l'Elbe,  à  douze  licuc.v 
au  dell'us  d J  Hambourg.  Lavjciibourg  n'ell  pas  grand , 
mais  il  d\  bien  peuplé  &  dorcndu  par  un  bon  châ- 
teau; lequel  avec  celui  d'Ercenberg,  qui  cil  de  l'autre 
côté  de  l'Elbe,  fûic  un  pallagc  important  lur  ce  Hcuve. 
Maty. 

Le  Duché  de  Lawenbourg ^  Laweriburgerijls  Duca 
tus.  C'elt  un  petit  Etac  duCJercle  de  la  balle  Saxe  ,  en 
Allemagne.  Il  ell  borné  au  levant  par  le  Duché  de 
Meclielbourg,  «S:  ailleurs  par  le  I-iolllein.  Il  peur 
avoir  dix-huit  lieues  d'étendue  le  long  de  l'Elbe.  Ses 
lieux  principaux  (ont  Lawenbourg ,  capitale ,  Wittcn- 
bcrg,  MoUen  ,  Ludersbourg  tk.  Weiiingen,  Katzc 
bourg  y  eft  enclavé;  mais  il  n'y  a  que  ion  château  qui 
en  dépende  ,  la  ville  étant  au  Duc  de  Svvférin.  Comme 
la  niail'on  de  Lawenbourg  a  eu  pour  tige  Jean  I ,  hls  tic 
Bernard  I,  Eleéteur  de  Saxe,  lorlque  la  branche  Elcc 
torale  d'Albert,  Hls  aîné  de  Bernard  fut  éteinte j  les 
Ducs  de  Lawenbourg  prétendirent  que  l'Eleitorat 
étant  un  fief  mafculiuj  leur  appartenoic,  &  pour  un 
monument  de  leur  droit ,  ils  prirent  le  nom  de  Saxe  La- 
wenbourg. Cette  branche  a  aalîi  été  éteinte  l'an  1685), 
et  il  y  a  trois  prétendans  au  Y)\ic\\îè^Q  Lawenbourg  ^  la 
mailon  d'Anhalt  le  demande  par  les  droits  du  lang  ;  le 
Duc  de  Zell  en  vertu  d'un  traité  de  conhaternité  ^  ou 
de  fubllitution  mutuelle;  &  l'Elecleur  de  Saxe  par  un 
pareil  droit.  Le  Duché  de  Lawenbourg  appartient  au- 
jourd'hui au  duc  d'Hanover. 

LAWENBOURG.  roy^-ij  Lowenbourg. 

LAWERS ,  ou  LAWICA.  Nom  d'une  rivière  des  Pro- 
vinces Unies.  Lavica  ,  Labacus  ,  Labola,  Lanus.  Elle 
coule  fur  les  confins  de  la  Frife  &  de  la  Seigneurie  de 
Groningue,  &:  fe  décharge  dans  la  mer  d'Allemagne. 
Maty. 

LAWI.  f-  m.  Terme  de  Grammaire  Ethiopienne.  C'cfl: 
la  féconde  lettre  de  l'Alphabet  Ethiopiquc.  Lawi. 
Elle  répond  à  notre  L  &  en  a  le  fon.  C'ell  aulîi  une 
prépolition  comme  dans  les  autres  langues  Orienta- 
les. Le  P.  Soucier,  Jéfuite,  dans  les  Diilcrtations 
Critiques,;?.  4()2  éfuiv.  explique  la  lignification  du 
/awi.  Le  nom  devant  lequel  le  lawi  eft  mis ,  efl:  celui  de 
la  pcrfonne  ,  ou  de  la  choie  par  le  motil  de  laquelle  ,  à 
caufe  de  laquelle  on  agit.  P.  Souciet.  Caftel  donne  plu- 
lleurs  différens  offices  au  lawi.  Il  eut  été  bien  moins  em- 
barrallant,  bien  plus  court,  &  bien  plus  vrai  tout  à  la 
fois ,  de  dire  en  un  mot  que  cette  particule  marque 
la  fin  ,  qu'elle  fe  met  devant  le  nom  de  la  choie  pour 
laquelle,  à  caufe  de  laquelle,  en  laveur  de  laquelle, 
par  le  motif,  pour  le  bien ,  pour  l'utilité  de  laquelle 
une  chofe  eft  faite,  ou  à  laquelle  une  âétion  eft  lap- 
portée.  Id.  Une  raiion  qui  montre  que  le  lawi  (ignifie 
proprement  une  fin,  c'eft  l'ufage  qu'on  en  lait  avec 
les  verbes.  Car,  i".  En  le  mettant  devant  un  infini- 
tif, cet  infinitif  répond  à  ce  que  nous  appelons  en 
Latin  gérondif  en  du/n.  Id.  Le  fécond  ulage  que 
l'Ethiopien  fait  du  /awi  avec  les  verbes,  c'eft  de  le 
joindre  au  futur  ,  pour  exprimer  ce  que,  dans  les 
langues   Européennes ,  les  Grammairiens  appellent 

I      l'optatif.    Id. 

I  LAVURE.  f.  f.  Eau  qui  a  fcrvi  à  laver  la  vailTtUe.  Collu- 
vles  immunia  ,  éluda.  La  larure  d'écuelles  eft  bonne 

I      à  laver  les  pies  des  chevaux. 

j  Lav'JRe  ,    fignifie  aulîî  l'a^lrion  de  laver ,  &  l'etfct  de 
cette  aéfion.    On  dit  la  lavure  d'un  livre  qu'on   re 
lie  &:   qu'on  lave.    Lavure  de  gants  qu'on  lave  .avec 
avec  certaine  matière  préparée. 
1^7  Ce  terme  eft  particulièrement  ufité  au  pluriel  parmi 
les  ouvriers  qui  travaillent  fur  l'pr  &  lur  l'argent , 
j)our  défigner  les  particules  de  ces  métaux  que  l'on 
t!:e  des  cendres,  terres  &  balayures,  en  les  lavant  à 
pluiieurs  reprifes ,  où  en  les  mettant  dans  une  efpècc 
de  cuvier  qu'on  appelle  moulin  à  lavures. 
^3"  On  donne  aulïî  le  nom  de  lavure  à  l'opération  qui 
fc  fait  pour  retirer  l'or  &:  l'argent  des  cendres,  terres 
ou  creufets  dans  Icfqucls  on  a  fondu.   Voye-^  d.ans 
Tome  V. 


LA  Y  451 

Boizard ,  Traité  desMonnoics,  la  maiiière  dont  fe 
tout  ces  lavures. 

Moulin  aux  lavures.  C'eft  un  cuvier  .nu  fond  du- 
quel il  y  a  un  mouiin  de  fer  ou  de  fonte  j  dont  le  fond 
eft  convexe,  &  une  manière  de  meule  nu  dellus,  en 
forme  de  croix,. de  pareil  métal,  dont  le  delUis  eft 
concave ,  que  l'on  tourne  avec  une  manivelle  rcnver- 
fée.  BoizARUj  P.  I ,  c.  2j. 

On  appelle  terres  de  lavures ,  toutes  les  matières 
que  l'on  lave  ,  c'cil:  à-dire,  les  loupes  Ik.  les  creufets 
de  terre  dont  on  s'eft  fervi  à  la  fonte ,  piles  tk  réduits 
en  poudre  avec  les  cendres  tk  les  balayures  que  l'on 
ramalie  dans  les  lieux  où  fe  font  faits  les  travaux  des 
monnoies;  tout  cela  mêlé  enlemble  s'appelle  terres 
ài:  lavures  ,  BoizarDj  P.  /.  c.  2j.  On  appelle  vieil- 
les terres  àe.  lavures,  celles  qu'on  abandonne,  parce 
qu'on  n'efpere  pas  y  trouver  quelque  choie  de  plus 
qu'il  n'en  faut  pour  payer  les  journées  des  ouvriers 
qui  font  les  lavures.  Boizard,  Ibid. 

Les  fondeurs  appellent  aulli  lavure  ,  le  métal  qu'ils 
retirent  des  cendrures,  alléfurcs  &  Iciures  tombées 
dans  les  Fonderies. 

L  A  X. 

LAXATIF ,  IVE.  adj.  Terme  de  Médecine.  Qui  purge, 
qui  rend  le  ventre  lâche.  Laxanvus.  Une  ptifme 
laxacive.  Un  remède,  un  clyftère  Lixaàf  Se  purgatil. 
Laxatif  diz  un  peu  moins  que  purgatif.  On  ne  l'appli- 
que point  aux  purgatils  violens. 

LAXEMBOURG.  Bourg,  ou  petite  ville  de  l'Autricl-^e. 
Laxemburgum.  Ce  lieu  eft  fur  la  petite  rivière  de 
Schwecha ,  à  quatre  lieues  de  Vienne ,  dii  côté  du 
midi.  L'Empereur  a  un  Palais  à  Luxembourg.  Maty. 

03LAXITÉ.  f.  f.  Terme  de  Médecine,  d'ufage  dans 
l'économie  animale,  &  qui  déligne  dans  les  fibres 
une  certaine  difpofition  de  parties  qui  les  rend  fulccp- 
tibles  d'alongcment.  Laxitas.  La  A;.v/fe'eft  trop  gran- 
de dans  les  fibres ,  quand  elles  s'alongent  au  moindre 
effort  extraordinaire  ,  quoique  leui:  cohéfion  ne  foie 
pas  interrompue  par  l'etFct  ordin.aire  du  mcuvement 
vital. 

L  A  Y. 

LA  Y.  f.  m.  Dans  le  cinquième  fiède,  les  finiples  Moi- 
nes qui  n'avoient  ni  ordres  facrés,  ni  offices  dans  Id 
Monaftère  ,  étoient  appelés  La'ics  ,  &  pour  les  diftin- 
puerdes  Séculiers,  on  les  appeloit  quelquefois  Laicl 
majoris propofti,  &  ce  n'étoit  point  ce  qu'on  a  appelé 
depuis  Frères  Lays  ou  Laïcs.'  J-^oye\  Lai. 

Lay.  Rivière  de  France  :  ce  nom  eft  commun  à  troii 
rivières ,  6c  on  les  diftingue  par  les  furnoms  de  grand 
Lay  ,  de  petit  Lay ,  8c  de  plus  petit  Lay. 

LAYDURE.  f.  f.  Vieux  mot.  Souillure  ,•  difformité, 
Inquinamentum  j  difformitas. 

ip^LAYE.j  Foyq  Laie. 

LAYER.  v.  a.  Terme  d'Eaux  &  Forêts.  Marquer  les 
bois  qu'on  doit  laillér  dans  un  taillis  ou  dans  une  lu- 
uie  qu'on  coupe  pour  les  laifler  croître  en  haute  fu- 
taie. 

fjC?On  dit  aulîi  layer  une  foret ,  y  tracer  une  laie ,  une 
route.  Voye\  Laie.  * 

Layer,  en  termes  de  Tailleur  de  pierres,  c'eft  polir, 
tailler  la  pierre  avec  une  elpèce  de  haCh.e  l'icteléc, 
c'eft-à-dire  ,  dentée  en  façon  de  fcie ,  qu'on  appelle 
laiCj  Liquelle  rend  la  furface  unie,  quoique  rayée  de 
petits  filions  uniformes  ^  qui  lui  donne  une  appa- 
rence agréable.  Frézier.  Layer  une  pierre.  Davi- 

LER. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Uvigare  ,  ou  levigare ,  polir. 

Frézier.  v  ,       r  i-- 

LAYETTE,  f.  f  Petit  coffre  de  bois  ou  1  on  lerrc  ordi- 
nairement du  linge  &  autres  menues  hardes,  Capfa  j 
capfula.  On  doWne  aulÏÏ  le  nom  de  /ayerfe  au  hnge, 
aux  langes,  maillot,  &  généralement  à  tout  ce  qui 
eft  dcftlné  pour  un  enfant  nouveau  né.  Les  femmes 
groiïés  préparent  leur  layette  ^  emplillent  un  de  ces 
nerits coffres  de  tout  le'lings  aécelfaire  ,  tant  pour 
^  LU  ij 


4J2 


L  A  Z 


leur  couche ,  que  pour  leur  enfant.  Quand  on  met  un 
enfant  en  nourrice,  on  lui  donne  une  layette. 
Borel  dérive  ce  mot ,  bien  ou  mal ,  de  lagcna. 

Î.AYETTE  ,  eft  aulli  un  tiroir  d'une  armoire  ,  ou  cabinet, 
ou  buffet  j  où  l'on  lerre  plulieurs  choies  qu'on  veut 
réparer  &  mettre  en  ordre.  On  le  dit  parcicuhérement 
des  papiers  dans  un  tréfor ,  des  médailles ,  des  coquil- 
les dans  un  cabinet  de  curioiités.  On  peut  comparer 
les  Icycttts  de  ce  pédant  à  la  maiton  de  cet  Euclion 
de  Plautc,  Qus.  inanis pleiui  erat  &  araneis.  Mascur. 
Dans  les  Archives  des  Chambres  des  Comptes,  des 
Chapitres,  des  Monallères,  quand  les  titres  lont  bien 
en  ordre ,  ils  font  diitingués  par  layettes  ou  tablettes  ; 
ces  layettes  font  marquées  par  les  noms  des  domai- 
nes ,  Amiens ,  Lyon ,  Orléans ,  du  num.  /  ,  2  ,  j-  j 
&c.  ou  par  les  lettres  de  l'Alphabet,  Layette  A,  B, 
C  j  &c ,  ou  par  chaque  mot  du  Pater ^  layette ^,  Pater^ 
layette,  nofler ,  &c. 

On  appelle  auliî  layettes ,  certains  petits  morceaux 
de  bois  ou  d'ivoire  qui  fervent  à  boucher  les  trous  du 
bourdon  des  mufettcs,  &  qui  font  mobiles  dans  les 
rainures. 

ICTLAYETERIE.  f.  f.  L'art  ou  le  métier  des  layetiers. 

LAYETIER.  f.  m.  Capfanus ,  eapjularum  opifex.  Ou- 
vrier qui  fait  des  layettes  8c  autres  menus  ouvrages , 
comme  ratières,  chaufterettes,  <S'c'. 

XAYEUR.  f.  m.  Metator.  Celui  qui  fait  des  laies,  ou 
qui  marque  le  bois  qu'on  veut  layer. 

LAYLA  ,  LAYLA,  CHIENS.  Termes  de  chalFe  dont  le 
Piqueur  doit  uier  pour  tenir  fes  chiens  en  crainte  , 
lorfqu'il  s'apperçoit  que  la  bète  qu'ils  chaifent  elf  ac- 
compagnée, pour  les  obliger  à  en  garder  le  change. 
Salnove. 

LAYON.  Petite  rivière  de  France,  qui  fort  de  l'étang 
d'Urcniay  ,  lut  les  frontières  du  Poitou  &  de  l'Anjou  j 
Se  fe  jette  dans  la  Loire  lous  le  pont  de  Chalons. 

LAYWEL.  Nom  d'une  fontaine  finguhère  ,  luuée  à 
l'extrémité  de  la  ville  de  Brixain ,  près  de  Torbay , 
dans  la  province  de  Devon.  Elle  eft  éloignée  d  un 
bon  mille  de  la  mer.  Au  nord  &  nord  elf,  elle  ell 
adollée  contre  le  revers  d'une  chaîne  de  montagnes 
qui  tait  en  cet  endroit  une  elpèce  de  coude.  Elle  fort 
du  pié  de  ces  mont.ignes ,  Se  paroit  coupler  du  iud- 
oueft,  au  nord  eft.  Elle  entretient  lans  interruption 
un  courant  d'eau,  &  a  Hux  Se  relîax.  Il  y  a  trois  au- 
tres jets  qui  ne  tatilïent  jam.ais,  &:  qui  crollfent  &  dé- 
croillent  auilî  régulièrement  que  le  principal  jet.  Elle 
a  quelquefois  ce  reBux  dix  ou  douze  fois  en  moins 
d'une  minute.  Tranfad:.  Philof-  Jjj2.p.  loS  & 
fuiv.  Ces  phénomènes  font  dûs  à  deux  courans,  à 
deux  fources  ,  dont  l'une  traverfe  par  des  lîphons 
deux  cavernes  ou  réfervoirs  naturels ,  &  dont  l'autre 
fe  décharge  tout  d'un  coup  dans  un  léfervoir  qui  n'a 
point  de  hphon.  Ces  deux  fouices  fe  joignent  en- 
femble  dans  ce  dernier  réfervoir,  &'  de  compagnie 
elles  fortent  de  cette.  C'eft  l'hypothèfe  de  M.  Atwel 
au  même  endroit,/'.  11^  &  fuiv. 

L  A  Z. 

IS'-LAZACH.  Ville  &  Royaume  d'Afie,  dans  l'Arabie 
heureule,_(ous  la  dom.ination  du  Grand  Seigneur. 

LAZARE.  (.  m.  Lû^^arus.  Il  y  a  dans  l'Evangile  deux 
hommes  qui  portent  ce  nom-,  l'un  qui  étoit  frère  de 
Alarthe  &  de  Madelène ,  &  l'autre  qui  fait  le  fujet 
d'une  parabole  en  Saint  Luc,  XFI.  iç.  Sec.  Nous 
ajoutons  fouvent  l'article  à  ce  mot  en  parlant  de  ces 
deux  hoiriines.  Le  La\are  gémilloit  à  la  porte  du  Ri- 
che. Les  chiens  léchoient  les  plaies  du  La'^are.  La  ré- 
furiecl-ion  du  Lazare  eft  un  miracle  des  plus  éclatans 
que  JÉSUS  Christ  ait  faits.  Se  auquel  toute  la  ma- 
lignité des  Juifs  n'eut  rien  à  oppoler. 

La  remarque  de  Richelet  qui  prétend  qu'on  n'em- 
ploie point  ce  nom  (ans  article^  elt  faulle.  Toutes 
nostraduftions  du  N.  T.  celles  de(genève ,  de  Lou- 
vaia ,  du  P.  Amelote  ,  de  Port-Ro)  al ,  du  P.  Rou- 
hours,  de 'M.  Simon,  en  Saint  Luc,  C.  XVI.  è'c  en 
Sxmx.  Jean,  C.  XI,  emploient  ce  nom  lans  article: 
il  n'y  a  que  les  Lovaniftes  qui  le  mettent  une  feule 


L  A  Z 

fois  en  S.  Luc.  Le  P.  Quefnel  6c  le  P.  Lalleman  en  ufent 
de  même  dans  leurs  Réflexions  fur  le  Nouveau  Tella- 
ment.  Néanmoins  dans  la  converlation  6c  dans  le 
ftyle  ordinaire,  on  y  joint  l'article.  La  réfurredion 
du  Lazare  fut  un  miiacle  bien  convainquant  de  la 
doélrine  de  Jésus-Christ.  Le  Lazare  gémiffoit  à  la 
porte  du  Riche.  Mais  il  n&fiut  jamais  d'article  quand 
on  .parle  des  auttes  hommes  qui  ont  reçu  ce  nom  au 
Baptême.  On  dit  aulli  Lazare  BiVf ,  Pofcte  François  , 
a  été  eltimé  en  fou  tems.  tes  Œuvres  de  La-^are  Baïf , 
font  aujourd  hui  prefque  autant  bâiller  que  celles  de 
Thomas  de  Lorme. 

Ce  nom  de  Lazare  ,  félon  quelques  Auteurs , 
eft  un  abrégé  de  celui  d'Eléazar  :  il  veut  dire  en 
Hébreu  fecours  de  Dieu  :  Saint  Jérôme  l'a  traduit 
par  le  participe  adjutus ,  fecouru.  FuUérus  eft  d'un 
kntiment  tout  contraire  -,  il  prétend  que  les  lettres 
du  nom  de  Dieu  h'A  ne  fe  perdent  jamais  clans  la 
compofition  des  mots ,  qu'au  lieu  de  7S  ,  il  faut  met- 
tre nS  ,  qui  veut  dire  nom  ■■,  Se  félon  cette  étymo- 
logie  le  nom  de  La:[are  marque  Se  fi^r.ifie  la  con- 
dition ,  l'état  malheuretLX  de  celui  qui  porte  ce  nom 
dans  la  Parabole  du  La^an  &  du  mauvaiî  Riche, 
puifque  ce  nom  veut  dire  ,  Qui  n'a  point  de  fecours. 
Mais  cette  fignification  ne  convient  point  au  nom 
de  La:[are ,  que  portoit  le  frère  de  Magdelène  Se 
de  Marthe:  cette  foule  de  Juifs  qui  vinrent  leur  faire 
des  complimens  lur  la  mort  de  leur  frère,  eft  une 
preuve  (enlible  que  ce  n'étoit  point  un  miférable , 
abandonné  de  tout  le  monde  ,  Se  privé  de  tout  fe- 
cours. 

On  appelle  populairement  La-[are  ,  un  pauvre  cou- 
vert d'ulcères  ,  quand  c'cft  un  véritable  pauvre.  On 
le  dit  aullî  de  tout  homme  malade  de  langueur. 

On  a  dit  Ladre  pour  Lazare ,  Se  c'eft  pour  cela 
que  les  Lépreux  ,  qu'on  appeloit  La^ares ,  font  ap- 
pelés Ladres. 
Saint  Lazare.  Nom  d'un  Ordre  militaire.  Ordo  Sancll 
La\ari  :  La^atiani  Equités.  Saint  Baille  fonda  un 
Hôpital  à  Céfarée.  Quelques  Auteurs  ont  prétendit 
que  l'Ordre  de  Saint  Lazare  tire  dc-là  Ion  origine. 
Mainbourg,  dans  fon  Hiftoire  des  Croilades,  con-t 
fond  lOidre  de  Saint  La'^are  avec  celui  de  Saint  Jean 
de  Jérufilem ,  que  nous  nommons  aujourd'hui  de 
Malte.  Cet  Ordre  fiu  infticue  à  Jéruialem  par  les 
Chrétiens  d'Occident ,  lorfqu'ils  étoient  maîtres  de 
la  Terre  Sainte.  Ils  rccevoient  les  Pèlerins  ;  ils  les 
elcortoient  fut  les  chemins ,  &  les  défendoient  con- 
tre les  Mahométans.  Quelques-uns  dilent  qu'il  fuc 
inftitué  en  11 19.  Le  Pape  Alexandre  l'V.  confirniii 
l'ordre  des  Chevaliers  de  l'Hôpital  des  Lépreux  dd 
Saint  Lazare  à  Jéruialem  ,  fous  la  Régie  de  Saini 
Auguftin  ,  par  une  Bulle  donnée  à  Naples  l^'onziérné 
d'Avril  li^f.  Les  Chevaliers  de  Saint  Zrzçard  ayiaç 
été  chalfés  de  la  Terre  Sainte ,  vinrent  en  France, 
Se  s'y  établirent  ions  Louis  VII,  dit  le  Jeune.  Ce 
Prince  leur  donna  la  Terre  de  Boigny ,  Boi^aniac^ 
terram  ,  fituée  près  d'Orléans. 

Innocent  VII L  fupptima  l^Ordre  de  Saint  La\arel^ 
en  Italie,  l'an  1490.  ou  plutôt  il  l'unit  à  celui  di' 
Malte;  mais  les  Chevaliers  François  s'y  oppofe^ent,^ 
Se  il  intervint  un  Arrêt  du  Parlement ,  qui  défendit 
cette  union.  Léon  X.  le  rétablit  en  It.:lie  au  com- 
mencementduXVIliècle.  L'an  1572.  Grégoire XIII. 
l'unit  en  Savoye  à  celui  de  Saint  Maurice  ,  que  Ic 
Duc  Emmanuel  Philibert  venoit  d'inllituer. 
Lazare.  Ordre  de  Saint  Maurice  &  La-^are,  Voyej^ 
Maurice. 

En  France  l'Ordre  de  Saint  Lazare  fe  releva  fous 
Henri  IV.  Paul  V.  le  réunit  à  celui  de  Notre-Dame 
du  Mont  Carmel ,  l'an  1 60/.  à  la  prière  de  ce  Prin- 
ce, qui  en  1608.  obtint  une  Bulle  du  Pape  fot t  avan- 
tageufc  à  cet  Ordre.  Ce  fut  Aimar  de  Chattes., 
Chevalier  de  Malte  ,  qui  conçut  le  delîein  de  faire 
refleurir  cet  Ordre.  Philippe  de  Nereftang ,  Capi- 
taine des  Gardes  d'Henri  IV.  Se  Seigneur  d'une  grande 
vertu  ,  entra  dans  les  vues  ,  &:  en  viiu  à  bout  par  fon 
crédit  auprès  de  fon  Roi.  Sous  Louis  le  Grand  cet 
Ordre  a  pris  encore  un  nouveau  luftrc.  M.  le  Mar- 


L  A  Z 

quis  Dangeau  en  fiK  Gland  Maiac  M.  le  Duc  d'Or- 
léans en  fut  aulli  Grand  Maure.  C'eft  prcicntement 
Monfeigncur  le  Duc  de  Btrri.  Les  Chevaliers  de  Saint 
Laiare  peuvent  Te  marier  ,  <^  avoir  néanmoins  des 
pendons  (ur  les  Bénéfices. 

Ces  Chevaliers  failoicnt  autrefois  des  vœux  folcn 
«els ,  &  il  y  avoir  aulîi  des  Keligieufes  de  cet  Or- 
dre. Il  en  reftc  encore  un  Monailcre  en  Suille.  Les 
Chevaliers  Hofpitalicrs  de  Saint  Laiare  portent  liir 
la  poitrine  une  croix  à  huit  pointes.  Il  y  a  de  l'ap- 
parence que  ce  ne  lut  qu'à  la  rin  du  XV<=  fièclc  ,  ou 
au  commencement  du  XVl'^  qu'ils  la  prirent ,  lorf- 
que  Léon  X.  rétablit  cet  Ordre  en  Italie.  Stumptîus 
dit  que  la  marque  de  cet  Ordre  eft  une  croix  verte 
lur  un  manteau  noir  ,  avec  un  capuce. 

On  a  appelé  les  Chevaliers  de  Saint  La:(arc  ^  Che- 
■  valiers  de  Saint  Ladre;  ôc  l'on  trouve  ce  nom  dans 
quelques  anciennes  épitaphes  de  Chevaliers.  On  a 
dit  aulli  Laiante.  Foyei  le  P.  Hélyot.  P.  I.  c.  4. 
&  P.  II.  c.  6ç.  &c.  Sz.Hc  ci-dellus  Carmel  ,  T .1.  p. 
J4S9- 
Pères  de  Saint  Lazare.  Nom  que  l'on  donne  à 
des  Clers  Réguliers  dune  Congrégation  qui  a  été 
inrtituée  en  France  au  XVIPliècle  ,  par  M.  Vincent 
Prêtre.  Ils  ont  pris  le  nom  de  Pères  de  Saint  Laïaie  , 
à'unemiiCon  qu'ils  ont  dans  un  Fauxbourg  de  Paris , 
du  côté  du  nord,  fur  le  chemin  de  Saint  Denis. 
Usent  encore  un  Séminaire  dans  Paris  ,  qu'on  nom- 
me le  Séminaire  des  Bons  Enfans.  Il  eft  à  l'entrée  du 
Faubourg  Saint  Victor,  du  côté  de  la  ville.  On  les 
appelleaulFi  quelquefois  Laiar'ues.  Ils  Font  des  vœux, 
mais  hmples  ,  6c  dont  on  peut  leur  donner  la  diipenlé. 
A  Paris  ,  ils  ddlcrvent  encore  l'Eglilé  de  l'Hôtel  des 
Invalides  ;  tic  a  VerlaïUcs  ,  ils  ont  loin  de  la  Sacriftie 
&  de  la  Chapelle  du  Roi ,   &  ils  ont  la  Paroillè. 

L'A'rchipel  de  Saint  Lazare.  Archipdagus  Sancll 
Laiuri.  C'cft  une  partie  de  l'Océan  Oriental.  On  lui 
a  donné  le  nom  d'Archipel  ,  à  caufe  d'un  grand 
nombre  dïles  qui  s'y  trouvent,  entre  lefquelles  font 
les  îles  des  Larrons. 
Saint  Lazare  Baxos.  BalFe  de  Saint  La\arc.  Ecueil 
de  Saint  Lazare.  Syitis  Sancii  La^ari.  Cet  écueil  eft 
dans  l'Océan  Ethiopien  ,  prés  de  la  côte  du  Zan- 
guebar  ,  &  de  l'ile  du  Qucrinba.  Maty. 
LAZ.ARET.f.  m.  C'eft  un  bâtiment  public  fait  en  for- 
me^ d'Hôpital  ,  pour  recevoir  les  pauvres  ,  les  pefti- 
férés.  Xenodochïum  ,  nofocomium  fuburbïcanwn.  Il 
eft  deftiné  en  quelques  endroits  à  laire  la  quaran- 
taine par  ceux  qui  viennent  des  lieux  fufpeds  de 
perte.  C'eft  une  grande  maifon  hors  de  la  ville  , 
dont  les  bâtimens  font  féparés  &c  ifolés ,  &  où  l'équi- 
page des  vaifteaux  demeure  quarante  jours  ,  plus 
ou  moins,  félon  les  temps  &:  l'endroit  du  départ. 
Le  Lazaret  de  Milan  eft  un  des  plus  beaux  Hôpitaux 
d'Italie. 

On  a  apelé  La-{ares  ,  les  Ladres  ou  Lépreux ,  à 
caufe  que  leur  maifon  ou  Eglife  ,  qui  étoit  hors  des 
murs  de   Jérufalem  ,  étoit  déJiée  à  Saint  Lazare. 
[  LAZARITE.  f.  m.  Chevalier  de  Saint  Lazare.  Laxa- 
I      ma  ,  Sancii  Laiart  miles.  On  dit  aulîî  ce  i^om  ,  "& 
plus  ordinairement  même ,  des  Pères  de  Saint  Laiare. 
yoye-i  ce  mot. 
LAZE.  L  m.  &  f.  Nom  d'un  peuple  de  Scythic.  Laïus , 
a.  Phne ,  Z.   FI.    c.    4.  Etienne  de  Byzance  place 
les  Laies  près  du  Pont-Euxin.  Au  temps  d'Adrien ,: 
ils  éroient  féparés  de  la  Colchide.  Tillemont. 
Laze  ,  ou  Lesquis,  f  m.  6c  i.  Nom  des  peuples  qui 
habitent  le  Daghcftan.  La^us  ,  a.  Ces  peuples  s'ap- 
pellent Lefquis  ;  nous  les  connoifTons  dans  l'Hiftoire 
fous  le  nom  de  La^es.  Ils  occupent  les  montagnes 
duDagheftan,  du  côté  de  la  mer  Cafpienne.   C'eft 
une  elpèce  de    Tartares  ,  hommes  forts,  robuftes  , 
hits  à  la  fatigue ,  ôc  vivans  de  peu.  Ils  ne  fe  fer- 
^■Olellt  autrefois  que  de  Héches  &  de   lances  ,  mais 
a  prelentils  font  tous  armés  de  piftolets  &  de  fabres  : 
ils  ont  appris  à  les  forger ,  Se  s'en  fervent  très  adroi- 
tement. Ils  font  continuellement  la  !<uerre  aux  Tar- 
tares Nogais ,  &  aux  Circaires;  font  de  fréquentes 
courtes  lur  les  Géorgiens  ëc  autres  fujets  du  Roi  de 


Perle  ,  &c  font  gouvernés  par  un  Prince  qu'ils  nom- 
ment Schamcal.  Le  choix  du  Gcuveincur  appar- 
tient au  roi  de  Perle  ;  mais  il  eft  obligé  de  choifir 
toujours  un  des  Princes  du  Daghcftan.  Le  Gouver- 
neur fait  fa  rélidencc  à  ïurkou.  Ce  Prince  a  fous 
lui  piulicurs  autres  petits  Seigneurs  qu'on  nonune 
Beghs,  c'eft  à-dire.  Gentilshommes.  Mémoires  des 
MiJ.  du  Levant ,   T.  IF.  p.  j^û  ,  tkc. 

LAZIQUE,  f.  m.  Peuple  &c  pays  d'Afie  ^  de  l'un  6c 
de  l'autre  côté  du  Phafe  dans  la  Colchide. 

LAZIVRARD,  f  m.  Ancien  nom  du  Lapis  Lazuli , 
&:  de  la  couleur  qu'elle  donne. 

LAZZI  ,  f.  m.  Terme  de  Comédie  Italienne.  Aélion  , 
mouvement,  jeu  muet  de  Théâtre  dans  la  repré- 
fentarion  des  Comédies.  Les  Comédies  Italiennes 
font  pleines  à<ila\iL  Quelques-uns  écrivent  lanis  au 
pluriel. 

L  E. 

LE.  Article  mafculin  des  noms  fubftantifs.  Le  Ciel , 
/'Orient ,  &c.  comme  la  eft  l'article  des  noms  fémi- 
nins. La  terre  ,  la  mer.  Le  pluriel  de  ces  deux  arti- 
cles eft  les.  Les  hommes  ,  les  femmes. 
§3°  Lorfque  les  prépolicions  à  ou  de  le  trouvent  devant 
l'article  mafculin  au  iingiilier ,  fi  le  nom  fuivanr  com- 
mence par  une  confonne,  on  dit  au ,  Se  non  pas  à  le. 
Parler  au  Roi  ,  6c  du  au  lieu  de  le.  Recevoir  du 
Roi.  Mais  fi  le  nom  commence  par  une  voyelle , 
il  ne  fe  bit  alors _  aucun  changement,  linon  que 
l'article  s'élide.  "Vifer  à  l'œil.  Je  donnerai  à  l'homme 
que  vous  m'avez  envoyé.  Je  penferai  à  l'aftaire  dont 
vous  m'avez  parlé. 

Au  pluriel ,  au  lieu  de  à  les  ,  on  dit  aux  ,  3c  aU 
lieu  de  de  les  ,  on  dit  des.  Rcindre  aux  Rois  6<  aux 
Reines  les  honneurs  qui  leur  font  dus.  Recevoir  des 
Rois  Se  des  Reines  de  magnifiques  préfens. 
Le  ,  La.  adj.  Pronom  relatif.  Je  ne  fais  où  eft  cet  hoiru- 
me,je/t;  cherche  depuis  long-temps.  Il  aime  cette 
fille ,  Se  la  demande  en  mariage.  Le  pluriel  de  ce 
pronom  eft  aullî  les ,  pour  le  mafculin  &  pour  le 
féminin.  Je  ne  fais  où  font  ces  hommes,  je  /«^cher- 
che par  tout.  Ces  deux  frères  aiment  les  deux  fœurs , 
&  les  demandent  en  mariage. 

On  demande  fi  dans  cette  phrafe  ,  'Vous  fivez  mon 
fecret  ,  dites-Ze  lui,  on  ne  devroit  pas  fuppriraer  ce 
le  là  ,  afin  de  la  rendre  plus  agréable.  Cela  fe  pour- 
roit  tout  au  plus  fupporter  dans  la  converfation  , 
mais  non  pas  en  écrivant.  M.  Arnaud  a  dit  ,  puifqu'il 
veut  marcher  dans  le  chemin  des  Juftes  ,  il  faut  que 
je  le  lui  montre.  Le  meilleur  feroit ,  s'il  étoit  pollî- 
ble,  d'éviter  ces  fortes  de  phrafes.  On  demande  en- 
core ,  s'il  faut  prononcer  faites  /fi  ou  faites-/^.  Régu- 
lièrement on  doit  prononcer  faites-/^  avec  un  e  fémi- 
nin. Mais  parce  qu'on  a  quelque  peine  à  prononcer 
deux  e  féminins  ,  comme  faires-/t; ,  quelques  -  uns 
fe  relâchent  à  dire  faites /<•,  quofque  cette  pronon- 
ciation Ibit  vicieufe.  Les  Gafcons  parlent  de  la  foue. 
C'eft  une  faute  que  de  tranfporter  !e.  Par  exemple , 
je  le  vous  dis  en  profe  ,  &  le  vous  dirai  en  vers. 
Ceux  qui  écrivent  bien  ,  évitent  cette  conftrudion, 
§3"  Il  faut  toujours  mettre  le  relatif  auprès  du  vetbe, 
même  lorfqu'il  y  a  répétition  du  pronom  perfonnel. 
Je  vous  le  dis.  Vous  vous  le  figurez ,  malgré  la  caco- 
phonie des  deux  vous. 
^fTLc  pronom  relatif  le  devant  deux  verbes  qui  le 
régiilent ,  doit  toujours  être  répété.  Envoyez-moi  ce 
livre  pour  le  revoir  Se  /'augmenter.  Se  non  pas  pouif 
le  re\  oir  &  augmenter.  Cette  régie  ne  fouftre  point 
d'exception. 

Autrefois  on  n'étoit  pas  fi  fcrupuleux.  Il  femble 
même  que  nos  Anciens  Poëtes  aimoient  mieux  écrire, 
je  le  vous  dis  ,  que  je  vous  le  dis.  Maiot  a  fait  un 
Rondeau  dont  le  refrain  eft  ,  On  le  m'a  du. 
^pT  On  Trouvera  au  mot  la  les  autres  règles  qui  con- 
cernent ce  pronom.  Se  ce  qu'il  fautobferver  lorfque 
le  eft  relatif  à  un  adjeétif  qui  précède,  Se  équivaut 
à  cela. 
LÉ,  f.  m.  Largeur  d'une  étoffe  ou  d'une  toile  entre<leux 
lilières.  Panni  lacitudo.  Pour  faire  ces  chemifes  bien 


454  L  E  A 

amples ,  il  faut  y  mettre  tout  le  lé  de  la  toile.  On 
fait  deux  mouchoirs  au  lé ,  quand  elle  a  une  aune 
de  large.  On  fait  des  jupes  à  quatre  j  cinq  ou  fix/s'i  , 
fuivant  la  largeur  de  l'ctoife.  Voila  une  i^raiide  tache 
d'huile ,  il  y  taut  mettre  un  lé. 

Ce  mot  vient  de  latus ,  parce  qu'il  borne  la  lar- 
e;eur  d'une  étofte  ,  latus  ,  lé. 

On  dit  dans  les  enterremens  des  Grands ,  qu'il 
y  avoir  un  ou  deux  lés  de  velours  chargés  de  blaion  , 
■far  deux  ou  trois  lés  de  drap,  pour  la  tenture  de 
l'Églife. 
'  LÉ  ,  en  vieux  François ,  HgnifioitAi/jc  en  général.  Glojj. 
fur  Marot.  On  diloit,  long  &  /t  ;  pour  due,  long 
&  large,  de  Iront  &  de  côté. 
Li  ,  fe  dit  aulH  de  l'elpace  que  les  Riverains  des  riviè- 
res doivent  Liiller  pour  ne  pas  empêcher  la  naviga- 
tion. Les  Ordonnances  veulent  qu'on  lailfe  vingt - 
quatre  pieds  de  lés  fur  les  bords  des  rivières  navi- 
gables ,  pour  frire  monter  &  deicendre  les  bateaux 
avec  des  chevaux.  On  le  dit  aullî  des  forêts;  d'où 
vient  qu'on  dit  ,  les  arbres  de  lilièic.  Quelques  uns 
écrivent  laï ,  au  lieu  de  lé.  Lé  eil  plus  en  ufage. 

LE  A. 

LEAM.  f.  m.  Ternie  de  Relation.  En  Latin  ,  Ârgentcus 
Sinicus.  C'eft  le  nom  que  les  Chinois  donnent  à 
leur  écu.  Les  Portugais  l'appellent  Taél.  Le  L&am 
revient  à  quatre  livres  deux  lous  deux  deniers  y/  de 
notre  monnoic.  P.  le  CgiMte. 

LÉANDRE.  1.  m.  Nom  d'homme.  Leander.  Saint  Gré- 
goire le  Grand  fut  ami  de  Léandre ,  Evêque  de  Sé- 
ville  ,  qu'il  connut  à  Conftantinople  ,  lorfqu'il  y 
étoit  Apocriliaire.  M.  de  Tillemont  dit  Lé andcr;  mais 
nous,  dilons  Alexandre,  Timandrc,  Alcandre,  &c. 
Pourquoi  donc  ne  pas  dire  Léandre  î  M.  Challelain 
fuit  cet  ulage,  &  dit  Léandre. 

LÉANDRE.  Terme  de  Fleurifte  Nom  d'une  Tulipe, qui 
eil  colombin,  rouge  &  chamois.  Morin. 

La  Tour  de  Léandre.  D.ans  le  tr.ajet  de  Conftanti  ■ 
noplc  à  ScLitaii,  qui  n'ell  que  d'un  mille,  on  ren- 
contre au  milieu  du  Bolphore  un  écucil  (ur  lequel  eil 
bâtie  une  Tour  carrée  ,  qu'on  .tppeiie  la  Tour  de 
Léandre.  Il  y  a  un  puits  au  milieu  ,  qu'on  m'avouki 
faire  palfcr  pour  une  lource  d'eau  vive;  m.ais  je  crois 
que  ce  n'eft  qu'une  citerne.  C'elt  de  cet  écucil  que 
parle  Strabon  ,  quand  il  dit  que  les  poillbns  qui  dcf- 
cendent  du  Bolphore,  étonnés  des  pierres  blanches 
qu'ils  voient ,  quittent  la  cote  de  l'Afie  ,  &:  détour- 
nant vers  lEurope  ,  viennent  à  la  pointe  du  Promon- 
toire Chryloceras,  &  de  la  dans  le  port  de  Conftan- 
tinople, en  h  grande  quantité,  qu'il  eft  fouvent  dan- 
gereux que  les  troupes  de  Dauphins  qu'on  rencontre 
ne  renverlent  lesPermés  &  les  Ca'iques  ,  autour  dcf 
quels  ils  viennent  fe  jouer.  Du  Loir  ,  p.  6 S  ,  6p. 
Cette  Tour  s'.appelle  la  Tour  de  Léandre  ,  parce 
qu'apparemment  on  fuppofe  IfJ'  que  Léandre ,  jeune 
homme  de  la  ville  d'Abydos ,  &  Héro  ,  Prêtrelfe  de 
'Vénus  dans  la  ville  de  Feftos ,  qui  font  allez  connus 
par  leurs  amours  ,  fe  donnoient  des  rendez-vous  dans 
cette  Tour  qui  depuis  porta  leur  nom. 

§C?LEANS.  Vieux   adverbe    qui   lîgniaoit  là  dedans. 
C'ctoit  l'oppofé  de  céans.  Il  elf  léans 
Illic. 

Cy  ^,ift  ,  repofe  ,  &  dort  léans  , 
Le  jeu  Evèque  d'Orléans.  Marot. 

LEAO.  Grande  ville  de  la  Chine.  Leaum.  Elle  eft 
dans  la  Province  de  Xanfi,  &  elle  eft  célèbre  par 
le  commerce  du  ginleng  &  du  mufc  dont  Ion  ter- 
ritoire abonde.  Ambajf.  de  Hollande  à  la  Chine  ,  P. 
I.  p.  241. 

LEAOTUNG ,  LIAUTUM.  Grande  contrée  dépen- 
dante de  la  Chine.  Lcaotunïa.  Elle  a  la  Tartarie  au 
Nordj  le  Golfe  de  Nanquin  .au  midi ,  la  Corée  au 
Levant ,  &  la  Province  de  Pékin  au  Couchant. 
Lcaoyang  &  Nyngiven  font  fes  villes  principales. 
C'eft  par  cette  contrée  que  les  Tartares  entrèrent 
dans  la  CMne  ^  lorfqu'ils  s'en  rendirent  les  maîtres. 


L  E  B 

Le  P.  LE  Comte  afture  que  le  Léoatung  eft  mal  place 
dans  toutes  nos  Cartes.  Elles  le  mettent  dans  la  Chi- 
ne ,  au  Midi  de  la  grande  muraille  ;  &  elle  eft  dans 
la  Tartarie,  au  Nord  de  la  muraille,  &:  ainfi  au 
Nord  du  Pckéli.  Maty.  L'Auteur  de  l'Amballade 
des  Hollandois  à  la  Chine,  P.  II.  p.  114.  dit  que 
le  Leaotung  eft  renfermé  entre  le  Heuvc  Çang  & 
la  grande  muraille  ;  qu  il  a  pour  bornes  au  Levaiu  la 
rivière  d'Ylao  ,  &  un  bias  de  mer  qui  le  lépare  du 
Corée  ;  au  Couchant  la  grande  muraille  qui  con- 
fine au  Nord;  &  au  Midi  la  Province  de  Péking, 
la  rivière  de  Linoang,  i^  un  Golte  de  mer  qui  y  pafte 
&  le  détend.  Les  habitans  du  Léoatung  (ont  groillers 
&  ftupidcs,  mais  tort  adroits  à  la  guerre,  &  accou- 
tumés au  travail  &  à  la  hatigue.  Ils  tiennent  pour 
les  mœufSj  des  Tartares  leurs  voifins  ;  pour  la  Re- 
ligion, ils  lont  Chinois.  Ambajjade  des  Hollandais 
citée. 

fCr  LEAOYANG.  Ancienne  Métropo  ledu  Leaotung, 
dont  Chanyang  a  pris  la  place. 

LÉARQUE.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Fils  d'Ino  & 
d'Atham.is  ,  fut  la  viéfime  de  la  haine  que  Junon 
avoit  conçue  contre  toute  la  race  de  Cadmus.  Il  fut 
tué  par  fon  propre  père ,  que  la  déelk  avoit  rendu 
furieux. 

IJCTLÉART.  adj.  Se  dit  en  Anjou  d'un  certain  arbre 
dont  le  bois  eft  blanc.  Bois  léart. 

LEAUTÉ.  Vieux  f.  f.  Bonté ,  fidélité  j  bonne  conf- 
cience. 

LEAWARA.  f.  m.  Port  tle  mer  ,  fur  la  côte  orientale, 
de  l'île  de  Ceylan,  dans  le  pays  du  même  nom. 

L  E  B. 

LÉBAOTH,ou  BETH  -  LÉBAOTH.  Nom  d'une  ville 

de  la  Terre-Sainte.  Zt'/îiaor/^,  Beth  Léhaoth.  La,  ville 
appellée  Zfi^aor/^dans  Jolué  XV.  ^.  S/.  Bah  Lébaotk 
au  même  Livre ,  XIX.  6.  eft  la  même  que  celle  qui 
porte  le  nom  de  Beth-Bera'i  ,  dans  les  Paralipomènes  , 
L.  I.  C.  IV.  V.  j/  Lébaotk  fut  donné  d'abord  à  la 
Tribu  de  Juda ,  puis  elle  fut  démembrée  pour  la 
Tribu  de  Siméon.  De  cette  feule  ville  Adrichomius 
en  a  fait  quatre  ,  qu'il  place  ,  l'une  dans  la  Tnbu  de 
Juda ,  ik  les  trois  autres  dans  celle  de  Siméon.  P. 
LuBiN.  M.  Reland  la  met  aulli  dans  la  Tribu  de 
Juda  ,  c'eft  tout  ce  qu'il  en  dit. 

LEBBES.  1.  m.  Le  lebbes  eft  une  efpèce  de  pierre  dont 
on  flic  la  vaillelle  &  les  vaies  au  tour,  principale- 
ment ceux  qui  fouftrent  le  feu  ,  &  qui  fervent  pour 
faire  cuire  les  viandes.  Le /c-iiiidj le  noinnieaucremenr 
pierre  de  Corne ,  parce  qu'on  la  trouve  dans  le  terri- 
toire de  cette  Ville. 

LÉBÉDAj  LÉPEDA.    Nom  d'une   ville  ,    avec   uriej 
bonne   citadelle,  &c  un  bon  port.    Leptis   magna. 
Neapolis.   Elle  eft  dans  le  Royaume  de  Tripoli  en 
BarlJarie ,  environ  à  trente  trois  lieues  de  la  viilc  de 
Tripoli,  vers  le  Levant.  M.-^ty. 

LÉBEDUS,  aujourd'hui  LÉBÉDITZI  CHISAR.  C'é- 
toit  anciennement  une  ville  de  l'Ionie,  dans  l'Ahe 
mineure.  Lebedus.  On  célèbroit  autrerois  tous  les 
ans  à  Lebédus  des  jeux  à  l'honneur  de  Bacchus;  il 
y  eut  dins  la  fuite  un  Evêché  iuuragant  d'Ephèfe. 
Ses  ruine; ,  qui  ("ont  dans  la  Natolie  ,  fur  l'Archi- 
pel, à  cinq  lieues  de  Smirne  ,  du  côté  du  midi,  portent 
le  nom  de  Lébédit:(i  Ckifar.  AL^ty 

LEBER.  Rivière  de  la  Haute-Alfrce  :  elle  a  la  fource 
à  l'orient  des  montagnes  de  Vofge ,  &:  fe  jette  dans 

riii. 

LÉBERAW ,  LE  LÉBERAW ,  LE  LÉBERTHAL.  C'eft  : 
un  petit  pays  de  la  Haute  Alface.  Vailis  de  Labro.  . 
Il  s'étend  depuis  la  Lorraine  jufqu'aux  environs  de 
Scheleftat ,  autour  de  la  rivière  de  Leber.  Ce  pays  eft 
connu  à  caule  de  les  mines  ,  &  les  lieux  principaux 
font  Sainte  Marie  aux-Mines  ,  le  grand  hc  le  petit 
Libérau ,  celui  là  au  deifous  de  Sainte  Marie  j  6c  celui- 
ci  au  delliis.  Maty. 

LÉBERON  ,  LE  LÉBERON.  Nom  d'une  montagne  de 
Provence.  Lebero.  Elle  s'étend  d'orient  en  occident, 
depuis  la  ville  de  Manolque ,  jufqu'à  celk  ds  Cavaii- 


L  E  C 

loiij  qui  cil  dans  le  Comte  Vciiaiflîii.  Matv. 

LEBESCHE.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'cft  le  nom 
qu'on  donne  fur  la  Mcditerraniice  au  vent  qu'on 
nomme  Sud-Oucll  fur  l'Occ.m,  qui  fouflle  entre  le 
midi  <^  le  couchant.  Africus ,  Lés.  On  l'appelle 
unlii  Carbin. 

JilBîTON,  LtBÉTON,  ou  LEBITONAIRE.  f.  m. 
Nom  d'un  ancien  habit  des  Moines  ,  &  des  Solitaires 
de  l'Egypte  &  de  la  Thébaïde.  Leb'uon:  Lebeton  , 
Lebuonanum ,  Levido  ,  Colobarïum  lincuin  ,  (inc  ma- 
nias.X*^  lébitonalrc  étoitunc  tunique  de  lin  qui  n'a- 
voir point  de  manches,  &  (emblable  par  confcqucnt 
à  un  fac.  Suidas  le  définit  un  habit  de  Moines  fait  de 
poils.  Voye'[  YOnomaJlicon  de  Rolweyd. 

Macri  croit  que  ce  nom  vient  de  celui  de  Lev'ua  ^ 
parce  que  la  tunique  fans  manches  des  Moines  d'E- 
gypte ,  a  quelque  rcllemblance  avec  la  tunique  des 
Diacres,  qu'on  appelle  ioiwcnt  Lévites  ,  en  Latiii 
Levit£.  De  Levita  on  a  fait  levitonanum ,  de  enfuite 
Ubitonarium. 

LEBNA.  Nom    de  lieu.    Lelma.  Il  étoit  dans  l'Arabie 
-  déferte ,  &  ce  fur  le  dix-feptième  Camp  des  Kraëli- 
tes.  Nomb.    XXXIII.  20.  Le  P.  Lubin   croit  que 
c'eil  la  même  chofe  que  Laban. 

Lebna  ,  ell  encore  une  ville  Sacerdotale  de  la  Tribu 
de  Juda ,  que  Jofué  nomme  Lebna  ,  &  Lebana.  V^oyei 
C.  X.  2 p.  &  C.  XF.  42. 

LEBNAW.  Nom  d'un  village  du  Cercle  de  Bavière. 
Lebnavia.  11  efl:  dans  rAjj^hevêché  de  Saltzbourg, 
fur  la  rivière  de  Saltz  ,  au  -  delfous  de  la  petite 
ville  de  Lauffen.  Quelques-uns  prennent  ce  lieu 
pour  l'Anobriga,  bourg  de  la  Vindelicie  ,  que  d'au- 
tres placent  à  Artzbourg  ,  village  fitué  fur  le  Danube. 
Maty. 

LEBOîN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lebwinus  ,  Liafwinus , 

-Lipwinus  Lebwin  ,  vulgairement  Léboin  ,  ou  Lifoin, 

naquit  en  Angleterre  dans  le  huitième  lièclc.  Saint 

Léboin  eil  l'Apôtre  de  l'Owériird.  Baillet  ,   au  12. 

de  Nov. 

LÉBONA.  Nom  d'une  ville  de  la  Tribu  d'Ephraïm , 
dans  la  Terre  Sainte.  Lehona.  "Voici  la  irète  folennelle 
du  Seigneur  qui  (e  célèbre  tous  les  ans  à  Silo  ,  qui 
ell  fitué  au  fcptentrion  de  la  ville  de  Béthel ,  &  à 
l'orient  du  chemin  qui  va  de  Béthel  à  Sichem,  &au 
midi  de  la  ville  de  Lébona.  Sacy  ,  Jug.  XXI.  i  g. 

LEBRIT,  ou  LEBRET.  Ancien 'nom  de  la  fille  & 
du  pays  d'Albret  en  Gafcogne.  Leporetum.  M.  de 
Marca  dit  aulïi  Lébrig ,  mais  une  fois  leulement, 
fuivant  en  cela  un  Aéle  de  i  i  jo.  qui  le  dit  aullî.  Ama- 
nien  de  Lebrit ,  ou  Lebrig  ,  eft  le  même  qui  efl:  nom- 
mé dans  une  Letrre  d'aveu  du  Comte  de  Comenges , 
de  l'an  1240.  Amaneus  de  Leporeco  ;  l'origine  du 
nom  de  Lebret ,  ou  Lebrit ,  étant  dérivée  des  lièvres  , 
ou  lapins ,  qui  fourmillent  dans  les  landes  où  cette 
maifon  eft  alîîfe.  Marca,  Hid.  de  Béarn  ^  L.  VII. 
C.   10.  n.  s  ,4  ,&  s- 

LEBRÏXA.  Nom  d'un  Ancien  bourg  de  l'Andaloufie 
en  Efpagne.  NebriJJd.  Il  eft  entre  Séville  &  Xérès 
de  la  Frontéra.  Maty. 

LEBUSS.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  moyenne  Mar- 
che de  Brandebourg.  Lebujfa.  Elle  eft  fur  l'Oder , 
entre  Francfort  &  Cultrin  ,  à  deux  lieues  de  la  pre- 
mière ,  &  à  quatre  de  la  dernière.  LébuJJ  avoir  un 
Evêché  fuffragant  de  Gnefnc  ;  mais  les  habitans  ayant 
embraffé  l'hércfie ,  l'Eleéleur  George-Guillaume  réu- 
nit l'Evêché  à  fes  Etats,  &  prit  le  titre  de  Chancelier 
perpétuel  de  l'UnivcrlIté  de  Francfort  ,  que  pollédoit 
l'Evêque  de  Lébujf.  Maty. 

LEBUSSA  ,  ou  GEBISE.  Libyjfa.  C'étoit  autrefois  une 
petite  ville  de  laBithynie,  en  l'Afie  mineure  ;  main - 
tenant  ce  n'eft  qu'un  village  de  laNatolie,  entre  la 
Nicomédie  &  la  Chalcédoine.  Lébujfa  eft  le  lieu  où 
Annibal  fut  inhumé. 

LEBWIN.  Foyci  Léboin. 

L  E  C. 

LÉCANOMANTIE  ,  ou  LÉCANOMANCE.f  £  Di- 
vination fuperftitieufe  qui  fe  faifoit  par   le  moyeu 


L  E  C  455« 

d'un  plat.  Lccanomantia.  La  Lécanomantie  fe  prati- 
quoit  en  celte  forte.  On  metcoir  dans  un  poc'lon  ,  ou 
plutôt  dans  un  ballîn  plein  d'eau ,  des  pierres  pré- 
cieulcs  ,  &i  des  lames  d'or  &  d'argent  gravées  de  cer- 
taiJis  caraétères  ,  dont  on  faifoit  offrande  aux  démons  , 
1^-  après  les  .avoir  conjurés  par  certaines  paroles  j  on 
leur  propoloit  la  qucllion  fur  laquelle  leur  réponfe 
étoit  .attendue.  Alors  il  forroit  du  fond  de  l'eau  une 
voix  balfe ,  fcmblable  au  fiftlement  de  ferpenc ,  qui 
contenoit  la  réponfe.  Dh  S.  Aubin. 

Ce  mot  de  Lécanomantie  eft  compofé  des  deux  mots 
Grecs,  >,i,y,«én) ,  qui  veut  dire,  bajjin  ,plat  ,lic  f.«.tiu-^, 
qui   /ignific  di-vinifation. 

i-ECCE  ,  ou  LECCIE.  Nom  d'une  ville  du  Roy.aume 
de  Naples.  Litium  ,  Aletium.  Elle  eft  dans  la  Terre 
d'Otrante  ,  entre  la  ville  de  ce  nom  ,  &  celle  de  Blin- 
des. Lecce  eft  une  grande  ville  &  bien  peuplée  ,  la 
rélidence  du  Gouverneur  de  la  Province  ,  ix  le  ilège 
d'un  Evcché  futlragant  d'Otrante.  Maty  . 

LECCO.  Bourg  du  Duché  de  Milan ,  en  Italie.  Leccum, 
Il  eft  dans  le  Comafcj  fur  le  bord  du  lac  de  Como, 
à  l'endroit  où  l'Adda  fort  de  ce  lac.  Maty. 

LÉCETO.  Voye-{  Illicéto. 

LECH.  Grande  rivière  d'Allemagne.  Lachus  ,  Licus , 
Lycias.  Elle  prend  fa  fuurce  dans  le  Tirol,  coule 
le  long  des  confins  de  la  Souabe  &  de  la  Bavière, 
baigne  Ausbourg  ,&  vafe  décharger" dans  le  Danube  , 
à  deux  lieues  au-delfous  de  Dcnavert.  Maty. 

LECHASSERIE.  f.  f  Nom  d'une  forte» de  poire j, que 
quelques  uns  nomment  verte-longue  d'hiver  ,&  d'au- 
tres belidery-landry.  hxQxsitiT.LzlechaJferie  a  l'œil 
tout-à-fait  en  dehors  ,  &  quelques  unes  ont  la  forme 
de  citron  :  elle  eft  d'une  grolleur  médiocre  ,  d'enviroa 
deux  pouces  en  tout  fens.  Elle  eft  verdâtre  fur  l'ar- 
bre ,  tiquetée  en  murilïant  j  plus  claire  &  plus  jaunâ- 
tre que  l'ambrette  ,  à  laquelle  du  reftc  elle  eft  fort 
femblable  ;  elles  fe  reflemblent  encore  par  leur  queue, 
qui  eft  droite  &  longue  :  celle  de  la  léchajferie  eft 
cependant  plus  grolie  ;  leur  chair  eft  beurrée  ,  Icuf 
eau  fucrée  ,  &  un  peu  parfumée;  mais  d'un  parfum.  . 
très-agréable.  La  léchajferie  en  a  un  peu  plus  que 
l'ambrette.  Sa  peau  paroît  d'ordinaire  un  peu  plus 
rude  ,  &  de  plus  ,  la  léchajferie  eft  allez  fouvent  boilue 
&raboteuf"e;  mais  leur  bois  eft  fort  diftérent.  Celui 
des  /e'c/!t2//trit'j  eft  ordinairement  très -menu  ,poulîanc 
quelques  pointes  ,  mais  elles  ne  font  pas.  alTez  aiguës 
pour  piquer  les  mains,  comme  font  les  ambrettes. 
La  Quint.  Les  poires  de  lechafferie  font  du  nombre 
des  meilleures  poires;  c'eft-à  dire  ,  de  celles  qui  ont 
la  chair  beurrée,  ou  tout  au  moins  tendre  &c  délicate, 
avec  une  e.au  douce  ,  fucrée ,  &  de  bon  goût.  La 
Quint.  Les  poires  de  lechafferie  viennent  en  Novem- 
bre dans  un  fonds  chaud  &  fec  ,  &  feulement  en  Dé- 
cembre &  en  Janvier  ,  quand  elles  font  dans  un  fonds 
plus  gras  &  plus  froid.  Idem. 

LECHE.  (.  f.  Terme  du  difcours  familier ,  qui  fignifîe 
une  tranche  fort  mince ,  de  quelque  chofe  bonne  à 
manger.  Offella.  On  lui  a  donné  une  lèche  de  ce  pâté  , 
de  ce  jambon.  On  a  donné  à  cet  enfant  une  petite 
lèche  de  pain  pour  fon  goûter. 

LÊcHE.  f  f  On  nomme  ainli  dans  le  moniioyage  de 
l'Amérique  Efpagnole,  particulièrement  au  Mexique, 
une  efpèce  de  vernis  de  lie  que  l'on  donne  aux  piaftres 
qui  s'y  fabriquent,  afin  de  les  rendre  d'un  plus  bel  œil. 
Ce  vernis  fait  qu'on  préfère  les  piaftres  colonnes  aux 
Mexicaines ,  à  caufe  du  déchet  qu'il  y  a  dans  la  re- 
fonte. 

§Cr  Ces  dernières  font  ainfi  noiTunées ,  parce  qu'elles 
portent  pour  revers  les  colonnes  d'Hercule  ,  avec  la 
devife  ,  non  plus  ultra. 

Ce  mot  vient  de  efca ,  &C  lécher ,  de  allicere.  Nicot 
dit  que  lèche  fignifie  une  petite  rêne  ,  dont  on  fait  la 
laijfe  des  lévriers. 

LÉCHÉE,  l".  m.  Port  de  Corinthe  du  côté  du  Septen- 
trion ,  fur  le  golfe  Criftce  ,  ou  de  Corinthe,  aujour- 
d'hui golfe  de  Lépantc.  Lcch^um.  Corinthe  eft  à  un 
quart  de  lieue  de  la  mer ,  fur  une  colline  faite  en 
amphithéâtre  ,  dont  les  degrés  vont  infenfiblement  fe 
rendre  au  Port  ie'c/iee  ,  où  il  y  a  encore  une  Tour, 


4j6 


L  E  G 


qui  fervoic  de  fanal  autrefois.  Du  LoiR ,  Z.  X.  p. 

343- 
LECHEFRITE,  f.  f.  Vailleau  uftenfile  de  cuifine ,  qui 
eft  long  &:  plat ,  &  à  deux  goulettcs,  qu'on  met  lous 
la  broche,  pour  recevoir  la  gwille  des  viandes  qu'on 
y  rôtir.  ^^iJaria  cucuma  ,  cucumda.  La  plupart  des 
léchejrites  ("ont  de  fer.  On  en  laitaulîî  déterre  cuite. 
Dans  quelques  Provinces  ont  dit  Ikhefrhc. 

Boire  dans  une  Icchcfrïtc.  On  dit  proverbialement 
de  deux  ennemis  qui  ie  font  racommodés ,  qui  ont 
fait  la  paix  enfemblej  qu'ils  ont  bu  dans  une  lèche- 
jiite. 

Le  Monde  ,  la  Chair  &  Sacan  , 

Qui  s'entendent  depuis  maint  an  ... , 

Burent  dans  une  lèchefrite, 

JVe  fient  plus  qu'une    marmite 

Dassoucy  ,  Ovide  enbelle  humeur. 

LÈCHEFRITE  ,  eft  audî  un  vailfeau  plat  de  même  figure , 
qu'on  met  au  ba^  d'un  Théâtre  pour  l'éclairer  y  dans 
lequel  on  met  un  ou  plufieurs  rangs  de  grolîcs  clian- 
delles. 

LECHENICH.  Nom  d'une  petite  ville  fortifiée.  Legio- 
nacum.  Elle  eft  dans  l'Eleétorat  de  Cologne  ,  à  trois 
ou  quatre  lieues  de  la  ville  de  ce  nom,  vers  le  lud-oueft. 
Maty. 

LECHER.  V.  a.  Nettoyer  ,  polir  ,  fucer  avec  la  langue. 
Lamhere  ,Hngere.  On  dit  que  les  ours  donnent  la  tor 
me  à  leurs  petits ,  à  force  de  les  lécher  ;  mais  c'eft 
une  erreur  populaire.  Les  chattes ,  les  chiennes , 
lèchent  aulli  leurs  petits,  fe  lèchent  les  pattes,  fe 
lèchent  les  barbes ,  le  lèchent  leurs  plaies  pour  les 
guérir ,  lèchent  les  plats  8c  les  écuelles  ,  carellent  leurs 
maîtres  en  les  léchant. 

Ce  mot  vient  de  leccare  ,  &  de  lingere ,  dit  Mé 
nage.  D'autres  le  dérivent  de  l'Allemand  lecken  ,  qui 
fîgnifie  la  même  chofe.  Il  y  a  plus  d'apparence  qu'il 
vient  du  verbe  Grec  xùxu-.  qui  fignifie  lécher:  d'où 
vient  que  les  Grecs  ont  appelé  xa.Uxfi^  ,  le  doigt  in- 
dice ,  parce  que  c'eft  lui  que  l'on  trempe  dans  les  làu- 
ces  ,  &  qu'on  lèche  ,  pour  en  connoitre  le  goût.  Ou 
enfin  ,  il  peut  venir  de /icAtfr,  mot  Celtique  ou  Bas- 
Breton  j  qui  lîyiifie /ria/.'ia'. 

§CF  LÉCHER ,  fe  dit  particulièrement  des  friands  qui 
pallent  leur  langue  fur  quelque  chofe  de  bon  à  man- 
ger. Ligurire  ,  le  cher  un  plat.  Lécher  des  confitures  fur 
une  ailictte. 

LÉCHER  ,  le  dit  figurémenten  Morale  des  ouvrages  d'ef- 
prit ,  qu'on  travaille  &  qu'on  finit  avec  trop  de  loin. 
Accuratiùs  Umare  ^  expolire.  On  le  dit  ordmairement 
en  mauvaife  part. 

§3°  On  le  dit  particulièrement  en  peinture  où  il  figni- 
■  fie  travailler  ,  &  finir  un  tableau  avec  beaucoup 
de  foin  ,  mais  d'une  manière  froide,  &  qui  annonce 
la  peine  que  cela  a  coûté  au  Peintre.  On  dit  qu'un 
tableau  elt /fc/îi;',  trop /eV/^t;' quand  les  couleurs  lont 
feulement  noyées  &  adoucies  avec  plus  de  foin  liv'de 
travail,  qued'art&  de  août,&  lansyreconnoitre cette 
hardielfe  &  franchile  de  pinceau  qui  n'app-artient 
qu'aux  grands  Maîtres.  Léonard  de  'Vinci /ecAoiirtous 
fes  ouvrages.  Il  hm  foigner ,  mais  il  ne  laut  pas  lécher. 
Un  habile  Peintre  termine  fes  tableaux  avec  foin, 
un  médiocre  les  lèche. 

fl:^Pour  fiirc  entendre  qu'un  homme  fera  privé  de 
certains  avantages  lur  lelquels  il  avoit  compté  ,  on  dit 
proverbialement,  qu'il  n'a  qu'à  s'en /ccAcr  les  barbes. 
Et  en  parlant  de  certaines  chofes ,  principalement 
des  chofes  à  manger  ,  qu'on  donne  en  petite  quantité  ; 
on  dit  finiilicrement  qu'on  n'en  donne  qu'à  lèche 
doigt ,  qu'il  n'y  en  a  qu'à  lèche  doigt. 

LÉc,HE,É£,  part.  Certains  traits  négligés  des  grands 
PeintreSj  iont  fort  au  deiîas  des  ouvrages  les  pins 
léchés  des  Peintres  médiocres.  Fenelon.  On  dit  qu'un 
Ouvrage  eft  trop  léché,  pour  dire,  que  l'Auteur  a 
péché  à  force  de  foin  ,  &  de  vouloir  trop  perfedlion- 
ner   fon  Ouvrage,   f^oye^  Lécher. 

LECHERIE  ,  que  Nicot  écvit  iLcheric  ^  fe  trouve  dans 


L  E  G 

le  Roman  de  la  Rofc.  Il  fignifie  ,  fclon  le  Glollâire 
friandite,  bonne  chère.  Vûye\   Coux. 

Il  s'eft  pris  auflî  pour  un  lieu  où  l'on  trouve  des 
femmes  débauchées  j  ce  qui  les  fait  appeler  le'cAier- 
res.  On  a  dit  aulH  ce  dernier  mot  pour  tiiand.  Léckeur 
s'eft  dit  dans  le  même  fens. 

LECHES,  f  m.  Fils  de  Neptune  &  de  Piréne ,  fille 
d'AchéloiJs  ,  donna  Ion  nom  à  un  des  Ports  de  Co- 
rinthc,  appelé  Léchée. 

LÉCHI.  Nom  d'une  ville  delà  Tribu  de  Dan,  dans  la 
Terre-Sainte.  Lechi.  Elle  eft  environ  à  fept  heues 
d'Afcalon ,  en  tirant  vers  Jérufalem  ,  fituée  au  com- 
mencement de  la  grande  plaine  de  cette  Tribu  de 
Dan  ,  vers  l'Orient.  C'ell  un  très  bon  terroir  ,  oui 
l'on  rccueiile  quantité  de  coton  ,  de  datte;  ,  d'olives; 
mais  Lechi  n'eft  aujourd'hui  qu'un  petit  &  miférablç 
village.  P.  Roger  ,  f^oyage  de  la  Terre-Sainte ,  L.  /.' 

C.  lâ.  On  l'appeloit  aulli,  Ramat  Léchi ,  c'eft-à-dire, 
■Elevatio  maxilU. 

Lechi  eft  un  mot  Hébreu  ,  qui  fignifie  mâ<.hoire\i\ 
fut  donné  à  cette  ville,  parce  que  ce  tut  là  que  Sara- 
Ion  défit  les  Philiftins  avec  une  mâchoire  d'âne. 
Aquila  ,  Symmaque  6«:  Glycas,  la  nomment  en  Grec 
Siagon. 

LECK.  Lecca  ,  Leccus.  C'eft  le  nom  d'une  grande  bran- 
che du  Rhin.  Elle  fe  lépare  de  ce  fleuve  à  Wick, 
dans  la  Seigneurie  d'Utrecht,  baigne  'Viane  &  Scho- 
noven ,  &  fe  décharge  dans  la  Meule  ,  à  deux  lieues 
audellus  de  Rotterdan*  Quelques  Géographes  pren- 
nent le  Leck  pour  le  canal  qu'on  nommoit  ancienne- 
ment FolJa  Corbulonis  ,  qui  joignoit  le  Rhin  à  la 
Meufe;  mais  d'autres  croient  que  cet  ancien  canal  eft 
celui  qui  va  de  Leyde  à  Delftj  &  de-là  à  Maellant, 
où  il  fe  joint  à  la  Meufe.  Maty. 

LEÇON,  f.  f.  Inftrudions  d'un. Maître  à  fes  Ecoliers, 
aifion  qu'on  fait  pour  enfeigner,  &  pour  inftruire. 
Documcntum  ,  lectio.  Ce  Profeileur  fait  Aes  leçons  At- 
Théologie  ,  de  Droit,  de  Médecine.  Cet  Ecolier  prend 
deux  leçons  par  jour;  il  étudie  fous  deux  Profelleurs. 
Enfeigner  ,  c'eft  donner  des  leçons:  apprendre ,  don- 
ner des  leçons  dont  on  profite.  Le  Protelleur  enfei- 
gne  dans  les  Ecoles  publiques  ceux  qui  viennent  en- 
tendre fes  leçons.  &c.  Le  P.  Louis  Gonzalez  de 
Camara ,  Jéiuite  ,  Précepteur  du  Roi  de  Portugal , 

D.  Sébafticn ,  avoit  trouvé  le  moyen  de  lui  faire 
aim(# l'étude,  dont  prcfque  tous  les enfans  ,  &  ceux 
principalement  qui  en  ont  plus  de  befoin  ,  à  caufe 
du  rang  qu'ils  doivent  tenir  dans  le  monde ,  ont  d'or- 
dinaire plus  d'averfion.  Il  mêloit  pour  cela,  à  toutes 
les  leçons  qu'il  lai  laifoit  deux  lois  le  jour  ,  quelque 
choie  qui  piquoit  la  curiohté  ,  qui  aidoit  ia  mé- 
moire ,  &  qui  réjcuilloit  fon  imagination ,  en  rem- 
plidant  (on  efprit  des  connoilTances  les  plus  utiles, & 
en  tonnant  Ion  cœur  à  toutes  les  vertus  les  plus  di- 
gnes d'un  Prince  Chrétien  &  d'un  grand  Roi.  Toutes 
ces  leçons  commençoient  par  quelque  grande  maxi- 
me de  Morale  &  de  Politique  j  &;  finilloient  par 
quelque  Hiftoire  j  où  l'on  lui  faifjit  remarquer  ce 
qu'il  y  avoit  de  plus  louable  dans  les  actions  des 
plus  grands  Princes  ,  &  fur  tout  de  ceux  de  fa  Mai- 
fon ,  fi  féconde  en    hommes  illuftres.    P.  VerjoS. 

Leçon,  fe  dit  aullî  dece  qu'un  Régent  fait  apprendre 
par  cŒur  à  fes  Ecoliers.  Memorix  pcnfum.  Appren- 
dre (es  leçons ,  tavoir  bien  fa  leçon  ,  réciter  tes  leçons 
fans  faute  ,  fans  héiiter. 

Leçon  ,  fe  dit  de  toutes  fortes  d'Arts  &  d'exercices.  Il 
.a  appris  l'Arithmétique  ordinaire  en  quatre /fCon.f.. 
Prendre ,  donner  des  leçons  de  Mufique  ,  de  Dan- 
fc ,  &c.  Cet  Écolier  va  en  Salle ,  à  l'Académie, 
prendre  des  leçons  d'efcrime  &  de  manège.  On  le 
dit  aullî-bien  du  cheval  q-ue  du  cavalier.  Ce  che-| 
val  a  obéi  à  la  leçon.  Cet  Ecolier  a  pris  leçon  fur- 
ie fauteur.  I 

Leçon  ,  fe  dit  figurément  de  toutes  fortes  d'avertil-l 
femens  ,  d'inftruèlions  &c  de  dif'cours  ,  qui  ont' 
pour  but  de  nous  enfeigner  ,  &  de  nous  corriger.;! 
N'allons  point  nous  appliquer  les  traits  d'une  cen-' 
fuie  générale  ,  &:  profitons  de  la  leçon,  fans  faire 
temblant  qu'on  parle  à  nous.  Moi- 


1 


L  E  C 

//  veut  que  tous  fcs  mots  foknt  autant  de  leçons. 

Régnier. 

7.LÇ0N  ,  fc  die  aulîî  des  divers  accidens  de  la  vie,  des 
expériences  qui  nous  apprennent  à  vivre  avec  pru- 
dence, &  à  nous  corriger.  Documcntum.  Les  morts 
fubites  font  de  belles  leçons  aux  Chrétiens  ,  qui 
leur  apprennent  à  fe  tenir  toujours  prêts.  Les  fup- 
plices  &  \(:s  exécutions  publiques,  l'ont  des  leçons 
dont  h  jeunellc  débauchée  doit  profiter.  La\ue 
d'un  ivrogne  elt  une  leçon  de  Ibbriété.  Ablanc. 
Le  malheur  eft  une  excellente  leçon  pour  apprendre 
Ja  patience.  Maucroix.  Ah  \  que  mon  mariage 
eft  une  leçon  bien  parlante  à  tous  les  Payfans  qui 
veulent  s'allier  à  la  mailbn  d'un  Gentilhomme.  Mol. 

$3"  On  dit  dans  ce  fcns  ,  Faire  la  leçon  à  quelqu'un  , 
lui  donner  des  inftrudions  ou  poiir  fa  propre  con- 
duite ,  ou  pour  traiter  de  quelque  aflPaire.  Je  lui  ai 
bien  hait  fa  leçon  \  je  lui  ai  donné  {\  leçon  par  écrit. 
Les  Critiques  appellent  aullî  diverfes  leçons  ,  Va- 
ria, lecliones ,  les  diverfes  manières  de  lire  le'texte 
des  Auteurs  dans  les  anciens  manufcrits  :  cette 
divedité  vient  de  l'altération  arrivée  par  le  temps , 
ou  par  l'ignorance  des  Copiftes.  On  tâche  de  les 
rétablir  par  la  convenance  des  paroles  avec  Iç  iens  , 
&  par  la  confrontation  des  différens  manufcrits.  lî 
y  a  bien  des  diverfes  leçons  de  la  Bible ,  des  Poè- 
tes, &  des  Orateurs  Grecs  &  Latins. 

Leçon  ,  en  termes  de  Bréviaire  ,  eft  une  petite  lec- 
ture qu'on  fait  à  chaque  NocT:urne  des  Vigiles  , 
de  quelques  extraits  de  la  Bible ,  des  Pères ,  ou  de 
l'Iliiîoire  du  Saint  dont  on  fait  la  fête.  On  appelle 
un  Office  de  neuf  leçons  ,  celui  qui  a  trois  leçons 
à  chaque  Nodurne.  Les  leçons  des  Ténèbres  Vont 
tirécsen  partie  de  Jérémie.'  Il  y  a  aulîi  des  leçons 
bréyif  dans  les  Heures;  elles  font  appelées  brèves  , 
parce  qu'elles  font  fort  courtes.  On  appelle  les 
leçonî  de  ce  nom  ,  parce  qu'elles  ne  fe  chantent 
point  comme  les  Pfeaumes  &  les  Hymnes  ,  & 
qu'on  ne  fait  que  les  lire.  C'eft  pour  cette  raVon 
qu'on  a  appelé  autrefois  du  nom  de  Leçon  lEpitre 
de  la  Meilè  ,  parce  qu  elle  ne  fe  chante'  pas  ,  com- 
me les  autres  parties  de  la  Mcfle  ,  &  qu'on  ne 
fait  prefquc  que  la  lire  d'un  ton  élevé. 

Leçons.  On  appelle  de  ce  nom  dans  l'Églife  Gre- 
que  deux  Livres  d'Eglife.  Lecliones  i>c,y.ûs^,,  à,»y,'i- 
nuccru.  Le  premier  &  le  plus  petit  ne  contient  que 
les  endroits  de  l'ancien  Teftament  que  les  Grecs 
lifent  à  l'Office  pendant  Tannée  ;  l'autre  renferme 
des  leçons  plus  longues  qui  ne  font  pas  tirées  de  la 
Sainte  Ecriture:  l'un  ôc  l'autre  de  ces  Livres  s'ap- 
pelle leçons  ,  à  caufe  de  ce  qu'il  contient. 

On  dit  proverbialement ,  On  lui  a  bien  fait  fr  le- 
çon ;  pour  dire  ,  on  l'a  bien  réprimandé.  On  dit 
auffi  d'un  homme  qui  polféde  parfaitement  une  cho- 
fe,  qu'il  en  feroit  des  leçons. 

Voilà  j  fage  Prélat  ,  comme  chacun  raifonne  , 
Et  fait  une  leçon  aux  Docleurs  de  Sorbonne. 

Ép.  à  M.  l'Év.  de  Meaux  fur  la  Comédie. 

LECORIS.  f.  f.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  une  des 
Grâces ,  dans  un  ancien  monument  ;  les  deux  autres 
font  Gélafie  &  Comafie. 

LECTE.  f.  m.  Vieux  mot.  Choix  ,  élite.  Lobin.  GlofT. 
Beleclus.  ^ 

^LECTEUR,  f.  m.  C'eft  en  général  celui  qui  lit. 
Bon  Lecleur  ,  méchant  Lecteur.  C'eft  un  méchant 
Leaeur,  il  bégaie ,  il  héfite.  Le^or.  On  le  dit  par- 
ticulièrement de  ceux  qui  lifent  un  écrit ,  un  ou- 
vrage delprir.  La  plupart  des  Lecleurs  font  des  Ju- 
i;es  trop  tévères  ,  &  fouvent  injulles.  Avis  au  Lee 
teur.  Avertiirement  fort  court  qu'on  met  au  com- 
mencement d'un  livre  imprimé.  Ami  LeUeur,  Lec- 
teur bénévole  ;  c'étoit  le  ftyle  d'autrefois.  Les  Ita- 
liens mettent ,  à.  chi  legge.  i 

^'"jom^v"  ""  ^^^^*^^'  ''°''''^°''"  tremblant  d'effroi. 


LE  C 


4r7 


Qui  volt  peindre  en  autrui  ce  qu'il  remarque  en  foi^ 

BoiLEAU. 

Un  Auteur  à  genoux  dans  un  humble  Préface, 
Au  Lcèteur  qu'il  ennuie  a  btau  demander  grâce. 

Idem. 

^  Lecteur  ,  Chez  le  Roi  ,  eft  un  titre  de  Charge  , 
dont  la  fondion  eft  de  lire  devant  le  Roi.  Le  Roi 
a  des  Lecleurs  pour  ditiérentes  chofcs,  pour  la  pié- 
té, pour  les  Mathématiques  ,  &c.  11  y  a  deux  Lec- 
teurs ordinaires  de  la  chambre  ,  &c  du  cabinet  du 
Roi.  On  le  dit  de  même  de  ceux  qui  liftnt  à  des 
particuliers. 

Dans  les  Communautés  on  noiTimeIei.7c;/^r5,  ceux  qui 
font  en  lemainepour  lire  au  Réfedoire  pendant  le  re- 
pas. Lecleur  de  la  première ,  Lecleur  de  la  féconde. 
Saint  Benoit  ,  dans  (a  Régie  ,  permet  au  Lecleur  de 
table  de  prendre  quelque  cho(e  .avant  que  de  lire  , 
les  jours  de  jeûne.  Saint  Benoît  appelle  cela  blbere 
6'  panem  ,  &  Uldaricus  mlxtum  ,  en  un  feul  mot.  • 
Le  P.  Mabillon  cherche  ce  que  c'eft,  dans  fa  Préface  ' 
du  quatrième  liècledes  A^a  Benedlcllnorum ,  iv"  il 
prétend  que  l'un  &  l'autre  lignifie  du  vin  trempé 
d'eau  ,  &  du  pain.  |C7  Dans  les  Maifons  de  filles 
la  Rehgieule  qui  lit  au  Réfedoire  ,  s'appelle  Lec- 
trice. 

Lecteur  ,  eft  auffi  un  titre  que  prennent  les  Profef- 
fcurs  du  Collège  Royal ,  &  que  le  Roi  leur  donne- 
dans  leurs  provilions.  Lecleurs  Royaux. 

C'eft  ainh  qu'on  appeloit  autrefois  les  Frofelfeurs 
des  Sciences  ,  parce  qu'originairement  ils  lifoient 
les  Auteurs  ,  Hc  les  expliquoient  fans  dider. 

On  appelle  auffi  Lecleurs  ,  les  Dodeurs  qui  en- 
fcignent  publiquement  dans  les  Chaires  les  Sciences, 
les  beaux  Arts  ,  &  les  Langues.  Lecleurs  en  Théo- 
logie ,  en  Droit  Canon ,  en  Éloquence^  en  Hébreu. 
En  Perle  j  ik  dans  quelques  autres  pays  de  l'A- 
fie ,  on  n'a  point  de  terme  plus  noble  pour  ligni- 
fier un  lavant  homme  ,  que  celui  de  Lecleur 
Okoumick. 

Lecteur  ,  eft  auffi  une  qualité  dans  l'Églife  ,  que 
donne  un  des  quatre  Ordres  mineurs ,  qui  font  le 
Portier ,  le  Leaeur ,  l'Exorcifte  ,Sc  l'Acolythe.  te 
Lecleur  avoir  auffi  le  foin  &  la  garde  des  Livres 
faci-és.  Du  temps  de  Saint  Cyprien ,  cette  charge 
ne  fe  donnoit  qu'à  des  gens  âgés,  &  qui  s'étoient 
rendus  recommandables  par  leur  vertu  ,  6c  par 
leur  dodrine.  Depuis  ,  on  y  a  admis  des  jeunes 
gens  ,  même  au  deilous  de  la  puberté.  Dans  l'É- 
glife Greque  ,  les  LeHeurs  portent  des  cierges  de- 
vant l'Evçque  ,  ils  lifent  à  Laudes  le  Synaxaire ,  & 
à  La  MelIe  l'Epitre.  Leur  place  dans  l'Églife  eft  dans 
le  foleas  ,  qui  eft  un  lieu  hors  du  Sanc1:uaire ,  & 
plus  éloigné  de  l'Autel  que  le  Sanduaire. 

IfF  On  dit  proverbialement ,  &  figurément ,  Avis  au 
Lecleur,  c'eft  un  avis  au  Lecleur,  lorfque  quelqu'un 
dit  en  termes  généraux  une  chofe  dont  il  veut  que 
quelqu'un  fe  falfe  l'application.  On  le  dit  de  mê- 
me d'un  malheur  arrivé  à  quelqu'un  ,  &  qui  pour- 
roit  encore  arriver,  s'il  ne  prenoit  des  précautions 
pour  s'en  garanrir. 

LECTH,l.^m.  Terme  de  Marine.  C'eft  une  meliire 
fort  en  ufage  fur  la  mer  du  Nord  ,  qui  contient  douze 
barils. 

Lecth  ,  en  termes  de  Relation  ,  eft  une  manière  de 
compter  dans  l'Indouftan  ,  qui  lignifie  cent  mille. 
C'eft  une  façon  de  parler  femblable  à  celle  des 
HoUandois,  qui  pour  dire  cent  mille  francs,  difent 
une  tonne  d'argent.  Une  leclh  de  roupies  ,  veut  dire 
cent  mille  roupies.  Ainfi  on  dit  que  le  Roi  de 
Golconde  a  de  revenu  vingt-cinq  leclhs  de  pago- 
des ,  &  le  pagode  vaut  à-peu-près  un  écu  d'or  de 
France. 

LECTICAIRE.  f.  m.  Terme  de  Liturgie.  Nom  d'Of- 
fice &  d'emploi  dans  l'cglife  Greque.  Lecilcarlus. 
Les  Leclicalres  étoient  chargés  du  foin  d'emporter 
les  corps  de  ceux  qui  étoient  morts ,  pour  les  en- 

Miçm 


4t8  L  E  C 

teLi-cr.    Les  Lcclicaires    avoicnc  pour    chef  le  Dc- 
can  ou  Doyen. 

Ce  nom  s'eft  dit  aulll  pour  un  ouvrier  qui  fait 
des  litières.  On  appelle  aulli  le  plus  louvcnt  Lccli- 
caires ceux  qui  portoient  les  litières  ,  les  porteurs 
de  litières.  Les  Romains  avoient  de  deux  fortes  de 
Leclicaires  ;  les  uns  qui  étoient  de  leur  train  ,  de 
leiu-  niailbn  ,  qu'ils  avoient  à  leurs  gages ,  comme 
nos  grands  Seigneurs  ont  des  Porteurs  de  chaile  à 
eux  ,  îk.  les  autres  qui  étoient  publics  ,  &  qu'on 
louoit  quand  on  vouloit  fe  fiirc  porter  en  litière  , 
comme  il  y  a  à  Paris  j  à  Rennes  ,  Se  en  d'autres 
villes,  des  Porteurs  de  chaifc  qu'on  prend  &  qu'on 
paye  pour  fe  fliire  porter  oij  l'on  veut.  Ces  lecli- 
caires  publics  étoient  à  Roms  dans  la  douzième 
Région ,  au  delà  du  Tibre.  Les  Grecs  avoient  aufîi 
des  Lecticaircs  ;  il  eft  parlé  de  ceux  d'Alexandrie 
dans  la  Vie  de  Saint  Alexandre  l'AcémèrCj  C.  VI , 
n.  41.  Voyez  Acla  Sancl.  Januar.  T.  I ,  p..  1026. 
Les  Bollandilles  remarquent  c^ue  les  Leclicaires  por- 
toient quelquefois  les  morts  en  terre  ,  ou  au  bû- 
cher ;  c'ell  que  l'on  portait  quelquefois  le  corps  fur 
une  litière  ,  comme  nous  l'avons  dit. 

lECTIONNAIRE.  f.  m.  Terme  de  Liturgie.  leffio- 
narium  ,  Leclionarius  liber.  C'eft  un  livre  qui 
contient  les  leçons  qui  fe  lifent  à  l'Oiace.  Le 
plus  ancien  Leclionnaire  eft  celui  que  lit  Saint 
Jérôme. 

LECTISTERNE.  f.  m.  Cérémonie  de  Religion  chez 
les  anciens  Romains  ,  iy3'  qui  confifloit  dans  des 
feftins  auxquels  on  invitoit  les  dieux  ,  dont  les  fta- 
tues  étoient  pofées  fur  des  lits  autour  d'une  table 
dans  le  Temple  ,  de  même  que  les  hommes  s'y 
mtttoient  dans  un  repas.  Leciijiernium ,  qui  fignifîe 
l'adion  de  préparer  des  lits  ,  de /eclus  ,  lit,  ôcjier- 
nere  ,  Jlerno  ,  drefler  j  préparer  j  étendre.  Les  Epu- 
lons  ,  dont  nous  avons  parlé  ,  préfidoicnt  à  cette 
cérémonie  j  &:  en  étoient  les  ordonnateurs.  §CF  Ce 
Loin  avoir  d'abord  été  confié  aux  Duumvirs  Sybil- 
lins.  On  ordonnoit  le  leclijlerrte  dans  les  calamités 
publiques  ,  pour  en  obtenir  la  cellation. 

Calaubon  efl  le  premier  qui ,  fur  un  endroit  du 
Scholiafle  de  Pindare  ,  a  remarqué  que  les  Grecs 
avoient  aufli  eu  l'ufàge  du  Ucîijlerne.  M.  Spon  a  vu 
un  bas  relief  de  marbre  à  Athènes,  qu'il  croit  être 
la  figure  d'un  leclifierne.  On  y  voit  un  lit  élevé  d'un 
pié  ,  ^  long  de  deux ,  fur  lequel  eft  Sérapis  tenant 
une  corne  d  abondance  ,  des  friùrs  devant  lui ,  &  fon 
boiifeau  fur  la  tète.  Plus  bas  efl:  liis ,  &  autoiu-  qua- 
tre ou  cinq  figures  d'hommes.  Il  ajoute  ,  qu'on  voit 
à  Athènes  &  à  Salamine  plufieurs  femblables  fi- 
gures. 

Tire  Live ,  au  cinquième  Livre  de  fon  Fîiftoire , 
c.  fj  ,  dit  que  le  prcmiet  leclifierne  que  l'on  vit 
à  Rome,  fut  celui  qui  fe  fit  pendant  huit  jours, 
en  l'honneur  d'Apollon  ,  de  Latone ,  de  Diane  , 
d'Hercule  ,  de  Mercure  &  de  Neptune,  à  l'occa- 
fion  d'une  grande  pelle ,  qui  faifoit  mourir  tous  les 
beftiaux  ,  Tan  de  Rome  354.  Cependant  Valére 
Maxime, Z.  //,  c.  4,  parle  d'un  autre  fait  avant 
celui  là  j  fous  le  Confulat  de  Brutus  &  de  Valerins 
Publicola;  mais  c'ell  que  celui-ci  fut  moins  célèbre. 

^tCFJene  fais  •  pourquoi  dans  le  Didl:.  de  l'Acad.  Fr. 
l'on  ne  fait  de  ce  mot  qu'un  fubllantif  pluriel. 

LECTOURE  ,  LAICTOURE  ,  LEICTOURE  ,  LÉ- 
TOURE.  C'eft  ainfi  qu'on  prononce.  Nom  d'une 
ville  de  Gafcogne  ,  Province  de  France.  Lacloracum  , 
Laclora  ,  Laclura  ,  Laclorium  ,  Leclorium  ,  civicas 
Lacloracium.  Elle  eft  dans  l'Armagnac  ,  fur  le  Giers, 
entre  Auch  <?c  Agen ,  à  lîx  lieues  de  la  première  ,  & 
à  quatre  de  la  dernière.  Cette  ville  inaccelfîble  , 
excepté  par  le  côté  qui  regarde  Touloufé  ,  eft  bâtie 
fur  une  montagne ,  environnée  d'un  double  mur ^ 
&  défendue  par  un  château.  Elle  a  Sénéchaullée  , 
de  Évcché  fuflfragant  d'Auch.  Maty.  On  lit  fur  des 
inlcriptions  antiques  trouvées  à  Leicloure  ^  Se  rap- 
portées par  Gruter,  p.  XXIX  ti.  Lector.  Ibid. 
n.    /_,'.  CiviT.  Lactorat.  &  Ordolact.  n.   14. 

LACT.    p.     XXX,     1,     CiVITATlS     LACTOKATiN.    f. 


L  E  C 

XXXI.  2.  R.  P.  Lactorat.  Ces  infcriptions  mon- 
trent l'antiquité  de  Leicloure.  La  troihèir.e  &  la 
quatrième  font  pour  Gordien  j  &  la  féconde  paur 
M.  Auréle  ,  &  le  titre  de  Cité  ik.  de  République 
qu'elle  y  porte  ,  marque  une  ville  libre.  Btlleforcft 
de  Commges  dit  Lefiore  ;  mais  fi  ce  mot  s'eft  dit , 
il  ne  fe  dit  plus ,  ik  ne  s'écrit  plus  ainfi.  Leitoure 
eft  capitale  d'un  pays  qu'on  nomme  la  Lomaigne. 
Un  habitant  de  Lécoure  j  Laclorare  ,  Lacluras ,  atis. 
Hadr.  Valois  ,  Not.  Gall.  p.  lyp-  Au  Concile  de 
Touloufé  ,  tenu  l'an  1068  ,  par  le  Cardinal  Hugues, 
on  rétablit  l'Lglile  de  Leitoure  ,  qui  avoit  été  chan- 
gée en  Monaltère.  Voyei  fur  Laicloure  M.  de 
Marca,  dans  fon  Hiftoire  de  Béarn,  L.  I  j  c.  10. 
Long.  18.  d.  16'.  ;3"jlat.  43.  d.  j6'.   2". 

LECTRICE,  f.  f.  Celle  qm  lit.  Qua  legit.  Leclrix. 
Au  trente -neuvième  Capitulaire  des  Conftitutions 
de  Fontevraud ,  il  eft  marqué  que  la  Semainière  du 
Chœur  ,  la  Leclrice  du  Réfeétoire  ,  &  les  Semai- 
nières  de  la  table  &  de  la  cuiline ,  doivent  commu- 
nier le  Dimanche  qu'elles  entrent  en  femaine.  Chas- 
TELAiN  J  Martyrol,  24.  de  Févriet  ,  page  j  s  S- 

§CF  Ce  terme  n'eft  en  ufage  qu'en  parlant  de  la  Re- 
ligieufe  qui  lit  à  fon  tour  dans  le  Réfectoire. 

LECTRIN  ,  ou  LETTRIN.  f.  m.  Vieux  mot.  Pu- 
pitre. Pluceus.  Chanter  au  leclrin.  Hiftoire  de  Bre- 
tagnej  T.  II , p.  11 JO.  Le  commençant  le  lettrine 
le  Chantre  en  chappe,  p.  1 1 17.  Lobin.  Gloj]'. 

Ce  mot  vient  de  lego ,  legi,  leclum,  d'où  l'on  1 
fait  leclrium  ,  le  lieu  où  l'on  lit  ;  de  mcme  que  de 
pinfere  l'on  a  fait  pifirium.  ,  &  de  molere  ,  molt- 
trina.  Enfuite  de  leclrin  ,  ou  lettrin  ,  nous  avons 
fait  lutrin. 

LECTROIS.  f.  m.  qui ,  dans  quelques  Monaftères ,  fe 
dit  du  lieu  où  les  Religieux  s'allémblent  pour  faire 
la  leéturc.  Locus  leclloni  defiinatus.  Ils  allèrent  au 
Veftiaire  prendre  leur  habit  de  Chœur  ,  &  montè- 
rent au  Leclrois ,  pour  fe  préparer  à  l'Oflice  par  la 
lecture.  Chastelain.  P.  FIélyot.  Dès  qu'on  eut 
dit  Vite  Mi(fa  efi  ,  on  alK  droit  au  Leclrois  fans 
quitter  l'habit  du  Chœur.  Idem. 

LECTURE,  f.  f.  Action  de  lire.  Lecîio.  Les  païens 
s'aftemblent  pour  entendre  la  leclure  d'un  Contrat  de 
mariage.  Ledure  faite  de  fon  interrogatoire.  C'eft  à 
ce  Novice  à  faire  aujourd'hui  la  leclure  dans  le  Ré- 
fecLoire.  J'ai  alfifté  à  la  leclure  de  cet  Ouvrage  en 
bonne  compagnie.  La  leclure  des  Livres  défendus 
eft  dangercufe.  Le  P.  Mabillon  montre  dans  la  Pré- 
face de  la  première  Partie  de  fon  troifième  fiède 
des  Acla  Sancl.  Benedicl.  que  la  leclure  des  Auteurs 
profanes  eft  utile  &  permife  pour  former  le  goût 
de  lajeunefFe.  Foyei  §.  IF,  p.  XXVII. 

§S?  Lecture  ,  fîgnihe  encofe  ,  le  foin  que  l'on  a  de 
cultiver  fon  efprit  par  la  leclure  des  livres.  Un  Hifto» 
rien  doit  avoir  beaucoup  de  led.ure.  Multa  legerit 
oportet.  Ce  DoCieur  a  bien  profité  de  fa  leHure, 
Le  premier  pas  que  fait  dans  le  monde  un  homme 
enivré  de  fa  leclure  ,  eft  prefque  toujours  un  faux 
pas.  S.  EvR.  La/ef7«re  des  bons  Livres  eft  uneco(i« 
verfation  avec  les  plus  honnêtes  gens  des  fîècles 
pallés  ;  mais  une  converluion  étudiée  ,  Se  où  ils 
nous  débitent  leurs  meilleures  penf'ces.  Bail.  La 
leclure  eft  nécellaire  à  parer  l'efprit  ,  à  régler  les 
mœurs ,  Se  à  former  le  jugement.  M.  Scud.  Pour 
recueillir  le  fruit  de  la  leclure  ,  il  faut  du  filence, 
du  repos  j  de  la  méditation.  S.  EvR.  Sans  la  lec- 
ture ,  le  plus  beau  naturel  eft  ordinairement  fec  & 
ftérilc.  Id.  La  leclure  eft  un  préfervatif  contre  une 
infinité  de  dércglemens ,  où  l'on  tombe  quand  on 
ne  fait  à  quoi  s'occuper.  Nie.  S'appliquer  à  la 
leclure.  Ablanc.  Aimer  la  leclure.  Scar.  Employer  M 
des  journées  entières  à  la  leclufe.  Ablanc.  Il  faut  I 
polir  fon  efprit  par  la  leclure.  Vill. 

LÉCUM.  Ville  de  la  Tribu  de  Nephtali  ,  dans  la 
Terre  Sainte.  Lecum.  La  frontière  de  cette  Tribu 
s'étendoit  de  Héleph  Se  d'Elon  en  Saananim  Se 
Adami  ,  qui  eft  aullI  Néceb  ,  (Se  de  Jebnacl  jul- 
qu'à  Lécum  ,  Se  fe  terminoit  au  Jourdain.  Saci  , 
Jof.    XIX.  s  S'  Lécum   écoit  fur  le  bord  du  Jour- 


LE  D 

dam  ,  dans  l'angle  que  formoir  la  frontière  mc'ri- 
dionalc  &  la  fionticrc  oiienulc  de  la  Tribu  de 
Ncphthali.  Elle  étoit  près  de  Capharnai.ini ,  li  te 
n'étoïc  poiiu  Capharnaiim  même.  P.  Lubm,  M. 
Kcl.uid  l'appelle  Laccum  ,  félon  l'Hébreu.  Il  pré- 
reiul  aulli  qu'elle  s'e(l  appcllée  dans  la  fuite  Lok'im , 
ik  que  dans  les  Grecs  qui  l'appellent  A<iJ«^  ,  il  y 
a  deux  fautes  de  Copiltes  ;  un  ii  pour  un  a  ,  tk  un 
A  pour  un  K, 
§C?LECYTHE.  f.  m.  Lecychus.  Terme  d'Antiquité, 
qui  délîgnoit  un  vafc  fait  en  tonne  de  grolle  bou- 
teille ,  dont  on  fe  fervoit  pour  mettre  de  l'huile. 
Vafes  où  les  Apothicaires  mettent  leurs  huiles. 

L  E  D. 

LEDE.  f.  f.  Terme  de  Salines.  La  léde  d'un  marais 
falant  cil  le  milieu  &:  le  plus  grand  efpace  du  jas  ; 
autour  de  la  lédc  on  creulc  une  elpèce  de  canal 
de  deux  ou  trois  pics  plus  creux  que  le  jas ,  6c  de 
douze  à  quinze   pies  de  large. 

LÉDE ,  ou  LÉDA.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom 
de  femme.  Leda.  Cette  femme ,  fi  tàmeule  dans  la 
Fable  ,  fut  fille  de  Thieft ,  tk.  fanme  de  Tyndare , 
Roi  de  Laconie.  Elle  conçut  de  Jupiter,  changé  en 
cygne,  deux  œufs  j  de  l'un  defqutls  lortirent  Pol- 
lux  ,  &  Hélène,  fi  fameufe  pour  avoir  été  le  (ujct 
de  la  guerre  de  Troye  ;  &  de  l'autre  ,  Caftor  «Se 
Clytemneltre.  yoye^  Natal.  Comes  ,  Mythol.  L. 
II  t  c.  i  ,  &c  L.  IX,  c.  ip. 

apr  LÉDE.    Terme  de  Botanique.    F'oye:[  Ledum. 

LÉDE.  Foyei  Leth. 

LÉDENGER.  v.  a.  Vieux  mot.  Lijurier. 

LÉDESMA.  Nom  d'un  bourg  d'Efpagne.  Ledefma. 
Il  efl:  dans  le  Royaume  de  Léon  ,  (ur  la  rivière  de 
Tormes  ,  à  huit  lieues  au-delFous  de  Salamanque. 
Quelques-uns difent  que  ce  bourg  étoit  appelé  ancien- 
nement BUtifa.  Maty. 

LEDGRAV  ,  ou  LEIDGRAV  ,  ou  LEIDGREV  ,  ou 
LETHGRAVE.  f.  m.  Nom  de  dignité  autrefois  en 
Angleterre.  Ledgravius  ,  Leidgravius  ;  Leidgmvius. 
Dans  les  Loix  de  Henri  I ,  Roi  d'Angleterre ,  c.  <? , 
ce  nom  fignifie  Seigneur  de  la  troilîème  partie  d'un 
Comté. 

Ce  nom  eft  compofé  de  Grav  ,  ou  Graf ,  Comté  , 
qui  eft  un  mot  Saxon  &  Germanique  ,  &  de  lech , 
mot  Anglois  ,  qui  fignifie  troificme  partie  d'un 
Comté  ,  qu'on  appeloit  autrement  truing ,  en  La 
tin  /eda  &c  trifiinga.  La  Uth  ,  ou  lede  ,  contejioit 
trois  ou  quatre  hundrédes  ,  qui  fignifie  centièmes. 
C'étoit  une  portion  de  pays  où  il  y  avoit  cent  Offi- 
ciers du  Roi  prépolés  pour  y  maintenir  le  bon  or- 
dre, f^oye'^  Spehnan  ,  au  mot  Hundradus  ;  Se  Du 
Cange  ,  au  mot  Ledgravius. 

LÉDIR.  Vieux  mot  ,  qui  fignifie  la  même  chofe  que 

.    Laindanger.  f^oye^  ce  mot. 


Sire  j  dit  ele ,  con  poes  le  fofrir , 
Que  li  vee^  vos  Chevaliers  lédiir.  R. 


DE    GaRIN 


LÉDO.  Capo  Ledo.    Voyez  Sierra   Lionna  ,  Cap. 

LÉDOIRE.  f.  f.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire  paroles 
injurieufes.  Convitium.  Les  laidoires  font  la  même 
chofe  que  les  laidanges.  Voyez  ce  mot. 

LEDUM  J  ou  LEDE.  f.  m.  Plante  que  les  Botaniftcs 
appellent  Cijîus  ledum  ,  ou  Cijlus  ladanifera  ,  parce 
que  c'eft  une  efpèce  de  cifte,qui  porte  le  ladanum. 
Il  y  en  a  plufieurs  efpèces.  Celle  que  C.  Bauhin 
appelle  Cifius  ladanifera  Monfpelienfium ,  Pin.  \^^j. 
eft  un  arbrilTeau  odorant  ,  couvert  d'une  écorce 
"oire  ,  &  qui  vient  à  la  hauteur  d'environ  trois 
pieds.  Ses  feuilles  font  longues  d'un  doigt  &  demi , 
étroites ,  noires ,  ridées,  fort  gluantes  ,  ?]C?  couver- 
tes d'une  matière  gommeufe  &:  réfineufe  ,  dont  on 
compofe  le  ladanum.  Voye%  ce  mot.  Ses  Heurs 
font  blanches,  fcmblables  à  de  petites  rofes  iauva 
ges.  Il  leur  fucccde  des  fruits  prefque  ronds  j  qui 
renferment  des  femences  menues. 
Tome  V. 


LEE 

L  É  E. 


45-9 


LEE.  f.  f.  Vieux  mot ,  qui  fignifie  chemin  large  dans 
un  bois ,  dans  une  foret.  Lcda  dans  la  balle  Lati- 
nité. De  ce  mot  lée  on  a  fait  celui  à! allée  en  difant 
d'abord  la  léc ,  puis  allée. 
Ce  mot  vient  du  Latin  lata. 
Dans  quelques  Chartres  lée  fignifie  largeur.  En 
longhurc  27  perches ,   V  en  lée  i  2  perches.  Sp£l- 

MAN. 

LÉE.  f.  m.  Nom  d'homme,  Léo.  Au  pays  de  Mont- 
feltre  ,  dans  le  Duché  d'Urbain  ,  Saint  Lée  ,  Prêtre, 
dont'  le  corps  eft  honoré  à  Vigovence  (  Vicoka- 
bentii)  au  Duché  de  Lerrarc.  Chastelain  ,  14.  de 
Févr.  f.  6  ^.f. 

La  ville  de  Montfeltrc  ,  Mans  Feretrius  ,  où 
mourut  ce  lainr  Prêtre  ,  en  a  pris  le  nom  de  S. 
Lée.  Il  n'y  a  plus  que  le  pays  où  elle  eft  qui  porte 
le  nom  de  Montfeltrc  ,  &c  elle  en  eft  la  Capitale  , 
Se  Epilcopale.  Le  Saint  Se  la  ville  fe  nomment  en 
Italien  S  an- Léo ,  &  non  San-Leone  ,  comme  li  011 
avoit  dit  en  Latin  Sancius  Leus  ;  quoiqu'on  ne 
trouve  dans  aucun  ancien  Acle  où  il  n'y  ait  Sancius 
Léo.  Chastelain  ,  au  même  endroit ,  p.  6 ^H. 

LÉE.  Voye^^  Savaren. 

LEECHÊ.  {.  f.  Vieux  mot.  Joie. 

LEEDS.  Nom  d'un  bourg  d'Angleterre.  Ledefia.  Il 
crt  (ur  la  rivière  d'Are  ,  dans  le  Comté  d'V^orch  , 
a  fept  lieues  de  la  ville  de  ce  nom ,  vers  le  couchant. 
Matv. 

LÉENA.  f.  f.  Fameufe  Courtifane  d'Athènes.  Les 
Athéniens  lui  érigèrent  une  ftatgc  fous  la  figure  d'une 
lionne  (ans  langue. 

LÉERBERG  ,  ou  SCHAFFMAT.  Nom  d'une  mon- 
tagne de  Suille.  Leerberga.  C'eft  une  partie  du 
Mont  Jurx,  Sz  elle  -s'étend  fur  les  confins  des  can- 
tons de  Bâle ,  de  Solcure  &  de  Berne  ,  entre  les 
jjetites  villes  d'Araw  &  d'Hombourg.  Maty. 

LEERDAM.  Nom  d'une  petite  ville  ,  avec  titre  de 
Comté.  Leerdamum  ,  anciennement  Lcuri.  Elle  ell 
dans  la  Hollande  ,  fur  la  rivière  de  Linge  ,  à  deux 
lieues  de  Gorcum  ,  du  côté  du  nord.  Maty.  Léer- 
dam  eft  entre  Utrech   &:  Voerden.   Valois  ,  Not. 

Gaii.  p.  2  a  s, 

LÉEROOT.  Nom  d'une  bonne  fortereffe  du  Comte 
d'Embde ,  en  Weftphalie.  Ortia  ,  Arx  Lierortia. 
Elle  eft  à  l'embouchure  de  la  Lée  dans  l'Embs  , 
environ  à  quatre  lieues  de  la  ville  de  Lembde  , 
Se  fort  près  de   celle  de  Léer,  qui  eft  fans  murailles. 

Maty. 

LÉERPOLE  ,  LÉVERPOLE  ,  ou  LIWERPOLE.  Bon 
bourg  ,  ou  petite  ville  d'Angleterre  ,  lituée  dans 
le  Comté  de  Lancaftre  ,  à  fix  lieues  de  Cheftre ,  Se 
à  l'embouchure  du  Merfey  dans  la  mer  d'Irlande , 
où  il  y  a  un  grand  port  ;  ce  bourg  a  aulli  (éance 
au  Parlement  d'Angleterre.   Liferpalus.  Maty. 

LÉEVVE ,  ou  LEUWE.  Ce  dernier  eft  plus  de  notre 
ufagc.  Nom  d'un  bourg  bien  fortifié  ,  Se  défendu 
par  une  bonne  citadelle.  Lcuvia  ,  Louwa  ,  Levia. 
Il  eft  dans  le  Brabanc ,  fur  la  Géete  ,  entre  des 
marais ,  à  quatre  lieues  de  Louvain  ,  &  à  deux  de 
Tilmont ,  vers  le  Levant.  Maty.  On  dit  dans  le 
pays  Leuven.  Cluvier  croit  que  Lcuvcn  eft  l'ancien 
Levefanum  ,  Se  Valois  conjeéture  qu'il  faut  écrire 
Levufanum  ,  Se  que  ce  lieu  fut  ainfi  appelé  ,  parce 
qu'il  y  avoit  un  Temple  d'une  déelfe  nommée  Lè- 
ve, Leva  :  mais  il  ne  fait  quelle  eft  cette  déelfe. 
Voy.  Not.  Gall.  p.  2  6 s- 

L  E  G. 

fO"  LÉGAL  ,  ALE.  adj.  Legalis.  Ce  qui  concerne 
la  Loi  J  qui  eft  fixé  ,  déterminé  par  la  loi.  On  dit 
dans  ce   fens  ,  un  douaire  légal.    Augment  légal. 

|CrOn  dit  de  même  ,  Peines  légales,  fixées  par  la  loi , 
par  oppofirion  aux  peines  arbitraires  ,  qui  dépen- 
dent de  la  volonté  des  Juges. 

^CT  LÉGAL  J  Se  dit  particulièrement    en  Théologie  de 

M  m  m  ij 


^.6o       L  E  G 

ce  qui  concerne  la  loi  MoCuque  „  pai  oppofition 
à  l'Evangile.  On  dit  en  ce  fens  _,  Cérémonies  le'.^a- 
Ics.  Obfervations  légales.  Impureté  légale.  Obfer- 
vations  légales  ,  prelcrites  par  la  loi  de  Dieu  don- 
née par  Moyfe. 

Colonnes  légales.  C'étoit  chez  les  Lacédémo- 
niens  de^  colonnes  élevées  dans  les  places  publi- 
ques ,  oy  étoient  gravées  fur  des  tables  d'airain  les 
loix  fondamentales  de  l'Etat. 

LÉGALEMENT,  adv.  d'une  manière  légale ,  félon  les 
loix. 

LÉGALISATION,  f.  f.  Certificat  donné  par  autorité 
de  Jufticc  ,  ou  par  une  perfonnc  publique,  _&  con- 
firmé par  l'atteftation  ,  la  fignatiire  &  le  keau  du 
Magiftrat ,  afin  qu'on  y  ajoute  foi  par  tout.  Tejli^- 
monïutn  aiitontate  public  à  firmatum.  $Zt  ou  plutôt 
certificat  donné  par  un  Officiel-  public  ,  &  mimi  de 
fon  fceau ,  par  lequel  il  déclare  que  l'ade  au  bas 
duquel  il  met  ce  certificat ,  eft  authentique  dans  le 
lieu  où  il  a  été  parte;  afin  d'étendre  par  ce  moyen 
l'authcnticiré  de  l'ade  d'un  lieu  dans  un  autre.  Lu- 
iera  tejlitnonialis.  Un  ade  ne  fait  point  foi  lans 
légalifaûon ,  dans  un  pays  étranger  ^  &:  hors  du 
Royaume. 

1)3"  LEGALISER,  v.  a.  Ajourer  à  un  afte  authentique 
les  certificats  néceflaires  ,  afin  qu'il  puiflc  faire  foi 
hors  du  relfort  de  la  jurildidion  où  il  a  été  pallé. 
Cettifier  l'authenticité  d'un  adiré  public  ,  afin  de 
J'érendrc  d'un  lieu  à  un  autre.  Atuor'uate  publicù 
Jrrmare.  Un  Magiftrat  légaiifc  un  aéte  en  certifiant 
que  le  Notaire  qui  l'a  reçu,,  eft  un  Notaire  public 
du  lieu  où  il  a  été  palfé  ,  qu'on  y  ajoute  foi  ,  tant 
en  jugement j  que  dehors;  &  enkiite  il  y  tait  ap- 
peler le  fceau  public  de  la  ville,  ou  de  la  Juftice. 

|0°  Non -feulement  les  aélcs  (ont  légalifés  par  des 
Officiers  de  Juftice  ,  mais  encore  par  àcs  Officiers 
Publics  ,  qui  ne  (ont  ni  Magiftrats  j  lii  Officiers  de 
Juftice  ,  comme  Ambalfadeurs  ,  Envoyés ,  Réddens  ; 
Confuls  ,  Vice-Confuls  .,  &c.  Se  en  général ,  par  les  Mi- 
niftres  du  Prince  dans  les  Cours  Etrangères.  Il  en  eft  de 
même  des  Officiers  Militaires,  Gouverneurs  ,  Com- 
raandmsj    &c. 

liCJ"  Les  Actes  émanés  d.es  Officiers  publics  Eccléfiafti- 
qu?s  ,  font  légalifes  par  l'Évcque  ,  ou  les  Prépolés. 

LÉGALISÉ  ,  ÉE.  part.  Prohatus  ,  automate  publlcl  fir- 
matus. 

1^3"  LÉGALITÉ,  f.  f.  On  a  voulu  faire  fignificr  à  ce 
mot  ,  Juftice  ,  équité.  Il  lignifie  hmplement  l'authen- 
ticité d'un  adte ,  revêtu  des  formes  Ordinaires.  Au 
relie ,  ce  terme  n'eft  pas  d'ufage. 

LEGAT.  1.  m.  Legatum.  Il  ne  fe  dit  guère  en  ce  fens 
que  dans  les  pays  gouvernés  par  le  droit  écrit.  De 
là  Légataire  ,  nous  dilons  Legs.    . 

|CF LÉGAT,  l.  m.  Legatus.  C'eft  en  général  un^Ecclé- 
fiaftique  ,  ordinairement  Cardinal  ,  qui  fait  lés  fonc- 
tions de  Vicaire  du  P.ape  ,  ou  qui  eft  prépofé  par 
S.  S.  pour  gouverner  quelque  Province  de  l'Etat 
Eccléfiaftique ,  pour  exercer  la  Jurildidion  dans  les 
lieux  où  le  P.ape  ne  peut  fe  trouver.  Les  Légats  du 
Pape  dans  les  Conciles  font  louvcnt  appelés  loci 
Scrvatores  ,  topoteretiz  ,c'clT:-à  dire,  Lieutenans.  Voy. 
ce  nïot.  Si  l'on  parle  d'un  Légat  à  latere ,  c'eft  un 
Cardinal  envoyé  extraordinairement  par  le  Pape, 
auprès  de  quelque  Prince  Chrétien  ,  pour  quelque 
affaire  importante.  Il  y  a  trois  fortes  de  Légats  ; 
des  Légats  à  latere  ,  des  Légats  de  latere  ,  &  des 
Légats  nés.  Les  Légats  à  latere  ,  font  les  plus  çon- 
fidérabîes"  de  tous  l'es  Légats.  Tels  font  ceux  à  qui 
le  Pape  donne  la  commiffion  de  tenir  la  place  dans 
un  Concile.  Les  Légats  du  Pape  prélidoient  au  Con- 
cile de  Trente.  Ce  nom  de  Légat  à  latere  vient  de 
ce  que  le  Pape  ne  donne  cet  emploi  qu'à  §3"  des 
Cardinaux  qu'il  envoie  d'auprès  de  la  Perfonne  , 
c'eft  à-dire,  qui  font  tirés  du  Sacré  Collège  ,  qui 
eft  ton  Confeil  ordinaire.  Autrefois  lortque  les  Pa 
pes  vouloient  gratifier  quelqu'un  ,  ils  le  déléguoieiu 
pour  aller  vifiter  les  Bénéfices  du  Royaume  ^  Se  lui 
faifoient  prcfcnt  de  tous  les  émolumens  qui  en  pou- 
voient  provenir.  Le  Concile  de  Latran,  fous  le  Pape 


L  E  G 

Innocent  IIÎ  ,  ordonna  que  fi  un  feul  Bénéfice  n'é- 
toit  pas  fuffitant  pour  défrayer  lé  Légat  Apoftoli- 
que ,  deux  ou  trois  Bénéficiers  te  pourroient  cotifer 
pour  fournir  aux  frais.  Pasc.  Le  Pape  ne  peut  plus 
envoyer  de  Légat  en  France  fans  le  confentement 
du  Roi. 

Un  Légat  à  latere  a  en  France  la  préféance  de- 
vant ki  Prmces  du  Sang  ,  quand  le  Roi  tient  fon 
Lit  de  Juftice  en  Parlement.  Roche-Flavin.  Le 
Légat  à  latere  peut  conférer  des  Bénéfices  fans  man- 
dat. Il  peut  légitimer  des  b.itards  pour  tenir  des  Béné- 
fices j  mais  non  pas  pour  tenir  des  Offices  Royaux. 
Il  ne  peut  faire  porter  la  croix  devant  lui  dans  le 
Royaume  de  France  ,  avant  la  vérification  de  fon 
pouvoir  ;  mais  lorfque  fon  pouvoir  eft  vérifié ,  il  peut 
taire  porter  ta  croix  devant  lui ,  à  la  réterve  du  heu 
où  eft  le  Roi  en  perfonne.  Le  pouvoir  du  Légdt 
doit  avant  route  chote  être  prétenté  au  Parlement, 
qui  l'examine  ,  qui  l'enregiftre  ,  Se  le  fait  publier , 
fous  les  modifications  que  la  Cour  trouve  à  propos 
pour  le  bien  du  I^.oyame  ,  &  la  contervation  des 
Libertés  de  l'Eglile  Gallicane.  Chopin.  Le  Légat  jutê 
au  Roi  ,  qu'il  ne  (e  tervira  du  pouvoir  de  ta  léga- 
tion ,  qu'autan^e  temps  qu'il  plaira  à  Sa  Majefté. 
Roche-Flavin.  i-cs  Légats  à  latere  ont  des  Dataires 
Se  des  Soudataires.  Ils  ne  peuvent  commettre  ni  fub^ 
déléguer  pertonne  ,  pour  faire  leurs  fonétions.  On 
ne  leur  accorde  pas  non  plus  la  prévention  lur  les 
Ordinaires  ;  elle  n'appartient  qu'au  Pape.  En  un 
mot  ,  comme  le  pouvoir  des  Légats  à  latere'eft 
extraordinaire  Se  irrégulier  ,  l'on  y  apporte  toutes 
les  reftridrions  pollîbles.  Le  Cardinal  Barberin  qui 
vint  Légat  en  France  en  i6ij,  eut  beloiiide  lettres 
de  Juflîon  pour  faite  enregiftrer  fes  Bulles  ,  &  fe 
retira  de  la  Cour  aftez  brulquement  &  alfez  mal 
fatisfait.  Wicq. 

Les  Légats  de  latere  ,  font  ceux  qui  ne  font  pas 
Cardinaux  ,  Se  qui  tbnt  pourtant  de  la  Légation 
Apoftolique.  Il  y  a  cependant  des  Auteurs  qui  ne 
dirtinguent  point  les  Légats  de  latere ,  des  Légats 
à  latetc  ,  Se  qui  prétendent  que  ces  expreilions 
fignifient  la  même  chote.  D'autres  dilent  que  les 
Légats  de  latere  diftérent  des  Légats  à  latere  ,  en 
ce  que  les  premiers  ne  font  point  Cardinaux  ,  quoi- 
qu'ils l'oient  4ionorés  de  la  légation  ,  &  que  les 
derniers  font  toujours  Cardinaux  ;  ce  qui  eft  vrai 
à  l'égard  des  derniers  fiècles  feulement  ;  car  on  a 
vu  dans  les  temps  plus  reculés  ,  des  Prêtres  Se  des 
Diacres  envoyés  au  Conciles  en  qualité  de  Légats 
du  Saint  Siège. 

Les  Légats  nés  ,  font  ceux  à  qui  on  ne  donne  au- 
cune légation;  mais  qui  en  vertu  de  leur  dignité. 
Se  non  pas  à  caule  de  leur  pertonne  ,  tout  nés  Lé- 
gats. L'Archevêque  d'Arles  ,  Se  celui  de  Rheims , 
font  nés  Légats.  FÉVR.  fCT  c'eft- à-dire ,  que  là 
qualité  de  Légat  du  S.  Siège  eft  attabhée  à  ces  deux 
Sièges  :  mais  la  puillance  des  Légats  nis  te  réduit 
prefque  à  rien  aujourd'hui  ,  &:  ce  n'eft  plus  ,À 
proprement  parler  ^  qu'un  titre  d'honneur  pour  ces 
deux  Prélats ,  qui  ne  leur  donne  aucune  prééminence , 
ni  aucune  junldidion.  Il  y  a  aulll  un  Légat ,  ou 
Fice  Légat  du  S.  Siège  à  Avignon ,  qui  en  eft  lé 
Gouverneur  fpiiiruel  Se  temporel,  qui  y  fait  les  mê- 
mes fonèlions  que  le  Pape  tait  à  Rome ,  auquel  ont 
recours  ceux  de  la  Gaule  Narbonnoile  pour  l'ex- 
péditions  des  dilpentes  ,  provifions  Se  autres  grâces 
Eccléhaftiques.  ï!  y  a  de  même  des  Légats  à  Bo- 
logne ,  Se  en  d'autres  villes  qui  fontdans  la  Seigneu- 
rie temporelle  du  Pape. 

On  donne  quelquefois  le  pouvoir  de  Légat  fans 
en  donner  le  titte  j  ni  la  dignité.  Il  y  a  des  Nonces 
avec  pouvoir  de  Légat. 

L'Auteur  des  définitions  du  Droit  Canon  paroit 
croire  que  le  pouvoir  des  Légats  n'expire  point  par 
la  mort  de  celui  qui  les  a  envoyés  ;  cependant  le 
Parlement  féant  à  "Tours  rendit  un  Arrêt  en  iJ5»4' 
par  lequel  il  cafte  Se  annuUe  les  provifions  des 
Bénéfices  que  ce  Cardinal  avoic  données  ,  parce  que 
ta  légation  éroit  finie  par  le  décès  de  Sixte  V ,  qui 


LE  G 


l'avoir  eiivoyc.  C'cfl  le  fcntiment  de  Fcvrcr  j  Traité 
de  i Abus ,  L.  m ,  c.  2^  an.  i6. 

l.c    nom  d'^   Léi^ac  vient   de  celui  de  Léq.-aus  , 
•  que  V.UTon  dérive  de  kgan  ^  qui  veut  dire  choi/Ir: 
d'.lutres  le  font  venir  de /égare ,  delegarc  ,  qui  <igni 
fient  cnvoynr y  délégw.r ;  cette  étymologie  efc  li  (tiiIe 
vraie.  Le  mot  de  Légacus ,  dans  Ion  origine,  ilgnilie 
celoiqui  eft  commis,  qui  eft  envoyé  par  un  autre 
pour  quelque  Ibndtion;  qui  le  rcprcicnte  ^  qui  tient 
îà  piauc  :  mais  dans  l'ufage  ordinaire  ,  le  nom  de 
Légat  lignifie  tout  cela  ,  avec  un  caradère  fingulicr 
de  pouvoir  ,  d'autorité  Se  de  dignité.  Ceux  qui  croient 
que  le  Pape  donne  le  nom  de  Légat  Se  de  Noiice  à 
fes  Ambalîadeiu-s  extraordinaires  ou  ordinaires,  afin 
de  les  dirtinguer  des  Ambafladeurs  des  autres  Souve- 
rains ,  paroiilcnt  fe  tromper.  Les  noms  de  Legatus 
ôc   de  Nundiis   l'ont  très  -anciens;  Se    comnie  ils 
étoient  établis  &  reçus  avant   que  ceux  d'Ambaîïà- 
deurs  ,  à'Jmbafétatorc  Se  ôC Emhaxador ,  fulîènt  re- 
çus dans  les   Langues  Françoife  ^   Italienne  &  Ef- 
pagnole.ils  font  demeurés;  mais  ils  ontlignifiéen  M- 
fcrens  temps ,  ditférens  degrés  de  dignité  Se  d'autorité. 
Foyé^im  les  Légats  Wicqueiott ,  de  l'Ambanà- 
deur  &  de  les  fonctions.  Févret;  dzV Abus ,  L.  III, 
&c.  Rébuiie  dans  la  Prat.  Bénéjîc.  Se  fur  le  Concile. 
La  Roche-Flavin  ,  L.  1 3  ,  des  Parhmcns ,  &c.  Cho- 
pin j  Polit.  L.  2  ,  &c.  Boërius ,  de  poteji.  leg.  Li- 
bertés de  l'EgUfe  Gallicans ,  L.  2.  Servin,  dans  (zs 
Arrêts  ,  &:    dans  fes  Plaidoyers    François.  Marcus  j 
Decif.  Delphin.  Du  Tillec ,  dans  fon  Recueil,  /// 
parc.  p.  2JÇ  ,  2Ss   &  spi  ,   fur    les  droits  lV   les 
pouvoirs  des  Légats  à  latcre  en  France.  On  dit  pro- 
verbialement d'un  homme  qui  eft  fort  occupé  ,  qu'il 
a  plus  d'affaire  que  le  Légat 
LÉGAT  ,  autrefois  chez   les  Romains  ,  étoit  un  Officier 
qui  répondoit  à  ce  que   nous  appelons  Lieutenant- 
Général;  c'étoit  un  Officier  qui  commandoit  fous  le 
premier  Officier  ,   &  comme  nous  avons  des  Lieu- 
tenans  Généraux  d'armées  fous  le  Général ,  Se  des 
Lieutenans  Généraux  des  Provinces  fous  les  Gouver- 
neurs, ils  avoient  aulfi  des  Légats  dans  les  armées 
fous  le  Général  ,  au-delTus  de  tous  les  autres  Offi- 
ciers de  guerre ,  &  des  Légats  dans  les    Provinces 
fous  le  ProconUil ,  ou  Gouverneur. 

Quand  un  homme  conlidérable  ,  Citoyen  Romain  , 
avoit  affaire  dans  les  Provinces  ,  on  lui  donnoit  le 
titre  de  Ze^'ar  ,  c'eft  à-dirc  d'Envoyé  parle  Sénat, 
afin  qu'il  fût  reçu  avec  honneur  dans  les  Provinces  , 
&  même  que  les  villes  Se  les  peuples  le  défrayalîcnr. 
Cela  s'appeloit  Légation  libre  ,  parce  qu'ils  n'étoient 
chargés  de  rien  ,  qu'ils  la  quittoient  quand  il  leur 
plailoit  j  &r  qu'elle  n'étoit  que  pour  l'honneur  &  la 
sûreté  de  leur  perfonne.  Legatio  libéra. 

P"  LEGATAIRE,  f  m.  &  f.  C'eft  celui  à  qui  un 
Teftateur  a  fait  un  legs.  Legatarius.  Foyei.  Legs. 
En  pays.coutumier  on  ne  peut  pas  être  héritier  Se 
Légataire;  mais  un  légataire  peut  renoncer  à  cette 
qualité  ,  8c  prendre  celle  d'héritier,  s'il  la  croit 
plus  avantageufe.  Dans  la  France  coutumière  le  lé- 
gataire univerfel  repréiente  l'héritier  ,  quoiqu'il  ne 
le  foit  pas  effedivement.  Il  doit  demander  la  déli- 
vrance de  fon  legs  à  l'héritier  ,  ainli  que  les  légatai- 
res particuliers ,  parce  que  tous  n'ont  point  d'autre 
titre  que  le  teftament.  Lorfque  le  légataire  univerfel 
a  obtenu  la  délivrance  de  fon  legs  ,  les  légataires 
paniculiers  peuvent  s'adreiler  à  lui  pour  la  déli- 
vrance de  leurs  legs,  parce  qu'il  efl  loco  Mredis. 
Cependant  les  légataires  des  chofes  mobilières  en 
peuvent  demander  la  délivrance  à  l'exécuteur  tePta- 
mentaire  ,  parce  qu'il  en  eft  ftifi  par  la  courinnc 
pendant  l'an  Se  jour  ;  mais  il  ne  doit  pas  faire  cette 
délivrance  fans  l'aveu  de  l'héritier.  Un  Teftateur  ne 
peut  léguer  que  le  quint  de  fes  propres.  Les  quatre 
autres  quints  repréfentent  la  légitime  coutumière  , 
dont  il  ne  peut  pas  difpofer  par  teftament  au  pré- 
judice de  fes  héritiers. 

-EGATINE.  {.  £  C'eft  une  étoffe  moitié  fleuret  ,  Se 
moitié  foie.  Il  y  en  a  auffi  de  moitié  laine.  Elle  eft 
de  même  nature  que  la  papeline. 


L  £  G  aSi 

LEGATION,  f  f  Charge  ou  fondion  de  uZ    ou 
fi  Cour  Se  ion  Tribunal,  fi  dignité,  fa  Jurifdiclîon 

étendue  du  Gouvernement  d'un  Légat,  Se  même 
le  temps  que  durent  les  fondions  d'un  Légat  à  la- 
terc.  Lcgati  munus  ,  dignitas ,  curia  ,  legatio.  Les 
Banquiers  en  Cour  de  Rome  le  font  aufti  en  la  -Lé- 
gation d'Avignon.  On  obtient  en  la  légation  d'A- 
vignon ,  toutes  grâces  Se  expéditions  béncficialcs  pour 
la  Provence,  le  Dauphiné,  une  partie  du  Lyoniiois 
Se  du  Languedoc,  ce  qu'on  appelle  les  trois  Provin- 
ces. En  fortant  du  Royaume,  le  Légat  eft  obligé  ds 
laifter  au  Parlement  le  fceau  Se  le  regiftrc  de  fa /e^a- 
tion.  Le  Légat  ne  peut  ufer  de  fa  légation,  qu'autant 
de  tems  qu'il  plaît  au  Roi,  Se  on  ne  reçoit  point  de 
légation  en  France  qui  ne  foit  limitée.  Fevret. 
LEGATOIRE.  adj.  m.  Se  f.  Qui  fe  dit  en  parlant  du 
Gouvernement  àcs  anciens  Romains.  Legatorius  ,  a. 
Auguftedivifa  les  Provinces  de  TEmpire  en  Confulai- 
rcs ,  Légataires  Se  Prélidiales.  Les  Provinces  légatai- 
res etoient  celles  dont  l'Empereur  lui-même  étoic 
Gouverneur,  mais  où  il  ne  rélidoit  pas  ,  Se  qu'il  n'ad- 
niimftroit  que  par  fes  Licutcnans  qu'on  appeloit  Lé- 
gats ,  Legati.  C'eft  Pompée  qui  a  commencé  à  gou- 
verner les  Provinces  par  k$  Lieutenans  ou  Légats. 
LEGATURE,  (.  f.  Petite  étoffe  qu'on  nomme  autrement 

Ligature,  Brocatelle  Se  Mezcline. 
LEGE.  adj.  Terme  de  Marine,  qui  fe  dit  des  vailfeaux 
vides  &  fans  charge.  Navis  vacua.  Un  vaiffeau  qui 
retourne  lége ,  c'eft-à-dire,  qui  revient  iàns  charge 
de  marchandifes,  'Vailleau /^-e  ^  fignifie  aufti  vaillcau 
qui  n'a  pas  allez  ;de  Icft,  ou  qui  eft  trop  léger  pour 
quelque  autre  raifon  j  comme  par  défaut  de  conftruc- 
tion ,  &c.  Ainfi  lége  veut  dire  léger  ou  vide.  VailTèau 
lége.  Retour  lége. 
LEGEiMENT.  adv.   Terme  de  Droit.  En  hommage  li- 
ge. Arcliore  ac  duriore  clienteU  lege.    Il  reconnoît 
tenir  légement  en  fief  Se  hommage  de  N . .  tout  ce 
qu'il  a.  D'ArtezÉ. 
LEGENDAIRE,  f.  m.  Auteur  d'une  Légende  ,  qui   a 
écrit,  compofé  une  Légende.  AuclorRifioris.  Sanclo- 
rum,^  Legends..  Le  premier  Légendaire  que  l'on  con- 
noille,  eft  Métaphrafte,    qui   vivoit  au  commence- 
ment du  X^lîècle,  ious  l'empereur  Conftantin  Por- 
phyrogénète  ,  à  la  Cour  duquel  il  fut  revêtu  des  pre- 
mières Charges  de  l'Empire;  car  il  fut  Grand  Maître 
de  lamaifon  de  l'Empereur,  &  Logothète,  ou  Con- 
trôleur Général  des  Finances.  Le  premier  Légendaire  , 
parmi  les  Latins,  eft  Jacques  de  Varafe  j  ou  de  Vora- 
gine,  qui  vécut  au  XIIP  iîècle  qu'il  vit  prefque  en- 
tier, Wicclius  dit  que  ce  Légendaire  a  mis  un  peu 
trop  de  Mythologie  dans  fon  Ouvrage.  Baillet.    Il 
eft  Auteur  de  la  fameufe  Légende  dorée.   Les  anciens 
Légendaires  n'ont  point  été  allez  exads. 
LEGENDE,  f  f.  Ce  qui  fe  doit  dire  ,  du  Latin  Legenda. 
Légende  étoit  d'abord  un  livre  d'Eglife  qui  contenoit 
les  ledures  que  l'on  devoir  f-.ire  dans  l'office  divin  : 
nous  appelons  ces  ledures  aujourd'hui  leçons.    Les 
Vies  des  Saints  Se  des  Martyrs  ont  été  appelées  des 
Légendes ,  parce  qu'on  les  devoit  lire  dans  les  leçons 
de  matines  &  dans  les  réfedoires  des  Communautés. 
La  légende  dorée  eft  une  ancienne  compilation  des 
■Vies  des  Saints.  C'eft  l'ouvrage  de  Jacques  'Varafe, 
plus  connu  fous  le  nom  Latin  de  Voragine  ;  il  s'appe- 
loit aulh^Jacques  de  Gènes,  Se  étoit  né  à  Varaggio, 
ou  Varalc ,  que  d'autres  appellent  Viraggio  ,  petite 
ville  de  la  côte  de  Ligurie,  entre  Gènes  Se  Savone. 
On  devoir  donc  le  nommer  de  Varagine  ,  ou  de  Vira- 
gine  :  mais  par  allufion  a  ce  véritable  nom  du  lieu  de 
fa  naillance  ,  on  l'a  appelé  de  Foragine  ,  pour  mar- 
quer un  goufirc,  un  abyme,  ou  de  (cience  Se  de  cho- 
fes diSérentes  ramadccsenfemble,  ou  comme  fes  en- 
nemis prirent  ce  mot,  de  chofes  fiuffes  &:  mauvaifes. 
Jacques  de  'Varale  fut  Vicaire  Général  des  Domini- 
cains, puis  Archevêque  de  Gènes  en  I29i  ,  &  mourut 
en  i  298  ,  âgé  de  96  ans,  en  odeur  de  fainteté.  Il  com- 
pofa  les  Vies  des  Saints  dans  un  nouvel  ordre  ,  fous  le 
titre  de  légendes  d'or,  ou  d'Hiftoire  Lombarde.   Cet 
ouvrage  fut  reçu  avec  beaucoup  d'applaudilfemenc ,  & 
eut  une  réputation  qui  dura  deux  cens  ans.  Depuis  le 


46: 


L  EG 


commencement  duXVPficcle,  Uien  des  gens  l'ont 
critiquée ,  entre  autres  Wicelius  ,  Hagiolog.  Pruf. 
Louis  Vivez,  lit.  IL  de  Corr.  An.  vers  la  fin,  &  de 
Trad.  Difc.  vers  le  milieu ,  Claude  Delpencc  ,  Mel- 
chior  Cano ,  Loc.  Theol.  lib.  IL  c:  6.  Jean  Hci(cls , 
&  le  P.  Boilandus,  Praf.  T.  I.  Jan.  où  quoiqu'il 
"n'approuve  point  tout  ce  que  les  autres  lu»  repro- 
chent ,  il  y  trouve  aulîi  à  redire.  Voye^  encore  Bail- 
let ,  Difc.  fur  /'Hifloire  de  la  Fie  des  Saints  ,  N. 
XXXIL  &  fuiv.  bans  ce  même  dilcours  ,  plein 
d'une  critique  très  judicieufe  ,  il  tr.ùte  aullidcs  autres 
légendes. 

LÉGENDE  ,  fe  dit  ironiquement  d'unccrit  long  &  en- 
nuyeux ,  d'une  longue  fuite  de  choies  eniuiyeules.  Cet 
Avocat  nous  a  rapporté  une  grande  légende  de  Loix  & 
d'autorités.  Il  m'a  fallu  ouir  une  grande  légende  de 
vers  que  ce  Pocte  m'eft  venu  apporter. 

LÉGENDE ,  fe  dit  audi  des  paroles  qui  font  gravées  autour 
&c  vers  les  bords  des  monnoies  &  des  jettons.  La  lé- 
gende des  monnoies  n'efl:  autre  chofc  que  les  lettres 
qui  font  marquées  fur  l'elpècc  ,  ou  proche  des  bords  , 
ou  au  milieu,  ou  lur  la  tranche.  Boizard,  Pan.  L 
c.  12.  Les  Tailleurs  Particuliers  &  les  Maîtres  des 
Monnoies ,  font  obligés  de  marquer  chacun  leur  ca- 
raclcre  dirlérent  dans  la  légende  des  elpèces  du  côté  de 
l'effigie  ou  du  côté  de  l'ecullbn.  Id.  La  légende  de 
nosécus  cil,  Sitnomen  Domini  bencdulum.  Les  mon- 
noies d'orde  la  troilîèmc  race  de  nos  Rois,  ont  pour /c'- 
gende , XPC  VINCIT,  XPC  REGNAT ,  XPC  IMPE- 
RAT.  XPC  efl:  en  Grec  l'abréviation  de  xf^"  Chrift. 
Foulcher  rapporte  que  ce  fut  le  mot  de  l'arméeChrétien- 
iie,  dans  une  bataille  qu'elle  donna  contre  les  Sarrazins, 
fous  le  règne  de  Philippe  L  Depuis  ce  tems  là,  nous 
les  avons  toujours  fait  graver  (ur  nos  monnoies,  par- 
ticulièrement lur  celles  d'or.  Quelques  autres  Nations 
nous  ont  en  cela  imité.  On  voit  quelque  choie  d'ap- 
prochant iur  une  nionnoie  de  Dagobert,  où  l'on  lit 
Deus  Rex.  Les  derniers  Empereurs  de  Conftantino 
pie  ont  mis  quelque  choie  de  lemblable  lur  leurs 
monnoies  d'or ,  où  l'on  voit  louvent  Jefus  Chriflus 
Rex  Regnantium  ,  ou  Jcfus-Chrijius  Bafileus  Bafi- 
leon ,  ou  IHS  XPSNIKA,  Jefus  Chrijîus  vincic.  Le 
Blanc,  p.  164. 

On  appelle  aulh /t^e/ît/e^j  les  infcriptions  des  mé^ 
dailles,  &c  qui  iervent  à  expliquer  les  figures  qui  (ont 
fur  le  champ.  L'inlcription  eft  diftérente  de  la  légen- 
de ,  en  ce  qu'on  n'appelle  proprement  infcription  , 
que  les  paroles  qui  tiennent  lieu  de  revers  &  qui 
chargent  le  champ  de  la  médaille  au  lieu  de  figures.  Il 
femble  que  les  Anciens  aient  voulu  faire  de  leurs 
médailles  des  images  &  des  emblèmes;  les  unes  pour 
le  peuple  &  pour  les  eiprits  grolliers  ;  les  autres  pour 
les  gens  de  qualité  &  pour  les  efprits  plus  délicats;  des 
images  pour  reprélenter  le  vifage  des  Princes  ;  des 
emblèmes  pour  reprélenter  leurs  vertus  &  leurs  gran- 
des adions.  Ainh  l'on  doit  regarder  la  légende  comme 
l'ame  des  médailles ,  &  les  figures  comme  le  corps. 
P.  Jos.  Chaque  médaiUe  porte  deux  légendes  ;  celle 
de  la  tète,  &z  celle  du  revers.  La  première  ne  Icrt 
ordinairement  qu'à  taire  connoître  la  perfonne  par 
ion  nom  propre,  par  fes  charges  &  par  certains  lur- 
noms  que  fes  vertus  lui  ont  acquis.  La  féconde  elf 
deflinée  à  expliquer  les  vertus,  fes  belles  adtions ,  les 
monumens  glorieux  qui  fervent  à  immortaliler  Ion 
nom ,  Ik  les  avantages  qu'il  a  procurés  à  l'Empire. 
Cela  n'efl  pas  néanmoins  fi  univerfel ,  ni  h  indifpcn- 
fable  que  les  qualités  &:  les  charges  de  la  perfonne, 
ou  toutes,  ou  en  partie,  ne  fe  partagent  quelquefois 
au  revers  aullî  bien  qu'à  la  tète,  ou  qu'elles  ne  fe 
mettent  quelquefois  iur  le  feul  revers  ,  où  l'on  ne 
laillc  pas  encore  ,  quoique  plus  rarement,  de  trouver 
le  nom  même.  Id.  La  légende  de  la  tète  exprime  aullî 
quelquefois  les  vertus  du  Prince  ,  comme  'Virtiis 
PRopi.  'ViRTUs  PROBi  iNVicTi.  AuG.  Pour  Ics  mé- 
dailles des  villes  iSc  des  provinces,  comme  la  tète  cil 
ordinairement  le  génie  de  la  ville  ,  ou  de  la  province  , 
ou  quelqu'autre  déité  qui  y  étoit  adorée ,  la  légende 
cft  aullî  le  nom  de  la  ville,  de  la  province,  ou  de  la 
déité  ,  ou  de  tous  les  deux  enfemble  ;  &  les  reycrs 


L  E  G 

font  toujoars  quelques  fymboles  de  ces  villes ,  fouvent 
l'ans  légende ,  plus  louvent  avec  le  nom  de  la  ville, 
&:  quelquefois  avec  celui  de  quelque  Magiftrat.  P. 
JoBERT.  Les  iujets  des  légendes  font  les  vertus  des 
Princes,  les  honneurs  qu'on  leur  a  rendus,  les  con- 
fécrations ,  les  faveurs  ou  générales  ,  ou  particulières 
qu'ils  ont  accordées ,  les  événemens  fmguliers  ,  leurs 
monumens  publics,  les  déités  qu'ils  ont  honorées, 
les  vœux  publics ,  &c.  Les  villes  Greques  y  mettent 
leurs  privilèges.   Id, 

Les  légendes  &  les  infcriptions  des  médailles  font 
en  Grec,  ou  en  Latin.  Le  caractère  Grec,  compofc 
de  lettres  majufcules  ,  s'cft  conlcrvé  uniforme  fur 
toutes  les  médailles  ,  lans  qu'il  y  paroille  prefque 

■  aucune  altération,  ni  changement  dans  la  contronta- 
tion  des  caraélères ,  quoiqu'il  y  en  ait  eu  dans  l'ufage 
Se  dans  la  prononciation  ;  on  y  remarque  leulemcnt 
un  mélange  de  lettres  Greques  &  Latines ,  iur-tout 
dans  le  bas  Empire.  Le  caraélcre  s'eft  confervé  dans 
toute  fa  beauté  jutqu'à  Gallien  :  après  lui  il  paroît 
moins  rond  &  plus  ailamé.  Depuis  le  grand  Conftan- 
tiii ,  &  pendant  près  de  500  ans,  l'on  ne  trouve  que 
la  ieule  langue  Latine  employée  pour  les  légendes 
des  médailles  ,  quoique  battues  à  Conllantinople. 
Michel  eft  le  premier  dont  la  légende  commence  3, 
être  Greque. 'C'eft  là  que  la  langue  aullî-bien  que  les 
caraètères  commencent  à  s'altérer  ,  ce  n'eit  plus 
qu'un  mélange  du  Grec  &  du  Latin.  Les  médailles 
Latines  ont  encore  mieux  confervé  leur  langue  & 
leur  caraétère  ,  jufques  a  la  barbarie  de  Conllantino- 
ple fous  l'Empire  de  Michel.  Id.  Le  ftyle  des  inf-' 
criptions  &  des  légendes  des  médailles  anciennes,  eft 
fort  hmple.  On  s'arrètoit  plutôt  à  la  grandeur  du  fu- 
jet ,  qu'à  la  cadence  &:  à  la  pompe  des  mots.  Patik, 
Pour  ce  qui  eft  de  la  pohtion  de  la  légende  ,  l'ordre 
naturel  qui  la  diftingue  de  l'infcription ,  eft  qu'elle 
foitlur  la  médaille,  au  dedans  du  grenetis,  &  com- 
mençant de  la  gauche  à  la  droite,  ik  cela  générale- 
ment en  toutes  depuis  Nerva;  mais  dans  les  douze 
Céfars,  il  eft  allez  ordinaire  de  les  trouver  marquées 
de  la  droite  à  la  gauche,  ou  même  p.artie  à  gauche, 
partie  à  droite.  Il  y  en  a  qui  font  dans  l'exergue,  il  y 
en  a  qui  font  en  ligne  parallèle;  l'une  au  dcllus  du  type, 
&  l'autre  au-delfous.  Il  y  en  a  de  poices  en  travers, 
(^'  comme  en  lautoir  ;  il  y  en  a  en  pal  ;  enfin ,  il  y  en  a  • 
en  baudrier.  C'eft  principalement  lut  les  grandes  mé- 
dailles Greques ,  qu'où  trouve  les  politions  les  plus 
bilarres ,  iur-tout  quand  il  y  a  plus  d'un  cercle.  Id. 
Il  y  en  a  aullî  où  la  légende  fe  trouve  à  la  mode  des 
Hébreux ,  les  lettres  polées  de  la  droite  à  la  gauche. 
Id.  J\iyei  la  Icience  des  médailles  par  cet  Auteur, 
inftrucfion  lixième ,  où  il  traite  des  légendes. 

Il  fe  lait  des  fourbes  dans  les  légendes  des  médail- 
les, l'oit  du  côté  de  la  tête  ,  ioit  du  côté  du  revers, 
mais  plus  ordinairement  du  côté  de  la  tète ,  par  l'inté- 
rêt que  l'on  a  de  trouver  des  tètes  rares,  &  qui  man- 
quent communément  dans  les  luites.  Cela  le  lait-  en 
iiibftituant  avec  adrelfe  un  nom  pour  l'autre  ,  fut  tout 
quand  il  y  a  peu  de  lettres  à  changer  ou  à  ajouter.  Id. 
Inflr.  X. 

IJC?  Il  y  a  des  médailles  dans  la  légende  defquelles  on 
trouve  le  mot  reflitut.  ou  refl.  en  abrégé.  On  nomme 
ces  médailles,  médailles  de  rejîitution,  ou  rejlituées. 
Voyez  ce  mot. 

UCP  LÉGER  ,  ÈRE.  adj.  Ce  terme  fe  prend  dans  des  ac- 
ceptions tout-à-fait  diftérentes  ,  iuivant  l'emploi 
qu'on  en  tait  au  propre  ou  au  figuré,  au  phyiique_, 
ou  au  moral.  En  Phyhque  ,  il  fignifie  qui  ne  pelé 
guère,  corps  poreux,  &c  dont  les  parties  ne  (ont  pas 
folides  &  compares ,  qui  a  moins  de  matière  qu'un 
autre  corps  de  même  volume.  Levis.  L'huile  eft  plus 
légère  que  l'eau ,  elle  fumage.  L'étain  eft  plus  léger 
que  l'argent,  parce  qu'il  a  plus  de  pores.  L'or  eft  le 
moins  léger  de  tous  les  métaux;  parce  qu'il  eft  plus 

.  compaéle.  Léger  Se  pelant  ne  fe  difent  que  compara- 
tivement d'un  corps  avec  un  autre.  fJCTEn  Agri- 
culture ,  on  appelle  terre  légère  ,  celle  qui  fe  re- 
mue facilement.  Elle  eft  ordinairement  mèlce  de 
fable  ou  de  petites  pierres.    Son   défaut  eft  dette 


L  E  G 

maigre  &  Je  fe  dcllccher  aifânent.    f^oyci  terre. 

Mén.igc  dit  que  ce  mot  vient  de  leviariurn,  &  de 
levis.  Latins. 
LÉGER  ,  fignilie  aullî  qui  a  grande  ditpofïrion  à  fcmou- 
vt)ir ,  à  iauter ,  à  agiter  fes  membres ,  &  à  s'en  krv  ir , 
dilpos  &  agile.  Cuus,  velox.  Homère  appelle  tou 
jours  Achille  au  pied  léger,  jiiè'ailjKli  A'yix.t^t.  Rapi- 
de. Les  Chadèurs  donnent  la  même  épithccc  aux 
cerfs  c^'  aux  dains.  ^fT Léger  b.  la  courfe.  ALircher 
d'un  pie ,  d'un  pas  léger. 
ffTOn  dit  d'un  Chirurgien  qu'il  a  la  main  légère ,  pour 
dire  qu'il  f.iit  fes  opérations  avec  adrefle  &:  facilité  , 
de  forte  qu'on  ne  fente  pas  fa  main.  On  dit  dans  le 
même  fens  d'un  joueur  de  clavecin  ,  d'orgue ,  &'c.  qu'il 
a  la  main  légère  ■,  qu'une  pcrlonne  a  la  voix  légère, 
pour  dire  qu'elle  chante  d'une  manière  ailce  ,  ik 
qu'elle  fait  aiiémcnt  les  cadences. 

On  dit  en  termes  de  manège  ,  qu'un  cheval  efl:  lé- 
ger j  lorfqu'il  ell  vite  &:  difpos  ;  qu'il  efl:  de  légère 
taille  ,  quand  il  efl:  de  taille  déchargée;  qu'il  efl:  léger 
à  la  main,  quand  il  a  bonne  bouche,  quand  il  ne  pelé 
pas  (ur  le  mors  ;  qu'un  cheval  de  carrolle  ell  léger , 
lorfqu'il  fe  remue  bien  &c  qu'il  craint  le  louef,  qu'un 
cavalier  a  'la  main  légère ,  quand  il  le  fert  bien  des 
aides  de  la  main ,  ^f3"  quand  il  ient  feulement  le  che- 
val dans  la  main  pour  lui  réhfter  lorfqu'il  veut  s'e 
chappcr.  Le  cavalier  /f^^tr  ell:  celui  qui  fe  tient  ferme 
fans  s'appcfantir  lur  Ion  cheval. 
LÉGER ,  fe  dit  aullî  des  chofes  artificielles ,  Se  des  ou- 
vrages où  l'on  ne  met  pas  alfez  d'étofte  ,  foit  par 
épargne,  foit  pour  la  commodité,  loit  pour  l'expé 
dition.  Ainfi ,  on  appelle  un  écu  d'or  léger ,  de  la 
monnaie  légère ,  quand  elle  n'efl:  pas  du  poids  requis 
par  les  réglemens  du  pays  ;  que  la  tiretaine  eft  une 
étoffe  légère  ,  parce  qu'elle  ne  coûte  pas  beaucoup  ; 
que  le  taffetas  efl:  léger,  parce  qu'il  ne  charge  pas, 
quand  on  le  porte  en  été;  qu'un  vailleau  efl;  léger, 
lorfqu'il  efl:  bon  voilier  &  qu'il  n'efl:  pas  chargé  de 
raarchandifes.  On  dit  auilî  qu'une  belogne  efl  lé 
gère,  lorfqu'elle  efl:  travaillée  à  la  hâte,  &  qu'on  n'y 
a  pas  appliqué  tous  les  foins  qu'on  devoit.  C'efl:  ce 
que  Cicéron  appelle  levidenjè.  On  dit  aul]!  qu'une 
épée  efl:  légère  à  la  main ,  quand  on  la  manie  facile- 
ment. 

En  Archkeélure ,  on  appelle  ouvrage  léger ,    un 
ouvrage  beaucoup  percé  j  dont  la  beauté  conlille  dans 
le  peu  de  matière  &:  dans  la  délicatelle  des  parties  qui 
le  compolent ,    comme  les  portiques  de  colonnes  , 
les  pétiltyles ,  &c.  Il  fe  dit  aullî  en  Sculpture ,  des  or- 
tiemens  délicats  qui  approchent  le  plus  de  la  nature, 
&  qui  font  fort  recherchés,  évidés  &  en  l'air,  com- 
me les  feuilles  des  plus  beaux  chapiteaux;  &  dans  les 
ftatues ,  de  leurs  parties  fort  faillantes  ,  comme  au 
Gladiateur  de  Borghèfe  &  de  leurs  draperies  volantes, 
comme  à  l'Apollon  de  Belveder  à  Rome.  Le  mot  lé~ 
gerCe  prend  aullî  en  mauvaile  part,  pour  les  ouvra- 
Ages  où  l'épaiffeur  n'ell  pas  proportionnée  à  l'étendue  , 
ou  à  la  charge  ,  comme  les  murs  de  face  trop  minces , 
les  folives  trop  foibles,  ou  trop  efpacées,  &  autres 
malfaçons.  Dav.  On  dit  auffi  en  Architeâure ,  léger, 
des  menus  ouvrages ,  comme  les  plâtres,  vitres,  car- 
reaux, &c. 
03° En  Peinture,  ce  mot  s'applique  à  tout  ce  qui  paroît 
annoncer  la  fureté  de  la  main ,  Se  une  grande  aifance 
a  exprimer  les  objets,  à  tour  ce  qui  a  l'empreinte  de 
la  facilité  dans  le  mécanifme  de  l'art.  On  dit  dans  ce 
fens,  pinceau  léger,  léger  de  pince3.u,  léger  de  touche. 
L'on  dit  aulïl  contours  légers ,  bords  légers ,  qui  ne 
font  point  trop  chargés, 
J.C?"  En  Fauconnerie ,  on  appelle  un  oifeau  léger,  qui  fe 

tient  long-tcms  fur  aile. 
?.j^"  On  appelle  Cavalerie  légère  ,  tous  les  corps  de  Ca 
Valérie  Françoife  qui  ne  font  point  de  la  Maifon  du 
Roi  Se  de  la  Gendarmerie.  Ainfi  ce  mot  déligne  au- 
jourd'hui tous  les  régimens  de  Cavalerie ,  de  Dra- 
gons, de  Houfards  ,  qui  font  commandés  par  des 
Meflrcs  de  Camp ,  Se  qui  ne  font  point  partie  de  la 
Maifon  Se  de  la  Gendarmerie.  Ainfi  il  n'efl:  plus  fy- 
nonymc  du  mot  Cktvnn-Z.egers ,  parce  que  les  Com- 


L  E  G  4^3 

pagnies  des  Chcv. m  Légers  de  la  Garde  Se  autres, 
font  du  corps  de  la  Maifon  du  Roi  Se  de  la  Gendar- 
merie.   Outre  toutes  ces  acceptions  ,  dont  plulieurs 
font  figurées ,  le  mot  de  léger  fe  prend  encore  en  mo- 
rale dans  plufieurs  lignifications  différentes.  i°.  On 
l'emploie  comme  fynor.yme  de  volage,  inconflant, 
changeant  ,   en  obfcrvant  lus  nuances  particulières    • 
qui  carartérifeut  chacun  de  ces  mots.  Un  homme  lé- 
ger c(i  un  homme  qui  n'a  point  de  perfévérancc  dans 
fes  goêits,  qui  ne  s'attache  pas  fortement,  qui  ne  tient 
pas  fortement  à  fes  principes,  à  fes  habitudes.   Un 
homme  léger,  une  femme  légère ,  un  cœur ,  un  efpric 
léger.  Les  hommes  en  un  fens ,  dit  la  Bruyère ,  ne 
font  pas  légers  ,  ou  ne  le  font  que  dans  les  petites  cho- 
fes. Ils  changent  de  goût  quelquefois  ;   ils  changent 
leurs  mœurs  toujours  mauvaifcs ,  fermes  ie  conftans 
dans  le  mal,  ou  dans  l'indifférence  pour  la  vertu. 
^CFEn  matière  de  galanterie  ,    une  femme   légère  fc 
donne  à  un  autre  ,  parce  que  le  premier  ne  la  retient 
pas.  Les  hommes  font  ordinairement  plus  légers  Se 
plus  inconjîans  que  les  femmes;  mais  celles-ci  font 
plus  volages  Se  plus  changeantes  que  les  homnies. 
/'■'bj't'ç  Inco.nstant  j  Changeant,  'Volage. 
§3°  z°.  LÉGER  ,  fe  dit  comme  fynonyme  de  frivole ,  peu 
confidérable ,  par  oppofition  à  grave  ,  important.  On 
dit  en  ce  fens  une  raifbn  légère ,  une  difpute  légère  , 
une  faute,  une  injure  légère.  Les  péchés  véniels  font 
des  offenfes  légères  en  comparaifon  des  péchés  mor- 
tels.  Ils  ne  méritent  qu'une  pénitence  légère.   Des 
fervices  légers. 
^3°  On  dit  un  léger  accès  de  fîévre ,  peu  violent.  Une 
viande  légère  qui  charge  peu  Ttllomac ,  Se  fe  digère 
facilement.   Un  repas  léger,  iM'^.l,  o-'i  l'on  mange 
peu.  Un  fommeil  léger,  qui  efl:  facilement  troublé. 
§CrOii  le  dit  encore  par  oppofition  à  groflier.  On  dit 

en  ce  fens  une  vapeur  légère. 
^fT  3°.  On  l'emploie  comme  fynonyme  de  facile  à  fup- 

porter.  J.  C.  dit  que  fon  joug  efl:  doiix  Se  léger. 
|!0"4°.  En  parlant  de  l'efprir,  ce  terme  efl:  équivoque 
&  fe  prend  en  bonne  ^  en  mauvaif'e  part.  Dans  le 
langage  commun  ,  quand  on  dit  qu'un  homme  a  l'ef- 
prit  léger,  la  tête  légère  ,  l'on  entend  ordinairement 
que  la  pcrfonne  dont  on  parle,  a  l'efprit  inconftant, 
peu  judicieux,  qu'il  n'a  pas  un  efprit  de  fuite,  qu'il 
n'a  pas  de  fuite  dan*  l'efprit  j  dans  la  conduite. 
§CF  5°.  On  le  prend  comme  fynonyme  de  fuperfîciel , 
par  oppofition  à  profond.  On  dir  dans  ce  fens  qu'on 
n'a  qu'une  légère  idée  d'une  chofe ,  qu'on  n'a  qu'une 
légère  teinture  d'une  fciencc. 
|Cr  6°.  Quelquefois  aullî  ce  terme  appliqué  à  l'efprit , 
efl:  un  éloge.  Se  l'on  entend  par  efprit  léger,  un  efpric 
facile ,  vif  Se  agréable  ;  mais  dans  ce  cas-  là  même , 
le  mot  de  léger  exclut  la  profondeur  Se  l'applica- 
tion. 

Et  malgré  la  froide  vielllejje  , 
Son  efprit  léger  &  charmant 
Avait  encor  de  la  jeunejje  , 
Tout  le  fel  &  tout  l'cnjoument. 

l/CFOn  dit  en  ce  kns ,  une  converfation  légère,  c'efl-à- 
dire,  facile  Se  agréable.  Un  9s.y\c  léger,  c'efl- à-dire , 
aiféj  coulant  J  qui  ne  fatigue  point  le  leéleur  par  la 
longueur  des  raifonnemens  Se  des  phrafes,  où  l'Au- 
teur ne  s'appéfantit  point  fur  des  détails.  'Voiture  ac- 
compagné des  grâces  les  plus  riantes  Se  les  plus  légè- 
res. Fenelon. 

CtT  Les  Anciens  mettoient  au  bas  des  Epitaphes  , 
S.  T.  T.  L.  Sit  tihi  terra  levis.  Que  la  terre  vous  foie 
légère. 

Terraque  fit  cineri  non  onerofa  tuo.  Ovide. 

LÉGER ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  plirafês.  On  dit 
qu'un  homme  efl: /e^er  de  deux  grains ,  pour  défîgner 
qu'il  efl:  Ainuque  ,  qu'il  efl:  légerd'un  grain ,  pour  dire 
qu'il  efl  un  peu  fou  &  qu'il  a  la  tête  légère  ,  l'efprit 
léger ,<:\\i'\\  cii  léger  de  cclvqWç.  On  dit  aufTi  qu'il  efl: 
léger  de  la  main,  qu'il 'a  la  inain  légère,  pour  due 


4'^4 


L  E  G 


qu'il  eftpromprà  frapper.  On  dit  au!l.  quiieft  le^'cr 
cîargenc ,  quand  il  en  a  peu,  ou  point.  On  dit  au  h 
en  comparaifon  ,  qu'une  choie  etl  icgerc  comme  le 

■     vent  i /eVèri  comme  une  plume.  . 

JDeLéger,  adv.  Trop  facilement.  f^«/^.  Crou-e  de 
léf;€r  Si  ces  Pantalons  croient  toujours  aulii  de  ief;er 
quils  ont  cru  jufqu  a  prêtent ,  je  vous  en  rendrai  bon 
compte.  S.  Real.  Il  vieillit  ëc  n'eft  plus  d  ufage  au^ 

jourd'hui.  .  >      , ,   ^ 

A  LA  LÉGÈRE,  adv.  Légèrement.  D'une  manière  /.^^<^«. 
Il  ne  le  dit  au  propre  qu'en  parlant  d  armes  6c  d  ha- 
bits, qui  ne  pefent  guère.  Etre  arme,  être  vctu  a  la 

légère.  ,  .  rj'   ' 

A  LA  Légère,  fe  dit  au  figuré  pour  inconfiderement, 
fans  beaucoup  de  léHexion.  Temere ,  mconjidcruncer. 
Entreprendre  une  chofe  à  la  légère.  Il  a  fait  cela  fort 
à  la  légère.  Un  mot  qu'il  lâcha  à  la  légère,  penla 
tout  gâter.  Quoique  toutes  ces  façons  de  parler  (oient 
en  ufage ,  il  y  a  d'habiles  gens  qui  ainieroient  mieux 
qu'on  le  fcrvit  de  légèrement,  que  de  à  la  légère.       ^ 

LÉGER,  f.  m.  Nom  d'homme.  Leodeganus.  Saint  Lé- 
ger, que  l'on  appeloit  autrefois  Leucgar  &  Ltidger, 
Se  que  l'on  nomme  encore  en  divers  endroits  Saint 
Ligaire  ,  ou  Saint  Léguicr,  tiroir  fon  origine  de  la 
première  noblelle  des  François ,  qui  ètoit  venue  avec 
nos  Rois  s'établir  dans  les  Gaules.  Il  vint  au  monde 
vers  l'an  616.  Baillet  ,  ûu --  d'Ocî.  S.  Léger  im  fait 
Evcque  d'Autun  en  6;^,  &  mourut  pour  la  for  en 
678. 

LÉGER.  Foye^  Licard. 

LÉGÈREMENT,  adv.  D'une  manicre  légère,  agile. 
PernicUer.  Les  cavales  de  Portugal  courent  ii  légère- 
ment, que  les  Anciens  ont  feint  qu'elles  étoient  con- 
çues du  vent.  Être  vêtu ,  armé  légèrement.  Marcher 
légèrement.  ^ 

LEGEREMENT  ,  figuifie  cncorc  trcs-pcu  ,  luperhcielle- 
ment,  comme  en  pallànt ,  &  foiblement.  Leviter , 
curfim.  Il  cl1;  bkllé  légèrement.  Un  Orateur  adroit 
palfe  légèrement  fur  les  fautes  de  fon  Héros.  Vous 
avez  touché  trop  légèrement  un  fujet  h  hnportant. 
Pasc.  La  pliipart  des  gens  examinent  légèrement  les 
choies  mêmes  dont  ils  portent  des  jugemcns  décilifs. 
Nie.  Ce  n'cft  pas  alFez  pour  Corneille  que  de  plaire 
légèrement ,  il  eft  obligé  de  nous  toucher.   S.  EvR. 

§Cr  Dans  les  Arts ,  ce  mot  qui  devroit  lignifier  foible- 
ment ,  fuperficiellement ,  fins  rien  approi-ondir  ,  a 
quelquefois  une  fignification  tout-à-fait  différente. 
On  dit  qu'une  chofe  eft  frite  &  travaillée  légèrement , 
pour  dire  avec  aifance  ,  avec  facilité ,  en  forte  que 
l'on  reconnoifTe  dans  l'ouvrage  la  fureté  de  la  main 
de  rArtiPcc. 

Légèrement  ,  fignifie  aufli  inconfiderement ,  impru- 
demment ,  fins  jugement ,  fans  raifon.  Temerè.  Il  a 
lâché  cette  parole  un  peu  légèrement.  S'engager  /t^'i.'- 
rt;/;2OTf  dans  une  aifaire -,  fe  confier  légèrement  à  quel- 
qu'un. Ce  Prince  m  tnite^iûs  légèrement  ccitz  guerre; 
c'eft  à  dire,  témérairement  &  (ans  une  alFez  miâre  ds- 
libération.  Nous  nous  plaignons  quelquefois  légè- 
rement At  nos  amis,  pour  juftitier  par  avance  notre 
légèreté.   La  Roch. 

§a"Ce  mot,  dans  la  Mulique  Françoile  ,  répond  à-pcu- 
prèsauvivi7ce  des  Italiens.  ïl  indique  un  mouvement 
moyen  entre  le  gai  &  le  v'ite. 

LÉGÈRETÉ,  f.  f.  Qualité  de  ce  qui  eft  léger  ,  de  ce  qui 
eft  peu  pefnit  j  ou  défaut  de  pefimtcur  dans  un  corps 
comparé  avec  un  autre  plus  peGnt.  Levitas.  Borelli 
prétend  qu'il  n'y  a  point  de  légèreté  pohtive,  &  que 
ce  qu'on  appelle  légèreté,  n'cft  qu'une  moindre  pe- 
lanteur.  Les  Anciens  attribuoient  une  telle  légèreté  \ 
l'air ,  qu'ils  ne  foupçonnoient  pas  feulement  qu'il  piit 
avoir  la  moindre  pefiinteur.  Le  feu,  par  la  propre  lé- 
gèreté, s'eft  élevé  dans  la  partie  fupérieure.  M.  Boilc 
a  aulli  montré  que  l'élévation  d'un  corps  du  fond  de 
l'eau  fur  ft  furface,  eft  inexplicable  &  inintelligible 
dans  le  fyftême  de  la  légèreté  politive ,  &  qu'il  eft  au 
contraire  très-conforme  aux  loix  de  l'Hydroftatiquc. 
Foyei  les  Nouvelles  Expériences  de  cet  Auteur  fur  la 
Légèreté  pofitïve  ,  ou  relative  des  corps ,  &  fes  Para- 
do.xcs  d'HydroJiatiquc. 


L  E  G 

Légèreté,  en  termes  de  Mécaniques,  fe  dit  d'un  corps 
léger  qu'on  enfonce  dans  l'eau  pour  contrepcfer  à  un 
grave  ,  &  faire  enforte  qu'il  nage.  Quand  on  a  un 
corps  plus  pefant  que  l'eau  dont  il  occupe  la  place, 
comme  les  radeaux,  les  trains  de  bois,  les  hommes 
mêmes ,  il  faut  leur  appliquer  uii  contrepoids  de  tant 
de  livres  de  légèreté,  c'eft  à-dire,  des  outres  remplis 
de  vent ,  des  tonneaux  vides  bien  bouchés ,  des  cale- 
baffes  qui  les  tiennent  en  équilibre  lur  l'eau,  ou  qui 
les  faftent  furnager. 

Légèreté,  leditaufli  pour  agilité j  vîtefle.  Pernkitas, 
agUitas.  La  légèreté  à'un  oifcau,  li  légèreté  à' un  cerf, 
la  légèreté  des  pies.  Marcher ,  courir  avec  légèreté. 
On  dit  d'un  Maître  à  écrire,  qui  écrit  fort  aifémeiu 
&  fort  vite ,  qu'il  a  une  grande  légèreté  de  main.  On 
le  dit  audi  d'un  joueur  d'inftrument,  dont  le  jeu  eft 
ailé  &  brillant. 

On  dit  aulïï  en  parlant  d'une  perfonne  qui  fait  faci. 
lemeiit  les  cadences ,  qu'elle  a  beaucoup  de  légèreté 
dans  la  voix. 

fCFOndlt  en  Peinture,  légèreté àc  pinceau,  lorfqu'on 
reconnoît  dans  l'ouvrage  la  fureté  de  la  main  du  Pein- 
tre ,  lorfque  l'ouvrage  a  l'empreinte  de  la  ^cilité  dans 
4e  mécanifme  de  l'Art. 

Légèreté,  §C?  En  Morale  ,  terme  fouvent  employé 
comme  fynonyme  d'inconftance.  C'eff  proprement 
un  défaut  de  perf'évérance  dans  lès  goûts.  Caraiftère 
d'un  homme  qui  ne  s'attache  pas  fortement ,  qui  ne 
tient  pas  beaucoup  à  les  principes,  a  les  habitudes, 
&c.  Levitas.  'Voyez  Inconstance  &  les  autres  lyno- 
nymes.  Légèreté  d'efpiit ,  d'hunaeur.  Les  Etrangers 
accufent  les  François  de  légèreté.^  Les  femmes  eut 
une  certaine  légèreté  c\\ii  les  empêche  de  fuivre  une 
longue  étude.  La  Br.  Tout  ce  qu'on  peut  demander 
railbnnablement  aux  perfonnes  légères  ,  c'eft  d'a- 
vouer de  bonne  foi  leur  légèreté,,  &  de  n'ajouter  pas 
latrahifun  à  l'inconftance.  S.  EvR.  Votre  cœur  a  été 
partagé  entre  moi  &  une  autre,  &  votre  retour  n'a  pu 
réparer  votre  légèreté.  P.  de  Cl.  Elle  penla  qu'il  étoit 
peu  vrailèmblable  qu'un  homme  qui  avoir  fait  paroî- 
tre  tant  de  légèreté  parmi  les  femmes  ,  fût  capable 
d'un  attachement  lincère  ik  durable.  Id. 

îfF  Légèreté  ,  imprudence  ,  défaut  de  réflexion.  Impru- 
dentia.  Faute  commifè  par  légèreté.  îl  y  a  des  gens  qui 
dilènt  leur  fecret  plutôt  par  légèreté  c^nc  par  con- 
fiance. M.  Se. 

Légèreté  dans  l'efprit.  C'eft  im  éloge.  Foyei  Efpric 
léger,  pris  dans  un  fens  favorable. 

Légèreté  ,  fe  dit  aufti  quelquefois  par  oppohtion  à 
griéveté,  énormité.  Levitas.  La  légèreté  de  cette 
faute  ne  méritoit  pas  une  fî  févére  réprimande.  La 
vengeance  n'eft  pas  proportionnée  à  la  légèreté  de 
l'oftenlè. 

LÉGIERS.  adj.  Vieux  mot.  Prompt ,  hicile. 

LEGIFERAT,  f.  m.  Territoire  ,  diftricl:  fournis  a  un 
Légifère.  Legiferatus  ,  Provincia,  Pr&jeclura.  C'c- 
toit  autrefois  en  Suéde  ,  ou  c'eft  du  moins  dans  Efc 
rie  d'Upfal .  Hiftorien  de  Suéde  ,  ce  que  nous  appe- 
lons Gouvernement  ;  tout  le  pays  qui  obcit  a  un 
Gouverneur.  Autrefois  -le  Roi  de  Suéde  ne  pouvoïc 
entrer  dans  un  Légiférât,  fans  l'efcorte  &  la  garde 
que  les  peuples  lui  dévoient  donner  ,  &  chaque 
Légiférât,  ou  diftrièl  ,  devoir  le  conduire  fain  c^ 
(âuve  ,  avec  bonne  garde ,  jufqu'aux  fronticres  d'un 
aune  Légiférât  ,  où  il  le  remettoit  entre  les  mains 
des  habitans  de  ce  Lègfèrat.  Foyei  Du  Cange. 

LÉGIFÈRE,  f.  f.  Nom  d'une  ancienne  Dignité ,  ou 
Charge  de  Suéde.  L^gifer  ,  prrfecJus.  ^  C'étoit  ;le 
Gouverneur  d  une  Province ,  d'une  contrée.  Ce  mot 
fe  trouve  fouvent  dans  Erric  d  Uplal  ,  Hijl.  de 
Suède ,  L.  IH.  ,     ^-       , 

LÉGILE.  f  m.  Echarpe ,  ou  pièce  d'ttoftc  ,  dont  on 
couvre  le  pupitre  fiir  lequel  on  chante  1  Evangile 
aux  Melfes  folennelles.  L'Abelfe  de  Monmartre  a 
piéfcnté  cette  année  un  légile  de  velours  cramoiU , 
enrichi  dune  belle  broderie,  elîimé  environ  deux 
cens  écus.  Mercure  de  Mai  IJ2S. 

LÉGION,  f.  f.  Efpècc  de  Régiment  ,  ou  de  coips  , 
dont  les  armées  Romaines  étoient  compokes.  Legw^^ 


L  E  G 


Elles  ont  étc  d'un   dilîacnt  nomluc  de  Soldats  &: 
d'Officiers  ,  luivant  les  temps  dittaens  ;  mais  il  ell 
difficile  de  marquer  précifémcnt  le  temps  &:  la  ma- 
•niàe  de  CCS  divers  changemcns.  Du  temps  de  Ro- 
nuilus  ,  chaque   id'gion  étoit    de   trois  nulle    hom- 
mes d'Infanterie  ,  &  de    cent   Ch^liers.    On  les 
divifoit  en  trois  Corps  ,  qui  faifoient  autant  d'or- 
dres de  bataille.  Chaque   Corps  étoit   compolé  de 
dix  Compagnies  ,  ou  Manipules  ,  qu'on  rangeoit  à 
quelque  diftance  les  unes  des  autres  fur  un  même 
front.  Chaque  Corps  avoit  deux  Officiers  Généraux 
pour  les  commander,   qu'on   appcloit  Tnhuns ,  ëc 
chaque    Manipule  deux  Centurions.  Sovis  les  Con- 
fuls  ,  la  légion  étoit  de  quatre  mille  hommes  ,  qui 
faifoient  quatre  corps  commandés  par  un  Conful  , 
OU  un  des  fes  Lieutenans  ;  &   chaque  légion  avoit 
fa  Cavalerie  ,  qui  étoit  de  deux  ou  trois  cens  che- 
vaux.  Entuite  ,  &■  du  temps  de  Marius ,  on  réunit 
en  un  ces   quatre   petits   corps  de   légion,  on  les 
augmenta ,  éc  on  fit  des  Cohortes  de  cinq  à  (ix  cens 
hommes  chacune ,  lous  l'autorité  d'un  Tribun ,  ou 
Meftre  de   Camp.  Chaque  Cohorte  fut  compoiée 
de  trois  Compagnies,  ou  Manipules.  Chaque  Ma- 
nipule de  deux  Centuries ,  &  la  légion  partagée  en 
dix  Cohortes  ,  qui    faifoient    autant  de   Bataillons 
féparés  ;  qui   fe   battoient  lur  trois   Iii;nes  ;  deforte 
qu'alors  la  légion  étoit  de  cinq  ou  de  lix  mille  hom- 
mes. Si  les  dix  Cohortes  étoient  chacune  de  cinq 
cens  hommes  ,  la  légion  étoit  de  cinq  mille  hom- 
mes ,  Se  iî  elles  étoient  chacune  de  llx  cens  ,  la  lé- 
gion avoit  tix  mille  hommes  de  pié ,  outre  fix  cens 
chevaux.  Ablanc.  Illdore  dit ,  au  L.  p  ,  de   Orig. 
c.   j  ,  que  la  légion  étoit  de  lix  mille  hommes  divi- 
fés  en  foixante  Centuries,  trente  Manipules,  douze 
Cohortes  8c  deux  cens  Troupes  :  il  eft  aifé  de  voir 
combien  chacune  de  ces  divilîons  contenoit  de  Sol- 
dats j  la  Centurie  étoit  de  cent  hommes  ,  le  Mani- 
pule de  deux    cens  ,  la    Cohorte   de  cinq  cens  j   la 
Troupe,  turma  ,  de  trente.  Selon  l'Académie  j  la 
légion  étoit  de  iîx  mille  cent  hommes  de  pié^  &: 
de  fept  cens  vingt-fix  chevaux.  Les  forces  de  Rome 
confiiloient  en  plufieurs  légions.  La  première  légion  , 
la  deuxième  légion.  La  dixième  j  la  quatorzième  lé- 
gion.   La   légion  Thébaine.  Les  légions  Romaines. 
Les  légions  des  Gaules,  de  l'iUyrie  ,  6'c.  Les  vieilles 
légions  étoient  fort  eftimées.  Les  trois   légion^  lont 
ici  rangées  fur  deux   lignes  ,  ainfi  que  Célar  avoit 
coutume   de  le  pratiquer ,  lorlqu'avec  peu  de  trou- 
pes, il  avoit  befoin  d'étendre  fon  front.  Louis  XIV. 
Les  légions  étoient  la  prindpale  &  la  plus  confidé- 
rable    partie    des    armées    Romaines.    Les   légions 
étoient  toutes  compofées  de  Citoyens  Romains  :  les 
alliés  {focd  )  formoient   les  corps   des  troupes  auxi- 
liaires (  auxilia  ). 
ffT  LÉGION  ,  Fulminante  ou   foudroyante,   /^oye^  ces 
mots. 

Les  légions  avoient  pour  étendard  un  aigle.  Dans 
les  commencemens  j   c'étoient  différens  animaux  ; 
une  louve  en  l'honneur  de  la  louve  qui  alaitaRomu- 
lus  &  Rémus  :  Quelquefois  un  porc^  comme  dans  la 
cinquième  légion  ;  Fellus  dit  que  c'efl:  parce  que  la 
guerre  ne  fe  fait  que    pour   avoir  la  paix ,  qui  le 
concluoit  en  immolant  une  truie  :  Quelquefois  le 
Minotaure  ,  pour  avertir  les  Généraux  que  leurs  def- 
>     feins  doivent  être  auffi  cachés  ,  auffi  impénétrables  , 
que  le   Minotaure  étoit    inaccelllble    dans  ion    la- 
byrinthe. Elles  avoient  auffi  le  cheval  Se  le  {ànglier 
pour  étendard.  Voye^  Feftus  ,   Végèce  ,  L.  III,  & 
Voffius,  de  Idolol.  L.  III  ^  c.  76.  PUne  ,  L.   X, 
c.  4  ,  dit   que   c'efl  Marius  qui  changea  tous  ces 
étendards  en  aigles.  Sur  les  médailles  dans  les  com- 
mencemens, le  type  des  légions  étoit  des  aigles  & 
des  étendards  :  dans  la  fuite  ,  ce  font  des  divinités,  des 
figures  d'animaux ,  &c.  Voy.  l'Index  Typorum. ,  du 
P.  Bandury. 
Légion.  Terme  d'une  Milice  Françoife  fous  François  I. 
Durant    la   paix  faite  par  le   Traité  de   Cambray  , 
François  I  fit ,  fur  l'idée  des  anciennes  légions  Ro- 
maines ,  une  nouvelle  difpohtiou  de  l'ijifameùe , 
Tome  V, 


LEO  4éy 

qui  jufqu  a  fon  temps  n'avoit  point  encore  été  pro- 
prement  féparéc   en    Corps   ditiérens.    Il    ordonna 
qu'on   formât  fes   légions  ,  chacune    de    (ix   mille 
hommes  j  Se  délîgna  les  Provinces  où  elles  icroicnt 
levées.    Une  devoir  l'être  en  Normandie  _,   une   en 
Bretagne  ,  un  autre  en   Picardie  ,  une   en  Bourgo- 
gne ,  une  en  Champagne  Se  en  Nivcrnois  ;  la  fixic- 
mecn  Dauphiné,  en  Provence  ,  dans  le  Lyonnois, 
Se  en    Auvergne  ;  &  la    fcptième   en  Languedoc. 
Elles  étoient   deftinées  à   fervir  principalement   en 
campagne.    Il    rélolut  d'en   faire   encore  une  autre 
dans  la  Guiennc  ,  pour  fervir  à  la  garde  des  Places 
de  cette  frontière.  Ces  légions  furent  divifécs  en  fix 
Compagnies  de   mille  hommes  ,  qui   avoient  cha- 
cune un  Capitaine  pour  les  commander  ,  Se  fous  lui 
deux    Lieutenans  Se   deux  Enfcigncs.    Les  Capitai- 
nes furent  chargés  d'avoir  le  rôle  de  tous  ceux  qui 
compoloient    leurs  Compagnies  ;    leur  nom  ,  leur 
lurnom,   leur  demeure,  afin  qu'ils  fulVent  toujours 
prêts   à  marcher   au  premier  ordre  ;  Se  le  Roi   ac- 
corda  à  ces  Soldats  diverfes  franchifcs  Se   privilè- 
ges ,    comme    Charles   VII   avoit  fiit  aux   Francs- 
Archers  ,    qu'il  établit  de  fon   temps.   C'efl:  de  -  là 
que  font  venus  ce  qu'on  af)pelle  aujourd'hui  les  vieux 
Corps  de    Picardie  ,  de  Normandie  ,  de  Champa- 
gne ,  aufquels  fut  ajouté   celui  de  Navarre  ,  quand 
Henri  IV  fut  parvenu  à  la  couronne;  &  enfin  ceux 
de    Piémont  Se  de   la  Marine ,   qui    font  toujours 
confervés   fur  pied  ,   même  en    temps  de  paix.  P. 
Daniel.   Hifi.  de  France  ,   T.  III  ,  p.  2J4  ,  2j  u 
C'ell  à  l'occafion  de   ces  légions  Françoif-S  Se  de 
leur    établilfement  j    que    François  I.   compola  lia 
Ouvrage  très  -  bien  écrit  fur  la  difcipline  militaire  ^ 
dont  parle  Sainte-Marthe. 

Les  Médailliftes  appellent  Légion,  une  médaille 
fur  laquelle  eft  le  nom  d'une  légion.  Une  légion 
eft  une  médaille  qui  a  au  revers  deux  lignes  mili- 
taires ,  ou  étendards  militaires  ,  Se  un  aigle  Ro- 
maine au  miheu  ,  Se  pour  infcription  le  nom  de  la 
légion  J  lEGio  i.  II.  x.  ou  iegio  xv.  <S'c.  par  exem- 
ple ,  ANT  AUG  luviR  R  P  Cj  un  Navire  J  &:  au 
revers  deux  fignes  appelés  Pila ,  Se  un  aigle  Ro- 
maine au  milieu  j  leg.  ii.  une  autre  leg.  m.  leg. 
XV.  &c.  une  autre  legi  xvii.  classic^.  Les  Anti- 
quaires recherchent  fort  les  légions.  J'ai  déjà  plus 
de  vingt  légions  'd'Antoine.  J'ai  acquis  depuis  peu 
une  légion  fort  rare.  Antoine  eft  le  premier,  Se 
Caraufius  le  dernier  fur  les  médailles  defquels  on 
trouve  des  légions  ,  comme  on  le  peut  voir  dans 
les  Recueils  du  Comte  Mezzabarba  Se  du  P.  Ban- 
duri.  On  trouve  fur  les  médailles  jufqu'à  la  XXXVF. 
légion  ,  Se  point  au-de  là.  La  trentc-fixième  le  voie 
fur  les  médailles  de  Viétoxin  le  Père.  F'oyei  en- 
core les  mêmes  Recueils. 

Ce  mot  de  légion  vient  de  légère  ,  choifir  ,  parce 

que   quand  on  levoit   des  légions  ,  on   faifoit    un 

choix  de  la  jcunelle  la  plus  propre  à  porter  les  armes , 

ce   qui   s'appeloit    deleclum  habere.   Voy.    Varron . 

L.  IF,  de  Ling.  Lat.  Se  L.  III ,  de  Fita  Pop.  Rom. 

Plutarque dans Romulusj  Végèce  ,  L.  II.  c.  i .  Ifidore, 

L.  IX ,  c.   ?. 

Légion  ,  lignifie  dans  le  ftyle  de  l'Ecriture  ,  un  grand 

nombre  ,  une  quantité.  Jésus-Christ  n'avoit  qu'à 

demander  à  Ion  Père  une  légion  d'Anges  ,  s'il  eût  eu 

beloin  de  Défenleurs.  Il  elt  fait  mention  dans  l'É- 

vangilc'd'un  diable  qui  s'appeloit  Légion  ,  parce  qu'il 

étoit  .avec  pluheurs  autres  dans  le  corps  d'un  pollede. 

ffF On  le  dit  de  même  dans  le  difcours  familier.  Une 

légion  de  parens  ,  d'amis.  Dans  cette  acception  le 

mot  de  légion  eft  pris  figurément ,  Se  n'eft  que  du 

ftyle  familier. 

LÉGION.  Terme  de   Géographie.  Legiodunum.   C'étoit 

anciennement  une  petite  ville  de  l'Infubrie.  Ce  n'eft 

plus  qu'un  village  du  Duché  de  Milan ,  fitué  fur  le 

bord  oriental  du  Lac  Majeur.  Maty. 

LEGIONAIRE.  f  m.   Soldat  dans  une  légion.  Legio- 

narius.   Les    Soldats   Romains   s'appeloient    Légio- 

naircs. 

Bouche  J  en  fon  Hift.  de  Provence,  S<  d'autres, 

Nnn 


^66  L  E  G 

appellent   auflî  Légionaires  ,  les  iiouv'elles  milices  j 
que  François  I.  ét.iblic  fous  le  titre  de  légions.  j 

JLEGIS.  Les  foies  /é^is  viennent  de  Perle ,  ou  par  les 
tetours  des  vaiireaux  qu'en  eavoie  d'Europe  a  Bcn- 
der-Aballi  dans  le  Golie  Perlîque  ,  ou  par  ceux  qui 
trafiquent  dans  les  Echelles  du  Levant  j  tk  particu- 
lièrement à  Smyrne.  Ge  font  les  plus  belles  après 
les  Sousbaffi  ou  Cherbaiiî. 

|t3"  LEGISLATEUR,  f.  m.  (  Prononcez  1'^  )  Celui  qui 
porte  des  loix  pour  tout  un  peuple  ;  celui  qui  a  le 
pouvoir  de  fiire  &  d'abroger  les  loix  dans  un  Etat. 
Legijlator.  En  France  le  Roi  feul  ell  le  Légijlaceur  : 
À  Genève ,  c'efl:  le  Peuple.  A  'Venife ,  à  Gcnes ,  la 
Noblelfe  :  en  Angleterre ,  ce  font  les  deux  Chambres 
^'  le  Roi.  A  Rome  ,  le  peuple  étoit  fon  propre  Lé- 
gijlaceur.  C'étoit  dans  les  alîcmblèes  du  peuple  que 
fe  faifoient  les  Loix.  Les  Loix  ne  lient  point  un 
JLégiflateur ,  &  par  une  efpèce  de  reconnoillance 
pour  celui  qui  les  fait  obferver  ;  elles  femblent  lui 
permettre  de  les  enfreindre.  Tour.  Brama  eft  un 
ie^i/Zaff.vr  vénérable  à  toute  la  nation  des  Indiens, 
par  le  bel  ordre  ,  &  par  la  police  admirable  qu'il 
a  établie  dans  toutes  les  Indes.  P.  Catrou  ,  Jéluite. 
Les  principaux  Ze^//Z<2rf:/rs- anciens  ,  lont  Moyfcj 
Légijlateur  du  Peuple  de  Dieu  ;  Mercure  Trilmé- 
girte  ,  &  Bocoré  ,  ou  Boccoride  ,  des  Egyptiens  ; 
Italus  ,  des  Enotriens  ;  Théfée  ,  Dracon ,  Solon  , 
Céade  ,  des  Athéniens  ;  Zoroaftre  ,  des  Bactrieus  ; 
Charondas  J  des  Cappadociens;  Charondas  encore, 
ou  Phaléas  ,  des  Charthaginois  ;  Androdamas  ,  des 
Chalcidiens  ;  Euxode  ,  des  Cnidiens  ;  Phidon  ,  des 
Corinthiens  ,  Ephore  &  Minos  ,  de  l'Ile  de  Crète  ; 
Pythagore  ,  des  Crotoniatcs  ,  &  de  prelque  toutes 
les  villes  de  la  grande  Grèce;  Parménide  &  Zenon, 
d'Elée  en  Lucanie  ;  Arribas  ,  ou  Tharcitas  ,  des 
Epicores  ;  le  Thrace  Zamolnis  ,  des  Gètes  ;  Pho- 
ronée  ,  des  Grecs  ;  Bacchus  ,  des  Indes  ;  Saturne , 
de  l'Italie-,  Macarius  ,  de  llle  de  Lesbos  ;  Zalucus, 
des  Locciens  -,  Nicodore  Athlète  ,  de  la  ville  de 
Mautine  ;  Hippodonne  ,  de  Mylète  ;  Charondas,  de 
Rhégio  ;  Lycurge  ,  des  Lacédémoniens  ;  Archytas, 
de  Tarente;  PhilolaLis,  des  Thébains;  Charondas, 
.des  Thuiiens;  Solon  pourroit  aulll  palfer  pour  Lé- 
gijlaceur  de  Rome ,  parce  que  les  Décemvirs ,  qui 
furent  créés  pour  faire  des  Loix  ,  en  prirent  beau- 
coup de  celles  de  Solon. 
LEGISLATIF  ,  IVE.  adj.  On  ne  s'en  fert  que  dans  ces 
phrafes  ,  Pouvoir  Ug':jladf,  Puillance  Icgijîadve  ; 
pour  dire  ,  Pouvoir  ,  puilfance  de  faire  des  Loix, 
Nomotheticus  ,  a.  Le  pouvoir  Ugijladf  réfide  dans 
la  perlonne  du  Souverain.  Celui  qui  eft  revêtu  du 
pouvoir  lég'ijlatif ,  ne  le  doit  propoler  que  la  tran- 
quiUité&la  sûreté  publique.  Beauval.  Dans  les  cas 
extraordinaires  ,  l'autorité  légiflduvc  rélide  dans  les 
peuples.  Limiers. 
LEGISLA  riON.  f  f.  Terme  de  Droit  pubhc.  Auto- 
rité ,  puiilancede  faire  des  Loix.  Potejias  legum  con- 
dendarum.  C'ell  aufh  l'exercice  de  cette  puillance  , 
qui  fe  fait  en  doraiant  des  Loix.  1.3,  légijlaùon  n'ap- 
partient en  France  qu'au  Souverain.  La  Chambre 
de  légïjladon  eft  un  Bureau  où  s'alfemblent  des 
Commillaires ,  à  la  tête  delquels  eft  M.  le  Chance- 
lier ,  pour  travailler  à  de  nouveaux  Réglemens  pour 
l'adminiftration  de  la  Juftice.  C'eft  de  là  que  font 
déjà  fortics  les  Ordonnances  fur  le  fait  des  Dona- 
tions ,  des  Teftamcns  &:  des  Infcriptions  de  faux. 
On  continuera  de  même  en  ce  qui  regarde  les  prin- 
cipales matières  de  la  Jurifprudence  Françoife  ;  & 
par  ce  moyen  on  préviendra  beaucoup  de  procès, 
qui  caufent  ordinairement  la  ruine  des  familles.  A 
l'égard  du  droit  de  la  IcgiJIadon  pure  &  limple  ,  les 
Rois  ne  prétendoient  point  dès-lors  le  partager  avec 
perlonne.  Boulainvilliers.  Le  droit  de  légijla- 
don  ,  tel  qu'on  le  voir  établi  dans  la  perlonne  des 
Rois ,  eft  le  principe  de  la  multiplicité  des  Ordon- 
nances J  &  la  caufc  cliedive  de  leur  inexécu- 
tion. Id.  • 

LEGISLATRICE,  f.  f.  Celle  qui  fait  des  Loix.  La 
voilà  Lîgijlacnci  ,  malgré  fi   modeftic  ordinaiic  , 


LE  G 

qui  ne  fe  propofe  que  de  maintenir  les  régies  établies 
par  les  autres ,  dit  M.  de  la  Morte  de  Madame  Da- 
cier  ,  dans  les  RcHexions  fur  la  Critique.  La  nou- 
velle    Légijlatnce.   Journal    des     Savons     ijij 

LEGIS 1  E.  f.  V.  Qui  eft  Dodeur  es  Loix  ,  qui  les  en- 
feigne ,  qui  les  commente.  Legls  Doclor.  L'arrivée 
des  Légijtes  au  Parlement ,  fous  Philippe  de  Valois 
caufa  des  grands  changemens.  Ces  gens  pleins  de 
formalités  ,  qu'ils  avoient  puilées  dans  le  Droit 
introduiluent  la  procédure  ,  &  par  là  fe  rendirent 
maîtres  des  affaires  les  plus  difficiles.  Le  Gendre, 
Les  Légijles,  fuftent  ils  Prélidens  ,  &  même  premiers 
Préiidens  ,  n'étoient  qualifiés  que  de  Maîtres.  Id, 
Edouard!  ,  Roi  d'Angleterre  ,  arbitre  entre  les  Com- 
pétiteurs du  Royaume  d  Ecolle  ,  ne  voulut  point 
prononcer  là  delfus  ,  que  l'aftaire  n'eût  été  exami- 
née deux  fois  par  les  Légijles  d'Ecolle.  Larrey.  On 
ne  le  lert  guère  de  ce  mot  ,  &:  il  peut  cependant 
encore  avoir  place  en  Vers  •,  par  exemple  ,  Sénecc 
le  dit  pour  homme  de  robe  ,  Magiftrat ,  en  faifànt 
le  caraélère  d'un  Gentilhomme  Campagnard  : 

Fier  de  fa  noblejje  Gothique , 
Et  de  l'émail  de  fon  blafon , 
Il  redoute  l'humeur  altière 
Du  Légifte  en  charge  élevé , 
Plus  glorieux  fur  fon  pavé  , 
Que  lui  dans  fa  Gentilhommière. 

Ce  mot  fe  prend  maintenant  plus  ordinairement 
pour  les  Ecoliers  de  Droit ,  à  Bourges ,  à  Orléans , 
à  Angers  ,  à  Caën  ,  ôc  ailleurs  ,  où  ces  Légijies 
font  une  efpèce  de  corps  allez  conlîdérable  ,  &  font 
fouvent  parler  d'eux. 

LEGITIMAIRE.  adj.  m.  Se  f.  Qui  appartient  à  la 
légitime.  Terme  de  Jurifprudence.  yJd  legitimam 
pertinens.  Legidm£  Jure  dchitus.  Legitimanus ,  a , 
um.  Van  Water  ,  Obfervat.  Juris  Romani ,  Lih.  I , 
C,  II ,  recherche  l'origine  de  la  quarte  légitimai- 
re.  Il  croit  qu'il  faut  la  tirer  de  la  Loi  Falcidia  : 
cette  Loi  portoit  ,à  ce  qu'il  croit ,  que  la  quatrième 
partie  des  biens  de  la  luccelîîon  devoir  toujours  ap- 
partenir à  l'héritier  teftamentaire  ,  quand  il  étoit 
charge  de  legs  ;  &  à  l'héritier  légitime  ,  quand  il 
étbit  deshérité  lans  iujet.  C'eft  pourquoi  dans  plu- 
lieurs  Loix  du  Code  &  du  Digefte  ,  &  dans  la  No- 
velle  XXII.  de  Juftinien  ,  la  légitime  eft  appelée 
Falcidie.  Richard  dans  fon  Traire  des  Donations , 
&  quelques  autres  JUrifconfultes,  avoient  propofé 
ce  fentiment  ;  mais  comme  ils  l'avoient  eux  mêmes 
abandonné  ,  notre  Auteur  prétend  qu'on  doit  lui 
attribuer  la  gloire  de  cette  découverte.  Journal  des 
Savans  IJI4,  p.  JÇS-  La  quarte  légitimaire  ell: 
une  quatrième  partie  des  biens  d'une  fuccellion  qu'on 
accordoit ,  afin  d'empêcher  l'aclion  contre  le  Tefta- 
ment  inofticieux. 

LEGITIMATION,  f  f  Aèle  par  lequel  on  rend  légi- 
times des  enfans  naturels.  Spuriorum  lïberorum  aio- 
ptio  ,  cooptatio  in  ingenuorum  jus  à'  numerum.  Quand 
le  père&  la  mère  en  le  mariant  mettent  leurs  entàns 
nés  avant  le  mariage  fous  le  poile  ,  c'eft  une  légiti- 
mation qu'on  appelle  per  fubfequens  matrimonium. 
Ces  légitimés  par  mariage  iubtéquent  ont  les  mêmes 
avantages  que  les  enfans  nés  après  un  mariage  folen- 
nel.  La  légitimation  fe  fait  aulli  par  Lettres  du 
Prince  vérifiées  à  la  Cour  ,  &  à  la  Chambre  des 
Comptes ,  du  contentement  de  tous  ceux  qui  y  ont 
intérêt,  c'eft-à  dire  ,  de  tous  les  héritiers  paternels 
Se  maternels.  En  ce  cas ,  les  enfans  ainfi  légitimes 
peuvent  fuccéder.  La  Reine  Marie  de  Molina  ,  époufe 
de  Sanchc  le  Brave  ,  Roi  de  Caftille  ,  envoya  dts 
Ambaftadeurs  au  Pape  Boniface  ,  lui  demandant  la 
légitimation  des  cinq  cnians  qu'elle  avoit  eus  du  Roi 
Sanche ,  ce  que  le  Pape  accorda  par  une  Bulle  du 
6  Septembre  1501.  La  légitimation  n'étoit  point 
en  ulàge  avant  le  Grand  Conftantin  ;  c'eft  lui  qui 
Tintroduifit  par  une  loi  ,  que  l'Empereur  Zenon 
rétablit  de  fon  temps.   P'oye^  la  loi  Divi  ,  Cad.  de 


L  E  G 

Noc.  I.  En  1 1 8 1  ,  Alexandre  III  fit  un  rcCcck  pu 
lequel  il  l'admet  ik  l'autonfc  dans  le  Droit  Canon, 
^o/tf^  Selden  ,  DiJJ'tn  ,  ad  Flctam.  c.  ()  ,  6:  le 
GloH".  de  Du  Cange. 
LÉGITIMATION,  fignihe  au/îî ,  Reconnoillancc  authen- 
■  tique  &  juridique  ;  &■  il  ne  fc  dit  qu'en  parlant 
des  affaires  des  Diètes  d'Allemagne.  Après  ia  Urïû' 
madon  dt  (on  pouvoir,  tous  les  Députés  l'allèrciu  la- 
luer.  AcAD.  Fr. 
LÉGITIME,  adj.  m.  &c  f.  Qui  a  les  conditions  re 
quifes  par  les  loix  ,•  qui  ell  jullc ,  équitable  ,  & 
fondé  en  raiton.  Legitimus.  Cela  efl  Icgitlme  avec 
cette  intention.  Pasc.  Il  y  a  de  léintïmes  l'ujets  de 
pleurer.  Pleurer  ce  t]u'on  aime  cd  (ans  doute  le  plus 
légitime.  Patru.  La  conteftacion  qu'il  lui  lait  n'ell 
pas  légitime.  Acad.  Fr.  Un  Prince  légitime  eft 
celui  qui  eft  venu  au  Trône  par  éleélion  ,  ou  par 
fuccellion.  Une  autorité  légitime  ,  celle  qui  eft 
émanée  de  celui  qui  a  le  pouvoir  de  la  donner. 
Un  enfant  légitime ,  qui  eft  né  en  légitime  mariage , 
célébré  félon  les  loix  du  pays  \  (CJ"  au  lieu  que 
l'entant  légitimé  eft  celui  qui  ,  étant  né  dans  le 
concubinage  ,  a  été  rendu  légitime  ,  par  un  ma- 
riage fublcquent  de  fes  père  &  mère ,  ou  par  Let- 
tres du  Prince.  Le  péché  leul  peut  cauler  dans  une 
ame  Chrétienne  ^  une  triftelle  légitime.  As.  de  la 
Tr.  On  appelle  intérêt  légitime  ,  celui  qui  eitau 
taux  du  Roi. 

Les  Médecins  appellent  un  enfantement  légiti- 
me ,  celui  qui  vient  juftement  à  fon  terme  ;  Se 
illégitime  ,  celui  qui  vient  ou  plutôt ,  ou  plus  tard  , 
comme  celui  de  huit  mois. 
fÇT  Les  anciens  Médecins  appeloient  légitimes  ,  les 
maladies  dont  les  lymptomes  étoient  conformes  à 
la  caufe  qui  étoit  cenlce  les  produire  le  plus  conf- 
ramment.  Aujourd'hui  on  donne  le  nom  de  légi- 
time ,  à  une  maladie  dont  tous  les  lymptomes  font 
bien  évidemment  marqués.  Une  pleuréiie  eft  dite 
légitime  quand  la  fièvre  eft  violente  ,  la  douleur  de 
côté  aiguë  ,  la  dilHculté  de  refpirer  très  grande ,  &c. 
elle  eft  faulle  ,  Spurla  ,  notha  ,  quand  ces  lympto- 
mes manquent  en  nombre  ou  en  intenfité. 

Dans  le  Droit ,  légitime  fe  dit  des  perfonnes,  des 
chofes  j  des  aftions  ,  du  temps. 
^CF  LÉGITIME,  f.  f.    Portion  de  l'hérédité   qui  eft   due 
aux  enfans  par  le  droit  naturel  ,  dans  les  biens  de 
leurs  père  &  mère ,  ou   autres  afcendans  ,  &  dont 
ils  ne  peuvent  être  privés  que  pour  une  jufte  caufe 
d'exhérédation.     Ponlo     lege     débita    ;    Légitima 
portlo  h^redltatis.  C'eft  une  portion  privilégiée ,  & 
confacrée  par  la  nature.  La.  légitime  des  enfms ,  félon 
la  Coutume  de  Paris ,  eft  la  moitié  de  ce  que  ch.i- 
cun  auroit  eu  ab  Intejlat.  En  Normandie,  c'eft  le 
tiers  des   biens  dont  le  père  étoit  faih  au  temps  de 
fon  mariage.  En  Droit ,  c'eft  tantôt  le  tiers ,  tantôt 
la  moitié,  félon  le  nombre  des  enfans.  Quand  il  y 
a  plus  de  quatre  enfans ,  c'eft  la  moitié  ;  &  le  tiers 
s'il    n'y  en  a  que  quatre  ,  &  au-defl'ous.  Bruneau 
remarque    que  la  Jurifprudence  a  fort  varié  fur  la 
manière  de  payer  la  légitime ,  &  que  ,  félon  la  Ju- 
rifprudence d'aujourd'hui  ,  fCT  quand  il  y   a  plu- 
ficurs  enfans  qui  ont  été  avantagés  par  leur  père  ou 
par  leur  mère  j  &  qu'il  y  en  a  d'autres  qui  n'ont 
pas  leur  légitime  y  c'eft  le  dernier  avantage  qui  paye 
la  légitime  lui  feul  ;,  fauf ,   après  le  payement ,  s'il 
n'a  pas  iz  légitime ,  à  la  demandera  celui  qui  a  été 
avantagé   immédiatement  .avant  lui  ;  &  celui-ci   de 
même,  en  remontant  d'aîné  en  aîné.  Une  fille  obli- 
gée ,   à  caufe   de   la  multitude  des  créanciers  ,  de 
renoncer  à  la  fucelfion  de  fon  père  &  de  fa  mère , 
demanda  fa  légitime  à  fes  frères  &  fœurs  fur  ce  qui 
leur^  avoir  été  avancé  en  mariage  ,  &    l'obtint   par 
Arrêt  de  k  Grand'Chambre  du  5  Décembre   1641., 
Les  Patrons  à  Rome  avoicnt  aullî  une   légitime  fin- 
ies biens  de  leurs  affranchis. 

Un   enfant    peut   demander  fa  légitime  ,    ou  un 
fupplémem  de  légitime  à  fon  frère. 
LEGJTIMEMENT.  adv.  Dune  manière  licite  ,  &  fui- 
vant  les  loix.  Légitime.  On  ne  doit  faire  des  aumô- 
Tome  y. 


L  E  G  46'7 

nés  qued  un  bien  acquis  légitimement. 

LÉGITIMER.  V. a.  Rendre  légitime  un  enfant  né  hors 
le  mariage.  Ingtiml  jus  fpurio  atcribuere.  Ce  père  a 
fait  légitimer  fes  enfms.  Un  enfant  ne  peut  être  légi- 
timé fans  le  confentcment  du  père.  Le  Roi  peut  légi- 
timer des  adultérins  mêmes.  La  raifon  eft,  que  le 
Prince  eft  le  maître  de  l'étiit  civil  de  fes  fujcts.  Il 
peut  ,  quand  il  lui  plaît ,  elfacer  la  turpitude  de 
l'adultère,  tk  établir  l'honneur  d'une  naflLince  que 
les  loix  condamnent.  La  Politique  ne  permet  pas 
qu'il  les  laille  dans  une  infamie  qui  les  exclud  en 
quelque  forte  de  la  fociété  civUc ,  Se  du  conuncrce 
des  honnêtes  gens.  La  voit-  la  plus  certaine  de  légi- 
timer, eft  le  mariage  fubféqucnt  entre  le  père  &: 
la  mère  ;  alors  tout  le  défaut  de  la  naiftkncc  eft 
réparé ,  &  les  enfans  entrent  dans  tous  les  mêmes 
droits  que  s'ils  étoient  nés  après  la  célébration  du 
mariage.  Les  Empereurs  avoient  inventé  divers 
moyens  de  légitimer.  Anaftafe  avoir  voulu  que  le 
père  put  légitimer  fes  enfins  naturels  par  la  feule 
adoption,  pourvu  qu'il  n'eût  point  d'enfans  légiti- 
mes. Mais  Juftin  ,  par  la  Conftitution  ,  &  Jufti- 
nien  ,  par  fi  Novelle  74  ,  abolirent  cette  légitima- 
tion, de  peur  que  la  trop  grande  facilité  de  légitimer 
des  bâtards  ne  retînt  les  hommes  dans  le  concubinage. 
Il  établit  feulement  une  manière  de  légitimer  qui  f"e 
fait  par  Lettres  du  Prince.  Cette  légitimation  ren- 
doit  les  bâtards  cap.ables  d'arriver  aux  dignités ,  Se 
même  de  fuccéderj  pourvu  qu'ils  fulïent  légitimés 
du  confentemenf  de  leurs  père  Se  mère  ,  &  de  leurs 
parens.  Cela  eft  conforme  au  Droit  Canonique ,  Se 
on  le  pratique  de  même  en  France.  La  légitima- 
tion fe  fait  par  Lettres  Patentes  du  Roi,  lequel  feul 
peut  légitimer  les  bâtards.  De  Launay.  Le  Roi, 
en  légitimant  les  bâtards  ,  ne  leur  accorde  que  le 
droit  de  polîéder  des  Charges  &  des  Bénéfices  ,  Se 
de  difpoler  de  leurs  biens  par  Teftament.  Pour  tlic- 
céder  ,  il  faut  le  confentcment  des  parens. 

LÉGITIMER  _,  lignifie  auiîî  ,  Faire  reconnoitre  publique- 
ment pour  authentique  Se  juridique.  Et  cela  fe  di: 
principalement  en  parlant  des  Diètes  d'Allemagne. 
Un  Commllfaire  Impérial  n'eft  point  reçu  à  la 
Diète  ,  qu'auparavant  il  n'ait  fait  légitimer  Ion  pou- 
voir ,  légitimer  fa  commifllon. 

En  ce  iens  il  eft  aiUfi  réciproque  en  parlant  des 
affaires  des  Diètes.  Après  qu'ils  fe  furent  récipro- 
quement /e^^iz-iOTeV.  Ac-  Fr. 

LEGITIME,  ÉE.  p3.n. Âdferlptus in  numerum  ingenuo- 
rum.. 

LEGITIMITE,  f.  f.  Etat ,  qualité  d'un  enfant  qui  eft 
légitime.  Il  eft  queftion  dans  cette  caufe ,  de  la 
légitimité  d'un  tel  enfant.  La  déclaration  des  père 
Se  mère  ne  peut  donner  atteinte  à  la  légitimité  d'un 
enfant  né  ,  conllant  le  mariage.  On  dit  aulli  la 
légitimité  d'un  droit ,  d'une  prétention ,  &c. 

LÉGiNANO.  Petite  ville  de  l'Etat  de  Venife ,  en  Ita- 
lie. Leoneacum  ,  Leonlcum.  Elle  eft  fortifiée  ,  fituéc 
fur  l'Adige  ,  dans  le  Véroniwis  j  à  neuf  ou  dix 
lieues  au-deiîbus  de  'Vérone.  Maty. 

LEGONTIEN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Leguntlanus. 
On  l'honore  le  j  Février  à  Quiet  ,  au  Royaume 
de  Naples  ;  fans  en  favoir  autre  chofe  que  fon 
nom  Se  l'a  qualité  de  Martyr.  Chastelain  ,  au  /. 
Février  ,  p.  S44- 

LEGS,  f  m.  Libéralité  que  fait  iHi  Teftareur  ttO"  par 
teftament  ou  par  codicile  ,  &  dont  la  délivrance 
doit  être  demandée  à  l'héritier.  Legatum.  Le  legs 
univerfel  eft  celui  qui  elc  fait  de  tous  biens  ,  ou 
de  tout  un  genre  de  biens ,  comme  de  tous  meu- 
bles Se  acquêts  ,  ou  d'une  partie  Se  quotité ,  fans 
autre  fpécification  particulière  ,  comme  du  quint 
des  propres,  ou  du  quart  ou  autre  quotité  de  tous 
meubles  &  acquêts;  ce  qu'on  appelle  legs  uni- 
verfel par  quotité.  Le  legs  particulier  eft  celui  qui 
fe  fait  d'une  chofe  particuUèie,  quiefthiiree  au  léga- 
taire à  titre  particulier  ,  comme  d'une  fomme  dt 
deniers,  d'un  tableau,  d'an  tel  meuble,  &c.  Com- 
me les  legs  univerfels  mettent  ceux  qui  les  reçoi- 
vent au  lieu  Se  place  de  l'héritier ,   ils  les   obligent 

Nnn  ij 


4é8 


i.  E  G 


aullî  de  payer  les  dettes  héréditaires  jufqu'à  la 
concurrence  des  biens  légués.Les  légataires  particu- 
liers ne  font  tenus  d'aucunes  dettes.  Un  legs  ca- 
duc efh  celui  qui  n'a  point  d'effet  :  legs  condition- 
nel ,  celui  qui  n'a  lieu  qu'en  accomplilHint  la  con- 
dition. Si  la  condition  eft  impolfible  ,  ou  incivile , 
elle  eft  nulle  3  &  le  legs  appartient  au  légataire. 
Legs  par  affignat ,  eft  celui  qui  ié  fait  d'une  lomnie  ou 
d'une  rente  à  prendre  fur  un  tel  fonds  ,  au  Heu 
que  les  legs  fimples  &  fans  affignat  ,  font  ceux 
qui  fe  font  dune  fomme  de  deniers  ,  ou  d'une 
rente  à  prendre  généralement  fur  tous  les  biens 
du  Teftateur  ,  ou  (mis   déligner  fur  quoi  elle   fera 

prife.  .     n   f  •    V 

Legs  pieux.  Legatum  pium  ,  eft  celui  qui  elt  tait  a 
milieu  confacrcà  Dieu  ,  &c  deftiné aux  bonnes  œu- 
vres ,  comme  une  Eglife  ,  un  Monaftère  ,  un  Hô- 
pital,  £-<;.  &  qui  eft  fait  pour  une  hn  bonne  &  pieu- 
fe.  Pour  qu'un  /c^j  (on  pieux  :,  il  nefuftit  pas 
qu'il  foit  fait  à  une  pcrfonne  confacrée  à  Dieu ,  il 
faut  encore  que  la  lin  en  foit  pieufe.  Quoiqu'un 
Tellament  foit  nul  ,  il  ne  l.iille  pas  de  valoir  à 
l'égard  des  legs  pieux.  Les  Capitulaires  ordonnent 
que  le  Commillaire  du  Prince  prendra  foin  avec 
l'Évêque  de  l'exécution  des  legs  pieux.  Capitul. 
T.  I,  p.  2S7,  c.  S.  ,    ,         , 

Ce  mot  vient  de  legatum  ,  de  de  lego  ,  legarc. 

LEGUE-BELLITE.  La  montagne  de  Lègue -Bellite 
eft  une  montagne  des  Alpes  ^  près  de  Chambéry. 
Fie  du  Frère  Fiacre,  X.  III ,  p.  21  S. 

Ip- LEGUER.  V.  a.  Faire  un  legs,  donner  par  tefta- 
nient.  Legare  ,  legatum  alicui  fcribere.  Léguer  à  fes 
parens ,  à  fes  amis  une  fomme  d'argent ,  fes  meu- 
bles ,  une  partie  de  fen  bien.  On  lègue  par  codicile 
aulîi'  bien  que  par  teltament.  On  peut  léguer  en 
général  toutes  les  chofes  dont  on  peut  dilpofer  par 
teftament ,  fuivant  la  loi  du  lieu  où  elles  font  li- 
tuées. 

LÉGUÉ ,  ÉE  part.    Legatus. 

LEGUIER.   Toye?  LEGER.  ^ 

LEGUME,  f.  m.  Ce  mot  fe  dit  des  grains  femes  qui 
fe  cueillent  avec  la  main  j  à  la  diftcrencc  des  blés 
&  avoines,   qui  fe  fcient  &  fe  fauchent.  Legumen. 

gCr  Le  mot  de  légume  ne  convient  proprement  qu'aux 
femences  &  aux  grains  qui  viennent  dans  des  gouf 
■{es  comme  pois  ,  fèves ,  lentilles ,  haricots.  Un  ufage 
abulif  l'applique  à  plulieurs  autres  chofes  ,  aux  ra- 
cines ,  aux  herbes  potagères  ,  &  généralement  aux 
plantes  bonnes  à  manger.  Il  ne  s'emploie  guère 
qu'au  pluriel.  Les  Ermites  ne  vivoient  que  d'herbes 
&  de  légumes.  L'cxpolition  du  Nord  a  de  grands 
avantages  pendant  les  chaleurs  pour  les  légumes.  La 
Quint.  S'il  fe  troiivoit  quelques  fruits  dans  le  Mo- 
naftère j  ou  quelques  /c'^i^mcj  nouveaux ,  on  pourra, 
&c.  Ab.  de  la  Tr.  Ces  légumes  font,  par  exem- 
ple ,  des  herbes  crues  ,  du  céleri ,  des  raves  ^  des 
pois  ,  &C  d'autres  légumes  nouveaux,  qui,  &c.  lu. 
Le  P.  Bouhours  fait  ce  mot  féminin  dans  la  Vie 
de  Saint  Xavier ,  I.  F.  Des  racmes  fort  amères , 
ëc  des  légumes  cuites  à  l'eau  faifoient  toute  fa  nour- 
riture ^  parmi  fes  travaux  continuels.  Booh.  fCTC'eft 
une  faute.  Il  n'y  a  que  le  peuple  de  Paris  qui  dile 
de  bonnes  légumes. 

Ce  mot  vient  de  legumen  j  Latin,  ainfi  appelé  ex 
eo  quod  manu  legatur  ,  &  non  fecetur ,  de  ce  qu'on  le 
cueille  ,  on  le  tire  avec  la  main  ,  &  qu'on  ne  le  coupe 
point ,  difent  Servius  &  'Varron  j  L.  I,  de  Re  Ruji. 
c.  1.3  j  à/  52.' 

^ff  LEGUMIER,  f.  m.  Synonyme  de  POTAGER.  Jar 
dinoù  l'on  fait  venir  des  légumes,  ou  des  plantes 
potagères  que  l'on  appelle  communément  Légumes. 
Hortus  alitorius.  'Voy.  Potager. 

•|^ LEGUMINEUSE  (  Fleurs).  Flores legumlnojî.  Ter- 
me de  Botanique.  Ce  font  celles  que  portent  les 
plantes  qu'on  appelle  Légumes,  pois,  fèves,  len- 
tilles ,  &c.  Ces  fortes  de  Heurs  font  compofées  de 
quatre  ou  cinq  pétales  qui  fortent  du  fond  du  ca- 
lice. Le  pétale  fupérieur  ,  qu'on  nomme  Pavillon , 
yexillum  ,  eft   ordinairement   grand  ,   plié  en    dos 


L  E  H 

d'âne  ,  tantôt  relevé  ,  tantôt  rab^ittu  fur  les  autres 
,  parties  de  la  Heur.  Il  fe  trouve  au  bas  de  la  Heur  un 
ou  deux  pétales  ,  qui  ,  par  leur  réunion ,  femblent 
n'en  faire  qu'un.  Mais  dans  ce  cas  le  pétale  unique 
a  prefque  toujours  deux  attaches  -,  ce  qui  fait  que 
quelques  Auteurs  ont  dit  que  les  Heurs  papiliona- 
cées  ou  légumineufes  ,  ont  toujours  cinq  pét.ales. 
Soit  que  le  bas  de  la  Heur  fou  formé  par  un  ou 
par  deux  pétales  ,  on  apperçoit  la  forme  de  1  avant 
d'une  nacelle  ,  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
Carina.  Entre  le  pavillon  &:  la  na:elle  on  voit  fur 
les  côtés  deux  autres  pétales  j  qu'on  nomme  les 
Ailes  j  aU.  Elles  ont  ordinairement  une  oreillette 
vers  leur  naiflance.  Duh. 
IJO"  LEGUMISTE.  f.  m.  Jardinier  qui  fait  venir  des 
légumes.  Olitor.  Voy.  Marechais.  Pourquoi  ne 
diroiton  pas  Légumifte  ,  comme  on  dit  Fleurifte, 
Pépiniérifte  î 
LEGUNS.   f.  m.  pi.    Vieux  mot.  Légumes. 

L  E  H. 

LEHAL  ,  ou  LE  HAL.  Petite  ville  ,    avec  une  bonne 

citadelle.    Lehalium.  Elle  eft   dans  la   Livonie,  fut 

un  golfe  j  à  dix  lieues  de  Periuw  j  vers  l'occident 

feptcntrional.  Maty. 
LEHEMAN  ,  ou  LEHEMAS.  Ville  de  la  Tribu  de  Juda. 

Leheman.  ,  Lehhemas.  Le  Texte  Hébreu  la  nomme 

de  ce  dernier  nom  j  &  la  Vulgate  du  premier.  Jof. 

XF ,   40.  Le  P.   Lubin   croit  que   c'eft    celle   que 

les  Septante  appellent  M«ay«iV. 
LEHERENNE,  ou  LEHERENNUS.  f  m.  Terme  de 

Mythologie.   Nom  d'un    faux   dieu  de  l'Antiquité. 

Lehercnnus.   Deux  infcriptions  envoyées   par  le  P. 

Sirmond  à  Gr'uter  ,  font  mention  de  ce  dieu. 

LEHERENNO 

DOMESTICUS 

R  V  F  I  F. 

V.    S.    L.    M. 


L'autre  eft , 


LEHEREN 

D  E  O 
E  R  T  V  L  L 
V.  S.  L.  M. 


U  S 


Comme  elles  ont  été  trouvées  à  Cominges  ,  il  y  a 
apparence  que  c'étoit  un  dieu  du  pays. 
LEHIRE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ekutherus.  S.  Eleu- 
thère  de  Tournay  eft  fêté  par  le  peuple  ,  qui  le  nom- 
me S.  Lékire  ,  nom  qui  fut  donné  à  un  Hôpital 
fondé  en  1360  j  en  l'honneur  de  ce  faint  Evêque 
de  Tournay.  Chastelain  ^  au  20.  de  Fév.p.6pp. 

L  E  I. 

03"  LEIBNITIANISME.  f.  m.  Doétiine  ,  Philofo- 
phie  de  Leibnitz. 

|3"  LEIBNITIEN.  f.  m.  Qui  fuit  la  Drodtrine  du  célè- 
bre Leibnitz.  t-.  xl  • 

|(^Leibnitien,  enne.  adj.  qui  concerne  la  Doôtrine 

"  de  Leibnitz  ,  fon  fyftême  ,  fes  principes.  On  en 
trouvera  des  explications  fous  différens  articles.  Foy, 
Monade,  Harmonie  ,  Préétablie,  &c. 

LEICESTER.  Liceftria  ^  Legeccftria ,  Leogora.  Ville 
d'Angleterre,  Capitale  du  Comté  de  Notthingham, 
&  fituée  fur  la  Stourre ,  à  fept  lieues  de  Notthin- 
gham ,  du  côté  du  midi.  On  croit  que  Leicepr 
eft  la  ville  des  anciens  Coritains  ,  appelée  Rhage  j 
Ra«cdc  Ratii.  Maty.  Nous  çï:o\\oncons  Leicejire , 
&  plulieurs  l'écrivent. 

Leicester  Shire,  ou  le  Comté  de  Leicejler.  Licejtna, 
Leiceftria.  Province  d'Angleterre.  Elle  a  au  nord 
celle  de  Nottingham ,  au  couchant  celles  de  Darbye 
&-  de  Warwick  ,  au  midi  celle  de  Northampton, 
&  au  levant  celles  de  Rutland  &  de  Lincoln.  Ce 
Comté  peut  avoir  neuf  lieues  de  long ,  &  autant 
de  large  :  le  pays  en  eft  uni,  &  bien  cultive,  &■ 
j!  fournit  quantité  de  laine  blanche  fort  rinc.   Lei- 


L  E  I 

-cejîri  fur  la  Scouic  en  ell  la  capitale.  On  y  diftin- 
gue    encore    les  bourgs  de  Lougboroug  j  de    Luc- 
tcrwortli.  Maty. 
LEICHE.  f.  f.  Sparganium.  Herbe  qui  croît  dans  les 
prés  ,  &.'  qui  f'e  mêlant  avec  le  foin  ,  bielle  la  laii- 
4kc  des  animaux.  Ce  foin  ne  vaut  rien  ,  il  eft:  plein 
de  leïches. 
LEICTOURE.    Foyei  Lectouri. 
LEIDE  ,  LEYDEN.  Ville  du  Comté    de    Hollande  , 
une  des  Provinces  Unies.  Leïda  ,  Lugdunum  j  daiij_ 
Ptolomée  ,  Lugodunum   Batavorum.    Elle  eft  capi- 
tale du  Rhyniand  ,  &  lituée  fur  le  vieux  canal  du 
Rhin,  qui  va  le  perdre  dans  les  labiés,  à  une  lieue 
de  cette  ville.  Lelde  ell  entre  Delf  &  Harlem ,  & 
à    trois    lieues  de  la    Haye.   Elle  eft   fort  grande, 
fort  nette  ,   bien  bâtie  ,  &    la   mieux  peuplée    de 
toute   la  Hollande  ,  après  Amllerdam.  Elle  ell  con- 
fidérablc  par  fes   Manufactures  de  draps ,  par  fon 
Univerfité  fondée    l'an    157J  j   &    célèbre  par   le 
iîége  que  les  Elpagnols  y   mirent  :  &  qu'ils  furent 
obligés  de  lever  l'an  1574.  Le  fimeux  Tailleur  d'ha- 
bits, Jean  de  Leide  ,  Chef  des  Fanatiques  Munllé- 
riensj  étoic  de  cette  ville.  Maty.  De  Valois  alfure 
que  l'on  dit  auili  Leyen.  Voy.  Not.  Gall.  p.  2S ç. 
LEIENTERIE.  f.    f.    Terme  de    Médecine.    Maladie 
dans    laquelle  les    alimens    lortent   avec  précipita- 
tion par  les  felles ,  ians  avoir  été  altérés  en  aucune 
manière  ,   ni  en  leur   fubllance ,  ni  en  leur  qualité. 
Llenteria.  On  écrit  ordinairement ,  ôc  on  prononce 
toujours  LIENTERIE.   F'oye:^  ce  mot.  Dégori  écrit 
ieien:crie. 

Ce  mot  efl  formé  du  Grec  Mt'.tT.fû,  dont  quelques- 
uns  confervent  l'ortographe  dans  les  premières  fyl. 
labes. 
LEINIGEN.  Foyci  Linange. 

LEINSTER.  /^oy.  LAGÉNIE.  C'ell  la  même  chofe. 
LEIPSIC  ,  LEYPSICK.  Nom  d  une  ville  du  cercle  de  la 
Haute-Saxe.  Leipjîa  ,  Lipjïa.  Elle  eft  dans  la  Mifnie  , 
fur  la  rivière  de  Pleill ,  à  quatre  lieues  de  Mersbourg  , 
vers  l'orient.  Ltipfic  eft  une  ville  riche ,  grande , 
bien  peuplée  ,  fortifiée  &  défendue  par  la  citadelle 
de  Pleillenburg.  Elle  eft  célèbre  par  fon  commerce  j 
fes  foires  j  Ion  Univerfité  ,  &  par  la  pureté  avec 
laquelle  on  y  parle  la  langue  Allemande.  Elle  eft 
capitale  du  cercle  de  Leipfic ,  qui  eft  la  partie  Icpten- 
trionale  de  la  Milnie  ,  &  qui  renferme  le  Duché  de 
Hal  j  le  Comté  de  W^eftin  ,  Se  les  petites  villes  de 
Bitterfelds ,  de  Leibnitz  ,  de  Landiperg  ,  de  Col- 
dilz  ,  de  Pégaw  &  de  Weiftènfelds.  Maty.  Leipjic 
eft,  félon  Meftieursde  l'Académie,  à  31  degrés  de 
longitude  ,  &  à  yi  degrés  20  minutes  de  latitude 
feptentrionale.  L'UniverlIté  de  Leipfic  fut  fondée 
par  Frédéric  le  Belliqueux  ,  l'an  1408  ,  lorfque  les 
hérélîes  de  Jean  Hus  firent  fortir  de  l'Univerlité  de 
Prague  quatre  cens  Eiudians, qui  le  retirèrent  à  Leipfic. 
Le  Journal  de  Leipfic  eft  un  Journal  qui  fe  tait 
dans  cette  ville ,  &  qui  paroît  tous  les  mois.  C'eft 
un  des  meilleurs  Ouvrages  en  ce  genre,  f^.  Journal. 
Il  eft  intitulé  ,  Acia  Eruditomm  ,  les  Aéles  des  Sa- 
Vans.  Dans  le  Thefaurus  Numifmatum  Moderno- 
rum ,  il  y  a  deux  jettons  frappés ,  l'un  pour  l'établille- 
ment  des  chaifes  à  Porteurs  à  Leipfic  ,  &  l'autre  en 
mémoire  de  l'établillcment  des  lanternes  dans  la 
même  ville. 
LEIPZIS.  Sorte  de  ferge  qui  fe  fabrique  à  Amiens. 
LEIRAC.  Nom  d'un  ancien  Château  proche  de  Car- 
caûone. LauraeumCaJlellum.  Valois,  Not.Gall.p. 2  6 y. 
LEIRIA.  Nom  d'une  ville  de  Leftramadure  du  Portu- 
gal. Leitia  ,  Leira.  Elle  e.ft  Epifcopale  ,  futFragante 
de  Lisbonne  ,  dont  elle  eft  éloignée  de  vingt  lieues 
du  côté  du  Nord,  Se  de  quatre  lieues  du  bord  de 
,  l'Océan.  Maty. 
LEISZNIE.  Petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  l'Elcétorat 

de  S^xe  ,  en  Mifnie  ,  fur  la  Mulde. 
LEITH ,  LYTH.  Nom  d'un  bourg ,  ou  petite  ville 
<le  la  Lothlane,  en  Ecolle.  Licka.  Ce  lieu  eft  fur 
le  golte  d'Edimbourg  ,  a  mille  pas  de  la  ville  de 
ce  nom  ,  &  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Leich. 
H  fe  fait  beaucoup  de  commerce  en  ce  lieu.  Crom- 


L  E  K  469 

wel  y  avoit  fait  conftruire  une  citadelle  qui  eft  main- 
tenant démolie.   Maty. 
LEIVA.  f^oyei  Lewentz. 


t 


E  K. 


LEK.  Nom  d'une  rivière  des  Pays-Bas.  Leccu^  Leccus. 
C'eft  une  branche  du  Rhin ,  qui  s'en  fépare  à  Wijk, 
Se  qui  tournant  enlnite  à  l'oueft,  coule  au  midi  de 
la  Hollande,  &  va  le  décharger  dans  la  Meufe,  près 
de  Rotterdam.  Voye-^  Guichardm  ,  Defcript,  des 
Pays-Bas. 

LEK.  f.  m.  Terme  de  Relation  de  Indes.  Nom  de  compte 
Se  de  lommc.  Lekus.  Un  leh  vaut  aux  Indes,&  princi-. 
paiement  dans  les  Et.ats  du  Mogol,  cent  mille  rou- 
pies ,  qui  font  environ  cinquante  mille  écus  de  notre 
monnoie.   D'Herbelot. 

L  E  L. 

ifT  LELA.  Mot  qui  en  langue  Turque  fignifie  Dame. 
Oîi  donne  ce  nom  aux  grandes  Dames  en  Afrique. 
C'eft  un  titre  d'honneur  qu'on  y  donne  à  la  Vierge  ^ 
pour  laquelle  les  Mahométans  ont  beaucoup  de  vé- 
nération. Les  Maures  l'appellent  Lela  Mariam ,  c'eft- 
à  dire ,  la  Dame  Marie.  P'oye^  Ricaud  de  l'Emp.  Ott. 

LÉLAPE.  L  m.  C'eft  le  nom  du  chien  que  Procris  don- 
na à  Céphale  pour  aller  à  la  challe  du  monftrueux 
renard'qui  défoloit  les  campagnes  deThébes. 

LELEGIE.  J^oye-^  LacÉdémone.  C'eft  Ion  premier 
nom. 

LELIE,  ou  L^LIUS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ldius. 
Scipion  Se  Lic/ius  ,  amis  intimes ,  &  qui  aimoient  éga- 
lement les  Lettres,  ont  eu  beaucoup  de  part  aux  Co- 
médies de  Térence. 

LÉLIE,  ou  L/ELIA.  C.  f.  Nom  de  femme.  Lalia.  La 
Veftale  Le  lie ,  ou  Ldia,  mourut  fous  le  Confulat  de 
Marins  &  d'Alinius. 

LELOW.  Nom  d'une  ville  avec  Châtellenie.  Lelovia, 
Elle  eft  en  la  Haute -Pologne,  &  fituée  fur  la  rivière 
de  Plicza,  dans  le  Palatinat  de  Cracovie,  à  dix-fepc 
lieues  de  la  ville  de  ce  nom,  vers  le  nord.  Maty. 

L  E  M. 

LEMAN.  Le  lac  ZeW«.  Voyez  Genève,  le  lac  de  Ge^ 
nève. 

LÉMANO,  ou  ODISSO.  Ancienne  petite  ville  de  Bul- 
garie. Odcjfus.  Elle  eft  près  de  la  Romanie  &  de  la 
mer  Noire,  lur  le  Cap  Leniano ,  appelé  ïmcienne- 
ment  Tirifira.  Maty. 

LEMBAIRE.  f.  m.  Nom  d'une  Milice  ancienne  des 
Romains.  Lemharius.  Les  Lembaires  étoient  des  trou- 
pes qui  combattoient  dans  des  bateaux  qu'on  armoit 
lur  les  rivières.  Ce  nom  Se  cette  Milice  fe  trouvent 
dans  Vopilcus.  Vie  d' Aurélien.  Voyez  aulîi  les  No- 
tes de  Saumaife  lur  cet  Auteur,  ^.  ^S i  &  3S2.  de 
VHifioire  Augufie. 

^CT  LEMBEGE.  Petite  ville  de  France ,  dans  le  Bearn , 
chef- lieu  d'une  petite  contrée  qu'on  appelle  le  Per- 
ian  de  Vievilli. 

LEMBERG,  LEWENBERG.  Bourg  du  Comté  de  Ja- 
wer,  en  Silélie.  Leoberga.  Il  eft  lur  le  Bober,  entre 
la  ville  de  Jawer  Se  celle  de  Gorlitz,  4  fopt  ou  huit 
lieues  de  l'une  &  de  l'autre.  Maty. 

LEMBERG,  LEMBOURG  ,  LUWOW  ,  LEOPOL, 
Ville  du  Royaume  de  Pologne.  Leopolis,  Elle  eft  ca- 
pitale de  toute  la  Rullîe  Rouge,  ou  Noire,  Se  lîruée 
dans  le  Palatinat  de  Lembourg  ,  fur  la  rivière  de  Pel- 
teu,  entre  Kaminieck  &  Cracovie  ,  à  trente-huit 
lieues  de  la  première.  Se  environ  cinquante  huit  de  la 
dernière.  Lembourg  eft  une  grande  ville  ,  fortifiée  & 
défendue  par  deux  citadelles,  l'une  dans  la  ville ,  l'au- 
tre dehors ,  fur  une  hauteur  qui  la  commande.  Il  y  a 
un  Archevêché  pour  les  Latins  j  Se  un  autre  pour  les 
Arméniens  CatholiqueSj  &  un  Evêché  pour  les  Ruf- 
lîens  Schifmatiques  j  qui  dépend  du  Patriarche  de 
Conftantinople.  Cette  ville,  réduite  à  l'extrémité  pa- 
les Colaques  rebelles ,  &  par  les  Tartarss ,  fut  obligée 


L  E  M 


470 

de  fe  racheter  par  une  grolle  lomme  d'argent.   C  éft  ' 
l'ancienne  Carrodunum  ,  ville  des  Peuciniens ,  c;i  la 
Sarmatje  Européenne.  Maty. 

Le  Palatinat  de  Lembour^  Leopolitanus  Palati- 
natus.   Province  de  la  Rullie  Rouge  ,  en  Pologne. 
Elle  efl:  bornée  au  couchant  par  la  Haute  Pologne ,  au 
nord  par  le  Palatinat  de  Bêlez,  au  levant  par  la  Podo 
lie  &  par  la  Moldavie,  &  au  fud  par  la  Tranlilvanic 
&  par  la  H^iute  Hongrie.  Ce  Palatinat  c'a  bien  arrotcj 
fertile  &  allez  étendu.  On  le  divife  en  quatre  terri 
toires  ou  châtellenics  ,  qui  prennent  le  nom  de  leurs 
capitales,  qui  font  Lembourg ,  Prémillie,  Sânock  & 
Haliez,  dont  le  territoire  porte  le  nom  de  Pokutie. 
Maty. 
LEMBOLLAS.  Petite  rivière  de  France  dans  le  Qucrci , 

qui  ie  perd  dans  la  Tarn  ,  à  l'orienr  de  Moillac. 
LEMBRO,  L'EMBRO,  ou  IMBROS.  Nom  d'une  île 
de  l'Archipel.  Imbros.  Elle  eft  iiruée  au  nord  de  celle 
de  Ténédo  ,  près  de  la  prefqu'ile  de  la  Uomanie.  Lem- 
hro  n'a  que  neuf  lieues  de  circuit.  Sa  capitale  porte 
fon  nom,  &  a  un  Evêché  &  une  citadelle.  Maty. 
L'île  de  Lembro  eft  placée  par  les  anciens ,  entre  celle 
de  Lemnos  à  l'occident,  &  la  Chcrlonèfe  de  Thrace 
au  midi.  Elle  avoir  une  ville  qu'on  appeloit  aulll  Im- 
bros,  qui  éroit  voifine  de  Samothrace,  &  conlacrée 
aux  Cabires  &  à  Mercure. 

Ce  nom,  lelon  Bochart,  dans  fon  Chaiiaan,  L.  I.  C. 
XII ,  vient  de  l'Hébreu  na-llK  arnehcth ,  qui  fignifîe  Rè- 
■jTcjparce  qu'en  eiîet  un  Géographe  anonyme,  qui  écri- 
voit  lous  Conftantin  ,  dit  que  cette  île  étoit  pleine  de 
lièvres.   Du  mot  Arnebcth ,  dit  Bochart,  en  tranlpo- 
fint  les  lettres ,  on  a  fait  Inbros  &:  Imhros  ,  en  chan- 
geant \'n  en  m,  à  caufe  du  b  qui  fuit.  De  forte  qu'Im- 
bros  eft  la  mcme  choie  que  Lagufa  en  Grec ,  nom  que 
l'on  donnoit  à  pluheurs  îles  de  la  même  mer,  com- 
iTie  on  le  peut  voir  dans  Pline,  L.  K.  C.  ji.  D'Im- 
bros  on  a  lait  Lembro. 
LEMBROISÉ.  adj.  Vieux  mot.  Lambrilîé. 
LEMBRUN.  Nom  d'un  petit  pays  de  l'Auvergne,  dont 
on  ignore  les  bornes.  Lembrunum.  Saint  Germain  de 
Lembrun,  iîtué  entre  Ilfoire  &  Brioude,  en  conferve 
le  nom.    Maty. 
LEMGOW.   Nom  d'une  ville  Anféatique  du  Cercle  de 
■Weftphalie.  Lemgovia.   Elle  a  été  Impériale  ,    mais 
elle  dépend  maintenant  du  Comte  de  Lippe.  On  la 
trouve  dans  le  Comté  de  Lemgow  ,  lur  la  petite  ri- 
vière de  Péga,  à  quatre  lieuosd'Herwordenj  &  à  fix 
ou  fept  de  Minden  &  de  Paderborn.  Maty. 
LEMGOW.  Comté,  f^oye^  Lippe  ,  Comté. 
LEMISELANFUVE.  Lcmlja,  anciennement  Neapolis. 
C'étoit  autrefois  une  ville  Epilcopale  de  l'île  de  Cy- 
pre  -,  ce  n'eft  maintenant  qu'un  village  ,  lltué  lur  la 
côte  méridionale  de  l'île.  Maty. 
LEMMA.  f.  m.  ht  Umma  eft  une  plante  aquatique  qui 
trace  beaucoup.  M.  Bernard  de  Julfieu  a  donné  l'Hif 
toire  de  cette  plante  dans  les  Mémoires  de  l'Acadé- 
mie des  Sciences  ,  1 740.  p.  2  â j.  Le  Lemma  fc  trou- 
ve auprès  de  Nantes,  à  Saint  Domingue,  en  Egypte. 
Théophrafte  l'a  connu  ,  mais  il  n'en  dit  qu'un  mor, 
en  rapportant  allez  au  long  les  plantes  du  lac  Orcho- 
mème  en  Thellalie.  Ses  propriétés  lont  encore  igno- 
rées. Lemma  ou  Uns  Icnticularis ,  quadrifolia. 
LElVtMATIQUE.  adj.  m.  &  f.  Propolîtion  lemmatique , 
propofirio*préparatoire.  Le  P.  Castel.  T'-oye^^  l'art, 
fuivant. 
LEMME.  f.  m.  Terme  de  Géométrie.   Lcmw.a.   C'eft 
une  propofirion  préparatoire  qu'on  démontre  pour 
fervir  a  quelque  autre  démonihation  dont  on  a  beloin 
dans  la  fuite,  qui  eft  comme  hors  d'œuvre,  &  n'ap- 
partient point  dircélementà  la  matière  que  l'on  traite , 
mais  eft  pourtant  néccftaire  pour  la  propolîtion  qui 
fuit.    On  la  met   ordinairement  devant  la  démonf- 
tration  du  théorème  ,  afin  que  cette  démon ftration 
(oit  moins  embarrallée  ,  ou  devant  la  réfolution  du 
Problème  ,  pour  rendre  cette  ré(olution  plus  courte. 

Ce  mot  eft  Grec ,  ?.;f!|««  i?c  vient  du  verbe  /,««?«/« , 
accipio ,  &c. 
LEMMER.  {.  m.  Petite  bête  de  Laponie ,  qui  relTemble 
à  une  fouris,  excepté  qu'elle  eft  rouîlè  ôc  marquetée 


L  EM 


de  noir.  On  les  uppcWe  fouris  de  montagne,  ou  Un- 
\ar  :  elles  paroiftent  à  grandes  troupes  en  certains 
tems ,  &  font  beaucoup  de  ravage. 
LEMNIEN,.ENNE.   f.  m.  &  f.  Lemmus  ,a.  Qui  eft 

de  l'île  de  Lemnos. 
LEMNIENNE.  adj.  f.   C'eft  une  épithète  qu'on  doîlij^ 
à  la  Terre  figilléc.  Terra  Sigillata  ,  lemnca.  D'autres 
l'appellent ,  Terre  divine  ,  Terre  lacrce.  /^'oye^  Saù- 
maife  lur  Solin  ,  p.  1 1  j6.  &  Selden  ,  De  Synedriis 
*  Hebr.  L.  III.  C.  II.  Voyci  SIGILLhE. 
LEMNOS  ,  ou  LEMNO.  Foye^  Stalimène. 
LEMO,  LIM.  Nom  d'une  petite  rivière  d'Italie.  Lemu- 
ris.  Elle  a  fa  foutce  dans  l'Etat  de  Gènes  j  ou  elle 
baigne  Gavi ,  ôc  va  fe  joindre  à  l'Otba  dans  l'Alexan- 
drin. Maty. 
LEMPTA.  Selon  Maty ,  c'eft  le    nom  dune  grande 
contrée  du  Zaara  ,  ou  du  Défert ,  en  Afrique.  Lempta. 
Elle  eft  entre  le  Terga  au  couchant  j  le  Bcrdoa  6c  le 
Borno  au  levant ,  le  Bilédulgérid  au  nord  ,  tic  la  Ni- 
gritie  au  fud  ;  &  les  lieux  principaux  de  ce  pays  lont 
Lempta  ôc  Déghir,  que  quelques-uns  croient  n'être 
qu'une  racTne  ville.  Maty.  Selon  de  la  Croix,  dans 
le  lecond  Tome  de  fon  Hiftoire  d'Afrique,  Lemta, 
ou  Lempta ,  eft  le  nom  des  peuples  ,  ôc  Iguidi ,  celui 
de  leur  principale  habitation,  /'^ove^  IGUIUI. 
LEMPTA,  ou  LEINTA.  Foye^  Monastero. 
LEMSTER.  Nom  d'un  bourg  d'Angleterre.  LemJIera, 
Leonis  Monajlerium.    Il   a  léance  ôc  voix  au  Parle- 
ment ,   ôc  il  eft  litué  dans  le  Comté  d'Hereford ,  à 
quatre    lieues   de   la  ville  de  ce  nom ,  du  côté  du 
nord.  Maty. 
LEMTA.  Voye-{  Lempta. 
LEMUNCULE.  f.  m.  Lemunculus.  Sorte  de  bateau  des 

Anciens,  dont  ilsfe  fcrvoient  pour  pêcher. 
LÉMURES,  f  m.  pi.  Lutins,  efprits  ,  âmes  des  morts 
inquiets,  qui  revenoicnt  tourmenter  les  vivans.  Lé- 
mures. C'eft  la  même  choie  que  les  larves ,  (\\it  les 
Anciens  s'imaginoient  errer  dans  le  monde  ,  pour 
faire  peur  aux  gens  de  bien  ,  ôc  faire  du  mal  aux  mé-.. 
chans.  C'eft  pourquoi  on  célcbroit  à  Rome  les  lému- 
rales ,  qui  étoient  des  fêtes  inftituées  pour  appailcr 
les  mânes  des  défunts.  On  failoit  certaines  cérémonies 
pour  challér  ces  fantômes,  ôc  obliger  ces  Lutins  à 
(e  retirer.  yCF  Celui  qui  facrifioit  étoit  nu  pies  ,  & 
failoit  un  ligne  ayant  les  doigts  appliqués  fur  le  pouce, 
croyant  par  là  écarter  les  lémures.  Enfuite  après  avoir 
lavé  fes  mains  ,  il  niettoit  des  fèves  noires  dans  fa 
bouche ,  &:  les  jetroit  derrière  lui ,  en  prononçant  ces 
paroles.  Je  me  délivre  par  ces  fèves  moi  &  les  miens. 
Cette  conjuration  étoit  accompagnée  d'un  grand  cha-  • 
rivari  de  vailleaux  d'airain  ;  &  l'on  finilîoit  par  prier 
ces  génies  mallailans  de  lailîer  les  vivans  en  paix. 
Apulée  ,  dans  (on  Livre  du  Dieu  de  Socrate ,  explique 
ainlî  les  mânes.  L'ame  de  l'homme,  dit  il ,  détachée 
des  liens  du  corps,  ôc  délivrée  de  fes  fonélions^  de- 
vient une  efpèce  de  Démon ,  ou  de  Génie  ,  qu'on 
apeloit  autrelois  lémure.De  ces  lémures  ,  ceux  qui 
étoient  bienhilans  à  leurs  familles  ,  &  qui  entrete- 
noient  leurs  anciennes  mailons  dans  la  tranquillité^ 
étoient  appelés  lares  famiiiares  ,  lares  domcftiques; 
mais  ceux  qui  pour  les  crimes  qu'ils  avoient  commis 
pendant  leur  vie,  croient  condamnés  à  errer  conti- 
nuellement (ans  trouver  aucun  lieu  de  repos,  &qui 
épouvantoient  les  bons  ,  ôc  faifoient  du  mal  au  mc- 
chans  ,  étoient  vulgairement  appelés  larvA  Spon, 
Rech.  d' Antiquité,  ^Diff.  XVIII.  p.  232. 

Ce  nom  de  lémures  vient  du  Latin  lémures,  ^^vi 
Commen-tateur  d'Horace  prétend  que  les  Romains 
ont  dit  lémures  pour  remures  ,  ôc  que  ce  dernier  mot 
eft  formé  du  nom  de  Rémus,  qui  fut  tué  par  Ion  frère 
Romulus ,  ou  par  Ion  ordre ,  ôc  qui  revenoit  fur  la 
terre  pour  le  tourmenter. 

Apulée,  L.  De  Deo  Socracis  ,  dit  que  dans  fan- 
cicnne  langue  Latine,  lemure  lîgnihoit  l'ame  de 
Thommc  féparée  du  corps  après  la  mort.  Cette  ety- 
mologie  eft  plus  fimplc  &  plus  \raifemblable. 
LÉMURIENNES.  M.  Blondel  fe  ferl  de  ce  mot  dans 
(on  Calendrier  Romain,  aulicu  de  celui  de  lémuries , 
qui  va  (uivie. 


L  E  N 

•a.ÉMURIES ,  ou  LÉMURALES.  f.  f.  pi.  Nom  que 
l'on  doniioic  à  Rome  à  une;  fctc  qui  s'y  cclcbroit  en 
rhoniKui"  des  Icmurcs.  Lcmuria.  Les  Lémurles  le 
cclébroicnc  au  mois  de  Mai.  Tous  les  Temples 
ctwient  fermés  à  Rome  pendant  les  Icmuries  ,  ik  il 
n  etoit  point  permis  de  faire  de  mariages  pendant  ces 
fêtes.  Ovide,  dans  fcs  faites ,  L.  K  v.  420  &  4^9  en 
parle ,  &c  \ts  appelle  lémurles  nodhirncs.  flics  le 
célL-broient  donc  pendant  la  nuit.  C'cll  le  temps  des 
Lutins. 

Cette  fête  fut  inftituce  par  Romuius ,  qui  voulut 
appaifet  les  mânes  de  fon  frère  Rémus,  qu'il  avoit  tait 
mourir  ;  de  là  vient  que  les  ombres  des  morts  ik.  les 
mauvais  génies  furent  appelés  remures  ,  t>c  enfuite 
lémures.  Foye^  au. mot  Lémures  l'e.xplicatioji  d'A- 
pulée. 

L  E  N. 

LENA.  Nom  d'une  grande  rivière  de  la  grande  Tar- 
taric.  Lena.  On  ne  la  trouve  point  dans  les  Cartes 
ordinaires;  mais  M.  de  Witlen  la  marque  dans  la 
fienne  ,  &  le  P.  Avril  en  fait  mention  dans  fcs  Voya- 
ges. Elle  a  fa  Iburce  vers  celle  de  l'Amur  ,  &c  du 
Qenifiy  ,  coule  au  devant  de   cette  dernière  d'un 
cours  prefque  parallèle  au  fien ,  &  après  avoir  tra- 
'verfé  de  valtes  contrées ,  prefque  entièrement  incon- 
nues, elle  fe  décharge  dans  l'Océan  feptentrional. 
Mat  Y. 
LENCHAM  ,  LENHAM.  Nom  d'un  bourg  d'Angle- 
terre. Lenchanum.  Il  eft  dans  le  Comté  de  Kent ,   à 
fix  lieues   de  Cantorbéry,  vers  le  couchant.  Quel- 
ques  Géographes  prennent  ce  bourg  pour  la  ville 
nommée  anciennement  Durolevum  ,  que  d'autres  met- 
tent à  Charinge  ,  village  à  une  licue  de  Lancham. 
Matv. 
LENCICI,  LANSCHET.  Lancidum ,  Lenekium,  La- 
nerùa.  'Ville  de  la  balle  Pologne ,  capitale  du  Pala- 
tinat  de  même  nom  ,  &  lîtuée  entre  la  ville  de  Bava 
&  celle  de  Gnefne ,    à  quinze  heues  de  la  premiè- 
re _,  &  à  leize  de  la  dernière.  Lenclci  a  une  citadelle , 
pofée  fur  un  rocher  ;  mais  la  ville  eft  dans  un  fond 
montagneux.  Elle  fut  prefque  conliimée  par  un  in- 
cendie l'an  1636.  Maty.  long.   37  d.  lat.  J2  d.  \i . 
Le  Palatinat  de  Lencici.  Lencuknfis  Palacinatus. 
Province  de  la  Baife  Pologne.  Elle  elt  entre  celles  de 
Kalifch  ,  de   Sirad ,  de  Sandomir  ,  de   Bava   &   de 
Breft.  Outre  Lencici ,  fa  capitale  ,  on  y  voit  encore 
Bréilni  ,  Inowlocz  &  Uniénow.  Maty. 
LENDE.   Foyei  Lente. 

LENDEMALNF.  f.  m.  Terme  relatif.  C'eft  le  jour  qui 
fuit  celui  dont  on  a  parlé.  Pajlndiè.  Quand  on  boit 
trop  le  loir  ,  on  s'en  fent  le  lendemain.  Le  mariage  cft 
une  artàire  dont  on  fe  repent  quelquefois  le  lendemain. 
Le  douaire  eft  le  don  du  matin  du  lendemain  des 
noces.  G.  G.  Il  ne_  faut  jamais  remettre  les  atiaires 
au  lendemain.   Perfonnc  n'eft  sûr  du  lendemain. 

Ce  mot  vient  de  en  demain  ,2Mo;cic\  on  a  joint  l'ar- 
ticle. Les  Anciens  l'écrivoient  léparément. 
LENDENARA.  Lendenaria.  Petite  ville  ou  bourg  de 
l'Etat  de  Venife  en  Italie.  Ce  lieu  eft  dans  la  Po- 
lélinede  Rovigo ,  fur  l'Adigéto  ^  à  deux  ou  trois  heues 
au  dellus  de  la  ville  de  Rovigo.  Maty. 
LENDIT.  /-oy<;ç_LANDi.    ■ 

^LElNJDORE.  f.  de  t.  g.  Terme  populaire  qui  fe  dit 
d'un  homme  lent,  qui  n'eft  propre  à  aucun  travail. 
&  paro'it  toujours  alfoupi.  C'eft  un  lendore  ,  un  grand 
Uadore.  Une  grande  lendore.  Ofdtans ,  OfeUatun- 
dus. 

LÉNÉEN  ,  ENNE.  adj.  m.  &  f.  Epithète  qui  fe  donne 
a  Bacchus.  Lenms.  Les  fêtes  de  ce  Dieu  appelées 
Uionyfiaqucs  ,  Dionyhes  ,  ou  Dionyficnncs  ,  fe 
Kommoient  aulii  quelquefois  Lénéennes. 

Ce  mot  vient  de  >.«-^  ,  qui  lignifie,  nonpaspref- 
•loii-,  comme  on  le  dit  dans  le  Jardin  des  Racines 
Grecques,  mais  la  table  du  prelfoir,  fur  laquelle  fe 
met  c\:  (e  prelle  le  railîn  ,  ou  le  marc  ,  pour  en  expri- 
me! le  vin  :  on  l'appelle  en  quelques  vignobles  la 
met  dupreffoir.  Bacchus  étou  Dieu  du  vin ,  c'eft  pour 
cela  qu  il  portoit  ce  nom. 


L  E  N  4^1 

LENÉON.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  d'uTnioi. 
chez  les  anciens  Ioniens  dans  lequel  on  céièbroit  les 
fêtes  de  Bacchus  en  Grèce.  Ze/z^orz.  Quelques  Savans 
croient  que  ce  mois  répondoit  au  Polidéon  des  Athé- 
niens, &c  d'autres  le  font  repondre  il  leur  mois  Anthef 
tenon  ;cc  qui  paroît  de  plu  >  sur,  c'eft  qu'il  répondoit 
a  peu  près  a  notre  mois  de  Septembre. 
LENGUA.  Foyei  Chimère  ,  Cap. 
LENGUADO.  f  m.  Rhombus  Americanus.  Efpèce  de 

Turbot  qui  fe  pêche  dans  la  mer  du  Sud.  Frésier 
^  P-7S- 
LENGUETTA.  Cap.    Foye^  Chimère.  Le  Cap  de  la 

Chimère. 
LÉNIFIER.  V.  a.  Terme  de  Médecine  qui  fignifie  adou- 
cir. it;/;//t;  ,  mitigare  ^  levare  ,folari.  Par  la  douceur 
de  f  harmonie  ,  nous  adouciilons  &  lénijions  l'aigreur 
de  ies  efprits.  Mol.  Il  eft  peu  uiité. 
LÉNIFIÉ,  LE.  part. 

LENITIF.  adj.  ordinairement  f  m.  fe  dit  en  Médeci- 
ne de  toute  drogue  qui  adoucit  les  humeurs  ou 
les  douleurs.  Le  miel  cft  un  bon  lénitif.  Leniens  My- 
tigatorius. 
LÉNITIF  ,  fe  dit  aufll  en  termes  de  Pharmacie  j  d'un 
éleduaire  mou,  compofé  de  (éné  ,  de  polypode, 
de  railins  de  Damas,  d'orge  mondé,  &c.  On  l'ap- 
pelle lénitij ,  parce  qu'il  purge  doucement  en  adou- 
cillant. 
LÉNiTiF  ,  lignifie  figurément  &:  familièrement ,  adou- 
ciiïement ,  foulagement ,  confolation.  Cette  agréa- 
ble nouvelle  fut  un  grand  lénidf  à  fa  douleur.  Ac. 
Fr. 
LENNOX.  Nom  d'une  Province  de  l'Ecolfe  méridio- 
nale. Lennoxia  ,  Levinia.  Elle  eft  bornée  au  couchant 
par  le  Comté  d'Argyle ,  au  nord  par  ceux  de  Broad- 
Albain&de  Mentheit,  au  levant  par  celui  de  Ster- 
ling &  par  la  Cluydefdale -,  la  rivière  de  Cluyd  la 
fépare  au  midi  de  la  Baronnie  de  Reinfreu.  Ce  payî 
peut  avoir  dix  ou  douze  lieues  du  levant  .au  couchant  ; 
il  eft  allez  large  vers  le  couchant,  mais  le  lac  deLo- 
mond  en  occupe  une  grande  partie.  Il  n'a  qu'environ 
trois  lieues  vers  le  levant ,  &:  la  ville  de  Dumbarton 
en  eft  le  feul  lieu  confidérable.  Maty.  Spéed  écrit 
Lennos. 
LÉNONCOURT.  Seigneurie  de  Lorraine,  au  Dioccfe 

de  Toul ,  dans  la  Prévôté  de  Nanci. 
LENPE.  Sorte  de  perle  qui  fe  pêche  dans  quelques 
Iles  du  Brelîl.  Les  Sauvages ,  pour  en  manger  les 
huîtres,  plongent  au  fond  de  la  mer,  &  les  arra- 
chent à  belles  dents  des  rochers  où  elles  font  atta- 
chées. Les  Portugais  ne  laillèntpa:  d'en  tirer  unealfez 
grande  quantité. 
LENS.  Nom  d'une  petite  ville  des  Pays  -Bas.  Lentium  , 
Lentiticum  ,  Lendum  ,  anciennement  Elena  èc  Le- 
nenfe  cafirum.  Elle  eft  dans  l'Artois ,  fur  la  rivière 
de  Souchirts ,  à  trois  lieues  d'Arras ,  vers  le  nord. 
Cette  ville  a  été  démantelée.  La  journée,  la  bataille 
de  Lens  ,  eft  une  bataille  donnée  près  de  Lens  ,  où  le 
Prince  de  Condé  battit  les  Efpagnols  l'an  1648.  Il 
y  a  long  temps  que  ce  lieu  porte  le  nom  de  Lens, 
Il  le  trouve  dans  les  Capitulaires  de  Charles  le 
Chauve.  Foye^  Hadr.  Valef  A^^c.  Call.  p.  iSy. 
§CFLENT,  ENTE.  adj.  Terme  relatif  au  mouvement. 
On  le  dit  par  oppolîtion  à  vite.  Qui  n'eft  pas  vite 
dans  fes  mouvemens.  Lentus.  Un  mobile  lent  cft 
celui  qui  parcourt  un  petit  elpace  en  beaucoup  de 
temps.  Un  homme  lent  dans  tous  les  mouvemens. 
Plus  les  planètes  font  éloignées  ,  plus  leur  mouve- 
ment nous  paroît  lent.  Le  lièvre  eft  vite  ,  la  tortue 
eft  lente.  Le  mouvement  de  cette  horloge  eft  trop 
lent. 

On  appelle  en  Médecine  une  fièvre  lente .,  celle 
qui  eft  interne,  &  dont  les  mouvemens  ne  font  pas 
extrêmement  marqués  au- dehors.  Un  pouls  lenc , 
celui  qui  ne  fe  fait  guère  lentir  ,  dont  lesbattcmcns 
ne  font  pas  fréquens.  On  ditauilî,  un  remède  lent, 
un  poifon  lent ,  quand  l'effet  de  fon  adtion  ne  paroïc 
qu'après  bien  du  temps. 

En  Chymie  on  appelle /ê«  lent ,  ignls  lentus,  le 
feu  de  fable  ,  de  cendres j_dc  lampe  ,  &  autre  petit 


47^ 


L  EN 


feu  propre  à  faire  infufcr  ,  digérer  ,  ou  préparer  ks 
matières  avec  beaucoup  de  temps. 
I^CFLent,  dans  les  choies  morales,  qui  n'efl:  pas  vite 
<lans  fes  aètions  j  qui  agit  avec  lenteur ,  qui  met  beau- 
coup de  temps  à  foire  une  choie  ou  à  s'y  déterminer. 
Lent  à  punir  ,  à  récompenler.  Un  homme  ienc  en 
tout  ce  qu'il  fiit.  Un  eiprit  lent ,  une  imagination 
lente,  qui  conçoit,  qui  imagine  difficilement  &  avec 
peine.  La  façon  /ente  d'agir  des  Elpagnols  attend 
■tout  du  temps  ,  qu'elle  laille  fouvent  perdre.  Sar. 
L'état  de  mes  affaires  ne  demande  pas  des  remèdes 
^ents.  Vaug.  Un  Prédicateur  ne  doit  point  avoir  les 
geftes  d'un  Aéleur  de  Thé.âtre ,  m  aulli  une  aèf  ion 
trop  lente  &c  trop  morte.  P.  Verj. 

F'ous  ,  dont  la  piété  folïde  , 
EJl  pour  juger  d' autrui  ^  toujours  lente  (S' timide. 

Des-Houl. 

tENTE.  i.  f.  Quelques-uns  difcnt  lende.  Lens.  Il  faut 
dire /e«re.  MÉn.  (Euf  dont  s'engendre  le  pou,  ou 
bien  le  pou  même  qui  étant  forti  de  la  membrane  j 
devient  incontinent  propre  à  la  génération  ;  ce  qui  a 
fait  dire  à  quelques-uns  ,  qu'un  pou  devient  biiayeul 
en  ving- quatre  heures.  Mais  Swammerdam,  dit  que 
ce  n'efi:  qu'une  plaifanterie.  Il  ajoute  qu'on  voit  avec 
un  microfcopCj  que  fon  corps  elltranlparent  comme 
du  criltal.  Ses  veines  paroilîent  blanches  ,  &  on  voir 
dillinétcment  le  mouvement  de  toutes  fes  parties  inté- 
rieures. 

LENTEMENT,  adv.  D'une  manière  lente,  avec  len- 
teur. Lente.  La  Saône  coule  plus  lentement  que  le 
Rhône.  Il  y  a  long-temps  qu'on  travaille  à  ce  bâti- 
ment 3  à  ce  livre ,  cela  va  lort  lentement.  Augwfte 
avoir  toujours  ce  mot  à  la  bouche  ,  Hâtei-vous  len- 
tement :  pour  montrer  qu'il  ne  fiut  rien  faire  avec 
précipitation.  Ablanc.  En  amitié ,  il  faut  aller  len- 
tement à  acculer  les  amis.  S.    EvR. 

IJCF  Lentement  dans  la  mulique  Françoife  répond  à 
l'adagio  des  Italiens  ,  ôc  déligne  un  mouvement  lent 
&  polé. 

LENTER.  V.  a.   Foye^  Lanter. 

LENTEUR,  f.  f.  Défaut  d'-aélivité  3c  de  promptitude 
dans  le  mouvement  &  dans  l'adtion.  Tarditas ,  tar- 
ditudo ,  lentor.  La  Juftice  marche  avec  tant  de  len- 
teur ^  que  bien  fouvent  le  crime  échappe  à  ta  rigueur. 
Corn.  La  lenteur  elf  nécellaire  pour  le  conleil ,  & 
la  vivacité  pour  l'exécution.  La  lenteur  marque  quel- 
quefois de  la  prudence  ,  &  quelquefois  la  pelanteur 
de  l'efprit.  Log.  Le  Prince  avoit  toute  la  prudence  de 
la  lenteur ,  fans  en  avoir  les  inconvéniens.  Le  P. 
BouRD.  Le  Prince  quand  il  s'agit  de  multiplier  ,  ou 
de  hâter  fes  bienfaits,  ne  louftre  ni  détours  ,  ni  len- 
teurs. Tour.  On  prend  quelquefois  la  ftupidité  pour 
de  la  fagelfe ,  &  la  lenteur  pour  de  la  prudence.  S. 
EvR.  Les  arrêts  que  rend  notre  eiprit ,  ne  le  peuvent 
prononcer  avec  trop  de  lenteur.  S.  EvR.  Il  faut  bannir 
du  Palais  ces  lenteurs  afteétées ,  &  ces  détours  infinis , 
que  l'avarice  a  inventés  pour  faire  durer  les  procès. 
Eléch.  La./e«rei^r  de  Xénocrate  venoit  de  la  crainte 
de  fe  tromper  ,  plutôt  que  de  la  pefanteur  naturelle. 

FOUCHER. 

Lenteur,  f.  f.  fe  dit  figurément  en  parlant  d'imagi- 
nation &c  d'efprir.  Ainfî  ou  dit ,  qu'un  homme  a  une 
grande  lenteur  d'imagination  ,  une  grande  lenteur 
d'efpritj  pour  dire,  qu'il  imagine  &:  qu'il  conçoit 
difficilement  &  avec  peine.  Ac.  Fr. 

CiîTLENTlCUL.^IRE.  adj.  de  t.  g.  Terme  de  Diop- 
trique.  Qui  a  la  forme  d'une  lentille.  Lenticularis. 
On  le  dit  d'un  verre  de  lunette  convexe  ,  qui  appro 
chede  la  figure  d'une  lentille,  qui  eil  plat,  rond  ,  (^- 
plus  épais  par  le  milieu  que  par  les  bords.  Le  verre 
objettif  des  lunettes  de  longue  vue  eft  lenticulaire. 
La  figure  du  crilfallin  de  l'œil  eft  ordinairement  len- 
ticulaire. 

Lenticulaire  ft  dit  encore  en  d'autres  matières 
de  tout  ce  qui  a  la  forme  d'une  lentille.  La  cire  que 
les  Abeilles  ramail'ent  prend  une  figure  lenticulaire 
dans  les  cavités  de  leurs  pâtes  de  derrière  où  elles  la 


L  E  N 

mettent.  Elles  détachent  les  deux  cotps lenticulaires 
de  cire,  en  faifint  gliller  leurs  pâtes  dumilitu  fut 
les  poftérieures,  où  font  les  deux  corps  lenticulaires 
de  cire.  Maraldi. 

^fTLes  naturaliftes  appellent  aud'i  pïevves  lenticulaires 
des  efpèces  de  coquilles  pétrifiées  ,  qui  ont  la  figure 
d'une  lentille. 

Lenticulaire.  1.  m.  Terme  de  Chirurgie.  Ze/zrica/are. 
Inllrument  en  forme  de  cifeau  ou  «le  couteau,  au 
bout  duquel  il  y  a  un  bouton  en  forme  de  lentille. 
Il  y  a  deux  fortes  de  lenticulaires;  l'un  a  unélévatoire 
au  bout  du  manche ,  ou  un  manche  fait  en  éléva- 
toire;  l'autre  a  un  manche  iimple  &  ordinaire.  On 
le  lert  du  lenticulaire  dans  les  fraftures  du  crâne: 
celui  qui  a  un  élévatoire,  lert  à  ébranler  l'os  après 
l'opération  du  trépan  ,  afin  de  l'ôter  ;  &  de  peur  que 
cet  élévatoire  ne  bielle  les  méninges  quand  on  l'intro- 
duit, il  a  au  bout  une  lentille  au  lieu  de  pointe:  leci^ 
feau  du  lenticulaire  fert  à  emporter  les  âpretés  des; 
bords  du  crâne  après  l'opération  ,  lefquelles  otfen- 
feroient  les  méninges  ^  qui  viennent  continuellement 
frapper  contre  le  crâne. 

Ce  nom  de  /e«fic«/j;re,  vient  dcceque  cetinftru- 
mcnt  a  une  lentille  au  bout.  De  lens  ,  lentis  ,.len- 
tille. 

LENTILLE,  f.  f.  (  Mouillez  les  deux  //.  )  Plante  dont 
il  y  a  deux  elpèces.  Lenticula.  La  première  qu'on 
appelle  lens  vulgaris  ,  poulie  des  tiges  longues  d'en- 
viron un  pié  ,  foibles  ,  tombant  à  terre  ,  li  elles  ne 
(ont  loutenues  par  quelques  plantes  voifines.  Ses  feuil- 
les (ont  oblongucs  ,  lemblables  à  celles  de  la  vefce, 
mais  plus  petites ,  velues ,  rangées  plulieurs  lur  une 
côte.  Ses  Heurs  font  légumineules  ,  de  couleur  blan- 
châtre. Il  leur  luccède  de  petites  goulfes  courtes  qui 
renferment  chacune  deux  ou  trois  petites  femences 
rondes  renHées  vers  le  centre  ,  aplaties  vers  les  bords, 
dures j  lilles  ,  de  couleur  blanche,  ou  jaunâtre  j  ou 
rougeâtre,  ou  noirâtre.  La  féconde  efpèce  appelée 
lens  major ,  diffère  de  la  première  en  ce  qu'elle  eft 
plus  belle  ,  &  plus  grande  en  toutes  fes  parties  :  fa 
rieur  eft  blanche  :  la  temence  eft  deux  ou  trois  fois 
aulîî  grolle  que  celle  de  la  précédente.  La  décoélion 
des  lentilles  lâche  le  ventre,  &  elle  eft  déterfive^ 
mais  les  lentilles  mêmes  mangées  lont  aftringentes. 
Elaii  vendit  Ion  droit  d'aînefte  pour  une  écuellée  de 
lentilles.  Les  lentilles  font  mifes  au  rang  des  légu- 
mes. 

Ce  mot  s'eft  formé  de  lenticula,  dont  on  a  fait 
lenticule  ,  lenticule  ,  lentille.  Du  mot  lens  ,  &  de  fon 
diminutit  lenticula  j  lentille  j  le  (ont  faits  les  noms 
de  Lenteuil ,  Nanteuil  ,  &  Nantouillet:  i«/zro/«Wi 
LentoUetum.  Huet  ,  Origi.  de  Caen  j  c.  2j. 

Lentille,  fe  dit  aulîî  de  la  graine  de  cette  plante,  qui 
eft  ronde  j  plate ,  &  roulsâtre ,  &  que  l'on  mange 
fricaftée ,  ou  accommodée  d'iine  autre  façon.  Lens. 
Les  lentilles  étoient  un  manger  des  pauvres  &  àts 
Philofophes ,  principalement  des  Cyniques.  Les 
Lentnlus  Romains  avoient  eu  ce  nom  à  caufe  d'une 
lentille,  dont  le  premier  qui  le  porta,  étoit  marque, 
comme  les  Cicérons  d'un  pois ,  à  cicere. 

ffJ"  Ménage  prétend  qu'il  faut  dire  nantilles  avec  les 
Parifiens,  Se  non  pas  lentilles  avec  les  Angevins. 
On  doit  dire  au  contraire  lentilles  ;  &  nantilles  ne 
fe  dit  que  dans  les  Provinces ,  par  le  peuple  de  Paris, 
ou  par  des  ignorans. 

Prefquetous  les  Médecins  tant  Anciens  que  Moder- 
nes s'accordent  à  regarder  les  lentilles  comme  un 
mauvais  aliment.  Je  me  renderai  à  leur  raifonnement 
quand  je  les  verrai  d'accord  avec  l'expérience.  La 
feule  mauvaile  qualité  de  la  lentille  eft  d'avoir  la  peau 
très- dure;  d'où  il  arrive  que  ,  fi  on  ne  les  mâche  point 
elles  parient  dans  les  excrémens  tans  .avoir  été  altérées, 
&  coniéqucmment  tans  avoir  fourni  leur  partie  nutri- 
tive. On  remédie  à  cet  inconvénient  en  les  mâchant 
beaucoup  ,  ou  en  les  mangeant  en  purée. 

Lentille.  Poids  des  anciens  Romains,  hz  lentille  etoit 
la  cent  huitième  partie  d'une  dragme.  Une  lentille  Sc 
demie  tailoit  un  grain. 

Lentille  de  Marais  ,  ou  lentille  d'eau ,  eft  une  pente  ' 

plante 


LEO 


■plaine  aquatique,  dont  les  feuilles  font  de  fa  figure 
îk  de  la  giundcui"  des  Untilles ,  minces ,  rondes  , 
tendres  ,   attachées  à  des  fibres  déliées  comme  des 
cheveux  ,  delqiielles  elles  fc  détachent  facilement  par 
l'agitation  de  l'eau,  ôc  elles  nagent  fur  la  fupcrficie 
des  étangs,  des  lacs  &  des  marais.  En  Latin  Lcnn- 
cula  palujlns  vulgarls.  Elles  font  propres  pour  hu- 
meCler  &c  pour  rahaîchir.  C.  B.vuii.  Pin.  561. 
^11  y  en  a  une  autre  efpèce,  qu'on  appelle  lentkulapa  ■ 
lujlris  major.  Cette  eljjcce  a  la  feuHIc  plus  large ,  &  a 
plufieurs  racines  fous  la  feuille  ;  au  lieu  que  l'autre  ne 
jette  dans  l'eau  qu'une  feule  racine  ,  attachée  fous  la 
feuille.  Elle  aies  mêmes  propriétés. 
Lentille  ,  en  termes  d'Optique  ,  cil:  un  verre  taillé  j 
Elit  en  forme  de  UntUle  ,  qui  fert  aux  lunettes.  Lens. 
Il  eft  quelquefois  convexe  des  deux  côtés  j  &  à  caufe 
de  (à  figure  ,  il  reifemble  à  \\Unnlle  ;  ce  qui  lui  a  don- 
né fon  nom  :  &  en  ce  cas ,  c'eft  la  même  chofc  qu'un 
verre  omphaloptrc ,  ou  une   loupe.  Quelquefois  il 
eft  kulemenr  convexe  d'un  côté  ,  &  plat  de  l'autre  ; 
quelquefois  il  cil:  convexe  d'un  côté  ,  &:  concave  de 
l'autre,  &  alors  on  l'appelle  j;Wt'/2/zi/^tte.  f^oyei  ver- 
re &  convexe. 
Lentille  ,  ledit  auffi  des  taches  deroulfeur  qui  viennent 
auxmams  &  au  vifage,  qui  relfemblent  à  la  lentïlUy 
foit  pour  la  couleur  ,  foit  pour  la  figure.  Lendgo. 
■Lentille  de  pendule  ,  eft  un  morceau  de  cuivre  rond  , 
plat ,  &  épais  par  le  milieu  ,  qui  eft  attaché  au  bout 
du  balancier  d'une  pendule  pour  en  ralentir  ou  pré- 
cipiter les  vibrations,  félon  qu'on  la  haulle,  ou  qu'on 
la  baille.  Foye^  pendule ,  balancier. 
LENTILLEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  eft  feméde  taches  ou 
lentilles.  Lenûgïnofus.  Cette  perfonne   a  le   vifage 
lemilleux.  Ce  mot  n'eft  pas  François.  On  dit  couvert 
de  roulleurs. 
Ip-LENTINL  Ville.   Toyq  Leontini, 
LENTISQUE.  f.  m.  Arbre  qui  eft  quelquefois  grand  &c 
quelquefois  petit ,  &  dont  les  branches  font  grollcs , 
pliantes,  couvertes  d'une  écorce cendrée.  Ses  feuilles 
font  femblablesà  celles  du  myrte,  épailles,  rangées 
par  paires  ,  fur  une  côte  rougeâtte  qui  n'eft  point  ter- 
minée par  une  feule  feuille  ^  toujours  vertes  ,  d'une 
odeur  forte  ,_d'un  goiît  aigrelet  &:  aftringent;  il  naît 
quelquefois  fur  ces  feuilles  des  véhcules  remplies  de 
moucherons  ,  de  même  que  fur  le  térébinthe  &  fur 
l'orme.  Ses  fleurs  font  rouges ,  ou  de  couleur  herbeu- 
fe  ,  pâles ,  tirant  lur  le  purpurin ,  difpofées  en  grap- 
pes. Ses  fruits  font  de  petites   baies  qui  deviennent 
noires  en  mûrillant ,  d'un  goût  acide  :  elles  renfer- 
ment un  petit  noyau  oblong,  dur,  noir  ^  contenant 
une  moelle  blanche.  En  Latin  knûfcus  vulgans.  C. 
Bauh.  Pin  395.  Il  découle  du  tronc  &  des  grolks 
branches  du  lencifque ,  une  réfine  qu'on  appelle  majuc. 
Le  bois  de  lentifque  eft  aftringent  t^c  fortifiant  ;  il  fert 
à  fiire  des  curedents.  Il  y  a  en  Perfe  des  kmïfques 
aulU  gros  qu'un  néflier  un  peu  médiocre  j  mais  bien 
diftérens  de  ceux  d'Efpagne  ^  parce  que  ceux  qui  y 
viennent ,  aulîi-bien  qu'en  Languedoc  ,  font  plutôt 
buillons  qu'arbres,  n'étant  compofés  que  de  plufieurs 
pieds  ou  troncs  joints  enfemble  ,  &  ayant  la  feuille 
petite  &  épailîe;  en  forte  qu'en  chaque  builTôn  trois 
ou  quatre  perlonnes  fe  peuvent  cacher  fort  aifément; 
au  lieu  que  ceux  de  Perfe  n'ont  qu'un  feul  tronc , 
allez  gros,  avec  des  branches  fi  hautes  j  que  c'eft  tout 
ce  qu'un  homme  de  pied  peut  faire  que  d'atteindre 
aux  plus  baffes  :^  fa  feuille  eft  beaucoup   plus  large 
que   celle  du  néflier ,  quoique  de  la  même  couleur 
que  le  lentifque  d'Efpagne  ,  &  avec  la  même  faculté 
aftiingente  &  nourriftante.  Il  a  en  fon   tronc  une 
certaine  gomme ,  ou  plutôt  poix  réfine  femblable 
au  maftic  ;  fi  ce  n'eft  pas  le  maftic  même  ,  ou  l'encens 
de  Perfe,  dont  Strabon  parle  fi  avantageufemcnt, 
&  avec  lequel  les  Perfes  parfumoient  des  bourfes  & 
des  flacons  de  cuir  ,  dans  lefqucls  ils  portoient  l'eau 
en  voyageant.  Wicquefort  ,  Ambaff.  de  Figuéroa, 

Ce  mot  vient  du  Latin  lentus  ,  flexible  :  &  l'on  a 
don"'"  "" ■  -    ■ 


LEO  4yg 

LENTiSQ.UE.adj.  On  .appelle  miroir /tW/Ty/^e,  un  miroir 
ardent  de  verre  ,  parce  qu'il  eft  compofé  d'une  ou  de 
deux  lentilles  de  verre.  C'eft  en  cet  endroit,  le  labo- 
ratoire du  Palais  Royal,  qu'on  peut  voir  les  eftcts 
merveilleux  d'un  miroir  lentifque  de  verre  d'une  gran- 
deur extraordinaire.  Iîrice.  Koyer  Miroir 

LENTULE  ,  ou  LENTULUS.  Surnom  Romain.  Len- 
tulus.  C'étoit  un  furnom  de    la  famille  Cornclia. 

Ce  mot  vient  de  lens  ,  lentille.  Le  premier  à  qui 
il  fut  donné  avoit  apparemment  auvifageune  mar- 
que en  forme  de  lentille. 

LENTZBURG.  Nom  d'un  bourg  ou  petite  ville  de 
Suidé.  Lenteburgum  Lent\burgum.  Ce  lieu  a  titre 
de  Comté ,  &  il  eft  fitué  dans  le  canton  de  Berne , 
fur  une  petite  rivière ,  entre  Araw  &:  Bade.  Maty. 

LENZO.  Nom  d'une  rivière  d'Italie.  Lemla  ,  An'uia. 
Elle  a  fa  fource  au  mont  Appennin ,  coule  fur  les  con  - 
fins  duParmelan  &du  Modénois,  ik  fe  décharge  dans 
le  Pô,  à  Bcrfello.  Maty. 


donne  ce  nom  a  cette  plante,  parce  que  fes  branches 
lont  allez  flexibles. 
Tome  y. 


LEO. 

LEOBARD,  ou  LEOBERT.  Voycr  Libert. 
LEOCADIE.  Foyei  Locaye. 
LEOCATE.   Voyey;^  Leucate. 

LEOCROCOTTE.  f.  m.  Sorte  d'animal  de  l'Ethiopie. 
Leocrocotta ,  Leucrocotta.  Pline  &  Solin  parlent  de 
ce  monftie  ,  &  l'appellent  Leucrocotta.  Celui  ci  j  c. 
S  2.  &  celui  là,  Z.  VIII.  c.  21.  Saumaife,  Pinet, 
Volîîus,  (S'c.prétendent  qu'il  fautdirc  Leocrocotta.  Il  ny 
a  que  le  P.  Hardouin  qui  conferve  dans  Pline  l'an- 
cienne leçon  ,  &  qui  dit  que  c'eft  celle  de  tous  les 
Manufcrits.  Le  Léocrocotte  eft  un  animal  fort  léger , 
de  la  grofleur  d'un  âne  fauvage ,  ayant  la  croupe  de 
cerf,  l'encolure ,  la  queue  &  le  poitrail  de  lion  ,  la 
tête  comme  un  taiflon.  Il  a  le  pied  fourchu,  &  la 
gueule  fendue  jufqu'aux  oreilles  ,  ayant  au  lieu  de 
dents  un  os  entier  qui  lui  prend  toute  la  mâchoire. 
On  dit  que  cet  animal  naît  de  l'accouplement  d'une 
lionne  &  d'un  crocotte,  ou  d'une  hiéne  mâle.  On 
dit  que  le  Léocrocotte  parle ,  &  contrefait  la  parole 
de  l'hojiime.  Pline,  I.  VllI.  c.  21.  Foyei  Voilius, 
de  Idolol.  L.  III.  c.  fp.  &z  63.  Tout  cela  fent  bien 
la  Fable  ,  &  l'on  peut  regarder  le  Léocrocotte  comme 
un  animal  imaginaire. 
LEOFROY.  Voyei  Leufroy. 

LEOGANE.  Nom  d'un  bourg  de  l'île  de  Saint  Do- 
mingue  ,  en  Amérique.  Léogana.  Il  eft  fjar  un  grand 
Golfe ,  qui  entre  dans  la  côte  occidentale  de  l'île. 
Nos  François  fe  font  établis  en  ce  lieu  depuis  quel- 
ques années. 
LEOMAIE.  f.  f.  Nom  propre  de  femme.  Vo\e-{  Néo- 
maie. 
LEON.  f.  m.  Nom  d'homme.  Léo.  Saint  Léon  ,  fur- 
nommé  le  Grand,  mourut  en  461.  après  vingt-un 
ans ,  un  mois  &  treize  jours  de  Pontificat.  L'opinion 
commune  eft  que  Saint  Léon  étoit  de  Tofcane;  quel- 
ques-uns croient  qu'il  étoit  Romain ,  parce  qu'il 
appelle  Rome  fa  Patrie.  Saint  Léon  Thaumaturge. 
Foye^  ce  furnom.  Onze  Papes  ont  porté  le  nom  de 
Léon.  Léon  troifième  fut  furnommé  ifaurique ,  6c 
Léon  cinquième  a  eu  le  furnom  d'Arménien. 

Ce  mot  vient  des  mots  Léo  en  Latin  ,  &c  m:^'  ,  en 
Grec.  Ilidore  dit  que  le  mot  M,ti  veut  dire  Roi  ;  mais 
il  le  dit  fans  preuves  :  d'autres  le  dérivent  d'un  ancien 
mot  Grec ,  c'eft  a"»^  qui  fignifie  je  vois. 
LÉON.  Le  Royaume  de  Léon.   En   Latin  ,  Legionenfe 
Regnum.  C'eft  une  Province  de  la  Couronne  de  Caf- 
tille ,  en  Efpagne.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  les 
Afturies;  au  levant ,  par  la  Caftille  vieille;  au  midi  , 
par  l'Eftramadure  d'Efpagne,  &c   eu  couchant,  par 
le  Portugal  &  par  la  Galice.  On  donne  à  cette  Pro- 
vince cinquante  cinq  à  loixante  lieues  du  nord  au  fud , 
&  quarante  du  levant  au  couchant.  Le  Douro  la  rra- 
verfe  ,  lie  la  divile   en  deux  parties  prefque  égales. 
Celle  qui  eft  au  midi  porte  le  nom  de  Léon  de  çà  le 
Douro  ,  &:  la  {eptcr.trionalede  Léon  de  là  le  Douro. 
Le  pays  de  Ixon  eft  montagneux  ,  fec  &  peu  fe;ale. 

OO0 


474  LEO 

Ses  villes  principales  font  Léoji  capitale ,  Aftofga , 
Palc.incia  ,  Toro  ,  Zamora  ,  Salamanque,  (ïcCiudad 
EodiigOj  qui  font  toutes  Epikopales.  Il  y  a  encoïc 
Simancat  &  Mcdinadel  Canipo.  Le  Royaume  de  Léon 
avoit  autrefois  beaucoup  plus  d'étendue  qu'aiijour 
d'hui.  Il  renfennoit ,  outre  le  Léon  propre,  la  Galice  , 
les  AftuneSj  la  Caflille  vieille  &  1  Eihamadure  de 
Léon,  lout  cela  fut  uni  au  Royaume  de  CaitiUe  ,  l'an 
1130.  Maty. 

LÉON.  Ville  d'Efpagne,  capitale  du  Royaume  à<cLéoni 
&  lîtuce  au  pied  des  montagnes  des  Alfuries  ,  à  la 
fource  de  la  rivière  dEzla,à  vingt-cinq  lieues  de 
Valladolid  ,  vers  le  fcptentrion  occidental.  Legio  , 
anciennement  ie^'/o  Germanica.  Léon  eft  une  grande 
ville  j  mais  mal  peuplée.  Elle  a  un  Évêchéluitragant 
de  Compoftelle ,  -&  une  Eglife  qui  palle  pour  la 
plus  belle  d'Eipagne.  Maty.  C'eft  Pelage ,  Prince 
de^  Rois  Goths  d'Efpagne  ,  qui  ,  après  une  grande 
vicloire  remportée  fur  les  Maures  ,  leur  enleva  la 
ville  de  Léon  en  721.  &:  y  établit  le  liége  d'un  nou- 
veau Royaume. 

Ce  mot  s'eft  formé  du  Latin  Legio  ,  Légion  ;  Leio  , 
Léon.  Et  le  nom  de  Legio  fut  donné  à  cette  ville  j 
parce  qu'elle  tut  peuplée  par  la  Légion  Germanique, 
qui  y  ftit  établie. 

Î.ÉON.  Legio.  Ville  de  France  fur  la  côte  Septentrio- 
nale de  Bretagne,  capitale  du  pays  appelé  Léonois. 

LÉON  DE  GUANUCO.  royq  GuANuco. 

LÉON  DE  NICARAGUA.  Nom  d  une  ville  de  l'Au- 
dience de  Guatimala  ,  dans  la  nouvelle  Eipagne.  Legio 
Nicaraguenjis.  Elle  eft  capitale  de  la  I^rovince  de  Ni- 
caragua ,  &c  fituée  (ur  un  grand  Lac  de  même  nom , 
environ  à  vingt  cinq  lieues  de  la  ville  de  Grenade  ^ 
&  à  quinze  de  celle  de  Réaléjo,  &  de  la  mer  du 
Sud.  Cette  ville  eft  une  des  mieux  bâties  de  fon  Au- 
dience ,  elle  a  un  Evêché  fuftragant  de  Mexique.  On 
voit  près  de  Léon  ,  du  côté  du  nord  j  un  Volcan  ,  qui 
ne  vomit  plus  de  ilaiiimes ,  mais  qui  poulie  encore 
au-delwrs  de  la  fumée.  Un  Religieux  de  la  Mercy  j 
ayant  cru  que  la  matière  qui  avoit  fait  brûler  cette 
montagne  étoit  de  l'or  ,  fit  defcendre  un  chaudron  de 
fer  ,  attaché  a  une  prolle  chaîne  de  même  matière  , 
par  l'ouverture  de  cette  montagne  :  il  elpéroit  puifer 
de  l'or  dans  cet  abyme  >  comme  on  puifc  de  l'eau  dans 
un  puits  ,  mais  la  force  du  feu  fondit  Ion  chaudron  & 
une  partie  de  la  chaîne  ,  &  rendit  inutile  la  dépenfe 
&  fon  travail. 

LÉON ,  Lac.  T^oye\  Nicaragua  ,  Lac. 

LÉON ,  &c  LÉoNDOUE.  /^ojeç  Saint  Pol  de  Léon. 
Lemovices  Armorici.  Valois,  Not.  Gall.p  26  ç. 

LÉONARD,  f.  m.  Nom  propre  d'homme.  Leonardus. 
Saim  Léonard ,  que  le  petit  peuple  appelle  Saint 
Liénan  ,  vint  au  monde  vers  le  temps  de  la  converdon 
Ats  François  à  la  loi  ■■,  &  l'on  dit  ,  qu'il  eut  le  Roi 
Clovis  pour  parrain  j  &:  Saint  Remy  de  Rheims  pour 
maître  dans  la  Religion.  Baillet  ,  au  fixiéme  Novem- 
bre. Saint  Léonard  vécut  Solitau'e  en  Limoulin.  En 
reconnoilTance  de  laguérilon  miraculcule  d'une  Pi  in 
celle  ,  que  l'on  croit  ctrc  la  temme  de  Théodébert 
Roi  d'Auftrafie  ,  le  Roi  lui  donna  la  terre  où  il  s'étoit 
retiré.  Léonard  y  bâtit  un  Monaftère  qu'il  appela  , 
dit-on  j  Nobiliac ,  en  mémoire  de  la  libéralité  du  Prin 
ce,  &:  que  l'on  a  depuis  appelé  Noailles.  Il  a  changé 
de  nom  depuis,  &  s'appelle  aujourd'hui  Saint  Léo- 
nard le  Noblac.  C'eft  une  petite  ville  lur  la  Vienne , 
dans  la  Marche  Limoufine  ,  à  cinq  petites  lieues 
de  Limoges.  Il  ne  faut  jamais  prononcer  le  d  dans 
ce  mot  :  Léona-r  eft  venu  ,  Se  non  pas  Léonar-d  eft 
venu. 

Saint  Léonard  le  Noblac.  Bourg  ,  ou  petite  ville  de 
France.  Nolniiaciim.  Ce  lieu  eft  dans  la  Marche  , 
fui  h  Vienne,  à  trois  ou  quatre  lieues  au  delfus  de 
Limoges.  Maty.  Valois  j  Noc.  Gall.  p.  -7/7. 

Saint  Léonard.  Bourg  du  Cercle  d'Autriche.  Fanum 
Sancli  Léonardi.   Il  eft  dans  la  Carinthie  ,  fur  la  ri 
vière  de  Gurck,  à  trois  lieues  au  deft'us  de  la  petite 
ville  de  ce  nom. 

Saint  Léonard  ,  ou  San-Léonardo.  Nom  d'une 
rivière.  F luvius  Sancli  Leonardi.  Cette  rivicie  coule 


LEO 


dans  la  vallée  de  Note  ,  en  Sicile.  Elle  baigne  la  ville 
de  Léontini ,  traverle  le  Lac  de  même  nom,  &  fe  dé- 
charge dans  le  GoUe  de  Catane. 

Léonard.  Nom  de  peuple.  On  appelle  en  Bretagne 
Léonards ,  ceux  qui  font  du  Diocele  de  Saint  Pol  de 
Léon. 

LÉONARDE,  f.  f.  Nom  de  femme.  Le  nom  deleb- 
nard  a  été  formé  duLatinii;'o«û;i/z/.f  ^  &  celui  de  Léo- 
narde  a  été  tait  du  nom  de  Léonard  ,  comme  Picarde 
de  Picard. 

LÉONCE,  f.  m.  Nom  d'homme.  Quelques-uns  de 
ceux  à  qui  nous  le  donnons  en  François  ,  font  ap- 
pelés en  Latin  Leontius  ,  &  d'autres  i.eguntius.  En 
la  Province  de  1  rêves  ,  Saint  LÊ0/2ce  Évcque  ,  Legun- 
tius ,  Legoncius  ,  Liconcius.  Chastllain  ,  au  dix- 
huitième  Février  ,  p.  6S I.  Le  Martyrologe  de  Sainte 
Gudule  de  Bruxelles  J  marque  en  c  jour  dix  huitième 
Février  Saint  Léonce  Évêque  de  Mets;  ce  qui  marque 
aulîi  celui  de  Mets  ,  à  ce  que  dit  Mturiliè  j  Évcque 
de  Madaure ,  en  Ion  Hiftoire  des  tvequcs  de  Mets. 
Celui  de  Trêves  marquele  jour  fuivant ,  Saint  Léonce, 
Évêque  de  Trêves  ,  dont  le  nom  Latin  eft  aulli  Le- 
guntius  ,  &  en  un  Mar.ufcrit  moins  ancien,  Liconcius. 
Les  Modernes  les  diftinguent ,  les  croyant  diftérens. 
Du  Sauftay  fait  plus  ;  car  outre  celui  de  Trêves  , 
il  en  met  quatre  autres  à  Mets ,  dont  il  en  marque 
deux  ce  jour-ci  ;  l'un  au  corps  de  fon  ouvrage ,  l'au- 
tre au  (upplémcnt  ,  en  changeant  une  lettre  du  nom, 
pour  les  taire  croire  diftérens ,  ou  les  croyant  ditié- 
rens  lui-même  :  au  corps,  Legontius  ;  au  lupplêment, 
Leguntius  ,  comme  l'ayant  oublié  au  corps.  Chaste- 
lain,  Lbid.  p.  6S6. 

LÉONDALE.  1.  f  Monnoie  qui  a  cours  dans  plufieurs 
endroits  des  Etats  du  Grand  Seigneur.  Ces  elpèces 
prennent  leur  nom  d  un  lion  qui  Icrt  d'empreinte  à 
un  des  côtés  de  la  pièce.  La  Léondale  vaut  quarante 
afprcs. 

LÉONDARI  ,  &  LARISSE.  Petite  ville  de  la  Morêe. 
Leonda  J  LariJJa.  Elle  eft  dans  la  Zaconie  ,  aux  con- 
fins du  Duché  deClarence,  à  la  lource  de  la  rivière 
de  Rilo ,  &  à  quatre  lieues  de  Dimizana,  vers  le 
nord.  Maty. 

LÉONDARIO  ,  ou  LÉONTARI.  C'étoit  ancienne- 
ment la  principale  ville  de  l'Arcadie  ,  Province  du 
Péloponnèle.  Leondaria  ,  anciennement  Megalopo- 
lis ,  C/inJïianopolis.  L\[c  tut  Epitcopale,  &  enluite 
Archiépilcopale.  Ce  n'eft  aujourd  hui  qu'un  village 
de  la  Zaconie  en  Morêe  j  litué  près  de  l'Alphée^  à 
treize  lieues  de  Lacédémone  ,  vers  le  nord  occiden- 
tal. Maty. 

SAN- LEONE,  ou  SAINT^  LÉON.  Fanum  Sancli 
Leonii.  C'eft  un  lieu  où  étoit  anciennement  la  ville 
de  Leonia ,  ou  Leonium ,  qui  étoit  Epitcopale ,  & 
tuftraganre  de  S.  Sêvêrina.  Ce  lieu  eft  dans  la  Cala- 
bre  ultérieure,  entre  S.  Sévérina  &  Cotrone. 

LÉONES  ,  Porto  de  /os  Léones  ■■,  c'eft  à  dire  :  le  Port 
des  Lions.  Portas  Leonum.  Ce  port  eft  fur  la  côte 
orientale  du  Magellan  ,  en  l'Amérique  Méridiona- 
le ,  a  1  embouchure  de  la  rivière  de  Délaguadéro. 
Maty. 

LÉONESSA.  Nom  d'un  bourg  du  Royaume  de Naples. 
LeoniJJa.  Il  eft  dans  l'Abrufte  ultérieure  j  aux  confins 
du  Duché  de  Spolète  ,  &  à  deux  lieues  de  Citta  Du- 
cale J  vers  le  nord.  Maty. 

LÉONESSES.  adj.  f.  On  appelle  à  Rayonne  Ségovies 
léonejj'es  ,  les  plus  belles  laines  dEtpagne  qui  le  tirent 
du  Royaume  de  Léon. 

LÉONIDAS.  f.  m.  Leonidas.  Nom  d"un  Roi  de  Lacé- 
démone quêtes  peuples  mirent  au  nombre  des  dieux, 
ainli  que  le  rapporte  Strabon  ,  L.  VllL. 

LÉONIDÉES.  f  t.  Fêtes  inftituées  en  l'honneur  de 
Leonidas ,  Roi  de  Lacédémone ,  qui  fe  fit  tuer  avec 
toute  la  troupe  ,  en  détendant  vaillamment  le  p.allage 
des  1  ermopyles. 

ffCTLEONIFERE.f.  m.  Porte-lion.  Celui  qui  portoit 
une  bannière  où  un  lion  étoit  dépeii't. 

I.ÉONIMETE.  f.  f.  Sorte  de  Poëfie  ancienne  ,  dont 
les  vers  riment  au  milieu,  ainli  qu'a  la  fin.  On  a  dit 
auUi  Léonine  6z  Léûnifme.  Palquier  croit  qu'on  a  dit. 


LEO 

yers  Léonins  ,  d'un  Léoninus ,  ou  Lconius.  royei^ 

■  ci  apros  Léonin. 

LÉONIN  ,  INE.  adj.  m._  Se  f.^  Qui  vient  du  lion.  Lco^ 
ninus.  On  appclleunc  ibcictc  léonine,  celle  où  le  plus 
fort  tire  tout  l'avantage  de  Ion  côté.  Il  n'a  i;ucre  il'u 
(agc  qu'en  cette  phrafc  ,  qui  cft  une  cfpcce  de  pro- 
verbe. 

Vers  Léonins  ,  font  des  vers  Latins  rimes ,  tant  à 
rhémiftichc  ,  qu'à  la  fin  des  vers  ,  comme  lont  plu 
(leurs   Hymnes  ,  Proies  &  Poches   anciennes.   Par 
exemple  ,  Muret ,  dit  en  parlant  des  Poëlies  de  Lo- 
renzo  Gambara  de  la  ville  de  Brellc  ; 

Brixia  ,  vcftraûs  merdofa   volumina    vans  , 
Non  /une  nojiratcs  tergere  digna  naies. 

Eu  voici  d'autres  exemples; 

Hune  Dominus  dita.t ,  qui  fedulus  otla  v/tat. 

Celui  qui  fuit  eft  de  l'Ecole  de  Salernc  ,  dont  tous 
les  axiomes  iont  à  peu  près  rédigés  ious  la  même 
forme. 

Ut  vues  ^œnam  ,   de  poùbus   incïpe  ccEnam. 

On  trouve  dans  Scaliger  cette  Epitaphe  ; 

Hic  jacet  faf/Tzundus  telluris  inutile  ponàxxs  , 
Dilexit  ral/icm  ,  non  habeat  requiem, 

L'Origine  de  ce  mot  eft  i'\  obfcurej  que  le  Préfi- 
dent  Faucher  ,  le  plus  Livant  en  Antiquités  Françoi- 
fes  ,  avoue  qu^il  n'en  a  pu  rien  découvrir  de  certain. 
Il  l'appelle  quelquefois  léonine  j  tirant  Ion  origine  du 
V^pc Léon;  tk  après  il  dit  que  la  nme  léo/iine  n'eil 
autre  chofe  que  la  rime  riche  ,  qui  doit  être  com- 
prile  dans  deux  fyllabes  avec  même  orthographe , 
accentuation  &  prononciation.  Il  dit  auili  qu'on  op- 
pofoit  quelquefois  la  rime  croitée  à  la  rime /eo/2i/2e , 
qu'il  appeloic7ï/72e  plate  ,  ou  d'une  lijlcre  ,  quand  il  y 
avoir  plulîeurs  vers  de  iuite  d'une  même  tcrminailon. 
Il  oppole  aullî  quelquefois  la  rime  confonnante ,  qui 
fe  hit  à  la  fin  du  vers ,  à  la  rime  léonine  ,  qui  f  e 
failoit  au  milieu.  D'autres  croient  ciueces  vers  furent 
nommés  léonins  ,  du  nom  du  lion  ,  comme  étant  des 
vers  plus  hautains  que  les  autres.  Mais  Palquier  eft 
d'avis  que  ce  mot  vient  d'un  nommé  Léoninus ,  ou 
Lconius  ,  qui  fit  plulîeurs  de  ces  vers  Latins  rimésj 
&  même  un  Monorime  qu'il  dédia  au  Pape  Alexan- 
dre III.  C'étoit  un  Religieux  de  Saint  Vidlor  qui  flo- 
rilloitcnran  1 1  54.  Ious  Louis  VII.  Campanella  dit 

..  que  les  vers  léonins  nous  viennent  des  Sarralms. 
L'Ecole  de  Salcrne,  Rhafis,  Ceftrenfis,  Merlin,  & 
autres  ,  ont  fait  des  vers  en  rime  léonine.  Aujour- 
d'hui les  vers  léonins  font  bannis  de  la  Poche  La- 
tine. 

LEONISTE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  fcfte.  Leonijla.  On 
adonné  autrefois  ce  nom,  lur-tout  en  Allemagne, 
à  ceux  que  l'on  appela  en  France  ,  Pauvres  de  Lyon , 
&  en  général  aux  Vaudois.  Le  nom  de  Léonijle  fe 
trouve  dans  lesconftitutions  de  l'Empereur  Frédéric 
au  C.  k^retic.On  les  appela  Léonijles  ,  du  nom  de  la 
ville  de  Lyon  ,  parce  que  la  ville  de  Lyon  le  nommoit 
alois  Leona  0En  Latin.  Bossuet.  Mais  cette  ville  s'ap- 
peloit  alors  en  Latin  Lugdunum  ,  comme  elle  s'eft 
toujours  appelée  dans  l'Antiquité  ,  &  comme  elle 
s'appelle  encore  aujourd'hui ,  Se  non  Leona  ;  c'eft  ce 
qui  paroît  par  les  Ecrivains  &:  les  Conciles  de  ce 
temps-là,  c'eft-à  dire,  delà  fin  du  douzième  ficelé  _, 

■  &  du  commencement  du  treizième .  La  ville  de  France 
que  l'on  a  appelée  Leona  ,  eft  Saint  Pol  de  Léon  en 
Bretagne.  Le  mot  Lionijle ,  ou  Léonifle  ,  vient  donc 
du  François  Lyon  ,  &  non  point  du  Latin  Leona. 
Si  quelque  Auteur  ignorant  &:  barbare  a  dit  Leona  , 
pour  Lugdunum,  comme  ce  n'étoit  point  l'ordinai- 
K  y  ce  ne  peut  être  de  ce  mot  que  s'eft  tormé  celui  de 
Léonijle. 

Tome  V. 


LEO  475 

LÉONNOIS,  OISE.  f.  m.  c^  f.  Habitant  de  Saint  Pol 
de  Léon  ,  &  de  Ion  Territoire.  Lconenjls.  Les  Léon- 
nois  lortirent  en  armes  ,  &  pillèrent  tout  le  pays 
de  Cornouailles.  Du  Movun  ,  Hijl.  de  Morm.  L. 
XIL  6.  /. 

LÉONOIS,  OISE.  f.  m.  &  f.  Habitant  du  Royaume 
de  Léon  j  en  Efpagne.  Les  Seigneurs  Léonais  dans 
la  crainte  que  leur  Royaume  ne  devint  Province  d'un 
autre ,  vouloient  que  l'Inhintc  fût  mariée  dans  leur 
pays.  P.  d'Orléans.  Le  relus  qu'on  fit  au  Roi  de 
Navarre  de  l'Infante  pour  fon  hls ,  fut  la  raifon  fe- 
crcttc  qui  l'arma  contre  les  Léonais.  Id. 

LÉONOR  ,  ou  LÉONORE.f.  m.  Nom  d'homme.  Leo- 
norius.  Saint  Léonore  étoit  Evêciuc  Rcgionnaire  en 
Bretagne  ,  dans  le  fixième  hècle.  Deux  ou  trois  Prin- 
ces de  Longueville  ont  porté  le  nom  de  Léonore. 

LÉONORE.  l.  f.  Leonora.  Nom  de  femme.  Léonore  , 
Duchelle  de  Guienne,  accompagna  fon  mari  en  la 
guerre  Sainte.  Brantôme.  Il  y  a  des  Auteurs  qui" 
écrivent  Léonor  ,  Elconor ,  fans  mettre  d'e  à  la  fin 
du  mot. 

ÇCFLEONTESERE.f.  f.  Nom  donné  par  les  Anciens 
à  une  elpèce  d'Agate  ,  vantée  pour  fa  beauté  ,  &i 
pour  la  propriété  imaginaire  qu'ils  lui  attribuoienc 
d'adoucir  les  bêtes  féroces,  C'cft  au  refte  une  des  plus 
variées  déroutes  les  agates  des  Indes  orientales,  & 
l'une  des  plus  rares.  Son  fond  eft  jaune ,  marqueté 
ou  veiné  d'im  rouge  de  Hamme  ,  de  blanc,  de  noir& 
de  vert.  Encyc. 

LÉONTIASIS.  L  m.  Lcontiajls.  Nom  qu'on  donne  à  la 
goutte  des  Arabes. 

LÉONTINI,  LENTINL  Ville  delà  vallée  de  Noto  , 
en  Sicile.  Leontini.  Elle  étoit  conhdcrable  ;  mais  elle 
a  été  extrêmement  endommagée  par  un  furieux  trem- 
blement de  terre  ,  l'an  1693.  Elle  eft  à  deux  lieues 
du  Golte  de  Caténia,  iur  la  rivière  de  Leontini,  ap- 
pelée anciennement  Lijjhn  ,  &  fort  près  du  Lac  de 
Leontini,  qui  eft  Y Hcrculeus latus  des  Anciens.  Maty. 
Il  y  a  dans  pluheurs  cabinets  d'Antiquaires,  de  fort 
belles  médailles  d'argent  des  Anciens  Léontins  , 
avec  dilférens  types  :  entre  autres  une  tête  de  Lion , 
&  quatre  grains  d'orge  Iur  les  bords  de  la  médaille; 
la  tète  du  Lion  fait  alluhon  au  nom  de  cette  ville  ,  Se 
les  grains  d'orge  marquent  la  fertihté  du  pays.  L'inf 
cription  eft  AEoNTiNi2N  &  quelquefois  avec  une  L. 
Latine,  ou  plutôt  une  ancienne  L.  Hébraïque  Se  Phé. 
nicicnne  ,  telle  que  les  Grecs  la  reçurent  de  Cadmus  j 

AEONTlNi2N. 

LÉONTINS.  f.  m.  pi.  Ancien  peuple  de  Sicile  qui 
habitoit  la  ville  de  Leontium.  La  même  ville  lubhfte 
encore  fous  le  nom  de  Lentini. 

fj^'LEONTION.  f.  m.  Leontodora ,  ou  Leonina.  Nom 
donné  par  les  Anciens  à  une  cipèce  d'Agate  qui  étoic 
de  la  couleur  d'une  peau  de  Lion. 

LÉONTIQUES.  f.  m.  ou  f  Nom  d'une  fête  ,  ou  facri- 
fices  de  l'Antiquité  Payenne.  Leontica.  C'étoient  des 
ftcrifices  qui  fe  faifoient  à  l'honneut  du  Soleil  ,  & 
qu'on  appeloit  autrement  Mithriaques ,  parce  que 
le  Soleil  fe  nommoit  Mith.ra  chez  les  Perfes.  On 
leur  avoir  donné  le  nom  de  Léontiques  ,  Se  les  Prê- 
tres qui  les  faitoient  étoient  appelés  Lions,  parce 
que  l'on  repréfentoit  le  Soleil  fous  la  figure  d'une 
tète  de  Lion  rayonnée  ,  portant  une  tiare ,  &  tenant 
de  fes  deux  mains  les  cornes  d'un  taureau ,  qui  ta- 
choit  en  vain  de  fe  débarrafter.  Il  y  a  dans  Gruter  , 
p.  MLXXXVLI.  deux  infcriptions  ,  dans  l'une  def- 
quelles  il  eft  dit ,  que  Nonius  Vièlor  Se  Aurélius 
Viftor ,  donnèrent  des  Léontiques  fous  le  Confulat 
de  Dacien  &  de  Céréalis  ,  le  1 6  avant  les  Calendes 
d'Avril,  c'eft  à  dire  le  17  de  Mars;  &  dans  l'autre, 
qu'ils  les  donnèrent  encore  fous  le  Confulat  d'Eu- 
fébe  Se  d'Hypatius  ,  c'eft  à-dire  ,  l'année  luivante  , 
le  quatrième  avant  les  Ides  de  Mars  ,  qui  eft  le  dou- 
zième du  même  mois  :  or  du  17  de  Mars  au  12 
du  même  mois  de  l'année  fuivante,  il  y  a  360.  jours, 
qui  font ,  félon  la  fupputation  des  Grecs  ,  une  an- 
née Lunaire.  De  là  le  Cardinal  Noris ,  dans  fes  Epo- 
ques Syro' Macédoniennes  ,  Diffcrtat.  l.  de  Anna 
Macédonum  ,  conclut  que  les  Léontiques  étoient  une 

Ooo  ij 


47^ 


LEO 


fcte  annuelle-,  mais  qui  fe  faifoic  après  la  icvoltition 
■de  l'année  Lunaire  ,  &  non  pas  d,-  l'année  Solaire  ; 
car  quoique  l'année  Lunaire  ne  (oit  que  de  3  54  jours , 
8  heures,  48  minutes  &  jS  fécondes  ,  cependant , 
dit  il ,  dans  l'ulage  civil  &  populaire,  les  Grecs  lui 
donnoient  360  jours;  ce  qu'il  prouve  par  Saint  Au- 
guftin,  L.  V.  de  civet.  Dei,C.  1 2.&C  L.IF.  du  Trinït. 
C.  4.  J'ai  pourtant  fur  cela  une  diiticulté  qui  mérite 
d'être  ici  propofée.  Car  dans  le  même  Gruterj  p. 
ceci II.  n.  I.  une  infcription  porte  ,  que  foivs  le 
XP  Confulat  de  l'Empereur  Conftantius,  &  le  W 
de  Julien ,  qui  fut  l'année  qui  précéda  celui  de  Da- 
cicn  &  de  Céréale  ,  ces  mêmes  Nonius  Vidor  tk  Au- 
rélius  Vitlor,  donnèrent  des  Lcondques  \c  C[\i3xùhn.e 
jour  devant  les  Ides  d'Août,  c'eft  à-dire,  le  dixième 
d'Août  :  or,  du  10  au  17  de  Mars  de  l'année  iuivante 
qu'ils  en  donnèrent  auilî,  comme  l'infcription  citée 
par  le  Cardinal  Noris  le  montre,  il  n'y  a  que  220 
jours  au  plu^i,  qui  certainement  ne  font  point  une 
année  lunaire,  il  y  a  140  jours  à  dire.  Les  Leontiques 
ne  le  faifoient  donc  pas  au  bout  de  la  révolution  d'une 
année  lunaire,  /^oye^  encore  MiTnRiAQ,UES. 
LÉONTOPÉTALON.  f.  m.  Plante  qui  a  été  ainfi  ap- 
pelée ,  parce  que  fa  feuille  a  quelque  reflemblance  en 
figure  avec  le  pié  du  Lion.  Leontopt: talon.  Cette 
plante  eft  appelée  Navet  noir  dans  le  Didionnaire  de 

J.\MES. 

^CFSa  Heur  efl  en  rofe,  &  devient  une  petite  goulfe  où 
l'on  trouve  deux  ou  trois  grains  comme  dés  pois. 
Elle  croît  aux  pays  chauds j  en  Italie  &  en  Candie. 
Sa  racine  ell  d'un  goût  amer.  On  l'emploie  contre  la 
niorlure  des-  Icorpions  &  des  ferpens ,  dans  la  goutte 
Iciatique  &  dans  quelques  autres  maladies. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ^i*, ,  Lion,  Se  de  iz'nuxo;  , 
feuille.  On  l'appelle  aullî  pié ,  ou  pâte  de  Lion. 
Voyez  Pié  de  Lion. 

LÉONTOPODIUM.  f.  m.  Plante  qu'on  appelle  autre- 
ment Alchimille  ,  ou  pie'  de  Lion. 

Ce  mot  vient  du  Grec  >,i'o» ,  Lion,  de  de  ^«,  pié. 
Cette  plante  a  été  ainli  nommée  ,  parce  que  la  figure 
de  la  feuille  approche  de  celle  du  pié  de  Lion,  f^oyei 
Alchimille. 

f:?LÉONURUS.  f.  m.  Arbrilfeau  qui  porte  des  feuil- 
les longues,  étroites  &  des  fleurs  rouges,  en  forme 
de  guirlandes.  Son  calice  Contient  plulieurs  fe- 
menccs.  Son  cafque  eft  découpé  Se  plus  long  que  la 
barbe.  Il  vient  de  marcottes  &  de  boutures.  Il  craint 
\q  froid  ,  6v  il  faut  l'en  garantir  pendant  l'hiver. 

LÉOPARD,  f.  m.  Animal  cruel  &  féroce  ,  qui  a  la  peau 
tachetée  ,  tavelée ,  marquetée  ,  les  yeux  petits  & 
blancs,  le  devant  de  la  tête  long,  l'ouverture  de  la 
gueule  grande,  les  dents  aiguës,  les  oreilles  rondes, 
le  cou  &  le  dos  longs,  une  grande  queue  Se  cinq 
griftes  fort  aiguës  aux  pies  de  devant,  &  quatre  a 
ceux  de  deniérc.  On  croît  que  le  lecy^r^ eft  engen- 
dré d'un  Lion  Se  d'une  Panthère.  On  dit  auflî  que  la 
femelle  du  Léopard  s'AppeUe  Panthère,  Se  plulieurs 
l'appellent  Luherne.  Pardalis ,  Panthera.  On  dit 
aulîi  qu'il  eft  engendré  d'une  Lionne  &  du  mâle  de 
la  Panthère.  Claudicn  l'exprime  dans  ce  vers  : 

Kl  maculis  patrem  référant ,  £■  rohore  matrem. 

Les  meilleurs  Naturaliftes  regardent  le  léopard 
-comme  un  animal  différent  de  la  panthère.  Le  pre- 
mier Auteur  où  fe  trouve  le  nom  de  léopard  ,  eft 
Spartien  dans  la  vie  de  Géta.  Ainfi ,  quoique  le  nom 
de  léopard  n'ait  été  invente  que  plus  de  trois  fiécles 
après  JÉsus-Christ  ,  ceux  qui  ont  vécu  avant  ce 
rems  là ,  n'ont  pas  laillé  de  parler  de  femblables  ani- 
,  -maux  fous  le  nom  de  pardi.  Le  Cl.  Jonfton  dit  que 
le  léopard  hait  mortellement  l'homme  ,  jufques  là  , 
que  s'il  en  voir  feulement  une  peinture,  il  le  jette 
deflus  Se  le  met  en  pièces.  Mais  Marmol  dit  au  con- 
traire que  les  léopards  ne  font  point  de  mal  aux  honi- 
'^^^''.'  ^'.'5^  hommes  ne  leur  en  font,  &  qu'ils  font 
particulièrement  ennemis  des  chiens  Se  des  adives 
qu'ils  dévorent.  Dans  léopard,  le  d  ne  fe  doit  jamais 
jironoucer,  pas  même  devant  une  voyelle.  Bochart 


L  E  P 

croit  que  la  lettre  de  Saint  Ignace  aux  Romains,  eft 
iuppulée.  Se  qu'elle  n'a  été  faite  qu'au  quatrième  fiè- 
cle  ,  parce  que  le  mot  de  léopard  y  eft.  Mais  Péarfon 
Se  VoJlîus  reconnoillcnt  cette  Epitre  pour  véritable. 

Le  léopard,  en  termes  de  Blafon  ,  tourne  toujours 
la  tête  de  front ,  enforte  qu'il  montre  les  deux  yeux 
Se  les  deux  oreilles,  &  on  le  nomme  marchant  ou 
pajfant ;  au  lieu  que  le  lion  a  la  tête  en  profil,  &  ne 
montre  qu'un  œil  Se  une  oreille ,  &  eft  toujours  ram- 
pant ,  ravijfant  Se  debout.  Lorfque  le  léopard  eft  dé- 
peint rampant  ,  on  le  blalonne  léopard  lionne  ;  8c 
quand  le  lion  eft  paifant ,  on  l'appelle  lion  léopardé. 

L'Angleterre  eft  fouvent  dilignée  dans  les  Poclîes, 
par  les  léopards  de  les  armoiries.  Le  Royaume  des 
léopards ,  l'Angleterre.  Ceux  qui  veulent  que  les  ar- 
mes d'Angleterre  ioient  trois  léopards  ,  difent  que 
Guillaume  le  Conquérant,  qui  en  chargea  (on  écu, 
voulut  marquer  par  la  variéié  des  taches  de  ces  ani- 
maux, l'humeur  inconftantc  de  la  Nation. 
LEOPARDE.  adj.  Terme  de  Blalon,  qui  le  dit  du  lion 
p-xftant.  Se  qui  fignifie  cette  attitude,  cette  (ituation 
de  cet  animal.  Gradiens ,  incedens.  Voyez  Léopard, 
LEOPOLD.  f.  m.  Nom  d'homme.  Leopoldus.  Léo- 
pold  IV  j  Marquis  d'Autriche  ,  qui  vivoit  au  XII' 
fiècle  ,  eft  compté  entre  les  Saints  &  honoré  comme 
tel  le  quinzième  de  Novembre-,  il  fut  canonilé  par 
Innocent  VIII  en  14SJ  ,  environ  3  fo  ans  après  fa 
niorr.  L'Empereur  Zecyo/i/,  fils  de  Ferdinand  III  & 
de  Marie  d'Autriche,  fœur  de  Philippe  IV,  Roi  d'Ef- 
pagne ,  naquit  en  1 640 ,  &  fut  élu  Roi  de  Bohème  en 
i<jj4,  de  Hongrie  en  1655,  &  couronné  Empereur 
en  1658. 
LÉOPOLD.   Foyeç  Lemberg. 

LÉopoLD.  1.  m.  Nom  d'une  monnoie  de  Lorraine  que 
le  Duc  Léopold  fit  battre.  Leopoldus.  Il  y  a  des  léo- 
poids  d'or  &  des  léopolds  d'argent.  L'Edit  du  mois  de 
Mai  171S  ,  ordonne  de  recevoir  les  léopolds  À'ot 
dans  les  Monnoies  ,  (ur  le  pié  de  840  livres  le  marc  , 
comme  les  guinées  d'Angleterre  ,  les  milleraics  de 
Portugal  &  nos  louis  d'or;  Se  les  léopolds  d'argent, 
fur  le  pié  de  ^6  livres. 
LEOPOLSTADT.  Leopoljladium.  Ville  forte  de  la 
Haute-Hongrie  ,  bâtie  pal  l'Empereur  Léopold  en 
i66j. 
LEOS.  f.  m.  Un  des  Héros  Eponymes  de  la  Grèce.  Il 
acquit  ce  titre  ,  dit  Paufanias  ,  pour  avoir  dévoué  {t% 
filles  à  la  mort  pour  le  falut  de  l'Etat,  par  le  confeil 
de  l'Oracle. 

Ce  mot  vient  de  h'.ut ,  que  les  Attiques  difoient  au 
lieu  de  Pixiif ,  peuple. 
LEOTERIC.  Foyei  Leuteric. 
LEOVIGILDE.  royei  Leuvigilde. 
LEOYANE.  Nom  d'un  port  de  l'île  de  Saint  Domin- 
gue,  à  fept  lieues  du  petit  Goave.  Leoyanus  portas. 
Ce  port  eft  fort  fréquenté  des  vailfeaux  François. 

L  E  P. 

LEP.  f.  m.  Vieux  mot.  Lièvre  mâle.  On  a  dit  auflî  llépt 
Se  liepvre ,  de  lepus. 

LÉPANTE.  Nom  d'une  ville  de  la  Grèce.  Naupaclus. 
Elle  eft  capitale  de  la  Livadie ,  Se  lituée  fur  le  golfe  de 
Lépante ,  à  fept  lieues  dePatras,  vers  le  leptentrion 
oriental.  Cette  ville  eft  une  place  forte  ;  elle  eft 
conftruite  lur  le  penchant  d'une  montagne  faite  en 
pain  de  (ucre ,  qui  eft  au  rivage  du  gc^te.  La  ville  eft 
divifée  en  quatre  parties ,  par  autant  d'enceintes  de 
murailles ,  Se  dominée  par  une  citadelle  qui  eft  au 
haut  de  la  montagne.  Lépante  a  un  Archevêché,  un 
port  où  il  ne  peut  entrer  que  de  petits  bàtimens;  de  : 
bonnes  manufaélures  de  maroquins  du  Levant  Se  de 
bons  vins.  M  AT  y.  La  bataille  de  Lepante  eft  une  ba* 
taille  navale  que  Don  Juan  d'Autriclie ,  Général  de 
la  Flotte  Chrétienne  ,  gagna  près  de  Lepante  fur  celle 
des  Turcs  ,  l'an  1571  ,  (ous  le  Pontificat  de  S.  Pic 
Pape,  V°  du  nom.  Lépante  fut  cédée  aux  Vénitiens 
par  Emmanuel,  Empereur  de  Conftantinople,  l'an 
1408.  Bajazet  II  la  prit  l'an  1498,  avec  une  armée 
de  cent  cinquante  mille  hommes.  Les  Vénitiens  l'oirt 


L  E  P 

rcprîfe  l'an  1687^  &  la  rendirent  par  la  dernicre 
paix  de  Cailowitz.  Lcpanu  ell  l'ancienne  Naupactos. 
Les  Grecs  rappellent  encore  lipactos.  Les  Turcs  la 
nomment  Einebachri.  ^oyc^  iur  cette  ville  le  Voya- 
ge de  Grccc  de  M.  Spon,  Parc.  II ,  p.  2 S  &  fuïv. 
Voyez  aulli  Du  Loir,  L.  X.  p.  S4j. 

Le  golfe  de  lépanu -,  ou  de  Corinthe,  Corimhia- 
tus ,  &c  Naupaclïnus Jlnus.  Ce  golfe,  qui  prend  au- 
jourd'hui (on  nom  de  la  ville  de  Icpantc  ,  comme  il 
Je  prenoit  autrefois  de  celle  de  Corinthe  j  ell  une 
partie  de  la  mer  Ionienne.  Il  s'étend  depuis  les  bou 
ches  de  \Lcpantc  qui  le  féparent  du  gclfe  de  Patras , 
jufqu'à  l'ilHime  de  Corinthe  ,  ayant  la  Livadie  au 
nord ,  &  la  Moréc  au  midi.  Ce  golfe  forme  deux 
grandes  baies  vers  le  nord.  On  appelle  celle  qui  cil 
au  couchant  des  deux ,  la  baie  de  Salone  ou  de  Crillà , 
&  l'autre  la  baie  d'Afpropiti.  Il  en  forme  deux  autres 
plus  conlidcrables  vers  l'illhme  de  Corinthe.  La  baie 
de  Corinthe  ell  vers  la  ville  de  ce  nom ,  &  l'endroit 
le  plus  étroit  de  l'illhme.  La  baie  de  Livadollro  s'a- 
vance à  l'orient  kptcntrional ,  vers  la  ville  de  Mé 
gare.  La  montagne  Palcovouni ,  anciennement  Ge- 
ranij. ,  fépare  ces  deux  baies  par  un  cfpace  de  quatre 
lieues,  à  l'endroit  le  plus  oriental ,  &  elle  poulie  un 
grand  cap  dans  le  gblfe  de  Lépante  ,  qui  s'éloigne  de 
cinq  lieues  du  golle  d'Egine.  Voye:[  'Whéler  dans  (a 
Carte  de  rancienne  &  de  la  nouvelle  Acha'ie.  Maty. 
Les  bouches  ,  ou  le  détroit  de  Lépante  ;  en  Latin 
Fretum  Naupacllnum ,  anciennement  iJi^/ra^  ou  Ca- 
lydonium.  Détroit  de  la  mer  Ionienne.  Il  lépare  le 
golfe  de  Patras  de  celui  de  Lépante  ,  dont  il  ell  l'en 
crée.  Il  ell  formé  de  deux  Caps  ;  celui  de  Rio ,  qui 
efl  en  Morée  ,  !k.  celui  d'Antirio  ,  qui  ell  en  Livadie. 
Il  y  a  lur  chacun  de  ces  caps  pour  la  garde  du  détroit 
un  château ,  dont  l'un  porte  le  nom  de  château  de 
Alorée  ,  l'autre  le  château  de  Romélie.  On  les  ap 
pelle  tous  deux  enfemble  les  Dardanelles  de  Lépan 
te.  Idem. 

LEPAS.  f.  m.  Coquillage  ainfi  appelé  en  Grec ,  com- 
me Il  l'on  diloit , [quama  faxorum  -,  l'écaillc  des  ro 
chers  ,  parce  qu'il  cil  coujours  adhérent  aux  rochers 
eu  à  t^uelque  autre  corps  dur  ,  &  cette  adhérence 
lui  lert  de  (econde  coquille  ,  pour  le  prélerver  des 
injures  du  temps:  ce  qui  a  fait  qu'Aldrovandus  &; 
Eondelet  ont  mis  mal-à-propos  le  lépas  parmi  les 
bivalves  :  il  n'ont  été  en  cela  fuivis  d'.iucun  Auteur. 
C'ell  un  Univalve.  On  appelle  ce  coquillage  en 
f  rançois ,  Patelle  ,  ou  (Eil  de  bouc  ,  lelon  Tour- 
nefort.  En  Provence  on  l'appelle  Arapéde  ;  en  Nor 
mandie  ,  Berdin  ou  Berlin;  Jampe  en  Poitou  & 
dans  le  pays  d'Aunis;  en  d'autres  endroits  Bernicle  : 
on  peut  fort  bien  lui  conlerver  fon  nom  Grec  de 
lépas.  La  coquille  de  la  Patelle  ell  un  peu  plate , 
quoique  élevée  en  cône  dans  Ion  milieu.  Des  lépas 
vivement  tachetés. 

LEPE.  Lepa  j  Lepa  magna.  C'étoit  autrefois  une  ville 
de  l'Efpagne  Bétique.  Ce  n'efl:  maintenant  qu'un 
bourg  de  l'Andaloulie  ,  fitué  à  une  lieue  &  demie  du 
•golfe  de  Cadiz ,  entre  l'embouchure  de  la  Guadia- 
ne ,  &  celle  de  l'Odicr.  Maty. 

LEPIDE ,  ou  LEPIDUS.  f.  m.  LEPIDA.  f.  f.  Sur- 
nom de  la  lamille  /Emilia ,  l'une  des  plus  nobles 
de  l'ancienne  Rome.  M.  ^tmilius  Lépidus  fut  un  des 
Triumvirs  ,  après  la  mort  de  Jules  Céfar.  Rome  le- 
romba  entre  les  mains  de  Marc  Antoine  ,  de  Lépide, 
Ôc  du  jeune  Céfar  Oélavien  ,  petit-neveu  de  Jules 
Céfar ,  &  fon  fils  par  adoption  ,  trois  infup- 
portables  Tyrans ,  dont  le  Triumvirat  Se  les  prof 
criptions  font  encore  horreur  en  les  lifant.  Bos- 
SOET.  Antoine  &:  Céfar  ,  après  avoir  ruiné  Lépide  , 
le  tournent  l'un  contre  i'aut»e-  Id.  Augufte  un  peu 
devant  fa  mort ,  parlant  de  ceux  qui  pouvoient 
piccendre  à  l'Empire  ,  dit  que  Lépidus  avoit  le  mé 
rite ,  &  non  pas  le  courage  \  qu'Afinius  avoit  le 
courage  fans  mérite  ,  mais  qu'Arruntius  avoit  l'un 
&  l'autre.  Quelques  uns  ,  au  lieu  d'Arruntius  , 
nomment^  Pifon  ;  mais  tous  enfemble  ,  hormis  Lé 
pidus  ,  périrent  depuis  par  les  artifices  de  Tibère. 
D'Ablancourt. 


L  E  P  477 

Pour  les  femmes,  il  faut  dire  Lé/ida.  Lépida , 
qui  étoit  mariée  à  Callius  ,  fut  acculC-c  d'inccllc  & 
de  fortilége.  D'Ablanc.  Callius  &  Silanus  furent 
bannis  par  arrêt ,  &  Lépida  remife  à  la  difpolition 
de  l'Empereur.  Id. 

LÉPIDE.  Ville  d'Afrique  dans  la  Province  de  Tri- 
poli au  Royaume  de  Tunis. 

LEPIDIUM.  f.  m.  Plante  qu'on  appelle  .lutremcnt 
pafftrage. 

Ce  mot  vient  du  Grec  xiiiit  ,  qui  fignifîe  des 
taches  de  roullèur  qui  viennent  au  vifagc  ,  &  que  le 
lépidium  commun  emporte  ,  à  ce  que  l'on  croit. 
Voyc^  Passerage. 

LEPIDOIDE.  f.  f.  Terme  d'Anatomie.  C'ell  le  nom 
qu'on  donne  à  la  luture  écailleule  du  crâne. 
Hairis. 

Ce  mot  cil  Grec  ,  compofé  de  aî^is  ,  écaille ,  & 
de  itiit ,  forme  ,  parce  qu'elle  ell  en  forme  d'écaillés. 
Al.  Harris  l'appelle  aulli  Lépidoide.  En  effet  ,  on  a 
dit  aulii  Mzii  ,  écaille  ,  pour  />«,!,  comme  l'a  re- 
marqué le  Scholialle  d'Ariltophane  ,  fur  la  Comédie 
intitulée  ,  les  Guefpes ,  v.  yS6  ,  où  ce  Pocte  a 
dit  Mnlêii  ,  au  lieu  de  MTriis. 

LEPIDOSARCOME.  f.  m.  Lepidofarcoma.  Nom  que 
Marcus  Aurélianus  Sévérinus  donne  à  une  tumeur 
lingulicre  ou  à  une  efpèce  de  farcome  formé  dans 
la  bouche  ,  &:  couvert  d'écaillés  irrégulicres.  De 
A£!T<î ,  écaille,  &  sifi,  ,  chair. 

LÉPIDUS.  Voyei  Lépide. 

LEPORIE.  f.  (.  Nom  que  l'on  donne  aux  trois  Provin- 
ces delà  Laponie  Mofcovite.  Voye^  Laponie  Mos- 
covite. 

LEPRAS.  f.  m.  Poilfon  de  mer ,  dont  parle  Jonfton. 
H  ell  long  d'environ  un  pied  ,  couvert  d'écaillés  lar- 
ges ;parfemé  de  taches.  Son  muleau  ell  petit,  les 
dents  font  blanches  &  aigucs  ,  fa  langue  ell  blan- 
che ,  les  yeux  font  ronds  &  petits.  Il  efl  excellent 
à  manger  ,  Se  ell  apéritif.  On  le  nomme  aulli  P/o- 
rus.  Lepras  &  Pforus  viennent  des  mors  Latins  Le- 
pra  &  Pfora,  qui  fignifient  Lèpre  es:  gale,  parce 
que  les  taches  de  ce  poillon  ont  quelque  reilem- 
blance  avec  la  lèpre  &  la  gale. 

LÈPRE,  f.  f.  Maladie  contagieufe  ,  qu'on  appelle  autre- 
ment/i7û'rene,dont  les  Juifs  &  les  Orientaux  ont  été  fort 
affligés  autrefois.  Xe/^ra.  Galien  la  définit  une  eftulioii 
de  fang  ,  trouble  &  grollier  ,  qui  corrompt  toute 
l'habitude  du  corps.  Aviccnne  l'appelle  une  mala- 
die univerfelle  ,  ou  chancre  univerkl.  Les  Grecs 
l'appellent  in^xttixei; ,  parce  que  les  malades  ont 
leur  peau  âpre  j  ridée  èc  inégale ,  comme  les  Elé- 
phans.  La  lèpre  commence  au  dedans  long  -  temps 
auparavant  que  de  paroître  au  dehors.  Elle  étoic 
encore  fort  commune  en  Europe  dans  les  X"^  &"  XI^ 
lîècles:mais  elle  ell  maintenant  prefque  tout  à-fait 
éteinte.  Naaman  fut  couve it  de /è/;re.  Bien  des  gens 
croient  que  la  lèpre  n'ell  autre  chofe  que  la  mala- 
die vénérienne  :  Pitéarn  j  fameux  Médecin  Ecof- 
fois  ,  efl:  de  ce  lentiment.  Les  lapins  &c  les  chiens 
font  fujets  à  ce  mal.  Dans  le  Nordj  les  remèdes 
doivent  être  plus  violens  que  dans  le  Midi. 

Ce  mot  vient  du  Latin  lepra  ,  qui  a  été  forme 
du  Grec  mtii?  ,  écaille  ,  parce  que  Ja  lèpre  forme 
des  cfpèces  d'écaillés  fur  la  peau. 

On  avoit  autrefois  bien  de  la  peine  à  connoître 
la  lèpre ,  dont  voici  les  fignes.  Elle  rend  la  voix 
enrouée  ,  comme  celle  d'un  chien  qui  a  long-temps 
aboyé,  &  cette  voix  fort  par  le  nez  plutôt  que  par 
la  bouche.  Le  pouls  du  malade  efl  petit  Se  pefant, 
lent  &  engagé.  Son  fang  ell  plein  de  petits  corps 
blancs  &  luifans ,  femblables  à  des  grains  de  mil- 
let qui  s'en  féparent  ,  Se  demeurent  fur  le  blan- 
chet  ,  après  qu'il  a  été  lavé  &  filtré.  Il  n'a  qu'une 
férofité  fcabieufe  ,  Se  dépouillée  de  fon  humidité 
naturelle  :  deforte  que  le  Ici  qu'on  y  met ,  ne  fe 
peut  dillbudre.  Il  ell  ii  fcc  que  le  vinaigre  qu'on  y 
verfe  bouillonne  :  Se  efl  fi  fortement  lié  par  des 
filets  imperceptibles  ,  que  le  plomb  calciné  qu'on 
y  jette  ,  y  fumage  facilement.  Son  urine  efl  crue , 
ténue  J  cendrée  &  trouble.    Son  fédiment,  comme 


47B  L  E  P 

de  la  farine  mêlée  de  fon.  Son  vifage  rclTcmbîe  à  un 
ch;\ibun   demi  éteint  ,  onclueax  ,  luil.mt  &  cnHc  , 
ilenié  de  boutons  fort  durs  ,  dont  la  baie  cil  verte  , 
&  la  pointe  blanclie  :  &  en  général ,  il   donne  de 
riiorreur.  Ses  poils  font   courts,  héiùllés  &  délies  j 
Se  on  ne  les  peut  arracher  qu'avec  un  peu  de  la  chair 
pourrie  qui  les  a  nourris.  S  ils  renaillent  à  la  tête  ou 
au    menton  ,  ils   lont   toujours  blonds.   Son   front 
forme  divers  plis  ,   qui  s'étendent  d'une  temple  à 
Tautre.  Ses  yeux  font  rouges  &  enHammés,  tk  éclai- 
xent  comme  ceux  d'un  chat.    Us  s'avancent  en  de- 
hors ,  mais  il  ne   peuvent  fe  mouvoir  à  droite  Se  à 
gauche.    Ses  oreilles   font  enBées  &  rouges  ,  man- 
gées d'ulcères  vers  la  bafe ,  &  environnées  de  pe- 
tites  glandes.    Son  nez   s'enfonce  ,    à  caufc  que  le 
cartilage  fe  pourrit.  Ses   narines   font  ouvertes  ,  & 
■les  conduits  ferres  j  avec  quelques  ulcères  au  tond. 
Sa  langue    ell    féche   &:  nou'e  ,  enilée  ,  ulcérée  & 
racourcie  ,  coupée   de  lillons  ,  &  lemée  de  grains 
blancs.  Toute  fa  peau  ell:  couverte  ou  d'ulcères  qui 
s'amortiirent  6c  reverdillent   les  uns  lur  les  autres  j 
ou    de    taches  blanches  ,   ou    d'écaillés   comme  le 
poiHon.    Elle   cil:  inégale ,    rude  ik  infenlîble  ,  foit 
qu'on  la  panfe  ,  loit  qu'on  la  coupe  ;  Se  au  lieu  de 
fang  ,  elle  ne  rend  qu'une  liqueur  fmieute ,  &  lou- 
vent  on  l'arrofe  d'eau  fans  la  pouvoir  mouiller.  Il 
vient  à  ce  degré  d'infcnlibilité ,  qu'on  lui  perce  avec 
une  aiguille  le  poignet  &:  les  pies  ,  même  le  gros 
tendon  ,  qui  eft  le  plus  fenlible  ,  (ans  qu'il  fouftre 
de  douleur.  Enfin,  le  nez  ,  les  doigts  des  mains  & 
des  pies ,  &  même  fes  membres ,  fe  détachent  tous 
entiers  ;  &c  par  une  mort  qui  ell  particulière  à  cha- 
cun d'eux  j  ils  préviennent  cell  ■  du  malade.  On  tient 
que  ceux  qui  ont  la  lèpre  ,  ont  une  li  étrange  cha- 
leur dans  le  corps ,  qu'après  avoir  tenu  une  pomme 
fraîche  une  heure  dans  la  main  ,  elle  devient  aullî 
fèche  &   ridée  j  que  fi  elle  avoir  été  huit  jours  au 
foleil.    Ces  remarques    curieules   fur    lelquelles  on 
s'efl  un    peu  étendu  ,  à  caufc  de    la    rareté    de    la 
maladie,   font  tirées  de  Galien  ,  de  Pontanus ,  Ar- 
naud de  'Villeneuve,  Gordon,   Arétxus,  Zacliias  , 
Paul    ^ginète  ,  Varanda,  Cardan  ,   Ambroite  Pa- 
ire ,  &  autres  qui  en  ont  écrit.   Aux    Indes  on   ne 
■fait  point  de  cas  des  hommes  qui  font  blancs  ;  car 
.chez  eux  c'eft  une   marque  de  la  lèpre ,  qui  y  cil 
alfcz   commune,   f^oye^  le    Traité  de  PoUce  de  M. 
de  la  Mare^  L.  IF  y  T.  XII .  de  la  Lèpre. 

On  la  dillingue  en  deux  efpèces  -,  la  lèpre  des 
Grecs  ,  &  la  lèpre  des  Arabes.  La  première  ell  ap- 
pelée par  Celfe  Impétigo  ;  Se  par  Avicenne  j  JJbaras 
nigra ,  ou  impétigo  excorticatïva.  La  Icconde  qui 
cil  plus  atfreufej  &:  Je  dernier  degré  de  cette  ma- 
ladie ,  le  nomme  Elcphantïafis  ou  Satyrïajis  ,  & 
Leontiafîs  ;  des  mots  Latins  Satyrus ,  &:  Léo  ,  à 
caufe  de  leur  horrible  figure  j  &  de  leur  lubricité. 
Depuis  deux  cens  ans  la  lèpre  efl  prelque  éteinte. 
^3"  Ce  qu'on  appelle  etpcce  de  lèpre  ,  n'ell  proba- 
blement que  la  même  maladie  confidérée  dans  fes 
différens  états.  VImpetigo  des  Latins  ell  le  com- 
mencement de  cette  maladie  j  l'état  le  plus  doux-, 
A'Alharas  nigra  des  Grecs  j  Ion  fécond  degré  j  & 
\' Elcphantïafis  des  Arabes  ,  fon  dernier  période. 
Les  dcfcriprions  qu'en  font  les  Auteurs  ,  le  font 
o  rd  i  nai  re  m  en  t  p  léfu  me  r. 

Ce  mot  ell  Grec ,  idut,».  ,  comme  fi  l'on  diioit 
y-nsiea ,  fquamofa ,  écailleufe,  de  ?,tmi  ,  écaille  j  parce 
qu'il  fe  détache  de  la  peau  des  ladres  de  grandes 
écailles  femblables  à  celles  des  poilîons. 
iipRi:  DES  MtTAUx.  Dans  le  langage  du  gr.nnd  Art, 
on  appelle  ainli  l'impureté  que  les  métaux  contrac- 
tent dans  la  terre  où  ils  font  formés ,  iSc  dont  le  feu 
n'a  pu  les  pure;er. 
lÉFREUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  a  la  lèpre.  Leprofus  , 
Ekphantiacus.  On  fépare  les  lépreux  du  commerce 
des  hommes  comme  les  peftiférés  ,  à  caule  que  Lur 
maladie  fe  communique  aifément.  Simon  le  Lé- 
preux. Il  dit  au  lépreux  ,  Soyez  guéri ,  &  la  lèpre 
dilparut  au  même  temps.  Port-Royal.  Autrclois 
Jcs-Ca.ules  desjéjjreux  étoieiu  commifes  au  Triliu- 


L  E  Q 

nal    Eccléfiallique.    Le    Concile  de  Nougarot     en 
Armagnac  ,  tenu  en    1 190  ,   défend   par   fon     cin- 
quième Canon ,  de  pourluivre  les  lépreux  devant  le 
Juge  Laïque  pour  les  actions  perfonnelles;  apparem- 
ment ,    lelon  M.    l'Abbé  de    Fleury  ,   parce  qu'ils 
étoicnt  fous  la  proteclion  de  l'Eglile  ,  qui  les  iépa- 
roit   du  relie  du  peuple  ,   par    une  cérémonie  que 
nous  liions  encore  dans  les  Rituels. 
LÉPROSERIE,  f.  f.  Hôpital  pour  les  lépreux  ,  qu'on 
nomme  communément  Maladrerle.  Leproforum  no- 
focomium.  Il  y  a  en    France   un  très-grand  nombre 
de   Maladrcries  ,  dédiées  à  Saint    Lazare  ,  à  Sainte 
Marthe  ,   «S:  à  Sainte  Magdclène.  La  maladie  de  la   i 
lèpre  ,  qui  étoit  fort  commune  autrefois ,  a  prefque   * 
entièrement  celfé  depuis  deux  cens  ans  ,  enlorte  que 
le  revenu  des  Maladreries  &  Léprojeries  ,  étoit  très- 
mal  employé.  Plulieurs   milérablcs  fe  faifoient  paf- 
1er  pour  lépreux  ,  afin  d'avoir  prétexte  de  mendier 
des  penlions  lur  ces  hôpitaux.  C'cll  pourquoi ,  par 
une   Déclaration   de   i6ii,  il  fut  ordonné  qu'il  fe- 
roit  pourvu  aux  vrais  lépreux  ,  &    qu'après  avoir 
été   vifités  ,  Se  léparés   comme  tels  ,    du   relte  du 
peuple  ,  avec  les  cérémonies  Eccléiialliques  accou- 
mées  ,  ils  leroient  reçus  dans  les  Léprojeries  lur  1« 
bulletins  du  Grand  Aumônier  de  France.   Depuis, 
on  les  a  toutes  réunies  à  l'Ordre  de  Saint   Lazare, 
&  du  Mont  Carmcl  ,  par  Edit  du  Roi  ,  du   mois 
d'Avril    166 jf  y   qui   n'a    eu  ton  eflet  ,  &   n'a  été 
vctihéque  le  18  Mai  iG6^  ,  &  après  les  avoir  reti- 
rées des  mains  de  plufieurs  ufurpateurs  ,  on  en  a  fait 
des  Commandcries  ,  qu'on  a  données  aux  Chevaliers 
de  cet  Ordre.  Enfin  j  par  un  autre  Edit  de  1672, 
le  Roi  a  confirmé  l'union   &    l'adminiftration   des 
Maladreries  &  Léproferles  à  l'Ordre  du  Mont  Car- 
mel ,  Se  de  Saint  Lazare  :  elles  turent  délunies  par 
un  Edit  du  Roi,  l'an  1693.  au  mois  de  Mars. 

Matthieu  Paris  dit  dans  ton  Hifloire  ,    qu'il  y  a 
eu  dix  -  neuf  mille  Léproferies  dans  la  Chrétienté. 
On  dit  aujourd'hui  dans  l'ufage  ordinaire,  Alala- 
drerie  pour  Léproferie  ;  Se  on  n'emploie  le  mot  de 
Léproferie  que  dans  lellyle  du  Palais ,  dans  les  aélcs 
&  les  titres. 
LEPSEK.    Foy.  Lamsaque. 
LEPSINA.  Foy.  ELEUSIS. 
fC?  LEPSIS.  f.  f.  Terme  de  l'ancienne  Mufique.  Ccfl: 
une  des  parties  de  l'ancienne  Mélopée  _,  par  laquelle 
le  Compoliteur  difcerne  s'il  doit  placer    Ion  chant 
dans  le  lydèmedes  tons  bas  ,  dans  celui  des  fons  ai- 
gus ,  ou  dans  celui  des  Ions  moyens. 
LEPTE.  f.  f.  Monnoie  des  Anciens  :  elle  étoir  de  fort 
bas  prix  ,   puifqu'une    obole    contenoit    quarante- 
deux  leptes. 

Ce  mot  ell  Grec  ,  xt^l'it  ,  mince  j  petit. 
LEPTIS.  Ancienne  ville  d'Afrique.  Il  y  en  avoir  deux 
que  l'on  diflinguoic   par  les  iurnoms  de  grande  So 
de  petite. 

La  grande  Leptis.  'Ville  Se  Colonie  des  Romains 
en  Afrique,  dans  la  contrée  nommée  Syfiique. 

La  petite  Leptis.  Grande  ville  d'Afrique,  dans  la 
Bylacène. 
LEPTURGIE.  Foyei  Miniature. 

L  E  Q. 

LEQUEAU.  Pronom  relatif  mafculin  ,  qui  s'ell  dit 
autrefois  pour  Lequel. 

LEQUEL  ,  LAQUELLE.  Qui  ,  qu&  ,  quoi.  Duquel, 
de  Laquelle  ,  au  génitif.  Pronom  relatif ,  qui  ligni- 
fie ,  Qui.  Il  a  ciié  un  Auteur  lequel  dir.  C'cll  un 
homme  duquel  je  vous  réponds.  Tous  ceux  auxquels 
vous  vous  adrellerez  ,  vous  diront ,  &c.  DeJaquelli 
fcntence  fut  interjette  appel.  Lequel  Se  Laquelle  ,  en 
ce  fens  ,  ell  un  peu  rude  au  nominatif  fingulier  & 
pluriel  i  c'efl  pourquoi  on  fe  ferr  ordinairement  de 
qui ,  à  moins  qu'il  ne  s'agilfe  d'ôter  quelque  équivo- 
que. Exemple  :  c'cll  un  ctlet  de  la  divine  Provi- 
dence ,  qui  efl:  conforme  à  ce  qui  iifjus  a  ete  pré- 
dit. Ce  premier  qui  étant  équivoque  ,  parce  qu'il 
peut  (e  rapporter  à  effet  ,  Se  3.  providence  ,  il   eft 


L  E  R 

mieux  d'oter  cette  équivoque  ,  en  difant  ,  C'cfl: 
un  ctr'etde  la  divine  Providence  ,  lequel ,  &cc.  Vaug. 
RE.\f.  Quelquefois,  pour  donner  plus  de  clarté,  ou 
plus  d'énergie  au  dilcours ,  on  ajoute  après  le  pronom 
lequel,  laquelle,  le  même  fubftantif  qui  Ta  précé- 
dé ,  iSc  dont  il  eft  relatif.  Je  vous  ai  propofé  plu- 
ficurs  choies  dignes  de  votre  attention  ,  dcfquelles 
chofes  je  vous  fuis  garant.  Mais  remarquez  qu'en 
Poc/ic  ,  on  ne  fe  lert  point  du  pronom  lequel ,  ou 
laquelle.  Cela  rend  le  vers  trop  languillant. 
Lequel  ,  Laquelle.  Quis  ,  quifnam  ,  uter  ?  lignifie 
quelquefois  ,  quel  ell  celui  qui  ,  quelle  eft  celle 
qui  ;  &  en  ce  lens  on  ne  s'en  lert  qu'en  interro- 
geant. Lequel  de  ces  deux  livres  aimez  -  vous  le 
ïme\i\t  Laquelle  de  ces  deux  étoffes  vous  plaît  davan- 
tage ?  Auquel  de  ces  deux  hommes  ?  A  laquelle  de 
ces  deux  lemmcs  donnez  vous  la  préférence  î 

M.  de  Fontenelle  dans  l'Hiftoire  de  l'Académie , 
170}  ,  p.  12  j  ,  prend  lequel ,  laquelle  dans  le 
fens  de  quelque.  Après  avoir  expliqué  deux  idées, 
félon  lefquelles  un  chofe  fe  peut  prendre  ,  il  dit  : 
Laquelle  de  ces  deux  idées  que  l'on  prenne  ,  il  cil: 
toujours  sûr  ,  &c.  Il  falloir  dire  :  Quelle  que  foit 
celles  de  ces  deux  idées  que  l'on  prendra  ,  &c.  Et 
certainement  on  ne  dira  point  :  Lequel  des  partis 
que  l'on  prenne  fur  cela  ;  mais  Quel  que  foit  le 
parti  que  l'on  prendra  fur  cela,  ou  Quelque  parti 
que  l'on  prenne  fur  cela,  &c. 

L  E  R. 

LERE  j  LEYRE.  Nom  d'une  petite  rivière  de  la 
Guienne.  Lera  ,  Leria  ,  dans  Ptolomée ,  Sigmas  , 
d'autres  dilent  Sigmanus  ,  ou  Igmanus.  Elle  le  dé- 
charge dans  le  golfe  d'Arcachon  ,  qui  eft  au  cou- 
chant de  la  ville  de  Bourdeaux.  Maty.  En  Ga(- 
cogne  on  dit  Layra.  De  Valois  écrit  Laire.  Voyez 
Not.   Gall.  p.  j2p. 

Les  Anciens  l'ont  appelée  Sigmas  ,  apparem- 
ment ,  parce  qu'en  effet  elle  décrit  nnjigina ,  C.  par 
(on  cours.   Valois.  Ib. 

LERGUE.  Petite  rivière  de  France  en  Languedoc  : 
Elle  a  fa  lource  dans  les  montagnes  qui  féparent  le 
Diocèfe  de  Lodéve  du  Rouergue  ^  &  fe  rend  dans 
l'Eraut  ,  près  de  Canet. 

LERIA.^  Vcyei  Leiria. 

LERICÉ.  Nom  d'un  ancien  bourg  de  la  Ligurie.  Eri- 
cis  portus  ,  Erix  ,  lllyrïcum.  Il  eft  dans  la  partie 
orientale  de  l'Etat  de  Gènes,  fur  le  golfe  de  Spez- 
za  ,  vis-à  vis  de  Porto  Vénère.  Maty. 

LÉRIDA.  Nom  d'une  ville  de  Catalogne  ,  en  Ef-, 
pagne.  îlerda.  Elle  eft  fur  une  petite  coUine,  &: 
elle  s'étend  jufqu'au  bord  occidental  de  la  Ségre  j 
qu'on  y  palIe  fur  un  pont  ,  à  lix  lieues  de  l'em- 
bouchure de  cette  rivière  dans  l'Ebre.  Lérïia  eft 
une  place  forte  -,  il  y  a  un  Evêque  fullragant  de  Tar- 
ragone.  Cette  ville  eft  célèbre  dans  l'Hiltoire  ,  par 
la  vidoire  que  Céfar  y  remporta  fur  les  troupes 
d'Afranius  &  de  Petreius ,  qui  fuivoient  le  parti 
de  Pompée ,  &  par  divers  iîéges  qu'elle  a  foutenus. 
On  la  prend  aujourd'hui  pour  l'ancienne  Athana- 
fia  ,  ville  des  lUergétes  ,  que  quelques-uns  met- 
toient  autrefois  à  Manrêche ,  &  d'autres  à  Cardone. 
Maty.  Long.  18.  d.   10',  lat.  41.  d.   51'. 

%r  LERJEONS.  f.  m.  pi.  On  appelle  ainfi  dans  le 
reflort  de  l'Amirauté  de  Bourdeaux  ,  des  efpèces  de 
trameaux  ,  ou  filets  tramaillés.  Voye'^  ces  mots. 

LERIN.  Nom  d'un  bourg  ,  ou  petite  ville  ,  avec 
litre  de  Comté.  Lenna.  Ce  lieu  eft  dans  la  majo- 
rité d'Eftella  ,  en  la  haute  Navarre  ,  lur  la  rivière 
d'Ega  ,  entre  la  ville  d'Eftella  ,  ôc  celle  de  Cala- 
horra.  Maty. 

LERINS.  Les  îles  de  Lérîns  ,  ou  de  Sainte  Marguerite  , 
&  de  Saint  Honorât.  Lerinx  infuU.  Ce  font  deux 
petites  îles  de  la  mer  Méditerranée  ,  fituécs  fur  la 
côte  de  la  Provence  ,  à  deux  lieues  de  la  ville  d'An 
tibe  ,  vers  le  midi.  Celle  de  ces  îles ,  qui  eft  le  plus 
près  de  la  c6te  ,  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Sainte 
Marguerite.   Elle  eft  la  Lero  ,  ou  Lorone  des  An- 


L  E  R         479 

ciens;  on  y  voit  une  petite  fortcrcftc  ,  dans  laquelle 
on  tient  ordinairement  garnifon.  L'autre  eft  appelée 
S.  Honorât ,  c'eft  celle  que  les  Anciens  nommoient 
Lerina,  Lerinum  ,Sc  Lerhius.  D'où  a  été  pris  le  nom 
commun  à  toutes  deux.  On  voit  dans  celle  ci  le  mo- 
naftèrc  de  S.  Honorât  de  Lérîns  ,  qui  fut  ancien- 
nement célèbre  par  le  grand  nombre  de  Prélats  &: 
de  Martyrs  qu'il  donna  à  l'Eglifc.  Valois ,  Not.  Gall. 
p.  2j2  ,  2/j.  Maty. 

On  appelle  encore  cette  féconde  ,  Plana/ta  ,  ou 
Lnfula  plana ,  parce  qu'il  n'y  a  point  de  montagnes  , 
«!\:  que  ce  ne  font  que  des  plaines. 

Il  y  avoit  une  fort  belle  forêt  depuis ,  dans  l'île 
de  Lcrins  ,  qui  la  failoit  appeler  par  les  Marins  , 
l'Aigrette  de  la  nier.  Les  Elpag'nols  ayant  furpris 
ces  îles  en  1635,  détruiûrcnt  ce  bois.  L'année  fui- 
vante  ,  ils  en  furent  challés. 

Bouche,  Hiji.  de  Prov.  T.  I ,  p.  1 1 ,  mcz  Lérins 
fous  la   latitude  de  43  degrés,  entre  20  &   50  min. 
Les   Moines  de  Lérins  font  de    l'Ordre  de  Saint 
Benaît  ,   unis  à  la  Congrégation  du   Mont  Callin. 
En  1638  ,  ceux  de  la  Congrégation  de  S.  Maur  s'y 
établirent  ,  mais  cela    n'a   pas  duré.    L'Abbaye    de 
Lérins ,  l'une  des  plus  célèbres  &c  des  plus   ancien- 
nes du  Royaume  de  France  ,  fut  fondée  non  pas 
l'an   375  ,    comme  quelques-uns  l'ont  avancé  ,  & 
entre  autres  l'Auteur  de  la  Chronologie  des  Saints 
de  Lérins  ;  mais  l'an  410   par  S.  Honorât  ,  qui  lut 
dans   la    fuite  Evêque    d'Arles.    Ce    Monaftère   fut 
d'abord   compolé  de  Cénobites  &c  d'Anacho/ètes  , 
lemblable  à  une  Laure  ,  où  l'on  voyoit  une  infinité 
de  cellules  féparées  les  unes  des  autres.  Il  eft  pro- 
bable qu'on  y  obfervoit  la  règle  de  S.  Macaire.  On 
n'y  reçut  la  règle  de  S.  Benoît  que  dans  le  (eptième 
liècle  ,  encore  y  fut  -  elle   obfervée    conjointement 
avec  cçlle  de  S.   Colomban.  Ce  fut   vers  l'an  CGi 
qu'on  y  élut  pour  Abbé  AigulFe  ,  Moine  Bénédic- 
tin de  S.   Benoît  fur  Loire.  Il  y  a  de   l'apparence 
qu'elle  eut  encore  befoin    de  réforme  ,  lorlque  S. 
Odilon  ,  Abbé  de  Clugny  ,  qui  réforma  tant  de  Mo- 
nartères  ,  en  fut  Abbé  en  997  j    mais    elle  ne  fut 
jamais  plus  Horilïïmte  que  (ous  l'Abbé  Aldebert  j  qui 
fut  élu  en   1066.   Auguftin   Grimaldi  ,    Lvêque   de 
Grade,  étant  Abbé  de  Lérins  en  i/oj  ,  foumit  ce 
Monaftère  à  la    Congrégation  des  Bénédiètins    du 
Mont  Calîîn  ,  &  de  fainte  Juftine  de  Padoue.  Elle 
en  prit  polfeftlon  en  ijij,  &c  depuis  ce  temps  là 
les   Abbcs  n'ont  plus  été  perpétuels.    Léon  X.  ap- 
prouva cette  union  la  même  année.  La  Reine  Louife , 
mère  de  François  I ,  Régente  du  Royaume ,  la  con- 
firma le  7  Août  I  Jij  ,  &  Henri  IL  en   i  J47.  Clé- 
ment VIII.  en  1591  j  &   Henri  IV.  en  159/. 
LERME  ,  en  Elpagnol  Lerma.  Nom  d'un  bourg,  avec 
titre  de  Duché.  Lerma.  Il  eft  dans  la  Caftille  vieille  ; 
en  Efpagne,  lur  l'Arlanza  ,  à  neuf  lieues  au  midi 
de  Burgos. 
LERNA  ,  ou  LERNE.  C'eft   l'ancien  nom  d'une  ville 
&  d'un  lac  du  territoire  d'Argos.  Lerna.  Ce  lac  eft  . 
fameux  dans  l'Antiquité  ,  fur-tout  dans  les  Poètes  : 
à  caufe  d'une  hydre  qu'ils   ont  dit  avoir  été   dans 
ce  lacj  &:  qu'ils  appellent  l'hydre  de  Lerne.  Lern^a 
hydra  ,   Lerndus  ferpens  ,  ou  anguis.    Cette   hydre 
faifoit  des  maux  mfinis  dans  tout  le  voifinage.  Elle 
avoir  plulieurs  têtes ,  &  à  melure  qu'on  en  coupoit 
quelqu'une  ,  elle  renailloit.  Hercule  la  tua  ;  ce   fût 
un  de  ces  travaux.   La  vérité  qui  a  donné  occafion 
à  cette   fable  eft  ,  qu'il  y  avoit  près  de  la  ville  de 
Lerne  un  lac  ,  ou  marais  fort  mal-(ain  qu'Hercule 
dellecha.  Voye\  Petrina.  C'eft  le   nom  que  cette 
ville  porte  aujourdhui. 
LERNÉCA.     Lerneca.    C'étoit   autrefois   une    grande 
ville  ,  à  en  juger   par  les  ruines  qui  en  reftent  ;  au- 
jourd'hui ce  n'eft  qu'un  bon  village  ,  fitué  fur  la  côte 
méridionale  de  l'île  de  Chypre  ;  il  a  une  bonne  rade , 
&  un  petit  fort  pour  fi  défenfe. 
LERNÉES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fêtes  que 
les    Argiens  célèbroient  à   Lerne   en  l'honneur  de 
Bacchus  ,  de  Proferpine  &  de  Cérès  :  elles  avoient 
été  inftituées  per  Philammon.  Lerma.  Paufànias  qui 


480  LES 

en  fait  mention  j  {l.  2  ,c.  jff.  )  nous  apprend  ,  (  /. 
S ,  c.  I s-  )  qu'anciennement  on  n'y  employoit  point 
«l'autre  feu  qu  celui  qu'on  avoit  été  prendre  lur  le 
mont  Crathis  en  Achaïe,  dans  le  Temple  de  Dia 
ne ,  furnomméc  Pyronie  n<ifo,M  ,  de  nif  feu  ,  bc 
voilà  tout  ce  qu'il  en  dit.  Les  autres  Anciens  que 
nous  connoilFons  ,  n'en  ont  pas  parlé.  Je  dirai  ici 
que  Lerne  étoit  un  lieu  célèbre  dans  l'hiftoirc  des 
temps  fabuleux  j  tant  par  fon  hydre  ,  que  par  le  meur- 
tre des  fils  d'Egyptus  ;  car  ce  fut  en  cet  endroit ,  dit 
Paul'anias  ,  {l.  2  ,  c.  24.)  que  les  filles  de  Danaiis, 
leurs  fiancées  ,  les  égorgèrent ,  Se  leurs  corps  y  tu- 
rent inhumés  ;  mais  leurs  têtes  furent  portées  à 
Argos  ,  &  l'on»  y  montroit  leur  fépulture  lur  le 
chemin  de  la  citadelle.  Il  y  a  quelque  apparence 
que  ce  lieu  fut  autrefois  réputé  mal-iainj  ou  bien 
les  meurtres  qu'on  y  avoit  commis  obligèrent  plu 
fieuis  fois  de  le  purifier  ;  ces  purifications  ,  dit 
Strabon,  ( /.  S.)  donnèrent  nailFance  à  une  expref- 
fion  proverbiale  ,  Aéf.i  s«k~»  ,  Lerne  de  maux  :  ex- 
prellîon  que  les  modernes  Interprètes  des  prover- 
bes,  commeZénobius,  (4  j  86.)  Diogénianus,  {6, 
7.  )  &c.  ont  prétendu  expliquer  ,  en  luppofant  qu'on 
voituroit  à  Lerne  ,toutes  les  immondices  d 'Argos. 

LERNEUX,  ou  LIERNLJ.  Lethernachum.  C'étoit  au- 
trefois une  maifon  Royale  appartenant  aux  Rois 
d'Auftrafie  j  comme  il  paroît  par  des  Lettres  de 
Sigebert  le  Jeune.  ^oyejHADR.  Valois  ,  Not.Ga.ll. 
page  16. 

Ï.ERO ,  ou  la  ROSE.  Leros  ,  Lerica.  C'efi:  une  des 
Iles  de  l'Archipel.  Elle  ell  vers  les  côtes  de  la  Na 
tolie ,  entre  les  îles  de  Nicaria  ,  de  Morgo  i!\:  de 
Lango.  Cette  île  a  deux  bons  ports  ,  une  ville 
Épifcopale ,  qui  porte  fon  nom,  &  dont  l'Evcque 
e(i  fuffragant  de  Rhodes.  Il  y  a  quantité  d'Aloës 
à  Léro. 

ffF  LEROT.  f.  m.  Rat  dormeur ,  efpèce  de  loir ,  & 
qui  en  diftére  peu,  iinon  qu'il  eft  plus  petit,  &z 
qu'il  n'a  de  longs  poils  qu'au  bout  de  la  queue.  Il 
le  niche  dans  des  trous  de  murailles  ,  dans  le  voili 
Tiage  des  efpaliers  ,  dont  il  mange  les  huits.  Voye^ 
Loir. 

LERRE.  f.  m.  Vieux  mot.  Larron,  on  a  dit  aufli 
Lierre  dans    le  même  fens. 

LERRER.  v.  a.  Vieux  mot.  Laiirer.  On  a  dit  long- 
temps Je  lerrai  ,  pour ,  Je  laijfetai. 

LERS.  Il  y  a  deux  rivières  de  ce  nom  dans  le  Haut 
Languedoc.  Lertius.  Le  Grand  Lers  ,  Lerdus  magnus , 
baigne  MirepoiXj  &  fe  décharge  dans  la  Lauriége. 
Le  petit  Lers,  Lerdus  parvus,  Ircius ,  Ercius ,  four- 
nit une  partie  de  (es  eaux  au  fameux  canal  du  Lan- 
guedoc ,  va  couler  près  de  Touloufe ,  &  fe  dé- 
charge dans  la  Garonne,  à  trois  lieues  au-defFous 
de  cette  ville.  Maty.  Valois  ,  Not.  Gall.  p.  26. 

LES. 

fC?LES.  Pluriel  de  Le  5c  La.  Voyc-!^  ces  mots. 

Lis.  prépolit.  A  côté  ^  tout  proche,  en  comparaifon. 
Voy.  Lez,.  C'cft  la  même  chofe.  Ce  mot  eft  quel- 
quefois fubftantif ,   &  fignifie   Le  côté.   Gloff.  des 

;    Poëf.  du  Roi  de  Nav. 

I.ESA.  J^oye:^  Lai  s.  C'efi:  la  même  chofe. 

LESBOS.  Ancien  nom  d'une  Ile  de  la  mer  Egée.  Lef- 
hos  ,  Lesbus.  On  la  nomme  aujourd'hui  MÉTË- 
LIN.  Foy.  ce  nior.  Bochart.  Chanaan  ,  L.  I .  C. 
<j  ,  tire  le  nom  Leslros  du  Phénicien  n'j;»3ï? ,  fcpdème. 
Il  remarque  que  les  Anciens  font  mention  de  fept 
îles  principales  de  la  Méditerranée  ,  &  quoiqu'ils 
différent  pour  le  refte  y  ils  conviennent  tous  à  pla 
çer  Lesbos  la  feptième.  C'eft  de  là  ,  félon  cet  Au- 
teur, que  les  Phéniciens  l'ont  appelée  n'yOd ,  La 
fepdcfne  ;  d'où  en  y  ajoutant  un  '7  ,  lamed  ,  au  com 
menccment  j  on  a  fait  yi3w'n'7  ,  Lehafckuag  ,  c'cft 
a-dire  ,  Ad  fepdmam  ,  pour  nom  de  la  ville  capitale 
de  l'Ile.  Rien  n'étoit  plus  ordinaire ,  dir-il  ,  aux 
Phéniciens  &  Carthaginois,  que  ces  fortes  de  déno- 
minations de  lieux  ,  comme  on  le  voit  parcesexem 
■  pics  j  Ad  fepumaras  ,  ad  fepcem  fratres,  ad  fepdi- 


LES 

mam.  Ad  decunam  fepdmam  ,  Ad  très  infulas ,  Ad 
fex  infulas.  De  Lehajekua  s'ell  fait  Lesbos ,  Lesbus 
LESCAR  ,  ou  LASCAR.  Nom  d'une  ville  de  la  Gaf- 
cognc  ,  Province  de  France.  Lafcura ,  Beneharnum 
Benarnum  j  Bearnenjium  ,  ou  benarnenfium  avitas y 
Benarna.  Elle  ell  dans  le  Béarn  ,  fur  le  Gave ,  à 
deux  lieues  au-dcllous  de  la  ville  de  Pau.  Lefcar  a  été 
bâtie  lur  les  ruines  de  l'ancienne  Beneharnum ,  capi- 
tale des  Bénéharniens ,  qui  tut  détruite  en  84  j  ,  par 
les  Normans.  Lefcar  a  un  Evcché  fuffragant  d'Auch. 
Foyei  De  Valois,  Not.  Gall.  p.  82  ,  X ^y  ôc  M.  de 
Marca,  dans  ion  Hifl.  de  Bearn  y  L.  Le.  11,  où  il 
écrit  Lafcar,  ou  Lefcar;  mais  à  Paris ,  &  dans  la  plu- 
part des  Provinces  de  France,  on  dit  toujours  Lefcar. 
M.  de  Marca  J  à  l'endroit  cité,  n.  6  i/  j ,  prétendant 
que  Lefcar  ell  l'ancienne  cité  de  Béarn,  ruinée  par 
les  Normans ,  environ  l'an  845  ,  dit  que  quand  on  la 
rétablit,  cent  cinquante  ans  S:  plus,  après  ta  perte, 
on  lui  donna  le  nom  de  Lafcurris ,  qui  étoit  le  nom 
particulier  du  lieu  où  elle  tut  bâtie;  à  lavoir ,  de  Laf- 
courre ,  pour  ufer  des  termes  vulgaires,  ce  qui  figni- 
iie  un  lieu  où  il  y  a  des  ruilfeaux  &  détours  des  eaux 
qui  s'écartent  du  canal.  A  quoi  (e  rapporte  fort  bien 
l'allîétc  de  Lefcar ,  qui  cftarrofée  d'un  petit  ruilleau, 
&:  de  lept  ou  huit  fources  de  fontaines  qui  réjailliirent 
de  divers  endroits ,  &  qui ,  avant  que  d'être  renfer- 
mées dans  leurs  tuyaux ,  s'éparpilloiein  au  lieu  où  eft 
la  ville  balle ,  &  faifoient  de  petits  détours  que  l'on 
nomme  vulgairement  efcourres  ,  ou  las  efcourres.  De 
forte  que,  comme  la  ville  d'Acqs  enGafcogne,  celle 
d'Aix  en  Provence  &c  en  Germanie,  &  plufieurs  au- 
tres villes,  ont  pris  le  nom  des  eaux  qui  étoient  fur 
les  lieux  ;  la  ville  de  Lefcar  de  même  a  pris  fon  nom 
de  Lafcourre ,  qui  lignifie  les  détouïs  des  eaux  :  & 
quoiqu'aujourd'hui  on  nomme  cette  ville  Lefcar,  ou 
Lafcar  y  néanmoins  tous  les  vieux  titres  la  nomment 
conftamment  Lafcurris y  &  fon  Evêque  Lafcurrenfis, 
Marca,  cité.  long.  17.  d.  5',  lat.  45.  d.  16'. 
LESCHASSERIE.  roye^  Lécwasserie. 
LESCHE.  f^oye-^  Lèche. 
Lhsche.  Foye:^  Laîche. 
Lesche.  Nom  d'une  petite  rivière  du  pays  de  Liège. 
Letia  :  elle  a  fa  lource  dans  les  Ardennes  ,  &  fe  dé- 
charge dans  la  Meufe  ,  un  peu  au  delfus  de  la  ville  de 
Dinanr.  Maty.  On  dit  aulîi  Lcfch.  Valois,  Not. 
Gall.  p.  260. 
§5?  LESCHÉ.  f.  m.  Terme  d'Hiftoirc  Grequc.  Voye\ 

l'art,  iuiv. 
LESCHENORE.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Surnom, 
que  les  anciens  Grecs  ont  donné  à  Apollon.  Lefche" 
norius.  Apollon  étoit  le  dieu  des  Sciences  j  &c  par  rap-i 
port  aux  progrès  qu'on  y  faifoit,  on  lui  donnoit  difté- 
rens  noms.  Par  rapport  aux  commençans ,  il  fe  noin- 
moit  Pythien  ,  Pythius  ;  par  rapport  à  ceux  qui  com-: 
mençoient  à  entrevoir  la  vérité.  Délien  j  &  Phanée, 
Délias ,  Phaneus  ;  par  rapport  à  ceux  qui  étoient  ha- 
biles, favanSj  Ifmonien,  Ifmonius y  &  enfin,  par 
rapport  à  ceux  qui  faifoient  ulage  de  leurs  iciences, 
qui  (e  trouvoient  dans  les  airemblées ,  qui  y  parloient, 
qui  y  philolophoieni;,  Lefchénore ,  Lefchenorius. 

Ce  nom  vient  du  Grec,  /sj^ii.  Entretien,  Confé- 
rence de  Philofophes. 
§3°  L'endroit  où  l'on  fe  rendoit  pour  ces  fortes  de  con- 
férences, pour  converier  fur  ditférens  fujets,  qui  étoit 
une  promenade,  un  portique  ou  une  lalle,  s'appe- 
loit  le  Lefché. 
LESCHER.  Fbyc^  LÉCHER. 
LESCHERNUVIS.    Terme  de  Relation.  Cour  fouye- 
raine  en  Perfe,  Tribunal  où  l'on  reçoit,  &  où  l'on 
examine  les  placets  &  requêtes  de  ceux  qui  deman- 
dent quelque  chofe  au  Roi,  foit  paiement  de  dettes, 
ou  d'appointemens  ,  foit  récompenfe  ,  ou  quelque 
nouveau    bienfait.    Tribunal  à  quo  libelli  fuppUces 
expcnduntur. 
LESCIVE.  Voye\  Lessive. 
LESCIVER ,  Voyei  Lessiver. 
f^TLESCURE.   Petite  ville  &  Baronie  de  France,  en 

Languedoc  ,  Diocèle  d'Albi. 
LESDÀNGIER.  v.  a.  Vieux  mot,  Voyei  LaidAngier  , 

c'eli 


LES 

c'cft  la  même  chofc;  faire  confufion,  donner  de  la 
hoiuc. 

Sire ,  Jît  ele  ,  dam  Bernard  de  Nejfil 

M'a  lefdajigiée  devant  le  Roi  Pépin.  Garin. 

LESDIGUIÈRES.  Bourg  de  France  en  Daiiphjné ,  au 
Dioccfc  de  Grenoble ,  avec  le  titre  de  Duchc- Pairie  , 
érigée  en  1611  en  faveur  de  François  de  Bonne  qui 
en  éroit  Seigneur. 

LÈSE.  adj.  f.  Quelques  uns  écrivent  /è:^<?.  Il  ne  fe 
dit  guère  que  quand  il  eft  joint  au  mot  de  Alajejlé , 
ii  ce  n'ell:  dans  quelques  phrales  figurées  &  comi- 
ques, dont  on  verra  des  exemples  plus  bas.  Lnfus. 
Lè\e  M.ajeftc,  c'eft-à-dire  ,  Majefté  otFenfée.  03"  Il  y 
a  le  crime  de  /è/è-Majefté  divine ,  &  le  crime  de  Vefe- 
Majelté  humaine.  Le  premier  eft  une  oftenfe  com- 
mile  diredtement  contre  Dieu,  comme  l'apoftalîe, 
le  facrilège ,  le  blafphême  ,  &c.  Le  fécond  eft  une  of- 
fenfe  commilc  contre  le  Souverain.  Il  y  a  plulîeurs 
degrés  qui  rendent  ce  crime  plus  ou  moin^  grave. 
C'eft  pour  cela  qu'on  diftingue  le  crime  de  lèfe-Ma- 
jefté  humaine,  au  premier,  au  lecond,  au  troilîcme 
chef.  En  Angleterre,  on  dit  crime  de  hautc-trahilon. 
Le  crime  de  Ièje-Mâ]c(\:é  divine  n'eft  point  un  cas 
royal.  On  foit  faire  amende  honorable  aux  criminels 
de  /è/e  Majefté,  avant  leur  exécution.  On  écartelle 
un  criminel  de  lèfe  Majelfé  au  premier  chef,  quand 
il  a  attenté  à  la  perfonne  facrée  du  Roi.  La  faulFe 
monnoie  elt  un  crime  de  /è/ê-Majefté  au  fécond  chef. 
Ce  mot  de  lèje  (e  dit  quelquefois  dans  un  ftile  ba- 
din, ou  burlelque,  de  toutes  fortes  de  chofes.  Lèfe- 
Grammaire,  /è/ê-Faculté ,  &c.  Sarafm  dit  à  Madame 
de  Longueville, 

[■^ous  n'êtes  plus  criminelle  j 
Si  ce  n'ejl  de  lèCc-amour  j 
Mais ,  ma  foi ,  vous  êtes  telle  y  ■ 
Q^ue  vous  le  Jere^  toujours. 

C'eft-à  dire  ,  qu'elle  ofFenfe  l'Amour  dont  elle  mé- 
prife  ies  loix  ;  &  Molière  fait  dire  à  un  Médecin  fe 
plaignant  de  Ion  malade  ,  il  eft  criminel  de  lèfe  Fa- 
culté ,  pour  dire  il  a  commis  un  crime  contre  la  Fa- 
culté de  Médecine;  il  a  été  rebelle  aux  ordonnances 
de  ce  Corps.   Xè/ê- Antiquité  ,  manque  de  retpect , 
irrévérence  pour  les  Anciens.   Le  dernier  iîccle  ,  tout 
éclairé  qu'il  a  été,  fe  reftentoit  encore  du  pédantilme 
qui  avoir  inteClé  les  précédens.    Trouver  un  défaut 
dans  Homère  ou  dans  Virgile ,  étoit  un  crime  de  lèfe- 
Antiquité.  M.  Le  Franc,  Let.  impr.  dans  le  quator- 
zième tome  des  Obf.  fur  les  Ecr.  mod.  p.  61 ,  62. 
Ces  expreiîîons  ne  conviennent  qu'au  ftyle  badin  ; 
car  lèfe  ne  fe  devroit  joindre  qu'à  Majeflé ,  ëc  il  lau- 
droic  l'écrire  par  une  s,  parce  qu'il  vient  du  Latin 
Ldfa. 
LESEM,  ou  LESEM-DAN.   Nom  d'une   ville  de  la 
Tribu  d'Afer,  dans  la  Terre  Sainte.  Lefem.  Lefem- 
'      Dam.  Quoique  cette  ville  fût  dans  le  partage  &  le  ter- 
ritoire de  la  Tribu  d'Afer  ,  elle  étoit  pourtant  pollédée 
par  des  Danites ,  comme  il  eft  marqué  en  Jofué  ,  c. 
XIX,  4.J.   Les  enfans  de  Dan  ayant  marché  contre 
Léfem  ,  l'alUégerent  &  la  prirent-,  ils  pafterent  au  fil 
de  l'épée  tout  ce  qui  s'y  rencontra,  ils  s'en  rendirent 
maîtres  &  y  habitèrent ,  l'apelant  Léfem  Dan  ,   du 
nom  de  leur  père.  Saci.  On  croit  que  c'eft  Lcfem , 
dont  le  Tétrarque  Philippe  fit  dans  la  fuite  Céfarée  de 
Philippe  j  en  l'honneur  de  Tibère ,  &  dont  il  elf  parlé 
en  Saint  Matthieu ,  XFI ,  i £.  &c  en  S.  Marc ,  FUI , 
27.  Si  cela  eft ,  c'eft  la  même  que  celle  qu'on  nomma 
aulTi  Panéas ,  &  qui  étoit  à  la  fouce  du  Jourdain. 
]  LESER.  V.  a.  Terme  de  Jurifprudence.  Faire  foufiFrir 
quelque  léfion.  Porter  dommage ,  préjudice  à  quel- 
qu'un. Ltdere,  nocere.   Un  mineur  n'eft  pas  reftitué 
contre  un  contrat ,  parce  qu'il  eft  mineur  ,  mais  parce 
qu'il  a  été  léfé.  Non  rejiituitur  minortanquam  minor , 
fed  tanquam  Ufus.  Il  n'y  a  qu'elle  de  léfee  dans  cette 
tranfaftion.    Cet  édit ,  cet  établiftement  eft  utile  au 
public,  ilne/è/èj  il  n'intérelle  perfoune,  il  ne  fait 
Tome  F, 


LES  481 

tort  à  qui  que  ce  foit.  Pour  revenir  contre  un  ade , 
contre  un  jugement ,  il  faut  montrer  en  quoi  on  eft 
léfe.  Ce  jugement  ne  vous  lèfe  point ,  il  ne  vous  fait 
aucun  grief. 

LESE ,  ÉE.  part.  Lxfus. 

LESER.  Nom  d'un  bourg  !k.  d'une  petite  rivière 
de  l'Eleclorat  de  Trêves.  Lefura.  Elle  arrofe  le 
bourg  de  Manderfcheit ,  &  va  fe  décharger  dans  la 
Mofelle ,  au  bourg  de  Léfer ,  vis  à  vis  de  Vcldentz. 
Maty.  *^ 

LESGUE.  Nom  d'une  ancienne  forêt  dont  il  eft  fait 
mention  dans  les  Capitulaires  de  Charles  le  Q.auvc  , 
de  l'an  877.  Lifga  ,  Lificafylva.  Elle  étoit  peu  éloi- 
gnée de  Soilfons.  Valef.  ISot.  Gall.  p.  28 r  ,  2H2. 

LÉSIGNY.  Nom  d'un  village  de  Brie ,  Province  de 
France.  Liciniacum.  Léfigny  eft  voifin  de  Brie  Com- 
te Robert. 

Ce  nom  s'eft  formé  du  Latin  Liciniacum  ,  en  chan- 
geant le  c  en  J  j  comme  dans ,  railin ,  tait  de  racemus  • 
Sarrafin,  de  Saracenus  ;  plaifir  de  placere  ;  moi.ir, 
de  mucere  ;  &  géhr,  de  jacere.  Hadr.  Valef.  Not. 
Gall.  p.  2-j6 . 

LESILLÉ  ,ou  LEZILLE.  Nom  de  lieu.  Lucillacus ^  Lu-i 
cilliacum.  Il  eft  dans  la  Touraine ,  entre  le  Cher  & 
flndre.  Hadr.  Valef.  Notit.  Gall.  p.  28  (). 

LESINA.  Ville  d'Italie.  Leflna.  C'etoit  autrefois  une 
ville  Epilcopale  fous  la  Métropole  de  Bénévcnt  ;  c'eft 
maintenant  un  petit  village  de  la  Capitanate  ,  fitué 
près  du  golfe  de  Rodia,  furie  lac  de  Léfina,  qui  efl: 
le  Pontanus  Lacus  des  Anciens. 

LÉSINE,  f  f.  Epargne  fordide,  &  outrée  jufque  dans 
les  moindres  chofes.  Nimia  parcitas.  Un  avare  qui 
veut  faire  le  magnifique  j  fait  toujours  paroître  quel- 
que léfine  dans  fa  dépenle. 

§3° LÉSINE,  avarice,  lynonymes.  Uavarice  s'étend  à 
tous  les  objets.  C'eft  lapafllon  fordide  &  jaloufe  d'ac- 
quérir &  de  polféder  fans  aucun  deflein  de  taire  ufage. 
Foye^  ce  mot.  Léfinc  eft  l'avarice  dans  les  petites 
chofes,  occupée  de  petits  objets  d'épargne  ou  de  pro- 
fit. 

On  écrit  auffi  /eçzne  5  &  Régnier  a  dit  lé\ina ,  pour 
la  rime. 

Or  durant  ce  fejlin  ,  Damoifelh  famine  , 
Avec  fon  ne-^  étique  &fa  mourante  mine, 
Ainfi  que  la  cherté  par  Edit  l'ordonna  , 
Faifoit  un  beau  difcours  deffus  la  lézina. 

Régnier. 

LÉSINE.  Nom  d'une  Ile  qui  a  une  ville  de  même 
nom.  Pharia,  Phares  ,  Phara  j  Paros  ,  Leflna.  Elle 
eft  dans  le  golfe  de  Venife  ,  entre  l'île  de  Brazza ,  & 
celle  de  Curzola.  Cette  Ile  appartient  aux  Vénitiens, 
&  a  titre  de  Duché ,  duquel  les  îles  de  Lilïa ,  de 
Bufi,  de  S.  Andréa,  &  quelques  autres  moins  confi- 
dérables  dépendent. 

La  ville  de  Léfîne ,  fituée  fur  la  côte  méridionale, 
en  forme  d'Amphithéâtre ,  a  un  bon  Port ,  &  eft 
défendue  par  une  citadelle ,  conftruite  fur  une  mon- 
tagne voifine.  Son  Evêque  eft  luftragant  de  Spalatro. 

LÉSINER.  V.  n.  Ufer  de  léfine,  rogner  quelque  choie 
fur  la  dépenfe.  Nimis  fumptui  parcere,  pr^tparcum 
efjè ,  nimis  attentuntad  rem.  Ce  Maître  d'Hôtel  léfine 
lur  tout.  Combien  d'avares  léfinent  d'un  côté ,  & 
didîpent  de  l'autre.  Aujourd'hui  la  galanterie  n'eft  pas 
reconnoifl'able,  on  léfinc  jufque  fur  les  petits  foins, 
P.  CoM. 

De  léCmet^  j'étois  plus  tenté. 

Plus  curieux  de  remplir  ma  bougette , 

Je  m'en  pourrais  épargner  un  côté  ; 

Car  mon  dongeon  n'a  plus  qu'une  échauguette. 

SÉNÏCÉ. 

|Cr  LÉSION,  f.  f.  Terme  de  Jurifprudence.  Préjudice 
qu'on  fouftVe  j  perte  qu'on  fait  par  le  dol  d'une  au- 
tre ,  ou  par  quelque  tranfadion  ,  quelque  marché, 
quelque  contrat ,  en  général  par  quelque ade  que  l'on 
a  palfé  inconlîdérément ,  ou  par  légèreté,  Damnum 

Ppp 


48i  LES 

Ufio.  On  appelle  une  léfwn  énorme ,  celle  que  fouf- 
fie  un  achereur  ,  quand  il  a  été  trompé  d'outre  moitié 
du  jufte  prix  de  la  chofe  ,  c'eft-à  dire  ,  quand  la  choie 
a  été  vendue  plus  d'une  fois  moins  de  (a  jufte  valeur  , 
&  elle  luffit  pour  faire  caller  un  contrat.  La  léfwn 
énorme  n'a  point  de  lieu  en  fait  d'adjudication  de  biens 
en  Juftice  ,  ou  de  vente  d'une  charge  ;  ni  en  faveur  de 
l'acheteur  j  parce  qu'on  préfume  qu'il  a  acheté  de 
fon  abondance;  au  lieu  qse  le  vendeur  eft  cenfé  ven- 
dre par  la  nécellité  qui  le  prellé.  La  Ufion  d'outre 
moitié  ne  donne  point  d'ouverture  à  la  reftitution  , 
pour  une  vente  de  droits  fuccellîfs ,  ou  d'eftets  mo- 
biliaires.  La.léfion,  dans  un  partage  entre  cohéritiers, 
donne  lieu  à  la  reftitution  ,  &  il  fuflfit  qu  elle  foit 
du  tiers  au  quart.  Il  faut  fe  faire  reftituer  dans  les 
dix  ans  ,  autrement  l'on  n'eft  plus  recevable  à  objec- 
ter hle/îon. 

LESMES.  royei  ÉlÊme  ;  &  Aleaume. 

LESNEVEN.  Ville  de  France  en  Bretagne ,  au  Diocèfe 
de  S.  Pol  de  Léon.  Elle  appartient  au  Roi  en  pro- 
pre. 

LESNOW.  Nom  d'un  bourg  du  Pologne  ,  fitué  dans 
la  haute  Volhyniej  près  de  Béretsko  ,  à  cinq  lieues 
du  Lufuc  ,  vers  le  midi.  Lefnovia.  Lefnow  eft  con- 
nu par  la  victoire  que  Jean  Cafunir  ,  Roi  de  Polo- 
gne, y  remporta  l'an  1651  fur  les  Cofaques  & 
les  Tartares  ,  qui  y  perdirent  vingt  mille  hommes. 
Maty. 

LESQUEMIN.  Ile  &  port  fameux  de  l'Amérique ,  dans 
le  Canada ,  fur  le  fleuve  S.  Laurent. 

LESSAY.  Exaquenfe  oppidum.  Bourg  de  France  en 
Normandie,  au  Diocèfe  de  Coutance,  vis  à  vis  de 
l'île  de  Jerfey. 

LESSE.  f^oye:^  Laisse. 

Lesse.  f.  m.  Machine  dont  on  fe  fervoit  à  la  guerre 
dans  l'Empire  Grec.  Lcjfa.  Elle  étoit  couverte  de 
peaux  pour  réfifter  au  feu ,  &  on  la  faifoit  avancer 
avec  des  roues ,  ou  des  poulies ,  pour  fermer  quelque 
palTage. 

Lesse.  f  f  Sonnerie  des  cloches  pour  les  morts.  Ce  mot 
a  cours  en  quelques  endroits  de  la  Province  de  Cham- 
pagne. Lejj'e  vient  de  lejjus  ,^  ou  lejjum  ,  gémiilemens, 
cris  ,  lamentations  qu'on  fait  aux  funérailles. 

LESSEN,  ou  LESSINE.  Nom  d'une  petite  ville  des 
Pays-Bas.  LeJJina.  Elle  eft  dans  le  Hainaut ,  fur  la 
Danre,  à  cinq  lieues  au  couchant  de  Bruxelles. 

LESSIVE,  f.  f.  Prononcez  /ec/ve. '13°  Manière  de  blan- 
chir ou  de  décrailer  le  linge.  Lixivium.  Lorfque  le 
linge  eft  entalfé  dans  un  cuvier ,  on  met  par-delfusun 
lit  de  cendres  de  bois  neuf,  ou  de  (oude ,  envelopées 
dans  un  grand  drap  qui  couvre  le  cuvier.  Enfuite  on 
verfe  de  l'eau  chaude  lur  le  linge.  Le  cuvier  à  leffive 
eft  percé  en  bas  d'un  trou  ^  par  lequel  cette  eau  s'é- 
coule. On  la  reçoit  dans  un  autre  vailfeau  ,  on  la 
fait  chaufter  ,  on  la  reverfe  lur  les  cendres  :  &  l'on 
continue  la  même  opération  jufqu'à  ce  que  les  fels 
contenus  dans  les  cendres  &  dans  la  fonde,  aient  été 
dillous ,  entraînés  par  l'eau  chaude ,  Se  dépofés  fur 
le  linge.  C'eft  là  ce  qu'on  appelle  couler  la  leffive. 
On  conçoitallèz  que  les  fels  dillous  par  l'eau  chaude  , 
&  dépofés  fur  le  linge  du  cuvier  ,  doivent  emporter 
les  taches,  les  faires  difparoître.  f^oye^  Sel.  Voilà 
pourquoi  on  emploie  les  cendres  de  bois  neuf,  ôc 
non  celles  de  bois  Motte  ,  parce  que  ces  dernières  ne 
contiennent  prefque  point  de  lels ,  qui  ont  été  dillous 
dans  le  flottage. 

Le  jour  d'après  on  lave  le  linge  en  grande  eau ,  pour 
en  détacher  les  fels  qui  y  pourroient  être  reltés ,  &  qui 
cauferoient  de  grandes  démangeaifons  fur  la  peau. 
On  dit  faire  la  le£ive  ,  mettre  du  linge  à  la  lejjîve , 
un  linge  blanc  de  lejjîve. 

Ce  mot  vient  de  lixivium  ,  qui  a  été  fait  de  lix  , 
qui  en  Latin  fignifie  de  l'eau.  Ménage  &  Vossius. 
Lixivium  lejfive  ,  eft  un  mot  pris  du  Celtique  liciou  , 
ou  leifu.  Pezron. 

§3"  Les  Jardiniers  emploient  quelquefois  l'eau  qui  fort 
de  la  leJJlve  du  linge  ,  à  caufe  des  fels  dont  elle  eft 
chargée.  Ils  s'en  fervent  ,  par  exemple ,  pour  arrol'er 
les  terres  qu'on  prépare  pour  les  orangers  &  les  citro 


LES 

niers  ,  ainfi  que  celles  où  l'on  a  femé  des  chof  es  qui 
demandent  une  terre  fubftantielle. 

§3"  Lessive  le  dit  auffi  d'une  eau  rendue  déterfive  par 
la  cendre  ou  par  quelque  autre  matière  convenable. 
On  fait  une  IcJJlve  aux  olives  pour  en  ôter  l'amer- 
tume. 

^CTDans  les  Sucreries ,  on  le  dit  d'une  eau  préparée 
&nnpregnéedc  différentes  drogues  ,  dans  laquelle  on 
purifie  &  on  rafine  le  fucre. 

En  Termes  de  Chimie  ,  lejjîve  ,  eft  l'aûion  par 
laquelle  on  fait  palier  plufieurs  lois  fur  de  l'eau  chau- 
de ,  des  cendres  de  végétaux  :  ou  la  chaux  des  mi- 
néraux ,  &c  même  des  terres  qui  contiennent  quel- 
ques fels ,  par  le  moyen  de  quoi  ces  fels  fe  dilfol- 
vent ,  les  eaux  s'en  imprègnent,  &  cette  eau  étant  éva- 
porée ou  cuite  à  fec ,  laille  au  fond  le  fcl  dont  elle 
eft  imprégnée.  Ainfi  fe  fait  le  falpctre.  C'eft  en  géné- 
ral une  dilfolution  faline ,  préparée  par  le  moyen  de 
la  lixiviation. 

On  dit  proverbialement  ,  à  laver  la  tête  d'un  âne , 
on  n'y  perd  que  la  lejfflve  ;  pour  dire ,  qu'on  perd  fa 
peine  à  inftruire  un  homme  bête  ,  ftupide ,  ou 
opiniâtre.  On  dit  aullî ,  faire  la  leJJive  du  Gafcon; 
pour  dire ,  retourner  fa  chemife ,  quand  elle  eft 
fale  d'un  côté. 

On  dit  figurément  &  familièrement  qu'un  hom- 
me a  fait  une  étrange  leffive ,  une  furieufe  lej/lve  • 
pour  dire  ,  qu'il  a  fait  une  grande  perte  au  jeu. 

LESSIVER.  Prononcez  //civer,  v.  a.  Blanchir  quelque 
chofe  par  le  moyen  de  la  leffive.  Lixivio  lavare. 
f^oye^  Lessive. 

IJCF  Lessiver  les  aiguilles.  C'eft  ,  après  qu'elles  ont  été 
polies  j  les  laver  dans  de  l'eau  où  l'on  a  fait  dillou- 
dre  du  Gvon ,  pour  en  ôter  le  couroi  qui  s'y  étoit 
attaché  pendant  le  poliment. 

LESSIVE ,  ÉE.  part.  Pallé  par  la  leffive.  Lixivio  lotus ,  a, 
um.  Ce  qui  refte  dans  le  vailleau  étant  brûlé  en  cen- 
dres ,  &  leJJivé ,  donne  un  fel  lixiviel ,  &  laille  un 
peu  de  terre  infipide.  Bomberg.  Acad.  des  Scienc. 
ijoi.  Mém.  p.  114. 

LESSOV;^ ,  &  NORTSTRANT.  Nom  d'une  Île  du 
Danemarck.  Lefffoa ,  Glejfaria.  Elle  eft  dans  le  Car- 
tegatj  vis  à-vis  de  l'entrée  du  canal  d'Alborg.  Cette 
île  n'a  que  quelques  villages,  &  n'eft  remarquable 
que  parce  qu'elle  eft  environnée  de  bans  de  lable 
de  tous  côtés.  Maty. 

LEST.  f.  m.  Prononcez  toujours  le  rfinal ,  même  devant 
une  conlonne.  C'eft  en  général  ce  qui  fert  à  faire  en- 
foncer un  vallfeau  dans  l'eau  ,  à  lui  donner  fa  jufte  pc- 
fanteur,  &un  contrepoids  pour  contrebalancer  l'ef- 
fort du  vent  fur  les  voiles  ,  &  l'empêcher  par  ce 
moyen  de  fe  renverler.  Le  leji,  pour  l'ordinaire ,  n'eft 
autre  chofe  que  du  lable ,  des  cailloux ,  de  vieux 
boulets  de  canon  &c.  mis  à  fond  de  cale.  Saburra. 
Le  lejl  de  fer  a  cet  avantage ,  qu'il  eft  plus  pefantquc 
toute  autre  matière  à  volume  égal.  On  l'appelle  aullî 
balajl  en  Fjammand  ,  ou  quintelage ,  &    en  Latin 
lajlagium  ,  ou  laftadium.  Le  lejl  eft  quelquefois  la 
moitié  ,  quelquefois  le  tiers  ,  quelquefois  le  quart  de 
la  charge  du  vailfeau.  Les  vailleaux  plats  de  varangue 
ont  befoin  de  plus  de  left.  Les  Maîtres  des  navires 
font  obligés  de  déclarer  la  quantité  de  leur /^y? ,  &d'ea 
faire  le  déleftage  aux  lieux  qui  font  marqués  pour  cela. 
Il  eft  défendu  de  décharger  le  lejl  dans  les  Ports ,  & 
dans  les  rades,  fuivant  l'Ordonnance  de  la  Marine, 
Liv.  4  Tit.  4.  &  la  négligence  qu'on  a  eu  là-deifus ,    . 
a  ruiné  bien  des  Ports  en  France  ,  &c  ailleurs.  Bon 
lejl ,  c'eft  le  leff  de  petits  cailloux  qu'oa  arrange  aifé- 
ment ,  &  qui  tiennent  le  fond  de  cale  propre.  Gros 
lejt ,  ce  font  de  groHes  pierres  j  ou  des  quartiers  de 
canons  crevés  ;  ce  lejl  eft  incommode  ,  &:  difficile  à 
remuer.    Mauvais  lejl ,  eft   celui  qui  peut  fondre, 
comme  du  fel ,  ou  celui  qui  peut  entrer  dans  les  pom- 
pes, &  les  engorger,  comme  du  fable.  Vieux  lejl , 
eft  le  leff  qui  a  fait  un  voyage ,  ou  une  campagne. 
Le/I  lavé  ,  eft  le  lejl  qu'on  a  lavé'après  qu'il  a  fervi  , 
pour  s'en  fervir  encore.   Voiles  à  le/i  ,ce  font  de 
vieilles  voiles  qu'on  étend  fous  les  fabords  quand  on 
embarque,  ou  qu'on  décharge  le  lejl,  de  peur  qu'il 


LES 

n'en  tombe  dans  l'eau.  Les  Plongeurs  ,  qui  font  la 
pèche  des  peiles,  s'attachent  Fortement  au  dellousdu 
ventre  une  pienc  cpailié  de  Ih  pouces  ,  longue  d'un 
pied  j  &  taillée  en  atc  ,  du  côté  qu'on  l'applique  fut 
la  peau.  Ils  s'en  fervent  comme  de  Icjl ,  pour  n'être 
pas  emportes  par  le  mouvement  de  l'eau,  &  pour 
marcher  avec  plus  de  fermeté  au  travers  des  Hors. 
P.  Le  Comte. 

Ce  mot  vient  de  /q/I ,  mot  Allemand  qui  fignific 
c/iarge  ,  &  ialajl ,  première   charge.    F'oye:(  Last. 
Lest,  dans  les vailleaux  Anglois  &:  Fiamans ,  lignih'e  un 
poids  de  quatre  mille  livres  ,  ou  de  deux  tomieaux. 
En  Suéde  ik  Mofcovie  le  grand  /ejl  ellde  douze  ton- 
neaux ,  le  petit  /ejl  cft  de  iix.  Foye^  Last. 
LESTAGE,  f.  m.  Terme  de  Manne.  C'ell  l'embarque- 
ment  du   left   dans   le  navire  ;  atlion  de  leiler  un 
vaillcau.  Sdburra  in.  navcm  impofulo  ,  inveclio. 
ÇCr  LESTE,  adj  de  t.  g.  fuivant  le  Dicl.  de  l'Acad.  Fr. 
.    Ce  mot  au  propre  lignihe  feulement ,  qui  eft  pro- 
prement  vêtu  ,   qui   ell   richement  &   proprement 
accommodé.   Des  troupes  lejlcs  ,  c'eft  à  dire ,  bien 
.    vêtues  ëc  bien  armées.  Il  n'ell  pas  vrai  que  ce  foit  là 
la  principale  lignification  du  mot  lejle  ,  qui  s'appli- 
que au  vêtement ,  ainfi  qu'à  celui  qui  le  porte.  Un 
habit  UJIe  ,  eft  celui  qui  ell  bien  dégagé,  qui  ne  char- 
ge point  le  corps,  &  ne  rembarraiîe  point  dans  l'exer- 
cice de  les  mouvemens.  Un  homme /tf/?e,  ell  celui 
qui  eft  ainfi  vêtu.  C'efl  encore  celui  qui  exécute  les 
mouvemens  du  corps  avec  Ibupleflé  &  \ce,èitx.LAlacer, 
expedUus.Qumà  on  dit  qu'une  armée  eft  UJie  ,  on 
entend  qu'elle n'eft poinrembarrallëedansfa marche, 
ni  par  les  armes  ni  par  le  bagage ,  ni  par  autre  chofe. 
{t?  Cette  idée  eft  analogue  à  celle  que  préfente  ce  mot 
en  morale,  ou  il  défigne  un  homme  adroit^  &  fou- 
pie  ,&  qui ,  dansle  befoin,  pourroit  employer  des 
voies  détournées ,  pour  aller  à  fes  fins.  Un  homme 
UJie  a  l'art  de  conduire  l'ts  entreprifes  d'une  manière 
propre  à  y  réuflîr ,  fait  s'accommoder  aux  événemens 
imprévus,  &  éviter  les  obftacles.  Au  phyfique  l'hom- 
me lejîe  n'eft  point  embarraflé  dans  l'exercice  de  fes 
mouvemens.  Il  a  de  l'agilité,  de  la  foupleffe  dans  les 
membres.  Au  moral ,  il  n'eft  point  embarraflé  dans  la 
conduite  de  fes  atlaires.  Il  a  de  l'adrefle  &  de  la  fou- 
pleffe dans  l'efprit. 
LESTEIOCORI.   Lejleiocorium.  C'eft  un  bourg  de  la 
Morée.  Il  eft  dans  l'Ifthme  de  Corinthe  ,  à  une  lieue 
de  la  ville  de  ce  nom  ,  fur  le  golfe  de  Lépante.  On 
prend  ce  bourg  pour  l'ancien  Lech&um  /zav^/e,qui  étoit 
un  des  ports  de  la  ville  de  Corinthe.  Maty. 
LESTEMENT,  adv.  On  le  dit  dans  le  même  fens  que 
lefte.  Leftement  vêtu ,  d'une  manière  qui  ne  gêne  point 
le  corps  dans  ies  mouvemens.  Quelquefois  aulîi ,  il 
iignihe  proprement  vêtu  ;  mais  dans  ces  cas  là  même, 
il  faut  que  l'habit  donne  un  air  de  légèreté.  Expeduè. 
"Tous  les  gens  de  cette  cavalcade  étoient  vêtus  &  mon- 
tes fort  lejèement.  Il  étoit  leftement  vêtu.  Il   figuilie 
aufÏÏ  ,  avec  adrefle  ,  avec  agilité.  11  s'eft  tiré /e/dwcv^r 
de  ce  mauvais  pas.  Ac.  Fr. 
|tCr  LESTER,  v.  a.  Terme  de  Marine.  Mettre  le  left  dans 
un  vailfeau ,  de  manière  que  le  centre  de  gravité  du 
chargement  foit  au-dellous  de  celui  du  vaiffeau  ,  pour 
le  tenir  droit  de  tout  vent ,  ou  pour  qu'il  puifîe  le  rele- 
ver aifément  toutes  les  fois  qu'il  donne  à  la  bande. 
Voyei  Left.  Sahurrare.  Il  faut /t/?<;r  un  navire  de  deux 
ans  en  deux  ans,  de  nouveau  left. 
Lester  ,  au  figuré.  Il  y  a  des  têtes  qui  ne  fe  letlent 
jamais.  Mad.  de  Sév.  CefV à-dire,  qui  ne  devien- 
nent jamais  raifonnables ,  qui  font  toujours  légères 
Ce  mot  vient  de  laftra ,  qui  en  langage  Celtique 
ou  Bas  Breton,  fignifie  la  même  chofe,  où  l'on  dit 
autli  Ujhr,  pour  fignifier  un  navire,  &  le  left  dont 
o\\  le  cfiarge. 

LESTÉROCORI,  oii-ALESTEROSO.  Nom  d'une  ville 
'^lece.  AleanopolLS  ,  anciennement   Gaforus 
ou  Gaforus    Eik  avoit   un  Evêque   fuffragant    de 

pe^feo.llkif''^"^'^^-^'^'^^^ 
LESTEUR.  Eft  une  épithète  qu'on  donne  aux  bateaux 


L  E  T  483 

navis.  On  les  appelle  autrement  Cabanes. 
IP"  Lesteur  fc  dit   aufli  des  Matelots  qui  prennent 

foin  de  lefter  un  navire. 
LESTINES.  Lepùn&  ,   Lipnna  ,  Leftin&.   Ce  lieu   eft 
dans  le  Cambrelis.  Lcftines   en  Cambrelis  eft  l'an- 
cienne Leptines  ,  Mailbn  de  nos  Rois.  Hadr.  Valcf. 
Noc.  G  ail.  p.  281.     . 
LESTITHIEL,ouLESTWITHIEL.  Nom  d'un  ancien 
bourg  des  Dammoniens.  Leftkhïda ,  autrefois  Vxd- 
la  ,  U-{ella.  Il  eft  dans  le  Comté  de  Cornouaille  ,  en 
Angleterre ,  fur  la  rivière  de  Fowey ,  à  deux  lieues  de 
la  mer  de  Bretagne.  Ce  bourg  eft  un  des  quatre  où 
l'on  marque  l'étainde  Cornouaille,  &ilaféancc  & 
voix  dans  le  Parlement  d'Angleterre.  Maty.  Sptcd 
écritZ6y?<;/-/iic'/,&  M.de  Lifle  Lefwitlûel ,  &c  Camb- 
den  Lishtyel  dans  fa   Carte  ,  &  Leftunell  dans  fon 
difcoirrs,  Se  Loft  Utkiel  dans  fa  Table. 

Ce  nom  ,  félon  Cambden,  lignifie  une  colline 
élevée  _,  &  il  a  été  donné  à  ce  lieu  ,  parce  qu'autre- 
fois il  étoit  fur  la  colline  où  eft  aujourd'hui  Leftor- 
min;  maintenant  il  eft  d.ins  la  plaine.  Vchel ,  en  an- 
cienne langue  Britannique,  fignifie  haut ,  élevé. 
LESTRIGON  ,  ONE.  f.  m.  Nom  de  peuple.  Lafirigon. 
Les  Lefirigons  étoient  un  peuple  barbare  &  très- 
cruel  ,  habitant  la  ville  de  Formies  en  Canpanie. 
Pline ,  qui  en  parle  ,  L.  III.  c.  j.  dit  qu'ils  étoient 
antropophages.  Aulu-Gelle,  I.  XF.c.21.  les  fait 
fils  de  Neptune ,  comme  les  Cyclopes  ;  c'eft  à  dire  , 
que  c'étoient  des  gens  de  mer  ,  des  pyrates.  Les 
Léontins ,  peuples  de  Sicile ,  s'appellent  aUlîI  Lef- 
trïgons.  Homère  ,  Odyft'ée  ,  Z.  XI.  dit  que  les  Lef- 
trigons  n'étoient  pas  iemblables  à  des  hommes  ,  mais 
à  des  géans. 

Lorfqu'à  l'époux  de  Pénélope. 
Minerve  accorde  fon  fecours  , 
Les  Leftrigons  &  le  Cyclope 
En  vain  s'arment  contre  fes  jours.  R. 

Naudé ,  dans  fon  Mafcurat ,  appelle  des  larrons , 
des  tigres, des  Leftrigons ,  les  gens  qui  fouloiem  le 
peuple  dans  k  levée  des  deniers  du  Roi. 

L  E  T. 

LET.  f.  m.  Vieux  mot.  Mauvaife  adlion. 
LETANIE.  f.  f.  S'eft  dit  autrefoispour  Litanie.  Foyer 
ce  mot. 

Et  dirent  là  une  grande  létanic 

De  plaifants  mots ,  fans  nulle  vilanie.  Marot. 

LETARGIQUE.  ^oyq  Léthargique. 

LETCHI.  1.  m.  C'eft  un  des  plus  beaux  &  des  plus 
déhcieux  fruits  de  la  Chine,  dont  Charles  Bironfait 
la  dcfcription  dans  fes  Curiofités  de  la  Nature  &  de 
l'Art.  Il  eft  gros  comme  une  noix  de  galle  ,  couvert 
d'une  écorcc  chagrinée  ,  fort  mince  ,  d'une  couleur 
rouge-ponceau  éclatante.  Cette  écorce  fe  termine 
en  pointe ,  elle  enveloppe  une  efpèce  de  pru- 
neau oblong  ,  mollet ,  d'un  goût  très  agréable  , 
mais  échauffant  beaucoup  lorfqu'on  en  mange  trop. 
Sous  la  chair  de  ce  pruneau  l'on  trouve  un  petit 
noyau  pierreux,  de  la  figure  d'un  girofle.  Les 
Chinois  le  font  fécher ,  &  en  mangent  toute  l'an- 
née. Ils  en  mêlent  aufîî  dans  le  thé  ,  pour  lui  don- 
ner un  petit  goût  aigrelet  qui  leur  fait  plaifir.  Le 
letcki  naît  particulièrement  dans  la  Province  de  Can- 
ton. 

LETES.  f.  m.  pi.  Peuple  fameux  dans  l'Hiftoire.  On 
avoit  crujufqu'ici  que  c'étoit  une  nation  particulière- 
mais  M.  l'Abbé  duBos,  dans  fon  Hiftoire  Critique 
de  rétabliilbmentde  la  Monarchie  Françoife,  prétend 
que  ce  nom  fe  donnoit  à  tous  les  Barbares  enrôlés  au 
fervice  de  l'Empire  ,  de  quelque  Nation  qu'ils  fullént  ; 
auxquels  on  avoit  donné  des  bénéfices  militaires.  Er 
il  conclut  qu'on  appeloit  ces  auxiliaires  Létes ,  du  mot 
Latin  Ldtus ,  conteiu ,  parce  qu'ils  étoient  con- 
tents de  fervir  l'Empire. 

I^LLTEQUE.  r.  f.  mefui-e.  Foys^  Lethech. 

Ppp  i; 


4^4 


L  E  T 


LETH,  ou  LEST,  t^TLAST,  ou  LECHT,  fuivant  j 
les  diftérens  idiomes  des  peuples  qui  k  leivcnc  de  ce 
terme,  C'eft  tantôt  la  charge  entière  d'un  navire  ,  la 
quantité  de  tonneaux  qu'il  peut  porter;  quelquefois  , 
un  certain  poids  de  telle  ou  telle  e(pèce  de  marchan- 
dife  ;  quelquefois  une  forte  de  melure  ou  quantité  de 
grains,  f^oye^  Last.  Le  felnécelTaire  pour  la  lalaifon 
des  harengs,  eft  réglé  par  l'Ordonnancedes Gabelles, 
à  fept  minots  &  demi  pour  chacun  /ct/i  de  harengs 
blancs ,  &  trois  minots  pour  chacun  /eik  de  harengs- 
lors. 

LETHARGIE,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Lechargus , 
Lethargia.  C'eft  une  maladie  qui  conlifte  dans  un  a(- 
foupiirement  il  profond,  qu'on  a  bien  de  la  peine  à 
éveiller  ceux  qui  en  lont  attaqués;  &  fi  on  les  éveille  , 
ils  font  fins  mémoire  &  comme  llupides  ,  &;  ils  re- 
tombent auiîî-côt  dans  cet  allbupilFement.  Ztz  léthar- 
gie eft  ordinairement  accompagnée  de  fièvre  &  de  dé- 
lire. Elle  ell  produite  par  le  trop  grand  engourdiile- 
ment  des  efprits  animaux ,  qui  les  rend  incapables 
d'exercer  les  fonètions  du  mouvement  &  du  fenti- 
menr.  1.3.  léthargie  cÇt  différente  du  care,  en  ce  que 
celui  ci  eft  fins  iîèvre  ,  ou  que  du  moins  la  fièvre 
violente  le  précède  ;  au  lieu  que  la  léthargie  eft  fuivie 
d'une  fièvre  lente.  Celfe  met  la  léthargie  au  nombre 
des  maladies  aiguës  j  &  on  en  meurt  d'ordinaire 
dans  le  fepticme  jour.  La  léthargie  fuccède  d'ordi- 
naire à  la  frénéfîe.  Il  y  a  des  gens  qu'on  a  cru  morts, 
qui  étoient  feulement  tombés  en  une  grande  lé- 
thargie. 

Ce  mot  eft  Grec.  Il  vient  de  a^/c,  ,  oubli ,  &  de 
«fyU  engourdijfemenc ,  pareJJ'e. 

LÉTHARGIE,  ledit  aufïi  au  figuré,  de  l'indolence,  de 
l'alloupiirement  de  l'efprit,  d'une  infcnfibilité  blâ- 
mable pour  tout  ce  qui  arrive.  Socordia ,  ignavia  , 
inertia  ,  dejîdia  ,Jlupor.  Ce  Prince  voyant  fa  Couronne 
ébranlée  ,  fortit  de  la  profonde  léthargie  où  il  avoir 
vécu  jufqu'alors.  C'efi  une  chofe  étonnante  que  de 
voir  la  profonde  léthargie  dans  laquelle  on  vit.  Les 
défordres,  quelque  grands  qu'ils  foicnt ,  ne  touchent 
point.  Abbé  de  ia  Trappe. 

LETARGIQUE.  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  la  lé- 
thargie. Lethargicus,  lethargia  a^câus.  Cet  homme 
eft  fujet  à  des  accès  léthargiques.  Il  eft  aulli  quelque- 
fois fubftantif.  Je  ne  me  dois  non  plus  plaindre  de 
mondeftin,  qucles léthargiques  de  ceux  qui  les  pin- 
cent. Voit. 

LÉTHARGIQ.UE  ,  adj.  fcdit  auftl  au  figuré  ,  pour  noncha- 
lant, indolent  j  infenlible.  Efprit  lourd  &  léthargique. 
Ignavus,  iners  ,focors.  Uname  léthargique  ,  que  rien 
n'eft  capable  de  réveiller.  Je  ne  voudrois  point  de  ces 
be:[i\:6s  léthargiques  ,  dont  la  vertu  eft  confondue  avec 
le  tempérament.  P.  Com.  Il  y  a  bien  des  Supérieurs 
qui ,  demeurant  dans  une  négligence  léthargique  , 
infpirent  la  même  langueur  à  ceux  qui  font  fous 
leur  conduite.  Ab.de  la  Tr. 

Leth ARGIQ.UE  J  fe  dit  métaphoriquement  des  chofes  qui 
ont  une  durée  conftante,  lans  variation  ,  ni  change- 
ment. Un  bonheur  léthargique  ,  c'eft  un  bonheur 
dont  on  jouit  fans  crainte  &  (ans  inquiétude  fur  l'a- 
venir, enivré  par  le  préfenr.  Cela  n'eft  pourtant  bon 
qu'en  Poëlie ,  quand  la  métaphore  elî:  trop  forte , 
comme  celle  ci. 

Et  leur  influence  tragique  [  des  malheurs,  des  revers] 
Réveille  un  bonheur  léthargique , 
Q«e  rien  n'a  jamais  travcrfé.  R. 

Languir  dans  un  molleffe  léthargique. 
LETH  ,  LATH,  LÉDE,  LETHE.  f  m.  Comté.  Nom 
d'une  mefure  ou  portion  de  terre ,  en  Angleterre. 
Leda  ,  Letha.  Le  Roi  Alfred  divifa  toute  l'Angleterre 
en  Comtés  ,  comme  elle  l'eft  encore.  Il  divifi  les 
Comtés  en  Hundrédes  ou  Tritings.  L'Hundrédc  étoic 
une  portion  de  pays  ,  où  il  y  avoir  cent  Officiers  pour 
maintenir  le  bon  ordre,  appelés  Flde/ujfores pacis  , 
Répondans  de  la  paix  ,  Hundredarii  ,  Centeiiiers. 
Le  Léthe  ,  ou  le  Léde  ,  comprenoit  trois  ou  quatre 
Hundrédes.  /^'êryi; j les Dicliionnaires de  Spclman,dc 


LE  T 

Du  Cangc  c^  d'Hofîman.  Le  I/f Ae  étoit  aufll  la  Ju- 
rifdicHon  d'un  Vicomte  ,  des  efpéces  d'Allifcs  qu'il 
tenoit  tous  les  ans  une  fois  dans  chaque  village  ,  envi- 
ron la  Saint  Michel.  Il  n'eft  pas  sûr  que  le  Léthe  ait 
été  inftitué  par  Alfred. 
LÉTHÉ ,  ou  LETÉ.  f.  m.  Nom  d'un  des  Heuves  des 
Enfers,  Lethe.  La  Fable  dit  que  l'on  en  faifoit  boire 
aux  âmes  des  morts  dans  les  Enfers ,  &:  que  quand 
on  en  avoir  bû ,  on  ne  fe  fouvenoit  plus  de  rien. 
Ceux  qui  croyoientla  Métempfycofe,  penloient  aulli 
que  c'étoit  là  la  caufe  pourquoi  on  ne  fe  fouvenoit 
plus  de  ce  qu'on  avoir  été  auparavanr.  Dans  la  vé- 
rité ,  le  Léthé  étoit  une  rivière  d'Afrique  qui  le  dé- 
chargcoit  dans  la  Méditérannée  proche  le  Cap  orien- 
tal des  Syrtes  ,  qu'on  nommoit  Borium  Promonto- 
rium ,  &  aujourd'hui  Capo  Rofato ,  ou  Rufato  ,  ou 
Rufata  ,  à  l'orient  du  golfe  de  Sidraj  ou  de  Sèches. 
Ce  fleuve  interrompoit ,  dit -on,  fa  courfe,  &c  ren- 
trant dans  la  terre  .,  couloir  dans  fon  fein  pendant 
quelques  milles,  &  reflortoit  enfuite  pliK  gros  près 
de  la  ville  de  Bérénice  :  c'eft  ce  qui  tir  imaginer  qu'il 
fortoit  des  Enfers.  Brébeuf ,  en  parlant  de  ce  fleuve 
d'Afrique ,  a  dit  Létkes  ,  comme  Lucain. 

C'eji  auprès  de  ces  lieux  qu'en  un  large  canot 
Léthes  j  parmi  fes  eaux  ,  roule   un  oubli  fatal. 

On  l'appeloit  aufli  Léthon ,  &  Voiîius  dans  fes  No- 
tes fur  Mêla  ,  veut ,  fur  la  foi  d'un  excellent  Manuf- 
crit  qu'il  avoit ,  qu'on  life  ainli  dans  Lucain. 

Ce  mot  de  Léthé  eft  Grec  :  le  mot  de  ^»«i»,  qui 
veut  dire  oubli,  étant  écrit  en  caraétères  ordinaires, 
donne  le  nom  de  Léthé. 

Il  y  avoit  aulli  en  Efpagne  deux  fleuves  du  mê- 
me nom  ;  l'un  dans  l'Elpagne  Tarragonoife  ,  qui  eft 
le  Lima  ,  rivière  de  Portugal;  &:  l'autre  dans  la  Béthi- 
que ,  c'eft  le  Guadalété.  Silius  Italiens  parle  du  pre- 
mier ,  L  I.  V.  2 Si.  Se  L.  XIII.  V.  J-.)  )-.  &  en  dit 
ce  que  Lucain  dit  de  celui  d'Afrique  ,  &  prcfque  en 
mêmes  termes. 

Lethé  étoit  encore  le  nom  d'une  des  fontaines  Ci- 
crées  de  Béotie  ,  dont  tous  ceux  qui  venoient  coii- 
fulter  l'Oracle  de  Trophorce  ,  étoient  obligés  de 
boire. 

Ctr  LÉTHECH  ,  LÉTHEC.  f  m.  ou  LÉTEQUE.  f.  £ 
Nom  d'une  mefure  des  chofes  féches,  chez  les  Hé- 
breux. 

LÉTIFÈRE.  adj.  Du  Latin  lethifer.  Mortel ,  qui  don- 
ne la  mort.  Quand  vous  cellerez  ,  dit  l'Abbé  de 
Chaulieu  à  la  Duchelle  de  Bouillon,  de  me  brocar- 
der, Melfeigneurs  de  Vendôme  de  prendre  du  rabac, 
moi  de  vous  adorer,  Chaulieu  de  faire  des  phraf'es  ■ 
&C  des  locutions  nouvelles; il  fera  temps  de  donner 
ordre  à  nos  dernières  volontés  :  ce  font  fymptônies 
létifères  entre  nous  autres  Phyliciens ,  qui  ne  man- 
quent quafi  jamais. 

LÉTO  MORTO.  Nom  d'une  petite  rivière  de  l'Erar 
de  l'Eglife  en  Italie.  Ltta.  Elle  coule  dans  la  Mar- 
che d'Ancône  ,  à  l'orient  de  la  ville  de  Fermo ,  au 
midi  félon  la  carte  de  Mangin ,  &  fe  décharge  dans  le 
golfe  de  Venife,  un  peu  au-delfusde  cette  ville  M  aty- 
C'eft:  à  dire  ,  de  la  ville  de  Fermo  ,  &  non  pas  de  • 
Venife. 

LÉTOMÉRITZ  ,  LÉITOMÉRITZ.  Ville  Epifcopale 
de  la  Bohême.  Litomcrium  ,  Litomierfa.  Elle  eft  ca- 
pitale du  Cercle  de  Létoniéric^,  8c  ficuée  fur  l'Elbe, 
à  onze  lieues  au  nord  de  Prague  ;  dont  fon  Evêché  eft 
fuffragant.  Maty. 

LÉTON.  Fojei  Laiton. 

LETRIM,  LÉTRUM.  Petite  ville  de  h  Connacie  ,  en 
Irlande.    Letrimum ,  LetrUmum.  Elle  eft  capitale  du  ^ 
Comté  de  Létrim  ,   &:  fituée  fur  le  Shannon ,  entre 
Longfort  &:   Slégo  ,  à  huit  lieues  de  la  première, 
à  neuf  de  la  dernière.  Maty. 

M.  de  Lifle  met  encore  une  autre  Létrim  en  Ir- 
lande dans  le  Comté  de  Gallouay ,  entre  Clouefort 
au  nord  efl  ,   &  Kilmacough  au  fud-oueft. 

Le  Comté  de  Létrim.  Letrimenjîs  Comitatus.  Can- 
née de  la  Connacie  eu  Irlande.  Elle  eft  vers  la  fourcc 


L  E  T 

du  Sli.iniion  ,  aux  confins  de  l'Ultonie  Se  de  l.i  Lagc- 
nie  ,  ayant  au  midi  les  Comtes  de  Slégo  ,  ik  de  Kofeo- 
nicn.  Sa  longueur  cil  de  dix-k-pt  lieues,  &:  ia  largeur 
de  quatre  à  cinq  :  Ion  terroir  cil  fort  mont;>gneux  ; 
mais  il  produit  de  ii  bon  pâturages  ,  qu'on  cil  obli- 
gé d'en  challer  les  troupeaux  ,  pour  les  empêcher  de 
trop  manger.  Ses  lieux  principaux  font  Létrim  ,  ca- 
pitale ,  Anchonry,  Jamellown  ,  &  Carickdrumrus 
ke.  Maty. 

LEtTA.  Foyei  LiTA. 

LETTERE.  Nom  d'une  petite  ville  d'Italie.  Lccterum  , 
Leueranum ,  Lyclers,.  Elle  cil  dans  la  Principauté  cité- 
rieure ,  Province  du  Royaume  de  Naples ,  entre  le 
golte  de  Salerne  &  celui  de  Naples ,  au  pied  de  la  mon- 
tagne de  Lauara. ,  ou  de  Leaère  ,  que  les  Anciens 
nommojent  Laclarius ,  on  Lacieus  oto/îj.  L'Evcque  de 
Lettère  eft  fuitragant  d'Amalphic. 

LETTERIL.  f.  m.  Vieux  mot.  Pupitre. 

LETTONIE,  LETTENS,  LITLANDE.  Noms  de  la 
partie  méridionale  de  la  Livonie.  Lictia ,  Lucendia. 
Elle  a  l'Eftonie  au  nord ,  la  Curlande  au  fud  ,  la  Mof- 
covie  au  levant ,  &  le  golfe  de  Riga  au  couchant. 
La  plus  petite  partie  de  ce  pays ,  où  font  les  villes 
de  Duncbourg  ,  de  Roiicen  ,  de  Lutzcn  &  de  Ma- 
rienhulen  ,  appartient  aux  Mofcovites.  Les  Suédois 
poUédent  le  refte ,  où  l'on  voit  la  ville  de  Riga, 
&  celles  de  Kokenhaufen,  de  Ségewold,  de  Wen- 
den  ,  de  Wolmer  ,  &c. 

LETTRE,  f.  f .  On  appelle  ainfi  les  figures ,  les  caraélè- 
res  de  l'alphabet ,  les  caracftères  reprclentatits  des 
ciémeiis  de  la  voix.  L'ucera.  Les  langues  font  compo- 
sées de  mots ,  les  mots  de  fyllabcs ,  &  les  iyllabes  de 
lettres.  L'AlpJiabet  de  chaque  langue  eft  compolé 
d'un  certain  nombre  de  ces  lettres  ,  ou  caradèrcs  , 
qui  ont  un  fon  ,  une  figure  ,  une  fignification  différen- 
tes. L'Alphabet  François  a  vingt  trois  lettres.  Quel- 
ques-uns voudroient  qu'en  ôtant  de  l'Alphabet  Fran- 
çois la  lettre/  ,  qui  ne  fert  prelque  plus  de  rien ,  l'on 
grofsk  l'Alphabet  de  deux  lettres  ,  qui  foju  1'/  &  l'v 
conlonnes.  Ainfi  l'Alphabet  leroit  compolé  de  vingt- 
quatre  lettres.  Le  Latin  ,  l'Italien  ,  l'Elpagnol  en  ont 
vingt-trois.  Le  Grec  en  a  vingt-quatre  L'Hébreu  en  a 
vingt-deux,  fans  les  points.  Il  y  a  peu  de  matières  fur 
lefquelles-ont  ait  autant  écrit  que  fur  les  premières /ef 
très  Hébraïques.  Depuis  Origène  ,  Eulébe  de  Céfarée 
&  S.  Jérôme  ,  on  en  parle,  &  on  cherche  quels  font 
les  premiers  caraétères  dont  les  hommes  fe  lont  fer- 
vis  ,  &  par  lefquels  a  commencé. 

Cet  Art  ingénieux 

de  peindre  la  parole  &  de  parler  aux  yeux , 
Et  par  les  traits  divers  de  figures  tracées  , 
Donner  de  la  couleur  &  du  corps  aux  penfées.^ 

Si  l'on  ne  remonte  pas  toujours  jufqu'au  commen- 
cement du  monde,  &  à  l'origine  des  lettres ,  on  de- 
mande au  moins  quels  furent  les  caracftères  par  le 
moyen  defqucls  Moïtc  tranfmit  à  la  poftérité  la  loi 
qu'il  reçut  de  Dieu ,  &:  dont  les  autres  Hiftoriens,  ou 
Prophètes  de  l'ancien  teftament ,  fe  lervirent  pour 
écrire  leurs  livres, &  l'écriture  propre  du  peuple  Hé- 
breu ,  avant  la  captivité  de  Babylonc.  Trois  opinions 
principales  peuvent  partager  fur  cela  les  Savansi  car 
quelques-uns  fe  lont  imaginé  que  les  premières  lettres 
Hébraïques  n'étoient  autres  que  celles  avec  lelquelles 
nous  écrivons  aujourd'hui  l'Hébreu,  &  qui ,  de  la  fi- 
gure carrée  qu'elles  ont,  font  appelées  de  l'Hébreu 
carré.  Quelques  Doéircurs  Thalmudiftes,  Poftel  & 
Buxtorf  le  fils ,  ont  fuivi  ce  fentiment.  La  féconde 
opinion  eft  de  ceux  qui  croient  que  les  lettres  Samari- 
taines font  les  plus  anciennes.  Ce  fentiment  eft  au- 
jourd'hui le  plus  commun  ,  comme  il  eft  fans  contre- 
dit le  plus  ancien.  Plufieurs  Dodeurs  Mifchniques 
j  &  Gematiques ,  plufieurs  Rabbins ,  Origène  ,  S.  Jérô- 
'  me ,  Eufebe  de  Céfarée ,  Bcde ,  Génébrard  ,  Ramban  , 
Bellarmin,  Scaligcr  ,  Drufius ,  Louis  Capelle,  Bi- 
bhander,  le  P.  Morin,  Brérevood,  Mafius,  Villal- 
pandus  ,  Arias  Montanus ,  Guido ,  Fabiicius  Bodéria- 
nus,  Waférus.'Walton,  les  deux  Voftius,  Bochart, 
B.    Bernard  ,    &  bien  d'autres  ,    font  de  ce  .fui- 


LET  4g; 

thncnt.  Le  iroifième  eft ,  qu'il  y  a  eu  dès  le  commen- 
cement deux  caractères  ,  1  un  facré  ik.  l'autre  profane  : 
e'cft  ce  que  foutiennent  R.  Azarias,  Abdias  de  Bartc- 
nora,  Pollcl,  Buxtorf,  Conringius,  le  P.  Sgambati  , 
Jéfuite,  ik.  quelques  autre-;  :  mais  cette  diftindion  de 
deux  fortes  de  lettres  eft  chimérique.  Foye-^  la  Dif- 
fcrtation  du  P.  Souciet  Jéfuite ,  fur  les  médailles  Sa- 
maritaines, où  il  prouve  que  les  lettres  qui  font  aux 
inicriptions  de  ces  médailles,  font  les  premières  Se 
les  véritables  lettres  Hébraïques.  Les  Journaliftes  de 
Lciplick,  dans  l'extrait  de  cet  ouvrage,  difent  qu'un 
de  leurs  Collègues  a  défendu  le  même  fentiment ,  à- 
peu  près  dans  le  même  tems.  C'eft  M.  Deylingius. 

Crinitus  dit  que  Moïfe  inventa  les  lettres  Hébraï- 
ques ;  Abraham  ,  les  Syriaques  Se  les  Chaldaïques  ; 
les  Phéniciens  ,  celles  d'Attique  ,  dont  Cadmus  ap- 
porta l'ufage  en  Grèce  ,  &:  les  l'élafges  le  portèrent  en 
Italie -,  Nicoftrata  ,  les  Latrnes  ;  Mis ,  les  Egyptiennes; 
Vulfila ,  celles  des  Goths  ,  &c.  Philon  attribue  l'in- 
vention des  torrej  à  Abraham;  Jofeph,  S.  Irenée  Se 
d'autres,  à  Hénoch  ,  long  tetns  avant  le  déluge  ;  Bi- 
bliander ,  à  Adam;  Eupolème ,  Eufebe ,  Clément  d'A- 
lexandrie, Corneille  Agrippa,  cSc  ,  à  Moïfé  ;  Pom- 
ponius  Mêla  ,  Hérodien  ,  Rufus  ,  Feftus,  Zopyrion  , 
Phornutus,  Phnc ,  Lucain ,  aux  Phéniciens;  S.  Cy- 
prien,  à  Saturne;  Corn.  Tacite,  aux  Egyptiens;  quel- 
ques-uns aux  Ethiopiens  ,  fondés  fur  quelques  en- 
droits de  Diodore  de  Sicile. 

Rudebecks,  qui,  dans  fon  Atlantique,  a  entrepris 
de  tranfporter  à  la  Suéde,  la  gloire  de  toutes  les  au- 
tres Nations  du  monde,  prétend  qu'avant  Cadmus, 
les  Ioniens  avoient  des  lettres  •  qazu.  tems  du  fiége 
de  Troye  ,  les  Grecs  n'avoient  que  feize  lettres ,  au 
lieu  que  les  Phéniciens  en  avoient  vingt-deux.  De  là 
il  conclut  que  ce  n'eft  point  Cadmus,  ni  les  Phéni- 
ciens ,  qui  ont  .appris  cet  art  ingénieux  aux  Grecs. 
D'ailleurs ,  parce  que  les  anciens  Septentrionaux 
n'avoient  que  feize  lettres  comme  les  Grecs  ,  il 
conclut  qu'il  faut,  ou  que  les  Grecs  lésaient  données 
aux  Septentrionaux  ,  ou  qu'ils  les  aient  reçues  d'eux. 
Mais  parce  que  la  figure  des  lettres  Runiques  eft  plus 
grollière  que  celle  des  lettres  Greques,  il  conclut  que 
celles  ci  font  venues  de  celles  là,  fondé  fur  ce  prin- 
cipe ,  que  ceux  qui  empruntent  une  chofe  ,  la  polif- 
fent  Se  la  perfedionnent.  Il  veut  même  que  par  les 
pommes  d'or  qu'Hercule  fut  obligé  de  ravir,  il  faille 
entendre  les  lettres  dont  les  Hyperboréens  fe  fervoient. 

Les  lettres,  F,G,H,K,Q:,X,Y,  Z ,  étoicnt 
autrefois  inconnues  aux  Romains,  comme  prouve 
Claude  Daufqueius  en  fon  Orthographie,  où  il  en- 
feignc  l'origine  des  lettres. 

Les  Gramm.iiriens  diftinguent  les  lettres  en  voyel- 
les Se  en  confonncs,  en  muettes,  doubles,  liquides 
&  caradériftiques.  Les  Hébreux  divifent  leurs  lettres 
en  gutturales  ,a,  h,  ch^gn,  aleph  ,  hc ,  cheth ,  hain  ; 
dentales  ,\,ts  ,r,  zain  ,  tf  ade ,  refch  ;  labiales  ,b,m  ^ 
V ,  p 3  bcth,  mem,  vau,  phe;  celles  de  la  langue, 
d,t,l,n,  dalethj  tau,  lamed,  nun;  Se  du  palais, 
g,j ,  c,  k  ,  ghimel,  jod,  caph,  coph.  Les  Ecrivains 
les  diftinguent  en  lettre  ronde  ou  Françoife,  Romai- 
ne ,  Italienne  ,  Bâtarde ,  de  Compte ,  de  Finance  ,  let- 
tres Gothiques  ;  on  les  appelle  auffi  de  Tolède.  Les 
peuples  du  Nord  avoient  dès  lettres  qu'on  nommoit 
Runes  j  ou  Runiques ,  dont  Vérélius  a  parlé  dans  fa 
Runographie. 

Les  Romains  n'avoient  point  d'autres  lettres  que 

les  capitales Lancelot,  Meth.  Lat.  C'eft  ou  la 

commodité  des  Imprimeurs,  ou  la  nonchalance  des 
Auteurs,  ou  toutes  les  deux  enfemble,  qui  ont  donné 
lieu  au  retranchement  de  quelques  lettres  dans  la  plu- 
part des  mots.  Grammaire  Françoife  de  l' Abbé  lie- 
.  gnier.  L'ufage  ,  qui  eft  l'arbitre  fouverain  de  l'orto- 
graphe,  aulF;  bien  que  du  langage,  femble  tous  les 
jours  fe  déclarer  de  plus  en  plus  contre  les  lettres 
doubles;  &  s'il  vient  enfin,  comme  il  pourra  arriver, 
à  les  profcrire  abfolumcnt ,  toutes  ks  raifons  d'étymo- 
logie  ne  feront  pas  capables  de  les  rappeler.  M.  Res- 
TAUT  ,  Grammaire  Françoife. 

L'art  d'allcmbler  les  lettres ,  d'en  former  des  mots 


j,U  L  E  T 

&  de  combiner  l'un  &c  l'autie  en  une  infinité  de  fens  , 
ell;  pour  les  Chinois  un  mylKre  inconnu.  P.  Li 
Comte.  Au  lieu  d'Alpliabeth,  Us  le  tonc  Icivis  au 
commencement  de  hiéroglyphes.  Ils  ont  peint  au 
lieu  d'écrire,  &  par  les  images  naturelles  des  choies 
qu'ils Ibrmoienr  furie  papier, ils  tâchoient  d'exprimer 
Se  de  communiquer  aux  autres  leurs  idées.  Ainh  , 
pour  écrire  un  oileau,  ils  en  peignoient  la  figure;  & 
pour  fignifier  une  foret  ,  ils  reprélentoient  pluheurs 
arbres,  un  cercle  vouloit  dire  le  loleil ,  &  un  croillant 
la  lune. 

Cette  manière  d'écrire  étoit  non  feulement  impar- 
faite ,  mais  encore  très  incommode.  Outre  qu'on 
n'exprimoit  qu'à  demi  les  penfées,  ce  peu  même 
qu'on  exprimoit ,  n'étoit  jamais  parfaitement  conçu , 
&  il  étoit  imporfible  de  ne  s'y  pas  méprendre.  De 
plus,  il  falloir  des  volumes  entiers  pour  dire  peu  de 
chofes,  parce  que  la  peinture  occupoit  beaucoup  de 
place.  Ainfi ,  les  Chinois  changèrent  peu  à  geu  leur 
écriture,  &  compofcrent  des  figures  plus  limples, 
quoique  moins  naturelles  :  ils  en  inventèrent  même 
pluheurs ,  pour  exprimer  des  chofes  que  la  peinture 
ne  pouvoir  repréfcnrer ,  comme  la  voix ,  l'odeur ,  les 
fentimens  ,  les  pallions  &  mille  autres  objets  qui 
n'ont  ni  corps ,  ni  figures.  De  plufieurs  traits  Impies 
ils  en  firent  enfuite  des  compofés ,  &  de  cette  manière 
ils  multiplièrent  leurs  caractères  à  l'infini ,  parce  qu'ils 
endellinoient  un,  &  même  plufieurs,  pour  chaque 
mot  particulier. 

Cette  abondance  de  lettres  eft  ,  à  mon  fens ,  la 
fource  de  l'ignorance  des  Chinois ,  parce  qu'ils  em- 
ploient toute  leur  vie  à  cette  étude,  &  qu'ils  n'ont 
prefque  pas  le  tems  de  fonger  aux  autres  Iciences , 
«'imaginant  être  allez  favants  quand  ils  favtnt  lire. 
Cependant  il  s'en  faut  bien  qu'ils  ne  connoillent  tou- 
tes leurs  lettres.  C'eft  beaucoup  quand  ,  après  plu- 
fieurs années  d'un  travail  infuigable ,  ils  eu  peuvent 
entendre  quinze  ou  vingt  mille. 

Le  commun  des  Lettrés  fe  contente  encore  de 
moins,  &  je  ne  crois  pas  que  jamais  aucun  Dodeur 
en  ait  fu  parfaitement  la  moitié;  car  on  en  compte 
plus  de  quatre  vingt  mille.  Pour  ce  qui  eft  des  étran- 
gers ,  on  ne  fauroit  croire  le  dégoût  que  leur  donne 
cette' étude;  c'eft  une  croix  bien  pefante  que  d'être 
obligé  pendant  toute  fa  vie  (  car  ordinairement  elle 
n'eft  pas  trop  longue  pour  cela  )  de  fc  mettre  dans  la 
tête  cette  aftrcufe  multitude  de  figures  j  &  d'être  tou- 
jours occupé  à  déchiffrer  des  hiéroglyphes  imparfaits 
qui  n'ont  prefque  aucune  analogie  avec  les  chofes 
qu'ils  lignifient.  On  ne  trouve  ici  aucim  attrait  comme 
dans  nos  Iciences  d'Europe,  qui,  en  fatiguant,  ne 
laillent  pas  d'attacher  agréablement  Tefprit.  P.  le 
Comte. 

Parmi  ces  caractères ,  ou  lettres  ChinoilcSj  il  y  en 
a  qui  ne  font  prefque  plus  d'ulage,  &  on  ne  les  con- 
ferve  que  pour  faire  honneur  à  l'antiquité.  Les  le- 
conds  ,  beaucoup  moins  anciens,  n'ont  place  que  dans 
les  infcriptions  publiques;  les  troificmes,  beaucoup 
plus  réguliers  &  plus  beaux ,  fervent  dans  l'imprel- 
ilon  &  même  dans  l'écriture  ordinaire;  néanmoins, 
comme  les  traits  en  font  bien  formés  ,  il  faut  un  tems 
conlidérable  pour  les  écrire ,  c'eft  pour  cela  qu'on  a 
trouvé  une  quatrième  efpèce  d'écriture  ,  dont  les 
traits  plus  liés  &  moins  diflingués  les  uns  des  autres, 
donnent  la  tacilité  d'écrire  plus  vite.  On  la  nomme 
pour  CÛ3.  lettre  courante.  P.  Le  Comte. 

Les  Américains  n'avoient  point  de  lettres  avant  la 
découverte  de  l'Amérique.  Les  Acaanibas  gravent  fur 
des  pierres  de  des  métaux  leurs  événemens  extraordi- 
naires &c  leurs  époques.  Les  chanfons  fuppiécnt  au 
refte.  Au  Chili,  pour  tenir  compte  de  leurs  trou 
peaux  ,  &:  conferver  la  mémoire  de  leurs  affaires  par- 
riculièiesj  les  Indiens  ont  recours  à  certains  nœuds 
de  laine  qui,  par  la  variété  des  couleurs  &  des  replis, 
leur  tiennent  lieu  de  caraélcres  &  d'écriture.  La  con- 
noiftànce  de  ces  nœuds  qu'ils  appellent  Quipos  ^  eft 
une  Icience&un  fccret  que  les  pères  ne  révèlent  à 
leurs  enfans  que  lovfqu'iis  fe  croient  à  la  fin  de  leurs 
jours;  &  comme  il  arrive  fouvent  que  faute  d'efprit 


L  E  T 

ils  n'en  comprennent  pas  le  myftèrc,  ces  fortes  de 
nœuds  leur  deviennent  un  fujet  d'erreur  &  de  peu 
d'ulage.  FrÉzier  ,  Voyage  à  la  mer  du  Sud,  p.  6j. 
Au  Pérou ,  ils  fe  fervoient  aulîl  de  nœuds  qu'ils  fai- 
foient  fur  une  corde.  Mem.  de  Trcv.  1707  >  fg. 
1601.  Cependant,  les  Efpagnols  trouvèrent  au  com- 
mencement ,  près  de  la  ville  de  Tiguamac  ,  une  ftatuc 
d'or  chargée  d'mfcriptions  en  certaines  marques ,  que 
perlbnne  ne  put  expliquer.  Hifloire  de  la  Con.pagnie 
de  Jéfus,  T.  IF,  L.  II,  n.  14.3.  Les  Sauvages  de  la 
"Virginie  gravent  certaines  lignes  &  figures  fur  leurs 
arcs  dans  leurs  expéditions  militaires  &  leurs  voya- 
ges ,  &  fur  des  bâtons  qu'ils  portent  avec  eux.  Ils 
mettent  des  monceaux  de  pierres  aux  lieux  où  fc  font 
données  de  grandes  batailles,  accumulant  autant  de 
pierres  qu'il  y  a  eu  de  foldats  tués  fur  la  place.  Journ. 
des  Sav.  lûi'i  ,  p.  7/. 

Lettres  moulées ,  ou  écrites  à  la  main.  Les  Impri- 
meurs les  diftinguent  en  lettres  capitale?,  majulcules, 
initiales ,  pour  fervir  aux  titres  &  aux  noms  propres, 
&  félon  la  grolleur  des  caradtères,  en  gros  canon, 
petit  canon,  gros  &  petit  parangon,  gros  romain, 
fiint  auguftin,  cicéro  ,  jufquà  la  nompareiUe ,  qui, eft 
la  plus  petite.  Ils  appellent  auUi  lettres  grifes  ,  on  hif- 
toriees  ,  celles  qui  font  gravées  lur  du  bois  avec  quel- 
que ornement,  comme  les  vignettes  dont  ils  le  fer- 
vent au  commencement  des  livres  ou  des  chapitres 
qui  ont  été  fubftituées  aux  lettres  enluminées  des  nw- 
nulcrirs.  , 

Le  Roi  Chilpéric  voulut  tranfporter  dans  notre  Al- 
phabet François ,  routes  les  lettres  doubles  des  Grecs , 
afin  qu'on  pût  repréfenter ,  fous  un  feul  caraâère,  les 
th,ch,ph,  es,  Scpf,  ce  qui  fut  en  ufage  tant  qu'il 
régna ,  comme  on  apprend  dans  Grégoire  de  Tours. 
Les  Auteurs  qui  ont  écrit  des  lettres ,  lont  Tercntia- 
nus  Maurus,  Antoine  de  Nébrille,  Malinkrot,  Vof- 
fius  &  Dom  Lancelot  en  fa  nouvelle  Méthode.  On 
lecommande  à  ceux  qui  apprennent  à  écrire,  de  bien 
fon-nerkuTS  lettres.  Imrei  bien  nourrie  s,  lont  celles 
dont  les  traits  &  les  jambages  font  proportionnés  & 
pleins.  Lettres,  ou  jambages  de  lettres  maigres  ou 
trop  maigres ,  font  des  lettres  dont  les  jambages  font 
trop  menus,  trop  déliés  par  rapport  à  leur  longueur. 
Œil  de  lettre.  Lettres  finales  des  Hébreux,  des  Ara- 
bes, &<:. 

Lettres  ,  fe  dit  aulTi  des  caraderes  inconnus  qu'on 
croit  fervir  à  lignifier  quelque  chofe.  On  dit  que  les 
chinois  ont  80  mille  fortes  de  lettres,  ou  de  caraélè- 
res ,  qui  font  comme  autant  de  hiéroglyphes.  Chaque 
lettre  chez  eux  lignifie  un  mot  ôc  fe  prononce  en  une 
fyllabe.  Ils  écrivent  avec  des  pinceaux.  Se  ils  ont  des 
lettres  qu'on  ne  trace  qu'après  20  &c  même  24  coups 
de  pinceau.  On  voit  encore  des  lettres  hiéroglyphi- 
ques fur  les  obélifques  venus  d'Egypte,  où  l'on  n'en- 
tend rien.  ,  , 

Lettres  Numérales.  C'eft  ainh  quon  appelle  les 
lettres  dont  les  Romains  fe  lervoient  pour  leurs  chif- 
fres &  que  nous  avons  prifes  d  eux.  Ces  lettres  nu- 
mérales font  fept.  C,  D,  I.  L,  M  V,  X.  Toutes 
ces  lettres  numérales  des  Romains  fe  trouvent  for- 
mées fi  vous  faites  un  cercle  8c  le  divilez  par  deux 
lignes,  une  tranfvcrfale ,  &  l'autre  perpendiculaire, 
qui  viennent  à  le  croifer  en  droiture  par  le  centre.  _ 

Ip-  Les  lettres  uniques  &  capitales.  Les  Romains  s  en 
fervoient  pour  exprimer  un  mot  entier.  Par  exemple , 
ces  quatre  lettres  S.  P.  Q.  R,  lignifioient  Senacus, 
Populufque  Romanus.  Les  huit  lettres  luivantes,  H. 
E.  R.  I.  Q.  M.  E.  A  ,  contiennent  la  formule  de  l'ac- 
tion réelle ,  Hanc  ego  rem  jure  Quiritum  meam  ejje 

aio.  ,     r    >        \t 

tfT  Dans  les  allèmblées  du  peuple  ,  lorfqu  un  Ma- 
giftrat  propofoit  une  loi  qu'il  avoit  envie  de 
l'aire  palier ,  chacun  en  rentrant  recevoir  deux  tablet- 
tes, fur  l'une  defquelles  étoit  un  V  Se  un  R,  &  lur 
l'autre  la  lettre  A.  Les  deux  lettres  V  &  R  lignihoient , 
uti  rogas,  foit  fait  ainfi  que  vous  le  délirez,  &  la  /«" 
tre  A  fignifioit  antiquo ,  je  rejette. 
Lettres  Nundinales.  Foye:{  Nundinales. 
Lettre  DoMiNicALi ,  eft  la" lettre  rouge  de  l'Almanacli, 


LE  T 

qui  marque  le  Dimanche.  L'uccni  DomhûcaUs.  Elle 
aéré  iublHruée  en  la  place  des  lettres  nundiiiales  du 
Calendiiei  Romain.  I^oye':^  Dominical. 
Lettre,  fe  dit  aulli  du  caradtcre  particulier  dont  cha- 
cun écrit.  Manus.  Je  connois  la  lettre  d'un  tel ,  cela 
n'cft  pas  de  fon  écriture. 
Lettre  ,  fe  dit  aulîi  en  parlant  du  fens ,  de  la  penféc  qui 
font  contenus  Ions  ces  caractères.  S.  Auguftin  a  lait 
un  Commentaire  fur  la  Géncfe  à  la  lettre ^,  de  Gcne/i 
adlitteram.  Il  eft  bien  difficile  d'expliquer  toute  l'é- 
criture à  la  lettre,  au  pic  de  la  lettre.    On  s'attache 
aux  dehors j  on  fe  tient  à  la  lettre,  &'ron  ne  va  point 
jufqu'à  l'cfprit  de  la  loi.  FlÉch.   On  le  dit  du  fens 
littéral  par  oppolition  au  fens  figuré.  S.  Paul  dit  que 
la  lettre  tue ,  mais  que  l'efprit  vivifie.  Littera  ocàdït , 
fpiritus  autem  vivificat. 
Lettre,  Epitre  milîîve,  écrit  qu'on  envoie  à  un  abfcnt 
pour  lui  faire  entendre  fa  penfée.  Littera ,  epïftola  , 
littera.  C'eft  une  efpèce  de  converfation  entre  per- 
fonnes  abfentcs.    Les  amis  s'écrivent  des  lettres  de 
complimens  j  de  nouvelles ,  de  recommandation  ,  de 
■fciences,  de  curiolltésj  de  confolation;  les  Amans, 
des  lettres  de  galanterie,  de  tendiellc.  Quand  on  s'en- 
nuie à  écrire  une  longue  lettre,  on  ne  manque  jamais 
d'ennuyer  ceux  à  qui  on  l'écrit.  Le  Ch.  de  M.  Balzac, 
en  écrivant  fes  lettres ,  penfoit  plus  à  la  poftérité  qu'à 
ceux  à  qui  il  les  écrivoit.  M.  Scud.   Il  ne  faut  point 
avoir  trop  d'elprit ,  ni  en  billets ,  ni  en  lettres  :  Il  n'y 
faut  ni  trop  d'art,  ni  trop  de  négligence.  Id.  Il  faut 
que  des  lettres  d'affaires  foiem  précifes  ;  que  le  bon 
fens  y  ait  plus  de  part  que  l'éloquence  ;  qu'elles  difent 
tout  ce  qu'il  faut  dire,  &  rien  au  delà;  enfin,  qu'il  y 
air  un  certain  caraftère  de  civilité  qui  mette  de  la  dif- 
tinétion  entre  les  lettres  d'affaires  des  honnêtes  gens, 
&:  celles  de  ceux  qui  ne  le  font  pas.  M.  Scud.    Pour 
écrire  des  lettres  de  confolation  raifonnables  ,  il  faut 
qu'elles  foient  courtes ,  fins  exagération ,  fans  plain- 
tes trop  longues  ,  &  il  faut  lailfer  là  toute  la  morale 
&  toute  l'éloquence.  Id.  C'eft  dans  les  lettres  de  ga- 
lanterie que  l'efprit  doit  avoir  route  fon  étendue/ où 
l'imagination  a  la  liberté  de  fe  jouer,  &  où  le  juge- 
ment ne  paroît  pas  il  fevère  qu'on  ne  puille  quelque- 
fois mêler  d'agréables  foli.s  parmi  les  chofes  les  plus 
férieufes  :  on  y  peut  railler  ingénieufement,  &  il  faut 
que  le  ftyle  enfoitaifé,  naturel  &  noble  tout  enfem- 
ble  :  Tait  du  monde  y  doit  régner  par  tout.  Id.   Le 
caraétère  des  lettres  d'amour  eft  d'être  tendre  &  paf- 
fionnées  ,  &  de  dire  plutôt  des  chofes  qui  aillent  au 
cœur,  que  des  chofes  qui  divertiflént  l'efprit.  Id.  Il 
faut  plus  de  fentimens  que  d'efprit  dans  une  lettre 
d'amour  :  une  lettre  de  cette  nature  ne  touche  point 
quand  on  la  fait  trop  belle.  Id. 

M.  de  la  Monnoie  difoit  qu'on  ne  pouvoit  être 
plus  parellêux  que  lui  à  écrire  des  lettres  ;  qu'il  étoit 
à  cet  égard  ce  qu'étoit  pour  les  vifites  ce  galant  hom- 
me dont  il  eft  parlé  dans  le  Ménagiana,  p.  ijj  du 
Tome  N ,  8c  qu'il  parodieroit  volontiers  ainfi  fon 
Epitaphe  à  Theure  de  fa  mort  : 

Cy  gic ,  qui  d'un  air  enjoué' , 
Et  d'une  manière  naïve  , 
Dit  en  mourant  :  Dieu  foit  loué , 
Je  n'écrirai  plus  de  mijjive. 

Il  étoit  en  cela  bien  différent  de  M.  l'Abbé  Nicaife, 
fon  Compatriote,  dont,  /7.  ffS  du  /  Tome  du  Ména- 
giana, il  nous  a  donné  l'Epitaphe,  ou  après  avoir 
parlé  de  la  perte  que  faifoient  les  Savans ,  il  finit  par 
ce  vers  : 

Malis  nul  n'y  perd  tant  que  la  pofie. 

^  Je  ne  vous  écris  qu'une  Az\T\\4ettre  ,  je  vous  en 
écrirai  une  entière  quand  vous  m'en  donnerez  l'exem 
pie,  ou  plutôt  quand  il  vous  plaira;  car  je  fais  quelle 
eft  votre  parelfe  fur  ce  chapitre  ,  &  pour  moi  cela  ne 
me  coûte  rien.  Lettres  du  Comte  de  BuJJy  â  la  Corn 
tcffe  du  Plejjis,  s  Juillet  166  j,  tom.  3  ,  p.  43.  Je 
n'ai  jamais  vu  de  lettre  plus  courte  que  celle  que  S. 


L  E  T  487 

Grégoire  Thaumaturge  écrivit  au  diable.  Il  n'y  .avoic 
que  ces  mots  :  Grégoire  a  Satan.  Entre,  /^ojcr  Vinf- 
toirc  Eccléjlajlique  de  M.  lleury ,  in-12.  Paris  1724, 
tom.2,  p.  14J,  J44.  Il  y  a<laiis  la  même  fîiltoirei 
tom.  20,  p.  121  &  122  ,  une  autre  lettre  du  diable 
au  Pape  Clément  VI ,  mais  elle  eft  plus  longue,  C'eft 
une  fiction  au  fujet  des  mœurs  dépravées  des  Prélats 
de  ce  tems  là. 

Les  lettres  que  les  Chinois  s'écrivent  les  uns  aux 
autres,  renferment  un  point  de  civilité  qui  a  fcs  myf-  , 
tères,  comme  tout  le  refte.  On  n  écrit  point  coniihe 
on  parle;  la  grandeur  des  caraCières,  ics  dillances 
qu'il  faut  laJIIbr  à  propos  entre  l.s  ligues  ,  les  termes 
infinis  d'honneur  que  la  qualité  des  perfonnes  exige, 
la  forme  du  papier,  la  multitude  des  enveloppes  rou- 
ges, blanches  ou  bleues,  félon  les  états  diLerens  jù 
l'on  eft ,  &  cent  autres  tbrmalités ,  ciu;aiTa<r'ii  quel- 
quefois les  pliis  favans,  &  il  n'appartient  ms  a  luus 
les  lettrés  de  lavoir  écrire  une  leti.i.  >.omiii^  il  faut. 
P.  Le  Comte. 

et?  On  appelle  lettre  circulaire  ,  plufi^rs  lettres  de 
même  teneur,  écrites  &  aJrellces  à  dirtérentes  per- 
fonnes pour  le  même  fujet.  Le  Roi  envoie  une  lettre 
circulaire  à  tous  les  Evêques,  à  tous  les  Gouverneurs 
de  Province  ,  dans  certaines  occafions. 

On  .appelle  lettre  de  cachet,  un  ordre  du  Roi  con- 
tenu dans  une  fimple  lettre  fermée  de  fon  cachet, 
foufcrite  par  un  Secrétaire  d'Etat.  On  appelle  des 
lettres  d'état,  celles  que  le  Roi  donne  aux  Amballà- 
deurs ,  aux  Officiers  de  guerre ,  &  à  tous  ceux  qui 
font  abfens  pour  le  fervice  de  l'Etat  :  elles  portent 
furféance  de  toutes  les  pourfuites  qu'on  pourroit  faire 
en  jultice  contre  eux  :  elles  ne  s'accordent  que  pour 
iix  mois;  mais  on  les  renouvelle  tant  que  le  prétexte 
dure.  Le  Roi  Charles  'VI,  averti  de  l'arrivée  des  An- 
glois  en  Flandres,  en  1383,  allémbla  promptemenr 
la  Nobleflé  :  elle  fe  rendit  à  fes  ordres  au  nombre  de 
16000  hommes  d'armes  ,  &  lui  demanda  en  grâce 
que,  tandis  qu'elle  feroit  actuellement  occiipée  au 
fervice  ,  on  ne  pût  faire  contre  elle  aucunes  procédu- 
res de  juftjce.  Le  Roi  lui  accorda  cette  grâce ,  c^  c'ert- 
là  le  premier  &  l'unique  exemple  dans  notre  Ilif- 
toire,  où  l'on  ait  fait  un  ufag?  li  étendu  de  ce  qu'on 
appelle  Lettres  d'Etat,  fous  les  Rois  de  la  troifième 
Race.  P.  Daniel,  Hijl.  de  France,  T.  Il,  p.  j6S  , 
jôt). 

Lettre,  eft  auffi  un  titre  qui  donne  le  droit  de  jouif- 
fance  de  quelque  chofe  ,  ou  l'inftrument  avec  lequel 
en  juftifie  une  prétention.  Injlrumentum  ,  monumen- 
tum.  On  fait  appeler  en  juftice  un  faililfant  pour  ap- 
porter lettres  ëc  exploits  en  vertu  defquels  il  a  fait  fa 
fiifie.  Les  dons  du  Roi,  les  privilèges  qu  il  accorde, 
s'expédient  par /er^r<?j  patentes  fujettes  à  vérification, 
&c  elles  commencent  par  ces  mots  :  ^  tous  ceux  qui 
ces  préfentes  lettres  verront.  On  a  vendu  cette  charge 
les  lettres  au  poing;  c'eft  à-dire,  qu'on  a  donné  en 
main  le  titre,  les  provifions.  Les  lettres  de  Maurife, 
font  des  lettres  de  privilège  que  le  Roi  accorde  à 
quelques  Artifans,  pour  les  difpenfer  de  faire  chef- 
d'œuvre.  On  donne  auffi  des  lettres  d'Ecolier  Juré , 
de  Maître-ès-Arts  ,  de  Bachelier,  de  Licencie,  de 
Doéleiu-,  de  Gradué  dans  les  Univerfités.  On  die 
auffi  des  lettres  de  Tonfure  ,  de  Prêtrife ,  &c.  On  ap- 
pelle aulli  Nobleffe  de  lettres ,  celle  qui  eft  fondée 
fur  des  lettres  patentes  du  Roi. 

Lettres  Patentes.  Patentes  Htter£.  On  appelle  ainfl 
les  |G° lettres  du  Roi  fcellées  du  grand  fceau ,  qui  fer- 
vent de  titre  pour  la  concelllon  de  quelque  ocfroi , 
grâce  ,  privilège  ,  établilîèment  :  elles  ont  pour  les  par- 
ticuliers la  même  autorité  que  les  édics  poar  le  public. 

1)3°  Quelquefois  on  prend  le  terme  de  lettres  patentes 
dans  un  fens  plus  étendu ,  pour  fignifier  toutes  fortes 
d'édits,  déclarations,  &  généralement  toutes  lettres 
du  Iceau. 

fCCe  t^xn\t  àc  patentes  vient  du  Latin  patens ,  parcc- 
que  les  lettres  du  fceau  que  les  Latins  cxprimoient 
par  le  mot  Grec  diplomata ,  à  caui'e  du  repli  qui  les 
rend  doubles ,  font  ouvertes,  par  oppofition  aux  let- 
tres de  cachet  qui  font  clones  &  cachetées  du  cachet 


4^8 


L  ET 


du  Roi,  ou  comme  ledit  Carondas,  on  les  appelle 
ainii,  parce  que  leur  amoiité  ell:  plus  grande  &  plus 
patente  j  à  caul'e  du  grand  fceau  auquel  eil  empreinte 
l'unage  du  Prmce  (eant  en  fon  lit  de  julHce^  avec  les 
principales  marques  de  l'autorité  royale. 

Lettre  ,  le  dit  aulli  des  ades  tairs  ou  prononcés  en  ju(- 
tica  On  lui  a  donné  lettres  de  fon  affirmation ,  de  l'a 
comparution ,  de  fes  oftres. 

Lettres  j  au  plur.  Se  dit  de  toutes  les  expéditions  de  la 
grande  ou  petite  Chancellerie  ,  &:  alors  on  les  appelle 
Lettres  Royaux  au  mafculin  ,  C^  parce  qu'on  a  con- 
fervé  l'ancienne  façon  de  parler.  Royaux  étoit  autre- 
fois mafculin  &  fcniinin.  C'eft  ainfi  qu'on  difoit  cho- 
fes  héréditaux  dans  nos  anciennes  Coutumes.  On 
trouve  dans  Gauvin  un  de  nos  vieux  Poètes  , 

Les  Damoifelks  font  fréjïaux  :,  c'eft  à-dirCj  fraîches. 

IJO"  Les  lettres  royaux ,  charte  regales  _,  refcriptum  te- 
gium  ,  diploma  regium ,  font  des  fecours  de  droit  éma- 
nés du  Prince  j  en  faveur  de  l'impétrant;  elles  font  de 
grâce  ou  de  juif  ice.  Les  lettres  de  grâce  font  celles  qui 
contiennent  une  pure  libéralité  du  Prince.  Les  lettres 
de  juftice  font  celles  qui  font  fondées  lur  le  droit  com- 
mun ,  ou  qui  portent  mandement  de  rendre  la  juftice, 
&  que  le  Roi  accorde  moins  par  faveur  ,  que  pour 
fubvenir  au  befoin  de  (es  fujcts,  fuivant  l'équité  &  la 
jraifon.  Telles  font  les  referions  &  reftitutions  en 
entier,  &  autres  (emblablcs- 

^Zf  Lettres  du  grand  &  du  petit  fceau.  Les  lettres 
royaux  j  foit  de  grâce,  foit  de  juftice,  font  du  grand 
ou  du  petit  fceau. 

1^  Les  lettres  du  grand  fceau  font  celles  qui  ne  peuvent 
être  expédiées  que  par  les  Secrétaires  du  Roi,  ôc  qui 
font  fcellées  en  la  grande  Chancellerie,  en  prcfence 
de  M.  le  Garde-des  Sceaux,  qui  y  préiide.  Telles  font 
les  lettres  de  rémiflîon',  d'anoblillèment,  de  légiti- 
mation, de  naturalité,  de  réhabilitation,  amortilfe- 
mens,  privilèges,  évocations,  exemptions,  dons  & 
autres  femblables. 

ftCTLes  lettres  du  petit  fceau  ,  font  celles  qui  font  fcel- 
lées en  la  petite  Chancellerie  ,  en  prélence  d'un  Aiaî- 
tre  des  Requêtes  qiù  y  prélîde  ;  telles  font  les  émanci- 
pations ou  bénéfices  d'âge,  les  lettres  de  bénéfice  d'in- 
ventaire _,  les  terriers,  les  lettres  d'attribution,  de 
jurildiéfion  pour  criées  ,  les  committimus  du  petit 
fceau,  les /(?^/r«  de  main  fouverainc,  les  lettres  d'af 
fiette,  les  reliefs  d'appel  lîmple  ou  comme  d'abus,  les 
anticipations,  les  déferrions,  les  débitis,  les  compul- 
foires,  les  refcillons  ,  les  requêtes  civiles  &c  autres, 
dont  la  plupart  regardent  l'inftruéfion  ôc  la  procé- 
dure. Voye:^  Ferr.  Toutes  les  lettres  de  Chancelle- 
rie ne  l'ont  valables  que  pour  un  an.  Quand  on  a  né- 
gligé de  s'en  fervir,  il  faut  obtenir  des  lettres  de  furan- 
nation  qu'on  attache  lur  les  anciennes. 

Lettres  en  ferme,  dans  le  Cambrefis  ,  fe  dit  du 
double  authentique  des  lettres  que  chacun  eft  obligé 
de  mettre  à  l'Hôtel  de  Ville  ,  dans  une  chambre  ap- 
pelée/erwe  ,  qui  eft  deftince  à  cela,  afin  que  le.  dou- 
ble des  lettres  ne  foit  point  faliîfic ,  ni  altéré ,  étant 
confervé  dans  un  lieu  public  &  silr.  Cela  fe  fait  dans 
ce  pays-là  ,  parce  qu'il  n'y  a  point  de  Garde-Notes 
publics.  Lettres  Lombardes  ,  font  des  lettres  qui 
s'expédient  à  la  Chancellerie  ,  &:  fe  donneiit  aux 
Lombards  &  Italiens,  qui  veulent  trafiquer  &  tenir 
banque  en  Fiance.  v 

Lettres  de  repréfailles ,  ou  lettres  de  marques ,  font 
des  lettres  qu'un  Souverain  accorde  pour  reprendre 
fur  les  biens  des  ennemis,  l'équivalent  de  ce  qu'ils 
ont  pris  à  fes  fujets  ,  &:  dont  le  Souverain  ennemi 
n'a  pas  voulu  frire  jullice.  Lettres  de  mer,  font  des 
parentes  qu'on  obtient  pour  naviguer.  Lettres  de 
îânté,  ce  font  des  lettres  que  prennent  ceux  qui  font 
voyage  fur  terre  ou  fur  mer ,  lorlquc  la  perte  eft  en 
quelque  pays ,  pour  montrer  qu'ils  ne  viennent  pas 
des  lieux  qui  en  font  infeélés. 

Autrefois  les  Papes  fe  rélervoienr  la  collation 
de  certains  Bénéfices  ,  &  l'interdiloient  aux  Ordinai- 

.    iss.  D'abord  ils    prioicnt  les  Ordinaires  par  leurs 


L  E  T 

Lettres  Monitoifes  de  ne  pas  conférer  ces  Bénéfices. 
Ils  envoyèrent  enfuite^  des  Leures  Préceptorïales 
pour  les  obliger  fous  quelque  peine  à  leur  obéir  :  & 
parce  que  ces  deux  moyens  ne  fuftiloient  pas  pour 
rendre  la  collation  des  Ordinaires  nulle  j  ils  ren- 
voyoient  des  lettres  exécutoires  ,  non  Itulement  pour 
punir  la  contumace  de  l'Ordinaire  j  mais  encore 
pour  annuler  fa  collation.  Fleury. 

Lettres  Apostoliques,  Litterx.  Apojlolicit ,  fondes 
lettres  des  Papes  j  qu'on  appelle  plus  communé- 
ment depuis  pluhcurs  fiècles  j  du  nom  de  Refcrits 
de  Bulles  j  &  de  Brefs.  Voy.  ces  mots.  Lettres  de 
la  Pénitcncerie  de  Rome  j  Luceriz  Sacrie  Pœniten- 
t'iarïâ..  Ce  font  des  lettres  qu'on  obtient  du  Tribu- 
nal de  la  Pénitcncerie  dans  les  cas  où  l'on  doit  s'a- 
drefler  à  ce  Tribunal  pour  des  Dilpenfes  fur  les 
empêchemens  de  mariage,  des  abfolutions  de  Cen-'  ' 
fures  J  &c.  Voy.  le  Livre  du  P.  Tiburce  Navar , 
Récolet  François  J  intitulé  j  Manuduclïo  ad  praxïm 
«Sec.  Lettres  de  paix  ,  ou  Lettres  formées  ,  &  com- 
munie atoire  s.  Formata.  Ce  iont  des  lettres  que  les 
anciens  Evêques  écrivoient  à  leurs  confrères  fur  les 
matières  de  la  Foi  ,  pour  faire  connoitre  aux  Fidè- 
les ,  les  Prélats  &  les  peuples  avec  qui  ils  étoient 
unis ,  &  avec  qui  ils  pourroient  communiquer.  Foy. 
Formée.  On  lifoit  autrefois  \ts  Lettres  de  paix  dans 
le  Jubés.  Thiers. 

Lettres  de  Profession.  Ce  font  les  vœux  d'une  Re-  it 
ligieufe,  lignés  par  elle  même  ,  après  qu'elle  les\a  ' 
prononcés  folennellement  j  &c  que  toutes  les  céré- 
monies de  la  Profcflion  on  éré  faites.  Port-Royai. 

Lettres  d'intimation.  On  appelle  ainii  les  lettres  cir- 
culaires que  l'Eleéteur  de  Mayence  écrit  aux  Elec- 
teurs de  l'Empire  ,  pour  leur  indiquer  l'alfemblée 
de  l'éledion  du  futur  Empereur  ,  &  pour  le 
ijiviter. 

Lettre  de  Garde  marine  ,  c'eft  une  lettre  de  la  Cour,' 
adrelfée  à  l'Intendant  du  Département ,  pour  rece» 
voir  le  Garde   dans  fa  Compagnie. 

Lettre  de  change.  Foy.  Change. 

Lettres  de  marques.  On  nomme  ainfi  en  Hollande 
les  certificats  que  les  Jurés-Maîtres  Marqueurs  de 
mcfures  délivrent  aux  Capitaines,  ou  aux  Proprié- 
taires des  vaillèaux  fujets  au  droit  de  laft-gelt ,  du 
jaugeage  qu'ils  en  ont  fait.  C'eft  fur  ces  lettres  que 
fe  tait  le  payement  de  ce  droit.  Dict.  de  Com. 

Lettre  de  créance.  Lettre  de  recommandation ,  dont 
eft  Porteur  celui  qu'on  envoie  auprès  de  quelqu'un 
pour  traiter  quelque  aftaire  ,  ou  exécuter  quelque 
commiilion  dont  on  l'a  chargé  ,  afin  qu'on  ajoute 
foi  à  ce  qu'il  dira  ,  &  que  cette  lettre  foit  un 
témoignage  qu'il  eft  véritablement  envoyé  par  celui 
qui  lui  a  donné  cette  lettre ,  ôc  que  l'on  peut  croire 
ce  qu'il  propofera. 

On  appelle  encore  Lettre  de  créance  ,  celle  qu'un 
Banquier,  ou  un  Marchand  donne  à  un  homme  qui 
voyage  ,  pour  être  préfentée  aux  Correfpondans  du 
Banquier ,  ou  du  Marchand  ,  &c  pour  fèrvir  à  ce- 
lui qui  la  préfentc  de  lettre  de  change  j  quand  il 
aura  befoin  d'argent. 

Lettres  de  mer.  On  nomme  ainfi  dans  les  ports  de 
la  Picaidie  &  de  la  Flandre  ,  les  commifTions  que 
les  Etrangers  prennent  d'un  Prince  dont  ils  ne  font 
pas  fujets  ,  pour  faire  le  commerce  fous  fa  ban- 
nière ^  ou  armer  en  courfe  contre  fes  ennemis. 

Lettre  oftenflve  ,  eft  une  lettre  qu'on  écrit  pour  être 
montrée. 

Lettres  de  relief  d'appel  ,  font  celles  qui  portent 
mandement  au  premier  Huillîer  ou  Sergent  fur  ce 
requis ,  d'alligner  &  intimer  à  la  requête  de  l'Ap- 
pellant  fur  l'appel. 

Lettres  de  lémillioii  ,  font  celles  par  Icfquelles  le 
Roi  remet  la  peine  du  crime  dans  un  cas  rémif- 
fible. 

Lettres  de  révifion  ,  font  celles  qui  font  adreflces 
aux  Juges  pour  examiner  de  nouveau  un  procès 
criminel. 

Lettres   de  forme ,  Lettres  de  Cour.  Ces  deux  ma- 
nières d'écrire  furent  les  plus  ufltée*  en  France  pen- 
dant 


L  E  T 

dant  les  quatorzième  (Se  quinzième  fiôclcs. On  ciitcndoit 
p.ii-  Icuns  de  forme  ,    les    caradlèrcs   fcmblnblcs  à 
ceux  dont  on  ccrivoir  les  Livres  de  chant,  les  Millèls 
&c    Bréviaires.  Les   lettres   de  cours  ,  où    l'ècrirute 
courante  ctoit  ullrée  pour  les  plaidouics  (!<>:  l'ulage 
ordinaire  ,  qui    dcmandoit   moins  d'attention. 
Lettres  de  lurannation.  Ces  Lettres  portent   mande 
ment  de  mettre  à  exécution  une  commillion  ,  non 
obftant   la  iurannation    de   la    même    commillion. 
Ces  lettres    de    (urannation  font  néceilaircs  ,  parce 
que  toutes  lettres  de  Chancellerie   ne  (ont  valables 
que  pour  un  an  :  on  attache  les  nouvelles   lettres 
fur  les  anciennes. 
Lettres   de   terrier.  Elles  portent  commiflion  géné- 
rale d'appeler  par  devant   un   ou   deux   Notaires , 
les  Débiteurs    des   redevances  &  dcvous  j   afin   de 
les  reconnoître  ,    payer  les   arrérages  qui  en  font 
dus  j  &  en  palier  des  déclarations  au  profit   du  Sei 
gneur  de  fieh    Ces  lettres  s'obtiennent  par  les  Sei- 
gneurs qui   ont  de  grands  territoires  &    beaucoup 
de  redevances.  Les  déclarations  des  valleaux  ,  por- 
tées par  les  terriers  (olennels ,  font  titre  contre  eux 
en  faveur  du  Seigneur. 
Lettres   de  vétérance.  Ce  lont  celles  qu'on  accorde 
aux  Officiers  qui  (e  démettent  de  leurs  Charges  après 
en  avoir  rempli  les  fonétions  avec  honneur  &:  pro- 
bité ,  l'efpace  de  vingt  années.  On  nomme  aulli  let- 
tres de  vétérance ,  les  lettres  d'honneur.  On  les  ac- 
corde louvent  avant  les   vingt   années  ,  par  faveur  , 
&C  en  confidération  de  l'importance  des  fervices. 
Les  LettrS^  de  naturajité  ,  font  celles  que  les  Etran- 
gers obtiennent  du  Prince  ,  pour  être   naturalilés  , 
tk.  pour    jouir  des  mêmes  privilèges  que  les  Origi- 
naires du  pays. 
Lettres  ,  fe  dit  auflî  des  Sciences,  fjO'dcs  lumières 
que    procure  l'étude  ,    particulièrement    celle   des 
belles  lettres.  Littera  ,  artes  ,  erudïtïo.  C'eft  un  hom- 
me de  lettres ,  il  a  été  élevé  dans  les  lettres  ,  il  a  des 
lettres.  Les  Barbares  font  ennemis  des  lettres ,  ne  les 
cultivent  point.  François  I  a  commencé  à  faire  re- 
vivre les  lettres  en  France.   On  appelle  Mécènes, 
ceux  qui  protègent  les  gens  de  lettres.  On  appelle 
les  lettres  humâmes  ,  ou  les  belles  lettres  ,  §3°  la 
Grammaire  ,  l'Eloquence ,  la  Poëfie.  Dans  ce  fens , 
on  diftingue  les  gens  de  lettres  ,  de  ceux  qui  s'appli- 
quent aux    (ciences  abltraites.  La  connoillance  des 
belles  lettres  devient  en  plulieurs  Savans  une  éru- 
dition fort  ennuyeufe.   S.  Evr.  Paul  III  aimoit  les 
lettres  ,  Se  fe  faifoit  entretenir  durant  la  table   par 
de  favans   hommes.   Bouh.  Les  gens    de  lettres  ne 
font    pas    d'ordinaire    les    plus    faciles    à  conver- 
tir; non-feulement  parce  que  la  fcience  ,  qui  enHe 
prefque  toujours  le   cœur  plus  qu'elle    ne  perfec- 
tionne l'efprit,  ell  naturellement  oppolée  à  l'humi- 
lité du  Chrillianifme  ;  mais  auflî  parce  qu'elle  accou- 
tume  la  raifon  à  regarder  de  lang  froid  ,  i<c  pour 
la  feule    fpéculation  ,  les  vérités  les  plus  touchan- 
tes de  notre  lainte  Religion. 
.  Tant  que  l'on  continuera  en  France  de  protéger 
les  lettres  ,  nous  auroirs  allez  d'Ecrivains.  La  nature 
forme  prefque  toujours  des  hommes  en  tout  genre 
de  talent  :  il  ne  s'agit  que  de  les  encourager ,  &  de 
les  employer.  Mais  fi  ceux  qui  fe  diflinguent  un  peu , 
n'etoicnt  foutenus  par  quelque  récompenfe  honora- 
ble &■  par  l'attrait  plus  flatteur  de  la  confidération , 
tous  les  beaux  Arts  pourroient  bien  dépérir  un  jour 
au  milieu  des  abris  élevés  pour   eux  ;  &  les  arbres 
plantés  par  Louis  XIV,  dégénéreroient  faute  de  cul- 
ture. .  .  M.  DE  Voltaire  ,   Epitre  de  fa  Tragédie 
de  Zaïre. 
Lettres  ,  fe  dit  aufïi  de  plufieurs    Livres  &  de  leurs 
titres.  On  appelle  la  Bible  Ç3.v  e\ce\\enç.e,  les  faintes 
Lettres.  Sacriz  Litterx.  Les  lettres  du  Cardinal  d'Of 
(at ,  de    Bcntivoglio  ,  &c.    Les  lettres  de  Voiture  , 
de  Coftar  ,  Se  d'une   infinité  d'autres  Auteurs  qui 
ont  paru  ,  &  en  même  temps  difparu  en  ce  fiècle.  A 
l'égard  des  Anciens  ,  comme  Cicéron  ,  Saint  Jérâ- 
me,  Saint  Auguftin ,  on  les  appelle    Epitres.    L'u- 
fage  cft  moins  partagé  aujourd'hui  ,  &:  l'on  dit  fort 
Tome  F. 


L  E  T  489 

bien  avec  XL  Dubois,  Lettres  de  Saint  Aui;uftin; 
avec  M.  de  Sicï,  Lettres  dcPlme  ;  Si  avec  M.  l'Abbé 
de  Sv.Réal,  ik  M.  l'Abbé  Montgault,  Lettres  de  Cicé- 
ron à  Atticus.  Il  en  cil  de  même  des  Aporrcs  ,  dont 
les  Lettres  portent'  le  nom  d' Epitres,  L' Epitre  de 
S.  Paul  aux  Romains ,  aux  Corintliiens  ,  &c:  L'E- 
pitre  Catholique  de  S.  Jacques ,  de  S.  Pierre ,  &c. 
On  dit  néanmoins  aufli  quelquefois  L-ettres  ,  en  par- 
lant de  celles-là  ,  quoique  Epitre  (oit  plus  uiité: 
mais  on  ne  dit  jamais  Epitre  ,  quand  on  parle  des 
Modernes.  On  ne  dit  point  les  Epures  du  Cardinal 
d'Ollàt,  les  Epitres  de  Bulli  Rabutin  ,  les  Epitres 
de    Voiture,  &c.  mais  les  L^ettres ,  Sec. 

Lettre  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafcs.  On 
dit  qu'il  faut  aider  à  la  lettre  ;  "pour  dire  ,  qu'il  ne 
faut  pas  expliquer  une  chofe  à  la  rigueur  ,  mais  y 
ajouter  quelque  choie  du  lien  ,  qui  en  facilite  l'in- 
telligence. On  dit  aulli  ,  ajouter  à  la  lettre  ;  pour 
dire  ,  quelque  chofe  qui  n'eft  pas  dans  ce  qu'on 
lit ,  dire  plus  qu'il  n'y  a.  On  dit  aulli  du  fecrec 
d'une  affaire  qu'on  ignore  ,  Ce  font  pour  nous 
lettres  clofes.  On  dit  aulli  d'un  Ouvrage  fort  aciie- 
vé,  où  on  ne  peut  rien  ajouter  ni  diminuer  j  qu'il 
n'y  manque  pas  une  lettre. 

On  dit  proverbialement  &  figurément.  Avoir 
lettres  de  quelques  choies  ;  pour  dire,  en  avoir  alfu- 
rance.  Vous  entreprenez  un  tel  voyage  -,  avez-vous 
lettres  de  revenir.   Il  ell  du  ftvle  familier.  Ac.  Fr. 

LETTRÉ  ,  ÉE.  adj.  Qui  a  des  lettres.  Il  eft  du  Ifyle 
familier.  Litteratus  ,  eruditus  ,  doclus.  Le  vulgaire 
des  Lettrés  ,  Mascur.  On  a  appelé  autrefois 
Lettrés  ,  en  Latin  Litcerarii  ;  Se  Littératures  ,  les 
Grammairiens ,  les  gens  médiocrement  favans. 

On  appelle  un  homme  lettré ,  celui  qui  a  étudié  , 
qui  ell  lavant;  &  on  appelle  non  lettré  ,  celui  qui 
ne  fait  pas  le  Latin ,  qui  n'eft  pas  gradué.  Illitera- 
tus.  Les  Juges  de  village  ,  les  Elus ,  ne  font  pas 
obligés  d'être  lettrés  ,  c'eft  -  à  -  dire  ,  gradués  en 
Droit. 

Lettré  ,  Letrado  :  c'eft  ainfi  qu'on  nomme  en  Portu- 
gal un  Avocat.  De  la  Neuville  , /fi/?,  de  Portu^ 
gai  ,T.L  ,p.  sS. 

En  parlant  de  la  Chine ,  on  appelle  Lettrés  ceux 
qui  s'appliquent  à  l'étude  des  Lettres ,  qui  appren- 
nent à  lire  &c  à  écrire.  Se  qui  peuvent  lire  les  Li- 
vres. Il  n'y  a  que  les  Lettrés  qui  puilfent  être  Man- 
darins ,  &c  afpirer  aux   Charges. 

La  Seéte  des  Lettrés  ,  eft  une  des  Seûes  de  la 
Chine.  Litteratorum  Secla.  Voici  ce  qu'en  dit  le  P. 
le  Comte  dans  fes  Mémoires,  T.  LI ,  p.  ijp.  Il 
eft  important  de  faire  connoître  une  troilième 
Sefte  ,  qui  tient  lieu  de  Religion  ,  ou  de  Philofo- 
phie  ,  ou  même  de  Politique  parmi  les  gens  de 
Lettres;  car  on  ne  fait  comment  appeler  cette  Doc- 
trine ,  qui  paroît  fi  obfcure  qu'ils  ne  favent  guère 
eux-mêmes  ce  qu'ils  prétendent.  Ils  la  nomment 
en  leur  Langue  Juhiao ,  &  c'eft  la  Seêle  des  Sa- 
vans. Les  guerres  civiles  ,  l'idolâtrie  Se  la  magie , 
ayant  mis  durant  plulieurs  liècles  le  détordre  dans 
l'Empire  ,  l'amour  des  Sciences  en  avoir  été  banni  ; 
Se  il  s'étoit  trouvé  peu  de  Doéteurs  capables  par 
leurs  ouvrages  ,  de  réveiller  les  efprits  de  l'allou- 
pillement  où  l'ginorance  Se  la  corruption  des  mœurs 
les  avoient  enfevelis.  Il  y  eut  feulement  environ 
l'an  1070.  après  J.C.  quelques  Interprètes  de  répu- 
tation ,  &•  en  1 200  ,  un  Dotleur  fe  diftingua  des  au- 
tres par  la  capacité.  A  fon  exemple  ,  on  commença 
peu-à  peu  à  prendre  goût  aux  Livres  anciens  j  qu'on 
avoir  jufques  alors  abandonnés.  Enfin  l'an  1400.  les 
Empereurs  voulant  donner  à  leurs  lujets  de  l'ému- 
lation pour  les  Sciences  ,  choifirent  quarante  deux 
Doéleurs  des  plus  habiles,  à  qui  ils  ordonnèrent  de 
fiire  un  corps  de  Doètrine  conforme  à  celle  des  An- 
ciens ,  qui  fût  dans  la  fuite  la  règle  de  tous  les  Sa- 
vans. Les  Mandarins  qui  en  eurent  la  commillion, 
s'y  appliquèrent  avec  foin  ;  mais  comme  ils  étoient 
préveilus  de  toutes  les  maximes  que  l'idolâtrie  avoi: 
répandu  dans  la  Chine  ,  au  lieu  de  fuivre  le  véii- 
table  fens  des  Anciens ,  ils  tâchèrent  de  les  faire  en- 

Qqq 


490  L  E  T 

ti-er  eux  mêmes  ,  par  de  Nulles  intetprctations ,  à.ins 
to-utes  leurs  idées  particulières.  Ils  parlèrent  de  Li 
Divinité  ,  comme  h  ce  n'eût  été  que  la  Nature  mcme  i 
c'elt-a  dire  ,  cette  tores  ou  cette  vertu  naturelle  qui 
produit,  qui  arrange,  cfiii  coiilerve  toutes  les  parties 
de  rUnivc-rs.  C'elt  ,  dilent-ils,  un  principe  trcs- 
pur ,  très-pariâit ,  qui  n'a  ni  commencement  ni  hn; 
c'ell  la  fource  de  toutes  choies ,  reHence  de  chaque 
Etre ,  &  ce  qui  en  fait  la  véritable  difterence.  Ils  le 
fervent  de  ces  magnihques  expreiiïons ,  pour  ne  pas 
abandonner  en  apparence  les  Anciens  ;  mais  au  tonds 
ils  le  font  une  nouvelle  Doctrine,  parce  qu'ils  les 
entendent  de  je  ne  lais  quelle  ame  inlenhble  du 
monde,  qu'ils  fe  figurent  répandue  dans  la  matière, 
où  elle  produit  tous  les  changements.  Ce  n'eft:  plus 
ce  Souverain  Empereur  du  Ciel ,  Julie  ,  Tout  puil- 
fant,  le  premier  des  efprirs  ,  &  l'Arbitre  de  toutes 
les  créatures  :  on  ne  voit  dans  leur  Ouvrage  qu'un 
athéïfme  ratiiné ,  &  lui  éioignemcnt  de  tout  culte 
religieux.  -    ,  '  i 

Cependant  foit  qu'ils  ne  voulultent  pas  te  décla- 
rer entièrement,  foit  qu'ils  fe  fulîent  expliques  en 
termes  plus  forts  qu'ils  ne  penfoient ,  de  temps  en 
temps  ils  parlentdu  ciel  comme  les  Anciens,&  ils  don- 
nent à  la  Nature  prefque  toutes  les  qualités  que 
nous  reconnoillbns  en  Dieu.  Us  fou.-Tiircnt  même 
volontiers  les  MohometanSj  parce  quiis  adoroient 
comme  eux  ,  le  maître  &  le  Roi  du  Ciel.  Pour  les 
autres  Seétes ,  ils  les  pcrfécutèrent  à  outrance  j  & 
on  prit  à  la  Cour  la  réfolution  de  les  abolir  dans  toute 
l'étendue  de  l'Empire. 

Mais  plufieurs  riifonsen  détournèrent  ;  les  principa- 
les furent ,  que  parmi  les  Savans  mêmes ,  il  y  en  avoir 
plufieurs  d'opinion  diltérente  ,.  &  imbus  de  l'an- 
cienne idolâtrie  :  déplus,  que  tout  le  peuple  étoit 
déclaré  pour  les  idoles  ;  deforte  qu'on  ne  pouvoit 
renverfer  leurs  Temples  ^  frns  exciter  des  troubles. 
Ainfi  l'on  fe  contenta  de  les  condamner  en  général 
comme  des  héréfies  j  ce  qu'on  fait  encore  tous  les 
ans  à  Péking  ,  fans  fe  mettre  en  devoir  d'en  arrêter 
efiic.Tcement  le  cours. 

Ces  nouveaux  Livres  compofés  par  tant  d'habiles 
gens  _,  &  approuvés  par  1  Empereur  même  ,  furent 
reçus  avec  applaudilîemcnt  de  tout  le  monde.  Ils 
plurent  à  quelques  uns  ,  parce  qu'ils  détruifoient 
toutes  fortes  de  Religions,  &  ce  tut  le  plus  grand 
nombre.  D'autres  les  approuvèrent,  parce  que  le 
peu  de  Religion  qu'ils  y  trouvoient  j  ne  leur  donnoit 
aucune  peine  à  pratiquer.  Ainh  fe  tonna  la  Secfe 
des  Savans,  ou  comme  on  parle  fouvent,  la  Seéfc 
des  Lettres  ,  dcfquels  on  peut  dire  ,  qu'ils  hono- 
rent Dieu  de  bouche  &:  du  bout  des  lèvres  ^  parce 
qu'ils  répètent  continuellement  qu'il  fiut  adorer  le 
ciel  >Sc  lui  obéir;  mais  leur  cœur  en  efl:  fort  éloigné, 
parce  qu'ils  donnent  à  ces  paroles  un  fens  impie, 
qui  détruit  la  Divinité  ,  &  qui  étoufte  tout  icnti- 
ment  de  Religion,  l-^'oye^  encore  le  P.  Couplet  dans 
fon  Confucius  ;  ProAmiali  Declaratione  ,  §.    j. 

Ce  nom  s'efl:  donné  aux  Savans  de  la  Chine, 
parce  que  les  premiers  qui  ont  écrit  de  cet  Empire  , 
font  les  Portugais  èv'  les  Elpagnols  ,  qui  appellent 
Letrado  ,  un  Doéfeur  ,  un  Savant  ,  un  homme  de 
Lettres  ;  &  qui  ont  appelé  Lctnidos  ,  les  Savans  de  la 
Chine. 
LETTRIER.  f.  m.  Vieux  mot.  Infcription. 
LETTRIN.   Foyçi  Lutrin. 

LETTRINE,  f.  f.  Terme  d'Imprimeur.  LitceruLc.  Les 
lettrines  font  de  "petites    lettres    que  l'on    met  au- 
•  delliis  ou  à  côté  ^CJ'd'un  mot    pou-r    renvoyer    le 
Leéteurà  la  marge  ,ou  au  commentaire  où  il  en  doit 
trouver  l'explication. 
§3°  On  appelle    aufli  lettrines  dans  un  Didionnaire  , 
les  lettres  majufcules  qui  font  au  haut  d'une  page 
pour  indiquer  les  lettres  initiales  des  mots  qu'elle 
contient. 
LETTRISE  ,  ÉE.   adj.  Poëme  Ictcrïfé ,  ou  Yats  lettri- 
fés.   Ce  font  ceux  dont  tous  les  mots  conmencent 
■    par  une  même  lettre.    On  appelle   autrement   ces 
fortes    d'ouvrages   Tautogrammes.  Voy.   ce  mot. 


L  E  V 


L  E  V. 


I 


LEU.   f.   m.  'Vieux  mot  qui   fc  difoit  autrefois  pour 
loup.  Lupus.    Ce  mot  Leu  ,  te   dit  encore  en  Pi, 
cardie  ,  &    en  d'autres    lieux  ,  au  même  fens.  On 
dit   encore    populairement  ;  c'eft    un   vieux    leu  ^ 
pour  lignifier  un   maître  homme  ,  \\\\  homme  fin , 
rufé.  c'ell  encore   de -là  qu'on   lurnomma  autrefois 
Pel  de  leu ,  un  noble  nommé  Raoul  ;  parce    qu'il 
portoit  une  vefte  de  peau  de  loup.  Voy.  Du  Cange , 
dans   les   Notes  fur  l'Alexiade  , /'.  240. 
Leu.  f  m.    Nom    d'homme.   Lupus.    Leu  ,   que  plu- 
fieurs prononcent  auffi  Saint  Lou,  &  que   plufieurs 
écrivent  Loup  ,  étoit  fils  de  Betton  -,   allié   à  la  fa- 
mille Royale.  Il  naquit  dans  le  Diocèfe  d'Orléans; 
il  fut  élevé  à  l'Evêché  de  Sens  en  609  j  Se  mourut 
en  61). 
LEVADIA  ,  ou  BADIA.   Nom  d'une  petite   ville  de 
la  Livadie  ,  en  Grècel   Lebadia  j  Lebadea.   Elle  cil 
près  de  la  rivière  de  Céphile  j  St  du  lac  de  Thébes , 
ou  Stives ,  à  quinze  lieues  de  la  ville  de  ce  nom , 
vers  le  couchant.  Maty. 
LEVAGE,   f  m.  Terme  de  Coutumes.  Dans  l'Anjou 
&  dans  le  Ivlaine  ,  le  levage  ell  un  Droit  appartenant 
au  Seigneur  Jullicier  :  il  fe  levé  fur  les  denrées  qui 
ont  féjourné  huit   jours  en  fon  fief,  &  y  ont  été 
vendues  &  tranfportées  ailleurs  -,  c'eft  l'acheteur  qui 
paye  ce  Droit  au  Seigneur.  Exagogïcum.  Levage  eft 
auili  dans  les  mêmes  Provinces  un  Droit  qui  ell  dii 
au  Seigneur  Jullicier  ,  pour  les  biens  de  fcs  Itijets  qui 
vont  demeurer  hors  de  fon  fiet.  Ce  Droit  ne  doit 
pas  excéder  cinq  tous. 
Itr  LEVAIN,  f.  m.  Fermentum.  C'eft  la  même  chofe    i-. 
que   ferment  ,    avec    cette    diltércnce    que    levczin     ; 
eft  plus  de  l'ufage  ordinaire,  &z  ferment  du  ftyle  didac-    'i 
tique.  De  plus ,  le  mot  de  levain  le  prend  dans  un 
fens  figuré  -,  au  lieu  que   le  mot  de  ferment  ne  fe 
prend  que  dans  le  fens  propre.  On  entend   par-là 
toute  matière  capable  de   caufer  un  gonflement  & 
une  fermentation  dans  un  corps  auquel  on  l'incor- 
pore ;  comme  il  arrive  dans  la  pâte  dont  on  veut  faire 
le  pain  ,  qu'on  fait  lever  &  fermenter  en  y  mêlant 
un    morceau   de  pâte  aigrie  de   la  fournée   précé- 
dente.  L'huile  de  tartre  eft  un  levain  qui  fait  une 
prompte  fermentation  ,  quand  on  la  mêle  avec  l'ef- 
prit  de  vitriol;  ce  qui  arrive  généralement  à  tous  les 
acides  mêlés  avec  les   alkalis. 

Ce  mot  vient  de  levanum  à  levando  ;  parce  que  le 
levain  fait  lever  la  pâte.  Voyei  Ferment. 
Levain  ,  de  Boulanger.  C'eft  un  morceau  de  pâte  ai- 
grie ,  ou  imbibée  de  quelque  acide  ,  qui  tait  lever , 
entier  &  fermenter  l'autre  pâte  avec  laquelle  on  le 
mêle;  &  en  ce  cas,  il  s'appelle  Franc-levam.  Quand 
on  y  mêle  de  l'écume  de  bière ,  il  s'appelle  levure. 
Le  pain  ordinaire  eft  fait  avec  du  levain.  Le  pain 
qui  doit  être  confacré  eft  fans  levain.  Panis  a-:(imus , 
non  fcrmentatus.  Souvent  ceux  qui  cuifent  envcJient 
emprunter  un  levain  chez  leur  voifin  pour  faire  leur 
pâte,  foyei  fur  le  levain  ,  le  Traité  de  Police  de' 
M.  de  la  Mare  ,  T.  /,  p.  s^o  &  fuiv.  ,  &  T.  //, 
p.  S 14  &  S  T  s- 
§C3°  Levain  ,  fe  dit  par  extenfion  d'un  principe  de  : 
corruption  ,  d'une  difpolition  des  humeurs  à  , 
quelque  maladie  prochaine  ,  d'une  mauvaife  qua- 
lité qu'elles  contractent  ,  &  qu'elles  conteryenc 
après  les  maladies.  Il  y  a  des  maux  qui  ne  fe  guérif- 
fent  jamais  fi  bien,  qu'il  n'en  refte  quelque /fVûW. 
On  ne  peut  guérir  la  fièvre  qu'en  chalTant  &  pur- 
geant le  levain  qui  entretient  la  mauvaife  humeur 
qui  la  caufe. 
Levain  ,  fedit  §3°  encore  du  diftolvantde  l'eftomac, 
par  le  moyen  duquel  fe  fait  la  digellion  des  alimens. 
De  mauvais  levains  dans  l'eftomac  corrompent  la 
malle  des  alimens  ,  &  procurent  une  mauvaile  di- 
geft'on.  ^        r       .  n 

gCF  Ce  mot    s'emploie  aulTi  au  figure.  On  appelle  en 
Théologie  le  levain  du  péché.   Peccati  fomes  ,  Le 


L  E  V 

penchant  pour  le  mal  qui  vient  de  notre  nature 
corrompue. 
ff^On  le  dit  généralement  de  toutes  les  mauvaifes 
imprcdions  que  le  péché  Liire  dans  Tamc.  Le  /e 
Vain  du  péché  originel.  Il  faut  fe  défaire  du  vieux 
levain.  Expurgate  vêtus  ferrnentum. 
CCJOn  le  dit  encore  des  pallions  violentes  ,  «Se  des 
difpontions  au  foulcvcment  dans  l'efprit  des  peuples. 
Levain  àc  haine,  dcdilcorde.  Il  relie  encore  dans 
lefjjrit  de  ces  mutins  un  levain  de  {édition  ,  de  révolte. 
Levain  ,  en  termes  du  grand  Art ,  a  les  lignifications 
<  fliivantcs.  Levain  de  la  matière  des  Philolophes  , 
c'eft  la  pierre  au  blanc  parfait.  Levain  de  l'or  ,  c'ell 
le  mercure  des  Sages. 
LÉVANE.  f.  h  Terme  dé  Mythologie.  Nom  d'une 
déelfe  de  l'Antiquité  payenne.  Levana.  La  déelle 
I.évane  préddoit  à  l'aAion  de  celui  qui  Icvoit 
un  enfirtt  de  terre  :  car  quand  un  enfant  étoit  né  , 
la  Sage-femme  le  mettoit  à  terre  ,  &  il  flilloit  que 
le  père,  ou  quelqu'un  de  la  part,  le  lev.it  de  terre  , 
&:  le  prît  dans  Ton  fein  ,  fins  quoi  il  palFoit  pour 
illégitime.  Saint  Auguftin  ,  L.  IV.  de  la  Cité  de 
•  Dieu,  dit  que  ZeVa/2d  n'étoit  point  une  déede  par- 
ticulière; qu'au  fentiment  des  payens ,  c'étoit  Jupiter 
à  qui  l'on  donnoit  divers  noms  ,  Iclon  les  offices  dif- 
férens  qu'il  avoir  ;  qu'il  ouvre  la  bouche  aux  petits 
cnhns  ,  &  qu'on  le  nomme  le  dieu  Vatican;  qu'il 
les  lève  déterre,  &  qu'il  efl:  la  àit'^cLévane.  DeCeri- 
ziERS  ,  Traduclion  de  la  Cite  de  Dieu.  Voy.  Dempl- 
ter.  Parai,  ad  R.oJIn.  Antiq.  L.  U.c.  ip.  'V^ollîuSj 
de  Idol.  L.  Il ,  c.  26.  à  la  tin,  prétend  que  Lé- 
vane  eft  la  même  que  Ilithyie ,  ou  Lucine  ,  qui  efl: 
la  même  que  la  Lune  ,  &  que  le  nom  de  Levana 
vient  de  l'Hébreu  r!j37  ,  Lebana  ,  qui  fîgnifie  laLune. 
LEVANT,  adj.  m.  &  f.  Sol  oriens.  Il  ne  fe  dit  guère 
qu'en  cette  Phrale.  Le  Soleil  levant.  Toutes  les 
Églifes  étoient  autrefois  tournées  au  Soleil  levant. 

Dans  les  Coutumes ,  fouvent  on  dit ,  un  homme 
levant  &  couchant  ;  pour  dire  ,  un  ho'mme  domi- 
cilié ,  par  oppofition  à  aubain  ,  ou  étranger.  On  les 
appelle  en  Latin  Levantes  (S"  cubantes.  Voy.  Du 
Cangc  ,  dans  [on  Gloffaire. 
Levant,  f.  m.  Oriens,  orientis  plaga.  La  partie  du 
ciel  fur  l'horifon  terminée  par  le  Méridien  du  côté 
oti  les  aftres  fe  lèvent  à  notre  égard.  Le  levant 
eft  à  notre  main  droite  ,  quand  nous  tournons 
la  face  du  ccté  du  Pôle  feptentrional.  L'Evangile 
a  été  prcclié  depuis  le  levant  jufqu'au  couchant. 
A  foUs  ortu  ufque  ad  occafum.  Cette  terre  eft  bor- 
née au  levant  par  une  rivière. 

On  appelle  le  levant  d'été ,  la  partie  du  ciel  où 
le  foleil  fe  lève  fur  notre  horifon  en  été  ;  &c  le 
levant  d'hiver ,  celle  où  le  loleil  fe  lève  en  hiver. 
AcAD.  Fr. 
Levant  ,  fe  dit  aulîî  de  tous  les  pays^fitués  à  l'Orient 
à  notre  égard  ,  &  en  particlier  des  Iles  &  Ports  de  la 
mer  Méditerranée.  Les  Marfeillois  trafiquent  au 
Levant  ,  à  Smyrne ,  à  Alep.  Lès  beaux  maroquins 
viennent  du  Levant.  Le  féné  ,  la  cafle  ,  s'apportent 
du  Levant.  La  mer  Méditerranée  s'appelle  la  mer 
An  Levant.  On  dit  aullî,  le  Vice-Amiral  du  Levant , 
qui  commande  fur  la  Méditerranée;  le  Vice- Ami 
rai  du  Ponant  commande  fur  l'Océan.  Efcadre  du 
Levant  j  celle  qui  eft  fur  cette  mer.  Le  mot  de 
Levant  ,  fe  dit  communément  des  pays  qui  font 
les  plus  proches  de  nous.  Ce  qui  eft  beaucoup 
au-delà  de  la  Méditerranée  ,  comme  la  Perfe  , 
l'Inde  ,  &  les  autres  pays  de  l'Alie  plus  recu- 
lés ,  ne  s'appelle  pas  Levant ,  mais  Orient.  îv!. 
Tavernier  ,  le  P.  Tachard  ,  ont  fait  plufîeurs  fois 
le  voyage  de  l'Orient ,  &  non  pas  du  Levant.  La 
Chine  eft  uu  des  plus  riches  pays  de  l'Orient.  Les 
Iles  du  Levant.  riZs'  Ainfilorfqu'il  s'agit  de  commerce 
■3c  de  navigation  ,  on  appelle  le  Levant  toutes  les 
cotes  d'Afie  le  long  de  la  Méditerranée  ,  &  même 
route  la  Turquie  en  Afie  :  alors  toutes  les  Échelles , 
depuis  Alexandrie  en  Egypte  jufqu'à  la  met  Noire  , 
cc  même  la  plupart  des  lies  de  l'Archipel,  font  com- 
prifes  dans  le  Levant  :  &c  l'on  ne  dit  point  voyage 
Tome   V. 


LEV  491 

d'Orient  ,  marchandifej  d'Orient ,  à  l'égard  de  ces 
lieux  la.  Car  on  entend  par  Orient  \x  Itrfé  ,  les  In- 
d'JS  ,  Siam  _,  le  Tonquin  ,  la  Chine  ^  le  Japon  ,  ijc. 
En  un  mot  le  Levant  eft  Li  partie  occidentale  d.  l'A- 
iic,  &  \' Orient  tovii  ce  qui  eft  au  d..là  de  lEUr^hiate. 
Ce  qui  n'cft  vrai  pourtant  qu  en  matière  de  com- 
merce &  de  navigation  :  car  en  fait  d'Empires  &c 
d'iiirtoire  Ecclelialtiquc  ,  on  dit  l'Empire  d'Orient, 
LÉglife  d'Orient. 

En  termes  de  Jardinage,  le  lestant  eft  tout  le  con- 
traire de  ce  que  c'eft  en  Aftronomie  &  en  Géogra- 
phie. Les  Jardiniers  ne  regardent  que  les  endroits 
de  leur  jardin  où  le  foleil  donne  ,  &  dj  quelle  ma- 
nière dans  tout  le  cours  d^-  la  journée  il  y  donne  ,  loit 
à  l'égard  de  tout  le  jardin ,  foit  a  l'égard  de  quel- 
qu'un de  fcs  côtés  :  li  les  Jardiniers  voient  que  le 
foleil  à  Ion  lever ,  &  pendant  toute  la  première  moi- 
tié du  jour  ,  continue  de  luire  iur  un  côtéj  ils  ap- 
pellent ce  côté  le  côté  du  levant,  ëc  c'eft  en  effet  en 
matière  de  jardins,  le  véritable  levant  ;  enforte  que 
(i  le  foleil  y  commence  plus  tard  .  ou  y  finit  plu- 
tôt ;  cela  ne  ie  doit  point  appeler  \e  levant.  La  Quint. 
Voye:[  Exposition  ,  en  termes  de  Jardinage. 

On  dit  proverbialement  qu'on  adore  plutôt  le 
foleil  levant  que  le  foleil  couchant  ;  pour  dire  , 
qu'on  fait  plutôt  la  cour  à  jeune  Prince  ,  qu'à  un 
Prince  fort  âgé. 

Levant,  f.  m.  Sur  la  mer  Méditerranée  ,  on  appelle 
levant  le  vent  d'Orient.  Eurus.  C  eft  le  vent  d'Eft. 

IP" LEVANTIN,  INE.  ad;.  Natif  des  pays  du  Le- 
vant. Ln.  orientait  plaga  natus.  Peuples  Levantins. 
Nations  Levantines.  li  ell  Ibuvent  employé  fubftaii- 
tivemenr.  Les  Levantins  font  la  plupart  Mahomé- 
tans.  Il  fe  fait  un  grand  commerce  avec  les  Levan- 
tins. Les  Levantins  font  proprement  ceux  qui  habi- 
tent le  long  des  côtes  de  la  Méditerranée  du  côté  du 
Levant  ,  &  dans  les  premiers  États  qu'on  trouve 
au-delà  de  ces  côtes  ,  &c  parce  qu'on  va  da.:s  ce  pays  là 
par  la  mer  Méditerranée ,  on  appelle  les  Officiers 
qui  commandent  ou  fervent  iur  cette  mer  ,  Cfticiers 
Levantins.  Les  Chinois  ,  les  Japonois  ,  les  Indiens, 
ne  font  point  délignés  par  le  nom  de  Levantins  , 
quoique  par  rapport  à  nous  ,  ils  habitent  du  côté 
du  Levant.  Il  faut  les  appeler  Orientaux.  On  va 
aujourd'hui  chez  ces  peuples  là  par  l'Océan  ,  en 
doublant  le  cap  de  Bonne  Efpérance.  Équipage  Le- 
vantin ,  eft  un  équipage  de  vailleau  levé  fur  les  côtes 
de  la  Méditerranée.  Les  Matelots  Levantins  font 
fort  agiles. 

Les  Levantins  en  leur  Légende  , 
Difent  qu'un  certain  rat  y  las  des  foins  d'ici-bas  , 
Dans  un  fromage  de  Hollande 
Se  retira  loin  du  fracas.  La  Fontaine, 

Ce  nom  ne  fe  dit  point  des  Anciens  :  en  parlant 
d'eux  j  il  faut  dire  ,  Orientaux  ,  &  non  point  Le- 
vantins. Il  ne  fe  dit  p.as  non  plus  en  matière  d'éru- 
dition ;  on  ne  dira  point  les  Langues  Levantines  , 
mais  les  Langues  Orientales.  Il  ne  fe  dit  donc  que 
des  peuples  d'aujourd'hui  qui  habitent  vers  la  mer 
du  Levant,  fur  les  côtes  orientales  delà  mer  Médirerra- 
née.  Il  fe  dit  aulîî  des  drogues  &  des  marchandifes 
qui  viennent  de  ce  pays.  Une  bonne  médecine  pur- 
gative &  corroborarive  ,  compofée  de  caflè  récente  , 
avec  féné  levantin  Se  autres.  Mol. 

LE VANTIS.  f.  m.  Soldats  de  Galère  des  Turcs.  La 
pefte  Se  les  Levantis  l'ont ,  après  le  feu^les  deux  fléaux 
de  Conftantinople.  Tournefort.  Les  Levantis  in- 
fultcnt  fbuvent  les  Étrangers. 

LEVANZO.  Nom  d'une  petite  île ,  où  il  n'y  a  que 
quelques  habitations.  Levantia ,  Pliorbantia.  Elle 
elt  dans  la  mer  Méditerranée  j  à  trois  lieues  de  la 
côte  occidentale  de  la  Sicile ,  vis-à-vis  de  Trépano. 
Maty. 

LEUBACE.  Voye^  Libesse. 

LEUBEN  ,  LEWBEN  ,  LAUBEN.  Nom  d'un  bourg 
du  cercle  d'Autriche.  Lcubcnum ,  Lauba ,  Leobium. 
Il  eft  dans  la  Stiric  ,  fur  le  Muer  ,  qu'on   y  psiffe 

Qqq  ij 


LEU 


492 

lur    un  pom  ,  à  trois  lieues  au  de(uis  de  Pruchaii- 

der-Muer.  Mat  y. 
LEUCA,  Capo  di  Leuca.  P''oYei  S.  Maria  di  Leuca. 
LEUCACANTHA.  (".  f.  Plante  qui  eft  une  dpèce  de 

Carline  que  C.    Bauhin  appelle  Carlïna   caulefcens 

magno  fion.   On    la  nomme   autrement   Caméléon 

noir. 
Ce  mot  vient  du  Grec  umi ,  blanc  ,  Se  de  U^xtSu. 
LEUCADA.   roy.  Ste  Maure  ,  île. 
LEUCANIE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 

déelîe  des  anciens  Latins.  Leucania.  W  y  a  dans  Gru- 

rer  ,  />.  MLXXIF ,  n.  S  ,  une  infcviption  antique 

à  l'honneur  de  la  décile  Leucanie. 

DEAE  LEVCANIAE 

SEX  AURELIUS  BACCHI 

LUS.  VOT,  SOL. 

LEUCANTHÊME.  f.  f.  Plante  entièrement  femblable 
au  Chryfanchême ,  avec  cette  leule  dit-lcrence  que 
l'es  fleurons  font  blancs.  Les  racines  ,  les  leuilles , 
les  Heurs  &c  le  bois  de  cette  plante  font  d'un  goût 
fi  pénétrant ,  que  fi  on  les  mâche  ,  elles  exprime- 
ront de  la  bouche  une  quantité  prodigieufe  defa- 
live;  c'eft  pourquoi  l'on  peut  s'en  lèrvir  avec  iuc- 
ccs  dans  le  mal  des  dents.  On  le  prend  pour  le 
Pyréthrum  ,  ou  pour  l'Impératoire,  &  c'ell  avec 
fondement.  Ce  n'eft  pourtant  point  le  Pyréthrum 
de  nos  Herboriftes  ,  auquel  on  peut  toutefois  le 
fubftituer  dans  les  maladies  féches  des  vilcères  & 
âcs  inteftins.  Céfalpin  recommande  un  onguent  fait 
de  cette  plante  poiu-  la  gale.  Hijl.  des  Plantes  at- 
tribuée à  Boërhaave. 

LEUCAS.  f.  f.Plante  dont  parle  Diofcoride.Quelques-uns 
croient  que  c'eft  uneefpèce  de  Lamium,  ou  d'ortie 
morte  ,  que  Bauhni  appelle  Lamium  albâ  lineâ  iio- 
tatum. 

LEUCATE  ,  LEOBATE,  Nom  d'un  bourg  ou  petite 
ville  ,  qui  étoit  défendue  par  une  bonne  citadelle  , 
que  les  François  ont  démolie  depuis  quelques  an- 
nées. Leocata  ,  Leucata.  Ce  lieu  elt  dans  le  Lan- 
guedoc j  à  fix  lieues  de  Narbonne  ,  6c  à  pa- 
reille diftance  de  Perpignan  ,  (ur  le  lac  ou  petit 
golfe  de  Leucate ,  qu'on  juge  pouvoir  être  la  Sordice 
palus  des  Anciens.  Maty.  De  Valois  ,  Not.  Gall. 
p.  274. 

Leucate  Promontoire  de  l'Acarnanie  ,  où  Apollon 
étoit  honoré  patticulièrement  ;  il  étoit  voilîn  d'Ac- 
tium.  C'eft  à  Leucate  qu'Enée  fit  célébrer  \zs  jeux 
Troyens  en  l'honneur  de  l'on  père  Anchife. 

LEUCE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Leucus.  Quelques 
Copiftcs  de  Martyrologes  ont  dit  Leucus ,  d'autres 
Leontius  ,  d'autres  Seleucus  ;  $i  cette  dernière  ma- 
nière ,  toute  fautive  qu'elle  eft  ,  a  été  adoptée  par 
Maurolycus  ,  Félicius  ,  Galélînius  &  Canilius,  qui 
le  font  copiés  l'un  l'autre.  Chastelain.  F'cye^  les 
notes  de  cet  Auteur,  au  vingt  huitième  de  Janvier, 
p.  43  s  <S'  fuiv. 

LEUCÉ.  f.  f.  FitiUglio  alba.  Efpècc  d'Alphos  ,  ou 
tache  blanche  qui  vient  à  la  peau  ,  &:  qui  pénétre 
jufqu'à  la  chair.  Voye-{  Alphos.  Galien  en  fait  une 
efpèce  de  lèpre  ,  qu'on  appeloit  lèpre  blanche. 
Avincenne  la  nomme  Albara  alba.  Elle  en  diftére 
pourtant ,  en  ce  qu'elle  eft  unie  &  fans  .âpreté.  Ce 
mot   eft    Grec    '.e^k;)  ,  blanche.    Col  de    Villars. 

LfucÉ.  Ile  du  Pont  Euxin  ,  dont  les  Anciens  ont  fait 
une  efpècc  de  Champs  Élilées  j  où  habitoient  les 
amesde  plufieurs   Héros. 

LEUCES.  f.  m.  Nom  d'homme.  Leucius.  A  Brindcs , 
le  natalice  de  Snint  Leuces  Evêque.  Chastelain  ,au 
huitième  Se  3.  l'onzième  de  Janvier. 

LEUCHTENBERG.  Le  Landgraviat  de  Leuchtenbcrg  ; 
en  Latin  Leuchtcnbergenjis  Landgraviatus.  C'eft  un 
pays  enclavé  dans  le  Palatinat  de  Bavière.  Il  eft  le  long 
de  Ja  rivière  de  Nab  j  Se  n'a  rien  de  confidérable  que 
Pfreimb ,  qui  en  eft  la  capitale  j  &  Leuchtenbcrg  , 
Château  fort  qui  lui  donne  le  nom.  Ce  Landgraviat 
eft  dans  la  ALaifon  de  Bavière  depuis  l'an  1641Î  ,  &: 
il  eft  polledé  par  un  Cadet  de  cette  Maifon.  Maty. 


LEU 

1  LEUCK.    Nom  d'un  bon  bourg  du  pays  de  Valais 
allié  des  Suilles.   Lcucia.    Il  a  un  pont  fur  le  Rhô- 
ne, à  cinq  lieues  au-dellus  de  la  ville  de  Sion      & 
des  bains  renommés  qui  font  à  une  lieue  du  bourg. 
Maty. 

LEUCO.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un  dieu 
des  Plateens.  Leuco.  C'étoit  un  homme  que  la  Py- 
thie ordonna  aux  Grecs  d'iionorer  comme  un  dieu 
au  temps  de  la  guerre  de  Perfe.  Les  Plateens  princi- 
palement obdrent  à  l'Oracle. 

§3"  Leuco.  1.  m.  Nom  qu  on  donne  à  une  efpèce  de 
graine,  femblable  au  millet,  qui  croit  en  Afrique. 
On  en  fait  une  farine  dont  les  habitans  du  Royau- 
me de  Congo  &  d'Angola  font  du  pam  qu'ils  trou- 
vent excellent.  Cette  graine  croît  aulli  en  Egypte 
lur  les  bords  du  Nil. 

iCTLEUCOCHUYSUS.  f.  m.  Nom  que  Pline  donne 
à  une  elpèce  de  hyacinthe  de  couleur  d'or ,  mêlée 
de  veines  blanches. 

LEUCOGRAPHIS.  Nom  d'une  pierre  appelée  autrement 
Maracus  &  Calaxia.  On  la  trouve  en  Egypte.  Elle 
eft  d'un  tillu  mou  &:  facile  à  dilloudre.  Les  Blan- 
chilleurs  s'en  (ervent  pour  donner  de  l'éclat  au 
hngc.  On  dit  qu'elle  eft  emplaitique  Se  bonne 
pour  ceux  qui  font  attaqués  de  crachement  de  fang , 
de  l'artcCtion  cœliaque  ou  de  douleur  dans  la  velfie; 
pour  cet  efter  il  faut  la  prendredansde  l'eau.  Les  fem- 
mes qui  ont  des  pertes  de  langlaprennentde  la  même 
manière ,  ou  s'en  icrvcnt  en  pellaire.Elle  entre  dans  les 
remèdes  ophtalmiques  dont  la  confiftence  eft  molle. 

Arus;(J7p<;f.    DiOSCORIDE  j    L.    F ,    C.    1^2.    ■ 

LEUCOIUAL  i.  m.  Plante  qu'on  nomme  autrement 
Girofiier  ,  ou  violier.  ^fJ" Leucoion  déhgne  les  vio- 
lettes diftérentes  ,  particulièrement  le  giroHier  blanc. 
Ce  mot  eft  Grec,  Se  compofé  de  /s  «  ,  blanc, 
&  de  I»»,  violette  ,  comme  qui  diroit  violette  blan~ 
che.  Voy.  Giroflier. 

LEUCOMA.  f  m,  Tenne  de  Chirurgie.  C'eft  une 
petite  tache  blanche  qui  vient  dans  la  cornée  ,  Se  que 
les  Latins  appellent  Albugo.  Elle  eft  caulée  par  une 
humeur  épaillie  ,  Se  engagée  dans  cette  membrane. 
On  l'appelle  autrement  Taie. 

0O°-On  a  eu  tort  de    confondre  le  Leucoma  ,  tache 
fur  la  cornée ,  avec  la  cicatrice  qui  le  fait   enluite 
d'une  plaie,  ou  d'un  ulcère  dans  cette  partie,  com- 
me il  arrive  quelquefois  dans  la  petite  vérole. 
Ce  mot  eft  GreCj  &  formé  de  /iu»-.; ,  blanc. 

Leucoa'.a  ,  eft  auili  le  nom  que  les  Américains  don- 
nent à  un  fruit  du  Pérou  ,  qui  eft  plat  d'un  côté  , 
comme  nos  châtaignes ,  Se  qui  leur  eft  femblable 
en  couleur  Se  en  grolfeur.  L'arbre  qui  porte  ce 
finit,  eft  grand.  Se  d'un  bois  fort  .Se  ferme  ;  fes 
feuilles  rellcmblcnt  à  celles  de  l'arboufier.  On  dit 
que  le  fruit  eft  bon  à  manger ,  <Sj  d'un  goût  agréa- 
ble ,  Se  qu'il  arrête  le  cours  de  ventre  ,  parce  qu'il 
cfl:  aftringent. 

§CrLEUCÔPETALUS.  f.  m.  Selon  Pline  ,  c'eft  unà 
pierre  précicufe  ,  de  couleur  blanche  mêlée  d'or. 

§Cr  LEUCOPHLEGMATIE.  f.  f.  Terme  de  Méde- 
cine. Efpèce  d'hydropifie ,  qui  a  fon  fiége  dans  le 
tillu  cellulaire  qui  meut  toutes  les  parties  du  corps. 
C'eft  une  tumeur  de  toute  la  furface  extérieure  du 
corps  ,  ou  de  quelques-unes  de  (ts  parties,  blan- 
che ,  molle  ,  qui  cède  au  toucher  ,  Se  dans  la- 
quelle demeure  l'cnfonccmenT  qui  a  été  fait  par 
le  preirement  du  doigt.  La  Leucophlegmatie  eft  pro- 
duite par  une  humeur  aqueule ,  extravalée ,  Se  qui 
s'eft  ramallce  entre  les  interfaces  des  mufcles  ,  & 
dans  les  pores  de  la  peau.  ff3'  Elle  diffère  de  l'ana- 
farqueen  ce  que,  fi  l'on  enfonce  le  doigt  dans  quel- 
que partie  ,  l'impretlion  refte  gravée  pendant  quel- 
que temps  j  au  lieu  que  dans  l'analarque  elle  dif- 
paroît  allez  promptement. 

Ce  mot  eft  Grec,  &  formé  de  ^f^Wj  blanc. 
Se  de  (fxé  -,"«  ,  pituite. 
LEUCOPHRYNE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Sur- 
nom que  les  Magnéfiens  donnoient  à  Diane.  Leuco- 
phryne.  On  ne  (ait  pas  bien  quelle  eft  la  caufe  de  ce 
fuiijom.  On  dit  que  ce  peut  être,  ou  parce  quune 


LE  U 


L  £  V 


fcmine  de  ce  nom  avoit  été  inhumée  au  lieu  où  on 
bâtit  un  Temple  à  Muieive  dans  M.ignélle  j  ou  parte 
qu'elle    avoit    un    Temple   célèbre  à  Ténédos ,  île 
qui    avoit    porté   le  nom    de  Leucophryne ,  ik  que 
les  Magnéiiens    avoient  bâti  le  leur  lur  le   modèle 
de  celui-là. 
^"LEUCOl'HTHALMUS.    f.  m.    Nom   donné  par 
Pline  à  une  cfpéce  d'onyx  que  reprélente  la  prunelle 
&  le  blanc  de  l'œil. 
LEUCOS,  ou  PATRASSO.  Nom  d'une  petite  rivière 
de  la  Morée ,   Patrujjus  ,  Glaucus.  Elle   coule  entre 
la  ville  de  Gaftani  ,  6c  la  torterelle  d'Achaii  ,  &   fc 
décharge  dans  le  goltc   de   Patras,  à  une   lieue    de 
la  ville  de  ce  nom  ;  vers  le  midi.  Maty. 
LEUCOSA  ,  LICOSA.  Nom  dune  des iles  qu'on  ap- 
.     pelle  li  Galli.  Leucafia,  Laicofia.  Elle  elldans  le  GoUe 
de  Salcrne  ,  près  de  la  côte  de  la  Principauté  Citéricu- 
rc  /Province  du  Royaume  de  Naples,  au  midi  du 
■    Cap  délia  Mincrva.  AIaty.  Feftus  dit  que  cette  île 
fiit  appelée  Leucofii  d'une  parente  d'Énéc  qui  y  Rit 
enterrée;  mais  Plme  ,  L.  II.  c.  SS .  dit  que  ce  fut  du 
nom  d'une  des  Sirènes  ,  qui  hulubmergée  lur  la  côte 
de  cette  ilc  ,  &  fut  inhumée  dans  l'île. 
LEUCOSIE.  f.  f.  Une  des  Sirènes  ,  qui  donna  Ion  nom 
•à  une  île  de  la  merTyrienne,  lur  la  côte  occidentale 
d'Italie,  où  elle  fut  rejcttée  ,  dit  Strabon  ,'lorlquej 
félon  la  Fable  ,  elles  fe  précipitèrent  dans  la  mer. 
LEUCO-SYRIE.  Ancien  nom  d'une  partie  de  la  Cap 
padoce.  Leucofyria.  La  Leucafyne  étoit    aux   envi- 
rons  de    l'embouchure  du  Thermodoon,    nommé 
aujourd'hui  Pormon  ,  qui  fe  jette  dans  la  mer  Noire , 
près  d'une  ville  de  ce  même  nom. 
LEUCOTHÉE.  f.  f.  Terme  de  Mytologie.  Nom  d'une 
décile.  Leucotkica.   C'eft  la  même  qu'Ino  ,  nourrice 
de  Bacchus,  qui  fuyant  la  fureur  d'Athamas  fon  ma- 
ri ,  fe  précipita  dans  la  mer  ,  &  fut  changée  en  une 
décile  marine ,  qu'on  appela  Leucothée.   Voye\  Vof- 
fius,  de  Idol.  L.  I.  c.  I s  &  2^  S<.  L.  Vil.  c.  lo. 
Les  Romains  la  nommèrent  Macuta. 
LEUCOTHOÉ.  f.  f.   Fille  d'Orchame  ,   feptième   Roi 
de  Perfe  depuis  Bélus ,  &  d'Eutynome ,  la  plus  belle 
perlonne  de  l'Arabie. 
LEUCTRES.    Ancienne  ville  de  la  Béotie,  en  Grèce. 
Leuclra.    Elle    ell   célèbre  dans  l'Hiftoire    par    une 
grande  bataille  que  les  Thébains  y  gagnèrent  £ur  les 
Lacédémoniens  ,  l'an  de  Rome  383.  Maty. 
LEUDE;  f.  m.  Vieux  mot  Celtique  ou  Franc,  qui  nous 
cfl:  refté  ,  &  qui  fignitioit  fujet,yùWiri/j,  ou  peuple, 
plebs.  De-là  les  mots  d'a//c-uû? ,  de  Franc  alleud.  Paf- 
quier ,  Rech.  L.  IV.  c.  7.  Leudes  ,  dans  Grégoire 
^  Tours  ,  ôc  Aimoin,  eft  pris  pour  (ujet.  Le  même 
Auteur ,  L.  VIII.  c.   2.  Voyc\  ChiHet ,  dans  fon 
Glqffarium  Salïcum ,  au  mot  Leode  ,  qu'il  tire  de  l'Al- 
lemand Leunden  ,   ou  lidem  ,    qui    lignifie  peuple  : 
Plebs  quA  bona  fua  qualiacumque  pojfidet ,  &  rem  fa- 
miiiarem  curât. 
|i3°Chcz  les  Germains ,  plufieurs  volontaires  fuivoicnt 
les  Princes  dans  leurs  entreprifes.  Tacite  les  délîgne 
par  le  nom  de  compagnons  ;  la  loi  Salique  par  celui 
d'hommes  qui  lont  fous  la  foi  du  Roi  ;  les  formules  de 
Marculfe ,  par  celui  à.' AntruJÎ'tons  du  Roi  ;  nos  pre- 
miers Hiftoriens ,  par  celui  de  Leudes  &  fidèles;  & 
les  fui\'ans  par  celui  de  VaJJaux  &  Seigneurs.  Mon- 
tefq.  M.  de  Longuemare  prétend  qu'anciennement 
le  mot  de  Leudes   s'appliqucit  indiflindlement  aux 
Gaulois,  aux  Romains  &:  aux  Francs,  à  l'exception 
des  ferfs  ,  &  que  ce  ne  i'ut  que  dans  la  fuite  que  les 
Barons  &c  les  nobles  François  feulement  furent  ap- 
pelés Leudes.  D'autres  au  contraire  foutienent  que  le 
mot  Leudes  a  toujours fignifié  les  Grandsdu  Royaume. 
EUDE.  f.  f.  Ce  terme  n'eit  ufité  qu'en  Languedoc.  C'clT; 
efpèce  de  péage  qui  fe  prend  fur  les  chofes  qui 


493 


•■  ^    i  <-'  1-,  -- 1 — - —  —  - —  -1 

lont  portées  à  Touloule  par  des  étrangers.  Vccl'igal  a 
mercatoribus  alïenïgems  Tolofn  folvendum.  Leuda. 
les  habitans  de  Touloufe  font  exempts  de  la  Leude. 
Cette  immunité  leur  fut  confirmée  l'an  1^39.  par  un 
Arrêt  du  Confeil.  Voyei  la  Faille,  Annales  de  Tou 
loufe,  T.  III.  p.  III, 

Voyei  auili  laude,  c'efl:  la  même  chofc  dans  lesl 


Coutumes.  M.  de  Gravcrol  remarque  que  ce  mot  de 
leude  a  une  lignification  particulière  dans  pluliturs 
villes  de  Languedoc  ,  où  l'on  appelle  leude,  i^c  que 
les  bourreaux  exigent  des  paylans  qui  vont  vendre  au 
marché  des  œufs ,  des  fruits ,  u\:  autres  chofes  fcmbla- 
blesj  droit  quon  appelle  ailleurs  havage. 
LEUURAC.  Nom  d'une  petite  rivière  de  France. /^a/- 
draca ,  Vuldraga.  Elle  elt  dans  lAutunois ,  en  Bour- 
gogne. 
LEVE.  1.  f.  Terme  du  Jeu  de  mail.  C'ell  un  des  côtes  du 
mail;  c'ell-à-dire  ,  de  l'inlhuiuent  qui  lert  à  jouer 
au  mail  ,  à  pouHer  ,  a  challer  les  boules.  La  levé  eft 
fuite  en  forme  de  cuillère  de  bois.  Cochlca  cudiculu- 
r'ts.  La  levé  fert  à  lever  la  boule  quand  on  eft  en  palle  , 
&  c'cft  de  la  qu'elle  apjis  Ion  nom.  L'autre  côté  du 
mail  s'appelle  malle. 
LÈVE.  f.  f.  l'ermede  Mythologie.  Nom  d'une  décile  ho- 
norée   autrefois    dans    les    Pays-Bas.   Leva.   Voye^ 
Léewhn. 
LEVE-CUL.   Terme   de  Fauconnerie.  On  dit.  Voler 
levecul  j  c'eft  un  vol  à  levé  cul  y  ou  autrement  vol  à 
la  fource. 
Leve-cul.  Terme   de  Joueur.  Jouer  à  leve-cul  ,  c'eft 
jouer   deux  enfemble  ,  à  condition   que   celui   des 
deux  qui  perdra,  quittera  le  jeu  pour  faire  place  à  un 
autre.  On  dit  plus  ordinairement  A  c^/Z/êvc. 
^"  LEVÉ,  f  m.  Terme  deMufique  qui  déligne  le  temps 
de  la  mefure  où  on  levé  la  main  ou  le  pié.  C'eft  le 
temps  qui  fuit  Se  qui  précède  le  frappé. 
ICFLevÉe.  f.  f.  Action  de  recueillir  certaines  chofes , 
&  ce  qui  fe  recueille.  En  Agriculture  on  le  dit  des 
fruits,  particulièrement  des  grains  ,  comme  fynonyme 
de  récolte.    Fragum  coaclio ,  colleclio.  Ce    Fermier 
ne   me  payoit  pas ,   j'ai  été  contraint   de  faifir  fcs 
levées ,  de  me  faire  adjuger  fes  levées ,  fa  récolte. 
I^O'LevÉe  fe  dit  dans  un  autre  fensaen  ternies  d'Agri- 
culture &  de  jardinage  ,  de  la  fortie  des  germes  dont 
on  a  mis  les  femences  en  terre.  On  dit  que  la  levée 
des  grains  eft  belle ,  quand  on  voit  les  jeunes  plantes 
fortir  de  terre.  11  y  a  des  moyens  pour  faciliter  la  le- 
vée des   graines. 
Levée,  lignifie  aufîl  une  élévation  de  terre,  de  pierres, 
de  fils  de  pieux ,  ou  d'autres  matériaux  en  forme  de 
quai ,  de  digue  ,  de  chauffée ,  pour  arrêter  des  eaux 
des  inondations.  Agger ,  moles.  Lz  levée  ioutïtnt  ïzs 
berges  d'une  rivière  ;  &  en  empêche  le  débordement. 
Rompre  une  levée.  Vaug.  On  le  dit  particulière- 
ment des  levées  de  la  rivière  de  Loire.  On  Fait  plu- 
fieurs lieues  de  chemin  fur  la  levée.  Il  y  a  des  Inten- 
dans  des  Turcies  &  levées. 

Ce  mot  vient  de  levata  ,  qui  en  bafic  Latinité  a 
fignifié  chauffée  ,  levée  de  terre. 
Levée,  lignifie  quelquefois  ,  Iftue,  |icr  temps  auquel 
on  finit  une  choie  ;  temps  auquel  une  compagnie  fc 
lève  pour  finir  fa  féance.  A  la /ev/e  de  la  Grand'- Cham- 
bre ;  à  la  /tfv/f  du  Confeil ,  c'eft-à-dire  à  Tiffue   de 
la  féance. 
|J3"  On  viit  dans  ce  fens  ,  la  levée  d'un  fiége  ,  pour  dc- 
fîgner  la  retraite  des  troupes  qui  tenoient  une  ville 
ailîégèe. 
^fï  On  dit  de  même  la  levée  d'un  fcellé,  d'un  appareil. 
Il  faut  appeler  à  la  levée  d'un  fcellé  tous  les  créan- 
ciers oppofans.  Le  Médecin  f e  trouva  à  la  levée  du 
premier  appareil  de  ce  blelfé.  f3"  On   dit  faire  la 
/tfV(/e d'un  corps  mort,  d'un  cadavre;  c'elH'enlcver 
pour  le  porter  au  lieu  où  il  doit  être  inhume  ,  ou 
expofé  au  Public.  Les  Prêtres  font  la  levée  d'un  corps 
mort ,  pour  l'enterrer.  Un  Officier  de  Juflice  fait  la 
levée  du  cadavre  d'un  homme  allafliné  ,  pour  l'expo- 
fer  à  la  morne. 
Levée  ,  fe  dit  aufli  des  troupes  qu'on  mc,t  fur  pié ,  des 
foldats  qu'on  enrôle.  Miiitum  confcriptio.  Les  Princes 
arment  j  on  fait  par-tout  des  levées.  On  a  envoyé 
faire  des  levées  en  Allemagne  ,  en  Suiffe.  On  dit 
aulfi ,  faire  une  levée  de  Pionniers  ,  de  chevaux  d'ar- 
tillerie ,  &c. 
Levée,  fe  dit  pareillement  des  impofitioiis  de  deniers 
ordinaires  ou  extraordinaires  qu'on  levé  fur  les  peu- 
ples ,  des  droits,  des  deniers.  Nummorum  exaclio  , 


494       L  E  V 

collecîio  ,  trïhutum.  On  recommence  en  Hollande  la 
levée  du  deux-centième  denier.  Ce  (ont  les  Alféeursi^v 
Collecteurs  qui  l'ont  la  levée  des  tailles.  Il  le  dit 
également  de  l'argent  qu'on  lève  fur  le  Clergé  de 
France  pour  les  intérêts  du  Roi  ,  pour  les  heloins  de 
l'État.  Depuis  rétabliirement  de  la  Monarchie  ,  on 
fait  de  temps  en  temps,  (Se  dans  les  nécellîtés  de  l'E- 
tat ,  diverfes  levées  (ur  le  Clergé.  L'Églife  accorde 
àzilevees  au  Roi.  Il  s'cftfait  de  grandes  iSc  de  fréquen- 
tes levées  lur  le  Clergé.  Patro. 

Levée  ,  fe  dit  aulîi  au  jeu  de  cartes  ,  des  mains  qu'on 
gagne  ,  qu'on  levé  de  dclfus  le  tapis.  Il  faut  faire  fcpt 
levées  au  Piquet  pour  gagner  les  cartes.  On  peut  ga- 
gner à  la  Bctc  ,  quand  on  a  les  deux  premières  Levées. 
Quelques  Uiis  difent  un /«vf.  L'ulageeilpour /evf'e. 

Levée  ,  terme  de  Batelier.  Sorte  de  petite  planche  com- 
pofée  de  trois  ou  quatre  ais  attachés  aux  bouts  du  ba- 
teau j&  qui  forme  une  elpèce  de  fiége.  Tabulatum. 
S'alfeoir  ou  fe  mettre  fur  la  levée  du  bateau. 

On  dit  fur  mer  ,  il  y  a  de  la  levée  ,  c'eft-à-dire  , 
que  les  lames  de  la  mer  s'élèvent  fort  haut.  Dans  la 
baie  de  Coquimbo  (  fur  la  mer  du  Sud  )  les  vailleaux 
le  mettent  à  l'abri  de  tous  vents  en  fermant  la  pointe 
de  tribord  ou  de  la  Tortue,  par  celle  de  bâbord; 
de  forte  qu'on  voit  de  tous  côtés  la  terre  ,  Sr  qu  il 
n'y  a  point  du  tout  de  levée  de  mer.  Frésier  , 
j>age  117.    \ 

Levée  ,  efl:  aullî  un  terme  de  Couturière  en  linge  , 
qui  fignifie  une  bande  qu'on  fépare  d'un  morceau  de 
toile  ,  quand  il  y  en  a  plus  qu'il  n'en  faut  pour  l'ou- 
vrage qu'on  veut  faire.  ll  y  a  trop  de  toile  a  ce  rabat  : 
il  y  hut  faire  une  levée. 

Levée.  Terme  de  Fabrique  d'étoffe  à  la  navette  &  au 
métier.  C'eft  autant  d'ouvrage  qu'un  Ouvrier  en  peut 
faire  fans  être  obligé  de  rouler  fur  l'enfuple  de  devant 
l'ouvrage  qui  efWéja  fait.  Cet  Ouvrier  eft  habile  ,  il 
fait  plus  d'une  levée  par  jour. 

Levée  fe  dit  auflî  dans  le  Commerce  d'étoffes  de  la 
quantité  qu'on  levé  ,  qu'on  prend  lur  une  pièce. 
Cette  pièce  de  velours  eft  prelqu'entière  j  on  n'en 
a  pris  qu'une  levée  de  jupe. 

Levée.  Terme  d'Horlogerie.  C'eftun  petit  levier  mobile 
placé  fur  la  tige  d'un  marteau  de  répétition.  On  l'.ip- 
pelle  auHî  Echappement.  L'axe  de  levée  eft  la  partie 
de  l'échappement  par  laquelle  la  force  motrice  elt 
tranfmife  (ur  k  régulateur. 

Levées,  f.  f  pi.  Dans  quelques  machines  les /eve'ej  font 
les  bouts  des  pièces  de  bois  qui  traverfent  l'arbre  ou 
aillîeu  de  la  roue,  (Se  qui  en  palTànt,  attrapent  les 
têtes  des  maillets  ,les  loulevent  &  les  laillént retom- 
ber en  s'échappant.  C'elt  ainfi  que  les  maillets  des 
moulins  à  papier  réduifcnt  les  chiffons  en  bouillie. 

Levée  ,  fe  dit  aulH  en  parlant  de  la  courte  de  bague , 
&:  fe  dit  de  l'aétion  de  celui  qui  court  la  bague  , 
lorlqu'il  vient  à  lever  la  lance  dans  la  courfe.  Il  a 
fait  une  Itvée.  Faire  une  levée  de  bonne  grâce. 

On  dit  proverbialement  qu'on  a  fait  une  grande 
ou  une  belle  levée  de  boucliers  ,  quand  q\\,  fait  de 
grands  préparatifs  pour  quelque  entreprile  qu'on  aban- 
donne ,  qui  a  apparence  de  ne  pas  réuffir.  Magniji- 
cus ,  fed  inanls  apparatus.  On  le  dit  particulièrement 
des  fanfarons ,  des  gens  qui  menacent  ,  qui  font 
plus  de  bruit  que  d'effet. 

^fT  Ménage  dit  que  la  raifon  voudroit  qu'on  dît  levée 
de  boucliers  ;  mais  que  l'ufage  ,  plus  fort  que  la  rai- 
fon ,  eft  pour  levée  de  bouclier.  Aujourd'hui  l'ulage 
s'accorde  avec  la  railon  ,  i5c  l'on  dit  toujours  levée 
de  boucliers.  Il  a  fait  une  belle  levée  de  boucliers. 

LE'VENT.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Soldat  de  Marine 
chez  les  Turcs.  Miles  navalis.  La  plus  grande  par- 
tie des  Officiers  de  la  Marine  &  des  foldars  qu'ils 
appellent  Levents  ,  Leventi  ,civl  Levamis  y  font  leur 
.  réfidcnce  ordinaire,  61:  l'inlolence  de  cette  canaille  , 
qui  efl  toujours  très  grande  parmi  les  gens  de  mer, 
rend  ce  quartier  moins  fréquenté  des  Chrétiens. 
Du  Loir  ,p.  66.  Il  parle  du  quartier  de  Conftan- 
*  tinople  appelé  Caffan  Bâcha. 

LE'VER.  f.  m.  L'heure  où  l'on  fort  du  lit.  Tempus  è 
leclo  furgendi.  Il  faut  aller  à  fon  lever  çom.  le  trou- 


LE  V 

ver  chez  lui.  Les  Courtilans  s'emprellent  d'aller  .lu 
lever  du  Roi. 

Lever, fc  dit  aulîî  du  foleilj  &  desaftres,  quand ilsparoif 
lent  lur  l'horiloiijOu  quand  on  commence  à  lesapperce- 
voir.  Orcusjcxonus.  Il  y  a  trois  lortes  de  lever  des  aflres; 
le  lever  coj'mique  ,  quand  ils  fe  lèvent  en  même  tems 
que  le  foleil,  parce  qu'au  lever  du  loleil  le  monde  fem- 
ble  renaître  ,  &:  la  nature  reprendre  les  tondtions.On 
r.ippelle  aulli  lever  poétique.  Le  lever  acronyque , 
quand  l'étoile  le  levé  lorlque  le  loleil  le  couche. 
h'héliaque  apparent,  ou  folâtre  ,  lorlque  l'aflre  com- 
mence a  paroitre  en  (ortant  des  rayons  du  loleil ,  &c 
qu  il  n'eft  plus  otïufqué  de  fa  lumière  ;  ce  qui  arrive"" 
environ  10  jours  après  la  conjonétion  de  cet  alite 
avec  le  foleil ,  plus  ou  moins ,  lelon  la  grandeur  de 
l'aPcre  ,  Ion  éloignement  ,  &c.  Héliode  a  remarqué 
que  les  Plé'iades  étoient  cachées  40  jours  ,  c'efl  à- 
dire  ,  20  jours  avant  leur  lever  colmique ,  ou  conjonc- 
tion avec  le  foleil ,  &  20  après.  Quelques  peuples 
de  l'Amérique  ,  &  entr'aiitres  les  Sauvages  de  la  Terre 
ferme  de  la  Cayenne ,  règlent  leur  année  civile  fur 
le  cours  àc  Sinus  ;  ils  commencent  leur  année  au 
lever  héliaque  de  cette  étoile  ,lorlqu'ils  commencent 
à  l'appercevoir  dégagée  des  rayons  du  foleil.  On  dit 
aulli  le  lever  Àc  l'aurore.  'Voit.  Le  lever  des  lignes, 
qu'on  appelle  lever  ajironomique ,  c'eft  le  temps  que 
les  lignes  du  Zodiaque  emploient  à  fe  lever  lur 
l'horifon. 

Lever  ,  fc  dit  auffi  en  parlant  des  féances  qui  terminent 
les  Affemblécs.  Il  faut  le  trouver  au  lever  du  Con- 
feil ,  de  la  Cour,  de  la  Chambre.  Le  mot  As  levée- 
eft  plus  ulité  en  ce  lens.  J-^oye-^  Levée. 

LE'VER.  V.  a.  Changer  la  fituation  de  quelque  corps 
en  le  haullant ,  en  le  mettant  plus  haut  qu  il  n'étoit. 
Tollere  ;  erigere.  Mo'i'le  levou  les  bras,  au  Ciel , 
quand  fon  peuple  combattoit.  On  lève  les  pierres 
dans  les  atteliers  avec  des  grues.  On  a  /evir' le  pont, 
on  ne  lauroit  plus  entrer  dans  la  ville.  Lever  les  louf» 
Hets  d'un  orgue.  Quand  un  des  piftons  d'une  pompe 
fe  baille  ,  l'autrcfe  lève.  On  lève  la  bonde  d'un  étang, 
quand  on  veut  le  vider ,  quand  on  veut  le  pêcher. 
On  lève  les  pales  d'un  moulin,  quand  on  veut  le 
faire  aller.  Il  faut  lever  la  cremaillicre  d'un  cran  ; 
lever  les  rideaux  ,"  lever  fon  manteau  de  peur  des 
crottes.  Dans  ce  fens  on  dit  lur  mer,/èv'e,  c'eft  un 
commandement  qu'on  fait  à  un  équipage  de  chaloupe 
ou  autre  bâtiment ,  pour  tenir  les  rames  hors  de  l'eau, 
&:  celîer  de  naviguer. 

fCFOn  dit, /cvtr  les  yeux  au  ciel,  les  tourner  vers  le  ciel, 
&  lever  les  yeux  fur  quelqu'un ,  le  regarder. 

Lever  ,  fe  dit  aulli  à  l'égard  de  la  fituation  des  per^n- 
nés  &  des  chofes ,  quand  elles  le  drelfent  ,  ou  fe 
tiennent  debout,  après  avoir  été  à  genoux,  allifes, 
ou  couchées.  5i^r^'t';'e  ,  erigere  Je,  confurgere  ,  exurge- 
re.  Pendant  l'Évang'le  &  le  Magnificat,  il  faut  qu'un 
chacun  le  lève  à  l'Églilc.  Quand  on  a  dmé ,  on  fe 
lève  de  table.  Les  gens  d'affaires  ou  d'études  ie  lèvent 
du  matin.  Les  Dames  &  les  fainéans  le  lèvent  tard. 
Ce  malade  eft  convalefcent ,  il  commence  à  fe  lever, 
à  marcher  dai:s  la  chambre.  |(0°  Se  lever  dans  ce 
dernier  lens ,  c'eft  lortir  de  Ion  lit.  On  dit  qu'un  valet 
de  chambre  va  lever  fon  Maître,  pour  dire  qu'il  va 
l'habiller  au  fortir  du  lit. 

^C?  Lever,  élever,  foulever,  haullerj  exhaufferj  confi- 
dérés  dans  une  lignification  lynonyme.  On  levé  en 
drelfant  ou  en  mettant  de  bout.  On  élevé  en  pla- 
çant dans  un  lieu  ou  dans  un  ordre  éminent.  On  fou- 
levé  en  tailant  perdre  terre  &  portant  en  l'air.  On  v 
hauffe  en  ajoutant  un  degiélupérieur  foit  de  fituation, 
foit  de  force ,  foit  d'étendue.  On  exkaujje  en  augmen- 
tant la  dimenhon  perpendiculaire. 

§CrOn  /(fv«  une  échelle.  On  élevé  une  ftatue.  On  fou-  i 
levé  un  coffre.   On  hauffe  les  épaules  Se  la  voix.  On 
exhauffe  un   bâtiment. 

On  dit  aulli ,  qu'une  Compagnie  fe  lève  ,  quand  fa  ji 
féancc  eft  finie ,  quand  elle  fe  lépare.  A  l'égard  des  ■ 
chofes  ,  on  dit  lever  un  tonneau  lur  le  cul ,  lever  anc 
colonne ,  une  pièce  de  bois  qui  étoit  couchée  ;  pour 
dire ,  la  drefter. 


L  E  V 

fj;3' On  dit  familiàeniciit  /evcrh  crête ^  fc  coiuraiiulic" 
moins  j   tommtiiccr  à  paiojtre  avec  plus  de  hai- 
dielle. 
Lever  ,  fignifie  encore  ,  Découvrir ,  ô:cr  une  tliofc  de 
dellus  une  autre.  Les  femmes  lèvent  leur  ninfque  , 
les  Religicufes  leur  voile ,  pour  parler  à  quelqu'un. 
On  lève  le  couvercle  de  la  marmite  quand  elle  s'en- 
fuit. On  a  lève  la  ferrure  de  cette  porte  ,  pour  l'appli 
qucr  lur  une  autre.  Il  iigniric  aulli ,  ôter  une  chofe 
de  dellus  une  autre.  On  a  levé  la  nappe  ,  les  tables.  . 
Zt'VtT  le  premier  ,  le  Iccond  fervice.  Leverle  premier 
appareil  qu'on  a  mis  fur  une  plaie.  Lever  1  ecorce 
d'un  chêne  pour  faire  du  tan. 

On  dit  en  ce  fens;  iever  les  difficultés.  Zever  un 
obftacle  ,  c'eft-à  dire ,  ôter.  Removcre.  Lever  un 
doute,  un  fcrupuicjes  faire  celler.  ^C?  On  dit  dans 
le  même  fens  ,  lever  des  delcnfes ,  un  interdit ,  une 
excommunication. 
JG°On  dit  hgurément  lever  le  mafque  ,  en  parlant  d'un 
homme  qui  agit  ouvertement,  &  ians  fe  contraindre, 
après  avoir  tenu  une  autre  conduite. 

On  dit  en  termes  de  Finances  &c  de   comptes , 
Lever  une  indécilion  mile  {urla  recette  ;  c'eft-à-dire  , 
palier  un  article  ou  une  partie  d'un  compte  qu'on 
,  avoit  laillc  indécile  ,  jutqu'à  ce  qu'il  apparût  des  pic 
ces  nécellaires  ou  reqiiiles  pour  l'admettre. 
Lever  ,  lignifie  aullI ,  couper ,  détacher  une  partie  d'un 
tout.  Secarc  ,  incldere.  On  dit  lever  la  cuillc  ,  l'.iile 
d'un  chapon.   Les  Charcutiers  lèvent  les  Mèches  de 
lard  .avant  que  de  dépecer  leurs  pourceaux.  Les  Bou 
chers  lèvent  l'épaule  ,  la  détachent  du  haut  côté  du 
mouton.  On  dit  aullî  ,  Lever  un  habit ,  une  jupe 
chez  un  Marchand  ;  pour  dire  ,   l'acheter ,  la  dé- 
tacher de  la  pièce. 
Lever,  lignifie aulîl  ôter  ,  effacer.  Ahjlergere  ^  delere. 
Lever  une  tache  de  dellus  un  papier.  Lever  une  écri- 
ture .ivec  de  l'eau  forte.  Lever  une  tache  lur  un  ha- 
bit ,  fur  du  linge. 
Lever  ,  fignifie  encore  ,  recueillir ,  emporter  les  fruits 
d'un  héritage  ,  d'une  Seigneurie  ,  foit  qu'ils  loient  en 
efpèce  ,  foit  en  argent.  Frucius  cogère  ,  coUigere.  Le 
Mét.-iyer  a  bien  levé  ,  bien  recueilli  des  blés  dans  ce 
champ  ,  bien  du  foin  dans  ce  pré.  C'eft  l'Archidia 
cre  qui  a  levé  les  fruits  de  cette  Cure  pour  Ion  drou 
de  Déport.  C'eft  un  tel  Seigneur  qui  lève  les  groiles 
Dunes  dans  un  tel  lieu.  Le  Receveur  n'a  plus  rien  a 
lever  des  cens  &  rentes  de  la  Seigneurie. 

On  le  dit  aullî  en  parlant  des  droits  des  Domai 
ne-s  du  Roi,  &  des  tailles  &c  impolitions,  faire  k 
lecouvrement  de  ce  qui  ell:  dû  par  les  particuliers. 
J^ecligaHacolUgere  ,  eligere.  Ce  lont  les  Collecteurs 
qui /t'vcnr  les  tailles  dans  les  Paroilles.  Le  Roi  /ève  tant 
par  an  fur  Ion  peuple  ;  il  lève  tant  fur  le  vin  ^  fur  k 
£èl ,  fur  les  marchandifes. 

On  dit  en  termes  de  Guerre ,  Lever  le  fiège  ,  k 
blocus  d'une  Place  ;  pour  dire ,  retirer  les  troupes  qu, 
la  tenoient  allîégée.  S'en  éloigner ,  Solvere  ohfidïoncm 
difcedere  ah  objidione.  Lever  le  camp  ■■,  pour  dire  ,  quit 
ter  fon  porte  ^  ou  leverle  piquet  j  déloger  avec  quel 
que  précipitation  ,    retirer  des  foldats  qui  font  d 
garde  ,  ou  qui  font  en  faction.  On  dit  aullî ,  lever  1. 
garde  ,  la  fentinelle.  On  lève  la  garnifon,  quand  o; 
emmène  ceux  qu'on  avoir  commis  à  garder  quelque 
chofcOn  dit  aulîl ,  /cvi.'/ l'étendard  ,jîgnum  extollere 
quand  on  fe  met  en  état  de  faire  la  guerre,  yc/'  Et  l'on 
dit  figurément  /ever  l'étendard  de  la  dévotion  j  del'ir 
religion,  &  en  faire  une  efpèce  de  profellion  ,  une  dé 
claration  publique  :  6c  /evcr  l'étendard  contre  quel 
qu'un,  fc  déclarer  ouvertement  contre  lui.  Lever  un 
armée ,  des  troupes ,  une  Compagnie ,  un  Régiment 
pour  dire  J  les  mettre  fur  pié  ,  enrôler  des  Sold.us 
Milites  confcribere  ,  comparure.  Leverdcs  Pionniers 
des  chevaux d'artillctie.  On  dit  aullî  ,  lever  le  canoi, 
avec  des  coins  de  mire  ;  pour  dire ,  le  pointer. 
Lever,  fe  dit  aulli  au  Manège,  en  pariant  desdiverfe 
façons   de   manier   un    cheval.  Exi.<jere  ,   attolkre. 
Levei  Je  devant  à  ce  cheval.  Levei  le  à  cabrioles ,  à 
péfades,  à  courbettes  ,  c'efl-à-dire  j  maniez  le  à  ca- 
biioles,  &c. 


L  E  V  495- 

En  termes  de  Marine,  on  dit ,'  /eVerl'ttîcre  ,  an- 
coram  collcre ,  c'ell  la  tiicr  du  fond  de  l'eau  pour 
partir  d'un  port  j  d'une  rade  ,  d'un  lieu  où  le  vaillenu 
étoit  arrêté.  Levcrles  voiles,  c'ell  les  hiller  ,  les  hauf- 
fcr.  On  dit  aulii  que  le  ver.t  f'é  lève  ,  qUand  il  com- 
mence a  fourtler.  Zevcr quelque  chofe  a  1  aiguille  de 
la  boullblc  J  c'ell  voir  avec  la  boulfole  à  quel  air  de 
vent  efl  la  chofe  en  qucllion.  Lever  \es  terres,  c'ell 
en  oblerver  la  lituation  tk  cnf.aire  un  plan. 
Llv£R  l'ancre  avec  la  chaloupe  ,c'elt  lorlqu'on  envoie 
la  chaloupe,  qui  tire  l'ancre  par  Ion  otin  ,  Se  qui  la 
porteà  bord.  /.tTcrrancredattoutêké  avec  le  navire, 
c'ell  lorlqu'on  file  du  cable  de  lagrollè  ancre  ,  quieft 
mouillée,  Se  que  Ion  vire  fur  l'ancre  d'aflburchc, 
jiilqu'à  ce  qu'elle  foit  à  bord. 

Ln  Géométrie  ,  on  dit',  lever  le  plan  d'une  ville  , 
d'un  bâtiment,  d'une  Province  ,  pour  dire,  en  faire 
une  rcprel^ntation  ,  une  defcription  fur  le  papier 
cxaêlement&:  avec  toutes  les  mclures.  Delineare  'ur- 
bts  ,  domûs  ,  prcvincidi  ,  ichonographiam.  Lever  un 
plan ,  c'ell  aullî  en  prendre  toutes  les  dimenlions  avtc 
la  toife  ,  la  canne  ,  la  perche  ,  &c.  ffT  Lever  un  plan 
&  faire  un  plan  lont  deux  opérations  tout  a-fait  dif- 
férentes. Lever  an  plan  *  c'eil  prendre  des  angles  fur 
le  terrain  &  mcfurer  des  lignes  _,  dont  on  décrit  les 
dimenfions  qui  doivent  férvir  pour  faire  le  plan.  Cette 
dernière  opération  confilfe  h.  tracer  en  petit  fur  le  pa- 
pier ,  ou  fur  une  autre  matière ,  les  angles  &  les  lignes 
dont  on  a  pris  les  mclures  fur  le  terrain  ,  enforte 
que  la  figure  tracée  foit  parfaitement  femblable 
quant  aux  dimenfions  ,  à  la  figure  du  terrain.  On 
dit  aullî ,  d'un  point  donné  ,  lever  une  ligne  perpen- 
diculaire ,  ou  plutôt ,  élever  une  ligne.  Lineam  duce- 
re.  Lever,  ou  plutôt,  élever  une  aiguille,  un  obé- 
lilque  J  une  colonne  ,  un  bâtiment  a  plomb.  Erigera 
ad  perpendieulum. 

En  termes  de  Chalfes  ,  on  dit  Faire  lever  le  gi- 
bier _,  foit  lièvre,  perdti::,  ou  autres;  pour  dire  ,  le 
découvrir ,  lefairc  partir,  &  donner  lieude  le  courir, 
ou  de  le  tirer. 
ïfJ  On  dit  figurément  ,  mais  dans  le  ftyle  familier  feu- 
lement ,  lever  le  lièvre  ,  pour  dire  être  le  premier  à 
mettre  une  chofe  fur  le  tapis ,  à  propoftr  une  chofe 
à  laquelle  on  ne  penfoit  pas  ,  à  ouvrir  un  avis. 
^fF  On  dit  encore  en  termes  de  chall'e  ,  Itver  le  pied  du 
cerf  àic.  lorfqu'on  le  coupe  pour  en  faire  honneur 
au  Maître   ou  Seigneur  de  la  chaife ,  ou  à    quel- 
qu'autre  de  la  compagnie. 
Lever  del'étofté,  du  drap,  delà  fergeje-c.  C'eft  ache- 
ter chez  un  Marchand  ces  fortes  de  marchandifes  à 
l'aune  ,  ou  les  faire  couper  à  la  pièce. 

En  rermes  d'Aftronomie ,  on  dit  que  le  foleil  fe 
lève  ,  quand  il  paroît  au  bord  oriental  ele  l'horifbn  : 
Sol  oritur  ;  que  l'aurore  fe  /<?ve  avant  le  foleil  :  qu'uri 
figne,  qu'un  degré  de  l 'Equateur  fe  lèvent  par  une 
afcenfion  droite,  ou  oblique  :  que  les  allres  fe  lèvent 
en  trois   façons  ci-devant  expliquées. 

En  Agriculture,  on  dit,  lever  les  guérets,  quand 
on  donne  le  premier  labour  aux  terres  qui  ont  été 
quelque  temps  à  fe  repolér ,  pour  les  femer  en  la'fai- 
fon  prochaine.  Novalia  arare ,  colère.  On  lève  les 
ridipcs  après  la  fleur,  quand  les  fannes  commencent 
à  jaunir. 

En  termes  de  Pratique  ,  on  dit ,  lever  un  corps 
mort  ,  un  enfant  expofé  ,  pour  dire  ,  faire  un  procès 
verbal  de  l'état  où  on  les  a  trouvés,  &  mettre^ ordre 
à  la  fépulture  de  l'un  ,  ou  à  la  nourriture  de  l'autre. 
Cadaver attollere  ,  addltâjuris  formula.  Leverxin  fcel- 
lé ,  pour  dire  ,  reconnoitre  il  le  fceau  qu'on  a  ap- 
pofé  cft  f^iin  &  entier ,  &  procéder  à  k  defcription 
de  ce  qu'on  trouve  dcllbus.  Lever  un  contrat  ,  une 
fentence  ,  un  arrêt  ;  pour  dire  ,  s'en  faire  délivrer 
unegroile;  ou  une  expédition.  On  dit  aulTi  ,  lever 
la  main  ,  quand  on  fait  un  ferment  en  Juftiçe ,  & 
obtenir  main  levée  ,  quand  on  obtient  la  décharge 
d'une  faifie  ,  ou  quand  on  la  fait  annuler".  Lever  la 
main  du  Roi ,  lever  des  défenfes ,  une  interdiélion  , 
une  oppcfitijn  ,  une  excommunication ,  quand  on 
décharre  de  ces  aûes,  ou  quind  on  les  annule.  Ou 


49 


L  E  V 


dit  aufll  ,  qu'on  lève  une  charge  vacante  aux  parties 
caluelles ,  quand  on  Tachette  pour  s'en  faire  pour- 


voir. 


Au  jeu  on  dit ,  lever  une  main  ,  pour  dire  ,  ga- 
gner une  ou  plufieurs  cartes  qu'on  a  jetées.  Jouer  à 
cul  levé,  quand  un  tiers  attend  à  prendre  la  place  de 
celui  qui  perdra  ,  tandis  que  deux  autres  jouent  enfcm- 
ble.  Au  jeu  de  Tridrac ,  c'eft  rompre  Ton  jan  de  re- 
tour ,  &  mettre  (es  dames  hors  du  tridrac:  c'cll  à 
dire  quand  le  joueur  a  pallé  toutes  l'es  dames  dans  le 
jan  de  retour  ,  il  \tslève  enfuitel'ur  la  bande,  laquelle 
alors  eft  regardée  comme  café.  Quand  d'un  jan  de 
retour  on  a  gagne  partie  limple  ou  double,  il  vaut 
mieux  s'en  aller  que  de  lever  jufqu'à  la  fin ,  à  moins 
qu'on  n'efpéràr  de  gagner  encore  beaucoup  de  points. 
On  ne  lève  point  que  l'on  n'ait  palFé  toutes  (es  dames 
dans  le  petit  jan.  Traité  du  Triclrac.  Quand  on  ell 
palfé  dans  le  petit  jan  ,  on  lève  à  chaque  coup  de  dé 
tout  ce  qui  bat  jufte  ("ur  le  bord  ,  félon  le  nombre 
qu'on  a  amené  ;  autrement  on  ne  peut  point  lever  \ 
-mais  il  faut  jouer  ce  qui  ne  bat  point  lur  le  bord.  Ib. 
Celui  qui  a  levé  le  premier  toutes  fes  dames  ,  gagne 
quatre  points  par  lîmple  ,  &  lix  par  doublet;  c'ell;  à- 
dire,  que  le  dernier  coup  qu'il  joue  ,  s'il  fait  un  dou- 
blet, il  marque  iîx  points  ;  s'il  fait  un  nombre  lîm- 
ple ,  il  n'en  marque  que  quatre  ,  avec  les  autres 
points  qui  peuvent  lui  être  reftés  d'ailleurs  ,  & 
outre  cela  j  il  a  le  dé  pour  recommencer  une  autre 
partie.  Ib. 

On  dit  auill ,  lever  ménage  ,  lever  cabaret  ,  pour 
dire ,  commencer  à  tenir  ménage  ,  cabaret ,  &  à  le 
garnir  pour  cet  etfet ,  de  tous  les  meubles  ,  marchan- 
diles  &:  uftcnlîles  qui  y  font  nécellaires.  Zei'er  bou- 
tique ,  c'ert  louer  une  boutique  ,  &  la  remplir  d'un 
allortiment  de  marchandifcs  pour  en  faire  le  négoce  , 
&C  la  tenir  ouverte  aux  Marchands  qui  fe  préfentent 
pour  acheter. 

On  dit  ;  lever  un  corps  faint ,  pour  dire  ,  le  tirer 
du  tombeau  avec  cérémonie  ,  pour  l'expofer  à  la 
véiiération  des  Fidèles.  Ac.  Fr. 
Lever  la  main,  fi^nifie  aullî  quelquefois,  menacer, 
ou  frapper  Mlnitarï ,  minas  intendere.  C'eft  uu  crime 
effroyable  de  levcrXd.  main  fur  fon  père.  C'eft  faire 
un  affront  lîgnalé,  de  lever  le  baron  lur  un  Gentil- 
homme. Drulus  leva  la  main  pour  trapper  Séjan. 
Ablanc. 
|tJ' Lever  eft  auftî  neutre  ,  &:  fe  dit  des  plantes  &  des 
graines  qui  commencent  à  pouller  &  à  fortir  déter- 
re. L'orge  lève  plus  vite  que  le  froment.  La  graine 
de  laitue  lève  en  peu  de  temps.  Nos  blés  commen- 
cent à  lever. 
^CFIl  eft  auftî  fynonyme  de  fermenter.  On  dit  faire 
lever  la  pâte.  L'on  dit  aullI  que  la  pâte  lève ,  quand 
elle  commence  à  lever.  Voye\  fermenter  &  levain. 
Lever,  fedit  proverbialement  en  ces  phrales.  On  dit, 
qu'un  hommemarche  la  tctc/tfvd'ej  pour  dire  hardi- 
ment &  fans  craindre;  qu'il /<?ve  la  crête,  qu'il  lève 
les  cornes ,  qu'il  lève  le  nez  ;  pour  dire  ,  que  fes 
affaires  font  en  bon  ét.at ,  ou  qu'il  eft  fier  &:  orgueil 
îcux.  On  dit  aulli ,  (ju'ii  fe  lève  en  pies  fur  fes  er- 
gots ;  pour  dire  ,  qu'il  le  met  en  état  de  quereller  &: 
de  menacer.  On  dit  aullî ,  quand  la  Cour  le  lève  le 
matin ,  elle  dort  Taprès-dînée  ;  pour  dire  ,  qu'elle 
n'entre  point  le  foir  au  Palais.  On  dit  d'une  choie, 
qu'elle  lève  la  paille ,  quand  elle  eft  fingulière  & 
extraordinaire ,  ou  décifive.  On  dit  aulîl ,  il  fiudra  fe 
lever  bien  matin  pour  l'attraper;  pour  dire  ,  qu'on 
a  affaire  à  un  homme  bien  fin.  On  dit ,  lever  le 
menton  à  quelqu'un  ;  pour  dire  ,  le  protéger  ,  lui  ai- 
der en  fes  affaires ,  en  fes  entreprifes.  On  dit  d'une 
HUc,  que  fon  tabher/fvê,  quand  elle  ne  peut  cacher 
fa  grollelVe.  On  dit  aullî ,  qu'il  faut  lever  les  épaules  , 
quand  on  eft  obligé  de  (ouffrir  quelque  choie  (ans 
s'en  ofer  plaindre.  A  beau  fe  lever  matin  qui  a  bruit 
de  dormir  la  gralfe  matinée.  Mascur. 
LEVÉ ,  ÉE.  pari. 

On  dit  j  prendre  quelqu'un  au  pié  levé  ;  pour  dire  , 
prendre  quelqu'un  au  mot ,  fans  lui  donner  le  temps 
lie  faire  réflexion  ;  tirer    avantage  contre  lui  de  ce 


L  E  V 

qu'il  lui  eft  échappé  dédire.  AcAD.  Fr.  On  dit  auflî 
aller  partout  tête  levée  ,  la  tête  levée  ,  c'eft-à-dire , 
lans  rien  craindre. 

Levé  ,  en  termes  de  Blafon,  fe  dit  particulièrement 
de  l'ours ,  quand  il  eft  repréfcnté  droit  &  en  pié. 
E  reclus. 

LEVERANO.  Nom  d'un  bourg  .avec  titre  de  Princi- 
pauté. Leveranum.  Il  eft  dans  la  Terre  d'Otrante , 
Province  du  Roy.aume  de  Naples  ,  près  du  Golfe 
de  Tarcntc  ,  &  à  trois  liCues  de  la  ville  de  Leccie. 

M  AT  Y. 

LEVE-ROY,  Ancien  ferment ,  ou  jurement  qu'on  trou- 
ve dans  les  Coutumes  ,  6c  dont  on  ne  fait  pas  trop 
bien  la  fignificatiou.  Jurer  par  léve-Roy.  M.  de  la 
Thomallîére  croit  que  cela  veut  dire,  par  le  véritable 
Roi  ,per  vtrum  Regem. 

LÉVERPOLE.  Voyei  Léerpoie. 

LÉVÉCHE.  f.  f.  Plante.  Foyei   Liv^che. 

LEVEUR.  i.  m.  Celui  qui  a  foin  de  lever  des  Droits 
Seigneuriaux ,  des  dîmes ,  des  tailles  ,  des  impoiî- 
tions.  Coacior,  exaclor pecuniarum.  Voilà  le  Leveur 
de  la  dime  ,  le  Leveur  du  huitième  denier.  Il  y  a  des 
Leveurs^  de  tailles  qui  en  font  lerecouvrement  j  auheu 
des  Alîceurs  Se  Colledeurs. 

0CrCe  mot,  en  ce  fens,  ne  ie  dit  point,  &:  li  on  le  dit  quel- 
que part  ,  ce  ne  peut  être  que  dans  quelque  Province. 

LEVEUR.  I.  m.  Terme  de  Manufadure  de  papier.  C'cll 
l'Ouvrier  qui  dans  les  Papeteries  lève  les  feuilles  de 
papier  de  dellus  les  feutres,  pour  les  mettre  les  unes 
iur  les  autres  lur  le  drapant,  c'eft-àdirc,  fur  une- 
machine  faite  comme  un  chevalet  de  peintre ,  fur 
les  chevilles  de  laquelle ,  eft  une  planche  oià  l'oa 
arrange  des  feuilles  de  papier  les  unes  fur  les  autres. 

LEVEURE.  royei  Levure. 

LEUFROY.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lçutfredus,  LeufreduSy 
dans  les  JclaSancl.  Jun.  T.  IT.  p.  104&  /oj-  &C 
Leocfndus  ,  dans  Bailler  ,  au  2  i  de  Juin.  Leufroy\ 
qu'on  trouve  aulîi  nommé  Zeo/rijy  ,  étoit  iorti  d'una 
niaifon  noble  &  ancienne  du  Territoire  d'Evreux; 
mais  il  renonça  dès  fa  première  jeunelle  à  tous  les  vains 
avantages  qu'il  auroit  pu  retirer  de  la  nailîance  ,  &  des 
richedes  de  ia  famille  ,  pour  fc  dévouer  au  fervice  de 
Dieu.  Baillet.  Il  reçut  l'habit  Monalfique  des  mains 
de  Saint  Saens ,  vers  l'an  686.  dans  un  Monaftère  que 
ce  Sainr  avoir  bâti  au  pays  de  Caux  ,  &:  dont  il  avoir 
la  conduite.  Vers  l'an  690.  il  repalla  dans  le  Dio- 
cèfe  d'Evreux ,  où  i!  bâtit  un  Monaftère  dans  le  pays 
de  Madrie  ,  près  de  la  rivière  d'Eure  j  en  un  endroit 
où  Saint  OLiin  ,  Prcdécelleur  de  Saint  Ausberg,  avoK 
planté  une  croix  enrichie  de  Reliques,  ce  qui  fit  que 
le  Monaftère  de  S.  Leujroy  fut  appelé  la  Croix  Saint 
Oiiin.  Il  en  fut  Abbé,  èv  on  l'a  appelé  depuis  la  Croix 
Sùni  Le ufroy.  Il  y  mourut  le  21  de  Juin  vers  l'an 
738.  Voye':^  le  P.  Henichenius  dans  les  Acla  Sancl. 
à  l'endroit  cité. 

LEVI.  i.  m.  Nom  d'homme.  Levi.  Le  Patriarche  Xm, 
le  premier  que  Ton  iache  qui  a  porté  ce  nom ,  étoit 
le  troiiième  hls  de  Jacob  &c  de  Lia.  yoye^  Gen. 
XXXIX.  34. 

LÉvi.  Eft  auiii  le  nom  de  la  Tribu  compofée  des  det 
cendans  du  Patriarche  dont  on  vient  de  parler.  Tribut 
Lev'i.  La  Tribu  de  Lévi.  Le  nom  de  la  Tribu  de  len: 
n'étoit  point  écrit  fur  les  pierres  précieuies  du  ratio- 
nal  du  Grand  Prêrre ,  comme  ceux  des  autres  Tribus. 
Voye\  Lévite. 

LÉVI.  (  la  Pointe  de  )  Cap  de  l'Amérique ,  fur  la  rive 
méridionale  du  fieuve  de  Saint  Laurenr. 

LÉVIATHAN.  f.  m.  Nom  d'un  monftre  marin,  oïl 
grand  &  gros  poifton  dont  il  eft  parlé  dans  le  Livre  de 
Job,  XL.  20.  Leviathan.  Pouvez-vous  enlever  ie- 
viathan  avec  l'hameçon ,  Se  lier  fa  langue  avec  une 
corde  ';  Lui  mettrez  vous  un  cercle  au  nez ,  &  lui  per- 
cerez-vous  la  mâchoire  avec  un  anneau?  Saci.  Plu- 
iîeurs  entendent  ce  palfage  allégoriquement.  Se  pren- 
nent Leviathan  pour  le  démon.  Mais  quoiqu'il  en  foit 
du  iens  allégorique,  il  iuppofe  un  iens  littéral,  dans 
lequel  Leviathan  i\e.mf[c  un  animal  de  la  mer;  l'ha- 
meçon ,  Se  l'exprelîîon  d'enlever  avec  un  hameçon  , 
marquent  cela  :  mais  il  s'agit  de  favoir  quel  poilTon 

c'eft 


L  E  V 

c'cil.  Il  eft  encore  certain  qu'il  ftiut  que  ce  foir  quel- 
que grand  <?c  gros  monllre  de  l.i  mer.  C.ir  Dieu  ne  dit 
ceci  à  Job  que  pour  lui  faire  connoîtrc  la  puillancc , 
&  ce  ne  feroit  p.is  une  grande  preuve  de  puillancc, 
que  de  pouvoir  enlever  un  poillon  ordinaire.  L'opi- 
nijn  la  plus  commune  ell  que  c'eft  la  Baleine-,  d'au- 
tres dilent  que  c'eft  un  poilîon  appelé  Mular,  dont 
parle  Rondelet,  &  qui  (e  trouve  en  abondance  dans 
Ja  Méditerranée;  quelques-uns  veulent  que  ce  Toit  un 
dragon  rerrcllre,  &  d'autres  le  crocodile.  Bociiart  a 
luivi  ce  fcntiment  dans  fon  Hiérozoïcon,  P.  I.  L.  I. 
c.  7.  &c  P  IL  L.  V.  c.  16 ,  ly.  Il  le  prouve  par  un 
endroit  du  Thalmud ,  au  Traité  du  Sabbath  ,  où  il  eft 
dit  que  le  nu'73  calbith  ,  ou  chien  marin  ,  eft  la  ter- 
reur de  Léviathan.  Il  loutient  que  ce  calbith  ell: 
l'ichneumon ,  &  que  l'animal  dont  il  efl:  la  terreur  eft 
le  crocodile,  parce ^u'en  ellet  l'ichneumon  le  jette 
dans  la  gueule  du  crocodile  ,  s'inlinue  dans  fon 
corps,  lui  ronge  les  entrailles,  lui  perce  le  ventre  Se 
fort  par  le  trou  qu'il  y  fait  -,  d'où  il  s'enluit  que  le  cro- 
codile eft  le  Léviathan  des  Hébreux.  Tout  ce  que 
l'Ecriture  dit  de  Léviathan  ,  convient  fort  bien  au 
crocodile.  Il  y  en  a  d'une  grandeur  prodigieufe ,  & 
Jean  Lapez ,  dans  fon  Hiftoire  des  Indes ,  L.  VI.  c.  i  ■, 
&c  Jean  de  Léry ,  dans  fon  Amérique ,  C.  /  0  ,  difent 
qu'on  en  voit  qui  ont  jufqu'à  cent  pieds  de  long. 

On  ne  convient  guère  plus  de  l'étymologie  du 
mot  Léviathan,  que  de  fa  ligniiication.  Quelques- 
uns  le  tirent  de  O'JD  n'17  Leviath  thanim  ;  c'elt-à- 

,  dire,  conjonctAon  de  dragons ,  comme  II  l'on  avoit 
voulu  dire  qu'il  y  avoit  plulîeurs  dragons  dans  le  feul 
Léviathan^  c'cft-à  dire,  qu'il  en  valoir  plulîeurs  lui 
feul.  Bochart  le  dérive  de  l'Arabe  nS  qui  veut  dire 
fléchir  y  plier  ■,  car  cet  animal  fe  plie  &  fe  replie  com- 
me un  lerpent ,  ainli  qu'il  ell:  dit  en  Ila'ie ,  XXVII y  i. 
'VolHus ,  de  Idûlol.  L.  IV.  c.  32  ,  croit  que  Léviathan 
vient  de  na/ ,  lavah,  c'e(i-'3.-dicc  ,  cumulatus ,  addi- 
tus  fuit ,  Se  que  ce  nom  marque  la  grandeur  de  l'ani- 
mal auquel  on  l'a  donné. 

LÉVIDONA,  LÉVIDONIA,  ou  ALVIDONA.  Nom 
d'un  bourg  du  Royaume  de  Naples.  Levidona,  Levi- 
doniu,  Alvidona.  Il  eft  dans  la  Calabre  citcricurc , 
aux  confins  de  la  Balilicate ,  fur  le  Golfe  de  Rollano. 
Torre  di  San  Bafilio. 

LEVIER,  f.  m.  Long  Se  fort  bâton  qui  fert  à  lev.er  par 
un  bout  des  pierres,  des  fardeaux.  Veclis,  porreclum. 
C'eft  une  balance  ou  verge  ,  qui ,  au  lieu  d'être  fut- 
pendue  ^  eft  appuyée  fur  un  point  fixe  ;  quand  le  levier 
eft  de  fer,  on  l'appelle /"i/zce.  §3° Il  faut  conlidérer 
dans  le  /évier  trois  choies  j  1°.  Le  poids  qu'il  faut  éle- 
ver ou  foutenir.  2.°.  La  puiflance  par  le  moyen  de 
laquelle  on  doit  l'élever  ou  le  foutenir.  3°.  L'appui 
fur  lequel  le  levier  eft  fontenu. 

Ondiftingue  trois  efpèces  de  leviers,  par  la  dilpo- 
lîtion  diftérente  qu'on  peut  donner  à  la  puillancc  , 
au  poids  Se  au  point  d'appui. 

iJCTLes  leviers  de  la  première  elpèce  font  ceux  où  le 
point  d'appui  eft  entre  la  puilfance  Se  le  poids  ou  la 
réllftance.  Ceux  de  la  féconde  elpèce  ont  le  poids  ou 
la  réfiftance  entre  l'appui  Se  la  puilfance.  Dans  les 
leviers  de  la  troifième  elpèce ,  la  puilfance  eft  entre  le 
point  d'appui  Se  le  poids  ou  la  réhftance.  Les  roues , 
les  poulies ,  le  tour ,  le  cabeftan  Se  prelque  toutes  les 
forces  mouvantes ,  n'agiilent  que  par  la  force  du  le- 
vier. Le  coin  n'eft  qu'un  double  levier.  Le  centre  du 

-  levier  eft  le  lieu  où  il  s'appuie ,  ayant  le  poids  d'une 
part  &  la  puillancc  de  l'autre  \  les  Artifans  l'appellent 
Orgueil  y  Se  les  Savans  Hypomochlion. 

§3"  Les  leviers  enlèvent  les  fardeaux  avec  d'autant  plus 
de  facilité  ,  que  la  puilliince  eft  plus  éloignée,  ou  le 
poids  plus  proche  du  point  fixe.  Comme  la  puilliince 
appliquée  à  un  levier,  croît  toujours  à  mefure  qu'elle 
s'éloigne  du  point  d'appui ,  il  eft  évident  qu'une  très- 
petite  force,  par  le  moyen  d'un  levier  d'autant  plus 
long,  que  la  force  feroit  plus  petite,  pourroit  faire 
équilibre  &  vaincre  une  réfiftance  infiniment  plus 
grande.  Archimede  difoit  qu'il  enleveroit  la  terre, 
s'il  avoit  un  point  d'appui  qui  en  fût  féparé,  &  un 
levier  long  Se  fort  à  volonté. 
Tome  V. 


LE  y  497 

On  appelle  levier  recourbe  ,  celui  qui  fc  recourbe 
fur  le  point  d'appui.  Zevierfuccellif,  celui  dont  l'ac- 
tion le  fait  par  rcprifcs.  Zev/c/- continuel ,  ou  perpé- 
tuel ,  celui  dont  l'adion  n'eft  poijit  interrompue. 
Voye^  les  Elémens  de  Mécanique  &  de  Phyliquc. 
Levier  à  croc,  c'eft  un  levier  dont  le  manche  eft  de 
bois,  auquel  s'emmanche  un  fer  qui  a  le  bout  re- 
courbé comme  un  crochet.  0^  Dans  l'art  de  bâtir, 
le  levier c{\  une  pièce  de  bois  de  brin  ,  qui,  par  le  fe- 
cours  d'un  coin  nommé  orf^ueil  ,<\\n  elbpole  fous  le 
bout  qui  touche  à  terre ,  fert  à  élever  un  fardeau  avec 
peu  d'honunes.  Faire  une  pefée  ,  c'efl  pefcr  fur  le 
levier;  faire  un  abattage ,  c'cll  abattre  le  levier  avec 
des  cordes  à  caufe  de  la  longueur  &  de  Li  grandeur 
du  fardeau.  Voye^  les  notes  de  M.  Perrault,  fur  Vi- 
truve  ,  L.   X.  c.  i  S. 

LÉVIGATION.  f  f.  Terme  de  Chymie.  L'aftion  de 
rendre  un  médicament  lolide  en  alkool,  ou  poudre 
impalpable,  en  le  broyant  lur  le  porphire,  comme 
on  broie  les  couleurs.  Levigatio.  Col  de  Villars, 

LÉVIGER.  v.  a.  Terme  de  Chymie.  C'eft  réduire  un 
mixte  en  poudre  impalpable  fur  le  porphire ,  ou  fur 
l'écaillé  de  mer,  ou  écaille  de  May  ,  qui  eft  une  Pa- 
roilîé  proche  de  Cacn,  remplie  de  grandes  pierres 
plates  Se  dures  ,  fur  lefquelles  les  Peintres  broient 
les  couleurs.  Levigare. 

iCFLÉVIGÉj  ÉE.  part. 

LEUILLY.  LuUacum.  Leuilly  étoit  autrefois  une  Terre 
de  l'Eglife  de  Laon.  'Valois,  Not.  Gall.p.  2po. 

LÉVIN ,  ou  LÉWIN.  Nom  d'une  rivière  d'Ecolle.  Le- 
vinus ,  Leuvinus.  Elle  a  fa  fource  dans  le  Montheir, 
baigne  une  partie  de  la  Fife,  &  fe  décharge  dans  le 
Golfe  Forth,  au  bourg  de  Lévin,  à  trois  lieues  de 
Saint  André.  Il  y  a  une  antre  rivière  de  ce  nom  dans 
le  Comté  de  Lennox.  Elle  traverfe  tout  le  Lac  de  Lo- 
mond  du  nord  au  fud,  baiçns  la  ville  de  Duubriton  , 
Se  peu  après  fe  joint  au  Cln)d. 

LÉVINSMOUTH.  Ville  d'Ecolle ,  dans  la  Province  de 
Tif£,  fur  la  rivière  de  Lévin ,  à  fon  embouchure. 

LEVIS.  adj.  Qui  peut  fe  lever  &:  fe  bailler.  Pont  levis 
qui  fe  bailfe  Se  fe  levé  pour  ouvrir  ou  fermer  un  paf- 
fage.  Arreclarius ,  duclarius.  On  le  dit  particulière- 
ment des  ponts  qui  font  devant  les  portes  de  villes  Se 
de  châteaux,  qu'on  levé  le  loir.  On  le  dit  quelque- 
fois des  ponts  portatifs ,  ou  de  la  partie  qui  fe  levé 
fur  les  ponts  de  bateaux,  pour  lailfer  un  canal  libre  à 
la  navigation. 

On  a  appelé  aullî  des  fouliers  à  pont  levis ,  des  fou- 
liers  avec  des  talons  fort  hauts.  Se  de  petites  mules 
détachées,  fur  lefquelles  ils  S'appuioient,  qui  étoient 
autrefois  à  la  mode. 

De  peur  que  les  alimcns ,  qui  ont  leur  canal  féparé  , 
ne  fe  glilfent  dans  celui  de  la  refpiration ,  il  y  a  une 
efpèce"  de  foupape  qui  fait  fur  l'orifice  du  conduit  de 
la  voix,  comme  un  pont/evWj  pour  faire  palier  les 
alimens,  lans  qu'il  en  tombe  aucune  partie  fubtile. 
FÉN.  De  l'Exift.  de  Dieu,  N.  XL. 

LÉVIS,  ou  LÉVI.  Nom  d'une  grande  Se  illuftre  Aîai- 
fon  de  France.  Les  Seigneurs  de  Lévi  éroient  en 
grande  confidération  dès  le  XIF  lîécle.  Cette  Mailon 
tire  fon  nom  de  la  terre  de  Lévis  dans  le  Hurepoix  , 
contrée  du  Gouvernement  de  l'île  de  France,  mais 
on  ne  prononce  jamais  \'s  ,  Se  même  on  ne  l'écrit  pas. 

LÉVITA.  Nom  d'une  petite  île  déferre  ,  mais  qui  a  un 
port  fort  sûr.  Levita  ,  autrefois  Lebinthos.  tUe  eft 
entre  celles  de  Lango ,  de  Morgo  Se  de  Stampalia , 
dans  l'Archipel.  Maty.  Voye^  Strabon  ,  Liv.  X. 
Pline  ,  Liv.  XIV.  c.  12.  Mêla ,  Liv.  I.  c.  17.  Lévita, 
ou  Lébinthus ,  étoit  une  des  Sporades.  Pline ,  Liv. 
IV.  c.  II.  Mêla,  liv.  IL  c.  7.  Strabon,  Ziv.  X. 

On  dérive  ce  nom  de  l'HébreuinnaT ,  en  Chai- 
décn  iin:>2h  ,  Lebintha,  Lébinthus. 

LÉVITE,  f.  m.  Prêtre  ,  ou  Sacrificateur  Hébreu,  ainli 
nommé ,  parce  qu'il  étoit  de  la  Tribu  de  Lévi.  le- 
vita.  En  l'ancienne  Eglife  ,  on  a  appelé  aufti  Lévites  , 
les  Diacres ,  les  Miniftres  de  l'Autel.  Les  Lévites  de 
l'ancienne  Loi ,  étoient  les  dcfcendans  du^  Patriarche 
Lévi ,  troifième  fils  de  Jacob  &_de  Lia;  c'étoit  la  Tri- 
bu de  Lévi  que  Dieu  s'étoit  rélcLvée,  &  qu'il  avoic 

Rrc 


49«  L  E  U 

confacrée  au  fervicc  de  fes  Autels  &  de  fon  taberna-  i 
clcj  ou  de  fon  Temple.  Cette  famille  ou  Tribu  étoit 
divifée  en  trois  branches  j  par  trois  fils  de  Levi ,  Ger- 
fon,  Caat  &  Mérari-,  d'où  étoient  venus  les  Gerlbni 
les ,  les  Caathites  &  les  Mérarites.  Ils  avoicm  chacun 
leur  office  marqué  dans  le  Tervice  du  Tabernacle 
dans  le  defert  j  comme  on  le  peut  voir  dans  les  nom- 
bres ,  C.  III.  Quand  l'Arche  fut  fixée  fur  la  mon- 
tagne de  Sion,  &  qu'enfuite  le  Temple  fut  bâti ,  Da- 
vid &  Salomon  réglèrent  leur  fervicc  d'une  manière 
nouvelle  Se  convenable  à  la  fituation  de  l'Arche  ,  & 
à  l'état  où  fe  trouvoit  le  peuple  de  Dieu.  Les  Lévius 
ii'avoient  point  de  terres  en  propre,  ils  vivoient  des 
offrandes  que  l'on  ftjfoit  à  Dieu.  Us  étoienr  répandus 
dans  toutes  les  Tribus  qui  chacune  avoient  donné 
quelques-unes  de  leurs  villes  aux  Lévites ,  avec  quel- 
ques campagnes  aux  environs  pour  p.utre  leurs  trou- 
peaux. Par  le  dénombrement  que  Salomon  fit  des 
Lévites ,  depuis  r.âge  de  vingt  ans ,  il  en  trouva 
trente-huit  mille  capables  de  fervir.  Il  en  dellina 
vingt-quatre  mille  au  Miniftcre  journalier  fous  les 
Prêtres  j  fix  mille  pour  être  Juges  inférieurs  dans  les 
villesj  &  décider  les  chofes  qui  touchoicnt  la  Reli- 
gion, &C  qui  n'étoient  pas  de  grande  conléquence  ; 
quatre  mille  pour  être  Portiers  &  avoir  foin  des  ri- 
chefles  du  Temple  ,  Se  le  relie  pour  faire  l'office  de 
Chantres. 

Ce  nom  vient  du  Latin  Levita  ,  qui  a  été  formé  du 
Grec  Mvljtjç,  La  racine  de  ce  mot  eft  le  nom  de  Lé- 
vi ,  Chef  de  la  Tribu  de  Lévi ,  dont  étoicnt  les  Prê- 
tres de  la  vieille  Loi.  Ce  nom  fut  donné  à  ce  Patriar- 
che par  fa  mère  Lia,  du  verbe  Hébreu  m"?,  lavah ^ 
qui  lignifie  être  lié  ,  être  uni ,  parce  que  Lia  efpéra  que 
la  nallfance  de  ce  fils  lui  attacheroit  davantage  fon 
mari  Jacob.  Genèle ,  XXIX.  ^^. 

L'on  trouve  iiulli  jtrchilévite  j  pour  Archidiacre. 

LÉVITIQUE.  f.  m.  Se  f.  Qui  appartient ,  qui  a  rap- 
port aux  Lévites.  Leviticus.  Race  Lévitique  :  Famille 
Lévitique.  Les  villes  Lévitiqucs  {ont  celles  oui  avoient 
été  aflignées  aux  Lévites,  où  ils  demeuroient,  qu'ils 
occupoient. 

Lévitique.  f.  m.  C'efl:  le  troifième  des  cinq  livres  de 
Moïfe.  Leviticus.  Ce  Livre  ell;  appelé  Lévitique, 
parce  qu'il  y  elf  traité  principalement  des  cérémo- 
nies &  de  la  manière  dont  Dieu  vôuloit  que  fon  peu- 
ple le  fcrvit  par  le  miniffère  des  Sacrificateurs  &c  des 
Lévites. 

'LÉVITIQUE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  Sefte.  Leviticus  ,  a. 
Les  Hérétiques  qu'on  nomma  Lévitiques  dans  les  pre- 
miers liècles  de  l'Eglile,  étoient  fortis  des  Gnolliques 
Se  des  Nicolaïtes.  Voye:^  S.  Epiphane,  Hur.  V.  ou 
XXV.  n.  II.  Hoftinan&  Moréri  citent  encore  S.  Au- 
■guftin,  Hinr.  f.  où  il  n'y  a  pas  un  mot  des  Lévitiques. 

LEUK.  Gros  bourg  de  Suilfe ,  prefque  au  milieu  du  Va- 
lais, (ur  la  rive  droite  du  Rhône,  dans  un  lieu  élevé 
&  fortifié  par  la  nature.  Les  bains  de  Leui  en  font  à 
deux  lieues. 

LEUKIRCHEN.  Foyei  Leutkirck. 

LÉVOLA.    royex  Évola. 

LEUR.  Pronom  polkflif  Se  relatif  de  la  troifième  pcr- 
fonne  du  pluriel.  Il  s'exprime  en  Latin  païfuus  ,  a, 
um  ,  ou  par  le  génitit  pluriel  des  démonftratifs  eorum, 
ïllorum ,  Sec.  Quand  ce  mot  marque  relation  d'une 
•liofc  à  plulieurs  autres  j  on  fe  fert  de  leur  qui  eft  le 
lingulier  de  ce  pronom;  mais  quand  il  s'agit  de  plu- 
lieurs choies  qui  ont  rapport  à  plulieurs  autres ,  on 
fe  lert  de  leurs  qui  ell:  le  pluriel  de  ce  pronom  ;  par 
exemple;  les  hommes  doivent  préférer /f z^r devoir  rk 
leurs  plailirs.  Leur  Se  leurs  font  des  deux  genres,  du 
malculin  &  du  féminin;  par  exemple,  ceux  qui  ont 
loin  de  leur  réputation  ,  le  propolent  toujours  une 
fin  honnête  dans  leurs  aélions. 

Ce  pronom  le  met  quelquefois  feul ,  Se  comme 
fubllantivement.  Nos  ayeux  ont  tous  reçu  également 
de  leurs  ayeux  ,  ceux-Jà  des  leurs  ,  Se  ceux  là  des  leurs 
encore ,  julqu'au  tems  de  ceux  qui  ont  fait  ou  qui  ont 
vu  les  premiers  miracles.  Pélisson.  Et  comme  le 
mien,  le  tien,  le  lien  ,  ligniuc"  mon  bien  ,  ton  bien, 
fon  bien  ;  de  mâne ,  Le  leur^  fignifie  leur  bien.  Qu  ils  I 


LE  U 

gardent  bien  le  leur,  c'efl-à  dire ,  ce  qui  leur  appar- 
tient. Les  voilins  de  cet  homme  n'ont  rien  à  craindre 
de  lui ,  il  ne  veut  point  du  leur.  Cela  n'eft  bon  que 
dans  le  ffyle  ordinaire. 

Ce  mot  de  leur  vient  d'illorum ,  d'où  les  Italiens 
ont  fait  loro ,  Se  les  François  lor,  puis /e^^r.  Hugues  de 
Bercy,  dans  la  Bible  Guyot,  dit ,  &:  lor  fens.  Se  lor 
voie  tiennent.  Huet. 

Leur,  eft  aulli  un  pronom  conjonétif,  qm tient 
lieu  du  datif  des  pronoms  perionnels  pluriels  eux  &c 
elles.  Ainh  quand  on  dit ,  Je  leur  fais  grâce  ,  c'eft 
comme  li  on  difoit,  je  fais  giace  à  eux  ou  à  elles. 
Dans  ce  fens  il  eft  indéclinable,  &  il  s'écrit  lans  s.  M. 
Hestaut. 

LEVRAUT,  f.  m.  Jeune  lièvre  qui  n'a  pas  encore  acquis 
£x  jufte  grandeur.  Lepufculus.  Petit  levraut.  Levraut 
de  trois  quarts.  Tous  ceux  qui4)nt  traité  des  alimenSj 
loit  par  rapport  au  goùr,  loit  par  rapport  a  la  lamé, 
font  beaucoup  d'eftime  de  la  chait  des  levrauts  de 
deux  ou  trois  mois.  Se  prétendent  que  l'ulage  en  eft 
utile  aux  convalefcens.  Ils  ajoutent  qu'ils  lont  encore 
bons  à  fix  Se  jufqu'à  huit  mois  ;  mais  lorlqu'ils  ont 
un  an, ils  commencent  à  diminuer  de  bonté,  6c  plus  ils 
vieillilîènt,  plus  leur  chair  eft  lcchej&  moins  elle  vaut. 

Levraut,  eft  aulîi  une  épithcte  qu'on  donne  au  plus 
commun  des  chaidons  qui  croit  lur  les  bords  des 
grands  chemins.  Se  dont  les  ânes  lont  friands,  parce 
qu'il  leur  pique  le  palais  qu'ils  ont  rude ,  de  la  même 
manière  que  le  fel ,  le  poivre  ou  les  autres  acides ,  le  pi- 
quent aux  liommes  qui  l'ont  délicat.  CarJuus  ajinorum, 

LEURÇON.  Nom  d'un  village  du  Perche.  Lupercio.  On 
trouve   aulli  Lubercio  ,    dans  Odéricus  Vitalis,   I. 

FUI.  Hiji. 

Ce  mot,  félon  Valois,  Not.  G  ail.  p.  30  c  ,  eft  ve- 
nu de  Lupercus,  ou  plutôt  de  Lupercio,  d'où  l'on  a 
fait  Lupercion  ,  Leurcion  ,  Leurçon. 
LEURCY.  iearçy- le -Bourg.  Nom  d'un  bourg  de 
France.  Luperciacum.  Il  eft  dans  le  Nivernois ,  fur  les 
confins  de  l'Aiitunois ,  à  fix  lieues  de  Nevers.  Valois, 
Not.  Gai.  p.  joS. 

Ce  mot  s'eft  formé  du  Latin  Luperciacum  ,  Lopcr- 
ciacum  ,  Lorciacum  ,  Leurcy.  VaJois  ,  Ibid. 
U:?  LEVRE,  f.  f.  C'eft  le  bord  ,  ou  la  partie  extérieure 
de  la  bouche  qui  couvre  les  dents  &  aide  à  former 
les  Ions  ;  l'extrémité  niufculcufe  Se  charnue  qui  ferme 
Se  ouvre  la  bouche  ,  tant  fupérieurement  qu  infctieu- 
rement.  Labium ,  labrum.  On  diftingue  deux  lèvres, 
l'une  fupérieurej  l'autre  inférieure.  Outre  les  tégu- 
mens  communs ,  elles  font  compofées  de  deux  par- 
ties; l'une  externe  ,  qui  eft  dure  Se  mufculeule,  lau- 
tre  intérieure  qui  eft  molle  ,  Ipongieufe  &  glandu- 
leufe  ,  couverte  d'une  tunique  fore  déliée  ,  qui  eft 
continue  avec  celle  de  la  bouche  ,  &  dont  le  devant 
Se  la  portion  la  plus  éminente  eft  rouge.  Avoir  les 
lèvres  fraîches,  rouges,  vermeilles,  incarnates,  des" 
lèvres  de  corail. 

Il  y  a  treize  mufcles  des  lèvres  ,  huit  propres  & 
cinq  communs  ;  les  propres  font  l'incifif ,  le  triangu- 
laire ,  le  montanus ,  le  canin  ,  le  zygomatique  ,  le 
buccinateur  &  l'orbiculaire.  Des  communs  il  y  en  a 
deux  à  chaque /t-vrs.  Voyez  Dionis,  /'///.  Dém. 
Anat.  De  la  face  &  de  fes  parties.  On  dit  auffi  d'un 
ris  forcé ,  qu'il  ne  palle  pas  les  lèvres.  Les  lèvres  font 
l'inftrument  de  la  parole.  Les  lèvres  fervent  pour  re- 
cevoir l'.alimcnt;  elles  fervent  encore  par  leur  fou- 
plellé ,  (Sj  par  la  variété  de  leurs  mouvemens ,  à  varier 
les  fons  qui  font  la  parole.  FÉnel.  Les  Matines  com- 
mencent par  cette  invocation  du  Pfeaume  :  Seigneur, 
ouvrez  mes  lèvres.  Dieu ,  par  Haïe ,  le  plaignoir  de 
fon  peuple,  qui  ne  l'adoroir  que  des  lèvres ,  qui  ne 
faifoit  que  remuer  les  lèvres  ,  Se  dont  il  n'avoit  point 
le  cœur.  Accorder  une  choie  du  bout  des  lèvres. 
Voit.  Le  gefte  d'Harpocrate ,  dieu  du  Silence,  étoit 
d'avoir  un  doigt  fur  les  lèvres.  Il  y  a  des  ventriloques 
qui  parlent  fans  aucun  ufage,  ni  mouvement  des  lè- 
vres. Lact,  dans  fi  Defcription  du  nouveau  monde, 
Z.  XII.  c.  16  ,  dit  que  les  Brafiliens  fe  percent  dès  la 
plus  tendre  jeunclîe,  \a.  lèvie  d'en-bas,  (S:  qu'ils  s'y 
mettent  de  grands  anneaux.  Strabon ,  L.  XF,  r.ip- 


L  E  V 

porte  la  mûmc  chofc  des  femmes  Ethiopiennes.  La 
punition  de  quelques  crimes  étoii  autrefois  de  couper 
la  livre. 

LâvRES,  en  termes  de  Chirurgie,  fe  dit  des  deux  Liords 
d'une  plaie.  Vulncrls  labra  ,  lahelia.  Ce  bielle  (e 
porte  mieux  ;  les  lèvres  de  (a  plaie  font  vermeilles  , 
elles  commencent  à  (e  joindre  pour  fe  cicatrifer.  On 
recoud  quelquefois  les  Vcvra  d  une  plaie. 

On  le  ditaullien  Anatomie ,  des  bords  extcnicurs 

.  de  la  vulve,  qui  font  des  peaux  fpongieufes,  garnies 
de  graille.  Les  Icvrcs  de  la  matrice  font  deux  parties 
,  qui defccndcnt  de  la  motte,  lune  à  droite  &  l'autre 
à  gauche,  &  qui  fe  joignent  au  périnée;  elles  font 
•faites  de  la  peau  redoublée ,  de  chair  fpongicufe  éL-  de 
gr.-'ide.   DiONis.    Lahiu  pudendi. 

En  termes  de  Manège,  la /èvrfi  d'un  cheval,  c'efl: 
h  peau  qui  règne  fur  le  bord  de  la  bouche ,  &  qui  en- 
vironne les  mâchoires.  On  dit  qu'un  cheval  s'arme 
de  (i  lèvre,  ou  lé  défend  de  fes  lèvres,  quand  il  les  a  fi 
grollés  qu'elles  couvrent  les  barres ,  en  ôtent  le  fenti- 
ment,  &  rendent  l'appui  du  mord  fourd  ik  trop  fer- 
me. 

LÈVRE ,  fe  dit  aulli  de  quelques  poilloiis.  La  carpe  a  les 
lèvres  groiles  &  gralfes.  Rond. 

LâvRE,  eft  aulll  im  terme  d'Architedure.  Le  corps  du 
chapiteau  Compolîte,  &  de  celui  du  Corinthien,  s'ap- 
pellent Campanes  ,  parce  qu'ils  rellémblent  à  une 

y  cloche  renverfée ,  S<  le  rebord  qui  touche  au  tailloir , 
{e  nomme  lèvre. 

LâvRE.  En  Botanique  on  fe  fert  du  mocde /èv/dj  pour 
exprimer  les  découpures  recourbées  ou  relevées  des 
fieurs  en  gueule;  car  on  peut  dire  que  ces  découpures 
font  eu  quelque  manière  un  prolongement  des  mâ- 
choires de  CCS  forces  de  guîulcs  :  aulli  les  Botaniftes 
ont  donné  à  ces  Heurs  en  général  le  nom  de  Flores 
labiati.  DicT.  de  James.  On  dilHngue  dans  ces  fleurs 
la  lèvre  fupérieure  &  l'inférieure.  Foye\  Labiée. 

LÈVRES.  En  Conchyolo^:,ie,  ce  fjut  les  bords  delà  bou- 
che d'une  coquille.   Ord. 

On  dit  proverbialement  &:  figurément,  qu'un  hom- 
me a  le  cccur  lur  les  lèvres  ;  pour  dire  qu'il  parle  fans 
déguitcmeiu;  qu'il  a  la  mort  ou  lame  fur  les  lèvres  , 
ou  entre  les  dents,  pour  dire  qu'il  agonifc.  On  dit 
aullî  qu'il  a  une  chofe  fur  les  lèvres  ,  pour  dire  qu'il 
la  fait  bien  ;  mais  qu'il  a  quelque  diftraûion  _,  quelque 
défaut  de  mémoire  qui  l'empêche  de  l'exprimer  dans 
Je  moment  qu'il  le  voudroit.  On  dit  proverbialement 
d  un  homme  qui  paroît  fiché ,  qu'il  ferre  les  lèvres 
comme  un  chat  qui  boit  du  vinaigre. 

LEVRETTE,  f.  f.  La  femelle  du  lévrier.  Fertagus  fœ- 
mina. 

Levrette,  f.  f.  Nom  que  nos  Matelots  &  nos  Marins 
donnent  à  un  animal  amphibie  ,  qu'ils  rencontrent 
vers  les  côtes  les  plus  méridionales  de  l'Amérique.  Ils 
lui  donnent  ce  nom  ,  parce  qu'il  relfemble  à  un  petit 
loup-marin.  Les  Hollandois  les  appellent  veau  ma- 
rin ,  mais  nos  François  prétendent  que  ce  font  deux 
.  animaux  fort  diftcrens.  Les  levrettes  ont  deux  mouf 
taches  aux  deux  côtés  du  mufeau. 

LÉVRETTER.  v.  n.  fignifie ,  chalfer  au  lièvre  ,  le 
courre  à  force,  ou  avec  des  lévriers.  Lepores  ïnfequi. 

LÉVRETTER  ,  fignifie  aulli,  faire  des  lièvres,  en  parlant 
de  la  femelle  des  lièvres,  quand  elle  fait  fes  petits. 
Lepufculos  parère ,  edere. 

LÉVRETTERIE.  f.  f.  Méthode  d'élever  des  leviiérs. 
LEVRETTEUR.  f.  m.    Celui  qui  a  foin  d'élever  des 

lévriers. 
LÉVREUX ,  EUSE.  adj.  m.  &  f.  Vieux  motinufité  :  il 
figmfie,  qui  a  de  grollés  lèvres.  De  lahïofus.  Mén. 
Dicl.  Etym.  Monet  écrit  LÉVRU.  Le  véritable  mot 
eft  lip^u  Jdont  il  y  a  un  exemple  à  l'article  Chaus- 
sons ,  &  (ur  lequel  M.  Le  Duchat,  ;>.  17S  &  lyp 

^'c  ^'  i^  ^"^  "^^^'  ^'"'P-  ^  f^'f  "'""^  remarque  cu- 
"r^  j  ^"^"  '^  "^'^  rapporter  le  commencement. 
"  Ceux  de  la  Mailbn  d'Autriche  ,  comme  étoient 
"  rinlante  &  l'Archiduc  Ernefl,  ont  depuis  plus  de 
"deux  cens  ans,  prefque  tous  de  grolfes  lèvres,  ce 
oquils  tiennent,  non  de  la  Maifon  même  d'Autri- 
..  chc,  mai€  de  celle  de  Bourgogne,  par  Marie,  qui 
lome  V. 


L  E  V  49^ 

»  époùfa  Philippe  ,   Archiduc  d'Autriche  ,  pcrc  de 
»  l'Empereur  Charles  Quint  ». 
LÉVRICHE.  f  f.  Femelle  d'un  petit  lévrier.  Fertagus 

junior  fcemïna. 
(KTLÉVRIER.  f  m.  Chien  haut  monté  fur  jambes ,  qui 
a  la  tête  longue  &  menue,  la  taille  déliée,  dont  on 
ie  (crt  principalement  à  courre  le  hèvrc,  d'où  lui 
vient  fon  nom.  Fùye-{  Chien  de  chasse.  Les  lévriers 
(ont  des  chiens  qui  challcnt  de  vitelfc,  à  l'ail,  & 
non  pat  l'odorat.  Il  y  en  a  plufieurs  cfpèces.  Les  plus 
nobles  font  pour  le  lièvre,  &c  les  meilleurs  viennent 
de  France ,  lur  tout  de  Champagne ,  d'Angleterre  & 
de  Turquie.  Ce  font  des  animaux  très-vifs.  Il  y  a  des 
lévriers  à  lièvres  ,  des  lévriers  3.  loup,  et  des  lévriers 
à  tout.  Les  plus  grands  font  pour  courre  le  loup , 
le  (anglier  ,  le  renard ,  &  toutes  les  grollés  bêtes. 
Ils  viennent  d'Irlande  &  d'EcolIe,&  on  les  appelle 
lévriers  d'attache.  On  les  fait  combattre  des  buffles 
&  taureaux  ,  &  il  y  en  a  dans  la  Scythie  qui  attaquent 
les  lions  &  les  tigres.  Les  petits  lévriers  font  pour 
courre  les  lapins,  &  ils  vienent  d'Angleterre,  d'Ef- 
pagne  &  de  Portugal. 

On  appelle  aulli  lévriers,  des  levrons  d'Angleterre 
qui  challent  aux  lapins  ;  mais  on  s'en  lert  plus  pour 
le  plaifir  que  pour  la  chalTe. 

On  appelle  lévriers  harpes ,  ceux  qui  ont  les  devans 
&  les  côtés  fort  ovales  ,  &  peu  de  ventre  ;  gigottés  , 
lorfqu'ils  ont  les  gigots  courts  &  gros ,  &  que  les  os 
des  hanches  font  éloignés.  On  les  appelle  nobles, 
quand  ils  ont  la  tête  petite  &  longue ,  l'encolure  lon- 
gue tk  déliée ,  le  rable  large  &  bien  fait. 

Les  lévriers  ouvres,  font  ceux  qui  ont  le  palais  noir. 
On  parle  aux  lévriers  en  criant  :  Ah  lévriers  ,  quand 
on  les  lâche  après  le  lièvre  ;  &  quand  c'eft  après  le 
renard ,  hare  ,  hare. 

Ce  mot  vient  de  leporarlus.  Il  y  a  chez  le  Roi  trois 
valets  &  gardes  des  lévriers  &  levrettes  de  la  cham- 
bre. 

On  dit  proverbialement  en  termes  de  Chaflcj  af- 
faut  de  lévriers  ,  défenfe  de  fanglier ,  fuite  de  loup. 
Le  peuple  appelle  les  Sergens  &  Archers,  les  lévriers 
du  Bourreau ,  parce  qu'on  dit  :  lâcher  des  lévriers 
après  quelqu'un,  pour  dire,  envoyer  des  gens  après 
lui  pour  le  prendre.  On  dit  proverbialement,  de  tou- 
tes tailles  bons  lévriers,  pout  dire  que,  quoiqu'un 
homme  foit  petit,  il  ne  lailfe  pas  de  valoir  fon  prix, 
&  de  faire  bien  fes  fondions. 

En  termes  de  Blafon ,  on  appelle  les  lévriers  paf- 
fans ,  courans ,  rampons  ,  on  debout,  comme  le  lion, 
félon  qu'ils  font  peints  dans  l'écu  ;  &  quand  on  en 
met  deux,  ils  font  d'ordinaire  affrontés,  c'eft-à-dire, 
qu'ils  font  debout ,  fe  regardent  &  s'affrontent  l'un 
l'autre,  fe  foutenant,  ou  plutôt  fe  joignant  des  pics 
de  devant. 

Ordre  du  Lévrier.  Nom  d'un  Ordre  Militaire  du 
Duché  de  Bar  en  Lorraine.  Ordo  Vertagl.  L'an  1416, 
plufieurs  Seigneurs  du  Duché  de  Bar,  s'unirent  en- 
femble,  &  formèrent  une  fociété  dont  la  marque 
étoit  un  lévrier,  ayant  à  fon  cou  un  collier  où  étoienc_ 
écrits  ces  mots.  Tous  un,  qu'ils  dévoient  porter.' 
Ils  promirent  de  s'aimer  les  uns  les  autres ,  de  garder 
leur  parole,  de  défendre  celui  d'entr'eux  dont  ils  en- 
tendroient  dire  du  mal,  &:  de  l'en  aveitir.  Tous  les 
ans  ils  élifoient  entr'cux  un  Roi ,  &  s'affembloient  au 
mois  de  Novembre ,  le  jour  de  S.  Martin  ,  &  au  mois 
d'Avril,  le  jour  de  S.  Georges;  &  fi  quelqu'un  avoit 
fait  quelque  laute ,  il  en  étoit  repris  par  le  Roi  bc  par 
cinq  ou  fix  autres  de  la  focié'té.  Ils  dévoient  fe  trouver 
à  ces  aflèmblées  fur  peine  d'un  marc  d'argent  ,  à 
moins  qu'ils  n'eulfent  une  excule  légitime.  Perfonnc 
ne  pouvoir  être  reçu  dans  la  Compagnie  que  par  le 
Roi ,  &:  huit  ou  dix  des  plus  diftingués ,  &  avec  l'a- 
grément du  Duc  de  Bar ,  qui  promit  de  protéger  & 
d'aider  ces  Chevaliers  de  toutes  fes  forces.  P.  Hélyot, 
T.  FUI,  c.  jâ. 
LEVRON.  f.  m.  Jeune  lévrier  pour  la  chalTe.  Junior 
vertagus.  Il  y  a  aulli  des  lévriers  d'une  efpècc 
particulière  ,  de  fort  petite  taille  ,  qu'on  appelle 
levrons. 

.    Rrrij 


JOO 


L  E  V 


On  dit  proverbialement  ,  d'un  jeune  homme  de 
bon  appétit ,  qu'il  eft  aftamc  comme  un  jeune  U- 
vron.  On  dit  auHi  ,  Étourdi  comme  i«a  jeune  U- 
vron  ,  en  parlant  de  celui  qui  fait  les  chofes  brutque- 
ment ,  <!<i:  fans  réHexion. 

XEVROUX.  Nom  d'une  petite  ville  de  France.  Le- 
profum,  Leprojium.  Elle  dl  dans  le  Bcrri ,  près  de 
Châteauroux  ,  vers  le  couchant  de  cette*  Province. 
Val.  Noc.  Gall.p.  2J2  ,  croit  que  ce  lieu  fut  ainfi 
appelle  ,  à  caufe  de  la  multitude  de  léprewx  qu'il 
y  avoit.  Peut-être  aullî  parce  que  c'étoic  un  lieu  où 
on  les  retiroit ,   un  Hôpital  de  lépreux. 

LEURRE,  f.  m.  Terme  de  Fauconnerie.  Morceau  de 
cuir  rouge  façonné  en  forme  d'oifeau  ,  ou  cteuf 
garni  de  bec  ,  d'ongles  &  d'ailes ,  pendu  à  une 
lailTe  par  le  moyen  d'un  crochet  de  corne  ,  dont 
les  Fauconniers  fe  fervent  pour  réclamer  leurs  oi- 
■feaux  de  proie.  lUicïum  plumatile.  On  y  attache 
fouvent  de  quoi  paître  l'oifeau  ,  qu'il  faut  qu'il  tire 
du  bec.  On  le  nomme  quelquefois  rappel.  M.  de 
Thou  l'appelle  en  Latin  lorum. 

Le  leurre  n'eft  autre  chofe  que  deux  ailes  liées 
avec  un  peu  de  chair  delfus.  Fault.  Il  ne  faut  pas 
que  le  leurre  foit  lans  chair.  Id.  Leurre  garni  de 
tiroir  ^  c'efl:  à-dire  ,  garni  de  chair.  Id.  Pour  bien 
iaire  l'oifeau  au  leurre  j  il  ne  le  faut  point  défiler, 
jufqu'à  ce  qu'il  revicqne  bien  au  poing  ,  &  qu'il 
y  mange  bien-,  alors  déliez-le  fur  le  foir  ,  afin  qu'il 
ne  s'enfuie  pas ,  &  lui  foufflez  un  peu  de  viir  aux 
yeux ,  &  lorfque  vous  irez  coucher  ,  mettez-le  fur 
un  traireau  proche  de  votre  lit  ,  puis  avant  le  jour 
il  faut  l'euchaperonner  ,  ôc  mettre  fur  le  poing , 
^  le  traiter  ainli ,  jufqu'à  ce  qu'il  foit  afsûré.  Ap- 
prenez-le à  defcendre  à  terre  fur  fa  proie  j  ahn 
qu'il  revienne  fur  le  poing  en  le  leurrant ,  &  quand 
il  fera  remonté ,  jettez  le  leurre  fous  les  gens  ,  &  ôtez 
pailiblement  fes  ongles  de  la  proie  ,  afin  qu'il  s'accou- 
tume à  fuivre  &  non  à  fuir  le  monde  ;  ôc  quand  il  fera 
■defcendu,reirerez  le  bien.&  lui  faites  aimer  le  leurre.lo. 
Oifeau  de  leurre ,  eft  un  faucon  gentil ,  pèlerin , 
gerfaut  ,  lanier  ,  ficre  ,  faucon  bâtard  ;  l'aigle  , 
l'émerillon ,  &  le  hobereau  :  mais  l'autour  Se  l'éper- 
vier  font  oileaux  de  poing,  &  non  de  leurre. 

Acharner  le  leurre ,  c'eft  mettre  un  morceau  de 
chair  delFus.  Illicium  plumatile  efcâ  ïnfiruere.  Ce 
mot  de  leurre  vient  de  lorum  :  le  décharner  ,  c'eft 
en  ôter  le  morceau  de  chair.  Quelques  uns  le  dé- 
rivent à  leora  y  qui  fignifie  callid'uas  ,  c'eft  à-dire, 
tromperie  ,  tuivant  Tripaut  en  ion  Diétionnaire. 

LïURRE ,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales ,  des 
appas  trompeurs  qui  nous  font  donner  dans  le 
faux,  f^oye:;^  Leurrer,  Illicium-  Les  flatteurs  , 
les  courtifans  ,  ont  des  leurres  décevans  qui  atti- 
rent les  jeunes  -  gens.  On  fait  efpérer  un  grand 
emploi  à  ce  Capitaine  ;  mais  ce  n'eft  qu'un  leurre 
pour  l'attraper. 

LEURER.  v.  a.  Drelfer  un  oifeau  au  leurre  ,  ou  y 
rappeler  l'oifeau ,  qui  de  fon  gré  ne  revient  pas  fur 
le    poing  fans  être  convié  par  le  leurre  qu'on  jette 

.  en  l'air.  Illicio  affuefacere.  On  dit  ,  leurrer  bec  au 
vent  j  ou  contre  vent.  A  l'égard  de  l'autour  &  de 
répervier  ,  on  dit  reclamer,  parce  que  ce  ne  font 
pas  des  oileaux  de  leurre. 

IK?  Leurrer  ,  dans  un  Icns  figure.  C'eft  faire  donner 
dans  le  faux  par  les  appas  de  l'efpérance  :  attirer 
quelqu'un  par  quelque  avantage  dont  on  lui  fait 
naître  l'envie  pour  le  faire  donner  dans  le  faux.  Ine/ 
care ,  illicere  in  frauiem.  Leurrer  par  de  belles  ef- 
péranccs.  On  l'a  leurré  long  temps  de  l'elpoir  d'é- 
poufer  un  grand  parti.  Les  hommes  lont  fouvent 
leurrés  par  leur  propre  ambition.  Ce  Miniftre  leur- 
rant Chriftine.  De  Bussi. 

Deux  Jlens  voijlns  fe  laijferem  leurrer 
A  l'entretien  libre  &  gai  de  la  Dame. 

La  Font. 

|Cr  Leurrer  ,  Surprendre  ,  Tromper  ,  Duper  ,  fy- 
nonyraes.  Faire  donner  dans  le  faux  eft  l'idée  com- 


LE  V 

mune  qui  rend  fynonymes  ces  quatre  mots.  Mais 
leurrer  ,  dit  M.  l'Abbc  Girard,  c'eft  y  faire  donner 
par  les  appas  de  l'clpéraiicc  y  en  le  faiiant  briller 
comme  quelque  choie  de  très  avantageux.  Voyer 
fous  les  articles  p.irticuliers  les  nuances  qui  diftin- 
guent  les  autres  mots.  Celui-ci  exprime  quelque 
chofe  qui  attaque  direélement  l'attente  ou  le  défir. 
L'Art  des  Grands  eft  de  leurrer  les  Petits  par  des  pro- 
mellès  magnifiques  ;  &c  l'Art  des  Petits  eft  de  duper 
les  Grands  dans  les  chofes  que  cemc-ci  commettent 
à   leurs  foins. 

LEURRÉ,  ÉE.  part. 

LEURS,  royex  Leur. 

LEUS.  f.  m.  Vieux  mot.  Lieu.  On  a  dit  auffi  Leuc  & 
Leu.  Leus  a  auiH  fighifié  un  loup. 

LEUSE.  Ville  des  Pays-Bas.  Elle  eft  dans  le  Hainaut, 
à  la  fource  de  la  Tcnre ,  &  à  trois  lieues  au-delTus 
de  la  ville  d'Ath.  Lulofa  ,  Leufa.  On  trouve  auffi 
Lotofa.  M.  Châtelain  écrit  Leu-^^e ,  comme  on  pro- 
nonce. La  journée  de  Leu^e ,  le  combat  de  Leuze, 
la  viéloire  de  Leu^e  ^  c'efî  la  victoire  que  le  Ma- 
réchal Duc  de  Luxembourg  remporta  en  1 691.  le 
1 9  de  Septembre  ,  fur  les  AUemans  j  les  Efpagnols , 
les  Anglois  Se  les  HoUandois  commandés  par  le 
Prince  d'Orange.  Long.  zi.  d.  18',  lat.  jo.  d.  34, 

Cette  ville  fut  ainfr  appelée  de  lutum  j  boue, 
parce  qu'elle  étoit  dans  un  lieu  boueux  ,  fangeux, 
Valois  ,  Notit.  Gall.  p.  30p. 

LEUTÉRIC.  f.  m.  Nom  d'homme.  Leotericus  ,  Leu- 
teiicus  ,  Leothoricus.  Leutéric  monta  fiu:  le  Siège 
Archiépifcopal  de  Sens ,  l'an   ïooo. 

LEUTGAR.  Voyei   Léger. 

LEUTKIRCK.  Nom  d'une  petite  ville  Impériale  de 
la  Souabe.  Leuthirka.  Leutkirck ,  autrement  Leukir- 
ken  ,  eft  lîtué  dans  l'Algov/  ,  fur  l'Efchach  ,  au  midi 
Memmingen.  Quelques  Géographes  prennent  Leut- 
kirck pour  l'ancienne  Eclodurus  ,  ou  Eclodurum  ,  pe- 
tite ville  de  la  Rhétie  ,  que  d'autres  placent  à  £ch- 
tal  J  village  de  la  même  contrée.  Matv.  Long.  zj. 
d.  45.',  lat.  47.  d.  44'. 

LEUTMERITZ.    Foyei.  Létoméritz. 

LETOMISSEL.   Foye^  Littomissel. 

LEUTCH.  Nom  d'une  petite  ville  aifez  bien  forti- 
fiée. Leuconium.  Elle  efî  dans  le  Comté  de  Zéépus , 
dans  la  Haute  Hongrie  ,  à  douze  lieues  de  CalTo- 
vie  ,  au  pié  du  Mont  Krapach,  &  à  la  fource  delà 
rivière  d'Harnat.   Maty. 

iCr  LEWARDE.  Ville  des  Pay^-Bas  dans  la  Républi- 
que des  Provinces  Unies ,  fituée  dans  la  province 
de  Frife,  dans  le  canton  nommé  l'Oftergoo.  Lea- 
vardia.  Cette  ville  eft  grande  ,  bien  bâtie  &  for- 
tifiée. C'eft  là  que  fe  tiennent  la  Cour  Supé- 
rieure &  la  Chancellerie  de  toute  la  Fiife  j  des  Sen- 
tences de  laquelle  on  ne  peut  appeler  à  aucune 
aune  Jurifdidtion.  Long.  zj.  d.  17',  lat.  55.  d.  11'. 
LEWAREC.  f.  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans  l'Hif 
toire  de  Bretagne  ,  T.  II ,  p.  ijj.  Tota  Brueria, 
totum  Lewarec  ,  £■  magni  pifces.  Il  paroît  que  Çî 
été  un  droit  fiir  les  terres  nouvellement  défrichées , 
&  que  ce  mot,vient  de  celui  de  marr  ,  efpèce.  Car 
quand  la  lettre  772  eft  précédée  de  quelqu'affixe  ,  les 
Bretons  la  changent  en  V  ,  comme  E-vab  ,  fbn  fils , 
au  lieu  de  E-mab.  Ainii  au  lieu  de  Le-marec ,  on  a 
dit  Levarec.   Lobineau  ,  Glo(f. 

LEWECK.  Nom  d'une  ville  de  l'Inde,  de-là  le  Gan- 
ge. Leuvecum.  Elle  eil  capitale  du  Royaume  de  Cara- 
boie  ,  Se  en  porte  le  nom  fur  les  Cartes.  yoye[ 
Camboie. 

LEWENDALE.  f.  f.  Sorte  de  monnoie  en  ufage  dans 
le  Carduel  ou  Cartuel  ,  Province  de  Géorgie  en 
Aiie.  Les  Troupes  du  Grand-Seigneur  étant  entrées 
par  furprife  dans  la  province  de  Carduel ,  le  Prince 
qui  en  étoit  Souverain  ,  s'eft  retiré  fur  les  terres 
du  Czar ,  Se  fon  fils  s'étant  fait  Mahométan  ,  eft 
convenu ,  de  concert  avec  les  principaux  de  la 
Province  ,  de  payer  aii  Grand-Seigneur  un  tribut 
de   40000  Lewendales.  Gaz.    1725  ,  p.  44S- 

^  LEWENTZ.  Ville  de  la  Haute  Hongrie  ,  au 
Comté  de   Gran  ,   dans  le  Gouvernement  de  Neu- 


L  EX 


haufel.  Leuva  ,   Leuvent'mm.    Les  Impériaux  com- 
mandés par  le  Général  Souches,  y  défirent  les  Turcs, 
l'an   1664.  Long.  }  6.    à.  jS',  lac.    4S.  d.    i /'. 
lEWES.  Nom  d'un  bourg  bien  peuplé.  Lefuas.  Il  efl 
dans    le   comté   de  Sullex  ,   en   Angleterre  ,    entre 
Cliichedre  &  Rye  ,  à  deux    lieues  de  la  mer  de 
Bretagne.  Maty, 
LEUWEDAALDERS.  f.    m.   Monnoie  d'argent,  qui 
fe  fabrique  exprès  en  Hollande  pour  le  commerce 
de  Srnyrne.  Ils   valent  14  Tous  monnoie  courante 
d'AmIterdam. 
LEUVIGILDE.  f.  m.   Nom    d'homme.  Leovigildus  , 
Leuvigildus.    Le    dix  huitième   Roi    des   Goths   en 
Eipagne ,   fut  LeuvigUde  ,  qui   (uccéda  à  Ion  hère 
Liuba  en  j68.  Il  fut  père  de  Saint  Herméiiigilde , 
qu'il  fit  mourir ,  parce  qu'il  avoit  renoncé  à  l'héré- 
fie  d'Arius.  Sa  femme  Ingonde  ,  fille  de  Sigcbert, 
Roi  de  France  ,  l'avoir    converti.  LeuvigUde  ,  Prê- 
tre de  l'Égliie  de  Cordoue  ,  a  écrit  vers  l'an   716, 
fur  l'habit  des  Clcccs  ,  de  habicu  Clericorum. 
LEWIS.   Nom  d'une  île    d'ÉcolFc.  Lewijffa  ,    Leogus. 
Elle  eft  la  plus  feptentrionale  des  Werfternes ,  & 
éloignée  de  neuf  iieucs  de  l'île  de  Skye  ,   &c   de 
vingt  de  la   côte  d'ÉcolTe.    Sa  longeur  eft  de  dix- 
huit  lieues  j  &  fa  largeur  de  quatre  ou  cinq.   Elle 
eft  féparée  en  deux   parties  par  un  petit  ifthme  de 
mille  pas.  La  partie  feptentrionale  ,  qui  eft  la  plus 
grande  ,    conferve  le  nom  de  Lewis  ,   Se   abonde 
en  grains    &    en  beftiaux  ;    fes   principaux  bourgs 
font  Sherboft  ,  Grimfetter  &  Daneville.    La  méri- 
dionale porte  le  nom  d'Harrayi  elle  eft  pleine  de 
montagnes  &  de   forets  ,    &   produit  pourtant  de 
bons  pâturages  -,  Rov/adil  en  eft  le  principal  bourg. 
On  prend  près  des  côtes   de  cette  Ile  des  baleines 
d'une  prodigieufe  grolFeur,  &  on  y  pêche  quantité 
de  faumons  ôc  de  harengs.  Maty. 
^LEVURE,   f.  f.  Terme  de  Cuillne  qui  s'applique 
à  ce  qu'on  lève  de   delfus   &  de  delîous  le  lard  à 
larder.  Laridi  pars  crafflor  defecla.   Les    levures  de 
lard  font  les  profits  des  Cuifmières. 
Levure  de  Bière,  eft  une  écume  que  jette  la  bière 
quand  elle  bout  dans  le  tonneau  -,  car  ce  n'eft  pas  celle 
qu'elle  fait  quand  on  la  cuit  fur  le  feu.  Cervljîa.   ehul- 
lientis  fpuma.  Cette  Levure  fert  quelquefois  à  faire 
du  levain  pour  le  petit  pain  ,    &   fur-tout  le  pain 
qu'on  nomme  à  la  Reine  i  ce  qui  le  rend  fouvent 
amer ,    quand  on  y   en  met  trop.   La  levure  enfle 
beaucoup  le  pain ,  &  en  peu  de  temps ,  &  le  rend 
plus  léger ,  plus  délicat  &  plus  tendre.  On  tient  que 
î'ufage  de  la  levure  de  bière  a  été   introduit  depuis 
peu   par   l'avarice   des  Boulangers  ,  &  qu'il  n'y  a 
qu'environ  quatre-vmgts  ans  qu'ils  ont  renouvelle 
cet  ufage  ,  dont  le   fervoient  les  Gaulois ,   (elon  le 
témoignage  de  Pline.  Il  y  a  eu  un  Arrêt  qui  a  permis 
aux  Boulangers  de  s'en   fervir ,  quoique  les   Méde- 
cins aient  foutenu  qu'elle  étoit  contraire  à  ia  (anté  , 
par  un  Décret  du  24  Mars  1668.    Malgré  l'Arrêt, 
le  pain  n'en  eft  pas  moins  pefant  dans  l'eftomac.  J^oy. 
fur  la  levure  de  bière ,  (es  bons  &:  fes  mauvais  effets  , 
&c.  le  Traité  de  Police  du  Commillaire  La  Mare, 
T.  1  ,p.  j69  &  fuiv.  &c  T.  II ,  p.  Ç12. 
.eVure  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  d'un  quartier  de 
l'écu  qu'on   retranche  du  côté  dextre  de  Técu  vers 
le   chef,  pour  en  faire   un  autre   émail  que    celui 
du  refte  de  l'écu.  Il  portoit  d'or  à  cinq   bâtons  de 
gueules  j  à  la  levure  de   même.  Cette  levure  eft  un 
peu  raomdre  que  le  quartier  ordinaire ,  &  s'appelle 
plus  proprement  Franc -quartier. 
.nvuRE  ,  eft   aullî  un  terme  de  Pêcheur  ,  qui  fe  dit 
d'une  certaine  partie  du   filet.   Faire  la  levure  d'un 
filet. 

L  E  X. 

, EX!  ARQUE,  f.  m.  Nom  de  quelques  Magiftrats 
d'Athènes.  Lexiarchus.  C'étoient  des  Officiers  IQr"  ou 
Magiftrats  chargés  d'examiner  la  conduite  de  ceux 
qu'on  admettoit  au  rang  des  Prytanes  ,  &  de  ceux 
qui  avoicnt  droit  de  fuffrages  dans  les  AlTemblées , 
de  tenir  regiftre  de   leur   â^e  ,  &c  de  leurs  bonnes 


L  E  Y  yoi 

qualités.  Tous  les  citoyens  qui  étoient  infcrits  dans 
ces  regiftres  avoient  voix  délibcrativc ,  à  moins  que 
quelque  défaut   ne  leur  donnât  rcxclufion. 

Ce  mot  vient  à'xfy^», ,  être  maître  ,  Se  /,|/f  ,  hé- 
ritage J  patrimoine  ,  ^CT  parce  que  ces  Magiftrats 
avoient  la  jurifdidlion  fur  les  fujets  qui  dévoient 
décider  des  atiaires  j  du  bien  ,  &  du  patrimoine  de 
la  République. 

LEXICOGRAPHE,  f.  m.  Auteur  d'un  Lexique  ,  d'un 
Dictionnaire.  Lexicograpkus.  Le  travail  d'un  Lexi- 
cographe eft  un  travail  bien  dur  &  bien  ennuyant 
pour  lui  ,  mais  bien  utile  aux  autres. 

§3-  LEXICOGR  APHIE.  f.  f.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  la 
partie  de  l'Orthographe  qui  preicrit  des  règles 
convenables  pour  rcpréfenter  le  matériel  des  mots 
avec  les  caractères  autorilés  par  I'ufage  de  chaque 
langue.  L'autre  partie  de  l'Ortographe  eft  la  Logo- 
graphie.  Ce  mot  vient  du  Grec  >^d.ii ,  diUion  _,  Oc 
yça^eiv  j  à'écrire. 

|G"  LEXICOLOGIE,  f  f.  L;Orthologic  ,  première 
partie  de  la  Grammaire  ,  lelon  le  iyftême  adopté 
dans  l'Encyclopédie  ,  fe  loudivife  en  deux  branches 
générales  qui  lont  la  Lexicologie  Se  la  Syntaxe.  La 
Lexicologie  a  pour  objet  la  connollfance  des  mots 
confidérés  hors  de  l'élocution  ,  &  elle  en  coniîdère 
le  matériel  ,  la  valeur  &  l'étymologie.  Du  Grec  , 
xthi  ,  diclion  ,  Se  >oyi>f ,  dijcours. 

LEXIQUE  J  ou  LÉXICON.  1.  m.  C'eft  la  même  chofe 
que  Dictionnaire.  Ce  mot  ne  fe  dit  guère  qu'aux 
Collèges  ,  de  quelques  Dictionnaires  Grecs,  qui  font 
intitulés  Lexicon.  J'ai  un  bon  Lexicon  Grec.  Le 
Lexicon  de  Scapula  eft  un  excellent  livre.  La  meil» 
leure  édition  du  Lexique  de  Scapula  eft  celle  de  Hollan- 
de, enluite  celle  d'Angleterre,  fur  laquelle  celle  de  Hol- 
lande a  été  faite  ,  Se  qui  n'en  diftére  que  par  un  abrégé 
du  Lexicon  Grec-Barbare  de  Meurfius  ,  qui  eft  à  la  fin. 
Le  Lexicon  Grec-Latin  de  Schrevelius  eft  eftimé. 
C'eft  ce  qui  en  a  fait  multiplier  les  éditions. 

Ce  mot  eft  Grec,  Se  vient  de/ijif  ,  diction,  qui 
vient  de  xiya ,  je  dis. 
LÉXIVIAL.  adj.   On  doit  dire  LIXIVIAL.   royei  ce 
mot. 

L  E  Y. 

LEYANCE.  f.  f.  Vieux    mot.  /■'''oye:^  Licence. 

LEYBNITZ.  Bourg  de  la  Stirie  ,  fuué  fur  la  rivière 
de  Sacka  j  à  une  lieue  de  ton  confluent  avec  ic 
Muer  ,  à  cinq  lieues  de  Graez  ,  vers  l'orient  méri- 
dional. Leibnicium.  On  prend  ce  bourg  pour  l'an- 
cien Polybianum  j  petite  ville  de  la  Haute-Panno- 
nie.   Maty. 

r^LEYDE,  &  LEYDEN.  Voyei  Leide. 

LEYE.  Foyei  Lis. 

LEYNE.  Nom  d'une  rivière  de  la  Bafle-Saxe.  Lynius  , 
Leinius.  Elle  prend  fa  fource  à  Heiligenftat  dans 
l'Eifchfeld ,  traverfe  le  Duché  de  Brunfwick ,  baigne 
Cottingen ,  Hanover  ,  Se  Neuftat  ,  &  fe  décharge 
dans  l'Aller  ,  entre  Zell  &  Ferden.  Maty. 

LEYSCZNICK,  LEISNICK.  Petite  ville  du  Cercle  de 
la  Haute  Saxe.  Leyfnigum  ,  Lifnica.  Elle  eft  dans 
la  Mifnie  ,  fur  la  Multe  ,  près  de  fon  confluent 
avec  la  Mulde ,  à  fix  lieues  de  Meilein  j  vers  le  cou- 
chant. Maty. 

LEYTE.  Nom  d'une  rivière  d'Allemagne.  Lutis.  Elle 
a  fâ  fource  dans  la  Stirie  ,  traverfe  une  partie  de  l'Au- 
triche ,  où  elle  baigne  Bruck ,  Se  entrant  dans  la 
Balfe  Hongrie  ,  elle  fe  jette  dans  une  branche  du  Da- 
nube ,  vis-à-vis  delà  ville  d'Owar.  Maty. 

LEYTON.  Leytonum  ,  autrefois  Durolitum.  C'étoit 
anciennement  une  petite  ville  des  Trinobantes  ;  ce 
n'eft  maintenant  qu'un  village  d'Angleterre,  lîtué 
dans  le  Comté  d'Elfex  ,  aux  confins  de  celui  de 
Middelfex.  Cambden  écrit  Layton  ,  Se  Laxton  , 
pour  l'ancien  Durolitum.  Cambden  dit  que  c'eft 
Oldfoord  upon  Lee  ,  dans  le  Comté  d'Elfex. 

^L  E  Z. 

L  EZ.  adr.  Vieux  m:)t  ,  qui  lî^nifioi:  autrcfo  is  proche  , 


j-oi  LEZ 

vers 3  du  coté  de.  Juxtà  j  fccundùm  ,  propè.  Le  Plef- 
fis  lei  Toui-s.  Saine  Germain  des  l'ies  /e^  Paris. 
Ce  mot  vient  du  Latin  ad  lacus  Parifiorum.  On 
difoic  aulÏÏ  autrefois  des  Officiers /f^  laperfonne  du 
Jloii  pour  dire,  proche  la  perfonnc ,  à  fes  côtés. 
Ad  latus  Régis. 

Il  (îgnifioit  autrefois  j  Borne  Se  confins  ,  comme 
3u(li  on  difoit  le^  &  côté.  En  ce  lens ,  ce  mot  de 
/eij-  eft  un  nom  fubftantif. 

Lez.  Nom  d'une  petite  rivière  de  Languedoc.  Ledus  j 
Ledum.  Elle  baigne  Montpellier  ,  &  fe  décharge 
dans  le  lac  de  Maguelone.  Maty.  Le  Zeç  ,  ou 
Lets  ,  dit  le  P.  Sirmond ,  dans  les  Notes  fur  Sido- 
nius  Apollinaris  ,  Cann  ,  V,  v.  20S  y  z  i-x  foiuce 
dans  les  Cévennes.  Il  palfe  à  Montferrand  ,  à  Pra- 
de  ,  à  Moiuferrier  ,  à  Caftelnau  de  Pont-Juvénal , 
il  coule  prés  de  Montpellier  -,  enluite  il  fe  fépare 
en  deux  bras,  &  environne  la  Tour  de  Lates  ,  puis 
il  fe  rejoint,  &  va  fe  jettcr  dans  la  mer  par  l'étang 
<iu  Tauj  ou  l'étang  du  Pérotz.  Voy.\tV.  Sirmond, 
&  Hadrien  Valois ,  Not.  Gall.  p.  26 3  ,  &  z6j. 
Mêla  L.  II ,  c.  /.  Savaron  ,  fur  Sidonius  Appol- 
linaris. 

XÉZADOIS.  Leiaienfis  ager.  Voy.  Lézat. 

§Cr  LÉZARD,  f.  m.  Epèce  d'animal  ovipare  à  quatre 
pieds  Se  à  longue  queue.  Cet  animal  eft  allez  connu. 
Il  y  en  a  de  verts  &  de  gris.  Lacenus.  Pline  dit  qu'il  y 
a  des  le'iards  grands  d'une  coudée  en  Arabie  ;  Se 
qu'aux  Indes  il  y  en  a  de  vingt-quatre  pieds  ,  les 
uns  font  jaunes  ,  les  autres  rouges  ,  &:  les  autres  verts. 
Il  y  a  aulîî  une  efpèce  de  lé\ard  que  les  Latins  appellent 

._JleUio',  qui  eft  marqueté  de  plufieurs  taches  &  étoi- 
les ,  &  qu'on  dit  être  fort  fin ,  d'où  les  Jurifcon- 
fultes   dérivent  le  mot  de  flell'ionacaïre.  Les  croco- 
diles  lont  mis  fous  le  genre  des  lézards  j  aulli-bien 
que  les  falamandres.  Les  Habitans  du  Cap  vert  ont 
beaucoup  de  vénération  pour  les  lé\ards  ,  croyant  que 
ces  animaux  ont  quelque  pouvoir  fur  leur  fortune. 
Le  le\ard  ell:  ami  de  l'homme ,  &  fort  ennemi  des 
ferpens ,  d'où  vient  le   nom   à'oipiiy.ax'^  ,  que   l^s 
Grecs  lui  ont  donné.  Pline  ,  L.    FUI.    c.  s 9  >  '^^^ 
que  les  lé\ards  ne  vivent  que  fix  mois.  Il  dit ,  au  L. 
X ,  c.   )(>.    qu'ils  ont  la  langue  fendue  en  deux  ,  & 
couverte  de  poils  ;  il  ajoute  ailleurs  ,  qu'ils  n'ont  nulle 
mémoire.  Ils  étoient  autrefois  d'un  grand  ufige  dans 
il  Ma^ie.  Il  y  a  dans  le  Journal  de  Lcipfick  ,  Suppl. 
T.  I ,  p.  404.  une  anatomie  d'un /d'^tiri  des  Indes. 
Leri  allure  qu'il  en  a  vu  au  Brefil  de  fept  piedS  de 
long  ,  &  de  la  giolleur  du  bras  d'un  homme.  Vola- 
terranus  parle  d'un  lézard  de  huit  coudées  de  long  , 
que  le  Cardinal  de  Lisbonne  fit  apporter  d'Ethio- 
pie.  Il  a\'oit  la  gueule  alfez  grande  pour  avaler  un 
enfant  tout  entier.  Quand  les  Avanturiers   veulent 
prendre  les  lézards  ,  ils  mettent  au  bout  d'un  bâton 
long  de  deux  toifes  ,  un  petite  corde  en  nœud  cou- 
lant ;  enfuite  ils  le  couchent  par  terre  ,  Se  lorfqu'il 
vient  un  le\ard,  ils  lui  chatouillent  la  gorge  avec  le 
bout  du  bâton  ,  pendant  qu'ils  lui  palTcnt  le  nœud 
coulant  ,  Se  le  tirent  tout  d'un  coup.  Les  lc\ards  le 
laillent  prendre  de  cette  forte  ,  par  ce  qu'ils  s'ima^ 
ginent  que  c'cft  quelque  inledte  qui  les  chatouille  , 
Se  qu'ils   ont  accoutumé  de  vivre  de  ces  animaux. 
On  les  prend  aufii  à  la  courte  ,  quand  le  pays  le  per- 
met ;  m.tis  il  faut  le    tenir   lur  les  gardes  ,  car    ils 
mordent  bien  fort  -.pour  s'en  garantir,  on  les  tient 
par  le  gros  de  la  queue  ,  &:   par  ce  moyen  ils  ne 
pcu\'ent  remuer  ,  &   n'ont  point  de  force.    Fojez 
lur  lcslc\ards  des  Antilles  l'Hilloire  naturelle  de  ces 
îles,  par  M.  Lonvillers  de  Poinci,  C.  XIII ,  Arc.  2. 
On  voit  à  Poulo  Condor  cinq  elpèces  de  lézards. 
Les  uns  fom  comme  ceux  de  France ,  d'autres  font 
de  la  grollcur  &  de  la  grandeur  des   lerpens  ordi- 
naires. Il  y  en  a  qui  ont  des  ailes.  Ceux  ci  lont  de  la 
grandeur  &:  de  la  couleur  ordinaire  des  /c'^ards.  Au- 
dclTous  du  menton  ils  ont  une  bourfe  de  la  figure 
d'un  cœur  &:  de  couleur  blanche ,  elle  s'enfie  &  le 
delentle  dans  la  refpiration.  On  trouve  d'autres  lé\ards 
plus  gros ,  qui  ont  des  écailles  &  l'air  affreux.  Leur 
morfure  efl  morcelle  ;  ils  fe  mettent  dans  le  creux 


LEZ 

des  arbres  ,  Se  fur  le  foir  ils  poulTent  de  grands 
cris.  Ou  diroit  que  c'ell  quelque  gros  oifeau  per- 
ché lur  l'arbre  ;  on  regarde  de  tous  côtés  ,  &  l'on 
ell  bien  kirpris  de  trouver  que  celui  qui  fait  tant 
de  bruit  ell  un  petit  lé\ard.  On  l'appelle  Koqué  ^ 
parce  qu'il  paro'it  prononcer  ce  mot  quand  il  crie. 
Les  lé\ards  de  la  cinquième  efpèce  font  grands  , 
couvcrs  d'écaillés.  Ils  ont  des  mains  &  despieds  auiïï 
s;rands  qu'en  ont  des  cnfans  de  quinze  ans.  Ces 
mains  Se  ces  pieds  font  armés  de  crochets  au  bout. 
La  queue  de  ces  animaux  cil  triangulaire.  Ils  ont 
julqu'a  lept&  huit  pieds  de  long.  On  dit  qu'ils  font 
bons  à  manger.  Obf.  Afironom.  Sec.  publiées  par 
le  P.  Soucier  ,  p.  116. 

Il  y  a  au  Japon  des  Temples  dédiés  aux  lé\ards ,  que 
les  Savans  révèrent  comme  leur  patron  ,  fans  néan- 
moins lui  élever  ni  llatuc  ,  ni  autel ,  comme  aux  au- 
tres dieux.  On  fe  contente  d'en  attacher  la  figure  à 
la  voûte  ,  afin  que  les  gens  d'étude  fe  rellouvien- 
nent  en  l'adorant  d'élever  les  yeux  Se  le  cœur  au  ciel 
Amè.  des  Holl.  au  Jap.  P.I ,  p.  i  04. 

On  mange  les  lézards  des  îles.  Le  P.  Labat  die 
qu'il  en  mangea  d'un  à  la  laulle  aux  poulets,  (Scque 
la  chair  cil  li  rellemblante  à  celle  du  poulet  par 
fa  blancheur  ,  fon  goût  Se  fa  délicatelle,  qu'il  auroic 
cru  que  c'en  étoit  ,  s'il  ne  l'avoit  pas  vu  accommo- 
der. Quoique  cet  animal  foit  terreftre  ,  les  Théo- 
logiens l'ont  rangé  parmi  les  amphibies  ,  dont  on 
peut  manger  en  tout  temps.  Les  œufs  de  ces  lézards 
éclolcnt  à  mefure  que  la  femelle  les  poulie  dehors. 
Les  lézards  des  îles  ont  la  vie  lî  dure,  que  cent 
coups  de  bâtons  fur  le  dos  Se  fur  la  tête  ne  les  tue- 
roient  pas.  Le  fecret  de  les  faire  mourir  fans  leur 
couper  la  tête  ,  cil  de  leur  enfoncer  un  brin  de  bois 
ou  de  paille  dans  les  narines  ;  aullî-tôt  qu'ils  font 
touchés  dans  ces  endroits  ,  ils  jettent  quelques  gout- 
tes de  fang  j  Se  expirent. 

Ce  mot  vient  du  Latin  lacerra  par  corruption; 
Se  laccna  ,  félon  quelques-uns,  de  laccrare  ,  hrifer ; 
Se ,  félon  d'autres  ,  de  lacercus  ,  le  hras  de  l'hom- 
me ,  parce  que  les  lézards  ont  les  pieds  lemblables 
aux   bras   de  l'homme. 

LÉZARD  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  d'un  lézard 
qu'on  reprélente  montant  ;  mais  quand  il  ell  en 
aurre  aOiette  ,  il  la  taut  fpécifier  en  blalonnant.  La 
Maifon  de  le  Tellier  porte  d'azur  à  trois  lézards 
d'argent  au  chef  coulu  de  gueules ,  chargé  de 
trois  étoiles  d'or. 

LÉZARD  de  Mer.  Saurus.  Poilîon  long  d'environ  un 
pied  ,  rond,  &  ayant  la  figure  d'un  le\arddc  terre, 
à  l'exception  qu'il  n'a  point  de  pieds.  Sa  tête  eft 
menue  &  ronde  ,  Ion  muleau  ell;  oblong  Se  pointu, 
fa  bouche  ell  grandeur  garnie  de  petites  dents, fes 
yeux  lont  médiocres  ,  ronds  &:  d'un  jaune-doré  ;  fon 
dos  ell  vert  noirâtre  ,  Ion  ventre  ell  blanchâtre, 
&  Ces  côtés  jaunes.  Il  ell  marbré  par  tout  ,  com- 
me les  lerpens,  de  taches  rouges  ,  bleues,  j.iunes, 
dilperfées  par  tout  fon  corps.  Il  ell  bon  à  manger. 
On  en  trouve  dans  la  Méditerranée  &  dans  la  met 
Rouge. 

LÉZARD  ,  en  Aftronomie.  C'ell  une  des  étoiles  in- 
formes ,  entre  le  pié  de  Pégale  Se  la  main  d'Andro- 
mède. 

On  dit  proverbialement ,  c'eft  un  pauvre  lézard; 
pour  dire  ,  un  milérable  qui  rampe ,  qui  n'a  point 
de  pouvoir  de  lervir  j  ni  de  nuire  à  perlonne. 

LÉZARD-POINT,  C'ell  à  due  le  Cap  de  Lézard. 
Le~^ardum  Promontorïum  ,  anciennemenr  Ocrinum,'\_ 
Damnonium  Promontorium.  Ce  Cap  ell  en  la  cote: 
méridionale  de  la  Cornouaille  ,  en  Angleterre; 
allez  près  de  la  pointe  occidentale  de  cette  Provin-| 
ce.   On    l'appelle  aullI   le    Cap  S.   Michel.^  Maty.i 

île  des  LÉZARDS  ,  on  Caïman.  Nom  d'un  Ile  ,  qi"  ' 
ell  dans  le  golte  du  Mexique  ,  au  midi  de  celle 
de  Cuba  ,  &:  au  couchant  de  celle  de  la  Jamaïque. 
Crocodillorum  Infula  y  Caimana.  On  pêche  beaucoup 
de  tortues  à  l'ile  des  Lézards.  Elle  .appartient  auxj 
Anglois.  A  l'orient  de  celle-ci  j  il  y  en  a  deux  au-l 
trcs  plus  petites  ,  qui  portent  le  même  nom.  Pour 


L  H  A 

les  diftingucr  ,    on    appelle    celle  ci    en    Efpagnc 
Caïman  grande  ,    grande  ïlc  des  Lé\ards  ;   6c   les 
deux  autres   Culmancs  pequenos  ,    petites  îles  des 
Lézards.  Les  Le\ards  dont  elles  ont  pris  leur  nom  , 
font  des  crocodiles, 

LÉZARD,  f.  m.  ou  LÉZAKDE.  f.  f.  0:?  Le  dernier 
eft  le  leul  ulîtc.  Terme  d'Architefture.  Crevallc  ou 
fente  qui  fc  fait  dans  un  mur  ,  (oit  par  vétuftc  ,  foit 
par  mal  façon.  Rima  ,  fijjura.  Il  y  a  une  le:^ardc  à 
ce  mur. 

LÉZARO.  f.  m.  foyei  Ars. 

LÉZAT.  Nom  d'un  bourg  ,  chef  d'un  petit  pays  nom- 
mé Lézadois.  Lc:(^acum.  Il  efl  dans  le  Haut-Langue- 
doc ,  fur  la  Lauriége,  à  quatre  lieues  deTouloufe, 
du  côté  du  midi.  Maty. 

LEZE.  F^oye^  Lèse. 

LÉZER.  f^oyei  Licar. 

LÉZER.   f^oye^  Léser. 

LEZERT.  Nom  d'une  petite  rivière  de  France.  Lau- 
terna.  Le  Le\en  a.  fa  iource  dans  le  Rouergue  ;  il 
palfe  à  Salvecerre  6c  à  Caikl-Marin  ,  &  fe  jette 
(Lins  le  Biaur. 

Ce  mot  s'ert:  formé  de  Lauterna  ,  en  changeant 
\'a  en  e ,  &  le  r  en  :j.  Had.  Val.  Not.  Gall.  p. 
2Û6.  Ne  prononcez  point  le  t  final ,  le  i/çe-r-a 
fa  fource  ,  &  non  pas  le  Lé^cr-c-A  fa  fource. 

§5"  LÉZIGN  AN.  Petite  ville  de  France  ,  dans  le  Bas- 
Languedoc,  à  trois  lieues  de  Narbonne. 

LÉZIN.  f  m.  Nom  d'homme.  Licinius.  Saint  Lé-(in, 
né  avant  le  milieu  du  Xl^  fiècle  ,  étoit  allié  des  Rois 
de  France.  Il  fe  confacra  au  lervice  de  Dieu  dans 
la  Cléricature  vers  l'an  580,  &  fut  fait  Evcque 
d'Angers  après  Audouin  ,  l'an  586.  Il  mourut  en 
60J.  le  premier  de  Novembre.  Koy.  les  Bollan- 
diftes  ,  &:  Bailler,  au  i  j  de  Février-  Quelques-uns 
écrivent  Léjîn.  Licinius  d'Angers  eft  plus  connu 
fous  le  nom  de  Saint  Léfîn.  Il  étoit  parent  du  Roi 
Clotaire,  dont  il  fut  Comte  de  l'Etablc  ,  ou  premier 
Ecuyer.  Fleury. 

S.  LÉ7-IN.  Nom  d'une  efpccede  poire.  Pyrum  àfanclo 
Licinio  diclum.  Les  faint  Lé^in  fe  confervent  juf 
qu'au  mois  de  Mars  &  d'Avril ,  mais  elles  font  d'un 
petit  mérite.  La  Quint.  Prelque  toutes  les  poires 
d'hiver  qui  lont  bonnes  à  manger  crues  ,  comme  la 
Virgoulé  j  la  Louife  bonne  ,  le  Martin  fec ,  le  faine 
Lé^in  5  ô:c.  font  admirables  cuites  ,  pourvu  qu'on 
les  mette  au  feu  avant  qu'elles  foient  arrivées  en  ma- 
turité ,  car  autrement  la  cuilTon  les  réduit  ^rop  en 
bouillie.  La  Quint. 

|p"LÉZINE.    Foyei  Lésine. 

LÉZION.  Foyei  Lésion. 

'^3"  LEZOUX.  Petite  Ville  de  France  ,  en  Auvergne  _, 

I    dans  la  Limagne  ,  à  quatre  lieues  de  Clermont. 

jLÉZUZA.  Nom  d'un  village  d'Efpagne  ,  fitué  dans 
la  Caftille  nouvelle ,  à  quatre  lieues  d'Alcaraz  /  du 
côté  du  nord.  Le^w^a.  On  prouve  par  une  ancienne 
infcription  trouvée  dans  ce  lieu ,  qu'il  eft  l'ancienne 
petite  ville  de  Carpétans  ,  qu'on  nommoit  Zi/^i/q/i ^ 
Libifoca  ,  Libifona.  Maty. 

L  H  A. 

ILHANVELLIN.  Foyei  Lan-vethelin. 
IHON.  Foyei  Lone. 


L  I. 


A.  f.  m.  Nom  de  mefure  des  chemins  à  la  Chine.  Li. 
Le  II  eft  la  plus  petite  des  mefurcs  des  chemins.  Il 
comprend  l'efpace  julqu'où  la  voix  de  l'homme  peut 
porter  dans  une  plaine,  quand  l'air  eft  tranquille  5c 
ferein.  MaffÉe  ^  Hifi.  dis  Indes ,  L.  VI.  Le  li 
n'eft  pas  de  la  même  grandeur  partout. 

I  LIA. 

-lAGE.  f  m.  Vieux  mot.  Droit  qui  étoit  dû  autrefois 
au  Seigneur  fur  le  vin  ,  ou  plutôt  fur  les  lies  de 
vin.  Le  Grand  Bouteillera  eu  an  France  le  droit  de 


L  I  A 


T03 


liage  fur  les  vins  qui  fe  vendoient  à  Paris  en  broc 
&  dans  les  cabarets  :  ce  droit  conliftoit  dans  la  moitié 
des  lies  des  vins. 
Liage.  Terme  en  ufage  dans  les  moulins  où  fe  fabri- 
.  que  la  poudre  à  canon.  Il  lignifie  l'union  des  trois 
matières  qui  entrent  dans  la  compolition  de  cette 
poudre. 
2^  Ce  terme  eft  encore  ulité  dans  les  Manufadlures 
en  foie  ,  où  l'on  appelle  liage  le  fil  qui  lie  la  do- 
rure ou  la  foie. 
LIAIS,  f.  m.  Pierre  fcrrt  dure  qu'on  tire  des  carriè- 
res d'Arcueil  près  Paris.  Il  y  a  du  franc  liais  ,  &  le 
liais  fcraut ,  qui  eft  plus  dur  que  le  franc.  De  celui- 
ci  on  fait  les  fours  ,  les  âtres  ,  les  fourneaux  ,  parce 
qu'il  réfifte  au  feu.  Il  le  trouve  fous  le  liais  doux 
au  faubourg  Saint  Jacques.  On  appelle  ciiquarc  j 
le  liais  de  tout  appareil  ,  du  haut  liais  ,  du  bon 
banc  ,  &c.  Le  liais  rofe  ,  qui  eft  plus  doux ,  & 
reçoit  un  beau  poli  au  grès  ,  fe  tire  vers  Saint 
Cloud.  Le  franc  liais  de  Saint  Leu  fe  prend  le 
long  des  côtes  de  la  montagne. 
§C?  La  pierre  de /iaij  eft  dure,  &  a  k  grain  très-fin. 
Elle  le  fcie  en  lames  alfez  minces  fans  fe  cader. 
Comme  on  peut  la  rendre  alfez  unie  j  on  en  fait  des 
chambranles  de  cheminée ,  des  appuis  de  baluftra- 
des ,  &c.  Les  Ouvriers  &  le  peuple  difent  par  cor- 
ruption  pierre  de  Lierre. 

Les   Tilférans  &  autres  Ouvriers  qui  travaillent 
de  la  navette  ,  fe  fervent  de  longues  tringles  de  bois, 
auxquelles  ils  donnent  le   nom  de  Liais.   Ce   lont 
les  liais  qui    loutiennent  les  lilfes;  &c  des  lilfes  & 
des  liais  lont  formées  ce  qu'on  nomme  les  Lames. 
^  LIAISON,  f  f  Union  de  plufieurs  choies  enfem- 
ble ,  qui  forment  ,  ou    font    conhdérées    comme 
formant  un  tout.  Connexio  ,  unio  ,   conjuncUo.    La 
liaifon  des  pièces  de  bois  ,  des  pierres  ,  &c.  Ces  piè- 
ces font  11  bien  jointes  j  unies  ,  qu'on  n'en   voit  pas 
la  liaifon.   Toutes  les  parties  d'un  même  compofé 
ont  entre  elles  une  liaifon   nécellaire.    Toutes  les 
parties  qui  entrent  dans  la  compolition  de  l'Univers, 
ont  entre  elles  la  même  liaifon  ,  elles  font  liées  les 
unes  aux  autres  par  les  parties  intermédiaires. 
Liaison  ,  fe  dit  figurémcnt  en  chofes  morales,  de  la 
bonne  intelligence  ,  de  l'union  ,  de  l'amitié  ,   des 
alliances  qui  lient  les  perfonnes  enlemble.  La  Mailon 
d'Autriche  ,  &   celle  d'Efpagne  ,  ont  toujours  eu 
d'étroites /w{/o«.î  enlemble  jjuiqu'à  la  mort  de  Char- 
les II.  qui  a  fait  palTer  le  Royaume  d'Elpagne  dans 
la  Maifon  de  Bourbon.  L'intérêt  eft  une  liaifon  plus 
forte  que  celle  de  l'amitié.  Ce  qui  détruit  les  Com- 
munautés j  c'eft  le  manque  de  liaifon  3c  de  concorde. 
La  Religion  nous  oblige  à  renoncer  lincéremeiit  à 
toutes  les  liaifons  humaines.  Nie.  Il  y  a  une  lym- 
pathie  fecrette  ,  qui ,  bien   plutôt  que  l'eftime ,  fiit 
la  première /i(3i/û/2  des  cœurs.  S.  Evr.  Les  plus  hon- 
nêtes gens  mêmes  trouvent  dans  les  plus  fortes  liai- 
fons ,  des  intervalles d'alfoupillement  &c  de  langueur. 
Id.   Les  liaifons  qui  le  forment  dans  le  commerce 
du  monde,  ne  méritent  pas  le  nom  d'amitié.  Idem. 
Les  liaifons  Se  les  amitiés  de  la  Cour  lont  fort  fragiles. 
La  Rochef. 
Liaison  ,  fignifie  auffi ,  Rapport  ,  connexité   que   les 
chofes   ont  les   unes  avec   les  autres.    Connexio.  Il 
n'y  a  point  de  liaifon  entre  ces  deux  affaires.  Cela 
n'a  point  de  liaifon  avec  les  principes.  Pasc. 
Liaison  ,  fe  dit^craullî  de  ce  qui  he  les  parties  d'un 
dilcours  les  unes  aux  autres.  On  dit  qu'une  période  n'a 
point  de  liaifon  avec   la  précédente.  J'ai  été  obligé 
d'ajouter  deux  ou  trois  phrafes  pour  faire  la  Uaifan 
de  mon  dilcours. 
f]Cr  Dans  ce  fens ,  on  le  dit  particulièrement  en  Gram- 
maire de  certains  mots  qui  lient  les  périodes  j  comme 
&,  mais  ,  cependant ,    &c.  Conjunclio    copulanva^ 
Les  liaifons  rendent  le  difcours  plus  doux  &  plus 
coulant.    Elles   confiftent  dans  quelques   particules 
qui  lient   cnfemble  les  parties  du  difcours  :  cepen- 
dant ,  lorfqu'on  parle  avec  chaleur  &c  avec  émotion, 
les  liaifons  ne  fervent  qu'à  l'aftoiblir  &  à  l'énerver. 
RÉEL.  Il  n'y  a  rien  qui  donne  plus  de  mouvement 


J04  LIA 

au  difcouis  ,  que  d'en  ôter  les  llalfons.  Boil.  Si 
vous  embarralfez  une  paillon  de  Uaifons  &  de  par- 
ticules inutiles j  vous  lui  écez  la  liberté  de  la  coui le, 
&  fon  inipétuofité.  Id. 

Liaison,  fe  dit  aulli  en  termes  de  PocTic  diamatiquc. 
Ordo  ,  confccutio  ,  apta  connexio.  La  liai/on  des 
fcènes  efl:  bien  oblervée  ,  pour  dire  ,  les  fcènes  fc 
lùivent ,  Se  font  liées  de  telle  forte ,  que  le  Théâ- 
tre ne  demeure  point  vide  avant  la  Hn  de  rAdte. 

|Kr Liaison,  en  Architeéturc.  C'ell:  l'art  d'arranger 
les  pierres  ou  les  briques  les  unes  lur  les  autres  , 
de  manière  qu'une  pierre  ou  une  brique  recouvre 
le  joint  de  deux  qui  font  au  deflous. 

Une  maçonnerie  en  liaifon  ,  cd  une  maçonne- 
rie où  les  pierres  (ont  polées  les  unes  fur  les  au- 
tres ,  où  les  joints  font  dé  niveau  j  enforte  que  le 
joint  du  fécond  lit  pofe  fur  le  milieu  de  la  pierre 
du  premier.  Alterna  coagmenta.  Il  faut  que  les 
pierres  aient  au  moins  iix  pouces  de  recouvrement , 
tant  au  dedans  du  mur  ,  qu'au  parement  ,  fuivant 
l'art  de  bâtir  ,  lorlqu'elles  n'ont  pas  au  moins  lix 
pouces  ,  cela  s'appelle  déliaifon. 

Liaison  de  joint  ,  s'entend  aulli  du  mortier,  ou  du 
plâtre  détrempé  ,  dont  on  fiche  &  jointoie  les  pier- 
res. Liaifon  3.  i'cc,  cft  celle  dont  les  pierres  lont  po- 
(ces  fans  mortier  ,  leurs  lits  étant  polis  &  frottés 
au  grès  ,  comme  ont  été  conltruits  pluiieurs  bâti- 
mens  antiques,  faits  des  plus  grands  quartiers  de 
pierre  j  ôc  ainlî  qu'il  a  été  pratiqué  à  ce  qui  paroilfoit 
de  l'Arc  de  Triomphe  du  Faubourg  Saint  Antoine 
à  Paris  ,  qui  n'exifte  plus.   Daviler. 

Liaison  ,  fe  dit  auffî  en  Charpenterie  ;  c'efl  l'alTem- 
blage  des  pièces  d'un  ouvrage.  Commijfura. 

Les  Paveurs  fe  fervent  aulli  du  mot  de  liaifon  ,  Se 
c'eft  lorfqu'ils  difpofent  les  pavés  d'un  certain  fens 
pour  rélillcr  aux  roues  des  chariots ,  des  carrolfes , 
Oc.  La  liaifon  des  pavés. 

§^  Liaison  ,  en  fait  d'Ecriture  j  lîgnitîe  les  traits 
déliés  qui  lient  les  carattères  les  uns  aux  autres. 

§3"  Liaison  ,  en  termes  de  Mufîque  ,  d'un  trait  re- 
courbé  qu'on  paile  fur  les  notes-  qui  doivent  être 
liées  enfemble.    f^oje-:^  Lie. 

IJCT  Dans  le  Piainchant  on  appelle  aulTî  liaifon  ,  une 
fuite  de  puheurs  notes  palfées  fur  la  même  fyllabe  j 
parce  qu'en  effet  elles  font  attachées  ou  liées  cn- 
iemble. 

Liaison  ,  en  termes  de  Fauconnerie ,  fe  dit  des  ongles 
Se  des  ferres  des  oifeaux  de  proie  ,  &  de  l'aciion 
avec  laquelle  ils  lient  &  enlèvent  le  gibier.  Falcad 
ungucs.  Des  oifeaux  qui  ont  la  liaifon  crochue  fe 
paillent  de  chair,  &  ne  pofent  guère  fur  les  rochers, 
car  leurs  crocs  n'y  peuvent  prendre  ,  ni  ancrer. 

Liaison,  feditaufli  ;)C?"  dans  les  Cuifines,  d'un  mélange 
de  jaunes  d'œuFs  delayésavec  un  peu  de  farine  ,  ou  de 
toute  autr  j  matière  propre  à  cpaillir  une  laulle.  Coa- 
gulum. 

LIAISONNER.  v.  a.  Terme  de  Maçon ,  c'efl  arranger 
les  pierres ,  enforte  que  les  joints  des  unes  portent 
fur  le  milieu  des  autres.  On  le  dit  aullî  des  pavés. 
Coagmcncarc ,  adaptare.  C'eft  auili  remplir  leurs 
joints  de  mortier  ,  pendant  qu'elles  font  fur  les  cales. 
Liaifonner  de  ciment ,  veut  dire  ,  cimenter. 

i?C?LlAlSONNÉ^  ÉE.  part. 

LIAMPO    /'^oye?  NiNGPO. 

LIANES,  ou  LIÈNES.  f  m.  On  appelle  ainfi  dans 
les  îles  de  l'Amérique  ,  ^fJ"  un  grand  nombre  de 
plantes  farmenteufes  ,  dont  plufieurs  font  rampan- 
tes &  Héxibles.  Il  y  a  beaucoup  de  genres  &  A'c(- 
pèces  de  ces  fortes  de  plantes  qu'on  diftingue  pour- 
tant parleur  figure,  ou  par  leur  qualité,  comme 
la  liane  à  ferpens  ,  à  caule  qu'elle  ell  tort  eflicace 
contre  leur  morfure  ;  la  liane  à  dent  de  fcie ,  parce 
,  que  fes  feuilles  font  découpées  comme  les  dents 
d'une  fcie  ;  la  liane  brûlante  ,  àcaufe  qu'elle  efl:  fort 
cauftique -,  &  ainfi  de  plufieurs  autres.  Vimen.  On 
donne  ce  nom  àe  liane  à  ces  fortes  de  plantes,  du 
verbe  lier  ;  parce  qfi'on  (e  fcrt  de  quelques-unes 
comme  de  cordages,  tant  pour  la  conftruclion  des 
maifous,  qu'on  .appelle  vulgairement  Cafés  ,  que 


LIA 

pour  fortifier  les  barrières.  Se  pour  plufieurs  autres 
ufages.  Il  y  en  a  pourtant  à  qui  on  donne  plus  par- 
ticulièrement le  nom  de  liane  j  qui*  font  celles  que 
les  CaraÏDes  appellent  Meregouia  ,  les  Ef'pagnols 
Granadilla  ,  Çc  les  François  Fleur  de  la  Pajfion ,  à 
caufe  qu'on  croit  y  trouver  quelques  marques  de  la 
Pallion  du  Sauveur ,  comme  les  trois  clous  ,  les 
cinq  Plaies  ,  le  fouet  &,les  cordes.  C'eft  ce  que 
j'ai  appris  du  R.  P.  Plumier  ,  Minime  ,  qui  a  feit 
plufieurs  voyages  dans  les  iles  de  l'Amérique,  &  s'eft 
attaché  particulièrement  à  en  décrire  toutes  les  plan- 
tes. Il  y  a  des  lianes  qui  font  chargées  de  groffes 
lîiiques  tannées  ,  longues  d'un  bon  pied ,  larges  de 
quatre  ou  cinq  pouces  ,  &  dures  comme  l'écorce 
du  chcne  ,  dans  lefquelles  font  contenus  ces  fruits 
curieux  qu'on  appelle  Châtaignes  de  mer,  qui  ont 
la  figure  d'un  cœur  ,  Se  dont  on  fe  fert,  après  qu'on 
les  a  vidées  de  leur  pulpe  ,  pour  confervcr  du  tabac 
pulvérifé  ,  ou  quclqu'autre  poudré  de  bonne  fen- 
teur.  Les  habitans  de  ces  îles  appellent  Pommes  de 
liènes  ,  un  fruit  qui  croît  fur  une  forte  de  plante 
qui  s'attache  aux  gros  arbres  comme  le  lière.  Il  eft 
de  la  grofleur  d'une  baie  de  jeu  de  paume  ,  Se  cou- 
vert d'une  coque  dure  ,  &  d'une  peau  verte  ,  qui 
contient  au  dedans  une  fubtlancc  ,  laquelle  étant 
mûre  ,  a  la  figure  Se  le  gorit  de  groleille.  Voyc'^ 
VHifloire  Naturelle  des  Antilles  ,  par  M.  Lonvillcrs 
de  Poinci  ,   C.  X ,  Art.  3. 

LIANNE.  Nom  d'une  rivière  de  Boulenois  ,  en  Picar- 
•die.  Liana,  Elna.  Elle  baigne  Boulogne  ,Se  fe  dé- 
charge peu  après  dans  la  mer.  Maty. 

§3°  LIANT,  adj.  Qui  fe  dit  quelquefois  au  Phyfique  de 
ce  qui  a  une  fouplelfe  molle.  On  dit  en  ce  fens  qu'un 
rellort  elf  bien  liant ,  pour  dire  qu'il  efl  doux  ,  Se 
qu'il  «'a  point  de  frottement. 

^C?  On  s'en  lert  plus  ordinairement  au  moral  pour  dé- 
figner  uncaraéière  doux  ,  aftable,  complaifant ,  pro- 
pre à  former  une  liaifon.  Béatrix  qui  avoir  l'elprit 
fouple  Se  liant,  s'infinua  fans  peine  dans  les  bonnes 
grâces  de  fa  nouvelle  Maitrelle ,  &:  gagna  fa  confiance. 

GiL-BLAS. 

LIARD.  l'.  m.  Monnoie  qui  vaut  trois  deniers  j  faite 
de  la  même  matière  que  les  fous.  Teruncius.  On  les 
appeloit  petits  liards  fous  Louis  XL  En  1467.  ils 
étoient  du  poids  d'un  denier  ,  Se  avoient  trois  deniers 
d'alioi ,  valans  trois  deniers  tournois.  Ils  portoient 
une  croix  entre  deux  lis ,  Se  une  couronne ,  &  au  re- 
vers un  dauphin,  zvech\cs,evAcSit nomen  Domini 
benedicium.  Il  s'en  eff  fait  depuis  de  lîmple  cuivre, 
qui  porte  le  nom  de  liard  de  France  ,  Se  qui  efl  à 
préfent  réduit  en  doubles.  F'oye^  Le  Blanc.  L 
liards  Se  les  hardis  furent  particulièrement  faits  poj 
les  Provinces  de  Guienne  Se  de  Dauphiné.  Cei 
monnoie  qui  valoir  trois  deniers  ,  &  qui  par  con: 
quent  partageoit  le  fou  en  quatre ,  étoit  appelée  karJi 
en  Guienne ,  Se  liard  en  Dauphiné  ,  &■  dans  leS'l 
autres  Provinces  qui  font  en  deçà  de  la  Loire.  Le 
Blanc  ,  page  jo6. 

La  fabrication  des  liards  fut  ordonnée  par  Déck^ 
ration  du  premier  Juillet  1654  régifl:rce  le  11  ^ 
même  mois  pour  être  fabriqués  de  cuivre  pur  ,  Se  fàus 
aucun  mélange  de  fin  :  h.  la  taille  de  ($4  piètes  au  marcj 
au  remède  de  quatre  pièces  ,  le  fort  portant  le  foihle» 
le  plus  également  que  faire  fe  pourra  pour  avoir 
cours  pour  trois  deniers  pièces.  Ces  efpèces  furent 
depuis  réduites  à  2  deniers  par  lettres  patentes  du 
quatrième  Juillet  165S.  Boizard,  P.  /.  dern.  ch. 
Alors  on  les  appela  doubles ,  parce  que  c'éroit  de 
doubles  deniers  ,  ou  1  deniers.  Depuis  le  commen- 
cement de  celiècie  ,  ils  ont  été  remisa  trois  deniers, 
comme  ils  y  font  encore  ,  Se  avec  leur  ancienne  valeur 
ils  ont  repris  leur  premier  nom  de  liard.  Quant  au 
commencement  de  leur  dernière  fabrication ,  Le 
Blanc  remonte  trois  ou  quatre  ans  plus  haut.  L'an 
1 649.  dit  il ,  on  fit  des  liards  de  cuivre  pur  de  6G 
pièces  au  marc,  mais  en  i6jS.  leur  valeur  tut  dimi-' 
nuée  d'un  denier  ,  &:  alors  ils  n'en  valurent  plus  que 
deux.  Ce  lont  les  Doubles  d'aujourd'hui ,  qui  cil  la 
plus  petite    moinioic    qui  ait  cours  à  Paris  Se  aux 

environ; 


L  I  A 

enviions,  les  deniers  de  cuivre  ne  courant  que  dans 
les  Provinces. 

Méii.ige  die  que  ce  mot  vient  de  milaretion  ,  qui 
eft  j  dit  il  ,  un  vieux  mot  Grec _,  lignifiant  une  petite 
monnoie  ,  qu'on  appelle  aulll  Mdiarenfts ,  tk.  que 
Conlt.mtin  lubftitua  aux  anciens  deniers.  Il  cité  aulli 
le  Sieur  de  Clérac,  qui  dit  que  /iarde(i.  venu  par  cor 
rupcion  de  /i  hardi ,  qui  le  hibriquoit  en  Guiennc  du 
temps  de  Philippes  le  Hardi  ,  ou  du  temps  de  Ri 
cliard  ,  premier  Roi  d'Angleterre  ,  qui  eut  le  même 
furnom.  C  ecoit  alors  une  petite  monnoie  qui  n'avoit 
cours  qu'en  Guiennc  ,  marquée  de  l'ertigie  du  Prince 
qui  tcnoit  uneépée  nue  à  la  main  :  ce  que  témoigne 
aulli  Borel.  D'autres  dilent  que  ce  nom  vient  de  Gui- 
gucs  Liardde  Crémieu  dans  le  Dauphinéj  qui  inventa 
cette  monnoie  l'an  1430,  comme  allègue  Guy  Allard  , 
Préiidcnt  à  l'Eledtion  de  Grenoble  dans  fa  Bibliothè- 
que du  Dauphiné.  Chorier  dit  auill  dans  Ion  HiJI.  du 
JDauplùné,  L.  XIV.  p.  4j 0.  Se  L,  XX. p.  joS.  que 
la  £miille  des  Liards  étoit  de  Crémieu  ^  que  là  le 
battoic  la  monnoie  des  Dauphins  ;  que  c'eft  d'elle 
que  cette  monnoie ,  de  laquelle  Guigues  Liard  fut 
l'Auteur,  avoit  emprunté  Ion  nom;  qu'il  y  avoit, 
quand  il  écrivoit,  environ  150  ans  que  ce  Guigues 
Liard  fut  l'inventeur  de  cette  monnoie  ,  c'eft- à-dire , 
qu'il  y  a  maintenant  environ  360  ans.  D'autres  dilent 
que  les  liards  étoient  inconnus  avant  Louis  XL  qu'ils 
n'ont  eu  cours  par  tout  le  Royaume  que  longtemps 
aprcs  lui  ;  que  cette  petite  monnoie  fut  ainli  appelée 
par  oppoiition  aux  blancs  lyblancs:  on  appela  ces 
pièces  qui  écoient  les  premières  qu'on  avoïc  vu  du  bil- 
lon  ly-atds ,  c'eil-à-dire  ,  les  noirs.  Mem.  de  Tr. 
'lyoo.  p.  IQS4.  D'autres  enfin  croient  que  le  nom 
de  liard  vient  de  la  fleur  de  lis  dont  ils  portoient  la 
marque. 

On  dit  d'un  homme  pauvre  ,  qu'il  n'a  pas  un  liard\ 
comme  on  le  dit  aulli  de  toute  autre  petite  monnoie. 
Il  n'a  pas  un  denier  ^  pas  un  double  ,  pas  un  lou  ,  pas 
un  tefton,  pafi  un  quart  d'ècu.  On  dit  de  même  pour 
iTiéprifef  une  chofe,  qu'elle  ne  vaut  pas  un  liard ,  un 
fou  ,  &c. 

Ce  mot  eft  d'une  fyllabe  en  vers. 

De  peur  deperdre  un  liard  j/ouffre^  qu'on  vous  e'gorge. 

BoiLEAU. 

Liard,  ARDE.  adj.  m.  &  f.  Nom  d'une  couleur.  Il  fe 
difoit  des  chevaux.  Jean  ,  le  Bâtard  de  Claude  ,  Che- 
valier Bachelier  ,  cheval  liard.  Chambre  des  Comp- 
tes de  Paris  en  la  Monfire  de  /j'j/.  Le  Roman 
de  la  Rôle  ,  en  parlant  des  couleurs  des  chevaux , 
dit: 

Non  pas  mord  contre  morelle 
Seulement ,  mais  contre  fauvelle  ^ 
Contre  grife  ou  contre  liarde.  Borel. 

LIARDER.  V.  n.  Vieux  mot,  qui  fignifîoit  autrefois, 
BourfiUer  ;  donner  chacun  quelque  petite  fomme. 
Il  eft  hors  d'ufage ,  à  moins  qu'on  ne  Temploie  en 
riant. 

LIASSE,  f.  m.  En  termes  de  Palais  fe  dit  de  plulieurs  pa 
piers  attachés  enfemble.  Il  y  a  de  deux  fortes  de  liajjks. 
La  première  regarde  toutes  les  pièces  d'un  procès, 
dont  on  fait  une  ou  plufieurs  liajj'es  qui  font  attachées 
enfemble  avec  un  lacet  ou  un  tiret  de  parchemin , 
qui  les  perce  toutes  à  un_pouce  près  du  bas  &  du 
coté.  La  féconde  eft  la  liaffe  des  Procureurs ,  où  tous 
les  procès  courans  de  leurs  Etudes  font  alfemblés  l'ui; 
fut  l'autre ,  Se  liés  enfemble  avec  un  cordon  ,  enforte 
que  cette  dernière  liajfe  en  contient  plufieurs  autres 
de  la  première  nature.  Fafciculus  chartarum.  Les  mi- 
nutes des  Arrêts  font  mifes  en  liaffes  ,  avant  qu'elles 
foient  tranfcrites  dans  les  Regiftrcs.  Les  Notaires  qui 
font  un  inventaire  ,  mettent  plufieurs  pièces  &  quit- 
tances en  liajfes  ,  qu'ils  inventorient  Se  paraplieiu 
par  première  &  dernière.  Les  Procureurs  mettent 
leurs  dolîiers  en  liajfe  dans  leurs  études  dès  qu'ils  font 
Tome  V. 


L  I  B  ^05- 

furannés.  Ils  portent  au  Palais  leur  liaJfc  ,  où  font  les 
papiers  des  aftaires  courantes. 

Pouvant  charger  mon  bras  d'une  utile  liallc  , 
J'allai  loin  du  Palais  errer  furie  ParnaJJ'e.  Boa. 

On  appelle  aulli  liajfe ,  ce  qui  fert  à  lier  les  pa- 
piers enfemble.  Donnez  moi  une  lia[fe  ,  pour  atta- 
cher ces  papiers. 
^^Cr  Dans  le  commerce  de  filaife  de  chanvre  on  ap- 
pelle liajjes  ,  les  petits  paquets  dont  font  compofées 
les  grollcs  balles  de  filalîe. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  ligajfa  ,  paquet ,  ou 
faifceau  ,  parce  qu'on  a  dit  ligajja  Uni  ■■,  pour  dire  , 
une  botte  de  Un. 
LIASTO.  Nom  propre  d'un  lac ,  ou  petit  golfe  de  l'île 
de  Sardaigne.  Lugudone  j  Liguidone ,  ou  Liguidonen- 
fium  portus.  Lago  Liajlo  ,  ou  Lico  ,  porto  Lugoduni. 
Il  eft  à  l'embouchure  de  la  petite  rivière  de  Cédron  , 
Se  au  levant  de  la  ville  de  Sargano.  Maty. 

L  I  B, 

LIBAGE.  f.  m.  Gros  moellon  -,  morceau  de  pierre  de 
taille  mal  fait  Se  ruftique  ,  moindre  que  les  car- 
reaux. Rudus  ,  côLmentum.  Il  y  en  a  quatre  ,  cinq  ,  ou 
fix  à  la  voie.  On  s'en  fert  d'ordinaire  dans  les  fon- 
dations des  grands  édifices ,  pour  fervir  comme  de 
Plate-forme,  pour  alleoir  dellus  la  maçonnerie  de 
moellon  ou  de  pierre  de  taille.  On  l'appelle  quel- 
quefois Libe. 

LIBAN.  Nom  d'une  célèbre  montagne  de  la  Terre- 
Sainte  ,  en  Afie.  Libanus  mons.  Elle  eft  entre  la 
Syrie  propre  ,  &  la  Judée ,  s'érendant  du  couchant 
au  levant ,  depuis  la  mer  Méditerrannée  jufqu'à 
l'Arabie.  Cette  montagne  a  des  cimes  li  hautes, 
qu'elles  font  couvertes  de  neiges  en  tout  temps  , 
mais  elles  laiirent  entr'elles  un  grand  nombre  de  val- 
lées fort  agréables ,  &  fort  fertiles.  Elle  étoit  autre- 
fois célèbre  par  la  quantité  d'encens  qu'elle  produi- 
loit  j  &  par  fes  lapins ,  fes  ciprès  ,  fes  cèdres  Se 
iti  carrières  de  marbre.  Salomon  en  tira  le  bois  Se 
les  pierres  de  taille ,  qu'il  employa  à  la  confhuCtion 
du  temple  de  Jérutalem.  Le  Liban  eft  divifé  en  deux 
chaînes  principales,  qui  laiftent  entre  elles  la  grande 
vallée  d'Abellinas ,  nommée  anciennement  Cœlc- 
fyrie ,  ou  la  Syrie  creufe  ,  où  eft  la  ville  de  Damas. 
L'Hiftoire  Sainte  appelle  également  ces  montagnes 
de  Liban  ;  mais  Ptolomée  ne  donne  ce  nom  qu'à 
celles  qui  font  au  nord  de  la  vallée  dont  on  vient  de 
parler  ,  &  il  appelle  Anti-Liban  celles  qui  font  au 
lud ,  fur  les  confins  de  la  Terre-Sainte.  Les  Syriens 
appellent  aujourd'hui  ces  montagnes  Lebnon  ,  &  les 
Arabes  Lobnan.  On  dit  qu'elles  ne  font  habitées  que 
par  des  Chrétiens  Maronites ,  qui  ont  leurs  Patriar- 
ches ,  &  qu'ils  payent  un  grand  tribut  au  Grand-Sei- 
gneur, pour  avoir  le  privilège  d'y  être  feuls.  Maty^ 
On  appelle  les  grands  j  les  gens  élevés  ,  les  fuper- 
bes  j  ou  les  gens  d'une  haute  vertu  j  en  ftyle  figuré , 
les  cèdres  du  Liban.  Ainli  on  dit  que  les  cèdres  du 
Liban  ont  été  ébranlés  ,  pour  dire^  que  les  gens  les 
plus  vertueux  ont  penfé  fuccomber  à  une  tentation  i 
que  les  cèdres  du  Liban  en  ont  été  abattus ,  renverfés, 
font  tombés  ;  pour  dire,  qu'ils  ont  en  etiet  fuccombé; 
que  Dieu  brifera  les  cèdres  du  Liban  ,  pour  dire , 
qu'il  abattra ,  qu'il  humiliera  les  fuperbes ,  les  grands, 
les  puilïàns  du  fiècle.  Ces  exprellions  font  prifes  de 
l'Ecriture  ,  Pfeaume  XXFIIL  5.  La  voix  du  Sei- 
gneur qui  brife  les  cèdres  du  Liban,  Se  le  Seigneur 
brifera  les  cèdres  du  Liban.  Et  Pfeaume  XXXFI  js- 
J'ai  vu  l'impie  élevé  comme  les  cèdres  du  Liban. 
Et  Ifaie  II.  12.  ij  :  Car  le  jour  du  Seigneur  des  ar- 
mées va  éclater  fur  tous  les  fuperbes  ,  fur  les  hautains , 
Se  fur  tous  les  infolens ,  &  ils  feront  humiliés.  Il 
va  éclater  fur  tous  les  grands  Se  les  hauts  cèdres  du 
Liban.  Voye^  les  defcriptions  qu'ont  fait  du  mont 
Liban,  le  P.  Roget ,  Rècollet  ,  le  P.  Nau  ,  Jéfuite  , 
&  Bruyn,  dans  leurs  Voyages  de  la  Terre-Sainte. 

LIBANA  j  ou  Lcbna.  Lebna.  C'étoit  anciennement  une 

Sff 


^o6  L  I  B 

des  villes  facerdotales  de  la  Judée.  Elle  étoit  dans  la 
cnbu  de  Jiida  ,  vers  les  contins  de  celles  de  Benjamin 
&  de  Dan.  Lehna  le  révolta  conrie  Joram ,  li.oi  de 
Juda.  ;?.  Rois  rill.  Voye\  Ledna. 
LIBANOMANTIE ,  ou  LIBANOMANCE.  <..  f.  Sorte 
de  divination  qui  fe  fliitbit  chez  les  Païens  par  l'infpec- 
tioa  de  l'encens  que  l'on  brîiloit  à  l'honneur  des  taux 
dieux.  Si  ce  que  l'on  demandoit  aux  tlitux  ,  devoit 
arriver  ,  l'encens  biùloit  fur  le  champ.  Sinon  ,  l'en- 
cens ne  tomboit  pas  dans  le  feu  ,  ou  s'il  y  tomboit , 
le  feu  s'en  éloignoit  fans  le  confumer.  Lïbanomanûa. 
Ce  mot  Grec  vient  de  a/.j^-.os  ,  tncens ,  &  de  ^««rtia , 
divinifuion.  Ainh   ce  fcroit  une  ignorance  de  dire 
que  la  libanonuintïè  étoit  l'infpection  des  libations. 
LIBANOTI.  Nom  d'un  bourg,  ou  village  du  Royau- 
me de  Naples  ,  lituc  dans  la  Principauté  citérieure  , 
fur  la  rivière  de  Sapri ,  au  levant  de  Policaftro.  Lïhd- 
notia.  Lïbanoti  elt  l'ancienne  Sapris ,  petite  ville  de  la 
Lucanie.  Maty. 
LIBANOTIS.  f.  m.  Efpèce  de  laferpitiam ,  ou  plante 
qui  poulTe  une  tige   à  la  hauteur  de  trois  a  quatre 
pieds,  ligneufe  ,  nouée.  Ses  feuilles  font  amples,  lar- 
ges, femblablesj  à  celles  de  Tache,   dentelé'es.  Ses 
ileurs  font  petites ,  difpofées  en  ombelles ,  blanches , 
compofées  de  cinq  feuilles,  dont  le  calice  devient  un 
fruit  compofé  de  deux  grandes  femenccs  larges,  mem- 
braneufcs,  pailleufes  ,  oblongues, blanchâtres,  ayant 
l'odeur  &  le  goût  de  lafemenced'angélique.Sa  racine 
eft  fort  longue,  grofle,  noirâtre  en  dehors,  blanche  en- 
dedans  &:  d'une  odeur  alftz  bonne.  Elle  croit  aux  lieux 
chauds ,  montagneux  ,  pierreux   &   maritimes.  Son 
nom  de  lïbanotis\\t\\iàiZ  xt/ixtci ,  encens ,  parce  que 
fa  racine  en  a  l'odeur.  Sa  lemencc  &  fa  racine  font 
apéritives ,   carminativcs  ,  propres  pour  exciter  les 
mois  aux  femmes  àc  les  urines,  pour  abattre  les  va- 
peurs &  remédier  aux  toux  invétérées. 
LIE  A  NOVA.  Anciennement  Stagire.  Liba  nova.  Sta- 
gira.  Nom  d'une  petite  ville  delà  Turquie  en  Europe. 
Ce  fut  la  patrie  d'Ariftote;  elle  cfl  iituée  fur  le  golfe 
de  Conteflà  ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  ce  nom,  vers 
le  midi.   Maty. 
LIBATION,  f.  f.  Cérémonie  qui  fc  faifoit  dans  les  fa- 
criiîces  des  Pavêns ,  où  le  Prutre  épanchoit  du  vin ,  du 
lait ,  ou  autre  liqueur  ,  en  l'honneur  de  la  divinité  à 
laquelle  il  facrihoit ,  après  en  avoir  goûté  lui-même. 
Libatio  ,  libamen.  Alexandre  immola  un  taureau  à 
Neptune,  &  pour   fane   une  oftrande    aux  dieux 
Marins  ,  il  jetta  dans  la  mer  le  vafe  d'or   d'ont  il 
s'étoit  lervi  pour  htire  les  libations. 
%fT  Les  Grecs  &  les  Romains  employoient  fouvent  les  li- 
bations fans  facrifices ,  comme  dans  les  négociations , 
dans  les  traités ,  les  mariages  ,  les  funérailles ,  au  com 
mencement  &  à  la  fin  des  repas ,  &  dans  je  ne  fai.'; 
combien  d'autres  conjondlures. 

Les  libations  étoient  aulH  en-  ufage  dans  la  Loi  de 
Moïïe ,  &  Dieu  les  ordonne  dans  TExode,  XXIX.  40, 
&:  dans  les  Nombres  Xf^.  3.   4.  y.  foyc-^  fur  les 
Libations  ,  Jufte-Lipie  ,  Poliorc.  L.  P^.  c.  10.  Roiln. 
Antiq.  Rom.  L.  III.  c.  jç.  Thom.  Godwin  ,  Amho- 
log.  Roman.  L.  II.  c,  p.  S.  2. 
iC?  LIBATTE ,  ou  CHILONGI.  C'efl:  ainfi  qu'on  ap- 
pelle dans  quelques   provinces   d'Ethiopie  un  amas 
de  miférables  chaumières  faites  de  branches  d'arbres 
entrelacées,  enduites  déterre  gralfe  ,  &  couvertes  de 
chaume  ,  où  les  habitans  fc  retirent ,  en  prenant  la 
précaution  de  s'entourer  d'une  haie  vive  pour  fe  ga- 
rantir des  bctes  féroces  pendant  la  nuit. 
glCT  LIBATTO.  f.  m.  On  appelle  ainfi  dans  le  Royau- 
me d'Angola  ,  un  hameau  ou  village  formé  d'un  cei"- 
tain  nombre  de  cabanes  femblables  à  celles  dont  on 
vient  de  pailer. 
LIBAW.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Curlande.  Zi/^a. 
C'eft    un   bon  port   fur  la  mer  Baltique  ,    à  trois 
lieues  de  la  Samogitie ,  &  à  douze  de  Goldingen. 
Maty. 
§3°  LIBBI.  f.  m.  Arbre  des  Indes  orientales  qui  reflem 
ble  au  palmier.  On  en  rire   uiie  moelle    blanche , 
comme  celle  du  furcau  ,  en  fendant  le  tronc  ,   dont 
les  pauvres  gens  font  un  allez  mauvais  paiii» 


L  I  B 

LIBBY.  f.  m.  Sotte  de  lin  que  les  habitans  de  Minda- 
nao  ,  grandes  lies  des  Philippines  ,  cultivent  avec 
grand  loin  &  en  grande  quantité  ,  plus  pour  en  faire 
de  l'huile  ,  que  pour  le  hlage  îii  les  ouvrages  de  tif- 
feranderie. 
LIBELlANCE.  f  m.  Terme  de  Coutumes.  Ce  mot  ne 
fe  trouve  point  feul ,  il  eft  joint  à  celui  de  Clerc.  Clerc 
&  Lihellanc:  du  Baillage  ,  ou  de  la  Juftice ,  c'eft 
dans  la  Franche-Con^.té  la  même  choie  que  Greffier. 
Ce  mot  vient  apparemment  de  celui  de  lïbelius  ^ 
parce  que  les  Greffiers  gardent  les  titres ,  les  regiftres , 
les  papiers. 
LIBELLATIQUE.  f.  m.  &  f.  Dans  la  perfécution  de 
Dèce ,  il  y  eut  des  Chrétiens  ,  qui  pour  n'être  point 
obligés  de  renier  la  foi ,  &  lacrifier  aux  dieux  en  pu- 
blic ,  klon  les  édits  de  l'Empereur ,  alloient  trouver 
les  Magiftrats ,  renonçoient  à  la  foi  en  particulier, 
&  obtenoient  d'eux  par  grâce  ,  ou  à  force  d'argent, 
des  certificats  par  lefquels  on  leur  donnoit  acte  de 
leur  obéillance  aux  ordres  de  l'Empereur  ,  &:  on 
défcndoit  de  les  inquiéter  davantage  lur  le  fait  de  la 
religion.  Ces  certificats  lenommoienten  Lat'm  libelli, 
libelles,  d'où  l'on  ht  le  nom  de  Libellatique ,  pour 
marquer  ces  lâches  Chrétiens  qui  prenoicnt  de  ces 
fauve  gardes.  Libellaticus.  Ce  que  nous  venons  de 
dire  des  Libellatiqucs  ,  ie  vérifie  par  l'Épitre  du  Cler- 
gé Romain  qui  elî  la  XX U^.  entre  celles  de  S.  Cy- 
prien ,  &  par  la  ji'^.  &  la  68"^.  de  S.  Cyprien  lui- 
même.  Les  Centuriateurs  prétendent  cependant  que 
l'on  appeloit  Libcllatiques  ceux  qui  donnoient  de 
l'argent  aux  Magiftrats  pour  n'être  point  inquiétés 
lut  la  religion  ,  &  n'être  point  obligé  de  renoncer  au 
Chriftianifme.  Mais,  conune  l'a  remarqué  Baronius, 
cette  opinion  eft  maniteftemerit  taufte.  Racheter  par 
argent  des  Gentils  une  vexation  injufte  ,  n'eft  pas  un 
crime  j  il  n'y  a  que  TertuUien  ,  déjà  Montanide  ,  & 
d'ailleurs  efprit  outré  à  l'excès  ,  qui  l'ait  foutenu  en 
fuivant  la  dodlrine  de  Montan  ;  mais  cette  docl:riiie 
ayant  été  condamnée,  &  réprouvée  ,  quelle  apparen- 
ce que  S.  Cyprien,  &  furtout  l'Eglife  Romaine, 
l'ait  .ipprouvée  ,  en  condamnant  cojnme  ils  firent, 
\ci  Libcllatiques''.  f^oyc\  Baronius  à  l'an  zo/.  Nom- 
bre IF.  &c  à  l'an  2/5.  Nombre  VI.  L'Auteur  de 
la  nouvelle  vie  de  S.  Cyprien  eft  de  même  fenti- 
ment. 

Les  Libellatiqucs  ,  félon  M.  de  Tillemont ,  étoient 
ceux  qui  lâchant  qu'il  étoit  défendu  de  lacrifier ,  ou 
alloient  trouver  les  Magiftrats ,  ou  y  envoyoient  feu- 
lement ,  &    leur  témoignoient  qu'ils  étoient  Chré- 
tiens; qu'il  ne  leur  étoit  pas  permis  de  Lacrifier,  ni  j 
d'approcher  des  autels  du  Diable,  qu'ils  les  prioiem 
de  recevoir  d'eux  de  l'argent,  &  de  les  exempter  de 
faire- ce  qu'il  ne  leur  étoit  pas  permis  de  taire.  Ils  rece- 
voient  enfuite   du  Magiftrat ,  ou  lui  donnoient  un 
billet  j  qui  portoit  qu'ils  avoient  renoncé  à  Jéfus- 
Chrift,  &  qu'ils  avount  facrifié  aux  Idoles,  quoi- 
qu'ils n'en  eulîent  rien  lait ,  Se  ces  billets  fe  liloient 
publiquement.  Il  ajoute ,  comme  on  le  voit ,  au  kmi- 
mentdes  Centuriateurs ,  une  profeflion  publique d'I- 
dolatrie,  &  un  m.enfonge. 
LIBELLE,  f.  m.    Ecrit  qui   contient  des  injures ,  des 
reproches ,  des  accufations  contre  l'honneur  Se  la 
réputation  de  quelqu'un.  Libellas  maledicus  ,  malus , 
famofus.  Platine  prétend  qu'un  écrit  ,  quelque  inju- 
rieux qu'il  puifte  être  ,  ne  peut  porter  le  nom  de  libelle 
cjuand  l'Auteur  y  a  mis  fon  nom.  On  appelle  d'ordi- 
naire libelle,  tout  écrit ofFenfant  Se  injurieux. Cepen- 
dant on  ne  doit  pas  ccuiprendre  fous  ce  titre  les  plain^ 
tesdescpprimés,ni  les  apologies  des  acculés.  AstANC.  ■ 
L'Ordonnance  défend  de  faire  ni  de  publier  des//'-  ( 
belles  diffamatoires.  CeFaéfum  ,  cette  requête,  cette 
critique  ,  peuvent  palier  pour  des  libelles.  Leslaifeius  I 
de  ///•£//«  étoient  punis  de  mort  parmi  les  Rora;iins, 
mais  depuis  ils  ne  furent  punis  que  du  fouet.  Augufte 
mit  les  libelles  diffamatoires  au  rang  des  crimes  de 
Icfe-Majefté.  On  doit  réprimer  la  licence  des  libelles 
dirfmiatoires  ,  parce  que  le  peuple   a  beaucoup  de 
crédulité  pour  les  médilanccs  de  ces  écrits  fatyriques. 
riufieurs  méchans  libelles ,  qui  n£  font  d'abord  que 


L  I  B 

l'aiTiureinenc  du  peuple  j  deviennent  fouvcnt  cnfuirc 
J'enticticn  des  plus  honnêtes  gens,  par  le  loni  que 
les  Auteurs  de  diverfcs  nations  prennent  de  les  ramal- 
fet  j  &  de    s'en   Icrvir  comme  de  mémoires  pour 
en   taire  entrer   dans  leurs   hiltoires  tout  ce   qu'ils 
jugent  à  propos.  P.  Verjus.  François  Baudouin  a  fait 
un  Commentaire  fur  les  loix  des  Empereurs  contre 
les  libelles  difiàmatoires.  M.  Bayle  a  fait  une  dliFerta- 
tion  touchant  les  libelles  difiàmatoires.  On  met  les 
chanfons  ,  &  les  peintures  infamantes  j  au  rang  des 
libelles  ditiamatoi  tes. 
^3"  Libelle,  en  JurifprudencCj    fe   dit  de  différentes 
chofes.  On  appelle  libelle  de  divorce ,  Ubtllus  repu- 
dit  ,  un  a61:e  par  lequel  un  mari  notifie  à  la  femme 
qu'il  entend  la  répudier.  F'oye^  Divorce,   Répu- 
dier. 
JJCTOn  appelle  libelle  d'un  exploit,  ce  qui  explique 

l'objet  de  l'ajournement. 
§CFOn  dit  en  ce  fens  qu'on  adonné  un  grand  libelle 
contre  quelqu'un,  pour  dire  un  grand  mémoire  de 
.  prétentions  6c  de  demandes. 

Libelle  fe  difoit  auffi  de  certains  billets  délivrés  par 
les  Martyrs.  Ces  libelles  étoient  des  efpèces  de  re- 
quêtes ,  par  lefquclles  les  Martyrs  fupplioient  l'E- 
vêque  de  remettre  une  partie  de  la  pénitence  que 
le  pécheur  devoir  fubir  -,  mais  l'abus  que  plufieurs 
en  firent  ,  fut  caufe  que  dans  la  fuite  on  n'y  tut  plus 
d'égard. 
Libelles  au  pluriel.  Libelli.  Terme  d'Antiquité  Ec- 
cléfiaftique.  C'étoit  un  billît  ou  certificat  que  cer- 
tains Chrétiens  prenoient  des  Magillrats,  pour  fe 
mettre  à  couvert  de  la  perfécution.   f^oye-^  Libel- 

I.ATIQ.UE. 

LIBELLER,  v-  a.  expliquer  une  demande  qu'on  fait 
en  Juftice ,  énoncet  brièvement  les  moyens  fur  Icf- 
quels  elle  efl  fondée,  avec  les  conclufions  qu'on  en 
tire.  Prafcribere  vadimonium.  L'Ordonnance  enjoint 
à  tous  demandeurs  de  libeller  leur  exploit ,  afin  que 
le  défendeur  foit  inftruit  du  fujet  pour  lequel  il  cft 
affigné  ,  &  vienne  préparé  pour  y  répondre. 

Enftyle  de  Finance,  /ii?'e//er  une  ordonnance,  un 
mandement ,  c'eft  fpécifier  la  deftination  de  la  fomme 
qui  y  eft  portée. 

LIBELLÉ  ,  ÉE.part.  Il  y  a  nullité  en  un  exploit ,  lorf- 
que  la  demande  n'eft  pas  libellée. 

On  trouve  dans  les  Coutumes  ,  ajournement  li- 
belle' ,  oppofition  libellée  ;  cela  lignifie  que  dans 
l'exploit  d'ajournement ,  dans  l'oppolition  ,  les  cau- 
ses ,  les  fins ,  les  raifons  ,  les  motifs  font  expliqués. 
On  trouve  dans  le  même  fens,  comrailllon  libellée  , 
mandement  libellé. 

LIBENTINE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
dédVe  des  Romains.  Libentina.  De  libendo  ,  dit  Var- 
lon ,  De  Ling.  Lat.  L.  F.  fe  font  faits  les  noms , 
libido  ,  libidinofus  ,  &  beaucoup  d'autres  ,  comme 
celui  de  Libentine.  Demandons  ,  s'il  vous  plaît  j  qui 
de  cette  nombreufe  troupe  de  dieux  que  les  Romains 
ont  adorés,  en  a  principalement  étendu  &confervé 
l'Empire .''  Car  de  ce  grand  ouvrage  &  fi  digne  de  con- 
fidération ,  ils  n'oferoient  faire  aucune  part  à  la  déelfe 
Claucinc  ,  ou  à  Volupie ,  qui  prend  fon  nom  de  la 
Volupté  ,ouà  Libentine  ,  qui  tient  le  lien  de  lacon- 
voitile.  DeCerizierSj  Trad.  de  la  Cité  de  Dieu  de 
S.  Aug.  On  dit  que  Libentine  étoit  Vénus ,  ou  que 
c'étoit  Proferpinei  &  l'on  ajoute  que  c'étoit  à  Vénus 
Libentine  que  les  filles  quand  elles  dcvenoient  gran- 
des ,  confacroient  leurs  poupées.  Il  eft  vrai  que  Perfe , 
Satyre ,  IL  v.  yo.  dit  qu'elles  offroient  à  Vénus, 
mais  il  ne  dit  point  que  ce  fût  à  Vénus  Libentine ,  &  je 
ne  trouve  nulle  part  que  Libentine  fiît  Vénus.  Scali- 
gcr  dans  fes  Notes  fur  Varron  ,  cite  des  exemplaires 
qui  ont  Libentine:  il  dit  que  Nonius  &  S.  Auguftin 
l'appellent  ainfi  4.  de  Civit.  S.  que  d'autres  lifent 
dans  Varron  Libencia  ,  tk  d'autres  Venus  Libentina  & 
Libitma.  Mais  je  ne  trouve  dans  S.  Auguftin  nulle  va- 
riante fur  le  mot  Libentina,  Scaliger  qui  cite  ce  Père 
mal-à  propos ,  pourroit  bien  fe  tromper  de  mê- 
me lur  Varron,  6c  il  faudroit  favoir  quels  font  ces 
Auteurs  ,  ou  ces  Manufcrits ,  qui  difeat  Lubentina  , 
Tome  F, 


L  I  B  yo7 

Libemia  ,  Venus  Libentina  ,  &:  Lihitina.  Volîius  ,  L. 
VIII.  de  Idolûl.  c.  16.  parle  de  cette  déclic,  q'u'ii 
appelle  aulli  Lubentlne. 

Plautc  la  nomme  Lubentia  ,  quand  il  dit  AJIn.  Acl. 
II.  Scen  2.  V.  2.  Uti  ego  illos  lubenciores  faciam 
quam  lubentia  eft.  C'eft  Vénus  Libentine  ,  dit  Lam- 
bin ,  la  décile  de  la  joie. 

Ce  mot  eft  venu  de  libet ,  ou  lubet,  il  plaît ,  il  eft 
agréable  ,  c'cll  le  bon  plaifir. 
LIBER.  (.  m.  Nom  que  les  anciens  Romains  donnoient 

à  Bacehus.  Liber.  Ce  nom  lignifie  Libre. 
^3"  Liber,  f.  m.  Terme  de  Botanique.  Quelques  Auteurs 
ont  nommé  le  liber  ^  toutes  les  couches  dont  l'ccorce 
des  arbres  eft  compofée.  D'autres  (  &  c'eft  le  plus 
grand  nombre  )  ne  délignent  par  ce  mot  que  la  partie 
de  l'écorce ,  la  plus  voiline  du  bois.  Toute  l'écor- 
ce  ,   c'eft -à -dire  ,   cette   fubftancc   qui    le  trouve 
entre    l'épidcrme  ou  l'enveloppe  générale    des   ar- 
bres &  le  corps  ligneux ,  elt  difpofée  par  couches 
qui  fe  recouvrent  les  unes  les  autres.  Voye\  Écorce. 
Comme  toutes  ces  couches  ,  quand  elles  fe  détachent 
les  unes  des  autres  ,  repréfentcnt  les  feuillets  d'un 
livre,  les  Auteurs  les  ont  nommées  couches  du  liber. 
fC7"  Grew   comprend  fous  le  nom  de  liber  toutes  les 
couches  corticales.  Malpighi  ne  donne  ce  nom  qu'aux 
couches  les  plus  intérieures  ,  &  peut-être  même  à 
celle  qui  confine  au  bois.  Ce  font  ces  couches  du 
liber  qui  fe  convertilîent  en  bois ,  félon  Malpighi , 
&  qui  s'attachant  au  bois    précédemment  formé  , 
produilent   l'augmentation  en   grolléur  des  arbres. 
Voye-[  Aubier  ,  Arbre,  Accroissement. 
LIBERA.  1.  m.  Premier  mot  d'une  prière  Latine  pour 
les^  morts,  &  qui  le  prend  en  François  pour  la  prière 
même.  Dire  un  Libéra.  Chanter  un  Libéra. 
Libéra,  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Il  y  avoit  unedéefte 
Libéra  ,  qu'on  croit  être  Proferpine.   On  la  trouve 
couronnée  de  feuilles   de  vigne  ,  &  accompagnant 
Bacehus.  Il  y  a  des  monumens  confacrés  à  Liber  & 
à  Libéra  cnfemble  ,  ces  deux  divinités  ayant  les  mê- 
mes fymboles.  Ovide,  en  fes  Faites,  dit  que  le  nom 
de  Libéra  fut  donné  par  Bacehus  à  Ariane.  Cicéron 
fait  Libéra  fille  de  Jupiter  &  de  Cerès. 
LIBERAL  ,  ALE.  adj.  C'eft  proprement  celui  qui  fait 
donner  quand  il  faut,   &  fans  intérêt,  ni  trop,  ni 
trop  peu.   Celui  qui  ne  donner.pas  allez  eft  avare. 
Celui  qui  donne  trop,  eft  prodigue.  Voye-[  Libéra- 
lité. Liberalis  ,  munificus.  Il  y  a  bien  des  gens  qui 
donnent  beaucoup ,   &  qui  ne  font  point  libéraux. 
Un  homme  libéral ,  à  le  bien  définir,  eft  le  martyr 
de  la  vanité.  M.  Esp.  Celui-là  eft  véritablement /i/ii/- 
ral ,  qui  choifit  par  préférence  des  fujets  où  le  mé- 
rite &  la  vertu  fe  trouvent  joints  à  la  mauvaife  for- 
tune. Id.  On  n'eft  vraiment  libéral  que  quand  on  don- 
ne {ans  intérêt.  On  confond  fouvent  l'inclination  li- 
bérale avec  «l'humeur  vaine  6c  faftueufe.  Les  avares 
appellent  prodigues  ceux  qui  font  feulement  libé- 
raux. M.  ScuD.  Les  perfonncs  libérales  ne  font  pas 
ordinairement  les  plus  juftes  :  ils  donnent  par  une 
impulhon   peu  régulière.    S.    Evr.  Une    humeur 
libérale  attire  la  bienveillance  de   tout  le  monde. 
M.  Esp.  On  dit  auffi,  main  libérale.  Il  a  reçu  des 
biens  infinis  de  fa  main  libérale ,  de  k%  mains  libé- 
rales. Ac.  Fr. 

i^  9"  '''"■  '''^"^  '^  même  fens ,  que  Dieu  eft  libéral  de  it% 
grâces  à  ceux  qui_  le  prient  :  que  la  nature  a  été  libérale. 
à  quelqu'un  de  fes  dons  :  qu'une  femme  eft  libérale. 
de  fes  faveurs  :  qu'on   eft  libéral  de  louanges. 

On  appelle  Arts  libéraux  ,  Artes  libérales,  par 
oppolition  aux  mécaniques ,  ceux  flui  apartiennent 
uniquement  à  l'efprit  ;  ou  auxquels  l'efprit  a  plus  de 
part  que  le  travail  de  la  main  j  qui  confiftent  plus 
en  connoilîance  qu'en  ofïration  ;  qui  regardent 
plus  le  divcrtiirement  Se  la  curiofité,  que  les  œuvres 
ferviles  &  mécaniques  :  tels  font  la  Grammaire , 
la  Rliétorique  ,  la  Philofophie  ,  la  Peinture  j  la  Sculp- 
ture J  l'Architeéture  ,  la  Mufique  ,  qu'on  appelle  les 
fept  Arts  libéraux. 

Les  Arts  libéraux  font  compris  dans  ce  vers  Latin  : 

Sff  ij 


5o8 


L  I  B 


Lïngua ,  tropus  ,  raûo  ,  numerus  ,  tonus  y  angu- 
lus  ,   ajlra. 

Et  les  Arts  mécaniques  dans  ce  vers  : 

E.US  ,  Nemus  ,  Arma  :,  Fabcr  ^  Fulnera ,  Lana, 
Rates. 

Ip-On  a  dit  autrefois ,  &  le  peuple  dit  encore  ,  libéral 
pour  libre  ,  dans  cette  phratc  ,  libéral  arbitre  ^  pour 
libre  arbitre .  Foy.  Libre  &C  Liberté. 

LIBÉRALEMENT,  adv.  D'une  manière  libérale.  Libe- 
raliter  ,  prolixe,  munificè.  Dieu  rccompenle /i^cra/t.'- 
ment  les  bonnes  œuvres.  Il  faut  favoir  donner  libé- 
ralement Se  prudemment 

LIBÉRALES,  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
fcte  que  les  anciens  Romains  célcbroient  à  rhonncur 
de  BacciiLis.  Liberalia.  Les  Libérales  font  les  mêmes 
fêtes  que  celles  que  les  Grecs  appeloient  Dwnyjia- 
qucs  ,  ou  Dionyfis.  Foye\  ces  mots.  On  les  nommoit 
auili  Agonies.  Elles  (e  célèbroient  le  dix-lcpticmc  de 
Mars. 

Ces  fèces  prenoicnt  leur  nom  de  celui  de  Liber, 
c'eft  à- dire _, libre,  ciue  l'on  donnoit  à  Bacchus  ,  ou 
en  mémoire  de  ce  qu'il  avoit  donné  la  liberté  aux 
villes  de  Béotie ,  &  les  avoit  fait  villes  libres  ;  où 
parce  que  le  vin  dont  il  écoit  le  dieu  ,  délivre  de 
foins  ,  &  met  l'efprk  en  liberté.  Saint  Augultin  en  ap- 
porte une  autre  raifon  ,  au  (îxième  Livre  de  la  Cite 
de  Dieu,  C.  ç.  M.  de  Cériziers  dit  Liber,  dans  la 
Traduction  de  ce  .Livre  de  Saint  Augultin  j  retenant 
ce  mot  Latin.  Foye^  fur  ce  nom  Vollius,  deldol. 
L.  II.  e.  /p.  'Varron  dérive  le  nom  de  cette  fcte  du 
même  mot /i/-^r  conlidéré  comme  un. nom  adjedif, 
qui  veut  dire  libre  ,  parce  que  les  Prêtres  étoient 
libres  de  leurs  fondions  j  dégagés  de  tous  foins , 
au  temps  des  Libérales  ;  en  effet ,  c'étoit  de_  vieilles 
femmes  qui  faifoient  les  cérémonies  &  les  lacritices 
des  Libérales. 

LIBÉRALITÉ,  f.  f.  'Vertu  morale  qui  tient  le  milieu 
encre  la  prodigalité  &  l'avarice;  vertu  de  celui  qui 
fait  donner  quand  il  faut  ,  Se  fans  intérêt  ;  qui  ne 
donne  ni  trop  j  ni  trop  peu.  Libéralitas.  ffl"  La. libéra- 
lité,  dit  la  Bruyère,  confifte  moins  à  donner  beau- 
coup ,  qu'à  donner  à  propos.  C'ell  une  vertu  impra- 
ticable à  ceux  que  la  fortune  ne  favorife  point  :  elle 
deviendtoit  imprudence  à  leur  égard.  C'ell  la  vertu 
des  âmes  nobles  Se  généreules  :  elle  a  je  ne  lais  quoi 
d'héro'ique  :  mais  avec  tous  ces  beaux  mouvemens , 
elle  devient  ruineufe  ,  elle  dégénère  en  prodigalité, 
dès  qu'elle  elt  excelllve  &  peu  judicieufe.  Il  ell:  difficile 
de  définir  jufqu'où  peut  s'étendre  une  julle  libéralité 
fans  êcre  prodigue.  La  libéralité  eft  une  des  vertus 
qui  brillent  le  plus  ,  &  une  des  plus  eftimablcs , 
quand  elle  n'efl:  pas  le  fruit  delà  vanité  ,  de  l'oftenta- 
tion  ,  de  la  politique  ,  &  de  ce  qu'on  appelle  décence 
d'état.  Les  gens  vains  ne  font  point  de  libéralités  obl- 
cures  :  ils  n'en  font  que  d'éclatantes.  Ce  qu'on  do'nne 
ainfi  ne  peut  s'appeler  libéralité.  Malheureufement 
ce  qu'on  nomme  libéralité j  n'cft  le  plus  louvcnt  que 
la  vanité  de  donner.  La  Roch. 

^CFLa  libéralité  ell:  précilémcnt  l'oppofé  de  ce  qu'on 
appelle  commuriément  avarice  ,  &  pour  mieux  elli- 
mer  cette  vertu  ,  il  faut  confidérer  la  laideur  &  les 
balfelles  de  l'avarice.  Nous  avons  déjà  dit  qu'il  ne 
falloir  pas  confondre  la  libéralité  3nqc  la  prodigalité  j 
qui  paroît  avoir  quelque  rapport  avec  elle.  La  pre- 
mière dcyine  jvec  choix,  avec  difccrnement ,  tout 
ce  qu'il  faut ,  ni  trop  ,  ni  trop  peu.  L'autre  répand 
avec  profufion  ,  fins  jugement ,  (ans  égard  aux  cir- 
conftances.  Elle  deviflBt  ruineufe  ,  parce  qu'elle  ell: 
excellive  &  mal  conduite.  Il  ne  faut  pas  non  plus 
confondre  la  libéralité  avec  la  générofité  qui  eft  une 
vertu  encore  plus  admirable.  Elle  comprend  l'huma- 
nité &  la  bienfiilance  :  elle  nous  fait  lacrifier  nos  pro- 
pres intérêts  &  accorder  aux  autres  au  de-là  même  de 
ce  qu'ils  pourroient  attendre  de  nous.  Ce  ne  feroit 
qu'autant  que  la  générofité  fe  crouveroit  reftreinte  à 


L  IB 

un  objet  pécuniaire  ,  qu'elle  pourrcit  prendre  le 
nom  de  libéralité.  Foye^  Générosité. 
^3°  Nous  avons  ditfce  la  libéralité  étok  gratuite  :  &  on 
l'avoit  cru  telle  jufqu'à  Epicure.    Cette  vertu  qui  pa- 
roit  li    délmtérellée  dans  fon  nom,  ne  l'eft:  point, 
félon  lui ,  dans  Ion  principe.  Elle  a  un  intérêt  com- 
me toutes  nos  autres  aftedions  ;  un  intérêt  peut  êcre 
un  peu  plus  fin  ,  mais  elle  en  a  un.  Elle  donne ,  mais 
par  le  Icul  motif  de  la  propre  fatisfaétion  :  elle  ouvre 
les  trétors ,  mais  pour  acheter  des  amis ,  ou  des  cour- 
tiLms  :  elle  lait  du  bien,  mais  plutôt  pour  fe  faire 
plaihr  à  elle-même  ,  que  pour  en  faire  aux  autres. 
Peut-on  railonnablement  lui  rien  demander  de  plus? 
Il  n'y  a  que  le  plailir  qui  puille  la  déterminer  à  répan- 
dre fcs  bienfaits.  L'amour  de  l'honnête,  la  confidéra- 
tion  de  l'humanité ,  le  dclir  de  réparer  par  les  lar- 
gelles  la  diftribucion  inégale  des  biens  de  la  fortune, 
la  loi  de  l'équité  naturelle  lont  par  eux  mêmes  des 
mocils  trop  foibles  pour  obtenir  les  £iveurs. 

fjdf  Ce  principe  fait  tomber  les  inclinations  de  l'ame 
les  plus  nécelfaires  dans  la  lociété  pour  cimenter 
notre  union.  Que  par  une  révolution  d'humeurs, 
qui  n'eftc[ue  trop  ordinaire  dans  tous  les  hommes ,  le 
plailir  que  nous  trouvions  à  faire  du  bien ,  vienne 
à  celler  tout  à  coup  :  que  l'objet  le  plus  digne  de  nos 
dons  par  fon  mérite  ,  ou  par  tes  beioins ,  ait  le  mal- 
heur de  nous  déplaire ,  adieu  notre  libéralité.  Plus 
de  bienfaits  ,  plus  de  grâces  ,  plus  de  fecours  à  efpérer 
d'elle.  La  fource  en  eft  tarie  avec  le  plaihr  qui  la 
fuloit  naître  :  &  il  faudra  que  par  un  fécond  caprice 
de  l'humeur  ,  le  plaifir  renaille  pour  lui  rendre  fon 
premier  cours.  Il  n'y  a  point  d'avare  qui  ne  puilIê 
devenir  libéral  de  cette  manière.  On  en  a  même 
fait  un  elpèce  de  proverbe.  Il  n'y  a ,  dit-on ,  qu'à  le 
lavoir  prendre  dans  fes  belles  humeurs  :  il  donnera 
aulîi  volontiers,  il  donnera d'aulli  bonne  grâce  qu'un 
Titus  ,  pendant  qu'il  aura  plus  de  plaifir  adonner  qu'à 
garder  Ion  argent.  Alors  ce  n'elt  pas  un  fleuve  qui 
coule  ;  c'eft  un  torrent  qui  déborde  :  mais  aullI  à  la 
manière  des  torrens  ,  qui  n'ont  qu'une  tource  paf- 
Ligère  j  la  libéralité ,  qui  n'a  point  d'autre  iource 
que  le  plaifir  ,  ie  trouvera  bientôt  à  fec.  Ainfi  le  fyC- 
têmede  l'amour  intérellé  peut  bien  faire  des  avares  ou 
des  prodigues,  mais  jamais  ce  qu'onappcUe  un  homme 
libéral  qui  doit  avoir  des  principes  ftables,  fermes  Se  iii- 
dépendans  d'un  motif  aullî  variable  que  le  lentiment. 

fCFCc  même  principe  tend  encore  à  julfiher  l'ingrati^ 
tude  ,  le  plus  odieux  de  tous  les  vices.  Vous  m'avez 
fait  du  bien ,  diroit  un  ingrat  à  fon  bienfaiteur  Épi-  j 
curien ,  je  l'avoue  :  mais  vous  n'avez  rien  fait  pour 
moi  dont  vous  n'ayez  été  vous  même  le  premier  objet. 
c'eft  votre  plaifir  feul  qui  vous  y  a  déterminé ,  comme 
le  motif  néceflaire  de  toutes  vos  actions.  Ce  plaifir , 
dont  je  vous  ai  fourni  la  matière,  vous  a  donc  payé 
par  avance  une  partie  de  vos  bienfaits.  J'en  ai  porté  au 
fond  du  cœur  une  reconnoilTance  très-tenfible  pen- 
dant que  le  plaifir.  m'en  a  donné  :  il  ne  m'en  donne 
plus.  Qu'avez-vous  à  me  demander  ;  J'ai  luivi ,  com- 
me vous ,  la  loi  de  la  nature.  Si  vous  m'avez  fait  du 
bien  avec  phiifir  ,  je  l'ai  reçu  avec  plaifir  ;  &  file  plai- 
fir que  vous  aviez  à  m'en  fiire  eft  un  bienfait,  le 
plaifir  que  j'avois  à  le  recevoir  eft  aulli  une  reconnoif- 
lance.  Me  'voilà  donc  parfaitement  quitte  à  votre 
égard  :  &  fi ,  comme  vous  me  l'avez  tant  de  fois 
proteftéj  vous  aviez  plus  de  plaifir  à  me  faire  des 
grâces,  que  je  n'en  avois  à  les  recevoir  ,  vous  me 
devez  même  du  rcfte. 

Libéralité  _,  fe  dit  quelquefois  de  la  choie  donnée. 
Largitio.  Les  Epitres  Dédicatoires  attirent  peu  fou- 
vent  des  libéralités.  Les  libéralités  des  Amans  font 
autant  de  féduéfions.  M.  Esp.  On  dit  que  la  libéralité 
en  amour  accourcit  bien  le  chemin.  Ces  ornemens 
de  l'Eglife  lont  des  libéralités  de  nos  Rois.  Les  libéra- 
lités de  Céfar  écoient  des  corruptions  pour  acheter 
les  fuftVages  du  peuple  ;  ou  des  récompenfes  pour 
payer  ceux  qui  l'avoient  fervi.  S.  EvR.  C'eft  une  fem- 
me faulfe  dans  toutes  fes  vertus.  Se  intéreftée  julques 
da.ns  {es  libéralités.  Id.  On  dir  que  Rhodope  fit  élever 
une  pyramide  des  libéralités  de  fes  Amans.  La  Font. 


L  I  B 

Les  glorieux  monumens  des  pieufes  libéralités  de  nos 
Pères  ,  l'ont  des  reproches  niiicts  de  notre  tiédeur  & 
de  notre  avarice.  Iléch. 
Libéralité.  Terme  de  Mytiiologie.  Divinité  honorée 
chez  les  Romains  :  on  la  rcprélcntoit  en  Dame  Ro- 
maine ,  vêtue  d'une  longue  robe.  Lïbcralïtas.  On  la 
voit  (ur  plulieurs  médailles  des  Empereurs.  Tantôt 
répandant  la  corne  d'abondance  ,  ^CT  tantôt  la  te- 
nant d'une  main  ,  &  montrant  de  l'autre  une  tablette 
marquée  de  plulieurs  nombres  pour  déligner  relpcec 
&c  la  quantité  des  prélens  que  les  Empereurs  failoicnt 
au  peuple. 

LIBÉRATEUR,  f.  m.  Qui  fauve ,  qui  confcrve  une 
perfonne  ,  qui  la  délivre  de  la  mon  j  de  la  prilon  ,  de 
quelque  oppreliîon  ou  de  quelque  domination  fa- 
cheufe.  Lïberator ,  vindex.  Jelus-Chrill:  ell  appelé  le 
Libérateur  au.  genre  humain.  C'étoit  la  deftinée  des 
Brutus d'être  les  Libérateurs  de  la  Patrie.  Il  le  conjure 
de  vouloir  être  \c  Libérateur  àc  l'Allemagne.  Ablanc. 
Les  Juifs  attendoient  un  Libérateur  temporel.  Cl. 
^Libérateur.  Libérator.  En  Mythologie,  c'eft:  un 
nom  fous  lequel  on  invoquoit  Jupiter,  quand  on 
croyoit  être  forti  de  quelque  danger  par  (a  protec- 
tion. 
LIBÉRATEURS,  f.  m.  pi.  Liberatores.  Hérétiques  qui 
enfeignoient  que  Jésus-Christ  j  en  delcendant  aux 
Enlers  ,  avoir  délivré  tous  les  impies  qui  avoient 
crû  pour  lors  en  hii.  Ce  mot  ell  entièrement 
Latin. 

LIBÉRATION,  f.  f.  Terme  de  Jurifprudence.  C'eft  la 
décharge  d'une  dette  ,  d'une  fervitude.  Liberatio , 
vindicîa  ,  exemptio.  On  lègue  fouvent  par  Tefta- 
inent  à  un  Débiteur  la  libération  de  ce  qu'il  doit 
au  Teftateur.  J'ai  obtenu  la  libération  de  cette  fer- 
vitude ,  de  cette  charge  qui  étoit  fur  ma  terre ,  moyen- 
nant une  telle  fomme.  La  libération  de  l'État,  c'eft 
le  payement  des  dettes  de  l'Etat. 
JBÉRATRICE.  f.  f.  Celle  qui  fauve  ,  qui  délivre.  Fin 
dex.  Vous  êtes  ma  libératrice.  Il  y  a  quelques  Cha- 
pelles dédiées  à  la  Sainte  Vierge  fous  le  titre  de 
Notre  Dame  Libératrice  ,  particulièrement  en  certai- 
nes villes  qui  croient  avoir  été  délivrées  par  ion 
intercellion  ,  après  avoir  été  alliégées.  Il  y  a  une  mé- 
daille de  Cambray  ,  quand  feu  AL  le  Prince  en  eut 
fait  lever  le  fiége. 
LIBER  D  ,  ouLIEBERT.  f  m.  Nom  d'homme.  Leobar 
dus.  Il  y  a  Saint  Libert  Reclus  en  Touraine ,  dont  la 
fête  eft  le  dix-huitième  jour  de  Janvier.  Léobard  ,  ap- 
pelé vulgairement  Liberd  ,  étoit  né  en  Auvergne  ,  de 
médiocre  extraction  ,  mais  de  condition  libre  j  &  de 
famille  honnête  parmi  le  peuple.  Baillet.  L'an  yyi  , 
il  alla  le  renfermer  près  de  Marmoutier,  dans  une 
petite  loge  vacante  par  la  retraite  récente  d'un  Reclus 
nommé  Alaric.  Il  mourut  fous  le  Pontificat  de  Gré- 
goire de  Tours ,  &  apparemment  l'an  593.  Id.  Foy. 
Grégoire  de  Tours  ,  Fit.  PP.  cap.  20.  M.  Chafte- 
lain  &  d'autres  écrivent  Libert  Se  Liberd  :  cependant 
il  femble  que  l'ulage  eft  pour  Libert.  Au  relie  jamais 
on  ne  prononce  le  r ,  ou  le  d.  Saint  Libe-r  étoit  Re- 
clus ,  &  non  pas  Saint  Liber  r  étoit  Reclus.  Foye^  fur 
ce  Saint  Auvergnat ,  M.  Chaftelain  ,  Martyrol.  au 
quinzième  Février ,  p.  (>  fS'.  Ce  que  l'on  a  dit  de 
l'ottographc  de  ce  mot,  fe  prouve  par  les  himil- 
lesqm  ont  prisée  nom ,  &  qui  écrivent  toutes  Libert, 
comme  on  le  peut  voir  en  plulieurs  éditions  de  Livres 
faites  à  Paris  &  à  Bourges ,  chez  les  Libraires  nom- 
més Libert. 

LIBÈRE ,  ou  LIBÉRA,  f  f.  Terme  de  Mythologie. 
Nom  propre  d'une  déelfe  de  l'Antiquité  Payenne.  Li- 
béra. Cicéron  au  11*^.  Livre  de  Nat.  Deorum  ,  n.  û 2. 
dit  que  Libère  étoit  fille  de  Jupiter  tk.  de  Cérès:  ainfi 
quelques  uns  la  prennent  pour  Proferpine.  Ovide  , 
au  IIP.  Livre  des  Faftes,v.  //;;.  dit  que  ce  nom 
fut  donné  par  Bacchus  à  Ariane.  Saint  Auguftin , 
au  yp.  Livre  de  la  Cité  de  Dieu ,  c.  IX.  dit  que 
Libère  étoit  Vénus ,  fc  il  apporte  la  raifon  pour  la- 
quelle o\\  l'appcloit  Libère.  De  Cérifiers  ,  dans  fa 
Tradudionde  la  Cité  de  Dieu ,  dit  Libère,  &  non 
pas  Libéra.  Ils  les  marque  { ces  dieux  )  dans  les 


L  I  B  5-09 

Temples  par  la  diverfité  des  fcxes  ,  donnant  à  Liber 
celui  de  l'homme  ,  &  à  Libère  celui   de  la  femme. 

Dt   CÉRIZItRS. 

LIBÈRE ,  ou  LIBÉRIUS.  f  m.  Nom  d'homme.  Libenus. 
Le  Pape  Libère  ,  ouLibérius  (car  on  dit  indiftérem- 
ment  l'un  ou  l'autre) ,  étoit  Romain:  il  fut  élevé  au 
Souverain  Pontificat  après  Jules  I.  Tan  352.  Libère 
ne  foulcrivit  point  la  leconde  Confeftion  de  Foi  de 
Sirmich  ,  qui  étoit  Hérétique  ;  mais  la  première  ,  qui 
avoir  un  lens  Catholique.  Baronius  aux  années  552 
ik  353  de  J.  C.  Les  Ariens  ne  pouvant  gagner  XiWre, 
pcrfuaderent  à  l'Empereur  Conllance  de  le  faire  enle- 
ver. Marcel. 

LIBÉRER.  V.  a.  Décharger  de  quelque  dette  ,  |&  de 
quelque  (ervitude  :  en  général  délivrer  d'une  chofe 
qui  eft  à  charge.  Il  n'ell  guère  ufité  qu'en  Pratique. 
Liberarc  ,  cximcre.  Cet  homme  vivra  à  Ion  aife , 
il  s'elt  libéré  àc  toutes  fes  dettes.  A  force  d'argent ,  il 
a  libéré  la  terre  de  toute  fervitude.  Je  vous  libérerai  de 
cette  peine  ,  de  cette  apprchenfion ,  de  ce  procès.  Se 
libérer  de  la  tyrannie  d'un  père.  Mol.  Saint  Paul  fou- 
haitoit  de  pouvoir  fc  libérer  de  la  chair  mortelle ,  pour 
jouir  plutôt  de  la  gloire.  |]3°  Dans  ces  cas  il  vaut  mieux 
lui  fubftituer  un  autre  verbe  ,  comme  délivrer  ,  dé- 
barrafter  -,  &c  abandonner  celui  ci  aux  gens  de  Pra- 
tique. 

Ce  mot  vient  du  Latin  liberare. 

LIBÉRÉE,    ÉE.  part 

LIBERIES.  f  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
fête  que  fxifoient  les  Romains.  Libéria.  Jour  auquel 
les  enlans  quittoient  les  habits  de  l'enfance ,  & 
prenoient  la  robe  qu'on  appeloit  Toga  libéra.  Les 
Libéries  tomboient  le  leize  des  Kalendes  d'Avril  , 
c'eft-à-dire  ,  le  dix-feptième  de  Mars,  /^oj'ê^  Demp- 
fter  ,  dans  les  P aralipomena  ad  Rojini  Antiq.  L.  F. 
c.  32. 

LIBERT  AS.  Terme  Latin  ,  qui  n'eft  en  ufage  que 
dans  le  proverbe ,  Libertas  &  pain  cuir ,  rapporté  par 
Furetiére  ,  à  la  fin  de  l'article  Liberté ,  Se  au  moc 
Pain. 

LIBERTÉ,  f.  f.  En  Théologie  &  en  morale ,  c'eft  l'état 
naturel  de  Thomme,  dans  lequel  il  exerce  librement 
tous  les  mouvemens  de  la  volonté.  Foluntas  libéra  , 
libertas.  §C?  C'eft  le  pouvoir  d'agir ,  ou  de  ne  pas 
agir.  "Elle  ne  conlifte  eflentiellement ,  félon  Saine 
Thomas ,  que  dans  la  faculté  de  choilîr  entre  les 
moyens  qui  peuvent  conduire  l'homme  à  ia  dernière 
fin  ,  qui  eil  Dieu,  vis  elecliva  mediorumfervato  ordi- 
ne  finis.  Elle  renferme  j  néanmoins  dans  cette  vie, 
le  pouvoir  de  le  déterminer  au  mal  comme  au  bien  ; 
mais  loin  que  la  puiftance  de  le  déterminer  au  mal , 
loit  de  l'ellence  de  la /i/^erre  ,  elle  en  eft  l'imperfec- 
tion ;  &  plus  le  penchant  vers  le  mal  eft  grand ,  plus 
la  liberté  eft  aftoiblie  &  imparfaite  :  dans  tout  être  , 
ce  qui  l'empêche  de  tendre  à  la  fin  pour  laquelle  il 
a  été  fait ,  eft  certainement  une  imperfeétion  &:  un 
délaut.  C'eft  pourquoi  Saint  Auguftin  dit ,  que  la 
volonté  eft  d'autant  plus  libre  qu'elle  eft  plus  laine  , 
c'eft-à-dire,  plus  guérie  du  penchant  au  mal;  &  qu'elle 
eft  d'autant  plus  faine ,  que  la  grâce  agit  plus  puilïam- 
ment  fur  elle  :  Foluntas  tanto  liberior ,  quantb  fanior , 
tanto  fanior ,  quanto  gratis, fubjeclior. 

Nous  avons  la  liberté  de  contrariété,  contrarietatis  , 
qui  eft  celle  de  choifir  entre  deux  chofes,  fbit  qu'el- 
les foient  contraires ,  foit  qu'elles  foient  feulement 
diftérentes:&  la.  liberté  At  contradiélion ,  To«fracfic- 
tionis  y  qui  eft  celle  de  frire  une  chofe ,  ou  de  ne  la 
pas  faire.  JÉsus-Christ  n'a  point  eu  la  liberté  de 
contrariété  à  l'égard  du  bien  &  du  mal;  car  il  n'a  pu 
faire  le  mal  ;  mais  il  a  eu  la  liberté  de  contradiélion  à 
l'égard  du  bien.  Il  y  a  liberté  prochaine ,  proxima , 
qui  eft  une  liberté  pleine  ,  entière  &  aéluelle  de  faire 
une  chofe.  Liberté é\oï^te ,  remota ,  qui  eft  une  liber- 
té c^yéi  comprend  la  faculté  naturelle,  mais  embar- 
ralfée  des  obftacles  qui  font  levés  par  les  fecours 
que  Dieu  nous  donne.  Tous  ces  termes  font  dogma- 
tiques ,  &  en  ufage  dans  l'Ecole.  La  liberté  mê- 
me prochaine  n'exclut  point  la  difficulté  qui  vient 
des  paffions ,  ni  les  autres  obftacles  qu'on  peut  aduel' 


yiD  L  I  B 

Icmcnt  vaincre.  L'.ime  railonnaWe  eft  feule  née  avec 
la  liberté.  Les  brutes  n'agillent  point  avec  liberté, 
avec  connoillance  (Se  par  élection.  Ciccron  dérinit  la 
liberté  c\\  Payen  :  la  puillance  de  vivre  à  la  iantailie, 
&  lansaucune  caule  ou  empêchement  qui  nous  con- 
traigne a  taire  une  choie  plutôt  qu'une  autre.  La  Doc- 
trine de  Pelage  lur  la  liberté ,  étoit  appuyée  par  la 
Philolophie,  qui  ne  peut  loullrir  que  la  liberté  de  faire 
■le  bien  loit  atténuée   &  affaiblie  en  nous;   &    elle 
étoit  fortifiée  par  l'orgueil  de  l'elprit  humain,  qui 
veut  qu'on  loit  maître  de  Con  filut.  Comment  croire 
que  Dieu  loit  tout  puillant  fur  la  volonté  de  Ihoin- 
me  comme  fur  tous  les  autres  êtres;  iS:  que  la  liberté 
de  l'homme  loit  inviolable  ?   Saint  Auguftin  avoue 
qu'il  ne  lait  point  expliquer  l'accord  de  ces   diux 
vérités;  mais  qu'on  ne  doit  pas  moins  les  croire. 
4K?Non  feulement  la  volonté  agit  toujours  avec  fpon- 
tanéité,  c'ell  à-dire  de  ton  propre  mouvement,  de 
fon  bon  gré  ,  &  par  un   principe  interne;  mris   en- 
core les  déterminations  lont  pour  l'ordinaire  accom- 
pagnées de  liberté. 
^fF  Lci  liberté  éd.  cette  (oTce  de  l'ame  par  laquelle  elle 
peui   le    déterminer   &  agir  avec   choix  ,  lelon  ce 
qu'elle  juge  le  plus  convenable.  Burlam. 
ItCFLa  volonté  &:  la /z^erre  étant  des  facultés  de  l'ame  , 
ne  peuvent  être  aveugles ,  ni  dcilituées  de  connoil- 
fances;  elles  luppolenr  toujours  l'opération  de  l'en- 
tendement. Quel  moyen  en  etl'et  de  le  déterminer , 
ou  de  fulpendre  fes  déterminations  ,  Se  de  fe  tourner 
d'un  côté  plutôt  que  d'un  autre ,  Ix  l'on  ne  connoit 
pas  ce  que  1  on  doit  choihr  ;  Il  eft  contraire  à  la  na- 
ture d'un  être  intelligent,  d'agir  fins  intelligence  &■ 
iansrailon.  Cette  railonpeut  être  légère  &:  mauvaile; 
mais  elle  a  du  moins  quelque  apparence  ,  quelque 
lueur,  qui  nous  la  fait  trouver  bonne  pour  le  nio- 
nient.  Dès  qu'il  y  a  du  choix  j  il  y  a  comparailon  d'un 
parti  à  un  autre  ;  &  qui  ditcomparaifon  ,  dit  toujours 
une  rédexionj  du   moins  confulc,  &:  une  forte  de 
délibération  ,  quoique  prompte  i!?,:  imperceptible  j  fur 
le  lujet  dont  il  s'agit. 
l/CTLebur  de  nos  délibérations  c'efl:  de  nous  procurer 
quelque  avantage.  Car  la  volonté  tend  en  général  au 
bien  ,  c'eft-à  dire  ,  à  tout  ce  qui  eft  propre  à  nous  ren- 
dre heureux  ,  ou  du  moins  qui  nous  paroît  tel.   De 
forte  que  toutes  les  adions  qui  dépendent  de  l'homme 
Se  qui  ont  quelque  rapporta  Ion  but,  font  par  cela 
même  loumiles  à  la  volonté. 
ICFLa  liberté  a  pour  objet  le  bien,  comrar  la  volonté; 
mais  elle  a  moins  d'étendue  par  rapport  aux  aétions  ; 
car  elle  ne  s'exerce  pas  dans  tous  les  aâes  de  la  vo- 
lonté j  mais  feulement  dans  ceux  que  l'ame  peut  fuf- 
pendre  outourner  comme  il  lui  plait. 
I^Nous  ne  faurions  douter  que  nous  ne  foyons  libres 
dans  nos  déterminations  par  rapport  au  bien  6c  au 
mal.  Pour  nous  en  convaincre  ,  il  ne  faut  pas  fortir 
•de  nous  mêmes.  Il  eft  fur  qu'à  l'égard  du  bien  &  du 
mal ,  £n  général  &  conlîdérés  comme  tels ,  nous  ne 
pouvons  proprement  faire  ufage  de  la  liberté ,  puifque 
nous  fommes  entraînés  vers  l'un  par  un  penchant  in- 
vincible ,  &:  détournés  de  l'autre  par  une  averlîon  na- 
turelle &:  inlurmontable.  Nous  fommes  faits  de  ma- 
nière que  le  bien  nous  attire  nécelfairement ,  au  lieu 
que  le  mal  ,  par  un  eiiet  oppofé ,  nous  repoulfe ,  pour 
ainfi  dire,&  nous  écarte.  Mais  cette  tendance  vers  le 
tien  ,  &:  cette  averlîon  naturelle  pour  le  mal  en  gêné-  1 
rai,  n'empêchent  pas  que  nous  ne  demeurions  libres 
à  l'égard  des  biens  &des  maux  particuliers;  iSc  quoi- 
qu'on ne  puilfe  s'empêcher  d'être  fenfibles  aux  pre- 
mières imprellîons  que  les  objets  font  fur  nous  ,  l'on 
n'cft  pas  pour  cela  invinciblement   porté  à  recher- 
cher ou  à  fuir  ces  objets.  On  peut  toujours  examiner 
fi  le  bien  qu'on  fe  procurera  ,  en  faitant  une  chofe  , 
j:c  lera  pas  luivi  d'un  mal  :'  on  peut  délibérer  8c  cal- 
culer ,  pour  prendre  le  parti  le  plus  lùr.  Et  non  feu- 
lement l'on  peut ,  par  un  ctiort  de  railon  ,  fc  priver 
d'une  choie  dont  l'idée   nous  flatte  agréablement; 
mais  l'on  peut  même  s'expofer  à  une  douleur  ou  à 
un  chagrin  que  l'on  appréhende  ,  Se  que  l'on  voudroit 
bien  pouvoir  éviter ,  fi  des  conlldérations  particulières 


L  I  B 

ne  nous  faifoient  réfoudre  à  le  fupporter. 

CKJ"  L'exercice  de  la /i^erït;' ne  paroit  jamais  plus  que  dans 
les  choies  indifférentes.  Je  lens,  par  exemple  ,  qu'il 
dépend  tout  a  fait  de  moi  de  tendre  ou  de  retirer  la 
main,  de  relier  allis  ou  de  me  promener,  de  diri- 
ger mes  pas  à  droite,  ou  à  gauche.  &c.  Dans  ces  oc- 
calions  ou  l'ame  eft  entièrement  laillée  à  elle-même, 
loit  par  le  défaut  de  motifs  extérieurs ,  foit  par  l'op- 
polition  ,  &  pour  ainli  dire  ,  Téquilibre  de  ces  motifs , 
on  peut  dire  que  li  elle  fe  détermine  à  quelque  parti, 
c'elf  par  un  pur  eftct  de  ion  bon  plaihr ,  ou  de  l'em- 
pire qu'elle  a  lur  les  propres  adlions.  La  preuve  de  la 
liberté  qui  fetirc  du  len-.iment  intérieur ,  eft  fupérieur 
à  tout ,  &  produit  la  conviâion  la  plus  intime. 
Chacun  fent  qu'il  eft  bien  le  maître  de  marcher  ou 
de  s'âlleojr  j  déparier  ou  de  fe  taire,  &  nous  éprou- 
vons à  toute  heure  qu'il  ne  tient  qu'à  nous  de  fulpen- 
dre notre  jugement ,  pour  en  venir  à  un  nouvel 
examen.  Peut  on  nier,  de  bonne  foi,  que  dans  le 
choix  des  biens  &  des  maux,  c'eft  ians  aucune  con- 
trainte que  nous  nous  déterminons  :  que  ,  malgré  les  ■ 
premières  imprellîons  ,  nous  pouvons  nous  arrêter 
tout  court,  balancer  le  pour  &  le  contre  ,  &c  faire, 
■en  un  mot,  ce  que  Ion  peut  attendre  de  Ihommele 
plus  libre.  Si  j'étoii  entraîné  invinciblement  vers  an  J 
bien  particulier  ,  plutôt  que  vers  un  autre,  je  fenti- 1 
rois  en  moi  la  même  imprellîon  qui  me  porte  vers 
le  bien  en  général  ,  c'eft-a  dire  une  imprellîon  qui 
m'entraîneroit  nécellairement ,  &  à  laquelle  il  ne 
fcroit  paspollîble  de  réfifter.  Or  l'exptricnce  ne  me 
fait  rien  lentir  de  lî  fort  par  rapport  à  un  tel  bien 
en  particulier.  Je  puis  m'en  abftenir;  je  puis  différer 
de  mcn  fervir;  je  puis  lui  en  préférer  un  autre;  je 
puis  héhter  dans  le  choix  ;  en  un  mot  je  luis  maître 
de  choihr,  ou  ce  qui  eft  la  même  chofe,  je  fuis  li- 
bre. 

^fT  L'homme  deftiné  à  être  heureux  doit  être  porté 
nécellairement  vers  le  bien  en  général ,  parce  que 
l'inditiérence  feroit  diretlement  contraire  au  but  que 
s'eft  propolé  l'Auteur  de  la  nature  :  mais  ce  delîr  na- 
turel du  bonheur  ne  nous  entraîne  invinciblement 
vers  aucun  bien  particulier  ,  parce  qu'aucun  bien  par- 
ticulier ne  renferme  ce  bonheur  où  nous  tendon: 
nécellairement. 

|iCF  Tout  le  fyftême  de  l'humanité,  foit  en  général; 
foit  dans  les  cas  particuliers ,  roule  fur  le  principe  de 
la  liberté.  ReHexions ,  délibérations,  recherches, 
aélions,  jugemens;  les  idées  du  bien  &  du  mal, 
du  vice  &  de  la  vertu,  &  ce  qui  en  eft  une  fuite, 
le  blâme  ou  la  louange  ,  l'approbation  ou  la  con- 
damnation de  notre  propre  conduite ,  ou  de  celle 
d'autrui,-  les  affeéfions  ,  les  fcntimens  naturels  de 
hommes  les  uns  envers  les  autres  ;  tout  luppofe  la 
liberté  ■  l'ôter  à  l'homme  ,  c'eft  tout  bouleverfer  & 
tout  confondre.  Voye\  encore  Libre. 

CfcT  Liberté  fe  prend  aullî  dans  l'ulage  ordinaire  pous 
un  état  d'indépendance,  dans  lequel  on  n'eft  point 
loumis  aux  ordres ,  aux  commandemens  d'autrui. 
On  dit,  en  ce  lens  ,  qu'un  homme  aime  {^.liberté, 
qu'il  ne  veut  point  engager  fa  liberté.  Liberté  pleine 
&  entière.  Sui  Juris  ejje. 

Liberté.  Pouvoir  légitime  de  fiire  &c  de  penfer  ce  que 
l'on  veut  ,  Ians  contrainte  Se  fansfervitude.  Libertas  , 
jus  ;  arbitrium.  La  véritable  liberté  conlifte  à  n'obéit 
à  aucune  pallîon.  Dac.  On  peut  jouir  de  la  liberté , 
fî  l'on  ne  le  met  pas  en  peine  de  la  faveur  des  Grands, 
ou  des  biens  de  la  fortune.  S.  EvR.  On  s'imagine 
ne  jouir  de  loi-même,  &  de  fesdefirs,  que  dans  la 
liberté  o^on  fe  donne  de  penler  tour  ce  qu'on  veut. 
Boss.  Rien  ne  relevé  plus  l'ame  ,  que  la  liberté. 
BoiL.  Les  hommes  ne  favent  que  faire  de  leur  liber' 
té  ;  ils  la  ficrifîent  tous  les  jours  aux  vains  honneurs 
attachés  à  des  emplois  pénibles  Se  laborieux.  Nie. 

Qu  heureux  efi  le  mortel , 


Qui  de  fa  lihetté  forme  tout  fon  plaiflr , 

Et   ne  rend  quà  lui  feul  compte  de  fon  loiflr. 

BOIIn 


L  I  B 

LirsUTÉ,  fc  dit  encore  plus  paiticnliàcmcnt  de  l'état, 
&c  de  la  litiiation  de  refpnt ,  ou  du  cœur  j  exempt 
de  tout  ce  qui  peut  funner  une  cfpcce  de  (ujction 
&  de  captivité.  Libcruin  arbitrlum  ,  immunltas.  Ma 
pallion  m  ote  la  Ubcnc  de  juger  tranquillement  de 
vos  raifons  : 

Ma  chérc  liberté  que  vous  aver  d'attraits  ! 

On  appelle  eu  ce  feus  le  mariage  ,  le  tombeau  de 
la  liberté. 
|p"  Liberté  .,  Ce   dit  à-peu-près  dans   le  même  fcns 
par  oppolition  à  contrainte.    Ainfijon  dit ,  parler 
en  liberté  ,  avec  liberté.   Ils  avoient  quelque   chofe 
à  foire ,  je  les   laillai  en  liberté. 
IJCT  Le  mot  de  liberté  conildéré  par  oppofition  à  fer- 
vitude ,  dcllgnc  l'état  d'une  peilbnnc  libre.  Ceux  qui 
ctoient  pris  en  guerre  perdoicnt  Icm  liberté.  Donner 
la  liberté  à  un  Elclave.    Engager  ,    recouvrer  la  li- 
berté. 
ÇC?  En  ftyle  de  Galanterie  ,  on  dit  Poétiquement ,  per- 
dre (ifliberté.  Elle  m'a  ravi  ma  liberté. 
|tr  En  termes  de  Dévotion  ,  La  liberté  des  enflms  de 

Dieu  conlille  à  n'être  point  efclaves  du  péché. 
§3° Liberté  ,  fe  dit  encore  pour  une  certaine  facilité 
dans  l'exécution  de  lés  mouvemcns  ;  une  dipolî- 
tion  naturelle  perfeétionnée  par  la  pratique.  P'oye^ 
Facilite.  Dans  cette  acception  ,  on  dit ,  qu'un 
hoaime  a  la  liberté  de  la  langue.  Une  grande  liberté 
d'adion.  Liberté  de  la  parole.  Il  danfe  ,  il  fait  tout 
avec  grâce  &:  liberté.  La  liberté  du  gefte ,  de  la  voix. 
En  termes  de  Peinture ,  on  dit  d'un  tableau  ,  qu'il 
cil  peint  avec  beaucoup  de  liberté  de  pinceau  ;•  qu'il 
eft  dcfliné  librement  ,  franchement.  Expedua  ,  fa- 
cilitas. On  dit  auliî  liberté ,  ou.  franchife  de  burin, 
c'eit-à-dire ,  la  tacilité  ,  la  hardiefle  avec  laquelle  tra- 
vaille le  Graveur.  §3"  il  faut  pourtant  remarquer  que 
quelque  analogues  que  foient  ces  mots ,  ils  ne  font 
pas  abfolument  lynonymes.  La  liberté  paroît  avoir 
plus  de  rapport  à  l'habitude  dans  la  main,  acquife 
par  la  pratique.  Et  le  mot  de  légèreté  paroît  indi- 
quer plus  de  capacité  dans  le  Peintre. 

On  le  dit  en  ce  fens  des  animaux  &  des  chofes 

inanimées.  On  a  mis  à  ce  cheval    la  bride  fur  le 

cou  j^  on  le  lailFe   aller  à  fa  liberté.    Et  on   dit  au 

Manège  ,_  qu'il   a  liberté  de    langue  ,    quand   fon 

mors  eft  fait  de  telle  forte  qu'il  a  pleine  liberté  de 

remuer  la  langue.  On  appelle  liberté  de  langue  dans 

le  niors ,  un  efpace  vide  qu'on  laille  vers  le  milieu  de 

l'embouchure  ,  pour  palfer  &  placer  la  langue  du 

cheval  ;  enlorte   que  l'embouchure  fe  voûte  par  le 

miheu.   |Cr  Cette  liberté  donne ,  félon  fr  forme  , 

plufieurs  dénominations  au  morsi  comme  gorge  de 

pigeon  j  canon  montant ,  pas  d'àne  ,  &c. 

|Gr  On  le  dit  de  même  dans  les  Arts  pour  exprimer 

.  la  facilité  que  certaines  chofes   ont  à  fe  mouvoir. 

On  dit  qu'une  pièce  ,  qu'une  roue  ,  par  exemple , 

a  beaucoup  de  liberté,  quand  la  moindre  force  fuf- 

^tpour  la  mettre  en  mouvement. 

Im  Liberté  ,  fe  dit  encore  par  oppofition  à  captivité  , 

prifon.  Mettre  un  prifonnier  en  liberté.  Donner  la 

liberté  aux  captifs.   On  a   mis  en  liberté  cet  oifeau 

qui  étoit  en  cage. 

^  On  appelle  liberté  à' eCpTit%  l'état  d'un  homme  dont 

l'efprit  eft  dégagé  de  tout  objet  étranger, 
et?  Liberté  de  ventre  ,  la  facilité  qu'il  a  à  bien  faire 

fes  fonétions. 
tiBERTÉ  de  confcience.  Droit,  permllfion  de  choifir 
telle  Religion  qu'on  veut ,  autre  que  la  dominante 
pour  en  fliire  profeilioh.  Toutes  les  Héréfies  fc  font 
'^ft  ]'^^  pli;  le  principe  que  la  liberté  de  confcience 
eft  du  Droit  des  gens  :  &  par  le  même  principe  on 
pourroit  établir  le  Mahométifme  &  l'Idolâtrie.  En 
rrance,  il  n'y  a  plus  aujourd'hui  de  liberté  de  con- 
fcience ,  il  faut  ^ti-e  néceirairement  Catholique. 
■^'^erte  de  confcience,  nom  funefte  ,  inconnu  à  toute 
1  Antiquité  Chrétienne  ,  que  la  feule  fureur  des 
guerres  civiles  ,  les  batailles  fanelantes ,  l'autorité 
légitime  loulée  aux  pieds ,  S<  les  Edits  arrachés  par 


ont 


y  lî 

introduit  en 


L  I  B 

force  de  la  main   du   Souverain 
nos  derniers  jours.  I'elisson. 
Liberté  ,  ilgnilîe  encore  ,   Hartiiellé.   Licentia ,  auda- 
cia.  Se  donner  la  liberté  de  cenfurer  fes  Supérieurs. 
I'asc.     Vous  parlez  de   h  lleli^ion   .avec  trop   de 
liberté  ■  on  ne  doit  point  prendre  la  liberté  d'exa- 
miner les  Myftères  par  la  raifon.    Nie,  Le  Pnncc 
parla  au    Roi   avec    une    liberté  peu    refpeélucufe. 
Mézerav. 
'fT  Dans  ce  lens ,  la  liberté  eft  une  hardielfe  ou  mc- 
fuiée    ou    trop  forte.    Dire  fon    avis  avec  liberté , 
c'eit  ne  pas  craindre.  Agir  avec  liberté ,  c'cft  agir  avec 
imlépendance.    Parler   avec    trop    de   liberté ,   c'eft 
marquer  de  l'audace.    Volt. 
Liberté  ,   Licence  ,  exemption  des  règles.  Licentia , 
ïmmunitas.  Les^  Poètes  Grecs  &  Latins  fe  donnoient 
de  grandes  libertés.  Il  y  a  des  libertés  qu'on  prend 
pour  plaire  ,  qui  doivent  être  préférées  à  des  règles 
exail-es  qui   ne  font  qu'ennuyer.    S.   EvR.    Quand 
les  libertés  que  l'on  fe  donne  font  un  bon  effet,  il 
en    faut   conclure    que    les    règles     n'étoient    pas 
bonnes. 
Liberté,  fe  dit  .aulHcn  parlant  de  ce  qu'on  peut  faire 
avec  la  permiflionou  Icus  l'autorité  des  loix  divines  & 
humaines,   Poteftas  ,  facilitas  ,    renia.    Un  majeur 
a  la  /zi^srre  de  vendre  izz  terres  ,  de  fe   marier  ,   de 
gouverner  fon  bien  comme  il  lui  plaît.  On  n'a  pas 
liberté  de  vendre  des  terres  fubflituées  ,  ou  faifies. 
On  a  chalîé  les  Corfaires  qui  ôtoient  la  liberté  du 
commerce.   Les  Prévôts  alliirent  la  liberté  des  che- 
mins. 
'sfS'  La  Liberté  aiaturelle  eft  le  droit  que  la  Nature  a 
donné  à  tous  les  hommes  de  diîpoler  de  leurs  biens 
&  de  leurs  aétions  comme  ils  le  jugent  à  propos  , 
de  la  manière  qu'ils  trouvent  la  plus  convenable  à 
leur  bonheur.  La  Liberté  civile  eft  cette  même  liberté 
naturelle  dépouillée  de  cette  partie  qui  faifoit  l'indé- 
pfflidance    des  particuliers   &    la  communauté  des 
biens ,  pour  vivre  lous  des  loix  qui  leur  procurent 
la  sûreté  &  la  propriété  de  leurs  polfellions. 
y?  Avant  qu'il  y  eût  parmi  les    hommes  un    ordre 
établi  par  les  loix  ,  une  armée  de  paillons  déchaînées 
défoloit  la  terre.  Nulle  allurancepour  la-vie,  nulle 
fauvegarde  pour  les  biens,  nul  afyle  pour  l'honneur. 
La  force  qui  a  donné  au  Lion  l'empire  fur  les  ani- 
maux j  le  donnoit  aullî  fur  les  hommes  au  premier 
Nembroth  qui  fe  fentoit  allez  puidànt  pour  les  fubju- 
guer  :  il  falloir  donc 'un  frein  pour  en  arrêter  la  li- 
cence :  c'eft  ce  qu'on  a  exécuté  en  Pair  oppoûnt  les 
barrières  de  l'ordre  civil  &  politique.  Auffi-côtque 
les  hommes  eurent  inventé  le  remède  des  loix  pour 
mettre   la  force    à  la  raifon  ;  quand  pour  les  faire 
exécuter  on  eut  armé  de  la  puillànce  du  glaive   un 
Magiftrat  {npréme  ;  ici  un  Roi  ,  là  un  Sénat  ,  là 
un   Confeil  populaire  ;  eu   un  mot  quand  on  eut 
établi  l'ordre  civil  pour  rétablir  dans  fes  droits  celui 
de   la  nature  ;  on   vit  fuccéder  la  fubordmation  à 
l'indépendance,  la  règle  à  la  confufion  ,  la  juftice  à 
la  force  ,  la  sûreté  publique  à  Pinquiéiude  générale, 
le  repos  des  particuliers   aux  alarmes  continuelles. 
Tout  devint  tranquille  fous  la  proteétion  des  loix. 
Sous  cette  garantie  nous  voyageons  fans  crainte  dans 
toutes  les  parties  du  monde  habitable  :  dans  les  pays 
étrangers j  lur  la  foi  du  droit  des  gens;  &  dans  le 
nt)tre  ,  fur  la  foi  des  Ordonnances  Royales.  En  quel- 
que  endroit  du  Royaume  que  je  me  tranfportCj  je 
vois  par-tout  le  fceptre  de  mon  Roi  qui  alfure  ma 
route  ,  qui  tient  tout  en  refpGct  ,  tout  en  paix  ;  les 
Laboureurs  dans  les  campagnes  ,  les  Aitifans  dans 
les  villes ,  les  Marchands  fur  la  mer ,  les  Voyageurs 
dans  les  forêts  :  toutes  les  paillons  lont  défarmées. 
Liberté  _,  fe  dit  quelquefois  pour  manière  d'agir  libre, 
familière  ,  hardie;  &:  fe  dit  en  bien  &  en  mal.  Sous 
prétexte  de  bannir  la  cérémonie  j  il  fe  donne  des  li- 
bertés qui  ne  plaifent  pas  à  tout  le  monde.  S.  EvR. 
On  a  introduit   aujourd'hui   une  liberté  douce   & 
honnête  ,  qui  a  rendu  la  converfation  plus  agréa- 
ble ,  (Se  les  plaillrs  plus  purs.  Id.  La  politeifc  n'eft 
point  incomp,atibIe   avec  une   certaine  liberté  qui 


plaît,  Bell.  Perfonne  n'a  mieux  pratiqué  quc_  vous 
cet  art  obligcint ,  qui  fait  qu'on  le  rabaiffe  (ans  le 
dégrader  ,  &  qui  accorde  li  heureutement  la  U- 
biné  avec  le  relped.  Flec.  Quelle  libertc  s'eft-elle 
donnée  qui  pût  ,  je  ne  dis  pas  ,  mériter  une  cenlure, 
mais  fouftlic  une  mauvaite  interprétation.  Id.  On 
remarque  dans  la  conduite  de  cette  femme,  une 
retenue  &C  une  févérité  Icrupuleufe  qui  condamnent 
jufqu'aux  moindres  libenés.  Bell.  On  le  dit  auHi 
par  fimple  compliment  :  J'ai  pris  la  llbercé  de  vous 
écrire  ;  donnez-moi  la  lihcru  de  vous  voir. 

On  ditaulli,  qu'un  homme  a  eu  quelques  liber- 
tés avec  une  femme  ;  pour  dire  ,  qu'il  a  eu  des  pri- 
vautés. Les  Précieufes  font  les  prudes  en  public  ,  & 
en  particulier  elles  delcendent  jufqu  aux  plus  hon- 
teufcs  libertés.  Bell.  •  .         ,      , 

tfj  En  parlant  des  Etats  ,  le  mot  de  liberté  le  dit  à  l'é- 
gard de  ceux  où  le  peuple  n'eft  ni  efclave ,  ni  op- 
primé ,  &  déligne  particulièrement  une  form'e  de 
Gouverneinent  où  l'autorité  Souveraine  cil  entre  les 
mains  de  la  Noblelfe  ou  du  Peuple.  Les  Grecs  & 
les  Romains  ont  long  temps  combattu  pour  leur 
liberté.  La  liberté  du  peuple  ell:  un  droit^  inaliéna- 
ble. S.  ÉvR.  Caton  mérita  le  titre  d'intrépide  Dé- 
fenfeur  de  la  libcné  publique.  M.Esp.  Les  hommes 
ne  ptuvent  tbuitrir  une  entière  fervirude  ,  ni  une 
entière  liberté :\'nnc  crt  un  efclavage  ,  &  l'autre  une 
licence.  S.  EvR.  Célar  a  opprimé  j  &  ruiné  la  li- 
berté de  (a  Patrie.  Caton  ne  put  vivre  après  la  li- 
berté ,  ni  la  liberté  après  Caton.  Bouh.  Sous  Augiifte 
h  liberté  ne  perdit  que  les  maux  qu'elle  peut  cauler, 
&  rien  du  bonheur  qu'elle  peut  produire.  S.  EvR. 
On  fé  perluade  que  les  Hollandois  aiment  la  liberté  , 
&  ils  haVlFent  feulement  l'oppreliion.  Id.  C'eft  la 
liberté  qui  infpire  ces  penlées  lublimes  j  Se  ces  no- 
bles mouvemcns  ,  qui  font  tou.te  la  pompe  &  la 
magnitîcence  du  difcours.  S.  Evr.  Cromwel  trouva 
moyen  de  prendre  la  multitude  par  l'appas  cfe  la 
liberté.  Il  faut  peindre  un  vieux  Romain  agité  d'une 
liberté  farouche,  .autrement  qu'un  Hatteur  du  temps 
de  Tibère.  S.  Evr.  Quand  une  fois  on  a  trouvé  le 
moyen  de  prendre  la  multitude  par  l'appas  de  la  liber- 
té,  elle  'luit  en  aveugle,  pouvu  qu'elle  en  entende 
feulement  le  nom.  Flec.  Le  choix  des  Supérieurs 
tient  lieu  de  liberté  à  quelques-uns.  S.  Evr.  Les 
Anglois  déçus  par  le  nom  de  liberté ,  en  ont  à_  la 
fin  détefté  les  excès.  Boss.  L-;^  liberté  cW  quelquefois 
un  peu  féroce.  S.  Evr.  Si  l'on  n'y  prend  garde , 
la  liberté  dégénère  fouvenr  en  licence.  Bell. 

In  vitium  libertas  cxcidit ,  &  vim  dignam  lege  régi. 

Horace. 

Une  trop  grande  liberté ,  &  une  trop  grande 
fervitudcj  font  également  dangereufes.  Dac. 

Libertés  ,  au  pluriel ,  le  dit  des  privilèges  ,  de  certains 
droits  dont  on  ell:  en  pollellion.  Privilegium  ,  immu- 
nitas.  Les  provifions  des  Offices  lont  expédiées  avec 
cette  formule  ,  Pour  en  jouir  avec  tous  les  droits , 
privilèges  ,  libertés  ,  franchifes  ,  immunités  <Sc 
exemptions ,  dont  ont  joui  les  Prédécelleurs. 

^Cr Libertés  de  l'Eglile  Gallicane.  Cène  font  point 
des  privilèges  mais  d'anciens  ufages  reçus  dans  la 
primitive  Eglile  ,  ou  d'anciens  Canons ,  qui  ont 
toujours  été  fuivis  en  France  ,  ik  qui  ayant  été  abo- 
lis ailleurs  j  ont  reçu  le  nom  de  Libertés  de  l'E 
glife  Gallicane  ,  parce  que  s'y  étant  toujours  atta- 
chée inviolablement  ,  elle  a  par  ce  moyen  main- 
tenu fa  liberté  &  fa  franchifc  contre  la  fervitudc 
que  les  nouveautés  avoient  voulu  introduire.  Liber 
tates  Ecclejia   Gallicane  ,  jura  ,  immunitates. 

Ces  libertés  ne  font  autre  chofe  que  ^ancien 
Droit  commun  &  canonique  qu'on  a  obfervé  en 
France  d  uis  fa  pureté  ,  (Se  à  la  rigueur.  On  les  a 
appelés  fouvent  privilèges  par  humilité ,  &  par  ref 
ped  pour  le  Saint  Siège.  L'Eglife  de  France  a 
toujours  (oigneufement  confervé  les  libertés  y  en 
s'oppofant  aux  nouveautés  introduites  par  les  Ca- 
noniftes  UKramontains  ,   particulièrement  pendant 


L  I  B 

le  grand  fchifme  d'Occident ,  durant  lequel  les  Pa- 
pes rélidoicnt  à  Avignon.    Les  libertés   Gallicanes 
roulent  fur  ces  trois  maximes  :  i°.  Que  la  puiflance 
donnée  par  Jésus  Christ  à  Saint  Pierre  &  à  l'Eglife, 
eft  purement  fpirituelle  ,  &c    ne  s'étend  ni   direâe- 
ment  ,  ni  indireârement  fur  des  choies  temporelles. 
z°.  Que  la  puilfance  du  Pape ,  comme  Chef  de  l'E- 
glife Univerfelle  j  doit  être  exercée  conformément 
aux   Canons  reçus    de  toute  l'Eglife.    5°.'  Que  le 
Pape  lui-même  eft   foumis  au  Jugement  du  Con- 
cile Univerfcl ,  dans  les  cas  marqués  dans  le  Concile 
de  Conftance.  Ces  maximes  ont  été  confitmées  fo- 
lennellement  par  l'Allèmblée  du  Clergé  de  France 
en  i68i.  Fleury.   Le  Pape  ne  peut  accorder  au- 
cune  grâce    qui    concerne    les    droits    temporels, 
comme  de  légitimer  des  bâtards ,  ou  de  rendre  les 
perfonnes  capables  des  Charges  publiques ,  &  des 
effets  civils.  Par  la  même  raifon,  on  n'a   point  d'é- 
gards aux  provilîons  de  Cour  de  Rome  ,  au  préju- 
dice  des  Droits  des  Patrons  Laïques.  On  ne  reçoit 
en  France   que  l'ancien  corps   des  Canons.    Voyeif^ 
Droit  Canonique.    En  1119  ,   au  mois  d'Avril, 
avant  Pâques  ,  on  publia  au  nom   du    Roi    Saint 
Louis ,   alors    mineur ,   une    Ordonnance    adrelfèe 
à  tous  fcs  Sujets  dans  les  Diocèfes  de  Narbonne  , 
de  Cahors  ,  de   Rhodes  ,  d'Agen  ,   d'Arles   &  de 
Nifmes ,  contenant  dix  articles  -,    pour  établir ,  dit 
la  Préface  ,  les  libertés  &  les  immunités  de  l'Eglife 
Gallicane  dans  ces  Provinces  affligées  depuis  fi  long- 
temps par   l'héréfie  &:  la  guerre.  C'eft  la  première 
fois  que  l'on  trouve  ce  nom  de  libertés  de  l'Eglife 
Gallicane.  Fleury  ,  Hifl.  Eccléf.  L.  7c.  IfT  C'eft- 
à  dire  ,  quec'ell  peut  être  la  première  fois  que  l'on 
ait  qualifié  du  nom  de  libertés  de  TEglife  Gallicane  , 
le  droit  &;  la  pollelfion  où  étoit  l'Eglife  de  France  de 
fc  maintenir  dans  fes  anciens  ufages. 

Les  Conftitutions  des  Papes,  fur  tout  depuis  500 
ans  ,  n'obligent  point ,  à  moins  qu'elles  ne  loient 
approuvées  par  l'ufage  de  l'Eglife  Gallicane.  On  ne 
reçoit  non  plus  les  Conciles  que  pour  la  Dodrine, 
&  non  point  pour  la  Difcipline.  lo.  Les  libertés  de 
l'Eglife  Gallicane  confdlent  à  obferver  l'ancien  Code 
Canonique.  Il  y  a  eu  diverles  coUedions  du  corps 
des  Canons,  f^oye^  Canon.  Sous  la  première  Race 
des  Rois ,  on  oBfervoit  le  Code  des  Canons  de  l'E- 
glife Univerfelle ,  qui  étoit  compofé  des  deux  pre- 
miers Conciles  Généraux  ,  de  cinq  particuliers  de 
l'Eglife  Greque  ,  &c  de  quelques  Conciles  tenus  dans 
les  Gaules.  Ce  Code  a  été  perdu.  Depuis  ,  le  Pape 
Adrien  donna  à  Charlemagne  le  Code  des  Canons 
de  l'Eglife  Romaine  ,  compilé  par  Denis  le  Petit 
en  J27.  Il  avoit  ajouté  au  Code  de  l'Eglife  Univer- 
felle cinquante  Canons  des  Apôtres  ,  vingt-fept  du 
Concile  de  Chalcèdoine  ,  ceux  des  Conciles  de  Sar- 
diqiie  &  de  Caithage  ,  &  les  Décrétales  des  Papes, 
depuis  Silice  jufqu'à  Anaftafe.  C'eft  en  quoi  con- 
llftoit  l'ancien  Droit  Canonique  ,  avec  T^uelqucs 
•  Capitulaires  de  Charlemagne.  On  l'obfervoit  régu- 
lièrement en  France ,  Se  l'on  regardoit  comme  une 
entreprife  fur  les  libertés  de  l'Eglife  Gallicane,  tout 
ce  qui  y  dérogeoit.  On  y  a  encore  recours  quand 
la  Cour  de  Rome  veut  attenter  aux  Droits  de  l'E- 
glife de  France  ,  &  tout  ce  qui  n'eft  point  confoirae 
à  cet  ancien  Droit  Canonique  j  pallc  pour  ufurpa- 
tion.  F'oye:^  Févret  &  Pithou. 
Liberté  de  Cour.  Terme  de  Commerce.  C'eft  l'af- 
franchillbmcnt  dont  jouit  un  Marchand ,  de  la  Ju- 
rifdièlion  ordinaire  des  lieux  où  il  fait  fon  négoce , 
&  le  privilège  qu'un  Étranger  a  de  porter  les  affai- 
res concernant  fon  trafic  pardevant  un  Juge  de  la 
Nation. 

Liberté  ,  en  Mythologie.  Divinité  honorée  des  Grecs 
&  des  Romains.  Libertas.  Elle  étoit  répréfentée  en 
Dame  Romaine  ,  tenant  d'une  main  une  j.iveline  , 
&  de  l'autre  un  chapeau  ,  ou  un  bonnet.  On  la  trouve 
ainlî  fur  les  médailles.  On  fait  qu'on  donnojt  le  bon- 
net à  ceux  qu'on  affranchilfoit.  La  Liberté  avoit 
un  Temple  à  Rome  fur  le  mont  Aventin ,  foutenu 
de  colonnes  de  bronze  ,    &    orné  de  ftatues  très- 

belles. 


L  I  B 

belles.  Il  fut  bâti  par  le  père  de  Tibérius  Gracchus  , 
de  laifiient  des  amendes.  La  Libené  ctou  accoiii- 
p3?!ice  de  deux  déciles  ,  qui  «oient  comme  (es  lui 
vantes  ,  Adéone  &  Abcône  ,  parce  que  la  Libcné 
cftle  pouvoir  d'-illcr  &  de  venir  où  l'on  veut.  Foy. 
lur  cette  déelle  ,  Volllus,  deldol.  L.  FUI,  c.  17. 
On  dit  proverbialement  ,  qu'il  ne  huit  pas  ven- 
dre la  Lib&rtc^om  tous  les  biens  du  monde. 

Regnare  nolo  ,  liber  ut  nonfim  rtiihi.  Ph^edr. 

iBERTÉj  cftLi  devifc  de  quelques  villes  d'Italie,  qui 
portoient  dans  leurs  drapeaux  ce  mot  ,  Lïbcrtas ,  & 
dans  leurs  armoiries  en  chef,  ou  en  bande,  Bolo- 
gne ,  Florence  ,  Gènes  ,  Luques  ,  &c. 

Cj'LIBERTINjINE.  adj.  Souvent  employé  fubftan- 
tivement.  Ce  terme  s'applique  à  ceux  qui  prennent 
trop  de  liberté  ,  qui  baillent  toute  forte  de  fujétion 
ik  de  contrainte,  &  qui  fe  laillent  aller  au  penchant 
qui  les  porte  au  plaifir.  Foye^  Libertinage.  Licen- 
dor,  jujîo  foludor ,  aquo  libenor.  Le  choix  des  com- 
pagnies elt  elfenciel  pour  les  jeunes  gens;  parce 
qu'à  cet  âge  on  prend  aifément  les  inclinations  des 
libertins  qu'on  fréquente.  On  dit  d'une  pcrlonne 
ennemie  de  la  gêne  &  de  la  contrainte ,  qu'elle  eft 
d'un  humeur  libertine  :  &  de  celle  dont  la  con- 
duite eft  déréglée  ,  qu'elle  mène  une*vie  libertine. 
Une  fille  fe  perfuade  aifément  que  l'Hymen  ell  com- 
mode pour  mener  une  vie  l'éertine. 

YT  On  dit  dans  le  même  fens  ,  c'eft  un  libertin  ,  c'eft 
une  libertine.  Quelquefois  le  mot  de  libenin  ne  dit 
rien  d'odieux  ,  &  fignifie  Ilmplement  une  perlonne 
ennemie  de  la  contrainte ,  qui  fuit  fon  inclination  _, 
lâns  pourtant  s  écarter  des  règles  de  l'honncteté  & 
de  la  vertu.  Ainfi  une  femme  dira  d'elle  même  dans 
un  bon  fens  ,  &  dans  une*fignihcation  délicate  ,  Je 
fuis  née  libertine  ;  pour  exprimer  qu'elle  ne  lau- 
roitfe  gêner,  &  quelle  eft  ennemie  de  tout  ce  qui 
s'appelle  fervitude.BouH.l:?  Je  veux  bien  croire  , 
difoit  Ménage  ,  que  les  honnêtes  femmes  que  voit 
Je  P.  Bouhoursj  parlent  de  la  forte  :  mais  pour 
celles  que  j'ai  hantées  ,  je  ne  leur  ai  jamais  oui  dire 
^qu'elles  fulfent  libertines.  Ménage  outroit  toiitj 
quand  il  s'agilloit  du  P.  Bouhours  qu'il  haïlloit 
inortellement.  L'expreifion  que  condamne  li  du- 
rement cet  Auteur  ,  eft  encore  d'ufage  parmi  les 
gens  du  bon  ton.  Je  ûiis  d'une  humeur  libertine. 
J'ai  l'efprit  libertin  ,  &  je  n'aime  point  à  traduire. 
Voit. 

JCF  Libertin  ,  fe  dit  en  matière  de  Religion  ,  d'un 
homme  ennemi  de  toute  gêne  ,  de  toute  contrainte  , 
qui  ne  fauroit  s'allujettir  aux  loix  de  la  Religion , 
foit  pour  la  croyance ,  foit  pour  la  prati'quc.  Reli- 
gionis  contemptor.  Le  P.  G.iralle  a  fait  un  Livre 
contre  les  Athées  &  les  Libertins  ,  qu'il  appelle  la 
Doclrine  curieufe.  Les  libertins  toujours  in<-,ertains 
à  quoi  s'en  tenir  ,  renoncent  &  retournent  à  la 
Religion  ,  félon  les  diverfes  révolutions  qui  ani 
vent  dans  leiu:  efprit.  De  Vill. 

Vn  libertin  d'ailleurs  qui ,  fans  ame  &  fans' foi , 
Se  fait  de  fon  plaifir  une  fuprême  loi , 
Tient  que  ces  vieux  propos  des  démons  &  des  flam- 
mes j 
Sont  bons  pour  étonner  des  cnfans  5'  des  femmes  , 
Et  qu'enfin  tout  dévot  a  le  cerveau  perclus.  Boa. 

^Libertin,  vagabond,  bandi,  fynonymes.  Le  dérè- 
glement, dit  M.  l'Abbé  Girard,  eft  le  partage  de 
tous  les  trois;  mais  le  libertin  piche  proprement  con- 
tre les  bonnes  mœurs;  la  palfion  ou  l'amour  du  plai- 
fir le  domine.    Foye-{  les  autres  mots. 

§Cr Libertin,  voluptueux,  débauché.  Le  Libertin  ne 
refpede  pasaftez  les  mœurs;  mais  (ans  affeéter  de  les 
braver ,  il  eft  entraîné  par  fon  penchant  vers  le  plai- 
fir :  il  tient  une  efpèce  de  milieu  entre  le  voluptueux 
&  le  débauché.  Foye^  ces  deux  mors. 

Libertins  ,  au  pluriel ,  eft  aulfi  un  nom  de  Seéle.  Ij- 
bertini.  M.  Spanhçim  çn  p^arle  Ibuvent  dans  fon 
Tome  Fs 


LIB  Î13 

Abrégé  des  Religions,  &  il  les  place  parmi  les  Ana- 
baptiltes.  M.  Stoupp,  dans  fon  petit  Livre  de  la  Reli- 
gion des  HoUandois,  a  tait  un  article  fcparé  touchant 
cette  Sedte.  Quant  aux  Ltbcruns  ^  dit-il,  il  (émble 
qu'autant  qu'il  y  en  a ,  ils  aient  chacun  leur  fenti- 
inent  particulier.  La  plupart  croient  qu'il  y  a  un  fcul 
efprit  de  Dieu  qui  eft  répandu  par-tout,  qui  cil  & 
qui  vit  dans  toutes  les  créatures;  que  notre  ame  n'eft 
autre  chofe  que  cet  efprit  de  Dieu  ;  que  les  âmes  meu- 
rent avec  les  corps;  que  le  péché ji'clt  rien,  &  qu'il 
ne  conlifte  que  dans  l'opinion  ;  que  le  Paradis  eft  une 
jllufion;  que  l'Enfer  eft  un  fantôme  rnventé  par  les 
Théologiens.  Ils  difent  enfin  que  les  Politiques  ont 
inventé  la  Religion,  pour  contenir  les  peuples  dans 
l'obéillànce  à  leurs  Loix.  Calvin  a  écrit  quelque  chofe 
contre  ces  Libertins.  Voyez  (es  Opufculcs.  Les  Ca- 
tholiques les  ont  auflî  réfutés,  &  ils  y  ont  mieux 
réulli ,  parce  que  les  principes  de  la  réformation  de 
Calvin ,  ne  font  pas  (ort  éloignés  des  principes  des 
Libertins.  Quand  on  a  fecoué  le  joug  de  l'Eglife, 
comme  a  fait  Calvin ,  il  eft  aifé  d'aller  plus  loin  eii 
(uivant  toujours  le  même  principe,  &  de  fecouer 
toute  forte  de  joug.  Les  Libertins  étoient  des  Fanati- 
ques qui  s'élevèrent  environ  l'an  1515  en  Hollande 
(S:  dans  le  Brabant.  Leurs  Chefs  furent  un  Tailleur 
de  Picardie,  nommé  Quentin,  &  un  nommé  Cho- 
pin qui  s'a(focia  à  lui,  &  fe  fit  fon  Diiciplc.  Cet  Hé- 
rétique difoit  qu'il  n'y  avoir  qu'un  fcul  efprit  dans  le 
monde ,  qui  étoit  celui  de  Dieu  ;  que  tout  ce  que  la 
Foi  enfeignoit  des  Anges  bons  &  mauvais  ,  &  de 
l'immortalité  de  l'ame,  n'étoit  que  des  fables.  Il  di- 
foit que  c'étoit  cet  efprit  de  Dieu  qui  opéroit  tout  le 
bien  &  tout  le  mal  que  les  hommes  fembloient  faire  ■■, 
cj^u'ainfi  c'étoit  une  chimère  que  le  péché ,  Dieu  fai- 
fanttout;  qu'il  ne  falloit  ni  blâmet,  ni  punir,  ni  cor- 
riger; que  la  régénération  fpirituelle  ne  confilloit 
qu'à  étouffer  les  remords  de  la  conlcience  ;  la  péni- 
tence à  foutenir  qu'on  n'avoir  fut  aucun  mal  ;  qu'il 
étoit  licite,  &  même  expédient  de  feindre  en  ma- 
tière de  Religion,  &  de  s'accommoder  à  toutes  les 
Sectes.  Il  ajoutoit  à  tout  cela  des  blafphêmes  contre 
Jésus-Christ,  difant  qu'il  n'étoit  rien  qu'un  je  ne 
lais  quoi ,  compofé  de  l'efprit  de  Dieu  &  de  l'opinion 
des  hommes.  Ce  furent  ces  abominables  maximes 
qui  fireht  donner  à  ceux  de  fa  Sedte  le  nom  de  Liber- 
tins. Noyeziovirs: , T.  L.  p.  pr  &  ()2. 

Il  y  a  plufieurs  Libertins  en  Hollande  ,  qui  ont 
chacun  leur  fentiment  particulier,  qui  outre  les  er- 
reurs qu'on  vient  de  rapporter  ,  difent  que  le  Paradis 
&  d  Enfer  font  des  inventions  des  Théologiens,  ik.  la 
Religion  une  invention  des  Politiques.  Le  même  Au- 
teur, p.  42  s- 

Il  eft  auffi  parlé  dans  les  Aûes  des  Apôtres ,  C.  FI ^ 
d'une  Synagogue  de  Jérufalera  ,  qui  portoit  le  nom 
de  Libertins.  Synagoga  qu&.appellatur  Libertinorum. 
Voyez  dans  les  Mémoires  de  Trévoux  une  explica- 
tion de  ce  palîage.  Elle  eft  du  R.  P.  Hardouin. 
LIBERTIN,  f  m.  Terme  d'Hiftoire  Romaine.  L'Au- 
teur de  rinftitution  du  Droit  Romain  &  du  Droit 
François,  appelle  ainfi  ceux  que  les  Romains  appe- 
loient  Libertini  ,  &  que  nous  nommons  communé- 
ment Affranchis.  Cet  Auteur  s'eft  contenté  d'écrire 
ce  mot  en  lettres  Italiques  la  première  fois  qu'il  l'em- 
ploie :  enfuite  il  l'écrit  en  caradères  Romains  comme 
les  autres  mots  François.  On  a  appelé  ii^em/w ,  die 
l'Auteur  quon  vient  de  citer ^  ceux  que  l'on  avoit  reti- 
rés d'une  jufte  fervitude ,  pour  leur  donner  la  liberté, 
&  auxquels  il  reftoir  encore  quelque  marque  de  fervi- 

rude Celui  qui  donnoit  la  liberté  à  un  efclave, 

avoit  droit  de  patronage  &  de  Patron  (ur  le  Liber- 
tin     Si  les  Libertins  manquoient  de  rendre  le 

refped  à  leur  Parron ,  on  les  remettoit  dans  la  fervi- 

tude Si  le   Libertin   ou  l'Aftr.anchi  étoit  mort 

fans  ëiifans,  on  appeloit  fon  Patron  pour  recueillir 
fa  fucceftion.  Foye^  cet  Auteur ,  L.  LL  C.  II. 
|tr  LÏBERTUS  ,  fignifioit  Affranchi ,  mis  en  liberté. 
Libertinus  ,  au  moins  dans  les  premiers  tems  de  la 
République  ,  fignifioit  le  fils  du  Libertus ,  ou  de  celui 
oui  avoit  été  affranchi;  mais  dans  la  fuite  on  confon- 
^     '  Ttt 


JI4  LIB 

dit  Libercus  Se  Libeninus ,  ôc  les  meilleurs  Auteurs , 
particulièrement  les  Jurifconlulues,  employèrent  in- 
dift'éremment  ces  deux  mots,  pour  lignihcr  uu  Af- 
franchi.   F'oye^    ce  Mot. 

LIBERTINAGE,  f.  m.  Dérèglement  dans  les  mœurs, 
vie  ou  conduite  libertine.  Inumperans  Ikentia ,  im- 
potens  libido.  ^3' On  dit  vivre  dans  un  grand  libeni- 
nage ,  dans  un  libertinage  continuel.  Bien  des  gens, 
fous  prétexte  de  déFendre  leur  liberté  ,  ne  fongcnt 
qu'à  entretenir  leur  libertinage.  Le  libertinage  tient 
beaucoup  du  tempérament.  C'eft  en  général  le  vice 
de  celui  qui  fe  lailfe  aller  fans  aucune  réhftance  au 
penchant  qui  le  porte  aux  plaifirs  des  fens.  La  table , 
ainfi  que  l'amour  a  fon  libertinage.  Je  hais  ces  fcf- 
tins  d'où  la  bicnféance  ell  bannie,  &  où  le  libertinage 
prend  la  place  de  la  liberté.  M.  Scud.  Je  demande 
quartier  plus  pour  le  libertinage  de  l'cfprit,  que  pour 
celui  des  mœurs.  Ab.  de  Villars.  /^oye^  Libertin. 
f3°  Libertinage  ,  fe  dit  aullî  du  peu  de  refped  que 
J'en  a  pour  les  loix  de  la  Religion.  Religionis  con- 

•  temptus.  On  dit  qu'un  homme  fait  profeiîîon  de  li- 
bertinage. Le  libertinage  entraîne  ordinairement  la 
corruption  des  mœurs. 

Il  s'emploie  aulli  quelquefois  fins  aucun  rapport  à 
la  Religion  ni  aux  mœurs  ,  mais  pour  hgniher  une 
inconftance  ,  une  légèreté  dans  le  caraâère  qui  fait 
qu'on  ne  s'afl'ujettit  à  aucune  règle ,  à  aucune  mé- 
thode. Il  y  a  trop  de  libertinage  dans  vos  études, 
vous  ne  (aurez  jamais  rien  à  tond.  Ac.  Fr. 
LIBERTINER.  v.  n.  Vivre  dans  le  libertinage.  Il  n'eft 
que  du  ftyle  tamilicr.  Cet  enhnt  ne  fait  que  liberti- 
ner. 

Un  jeune  éarvelé  qui  laijffe  fa  compagne  , 
Et  pour  libertiner  ,  va  battre  la  campagne. 

M.  DE  LA  Chaussée,  dans  la  Faujfe  Antipathie  ^  Co- 
médie. 

LIBESSE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Leobatius ,  Leubatius. 
Saint  Leubacc  ,  que  le  vulgaire  appelle  en  Touraine 
Saint  Libejfe  ,  étoit  Dilciple  de  Saint  Ours  ,  qui  le  fit 
Abbé  d'un  Monallcre  qu'il  avoir  bâti  en  un  lieu 
aiommé  Sènapaire ,  aujourd'hui  Senevicres,  entre  les 
rivières  de  l'Indre  &  de  l'Indrois,  près  de  la  forêt  de 
Loches.  F'oyei  Grégoire  de  Tours,  f^it.  Patrum^ 
c.rS. 

LIBETHRA.  Nom  d'une  fontaine  de  Magnéfie  ,  en 
Grèce.  Libethra.  Elle  étoit  dédiée  aux  Mufes.  Pline , 
L.  IV.  c.  p.  Solin,  c.  S.  la  nomvnt  fons  Libethrius. 
Conon ,  dans  la  Bibliothèque  de  Photius  ,  Cod.  iS6  , 
l'appelle  Libétres ,  au  pluriel,  Libethra.  Martianus , 
Liv.  VI.  Ltbethris.  Quelques  Auteurs  veulent  que  ce 
fîit  une  ville  fur  le  mont  Olympe,  &c  ils'difenc  qu'elle 
fut  détruite  par  une  inor.dation  du  torrent  Sys; 
qu'Orphée  y  avoit  été  tué  par  les  Libéthriens,  &  qu'il 
y  étoit  inhumé. 

LIBÉTRIDES.  f.  f.  Nom  ou  furnom  que  l'on  donne 
aux  Mufes  dans  l'Antiquité  ,  à  caufe  de  la  fontaine 
Libethra  ,  qui  leur  étoit  confacrée.  Libetris  ,  idis. 
Strabon  croit  que  c'ell  d'une  montagne  de  Thrace 
appelée  Libétkre  ,  que  les  Mules  ont  eu  ce  nom ,  par- 
ce qu'il  y  en  avoit  une  autre  qui  leur  étoit  confacrée. 
Voye^-le  fur  cekj  L.  IX.  &  L.  X.  Le  même  Auteur, 
L.  IX^Sc  Virgile,  Eclog.  VII.  v.  2/,  donnent  aulfi  ce 
nom  à  des  Nymphes.  Nymphes  ii^i.-'rAna'ej  ;  ce  font 
celles  de  la  fontaine  Libethra. 

LIBIDINEUX ,  EUSE.  .adj.  m.  &  f.  Qiii  cft  livré  aux 
plaifirs  des  fens,  qui  cft  dilfolu  (ïc  lafcif.  Elle  com- 
pofa  dans  fi  jeunefle ,  à  l'imitation  de  Bocace,  ce  Li- 
vre fi  connu  fous  le  titre  de  Contes  de  la  Reine  Mar- 
guerite ,  qui  eft  un  Recueil  d'Hifloires  libidtneufes  du 
Cloître  &  du  Clergé.  Faidit.  Appétits  libidineux. 
Ce  mot  eft  d'un  fervice  allez  rare. 

LIBIQUE.  f  m.  &  f  Nom  d'un  ancien  peuple  des  Gau- 
les. Libicus ,  a.  Les  Libiques  font  dans  Pline,  L.  III. 
c.  i6  &  ij ,  des  peuples  Je  la  Gaule  Tranfpadane, 
ou  d'aude  là  du  Pô,  en  Italie.  Libici.  Verceil  étoit  la 
capitale  des  Libiques.  Ils  étoient  originaires  des  Sal- 
luviens ,  peuples  de  Provence ,  habitant  d'Aix. 


LIB 

LIBITINAIRE.  f  m.  Nom  d'Oflicier  public  chez  les 
Romains.  Libitinarius.  Les  Libitinaires  avoient  foin 
des  funérailles,  &  de  ce  qui  conccrnoit  cette  céré- 
monie. Ils  fourniffoient  ce  qui  étoit  néceffaire  pour 
cela. 

Ce  nom  vient  de  celui  de  Libitina  :  c'étoit  la  décile 
qui  préiidoit  aux  funérailles. 

LIBITINE.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
Déelîe  de  l'Antiquité.  Libitina.  Plutarque  dit  que  c'é- 
tait Vénus.  Elle  avoit  un  Temple  à  Rome,  &  c'étoit 
dans  ce  Temple  qu'on  veiidoit  tout  ce  qui  étoit  né- 
cellaire  pour  les  funérailles.  Plutarque  dit  que  c'étoit 
pour  avertir  les  hommes  de  la  fragilité  de  la  vie,  & 
leur  faire  comprendre  que  la  fin  n'en  étoit  point 
éloignée  du  commencement,  puilque  la  mêmeDivi- 
nité  préiidoit  à  l'une  &  à  l'autre.  Denys  d'Halicar- 
nalfe  dit  aullî ,  L.  III,  que  Libitine  croit  Vénusl 
D'autres  croient  que  c'étoit  Proferpine,  femme  de 
Pluton ,  Se  Déelle  des  Enfers.  Voyei  Vollîus  ,  de 
Idolol.  L.  II.  c.  2j.  Le  Temple  de  Libitine  étoit  dans 
un  bois.  Par  une  ancienne  coutume  établie  par  le  Roi 
Servius  Tullus,  on  portoit  à  ce  Temple  de  l'argent 
pour  chaque  perfonne  qui  mouroit  :  on  mettoit  cet 
argentdans  le  tréfor  de  Libitine  ,  &  ceux  qui  étoient 
prépofcs  pour  le  recevoir ,  écrivoient  fur  un  rcgiitre 
le  nom  de^chaque  mort  pour  lequel  on  venoit  appor- 
ter cette  efpcce  de  tribut.  Ce  regiftre  s'appeloi:  le 
regiftre  de  Libitine,  en  Latin,  Libitina  ratio.  C'ell 
par  là  qu'on  favoit  combien  il  mouroit  de  monde  a 
Rome  chaque  année.  La  porte  Libitine  étoit  ceUc 
par  laquelle  on  portoit  les  morts  hors  de  Rome. 

LIBOIRE.  f  m.  Nom  d'homme.  Liborius.  Saint  li- 
boire  vivoit  au  IV^  &  V^  lîècle  ,  Se  fut  quatrième 
Evêque  du  Mans.  Voye^  Surius ,  T.  IV.  p.  2y$, 
Baronius  fur  le  Marmologe,  p.  ^22.  Les  Bollandif- 
tesj  Acl.  SS.  Jun.  t^I.p  262.  col  i.  Dom  Mabil-  . 
Ion,  Jnnal.  T.  III ,  p.  61  &  fuiv.  Du  Sauffay, 
Suppl.p.  1 1  ji.  Baillet,  au  23*  de  Juillet. 

LIBONGOS.  f  f.  Sorte  de  groflè  étoftc  qui  eft  propre 
pour  la  rraite  que  les  Européens  font  à  Lowango  & 
autres  lieux  des  côtes  d'Afrique. 

LIBOURET.  f.  m.  Terme  de  Marine,  eft  une  efiscce  de 
ligne  à  pêcher  les  maqueraux  ,  qui  a  deux  ou  troi; 
petites  cordes  où  eft  attaché  l'hameçon  Se  l'appât. 
Linea  pifcatofia. 

LIBOURNE.  Ville  de  France,  fituéc  dans  la  Guienne, 
au  conHuent  de  la  Ile  avec  la  Dordogne,  à  fept  lieues 
de  Bourdeaux ,  vers  le  Levant.  Liburnia.  Libourne  eft 
une  ville  agré.able;  on  y  fait  beaucoup  de  commerce, 
parce  que  le  Hux  de  la  mer  y  porte  d'allez  gros  navi- 
res. Valois  prétend  que  fon  vrai  nom  Latin  eft  BlU 
bonna  ,  c'eft  à -dire ,  la  borne  de  la  Ile. 

LIBRAIRE,  l.  m.  Se  f.  Marchand  qui  vend  des  livres  & 
qui  en  imprime  ,  s'il  eft  du  nombre  des  Imprimeurs. 
Typographus ,  Bibliopola ,  Librarius.  Un  bon  Livre 
en  ftyle  de  Libraire  ,  eft  un  Livre  qui  fe  débite  bien , 
quoiqu'il  foit  mauvais  par  rapport  à  l'Auteur.  Bay. 

Ces  Auteurs  affame's 
Mettent  leur  Apollon  aux  gages  d'un  Libraire. 

BoiL. 

Tous  les  Libraires  ont  des  marques  qui  les  diltin- 
guent ,  foit  par  les  enfeignes  de  leurs  boutiques ,  Ibit 
par  allulion  à  leurs  nomSj  foit  par  des  emblèmes  Se 
des  deviles  propres  du  commerce  des  Livres.  L'une 
d;s  plus  heureufes  étoit  celle  de...  Borde...  Ri- 
gaud...  &■  Artaud,  qui  ayant  eu  féparément,  l'un, 
la  figure  du  Temps  pour  devife  ,  l'autre  ,  l'image  de 
la  Fortune,  Se  le  troilîème  celle  de  la  Vertu,  s'étant 
allociés,  ils  joignirent  ces  trois  enfeignes  en  un  corps 
d'emblème ,  où  le  Temps  tiroit  la  charrue  ,  Se  la 
Vertu  la  conduiloit,  tandis  que  la  Fortune  femoit, 
avec  ce  vers  , 

Semina  Fortunn  geminat  cum  T empare  Virtus. 

Mencftrier ,  Art  des  emblèmes. 

Les  Etiennes  avoient  confervé  l'Olivier  de   René 


L  I  B 

olivier.  Il  parut  il  y  a  quelques  années  à  LéipCik, 
une  DilIuTAtion  qui  a  pour  titre  j  de  Lihrams  i^  Bi- 
blïopoLïs  Aiinquorun:.  Ces  13ibliopolcs  des  Anciens 
ctoicnt  ce  que  nous  appelons  maintenant  Libraires; 
c'eit  à-dire,  Matcliands  de  Livres,  &  ceux  que  les 
Anciens  nommoient  Libraires  ,  Lihraru  ,  etoieiit 
ceux  qui  convoient  les  Livres  pour  le  public  ;  &  pour 
les  Bibliopoles ,  c'ctoient  les  C'opiltcs. 

Il  y  avoit  autrefois  dans  quelques  Egliles  Cathé- 
drales une  dignité  qui  donnoit  le  nom  de  Libraire  à 
celui  qui  en  étoit  revêtu.  Librarius.  Il  y  en  a  qui 
croient  que  le  Libraire  étou  ce  que  nous  appelons 
aujourd'hui  Chantre,  ou  Grand- Chancre. 

Libraire  ,  terme  d'Antiquité.  On  appeloit  autrefois  en 
Latin  Notaires  ,  ceux  qui  favoient  l'art  d'écrire  en 
noces  abrégées,  dont  chacune  vjloit  un  moti  &:  oii 
uommoit  Libraires  ou  Antiquaires,  ceux  qui  naiil- 
crivoient  en  beaux  caradères,  ou  du  moins  liiiblcs, 
ce  qui  avoit  été  écrit  en  note.  On  appelle  aujourd'hui 
en  termes  de  Palais,  l'un  la  minute  ,  ôc  l'autre  la 
grolle.  Librarius.  Plus  de  fept  Notaires  étoieiu  tou- 
jours prêts  à  écrire  ce  qu'il  dicloit,  &  le  loulagcoicnt 
en  fe  fuccédant  tour  à  tour.  Il  n'avoit  pas  moins  de 
Libraires  pour  mettre  les  notes  au  net.  Fleury.^ 

tiBRAIRESSE.  f.  f.  Femme  de  Libraire.  Libraria.Ce  mot 
ne  fepeut  dire  qu'en  riant,  Ik  dans  le  ftyleburlefque. 

//  efl  auprès  de  Notre  Dame  j 

Ou  la  Librairelle  Margot, 

Lui  chance  bien  fouvent  fa  game.  Cotin. 

LIBRAIRIE,  f.  f.    L'Art ,    la  profeffion  de  Libraires. 
TypographorumvelBibUopolarum  Ars^ondicio.  C'd\ 
un  homme  qui  efl:  de  père  en  fils  dans  la  Librairie,  il 
fe  plaint  que  la  Librairie  ne  vaut  plus  rien,  que  le 
trafic  des  Livres  ne  va  plus.  Toute  la  Librairie  s'eft 
ademblée  pour  élire  un  Syndic. 
Librairie,  lignifioic  autrefois   une  Bibliothèque  ^  un 
grand  amas  de  Livres.    Bibliotheca.  Henri  IV.  dit  à 
Cafaubon  qu'il  vouloit  qu'il  eût  foin  de  fa  Librairie. 
CoLOM.  Qn  appeloit  au  fiècle  patfé  dans  la  Mailon 
du  Roi ,  Nkît're  de  la  Librairie  l'Officier  que  nous 
nommons   communément    aujourd'hui  ,   Bibliothé- 
caire du  Roi.  M.  deThou  a  été  Maître  de  la  Librairie. 
M.  Bignon  i'eft  aujourd'hui.    On  dit  auffi  Garde  de 
la  Librairie  ,  tant  du  Cabinet  du  Louvre  ,  que  de  la 
fuite  de  Sa  Majefté.  Les  Librairies   des  Mon.afl:ères 
étoient  autant  de  magafins   de    Manufcrits.   Pasq,. 
En  ce  fens  il  eft  hors  d'ufage.  Les  Capucins  &  quel- 
ques autres  Religieux  difent  encore  ,  notre  Librairie  ; 
pour  dire  ,  notre  Bibliothèque. 
LIBRATION.    f.   f.   Terme  d'Aftronomie.    C'elt   un 
balancement  qu'on   appelle  mouvement    de  libra- 
tlon,  ou  de   trépidation  ,  que  les  Ai^ronômes  ont 
reconnu  dans  le  Firmament ,  par  lequel  la  déclmai- 
fon  du  foleil  &  la  latitude  des  étoiles  changent  de 
temps  en  temps.  Libratio.  On  attribue  aufli  à  la  lune 
,  un  mouvement  de  llbratlon  ,  qui  a  été  reconnu  par 
•  le  moyen  du  télefcope  ,  mais  que  l'on  n'a  pas  en- 
core bien  déterminé.  On  prétend  qu'elle  a  un  mou- 
vement de  llbratlon  d'orient  en  occident ,  &c  du  fep- 
tentrion  au   midi,  parce  que  dans  les  pleines  lu- 
nes ,  on    découvre  quelquefois   des  parties  de  fon 
difque  ,  qu'on  ne  découvre  point  dans  d'autres  temps. 
Cela  fait  croire  que  fon  difque  a  un  mouvement  de 
mration  ,  ou  de  balancement  de  côté  &  d'autre.  On 
appelle  auffi  ces  deux  efpèces  de  librations  ,  l'une 
/ii^rafio/2  en  longitude ,  &:  l'.autre  llbratlon  en  Lui - 
tude.  Outre  cela  ,  il  y   en  a  une  ttoilicme  efpèce 
qu'on  appelle  llbratlon  apparente  ,  &  qui  conhile 
en  ce  que  ,  lorfque  la  lune    eft  tout   le  plus  loin 
qu'elle  peut  être  du  côté  du  midi  ,  fon  axe  étant 
alors  prefque  perpendiculaire  au   plan  de    l'Eclipti- ■ 
que ,  il  faut  nécelfairemcnt  que  le  foleil  éclaire  du 
côté  du  Pôle  aréfique  de  la  lune ,  quelques  parties 
qu'il  n'éclairoic   pas  auparavant  ;  &  qu'au   contrai - 
le  ,  quelques  unes  de  celles  qu'il  éclairoit  du  cote 
du  Pôle  oppofé ,  foient  dans  l'obfcurité  ,  ce  qui  pro- 
duit les  mêmes  effets  que  la  lihracion  en  latitude  , 
OU  le  balancemenr  du  teptentrion  au  midi  ■,  &  c'eft 
Tome  F. 


L  I  B 


Jiy 


ce  qui  fait  que  quelques  Aftronômes  appellent  cela 
libration  apparente'.  Foye^  Gregori ,  Ajironom.  L. 
l'/,fecl.  1  0 ,  &C  M.  Harns,  au  mot  Libre/ion. 

Les  obfervations  qu'on  a  faites ,  que  les  caches 
delà  lune  paroillènt  tantôt  s'éloigner  du  bord  de 
la  hinc  ,  &  tantôt  s'en  .approcher ,  ont  fait  juger 
d'.ibord  que  le  globe  de  la  lune  ne  laifoic  point  de 
révolution  autour  de  fon  axe  ,  comme  les  autres 
Planètes ,  mais  qu'il  étoit  feulement  fujct  à  quel- 
ques balancemens  femblablts  à  ceux  que  f  on  apper- 
çoit  dans  une  boule  dont  on  change  le  centre  de  pe- 
lànteur ,  cz  qui  leur  a  fait  donner  le  nom  de  libra- 
tions. Ces  mouvemens  ,  irréguliers  en  apparence  , 
ik  diiîcrensde  ce  qu'on  a  d.-couvert  dans  la  plupart 
des  autres  Planètes  qui  fom  leurs  révolutions  au- 
tour de  leur  axe  ,  ont  donné  lieu  à  M.  Callmi  le 
père  ,  de  juger  que  cette  llbraclon  de  la  lune  étoi: 
produite  par  la  combinailon  de  deux  mouvemens, 
dont  l'un  eft  celui  de  la  lune  autour  de  la  terre  , 
Se  l'autre  eft  fa  révolution  autour  de  fon  axe.  M. 
Caftini  le^  fils  a  très-bien  expliqué  cette  hypothele 
dans  ies  Élémens  d'Aftronomie ,  L.  LU,  c.  j.  La. 
lune  nous  paroit  avoir  une  libracion  ou  efpècc  de 
balancement ,  tel  que*  fcroit  un  commencement  de 
.  rotation  apparente  autour  de  fon  axe.  La  libracion  fe 
fait  d'abord  d  occident  en  orient ,  enfuite  d'orient 
en  occident  ;  defortc  que  diverfes  régions  qui  lui 
paroiftôient  fituées  vers  le  bord  occidental  ou  orien- 
tal de  la  lune  j  ou  fe  cachent  ou  fe  montrent  alter- 
nativement. Injlitut.  Afiron:  p.  /^^.  §3"  Il  y  a 
auili  dans  l'axe  de  la  terre  ,  en  vertu  de  l'aétion  de  la 
lune  &:  du  foleil ,  un  petit  mouvement  de  llbratlon 
ou  de  balancement  ,  que  l'on  appelle  proprement 
nutaclon.  Voye\  ce  mot. 
Libration.   Voye-;^  Pondération.  ,    .     „^  ^ 

LIBRE,  adj.  m.  ^  f.  Qui  a  la  liberté  du  choix.  fCT  Le 
Terme  s'applique  à  l'être  intelligent ,  qui  a  le  pou- 
voir de  faire  ce  qu'il  veut  conformément  à  la  pro- 
pre détermination,  ^^oydç  Liberté.  Liber ,  folucus  ^ 
imniuriis  à  neccjficace.  Un  homme  de  bon  lens  , 
exempt  de  toute  palfion  ,  fe  plongera-t  il  jam.ais  le 
poignard  dans  le  fein  î  N'eft-il  pas  libre  pour  cela  î 
N'a-t-il  pas  le  pouvoir  entier  &  complet  de  le 
faire  ?  Non  ,  répondra  quelqu'un  ;  car  ce  pouvoir 
entier  comprend  deux  chofes  ;  l'une  du  côté  des 
orsanes  ,  qui  doivent  fervir  aux  mouvemens  jié- 
cellàires  pour  fe  plonger  le  poignard  dans  le  kin  ; 
l'autre  du  côté  de  la  volonté  ,  qui  doit  comman- 
der ces  mouvemens.  Il  eft  vrai  que  cet  homme 
de  bon  feus  peut  porter  contre  lui-même  Ion  bras 
armé  d'un  poignard  ;  mais  il  ne  peut  pas  vouloir  le 
faire  de  fens  froid,- fa  volonté  ne  peut  pas  comman- 
der ees  mouvemens.  La  volonté  ne  peut  rien  vou- 
loir que  fous  l'idée  d'un  bien  ,  c^'  qu'autant  que 
l'objet  lui  eft  préfenté  comme  bon  :  or  un  homme 
de  bon  fens  &  exempt  de  toute  palfion  violente,  ne 
peut  apperçevoir  aucun  bien  à  fe  donner  la  mort  ; 
il  ne  peut  y  apperçevoir  qu'un  très  grand  mal  :  il 
ne  peut  donc  pas  fe  commander  une  telle  adfion. 
Et  c'eft  ,  en  eftét ,  ce  que  tout  homme  de  bon 
fens  expérimente  en  foi-même,  quand  il  fe  conlulte 
fur  cet  article.  Il  lent  bien  qu'il  fe  plongeroit  le 
poiEçnard  dans  le  fein  ,  s'il  le  vouloit  efficacement; 
mai's  il  fent  bien  auffi  qu'il  ne  le  peut  vouloir  : 
ainf.  il  frémit  à  cette  feule  penfée  ,  &  /on  cœur 
lui  répond  qu'il  ne  s'y  peut  pas  déterminer. 
Mais  tout  ce  raifonnement  prouve  feulement 
que  jamais  un  homme  de  bon  lens  exempt  de  pal- 
fion violente  ,  ne  voudra  en  effet  le  plonger  le  poi- 
gnard dans  le  fein  5  &  non  pas  qu  il  n  ait  pas^  la 
liberté  ,  le  pouvoir  de  le  vouloir. _  Une  paftion 
violente  fuffit  même  pour  le  vouloir  Cette  paf- 
fion  n'ôte  pas  la  liberté  ,  fans  quoi  il  faudroit  dire 
que  jamais  le  flucide  n'eft  un  crime  pundiable 
aux  veux  de  Dieu  ni  des  hommes  -,  ce  qui  eft  affreux. 
Elle  ne  donne  pas  non  plus  la  liberté,  il  feroit  abfur- 
de  de  le  dire  :  donc  elle  eft  dans  l'homme,  avanÇ 
même  qu'il  ne  foit  pouffé  par  une  violente  paflion. 
L'aftc  feul  du  fuicide  eft  incompatible  avec  le  boa 

Ttt  ij 


5 16 


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L 


I  B 


feus.  Ici  le  principe  de  l'erreur  ,  c'efl  qu'on  exige  pour 
la  liberté  un  pouvoir  qui ,  dans  toute  iuppolirion  , 
pui-lFe  être  réduit  à  l'adc.  Mais  on  convient  que  J.  C. 
avoit  pour  le  bien  la  liberté  de  contradiclion  ,  c'ell:  à^ 
dire ,  le  pouvoir  de  le  faire  ,  ou  de  ne  le  pas  faire. 
(F'oye-^  le  mot  libené.)  Dira  t  on  que,  fuppofé  les 
décrets  de  Dieu  pour  la  rédemption  des  hommes  ,  il 
auroir  pu  arriver  ,  que  J.  C.  réduisît  à  l'acle  le  pou- 
voir de  ne  pas  boire  le  calice  que  fon  Père  lui  avoit 
donné  ; 

§CF  Libre  Arbitre.  Pouvoir  d'agir  ou  de  ne  pas  agir. 
Voye^  ArbitrEj  Liberté. 

^fT  Libre  j  fynonyme  d'iNDÉrENDANT  ,  Qui  ne  dé- 
pend de  perfonne.  Cet  homme  veut  demeurer  libre. 
Se  ne  dépendre  de  perfonne. 

iCF  Libre  ,  par  oppolition  à  Efclave.  Llher,  inge- 
nutis.  Il  cil  né  libre  ,  de  condition  libre.  \}\\  Efclave 
Maure  ayant  dérobé  à  Louis  d'Avila  ,  Général  de 
la  Cavalerie  légère  de  l'Empereur ,  un  beau  cheval , 
&  s'étant  fauve  dans  le  Camp  de  M.  de  Guite  ,  ce 
Général  lui  envoya  redemander  l'homme  &  le  che- 
val :  M.  de  Guife  renvoya  le  cheval  :  mais  pour 
l'homme  ,  il  répondit ,  qu'4tant  pallé  en  France,  il 
étoit  libre  par  un  privilège  du  Royaume.  Brantôme. 

et?  Libre,  par  oppolition  à  Captif,  prilonnier.  lia 
été  long  temps  en  prilon ,  dans  les  fers  ;  mais  enfin 
le  voilà  libre. 

Libre  ,  fignifie  aulll.  Qui  n'eft  nullement  contraint, 
nullement  gêné  ;  «Se  il  le  dit  des  perfonnes  &  des 
difpofitions  corporelles  ,  &  même  des  animaux  j  & 
des  choies  inanimées.  Il  eft  libre  dans  fa  taille.  Il  a 
la  taille  libre  &  aifée.  Avoir  une  contenance  libre  , 
un  air  libre  &c  dégagé.  Il  a  le  corps  libre  îk  agile  ,  il 
fait  bien  fes  exercices.  Ac.  Fr.  Ce  cheval  a  l'air 
libre  &  dégagé.  Un  globe  a  (on  mouvement  libre  lut 
fcs  pôles  •,  une  porte  lur  fes  gonds.  On  dit  aulli , 
qu'on  a  le  ventre  libre  ,  quand  on  n'eft  point  conf- 
tipé.  Cette  chute  d'eau  eft  libre  ,  n'eft  point  forcée. 

53^  On  dit  qu'on  a  la  voix  libre  ,  la  parole  libre  , 
quand  on  n'a  point  d'empêchement  dans  la  parole, 
dans  la  voix. 

ffT  On  dit  que  les  fuffrages  font  libres  ,  quand  cha- 
cun peut  dire  fou  avis  dans  une  Airemblée  :  que 
ks  chemins  font  libres  ,  quand  on  n'y  rencontre 
aucun  embarras  :  que  la  mer  eft  libre  ,  quand  on 
peut  naviguer  lans  craindre  les  ennemis ,  les  Cor- 
îaires ,  &c. 

Libre  ,  lignifie  aulTi  ,  Qui  eft  exempt  de  paillon.  Ce- 
lui-là. eft  véritablement  libre  ,  qui  te  commande  à 
foi-même.  Dac.  Mon  ame  eft  libre  ,  &"  exempte  de 
crainte.  S.  Evr.  Mon  co?ur  eft/i^r<;  de  paillon.  Boil. 
^fT  Libre  de  foins,  de  foucis ,  employé  avec  un  ré- 
gime ,  il  fignifie  la  même  chofe  que  délivré. 

Heureux  qui  ,   facisfait  de  fort  humble  fortune , 
'L'ibiïç  du  joug  Juperbe  où  je  fuis  attaché  , 
i^it  dans  l'état  obfcur  où  les  Dieux  l'ont  caché  ! 

Rac. 

Libre,  fedit  aulll  de  ce  qui  eft  dégagé  de  tout  obfta- 
cle  ,  de  tout  préjugé.  L'amour  ne  nous  lallFe  pas 
des  yeux  aifez  libres  pour  trouver  des  derauts  dans 
la  perfonne  aimée.  S.  Evr.  L'Auteur  eft  demeuré 
dans  l'obfcurité,  pourlaiffer  les  jugemens  ^\ns  libres 
&  plus  équitables.  P.  de  Cl. 

Libre,  lignifie.  Imprudent,  indifcret  ,  licencieux. 
j^quo  liberior ,  licentior.  Les  femmes  perdent  leur 
crédit ,  par  les  manières  trop  libres  où  elles  s'éman- 
cipent quelquefois.  Bell.  On  interprète  mal  les 
difcours  trop  libres  qui  vous  échappent.  S.  Evr. 
Libre  en  fes  difcours. 

Libre  ,  fignifie  encore  ,  Familier  ,  facile.  Familiaris , 
popularis.  Les  perfonnes  polies  fe  gardent  bien  de 
fe  rendre  trop  libres  ,  &  de  fc  famiiiariler  avec  les 
Grands.  Il  hut  être  bien  libre  avec  un  homme  ,  pour 
lui  emprunter  de  l'argent.  Il  a  un  libre  accès  ,  une 
libre  entrée  dans  cette  maifon. 

§C?  Libre  ,  s'emploie  auffi  comme  fynonvme  de 
franc.  Sincerus ,  aperçus.  Mais  la  franchilc  le  tient 


i 


plus  dans  les  jaftes  bornes.  L'homme  libre  ,  qui  a 
l'air  libre  ,  franchit  plus  aifément  la  barrière  des 
égards  :  il  eft  plus  indépendant.  S'il  eft  trop  libre ,  il 
devient  audacieux.  Ccït  un  elprit  libre  qui  ne  fait 
point  dillimuler. 

La  libre  vérité  fut  toujours  mon  étude.  Boil. 

Il  y  a  du  plaifir  dans  le  commerce  d'une  perfonne 
qui  a  l'air  hanc  ëc  libre  ,  ôc  qui  vous  montre  fon 
cœur  par  les  paroles  &  par  fes  attions.  M.  Scud. 
On  appelle  aulli  un  Etat  libre,  une  République 
gouvernée  par  des  Magiltrats  élus  par  des  luftrages 
libres.  Status  Democraiicus  ;  Democratia..  Les  Grecs 
&  les  Romains  ont  long-temps  été  libres.  Le  peu- 
ple Romain  ne  fut  moins  libre  pendant  le  gouver- 
nement d'Augulte  ,  que  pour  être  moins  léditieux. 
S.  Evr.  On  appelle  en  Allemagne  villes  libres ,  ou 
villes  Impériales  ,  les  villes  qui  ne  lont  (oumifes  à  ' 
aucun  Prince  particulier  ,  &  qui  font  gouvernées 
par  leurs  Magiftrats  comme  des  Répubhques.-  Il  y 
avoit  dans  l'Empire  Romain  des  villes  libres  :  c'é- 
toienr  celles  auxquelles  l'Empereur  ,  de  l'avis  ou  de 
l'agrément  du  Sénat ,  lailfoit  la  liberté  de  choifir 
leurs  Magiftrats ,  &  de  fe  gouverner  félon  leurs 
loix.  Libéra  civitates. 

On  appelle  des  vers  libres  ,  non  pas  feulement 
ceux  où  il  entre  des  paroles  libres  &  deshonnêtes, 
mais  ceux  qui  font  de  raefure  inégale  ,  mêlés  de 
grands  &  de  petits  vers ,  &  qui  n'oblervenr  pas  la 
même  intercalation  des  mafculins  &  des  féminins; 
l'^erfus  foluti.  Les  Italiens  les  appellent  Verfi  fàolti. 
On  dit  à  l'iraperfonnel ,  Il  vou^  eft  libre  de  taire 
ce  que  vous  voudrez  ,  Tibi  licet  :  il  lui  eft  libre 
d'aller  où  il  lui  plaira  ;  pour  dire  ,  vous  pouvez 
faire  ce  que  vous  voudrez  -,  il  peut  aller  où  il  lui; 
plaira. 

On  dit  proverbialement  à  ceux  qui  s'excufent  de   i 
faire  quelque  chofe  j  les  volontés  lont  libres. 

LIBRES,  f.  m.  Nom  de  feéle.  Liber,  a.  Les  Libres 
lont  des  hérétiques  du  XVP  fiècle.  C'eft  une  fede 
Anabaptifte.  Us  prirent  le  nom  de  Libres  ,  parce 
que  ,  fuivant  le  principe  des  A  nabaptiftes  ,  ils  ne 
reconnoilToient  l'autorité  d'aucune  Puillance  ,  ni 
Eccléliallique  ,  ni  Séculière.  Outre  cela ,  les  fem- 
mes éroient  communes  parmi  eux.  Ils  appeloient 
les  mariages  inceftueux ,  des  mariages  fpirituels.  Ils 
défendoient  aux  femmes  d'obéir  à  leurs  maris ,  lort 
qu'ils  n'étoient  pas  Libres  comme  elles ,  mais  d'une 
autre  feâe.  Ils  prenoient  le  nom  d'hommes  divinifés, 
p.irce  qu'ils  croyoient  que  le  baptême  les  rendoit 
impeccables ,  &  qu'ils  enfeignoient  qu'il  n'y  avoit 
que  la  chair  qui  pèche.  PratÉcle  ,  au  mot  Liberi. 
Jovet  ,  T.  L  ,  p.  470. 

LIBREMENT,  adv.  Avec  liberté  ,  fans  contrainte. 
Libéré ,  ingénue.  Je  vous  ai  parlé  de  cette  aftairc 
librement.  Il  ne  faut  pas  parler  trop  librement  des 
Grands.  La  prudence  ne  permet  pas  de  dire  libre- 
ment lom.  ce  qu'on  penfe  ,  de  juger  ù  librement 
des  chofes. 

Librement  ,  fignifie  encore  ,  fins  égard ,  fins  cir- 
conlpeiftion.  C'étoit  une  maxime  des  Stoïciens , 
que  le  Sage  dit  les  chofes  librement  ;  c'eft-à-dire, 
qu'il  n'eft  pas  befoin  de  prendre  tant  de  détours, 
ni  de  chercher  tant  d'adoucilfement  pour  expri- 
mer tour  ce  qui  peut  bleifer  les  oreilles  délicates , 
&  faire  naître  des  idées  obfcènes.  S.  Evr.  Les 
hommes  qui  aiment  la  liberté  en  toutes  chofes  , 
veulent  donner  leurs  encens  librement.   Bell. 

Librement  ,  iîgnihe  aulll  ,  Familièrement ,  fans  céré- 
monie. Audacler.  Ce  Cavalier  entre  librement  par- 
tout. Dans  ce  fens  librement  fe  prend  aulli  en 
mauvaife  part  :  Vous  en  ufez  un  peu  librement, 
c'eft-à-dire  ,   avec  un  peu  trop  de  familiarité. 

lîO"  LIBRIPENS.  Terme  d'Hiftoire  Romaine.  C'eft 
le  nom  Latin  de  celui  qui  pefoit  l'argent  quon 
donnoit  aux  ioldats  pour  leur  paie.  C'étoit  propre- 
ment le  Fermier  du  poids  public  :  celui  qui  tenoit 
la  balance ,  lorfqa'on  émancipoit  quelqu'un  à  prix 


L  I 


p 

1) 


d'argent.     Le    Libripens  croie  encore  celui  qui   te- 
•noit    la  livre    de   cuivre   dans   la   cérémonie  de   l.i 
pailÀtion  du  Contrat  de  Vente    appelé  mandpaùo. 
Mancipacio    ou  manc'ipatus  ,   lignihoit  aliénation  de 
fonds  privilégiés  aux  citoyens  Romains  ,  qui  le  fai- 
foit.avec  les  fonnalités   rcquiles  ,  en  ic  lervanc  de 
certains  termes  formels  j  en  prélence  d'un   certain 
nombre  de  témoins  ,  &  de  celui  qui   tenoit  la  ba- 
lance &  pcioit  l'argent.  Dans  ces  occafions  &  dans 
d'autres  encore  ,  l'argent  le  pcioit  &  ne  fe  comptoit 
pas. 
^S'LIBUM.  f.  m.    C'clT:  ainfi  qu'on  appeloic  un  g.i- 
teau  fait  de   farine  ,  de  miel   &  d'huile  qu'on  of- 
froit  aux  dieux  dans  les  Sacrifices. 
LIBURNE.    1.  f.  B.ldment  à  rames  dont  les  Anciens 
fe  fervoient  :  il  alloit  fort  vite.  Lïbuma.  Suidas  dit  que 
les    Liburncs   étoient    des    bâtimens    qui    fervoient 
àla  guerre.  §CF  C'étoit  une  clpèce  de  petit  vaiileau  , 
bon  voilier  dont  fe   fervoient  les  Liburniens.  Il  y 
,   en  avoit  à  voiles   <!<<:  à  rames.  Horace  l'appelle  Li 
burna  ,  Suétone  ,  Liburnicu  ,  en  fous  entendant /wv-'J. 
LIBURNIE.  Nom  de  Contrée.  Liburnia.  C'étoit  ancien- 
nement une  partie  de  l'iUyrie.  En  la  prenant  en  gé- 
néral ,  elle   comprenoit  le  pays  des  Japides ,  &:  s  é- 
tendoit  le  long  de  la  mer  Adriatique  j  depuis  llllrie  , 
.  jufqu'à  la  rivière  de    Kerka  ;   qui    la   féparoit  de  la 
Dalmatie.  On  met  aujourd'hui  dans  ce  pays  ,  la  Mor 
laquie  &  le  Comté  de  Zara  ;  mais  la  L'iburnie  pnle 
en    particulier  ,  ne  comprenoit  que  cette  dernière 
■  Province  ,  étant  renfermée  entre  la  rivière  de  Iver- 

ka  ,  &  celle  de  Zcrmagna.  Maty. 
LIBYE.  Nom  de  pays.  Lihya.  On  donna  ancienne- 
ment ce  nom  à  toute  cette  partie  de  l'Afrique  ,  qui 
eft  au  couchant ,  &  qui  a  au  levant  l'Egypte  iv'  l'E- 
thiopie ,  l'Océan  Éthiopien  au  midi  ,  l'Antlantique 
au  couchant  ,  &  la  mer  Méditerranée  au  nord.  On 
la  diviioit  en  deux  parties  générales  ,  la  Libye  in- 
térieure ou  ultérieure  ,  étoit  au  midi  ,  Se  compre- 
noit le  Zara  i  la  Nigritie  &  la  Guinée.  La  Libye 
citérieute  ou  extérieure ,  étoit  vers  le  nord  ,  &  ren- 
fcrmoit  tout  le  Bilédulgérid  Se  toute  la  Barbarie.  Ce- 
pendant on  donnoit  quelquefois  à  la  Libye  exté- 
tieure  des  bornes  plus  étroites ,  5c  alors  elle  étoit 
entre  l'Afrique  propre  &:  l'Egypte  ,  répondoit  au 
Royaume  &  au  défert  de  Barca ,  &  renfermoit  la 
Marmarique  ,  la  Cyrénaïque  &  la  Libye  extérieure  , 
encore  plus  proprement  dite  ,  qui  joignoit  l'Egyp- 
te ,  &  qui  eft  maintenant  la  partie  orientale  du 
Royaume  &  du  defert  de  Barca.  Maty. 

La  Libye  Phéniciennne  étoit  une  partie  de  ce 
que  nous  appelons  aujourd'hui  Royaume  de  Maroc. 
Elle  fut  nommée  Phénicienne  ,  parce  que  les  Car- 
thaginois y  avoient  envoyé  Hannon  avec  foixante 
galères  à  cinquante  rames  *  pour  y  conduire  des  co- 
lonies ,  &:  la  peupler.  Marmol  ,  L.  I ,  c.  6. 

La  Libye  Marmarique  ,  ou  Pentapolis  ,  eft  en 
partie  dans  la  province  du  Royaume  de  Tunis  nom- 
mée Zeb  :  elle  avoit  autrefois  cinq  belles  villes  ,  Bé- 
rénice ,  Arfinoë  ,  Ptolémaïs ,  Apollonie  &:  Cyrène  , 
qui  toutes  ont  été  ruinées.  MAR.iMOL,  L.  /j  c.  6 . 

Ce  nom  de  Libye  vient  du  Latin  Libya  ,  qui  eft 
formé  du  Grec  Atiiy,.  Selon  S.  Jérôme,  la  Libye  a 
pris  fon  nom  de  Laabim  ,  fils  de  Mifraïm.  Gen.  X, 
13.  Selon  d'autres  jil  lui  vient  de  Libye  ,  femme  de 
Neptune. 

On  dit  les  fables jde  la  Libye ,  pour  marquer  un  lieu , 
un  pays  extraordinairement  chaud  ,  aride.  Ce  l'ont 
les  fables  de  la  Libye  ;  ce  pays  cil:  fec  comme  les 
fables  de  la  Libye. 
Libye,  f  f.  Nom  d'une  femme.  Libye.  Libya.  C'eft 
elle,  félon  la  Fable  j  dont  la  Libye  a  pris  (on  nom. 
Libye  étoit  fille  d'Épaphus  &  de  Calfiopée.  Natalis 
Cornes  ,  L.  H.  Mitkol.  c.  i  _,  dit  qu'Épaphus  fut 
l'époux  de  Libye  ,  &  non  pas  fon  père  ,  6c  qu'il  bâtit 
Memphis.  Il  rapporte  au  L.  VILL  c.  i.  qu'Ifrcius 
dit  que  l'Océnn,  outre  Thétis,  eut  deux  autres  femmes^ 
Parther.ooc  &  Pampholyge,  &  que  de  Pampholyge 
il  en;  deux  filles,  Afie  &  Libye\  mais  je  ne  trouve 
nulle  part  que  Libye  fût  fille  de  Memphis,  &  par  elle 


Lie  5-17 

fille  du  Nil ,  comme  on  l'a  dit  dans  le  Moréri. 

LIBVEN  ,  ENNE.  1.  m  &  f.  Nom  de  peuple,  habitant, 
originaire  de' Libye.  Lihys.  On  croit  que  ce  (ont  les 
Laabim  ,  ou  les  dcfccndans  de  I,aabiin  ,  dont  il  eft 
parié ,  6^t;/2.  X.  13.  Voyez  ci  deiîus  Laabim.  Héro- 
dote dit  que  les  Lybiens  n'.idoroient  aucun  autre  dieu 
que  le  Soleil  i!>c  la  Lune. 

LIBYQUE.  .adj.  Qui  appartient  à  la  Libye.  Libycus. 

L  I  C. 

LICANIENS.  f.  m.  pi.  Sorte  de  Troupes  irrégulières 
de  l'armée  de  la  Reine  de  Hongrie ,  dont  les  Gazettes 
parlent  (ouvent. 

LICANTHROPE.  Foyci  Lycanthrope. 

LICAR.  (.  m.  Nom  d  homme.  Glycerius  ,  Licerius. 
Saint  Licar ,  que  d'autres  appellent  Saint  Lizier , 
Saint  Lézer  &  Saint  Licer ,  tic  plufieurs  même  par 
corruption  ,  Saint  Léger ,  étoit  Elpagnol  de  nailLance. 
Baiilet  ,  au  fcptième  d'Aùùc  II  fut  élu  Évêque  de 
Conierans  en  504.  &  fut  le  fécond  de  cette  ville. 
En  J06.  il  allîfta  au  fameux  Concile  d'Agde,  &  mou- 
rut vers  l'an  548. 

Ci3-LICATE.  (la)  Leocafia.  Ville  de  Sicile,  dans  la 
valée  de  Noto  ,  avec  un  port  fur  la  côte  méridio- 
nale. 

LICE.  f.  f.  Champ  clos  ,  carrière  où  combattoient  les 
anciens  Chevaliers,  foit  à  outrance,  foit  par  galan- 
terie ,  dans  les  joutes  &  tournois.  Stadlum ,  curricu- 
lum  yCarceres.  On  l'appcloit  ainfi,  parce  qu'il  étoit 
fermé  de  barrières ,  ou  de  pieux  é'c  de  toiles.  On  a 
inventé  en  France  les  Liccs  doubles ,  afin  de  faire 
courir  les  Chevaliers  l'un  d'un  côté,  &  l'autre  de 
l'autre ,  &:  afin  qu'ils  ne  fe  pullént  rencontrer  que  du 
bout  de  leurs  lances;  ce  qui  étoit  moins  dangereux.  Ce 
Chevalier  ("e  préfenra  pour  entrer  en  lice.  On  dit ,  tant 
au  propre  qu'au  figuré  ,  qu'un  homme  fuit  la  lice  , 
quand  il  évite  le  combat ,  ou  la  difpute.  Il  n'ofa 
entrer  en  lice  avec  ce  fivant  homme.  Maucroix. 
C'eft-à-dire  ,  au  figuré  ,  s'engager  publiquement  dans 
quelque  conteftation. 

Lice  ,  fe  dit  auflî  de  la  barrière  qui  borde  la  carrière 
d'un  manège ,  &  d'un  gardefou  de  pont  de  bois.  Da- 

VILER. 

Lice  ,  fe  dit  auftî  d'une  fimple  carrière  à  courre  la 
bague  ,  <k.  à  difputer  le  prix  de  la  courfe.  Hippo- 
dromus. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  lieu,  qu'on  a  dit  dans 
la  balle  Latinité  pour  des  clôtures  de  camp  ,  ou  de 
villes  ,  parce  qu'on  le^  faifoit  autrefois  de  cordes 
entrelailées  ;  ou  de  iijld  ,  quia  campum  claudebant 
injlar  Uftarum  panni. 

Lice  ,  forte  de  fabrique  de  tapiirerie  ,  qu'on  appelle  de 
haute-/ice  ,  quand  le  fond  fur  lequel  les  ouvriers 
travaillent ,  eft  tendu  du  haut  en  bas  ;  Se  de  balle  lice , 
quand  il  eft  couché  tout  plat.  On  dit  aulîi  abfolumenc 
une  haute7ice  ,  unebalîe-/ice,  pour  dire,  une  t-ipiffe- 
rie  de  haute-/ice,  de  baife  /ice. 

Eafte  -  Lice  ,  Haute  -  Lice.  A  Bruxelles  &  aux  Gobe- 
lins  à  Paris  il  y  a  deux  farous  de  frire  la  tapilferie , 
toutes  les  deux  ditterentcs  de  la  pratique  ordinaire  : 
l'une  fe  nomme  la  BalFe/ice,  &  l'autre  laHaute/ice. 
Pour  la  balle  lice  ,  la  chaîne  eft  tendue  fur  un  chalîis 
déroute  la  longueur  de  la  pièce;  elle  eftd'elbme  ou  de 
laine  torfe  blanche  ,  le  patron  eft  pardeflus ,  &  l'Ou- 
vrier en  voit  le  delfein  au  travers  de  la  chaîne.  L'Oi;- 
vrier  tient  des  bobines  de  foie  ou  d'eftame  ,  fuivant 
la  pièce ,  de  différentes  couleurs  ;  avec  les  doigts  d'une 
main  il  lève  le  fil  qui  répond  à  la  couleur  du  defteiii 
qui  eft  delfous  ,  &  de  l'autre  main  il  fait  palier  la 
bobine  de  cette  couleur  ,  &  frappe  ferme  les  fils  avec 
un  peigne  d'ivoire.  Dans  plufieurs  de  ces_challîs  la 
chaîne  palfe ,  comme  dans  le  métier  de  1  ilTerand  ,  au 
travers  des  lices  &c  des  marches  ,  &  l'on  ouvre  les  fils 
de  la  chaîne  pour  jetterla  navette  ,  qnandil  faut  fliire 
un  long  trajet,  comme  pour  les  fonds,  lescolcnnes  j 
les  grandes  élévations. 

Dans  la  haute  /ice  la  chaîne  eft  fuivant  la  pièce  ; 
le  patron  eft  droit  par  derrière,  &  le  trait  eft  tracé 


5i8       Lie 

en  charbon  fur  le  licvant  de  la  chaîne.  L'Ouvrier  a 
le  clos  au  jour  pour  mieux  voir  le  patron  ;  il  lève 
les  tiis  l'un  après  l'autre  ,  il  palle  la-  bobine  comme 
dan?  la  balfc-Zicd  ,  &  frappe  ferme  avec  le  peigne. 
Tout  ce  travail  elf  prefque  aullî  long  que  le  travail 
à  l'aiguille  ,  Se  les  Ouvriers  qui  y  font  occupés  font 
payer  chèrement  les  connoiilànces  qu'ils  doivent  avoir 
de  la  peinture  ,  &  leur  habileté  pour  bien  nuancer 
les  couleurs.  Trun/aJi.  Phi/.  1741.  p.  146. 

Lice  ,  femelle  de  chien  de  Challe  ,  defbnée  a  faire  race. 
Canïs  vcnatka  proIcmna.Vne  bonne  /ice.  Faire  cou- 
vrir une  /ice.  Une  //te  nouée  ^  c'elf-à- dire  j  une  lue 
pleine.  P^oye^   Lyce. 

^LICENCE,  f.  f.  Vieux  mot,  fynonymede  permil- 
iîon.  Dans  ce  fens  ,  il  eft  vieux.  Il  a  fait  cela  ,  lans 
la  licence  de  fon  Supérieur.  JulHnien  avoir  ordonné 
que  l'on  palleroit  quatre  ans  dans  l'étude  des  Loix. 
Ceux  qui  avoicnt  latisfiit  à  cette  obligation  ,  étoient 
dits  avoir  licence  &  permillîon  de  i'e  retirer  des  étu- 
des. C'eff  de- là  que  ce  nom  ell  venu  dans  ce  iens. 
^oyei  Hotman,  &  Marfillius  Patavinus,  Defenfor 
.pacis,Part.  II.  c.  1 1. 

Licence  ,  fc  dit  aullî  de  l'abus  de  ces  permilîîons ,  qu'on 
étend  trop  loin  ;  ou  de  la  hardielfe ,  ou  de  la  liberté 
.qu'on  prend  foi-mème.  Licencia.  Vous  prenez  un  peu 
trop  de  licence.  Cet  homme  s'émancipe  de  plus  en 
.plus ,  &C  prend  toujours  quelque  nouvelle^  licence. 
•Vous  vous  donnez  lo.  licence  At  glofer  fur  l'Ecriture, 
&  de  l'interpréter  à  votre  mode. 

Licence  lignifie  aulîi ,  libertinage ,  dérèglement  dans  les 
moairs  ,  dans  les  aétions  ,  dans  les  paroles ,  &C  dans 
toute  la  conduite  de  la  vie.  Libido ,  nimia  liccnda. 
Eien  ne  peut  réprimer  la  licence  de  la  jeunelle. 

Enfin  de  la  licence  on  arrêta  le  cours.  Boil. 

Abandonner  une  ville  à  la  licence  du  Soldat. 
Aelanc.  Les  âmes  pieufes  gémiirenr  profondément 
lur  la  corruption  &  la  licence  eftrénée  du  liècle. 
Jicss.  Dès  que  la  licence  n'a  plus  de  frein  ,  les  Sec- 
tes fe  multiplient  à  l'infini  ,  &  l'opiniâtreté  ell  in- 
vincible. FlÉch.  Arrêter  la  licence  par  la  terreur  du 
fupplice.  Pat.  Si  on  ouvre  la  porte  à  la  licence , 
comment  fe  défendre  de  la  calomnie?  Id.  Il  étoit 
armé  des  Loix  pour  réprimer  la  licence.  FlÉch.  Les 
mauvaifes  habitudes'  qu'il  avoir  contradées  à  la 
Cour  ,  fe  fortifièrent  parmi  la  licence  des  armes. 

BoUHOURS. 

Et  jamais  on  lîa  vi^la  timide  innocence  ^ 
Pajferfubitement  à  l  extrême  ïicenct.  Rac. 

|tcr  En  morale ,  ce  terme  exprime  une  liberté  trop  gran- 
de ,  contraire  au  refpecl  ,  à  la  retenue  ,  en  général 
aux  loix  des  mœurs.  Dans  les  arts  ,  c'eft  un  relâ- 
chement qu'on  fe  permet  contre  les  loix  de  ces 
arts. 

IJCr Licences,  en  Peinture  ,  font  des  hbertés  que  pren- 
nent les  Peintres  de  fe  mettre  au-dellusdcs  loix  de  la 
perlpecT:ive  &  des  règles  établies  par  l'ulage.  Il  y  a  de 
g.randes  licences  dans  un  tableau. 

Licence  Poétique  ,  eft  une  liberté  que  prend  le  Pol'te  , 
contre  les  règles  du  langage  ,  ou  de  l'Art.  Il  ne  faui 
pas  prendre  un  déréglemenr  d'imagination  pour  une 
licence  poétique.  S.  EvR.  Ce  que  vous  appelez /ice/zce 
poétique,  eft  une  fiute  que  vous  excufez  fous  ce 
nom-là,  pour  impofer  au  public.  G.  G.  Ancienne- 
ment on  donnoit  aux  Poëtes  des  licences  infinies. 
En  prenant  les  divers  dialedtes  de  la  langue  Grecque , 
ils  pouvoient  alonger  un  mot  s'il  étoit  trop  court ,  &: 
raccourcir  s'il  étoir  trop  long  :  mais  on  vint  peu  à  peu 
à  reconnoîtrc  le  ridicule  de  czs  licences ,  elles  furent 
retranchées  1-es  unes  aprè.s  les  autres  ,  &  les  Poëtes 
dépouillés  de  leurs  privilèges.  Font.  Nos  vieux  Poètes 
failoicnt  de  la  Langue  ce  qu'il  leur  plaifoit ,  &  l'allu- 
jettifloient  à  tous  leurs  beloins  ,  &  même  à  leurs  ca 
priées.  Et  data  Romanis  renia  efi  indigna  Poctis. 
Quoique ,  à  patlcr  en  général ,  la  Poëlie  ait  plus  de 
.  liberté  que  la  prol; ,  les  licences  poétiques  doivent 


L  I  C 


avoir  des  bornes.  Les  bons  Poëtes  ne  fe  difpenfcnt 
point  des  règles  de  la  Grammaire ,  &:  ne  fe  periucttcnt 
rien  contre  la  langue  ,  quelque  liberté  qu'ils  donnent 
à  leur  imagination. 

Licence  ,  en  termes  de  Mufique  ,  fc  dit  des  diffonances 
&  de  ce  qui  eft  contre  les  règles  &  les  progreifions 
naturelles  de  l'harmonie.  Dès  que  la  balle  londair.en- 
tale  defcend  de  feptième  ou  monte  de  féconde ,  ou 
commence  à  appercevoir  de  la  licence ,  quoique  la 
dillonance  puille  y  être  préparée&:  fauvée  d'une  coii- 
fonance.  Cependant  cet  intervalle  devant  toujours  fon 
principe  au  bon  goût  plus  qu'à  la  nature  ,  puifqu'il  ne 
fc  trouve  point  dans  les  opérations  les  plus  naturel- 
les ,  failant  partie  du  corps  harmonique ,  de  même 
que  les  autres  intervalles  qui  compofent  raccord 
partait,  c'cft  aulli  de  lui  leul  que  provient  la /icewe; 
en  quoi  ceux  qui  difent  que  nous  ne  devons  la  li- 
cence qu'au  bon  gotit ,  font  bien  plus  excufablesqua 
ceux  qui,  lans  écouter  la  raifonni  l'expérience,  re- 
jettent toutes  les  licences  qui  ne  tombent  point  fous 
leurs  fens.  C'eft  donc  dans  cette  progrelîîon  de  la 
balfe  tondamenrale^  en  defcendant  de  feptième,  ou  eri  ^ 
montant  de  féconde,  que  la /ice«ce  commence  à  s'ap-  j 
percevoir ,  puifque  la  cadence  rompue  en  eft  formée-, 
interruption  qui  choque  l'oreille  en  quelque  frçon  ; 
car  c'eft  dans  le  même  moment  où  la  concluhon  dé-  j 
lirée  femble  devoir  le  faire  fentir  par  une  cadence  par-  j 
faite,  que  l'oreille  eft  furprife  par  cette  interruption. 
Or  cette  furprile  ne  provient  que  de  ce  qu'on  s  éloi- 
gne du  naturel ,  Ik  l'on  ne  peut  s'en  éloigner  que  par 
licence.  De  plus  ,  li  la  progrcllIon  n.;ture!le  à  la  balfe 
fondamentale  eftdedel'cendrede  tierce^  de  quinte.  Se 
même  de  feptième,  pour  faire  paroitre  la  diiionance 
préparée  &  fauvée  ,  nous  devons  encore  attribuer  à  la 
licence  les  progrelUons  renverfées  de  ces  premières, 
où  la  dillonance  peut  être  entendue  lans  préparation. 
En  un  mot ,  tour  ce  qui  s'écarte  de  ce  principe  naturel, 
f  oir  dans  les  premières  progrellions  ,  foit  dans  la  lup- 
polition  ou  dans  l'emprunt  du  fon  fondamental ,  foit 
dans  l'altération  de  nos  deux  accords  fondamentaux, 
tout  cela,  dis  je,  ne  peut  être  attribué  qu'k  h  licence. 
Rameau. 

Licence  ,  fe  dit  aullî  des  Lettres  qu'on  prend  dans  les 
Univerfités,  tint  en  Théologie,  qu'en  Droit,  (5c 
en  Médecine  ,  c'eft  le  degré  qui  donne  le  droit  de 
lire  &  d'enfeigner  publiquement  en  vertu  des  Lettres 
que  l'on  en  obtient ,  &:  que  l'on  appelle  Lettres  de 
Licence.  Diploma  ,  \el  Litters.  relationis  in  album 
Doclorum.  Les  Ecoliers  de  Droit  vont  prendre  leurs 
licences  à  Orléans ,  à  Bourges.  Il  faut  communiquer 
fes  licences  ,  pour  être  reçu  Avocat. 

Licence,  en  Sorbonnne  ,  eft  un  temps  de  deuxannces 
que  les  Bacheliers  palignt  à  aiîîfter  aux  Actes ,  &  à 
y  difpurer  ,  avant  que*  pouvoir  obtenir  le  degré  de 
Licencié.  La  licence  s'ouvre  de  deux  ans  en  deux 
ans.  Il  eft  entré  en  licence  de  cette  année.  Ils  font 
tant  de  cette  licence.  Il  y  a  aulîl  de  ces  licences  en  la 
Faculté  de  Médecine ,  &  dans  celle  de  Droit. 

^LICENCIEMENT.  C  m.  Dans  l'art  militaire,  eft 
l'aclion  de  congédier  &  de  renvoyer  des  rrouçes , 
dont  on  n'a  plus  beioin.  Alilitum  mijfio  ,  dimiffio. 
Quand  la  Paix  eft  publiée,  on  fait  le  licenciement 
des  Troupes.  Après  le  licenciement  des  Troupes ,  il 
ordonna  que  ,  &c.  Ablanc. 

IfT  LICENTIER.  v.  a.  Milites  mijfos  facere.  C'eflcon. 
gcdicr  en  tout  ou  en  partie,  tenvoyer  les  troupes 
dont  on  n'a  plus  beioin,  les  congédier  de  lonler\'icc. 
Après  la  paix  on  licencie  ordinairement  une  partie  des 
troupes. 

^CFSe  Licencier,  v.  récip.  Qui  fignihe  engénéral ,  fortin 
des  bornes  du  refpeél,  du  devoir  de  la  retenue  de  la  . 
modeftie  ,  &c.  S'émanciper.  Audere  ,  fibifumere.  Se 
licencier  en  paroles.  Se  licencier  à  des  paroles  hardies. 
Se  Hcencier]\x(quï  taire,  jufqu'àdire.  Plus  elles  cher- 
cheront à  s'émanciper  &  à  fe  licencier  ,  plus  elles  fe- 
ront expofées  aux  mécontenremens  &  aux  ennms. 
B0URDAL0UE  ,  £.v/7.   T.I.p.  22.  J. 

Licencier  ,  lignifie  aullî  ,  donner  le  degré  de  licence. 
Jn  album.  Doclorum.  referre  ,  adfcribere.  On  a  licencié 


L  I  C 


cet  Ecolier  à  Orléans.  Cet  autre  s'cft  fait  Ikaiclcr  à 
Poitiers. 
LICENCIÉ ,  ÉE.  part. 

Licencié,  f.  m.  Celui  qui  a  obtenu  le  degré  de  la 
licence.  Lïcentiacus.  Prcfque  tout  les  Officiers  de 
Judicature  d'Efpagnc ,  ne  loin  connus  que  ious  le 
nom  de  Licenciés.  Pour  obtenir  le  nom  de  Doc- 
teur, ou  de  Licencié  en  Droit-Canon ,  en  Droit- 
Civil  ,  ou  en  Médecine ,  il  hut  avoir  étudié  fept  ans  ; 
Se  pour  le  degré  de  Licencié ,  ou  de  Dodteur  en  Théo- 
logie, dix  ans. 

LICENCIEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  licemieu- 

■  le,  déréglée.  Immodcracè  ,  jujîo  licentius.  Retirez- 
vous  de  cette  mailon  ,  on  y  vit  trop  liccncieufcment. 
Je  me  fuis  prêté  licencieufement  &:  inconfidérément 
au  deiïr  qui  me  piquoit.  Mont.  J'ai  permis  à  mon 
cfprit  de  penCcr /icencieufcmcnt  Cm  les  matières  de  la 
Religion.  S.  EvR. 

LICENCIEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  prend  trop  de  liberté , 
Se  de  licence  ;  qui  fort  des  bornes  du  devoir ,' du  ref- 
peét,  de  la  retenue,  de  la  modeftie  ,  &c.  Juflofolunor, 
&quo  libtrior.  Ce  jeune  homme  ell  licencieux  en  pa- 

■  rôles,  il  dit  des  chofes  trop  hardies ,  files ,  impies, 

■  &  trop  licencieujcs.  Il  mené  une  vie  libertine  &  Liccn  - 
cieufe.  Pertinax ,  vigoureux  défenleur  de  la  difcipline 
militaire  ,  fe  vit  immoler  à  la  tureurdes  loldats  licen- 
cieux ,  qui  l'avoicnt ,  un  peu  auparavant ,  élevé  , 
malgré  lui,   à  la  fouveraine  puillance.  Bossuet. 

LICER.  Voye-^  Licar, 

LICER  (  Saint  ) ,  ou  Saint  Lizier  de  Conférans.  Lice- 
rium  Conforanum.  Petite  ville  de  la  Galcogne  en 
France.  Elle  ell  capitale  du  Conférans ,  &c  lituée  fur 
une  petite  rivière ,  à  {ept  lieues  de  Saint  Bertrand  de 
Comminges  ,  vers  le  levant. 

LICERON.  Foyei  Lisseron. 

LICH,  ou  LICHA.  Nom  d'un  bourg  de  la  Wettéravie, 
fitué  dans  la  partie  orientale  du  Comté  de  Solms  ,  fur 
la  rivière  de  Wetter ,  à  deux  lieues  de  la  ville  de  Giel- 
fen  ,  &  un  peu  davantage  de  celle  de  Butzbach.  Li- 
cha.  Maty. 

LICHARDER.  v.  n.  Vieux  mot.  Prendre  les  meilleurs 
morceaux  de  la  table. 

LICHE.   f^oyei  Laodicée. 

LICHEFRION.  f  m.  Nom  d'une  force  de  poire.  Foye^ 
LANSAc,c'efl:  la  mêmechofe. 

LICHEN,  f  m.  C'eft  le  nom  que  les  Botaniftes  don- 
nent à  une  eipèce  de  plante  parafite ,  qui  vient  iur 
l'écorce  des  arbres,  qui  eft  faite  comme  uneelpèce  de 
croûte  mêlée  de  jaune  &  d'un  blanc-laie.  M.  de  Rel- 
ions dit  que  les  plus  dangereufes  des  plantes  parafi- 
teSj  font  les  lichens.  Ils  empêchent  tellement  l'arbre 
de  profiter  ,  que  fi  l'on  n'y  peut  remédier  en  raclant 
ces  lichens  ,  &  en  incifant  l'écorce  jutqu'au  bois  ,  il 
vaut  autant  l'arracher.  Les  lichens  viennent  aullicon 
tre  les  murailles  ;  ce  qui  ternit  la  blancheur  des  pier- 
res &c  des  plâtres  dans  les  bâtimens.  Ces  lichens  font 
fouvent  imperceptibles  ,  ou  du  moins  fi  fins ,  que 
M.  de  Réaumur  dit  qu'il  en  a  découvert  fur  des  murs 
qu'on  auroit  crû  fimplemcnt  charbonnés  ou  enhi- 
més.  Ceux  qui  viennent  (ur  les  arbres  iont  beaucoup 
plus  grands.  On  s'en  lert  contre  les  dartres,  d'où  ils 
ont  tiré  leur  nom  ,parceque  ladartre  s'appele  en  Latin 
lichen.  ^fT  Ce  n'eft:  qu'improprement  qu'on  peut 
appeler  plantes  parafltes  ,  les  moulles ,  les  lichens. 
Fbye^-cn  la  railon  au  mot  Parasite. 

Lichen  de  Grèce.  Plante  propre  pour  la  teinture  en 
rouge,  qui  fe  trouve  communément  Iur  les  rochers 
d'Amorgos  Se  Iur  ceux  de  Nicourio  ,  qui  (ont  des 
îles  de  l'Archipel.  On  s'en  fert  à  peu  près  comme 
on  fait  eiî  France  de  la  pérelle  d'Auvergne.  Cette 
plante  croît  par  bouquets  grisâtres  ,  longs  d'environ 
deux  ou  trois  pouces,  divifés  en  petits  brins,  pref 
que  aulfi  menus  que  du  crin.  Ces  bouquets  (ont  par- 
tages en  deux  ou  trois  cornichons  courbés  en  faucille  , 
deiies  à  leur  naillance,  mais  épais  à  leur  extrémité, 
qui  eft  quelquefois  terminée  par  leurs  pointes  ;  car  ces 
cornichons  font  garnis  dans  leur  longueur  d'un  rang 
de  balîîns  plus  blancs  que  le  refte  :  toute  la  plaute  eft 


Lie  yio 

folide ,  blanche  ,  ôc  d'un  goût  falé.  Lichen  Gucus 
polypoides  cinclorius.  ' 

LIClli-ELDE,  LISFELDE,  LICHFIELD.  Nom  d'u- 
ne petite vilied'Angleterre.  Lichefeldia.  Elle  cftdans 
le  Comté  de  Staiford  ,  entre  la  ville  de  ce  nom  ,  tic 
celle  df  Coventer  ,  à  quatre  lieues  de  la  prcmiè'rc, 
&  à  fix  de  la  dernière.  Lichfeldc  e(l  lituée  le  bord 
d'un  marais,  qiii  la  couvre  du  côté  du  couchant: 
elle  a  un  Evcché  fuiFragant  de  Cantorbèry.  On  voit 
près  ai  cette  ville  le  lieu  nommé  le  Wal ,  .\i  font 
les  ruines  de  l'ancienne  Oacecum  ,  ville  des  Corna- 
viens.  Maty.  M.  de  Lïdc  ùcriz  Lichfeild. 

LICHl.  Foye-^  Litchi. 

IfT  LICHING.  Ville  de  la  Chine, dans  la  Province  de 
Xanlîj  au  département  de  Lugan. 

LICHO.  Nom  d'une  petite  rivière  de  la  Natolie.  Lycus. 
Elle  coule  près  de  Bambucale  &c  d'Efchihiilar , 
do.'U  le  premier  eft  fur  les  ruines  de  l'ancienne 
F.iérapolis  ,  tk.  le  dernier  fur  celles  de  l'ancienne 
Laodicée,  &  peu  après  elle  fe  décharge  dans  le  Ma- 
dré, Maty. 

LICHESTENSTEIN.  Ville  de  Suilfe  ,  dms  le  Toc- 
kenbourg.  C'eft-Ià  que  s'allemble  le  Confeil  de 
Tockenbourg. 

LICTEMBERG.  Château  de  France  dans  la  Balfe- 
Alfice ,  au  Diocèfe  de  Strasbourg  ,  à  cinq  heues  de 
Haguenau. 

LICIÈRE.  L  f.  Nom  d'une  Sainte  que  l'on  honore 
à  Sens.  Liceria.  M.  Chaftelain  en  parle  au  6.  de 
Janvier. 

§:?LICIN.  Ville  de  la  Chine,  dans  la  Province  de 
Xantung  ,  au  département  de  Cinan. 

LICINIA,  LICINIUS.  f  f.  Nom  d'une  famille  Ro- 
maine. On  retient  toujours  ces  noms  Latins  dans  no- 
tre langue.  Licmius ,  Licinia.  La  famille  Licinia. 
L'empereur  Licinius.  Cralfus  Calvus ,  Mutianus , 
MurxnajProculusStolo,  Sura,font  des  furnomsdes  _ 
Licinius  ,  ou  de  la  famille  Licinia.  La  ftmille  Licinia. 
n'étoif  que  Plébéienne,  mais  une  des  plus  lUullres 
entre  les  Plébéïennes.  Elleétoit  divifée  en  deux  bran- 
ches. Il  faut  dire  Licinius ,  &c  non  pas  Licinien  ,  8c 
au  pluriel  les  Licinius  j  &  non  pas  les  Liciniens  ; 
autrement ,  on  ne  met  point  de  diftérence  entre  Lici- 
nius Se  Licinianus. 

LICIJATION.  f  f.  Terme  de  Jurifprudence.  Adrion 
qu'on  pourfuit  contre  des  copropriétaires  d'un  héri- 
tage pollédé  par  indivis,  afin  que  la  propriété  en  appar- 
tienne à  un  feul ,  en  rembourfant  ou  dédommageant 
les  autres;  ou  afin  que  chacun  obtienne  la  part  qui  lui 
appartient  en  fon  jufte  prix  &  valeur ,  fuivant  qu'il 
lera  eftimé  ou  enchéri  en  Juftice.  Vente  d'une  im- 
meuble qui  appartient  en  commun  à  plufieurs  copro- 
priétaires ou  cohéritiers ,  Se  qui  ne  peut  fe  partager 
commodément ,  ou  que  l'on  n'a  pas  voulu  partager. 
Licitatio.  Ls.  iicication  Çt  çtm  fiirc  à  l'amiable  fur  des 
eftimations  laites  par  Experts  convenus,  ou  à  la  ri- 
gueur en  Juftice  j  par  des  enchères  8c  une  adjudication 
dans  les  formes. 

LICITE,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  permis  par  les  Loix.  Li- 
citus,  conce£us.  Le  trafic  ne  fe  doit  faire  qu'à  des  con- 
ditions honnêtes  Se  licites.  L'intérêt  d'une  rente  n'eft 
licite  qu'au  taux  du  Roi.  Il  n'a  guère  d'ufage  que  dans 
le  Didadrique. 

LICITEMENT,  adv.  D'une  manière  licite ,  fans  aller 
contre  la  Loi.  Jure  ,  falvis  legibus.  Les  Prêtres  peu- 
vent prendre  licitement  quelque  rétribution  pourleurs 
Melfes ,  félon  la  taxe  de  leur  Diocélain. 

LICITER.  V.  a.  Terme  de  Jurifprudence.  Pourfuivre  la 
vente  &  adjudication  d'un  bien  polfédé  par  indivis 
par  plulieurs  ,  &  qui  ne  peut  commodément  fe  par- 
tager. Zicirari.  Ces  cohéritiers  fe  brouilloienttoujours 
dans  le  partage  des  loyers  d'une  mailon  commune, 
ils  ont  été  contraints  de  la  iiciter  entr^eux ,  ou  de 
la  faire  liciter  en  Juftice.   Faire  liciter  une  charge, 

LICITE,   ÉE.  part. 

LLCIUM.  f  f  Terme  Latin,  dont  les  Antiquaires  fe 
fervent  en  notre  langue.  Licium.  Le  Licium  étoit.uiie 
ceinture  que  portoient  les  Officiers  établis  pourexé- 
cuter  les   ordres  des  Magiftrats,  comme  l'apprend 


5^20     *       Lie 

Apulée  dans  foii  Apologie-,  &c  c'eftdc-là,  fclon  le 
même  Auteur  qu'etok  venu  le  nom  de  Licteur. 
JouRN.  DES  Savans  ni4-P-39S-  Cet  habilement 
des  Licteurs ,  appelé  Licium  ,  étoit  de  dittcrentes 
couleurs ,  comme  on  le  voit  par  un  pallage  de  1  e- 
trone.  Nec  longe  àprdtone  Afcdtos  jïabal  :,  aniidus 
veftedifcolorià  ,  acque  in  lance  argenteâindicmm  à/Ji- 

dcmprAJerebac.  Id. 
LICO  ,  LAGO  LICO.  rbye?  LiASTo. 
LICODIA,  Nom  d'un   bourg   de   la    Sicile.   Licodta. 
U  eft  vers  le  milieu  de  la  vallée  de  Noto  ,  près  de  la 
foLircedu  Drillo,  àdouze  lieues  de  SuacuLe,  du  cote 
du  couchant.  Maty. 
LTÇOIR.  (.  m.  Foyei  Lissoir. 
Ip- LICOL.  Fojf?  Licou.  '      ,    ^      TTTr-DTM 

LICOLA  LAGO  DE  LICOLA  »  ou  le  Lac  LUCRIN. 
Lucnnùs ,  Se  Bajanus  Lucas.  C'étoit  anciennement  un 
lac  renommé  par  la  grande  quantité  d  excelenspoil- 
fons  qu  on  y  prenoit.  L'an  1558  un  tremblement  de 
terre  y  éleva  une  montagne  de  cendres  ;  Se  changea 
le  rerte  en  un  marais  qui  ne  produit  plus  que  des 
lofeaux.  On  donne  aulli  le  nom  de  Lkola  aux  vel- 
ti:;es  d'un  canal,  que  Néron  avoit  entrepris  de 
foke ,  depuis  le  golfe  de  Pouzzol ,  julqu'a  la  ville 
<l'Oftie. 
LICONDA.  r-rye?  LarcudiA. 

LICORNE,  f.  f.  Monoceros  ,  umcomis.  La  licorne  le 
•n-ouve  feulement  dans  l'Afrique.  Son  vrai  pays  elt 
dans  la  Province  d'Agoas  ,  au  Royaume  desDamotes, 
en  Ethiopie.  C'elf  un  animal  fort  craintif  qui  le  retire 
dans  les  bois,  &  qui  pourtant  le  haCudequelquetois  a 
venir  dans  la  plaine.  Il  a  une  corne  blanche  au  milieu 
du  front  de  cinq  palmes  de  longueur.    Il  elt  de  la 
grandeur  d'un  cheval  de  la  médiocre  taille  ,  d'un  poil 
brun  ,  tirant  fur  le  noir  ,  ayant  le  crin  court  peu  four- 
ni cS:  noir,  aulli  bien  que  fa  queue.  Le  P.  Lobo  dans 
fes  Voyages  rapporte  plulieurs  témoignages  de  gens 
qui  en  ont  vu  ;  Se  c'eft  ainh  que  l'a  décrit  Vincent  le 
Blanc  dans  fon  voyage  d'Afrique:  mais  cet  Auteur  elt 
fort  fufped,  aulli  bien  qu'André  Thevet,  qui  cent 
que  le  Roi  de  Monomotapa  le  mena  a  la  chalie  de  la 
licorne  ,  qm  eft  fréquente  ,  dit-il,  en  fon  Royaume  i 
■&  qu'il  lia  ht  préfcnt  de  deux  cornes  àt  licorne,  quil 
rapporta  en  France  ,  dont  il  en  donna  une  aii  Roi  , 
&  qui  eft  celle  qu'on  voit  au  Trélor  de  Saint  Denis; 
&  il  croit  qu'elle  vient  des  dents  d'éléphant  travail- 
lées par  les  Ouvriers.  Il  y  en  a  une  tort  grolle  à  Stras 
bourg  de  fept  à  huit  pieds  ,  qui  eft  tortillée.  Toutes 
celles  du  Tréfor  de  Venife  font  diftérentes  :  Phnedit 
que  le  premier  qui  a  écrit  de  la  licorne ,  eft  un  nomme 
Créfuis  ,  qu'Ariftote  dit  être  un  Auteur  fort  (ulpeét. 
Elicn  n'en  parle  qu'en  doutant  ,  André  Mann,  Mé- 
decin de  Venife  a  tait  un  Traité  c^e  la  taulle  opinion 
de  la  licorne.  Les  autres  Auteurs  qui  en  ont  écrit , 
font  Philoftrate  &  Solin  ,  i€neas  Sylvius ,  qui  eft  le 
Pie  IL  Marc  Paule  Vénitien  ,  Alœlius  Cadarauftus  , 
Louis  ds   Berthame  dans   fon  Voyage  d'Ethiopie, 
Gefner  ,  Garcias    ab  Horto  ,  &c.  Les  uns  dilent , 
qu'elle  reflemble  à  un  cheval ,  ou  poulin  ,  les  autres 
à  un  âne  ,  les  autres  à  un  cerf,  ou  à  un  bouc  par  la 
barbe ,  les  autres  à  un  éléphant ,  les  autres  à  un  rhi- 
nocéros ,  les  autres  à  un  lévrier.  Munfter  &c  Thevet 
difent  que  c'eft  un  amphibie ,  vivant  dans  l'eau  &lur 
terre  ,  &  que  la  corne  eft  mobile  félon  la  volonté  de 
l'animal.   D'autres  difent  que  fa  force  conlifte  enta 
corne ,  &  que  quand  elle  eft  pourfaivie  par  les  Chat 
feurs  ,'  elle  le  précipite  du  haut  des  rochers ,  &c  tombe 
fur  la  corne,  qui  foutient  tout  l'eftort  de  ia_  chute  , 
en  forte  qu'elle  ne  fc  fait  point  de  mal.  Enfin,  tous 
les  Auteurs  rapportent  diftéremmcnt  la  figure  &  l.i 
couleur.tant  de  l'animal  que  delà  corne,  cV de  toutei 
fes  parties.  C'eft  pourquoi  les  plus  fenfés  tiennent  que 
c'eft  un  animal  fabuleux.    Les  Latins  l'ont  appelé 
unicornis  ,  &  les  Grecs  ^«•'"''-^f'"^  Mais  on  a  trouve  aux 
Indes   plulîeurs  animaux  qui  n'ont  qu'une  corne  , 
comme  vaches,  taureaux,  chevaux,  .ânes,  chèvres, 
daims ,  &c.  LaPeyrére  en  la  Relation  de  Groenland  , 
dit  que  ce  qu'on  croit  corne  de  licorne  ,  eft  une  dent 
d'un  gros  poillbn  nommé  par  les  Illaudois  narwal , 


L  I  G 

&  dans  d'autres  lieux  roban ,  qui  fe  trouve  dans  I;i 
mer  Glaciale  ,  qui  a  fourni  abondance  de  ces  coi  nés 
dans  les  cabinets  des  Curieux.  Même  Charras  dans  fa 
Pharmacopée  ,  fe  vante  d  en  avoir  une  qui  fupallc  en 
longueur  &  en  groftèur  celle  du  Tréfor  de  Saint  De- 
nis. La  plus  belle  qui  ibit  aujourd'hui  en  France  ,  eft 
celle  quietoit  au  Collège  des  Jcfuites  de  Paris.  Cette 
corne  fort  du  milieu  du  devant  de  la  mâchoire  lupé- 
rieure  de  ce  grand  poifton  ,  où  elle  a  environ  un  pie 
de  long  de   racine  aulli- grolle  que  la  corne  même. 
Elle  lui  fert  même  d'arme  &  de  défcnfepour  atta- 
quer les  plus  grolles  baleines ,  Se  il  la  poulie  avec 
tant  d'impétuolité,  qu'il  en  peut  percer  un  fort  gros 
vailleau.  Paul  Louis  Sachfius  ,  Médecin  ,  fait  la  def- 
cription  d'un  monftre  marin  qu'il  appelle  Unicorne  , 
ou  Monoccros  ,  qui  eft  une  efpècc  de  baleine  qui  vit 
de  cadavres  ,  qu'on  pêche  fur  les  côtes  d  Ifland  &: 
Groenland,  dont  la  corne  eft  lalcule  dent  qu'il  a  en  la 
mâchoire  fupérieure,  qui  eft  tournée,  cannelée  ,  Sc 
terminée  en  pointe.  Celle  que  vit  cet  Auteur ,  étoit 
de  neuf  pouces  de  long. 

Les  Anciens  ont  cru  que  la  corne  de  la  licorne 
fert  de  contrepoifon  ;  &  qu'elle  la  trempe  dans  l'eau 
pour  l'épurer ,  quand  elle  veut  boire.  Sa  rareté  tait 
qu'on  lui  attribue  plulieurs  propriétés  en  Médecine. 
Mais  il  eft  conftant ,  comme  l'a  fort  bien  prouve  Am- 
broilé  Paré  ,  que  c'eft  une  pure  charlatannenc;  Se  d  dit 
qu'il  a  expérimenté  que  toutes  les  qualités  qu'on  lui 
attribue,  font  ftuftcs,  quoique  les  Marchands  aient 
mis  fon  prix  fi  haut ,  qu'un  Allemand  en  vendit  une 
douzaine  ,  mille  écus  ,  au  Pape  ,  au  rapport  d'Andrc 
Racci,  Médecin  de  Florence-,  .Se  que  dans  les  bouti- 
ques la  livre  de  leize  onces  ait  été  vendue  jutqu'à  i^^6 
écus,  en  un  temps  où  le  même  poids  de  l'or  n'en  va- 
loir que  14S.  Le  Conciliateur  dit  que  la  licorne  [\ie 
en  préléncedu  n.ipellus ,  ou  d'une  vipère,  ou  d'un 
fiel  de  léopard  ;  ce  qu'elle  ne  fait  point  en  préfen- 
ce  des  autres  poillbns  :  mais  cela  eft  encore  fabu- 
leux 

On  trouve  dans  le  Traite  d'Anfelme  de  Boot  les 
principales  oblervations  qui  peuvent  être  tirées  des 
Anciens  fur  la  licorne.  Il  remarque  que  le  nom  de 
Monocéros ,  qui  répond  à  celui  de  licorne  ,  ou  plutôt 
qui  eft  le  nom  Grec  de  licorne.  Se  fignifîe  un  animal 
qui  n'a  qu'une  corne  ;  quece  nom,  dis-je,  eft  com- 
mun à  cinq  animaux  ditférens,  qui  font  :  1°.  Les 
bœufs  des  Indes ,  décrits  par  Pline.  z°.  Le  rhinocé- 
ros. 5°.  Le  monocéros  décrit  aulli  par  Pline  ,  com- 
me un  animal  de  la  t.ulle  d'un  cheval  ;  mais  qui  a  la 
tête  l'emblable  à  celle  d'un  cerf,  les  pieds  comme 
l'éléphant,  &  la  queue  comme  le  fangUer.  4°.  L'ane 
des  Indes,  dont  Phne  a  parlé.  5°.  L'oryx  qui  a  la 
corne  fendue  ,  dont  il  eft  fait  mention  dans  Aiiftote, 
dansElienSi  dans  les  autres  NatùraUftes.  De  ces  cinq 
animaux  ,  le  monocéros  eft  la  licorne  :  car  ,  félon  le  P. 
Lobo ,  Se  d'autres  Jéfuites  qui  en  ont  vu.  Se  qui  citent 
plulîeurs  Portugais  qui  en  qnt  vu  aufll ,  la  licorne  eft 
un  animal  de  la  grandeur  d'un  cheval  de  médiocre 
taille ,  d'un  poil  brun  ,  tirant  fur  le  noir ,  avec  une 
corne  droite,  longue  de  cinq  palmes ,  d'une  couleur 
qui  tire  fur  le  blanc.  ,     ^  ,  ,  /•  •      j    1 

|t?  Les  Auteurs  ont  débite  tant  de  fables  au  lujet  de  la 
licorne  ,  qu'on  feroit  tenté  de  la  regarder  comme  un 
animal  fabuleux  ,  fi  le  témoignage  du  célèbre  Picard, 
qui  afTûre  que  c'eft  un  poillbn  qui  te  trouve  dans  la 
mer  du  Nord ,  ne  nous  faifoit  au  moins  lufpendrc 
notre  jugement.  Dans  fon  voyage  d  Uranibourg,  fa- 
meux obfervatoire  bâti  par  Tycho  Brahé ,  il  lacontc 
qu'entre  autres  curiofués  ,  il  vit  à  Rofenbourg  ,  Châ- 
teau du  Roi  de  Dannemarck  ,  un  trône  hit  entière- 
ment de  ces  fortes  de  cornes  que  l'on  dit  communé- 
ment être  de  licorne  ,  &  dont  il  y  en  a  une  dans  le 
tréfor  de  S.  Denis  en  France.  La  vérité  eft  ,  dit-il ,  que 
c'eft  la  corne  d'un  poillbn  qui  fe  trouve  dans  lamer  du 

Nord.  ,    -         -  ,,•  r 

La  licorne  ,  en  ternies  de  Blafon  ,  fe  reprelente  pal- 
faute,  quelquefois  rampante-;  Sc  l'orfqu'clle  eft  en 
action  ,  on  la  dk /aillante. 
LICOSA.  Foyei  Leucosa.  ycOSTOMO, 


L  I  D 

LICOSTOMO.  Nom  d'une  ancienne  petite  ville  de  la 
Thellàlie,lîtuéefur  le  Pcnéc;  près  de  fon  embouchure 
dans  le  golfe  de  Salonichi.  Scolujja  j  Scolufa.  Elle  a 
un  Êvcclié  liiftiagantde Larille.  Matv. 

LICOU  ,  ou  LICOL,  r.  m.  Le  prcmiei"  elt  le  plus  ufiré. 
Une  têtiéie  montée  d'une  longe  de  cuir  pour  attacher 
les  chevaux  ,  mulets ,  ou  autres  bêtes  au  râtelier  , 
quand  on  les  a  débridés.  Capijlrum.  On  tait  les  licous 
de  chevaux  de  cuir  de  Hongrie  ;  ceux  des  ânes,  ou 
des  chevaux  de  louage ,  de  fimple  corde. 

On  dit  qu'un  homme  traîne  Ton  licol  ;  pour  dire. 
Que  tôt  ou  tard  il  fera  pendu ,  à  caufe  de  fes  mau- 
vaifes  aélions. 

Ce  mot  vient  à  Uganda  colla  ,  comme  qui  diroit 
lien  du  col. 

LICTEAU.  roye^  Liteau. 

LICTEUR,  f.  m.  Huilîicr  qui  marchoit  devant  les  pre- 
miers Magiftrats  de  Rome  ,  portant  des  haches  enve- 
loppées dans  des  faifceaux  de  verges.  Lictor.  Il  faifoit 
l'Office  de  Sergent  &c  de  Bourreau.  Les  Coriluis 
avoicnt  douze  Liclturs.  Les  Proconfuls,  les  Préteurs  , 
&  autres  Magiftrats  en  avoient  feulement  fix.  Le  Pré- 
teur de  la  ville  en  avoitdeuxj  mais  cjuand  les  Didta- 

'  teurs  paroilfoient  en  publie  ,  ils  étoient  précédés  de 
vingt-quatre.  Us  étoieint  toujours  prêts  à  délier  leurs 
faifceaux  ,  foit  pour  fouetter ,  foit  pour  trancher  la 
tête  aux  condamnés.  Romulus  fut  le  premier  qui  les 
inftitua ,  comme  le  dit  Plutarque.  Ils  fontainfi  appelés 
à  Uganda  ,  parce  qu'ils  lioient  les  pieds  &  les  mains 
Ats  criminels  avant  l'exécution.  Comme  il  n'étoit  per- 
mis à  perfonne  d'entrer  dans  une  maifon  étrangère  j 
le  Magiftrat  nommoit  un  Licteur  pour  accoinpagner 
celui  qui  vouloir  y  aller  chercher  ce  qu'on  lui  avoir 
volé.  bip.  L.  3.D.  de  fugïtïvïs.  Journal  des  Sa- 
VANS  1714./^.  3ÇS-  L'habillement  des  Zii:7t;:/M  ,  s'ap- 
peloit /idu/72  j  &  c'eft  delà  ,  félon  Apulée  ,  qu'étoit 
venu  le  nom  de  Licleur.  Foyci  Jean  Vaii  Water, 
Obfervadon.  Juris  Rom.  Libri  très ,  &c. 

M.  Bombardini ,  dans  fon  Traité  de  Carcere ,  impri- 
méàPadoueen  171 3. a  parlé  fortaulongdesZiSei^w, 
dont  la  charge  étoit  d'arrêter  ceux  qui  dévoient  être 
mis  en  prifon.  Il  prouve  qu'ils  étoient  de  race  d'affran- 
chis i  qu'ils  s'appeloient  Licteurs  ,  de  ligare  ,  lier; 
qu'ils  n'eurent  la  charge  d'arrêter  les  Pritonniers  , 
qu'autant  que  la  République  fubfifta  ,  &.  que  fous  les 
Empereurs  c'étoient  les  Soldats  du  Prince  qui  faifoient 
cet  office.  ' 

LICTI.  f.  m.  Nom  d'un  arbre  du  Chili  en  Amérique. 
Liflium.  Le  Licti  eft  fort  commun  au  Chili.  Sou  om 
bre  fait  entier  ,  dit-on ,  tout  le  corps  de  ceux  qui 
dorment  delfous.  Pour  fe  guérir  de  cette  entiure  , 
on  prend  d'une  herbe  appelée  Pelboqui ,  efpèce  de 
Liferon  ,  ou  de  lierre  terreftre ,  ou  de  Therba  mora 
qu'on  pile  avec  du  fel ,  l'on  s'en  frotte  ,  &c  l'enflure 
patle   en  deux  ou  trois  jours  fans   qu'il  y  paroiire. 

,  FrÉSIER  j/7.  /j. 

LICTU.  Foyei  Liuto. 

L  I  D. 

LIDA.  Nom  d'une  petite  ville  avec  une  Ch.îtellenie  & 
Citadelle.  Lida.  Elle  eft  dans  le  Palatinat  de  Troki ,  en 
Lithuanie,  fur  la  petite  rivière  de  Dzila ,  à  dix-fept 
lieues  de  la  ville  de  Troki ,  du  côté  du  midi.  Lida  fut 
prefque  entièrement  ruinée  par  les  Mofcovites  l'an 
1658.  Maty. 

LIDDE.  Lidda.  Ancienne  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la 
Tribu  d'Ephraïm. 

LIDDESDALE ,  c'eft-à-dire  ,  la  vallée  de  Lidde.  Lid- 
defdalia.  Petite  Province  de  l'ÉcofTe  méridionale. 
Elle  prend  fon  nom  de  la  rivière  de  Lidde  ,  qui 
la  traverfe.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  Tivedale  , 
au  couchant  par  l'Eskdale  ;  &:  ailleurs  par  l'Angle- 
terre. C'eft  un  petit  pays  fait  en  pyramide  ,  dont  la 
bafe  eft  de  cinq  lieues  ,  &  la  hauteur  de  dix.  Il  eft  fort 
montagneux,  n'a  ni  villes  ,  ni  bourgs  ,  ik.  manque  de 
bois;  on  y  brûle  d'une  efpèce  déterre  durcie  au 
foleii.  Maty. 

LIDE.  f.  m.  Sorte  d'ancienne  machine  de  guerre.  C'étoit 
Tome  V. 


LI  E 


yzi 


une  longue  poutre  retenue  par  un  contrepoids  y  qui 
étant  liciié  ,  lui  faifoit  jettcr  un  tas  de  pierres  dans 
les  villes  ailiégécs.  On  a  dit  aulli  CUde. 

LIDKOPING.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Weftrogo- 
thie  propre  ,  en  Suéde.  Lidhiopia.  Elle  eft  a  l'embou- 
chure du  Lida ,  dans  le  lac  de  Wéner ,  environ  a  vingt- 
cinq  lieues  de  la  ville  de  Gottenbourg  ,  vers  k  nord 
oriental.  Maty. 

LIDOIRE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lutorius  ,  Lidorius , 
Lictor.  Saint  Lidoire  étoit  d'une  famille  de  la  ville  de 
Tours.  Il  fut  ordonné  Évêquc  de  cette  ville  ,  la  pre- 
mière année  du  régne  de  Conftans  ,  qui  partagea  l'iim- 
pire  avec  fes  frères  Conftantin  &  Couft^anccTan  557. 
.auquel  mourut  Conftantin  leur  père.  Saint  ii^oire  eli 
le  Prédécellcur  de  Saint  Martin  ,  &  mourut  l'an  J71. 
Foyei  Grégoire  de  Tours  ,  Ilijl.  L.  X.  c.  31.  n.  i. 
Baillet  ,  au  1 3  de  Septembre^ 

L  I  E. 

LIE.  f.  f.  La  partie  la  plus  craife ,  la  plus  cpaiirc  &  la 
pliisgrollière  du  vin  ,  de  l'huile  &  des  autres  liqueurs, 
qui  tombe  au  tond  des  tonneaux  à  meiure  que  les 
liqueurs  s'éclairciirent.  F&x,  fed'imen.  En  Médecine, 
on  l'appelle  Sédiment.  On  fait  de  la  cendre  gravelée 
avec  de  la /ie  devin  brûlée.  La  CourtifanePhiyné  , 
devenue  vieille,  difoit  par  application  à  elle  même  , 
&  dans  un  fcns  de  débauche  ,  qu'on  buvoit  le  bon 
vinjufqu'à  la /id.  Aclanc.  Quand  on  dit  ablolumenc 
de  la  lie  ,  on  entend  toujours  de  la  lie  de  vin. 

Lie  ,  le  dit  fîgurément  en  Ivlorale ,  de  ce  qui  eft  vil  &c 
abjed.  Infimum.  La  lie  du  peuple  ,  eft  la  glus  vile 
la  plus  balle  populace.  La  lie  du  Parnalle ,  le  dit  des 
Poètes  du  dernier  rang  &  des  plus  mépniables. 

Crifpin  ,  roux  &  Manceau  ,  vient  d'époufcr  Julie  3 
Il  efi  du  genre  humain  &  l'opprobre  ù  la  lie. 

Renard. 

On  dit  proverbialement  que  le  bon  vin  ne  peu? 
être  fans  liei 

Avant  d' aller  Jl  vue ,  au  moins  je  le  fuppUe  > 
Savoir  que  le  bon  vin  ne  peut  être  fans  lie  , 
Qu'Un  efi  rien  de  parfait  en  ce  monde  aujourd'hui. 

Régnier. 

Ce  rrtot  vient  de  limus  ,  comme  qui  diroit  limon  dé 
vin.  D'autres  le  dérivent  de  Lyeus  ,  qui  eft  un  des 
furnoms  de  Bacchus.  Du  Cange  dit  qu'il  vient  de  lia  , 
mot  de  la  balle  Latinité  ,  hgnihant  la  même  chofe. 

LIE.  adj.  Vieux  mot  qui  lignilïoit  autrefois  gai ,  joyeux, 
content;  du  Lann  IdtuS:,  a.  Le  cœur/ie,  c'eft-à-dire, 
le  cœur  gai ,  joyeux.  Valois  ,  Not.  Gall.  p.  2y6 . 
Dans  Villehardouin  il  eft  écrit  /ie?,  N.  i  p.  Tanc 
chevaucha  Jotfroi  li  Marefchaux  per  fes  jornees  , 
que  il  vint  à  Troies  en  Champaigne  ,  Se  trouva  fon 
S'eignorle  Comte  Thibaut  malades  &deshaitiez,  &c 
fi  fut  mult  liei  de  fa  veuve.  Cependant  Du  Cange, 
dans  fon  Glolfaire  lur  cet  Auteur ,  écrit  lie.  Lie  chère, 
face  joyeufe ,  Hifi.  de  Bretagne  ,  Tome  H.  p.  707. 

On  dit  proverbialement ,  faire  chère  /ie  j  pour  dire  , 
faire  grande  chère.  Faire  un  tronçon  de  chère  ue. 
Ce  mot  vient  de  lie\fe  j  &  celui  ci  de  Utitia.  ^ 

LIÉ.  f.  m.  Nom  d'hbmme.  L&tus.  Saint  Lié,  que  les 
uns  qualifient  Prêtre ,  &  les  autres  fimpieraent  Lé- 
vite ,  ou  Diacre ,  naquit  en  Berry  de  parens  qui  vi- 
voient  des  exercices  de  la  Campagne.  Baillet  ,  ck 
cinquième  Novembre.  Saint  Lié  fe  ht  Solitaire  en 
Sologne,  puis  dans  ie  bois  d'Inatoire,  qui  depuis  a 
été  appelé  la  forêt  aux  Loges  ,  &  qui  eft  dans  la 
Beaucc,  au  nord  de  la  Loire.  Il  y  mourut  le  Iixiemc 
de  Novembre  553.  Ce  nom  s'eft  fait  du  Latin /^fw  , 
qui  fignifie  Joyeux.  On  à  dit  L&te  ,  Léie  j  Liéte  ^ 

Liet ,  Lié.  ^,  .     .  1   . 

LIE.  Terme  de  Calendrier.  Les  Chinois  emploient  ce 
mot  avec  différens  autres  ,  pour  nommer  quatre 
mois  de  l'année,  qui  font  au  commencement  de 
chacune  des  quatre  Saifons.  Lie-chun  répond  à  une 

Yvv 


f  2,x  LIÉ 

partie  da  mois  de  Mars ,  depuis  le  quinze  jufqu'à  la 
hn.  Ces  mots  Lie<hua  veulent  dire  commencement , 
ou  éUvatiO'i  du  Printemps.  Lie  churi  eft  le  premier 
des  vingt-quatre  mois  de  l'année  des  Chinois.  Lie- 
Ai(Z  eft  le  leptième  mois  de  leur  anilce;  il  rijpond  au 
mois  de  Juin.  Ces  mots  ZitAia  lignifient  commence- 
melit ,  ou  clévation  de  l'été.  Lieu-cieu  ,  c'eft-à-dire , 
■élévation,  ou  commencement  de  l'Automne,  c'elt  le 
nom  du  treizième  mois;  il  répond  au  mois  de  Sep^ 
tembrc.  Lie-tungh  j  c*eit-à-dire  ^  commencement ,  ou 
élévation  de  l  Hyver,  eft  le  nom  du  dix-neuvième 
mois  ;  il  répond  au  mois  de  Décembre. 

ItTLIE,  ÉE.  parc,  du  verbe  lier.    Voye^  ce  mot. 

LIÉBANA.  Cap.  C'eft  un  petit  pays  de  l'Alturie  de 
Santillanaj  en  Elpagne.  Lievana,  Libania  ,  Lobania. 
Il  eft  aux  confins  de  celle  d'Oviéde  dans  les  mon- 
tagnes d'Europa.  Sa  longueur  eft  de  neuf  lieues,  (iv 
ia  largeur  de  quatre;  il  contient  quatre  vallées,  où 
l'on  dit  qu'il  y  a  trois  cens  Ibixante  lix  villages.  Le 
bourg  de  Potes  en  eft  le  lieu  principal.  Maty. 

LIEBE.  f.  f.  Nom  de  femme.  Leobgyta.  Sainte  Liébe  j 
qui  s'appeloic  Léobgytke  dans  Tes  Lettres ,  naquit  au 
pays  de  Weftfex ,  ou  des  Saxons  Occidentaux ,  en 
Angleterre.  Sa  mère  Ebbe  ,  parente  de  Saint  Boni- 
face,  Evêque  de  Mayence  ^  Se  Apôtre  de  l'Alle- 
magne y  lui  avoit  donné  le  nom  de  Trutgébe  ,  puis  le 
furnom  de  Liébe,  ou  Liobe ,  mot  de  tcndrelî'e  qui 
marquoit  combien  elle  l'aimoit ,  &  qui  eft  le  feul 
nom  qui  foit  refté  à  la  Sainte.  Baillet  ,  au  vingt- 
huitième  de  Septembre. 

Liébe,  en  Anglo- Saxon,  comme  liében ,  fignifioit  «i- 
mer,  ou  amour.  De-là  eft  venu  liefj  que  les  Anglois 
difent  encore  pour  aimer. 

LIÉBENWALD,  LIÉBEWALD,  Nom  d'une  petite 
ville  forte  du  Marquifat  de  Brandebourg.  Lebewal- 
diaj  Liebenvjaldum.  Elle  eft  lur  la  rivière  d'Havel  , 
dans  la  Marche  Ukerane ,  aux  confins  de  la  Moyenne, 
&  du  Comté  de  Rupin.  Maty. 

LlECHTENAW.  Nom  d'une  petite  ville  avec  un  châ- 
teau fort.  Liechtenawia.  Elle  eft  dans  la  balle  Allacc, 
au  levant  du  Rhin,  entre  Strasbourg  &Bade,  à  qua- 
tre lieues  de  la  première  ,  &  à  crois  de  la  dernière. 
Liechtenas  a  un  grand  Territoire  ,  coupé  par  le  Rhin  , 
où  iont  les  petites  villes  de  Wilftett,  d'Oftenchorf<;s: 
de  Drufenhcim  :  il  apparcienc  aux  Comces  d'Hanaw. 
Maty. 

LlECHTENAW.  Nom  d'une  petite  ville  défendue  par  un 
fort  bon  château.  Liechtenavia.  Elle  appartient  à  la 
ville  de  Nuremberg,  en  Franconie;  mais  elle  eft  en- 
clavée dans  le  Marquifat  d'Onfpach,  à  une  lieue  lV' 
demie  de  la  ville  de  ce  nom,  vers  l'orient,  &  fur  la 
rivière  de  Retzel.  Maty. 

LIECHTENBERG.  Nom  d'un  château  fort  de  la  balle 
Alface.  Liechtcnherga.  Il  eft  fitué  fur  une  montagne , 
à  cinq  lieues  d'Haguenaw  ,  vers  le  couchant.  Ce 
château  eft  chef  d'une.  Seigneurie  qui  appartient  aux 
Comtes  d'Hanaw.    Maty. 

LIEFKENSHOECK.  Fort  des  Pays-Bas ,  dans  la  Flandre 
Holiandoile,  lur  la  rive  gauche  de  l'Efcaut,  vis-à-vis 
de  Lillo. 

LIEGE.  Nom  d'une  ville  du  Cercle  de  Weftphalie  ,  en 
Allemagne.  Leodium  ,  Leodicum  ,  Liuga  ,  Leodica , 
Legia.  Elle  eft  capitale  de  l'Evêché  de  Liège ,  &  ll- 
tuée  lur  la  Meule ,  entre  Maftricht  &  Huy ,  environ 
à  quatre  lieues  de  l'une  &  de  l'autre.  Liège  ,  qui  eft 
dans  une  vallée  fort  agréable ,  eft  une  grande  ville  ; 
on  y  voit  huit  Eglifes  Collégiales,  outre  la  Cathé 
lirale ,  &  un  grand  nombre  de  Couvens  de  l'un  Hc  de 
l'autre  fexe.  Elle  étoit  autrefois  Impériale  ,  fous  la 
protedtion  de  fes  Evêques  ;  &  l'amour  de  la  liberté 
dans  le  peuple ,  y  produifoit  fort  iouvenc  des  brouille- 
ries.  L'an  1684,  l'Eledleur  de  Cologne,  qui  en  étoit 
Evêque ,  y  fie  marcher  des  troupes ,  la  fournit ,  &  y  fit 
bâtir  une  citadelle.  On  a  fortifié  depuis  peu  la  ville 
Az  Liège  par  de  grands  dehors ,  qui  la  mettent  preique 
Lors  du  danger  d'ttre  allîégée,  pourvu  qu'elle  ait  une 
Bombreufe  garnifon.  Maty.  Les  Allemans  l'appel- 
lent Luttick,  &  les  Flairxans  Luydiick.  Hadr.  Valois , 
Not.  G  ail.  p.  2yo  ,2ji.  L'Evêché  de  Liégi  étoit  d'à- 


L  I  E 

bord  à  Tongres ,  où  il  fut  établi  l'an  5 1  i  de  J.  C. 
Dans  l'irruption  des  Huns ,  Tongres  ayant  été  détruit 
l'Evêché  fut  transféré  à  Utrecht,  d'où  il  palfa  à  iicpe 
vers  l'an  709.  S.  Hubert  étant  alors  Evcque.  Voyez 
u¥,gid.  Bucherus  Dijfertat.  Hijlor.  de  Prim.  Tongr. 
Epifcopis ,  C.  IIL.  Aubertus  Mirs.us ,  Fajl.  Belg.  6" 
Bulg.p.  lû )  &  2^y.  Lmhûff.  Not.  Imp.  Froc.  L. 
JIL  c.  XIIL  §.  7.  Heis,  Hiftoire  de  l'Empire,  I. 
J^L  c.  6 .  Liège  eft  à  23  degrés  45  minutes  de  longi- 
tude ,  &  à  50  degrés  40  minutes  de  latitude. 

Peut  être  Liège  a-c-il  pris  ce  nom  de  celui  d'une 
petite  rivière  nommée  Legia ,  Légie ,  qui  fe  jette  dans 
la  Meufe,  &  que  les  Allemans  nonimenc  Luttich. 
Un  Jéfuite ,  nommé  Barthelemi  Fifen ,  a  lait  l'Kif-- 
toire  de  l'Eglife  de  Liège  fa  Patrie. 

Le  pays  ou  l'Evêché  de  Liège.  Leodienjts  Ditio, 
ou  Epifcùpatus.  C'eft  un  des  Etats  du  Cercle  de 
Weftphalie ,  en  Allemagne.  Il  eft  enclavé  dans  le 
Pays-Bas ,  ayant  vers  le  couchant  les  Provinces  de 
Brabanc ,  de  Namur ,  de  Hainaut ,  &  vers  le  levant , 
celles  de  Luxembourg,  de  Limbourg  &  de  Gucldres, 
avec  une  petite  partie  du  Duché  de  Juliers.  Ce  pays 
a  ime  figure  li  irrégulière  ,  qu'on  n'en  lauroic  marquer 
rétendue  au  jufte.  On  le  divife  en  quatre  contrées:  il 
y  en  a  deux  au  couchant  de  la  Meufe ,  la  Hasbaye  & 
le  Comté  de  Lootz  j  qui  comprend  fous  loi  la  Caiii- 
pigne  Liégeoife  &  le  Comté  de  Horn.  Les  deux  au- 
tres ,  qui  font  au  levant  de  la  Meule  ,  Iont  le  IvLirqui- 
lât  de  Franchimonc  £;  le  Condrctz.  Outre  cela ,  les 
Evêques  de  Liège  polfédent  une  partie  du  pays,  qui  eft 
entre  Meufe  &  Sambre  ,  &  prétendent  avoir  des 
droits  légitimes  fur  le  Duché  de  Bouillon.  Ses  villes 
principales  font  Liège,  capitale,  Mafeyck,  Vifet , 
Huy ,  Tongres  ,  Dînant.  Son  terroir  eft  fertile  en 
grains  8c  en  fruits  ;  il  a  des  mmes  de  fer  &  de  plomb  , 
des  carrières  de  marbre  ,  &  d'autres  de  houille  ou  de 
charbon  de  pierre,  dont  on  tire  un  grand  profit.  Ce 
pays  dépend  de  Ion  Evêque ,  fuftragant  de  Cologne  , 
&  Prince  de  l'Empire.  Il  eft  élu  par  le  Chapitre , 
compofé  de  foixante  Chanoines ,  qui  font  tous  No-. 
blcs  ou  Dodteurs. 

LiÉcE.  f.  m.  Arbre  de  moyenne  hauteur,  rellemblant 
beaucoup  au  chêne  vert ,  mais  fon  tronc  eft  plus  gros 
&c  fon  écorce  beaucoup  plus  épailïè  ,  fort  légère, 
fpongieufe  ,  de  couleur  grife ,  tirant  lur  le  jaune  ;  elle 
fe  fend  &  fe  fépare  de  l'arbre  fi  l'on  n'a  le  foin  de 
l'en  ôter  ,  parce  qu'elle  eft  poulTée  par  une  autre 
écorce  qui  i"e  fornre  deilbus.  Suber.  Ses  feuilles  ont 
la  figure  de  celles  du  chêne- vert,  mais  elles  Iont  plus 
grandes ,  plus  longues  ,  plus  molles ,  plus  vertes  en 
delllis,  quelquefois  un  peu  dentelées,  piquantes.  Ses 
chatons  &c  fes  glands  font  lémblables  à  ceux  du  chê- 
ne-vert. Cet  arbre  croît  dans  les  pays  chauds,  com- 
me en  Elpagne ,  en  Italie ,  vers  les  Pyré.iées ,  en  Gaf- 
cogne.  Il  ne  meurt  point  quand  il  eft  dépouillé  de 
fon  écorce,  comme  font  tous  les  autres  arbres.  Le 
gland  du  liège  eft  aftringenr  &  propre  pour  la  colique? 
venteufe  ;  Ion  écorce  eft  auili  aftringente ,  elle  arrête 
les  iiémorragies  &  les  cours  de  ventre.  En  Latin  Su- 
ber latifolium  perpétua  yïrens.  C.  Bauhin,  Pin.  424. 
Quelques  uns  dérivent  le  mot  de  liège,  as  kvis ,  à 
caule  de  la  légérecé. 

Liège,  i'e  dit  particulièrementde  la  féconde  écorce  de  ce 
bcis,qui  nage  fur  l'eau.  Suber.  On  le  iert  de  liège  pour 
mettre  fous  des  pantoufles  Se  fous  des  patins,  parce 
qu'il  eft  fort  léger.  Les  filets  des  pêcheurs  ne  font 
fulpendus  fur  l'eau  que  par  les  lièges  qui  y  font -atta- 
chés. On  le  fert  de  liège  po'ur  faire  des  tampons  de 
canons,  des  bondes  de  bariques  ,  &  autres  choies 
fcmblabics.  Il  y  a  une  efpèce  de  liège  d'Angleterre, 
qui  eft  ferré  &  moins  poreux  que  le  liège  commun, 
qui  eft  merveilleux  pour  faire  des  bouchons  de  bou- 
teille ,  où  l'on  peut  mettre  sûrement  du  vin  ,  fans 
craindre  qu'il  s'évenre. 

On  a.\o^e\\e  patenôtres  de  Liège  ,  les  morce.iuï  de 
lièges  que  les  Pêcheurs  attachenx  à  leurs  filets  pour 
les  tenir  fulpendus  dans  l'eau  par  le  haut.  Subens 
fegmenta. 

LiÉGi..  Terme  de  Sellier.    C'eft  un  morceau  de  bois 


LIE 

en  forme  de  petite  aile  qui  eO:  aux  deux  cotés  du 
pommeau  de  l.i  klle,  &  loiiqu'il  eft  couvcit  de  ciiii 
'  &  embelli  de  tluus,  il  s'appelle  5dKe.  Eplûp'd  ala. 
Le  licge  eft  décolé. 

LltGEOlS.  Nom  du  pays  de  Liège.  Pagus  Leodicenfî<; , 
ou  Leodienfis.  Hadr.  Valois  dit  le  Lie^e.  Le  Liégeois 
s  étend  des  deux  côtes  de  la  Meute.  C'eft  la  même 
choie  que  le  pays  ou  l'Archevêché  de  Liège  dont  on  a 
parlé  au  mot  LIEGE. 

LIÉGEOIS ,  OISE.  r.  m.  Se  f.  Qui  eft  de  Liège.  Leadien- 
Jîf  y  Leodicenjls, 


LIE         5-2^ 

Religion  qui  devroit  être  un  lien  de  charité  er.tre  le* 
hommcsj  n'tlt  plus  que  la  matière  de  leurs  contcfta- 
tions  Hc  de  leur  aigitur.  Id.  Par  combien  d'imper- 
ceptibles Liens  fonnitstious  att.Uhés  au  monde» 
Boss.  Il  n  y  a  point  de  Liens  fi  forts ,  que  la  raifon  nd 
rompe  avec  le  tems.  S.  Evii.  LaHcligion,  fous  des 
formes  diitértntes  ,  léra  le  Lien  de  t(.;Utes  les  Nations  , 
&  !.'.  lource  de  toutes  les  vertus.  M.  Scud.  Il  eft  plus 
noble  de  rompre  tout  d  un  coup  les  Liens  qui  nous 
attachent  au  monde ,  que  de  les  délier  avec  tant  de 
circonipedion  &  de  roiblefte.  Fi.ech. 


LliiGER.  V.  a.   i'erme  de  Pêcheur.  Liéger  un  filet,  le  ,  ÇCTi^ien.  Dans  le  ftyle  des  amans,  fe  dit  poétiquement 


garnir  de  morceaux  de  liège  qui  le  tiennent  (ufpcndu 
dans  l'eau.  Liéger  un  tramail.  i>uberc  retia  in',  ruerc. 
LIEMENT.  Vieux  adverbe.  Joyeulbment.  Lticè  ,  Lidari 
ter.  Don  liemenc  donné  à  deux  manières  de  mcrite. 
Rom.  de  Lanc.  du  lac, 
|p°  LIEN.  f.  m.  Vinculum  ,  ligameny  fe  dit  en  général 
de  tout  ce  qui  lert  a  unir  deux  ou  plulicurs  chofes 
l'une  à  l'autre  ,  de  tout  ce  qui  empêclie  que  les  mem- 
bres n'agiflent ,  &  que  les  parties  d'une  choie  ne  le 
féparent.  On  dit  le  Lien  d'une  gerbe ,  le  Lien  d'un  fa- 
got. 
It^FOn  le  dit  de  même  de  la  chaîne,  de  la  corde  dont 
les  pieds  &  les  mains  des  criminels  (ont  liés ,  des  chaî- 
r.cs  dont  les  captifs  (ont  chargés.  Alors  il  eft  toujours 
employé  au  pluiiel.  Etre  dans  les /ie/^j-.  Languu  d.ins 
les  Liens.  Brilcr ,  rompre  fes  Liens.  Catenx, ,  compedfs. 
La  fête  de  Saint  Pierre  aux  Liens  ,  eft  celle  qu'on  cé- 
lèbre le  premier  jour  d'Août ,  en  mémoire  du  miracle 
rapporté  dans  les  atires,  C/iap.  rJ,  par  lequel  l'Ange 
du  Sei j;neur  brila  les  Liens  dont  l'Apôtre  étoit  chargé 
par  la  cruauté  d'Hérodes,  &:  le  mit  en  lieu  de  siirctè. 
Lien,  le  dit  dans  les  Arts,  de  toutes  les  pièces  qui  ler- 
vcnt  à  lier  Se  allembler.   Ligamen.    i^es  Vitriers  ont 
des  /ie/;,r  de  plomb  pour  lier,  pour  attacher  les  ver- 
ges de  fer  le  long  du  panneau.  Us  appellent  .audi  Lien 
de  verre  ,  un  paquet  de  un  tables  de  verre  de  Lorraine, 
ou  de  verre  blanc  priles  entemble;  vingt-cinq  Liens 
font  un  balot.  Quand  le  verre  eft  de  couleur ,  il  n'y 
a  que  douze  liens  Se  demi  au  balot ,  &  trois  tables  à 
chaque  Lien.  Les  Charpentiers  font  des  Liens  de  piè- 
ces de  bois  engagées  les  unes  dans  les  autres  p^r  des 
tenons ,  mortoifes  &  chevilles  ,   comme  celles  qui 
lient  les  pieux  des  arches  des  ponts  de  bois ,  les  haïtes 
ou  foufaitesdes  combles.  Il  y  a  auln  des /is/w  cintrés 
qui   lervent  de  courbes  dans   les  entoncemens  des 
combles ,  &  dans  raifemblage  des  fermes  rondes  des 
vieux  pignons.    l''oye-^  Lierne.   On  le  dit  aulli  des 
pièces  qui  fervent  à  lier  &;  à  fourenir  les  grues  &  en- 
gms.  Les  Liens  d'une  grue  font  les  bras  qui  appuient 
l'arbre;  ils  font  allemWés  par  le  bas  Ams  l'exrrémité 
des  racineaux,  &  par  le  haut    contre  l'arbre.   Les 
Charrons  attachent  leurs  Hèches  avec  plulieurs  liens 
de  fer.  On  appelle  aulii  lien  de  1er,  un  morceau  de 
fer  méplat,  coudé,  ou  cintre,  pour  retenir  quelque 
pièce  de  bois  dans  un  allcmbla^^e  de  Charpenterie  ou 
de  Menuiferie.  Daviler.   Lieu  de  gouvernail ,   eft 
un  lien  de  fer  qu'on  met  autour  de  la  tête  du  gouver- 
nail. 
Lien.   Terme  de  Manufadure  de  lainage ,  dont  on  fe 
fert  en  pluheurs  lieux  du  Languedoc,  pa'ticulière 
ment  dans  les  Fabriques  de  Langogne  &:  autres  lieux 
<iu  Gevaudan  ,  pour  iigniher  ce  qu'on  nomme  ailleurs 
des  Portées. 

En  termes  de  Philofophie  hermétique,  on  appelle 
lien  des  PhilofopheSj  un  corps,  ou  une  matière  qui 
contient  les  elprits. 
Lien  ,  fe  dit  hgurément  en  chofes  morales  &  fpirituel- 
les ,  de  tour  ce  qui  unit  les  pcrfonnes  enfemble.  Li- 
gamen i  vinculum.  Le  lien  conjugal ,  c'eft  le  ma.iage. 
Lien  de  mariage.  Lien  de  fervitude,  cette  exprclnon 
fe  trouve  dans  quelques  Coutumes.   Les  loix  font  le 
lien  de  la  fociété  civile.  Les  Liens  du  corps  &  de  l'ame 
font  imperceptibles.  Qu'une  amitiéJi  belle  ai'  d  éter- 
nels liens.  Rac.  L'eftime  mutuelle  de  deux  amis ,  eft  '' 
toujours  le  premier  lien  qui  doir  ferrer  leurs  nœuds,  j 
S.  EvR.  Le  lien  de  l'afnitié  humaine  eft  rrop  fùiblej 


pour  réfifter  à  la  violence  des  pallions. 
Tome  V. 


M. 


pour  clclavage.  On  dit  qu  un  amant  a  rompu  fes 
tiens,  quil  trouve  les  liens  bien  doux. 

On  dit  proverbialement  ,   on  n'eft  pas  échappé 
quand  on  traîne  Ion  lien. 
Le  double   lien.   Terme    de  Jurifprudence.   PàJrehtc 
entre  perfonnes   forties  d'un  même  père  &  d'une 
même  mère  ,  qu'on  appelle  Ireres  c^^:  (oeurs  germains, 
Confanguinitas.  Le  Droit  Civil  avoit  établi  la  diftinc- 
tîon  à\i  double  lien,  duplicts  vinculi  heneficium ;  en 
foite  que  les  enfans  iftus  d  Un  même  père  &  d'une 
même  niere  ,  luccédoient  les  uns  aux  autres  par  pré- 
férence, &  à  l'exclufion  de  leurs  frères  &  fœurs  de 
père  ou  de  mère  (culemcnt ,  qu'on  appelle  frètes  Hà 
fœurs  conlanguins,  ou  utérins.  Ce  Droit   sobfervo 
civquelques  Courinnes  de  France.    Il  n'a  point  lieu 
en  Normandie.   Quelques-uns  croient  que  l'aûion  de 
Joleph  ,  qui  donna  une  double  portion  à  Benjamin  , 
fon  rrere  de  perc  &  de  mère  ,  par  préférence  à  les  au- 
tres frères  qui  ne  l'étoient  que  de  père,  a  donné  lien 
à  la  diftindion  du  double  lien.  A  double  Lien  eft  op- 
polé  lien  limple ,  qu'on  appelle  auftî  leul  lien  :  il  lé 
trouve  entre  des  Ireres  &  des  (œurs  qui  ne  font  pas 
enfans  du  même  père  &  de  la  même  mère,  mais  qui 
ont  (eulcment  ou  le  même^pere,  ou  la  même  mère» 
Vinculum  duplex  ,  fimpiex  ,  unicurh. 
Lien.  1.  m.  Nom  d'une  fleur  aquatique  de  la  ChiiiCi' 
Elle  croit  dans  les  eaux  dormantes  &  croupillàntes. 
Les   Portugais  appellent  ces  fleurs  Fula  de  Golfon. 
Elles  paroillent  tur  l'eau  à  la  hauteur  de  deux  ou  trois! 
coudées  :  les  tiges  auxquelles   elles  tiennent  ,    ionc 
très-dures  &  très-tortes;  une  racine  prcduir  d'oidi- 
naire  piulieurs  Heurs,  dont  quelques  unes  font  jau- 
nes ,   d'autres  violettes  ,  blanches  ,  ou   rougeàtres  j 
d'autres  font   mêlées   de  toutes  ces  couleurs.    Ces 
Heurs  font  plus  grandes  tk  plus  belles  que  celles  de 
nos  lis,  mais  elles  n'ont  pas  une  odeur  li  agréable, 
on  prendroit  ces  plantes  pour  de  grandes  tulipes.  Se 
même  elles  ne  reprélenteur  pas  mal  un  panier,  à  lai- 
fon  de  leurs  feuilles  cannelées ,  qui  par  le  fond  &  le 
calice  viennent  peu  à-peu  à  s'étendre ,  ayant  les  bords 
&  les  extrémités  toutes  tournées  &:  recourbées  aveo 
de  petites  boules  qui  ne  tiennent  qu  à  un  petit  filet, 
de  iont  au  milieu  comme  fi  c'éroient  les  filets  de  fa- 
fran  d'un  lis. 
LIÉNARD.  Foyei  LioNARD, 

LIENARÈS.  Nom  d'un  bourg  de  i'Andiloufic  ,  en  E(- 
pagne.  Lienarium,  Cajtulo  nova.  Tl  eft  vers  les  con- 
fins de  la  Caftille  nouvelle  ,  à  trois  lieues  de  Baéza  ,  & 
à  cinq  de  Jo'i'n  &  d'Anduxar.  Lie'narcs  a  été  bâti  des 
ruines  de  l'ancienne  Caftulo  ,  ville  forte  Se  Epilco» 
pale ,  futfr.igante  de  Tolcde.    Maty. 
^LIENCHÊU,  Ville  de  la  Chine,  huitième  métro- 
pole de  la  province  de  Quangtung.  Elle  â  trois  autres 
villes  lous  la  jurifdidion. 
LIENCZ ,  ou  LONCZ.    Loncium.  C'étoit   anciennc- 
nement  une  petite  ville  du  Norique  ,  maintenant  ce 
n'eft  qu'un   petit  buuig,  lîtué    dans  le  Tirol  ,    aux 
confins  de  la  Carinthie  oc  de  l'Archevêché  de  Saltz^ 
bourg.  Maty. 
LIÉNE.  f   m.  Nom  d'homme.  Leûnius.  A  Poitiers, 
Saint  Lie'ne  dont  le  corps  eft  dans  l'Eglife  de  Saint 
Hilaire.  Chastelain,  au  premier  de  Fév,  p.  484^ 
LiÉME  l^oyei  Liane. 

LIENKIANG.  Ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Fukien  ,  au  département  de  Focheu ,  première  Mé- 
tropole de  la  Province. 
Èsp.  La'  LIENNE.  f.  f.  Terme  de  Tiirerand  en  toile.  On  s'ert 

VvviJ 


524  LIE 

fert  auflî  dans  les  Manufaâurcs  des  petites  étoffes  de 
laine.  Ce  lont  les  lîls  de  l.i  chaîne ,  dans  lefquels 
la  trame  n'a  point  pailé;  parce  qu'ils  n'ont  pas  été 
levés  ou  bailles  par  les  marches. 
LïENTERIE.  LA.  Elpèce  de  dévoiment  dans  lequel  on 
repd  les  alimcns  comme  on  les  a  pris  ^  ou  à  demi 
digérés.  Lientcria.  La  iienterie  vient  de  ce  que  le 
levain  de  l'eftomac  manque  entièrement  ou  cft 
émoullé  j  ou  parce  que  le  pylore  eft  tellement  re- 
lâché j  &  les  fibres  du  ventricule  fi  fort  irritées 
en  même  temps  ,  qu'il  lailfe  fortir  les  alimens ,  au- 
licu  de  les  retenir.  La  lïentcne  iurvient  à  de  grandes 
maladies.  L'excès  de  la  boillon  peut  caufer  ce 
mal  en  relâchant  trop  l'cftom.ac,  &  fur-tout  le  py- 
lore. Les  Anciens  croient  que  la  lïentcne.  arrive  lorl- 
que  les  inteltins  étant  trop  unis  &  glillans  par  de- 
dans y  ils  laillent  échapper  les  alimens  avant  qu  ils 
foient  digérés  ;  d'où  vient  qu'ils  lui  avoicnt  donné 
ce  nom,  qui  eft:  Grec  ,  &  qui  eft;  formé  de  a«i»5, 
poil ,  Si  de  tijtpan  ,  intejlin. 
0-  LIENXAN.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 

de  Quantung  ,  au  département  de  Quangchcu. 
LIER.  V.  a.  Attacher  ,  joindre  avec  un  lien  plufieurs 
chofes  cnfcmble.  Ligare  ,  vincire.  On  lie  les  ba- 
lots  avec  des  cordes  j  les  gerbes,  le  foin^  avec  de 
la  paille-,  les  fagots ,  avec  des  hares;  des  mats,  des 
machines  ,  avec  des  bandes  de  fer  ;  des  tonneaux  , 
avec  des  cercles  ;  des  perches  ,  avec  de  l'olier. 
Lier  ,  fignifie  quelquefois  fîmplemcnt ,  Nouer ,  arrê- 
ter quelque  choie.  Conneàere  ;  vincire.  Lie:^  vos 
fouliers  avec  des  cordons.  Lier  un  ruban.  On  lie 
les  vignes  à  des  échalats. 
Lier  ,  fignifie  aullî ,  Oter  la  liberté  du  mouvement 
des  membres  du  corps.  V^mcire.  On  a  mené  cet 
homme  pieds  &c  poings  liés;  tl  étoit  lié  &  garotté. 
Il  a  perdu  l'elprit  ■■,  il  eft:  fou  à  lier.  Celui  qui  triom- 
phoit  à  Rome  ,  menoit  les  Princes  liés  à  fon 
char. 
LiERj  fe  dit  auflî  des  parties  différentes  que  l'on  joint 
enlemble  par  quelque  chofe  qui  s'incorpore  dans 
les  unes  &  dans  les  autres.  Colligare  ,  illigare.  Le 
pouzzol  eft;  le  meilleur  ciment  pour //Vr  les  pierres. 
La  colle-forte  lie  les  pièces  de  bois  cnfemble.  Il  faut 
mettre  quelque  chofe  dans  cette  compofition  pour 
lier  les  ingrédiens.  On  dit  aulfi  qu'un  Écrivain  lie 
bien  fes  lettres ,  quand  il  les  joint  enfemble  par  des 
traits  fort  déliés. 

On  ditaulîî  en  Cuifiue  ,  qu'une  fauffe  fe  He\  pour 
dire,  qu'elle  s'épaillit,  qu'elle  prend  confiftance  en 
cuilant.  Il  faut  remuer  cette  fiulîe,  jufqu'à ce  quelle 
fe  lie.  Voilà  une  faufle  bien  liée.  On  le  peut  dire 
de  même  des  autres  compofitions ,  des  lirops ,  & 
autres  chofes  de  cette  nature  que  l'on  fiit  épaiiîîr  en 
les  faifant  cuire.  Ce  firop  eft  bientôt  faitj  il  com- 
mence à  fe  lier. 
Lier  j  lignifie  encore,  Afl;reindre  ,  obliger  quelqu'un 
à  certaines  conditions  ,enforte  qu'on  ne  s'en  puilfe 
défendre.  AJlringere ,  devincire.  Les  hommes  fe 
lient  pzï  leurs  fermens.  Corneille  a  fait  dire  à  Cin- 
na  ,  en  parlant  de  (a  Maîtrefte  : 

Un  ferment  exécrable  à  fa  haine  me  lie. 

Une  faifie  ,  une  fubftitution,  liendes  mains  d'un  dé- 
biteur ,  d'un  ufufruitier.  Les  défenfes  de  la  Cour 
ont  lié  les  mains  à  ce  Juge  inférieur.  Je  l'ai  bien 
lié  par  les  claufes  de  ce  contrat.  Un  donataire  entre 
vifs  fe  lie  les  mains ,  ne  peut  plus  difpofer  de  fon 
bien.  Cela  ne  lie  ni  le  donataire  ^  ni  l'héritier.  Pat. 
La  collation  ,  quoiqu'invalidej  d'un  Collateur  or- 
dinaire, lie  les  mains  du  Pape  ,  lui  ôte  le  droit  de 
prévention.  On  dit  aufti ,  qu'un  homme  eft  lié , 
quand  il  eft:  facré  ;  ou  lorfqn'il  eft;  marié.  Le  plus 
sur  moyen  de  lier  les  hommes  Se  de  les  enchaîner , 
c'eft:  de  leur  faire  du  bien.  Vos  bienfaits  me  lient  à 
vous  d'une  chaîne  honorable.  Rac.  Dans  ces  ac 
ceptions  le  mot  lier  eft  pris  au  figuré. 
Lier  ,  fe  dit  aullî  figurément  en  plufieurs  chofes  de 
différente  nature.  Ainlj  on  dit  qu'un  Orateur  a  bien 


L  I  E 

lié  fon  difcours  j  quand  il  l'a  difpofé  dans  un  ordie 
naturel ,  §3°  enlorte  que  toutes  les  parties  foient  joia- 
tes  comme  il  faut  l'une  à  l'autre.  On  dit  aullî 
qu'Euclide  a  lié  mcrveilleufemcnt  les  propoiidons 
de  Géométrie.  Tous  les  traies  de  cette  femme  font  ad- 
mirables ;  mais  l'agrément  qui  les  /ie  dans  fon  por- 
trait ,  ne  les  lie  pas  lur  fon  vifage.  Vill. 

Lier  ,  en  termes  de  Fauconnerie ,  fé  dit  lorfque  le 
faucon  enlève  en  l'air  fa  proie  dans  fes  ferres  ,  ou  lorC- 
que  l'ayant  alîommée  ,  il  la  lie  &  la  tient  à  terre. 
Falculis  inuncare  ,  implicare.  A  l'égard  de  l'autour 
on  .dit  empiéter.  On  dit  aullî  ,  quand  deux  ou  trois 
oileaux  fe  font  compagnie  pour  pourluivre  le  hé- 
ron ,  ou  autre  gibier,  qu'ils  le  lient \  parce  qu'ils  le 
ferrent  de  li  près  ,  qu'ils  femblent  quali  le  lier  Se  le 
tenir  dans  leurs  ferres.  Faultrier. 

Lier  ,  fe  dit  figurément  en  choies  fpiriruelles  &  mo- 
rales. Ligare  ,  flringere.  Jésus-Christ  a  donné  à 
fon  Eglife  le  pouvoir  de  lier  &  de  délier  les  pé- 
chés, c'eft-à-dire ,  de  donner  ou  de  rcfufér  l'abfo- 
lution.  Elle  lie  par  des  Excommunications  &  des 
Cenfures.  Le  mariage  lie  enfemble  les  conjoints. 
Les  alliances  lient  les  familles.  La  Police  ,  les  Loix 
lient  enlemble  les  peuples.  L'intérêt  lie  les  Socié- 
tés. La  conformité  d'humeurs  lie  les  amis.  Il  étoit 
lié  aux  intérêts  de  fon  Maître.  Ablanc.  Ne  per- 
mettre pas  aux  Rois  de  s'humanifer  quelquefois , 
c'eft  les  lier  à  la  grandeur  de  leur  condition  ,  & 
les  clouer  fur  le  Trône.  Bal.  Il  les  obligeoit  de  fe 
voir  fouvent  j  de  s'aller  promener  enfemble ,  &c  de 
faire  quelquefois  de  petits  repas  ,  qui  liajjcnt  leurs 
cœurs  de  plus  en  plus  ,  conformément  aux  agapes 
des  premiers  Chrétiens.  Bouhours.  La  Charité  t 
unit  mieux  les  cœurs  des  Saints ,  avant  même  qu'ils  fe  | 
foient  jamais  vus  ,  que  les  amitiés  fondées  fur  l'in- 
térêt ,  ou  fur  un  mérite  Se  des  qualités  humaines  , 
n'ont  coutume  de  lier  les  perlonnes  du  monde  ,  qui 
ont  le  plus  long  temps  vécu  enfemble.  P.  Verjus. 
On  ne  doit  point  fé  lier  dans  une  profellion  qui 
renferme  autant  de  faintété  ,  d'aniijétilTement  & 
de  dépendance  que  celle  de  la  Religion  ,  à  moins 
que  d'y  être  porté  par  un  véritable  attrait.  Ab.  de 
LA    Tr. 

On  dit  aulîî  en  ce  fens  ,  Zier  commerce,  corref- 
pondance  ,  entrer  en  commerce  j  en  iociété.  So- 
cietatem  inire ,  co'ire.  Il  eft  très-important  de  ne  lier 
commerce  qu'avec  des  perlonnes  de  mérite  ion  prend 
inlenliblement  leurs  manières.  Bell.  Lier  amitié 
avec  quelqu'un.  Cet  entretien  lia  peu-à-peu  entre 
eux  une  étroite  familiarité.  Ablanc.  On  dit  auflî. 
Lier  converfation  ,  entrer  en  converfation.  LÀer 
partie  ;  pour  dire ,  convenir  du  jour  &  des  condt- 
tions  pour  fe  divertir  enfemble. 

On  dit  proverbialement  à  ceux  qui  héfitent  à 
entrer  dans  une  maifon  ,  Entrez  ,  nos  chiens  font 
liés. 

§C?LiER,  Attacher  j  fynonymes.  On  lie  pour  em- 
pêcher que  les  membres  n'agillent ,  ou  que  les 
parties  d'une  chofe  ne  fe  féparent.  On  attache  pour 
arrêter  une  chofe  ,  ou  pour  empêcher  qu'elle  ne 
s'éloigne.  On  lie  les  pieds  &  les  mains  d'un  cri- 
minel ;  &  on  l'attache  au  poteau.  On  lie  un  fais- 
ceau de  verges  avec  une  corde.  On  attache  une 
planche   avec   un  clou.    Syn.  Fr. 

IKJ"  Dans  le  fens  figuré  ,  un  homme  eft  lié  lorfqu'il 
n'a  pas  la  liberté  d'agir  -,  &  il  eft;  attaché  quand  il 
n'eft  pas  en  état  de  changer  de  parti  ou  de  le 
quitter. 

^CF  L'autorité  Se  le  pouvoir  lient.  L'intérêt  Se  l'amour 
attachent.  Nous  ne  croyons  pas  être  liés  ,  lorfque 
nous  ne  voyons  pas  nos  liens  ;  Se  nous  ne  fentons 
pas  que  nous  fommes  attachés  ,  lorfque  nous  ne 
penfons  point  faire  ufage  de  notre  hberté. 

LIÉ ,  ÉE.  part.  Connexus  _,  conjunclus.  Jouer  en  deux 
parties  liées  i  pour  dire ,  qu'il  en  faut  gagner  deux 
tout  de  fuite.  Colonne  liée  ,  eft:  uue  colonne  atta- 
chée à  une  autre  par  un  corps  ,  ou  languette  de 
certaine  épaillcur  ,  ou  à  un  pilaftre  fins  confufion 
de  bafe ,  ni  de  chapiteaux. 


L  I  E 


Lié.  Les    Médecins    appellent  Matières  lices ,  les  ex 

crémcns  qui  ont  une  certaine  coniîlbncc.  Ac.  Fr. 
Lié  a  aulîî  les  auctcs  (îgnirications  de  Ion  vciIk  dans 
un  Cens  moral  &:  figure.  Un  dilcours  bien  lu- ,  Sec. 
f^oye^  Lier. 
|CJ"  En    Mulîquc   on   appelle    Notes   /iecs ,  plufieurs 
notes  qu'on  pallé  d'un  leul  coup  d'arcliet ,  ou  d'un 
feul  coup  de  langue  fur  les  inlhuniens  à  vent. 
§0"  En  Peinture  on   dit  que   des  couleurs   (ont  bien 
/ie'es  ,   que  des  groupes  fc  lient  bien  ,  lorlquc    ces 
groupes  ,   quoique    (éparés  ,     forment    une    belle 
union  ,    ou  lorique   ces    lumières   communiquent 
bien  ,    &   fcmblent    n'en    fùire  qu'une.   On  diloit 
autrefois  un    groupe   de  figures  bien  nouées  enlem- 
ble  ;  des  couleurs  bien  nouées  les  unes  avec  les  au- 
tres.  Le  mot  de   lie'  paroît  aujourd'hui  le  feul  en 
ufage. 

Dans  les  Coutumes  ,  lie'  de  mariage  ,  fignifie  j 
engage'  dans  le  mariage  ,  qui  eft  marié.  Femme  liée 
de  mari  ,  veut  dire  ,  femme  mariée ,  femme  qui  a 
époufé  un  mari. 
Lié  j  en  terme  de  Blafon  ,  fe  dit  des  cercles  de  ton- 
neaux j  quand  l'ofier  qui  les  tient  ,  ell:  d'un  autre 
émail.  ColUgatus.  Il  portoit  de  pourpre  à  un  cer- 
cle d'or  lié  de  fable.  Lié  fe  dit  aulli  de  ce  qui 
cft  joint  ,  relfcrré  ,  attaché  Se  accouplé  par  un 
lien,  cordon,  ou  ruban.  Adjiricius,  conjlriclus.  Il 
portoit  de  gueules  à  la  gerbe  d'or  liée  de  champ. 

On  dit  proverbialement ,  la  beccaflè  eft  lice  ,  en 
parlant  dune  nouvelle  mariée,  quand  le  contrat  eft 
palfé  Se  ligné. 
LILRE.  F'oyez  &  prononcez  Lire. 
LIERNE.  f.  f.  Terme  de  Charpenteric.  Catena  ,  ca- 
tenatio.  C'eft  une  pièce  de  bois  qui  fert  à  faire  les 
planchers  en  galetas ,  &  qui  s'all'emble  d'un  poin- 
çon à  l'autre  au  dellous  des  faites. 
LiERNE  RONDE  ,  cft  Une  piècc  de  bois  courbée  félon 
le  pourtour  d'une  coupole  ,  dont  plufieurs  alfem- 
blées  de  niveau  forment  des  cours  de  liernes  par  éta- 
ges ,  &  reçoivent  à  tenons  &  mortoifes  les  che- 
vrons courbes  d'un  dôme.  ColUgatio. 
LiERNE  DE  PALÉE  ,  en  Architeéturc  hydraulique ,  eft 
une  pièce  de  bois  ,  qui  boulonnée  avec  les  fils  de 
pieux  d'une  palée  ;  fert  à  les  lier  enfemble.  On 
l'emploie  auiîi  dans  la  cgnftruétion  des  bâtardeaux 
pour  le  même  ufage.  Cette  Herne  eft  différente  de 
la  moifi;  ,  en  ce  qu'elle  n'a  point  d'entaille  pour 
accoler  les  pieux.  Dans  la  coupe  des  pierres,  on  ap- 
pelle liernes  ,  les  nervures  dans  les  voûtes  Gothi- 
ques ,  qui  forment  une  croix  ,  &  par  un  bout  fe 
joignent  aux  tiercerons  ,  &c  par  l'autre  à  la  clef. 
Davil.  La  Herne  lie  le  nerf  appelé  Tierceron  ,  avec 
celui  de  la  diagonale  ,  qu'on  appelle  Ogive.    Fré- 

ZIER. 

EIERNER.  Terme  de  Charpenteric  &  d'Architcfluic. 
Attacher  des  liernes. 

LIERNU.    Foye\  Lerneux. 

LIÉROORT.   Foyei  Léeroort. 

LIERRE,  f  m.    Plante  qui  croît  tantôt  en  arbre,  & 
tantôt  en  arbrilfeau ,    &  dont  les  rameaux  farmen 
teux  s'étendent  beaucoup  en  rampant  ,  &  s'atta- 
chent aux   arbres  voifins  Se  aux  murailles  j  s'inh 
nuant  dans  les  jointures  des  pierres  où  ils  prennent 
de  profondes  racines.  Hedera.  Son  écorce  eft  ridée 
&  cendrée ,  fon  bois  eft  dur  &  blanc  ,  fes  feuilles 
font  grandes ,  larges ,  anguleufes  ,  épailles  ,  dures , 
vertes  tout  le  long  de  l'année  ,  luifantes  ;  fes  fleurs 
font  compofées  chacune  de  fix  feuilles  radiées,  de 
couleur^    herbeufe  ;  elles  font   fuivies  de  baies  ron 
des ,  grofTes   comme  celles  du  genièvre  ,   difpofées 
en  grappe ,  de  couleur  noire  quand  elles  font  mû- 
res ;  elles  renferment  chacune  cinq  femences  arron- 
dies fur  le  dos ,  &  plates  fur  les  autres  côtés ,  niocl 
leufes.  Les  feuilles  Se  les  baies  du  lierre  font  vulné- 
raires &  déterfives  :  on  applique  les  feuilles  fur  les 
cautères  pour  les  mondifier  de  leur  fanie.  En  Latin 
hedera  arborea.  C.  Bauh.  Pin.  305. 

Il  y  a  une  autre  efpèce  de  lierre ,  appelée  hedera 
poëtica.  Ie.  parce  que  les  Anciens  en  faifoient  des 


LIE  yzy 

couronnes  y  dont  ils  couronnoient  leurs  Pol'tes.  On 
la  nomme  aulli  hedera  Dioni/ia  ,  ou  Bacchica  à 
caufe  qu'on  s'en  krvoit  dans  les  réjouillanccs  aux 
fêtes  de  Bacchus.  Ses  feuilles  ne  font  point  angu- 
leufes ,  mais  feulement  pointues  vers  le  bout ,  moins 
épaift'cs,  moins  dures  que  celles  du  précédent /ier«  j 
fes  baies  font  belles  ,  de  couleur  d'or. 

Ce  mot  vient  du  Latin  hedera  ,  qui  fignifie  la 
même  chofe.  On  a  dit  d'abord  hierre  ,  Se  en  y  joi- 
gnant l'article  /e,  on  a  dit  l'kierre, dont  inlenfible- 
mcnt  on  a  fait  lierre  ;  on  a  ajouté  enfuite  un  nou- 
vel article ,  &  on  a  dit  le  lierre.  On  a  dit  aulîi  autre- 
fois liurre  ,  Se  on  le  trouve  ainli  écrit  dans  quel- 
ques anciens  Didlionnaires. 
LiiiRRE  TERRESTRE  ,  eft  uii  auttc  fortc  de  plante  à 
laquelle  on  a  donné  ce  nom  ,  à  caufc  de  quelque 
rellèmblance  qu'on  a  cru  trouver  de  fes  tiges  ram- 
pantes Se  de  fes  feuilles  avec  celles  du  véritable 
lierre.  Hedera  terreftris.  C'eft  une  efpèce  de  calament 
qui  poufte  de  petites  tiges  rampantes  à  terre ,  grê- 
les ,  carrées.  Ses  feuilles  (ont  rondes ,  dentelées  en 
leurs  bords  ,  un  peu  rudes  ,  velues.  Ses  Heurs  naif- 
(ent  en  bouquets ,  Se  font  formées  en  gueule  ,  ou 
en  tuyau  découpé  par  le  haut  en  deux  lèvres,  de 
couleur  bleue.  Ses  femences  font  oblongues,  join- 
tes enfemble ,  Se  enfermées  dans  une  capfule.  Cette 
plante  a  une  odeur  allez  forte ,  Se  un  goût  amer  : 
elle  eft  fort  apéritive  ,  déterfive  Se  vulnéraire  :  elle 
fait  palfer  les  urines  Se  le  calcul  :  elle  eft  aulli  bonne 
pour  confolider  les  ulcères  ;  on  en  fait  prendre 
aux  phthifiques.  On  l'appelle  ordinairement  hedera 
terreftris  ,  vulgaris.  C.  Bauh.  M.  Tournefort  l'ap- 
pelle calamintha  humilior ,  folio  rotundiort.  Inft 
R.  Herb.  154. 

On  trouve  hierre  dans  les  vieux  Auteurs  pour 
lierre.  Quelques  Auteurs  ont  cru  que  les  Poètes  font 
plus  ordinairement  lierre  de  deux  fyllibes  que  de 
trois ,   parce  que  Corneille  a  dit , 

Je  cejferai  ,  Lifts  ,  de  te  faire  la  guerre  , 
Quand  les  ormes  fuivront  l'embraffement  du  lierre. 

Mais  le  P.  Mourgues  a  remarqué  dans  fon  Traité 
de  la  Poe'fie  Françoile  ,  que  lierre  eft  de  trois  fyl- 
labcs ,  Se  appuie  fa  remarque  par  des  exemples  de 
S.  Amant ,  de  Sarrafin  ,  de  Richer  Se  de  Ronfard. 

Or  va ,  rompt-tûi  la  tête  &  de  jour  &  de  nuit , 
Pâlis  dejfus  un  livre  ,  à  l'appétit  d'un  bruit 
Qui  nous  honore  après  que  nous  fommes  fous  terre , 
Et  de  te  voir  paré  de  trois  brins  de  lierre. 

Regni£R.. 

Une  lierre  qui  demeure  attaché  à  un  chêne ,  après 
même  qu'il  eft  abbattu. 

Haretque  cadenti  , 

eft  la  devifed'un  homme  qui  fuit ,  dans  la  difgraçe, 
un  Grand  auquel  il  s'étoit  attaché. 

LIERRE  ,  EE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Fleurifte.  C'eft- 
à  dire,  à  feuilles  de  lierre.  On  appelle  Anémones 
lierrées  ,  celles  dont  les  feuilles  d'en  bas  ou  premiè- 
res feuilles  font  en  quelque  manière  femblables  à 
celle  du  lierre.  Dict.  de  James. 

LIÉSINA.  Voye-{  Lésine. 

LIESSE,  f  f.  Vieux  mot,  qui  fignifioit  autrefois.  Joie, 
gaieté.  L&titia ,  gaudium  ,  hilaritas.  Il  eft  revenu 
de  fon  voyage  ,  on  l'a  reçu  en  graiide  lieffe.  Il  ne 
fc  dit  plus  guère  qu'en  cette  phrafe  ,  Notre-Dame 
de  Lieffe ,  ou  dans  celle  ci ,  vivre  en  joie  &  Ueffe  , 
qui  eft  du  ftyle  très- familier. 

Les  Anciens  faifoient  une  déelfe  de  la  Liejfe.  Lt,- 
titia.  On  la  voit  fouvent  fur  les  médailles  des  Em- 
pereurs. Triftan  remarque  qu'elle  étoit   auflî  nom- 
mée Vitula  par  Hylus  ,  dans  Macrobe,  L.  III.  Se 
l      prétend  que  c'étoit  la  même  qn'Jglaia  ,  l'une  des 


yi6  LIE 

Grâces  ,    Se   que  l'Euthymii  de  l'Hiftorieii  Mem- 
iieii ,  dans  la  Bibliorhcquc;   de  Phocius. 
Ce  mot  vient  de  latitia.  _ 

LIESSE.  Boiug  ou  village  de  l'île  de  France  ,  fituc  près 
de  la  ville  de  Laon  ,  vers  l'orient.  Lmtia.  C'eit  un 
lieu  de  dévotion  conlacrc  à  la  Bicnheureute  Vierge, 
&  fort  fréquente  par  les  Pèlerins.  Mat  y.  Les  Ac- 
tes de  Charles  VL  Roi  de  France  nomment  ce  lieu 
Liens.  EccUJiam  noftrA  DomïnA  de  Linite.  Ces. 
adtes  font  d'un  Moine  de  S.  Denis ,  qui  vivoit  fous 
ce  Prince.  Nos  anciennes  tables  géographiques  l'ap- 
pellent Lïance  ,  ou  Licnce  ,  mainten^uit  on  dit  Liejfe  , 
qui  yieor  de  Utitia  ;  mais  il  y  a  bien  de  l'apparence 
que  l'on  a  dit  par  corruption  &  par  erreur  Liejfe 
pour  Lience  :  le  peuple  entendoit  le  mot  lieJfe  ,  &c 
Notre- D.irac  de  Liejj'e  failoit  un  lens  ;  au  lieu  qu'il 
ne  favoit  ce  que  c'étoit  que  Lience.  Voy.  Hadr. 
Val.    Nodt.  Gall.p.  276. 

LIESSÎES.  Nom  d'une  petite  ville  avec  une  Abbaye  de 
Bénédictins  dans  le  Hainaut  ,  province  des  Pays- 
Bas.  Liûéi.  Elle  eft  fur  la  rivière  d'Hefpres  ,  Dio- 
cèle  de  Cambrai  ,  à  deux  lieues  d'Aveine  du  côté 
de  l'orient ,  &  à  quatre  de  Adaubeuge  ,  &  huit  de 
Mons  vers  le  midi.  L'Abbaye  de  Liejfies  fut  fon- 
dée en  751.  Louis  de  Blois,  ou  Blollius^  Abbé  de 
Zieffis  ,  recommandable  par  la  vertu  ,  &  par 
d'cxceilens  traités  de  piété  qu'il  a  Liilles  ,  rétablit 
dans  cette  Abbaye  la  régularité  qu'on  y  obferve  en- 
core aujourd'hui  ,  &c  mourut  en  1560.  Antoine 
Wingbius,  &  Thomas  Luyteus ,  Abbés  de  Liejjies , 
contribuèrent  beaucoup  au  commencement  du  grand 
ouvrage  des  BoUandiftes  ,  &  furent  les  Mécènes  de 
Rofweyd  &  de  Bollandus.  Hadr.  Valois  dk  LteJJies , 
ou  LieJJy  ,  mais  je  ne  trouve  point  ailleurs  ce  fé- 
cond mot.  Il  ajoute  que  quelques-uns  dilent  aullî 
LieJJes  ,  ôc  en  Latin  Lxda  ^  au  pluriel.  l\ut.  Gall. 
p.  260.  Ce  lieu  lans  doute  a  pris  Ion  nom  des 
peuples  qu'on  nommoit  L&ti ,  &c  qui  étoient  une  par- 
tie  des  Nerviens. 

LIEU.  f.  m.  L'Ancienne  Philofophie  le  définit  ainfi  : 
Surface  première  &  immobile  d'un  corps  qui  en 
environne  un  autre.  Locus  ,  ulama  fuperjicies  corpo- 
ris  ambientis.  C'cll:  ,  pour  parler  plus  clairement  j 
un  elpace  dans  lequel  un  corps  eft  placé.  Les  Philo- 
fophcs  diftinguent  entre  le  lieu  intérieur  &  le  lieu 
extérieur.  Le  lieu  intérieur  ou  interne  eft  l'efpace 
que  chaque  corps  occupe  ,  lequel  efpace  n'eft  point 
différent  de  ce  corps  ,  félon  eux.  Et  le  lieu  exté- 
rieur ou  externe  eil  la  furt-ace  des  corps  qui  envi- 
ronnent un  autre  corps  aux  duierentes  parties  de 
laquelle  le  corps  environné  peut  être  diverlement 
appliqué.  Ainli  quand  on  dit  qu'un  corps  change 
de  lieu ,  cela  ne  fe  peut  entendre  que  du  lieu  exté- 
rieur. RoH.  C'eft  vouloir  perdre  le  temps  que  de 
s'amufer  à  cette  diftindtion.  Le  mouvement  fait  que 
les  corps  changent  de  lieu  ,  vont  d'un  lieu  à  un 
autre;  ils  ne  peuvent  être  en  deux //t7/.v  que  fucceili- 
vement.  Chaque  corps  occupe  Ion  lieu.  M.  Ber- 
nier  dit  que  le  lieu  n'eft  autre  chofe  que  l'efpace 
même  j  qui  eft  appelé  vide  ,  quand  il  eft  privé  de 
tout   corps  ,  &  lieu  ,  quand  il  eft  rempli. 

Locus  j  lieu ,  ce  mot  eft  pris  du  Celtique  lech. 
Pezron.  Ce  mot  lieu  ,  vient  de  locus  ,  &  locus  , 
félon  Scaliger  j  vient  du  Grec.,'-/®-,  raifon  ,  propor- 
tion^ parce  qu'il  y  a  proportion  entre  le  lieu  Se  ce 
qui  eft  dans  le  lieu;  il  ajoute  que'»!---  ,  fignifioit  an- 
ciennement lieu  en  Grec  ,  &  que  c'eft  pour  cela  que 
les  Grecs  appellent  des  embûches  aôv  «t.  F",  cet  Auteur, 
de  Re  Poët.  L.  LU ,  Ci!.  D'autres  le  font  ve- 
nir de  rS'«  5  liev-  ,  en  changeant  le  r  en  /,  &  en  le 
rranfpofant.  Voflius  le  tire  de  /.Ivn^!/-- ,  s'il  s'eft  dit , 
ou  de  Aiy^K'j  ,  cubo  ,  jaceo.  Becman  le  dérive  de 
l'Hébreu  SsJ,  nachal ,  ou  nicchel ,  qui  lignifie  ,  do- 
losè  ano ,  injïdior ,  drejfer  des  embûches. 
Lieu  ,  fe  dit  aulîî  de  l'endroit  deftiné  à  placer  quelque 
chofe.  Dieu  a  rangé  tous  les  Etres  en  un  lieu  conve- 
nable. La  terre  ,  les  corps  graves  ,  font  dans  le  lieu 
le  plus  bas.  Il  faut  ranger  chaque  chofe  en  (on  lieu. 
Elle  viendra  en  fon  lieu,  en  ion  rang,  fc  fera  en 


L  I  E 

temps  &  lieu.  Ce  feroit  ici  le  lieu  de  vous  louei'. 
Ablanc. 

§Cr  En  Aftronomie  on  appelle  lieu^  le  point  du  ciel 
auquel  répond  un  corps  célefte  :  Se  comme  nous 
voyons  les  corps  céleftes  de  dellus  la  furface  de  la 
terre  ,  nous  les  rapportons  a  un  point  diftérent  de 
celui  où  ils  fcroient  vus  du  centre  dt  la  terre.  C'eft 
pourquoi  on  divile  le  lieu  en  vrai  ik  apparent.  Lo- 
cus verus  ,  locus  apparens.  Le  vrai  lieu  d'un  aftrc 
ell  le  point  du  Firmament  j  oii  on  le  verroit ,  li  on 
étoit  au  centre  de  la  terre  ;  le  lieu  apparent  eft  ce- 
lui où  il  paroît  en  le  regardant  de  deftus  la  terre  : 
ce  qui  caule  la  parallaxe^  qui  n'eft  autre  chofe  que  l'arc 
du  Firmament  compris  entre  le  vrai  lieu  ,  &  l'appa- 
rent. Le  lieu  véritable  ,  iic  le  lieu  apparent  ,  con- 
viennent enlemble ,  dans  les  étoiles  fixes  ,  &  dans 
les  trois  planètes  fupérieures  ,  d'où  il  s'enfuit  que 
les  étoiles ,  &  ces  trois  planètes ,  n'ont  aucune  pa- 
rallaxe, parce  que  leur  diftance  de  la  terre  eft  trop 
grande ,  pour  avoir  une  proportion  fenfible  avec  le 
diamètre  de  la  terre.  On  appelle  lieu  brilé  ,  Locus 
rejraclus  ,  du  Soleil  cSc  de  Lune  ,  le  lieu  où  le  So- 
leil &  la  Lune  paroiftent  à  caufe  de  la  réfraction. 
Voye\  encore  Apparent. 

Lieu  t  le  dit  en  particulier  d'un  endroit  fixe  &  dé- 
terminé qu'on  veut  marquer  ,  &  diftinguer  des  au- 
tres. Locus  fixus  ,  determinatus ,  Cette  homme  a 
voyagé  en  divers  lieux  ;  pour  dire  ,  en  divers  pays , 
en  diveries  contrées.  Il  y  a  des  lieux  incultes  que  k 
nature  a  rendu  11  riches  par  leur  feule  lituation  , 
que  toutes  les  beautés  de  l'art  ne  peuvent  y  rica 
ajouter.  Costar. 

Dans  celieu  bienheureux  où  tout  plaifir  abonde. 

La  Sabl. 

Âh  !   que  j'aime  la  folitudel 
Que   ces  lieux  facrés  à  la  nuit  > 
Eloignés  du  monde  &   du  bruit  y 
Pldifent  à  mon  inquiétude  !    S.  Amant.' 

On  appelle  la  Judée  ,  ou  Jérufalem  ,  les  làints 
Lieux.  Loca  fancla ,  à  caufe  des  Myftères  de  notre 
rédemption  qui  s'y  font  opérés.  Kircher  a  fait  un 
bel  Ouvrage  des  lieux  fouterrains  ,  qu'il  appelle 
mundus  fuhterraneus.  C'eft  le  Seigneur  ,  ou  la 
Dam.e  du  lieu  ;  c'eft-à  dire ,  du  village  ,  du  terri- 
toire, de  la  Paroiire.  C'eft  la  coutume  du  lieu  ,  ou 
du  pays.  On  appelle  aulîi  Chef-Lieu  ,  le  principal 
Manoir  d'une  Seigneurie  ,  où  l'on  eft  obligé  de 
porter  foi  (Se  hommage. 

{Cr  Dans  cette  acception  le  mot  lieu  Ce  prend  fouvent 
pour  un  certain  endroit  indiqué.  On  dit  faire  uns 
defcentCj  fe  tranfporter  fur  les  lieux.  Quand  je  fe- 
rai lur  le  lieuj  j'arrangerai  tout  cela. 

§3"  On  le  dit  aulll  pour  les  diifércntes  pièces  d'une 
maifon.  Voir  fi  les  lieux  font  en  état.  Réparer  les 
lieux. 

A  Orléans  &  aux  environs ,  les  Bourgeois  appel- 
lent lieu  une  maifon  des  champs,  f^illa.  Il  eft  all^ 
à  fon  lieu.  Je  m'en  vais  à  mon  lieu. 

On  appelle  auili  dans  les  Couvens  les  lieux  régu- 
liers ,  ceux  qui  font  dans  la  clôture  du  Monaftèrc , 
qui  fervent  à  la  Communauté  i  comme  Dortoir , 
Réfedoire  j  Chapitre  ,  Cloître  ,  à  la  diftinélion  des 
balle  cours  ,  offices ,  &  lieux  deftinés  pour  la  fub- 
lîftance  de  la  maifon.  Loca  regularia. 

On  appelle  dans  une  maifon  les  lieux  fecrets  i 
les  lieux  communs  ,  ou  ablolumcnt  les  lieux  ,  les 
latrines  ,  ou  aifances.  Loca  fecreta  ,  latriM  Voyez 
Lieux. 

Lieu,  fc  diftingue  aulll  par  les  privilèges  qui  lui  font 
attribués  par  ia  deftination  à  divers  ufiges.  L'Eglife 
eft  un  aille  ,  un  lieu  de  franchife ,  c'eft  un  lieu 
iacré.  Les  maifons  des  Amballadeurs  font  des  lieux 
de  franchife.  Le  refped  du  lieu.  Le  Palais  eft  1« 
lieu  où  l^n  rend  la  juftice.  Les  Hôpitaux  font  des 
iktix  pieux.  Les  jeux  de  Paume  font  des  lieux  de 
récréation.  On  appelle  suffi  les  lieux  de  débauche ,  dt  S 


LI  E 


lieux  publics  j  de  mauvais  lieux.  Il  avoit  honte  de 
fbrtir  d'un  mauvais  lieu.  Ablanc.  Une  taverne  & 
un  mauvais /it-a  font  également  infâmes.  Pat.  Ces 
lieux  de  débauche  s'appellent  auJlî  ironiquement  des 
lieux  d'honneur.  La  Grève  cil  le  lieu  où  l'on  exé- 
cute les  gens,  condamnés  au  Supplice. 
IlEu  DE  SURETE.  Façou  de  parler  plaiiante  Se  burlef- 
que ,  pour  dire ,  une  priibn.  Ergaflulum  ,  carccr. 
Je  faurai  mettre  mon  pendard  de  iils  en  lieu  de  sû- 
reté. Mol. 

En  termes  de  Manège ,  on  dit  qu'un  cheval 
porte  en  beau  lieu  ,  quand  il  ioutient  bien  fon 
encolure  ,  quand  il  tient  la  tête  levée  ,  ëc  bien 
placée. 

En  termes  de  Guerre  on  appcHe  lieu  d'ajfemblée^ 
le  quartier  alHgné  pour  un  rendez  vous  de  troupes. 
Cûndiclus   locus.  On   appelle  le  lieu    d'honneur,  le 
premier  rang  où  l'on  combat ,  la  tranchée  ,  &:  tous 
les  lieux  où  il  y  a  du  danger  à  courir  ,  de  la  gloire 
à  remporter. 
Lieu  ,  fe  dit  hgurément  en  chofcs  fpiriruelles  Se  mo- 
rales. Loei.  En  Logique ,  en  Rhétorique  ,  on  .ippelle 
lieux   communs ,  certaines  dalles  j  ik  diil:r:butions 
des  quahtés  ou  circonlhncesdcs  choies^  qui  font  les 
fources  des  argumens.  Melchior  Canus  a  fait  un  Li- 
vre, De  locis  Theologicis.  Il  y  en  a  de  Grammaire  , 
coniincVécyniologie  ;  de  Logique,  comme  la  ^.^f^^i- 
don  ,  &  de  Métaphyl'ique  ,  comme  la  caufe ,  &c. 
C'eft  des  derniers  principalement  que  traite  Arillote 
en  fes  Livres  des  Topiques ,  qui  font  extrêmement 
confus  ;  aulfi  quelques  habiles  Critiques  ont  prétendu 
que  ce  que  nous  avons  maintenant  fous  le  nom  des 
Topiques  d'Ariftote  j  n'ell  point  d'Ariftote   même. 
'■^u^  moins  ce  n'eft  pas  la  même  choie  que   ce  qui 
palloit  au  temps  de  Cicéion  pour  être  les  Topiques 
d'Ariftote.  Mais   ceux-là   ne  valoient  peut-être  pas 
mieux  que  ceux  que  nous  avons  ,  &  Cicéron  nous 
fait  allez  connoître  qu'ils  étoient  fort  obfcurs.  Il  y 
a  quelque  chofe  d'allèz  beau  fur  ce   fujet   dans  le 
premier  Livre  de  fa  Rhétorique.  Tout  l'art*  de  Rai- 
mond  LuUe  ne  confifte  qu'en  la  diftribution  de  cha- 
que   matière    en^  pluiîeuts  lieux  ,   ou  cellules    des 
>  iiofes  qu'il  épuife  l'une  après  l'autre,  pour  dire  tout 
ce  qu'on  peut  dire  fur  Ion  fujet.  Ces  lieux  communs 
lont  des  moyens  courts  &  faciles  pour  trouver  de 
la  matière  à.  difcourir  fur   toutes  fortes   de   fujets , 
en  les  enviiagcant  de  tous  côtés,  &  par  toutes  leurs 
faces.    On  les  diftribue  en  certaines  clafîèsj  &  les 
Logiciens  ks  réduifent  d'ordinaire  à  feize  ;  le  gen- 
re, la.  différence  j  la.  dejinidon ,  le  dénombremenc  des 
1  parties ,  l'étymologie  ^  les  conjugués  ,  la  reffemblan- 
ce  ,  la  diffemhlance  j    la  comparaifon  j  l'oppojition , 
la    répugnance  ,  les   circonjiances .,   qui    tont    trois 
;  lieux-.,  la    caufe  &  l'effet.  Art  de  parler.   Cette 
i  méthode  peut  rendre  féconds  les  eiprits  rtériles.  Auiîi 
n'appelle -t-on  ces  confidération  générales  ,  des  lieux 
communs  ,  que  parce  qu'ils  fournirent  de  quoi  par- 
ler fur  toutes  fortes  de  chofcs  ,  &  qu'ils  font  ex 
pofés  à  tout  le  monde.  C'eft  un  art  de  trouver  des 
argumens.  Par  la  même  raifon  ,  l'on  diftingue  les  | 
lieux  extérieurs  &  extrinféques  ,  de  ceux  qui  font 
intérieurs  &  intrinféques.  Les  premiers  font   géné- 
raux ,  de  fe  peuvent  inventer  par  l'Orateur  ;  les  au- 
tres font  des  faits  particuliers  qu'il  ne  peut  ni  inven- 
ter ,  ni^  fupplécr.    Bien  des  gens  trouvent  que  la  fé- 
condité de  ces  lieux  communs  efl:  une  mauvaife  fé- 
condité ;  Se    fur-tout  que    c'eft    un  art  dangereux 
pour  les   gens  d'un    efprit    médiocre.  On  a  défini 
cette  topique  ,  un  ait  qui  apprend  à  difcourir  fans 
I jugement  des  chofes  qu'on  ne  fait  point.  Id.  Rien 
en  effet  ne  paroît  plus  inutile  que  de  parler  de  ces 
lieux  communs  j  &:    de  cette    fcience   qui   apprend 
l'art  de  trouver  des  argumens.  Ceux  qui  ont  pallé 
par  le  cours  ordinaire  des  études,  Si.  qui  ont  appris 
dans    les  collèges  cette   méthode    artificielle,    ont 
éprouve  que  quand  ils  ont  été  obligés  de  traiter  quelque 
lujet,  ils  n'ont  point  eu  recours  à  ces  lieux  pour  y  cher 
cher  des  raifons.  11  eft  bien  vrai  que  tous  les  ar^u'- 
•ncns  qu'on  tire  de  la  conlldéiation  attentive  du  lu- 


LIE  527 

jet,  fe  peuvent  rapporter  à  ces  chefs  généraux,  qu'on 
appelle  lieux,  ôc  que  l'on  ne  lituroit  prefque  rien 
dire  qui  ne  s'y  rapporte.  Mais  ce  n'eft  point  par  cette 
méthode  qu'on  les  trouve ,  ni  en  y  tailant  une  ré- 
Hcxion  exprelle.  Au  contraire ,  cette  réflexion  ne 
peut  fervir  qu'à  ralentir  la  chaleur  de  l'efprit ,  &  a 
l'empêcher  de  trouver  les  raifons  vives  Se  natu- 
relles ,  qui  font  les  vrais  orncmens  du  difcours;  Loc. 
S'il  eft  bon  de  lavoir  ce  qu'on  dit  de  ces  lieux  3  parce 
que  tant  de  perfonncs  célèbres  en  ont  parlé  ,  qu'ils 
ont  formé  une  efpèce  de  néceftité  de  ne  pas  igno- 
rer une  choie  fi  commune  ;  il  eft  encore  plus  im- 
portant d'être  perfuadé  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  ridi- 
cule j  que  de  les  employer  pour  difcourir  de  tout  à 
perte  de  vue  ,  comme  font  les  LuUiftes  avec  leurs 
attributs  ,  qui  font  des  efpèccs  de  lieux  ,  &  que  cette 
mauvaife  focilité  de  parler  de  tout  Se  de  trouver 
raifon  par-tout ,  dont  quelques  uns  font  vanité ,  eft 
un  fi  mauvais  caraèlèrc  d'cfprit ,  qu'il  eft  beaucoup 
au  delFous  de  la  bêtife.  Les  bons  Orateurs  n'ont 
jamais  longé  à  faire  un  argument,  à  caufâ,  ab 
ejjeélu  ,  ab  adjunclïs  ,  Se  par  tous  les  autres  lieux  de 
cette  nature.  Id.  Ce  pâtiliage  de  lieux  communs  ,  Se 
ce  fagot  de  provifions ,  ne  font  pas  d'un  grand  ufa- 
ge.    Mont. 

C'eft  en  ce  fens  que  lieu  lignifie  raifon  ,  moyen  j 
fujet  ,  occûjion,  place.  Occofio  ,  caufa.  Il  y  a  lieu 
de  croire  cette  propofition  par  telle  Se  telle  raifon. 
J'ai  lieu  ,  j'ai  occafion  de  vous  fervir  par  tels  Se  tels 
moyens.  Il  y  a  lieu  d'efpérer  quelque  chofe  de  bon 
de  ce  jeune  homme.  Avoir  lieu  de  fe  glorifier.  Mol. 
Donner  lieu  à  quelque  accommodement.  Ablanc. 
Tenir  Lieu  de  ,  lignifie  Valoir  autant.  Cela  lui  tient 
lieu  de  tout.  Ac.  Fr.  Leur  pruderie  leur  tient  lieu 
de  jcuneftè.  Mol.  Tenir  lieu  de  père.  Ablanc. 

Il  m' aurait  tenu  lieu  d'unpcrc  &  d'un  époux.  Rac. 

Tacite  dit  que  la  fortune  tient  licuàz  vertu  à  bien 
des  gens.  Bouh.  L'induftrie  en  France  tient  lieu  du 
plus  grand  mérite  ,  &  l'art  de  fe  faire  valoir  donne 
plus  Ibuvcnt  de  la  réputation  que  ce  qu'on  vaut  en 
effet.  S.  Evr.  Une  longue  habitucte  de  le  voir  leur 
tenoit  lieu  d'amitié.  Id. 

On  dit  dans  le  même  fens,  En  premier  lieu  ,  en 
fécond  lieu  j  en  troiùème  lieu.  Primo  j  fecundb  j 
tertio.  Sec.  quaiid  on  divife  fes  raifons  ,  les  points 
de  fes  matières ,  en  plufieurs  articles,  pour  les  trai- 
ter méthodiquement ,  Se  l'un  après  Vautre. 
Lieu  ,  fe  dit  auilî  des  fentences  Se  dits' notables  its 
Anciens ,  Se  des  choies  les  plus  remarquables 
qu'on  extrait  des  Livres  ,  &  c'eft  en  ce  fens  qu'on 
appelle  lieux  communs  les  recueils  qu'on  fait  des 
plus  beaux  pallàges  des  Auteurs.  Excerpta  j  apho- 
rïfnù  ,  apophthegmata.  Voilà  un  lieu  fmgulier  de 
S.  Auguftin.  Cette  décifion  fe  trouve  en  lieu  étran- 
ger ,  traitée  hors  de  Ion  fujet.  Le  Polyanthéa  eft  un 
grand  recueil  des  lieux  communs.  Lycofthène  a  fait 
des  lieux  communs  d'apophthegmes  Se  de  hmihtudes. 
Zuinger  les  a  augmentés  ,  &  en  a  fait  plufieurs 
Tomes. 

On  appelle  lieu  Géométrique ,  toute  ligne  droite  j 
ou  courbe  J  ou  furface  _,  ùc.  dont  tous  les  points 
ont  un  même  rapport  aux  points  d'une  même  ligne 
droite  par  rapport  à  l'un  de  fes  points.  Des  lieux 
du  premier  genre  ,  du  fécond  genre  j  &c.  Il  y  a  des 
lieux  plans ,  qui  font  plus  fimples  ,  ou  du  premier 
genre  ,  Se  lont  des  lieux  à  la  ligne  droite  ,  OU  à 
la  parabole  J  ou  à  l'hyperbole  ,  ou  à  l'ellipfe ,  qui 
comprend  aullî  le  cercle.  Les  lieux  du  lecond  genre 
lont  les  lieux  iolides  ,  qui  fe  lont  par  la  fedtion 
d'une  lupcrficie  conique  &  de  fes  feétions ,  comme 
lont  la  parabole  j  l'ellipfe  Se  hhyperbole.  Les 
troifièmes  lont  appelés  des  lieux  linéaires  j  engendrés 
par  deux  mouvemens  impliqués  ,  comme  font  les 
conchoïdes  ,  les  Ipirales  Se  les  quadratrices.  Voye-^ 
le  Traité  de  M.  de  la  Hire  lur  les  lieux  géométri- 
ques. Un  lieu  au  cercle  _,  un  lieu  à  l'hyperbole  équi- 
latère ,  un   lieu  à  Thyperbole  entre  fes  afymptofcs. 


5Z§  LIE 

On  appelle  lieu  en  Géométrie  toute  ligne  ou  toute 
efpace  qui  fe  détermine  par  la  variation  de  quelques 
grandeurs  ,  toujoiu's  réglée  de  la  même   manière  , 
&:  airujétie  à  une  certaine  loi.  Ac.  des   Se.  1704, 
p.  4  ,  de  l'HiJl.  Ariftce  l'ancien  avoir  tait  cinq  livres 
des  lieux  iblides  ,  c'eft-à-dire  ,  félon  l'explication  de 
Pappus  5  des  trois  ferions  coniques.    Èad.   1703. 
H'ijL  p.  I  jS. 
Lieu  ,  Ce  dit  aulïï  des  places  &   rangs  d'honneur  qui 
font  établis  dans  la  Képublique  ^  ou  dans  1  opimon 
des  hommes.  Le    Préfident    tient    le    premier    lieu 
dans  fa  Compagnie.    Le  haut  bout  de  la  table  ,   le 
haut  du  pavé  ,  la   droite  ,   font  les  lieux  les  plus 
honorables.    Arcluméde  tient  le   premier  lieu  chez 
les  Géomètres.  On  dit  aulîi ,  qu'on  tient  une  chofe 
de  bon   lieu ,  pour  dire  ,   de  bonne  part ,  de  gens 
qualifiés  j  ou  éclairés. 
^CF  On  dit  qu'un  homme  a  eu  le  premier,  le  fécond  , 

le  troificme  ,  &c.  lieu  de  ta  licence. 
§CF  En  termes  de  Palais ,  lieu  fe  dit  du  rang  auquel 
on  etl  fubrogé  à  la  place  d'un  autre  :  qu'un  créan- 
cier efl:  fubrogé  au  lieu  &c  place  d'un  autre;  pour 
dire  qu'il  ell  entré  dans  fes  droits  &:  hypothèques  ; 
qu'il  a  été  colloque  au  premier  ,  au  tecond  lieu , 
dans  un  ordre  de  créanciers  ,  fur  la  diltribution  de 
quelques  deniers. 
Lieu  j  lîgnihe  aulli ,  Origine  ,  extraétion,  maifon  j,  fa- 
mille. Genus  ,  ftirps  ,  familia.  En  ce  fens  on  dit  , 
qu'un  homme  vient  de  bon  lieu  ^  ou  de  bas  lieu. 
Suirimo  loco ,  humili  loco  natus ,  telon  qu'il  eft  de 
bonne  ,  ou  de  balle  naillance  ;  qu'il  tait  l'amour 
en  bon  lieu.  ScAR.  Qu'il  aime  en  bon  lieu.  Abl.  pour 
dire  ,  qu'il  a  de  l'attachement  pour  quelque  objet 
qui  le  mérite.  Qu'il  efl:  allié  à  bon  lieu  ;  pour  dire , 
à  une  maifon  noble  &  riche. 

En  termes  de  Marine  ,  on  appelle  lieu  d'entrepôt , 
un  port  de  mer  ,  où  l'on  établit  des  magaims  pour 
recevoir  les  marchandilcs  qu'on  y  conduit ,  &:  pour 
les  tranfporter  dans  les  pays  étrangers.  Ozanam. 
^3°  Lieu  ,  Endroit  ,  Place  ,  fynonymes.  Lieu  , 
marque  un  total  d'efpace.  Endroit  ,  n'indique  pro- 
prement que  la  partie  d'un  etpace  plus  étendu. 
Place  ,  intinue  ijne  idét^  d'ordre  "c  d'arrangement. 
Ainli  l'on  dit  le  lieu  de  l'habitation  -,  l'endroit  d'un 
livre  :  la. place  d'un  convive  ou  de  quelqu'un  qui  a 
léance  dans  une  Ailemblée.  Syn.  Fr. 
ffr  On  eft  dans  le  lieu.  On  cherche  Vendrait.  On  oc- 
cupe la  place,  Paris  eft  le  lieu  du  monde  le  plus 
agréable.  • 
Au  lieu  ,  forte  de  prépofition  ,  qui ,  félon  qu'elle  eft 
jointe  avec  un  nom  ou  .avec  un  verbe ,  a  dittcrenies 
flgnifications.  Quand  elle  eft  jointe  avec  un  nom  , 
Elle  lignifie  ,  En  la  place,  f^ice  ,  pro.  Conftituer 
un  nouveau  Procureur  au  lieu  de  celui  qu'on  ré- 
voque. Donnez-moi  une  telle  fonime  ,-  au  lieu  de  la 
charge  que  vous  me  vouliez  donner.  On  l'a  mis 
prilonnier  au  lieu  d'un  autre. 

Quand  elle  eft  jointe  avec  un  verbe  à  l'inSni- 
tif ,  elle  marque  oppofition  ,  iSc  figniiie  ,  au  con- 
traire ,  bien  loin,  jiu  lieu  de  l'accufer  j  je  le  loue 
de  ce  qu'il  a  fait.  Un  bon  Chrétien  ,  au  lieu  de  fe 
venger  ,  doit  aimer  fon  ennemi. 

Tu  me  braves  ,   Cinna  ,  tu  fais  le  magnanime  , 
Au  \\z\x  de  t'excuj'cr  j  tu  couronnes  ton  crime. 

Corn. 

Au  lieu  que  j  s'emploie  dans  la  même  fignification. 
Il  n'eft  occupé  qu'à  le  divertir  ,  au  lieu  qu'A  de- 
vroit   longer  à  fes  affaires. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  n'a  ni 
ieu,  ni  lieu  ;  pour  dire,  qu'il  eft  gueux,  vagabond, 
lans  domicile.  On  dit  aulli ,  fans  feu  ,  ni  lieu.  On 
dit  poétiquement,  ces  bas/ie/^.v,  pour  lignifier  la  terre  , 
le  bas  monde. 
Lieu  ,  eft  aufti  le  nom  qu'on  donne  à  un  poilfon  de 
iner ,  où  l'on  remarque  comme  une  choie  extraordi- 
naire qu'il  a  4^0  pancréas.  Afellus  minor.  Voyez 
Pancréas. 


LIE  I 

LIEUCHEU.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Lieucheum, 
C'elt  la  leconde  capitale  de  la  province  de  Quangfu 
Elle  emprunte  ton  nom  des  finies  qui  y  croillent  en 
abondance  tur  les  bords  du  tleuve  Lieu.  Son  terri- 
toire produit  plufieurs  herbes  fort  recherchées  des 
Médecins,  &  entr'autres  le  Pulu,>qu'ils  nomment 
immortelle ,  parce  qu'on  la  peut  conterver  toujours 
verte  dans  fa  mailbn.  Amb.  des  Holl.  P.  I,p.  2/j. 
|Cr  LIEUCHING.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  le  Quangfî,  1 
département  de  Lieucheu.  I 

LIEUE,  t.  t.  Sorte  de  metute  itinéraire.  Leuca.  Saint 
Jérôme  &  Flodoard  ditent/eucii.  AnnnienMarcellin, 
&  d  autres  leuga,  Nithard  leuven  ,  V  Leland  liga. 
Elpace  de  terre  conlidérée  dans  fa  longueur ,  fervant 
à  mefurer  les  chemins  ,  &:  la  diftance  d'un  lieu  à  un 
autre ,  &  contenant  plus  ou  moins  de  pas  géométri- 
ques ,  félon  le  différent  uiage  des  Provinces  &  des 
Pays.  La  lieue  des  anciens  Gaulois  étoit  de  mille  cinq 
cens  pas  géométriques.  Les  autres  croient  que  les 
lieues  owx.  c:\\àc\.\m%  quatre  milles.  Voye'^  Ablancourt, 
^dansla  Préface  fur  Célar.  Les  grandes  lieues  de  France 
,  lont  ordinairement  de  trois  mille  pas  géométriques, 
&  en  quelques  endroits  de  trois  mille  cirq  cens!  La 
lieue  moyenne,  ou  commune ,  eft  de  deux  mille  quatre 
cens  pas  géométriques  ,  &  la  petite  lieue  de  deux  raille 
pas  géométriques.  Chorier  ,  dans  ton  Hiftoire  de 
Dauphiné,  L.  II.  p.  j)s-  prétend  que  les /ie2i£j  Gau- 
loiles  n'étoient  que  de  quinze  censpas.  Etj  L.  IFp. 
22p.  ctnt  cinquante  miliaires ,  dit-il,  compofoient 
trente-deux  lieues  chez  les  anciens  Gaulois ,  qui  ne 
donnoient  à  chaque  /ie«e  que  quinze  censpas,  c'eft- 
à-dire  ,  un  milliaire  &i  demi ,  félon  le  témoignage 
d'Ammien  Marcellin.  Chaque  lieue  de  Languedoc 
contient  environ  quatre  milles.  Catel.  Hijl.  de  Lan- 
guedoc ,  L.  II.  p.  jjj.  Sa  mefure  en  Bretagne  eftdt 
trois  mille  pas.  Lobine av  ,  Hifl.  de  Bret.  Gloj]'.  Lc< 
lieues  Elpagnoles  font  plus  grandes  que  nos  lieua 
Françoilesi  dix-fept  /ici^t.'^  Elpagnoles  font  un  de- 
gré ,  ou  vingt  lieues  Françoiles.  Ainii  les  licucs  El 
pagnoles  font  fr  ou  7  rV  plus  longues  que  les  iiô 
très',  c'eft-à-dire,  que  fi  nous  donnons  3000  pas  ; 
nos  lieues  , \zslieues  Efpagnoles  en  ont  3671  _,  (îC'prè 
de  3671. 

Les  lieues  de  Perfe  font  à  peu  près,  comme  celle 
d'Eipagne  ;  c'eft  à-dire  ,  qu'elles  valent  quatre  mille 
d  Italie.  Et  cela  revient  allez  à  ce  qu'Hérodote  dit  di 
la  paralange  ,  ou  ancienne  mefure  des  routes  chez  le 
PerleSj  qu'une  paralange,  ou  ,  comme  ils  proiïonceii 
aujourd'hui ,  Ferleng  ,  contenoit  trente  ftades;  cari 
falloir  huit  Itadcs  pour  faire  un  mille,  ainli  que  non 
l'apprend  Strabon.  Trente  ftades  font  donc  à  peuple 
quatre  milles.  Les  Perlés  marquent  les  lieues  pardt 
arbres  ,  comme  les  Anciens  les  marquoient  par  de: 
pierres.  C'eft  pour  cela  qu'ils  les  appellent  aull 
Agag  ,  mot  TurCj  qui  lignifie  un  arbre.  Pietrodell; 
Valle  Ptzrr.  /.  p.  144.  Au  Japon  les  lieues  lont  dt 
mille  huit  censtoifes,  A  la  campagne  toutes  les/i«f; 
font  diftinguées  par  un  petit  tertre  élevé  exprès,  & 
planté  de  quatre  grands  arbres ,  où  les  voyageurs  1< 
repofent.  Amb.  des  Hollandais  au  Jdpon ,  Part.  H 
p.  I  -^6 .  Voye\  la  réduéliion  des  lieues  de  la  plupart  de: 
Provinces  de  l'Europe  au  pié  Romain  ,  fur  le  raotd( 
MILLE.  En  Juftice  ,  les  délais  des  alîignations ,  de: 
voyages  qu'on  taxe  font  réglés  à  dix  lieues  par  jour 
Un  degré  du  ciel  répond  à  quinze  lieues  d'Allemagni 
lur  la  terre,  ou  à  vingt  lieues  marines,  ou  à  vingt 
cinq  lieues  communes  de  France.  Une  pofte  doi 
être  ordinairement  de  deux  petites  lieues ,  ou  d'un( 
bonne  &  grande  lieue  &  demie.  La  lieue  du  moulii 
bannal ,  ou  bannier  ,  eft  réglée  à  deux  mille  pas  ,  don 
chacun  eft  de  cinq  pies.  En  Bourgogne  la  lieue  con 
tient  cinquante  portées  ,  c'eft  la  chaîne  d'un  Arpen 
teur  ,  la  portée  douze  cordes ,  la  corde  douze  aunes 
l'aune  deux  pieds  &  demi  ,  &  le  pied  douze  pouces 
Vingt  lieues  Françoifes  &  Angloiles  répondent  àquin 
ze  lieues  Hollandoiles. 

On  dit  hyperboliquement  cent  lieues ,  pour  mar 
quer  une  fort  grande  diftance.  Procul,  longijjtmè 
Je  voudrois  que  cet  écorniHeur  fût  à  cent  lieues  d. 

moi 


LIE 

Kioi.  Vous  ne  trouverez  pas  fon  pareil  d'ici  à  cent 
lieues.  Vous  croyez  que  cet  homme  vous  écoute ,  (on 
efpric  ell  à  cent  lieues.  Vous  croyez  avoir  devine  le 
mot  de  cette  énigme ,  vous  en  êtes  encore  i  cent 
lieues.  Cette  exprtiiion  n'cft  que  du  d:(cours  fa- 
milier. 

Lieue,  le  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  :  on  Jir 
d  un  homme  tort  lent,  qu'il  fcroit  bien  en  quinze  jours 
quatorze  lieues.  On  dit  aulli,  que  par  tout  pays  il  y  a 
une  lieuc  de  mauvais  chemin  ,  pour  dire  qu  on  trouve 
par  tout  desobllacies  ,  &  des  difficultés.  On  dit  aulli 
d'une /is/^i?,  qu'elle  n'ell:  guère  large  ,  mais  qu'elle 
ell  bien  longue  ,  quand  on  fe  plaint  qu'elle  clt  trop 
grande. 

Ce  mot  vient  de  kuca ,  ou  de  leuga,  qui  ell  un  vieux 
mot  Gaulois ,  comme  prouve  Ménage  après  Palquitr , 
par  le  témoignage  de  Saint  Jérôme,  d'ifidore  ,  >.iai- 
ceUin  ,  &  autres.  Du  Cangcdit  aulli  lewa  dans  la  balle 
Latinité.  Amien  Marcellin  a  remarqué  que  lieue , 
leuca ,  étoit  un  ancien  terme  Gaulois ,  Ôc  que  les  Ro 
mains  qui  comptoient  par  milles  les  diftances  des 
heux  ,  commençoicnt  à  Lyon  en  remontant  vcr^l'aris 
à  compter  par  lieues ,  &;  il  a  dit  de  Lyon  ,  Hoc  exor 
dium  Galliarum.  Ménest.  Uïjl.  de  Lyon.  Quelques- 
uns  dérivent  leuca  de  A£o«i)  ,  qui  veut  dire  hlanche  , 
parce  qu'autrefois  les  Gaulois ,  à  la  manière  des  Ro- 
mains ,  marquoient  les  efp  aces  &  les  diftances  des 
chemins  par  des  pierres  blanches.  Leuca  ,  une  licuc 
vient  du  Celtique  Icau ,  ou  lève.  Pezron.  f-^oyei 
les  Acl.  Sancl.  des  Jél.  d'Anvers ,  Février,  T.  I. 
p.  2j.f.  leuvas  très.  Ainfl  de  leuca  ,  on  a  fait  leuva  , 
leuve  ,  lieue. 

LIÉVE.  r.  f.  Terme  de  Jurifprudence  ,  fynonyme  de 
cueilloir  Se  cueilleret.   Extrait  d'an  papier  terrier 
d'une  Seigneurie  ,  qui  fert  de  mémoire  au  Receveur 
pour  faire  payer  les  cens  &  rentes ,  ik  autres  droits 
Seigneuriaux.  Il  contient  le  nom  des  terres ,  les  tenan- 
ciers ,  &  la  qualité  de  la  redevance  ,  fans  être  autre- 
ment  authentique.  Les  Liéves   anciennes    fervent 
queiquefcHS  de  preuves  pour  faire  de  nouveaux  ter- 
riers ,  quand  des  titres  ont  été  perdus  par  guerre  ,  ou 
par  incendie,  comme  il  ell  porté  dans l'Edit  de  Me- 
lun  en  faveur  des  Eccléhaftiques. 
LIÉVIZO.  f.  m.  Nom  d'homme.  Libendus.  Adaldague, 
Archevêque  de  Brème ,  étant  niortj  l'an  jiS8.  indic- 
ti.-  J  première  ,  le  28  d'Avril ,  après  )  5  ans  d'Epifco- 
pat  j  Libentius  lui fuccéda.  FmvRY  ,Hi/l.  Eccl.  L.  .f/. 
Libentius  fe  trouve  aulli  nommé  Lieviio  j  par  une 
corruption  de  fon  nomj  venue  apparemment  de  la 
prononciation  des  Barbares.  Id. 
LIEUR.  f.  m.  Economie  ruftique.  Homme  de  journée 
ti      qu'on  prend  pour  lier  les  gerbes  pendant  la  moillon. 
9      Manipulorum  collecter. 
LIEURE.  Foyei  Liure. 

LIÈVRE,  f.  m.  Animal  quadrupède ,  fort  vite  &  fort 
timide.  Lepus.  Il  ell  de  la  taille  d'un  lapin  ,  mais  plus 
gros.  Il  a  le  poil  gris  tirant  fur  le  roux ,  &c  des  oreilles 
longues  &:  droites.  Il  n'y  a  point  d'animal  fi  timide 
que  le  lièvre.  Le  defir  d'alonger  mes  jours  me  rend  plus 
timide  qu'un /ièvre  Main. 


Dans  un-profond  ennui  le  lièvre  fe   plongeait:, 
Cet   animal  eji  trifle ,  '&  la  crainte  le  ronge. 

La  Font. 

Il  n'y  a  point  d'animal  d'une  fi  grande  fécondité  que 
le  lièvre  ,  la  fuperfétation  qui  arrive  rarement  aux  au- 
tres ,  lui  ell  ordinaire ,  &  l'on  trouve  allez  fouvent  des 
femelles  aéluellement  nourrices  ,  qui  font  encore  plei- 
nes de  petits ,  les  uns  qui  ont  déjà  du  poil ,  &  les  au- 
tres plus  ou  moins  formés  ,  félon  la  différence  des 
temps  qu'elles  ont  conçu. 

On  appelle  bouquin  le  mâle  ,  &  la  femelle  hafe  , 
cui  cft  un  mot  Allemand ,  fignifiant  lièvre.  Il  a  la  tête 
plus  courte  &  plus  grolle  que  les  autres.  Il  y  a  des  liè- 
vres qui  font  tout  enfemble  mâles  Se  femelles  j  mais 
Matthiole  combat  cette  opinion  ,  qui  étoit  celle 
d'Archelaiis.  Le  Journal  des  Savans  de  l'année  K377. 
parle  d'un  lièvre  double  qui  fut  pris  à  Ulm«  en  AJle- 
lome  y. 


L  L  Ë  529 

magne.  Il  avoir  deux  tctcs ,  quatre  oreilles  &  huit 
pieds.  C'étoicnt  deux  lièvres  adoilés  (k  placés  l'un  fur 
l'autre:  ce  qu'il  y  avoir  delmgulier,  c'ell  que  lorl- 
qu  il  étoit  pourluivi ,  &:  qu'il  étoit  las  de  courir  fur  un 
ccité ,  il  te  tournoit  lur  l'autre  partie  de  lui  même ,  6c 
couroit  à  nouveaux  frais.  On  dit ,  prendre  un  lièvre  à 
l'accroupie,  lorlqu'il  clt  le  matin  à  croupeton  ,  ôc 
croupit  en  terre  :  ce  qu'on  appelle  autrement  lièvre 
en  forme.  Les  lièvres  tiennent  d'ordinaire  les  guérets. 
Quand  il  a  plu  ,  ils  tiennent  les  friches,  ou  font  près 
des  chemins.  Ils  font  très-rules  ,  &  connoilicnt  mieux 
tous  les  changemens  de  temps  ,  que  le  meilleur  Allro- 
logue.  f^oye^  Jonllon  de  Salnovc.  Lancer  un  lièvre. 
l'aire  lever  ,  faire  partir  un  lièvre.  Courre  un  lièvre. 
Forcer  un  fièvre.  Quelques  uns  difent  que  les  lièvres 
des  Alpes  &  des  montagnes  (ont  blancs ,  tant  qu'elles 
font  couvertes  de  neige,  &  qu'après  ils  deviennent 
gris  roux  comme  les  autres.  Les  femelles  font  leurs 
petits  en  des  jours  dirtérens ,  à  proportion  du  temps 
qu'elles  ont  été  couvertes.  Le  membre  des  mâles  cft  (ut 
leur  derrière.  Il  étoit  défendu  aux  Juifs  de  manger  du 
lièvre.  On  dit  d'un  vieux  lièvre  ,  qu'il  ell  bien  mon- 
té ,  pour  dire  qu'il  court  bien.  Les  rules  d'un  lièvre. 
Le  rable  d'un  lièvre.  Un  pié  de  lièvre  lert  aux  Ecri- 
vains à  frotter  leur  papier  ,  leur  parchemin,  avec  de 
la  fàndaraque ,  quand  ils  l'ont  gratté,  pour  empêcher 
qu'il  ne  boive. 

La  chair  de  lièvre  étoit  mile  autrefois  au  nombre 
desalimens  les  plus  délicieux.  Martial  a  dit ,  L.  XIII. 
Epigr.    ()2.  Intcr   quadrupèdes  gloria  prima  lepuSé 
r^oyc'^  StrukiuSj  Antiquit.    Convivial.  L.  II.  C.  S. 
Ce  qui  ell  Vrai  d'un  jeune/zèvre  de  7  ou  8  mois  ,  dont 
la  chair  qui  ell  alors  alfcz  faite ,  eft  tendre  ,  fucculente 
&:  de  facife  digeftion.  Les  vieux  lièvres  font  fecs, 
durs ,  &  indigelles.   L'ufage  fréquent  de  la  chair  de 
lièvre  n'eft  pas  approuvé  de  la  plupart  des  Médecins. 
Ils  prétendent  qu'elle  eft  (éche  &  mélancolique  -,  qu'el- 
le épailîit  le  (ang  ;  qu'elle  caufe  des  oollruétions  au 
foie  &  à  la  rate  _;  qu'elle  nuit  aux  poumons ,  &  empê- 
che de  dormir.  Galien  néanmoins  eftime  qu'elle  pro- 
duit un  meilleur  lue  que  les  viandes  de  bœuf  &:  de 
mouton ,  &  que  le  fang  de  lièvre  lurpalle  en  bonté 
&  en  douceur  celui  de  tous  les  autres  animaux.  De  la 
Mare.   Traité  de  Police,  L.   F.  Titre  XXIII.  C. 
/.  §.  6 .  Les  meilleurs  lièvres  de  toute  l'Europe  ,  (elon 
les  Anciens,  font  ceux  des  Gaules  Cilalpines,  au  delà 
du  Pô  ,  aujourd'hui  le  Milanez.  A  notre  égard  ceux 
qui  font  nourris  dans  les  plaines  ,  les  prés  &  les  lieux 
humides  J  font  les  plus  grands ,  mais  ceux  des  monta- 
gnes &  des  lieux  fecs  font  les  meilleurs.  De  la  Mare  , 
Traité  de  Police,  L.   F.   Tu.  XXXIII.   C.  I.  Le 
lièvre  ell  le  premier  de  tous  les  animaux  de  la  menue 
ou  petite  venaifon. 

Le  lièvre  dans  les  hiéroglyphes  des  Egyptiens  ,  fi- 
gnifioit  l'ouie.  Foye^  fur  les  lièvres  ,  Voffius ,  de  Ido- 
lolat.  L.  III.  C.  â  J  j  6s  ,  àô.  Bochart  j  hiéro\.  Part. 
I.  L.  III.  C.  32. 
Lièvre  eft  un  fymbole  fur  les  médailles.  Foye\  La- 
pin. 

Ce  mot  vient  du  Latin  lepuS ,  qui  fignifie  la  même 
chofe.Mais  les  Auteurs  font  partagés  fur  l'étymologic 
de  ce  nom  lepus.  Les  uns  le  tirent  de  la  légèreté  Se 
vîtcire  de  cet  animal ,  Icpus  quafi  levipcs.  C'étoit  le 
fentiment  du  Jurifconfulte  /Ehus  Catus.  Vairon  s'eft 
moqué  de  cette  étymologie  ;  d'autres  prétendent  que 
ce  mot  eft  formé  du  Grec  f^ûyoc ,  qui  a  la  même  ligni- 
fication ,  &  difent  que  ce  changement  s'eft  pu  faire 
par  la  tranfmutarion  de  la  lettre  A  en  E  ,  &  de  la 
lettre  G  en  P  ,  d'où  l'on  a  fait  lepos  ,  Se  enfuii'e  lepus , 
comme  de  pc^-ym,  s'ell  fait  rupes  ,  Se  de  ^o»®-  lupus. 
Il  y  en  a  auffi  qui  le  tirent  de  xi^tofn,  qui  (îgnifîoit 
aulh  un  lièvre  dans  l'ancien  idiome  Béotien  ,  ou 
Dorien  ,  félon  Scaliger,  de  Cauf.  Ling.  Lat.  C.  iS g. 
LiivRE  MARIN.  C'eft  un  poiflon  venimeux  qui  naît  dans 
la  mer  &:  dans  les  étangs  fangeux.  Lepus  marinas.  Elicn 
dit  qu'il  rellemble  à  un  limaçon  hors  de  fa  coquille  j 
qu'il  a  la  couleur  du  poil  d'un /if  vrd  de  terre,  é(:  qu'il 
a  à  la  tête  un  trou  par  où  il  fait  fortir  une  chair  molle , 
qu'il  retire  quand  il  veut.  Rondelet  dit  qu'il  a  lemiv- 

Xxx 


530  L.i  E 

d'au  comme  un  lièvre ,  avec  deux  petircs  oreilles.  [ 
Paul  Eginéte  ,  Pline,  Galien,  Se  Nicandie ,  difent 
que  il  une  femme  grollc  le  regarde,  elle  voniira  & 
avorrera.  Son  contrepoiton  eft  dulaitd  inelfe  avec  du 
vin  cuit,  ou  la  décoction  de  mauves.  Il  a  une  odeur 
puante  i  ne  fe  tient  que  dans  la  tange  &  le  bourbier. 
Sa  tcte  eft  tort  diftorme ,  &c  il  paroïc  comme  une  grollè 
pièce  de  chair  Gns  os  ,  qui  reiremble  au /ièvre  leule- 
ment  en  fa  couleur.  lia  la  bouche  lur  le  dos  comme  la 
féche ,  plus  petite  6c  plus  tortue.  Il  a  deux  cornes 
molles  comme  les  efcargots.  Ceux  des  Indes  lont  plus 
grands  ,  &  ont  le  poil  plus  rude  ,  mais  on  ne  les  prend 
jamais  vifs.  C'eft  un  poillon  femblable  au  glaugio  ,  ou 
petit  calémar.  Matthiole.  Le  hèvre  marin  cft  un 
poiiron  ennemi  du  poumon  ,  comme  les  cancharides 
dclavellle,  &  la  ciguë  du  cerveau.  Ceux  qui  ont  man- 
gé du  l lèvre  marin,  ont  en  horreur  toute  forte  de 
poillon.  Le  lièvre  marin  efl:  aullî  appelle  chac  marin  , 
felis  marinas.  C'eft  un  animal  lans  jambe  ,  alTéz 
femblable  aux  limaces  terreftres.  Voye\M.  de  Réau- 
MUR  ,  Mém.  de  V Ac.  des  Se.  iji s- 

On  appelle  bec  de  lièvre ,  Celui  qui   a  la  lèvre 
de   deffus   fendue    par    le    milieu.    Lahrum  fijfum. 
Dormir  dï  Lièvre.   C'eft  dormir  les  yeux  ouverts j 
&  mémoire  de  lièvre  ,  c'eft  celle  qui  le  perd  en  cou- 
rant ,  c'eft  une  mémoire  labile. 

On  dit  d'un  chien  qui  a  beaucoup  de  vîtefTe  &  de 
force  ,  qu'il  prend  un  lièvre  corps-à  corps. 

On  appelle  Gentilhomme  à  lièvre  ,  un  Gentilhom- 
me qui  vit  de  fa  chafte. 

On  a  dit  des  lièvres  cornus  ,  pour  des  chimères.  On 
prétend  néanmoins  qu'il  y  a  réellemeunt  des  lièvres 
cornus-,  &:  Jonfton  ,  dans  (on  Hiftoire  des  animaux 
à  quatre  pieds ,  a  décrit  &  repréfenté  au  naturel  des 
lièvres  cornus. 

Sans  juger ,   nous  jugeons  ,   étant  notre  raifon 
Là-haut  dedans  la  tète  ,  ou  félon  la  faifon  , 
Qui  règne  en  notre  humeur ,  les  brouillons  nous 

embrouillent , 
Et  de  lièvres  cornus  le  cerveau  nous  barbouillent. 

RÉGNIER. 

Le  même  Auteur  dit  bailler  le  lièvre  par  l'oreil- 
le ,  pour  ,  tromper  l'efpérance,  fruftrer  l'attente  de 
quelqu'un. 

■  Ma  joie  en  moins  d'un  rien  j  comme  un  éclair 
s'enfuit  , 
Et  le  ciel  qui  des  dents  me  rit  à  la  pareille  , 
Me  bailla  gentiment  le  lièvze par  l'oreille. 

Régnier. 

LiIvre  ,  fe  dit  auflî  en  Aftronomie.  C'eft  le  nom  d'une 
conftellation  méridionale.  Lepus.  Bayer  lui  donne 
treize  étoiles  ,  dont  quatre  font  de  la  troifième  gran- 
deur, quatre  de  la  quatrième  ,  quatre  de  la  cinquiè- 
me ,  &  une  de  la  fixième.  On  lui  en  donne  douze 
dans  le  catalogue  de  Ptolomée  ,  &  dix-neuf  dans  le 
catalogue  Anglois. 

Lièvre  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On  dit, 
que  le  lièvre  revient  toujours  à  fon  gîte  ;  pour  dire  , 
que  tôt  ou  tard  on  attrapera  un  homme  à  un  certaine 
maifon.  On  dit  à  la  challe  j  avoine  pointant ,  lièvre 
giflant;  car  alors  les  lièvres  tiennent  les  avoines.  On 
dit  qu'un  homme  a  levé  le  lièvre  ,  lorfqu'il  a  décou- 
vert quelque  fecret,  qu'il  a  ouvert  quelque  bon  a  »s. 
On  dit  aullî ,  prendre  le  lièvre  au  colet ,  prendre  le 
lièvre a.u  corps;  pour  dire,  prendre  une  affaire  de  bon 
biais ,  donner  la  décifion  d'une  queftion.  C'eft-là  où 
git  le  lièvre;  pour  dire  ,  où  eft  le  fin  ,  le  fecret  d  une 
affaire.  On  dit  aullî  d'un  dellein  qui  doit  être  fecret, 
&  dont  on  parle  avant  l'exécution,  que  c'eft  vouloir 
prendre  le  lièvre  au  fon  du  tambour.  Pline  rapporte 
un  vieux  proverbe,  qui  eft  encore  en  utage;  que 
quand  oii  a  mangé  dalièvre  ,  on  cft  beau  fept  jours  de 
fuite.  On  dit  aulîi ,  qui  chalfe  deux  lièvres  ,  ou  qui 
court  deux  A'èv/-w  à  la  fois,  n'en  prend  aucun;  pour  I 


L  I  E 

dire  ,  qu'il  ne  faut  pas  faire  deux  chofes ,  entrepren- 
dre deux  aàaires  tout  à  la  fois. 

Oh  Dame  !   on  ne  prend  pas  deux  lièvres  à 
la  fois. 

Rac. 

On  dit  proverbialement ,  Jeune  hafe  &  vieux 
bouquin  ;  c'eft  tout,  lièvre  &c  tout  lapin.  On  dit  qu'on 
a  une  fomme  ou  autre  choie  a  prendre  fur  le  dos 
d'un  lièvre  ,  lorfqu  on  ne  trouve  rien  pour  fe  faire 
payer. 

On  appelle  par  dériiîon  Chevaliers  de  lièvres, 
quelques  Gentilshommes  ;  ce  qui  vient  de  ce  que 
Philippe  V.  Roi  de  France  ,  &  Ldouard  III.  Roi 
d  Angleterre  ,  étant  prêts  de  fe  livrer  bataille,  un 
lièvre  fe  leva  près  du  camp  ,  qui  donna  une  telle 
alarme,  que  quelques  Cvaliersde  1  arrière  -  garde, 
vinrent  en  hâte  fi  prélenrcr  au  Roi  pour  le  fecou- 
rir  ,  &  lui  demandèrent  l'accolade  ,  &  d'être  faits 
Chevaliers;  mais  comme  1  alarme  fe  trouva  fauife , 
on  les  appela  Chevaliers  du  lièvre  ,  &  depuis  Gentils- 
hommes à  lièvre,  comme  remarque  du  Iillctj  /.  Part. 

R-  433- 

LIEVRE.  Le  Val  de  Lièvre.  Voye\  Léeéraw. 

LIÉVRETAU.  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  aux 
petits  du  lièvre  J  pendant  qu'ils  font  encore  fous  la  gar- 
de &  nourriture  des  père  &  mère  ;  à  la  différence  du 

'  levraut ,  qui  eft  un  jeune  lièvre  depuis  deux  mois  juf- 
qu'à  (îx  ou  fept  mois  ,  qui  eft  bon  à  manger. 

LIEUTENANCE.  f.  f.  Charge  fonétion  de  Lieutenant. 
Voye\cç.  mot.  Legati  munus  ,  legataria  funclio.  Une 
Lisutenance  aux  Gardes.  La  Lieutenance  du  Roi  d'une 
telle  Province  ,  |t~?d'un  tel  endroit.  La  Lieutenance 
générale  de  Provence.  Sur  quoi  il  faut  remarquer  que 
ce  mot  ne  fe  dit  ni  en  parlant  d'un  Lieutenant  Général 
des  Armées  du  Roi ,  ni  en  parlant  des  Lieutenans  de 
Juftice. 

LIEUTENANT,  f.  m.  Officier  qui  tient  lieu  d'un  Su- 
périeur ,  ou  Chef,  qui  exerce  une  charge  en  fon  ab- 
fence  ,  où  qu'il  dcvroit  exercer  lui-même.  ie^ûfWj 
Vicarius.  Dans  les  Loix  Lombardes ,  L.  1.  Tit.  2y.  §. 
jS.  on  appelle  le  Ziei.'re/2i2/zr  d'un  Comte,  Lociferva- 
tor.  Les  Grecs  le  nommoicnt  de  même  Topotèréte  , 
&  les  Légats  du  Pape  dans  les  Conciles  ont  ce  nom  , 
parce  qu'ils  tiennent  la  place  du  Souverain  Pontife. 
Ces  mots  reviennent  à  celui  de  Locum  tenens. 

Les  Baillis  &  Sénéchaux  d'épée  ont  laillé  ufurper 
la  Juftice  qu'ils  dévoient  rendre  eux-mêmes,  par  des 
Lieutenans  (\u'\\s  ont  commis  pour  l'exercer.  Ancien- 
nement ilsn'étoient  point  créés  en  titre  d'Office  ;  le 
choix  en  appartenoit  aux  [Baillis ,  comme  on  le  peut 
voir  par  les  Ordonnances  de  Philippe  le  Bel  de  1302. 
&  de  Charles  VI.  de  1588.  Louis  XIL  par  un  Éditde 
1 499.  ordonna  que  l'éleclrion  des  Lieutenans  des  Bail- 
lis &:  Sénéchaux  fe  feroit  en  l'Auditoire  ;  &  par  un 
autre  Edit  de  151  i.  il  ordonna  qu'il  en  fût  nomme 
trois,  l'un  defquelsil  pourroit  choifîr.  Ils  étoient au- 
trefois gens  d'épée  ,  &  il  étoit  détendu  au  Baillis  de 
choilîr  des  gens  de  robe  ;  mais  depuis  ,  on  a  lailfé  le 
commandement  du  ban  &  arrière  ban  aux  Baillis  & 
Sénéchaux;  &■  leurs  Lieutenans,  qui  foiu  toujours 
gens  de  robe  ,  ont  le  pouvoir  de  ju^^er,  qui  apparte- 
noit aux  Baillis  &  Sénéchiux. 

IJC?  Il  y  a  au  Ch.îtel  t  de  Paris  un  Lieutenant  Civil, 
un  Lieutenant  Géiiéial  de  Police ,  un  Lieutenant 
Criminel,  l'r  (i  utenantQvm\int\  de  Robe  Courte, 
&  deux /'.7'       /25  Particuliers. 

|p"Le  Lie:i.::..u  Civil  eft  un  Magiftrat  étabh  pour 
juger  les  afi\:ires  Civiles  en  première  inftance.  Il  eft 
le  premier  des  Lieutenans  du  Prévôt  de  Paris;  &  cpm- 
iT.e  tel  ,  c'c'^  à  lui  qu'appartient  le  droit  de  prelider 
aux  alTeml-lècsdu  Chatelet.  Toutes  les  aftaires  de  fa- 
milles le  reùardent  uniquement.  Il  eft  comme  le  perc 
de  toutes  les  f^milicsj  &  le  tuteur  de  tous  les  mi- 
neurs. 

53' Lieutenant  Général  de  Police.  C'eft  un  Magif- 
trat  érigé  par  lÉditdu  mois  de  Mars  1667,  pour 
veiller  à  la  fureté  de  la  ville  de  Parts,  &  connoître  des 


LIE  o 

délits  de  ceux  qui  contreviennent  aux  Ordonnances 
&  aux  Réglemcnsdc  Police.  La  Police  appartcnoit 
autrefois  au  Lieutenant  Civil  ,^  &  ia  charge  de  Lieute- 
nant de  Police  a  été  démembrée  de  celle  du  Lieutenant 
Civil. 

■JCTLiLUTENANT  Criminel,  c'eftun  Magiftrat  inftitué 
pour  corriger ,  ciiàticr&  punir  les  crimes  qui  fc  com- 
mettent dans  l'étendue  de  la  ville  ik  faubourgs  de  (on 
Prélidial.  Il  prélide  à  tous  les  jugemens  criminels^ 
'  à  l'exception  de  ceux  qui  lent'de  la  compétence  du 
Lieutenant  Az  Koh^Comie.  &c  du  Prévôt  de  l'île. 

|iCr  Lieutenant  Criminel  de  Robe  Courte  ,  cil  un 
Lieutenant  du  Prévôt  de  Paris  quiporte  l'épée&  une 
robe  plus  courte  que  la  robe  ordinaire  des  Magif- 
'  trats.  Ses  foniflions  ont  peur  objet  la  lùreté  de  Paris. 
Il  a  jurifdidion  fur  les  meurtriers  ,  vagabonds  ,  & 
autres  gens  de  mauvailc  vie.  Cette  charge  efi:  ancien- 
ne. Ellï  n'étoit  autrefois  qu'une  commillîon  du  Pré- 
vôt de  Paris.  Elle  a  été  depuis  érigée  en  titre  d'Office. 
C'ell  le  Parlement  qui  juge  les  conHits  d'entre  le 
Lieutenant  Criminel  ôc  le  Lieutenant  Criminel  de 
Rol^ie  Courte. 

fjCT  Lieutenant  Particulier.  C'eftun  Magiftrat  qui 
juge  en  Tabfence  du  Lieutenant  Civil  à  Paris  ,  ou  du 
Lieutenant-GénéïA  dans  les  autres  Préiîdiaux,  8c  qui 
tient  l'ordinaire,  c'eftà  dire,  une  audience  particu- 
culière  pour  les  caufes  ordinaires  du  Bailliage  ou  de 

•  la  Prévôté,  après  que  la  grande  ou  la  Préiidiale  eft 
fjnie.  Il  y  en  a  deux  qui  piThdent  alternativement  pen- 
dant un  mois,  l'un  à  l'audience  du  Préhdial  ,  l'autre 
à  la  Chambre  du  Confeil ,  où  Te  jugent  les  procès 
par  écrit. 
Lieutenant-GÉnÉral  dans  un  Prélidial,  elt  ce  qu'eft  ici 
le  Lieutenant  Civil.  Il  y  a  des  Lieutenans  Généraux 
de  la  Connétablie  ,  des  Eaux  &  Forets  ,  de  TAmi- 
rauté.  Il  y  a  aulîi  des  Lieutenans  dans  prefque  toutes 

'  les  Juftices ,  tant  Royales  que  Subalternes,  f^oye^ 

ces  mots. 
Lieutenant  ,  en  terme  de  Guerre  ,  fe  dit  de  plulîeurs 
Officiers  qui  fervent  en  diucrcntes  qualités. 

Lieutenant  Général  ,  dans  l'Armée ,  eft  le  fécond 
Officier  qui  commande  lous  le  Général  un  corps 
de  Troupes,  un  détachement,  un  quartier ^  une  atta- 
que. Prxtorius  legatus.  Il  y  a  aullî  fur  mer  des  Lieu- 
tenans Généraux  des  Armées  navales ,  qui  comman- 
dent fous  l'Amiral  &  lous  les  Maréchaux  de  France , 
&  qui  précédent  les  Chefs  d  Elcadre.  Il  y  a  mainte- 
nant plulîeurs  lÀeutenans  Généraux ,  tant  fur  mer 
que  fur  terre.  Ils  font  immédiatement  après  les  Ma- 
réchaux de  France  ;  &  quand  ils  font  dans  la  même 
Armée ,  ils  fervent  chacun  leur  jour  ,  iSc  ont  leur 
rang  ,  félon  leur  droit  d'ancienneté. 

En  Hollande  il  y  a  un  Lieutenant- Amiral ,  c'eft 
ce  que  nous  appelons  en  France  Vice-Amiral.  Il 
y  a  aulîi  des  Lieutenans -Amiraux  de  chaque  Col- 
lège. En  France ,  le  Lieutenant  de  Vaiireau  eft  le  pre- 
mier Officier  du  Vailleau  après  le  Capitaine ,  en  l'ab- 
fence  duquel  il  commande.  Durant  la  minorité  de 
Louis  XI'V.  Gafton  de  France,  Duc  d'Orléans,  on- 
cle du  Roi ,  étoit  Lieutenant  Général  du  Royaume. 

Lieutenant  Général  de  l'Artillerie  ,  eft  celui  qui 
commande  tout  ce  qui  regarde  le  lervice  du  canon 
&:  les  batteries ,  fous  le  Grand  Maître ,  ou  en  Ion 
abfence. 

Lieutenant  du  Roi  ,  dans  une  Place,  eft  le  fécond 
Officier  de  guerre  d'une  Ville.  Il  commande  en  l'ab- 
fence  du  Gouverneur. 

Lieutenant  Colonel  ,  eft  dans  le  Corps  de  Cavalerie 
étrangère  ,  lepremier  Capitaine  du  Régiment.  Il  le 
commande  en  l'ablence  du  Colonel ,  &  il  le  met  à  la 
tcte  des  Capitaines.  fC/" Dans  les  Régimens  François 
de  Cavalerie  ,  c'eft  le  Major  qui  fait  les  fonctions  de 
Lieutenant  Colonel  ,  &c  qui  en  a  toutes  les  pré- 
r>'igatives. 

I.iruTFNANT  Colonel  d'un  Régiment  d'Infanterie  ,  eft 
le  iccond  Officier  du  Régiment,  qui  le  commande 
en  l'abfence  du  Colonel ,  &  qui  dans  un  combat  , 
prend  fon  pofte  à  la  gauche  du  Colonel.  Subtrihu- 
nus.  Les  Dragons  ont  auûi  un  Lieutenant  Colonel. 
Tome  V. 


LIE^  ^31 

Compagnie  Lieutenante  Colonelle,  f.  f.  C'eft  I.-i 
féconde;  Compagnie  d'im  Régiment ,  celle  dont  le 
Lieutenant  Colonel  eft  chef,  comme  le  Colonel  eft 
■  C.apit.ainc  de  la  Compagnie  Colonel  le.  Legionis  co/wrs 
fecunda.  Les  Enfcigncs  des  Compagnies  Colonelles 
ix'  Lieutenantes  Colonelles  doivent  rouler  avec  les 
Lieutenans  pour  les  gardes  ou  détaehemcns,  tk.  tenir 
rang  cntr'eux  du  jour  &c  date  de  leurs  Lettres.  Bom- 

BELLES. 

Lieutenant  en  fécond.  C'eft  l'Enfeigne  d'une  Compa- 
gnie d'Infanterie.  Signifer  ,  Kexillifer.  Les  premiers 
L.ieutenans ,  ik  les  Lieutenans  en  fécond  ,  ou  Enfci- 
gncs. BoMEELLES.  Si  c'cft  unc  garde  Commandée  pat 
un  Capitaine ,  un  premier  Lieutenant  ik  un  Lieutenant 
en  (ecoi-;dj  le  Capitaine  doit  être  au  centre  ,  à  deux 
pas  des  Soldats ,  le  premier  Lieutenant  fur  la  droite-,  à 
un  pas  des  Soldats ,  &  le  Lieutenant  en  fécond  fur  la 
gauche ,  à  même  diftance.  Id. 

LnuTENANT  Colonel,  fe  peut  dire  hgurémenr  en  ftyle 
familier  ,  ou  badin  ,  pour  le  premier  en  quelque  genre 
que  ce  (bit.  Ainfi  l'on  a  dit  au  premier  Médecin  d'urx 
Prince  : 

Jiien  vous  en /oit  de  l'honneur  folemnel 
Dont  le  renom  par  nos  Provinces  vole  ^ 
Louis-le-Grand  ,  digne  d'être  éternel  ^ 
Vous  établit  Lieutenant  Colonel 
Du  Médecin  &  du  Pharmacopole  ; 
Et  dans  un  âge  où  le  Docte  Fernel 
Encore  étoit  fur  Us  bancs  de  l'Ecole. 

SÉNECÉ.    , 

Lieutenant  d'une  Compagnie ,  eft  Un  Officier  créé  pau 
le  Roi  dans  chaque  Compagnie  de  Cavalerie ,  ou  d'In- 
fanterie, pour  la  commander  en  l'abfence  du  Capi- 
taine. Legatus.  Lieutenant  de  la  Colonelle,  c'eft 
le  fécond  Officier  de  la  Compagnie  Colonelle  de 
chaque  Régiment  d'Infanterie  ,  qui  jouit  delà  com- 
mifiion  de  Capitaine.  Le  Lieutenant  de  la  Colonelle 
du  Régiment  des  Gardes  Françoifes  jouit  de  la  com- 
milîjon  de  Capitaine  ,  &  tient  rang  du  jour  &  date 
de  la  commiliion  ;  les  autres  Lieutenans  des  Compa- 
gniesColonelles des  Régimens  d'Infanterie,  foit  qu'ils 
aient  commilîîon  ,  ou  non  y  tiennent  rang  de  dernier 
Capitaine  en  vertu  du  Règlement  de  1670.  On  die 
auliî ,  un  Lieutenant  aux  Gardes  j  le  Lieutenant  de  la. 
Porte. 

On  appelle  Capitaines  Lieutenans  j  les  Capitaines 
des  Compagnies  d'Ordonnance ,  ou  des  Moufque- 
raires ,  dont  le  Roi  eft  le  vrai  Capitaine.  Il  y  a 
des  Lieutenans  dans  les  Compagnies  des  Gardes  du 
Corps-,  ils  eu  font  les  féconds  Officiers,  &  n'onc 
que  le  Capitaine  de  ces  Compagnies  au-delîus. 
d'eux. 

On  dit  auflî ,  qu'un  Prince  a  f^xit  des  conquêtes  par 
fes  Lieutenans  ,  pour  dire  ,  par  ceux  qui  ont  com^ 
mandé  fes  Armées  à  fa  place ,  &  en  fon  nom. 
Lieutenant  de  VailIèau,  c'eft  le  premier  Officier  fous 

le  Capitaine. 
Lieutenans  Provinciaux  d'Artillerie.  Ils  commandent 
l'Artillerie  ,  .avec  les  mêmes  fondions  attribuées; 
aux  Lieutenans  Généraux  ,  auxquels  ils  rendent  comp- 
te de  toutes  chofes,  de  même  que  les  Lieutenans 
Généraux  font  obligés  de  rendre  compte  au  Grand- 
Ala'itre. 

En   m.atièrc   Eccléliaftique  j  on   dit   que  le  Fapè 
eftle  Lieutenant  de  Dieu  en  terre  ,  ou  le  Vicaire  de 
Jclus-Chrift.  Les  Rois  font  comme  les  Lieutenans  de 
Dieu.  Dac.  • 
03°  En  parlant  des  femmes  des  O.Hîciers  de  Judicature 
qui  portent  le  titre  de  Lieutenans  ,  on  dit  Aiadame 
la  Lieutenante.  Ainli  l'on  dit  Madame  la  Lieutenante 
Civile  ,  Criminelle,  Générale. 
ffS"  On  dit  aufti  Madame  la  Lieutenante  de  Roi ,  en  par- 
lant de  la  femme  d'un  Lieutenant  de  Roi. 
LIEUVIN.  Nom  d'une  contrée  de  Normandie ,  Pro- 
vince de  France.  Pagus  Lexovienjîs  :  dans  le  Capi- 
tutaitc  de  Charlemagne  Livinus  ;  dans  ceux  de  Char- 
les le  Chauve  Ion  petit-fîls ,  Lifvinus ,  par  corrup- 

X;;v  ij 


5  32-         '    L  I  G 

tion  pout  Lifuvinus  ,  ou  Lixuvinus ,  Comitatus  Lif- 
v'mus  ,  Pag  us  Lqiacencis,  ou  Lijiacenjîs  ,  Lifvinum. 
C'eft  l'Évéchi;  de  Lilîeux ,  le  Diocèfe  de  Lilîeux. 
Voyei  Hadr.  Valef.  Not.  G  ail.  pag.  2fs,  27Û. 
Le  Lïcuvin  enferré  dans  les  rivières  de  Rifle  ,  de  Ca- 
rentone  &  de  Tonque  ,  &  arrolc  de  celles  d'Orbec  & 
de  CormciUeSj  eft  une  des  plus  fertiles  contrées  de 
Normandie,  &:  même  de  la  France ,  &  la  feule  qu'on 
poiu-roit  appeler  les  délices  des  Normands.  Tout  ce 
pays  eft  prefque  une  plaine  ,  où  les  pommiers  abon- 
dent,  vers  le  Pontaudemcr  &  Lieurrey  ,  qui  tont  un 
cidre  déferqué,  de  couleur  d'ambre  ,  &  tranfpaient, 
&  qu'on  pourroit  j  les  fix  premiers  mois  ,  préférer  à 
beaucoup  de  vins  François.  Les  villes  de  ce  quartier 
font  Lifieux  j  le  Pontaudemer ,  HonHeur ,  Bernay  , 
Orbec,  Chambrois&;  Montereul.  Du  Moulin  , ////^ 
toire  de  Normandie.  Le  pays  de  Lifieux ,  nommé 
dans  le  Capitulaire  Lifuinum ,  fe  termine  à  la  rivière  de 
Dive.  HuET  ,  Oiig.  de  Caën  ,  C.  I. 

LIEUX,  f.  m.  pi.  Latrines.  Il  ne  fe  trouve  point  de 
preuves  dans  les  écrits  j  ni  dans  les  b.itimens  qui  nous 
relknt  des  Anciens  ,  qu'ils  eulfent  dans  leurs  maifons 
des  folles  à  privé.  Ce  qu'ils  appeloient  latrine  ,  étoit 
un  lieu  public  (  il  y  en  avoit  plufieurs  de  cette  efpèce 
à  Rome  )  j  oùalloient  ceux  qui  n'avoient  point  d'Ef- 
clavcs  pour  vider  &  laver  leurs  baflîns:  ces  ballins 
s'appeloient  aulli  lamna  à  luvando  j  félon  le  fenti- 
mcnt  de  Varron.  Les  latrines  publiques  écoient  en 
divers  lieux  de  la  ville  ;  on  les  nommoic  cncotejler- 
quUïnïa  :  elles  étoient  couvertes  &  garnies  d'épong^îs , 
comme  nous  l'apprenons  de  Sénéque  dans  fes  Epî- 
tres.  Usavoient  pour  la  nuit  la  commodité  des  eaux 
qui  couloient  dans  toutes  les  rues  de  Rome,  où 
ils  jettoicnt  les  ordures.  Les  gens  riches  avoicnt  des 
ballins  que  les  valets  avoient  loin  de  vider  dans  les 
égoutSjdant  toutes  les  eaux  fc  rendoientdans  le  grand 
cloaque  ,  Se  de  la  dans  le  Tybre.  Dict.  de  Peint.  & 
d'Arch. 

ICTLIEUYANG.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province 
de  Huquang ,  au  département  de  Changxa. 

LIÉXUI.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de  Nan- 
Jcin ,  au  département  de  Kiangning  ou  Nangking , 
première  Métropole  de  la  Province. 

L  I  F. 

LIFARD.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lîfardus  ,  Lïphardus , 
Leifardus ,  Laif ardus  ,  Leof ardus  ,  Lufardus  ,  Se  Liet- 
phardus.  Saint  Lifard  ,  que  l'on  croit  avoir  été  frère 
de  Saint  Léonard  de  Vandeuvre ,  &  non  de  celui  de 
Limoges ,  étoit  né  à  Orléans  d'une  famille  forr 
confidéréc  dans  la  ville  ,  &  il  y  fit  alFez  long  temps 
la  profeffion  d'Avocat.  Baillet.  A  l'âge  de  quarante 
ans  ,  il  renonça  au  monde ,  tk.  entra  dans  la  Cléri- 
cature.  Il  y  vécut  taintement  jufqu'en  5  jo.  &  ielon 
d'autres,  en  565.  qu'il  mourut.  Voye^  les  Bollan- 
diftes ,  Jun.  T.  I.  p.  zçS.  &  fulv.  Saint  Lifarc  de 
Gonnelieu.  Chastelain. 

LIFFOF^D.  Petite  ville  d'Irlande  j  dans  la  Province 
d'Ulfter ,  .au  Comté  de  Dunegal. 

LIFOIN,  Foyei  Leeoin. 

L  I  G 

LlGkmL.  FoyçiLiGhK. 

LIGAMENT,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Llgamentum , 
lïgamen.  En  fa  plus  générale  lignification  j  il  fignihe 
tout  ce  qui  lie  &:  attache  une  partie  à  une  autre;  au- 
quel fens  les  Anciens  ont  appelé  Ugamens ,  les  mem- 
branes ,  le  cuir ,  la  chair ,  les  veines  &:  artères ,  com- 
me Ugamens  communs  ;  mais  en  fa  plus  étroite  lignifi- 
cation ,  c'eft  un  corps  dur  <Sc  ferme  ,  lâche  néan- 
moins &  flexible,  qui  enceinte  lie  &:  contient  les 
jointures.  Il  n'a  point  de  fentiment  ,  &:  il  eft  fort 
différent ,  fuivant  les  parties  où  il  fait  fa  fonéfion.  Il 
eft  plus  dur  que  les  nerfs,  &  plus  mou  que  les  car- 
tilages. Il  fert  à  affermir  les  jointures  ,  &  empêcher 
la  diflocation  des  os ,  &  même  pour  les  lier ,  lorf- 
qu'ils  n'ont  point   d'articulation  enfeiiible.  Il  fer: 


.©. 


L  I  G 


aulli  de  couverture  aux  tendons  ,  &  à  les  féparer 
des  mufclcs  ,  &  à  foutenir  les  entrailles  fufpendues  , 
de  peur  que  leurs  poids  ne  les  fafle  tomber  ,  tels  que 
font  les  Ugamens  du  foie,  de  la  vcllie,  &  de  la 
matrice.  Ils  font  de  différente  fubftance.  Il  y  en  a 
de  durs  ,  de  mous ,  de  membraneux ,  de  nei-veux 
&  de  cartilagineux  ;  comme  aulh  de  ditiétente  fi- 
gure &  lituation.  Les  uns  naiffent  des  os ,  les  autres 
des  cartilages,  &  les  autres  des  membranes.  Le  liga- 
ment eft  la  partie  du  corps  la  plus  terreftre  après  l'os 
&  le  cartilage ,  partant  froide ,  féche  ,  dure  ,  &  infen- 
fiblc  comme  eux. 

En  particulier ,  les  différens  Ugamens  dans  le 
corps  humain  font  les  Ugamens  cartilagineux  qui 
lient  les  quatre  os  du  métacarpe  avec  le  carpe.  Les 
Ugamens  de  l'épine  ,  font  des  Ugamens  très-forts  qui 
font  aux  articulations  des  vertèbres  ,  pour  empê- 
cher qu'elles  ne  fe  luxent  dans  les  mouvemens  vio- 
lens  qu'elles  font.  Ils  font  de  deux  fortes  ;  les  uns 
épais  ik  fibreux  j  faits  en  forme  de  croiffant  j  qui  les 
lient  par  haut  Se  par  bas  ;  &  les  autres  membraneux , 
qui  fervent  à  les  lier  avec  plus  de  fermeté-,  ils  naif- 
lent  des  apophifes  tranfveriés  Se  aiguës.  Les  Ugamens 
du  foie ,  il  eft  attaché  par  deux  Ugamens  j  le  pre- 
mier ,  qui  eft  le  plus  fort  ôc  le  principal ,  le  tient 
fulpendu  au  diaphragme  ;  il  pénètre  dans  la  fubftance 
du  foie ,  pour  le  tenir  plus  fortement  :  le  fécond  ell 
lâche,  mais  large  &  fort  ;  il  vient  de  la  tunique  du 
foie  ,  &  s'attache  au  cartilage  xiphoïde.  Quelques- 
uns  ajoutent  pour  troilième  ligament  du  foie ,  la 
veine  ombilicale  defléchée.  D'autres  n'en  conviennent 
pas ,  parce  qu'elle  tireroit  le  foie  en  bas ,  &:  par  con- 
féquent  le  diaphragme  aufli ,  Se  que  par  là  elle  era- 
pêcheroit  fon  mouvement  ,  principalement  dans 
l'expiration.  Il  y  a  deux  Ugamens  à  la  langue ,  un 
qui  l'attiichc  par  la  bafe  à  l'os  hyoïde  ,  Se  l'autre  plus 
large  qui  s'iuferc  à  fa  partie  moyenne  Se  inférieure. 
Ce  dernier  eft  appelé  le  frein  de  la  langue.  Il  y  a  aulli 
les  Ugamens  de  la  rate;  car  outre  qu'elle  eft  attachée  au 
péritoine ,  au  rein  gauche  ^  &  quelqucfoisau  diaphrag- 
me par  des  membranes  qui  font  fort  déliées  ,  elk 
l'eft  encore  par  fa  partie  cave  à  la  membrane  fupé- 
rieure  de  l'épiploon.  Elle  eft  auffi  attachée  à  l'etlo- 
mac  par  deux  au  trois  veines  appelées  vafa  èrevia  .  1, 
ou  vailfeaux  courts.  La  verge  a  un  ligament  fort  qui 
l'attache  à  l'os  du  pénil,  &  qui  prend  fon  origine  du 
cartilage  qui  joint  ces  os  cnlcmble.  Se  va  s'inféret 
à  la  partie  lupérieure  Se  moyenne  de  la  verge.  La 
matrice  a  quatre  Ugamens;  deux  fupérieurs ,  &  deux 
inférieurs.  Les  fupérieurs  ,  que  l'on  appelle  Ugamens 
larges  à  caufe  de  leur  ftruéture  membraneufe ,  ne  font 
autre  choie  que  des  productions  du  péritoine  ,  qui 
viennent  des  lombes ,  Se  vont  s'inférer  aux  parties 
latérales  du  fond  de  la  matrice ,  pour  empêcher  que 
le  fond  ne  tombe  fur  le  col ,  comme  il  arrive  lorfque 
ces  Ugamens  font  trop  relâchés.  Ils  ont  la  figure  d'aile 
de  chauve  fouris.  Lesinférieurs,que  l'on  nomme  Uga- 
mens ronds  ,  à  caufe  de  leur  figure  ronde ,  prennent 
leur  origine  des  côtés  du  fond  de  la  matrice  ,  vers  fes 
cornes  j  &  vont  paffer  par  les  anneaux  qui  font  aux 
aponévrofes  des  mufcles  de  l'abdomen ,  pour  fe  rcB'- 
dreaux  aines,  où  étant  arrivés,  ils  le  divifent  en  forme 
d'une  pâte  d'oie ,  en  plufieurs  petites  branches,  dont 
les  unes  s'insèren  t  aux  os  pubis  ,  Se  les  autres  aux  cuif- 
ks.  Foyei  Dionis ,  Bartholin  ,  &  les  autres  Anato- 
miftes.  M.  Manger  en  traite  fort  légèrement ,  quantau 
général  ,  L.  I.  c.  1. 

LIGAMENT,  f.  m.  Sortilège.  On  dit  plutôt  ligature. 
Koye'^  ce  mot. 

LIGAMENTEUX,  EUSE.  adj.  Terme  de  Fleurifte.  Il 
fe  dit  des  plantes  qui  ont  leurs  racines  plus  groll'esquc 
les  fibrcules;  c'eft  à  dire,  comme  menus  cordages, 
ou  ligamcns.  Ligamentofus.  Plante  Ugamenteufe  ,  dont 
les  racines  font  grollcs  Se  entortillées  en  manière  de 
cordage. 

Ligamenteux,  euse.  ad.  m.  Se?.  Terme  d'Anatomie. 
Ligamentofus  ,  a  ,  um.  Qui  tient  du  ligament  j  qui 
fert  de  ligament.  Une  membrane  Ugamenteufe.  VVins- 
Low.  Une  M.u\c\\Q  Ugamenteufe.  Id. 


LI  G 

^jCTLIGAS.  f.  m.  la  plus  petite  dcsefpèces  d'arbre  dont 
la  moyenne  s'appelle  anacarde,  &la  troilîème  acajou. 
f^oye^  ces  mots. 
LIGASION.  f.  m.  Nom  que  les  Pruflîens  &:  les  Pomc 
ranijns  donnoicnt  autrefois  à  des  fourbes  j  qui  ctoicnt 
des  elpcces  de  Prêtres  de  leurs  idoles.  Les  peuples  de 
Prullè  &■  de  Poinéranie  adoroient  encore  leurs  fuix 
dieux  ,  Se  avoient  des  Taillions  <Sj  des  Li<;aJlons  jul- 
qu'au  milieu  du  XIIF.  lît-cle.  Ces  Ligajions  &  ces 
"Talillons  fomeatoient  les  crimes  &  la  débauche  par- 
mi ces  peuples  ,  par  leslouanges  qu'ils  donnoient  aux 
crimes  Se  aux  débauches  des  morts  dans  leurs  funérail- 
les, /^oye^  Talisson. 
LIGATURE,  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Fafcia.  Bande 
de  drap  ou  de  linge  qui  fcrt  aux  Chirugiens  pour 
ferrer  le  bras  ,  &  faciliter  l'opération  de  la  laignée. 
Ligature  ,  ed  aullî  l'art  &  la  manière  de  difpofer  les 
bandes  pour  panfer  les  plaies  ,  &  faire  toutes  les 
opérations  de  Chirurgie.  Ligatura.  Les  Profclleurs 
de  Chirurgie  font  à  leurs  Écoliers  des  Traités  parti- 
culiers des  ligatures.  Quelques-uns  ont  compté  cinq 
cens  fortes  de  ligatures. 
Ligature  ,  fe  dit  quelquefois  des  fortilèges   qui  font 
cell'er  quelque  fonction  du  corps  ,  de  l'état  d'impuif- 
fance ,  gC?  caufée  par  quelque  charme  ou  maléfice. 
C'ell  ce  qu'on  appelle  communément  nouer  l'aiguil- 
lette. Le  lentiment  commun  des  Théologiens  &  des 
Canoniftes ,  les  titres  du  droit  Canon  defrigidis  &  ma- 
leficiatis\  l'oxommunication  que  l'Églile  lance  contre 
ceux  qui  par  maléfice  empêchent  la  confommation  du 
mariage  ;  des  dillblutionsde  mariage  ordonnées  pour 
caules  d'impuilîance  provenant  de  maléfice  ;  je  ne  fais 
combien  d'Hirtoriens  très-graves  ;  une  foule  de  faits 
qu'on  ne  fauroit  révoquer  en  doute,  tout  cela  concourt 
àétaWirlapoifibilité  ou  plutôt  la  réalité  d'une  chofc 
auili  furprenante.  Voye-[  au  mot  noucment  ce  qu'en  a 
dit  Montagne. 
Ligature,  fe  dit  auHî  d'une  forte  de  bande  qu'on  atta- 
che au  cou,  au  bras  ,  à  la  jambe  ,  ou  à  quelque  partie 
du  corps  des  hommes  &  des  bêtes  ,  pour  détourner  , 
ou  chafler  quelque  maladie,   ou  quelque  accident. 
Fafcinum  ,  amuletum.  Ces  ligatures  font  condamnées 
par  l'Églife.  Thiers. 
Ligature.  Terme  de  dévotion  myftique.  Sufpenfion  to- 
,tale  des  puiirances  fupérieures  de  l'ame  ,  ceflation  des 
facultés  inteileduelles  de  l'ame.  Les  Myftiques  pré- 
tendent que  l'ame  arrivée  à  la  parf.iite  contemplation, 
demeure  privée  de  toutes  fes  opérations ,  &:  qu'elle 
celfe  d'agir  ,  afin   qu'elle  foit  plus  fouple    &  plus 
prompte  à  fe  lailîer  mouvoir  aux  impuliîons  de  la 
grâce  j  &   à  recevoir  les  communications  divines. 
Cette  ligature  entière  des  facultés  de  l'ame ,  &  l'état 
'  paflîf  des  contemplatifs  ,  pendant  lequel  l'ame  de- 
meure privée  de  toute  adion ,  cela  doit  s'entendre 
d'une  àdtion  qu'elle  ait  procurée  par  ces  eftbrts,  car 
dans  la  contemplation  la  plus  fublime,  &  dans  l'a- 
mour le  plus  palîif,  il  y  a  toujours  une  véritable  ac- 
tion de  l'ame. 

Les  Imprimeurs  appellent  auffi  ligatures, hs  caraélè- 
res  qui  joignent  deux  lettres  enfemble,  comme  _^j 
ft}fii  &c.  Ligamina.  Les  ligatures  Arabes  qui  fu- 
rent fondues  du  tems  de  François  I ,  font  les  plus 
beaux  caradères  du  monde.  Les  ligatures  Greques 
qui  font  dans  l'édition  des  Poètes  Grecs,  queHenri 
Etienne  a  faite ,  font  d'une  grande  beauté.  Diogène 
Laërce  a  été  imprimé  en  Hollande  en  1692,  fans 
aucunes  ligatures ,  &  on  fongcoit  vers  ce  tems-là 
en  France  à  les  retrancher  entièrement  des  caradères 
de  l'Imprimerie ,  mais  ce  delFein  ne  fut  point  exé- 
cuté ;  s'il  l'eût  été ,  les  plus  belles  éditions  des  Auteurs 
Grecs  devenoient  prefque  inutiles,  &  la  leélrure  des 
raanufcrits  auroit  été  prcfqu'impolîîble  à  la  plupart 
■^^  S^vans  qui  auroient  voulu  les  confulter. 
-î  Ligature.  Terme  de  l'ancienne  Mufique.  C'étoit 
l'aniondeplufieurs  notes  padées  diutoniquement  fur 
une  même  fyllabc.  Chapeau ,  liaifon. 

Les  particules  font  les  ligatures  du  difcours.  Il  y  a 
une  Grammaire  de  particules ,  fous  le  titre  de  Ligatu- 
res Françoifes.  Ce  mot  devient  vieux  en  ce  fens.        • 


L  I  G 


5-33 


Ligature,  efpècc d'étoffe,  ^oye^  Légature. 

Ligature.  Terme  en  ufage  parmi  les  Provençaux  qui 
font  le  commerce  de  Smyrnc ,  pour  fignifier  le  nœud 
duquel  (ont  liées  les  malles  de  foie,  ou  celles  de  fil  de 
chevron. 

En  termes  de  Phllofophie  hermétique  ,    on  ap- 
pelle ligature  ce  qui  bouche  bien  un  vaillcau. 

LIGE.  .adj.  m.  &c  f.  Vallal  qui  tient  une  certaine  forte  de 
fief,  qui  le  lie  envers  fon  Seigneur  dominant  d'une 
obligation  plus  étroite  que  les  autres.  Cliens  dediti- 
tius.  Dans  la  balle  Latinité.  Ligius  homo.  Voycs 
Hommage'. 

Ce  mot  vient  d'une  cérémonie  qu'on  faifoit  en  ren- 
dant la  foi  Se  hommage ,  de  lier  le  pouce  au  Vallal , 
ou  de  lui  ferrer  les  m.ains  dans  celles  du  Seigneur , 
pour  montrer  qu'il  étoit  lié  par  fon  ferment  de  fidé- 
lité, comme  difent  Pontanus,  Gui-Pape  &  Upton. 
Cujas ,  Vignier  &  M.  Bignon ,  croient  que  ce  mot 
vient  de  la  même  (ource  que  leudis  ^  ou  leodi ,  qui 
fignifioit  leal  &  fidèle.  M.  Huet  eft  aufll  de  ce  fenti- 
ment ,  &  il  remarque  que  Icudis  fe  trouve  dans  Gré- 
goire de  Tours,  &  que  les  Allemans  àïiant  liaden , 
Se  les  Saxons  leod ,  dans  le  même  fens.  Mais  du  Cange 
efl;  de  l'avis  de  ceux  qui  croient  que  ce  mot  vient  de 
iuis  .,  qui  étoit  une  efpèce  de  ferfs  attachés  tellement 
au  fervice  de  leur  maître  à  caufe  des  héritages  ou 
fiefs  qu'ils  tenoient  de  lui ,  qu'ils  étoient  obligés  à  lui 
rendre  toutes  fortes  de  fervices,  comme  s'ils  étoient 
ks  domeftiques ,  &  il  prérend  qu'on  difoit  autrefois 
iitgium  fervitium  ,  Se  qu'on  éctivoit  Utge.  Il  étoit 
oblige  à  fervir  fon  Seigneur ,  tant  en  guerre  qu'en  ju- 
gement,  c'cftàdire,  à  fervir  d'Aireflcur  pour  juger 
les  caufes.  Grantzius  dit  au  L.  IV.  c.  7.  que  ce  mot 
eft  Italien ,  &  qu'il  fignifie  la  même  choie  que  Valfal. 
Par  l'hommage  lige ,  le  Vallal  étoit  obligé  de  fervir 
fon  Seigneur  envers  tous  Se  contre  tous ,  excepte  con- 
tre fon  père.  Ce  mot  eft  oppofé  à  l'hommage  iîmple, 
qui  obligeoit  fimplement  à  payer  les  droits  Se  devoirs 
ordinaires  ,  &  non  point  au  fervice  contre  l'Empe- 
reur, le  Duc,  ou  autre  Seigneur  fupéricur ,  enforte 
que  l'homme  lige  étoit  comme  donné  Se  dévoué  au 
Seigneur,  &  étoit  entièrement  fous  fa  puillancc. 

Homme  lige  ,  hommage  lige ,  fief  lige ,  garde  lige  , 
fe  dit  en  parlant  de  l'obligation  qu'a  le' Vallal  à  garder 
le  château  ou  la  perlbnne  du  Seigneur.  Clientelarls. 
On  difoit  aulli  une  proteétion  lige  ,  une  puilîance 
lige,  une  foi  lige ,  Se  en  d'autres  occafionsj  pour 
dire,  entière,  totale.  Fief  tenu  à  plein  lige,  c'eft  le 
fiieftenu  en  plein  hommage.  Fief  tenu  en  demi //^e, 
ou  à  quart  de  lige,  eft  un  fief  moins  confidécable.  Se 
qui  rapporte  moins  de  profit  au  Seigneur.  Garde  lige, 
eft  la  garde  qu'un  Vaflal  doit  à  fon  Seigneur  en  pre- 
nant les  armes  pour  le  garder.  Hommage  lige,t(i  un 
hommage  plein  qui  eft  oppofé  en  beaucoup  de  lieux 
à  l'hommage  fimple  :  dans  d'autres  lieux ,  l'hommage 
lige  eft  diftérent  de  l'hommage  plein.  Dans  ces  en- 
droits là  ,  on  entendoit  autrefois  par  hommage  lige  j 
celui  qui  eft  exphqué  ci-delfus.  Voyei  Cujas,  L.  II. 
fcud.  Valfal  lige,  Fa£allus  lidus ,  dans  quelques  ti- 
tres, c'eft  le  ValTal  qui  doit  l'hommage  lige  :  on  l'ap- 
pelle aulîi  Vallal  de  foi  lige. 

Comme  ce  mot  de /i^e  a  différentes  fignificationsjpour 
entendre  les  Auteurs,  il  faut  remarquer  qu'autrefois  il  y 
avoit  deux  hommages /i^ej  ;  l'un  par  lequel  un  Val- 
fal étoit  obligé  de  fervir  fon  Seigneur  contre  touj, 
même  contre  le  Souverain;  l'autre,  par  lequel  il  étoïc 
obligé  de  lervir  fon  Seigneur  contre  tous,  à  l'excep- 
tion des  autres  Seigneurs  dont  il  étoit  auparavant 
homme  lige. 

Lige,  lignifie  encore,  proche  ,  immédiat.  Seigneur //^e , 
c'eft  le  Seigneur  prochain  Se  immédiat  dont  on  re- 
levé nuement  ,  ligement  Se  à  ligence  ,  c'eft  à  dire, 
fans  moyen.  Tels  étoient  les  hommages  que  le  Roi 
d'Angleterre  a  rendus  au  Roi  de  France,  à  caufe  du 
Duché  de  Guienne,  Se  les  Comtes  de  Flandres  Se 
d'Artois  pour  leurs  Seigneuries.  Vallal  lige,  eft  un 
terme  relatif  à  Seigneur  lige.  Tenue  lige  ,  eft  la  te- 
nue immédiate ,  la  dépendance  immédiate  ,  telle 
qu'elk   eft   entre    le    Seigneur   li^e ,    Se   le    VafTal 


S34 


L  I  G 


lige  ,  dans  le  feus  qui  vient  d'être  explique'.  1 
Lige,  eft  auHi  un  droit  de  relieFqui  te  paie  au Sei^t^neur 
en  cas  de  mutation  de  hef.  Jus  dkntelaris  funaionis. 
Il  eft  fixé  en  quelques  lieux  à  dix  livres  pour  plein 
lige  ;  en  d'autres ,  à  la  moitié  ou  au  quart  de  cette 
ibmme ,  &  on  le  nomme  alors  demi  lige ,  ou  quart 
de  lige. 
IIGÉE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une  Nym- 
phe. Ligea.  Elle  étoit  fille  de  Nérce  &  de  Donde, 
&  fut  nommée  Ligee  à  caufe  de  la  beauté  de  la  voix. 
Car  W»5,  /'Hw,  A.yv,  en  Grec,  fignifie  ce  qui  a  un 
fon  doux  ôc  agréable  j  une  voix  claire  &c  argentine. 
Ligée  étoit  une  des  trois  Sirènes  qui  fe  précipitèrent 
dans  la  mer,  &  dont  les  corps  furent  jettes  lur  difté- 
rens  rivages.  Celui  de  Ligée  fut  porté  près  de  Téri- 
na,  aujourd'hui  Nocéra. 
LIGEMENT.  adv.  D'une  manière  lige.  Ex  rigidiore 
dientiU  formula.  Il  tient  cette  terre  ligement ,  avec 
condition  des  fiefs  liges. 

Ligement  A  zncovt  un  autre  fens,  &  fignifie  nue- 
ment ,  immédiatement  ^  à  ligence. 
LIGENCE.  i.  f.  Qualité  d'un  fief  qu'on  tient  nuement 
&  fans  moyen  d'un  Seigneur ,  par  le  moyen  de  quoi 
on  devient  fon  homme  lige.  Nuda  &  immediata 
dientela.  Tenue  à  ligence ,  veut  dire  la  tenue  d'un 
fief  qu'on  tient  ligement  &  fans  moyen.  Ligence 
lignifie  aulll  un  devoir  des  Vallaux  à  l'égard  du  Sei- 
gneur au  château  duquel  ils  font  obligés  de  faire  la 
garde  en  tems  de  guerre.  Fief  de  ligence  .,  eft  un  fief 
auquel  ce  devoir  eft  attaché.  Feudum  guarditc. 
Licence  ,  eft  aufti  l'état  de  l'homme  lige  ,  ou  l'aéte 
même  de  fon  hommage.  Clientis  Jlatus  ,  clientelaris 
qfficii  profejjîo ,  komagium,  Ligancia ,  Ligiantia,  Li- 
gentia.  La  ligence  eft  la  foi ,  la  promelfe  faite  avec 
ferment;  il  vient  du  Latin  Ligare  ,  lé  lier  ,  s'engager. 
La  ligence ,  dans  le  lens  propre ,  étoit  l'engagement 
réel  qu'un  Valîal  contraftoit  avec  un  Seigneur  domi- 
nant ,  fous  la  protection  duquel  il  mertoit  Ion  fief  Se 
la  terre.  Four  être  homme  lige  ,  il  falloir  que  le  fief 
fût  en  terre  ;  les  autres  natures  de  fiefs  n'emportoient 
point  la  ligence. 
LIGNAGE,  f.  m.  Parenté  ilfue  d'une  même  fouche  , 
ceux  qui  font  de  la  même  ligne.  Gelius  ,  genst  II  eft 
de  noble  lignage  j  pour  dire ,  de  bonne  maifon.  Il  eft 
<le  mon  lignage^  c'eft  à-dire,  mon  parent.  Ce  mot 
vieillit,  Se  ne  fe  dit  plus  guère  que  dans  le  comique. 

Et  voici  qu'au  bout  de  mon  âge  , 
Il  faut  payer  pour  un  &  pour  trois  defccndans  , 
Sans  avoir  jamais  eu  ni  jemme ,  ni  lignage. 

S.  EVRE. 

H  y  a  un  vieux  livre  de  généalogie ,  fous  le  titre  de 
Royaux  lignages. 
Lignage  ,  fe  dit  aulll  d'un  certain  vin  rouge  fait  de  tou- 
tes fortes  de  railms.  On  boit  du  lignage  prelque  tout 
le  long  de  la  rivière  de  Loire. 

Un  laquais  effronté  m'apporte  un  rouge-bord. 
D'un  Auvernat  fumeux  qui  mêlé  de  Lignage, 
Se  vendait  che^ ....  pour  vin  de  l'ermitage. 

BoiL. 

Lignage.  Terme  de  Coutumes.  Dans  quelques  villes 
le  droit  de  lignage  eft  un  droit  qui  le  levé  pour  la 
conduite  &  l'entrée  du  bois.  Vecligal  ex  ligno. 

LIGNAGER.  f.  m.  Qui  eft  de  la  même  parenté,  du 
même  lignage.  Eudem  gentis  Jîirpe  natus.  ^CTDans 
la  Coutume  de  Paris ,  les  Lignagers  ont  les  quatre 
quints  des  propres.  Il  eft  aulîî  adj.  Dans  cette  phrafe  : 
Retrait  lignager.    Voyez  Retrait. 

Le  retrait  lignager  a  été  introduit  par  la  plupart  des 
Coutumes  de  France  ,  pour  conlpi-ver  les  héritages 
dans  une  famille.  Les  retraits  lignagers  font  de  droit 
étroit ,  &  fujets  à  pludeurs  lormalités  qu'il  haut  rigou- 
reufement  obferver  ,  comme  d'oftrir  bourfe  &  de- 
niers à  découvert  &  à  parfaire  ,  frais  &  loyaux-coûts  , 
en  tous  les  appointemens  de  la  caufe.  i 

LIGNE,  f.  f.  Tenue  de  Géométrie.  C'cft  ime  quantité  | 


L  IG 

étendue  en  longueur,   fans  largeur  ni  profondeur. 
Linca.  Euclide  la  définit,  longueur  lans  largeur;  Cau- 
dale Ion  Commentateur ,  l'écoulement  d'un  point. 
Fluxus  puncli.   L'Académie,  un  trait  fimple  ,  con- 
lidéré  comme  n'ayant  ni  largeur ,  ni  profondeifr.  Les 
ouvriers  l'appellent  un  trait  qui  va  d'un  point  à  un 
autre.    Ligne  droite  eft  la  plus  courte  de  celles  qui 
ont  les  extrémités  entre  deux  points ,  la  plus  courte 
diilance' entre  deux  points.  Les  lignes  courbes  régu- 
lières, font  la  circulaire,  elliptique  ,  parabolique 
hyperbolique,  cycloïde  ,  ou  conchile  ,   hélice,  tfpi-' 
raie,  alymptote.  On  dit  aulîî  ligne  parallèle,  incdm- 
menlurable,  infinie,  tangente,  fécante  ,  perpendicu- 
laire ,  horilontale ,  oblique ,  qui  font  définies  à  leur 
ordre.  L'inclination  de  deux  lignes  tait  un  angle.  On 
ne  lauroit  trouver  deux  lignes  moyennes  proportion- 
nelles entre  deux  lignes  données  par  le  cercle  &  la 
ligne  droite. 

En  termes  de  Géométrie,  ligne  des  deux  centres, 
eft  celle  qui  va  d'un  centre  à  l'autre. 

Ce  mot  vient  du  Latin /i/2eii  j-  lineaj  ligne,  eft  tiré 
du  Celtique  lin.  P£zp,.on. 
Ligne  ,  lignifie  encore  la  premier;  &  la  plus  petite  des 
longueurs:  c'eft  la  douzième  partie  d'un  pouce,  & 
la  1 44^  partie  d'un  pied  de  Roi.  On  l'appelle  autre- 
ment ^raz/z  d'orge.  Cet  ais  a  fix  lignes  d'épailleur. 

Les  Fonteniers  appellent  ligne  d'eau,  la  144"^  par- 
tie d'un  pouce  d'eau.  Il  a  tant  de  lignes  d'eau  dans 
fon  jardin. 
Ligne  de  démarcation  ,  ligne  de  divifion  ou  de  partition, 
on  ligne  Alexandrine.  Alexandre  VI,  pour  terminer 
les  diftérends  entre  les  Couronnes  de  Caftille  &  de 
Portugal ,  fit  tirer  fur  le  globe  une  ligne  imaginaire, 
ou  de  démarcation  ,  qui  tombant  du  nord  au  fud , 
entre  les  deux  pôles ,  bornoit  d'un  côté  les  prétentions 
de  la  Caftille  ,  &  terminoit  de  l'autre  celles  de  Portu- 
gal; de  forte  que  par  ce  partage  les  Indes  Orientales 
furent  allignées  aux  Portugais,  ôc  les  Indes  occiLkn- 
tales ,  nouvellement  découvertes  ,  furent  attribuées 
auxCaftillans.  De  la  Neuville,  Hijloire  du  Portu- 
gal,  T.  I.  p.  64. 
Ligne  de  Foi ,  eft  une  ligne  droite  Se  tirée  fur  l'alhi- 
dade ,  ou  le  long  de  l'alhidade ,  qui  pafle  par  la  fente 
des  pinnules,  &  qui  répond  au  centre  de  l'aftrolabe, 
du  graphomctre,  ou  de  quelque  autre  inftrument», 
pour  faire  de  plus  juftes  obfervations ,  foitau  ciel,  foie 
fur  la  terre. 
Ligne  de  Lof.  f^oye\  Lof. 

Ligne  ,  fignifie  aulli  un  trait  de  plume  ou  de  pinceau 
fort  délié  ,  quoiqu'il  ne  contienne  aucun  caracière. 
C'eft  en  ce  fens  qu'on  fait  dire  à  un  habile  Peintre  de 
l'Antiquité,  Hodie  lineam  nullam  duxi.  Je  n'ai  tiré 
aucune  ligne  aujourd'hui,  je  n'ai  donné  aucun  coup 
de  pinceau. 
Ligne,  en  terme  d'Ecrivain  &  d'Imprimeur,  eft  une 
rangée  ou  fuite  de  caraétères  couchés  lur  du  papier , 
du  parchemin,  ou  autre  matière  propre,  à  côté  les 
uns  des  autres.  Les  grolïes  des  écritures  d'Avocats, 
doivent  avoir  2 1  lignes  à  la  page  luivant  l'Qrdon- 
nance.  Il  n'y  a  pas  alfez  d'efpace  entre  vos  lignes. 
Ces  lignes  ne  font  pas  droites. 
Ligne  ,  fe  dit  au  pluriel ,  en  ftyle  bourgeois,  d'une  let- 
tre-, Charta  j  littem.  Je  vous  écris  ces  lignes,  pour 
vous  donner  avis  que,  &c.  c'eft-à  dire,  je  vous  écris 
une  lettre.  Je*  vous  demande  deux  lignes  de  votre 
main  fur  une  telle  dilKculté. 
§CFEn  parlant  du  cérémonial  que  les  Grands  obfervent 
dans  leurs  lettres  à  l'égard  des  inférieurs,  on  dit  don- 
ner la  ligne  à  quelqu'un,  ne  rien  mettre  àxnil^. ligne 
après  le  mat  de  Monjleur  qui  eft  au  haut  de  la  lettre. 
Ne  pas  donner  la  ligne  ,  c'eft  écrire  quelque  chofe 
après  ce  mot  dans  la  même  ligne  ,  la  remplir. 

On  dit  ablolument,  A  la  ligne,  A  lineâ,  lorf- 
qu'on  veur  marquer  un  nouvel  article  ,  pour  dire 
qu'il  faut  recommencer  une  nouvelle  ligne. 
LIG:^^E,  en  termes  d'Aftronomie  &  dt  Géographie,  le 
dit  par  excellence  de  la  ligne  équinoxiale  ou  de  l'é- 
quateur.  Linca-  u^quînoclialis  ,  ^quatoris.  C'eft 
dans  le  Ciel  un  cercle  que  le  folcil  déeiic  à  peu  près 


f 


L  I  G 

le  2  1  de  Mars  &  le  21  de  Septembre  :  c'cfl  fur  la 
terre  un  cercle  qu'on  imagine  ,  &  qui  répond  à  celui 
dont  on  vient  de  parler,  que  le  (oleil  décrit.  C'cfl  un 
cercle  qui  coupe  la  terre  d'Orient  en  Occident,  en 
deux  parties  égaies,  à  égale  diilance  des  pôles,  cnforte 
que  les  pôles  lont  toujours  dans  l'horilon  de  ceux  qui 
font  lous  la  ligne ^  d'o.'i  il  arrive  qu'il  n'y  a  point 
d'élévation  de  pôle  {ous  la  ligne.  Les  Matelots  bapti- 
fent  les  pailagers  la  première  fois  qu'ils  pallent  la 
ligne.  Voyez  Baptême.  Cette  île  elH'ous  la /i^/zs ,  à 
deux  degrés  de  la  ligne  :  c'ett  ià  que  commencent  les 
latitudes  auftrales  liv'  leptentrionales.  Une  perfonne, 
qui  depuis  dix  ans  tâche  d'oublier  fa  langue  pour  fc 
remplir  l'efprlt  de  mots  barbares  &  d'idées  étrangè- 
res, quelque  choie  quelle  ait  perdu  d'ailleurs,,  a  du 
moins  acquis  par  là  le  droit  de  mal  écrire,  fans  qu'on 
en  ait  beaucoup  de  la  blâmer.  Après  que  nous  avons 
paiïe  la  ligne  quatre  ou  cinq  fois ,  il  femblc  que  notre 
ftyle  foit  au  dellus  de  la  critique  ,  &  peut-être  même 
que  trop  de  politellè  dans  un  Millionnaire  édifieroit 
moins  qu'un  peu  de  négligence.  P.  Le  Comte. 

En  termes  de  Gnomonique ,  on  appelle  la  /igné  de 
midi,  ou  la  ligne  méridienne,  celle  qui  tend  d'un 
pôle  à  l'autre  ,  qui  repréfente  le  cercle  méridien. 
Dans  les  cadrans  verticaux  ,  la  ligne  de  midi  eft  tou- 
jours perpendiculaire  à  l'horifon.  Dans  les  horifon- 
taux,  le  ilyle  ne  fait  point  d'ombre  vers  l'orient,  ni 
vers  l'occident ,  quand  il  ell  fur  la  ligne  de  midi. 
,  En  terme  d'Efcrime ,  on  appelle  la  ligne  ,  celle  qui 
eft  direétement  oppofée  à  l'ennemi ,  dans  laquelle 
doivent  être  les  épaules ,  le  bras  droit  &  l'épée ,  &  fur 
laquelle  font  aulli  pofés  les  pies  à  la  diftance  de  1 8 
pouces  l'un  de  l'autre  ;  &  ainfi  on  dit  être  dans  la 
ligne  j  fortir  de  la  ligne. 

En  termes  de  Statique  j  ou  de  Mécanique,  h  ligne 
de  diredtion  eft  celle  qui  paffe  par  le  centre  de  gravité 
dii  corps  grave  jufqu'au  centre  de  la  terre ,  laquelle 
doit  palfer  aullî  par  le  foutien  du  corps  pefant  ;  autre- 
ment il  eft  de  nécelîîté  qu'il  tombe.  Linea  direclionis. 
Voyez  Direction  &  Centre. 

En  termes  de  Pêche ,  on  appelle  ligne ,  un  §Cr  petit 
cordon  de  fils  ou  de  crins  de  cheval  tortillés ,  atta- 
ché par  un  bout  à  une  forte  baguette ,  &  armé  par 
l'autre  bout  d'un  hameçon  avec  un  appât,  dont  les 
Pêcheurs  le  fervent  pour  prendre  du  poillon.  Funicu- 
lus  pifcatorius. 

^CFOn  appelle  ligne  dormante ,  celle  qui  demeure  dans 
l'eau,  fans  qu'on  la  tienne.  Elle  eft  défendue  par 
l'Ordonnance. 

Ménage  croit  que  ce  mot  de  ligne  en  ce  fens ,  a  été 
dit  à  lino  j  à  caule  que  les  Pêcheurs  faifoient  leurs 
lignes  de  lin. 

En  termes  d'Optique  ,  ou  de  Perfpeétive ,  on  ap- 
pelle la  ligne  vifuelle ,  la  ligne  ou  le  rayon  qu'on 
s'imagine  s'étendre  depuis  l'œil  jufqu'à  l'objet.  La 
ligne  déterre  ou  fondamentale,  eft  celle  où  l'on  met 
le  plan  géométral  qu'on  veut  tirer  en  perfpedtive , 
oii  le  plan  géométral  &  celui  du  tableau  fe  rencon- 
trent, 

(K?La  Ligne  de  front  eft  une  ligne  droite  parallèle  à  la 

;    ligne  de  terre. 

I&" Ligne  Verticale  ,  c'eft  la  commune  fedion   du 

i    plan  vertical  &  du  tableau. 

f^  Ligne  Objective  ,  ligne  tirée  fur  le  plan  géométral , 
&  dont  on  cherche  la  repréfentation  fur  le  tableau. 

En  termes  de  Chiromance  ,  on  appelle  lignes  les 
traits  ou  incifures  qui  font  marqués  dans  la  main , 
dont  les  obfervations  fervent  de  fondement  à  cette 
vaine  fcience.  Linea  duclus.  On  en  décrit  ordinaire- 
ment quatorze  ,  dont  il  y  en  a  trois  principales.  La 
première  qui  eft  au  delfous  du  pouce  ,  fc  nomme 
ligne  de  vie  ,  ou  la  ligne  du  cxur ,  Se  la  ligne  de 
l  âge.  La  féconde  s'appelle  hépatique  ,  ou  la  ligne 
du  foie  ,  ovi  faturnale ,  ou  ligne  de  profpérité;  il  y 
en  a  qui  l'appellent  la  ligne  de  Mars.  On  nomme 
ligne  naturelle  ,  ou  moyenne  ,  ou  ligne  du  cerveau , 
celle  qui  coupe  en  travers  la  précédente  ,  &  qui 
partant  par  le  milieu  de  la  paume  de  la  main  ,  va 
jufqu'au  mont  de  la  lune.  La  troilîème  qui  va  daiis 


L  I  G 


S'ST 


le  même  fcnsj  &  qui  lui  eft  parallèle  ,  prend  de- 
puis l'indice  jufqu'à  l'autre  bout  de  la  main  ,  Se 
s'appelle  tncnfule  ,  thorale  ,  ou  la  ligne  de  Vénus. 
On  connoît  le  ridicule  &:  l'incertitude  de  cette  fcien- 
ce j  par  cela  (cul  que  ceux  qui  en  font  profellion  , 
ne  conviennent  pas  des  principes.  Et  cependant  ils 
convicncnt  tous  que  ii  la  première  ligne  eft  la  ligne 
faturnale  ,  elle  déligne  autre  choie  que  il  elle  eft  la 
ligne  de  Mars. 

Ligne  ,  eft  aulli  un  terme  de  Métopofcopic,  qui  figni- 
he  les  raies  qui  font  le  long  du  Iront,  par  lefquelles 
on  prétend  jugei  de  la  bonne  &  de  ia  mauvaifc  fortune 
des  gens.  On  croit  dans  cet  art  frivole  que  les 
lignes  du  front  ont  rapport  aux  fept  planètes. 

En  termes  d'Architcèlure  ,  d'Arpentage  &c  de 
Jardinage  ,  on  appelle  ligne  le  cordeau  avec  lequel 
on  trace  fur  la  terre  les  delTéins  des  bârimens  ,  on 
inclure  les  longueurs  ,  on  drclTe  les  allées.  AmuJJis, 
Ces  rues  font  tirées  à  la  ligne.  Voilà  des  arbres 
plantés  à  la  ligne  ,  en  droite  ligne. 

Dans  la  Maçonnerie  &  l'Architedure  on  appelle 
l'i-gncs  jaugées  ,  les  lignes  qui  font  parallèles  -,  lignes 
tâtées  ,  ou  corrompues  ,  celles  qui  ne  font  pas 
régulières.  Plulieurs  autres  fortes  d'ouvriers  em- 
ploient ces  termes  dans  le  même  fens. 

En  termes  de  Manège,  on  appelle  ligne  du  ban- 
quet,  celle  que  les  Epcronniers  s'imaginent  en  for- 
geant un  mors ,  pour  déterminer  la  force  ou  la  foi- 
blelle  qu'ils  veulent  donner  à  la  branche  j  pour  la 
rendre  hardie  ,   ou  flafque. 

Ligne,  en  rennes  de  Guerre,  fe  dit  de  la  dilpofition 
d'une  armée  rangée  en  bataille.  Acies.  Elle  forme 
un  front  étendu  fur  la  longueur  d'une  ligne  droite. 
L'avant  garde  eft  placée  en  droite  ligne  ,  fe  divife 
en  plufieurs  bataillons  &  efcadrons  poftés  fur  le  de- 
vant, &  c'eft  la  première  ligne.  Le  corps  de  ba- 
taille forme  la  féconde  ligne  ,  où  eft  le  pofte  du  Gé- 
néral. Et  la  troilième  ligne  eft  le  corps  de  réferve , 
ou  l'arrière- garde.  Il  faut  laillèr  ijo  pas  de  ter- 
rain pour  fe  rallier  entre  la-  première  &  la  féconde 
ligne ,  &  deux  fois  autant  entre  la  féconde  &  la 
troilîème.  Il  rangea  fon  armée  fur  deux  lignes. 
Ablanc.  Le  Duc  tourna  fur  la  gaucl^e  avec  la  fé- 
conde ligne  de  la  Cavalerie.  La  Chapelle.  Com- 
battre fur  deux  lignes  appuyées  d'un  corps  de  ré- 
ferve. Id.  Ils  attaquèrent  rudement  notre  première 
ligne  avec  leur  phalange.  Louis  XIV. 

§CF  Ligne  ,  fe  dit  non  -  feulement  de  la  difpolîtion 
d'une  armée  pour  l'ordre  de  bataille  ,  mais  encore 
pour  le  campement  &  pour  la  marche.  On  dit 
qu'une  armée  eft  campée  fur  trois  lignes  (  rangées  ) , 
qu'elle  marche  fur  deux  lignes. 

Ligne.  Ce  mot  s'emploie  .aulli  quand  il  s'agit  d'ar- 
mées navales  ,  &  fe  dit  de  la  dilpolltion  des  poftes 
qu'elles  occupent  le  jour  du  combat.  Ordo  j  dïf- 
pojitio.  Dans  une  bataille  navale  les  vailfeaux  font 
tous  rangés  lur  une  même  ligne.  Garder  fa  ligne. 
Venir  à  fa  ligne.  Se  rendre   fur  fa  ligne. 

Ligne,  en  termes  de  Fortification  ,  eft  un  travail  fait 
de  terres  remuées  ,  un  foffé  ,  un  parapet  ,  ou  une 
couverture  faite  de  rangées  de  fàfcines  ,  gabions  , 
ou  facs  à  terre  ,  pour  défendre  un  camp  ,  une 
place  d'armes.  Vallum.  Tirer  une  longue  ligne, 
Ablanc.  Il  poulîa  une  ligne  le  long  d'un  bois  de 
fapins.  La  Chapelle. 

Ligne  deCirconvallation  ,  font  des  folTés  couverts 
de  parapets  ,  qui  fe  font  autour  d'une  place  à  la  por- 
tée du  Canon  ,  pour  fe  défendre  contre  le  lecours 
qu'on  pourroit  craindre  ,  &  parce  que  d'efpace  en 
efpace  elles  font  fortifiées  de  forts  &  de  redoutes  , 
elles  font  appelées  de  communication  d'un  quartier  à 
l'autre.  Vallum  ,  foffu  vallata. 

Lignes  de  Contrevallation  ,  font  de  femblables 
lignes  par  lefquelles  on  fe  fortifie  contre  les  alliégés , 
quand  la  garnifon  eft  trop  forte.  On  les  appelle  aulîî 
Contrelignes. 

Lignes  de  défense  rasante  ,  ou  flanquante  ,  eft  la 
ligne  qui  étant  tirée  le  long  de  la  ficc  du  baftion  , 
aboutit  à  quelque  point  de  la  courtine.  Linea  defen- 


3é 


L  IG 


Jïonis  (iringens.  La  ligne  de  defenfe  doit  are  de  lio 
coifes  ;  ou  environ  ,  atin  d'écre  hors  de  b  portée  du 

TA  LIGNE  D£  DÉPENSE. FICHANTE  ,  eft  Cclle  qUI  eft  tUCC 

de  l'angle  de  la  courtine  &  du  Hanc  ,  ou  de  quelque 
autre  partie  du  Hanc  ,  qui  tait  un  angle  avec  la  face  , 
d'où  les  coups  tirés  peuvent  entrer ,  &  le  hcher  dans 
la  face  du  ballion  oppofe.  Lmea  defenfioms  Jigens. 

On  appelle  aulîi  lignes  d'attaques  ,  lignes  d  appro- 
ches ,  les  tranchées  &C  kmblables  travaux  qui  lont 
faits  pour  s'approcher  de  la  place  ,  &  1  attaquei.^ 

On  appelle  la  ligne  fondamentale  la  première 
ligne  w^' on  décrit  quand  on  veut  tracer  le  plan  d  une 
pLice,  &  qui  en  figure  toute  l'enceinte.  La  ligne 
LciM/ê  ed  celle  oui  va  du  centre  du  baftion  à  (a  pointe. 

Ligne,  en  termes  de  Mineur,  c'elt  Taxe  d'une  mine 
ou  dun  fourneau,  ou  Taxe  de  ton  entonnoir  ,  c  elt- 
à  dire  ,  la  ligne  perpendiculaire  tur  la  chambre  des 
poudres,  la  ligne,  dis- je  ,  du  terrain  que  1  on  veut 
faire  fauter  ,  la  hauteur  de  ce  terrain  ^  depuis  la  tui- 
face  jufqu'à  l'endroit  où  l'on  place  les  poudres. 
Ligne  magiftiale  ,  eft  le  premier  trait  qui  marque  les 
fices  ^  les  flancs  &  les  courtines  d'un  corps  de  place. 
On  l'appelle  ainfi  y  tant  parce  que  c'eft  par  elle  qu'on 
commence  la  conflrudion  du  corps  de  la  place , 
que  parce  que  renfermant  la  place,  tout  ce  qui  dt 
au  delà  n'eft  que  des  dehors  employés  pour  la  dc- 
fenlé  de  cette  /i^ne..  Sur  le  papier,  on  la  trace 
plus  grolfe,  &  quand  le  corps  de  la  place  eft  revctu 
de  maçonnerie  ,  on  la  met  en  rouge  ,  couleur  qu'on 
emploie  pour  défigner  les  ouvrages  de  maçonnerie. 
En  termes  de  Marine ,  on  appelle  lignes  d'amarrage  , 
plufieurs  cordes  qui  fervent  à  amarrer  ,  lier,  ou 
arrêter  les  manœuvres,  comme  les  rabans  j  rides  & 
garcettes.  Ligne  de  fix  fils ,  de  neuf  fils  ,  &c.  Funi- 
culivietafâ.  On-^^'çA\f3.\xS\ligned'eau ,  ou  ligne  de 
l'eau  ,  la  ligne  que  marque  fur  le  bordage  la  tur- 
facc  de  l'eau  ,  quand  le  vailleau  eft  à  flot_,  IKT  l'en- 
droit du  bordngc  du  vailleau  ,  où  la  furface  de  l'eau 
de  la  mer  touche  lortque  le  bâtiment  eft  chargé  , 
ou  qu'il  fliotte.  Linea  quam  aqu&  Juperfiaes  lambit. 
Et  parce  que  cette  ligne  doit  te  trouver  ordinaire- 
ment à  l'endroit  où  le  vailleau  eft  le  plus  gros,  on 
l'appelle  auflî  Ligne  du  fort.  On  la  nomme  encore 
Floccaifon.  Un  vailFeau  percé  d'un  coup  de  canon 
à  la  ligne  d'eau.  Nettoyer  un  vaifteau  à  la  ligne 
d'eau.  Ligne  du  fort ,  fignifie  l'endroit  du  vailleau 
où  il  eft  le  plus  gros.  On  appelle  aulîi  ligne  di 
fonde  ,  le  cordeau  où  eft  attachée  la  londe.  lîfT  On 
appelle  ligne  du  plus  près  du  vent  ,  celle  par  la- 
quelle le 'vailleau  eft  poulie  le  plus  près  qu'il  fe 
peut  contre  le  vent.  ^ 

On  appelle  Vailleau  de  ligne  les  grands  vaiireaux 
de  guerre  qui  ont  au  moins  cinquante  pièces  de  ca- 
non j  &  qui  peuvent  mztwligne.  Ac.  Fr. 

En  termes  de  Charpenterie  ,  la  ligne  eft  un  cor- 
deau avec  lequel  on  trace  fur  le  bois  :  cette  corde 
eft  frottée  de  craie  blanche  ,  ou  de  quelque  autre 
couleur,  deux  hommes  en  tiennent  chacun  un  bout , 
&  la  tirent  en  l'appliquant  fur  une  pièce  de  bois , 
puis  un  d'eux  la  pince  en  l'élevant  en  l'air,  &  en 
retombant  elle  marque  une  ligne  fur  le  bois.  Les 
ouvriers difentjetter  la  ligne,  pour  enhgner.  Ils  di- 
fent  tringler. 

Ligne  tâtée  ou  corrompue  ,  eft  celle  qui  n'eft  pas  faite 
avec  le  compas,  ni  la  règle,  mais  qui  eft  tracée  a  la 
main  ,  palfant  par  certains  points  donitts  à  caulé 
de  quelque  figure  irrégulière. 

Ligne  indéterminée,  ou  indéfinie,  eft  celle  dont  les 
extrémités  ne  font  point  connues. 

Ligne  de  niveau.  C'eft  celle  qui  eft  également  éloi- 
gnée dans  fes  extrémités  du  centre  de  la  terre.  On 
l'appelle  auffi  Ligne  horizontale  ,  &  en  perfpeéfi 
ve ,  ligne  de  terre. 

Ligne  à  plomb  ,  celle  qui  eft  perpendiculaire  à  la 
ligne  de  niveau. 

Ligne  oblique ,  celle  qui  eft  plus  inclinée  d'un  côté 
que  de  raune,  &  que  les  Ouvriers  nomment  Zi^«£ 
rampante  ou  biaife. 


L  î  G 

Ligne  pleine  ,  celle  qui  marque  quelque  contour  fans 
interruption. 

Ligne  Blanche  ,  en  termes  d'Anatomie  eft  le  concours 
des  tendons  de  la  plupart  des  mufcles  de,  l'epigaftre. 
On  l'appelle  ligne  ,  parce  qu'elle  eft  droite  ,  &  blan- 
che ,  a  caulé  de  fa  couleur.  Elle  s'étend  depuis  k 
cartilage  xiphoïde  j  ou  enliforme  ,  jufqu'à  l'os  pubis. 
On  appelle  auiii  en  terme  de  Géomctric  &  de 
deflein  ,  ligne  blanche ,  celle  qui  eft  feulement  tirée 
avec  la  pointe  du  compas  ,  <k.  qui  n'eft  marquée 
ni  d'encre  ,  ni  de  crayon. 

En  termes  de  Finance  ,  on  appelle  ligne  de  compte 
les  articles  qu'on  couche  dans  un  compte.  Perjcri- 
ptio  in  rationes.  Et  on  dit  qu'une  fomme  eft  tirée 
hoK  ligne  ,  quand  elle  eft  mile  en  chiîhe  a  la  mar- 
ge droite  du  compte  pour  en  faciliter  le  calcul. 

En  ce  fens  on  dit  au  figuré  ,  Mettre  en  ligne  de. 
compte  les  grâces  qu'on  reçoit  de  fes  amis ,  les  1er- 
vices  qu'on  leur  rend  ,  fuivant  qu'on  en  fait  plus  ou 
moins  d'état.  Acceptum  uferre.  Cette  fiiveur  eft  trop 
légère  pour  la  mettre  en  ligne  de  compte  ,  c'eft- 
à  dire  ,  pour  la  faire  valoir. 
Ligne  ,  en  termes  de  Généalogie  ,  eft  un  dénombre- 
ment ou  une  fuite  de  païens  en  divers  degrés,  toiis 
defcendans  d'une  même  fouche,  ou  père  commun. 
Confanguineorum  feries ,  ordo.  La  ligne  directe  eft 
celle  qui  va  de  père  en  fils  -,  c'eft  l'ordre  des  afcen- 
dans  Se  des  defcendans.  Defcendre  en  droite  ligne, 
c'eft  defcendre  de  père  en  fils.  La  /i^'«e  collatérale 
eft  l'ordre  de  ceux  qui  tirent  leur  naillance  de  la 
même  fouche ,  &  non  pas  les  uns  des  autres  :  c'eft 
celle  où  font  placés  les  oncles  ,  tantes  ,  coufins , 
neveux.  La  ligne  alcendante ,  la  ligne  defcendantc. 
Un  lignager  eft  celui  qui  eft  de  l'eftoc  &  ligne  de 
quelqu'un.  Lzi  ligne  mafculine  a  fini  à  un  tel.  Il  vient 
•en  droite  ligne  de  l'illuftre  Lion  qui  comm.andoic 
fur  la  montagne  du  Caucafe.  Voit. 

Fujfiei-vous  defcendu  d'Hercule  en  Croire  ligne.  Bon. 

§Cr  Lignes  ,  en  Mufique.  Ce  font  des  traits  borifon- 
taux  &  parallèles  qui  compofent  la  portée  (  Voye\ 
ce  mot),  &  fur  lefquels  ,  ou  entre  lefquels  on 
place  les  notes  lelon  leurs  degrés. 

Ligne,  f.  f.  Terme  de  Relation.  C'eft  un  cordon  qui  i 
aux  Lides  la  marque  de  Nobleffe  ,  &  que  les  geni 
de  certaines  caftes  portent.  Linea  ,  vitta  ,  jafcki 
Les  Brames ,  pour  purifier  un  jeune  de  leur  calte-dc 
la  feuillure  qu  il  avoir ,  difoient  ils ,  contractée  en 
demeurant  avec  un  prangui  ,  firent  la  cerémoijie 
fuivante  ,  qu'ils  appellèrent  Purification.  Ils  c<^- 
pèrent  la  ligne  au  jeune  homme  ,  le  firent  jenK~ 
trois  jours ,  le  frottèrent  à  plufieurs  reprifes  aye(?fd{ 
la  fiente  de  vache,  &  l'ayant  lavé  cent  neuf  fqpj 
ils  lui  mirent  une  nouvelle  ligne  ,  Se  le  firent  man- 
ger avec  eux  dans  un  repas  de  cérémonie.  Lettr. 
Edif.  et  cur.  Rec.   X,  p.  2p. 

Ligne.  Nom  d'un  bourg  avec  titre  de  Principauté. 
Lignum.  Il  eft  dans  le  Hainaut ,  fur  la  Denre  ,  envi- 
ron à  deux  heues  au-delTus  d'Ath  ,  Se  au  delïous  4e 
Leufe.  Maty.  , 

LIGNÉE,  f.  f.  Race ,  enfans  &:  defcendans  ,  poftcrite. 
Genus  ,fiirps  ,foboles.  Dieu  promit  à  Abniham  une 
lignée  nombreufe  comme  les  étoiles  du  Ciel.  Dieu 
a  béni  le  lit  de  ces  deux  perlonnes  ;  il  leur  a  donne 
lignée.  Cet  homme  a  une  grande  lignée.  Le  Roi 
Henri  III ,  &  la  Reine  fa  femme  alloienr  à  Char- 
tres &  a  Notre-Dame  de  Cléri  pour  avoir  lignée 
Jour,    ce  Henri  III.    Il  eft  mort    fans   laitier  de 

lignée. 

Ce   mot  vient  de  ligne  ,   Sz  du  Latin  linea. 
LIGNER.   Terme  de  Chalfe.  Couvrir  la  louve.  Com 

cum  lupa.  ,  . 

LIGNETTE.  f.  f.  Médiocre  ficelle  dont  les  Pécheurs. 

Oifeliers  ,  ^"   autres  Ouvriers  ,   font  quel^""  ""' 

des  filets  qui  fervent  pour  la  pèche  &  pour  la  Chalie 

LIGNEUL.  f.  m.  Cordon  qui  fe  fait  de  pluUeurs  tii: 

attachés  enlemble  par  de  la  poix  ,  qui  fertaus  i.ave 


L  I  G    . 

tiers  &  autL'cs  Ouvriers  à  coudre  leurs  cuirs.  Filam 
pkacuin  j  pke   ïliuum  futorlum. 

Ce  mot  vient  de  lin  j  parce  qu'autrefois  on  cm - 
ployoit  du  lin  ,  ou  /il  déiie  à  cet  ouvrage  ;  ou  plutôt 
du  mot  lignol ,  qui  en  langage  Celtique,  ou  Bas- 
Breton  j  iignirie  la  même  choie. 
LIGNEUX  ,   EUSE.    adj^  C'cll    une   épitliète   qu'on 
donne  à  la  partie  folide  des  plantes  éc  des  arbres  ^ 
qui    tbrnic  le  bois.   Ltgnojus.    On  a  obrervc  que  la 
rillurc  du  corps  ligneux  clt  plus  (errce  que  1  ecorce- 
Il  paroît  plulieurs  cercles  dans  la  lubftance  du  corps 
ligneux ,  qui  marquent  la  croillànce  de  chaque  année  -, 
&  qui  (ont  plus  lerrés  du   côté  du  feptentrion  que 
du  midi.  sJCî'  C'ell  ce  que  l'on  dit  communément. 
Voy<::(^  Aubier. 
LiGNïux  ,  EUSE.  Qui  tient  de  la  nature  du  bois  ,  qui  y 
a  quelque  rapport.  Les  coques  des  noix  font  ligneu- 
fes.  Il  y  a  des  racines  qui  lont  tendres  &  moëlleulcs  , 
connue  le  navet  j  la  bcterave  ,  le  fallîfixj  le  panais  j 
C'c.  mais  il  y  en  a  quantité  d'autres  qui  lont  ligneu- 
fes  ,  &  d'autres  qui  ont  feulement  dans  le  milieu 
un  nerf  qui  ell  ligneux. 
§3"  En  Botanique  ,   on  appelle   généralement  Plantes 
ligneufcs  ,  celles  qui  ont  une  couche  de  bois  fous 
leur  écorce.    C'eft  pourquoi  quelques  Jardiniers  les 
appellent  Plantes  boijcufcs.   Ces  plantes  étant  viva 
ces  J  font  ou  des  arbres  ,  ou  des  arbrillèaux  ,  ou 
des   arbuftes.  Foyci^  ces  mots. 
!&"  Ou  nomme  aulll  Fibres  ligneufcs  ,  celles  qui  font 
dures.    La  lubflance  de  pluiicurs  plantes    annuelles 
ell   traverfée  par  des  fibres  ligneufes.  Le    bois   cft 
formé  par  l'agrégation  d'un  grand  nombre  de  fibres 
ligneufcs.  Duh. 
LIGNIER.  (.  m.  'Vieux  mot    inulîté  ,  qui  fignifîoit  le 

lieu   où  l'on  met  le  bois De  lignarium.   AIc- 

nage   Etym.  Il  fe  dit  encore  en  Champagne.    Cot- 
grave  l'a   mis  dans  Ion  diétionnaire. 
Se  Lignifier.  Se  convertir  en  bois.  On  voit  fouvent 
une  vieille   fouche  fe  reproduire.   Son  bois  fec    fe 
renouvelle  en  fe  recouvrant  d'une  écorce  nouvelle, 
qui   le    lignifie    Se   poulie  de   nouvelles  branches. 
HiJI.  de  l' Acad.  des  Se.  i6 QQy  p.   /o. 
LIGNIPERDA.  f.  m.  Petit  infede  dont  parle  Lémery  ^ 
qui  eft  une  manière  de  ver  ou  de  chenille  dont  les 
Pécheurs  fe   fervent  pour  amorce  ,  parce  que  les 
poillons  en  font  fort  friands.    Cet  infecte  croit  lui- 
même  dans  l'eau,  mais  il  ne  nage  point.  Il  eft  ap- 
porté par   des   courans  d'eau  ,  &:  jette  fur  les  riva- 
ges ,  où  il  s'enveloppe  de  paillettes  &  d'autres  ma- 
tières   femblablcs  qui    s'aglutinent    à  (a  peau  ,    & 
qui    lui  fervent  de   coquille  ou  de  maifon  pour  fe 
cacher  aux  poilfons.  On  dit  qu'il  eft  bon  contre  la 
fièvre  quarte  ,  étant  pendu    au  cou  :  mais  Lémery 
n'a  pas  grande  confiance  en  cet  amulette. 
LIGNITZ.  Nom  d'une  ville  de  la  Siléfie.  Lignlcium  , 
Lignicia.   On  la   prend   pour   l'ancienne   Hégetma- 
tia.    Elle 'eft  forte  j  défendue  par  un  bon  château  j 
&  fxtuée  fur  le  Katzbach  ,   environ  à  quatre  lieues 
de  Jav/er  ,    vers  le   nord.    Elle   eft  capitale  de  la 
Principauté  de  Lignit^  ,   qui  eft  entre  celle  de  Ja- 
■wer  J  de    Glogow ,  &:  de  Wolaw ,  &•  qui  n'a  rien 
de  conlidéiable  que  fa  capitale.   Mat  y.    Long  33. 
d.  /o'  ,  lat.  ji.  d.   J5'. 
LIGNON.  Nom  d'une  petite  rivière  du  Forez ,  pro- 
vince de   France.  Ligno.  Elle    a  fi  fource  vers  les 
confins  de   l'Auvergne  ,  &    fe    décharge    dans    la 
Loire  ,  vis-à-vis  de  la  ville  de  Feurs.  Mat  y.  IJCT  Cette 
petite  rivière  eft  devenue  célèbre  parce  que  M.  d'Urfe 
a  choifi  (es  bords  pour  y  mettre  la  fcène  de  fa  Pafto- 
rale  intitulée    X'Afirée  ,   Roman  qui  trouve    encore 
aujourd'hui    quelques   Leéteurs. 
LiGNON.  f.  m.  Terme  de  falines.  Double  rang  de  car- 
res d'un  bout  à  l'autre  d'un  marais  falant. 
■>:i-LiCN0N  ,  eft  un  rang  fimple  de  carrés. 
LiGNY.  Nom  d'une  petite  ville  ,  ou  bourg  duBarrois , 
en  Lorraine.   Lignacum  ,    Lïncium.   Ce  lieu  eft  fur 
rOurne,  à  deux  lieues  au-dellus  de  BarleDuc.MATY.  ! 
LIGOR.    Ville  capitale  du  Royaume  du  même  nom.  j 
!  Ligoricum.  Elle  eft  dans  celui  de  Siam  ,  fur  la  côte  ! 
Tome  F. 


L  I  G 


5-37 


orientale  de  la  prcfqu'îlc  de  Malacca ,  où  elle  a  un 
bon    port,  environ   a  cent  trente  lieues  de  la  vile 
d  Odiana,du  côté  du  midi.  Maty. 
LIGOUKE.    Petit  pays  de  liance  en  Haut-Limofin: 
il  a  environ  quatre  lieues  d'étendue.  Le  lieu  le  plus 
remarquable  eft  S.  Jean  de  Ligourc. 
LIGOURNE  ,   LIVOUKNE.    Nom  d'une    ville    de 
Tofcanc  en  Italie.  Ligurnus  ,  Liburnus  ,  Labro.  Elle 
eft-  fur  la  côte  du  Piiaii ,  à  quatre  lieues  de  Pile ,  vers 
le   midi.    Ligourne    n'étoit    autrefois  qu'un  bourg, 
que  les  Génois   auxquels  il  appartenoit  ,  cédèrent 
aux  Ducs  de  Florence  pour  la  ville  d;  Sarzanc.  Les 
Ducs  de  Florence  en  ont  lait  une  belle  ville  ,  dont 
les  ruts  lont  grandes  &  droites,  &  les  mailons  tou- 
tes peintes.  Elle   eft  défendue  par  trois  citadelles  , 
tk.  ornée  d'un  magnifique  palais  ,  qui  eft  la  rélidence 
du   Gouverneur.  Elle  a  plulieurs  beaux    arfcnaux  ^ 
ik  deux  ports  -,  le  petit ,  dcftiné  pour  les  galères  du 
Duc  ;    &    le  grar.d ,   qui  a  un  beau  phare   à  l'en- 
trce  ,  pour  les  navires  marchands.  On  lait  à  Ligourne 
plus  de  commerce  qu'en  aucune  ville  d  Italie ,  tk  il 
y  a  un  très -grand  abord  de  marchands  étrangers  , 
parce  qu'on  ne  peut  pas  les  y  arrêter  pour  dettes. 
Maty. 

Le  golfe  de  Ligourne.  Liburniis  finus  ,  autrefois 
Pifanus  finus.  C'eft  un  petit  golfe  de  la  mer  Médi- 
terranée. Il  eft  vers  les  embouchures  de  l'Arno  ,  en 
Tofcnne.  La  ville  de  Pife  lui  donnoit  autrefois  fon 
nom  ,  aujourd'hui  c'eft  celle  de  Ligourne.  Matv. 
LIGUA.  Le  Volcan  de  LIGUA.  Mons  ,  on  Fulcanus  , 
Volcanus  Ligua.    Montagne  qui  vomit  des  flammes. 
Elle  cft  entre  les  Andes  dans  le  Chili ,  près  de  S. 
Juan  de  la  Frontéra  ,  vers  le  couchant.  Maty. 
LIGUE.  1.  h  Union  ,  confédération  entre  des  Princes  _, 
ou  des  États,  pour  attaquer  un  ennemi  commun, 
ou  s'en  détendre.  Fœdus.  Il  y  a  eu  plulieurs  Ligues 
faintes   fiiites  par  les  Princes  Chrétiens    contre  les 
Sarralins  &  les  Infidelles  ,  qu'on  a  appelées  Croi- 
fades.  Il  y  a  eu  Ligue  oftenfive  &  défenùve.   P'oyez^ 
ces  mots.  La  Ligue  d'Ausbourg  ,  ou  triple  alliance. 
Il  y  a  eu  aulîi  des  Ligues  odieules  de  lujets  révoltés 
contre  leurs  Princes,  comme  dans  les  guerres  de  la 
Ligue  fous  Henri  III.  Quand   nous    difons  lîmple- 
ment  i^j  ablolument  la  Ligue  ,  c'eft  celle-là  que  nous 
entendons;  elle   dura  depuis   1^76  jufqu'en  IJ93 
qu'Henri  IV.  fit  abjuration.  Elle  fe  nomma  auili  la 
lainte   Union.  L'Hiftoire  de   la  Ligue  ,  c'eft  THif- 
toire  de  cette  Ligue.  Maimbourg  a  écrit   l'Hilloire 
de  la  Ligue. 

La  Ligue  des  Provinces -Unies  des  Pays-Bas  fut 
caufée  par  la  cruauté  des  Gouverneurs. 
Ligue  Italique.  1.  f.  C'eft  ainli  qu'on  appelle  la  Li- 
gue des  peuples  d  Italie  contre  les  Romains  :  elle 
produilît  la  guerre  appelée  Sociale  ,  ou  des  Alliés  , 
qui  éclata  l'an  de  Rome  661. 

Ce  mot  vient  de  liga  ,  qu'on  a  dit  dans  la  balîe 
Latinité  ,  Conjxderaùo  ,  quà  quis  cum  alid  ligueur. 
Il  a  été  donné  à  un  traité ,  une  alliance  ,  ou  confé- 
dération ,  parce  que  les  diftérens  partis  s'y  lient 
réciproquement  l'un  l'autre. 
Ligue  1.  h  Terme  d'Hiftoire  &  de  Géographie  ■■,  c'eft 
le  nom  généra!  que  l'on  donne  aux  trois  Corps  qui 
compofent  là  République  des  Grifons  ;  qui  lont  la 
Ligue  grife  ,  la  Ligue  de  la  Maifon-Dieu  ,  ou  la 
Caddécj  &:  la  Zi^as  des  dix  Droitures,.  Maty,  ou 
des  Droituriers.  Ces  trois  Ligues  lont  alliées  des 
Suilles ,  fans  être  de  leur  corps.  En  Général  on  les 
appelle  lesGiiions.  Quelques  uns  y  joignent  une  qua- 
.  trième  Ligue  ,  qui  eft  celle  de  la  Walteline  ,  qui  eft 
Catholique  ,  &  qui  eft  un  pallage  du  Tirol  en  Ita- 
lie ;  mais  c'eft  un  pays  lujet  des  Grilons ,  &  non 
pas  une  Ligue.  Foye:^  Valtéline.  Les  trois  Ligues 
font  toutes  Huguenotes. 
Ligue  des  dix  Droitures  ,  ou  Communautés  ,  ou 
des  dix  Jurifdiélions.  C'eft  la  plus  feptenrrionale  , 
&  la  dernière  en  ordre  des  trois  Ligues  des  Grifons. 
Fadus  decem  Jurifdiclionum:  Elle  eft  entre  la  Ligue 
delà  Maifon  Dieu,  le  Tirol  &  les  Suilfes ,  defquels 
le  Rhin  la  fépare.  E41e  prend  fon  nom  des  dix  Coiu- 

Y  V  v 


yjS 


L  I  G 


inunaûtés  ,  ou  Jurifliflions  ,  dont  elle  efl:  compo- 
("ée.  Ces  Communautés  lecouèreut  le  joug  de  la  Mai- 
Ion  d'Autriche  &  fe  liguètent  comr'elle  l'an  1470J 
&  l'année  1471  avec  les  mUïcs  Ligues  des  Grilons. 
Elles  le  liguèrent  avec  Zurich  &  Claris  l'an  i  590  , 
&  avec  Berne  l'an  1602.  Leurs habitans  luivent  la 
Religion  Prétendue  Réformée  ,  &  leurs  principaux 
lieux  [ont  la  petite  ville  de  Meyenfeld  ,  &  le  bourg 
de  Tha&as,  ou  de  Davos.  Maty.  Il  y  a  peu  de 
Catholiques  dans  la  Ligue  des  dix  Communautés. 
Ils  ont  un  Monaftère  de  l'Ordre  de  Cîteaux ,  nom- 
mé Llojler  Churwald.  Les  Minières  Calviniiles  com 
mencèrent  à  y  prêcher  l'an   1616.  Jovet  ,   T.  /, 

Ligue  grise.  C'eft  un  des  trois  Corps  qui  compolent 
la  République  des  Grifons.  Fœdus  Supenus.  Cette 
Ligue  eft  bornée  àU  levant  par  celle  de  la  Maifon- 
iPieu  -,  au  midi  par  le  Comté  de  Chiavenne ,  &  par 
les  Bailliages  des  Suilles  en  Italie  ;  au  couchant  & 
au  nord  par  la  SuilFe  propre.  Elle  ell  la  première 
en  ordre  ,  ayant  été  formée  par  l'Abbé  de  Diientis , 
le  Comte  de  Maxos  &  le  Baron  de  Betzuns  ,  qui 
s'unirent  entre  eux  contre  les  Etrangers  &  Voleurs , 
l'an  1424.  Les  habitAns  de  cette  Ligue  entrèrent 
enlliite  en  alliance  avec  les  (cpt  plus  anciens  Can- 
tons des  Suilles  ,  l'an  1497.  Cette  Ligue  contient 
dix  -  neuf  Communautés.  Elle  élit  tous  les  ans  ics 
ALi^idrats, ,  occupe  un  pays  fort  montagneux  ,  où 
le  Rhin  a  fes  deux  loUrces.  Ses  principaux  bourgs 
l'ont  Ilantz  &  Tromb.  Maty.  Il  le  trouve  dans  la 
Ligue  grife  au  moins  quatre-vingt  Paroilles  Catho- 
liques ,  &  environ  lept  Calviniftes.  Quelques  val- 
lées font  de  l'Archevêché  de  Milan  :  on  élit  rare- 
ment des  Magiitrats  Calviniiles,  parce  que  les  Ca- 
tholiques ont  plus  de  voix.  Jovet  ,  T.  I ,  p.  4jç. 
Ligue  de  la  Maison -Dieu.  Voyei  Caddée,  Se  Jo- 
vet ,  T.  I ,  p.  4jp.  On  dit  aulîl  la  Ligue  de  la 
Cafa  de  Dé. 

On  a  appelé  aulîî  Ligue  héréditaire  ,  celle 
que  firent  les  Suirtes  avec  l'Archiduc  Maximien. 
On  trouve  les  Traités  de  toutes  les  Ligues  parti- 
culières dans  le  Monde  de  Davity. 
Ligue  ,  fe  dit  aullî  du  complot  &  des  cabales  que 
plufieurs  particuliers  font  enlemble  pour  quelque 
dellein.  Faclio.  Si  vous  traitez  les  autres  avec  hau- 
teur j  ils  font  de  leur  côté  ligue  offenhve  pour  vous 
détruire,  Bell.  Les  dévots  font  ligue  oîfenfive  & 
defenfive  ,  pour  donner  de  la  réputation  à  qui  il  leur 
plaît.  Id.  La  ligue  otfenfive  &  défenllve  de  Mef- 
lieurs  les  Auteurs.  Mol. 
LIGUEIL   'Ville  de  France   en  Touraine  ,   avec  titre 

de  Baronie. 
LIGUER.  V.  a.  Unir  dans  une  même  ligue.  Fœdere  de- 
vincire  ,  copias  conjungere.  Les  Hollandois  avoient 
ligué  toute  l'Europe  contre  le  Roi.  Les  Princes 
d'Italie  étoient  ligués  contre  Charles  VIII.  pour 
s'oppoler  à  fon  retour  en  France.  Il  eft  fouvent 
réciproque.  Les  Princes  Chrétiens  fe  font  ligués. 
H  fe  dit  aufli  des  particuliers  qui  font  des  cabales  , 
&  fe  joignent  enfcmble  pour  détruire  ou  fiire  réuf- 
fir  quelque  chofe.  Confpirare  ,  conjurare.  Les  Comé- 
diens fe  font  ligués  pour  empêcher  qu'on  ne  jouât 
une  telle  pièce.  Les  petits  Auteurs  fe  font  ligues , 
ont  fait  une  cabale  pour  la  décrier. 
LIGUÉ  ,  ÉE.  part.  Fœderacus. 
LIGUEUR ,  EUSE.  f.  m.  ëc  f.  Qui  eft  d'une  Ligue.  Fac- 
ciofus  homo.  11  ne  le  dit  qu'en  mauvaife  part  des 
i'ujers  qui  font  révoltés  contre  leur  Prince  ,  &  s'eft 
dit  fur-tout  de  ceux  de  la  Ligue  de  la  France  fous 
Henri  III ,  &  Henri  IV.  Les  Royaliftes  &  les  Li 
gueurs  étoient  deux  partis  contraires.  Les  Ligueurs 
avoient  dellein  d'empêcher  que  Henri ,  Roi  de  Na- 
varre ,  ne  parvînt  à  la  couronne.  Mém.  de  Henri. 
Les  Ligueurs  étoient  de  trois  ou  quatre  fortes.  L'une 
tïoient  les  Ligueurs  Zélés ,  qui  vouloient  à  feu  lîîc  à 
lang  ruiner  tant  les  Politiques,  que  les  Huguenots  ; 
l'autre,  le  Ligueur  E(p3.e,t\o\  ^  qui  par  la  clôture  de  la 
guerre  vouloir  tranfmettre  la  couronne  de  France 
nu  Roi  d'ElpagnCj  ou  à   l'fnfante  fa  fille.  La  der- 


L  1  G 

niere ,  étoient  ceux  qui  demandoieiit  l'extirpation  du 
Calvinifme  ,  mais  qui  ne  vouloient  ni  la  ruine  ,  ni 
aucun  changement  de  l'Etat.  Pasq.  E.ech.  L.  VIII, 
c.  sa.  Un  tel  Prince  étoi:  grand  Ligueur. 

On  a  dit  aufii  Ligueur  ,  des  Princes  étrangers  li- 
gués contre  la  France  dans   les    dernières  guerres  ; 
mais  ce  n'eft  qu'en  vers. 
Mons pris  en  quim^e  jours?  Mons pris  ?  qui  lecroiroit? 

La  Ligue  encore  en  douterait , 
Si   des  Ligueurs  le  plus  habile 
N'avait  employé  tous  fis  foins 
Pour  amener  devant  la  ville 
Quarante  mille  témoins.  R.   de   vers. 

LIGUEUX  pour  Ligueur  ,  eft  fouvent  employé  par 
M.  de  Pérétixe  dans  fon  Hiftoire  de  Henri  le  Grand  ; 
mais  l'on  écrit  &  on  prononce  Ligueur. 
LIGURIE.  Nom  de  Contrée.  Liguria.  C'étoit  ancienne- 
ment une  partie  de  la  Gaule  Citalpine,  qui  eft  main- 
tenant comprife  dans  l'Italie.  On  la  diviloitendeux, 
dont  on  appeloit  l'une  Ligurie  Maritime ,  &  l'autre 
Ligurie  Mcditerrannée.  Maty.  La  vraie  Ligurie  eii 
cette  partie  de  la  Gaule  qui  eft  enfermée  des  Alpes 
Maritimes  ,  de  la  mer  même,  du  Rhône  &  de  la 
Durance.  Chorier..  Hifi.  de  Dauphiné  ^  L.  III  ^ 
p.    I z6 . 

Ce  mot  de  Ligurie  s'emploie  dans  l'Hiftoire  de 
l'Antiquité  ,  en  parlant  de  ce  pays  :  ailleurs  il  faut 
dire  la  côte  de  Gènes,  la  République  de  Gènes j  le 
Montferrat ,  le  Piémont ,  le  Milanois ,  lelon  les  pays 
dont  on  parle,  &:  que  la  Ligurie  renfermoit,  comme 
on  le  va  marquer  dans  les  articles  iuivans. 

Ligurie  Maritime.  C'étoit  la  partie  méridionale  de  la 
Ligurie.  Liguria  intoralis  ,  maritima  ,  montafià  ,' 
Inalpina.  L'Apennin  la  ieparoit  au  nord  de  la  Ligu- 
rie Méditerranée  ;  les  Alpes  la  iéparoient  au  couchant 
des  Gaules ,  &:  la  rivière  de  Macre  la  léparoit  au  le- 
vant de  la  Tofcane  ;  la  mer  Liguftique  la  baignoit  att 
midi.  Ce  pays  eft  celui  qu'on  appelle  maintenant  k 
rivière  ou  la  côte  de  Gènes    Maty. 

Ligurie  Méditerranée.  C'étoit  la  partie  feptentriô» 
nale  de  la  Ligurie.  Liguria  Mediterranea ,  Alpefiris , 
plana.  Elle  s'étendoit  entre  les  montagnes  de  l'Apen» 
nin  &  le  Pô  j  depuis  les  Alpes  julqu'à  la  ville  de 
Plailance.  Elle  comprenoit  le  Montterrat,  la  partie 
méridionale  du  Piémont ,  &  celle  du  Milanois.  Quel^ 
ques  Aufeurs  joignent  l'Inlubrie  à  cette  Ligurie. ^St 
ainfi  elle  renfernieroit  tout  le  Milanois.    Maty. 

LIGURIEN,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  propre  de  peu- 
ple. Habitans  de  -la  Ligurie.  Ligur.  Les  Liguriens 
étoient  originairement  Gaulois.  Les  peuples  qui  hl- 
bitoient  la  vr.aie  Ligurie ,  ayant  envoyé  leurs  Colo= 
nies  en  Italie,  y  introduilîrent  leur  nom,  en  s'y  etâ» 
bhilant  eux-mêmes;  &  ces  Liguriens  n'oni  jamais  œ 
conhdérés  par  les  anciens  Romains,  que  comme  UilS 
nation  Gauloife.  Chorier,  Hijl.  de  Dauphiné,  L, 
III.  p.  J20.  Quoiqu'on  dite  encore  aujourd'hui  Li" 
guric,  on  ne  dit  plus  Xi^-'«;'^i;«  ,  des  peuples  qui  habi^ 
tcnt  aujourd'hui  la  Ligurie.  Les  Alpes  LigutiemêS 
iont  les  montagnes  de  l'Etat  de  Gènes ,  les  Alpes  qui 
touchoient  la  Ligurie.  Alpes  Ligurinx,  ou  Ligujlicit 
Le  mot  de  Ligur,  dans  la  Langue  des  Grccsj  lîglil' 
fie  un  Amateur  de  la  Poche  &  de  la  Muiique.  LES 
Grecs  onr  impofé  à  tous  les  principrux  peuples  d'EU' 
ropCj  d'Ane  &  d  Afrique  ,  les  noms  lous  leiqueis 
nous  les  connoilïons  aujourd'hui,  les  avant  tirés  da 
quelque  qualité  ,  ou  morale,  ou  corporelle  ,  qui  leur 
étoit  particulière.  On  fait  combien  les  Bardes  ontéts 
chers  à  la  Provence  &  au  Dauphiné,  &c  nul  n'ignore 
qu'il  n'eft  point  de  peuple  en  Europe  qui  aime  tant 
les  Vers  &  les  Chanicns.  Chorier,  Hijl.  du  Dctu-" 
phiné ,  X.  ///.  p.  IP.6. 

LIGUSTICUM.  {.  m.  Plante  qui  a  pris  fort  noffl  de 
Liguria  J  contrée  d'Italie,  que  nous  appelons  aujour- 
d'hui la  rivière  de  Gènes  ;  parce  que  la  plante  que  leJ 
Anciens  ont  appelé  de  ce  nom  ,  fe  trouvoir  dans  cs-i 
quartiers,  à  es  que  rapporte  Diofcoride.  P^i^V-t  •'"'" 


L  I  K 

V£scME.  D'autres  rappellent  lïbyjlkum ,  ou  ^ivijli 
■jcum.  Ce  mot  cft  purement  L.itiu. 

'•L  L  I  H. 

LIRONS.    roye:[  Lions. 

L  I  K.    . 

LIKI'IA.  r.  f.  L'ikha.  Les  CathaVens  appellent  ninli  la 
ilpricme  partie  des  vingt  quatre  qui  compolent  leur 
année.  D'Herbelot. 

LIKL'ING.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Likiangum. 
C'ert  la  lixième  ville  militaire  de  la  Province  de  Ju- 
n.an.  Elle  eft  habitée  par  d'anciens  Chinois  qui  en 
ont  pourtant  peu  les  mœurs  ,  à  caufe  du  voiimage  de 
.quelques  autres  peuples  mal  policés.  Ils  aiment  fort 

.à  boire  j  à  lauter  Ik  à  chanter.  Ils  manient  bien  un 
cheval,  «Se  tirent  fort  adroitement  de  l'arc.  Le  terri- 
toire de  Likiang  ell  gras,  riche  en  or,  en  pommes  dt 
pin  &  en  ambre,  il  confine  au  Thibet.  AmbajJ'adc 
.  des  Mollandols ^  Pan.  I.  p.  2S6 . 

■    L  I  L. 

LILAS.  f.  m.   (Le  nom  Arabe  efl:  Lilac.)   Arbriffeau 
dont  les  tiges  font  menues,  droites,  rameutes,  rem- 
^plies  d'une  moelle  blanche  &:  fongueufe;  fes  feuilles 
font  oppofces  l'une  à  l'autre  ,  larges ,  pointues ,  HlFes, 
molles,  vertes,  luifantes;  fes  Heurs  lont  petites  ,  dit 
-  potées  en  longues  grappes ,  de  couleur  ordinairement 
,. bleue,  quelquefois  blanche  ou  cendrée,  &  comme 
.  argentée,  dune  odeur  douce  &  fort  agréable;  cha- 
cune de  ces  Heurs  elt  un  tuyau  évafé  par  le  haut ,  & 
découpé  le  plus  fouvent  en  quatre  parties;  ton  fruit 
cft  aplati ,  oblong  ,  otdinaircment  temblable  à  un  Irer 
.  de  pique  ;  il  prend  une  couleur  rouge  en  ■mûritlant  : 
ce  fruit  te  partage  en  deux  loges  qui  contiennent  des 
_.femences  menues,  oblongues  ,  aplaties,  &  comme 
ailées,  de  couleur   rouflè.    On  cultive  cette  plante 
dans  les   jardins  à  caufe   de  la   beauté   de  ta  Heur. 
C.  Bauhin  l'appelle  .Synw^ua  c&rulea ,  &c  M.  Tour- 
nefort,  Lilac  MathioU^  i  z^j.  Il  y  a  quelques  autres 
efpèces  de  lilac  ^  comme  le  lilac  de  Perle  qui  efl  beau  ■ 
coup  plus  petit.    L'ufage   cft  de  dire  L'ilas  Se  non 
point  Lilac. 
ffT  Le  Lilas  de  Perfe  forme  un  arbrilTeau  plus  petit  que 
le  lilas  commun.  Il  y  en  a  de  deux  efpèces.  La  pre- 
.    mière  a  les  feuilles  entières  femblables  à  celles  du 
troefne ,  &  la  Heur  rougeâtre  ou  blanche.  Quelques- 
uns  l'appellent  jafmin  de  Perfe.  L'autre  a  les  feuilles 
découpées  &  prétente  des  feuilles  entières  fur  le  mê- 
me pied  qui  en  porte  d'autres  découpées  fi  profondé- 
iinent,  qu'elles  paroiflent  formées  de  deux  ,   trois j 
quatre^  cinq  folioles  ou  lobes.  La  Heur  de  cette  ei- 
pèce  tire  un  peu  fur  le  bku. 
§Çi*"  Lilas  des  Indes.  Quelques-uns  donnent  ce  nom  à 
l'arbrillèau  connu  des  Bjtaniftes  tous  celui  d'Azeda- 
rach  ou  d'Azadarach. 
LILÉE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nayade ,  fille  du 
rieuve  de  Céphife  :  elle  donna  fon  nom  à  une  petite 
ville  qui  étoit  près  de  Delphe,  du  côté  du  mont  Par 
nafle ,  dans  laquelle  Apollon  &  Diane  avoient  cha 
cun  un  Temple. 
LILERS.  Nom  d'un  bourg  de  l'Artois  dans  les  Pays  Bas. 
Lilerium ,  L'illerium ,  Cajlrum  Lillerierje.  Il  eft  lur  la 
petite  rivière  de  Navez ,  à  tept  lieues  d'Arias  ,  vers  le 
nord.  Maty.  Hadr.  ValoiSj  Not.  Gall.p.  2jS. 
LILI.  Terme  de  Philofophie  hermétique.   Matière  pro- 
pre a  faire  quelque  teinture  excellente. 
IP"' LILIACÉE.  (Fleur).  Liliaceus  ftos.  Terme  de  Bo 
tanlque.  Fleur  en  lis.    Les  Heurs  de  cette  feuille  ne 
lont  pas  toujours  polypétalcs.    Les  unes  d'une  feule 
pièce  font  découpées  en  fix;  d'autres  (ont  formées  de 
trois  ou  de  fix  pétales.   Mais  leur  piftil  ou  calice  for- 
me toujours  un  fruit  qui  eft  divifé  en  trois  loges ,  aintî 
que  celui  du  lis.  Il  ne  faut  pas  confondre  les  Heurs  en 
lis  .avec  les  Heurs  Heurdelifées.  J^^oye^  ce  mot. 
LILIAL ,   ALE.  'Vieux   adj.    Qui  appartient 
Tome  y. 


au.x 


lis 


L  I  L  y39 

François  j  parce  que  les  lis  font  les  armes  de  France. 
Le  fceptre  /i/iiz/,  c'eft-à-dirc  ,  le  fceptrc  François. 

L.C  Roi  d'r.cojfc  ornoit  fa  beauté  blonde , 

Pour  cpoufcr  du  fceptrc  lilial 

La  fille  aînée  ou  tant  de  grâce  abonde. 

Marot. 

LILING.  Ville  de  la  Chine,  dans  la  Province  de  Hu- 
quang,  au  département  de  Changxa,  huitième  Mé- 
tropole de  la  Province. 

LILITH.  f.  f.  Ce  mot ,  qui  fc  trouve  dans  Ifaïe , 
XXXIV.  /.f ,  ell  la  même  chofe  que  Strix ,  en  Latin. 
Quelques-uns  ditent  que  c'eft  un  oifeau  de  nuit;  félon 
Bochart,  un  oifeau  qui  fe  retire  dans  les  déterts,  &c 
crie  la  nuit  ;  d'autres ,  que  c'eft  un  fpeélre  ,  une  là- 
mie  ,  un  fantôme  qui  apparoir  la  nuit  &  qui  tour- 
mente les  hommes,  &  tur-tout  les  enfans.  Il  n'eft 
pas  conftant  que  le  Strix  des  Latins  t'oit  un  oiteau 
réel.  Pline  dit  qu'on  ne  tait  ce  que  c'eft.  Les  Poètes 
en  font  une  femme  ailée  comme  les  Harpies  j  &:  les  ' 
Rabbins  font  de  femblables  contes  de  la  Liiah  de 
l'Ecriture.  R.  Elias  Lévita,  dans  fon  Thisbi ,  dit  que 
c'eft  l'une  des  quatre  mères  des  démons.  Pour  qu'elle 
ne  nuite  point  aux  enfans  nouveaux  nés  ,  ils  écrivent 
fur  ks  quatre  murailles  de  la  chambre  où  une  femme 
fait  fes  couches,  ces  quatre  noms,  ilin  DIK  r\hh 
■S"\r\  :  c'eft-à-dire,  Jdam  ,  Eve ,  hors  d'ici  Lilith.  Ils 
écrivent  encore  les  noms  des  trois  Anges  qui  préfî- 
dent  à  la  Médecine,  Senoi ,  Saufenoi,  Sammange- 
loph.  Ce  tout  fur-tout  les  Juifs  d'Allemagne  qui 
pratiquent  ces  tuperftitions.  Ailleurs  ,  ils  pendent 
des  amulettes  ou  talitmans  au  cou  des  enfans.  Voye^ 
Buxtorf,  dans  ton  Diûionnaire  Rabbinique.  Bo- 
chart ,  Hieroi.  P.  II.  L.  VI.  c.  g.  &  Bellon,  Ohfcv. 
L.  I.  CIO. 

LILIUM.L  m.  Terme  de  Pharmacie.  ^  Lilium  de 
Paracelfe,  ou  teinture  des  métaux.  Cette  liqueur  eft 
employée  comme  un  cordial  très  acfcif  j  &  elf  très-pro- 
pre à  rappeler  les  efprits  d'un  malade. 

LILLE.    Vùyei  Lis  le. 

Lille.  Nom  d'une  rivière  de  France.  Illa,  Ella.  Elle 
a  ta  tburce  dans  le  Limouhn  j  baigne  Périgueux  dans 
le  Périgord,  &  Libourne  dans  la  GuiennCj  où  elle  fe 
jette  dans  la  Dordonne.  A'L'VTy. 

LILLEBONE,  ou  plutôt  L'ILEBONNE.  Petite  ville  de 
la  Normandie  ,  en  France.  JuUobona  ,  JuUabona. 
Elle  eft  fur  la  Seine  ,  entre  Caudebec  &  le  Havre  de 
Grâce,  à  deux  lieues  de  la  première,  &  à  fix  de  la 
dernière.  Maty.  Si  l'on  en  croit  Du  Moulin  j  dans 
fon  Hiftoire  de  Normandie,  I.  XII.  S.  4.  L' Ile- 
bonne  a  été  bâtie  par  Cétar  des  ruines  de  Calet.  Sur 
cette  ville ,  Voye\  la  Defcript.  Géograpk.  &  Hiji.  de 
la  Hauti-Normandie ,  T.  I.  p.  2.  &fuiv. 

LILLERS.  Petite  ville  de  France  en  Artois,  furie  Na- 
vez, entre  Aire  &  Béthune,  à  fept  lieues  d'Arras. 
long.  20.  d.  7'.  lat.  50.  d.   35'. 

LILLO.  (Prononcez  Lilo).  Nom  d'une  bonne  fortc- 
reHe  des  Pays  Bas.  Lilloa.  Elle  eft  dans  le  Brabant 
HoUandois  J  lur  l'Efcaut,  à  deux  lieues  au  deftous 
d'Anvers.  Tous  les  vaiHeaux  qui  paflent  devant  Lillo, 
font  obhgésd'y  jetter  l'ancrCj  &  d'y  payer  les  droits 
de  Douane  aux  Provinces-Unies.  Maty.  Autrefois 
on  dil'oit  Linlo,l';2  s'eft  changée  en  /.  Hadr.  Valois, 
Not.  Gall.p.  2S 1 .  long.  ii.  d.  47' ,  Lat.  ji.  d.  18'. 

LILYBÉE.  Voyei  Mursala. 

L  I  M. 

LIMA  ,  ou  LOS-REYES  ,  qui  fignifie  les  Rois.  Nom 
de  la  ville  capitale  du  Pérou ,  Se  le  fiége  du  Vicerci  de 
toute  l'Amérique  méridionale.  Lin:a  ,  Civitas  Regum. 
Elle  cft  fitnéedansun  agré.able  vallée  ,  lur  la  rivière  de 
Lima  ,  à  deux  hcues  de  la  mer  du  Sud ,  où  elle  a  le 
bourg  de  Callao  àe  Lima  ,  fortifié  &  défendu  par  un 
château  ,  &  un  très  bon  port.  Cette  ville  a  été  bâtie 
par  IcsEfpagnols;  les  ruesen  lont  droites  &  larges  , 
&  les  maifonsd'une  même  tymétrie,  n'ay.ant  ordinai- 
rement qu'un  ét.tgc.  Elle  eft  fort  vaftc,  puifqu'on  y 

Yyy  ij 


540 


L  I  M 


compte  trente-fix  grands  quartiers ,  fans  parler  de  I 
deux  grands  fauxbourgs.  Elle  eft  fort  riche  ,  à  caufc 
du  grand  commerce  qu'elle  fait  avec  la  nouvelle  ti- 
pagne  par  la  mer  du  Sud  ,  &  avec  l'Elpagne  de  l'Eu- 
rope par  l'ilthme  de  Panama,  &c  la  ville  de  Porto- 
Bcllo.  Il  y  aune  Audience  ou  Parlement , un  Arche- 
vêché, une  Univerlîté  ,  grand  nombre  deCouvens, 
&  trois  Maifons  des  Jcfuitcs.  Maty.  Lima  fut  érigée 
en  Archevêché  l'an  1541.  par  Paul  IIP.  Ses  fuîlra- 
gans  font  les  Évêques  de  Panama ,  de  Quito  ,  de 
Truxillo  ,  de  Huamanga  ,  d'Aréquipa ,  de  Cufer ,  de 
Sant-Jago,  Se  de  la  Conception. 

Avant  la  conquête  des  Efpagnols  ,  &  lorfque  les 
Incas  étoient  maîtres  du  Pérou  ,  Cufer  en  étoit  la  ca- 
pitale; depuis  la  conquête  c'eft  Lima.  Lima  eft  grande 
&  belle  ;  elle  eft  lituée  dans  une  plaine ,  dont  le 
terrcin  eft  parfaitement  égal.  D.  Francifco  Pizarro  , 
<îui  la  fonda  ,  la  nomma  l'Airompnon  ,  Los  lîeyes  , 
ville  des  Rois.  Paul  III.  en  la  faifant  Métropole  en 
1540.  lui  donna  le  nom  de  Saint  Jeanj  mais  l'ufage 
fiipérieur  à  toute  pullfance  en  fait  de  langue  ,  lui  a 
donné  celui  de  Lima.  Foye^  ci  dellous.  Toute  la 
ville  eft  divifée  en  carrés  égaux  ,  qui  ont  ch.rcun 
3Z0  pies  à  chaque  face,  &  liSo  de  tour.  Les  mai-^ 
fonsfont  belles  &  riantes,  quoique  bâties  lèulement 
de  terre  ,  de  brique ,  de  cannes  ,  de  bois  &  de  chaux  , 
à  caufc  des  tremblemensde  terre  fréquens  ;  mais  elles 
font  d'une  propreté  admirable ,  tant  au  dehors,  qu'au 
dedans.  Il  y  a  environ  quarante  mille  âmes  à  Lima. 
La  huitième  partie  à  peu  près  font  des  blancs. 

Le  climat  de  Lima  eft  le  plus  doux  du  monde.  Il  n'y 
a  ni  froid  j  ni  chaleurs  excellîves ,  ni  tonnerres,  ni 
pluies,  ni  grêle,  ni  tempêtes,  feulement  des  trem- 
blemens  de  terre  fréquens  &  terribles.  Il  y  en  eut  un 
en  1746  fi  violent,  que  la  ville  fut  entièrement  riii- 
née  5  Se  qu'il  nerefta  qu'une  vingtaine  de  mailons  lur 
pié.  Du  côté  du  nord  ,  Lima  a  de  hautes  montagnes 
prefque  toujours  couvertes  de  brouillards. Tout  l'hiver 
il  fait  des  brouillards  à  la  campagne  qui  fuppléent  aux 
pluies  ,  &  fournilfent  à  la  terre  l'humidité  néceilaire 
pour  produire.  L'Univerfité  de  Lima  tut  fondée  lous 
le  nom  de  Saint  Marc  en  1545.  par  Châties  Quint  j 
qui  l'enrichit  ,  &  lui  donna  pluiieurs  privilèges.  Lima 
eft  entourée  de  murailles  que  fit  faire  le  Duc  de  Pa- 
lata  Viceroi  en  1684.  mais  la  plus  grande  partie  n'eft 
que  de  terre. 

La  ville  de  Lima  eft  fituée  à  deux  lieues  du  port  de 
Callao  pat  1 2.  degrés  6  minutes  i8  fécondes  de  latitude 
auftrale,  &  par  79  degrés  45  minutes  de  longitude 
occidentale  ,  ou  différence  du  méridien  de  Paris , 
c'eft-à  dite  ,  300  degrés  15  minutes  de  longitude, 
félon  Péralta ,  &  fuivantleP.  Feuillée  ,  par  li  degrés 
une  minute  i  j  fécondes  de  latitude ,  &  79  degrés  9 
minutes  50  fécondes  de  longitude;,  c'eft  à-dire  ,  300 
degrés  50  minutes  50  fécondes  de  longitude.  Elle  eft 
bâtie  dans  une  belle  plaine,  au  bas  d'une  vallée  qu'on 
appeloit  autrefois  Rimac  ,  du  nom  d'une  fameufe 
Idole  des  Indiens,  qui  rendoit  de  grands  oracles; 
d'où  par  corruption ,  &  par  la  difficulté  que  ces  peu- 
ples avoient  de  prononcer  l'raulli  rudement  que  les 
Efpagnols ,  eft  venu  le  nom  de  Lima  ,  qui  eft  ditlé- 
rent  de  celui  que  Ion  Fondateur  lui  impofa  dans  lon- 
ctabliftemcnt  ;  car  François  Pizarre  qui  la  commença 
fous  le  règne  de  Dom  Carlos  (Charles  Quint)  &c  de 
Dona  Juana  (a  mère  ,  tous  deux  regnans  enlemhle  , 
l'apcia  la  ville  des  Rois,  Los-Rcyes ;  peut-être  auflî 
parce  que  les  Efpagnols  conquirent  cette  vallée  le 
jour  des  Rois,  comme  pluiieurs  le  prétendent.  L'é- 
cuftbn  des  armes  de  la  ville  lemble  tavorifer  l'nn  & 
l'autre  fentiment  ;  on  y  voit  trois  couronnes  d'or , 
deux  Se  une  en  champ  d'azur,  furmontées  en  chef 
d'une  étoile  rayonnante  :  quelques  uns  font  entrer 
dans  l'écurtbn  les  deux  colonnes  d'Hercule,  mais  en 
plufieurs  endroits  elles  ne  paroilfent  que  comme  fup- 
pott,  avec  ces  deux  mots  plus  ultra.  Se  les  deux  let- 
tres I.  Se  K.  pour  exprimer  les  noms  de  Juana  Se 
Carlos ,  dont  elles  font  les  initiales.  Quoiqu'il  en  foit, 
il  eft  certain  que  ce  nom  ne  lui  vient  pas  pour  avoir 
été  fondée  le  jour  de  l'Epiphanie,  comme  le  dit  le  P. 


L  I  M 

Feuillée  après  Garcilaffo  de  la  Véga ,  &  en  l'année 
I  J34,  mais  le  18  Janvier  en  1535,  jour  de  la  fête  de 
la  Chaire  de  Saint  Pierre,  comme  le  raconte  Fran- 
cifco Antonio  de  Montalvo,  dans  la  vie  du  Bienheu- 
reux Torribio,  Evêque  de  Lima.  Frézier  ,  p.  iSs 
&  186.  Voyez  la  longue  defcription  qu'il  en  fait.  La 
diftribution  du  plan  de  cette  yilie  eft  lott  belle ,  les 
rues  y  font  parfaitement  bien  alignées ,  Se  de  largeur 
commode.  Id.  On  compte  à  Lima  4000  calèches. 
En  i68z,  à  l'entrée  du  Duc  de  la  Palata,  lorfqu'il 
vint  prendre  pofléllion  de  la  ville  ,  les  Marchands  de 
Lima  tirent  paver  dans  l'étendue  de  deux  quartiers, 
les  rues  de  la  Merced,  Se  de  los  Mercadores,  par  oik 
il  devoir  entrer  à  la  place  royale  où  eft  le  Palais,  de 
lingots  d'argent  quintes  ,  qui  pefent  ordinairement 
environ  200  marcs  ,  longs  de  douze  à  quinze  pouces, 
larges  de  quatre  à  cinq,  &  épais  de  deux  à  trois,  ce 
qui  pouvoir  faire  la  fomme  de  80000000  écus,  5c 
(Environ  320000000.de  livres  de  notre  monnoie.  Il 
eft  vrai  que  Lima  eft  en  quelque  façon  le  dépôt  des 
tréfors  du  Pérou,  dont  elle  eft  capitale.  Frezier, 
p.  i g$  (S-  I ç6.  Le  nombre  des  familles  Efpagnoles  de 
Lima  j  peut  monter  à  huit  ou  neuf  mille  blancs ,  le 
refte  n'eft  que  métis,  mulâtres,  noirs.  Se  quelques 
Indiens,  quoiqu'en  tout  il  y  ait  près  de  vingt  cinq  à 
vingt  huit  mille  arnes.  Id. 

Lima,  ou  Rimac.  Nom  d'une  petite  rivière  du  Pérou, 
qui  tombe  dans  la  mer  de  Callao ,  p.ut  de  la  ville  de 
Lima. 

Lima,  Ponte  de  Lima.  Nom  d'une  ville  du  Por- 
tugal. Elle  eft  dans  la  Province  d'entre  Douro  & 
Minhoj  fur  la  rivière  de  Lima  ,  à  quatre  lieues  de 
Braga,  vers  le  nord.  Lima  eft  capitale  d'une  contrée 
qui  porte  fon  nom. 

Lima.  Nom  d'une  rivière  de  Portugal.  Limius  ,  Limia , 
Limaaj  anciennement  Lethes  ^  Belium.  Elle  prend 
fa  fource  dans  la  Galice  ,  traverfe  la  Province  d'entre 
Douro  Se  Minhoj  baigne  Ponte  de  Lima,  Se  Viana 
de  Fol  de  Lima ,  &  fe  décharge  peu  après  dans  l'O- 
céan Atlantique.    Maty. 

LIMACE,  f.  f  Infedc.    Voyc^  Limaçon. 

Limace.  Terme  de  Mécanique.  On  donne  ce  nom  à 
une  certaine  machine  qu'on  appelle  la  vis  d'Archi- 
mede.  Archimedis  cochlea.  C'eft  un  canal  appliqué 
en  forme  de  vis  autour  d'un  cylindre  ,  qu'on  appelle 
noyau ,  dont  on  fe  fert  pour  f.iire  monter  l'eau ,  ou 
autre  liquide,  quoiqu'il  y  ait  toujours  dans  le  tuyau 
un  mouvement  de  chute  par  fon  propre  poids.  Il  faut 
donner  à  la  limace  une  certaine  pente  pour  attiter 
l'eau  plus  facilement.  Foyei  Ozanam  ,  qui  a  fait  la 
defcription  de  cette  machine. 

Limace,  eft  aulfi  le  nom  qu'on  donne  en  Architedture, 
à  certaines  voûtes.   Foye\  Limaçon. 

LIMACHE.  Nom  d'un  village  du  Chili ,  fur  le  chemin 
de  Tiltil  à  Valparaillb.  Limathium.  C'eft  à  Limachi 
que  fut  trouvé  un  arbre  dont  le  P.  Oualle  donne  la 
figure  dans  fa  Relation  des  Millions  du  Chih.  Il  yen 
a  un  pareil  à  Rincan  ,  à  deux  lieues  de  San  Jano,  vers 
l'oueft  nord  oueft.C'eft  une  croix  formée  par  la  nature, 
fur  laquelle  eft  un  crucifix  de  même  bois  comme  en  bas 
relief;  les  Sculpteurs  l'ont  gâté  pour  y  avoir  touché 
en  pluiieurs  endroits,  parce  qu'on  ne  voit  plus  dans 
quel  état  il  étoit  quand  il  fut  trouvé,  Frézier,  />• 
100. 

LIMAÇON,  ou  LIMAS,  f.  m.  Petit  infede  qui  a  des 
cornes  longues  Se  déhées ,  qui  eft  enfermé  dans  une 
coquille.  Se  qui  jette  une  humeur  gluante  &  lui- 
Tante.  CochUa ,  Umax.  Le  limaçon  fort  d'un  œuf,  &C 
quand  on  lui  a  coupé  la  tête  ,  on  y  trouve  une  petite 
pierre  qui  eft  bonne  pour  la  gravelle ,  fous  laquelle 
on  trouve  fon  cosur  qui  bat.  Il  eft  d'une  couleur 
blanche  aullî  bien  que  les  veines,  &  a  de  petites  oreil- 
les ,  dont  la  fubftancc  eft  membraneufe  -.ce  qu'il  a  de 
particulier  ,  c'eft  qu'il  rejette  fon  excrément  par  le 
cou,  qu'il  refpire  par-là.  Se  que  toutes  les  parties 
propres  à  la  génération  y  font  renfermées  ,  _&  que 
chaque  limaçon  eft  mâle  &:  femelle  tout  enfemble , 
ayant  la  verge  très-longue.  Se  faite  comme  celle 
d'une  baleine.  ^Cet  animal ,  logé  fous  un  toit  qui 


L  I  M 

réunit  une  extrême  dureté  avec  la  plus  grande  Icgé- 

■  reté,  eft  pourvu  pur  la  nature  de  quatre  lunettes  d'ap 
.proche,  pour  rinformer  de  tout  ce  qui  l'environne. 

■  Ses  quatre  prétendues  cornes  l'ont  quatre  nerfs  opti- 
ques, lur  cliacun  dtlquels  il  y  a  un  ail.  hz  limaçon 
peut  non-feulement  alonger  &  diri;^er  connue  li 
veut  ces  elpèccs  de  lunettes,  il  peut  encore  les  tirer, 
les  tourner  ik  les  renfermer  leJon  le  bcloin.  Il  y  a 
pourtant  plulicurs  Naturaliiles  qui  prétejident  que 
ces  quatre  grandes  cornes  ne  font  que  des  antennes 
que  l'animal  emploie  pôtu  lentu"  les  obftacles  ;  la  na- 
ture qui  l'a  fi  bien  logé  &  éclairé,  lui  a  donné,  au 

.  lieu  de  jambes ,  deux  grandes  peaux  mufculeufes ,  qui, 
en  fe  déridant,  s'alongcnt  ,  ôc  qui  ,  en  ferrant  de 
nouveau  leurs  plis  de  devant ,  fe  font  fuivre  de  ceux 
de  derrière,  &  de  tout  le  bâtiment  qui  pofe  dellus. 
A  l'égard  de  la  formation  du  coquillage,  M.  Pluche 
allure ,  après  Malpighi ,  Lewcnhoek  &c  M.  de  Réau- 
mur,-  que  le  limaçon  fort  de  fon  œuf  avec  une  co- 
quille toute  formée  ,  proportionnée  à  celle  de  fon 
corps  &:  à  la  coque  de  l'œuf  qui  le  contenoit.  Cette 
coquille  efl:  la  baie  d'une  autre  qui  va  toujours  en 
augmentant.  La  petite  coquille ,  telle  qu'elle  efl:  for- 
rie  de  l'œuf  j  occupe  toujours  le  centre  de  celle  que 

■  l'animal,  devenu  plus  grand,  fe  forme  en  ajoutant  de 
nouveaux  tours  à  la  première  ;  tic  comme  un  corps 

■  ne  peut  s'alonger  que  vers  l'ouverture,  ce  n'efl  que 
vers  l'ouvertute  que  la  coquille  reçoit  de  nouveaux 
accroiflemcns.  La  matière  ell:  une  liqueur  ou  inie 
colle  compolée  de  glu  Se  de  petits  grains  pierreux 
rrès-fîns.  Ces  matières  pailcnt  par  une  multitude  de 
petits  canaux  ,  &  arrivent  julqu'aux  pores  dont  la 
furfacc  de  ce  corps  efl  toute  criblée.  Trouvant  tous 
les  pores  fermés  lous  l'écaillé  ,  elles  fe  détournent 
vers  les  parties  du  corps  qui  lortent  de  la  coquille,  & 
qui  fe  trouvent  à  nu  :  ces  particules  de  fable  &c  de 
glu  tranfpirent  au  dehors  ;  elles  s'épailllilent  en  le 
collant ,  ou  en  fe  léchant  au  bord  de  la  coquille  :  il 
s'en  forme  d'abord  une  funple  pellicule  ,  fous  la- 
quelle il  s'en  affemble  une  autre ,  &  fbus  celle-ci  une 
troilième  ,  &c  de  toutes  ces  couches  réunies ,  le 
forme  une  croûte  tautelemblable  au  relie  de  l'écaillé. 
Quand  l'animal  vient  à  croître ,  &c  que  l'extrémité 
de  fon  corps  n'efl  pas  fuitifamment  vêtue,  il  conti 
nue  à  fuer  6c  à  bâtir  par  le  même  moyen. 

§3"  Caliez  légèrement  l'écaillé  de  plufieurs  limaçons , 
enlevez-en  quelques  petites  portions,  mettez  les  en- 
fuite  fous  des  verres  avec  des  herbes  &C  de  la  terre , 
vous  verrez  que  la  partie  de  leur  corps  qui  étoit  à 
découvert,  le  couvrira  bientôt  d'écaillc  comme  les 
autres.  Cette  efpèce  d'écume  qui  coule  par  tous  les 
porcs  du  limaçon  ,  poullée  par  un  autre  qui  coule 
delfous  au  niveau  de  l'ancienne ,  fe  durcit  &  forme 
une  portion  d'un  vrai  coquillage. 
^^Si  l'on  glille  quelque  pellicule  mince  entre  le  corps 
de  l'animal  i?c  les  extrémités  de  lafraéluredelacoquil- 
le,cette  pellicule  empêchera  le  fuc  formateur  de  couler 
au  dehors,  &c  il  s'épaillîra  entre  la  pellicule  &  le 
corps  de  l'animal.  Preuve  bien  évidente  que  l'écaillé 
ne  travaille  pas  elle-même  à  le  rétablir.  Le  fuc  qui 
en  auroit  coulé ,  auroit  couvert  la  pellicule  à  mef ure 
que  le  trou  le  feroit  rempli. 
|3"Cette  portion  de  coquille  nouvellement  formée, 
ell  pour  l'ordinaire  d'une  couleur  différente  du  relie. 
Les  différentes  nourritures ,  la  bonne  ou  la  mauvaife 
famé  de  l'animal ,  les  altérations  qui  peuvent  lurve- 
nir  aux  diiférens  cribles  de  la  peau ,  mille  caufes  par- 
ticulières, peuvent  contribuer  à  varier  les  teintes  à 
l'infini. 
^S'Ileftà  préfumer  que  la  nature,  toujours  unifotrae 
dans  fes  opérations ,  forme  par  le  même  méchanilme 
tous  les  autres  coquillages  de  mer  &  des  rivières.    Les 
limaçons  paroillent  en  quantité  après  la  pluie.  Les  lï 
maçons  à  coquille  s'appellent  autll  Efcargocs ,  &  en 
Latin  cochlea.  Ceux  qui  fout  fans  coquille ,  s'appel- 
lent proprement  limas ,  ou  limaces,  tk  en  Latin  li- 
max.    Il  y   a  des   limaçons  blancs  ,    de  noirs  ,   de 
grands,  de  petits.  Ceux  des  lieux  ombrageux  tentent 
la  bourbe  éc  le  limon.  Ceux  qui  font  nourris  au  fo- 


LI  M 


Ht 


leil,  font  de  bon  goût,  &  s'ils  vivent  de  fcrpolet , 
pouliot  ,  origan  &  autres  herbes  odorantes ,  ils  ont 
le  goût  odorant.  Les  limas  de  rivières  ont  une  très- 
ma'uvaife  lenteur.  Il  y  en  a  qu'on  fouit  en  terre  avec 
une  pioche,  parce  qu'ils  s'y  cachent  en  hiver,  dont 
la  coquille  efl  blanche  ik  dure,  tk  ils  font  meilleurs 
que  ceux  du  printemps  ou  de  l'été.  Pline  dit  que  les 
Romains  en  étoient  fi  friands,  qu'ils  les  nourrilloicnt 
en  garennes ,  ou  viviers  préparés  exprès,  tk  qu'ils  les 
léparoient  en  diliérentes  clpèces,  auxquelles  ils  don- 
noient  divers  noms  S>c  nourritures,  &c  ils  en  difccr- 
noieiit  le  goût  en  les  mangeant. 

Il  V  a  une  efpèce  particulière  de  limaçons  qui  font 
toujours  petits,  &  n'ont  jamais  qu'environ  deux  ou 
trois  lignes  de  diamètre.  Ils  font  toujours  attroupés , 

,  3c  fouvcnt  Cil  grande  quantité,  dans  une  efpace  de 
cinq  ou  lix  pieds  de  terrain  au  plus,  8c  quelquefois 
de  deux  pieds ,  fur-tout  au  printems ,  quand  ils  com- 
mencent à  paroitre.  Mais  ce  qu'ils  ont  de  plus  parti- 
culier ,  c'eft  que  fur  la  queue  ils  portent  un  morceau 
de  coquille  qui  y  ell  attaché.  Il  efl  plat ,  de  la  même 
épaillcur ,  ou  un  peu  plus  épais  que  la  coquille  qui 
fait  leur  maif'on.  il  ell  précilément  de  la  même  gran- 
deur &  de  la  même  figure  que  l'ouverture  de  cette 
coquille  ;  tk  quand  ils  s'y  retirent ,  ils  la  ferment  très- 
cxaélement,  c'en  efl  comme  la  porte.  Quand  ils  ram- 
pent ,  ils  font  couchés  horifontalement ,  ou  fur  la 
queue ,  tk  la  coquille  porte  dcflus. 

Au  Japon ,  les  habitans  mangent  des  limaçons  ,  &c 
ils  font  fort  bons,  Âmbaff.  des  Hollandais  au.  Japon, 
P.  IL  p.  131. 

fer  La  limace  &c  le  limaçon  appartiennent  à  deux  genres 
différens.  Le  limaçon  efl  un  animal  tellacée.  La  /i- 
/7Mce  efl  un  reptile  qui  n'a  point  de  coquille.  Mais  l'un 
8c  l'autre  mangent  les  plantes  8c  défolent  les  jardins. 
On  dit  en  Architeélure ,  qu'un  efcalier  efl  fait  en 
limaçon ,  quand  il  efl  fait  en  forme  de  vis ,  dont  les 
marches  font  rangées  autour  d'un  cylindre  de  pierre 
ou  de  bois. 

Limaçon  ,  fe  dit  aufîl  de  quelques  voûtes  &  de  quelques 
trompes  qui  aboutillent  en  limaçon.  Tejludo  cochlea- 
ris. 

Limaçon  ,  étoit  auflî  une  forme  de  bataillon  ou  efca- 
dron  ,  difpofé  en  limaçon.  Convolutus  mditum  glo- 
bus.  Voyez  ceux  qui  ont  écrit  fur  la  Tactique. 

Limaçon.  Terme  d'Horlogerie.  C'eft  un  cercle  tourné 
fpiralement ,  8c  divifé  en  douze  degrés  pour  régler  les 
coups  de  marteau  d'une  répétition.  Le  limaçon  des 
quarts  eft  partagé  en  quatre  degrés. 

§3"  Limaçon  ,  en  Anatomie ,  coquille  ou  trompe.  C'eft 
la  troifième  partie  du  labyrinthe ,  ou  la  dernière  ca- 
vité intérieure  de  l'oreille.  On  lui  a  donné  le  nom  de 
Limaçon  ,  à  caufe  de  fa  reffemblance  avec  la  coquille 
dans  laquelle  le  limaçon  eft  enfermé.  Le  fon  réuni 
dans  la  première  cavité  de  l'oreille,  fe  communique 
à  la  membrane  du  tambour,  &  de  cette  membrane, 
à  l'air  enfariné  dans  la  cailfe;  de-là  au  labyrinthe,  8c 
du  labyrinthe  au  limaçon ,  où  il  fe  répand  enfin  fur 
les  petites  fibres  du  nerf  auditif  qui  tapillent  le  fond 
de  cette  cavité  Voye\  Oreille  ,  Son. 

On  dit  proverbialement  d'un  liomme  de  néant 
qui  veut  paroître  au-defîus  de  fa  condition  ,  que 
c'eft  un  limaçon  qui  fort  de  fa  coquille ,  qui  com- 
mence à  montrer  les  cornes. 

Limaçon  ,  vient  de  Umax  ,  limacis. 

LIMAÇONESQUE ,  eft  un  adjeélif  que  Loret  a  for- 
gé :  on  le  trouve  dans  fes  Lettres  en  'Vers  burlef- 
ques  à  Madame  ,  où  il  appelle  figure  Umaçonefque , 
luie  figure  qui  relfemble  à  un  limaçon. 

LIMAGNE.  Contrée  de  la  Balle-Auvergne  ,  en  Fran- 
ce. Limanïa.  Elle  eft  célèbre  pour  fa  fertilité ,  & 
elle  peut  avoir  environ  douze  lieues  le  long  de  l'Al- 
lier ,  &  à  fa  gauche.  Ses  heux  principaux  font  Cler- 
mont,  Riom  ,  Montferrand  ,  Iftoire  ,  Brioude,  &c. 
Maty.  'Valois ,  Not.  Gall.  p.  4S.  De  Hauteferre 
croit  que  la  Limagne  a  pris  fon  nom  du  limon  , 
dont  elle  eft  pleine  ,  &c  qui  la  rend  un  pays  gras 
8c  fertile.  Quelques  uns  écrivent  Limaigne. 

Ce  mot  vient  du  Latin  a'imonium ,  qui  veut  dite 


5-4^ 


L  I  M 


■  nourriture.    Le  nom  de  Limaigne  a  été  donne  à  ce 
pays  ,  parce  qu'il  produit  beaucoup  de  choies,  qui 
"îervent  à  la  nourriture  des  hommes  &  des  animaux. 
LIMAILLE,    f.    f.    Poudre  ,   ou   petites    parties    des 
métaux  qu'on  pâlit  ou  qu'on  amenuileavec  la  lime. 
Scobs  ,    ramentum.   Limatura.  On   nourrit  l'aiman 
avec  Àç  \^.  limaille  àt  fer  pour  l'entretenir  en  la  for- 
ce. Les  Orfèvres  ont  grand  foin  de  recueillir  les  U- 
mailUs  d'or  &  d'argent.  Les  Chimilks  font  un  bain 
ck  limailles  ,  pour  avoir  un  degré  de  chaleur  de  feu 
qu'on  allume  fous    de  la  limailk.  La  limaille  d'ai- 
guille ,    eft    le   fer   le  plus  propre    pour    faire  des 
préparations  chimiques.  Les  limailles  d'épingles  fer- 
vent à  plomber  des  pots  de  terre  ,   &   le  vitrifient. 
La  limaille  de  cuivre  ,  piife  au  poids  d'une  drachme, 
ell  bonne  pour  la  guérifon  de  la  rage.   C'eil  un  vio- 
lent émétique. 
LIMAIRE.  f.  m.  Nom  que  l'on  donne  au  Thon  lorf 
qu'il  commence  à  grollîr.  Thunnulus.  On  ne  l'ap- 
pelle Thon  ,  que  quand  il  pallé  un   pied  de  gran- 
deur. 
LIMANDE,  f.  f  Petit  poilTondemerqui  eft  de  la  figure 
des  carrelets ,  mais  plus  plat  &  plus  mince  ,  8c  fans 
taches   rouges.   Pa[jer  ,  afper  fivè  fquammojus.^  La 
limande  eft  alfez  "bonne ,  quand   elle  eft  bien  fraî- 
che ,  &  bien  afiaifonnée.  Limande  frite. 
Limande  ,  eft  auftl ,  en  termes  de  Charpentier  ,  une 
pièce  de  bois  de  fciage  ,  plate  ,  peu  large    &    peu 
épailfe.   Tigillum.  Les  pièces   qui  fervent  à  tenir  ëc 
à  lever  les   lançoirs  ou   pales   d'un  moulin  ,    s'ap- 
pellent des  limandes. 
LIMAS,  f   m.  Limax.  Sorte  de  petit  infcéte  qui  ronge 
les  feuilles  &_mange  les  fruitss.  Limas  noir.  Limas 
•à  coquile.  Foye\  Limaçon  ,  c'ell  la  même  chofe. 
Limas.  Nom  d'une  efpèce  de  coquillage  de  mer.  Li- 
max,  Deux  limas  à  peau  de  lerpent.  Gersaint. 
Limas.  Rivière  de  Portugal  dans  l'Alentéjo  :  elle  a  ft 
fource  entre  la  Guadiana  &  l'Andaloulie  ,  &C  fe  perd 
dans  la  rivière  de  Moura. 
IIMAT  ,  LIMMAT ,   LINT.   f.  m.   Nom  d'une   ri- 
vière de   la  Suifl'e.    Limagus ,    Limago  ,   Lindema- 
gus.  Elle  a  fa  fource  aux  confins  du  pays  des  Cri- 
ions ,  baigne  la  ville  de  Glaris ,  &:  après  avoir  tra- 
verfé  le  lac  de  Zurich  ,  arrofe   la  ville  de  ce  nom  , 
&"  celle  de  Bade,  &  fe  décharge  dans  la  rivière  d'Aar. 
Maty. 
LIMBE,  f.  m.  Terme  d'Aftronomie.  C'eft  le  bord  du 
Soleil ,  de  la  Lune  ,   qui   apparoir  lorfque  le  mi- 
lieu ou  le  difque  en  eft  caché  par  quelque  éclipfe 
centrale.  Limbus.  On  s'en  fertaullî  quelquefois  pour 
expliquer  les  bords  d'un  Aftrolabe  ,   ou  de  quelque 
autre  inftrument  à  obfervcr,qui  eft  divifépar  de- 
grés ,  comme    le   carré ,  le    quart  de  nouante ,  le 
graphomètre ,  &c. 

On  obferve  la  hauteur  du  limbe  inférieur ,  &c  celle 
du  limbe  fupérieur  du  Soleil,  afin  d'avoir  la  vraie 
hauteur  de  cet  Aftre  ,  qui  eft  la  hauteur  de  Ion 
centre. 

Les  Médecins  Botaniques  appellent  auffi  limbe , 
la  bordure  des  plantes  ,  de  leurs  Ileurs  t>i  de  leurs 
feuilles.  Limbus  ,  ora.  ICT  On  appelle  particuliè- 
rement limbe  ,  la  partie  évafée  des  fleurs  moiiopé- 
tales. 
Limbes  j  au  pluriel.  Limbus  j  Limbi ,  fedes  Piorum 
ante  Chrijli  mortem.  Terme  de^  Théologie,  C'eft 
ainfi  qu'on  appelle  le  lieu  où  l'Eglile  croit  que  les 
âmes  de  ceux  qui  étoient  morts  en  la  grâce  de  Dieu 
ïivant  la  venue  de  Notre  Seigneur  ,  attendoient  là 
rédemption  du  genre  humain,  &  où  Jésus-Christ 
defcendit  dans  le  temps  qui  (e  pajla  entre  fa  mort 
&  fa  réfurreétion  ,  comme  l'enfeigne  Saint  Tho- 
mas' en  fa  Somme  ,  les  Théologiens  ,  le  Catéchif- 
me  du  Concile  de  Trente  dans  l'explication  du 
cinquième  article  du  Symbole.  Du  Cange  dit  que 
les  Pères  ont  appelle  ce  lieu  Limbes  :  Eh  qubd  fit 
Limbus  inferorum. 
Limbe,  f.  m.  Terme  d'Horlogerie.  C'eft  le  bord  d'une 

roue  platte. 
Limbe  de  la  nature  ,  fe  dit  en  termes  du  grand  Arc , 


L  I  M 

pour  réduétion  en  k  première  matière  univerfelle. 

DC?  LIMBER.  f.  m.  Terme  de  Relation  &  d.-  Com- 
merce de  fourures.  Limbe r  de  petit  gris,  de  martes 
d'hermines.  C  eft  un  lot  de  40  peaux.  Un  Lmber 
de  petit  gris  compole  de  40  peaux  ne  le  vend  en  La- 
ponie  qu'un  écu.  Regnard.  Le  limber  s'appelle 
«uili    Timbre. 

LIMBOURG.  Nom  d'une  ville  des  Pays-Bas ,  fituée 
lur  la  rivière  de  "Vèze  ,  à  fepc  lieues  de  Liège, 
du  côté  du  Levant.  Limbourg  ,  capitale  du  Duché 
de  Limbourg  ,  étoit  une  ville  lortihce  ,  &:  défendue 
par  un  bon  château ,  confttuit  lur  un  rocher  efcar- 
pé.  Les  François  la  prirent  l'an  167J  ,  &  l'an  1677, 
ils  démolirent  le  château ,  &:  une  partie  de  la  ville 
avec  les  fortifications.  'if3'  Les  Impériaux  reunis  aux 
Alliés  s'en  rendirent  maîtres  en  1701.  Elle  eft  de- 
meurée .à  la  Mailon  d  Autriche  par  les  traités  de 
Raftadt  &  de  Bade.  Valois  écrit  Lembourg  ,  mais 
mal.  Il  ne  croit  pas  cette  ville  ancienne,  /^oye^  Not. 
Gall.  p.  26 j.  Il  a  r.ailon  ,  elle  ne  fut  bâtie  qu'au 
XIIF  hcclc  i  car  Henri,  Archevêque  de  Cologne, 
ayant  fait  mourir  fur  un  échaftaut  Fridéric ,  Comte 
d'Hemberg  ,  qui  avoir  époute  la  lœur  de  Henri , 
Duc  de  Limbourg  ,  tic  les  biens  de  Fridéric  ayant 
été  détruits  ou  enlevés  ,àcaute  du  meurtre  d'Engel- 
bett ,  Archevêque  de  Cologne  ,  qu'il  avoir  com- 
mis, &  les  entans  dépouillés,  Henri  Duc  de  Lim- 
bourg ,  leur  oncle  maternel  ,  prit  loin  d'eux  ,  & 
leur  bâtit  un  nouveau  château  lur  un  rocher  fort 
efcarpé  ,  dont  la  Vèle  baigne  le  pié.  Il  dgnna  Ion 
nom  de  LÀmbourg  &  le  titre  de  Comté  à  ce  Châ- 
teau ,  '6c  fon  neveu  Théodoric  lut  appelé  Comte  de 
Limbourg.  Voy.  ImhotF.  ,  Notit.  Imp.  L.  IX ,  c. 
V.  s.  Long.    25.  d.  45'.  lat.  50.  d.    36'. 

Le  -Duché  de  Limbourg.  Limburgenfis  Ducatus , 
Tranfmofana  Ditio.  Ce  Duché ,  qu'on  appelle  aullî 
le  pays  d'outre  Meule,  par  rapport  au  Brabant ,  au- 
quel il  étoit  autrefois  uni,  eft  aujourd'hui  une  pro- 
vince particulière  des  Pays-Bas.  Elle  eft  entre  le 
Duché  de  Juliers  &  l'Évcché  de  Liège.  Elle  n'a 
qu'environ  dix  lieues  de  longueur  ,  &  Icpt  ou  huit 
de  largeur.  C'eft  un  pays  fertile  ,  que  Ton  divife  en 
quatre  contrées.  La  Seigneurie  de  Fauquemont ,  le 
Comté  de  Dalen  ,  la  Seigneurie  de  Rolduc  ,  &  le 
Duché  propre  de  Limbourg.  Les  deux  premières  font 
aux  Hullandois ,  &  les  autres  aux  Elpagnols  ■-,  mais 
l'Empereur  la  tient  aujourd'hui.  Outre  les  lieux  qui 
donnent  le  nom  à  ces  quatre  quartiers  ,  on  y  remar- 
que encore  Maftric.ls.t  ,  ou  du  moins  Wick  ,  & 
Spa ,  célèbre  par  fes  eaux  minérales.  Maty. 
LIME.  1.  f.  Outil  d'acier  ,  long  &  étroit  ,  taillé  & 
incifè  en  plulieurs  iens  ,  lervant  aux  ouvriers  qui 
travaillent  lur  les  métaux  ,  pour  les  polir ,  tailler , 
dègroftir  ,  ou  couper.  Lima  .  fcobina.  Il  y  en  a  de 
toutes  grandeurs  &  grolleurs  ,  lei'vant  à  plufieurs 
ulages  ,  fuivant  lelquels  on  leur  donne  divers 
noms.  Ce  fer  n'eft  pas  aflez  poli ,  il  y  faut  encore 
palier  la  lime. 

Lima  ,  une  lime  ,  eft  formé  du  Celtique  lin.  Pez- 
RON.  Communément  on  croit  que  lima  vient  du 
fon  que  fait  la  lime  ,  comme  le  mot  Grec  ?!'/('!•  ; 
mais  il  vient  de  p'./>i  ,  qui  hgnihe  la  même  chofe  en 
Grec.  Le  p  ou  r  fe  change  fouvent  en  /  ,  &  l'n  en 
m.  Cependant  cette  ét^mologie  eft  dure  :  ainfi  on 
peut  tirer  ce  mot  de  >'i(,^'  ,  qui  lignifie  racler  avec 
du  verre  ,  ou  avec  un  fer  ;  ou  bien  il  s'eft  fait  pat 
contraiftion  de  mIùiux  ,  qui  vient  de  >£7««  ,  Uvis; 
poli.  Ihdore  favorile  ce  lentiment  ,  Lima  dicla , 
quod  Uve  faciat.  Ce  font  fes  paroles  ,  L.  XIX , 
■c.  7.  Vossius. 
Lime  douce  ,  eft  celle  qui  a  la  taille  fort  fine  ,  ouïe 
grain  menu.  Scobina.  Lime  bâtarde,  qui  a  le  grain 
un  peu  plus  gros  ;  lime  d' Allemagne  ,  laite  en  Alle- 
magne ,  de  bon  acier  ,  qu'on  vend  au  paquet  ;  ou 
il  y  en  a  depuis  3  Julqu'à  12.  Lime  à  feuille  de 
fauge  j  qui  eft  demi-ronde  des  deux  côtés  ,  8c  un 
peu  plate  ;  lime  de  tiers  point ,  ou  à  carnes ,  qui 
eft  triangulaire  ;  lime  à  pignon  ,  qui  eft  t.iillée  com- 
me un  couteau  ,  qui  ronge  les  pignons.  Lime  car- 


L  i  M 

reau ,  c'cft  la  plus  grolTe  lime ,  qiri  cft  carrée  Se 
trempée  à  paquet.  Lima  crajja.  Lime  à  bouter , 
pour  drellcr  les  pannetons  des  clefs.  Limes  à  po- 
tence y  à  cadette  ,  limes  à  coutelles  ,  limes  ovales , 
limes  en  cœur.  Ces  petites  limes  fervent  à  vider  les 
anneaux  des  clefs  ,  les  éculions  ,  les  couronnes. 
Les  limes  à  dos  de  carpes ,  ou  à  doilicr ,  fervent 
à  fendre  des  compas.  Lime  à  queue  de  rat  j  ou  en 
queue  de  rat  ,  pour  croître  les  trous  :  limes  ron- 
des ,  limes  demi-rondes  ,  limes  fendues  par  le  mi- 
lieu ,  pour  les  embafes  ;  limes  fendues  d'un  côté 
feulement  ,  pour  le  même  ufagc  :  limes  qui  ne 
font  point  taillées  lur  les  côtés  ,  pour  fendre  iS: 
dreller  les  râteaux  des  clefs  :  limes  coudées  qui 
fervent  à  couper  &  à  drellcr  des  clous  à  fiches  : 
limes  à  m.itir  ,  &c. 
Lime  sourde  ,  lime  de  refend ,  qui  fait  l'effet  d'une 
fcie.  Scobinula  plumbo  injirucla.  Elle  eft  toute  en- 
veloppée de  plomb ,  &  le  manche  morne  ,  deforte 
qu'il  n  y  a  que  la  partie  qui  leie  qui  elt  découverte. 
Elle  fert  à  couper  (ans  bruit  les  plus  grollcs  barres 
de  fer,  pourvu  qu'on  les  enveloppe  aulli  de  plomb, 
fans  y  lailïer  rien  de  découvert  que  pour  le  jeu  de 
la  lime.  La  raifon  en  eft  que  le  plomb  ,  qui  eft  fort 
doux,  empêche  le  trémoullemcnt  des  parties ,  tant 
de  la  lime  que  du  barreau  de  ter  ,  qui  caufe  le 
bruit  ,  comme  fait  la  main  qu'on  met  (ur  une 
cloche  quand  on  la  frappe. 

La  différence  des  limes  Se  des  râpes  confifte  en  ce 
que  les  limes  font  faites  &  taillées  ^vec  des  outfls 
tranchans  j  &  les  râpes  font  piquées  avec  des  cile- 
lets  &  des  burins. 
Limes  ,  en  termes  de  Challe  ,  fc  dit  des  deux  dents  infé- 
rieures du  fanglier  ,  qu'on  appelle  autrement  dagues  , 
ou  armes  delà  barre  ,  &  plus  communément  defenjes: 
jiprurni  dentés  falcati ,  pugnatores. 
Lime  ,  fe  dit  figurémcnt  en  choies  Ipirituelles.  Ce  Poë- 
me  n'eft  pas  allez  poli,  il  y  faut  donner  encore  un 
coup  de  lime.  Lima  opus  perfequi  ,  lima  radere.  Un 
petit  mot  qu'on  m'a  apporté  de  votre  part  ,  m'a  fait 
reprendre  la  lime.  Voit.  Ceux  qui  ont  travaillé  à 
polir  la  langue  ,  ont  aboli  les  termes  qui  leur  lem- 
bloient  trop  rudes  ,  ou  ils  ont  paffé  la  lime  pour  les 
adoucir.  Bouh.  Reprenez  cent  fois  le  rabot  &  la 
lime.  BoiL. 

On  appelle  proverbialement  une  lime  fourde  ,  un 
fournois ,  un  hypocrite  qui  fait  le  funple  ,   Se  qui 
ne  lailfe  pas  d'avoir  une  malice    cachée  qui  éclate 
avec  le  temps.  Simulator ,  hypocrita.  On  le  dit  auiîi  ' 
des  travaux  qui  ulent  infenliblement   la  fanté   (ans 
qu'on  s'en  apperçoive.  L'étude  elf  une   lime  fouide 
qui  affoiblit  beaucoup  peu  à  peu. 
Lime,  (îgnifie  auilî  quelques  fruits  qui  font  des  efpèces 
de  limon.  Il  y  a  des  iimes  rondes  ,  &  pleines  d'un 
jus    fort    doux.     Des  limes    douces    de    Marleille. 
03°  Le  nom  de  lime  s'applique  en  général  à  toutes 
les  efpèces  de  limons.  On   dit  lime  douce  &  lime 
aigre  ,  de  même  que   limon   doux  Se  limon  aigre. 
Voye-[  Limon. 
Lime  de  Marée  ,  ou  lime  de  mer.  Terme  de  Marine. 
On  appelle   ainfi  l'écume  &  les  herbes  que  la  mer 
lailfe  fur  les  côtes  en  fe  retirant  ,   &  qui   forment 
une  trace ,  ou  une  ligne  qui  s'apperçoit. 
Lime.  Nom  d'une   petite  rivière  de  la  Natolie  propre. 
Lima.  Anciennement  Elatas.  Elle  (e  décharge  dans 
la  mer  Noire  ,  au  midi  de  Pendarachi ,  &  au  nord 
de  Lippo.   Maty. 
Lime  ,   Lyme- Régis.     Nom    d'un     bourg   d'Angle- 
terre ,  fitué  fur  la  côte  du  Comté  de  Dorchelter , 
aux  confins  de  celui  de  Dcvon.  Lima    Ce  lieu,  qui 
a  fcance  Se  voix  dans  le  Parlement  d'Angleterre ,  a 
une  petit  port ,  dans  lequel  le  Duc  de  Monmcuth 
fit    defcentc  avec    trois  grands  navires^  l'an   i6S8. 
dans  le  dellein  de  fe  faire  reconnoitre  fils  de  Char- 
les II ,  Roi  d'Angleterre ,  Se  d'occuper  le  thrcnc  : 
mais  Jacques  II.  fe  délivra  bientôt  de  ce  rebelle. 
|LIMEIL  Limolium.  Bourg  de  France  dans  le  Périgord  , 
au  confluent  de  la  Vézère  avec  la  Dordogne  ,  &  à 
cinq  lieues  au  délias  de  Bergerac.  Maty. 


L  1  M 


J43 


LIMEN.  Nom  d'un  golfe  de  la  mer  Noire.  Limen.  Ca 
golfe  ,  que  l'on  nomme  autrement  Mer  de  Zaba- 
che  ,  eft  ce  qu'on  appeloit  autrefois  Palus  Mioti- 
des.  Le  Limen  communique  à  la  mer  Noire  par  le 
détroit  de  Caffa.^  Il  ell;  ,  félon  quelques  Cartes , 
vers  le  Go"  degré  de  longitude  ,  Se  le  46'-"  de  lati- 
tude (eptentrionale.  Il  a  à  l'orient  la  Circallîe  ,  au 
midi  le  détroit  de  Caffa  Se  la  Ciiméc  ,  au  couchant 
Se  au  nord  la  petite  Tartarie.  Il  s'étend  du  Nord- 
cft  au  Sud  oueff.  Il  reçoit  le  Don  ,  ou  Tanai's.  On 
lui  donne  deux  cents  lieues  de  cirouit. 

Ce  nom  lui  a  été  donné  par  les  Grecs,  il  efl:  pure- 
ment Grec ,  &  lignifie  un  Port. 
LIMÉNARQUE.  f.  m.  Nomd  offiee  Seàc  dignité.  Capi- 
taine ,  Intendant ,  Gouverneur  d'un  Port.  Limenar- 
clius  ,  Limenarches.  Il  eft  parlé  des  Liménarques  dans 
le  Code.  Que  les  Liménarques  Se  les  Garnilons  ar- 
rêtent les  fugitifs  ,  &  les  retiennent  fous  bonne 
garde.  Dans  une  ancienne  inlcription  il  eft  parlé  du 
Liménarque  de  Chypre  ^;  c'eil;  -  a  dire  ,  le  Gouver- 
neur des  Ports  de  cette  lie. 

Ce  iliot  eft  Grecj&  vient  de  >.c'.u\t ,  un  Port ,  Se 
'<!'-riCii ,  commander.  Ariftote  dit  Liménophylax.  Garde 
des  Ports  ,  au  lieu  de  Liménarque.  Voy.  Polkicor. 
L.  ^//'j  vers  la  hn. 
LIMÈNE,  LHMÈNE.  f  m.  Nom  d'une  petite  rivière  du 
Frioul,  en  It.ilic.   Li menus ,  anciennement  liomati- 
num.  Elle  baigne    Porto  Giuaro  ,  Concordia ,  Se  fe 
décharge  dans  le  golfe  de  Venife  ,  a  Palata  di  Liméné. 
Maty. 
Ç3- LIMENETIDE.   Terme  de  Mythologie.  Surjiom 
donné  par  les  Grecs  à  Diane  ,  parce  qu'elle  préii- 
doit  aux  ports  de  mer. 
LIMENTIN.  f.  m.  Nom  d'un  dieu  des  anciens  Romains. 
Limentinus.  C'étoit  le  âitw  qui  gnrdoit  le  feuil  de  la 
porte  ,    qui  s'appelle  en  Latin    iimen.  Chacun  met 
un  (cul  portier  à  (a  mai(on ,  &  il  (uftit ,  parce  que 
c'eft  un  homme  ;  Se  ceux  là  y  ont    attaché    trois 
dieux  ,  Forcule  aux  portes  ,  Cardée  aux  gonds ,  Li- 
mentin  au  leuil  ;  ainli  Forcul    n'eût  (u  garder  tout 
à  la  fois  la  porte  ,  le  gond  Se  le  feuil.  De  Ceri- 
ziERS  ,  Trad..  delà  Cité  de  Dieu  ^  IV.  S.  Pourquoi 
Forcule  y  qui  prélide  à  la  porte  ,  Se  Limentin  ,  qui 
a  foin  du  (euil ,  font  ils  des  dieux  mâles  j  qui  ont 
parmi  eux  Cardée,  femme,  intendante  des  gonds? 
Id.  L.  VI ,  c.  j.  On  voit  que  cet  Auteur  dit  Limen- 
tin ,  &  non  pas  Limentinus. 
LIMER.  V.  a.  Polir,  ulcr  ,  amcnuifer  ,  couper  avec  une 
lime.    Limare  ,  Umâ  exfcuiiere.     Ce    pril'onnier  a 
lune  les  barreaux  de  fa  piiion ,  &  s'eft  évadé.  Cette 
platine  de  piftolet  eft  fort   bien  limée.  Le  fer  bien 
limé  n'eft  pas  lujet  à  la  rouille. 
LiMER^.   Tejme   de  Salines.    Limer  un  marais   filant  , 
c'elt  en  ôter  avec  la  bogue  j  le  bouquet  Se  la  fer- 
rée j  les  boues  qui  s'y  (ont  amaiiécs  pendant  l'hiver. 
Purgarc  y  limum  ejicerc.   On  lime    le  marais  après 
r.avoir  mis  à  coi. 
Limer  ,  fe    dit    figurémcnt   en  chofes  fpiritflelles ,  Se 
lignifie    corriger   avec  ioin  ;  polir  ,  perfeclionner  , 
mettre  la  dernière  main.  Limare ,  expoiire.  Les  vers 
de  cet  Auteur  ionih'icn  limés.  Son  ftyle  ,  (es  expre(- 
(lons  (ont  bien  limées.   Il  faut  ,  fuivant   le    conleil 
d'Horace ,  garder  un  Ouvrage  long  temps  dans  (on 
cabinet,   pour  le  bien  limer.  Il  faut  prendre   garde 
de  rien  ôter  de  la  fubftance  Se  de  l'agrément  du  dif- 
cours ,  à  force  de  le  limer  Se  de  le  polir.  Bouh.  Le 
ftyle   perd  (a  force  &   fa  vit^ueur  ,    il    on   le  lime 
trop.  Bal.  Il  faut  polir  &  limer  un  Ouvrage  ,  afin 
d'en    ê)ter  une   première   rudelk ,    qui  lent  le  tra- 
vail de  la  compofiticn.  S.  EvR. 
LIMÉ ,  ÉE.  part.' 

"  IMES  (  la  cité  de).  Fininc  remarquable  en  France, 
en.Normandie  ,  au  pays  de  Caux,  à  une  demi-lieue 
de  Dieppe  ,  vers  l'orient  d'Été.  On  la  nomme  ordi- 
nairement cité ,  &  une  tradition  populaire  veut 
qu'il  y  ait  eu  autrefois  une  ville  qui  tut  détruire  en 
une  nuit ,  Se  qu'on  a  tâché  en  vain  de  riebâtir.  Les 
Savans  du  pays  nomment  ce  lieu  Caflrum  Csfaris  y 
le  Camp  de   Célar. 


544  L  I  M 

LIMESTRE.  Serge  de  Ihncfire.  C'eft  une  feige  drapée 
&  croifée  ,  qui  fe  fait  a  Rouen.  Pannus^  tcnuior 
■lïmefirims.  On  la  fabrique  de  la  plus  tine  laine 
d'Elpagne.  On  l'a  appelée  ainh  ,  du  nom  de  celui 
qui  en  a  fait  le  premier. 

Combien  ,  pour  avoir  mis  leur  honneur  enfequcftrc, 
Ont-dles   en  velours  échangé  leur  limeftre; 

Régnier. 

IIMERICK.  Nom  d'une  ville  de  la  Monionie ,  en  Ir- 
lande. Limericum.  Elle  eft  capitale  du  Comté  de 
Limerich ,  &  lîtuée  fur  le  Shannon ,  qui  la  partage 
-en  deux  ,  à  vingt  lieues  de  Corke  ,  du  côte  du 
nord.  Cette  ville  ell  fortifiée  &  défendue  par  un 
bon  château  ;  c'eft  une  des  mieux  peuplées  &  des 
plus  riclies  d'Irlande  ,  à  caufe  de  la  bonté  de  Ion 
port,  où  les  plus  gros  navires  peuvent  remonter j 
quoiqu'elle  foit  à  feize  lieues  de  la  mer.  Elle  a  un 
Évéché,  fuftragant  de  Cashel.   Maty.  Long.  9.  d. 

12',  Lit.  52.  d.  34.  r     ■        r         ■      r 

Le  Comté  de  Limerich,  en  Latin ^  Lemeneenjis 
Comitatus.  Contrée  de  la  Momonie  ,  en  Irlande. 
Elle  eft  entre  les  Comtés  de  Tipérari,  de  Corke  ,  de 
Kerry  &  le  Shannon.  Sa  longeur  eft  environ  de  feize 
lieues,  &c  fa  largeur  de  huit.  Limerick  en  eft  la 
ville  capitale;  on  y  diftingue  encore  les  bourgs  de 
Kilmalock  ,  d'Askearon  &  d'Andare ,  qui  ont  féance 
&:  voix  au  Parlement  d'Irlande.  Maty. 

LIMEURE.  /^qy^ï  Limure. 

IIMEUX  ,  EUSE.  adj.  m.  Vieux  mot.  Fangeux  ,  bour- 
beux ,  couvert  de  limon.  Limofus  ,  a  j  um. 

Quoique  le  roc  d' herbes  foit  dépouillé  , 
Et  que  le  lac  de  bourbe  tout  fouillé 
De  jonc  limeux  couvre  le  bon  herbage. 

Marot, 

IIMFIORT ,  ou  ALBORG.  Canal.  Le  canal  de  Lim- 
fort ,  ou  d'Alborg  ,  eft  un  golfe  de  la  mer  Baltique  , 
qui  s'appelle  canal  plutôt  que  golfe ,  parce  qu'il  eft 
étroit  &  long.  Il  s'étend  depuis  le  Catégat ,  où  eft 
Ion  entrée  ,  jufqa'à  une  lieue  de  la  mer  d'Allema- 
gne ,  &  il  fépare  prefque  entièrement  la  prefqu'ÎIe 
de  Wenfuifél  du  refte  du  Jutland. 

LIMIER,  f.  m.  Gros  chien  de  challc  qui  fcrt  à  quêter 
le  cerf,  ou  autre  grande  bête,  &  à  le  lancer  hors 
de  fon  fort.  Indagator ,  canis  vejiigator.  Il  y  a  des 
limiers  pour  le  matin ,  &  d'autres  pour  le  haut 
du  jour. 

LIMINAIRE,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  mis  au  commence- 
ment. Proxmium,  prologus.  Épître  liminaire  qu'on 
met  à  l'entrée  &  à  la  tête  d'un  Livre  ,  foit  pour  en 
faire  la  dédicace  à  quelqu'un  ,  foit  peur  fervir  de 
Préface  ,  &  avertir  le  Ledeur  de  quelque  chofe 
nécellaire  pour  mieux  entendre  l'Ouvrage.  Avant  le 
temps  de  Moïle  j  on  ornoit  les  Livres  d'une  Épître 
liminaire.  César  Fiochefort.  On  (e  fert  plutôt  de 
l'on    compolé  préliminaire. 

Ce  mot  vient  du  Latin  limen ,  qui  fignifie  propre- 
ment le  pas,  le  feuil  d'une  porte-,  Se  qui  s'eft  dit 
pour  l'entrée  d'une  maifon  ,  ou  de  quelque  édifice 
que  ce  fut;  pour  l'entrée  d'une  Eglile  j  &  l'Eglife 
même  ;  d'où  vient  que  l'on  ditoit  que  les  Pèlerins 
alloient  ad  limina  Apoftolorum  &  Sanclorum  ;  pour 
dire ,  alloient  viiîter  les  faints  Lieux.  Us  appcloient 
aulfi  liminare ,  les  lieux  ditpofés  à  mettre  des  fta- 
tues ,  ce  que  nous  appelons  niches ,  à  caufe  qu'il  y 
en   avoir  plufîeurs  aux  entrées  des  Eglites. 

LIMINA'RQUE.  f.  m.  Terme  d'Hiftoire.  Nom  d'office 
&  de  dignité  dans  l'Empire  Romain.  Liminarcha. 
Les  Limtnarques  étoient  des  Officiers  deftinés  à  veil- 
ler fur  les  frontières  de  l'Empire  -,  ils  command-oicnt 
les  troupes  deftinées  à  les  garder. 

Ce  mot,  comme  quelques  autres  qui  iefont  établis 
au  temps  du  bas  Empire  ,  eft  compolé  de  deux  mots, 
l'un  Lapin,  &  l'autre  Grec.  Xiwê^  veut  dire, ^'orre, 
encrée  :  les  frontières  d'un  pays  en  -font  les  jsntrées. 
'Aty^,»  j  fignifie  commandement  &  '^K'^ i  Commandant. 


L  I  M 

LIMISSO.  Nom  d'une  ville  fituée  far  la  côte  de  i'ilc 
de  Chypre ,  environ  à  fcize  lieues  de  Bafto  ,  du  côte 
du  levant  méridional.  LimiJJus.  Limi£6  3.  un  Eve- 
ché  fufïragant  de  Nicofie  ;  il  eft  prefque  ruiné  :  plu 
fleurs  Géographes  le  prennent  pour  l'ancienne  Aiiia 
thonrcj  ou  Amachulie  ,  en  Latin  Jmathus ,  où  Vé- 
nus avoit  un  célèbre  Temple  ;  mais  d'autres  Géo- 
graphes t'outiennent  que  les  ruines  de  cette  ancienne 
ville  ,  font  à  plus  de  deux  lieues  de  Limijfo.  MaTy. 

fC?  LIMITATIF,  adj.  Terme  de  Jurifprudsnce.  Ter- 
mes démonrtratifs,  termes  limitatifs.  Allîgnat  limi- 
tatif ,  difpofition  limitative  ,  qui  renferme  dans  de 
certaines  bornes ,  en  parlant  d'une  difpofition  dont 
l'objet  eft  tellement  déterminé,  que  le  légataire  n'a 
rien  à  demander  ,  à  prétendre  fur  le  furplus  des 
biens  du  teftateur.  On  peut  aifigner  un  legs  fur  un 
fonds  ou  fur  une  dette  ,  de  forte  que  le  legs  fe  puillè 
prendre  fiir  le  l'onds  ou  la  dette  défignée ,  &  auifi 
fur  les  autres  biens  du  défunr  :  ik  c'eft  ce_  qu'on 
appelle  allîgnat  démonftratif  i  ou  bien  ,  on  alligne  le 
legs  uniquement  fur  le  fonds  &  la  dette  défignée, 
fans  aucun  recours  fiir  les  autres  biens  du  teftateur  ; 
&  c'eft  ce  qu'on  appelle  alTignat  limitatif.  Dans  le 
premier  cas ,  l'héritier  n'eft  gas  libéré  par  la  perte  de 
la  chofe  ,  ni  par  l'abandonnement  qu'il  en  fcroit, 
C'eft  le  contraire  dans  le  fécond  cas ,  où  l'aliignac 
eft  limitatif.  La  difficulté  eft  de  frvoir  quand  les 
termes  de  l'aflîgnat  font  démonjiratifs  ou  limitatifs^ 

LIMITATION,  f.  f.  Fixation  ,  détermination  d'un 
terme,  de  «la  valeur  d'une  chofe,  prefcriprioa  de 
certaines  bornes.  Finitio  ,  pntfnitio  ,  dtfinitio.  La 
durée  de  notre?  vie  n'a  point  de  limitation  certaine. 
La  puillancc  Royale  n'a  point  de  bornes  ,  de  limi- 
tation. 

Limitation,  figiwfie  aulfi  ^  Reftridion  ,  exception, 
modification.  Limitatio  ,  rejiriclio  ,  modificatio.  Il 
n'y  a  point  de  maxime  fi  générale  ,  qui  n'ait  en 
plufieurs  cas  quelque  limitation  ,  quelque  exception. 
Le  pouvoir  de  ces  Plénipotentiaires  n'eft  peint  fi 
grand  ,  qu'il  ne  fouftie  quelque  limitation.  Donner 
une  limitation  à  l'Ordonnance.  Pat. 

LIMITEI\.  V.  a.  Donner  des  bornes  ,  des  limites  à 
quelque  chofe  ;  Dcjlnire  ,  determinare.  Il  ne  fe 
dit  guère  en  parlant  des  frontières  d'un  État ,  des 
bornes  d'un  territoire.  Il  fc  dit  plus  ordinairement 
en  parlant  du  prix  d'une  chofe  ,  de  l'clpace  du 
temps ,  ou  de  l'étendue  du  pouvoir  que  l'on  donne 
à  quelqu'un.  On  limite  toujours  le  pouvoir  d'une 
procuration,  d'un  mandement.  Un  douaire  préfix 
fe  limite  à  une  certaine  fomme.  On  doit  faire  fûn, 
enquête  dans  le  temps  qui  eft /iTOfc',  qui  eft  prefcric^ 
L'amour  fe  doit  limiter  à  l'union  des  cœurs.  SaRAS» 
Dial.  Ces  paroles  limitent  notre  fubftitution.  PaTi 
Limiter  un  legs.  Id.  . 

LIMITÉ,  ÉE.  part.  Circumfcriptus.  L'efprit  de  rhom^ 
me  eft  fort  limité  ;  fes  connoiftànces  ne  s'étendent 
pas  fort  loin. 

je  vois  que  votre  vanité 

N'aura  plus  rien  de  limité.  Main. 

LIMITES,  f.  f.  pi.  Bornes,  extrémité  d'une  terre, 
d'une  Province  ,  d'un  État.  Fines  ,  limites  ,  corfi- 
nia.  Le?  Rois  ont  nommé  des  Commiiîaires  pour 
régler  les  limites  de  leurs  Royaumes.  Ce  Seigneur 
veut  étendre  fa  terre  au  de-là  de  fes  anciennes  li- 
mites. Les  Pirénées  font  les  limites  de  la  France  &C 
de  l'Efpagne  ,  la  rivière  de  BidalToa  leur  fert  de 
limites.  L'Efpagne  eft  rellerrée  dans  fes  anciennes 
limites.  ,  , 

Limites  j  fe  dit  figurément  en  chofes  morales.  Finis, 
terminus.  La  bonté  de  Dieu  n'a  poinr  de  limites. 
On  dit  d'un  Prince  ,  que  Ion  ambition  eft  fans  li- 
mites j  qu'elle  eft  démefiuée.  Dicu^  a  prefcrit  aUX 
Empires  de  certaines  limites  de  puillancc  iSc  de  du- 
rée. La  Rochef.  Les  vertus  &  les  vices  ont  leurs 
limites  &c  leurs  frontières  comme  les  Royaumes. 
lA.  ScuD.  Il  n'eft  pas  toujours  facile  de  marquer  les 
ju.*les /iwireJ  qui  féparenc  la  vérité  de  l'erreur.  BoSs. 


Ll  M 


On  dit  audl   fortif  des  iimues  de  la  raifon  ;  pour 
dire,  être  dérailonnablc. 

§3"  On  appelle  Iimiics  des  deux  PuilHinccs  (piritucllc 
Se  reniporelle  ,  la  diftindion  de  ce  qui  appartient 
à  lune  L<c  à  l'autre.. 

IJCTPour  déterminer  la  vraie  valeur  du  mot  limites. 
Se  marquer  les  nuances  qui  le  dilHngucnt  des  deux 
autres  mots,  termes ,  cV  ironies  que  l'on  emploie 
fouveiit  comme  lynonymes  ,  nous  joindrons  ici  les 
remarques  de  M.  l'Abbé  Girard.  Le  urme  eft  où 
l'on  peut  aller.  Les  /imius  font  ce  qu'on  ne  doit 
point  palier.  Les  iornes  l'ont  ce  qui  empêche  de 
palier  outre.  On  approche  ou  l'on  éloigne  le  ter- 
me. On  rellerre  ou  l'on  étend  les  /imites.  On  avance 
ou  l'on   recule  les  bornes. 

\M3^  Le  terme  Se  les  limites  appartiennent  à  la  chofe; 

I  ils  la  rinillent.  Les  bornes  lui  l'ont  étrangères  ;  elles 
la  renfermenr  dans  le  lieu  qu'elle  occupe  ,  ou  la 
contiennent  dans  fa  Tphcre.  Le  détroit  de  Gibraltar 
tut  le  terme  des  voyages  d'Hercule.  On  a  dit  avec 
plus  d'éloquence  que  de  vérité  ,  que  les  limites  de 
l'Empire  Romain  étoient  celles  du  Monde.  La  Mer, 
les  Alpes  &  les  Pyrénées  font  les  bornes  naturelles 
de  la  France. 

jgCFLe  terme  de  la  profpérité  arrive  fouvent  dans  le 

'  moment  qu'on  projette  de  ne  plus  donner  de  limites 
à  Ion  pouvoir  ,  &  qu'on  ne  met  aucunes  bornes  à 
Ion  ambition.  Je  ne  vois  le  terme  de  nos  maux  que 

:  dans  le  terme  de  notre  vie.  Les  l'ouhaits  n'ont  point 
de  limites  :  l'accompliirement  ne  fait  que  leur  don- 
ner une  nouvelle  carrière.  Nous  ne  fommes  heu- 
reux que  quai-.d  les  bornes  de  notre  fortune  font 
celles  de  notre  cupidité. 

Limite,  f.  m.  En  Aftronomie  #3"  on  appelle  ainil  les 
points  de  l'orbite  des  planètes  où  elles  font  les  plus 
éloignées  de  l'Écliptique.  Le  limite  feptentrional  Se 
méridional ,  font  les  points  qu'on  appelle  ventre  du 
Dragon  :  ils  font^  éloignés  de  quafre- vingt- dix  degrés 
des  nœuds  de  l'Ecliptique;  l'un  du  côté  du  fepten- 
trion  ,  l'autre  du  côté  du  midi.  Termini ,  borealis 
&  auftraiis.  Ce  font  les  points  de  l'excentrique  de 
la  lune  les  plus  éloignés  de  l'Écliptique.  La  lune  elt 
alors  à  cinq  degrés  de  latitude. 

1:0=  LIMITROPHE,  adj.  d.  t.   Ce  terme  qui  eft  fré- 

1  quemment  uhté  en  Géographie  ,  n'ell  point  fyno- 
nyme  de  voifin  ,  qui  dit  beaucoup  moins.  11  a  plus 
de  rapport  z.\ec  contigu  ,   Se  s'applique  aux  États, 

j  aux  Provinces  ,  qui  fe  joignent,  fe  touchent  par  leurs 
limites.  On  peut  être  voilîn  fans  fe  toucher.  Conti- 
guus ,  funtimus  ,  &c.  La  Picardie  eft  une  province 
limitrophe àelz  Flandres.  On  a  eu  bien  de  la  peine  en 
Europe  à  fe  perluader  que  les  États  de  l'Empereur  de 
la  Chine ,  &  ceux  du  Czar  de  Mofcovie  ,  étoient 
limitrophes  ,  Se  que  ces  deux  Princes  étoient  en  con- 
teftation  (ur  le  partage  de  leurs  frontières.  Cela  s'ell 
cependant  trouvé  très-vrai  ;  Se  la  paix  de  Nipehou 
a  règle  leurs  diftérends. 

On  appeloit  autrefois  colonnes  limitrophes  ,  celles 
qui  fervoient  à  marquer  les  limites  entre  diftérens 
Etats. 

Ce  mot  fignifioit  autrefois  un  fonds  deftiné  à  nour 
rir  les  foldats  qui  étoient  fur  la  frontière.  Il  y  a  un 
Titre  au  Code  qui  porte  ce  nom.  Sa  lîgnilkation 
a  ete  depuis  étendue  à  plulieurs  fortes  de  conhns. 
LIMNADE.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Nymphe 
d  étang.  Limnas  ,  ados.  Les  déelfes  des  étangs'furent 
nommées  Limnades ,  de  x\f.,,  ,  qui  en  Grec  lignifie 
unerang.  Isatalis  Cornes,  Mythol.  L.  F ,  c.  \2. 
On  les  nommoit  auffi  Limnées.  Limn^di.  Quelques' 
uns  dilent  Limniades  ;  mais  Théocrite  ,  Tdyll.  F 
dit  Limnades.  ' 

LIMNIOTE.  f  m.  &  f.  Habitant  d'un  étang,  habi- 
tant des  marais.  Limniota.  On  donne  le  furnom  de 
Ummotea.  un  faint  Moine  nommé  George  ,  qui  re- 
prit genereufement  l'Empereur  Léon  de  ce  qu'il 
brilo.r  les  images,  Se  brûloir  les  reliques  des  Saints. 
Léon  lui  hr  couper  les  mains,  cV  brûler  la  tète.  On 
lait  la  mémoire  le  24  d'AoÛt  ;  fes  Aéles  font  rap- 
portes dans  la  Préface  du  Ménologe  des  Grecs. 
lome  F. 


L  J  M  54^ 

Apparcmmcmt  ce  Saint  avoir  l'on  Monaftère  ou 
fi  cellule^  proche  d'un  étang,  ou  dans  des  maiaisj 
car  ce  nom  vient  de  a,^,,  ,  un  étang  ,  /.^„.7,.,  quJ 
demeure  lur  un  étang  ,  dans  un  marais. 

LIMODORE.  i:  m.  Limodonm.  Plante  que  pluficurs 
mettent  entre  les  efpèces  d'oroban(Éc.  Sa  rig(»cn: 
haute  d'un  pied  enveloppée  de  petites  feuilles,  qui 
font  comme  des  efpèces  de  petites  gaînes.  Sa  'rieur, 
rellemble  à  celle  de  Torchis,  li  ce  n'cft  qu'elle  ell 
éperonnée  ;  ce  qui  la  diltingue  aulli  de  l'elléborinc. 
Lorlqu'elle  elt  pallée  j  l'on  calice  devient  un  fruit 
leniblableen  quelque  manière  à  une  lanterne  à  trois 
côtés  ,  contenant  des  fcmenccs  femblablcs  à  de  la 
Iciurc  de  bois.  Sa  racine  cil  compofée  de  grandes 
libres  longues  comme  en  l'eliéborine.  Toute  la  plante 
a  une  couleur  purpurine  foncée  ,  ow  violette.  Elle 
croît  dans  les  lieux  humides.  On  la  dit  apéritive. 

LIMOGES.  Ville  de  France  ,  capitale  du  Limolin  ,*& 
lituée  lur  la  Vienne ,  à  vingr  lieues  d'Angoulême  , 
du  coté  du  levant.  Lemovica ,  Lcmovicina,  Lemovi- 
cum  ,  Ratiajlum  Lemovicum ,  Augujloritum  Lemovï- 
cum.  Cette  vjilc  eft  fort  ancienne.  Se  allez  grande: 
on  y  voit  des  aqueducs  ,  qui  font  des  ouvrages  'des 
Romains:  il  y  a  de  très-belks  Églifes  ,  &  quantité 
de  Monafteres ,  un  Evcché  ,  fuft'ragant  de  Bour^^cs 
un  Prélidial ,  Se  une  Éledtion.  On  y  fait  le  plus  bel 
émail  du  monde.  Maty.  1^e{  Hadr  Valois 
Not.  Gall.  p.  2ÛQ.  Long.  iS.  d.  j/ ,  lat.  4/. 
d.  48  . 

Œuvres  de  Limoges  ,  ou  bien  Ouvrage  de  Limo- 
ges. On  entend  par  ces  mots  de  l'éma'il.  Opus  Le- 
movLcenfe  ,  eneaujlum.  Il  eft  parlé  dans  des  Rcgiftres 
de  la  Chambre  des  Comptes  de  Paris  ,  des  auvres 
de  Limoges.  Les  émaux  ont  été  appelés  par  excellen- 
ce ,  ouvrages  de  Limoges  ,  parce  qu'il  n'y  a  point 
de  heu  au  monde  où  l'on  ait  lî  bien  travaillé  ,  ni  Ci 
bien  peint  en  émail  ,  qu'à  Limoges.  On  l'appeloic 
aulîi  autrefois  travail  de  Limoges  dans  les  Chartres. 
Opus  de  Limogja ,  labor  Limogix. 

LIMOINE.  f  f.  En  Latin  Limomum.  Oed  une  plante 
qui  a  les  leuilles  femblables  à  celles  de  la  bcte-, 
quoique  plus  menues  &  plus  longues  :  elles  font 
ordinairement  au  nombre  de  dix.  Ses  tiges  font  me- 
nues &  droites ,  femblables  à  celles  du  lis  ,  char- 
gées d'une  graine  rouge  ,  laquelle  au  goût  a  je  ne 
lai  quoi  d'artringent.  Sa  racine  eft  groll'e  Se  rouge  ; 
les  Heurs  font  en  œillet ,  elles  l'ont  blanches  Se  peti- 
tes ;  cette  plante  croît  dans  les  marais  &  dans  les 
près  ,  &  Heurit  en  Juillet.  La  feuille  &  la  graine 
de  la  limoine  delléehent ,  Se  ont  la  vertu  de  con- 
fohder.  La  graine  cuite  dans  du  vin,  ou  pilée, 
étant  bue  ,  1ère  contre  le  flux  de  fang,  pour  ar' 
rcter  les  moisj  Se  à  ceux  qui  crachent  le  fang. 
Etant  appliquée  en  emplâtre ,  elle  eft  bonne  contré 
les  inriammarions. 

LIMON,  f  f  Terre  détrempée  avec  de  l'eau;  Se  gé- 
néralement terre  délayée  &  entraînée  par  les  eaux  ,  & 
qu'elles  ont  enfuite  depofee.  Limus.  Adam  fut  for- 
mé du  limon  de  la  terre.  Jésus  Christ  c,ucrit  un 
aveugle  avec  du  limon.L'eau  de  cette  rivière  eft  toujours 
trouble  ,  Se  mauvaife  à  boire,  à  caufequ'elle  traîne 
quantité  de  limon.  Vaug.  Fleuve  qui  traîne  beau- 
coup de  fables  &  de  limon.  Ablanc. 

Ce  mot  vient  du  Latin  limus  ,  boue  ,  limon ,  ou 
du  Grec  ?,e<fca, ,  un  pré  ,  un  lieu  détrempé  j  hu- 
mide. 

Limon  ,  fe  dit  auftî  du  fédiment ,  ou  lie  de  quelques 
corps  liquides.^  Fucula ,  fedimen.  Quand  de  l'eau 
trouble  eft  rallîfe  ,  il  fe  trouve  du  limon  au  fond 
du  vafe.  L'encre  trop  vieille  fe  gâte ,  ce  n'eft  plus 
que  du  limon. 

Limon  ,  s'emploie  auffi  fîgurément  en  quelque  façon 
de  parler  ,  par  allulîon  à  li  matière  dont  Adam 
fut  formé.  Limus  ,  luturn.  On  diroir  que  le  Ciel 
l'ait  pétri  d'autre  limon  que  moi.    Eoileau. 

Quels  meliore  luto  Jinxit  prtscordia  Titan. 

La  nature  vous  a  formé 


j4<^ 


L  I  M 


D'un  limon  moins  grojfier  que  le  limon  vulgaire. 

Des-Houl. 

Limon.  C  m.  cfl  aullî  une  des  deux  principales  pièces 
de^f.bois  quiiifcompolent  le  devant  de  la  charette  , 
entre  lefquelles  on  atellc  le  cheval  cjui  la  tire.  Li- 
^  mon  droit  ,  limon  gauche  d'une  charette.  AUer 
currùs  temo.  Ce  cheval  leca  bon  pour  le  limon.  Tout 
bois  n'ell  pas  propre  à  faire  des  limons. 

Ce  mot  en  ce  fens  vient  du  Latin  temo  ,  témonis , 
en  changeant  le  t  en  /  ;  ou  bien  de  ligemo  ,  qui 
vient  à  ligando  ,  parce  qu'on  y  attache  le  cheval. 

iCt  Limon  ,  en  Architedure.  C'ell:  une  pièce  de  bois 
de  fciagCj  ordinairement  de  chêne  ,  qui  loutient  les 
marches  d'un  ei'calier  par  une  de  leurs  extrémités. 

Limon  ,  en  Architedure  ,  n'eil  pas  (culemcnt  un  ter- 
me de  Chapentcrie  ,  (èlon  M.  Frézier ,  mais  en- 
core un  terme  de  Maçonnerie.  Ce  n'elT:  pas  leule- 
ment  une. pièce  de  bois  ,  mais  auffi  la  pierre,  qui 
termine  &  foutient  les  marches  d'une  rampe  ,  (ur 
laquelle  on  pofe  une  baluftrade  de  pierre  ou  de 
fer  ,  pour  fervir  d'appui  à  ceux  qui  montent.  Sca- 
pus  fialarum.  Cette  pièce  eft  droite  dans  les  ram- 
pes droites ,  &c  gauche  par  (es  furlaces  fupérieure 
&  inférieure  dans  les  parties  d'efcaliers  tournantes. 
Ce  mot ,  dit  il  ^^ient  du  Latin  limus  ,  tourne 
de  travers.  J'en  doute  fort ,  &  je  crois  bien  plutôt 
qu'il  s'efl:  dit  de  ces  pièces  de  bois  par  la  reireni- 
blance  qu'elles  ont  au  limon  d'une  charette  ,  (ur 
lequel  on  pofe  les  ridelles  de  la  charette ,  qui  font 
comme  une  baluftraJe.  Du  bois  ce  mot  a  paflé  à 
la  pierre. 

Limon  ,  quelquefois  Lime  j  fignifie  encore  le  fruit 
du  limonier.  Citreum  minus.  Il  y  a  des  limons 
aigres  ,  &c  de  doux.  Le  jus  du  limon  aigre  ôte  les 
taches  d'encre  du  linge.  Les  Latins  les  ont  aullî 
appelés  iimoncs  ,  ou  mala  Umonia.  Voy.  Limon- 
NiER.  Il  y  a  àLar  en  Perfe  des  limons  doux  ,  qu'on 
nomme  Bac  rai.  Pietro  délia  Falle  ,  India  ,  L.  XFI , 

p.  3S7.    ,  .        . 

Le  Col  de  Limon.  Limonius  mous.  C'eft  un  pal - 
fage  des  Alpes.  Il  ert  dans  le  Comté  de  Tende  ,  en- 
tre la  ville  de  ce  nom  ,  &  celle  de  Coni.  Il  prend 
Ion  nom  du  village  de  Limon  j  nommé  anciennement 
Lumone.  Mat  y. 
Limon.  Cap  de  Limon,  Limonium  caput  ;  ancienne- 
ment Heracleum  Promontorium.  Cap  de  l'Amalle  , 
en  Natolie  :  il  s'avance  dans  la  mer  Noire  ,  entre 
l'embouchure  du  Cafalmach  ,  &c  celle  de  Pormon. 

M  AT  Y. 

I.IMONA.  Nom  d'une  petite  île  de  la  mer  de  Rho- 
des. Limonia.  Elle  ell  entre  l'Ile  de  ce  nonij  & 
celle  de  Stampalia  j  (ur  la  côte  de  la  Natolie.  Cette 
Ile  a  un  bon  port,  mais  peu  d'habitans.  Maty. 

LIAIONE.  //  Limone.  Rivière  de  l'île  de  Corfe.  Li- 
monius Fluvius.  Il  prend  fa  fource  dans  un  lac 
qui  eft  vers  le  milieu  de  l'île  ;  &  coulant  du  côté 
de  l'occident ,  il  baigne  Crulani ,  !k  fc  décharge 
dans  le  golfe  de  Ginera. 

LIMONIADE.  f.  f.  Tenp.e  de  Mythologie.  Limonias. 
Les  Limoniades  étoient  chez  les  Anciens  ,  les  Nym- 
phes des    prés.   Ariftote   dit  quelque    part  que    les 
Limoniades  meurent  comme  les  Pans  &C  les  Faunes. 
Ce  mot  vient  de  ^«^i« ,  pratum  ,  un  pré. 

LIMONIUM.  f.  m.  Plante  dont  les  feuilles  fortcnt  de 
la  racine ,  ayant  la  figure  de  celles  du  lapathum  , 
mais  plus  petites  ,  pluslidês,  polies,  douces  au  tou- 
cher ,  Se  d'une  couleur  verte-gaie.  Il  s'élève  d'en- 
tr 'elles  des  tiges  à  k  hauteur  d'un  pied,  menues, 
jettant  plulîeurs  rameaux.  Ses  fleurs  font  dif 
pcrfées  le  long  de  ces  rameaux  ,  &:  tournées  pref 
que  toujours  en  dellous  :  elles  font  compofécs  cha 
cune  de  cinq  feuilles  difpofées  en  œillet  ,  de  cou- 
leur bleue  pâle  ,  ou  blanchâtre,  enfermées  dans  un 
calice  fiit  en  entonnoir.  Ses  femences  font  oblon- 
gues  j  rougeàtres ,  tirant  fur  le  bleu.  Sa  racine  eft 
grollé  ,  rouge  ,  d'un  goût  aftringenr.  Les  feuilles  & 
k  femcnc^  du  limonium  font  aftringcntes ,  elles  font 


L  I  M 

bonnes  dans  la  diarrhée ,  dans  la  dylTenterie  j  dans 
l'hémorragie.  En  Latin  limonium  maritimum  mai  us. 
C.  Bauh.  Pin.  iji.  Il  y  a  plulîeurs  autres  efpèces 
de  limonium. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ;,«^i»  ,  prairie  ;  on  a  ap- 
pelle ainli  cette  plante  ,  parce  qu'elle  croît  dans 
les  prés. 

?fr  LIMONNADE  ,  ou  plutôt  LIMONADE,  f.  f. 
Boiilon  rafraîchillànte  faite  avec  de  l'eau  ,  du  fu- 
cre  tic  du  jus  de  citron  ,  ou  de  limon.  ExprejJ'us 
ex  cincis  minonbus  liquor ,  vel  poculum.  On  prend 
de  la  limonade  en  Eté  pour  fe  rafraîchir. 

LIMONNADIER  ,  ou  LIMONADIER  ^  1ÈRE.  f.  m. 
&  f.  Marchand  qui  vend  de  la  limonade  ,  &  plu- 
(leurs  autres  fortes  de  liqueurs  ,  comme  eaux  de 
cerifes  ,  verjus  ,  grofeilles  ,  framboifes ,  &c.  Qui 
liquorem  ex  cnrcis  exprejjum  vendit  j  poculorum  ci- 
trcorum  propola.  Injondion  aux  Limonadiers ,  chez 
Icfqucls  il  arrive  quelque  querelle  ou  violence  ,  d'en 
avertir  à  l'inftant  le  Commillaire  du  quartier.  De 
la  Mare  ,  Traiié  de  Police  ,  T.  L.p.  204.  l\  y  a.  dé- 
fenfe  aux  Cabaretiers  &  Limonnadiers  de  retenir  per- 
fonne  chez  eux  après  huit  heures  du  foir  en  hiver,  & 
dix  heures  en  été.  Ibid.  Ib. 

LIMONNER.  v.  n.  Eft  un  terme  des  Eaux  &  Forêts, 
qui  fe  dit  en  parlant  du  bois  qui  eft  a(Iez  gros  pour 
faire  des  limons.  Il  y  a  pluiieurs  endroits  où  l'on  ne 
coupe  point  les  bois  taillis  qu'ils  ne  limonnenc. 

LIMONNEUX,  ^frs.<.  mieux  LIMONEUX,  EUSE. 
adj.  Plein  de  limon.  Limofus  ,  in  limum  vifcofus. 
Des  terres  qui  demeurent  quelque  tems  couvertes 
d'eau  ,  deviennent  limoneufes.  Le  fond  d'une  rivière 
eft  limoneux.  Ce  ruilîèau  qui  palle  dans  ces  prés,  eft 
fort  limoneux.  La  terre  eft  (î  limoneufe  dans  les  prai- 
ries ,  qu'on  ne  s'en  peut  tirer.  Ils  ne  pouvoient  afteoir 
la  plante  des  picdsj  à  cau(e  des  pierres  rondes  &  li- 
moneufes qui  les  faifoient  gliller.  Vaug.  Bourbe  limo- 
neufe. BoiL.  Je  fis  une  incilion  pro(bnde  à  une  jam- 
be ,  d'où  il  ("ortit  des  férofités  limoneufes.  Du  verney, 
(ils,  Ac.  des  Se.  r/oj.  Mém.p.  i  r/. 

LIMONNIER  ,  cV-  mieux  LIMONIER,  f.  m.  Cheval 
qu'on  met  aux  limons  d'une  charrette,  qui  s'attele 
entre  les  deux  limons.  Carrucarius  ,  temonum  equus ^ 
carrucarius  ad  ttmonem.  Bon  Limonier.  Fort  Limo- 
nier. Du  Cange  l'appelle  equus  limonenus. 

Limonnier  ,  ou  plutôt  Limonier  ,  fe  dit  aullî  de  l'arbre 
qui  porte  les  limons.  Ses  feuilles  &  (es  Heurs  (ont 
femblables  à  celles  du  citronnier  :  on  ne  (auroit  le 
diftingucr  que  par  la  forme  irrégulière  de  fon  fruit. 
Sa  ch.air  elf  ordinairement  moins  épallfesil  eft  divifc 
en  cellules  remplies  d'une  (libftance  védculeulè, 
pleine  de  fuc  ,  &  dans  laquelle  (e  trouvent  quelques 
femences  oblongues.  Il  y  a  plulîeurs  elpèces  de  limo- 
nier. Celui  qu'on  appelle //'OTO«ie/'to/;z/«a/Zj  en  Latin 
limon  vulgaris ,  ou  malus  Umonia  acida,  porte  des 
limons  qui  font  couverts  d'une  écorce  jaune,  ou  ci- 
trine  en  dehors  ,  blanche  en  dedans ,  odorante  prin- 
cipalement en  (a  fuperficie ,  d'un  goût  aromatique; 
leur  (uc  eft  aigre ,  fort  agréable  au  goût  Se  à  l'odeur. 
Il  y  a  aullî  des  limons  doux. 

^fT  Les  autres  efpèces  les  plus  remarquables  &z  les  plus 
communes,  (ont  le  limon  qu'on  appelle  impérial, 
qui  eft  beau ,  gros ,  &  d'une  odeur  .agréable ,  le  limon 
en  forme  de  poire ,  la  pomme  d'Adam ,  la  lime  douce 
&  la  lime  aigre.  L'écorce  du  limon  eft  propre  pour 
réjouir  le  cœur  &  le  cerveau  ,  pour  réiîfter  au  venin , 
&  pour  exciter  l'appétit. 

LiMOSA.  Nom  d'une  petite  île  de  la  mer  Méditerranée. 
Limofa^  anciennement  JEthufa.  Elle  eft  environ  à 
quar.mte  lieues  de  celle  de  Malte  j  en  tirant  vers  les 
côtes  de  Tunis.  Elle  appartient  à  l'Ordre  de  Malte 
Maty. 

LIMOSIN,  ou  LIMOUSIN.  Province  de  France,  ren- 
fermée dans  le  Gouvernement  général  de  la  Guienne. 
Lemovicenfîs  Provincia.  Elle  eft  bornée  au  midi  pai 
le  Querci ,  au  levant  par  l'Auvergne ,  au  nord  par  la 
Marche  ,  &:  au  couchant  par  l'Angoumois  &  le  Péri- 
gord.  Le  Limofin  eft  un  pays  froid  &  peu  fertile;  il 
produit  peu  de  froment  Se  moins  de  vin,  mais  beau- 


L  I  M 


LI  N 


«oup  de  feigle ,  d'orge  &:  de  châtaignes ,  qui  fervent 
de  pain  aux  Limou/ùts  plaCicaci  mois  de  l'année.  On 

;  .diviic  le  Limoufm  en  liaur  &:  bas  ;  le  haut  cft  au  nord , 
&  le  bas  au  fud.  Limoges  ,  Saint  Hyvier,  Ciialas, 

^  font  dans  le  premier  ;  lulle  ,  Brive  Ulerche  ,  le 
Vicomte  de  Turcnne  &  le  Duché  de  Ventadour  , 
dans  le  dernier.  Maty.  Limoges  en  eft:  la  capitale. 

LiMosiN,  ou  Limousin,  ine.  f  m.  &  f.  &  adj.  Habi- 
tant du  Limolîn,  ou  Limoulin,  Province  de  France. 

■  Lemovix  ,  Lcmovïccnjh.  Daurat  &  Muret  ctoient 
Limoufîns ,  &c  ont  hit  beaucoup  d'honneur  à  leur 
patrie.  La  langue  Liinojlne  eft  une  langue  Fort  vantée 
par  pludeurs  Auteurs.  M.  Du  Cangc  en  parle  dans 
Ja  Prébce  de  Ion  Glollaire  LatuT,  Galça  dans  fou 
Hiftoire  de  Catalogne,  ch.  i6.  Elcolan,  dans  fon 
Hiftoire  du  Royaume  de  Valence  ,  T.  I.  ch.  14. 
André  Bolch ,  qui  a  écrit  en  cette  langue  fur  les  ti- 
tres honorifiques  du  Roullillon ,  de  la  Catalogne  & 
de  la  Ccrdagne  _,  en  font  de  grands  éloges.  On  a  parié 

•    autrefois  cette  langue  dans  le  Lïmojin  &  les  Provinces 

■  voilines,  dans  la  Guienne  ,  le  Languedoc,  la  Pro- 
vence ,  le  Rouilillon,  la  Cerdagne,  la  Catalogne,  le. 
Royaume  de  Valence ,  les  îles  de  Majorque^  de  Mi- 
iiorque  &  d'Ivice.  Elle  s'eft  tonnée  de  la  langue 
Françoil'e,  de  la  langue  Efpagnole&  de  la  langue  Go- 
thique ^  &  lur-tout  de  la  langue  Latine.  Quoiqu'on 
la  parlât  dans  tous  les  pays  qu'on  vient  de  nommer, 
c'étoit  néanmoins  en  chacun  d'eux  avec  quelque  pe- 
tite diftérence  y  qui  pouvoir  faire  autant  de  dialeéfes. 
Cette  lanç;ue  a  beaucoup  de  monofyllabcs ,  ce  qui 
marque  le  génie  vif  de  ceux  qui  la  parloiént  ;  car  les 
mêmes  mots  ne  font  pas  monolyllabes  dans  les  lan- 
gues dont  le  Lïmoujin  s'eft  formé.  On  trouve  des 
vertiges  &  des  reftes  de  cette  langue  dans  pluficurs 
mots  qui  lont  reftés  dans  les  pays  où  on  la  parloir. 
André  Boich  l'élevé  au  delfus  de  toutes  les  langues 
qu'on  a  parlé  en  Elpagne.  Cet  Auteur,  qui  écrivoit 
il  y  a  plus  de  cent  ans ,  avoue  que  la  langue  Etpagnole 
commençoit  à  fe  polir.  Il  dit  dans  le  même  chapitre , 
&  un  peu  plus  bas  ,  qu'on  a  parlé  à  la  Cour  de 
France  la  langue  Limoufine  ;  ce  qui  ne  paroît  pas 
vrai ,  s'il  l'entend  de  cette  langue  telle  qu'elle  fe  par- 
loir dans  le  Rouilillon,  Ô£  dans  les  Provinces  méri- 
dionales de  la  France. 

LiMosiN.  1.  m.  Se  prend  particulièrement  pour  une  ef- 
pèce  de  Maçons  qui  font  les  murailles  de  moellon  , 
avec  de  la  terre  ou  du  mortier.  Citmentarius  ^  muralis 
jaber.  Les  Limoujîns  ont  fait  le  mur.  La  plupart  de 
ces  fortes  de  Maçons  viennent  eifeétivement  du  Li- 
moujin. 

Quoiqu'on  écrive  quelquefois  Limojln  j  on  pro- 
nonce toujours  Limoufln. 

On  dit  d'un  homme  qui  mange  beaucoup  de  pain  , 
qu'il  mange  du  pain  comme  un  Lïmovjïn.  On  ap- 
pelle un  zeft  de  Limoufin  ,  'un  morceau  de  pain 
trempé  dans  du  vin. 

LIMOSINAGE  ,    ou  LIMOUSINAGE.  f  m.  Foyei 

LiMOSINERIE. 

LIMOSINE.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Lemovicenjîs 
Anémone.    Anémone  qui  cft  de  même  couleur  que 

•  l'extravagante ,  vert ,  rouge  &  blanc ,  S<  lui  relfemble 
alfez  du  refte.    Morin. 

LIMOSINERIE.  f  f.  ou  LIMOUSINAGE.  f  m.  Terme 
de  Maçon,  qui  fe  dit  des  conftruâions  de  muis  & 

■  de  fondemens  qui  fe  font  (eulement  avec  du  moellon 
&:  du  mortier,  lans  paremcnsdc  pierre;  ce  qui  vient 
de  ce  qu'on  y  emploie  ilmplement  des  Limoufîns.  Il 
y  a  eu  dans  ce  bâtiment  tant  de  toiles  d'ouvrages  de 
limojlneric.  Daviler  croit  que  c'eft  à -peu-près  ce  que 
Vitruve  appelle  Empleclon.  Voyez  Maçonnerie. 

LIMOURS.  Petite  ville  de  France  dans  le  Hurepoix , 
au  Diocèfe  de  Paris. 

LIMOUSIN ,  INE.  f  m.  &  f.  Voyei  Limosin. 

LIMOUX.  Petite  ville  du  Haut  Languedoc,  en  France. 
.  Limofum ,  Limofium.  Cajîrum  Limofum.  Elle  eft  fur 
la  rivière  d'Aude  ,  entre  Alet  &  Carcalfonne,  à  une 
lieue  de  la  première,  &  à  trois  de  la  dernière.  Maty. 
Foye^  Czid.Mém.pourl'Hifi.  de  Languedoc,  L.  IL, 
p.  3SÛ. 

Tome  V. 


5*47 


LIMPIDE,  adj.  m.  &  f.  Clair,  net  &  tranfparent.  On 
ne  le  dit  que  des  Huides.  Limpidus.  Une  lource  lim- 
pide. L'eau  de  roche  cft  limpide.  Ce  vin  cft  limpide. 
On  dit  quelquefois  que  l'urine  cft  limpide  ,  loift^u'cllc 
n'eft  point  chargée,  tk  qu'elle  ne  lailfe  aucun  fédi- 
111  en  t. 
LIMPIDITÉ,  f  f.  Qualité  de  ce  qui  cft  limpide  ,  qui  le 
cciiftitue  limpide.  Limpitudo.  Ce  terme  eft  là  relatif 
à  la  clarté ,  à  la  pureté  &  à  la  tranfparence  des  Huides. 
La  limpidité ài^  l'eau  cit  une  marque  de  fa  bonté.    La 
Icrophulaire   fermentée  avoir  donné  dès  la  féconde 
portion  une  eau  jaunâtre ,  &  la  fcrophulaire  non  fer- 
mentée ,  avoir  conicrvé  julqu'à  la  cinquième  portion, 
une  aftez  grande  limpidité.  Ac.  des  Se.  ijoi.   Ilijl. 
p.  39- 
LIMPHATIQUE.    Voyc'i^  Lymphatique. 
LIMPURG ,  ou  LIMPOURG.  Petite  ville  d'Allemagne, 
autrefois  Impériale,  iruintcnant  lujctteaux  Archevê- 
ques de  Trêves.  Limpurgum.  Elle  eft  fur  la  rivière  de 
Lohn ,  à  une  lieue  &  demie  au  dellous  de  la  ville  de 
Dierz.  Maty.  long.  25.  d.  48'.  lat.  58.  d.  iS'.       • 

La  Baronnie  de  Limpurg.  Limpurgen/ls  Baronatus. 
C'eft  un  petit  Etat  du  Cercle  de  Franconie ,  en  Alle- 
magne. Cette  Baronnie  eft  prefque  entièrement  en- 
clavée dans  la  Suabe ,  &  lltuée  au  midi  de  la  ville  de 
Hall  en  Suabe.  Elle  peut  avoir  fix  lieues  de  long,  fur 
deux  ou  trois  de  largeur.  Gaildorf  &:  Chonbcrg,  au- 
près duquel  eft  le  château  de  Limpur,  en  foiit  les 
lieux  principaux.  Maty. 
LIMURE.  f  f.  Aaion  de  limer.  Lim^  dnclus.  '33=  La 

limure  de  certains  ouvrages  eft  fort  loii;;ue. 
U3°On  le  dit  aufti  de  l'effet  qui  en  réfi'Jce.  On  dit 
qu'une  limure  cft  parfa'tc.  La  limure  de  ces  pi.ftolcts 
eft  très  fine. 
LIMYRA.  Nom  d'une  petite  ville,  autrefois  Epifco- 
pale.  Limyra^  Lymira.  Elle  eft  dans  laMenréféli, 
en  Natolie,  entre  la  ville  de  Klentéfcli,  &  celle  de 
Fiiiica.  Maty. 
LIMYRE.  f  f  Fontain;  de  Lycie  qui  rendoit  des  Ora- 
cles, félon  Pline  ,  d'une  façon  Imgulière.  C'étoit  par 
le  moyen  des  poillons.  Les  Conlultans  leur  prélen- 
toicnt  à  manger  :  il  les  poiflons  (e  jcttoient  fur  ce 
qu'on  leur  apportoit  ,  c'étoit  une  augure  favo- 
rable pour  l'événement  fur  lequel  on  venoit  les  inter- 
roger; s'ils  le  refuloient  j  en  le  rejcttant  avec  leurs 
queues ,  c'étoit  la  marque  d'un  mauvais  fuccès. 


L  I  N. 

LIN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Linus,  Saint  Lin  fut  Souve- 
rain Pontife  après  Saint  Pierre.  Les  deux  Livres  qu'on 
attribue  à  Saint  Lin]  &  qui  contiennent  les  Actes  du 
Martyre  de  Saint  Pierre  &z  de  Saint  Paul.,  font  des 
Livres  fuppofés.  F.  Bellarmin ,  de  Scriptor.  Ecclef. 
&c  PolTevin,  Appar.  Sac.  &c  Baronius,  à  l'an  69  de 
J.  C.  Quand  on  parle  de  ceux  à  qui  la  Fable  a  donné 
ce  nom ,  ou  des  anciens  Payens  qui  l'ont  porté ,  on 
dit  Linus  &  non  pas  Lin.   Voyez  Linus. 

Lin.  C.  m.  Plants  doiit  la  tige  eft  ordinairement  fim- 
ple,  haute  d'environ  deux  pies,  &  même  davantage , 
cylindrique  plus  ou  moins  forte  ,  creufe  intérieure- 
ment ,  éc  fe  divife  alfez  fouvent  pa,:  le  haut  en  plu- 
fleurs  branches.  Liniim.  Son  écorce  eft  pleine  de  fi- 
lets, qui  icrventà  fiiie  de  la  toile  déliée.  Ses  teuilles 
fontoblongues,  étroites,  pointues,  placées  alternati- 
vement le  long  de  leur  tige.  Ses  Heurs  (ont  belles , 
bleues  J  compofées  chacune  de  cinq  teailles  dilpofces 
en  orillet  ,  &  foutenues  dans  un  calice  à  pluheurs 
feuilles.  Cette  fleur  étant  paftee  ,  il  paroît  un  fruit 
gros  comme  un  petit  pois ,  prefque  rond  ,  renfer- 
mant en 'dix  capfules  membraneufes,  dix  femences 
oblongues ,  polies,  douces  au  toucher,  de  couleur 
rougeâtre  luifante  ,  remplie  d'une  moelle  ou  fubl- 
tance  huileufe.  Ea  Latin  Linum  fativum.  Il  n'y  a 
que  la  femence  qui  foit  en  uL'.ge  en  Médecine  :  on 
la  fait  infufer  entière ,  &  bouillir  dans  de  l'eau  pour 
les  mucilages  ;  on  la  réduit  en  lacinc  pour  les  cata- 
plafmes-,  on  en  tire  aufti  une  huile  dont  on  fait  un 
grand  trafic.  On  appelle  fil  de  lin,  toile  de  Un,  le  fil 

Zzz  ij 


L  I  N  ^ 

&  la  toile  qu'on  fait  des  filets  tiiés  de  l'écoixe,  rouis 
(echés  &  brbyés  comme  le  chanvre.  Il  y  a  plulieuis 
autres  efpèccs  de  lin.  ^3'\\  y  a  une  efpcce  de  lin  qui 
vient  fans  culture  dans  des  prés  hauts  &•  même 
fur  des  coteaux  alFez  fecs.  Linum  pratenfe  ,  flojculis 
exifuis.  Il  poulie  pluiieurs  tiges  menues  &  ramcules , 
longues  de  iept  à  huit  pouces  j  lur  lelquelles  lont  op- 
pofées ,  par  paires ,  de  petites  feuilles  ovales.  Les  tiges 
&  les  branches  font  terminées  par  de  petites  fleurs 
très  blanches,  vers  la  fin  de  Juin. 

^ÏIFLiN  SAUVAGE.  Gramen  pracenfe  ,  wmentofum y  pa- 
niculâjfpaîfâ.  Plante  graminée,  qui  croît  communé- 
ment dans  de  mauvais  prés  humides,  porte  une  tige 
haute  d'environ  un  pied  ik  demi ,  terminée  par  un  ou 
pluficurs  péduncules ,  dont  les  fleurs  produilent  des 
femences  garnies  diuie  longue  aigrette  foyeufe ,  très- 
blanche  &  argentine. 

On  appelle  gris  de  lin,  une  couleur  qui  relTemble  à 
la  lîeur  de  lin.  Le  gris  de  Un  eft  une  couleiu'  fort 
d£)uce,  du  ruban  gris  de  Un.    Ac.  Fr. 

Lin  vif,  ou  incombuftible.  C'étoit  une  forte  de  Un 
dont  on  faifoit  de  la  toile,  qui,  non  feulement,  ré- 
fiftoit  au  feu,  mais  qui  fe  nettoyoit  plus  dans  la  Ham- 

'  me ,  que  fi  on  l'eût  mis  à  la  leffive.  On  enfevelilfoit  le 
corps  des  Rois  dans  de  la  toile  faite  de  ce  Un.  On  dit 
que  Néron  avoir  une  lerviette  de  Un  vif.  Cette  forte 
de  lin  efl:  perdue,  &  on  n'en  fauroit  recouvrer,  à  ce 
que  dit  Pancirol  ,  Antiq.uités  perdues.  C'eft  le 
lapis  asbcjlos  dont  on  faifoit  cette  clpèce  de  toile ,  & 
on  a  encore  de  cette  efpcce  de  pierre  asbefte ,  ou  in- 
combuftible.  On  en  tire  une  elpèce  de' foie  blanche 
très  fine,  &  qu'on  peut  aifément  filer;  avec  ce  fil  on 
fait  une  toile  d'une  grande  rinelfe  ;  il  n'y  a  point  de 
foie  blanche  qui  en  approche.  ^o>ej  dans  le  Dia- 
rium  Italicum  du  R.  P.  de  Montfaucon ,  une  Lettre 
de  M.Philippe  dcUaTorre,  Evêque  d'Adria,  fur  la 
découverte  faite  à  Rome  d'une  grande  urne  de  mar- 
bre ,  dans  laquelle  on  a  trouvé  une  pièce  de  cette  toile 
incombuftible ,  qui  renfermoit  des  os  brûlés,  Voye':^ 
Amiante  Se  Asbeste. 

Lin.  f.  m.  Nom  d'une  forte  de  bâtiment  de  mer,  en 
ufage  autrefois.  FroilTitrt  en  parle.  On  dit  que  le  Un 
alloit  lur  mer  de  tous  vents.  Limer. 

Dix-neuf  gale'es ,  /ans  doute  , 
^vec  deux  lins  tous  d'une  route, 
Etaient  venus  pleins  d'Efpagnoux. 

G.  DE  S.  André  ,  Hijl.  de  Jean  IV,  Duc  de  Bret. 

Ce  mot  vient  du  Latin  linter.  Lobineau  ,  Glojf. 
Lin.   Vieux  mot.  Lignée ,  race. 

0C7"  Lin.  Deux  villes  de  la  Chine  portent  ce  nom;  l'une 
dans  la  province  de  Xanlî  au  département  de  Fucn- 
cheu;  r.autre  dans  la  province  de  Honan,  au  dé- 
partement de  Changte. 

LINAGE.  1.  m.  Ancien  mot.  Droit  fur  le  lin.  Vecligal 
quod  linum  folvit ,  Linagia.  'Voyez  l'HiJl.  de  Bret. 
T.  II.  p.  2pj. 

LiNAGE.  ç  Vieux  mots  qui  fe  difoient  autrefois  pour 

LINAGER.    <  LIGNAGE  &:  LIGNAGER.  Foyei  ces 

LINAGIER.    ^mots. 

LINAIRE.  L  f.  Plante  qui  poulïe  plufieurs  tiges  à  la 
'  hauteur  d'environ  un  pied  &  demi,  rondes  ,  me- 
nues ,  revêtues  de  beaucoup  de  feuilles  oblongues, 
étroites  ,  femblables  à  celles  du  lin  ,  ou  de  l'élula. 
linaria.  Ses  fleurs  (ont  jaunes  j  fermées  en  devant  par 
un  mufle  à  deux  mâchoires,  découpées  en  quelques 
parties.  Lorfque  la  lieùr  eft  palTée  ,  il  paroît  une 
coupe  prelque  ronde ,  ou  ovale  ,  partagée  en  deux 
loges,  qui  lont  remplies  de  quelques  femences  pla- 
tes de  couleur  noire.  En  Latin  Linaria  vulgaris  lu- 
te  a  ,  flore  majore.  C.  Bauh.  Pin.  215.  La  linaire  ell 
diurétique  ,  propre  pour  l'hydropifie,  pour  la  jau- 
niiFc  ,  pour  la  pierre  ,  pour  la  ditiiculté  d'uriner , 
étant  prifc  en  décodion.  Il  y  a  pluiieurs  autres  efpè- 
ces  de  linaire.  On  fait  des  Heurs  de  la  jaune,  une 
huile  utile  aux  hémorro'rdes. 


LI  N 

LINAIS.  Bourg  de  France ,  dans  le  Limofin ,  au  Dio- 
cèfe  &:  Eleétion  de  Limoges. 

LIN  ANGE.  Ville  d'AUemagne,  capitale  du  Comté  de 
Linanga,  en  Latin  Linango ,  Leininga.  Le  Comte 
de  Linange  ,  Linanganus ,  ou  Leininganus  Comitatus  , 
eft  un  petit  pays  d'Allemagne ,  enclavé  dans  le  Pala- 
tinat  du  Rhin,  à  quelques  lieues  de  la  ville  de  Fran- 
kendal,  vers  le  couchant  :  les  principaux  lieux  font 
Linange,  ou  Ncw-Leiningen  ,  Turcheim,  Grunftat 
&  Lampsheim.  Maty. 

^3°  LIN  ARES.  Petite  ville  de  Portugal ,  dans  la  pro- 
vince de  Beira,  à  quatre  lieues  de  Guardia. 

LINCAO.  Ville  de  la  Province  de  Quangtung,au  dé- 
partement de  Kiuncheu. 

§CFLINCAY.  Petite  ville  de  France  ,  au  Diocèfe 
d'Auxerre ,  à  huit  lieues  de  la  ville  de  ce  nom. 

LINCÉE ,  ou  LYNCÉE.  f  m.  Il  y  a  eu  à  Rome  une 
Académie  qu'on  nommoit  les  Lincées ,  Gli  Lincei. 
L'Académie  des  Lincées  à  Rome.  Mascur.  Un  des 
Lincées ,  nommé  Stelltiti ,  a  fait  un  Livre  par  le  com- 
mandement du  Duc  Frédéric  Céiis  ,  Chef  de  l'Aca- 
démie des  Lincées ,  à  Rome ,  dans  lequel  il  prouve 
qu'il  y  a  des  mines  ou  carrières  de  bois  follile.  Voye^ 
Mafcurat ,  p.  66 j  &fuiv.  où  cette  opinion  eft  réfu- 
tée. 

LINCEUL,  f  m.  Drap  fait  de  lin.  Linteum ,  findon. 
On  le  difoit  autrefois  déroutes  fortes  de  tillus  de  toile. 
On  le  dit  encore  dans  quelques  provinces  ,  des  pièces 
de  toile  qu'on  met  dans  le  lit.  Mais  on  fe  fert  plus 
ordinairement  du  mot  de  drap.  Il  y  a  néanmoins  de 
certaines  matières  graves  &  pieufes  ,  où  le  mot  de 
linceul  vaut  beaucoup  mieux  que  celui  de  drap.  Jo- 
feph  d'Arimathie  ayant  acheté  un  linceul ,  defcendit 
JÉSUS  de  la  Croix,  &  l'enveloppa  dans  le  linceul. 
Port.  R. 

Ce  mot  vient  de  linteolum. 

LINCHANCHI.  Ville  d'Amérique ,  dans  la  nouvelle 
Efpagte,  au  pays  d'Iucatan,  à  quatre  lieues  de  Selam. 

f3"LINCHANG.  Nom  de 'deux  villes  de  la  Chine,    g 
l'une  dans  la  province  de  Honan ,  au  département  de 
Changte-,  l'autre  dans  la  province  de  Xenfi,  au  dé- 
partement de  Siyan. 

UCFLINCFiT.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Xantung  ,  au  département  de  Cinchcu. 

LINCHIANG.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Linchia- 
num.  Elle  eft  fur  la  rivière  de  Lan,  dans  le  Kiangfi , 
où  elle  tient  le  huitième  lieu.  Elle  a  trois  autres  villes 
dans  (on  territoire ,  &  fous  fa  Jurifdidion.  Maty. 

LINCHING.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Péking ,  déparrement  de  Chinting. 

Ct3-LINCHUEN.  Nom  de  deux  villes  de.  la  Chine, 
l'une  da'ns  le  Quangfi ,  au  département  de  Queilin  ; 
l'autre  dans  le  Xanlî,  au  département  de  Ce. 

fp"LINCIN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans  le 
Xanfi,  département  de  Pingyang. 

LINCK.  f  m.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  en  Angle- 
terre à  de  certains  gueux  qui  éclairent  les  paffans  la 
nuit ,  &  les  conduifent  où  ils  veulent  aller  avec  des 
torches  de  poix.  Mon  Linck  ^  dont  vous  parlez,  eft 
affeélionné  à  mon  fervice.  Mémoires  du  Comte  de 
Grammont.  Votre  Majefté  ne  connoît  pas  la  nation 
des  Lincks.  Idem. 

LINCKE.  Le  fort  de  Lincke ,  ou  de  Lincks,  en  Latin 
Linchia.  C'eft  urke  petite  forterelle  de  Flandre.  Elle 
eft  fur  une  colline,  à  une  lieue  &  demie  de  Bour- 
bourg ,  vers  l'orient.  Maty. 

LINÇOIR.  f  m.  Terme  de  Charpenterie.  Pièce  de 
bois  qui  (outient  les  chevrons  au  droit  d'une  lucarne, 
d'une  cheminée  ,  ou  autres  ouvertures  qui  (e  font  fur 
les  toits.    Fulcimen. 

LINCOLN:,  ou  LïNCOLNE.  Ville  d'Angleterre,  ca- 
pitale du  Comté  de  Lincolne ,  év  htuée  (ur  la  rivière 
de  Withau ,  à  feize  lieues  d'Yorck ,  du  côté  du  midi. 
Lincolnia  ,  Undecollinium  ,  Lindum.  Lincolne  eft 
alfez  grande;  elle  a  un  Evêché,  fuftragant  de  Cantor- 
beri ,  &  elle  étoit  anciennement  la  rélidence  du  Roi 
de  Mercie.  Maty.  long.  19  d.  40'.  49".  lat.  53  d.  i  /  . 

LINCOLNE  -  SHIRE  ,  ou  LINCOLN- SHIRE.  Le 
Comté  de  Lincoln.  Lincolnia,  Lincolrùenjls  comita- 


LIN 

tus.  Province  d'Anglcreire.  Elle  cfl  bornée  au  nord 
par  le  Comté  d'Yorck  ,  au  couchant,  par  ceux  de 
Nottingham  &  de  Lciceftcr,  &  au  midi,  par  ceux  de 
Rutland,  de  Norihampton  oj  de  Cambridge;  elle  eH 
baignée  au  levant  par  la  mer  d'Allemagne.  Ce  Comté 
peut  avoir  vingt  deux  litiics  de  long ,  &  environ  dix 
de  large;  Lincolne  en  ell  la  ville  capitale  ;  Crouwlandj 
Bofton ,  Grimsby,  Stamtbrt  &  Grantham ,  en  Ibnt 
les  autres  lieux  principaux ,  Se  ils  ont  féancc  &  voix 
dans  le  Parlement  d'Angleterre.   Maty. 

Le  Comté  de  Lincoln  elt  le  pays  des  anciens  Cori- 
tains  ,*  Coritani ,  félon  Carabden.  Lincolne  elt  à  l'en- 
droit où  le  canal  appelé  Folfedique  Te  joint  au  Wi 
tlian.  Ptolomée  &  Antonin  appellent  Lincolne,  en 
Latin  Lindum.  Les  anciens  peuples  de  l'Ile  la  nom- 
moient  Lindcoic,  à  caule  des  forets  qui  environnoient 
cette  ville.  Quelques-uns  onx  ait  Luitcoic ,  mais  mal. 
Bédé  l'appelle  Lindecollinum  j  &  Lindecollina  civi- 
tas,  peut  être  à-cauk  de  la  iituation  fur  une  colline, 

■  ou  parce  que  c'étoit  une  Colonie.  Les  Saxons  la  nom- 
mèrent Lino  cyllancearcep  ,   les  Normands  Nichol. 

.  Depuis  long-tems  fon  nom  cft  Lincolne ,  &  en  Latin 
'  lÀncolnia.  Quelques  uns  croient ,  mais  fans  preuve , 
qu'elle  a  tiré  ce  nom  du  Witlian,  fur  lequel  elle  eft 
placée  ,  &:  qui  ancieiniement  s'appcloit  Lindim. 
Cambdcn  croit  plutôt  que  ce  nom  vient  de  l'ancien 
mot  Britannique  Ihin,  qui  fignifioit  un  /aCj  parce  que 
le  Withan  s'élargilîoit  beaucoup  autrefois  en  cet  en- 
droit. Linddw  en  Allemagne ,  Linternum  en  Italie , 
Tall-hin,  Glanhinj  Linlit-quo,  en  Angleterre,  l'ont 
toutes  villes  htuées  lur  des  lacs. 

LINCOPING.  Nom  d'une  petite  ville  de  Suéde,  Lin- 
copia.  Elle  eft  dans  l'Ollrogothie ,  entre  le  lac  de  Vé- 
ter  &  la  mer  Baltique ,  environ  à  dix  lieues  de  l'un  6c 
de  l'autre.  Lincoping  a  un  Evcché,  fui&agant  d'Up- 
fal. 

LINDAW.  Nom  d'une  ville  d'Allemagne.  Lindavia, 
Lindavium  ,  Lindaugia.  Elle  eft  du  Cercle  de  Suabé  , 
&  fituce  lur  une  petite  île  du  lac  de  Confiance,  qui 
ell  jointe  à  la  terre  ferme  par  un  pont  de  1 90  pas. 
Lindaw  elt  une  ville  Proteftante  ,  riche  ,  ImpériaJe 
&c  forte.  Les  Suédois  l'alîîégerent  inutilement  l'an 
1647.  Dans  la  même  ile  où  eft  la  ville  de  Lindaw  ,  il 
y  a  une  Abbaye  dont  l'Abbelfe  prend  le  titre  de  Prin- 
celfe  de  l'Empire ,  quoiqu'elle  ne  jouilfe  pas  des  droits 
de  cette  dignité.  Toutes  les  filles  font  nobles  &  ne 
font  point  Rcligieufes  ;  elles  ne  font  aucun  vœu ,  elles 
fe  marient  quand  il  leur  plaît,  &  leurs  parens  héritent 
de  leurs  biens  après  leur  mort.  Long.  iC  d,  21'.  30". 
^lat.  ji.  d.  30'. 

L'Abbelfe  de  Lindaw  prétend  que  fon  Abbaye  fut 
fondée  au  neuvième  Tiècle  par  Adalbert ,  Comte  du 
facré  Palais,  fous  Louis  le  Débonnaire;  &c  l'on  cite 
liir  cela  un  diplôme  de  ce  Prince  de  l'an  866  ,  par  le- 
quel il   confirme  cette  fondation.    Mais  la  ville  de 

■  Lindaw  foutient  que  ce  diplôme  eft  faux,  &  fuppofe 
que  cette  Abbaye  fut  fondée  à  une  lieue  de  la  ville, 
en  un  bourg  nommé  Nonnenhorn ,  &  Nonnenbach; 
que  ce  ne  fut  qu'au  dixième  fiècle  que  les  incurfions 
des  Hongrois  obligèrent  ces  Reli^ieufes  à  fe  retirer 
dans  l'île  où  elles  font ,  ce  où  on  les  reçut  avec  bonté  ; 
que  ce  ne  tut  que  plus  de  deux  cens  ans  après,  qu'elles 
prirent  à  bail  emphythéotique  une  partie  de  la  ville, 
mais  qu'elles  n'ont  jamais  eu  de  droit,  ni  de  juiifdic- 
don  fur  la  ville ,  ni  fur  la  meilleure  partie  de  l'île. 
Plufieurs  auteurs  ont  attaqué  ce  diplôme  :  Henri 
Wagnerec,  Jéfuite,  l'a  défendu. 

Sur  l'origine  de  cette  ville ,  &c  fur  fon  Abbaye , 
Voyei  le  P.  Hélyot  ,  T.  FL.  C.  S3- 

-INDCOPING.  Foye-{  Lincoping. 

^LINDE.  Petite  ville  de  France  ,  au  Haut  Périgord , 
fur  la  Dordogne. 

;,IND0.  Petite  ville  ou  bourg  de  l'île  de  Rhodes.  Lindus, 
Lindum.  C'étok  autrefois  l'un  des  principaux  lieux  de 
l'Ile.  Maty. 

LIND.OT.  f  m.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'une  Tuli- 
pe ,  qui  eft  rouge ,  brune ,  &  blanche.  Morin. 

JNDOW,  Nom  d'une  petite  ville  ou  bourg  du  Mar- 
quifat  de  Brandebourg,  en  Haute  Saxe.  Z,iWovia.  Ce 


L  I  N 


S49 


lieu  eft  fur  le  bord  d'un  petit  lac ,  dans  le  Comté  de 
Huppin,  à  trois  lieues  de  la  ville  de  te  nom,  vers 
l'Orient.  Maty. 
LINDRE.  L'étang  de  Lindre.  Lindricum  Jlagnum.  Cet 
étang  eft  dans  la  Lorraine  ,  à  deux  lieues  de  Marfal , 
vers  le  levant.  Il  a  quatre  lieues  de  circuit ,  &  la  riviè- 
re de  Scillc  en  fort.  Maty. 
LINDRU.  f.  f.  Nom  de  femme.   Lutridus ,  Lùntmdis. 
Lutriide ,  ou  Lintrude  ,  que  le  Vulgaire  appelle  fainte 
lÀndru  ,  étoit  fille  de  Sigmar  &  de  Lutrude ,  dans  le 
pays  de  Pertois  en  Champagne  ,  vers  le   milieu  du 
V*^.  fiècle.  Baillet,  au   11'^.  de  Septembre. 
LINDSEY.  Contrée  d'Angleterre  en  Lincoln-Schire, 

dont  elle  fait  une  des  trois  parties. 
LINE.  Vieux  mot  qui  s'eft  dit  pour  ligne.  Voye\  ce 

mot. 
LINEAIRE,  adj.  Terme  Didactique  ,  principalement 
d'ufage  en  Mathématique ,  où  il  fignifie  qui  a  rap- 
port aux  lignes  ,  qui  appartient  à  la  ligne ,  qui  n'a 
qu'une  leule  dimenlion,  comme  la  ligne;  qui  n'a  que 
la  longueur  ,  fans  largeur  ni  profondeur.  Linearis ,  e. 
Une  grandeur  linéaire  ou  d'une  feule  dimenfion.  Rey- 
NEAu.  Une  grandeur /iw/izire  eft  une  grandeur  de  la 
première  puilfance.  Il  y  a  auffi  des  fractions  linéaires. 
Par  exemple  v  eft  une  fradlion  linéaire.  Id.  En  Al- 
gèbre la  même  grandeur  peut  eut  linéaire  ,  &ne  l'être 
pas  ,  félon  qu'on  la  confidère.  Vingt-quatre  eft  une 
grandeur  linéaire ,  fi  on  la  regarde  comme  une  fom- 
mede  24  unités,  mais  fi  on  la   regarde  comme  un 
produit  de  5  par  8  ,  c'eft  une  grandeur  de  2  dimen- 
lions,  &  elle  fera  de  3  dimenfious  fi  on  la  regarde 
comme  le  produit  de  ces  3    nombres ,  3  ,  4.  2.  Eu 
fixit  de  nombres  on  va  à  l'infini  au-delà  des  3  dimen- 
fions ,  mais  les  lignes  ne  peuvent  pas  les  palier  réel- 
lement. Mouvement /;;2elz;rd.  Par. 
CCTLINEAL,  ALE.  adj.  Terme  de  Jurifprudence,  re- 
latif à  ce  qui  eft  dans  l'ordre  d'une  ligne.  Une  fubftitu- 
tion  eft  dite  graduelle  Se  linéale  ,  lorfqu'elle  fuit  Tor- 
dre des  lignes  de  degré  en  degré. 
LINEAMENT,  f.  m.  Trait  ou  ligne  délicate  qu'on  ob- 
ferve  fur  le  vifage ,  qui  en  compofe  la  délicatelfe ,  qui 
en  fiitconferver  l'image  ,  qui  en  caufe  le  rapport  ou 
rellemblance  avec  quelqu'autre.  Lineamcntum  ,  linea 
duclus.    Les    Phyfionomiftes    prétendent  juger  des 
mœurs  d'une  perfonne  par  les  linéaments  àt  fon  vifa- 
ge. Les  jumeaux  ont  tous  les  mêmes  linéamens.  Le 
mot  de  linéament  n'eft  pas  fi  ufité  que  celui  de  trait, 
fur-tout  en  Peinture  &  en  Sculpture ,  où  l'on  ne  fe 
fert  prefque  jamais  de  linéament.  On  dit ,  Former  les 
premiers  traits  d'un  vifage,  ou  d'une  figure,  &  non 
pas  les  premiers  linéamens. 
LINÉE.  Vieux  mot  qui  s'eft  dit  pour  lignée.  Voye^  ce 

mot. 
LiNÉE.  f.  f.  Sorte  de  fatinsde  la  Chine,  ainfi  appelles  de 

la  manière  dont  ils  font  plies. 
LINETTE.  f.  f  C'eft  la  graine  ou  femence  de  la  plante 

qui  produit  le  lin  cultivé.        * 
LING.  Terminaifon  de  plufieurs  mots  qui  nous  vien- 
nent de  la  langue  Teutonique,  comme  Otling  ou 
Otlingue  ,   nom  que  les  Capitulaires  de  Charles  le 
Chauve  donnent  à  un  canton  du  Beffin,  en  Nor- 
mandie; Ofterling  ,  &:c.  Ling  eft  une  terminaifon 
fort  commune  dans  la  langue  Teutonique,  qui  mar- 
que l'origine ,  ou  la  qualité ,  ou  le  diminutif.  Huet. 
Orig.   de  Caen  ,  ch.  21 . 
0C?  LING.  Nom  de  deux  villes  de  la  Chine ,  l'une 
dans  le  Huquang  ,  au  département  de  Hengcheu  ; 
l'autre  dans  la  Province  de  Xantung ,  département  de 
Cinan. 
LINGAN.  Nom  d'une  ville  de   la  Chine.  Linganum. 
Elle  eft  dans  le   Junnan  ,  aux  confins  du  Tunquin  , 
la  troifième  en  ordre  dans  la  Province ,  &:  elle  a  une 
grande  Jurifditlion  ,  qui  renferme  neuf  autres  villes. 
Amhûff.  des  Holl.  à  la  Chine  ,P.L,p.  2S1. 
IP^-LINGAN,    LINGAM,    ou   LINGUM.    Hiftoire 
des  fuperftitions.    Image  infair.e  où  eft   repréfentée 
l'union  des  principes  de  la  génération.  C'eft  à  cette 
idole  monftrucule  que  fe  rapporte  le  culte  le  plus 
religieux  des  Indiens  ;  &  les  Bramines  fe  font  réiervc 


5yo  LIN 

à  eux  feuls  le  privilège  de  pouvoir  lui  préfentcr  des 
«ftrandes  ;  ce  qu'ils  ne  font  qu'avec  un  profond  rci- 
ped  &  un  grand  nombre  de  cérémonies.  Une  lampe 
allumée  brûle  continuellement  devant  cette  idole  , 
environnée  de  pluiieurs  autres  lampes  à  lept  bran- 
ches j  entièrement.femblablcs  au  chandelier  des  JuiFs 
dont  nous  avons  la  figure  dans  l'arc  triomphal  de 
Titus.  Ces  lampes  ne  s'allument  que  lorlque  les 
Bramincs  font  leurs  offrandes  à  cette  idole,  f^oyei 
Uûd  du  Chrill.  des  Indes  par  M.  V.  La  Cacze  ^ 
p.^âj.  à  la  Haye  ,  172^.  'in-12. 
LINGARELLE.  f.  f.  C'eft  ime  efpèce  de  Scapulaired'un 
pied  en  carré  ,  qui  cft  de  petit  gris,  doublé  de  latin 
rouge  pour  les  Chanoines  de  la  Cathédrale  du  Puy  ^ 
&  de  bleu  ou  de  violet  pour  les  autres  Clers.  C'eft 
une  efpèce  de  cuiralfe  de  la  même  fourrure  que  l'Au- 
mulfe Les  Chanoines  &:  tous  les  Clercs  por- 
tent cette  lingarelle  ,  depuis  les  Compiles  du  Samedi 
Saint  inclulîvement ,  jufques  au  Vendredi  fuivant.  .  . . 
Les  Chanoines  la  portent  avec  l'AumuHe  doublée  de 
rouge ,  &  perfonne  ne  peut  entrer  au  Chœur  fans  la 

imgarelle  ,  quand   on  ell:  obligé  de  la  porter 

Cette  lïngardle  a  quelque  rapport  au  Chaperon  que 
portent  les  Novices  Capucins ,  conformément  à 
la  Règle  de  S.  François Merc.  de  Décem- 
bre ij  36. 
-LINGE,  f.  m.  Toile  mifc  en  •ïMvrc  ,  propre  pour  fer- 
vir  au  mén.'gî,  ou  àlaper^'nne.  Linteum.  hn  linge 
de  table  elf  d'ordinaire  oavré ,  ou  damallé.  Les 
■draps  (ont  de  linge  plein  &  uni.  Les  chcmifes  font 
de /i/z^e  fin  ^délié.  Le  linge  ell  beaucoup  raeilleiu" 
fur  les  plaies  que  le  coton.  f^oye\  Coton. 

Ce  mot  vient  de  Un ,  dont  elt  lait  le  plus  beau 
linge. 

Gros  linge ,  menu  linge  ,  ou  linge  fin.  Linge  de 
•jour  ,  linge  de  nuit.  On  appelle  un  linge  à  faire  la  bar- 
be ,  une  efpèce  de  terviette ,  qu'on  met  au  cou  de 
quelqu'un  qu.ind  on  le  rafe. 

On  appeltç  ,  linge  d'Autel  ,  tout  le  linge  qui  fert 
i  l'Autel. 

Accoupl.;;-  le  linge  ^  c>it  le  coudre,  par  paquets 
pour  le  mt  erre  à  la  lelîlvé ,  de  peur  qu'il  ne  fe  perde. 
Lintea  affiierc. 

On  dit  proverbialement  ù'une  perfonne  mal  pro- 
pr-e ,  qu'elle  eft  faite  comme  un  paquet  de  linge  fale  , 
que  c'clf  un  paquet  de  linge  lale.  On  dit  proverbiale- 
ment qu'un  homme  n'a  non  plus  de  force  qu'un  linge 
mouillé  ,  potir  dire  ,  qu'il  eft  foible ,  qu'il  ne  peut 
fe  foutenir.  Ac.  Fr. 
Linge,  adj.  Vieux  mot.  Foible. 

LINGEN.  Ville  du  Cercle  de  Weftphaiie  ,  en  Alle- 
magne. Linga.  Elle  eft  lur  la  rivière  d'Embs  ,  à  dix 
lieues  de  Covorden ,  du  côté  du  levant ,  &:  environ  à 
feize  de  Munfter  ,  vers  le  nord.  Lingen  eft  fortifiée  , 
a  un  bon  Château ,  &  eft  capitale  du  Comté  de  Lin- 
gen. Mat  Y.  Long.  15  d.  lat  51'  32.  d. 

LINGER  ,  ERE.  f.  m.^  f.  Marchand  qui  vend  de  la 
toile,  ou  du  linge  ■■,  ou  l'Om  lier  qui  le  frit.  Opifex  , 
rel  Mercator  lintearius.  Il  y  a  de  gros  Marchands 
Lingers.  Il  y  a  aulîî  des  Maîtrifes  particulières  pour 
des  Lint;ers  ,  établies  du  temps  de  S.  Louis.  Il  y  a  dans 
la  Maifon  du  Roi  deux  Lingers  Se  Lingères. 

IJCr  A  Paris  les  Maîtrelles  Lingères  font  des  femmes  qui 
font  &  vendent  du  linge  ,  de  la  toile  &z  de  la  den- 
telle. 

LiNGERE ,  dans  les  Couvents  de  Filles ,  C'eft  la  Reli- 
gieufe  qui  a  foin  du  linge  du  Couvent ,  &  qui  don- 
ne aux  Sœurs  tout  le  linge  dont  elles  ont  befoin 
pour  toute  la  femaine.  Lintearia.  C'eft  la  Mère  telle 
qui  eft  Lingère. 

LINGERIE,  f  f.  Marchandife  de  linge  &  de  toiles. 
Merc  es  lintearia.  Ne  oriatio  lintearia.  Ce  Marchand 
fait  grand  trafic  de  lingerie.  Cettte  fille  entend  bien 
la  lingerie  ,  travaille  bien  en  linge. 

Lingerie  fe  dit  auOî  du  lieu  où  font  les  boutiques  des 
Lingers,  des  Lingères.  Officinia  lintearia,  &  linginaria, 
dans  les  Adfes  de  S.  François  de  Paule.  Allez  à  la 
lingerie  ,\oXis  y  trouverez  tout  ce  qu'il  vous  fiiut. 


L  I  N 

Rue  de  la  Lingerie ,  eft  le  lieu  où  il  fe  vend  le  plus  de 
toiles ,  de  linge. 

Ce  mot  eit  aufli  ufité  dans  quelques  Communau- 
tés &  Maifons  Rcligieufes  ,  pour  ligiiifier  le  lieu  où 
l'on  (erre  le  linge  de  la  Communauté.  L'mtearium.  Il 
faut  porter  ce  linge  à  la  lingerie. 

LINGETTE.  1.  f.  Nom  que  les  Anglois  donnent  à  une 
forte  d'étoffe  toute  de  laine  non  croilée,  que  l'on 
appelle  communément  en  France  Flanelle. 

LINGETTES.  Ce  font  de  petites  ferges  qui  fe  fabri» 
quent  dans  l'Eleélion  de  Vire  en  Balle^Normandie. 
Elles  le   tranlportent    prelque   toutes  en   liretagne. 

LINGKIANG.  Ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Kiangfi ,  dont  elle  eft  la  huitième  métropole. 

§C?  LINGKIEU.  Ville  de  la  Chine ,  dans  le  Xanfi ,  dé- 
partement de  Taitung. 

0:?LINGHUNG.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans 
le  Junnan  ,  au  département  de  Munghoa. 

LINGO  ,  ou  LINGON.  Nom  d  une  petite  rivière  de 
France.  Lngo  ,  Ingon.  Elle  eft  dans  la  Picardie  ,  pallè 
à  Nêle  ,  ou  Néeîle  ,  &  le  jette  dans  la.Somme.  Val. 
Not.  Gall.p.  sj y. 

LINGOT,  f.  m.  Barre ,  ou  morceau  d'or,  ou  d'argent, 
tel  qu'il  vient  des  mines. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  lingua  ;  d'autres  de 
lingula. 

Lingot,  le  dit  auffi  d'un  morceau  de  métal  refondu, 
provenant  de  quelque  monnoie  ,  médailles  ,  ou  piè- 
ces d'ortévrerie,  &  quin'eftni  monnoyé,  ni  ouvragé. 
Fuji  métal U  cylindrus  ,  talea. 

Lingot  ,  le  dit  auili  de  ces  gros  morceaux  de  fer ,  d'étain, 
&c  qui  pefcnr  piufieurs  quintaux,  qu'on  tranlporte 
d'un  lieu  à  un  autre ,  pour  les  mettre  en  ouvrage. 
Majja  metalUca. 

En  termes  de  chalTcj  on  appelle  lingot ,  un  mor- 
ceau de  fer  gros  comme  le  petit  doigt ,  ou  un  peu 
moins,  &  long  d'environ  un  demi-pouce  j  dont  on 
•  charge  un  fufil ,  au  lieu  de  balles.  On  ie  fert  de  /i/z- 
^0«  pour  tuer  les  ûngliers  ,  les  loups, 6'c. 

LINGOTIÈRE.  f  f.  Moule  ,  ou  creux  dans  lequel  on 
jette  le  métal  pour  le  réduire  en  lingot,  Cylindraceum 
proplafma  &rarium. 

|C7"  LINGPAO.  Ville  de  la  Chine  3  dans  la  province  de 
Hojian.    Département  de  Flonaa. 

gCTLINGPL  Nom  dune  ville  de  la  Chine ^  dans  le 
Nanking  ,  département  de  Fungyang. 

^J  LINGTAI.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine  ,  dans 
la   province   de   Xanll,  département  de  Fingleang. 

LINGUAL ,  ALE,  adj.  Terme  d'Anatoinie.  Qui  ap- 
partient à  la  langue.  Lingualis ,  e.  Les  nerls  appel- 
lés  communément  la  neuvième  paire  de  la  moelle 
allongée  ,  ou  paire  linguale.  Winslow.  Nerts  hypo- 
glolles  communément  nerfs  guftatiis  linguaux.  Id.  Les 
glandes  linguales  font  celles  du  trou  lingual ,  ou 
trou  ca;cum  de  la  bafe  de  la  langue.  Id. 

fO"  En  Grammaire  on  appelle  articulations  linguales, 
celles  qui  dépendent  principalement  du  mouvement 
de  la  langue  i&  conConnes  linguales  ,  les  kiires  qui 
repréfentent  ces  articulations,  ou  qui  font  produites 
parles dinérens  mouvemens  &  les  diiférenrcs  pofitions 
de  la  langue.  D.  T.  L.  N.  R.  font  des  confonnnes 
linguales. 

LINGUE,  f.  m.  On  donne  ce  nom  à  une  forte  de 
morue  verte  j  un  peu  lonE;ue  ,  qui  n'a  prefque  que 
la  peau  &  l'arrcre. 

IP^LIivJGUET.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Pièce  de  bois 
fixée  fur  le  pont  d'un  vaillcau^  par  un  pivot  fur 
lequel  elle  tourne  ,  &  qui  (ert  à  arrêter  le  Cabeftan 
dans  lequel  on  l'endente  en  arc-boutant.  Retinacu- 
lum. 

LINGUIN.  f  m.  Nom  d'homme.  Liminïus.  Dom  Rui- 
nart  dans  fes  Notes  lur  Grégoire  de  Tours ,  Kft- 
Franc.  L.  L  c.  s  p.  doute  fi  faint  Lingâin  eft  le  faint 
Martyr  que  Grégoire  de  Tours,  Ih.  c.  ^r.  &C  L.de 
Glor.  Conft  c.  3 6  appelle  Liminius  ,  ou  l'Évcque qu'il 
nomme  Lcgonus  :  maisSavaron  i:<c  Bailler  croieiir  que 
S.  Linguin  eft  le  premier.  Entre  les  plus  célèbres  qui 
répandirent  leur  (ang  ,  dans  l'expédition  de  Crocus 
Roi  des  Allemands  contre  les  Gaules ,  Grégoire  de 


L  1  N 

Tours,  a  remafqtié  S.  Limine,que  nous  appcllorit 
S.  Lingiân  ,  &c.  IÎaillet. 

HG'LINGUM.  Foyei  Lingam. 

$3"  LINGXAN.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Quangtungj  au  dcp.utcnient  de  Liencheu. 

§3°  LINGXE.  Ville  du  Xanii ,  département  de  Fucn- 
chcu  ,  à  la  Chine. 

§Cr  LINGXEU.  Ville  de  la  province  de  Pcking,  départe- 
ment de  Chinyng. 

§~TLINGXUI.   Ville  de  la  province  de  Quangtung, 

département  de  Kiuncheu. 

LINIER  ,  1ÈRE.  adj.  Marchand  ou  Marchande  qui  fait 
négoce  de  lin. 

LINIÈRE.  f.  f.  Terre  femée  de  graine  de  lin  Ten\i 
lïno  confita ,  linanum.  fl  fe  dit  aulli  d'une  femme 
qui  achçtte  du  chanvre  habillé ,  pour  le  revendre  aux 
particuliers. 

UNIES,  f.  f.  pi.  Fêtes  en  l'homieur  de  Linus. 

LINIFICE.  f.  m.  L'art  de  préparer ,  de  travailler  le  lin  , 
d'en  faire  des  ouvrages.  Linïficïum.  Ce  mot  n'eft  point 
en  ufige.  Chorier  s'en  eft  fervi  dans  (on  Uljl.  du 
Dauphïné ,L.  I.p.ôy  en  parlant  de  l'Antiquité.  Le 
commerce  de  lin  ayant  été  établi  dans  Vienne  par  les 
Romains  fous  la  direélion  d'un  Magiftrat  ,  qu'ils 
appelèrent,  à  caule  de  fon  emploi,  le  Procureur  du 
Llnifice  des  Gaules,  s'y  eft  depuis  confervé  prcfque 
fans  affoiblillement.  Chorier. 

IJCTLINIMENT.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  Remède 
topique  qui  s'applique  en  hottant  légèrement  les  par 
ties,  propre  à  amollir;  adoucir  &  réloudre.  On  fe 
fèrt  de  ditférens  Ihiimens  luivant  les  divers  cas.  Le 
limment  eft  d'une  coniîftance  moyenne  entre  l'huile 
&  l'onguent.  Il  eft  compofé  d'onguens ,  d'huile  ,  de 
cire ,  &c. 

Ce  mot  vicn.t  du  verbe  Latin  linire ,  qui  fignifîe 
oindre  doucement. 

§CrLINIU.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Houan  ,  au  département   de  Caifung. 

LINKIO.  f.  m.  Nom  d'un  fruit  de  la  Chine.  Llnkius  , 
Linkio.  Il  croît  en  abondance  dans  la  province  de 
Péking.  Il  a  une  figure  pyramidale  triangulaire ,  &c 
une  écorce  verte  &  épaille ,  qui  eft  rougeatre  vers 
fon  fommct,  &  qui  noircit  en  féchant.  Elle  renferme 
ime  fiibrtance  fort  blanche  ,  qui  a  le  goût  de  châ- 
taigne; mais  \c  linkio  eft  trois  ou  quatre  fois  gros 
comme  une  châtaigne.  On  le  leme  dans  l'eau.  La 
plante  qui  le  porfe  ,  a  les  feuilles  fort  petites ,  elle 
les  répand  fur  la  furface  de  l'eau  ;  les  fruits  viennent 
dans  l'eau  même.  Hoffman.  C'cft  un  fruit  aquatique 
&  ce  font  les  habitans  de  la  ville  de  Xunte  ,  qui  le 
nommenx.  Linhio.  Il  a  prefque  la  même  forme  qu'une 
truffe.  On  le  plante  par  toute  la  Chnie  dans  ks 
eaux  marécageufes  Se  croupillantes  ;  fcS  feuilles  s'éten- 
dent fort  fur  la  fuperfîcie  de  \'c3.u.  A mb.  des  Chinois. 
Part.  II. 

fjCr  LINKIU.  Ville  de  la  Chine  ^  dans  la  province  de 
Xantung ,  département  de  Cincheu. 

LINLITGO ,  ou  LITHQUO.  Nom  d'un  ancienne  ville 
des  Damniens.  Lindum.  Elle  eft  ornée  d'un  beau 
Palais ,  &  capitale  d'un  des  trois  Bailliages  de  la 
Lothiane  ,  province  d'ÉcolIe  ,  &  (îtuéc  près  du  golfe 
de  Forth ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  d'Edimbourg,  du 
côté  du  couchant. 

LINON.  On  difoit  autrefois  imomple  ,  f.  m.  Toile 
fort  claire ,  fine ,  déliée  faite  de  lin  fin  ,  dont  on  fait 
des  rabats  &  des  manchettes.  CarbaJJus ,  nebula 
l'mea. 

LINOT.  f.  m.  C'eft  le  mâle  de  la  linotte.  (Egithus. 
On  ne  fe  fert  de  ce  mot  que  quand  on  veut  diftin- 
guer  le  mâle  d'avec  fa  femelle.  C'eft  un  linot.  Ce 
linat  eft  joli. 

Vn  linot  depuis  peu  .  charme'  de  votre  note , 
A  fait   divorce  avecque  fa  linotte.  PÉlisson. 

Foye^  Linotte. 
jLINOTTE.  f  f.  Petit  oifeau  de  couleur  grife  ,  qu'on 
'     nourrit  en  cage ,  qui  chante  agréablement ,  &  qui  vit 
cinq  ou  fix  ans  ,  quand  on  en  a  grand  loin.  (Egithus , 


L  I  N 


5-51 


fa! us  ,  Uguriims  en  Latin.   (t.gitus  en  Grec,  &  Fa- 
vcllo  en  Italien. 

La  Itnutte  eft  plus  pente  que  le  moineau;  elle  eft 
d'une  figuic'prefque  Icnibl.iblc  ,  fivoir  de  couleur  de 
terre  cuite  ,  ou  de  rouille  tirant  fur  le  cendré  ;  mais 
cette  couleur  eft  plus  couverte  dans  le  mâle  ;  c'cft-  à- 
dirc,  qu'elle  tire  plus  fur  le  roux:  le  mâle  a  outre 
cela  la  poitrine  femée  de  taches  roulles,  lefquclles 
font  brunes  tk.  plus  grandes  dans  la  femelle  ;  les 
grandes  pennes  des  ailes  loin  noirâtres,  m;iis  parles 
ccités  &  à  leurs  extrénntés ,  elles  font  blanchâtres  ^ 
aulli  bien  que  la  queue  qui  eft  compofée  de  douze 
plumes;  fon  ventre  &  fon  croupion  font  blanchâtres 5 
(es  pieds  fontpetitSj  courts  dfc  fbibles,  aufli  bien  que 
fes  ongles.  Le  mâle  a  trois  ou  quatre  plumes  de  l'aile 
blanches,c'eft-à-dire,par  la  moitié  jufques  aux  tuyaux. 
Les  linottes  fond  leur  nid  dans  les  montagnes ,  ik  elles 
choi/îdent  un  lieu  bas  &  frais;  elles  font  pour  l'ordi- 
naire quatre  ou  cinq  petits  par  nichée ,  &  en  font 
deux  p.ir  an;  mais  lî  on  détruit  leur  nid ,  elles  en  fe- 
ront julqu  à  trois;  fi  on  en  a  foin,  elle  vivra  juf- 
qu'à  lix  ans.  Il  faut  leur  donner  prefque  toujours  de 
l'herbe ,  &  mettre  dans  leur  cage  un  morceau  de 
moiticr,  compofé  de  chaux  Se  de  fable.  Elles  font 
fujettes  à  avoir  la  courte  haleine  ;  elles  font  fouvent 
travaillées  d'un  battement  de  bec,  il  faut  leur  mettre, 
lorfque  cela  arrive,  un  peu  d'oximel,  envii on  la 
quantité  d'une  coquille  de  noix  ,  un  peu  de  chicorée 
tendre  pJlée  ,  ou  du  kccron  ,  &  en  hyver  des  choux  , 
ou  de  la  poirée  ,  &:  prendre  garde  que  le  chenevi  foit 
doux  ,  &  que  la  navette  n'ait  aucune  mauvaife  odeur. 
La  linotte  eft  nourrie  en  cage  à  caufe  de  fon  chant , 
qui  eft  très  doux  (Se  très  agréable. 

Il  y  a  une  elpèce  de  Hnotteqm  eft  plus  rougeatre  , 
&  plus  petite  que  la  précédente.  Elle  a  le  fommet  de 
la  tâte  rouge ,  Se  la  poitrine  teinte  de  la  même  couleur. 
On  l'appelle  linotte  de  vigne.  La  petite  linotte  rouge 
qu'on  appelle  linotte  marine  a  le  devant  de  la  tête 
d'un  beau  rouge. 

Il  y  a  encore  une  autre  efpèce ,  qui  eft  appelée 
Gintcl ,  qui  f e  nourrit  de  toutes  lottes  de  f emences  : 
elle  vole  en  troupe,  fait  trois  ou  quatre  œufs  ,  & 
eft  de  même  couleur  que  la  linotte  commune  par  le 
dos  ;  fa  tête  &  fa  queue  font  brunes  ,  fes  jambes  rou- 
ges ,  fa  poitrine  roulfe  &c  diverfifiée  de  taches  brunes, 
le  bas  de  Con  ventre  eft  blanchâtre. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  linaria  ,  à.  lino  quo  vefci- 
tur,  parce  qu'elle  fe  nourrit  de  lin.  Ellefc  nourrit  auiîi 
de  graines  de  panis ,  dechénevi,  &:  de  millet,  &c. 

On  dit  proverbialement ,  pour  reprocher  à  un 
homme  qu'il  a  un  peu  trop  bu ,  qu'il  a  fiftlé  la  li- 
notte. 

On  appelle  aulli  un  homme  de  peu  de  fens,  t£te 

de  linotte  ,  à  caufe  que  cet  oifeau  a  la  tête  fort  petite. 

LINOUN.  f.  m.  Terme  de  relation  ôc  de  Calendrier. 

Nom  de  la  dix-neuvième  partie  des  24  qui  compo- 

fent  l'année  desCatha'icns.  D'Herbelot. 

^3°LINSI.    Nom    d'une  ville  de  la   Chine,  dans  le 

Junnan  ,  département  de  Likiang. 
«1::/°  LINSIANG.  Ville  de  la  Chme  ,  au  Huqaang  dé- 
partement d'Yocheu. 
LINSTOCK.  Nom  d'un  ancien  bourg  des  Brigantesi. 
Linflochium ,  anciennement ,  Olenacum.  Il  eft  dans 
le  Comté  de  Cumberland  j  en  Angleterre ,  près 
de  la  mer  d'Irlande  ,  Se  des  ruines  de  la  muraille 
qui  féparoit  anciennement  l'Angleterre  de  l'Écolfe. 

M  AT  Y. 

LINTEAU,  f.  m.  Terme  dArchitecT:ure.  C'eft  la  piè- 
ce de  bois  qu'on  met  au  dcllus  d'une  porte ,  pour 
foutenir  la  maçonnerie  ,  oppofée  à  Jeuil.  Limeny 
antepagmentum  fuperius.  Ilfedit  aufli  du  delTus  d'une 
fenêtre.  Linteau  de  fer,  eft  une  barre  de  fer  pour 
porter  les  claveaux  d'une  plate  bande  ,  Se  qui  doit 
être  grofl'e  à  proportion  de  fi  portée  j  &  de  la 
charge. 

LINTÈRNE.  Linternum  ,  Liternum.  C'étoit  ancienne- 
ment une  ville  de  la  Campanie.  Scipion  l'Africain 
s'y  retira  par  une  efpèce  d'exil  volontaire ,  &  y  mou- 
rut. Elle  fut  dans  la  fuite  Epifcopale  :  maintenant  ella 


'y   X  Z 


L  I  N 


eft  l'uincei  &  on  en  voit  les  ruines  près  de  la  Tone  I 
di  Patria,  qui  eft  une  ront  bâtie  fur  le  goltc  de 
Gaiette  ,  entre  la  ville  de  Pouzzole  &  l'embouchure 
du  Volturne  ,  environ  à  trois  lieues  de  l'une  &  de 
l'autre.  On  voit  aulfi  près  de  cette  Tour  le  lac  de  Pa- 
tria ,  que  les  Anciens  nommoient  Literna  ,  ou  Lintcr- 
na  Palus.  Maty. 

LINTHÉES.  f.  f.  pi.  Sorte  d'étoffes  de  foie  qui  fe  fabri- 
quent à  la  Chine  dans  la  province  de  Nanquin.  Les 
linthées  font  partie  des  alfortimcns  d'ctoftes  qu'on 
dcftine   pour   le  Japon. 

LINTO.  Foyei  Lis. 

LINTRUDE.  Foyei  Lindru. 

LINTZ.  'Ville  d'Allemagne ,  capitale  de  la  Haute-Au- 
triche ,  &  fituée  fur  le  Danube  ,  où  elle  a  un  pont , 
entre  Palfaw  Hz  Vienne ,  à  dix  lieues  de  la  première  , 
&  à  trente  fix  de  la  dernière.  Lintium ,  Lintia ,  Au- 
rdlanum.  Lïnf[  eft  dans  une  plaine  fort  agréable  , 
l'Empereur  y  a  un  château  beau  &  fort,  où  Léopol 
L  fe  retira  lorlque  les  Turcs  albégerent  'Vienne, 
&■  où  mourut  l'Empereur  Frédéric  IV.  l'an  1495. 
Les  Géographes  la  prennent  communémer.t  pour 
l'ancienne  Gcfodunum  ,\\\\s  du  Norique.  Maty. 
d.  long.  32.  d.  46'.  lat.  48.  d.   16'. 

LiNTZ  ,  eftaullî  une"  petite  ville  du  Cercle  Eleétor.il  du 
Rhin.  Lintium  ,  Lintia.  Elle  eft  dans  l'Archevêché 
de  Cologne  ,  fur  le  côté  droit  du  Rhin  ,  entre  Bonne 
&  Andernach  ,  à  trois  ou  quatre  lieues  de  l'une  «Se 
de  l'autre.  Maty.  Long.  24.  d.  j6'.  long  jo. 
d.3.'. 

|Cr  LINNISE.  f.  f.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  en  plu- 
fieurs  endroits  la  graine  de  lin  qu'on  dcftine  à  ente- 
mencer  une  terre.  Lini  femen. 

■  LINUS.  f  m.  Nom  d'homme  ,  ou  de  demi-dieu.  Linus. 
Deux  hls  d'Apollon  ont  porté  ce  nom  ;  l'un  qu'il  eut 
de  Piamathé  ,  fille  de  Crotope  Roi  d'Argos.  Celui  ci 
fut  déchiré  par  des  chiens.  L'autre  qui  eft  plus  connu, 
étoit  fils  d'Apollon  &  deTerplicore ,  l'une  des  Mu- 
its.  Ce  fut  un  Muficien  habile.  On  dit  que  c'eft  lui 
qui  apporta  les  lettres  des  Phéniciens  dans  la  Grèce. 
On  dit  auftl  qu'Hercule  trouvant  qu'il  touchoit  mal 
Ton  luth  ,  le  lui  prit,  &  lui  en  calla  la  tête.  D'autres 
le  font  fils  de  Mercure  &  d'Uranie,  parce  qu'il  étoit 
excellent  Poae  &  Orateur  ,  &  qu'il  avoit  écrit  de 
Torigine  du  monde  ^  du  cours  du  Soleil  &  de  la 
Lune  ,  de  l'origine  des  animaux  &  des  plantes.  Il 
diloir  que  tout  avoit  été  créé  en  un  inftant.  f^cye:^ 
Plutarque  ,  Suidas,  &  la  Préfice  de  Diogène  Laërce. 
Diodorc  de  Sicile  dit  qu'il  fut  le  premier  inventeur 
des  nombres  ,  &  de  la  mélodie;  qu'il  y  excella  com- 
me dans  la  Poëue.  Il  y  a  aulli  deux  Hiftoriens  Grecs 
qui  ont  porté  ce  nom.  En  parlant  de  tous  ces  An- 
ciens,  il  faut  direZi/z«j&  non  pas  Lin. 

Ip^LINUU.  Ville  de  la.  Chine  j  dans  la  province  de 
Huquang ,  au  département  de  Hengcheu. 

LINX  ,  ou  plutôt  LYNX ,  avec  l'Académie,  f.  m. 
Animal  que  la  plupart  des  Modernes  croient  ftbu- 
leuXj  que  les  Anciens  ont  dit  avoir  une  vue  fi  fubtile 
ik.  Il  pénétrante  ,  qu'il  voyoit  à  travers  les  murailles. 
Le  Linx.  Jonlton  dit  que  c'eft  le  même  que  le  loup 
cervier,  dont  il  tait  une  longue  dcfcription.  Scaliger 
dit  qu'il  eft  le  Linx  mâle.  Elien  le  décrit ,  avec  une 
Koupe  de  poil  fur  le  bout  des  ereilles ,  qui  eft  pareille 
à  celle  qu'on  remarque  au  loup  cervier.  Appien  fait 
mention  de  deux  Linx  -,  l'un  grand  qui  chalfe  aux 
cerfs  ;  &  l'autre  petit  _,  qui  challè  aux  lièvres.  On  dit 
que  lorlque  le  LJnx  a  pillé j  Ion  urine  fe  glace,  & 
qu'il  s'en  tonne  une  manière  de  pierre  luifante  ,  & 
que  le  Linx  qui  lait  cela,  couvre  Ion  urine  avec  de 
la  terre.  A  l'égard  de  cette  vue  fi  fubtile ,  on  croit 
que  c'eft  une  fable  fondée  fur  une  autre  qu'on  fait  de 
Ly-ncée  ,  l'un  des  Argonautes  ,  auquel  les  Anciens  ont 
attribué  (1  bonne  vue  ,  qu'il  voyoit  julqu'aux  Entcrs  , 
&  la  lune  le  premier  jour  qu'elle  étoit  dans  la  con- 
jonclion  ;  ce  qui  eftaullî  abhirde  ,  vu  qu'alors  ia  partie 
qui  regarde  la  terre ,  n'eft  aucunement  éclairée  du 
foleil.  Les  Latins  l'ont  appelé  Lupa  cervalis  ,  ëc 
ont  cru  que  cet  animal  voyoit  en  dormant.  Lifez 


L  I  O 

Vollîus ,  de  Ldolol.  lll.  c.  jS.  &  Bochart ,  hieror  P. 

L  L.  in.  c.  s. 

QCFIl  paroit  que  le  Linx  n'eft  pas  un  animal  fabuleux 
comme  plulieurs  Phyliciens  l'ont  prétendu.  C'eft  le 
loup  cervier  des  Anciens,  ainfi  nommée  quoiqu'il 
n'ait  aucune  rellemblance  avec  ces  deux  animaux , 
à  caufc  de  l'acharnement  avec  lequel  il  pourfuit  le 
cerf.  Loup  ennemi  du  cerf  On  trouve  une  defcription 
anatomique  du  Linx  dans  les  Mémoires  de  l'Acadé- 
mie des  Sciences,  tom.  j.p.  117. •Rien  ne  prouve 
que  cet  animal  ait  la  vue  plus  fubtile  que  les  autres. 
Cette  lubtilité  ,  fi  elle  étoit  réelle ,  lui  viendroit  fans 
doute  de  l'homogénité  qui  règne  dans  les  humeurs  de 
les  yeux ,  de  la  Hexibilite  de  fes  ligamens  ciliaires, 
&  de  la  fcnlibilicé  de  la  rétine. 

1^  C'eft  une  table  de  dire  que  l'urine  du  Linx  &  fe  glace 
&: (échange en  une  pierre très-luitante.  CequelesNa- 
turaliftes  appellent  pierre  de  Ltnx  ,  Lapis  Lyncis  ,  eft 
une  pierre  de  la  longueur  du  petit  doigt ,  que  1  on 
trouve  en  abondance  près  de  Caën  en  Normandie. 

ifT\\  eft  encore  probable  que  le  Linx  eft  le  même  ani- 
mal que  celui  auquel  Pline  a  donné  le  nom  de  Chaos, 
puifque  le  Chaos  que  Pompée  fit  voir  dans  Ion  théâtre, 
n'étoit  autre  chofe  qu'un  loup-cervier  des  pays  fep- 
tcntrionaux. 

Le  Linx  étoit  confacré  à  Bacchus.  Bochart  dit  que 
nous  appelons  le  Linx  en  François  once ,  &c  que  ce 
mot  s'eft  formé  du  Grec  /««j ,  en  retranchant  la 
lettre  /. 

On  dit  figurément  j  qu'un  homme  a  des  yeux  de 
Linx  j  pour  dire  qu'il  voit  clair  dans  les  a^laires  des 
autres  ,  qu'il  pénétre  leurs  delleins  :  Se  d'un  homme 
qui  a  la  vue  bonne  ,  que  c'eft  un  Linx.  On  dit  aulfi 
que  nous  voyons  les  défauts  d'autrui  avec  des  yeux  de 
Linx  ;  pour  dire ,  que  nous  fommcs  bien  clairvoyans 
en  ces  occafions  ;  que  rien  ne  nous  échappe.  Cur  in 
amicorum  vitiis  tam  ccrnis  acutum  ,  cum  tua  pervideas 
oculis  malâ  lippus  inunclis. 

Car  tout  ce  que  nous  fomtnes  3 
I.ynx  envers  nos  pareils  ,  &  taupes  envers  nousl 
Nous  nous  pardonnons  tout,  &  rien  aux  autres 

hommes. 

La  Fontaine. 

tfT  Linx  ou  Lynx.  Terme  d'Aftronomie.  Conftellation 
pl.icée  par  Hévclius  entre  la  petite  ourfe  &  le  Cocher. 
Le  Linx  ne  le  trouve  point  dans  les  cartes  ordinai- 
res. Il  n'eft  que  de  l'invention  d'Hervélius.  Lynx. 

IP'LINXUI.  Ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 

Suchucn  ,  au  département  de  Xunking. 

LINYAO.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Linyaum. 
C'elclafixième  capitale  delà  province  de Xenfi.  Elle 
cil:  arrofée  des  eaux  du  Heuve  Yao.  C'eft-là  que 
la  grande  muraille  finit.  Son  territoire  eft  fort  monta- 
gneux, &  produit  beaucoup  d'Ures,  ou  bœufs  (au- 
vagcs,  &  des  animaux  femblables  aux  tigres.  Amb. 
des  Holl.  à  la  Chine  ,  Part.  L.p.  2^6 .  Elle  à  quatre 
villes  fous  la  jurifdiclion. 

|CF  LINYE.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Xantung ,  .au  département  de  Cinan. 

CiCFLINYEU.  Autre  ville  de  la  Cliiiae ,  d.^ns  le  Xenfi, 
département  de  Fungciang. 

L  I  O. 

LIOBE.  Voyei  Liébe. 

It?  LION ,  ONNE.  f.  m.  &:  f.  Léo  ,  lea ,  leona  animal 
féroce  qu'on  trouve  en  plulieurs  endroits,  particuliè- 
rement en  Atrique.  Sa  force  &  fon  courage  lui  car 
fait  donner  le  nom  de  Roi  des  animaux.  Il  a  la  tête 
grod'e  ,  le  mufle  alongé  ,  la  face  entourée  d'un  poil 
long,  le  cou,  le  garot  &  les  épaules  couvertes  de 
même  d'un  poil  long ,  formant  une  belle  crinière  de 
couleur  mêlée  de  brun  &  de  fauve  foncée.  Le  refte 
du  corps  eft  couvert  d'un  poil  ras  ,  excepté  la  queue 
qui  eft  terminée  par  un  bouquet  de  longs  poils.  La 
Lionne  ni  point  de  crinière.  Ses  inteftins  ont  près  de 
2j  pieds.  Sa  velfie  eft  fort  petite,  parce  qu'il  boit 

rarement. 


L  I  O 


L  I  O 


r.utmeiit.  On  prc'tcnd  qu'il  ne  boit  qu'une  fois  en 
trois  ou  quat le  jours.  Il  jette  ("on  urine  en  arrière , 
mais  il  eft  faux  qu'il  s'accouple  à  reculons ,  comme 
on  l'a  cru.  Dans  le  iion ,  la  vélicule  du  fiel  a  plulieurs 
plis  ou  feuillets  ,  &  de  là  M.  Du  Vernay  a  conjcChuc 
que  la  bile  y  pouvant  (ejourner  plus  long  tems  (Is: 
s'exhaler  davantage,  c'étoit  peut-être  la  caule  de  la 
grande  ardeur  de  cet  animal  j  &  de  la  fièvre  conti- 
nuelle qu'on  lui  attribue.  Ac.  des  Se.  1704.  Hifi. 
p.  14.  Le  lion  rugit.  Ablanc.  On  fait  voir  dans  les 
(pe(îlacles  des  combats  de  Lions  contre  toutes  fortes 
de  bêtes.  Daniel  lortit  miraculculement  fain  &  fauf 
de  la  folfe  aux  lions.  Samfon  &  David  déchirèrent 
des  lions.  C'eft  une  erreur  populaire,  de  croire  que 
\zlion  ait  peur  du  coq.  Le  Koi  Jacques  d'Angleterre 
en  voulut  faire  l'expérience  en  la  prétencei  le  coq 
fut  déchiré  par  le  lion.  Il  y  a  pourtant  des  lions  timi- 
des; &:  les  lions  d'Aghij  en  la  province  d'Habat,  vers 
Maroc ,  ont  ii  peu  de  cœur ,  que  le  moindre  enfant 
leur  donne  la  challè  ,  ce  qui  a  donné  lieu  à  un  pro- 
verbe Africain,  quand  on  le  veut  moquer  d'un  pol- 
tron, on  dit,  il  ell  vaillant  comme  les  /iowi' d'Agla , 
à  qui  les  veaux  mangent  Li  queue.  Marmol  ,  & 
■Voyage  de  Rasilli. 
§Cr  Si  le  lion  n'a  pas  peur  du  coq ,  le  feu  l'effraie.  On 
en  allume  pour  le  foire  fuir. 

Les  Poètes  attelent  le  char  de  Cybèle  de  deux  lions, 
&  fur  les  médailles  il  cil  rcprél'cnté  au(lî  tiré  par  deux 
lions.  On  portoit  une  effigie  de  lion  dans>lcs  lacrifi- 
.  ces  de  cette  déelle  ,  parce  que  les  Galles  ,  les  Prêtres , 
avoient  quelquefois  tellement  adouci  &:  apprivoilé 
des  lions ,  qu'on  pouvoir  fans  crainte  les  toucher  & 
les  carelfer,  à  ce  que  dit  'Varron. 

On  dit  aulli  au  figuré  ,  qu'un  homme  eft  un  lion  , 
qu'il  a  un  cœur  de  lion,  pour  dire  qu'il  eft  brave  & 
courageux.  Il  eft  hardi  comme  un  lion. 

Léo ,  un  lion  ;  ce  mot  eft  formé  du  Celtique  leu  ^ 
ou  leon  ;  car  chez  les  Celtes ,  leva ,  lignifie  dévorer  , 
comme  font  les  lions.    Pezron. 

Il  y  a  au  Pérou  des  animaux  que  les  gens  du  pays 
appellent  leons  ,  ou  lions  j  quoiqu'ils  foient  bien  dif- 
férens  des  lions  d'Afrique.  J'en  ai  vu  des  peaux  plei- 
nes de  paille  ,  dont  la  tête  tient  un  peu  du  loup  ik  du 
tigre;  mais  la  queue  eil:  plus  petite  que  celle  de  l'un 
&  de  l'autre  :  ces  animaux  ne  font  pas  à  craindre;  ils 
fuient  les  hommes  &  ne  font  de  mal  qu'aux  trou- 
peaux. Frézier.,  p.  I  j2.  Voyez  fur  les  lions  Vof- 
iTus,  de  Idolol.  L.  III.  c.  s 2.  Bochart,  hiero^.  P.  I. 
L.  III.  c.  é.  &  Saumaife  fur  Solin.  Marmol.  L.  I.  de 
l'Afriq.  c.  26. 

Le  lion  de  Juda ,  en  ftyle  de  l'Ecriture ,  c'eft  J.  C. 
le  Meilîe  prédit  par  Jacob,  G  en.  XLIX.  5.  fous  la 
métaphore  d'un  lion. 

Le  lion  de  S.  Marc ,  en  tout  l'Etat  de  Venife  ,  eft 
repréfenté  avec  des  ailes  :  les  Doges  s'agenouillent 
devant  lui,  &  la  monnoie  en  eft  marquée  avec  un 
Pax  tibi,  Evangelijla  meus.  Mascur. 
Lion  marin.  Animal  qui  a  quelque  chofe  du  lion  j  & 
qui  vit  fur  la  terre  6c  dans  l'eau.  Léo  thalajficus  , 
'  marinus.  On  a  vu  vers  le  Cap  de  Bonne  Elpérancc  un 
lion  marin  qui  y  fut  tué ,  qui  avoir  dix  pieds  de  long , 
&  quatre  de  large ,  la  tête  groife  comme  celle  d'un 
veau  d'un  an  ,  de  gros  yeux  aftreux ,  des  oreilles  cour- 
tes ,  une  barbe  hérilFée  &  fort  épallFe  ;  des  dents  qui 
fortoient  un  demi  pied  hors  de  la  gueule;  les  pieds 
larges,  les  jambes  fi  courtes ,  que  fon  ventre  touchoit 
'^refque  à  terre.  Il  fe  retiroit  à  la  mer ,  après  s'être 
faoulé  dans  les  bois. 
Lion  ,  en  Aftronomie ,  eft  un  des  douze  lignes  du  Zodia- 
que, le  cinquième  depuis  Ariès.  Léo.  C'eft  la  maifon 
du  Soleil ,  un  figne  chaud  &  fec.  Les  Anciens  lui  ont 
donné  27  étoiles ,  outre  huit  informes.  Kepler  lui  en 
donne  40,  &  Bayer  45  ^  dont  deux  font  de  la  pre- 
mière grandeur  ,  deux  de  la  z" ,  cinq,  de  la  3% 
treize  de  la  4'  ,  fept  de  la  5= ,  &  quatorze  de  la  6".  Je 
ne  fais  après  cela  comment  M.  Harris  peut  ne  lui  en 
donner  que  douze. 

Le  cœur  du  lion  eft  une  des  plus  confidérables  étoi- 
les du  firmament.   Les  Aftronomcs  l'appellent  Regu- 
Tome  V,  • 


5-^3 


lus.  Cette  étoile,  au  commencement  de  l'an  1703, 
étoit  à  148  degrés  8  minutes  31  fécondes  d'afcenlion 
droite ,  &  à  1 3  degrés  3  i  m.  1 8  fécondes  de  déclinai- 
fon. 

Les  Poètes  difent  que  le  lion  céltftc  ,  eft  le  lion  de 
la  furet  de  Ncinée,  tué  par  Hercule,  Se  njis  dans  les 
allres  à  la  recommandation  de  Junon. 

Les  Poètes  modernes  dilent  aulli ,  k-  lion  Belt,iquc  , 
en  parlant  de  la  Flandre ,  qui  a  pour  armes  un  lion. 
Heuterus  &<.  Hocpingius  prétendent  que  ces  provinces 
ont  ces  armoiries  depuis  le  tenis  des  Croilades.  Dans 
la  révolte  des  Pays  Bas  contre  Piiilippc  II,  les  Ecats 
Généraux  ayant  conclu  en  i  585  un  traité  avec  Eliza- 
beth  ,  les  Etats  de  Zélande  firent  frapper  une  médaille 
où  l'on  voyoit  \c  lion  Belgique  fortant  du  milieu  des 
Hots  dune  mer  irritée^  dont  il  étoit  tout  couvert,  avec 
ces  mots,  LuElor  & emergo.  La  devife  ne  vaut  rien.  Le 
corps  n'en  eft  point  tiré  de  la  nature,  ni  vrai. 
Lion.  Terme  de  Marine.  C'étoit  autrefois  l'ornement 
le  plus  commun  de  la  pointe  de  l'éperon ,  &  aujour- 
d'hui c'eft  encore  prel'que  toujours  un  lion  qu'on  y 
met  en  Hollande ,  parce  que  c'eft  un  lion  qui  eft  dans 
les  armes  de  l'Etat;  mais  parmi  les  antres  Nations  , 
on  y  met  préfentement  des  hrènes  ou  des  figures  hu- 
maines. Le  terme  général  étoit  Beftion. 

Les  armes  d'Angleterre  font  trois /io;2jj  &  non  pas 
trois  léopards,  comme  le  difent  quelques  Hiftoriens; 
c'eft  Guillaume  le  Conquérant  qui  a  donné  ces  armes 
à  l'Angleterre.  Il  ne  chargea  d'abord  fon  ccu  que  de 
deux  lions-,  &  Etienne  de  Blois  en  ajouta  un  troi- 
fième. 

En  Egypte ,  le  lion  étoit  confacré  à  Vulcain  à  caufe 
de  fon  tempérament  tout  de  fou. 

Les  Léontins  adoroient  un  lion ,  &  en  mettoient 
une  tête  fur  leurs  médailles  ou  monnoies,  avec  trois 
épis  de  blé  fur  les  bords  de  la  médaille.  Marfeille 
mettoit  auiîî  un  lion  pallànt  fut  fes  médailles.  Plutar- 
quc  dit  encore  ,  Symp.  Qu£jî.  L.  IV.  q.  y.  que  le 
lion  étoit  confacré  au  foleil  ,  parce  que  de  tous  les 
animaux  qui  ont  des  griftes  recourbées ,  c'eft  le  ftui 
qui  voie  en  naiiFant,  &c  parce  qu'il  dort  fort  peu  & 
les  ye'ix  ouverts;  mais  c'eft  une  fable.  Ceux  qu'on 
amené  en  France  ont  les  yeux  fermés  quand  ils  dor- 
ment. On  dit  que  pour  la  même  raifon ,  les  Perfes  don- 
noient  la  figure  d'un  lion  à  leur  dieu  Mithra  qui  étoit 
le  foleil.  Porphyre  dit  que  les  Prêtres  du  dieu  Mithra 
chez  les  Perfes  s'appeloient  lions,  &  les  Prêtrelfes 
Hyènes  ;  &  TertuUien  ,  L.  II.  contre  Marcien ,  c.  ij. 
les  appelle  en  eftèt  lions.  Cependant  Pamclius  dans 
la  note,  croit  que  Tertullien  parle ,  non  pas  des  Prê- 
tres de  ce  dieu  ,  mais  des  lions  qui  tiroient  fon  char; 
ce  qui  n'a  point  d'apparence ,  vu  principalement  ce 
que  dit  Porphyre ,  &  que  Pamélius  apparemment  ne 
favoit  pas.  Voye^  encore  au  mot  Lionne. 
LioNj  en  termes  de  Blafon  ,  eft  appelé  rampant  Se  ravif- 
fant J  pour  l'Qidinaire.  Léo  repcans ,  repens.  On  dit 
qu'il  t'a.  armé,  couronné  &  lampajfé,  Exenâ  linguâ 
ko  ,  quand  la  langue ,  fes  ongles ,  ou  une  couronne 
qu  on  lui  met  fur  la  tête ,  font  d'un  aïKie  émail.  Il 
doit  être  peint  de  profil^  ne  montrant  qu'une  oreille 
Si  le  bouquet  de  la  queue  tourné  contre  le  dos ,  la- 
quelle on  nomme  double  ,  on  fourc hue ,(\ninà  elle  eft 
nouée  &  pallée  en  fautoir.  Lion  dragonne ,  eft  un 
animal  qui  a  le  devant  de  lion  &  le  derrière  de  fer- 
pent.  Il  y  en  a  de  monftrueux  qui  ont  la  tête  hu- 
maine, de  loup  &  de  chien  :  d'autres  échiquetés  ,  va- 
riés ,  chargés  de  bandes ,  de  f afces  &  autres  meubles. 
On  appelle  lion  léopardé ,  un  lion  qui  eft  pallant,  & 
qui  montre  toute  la  tête  comme  le  léopard  ;  &  lion 
mort-né ,  le  lion  qui  n'a  ni  langue ,  ni  dents.  Lion  dif- 
famé, eft  celui  qui  n'a  point  de  queue;  ce  qui  fe  dit 
aullî  de  celui  qui  n'a  ni  verge  ,  ni  génitoires,  que  quel- 
ques uns  appellent  fans  villenie  ,  ou  éviré.  Lion 
iffant^  eft  celui  qui  ne  montre  que  la  plus  petite  par- 
tie du  corps;  lavoir  la  tête  ,  le  cou ,  les  bouts  des  jam- 
bes ,  &c  l'extrémité  de  la  queue  contre  le  chef  de 
l'écu.  Le  lion  naifjant,  eft  celui  qui  ne  montre  que  le 
train  de  devant ,  la  tête ,  les  deux  pieds ,  «^  qui  fein- 
ble  fortir  du  champ ,  entre  la  fafee  «Se  le  chef.  Le  lion 

Âaaa 


5T4  L  I  O 

brochant  fur  le  tout ,  fe  dit  loiTque  le  lion  cft  pofé  far 
le  champ  de  l'écii ,  qui  cil  déjà  chargé  de  quelque  au- 
ne blalon  ,  &  qu'il  en  couvre  une  partie. 

On  prétend  que  les  lions  dans  les  armoiries  ligni- 
fient fouveiTt  les  voyages  faits  en  Afrique  ,  pa^s  kr- 
tile  en  rwns. 

Le  lion  au  refte  eft  le  fymbole  de  la  vigilance  & 
de  la  fureur ,  parce  qu'il  ne  dort  point  ,  ou  du 
moins  il  repofe  les  yeux  ouverts  ,  &  parce  qu'il 
alonge  fa  queue  ,  &c  s'en  bat  les  Hancs  ,  à_  nicfure 
que  fa  colère  s'échaufte.  Je  ne  lai  11  en  Ahique  le 
lion  dort  en  effet  les  yeux  ouverts  j  mais  j'en  ai  vu 
un  en  France  qui  dormoit  les  yeux  très  fermés. 
JLiON ,  fc  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Un 
chien  vivant  vaut  mieux  qu'un  lion  mort,  c'eft  un 
proverbe  facré.  A  l'ongle  on  connoit  le  lion,  ex 
ungue  leonem  :  pour  dire  qu'on  juge  des  choies  à 
proportion  par  un  échantillon  ,  &c  qu'il  faut  fou- 
vent  peu  de  choie  pour  faire  connoitre  le  carac- 
tère. On  dit  aulli  ,  il  faut  coudre  la  peau  de  re- 
nard à  celle  de  lion  ,  pour  dire ,  joindre  la  pru- 
dence à  la  valeur.  On  dit  aulli ,  le  partage  du  lion , 
tout  d'un  côté  ëc  rien  de  l'autre.  On  dit  aulII ,  Bat- 
tre le  chien  devant  le  lion  ,  &  cela  (e  dit  lorlquc 
quelqu'un  ayant  fait  une  faute  dont  on  n'oie  le 
reprendre  direélement ,  on  reprend  un  autre  devant 
lui  de  la  même  faute.  On  dit  aulli  d'un  fanfaron 
qui  menace,  que  c'eft  un  âne  couvert  de  la  peau 
du  lion. 

De  la  peau  du  lion  l'âne  s' étant  vêtu  , 
Etait  craint  par- tout  à  la  ronde  , 
Et  bien  qu'animal  fans  vertu  , 
Il  faifoit  trembler  tout  le  monde.  La  Font. 

Lion.    Lco.   On  donnoit  ce  nom   à   des  Prêtres    du 
Soleil.    Voyc\  LioNTiQ.uES. 

Ordpe  du  Lion.  Chevaliers  du  Lion.  Ordo  Leo- 
nis.  Equités  Leonini.  Enguerrand  I  ,  Seigneur  de 
Coucy  ,  qui  vivoit  en  1080.  ayant  tué  un  lion  dans 
la  Foret  de  Coucy  ,  qui  failoit  beaucoup  de  ravage 
aux  environs  ,  pour  en  conferver  la  mémoire,  on 
lit  faire  en  pierre  la  figure  de  ce  lion  que  l'on  plaça 
dans  la  cour  du  Château  de  Coucy  ,  &  l'on  inlH 
tua  -des  fctcs  &  des  réjouillances  ,  qui  le  renouvel 
loient  tous  les  ans.  On  dit  que  ce  lut  à  cette  oc- 
calion  que  fut  inftitué  l'Ordre  du  Lion  ,  qu'Enguer 
rand  IL  renouvella  au  commencement  du  règne  de 
S.  Louis  ,  ce  qu'il  fit  avec  une  magnificence  royale  ; 
mais ,  il  y  a  plus  d'apparence  que  ce  Seigneur  a  été 
l'Inflituteur  de  cet  Ordre.  On  donnoit  pour  mar 
que  à  ceux  qui  y  entroient  une  médaille  d'or  où  étoit 
répréfenté  un  lion.  P.  HÉlyot  ,  T.  VLII ^  C.  jç  ■, 
fur  des  Mémoires  de  M.  de  Clairamhault. 

Lion  ,  dans  l'Hiftoire  des  Monnoies.  Efpèce  de  mon- 
jioie  d'or  Françoife  qui  avoit  cours  du  temps  de 
François  I ,  qui  avoit  pour  Légende  ,  Sit  nomen  Do- 
mini  benediclum  ,  &  pour  figure  un  lion  ;  elle  peloit 
trois  deniers  cinq  grains ,  &  valoir  cinquante-trois 
fous  neuf  deniers.  On  .avoit  aulli  fabriqué  des  lions 
d'or  [ons  le  règne  de  Philippe  de  Valois  en  1338. 
Les  lions  d'or  luccédèrent  aux  écus  d'or  le  4  Novera 
bre  1338.  Cette  monnoic  lut  ainli  nommée,  à 
caufe  du  lion  qui  eft  lous  les  pieds  du  Roi.  Un 
manufcrit  qu'a  cité  M.  Le  Blanc  ,  Traité  Hifiorique 
des  Monnoies  de  France  ,  p.  24^  _,  dit  que  ce  lion 
rcpréfcnte  le  Roi  d'Angleterre  ,  lur  qui  Philippe  de 
Valois  avoit  eu  l'avant.ige  ,  lorfqu'il  voulut  lui  dif 
puter  la  Couronne  de  France.  Il  n'eft  pas  tout-à. 
fait  hors  d'apparence  ,  dit  M.  Le  Blanc  ,  que  le  Roi 
d'Angleterre  foit  défigné  par  ce  lion  ,  puifque  lur  la 
plupart  des  monnoies  que  ce  prince  fit  taire  eji 
Guienne  ,  cet  animal  y  eft  répréfenté.  Cette  mon 
noie  des  lions  d'or  finit  le  14  Juin  1339.  Un  Ré 
glcment  pour  les  monnoies  fut  pour  1487  &  148S. 
&  rapporté  par  le  P.  Lobineau  ,  dans  fon  H/f. 
de  Bretagne  ^  T.  II  ,  p.  J 4S i  ,  fixe  les  lions  à 
cinquante  fous.  Ce  qui  montre  que  cette  monnoie 

•     avoit  encore  cours  en  Bretagne. 


L  I  O 

Lion  ,  dans  le  Commersc.  On  donne  ce  nom  à  une 
forte  de  linge  ouvré  qui  le  fabrique  en  Beaujolois , 
petite  province  de  France.  Il  y  en  a  de  d;ux  ef- 
péces  ,  lavoir ,  le  grand  lion ,  Se  le  petit  lion.  Ce 
linge  fe  fait  ordinairement  tout  de  lin. 

LION.  Foyei  Lyon. 

Lion  ('Golfe  de).  Sinus  Leonis  ,  Leoninus ,  Mare Leo- 
nis.  Sanfon  ,  &  d'autres  Géographes  ,  entre  autres 
M.  de  Lille  ,  appellent  Golfe  de  Lion  toute  la  mer 
qui  s'avance  lut  les  côtes  de  Provence,  de  Langue- 
doc &  de  Roullillon  ,  ■&  toute  la  grande  anfe  que 
forment  ces  côtes.  Hadr.  de  Valois  ,  dans  fa  No~ 
tice  des  Gaules ,  p.  21  y  ,  col.  2  ,  les  rélute  par 
Guillaume  de  Nangis ,  &  par  la  route  de  S.  Louis 
marquée  par  cet  Auteur  :  car  s'embarquant  à  Ai- 
guemorte  ,  dernier  port  de  Languedoc  ,  &  laifant 
voile  à  l'Eft  ,  il  n'arrive  au  GoUe  de  Lion  que  le 
troilième  jour.  De  plus,  S.  Louis  le  pallâ  en  peu 
d'heures  ,  quoiqu'avec  beaucoup  de  péril.  Ce  Golfe 
n'étoit  donc  pas  bien  grand  i  &:  il  failoit  que  ce  fût 
une  partie  de  la  mer  de  Provence.  Valois  juge  ,  par 
une  autre  relation  faite  il  y  a  deux  cens  ans ,  que 
c'eft  la  mer  qui  eft  à  la  hauteur  de  Brigançon  de 
Borme  ,  &  des  îles  des  Lions  ;  &  qu'il  fut  ainfi 
appelé  à  caufe  que  c'étoit  un  paftage  très-dangereux. 
Les  BoUandiftes ,  dans  les  Acla  Sancl.  Àpril.  T.  I, 
p.  171  3  not.  r,  croienr  que  le  Goltc  de  Zio/z  n'eft 
pas  l'endroit  de  la  mer  Méditerrannée  ,  où  le  Rhône 
le  jette  ,  qui  ait  eu  autrefois  ce  nom  de  la  ville  de 
Lyon,  qui  par  le  Rhône  y  communique',  mais  que 
c'eft  le  Golfe  de  Grimaut ,  que  l'on  a  appelé  Gulfus 
Leonis  ,  Golfe  de  Lion  ,  ou  Gulfus  Leonum  ,  Golfe 
des  Lions  ,  à  caufe  de  deux  petites  îles  ,  ou  plutôt 
de  deux  rochers  qui  y  font  ,  Se  qu'on  nomme  en- 
core aujourd'hui  les  Léons.  Valois  n'eft  point  encore 
de  cette  opinion  ,  parce  que  fi  c'étoient  ces  îles, 
dont  ce  Golfe  eût  pris  fon  nom ,  on  l'eût  appelé  , 
dit-il ,  Gulfus  Leonum  ,  des  Lions ,  Se  non  pas  Leo- 
nis ,   du   Lion. 

Au  refte  ,  quoiqu'il  en  foit  de  l'otigine  de  ce 
nom  ,  Valois  a  tort  de  reprendre  nos  Géographes 
modernes  ;  car  il  faut  diftinguer  ce  qu'on  appeloit 
autrefois  Golfe  de  Lion ,  Se  ce  qu'on  nomme  aujour 
d'hui  de  ce  nom.  Pour  l'ancien  Golfe  de  Lion 
Valois  dit  vrai  :  pour  celui  d'aujourd'hui  Sanlon  & 
les  .autres  ont  railon ,  Se  ils  ne  parlent  que  de 
celui-là.  L'on  a  étendu  le  nom  de  Golfe  de  Lion , 
à  tout  ce  que  Valois ,  en  fuivanr  les  Anciens  j  ap- 
pelle Mare  Gallicum  ,  Mer  de  Gaule  ,  ou  de  France, 
Aujourd'hui  le  Golfe  de  Lion,  Sinus  Lugdunenjis, 
ou  Leoninus  ,  eft  une  partie  de  la  mer  Méditerra 
née  ,  qui  s'étend  depuis  la  côte  orientale  de  lîle 
Minorque  ,  &  celle  de  la  Catalogne  ,  tout  le  long 
du  Languedoc  ,  jufqu'aux  embouchures  du  Rhône , 
où  commence  la  mer  de  Provence. 

Lion  en  Beauce.  Village  de  l'Orléanois ,  en  France.  Léo- 
nés  in  Beljia.  Il  eft  à  cinq  lieues  d'Orléans  ,  vers 
le  nord  ,  Se  vers  le  bourg  de  Toury.  Maty.  Ce  nom 
&  les  luivans  s'écrivent  aulîi  Lyon. 

Lion -suK.  Loire,  ou  Lyon  en-Sullias.  Nom  d'un 
village  de  l'Orléanois  ,  en  Fr.ance.  Leones  ad  Lige- 
nm.  Il  eft  près  du  bord  méridional  de  la  Loire ,  en 
tre  SuUi  Se  Gien  ,  à  trois  lieues  de  oelle  ci  ,  &  à 
une  de  celui-là.   Maty.  , 

Lion-le-Saunier.  Bourg  de  la  Franche-Comté,  ntuc 
dans  le  Baillage  de  Monmoror ,  à  dix  lieues  de 
Dole  ,  du  côté  du  midi.  Leodo  Salinarius.  Ce  lieu 
a  été  autrefois  fortifié.  Il  eft  près  d'Arley.  Ce  lieu 
a  pris  le  lurnom  de  Saunier  ,  parce  qu'on  y  feifoit 
du  Ici  ,  qu'il  y  âvoit  des  Sahnes.  Valois  ,  Not. 
Gall.  p.  2-/I.  _  _  '■ 

Lion.  Terme  de  Philofophie  hermétique.  C'eft  le 
foufre,  ou  fperme  mafjulin  -,  c'eft  aulîî  le  fixe  qui 
dévore  l'aigle  ,  c'eft  -  à  -  dire  ,  le  volatil  :  ce  mot 
fignifie  encore  le  mercure.  Le  lion  vert ,  ces  mors 
fignifient  ,  1°.  Le  mercure  Philolophal.  i°.  La 
teinture  du  vitriol.  3°.  Le  fourneau  des  Sages.  4  . 
L'œuf  hermétique.  Le  vieux  lion  ,  c'eft  l'œul  des 
Sages.  Le  lion  rouge ,  c'eft  la  teinture  de  l'or ,  ou- 


L  I  O 

Iclixir  p.itvenu  au  rouge  paifait  ,  ou  l'huile  rouge 
de  vicriol.  Le  lion  ravijjanc  ,  c'efl:  le  mercure  hcr- 
iiictique.  Le  lion  volanc  ,£'cll  h  même  chofc  ;  c'cft 
encore  la  fubibnce  volatile. 

Dent  de  Lion.  Terme  de  Botanique.  C'cft  le  nom 
d'une  plante.  Foye^  DtNTj  Se  1  Ouvrage  de  Ray  , 
L.  y,c.  p,p.  244,  à-  Juiv. 

-  LIONCEAU.  1.  m.  Le  petit  de  la  lionne.  Leonculus. 
il  y  avoir  avec  eux  quelques  lionceaux.  Voit.  Les 
lionceaux  rugllfent  apiès  leur   proie.  Port-Royal. 

Le  lion  qui  reconnaît  fon  fan  g  (i  fa  vaillance 
Dans  ce  lionceau  belliqueux  , 
Se  décharge  fur  lui  du  foin  de  fa  vengeance. 

En  Blalon  j  on  appelle  lionceaux  ,  les  figures 
des  lions  ,  quand  il  y  en  a  plus  de  trois.  On  en 
met  quelquetois  julqu'à  feize  ,  ik  quelquefois  fans 
nombre  ;  &  alors  on  dit  que  l'Ecu  en  clt  temé. 

LIONE.  Porto  Liane ,  Porto  Draco ,  ou  le  Port  de 
Pirée.  Plr&us  ,  Pir&us  portas.  C'ell  un  port  de  la 
Grèce.  Il  ell:  fur  le  Gollc  d'Égine  ,  ciiTiron  à  deux 
lieues  de  la  ville  d'Athènes ,  du  côté  du  couchant. 
Ce  port ,  qui  prend  (on  nom  de  la  figure  d'un 
lion  qu'on  y  voit ,  (ert  à  la  ville  d'Athènes  ,  à 
laquelle  Thémirtoclc  l'avoit  anciennement  joint  par 
une  grande  enceinte  de  murailles. 

LioNE  ,  Sierra  Liane  ,  pu  la  montagne  des  Lions. 
Lexnis  ,  ou  Leanum  mons.  C'cll:  une  célèbre  mon- 
tagne de  l'Afrique.  Elle  s'étend  beaucoup  du  cou- 
chant au  leN^anc  ,  entre  le  pays  des  Nègres  &  la 
Guinée ,  &:  elle  poulie  piuheurs  branches  dans  ce 
dernier  pays ,  julqu'à  la  mer  de  Guinée.  Quelques 
Géographes  la  prennent  pour  le  Currus  Deorum 
des  Anciens.    Maty. 

Le  Cap  de  Sierra  Leone ,  le  Cap  de  Ledo,ou 
de  Tagrin.  Caput  montls  LcAn^.  C'efl  la  pointe  la 
plus  occidentale  de  la  montagne  des  Lions.  Elle  s'a- 
vance dans  l'océan  Atlantique  ,  en  la  côte  occiden- 
tale du  pays  de  Malaguette  ,  aux  confins  du  R.oyau- 
me  de  Melli  ,  dont  elle  n'eft  féparée  que  par  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  Sierra  Leone.  Les  An- 
glois  y"  ont  établi  une  Colonie  depuis  quelques 
années.  Au  refte  quelques  Géographes  prennent  ce 
Cap  pour  VHefpherium  cornu  des  Anciens  ,  que  d'au- 
tres met:ent  au  Cap  verd.  Maty. 

LIONIME.  adj.  "Vieux  mot,  qui  s'cft  dit  pour  léonin  , 
léonine.  Rime  llonlme  ,  c'eft  la  rime  qui  fait  que 
des  vers  font  léonins.  Lconlnus.  Voy.  Léonin. 

LIONNE,  f.  f.  Femelle  du  lion.  Letna.  Voy.  Lion. 
Les  Ambraciotesadoroient  autrefois  la  lionne  ,  parce 
que  Paphages ,  ou ,  comme  Janus  Parrhafius  l'ap- 
pelle j  Epljl.  S.  Phacyllus  ,  Tyran  d'Ambrafie  , 
ayant  reiTcontrc  une  lionne  accompagnée  de  fes  pe- 
tits lionceaux  ,  cet  animal  le  mit  en  pièces,  &  remit 
ainfi  Ambrafie  en  polfcirion  de  fa  liberté.  Voye^ 
Voifius  ,  de  Idol.  L.  III ,  c.  7/.  La.  lionne  eft  un 
des  animaux  qui  a  le  plus  d'amour  pour  fes  petits. 
Hérodote j  L.  IIL ,  c.  loS.  Antigonus,  Hlflor.  2). 
Horus  ,  Hleroglyph.  L.  IL  y  c.  yS  ,  difeiit  que  la 
/ionni;  ne  porte  des  petits  qu'une  fois  dans  (a  vie_,  que 
la  nature  a  pourvii  par  là  à  la  sûreté  du  genre  hu- 
main, que  ces  animaux  eullent  détruit  ,  s'ils  avoient 
multiplié  beaucoup  ;  que  chez  les  Égyptiens  une 
lionne  étoit  le  hiéroglyphe  d'une  femme  qui  n'a 
qu'une  fois  des  enfans.  Quoi  qu'il  en  foit  du  hié- 
roglyphe des  Egyptiens  ,  qui  a  bien  pu  être  fondé 
fur  une  faulFe  opinion  ,  piuheurs    Auteurs    foutien- 

.  nent  que  c'ell  une  fable  ,  &  que  les  lionnes  ont  des 
petits  plus  dune  fois  ,  &  quelles  en  ont  plus  d'un 
chaque  fois  ;  elles  en  portent  jufqu'à  quatre  ,  &: 
quelquefois  plus.  Voye\  fur  les  lionnes  ,  Bochart, 
Hleroi-  P^'''^-  I ,  L.  III ,  c.   7/. 

La  Compagnie  ,  ou  l'Ordre  de  la  Lionne  j  Leinns. 
Societas.  Les  Chevaliers  de  la  Lionne  ,  Aiqultes  LeAns.. 
C'efl:  une  Compagnie  de  Gentilshommes  qui  fe  joigni- 
rent enfcmble  lans  qu'on  fâche  ni  le  temps  ,  ni  l'occa- 
fion ,  ni  le  motif  de  leur  union.  On  croit  leule- 
menr  que  cette  Compagnie  fe  forma  durant  les  guer- 
Tome  V. 


L    I    P  yyy 

rcs  de  la  Maifon  d'Anjou ,  comme  cclips  du  Dévi- 
doir cS:  du  Navire  ,  V  à  peu  près  pour  la  même 
fin.  Céfu-  Eugène  Caraccioli  ,  dans  fon  Hiftoire 
facréc  de  Naplcs  ,  &  Tertullien  dans  fon  Jeu  des 
Armoiries  de  Naplcs,  parlent  de  cette  Compagnie 
de  la  Lionne.  L'Abbé  JulHni mi  la  luct  au  nombre 
des  Ordres  Militaires,  Part.  Il  ,  c.  âj  ,  p.  70  <  , 
&  fulv.  mais  au  vrai  ce  n'elt  point  un  Ordre,  c'cft 
feulement  une  Compagnie  ,  ou  Société  de  Gentils- 
hommes de  Naples.  Elle  prit  ton  nom  de  fa  devife  , 
qui  étoit  une  lionne  qui  avoit  au  cou  un  collier 
dont  partoit  une  double  laille  qui  lui  cnla^oit  les 
pieds  à  plufieurs  tours.  Ces  Gentilshommes  la  por- 
toientau-cou.  Quelques-uns  difcnt  qu'elle  étoit  d'ar- 
gent ;  mais  quelquefois  elle  étoit  d'or  ,  &  n'étoit  pas 
toujours  de  la  même  matière.  Cette  lionne  enlacée 
étoit  un  fymbole  de  leur  propre  Reine,  dit  l'Abbé 
Juftiniani ,  P.  I ,  c.  (fj. 

Lionne.  Terme  de  Flcuriftc.  Nom  d'une  Tulipe  qui 
efl:  incarnat  ,  rouge   &   blanc.  M  or  in. 

LIONNE ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit  du 
léopard  rampant  comme  le  lion.  In  modum  leonlf 
pofitus  ,  gradlens  ,  incedens. 

LIONNISTE.    Foyei  Lyonniste. 

LIONNOIS.   Foyei  Lyonnuis. 

LIONNOISE.   Foj/ei  Lyonnoise. 

LIONS  EN  FORÊT ,  ou  LIONS-LA-FORÊT.  Quel- 
ques uns  écrivent  Lyons.  Bourg  ou  petite  ville  de 
Normandie.  Ce  lieu  eft  dans  une  forêt  ,  qu'on 
nomme  la  Forêt  de  Lions  ,  entre  Rouen  Se  Gifors, 
à  quatre  lieues  de  la  première  ,  &:  à  deux  de  la  der- 
nière. On  a  donné  mal  a  propos  à  ce  lieu  le  nom 
de  Leoncs  ,  ou  Leonum  fylva.  Ce  feroit  plutôt  yici , 
&  Vicorum  fylva.  Voyez  la  Defcrlp.  Géograph. 
&  Hijlorlque  de  la  Haute-Normandie  ,  T.  II  ,  p. 
22S  &  240.  Long.  19.  d.   io',lat.  46.  d.  Z5'. 

Lions  en  Santers  ,  ou  Santois.  Bourg  de  la  Picar- 
die ,  litué  dans  la  contrée  de  Santerre  ,  à  lept  lieues 
d'Amiens ,  du  côté  du  Levant.  Lehunum  In  fangui- 
nem  terfo.  Hadr.  Valois  écrit  Llhons  en  Santers. 
Foyei  Nat.  G  ail.  p.    fOi. 

LIOUBÉ.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Les  Charpentiers 
appellent  lloube  ,  l'entaille  qu'il  faut  faire  pour 
enter  un  bout  de  mât  fur  la  partie  qui  eft  reftée 
debout ,  lorfqu'un  vailfeau  a  été  démâté  par  un  gros 
temps.  Inclfus  ,  Incifura. 

LIOUBETTE.  f.  f.  Nom  de  femme.  Luhecla.  Sainte 
Liouhette  ,  honorée  à  Sainte  Croix  de  Poitiers.  Chas- 
telain  ,  Martyrologe ,  7  Février,  p.  SS7.  On  ne 
trouve  que  cela  de  Sainte  Liouhette.  Mais  ne  fe- 
roit-ce  point  la  même  que  Leohs,ytha  ?  Id.  p.  /(f (f. 

lier  LIOYANG.  Nom  d'une  ville^de  la  Chine  ,  dans 
le  Xenfi ,  au  département  de  Hanchung. 

L  I  P. 

LIPA.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Croatie.  Lipa. 
Elle  eft  fur  la  rivière  de  Dobra^  près  du  Windifch- 
Marck ,  à  deux  lieues  de  Melling ,  vers  le  levant. 
Maty. 

LIPARI.  Nom  de  ville  ,  &  de  la  plus  grande  &  la 
plus  confidérable  des  îles  de  Llparl ,  auxquelles  elle 
donne  fon  nom.  Elle  eft  au  milieu  des  autres ,  & 
a  lix  lieues  de  circuit.  Llpara.  On  y  trouve  des 
bains  exccllens  ,  &  plufieurs  cavernes  ,  dont  il 
lortoit  autrefois  des  Hammes  ^  &  la  ville  de  Lipari , 
Épifcopale  ,  fuffragantc  de  Meiïïnc ,  fïtuée  fur  un  ro- 
cher efcarpé  de  tous  côtés ,  &c  défendue  par  la  cita- 
delle de  Pign.atara.  Le  fameu,x  Corlaire  Barberoulle 
la  ruina ,  l'an  1 544,  mais  elle  s'eft  bien  rétablie 
depuis.  Maty. 

Les  îles  de  Lipari.  InfuU  Lipare£  ,  anciennement 
^olla  VulcaiÙA ,  Heph&fllades.  Ces  îles  font  dans 
la  mer  de  Tofcane,  au  couchant  de  la  Calabre,  & 
au  nord  de  la  Sicile  ,  dont  elles  dépendent.  Les 
Poctes  Payens  feignirent  qu'elles  étoient  la  demeure 
de  Vulcain  ,  S<.  celle  d'Eole ,  Roi  des  vents;  ils 
n'en  comptoient  que  fept ,  mais  il  y  en  a  un  plus 
grand  nombre  ,  dont  quelques-unes  vomilfenc  des 

Aaaa  ij 


J56  LIP 

Hammes.  Les  principales  l'ont  Lipari ,  qui  donne  le 
nom  aux  aunes ,  Strongoli ,  Pare  ,  Roito  ,  Panaria  , 
le  Saline  ,   Volcano  ,  Fenicula  ,  Alicur  Se  Ulbca. 

Maty. 

ffT  LIPARIS.  f.  m.  Nom  donne  à  un  poillon  qui  a 
beaucoup  4e  graille.  Rondelet  compare  fa  tcte  à 
celle  du  Lapin.  Sa  bouche  ell  petite  ,  &  n'a  point 
de  dents.  Ses  écailles  Ibiit  foit  petites  i  il  a  un 
large  trait  qui  s'étend  le  long  du  corps  depuis  la 
tcte  julqu'à  la  queue.  Il  a  fix  nageoires  ,  &  une 
<iueiie  fourchue. 

LIPES.  Nom  d'un  lieu  au  Pérou.  Llpefum  ,  Lipejium. 
C'eft  un  lieu  de  mines  qui  ont  fourni  pendant 
long  temps  beaucoup  d'argent  -,  il  y  a  huit  moulins 
travailkns  ,  lans  compter  ceux  des  petites  mines  des 
environs  ,  comme  Elcala  ,  Aquegua  &  San-Chrifto- 
val ,  dans  IcIqutUes  il  y  en  a  lix.  Lipes  ell  divilé  en 
deux  parties  ,  éloignées  l'une  de  l'autre  de  moins 
d'un  demi  quart  de  lieue  j  l'une  s'appelle  Lipes  ,_  & 
l'autre  Guaico.  Frézier,/?.  /j/.  La  colline  où  font 
les  mines  eil  au  milieu  de  Guaico  &  de  Lipes  , 
toutes  percées  d'ouvertures  de  mines  ,  dont  il  y  en 
a  une  lî  profonde  ,  qu'on  y  trouva  la  fin  du  ro- 
cher ,  au-dclfous  duquel  étoit  du  fable  &  de  l'eau  , 
ce  qu'ils  appellèrent  les  Antipodes.  Id.  De  Ghiou- 
chiou  à.  Lipes  ,  il  y  a  environ  70  lieues.  Id.  De 
Lipes  à  Poroli ,  il  y  a  environ  70  lieues.  Id. 

LIPHEIM.  Bourg  d'Allemagne  dans  la  Suabe,  fur  le 
Danube  ,  avec  un  Château  à  une  demi  -  lieue  de 
Guntbourg. 

LIPING.  Nom  d^'une  ville  de  la  Chine.  Lipinga. 
Elle  eft  la  fepticme  de  la  province  de  Queicheu , 
&  a  trois  autres  villes  (ous  fa  juirifdidion.  Maty. 
Les  habitans  de  Liping  parlent  une  langue  incon- 
nue aux  Chinois.  Ambaff.  des  Hollandais^  P-1 1 
p.  177. 

LIPIRIL.  f.    f.  Foyei  Lipyrie. 

ipj"  LIPIS.  Nom  d'une  ville  de  l'Amérique  ,  dans  le 
Potofi  j  dans  le  voilinage  de  laquelle  on  trouve  une 
pierre  d'un  bleu  de  Saphir  avec  un  peu  de  tranfpa- 
rence  ,  à  laquelle  on  a  donné  le  nom  de  pierre 
de  Lipis.  Elle  eft  dure  ,  &  d'un  goût  fi  acerbe 
qu'elle  ulcère  la  langue.  C'eft  un  violent  aftrin- 
gent  qu'on  emploie  quelquefois  dans  les  emplâtres. 

LIPKI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Les  Liphis  ne  font 
proprement  autre  chofe  que  des  Déferceurs  ,  qui 
pendant  la  guerre  prennent  parti  dans  l'armée  enne- 
mie. En  temps  de  paix  ,  on  appelle  aulli  Lipkis 
tous  les  Turcs  ou  Tartares  qui  fe  fauvent  de  leur 
pays  pour  s'établir  en  Pologne  ,  &  l'on  donne  le 
même  nom  aux  Polonnois  qui  vont  en  Turquie. 

LIPOGRAMMATIQUE.  adj.  de  t.  g.  Il  fe  dit  d'un 
Ouvrage  dans  lequel  IfJ"  on  atïeâe  de  ne  pas  faire 
entrer  quelque  lettre  de  l'Alphabet.  Ouvrages  que 
l'on  doit  à  la  patience  &  à  la  fottifc  de  quelques  Au- 
teurs. C'eft  de  cette  manière  que  Tryphiodore  ht  fon 
Odyifée.  Il  n'y  avoit  point  d'^  dans  le  premier  Li- 
vre ,  point  de  B  dans  le  fécond  ,  &  ainfi  des  autres. 
Neftor  ,  Poctc  de  Lavanda  ,  qui  vivoit  du  temps 
de  l'Empereur  Sévère  _,  fie  aulli  une  Iliade  Upogram- 
matique.  Lafus  d'Hermonie ,  très  ancien  Pocte  ,  avoit 
fait  une  Ode  &  une  Hymne  lans  l.  Cléarque  dans 
Athénées  parle  aulIl  d'un  Ode  fans  ? ,  de  la  façon  de 
Pindare.  Nous  avons  en  Proie  Latine  un  petit  Ouvrage 
de  Fabius Claudius  Gordianus  Fulgentius  publié  à  Poi- 
tiers en  1696.  par  le  P.  Jacques  Homey  ,  Auguftin  , 
dont  lepremier  chapitre  eft  fans  A  ,  le  fécond  fans  B  , 
letroifième  fans  C  ,  &  ainfi  du  tefte.  Nos  Auteurs 
François  fe  font  exercés  en  cette  manière  d'écrire  , 
entre  autre  M.  l'Abbé  de  Court,  (  frerc  du  célè 
bre  M.  de  Court ,  fi  connu  dans  la  République  des 
Lettres ,  de  oui  nous  avons  un  bel  éloge  par  M. l'Abbé 
Geneft)  lequel  dans  un  Recueil  inticulc  Fariétés  in- 
génieufes  ,  a  compofé  cinq  Lettres  avec  quatre 
voyelles ,  la  première  fans  A  ,  la  leconde  fans  E ,  &c. 
On  voit  au  même  endroit  une  Lettre  en  monofylla- 
bes  du  même  Auteur. 

fCTLIPOGRAMMATISTE.  f.  m.  &  adj.  On  a  donné 
ce  nom  ou  cette  épithùte  à  des  Écrivains  qui  âuis 


L  I  P 

un  Ouvrage  fe  font  abftenus  d'une  ou  de  plufieurs  J 
lettres  de  l'Alphabet.  On  applique  cette  maxime  aux 
Auteurs  lipogrammatifies.  Turpe  ejl  difficiles  ha- 
here  nugas. 
LIPOME,  f.  m.  Terme  de  Chirurgie  ,  ou  Loupe 
grailfeufe.  Lipoma  ,  ans.  Tumeur  enkiftée  ,  ou  ef- 
pèce  de  loupe  ,  formée  par  une  grailfe  épaillîe  dans 
quelque  cellule  de  la  membrane  adipeufe.  Il  en  vient 
quelquefois  de  fort  grolles  entre  les  épaules. 

Ce  mot  eft  Grec  >.ixaux  ,  formé  de  àI/w  ,  adeps , 
graille.  Col  de  'Vili-ars. 

LIPOSYCHIE  ,  ou  LIPOTHYMIE,  f.  f.  Terme  de 
Médecine.  Diminution  fubite  des  aétions  vitales  & 
animales  ,  laquelle  on  appelle  autrement  défaillan- 
ce j  ou  pâmoifon.  Defeclus  animi ,  deliquium  virium. 
Dans  la  lipothymie  le  pouls  eft  petit  &:  débile  :  les 
fens  internes  &:  externes,  &  le  mouvement  animal , 
tant  volontaire  ,  que  naturel ,  font  extrêmement  af- 
foiblis  j  &;  la  refpiration  eft  fort  obfcure.  Les  cau- 
fes  de  la  lipothymie  font  les  grandes  pertes  de  fangf, . 
les  évacuations  excelîives,  les  exercices  immodérés, 
l'air  trop  cralïe  ou  trop  chaud ,  tel  qu'il  eft  dans 
les  alfemblées  nombreufes  ,  &c.  M.  Harris  dit  qu'on 
la  nomme  aulîl  lipofychie.  Il  ralloit  dire  lipopfychie. 
peut-être  eft-ce  un  faute  d'impreirion. 

§3"  La  LIPOTHYMIE  eft  un  évanouilfement  léger ,  un- 
commencement  de  Syncope ,  où  l'exercice  des  fens 
eft  fimplement  fufpeiidu ,  &  où  le  ^Ltlade  conferve 
la  faculté  de  penfer  ,  avec  la  mémoire.  Quelque 
odeur  un  peu  forte  ,  une  lîmple  afperfion  d'eau 
froide  ditîipe  cet  état.  Pour  les  caufes ,  Voye^  Syn- 
cope ,  Évanouissement. 

Ce  mot  eft  Grec  ■■,  il  lignifie ,  défaillance  des  ef- 
prits.  ah'zt*  ,  deficio  ,  ^"f^'f  j  animas  j  de  lipopfychie , 
de  Mi'aùi  ,  ëc  de  ■i^uyi: ,  l'ame. 

LIPOTHYMIE,  f.  f.  roye^  l'art,  précédent. 

LIPOU  ,  ou  LIPU.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Nom  d'utij 
Tribunal  d'un  Confeil  fouyerainde  laChine.  Le  Lipoi 
eft  l'un  des  grands  Tribunaux  de  l'empire  de  la  China 
P.  Le  Comte.  Le  premier  Préhdent  du  Lipou.  Id. 
Le  Lipou  doit  conferver  les  anciennes  coutumes  ;  il 
régie  tout  ce  qui  regarde  la  Religion  ,  ^es  Sciences , 
les  Arts  ,  les  allaites  étrangères.  Lç  Lipou  a  inlpec- 
tion  fur  tous  les  Mandarins  ;  il  peut  leur  donner, 
ou  leur  ôter  leurs  Charges.  Id.  , 

LIPPA.  Nom  d'une  petite  ville  fortifiée  de  la  Haute- 
Hongrie.  Lippa.  Elle  eft  fur  la  rivière  de  Maros, 
dans  le  Béglerbéglic  de  Témifwar  ,  à  dix  lieues  de 
la  ville  de  ce  nom  ,  vers  l'orient  leptentrional.  En 
Septembre  1695.  la  garnifon  de  cette  Place  ayant 
fait  une  fortie  fur  les  troupes  du  Grand  Seigneur, 
elle  fut  repoulfée  li  vigoureufcment ,  &z  luivie  de 
fi  près ,  que  les  Turcs  entrèrent  dans  la  Place  con- 
fufcment  avec  les  Chrétiens ,  s'en  rendirent  les  maî- 
tres ,  démolirent  lés  fortifications  ,  &  l'abandonnè- 
rent. Maty.  Long.  40.  d,  35' ,  lat.  45.  d.  3/. 

LIPPE,  f  f.  Grolfe  lèvre  d'en- bas,  qui  avance  trop. 
C'eft  un  terme  de  mépris.  Lahium.  On  dit  d'un 
homme  qui  boude  ,  qui  fait  la  moue  ,  qu'il  avance 
une  grolfe  lippe  ^  qu'il  fait  la  lippe.  Les  Princes  de 
la  Mailon  d'Autriche  font  remarquables  par  la  lippe. 
La /i^'pe  d'Autriche.  Cela  leur  vient  de  la  Maifon  de 
Bourgogne ,  6c  on  le  remarque  encore  aujourd'hui 
en  la  plupart  des  PVinces  defcendus  de  cet  illuftre 
Mailon.  Larrey. 

Ce  mot  vient  du  Flamand ,  ou  Allemand  ,  lip , 
qui  lignifie  la  même  choie.  Men.  L'Allemand  lip, 
ik  le   François  lippe ,   viennent    du    Latin   labium. 

HUET. 

Lippe.  Nom  d'une  rivière  du  Cercle  de  Weftphalie , 
en  Allemagne.  Lippia ,  Lupia  ,  Luppia  ,  Lupias.  Elle 
a  la  fource  au  village  de  LipplTprinck ,  dans  l'Eve- 
ché  de  Padeiborn,  baigne  la  ville  de  ce  nom  ,  celles 
de  Lippe ,  de  Ham  &  de  Dorftcn ,  &  fe  décharge 
dans  le  Rhin^   un  peu  au-dellus  de  Wefel.  AL\ty. 

Lippe  ,  ou  Lippstat.  Nom  d'une  ville  Anfé.trique  &: 
forte.  Lippia  ,  Lipjladium  ,  Luppia.  Elle  eft  capitale 
du  Comté  de  Lippe  en  V/eftphalie ,  &  fituée  lut  la 


L  I  Q 

rivière  de  Lippe ,  à  iîx  lieues  au-deffous  de  la  ville 
de  Padeiboni. 

Le  Comte  de  Lippe.  Comicatus  LuppiA ,  ou  Co- 
mhdcus  Luppicnjis.  Ccft  un  des  États  du  Cercle  de 
Wertphalie  ,  en  Allemagne.  Il  clt  lëparé  en  deux 
parties  par  le  Comté  de  Ritberg.  La  partie  mcridio 
nalc  (ce  qui  porte  proprement  le  nom  de  Comté  de 
Lippe ,  Ik  qui  avoit  autretois  celui  de  Comté  d'O- 
berwald  ,  du  bourg  de  ce  nom  ,  (ur  les  ruines  du- 
quel la  ville  de  Lippe  jut  hutte  vers  le  douzième  iîc- 
cle  )  ,  ell  lituée  autour  de  la  rivière  de  Lippe  ,  entre 
le  Comté  de  Ritberg  ,  la  VVellphalie  propre  ,  &  les 
Évêchés  de  Paderborn  6:  de  Munfter.  C'efl:  un  petit 
pays  qui  n'a  rien  de  conlîdérable  que  la  ville  de 
Lippe.  La  partie  (eptentrionale ,  qu'on  nomme  quel- 
quetèiis  le  Comté  de  Lemgow  ,  eft  entre  les  Comtés 
de  Ritberg,  de  Ravensberg,  de  Schawenbourg  ,  & 
l'Évêché  de  Munfter.  Elle  peut  avoir  environ  dix 
lieues  de  long ,  &  quatre  de  large.  Ses  lieux  prin- 
cipaux font  Lemgow  ,  Dietmellc  ,  ou  Delmalt  & 
Oldembourg.  La  Maifon  de  Lippe  eft  divifée  en  trois 
[  Branches  principales  j  qui  font  celles  de  Delmolt , 
de  Brakcl  Se  de  Buckembourg  j  dont  la  première 
ell  l'aînée.  Maty. 
JCF  LIPPÉE.  f.  f.  Terme  du  difcours  familier  ,  fyno- 
nyme  de  Bouchée.  Une  bonne  lippée  :  quelquefois 
fynonyme  de  Repas.  Une  franche  lippée  :  repas  qui 
ne.  coûte  rien.  Bolus  ,  menfa  gratuita.  Un  Cher- 
cheur de  franches  lippées  :  homme  qui  cherche  à 
j  faire  bonne  chère  aux  dépens  d'autrui.  Tout  cela  eft 
du  ftyle  très  bourgeois. 

IPPITUDE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Afteftion  des 
yeux  ,  que  l'on  appelle  autrement  Chaffie  :  elle 
conlîfte  dans  l'écoulement  d'une  humeur  cralfe  , 
vifqueufe  &  acre  qui  attache  les  paupières  l'une  à 
l'autre.  Lippitudo.  Quelques  uns,  après  Celfe,  don- 
nent audll  ce  nom  à  l'ophthalmie.  yoye\  Ophthal- 
MiE ,    &c  Chassie. 

IPPO.  Nom  d'une  petite  rivière  ,  Se  d'une  ville  de  la 
Natolie.  Lippus  ,  anciennement  Hippia.  Elle  eft 
près  de  la  mer  Noire  ,  au  midi  de  Pendarachi ,  & 
fur  la  rivière  de  Lippo  ,  qui  eft  l'Hippitis  de  Ptolo- 
mée.  Maty. 

IPPU ,  UE.  adj.  Qui  a  la  lèvre  d'en  bas  trop  grofle , 
&  en  faillie.  Labiofus  ,  labeo  ,  chilo.  On  dépeint 
les  Maures  &  les  Indiens  lippus  Se  camus.  Les  La- 
bcons  dans  l'ancienne  Rome  étoient  ainfi  nommés , 
parce  qu'ils  croient  lippus.  §3"  On  dit  plus  ordinai 
rement  au  fubftantif,  un  gros  lippu.  Mais  ce  mot 
n'eft  pas  du    ftyle  noble. 

IPSIC.   Toye?  Leipsic. 

7LIPU.  F'oyer  Lipou. 

IPUDA  ,  ou  félon  quelques  Cartes  ,  LACANETO. 

1  Lipudu  J   Aretas.  Petite    rivière  de  la  Calabre  cité- 

I  rieure.    Elle   baigne    la  ville  d'Umbratico ,    &    fe 

I  décharge  dans  la  mer  Ionienne  ,  entre  la  ville  de 
Srrongoli ,  &c  le  golfe  de  Tarente.  Maty. 

IPYRIE.  f.  f.  Lipyrïas.  Terme  de  Médecine.  Efpèce 
de  fièvre  ardente  ,  maligne  ,  accompagnée  d'une  cha- 
leur interne  confidérable  j  ou  d'une  inflammation 
éryfipélateufe  aux  vifcères  ,  Se  en  même  temps  d'un 
grand  froid  aux  parties  internes. 

Ce  mot  eft  Grec  mutuiIm  ,  ou  ^rî!";'*  ,  compofé  de 
AtiiroKt'.fj  relinquor  ,  fuperfum  ,  je  refte ,  Se  île  "h 
feu  J  ou  de  siof/«,   caldorium,  étuve,    bain  chaud, 

L  I  Q. 

p-LIQUATION.  f.  f  (on  fait  fentir  Vu)  Terme 
de  Métallurgie.  C'eft  l'opération  qui  conlîfte  à  fé- 
parer  du  cuivre  la  portion  d'argent  qui  y  eft  con- 
tenue ,  par  le  moyen  du  plomb  qu'on  y  joint.  Eli- 
quatio.  Pour  y  parvenir,  on  joint  au  cuivre  une  cer- 
taine quantité  de  plomb  ,  proportionnée  à  la  quan- 
tiré  d'argent  qui  eft  contenu  dans  le  cuivre.  Ce  mé- 
;  lange  de  cuivre  &  de  plomb  entrant  en  fufion ,  le 
'  plomb  fe  charge  de  l'argent  qui  a  plus  d'affinité  avec 
lui  qu'avec  le  cuivre  ,  &  le  cuivre  refte  fous  une 
forme  fpongieufe.  On  fépare  enfuite  l'argent  du 
plomb  à  la  coupelle.  Les  gâteaux  de  cuivre  mêlés 


LI  Q 


avec  du  plomb  ,  s'appellent  pièce  de  Hquation.  yoy. 
encore  Ûessuage. 

LIQUÉFACTION,  f.  f  (  on  fait  fentir  \u  ).  Opération 
par  laquelle  on  réduit  en  liqueur  un  corps  folide. 
Aélion  du  feu  ,  ou  de  la  chaleur  fur  les  corps  gras, 
ou  fufiblcs  y  qui  met  leurs  parties  en  mouvement. 
Liquatio ,  liquefaclio.  La  liquefaclion  de  la  cire ,  du 
fuif  J  fe  fait  avec  jfnc  chaleur  modérée.  La  liqué- 
Jaclion  du  (cl  de  tartre  le  tait  par  la  liniplc  humi- 
dité de  l'air.  On  tait  aullî  des  liquéfaclior.s  de  refî- 
nes ,  gommes  j  axungcs  ,  beurre  j  ongucns  j  ô'c.  En 
matière  de  métaux ,  on  l'appelle  Fufwn. 

LIQUÉFIER.  V.  .1.  gCF  (  prononcer  Likéfier).  Rendre 
liquide  par  le  moyen  du  feu ,  ou  de  quelque  autre 
dillolvant.  Liquefacere  j  liquare.  Le  feu  Uquejie  la 
cire  ,  le  plomb  ,  l'argent  ,&t.  Il  eft  aulîl  réciproque. 
La  eue  fe  liquéfie  auprès  du  feu.  Le  fable  mêlé  avec 
des  alk.ilis  fe  liquéfie  dans  le  feu  de  réverbère  pour 
faire  du  verre.  Tout  fel  fe  liquéfie  à  l'humidité  ; 
le  vitriol  &  les  autres  fels  fe  liquéfient  à  force  de 
feu.   Se  fe  convertillcnt  en  eaux-fortes. 

LIQUET.  f  f  Poire  très  petite.  Elle  eft  excellente  à 
cuire  J  Se  d'un  beau  rouge.  La  poire  de  Liquet , 
autrement  la  Vallée  ,  confervc  pourtant  une  petite 
âcreté,  qui  en  diminue  le  mérite  j  mais  on  la  corrige 
par  le  fucre. 

LIQUEUR,  f.  f  Subftance  fluide  Se  liquide  ,  dont  les 
parties  coulent  aifément.  Liquor ,  humor  liquidas. 
Les  corps  folides  defcendent  en-bas  dans  les  liqueurs  ^ 
à  proportion  de  leur  poids.  Archiméde  en  tait  un 
Traité  qu'il  intitule  ,  De  infidentibus  humidù.  L'eau 
eft  la  plus  funple  des  liqueurs. 

Liqueur  ,  (é  dit  par  excellence  du  vin  ,  Se  particuliè- 
rement de  ceux  qui  font  les  plus  agréables.  Liqueur 
qui  réjouit  le  cœurN  En  Poëfie  ,  le  vin  fe  nomme 
liqueur  Bacchique.  |K7"  Les  vins  d'une  certaine  qua- 
lité ,  &  dont  on  ne  boit  pas  à  l'ordinaire  ,  comme 
le  Mufcat  ,  le  vin  A'Efy^^nc  ,  &c.  font  appelés 
vins  de  liqueur. 

§Cr  Et  quand  les  vins  d'ordinaire  ,  comme  le  Bour- 
gogne ou  le  Champagne  ,  ont  trop  de  douceur ,  on 
dit  qu'ils  ont  de  la  liqueur.  Les  vins  d'un  tel  canton 
ne  font  pas  cftimés ,  parce  qu'ils  ont  trop  de  liqueur , 
ils  font  trop  doux. 

IJCTCe  mot  au  pluriel  fe  dit  de  différentes  boilTons 
compofées  du  mélange  de  plufieurs  ingrédiens ,  dont 
la  bafe  eft  ordinairement  l'eau-de-vie  ,  ou  l'efprit- 
de-vin.  Le  fréquent  ufage  des  liqueurs  eft  pernicieux 
à  la  (anté. 

Feu  M.  Patin  difoit  touchant  les  liqueurs  qui  font 
fi  fort  au  goût  d'aujourd'hui  ,  &  dont  la  bafe  eft 
l'eau  de-vie,  ou  l'efprit  de -vin  ,  que  ce  font  des  poi- 
fons  fucrés  ,  qui  tuent  à  coup  sûr.  Ils  donnent  la 
vie  à'  ceux  qui  les  vendent  j  Se  la  mort  à  ceux  qui 
en  ufent.  Mélange  de  l'Hift.  &  de  Lice.  Les  liqueurs 
font  prefque  tout  à  fait  profcrites  ,  &  il  eft  auffi 
nuiflble  à  la  réputation  qii'à  la  fanté  ,  de  trop  boire. 
Traité  du  vrai  mérite. 

03°  On  appelle  liqueurs  fraîches,  certaines  boifTons  ra-. 
fraîchillantes ,  telles  que  la  limonade  ,  l'orangeade  , 
l'eau  de  grofeilles  ,  de  framboife  ,  &c. 

Les  Teinturiers  appellent  abfolument  liqueur , 
celle  qu'ils  compofent  d'une  partie  de  fon.  Se  de 
cinq  parties  d'eau  ,  qu'ils  font  bouillir  une  heure  j 
ou  environ.  gC?  Cette  eau  n'eft  pas  colorante  j  c'eft 
fimplement  une  préparation  pour  les  teintures ,  pour 
faire  recevoir  la  couleur  aux  matières  qu'on  veut 
teindre. 

Liqueur  huileuse.  Terme  de  Médecine.  Le  fuc  ner- 
veux eft  une /içz^earhuileufe  &  très- fubtile  ,  qui  fert 
de  véhicule  aux  efprits  animaux  ;  Se.  avec  le  fang , 
de  nourriture  aux  parties.  Les  parties  paralytiques 
qui  ne  la  reçoivent  plus ,  deviennent  maigres. 

LIQUIDAMBAR.  f  m.  Rélînc  liquide  comme  de  la  téré- 
benthine ,  claiie ,  rougeâtre  ,  ou  jaunâtre  ,  d'une 
odeur  agré-able  ;  approchante  de  celle  de  l'ambre. 
Amharum  liquidum.  Elle  découle  par  incifîon  de  l'é- 
corce  d'un  arbre  grand  Se  beau  qui  croît  à  la  Nou- 
velle Efpagne ,  &  que  les  Indiens  appellent  Ococol 


558  LIQ 

ou  OcofoUe.  Ses  Icuilles  i-ciremblcnt  à  celles  du 
lierre;  ton  ccorce  ell  cpAillc  ,  de  couleur  cendrée  , 
trcs  odoriférante.  Il  y  a  du  liquidamhar  (oViàz ,  qui 
n'efi:  aucre  chofe  que  le  précédent  qu'on  ;x  laillé 
fécher  au  toleil.  Le  Hqtudamhar  eft  propre  pour 
ramoHir,  pour  mûrir  ,  pour  réloudre,  ce  pour  con- 
iblider.  Cette  rélïne  eft  appelée  Liquidambjr  ,  com- 
me qui  diroit  Ambre  liquide  ,  parce  qu'elle  eft  li- 
quide ,  &  que  ton  odeur  apprc^he  celle  de  l'ambre. 
LIQUIDATION,  f.  h  Terme  de  Jurisprudence.  Éva- 
luation de  choies  incertaines  à  une  tomme  fixe  & 
déterminée.  Dcclfio  ,  &JlLmatio.  On  a  fait  la  liquida- 
tion, de  tous  les  droits  qui  peuvent  appartenir  à 
cette  femme  en  la  communauté  de  fon  mari ,  à  la 
lomme  de  tant.  Les  dommages  &:  intércs  de  ce 
Fermier  pour  les  non  -  jouillances  ,  le  lont  trouvés 
monter  à  deux  mille  livres  ,  quand  la  liquidation 
en  a  été  fiite.  Zichrius  a  tait  un  Traité  utile  de  la 
Liquidation  des  deniers  ,  qu'il  appelle  Statem  li- 
quidi  6"  ilUquidï. 

On  a  fait  la  liquidation  des  dépens  par  l'Arrêt , 
pour  en  épargner  la  taxe.  Il  y  a  une  Table  ,  ou  Li- 
vrej  i)ititulée  Liquidation  d'intérêts  ,  où  l'on  voit  ce 
que  chaque  fomme  porte  d'intérêt  pour  tant  de 
temps  ,  &  à  un  tel  denier. 

Ce  mot,  &  celui  de  liquider,  viennent  de  liquet, 
qui  iignifîe  il  ejl  clair,  ou  dî  liquidas',  qui  veut  dire 
clair ,  parce  que  par  la  liquidation  d'un  compte ,  Se 
en  liquidant  des  tommes  ,  on  rend  clair  3c  certain 
ce  que  l'on  cherche. 
LIQUIDE,  adj.  de  t.  g.  Corps  fluide ,  qui  eft  en  mouve- 
ment, &  qui  ne  rélîfte  point  au  Iblide  qui  pèfe  detfus. 
Liquidas.  fy3'  Selon  quelques  Phylicicns  tout  ce  qui  eft 
fiutdc  n'eft  pas  liquide  ;  mais  tout  ce  qui  eft  liquide 
edfiuide.  M.  Mariottc  prétend  que  le  corps  liquide 
eft  feulement  celui  qui  étant  en  quantité  fuffitantc , 
coule  5c  s'étend  au  dellous  de  l'.^ir  julqu'à  ce  que 
fa  furface  fe  toit  mite  de  niveau.  Dans  ce  téns  ,  l'eau  , 
le  vin  ,  le  mercure  Se  les  autres  liqueurs  tont  des 
corps  fluides  &  liquides.  Mais  l'air  ôc  la  flamme 
qui  n'ont  pas  cette  propriété  de  déterminer  leur  fur- 
face au  niveau  _,  font  des  corps  fluides  ,  Se  non  pas 
liquides.  L'eau  eft  -appelée  par  excellence  l'élément 
liquide. 
^pF  Dans  l'ufage  ordinaire  on  ne  fait  point  cette  diftinc- 
tion  ennc  fluide  8c  liquide ,  Se  l'on  emploie  inditîé- 
reniment  ces  deux  mots  comme  fynonymes.  On  dit 
que  l'air  eft  liquide  ,  que  la  région  des  planètes  eft 
liquide. 
IJCT  En  t1:yle  Poétique  les  mers  s'appellent  les  plaines 

liquides. 
LiQ.uiDE  ,  cîï  quelquefois  oppofé  à  épais  ,  qui  n'eft 
pas   allez   coulant.    Liquens ,  fluens.  Il  faut  mettre 
de  l'eau  dans  cette  encre  ,  elle  n'ell  pas  alfcz  liquide 
ôe  coulante. 

On  appelle  confitures  liquides  ,  celles  qui  font 
dans  du  tuop  .  qui  ont  du  tlrop.  Il  y  a  beaucoup  de 
gens  qui  aiment  mieux  les  confitures  féches,  que  les 
liquides. 
Liquide,  eft  aullî  quelquefois  fubft.  mafc.  Les  oifeaux 
volent  par  le  liquide  des  airs.  Cela  eft  Poétique.  L'ef- 
fort du  vent  fomcntoit  la  chaleur  du  liquide.  Journ. 
de  1695.  Le  liquide  te  trouve  gelé  en  peu  de  temps  , 
parce  que ,  &c. 
IJCF  On  le  dit  aullî  fubftantivement  des  alimens.  Cet 
homme  ne  peut  vivre  que  de  liquides  ,  pendant  ta 
tîevre,  c'eft  .à dire,  de  nourritures  liquides,  bouil- 
lons ,  confommés  ,  &c. 

Ce  mot  te  dit  parmi  les  Grammairiens ,  de  cer- 
taines conl'omies  qui  font  oppofées  aux  muettes.  Li 
quida  confona.  L.  M.  N.  R.  font  les  quatre  liquides , 
îj3"  parce  qu'éta,ur  employées  à  la  fuite  d'une  autre 
confonne  d.:ns  une  même  fylLibe  ,  elles  font  fort 
coulantes ,  &  te  prononcent  plus  aifément  que  d'au 
très  confonnes  en  la  même  place. 
Liquide  ,  fe  dit  fîgurémcnt  en  choies  morales ,  Se  fur- 
tout  au  Palais ,  des  biens  Se  effets  qui  font  clairs  , 
fans  contcftation ,  (Se  dont  la  valeur  eft  déterminée. 
Parus  j  ecrtus  j  non  controverfus.  Cet  homme  a  du 


L  IR 

bien ,  mais  il  n'eft  pas  liquide.  Toutes  dettes  Se 
charges  payées ,  il  a  de  revenu  clair  &  liquide  tant. 
On  ne  peut  failir  que  pour  une  dette  liquide  &  cer- 
taine. Le  reliquat  d'un  compte  eft  ce  qui  eft  dû  de 
net  y  de  liquide.  La  compenfation  ne  fe  fait  que  de 
liquide  à  liquide  ,  quand  la  dette  eft  de  part  & 
d'autre  certaine  &  exigible  hic  &  nunc  ;  |p-  ce  qui 
ne  fe  pourroit  pas  dire  d'une  dette  ,  qui  dépendroit 
d'uiie  condition  ,  de  la  diicullion  d'un  compte  ,  de 
l'événement  d'un  procès-,  qui  ne  feroit  exigible  que 
dans  un  certain  temps.  Dans  ce  dernier  exemple  le 
mot  liquide  déiigne  non-feulement  des  quantités  fixes 
Se  déterminées ,  mais  encore  atlutUemcnt  exigibles. 

LIQUIDER.  V.  a.  Fixer  à  une  lomme  liquide  des  pré- 
tentions contentieufes.  Decidere.  Il  a  fait  liquider 
les  droits  qui  lui  pouvaient  appartenir  en  une  telle 
fuccellîon. 

Liquider  des  fruits ,  c'eft  les  évaluer  à  une  certaine 
fomme  de  deniers  ,  c'eft-à-dire  ,  les  eftimer  félon 
qu'ils  valoient  au  temps  qu'ils  ont  été  perçus  par 
celui  qui  eft  obligé  d'en  rendre  l'eftimation. 

gCF  Liquider  des  dépens,  c'eft  faire  taxer  les  frais  & 
dépens  à  une  certaine  fomme  contre  celui  qui  y  efl 
condamné.  Liquider  des  dommages  &:  intérêts  ,  c'eft 
les  faire  taxer  Se  arrêter.  Foye^  Taxe  ,  &  Dom- 
mages Se  Intérêts. 

§Cr  Liquider  fes  aftaircs ,  y  mettre  de  l'ordre  ,  en 
payant  tes  dettes  palîivcs  ,  en  pourfuivant  le  paye- 
ment des  adiveSj  &c. 

LIQUIDÉ  ,  LE. 

Pour  l'étymologie  ,  Voyc:^  Liquidation. 

LIQUIDITÉ,  f.  f.  Qualité  des  corps  liquides.  Liquiditas. 
La  liquidité'  n'eft  autre  chofe  que  l'.igitation ,  le  mou- 
vement continuel  des  parties  du  corps  qu'on  appelle 
liquide.  Liquidité  de  l'eau  ,  de  l'air  ,  &c.  §CF  Voy. 
aux  mots  Liquide  ,  Fluide  Se  Fluidité,  la  diftinction 
que  plufieurs  Phyficiens  mettent  entre  liquidité  & 
fluidité. 

LIQUOREUX ,  EUSE.  adj.  Qui  a  de  la  liqueur.  On 
ne  s'en  fert  qu'en  parlant  du  vin  qui  a  une  douceui 
qu'il  ne  devroit  point  avoir.  Ou  n'aime  pas  les  vin; 
liquoreu.x, 

L  I  R. 


1 


Lire.  v.a.. Légère,  je  lis  ,  tu  lis,  il  lit ,  nouslifljn^.  Ji 
lus ,  j'ai  lu  ,  je  lirai  y  que  je  iife  ,  que  je  lufjé.  Il  a  : 
l'impératif /i  j  Se  lis  ,  quand  le  relatif  en  mit;  lis-er. 
un  chapitre. 'Vaug.  Corn.  Régulièrement  il  faut  dirt 
en  interrogeant  ,  lif-je,Sc  non  pas  lifé  je.  Gramm. 
M.  Ménage  dit  là-deffus,  que  les  règles  de  la  Gram- 
maire doivent  céder  à  la  douceur  de  la  prononcia- 
tion ;  (Se  il  préféreroit  lifé-je  ,  à  lis-je.  On  fait  mieux 
d'éviter  l'un  Se  l'autre.  Lire  lignifie,  connoître.  Se 
comprendre  la  figure  ,  ou  le  fon,  (Sj  la  force  des  ca- 
raétères  écrits  ,  imprimés  ou  gravés,  par  lefquelsun 
autre  a  voulu  imprimer  ta  penfée  ;  parcourir  des  yeus 
&  avec  la  connoillànce  de  la  valeur  des  caradères , 
ce  qui  eft  écrit.  Cet  cnfint  lait  bien  lire.  Les  Sergens 
écrivent  tî  mal ,  qu'on  ne  fauroit  lire  leur  écriture. 
Ce  vieillard  ne  peut  lire  qu'avec  des  lunettes.  Il  a 
appris  à /i«  le  Grec,  l'Hébreu,  l'Arabe.  Les  payfansnï 
devroient  Lavoir  ni  lire  ,  ni  écrire;  cela  les  rend  chica- 
neurs. Ce  titre  eft  ti  effacé  ,  qu'on  ne  le  fauroit  lire; 
il  eft  écrit  en  caraébères  inconnus ,  qu'on  ne  peut  lire, 
ni  entendre.  Un  Brachmane  dit  à  Saint  François  Xavier 
qu'on  lifoit  dans  leurs  anciennes  écritures  ,  que  toutes 
les  faulles  Religions  celleroient  un  jour ,  Sc  qu'un 
temps  viendroit  où  tout  le  monde  garderoit  une  mê- 
me Loi.  BouH. 

g^On  dit .aulTi /ire  la mulique.  Trouver  les  fons  delà 
voix  attachés  à  chaque  caraélère  Se  à  chaque  combi- 
naifon  des  carriétères  de  la  mulîque. 

Lire  ,  lignifie  aulîî ,  Prononcer  à  haute  voix  le  contenu 
en  quelque  Livre  ,  ou  écrit.  Recitare.  On  doit  louer  la 
coutume  des  Couvcns  ,  de  faire  lire  pendant  le  repas. 
UnPortcur  de  rémilîîondoit  entendre /i«  tes  Lettres 
à  genoux  en  pleine  Audience.  Un  Notaire  doit  lire  Se 


L  I  R 

relire  un  tcftament  au  Tefbtcui' ,  avant  que  de  le  lui 
faire  (igiier. 

•Lire  ,  /îgniHc  aulll  feuilleter  pour  Ton  inftruiition  ou 
pour  Ion  amufement.  Légère,  evolvcre  ,Jludcre.C(i 
Docteur  cil  un  homme  qui  le  tue  à  force  de  lire. 
C]clui-là  ne  lie  que  par  diveitilleir.jnt.  Lire  les  l'ercs , 
lac  les  ConcileSj  lire  les  Poëtes.  Ce  Péd.in:  ne  lit  pas 
pour  s'inltruirc  ■,  ce  n'eft  que  pour  avoir  la  gloire 
d'avoir  lu.  Bell. 

gCTEn  parlant  d'un  Profeflèur  qui  enfeigne  dans  les 
écoles  ceux  qui  viennent  entendre  fvS  leçons ,  on  dit , 
lire  un  livre ,  pour  dire  ,  l'expliquer  ,  le  prendre  pour 
fujet  des  leçons  qu'il  donne.  Dans  les  ccole^dcTliéo- 
logie,les  Prokileurs  lifoient  !e  Maître  des  Sentences 
à  leurs  Auditeurs.  Un  Régent /if  Virgile  j  Horace  à 
fes  Ecoliers. 

Lire  ,  fe  dit  figurément  en  Morale.  Découvrir  ce  qui 
eft  caché  ,  les  penlées ,  pénétrer  julqu'au  fond  du 
cœur.  Intelligere ,  nofcere ,  cogncfcere.  Dieu  lie  dans 
nos  amesjdans  nos  penlées.  Les  Altrologues  fe  vantent 
de  lire  nos  aventures  &c  notre  dellinee  dans  les 
cieux.  Je  lis  dans  vos  yeux  ,  lur  votre  vilage  ,  ce  que 
vous  avez  dans  l'ame.  Ceux  dont  la  conduite  elf  le 
fruit  d'une  application  chagrine  &  laboricufe  ,  lailîent 
lire  fur  leur  vifage  l'importance  de  leurs  delleins. 
P.  DE  LA  Rue.  J'ai  tort  de  vouloir  lire  dans  votre 
cœur  j  je  n'y  verrois  peut  être  que  de  la  froideur  &z 
de  l'indi.^lérence.  S.  EvR.  Mais  pourquoi  veux  je  lire 
dans  une  ame  ,  où  je  ne  trouverois  que  de  la  tiédeur, 
&  peut-être  Az  l'infidélité;  Lett.  Portug. 

Je  lis  dans  vos  regards  la  fureur  qui  vous  preJJ'e. 

Rac, 

On  dit  auffi  d'un   Joueur  ,  qu'il  lit  dans  le  jeu 
de  fon  compagnon ,  quand  il   découvre  ks  cartes 
qu'il  a  en  main. 
.gCFLiR-E  un  dell'ein ,  lire  la  figure.  Terme  de  Manu- 
facture. C'eil;  marquer  en  détail  a  l'ouvrier  qui  monte 
•     un  métier ,  le  nombre  de  fils  qu'il  doit  prendre  ou 
lailler ,  afin  de  former  fur  l'étorte  les  mêmes  figures 
ou  fieurs  qui  tont  fur  le  delTein.  Dicl.  de  comm. 
^G* Lire  lur  le  plomb,  en  termes  d  Lnpnmcrie  j  c'eft 
lire  lur  Tœil  du  caraéfcre  le  contenu  d  une  page  ou 
d'une  forme.  Le  Compofiteur  doit  relire  (a  ligne  (ur 
le  plomb ,  lorlqu'elle  eft  formée  dans  Ion  Compol- 
teur  ,  avant  que  de  lajuftifier  &  de  la  mettre  dans  la 
Galée. 
LU  ,  UE.  par.  Leclus  On  met  dans  tous  les  Arrêts  de 
vérification  ,lu,  publié  &  enregilhé  au  Gretre  de  la 
Cour.  Ce  Moniroire  a  été  lu  Se  publié  au  Prône. 
Lire.  f.  f.  Inftrumentde  Muhque.  Voye'^  Lyre. 
Lire  ,  ou  Lire  sur  Rille.  Nom  d'un  bourg  de  France. 
Lira  ,    Lira  ad  liifclam.  Il  eft  dans  la  Normandie  , 
fur  la  Rille  ,  à  neuf  lieues  d'Evrcux  ,  vers  le  couchant. 
Il  y  a  à  Lire  une  Abbaye  de  Bénédictins.  Hadr.  Valois , 
Not.  Gall.p.  2S I.  Maty. 
Lire,  ou  Lier  e.  Ville  forte ,  capitale  du  Comté  de  Can- 
croy.  Lira ,  Lyra  ,  Nivefdum.  Elle  eft  dans  le  Brabant , 
au  confluent  de  la  grande  &c  de  la  petite  Nèthe  ,  à 
deux  lieues  de  Malines ,  vers  le  nord.  Maty.  On  la 
nommoit  autrefois  en  Latin  ,  Ledi ,  &  Ledo.  f-^oye^ 
Hadr.  Valef.  Not.  Gall.p.  x66  &  26/.  Long.  iz.  d. 
ii'.'lat  ji.  d.  ç'. 
LlRIA,ou  LIRIAS.  Nom  d'un  bourg  d'Efpigne ,  fitué 
fur  la  rivière  de  Guaudalaviar  ,  dans  le  Royaume  de 
Valence ,  à  fix  lieues  au-deftusde  la  ville  de  ce  nom. 
Larid.  Quelques  Géographes  prennent  ce  bourg  pour 
la  petite  ville  des  anciens  Conteftans  ,  nommée  Lau 
ro ,  Lauron  ,  Laurona  ,  où  les  troupes  de  Célar  dé- 
firent &  tuèrent  Sextus  Pompéïus  ;   mais  d'autres  la 
mettent  à  Laurigue,  bourg  fur  la  même  rivière,  à 
cinq  lieues  au-dclfus  de  Lirias.  Ils  prétendent  que- 
Zinas  eft  l'ancienne  ville  des  Edétans,  nommée  Zeria, 
Edela  ,  &  Hedela.  Ce  qui  eft  allez  vrai-femblable. 
Maty. 
^i^  LIRIO.  Nom  d'une  ancienne  ville  de  la  Cappadoce. 
Liria,  anciennement    T ke m i fcy ra.  E\]e  étok  autre- 
fois conûdérablc  ,  ik  avoit  un  Évêché  fuftragant  d'A 


L  I  S  5-5-9 

mafie.  Elle  eft  maintenant  peu  de  chofe.  On  la  trouve 
dans  l'Amalie ,  en  Natolie  ,  à  rembou.,hurc  du  Lirio  , 
qu'on  nommcplus ordinairement  le  Calalmach.  f^oy. 
Casalmach. 

LIRIOPÉ.  I.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
Nymphe.  Liriope.  Elle  cioit  Nymphe  de  la  mer, 
ik  fille  de  l'Occan  ôc  de  Téthis.  Elle  eut  Nar^-illé 
du  Hcuve  Céphik  ,  aujourd  hui  Céphillo,  dans  la 
Béotie.  f^oye\  Ovide ,  Mécam.  L.  liL  v.  34-i- 
Liriopé  eft  auftî  le  nom  d'une  fontaine  de  Béotie, 
qui  eft  celle  dans  laquelle  on  feint  que  Narcille  fe 
noya. 

LIRIQUE.  /^oycij Lyrique. 

LIRON ,  plus  communément  LOIR.  f.  m.  Rat  des 
Alpes.  Glis  y  mus  Alpinus.  Quelques-uns  l'apcl- 
pellent  Rat  liron  &:  lérot.  C'eft  Un  animal  qui 
dort  tout  l'hiver  dans  les  creux  des  arbres.  Il 
a  le  mulcau  aigu ,  la  queue  grande  ,  &  le  ventre 
gros.  Pluheurs  croient  que  c'eft  la  même  choie  que 
la  marmote. 

Ménage  dit  qu'il  vient  de  lirone ,  fait  de  glis ,  gliris. 
l^oye-^  Loir. 

L  I  S. 

LIS.  f.  m.  Plante  dont  il  y  a  plufieurs  efpcces.  Lilium. 
Le  Us  eft  une  plante  bulbeufe  ,-  il  y  en  a  dcdiftérentcs 
couleurs:  il  s'en  voit  de  pourprés,  de  blancs, 
de  couleur  de  mine  ;  les  uns  lans  odeur  ,  les  autres 
puants;  du  rouge  lavé  ,  du  rouge  vermeil ,  d'oran- 
gé ,  de  blanc  de  lait ,  &  de  plufieurs  autres  cou- 
leurs.   MoRIN. 

Les  lis  veulent  médiocrement  de  foleil ,  une  terre 
bonne  &  légère  ,1a  profondeur  d'un  empan  ,  &  autant 
de  diftance.  On  les  lève  ,  pour  ôter  la  grande  abon- 
dance de  peuple  ,  après  qu'ils  font  détieuris  j  &  on 
les  replante  aullî  tôt.  Morin. 
Lis  Blanc,  que  l'on  appelle  auIIî  lis  de  notre -E)ame, 
ou  de  S.  Antoine  de  Padoue  ,  parce  qu  il  fteurit  dans 
le  temps  que  viennent  ces  fêtes,  eft  connu  de  tout 
le  monde.  Il  y  en  a  dédoubles,  mais  il  Heurit  très- 
difficilement.  Id. 

Le  lis  blanc  poulfe  une  tige  à  la  hauteur  dedeux  ou 
trois  pieds,  ronde,  droite.  Ses  feuilles  font  longues, 
allez  larges  ,  vertes  ,  pâles  liftes  ,  luilantes  ,  douces 
au  toucher.  Ses  fleurs  naiiîent  à  fes  fommets ,  premiè- 
rement en  têtes  longues  ,  qui  s'épanouillent  les  unes 
après  les  autres  ,  compolées  chacune  de  fix  belles 
grandes  feuilles  blanches  comme  du  lait ,  d'une  odeur 
fuave  ,  fort  agréable  d'abord  ;  mais  qui  caule  louvenc 
des  maux  de  tête ,  quand  on  les  fent  trop  long-temps. 
Lorlque  ces  Heurs  lont  paftées ,  il  vient  des  fruits 
oblongs,  relevés  chacun  de  trois  coins,  &  divifcs 
dans  leur  longueur  en  trois  loges  remplies  de  femen- 
ces  bordées  d'une  aile.  Sa  racine  eft  un  oignon  gros 
comme  une  noix,  ou  plus  gros,  charnu,  blanc, 
compofé  de  plufieurs  écailles  difpofées  en  manière  de 
tête  ,  garnie  de  fibres  en  bas.  En  Latin  ,  Lilium  album 
vulgare.  J.  Bauh.  La  racine  de  Us  eft  très-bonne  pour 
amollir  ,  pour  digérer  ,  pour  réloudre  :  fes  fleurs  font 
humeitantes  &  adoucillantes.  Il  y  a  un /w  orangé  qui 
eft  femblable  au  lis  blanc,  excepté  que  fes  feuilles 
font  moins  larges:  la  tige  croît  à  la  hauteur  d'environ 
trois  pieds ,  marquée  de  taches  ;  elle  foutient  en  fes 
(ommcts  des  fleurs  de  couleur  orangée  :  fa  racine  eft 
bulbeufe ,  blanche  comme  celle  du  lis  blanc.  En 
Latin,  Lilium  purpurocroceum  vulgare.  C.  Bauh. 
Le  Us  a  été  chez  tous  les  peuples  eftimé  pour  fa  blan- 
cheur &  la  pureté.  Jéfus-Chrift  commande  à  (es  Dif- 
ciples  de  confidérer  les  Us  qui  ne  travaillent  ni  ne 
filent;  cependant  la  Providence  en  a  tant  de  foin  , 
qu'elle  les  égale  a  la  pourpre  de  Salomon.  Virgile , 
parlant  de  Marcellus ,  veut  qu'on  lui  piéfenre  des 
lis  à  pleines  maiijs,  au  fixième  Livre  de  l'tnéïde. 
Lis  ,  appelé  La  couleur  de  Mine.  Lilium  By{antimim 
miniatum.  De  l'extrémité  de  (a  tige, il  répand  de  certai- 
nes branches  incarnates  ,  delquclles  pendent  des  fleurs 
de  couleur  de  mine;  .^  parce  qu'il  a  les  feuilles  fri- 
I      fées  &  hérillées,  il  y  en  a  qui   l'appellent   Riche- 


y^o  LIS 

Madame.  Il  s'en  trouve  aulli  de  jaunes.  Morin.  C'cfl: 
un  Martagon. 
Lis-Flamme,  que  quelques  uns  ont  appelé  Tubero  In- 
dlano.  Il  poulie  du  pied  quantité  de  grandes  feuilles  , 
pointues  par  en  haut ,  dont  la  couleur  eft  blanchâtre 
par  le  bas  ,  Se  d'un  vert  gai  par  le  haut.   Du  milieu  de 
Tes  feuilles,  qui  font  nervculeSj  épailles ,  larges  & 
longues  prelque  comme  le  bras,  lort  une  tige  noueu- 
ie ,  au  bout  de  laquelle  il  vient  de  grandes  Heurs ,  qui 
ont  chacune  iîx  feuilles  frifées  par  le  bord.  Elles  lont 
comme  verdàtres  par-dellous ,  &c  violettes  par-dellus, 
mais  velues ,  enforte  qu'elles  femblent  de  velours  mê- 
lé de  quelques  petites  taches  blanches.   Ces  feuilles 
font  traverfées  par  le  milieu  d'un  certain  trait  relevé; 
&  du  fond  de  la  fleur,  il  s'cleve  un  certain  brin  en- 
touré d'autres  petits  filets  qui  forment  à  (on  extrémité 
un  petit  bouquet,  couronne  de  trois  pierres  précieu- 
{^s,.  Il  fleurit  au  mois  de  Mars  Se  d'Avril.  Les  fleurs 
n'en  durent  qu'un  jour  &  iont  tort  puantes.  Il  vient 
aflèz  facilement  par-tout ,  &:  en  grande  quantité.  Sa 
racine  léchée  a  la  même  odeur  que  l'Iris. 
Lis  Orangé.    Quelques  uns   l'appellent  Jacinthe  des 
Poètes.  Il  porte  grande  abondance  de  fleurs  orangées, 
marquées  de  quelques    traits  d'une  couleur  brune. 
Morin, 
Lis  Paragoné.  Terme  de  Flcurifte.  Nom  d'un  œillet 
parfait  quant  à  fa  fleur;  car  il  eft  très  bien  piqueté, 
large  &  garni  de  feuilles  :  ion  blanc  eft  fin  ,  mais  la 
plante  eft  délicate ,  fujette  à  la  pourriture  ,  &  fes  mar- 
cottes ne  prennent  racine  que  dans  la  couche ,  il  on 
ne  le  marcotte  dans  le  commencement  de  Juillet;  il 
crevé ,  il  on  ne  lui  laille  au  moins  fix  boutons.  Il  fe 
trouve  à  Lille.   Morin. 
Lis  DE  PoMPONE.  Il  eft  femblable  au  précédent,  mais  il 

a  l'odeur  puante  &:  défagréable.  Morin. 
Lis  Pourpré,  qu'on  appelle  Martagon  de  montagne. 
Il  jette  du  haut  de  la  tige  de  petites  branches  où  vien- 
nent des  fleurs  d'un  pourpre  vif,  tantôt  plus  claires 
&  quelquefois  toutes  blanches;  les  feuilles  de  ces 
fleurs,  en  s'ouvrant,  fe  frifent  îk.  fe  renverfent ,  de 
forte  que  du  milieu  il  s'élève  certains  petits  brins  avec 
leurs  petits  chapiteaux;  celui  du  milieu  s'élève  plus 
haut  que  les  autres.  Morin. 
Lis  r  ouge  lavé  ,  eft  de  deux  fortes ,  le  petit  &:  le  grand; 
le  graïKl  elf  il  fécond  dans  les  fleurs,  qu'il  en  produit 
quelquefois  jufqu'à  foixante  d'un  rouge  pâle  ,  qui 
tire  à  l'orangé.  Le  petit  ne  fleurit  pas  avec  tant  d'a- 
bondance; mais  fr  couleur  eft  plus  gaie. 
Lis  rouge  vermeil.  Il  eft  bien  plus  fécond  en  oignons 
qu'en  fleurs  :  il  en  produit  une  fi  gr.inde  quantité, 
que  non-'leulement  ils  fe  forment  entre  le  feuilles  de 
la  tige ,  mais  encore  entre  les  Heurs  :  il  eff  d'autant 
plus  agréable ,  que  fa  couleur  eft  éclatante.  Morin. 

Il  fe  trouve  dans  les  campagnes  du  Chili  une  fleur 
femblable  à  cette  efpcce  de  lis  ,  qu'on  appelle  en 
Bret.igne  Guerméziaizes  ,  &  le  Père  Feuillée,  Hcmero- 
calis  florihus  purpurafcentihus  Jlruuis.  Son  nom  In- 
dien ciT:  Linco  &  non  pas  Liclu ,  comme  il  dit.  Il  y 
en  a  de  diflérentcs  couleurs,  &  des  iix  feuilles  qui  la 
compofent ,  il  y  en  a  toujous  deux  de  panachées.  De 
la  racine  de  cette  fieur  féchée  au  four,  on  fait  une 
farine  très-blanche  qui  fert  à  faire  des  pâtes  de  confi- 
tures. FrÉzier  ,  p.  71.  Hérodote  afliire  que  l'on  fai- 
foit  du  pain  du  lotus  j  qui  étoit  auili  une  efpcce  de 
lis  :  peut-être  que  le  Linto  eff  un  lotus. 
Lis  de  S.  Bruno.  Liliafirum.  Plante  qui  pouffe  cinq  ou 
fix  feuilles  longues  &  étroites ,  creufes  ,  affez  fermes , 
relevées j  pointues,  vertes.  Il  s'élève  d'entre  elles  une 
tige  à  la  hauteur  d'un  pied,  ronde,  dure,  verte,  fou- 
tenant  en  fa  fommité  plufieurs  fleurs  à  fix  feuilles, 
blanches,  odorantes,  femblables  à  celles  du /«  ordi- 
naire. Il  leur  f iiccede  des  fruits  ou  coques  oblongues , 
divif"ées  intérieurement  en  trois  loges  qui  renferment 
des  f'cniences  anguleufes.  Ses  racines  iont  comme  de 
petits  navets  ,  accompagnés  de  petites  libres.  Cette 
plante  croît  aux  lieux  montagneux ,  fur  les  Alpes.  Sa 
racine  eft  propre  pour  atténuer  ou  incifer  les  hu- 
meurs, pour  chalfer  les  vents  &  exciter  l'urine.  Ses 
fleurs  font  émoUientes  (3c  réfolutives.  M.  de  Tourne 


LIS 

fort  l'a  nommée  en  Latin  Liliafirum  ,  parce  qu'il  ap- 
proche du  Ils.  Ses  fleurs  &  fes  icmenccs  font  d'ufage. 
Diofcoride  dit  que    dans  du  vin,  c'cil  un  antidote* 
contre  le  poifon  du  fcorpion  &:  du  phalungium  j  ef- 
pèce  d'araignée  venéneufé  ,  &  qu'elles  guérifïtnt  les 
tranchées. 
§Cr  Lis  Asphodel.  Fbye^  Asphodel. 
§3"  Lis  Narcisse.  LUio-NardJJus.  Plante  qui  tient  du 
Lis  tk  du  Narxijfe  ,  &  dont  les  diftérentes  efpèces  font 
nommées  dans  les  Auteurs,  les  unes  Narcijfes ,  les 
autres  Lis ,  quelques  unes  Colchique.    M.  Tourne- 
fort  les  réunit  toutes  fous  un  même  genre  avec  un 
nom  dif^inctif.  Sa  fleur ,  compofée  de  flx  pétales,  ref- 
femble  à  celle  du  lis  ordinaire.  A  fa  bafe  eft  un  em- 
bryon divifé  en  trois  loges  qui  devient  un  fruit  fem- 
blable   à   celui   du    Narcifle.    La    racine    eft    bul- 
beufe,    couverte    d!une    membrane  ,    en    quoi  elle 
diftére  de  celle  du  lis.   D'un  autre  côté  la  fleur  cfl 
lentiblement  diftérente  de  celle  du  lis. 
îpTA  ce  genre  appartiennent  le  Narcifle  d'Automne, 
la  Guernéfienne  (  ou  lis  de  Guernefey  ).  Lilio-Narcif- 
fus  Japonicus,  rutilo flore  ;  la  Belladone  des  îles ,  Nar- 
cifle madame  ,  ou    Narcifle  rouge  (Lilio-Narcijfus 
indicus  faturato  colore  purpurascens  )  ;  plufieurs  Nar- 
ciffes  de  Perfe  &  de  "Virginie  ;  le  lis  de  S.  Jacques  ou 
croix  de  Calatrava.  f'oye-{  ces  mots ,  &  le  Ils  blanc 
du  Miftiflipi  (  Lilio-Narciffus  indicus  puniilus  monan- 
thos  albus  )  ;  Le  Lis-Narciffe  fphériquc  (  LiUo-Nar- 
ciffus  indicus,  maximus ^fphœricus ^Jloribus pluiimis 
rubris  liliaccis). 
^^Lis  Royal,  /'byeif  Couronne  Impériale. 
^fT  Lis  DE  Perse  ou  de  Suse.  Voye\  Fritillaire. 
IJCTLis  DES  Vallées.    Voye^  Muguet. 
Lis  j  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  des  fleurs  dont  l'écu 
de  France  eft  chargé.  Son  origine  &  fa  nature  font 
affez  controverfées  chez  les   Auteurs.    On  ne  voit 
point  avant  l'an  1 1  jo,  d'Auteur  qui  parle  du  Blafon  : 
fclon  les  gens  qui  ont  remonté  jufqu'aux  fources  de 
cet  art ,  il  n'y  a  point  eu  avant  ce  tems  de  véritables 
armoiries.  Ces  gens  n'en  exceptent  aucune  ^  pas  mê- 
me celles  de  France  ;  car  de  dire  que  ce  fut  un  ange 
qui  les  apporta  à  Clovis ,  ou  que  ce  Prince  les  choiîit 
au  lieu  de  crapaux  ou  de  couronnes  que  portoicnt  fes 
prédécelfeurs  ;  ce  font ,  difent  ces  Cenfeurs,  de  petits 
contes  fans  fondement  ,  inconnus  aux  anciens  Au- 
teurs ,  &c  inventés  par  des  Modernes  qui  ont  donné 
des  armoiries  à  Adam ,  à  Eve ,  à  Noé ,  &  aux  douze 
Tribus  d'Ifraël.    Que  voit-on  fur  les  fceaux  de  nos 
anciens  Rois  ?  Leurs  portraits  ,  des  portes  dEglife, 
des  Croix ,  des  têtes  de  Saints.    Lh  Gendae  ,  Mxurs 
de  France  J  p.    i  yo. 

On  dit  que  nos  Rois  portèrent  d'abord  des  fleurs 
At  lis  fans  nombre,  dans  un  écu  d'azur;  mais  on  ne 
convient  pas  de  celui  qui  les  a  réduites  à  trois.  La 
plus  faine  opinion  eft  que  ce  tut  Louis  VII ,  dit  le 
Jeune ,  qui  prit  le  premier  des  fleurs  de  Us ,  par  allu- 
fion  à  fon  nom  de  Loys ,  &  parce  qu'on  le  nommoit 
Ludovicus  Florus.  Aulli  eft-ce  le  premier  qui  en  uût 
dans  fon  centre-fcel.  Mais  en  quel  tems  Louis  le  Jeu- 
ne prit-il  les  Us  pour  fes  armes;  Il  y  a  bien  de  l'ap- 
parence que  ce  fut  quand  il  fe  croila  avec  les  Grands 
de  fon  Royaume  en  1147.  Le  Gendre. 

Quelques-uns  difent  que  c'cft  Charles  VI.  Cepen- 
dant dans  un  Manufcrit  de  la  Bibliothèque  du  Roi, 
coté  ?3i(>  J  «Se  qui  contient  des  Inventaires  des 
Joyaux  ,  6'c.  de  Charles  V ,  dont  l'un  a  été  fait  par 
lui  à  Melun  en  1 579  ^  les  15 ,  24  &  2;  de  Janvier;  on 
trouve  ces  mots ,  dix  plats  dorés  à  fruit ,  &  à  chacun 
fur  le  bord  troLS  fleurs  de  lis  fermées  en  manière  d'ecuf- 
fon ,  Sec.  C'eft  donc  Charles  V  ,  ou  même  quelqu'un 
de  fes  prédécefleurs ,  qui  a  réduit  les  fleurs  de  lis  a 
trois,  &  non  pas  Charles  VI.  Le  premier  fceau  où  il 
paroiffe  une  fleur  de  lis  ,  eft  de  Louis,  lurnommé  le 
Jeune  :  fi  on  en  voit  fur  les  tombeaux  véritables  de 
Childebert,  de  Chilpéric,  de  Frédégonde ,  de  Dago- 
bert ,  c'eft  que  ces  monumcns  ont  été  renouvelles, 
ou  faits  depuis  l'an  1 1 57.  Ainfi  ,  vrajfembiablement  j,^ 
c'eft  Louis  le  Jeune  qui  choifit  les  1rs  pour  fes  armoi- 
ries. Dans  le  fceau  d'une  Ghai-trc  du  XII'=  ficelé,  ce 

Monarque 


L  ï  S 

Monarque  cft  rcprclciitc  tenant  une  fleur  de /is  ;  ù 
couronne  en  elt  ornée,  &  lorlqu'il  fit  facrcr  ton  (ils ,  il 
voulut  que  la  dalmatique  &  les  bottines  du  jeune 
Roi,  fuUêntdc  couleur  d'azur,  &c  leme-esde  Heurs  de 
iis  d'or.  Ses  luecelleurs  n'ont  point  eu  d'autres  ar- 
moiries, tous  orit  porte  des  Heurs  de  /is  (ans  nombre  , 
julqu'à  Charles  V.  Depuis  le  règne  de  ce  Prjnce  ,  on 
commence  à  voir,,des  écus  qui  n'ont  que  trois  Heurs 
de  /is.  Le  Cendre  ,  //•. 

La  monnoic  battue  lous  Louis  VII  j  efl:  la  première 
furlaquclleonaitvu  desHeuEsde  lis.  L'ccu  eli: lemé de 
Heurs  de /«  (ans  nombre.  Le  Blanc.  Selon  l'opinion 
Commune,ce  tut  Charles  VI  qui  réJuilît  les  Heurs  de  /;s 
à  trois  dans  l'écu  de  FrancCi<!s:  Charles  V,Ion  perc,eli:  le 
prcniierdonto]!  trouve  des  fceau\  où  l'ccu  e(l  couronné 
d'une  couronne  ouverte  &  Heurdehlée. Cependant  cette 
coutume  de  réduire  les  Heurs  de  /is  à  trois,  avoir  com- 
mencé l'jng-tems  auparavant.  On  ne  remarque  que 
trois  Heurs  de  /is  fur  le  fceau  de  Philippe  de  Valois  , 
&c  lur  celui  du  Roi  Jean  attaché  à  une  Chartrc  de 
l'an  13JJ.  Id.  Avant  ce  tcms-là,  les  Auteurs  ont  at- 
tribué à  la  France ,  pour  armes ,  trois  croillans  ou 
trois  couronnes,  ou  un  navire,  la  pile  &  la  croix, 
un  lion,  un  dragon,  un  aigle,  un  bœuf,  des  abeilles, 
une  allouette,  des  diadèmes  &  trois  crapaux.  Car 
quant  à  ce  qu'oii  dit  que  les  Heurs  de  lis  turent  ap- 
portées par  un  Ange  à  Charlcmagne ,  ou  à  un  Ermite 
après  le  baptême  de  Clovis ,  ou  que  S.  Denis  les  don- 
na à  la  Maiton  de  France ,  comme  dit  Gerfon ,  c'eft 
une  opinion  rélutée  par  tous  les  Savans,  auHî  bien 
que  celle  de  la  bannière  de  Dannemarck,  de  la  croix 
de  Touloule ,  des  Ermites  de  Bretagne ,  que  quel- 
ques-uns ont  prétendu  auili  être  delcendues  du  ciel. 

Quant  à  leur  nature  ,  quelques  uns  prétendent  que 
ce  font  des  figures  de  lis  de  jardin,  les  autres  des 
bouts  de  (ceprre  ,  diautres  des  pertuilanes  Françoifes, 
nommées  Fruncifques  j  ou  plutôt  le  fer  de  l'angon  ou 
javelot  des  anciens  François ,  car  la  Francilque  étoit 
une  coignée  ,  comme  nous  l'avons  dit  au  mot  Fran- 
cifque  j  &  non  point  une  pertuifane.  La  pièce  du 
milieu  de  l'angon  étoit  droite ,  pointue  &c  tranchante , 
les  deux  autres  qui  l'accompagnoient  étoient  renver- 
fées  en  croiHans;  une  clavette  lioit  ces  pièces,  ce  qui 
faifoit,  à  ce  qu'on  dit,  le  pied  de  la  Heur  de  Us , 
d'autres  des  iris,  Hambes,  ou  paville.  L'opinion  la 
plus  probable  eft  que  ce  font  des  fers  d'angon ,  parce 
qu'elles  en  ont  conlervé  entièrement  la  figure.  Ceux 
qui  tiennent  que  ce  font  des  iris ,  croient  qu'on  a  dit 
fleurs  de  Us ,  par  corruption  de  Heurs  de  l'iris;  que 
fon  nom  At  fiambe  a  été  caufe  qu'on  a  nommé  01  i- 
fiambe  la  Bannière  de  S.  Denis  Hcurdelifée,  &  que  les 
premiers  Francs  choifirent  l'iris  pavillée ,  ou  le  lis  des 
marais,  pour  marquer  leur  origine ,  à  caufe  qu'ils 
venoient  des  marais  de  Frile,  &:  que  celle  du  cimier 
des  Ducs  de  Bourgogncj  qui  efl:  à  quatre  llcurons , 
repréfente  une  flambe  entière.  Les  Critiques  qui  en 
ont  écrit,  font  ChiHet  ,  le  Père  Triftan  de  Saint 
Amand,  le  Père  Ferrand,  de  la  Roque,  de  Sainte 
Marthe,  Du  Tillet  en  fon  Recueil  fur  l'OriHambej 
Dû  Cange ,  fur  l'hiflioire  de  Joinviile ,  le  Père  Mé- 
neftrier,  Cathérinot  &  le  Père  RouHét ,  Jéfuite,  qui 
a  ramaHé  ce  que  tous  les  Auteurs  ont  dit  lur  les  Heurs 
de  Ils.  On  voit  une  Dillertation  dans  le  troifième  vo- 
lume du  Père  Henfchénius ,  àe  tribus  Dagobercis  , 
où  il  dit  qu'il  fe  trouve  une  médaille  de  Dagobert  I , 
où  il  eil  repréfente  tenant  trois  fccptresj  pour  ligni- 
fier les  Royaumes  d'Auflirafie  ,  de  Normandie  ,  de 
Bourgogne ,  &  de-là  font  venues  les  armes  des  Heurs 
de  Us  ,  parce  qu'étant  liées  enfemble  par  le  baSj  elles 
iie^  rclfemblcnt  pas  mal  a  la  Heur  de  la  plante  nom- 
mée Iris  ,  ou  flambe ,  que  les  Allcmans  appellent 
Lifckblum,  c'eft  à  dire  ,  fl&ur  de.  lis  ,  dont  on  leur 
donna  le  nom  :  on  les  fit  d'or,  parce  que  cette  fleur 
eft  jaune.  On  les  mit  en  champ  d'azur ,  à  caufe  qu'el- 
les naillent  ordinairement  dans  l'eau,  dont  la  cou 
leur  elt  bleue ,  &  parce  que  les  Latins  ont  appelé 
cette  Heur  Lilium  cœlefle  ,  quelques-uns  ont  cru 
qu'elle  venoit  du  ciel.  D'autres  croient  que  Philippe 
le  Bel  fit  battre  une  monnoie  qu'on  appeloitJ?cn«, 
Tome  V. 


L  I  S 


5^1 


à  caufe  que  d'un  côté  il  y  avoit  une  croix  fleurJelifée, 
&  que  les  liards  prirent  auJli  leur  nom  du  Us  dont  ils 
portoicnt  la  marque. 
0O~  M.  liullet  dans  une  dillertation  fur  les  fleurs  de  /ij, 
armoiries  de  nos  Kois ,  imprimée  avec  d'autres  en 
'^l'i^-'  prétend  que  les  Heurs  de  Us  font  oiiginairc- 
mcnt  un  ornement  aibitraire  dont  les  Artillcs  parè- 
rent les  fceptres ,  les  couronnes  &  les  liabillemens 
des  Souverains.  Cet  ufage  s'étant  perpétué  &  univer- 
(ellcment  répandu  ,  on  s'accoutuma  à  regarder  ces 
fleurs  comme  étant  propres  aux  Rois  ,  ainli  qu'une 
clpèce  de  bleu  eft  appelé  parmi  nous  bleu  de  Roi, 
parce  que  c'eft  la  couleur  adoptée  par  nos  Monar- 
ques. Dès  qu'on  s'en  fut  formé  cette  idée  ,  on  ne  pue 
l'exprimer  qu'en  appelant  ces  fleurs ,  ficurs  de  lioc. 
Notre  Nation ,  qui  parloir  encore  Celtique  fous  les 
deux  premières  races  de  nos  Rois,  ne  trouva  point 
d'expreliion  plus  convenable  pour  défigner  cet  or- 
nement j  que  celle  de  Heur  de  ly ,  parce  que  /y  eu 
Celtique  lignifie  Roi ,  Souver.iin.  Lorfque  l'ufage  des 
armoiries  s'établit,  nos  Rois  prirent  ces  Heurs  pour 
leurs  armes.  Rigord,  Nangis  &  les  autres,  ne  con- 
noiflant  point  d'autre  fignification  au  mot  ly^  que 
celle  qu'il  a  dans  langue  Françoife,  le  rendirent  par 
/ilium,  d'où  eft  venue  l'erreur  commune. 

Mn  Auteur  récent  qui  a  prétendu  réformer  notre 
orthographe ,  prétend  auffi  que  lys  en  ce  fens  doit 
s'écrire  par  un  ^  ,  ^  que  ce  mot  eft  féminin.  Qu'on 
écrive ,  dit-il ,  tous  les  autres  mots  par  un  ;  j  à  l'excep- 
tion des  /ys  Françoifes ,  où  il  fera  refpeélé ,  car  elles  ne 
doivent  îouftrir  aucun  changement  dans  leur  ortho- 
graphe, comme  elles  n'en  ont  point  fouftert,  es:  n'en 
fouftriront  j.imais  dans  leur  gloire.  Pour  un  Auteur 
qui  le  donne  pour  Grammairien  &  pour  réformateur, 
c'ell  &  bien  mal  décider  &  bien  mal  railonner.  XJy 
ne  doit  raifonnablement  avoir  que  deux  ufages  dans 
notre  langue.  L'un  dans  les  mots  qui  viennent  du 
Grec,  &  où  il  tient  lieu  de  l'uplilon;  l'autre,  dans 
les  mots  oùilhutun  double  d  ,  comme  emp/oyer  y 
ej/ayerj  tournoyer j  Sec.  ik  alors  il  n'eft  point  j'  grec, 
il  eft  double  ii  François ,  &  n'a  ÏK  forme  de  l'y  grec 
que  par  l'erreur,  ou  Ci  l'on  veut  l'ufige  des  copiftcs 
qui  ont  écrit  le  double  ii  en  cette  manière  i;  dont  on 
a  fait  un_y.  Or  /is^,  armes  de  France,  ne  vient  point 
du  Grec  j  &  ne  demande  pas  plus  un  double  ii  que 
/isj  impératif  du  verbe  lire.  Quant  au  genre  de  ce 
nom,  il  eft  cert.Uneraent  mafculin,  &  perfonne  ne 
s'avifera  de  dire ,  Us  glorieufes  ,  Us  viclorieufes.  Je  ne 
dis  rien  de  la  raifon  de  cet  Auteur;  il  futnt  de  la  pré- 
fenter.  Les  Us  ,  dit-il ,  n'ont  fouftert  aucun  change- 
ment dans  leur  gloire,  donc  ils  n'en  doivent  fouffrir 
aucun  dans  leur  orthographe  ,' fût  elle  mauvaife. 
L'Auteur  peut  compter  qu'on  ne  fuivra  ni  fes  déci- 
fions ,  ni  fon  exemple ,  ni  fa  manière  de  raifonncr. 

Les  Rois  d'EcoHe  portent  une  bordure  chargée  de 
fleurs  de  Us  depuis  la  fin  du  VIP  fiècle,  que  Charlc- 
magne ,  en  mémoire  de  l'alliance  conclue  entre  la 
France  &  l'Ecolfe ,  fit  graver  le  lion  d'EcoHe  dans  un 
écu  dont  la  bordure  étoit  de  Heurs  de  Us  entrelacées, 
&  l'envoya  a  Achaius  Roi  d'EcoHè.    Larrey. 

Les  lis  le  blalonnent  diverfemcnt.  Il  y  a  des  Us  au 
pied  nourri,  ou  au  pied  coupé  ^  qui  font  fans  queue. 
Quelquefois  les  Usiani  repréfentés  tels  qu'ils  font  fur 
le  pied  qu'on  blafonne  Us  naturels ,  ou  /is  de  jardin. 
Le  /is  renverféc9s:  celui  qui  eft  tourné  fens  deflus  def- 
fous,  qui  repréfente  une  forme  de  cloche  fendue  par 
le  bas.  Le  /is  eft  le  fymbole  de  l'efpérance  ,  de  la 
beauté ,  de  la  pudicité ,  comme  on  voit  en  plufieurs 
médailles  Romaines.  L'ancienne  Bannière  de  France 
étoit  femée  de  fleurs  de  /is  fans  nombre.  Les  Cham- 
bres des  Cours  Souveraines ,  &  même  celles  des  Jufti- 
ces  Royales ,  lont  tapiflées  de  fleurs  de  Us.  Les  Chan- 
celiers &  les  Gardes  des  Sceaux  ont  droit  d'avoir  des 
tapiiferies  femées  de  fleurs  de  Us  ^  &  on  dit  des  Juges 
dans  leur  tribunal ,  qu'ils  font  alîîs  fur  les  fleurs  de 
lis. 

On  appelle  Us ,  une  pièce  d'or  marquée  au  revers 
du  pavillon  de  France ,  qui  vaut  fept  livres.  Il  y  avoir 
aufli  des  Us  d'argent  qui  valoient  vingt  fous ,  qui 

Bbbb 


'y6Z 


L  1  S 


n'ont  pas  eu  cours  long-teais.  Cette  monnoie  ne  dura 
que  jufqu'cn  16^7.  ,    ,v       -1    • 

Les  lis  d'or  &  d'argent  ont  commencé  d'être  bbn- 
qucs  au  mois  de  Décembre  1655.  Lilium  aurcu:n.  Par 
Ordonnante  du  mois  de  Décembre  165;,  le  î-îoi  or- 
donna qu'au  lieu  des  louis  d'or  &  d'argent ,  il  leroit 
fabrique  des  lis  d  or  &c  des  lis  d'argent ,  du  poids  & 
remèdes ,  y  mentionnés.  Ainli  la  fabrication  des  louis 
d'or  (In:  d'argent  fut  difcontinuéc  dans  la  Monnoie  de 
Paris  pendant  l'année  1656,  parce  qu'on  y  fabriqua 
des//j;  mais  elle  ne  le  tut  pas  dans  les  autres  Mon- 
noies  du  Royaume ,  parce  que  la  Cour  rendit  Arrêt 
le  29  Janvier  de  cette  année  la  ,  par  lequel  elle  or- 
donna que  les  Fermiers  des  Monnoies  contmueroicnt 
la  fabrication  des  louis  d'or  &  louis  d'argent ,  jufqu'à 
ce  que  celle  des  lis  y  eijt  été  établie,  ou  qu'il  eût  été 
autrement  ordonné.  Le  Roi  depuis  décria  les  lis  d'or 
^-  les  Ils  d'argent  de  tout  cours  &  mile,  ceux-ci  le  8 
Avril  i6f8,  &i  ceux-ia  le  iS  Mars  1679.  Boizard, 
Pan.  I.  chup.  jo.Lc  lis  d'or  pefe  trois  deniers  ^  grain. 
Il  y  en  a  60  &  î  au  marc  :  Ils  font  au  titre  de  23  ca- 
rats &  \  au  remède  d'un  5  de  carat.  Les  lis  d'or 
étoient  à  24  carats  î  à  la  taille  de  6q  4 au  marc,  pe- 
ùnt  trois  deniers  ,  trois  grains  i  trébuchant  la  pièce, 
ayant  cours  pour  lept  livres.  Les  lis  d'argent  étoient 
à  onze  deniers  douze  grains  d'argent  hn  ,  de  trente 
pièces  &  7  au  marc,  de  hx  deniers  cinq  grains  trébu- 
chant de  poids  chacune  ,  ayant  cours  pour  vingt  fous , 
les  demi-lis  pour  dix  fols ,  Si  les  quans  de  lis  pour 
cinq  fous.  Ces  efpèces  étoient  de  plus  haut  titre  &  de 
plus  haut  aloi  que  toutes  nos  autres  monnoies.  Le 
Blanc. 

Fx'UR.  DE  LIS  ,  cH  encore  un  fupplice  qu'on  fait  fouffrir 
aux  larrons  de  ville  &  auxcoupeuis  de  bourfe.  Lilio 
fcrreo  ardend  nocare.'Qn  les  condamne  à  être  flétris 
dune  rieur  de  lis  qui  s  applique  lur  l'épaule  avec  un 
fer  rouge  marqué  d'une  fleur  de  lis. 

Lis,  fe  die  figurément  i?c  poétiquement,  du  Royaume 
de  France  ,  qu'on  appelle  l'Empire  des  lis  ,  à  caulc  de 
fcs  armes ,  comme  on  dit  aufll  l'Aigle  pour  l'Empire, 
ie  lion  pour  les  Piovinces-Unics. 

Elle  a  pris  ndijjdnce  des  lis  'Voit. 

Pour  dire ,  elle  defcend  des  Rois  de  France. 

Jamais  Prince  des  lis  ne  fut  fi  triomphant.  Main. 

Pour  dire ,  jamais  Roi  de  France ,  &c. 

Cette  valeur  extrême  par  qui  refleuriirent  nos  lis , 
ne  fera  plus  rien.  'Voit,  pour  due,  par  qui  les  aflùires 
de  France  profpèrent.  Ces  fortes  d'expreflîons  lont 
plus  de  la  po'èlie  que  de  la  profe,  du  moins  il  faut 
s'en  fervir  rarement. 

On  dit  de  ceux  qui  exercent  quelque  charge  de  Ju- 
dicature  Royale  ,  &  fur  tout  dans  une  Cour  hipé- 
rieure ,  qu'ils  font  allis  fur  les  fleurs  de  lis  ,  à  caufe 
que  leurs  fièges  font  couverts  de  tapis  femés  de  fleurs 
de  lis.  Ac.  Franc. 

Les  fleurs  de  Us  dans  les  armoiries  fignifient  lou- 
vent  qu'on  a  eu  quelque  charge  chez  le  Roi. 

On  fe  fert  encore  figurément  du  mot  de  lis  ,  pour 
exprimer  une  grande  blancheur.  Un  teint  de  Us  & 
de  rofe  ,  pour  dire  un  teint  extrêmement  blanc  &  ver- 
meil ;  &  poétiquement  on  dit ,  les  lis  de  fon  teint ,  de 
fon  vifige.  Le  tems  flétrira  ces  Us  &  ces  rôles. 

Hier  je  rencontrai  ma  charmante  Philis, 
Les  yeux  étincelans  &  la  bouche  allumée. 
.      Elle  avoitjurfon  teint  cent  rofes  contre  un  lis , 
Et  de  mille  defirs  paroijfoit  enflammée.   Mont. 

On  fe  fert  encore  de  ce  mot ,  pour  fignifier  quel- 
que choie  de  délicieux  :  la  Nature  voudroit  un  che 
min  femé  de  rofes  Se  de  lis  ;  mais  la  Grâce  veut  qu'il 
foit  rempli  de  ronces  &  d'épines.  Ab.  de  la  Trait.^ 

On  dit  par  manière  de  proverbe,  que  les  lis  ne  li 


L  1  S 

lent  point ,  pour  dire  que  le  Royaume  de  France  ne 
tombe  point  en  quenouille.  On  applique  à  cela  ce 
que  dit  Notre  Seigneur  dans  l'Evangile.  Confiderate 
lilia  ûtyij  quomodo  crcfcunt ,  non  laborantneque  ntnt. 
Un  lis  qui  fe  fait  remarquer  dans  un  parterre  au 
milieu  des  autres  fleurs.  Plebeii  ceditc  fluorés ,  eft  une 
devile  qu'on  Ht  pour  feu  M.  le  Duc ,  lorfqu'il  écudioit 
au  Collège  des  Jéluitcs. 

Lis,  étoit  autrefois  le  nom  d'ane  machine  de  guerre. 
Lilium.  Les  lis  étoient  des  pièces  de  bois  ,  des  pieux 
de  la  grolfeur  du  corps  d  un  homme ,  qui  étoient 
plus  menus  par  en  haut  que  par  en  bas ,  &c  le  termi- 
noient  en  forme  de  lis  ,  qui  n'eft  pas  encore  épanoui. 
On  les  lioit  enfemble  avec  des  liens  de  bois  d'olier, 
&  ils  fervoicnt  à  fortifier  u;i  camp.  C'étoit  à-peu -près 
ce  que  nous  appelons  maintenant  palillade. 

Lis.  Ordre  de  Notre-Dame  du  lis.  Ordo  LiUi,  ou  à 
Lilio  diclus.  C'elf  un  Ordre  militaire  qui  fut  inftitué 
par  Garcias  l'V ,  Roi  de  Navarre,  en  1048.  L'Ordre  j 
du  Us,  ou  de  N.  D.  du  lis ^,  étoit  compofé  de  trente- 
huit  Chevaliers.  Le  Roi  en  étoit  Grand-Maitre.  L'a  fin 
de  cet  Ordre  étoit  de  déf^endre  la  Religion  &  ie 
Royaume  contre  les  Maures ,  dont  l'fXpagne  alors 
étoit  pleine.  Ce  Prince  étant  guéri  d'une  maladie  en 
même  tems  que  l'on  trouva  à  Nagera  une  Image  mira- 
culeufe  de  la  fainte  Vierge  dans  un  Us,  inibtuacet 
Ordre  en  mémoire  de  ce  prodige.  Il  le  compofa  de 
trente-huit  Chevaliers  qui  faifoient  vœu  de  s'oppoier 
aux  Maures,  &  il  voulut  que  lui  &  fcs  (ucceileurs  en 
fullént  les  Grands-Maîtres.  Le  collier  de  cet  Ordre 
étoit  une  chaîne  entrelacée  de  plufieurs  M  Gothi- 
ques ,  ptemière  lettre  du  nom  de  la  fainte  Vierge 
Marie  ;  de  cette  chaîne  pcndoit  un  Us  d'or  ,  émaillé 
de  blanc,  fortant  d'une  terrafl'e  de  lynope  ,  &  fur- 
monté  d'une  grande  M.  Favyn  ,  dans  fon  HijL  de 
Navarre  ,  L.  IIL  p.  1 4J  >  &  dans  fon  théâtre  d'hon- 
neur ,  parle  de  cet  Ordre.  Cet  Auteur  dit  que  ce  fut 
à  l'imitation  de  Robert,  Roi  de  France,  inftituceur 
des  Chevaliers  de  Notre  Dame  de  l'Etoile ,  &  pour 
perpétuer  dans  la  Navarre  la  dévotion  à  la  Mère  de 
Dieu. 

Il  y  a  parmi  les  Officiers  de  la  Chancellerie  de 
Rome  ,  trois  cens  foixante  Chevaliers  du  Us.  Le  P. 
Bonanni  attribue  leur  origine  à  Paul  III,  qui,  pour 
foulager  l'Etat  Ecclcfiaftique  qui  étoit  fort  obéré,  & 
pour  défendre  le  patrimoine  de  S.  Pierre  ,  oii  les 
Turcs  fiifoient  de  fréquentes  courfes,  créa  en  1  J98  , 
cinquante  Chevaliers,  auxquels  il  donna  le  nom  de 
Chevaliers  du  Lis.  Ces  Chevaliers  portoient  ancien- 
nement pour  marque  de  leur  Ordre  ,  une  médaille 
d'or  fur  laquelle  il  y  avoir  d'un  côté  l'image  de  la 
Vierge  ,  &  de  l'autre  un  Us ,  avec  ces  paroles  :  Pauli 

III.     PONP.    MAX.     MUNUS.    P.    HÉLYOT  ,     T.    FUI. 
C.    jS. 

Lis,  OU  Lys.  Monnoie  de  l'Ordre  des  Chevaliers  de  S. 
Jean  de  Jérutalem.  Lilium.  Les  lys  font  des  pièces 
d'argent  marquées  d'une  fleur  de  lis  tirée  des  armes 
de  France  ;  il  en  falloir  fix  pour  faire  un  florin  de 
Pvhodes.  Quelques-uns  croient  qu'ils  tirent  leur  /lom 
de  Robert  de  July  ,  Maître ,  qui  ordonna  que  chaque 
amiéc  on  donncroit  un  Us  à  chaque  frère,  mais  ce 
règlement  eft  peu  certain.   De  'Vertot. 

Lis.  Monnoie  d'argent  frappée  en  Savcje ,  d'un  vingtiè- 
me moins  pcfinte  que  l'écu  de  France  de  60  ious,  & 
à  peu -près  au  même  titre. 

Lis.  Terme  de  Manufaélures  de  toiles.  Il  lignifie  à-peu- 
près  ce  qu'on  entend  par  les  gardes  du  rot ,  ou  peigne 
d'un  Tillerand,  c'eft  à  dire  ,  les  grofles  dents  qui 
font  aux  extrémités  du  peigne. 

LIS  ,  ou  LYS.  (  LA  LIS.  )  Nom  d'une  grande  rivière  des 
Pays  Bas.  Ldtia,  Lcgia  ,  Lifa.  Elle  a  fa  fource  à  Lif- 
bourg  dans  l'Artois ,  traverfe  la  Flandre ,  &  fe  jette 
dans  l'Efcaut,  à  Gand  ,  après  avpir  baigne  Tc- 
rouenne  ,  Aire,  S.  Venant,  Armantières,  Mcnin , 
Courtray  ;,  Deinfe  ,  &c.  Maty.  Les  Flamands  la 
nomment  Leye.  'Voyez  Hadrien  Valois j  Kot.  Gai. 
p.  z6o. 

l.ISA.  f  f.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'une  Tulipe  qui 
eil:  rouge,  orangé  (Si  jaune.   MoRiN. 


L  I  S 

LISATZ.  Sorte  de  toiles  qui  viennent  dtfs  Indes,  de 
Peiic  &  de  l.i  Mecque. 

LISBONNE.  Nom  de  l.i  ville  capitale  du  Royaume  de 
Portugal.  Oiijjipn ,  OlyJJipo ,  UlyJJipo  ,  Lisbona. 
Elle  clt  dans  Itlhamadure  ,  iur  le  Tage ,  à  deux 
Ikucs  de  Ton  embouchure  dans  l'Océan.  Cette  ville 
e(l  grande;  elle  a  deux  lieues  détendue  le  long  de  la 
rivière,  d'où  elle  s'élève  en  forme  d'amphithéâtre  Iur 
une  colline  voifine.  Ses  rues  font  étroites  &  mal  pro- 
preSj  mais  elle  ne  laille  pas  d'avoir  plulieurs  grandes 
places ,  &  plufieurs  beaux  édilices ,  dont  le  Palais  du 
Boi,  lîtué  Iur  le  bord  du  Tage  ,  eft  le  plus  magnifique. 
Lisbonne  cil  détendue  par  deux  citadelles,  dont  l'une 
cil  far  la  colline,  qui  commande  la  ville.  Elle  a  un 
Archevêché  &  un  Patriarchat  que  le  Roi  y  a  fondé 
depuis  deux  ans ,  Se  dont  le  Siège  eft  la  Chapelle  du 
Roi.  11  y  a  audi  à  Lisbonne  un  Parlement,  ou  Con- 
feil  Souverain.  C'eft  une  ville  des  plus  marchandes 
de  l'Europe.  Son  port  eft  excellent,  les  plus  gros  na- 
vires y  peuvent  aborder  ;  il  en  peut  contenir  un  très- 
grand  nombre,  ayant  une  lieue  de  largeur.  Plulîeurs 
forts  garnis  de  canon  qui  lont  le  long  du  TagCj  jul- 
qu'à  Ion  embouchure  ,  les  garantillent  des  attaques 
des  ennemis.  Les  Portugais  eftiment  li  fort  cette  ville, 
qu'ils  difent  en  proverbe,  que  qui  n'a  pas  vu  Lif- 
bonne,n'ù.  pas  vu  une  choie  bonne. La  ville  de  Lisbonne 
eft  d'une  extrême  longueur  ,  parce  que  l'on  a  bâti  un 
grand  nombre  de  mailons  (ur  le  bord  du  Tage  ,  pour 
la  commodité  &  la  facilité  du  commerce.  Ec  port  eft 
un  des  plus  fameux  de  l'Europe.  Le  Hux  y  monte  à  la 
hauteur  de  trois  toiles;  les  vailFeaux  y  lont  dans  un 
bon  abri ,  à  caufe  des  montagnes  circonvjoifines ,  & 
peu  éloignées  de  la  rivière  du  Tage.  De  la  Neuville, 
mjl.  de  Portugal ,  T.  /.  p.  jj.  Aullîtôt  qu'Eugène 
m  eut  fu  qu'Alphonfe  I  avoit  pris  Lisbonne  fur  les 
Infidèles  en  1 147  ,  il  accorda  le  titre  d'Evêché  à  cette 
ville.  Un  Etranger  nommé  Gilbert,  en  fut  le  pre- 
mier Evêque,  en  conlacra  la  grande  Mofquée,  &  l'on 
en  fit  l'Eglife  Cathédrale.  Dans  la  fuite  j  Boniface  IX 
qui  tint  le  S.  Siège  depuis  1 390  julqu'en  1404  ,  Péri- 
gea  en  Métropole.  Idem  ,  p.  jj  &  pr.  Lisbonne  eft 
à  58  d.  40  min.  de  latitude  leptcntrionale.  La  diffé- 
rence de  Ion  méridien  à  celui  deParisj  eft  13  occid. 
par  conléquent  elle  eft  à  7  d.  de  longitude.  Lisbonne 
eft  1 1  d.  57'  45"  plus  occidentile  que  Paris.  Sa  lati- 
tude eft  38  d.  4;' 2j".  Couplet  ,  ^c.  des  Se.  ijoo. 


Mém. 


176. 


0CT  Cette  ville  fut  détruite  par  un  tremblement  de  terre 
arrivé  le  premier  Novembre  17  J5.  On  travaille  à  lui 
rendre  fa  première  fplendeur. 

Le  nom  de  Lisbonne  ,  &  celui  de  Lisboa  ,  que 
les  Portugais  donnent  à  cette  ville  ,  viennent  de 
fon  nom  Latin  Olyjtppum  ,  ou  Olyfippo  ,  que  quel- 
ques Auteurs  croient  être  formés  de  ces  deux  mots 
Grecs  '.ênis-ia.  ,  ou  '.^^^-ilr  îio^iî,  ville  d'UlyjJe. 

Lise  A  BIANCA.  Nom  d'une  petite  île  déferre  de  la 
mer  de  Tofcare.  Infula  Alba.  Elle  eft  parmi  celles 
de  Lipari ,  à  deux  lieues  de  celle  qui  porte  particu- 
lièrement ce  nom.  On  la  prend  pour  l'ancienne  E-vo- 
nymus.  Maty. 

I  LISERAGE.  f.  m.  Terme  de  Brodeur.  C'eft  l'ouvrage 
qui  le  tait  fur  une  étoffe  ,  en  en  contournant  les 
fleurs  &  le  dellein  avec  un  feul  fil  ou  cordonnet 
d'or  ,  d'argent  j  de  (oie,  ou  de  laine. 
LISERE,  f.  m.  On  appelle  ainfi  l'ouvrage  de  brode- 
rie ,  que  l'on  fait  autour  de  quelque  choie.  Ora. 
J'nnite  ceux  qui  ne  favent  ni  broder ,  ni  peindre , 
&  qui  veulent  travailler  en  s'amulant.  J'ai  dérobé 
mes  matières  ,  j'ai  rempli  une  découpure  affez  bi  - 
farre,&  j'ai  fourni  le  liféré.  Claville. 
Liséré.    Terme   de    Blafon.   Voye\  Ménétrier  ,  au 

mot    CUBLÉZE. 

LISÉRÉ,  ÉE.  par.  paiï.  Une  fleur  liférée. 

LISERER.  v..a.  Terme  de  Broderie.  Simularis  limbum 
ornare  ,  diflinguere.  Broder  des  fleurs  ,  des  figures  , 
ou  des  ramages  fur  une  étoffe ,  avec  un  cordonnet 
d'or  ,  ou  de  foie.  Liférer  une  jupe.  Liftrer  des 
fleurs. 

Ce  mot  vient  apparemment  de  itfiére  ,  qui  figni- 
Tome  y. 


LIS-  ^6^ 

fie  bord  ,  comme  on  le  va  voir  en  fon  lieu.  Ou  aura 
dit  d'abord ///iVr^r,  dont  cnfuite  on  aura  tait  liférer , 
pour  dire ,  faire  une  liliérc  ,  ou  un  bord  a  quelque 
choie. 

LISERON,  ou  LISET.  f.  m.  IMantc  dont  il  y  a  plu- 
lieurs cfpèces  j  la  plupart  dcfqucUcs  s'entortillent 
autour  des  corps  voilins  ,  d'où  vient  que  les  Latins 
lui  ont  donné  le  nom  de  Convolvulus  ,  du  verbe 
convolvi  ,  qui  lignifie  s'entortiller  ik  fe  rouler.  Le 
grand  liferon  poulie  des  tiges  longues ,  grêles  ,  lar- 
menteules  ,  qui  s'élèvent  haut  en  rampant ,  em- 
brallant  les  troncs  des  arbres  &  des  arbrilleaux  voi- 
(ms  ,  &  I-e  liant  à  leurs  branches.  Ses  feuilles  ref- 
lemblent  à  celles  du  lierre  ,  mais  elles  lont  plus 
grandes  ,  plus  molles,  plus  douces  au  toucher, 
pointues  ,  vertes.  Sa  fleur  a  la  figure  d'une  clo- 
che, de  coultur  blanche.  Quand  elle  eft  tombée, 
il  lui  fuccède  un  fruit  prelque  rond ,  gros  comme 
une  petite  ccrile  ,  membraneux  ,  contenant  des 
lemcnces  anguleulcSj  noirâtres,  ou  quelquefois  rou- 
geâtres.  En  Latin  convolvulus  major  albus.  C. 
Bauh.  Pin.  294.  Le  Ufcron  rend  du  lait  j  il  eft  dé- 
terlif ,  vulnéraire  ;  propre  pour  l'afthme  &  pour 
les  ulcères  des  oreilles.  Il  eft  propre  à  faire  des 
berceaux  dans  les  jardins  pour  le  mettre  à  l'ombre. 
Le  Pellboqui  de  l'Amérique  méridionale  eft  une 
efpèce  de  liferon,  ou  lierre  terreftre.  Frezier. /?.  73. 

LISET.  f.  m.  ou  LISETTE,  f.  f.  Ce  dernier  Icmblc 
être  le  plus  ulité.  Folvox  ,  convolvulus  ,  volucra. 
La  Quintinie  l'appelle  lifcite.  C'eft  un  petit  infeélc 
elpèce  de  Scarabée  ,  qui  en  Mai  &  en  Juin  coupe  les 
jeunes  jets  des  arbres  fruitiers  ,  &  les  bourgeons  de 
la  vigne,  quand  ils  font  encore  tendres.  De-là  vient 
qu'on  appelle  aulîi  cet  inleéfe  coupehourgeon  , 
ébourgeonneur  &c  couturitre.  Le  mâle  eft  vcrdâtre, 
&:  la  femelle  bleue.  La  lifeue  a  gâté  tous  les  jets  de 
nos   arbres.  La  Quint. 

Lisette,  f.  f.  Nom  de  femme,  diminutif  de  Louife, 
dont  on  a  fait  Louifecte  &  Lifette.  Ludovica.  Dans 
l'ufage  ordinaire  on  ne  dit  plus  Lifette ,  mais  Loui- 
fctte ,  &  même  plus  fouvent  Louifon.  Dans  les  Co- 
médies ,  &  dans  la  Po'c'he  Paftoiale  ,  ou  dans  des 
Épigrammes  ,  ou  lemblables  pièces  qui  font  dans 
le  genre  b.^din  ,  bas  ou  familier,  on  dit  encore  fou- 
vent  Lifette.  Dans  l'École  des  Maris  ,  la  Suivante 
de  Léonore  s'appelle  Lifette. 

Lisette.  En  quelques  lieux  on  donne  ce  nom  à  un 
petit  couteau  qui  ne  coupe  prelque  point,  que  l'on 
donne  à  des  enfans.  Cultellus. 

LISEUR  ,  EUSE.  f.  LcB.or ,  Leclri.x.  Se  dit  de  celui 
qui  ht  ,  &  eft  de  peu  d'ufage. 

Grand  lifeur  de  Rouans.  Bon. 

Dans  le  ftyle  grave  &  fcrieux  on  diroit  Lecteur. 
Si  elles  veulent  faire  les  lifeufes  ,  il  faut  que  ce  foie 
dans  de  bons  Livres ,  &:  non  pas  dans  ceux  où  l'on 
apprend  la  malice.  MademoilcUc  L'Héritier.  Toute 
cette  phrafe  eft  du  ftyle  bourgeois. 

U^"  Liseur.  Terme  de  Manufatfure.  C'eft  celui  qui 
lit  le  defl'ein  ou  la  figure  d'une  étoffe  ,  quand  on 
en  monte  le  métier,  royeii  Lire. 

LISIBLE,  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  aile  à  hre.  Quod  fa- 
cile legi  potejl ,  leccu  facilis.  Les  gros  caraélères 
font  plus  lifibles  que  la  nompareille.  Un  Livre  im- 
primé eft  plus  lifihle  qu'une  écriture  de  chicanne. 
L'imprelTion  Gothique  n'eft  ni  belle  ,  ni  lifible. 

LISIBLEMENT,  adv.  D'une  manière  lifible.  Difinclè. 
On  écrit  fort  lifihlement  les  Placets ,  toutes  les  écri- 
tures des  Finances. 

LISIÈRE,  f.  f.  Le  bord  d'une  étoffe ,  ce  qui  borne  fa 
largeur  des  deux  côtés  ;  &  fe  dit  tant  des  étoffes  de 
foie  ,  que  de  laine  ,  ou  de  fil.  Limbus  ,  ora.  Les 
Marchands  connoiirent  par  les  diverfes  raies  qui 
font  fur  les  l-fières  du  velours  ,  s'il  eft  à  trois  ou 
quatre  poils.  La  lifi<:re  eft  l'endroit  le  plus  fort  de 
la  toile.  Il  n'eft  point  néceffaire  d'ourler  du  côté  de 
la  lificrc. 
Lisière     fe  dit   aulTi  de  certains  cordons ,  de  certai- 

Bbbb  \] 


5^4  LIS 

nés  .bandes  d'ctofFe  j  qui  font  atracliées  à  l.i  ro'oc 
d'un  petit  enfant  ,  ik  dont  on  le  fcrt  pour  le  pro- 
mener  j  ou  pour  lui  apprendre  à  mareher  ,  ou  pour 
le  tenir,  quand  il  commence  à  marcher,  de  crainte 
qu'il  ne  tombe.  Lorum  ,  fnfcia,  funiculus.  Tenir  un 
■enfant  par  la  iijière.  Mener  un  entant  encore  à  la 
iijiirc.  Remettre  un  enfant  à  la  lifiire. 

Il  y  a  des  gens  qu'il  faut  mener  par  la  lifùre  ,  pour 
■fie  les  point  perdre.  Mener  par  la  Ufien ,  c'ell  di- 
riger quelqu'un  ,  le  conduire ,  le  mener  comme  on 
mène  un  enfant.  L'origine  de  cette  façon  de  parler 
vient  des  lïRhcs  avec  lefquellcs  on  l'outient  &  on 
aide  à  marcher  un  petit  enfant. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  lifura  ,  qui  eft  un  terme 
Barbare  ,  dont  Voilius  fait  mention.. 

lisiÈRE  j  le  dit  aulli  des  bornes  ,  des  extrémités  d'un 
champ  ,  d'une  forct^  d'une  Province  ,  d'un  Royau- 
me con/îdéré  comme  limitrophe  d'un  autre.  Finis  , 
limes  ,  cermini ,  ora.  Les  champs  qui  aboutilknt  au 
grand  chemin',  ont  fouvent  leurs  lifières  mangées 
par  les  moutons  qui  y  palfent.  Les  bêtes  fauves  en- 
fiomniagent  fort  les  terres  qui  font  lur  les  lifitres 
des  forets.  Les  Ennemis  vouloient  entrer  en  cette 
•I-'rovince  ,  mais  ils  n'ont  ruiné  que  fes  lifieres. 

On  appelle  dans  les  forêts  arbres  de  lifière ,  ceux 
qui  font  fur  les  extrémités  des  forêts  qui  les  fépa- 
rent  des  chemins ,  ou  des  autres  héritages,  .'arbores 
extrême  ,  extima. 

Lisière,  en  terme  de  Poëde  ancienne,  fe  difoit  de 
la  fin  des  vers  -,  &  on  appeloit  rimes  de  Ujiire , 
celles  qui  étoient  au  bout  des  vers  ,  par  oppoiîtion 
à  celles  que  les  vers  nommes  léonins  avoient  au 
milieu.  Fauchet  dit  que  les  anciens  Romains  met- 
toient  vingt  ou  trente  vers  tout  d'une  lifiere  ,  ou 
■terminailon. 

On  dit  proverbialement  ,  les  lificres  font  pires 
que  le  drap ,  quand  un  homme  le  détend  d'être 
d'un  pays   décrié  ,   &  qu'il  ne  s'en  dit  que  voifin. 

LISIEUX,  Nom  d'une  ville  Épifcopale  de  France. 
Lcxovii  ^  Lexobii  ,  Lexovis  ,  Civitas  Lexoviorum , 
Lcxovium  ,  anciennement  Neomagus.  Elle  eft  en 
la  Haute-Normandie  ,  fur  la  rivière  de  Lezon,  à 
•cinq  lieues  de  la  côte',  entre  Rouen  &  Cacn  ,  à 
dix  lieues  de  la  dernière  ,  &  à  fei^e  de  l'autre  ,  dont 
fon  Evêque  eft  futrragant.  Maty.  J'^oye-^  Hadr.  Va- 
lef.  Not.  Gall.  p.  2js  3  ^7^-  I-if^^ux  eft  à  i  S  de- 
grés de  longitude  j  &  à  49  degrés  6  minutes  de 
latitude. 

LISLE ,  ou  LILLE.  Nom  d'une  ville  des  Pays  Bas. 
InfuLz  ,  Infula.  Elle  eft  capitale  de  la  Flandre  Wa- 
lonne  ,  et  fituée  fur  la  rivière  de  Deule  ,  à  fix  ou 
fept  lieues  de  Douai ,  vers  le  nord.  Cette  ville  fut 
prile  par  les  Françok  l'an  166  y.  &  elle  fut  cédée 
parla  Paix  d'Aix-la-Chapelle  l'an  1668.  Les  Enne- 
mis la  prirent  en  1708 ,  &  l'ont  rendue  par  la  Paix. 
Elle  eft  bien  fortifiée,  &  détendue  par  une  fort  bonne 
citadelle.  Elle  eft  fi  coniidérable  par  ft  grandeur  , 
par  les  manufaélures  &:  par  (on  commerce  ,  qu'on 
la  compare  à  Lyon.  Matv.  Lijle  tut  fondée  en 
1007.  par  Baudouin  le  Barbu,  Comte  de  Flandres. 
Ce  nom  lui  a  été  donné  parce  qu'elle  eft  dans  un 
pays  rempli  de  petites  rivières  qui  l'environnent. 
L'ijle  eft  à  zo  d.  45.  min.  de  longitude  ,  (ifcà  jo  d. 
33.  m.   de  latitude  feptentrionale. 

LISME.  f.  m.  Etpèce  de  tribut  que  les  François  du 
Baftion  de  France  payent  aux  Algériens  &:  aux  Mau- 
res du  pays  ,  (uivant  les  anciennes  Capitulations, 
pour  avoir  la  liberté  de  la  pêche  du  corail  ,  &  du 
commerce  au  Baftion  même ,  à  la  Callc ,  au  Cap 
de  Rofe  ,   à  Bonne  &  à  Colle. 

I-ISMORE.  Petite  ville  de  la  Momonie  ,  ou  MUNS- 
TER en  Irlande.  Lipnora.  Elle  eft  fur  la  rivière  de 
More,  ou  de  Black-Watetj  entre  Corke  et  Wa- 
terfoid  ^  à  onze  lieues  àc  la  première  ,  tk.  à  treize 
de  la  dernière.  Lifmore  a  un  Évêché  uni  à  celui  de 
Waterford.  Maty.  Long.   10.  d.  9',  Lat.  ji.  d.  i'. 

LISOIR.  f.  m.  Terme  de  Charron.  C'eft  une  pièce 
de  bnis  qui  eft  au-delTus  des  ellîeux  d'un  carrolfe  , 
laquelle  porte  les  moutons  qui  foutîenncnt  le  corps 


L  I  S 

du  carrolle.  Fulcrum.  Les  lifoirs  font  débités  dans 
les  forêts  de  fix  pieds  de  long,  de  lîx  à  fept  pouces 
de  large  ^  &  de  quatre  à  cinq  d'épailfeur. 

LISONZO  ,  ou  ISOINJZO.  Nom  d'une  rivière  de  la 
Carniole.  Ifonûus  j  Sondas.  Elle  travcrfe  le  Comté 
de  Gorice  ,  où  elle  baigne  la  ville  de  ce  nom,  &c 
celle  de  Gçidilca  ,  traverfe  une  partie  du  Frioul , 
ik  va  fe  décharger  à  l'entrée  du  golfe  de  Triefte  , 
vis-à-vis  de  Capo  d'Iftria.  Maty. 

LISPOR.  Petite  ville  du  Royaume  de  Décan  ,  en  la 
prcfqu'île  de  l'Inde  ,  deçà  le  Gange.  Lifpora.  Elle 
eft  dans  la  Province  de  Balaguate  ^  près  de  la  rivière 
de  Guenga  ,  entre  Doltabat  &  Béder.  Lifpor  eft  un 
lieu  fortifié  ,  &  il  y  a  des  foires  où  il  le  fait  un 
grand  commerce  de  diamans  &  d'autres  pierres  pré- 
cicutes.  Quelques  Géographes  la  prennent  pour 
V Hippccura  de  Ptolomée  ,  que  d'autres  mettent  à 
Onor.  Maty.  , 

LISSA,  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  lAiripidej  dans 
Ion  Hercule  furieux ,  met  la  déelle  Lijfa  au  nombre 
des  Furies ,  parce  qu'elle  inlpiroit  la  fureur  &  1^ 
rage  ,  d'où  elle  avoir  tiré  fon  nom.  Junon  j  dans 
ce  Poète  ,  ordonne  à  Ins  de  conduire  cette  Furie 
armée  de  lerper.s  auprès  d'Hercule  ,  pour  lui  infpi- 
rer  les   tuteurs  qui  lui  firent  enfin  perdre  la  vie. 

Lissa.  Nom  d'un  île  du  golfe  de  Venife.  Lijfa  ,  Ijfa  ,; 
Hijja.  Elle  eft  au  couchant  de  celle  de  Curzola,  & 
au  midi  occidental  dç  celle  de  Lellina.  Lijfa  peuc 
avoir  lix  lieues  de  circuit ,  &  elle  appartient  aux  Véni- 
tiens. Maty. 

Lissa  ,  ouLesno.  Nom  d'une  petite' ville  de  la  grande 
Pologne.  Li(fa.  Elle  eft  dans  le  Palatinat  de  Polna  , 
à  quatorze  lieues  de  la  ville  de  ce  nom  ,  du  côté 
du  midi.    Maty. 

LISSE,  adj.  m.  &  f.  Ce  qui  eft  poli ,  uni.  Lievis.  On 
le  dît  particulièrement  d'une  étofte  qui  n'a  pas  pallé 
fous  la  calandre  pour  y  taire  paroitre  des  ondes.  De 
la  moire /i//f  eft  celle  qui  fort  des  mains  de  l'ouvrier, 
qui  n'eft  pas  tabilée  &  ondée.  Tous  les  corps  /ijjes 
font  trpids  au  toucher.  Cela  eft  lijji  comme  du  verre. 
Une  colonne  IiJJè  eftline  colonne  dont  le  fiât  eft  uni , 
fans  cannelures  &  fans  ornemens. 

§CF  Lisse,  en  Botanique.  Glaber  ^  fe  dit  de  la  partie 
d'une  plante  qui  n'a  point  de  poils ,  ou  ne  paroît 
pas  en  avoir.  F'oye-^  Poils. 

^fF  On  le  dit  aullî  des  fruits  dont  l'écorce  eft  toute 
unie  j  comme  le  marron. 

Ce  mot  vient  du  Grec  V«;^ ,  qui  fignifie  la  même 
chofe.  HuET. 

PÊcHE-LissE.  T'^oye-^  Pêche. 

Lisse,  f.  f.  Liciiim.  Aftemblage  de  plufieurs  longs  filets, 
de  foie  ,  ou  de  laine  ,  ou  de  corde  ,  étendus  fur  les' 
métiers  des  Sergiers,  Rubannicrs  ,  Tapilliers  ,  fai- 
feurs  de  Brocards ,  &  Cordiers ,  qui  fervent  de 
bafe  &c  de  fondement  pour  faire  divers  ouvrages, 
en  y  appliquant  de  travers  d'autres  filets  de  plu- 
fieurs fortes  de  matières  ou  de  couleurs.  Ainfi  on 
appelle  des  rapilferies  de  haute  ////e  ,  de  bafte  lïffe\ 
du  ruban  double  en  liQc  ,  celui  qui  eft  épais  ,  & 
plus  fort  qu'à  l'ordinaire.  On  ks  appelle  dansjes 
étoti'es  chaîne  ,  &  ce  qui  traverfe  trame.  En  ce  fens 
il  faut  écrire  lice,  f^oyc^  Lice. 

En  terme  de  Marine  ,  on  appelle  lijfe  du  hourdi , 
le  dernier  des  baux  ou  potitres  de  l'arrière,  qui  fert 
à  l'afifermiftement  de  la  poupe.  Tabulati  ad puppim 
trais  extrcma.  Sa  longueur  eft  environ  des  deux 
tiers  du  maure  bau.  On  appelle  lijjes  de  porte-hau- 
bans ,  de  longues  pièces  de  bois  plates  qui  régnent 
le  long  des  portehaubans,  pour  tenir  les  chaînes  de 
hauban  dans  leur  place. 

On  dit  liffes  de  pont ,  c'eft  la  première  préceinte 
qui  fe  trouve  au  niveau  du  tillac  :  lifjes  de  gabarit  ; 
c'eft  la  baloire  ,  les  lattes  &  les  planches,  qui  font 
employées  pour  les  modèles  Si  les  façons  d'un  vaif- 
feau  ;  lijje  de  couronnement ,  &c. 
Lisse  ,  eft  auffi  un  allêmbl.ige  de  longues  pièces  de 
bois  bout  à  bout ,  lelquellcs  forment  une  elpèce  de 
ceinture  dans  le  corps  du  bordage  du  v.iillèau ,  Se 
font  la  liailbn  des  pièces  de  charpente  qui  compo- 


L  I  S 


L  I  T 


fcnt  le  corps  du  bàtimciir.  On  les  appelle  aullî  , 
ceintes  ,  priceintes  ,  chuinte  &  carreaux.  Voyez 
CCS  mots. 

M.  Ftézicr  cciit  lice ,  mais  mal.  Un  bon  hais  de 
fud-ouefl  devint  un  peu  aptes  en  iie,  avec  des  ra- 
fales &  des  grains  épouvantables  ,  de  forte  que  nous 
avions  la  /ice  il  l'eau  lousies  deux  balles  voiles  j  les 
ris  di-dins.  FrEzier. 

Lisse.  C'ell  un  iullrument  dont  les  Lingères  fe  fervent 
pour  lillcr  leurs  ouvrages ,  ts:  dont  les  Corroycurs 
ufent  pareillement  pour  donner  la  dernière  hi(,'on  à 
leurs  cuirs  de  couleur ,  après  qu  ils  ont  rc^u  leur 
dernier  lulhe. 

LISSÉ.  Terme  de  Confifeur.  On  appelle  du  fucre  cuit 
à  lijfe' ,  lorlqu'en  prenant  du  hrop  avec  le  doigt  j 
ik  le  mettant  lur  le  pouce  ,  il  ne  coule  point ,  mais 
y  demeure  rond  comme  un  petit  pois.  Le  lucre  à 
/iffe  eft   le    premier  degré  de  cuillon  du  lucre  ;  le 

•  .  urop  qu'on  fait  pour  les  compotes  de  pommes  de 
reinette  3  doit  être  cuit  à  lii[Je. 

LISSER,  v.  a.    Rendre  lilfe,  poli  &   uni.   Lîvigare  , 

poUre.  Les  Maîtres  Ecrivains  Ujfcnt  leur  papier  ,  les 

£mpefcufes  leur   linge,    les  Cordonniers  leurs  ta- 

.  Ions  de  cuir.  La  calandre  peut  aullI  lijj'er  en  k  (er- 

vant  de  rouleaux  polis. 

Lisser  la  laine,  c'eit  1  ouvrir  en  la  remuant  avec  les 
lilîoires  ,  pour  lui  faire  prendre  également  la  cou- 
leur. 

LISSÉ ,  ÉE.  part.  On  appelle  des  amandes  lijfées ,  des 
amandes  pelées  &  couvertes  de  fucre. 

LISSERON.  f  m.  C'eft  la  partie  du  métier  des  Tlifu- 
tiers-Rubanniers,  qui  foutieat  les  lilles  ,  &  qui  aide 
à  faire  l'ouvrage.  Les  lijjcrons  font  un  nombre  de 
longs  tilets  ,  bandés  vers  le  bas  par  un  poids  ,  & 
ayant  vers  leur  milieu  d:3  boulettes  pour  recevoir 
des  ficelles  tranfverfales ,  qu'on  appelle    Rames. 

LISSETTES.  f.  f.  pi.  On  nomme  ainfi  dans  la  fabri- 
que des  gazes  ,  des  ficelles  au  même  nombre  que 
celles  des  lilfes ,  qui  font  attachées  cinq  à  cinq 
aux  fourches  ou  arbalètes ,  &  qui  fervent  à  laire 
lever  les  hls  de  la  claaine  pour  le  delkin  de  la  bro- 
chure. 

LISSOIR.  C.  m.  Inftrumenr  qui  fert  à  lilFer  le  linge  , 
le  papier  Si  autres  chofes  femblables.  On  en  tait  de 
verre  ,  de  marbre  ,  de  buis  bien  tourné  Se  bien  poli. 

Lissoir.  Ternie  de  lainage.  C'eft  une  perche  qui  lert 
à  bralfer  &  remuer  la  lainç. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  lifcha  ,  ou  lifca , 
qu'on  a  dit  dans  la  balfe  Latinité  en  la  même  ligni- 
fication. 

LISSURE.  f  f.  Polillure  fiite  avec   un   lilfoir.    Poli- 

I    tara  ,  politio.  La  lijjure  du  papier  le  rend  plus  pro- 

I    pre  à  écrire. 

XISTAOS.  f  m.  pi.  Toiles  rayées  de  blanc  Se  de  bleu  , 

j  qui  fe  fabriquent  en  divers  lieiix  d'Allemagne.  Les 
Hamburgeois  en  portent  beaucoup  en  Elpagne  , 
d'où  elles  palfent  anx  Indes  occidentales. 

LISTE,  f  f.  Prononcez  \'f.  ''ifJ°  Catalogue  de  plufieurs 

j    noms.  Syllabus  ,  album.  La /(/?e  desConfeillers  d'E- 

'  tac  J  des  Maîtres  des  Requêtes.  La  lijle  des  Con- 
feillers  au  Parlement.  La  lifte  des  Avocats  s'appelle 
Tableau.  La  lifte  des  Morts  &c  des  Blelfés  dans  une 
bataille.  La  lifte  de  ceux  que  le  Roi  veut  récom- 
penfer.  La  lifte  des  Prédicateurs. 

|C?  Quoique  ce  terme  s'applique  particulièrement  anx 
perfonnes  ,  on  le  dit  quelquefois  des  chofes.  Lifte 
des  Bénéfices  vacans ,  &  iifte  de  ceux  qui  y  ont  été 
nommés. 

Ce  mot ,  félon  Du  Cange  j  vient  de  lifta  ,  qui 
figniiîe  un  bord ,  ou  une  marge ,  ou  liftère  que  les 
Anglais  appellent  Itfte  ,  Se  les  Allemands /«//?,  par- 
ce qu'on  écrivoit  ces  petits  catalogues  fur  de  petites 
ianisres  de  parchemin  ,  &  ainfi  on  a  appelé  les 
orfrois  des  chapes  d'Eglife.  Pluviale  cum  liftis  auro 
textis. 

LISTÉ ,  EE.  adj.  Vieux  mot ,  qui  fignifie  bordée  ,  qui  a 
un  bord,  une  bordure. 


jéy 


*£'r  pendant  à  leur  col  maint  fort  efcu  lifté. 

Ciiron.  deBert.  du  g. 

LISTÉE,  ou  LIFrV.  Nom'd'une  petite  rivière  delà 
Lagénic.  Liffius  ^  Libmus.  Elle  baigne  la  ville  de 
Dublin  J  ik  le  décharge  peu  après  dans  la  mer  d'Ir- 
lande. ALVTY. 
LISTEL,  ou  LISTEAU,  f  m.  Terme  d'Architeélure. 
Ceinture  ,  moulure  carrée  j  petite  bande  ou  règle 
qu'on  met  en  quelques  endroits  ,  pour  fervir  d'orne- 
ment dans  l'Architecture.  C'eft  au(l:  l'cfpace  plein 
qui  eft  entre  les  cannelures  des  colonnes.  Stria.  On 
l'appelle  aulli  filet  ou  carre. 

Ce  mot  vient  de  l'Itahcn  ///?«,  bande,  &  liftelle , 
ceinture. 
LISTENOI.   Nom  propre   dune  Maifon    illuftrc   en 
France.    On    prononce    Liftené ,    quoiqu'on    écri- 
ve Liftenoi  :  il  y  en  a  qui    ne  fichant  pas  la  véri- 
table oithographe,  ccrivciuXi/?e/2«i,  à  caufe  de  la 
prononciation. 
LIS  1 HYELL.  ^-^oye^  Lestithiel. 
LISTO  ,  &  GNIOSA.  Ce  font  deux  petites  îles  de  la 
mer  Méditerrmnée.   Lift  us ,  S<.   Gniofa;  autretois, 
Alyli  InfuU.  Elles  doivent  être  vers  la  côte  méridio- 
nale de  l'ik-  de  Candie.  Maty. 
LISTON,  f.  ni.  Terme  de  Blàfon.  Petite  bande  en  for- 
me de  ruban  ,  que  l'on  mêle  ordinairement  avec  les 
ornemens  de  Técu  ,  &  fur  laquelle  on  écrit- quelque- 
fois la  dcvifc.  Fafcia. 
LISTRE.  A'byt'çLYsTRE. 

L  I  T. 

LIT.  f  m.  Couche ,  meuble  meublant  préparé  pour  le 
repos ,  ou  la  commodité  de  l'homme  ,  loit  pour  dor- 
mir la  nuit,  loit  pour  reprendre  fes  forces  dans  la 
maladie.  Lecius  ,  cubde.  Un  lit  eft  compolé  d'un 
bois  de  lit  ^  d'une  paillalle  ,  d'un  litAc  plume  ,  d'un 
matelas ,  d'un  traverlin ,  de  deux  draps  ,  &  d  une 
couverture  ,  d'un  dblller  ,  d'un  ciel ,  ou  d'un  fond 
délit,  des  pentes,  rideaux,  bonnes-grâces, courte- 
pointe. On  appelle  un  tour  de  lit ,  ou  un  lit  en  houfp: , 
un  lit  qui  eft  entouré  d'une  garniture,  qui  eft  fuf- 
pendue  ,  mais  qui  ne  fe  tire  point  comme  les  rideaux. 
On  appelle  un  lit  d'Ange ,  celui  qui  n'a  point  de 
quenouilles  ,  ou  piliers  ,  &  dont  les  rideaux  fe  re- 
troullent.  On  1  appelle  encore  Ut  à  la  Duchefe.  On 
appelle /ir  de  repos ,  un  petit  lit  fins  rideau  &  fins 
pavillon,  qu'on  met  ordinairement  dans  un  cabinet 
pour  fe  repoler.  Un  lit  de  fangles,  ou  baudet,  celui 
qu'on  drefte  lur  un  chalîls  pliant  &  portatif,  qui  fe 
fourient  par  des  fingles  attachées  d'un  côté  à  l'autre. 
Lit  de  veille  ;  c'eft  un  lit  drellé  pour  veiller  quelque 
malade.  Lit  de  grandeur ,  c'eft  un  grand  lit  de  gens 
mariés.  Lit  nuptial  ,  Lecius  genialis ,  ou  Nuptialis , 
c'eft  le  /i/'oiiles  nouveaux  mariés  couchent  la  pre- 
mière nuit  de  leurs  noces.  Bénir  le  'lit  nuptial.  \i\\ 
lit  de  camp ,  c'eft  un  Ut  portatif  qui  fe  démonte 
ailément  ,  pour  porter  à  l'Armée ,  ou  en  voyage. 
Les  Turcs  n'ont  point  de  lits ,  mais  feulement  àz% 
matelatsj  qu'ils  étendent  la  nuit  fur  un  fopha. 
On  dit  ordinairement  : 

Le  lit  eft  une  bonne  chofe  , 
Si  l'on  n'y  dort,  on  y  repcfe. 

Ce  mot  s'eft  formé  du  mor  Latin  lecius  ,  que  Fcf- 
rus  dérive  de  lego ,  pris  dans  la  lignification  d'aniaf- 
fer  ;  parce  qu'on  ramalloit  les  chofes  dont  il  étoic 
conipofé  d'abord,  c'eft  à  dire  ,  des  feuilles  ,  de  la 
paille  ,  en  un  mot  de  la  litière  ;  car  ce  furent  là  dans 
le  commencement  les  lits  que  les  hommes  fe  firent. 
D'autres  A'alUcio ,  parce  qu'il  attire  ,  il  invite  au  re- 
pos. Voye:^  Vollîus ,  Etymolog. 
Lit  de  parade  ,  eft  un  Ut  magnifique  dreiïé  dans  la 
princip.-ile  chambre  d'un  appartement  ,  où  d'or- 
dinaire on  ne  couche  point,  &  où  l'on  expole quel- 
que   temps  les   Princes ,  ou  les  grands    Seigneurs 


k66  lit 

quand  lis  (ont  morts,  pour  les  hùie  voii  au  peuple. 

I  ;  t  JuSTrcH^Trônc  fur  lequel  le  Ror  ea  a  l:s  ^ 
qu'il  va      au  Parlement.    On  du  que  le  Koi  t  en 
tnUt  de  Jupcc  Mic,^^'^U^  en  {on  Parlement  de 
Snf  tenu- une  (e...nce  (olemnelle  lousun  haut  da.s 
quiefî  préparé  à  cer  effet.  TnbunaL  /"'^'^^'"'".•.^^^ 
Roi  ne  ùcnt  Ion  Lu  de  Jufucc  que  pour-  des  art-u    s 
qui  concernent  l'Etat  s  alors  tous  les  Olrhciers  du  Par- 
lement font  enrobes  rouges.  Sur  les  hauts  bancs    lont 
lesPnnces  du  Sang  ,  cV  les  Pa.rs  du  Hoyaum  •  Le 
<^i-ind  Maître  ,  le  Grand  Chambellan  ,  cV  le  1   evot 
de  Pans    Su  aux  pieds  du  Roi  lur  lesde.rcs  Dans 
lePuqu  t,£c  (ur  les  hèges  d'en  bas  font  le  Chance- 
e      ks  Préfidens,  &  les  ConleiUersdu  Parlement. 
Maisquandle  Ro-.entauParlementpurul  honorer 
de  fe  piétence ,  &  (ans  tenir  Lu  de  jujh.c  ,  1  sOtti 
ciers  du  Parlement  font  en  robes  noues  a    ordinaiic. 
S  c'ell  a  1-audience  ,  le  Roi  ell  allis  en  Ion  haut  hege 
à  mam  gauche  ,  le  Chancelier  ,  les  PreUdens,  les 
Cardinaux  ,  Se  les  PairsEccléliartiques-,a  main  droite  , 
les  Princes  du  Sang  ,  les  Pairs  Laïques ,  ^ntuice    es 
Maîtres  des  Requêtes  ,  &  les  Conlei  1ers  du  Pail  ■ 
jTient ,  fclon  leur  rang  d'ancienneté.  U  Lu  de  JuJU- 
ce  s'appelle  autrement   Trône    Royal    des   Rois  de 
France,  félon  Du  Tillef,  aujourd'hui  on  ne  dit  que 
Lu  de  Jujuce.  Foyc^  cet  Auteur  fur  1^  ^//1,-^' "" 

ce,  L  P.p.  ^5  r  -'-'i'^  >  -^"^-  ^Hl  ^'     ^'    ^ 
11  y  a  chez  la  Rcme  des  Dames  d  honneur ,  qu  on 

appelle  Dames  du  lif. 

Un  lit  de  chambre,  /ea«  cuhicularis  ,  ou cubicu- 
larlus;  c'étoit  celui  où  Ion  pallo.t  la  nmt  pour  dor- 
mir :  un  lu  de  table  ,  ou  de  lalle  a  manger  ,  leclus 
difculntor-ius  ,  ou  mclirmns  ;  cz,:  les  Anciens  man- 
geoient  couchés  for  des  lus.  On  te  metto.t  d  ordi- 
naire trois  for  chaque  7;r:  la  place  du  m.heu  etoit 
la  plus  honorable,  audibien  que  le  lu  du  milieu 
celui  du  haut  bout  de  la  table  après  ,  &  celui  du  bas 
bout  le  dernier.  Les  Juils  prirent  des  Romains  1  ulage 
de  manger  couchés  for  des  lus  ,  comme  i  paroit  par 
h  dernfcre  Cène  de  Jéfus-Chrill,  &  par  d'autres  en- 
droits du  Nouveau  Teftament.  Les  Romains  avoient 
encore  un  lu  d'étude.  Leclus  lucuhratorius.  Ils  por- 
toi-nt  auifi  leurs  morts  au  bûcher  for  un  /,f,  ou  dans 
.unelitiére.Propert.  I.  IF.  Ele^.J-  v-  i«-Martial, 
Liv.  FIIL  Epigr.  44.  v.  i -f-  Ce//^  s'appclloit  Emor- 
tualis,  ou  Funebris  ,  c'cft  à  dire ,  lu  mortuaiie  ,  com- 
me nous  difons  drap  mortuaire. 
Lit  fe  dit  aulfi  quelquefois  de  quelques  unes  de  les 
pu  tics.  iCr  1°.  Du  bois  ,  du  fond  du  lu  (eulement. 
Un  lu  de  bois  de  noyer.  Un  lu  de  fmgle.  2°.  Du 
tour  de  lu  foulement.  Un  lu  d'hiver.  Un  lu  A^K. 
Un  /irde  damas ,  de  velours.  On  dit  aulh  un  lu  de 
plume.  C'eft  un  efpècc  de  matelas  hit  de  plume , 
un  coutil  rempli  de  plumes,  de  la  grandeur  du  lu. 
3°.  Pour  le  matelas  &  le  lit  de  plumes  ,  les  draps  c\' 
les  couvertures.  Un  bon  lu.  Un  lu  bien  mollet. 

On  appelle  le  chevet  du  lit ,  l'endroit  ou  l  on 
met  le  traverihi,  où  l'on  pofe  la  tête.  Cervical.  Les 
vieds  du  lu,  le  côté  oppofé ,  où  font  les  pteds  ; 
le  devant  du  lu,  le  cc.té  où  l'on  te  mer  pour  rece- 
voir ceux  qui  rendent  vilite  quand  on  eltau/if;  la 
ruelle  du  lit ,  le  côté    oppofé  ,    par  lequel  on  parle 

aux  domeftiques.  .  r     r      ,■         'i 

On  dit  qu'un  homme  le  jette  (ur  ton  //r.quil 
eft  au  lit,  qu'il  garde  le  lu  ,  qu'il  (e tient  au//f,  lort- 
qu'il  e(t  indifpofé,  ou  parelleux  -,  qu'il  elt  au  lu  de 
la  mort ,  quand  il  eft  malade  à  l'extrémité.  Un  Empe-- 
leiir  difoit,  qu'il  falloit  qu'un  Prmce  ,  ou  General 
d'Armée,  mourût  debout,  qu'il  ne  mourut  point 
dansfon  lit.  Oportet  Jjnperatoremjlantem  mon 

Autrefois  en  Bretagne  à  la  mort  des  Recteurs , 
(c'eft  ce  que  nous  appelons  ici  Curés),  les  Archi 
diacres  &  les  Archiprétrcs  s'attribuoicnt  leur  /;/. 
Au  Concile  de  Nantes  de  l'an  i45i.ccAf  f-ut  elhm.' 
cinquante  fous  pour  les  Refteurs  ,  qui  payoïcnt 
cinquante  livres  de  décimes ,  Se  au-deftus  jidqu  a 
cent  ,  &  cent  fous  pour  ceux  qui  paVoient  plus  de 
cent  livres  de  décimes;  &:  il  fuç  défaidu  aux  Ar- 


L  I  T 

chidiacres  &  Archiprétres  de  prendre  davantage.' 
Lit  ,  fe  dit  aulÏÏ  de  tous  les  lieux  où  l'on  le  repofe. 
Grabatus.  On  fait  dans  les  jardins  des  lièges ,  des 
lus  de  gazon.  Les  payfans,  les  toldats  n'ont  fou- 
vent  d'autre  lit  que  laterre.  Ainii  Théophile  a  dit 
d'un  Caporal. 

Et  mon  \'n  ne /aurait  branler  j 
Que  par  un  tremblement  de  terre. 

On  dit  que  les  éléphins  femelles  fe  font  un 
Ut  de  branches  d'arbres  avec  un  chevet  pour  at- 
tendre le  mâle  ;  car  ils  s'accouplent  à  la  manière  des 

hommes.  /--ci 

Lit,  fe  dit  figurément  en  chofes  morales ,  &  lignihe  le 
mariage.  Dieu  a  béni  le  lu  de  ces  mariés ,  il  leur  adon- 
né lignée.  '  ■ 

Une  loi  moins  fevire  a  mis  Claude  en  mon  Ik.. 

Rac. 

On  appelle  des  enfans  du  premier  ,  du  fécond, 
du  troilième  lu ,  ceux  qui  font  du  premier ,  du 
fécond ,  ou  du  troifième  mariage.  On  dit  aulh  qu'une 
femme  a  fouillé  fon  lit,  fa  couche,  quand  elle  a 
commis  adultère.  On  tient  que  Neûancbus  Roi 
d'Egypte  ,  avoir  trompé  Olympias  ,  &  fouille  le 
lit  de  Philippe  fon  hôte.  Du  Rver.  On  dit  qu'une 
femme  couche  au  grand  lu ,  ne  fiit  point  ht  à 
part ,  ne  fait  qu'un  lit  avec  (on  mari ,  pour  dire, 
qu'ils  font  bien  unis  enfemble.  Ce  dernier  eft  fa- 
milier. 

Lit  brifé,  fignifie  dans  quelques  Coutumes,  ma-. 
ri^gf  diifous ,  ic'çix.c  ,  jolutum  matrimonium. 

On  dit  figurémcnr ,  qu'un  homme  eft  mort  au  ht 
d'honneur  ^  pour  dire  ,  qu'il  eft  mort  à  la  guêtre 
en  homme  d'honneur ,  pour  la  Foi  ,  ou  pour  ton 
Prince;  ou  en  général ,  de  tout  homme  qui  e(t  mon 
dans  les  fonéfions  d'une  charge  ,  d'un  emploi  hono- 

LiT,  lignifie  aulh  le  canal  d'une  rivière,  le  folfé creux, 
le  canal  où  l'eau  coule.  Alveus.  Le  Nil  tous  les  ans 
fort  de  fon  //r  pour  inonder  l'Egypte  _,  cV  la  rendre 
fertile  La  rivière  de  Loire  change  touvent  de  lu. 
On  a  creufé  le  lu  de  la  >Seine  en  plulieurs  endroits 
pour  la  rendre  navigable.  Fleuve  lerre  dans  lon/.f. 

Vaug.  ,    •     ,    1 

On  appelle  lit  de  ntarée  ,yi\-\  endroit  de  la  mer  qui 
fe  rencontre  ordinairement  dans  un  détroit,  &  ou 
il  y  a  un  courant  rapide  &  dangereux.  On  appelle /^r 
de  canal ,  ou  de  réforvoir ,  le  fond  qui  eft  de  table, 
de  glaite,  de  pavé,  ou  de  ciment. 

lirdu  vent ,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  for  mer  des 
lignes  ou  direcbions  par  Icfquelles  le  vent  touftlejon 
dit  le  lu  du  courant  dans  le  même  fens.  }  entivuz, 
/Imita.  Tenir  le  lu  du  vent.  Etre  au  lu  du  voit. 
Lit  k  dit  aulh  en  matière  de  chofes  minérales  &  k)l- 
fiîes  de  certains  étages  ou  couches  de  matière  quon 
trouve  difpofces  les  unes  for  les  autres  dans  une  cer- 
taine étendue  de  terrain  quand  on  y  (  >ni\k.  ^tratum. 
On  trouve  en  cette  montagne  un  lu  de  pierre,  un 
lu  de  marne,  un  /zf  d'argile  ,   d'ardoife,  de  terre 

vitriolée  ,  de  plâtre  ,  &c.  ^     ,     r       ■     ■  A.  U 

Lit  en  Macoainerie,  fo  dit  1°.  De  la  fituation  de  a 
pierre  dans  la  carrière  ;  .^De  la  turtace  for  laquelle 
on  pofo  une  pierre,  foit  adivement ,  fou  pa  hve- 
ment  ;  celle  for  laquelle  elle  s'appuie  s'appelk  ht  de 
delTous  ,  celle  for  laquelle  une  autre  pierre  sappuic 
s'appelle //r  cf.-  dejfus.  Lortque  ces  furtaces  ont  in- 
clinées à  l'horizon,  comme  d..ns  les  voufto.is  iv 
clavaux,  on  les  appelle  lu  en  jf»!^;  ï^.'^f  ".^jP^"! 
une  carrière  ,  lu  tendre,  c'eft  celm  de  dellous- 
Ar  dur,  c'eft   celui  de    delfos.   Dicl.  de  Pemt.  & 

On  'le  dit  auffi  de  ces  couches  qu'on  fait  par  art. 
Pour   frire  une    foupe  ,    un   Cuilmier  met    un^« 
de  pain  ,  c^c  un  lu  de  fromage;  pour  (aire  du  i.  op 
un /7r  de  tranches  de  pommes  c\-  mi  /;f  de  (ucie./-c« 
Chiimftes  mettent  des  to  de  fouttrc,  dantimoihC.. 


LIT 

ie  Cch,  de  charbon  ,  6c.  pour  faire  les  opérations  , 
ik  ils  appellent  cela  Stracfflcadon  ,  ou  Jlratum  fupcr 
jhatum  ,  qu  ils  déiigncnc  par  i>  S  i). 

<^n  dit  aulli  eu  Maçoiiueric ,  un  lit  de  pierre  , 
pour  dire,  une  allile  ,  un  étage  de  pierre ,  &  jonite 
de  lit ,  le  mortier  qui  ell  entre  deux  pierres  pofées 
l'uiie  iur  l'autre.  On  appelle  lit  di  vonjjoir ,  ou  de 
claveau,  le   côté  caché  dar.s  les  joints.  On  appelle 
lit  de  pont  de  bois,  le  plancher  compolé  de  pou- 
trelles ôc  de  travons  ,  avec  fon  couchis. 
Lrr.  En  termes  de  Chirurgien  &  d'Accoucheur ,  l'ar- 
rière-faix  ou  le  placenta  s'appelle  Ar^  parce  que  l'en- 
fant ell  couché  dellus. 
Lit  de  fumier.  Cclt ,  parmi  les  Jardiniers,  un  étage 
de  plulieurs    fourchées  de  fumier    fur  une    cert.'.i- 
iie  largeur.    Stratum  Jiercoris  ,  Jîerqudinium.  Pour 
faire  une  couche  de  cinq  pieds  de  large,  &  de  trois 
pieds  de  haut ,  il  faut  mettre  quatre  lits  de  fumier 
l'un  Iur  l'autre. 
Lit  ,  le  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  :  Comme  on 
fait  (on  lit  on  (e  couche  ;  pour  due  ,  on  tire  du  pro- 
fit des  chofes,  luivant  qu'on  les  a  préparées.  On  dit 
auiîî ,  que  le   lit  efl:  l'écharpe  de  la  jambe;   pour 
dire ,  que  quand  on  a   mal  à  la  jambe ,   il  faut  le 
tenir  au  lit  ;  de  même  qu'on  met  le  bras  en  écharpe 
quand  on  y  eft  blcllé  ,  &  qu'on  y  a  du  mal. 

■  On  dit  aulll  de  ceux  qui  ne  font  que  manger  iS^' 
dormir,  qu'ils  vont  du /if  à  la  table  j&  de  la  table 
au  lit.  On  dit  ,  qu'il  faut  prendre  un  homme  au 
faut  du  lit;  pour  dire,  de  bon  matin  ^  quand  il  le 
lève. 
LIfA.  Nom  d'une  petite  ville,  autrefois  Épifcopale. 
Let,i  j  Lete.  Elle  elt  dans  la  Macédoine  ,  vers  le 
golfe  de  Salonichi ,  à  lept  lieues  de  la  ville  de  même 
nom  ,  du  côté  du  couchant. 
LITAGE.  f.  in.  Terme  de  Manufaclure  de  drap ,  dont 
les  Teinturiers  fe  fervent  aulll,  C'eft  l'aifion  de  liter 
les  étoMes. 

LI  lANIE.  f.  f.  Terme  de  Liturgie.  Litania.  Dans  l'Églife 
on  appelle  Litanie  ,  les  Procelïïons  &c  les  prières  qu'on 
fait  pour  appaifer  la  colère  de  Dieu,  pour  détourner 
quelque  calamité  dont  on  efl  menacé,  pour  remercier 
Ditu  des  bienfaits  qu'on  reçoit  de  fa  bonté.  Siméonde 
Thellalonique,  qui  donne  dans  fon  opulcule  contre 
les  hérélies  cette  notion  de  la  Litanie ,  ajoute  que  la  for- 
tie  del'Églile  dans  la  Z/fd/2id ,  marque  la  chute  &  le 
péché  d'Adam ,  qui  fut  challé  du  Paradis  terreftre,  lîgu- 
ré  par  l'Eglife  ,  &  que  le  retour  à  l'Eglife ,  mar- 
que le  retour  d'une  ame  à  Dieu  par  la  pénitence. 
Les  Auteurs  Eccléliaftiques  &c  l'Ordre  Romain  appel- 
lent Litanie  les  perfonnes  qui  compofent  la  Procel- 
fîon  ,  &  qui  y  alfiftent.  Du  Cange  dit  que  ce  mot 
fîgnifioit  auucf ois  ProceJJïon.  A  l'occafion  d'une  pelte 
qui  ravageoir  Rome  l'an  590.  Saint  Grégoire  ,  Pape  , 
indiqua  une  Litanie  ,  ou  Procellîon  à  fept  bandes  , 
çui  dévoient  marcher  au  point  du  jour  le  Mercredi 
fuivantj  lortant  de  diverles  Égliles  pour  fe  rcndie 
toutes  à  Sainte  Marie  Majeure  :  la  première  troupe 
etoit  compofee  du  Clergé;  la  féconde  des  Abbés, 
avec  leurs  Moines  ;  la  troilîème  des  AbbelFes  _,  avec 
leurs  Religieufes;  la  quatrième  des  enfans  ;  la  cin- 
quième des  hommes  laïques;  la  lixièirle  des  veuves; 
la  leptième  des  femmes  mariées.  Chaque  troupe 
etoit  conduite  par  les  Prêtres  du  quartier.  On  croit 
que  de  cette  ProcelTIon  générale  eft  venue  celle  de 
Saint  Marcj  qu'ils  appellent  encore  la  Grande  Lita- 
nie. Fleury.  On  a  appelé  autrefois  le  jour  d£  Sairjt 
Mavcla  grande Zifiz;2;e.  Le  Concilede Tolède  tenu  en 
948.  dit,  Can.  6.  On  jeûnera  la  grande  Litanie, 
c'eft-àdire  ,  le  jour  de  Saint  Marc  ,  comme  les 
Rogations.  Fleury  :  Eijloire  EccUfiafùque  ,  Li 
vre  f  f, 

LITANIES,  f.  f.  pi.  Ceux  qui  difent  LJtanies  ,  parlent 
mal.  Mén.  &c  plus  mal  encore  le  peuple  ignorant , 
qui' dit  quelquefois  les  Zctanies.  C'eft  une  formule 
de  prières  qu'on  chante  dans  l'Eglife  à  l'honneur  des 
Saints,  ou  de  quelques  Myftères,  loiten  général ,  ou 
en  particulier.  Litanid  Elle  contient  certains  éloges  , 
ou  attributs ,   à  la  fin  de    chacun  defquels  on  leur 


L  I  T  yd7 

fait  une  invocation  en  même  termes.  Les  Litanies  di^i 
Saints  le  chantent  au  retour  des  Pioceilions  avec  cette 
réponfe  ,  l'ricz  pour  nous  ;  6c  eu  celles  qui  regar- 
dent les  Perfonnes  de  la  Sainte  Trinité  ,  on  dit. 
Ayez  pitié  de  nous. 

On  donnoit  au  lixièmc  llècle  le  nom  de  Litanie, 
à  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  le  Kyrie,  elei- 
J'on.  On  accula  5.  Grégoire  Pape  ,  d'avoir  introduit 
cette  Prière  ou  iiwwie;  mais  foixantc&  dix  ans  aupa- 
ravant ,  le  Concile  de  'Vailon  téinoignoit  que  cette 
Prière  étoit  reçue  par  le  Saint  Siège.  D  ailleurs  on  ne 
voit  pas  quel  mal  il  y  avoit  à  Tintroduire. 

Les  grandes  Litanies  (ont  celles  des  Rogations  ; 
elles  ont  été  mftituécs  par  Saint  Grégoire  le  Grand. 
Le  Concile  de  Mayence  ,  en  815.  dit,  Can.  ^j. 
On  oblervera  la  grande  Litanie  pendant  trois  jours  , 
&  on  y  marchera  nuds  pieds  avec  la  ccndrj  &  le 
ci  lice. 

On  appelle  aulîl  litanies  les  trois  jours  qui  précédent 
la  Fctede  l'Alcennon  de  Notre  Seigneur  ,&  que  nous 
nommons  communément  les  Rogations.  L  abftincuce 
des  Litanies,  ou  Rogations,  n'eft  pas  li  ancienne 
que  le  jeûne  des  Quatre  Temps  ,  &  n'a  pas  été  li  uni- 
yerlclleinent  obfervée  dans  l'Eglife.  Tout  le  monde 
lait  bien  l^ue  S.  Maniert,  Éveque  de  Vienne,  fut 
en  474.  1  inlfituteur  des  Litanies  des  trois  jours  qui 
précédent  l'Alccnhon  ;  &  fans  y  avoir  égard  ,  l'£- 
glile  ae  Tarragone  célébroit  ces  Litanies  dans  la  fe- 
maine.de  la  Pentecôte,  &  au  mois  de  Novembre; 
&  l'Eglife  d'Elpagne  les  ordonna  dans  le  mois  de  Dé- 
cembre. S.  Maniert ,  dans  l'inititution  de  les  Lita- 
nies,  y  joignit  non  feulement  l'abftinence,  mais 
encore  le  jeûne.  Grégoire  de  Tours,  //i/?.  L.  L.c. 
j^.DiJfert.  fur  le  LI.  Canon  du  Concile  de-Gironne 
tenu  en  yij.  Mem  de  J'rév.  1 7 i  4.  p.  JpSo. 
On  nomme  ainlî  ces  jours  ,  parce  que  l'on  y  fût 
des  Procellions  auxquelles-  on  chante  les  Litanies 
des  Saints. 

Ce  mot  eft  fait  du  Grec  >^i'"'<^i ^JltppUcation.  le 
P.  Pezron  iroit  plus  loin  :  comme  il  a  prétendu  qup 
litare  eft  pris  du  lit  des  Celtes  ,  qui  veut  dire  ftte , 
folennité  ,  parce  que  c'eft  dans  les  fêtes  qu'on  a  cou- 
tume dç  lauedeslacriiices  ;  il  tireroi't  aulli  apparem- 
ment le  ^T/a ,  ou  /if^-ia  des  Grecs ,  du  lit  des  Celtes  ^ 
parce  que  c'eft  aux  jours  de  fête  qu'on  a  cou- 
tume de  faire  des  fupplications  &  des  prières  aux 
dieux. 

Les  BoUandifteSj  au  II.  Tome  des  mois  de  Juin 
de  leurs  Acla  Sancl.  p.  jyp.  remarquent  j  après  les 
frères  Macri ,  qu'il  y  a  beaucoup  de  dirrerence  entre 
Litanie  &c  L&tanie.  Car ,  dilent-ils  ,  Litanie  fe  prend 
pour  une  Procellîon  inftituée  par  le  peuple  ,  &  enfui- 
te  pour  une  certaine  formule  d'invocation  des  Saints, 
que  l'on  chante  dans  ces  Procellions  ,  &c  qui  com- 
mence par  Kyrie  ,  eleifon.  Mais  Latanie  lignine  un 
jour  de  tctc  tk.  de  joie  j  comme  il  paroît  par  les  Let- 
tres de  S.  Grégoire  Z. //^.  Ep.  $4.  où  ce  laint  Pape 
lait  le  dénombrement  des  Litanies  ,  ou  jours  foleii- 
nels  ;  auxquels  il  eft  permis  aux  Archevêques  dcpor- 
t^'r  le  pallium.  Or  ie  pallium  ne  fe  portoit  jamais 
hors  de  l'Églile ,  &  tant  les  grandes  que  les  petites 
Litanies  fe  font  hors  ds  l'Eglife. 

On  appelle  proverbialement  une  longue /iw^/ir,  ou 
kyrielle,  c'eft  à-dire  ,  une  longue  luite  de  perfonnes 
de  titres  ,  ou  de  paroles ,  qui  compofent  un  récit 
ennuyeux. 

]ean  rn  invite  à  dîner  avec  cérémonie  , 

Et  me  jaitune  litanie  • 

De  trente  conviés  que  je  ne  connoispas  : 
Serviteur  à  fon  grand  repas  ; 
J'aime  à  manger  en  compagnie. 

SÉNECÉ. 

On  dit  auflTi ,  Mettez-moi  dans  vos  litanies  ;  pour 

dire  j  fouvenez-vous  de  moi ,  priez  Dieu  pour  moi, 

longez  à  mon  affaire.  On  feroit  une  grande  litanie 

des  Saints  qui  fuient  invoqués.  Du  Loir,  p.   28 S. 

LITAR  ,  Le  Cap.  HTAR.  Ceneum  ,  ou  Caeneum  Pro- 


5(58  L  I  T 

montonum.  Ce  Cap  eft  la  pointe  la  plus  occidentale 
de  l'île  de  Ncgix'pont ,  &  qui  regarde  la  l'hellahe. 
Il  y  a  fur  ce  Cap  une  petite  ville  qui  porte  fon  nom. 
Maty. 
LITCHEW.  r.  m.  Terme  de  Relation  &  de  Calen- 
drier. C'ell  le  nom  de  la  première  des  vingt-quatte 
parties  qui  coaipofent  l'année  des  Cathaïens.  û'Her 

BELOT. 

LITCHI,  ou  LICHI.  f.  m.  Nom  d'un  fruit  excellent 
qui  croit  en  diverfes  Provinces  de  la  Chine.  Lkhi. 
Les  meilleurs  litchis  viennent  près  de  Hinghoa  ; 
on  les  porte  de- la  en  polie  à  la  Cour  ,  pour  les  y 
manger  frais.  Le  litchi  eft  le  fruit  d'un  arbre  fort 
grand  &  fort  haut.  Ses  feuilles  approchent  de  celles 
du  laurier.  Au  bout  des  branches  il  produit  des  efpè- 
ces  de  grappes  ,  qui  font  compolces  de  ce  fruit.  Il 
ji'ert  pas  aullî  ferré,  ni  en  aulli  grand  nombre  que 
les  grains  de  laifin  dans  une  grappe;  il  ell  aulli 
attaché  par  une  queue  plus  longue.  Il  a  la  ligure 
d'un  cœur ,  &  ell  de  la  grolleur  d'une  noix.  Il  ell 
revêtu  dune  écorce  ,  mais  cette  écorcc  ell  mince  j 
&  fe  rompt  fort  ailément  avec  les  doigts.  Il  y  a  de- 
dans un  noyau  blanc  d'une  odeur  &  d'un  goût  fort 
agréable  ,  &  qui  fenc  la  rofe.  Quand  le  litchi  eft  mûr , 
il  eft  rouge  à  l'extérieur  ,  &  fait  fur  l'arbre  un  fort 
bel  eftct.  L'os  ,  ou  le  noyau  qui  eft  dedans',  eft  en- 
touré d'une  matière  qui  relfemble  à  de  la  gelée  cou- 
leur de  rofe  ■,  elle  fe  tond  dans  la  bouche  ,  &  elle  eft 
délicieulc. 

Le  litchi  vient  dans  la  province  de  Fokien  ,  &  dans 
tous  les  lieux  qui  lont  au  midi  ,  mais  principale- 
ment dans  le  territoire  de  la  ville  de  Fochcu;  les 
Portugais  de  Macao  l'appellent  leur  Llchlas.  Voyez 
ï'Amb.  des  Hùll.  à  la  Chine  ,  P.  II.  p.  po.hsV. 
Le  Comte  dit  que  le  litchi  fe  trouve  dans  la  Province 
de  Canton.  Il  eft  de  la  grofteur  d'une  noix  ;  le 
noyau  long  tk.  gros,  paro'it  couvert  d'une  chair 
molle,  pleine  d'eau,  &  très  agréable  au  goût:  je 
ue  lai  aucun  truit  en  Europe  qui  en  approche.  Cette 
chair  eft  rentermée  dans  une  écorce  chagrinée  en 
dehors  ,  tort  mince  &:  terminée  en  pointe  comme  un 
CEuf  :  quand  on  en  mange  beaucoup  ,  on  en  eft  oïdi- 
jiairement  incommodé,  ik  il  eft  li  chaud,  qu'il  fait 
iortir  des  furoncles  par  tout  le  corps.  Les  Chinois  le 
laillent  lécher  dans  l'écorce  même ,  où  il  devient 
noir  ik  ridé  comme  nos  pruneaux.  On  en  mange 
ainlî  toute  l'année  ;  «Se  l'on  s'en  lert  ordinairement 
dans  le  thé  pour  lui  donner  un  petit  goût  aigre ,  qu'on 
aime  beaucoup  mieux  que  la  douceur  du  lucre.  P. 
Le  Comte.  J'ai  vu  du  litchi  en  France ,  &  j'en  ai 
•goûté  ;  il  éioit  dclféché  comme  nos  pruneaux  ,  & 
ne  lailloit  pas  d'avoir  encore  quelque  chofc  d'agréa- 
ble ;  mais  cela  n'approchoit  point  du  goût  exquis 
qu'on  dit  qu  il  a  quand  il  eft  trais. 

LITCHOU.  f.  m.  Tetme  de  Relation  ,  &  de  Calen- 
drier. Nom  de  la  troilième  des  vingt-quatre  parties 
que  contient    l'année  chez  les   Catha'iens  D'Her- 

BELOT. 

LITE.  f.  f.  Nom  de  divinités  payennes.  Lita ,  Lite. 
Les  Lues  font  dans  Homère  des  divinités  qui  p^é- 
fenteiit  à  Jupiter  les  vœux  &  les  prières  des  hom- 
mes. Voye:^   dans  rOdyftée  ,  L.  XI. 

Ce  mot    eft    Grec  j    Air»   fignitic  ,    fuplic.uion 
prière. 

LirEAU.  f.  m.  'Terme  de  ChalTe.  Cublle  lupi.  C'eft 
le  lieu  où  repofe  le  loup  durant  le  jour. 

Liteau  ,  terme  de  Commerce  ,  fe  dit  de  certaines  raies 
de  diliérentes  couleurs  ,  que  l'onconferve  le  long  des 
pièces  de  drap  ,  entre  la  lilière  &  l'étofte  ,  pour  faire 
conno'itre  qu'elles  font  de  bonne  teinture. 

Liteau  ,  fe  dit  aullî  des  raies  bleues  qui  traverfent  les 
toiles  d'une  lilîère  à  l'autre.  Il  n'y  a  que  les  pièces 
de  toiles  pleines  qui  (ont  deftinées  à  faire  des  nappes 
&  des  ferviettes  ,  qui  aient  des  liteaux. 

IÎCFLITER.v.  a.  Terme  de  Pêche  &de  Draperie. 

Liter  du  poillon  lalé.  Terme  de  Pêche.  C'eft  l'arran- 
ger par  lits  daus  les  gonnes  ,  hambourgs  & 
barils. 

Liter  un  drap.  Terme  de  draperie.   C'eft  coudre  ou 


LIT 

attacher  avec   du  gros  fil,  ou  de  la  menue  ficelle 
certaines  petites   cordes   de    la  giolTcur  du  bout   du 

fictit  doigt,  ie  long  de  la  pièce  entre  l'étotfe  &:  la' 
ilîèie,  afin  que  la  partie  qui  en  a  été  couverte  ne 
puilfe    prendre   la  teinture ,    ik.    qu'elle    conferve 
toujours  fon   fond  ou  pié ,   ce  qui  eft  proprement 
la  preuve  de  la  bonne  teinture  de  l'étoffe. 

CÎCTLITÉ,  ÉE.  part.  f^oye\  le  verbe. 

CCTLITHARGE.  f.  f.  Terme  de  Pharmacie.  Sorte  de 
compoluion  formée  par  le  mélange  du  plomb  & 
de  l'écume  de  l'argent  lortqu'on  le  rafine  dans  le 
plomb  fondu.  Cette  matière  fe  purifie  &c  fe  divife 
pour  les  uLages  Pharmaceutiques  en  la  préparant 
ou  en  la  pulvérilant  a  l'eau.  Lithargyrium  j  Lithar- 
gyrus  ,argenti  plumho  mijil  fpuma. 

Il  y  a  deux  elpèces  de  litharge  ,  une  jaune  tirant 
fur  le  rouge  ,  approchant  de  la  couleur  de  l'or.  On 
l'appelle  en  Latin  Lithargyrium  auri ,  ou  ckryjitis , 
en  françois  litarge  d'or.  L'autre  a  une  couleur  qui 
tire  (ur  celle  de  l'argent  :  on  l'appelle  en  Latin  Lithar- 
gyrium argentl  ,  ou  argyrltls  ,  &  en  François  lithar- 
ge d'argent.  Je  trouve  encore  dans  Monet ,  Litharge 
plombée  ,  lortant  de  la  fonte  du  plomb  ,  Molyhditis, 
La  dittérence  des  couleurs  de  ces  deux  litharges  ,  ne 
procède  que  des  différens  degrés  de  chaleur  qui  leur 
ont  été  donnés  dans  la  fonte.  La  litharge  d'or  a  été 
plus  long-temps  calcinée  que  la  litharge  d'argent* 
Les  litarges  font  'déliccatives ,  déterlives  ,  rafraî- 
chillantes ,  elles  donnent  la  confiftance  à  fluiieurs 
emplâtres.  Les  Potiers  de  terre  s'en  fervent  pour 
donner  à  leurs  pots  un  beau  vernis  de  couleur  de 
bronze  :  elles  font  aulîl  employées  par  les  Peintres, 
par  les  Teinturiers ,  par  les  Pelletiers ,  par  les 
Vitriers.  La  litharge  mêlée  dans  le  vin  lui  donne  une 
coideur  plus  vive  ,  plus  de  feu  ,  <Sr  en  diminue  le 
ver  ;  mais  elle  a  de  très  mauvais  effets  pour  la  fanté. 
Audi  la  Police  a  t-elle  détendu  ce  mélange.  V^oyc^ 
De  la  Marej  Traité  de  Police,  T.  I.p.  s^^ 3- 

Ce  mot  eft  compofé  de  deux  mots  Grecs,  ;''i"of , 
pierre,  &  Kf/u^os  ,  argent ^  comme  qui  à^Kov.  pierre 
d'argent. 

En  termes  de  monnoie ,  on  appelle  glette^  ou 
litharge  ,  l'impureté  des  matières  qui  a  coulé  de 
la  coupelle  d  a^tinage  ,  &  ces  termes  de  glette 
(St  de  litharge  font   lynonymes.    Boizard  j  P.  I. 

C.    20. 

LITHÉSIEN.  f.  ou  adj.    m.    Terme   de   Mythologie. 
Sutnom  de  l'Apollon  de  Mêlée  ou  Mélia.  Lithejius. 
On  l'appeloit  ainii ,   dit  Etienne  de  Byzance  , parce, 
que    dans    cette  ville   la  ftatue    de    ce    dieu    étoit! 
poiée  fur  une    pierre  :   /■'»»! ,  llthos ,  en  Grec ,  fî- 
gnifie^Diem;. 

LITHEUVIE.  Foyei  Lithuanie. 

LITHIASIE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Formation  de  ' 
la  pierre ,  manière  dont  la  pierre  le  torme  dans  ie 
corps  humain.  Lithiajis. 

Lithiasie  ,  ou  Lithiasis  ,  eft  aullî  une  maladie  desl' 
paupières,  qui  coniifte  dansde  pentes  tumeurs  dures 
&  pétrifiées,  engendrées  lut  leurs  bords.  On  les  nom- 
me autrement  gravelles.  Elles  lont  caufécs  par  une 
lymphe  épailîe  ,  endurcie    &    convertie  en   petites  ( 
pierres  ou  tables  dans  quelques  crains  glanduleux,  ouf 
dans  quelques    vaifteaux  lymphatiques  ,  ce  qui  les  ' 
rend  enkiltées.  Col  de  Villars. 

On  retient  en  Latin  &c  en  François  le  terme  de) 
LlthlaJis ,  pour  lignifier  le   calcul  ,  ou  la  maladie  t 
calculeufe.    .><.>i«i.- ,  de  -':'«'' ,  pierre.  Col    de  Vil- 
lars. 

Ce  mot  eft  Grec,  Ad.'^.-is,  qui  fignifie  la  mê-_ 
me  chofe ,  eft  le  mot  dont  nous  avons  formé  celui  | 
de  Llthiajïe. 

LITHOBOLIES.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom 
d'une  fête  qui  fe.  célébroit  autrelois  à  Troezène.  i; 
Lithoholla.  Quelques  habitans  de  Troezène  ayant  i 
lapidé  dans  une  (édition  deux  filles  de  l'île  de  Crète  , 
nommées  Limia  Si  Auxélia  ,  on  ordonna  que  pour 
appaifer  leurs  mânes  on  célébreroit  une  ièts  tous' 
les  ans ,  &C  cette  fête  fut  appelée  Lithobolies. 

Ce 


L  I  T 


Ce  mot  vient  de  au'oÔo'a/k  ,  forme  de  ^''O'' ,  pierre  ; 
&•  ,s«A/iJ ,  je  jette. 
LITHOCOLLE,  f.  F.  Ciment  avec  lequel  on  attache 
les  pierres  préciciil'cs  ,  pour  les  tailler  (ous  Li  meule. 
Lïthocolla.  On  le  fait  de  poix  réline  &  de  vieille  bri  - 
que.  Pour  les  diamanson  ulc  de  plomb  fondu  ,  où  on 
les  cnchâllc  ;  avant  qu  il  (oit  tout- à-lait  rehoidi. 
Tour  les  mortiers  j  on  les  lait  avec  de  la  poudre  de 
marbre  &c  de  la  colle  forte.  Et  pour  coller  les  éclats 
de  pierre  on  y  ajoute  du  blanc  d'œuf  &  de  la  poix. 
Ce  mot  vient  du  Grec  Àiôij-  ,  pierre  j  &  de  «-o/Aa  , 
colle. 

LITHOGRAPHIE,  f.  f.  Defeription  des  pierres.  Lltho- 
graphïa.  C'cll  un  Livre,  un  Traité  ,  un  Ouvrage  (ur 
les  pierres  &  leur  dcfcription.  Un  Auteur  Suédois  , 
nommé  Bromelli  a  4omi<^  'I-tis  les  Acla  Lie.  Sue- 
cica  ,  une  Lithographie  Suédoile ,  dans  laquelle  il 
décrit  les  pierres  qui  (e  forment  dans  les  plantes , 
dans  le  corps  des  animaux  ,  dans  les  diftérentes  parties 
du  corps  de  l'homme  ;  les  pétrifications,  ou  loililes 
pétrifiés  qui  le  trouvent  dans  la  terre  ,  &  qu'il  regar- 
de avec  raifon  comme  des  relies  du  Déluge  uniyer- 
fel  j  &  des  preuves  de  la  vérité  de  nos  fiintes  Écri- 
tures ,  aulli-bien  que  Léibnitz ,  Woodvard  ,  &  beau- 
coup d'autres. 

Ce    mot    vient   de    >.li^ ,  pierre  ,   6c  i/fxipu ,  je 
décris. 

LITHOLABE.  f.  m.  Pincette  dont  on  fe  fert  dans  la 
Lithotomie  pour  failir  le  calcul.  A/eoA«S«».  De/iô®', 
uncalculj  &'««'«"»,  failir.  Dict.  de  James. 

LITHOLOGIE,  f.  f.  Sciences  des  pierres,  Lithologia  , 
de  A  (1;;  •  ,  pierre  ,  Se  >^iy&-  j  difcours.  La  Lithologie 
s'applique,  non-feulement  à  connoïtre  toutes  les  dit- 
férentes  fortes  de  pierres ,  niais  encore  à  expliquer 
leurs  formations,  leurs  progrès  j  leurs  figures,  leurs 
propriétés,  &  généralement  tout  ce  qui  les  concerne. 
Avant  le  feizième  liècle  on  s'étoit  peu  appliqué  à 
la  Lithologie  ,  mais  depuis  on  a  fort  cultivé  cette 
fcience  en  France,  en  Angleterre,  en  Allemagne  j 
&  en  Italie.  L'étude  de  la  Lithologie  eft  aujourd'hui 
fort  à  la  mode. 

LITHOLOGUEi  ou  LITHOGRAPHE,  f.  m.  C'cft  le 
nom  qu'on  donne  aux  Nataraliftes  qui  s'appliquent 
à  la  Lithologie,  c'elt  à-dire,  à  connoïtre"  &  dillin- 
guer  par  dalles  &  par  genres  les  diverfes  fortes  de 
pierres  ,  tant  terrellres  que  maritimes.  Agricola, 
Gclner  ,  Aldrovand  ,  Boccone  ,  Bonanni ,  Liller , 
LuydjLang,  Mercati,  Impcrati,  Allàltij  ont  été  de 
favans  Lithographes  ^  ou  Lithologues. 

LITHOMANT lE  ,  ou,  LITHOMANCE.  f.  f.  Divina- 
tion fuperftitieufe  des  Anciens,  qui  fe  faifoit  par  le 
moyen  des  pierres.  Lithomantia. 

Ce  mot  ell:  Grec ,  compofé  de  a/S®-  ,  pierre  ,  & 
ftxi-^ix  ,  divination. 

LITHONTRIBON.  f^.  m.  Sorte  de  poudre  propre, 
dit  on ,  à  brifcr  la  pierre  qui  fe  forme  dans  les  reins 
&  dans  la  vellie.  Elle  eft  compofce  de  fang  de  bouc 
préparé,  de  fmg  de  lièvre  brûlé,  des  femences  d'al- 
kekenge,  de  faxifragej  des  racines  d'onnois,  d'érin- 
gium  ,  &c.  On  fait  prendre  cette  poudre  avec  un  peu 
de  vin  blanc  ,  ou  avec  l'eau  de  pariétaire ,  ou  de  rave. 
Ce  mot  vient  de  /do; ,  pierre  j  &  de  roiÔEi» ,  broyer. 

LITHONTRIPTIQUE.  adj.  fouvent  employé  fiibftan- 
tivement.  Médicament  propre  à  briler  la  pierre  qui 
fe  forme  dans  les  reins  &  dans  la  vellie  ,  comme  font 
le  lithofpermum ,  le  faxifrage  ,  &c.  Il  y  a  bien  des 
gens  qui  prétendent  avoir  de  véritables  Lithontripti- 
ques  J  mais  tout  le  monde  n'en  convient  pas.  Ce 
n'eft  pas  qu'il  foit  abfolumem  impolfible  qu'il  y  ait 
de  tels  remèdes ,  mais  il  faut  avouer  que  jufqu'à  pre- 
fent  ils  nous  font  inconnus.  M.  le  Cat,  Doéleur  en 
Médecine,  &  Chirurgien  de  l'Hôtel  Dieu  à  Rouen  , 
dit  que  les  yeux  d'écrevilles,  qui  vers  la  mi  Juin  fc 
durciffent  peu-à-peu ,  ik.  fe  fondent  de  même  en  Juil- 
let ,  forment  un  grand  préjugé  en  faveur  de  la  poilîbi- 
lité  du  Lithontriptlque ,  c'eft  à-dire  du  dilfolvant  de 
la  pierre.  Obferv.  fur  les  Ecrits  mod.  t.  21  ^p.  141  , 
1 42.  M.  Morand  dit  qu'il  feroit  à  fouhaiter  que 
l'opération  de  la  taille  ne  fût  point  nécellàire  ,  & 
Tome  V. 


LIT  5^9 

qu'on  pîit  trouver  un  bon  &c  fur  Lithontrlptique ,  c'eft- 
à  dire  ,  un  dillblvant  qui  pût  brifcr  &  réfoudre  la 
])icrrc  dans  la  veille.  La  nouvelle  Ik  précieufe  inven- 
tion de  ce  Lithontriptlque  (1  déliré ,  fait  la  gloire  de 
l'Angleterre.   M.idemoilclle  Jeanne  Stephens  ,  l'an 

1 73  J  ,  eft  l'Auteur  du  Lithontriptlque  dont  il  s'agit 

t.  2j.  p.  26 3. 

Ce  mot  vient  de  //do; ,  pierre,  &  de  lifltuu ,  broyer. 

LITHOPHAGE.  f.  m.  Petit  ver  qui  fe  trouve  dansl'ar- 
doife,  &  qui  la  ronge.  Il  eft  couvert  d'une  petite 
coquille  fort  tendre  ,  de  couleur  cendrée  &  verditre. 
On  apperçoit  dans  les  couches  de  l'ardoile  les  traces 
de  ce  ver ,  qui  fe  creufe  un  ciicmin  dans  la  pierre 
pendant  qu'elle  eft  encore  molle. 

Ce  mot  vient  de  Mios ,  pierre,  ôc  de  (paya  ,   je 
mange. 

|Cr  LITHOPHOSPHORE,  f.  m.  Terme  d'Hjftoire 
Naturelle,  par  lequel  quelques  Naturaliftes  déiignent 
une  efpèce  de  pierre  calcaire ,  qui ,  après  avoir  été 
calcinée  doucement  dans  le  feu ,  devient  phofphori- 
que.   F'oje^i^  Phosphore  et  Pierre  de  Bologne. 

LITHOPHYTE.  f.  m.  C'eft  ainfi  que  les  Naturaliftes 
appellent  certaines  productions  qui  tiennent  de  la 
pierre  &  de  la  plante  ,  &  qu'à  caufe  de  cela  ils  nom- 
moient  encore  Pierres  plantes.  Les  pierres  plantes  , 
ou  lithopkytes  J  qui  eft  un  mot  compofé  de  aIs©-', 
pierre  ,  &  (fum  ,  plante  ,  ont  beaucoup  exercé  les 
Philofophes.  Les  uns  ont  prétendu  que  c'étoient  des 
pierres ,  Se  les  ont  rangées  fous  la  clalfe  des  miné- 
raux. Les  autres  qui  les  rcgardoient  comme  des  plan- 
tes ,  les  mettoient  dans  la  clalfe  des  végétaux  ;  & 
d'autres  enfin  qui  les  envilagent  comme  des  efpèces 
d'androgynes  ,  ou  hermaphrodites  ,  leur  ont  donne 
une  clalfe  à  part ,  comme  participant  de  l'un  &  de 
l'autre;  c'eft  pourquoi  ils  leur  ont  donné  un  nom 
compofé  de  tous  les  deux ,  en  les  nommant  Litho- 
phyces ,  ou  Pierres  plantes.  Uthophyton  ,  lithophy- 
tum.  Il  y  a  différentes  efpèces  de  lithophyton.  Les  ef- 
pèces de  lithophyton  qui  nailfent  dans  la  mer  Médi- 
terranée ,  lemblent  d'abord  n'être  que  le  fquélette , 
ou  la  partie  ligneufe  des  plantes  mortes  dans  le  fond 
de  la  mer  ,  revêtue  d'une  efpèce  d'écorce  tarrareufe , 
ou  limon  endurci  qui  les  couvre  entièrement.  C'eft- 
là  le  fentiment  de  la  plupart  des  curieux;  mais  l'on 
s'en  déiabufera  facilement,  fi  l'on  jette  les  yeux  fur 
ces  belles  efpèces  de  lithophyton  qui  naillent  dans  la 
mer  des  Indes  occidentale^.  Ces  fortes  de  plantes 
font  compofées  de  deux  parties  ;  l'une  eft  ligneufe  & 
lolide ,  avec  un  petit  trou  dans  le  cœur ,  qui  paroît 
avoir  été  deftiné  pour  contenir  quelque  efpèce  de 
moelle.  Cette  partie  forme  Litige  &  les  branches  du 
lithophyton  :  elle  eft  caftante ,  mais  quand  on  la  met 
à  la  chandelle  allumée  ,  elle  brûle  &  put  comme  un 
morceau  de  corne  ,  ou  comme  les  plumes  des  oi- 
feauXj  ne  lailfant  pas  de  cendres  comme  le  bois, 
mais  une  efpèce  de  charbon  fort  fpongieux  &:  fra- 
gile, de  même  que  font  les  plumes,  ce  qui  me  faic 
croire  que  cette  partie  contient  alfez  de  fel  volatil. 
Elle  eft  couverte  d'une  écorce  mollalfe,  dont  la  tif- 
fure  eft  admirable  dans  certaines  efpèces.  Dans  celle 
que  j'ai  appelée  Lithophyton  Ame'icanum  ,  maxi" 
muni ,  pullum  j  tuhercuUs  feorfum  fpeaantihus  ohfi~ 
tum ,  elle  eft  brune  j  épailfe  d'une  ligne  &  demie, 
doublée  en  dedans  d'une  membrane  fort  mince ,  qui 

■  forme  un  tuyau  dans  lequel  le  corps  ligneux  de  cette 
plante  eft  comme  dans  un  étui.  L'écorce  eft  comme 
îpongieufe ,  &  craque  fous  la  dent ,  comme  fi  l'on 
mâchoit  un  ciment  dans  lequel  il  y  eût  beaucoup  de 
fable ,  mais  elle  eft  conftamment  divifée  dans  fou 
épailîeur. 

LITHOSTROTOS.  f.  m.  Ce  mot  qui  fe  trouve  dans 
l'Évangile  de  S.  Jean  ,  c.  XIX.  r.  /i  ,  eft  Grec  , 
&:  fignifîe  Pavé  de  pierre  /,/«<.? ,  pierre  ,  &  .rf/rz.; , 
pavé.  Lithoflrotos  ,  Lapidipavium.  C'étoit  le  lieu 
où  Pilate  rendoit  la  juftice.  Pilate  les  entendant 
parler  de  la  forte  ,  amena  Jésus  deh®rs ,  &:  prit 
féance  dans  Ion  tribunal  ,  au  lieu  qu'on  appelle  en 
Grec  Lithojtrotos  ,  &c  en  Hébreu  Gabbatha.  Bou- 
HOURS,  Le  P.   Ameloite ,   la  Verfion  de  Mons,  & 

C  ce  e 


570       L  I  T 

M.  Simon  j  retiennent  aulll  ce  mot.  Les  Anciens  ap- 
pcUoicnt'ainii  ,  non  pas  limplemcnt  un  pavé  de  pierre, 
mais  un  lieu  pavé  proprement  de  marbre ,  &  quel- 
"quet'ois  de  marbre  de  diftérentes  couleurs  ,  &  à 
tlilférens  comparcimens.  f^oyi-'x  l'iine,  L.  XXXFI , 
t.  2 s.  Les  Juits  avoient  aulll  cet  ulage ,  &;  la  falle 
de  leur  Sanhédrin  étoit  ainli  pavée.  Foyei  Selden , 
De  Symdr.  Hehr.  L.  II ,  c.  //. 

On  dit  aulîi  LithoÇtroton.  M.  Spon  ,  dans  Tes  Rc- 
■cherches  Curieufcs  de  l'Antiquité  ,  Diffeit.  II,  pré- 
tend que  c'étok  des  Molaïques  que  les  Grecs  nom- 
moient  L'nhofirota.  Ils  commencèrent  à  Kome  lous 
Sylla ,  qui  en  fît  faire  un  à  Prénefte ,  dans  le  tem 
pie  de  la  Fortune ^  environ  170  ans  avant  la  venue 
■de  N.  S.  Le  mot  de  Lithojlroton  ,  lignifie  feule- 
ment, dans  la  force  du  Grec^  un  pavé  de  pierres; 
Tnais  ils  entendoient  par-là  ces  paves  faits  de  pier- 
res jointes  ,  &:  comme  enchâirées  dans  le  ciment , 
repréfcntant  différentes  ligures  par  la  variété  de  leurs 
couleurs  &  par  leur  arrangement.  Spon. 

LITHOTOME.  f.  m.  Efpèce  de  billouri  avec  lequel 
on  fait  à  la  velîïe  une  ouverture  propre  à  tirer  la 
pierre.  Litkotomus.  Voy.  la  detcription  de  cet  Int- 
trument  dans  le  Di6t.  de  M.  Col  de  Villars.  L'uho- 
tome  vient  de  xkn ,  pierre  ,  &  de  7o^<  ,  incifion  ,  du 
verbe  is^va  j  j'incife  ,  je  coupe.  Il  feroit  plus  à 
propos  d'appeler  ce  bilfouri  cyftotome  ,  de  xiîis , 
vej/ie  ,  parce  que  c'efl  elle  qu'il  coupe  ,  Se  non 
pas  la  pierre ,  mais  l'ulagc  l'emporte. 

LITHOTOMIE.  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Opéra- 
tion par  laquelle  on  tire  la  pierre  de  la  veille.  Li- 
thocomia.  On  a  recours  à  la  Lithotomie  pour  tirer 
les  corps  durs  &  étrangers  qui  font  dans  la  vellie. 
François  Jollet ,  Chirurgien  de  Paris  ,  fit  imprimer 
en  i68i.  un  Traité  de  Lithotomie.  Il  fiudroit  plu 
tôt  dire  ,  Cyfiotomie  ,  ou  feôtion  de  la  veille  ,  parce 
que  l'on  ne  coupe  pas  la  pierre ,   mais  la  vellie. 

LÏTHOTOAUSTE.  f.  m.  Terme  de  Chirurgie.  Opé- 
rateur pour  la  pierre ,  Chirurgien  qui  fait  l'opéra- 
tion de  la  taille ,  qui  s'applique  particulièrement  h 
l'opération  de  la  taille.  Litkotomus ,  Cyftotomus. 
Germain  Collot  ,  fameux  Lithotom'ifle  ,  cil  le  pre- 
mier des  Chirurgiens  François  qui  tenta  l'opération 
de  la  raille  au  grand  appareil  ,  &c  en  fit ,  avec 
fuccès  ,  l'ellai  iur  un  Garde  du  Roi  Louis  XL 
condamné  à  mort  poiir  les  crimes  ,  &  malade  de 
la  pierre  ,  auquel  il  lauva  doublement  la  vie  par 
cette  opétation.  Jour,  des  Sav.  1714.^.  ^û  s. 
Severin  Pineau,  Chartrain  j  mort  en  161 9.  Chi- 
rurgien du  Roi ,  grand  Lithotomifte  ,  efl:  Auteur  de 
trois  Dillertations  Françoiies ,  fur  Vopération  de  la 
taille  ,  8c  d'un  Traité  Latin  fur  les  Signes  de  la 
f^irginité.  Id.  p.  666.  François  Thévevin,  Parifien  , 
xélèbre  Lithotomijle ,  ëc  Oculiftc  ,  Auteur  de  trois 
Traités  _;  l'un  (ur  les  Opérations  de  Chirurgie  ■  l'au- 
tre fur  les  tumeurs  contre  nature  ;  &  le  troihcme 
fur  l'étymologie  des  termes  Grecs,  employés  par  les 
Médecins&  les  Chirurgiens  ,  mourut  en  i6j8. 

Ces  mots  de  Lithotomie ^,  &  Lithotomijle  ,  viennent 
de  Ai'feç ,  pierre  ;  ôc  ttÎ^'.»»  ,  je  coupe  :  ce  n'eft  pas  que 
le  Lithotomijle  coupe  la  pierre  dans  ropération  de 
la  Lithotomie  ,  mais  c'ell  qu'il  fait  une  incillon  ,  une 
coupure  ,  à  dellein  de  tirer  la  pierre.' 

t^'  LITOXYI.ON.  f.  m.  Mot  purement  Grec  par 
lequel  on  dcligne  le  bois  pétrifié.  Du  Grec  ^l'io; , 
pierre  ,  &  3;uAo»  ,  iois. 

LiTHQUO.  Foye\  Linlithquo. 

LITHUANIE.  Nom  d'une  partie  des  Etats  du  Roi  de 
Pologne.  Lithuania.  Elle  efl:  bornée  au  fud  par  la 
Volhinie  ,  &c  par  la  Rallie  Rouge  j  au  couchant 
par  la  Haute-Pologne,  par  la  Polaquie  _,  par  la 
Prulfe  Ducale  j  &:  par  la  Samogitie  ;  au  nord  pai 
la  Livonie  &  par  {a  Mofcovie  ,  qui  la  confine  aulli 
du  côté  du  levant.  La  Lithuanie  eft  d'une  grande 
étendue.  Elle  peut  avoir  environ  cent  quatre-vingt 
lieues  du  couchant  au  levant ,  &  cent  dix  du  nord 
au  fud.  Elle  efl  baignée  par  un  grand  nombre  ck 
rivières  J  dont  les  principales  font  Niéper,  la  Dzwi- 
lu  ,  le  Niémen  &  le  Przipiec.  Elle  eft  pleine  de 


L  I  T 

vaftes  campagne  ,  qui  n'étoient  autrefois  que  de 
grandes  torcts  ,  &c  qui  lont  maintenant  allez  peu- 
plées &  alfez  cultivées  ,  à  la  rélcrvc  de  quelques 
endroits  qui  font  pleins  de  matais  &  de  lacs ,  &c 
des  hontières  de  la  Molcovie  _,  qui  l'ont  allez  fouvent 
délolées  par  la  guerre.  Il  n'y  croît  pas  beaucoup  de 
fruit ,  à  caufe  de  la  froideur  du  climat  ;  mais  elle 
abonde  en  grains  ,  en  beltiaux  ,  en  cire  ,  &  en  miel, 
dont  les  habitans  font  de  l'hydromel  j  qui  ell:  leut 
breuvage  le  plus  ordinaire.  La  Lithuanie  a  eu  autre- 
fois (on  Souverain  particulier  ,  qui  pottoit  le  nom 
de  Grand  Duc  i  de-là  vient  qu'elle  cil  encore  au- 
jourd'hui appelée  le  Grand  Duché.  Jagellon  ,  Grand- 
Duc  de  Lithuanie  ,  fut  appelé  à  la  Couronne  de 
Pologne,  l'an  i}86.  aux  conditions  qu'il  fe  feroit 
Chrétien  ,  qu'il  épouferoit  la  fille  du  dernier  Roi 
de  Pologne  ,  Se  qu'il  incorporeroit  la  Lithuanie  à 
la  Pologne.  Cette  dernière  condition  ne  fut  pour- 
tant pleinement  exécutée  que  lous  Sigilmond  Au- 
gufle  ,  l'an  1/69.  Cependant,  quoique  là  Lithua- 
nie ne  falle  qu'un  même  corps  de  République  avec 
les  autres  États  du  Roi  de  Pologne  ,  &  qu'il  ne  fg 
puille  rien  conduire  dans  les  Diètes  fans  fa  participa- 
tion ,  elle  ne  lailîe  pas  de  conferver  fes  loix  ,  tes  pri- 
vilèges ,  les  grands  OtKciers  ,  civils  &  militaires ,  & 
fon  armée  particulière  ,  &  dillinguée  de  celle  de 
Pologne.  Les  Gentilshommes  y  font  de  petits  Rois , 
dont  les  Payfins  font  les  elclaves.  On  y  fuit  la 
Religion  Catholique  ,  la  Proteftante  &  la  Réfor- 
mée :  on  y  trouve  aulTi  des  Grecs  Schilmatiques, 
des  Unitaires  ,  &  des  Juits. 

On  dlvife  la  Lithuanie  en  deux  grandes   parties. 
La   Lithuanie  propre  ,  qui  comprend  les   Palatinats 
de  Wilna  ,    de    Troki  &  de  Brietcic.  1.  La  Ruilie 
Lithuanique  ,  où   font  les   Palatinats   de   Novogro- 
deck  ,   de  Minsko  ,  de  Poloczko  ,   de    Vitepsko, 
&  de  Mteillaw  ,  fous  lequel  on  comprend  les  ter- 
ritoires de  Rohafow  J  de  Rziczica.  Tous  ces  Palati- i 
iiats ,    ou    territoires  ont  leurs  capitales  de   mcrae  1 
nom  ,  outre  lelquelles  on  diftingue  encore  B:anaw  ' 
&  Grodno.  La  Samogitie  eft  une  dépendance  de  la 
Lithuanie  ;  les  Duchés  de  Smolensko  &  de  Czrni- 
chow  l'étoient  autrefois  ;  mais  maintenant  ils  font 
entre  les  mains  des  Mofcovites.  Maty. 

Dans  les  Auteurs ,  ou  Aéles  du  XIII*^  fièclcj  la 
Lithuanie  eft  .appelée  Lutavie  ,  &  Litheuvie  dans  le 
pays.  C'ert  vers  l'an  lijj.  que  le  Pape  Innocent  IV. 
y  érigea  un  Évcché. 

LITHUANIEN ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple. 
LIabitans  delà  Lithuanie.  Li»kuanus  ,  a.  Les  Lithua-r 
niens  ne  demeurent  unis  avec  les  Polonois  que  pari 
raiton   d'État.  Les  humeurs  des  Lithuaniens  Se  des! 
Polonnois   ne  font   pas  moins   incompatibles,  quel 
celles  des  Hongrois  &  des  AUemans  ,  des  ÉcotlbisJ 
&C  des  Anglois.    Guaguin  ,  dans  fa   Sarmatie    Eu- 
ropéenne ,   dit  que  les  Lithuaniens  adoroient  les  vi- 
pères ,  Se  les  ferpens  j    Se  les   prenoient  pour  de^ 
dieux. 

LITHUANIQUE.  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  la  Li- 
thuanie. ZifA:/i?/2ia«  ,  a.  La  Rutile  Lithuanique. 

LITIÈRE,  f.  f.  Sorte  de  voiture  ,  ou  corps  de  carolfe 
tulpcndu  tur  des  brancarts  ,  ds:  porté  ordinaiienient 
par  des  mulets  l'un  devant ,  l'autre  derrière.  Lecli- 
ca  ,Jlraticulum.  La  plus  douce  des  voitures  eft  celle 
de  la  litière.  On  ne  peut  aller  dans  les  montagnes 
qu'en  litière.  Pline  appelle  une  litière  couverte,  une 
chambre  de  voyageur.  Les  Romains  s'en  fervoient 
ordinairement.  Les  litières  des  Romains  étoicnt  por- 
tées par  des  hommes  ;  c'étoir  des  etclaves  qu'ils  em- 
ployoient  pour  cela  ,  comme  on  fait  aujourd'hui 
en  A  fie  pour  porter  les  palanquins.  Les  litières 
des  Romains  J  qui  étoient  faites  pour  être  portées 
par  quatre  etclaves  ,  s'appeloient  Tétraphore  ,  tc- 
traphorum  :  celles  qui  étoient  portées  par  fix ,  ie 
jiommoient  hexaphore  ,  hexaphorum  :  Se  celles  qui 
étoi  nt  portées  par  huit  fe  nômmoient  oclaphore , 
oclaphorum.  Tous  ces  diftérens  noms  de  litières  ex- 
priment le  nombre  des  porteurs  qu'il  y  avoit  à 
chacune 


L  IT 


Lucilc  le  premier 
VenPea  l'humble  vertu  delà  richejje  aldcre , 
Et  l'hormcte  homme  à  pied  du  fucjuiti  en  licicrc. 

BoiL. 

r 

L'invention  de  I.i  litière  eft  venue  des  Rois  de  Bi- 
thynic  ,  à  ce  que  dit  Ciccron  ,  &  un  vieux  Inrerprcte 
de  Juvén.ii.  On  s'en  Icrvoic  d.ms  les  mnladies  p.ir 
dclic«|Kllè^ainh  qu'il  p.iioîc  p.ii  l'Epître  VIII.  de  Se 
néque.  L'ufigc  de  la  litière  augniema  beaucoup  à 
Rome  ious  Tibère.  Les  clllaves  même  (e  firent  por 

■  ter  en  litières  ,  mais  ils  n'ctoient  portés  que  par  deux 
hommes  ;  au  lieu  que  les  autres  î'étoicnt  par  un  plus 
grand  nombre  j  &:  avoient  quelquefois  jufqu'a  huit 
porteurs.  C'eft  ainfî  qu'à  la  Chine  on  a  plus  ou 
moins  de  porteurs  à  ion  palanquin  ,  félon  le  rang 
que  l'on  tient.  On  portoit  aulîi  quelquefois  les  morts 
au  bûcher  dans  les  litières.  Voy.  fur  cela  Denis  d'Ha- 
licarnalle  ,  L.  IF.  où  il  parle  de  Lucrèce  ;  Corné- 
lius Népos ,  dans  La  vie  d'Atticus  ;  Servius  Sulpi- 
tius ,  dans  les  Epîtres  familières  de  Ciccron  ,  L.  IF  y 
Ep.  12.  &  Kirckman,  De  funehris  Roman.  L.  I ,  c. 
•  jf  ,&c  L.  II ,  c.  ç. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  lecleria  ,  ou  de 
literia  ,  qu'on  a  dit  dans  la  balie  Latinité  en 
la  même  iigniiîcation  ,  parce  qu'elle  fert  de  lit  aux 
beftiaux.  D'autres  difent  qu'il  vient  de  leclus ,  lit  ; 
par  ce  qu'il  y  avoir  dans  la  litière  un  coullin  ,  &  un 
matelas,  comme  à  un  lit.  Cette  étymologie  eit  la 
vraie. 

Litière,  eft  aulîî  de  la  paille  j  ou  vieux  fourrage, 
quVin  met  (jus  les  chevaux  ^  &  autres  befiiaux  ,  pour 
fc  coujherdellus.  Stramentum  ,  (Iramen  ,  fuhjlramen. 
Les  pailles  fourragées  par  les  moutons  leur  fervent 
après  de  litières.  On  dit  d'un  cheval  qui  eft  mal 
nourri  ,  qu'il  ronge  fa  litière. 

03"  On  dit  rigurément  d'un  homme  malade  au  lit , 
qu'il  ell  fur  la  litière.  Exprelîion  familière.  Et  pro- 
verbialement ,  qu'il  tait  litière  d'une  choie ,  pour 
diic  ,  qu'il  la  prodigue  comme  une  choie  dont  il  ne 
fe  foucic  point.  Faire  litière  d'argent. 

On  appelle  aulîi  litière.,  les  crotes  de  ver  à  foie. 

LITIGANT,  ANTE.  adj.  Qui  plaide ,  qui  contefte 
en  JuiHce.  Contendens.  Il  y  a  trois  parties  litigan- 
tes  en  cette  inftance.  Ce  terme  n'eft  que  de  Palais. 

LITIGE.  1".  m.  Procès ,  conteftation  en  Juftice.  Lis , 
diffidium  j  controverfia.  Il  n'y  a  point  de  sûreté  à 
prêter  à  ceux  dont  le  bien  cil:  en  litige  ,qui  eft  em- 
brouillé ,  contefté  ,*  ou  iaifî. 

Ce  mot  eft  plus  ufité  dans  les  matières  bénéfîcia- 
les  ,  %T  pour  exprimer  la  conteftation  qui  eft  pen- 
dnite  entre  deux  contendans  pour  railon  du  même 
bénéfice.  Si  l'un  des  deux  vient  à  mourir  pendant 
la  litige  ,  la  poirelîion  eft  adjugée  à  l'autre.  Un  Béné- 
fice en  litige  eft  vacant  en  Régale ^  parce  qu'il  n'eft 
pas  rempli  de  droit  &  de  fait  ;  mais  pour  donner 
ouverture  au  droit  du  Roi ,  il  faut  que  le  litige  foit 
formé  entre  deux  Patrons ,  &  non  pas  entre  deux 
prélentés  par  le  même  Patron.  Par  le  Droit  Civil , 
une  limple  interpellation  Judiciaire  (uftit  pour  met- 
tre une  choie  en  litige  ;  mais  en  matière  bénéfi- 
ciale ,  le  litige  ne  donne  pas  ouverture  à  la  Régale  , 
à  moins  qu'il  n'y  ait  conteftation  en  caufe.  On  exa- 
mine aulîi  fi  le  litige  n'eft  pas  une  vexation  ma- 
nifefte  ,  ou  fi  le  Régalifte  n'en  a  pas  été  lui  même 
l'inftigateur.  C'eft  pourquoi  ,  par  la  Déclaration  du 
Roi  de  1673.  il  faut  que  la  conteftation  loir  for- 
mée fix  mois  avant  le  décès  de  l'Evêque  ,  pour  don- 
ner ouverture  à  la  Régale.  Fleury.  Il  faut  que  le 
litige  foit  fincère  ,  6c  qu'il  y  forme  un  doute  rai- 
fonnable  ;  car  s'il  étoit  manifcftement  mal  fondé  , 
il  ne  feroit  point  vaquer  le  bénéfice  en  Régale.  De 
Launai. 

Ce  mot  vient  de   litigare ,  qui  fignifie  ,    être  en 
procès. 

Droit  de  litige.  U  eneft  parlé  dans  la  Coutume  de 
Normandie  ;  c'eft  un  droit  que  le  Roi  a  de  nommer 
aux  bénéfices  dont  le  patronage  eft  contentieux  entre 
Tome  F. 


LIT  yji 

j  deux  patrons  ,  de  crainte  qu'ils  ne  prennent  les  armes 
pom-  terminer  leur  diPiércnd  ,  ne  ventant  ad  arma. 
LU  IGIEUX  J  EUSE.  adj.  Contentieux  ;  qui  eft  con- 
tefté en  Jullice  ,  fujct  à  diléullion.  Litigwfus  ,  con- 
tcntiojus.  Ceux  qui  achètent  les  droits  litigieux  , 
font  odieux  en  Juftice.  U  eft  défendu  aux  Procu- 
reurs &z  aux  Avocats  de  ftipuler  une  quotte  part 
dans  les  biens  litigieux   de  leurs  cliens. 

La  Jujîice  pcfanc  ce  droit  lirijyeux  , 
Demande  l'huître^  l' ouvre ,  àf  l'avale  à  leurs  yeux. 

Despréaux. 

Vente  ou  achat  de  droits  litigieux.  Paclum  de  quota 
litis.  C'eft  une  convention  par  laquelle  un  créan- 
cier d'une  Ibmme  diflicile  à  recouvrer  ,  gratifie 
quelqu'un  d'une  partie  de  la  dette  ,  au  cas  de  re- 
couvrement. Ce  patte  eft  prohibé  par  rapport  aux 
Juges  ,  Avocats ,  Procureurs  &  Solliciteurs  ,  mais 
non  pas  quand  il  eft  fait  avec  une  perfonne  qui 
ne  fait  que  l'otîice    d'ami. 

^3"  Ce  terme  eft  quelquefois  employé  dans  des  ma- 
tières étrangères  au  Palais  j  &  peut  s'appliquer  en  gé- 
néral dans  les  Sciences  aux  points  qui  fouftrent 
quelque  difticulté^  &  fur  lefquels  on  n'eft  point 
d'accord.  Dans  les  Mathématiques  il  y  a  des  points 
litigieux  ,  &  qui  ne  font  pas  encore  démontrés. 
Joui<.N.  DE  Trév. 

LITISPENDANCE.  f  f.,  Terme  de  Jurifprudence. 
Temps  durant  lequel  un  procès  eft  pendant  &  indé- 
cis. Lis  qu£  efi  adhuc  fub  judicc.  Il  ne  faut  rien^ 
innover  dans  les  lieux  contentieux  durant  la  litifpen- 
dance.  Si  durant  la  litijpcndance  en  un  Tribunal, 
on  eft  alîîgné  en  un  autre  pour  le  même  fait ,  il  y 
a  contlit  de  Jurifdiftion.  On  adjuge  des  provifions 
alimentaires  durant  la  Utifpendance. 

Du  Cange  dérive  ces  mots  de  lis ,  qu'il  dit  avoir 
fignifie  autrefois  guerre  &  combat.  On  a  dit  litigare  , 
pour  due  ,  faire  la  guerre.  Il  vient  de  lis  ,  litis  , 
procès ,  Se  pendcre  ,  pendre  ,  n'être  point  encore 
terminé.  Adhuc  fub  judice  lis  efi. 

^  LITOMANTIE.  f.  f.  Terme  formé  du  Grec  /.Ttf , 
qui  rend  un  fon  clair  ,  /u.xrn'u  ,  divination.  Efpèoe 
de  divination  qui  conhftoit  à  poufter  les  uns  contre 
les  autres  plufieurs  anneaux,  dont  le  fon  plus  ou 
moins  clair  &  aigu,  formoit ,  dit-on,  des  prélages 
bons  ou  mauvais  pour  l'avenir. 

LITOMIERSC.  Foye^  Létoméritz. 

LITORNE.  {'.  f.  Efpèce  de  Grive.  Turdus  piloris,  ta 
Licorne  eft  plus  petite  que  la  grive,  &c  elle'appro- 
chede  la  taille  du  merle;  elle  a  le  bec  jaunâtre,  un 
peu  noir  à  l'extrémité ,  &  jaune  par  dedans  ,  aulîi- 
bien  que  la  langue  ,  mais  d'un  jaune  plus  clair 
&z  plus  lavé  que  le  merle  ;  fon  cou  eft  cendré  par- 
devant  ,  ainli  que  fa  tête  •,  ils  font  néanmoins  mar- 
quetés de  taches  noires  ;  fon  dos  eft  roufsâtre  ,  un 
peu  oblcur  ,  &  noirâtre  par  le  milieu  des  plumes  ; 
proche  du  croupion  ,  on  lui  voit  des  plumes  cen- 
drées; les  pennes  de  ft  queue  font  noires;  le  delFus 
de  Ion  cou  &  fa  poitrine  tont  diverfifiés  ;  car  fur 
les  plumes  qui  (ont  jaunâtres  ,  il  y  a  des  taches 
noires;  le  dedans  des  ailes  eft  blanc  ,  &  les  côtés 
d'entre  les  ailes  par  delîous  font  blanchâtres  à  l'ex- 
trémité des  plumes  ,  êc  diftinguésj  &  divilès  par  des 
lignes  rouisâtres  :  parle  dedans,  la  noirceur  s'étend 
davantage  ;  les  plumes  du  ventre  font  blanches  ;  les 
doigts  de  fes  pieds  &  fes  ongles  lont  noirâtres;  les 
fix  premières  pennes  des  ailes  (ont  noires,  &  les  au- 
tres font  d'un  roux  tirant  fur  le  tanné  ,  ainii  que 
celles  du  dos,  principalement  les  petites  &  les  cour- 
tes :  il  eft  difficile  de  faire  la  diftinftion  du  mâle  de 
la  femelle  des  oifeaux  de  cette  efpèce.  Ce  genre  de 
grive  fe  plaît  à  manger  des  truits  &  des  grappes, 
particulièrement  des  grains  de  genièvre.  On  dit  qu'en 
Angleterre  on  n'en  voit  point  en  été  ,  mais  qu'en 
hiver  il  y   en  a  une  très  grande  quantité. 

Il  y  a  une  efpèce  de  Licorne  ,  appelée  par  les  Ita- 
liens Caflriga  palombina.  Cet  oifeau  chante  deux 
mois  de  l'année ,  favoir  en  Juillet^  Août.  IJ  n'eiîrpas 

C  c  c  c  ij 


57^ 


L  I  T 


L  I  T 


bon  à  tcnisr  en  sage,  parce  qu'il  a  plus  de  rapport 
&  de  rellemblance  avec  les  oitcaux  de  rapine,  qu'a- 
vec ceux  de  volière  j  à  caule  de  Ion  bec  qui  ell 
crochu  ,  &  de  fes  ongles  qui  font  aigus.  Il  ne  vit  pas 
néanmoms  de  carnage  ,  car  il  ne  mange  que  des  (a- 
nelles  &  autres  graines  femblables.  Ceux  qui  en 
veulent  nourrir  en  cage  ,  les  doivent  prendre  niais. 
Se  les  élever  avec  du  cœur  comme  les  rollignols.  Il 
ell:  très  bon  à  manger ,  &  la  chair  el1:  très-dclicate. 
On  les  prend  avec  la  rejcttoire  comme  les  grives , 
ou  avec  le  trébucher. 

-*^  LITOTE,  f.  f.  Figure  de  Rhétorique,  qu'on  appelle 
aulli  Diminution  ,  ou  exténuation.  Elle  ell:  oppolée  à 
l'Hyperbole  ;  &  conlifte  à  le  lervir  j  par  modeltie 
ou  par  égard ,  d'une  cxprelfion  foible  ,  pour  réveil- 
ler ou  faire  naître  l'idée  du  plus.  Quand  Chimène 
dit  à  Rodrigue  j  f^a ,  je  ne  te  hais  point ,  elle  fait 
entendre  qu'elle  aime  beaucoup.  Quand  on  dit  de 
cjuelqu'un  qu'il  ii'elt  pas  un  fot ,  on  voit  allez  que 
ces  mots  font  entendre  beaucoup  plus  qu'ils  ne  ligni- 
fient dans  leur  fens  propre. 

LITRE,  f.  f.  Ceinture  funèbre.  C'eft  un  droit  hono- 
rifique qu'ont  les  Seigneurs-Patrons  Fondateurs,  ou 
les  Seigneurs  Hauts-Jullicicrs  dans  les  Églilcs  qu'ils 
ont  fondées  ,  ou  qui  (ont  de  leur  Seigneurie.  Zona 
tejjeraria  funebris.  Il  conlifte  à  faire  peindre  les 
Écullons  de  leurs  armes  lur  une  bande  noire ,  en 
forme  d'un  lé  de  velours ,  autour  de  l'Eglife ,  tant 
par  dedans  que  par  dehors.  Le  droit  de  litre  efl:  des 
premiers  droits  honorifiques.  Il  ell:  diBicile  de  déter- 
miner précilément  le  temps  auquel  on  commença 
de  fouttrir  des  litres  ,  ou  ceintures  de  deuil  dans  les 
Églifes.  M.  de  Lauricre  croit  que  l'ulage  des  litres 
n'ell  pas  fort  ancien  ,  &  qu'il  ne  s'cll  établi  que 
depuis  que  les  armoiries  ont  été  héréditaires  dans  les 
familles  :  car  lorlqu'elles  étoient  perfonnelles,  Se 
qu'elles  ne  fervoient  qu'à  diftinguer  les  Chevaliers 
dans  les  tournois ,  il  eût  été  inutile  aux  familles  de 
les  mettre  dans  les  Égliles  pour  le  faire  connoitre , 
&  donner  une  marque  de  leurs  droits  à  laquelle 
on  n'eût  pu  les  reconnoître. 

Ce  mot  de  litre  ,  félon  Ménage  vient  de  lithra  , 
qui  fignifie  en  Grec  une  couronne  ,  qui  elt  imitée 
par  ce  lé  de  velours  ,  ou  de  peinture  ,  qui  envi- 
ronne l'Eglile  ;  ou  de  lijlra  ,  qui  lignifie  une  bande 
d'étotfe  longue  &  étroite  :  &  il  réfute  ,  avec  raifon , 
l'opinion  de  Maréchal ,  qui ,  en  Ion  Traité  des 
droits  honorifiques,  le  fait  venir  de  litura.  Papias  le 
dérive  aulîi  de  litura  ,  fie  dicia ,  quod  liniendo  te- 
ratur.  D'autres  croient  que  ce  mot  litura  marque 
qu'on  ne  les  met  autour  des  Églifes^  ou  d'une  Cha- 
pelle ,  que  pour  eftacer  les  larmes  ,  &:  fervir  de 
confolation  aux  vivans,  par  le  fouvcnir  du  mérite 
du  mort  ,  dont  on  y  reprélenteles  armes.  De  Roie  en 
a  traité  (avamment.  Il  fait  venir  litre  de  lifie  ,  qui 
fignifie  une  ligne.  Quelquefois  on  met  double  litre. 
En  la  Coutume  de  Tours ,  le  Seigneur  Châtelain  a 
droit  de  litre  ,  tant  dedans  que  dehors  ,  dans  les 
Égliles  de  la  Châtellenie  ,  à  moins  que  fon  Vallal 
n'en  fût  Fondateur  ;  mais  h  cette  Églife  elc  la  prin- 
cipale Paroilfe  de  fa  Châtellenie,  le  Fondateur  n'au- 
ra droit  que  de  mettre  des  litres  en  dedans  ,  &  le 
Châtelain  en  dehors. 

On  double  les  litres  pour  les  Seigneurs  Titrés  ,  ou 
qui  ont  quelque  grande  dignité  ;  Duc ,  Maréchal  de 
France  ,  Prince  ,  Connétable  ,  l'une  pour  le  fief.  Se 
l'autre  pour  la  dignité.  On  en  met  trois  pour  les 
Souverains  ,  pour  marquer  par  la  troifièmcleur  droit 
de  Souveraineté.  MÉnest.  Décorât.  Funeh. 
UCr  Le  Fondateur  ell:  préféré  dans  les  droits  honorifi- 
ques au  Seigneur  Châtelain  &  Haut-Jullicier  ;  ainfi 
il  doit  avoir  litre  tant  en  dedans  qu'en  dehors 
avant  eux ,  Se  ils  ne  peuvent  faire  mettre  de  litre 
qu'au  dellous  de  celle  du  Patron  ,  à  moins  que  le 
Seigneur  Flaut-Jufticier  ,  en  permettant  de  bâtir  une 
Eglife  ne  le  foie  exprelTément  réfervé  les  honneurs 
dans  l'Eglife. 
§CrCe  droit  ell  perfonnel  &:  inhérent  à  la  famille  du 
fondateur  j  &  ne  paîfe  point  cum  univerficate  fundi 


en  la  perfonne  de  l'Acquéreur  du  fonds.  Ainfi  ceux 
qui  ont  acquis  Jullice  du  Roi  par  engagement  ne 
peuvent  mettre  leurs  armoiries  dans  les  Églifes  qui 
fe  trouvent  dans  lefdites  Juftices. 
LITRON,  f.  m.  Petite  mefure  ronde  de  chofes  féches, 
comme  graines  ^  pois  ,  fel ,  farine  ,  &c.  Modd  dé- 
cima fexta  pars.  Il  contient  la  leizième  partie  d'un 
boilleau  de  Paris.  Un  luron  de  kl,  de  fèves.  Un 
litron  de  châtaignes.  Par  la  dernière  Ordonnance  de 
1669.1e  litron  de  Pans  doit  être  haut  de  tQ)is  pou- 
ces &e  demi ,  fur  trois  pouces  dix  ligne*  de  large. 

On  dit  aulîi  à.zmï-iitron.  Borel  le  dérive  du  Grec 
KftixUfK ,  demi-livre.  Le  Acmirlitron ,  la  plus  petite 
de  nos  mefures  manuelles ,  doit  avoir  deux  pouces 
dix  lignes  de  haut  ,  fur  trois  pouces  une  ligne  de 
diamètre;  le  luron  trois  pouces  &  demi  de, haut, 
fur  trois  pouces  dix  lignes  de  diamètre.  De  la 
Mare,   Tr.  de  Police,  L.  F,   T.    VllI  ,   c.  3  ^ 

Pj  7;l-9- 

LIlTÉRAIRE.  adj.  m.  Se  f.  Qui  appartient  aux  Let- 
tres, ou  aux  Sciences.  Litterarius  ^  a.  Ad  liutras 
fcientiafque  pertinens.  -Ce  mot  ell:  nouveau  ,  mais 
il  eft  établi.  On  dit  que  c'ell:  le  P.  Bouhours  qui 
fit  ce  mot  §C?"  lorfqu'il  donna  le  titre  de  nouvelles 
littéraires  au  dernier  article  des  Mémoires  de  Tré- 
voux j  qui  contient  ce  qu'il  y  a  de  nouveau  dans  les 
Lettres  &  dans  les  Sciences. 

Un  Journal  Latin  ,  qui  s'eft  fait  dans  le  Nord 
d'Allemagne  depuis  1698.  jufqii'en  1708.  s'intitu- 
loit  Nova  Litterana  Maris  Baltiei.  Nouvelles  Lit- 
téraires de  la  mer  Baltique.  Le  Journal  Littéraire 
commença  à  la  Hâve  en  1715.  Mémoire  Littéraire. 
En  fait  de  dilputes  Littéraires  ,  on  ne  le  chagrine 
guère  de  ce  qui  n'olFre  point  de  véritables  difficultés. 
P.  SouciET.  Le  monde  Littéraire  ,  c'eft-à-dire ,  les 
Savans  ;  ceux  qui  cultivent  les  Belles-Lettres.  Ce 
paradoxe  révolta  le  monde  littéraire.  M.  Babin  ,  à 
Ion  entrée  dans  le  monde  littéraire ,  étoit  tort  pré- 
venu contre  la  Philolophie  de  Delcartes  ,  alors  nou- 
velle. Anonyme  dans  les  Mém.  de  Trev.  On  dit  dans  < 
le  même  lens  ;  Carrière  littéraire.  On  dit  aulîî  : 
une  remarque  puremenr  littéraire.  Ne  pourroir-on 
pas  faire  à  l'Auteur  un  procès ,  mais  de  pure  criti- 
tique  littéraire  ?  Mém.  de  Trév.  La  gent  littéraire 
piend  ailément  feu.  La  gent  littéraire  n'ell:  pas  tou- 
jours des  plus  traitrbles. 

LITTÉRAL ,  ALE.  adj.  Qui  eft  fuivant  la  Lettre ,  qu'on 
prend  au  pied  de  la  lettre.  Litteralis.  L'Ecriture  a  un 
lens  littéral ,  un  autre  myftique.  Cette  loi ,  ce  paf- 
lage ,  lont  précis  dans  leur  fens  littéral  pour  cette 
décilion.  Les  Anthropomorphites  gagneront  leur 
caule  ,  h  l'on  refuie  toute  compolition  lur  le  lens 
formel  &e  littéral  de  l'Écriture.  f/3°  On  diftingue 
dans  l'Écriture  deux  fortes  de  fens  ;  un  lens  littéral 
hillorique ,  qui  rétulte  de  la  force  des  termes  dont 
les  Auteurs  Sacrés  fe  font  fervis;  &  un  lens  myfti- 
que ,  ipirituel  8e  figuré  ,  qui  eft  caché  lous  l'écorcc 
du  fens  littéral  qui  réfulte  de  la  force  naturelle  des 
termes.  Foye^  Sens  ,  Se  Mystiq,ue. 

^3°  Le  fens  littéral  fe  foudivilc  en  fens  propre  Se  en 
lens  métaphorique.  Le  littéral  propre  eft  celui  qui 
rclulte  de  la  lorce  naturelle  des  termes ,  Se  qui 
conferve  aux  exprellîons  leur  lignification  gramma- 
ticale. 

§CFLe  littéral  métaphorique  eft  celui  qui  ré  lui  te  des 
termes ,  non  pas  pris  dans  leur  hgnification  natu- 
relle Se  grammaticale  ;  mais  félon  ce  qu'ils  repré- 
lentent  Se  ce  qu'ils  figurent  dans  l'intention  de  ceux 
qui  s'en  fervent.  C'eft  .oinh  que  J.  C.  eft  nomme 
Agneau  ,  parce  qu'il  a  toute  la  douceur  d'un  agneau, 

LiTi'EaAL.  Il  fe  dit  aulli  en  parlant  de  la  langue  Greque 
telle  qu'elle  eft  dans  les  Auteurs  anciens  ,  par  oppo- 
fition  à  la  langue  Greque  ,  telle  qu'on  la  parle  dans 
h  Grèce  &  dans  les  îles  de  l'Archipel.  Il  fe  dit 
aulli  de  la  langue  Arabe  dans  le  même  fens.  Le 
Grec  Huerai  eft  forr  diiTérent  du  Grec  vulgaire.  Il 
fait  bien  l'Arabe  littéral  j  mais  il  n'entend  pas  le 
vulgaire. 

On  dit  dans  la  converfationj  qu'un  hoavue  slt 


L  I  T 

trop  lutcral  ,  poui-  dire  ,  qu'il  prend  trop  les  chofcs 
au  pied  de  la  lettre.  Ac.  Fr. 

Littéral  ,  le  dit  en  Arithmétique  &  en  Géométrie  , 
des  nombres  ik  des  grandeurs  que  l'on  cxprnnc  par 
des  lettres.  On  peut  exprimer  une  gr.mdeur  quel- 
conque par  une  lettre  de  l'alphabet,  par  exemple, 
on  peut  repréfcnter  Une  ligne  droite  donnée  quel- 
conque par  Illettré  a;  on  peut  exprimer  une  autre 
ligne  droite  diftérentc  par  è.  On  peut  de  nicmc  ex- 
primer un  nombre  quelconque  dojiné  par  la  lettre 
fl,  &  un  autre  nombre  par  l>.  Il  tn  cil  de  même  de 

,  toute  autre  grandeur.  Revnîau.  Dans  les  problèmes 
on  repréfcnte  les  grandeurs  connues  par  les  premiè- 
res lettres  de  l'alphabet,  a  ,  é ,   c  ,  (i ,  &c.  Se    les 

.   grandeurs  inconnues  que   l'on  cherche  par  les  der 

,  nières,  ^,  y,  x,  &c.  Id.  On  nomme  les  gran- 
deurs ainh  exprimées,  Itndrales &c  encore  algébri 
qucs.  Id.  Addition  littéral c ,  loulhaCirion  littérale, 
6x.  Langy.  Nombres  littéraux.  Nombres  com- 
plexes littéraux.  Id.  Puillances  littérales.  Id.  CCT  Cal 
cul  littéral,  ou  algébrique  j  où  l'on  emploie  des 
lettres ,  par  oppoiition  au  calcul  numérique  ,  où 
Ion  n'emploie  que  des  chiffres. 

LITTÉRALEMENT,  adv.  Dans  le  fens  littéral.  Se- 
cundùmjenjum  litteralem.  Il  faut  entendre  littérale 
ment ,  autant  qu'on  peut ,  tous  les  textes  de  la  Bi- 
ble ^  des  Loix,  des  Canons,  &  autres  livres  qui 
font  autorité ,  li  on  ne  voit  quelque  contradidion , 
ou  autres  raifons  au  contraire. 
IITTERALITÉ.  Il  eft  une  forte  de  littéralité  qu'il 
feroit  injulle  d'exiger  toujours  irrémilliblement 
d'un  Auteur  hors  des  ouvrages  dogmatiques.  Le 
P.  Lallemand.  Mot  inufité. 
LITTÉRATEUR,  f  m.  Du  Latin  Litterator.  Homme 
de  Belles-Leares  ,  d'érudition  j  qui  explique  ,  qui 
commente  les  Auteurs;  ^.fT^qui  eft  verfé  dans  la 
littérature  ,  dans  la  connoilfance  des  Belles  -  Let- 
tres ,  &  des  matières  qui  y  ont  rapport.  Litteratus, 
eruditus.  &CC.  Les  doctes  Commentaires  de  M.  Bur 
mann ,  lur  plulieurs  anciens  Auteurs ,  l'ont  mis  fur 
le  pied  d'un  des  plus  grands  Littérateurs  qui  aient 
paru  ;  genre  de  mérite  peu  coAnu  dans  ce  fiècle-ci , 
&  lur-tout  en  France ,  où  il  n'y  a  qu'un  petit  nom- 
bre de  perfonnes  qui  fe  mettent  en  peine  d'éclair- 
cir  les  endroits  obfcurs  dans  les  Auteurs  de  l'Anti- 
quité  Le  Pour  &  Contre.  Tous  les  Littérateurs 

ne  font  pas  du  mérite  de  ces  deux  Savans  Giïvius 
&  Gronovius.  Nos  Littérateurs  polis  ,  dit  un  An- 
glois  ,  font  en  fi  petit  nombre ,  que  fi  l'on  en  re- 
tranchoit  M.  Addillbn  ,  je  ne  fai  quel  autre  nom 
je  pourrois  choiiir  pour  faire  face.   Id. 

Dans  le  Chapitre  des  idées ,  M.  Wolif  obferve 
judicieulement  qu'il  feroit  (ùperflu  ,  &  même  fou- 
vent  impollible  ,  de  faire  l'analyfe  des  idées  claires 
&  diftinCtes  jufqu'à  en  venir  à  des  idées,  qui  à 
caufe  de  leur  limplicité  n'admillènt  plus  aucune 
décompohtion.  On  peut  être  content,  ajoute  t  il, 
lorfqu'on  a  fuffifimment  analyfé  une  idée  pour  at-^ 
teindre  le  but  qu'on  s'eft  propofé.  Il  feroit  à  fou-^ 
haiter  que  nos  prétendus  Métaphyhciens  Littéra- 
teurs, le  conformalfent  à  cette  judicicufe  maxime  : 
on  les  voit  fe  morfondre  pour  développer  les  chofcs 
les  plus  claires ,  qui  deviennent  obfcures  à  force  de 
les  dilcuter,  &  de  leur  donner  un  air  fubtil  &c  fin. 
Obf.fur  les  Ecrits  modernes  ,  tom.  12  ,  p.  SS ,  S  g. 
Que  peut  on  efpérer  de  la  plupart  de  ceux  qui  fe 
font  principalement  appliqués  à  l'Hiftoire  Litté- 
raire î  Ils  font  étrangers  dans  le  pays  des  Sciences. 
Quelques  faits  perlonncls ,  un  Catalogue  d'Ouvra- 
ges ,  voila  où  le  terminent  les  grandes  recherches 
de  ces  Littérateurs.  N'avons  -  nous  pas  eu  dei-iiis 
peu  l'Hiftoire  dun  Phiiofophe  célèbre  (  Galfcndi  ) 
ou  1  on  ne  trouve  ni  iç-i  opinions  ,  m  fes  décoii' 
vertes  >  L'Auteur  me  parle  de  fes  voyages  ,  de  fes  dif 
putes  ,  de  fes  parens,fans  me  reprefenter  le  Phiio- 
fophe ,  93  ,  p.  94. 

J'ai  expliqué  le  mot  à^  Littérateur ,  félon  le  fens 
quon  lui  donne  aujourd'hui.  Il  en  avoit  un  ditié- 
rent  chez  les  Anciens,  fi  nous  en  croyons  M.  Rol- 


L  I 


T 


T73 


Im,  T.  XI  Part.  2  p.  S7!>.  de  fon  Hittoi^e 
ancienne.  •■  On  ne  confondoit  pas  ,  dit-il ,  les  Gram- 
»  maincns  appelés  auiïi  Philologues,  avec  les  Gram- 
>.  mati ftes^ou  Littérateurs  dont  l'unique  emploi  étoic 
"dcnleigner  aux  enfans  les  premiers  Elémcns  de 
»1.1  langue  Greque  ou  Latine.  Ces  derniers  ne  jouif 
"  foientpas  des  immunités  &c  des  autres  privilèges  ac- 
»  cordes  par  les  Empereurs  aux  Grammairiens». 
yoyci.  Grammairien,  Grammatiste 
LlTiERAfURE.  f  f.  Érudition  ,  connoillince  pro- 
fonde des  Belles-Lettres  &  des  matières  qui  y  ont 
rapport^  Litteratura ,  eruditio.  Scaliger ,  Lipfc  ,  & 
.autres  Critiques  modernes,  etoieiit  des  gens  de  gra'nde 
littérature ,  d'une  érudition  furprcnante.  J'ai  à  dé- 
fendre le  patrimoine  des  Savans  ^  &  la  gloire  de 
toute  la  littérature. 

On  a  commencé  au  milieu  de  l'an  lyoi.  à  faire 
à  I  ans  des  elTais  de  littérature.  C'eft  une  cfpèce  de 
Journal  d;s  Savans  ,  allez  di.féient  de  tous  les 
autres.  Cet  Ouvrage  tomba  peu  après  avoir  com- 
mence. 

CiO^LlTTÉRATURE  ,    ERUDITION,     SaVOIR  ,    SciENCE^ 

Doctrine,  iynonymcs.  Il  y  a,  dit  M.  l'Abbé  Gi- 
rard ,  entre  les  quatre  premières  de  ces  qualités  un 
ordre  de  gradation  &  de  fublimicé  d'objet ^  fuivant 
le  rang  où  elles  font  ici  placées.  La  littérature  dé- 
ligne limplement  les  connoilfmces  qu'on  acquiert 
par  les  études  ordinaires  du  Collège  ;  car  ce  mot  n'eft 
pas  pris  ici  dans  le  fens  où  il  fert  à  dénommer 
l'occupation  de  l'étude ,  &  les  ouvrages  qu'elle  pro- 
duit. L'érudition  annonce  des  connoillances  plus 
recherchées  ,  mais  dans  l'ordre  feulement  des  Belles- 
Lettres,  roye^  les  autres  mots.  La  littérature  fait  les 
gens  lettrés.  L'érudition  fait  les  gens  de  Lettres.  Le 
Javoir  fait  les  Dudes.  L:i /eience  fait  les  Savans.  La 
doclnne  lait  ks  gens  inftruits.  Il  y  a  eu  un  temps  où 
la  Noblelle  fe  piquoit  de  n'avoir  pas  même  les  élé- 
mens  de  littérature.  Le  goût  de  l'érudition  fournit 
des  amufemens  infinis  à  une  vie  tranquille  de  re- 
tirée. 

LITTLEBOBOURG,  LlTLEBURG.  Nom  d'un  bourg 
d'Augletcrre ,  htué  lur  la  rivière  de  Trent,  dans  le 
Comté  de  Nottimgham  ,  aux  confins  de  celui  de 
Lincoln  ,  environ  à  quatre  lieues  de  la  ville  de 
ce  nom ,  vers  le  couchant.  Lktehurgum.  On  prend 
ce  bourg  pour  l'ancienne  Angelocum  ,  ou  Segelo- 
cum,  petite  ville  des  Coritains.  Maty. 

LITTOMISSEL.  LEUTOMYSSEL.  Nom  d'un  bourg 
de  la  Bohême.  Littonufcum.  Il  eft  aux  confins  de  la 
Moravie  ,  dans  le  cercle  de  Chrudin  ,  à  fept  ou  huit 
lieues  de  la  ville  de  ce  nom  ,  vers  le  levant.  Maty. 

LI  LUE.  Quelques  Auteurs  fe  fervent  de  ce  nom  pour 
exprimer  ce  que  les  Latins  appelaient  lituus  :  c'étoit 
un  inftrument  de  guerre  dont  on  jouoit  à-peuprès 
comme  on  joue  de  la  trompette  aujourd'hui.  Foyer 
Cl  dellous  Lituus. 

LITURE.  f  f.  Rature.  Montagne  ,  Liv.  I.  de  fes 
EJJais  ,  un  peu  avant  la  fin  du  Chap.  jj).  dit  qu'il  a 
accoutumé  les  Grands  qui  le  connoiifent  ,  à  fup- 
porter  dans  fes  Lettres  des  litures  &c  des  traçures  j 
c'eft  à-dire  j  des  ratures  &  des  eftaçurcs ,  félon  M. 
Cc)te  ,  qui  obferve  que  litures  &  U'açures  font  de 
vieux  mots  qu'il  n'a  pu  trouver  dans  le  Didionnaire 
de  Cotgrave ,  &  que  le  premier  vient  du  Latin  li- 
tura  ,  dont  Horace  s'cft  fervi  dans  le  même  fens, 
L.  II ,  Epijl.  I ,  V.  16  j.  où,  parlant  du  Poète  Ro- 
main ,  il  dit  qu'il  a  honte  d'cftacer.  Sed  turpem 
putat  in  fcriptis  ,  metuitque  lituram. 

LirURGIE.  f.  f.  Ce  mot  lignifie  en  général  toutes  les 
cérémonies  qui  concernent  le  Service  &  l'Oiîice 
divin.  Dans  une  fignification  plus  particulière ,  il 
lignifie  les  cérémonies  de  la  iVlclfe.  Liturgia.  Il  y 
a  diftérentes  Liturgies;  Ia.  Liturgie  Greque'&  Latine. 
Les  anciennes  Liturgies.  Le  Cardinal  Bona  a  écrit 
deux  Livres  de  Liturgies.  Tous  ceux  qui  ont  écrit 
des  Liturgies  ,  demeurent  d'accord  que  le  Service 
public  fe  fahoit  dans  les  premiers  lièclcs  fans  beau- 
coup de  cérémonies  ,  &  qu'on  n'y  récitoit  qu'un 
petit  nombre   dOraifons  ;   mais    peu  à  peu  l'on    y 


5"  74  L  I  V 

a  ajouté  quelques  prières  ,  &  quelques  cciémoiiies 
extâicmes ,  pour  rendre  le  facrihcc  plus  vénéra- 
ble au  peuple.  Enfin  ,  les  Eglifcs  ont  réglé  ik  mis  par 
écrit  la  manière  de  le  célébrer  j  &  c'ell:  ce  qu'on 
appelle  Liturgie.  Du  Pin.  Les  Liturgies  ont  été  dif- 
férentes ,  lelon  les  diftérens  pays.  On  dit  la  Liturgie 
de  Saint  Chryfoftôme  ;  la  Liturgie  de  Saint  Pierre  ; 
la  Liturgie  de  Saint  Jacques  ;  la  LJturgie  de  Saint 
Baille  ;  la  Liturgie  Arménienne  ;  elle  a  été  imprimée 
à  Rome  en  Arménien  ,  &  en  Latin.  La  Liturgie  des 
Maronites  ;  la  Liturgie  des  Coptes.  Il  y  a  aulli  la 
Liturgie  Romaine; la  Liturgie  Gallicane;  la  Liturgie 
Ambrofienne  ,  ou  l'Office  Ambrolien  ,  poiu'  l'Eglile 
<le  Milan.  L'Elpagne  &  l'Ainque  avoicnt  auffi  leurs 
Liturgies  particulières.  On  les  nommoit  Ordre.  L'Or- 
dre Romain  nous  apprend  quelle  étoit  la  Liturgie 
Romaine.  La  Liturgie  Gallicane,  f^qye^  au  mot 
Gallicane,  /^cye^  aulli  les  preuves  de  la  prefence 
réelle  de  Jésus-Christ  en  i'Euchariftie  ,  par  les 
Liturgies  ,  dans  le  Traité  de  l'EuçhariJlie  de  M. 
Pélillbn,  Secl.  V ^  n.  /. 

Ce  mot  vient  du  Q^.zo.mxr/^t ,  qui  lignifie  ^/èr- 
Vii.e  ,  minijlère  public  /vu?»,- ,  puhlicus  ,  &"  1(70.  ,  opus. 
Ce  mot  ell  aulïï  en  iifage  parmi  les  Proteftans , 
pour  lignifier  la  manière  de  célébrer  pluiieurs  cho- 
ies qui  appartiennent  au  Service  public.  La  Litur- 
gie du  Baptême ,  la  Liturgie  du  Mariage  ,  &c. 
LITURGISTE.  f.  m.  C'ell  le  nom  qu'on  donne  à 
ceux  qui  ont  recueilli  les  différentes  manières  de 
célébrer  l'Office  divin  dans  chaque  temps ,  cha- 
que pays  &  chaque  Eglile.  Tels  que  le  Cardinal 
Bona,  Guillaume  Durand  ,  Pierre  le  Chantre,  Jean 
Grancolas  Se  autres.  F'oyei  Rubricaire  ik  Ritua- 

LISTE. 

LLTUUS.  f.  m.  Terme  de  MédaiUifte.  Il  eft  pure- 
ment Latin.  C'étoit  le  bâton  des  Augures  fait  en 
forme  de  croire.  On  voit  fouvent  des  Lituus  fm-  les 
médailles  ,  avec  les  autres  inftrumens  Pontificaux. 
Aulu  Gelle  ,  L.  V  ^  c.  S.  dit  que  le  Lituus  étoit 
plus  gros  à  l'endroit  oià  il  étoit  recourbé  ,  qu'ailleurs. 

|t3"Les  Romains  donnèrent  aulli  le  nom  de  Lituus  3. 
un  inftrument  de  guerre,  à  l'ufage  de  la  Cavale- 
rie ,  dont  on  fonnoit  comme  on  Tonne  aujour- 
d'hui de  la  trompette  ,  &c  qui  donnoit  un  Ion 
aigu. 

On  prétend  que  ce  mot  vient  de  a;7«  ,  root  Grec  , 
qui  lignifie  ce  qui  fait  un  ion  clair  &  aigu ,  parce 
que  ce  bâton  augurai  avoit  ce  fon.  Quelques-uns 
ditent  Litue  ,  &   habillent  ce  mot  a  la  FrancoiCe. 

L  I  V 

LIVADIA.  ou  LIVADÎE.  Le  Lac  de  Livadia.  Li- 
vadin,  Lacus,  anciennement  Copais.  Ce  Lac  qui  prend 
aujourd'hui  ion  nom  de  la  ville  de  Livadie  ,  en  eft 
éloigné  de  deux  ou  trois  lieues ,  vers  le  levant.  Il 
eft  à  une  lieue  du  Lac  de  Stivo ,  ou  de  Thébes , 
qu'il  a  au  levant ,  &  avec  lequel  on  ne  doit  pas 
le  confondre.  Il  fe  forme  par  la  rivière  de  Céphilo, 
&c  par  plufieurs  autres ,  &  n'a  point  de  déchar- 
ge fenfible  ,  aufti  il  s'cnlle  quelquefois  conlJdéia 
biement. 

LIVADIE.  Nom  d'une  province  de  Grèce,  nommée 
anciennement  AchaYe  ,  ou  Hellade.  Livadia,  Hel- 
las.  Elle  cft  bornée  au  nord  par  l'Épire ,  par  la 
Thellàlie  ,  &  par  le  Golfe  de  Négrepont;  l'Archi 
pel  la  baigne  au  levant;  la  mer  Ionienne  au  cou- 
chant, &  les  Golfes  de  Lépante  &:  d'Égime  avec 
l'Irthme  de  Corinthe  qui  la  fépare  de  la  Alorée  du 
côté  du  midi.  On  divife  cette  Province  en  quatre 
contrées ,  qui  fe  fuivent  en  cet  ordre  du  couchant 
au  levant:  1°.  Le  Defpotat ,  ou  la  petite  Grèce. 
t°.  La  Livadie  propre.  5°.  La  Stramulipe.  4°.  Le 
Duché  d'Athènes.  Ses  villes  principales  font  Lépan- 
te ,  Livadie,  qui  donne  Ion  nom  au  pays  j  Thébes , 
Mégarc  &  Athènes. 

Livadie  ,  eft  auili  le  nom  de  la  ville  capitale  de  la 
Livadie,  en  Grèce.  Levadia ,  anciennement  Liba- 
dia t  Lcbadea.   Elle   eft  grande,   bien   peuplée    de 


L  I  V 

Cluéiiens  ,  de  Turcs  ,  &  de  quelques  Juifs  ,  &  fituéc 
dans  les  terres  ,  a  cinq  lieues  des  ruines  de  Delphes, 
vers  le  levant  méridional ,  à  trois  du  Golfe  de  Salo- 
ne ,  &C  environ  autant  du  Lac  de  Livadie.  Cette 
ville ,  célèbre  anciennement  par  l'Antre  de  Tro- 
phonius ,  eft  défendue  par  une  vieille  forterefl^e  ,  & 
a  une  fontaine ,  qui ,  à  une  portée  de  Hèche  de  fa 
fource  ,  eft  allez  grande  pour  taire  tourner  vingt 
moulins.  Maty. 

LWADOSTA.  Nom  d'une  ville  de  la  Livadie.  Liva- 
dojîa.  Elle  eft  fur  le  Golfe  de  Lépante ,  dans 
rifthme  de  Corinthe  ,  au  nord  de  la  ville  de  ce 
nom.  Elle  cft  Épifcopale  ,  futtragante  d'Athènes. 
Baudrand  la  prend  pour  l'ancienne  Pag&  ,  ou  Pegd, 
ville  de  la  Mégaride  ;  mais  Sanfon  &  de  Wit ,  dans 
leurs  Cartes  de  la  Morée  ,  diftinguent  ces  deux  villes, 
&  mettent  cette  dernière  à  quelques  lieues  de  li 
première  j  vers  le  nord.  Maty. 

LIVANE.  i.  f.  C'eil  un  nom  que  l'on  doniîe  au  Péli- 
can, f^oyez  ce  mot. 

LIVARDE.  f.  f.  En  termes  de  Corderie.  Corde  d'é- 
toupes  autour  de  laquelle  on  tortille  le  fil  pour 
lui  faire  perdre  le  tortillement  ik  le  rendre  plus 
uni. 

LIUCHEU.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Liucheum, 
C'eft  la  cinquième  des  grandes  villes  de  la  Pro- 
vince de  Suchuen ,  Ion  territoire  abonde  en  pieires 
d'azur.  Amka(f.  des  Hollandais  à  la  Chine  ,  P.  L. 
p.    2SJ- 

LIVE.  i.  m.  Nom  d'homme.  Livius.  De  tous  les 
Latins  qui  ont  porté  le  nom  de  Livius  ,  il  n'y  a 
que  l'Hiftorien  Tite  Live  ,  qu'il  faille  appeler 
Live  en  notre  Langue.  Tite-Xivtf  étoit  de  Padoue. 
Il  a  écrit  une  Hiftoire  Romaine  très  eftimée.  L'Em- 
piercur  Caiigula  le  trouvoit  trop  long  :  Pollion  lui 
reprochoit  la  Patavinite;  mais  on  ne  fait  pas  trop 
ce  que  c'étoit  que  ce  défaut.  Les  Harangues  de  Tite- 
Live  font  admirables.  Quintilien  conleille  aux  jeunes 
gens  qui  afpircnt  à  l'éloquence,  de  les  lire  comme 
les  difcours  d'un  excellent  imitateur  de  Cicéron.  i 
Il  y  a  beaucoup  d'endroits  perdus  ,  ou  de  lacunes, 
dans  Tite-Zzve.  On  dit  qu'il  eft  entier  dans  le  Ser- 
rai! de  Conftantinople  j  mais  perfonne  n'a  jamais  pu 
obtenir  à  quelque  prix  que  ce  fût  la  permilHon  de 
vérifier  ce  tait. 

LIVÈCHE.  1".  f.  Plante  qui  poufte  une  tige  à  la  hauteur  1 
d'un  homme.  Ligujîicum.  Ses  feuilles  font  grandes  j 
amples,  étendues  en  ailes,  divifées  en  plulieurspar- 
ties.  Ses  fommités  font  chargées  de  grandes  ombelles 
garnies  de  petites  fleurs  à  cinq  feuilles  blanches  dif- 
pofées  eia  rofe.  Ses  femences  font  plus  longues 
ik  plus  grofles  que  celles  du  fenouil ,  cannelées  pro- 
fondément ,  bordées  d'un  filet  délié  &c  tranchant 
par  le  bout  ,  d'une  odeur  qui  n'eft  point  agréable. 
Sa  racine  eft  longue j  ridée,  blanche,  odorante. 
La  racine  &  la  kmence  de  la  Livêche  fortiheat 
l'ertomac  j  elles  réfiftent  au  venin  ;  elles  excitent 
l'urine.  En  Latin  Ligufiicum  ijuod  jcfeli  qfficinarum. 
C.  Bauiiin,  Pin.  1Û2.  Il  y  a  pluiieurs  autres  ef- 
pèces  de  Livêche. 

LIVENZA.  C'eft  une  rivière  de  l'État  de  "Venife, 
en  Italie.  Liquentia.  Elle  coule  dans  les  confins  delà 
Marche  Trévifane ,  &  du  Frioul  ,  &  après  avoir 
reçu  le  Céiino  ,  elle  fe  décharge  dans  le  Golfe  de 
Venife  ,  entre  l'embouchure  de  la  Piava  ,  &  la  petite 
ville  de  Caorli.  Maty. 

LIVERDUN.  Petite  ville  de  la  Lorraine ,  fituée  fur 
une  montagne  ,  près  de  la  Mofelle  ,  à  quatre  lieues 
au-dellous  de  Toul.  Liberdunum.  Maty. 

LIVERSAI ,  ou  S.  JEAN  DE  LIVERSAI.  Bourg  de 
de  France  au  pays  d'Aunis ,  Diocèfe  de  la  Rochelle. 

LIVET.  adj.  m.  Terme  de  Billard.  On  appelle  livet , 
celui  qui  ]oue\ede}:nici-.  Pojhcmus. 

Livet.  Bourg  de  France  dans  le  Maine.  Il  y  en  a  deux 
qui  font  l'un  &  l'aune  dans  l'Éleclion  i^'  au  Diocèfe 
du  Mans.  Pour  les  diftinguer  j  on  appelle  l'un  Livcc 
en  Charnie,  &  l'autre  Livet  en  Sounois. 

LWIA.  Livia  ,  Julia ,  Libyca.  C'étoit  autrefois  une 
ville  confidérablc  ,  forte,  Épifcopale,  Se  capitale  du 


L  I  V 

Comte  de  Ccrd.ignc  ,  en  Caulognc.  Ce  n'efl:  m.iiiv 
tenant  qu'un  bourg  tout  ouvert ,  litué  kit  la  Ségte , 
à  une  lieue  au  dellus  de  Puicerda  Maty. 
LIVIADE.  Nom  d'une  ville  de  la  Paleftine.  Livias.  Elle 
fut  bâtie  par  le  Tétrarque  Philippe  en  riionneur  de 
Livic  ,  Femme  d'Augulle,  dont  il  lui  donna  le  nom. 
Elle  ctoit  au  delà  du  Lac  Aiphaltite. 
ÇCTLIVIDE.  adj.  d.  t.  g.  Épitliète  par  laquelle  on  déli- 
gne ce  qui  eft  de  couleur  plombée,  tirant  (ur  le  noir. 
Teint  livide.  'Vilage  livide.  Mais  ce  mot  cil  partieu- 
lièrement  uhté  pour  marquer  la  couleur  bleue  &  noi- 
r.itre  de  la  peau  ,  occalionnée  par  une  contuhon  ou 
par  quelque  tumeur.  Livens  ,  lividus.  Un  vii.xge  livi- 
de ,  de  couleur  plombée ,  efl:  un  ligne  d'indiipoiition. 
Les   meurttillures  rendent  la  peau  livide.  Quand  la 
chair  tend  à  la  gangrené  ,  elle  paroit  toute  livide  , 
•  elle  devient  bleue  &  noirâtre  par  l'épanchement  du 
fang  hors  les  petites  veines  lur  la  (uperficic. 
11  vient  du  Latin  lividus. 

$3"  LIVIDITÉ,  f.  f.  Etat  de  ce  qui  eft  livide.  Foyei 
ce  mot.  Livedù ,  livor.  La  lividité'  de  la  peau.  Il  y 
avoit  inflammation  avec  lividité.  'Verdier.  hi  livi- 
</ifir' du  vilaine  marque  la  mauvaile  fanté. 

LIVIE ,  ou  LIVIUS ,  LIVIA.  f.  m.  &  f.  Nom  d'une 
famille  Romaine.  Livius  ,  Livia.  Le  premier  des 
Poètes  Latins  que  nous  connoiillons  ,  eft  Livius  An- 
dronicus  ,  dont  il  ne  nous  refle  que  quelques  frag- 
jnens.Il  étoit  aftranchi  de  Livius  Salinator,qui  lui  don- 
na la  liberté  à  caule  de  fon  clprit.  C'ell  le  premier  qui 
ait  ftit  jouer  une  Comédie  à  Rome  ,  fous  leConfulat 
de  C.  Claudius,  &  de  M.  Tuditanus,  l'an  513  de 
Rome.  Livia  Drulilla  fut  femme  d'Augure,  qui  l'ai- 
ma tendrement  julqu'à  la  mort ,  &  dont  il  adopta  le 
fils  ,  qui  fut  Tibère  fon  fuccelleur. 

On  peut  dire  Livie  ,  tant  au  mafculin  qu'au  fémi 
nin,mais  fur  tout  au  féminin.  Foye^  encore  Live. 
Livie  fut  mife  au  nombre  des  dieux  par  l'Empereur 
Claude  fon  petit-fils.  Tibère  fon  fils  n'avoit  point 
voulu  lui  décerner  les  honneurs  divins.  Vofllus ,  de 
Idolol.  L.  I.  c.  11.  livie  _,  femme  d'Augufte,  fut 
adoptée  par  fon  mari ,  c'eft  la  railon  pour  laquelle 
elle  prit  le  nom  de  Julie.  Id.  Ib. 

LI'VIE  ,  ou  LIVIA.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'une 
Tulipe  qui  a  de  fort  jolis  panaches  violets ,  iur  du 

j     blanc.  MoRiN. 

PLIVIÈRE.  Nom  d'une  petite  contrée  voihne  de  Nar- 
bonne  ,  en  Languedoc,  ii^i/ria  ^  Zivori^.  Hadr.  Va- 
lois ,  Not.  G  ail.  p.  2jS. 

JLIVONIE.  Nom  d'une  Province  du  Royaume  de  Sué- 
de. Livonia.  Elle  eft  bornée  au  levant  par  la  Mofco- 
vie  ,  &  par  l'Ingrie  ;  le  Golfe  de  Finlande  la  baigne 
au  nord  ,  &  celui  de  Riga  au  couchant  i  la  rivière  de 
Dzwina  la  fépare  au  fuddu  Duché  de  Curlande.  Ce 
payypeut  avoir  environ  foixante  lieues  de  long,  & 
autant  de  large-,  il  eft  fertile  en  pâturages ^  &  fur-tout 
en  grains ,  que  les  Suédois  &  les  Hollandois  y  vont 
acheter.  On  la  divife  en  deux  grandes  contrées , 
l'Eftonie  qui  elt  au  nord  ,  &  la  Lettonie  au  midi. 
Ses  villes  principales  font  Riga ,  Rével  ,  Narva  , 
Derpt ,  Pernaw  ,  &c.  La  Livonie  qui  comptoit  autre 
fois  la  Curlande  ,  a  été  habitée  par  des  peuples  Bar- 
bares &:  Idolâtres,  juiques  vers  la  fin  du  XIF.  liècle. 
Les  Allemans,  pour  les  fubjuguer,&  pour  les  con- 
vertir ,  formèrent  l'Ordre  des  Porte  Glaives  ,  qui 
furent  enfuite  appelés  les  Chevaliers  de  Livonie.  Ils 
s'en  rendirent  les  maîtres  j  &  ayant  enfuite  embral- 
fé  la  réformation  ,  chaque  Chevalier  retint  faCom- 
iTianderie  en  propriété  ;  d'oii  eft  venu  le  grand  nom- 
bre de  Nobles ,  qu'on  'trouve  dans  la  Livonie  ,  & 
qui  ont  de  fort  beaux  privilèges ,  &  leur  Grand 
Maître  Gothar  de  Kéthler  eut  pour  fa  part  le  Duché 
de  Curlande  &  deSémigalle,  que  fes  Succelfeurs 
polfédent  encore  aujourd'hui  en  fief  de  la  Pologne. 
Le  refte  de  la  Livonie  a  été  un  grand  fujet  de  guerre 
entre  les  Polonois,  les  Mofcovites  &  les  Suédois? 
mais  enfin  il  eft  demeuré  aux  derniers  ,  à  la  rélerve 
d'une  petite  partie  de  la  Lettonie  qui  eft  au  pouvoir 
des  Mofcovites.  Maty.  La  Livonie  fut  convertie  à  la 
Foi,  vers  la  fia  du  XIF.  fiècle  ,  par  les  travaux  &:  la 


L  I  V 


515 


Prédication  de  Meinard  ,  Chanoine  de  Sigébert, 
que  l'on  ordonna  Lvequc  de  ce  pays,  a.'in  de 
l'autorifer  davantage.  Il  établit  fon  Siège  à  Riga, 
capitale  de  cette  l'rovincej&  il  y  fonda  en  1186. 
une  Églife  Cathédrale  lous  l'invocation  de  la  Sainte 
Vierge. 

Livonie,  Golfe.  Foye:^  Riga,  le  Golfe  de  Riga. 

Les  Chevaliers  de  Livonie  font  un  Ordre  mili- 
taire ,  qu'on  appelle  autrement  Porte  glaives.  Voy. 
ce  mot.  Cet  Ordre  a  été  uni  à  celui  des  Chevaliers 
Tcutoniques. 

LIV(JURNE.  Nom  d'une  petite  ville  du  Montferrat 
Savoyard ,  en  Italie.  Liburnum.  Elle  cil  fituée  dans 
des  Marais,  près  de  lafourcede  la  petite  rivière  de 
Gardina ,  à  quatre  lieues  de  Trin ,  du  côté  du  couchant. 
Maty. 

LIVOURNE.  Voyei  Ligourne. 

LIVRADE.  f.  f.  Nom  de  femme  ,  &  de  ville.  Libe- 
lata.  Sainte  Livrade  eft  honorée  le  23  de  Février, 
comme  Vierge  &c  Martyre  ,  en  l'Eglife  bâtie  fous  fon 
nom  par  Charlemagne ,  en  Agénois  ,  autour  de  la- 
quelle s'eft  formée  la  ville  de  même  nom.  Fanum 
Sancla  liberatx.  Chastelain  ,  au  2j  Février,  p. 
■/26.  Charlemagne  ayant  fait  bâtir  une  Eglile  près  de 
Ion  château  de  Cafleneuil  lur  le  Lot,  en  Agénois, 
la  fit  dédier  fous  le  nom  de  cette  Sainte ,  morte  appa- 
remment vers  ce  pays ,  &  dont  les  Reliques  furent 
l'occafion  de  cette  dédicace,  félon  la  pratique  qui 
étoit  fort  en  vigueur  en  ce  liècle-là.  On  l'a  prife  de- 
puis pour  en  faire  une  des  huit  (œurs  de  Sainte  Qui- 
tère ,  dans  la  Légende  apocryphe  qui  en  a  été  dreflée. 
Il  paroit  que  c'eft  elle  qu'on  prétend  honorer  en 
Portugal ,  fous  le  nom  de  Vilgeforte,  &  en  Flandre, 
fous  celui  d'Ontcommère  J  mot  qui  lignifie  Echap- 
pée, comme  celui  de  Liberata.  Cette  Eglile  de  Sainte 
Livrade  ,  fondée  par  Charlemagne ,  eft  devenue  un 
Prieuré  de  l'Ordre  de  Saint  Benoît ,  autour  duquel 
s'eft  formée  la  ville  de  Sainte  Livrade.  Outre  le 
Prieuré  qui  eft  à  préfent  de  la  Congrégation  de  Saint 
Maur ,  il  y  a  encore  en  cette  ville  un  Couvent  d'Ur- 
fulines.  Chastelain,  Lb.  p.  J26 ,  J2j. 

Il  n'eft  pas  néceflaire  d'avertir  comment  ce  mot 
s'eft  formé  du  Latin  Liberata  :  on  lait  allez  que  le 
changement  du  A  en  v  ,  fur  tout  en  Galcogne,  &  du 
t  en  d,  n'eft  pas  rare. 

LIVRADOIS.  Petit  pays  de  France ,  dans  la  Baffe  Au- 
vergne, aux  environs  d'Ambert  qui  en  eft  le  chef- 
lieu. 

IP"  LIVRAISON,  f.  f.  Terme  de  Jurifptudence  &  de 
Commerce. .  f.vAi/'ifio  ,  traditio.  C'eft  l'aètion  par 
laquelle  on  met  entre  les  mains  de  quelqu'un  ,  en  (a 
poflèllion  ,  la  chofe  qu'on  lui  a  vendue.  C'eft  la  tra- 
dition même  de  la  chofe  vendue.  Mais  le  mot  de 
livrai/on  convient  particulièrement  aux  chofes  mo- 
biliaires  qui  fe  livrent  par  poids  &  par  inclure.  On 
m'a  tait  la  livrai/on  de  tant  de  muids  de  vin  ,  de  tant 
de  pièces  d'étofte,  de  tant  de  livres  de  bougies,  de 
tant  de  fetiers  de  blé,  &c.  Quand  il  s'agit  d'immeu- 
bles ou  de  chofes  mobiliaires  qui  ne  fe  livrent  pas 
par  poids  &:  par  mefure ,  on  dit  communément  tra- 
dition.   Voyez  ce  mot. 

Livraison,  fe  dit  aufli  des  chofes  qu'on  eft  obligé  de 
donner  en  certaines  occafions.  On  appelle  vin  de 
tivraifon  ,  bougie  de  livraifon ,  le  vin  &  la  bougie 
que  les  Officiers  font  obligés  de  donner  quand  ils  fe 
font  recevoir  à  quelque  charge. 

LIÛRE.  f.  f.  Cable  d'une  charette  qui  fert  à  lier  les  far- 
deaux dont  0*1  la  charge  ,  comme  des  balots  ,  des 
gerbes  &C  autres  chofes  femblables.  Ne.xus  ,  vincu- 
lum  ,  ligamen. 

LiÛRE,  entérines  deMariiîC,  fe  dit  de  plufieurs  tours 
de  corde  qui  allemblent  deux  choies.  Colligaûo. 
Liûre  de  beaupré ,  fe  dit  de  plufieurs  tours  de  corde 
qui  tiennent  l'aiguille  d'éperon  avec  le  m^ât  de  beau- 

LiÛREs.  Terme  de  Charpenterie.  Ce  font  des  pièces 
de  bois  courbes  par  un  bout,  qui  fervent  à  élever  les 
bords  d'un  bateau  foncet  avec  les  clans. 

LIVRE,  f.  m.  Travail  ou  compofition  que  fait  un  Sa- 


51 


L  I  V 


vant  ,  ou  un  homme  de  letcres,  pour  £iiie  pan  au 
public,  ou  à  la  poftériréj  de  ce  qu'il  a  appris,  re- 
cueilli, inventé,  ou  expérimenté.  Liber ,  codex  ,volu- 
men.  Mais  afin  que  ce  travail  ,  cette  compolition 
puille  porter  le  nom  de  livre  ,  il  faut  qu'elle  toit  d  al- 
fez  grande  étendue  pour  en  faire  un  volume.  Ce 
livre  ert  excellent.  Ce  livre  ell  plein  d'érudition. 
Livre  pernicieux.  Aimer  les  livres  &  les  Bibliothè- 
ques ,  ne  conclud  rien  à  l'avantage  de  la  perlonne 
que  vous  m'adrelîez-,  on  peut  les  aimer  lans  juge- 
ment &  fans  choix.  Bal.  On  ne  va  point  troubler 
incivilement  un  homme  dans  la  bonne  opinion  qu'il 
a  de  fon  livre.  Bal.  La  conftance  des  hommes  eff 
une  conlbnce  de  livre  &  de  Comédie ,  qui  le  ht  & 
k  repréfente;  mais  il  n'y  a  rien  de  vrai ,  rien  de  natu- 
rel. Bal.  Il  eft  aifé  de  braver  la  mort  dans  un  livre. 
G.  G.  Il  n'clt  point  de  plus  courte  vie  que  celle  d'un 
mauvais  livre.   Vaug. 

Monlieur  ***  connoiiroit  bien  les  livres.  En 
ayant  eu  plufieurs  de  la  fuccelllon  d'un  de  fes  oncles 
qui  étoitCuré,  il  les  vendit  à  un  Prêtre  à  qui  il  de- 
manda le  lendemain  ce  qu'il  penfoit  de  ces  livres. 
Monfieur ,  répondit  celui-ci ,  j'ai  pallé  la  moitié  de 
la  nuit  à  les  examiner  ,  &  l'autre  à  me  repentir  de  les 
avoir  achetés.  Ce  Prêtre  n'avoir  pas  lu  le  partage  de 
Pline  l'ancien ,  qui  avoit  coutume  de  dire ,  au  rap- 
port de  fon  neveu ,  qu'il  n'y  a  li  mauvais  livre  où  l'on 
ne  puille  apprendre  quelque  chofe.  Dicere  folebat , 
nullum  effe  Uhrum  tam  malum ,  ut  non  aliquâ  paru 
prodejfct.   Lib.  III.  Epift.  5. 

Mais  nous  autres  faifeurs  de  livres  &  d'écrits. 
Du  Lecteur  dédaigneux  honorables  EfcLives. 

BoiL. 

C  eft  peu  d'être  agréable  &  charmant  dans  un  livre  ; 
//  faut  encore  favoir  &  converfer  &  vivre. 

Id. 

fCTOn  dit  quelquefois  en  bonne  part  d'un  homme  qui 
s'exprime  heureufement  fur  toutes  fortes  de  (ujets , 
qu'il  parle  comme  un  livre.  On  le  dit  plus  fouvent 
en  mauvaife  part  d'un  homme  qui  parle  avec  une 
grande  ficilité,  mais  en  termes  trop  recherchés  pour 
ïa  converlation.  Comme  les  livres  ne  parlent  pas 
comme  on  parle  en  converfuion  ,  il  ne  faut  pas  aulli 
parler  en  converfacion  comme  les  livres. 

On  appelle  Livres  Sacrés  &  Canoniques ,  ceux 
que  l'Eglife  admet  &  reconnoit  pour  fcire  partie  de 
l'Ecriture  Sainte.  Libri  Jacri,  canonici.  Ce  font  les 
livres  qui  font  dans  le  Canon  des  laintes  Ecritures, 
qui  compofent  le  corps  des  fiintes  Ecritures,  qu'on 
appelle  la  Bible.  Les  livres  de  l'ancien  Teftament , 
les  livres  du  nouveau  Teftament.  Les  livres  apocry- 
phes, font  ceux  qu'elle  rejette. 

Ce  mot  eft  dérivé  du  Latin  liher ,  qui  étoit  le  nom 
que  les  Latins  donnoient  à  la  féconde  peau  des  ar- 
bres, fur  laquelle  on  éciivoit,  &  dont  on  faifoit  en- 
fuite  les  livres.  Quoique  l'on  fît  des  livres  d'autre 
matière  que  d'écorce  d'arbres ,  on  ne  laiila  pas  de  leur 
donner  toujours  le  nom  de  livres  que  l'iifage  avoit 
confacré.  Ainh,  comme  on  le  voit  dans  la  vie  de 
l'Empereur  Tacite,  par-  Vopilcus,  on  appela  livres 
éléphantins,  des  livres  faits  de  petites  lames  d'ivoire  , 
comme  l'a  cru  Turnébe  ,  ou  des  livres  faits  d'inteftins 
Ai'éléphant ,  félon  la  penlée  de  Scaliger.  Les  livres 
«  des  Grecs  &  des  Romains  n'étoient  que  des  rouleaux 
de  papier  en  forme  de  petite  colonne.  Les  livres  de 
figures  carrées  n'ont  prefque  point  été  en  ulage  avant 
Céfar. 

Les  Livres  d'Eglife  ,  font  ceux  qui  fervent  à  la 
célébration  du  Service  divin ,  comme  les  Antipho- 
niers,  Milfels  ,  Graduels  ,  Rituels,  Proceffionels  , 
&c.  On  appelle  particulièrement  Livre  d'Eglife , 
celui  qui  fert  aux  Paroilllens  pour  reciter  l'Omce 
qui  fe  chante  à  l'Eglife. 

Il  y  avoit  autrefois  ,  comme  aujourd'hui ,  plu- 
sieurs Livres  Eccléiiaftiqucs  :  on  nommoit  Sacra 
mentaire ,  celui  qui   contcnoit  les  prières   que  le 


L  I  V 

Prêtre  devoir  dire  en  l'adminiftration  des  Sacre- 
mens  ,  &  principalement  en  la  célébration  du  (àint 
Sacrifice  i  tout  ce  qui  fe  devoit  chariter,  étoit  mar- 
qué dans  un  autre  volume  ,  nommé  Antiphonier. 
Les  Leçonsétoicnt  comprifes  dans  un  autre  volume, 
nommé  Letfionnaire  -,  &  celui  qui  comprenoit  les 
Evangiles  ,  s'appeloit  Evangcli.iire  ,  ou  Evangé- 
liftaire.  Les  Pfeaumes  étoient  à  part  dans  le  Pfeau- 
ticr  ;  &  pour  montrer  les  règles  que  l'on  devoit 
obferver  dans  la  pratique  ,  &  que  nous  nommerions 
Rubriques  ,  il  y  avoit  un  autre  volume  nommé 
Ordre.  Les  Grecs  ont  encore  ainfi  plulieurs  Livres 
féparés ,  pour  les  différentes  parties  de  l'Office.  Nous 
avons  aulli  des  Pfeautiers  ,  des  Annphoniers,  des 
Milîels  ,  des  Bréviaires  ,  des  Pontificaux ,  des  Ri- 
tuels ,  des  Proceffionaux ,  &  des  Ordres  ;  ou  Di- 
rectoires j  pour  réciter  l'Office  j  &  pour  dire  la 
Melfe. 
Livre   noir.  Nom  qu'on  donne  aux   livres  de  Né- 

cromantie  ,  de  Magie  ,  de  Sortilèges.  Liber  niger. 
Livre  de  Paix.  Terme  de  Liturgie.  Liber pacis.  C'eft 
le  livre  qu'on  donne  à  baifcr  à  la  Meflé.  Dans  l'Eglife 
Greque  il  y  a  un  livre  qui  fert  à  l'Office  divin  j  on 
l'appelle  Livre  de  Mufique  ,  liber  muficalis.  C'eft 
un  livre  qui  contient  des  Pfeaumes ,  des  Tropaires , 
&  d'autres  prières  fcmblables  qu'on  a  courumede 
chanter  à  l'Office.  Ce  livre  eft  noté  félon  l'ufage 
des  Grecs.  Livre  des  Liturgies ,  Liturgiarum  liber, 
autre  /ivre  d'Eghle  :  chez  les  GrecSj  il  ne  contient 
point  toutes  les  Liturgies  ,  mais  quatre  feulement 
qui  font  en  ulagc  aujourd'hui  dans  l'Eglife  Greque; 
favoir ,  la  Liturgie  de  Saint  Bafile  -,  la  Liturgie  de 
Saint  Jean  ChryToftôme  ,  celle  qu'on  appelle  des 
Prefancliftés  ,  iip.r/'«cr'"M  Scelle  de  Saint  Jacques, 
qui  n'eft  en  ufage  que  dans  l'Eglife  de  Jérufalcm 
feulement  une  fois  l'an.  Livre  des  Leçons  ,  Leclio- 
nes  ,  eft  encore  un  Lwre  d'Eglife  chez  les  Grecs. 
Voye\  Leçons. 
Livres  Spir'ituels  ,  font  particulièrement  ceux  qui 
traitent  de  la  vie  fpiritucUe  ,  ou  chrétiaine  ,  &  de 
fes  exercices  ,  qui  expliquent  &  apprennent  la  ma- 
nière de  les  faire  ,  leurs  ufages  ,  leurs  pratiques  , 
ceux  qui  fervent  à  la  contemplation  ,  à  la  médita- 
tion ,  &  généralement  tous  ceux  qui  excitent  à  la 
dévotion ,  comme  ceux  de  Saint  François  de  Sales  , 
de  Sainte  Thérèfe  ,  de  Grenade  ,  de  Rodriguez. 

Les  livres  prophanes  ,  font  des  livres  d'Auteurs 
qui  ne  parlent  point  des  choies  qui  regardent  la 
Religion.  Les  livres  cenfurès  ^  font  des  livres  hé- 
rétiques, ou  contre  les  bonnes  mœurs,  qui  ont  été 
condamnés  &:  défendus  par  les  Supérieurs  Eccléfiaf- 
tiques.  Les  livres  mis  à  l'indice. 
Livre  de  Bibliothèque  ,  eft  un  livre  113"  qu'on  ne 
lit  point  de  fuite ,  mais  qu'on  confulte  à  %,nefurei 
qu'on  en  a  befoin,  comme  un  Didionnaire.  DanS' 
une  Bibliothèque  ,  on  arrange  ordinairement  les  li- 
vres fuivant  -l'ordre  des  matières.  Les  Livres  d'Ecri- 
ture Sainte  ,  les  Livres  des  Saints  Pères ,  les  Livres 
de. Théologie  ,  de  Philofophie  ,  de  Mathématique,; 
de  Grammaire,  de  Langues ,  d'Hiftoire  ,  &c. 
Livre  de  Musique  ,  c'eft  dans  l'ufage  ordinaire  dm 
livre  où  il  y  a  des  airs  ,  des  chanfons  pour  apprendre 
à  chanter.  On  appelle  aulli,  Lnjlrumcns  de  livres  y 
les  Didionnaircs  ,  les  Commentateurs  ou  Recueils 
dont  on  fait  un  pareil  ulage.  Les  livres  en  blanc, 
font  ceux  qui  ne  font  point  reliés.  Les  livres  manuf- 
crits  ,  ceux  qui  ne  font  pas  imprimés.  Les  livres 
anonymes  ,  font  ceux  qui  n'ont  point  de  nom  d'Autemr. 
On  diftingue  aulFi  les  livres  par  leur  taille  ,  &  fui- 
vant que  leurs  feuilles  font  pliées  (Je  repliées,  w- 
folio,in-4"  ,  in-S"  ,  in- r 2  ,  in-i()  ,  m  24.  Les  Re- 
lieurs fe  fervent  de  plufieurs  façons  de  parler  ,  ou 
le  mot  de  livre  entre  ,  &  que  Von  trouve  exph- 
quécs  en  leur  place.  Ils  difent  ,  Etendre  un  livre  , 
.allcmbler  un  livre,  plier  ,  battre  ,  coudre  un  livre. 
Grequer  un  livre  ,  fouetter  un  livre ,  ficeler  un 
livre  ,  palier  un  livre  en  carton  ,  en  parchemin , 
en  veau.   Coller,   preftcr,  rogner  ,  jafper  un  livre. 


Tranclicnler  un 


liyi 


le   marbrer 


le   dorer  ,  le 
polir. 


0 


LI  V 


olir ,  &c.  ColLitionncr  un  livre ,  c'efl:  voir  fi  le 
vre  eft  entier  &  parfait ,  &  s'il  n'y  manque  point 
uelqucs  Feuillets  j  ou  s'ils  ne  (ont  point  tranlpoles. 
;atalogue  àz  livns ,  elt  l'inventaire  dune  Bibliothc- 
ue  pour  trouver  làcilcment  ceux  dont  on  a  ktoin. 
RE  relié  à  la  corde.  C'elt  celui  qiu  elt  coulu  avec 
es  ficelles  ,  qu'on  appelle  Nerfs  ,  mais  qui  n'eft 
as  ouvert. 
On  appelle  Livre  blanc  ,  un  livre  qui  elt  tout 
e  papier  blanc ,  <Sc  dans  lequel  on  n'a  encore  rien 

:rit.  ^  . 

On  appelle  Livre  d'or,   le  Regiltre  où  font  ini- 
rits  les  noms  des  Nobles  Vénitiens. 

On  dit  qu'un  homme  connoît  bien  les  livres  , 
lon  feulement  quand  il  en  fait  le  prix  ,  comme  un 
ibraire  ,  mais  encore  quand  il  fait  ce  que  contien- 
lent  les  livres  ,  lorfqu'il  a  long-temps  feuilleté  les 
livres.  On  dit  qu'un  homme  elt  toujours  fur  les 
livres  ;  pour  dire ,  qu'il  étudie  beaucoup.  On  dit 
tuflî,  qu'il  dévore  les  livres;  pour  dire,  qu'il  les 
it  avec  bcaucong  d'application  &  de  promptitude. 
On  a  dit  en  Latin  dans  le  même  fens ,  Helluo  lihro- 
um  ,  ôc  cette  exprelfion  eH  de  Cicéron.  On  dit , 
ju  un  homme  n'a  jamais  mis  le  nez  dans  un  livre  , 
jour  dire  ,  qu'il  n'a  jamais  Ki.  Acad.  Fr. 

On  dit  qu'un  Auteur  fait  des  livres  ;  qu'il  a  mis 
ks  livres  en  lumière  ;  pour  dire  ,  qu'il  les  a  fait 
mprimer  ;  &:  qu'il  vit  de  fes  livres  j  quand  il  en 
ôiblifte  :  c'eft  le  moyen  de  faire  mauvaife  chère. 
;Jn  Libraire  appelle  bons  livres ,  ceux-là.  feulsdont  il 
ji  bien  du  débit.  Il  appelle  livres  ufés ,  ceux  dont  on  a 
âéja  fait  plufîeurs  imprellîons  ^  &  qui ,  à  caule  de  cela 
le  fe  débitent  guère.  Les  Curieux  appellent  bons 
'ivres  j  les  livres  rares,,  quoique  les  bons  livres  (oient 
"în  effet  les  plus  communs.  On  dit  parmi  les  gens  de 
Lettres,  approuver  un  livre  ,  cenfurer  un  livre  ,  met- 
cre  un  livre  fous  la  prelTe ,  châtrer  un  livre  dont  on 
retranche  certains  endroits.  Examiner  un  livre.  Pur- 
ger les  /ivra des  Poètes  anciens,  c'eft  en  retrancher 
'les  ordures. 

jr Livre,  feditaulîî  des  principales  parties  dans  lef- 
quelles  un  volume,  ou  un  ouvrage  eil  divifé.   Le  Di- 
gefte  ell  compris  en  cinquante  livres ,  le  Code  en 
douze  livres.  Le  premier ,  le  fécond  livre  des  l'ois. 
Le  premier  livre  de  l'Iliade ,  de  l'Enéi'de. 
Ivre,  fedit  abufivement  dans  le  commerce,  des  diffé- 
lens  regiftres  où  les  Marchands  tiennent  leurs  comp- 
iles. Codex.  On  enfeigne  aux  Apprentifs  Marchands 
à  tenir  des  livres  de  compte  ,  des  livres  à  partie  dou- 
ble, en  débet  &  crédit-,  c'eft  ce  qu'ils  peuvent  appren- 
dre dans  le  livre  du  parfait  Négociant  de  S.avari ,  & 
dans  quelques  autres  de  même  nature.  Ces  livres  font 
des  livres  faits  pour  y  mettre  des  comptes.  Computo- 
I  Tum  ,  rationum  liber. 

\     L'Ordonnance  veut  que  les  Marchands,  tant  en 
'gros,  qu'en  détail,  aient  un /ivrs  qui  contienne  tout 
leur  négoce.  Leurs  livres  doivent  être  paraphés  &c 
numérotés  par  un  des  Juges- Confulsj  à  l'égard  de 
ceux  qui  doivent  faire  foi  en  Juftice.  Les  Marchands 
doivent  avoir  régulièrement  neuf  livres.  Le  premier, 
intitulé  Livre  d'achat,  qui  doit  être  paraphé.  Le  fé- 
cond ^  eft  l'extrait  du  premier  qu'on  tient  en  débet  & 
en  crédit.  Le  troilième ,  eft  un  livre  journal ,  où  l'on 
doit  écrire  toute  la  marchandife  qui  fe  vend  par  jour 
à  crédit.  Le  quatrième,  eft  un  extrait  de  celui  là  en 
débet  &  crédit.  Le  cinquième  ^  eft  un  livre  de  vente 
»u  comptant.  Le  lixième,  eft  un /; vre  d'argent  payé  , 
tant  aux  Marchands,  que  pour  la  dépenfe  de  la  mai- 
fon.  Le  feptième  j  eft  un  livre  de  cailfe  qu'on  doit 
tenir  auftl  en  débet ,  ou  crédit.  Le  huitième ,  eft  un 
livre  de  numéro  ,  auiîi  tenu  en  débet ,  ou  crédit ,  pour 
connoître  le  compte  de  toute  la  marchandile  qu'on 
a  achetée  &  vendue  toute  l'année.  Le  neuvième  eft 
un  livre  de  teintures. 

Livre  de  factures,  eft  celui  où  l'on  écrit  le  contenu 
des  marchandifes  qu'on  reçoit  d'ailleurs,  &  qui  font 
envoyées  à  autrui. 

Livre  quarnet  ,  eft  un  livre  dans  lequel  on  rapporte 
Tome  V. 


L  1  V  577 

tous  les  comptes  courans  qui  fe  terminent  aux  foires 
ou  autrement,  en  peu  de  tems. 
Livre  de  mémoire,  eft  un  livre  où  l'on  tient  regiftre 
des  attes  qu'on  a  pallés  ,  des  lettres  de  change  qu'on 
accepte  ,  hc  de  toutes  les  aftaires  dont  on  defire  fe 
rellouvcnir. 
Livre  de  raison,  eft  un  livre  dans  lequel  un  bon  Mé- 
nager,  ou  un  bon  Marchand,  cent  tout  ce  qu'il  re- 
çoit Ik.  depenfe,  pour  fe  rendre  compte  6c  raitbn  à 
lui-  même  de  toutes  fes  affaires.  Codex  iinpcnfi  &  ac- 
cepti.  Les  Marchands  tiennent  aufti  ce  livre  en  débet 
ik  crédit ,  qui  n'eft  en  eftct  qu'un  extrait  de  leurs  au- 
tres livres. 

On  dit  aulli  d'un  Seigneur  fort  endetté ,  qu'il  eft 
bien  écrit  fur  les  livres  des  Marchands. 
Livre  de  strace  ,  eft  un  livre  qui  fe  fait  après  la  Com- 
pagnie finie  ,  contenant  les  reliquats  d'icclle  ,  qui  eft 
proprement  le  rapurement  du  négoce  fini. 
Livre,    fe  dit  aufU  des  regiffrcs  &   papiers   publics» 
Codices publici.  Il  y  a  lin  Ofhcicr  à  la  Chambre  des 
Comptes,  qu'on  appelle  Garde  des  livres  ,  i;ui  a  foin 
des  titres,  papiers  &  regiftres  de  la  Chambre. 
Livre,  fe  dit  tigurémcnt  en  choies  fpirituelles  &  mo- 
rales. On  appelle  le  livre  de  vie  ,  celui  où  font  écrits 
les  noms  des  Predeftinés.  Ce  mot  eft  pris  de  l'Ecri- 
ture. Phllipp.  IV ,  3-  Qu'il  foit  eft'acé  du  livre  de  vie, 
&  qu'il  ne  (bit  pas  écrit  avec  les  juftes,  dit  l'Ecriture. 
On  appelle  le  grand  livre  du  monde ,  toute  la  nature 
où  l'on  voit  la  grandeur  des  ouvragesde  Dieu,  les 
Cieux  qui  nous  racontent  la  gloire ,  la  grandeur  & 
notre  ballefte.  On  appelle  auIlI  le  livre  du  monde  y  la 
converlation  des  honnêtes  gens ,  où  l'on  apprend  à 
vivre  ,  à  fe  conduire  dans  le  monde.   C'eft  le  grand 
livre  du  monde,  qui  apprend  l'ufage  des  autres  livres  , 
&  qui  peut  faire  d'un  homme  favant ,  un  fort  hon- 
nête homme.  S.  EvR. 

On  dit  encore  en  Mulîque,  chanter  fur  le  livre , 
quand  les  deftlis  font  des  accords  fur  le  champ  par 
habitude,  tandis  que  le  chœur  chante  le  plain-chant. 
A  Livre  ouvert.  Terme  adverbial  qu'on  dit  en  ces 
phrales.  Chanter  à /ivre  ouvert,  fans  .avoir  étudié  ni 
concerté  la  note.  Ad  apenuram  libri.^  Expliquer  un 
Auteur  à  livre  ouvert,  c'elt-à-dire ,  (ans  glofe,  fans 
commentaire.  Malherbe  fe  fervoir  de  cette  phrafe  en 
plaifantant ,  Lifez-vous  à  livre  ouvert?  pour  demander 
à  quelqu'un  s'il  étoit  toujours  prêt  à  fervir  les  Daines  à 
point  nommé. 

On  appelle  populairement  un  jeu  de  cartes,  le  livre 
des  Rois.  Et  un  homme  qui  a  joué  aux  cartes,  die 
qu'il  a  feuilleté  le  livre  des  Rois. 

En  termes  de  BalTette  &  de  Pharaon ,  on  appelle 
livre ,  treize  cartes  qu'on  donne  à  chaque  ponte. 
Livre,  s'emploie  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit ,  je  viendrai  a  bout  de  cette  aftaire  ,  ou  je  brûlerai 
mes  livres.  Naudé  a  dit  dans  (on  Mafcurat ,  par  ma- 
nière de  proverbe ,  Nous  voici  dans  l'Hiftoire  de  M. 
de  Saumaite  qui  fait  un  /iv/d,  ne  penfant  faire  qu'une 
page.  Mascur.  M.  Cornet  D.  de  S.  diloit  que  pour 
faire  des  livres ,  il  falloir  être  ou  bien  fou,  ou  bien 
lage.  'ViGN.  DE  Marv. 

On  dit  aufti ,  qu'il  faut  fermer  le  livre ,  quand  on  a 
dit  tout  ce  qu'on  pouvoit  dire  fur  quelque  iujet.   On 
dit  aufti ,  qu'un  homme  eft  écrit  fur  le  livre  rouge , 
quand  il  eft  noté  pour  qijelque  faute  dont  le  Magiftrac 
ou  le  Supérieur  pourroient  fe  louvenir  en  tems  & 
lieu. 
Livre,  fe  ditauffi  du  troifième  ventricule  des  animaux 
ruminans.  On  l'appelle  autrement  le  millet.  Voye^ 
Millet. 
Livre,  f.  f.  Eft  aufti  un  terme  de  Compte  ,  &:  le  prend 
en  France  pour  vingt  fous  ,  qui  eft  la  valeur  d'une 
monnoie  qu'on  appeloit  autrefois  jranc  ,  &c  qui  eft 
fynonyme.  Libra  Turonlca.  La  livre  de  compte  nu- 
méraire ,  compofée  de  vingt  fous ,  &  chaque  fou  de 
douze  deniers,  dont  nous  nous  fervons  aujourd'hui 
avec  prefque  toute  l'Europe ,  commença  (c)us  Char]e- 
magne.  Boizard,  P.  L  c.  J.  car  les  François  fe  fer-^ 
virent  de  la  livre  Romaine  jufqu'au  tems  de  ce  Prince , 
qui  la  changea  en  livre  Gauloife.  Le  Blanc.  On  tailla 


Dddd 


578 


L  I 


les  fous  de  celle  manière,  qu  il  s'en  trouvoit  vingt  à 
la  Ilvi'c  de  poids  ■,  en  lorte  qu'on  fit  une  livre  de 
compte  compolée  de  paicU  nombre  de  pièces.  Amll 
depuis  ce  tems-là ,  quand  il  ell  parlé  de  livres  ,  cela  le 
doit  entendre  de  la  livre  de  compte ,  compolée  de 
vingt  lousj  à  moins  que  le  mot  de  poids  ou  de  la 
aiiatière  n'y  foit  ajouté.  Le  Blanc. 

Il  n'y  a  peut-être  point  de  mots  François  où  la  bi- 
zarrerie de  notre  Langue  pareille  davantage ,  que  dans 
l'emploi  de  francs j  ou  tîe  livres.  Ils  lont  purement 
fynonynies,  &  ont  cependant  un  utage  très-diftérent. 
On  ditj  j'ai  trente  mille /ivrej  de  rente ,  &  ce  fcroit 
mal  parler  que  de  dire ,  j'ai  trente  mille  francs  de 
rente  :  on  ne  met  jamais  francs  avec  mille  &  renie. 
On  ne  dit  point,  cela  m'a  coûté  une  livre ,  deux  /i- 
v«.f,  trois  livres  .,  cinq  livres,  ni  il  me  doit  cent  li- 
vres.   Mais  quand  la  iomme  palfe  cent,   il   femble 
qu'on  uie  inditiéremment  de  l'un  &  de  l'autre  :  il  me 
doit  deux  cens  livres  ou  deux  cens  francs.  Il  n'y  a 
que  1  ulage  qui  puilîe  apprendre  l'utage  capricieux  de 
ces  deux  termes.  Bouh.  Voici  pourtant  quelques  rè- 
gles qu'on  doit  obferver  :   i".  En  chiftrant,  ou  en 
comptant  avec  des  jetons,  on  peut  due  une  livre j 
deux  livres j  trois  livres,  &c.  Mais  dans  le  difcours 
ordinaire ,  on  dit  plutôt  vingt  fous ,  quarante  fous , 
un  écu,  quatre  francs,  cent  lous,  fix  francs,  &c.  Il 
en  faut  excepter  quelques  nombres  rompus  ;  car  on 
dit    plutôt   quarante-trois   livres   que  quarante  trois 
francs,   deux  mille  cinquante-hx  livres j  que   deux 
mille  cinquante  lix  francs.  i°.  Il  faut  fe  fervir  du  mot 
de  livre  toutes  les  fois  qu'on  y  doit  ajouter  un  nombre 
de  fous;  ainfi  on  dit,  trois  livres  cinq  fous,  &  non 
pas  trois  francs  cinq  fous.  3°.  On  fe  ferr  du  mot  de 
livres  toutes  les  fois  que  le  mot  de  rente  fuit.  Trois 
livres,  dix  livres  de  rente.  L'Acad. 

En  Angleterre,  les  livres  fterlings  valent  environ 
vingt-deux  livres  de  France.  Autrefois  la  livre  ller- 
ling  étoit  une  livre  de  vingt  deniers  -.fterling ,  en  ces 
tems-là  ,  vouloir  dire  denier.  La  livre  Parilîs  vaut 
vingt-cinq  fous.  Elle  augmente  du  quart  en  fus  les 
livres  tournois.  La  livre  Bourdelois  ne  vaut  que  de- 
mi livre  Pariiîs.  La  livre  tournois  étoit  de  vingt  fous. 
La  livre  Bretonne  étoit  plus  forte  de  cinq  (ous  ôc 
plus  ;  en  torte  que  dix  livres  tournois  ne  valoient  que 
huit  livres  fix  lous  huit  deniers  de  Bretagne.  Lobi- 
NEAU.  Glojf.  de  l'HiJl.  de  Bretagne.  Je  trouve  dans 
Ja  même  Hiftoire,  T.  II.  p.  J24,  des  livres  Angevi- 
nes; mais  je  ne  trouve  point  ce  qu'elles  valoient.  Je 
ne  fais  s'il  y  avoit  autrefois  deux  lortes  de  livres  tour- 
noisj  les  grandes  &  les  petites;  ce  qui  eft  certain, 
c'eft  que  dans  les  lettres  d'éreéfion  de  l'Ordre  des 
Fous  ,  il  elf  parlé  d'une  amende  de  trois  grandes  livres 
tournois,  /'qye^  ces  lettres  dans  Schoonebeck  j  Hijl. 
des  Ordres  militaires ,  T.  II.  p.  22 p.  Se  dans  le  P. 
Hélyot,  T.  VIII.  C.40.  L'Arithmétique  apprend  à 
calculer'les  livres,  les  fous  &:  les  deniers,  à  réduire 
les  fous  en  livres  ,  8c  les  livres  en  fous.  Une  tonne 
d'or  ell  ellimée  cent  mille  livres  en  Hollande.  Un 
nuUion  de  livres ,  c'eft  le  tiers  d'un  million  d'or,  ou 
d'un  million  d'écus. 

Plaife  au  Roi  me  donner  cent  livres , 
Pour  des  livres  &  pour  des  vivres  : 
De  livres  je  me  pajferois , 
Mais  de  vivres  je  ne  /aurais.  Marot. 

On  dit  au  Palais,  que  les  Créanciers  feront  payés 
au  lou  la  livre ,  au  marc  la  livre ,  quand  ils  font  collo- 
ques à  proportion  de  leur  dû  fur  des  eitets  mobil'iniics 
ce  qu'on  appelle  par  contribution ,  ou  lorfqu^en  ma- 
tière hj'pothécaircj  ils  lont  en  concurrence,  ou  éga 
lité  de  privilège ,  &  qu'il  y  a  manque  de  fonds ,  ou 
encore  lorfqu'en  matière  de  banqueroute,  ou  de  dé- 
confiture j  il  faut  qu'ils  fouffrent  &:  partagent  la  perte 
totale j  chacun  en  particulier,  auiîi  à  proportion  de 
fon  dû. 

En  termes  de  Marine  ,  on  dit  livre  à  livre,  au  lieu 
de  dire,  au  fou  la  livre;  c'eft-à-dirCj  que  chacun 


L  I  V 

participe  au  gain  ,  ou  à  la  perte ,  à  proportion  d' 
ce  qu'il  a  contribué  à  la  dépenfc.  ; 

Les  Romains  avoient  aulîi  une  efpèce  de  monnoi 
qu'ils  appeloient  libra  ,  ou  libella  ,  qui  faifoit  I 
dixième  partie  du  denier,  à  caufe  qu'elle  valoit  ui 
as,  qui  au  commencement  pefoit  une  livre  de  cui- 
vre ;  &  Scaliger  ajoute  qu'ils  fe  fervoient  auiîi  di 
mot  de  livre  pour  une  moniioie  de  compte.  Liiri 
non  erat  nummus  ■,  fed  colleclio  nummorum.  Dans  h 
Droit  Romain  ,  il  y  a  des  Loix  qui  règlent  que  L 
livre  d'or  fera  de  foixante  &:  douze  fous  ;  &  la  livu 
d'argent  de  cinq  fous. 

L'origine  de  ce  mot  vient  de  ce  qu'ancienneraeni. 
chez  les  François  la  livre  étoit  un  poids  fur  lequej 
ils  régloicnt  la  taille  de  leur  monnoie  ,  &  cettt' 
taille  l'Ut  arrêtée  de  vingt  fous  à  la  livre.  Enfuite  çljc 
devint  livre  de  compte;  de  force  que  tout  ce.^ui 
valoit  20  fous  ,  étoit  nommé  livre.  Dès  le  tei^ 
de  Charlemagne  ,  les  marchés  &  les  contrats  ont 
ete  faits  lur  le  pied  de  cette  monnoie  imaginaire  j 
quoique  les  fous  aient  changé  de  poids  èv'  d'alra. 
Depuis  on  fabriqua  des  pièces  d'or  qui  valoient  10 
lous,  &•  lous  Henri  III.  en  1^75.  des  efpèces  djÈiir 
gent  de  pareille  valeur.  L'un  &  l'autre  lurent  u^ 
mes  francs  ,  &  ainli  cette  monnoie  imaginaire  œ- 
vint  réelle. 

Pluheurs  perfonnes  célèbres  ont  cru  que  les  Uvrti 
d'or,  dont  il  eft  il  fouvenc  parlé  dans  les  titres,  ii'c- 
toient  pas  des   livres  de  poids,  mais   une  monnoie 
d'or  qu'on  apeloit  une  livre  d'or ,  parce  qu'elle  va- 
loit 2Q  lous;  c'eft  à  dire ,  une  livre,  comme   fous 
le  Roi  Jean   on   appela   franc  d'or  ,  une   monnoM 
d'or,  à  caule  qu'elle  valoit  20  fous,  ou  une  livn^ 
que  nous  appelons  aufll  un  franc  ,  parce  que  cetts 
façon  de  compter  par  livres  de   20  fous  ,  doit  Ibr 
origine  aux  François.  Deux  raifons  me  font  rejettei 
cette   opinion.   La  première,  c'eft  qu'il  eft  fouvcni 
parlé  de  ces  livres  d'or  fous  la  première   Race  ;  tk 
forte    qu'on  ne    fauroit  l'entendre  d'une  moniiÉf 
d'or  valant  une /ivre  ,  ou  20  fous,  puifque  la  /ilp 
de  compte  ,  compofée  de  20   fous  ,  n'a  été  inrro-l 
duite  que  lous  le  commencement  de  la  leconde  Race 
Secondement ,  la  manière  dont  les  amendes  à  livrer 
d'or  font  conçues  ,  fait  alfez  voir  que  ce  font  de;  | 
livres  de  poids.  Le  Blanc,  p.  160.  où  pour  prou- 
ver ceci  ,  il  rapporte  pluheurs  titres,  ou  libra  &I 
pondo  lont  fynonymes,  &  ne  peuvent  lignifier  qu'une if 
livre    de   poids.  Une    Ordonnance   de   Charles  le  | 
Chauve  pour  les  monnoies  ^  faite  au  Parlement  de, 
Pifte  le  7  des  Calendes  de  Juillet  de  1  an  854.  porte  II 
que  la  livre  d'or  ne  vaudra  que  12   livres  d'arr-ent 
fin. 

Livre  DE  terre.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  une /ivre  J 
de  rente  en  terre  _,  ou  autant  de  terre  qu'il  en  fà^f  1 
pour  fliire  une  livre  de  rente. 
Livre  ,  eft  auiîI  une  mefure  du  poids  des  corps  gra^ 
ves  ,    qu'on  pèle  ,  qui  eft  diftérente  Iclon  les  lieux. 
Libra.  Celle  d'Avignon,  de  Provence  &  de  Langue- 
doc ,  eft  de  1 3  onces.  La  livre  de  Lyon  eft  de  i  j 
onces.   La    livre   de  Paris  ,   &  la  livre    marchande 
dans  une  grande  partie  de  la  France,  eft  de  16  on- 
ces, celle  de  Médecine  eft  de  12.  Chaque  once  eft 
divilée    en    huit  dragmes ,   ou  gros  ;  la   dragme  en 
trois   Icrapules ,   ou  deniers  ;  le   Icrupiile  ,   ou  de- 
nier,  en  24   grains,   &  le  grain  en   24  karats.  De 
forte  que  la  livre   de  Paris  contient  9216    grains. 
Dans  bien  des  cndrcfits ,  on  vend  toutes   chofes  à 
la  livre  ,  juiqu'au  bois  j  charbon  ,   au  vin  ,  au  poif- 
fon ,   comme  à  Lyon.  Les  balles  de  moufquet  doi- 
vent être  de  vingt  à  la  livre.  Les  canons  de  b.itterie 
portent  depuis  24  jufqu'à    36   livres  de  boukt  ;  ce 
canon    pèle  ordinairement    fix  milliers,  ou   6000 
livres,  &  l'aftuc  autant.  On  a  mis  lîx  quintaux  de 
poudre  pour  faire  jouer  ce  fourneau  ^,  c'eft- à-dire, 
600  livres.  Les  Romains  avoient  uii^  livre  pondé- 
rale ,  &  une  livre  menfurale  pour  les  longueurs.  La 
livre  de   bled  contient,  fuivant  le  Père  Merfenne, 
13760   grains.    Bouteroue   a   fait  de    belles  Tables 
de  divilîons  de  la  livre  Romaine  ,  (^  du   rapport 


L  I  V 

à  nos  grains  ,  &c  de  mcmc  de  l'as  &■  de  fcs  parties. 
Ce  mot  eu  ce  i'cns  vient  du  Latin  /ifra. 
Un  ancien  Auteur  écrit  que  chez  k's  François  la 
'livre  c(l  de  20  Ibus,  le  iou  de  11  deniers  ,  &  que  le 
dernier  efi;  la  vingtième  partie  d'une  once.  Les  An 
nalcs  de  Fuldc  dilentauiii  que  la  iivre  eft  de  io  ibus. 
La  /ivn  de  poids  d'argent  étoit  de  z/  Tous  chez  les 
Ecolfois  du  temps  de    Robert  IIL  Hn  Angleterre  j 
après  la  conquête  qu'en  fit  Guillaume  le  bâtard  Duc 
■de  Normandie  ,  la /zvrt"  étoit  de   20  Ions,  &c  le  (ou 
quelquefois  de  16  deniers,  mais  plus  ordinairement 
de    20.   ious   la  domination    des    Saxons,  la  /ivre 
avoit  été  de  48  fous  d'argent ,  &  le  fou  de  cinq  de- 
niers feulement.  L'a  livre  prime  en  Languedoc ,  /i- 
ira  prima ,  eil  de   20  fous. 

Ce  mot  \aent  de  /lim ,  qui  lignifie'  la  même  chofe. 
,  Zif>riZ  a  cté  pris  dfi  Celtique  iijfr ,  félon  M.  Pézron. 
Le  poids  de  la  /ivre  lut  pris  par  les  Romains  des 
Siciliens,  qui  le  nommoient  liera.  Les  Romains  ont 
changé  la  prononciation    du  T  en  B.  Ce  poids  ell 
divilé  en  douze  onces,  qui  ne  pefoit  même  que  dix  on- 
ces &  demie  de  notre  poids.  Les  parties  de  1  ancienne 
livre  Romaine  étoient  l'once  ,  qui   en  étoit  la  dou- 
zième partie  ;   le  fextans  ,  qui   pefoit  deux  onces  , 
&  en  étoit  la  lixiome  ;  le  quadrans  en  peloit  trois , 
&  étoit  le    quart  -,   le   triens    en  pefoit  quatre ,    & 
étoit  le  tiers  ;  le  quincunx  en  pefoit  cinq  ;  le  femis  , 
fix  ,  &  faifoit  une  demi  livre -,  le  Jeptunx  en  pefoit 
fept  ;  le  bes ,  huit;  le  drodrans  ,  neuf;  le  dcxtans , 
dix;  le  deunx  ,  onze;   enfin  l'as  peioit   douze   on- 
ces ,  ou  une  livre.  Voyez  As.  Les  onces  Romaines 
ii'étoient  pas  égales  à  celles  de  notre  poids  de  marc  , 
elles    éioient  plus  foibles  d'un  neuvième  ;  de  forte 
que  les  douze  onces  dont  a  été  compofeé  la  livre  Ro- 
maine, n'en  pefoient  que  10  &  2  tiers  des  nôtres. 
Le  Blanc  ,  p.  j.  La  livre  d'Efpagne  cft  environ  d'un 
Jîxièmc  &  I  tiers   pour  cent    plus  foible  que   notre 
poids  de  marc.  Elle  fe  divile  en  Caftillans ,  qui  en 
font    la  centième  partie  ,   &  le    Call-illan  en    huit 
tomines.  On  le  fervitde  \:^  livre  Romaine  en  France 
pour  la  monnoie  d'or  &  d'argent  ,  jufqu'au  temps 
de  Charlemagne  ,  Ou  même  jufqu'à  Philippe  L  en 
1 09  3  .auquel  temps  on  commençaà  compter  par  marc, 
&  non  plus  par  livres.  Voy.  Le  Blanc.  La  dragme , 
&  l'obole  (ont  des  noms  Grecs.  Bouterouf. 

Dans  ta  Préface  du  IV^  iiccle  des  A^ta  Sancl. 
Benedicl.  §.  VU,  n.  1^2  ,  p.  CIX.  le  Père  Ma- 
billon  fait  une  dilfertation  fur  la  livre  de  pain  que 
le  Concile  d'Aix-la-Chapelle  ordonne  pour  chaque 
Moine;'  (^-  il  prétend  qu'elle  étoit  de  18  onces  de 
pâte  qui  revenoicnt  à  14  ou  même  à  i6,.quand  le 
pain  étoit  cuit.  Il  montre  dans  le  n.  fuiv.  ly'j.  que 
la  livre  de  Théodémare  ,  Abbé  du  Mont  -  Callin  , 
revenoit  au  même.  D.  de  Rancé ,  Abbé  de  la  Tra- 
pe ,  dit  dans  (on  Commentaire  fur  le  39  Chap.  de 
la  Règle  de  S.  Benoît  ,  que'  dans  la  Congrégation 
du  Mont  Calhn  ,  on  tie'nt  que  la  livre  àt  pain  étoit 
de  trente  trois  onces  &  demie ,  &  que  d'autres  difcnt 
qu'elle  en  devoit  pefer  vingt-huit  ;  mais  il  rejette  ces 
deux  (cntimens. 

Dans  les  vieux  Titres ,  on  appelle  une  livre  de 
témoins ,  72  témoins  ;  &  une  livre  d'années  ,  72 
ans ,  à  caufe  que  la  livre  qu'ils  appeloient  Libra 
occidua  ,  étoit  alors  partagée  en  72  fous,  ou  mon- 
noie d'or.  Il  frlloit  72  témoins  pour  condamner 
un  Evcque ,  fuivant  un  Concile  tenu  en  l'an  3  20. 
à  Rome  ;  ce^qu'on  appeloit  Likra  tefiium. 

Dans  les  vieux  Titres  ,  on  a  appelé  aulïï  livre  de 
terre,  un  arpent  de  terre,   félon  le  P.  Sirmon,  après 
Spclman»  jugerum  ;  mais  d'autres    prétendent    que 
c'cft  autant  de  terre  qu'il  en  falloit  pour  faire  le  revenu 
d'une /nrd  en  argent,  (iiivant  la  monnoie  du  pays 
qui  couroit  alors.  Dans  la  baiïe  Latinité  on  l'appeloit 
likra  ou  librata  terr.'.. 
Livre.  Terme  de  Salines.  Efpace  d'un  marais  falant 
contenant  vingt  aires  ,   nombre   de  vingt  aires  d'un 
matais  falant.  On  compte  la  valeur  d'un  marais  falant 
parles  livres,   c'cftà-diie,  par  la  vingtaine  d'aires. 
En  termes  de  Mécanique ,  on  réduit  l'cliimation 
Tome  K. 


L  I  V  y79 

de  toutes  les  forces  mouvantes  à  hi  livre.  Une  livre 
dans  une  certaine  diftance  du  centre  ,  contrepele 
cent  livres. 

On  dit  aullî ,  des  livres  de  légèreté ,  quand  on 
enferme  de  l'air' dans  des  veilles,  ou  des  outres, 
autant  qu'il  en  faut  pour  contrepefcr  a  un  corps 
qui  enfonce  dans  l'eau  ,  &c  le  tenir  en  équilibre , 
ou  plus  élevé. 
Poire  de  Livre.  Nom  d'une  efpèce  de  poire.  Pyrum 
librale.  La  poire  de  livre  ,  que  quelques-uns  ntnn- 
mcnt  gros  râteau  gris ,  &  d'autres  poire  d  amour  , 
cit  fort  groile  ,  témoin  le  poids  qu'on  lui  donne  j 
elle  e(l  peu  longue  pour  fx  grollcur;  elle  a  la  peau 
allez  rude ,  &  le  coloris  d'un  roux  fort  obfcur  j 
la  queue  courte,  &  l'œil  fort  enfoncé  :  elle  fait  une 
belle  &  bonne  compote  ,  de  quelque  manière  qu'on 
la  fallc  cuire  ,  foit  dans  la  cloche  ,  (oit  fous  la  cen- 
dre ,  ("oit  autrement.  La  Quint.  Le  Catillac,  le 
Tont.irabie ,  le  Parmein  ,  àc.  ont  une  âcreté ,  qu'au- 
cun (ucre  ne  (auroit  vaincre  ,  &  peu  s'en  faut  que 
les  poires  de  livre  &:  d'amour  ,  ne  foient  de  ce 
nombre-là.  La  Quint. 
Livre,  terme  de  Botanique.  La  partie  intérieure  de 
l'écorce,  celle  qui  touche  le  bois ,  &  qui  t(t  elle-même 
prête  à  devenir  bois.  L'union  de  la  gretie  &c  du 
iujet  commence  à  fe  faire  par  les  fibres  de  la  cou- 
che la  plus  intérieure  du  livre.  Mercure  ,  Octobre 
1733.  Le  vrai  mot  eft  liber. 
§3"  LIVRÉE.  (.  f.  Couleur  pour  laquelle  on  a  du 
goût,  &  qu'on  a  choiiîe  pour  dirtinguer  (es  gens 
de  ceux  des  autres  ,  &  fe  faire  reconnoître  loi- 
même  des  autres.  Infigne  ,  vejliaria  tejfera  ,  vejlia- 
rium  fymbûlum.  Les  livrées  fe  prennent  par  atiec- 
tion  &  par  fantaifie  ,  &C  démentent  par  fucceillon 
dans  les  familles.  Les  anciens  Chevaliers  qui  pa- 
roilloient  dans  les  tournois,  fe  tailoient  difîinguer 
par  les  livrées  de  leurs  Dames  ,  qu'ils  portoient. 
Ce  tut  de- là  que  les  Grands-Seigneurs  firent  por- 
ter leurs  livrées  à  leurs  domeftiques.  La  fignification 
du  mélange  ,  &  l'union  des  couleurs  dans  les  livrées  , 
(ont  expliquées  en  détail  par  le  Père  Méneftrier  dans 
(ont  Traité  des  Caroufels  &  Tournois.  Dion  dit 
qu'Onoinriis  tut  le  premier^  qui'inventa  les  couleurs 
vertes  &  bleues  pour  les  Quadrillesuu  Cirque,  pour 
reprélenter  les  combats  de  terre  ,  &C  de  mer. 
Livrée.  Terme  du  Rubannier.  Galon  uni  &  façonné 
ou  à  figures  ,  dont  on  borde  les  habits  des  domefti- 
ques. 
^  La  livrée  du  Roi  eft  la  plus  belle  &  la  plus  noble. 
La  livrée  de  la  Reine  ell  la  même  ,  excepté  qi.e  ce 
qui  eft  cramoiil  dans  celle  du  Roi  ,  eft  bleu  dans 
celle  de  la  Reine. 
|!C7  On  appelle  Gens  de  livrée  ,  tous  les  domefHques 
portant  les  couleurs. 

Ce  mot  fe  prend  quelquefois  colleétivement  pour 
tous  les  gens  qui  portent  une  même  livrée.  Fa- 
rnulitium  tcjjerâ  veftiariâ  injlructum.  Toute  la  livrée 
d'un  tel  Prince  accourut  au  bruit.  Faites  fuivre  la 
livrée.  Dites  à  la  livrée  qu'elle  attende.  La  livrée 
arrivera  t-elle  bientcitî 
^fT  On  le  dit  auill  de  tous  les  laquais.  La  livrée  s'eft 
révoltée.  Livrée  de  la  noce  ,  livrée  de  la  mariée.  Ce 
font  les  rubans  de  couleur  dont  la  mariée  fait  prélent 
à  fes  parcns  &  à  fes  amis,  à  un  certain  nombre  de 
jeûnes  gens  &:  de  jeunes  filles.  Ce  qui  n'eft  plus 
d'ufage  que  dans-ks  noces  de  village. 
Livrée,  fe  dit  ligurément  en  Morale  ,  &  fignifie,. 
Parti.  Fexillum,Jîgnum.  Ls'iCWicûcns  combattent 
fous  les  livrées  ,  fous  l'étendard  de  la  Croix. 
Livrée  ,  (îgnifioit  autrefois  une  délivrance  qu'on  fai- 
foit chaque  jour  à  un  Officier  d'un  Grand  Seigneur  , 
ou  à  un  membre  d'un  Chapitre  ,  des  chofes  qui  lui 
étoient  allîgnées  pour  (a  fubfiftance  ,  comme  pain  , 
vin  ,  bois  ,  chandelle  ,  èc  autres  chofes  pour  vivre 
chaque  jour  ,  &  pour  s'habiller.  Sporta.  C'eft  ce 
qui  a  donné  le  nom  aux  livrées.  Les  livrées  d'habits 
fe  faifoient  anciennement  deux  fois  l'année ,  &:  on 
les  appeloit,  livrées  de  Noël,  &  livrées  de  l'Jf- 
fomptlon.  C'étoit  la  coutume  (  fous  S.  Louis  )  que 
^  Dddd  ij 


580  L  I  V 

le  Roi  aux  fèces  de  Noël ,  fit  piéCent  aux  Seigneurs 
qui  é:oicnt  à  C.\  cour  ,  de  certaines  capes  ,  ou  cala- 
ques,  dont  ils  le  revctoient  lur  le  champ.  C'eft  (ans 
doute  ce  qui  dans  des  anciens  comptes  de  la  Mai- 
lon  du  Roi ,  qu'on  voit  à  la  Chambre  des  Com- 
ptes de  Paris  j  eft  appelé  du  nom  de  livrées ,  parce 
que  le  Roi  donnoit  ou  livroit  lui-même  ces  habits. 
P.  Daniel,  HijL  de  France  ,  T.  II ,  p.  7/.  Cha- 
que Cour  plenière  que  tenoic  autrefois  le  Roi ,  il 
fui  falloit  habiller  fes  Ofiiaiers ,  ceux  de  la  Reine 
&  des  Princes.  CeshalSits  s'appcioient  livrées  ,  parce 
qu'on  les  leur  livroit  aux  dépens  du  Roi.  Le  Gendre  , 
Alœurs  des  Franc,  p.  lyp,  iSo. 

On  appelle  encore  dans  la  Maifon  du  Roi  ,  gran- 
des &  petites  livrées  ,  des  droits  qui  font  payés  à 
de  certains  Officiers  ,  comme  les  Maîtres  d'Hôtel 
du  Roi  par  les  Trétoriers  de  la  Chambre  aux  de- 
niers ,  &c  cela  outre  &  par-delïus  leurs  gages. 

Ce  mot  vient  de  liberata ,  ou  lïberaùo  ,  qu'on  a 
dit  dans  la  balle  Latinité  en  la  même  lignification. 
Il  y  en  a  qui  difent  qu'en  Bretagne  on  .appelle 
livrée  un  appât  avec  lequel  on  prerid  du  poillbn. 
Efca  medicata. 
Livrée  de  terre.  Terme  de  Coutume.  Les  livrées  de  ter- 
re ,  font  tant  de  livres  de  rente.  Soixante /ivrf'ej  de  ter- 
re jfoixante  livres  de  rente.  Lobineau  ,  GIo^.  C'eft  à- 
dire  ,  une  terre  rapportant  foixante  livres  de  rente. 
l^oye-^  l'Hiftoire  de  Bretagne,  T.  II ,  p.  440.  La 
livrée  de  terre  étoit  un  fonds  produilani  une  livre 
de  rente  ,  ce  qui  fe  confirme  par  d'anciens  ailes 
de  l'Abbaye  de  Remiremont  ,  où  il  paroît  qu'au 
commencement  du  XV*  liècle  en  1402.  les  filles 
qui  entroient  dans  cette  Abbaye  renonçoient  au 
profit  de  leurs  autres  frères  &  lœurs  ,  à  tous  les  biens 
&  héritages  quelconques  ,  qui  pourroient  leur 
écheoir  ,  à  la  réferve  ue  quinze  livrées  de  terre  de 
vingt  gros  par  livrée  pour  chacune  d'elles  pendant 
leur  vie,  P"oye\  le  P.  fîÉLYOx,  T.  FI,  C.  ji.  Le 
gros  étoit  un  fou.  Voyei  Gros,  f-^oyei^  ci-dellus 
î.ivre  de  terre. 
LIVRER,  v.  a.  Donner  ,  mettre  entre  les  mains  de 
quelqu'un ,  en  la  pollellîoii ,  en  ton  pouvoir.  Tra- 
dere  ,  dare  jpndere.  On  lui  a  livré  les  clcts  de  l'ap- 
partement qu'il  a  loué.  Livrer  une  place  aux  enne- 
mis. Ablan'c.  Quand  un  Marchand  a  livré  fa  mar- 
chandife  ,  il  ne  la  reprend  point.  Livrer  du  pain  de 
munition  aux  troupes. 

Ce  mot  vient  du  Latin  libcrare  ,  qui  fignifioit 
quelquefois  donner,  comme  piouve  Du  Cange , 
qui  dit  aufiî  que  ddiherare  fignifioit  in  manus  tra- 
dere.  Les  Bollandiftes  ont  remarque  la  même  chofe. 
April.  T.  /j  ;'.  2S1.  Us  ajourent  que  ce  mot  a 
pallé  de  France  en  Angleterre  ,  où-  l'on  dit  déli- 
vrer,  ëc  dans  les  Pays-Bas  ,  où  l'on  dit  leveren  au 
même  tens. 
UO°  Livrer,  fe  dit  aufli  parmi  les  Artiûns  en  par- 
lant des  chofes  qu'ils  ont  promis  de  faire,  «Is:  des 
ouvrages  qu'il  mettent  entre  les  mains  de  quel- 
qu'un ,  lelon  les  conventions  fûtes  avec  lui.  Li- 
vrer un  ouvrage  pour  un  certain  prix  ;  le  livrer 
fait  &  parfait.  On  doit  me  livrer  tel  ouvrage  dans 
un  tel  temps. 
Livrer  ,  fignifie  aufti  Abandonner,  relâcher.  Dimit- 
terc.  Pilace  livra  JÉsusChrist  aux  Juifs  pour  le 
faire  mourir.  On  a  tiré  ce  tcélérat  d'un  afile  ,  é\:  on 
l'a  livré  à  la  Juftice. 
^CFOn  dit  dans  le  même  fens  livrer  au  bras  féculierj 
renvoyer  à  la  Jurifdidlion  féculière  ,  en  parlant 
d'un  Ecoléfiaftique  qui  a  mérité  peine  affliftive ,  à 
laquelle  il  ne  peut  être  condamné  par  le  Juge  tcclé- 
fiaftique  ,  qui  le  renvoie  pour  cela  au  Juge  LaVc. 
§3"  En  terme  de  Guerre  on  dit ,  livrer  un  a!làut.  Voy. 
Assaut.  Livrer  bataille  ,  donner  bataille.  Com- 
miîtere. 

On  dit  aufll  dans  un  lens  figuré,  Zivr^r  bataille  , 

livrer  allant  j  livrer  combat   pour  quelqu'un  ,  pour 

<iire  j  foutenir   fortement   fes  intérêts  auprès  d'un 

autre. 

Livrer  ,  fe  dit  aulli  au  jeu  de  Dci.  Livrer  chance  ; 


L  I  V 

c'eft  amener  un  certain  nombre  de  points,  qui  de- 
vient la  chance    de  celui  contre   qui  on  joue. 
Livrer  ,  (e  dit  figurément  en  chofes  morales ,  &  figni- 
fie ,  Abandonner  ^  le  lailler  aller  à  cjuclque  chofe. 
Dunittere ,  committere ,  relinquere.  Ne  livrer  point 
vos  lecrets  à  des  imprudens.  M.  Se.  Il  femble  que 
par  un   févère  jugement  de  Dieu ,   les  Grands   du 
monde  ne  loient  tirés  du  néant  que  pour  être  livrés 
à  l'orgueil.  Flech.  Le  Roi  étoit  livré  à  l'avarice  & 
à  la  volupté.  FÉN.  Nous  livrons  nos  cœurs  aux  vai- 
nes douceurs  d'une  vie  molle  &  oiùve.  Fléch.   La 
lolitude  me  livre  tout   entière  à  l'amour.   L.  Port. 
Faut-il  que  vous  livrie^  tant  de  beautés  à  la  merci 
de  la  douleur  ?  Malh.  Etre  livré ,  fe  livrer  à  fon 
malheur ,  à  la  mauvaile  fortune  ,  à  la  fureur  de  fes 
ennemis ,  à  Fenvie  ,  à  toutes  les  pallions  ,  à  fon 
imprudence  _,  &c.  ^3" Livrer  une  ville  au  pillage,  à 
la  fureur  du  loldat.  Urbem  diripiendam  iniiuibus per- 
mittere.  On  l'emploie  fouvent  avec  le  pronom  perfon- 
lael.  Se  livrer  à  l'amour.  Darefe  ,  tradere  ,  dedere. 
Ce  mot  fe  dit  fouvent  dans  la  converfation  fami- 
lière j   pour   Garantir,  allurer.  Spondere  ,  ajjercre. 
Je  vous  livre  cette  femme-là  mariée  avant  qu  il  foit 
un  an.  Si  cet  homme  continue  à  vivre  comme  il  fait, 
je  vous  le  livre  ruiné  dans  deux  ans.  On  dit  aulli ,  je 
vous  livre  un  tel  chez  vous  avant  midi ,  à  une  telle 
heure ,  pour  dire ,  je  vous  .alfure  ,  je  vous  réponds 
■qu'il  ira  chez  vous  à  l'heure  qu'il  faudra.  Si  vous 
avez  befoin  de  cet  homme  dans  une  telle  afiaire ,  je 
vousle/ivTC,  pour  dire,  je  vous  réponds  qu'il  vous  y 
lervira. 

On  dit  pfoverbialement ,  tel  vend  qui  ne  livre  pas , 
pour  dire  qu'on  ne  réulîic  pas  toujours  dans  les  me- 
lures  que  l'on  prend  pour  tromper  quelqu'un. 
Livrer.  Terme  de  billard.  Mettre  une  bille  en  état 
d'être  laite.  Je  fuis  toujours  livré.  Je  n'ai  pas  voulu 
tâcher  cette  bille  j  de  peur  de  me  livrer. 
$3"  En  termes  de  Challe ,  livrer  le  cerf  aux  chiens , 

c'eft  mettre  les  chiens  après  le  cerf. 
LIVRE  ,  ÉE.part.  Traditus  ,  datus. 
LIVRET,  f.  m.  diminutif.  Petit  livre.  Libellas. 

Les  Maîtres  Écrivains  appellent  aufll  ZiiTtf  ce  que 
les  Mathématiciens  appellent  la  Table  de  Pythagore. 
Jbacus  Pythagora.  C'eft-  une  Carte  où  font  conte- 
nues les  multiplications  des  nombres  iunples,  l'un 
par  l'autre  julqu'à  dix.  C'eft-à-dire,  tous  les  produits 
poilîbles   des   neuf  premiers    chiffres.  Cette  table 
iert  aux  multiplications  des  fommes  qui  font  plus 
groiles. 
Livret.  C'eft  encore  le  nom  d'un  petit  livre  dbnt  les 
feuillets  font  rouges,  où  les  Batteurs  d'or  mettent  leur 
'  or  en  feuille.  L'or  battu  le  vend  par  livrées. 
fCT  Livret,  ou  Livre.   A  la  Balfette  ,    su  Pharaon, 
ce  lont  les  treize  cartes  différentes   qu'on  donne  à 
chacun  des  pontes. 
LIVRON.  Nom  d'un  bourg  du  Duché  de  Valentinois 
en  Dauphiné.  Libero  ,    Libronium.  Il  eft  près  de  la 
Drome  ,  environ  à  quatre  lieues  au  deftous  duCreft , 
&  à  une  du  Rhône.  Maty. 
LIVRY.  Nom  d'un  village  avec  Abbaye.  Livriacum , 
Liberidcum.  Il  eft  dans  l'île  ,de  France ,  environ  à 
deux  lieues  de  Paris ,  vers  le  levant.  Maty. 

Il  y  a  encore  Livry  fur  la  Vêle  ,  en  Champagne , 
Liberiacum  ad  Vidulam ,  entre  Louvercy  &  Sept- 
Saux.  Hadr.  Valef.  Not.  Gall.  p.  6oj. 

La  Forêt  de  Livry  ,  en  Latin  Sylva.  Liberiacenjis , 
autrement  la  Forêt  de  Bondis ,  Bongeienfis.  Hadr. 
Valois  3  Not.  Gall.  p.  264.  ' 

LIVV.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  MazoviCj  en 
Pologne.  Liva.  Elle  eft  capitale  d'unç  des  Cha- 
tel'enies  du  Palatinat  de  Czersko ,  &:  fituée  fur  la 
rivière  de  Liwier  ,  à  dix  fept  lieues  de  la  ville  de 
Czersko  j  &  à  vingt  de  celle  de  Warlbvie  ,  vers  le 
levant.  Maty. 
Ip  LIUXUN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine  ,  dans  le 

Gunnan. 
fCTLïUYANG.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans 
la  prdvince  de  Huyr.ang  ,  au  département  de  Heng- 
cheu. 


L  IX 


L  I  X. 

LIXE.  Foye\  Larache. 

LIXIVIAlION.  f.  £  Terme  de  Chimie.  L'adion 
de  tirer  des  tels  par  Li  lelîive.  Lïxïvïaûo.  Les  iil- 
rres  de //;fivw^it)/zj  ayant  rttcini  un  peu  plus  ou  mouis 
de  Icliîve ,  feroiu  trouver  une  petite  diiiérence  dans 
les  tels  tixes.  Hombert  ,  Ac.  des  Se.  lépp.  Mcm, 
p./i-  Le  tel  tîxe  le  lépare  de  la  terre  par  la  Lixivia- 
tion.  Id.  p.  1  !  )-. 

LIXIVIEL,  ELLE.  adj.  Terme  de  Chimie,  qui  ledit 
des  tels  qui  le  tirent  par  la  lellive  ,  par  la  lotion  , 
c'elt  à  dire  ,  par  le  lavage  des  cendres  a  l'eau  chau- 
de,  ou  a  1  eau  froide  ^  luivant  les  cas.  Lïxïviojus  y 
a  ,  um.  Les  Tels  alcalis  IlxïvuIs  ,  bien  loin  de  retroi- 
dir  l'eau  dans  laquelle  on  les  mêle  ,  ils  l'échautlent 
plus  ou  moins ,  (elon  qu'ils  ont  été  bien  calcinés. 
Geoffroy  ,  Acad.  des  Se.  i/o  O.  Além.p.  112.  Les 
Tels  lixiviels  purement  alcalis  j  &  bien  calcinés , 
comme  le  tel  de  tartre ,  échauflent  la  liqueur  bien 
loin  de  la  refroidir.  Id.  ^.  114- 

UXIVIEUX  ,  EUSE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Chimie, 
le  même  que  lixlviel  qui  eft  feul  en  ulage  aujourd'hui , 
qui  fe  dit  des  fels  qui  fe  rirent  par  la  lelîive,  par 
lavure.  Lixiviofus.  Les  tels  lixivkux  font  les  tels 
fixes  des  plantes,  &c.  On  les  tire  par  lacalcination 
des  plantes.,  ou  en  réduitant  les  plantes  en  cendres , 
&  en  faitant  enfuite  une  lellive  de  ces  cendres  avec 
de  l'eau,  d'où  vient  le  nom  qu'on  leur  a  donné. 
Boile  dit  que  la  marque  qui  tait  diftinguer  les  tels 
iixivïcux  de  ceux  qui  tont  unneux  ,  ell  que  les  tels 
/i.wV^c'^/.v  changent  la  dilîolution  du  tubhmé  dans  de 
l'eau  commune  ,  en  couleur  jaune.  Voye^itsExpé- 
riences  fur  les  couleurs. 

L  I  Z, 

LIZ.  f.  m.  Terme  ufité  parmi  les  Payfans  &  ceux  qui 
prennent  des  pluviers,  pour  tignitier  une  Lizière  de 
terre  fendue  comme  une  gouttière  de  maiton,  dans 
laquelle  te  cache  le  filet  qui  doit  couvrir  la  forme  , 
&  qui  borne  la  même  forme  d'un  côté  ,  ce  qui 
lui  donne,  comme  il  parok,  ce  nom  de  /q ,  ou 
lizière  de  la  torme. 

LIZAINE.  Nom  d'une  petite  rivière  de  Normandie , 
en  France.  L'in^mus.  La  Li^aine  palle  à  Penéci ,  en- 
tre HonHeur  &  Pont-au  de  mer  ,  &  fe  jette  entuite 
dans  la  Seine.  Valois,  Noc.  Gall.p.  482. 

LIZARDES.  f.  f  pi.  Toiles  qui  fe  fabriquent  au 
Caire. 

LIZER ,  ou  ÉLIZER  une  pièce  de  drap.  C'eft  la  tirer 
par  les  lizières  lut  ta  largeur ,  atin  de  la  bien  éten- 
dre, pour  en  ôter  les  ribaudures  &:  anguilles, 
c'ell-à-dire  ,  les  elpèces  de  faux  plis  ou  bourlets 
qui  s'y  tont  formés  en  la  faifant  fouler. 

LIZIER.  f^oye^  Licar.         » 

L  L  A. 

LLAMA.  f  m.  Mouillez  les  deux  //.  Nom  d'un  animal 
du  Pérou.  Ce  font  de  petits  chameaux  que  les  In-, 
diens  du  Pérou  appellent  Llamas ,  ceux  du  Chili 
Chdlehueque  ,  ôc  les  Etpagnols  Canieros  de  la  tierra. 
Moutons  du  Pays."  Camelus  Peruvianus.  Ils  ont  la 
tête  petite  à  proportion  du  corps,  femblable  en  quel- 
que chofe  à  celle  du  cheval  &  du  mouton  ;  la  lèvre 
fupérieure  comme  cc-lle  du  lièvre  ,  eft  fendue  au  mi- 
lieu ,  par  là  ils  crachent  à  dix  pas  loin  contre  ceux 
qui  les  inquiètent  ;  &  fi  ce  crachat  tombe  fur  le 
vifige  ,  il  y  fait  une  tache  roullâtre  ,  où  fe  torme 
fouvent  une  gale.  Ils  ont  le  cou  long,  courbé  en  bas  , 
comme  les  chameaux,  à  la  naillance  du  corps,  & 
leur  rcffemblsroient  alfez  bien  à  cet  égard ,  s'ils 
avoient  une  bolTe  fur  le  dos.  Leur  hauteur  eft  d'en- 
viron 4  à  5  pieds  &  demi.  Fresier,  p.  i  sj  &• 
1  sS.  Ils  ne  portent  ordinairement  que  cent  livres 
péfant  ;  marchant  la  tête  levée  ,  avec  une  efpèce  de 
gravité.  La  nuit  il  eft  impolîible  de  les  faire  marcher 


L  I  O 


y8i 


avec  leur  charge  ;  ils  té  couchent  jufqu'à  ce  qu'on 
les  débarrallé  du  fardeau  ,  pour  aller  chercher  à  paî- 
tre. Leur  nourriture  ordinaire  crt:  une  herbe  qui  ref- 
témble  allez  au  petit  jonc ,  excepté  qu  elle  cit  un 
peu  plus  mince  ,  iL'  qu'elle  a  une  pointe  piquante 
au  bout.  On  l'appelle  Vcho.  Ils  mangent  peu,  & 
on  ne  leur  donne  jamais  à  boire  j  de  lorte  que  cet 
animal  eft  de  peu  d'entretien.  Quoiqu'il  ait  le  pied 
fendu  comme  les  moutons  ,  on  s'en  tert  néanmoins 
dans  les  minières,  pour  porter  le  minerai  au  mou- 
lin: dès  qu'ils  ont  leur  cUargc ,  ils  vont  tans  guide 
au  lieu  où  l'on  a  accoutumé  de  les  décharger.  Au- 
dellus  du  pied  ils  ont  un  éperon  ,  qui  leur  rend  le 
pied  tùr  dans  les  rochers ,  parce  qu'ils  s'en  fervenc 
pour  s'accrocher.  Leur  laine  rend  une  odeur  forte  , 
&  même  défagréable  ;  elle  eft  longue ,  blanche , 
grife  &  rouHè  par  taches ,  &:  allez  belle ,  quoique 
beaucoup  intérieure  à   celle  &t^  Vigognes. 

LLANES.  Petite  ville  ou  bourg  d'Efpagne.  Lann.  Ce 
lieu  eft  dans  l'Auftrie  de  Santillana  ,  à  cinq  lieues 
de  S.  Vincent ,  du  côté  du  couchant ,  &  à  deux  de 
la  mer  de  Bitcaye. 

L  L  A  O  I N.  Nom  d'une  montagne  du  Chili  ,  où 
l'on  trouve  beaucoup  d'or ,  c^'  où  le  minerai  eft 
tendre  &  prefque  friable,  &  l'or  y  eft  en  poudre  ti 
finej  qu'on  n'y  en  voit  à  l'œil  aucune  marque. 
Frézier  ,  p.   104. 

^CFLLANTU.  1.  m.  Nom  que  les  Péruviens  don- 
noient  à  une  petite  bandelette  de  la  largeur  d'un 
doigt  j  attachée  des  deux  côtés  fur  les  tempes  par  un 
ruban  rouge  ,  qui  fervoit  de  diadème  aux  Incas  du 
Pérou. 


L  L  I. 


LLIRIAS.  Foye^   Lirias. 


LLIVIA. 


Foye^l  LiviA. 


L  L  O. 


LLOBREGAT  Foyei  Lobrégat. 
LLORA.  Foyei  Lora. 

Les   Etpagnols'  mouillent  la  première  fyllabe  de 

ces  mots  ;  mais  nous  ne  le  faitons  point  :  ainli  il  eft 

mieux  de  les  écrire  par  une  /  leule. 

L  O. 

LO.  f.  m.  Les  Chinois  nomment  ainfi  une  forte  de  gaze 
qui  te  fabrique  à  Canton. 

Lo.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lauco  ,  Laudus ,  Launus. 
Le  nom  de  Saint  Lo  eft  fimeux  dans  l'Eghic  de 
France ,  quoiqu'il  ait  manque  d'Hiftorien.  Baillet  , 
au  21'^.  Jour  de  Septembre.  Saint  Lo  tut  élevé  au 
Siège  Epitcopal  de  Coutances ^  en  Ballè-Normandie  , 
après  la  mort  de  Pollelieur  qui  avoir  tuccédé  à  Léon- 
tien  ,  &:  fut  facré  vers  l'an  jiS  ,  ou  529.  Saint  Lo 
adifta  au  II'^  Concile  d'Orléans  en  f  3  3.  &  au  IIP. 
&  V^.  en  538.  &  J49.  &  envoya  Senbillon,  Prêtre 
de  fon  Eglile  ,  au  IV^.  tenu  en  J41.  La  mort  de 
Saint  Lo  arriva  entre  ^6^  &  ^6S.  mais  on  ne  tait 
pas  précifément  en  quel  temps. 

Chanoines  de  Saint  Lo.  Le  Prieuré  des  Chanoi- 
nes Réguliers  de  Saint  Lo  de  Rouen  aVoit  été  b.âti 
par  Saint  Melon  ,  Archevêque  de  cette  ville.  On 
l'appeloit  d'abord  l'EgUfe  de  la  Trinité;  mais  pen- 
dant les  ravages  des  Normands,  le  corps  de  Saint  Lo 
ayant  été  apporté  à  Rouen,  Se  dépoté  dans  cette 
Eglife  j  elle  prit  le  nom  de  ce  Saint ,  qu'elle  a  gardé 
depuis.  Rollon  ,  Duc  des  Normands  ,  s'érant  fait 
Chrétien ,  accorda  cette  Eglife  à  l'Evêque  de  Cou- 
tances  &  à  tés  Chanoines,  pour  y  faire  le  térvice 
divin  ,  julqu'à  ce  qu'ils  fullent  rétablis  dans  leur 
propre  ville.  Quatre  Evêques  de  Coutances  y  ont  tenu 
leur  Siège  pendant  lioans.  En  114.4.  Algare,  Evê- 
que  de  Coutances,  y  mit  des  Chanoines  Réguliers, 
êc  en  1639.  ils  furent  réunis  à  la  Congrégation  de 
France.  P.  Hélyot  ,  T.  LL.  c.  6 0. 
Saint  Lo.  Nom  d'une   petite  ville  de   Normandie, 


582       *    L  O  A 

en  France.  Oppidum,  Fanum  Sancli  Laudi ,  Laudo- 
nis ,  ou  Lauwms  ,  anciennement  Bnovaa.  Ce  lieu 
ert  fur  la  Vire,  à  lix  lieues  de  Coutances ,  vers  le 
levant.  Hadr.  Valois ,  l\ot:Gai/.  p.  pi'-  Mat  y.  Long. 
16.  d.  32'.  lat.  49.  d.  7'.  . 

LO  LOO,  LOHE.  Quoique  ces  mots  ,  qui  lont  tous 
la  même  choie  ,  ne  loient  point  François ,  ils  en- 
trent cependant  dans  la  compolition  de  tant  de 
noms  de  lieu  qui  font  dans  ce  Diilionnaire ,  que 
l'on  a  cru  qu'il  étoit  à  propos  de  les  expliquer  une 
fois  ici,  pour  n'être  point  obligé  d'y  revenir  li  lou- 
vcnt.  Les  Auteurs  ne  conviennent  pas  de  ce  que  li- 
gnihc  /00.  Dans  le  Flaut  Alkm-md ,  lo  ,  loo  ,  ou  lohe  , 
veut  dire  la  Hamme,  &  l'ardeur  des  charbons  allu- 
més -,  &  on  appelle  en  Haut  Allemand  les  Comtes 
à'Hohcnlo:,  on  à'Hohenlûo,  ou  d' Hokcnlohe  ,  ceux 
qu'on  nomme  en  Latin  Comices  ah  alta  flamma  ; 
ainfi  que  Lazius  &  d'autres  l'ont  remarque.  Dans 
la  Balle-Allemagne  ,  comme  en  Wellphalie  ,  _  Se 
dans  les  Pays  Bas ,  il  lignifie  forêt,  Sylva,  ainli 
qu'on  le  voit  dans  la  Vie  de  Saint  Godehoi  de  Cap- 
■penberc;,  c.  XI IL  n.ûi.  &  dans  Divœus,  L.  II. 
Rerum^ Brabanûc.  ou  bien  il  veut  dire  «/2  to  haut, 
ekvé,  comme  Jufte  Lipfe  l'a  cru  dans  Ion  Lova- 
nïum,L.  I.  c.  2.  &  Goropius  Becanus ,  On^.  i. 
/.  mais  néanmoins  un  lieu  haut ,  fitué  près  des  eaux 
&  des  marais.  C'eft  en  ce  fens  qu'on  l'a  pris  dans  les 
mots  de  Looveai,  V'em-Lo.  Locn  ,  fe  prend  aulii 
au  même  fens,  comme  en  ces  mots,  Stadt-loen  , 
ou  Stadt-loo  ,  ville  de  Weftphalie.  Et  dans  les 
Pays-Bas  ,  Loen  a  été  ainli  nommé  ,  parce  que  c'cft 
un  lieu  élevé  entre  les  marais  de  Donnerftag  &  de 
Péel.  Borchloen  de  même  -,  &  LocaJIre ,  Caflrum 
Loo.  De  même  encore  en  Angleterre ,  Cambden  dit 
que  Stanlaw  ,  dans  le  Comté  de  Cefter ,  lignifie 
Saxeus  collis.  Il  y  a  pluficurs  noms  dans  les  Pays- 
Bas  formés  de  ce  nom  ,  comme  Tongerioo  ,  TeJJen- 
derloo  ,  Standoo  ,  Calloo ,  W^jhdoo  ,  Sec.  Kilianus , 
dans  fon  Etymologique,  dit  qu'outre  lahgnification 
qu'on  vient  d'expliquer  ,  loo  fignifioit  encore  ancien- 
nement un  lieu  bas  ;  mais  il  n'allègue  fur  cela  aucun 
Auteur.  BoUand.  Jcl.  Sancl.  Jan.  T.  I.  p.  i'sf- 
Noc.  d.  Le  même  Auteur  ,  dans  fon  Index  Ono- 
maftkus,  dit  qiie  ce  mot  lignifie  un  lieu  ombragé , 
ce  qui  revient  à  la  lignification  àefo/êc. 

L  O  A. 

LOANDA.  (  Saint  Paul  de  )  Nom  d'une  ville  bâtie 
fur  une  petite  île  de  même  nom  ,  qui  cil  tout  auprès 
de  la  côte  du  Congo  ,  en  Atàique.  Loandas.  Cette 
ville  ,  qui  appartenoit  aux  Portugais  ,  &  qui  eft  la 
réfidence  de  l'Evêque  d'Angola  ,  a  un  fort  grand  & 
vafte  port.  Elle  eit  grande  &  belle  pour  le  pays  ;  on 
prétend  qu'il  y  a  environ  trois  mille  mailons  de 
Blancs ,  ou  Européens ,  qui  font  bâties  de  pierre  & 
de  chaux  ,  &  couvertes  de  tuiles  ;  Se  un  plus  grand 
nombre  de  maifons  de  Nègres  ,  ou  Congoians  ,  qui 
ne  font  bâtiîs  qu'.ivec  du  chaume  Se  de  la  terre.  Il  y 
a  un  prodigieux  nombre  d'Efclaves.  Les  Jèlukes  y 
font  les  fonétions  de  Curés ,  &:  ont  foin  des  Ecoles. 
Il  y  aulli  des  Carmes  ,  des  Obfervantins  Se  des 
Capucins.  On  n'y  a  point  d'eau  douce  que  celle 
qu'on  va  chercher  dans  les  rivières  ib  la  Terre  terme 
avec  des  canots.  On  y  mange  du  pain  deManioque, 
comme  dans  le  Bréfil ,  &  des  moutons ,  dont  la  queue 
ell  plus  pelante  qu'aucun  des  quatre  quartiers  ,  mais 
dont  la  chair  eft  mal  faine.  On  n'y  trafique  point  avec 
de  l'argent  nionnoyé  :  pour  petite  monnoie ,  on  fc 
fcrt  de  Zimbis  ,  qui  font  uneefpèce  de  coquilles  du 
Con^o ,  des  pièces  de  toiles  ;  Se  les  Négi-es  tiennent 
lieu  de  la  groUe  monnoie ,  &  fervent  à  faire  les 
échanges. 

Loanda".  Petite  île  d'Afrique  ,  dans  la  mer  d'Eihiopie, 
fur  la  côte  du  Royaume  d'Angola,  &:  vis-à  vis  de  la 
ville  de  S.  Paul  de  Loanda. 

LO ANGEOIS,  OISE.  f.  de  t.  g.  Nom  des  Habitans 
de  Loango ,  Se  du  Royaume  de  Loango.  Loan^i/s  , 
Loagcnfis. 


LOB 

LOANGO.  Nom  d'une  ville  d'Afrique  ,  capitale  du 
Royaume  de  Loangç.  Loangum. 

LOANGO  ,  ou  LOVANGO.  Le  Royaume  de  Loango, 
ou  de  Lovango  ,  ou  le  pays  des  liiamas.  Loangum 
Rei^num.  C'ell  un  Royaume  de  la  Baflé-Ethiopie.  11  eft 
borné  au  fud  par  celui  de  Congo  ,  Se  au  nord  par 
celui  de  Gabon.  Il  a  les  peuples  Anzicainsau  levant. 
Se  la  mer  du  Congo  au  couchant.  La  terre  y  eft  fi 
fertile,  qu'on  y  recueille  le  millet  trois  fois  l'année. 
Il  y  a  une  fort  grande  quantité  de  palmiers,  dont  on 
tire  du  vin  ,  que  les  habitans  eftiment  plus  que  celui 
de  l'Europe.  Le  principal  commerce  du  Royaume  de 
Loango,  conlifte  en  ivoire  ,  en  cuivre  ,  en  etain  ,  en 
plomb  ,  en  fer.  Se  en  cfclaves  :  leurs  monnoies  font 
de  petites  pièces  de  toile  carrées  de  la  largeur  d'un 
mouchoir.  Les  Loangeois,  ou  Bramas ,  fontrobuftes. 
Se  de  belle  taille  :  ils  reconnoillcnt  un  Dieu ,  &  ils 
adorent  les  Démons  ;  ils  circoncifent  leurs  entans  fans 
lavoir  pourquoi  :  ils  n'ont  pour  toutes  armes,  que 
le  fabre ,  l'arc  Se  les  Hèchès.  Us  ont  deux  coutumes 
remarquables;  l'une  que  les  femmes  y  font  tout  le 
tr.avail  de  la  terre  ;  l'autre  que  les  enfans  ne  luccédent 
pointa  leurs  pères,  mais  les  frères,  à  la  charge  d'éle- 
ver les  enfans  du  défunt ,  Se  cela  s'étend  jufqu'à  la 
famille  Royale.   La  ville  capitale   porte  le  nom  de 

~  Loango ,  elle  eft  près  des  confins  du  Congo  ,  &  de  la 
mer. "Les  Européens  n'y  peuvent  trafiquer  qu'en 
achetant  la  permilFion  par  des  préfeus^  qu'ils  font  au 
Roi&àfcsOfliciers. 

^LOANS,  ou  LOHANS.  Voyei  Louans. 

LOB. 

LOB,  LOBE,  ou  LOBES.  Nom  d'un  village  avec  un 
Monaftère.  Laubi& ,  Laubienfe  Monafierium.  Il  eft 
dans  lEvêché  de  Liège ,  fur  la  Sambre  ,  à  mille  pas 
de  la  petite  ville  de  Thuyn.  C'eft  le  lieu  que  l'on 
nommoit  anciennement  Lahieni  Cajlra,  Se  enfuite 
Lauhium ,  ou  Lauhaeum.  Hadr.  Valois ,  Net.  Gall. 
au  mot  Laubi£.  Maty.  Corn. 

LOBAO.  Nom  d'un  ancien  bourg  de  l'Eftramadure 
d'Efpagne  ,  qu'on  appelle  aulFi  Lebon  ,  ancienne- 
ment ^Lycon.  Il  cil:  fur  la  Guadianc  ,  entre  Mé- 
rida  Se  Badajox,  à  cinq  liAies  de  l'une  &  de  l'autre. 
Maty. 

LOBAW.  Nom  d'une  petite  ville  avec  une  cita- 
delle. Lobavia.  Elle  eft  dans  la  Michovie^,  contre'e 
de  la  Prulfe  Ducale  ,  vers  les  confins  du  Falati- 
nat  de  Plosko  ,  en  Pologne  ,  Se  au  midi  de  la 
rivière  de  Dribents.  Maty.   Long.  37.   d.   3'.  lar. 

LOBE.  f.  m.  Terme  d'Aratomie  ,  qui  fe  dit  de  cha- 
que patrie  du  poumon  ,  divifée  l'une  de  l'autre.  Pa?- 
monis  lohus  Jihra,  lacinia.  On  dit  que  cette  léparatioh 
fert  à  le  dilater  ,  à  recevoir  plus  d'air  ,  Se  à  empê- 
cher que  quand  on  plie  le  dos  ,  fi  ehair  ne  foit  fou- 
lée. C'eft  pourquoi  1^  bêtes  qui  font  toujours  pen- 
chées vers  la  terre ,  ont  plus  de  lobes  au  pou- 
mon que  les  hommes.  Leur  foie  même  eft  divile 
par-  lobes.  Celui  de  l'homme  eft  continu.  Ces 
lobes  s'appellent  quelquefois  ailes  ,  aller 0  ns ,  pointeï, 
ou  j?ir--j ,  parce  qu'ils  fe  dilatent,  s'étendent  &  fe 
ramallent. 

Lobe  ,  fe  dit  auffi  du  bout  de  l'oreille  qui  eft  plus  grasK 
charnu,  pendant  au  dellus  dç  l'aileron,  qui  eft  la 
partie  fupérieure  de  l'oreille. 

Du  Laurent  dit  que  ce  mot  de  lobe  de  l'oreille ,  vaent 
du  Grec  A^of. ,  qui  ivj,mEc  faire  At)^« ,  parce  que  ce 
bout-là  rougit  ordinairement  quand  on  a  honte. 

Lobe  ,  fe  dit  aulFi  des  fruits  cSi  des  graines  qui  lont  natu- 
rellement partagées  «n  deux  parties  égales,  .^/a.  Ma- 
riote  dit  que  les  deux  lobes  des  graines  de  melon  lont 
blancs  d'eux-mêmes.  Il  appelle  .-luliî  lobes  de  la  fève  , 
les  deux  parties  qui  compofent  fon  corps  ,  au  milieu 
desfquelles  eft  le  germe  ,  <.'*>:  qui  font  enveloppées  par 
la  pe.ru  extérieure.  Toutes  les  autres  graines,  &  mc- 
me  les  phis  petites  ,  fe  divifent  comme  la  fcve  en 
deux  lobes  ,  ou  parties  égales,  comme  l'a  montre  M. 
Grtv,cn  fon  Anatomie  des  Plantes. 


LO  C 

jpC?  Dans  les  femenccs ,  ce   font  les  amandes  ou  les 
cotyledones  ,  ou  ces  corps  de  grolfeur  quelquefois 
aile,:  confidcrable  j  qui  Ibnc  attaches  au  germe,  & 
qui  iiourrilîent  les  jeunes  plantes,  jufqu'à  ce  qu'elles 
aient  produit  des  racines,  /'bjej  Semences ,  Se  Ce 
tyledones. 
Loiit  ,   eft  ai/ffi  un  vieux   mot  François,  qui  fignifie 
raillerie,  &c  qui  ctoit  encore  en  ufage  du  temps  de 
Ronfard. 
LOBNA.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre  Sainte.  Lohna. 
C'etoit  une  ville  Sacerdotale  de  la  Tribu  de  Juda. 
Jofué ,XXI  I s.  Lorfque  les  Iduméens,  Ibuslc  règne 
de  Joram  ,  fe_  retirèrent  de  la  domination  de  Juda  , 
Lobna  s'en  affranchit  aulli.  4^  Livre  des  Rots  ,  VIII. 
22.  On  ne  fait  point  iî  en  fe  retirant  de  la  domination 
de  Juda,  elle  fe  gouverna  elle-même  comme  une  Repu 
bhque  ,  ou  fi  elle  fe  fournit  à  quelque  Prince  voilîn. 
Mcnochïus. 
LOBON.^^qyeç  Lobao. 

LOBOS.  île  de  Lobos  ;  c'eft  à-dire  ,  Ile  des  loups.  Nom 
d'une  Ile  de  la  mer  du  Sud ,  fur  la  côte  du  Pérou. 
Lifula  Luporum  marinorum  ,  ou  Luciorum  marino- 
rum.  Elle  eit  à  huit  lieues  au  nord  de  Ylo  ,  à 
une  heue  &  demie  au  nord-oueft  de  Mono  Qué- 
mado.  Elle  eft  de  moyenne  hauteur  ,  d'environ 
trois  quarts  de  lieue  de  longueur  ,  dans  fon  plus 
grand  diamètre  fud-eft  &  nordoueft.  Frézier  , 
p.    i6z. 

LOBRÉGAT.  Rivière  de  la  Catalogne.  Ruhricatus. 
Elle  prend  fa  fource  aux  confins  de  la  Cerdagne, 
traverle  toute  la  Viguérie  de  Manrellà ,  &  une 
partie  de  celle  de  Barcelone  ,  baigne  Berga  & 
Martorel ,  reçoit  le  Cardonner  ,  &  la  Noya  ,  &c 
le  decnarge  dans  la  mer  Méditerranée,  environ  à 
trois  lieues  de  la  ville  de  Barcelonne ,  vers  le  cou- 
chant. Maty. 

LoBRÉGATj  ell  encore  une  rivière  de  la  Catalo- 
gne. Lobreg&tus  ,  anciennement  Clodianus.  Elle 
coule  dans  l'Ampurdan ,  baigne  le  château  d'Empu- 
rias,  &  fe  décharge  dans  le  Golfe  de  Lyon  ,  près  de 
Rofes.  Maty. 

LOBULE,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Petite  lobe.  Lobu- 
lus.  Chaque  lobe  du  poumon  eft  divifé  en  plufieurs 
autres  lobes,  ou  lobules  ,  attachés  de  part  &  d'autre 
aux  plus  gros  rameaux  de  la  trachée  artère  :  chaque 
lobule  eft  compofé  de  plufieurs  petites  véficules  ron- 
des j  qui  ont  toutes  communication  les  unes  avec  les 
autres;  c'eft  dans  ces  vélicules  que  l'air  entre  par  la 
rrachee-artcre  .dans  le  temps  de l'infpiration  ,  &  d'où 
il  fort  par  l'expiration.  Dionis.  Chaque  petite  bron- 
che du  poumon  ,  produit  un  paquet  proportionné  à 
ion  étendue  &  au  nombre  de  fes  ramifications.  On 
donne  à  ces  petits  paquets  véficulaires  ou  cellulai- 
res le  nom  àc  Lobules;  tk  comme  les  grolfes  bron- 
ches fe  divifent  en  petites  bronches  ,  de  même  les 
gros  lobules  fe   divifent  en  plufieurs  petits  lobules. 

WiNSLOW. 

Lobule  eft  dérivé  de  lobe ,  dont  il  eft  un  dimi- 
nutif. 

j-  L  O  C. 

LOC  RENAN  ,  ou  S.  RENAN.  Petite  ville  de  Fran- 
ce ^  avec  une  Abbaye  de  Filles,  en  BalTe- Bretagne, 
au  Dioccfe  de  Léon. 

LOCAL  ,  ALE.  adj.  Qui  concerne  le  lieu.  Localis. 
Defcartes  ne  reconnoit  point  d'autre  mouvement 
en  la  nature  que  le  mouvement  local.  Il  y  en  a  plu- 
fieurs qui  ont  fait  un  art  de  la  mémoire  locale, 
pour  fe  fouvenir  de  plufieurs  chofcs  diificiles  à  re- 
tenir ,  en  les  appliquant  à  d'autres  images,  qui  font 
déjà  dans  leur  mémoire  ,  ou  devant  leurs  yeux. 

On  appelle  auili  Coutume  locale  ,  celle  qui  eft 
p.yticuiière  à  un  lieu ,  à  une  Seigneurie ,  Se  qui 
n'elt  pas  conforme  à  la  Coutume  générale  de  la 
I  rovince.  Gifors  ,  Tournai  ,  Langres  ,  font  des 
Coutumes  locales.  Lyon  ,  Lagni  &c  autres,  ont  des 
ulages  locaux. 

Droit  Local,  droit  particulier  quife  paye  à  l'en- 
trée de  certaines  villes  à  un  territoire ,  à  un  palfage ,  à 


LOC  ySj 

un  pont,  &c.  Il  y  a  beaucoup  de  droits  Locaux     fur 
a  nvicre  de  Loue,  auili  bien  que  dans  la  Province  de 

Mandre. 

Local  ,  fe  dit  aufll   fubftantivement.  Le  local ,  con- 
noître  le  local.  C'eft  à  dire  ,  ce  qui  concerne  îa  dif- 
podtion  d'un  lieu.  Si  l'afliégeant  va  par  ddibus  terre 
Se  s  il    procède   par   contremines ,   l'Ailiégé  qui   à 
les  fienncs  bien  laites  de  longue  m.ain.  Se  qui  con- 
noit  le  local  louterrain  ,  a  un  avantage  infini.  M. 
DE  S.  Rémi. 
Local,  en  Peinture.  On  appelle.  Couleur  locale,  h 
couleur  qui  convient  à  une  place  pour  le  bon  effet 
du  tableau.   Les  couleurs  locales  de  Le   Brun  font 
mauvaifes;  les  Peintres  Vénitiens  ont  excellé  dans  les 
couleurs  locales. 
LOCANDE.  adj.  Chambre  qu'on  loue.  Locanda  ,  con- 
duclitia.  Loger  en  Chambre /owrzc/e.  Ce  terme  n  eft 
pas  François. 
LOCARNÔ,  ou  LUGGAR.  Nom  d'une  petite  ville 
duDuciié  de  Milan.  Locarnum.  Elle  eft  fart  agréa- 
ble par  fa  fituation  dans  une  petite  plaine  ,  qui  eft 
entre  le  pied  d'une  montagne,  &  le  Lac  Majeur,  à 
quatre  heues  de  Bcllizonte,  &  à  cinq  de  Gévio  ,  vers 
le  midi  :  les  douze  premiers  Cantons  Suilfes  prirent 
cette  ville,  l'anijiz.  &  l'an  i /31.  ils  en  démolirent 
le  Château ,  bâti  fur  le  bord  du  Lac  ^  qui  paffoit  pour 
le  plus  fort  de  la  Lombardie  ,  après  celui  de  Milan. 
Ils  en  font  encore  les  Maîtres  c^  du  Bailliage  qui  eri 
dépend  ,  Se  qui  renferme  les  vallées  de  Centum-Valli, 
d'OIIernon  &   de  Verzafca,  pays  fort  fertile.   On 
l'appelle  Bailliage  de  Locarno  ,  en  Latin  Locarnenfis 
Pr^eclura.  Le  Bailli ,  qui  eft  envoyé  par  chacun  des 
douze  Cantons  alternativement ,  fait  fa  réfidence  à 
Locarno  ,  dans  le  Palais  des  anciens  Comtes  de  Ruf- 
que.  Maty.  Long.  26.  d.  16'.  lat.  46  d.  G'. 
LOCATAIRE,  f  m.  Se  f.  Celui  qui  prend  une  portion 
de  maifon  ,  ou  une  mailon  entière  à  loyer  ,  3  bail. 
Conduclor,  locator.  On  appelle,  '^nn.ciçaX locataire ^ 
celui  qui  loue  toute  la  maifon.  Se  en  reloue  les  ap- 
partemens  Se  les  chambres  à  d'autres  particuliers.  Les 
principaux  locataires  font  tenus  des  charges  de  ville , 
défaire  les  deniers  bons  aux  maîtres.  Il  y  a  plufieurs 
ménages  ,  plufieurs  locataires  en  cette  maifon.  Les 
grains  &  les  meubles  d'un  locataire  répondent  pour 
payer  le  falaire  des  moifFonncurs,  Se  le  loyer  de  la 
maifon. 

On  dit  par  manière  de  proverbe ,  un  locataire 
doit  être  tenu  clos  &  couvert;  cela  fignifie  qu'ondoie 
lui  louer  une  maifon  en  bon  état. 
Ip- LOCATAIRE,  FERMIER.  Le  premier  fe  dit  de 
celui  qui  tient  à  louage  une  maifon  ou  une  portion  de 
maifon.  Le  fécond  de  celui  qui  prend  à  loyer  une  fer- 
me ,  un  héritage.  Dans  les  baux  ils  font  défignés  l'un 
&  l'autre  par  le  terme  de  Preneur. 
LOCATE.  Â^ay^i;  Leucate. 

LOCATI.  1.  m.  Terme  populaire ,  pour  fignifier  un 
carofle  de  louage.  Rheda  conduclitia.  Prenons  un 
locati.  Quelques  uns  prononcent  locatis.  On  le  dit 
plus  communément  d'un  cheval  de  louage. 
LOCATION,  f  f.  Terme  de  Jurifprudence.  Action 
par  laquelle  on  donne  à  ferme.  Locatio.  Le  Titre  II. 
du  XIX*'.  Livre  du  Digefte  ,  eft  de  la  location  Se  con- 
duâion.  La  location  Se  condudlion  font  des  termes 
relatifs  ,  dont  le  premier  convient  à  celui  qui  donne 
fon  héritage  à  ferme  j  &  le  fécond  à  celui  qui  prend 
à  loyer.  La  location  tacite  fe  fait  lorlque  le  locataire 
demeure  après  le  temps  du  bail  expiré;  elle  eft  préfu- 
mée  faite  encore  pour  un  an  aux  mêmes  conditions. 
Ce  mot  n'efl  en  utage  qu'au  Palais. 
LOCATIVE.  adj.  f.  Se  dit  en  cette  phrafe.  Réparations 
locatives.  Un  propriétaire  eft  tenu  par  le  bail  d'en- 
tretenir la  mailon  de  toutes  réparations  locatives 
Se  nécellaires  pour  la  rendre  logeable.  Voyez  Ré- 
parations. 
LOCAYE.  f  f.  Nom  de  femme.  Leocadia.  Le  nom  de 
Sainte  Léocadie  ,  que  nous  appelions  vulgairement 
Sainte  Locaye  ,  eft^  fort  célèbre  par  toute  l'Efpagne, 
Se  fon  culte  s'eft  étendu  en  beaucoup  d'endroits  de 
la  France  ,  Se  en  Italie.  Baillet  ,  au  p.  de  Décem- 


5S4  L  O  C 

bre.  Sainte  Locaye  étoit  de  To! -de  ;  c'.le  fouffm  le  t 
mai-cyre  l'an  504  de  J.  C.  par  ordre  de  Dacien,  Gou- 
verneur de  rEfpagnc  Tarragonnoile ,  &  lous  x  Empuc 
de  Dioclétien. 
I  OC-DIEU.  Nom  d'une  Abbaye  de  France.  Locus- 

'  Dci  Ellceftcn  Picardie,  enclavée  dans  le  Marquil.u 
deGamache,  &  fituée  dans  le  terrkou-e  du  vilLige 
de  Beauchamp.  Elle  eft  de  l'Ordre  de  Citeaux  Elle 
fut  fondée  en  1191  >  P-^"-'  Bernard,  Seigneur  de  S. 
Valéry,  avec  le  confentemcnt  de  Thomas  ion  hls,  \: 
d'Enore  fa  femme.  Cette  fondation  fucconhnnet  par 
Guillaume,  Archevêque  de  Rheims.  &  Tlubauld 
Evêque  d'Amiens,  l'an  1195-  Quelques  Auteurs  di- 
fent  qu'Adémar  ,  Évéque  de  Rhodes  ,  vei-s  l'an  1 1 3  ;. 
donna  des  biens  conlidérablcs  pour  la  fondation  de 
l'Abbaye  de  Loc-Dieu,  qu'elle  etoit  hlle  de  Dalo- 
nes  &  qu'elle  fut  réunie  avec  elle  à  l'Ordre  de  Ci- 
reaux.  MM.  De  Sainte  Marthe,  Davity  ,  &  M.  Cor- 
neille ,  difent  iieu-^ie"- 

LOCH.  f.  m.  Terme  de  Manne.  Voyei  LocK. 

Loch  Nom  d'un  ancien  droit.  Loch  cabaliis.  Voyez 
\r0.  ieBm.  T,  II. p.  73-  Lobinhau,  GloQ. 

LOCi^ABYR.  Voyei  LoquabyR.  ^ 

LOCHE,  f.  f.  Petit  poilfon  de  la  taille  d  un  eperlan , 
qu'on  trouve  dans  les  petites  rivières ,  qui  le  darde  avec 
une  grande  vicacité.  C'eft  un  poillon  allez  tendre  & 
alTez  fain.  Apaa ,  cohues.  Les  Anglois  appellent  ce 
même  poilTon  loch  ,  les  Allemands  lock  ,  les  Efpa- 
<mols  loxa  ,  &  les  Italiens  lochia.  Ménage. 

LOCHEM.  Nom  d'une  petite  ville  des  Provinces-Unies. 
Lochemum.  Elle  eft  fur  la  rivière  de  Berckal ,  dans 
le  Comté  de  Zutphen  ,  en  Gueldre^  à  deux  lieues  de 
la  ville  de  Zutphen.  Nous  la  prîmes  l'an  1671, 
&  nous  l'abandonnâmes  en  1674.  Long.  25.  d.  ;8  . 

lat.  ji.  d.  15'.  ■  r     -c  ■  c  ■   i 

-LQCHER.  V.  n.  Vieux  mot  qui  lignihoit  autretoisi!>rj«- 
Ur  FacïUarc.W  s'eft  dit  pour  Eflocher ,  à'Exlocare  , 
ioco  movere.  De  Lochcr  on  a  fait  Hoc/W  dans  le 
même  feus.  M.  Huet  ,  Dijfen.  rcc.  par  M.  L  Ahhi  de 

Tilladet.  ,,,,,•  1 

Il  ne  fe  dit  plus  qu'en  Marechallene  ,  en  parlant 
d'un  fer  à  cheval  qui  branle  ,  8c  qui  eft  prêt  à  fe  dé- 
ta'-hertout  à-fait.  Regardez  aux  pieds  de  ce  cheval, 
i'entens  un  fer  qui  loche.  De-là  vient  cette  phrale 
proverbiale ,  il  y  ^  toujours  en  fon  fait  quelque  fer 
qui  loche  ,  pour  dire  ,  quelque  choie  qui  va  mal  en 
fon  corps ,  ou  en  (3.  fortune. 

Une  file  toujours  a  quelque  fer  qui  loche. 

Regnard,  Com.  du  Bal. 


On  dit  encore  en  quelques  Provinces,  lochcr  un 
arbre,  c'eft-à-dire  le  fecouer  pour  en  faire  tom- 
ber le  fruit.  MÉNAGE.  Alors  il  eft  aftif 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  loche ,  à  caule 
du  prompt  mouvement  de  ce  poilfon. 

LOCHES.  Nom  propre  d'une  petite  ville  de  la  Tou- 
raiue  Province  de  France.  Lucca  ,  Locis  ,  Luccx  , 
Lachia  ,  Locu  ,  Caflrum  Lucaccnfe.  Elle  dl  déten- 
due par  une  citadelle  ,  &  lituée  lut  l'Indre  ,  a  lept 
lieues  d'Amboifc  ,  du  côté  du  midi.  Hadr.  Val.  Not. 
Gall.  p.  2SS.  Maty. 

LOCHET  de  Flandre  ,  f.  m.  Sorte  de  bêche ,  dont 
la  partie  plate  eft  plus  alongée  que  dans  les  bê- 
ches ordinaires.  Cet  outil  eft   turtout  à  l'ufage  des 

Mineurs-  . 

a^-LOCHI.  Ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchucn,  au  département  de  Tungchuen ,  pre- 
mière grande  cité  de  cette  piovince. 

LOCHIES,  f.  f.  pi.  Terme  de  Médecine.  Evacuation 
qu'ont  les  femmes  immédiatement  après  l'accouche- 
ment. On  les  appelle  autrement  Fuidunges.   Foyei 

ce  mot.  ,        I        r. 

Les  Grecs  ayant  employé  ce  mot  daii';  leur  Para- 
clétique,  on  leur  a  imputé  d'avoir  voulu  dire  que 
la  Vierge  avoir  enfanté  avec  douleur  ,  &  avec  les  au 
très  infirmités  des  femmes  ;  parce  que  ce  terme  ligni- 
fie proprcme;it  un  accouchement  douloureux  :  mais 
LéoAllatius,  qui  d'ailleurs  ne  leur  pardonne  rien. 


L  O  C 

fait  voir  que  c'eft  une  chicane  qu'on  leur  fait  mal  à 
propos  fur  un  mot ,  puifque  le  même  Paraclécique 
marque  cxprclTcment  que  la  Vierge  a  enfanté  J.  C. 
lans  aucune   douleur. 

Le   mot  de  lochies  eft  Grec  ,  /»/.^'«  ,  parcus  ,  puer- 
perïum. 
LOCHING.  Il  y  a  deux  villes  de  la  Chine  de  ce  nom, 
l'une  dans  la  Province  de  Péking,  gîTau  départe- 
ment de  Chinting  ,   quatrième  Métropole  de  cette 
Province;  l'autre  dans  la  province  de  Quanfi  ,  au 
département  de   Licuchen  ,  féconde    Métropole  de 
cette  Province. 
LOCHTA.  Nom  d'un  bon  bourg  de  la  Suéde.  Lochta. 
Il  eft  dans  la  Cajane  ,  en  Finlande,  fur  le  bord  du 
golfe  de  Bothnie,  environ  à  vingt-trois  lieues  de  la 
petite  ville  d'Oulo  ,  ducêité  du  midi.  Maty. 
^  LOCHUEN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine  ,  dans 

le  Quangfi  ,   au  département  de  Guchen. 
grJ-LOCING.  Ville  de  la  Province  de  Chekiang,  dé- 
partement de'Vencheu. 
LOCKIREC,  Locus  Varcoi.  Ce  nom  eft  venu  de  celui 
de  Saint  Gucrec:  ^o\x'i:  Loc  Guérec  on  a  dit  Locki-- 
rec,  qui  eft  le  lieu  ou  Saint  Guérec  ,  difciple  de  S. 
Tugal  de  Tréguier  ,  avoir  commencé  un  Monaftcrc , 
(^-  ou ,  après  fa  mort  ,  fon  corps  fut  porté  de  Laudcr- 
noc  ,  au  Diocèfe  de  Léon  ,  où  il  étoit  mort.  Cette 
Églite  de   Lochirec  eft  en  Bretagne  ,  à  l'embouchu- 
re du  Menou,   près  le  Havre    de  Toullarkyry  ,  à 
une  lieue  deKerfeuntun.  Chastelain  , /Jitrrjr.  //> 
Fév.p.  66 S. 
LOCMAN.  Terme  de  Marine.  Foye\  Lamaneur. 
LOCOMOTRICE,  adj.  f.  Terme  de  Philolophie,  qui 
fe  dit  en  cette  phrafe:  on  attribue  à  l'ameunc  tacuke 
locomotrice  ,  pour  tranfporter  le  corps  d'un  heu  a  un 
autre.  Locomotrix.  Ce  mot    ferok  allez  commode  i 
mais  il  n'eft  pas  ufité. 
LOCQUETS.  f.  m.  pL  Terme  dont  on  fe  ferten  Nor- 
mandie ,  aux  environs  de  Rouen  &  dans  le  pays  de 
Caux  ,  pour  lignifier  la  laine  que  l'on  coupe  de  dellus 
lescuiilcs  des  bêtes  à  laine.  Elle  eft  la  moins  eftimee 
de  toutes. 
LOCRE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple.  Locrus ,  a.   Il  y 
avoit  anciennement  trois  peuples  de  ce  nomdansl'A- 
chaïe.  Les  Locres  Ozolans  étoient  auprès  du  golfe  de 
Patras,  &  celui  de Lépante,  entre  l'Etolie,  laDoride 
,Sc  la  ?\-\oddz;Naupaclus ,  aujourd'hui  Lépante ,  étoit 
leur  ville  capitale.  Les  Locres  Opuntiens  &  les  Epic- 
némédiens  étoient  le  long  du  golfe  de  Négrepontj 
entre  la  Thell'alie  ,  la  Phocide  &  la  Bœotic.  Ils  pre- 
noient  la  ditïerence  de  leurs  noms  de  yiUes  d'Opus 
&  de  Cncmis ,  dont  la  première  ne  lubiifte  plus, 
à  moins  que   ce  ne  foit  Talandi  ,  comme  le  croit 
le  Chevalier  Whéler  ;   l'autre  porte    le  nom  d'E- 

réria.  ,.      ^ 

Il  y  avoit  aulfi  une  ville  de  Locres  en  Italie.  Foy. 

GlRACE.  ,  ^ 

LOCRENAN.  f.  m.  Nom  que  l'on  donne  a  une  lortc 
de  grollè  toile  de  chanvre  écru,  qui  tire  Ion  nom 
du  lieu  où  elle  fe  frbriquc  en  Bafte-Brctagnc ,  appelé 
Loc  Renan.  Foye^  Loc. 

LOCRIDA.  royt-jOcRiDA. 

LOCULES.  f.  m.  pi.  Mot  forge  du  Latin  locuh  ,  orum^ 
Bourfe    cofre  à  mettre  de  l'argent.  Il  eft  dans  Coc- 


grave. 

Il  devint  riche  ^   &  fit  de   beaux  fi atuts 
Pour  gouverner  les  tréfiors  de  Plutus  ; 
les  divifiant  en  deux  portïoncules ,  ■        ^ 

Dont  la  première  entroit  dans /es  locules. 
Et  le  refiant  s' adminifiroit  fi  bien  , 
Qu'en  fin  de  compte  on  ne  trouvoit  plus  rien. 
Rousseau,    Allégorie    F.    intitulée  ,  'hlid:is ,  p- 
102.  du  2.  T.del'edit.  d'Amfi.  1726. 

LOCUMBA.   Petite  ville   du  Pérou  ,  à  dix  ou  douze 

lieues  du  port  d'Ylo.  Locumha.  Le  vin  de  Locumhatii 

un  des  meilleurs  du  Pérou. 

LOCUSTE.  Foyei  Sauterelle.  _ 

LOCUTION,  f.  f.  Parole  qui  fak  partie  d  un  dilcouis, 

expreliion 


L  O  D 

gCTexprelIionj  façon  de  parler.  Bonne  ou  maiivaifc /o 
cuùon.  Locution  propre ,  impropre.  Ce  terme  eft  corn  - 
munément  employé  dans  le  Di.la:tique.  Locuùo.  \Jn 
Orateur  ne  le  doit  fervir  que  de  locutions  propres , 
naturelles  ,  ligniHcatives ,  6c  en  ufage;  il  doirs'ablle- 
.  nir  des  vieilles  ,  des  barbares  locutions  ,  îkc.  Locution 
pUhés  :  Balzac  s'eil  lervi  de  cette  exprelFion  pour  li 
gniher  une  hiçon  de  parler  ,  qui  n'ell  en  ulagc  que 
parmi  le  petit  peuple.  Locutio  Plcbcïa  ,J'(:nno  Plc- 
hecus.  3Sf  Perlonne  ne  l'a  dit  après  lui.  Cela  pour 
roic   tout   au  plus  palier  dans  le    ftylc   Marotique. 
On  doit  dire   une  locution  balle ,  triviale  ,   popu- 
laire. 
LOCUTIUS.  r.  m.  Terme  de  Mythologie.   Nom  pro- 
pre d'un  dieu  du  Paganilme.  Locutius.  On  le  nom- 
I  moit  aulli  Aius.  Les  Romains  firent  le  dieu  Locu- 
■  tius  ,  à  l'occalion  d  une  voix  qu'on  entendit ,  diloicnt 
,  ils  ,  à  R  omc ,  quelque  temps  avant  que  les  Gaulois  ar- 
rivalient  pour  s'en  rendre  maîtres.  Cette  voix  ordon 
noit  aux  Romains  d'avertir  les  Magiltrats  que  l'enne 
mi  approchoit.  On  ne  douta  point  que  te  ne  tût  la 
voix  d'un  dieu  ,  &  on  le  nomma  Aius ,  du  verbe  aio  , 
je  dis  j    ou  Locutius  ,    du  verbe  loquor ,  je  parle. 
Arnobe  en  parle  dans  (on  premier  Livre,  Tite-Live , 
L.  V.  c.   fO.  joint  les  deux  noms,  &  l'appelle  Aius 
Locutius.  Il  dit  qu'on  lui  bâtit  un  temple  dans  la  rue 
neuve  j  après  que  les  Gaulois  eurent  été  repoulIés.Un 
morceau  de  'Varron  ,  rapporté   par  Aulu-Gelle  ,  L. 
Xri.  c.  /7.  dit  qu'on  lui  érigea  un  autel  au  bas  delà 
rue  neuve,  parce  que  c'étoit  l'endroit  où  la  voix 
avoir  été  entendue.  Il  fubliltoit  encore  de  (on  temps. 
La  voix  du  prétendu  Zocu/iz^^étoit  .apparemment  celle 
du  premier  des  citoyens  qui  s'apperçut  de  l'eqtrée  des 
ennemis. 

L  O  D.  • 

LOD.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte.  Lod.  Elle  fut 
bâtie  par  Samad ,  qui  étoit  de  la  Tribu  de  Benjamin , 
d'où  Adrichomius  conclut  qu'elle  étoit  dans   cette 
Tribu  ;  mais  il  la  place  lur  le  bord  du  Jourdain  : 
on  n'en  voit    pas  la  raifon.    P.    Lubin.    Voye-^    L. 
Paml.  FUI.  /1.  félon  M.  Reland  ^  c'eft  la  ville  de 
Lydde. 
LODABAR  ,  ou  LODEBAR.  Nom  d'une  ville  de  la 
Terre- Saiute.  Lodcibar ,  Lodebar.  Selon  le  P.  Lubm, 
c'étoit  un  lieu  ,   ou  un  village ,  peut  être  une  ville. 
Selon  M.  Reland  ,  c'étoit  une  ville.  Elle  étoit  au  de 
là  du  Jourdain,  comme  on  l'infère  du  fécond  Livre 
des  Rois ,  IX.  4.  s.  &  XFII.  zj.  Le  P.  Lubin  la 
metalTez  vraikmblablement  dans  la  Tribu  de  Gad. 
M.  Reland  ne  dit  rien  de  fa  lîtuation  ,  T.  II.  p.  S/  j. 
mais  il  croit  que  ce  pourroit  être  la  même  que  la 
Vulgate  appelle  Dahir,  Jof.  XIIL.  26.  &c  le  texte 
Hébreu  Lidbir.  Il  fuppofeque  Saint  Jérôme  s'eft  trom- 
pé en  prenant  c€  7  lamed ,   po\ji  une  prépohtion  : 
il  le  falloit  prouver. 
LODADID.  Nom  de  lieu.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Ef- 
dras  j  L.  L.  c.  2.  v,  jj.  La  Vulgate  en  fait  deux  noms 
&:  deux  villes.  Lod^Adid.  Les  Septante,  tels  au  moins 
que  nous  les  avons  ,  n'en  font  qu'un  nom  ,  Lodadi  ; 
Se  Efdras,  L.  II.  C.   VII.  v.  j/.  Lodadid.  Ce  lieu 
étoit  dans  la  Tribu  de  Benjamin. 
LODÉ ,  ÉE ,  adj.  Qui  a  été  mouillé  ,  inondé.  Du  Latin 
lotus.  Foin  Iodé  ,  prés  Iodés  ,  c'eft-à-dire  ,  gâtés  par 
quelque  débordement  d'eau  qui  y  a  laillé  de  la  lange. 
C'eft  un  mot  de  Province. 
LODÉGA  y  Lac.  Voyc\  Ladoga. 
LODÉSAN.  Contrée  du  Duché  de  Milan  ,  en  Italie. 
Laudenjis  ager.  Elle  eil  entre  le  Pavéfan  ,  le  Mila- 
nois  propre,  le  Crémalc  ,  le  Créraonois  &  le  Plai- 
fantin.   Les  fromages  du  Zoi/eyâ/z  font  forteftimés, 
&:  fes  lieux  principaux  iont  Lodi  ,  capitale  ,  &:  Co 
dogno.  C'eft  de  Lodi  que  ce  pays  prend  le  nom  de 
Lodéfan. 
LODÉVE.  Luteva,  Leotera  ,  Leutera  ,  Forum  Ncronis , 
Civitas  Leoterenfium.  'Ville  de  France   dans  le  Bas- 
Languedoc  ,  fur  la  petite  rivière  de  Lerguej  à  douze 
lieues  de  Montpellier,  vers  le  couchant  feptentrional. 
Elis  a  un  Évcché  fuffraganc  de  Narbonne.  Habitant 
Tome  V, 


LOD         y8y 

de  Lodéye^  Foroncronicnfis  ,  Leutcranus  ,  Leotera- 
nus,  LeiMrenfis.   On  trouve  TLWiW  Lutuba  ,  Loteba , 
Loteva  ,  Lodeva ,  Lodcve ,  &  Lutubenfis  ,  ou  Lotoben- 
Jis  ,  Lotavcnfis  ,  Lutovenjîs  ,  Lodavenjis ,  qui  eft  de 
Lodéve.  Celt  Je.ui  XXII.  qui  lan  1316.  érigea  io- 
deve,  en  Evêché.   Le  Dioceic  de  lodévs  comprend 
t;ierniont  de  Lodéve,  Monrpeyroux  ,  Celles,  Lcs- 
Ribes  ,    la   Vaccaiie  ,    Saumont  ,  Lou  Puech-d  Au~ 
baigne ,  Saint  Martin  de    Combes  ,  Saint  Martin 
de    Caltrcs  ,    tic     la   Gurigue.    Madr.   Valef    Not. 
Call.  p.  274,  2JS-  Voyc/cfur  cette  ville,  Catel^ 
Uijl.  de  Languedoc,  L.  II.  c.  ^.p.Zffû.&fuLv.Lon^. 
II.  d.  lar  4j.  d.  47'. 
LODI.  Ville  capitale  du  Lodcfm ,  contrée  du  Duché 
de  Milan.  Laits  Pompeia  nova.  Elle  Cil:  ailè/i  ;<rj.iide  , 
Epi fcopalcj  fortifiée  ,  <Sc  iituée  fur  l'Adda  ,  environ 
à  lept  heucs^  de  Milan  ,   dont  elle   eft  fufragante. 
Lodi  a  été  bâtie  Tan  iijSj  par  l'Empereur  Frédéric 
BarberouHe  ,  des   ruines  de  l'ancienne  Laus  Pom- 
peia ,  que  les  habitans  de  Milan  avoieiit  ruinée  ,  ik 
qui  n'eit  plus  qu'un  village  que  l'on  nomme  Lodi- 
VecliLo  ,  ou  Lodive  ,  lîtué  à  deux   lieues  de  Lodi , 
vers  le  couchant.  Maty.  Grégoire  IX.  fupprima  l'É- 
vcché  de  Lodx  en  1142.  pour  punir  cette  ville  d'a- 
voir commis  de  grands  excès  contre  des  Eccléfiafti- 
ques  (Si    des  Religieux.  Innocent  IV.  le  rétablit  en 
I2J2.    Lodi  eft   ainfi    nommé  du  mot  Italien  qui 
iignifie  Aiz/a«^e  ,  qui  n'exprime  qu'une  partie  defon 
véritable  nom.  Elle  s'appeloit  Louange  de  Pompée, 
Laus  Pompai ,  parce  que  Pompée  Strabon  ,  père  de 
Pompée  le  Gr.ind,  y    avoir  amené   une   Colonie j 
mais  elle  doit  £a  fondation  aux  Bo'iens  ,  peuple  Gau- 
lois. Il  y  a  en  Latin  une  Hiftoire  de  Lodi,  Rerum 
Laudenjium,^  compofé  par  Othon  &  Acerbo  Moré- 
na.  Félix  Olîo  l'a  donné  au  public ,  &  M.  de  Leib- 
nitz  l'a  fait   eniLer  dans  Ion  Recueil  des  Ecrivains 
de  Brunfwic.  On  en  a  trouvé  à  Milan  un  m.anufcri: 
tort  diAérent  de  l'imprimé.  Long.  17.  d.   i'.  la:  4?. 
d.  18'. 
LOEÏÏER  ,  ou  LOUDIER.  f  m.  Lodix.  Terme  de  Com- 
1      mercc.  Grollc  couverture  de  lit,  piquée  Se  gamiede 
I      bourre,  ou  de  laine  ,  entre  deux  toiles. 
U-^  L'Académie  dit  loiicr  qui  paroit  le  plus  ufité.  Ce 
mot_  vient  de  Lodix.  Du  Cange  dit  qu'on  l'a  appelé 
aulîi  Lutherium. 
LODRINO.  Le  golfe  à^Lodrino.  Les  Cartes  Marines  de 
Michelot,  de  Térin  Ôc  de  Berthelot  difent  Lodrin.  Du 
Loir  dit  Loudr'in. 
LODRONE,  LONDRONE.  Bourg,  ou  petite  ville  de 
l'Évêché  de  Trente  ^  en  Italie.  Lodronium ,  Londro- 
nium.  Ce  lieu  eft  fitué  fur    le  petit  lac  de  l'Idro  , 
à  l'endroit  où    il   reçoit  la  rivière  de  Chicfe  ,  Se  à 
la  frontière  du  Brellàn  ,  contrée  de  l'Etat  de  Venife. 
Maty. 
LODS.  I.  m.  Vieux  mot.  Approbation,  agrément. ^^p- 
probatio ,  confenfus  ,  vo.witas.  La  Chronique  de  Saint 
iOenis  :  Ils  y  entrèrent  fans    fon  lods ,  Se  fans  fjn 
gré.  Lequel    mot  eft  encore  demeuré  pour  fignifier 
Tapprobition  du  Seigneur  pour  la  vente  des  terres  de 
fon  Vaifal ,  que  nous  appelons  communément  lods 
Se  ventes.   Foyei  le  Traité  de  Franc-aleu  du  Sieur 
Galland,  c.  6.  Du  Cange  ,  GlojJ]  de  FUlekard.  Dans 
les  Etats  du  Dauphin ,  c'étoit  le  Baile  qui  recevoir  les 
lods  ,  les  amendes,  &  les  autres  droits  cafueli.  Foy, 
M.  le  Préildent  de  Valb.  Mém.  pourl'Hifi.  du  Dau- 
phiné ,    c.  7.   &  Chorier,  Hi.jL   du  Dauphiné ,  c. 
1 1 .  p.  24.  Ce  dernier  Auteur  écrit  Laods. 
Lods.  1.  m.  pi.  On  écrivoit  autrefois  Laods  ,  Se  préfen- 
tementplufieurs  écrivent  lots  Se  wemcs;  mais  il  f\uc 
écùis  lods  ,  luivant  l'étimologie.  Foye^LotK  ,  plus 
bas.  Terme  de  Jurilprudense  féodale.  Laudimia  , lau- 
des ,  laudationss.  C'eft  un  droit  en  argent  que  doit 
un  héritage  au  Seigneur  dont  il  relève  immedi.rte- 
ment,  quand  on  en  fait  la  vente  j  en  contîdération 
de  la  permiilion  qu'il  eft-  préfume  donner  au  'Vailal 
pour  ,^Péncr  fon  héritage.  Jus  rats,  emptionis.  On 
doit  auflî  les  ventes  ,  quoique  ces  termes  ne  I'oi;nt 
pas  tvnoninics  dans  quelques  Coutumes.  En  vertu 
de  l'Edif  de  1673  ,  Se  d'un  aucie  de  1674.  on  doit 

Eeee 


jS^  L  G  E 

maintenant  des  tods  &  ventes  pour  1  eckinge  d'un 
fonds  contre  des  rentes  conilituéfs  à  prix  d'argent , 
ou  d'échange  général ,  qui.  ne  fe  payoient  autrefois 
qu'en  cas  de  vente  réelle,  &  en  deniers  comptans. 
Le  droit  de  /oc/j  eil  de  vingt  deniers  pour  livre  en  la 
Coutume  de  Paris ,  c'eO:  à-dirc ,  le  douzième  ;  en 
d'autres  plus ,  en  d'autres  moins.  En  quelques  lieux 
on  ne  paye  que  des  mi-lods.  Les  Fermiers  compo- 
fent  ordinairement  des  lods  èc  ventes.  A  Paris  l'a- 
cheteur doit  les  lods.  En  la  Coutume  de  Meaux  c'eft 
le  vendeur  ,  s'il  n'a  ftipulé  les  deniers  francs.  A 
Troyes  ils  fe  payent  par  égales  portions  :  l'acheteur 
paye  les  lods ,  &:  le  vendeur  les  ventes.  Pithou  dit ,  que 
la  Coutumes  de  Troyes  a  fixé  les  droits  de  lods  Se 
ventes  à  trois  fous  quatre  deniers  pour  livre ,  qui  font 
quarante  deniers  ,  parce  que  ,  dit  il  XcfoUdus  Galli- 
cus  erat  40  dcnanorum.  Les  lods  Se  ventes  lont  dus 
par  un  adjudicataire  par  décret,  quoiqu'il  y  ait  ap- 
pel interjette  de  cette  adjudication ,  lauf  à  les  répéter , 
Il  elle  eft  infirmée.  Les  lods  &  ventes  lont  dus  dou- 
bles dans  les  Châtcllenicsde  Corbeil  &  de  Tournant. 
Les  lods  &  ventes  ne  lont  point  dûs  d'un  contrat  de 
vente  d'un  héritage  ,  dans  lequel  le  vendeur  eft  rentré 
faute  de  paiement.  Les  lods  &  ventes  ne  font  point 
dûs  des  ventes  forcées  faites  en  Juftice  par  décret , 
dans  le  Beaujolois.  Lods  8c  ventes  ne  font  point  dûs 
(ur  les  fiefs  en  Bourgogne.  Lods  Se  ventes  ne  font  point 
dûs,  dans  les  domaines  de  la  Couronne ,  par  les 
Chevaliers  du  Saint-Elprit,  les  Maîtres  des  Reciuêtes, 
les  Maures  des  Comptes ,  les  Secrétaires  du  Roi  _,  ni 
leurs  veuves. 

Ce  mot  vient  du  Latin  laudimia ,  à  caufe  qu'en 
payant  ce  droit,  le  Seigneur  approiivoit  le  contrat, 
&  l'enfaidnoit.  Loyfeau  dit  qu'il  vient  de  lod ,  ou 
lodis  ventes;  c'eft  à  dire  ,  le  lot  Se  la  portion  du 
Seigneur  lur  le  prix  de  la  vente  ;  Se  que  c'eft-là  fa 
vraie  étymologie  ,  fans  l'aller  chercher  chez  les  Ro- 
mains ,  auxquels  ce  droit  étoit  inconnu. 

L  O  E. 


LOÉE.   f.  f.   'Vieux    mot,   qui  fignifie  lieue.  Leuca; 

a. 

D'une  loée  les  peut-on  bien  o'ir.  R.  de  Garin. 


kuga. 


N'ejl  loin  d'ilefques  que  de  demiloée.  Id. 

LOÉMIEN.  f  ou  adj.  m.  Surnom  que  les  Lydiens  don- 
noient  à   Apollon  ,  parce  qu'il  guérilloit  de  la  pcfte. 
Loemius. 
Ce  mot  vient  de  ''if-'^  ,pcjie. 

LOER.  V.  a.  "Vieux  mot  qu'on  a  écrit  &  prononcé  de- 
puis louer ,  dans  la  balle  Latinité  laudare.  Ce  mot 
autrefois  vouloir  dire  ,  confeïller ,  approuver  ,  agréer. 
Probare  ,  confentire  ,  authorem  e]]e.  Sire  ,  nos  vos 
loons  que  vos  le  pregniez  ,  Se  li  le  vos  prioiis.  "Vil- 
LEHARD.  Et  pour  ce  louoit'On  qu'on  tint  le  Roi 
d'Angleterre.  Chron.  de  Flandres. 

Et   loa  qu'il  tenoit  Juftice 

Seut  bas  &  haut ,  &  pauvre  &  rice. 

MOUSKES. 

De-là  le  mot  hds ,  pour  agrément.  Du  Cange. 
Glof.  de  Villehard. 

LOERRE.  f.  m.  Vieux  mot,  qui  fe  trouve  dans  les 
Chartres;  il  fignifie  leurre,  dans  la  balle  Latinité, 
lorra.  Ce  leurre  appelé  loerre  dans  les  Chartres ,  fe 
prend  en  particulier  pour  un  appât  avec  lequel  on 
prend  du  pollfon  en  l'engourdillant ,  l'enivrant.  Ci 
bus  medicatus. 

LOET.  Le  Loet.  Nom  d'une  petite  rivière  de  France. 
Loa.  Elle  coule  dans  la  Beauce ,  &  fe  décharge  dans  la 
Juiiie  ,  à  Etampes.  Elle  n'eft  remarquable  que  par  la 
bataille  qui  s'y  donna  entre  Cloraire  &iphéodoric  , 
Rois  de  France.  Maty 

LOEUVE.  Nom  du  pays  qui  eft  aux  environs  du  Lys , 
rivière  des  Pays  Bas,  Loccicus  ,ou  Letigus  ,  ou  £.c- 


LOF 

tienfis ,  Se  Legienfis  pagus.  Les  Allemands  difent 
Lijlraugangius.  Hadr.  VA.  Not.  Gai.  p.  160. 
LOEWENSl  EIN.  Qu'on  prononce  Louweinflein  ,  en 
Latin  Lovenftenium.'Qon  îott  avec  un  beau  château, 
qui  fert  ordinairement  de  prilon  aux  prifonniers 
d'Etat.  Il  eft  dans  l'Ile  de  Bomel  ,  contrée  de  k 
Hollande  méridionale  au  contluent  du  Wahal  &  de 
la  Meufe  ,  un  peu  au-dellus  des  villes  de  Gorcum 
&  de  Worcum.  Quelques  Géographes  cftiment  que 
Lowenftein  eft  le  lieu  où  étoit  anciennement  le  village 
appelé  Levx  Fanum ,  que  d'autres  placent  à  Lewen  , 
village  de  laGucldre  ,  iituéfur  le  bord  méridional  du 
Wahal  j  environ  à  deux  licucs  au-delîus  de  Tiel. 
Maty.  f^oy.  Levé.  J 

Comté  de  Loeweinstein  ,en  Latin  Lovenftenienfis 
Comitatus.  Petit  pays  du  Cercle  de  la  Franconie.  Il 
eft  enclavé  dans  celui  de  la  Souabe  ,  à  l^i  rélcrve  d'un  . 
petit  endroit,  qui  confine  vers  le  nord  avec  le  Comté  1 
d'Holach  ,  en  Franconie.  Ce  Comté  ,  long  environ 
de  quatre  lieues.  Se  large  de  deux  ,  n'a  que  des  bourgs 
&  des  villages  ,  avec  le  château  de  Loeweinflein  qui 
lui  donne  le  nom.  Ses  Comtes  lont  delcendus  des 
Comtes  Palatins  du  Rhin.  La  Mailon  de  Loeweinf- 
tein  eft  divilée  en  plufieuis  branches,  qui  poftédent, 
outre  ce  Comté  ,  celui  de  Wertheim ,  &  la  Seigneu- 
rie de  Breuberg,  en  Franconie;  le  Comté  de  Wir- 
neton  ,  entre  les  Archevêchés  de  Trêves  Se  de  Colo- 
gne ;  celui  de  Rochefort ,  avec  les  Seigneuries  de  . 
Neuf  Château  ,  d'Herbimont,  &  de  Challc-Pierrc, 
dans  le  Duché  de  Luxembourg.   Matv. 

LOF. 

LOF.  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  proprement  la 
partît  du  vailleau  qui  eft  depuis  le  mât ,  jufqu'à  un  de 
les  bords,  ou  la  moitié  duvaifteau  divifépar  une  ligne 
tirée  de  poupe  en  proue.  Intcrcapedo  ab  navls  mal» 
ad  lacus.  Ce  mot  a  différentes  lignifications  ,  luivant  ( 
qu'il  eft  joint  à  d'auttcs.  La  partie  qui  eft  au  vent 
s'appelle  lof.  Quand  on  dit  bouter  de  lof ,  c'eft 
mettre  les  voiles  en  écharpe  pour  prendre  le  vent  de 
côté;  c'eft  la  même  chofe  qu'a/Zerà  la  bouline.  Être 
auloj,  lignifie  être  lur  le  vent,  fe  maintenir  lur  le 
vent ,  garder  le  vent.  Tenir  le  lof,  c'eft  ferrer  le 
\em,  prendre  le  vent  de  côté.  On  dit.  Au  /o/,  lorf- 
qu'on  commande  d'aller  au  plus  près  du  vent.  Sur  la 
mer  de  levant  on  dit ,  être  au  /o/,  quand  on  parle  du 
côté  du  vailfeau  qui  eft  vers  la  meri  6e  être  à  rive, 
quand  on  eft  à  celui  qui  regarde  la  terre.  Lof  a.u  lof, 
eft  un  commandement  qui  le  fait  lur  mer ,  pour  faire 
mettre  le  gouvernail  de  telle  lorte  qu'il  fille  venir  le 
vailleau  vers  le  lofj  c'eft- à-dire,  vers  le  vent.  Lof 
pour  lof,  autre  commandement,  pour  virer  vent 
arrière  ,  en  mettant  au  vent  iln  côté  du  vailfeau  pour 
l'autre. 

Lof  ,  lignifie  aulli  le  point  d'une  balle  voile  qui  eft  vers 
le  vent.  Lever  le  grand  lof,  c'eft  lever  le  lof  de  k 
grand'voile.  ^C?"  Lever  les  lofs  ,  c'eit  larguer  les  amu- 
res des  ba'ilcs  voiles  quand  on  vire  de  bord,  &  que  le 
vailfeau  eft  vent  dellus  ,  afin  de  les  décharger  plus 
aifément. 

^C?  LOFER.  Venir  .au  vent.  On  dit  en  ce  fens,  fiire 
une  olofée. 

I&LOFNA.  C.  f.  Terme  de  mythologie.  Déefle  des 
anciens  Goths ,  dont  la  fonélion  étoit  de  réconcilier 
les  époux  Se  les  amans  délunis.  Une  pareille  divinité 
auroit  chez  nous  beaucoup  d'occupation. 

LOFUNG.  Ville  de  la  Chine ,  dans  la  Province  de  Jun- 
nan  ,  au  Département  de  Junnan  ,  première  Métro- 
pole de  la  Province. 

L  O  G. 

LOG.  Foye^Locr.. 

LoG.  f  m.  ft3*Nom  d'une- ancienne  mefure  des  liqui-  ; 
des  chez  les  Hébreux,  qui  conrenoit  un  caph  Se  un 
tiers.  Dans  le  Lévitique,  ch.  XI f.  i'  12.  ç^  mot  dé-  [ 
figne  la  melure  d'huile  que  les  Lépreux  porroieni  au  ji 
temple  iprès  kur  ijuériloiî. 


L  O  G 

LOGAN.  Villes  &  fortcrcire  de  la  Chine,  la  piemicre 
ville  dans  1.1  province  de  Kiangfi,  la  féconde  dans  la 
province  de  Xantung,  &  la  foitcrelle  dans  la  Pro- 
vince de  Nankin. 

LOGARIASTE.  C.  m.  Nom  d'Office  dans  l'Empire  de 
Conftantinoplc.  Logariujlcs.  C'ccoit  ce  que  nous  ap- 
pelons Commillaire  dans  nos  Années.  Les  Logariaf- 
tes  faifoicnt  la  revue  des  troupes  ,  comptoient  les 
foldats ,  &  leur  payoïent  leur  iolde,  Foyc^  Bullcn- 
gcrus.  De  Imp.  Rom.  L.  VIII,  c.  /2.  Le  Logariajle 
delà  Flotte,  Logaiiajles  claffis  ;  c'eft  le  Trélbritr  de 
la  Marine. 

LOGARITHME,  f.  m.  Terme  de  Géométrie  &  d'A- 
lithmétique.  Logaritlimus.  Ce  font  des  nombres  pro- 
portionnels qu'on  applique  à  d'autres  nombres  aullî 
proportionnels,  qui  gardent  entr'eux  une  égale  ditté- 
rence ,  (oit  en  croillant ,  (oit  en  diminuant.  Les  loga- 
rithmes (ont  des  nombres  en  progrellion  arithméti- 
que ,  que  l'on  fait  répondre  à  d'autres  nombres  en 
progrellion  géométrique,  dont  ils  (ont  les  Logarith- 
mes. BouGUiER.  Par  exemple,  des  nombres  4,  8  &: 
1 C ,  qui  font  en  proportion  double  ,  les  logarithmes 
feront  5  ,  4  &  5 ,  ou  7 ,  9  &  1 1  ,  qui  croillent  égale- 
ment d'une  ou  de  deux  unités  en  montant ,  ou  bien 
z8  ,  Z4  &  io  ,  qui  décroillent  également  de  4.  C'ell 
une  invention  merveilleule  de  Jean  Néper,  Ecolîois  , 
Baron  de  Marchiftron.  Elle  a  été  enluite  perfedfion- 
née  par  Henri  Briggs  ,  Profelleur  de  Géométrie  à 
Oxford.  Parla,  avec  le  fecours  de  quelques  tables, 
qu'on  prépare  à  cet  effet ,  on  lait  toutes  les  multipli- 
cations 6c  divilions  par  le  moyen  de  l'addition  Se  de 
la  fouftraAion ,  ce  qui  épargne  un  travail  infini,  (ur- 
tout  dans  les  calculs  a(l:ronomiques.  Il  y  a  pluiieurs 
tables  de  logarithmes  d'Adrien  Ulacq,  de  Briggs,  de 
Pitifcus  &  de  Caramuel ,  de  Clavius,  de  Jean-Baptifte 
Morin ,  &c.  Caramuel ,  dans  fon  deuxième  tome 
in-folio  de  (es  Traités  de  Mathématique  ,  explique  au 
long  les  logarithmes  depuis  la  page  /Sj  ,  jufqu'à  la 
page  ^20.  Il  y  met  les  tables  des  Sinus,  Si  toutes  les 
plus  belles  règles  de  la  Logarithmique  ,  de  laquelle  il 
fait  une  des  plus  notables  parties  de  ("es  Traités  de 
Mathématique  ancienne  &  nouvelle  ,  qu'il  traite  en 
quarante  parties  diftérentes.  §3"  Gregori ,  Mercator  , 
Newton,  Halley,  Taylor,  ont  auiîî  donné  diftéren- 
tes méthodes  pour  la  confhruélion  des  tables  des  loga- 
rithmes. 

Les  logarithmes  font  donc  une  fuite  de  nombres 
artificiels  j  inventée  pour  faciliter  les  calculs  trop 
difficiles  Se  trop  longs  ,  &  qui  e(t  en  proportion 
arithmétique,  comme  les  nombres  qui  leur  répon- 
dent font  en  proportion  géométrique.  Par  exemple , 
I  ,  i,  4,  8j  i6j  52,  64,  118,  ijô  ,511.  font 
des  nombres  qui  procèdent  depuis  l'unité  en  pro- 
portion géométrique  continuée.  Que  il  fur  ceux  là 
on  place  un  autre  fuite  de  nombre  qui  commence 
par  o  ,  &  qui  foit  en  proportion  arithmétique  ,  on 
aura , 

o,  1,2,  3,4,  5,  (5,7,  8,  9, 

I  ,  1j4,8,  16,  32,64,  iz8,  2j6  ,;i2, 

'  Et  ainfi  des  autres  nombres  qui  fuivent  jufqu'à  l'in- 
fini. Or  de  ces  deux  (uites  de  nombres ,  c'e(t  celle 
qui  commence  par  o  ,  qui  eft  en  proportion  arith- 
métique ,  qui  s'appelle  Logarithme. 

L'addition  &  la  (oudradiion  des  logarithmes  fc 
fait  à  la  place  de  la  multiplication  6c  de  la  divi- 
lion  des  nombres  qui  leur  répondent,  &  y  (upplée 
d'une  manière  bien  plus  facile  Se  bien  plus  courre. 
Ainfij  (î  j'ai  à  (avoir  quel  fera  le  produit  de  128, 
multiplié  par  4  ;  au  lieu  de  faire  la  multiplitation  , 
je  n'ai  qu'à  prendre  les  logarithmes  de  ces  deux 
nombres ,  Se  en  faire  l'addition  -,  je  trouverai  que 
le  nombre  qui  répondra  au  logarithme  qui  fera  la 
fomme  de  cette  addition  ,  fera  juftemenr  le  produit 
de  la  multiplication  des  deux  premiers  nombres.  Le 
logarithme  de  4  ,  c'eft  2.  Le  logarithme  de  1 28 
c'eft  7;  ajoutez  2  à  7  ,  la  fomme  eft  9.  Voyei^  le 
nombre  qui  répond  au  logarithme  9  ,  c'eft  j  x  2  i  ce 
Tom.e  V. 


LO  G 


y87 


I  même  nombre  yi  2  eft  le  produit  de  128  multiplié 
par  4.  Tout  de  même  pour  la  fouftractioii  ,  le  lo- 
garithme 5  ôté  du  logarithme  9  ,  refte  4.  l'rtnez 
le  nombre  qui  répond  au  /o^'unfA/72e4  ;  c'eft  à  due, 
16.  C'eft  le  quotient  de  divilion  de  512  par  32. 

Ce  nom  elt  compo(é  de  deux  noms  Grecs  ,  y.-.y^- , 
raifon  ,  proportion  ,  a^âft.i)-  ,  nombre.  Logarithme  , 
nombre   en  proportion  ,  proportionnel. 

LOGARITHMIQUE,  f  f.  Science,  Art  des  Logarith- 
mes. Logarithmice.  La  Logariihmi^jue  eft  une  des 
plus  belles  Se  des  plus  utiles  parties  de  la  Mathéma- 
tique. 

LocARiTH.MiQUE.  adj.  m.  Se  f.  Qui  a  rapport  aux  Lo- 
garithmes ,  qui  en  dépend  ^  qui  (e  tait  par  les  loga- 
rithmes. Logarithmicus  ,  a.  Les  Tables  Logarithmi- 
ques de  Henri  Briggius.  La  courbe  que  l'on  ap- 
pelle Logarithmique  eft  telle  que  fes  abeilles  étant 
prifes  en  progrellion  aritJimétique  ,  les  ordonnées 
correlpondantes  (ont  en  progrellion  géométrique,  Se 
de-là  vient  (on  nom.  Elle  repvélente  par  fes  ab("- 
ciiles  &:  par  fes  ordonnées  une  table  de  logarith- 
mes ,  difpo(és  j  comme  ils  le  font  d'ordinaire  ,  vis- 
à  vis  des  nombres  auxquels  ils  répondent-,  car  cha- 
que abciftede  la  courbe  eft  le  logarithme  de  fon  or- 
donné. L'infiniment  petit ,  ou  la  diftérentielle  d'un 
abfcilfe  quelconque  eft  une  diftérentielle  logarithmi- 
que ,  Se  cette  abfcifte  eft  le  tout ,  ou  l'intégral. 

^  LOGARITHMOTECHNIE.  f.  f.  Confliudion 
des  tables  des  Logarithmes.  Nicolas  Mercator  publia 
en  1 668  fa  Logarithmotechiûe  j  où  il  donnoit  par  une 
fuite  ou  férié  infinie  la  (luadrature  de  l'hyperpole. 
Font. 

IP'LOGE.  f.  f.  Petite  hutte  faite  à  la  hâte.  Cafula , 
gurgujiium.  La  logeà'mi  Ermite.  C'eft  fouvcnt  un 
petit  réduit  fait  de  cloilonnage.  Les  Bergers  qui  par- 
quent fe  (ont  de  petites  loges  roulantes. 

§3°  On  le  dit  de  même  d'un  petit  réduit  auftî  de  cloi- 
fonnage ,  capable  de  contenir  plufieurs  perlonnes. 
La  loge  d'un  Suilfe  ,  d'un  Portier.  Cella  janitoris. 

Loge  ,  fe  dit  quelquefois  lur  mer  de  l'appartement  de 
certains  Officiers.  Loge  de  l'Aumonier  ,  loge  du 
Maître  Canonier. 

Loge  ,  fe  dit  aulîI  d'une  petite  boutique  ,  qu'on  loue 
pour  un  temps ,  ou  pendant  une  Foire.  Taberna. 
Les  loges  de  la  Foire  S.  Germain  des  Prés.  Louer  une 
loge.  Loges  des  Lingères  ,  des  Merciers.  |K?  Dans 
quelques  villes ,  comme  à  Lyon  ,  à  Marfeille  ,  &c. 
on  appelle  loge  du  Change,  loge  des  Marchands, 
un  certain  lieu  dans  les  bourfcs  où  les  Marchands 
s'allcmblent  pour  traiter  des  aftaircs  de  leur  négoce. 

§Cr  Loge  ,  plus  ordinairement  Comptoir.  C'eft  ainli 
qu'on  appelle  un  bureau  général  de  commerce  établi 
dans  quelques  villes  des  Indes  pour  chaque  nation  de 
l'Europe.   Voye'^  Comptoir. 

Loge  ,  ou  Log.  On  a  employé  anciennement  ce  mot 
pour  lignifier  une  Eglife  -,  &  il  y  a  en  Bretagne  beau- 
coup de  veftiges  de  cet  ufage-là  :  Log-Chrijl ,  Log- 
Ma^é,    Log-Maria  ,  Log-Geldas  ,  &c. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  logia  ,  ou  de  logea , 
ou  de  lorgea  ,  qu'on  a  dit  dans  la  balfe  Latinité  en 
la  même  fignification. 

Loge  ,  eft  aulli  une  petite  prifon  (éparée  j  un  petit 
réduit ,  où  l'on  enferme  les  fous  ,  les  furieux.  Gur- 
gujiium. Les  loges  des  Petites  -  Maifons  ,  de  S. 
Lazare. 

§:C?Dans  les  Ménageries  ,  on  le  dit  aufti  des  réduits 
où  l'on  enferme  les  bêces  féroces.  La.  loge  du  Lion, 
du  Tigre  ,  &c.  Cavea. 

ifT  Dans  les  Balfes-Cours ,  on  dit  aufti  la  loge  d'un 
chien ,  d'un  dogue. 

Loge  ,  fe  dit  aulti  des  féparations  qui  fe  font  dans 
des  galeries  autour  d'un  théâtre,  pour  y  voir  plus 
commodément  les  fpeftacles  qui  fe  repréfentenr. 
Ccllula.  La  loge  du  Roi  eft  toujours  la  première 
loge.  Il  y  a  d'ordinaire  deux  rangs  de  loges.  On  voit 
mîeux  du  parterre  que  des  loges.  §CF  Ces  loges 
font  des  petits  réduits  faits  de  cloifonnages ,  capa- 
bles de  contenir  plufieurs  perfonnes  ,  féparées  les 
unes  des  autres  par  des  cloifons  à  jour ,  Se  décorés 

Eeee  ij 


588 


L  O  G 


L  O  G 


a   ordinairement    crois    rangs  de 


par   dehors.   Il 
loges. 
§Cr  Loge  ,    en  Botanique.    Local amentum.    C'eil;  une 
cellule  ou  cavité  ,   qui   fe  trouve  à    l'intéticur    du 
fruit  ,  &    qui  renferme  les  lemenccs.   De-la  on  dit 
Biloculans  ,  cnloLularis  fruclus. 
IJCF  Les  Fadeurs  d'orgues  appellent  audl  loge  dans  un 

buiîet  d'orgues  le  lieu  où  font  les  fouftlets. 
Loge.  Les  Italiens  appellent  ainli  une  galerie,  ou 
portique  formé  d'arcades  ,  fans  fermeture  mobile , 
comme  il  y  en  a  de  voûtées  dans  les  Palais  du  Vati- 
can &  de  Monte  Cavallo  ,  &  à  Sofite  ,  dans  celui 
<ic  la  Chancellerie  à  Rome.  Les  Italiens  donnent 
.  encore  ce  nom  à  une  efpèce  de  donjon  ,  ou  belve- 
der  ,  au-delFus  du  comble  d'une  maiton.  C'eft  ce 
que  Vitruve  appelle  Mœnianum.  Dav.  f^oye^  ci- 
dellbus  l'étymologie  que  Du  Cange  donne  à  logis. 

Droit  de  Loges  ,  eft  un  droit  qui  ert  dû  au  Seigneur 
chaque  année ,  par  (es  fujets  ,  pour  les  loges  qu'ils 
tiennent  au-dedans  de  fou  château,  pour  s'y  retirer 
en  temps  de  guerre.  Vccligal  ex  hofpiûo.  Vov.  Chaf- 
fanée  ,  fur  la  Coutume  de  Bourgogne  ,  au  titre  des 
Mains -mortes  ,  Art.  S. 

On  dit  proverbialement  :  N'eft  p.as  Mercier  qui 
ne  fait  (a  loge  ;  pour  dire  ,  que  chacun  doit  s'éta- 
blir ,  fe  loger ,  hc  fe  mettre  à  couvert. 
LOGEABLE,  adj.  m.  &:  f.  où  l'on  peut  loger  commo- 
dément. Ce  logis  efl:  bien  logeable.  Cette  apparte- 
ment eft  fort  logeable. 
LOGEMENT,  f.  m.  Lieu  où  on  loge,  où  l'on  fait  fa 
demeure  ordinaire.  Habkatio  ,diverforium.  J'ai  loué 
un  logement  à  l'année.  Cet  Officier  n'a  chez  fon 
Maître  que  la  table  &  le  logement.  De  ce  lieu  aban- 
donné il  a  fait  un  logement ,  un  appartement  fort 
commode,  ft?  Logement  coniiflant  en  pluhcurs  piè- 
ces. Logement  de  Jardinier  ,  de  Concierge  ,  &c. 

On  dit  qu'il  y  a  beaucoup  de  logement  dans  une 
maifon  j  peur  dire ,  qu'il  y  a  de  quoi  loger  beau- 
coup de  monde.  Ac.  Fr. 
Logement  ,  fe  dit  aullî  des  gîtes  ,  ou  retraites  ,  qu'on 
prend  à  la  pall'ade  ,  pour  peu  de  temps  ,"  loit  dans 
les    hôtelleries    pour  des  voyageurs ,  loit  chez    des 
bourgeois  à  l'éi^aid  des  Officiers  ^  auxquels  on  al- 
fîgne    &   on    marque    des   logis.   Diverfonum.  Les 
logcmens  font  chers  à  la  fuite  de  la  Cour.  Les  Maré- 
chaux des    logis  ,  ou  Fouriers ,  font  ceux  qui  mar- 
quent  les  logemens  des    Officiers  du  Roi.   ÇCFOn 
dit  en  ce  fens  ,  Faire  les  logemens ,  c'efl-à  dire  ,  faire 
la  lifte  des  perlonnes  de  la  Cour  que  les  Maréchaux 
des  logis  doivent  loger  :  Se  envoyer  au  logement,  en- 
voyer  avec    les  Maréchaux   Aes  logis   un  domefti- 
que    pour   reconnoître    le  logement  deftiné  à   ion 
Maître. 
1^ Logement  ,  dans  l'Art  Militaire  j  fignifie  quelque- 
fois la  même  chofe  que  Campement.  L'Arméeà  peine 
croit  dans    les   logemens  ,   qu'elle   fut  attaquée  par 
l'ennemi  ;  elle  fut  contrainte  de  faire  trois  logemens 
en  huit  jours. 
Logemens  ,   fe  dit  aufti  des  logemens  de  foldats ,  qui 
font  en  garnifon  ,    ou  en  quartier  d'Hiver  dans  une 
ville  ,  &  qui  logent  chez  les  habitans.  Ceux  qui  ont 
été  Maires ,  ou  Echevins  dans  les  villes ,  font  exempts 
de   logemens.  Les  logemens  de  gens  de  guerre  font 
très-incommodes. 
fKTDans  ce  fens.  Faire  le  logement,  c'eft régler  avec 
les   Officiers  municipaux  les  maifons  de  bourgeois 
où  les  foldats  doivent  loger. 
§3"  Logement  ,  fe  dit  encore  ,  dans  l'attaque  des  pla 
ces  ,  d'une  efpcce  de  retranchement  qu'on  fiit  pour 
fe  maintenir  dans  un  pofte  dont  on  a  chafté  l'ennemi  , 
&  pour  fe  mettre  à  couvert  du   feu   des   ouvrages 
voilîns    qui    le   défendent.   Munitio  -,   munimentum. 
Quand  on  a  gagné  quelque  terrain  qu'on  veut  con- 
ferver  ,  on  fait  des  logemens  (ur  la  brèche  ,  fur  une 
demi  lune  ,  fur  la  contrelcarpe  ,  dans  le  folle.   On 
fait  lauter  fouvent  des  logemens  par  des  fourneaux. 
Faire  un  logement  lur  le  chemin  couvert ,  fur   la 
contréfcarpe.  Les  logemens  fe  font  avec  des  gabions, 
des  fafcincs ,  des  facs  à  terre ,  £jç. 


ifT  LOGER.  V.  n.  Habiter  dans  une  maifon ,  y  faire 
fa  demeure  ordinaire  j  ou  y  prendre  le  couvert  en 
pallant.  Habitare ,  dlverfari.  On  loge  chez  foi ,  ou 
chez  les  autres.  Ces  deux  amis  logent  enfemble. 
L'homme  que  vous  cherchez  ,  demeure  dans  telle 
rue ,  &  loge  en  hôtel  garni.  Les  voyageurs  logent 
fouvent  dans  de  mauvaifes  hôtelleries.  S.  Jofeph  & 
la  Vierge  ne  purent  trouver  ou  loger  dans  Bethléem. 

§3-LoGER  ,  Demeurer  ,  fynonymes  dans  le  fens  où 
ils  lignifient  la  réfidence  ;  mais  demeurer^  dit  M. 
l'Abbé  Girard  ,  le  dit  par  rapport  au  lieu  topographi- 
que où  l'on  habite  ,  &:  loger  par  rapport  à  l'édifice 
où  l'on  le  retire.  On  demeure  à  la  campagne  ,  à  la 
ville.  On  loge  au  Louvre  ,  chez  loi ,  en  hôtel  garni. 
Quand  les  Gens  de  diftinélion  demeurent  à  la  cam- 
pagne ,  ils  logent  dans  des  ch.îteaux. 

Ce  mot  vient  de  locare  ,  ou  At  locus  ^  ou  du  Bas- 
Breton  loig.  MÉNAGE, 

Loger,  eft  aufti  adfif,  &  lignifie  ,  Donner  retraite  à 
quelqu'un  ,  lui  donner  le  couvert  ;  le  recevoir  dans 
fa  maifon ,  dans  Ion  logis.  Hofpitio  excipere.  C'eft 
une  femme  qui  loge  les  étrangers.  Il  y  a  des  Hôpi- 
taux bâtis  pour  loger  les  Pèlerins  &  les  palfans.  Où 
logerei-voas  tout  ce  monde-là  ?  Il  eft  bien  loge'; 
il  eft  loge'  au  large. 

^^Se  Loger  ,  lignifie  quelquefois  ,  Se  bâtir  une 
maifon.  On  dit  qu'un  homme  s'eft  bien  loge' k  la  Cam- 
pagne j  pour  dire  qu'il  a  (m  bâtir  une  belle  mailon. 
Quelquefois  il  lignifie  limplement  embellir  l'apparte- 
ment qu'on  occupe,  le  rendre  commode  &  agréable. 

Loger  ,  le  dit  aufti  figurémenc  ,  tant  au  neutre  qu'à 
l'aétif.  On  a  dit  de  Galba  ,  que  fon  elprit  étoit  mal 
loge',  parce  que  Ion  corps  étoit  mal  fait.  Bouh. 

Le  dcjïrpeut  loger  che\  une  Précieufe.  La  Font. 

L'ame  qui  loge  la  Philofophie  doit  être  contente 
&c  paihblc.  Mont.  L'amour  loge  en  vos  yeux.  MÉn. 
On  dit ,  loger  les  afteélions  en  bon  lieu  ;  pour  dire  , 
aimer  une  perfonne  qui  le  mérite. 
Loger  ,  le  dit  à  l'aélif  par  les  Fadeurs  d'orgues.  Loger 
les  fouftlets  de  l'orgue ,  c'eft  les  placer  où  ils  doi- 
vent être.   Locare ,  fiatuere. 
Loger  ,  en  termes  de  Guerre  ,  fe  dit  de  la  diftribution 
des  quartiers  d'une  Armée  ,  où  l'on  aftîgne  à  cha- 
que Of'icier  ion  logement  pour  lui  ik.  fa  Compagnie. 
Sedem  dare  y  ajfignare.    Les  Maréchaux  des  Logis 
ont  le  foin  de  loger  les  Troupes 
§CF  Loger  j  dans  l'Art  Militaire,  fignifie  auffi  Camper. 
Loger  une  Armée  ,  la  faire  déloger,  la  faire  camper,  & 
la  faire  décamper ,  termes  fynonymes ,  avec  cette  diffé- 
rence que /o^T^r  veillit.  L'Armée  étoit  logée  à  l'étroit 
entre  des  montagnes;  c'eft-à  dire,  campée.  On  dit  auffi, 
qu'on  s'eft  logé  fur  la  contrefcarpe  ,  fur  une  demi- 
lune  ,  fur  la  brèche ,  lorfqu'on  a  gagné  ces  poftes, 
&  qu'on  y  a  fait  quelque  retranchement  pour  s'y 
maintenir.  Invadere ,  occupare ,   munire.  Voyez  Lo- 
gement. 

On  dit  en  raillant ,  qu'on  a  /o^e  quelqu'un  ;  pour 
dire  ,  qu'on  l'a  mis  prilonnier.  Si  vous  fiites  le 
méchant,  je  vous  ferai  loger,  je  vous  logerai.  Ex- 
prelîîon  populaire, 
et?  On  dit  familièrement  pour  marquer  l'humeur, 
l'opiniâtreté  ou  le  défaut  de  lumières  de  quel- 
qu'un ;  il  en  eft  logé-là  ;  il  n'en  démordra  pas  ;  il 
ne  voit  pas  plus  loin. 

On  dit  proverbialement  ,  qu'un  homme  eft  logé 
chez  Guillot  le  longeur  ;  pour  dire  ,  qu'il  a  quelque 
méchante  afiaire  qui  le  rend  penfif  On  dit  aullî, 
qu'on  eft  logé  aux  quatre  vents ,  quand  on  eft  dans 
une  maifon  mal  fermée  ;  ou  à  la  belle  étoile ,  quand 
on  couche  dehors,  quand  on  n'a  point  de  retraite. 
LOGÉ  ,  ÉE.   part. 

LOGES.  Lo<^i<t.    C'eft  un  bourg  de  l'île  de  France,  à 
quelques  lieues  au  couchant  de  Paris ,  près  de  S.  Ger- 
main ,  &i  dans  le  pays  appelé  la  Forêt  de  Laye. 
La  Forêt  aux   Loges  ,  en  Latin  ,  Logium  fylva;  elle 

étoit  proche  de  Fleuri ,  ou  S.  Benoît  fur  Loire. 
LOGETTE.    f.    f.    Diminutif.    Petite    loge.    Cafula, 
magale. 


L  O  G 

LOGH.    Nom  d'une  rivicic  de  la  Connacie.    Logha. 
Elle  a  l"i  fouicc  près   de   Shroule ,  t-c   après   avoir 
coule  quelque  temps  entre  les  Comtes  de  Mayo  6c 
de   Galloway  ,  elle  tr.iverk  les  lacs  de   Carrib  & 
d'Horrib  ,  &  peu    après   elle  f"e  décharge  dans  la 
Baie  de  ce  nom.  On  prend  cette  rivière  pour  \' Au- 
foba  de  l'tolomée.  Mat  y. 
LOGf  lOR.  C'ctoir  anciennement  une  petite  ville  des 
Silures;  maintenant  ce  n'cft  qu  un  village  du  pays  de 
Galles  ,  en  Angleterre  Longliorlcuni ,  aurrelois  Lcu 
curum.   Il  efl:  dans  le  Comte   de  Glamorglian ,  lur 
la  petite  rivière  de  Loghor ,  à  une  lieue  &  demie  de 
fon  embouchure  ,  dans  le   canal  de  S.  George  ,  ik 
du  bourg  de  Lanelbie,  ou  Lanelli.  Maty. 
LOGICIEN,  i.  m.  Qui  pollede  1  art  de  railonner  fui 
vant  les  règles.  Logicus ,  d'ialectus.  Il  faut  être  bon 
Logicien,  pour  reconnoître  le  dctaut  des  argumcns 
fophiftiques. 
Logicien  ,  le  dit  aulll  j  tant  de  celui  qui  fait  profef- 
iion  de  la  Logique  ,  que  de  celui  qui  l'étudié,  io- 
gicxprojcjfor ,  vel  candidatus. 

On  dit  d'un  homme  qui  met  tout  en  conteftaiion , 

en  dilpute  ,   Se   qui  veut  tout  réduire  en  argumens 

dans  une  converlation  libre  &c  familière  j  que  c'e'à 

un    Logicien  perpétuel.    Ce  n'ell:    qu'un    Logicien. 

^3"  Et  l'on  dit  d'un  homme  accoutumé  à  raifoniier  de 

travers,  que  c'eft  un  mauvais  Logicien. 
Logicien.  Nom  d'une  ancienne  feéle  de  Médecins. 
Logicus.  On  les  nommoit  ainli  parce  qu'ils  fe  1er- 
voient  des  règles  de  Logique  pour  traiter  des  mala- 
dies oc  de  la  Médecine.  Les  Anciens  appeloicnt  Lo 
giciens  ,  ou  RationauXj  Logicij  ou  Rationales  ,  les 
Médecins  qui  railonnoient  fur  les  maladies ,  en  cher- 
choient  les  caules  &  les  railons  ;  par  oppolition  aux 
Empiriques  ,  qui  s'en  tenoient  à  la  feule  expérience. 
On  nommoit  aulll  les  Logiciens  Dogmatiques.  J^oy. 
ce  mot\  oti  nous  avons  expliqué  ce  quec'étoit  que 
cette  lecle  de  Médecins.  Quelques-uns  difent  que 
Podalire  pofa  les  principes  de  cette  feéte ,  d'autres 
en  font  Hippocrate  auteur.  Ménécrate  fê  rendit 
célèbre  dans  cette  lecle  ,  fous  Tibère  &  lous 
Claude. 
i§C?LOGIE.  f.  f.  Mot  tiré  du  Grec  ,  &  qui  fignifie 
Difcours ,  Traité.  Il  entre  dans  la  compofition  de 
plulieurs  mots  François  ,  comme  Chronologie  , 
Aftrologie  ,  &c. 
LOGIES.  lenne  de  Coutumes.  Le  droit  de  logies  , 
eft  un  droit  que  le  Roi  prend  tous  les  ans  fur  chaque 
Prévôté  de  la  Sénéchaullée  &  Comté  de  Poitou. 
Ce  droit  eft  de  huit  livres  cinq  (ous  au  deflus  du 
prix  auquel  les  Prévôtés  ont  été  mifes  ,  &  quinze 
lous  pour  le  droit  des  gens  de  Comptes. 
LOGIQUE,  f.  h  Science  qui  enfeigne  à  perfedion- 
I  ner  le  raifonnement  ;  qui  donne  des  règles  certai- 
nes«pour  définir  ,  divifer  &  argumenter.  Logica.  La 
Logique  n'ell  point  un  art  de  bien  difputer ,  ni  d'é- 
vader par  une  lubtile  diftinétion,  ni  d'oppofer  des 
objeèlions  fpécieules  contre  toutes  fortes  de  vérités  , 
c'eft  un  art  de  raifonner  jufte  ,  &  d'expliquer  nos 
idées  clairement  &  diftindement.  Zenon  d'Elée  tut 
l'inventeur  de  la  Logique  ,  &  Ariftote  ,  ce  génie 
fi  plein  de  raifon  Se  d'intelligence  ,  y  apporta  la 
dernière  main.  Le  P.  R.  On  le  figure  d'ordinaire, 
fous  le  nom  de  Logique  une  fcience  compofée 
de  termes  barbares  ,  Ik  de  mots  artificiels ,  plus 
propres  à  exercer  les  efprits  à  chicaner  ,  qu'à  les 
inftruire  à  bien  raifonner.  Il  eft  vrai  aulli  que  dans 
fon  origine  ,  elle  n'étoit  autre  chofe  que  l'art  de 
chicaner  Se  de  dilputer.  Les  Grecs  qui  aimoient  à  par- 
ler ,  fe  faifoicnt  un  honneur  de  dilcourir  fur  le 
champ  ,  Se  d'être  toujours  prêts  à  défendre  tour-à- 
tour  les  opinions  oppofées.  Ainlî  les  Dialeéliciens 
pour  être  armés  de  toutes  pièces  dans  cette  (orte 
d'etcrime  ,  inventèrent  des  termes  plutôt  que  d^ 
raifons ,  parce  qu'ils  s'étudioient  moins  à  cherch  " 
la  vérité  ,  qu'à  contefter  Se  à  contredire  ,  fans  *fe 
rendre  jamais.  La  Logique  n'étoit  donc  qu'une 
fcience  de  mots  ,  qui  fort  fouvent  ne  fignifioient 
rien  ,  ou  qui  n'ctoienc  inventés  que  pour  cacher 


L  O  G  J89 

l'ignorance.  Tout  ce  fatras  eft  fi  peu   utile  dans  le 
train    de   la  vie  ^   Se  li  oppofé  au  commun    ufage, 
que  l'elprit   qui    ne  s'y  attache   qu'avec  peine  ,  Se 
n'a    rien   qui  1  y   retienne  attaché  ,   s'en    décharge 
bientôt  ,    Se  perd  ailément  toutes   les  idées   qu'il 
en    avoit  conçues ,   parce  qu'elles  ne    font   jamais 
rcnuuvellécs  par  la  pratiqua.    Mais  la  Logique  dé- 
gagée du  jargon  de  l'Ecole ,  Se   réduite  à  ui.e  mé- 
thode claire  Se  intclligilile  ,  eft  l'art  de  tioiiver  la 
vérité.  Le  Clerc.  L-i.  Logique  eft  l'ait  dL-  bien  con- 
duire   la   railon    dans  la  connoiiîance  des    chofes  , 
tant   pour  s'en    inftruire  foi  nicmc  ,  que   pour   en 
inllruire   les  autres.    Log.    Platon  a  cnfcigné  une 
Logique  plus  naturelle  Se  plus  utile  que   celle  qui 
regnoit  avant  lui.  Il  ne  la  traite  point  en  Docteur 
de  l'école  ,  par  des"  fyllogifmes  étudiés   :   mais  en 
homme    du  monde  ,  par  des  exemples  ,  Se  par  des 
converfations  libres.   Dac.  Il  y  a  eu  pluficurs  Lo-  . 
giques   modernes.   La    Logique    de   Port-Royal  ,  la 
Logique  de  l'Abbé  Mariotte  ,  la  Logique  de  Crouzas. 
LOGIQUE.  Terme  de  Collège  ,  qui  fe  dit  du  lieu  où 
l'on  enfeigne  la  partie  de  la  Philofophic  ,   nommée 
Logique  ,  ou  plutôt  où  l'on  fait  les  leçons  de  la  pre- 
mière année  du  cours  de  la  Philofophie,  qui  eft  de 
deux  ans.  On  la  nomme    ainli  ,  parce    que   les  le- 
çons do  Logique , [ont  les  premières  que  l'on  y  donne. 
Il  y  a  dans  ce  Qqjj^c  une  belle  Se  grande  Logique. 
La  Logique  de  ce^rollégc  eft  voûtée. 
|fc?  On  dit  dans  ce   fens  ,  Faire    la  Logique  ,  être  en 
Logique  ,  aller  en  Logique ,  étudier  dans  la  clalle  où 
l'on  enft.igne  la  Logique. 

On  appelle  Logique  naturelle  ,  la  difpofition  na- 
turelle que  l'on  a  à  raifonner  jufte.  Ac.  Fr- 
il^  Et  l'on  dit  qu'il  n'y  a  point  de  Logique  dans  un 
Ouviage  ,  pour  dire ,  qu'il  n'y  a  point  de  méthode  , 
de  pjrincipe. 
LoGic^uE.  Ce   mot  eft  quelquefois  adjeflif.  Aigument 
logique.  Ce  livre  commence  par  les  notions  les  plus 
ilmples   Se    les    plus    logiques;  puitqu'on    explique 
l'objet ,  la  fin ,  le  lujet ,  l'origine  ce  la  divilion  de 
la  Médecine.   Mém.  de  Trév. 
iP^LOGIS.  L  m.  Habitation  ,  maifon  où  l'on  demeure. 
DomiciLium ,    domus  j    ddes.    L'appartement  eft    la 
partie  du  logis,  que  l'on  occupe.  On  dit  qu'un /o- 
gis  eft  beau ,  grand  ,  commode  -,    garder  le  logis , 
changer  de  logis. 
îjhT  Ceux  qui  parlent  bien ,  dit  le  P.  Bouhours  ,  difent , 
Il  eft  venu  au  logis.  Il  n'y  a  que  le  peuple  qui  dife 
à  la  maifon.  Quand  quelqu'un  monte  en  carrollc  pour 
s'en  retourner  ,  il  dit  ,    Cocher  au  logis. 

Ce  mot ,  félon  Du  Cange  ,  vient  de  logium  ,  qu'on 
a  dit  dans  la  balle  Latinité  en  la  même  lignification  ; 
mais  il  ajoute ,  qu'il   lignifioit   principalement   une 
galerie  ,  Se  le  plus   haut  étage  de  la  maifon  ,   ainlî 
appelé  de  ao^os  ,  difcours  ,  parce   que   les   Anciens 
s'en    fervoient  pour  fe  promener.  Se   y   converfer 
enlemble. 
Corps  de  Logis.  C'eft  la  malfe ,  ou  la  principale  partie 
d'un  bâtiment,  u^des ,  &dijicium.  Il  y  a  un    grand 
corps  de  logis  entre  deux  gros   pavillons. 
Corps  de   Logis  ,   le   prend  aulIi  pour  un   logement 
détaché,  de  la   malfe   du  bâtiment  principal.  Il  oc- 
cupe un  petit  corps  de  logis  fur  le  devant. 
Logis    garni  ,  c'eft   une  maifon  toute  meublée ,  où 
on  loge  pour  de    l'argent.   Domus  fupelleciili  inj- 
trucla.   Cette  hôtelïè  tient  un   grand  logis  garni , 
pour  loger  les  étrangers. 
A^aréchal  des  Logis  ,  eft  un  Officier  chez  le   Roi  qui 
a  foin  de  marquer  les  logis  pour  la  fuite  de  la  Cour , 
quand  le   Roi    fait  voyage.     RegH,  contubcrnii  'de- 
fignator. 
Maréchal  des  Logis,  eft  auffî  un  Officier  d'armée,  qui 
a  foin   du  logement  des  troupes.  Mditaris  hofpiûi 
metator.  Il  y  a  en    l'armée  un  Maréchal  général  des 
Loais.  En  chaqiïe   Compagnie    de    Cavalerie  ,    en 
chaque  Régiment  d'Infanterie ,  il  y  a  un  Maréchal 
des  Loois  ;  les   Compagnies  d'Ordonnance  en  ont 
deux  ,  "se  les  Moafquetaires  fix. 

On  dit  proverbialement ,  quand  quelqu'un  d'une 


jcjo  L  O  G 

compagnie  prend  le  devant ,  qu'il  s'en  va  marquer 
les  Logis.  On  dit  aulli  dun  ^ou  ,  qui  a  de  bons 
intervalles  :  quand  on  lui  parle  d'une  telle  choie, 
il  n'y  a  plus  perfonne  au  logis  ;  c'eft  a  dire  ,  la 
raifon  s'égare  ,  il  entre  en  hireur.  On  dit  aulîi ,  il 
n'y  a  plus  pcrlonne  au  logis ,  d'un  homme  qui 
vient  de  mourir ,  ou  d'un  mourant ,  qui  n'a  plus 
de  connoillince  ,  qui  eft  à  l'agonie.  On  dit  des 
violons  ,  qu'ils  ne  trouvent  pomt  de  pire  logis  que 

le  leur.  ,      ,        j    \f 

lOGISTE.  C.  m.  Terme  d'Antiquité.  Nom  de  Ma- 
giftrat  à  Athènes.  Logyia.  Les  Logi^s  etoient 
ceux  qui  étoient  prépofés  pour  recevoir  les  comptes 
des  Magilkats  qui  lortoient  de  charge.  Nous  pour 
rions  les  appeller  Maîtres  des  Comptes  i  niais  la 
jurifdidion  Se  l'inCpedion  de  nos  Maîtres  des  Com- 
ptes ne  s'ctsnd  pas  a  tous  les  Magiftrats  comme 
celle  des  Logijles  d'Athènes.  L'Auteur  de  lEtymo 
logique  Grec  les  confond  avec  ceux  qu  on  nom- 
moit  EreïNoi ,  mais  Ariftote  les  en  diltingue  au 
dernier  chapitre  de  fon  Livre  VI.  des  Pohuques 
&  il  •en  doit  être  cru.  L'office  de  ces  deux  fortes  de 
Magiftrats  étoit  pourtant  bien  femblable.  Les  uns  & 
les  autres  étoient  au  nombre  de  dix.  Les  Logijles 
étoient  tirés  au  fort  ,  &  les  autres  élus.  Ceux  -  ci 
étoient  comme  les  Ail'e Heurs  dés.  Logiflcs ,  ou  bien 
les  Io^//?«  étoient  comme  nosÀlaitres  des  Comptes; 
&  les  Euthyncs  ,  comme  le"Auditeurs  des  Com- 
ptes. Ceux-ci  faifoient  rendre  les  comptes,  &  puis 
en  faifoient  leur  rapport  aux  Logiftes  ,  &c  tous  en- 
femble  jugeoient  les  Comptables.  Les  Logijles  ne 
connoillbient  que  des  affaires  pécuniaires,  ils  ren- 
voient les  autres  matières  à  d'autres  Tribunaux.  Foy. 
Cujas  ,  fur  le  Tu.  de  Excufat.  L.  XV,  adL.  XXX. 
Decur.  &  ad  L.  ir,  C.  De  Tabular.  L.  X.  Et 
BuUengerus ,  De  Imp.  Rom.  L.  LU,  c.  22. 
^fj"  Ce  mot  vient  du  Grec  ^oyl'l^£;«'  >  compter. 
LOGISTILLE.  L  f.  Terme  de  Mulîque.  C'ell  une  pièce 

de  mulîque.  La  Logiftille   de  Rolland. 
LOGISTIQUE,  f.  f.  Partie  de  l'Algèbre  ;   efpèce  d'A- 
rithmétique  littérale  qu'on  appelle   Logijiique  fpé- 
cicuje.    Logijlica    fpedofa.  C'ell  la  pratique  des  rè- 
gles de  l'Algèbre  ,  de   l'addition  ,  fouftraclion  ,  &c. 
■On   l'appelle    Logijiique  ,  parce  qu'elle  apprend  à 
compter;  du  mot  Grec  A.-v6^,-af ,  compter  ,  &  Jpe'- 
cieuje  ,  parce  qu'elle  ne  fe  fert  pas  de  chiffres  pour 
compter.,  mais  de  lettres,  qu'on    appelle  efpèces , 
fvecies.  tfF  L'Art  de  faire  un  calcul  avec  des  car.ac- 
tères  repréfentati fs. 
LOGITZ.    Nom  d'un  village  de  la  Carniole ,  iitué  à 
fept  ou  huit  lieues  de   Laubach ,  du  côté  du  midi. 
Logitiium.   On  prend  ce  lieu  pour  l'an-cienne  Ixvi- 
■gaticum  ,  ou  Longanicum  ,  petite    ville   du    Nori- 
que.    Maty. 
LOGNINA  STATIONE  ,  ou  ,  il  porto  di  Lognines  , 
en  Latin  Logmus  portas.  C'eft  un  village  avec  une 
tour   &  un  port.  Il  eft  fur  la  côte  de  la  vallcc  de 
Démona  en  Sicile  ,  entre  le  golfe  de  Catémia  ,  & 
celui  de  Sainte  Thécle ,   vis-à  vis  des  îles  de  Fara- 
gluni.   On  prend  Lognina  pour  le  lieu  appelé  an- 
ciennement Ulyjjis  portas.  Maty. 
iOGODURO ,  Capo  di  Logoduro  ,  ou  ,  el  Judicado 
di   SalCrri.    Promontorium    Saffaritanum  ,    Logudu- 
riurn ,  ou    Loci    aurci  ;    Provincia    Turitana.   C'ell 
une  des  deux  Provinces  de  la  Sardaigne.  Elle  com- 
. prend  toute  la  partie  feptentrion.ile  de  l'île.  Ses  villes 
principales  font  Sallari  ,  capitale  ,   Alghéri  ,  Bofa , 
Caftel   Aragonèfe ,    Terra   nova    6c   Sarda  ;    qui  a 
donné  le  nom  à  l'île. 
LOGOGRAPHE  f.  m.  Nom  d'un  Officier  de  l'Em- 
pire.    Logoi^raphus.    C'étoit    celui    qui    tenoit    les 
comptes  ,'\ui  laifoit  &  gardoit  les  rcgiftres  publics., 
comme  fon  nom  le  fignifie.  Il  eft  parlé  des  Logogra- 
phes  dans  les  loix  de  l'Empereur  Arcadius.  Voyei 
le  Code  Théodofien ,  Z.   FUI ,  &c. 

Ce  mot  vient  de  >.h'' ,  compte  ,  &  y (i^a  ,  j'écris. 
\in  Logographe  étoit  encore  la  même  chofe  qu'un 
■Notaire  j  iiu  Tabellion.  Notarius,  TabelUtius  ,  Li- 


L  OG 

brarius.  'Voyez.    Cujas  .,   ad  L.  I.   Cod.  Théod.  ne 
collatio. 
^  LOGOGRAPHIE.  f  f.  Partie  de  l'Ortographe  qui 
prcfcrit  les  règles  pour   repréfenter  la  relation  des 
mots  à  l'enfemble  de  chaque  propolîtion  ,  &;  la  re- 
lation de  chaque   propolîtion  à  l'enfemble  du  dif 
cours.  Encyc. 
LOGOGRIPHE.  f  m.  Sorte  de  fymbole  en  paroles  énig- 
matiques  :  îfT  petite  énigme  qu'on  propofe  à  devi- 
ner ,  &    qui    conlifte   à   prendre  en  diftérens  fens 
les  différeiftcs  parties  d'un  même  mot.  Logogriphus. 
Il  conlîrte  en  quelque  allulîon  équivoque ,  ou  mu- 
tilation  de    mots  ,  qui  fait  que  le  lens  littéral  dif- 
fère de  la  chofe  lignihéc  ;  enlorte  qu  il  tient  le  mi- 
lieu entre  le  rébus  ik.  la  vraie  énigme,  ou  l'emblème. 
Expliquer  un  Logogriphe.  Les  Logogriphes  ,  lelonle 
P.   Kirker  ,  font  comme  les  armes  parlantes  ;  ainfi 
un  homme  nommé  Léonard  ,  qui  mettoit  dans  fes 
armes  un  Lion  &  du  nard  ,  frifoit  un  Logogriphe ^ 
dit  ce  Père  ,  (Edip.  .^gypt.  T.  Il,  P.  I ,  p.  14. 
Ce   même  Auteur  ,  ;;.  2 i*.  définit   le    Logogriphe 
une  énigme,  qui  dans  un  nom,  ou   quelque  autre 
mot  ,  propofe  plulîeurs  lignifications  ,  porte  à  l'ef- 
prit    dirtcrentes   idées    en  ajoaitant   ou  retranchant 
quelque  partie.  Il   en  apporte  plulîeurs   exemples, 
p.    jj.  Les   Arabes   connoiffoient   aullî  cette   forte 
d  énigmes,  &c  d'Herbelot  dit  que   Saad  Ben  Ali  al 
■Varrak  ,  furnommé   Hadhiri  ,  a  fait    un    traité  de 
Logogriphes  &  d'énigmes  j  fous   le  turc  de  Aâgiàs 
fil    Ahàgiou  alalgà^.   |f3"  Le  meilleur    Logogriphe 
ne  vaut  pas  la  peine  qu'on  prend  à  le  deviner.  ^ 

Ce  mot  vient  de  â)7»«  ,  difcours  ,  &  de  -tf^K , 
filet. 
LOGOMACHIE,  f.  f.  Ce  terme  qui  eft  Grec  ,  figni- 
he  Quertion  de  nom ,  dilpute  de  mots.  Logoma- 
cjiia.  Samuel  Werentels  donna  en  1691  Se  1701 
une  Dilîertation  au  public  lur  les  Logomachies  des 
Savans ,  où  il  enfeigne  non  feulement  Ce  que  c'eft 
que  logomachie  ,  ik  ce  qui  les  produit  ;  mais  il 
propofe  encore  des  préceptes  &  des  préfervatifs 
contre  les  nouvelles  logomachies.  Les  Dillcrtateurs 
fur  les  matières  de  Méthaphylîque  &:  de  Bel-Elprit 
font  fort  fujets  à  la  logomachie.  L'Abbé  des  Fon- 
taines. Ludolte  loupçonne  qu'il  y  a  eu  de  la  logo- 
machie dans  les  dilputes  fur  l  Incarnation  ,  &  il 
propofe  des  conlîderations  qu'il  croiroit  pouvoii 
faciliter  la  réunion  ;  mais  les  Ecrivains  Orientaux  ne 
regardent  point  ces  queftions  comme  des  queftions 
de  nom,  ils  entrent  fur  ce  lujet  dans  des  dilcuffions 
fort  fubtiles  ,  &  il  n'y  a  point  de  prétexte  qui  puille 
juftifier  les  exprelîîons  des  Monophy lires  que  l'E- 
glife  a  condamnées.  Journ,  des  Sav.  Ce  mon 
vient  de  A.y-f ,  J'ermo  ,  &  de  ^ar>, ,  pugna. 
LOGOTHÈTE.  f  m.  Terme  d'Hiftoire.  Maître  des 
Comptes.  Logotheta.  C'étoit  un  des  principaux  Of- 
ficiers de  l'Empire  Grec.  Le  Logothète  ètoit  le  Con- 
trôleur Général  des  finances  ,  &  des  depenfes  pu- 
bliques. Baillet.  Le  Logothète  étoit  une  charge 
plus  conliderable  que  celle  des  Maîtres  des  Comptes 
chez  nous.  J'aimerois  mieux  l'appeler  Contrôleur 
Général  des  finances  ,  ou  même  Surintendant  des 
finances.  Il  lîgnoit  aulli  les  Edits  S<.  les  Ordon- 
nances de  l'Empereur ,  comme  le  Chancelier  fîgne 
ceux  du  Roi.  On  trouve  Grand  Logothète  ,  Logo- 
thète General.  Builenger.  L.  VIII.  De  Imp.  Rom. 
c.  2.  Il  y  avoir  encore  d'autres  Logothètes ,  conv: 
me  le  Logothète  ,  ou  Surintendant  des  Portes.  Lo- 
gotheta Curfùs.  BuUengerus  ,  de  Imper.  Rom.  L. 
VIII  i  c.  2g.  Le  Logothète  des  fccrets.  Logotheta. 
fecretorum.  C'étoit  le  Chancelier.  Bulleng.L.  VIII -. 
De  Imp.  Rom.  c.  jO.  Logothète  des  aftaires  par- 
ticulières j  ou  domeitiques,  Comes  rei  privatie,  Lo- 
gotheta privatorum  ,  ou  domefiicorum.  BuUengerus . 
^^  X.  VIII,  de  Imper.  Rom.  c.  .r/.  Le  Logothète 
9  des  troupeaux  ,  Logotheta  gregum.  Builenger  croit 
-•que  c'étoit  le  Sitocome  de  la  Cour  ,  c'eft-à  dire  , 
celui  qui  .avoir  loin  de  l'annone  &:  des  vivres.  Voy- 
Di  Imp.  Rom.  L.  VIII ,  c.  3Ç.  Le  Logothète^  di 
trélor   militaire ,  Logothet.i  ccrarii  militais  ;  c'ctoi 


L  O  H 

le  trcfoticr  des  Guerres.  BuUengerus  ,  Ib.  c.  c/.  Voy. 
encore  \' Onomajtkon  àa  Ro(wcyd,  &  le  Glollaire 
de  Meiiriius  ,  outre  Ccxfin  ^   De  Offuiis.  _ 

Il  y  avoir  aulîi  un  Zo^'tvAcVe  daiisl  Eglife.  Le  I.o- 
gothècc  du  Patriarche,  outre  les  i'oiu'lions  qu  il  tai- 
loit  d'arrêter  les  comptes  de  L\  mailon  _,  &  de  les 
fcellcr,  aulli  bien  que  les  lettres,  tenoit  le  pain 
béni  dans  un  hallin  ,  lorlque  le  Patriarche  le  dilhi- 
buoit.  Le  Grand  Logothète  étoit  au  delliis  de  tous 
les  aunes  Logothètes  ;  il  étoit  proprement  le  Chan- 
celier de  l'Empire  ;  ^  un  Empereur  à  l'on  avène- 
ment à  l'Empire,  laifoit  entre  (es  mains  le  ferment 
accoutumé  dans  l'H^Jift;  des  Blaqucrnes.» 

Ce  mot  vient  de  à'>v<"  ,  compte  ,  &;  ji('£»«f' ,  met- 
tre, Nicétas  explique  le  nom  de  Logochèce  par  ce- 
lui deChancelier  ;  &  Symmachus  appelle  le  Logo- 
thète du  nom  de  Contrôleur  ,  D'tjcujjor',  ce  qui 
montre  que  le  Logothète,  qui  eft  quelquefois  ap- 
pelé Rationalis  en  Latin ,  faitoit  les  fondions  d'un 
Contrôleur  (^  d'un  Chancelier. 

LOGOWOY,  ou  CZÉRÉMISSES.  Logoway.  Nom 
d'un  peuple  de  la  Molcoviej  eu  Europe.  C\erem'iJ 
fus  y  a.  Ils  habitoient  autour  du  Volga  ,  ik.  lont 
bornés  au  levant  par  les  Royaumes  de  Cafin  &  de 
Bolgar  ;  au  midi  par  celui  d'Altragan  ;  a  u  cou- 
chant par  les  Morduates  ,  <Sj  par  le  Duché  de  Ni- 
finovogorod-,  ik  au  nord  par  la  province  d'OulHoug, 
&  par  le  Duché  de  Viadski.  Ces  peuples ,  qui  dé- 
pendent du  Royaume  de  Calan  ,  lont  Tartares  , 
Maliométans  ,  &  tributaires  des  Mofcovites.  Le 
Volga  fe  divile  en  deux  parties  ,  dont  l'une  fe 
nomme  .'es  Czérémilles  Logovjoy  ,  ik  l'autre  les 
Czérémilles  Nagornoy.  Les  Czérémilfes  Logowoy 
font  au  nord  de  Volga ,  dans  des  vallées  abon- 
dantes en  foin  ,  Se  c'eft  de  là  qu'ils  ont  pris  leur 
nom.  Ils  ne  cultivent  point  la  terre  &  ne  recueil- 
lent point  de  giams  _;  mafc  ils  vivent  de  lait ,  &  de 
la  chair  de  leurs  troupeaux.  Maty.  Nous  parle- 
rons des  Czérémilfes  Nagornoy  en  leur  place. 

-OGRE.  i.  m.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  en  quel- 
ques endroits  le  gain  nuptial. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Lucrum  ,  qui  veut  dke gain. 
De  Lauriere  ,  dans  fes  additions  à  Ragueau. 
OGRONO ,  ou  LOGROGNO.  Nom  d'une  ville  de  la 
Caftille  vieille  en  Efpagne.  Lucronium.  Elle  efl:  dans 
la  contrée  de  Rioxa ,  lur  l'Ebre ,  aux  confins  de 
la  Navarre.  Logrono  s'eft  agrandie  des  ruines  de 
la  petite  ville  des  Bérons  ,  nommée  anciennement 
yaria ,  qui  n'ell  plus  qu'un  petit  village  qui  por- 
te le  nom  de  Varea  ,  &  qui  eft  environ  à  une 
lieue  de  Logrono  ,  fur  la  petite  rivière  de  Madrés. 
Maty. 

i-OGUDORO.  (  La  Province  de)  Contrée  de  l'île  de 
Sardaigne ,  dans  fa  partie  feptentrionale ,  avec  une 
petite  ville  de  même  nom. 

.OGUES.  Termes  de  Coutumes.  Droit  de  lègues  , 
eft  un  droit  qui  appartient  au  Sous-Cellérier  de 
l'Abbaye  de  Déots  fur  certaines  dixmes  de  l'Ab- 
baye. 

}3"L0GUETTE.  f.  f.  Terme  de  rivière.  Cordage 
que  l'on  ajoute  à  un  cable  pour  le  tirage  des  bat- 
teaux. 

L  O  H. 

-OHANEC.  Village  de  Bretagne  au  Diocèfe  de 
Treguier.  Saint  Yves  fut  Curé  de  cette  paioilfe,  & 
y  mourut. 

-OHARDE.  (  La  Préfedure  de  )  Petit  canton  de  Dane- 
marck  ,  dans  le  Sud- Jutland ,  dans  la  Préfedure  d'Ha- 
d«rs-Leben. 

-OHARRE.  C'étoit  anciennement  unç  petite  ville  des 
Nalcicains  ,  en  Efpagne  ;  ce  n'eft  aujourd'hui  qu'un 
village  de  l'Arragon  ,  ficué  fur  la  rivière  Galégo  , 
entre  les  villes  d'Hucfca  &:  de  Jacca.  Laborra , 
anciennement  Calaguris.  Julla  Nafcica.  Maty. 

LOHNE.  Nom  d'une  Principauté.  Foyei  Hesse,  la 
Haute  Heiïe,  L'A  en  ce  mot  &  au  fuivant,  ne  fait 
qu'alonger  la  première  fyllabe. 


LOI  ^91 

LOHNE.  Nom  d'une  rivière  de  la  Bafle  partie  du  Cer- 
cle du  Haut  Rhin.  Loganus ,  Loguna  ,  Lanus.  Elle 
a  fa  fource  aux  confins  de  la  Haute-Hellè  ,  traverfe 
la  Badè,  &  les  Etats  de  Nallaw  ,  &  fe  décharge  dans 
le  Rhin  j  au  dcllus  de  CcAilcnrs  j  près  d'Ober  Laenf- 
tein  ,  après  avoir  baigné  Marpourg  ,  Giégen  We^tf- 
l.ir  ,  Weiburg  ,  Limpurg,  Dietz  ik  Nalliiw.  Maty. 

L(JHO.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de  Nan- 
king  ,  au  département  deNanking,  qui  en  eft  la  pre- 
mière Métropole. 

LOHH.  Foye-^  Lora. 

LOI. 

LOI.  f  f.  Conftitution  ou  ordonnance  générale  qui 
vient  d'une  autorité  fupérieure,  à  laquelle  un  inférieur 
eft  contraint  d'obéir.  Lex.  Loi  naturelle ,  natura- 
lis  ;  loi  divine  ,divina;  loi  humaine  ,  humana;  loi 
EccléiialHque  ,  Ecelejlajlica  ;  loi  ewi\e  ,civilis ;  La 
/oi  éternelle  j  xterna  ,  c'eft  la  même  que  la  loi  natu- 
relle, mais  conlidérée  du  côté  de  Dieu  ,  &  par 
rapport  à  Dieu ,  qui  en  eft  l'auteur.  La  première  des 
loix  eft  celle  de  la  nature.  Les  premiers  hommes 
vivoient  félon  la  loi  naturelle.  La  loi  naturelle  eft  uir 
rayon  de  lumière,  &  un  principe  de  la  droite  railon, 
que  Dieu  a  imprimé  dans  tous  les  hommes  ,  &  qui 
leur  fait  appercevoir  les  règles  communes  de  la  juf- 
tice  &  de  l'équité.  Le  premier  principe  de  la  Loi  na- 
turelle eft  ,  félon  Hobbe,  la  conlervation  propre  ,  Sc 
par  conléquent  la  défiance  &  la  précaution  mutuelle. 
Thomailius  veut  que  ce  foit  le  bonheur  propre  ,  ce 
qui  revient  au  fentiment  d'Hobbe  ;  Puffendorf,  la 
focialité  ;  Valentin  Alberti ,  la  créance  que  nous  fouî- 
mes l'image  de  Dieu;  Henri  &  Samuel  Coccéius  , 
la  volonté  de  Dieu;  Grotius  j  la  droite  railon;  Vel- 
thenius  ,  l'honnêteté,  ou  la  turpitude  intrinléque  des 
aftions  ;  Striméfius  8c  Janus ,  ce  principe  ,  il  fiut 
aimer  Dieu,  nous-njêmcs,  &  le  prochain.  M.  Régis 
dit  que  les  loix  naturelles  font  des  préceptes  de  la 
droite  raifon^  qui  enfeignent  à  chacun  comment  il 
doit  ufcr  du  droit  naturel:  &  les  loix  des  gens , 
des  préceptes  de  la  droite  raifon,  qui  enfeignent  à 
chaque  état  comme  il  doit  agir  envers  les  autres.  Il  y 
a  des  gens  qui  par  un  refte  d'équité,  ne  rompront 
pas  les  loix  ;  mais  ils  les  emploieront  à  leurs  inté- 
rêts. FlÉch.  Le  Sage  vivroit  bien  quand  il  n'y  auroit  . 
point  de  loix.  Amelot.  L'amour  propre  nous  empê- 
che de  violer  les  /oi.v,  par  la  crainte  du  châtiment  Nie. 
Quand  la  loi  a  parlé  d'une  manière  claire  &  pofitive  , 
il  n'eft  pas  permis  de  s'en  écarter  ;  quelque  dure 
qu'elle  loit ,  il  faut  s'en  tenir  à  fa  déeilion.  C.  B. 
C'eft  aftbiblir  les  loix  que  d'en  rechercher  les  motifs 
avec  trop  de  curiofité  ;  car  on  s'imagine  que  du  mo- 
ment que  la  railon  a  celle,  l'on  eft  difpenlé  â'obéir  à 
la  loi.  Id.  Dans  le  moment  que  Dieu  créa  l'homme 
il  lui  impofa  la  loi  naturelle,  &  lui  donna  encore  un 
précepte  pofitif  j  de  ne  pas  manger  du  fruit  de  l'arbre 
de  la  fcience  du  bien  &  du  mal.  Genèse  ,  II.  Les  loix 
humaines  ne  défendent  que  les  mauvaifes  aélions.  Les 
/ui.vdivines défendent jufqu'auxmauvaifespenfées.  Id. 
Les  loix  humaines  font  toute  la  vertu  de  bien  des  gens. 
Bay.  En  1 254.  le  Pape  Innocent  IV.  fit  une  Conftitu- 
tion célèbre  touchant  les  études  ,  dans  laquelle  il 
défend  d'cnfeigner  les  loix  civiles  dans  les  pays  cou- 
tumiers.  Dès  l'année  izicj.  Honorius  III.  avoir  dé- 
fendu d'enfeigner  le  droit  civil  à  Paris ,  par  la  fameufe 
décrétale  i'if/'£r_^£c/^/fl.  LeConcile  de  Rheims,  tenu 
en  1 1  5  I.  Cizn.  6 .  défend  aux  Moines  &  aux  Chanoi- 
nes Réguliers  d'étudier  les/oj.v  civiles  ôc  la  Médecine. 

03°  Un  être  ,  indépendant  de  tout  autre  ,  n'a  d'autre  rè- 
gle à  fuivre  que  les  confeils  de  fa  propre  raifon  ;  &:  par 
une  fuite  de  cette  indépendance ,  il  fe  trouve  affran- 
chi de  tout  alfujettiffement  à  la  volonté  d'autrui  :  en 
un  mot  J  il  eft  maître  abfolu  de  lui  Ik  de  fes  atfions. 
Mais  il  n'en  eft  pas  ainlî  d'un  être  que  l'on  fuppofe 
dépendant  d'un  autre  ,  comme  d 'un  Supérieur  &  d'un 
Maître.  Foyc:(  dépendance  &  états  de  l'homme.  Le 
fentiment  de  cette  dépendance  doit  naturellemsiit 
engager  l'inférieur  à  prendre  pour  règle  de  fa  con- 


J92  LOI 

diiite  la  volonté  de  celui  dont  il  dépend  ;  puifque 
l'p.nujettilleraent  où  il  fe  trouve  ne  lui  permet  pas 
d'cfpcrer  raifonnablemem  de  pouvoir  le  procurer  un 
folide  bonheur ,  nidépcndaaiment  delà  volonté  de  ion 
Supérieur, &  des  vues  qu'il  peut  lé  propoler  par  rapport 
à  lui.  C'ell  donc  une  conléquence  nccellaire  de  l'état 
dans  lequel  on  conhdére  l'homme  loumis  à  la  puil- 
Gnce  &  à  l'autorité  d'un  Supérieur  qu'il  reconnoit , 
qu  il  reconnoille  aulli  la  volonté  de  ce  Supérieur 
pour  la  règle  de  Tes  adions.  C'eft  là  le  droit  ^  dit 
Burlamaqui  ,  qu'on  appelle  loi. 

^fj  Bien  entendu  pourtant  que  cette  volonté  du  Su- 
périeur n'ait  en  elle  même  rien  de  contraire  à  la 
raifon  ,  qui  elt  la  règle  primitive  de  l'homme.  Foy. 
Raison,  Règle,  Obligation  atin  qu'une  loi  Ibit  la 
règle  des  aébions  humaines ,  il  faut  ablolumenc  qu  elle 
s'accorde  avec  la  nature  &c  la  conltitution  de  l'hom- 
me ,  &  qu'elle  fe  rapporte  en  dernier  rellbrt  à  Ion 
bonheur  _,  qui  eft  ce  que  la  raifon  lui  tait  uécellaire- 
ment  rechercher. 

§Cr  D'après  cela  Burlamaqui  définit  la  /<Ji ,  une  règle 
prelcrice  par  le  Souverain  d'une  lociété  à  les  fujcts, 
foit  pour  leur  impofer  l'obligation  de  faire  ou  de 
ne  pas  faire  certaines  choies,  lous  la  menace  de  quel- 
que peine  ;  foie  pour  leur  lailler  la  liberté  d'agir  ou 
de  ne  pas  agir  en  d'autres  choies  ,  comme  ils  le 
trouveroicnt  à  propos,  &  leur  aliurer  une  plaine 
jouillance  de  leurs  droits  à  cet  égard. 

IJC?"  On  dit  que  c'elt  une  règle  pour  marquer  ce  que 
la  loi  a  de  commun  avec  le  confeil  :  l'un  Se  l'autre 
font  des  règles  de  conduite  ;  &:  en  même  temps  pour 
diitingucr  la  loi  des  ordres  palïàgers  qu'un  Supérieur 
peut  donner ,  qui  n'étant  point  des  règles  perma- 
nentes de  la  conduite  des  lujets  ,  ne  font  pas  pro- 
prement des  loix.  L  univtrl.ilité  &  la  perpétuité  étant 
deux  caraétères  cllentiels  à  la  règle  conlidérée  en 
général ,  fervent  auljl  à  diilinguer  la  loi  de  toute  autre 
volonté  particulière  du  Souverain.  C'cll  une  règle 
j/refcrite,  parce  qu'une  fimpleréfolution  du  Souverain, 
qui  ne  feroit  manifeftée  par  aucun  ligne  extérieur  ,  ne 
feroit  pas  une  loi  ;  il  laut  que  cette  volonté  foit  no- 
tifiée d  une  manière  convenable  ,  afin  que  les  fiijets 
puillent  connoître  ce  que  le  Souverain  exige  d'eux  , 
&  la  nécellité  où  ils  lont  d'y  conformer  leur  conduite. 
La  loi  ell  prefcrite  par  le  Souverain  :  c'efl:  ce  qui  la 
diftingue  du  confeil ,  qui  vient  d'un  ami ,  d'un  égal , 
qui  commetel ,  n'a  aucun  pouvoir  lur  nous_,  Se  dont 
les  avis  ne  produilent  pas  la  même  obligation  que  la 
loi  ,  laquelle  émanant  du  Souverain  a  pour  appui  le 
commandement  &  l'autorité  d'un  Supérieur. 

|Cr  La  loi  ei\  prekrire  par  le  Souverain  d'une  fociété  , 
c'ell;  à  dire  de  pluficurs  perfonnes  unies  pour  une 
certaine  fin ,  qui  ait  quelque  avantage  commun. 
F'oyè^  Société,  Union,  Fin,  &  Souverai- 
neté. 

^fJ  Non-feulement  la  loi  doit  être  fufïifamment  noti- 
fiée aux  lujets  ,  afin  qu'elle  puille  régler  leurs  adions 
&  leurs  mouvcn-.ens  ;  elle  doit  encore  être  accompa- 
gnée d'une /i«cZio/2  convenable.  La.  fanclion  eft  cette 
partie  de  la  loi  qui  renferme  la  peine  établie  contre 
ceux  qui  la  violent.  La/Jei/ie  eft  un  mal  dontle  Sou 
verain  menace  ceux  de  fcs  lujets  qui  entreprendroient 
de  violer  les  loix  ,  Se  qu'il  leur  inflige  ettedtivement 
lorfqu'ils  les  violent  ;  i?c  cela  dans  la  vue  de  procurer 
quelque  bien;  comme  de  corriger  le  coupable ,  de 
donner  une  leçon  aux  autres;  Se  en  dernier  rellbrt, 
afin  que  les  loix  étant  refpeâées  Se  obfervécs  \ 
la  fociété  foit  fûre  ,  tranquille  Se  heureufe. 

§3°  Ainli  toute  loi  a  eirentiellemenr  deux  parties  :  la  pre- 
mière c'eft  la  dilpoiition  de  la  loi ,  qui  exprime  le 
commandement  ou  la  défenlç.  La  féconde ,  c'ell  la 
fanclion  ,  qui  prononce  le  châtiment  ;  &  c'ell  la 
fanclion  qui  fait  la  force  propre  Se  particulière  de  la 
loi.  Car  fi  le  Souverain  le  contentoit  d'ordonner 
fimpleraent  ou  de  défendre  certaines  chofesjlansy 
joindre  aucune  menace,  ce  ne  léroit  plus  une  loi 
prefcrite  avec  autorité  ,  mais  un  fige  confeil.  Iln'eft 
pourtant  pas  nécelîliire  que  la  qualité  de  la  peine 
ibicfonueilcment  fpéciiiée  dans  ia /«  :  il  lulKc  que  le 


LOI 

Souverain  déclare  qu'il  punira ,  en  fe  réfervant  de 
déterminer  Tefpece  Se  le  degré  du  châtiment  fuivanc 
la  prudence. 

Cû On  divife  la  loi,  i°.  en  loi  Divine,  Se  en  loi 
hum.iine,  félon  qu'elle  a  pour  auteur  ou.  Dieu,  ou 
les  hommes. 

§Cr  La  loi  Divine  ell  encore  ou  naturelle,  ou  pofitjve 
ou  révélée. 

^La  loi  naturelle  ell  celle  qui  ctl  fi  néceffairement 
attachée  à  la  natiire  &  à  l'état  de  l'homme ,  que  fans 
l'obfervation  de  lés  maximes,  ni  les  particuliers,  ni 
la  lociété  ne  lauroicnt  le  maintenir  dans  un  état  hon- 
nête &  avantageux  ,  &  comme  cette  loi  a  une  conve- 
nance elfentielle  avec  la  conllitution  de  la  nature  hu- 
maine,on  peut  parvenir  à  la  connoître  par  les  feules  lu- 
mières delà  raifon:c'eft  pour  cela  qu'on  l'appelle  natu- 
rclU.lAloi  Divine  pofitive  ou  révélée,  efl  celle  qui  n'eft 
pas  fondée  fur  la  conllitution  générale  de  la  nature  ' 
humaine,  mais  feulement  fur  la  volonté  de  Dieu- 
quoique  d'ailleurs  cette  loi  foit  établie  fur  de  bonnes 
raifons ,  Se  qu'elle  procure  l'avantage  de  ceux  qui  la 
reçoivent. 

^  On  trouve  des  exemples  de  ces  deux  fortes  de  loix. 
dans  celle  que  Dieu  donna  autrefois  aux  Juifs.  Il  eft 
aile  de  diilinguer  celles  qui  étoient  naturelles  d'avec 
celles  qui  étant  purement  cérémoniellcs  ou  politi- 
ques, n'avoicnt  d'autre  fondement  qu'une  volonté 
particulière  de  Dieu  ,  accommodée  à  ce  que  deman- 
doit  l'état  aéluel  de  ce  peuple. 

I^La  loi  Divine  ell  ancienne  ou  nouvelle.  Voyer 
Ancien  Se  Nouveau  Testament  ,  Écriture-, 
Sainte  j  &c. 

^f3' Vom  ce  qui  efl  des  loix  humaines,  confidérées 
précilément  comme  telles  ,  c'efl  à  dire  ,  comme  ve- 
nant originairement  d'un  Souverain  qui  commande 
dans  la  lociété  ;  elles  font  toutes  politives  :  car  quoi- 
qu'il y  ait  des  loix  natitfelles  qui  font  la  matière  des 
loix  humaines,  ce  n'ell;  point  du  Légillateur  humain 
qu'elles  tirent  leurs  forces  obligatoires  :  elles  oblige- 
roient  également  fans  fou  intervention ,  puifqu'elles 
émanent  de  Dieu. 

IJCFLes  loix  humaines  font  Eccléfialliques  ou  Ci- 
viles. 

Loi,  ledit  en  ce  fens,  des  Religions.  La /oj  dénature, 
c'efl  celle  dans  laquelle  les  hommes  ont  vécu  avanc 
qu'il  y  eût  aucune  loi  écrite  ,  depuis  le  commence- 
ment du  monde  jufqu'à  Moyfe  ,  où  les  temps  delà 
loi  écrite  commencent.  Elle  fut  donnée  à  Moyfe  930 
ans  après  la  vocation  d'Abraham,  856  ans  après  le 
déluge  ,  Se  la  même  année  que  le  peuple  loftit  d'E- 
gypte. Cette  date  ell  remarquable,  parce  qu'on  s'in 
lert  pour  défigner  tout  le  temps  qui  s'écoula  depuis 
Moyle  julqu'à  Jefus-Chrifl.  Tout  ce  temps  efl  appelé 
le  temps  de  la  loi  écrite  ,  pour  le  diilinguer  du  temps 
précédent  qu'on  appelle  le  temps  de  la  loi  de  nature, 
où  les  hommes  n'avoient,  pour  fe  gouverner  ,  que  la 
raifon  naturelle  Se  les  traditions  de  leurs  Ancêtres. 

BOSSUET. 

L'ancienne  loi ,  ou  la  loi  de  Moyfe ,  la  vieille  loi , 
la  loi  des  Juifs ,  efl  la  loi  que  Dieu  a  donnée  à  fon 
peuple  par  la  bouche  de  fon  Prophète.  La  loi  de  Grâ- 
ce ^  ou  la  loi  Chrétienne,  la  loi  Évangéhque,  efl 
celle  qui  nous  a  été  apportée  par  Jefus-Chrill, c'efl 
la  vraie  loi.  Les  mondains  trouvent  les  loix  de 
l'Evangile  dures  &  infupportables.  Le  P.  Lamy.  Lex 
vêtus  j  Judaica  ,  Mofaica.  Lex  Evangelica  ,  Chrilîiii- 
na  ,  nova..  Les  Turcs  fuivent  la  loi ,  ou  la  religion  de 
Mahomet ,  leur  Prophète.  On  dit  les  Tables  de  la 
loi ,  parlant  des  dix  Commandemens  de  Dieu. 
Loi  ,  fe  dit  aulli  de  la  diftérente  Police  des  Etats  & 
des  peuples  ,  des  maximes  dont  ils  font  convgius, 
ou  qu'ils  ont  reçues  de  leurs  Magillrats  ,  pour  vivre 
en  paix  &  en  fociété.  Ainlî  on  dit  les  loix  de  Solon  , 
de  Lycurgue.  Les  loix  de  Dracon  étoient  rigoureufes 
&  fmguinaires.  Tous  les  peuples  ont  chacun  leurs 
loix  Se  leurs  coutumes  ,  qui  font  dilférentes ,  luivant 
le  ditlérent  génie  des  Nations.  Les  loix  célèbres  de 
l'Antiquité,  lont  celles  de  Moyfe  ,  de  Solon, de  Ly- 
curgue ^  ô\:.  /'bv  fj  au  mot  Législateur  jlïs  prin- 

ciDau.ï 


L  O  I 

cipaux'  Léginateurs.  Les  loix  des  douze  Tables ,  font 
les  anciennes  loix  des  Romains,  qu'ils  cnvoyèienc 
cheiclicc  en  Grèce  par  les  Décemvirs ,  ik.  qui  onc 
toujours  fervi  de  fondement  à  leur  Juiilprudcncc. 
Dans  les  temps  plus  recens,  les  loix  célèbres  (ont  la 
loi  des  Angiiens  ,  Wèrines,  ou  Thurinijencs  ;  la 
loi  des  Allemands ,  les  loix  Angloifes  ,  la  loi  ilcs 
Boyens  ,  ou  Bavarois  ,  les  loix  Bourguignones ,  la  loi 
des  Danois,  ou  Norvéi;iens  ,  le  loix  des  l-'rancSj  celles 
des  Frifons  ,  les /yi.v Gothiques, celles dci  Lombards, 
la  loi  Martiane  ,  ou  Merciennc  ,  des  Mcrciens ,  la 
/oi  Molmutinc,  \,\  loi  d'Olcron ,  les  loix  Kipuaircs 
oudesRiquaircs,  la  loi  Salique,  la  loi  des  Saxons, 
des  Scots,  ou  Écollois  ,  des  Siciliens,  des  Viligots , 
la  loi  Somptuairc  ,  la  loi  Gombettc  ,  &c.  f^oyt:^  Ri  • 

PUAIRE,    SaLICJUE  ,   SoMPTUAIRE  ,   GoMBETTE  ,    &C. 

Chez  les  Romains ,  porter  une  loi ,  c'étûitTctablir , 
legan  rogare  :  abroger  unu  loi ,  c'étoit  1  anéantir  , 
l'annuler,  lui  ôter  fa  force,  abrogare  ;  déroger  à 
UJie  loi ,  c'étoit  en  annuler ,  en  anéantir  une  partie , 
quelque  article  ,  derogare  ;  fubroger  une  loi  à  un  au- 
tre, c'étoit  par  une  nouvelle  loi  ajouter  quelque 
chofe  à  une  autre  loi  déjà  portée  ,  fubrogan.  Voy . 
Ulpien,  tit.  i.  Injlic.  y. 

Le  mot  de  loi  chez  les  premiers  Romains  figni- 
fioit  proprement ,  une  Ordonnance  du  peuple  faite  à 
la  réquilition  d'un  Magiftrat ,  d'un  Coniul ,  rogaine 
Confule.  Ces  Ordonnances  diftéroient  des  Plébilcitcs 
&  des  Sénatufconlultes ,  &  même  des  Ordonnances 
faites  à  la  réquilltion  d'un  autre  Magilhat  que    le 
Conful  j  quoiqu'on  leur  donne  aulfi  le  nom  de  loi  : 
ainfi  quoiqu'Aquilius  ôc  Falcidius  ne  tullcnt  que  Tri- 
buns, quand  ils  firent  leur  réquilition  ,  on  ne  laille  pas 
de  dire, la /oi  Aquilia,la/tiz  Falcidia,  ou  la  quarte  Falci- 
die.  Les /oiAT  des  Romains  (edill:inguent&'  ledelignent, 
i".  Par  le  nom  de  celui  qui  en  a  fait  la  réquilition; 
la  loi  Cornélia  ,  la  loi  Julia  ,  &c.  i°.  Par  la  matière , 
le  fujec  de  la  loi  ;  de  là  les  noms  de  loix  judiciaires , 
loix  teliamentaires  ,  &c.  3°.  Quelquefois  par  les  cri- 
mes contre  lek|ucls  elles  étoient  portées  ;  par  exem- 
-ple  ,  loix  touchant  les  empoifonnemens,  les  parrici- 
des ,  à'c.  loix  de  concullion  ,  de  péculat ,  &c.  Le  Code 
&  les  Remarques  (ont  les  loix  &  Conif  itutions  des 
Empereurs  Romains.  Le  Digerte  elf  une  compilation, 
faite  par  l'ordre  de  Juifinien ,  de  phiheiirs  Senten- 
ces &  F(épon(es  de  Droit  des  plus  célèbres  Jurilcon- 
fultes  Romains ,  auxquels  il  a  donné  la  force  de  loi 
par  l'Epîtrc  qui  cft  au  devant  de  l'Ouvrage;  Se  c'ell 
ce    qui    compote  le    Droit    Romain  ,  ou    les   loix 
Romaines.  Le   Droit    Romain    ne     fait    point    loi 
en     Pays    coutumier.    Il    ii'elt    allégué  que    pour 
raifon. 
Loi  ,  fc  dit  plus  particulièrement  de  chaque  article  de 
cette  compilation.  La  loi  2,  ff.  de  Refcindendâ  veridi- 
tione  ,  veut  qu'on  falfe  calfer  un  contrat  pour  lélion 
énorme  ,  <X'  d'outre  moitié  de  jufte  prix.  Pofer  l'elpè- 
ce  d'une  loi.  Un  Confeiller  récipiendaire  eft  reçu  fur 
la  loi. 
Loix  Civiles  j  ou  Romaines.  Il  n'y  a  point  de  guide 
plus  sûr  ,  pour  ce  qui  regarde  les  loix  Civiles  ,  que  le 
célèbre  feu  M.  Domat ,  qui  les  a  rangées  dans  un  très- 
bel  ordre. 


//  démontre  des  Loix  la  confiante  équité , 
Sur  leur  nuage  épais  il  répand  la  clarté  ; 
Celles  qu'un  ^ns  mal  pris  fait  paroitre   con- 
traires , 
Ou  qu'on  n'entend  pas  bien  malgré  les  Com- 
mentaires j 
Il  les  met  dans  leur  jour  fi  naturellement , 
Que  les  Lecteurs  en  font  frappés  d'étonnement, 
Merc.  d'Avril    1716. 

Les    loix  anciennes  font  abrogées   par  les  nou- 
velles. 

La   loi   du  Talion    efl:  la  plus  ancienne  ,  &  la 
plus  jufte  des  loix.  lex  Talionis.  Elle  étoit  obfervéc 
chez  les  Hâbrcux.  Foye\   Talion. 
Loi  ,  fe  dit  ^iculièrement  de  la  volonté  abfolue  d'un 
Tome  F. 


LOI  ^93 

Souverain  qu'il  fait  publier  par  un  aélc  authentique  ; 
comme  une  Ordonnance,  une  Conllitution  ,  ou  un 
Édit   pour  le  règlement  de  Ion  Etat.  Ordinatio  ra- 
tionis  à  Principe  promulgata.  Les  Tribunaux  font 
peuplés  d  hommes  qui  fe  précipitent  dans  la  Magif 
nature,  &  qm  fe    tout  interprètes  des   loix,  fans 
les  entendre.    Tol'R.    '1  ibère  crut  qu'il  y    avoit  de 
1  mlullif.ince  ,  ou  de  la  ioiblelle  ,  à  garder  les  loix. 
S.   EvR.  Les  loLX  ne  lient   point  le   Légiilatcur  :  il 
lemble  que  par  reconnoillànce  pour  celui  qui  les  fait 
obfervcr,ellcs  lui  permettent  de  les  enfreindre.  Tour. 
Veut-on  que  les  Rois  tremblent  devant  la  loi ,  qui 
elt  leur   propre  ouvrage?    Elle  s'adoucit,  elle  plie 
pour  l'intérêt  des  particuliers,  &:  s'armcra-t  elle  d'une 
rigueur  inflexible  contre  les  Souverains  r  Id.  La  Répu- 
blique retourna  lous  les  propres  loix.  Dac.  Rien  ne 
donne  uneplus  hautcidée  d  unMonarque.quc  devoir     . 
qu'il  maintient  la  vigueur  des  loix  ,  fans  les  muti- 
ler,  ni  les  étendre  ,  ou    les   re(freii:dic ,  félon  les 
recommandations  intéreilées  d'un   favori.   Bay.  Les 
loix  ne  foudroient  pas  toujours,  lorfqii 'elles  tonnent; 
elles  ont  le  vifage  levère  pour  faire  peur,  &:  rete- 
nir ,  pat  le  frein  de  la  crainte  ,  la  licence  audacieufe 
des  hommes  ;  mais  on  en  peut  tempérer  la  ric,ueur. 
Le  Mai. 

On  voit  tous  les  jours  l'innocence  aux  abois , 
Errer  dans   les  détours  d'un  dédale  de  loix. 

BoiL. 

Du  Digejle  &  du  Code  ouvre  nous  le  dédale. 
Qui  dans  fes  propres  loix  embarraJJ'e  Thémis. 

Id. 

En   France ,  les    loix  font  les   Ordonnances  des 
Rois  ,  &  la  Coutume  des  lieux  ;  dans  quelques  Pro- 
vinces, on  fuit  le  Droit  Ecrit  ou  le  Droit  Romain, 
pourvu  que  quelque  Ordonnance  n'y  air  pas  dérogé» 
Il  faut  dans  cette  matière  ,  prendre  le  nom  d'Ordon- 
nance dans  une  lignification  plus  étendue  ,  pour  les 
Ordonnances  proprement  dites  ,  les  Edits  lïc  les  Dé- 
clarations ,  &  tout  aète  de  l'autorité    Royale ,  qui 
établit  quelque  chofe  d'une  manière  ffable  &  per- 
manente ;  ce  qui  n'ell  ordonné  qu'en  pailant  à  une 
perfonne  ,  pour  peu  de  temps,   eft  un  commande- 
ment,  &c  non  pas  une   loi.    Suivant   cette    notion 
cxadte  du  mot  de  loi ,  les  Commandcmens  de  Dieu 
font  de  véritables  loix.  En  France  le  Roi  feul  peut 
faire  des  loix  ,  &:  les  interpréter  par  des  Déclaratic.is. 
Les  loix  diftéroient  autrerois  des  Capitulaires ,  en  ce 
que  c'étoit  le  confentement  du  peuple  feul  qui  faifoic 
les  loix  j  au  lieu  que  les  Capitulaires  fe  ûifoicnt  par 
les  Rois  &c  les  Princes  avec  le  coni'entement  du  peu- 
ple. Enfin  ,  on  confondit  les  Capitulaires  avec  les 
loix. 
Loi ,  fe  dit  aulli  de  certaines  règles  &  principes  fonda- 
mentaux ,  écrits  ou  non  écrits,  pour  le  gouverne- 
ment de  l'État.  Confuetudo  mvribus  recepta.  La  loi 
Salique  en   France  veut  que  le   Sceptre  ne   tombe 
point  en  quenouille;   que  la  fuccelîîon  du  Royau- 
me aille  de  mâle  en  maie.  Du  Cangc  dit  qu'il  y  a  eu 
deux  fortes  de  loi  Salique  ;  l'une  qui  eut  lieu  avant 
que  le  Chriftianifme  fût  reçu  en  France,  qui  fut  faite 
par  les  quatre  principaux  Chefs  de  la  nation ,  Wifo- 
gaft  J  Bofogaft  ,  Salogaft  &  Widogaff  ;  lautre  qui  fut 
corrigée  par  les  Rois  Chrétiens,  qui  eft  celle  donc 
parlent  du  Tillet,   Pithouj  Lindembrock,  &c.  La 
loi  Salique  a  été  ainii  appelée ,  parce  qu'elle  a  été 
faite   pour  les  François  qui  demeuroient  le  long  de 
la  rivière  de  Sale   en  Allemagne,   l'oyez  Salique. 
Les  Coutumes  &  Uiages  locaux  fervent  de  loi  en 
Pays  coutumier. 
{J*3"On  appelle  loix  de  la  guerre  les  maximes  que  les 
nations  font  convenues  d'obferver  entre  elles,  même 
pendant  la  guerre. 
Loi,  en  Pays  coutumier  ,  fignifîe  la  Coutume  locale  , 
(Se  les  loix  particulières  par  lefquelles  une  ville  eft 
gouvernée.   Leges  Patrie.  On  le  dir  aulli  du  Siège 
de  U  Jurifdiétion  &  des  Officiers  de  Juftice  ,  &  ainfl 

Ffff 


594  LOI 

on  a  ditj  qu'Amiens  «Se  Calais,  loiu  villes  tic  loi. 
La  loi  d'Amiens  \  pour  dire ,  les  Courûmes.  Jui^e- 
menc  de  loi. 

On  dit  aiiffi  ,  Gens  de  loi ,  Records  de  loi ,  Ordon- 
nances de  loi ,  Abus  de  loi ,  en  parlant  d'Ofticiers  j 
des  rcglemens  ,  ou  des  abus  de  la  Julticc. 

On  a  dit  aullî ,  Recourir  à  li/oi ,  droit  &:  loi,  main 
de  loi  ,  prifonnier  en  loi ,  en  parlant  des  OtKciers  , 
&  de  ceux  qui  font  en  la  main  &  au  pouvoir  de  la 
Juftice.  On  a  appelé  CEuvres  de  loi ,_  les  actes  ou 
tranfports  faits  pardevant  le  Seigneur ,  Ion  Bailli  ,  ou 
fesOfKciers  de  Juiticc,  ou  pardevant  des  Échevins. 
On  appelle  en  Normandie,  loi  outrée ,  quand  quel- 
que diderend  cil  déterminé  par  enquêtes;  & /oz  de 
créance ,  quand  les  témoins  dépofent  qu'ils  croient 
que  la  chofe  eft  ainîi. 

Loi  outrée ,  fe  dit  pour  enquête  &'  bricf ',  c'eft  le 
*  {entiment  de  M.  de  Lauriere,  qui  rejette  ropinion  de 
ceux  qui  dilént  que  loi  outrée  ,  fignihe  loi  de  ba- 
taille ,  ou  de  duel  ,  parce  que  le  duel  eft  appelé 
combat  à  outrance  :  fa  raifon  eft  que  dans  le  chapitre 
de  la  Coutume  de  Normandie  ,  où  les  termes  de  loi 
outrée  (ont  employés  ,  il  eft  parlé  des  mineurs  qui 
ne  poucroient  pas  te  battre  en  duel.  Ainlî ,  félon  JVl. 
de  Lauriere  ,  loi  outrée  j  en  général ,  n'eft  autre 
chofe  que  loi  appariflanr. 

Loi  villaine  j  Le.x  villuna ,  c'eft  le  nom  qu'on 
donnoit  autrefois  aux  loix  des  villageois  j  aux  loix 
qui  concernoienc  les  gens  de  la  campagne. 

Loi  apparoilîant  ,  ou  apparillant ,  eft  oppofée 
dans  la  vieille  Coutume  de  Normandie  à  loi  fimple, 
ou  à  fimple  ferment.  Loi  lîmple  eft  aufti  la  Defrène. 
M.  de  Lauriere  ,  dans  fes  Notes  fur  Ragueau ,  dit 
qu'il  eft  évident  par  plufieurs  textes  de  l'ancienne 
Coutume  de  Normandie ,  qu'il  y  a  plufieurs  fortes 
de  loix  apparillànts  :  la  première  eft  l'enquête  de 
Droit  &:  de  Coutume  ,  qui  eft  aulli  appelée  loi  de 
reconnoilfant.  L'Auteur  de  la  Glofe  fur  la  Coutume 
de  Normandie  ,  prétend  que  cette  enquête  n'eft  point 
une  loi  apparillant.  M.  de  Lauriere  le  rétute  dans 
l'ouvrage  qui  vient  d'être  cité.  La  féconde  efjpèce 
de  loi  apparilfant ,  eft  le  duel ,  ou  la  bataille  ;  Se  on 
l'appeloit  par  excellence  loi  apparillant.  La  troilième 
efpècc  de  loi  apparilfant ,  eft  le  reconnoillant ,  ou 
l'enquête  d'établi llement.  On  appelle  quelquefois  la 
loi  apparillant,  loi  apertej  &  loi  apparente.  Cla 
meur  de  loi  apparente ,  ou  apparillante ,  dans  le 
ftyle  de  Normandie  ,  eft  la  demande  qu'on  fait  en 
Juftice  pour  la  propriété  d'un  héritage  qu'un  autre 
retient  depuis  quarante  ans.  Loi  de  crédence  eft  la 
dépofition  des  témoins  qui  dilent  ce  qu'ils  croient^ 
quod  opinantur ,  fms  aHurer  la  choie  ,  parce  qu'ils 
ne  la  favent  pas  lùremenr. 

Loi  de  bataille  ,  Lex  duelli ,  dans  la  balle  Latinité  , 
7,e.v  PatriA  étoit autrefois  la /oi  concernant  lesduels, 
lorfqu'ils  étoient  autorités  &  permis. 

Loi  plénière ,  c'eft  la  même  choie  que  loi  appa- 
roilîant. Lex  plenaria.  Les  loix  de  Guillaume  le  Bà- 
tar  difent  pléncr  Ici. 

Loi  probable  &  monftrable  ,  Lex prohalis  monf- 
tralis  ,  eft  celle  qui  eft  appuyée  du  (erment  d'une 
ou  de  plufieurs  perfonnes.  Gager  la  loi  ^  Legem 
vadiare  ,  c'eft  f.iire  ce  que  la  loi  prelcrit ,  ce  qu'elle 
ordonne. 

Le  mot  de  loi  fignitîe  aullî  dans  les  Coutumes ,  dans 
les  Chartres,  la  même  choie  qu'amende  ,  mulcla  :  de- 
là font  venues  ces  expreffions  ,  émcnde  loi  ;  loi  & 
émende  ;  émende  en  loi.  Emende  de  loi ,  c'eft  l'ameiide 
réglée  &c  prefcrite  par  la  loi ,  Lmpojlta  à  lege  pœna 
pecuniaria.  Loi  de  fept  tous  t:x  deniers,  eft  dans 
quelques  Coutumes  une  amende  de  (ept  tous  fix  de 
niers,  prefcrite  par  la  loi;  c'eft  l'amende  ordinaire 
de  juftice.  En  général ,  ce  mot  de  loi ,  joint  à  quel 
que  fomme  quecefoit,  fignilîc  dans  les  Coutumes 
la  même  choie  qu'amende. 

Loi  Diocl'faine  ,  ctoit  une  taxe  que  les  Evêques 
impofoient  anciennement  dans  le  befoin  fur  tous  les 
Eccléliafl'iqwcs  de  leur  Diocêfe. 

Gens  de  loi  j  hommes  de  loi  j  tout  les  Juges,  Its 


L  O  I 

officiers  de  Juftice.  Judices  ,  Magijlratus.  Jours  de 
loi ,  lont  les  jours  qu'on  plaide  ,  tk.  qu'on  lait  les  fonc- 
tions ordinaires  de  la  Julnce.  ZJ/fj^iî/Z^/j.  Œuvre  de 
loi ,  c'eft  œuvre  ,  action  ,  fondtipn  j  exercice  de  Juf 
tice.  Palfer  par  la  loi ,  venir  à  la  loi  ,  c'eft  en  venir 
à  un  terment ,  faire  un  ferment  en  Juftice ,  pour  prou- 
ver quelque  choie.  Sacramento  conjirmare.  Se  taire  Hc 
recourir  à  la  loi.,  c'eft  avoir  recours  aux  loix ,  à  la 
Juftice ,  aux  Magiftrats.  Legis  opem  implorare.  Loi  de 
grands  lix  louSj  eft  la  tomme  de  quatre  francs  Bour- 
delois  &  au-dcllus.  Zui  de  petits  lix  tous  ,  eft  la  tom- 
me qui  eft  au  deftous  de  ces  quatre  francs.  Ville  de 
loiy  eftune  ville  policée,  qui  a  des  Magiftrats,  comme 
un  Maire,  des  Contuls ,  des  Échevins,  &c.  Toutes 
ces  exprcliions  tont  tirées  des  Coutumes,  ou  prifes 
de  la  Juritprudence  féodale. 

Loi  MENTALE.  C'eft  une  loi  de  Portugal.  'Voici  ce  que 
M.  De  la  Neuville  en  dit  dans  ton  Hiftoire  de  Por- 
tugal,  T.I.p,  402.  Jean  de  Régras,  Jurifconfulte, 
de  qui  la  profonde  &c  fubrile  capacité  étoit  générale- 
ment reconnue  du  règne  de  Jean  L  X^  Roi  de  Portu- 
gal ,  trouva  l'expédient  de  faire  revenir  au  Domaine 
les  biens  qui  en  avoicnt  été  aliénés  par  le  Roi  Jean, 
&C  de  tauver  de  tout  reproche  l'honneur  de  ce  Prin- 
ce ,  &:  celui  d'Edouard  I.  fon  tucceireur.  Il  lui  con- 
feilla  de  publier  ce  que  le  Roi  ,  fon  père,  lui  avoit 
déclaré  au  lit  de  la  mort  -,  &  qu'il  avoit  eu  inten- 
tion ,  en  faitant  tant  d'aliénations  de  biens  de  la  Cou- 
ronne que  ces  mêmes  biens  paftallent  d'enfans  mâles 
en  entans  mâles  de  ceux  à  qui  les  donations  en 
avoient  été  originairement  faites,; afin  de  redoubler 
en  eux  leur  zèle  pour  le  tcrvice  &c  pour  la  perfonne 
du  Roi-,  mais  auiii  qu'il  avoit  prétendu  que  fi  ces 
biens  ou  en  général ,  ou  en  particulier  ,  tomboient 
en  quenouille  par  le  défaut  de  la  ligne  mafculine  ,  ils 
f  ulknt  déclarés  réverhbles  à  la  Couronne  ,  à  laquelle 
ils  teroient  réunis.  ALiis  pour  donner  au  Royaume  une 
plus  pleine  connoiftance  de  cette  intention ,  que  le 
Roi  Don  Jean  avoit  toujours  tenue  fort  lecrctte,  & 
qu'il  n'avoir  déclarée  qu'aux  derniers  momens  de 
la  vie.  Régras  eftima  que  le  Roi  devoir  faire  une 
loi  nouvelle,  fous  le  nom  de  Loi  mentale.  Cette  loi 
eft  li  célèbre,  &  ii  régulièrement  obtervée  en  Portu- 
gal ,  que  depuis  ce  temps  là  ,  on  a  réglé  tur  ce  même 
pied  j  la  jouillance  des  donations  que  les  Rois  font 
aux  particuliers ,  pour  en  jouir  teulement  durant  leur 
vie;  &  par  ce  moyen,  ces  Princes  rentrent  infeufi- 
blemcnt  en  polleftion  des  fonds  aliénés.  On  voit  par- 
là  pourquoi  cette  loi  fut  appelée  Loi  mentale.  C'eft 
que  le  Roi  Jean  l'avoit  portée  teulement  en  lui-mê- 
me ,  &  ne  l'.xvoit  point  publiée ,  ni  même  déclarée 
qu'à  1  article  de  la  mort. 

§3° Loi,  lignifie  aufli  pui 'Tance  ,  autorité.  Alexandre 
rangea  toute  l'Afie  tous  les  loix.  Les  Romains  avoient 
mis  fous  leurs  loix  une  partie  de  l'univers.  La  loi  da 
plus  fort ,  eft  la  puillance  qu'il  exerce  (ur  le  plus 
foible,  tans  autre  raifon  que  celle  d'être  plus  fort 
que  lui. 

On  dit  aulîî  ,  Voilà  un  homme  hautain  ,  qui  veut  do- 
miner ,  faire  la  loi  à  tout  le  monde  ,  qui  veut  maî- 
tiifer  par-tout  où  il  fe  trouve.  Faire  la  loi,  c'eit 
ordonner  avec  une  autorité  abtolue. 

Fier  de  votre  valeur,  tout ^Jl  je  vous  en  crois. 
Doit  marcher j  doit  fléchir  jÊoit  tomber  fous  vos  loix. 

Racine. 


|t?  Dans  cette  acception  où  le  mot  loi  eft  fynonyme 
d'autorité,  de  puillance  ,  on  dit  recevoir  la  loi  de 
quelqu'un  j  fe  foumettre  à  ce  qu'il  lui  plaît  d'or- 
danncr.  Subir  la  loi ,  fe  foumettre  à  la  volonté  de 
celui  qui  a  le  pouvoir  en  main.  La  loi  du  plus  tort 
eft  la  puilTimce  que  le  plus  fort  exerce  tur  le  plus 
loible  ,  fans  autre  raiton  que  celle  d'être  plus  fore 
que  lui. 

Loi,  fe  dit  aullî  d'un  qfdre,  d'un  commandement 
d'un  Maître,  ou  Supérieur,  qu'oiiiJ|ïcute.  Man- 
diituni  j  prafcrlvtum.Wo'iVj.  mon  pouvoir,  je  ne  puis 


LOI 

l'outrcpafTer  ,  c'efl:  ma  loi.  La  volonté  d'un  pcre  cft 
la  loi  {'ouveiaiiie  dans  fa  famille.  C.  Bauh. 
Loi,  fe  dir  aulli  en  parlant  de  l'enipire  que  l'amour, 
les  pallions  ont  fur   nous.  Cet  Amant  vit  fous  les 
cruelles  loix  de  fa  Maitrcflc;  il  fc  plaint  de  fcs  du 
res  loix  ;  il  obéit  à  fes  loix.  Je  ne  puis  m'aftranchir 
des  loix  de  l'inhumaine.  S.  EvR.  Si  la  raiion  fouf- 
frc  que  la  colère  s'élève  ,  clic  fe  met  en  danger  de 
recevoir  la  loi  de   cette  paillon  puillànte  &  impé 
ncule.  M.  Esp.  Animum  rege  ,  qui  nifi parec,  impé- 
rat.  HoR.  Les  voluptueux  ne  fuivcnt  d'autre  loi  que 
celle  du  plaifir.  Le  P.   Lamy. 
K^  Le  mot  de  loi  s'applique  encore  aux  obligations 
de  la  vie  civile.  On  dit  les  loix  du  devoir  ,  de  la  bien- 
féance,  de  l'honneur,  de  la  focicté ,  pour  dire  les 
chofes   auxquelles  on  cft    obligé  par  devoir ,   par 
bienféance ,  &c. 

Je  fus  toujours  fournis  aux  loix  de  mon  devoir , 
Ec  fais  de  mon  plaifir  une  fuprême  loi. 

Un  Monarque  afouvent  des  loix  à  s'impofer.  Corn. 

IJC?  Ce  mot  s'applique  encore  aux  règles  générales  de 
Ja  Nature.  L'Eclipfe  de  Soleil  qui  parut  au  temps 
de  la  paillon  de  J.  C.  fe  fit  contre  les  /oi.v  ordinaires  de- 
la  Nature.  Dieu  agit  toujours  d'une  manière  lunple 
&z  uniforme  ,  &  félon  les  loix  générales  qu'il  a  éta- 
blies. Bayl. 

^^  On  dit  en  phyfique  les  loix à\x  mouvement,  pour 
dire  les  règles  qui  s'obfervent  dans  la  communica- 
tion du  mouvement ,  ou  fuivant  lefqucUes  un  corps 
communique  fon  mouvement  à  un  autre. 

^C?  On  dit  à-peu  près  dans  le  même  fens ,  les  loix  de 
l'optique  ,  de  la  pefanteur  j  de  la  réikxion,  &c.  Sui- 
vant \ts  loix  de  l'optique,  les  angles  d'incidence 
font  égaux  à  ceux  de  réflexion.  Regulx 

§Cr  On  le  dit  encore  des  règles  du  jeu.  La  loi  du  jeu 
veut  que  celui  qui  quitte  la  partie  j  la  perde. 

Ville  de  Loi.  Terme  de  manufaéture.  C'efl:  une 
ville  ou  il  y  a  Communauté  ,  Apprcntillage  &:  Mai- 
trile  de  quelques  fabriques  d'étoftes. 

Loi,  en  termes  de  Monnoies ,  fe  dit  du  vrai  titre ,  ou 
carat ,  où  elles  doivent  être  fabriquées  -,  on  appelle 
remède  de  loi ,  le  défaut  de  deux  ou  trois  grains 
qu'on  y  fouifre ,  parce  qu'il  eft  difficile  de  les  faire 
•dans  une  parfaite  exaétitude.  Titre ,  loi ,  fin ,  & 
bonté  intrinsèque ,  font  des  termes  fynonymes.  Boi- 
ZARD,  P.  I.  c.  4.  On  dit  Remède  de  loi ,  largelfe 
de  loi.  Voyez  REMÈDE  &  LARGESSE. 

Loi,  le  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Nécciîîté 
n'a  point  de  loi.  C'efl:  un  méchant  homme ,  qui  n'a 
•  ïâfoi  J  ni  loi ,  c'efl:  à-dire  qui  n'a  ni  religion  ni 
probité.  On  d't  aulîî  en  devife,  un  Roi,  une  foi, 
une  loi.  Loyfel  expliquant  ce  proverbe ,  Qui  veut 
le  Roi ,  il  veut  la  loi,  dit  que  cela  fign'fie.  Que 
le  Roi  ne  veut  rien  que  ce  que  veut  la  loi.  On  dir 
proverbialement  :  Ce  que  je  vous  dis ,  c'eft  la  Loi 
&■  les  Prophètes ,  pour  dire  que  c'eft  une  vérité  in- 
conteftable.  Ac.  Fr.  '^S"  Les  loix  vont  où  les  Rois 
veulent ,  proverbe  Efpagnol ,  fiit  autrefois  fur  ce 
qu'Alfonfe  VI ,  Roi  de  Caftille  ,  voulut ,  malgré 
roppofition  du  peuple  &  du  clergé  j  qu'on  quittât 
dans  la  plupart  des  Églifes  de  fon  royaume  le  rit 
mozarabiquc  ,  &c  qu'on  prît  le  Romain. 

LojA.  Petite  ville  d'Efpagne,  fituée  fur  le  Xénil ,  dans 
le  Royaume  de  Grenade  j  à  fept  lieues  au-dellous 
de  la  ville  de  ce  nom.  Loja  fournit  des  chanvres 
&  des  laines  eftimées.  Loxa.  Mat  y. 

■LOJA.  Eft  aulTi  une  petite  ville  du  Pérou ,  dans  l'Amé- 
rique méridionale,  dans  la  Province  de  Quito  j  & 
à  quatre-vingt-cinq  lieues  de  la  ville  de  ce  nom , 
vers  le  midi.  Loxa. 

LOIAL.  -.  ç  LOYAL. 

LOL\LEMENT.    ^  Voyez.<    LOYALEMENT. 

LOIAUTÉ..  J  L  LOYAUTÉ. 

LOIDORER ,  V.  a.  Vieux  mot.  Lijurier,  Il  vient 
Grec  Àtt=f«ff<. ,  qui  fignifie  la  même  chofe.  On  a 


aulîî  Loedorer. 
Tome  V. 


t 


LOI  J9J- 

LOIÉ ,  ÉE ,  adj.  Vieux  mot.  Lié. 

LOIEH.  Foye-^  Loyer. 

LOIER.  Vieux  mot.  Loger. 

LOIGNIER ,  vieux  v.  a.  du  Latin  Elongare ,  Éloigner. 

LOIGNON.  Voyei  LOUGNON. 

LOIMILR  ,  f.  m.  Vii.ux  mot.  Limier,   forte  de  chien. 

LOIN.  adv.  de  litu  &  de  temps ,  qui  lert  à  marquer 
la  diftance ,  &C  fe  joint  avec  diverfes  particules  qui 
font  des  phrafes  propres  &  figurées  ,  la  plupart  pro- 
verbiales. Longé ,  procul.  Le  jour  de  notre  mort 
n'cft  pas  loin  ,  n'elt  pas  fi  loin  que  nous  penfons. 
Il  ne  me  rend  viiite  que  de  loin  a  loin ,  c'eft-a  dire, 
rarement.  Cette  ville  n'eft  pas  peuplée  ,  les  maifons 
y  font  loin  à  loin.  Placer  les  colonnes  loin  à  loin. 
Ablanc.  c'eft  adiré,  dans  une  diftance  confidéra- 
ble.  Or,  eft  une  particule  dont  il  ne  faut  ufer  que 
de  loin  à  loin.  Vaug.  Rem.  Les  lecours  qu'on  tire 
des  Ecclélîaftiques  pour  les  befoins  du  Royaume  ^ 
ne  font  tirés  que  de  loin  à  loin  ,  c'eft  à  dire,  qu'a- 
près une  cfpace  de  temps  confidéiablc.  Il  cft  allé 
voyager  au  haut  Se  au  loin ,  c'eft  à-dire ,  dans  des 
pays  reculés.  Les  lunettes  d'approche  font  voir  de 
loin,  &  les  trompettes  d'Angleterre  font  entendre  de 
loin.  On  dit  aulII  qu'on  voit  venir  de  loin  un  hom- 
me, lorfqu'on  prévoit  ce  qu'il  veut  dire,  &  qu'il 
n'ofe  pas  l'expliquer  du  prime  abord.  On  dit  aulli 
qu'un  homme  ira  bien  loin  ,  quand  il  a  un  beau 
génie  ,  un  beau  commencement ,  pour  poulfer  bien 
loin  fa  Icience ,  ou  fa  fortune.  On  dit  qu'un  hom- 
me va  plus  loin  qu'un  autre  ,  pour  dire  qu'il  a  plus 
de  pénétration  qu'un  autre.  On  dit  aullî  que  la  jeu- 
nellê  revient  de  bien  loin,  pour  dire  que  les  jeunes 
gens  réchappent  fouvent  des  maladies  les  plus  pé- 
nlleufes.  On  dit  aulli,  rejetter,  renvoyer  quelque 
choie  bien  loin ,  pour  dire  la  rebuter.  Cette  affaire 
ira  loin,  vous  mènera  loin,  pour  dire  vous  coûtera 
bien  du  temps  Se  de  la  dépenfe ,  vous  engagera 
plus  que  vous  ne  penf;z.  C'eft  du  plus  loin  qu'il 
me  iouviennej  d'avoir  mangé  avec  vous,  pour  dire 
qu  il  y  a  long  temps.  Il  y  a  des  choies  qu'il  vaut 
mieux  voir  de  loin  que  de  près.  Nous  ne  fommes 
parens  que  de  fort  loin  ,  en  un  degré  éloigné.  Il  ne 
faut  pas  prévoir  les  maux  de  fi  loin.  Il  ne  voit  pas 
plus  loin  que  fon  nez  ,  c'eft  à-dire  ,  il  eft  (ans  pré- 
voyance. Nous  fommes  bien  loin  de  compte;  bien 
loin  de  vous  devoir ,  c'eft  vous  qui  me  devez.  On. 
dit  figurémentj  qu  un  homme  cft /oi/7  de  fon  comp- 
te j  pour  dire  qu'il  s'en  taut  beaucoup  qu'il  foit  prêt 
de  réulKr  dans  (es  prétentions.  Ac.  Fr.  Cet  hypo- 
crite dit  cela  au  plus  loin  de  fa  penfée.  On  dit  d'un 
Voyageur,  a  beau  mentir  qui  vient  de  loin,  pour 
dire  qu'un  homme  qui  vient  d  un  pays  éloigné,  peut 
dire  tout  ce  qu'il  voudra  fans  craindre  qu'on  le 
convainque  de  faulicté.  On  dit  aufli  d'un  homme 
fort  infirme,  qu'il  n'ira  pas  loin,  pour  dire,  qu'il 
mourra  bientôt.  On  dit  en  menaçant,  il  ne  le  por- 
tera pas  loin.  Non  feret  diu  impunè  ,  inultum  id  à. 
me  nunquam  auferet.  Pour  dire ,  je  me  vengerai  bien- 
tôt de  l'artront  qu'il  m'a  fait.  On  dit  auili ,  porter 
loin ,  poulfer  loin  fa  haine  ,  fon  animolité  ,  fa  crici-r 
que  ,  (a  vengeance.  On  dit  aulîî,  je  ne  luis  inter- 
relïé  aucunement  dans  cette  aftaire,,  ni  de  près,  ni 
de  loin.  On  dit  quand  on  s'ennuie  en  quelque  en- 
droit ,  Je  voudrois  être  à  cent  lieues  loin  d'ici.  Orx 
dit  aulîî.  Vous  allez  chercher  bien  loin,  ce  qui  eft: 
bien  près.  Cette  comparaifon  eft  tirée  de  trop  lo'in  • 
on  va  bien  loin  depuis  qu'on  eft  las.  ■  ;     . 

On  dit  dans  un  fens  impératif:  :  Loin  d'ici ,  pro- 
fanes. Procul  efle ,  profa.ni.  Loin  de  nous  des  projets 
fi  funeftes.  Apage.  Loin  d'ici  cet  art  de  flatter  les 
Grands.  FlÉch.  Pour  dire  ,  nous  préferve  le  Ciel  de 
projets  fi  funeftes,  de  fi  foneftes  penfécs. 

Loin  de  moi ,  profanes  mondains  : 
Contre  l'ordre  du  ciel  tous  vos  efforts  font  vains, 

•     L'Ae.  Tét. 

Loin  ,  eft  quelquefois  prépofition  ,  &  fe  dit  avec  régi' 
me.  Procul  à.  Vous  êtes  trop  loin  de  mt)i. 

Ffffij 


T9^ 


L  O  I 


Loin  ,  fignifie  quelquefois  éloigne.  On  n'efl:  pas  loin 
d'aimer ,  quand  on  ell  perluadé  d'être  aimé.  B.  Rab. 

Heias  !  dans  cette  Cour, 
Combien  tout  ce  qu'on  dit  eji  loin  de  ce  qu'on  penfe  ? 

Racin£. 

On  dit  proverbialement ,  qui  eft:  loin  des  yeux  ,  efl:  loin 
du  cœur.  Près  de  l'Églilc  j  loin  de  Dieu  ,  fe  dit  d'un 
homme  qui  loge  près  de  l'Églife,  Se  qui  n'eft  guère 
dévot.  On  dit  auliî  d'un  amoureux  qui  n'ell  point 
aimé  de  (a  Maîtrcllë  :  Il  eft  auprès  de  cette  Belle  , 
comme  le  bénitier  efl:  dans  l'Églife;  près  de  la  porte 
&  loin  du  cœur.  Les  honnêtes  gens  ne  le  fervent  plus 
de  ces  fortes  de  comparaifons ,  &  de  ces  jeux  d'ef- 
prit  fondés  fur  des  allulions  balles.  On  dit  prover- 
bialement :  Pas  à  pas  on  va  bien  loin  ,  pour  dire 
qu'un  homme  qui  va  toujours  fans  difcontinuer  , 
ne  lailfe  pas  d'avancer  chemin  ,  quoiqu'il  aille  dou- 
cement. 

Loin,  eft  aufîî  quelquefois  une  conjonûion ,  qui  fe 
met  au  lieu  de  la  conjonftion  Bien  loin.  Non  modo  , 
fcd  etiam  \  tantîim  abefi  ut.  Il  iïgnitie ,  Tant  s'en  faut , 
&c  fe  conftruit,  ou  à  l'infinitif  avec  la  particule  de , 
ou  au  fubjonftif  avec  la  particule  que.  Loin  de  fe 
repentir,  il  m'a  fait  de  nouveaux  outrages.  Loin 
qu'il  fe  dilpofe  à  vous  faire  làtisfoèlion  j  il  eli  tout 
prêt  à  vous  outrager.  Loin  d'efpérer,  je  crains  tout. 

|fc?  C'cfl  une  faute  en  profe ,  où  il  faut  toujours  dire 
bien  loin,  &  jamais /oi/2  tout  feul.  Mais  en  vers  loin 
tout  feul  a  bien  meilleure  grâce  que  bien  loin  j  qui 
feroit  trop  languilfant ,  &  fentiroit  trop  la  proie. 

C'^j^  i' 'effroi  de  VAJîe,  {Pompée)  &  loin  de  l'y 

chercher, 
C'eJlàKome,  mes  Fils  y  que  je  prétends  marcher. 

Racini;. 

LOIN  ou  LOING.  Autrefois  Loen ,  ou  Luen  5c  Louain. 
Nom  d'une  rivière  du  Gâtinois  en  France.  Lupa, 
Luva.  Elle  baigne  Chàtillon  fur  Loing,  Montargis  , 
Château-Landon ,  Nemours,  &  fe  décharge  dans  la 
Seine,  entre  Aielun  &  Montereau-Faut- Yonne.  Hadr. 
Valois^  Not.  Gall.  p.  ^oS.  &  36 p.  col.  2.  Maty, 
le  P.  Daniel ,  &  d'autres  écrivent  Loing. 

LOINTAIN ,  AINE.  adj.  Qui  efl  fort  éloigné  du  lieu 
cij  l'on  ell,  ou  dont  on  parle.  Longinquus ,  remotas, 
dljjitus.  Il  ne  fe  dit  que  des  paysj  terres,  régions^ 
peuples ,  nations.  Il  eft  allé  voyager  en  des  pays 
lointains.  Les  peuples  lointains  ont  des  mœurs  & 
des  croyances  bien  différentes  des  nôtres.  On  dit , 
les  bords  lointains  ^  Se  non  pas  les  lointains  bords. 

Lointain  ,  f.  m.  En  termes  de  peinture,  §a"fe  dit  de 
la  partie  d'un  tableau  qui  n'efl:  pas  fur  le  devant , 
mais  qui  paroît  la  plus  éloignée,  qui  eft  la  plus  re- 
culée à  la  vue  dans  le  fond  du  tableau.  On  dit  qu'un 
lointain  efl  fort  beau ,  qu'une  figure  fait  bien  dans 
m  lointain.  Reccjfus.  L'œil  juge  qu'il  y  a  une  grande 
diftance  du  devant  au  lointain. 

l-OJOWOGOROD.  Petite  ville  de  la  Bade  Volhinic  , 
en  Pologne.  Lojovogorodium.  Elle  efl  fur  le  Boriftène' 
aux  confins  de  la  Lithuanie  ,  environ  à  vingt-trois 
lieues  de  Kiovie,  vers  le  nord.  Maty. 

CCFLOIR,  f.  m.  Rat  dormeur,  efpèce  d'animal  fem- 
blable  au  rat,  qui  vit  dans  le  creux  des  arbres.  Se 
qui  dort  durant  tout  l'hiver.  Glis.  Delà  vient  le  pro- 
verbe ,  il  dort  comme  un  Loir.  Les  Loirs  étoient  re- 
:  gardes  comme  uo  mets  délicat  chez  les  Romains. 
On  en  mange  encore  en  Italie.  En  France  c'efl  uii 
allez  mauvais  ragoût.  Quelques-uns  difent  Liron. 
f^oye-^  ce  mot. 

Loir.  (  k  ).  Nom  d'une  tivière  de  France.  Lidus ,  Leda^ 
Ligerus,  Lidericus ,  Legrus.  Elle  a  fa  fource  dans  le 
Perche,  traverfe  le  Blaifois  ,  le  Vendômois  &  l'An- 
jou^ baigne  Chàteau-Dun ^  Vendôme,  la  Flèche, 
&  fe  décharge  dans  la  Sarre  à  Angers.  Maty.  Il 
faut  écrire  Loirj,  Se  non  pas  Loire. 

LOIRE  (la).  Grande  rivière  de  France.  Liger,  Lige- 
ns.  La  Loire  a  fa  fource  en  un  lieu  qu'on  nomme 


LOI 

pour  cela  la  fontaine  de  Loire.  La  Loire  a  près  de 
deux  cens  lieues  de  cours  ;  elle  efl  navigable  pen- 
dant cent  foixante  lieues,  depuis  Roanne  jufqu'a  la 
mer.  Elle  prend  fa  fource  dans  le  Vivarais ,  au  pié 
de  la  montagne  de  Gerbier,  fur  les  confins  du  Vélay. 
Elle  coule  quelque  peu  au  couchant ,  puis  tournant 
au  feptentrion  ,  elle  palle  a.  deux  lieues  du  Puy 
partage  le  Vélay  en  deux,  &  baigne  Montbrifon* 
Roanne,  Nevers,  la  Charité,  Cofne,  Celle,  Ncuvy'" 
Briare,  Gien  Sully,  Fleury,  Jargeau ,  Orléans! 
Blois,  Amboife,  Tours,  Saumur,  Pont  de  Ce, 
Nantes;  après  quoi  elle  fe  jette  dans  la  mer.  Depuis 
le  Lyonnois  jufqu'à  Orléans  elle  court  au  nord-ouefti 
depuis  Orléans  jufqu'à  fon  embouchure,  à  l'ouell. 
Elle  reçoit  de  très  grolfes  rivières,  l'Allier^  le  Cher, 
l'Indre,  la  Vianne  ,  ou  Vignane;  &  beaucoup  d'au- 
tres moins  conlidérables.  On  en  compte  jufqu'à  cent 
douze.  La  Loire  divifoit  autrefois  les  Celtes  de  l'Aqui- 
taine. La  Loire  ell  un  grand  torrent  qui  fait  quel-- 
quefois  de  grands  défordres  par  fes  débordemens. 

On  a  dit  autrefois  Laire  pour  Loire,  au  moins 
en  Bren-igne.  Voyez  le  Glollaire  du  P.  Lobineau, 
a  la  hn  de  l'Hilloire  de  Bretagne. 

Loire.  Nom  d'un  bourg  de  l'Anjou,  en  France.  Lau^ 
nacum.  Il  y  a  des  Capitulaires  faits  dans  le  bourg 
de  Loire  en  Anjou.  Lauriac,  ou  Loire ,  en  Anjou. 
Fleury.  Le  Concile  de  Meaux  de  l'an  84;  ,  efl  un 
recueil  des  Canons  de  quelques  Conciles  précédens, 
qui  étoient  demeurés  fans  exécution  ;  lavoir ,  de 
Thionville,  de  Lauriac  ,  ou  Zo;Vt;  en  Anjou  ,  &:c.Id. 

LOIRET  (le}.  Nom  d'une  petite  rivière  de  France. 
Ligericinus  y  Liserittus ,  Ligerula,  Ligeretus.  Elle 
coule  dans  l'Orléanois  propre ,  baigne  Olivet ,  on 
S.  Alutin  de  Loiret,  Se  fe  décharge  dans  la  Loire, 
du  côte  du  midi ,  environ  à  une  lieue  au-delfous 
d'Orléans.  Cette  rivière  a  cela  de  remarquable  , 
qu'encore  que  fon  cours  foit  fort  court ,  elle  efl  na- 
vigable prefque  dès  fa  fource.  Hadr.  Valois ,  Not. 
Gall.  p.  2jS.  dit  Loiret,  ou  Loret;  mais  ce  der-. 
mer  eft  une  mauvaife  prononciation  du  peuple.  Le 
Loiret  ell  un  miracle  de  nature.  En  fa  fource,  il 
jette  continuellement  la  groHèur  d'un  poinçon  d'eau, 
qui  s'étend  &  rend  fa  fource  large  d'environ  80  toi' 
ks ,  comme  fi  c'étoit  un  lac  capable  de  porter  un 
dis  plus  grands  vailfeaux  ,  de  deux  mille  tonneaux 
de  mer.  ipT  C'eil  une  exagération  de  la  plupart  I 
de  nos  Géographes  qui  fe  font  copiés  les  uns  les 
antres.  On  voit,  dit  M.  de  Fontenu,  fortir'du  fein 
de  la  terre,  par  deux  fources  feize  à  dix-huit  pieds 
cubiques  d'eau  qui  rendent  le  Loiret  capable  dès- 
lors  de  former  un  ruiflèau  allez  confidérable ,  mais 
non  pas  allez  pouj.-  porter  bateau.  Il  n£  mérite  le 
nom  de  rivière  qu'un  peu  au  delîus  de  St.  Memin. 
Son  cours  ell  de  deux  petites  lieues  ;  à  demi-quart 
de  lieue  de  l'Abbaye  de  S.  Memin  il  fe  jette  dans 
la  Loire  ,  au  lieu  appelé  le  Rué.  Cette  rivière  donne 
à  la  lource  un  ligne  des  crues  Se  des  débordemens 
de  la  Loire,  parce  que  deux  ou  trois  jours  avant 
l'accroillement,  le  bouillon  de  la  fource  du  Loiret 
s'enfle  ,  6c  ell  trouble  ,  ce  qui  montre  que  fa  fource 
vient  de  la  Loire;  car  quand  la  rivière  de  Loire  eft 
balle,  la  fource  du  Loiret  efl  balfe.  Se  les  fontaines 
qui  font  au  delfous.  Ses  eaux  font  chaudes  en  hiver, 
&  froides  en  été.  La  fource  du  Loiret,  où  il  jette 
fon  bouillon  n'a  point  de  fond.  On  a  employé  en 
ij8? ,  pour  le  fonder,  trois  cens  bralfes  de  cordes 
fans  le  trouver.  Le  Maire ,  Hijf.  d'Orléans  ,  c.  XFL 
P-  44  5  4S-  Voyei  encore  Dom  du  Plellîs ,  dans  fa 
Defcript.  de  la  Fille  ,  &  des  environs  d'Orléans, 
page  7J. 

LOIRRER.  V.  a.  Vieux  mot.  Dérober. 

LOISER.  Terme  de  Marine  ,  qui  fignifie  Eclairer.  Pri- 
lucere.  Envieux  François  on  diïoit ,  eloifer ,  pour 
lignifier  éclair ,  qui  étoit  encore  en  ufage  du  temps 
de  Montagne  ;  car  il  s'en  ell  lèrvi.  Il  vient  du  Latin 
eliicere. 

LOISIBLE,   adj.  m.  &  f.   Licitus.  Qui  ell  permis.  La 

Coutume  de  Paris  dit  :  Il  ell  loijïble  à  un  voifin  ds 

feloger  ou  édifier  au  mur  mitoyen.  Tout  m'ell  loi- 


L  O  K 

fihle  j  mais  tout  n'efi:  pas  expcJieiit  ;  tout  m'efi:  loi/ï- 
bU ,  mais  toute  cliofe  n'édifie  pas.  Lovanistes  ,  /. 
aux  Corintk.  X  ,  ZJ.  Omnia  mihi  licenc ,  fed  non 
cm/lia  expcdiunt  ;  omnia  mifii  licenc  ,  fed  non  omnia 
ad'ijicant. 

Quoique  ce  mot  commence  à  vieillir  ,  on  s'en  peut 
fcTvir  encore  dans  le  ftyle  familier  tk  comique. 

Hi!  bien  !  alle^  ^  fonci ,  il  vous  eji  tout  loifiblc. 

Mol. 

On  dit  auflî  au  verbe.  Il  leur  loijl.  Licet.  A  l'ar- 
ticle iSo  de  la  même  Coutume,  il  ell:  porté,  Hom- 
me iS:  femme  conjointe  par  mariage ,  peuvent  cîc 
leur  loiJl  faire  donation  mutuelle  ,  &c. 
|KJ"  LOISIR,  f.  m.  Temps  vide  que  nous  lailfent  nos 
devoirs  ou  nos  affaires  ,  &  dont  nous  pouvons  dil- 
pofer  comme  il  nous  plaît.  Oduni.  Jouir  d'un  doux, 
d'un  honnête  lo'i/îr.  Ufer  bien  de  loii  loifir.  Ocia 
reclè  ponere.  Remplir  agréablement  le  /oj/Tr  que  lail 
fent  les  emplois.  Intcrvalla  negodorum  déganter 
otio  difpangere.  On  aime  le  loijïr  ;  mais  on  fuit  Toi- 
fiveré.  Ablanc.  L'amour  eft  l'enfant  du  loiJlr.  Corn. 
Sallufte  dit  de  Sylla  que  fon  loiJîr  écoit  voluptueux. 
S.  EvR..  On  vit  plus  en  deux  jours  de  loifir.  Se  l'on 
y  fent  mieux  la  vie  ,  qu'en  deux  ans  d'embarras. 
Ch.  de  m.  Jouilfons  doucement  d'un  heureux  loiJir. 
S.  EvR. 

Non,  non,  reviens,  Amour  :  chajfe  par  ta  préfence , 
Cet  ennuyeux  loilîr  qui  fuit  l'indifférence.  Dis  H, 

XoisiR  ,  fe  dit  auiîî  d'un  certain  efpace  de  temps  fuf 

filant  pour  faire  quelque  chofe  commodément.  Spa- 
tium  ,  tcmpus.  Vous  voulez  que  je  fallè  cela  ,  &  vous 
ne  m'en  donnez  pas  le  loifir.  Je  n'ai  pas  eu  le  lo'fir 
d'y  penfer.  ffT  Je  n'ai  pas  le  loifir  d'écrire.  Ocium 
non  eft  fcrihendi.  Si  j'en  ai  le  lofir.  Otium  reififu. 
On  dit  d'un  homme  qui  s'amufe  à  des  bagatelles ,  ou 
qui  s'applique  à  quelque  ouvrage  qui  lui  donne 
beaucoup  de  peine  ,  &  dont  il  ne  tire  aucune  uti- 
Jiré,  qu'il  eft  bien  de /oj/îr,  qu'il  faut  qu'il  ait  bien 
du  loifir  à&  refte.  Cui  multum  eft  abs  refuâ  otii.  Ter. 
On  dit  aulïï  d'un  homme  qui  fait  quelque  chofe 
dont  on  croit  qu'il  fentira  long  temps  les  fuites ,  qu'il 
aura  tout  le  lofir  àz  s'en  repentir. 

Loisir.  S'emploie  quelquefois  au  pluriel  dans  la  Pocfie. 
D'heuicux  loifirs.  Ac.  Fr. 

Ce  mot  vient  de  licere ,  fuivant  Nicod ,  comme 
plaifir  ,  de  placere.  Cela  eft  vrai ,  félon  M.  Huet , 
quand  loifir  eft  pris  dans  le  fens  d'être  permis  ;  mais 
quand  il  fignifie  celfation  de  travail,,  fclon  le  même 
Auteur ,  il  vient  à'otium  ,  d'où  l'on  a  fait  d'abord 
oifir,  puis  loifir,  en  joignant  l'article. 

,A  Loisir.  Sorte  d'adverbe.  Tout  à  fon  aife ,  fans  fe 
prellèr.  Otiosè  ,  per  otium.  Tous  les  beaux  Ouvrages 
le  doivent  faire  à  lofir.  On  ne  fait  rien  qui  vaille , 
lorfqu'on  ne  travaille  pas  à  lofir. 

A  Loisir  ,  fignifie  auili ,  en  y  prenant  plaifir.  Otiosè. 

Que  malgré  la  pitié  dont  je  me  fens  faifir  , 
Dans  le  fang  d'un  enfant  je  me  baigne  à  loifir. 

Eacine. 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  fort  occupe , 
qu'il  n'a  pas  le  lofir  de  fe  moucher,  d'être   ma- 
lade. 
LOIST.  Vieux  mot.  Qui  eft  loifible ,  permis.  On  a 
dit  aufll  Luit, 

L  O  K, 

LOK.  f  m.  Terme  de  Marine,  C'eft  un  morceau  de 
bois  fervant  à  mefurer  la  viteife  d'un  vailfeau.  Il 
eft  de  8  à  9  pouces  de  long,  fait  quelquefois  com- 
me le  fond  d'un  vailfeau ,  ou  comme  dii  M.  Har- 
ris ,  en  figure  triangulaire  ,  qu'on  charge  d'un  peu 
de  plomb  ,  afin  qu'il  demeure  fur  l'eau  dans  l'en- 
droit ou  on  le  jette.  Lignum  oneratum  plumbo.  Les 
Anglois  difent  Log. 

Uguc  deLoK,  c'eft  une  petite  corde  attachée  au  M, 


L  O  L  5-97 

par  le  moyen  de  laquelle  on  eftime  le  chemin  du 
vailicau  ,  en  niefurant  la  longcur  de  la  partie  de 
cette  corde  qu'on  a  dévidée  pendant  un  cert.ua 
temps,  qui  eft  ordinairement  une  demi-minute,  ou  30 
fécondes,  pend.rnt  lequel  le  vailfeau  poulie  par  le  vent 
eft  écarté  du  lok  ,  qui  eft  demeuré  comme  immobiJe 
au  dtlîus  de  l'eau,  dans  l'endroit  où  on  l'a  jette. 
Frézier. 

Cette  divifion  de  la  ligne  de  lok  eft  fautive.  Nos 
Navigateurs  font  accoutumes  de  n'y  donner  que  41 
pieds  8  pouces  par  nœuds ,  ou  tiers  de  lieue ,  taifânt 
la  lieue  marine  de  quinze  mille  pieds  1-rançois;  en 
quoi  ils  (c  trompent  lourdement ,  li  un  degré  clt  de 
J70C0  toifes,  &c  la  lieue  marine  de  2853  de  celle  du 
Châtelct  de  Paris,  comme  Melficurs  de  l'Acadé- 
mie l'ont  mefuré  par  ordre  du  Roi  en  167Z.  Car  fui- 
vant ce  calcul  j  la  hcue  étant  de  171 18  pieds,  la  li- ne 
de  lok  devroit  avoir  pour  chaque  naud  ,  par  rapport 
à  l'horloge  de  3  o  fécondes ,  47  pieds  6  pouces ,  7 
lignes.  Id. 

J'ai  reconnu  l'incertitude  du /o/t,  qu'il  faut  que  l'ex- 
périence &  le  bon  fens  corrige  fur  la  manière  de  le 
jetter  &  fur  l'inégahté  du  vent  ,  qui  eft  rarement  d'un 
même  degré  de  force  pendant  deux  heures  d'inter- 
valle qu'on  ne  le  jette  pas  :  la  chute  des  courans  in- 
connus eft  encore  une  nouvelle  caufc  d'incertitude  : 
de  forte  qu'il  eft  fouvent  arrivé  que  la  table  de  lok. 
quadroit  avec  la  hauteur  obfervée.  Id.  M.  Norwood 
Anglois  ,  a  aufli  corrigé  la  ligne  de  lok.  Voyez  M. 
Harris  au  mot  Log  ,  où  il  rapporte  les  correétions 
de    M.  Norwood. 

Nœud  de  la  ligne  de  Lok.  Ce  font  des  nœuds  efpa- 
cés  les  uns  des  autres  le  long  de  la  corde  ,  d'en- 
viron 41  pieds  8  pouces ,  fuivant  certains  pilotes, 
pour  le  tiers  d'une  lieue  :  de  forte  que  il  l'on  file 
l'intervalle  de  trois  nœuds  pendant  une  demi-minu- 
te ,  on  eftime  qu'on  fiit  une  heue  de  chemin  par 
heure.  Id. 

Table  de  Lok  ,  c'ell  un  morceau  de  planche  divifc 
en  quatre  ou  cinq  colonnes  ,  pour  écrire  avec  de 
la  craie ,  l'eftime  de  chaque  jour.  Dans  la  première 
colonne  ,  font  marquées  les  heures  de  deux  en 
deux;  dans  la  féconde  ,  le  rumb  de  vent  j  ou  la  di- 
redion  du  vailicau  ,  par  rapport  aux  principaux 
points  de  l'horizon  indiqués  par  la  boullole  ;  dans 
la  troifième  ,  la  quantité  de  nœuds  qu'On  a  filés  en 
jettant  le  lok  ;  dans  la  quatrième,  le  vent  qui  fouf- 
fie  5  dans  la  cinquème  ,  les  obfervations  qu'on  a 
faites  fur  la  variation  de  l'aimant.  Id.  Ce  font  des 
Officiers^qui  ont  foin  de  régler  la  table-de  lok. 

fp^  LoK.  1  erme  de  Pharmacie.   Foyei  Looch. 

lp°LOKE.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  C'eft  le  nom 
que  les  anciens  peuples  du  Nord  donnojent  au  dé- 
mon. Il  étoit  fils  d'un  Géant.  Il  eut  pour  femme 
Signie  dont  il  eut  plufieurs  enfans  :  il  en  eut  aufïi 
de  la  géante  Angerbode  melfagère  des  malheurs.  Il 
faifoif  une  guerre  éternelle  aux  dieux  qui  le  prirent 
enfin  ,  l'attachèrent  avec  les  inteftins  de  fon  fils ,  Se 
fufpendirent  fur  fa  tête  un  fcrpent  dont  le  venin  dé* 
gouttoit  fur  fon  vifagc.  Signie  alfife  auprès  de  lui  re- 
cevoir ce  venin  dans  un  baliin  qu'elle  alloit  vider  de 
temps  en  temps.  Alors  le  venin  tomboit  fur  Loke  ,  le 
faifoit  frémir  &  hurler  avec  tant  de  fureur  que  la 
terre  en  étoit  ébranlée.  Telle  étoit ,  fuivant  les  Phi- 
lofophesdes  Goths,la  caufe  des  tremblemens de  terre.. 

LOKET.  l^oye^  Ellebogen. 

gcr  LOKIANG.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Chingtu. 

LOKIREC.  ^ojejLocciREC. 

LOKIM.  Foye^  Lécum. 

L  O  L. 

LOLARDS ,  LOLHARDS  ,  ou   LOLLARDS.  Nom 

de  leâe.  Les  Lollards  font  une  fede  qui  séleva  en 
Allemagne  au  commencement  du  XIV*^  fiècle.  Elle 
prit  fon  nom  de  fon  Auteur  j  nommé  Lolhard  Wai- 
ter,  qui  commença  à  dogmatifer  en  ijij.  Il  ôtoit 
le  facrifice  de  la  Alelfej  rEstrême-Oudtion  ,  &  les 


^c)'è       L  O  M 

Luifaûions  propres  pour  les  péchés  j  difant  que  celles 
de  J.  C.  fufliroicnt.  Il  rctcanchoit  encore  le  Baptême  , 
qu  il  foutenoic  n'avoir  aucune  efficace  j  &:  la  Péni- 
tence qu'il  diloic  n'éac  point  néceilaire.  Il  enicignoit 
que  les  bons  Anges  mcritoient  mieux  l'Enter  que  les 
mauvais  ,  ôc  que  Luciler  même  ;  qu'on  n'étoit  point 
obligé  d'obéir  aux  Magiftrats  ,  &c.  Lolhard  Waltcr 
fut  brûlé  vit"  à  Cologne  l'an  i^iz.  Les  LoliarJs  in- 
linuoient  à  leurs  Lectateurs  que  Dieu  ne  connoillbit 
&  ne  punilloit  point  tout  ce  qui  lé  faiioit  (bus  terre. 
C'eft  pourquoi  ils  tenoient  leurs  aflémblées  dans  des 
lieux  fouterains  ,  où  ils  commettoient  des  abomina- 
tions effioyables.  Jovet,  T.  I ,  p.  7S- 

Il  y  a  eu  aulîî  des  Io//ari^  en  Angleterre  depuis  le 
règne  d'Edouard  III.  foit  que  des  LoUards  d'Alle- 
magne y  eulfent  porté  leur  dodrine  hérétique  ,  & 
que  Wiclef  l'eût  embrallée  :  foit  que  Wiclet  fût  hé- 
léllarquc  lui-même;  fes  dogmes  impies  avoient  tant 
de  rellemblance  avec  ceux  des  Lollards ,  qu'on  ap- 
pela Lollards  les  difciples  de  Wiclef.  Le  fentiment 
de  Trithémius  eft  qu'ils  venoientdes  Lollards  d'Al- 
lemagne. Pour  l'étymologie  du  Moine  de  S.  Au- 
,guftin  de  Cantorbéri  ,  qui  dit  qu'ils  furent  ainfi  ap- 
pelés de  lolïum  ,  mot  Latin  ,  qui  lignihe  de  l'ivraie  , 
parce  que  c'étoit  de  l'ivraie  femée  dans  le  champ  du 
Seigneur;  cette  étymologie  j  dis-je,  n'efl:  pas  vraie. 
L'Archevêque  de  Cantorbéri  ,  Thomas  d'Arundel , 
Se  le  Concile  d'Oxforr  j  condamnèrent  les  Lollards. 
Quelques-uns  donnent  aujourd'hui  en  Angleterre  le 
nom  de  Lollards ^nx  Nom-Conformiftes;  c'elf-à-dirCj 
à  tout  ce  qui  n'ell  pas  de  l'Eglife  Anglicane.  J-^oye^ 
Spelman.  Glojf.  Archs.ol.  Abelli ,  Hijl.  des  Hcref. 
Jovet,  T.  I ,p.  /4,  dit  que  Lolard  lignifie  Louant- 
Dieu  ^  apparemment  de  l'Allemand  loben,  louer ,  Se 
hcer  ,  Seigneur  ;  parce  qu'ils  faifoient  profellîon 
d'aller  de  côté  &  d'autre  en  chantant  des  Pleaumes 
ôc  des  Hymnes  ;  ce  qu'ils  ne  failoient  que  par  hy- 
pocrilie  ,  &  pour  abuler  plus  tacilement  de  la  lîm- 
-pliciré  du  peuple. 

En  France  on  appela  atifïi  Lollards  les  Pauvres  de 
Lyon  ,  Se  Mézeray  les  appelle  encore  ainfi  j  T.  I , 
p.  soo.  ^oyeç  Pauvres  ,  &ci-deirus  Léoniste. 

Ip-  LOLING.  Nom  d'une  ville  de  h  Chine  ,  dans  la 
province  de  Xantung  ,  au  département  de  Cinan. 

XOLLEN  ,  ou  LELLEN.  Nom  d'une  petite  ville  de  la 
Livadie,  en  Grèce  ,fituée  près  de  la  lourcedu  Céphifo. 
C'eft  l'ancienne  Ld&a  ,  que  quelques  uns  mcttoient 
dans  la  Doride  ,  &  d'autres  dans  la  Phocide.  Maty. 

lOLODA.  Le  Royaume  de LOLOD A.  Lolod^regnum. 
C'eft  un  petit  Royaume  de  l'Afie.  Il  occupe  la  plus 
grand  partie  de  l'île  de  Gilolo  ;  Se  il  prend  fon  nom 
de  la  petite  ville  de  Loloda  ,  qui  en  eft  la  capitale. 
MAxy. 

L  O  M. 

Ï-OM.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Figure  dedragon  à  cinq 
ongles ,  que  les  ouvriers  Chinois  repréfentent  fur  les 
ctoftes.  Lom  ,  Lomus  ,  Draco  unguibus  quinque.  Par- 
mi les  différentes  figures  que  les  Chinois  repréfen- 
tent fur  les  étotfes ,  celle  du  dragon  eft  très-ordi- 
naire. Il  y  en  a  de  deux  fortes;  celui  auquel  on  donne 
cinq  ongles  ,  Se  qui  fe  nomme  Lom ,  eft  unique- 
aiieut  employé  fur  les  étoffes  que  l'on  deftine  pour 
l'Empereur  :  ce  font  les  armes  que  Fohi ,  fondateur 
de  l'Empire ,  prit  le  premier  pour  lui  Se  pour  i'es 
fuccelfeurs ,  il  y  a  plus  de  quatre  nulle  ans.  La  fé- 
conde efpèce  de  dragon  n'a  que  quatre  ongles,  il 
s'appelle  Man.  L'Empereur  Vouvan  quirègnoit  il  y  a 
deux  mille  huit  cens  trente  deux  ans,  ordonna  que 
tout  le  monde  en  pourroit  porter  ,  &  depuis  ce 
lemp  là  ,  l'ufage  en  eft  ^devenu  commun.  P.  Le 
Comte. 

LOMADH  ,  ou  LOMAD.  f.  m.  Terme  de  Grammai 
re  ,  &  nom  propre  d'une  lettre  Syriaque.  Lomadh 
C'eft  la  même  que  le  h  Hébreu.  Cartel  dit  que  dans 
Us  nombres  elle  vaut  50000.  Il  s'eft  trompé.  Le  lo 
mad(c\A  ne  vaut  que  jo  comme  le  S  Hébreu;  quand 
il  y  a  un  point  delTus,  jl  vaut    300;  quand  il  v  a 


LOM 

une  petite  ligne  deftbus  ,  fi  elle  eft  pofée  oblique- 
ment de  droit  à  gauche  ,  il  vaut  3000.  Si  elle  elt  ho- 
rizontale, c'eft  300000.  S'il  a  fous  loi  deux  lignes 
poiées  en  chevron  A  ,  il  vaut  joocooooo.  Foyer  \^ 
Grammaire  Syriaque  de  George  Michel  Amira , 
L.  /,   c.  6. 

LOMAGNE  (  la  ).  Nom  d'un  petit  pays  de  la  Gafco- 
gne  ,  en  France.  Leomania  ,  Leomanierifis  Vicecomi~ 
tatus.  Il  eft  entre  l'Armagnac  j  le  Comté  de  Gaure 
&  la  Garonne,  qui  le  lepare  de  1  Agénois.  Le  bourg 
de  'Vie  en  eft  le  lieu  prmcipal.  Maty.  Autretois 
Leitoure  étoit  capitale  de  hLomagne  ;  de  là  vient  que 
les  Vicomtes  de  Lomagne  font  appelés  dans  les  ti- 
très  Vicecomitcs  Lactorenfes ,  'Vicomte  de  Leitoure, 
Hadr.  'Valois ,  Notit.  Gall.  p.  2^p.  Car  la  Loma.' 
gne  a  titre  de  Viiiomte.  Quelques  uns  écrivent  Lo- 
maigne. 

LOMAIN.  f.  m.  Y\omà:\\oK\\\\z..Lumanus.  A  Odrym 
au  Comté  de  Meath  dans  la  province  de  Lagénie  en 
Irlande.  Saint  Lomain  ,  premier  Evéque  de  cette 
ville.  Chastelain,  Martyr , T.  L  ,  p.ûyj  ,  au  17 
Févr.  Jocelain  dit  que  S.  Lomain  étoit  neveu  de  S. 
Patrice  ,  Se  qu'il  eft  un  des  quatre  qui  écnvireuc  là 
vie.  Colgan  dit  qu'il  l'écrivoit  lorfque  S.  Patrice  étok 
encore  vivant ,  Se  que  Saint  Lomain  mourut  avant 
lui.  Tout  cela  paroit  fabuleux.  Le  culte  de  ce  Saint 
eft  ancien  dans  la  ville  de  Port  Loman  ,  au  Comte 
de  Méath  ,  qui  en  a  pris  le  nom.  Id.  p.  6jff. 

LOMBAIRE,  adj.  m.  &  f.  Terme  d'Anatomi;.  Qui 
appartient  aux  lombes.  C'eft  une  épithète  qu'on 
donne  à  des  rameaux  de  l'artère  aorte  defccndante 
qui  porte  le  fang  aux  miifcles  des  lombes.  Lumbaris. 
11  y  a  aulfi  des  veines  lombaires  qui  reportent  le  fang 
des  mufcles  des  lombes  ,  dans  le  tronc  de  la  veine 
cave  defcendante.  C'eft  auflî  le  nom  d'un  mufcle  de 
la  cuilfe.  Foye^  Psoas.  C'eft  la  même  chofe. 

Lombaire.  Se  dit  encore  de  quelques  nerfs.  Les  cinq 
paires  de  neiis  lombaires  ont  cela  de  commun  ,  qu'el- 
les jettent  en  arrière  des  filets  pour  les  mufcles  ver- 
tébraux, qu'elles  communiquent  enfemble  avec  le 
grand  nert  fympatique  de  chaque  côté  ,  Se  qu'elles 
lont  couvertes  par  les  mufcles  pfoas.  On  fuit  le  dé- 
nombrement de  ces  paires  de  nerfs  ,  lelon  le  dénom- 
brement des  vertèbres  lombaires  ,  lous  lefquelles 
elles  palîent.  Winslow. 

LOMBAR.  f  m.  Terme  en  ufage  dans  l'Ordre  des  Char« 
treux.  Ceinture  de  corde.  Lumbare.  Les  Chartreux 
portent  continuellement  le  cilice  &  le  lombar ,  ou 
ceinture  de  corde  lur  la  chair  nue.  P.  HÉlyot. 

LOMBARDS.  Anciens  peuples  d'Allemagne.  LongO" 
hardi ,  Langobardi  ^  Lancobardi.  Les  Lombards  étoienc 
d'anciens  peuples  de  Germanie  ,  qui  habitoient  dans 
le  pays  qu'on  nomme  maintenant  la  Nouvelle  Mar- 
che de  Brandebourg.  Ils  prirent  leur  nom  ,  félon: 
quelques-uns ,  de  leurs  longues  barbes ,  &  feloa 
d'autres ,  de  leurs  longues  pertuifanes ,  ou  Halle- 
bardes,  qu'ils  appeloicnt  Barden.  En  eff'et.  Tacite 
dans  fes  Annales,  Z.  /7,  c.  4s.  L.  XI.  c.  i/jSc 
de  Morib.  German.  c.  40.  appelle  Lombards  ,  les 
peuples  fitués  fur  l'Oder  ;  &  Strabon  avec  Ptolomée , 
ceux  qui  lont  au  delà  de  l'Elbe.  Mais  on  a  donné 
fur-tout  ce  nom  à  ceux  qui  s'établirent  en  Italie,  & 
y  formèrent  une  Monarchie  puillànte  dans  la  Gaule] 
Cifalpine  ,  à  laquelle  ils  firent  perdre  fon  nom ,  pour 
lui  donner  celui  de  Lombardie. 

Les  Lombards  ,  dilent  quelques-uns  ,  étoient  lesj 
'Vinules.  Ils  fortirent  de  la  Scandinavie.  C'étoient; 
des  Gépides ,  qui  étoient  originairement  Goths.  Ils' 
battirent  les  Bourguignons  ,  &  vinrent  fe  placer 
fur  le  Danube.  Profper  d'Aquitaine  eft  le  premier 
qui  en  parle  fous  le  règne  de  Théodofe.  Vers  l'an 
592.  ils  fe  donnèrent  un  Roi,  Se  mirent  Agilumude 
lur  le  thrône. 

Paulus  Warnefridus ,  appelé  communément  Paul 
le  Diacre  ,  a  écrit  l'hiftoire  des  Lombards  en  VI.  Li- 
vres. Il  dit  que  cespeuplesfe  rafoient  le  derrière  de 
la  tête  ;  que  par-devant  ils  lailfoient  croître  leurs 
cheveux  jufqu'à  la  bouche  ,  Se  les  rangeoient  des 
deux  côtés  du  vifage;  qu'ils  avoient  des  habits  lar- 


L  O  M 

ges ,  &:  ordiiiaiicmciit  de  l.iinc  ,  ornes  de  bandes 
de  di.icrentes  couleurs.  Leurs  ioulicrs  ctoienc  ou- 
verts prefque  julqii'.ui  gros  doiL;t  du  pié;  ils  les  f'er- 
iTioient  5  6c  les  lioieiit  avec  des  corroies  dont  ils  les  l.i 
çoient.  Foye^  L.  1 ,  c.  S  &  fuiv.  Speiman  écrit  que 
\ts  Lombards  y  que  Narsès  appel.i  en  Italie  j  étoient 
une  Colonie  de  Saxons.  Grégoire  de  Tours  ,  Hijl. 
de  Franc.  Epitom.  N.  é y.  dit  que  les  Lombards 
ayant  palIe  le  D.inube  avec  leurs  femmes  &  leurs 
enLnis,  les  Chunes  leur  \oulureiit  taire  Li  guerre  ,lk 
leur  envoyèrent  demander  pourquoi  ils  palîoient  dans 
leurs  terres  ;  alors  les  Lombards  dirent  à  leurs  lem 
mes  de  le  lier  les  cheveux  le  long  des  joues  &  du 
menton,  afin  que  les  Chunes  les  prenant  pour  des 
hommes  j  ils  crullent  avoir  en  tcte  un  plus  grand 
nombre  de  guerriers  qu'ils  n'en  avoient  en  etlet ,  ik 
qu'ils  n'olallent  pomt  les  attaquer  ;  &  c'eft  de  ce 
ftratagème ,  lil'on  en  croit  Grégoire  de  Tours ,  qu'ils 
furent  appelés  Lon^obardi ,  Longues  Barbes ,  Lom- 
bards. Quelques  uns  dilent  qu'ils  étoient  originai- 
res de  Norwégc. 

Quoiqu'il  en  foit  du  lieu  de  leur  première  dcmcu 
re  ,  l'Empereur  JulHnien  les  ht  venir  en  Italie  ,  pour 
s'tn  (ervir  contre  les  Goths ,  &  en  récompenfe  de 
leurs  fervices,  il  leur  donna  l'an  J48,  la  NoriquCj 
&  une  partie  de  la  Haute-Pannonie;  d'où  l'an  J78 
ils  paflèrent  en  Italie  ,  lollicités  par  Narsès  ,  ou 
poulies  fimplement  par  le  delà-  de  polléder  un  pays 
dont  ils  connoillbient  la  bonté.  Alboin  j  leur  chei , 
fut  déclaré  Roi  par  fon  armée  1  an  570.  à  Milan. 
Ce  Royaume  lublilLi  lous  le  nom  de  Royauine  de 
Lombardïe  julqu'en  772.  que  Charlemagne  prit  Dé- 
lidérius ,  ou  Didier  ,  Roi  des  Lombards  ,  &  fe  ren- 
dit maître  du  Royaume  j  qui  comprenoit ,  outre  la 
Lombardie  d'au;  jurd  hui ,  tout  lEtat  de  'Venife , 
julqu'a  riftrie  excluhvement,  l'Evêché  de  Trente 
<^'  une  partie  du  Tirol  ,  le  pays  des  Grifons  j  la 
République  de  Gènes,  laTokane,&  même  d'autres 
pays.  Maty.  Adalgife  j  fils  de  Didier  ,  fe  réfugia 
a  Conftantinople  :  Conftantin  Copronyme  le  fit  Pa- 
tricien ;  mais  étant  repallé  en  Italie  pour  recouvrer 
ics  Etats ,  il  y  perdit  la  vie ,  après  avoir  perdu  la 
bataille. 

Le  dieu  des  Lombards  Ce  nommoit  'Wodan  ,&c  félon 
d'autres  exemplaires,  Wifodan  ,  qui  au  rapport  du 
L^iacre  Paulj  dans  Ion  Hiftoire  des  Lombards  j  étoit 
le  Mercure  des  Romains. 

Ce  mot  vient  de  iang  ,  long  ,  &  bardt,  barbe  ;  ou 
bvden,  lance.  Car,  Iclon  la  remarque  de  Paul 
Walfride,  dans  la  langue  de  ces  peuples,  lan§  li- 
gnifie /ong  _,  Se  baert  veut  dire  barbe.  C'eft  aulfi  le 
fentiment  de  Guntherde  Rubci ,  de  Trédequaire  ,  & 
de  prelque  tous  les  Auteurs.  Quelques  uns  dérivent 
ce  nom  de  celui  de  certains  peuples  de  la  Saxe  j 
qu'on  appeloit  Bardes  j  en  Latin  Bardi. 

Outre  les  NI  Livres  de  P.iul  Diacre ,  de  Gcjlis 
Lan  'obardorum  ,  voyez  encore  Aimoinj  de  Gejlis 
Franc.  L.  II.  c.  i  j,  ^i  ,  jj.  L.  III.  c.  17 ,  36  , 
37  ■>79  :,  &^c-  Adelmus  à  l'an  7//  ,  773  ,  776.  Clu- 
vier,  L.  III.  de  l'ancienne  Allemagne,  &  Pafquier, 
Rech.  L.  I.  c.  6 .  Et  fur  le  Caroccio  des  Lombards , 
f^qyeç  ci-delliis  Chariot  ,  &  Mafcurat. /j.   /20. 

On  a  appelé  Lombards  en  France  ,  les  Marchands 
Italiens  ,  qui  venoient  y  commercer  ,  parce  qp'cn 
effet  Venile  Se  Gènes  tailant  tout  le  commerce  du 
Levant ,  les  Marchands  qui  nous  apportoienr  des 
marchandifes  de  ces  deux  villes  ,  étoient  tous  Lom- 
bards ,  ou  de  cette  partie  de  l'ItaUe  que  l'on  nom- 
moit Lombardie  ,  &  que  les  Lombards  avoient  polîé- 
dée.  Enfuite  ,  parce  que  ces  Marchands  Lombards 
étoient  ou  padoient  pour  être  uluriers  ,  on  nomma 
les  ufuriers  du  nom  de  Lombards.  Prêt  Lombard.  On 
1  appela  ainfi ,  parce  qu'autrefois  ceux  qui  faifoient 
métier  en  France  de  prêter  à  intérêt ,  étoient  la  plu- 
part lombards  ou  Juifs.  Le  prêt  Lombard  eft  un 
prêt  (ur  gaines  à  tant  par  mois.  Cette  forte  de  prêt  à 
ufure,  après  bien  des  difputcs ,  a  enfin  été  approu- 
vée par  autorité  publique  dans  les  Pays  -  Bas  ;  juf 
ques  là  que  les  Eccléfiaftiques  mêmes  y  font  valoic 


L  O  M 


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leur  argent  de  cette  manière  ,  fins   que  pcrfonne  y 
trouve  a  redire. 

On  a  donne  le  nom  de  lombards  aux  Gibelins , 
Se  à  ceux  de  leur  faction  ,  qui  s'établirent  en  France 
&  en  Allemagne,  où  ils  failoient  le  commerce  &  le 
change  d'argent.  Foyei  Froilîàrt.  La  place  du  change 
sappelle  a  Amilerdam  la  place  Lombarde.  Q^'  Et 
l'on  appelle  maifon  des  Lombards  ,  une  maitbn  où 
tous  ceux  qui  font  preilés  d'argent  trouvent  à  en 
emprunter  llir  les  cttcts  qu'ils  y  laillci.t  pour  gages, 
à  un  intérêt  réglé  par  le  Magi'trat  à  tant  par  mois. 
Cfc3"  Lombard.  {  droit)  Loix  Lombardes.  Le  dvoii Lom- 
bard ell  celui  que  les  Lombards  établirent  parmi  eux  , 
en  Italie.  Nos  Rois  après  les  avoir  tubjugués,  leur 
lailîerent  la  liberté  de  luivrc  leurs  loix.  On  a  tait 
une  coUertion  des  loix  des  Lombards  ,  cunnuc  fous 
le  nom  de  Lombarde.  Il  y  a  aulii  un  droit  féodal  Lom- 
bard ,  divilé'  en  deux  livras.  Lettres  Lombardes. 
Voye':^  Lettres. 

L'École  'Lombarde  ,  c'eft  le  nom  que  l'on  donne 
aux  Peintres  illuftres  qui  ont  fleuri  dans  la  Louibar- 
die.  Les  plus  bizarres  compolitions  de  l'Ecole  Zoot- 
barde  ont-elles  quelque  chofe  de  plus  choquant  :-  Un 
Peintre  qui  ignore  ce  qu'on  nomme  U  cojïume  ,  ne 
peint  rien  avec  vérité.  Les  Peintres  de  l'ticole  Lom- 
barde ,  qui  ont  d'ailleurs  fi  naïvement  repréiénté  la 
nature,  ont  manque  de  fcience  en  ce  point.  Ils  ont 
peint  le  Grand  Prctrc  des  Juifs ,  comme  un  Pape.  Fen. 

Tu  charges  tes  riches  tentures 

De  Bruxelles  ,  des  Gobelins  , 
De  tout  ce  qu'ont  produit  de  plus  rares- peintures 
L'Ecole  des  Lombards  ,  &  celle  des  Romains. 

SÉNECÉ. 

Lombard.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  une  des  moyen- 
nes lortes  de  papier  propre  à  l'impreliion. 

LOMBARDIE.  Nom  dune  grande  partie  de  l'Italie, 
&  qui  comprend  prelque  toute  lancienne  Gaule  Ci- 

\  falpine  Longobardia ,  Lombardia.  Elle  eft  vers  le 
nord  ,  Se  on  la  divife  en  haute  &  balle  Lombardie ,  V 
aufli  en  Lombaadie  deçà  &   delà  le  Pô.  Maty. 

La  Haute-LoMBARDiE  ,  Longobardia  fuperior.  C'eft  la 
partie  occidentale  de  la  Lombardie.  Elle  comprend  le 
Piémont ,  avec  les  dépendances  ,  Se  les  Duchés  de 
Montferrat  Se    de  Milan.    Id. 

La  Balfe-LoMBARDiE,  Longobardia  inferior.  C'eft  la 
partie  orientale  de  la  Lombardie.  On  y  renferme  les 
Etats  de  Parme  ,  &  de  Modène  ,  le  Duché  de  Man- 
toue  ,  celui  de  Ferrare  &  le  Bolonnois  ,  Province  de 
l'Etat  de  l'Églife  ;  le  Padouan  j  le  Vicentin ,  le  Vé- 
ronois ,  le  Brellan  ,  le  Cremafc  Se  le  Bergamafc , 
Province  de  l'État  de  'Vcnife.  Id. 

La  Lombardie  ,  au  deçà  du  Pô.  Longobardia  Cifpa- 
dana.  C'cll  la  partie  de  tous  les  Etats  de  la  haute  & 
balle  Lombardie  ,  qui  eft  entre  le  Pô  d^-  le  mont 
Apennin,  Id. 

La  Lombardie  au-delà  du  Pô.  Longobardia  Tranfpa- 
dana.  C'eft  la  partie  des  Etats  de  la  haute  Se  baile 
Lombardie  ,  qui  eft  au  nord  du  Pô ,  entre  cette  rivière 
&  les  Alpes.  Id. 

La  Congrét.ation  de  Lombardie  ,  eft  une  Congréga- 
tion de  1  Ordre  des  Ermites  de  Saint  Augultin.  C  eft 
la  plus  noiTibreufe  (Se  la  plus  lioiiliantc  de  celles  qui 
lont  gcuvernées  par  des  "Vicaires  Généraux.  Lliecom- 
prend  8u  Couvents ,  dont  Sainte  Marie  du  peuple  à 
Rome  eft  un  des  plus  confidérables.  Jean  Roch  Por- 
zii  de  Pavie,  Jean  de  Navarre  &  Grégoire  de  Cré- 
mone, furent  les  Auteurs  de  cette  réforme,  qu'ils 
introduifirent  en  1450.  félon  quelques-uns.  Se  (eloii 
quelques  autres  en  1438.  dans  les  anciens  Couvents, 
Se  dans  d'autres  qu'ils  érigèrent  de  nouveau.  Celui  de 
fainte  Agnès  de  Mantoue  dépend  de  cette  Congréga- 
tion, Celui  de  Notre  Dame  de  Brou,  proche  de 
Bourg  -  en  -  Breife  ,  dont  l'Eelile  fetvoit  autrefois 
de  fépulture  aux  Princes  de  Savoye ,  &  qui  appar- 
tient préfentement  aux  Augufrins  Déchaullés  de  Fran- 
ce ,  étoit  aulfi  de  cette  Congtégaticn.  P.  Helyot  , 
P,  ///.  p.  i.c.  s. 


6oo 


L  O  N 


LOMBARDîQUE.  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient ,  qui  a 
rapport  à  la  Lombardie.  Lombardicus  j  Longobardi 
eus.  Les  villes  Lombardiques. 

LOMBARDO.   C^^d  Lombardo.    Nom  d'une    petite 
ville  autreFois  Épikopalc.  Caftellum  Lombardum  ,An 
cicuncment  Jucape.  Elle  efl:  far  la  côte  méridionale 
de  l'Anatolie  ,  vis  à  vis  l'île  de  Chypre. 

LOMBERS.  C  etoit  le  nom  d'une  ville  du  diocèfe  j  & 
à  deux  lieues  d'Alby  en  Languedoc  Lombenïum.  Cette 
Ville  a  été  ruinée  à  caufe  de  la  rébellion  de  les  Habi- 
tans ,  &  elle  n'a  point  été  rétablie.  Voye\  Carel^  Hijl. 
de  Lani^o.  L.  11.  p.  yj- 

LOMBES^  f.  m.  pi.  Terme  d'Anatomie.  Lumbi.  C'eft  la 
partie  inférieure  de  l'épine  du  dos ,  compolée  de  cinq 
vertèbres  qui  font  plus  groll'cs  que  celles  du  dos  , 
parce  qu'elles  leur  fervent  de  bafe  ;  Se  dont  les  articu- 
lations ne  font  pas  Ci  ferrées,  alîn  que  les  mouvemens 
des  lombes  (oient  plus  libres. 

Ce  mot  s'ell  form?  du  Latin  luméi ,  qui  félon  Ifi- 
dore ,  vient  de  libido. 

Lombes.  Prononcez  toujours  Is  finale  ,  ou  Lombez. 
Nom  d'une  petite  ville  Epifcopale.  Lombena  ,  Lwn- 
bcrium ,  Lumberia  ,  Lumbertium.  Elle  eft  lîtuée  dans 
le  Comté  de  Cominges  en  Gafcogne  ,  fur  la  rivière 
de  Save,  au  couchant  de  la  ville  de  Touloufcjdont 
elle  ell  fuffragante  ,  &  éloignée  de  huit  lieues.  Maty. 
Lombes  étoit  autrefois  du  diocèle  d'Auch  ,  il  y  avoit 
«ne  ancienne  Abbaye  de  Notre  ^  Dame  de  l'Ordre 
de  Saint  Auguftin.  Lombes  fut  érigé  en  Évéché  par 
JeanXXIL  avec  Montauban  .Saint  P.ipoul&  Rieux, 
l'an  1 5  i7.Long  i8.  d.   35',  lat43d.  ^]'. 

L'ancien  nom  de  cette  ville  eft  Lombers  ;  8c  Valois^ 
Not.  Gall.  p.  2y.  prétend  qu'on  la  doit  encore  ap 
peler  ainli ,  &  non  pas  Lombes ,  mais  l'ufage  eft 
contraire. 

LOMBIER.  Fbye?  LuMBiER. 

LOMBIS.  C  m.  Teime  de  Rocailleur.  Groife  coquille 
vermeille.  Cochlea  ruhicunda.  Voilà  un  beau  lombis. 
On  l'appelle  aulll  lambis. 

LOMBOYER.  v.  a.  Terme  des  Salines.  Méliorcr,  faire 
cpaillîr  le  fel.  L'on  ne  mixtione  le  f  el  par  mélange  quel- 
conque ,  laut  que  quelquefois  pour  lui  donner  plus 
de  vit ,  on  y  jette  des  pièces  (  ce  que  l'on  appelle  Lom- 
hoyer)  c'eft-à-dire ,  méliorer,  épaiftir.  Gollut  ,  Mé- 
moires delà  Franche-Comté .,  L.  11.  c.  26 . 

LOMBRICAL.  adj.  Terme  d'Anatomie.  Epithète  que 
les  Médecins  donnent  à  quatre  muklcs  qui  font 
mouvoir  les  doigts  de  la  main.  J'ermijormis.  Ils  les 
appellent  lombricaux ,  ou  vermiformes  ,  parce  qu'ils 
ont  la  figure  de  vers.  Il  y  en  a  pareil  nombre  aux 
pieds. 

LOMBRON.  Bourg  de  France  dans  le  Maine  ,  Eledion 
du  Mans. 

LOMOND.  Le  Lac  Lomond.  Lomondus  ,  ou  Laman- 
dus  Lacus.  Ce  Lac  eft  dans  le  Comté  de  Lennox  , 
en  Ecolle  ,  au  nord  de  la  ville  de  Dunbriton.  Il  peut 
avoir  lix  lieues  de  long  ,  &  trois  de  large.  On  y 
voit  plufieurs  petites  îles  dont  les  principales  font 
"Mérin  ,  Fadd  ,  Laanack ,  Connaghan  &  Ôavannan. 
Les  Habitans  de  ces  îles  vivent  dans  une  grande 
union  les  uns  avec  les  autres ,  &  fe  fournilTent  réci- 
,f  roquement  ce  dont  ils  ont  befoin.  Leur  Lac  eft  fort 
poillonneux ,  &  il  a  fa  fource  dans  la  rivière  de 
Le-win.  Maty. 

LOMSA.  Voyc^  LuMSA. 

L  O  N 

L'ON.  Voyei^  ON. 

LONATO.  Nom  d'un  bourg  de  l'Etat  de  'Venife^  en 
Italie.  Lonatum.  Il  eft  dans  le  Breftan ,  à  une  lieue  du 
Lac  de  Garde,  du  côté  du  midi. 

LONCHITE,  ou  Lonkite.  f  £  Du  moins  e'eft  ainfi 
qu'il  faut  prononcer.  Pour  l'Orthographe ,  Lonchice 
vaux  mieux.  C'eft  un  genre  de  plante  femblable  à  la 
fougère.  LonckicLs.  Elle  n'en  diffère  qu'en  ce  que  Tes 
feuilles  ont  une  oreillette  à  la  bafe  de  leurs  découpu- 
res; ce  qui  leur  donne  un  port  particulier.  La  lonkite 
xit  porte  point  de  Heurs.  Ses  femences  vienuent  fui  le 


L  O  N 

dos  de  fes  feuilles;  elles  font  fi  petites ,  qu'on  ne  peut 
lesdiftinguer  {éparément  qu'avec  le  inicrofpope  :  elles 
ont  la  figure  d'un  ter  à  cheval.  Il  y  en  a  de  plufieurs 
efpèces. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ^ofj  c  lance  j  parce  que  les 
feuilles  de  cette  plante  (ont  pointues  ,  (^;  en  forme  de 
lance.  C'eft  aufti  pour  cela  qu'on  l'a  appelée  en  Fran- 
çois lancelée. 

LoNCHiTE.  1.  m.  En  termes  d'AftronomiCj  efpèce  de 
Comète,  ainii  appelée  ,  parce  qu'elle  relîemble  à 
une  lance  ,  d'où  lui  vient  auifi  le  nom  à'HaJiifor- 
me.  Lonchites.  La  tête  du  Lonchite  a  une  for- 
me elliptique  ;  fa  queue  eft  comme  des  rayons  très- 
longs  ,  très-déliés  ,  &c  qui  (e  termine  en  pointe.  Har- 
kis. Ce  terme  n'eft  plus  en  ulage. 

LONCLOATH.  f.  m.  Terme  de  Commerce.  Toiles  de 
coton  blanches  ou  bleues ,  que  l'on  tire  de  la  côté  de 
Coromandel. 

LONCZ.  Foyei  Lienz. 

LONDANO,  ou  LANDANO.  Nom  d'une  petite 
ville  de  la  Morée.  Londanum ,  Laudanum.  Elle 
eft  dans  la  Zaconie ,  ou  félon  d'autres  ,  dans  le 
Belvédère,  à  huit  lieues  de  Calamata,  du  côté  du 
nord.  Maty. 

LONDARIO.  Foyq  LÉoNTARi. 

LONDEN,&:  LONDON.  Foy.  Londres, 

LONDINIERE.  Bourg  &  Baronie  de  France ,  dans  la 
Normandie,  au  pays  de  Caux,  (ur  ladroite  de  l'Eaune. 

LONDON-DÉRY.  Nom  d'une  ville  de  l'Ultonie,  ou 
province  d  Ulfter  j  en  Irlande.  Deria ,  Derium,  Lon- 
dino-Deria.  Elle  eft  dans  l'île  d'Owen  ,  lur  la  rivière 
nommée  le  lac  Foyle  ,  environ  à  une  lieue  audelTus 
de  la  Baie  qui  porte  le  mén;e  nom.  Cette  ville  ^  ca- 
pitale du  Comté  de  London  dery  ,  eft  une  Ccloiiie  de 
la  ville  de  Londres;  elle  a  un  Évêché  luftragant  d'Ar- 
magh  :  &  elle  s'eft  rendue  célèbre  dans  la  dernière 
révolution  d'Angleterre,  par  le  liège  qu'elle  foutim 
julqu'à  fouitrirks  dernières  extrémités  de  la  faim, 
contre  l'armée  du  Roi  Jacques  II.  qui  la  commandoii 
en  perfonne ,  &  qui  (ut  obligé  de  lever  le  fiége. 

Le  Comté  de  London-Derv.  Derienfis  ,  on  Lan- 
dinodenenfis  Comitatus.  Contrée  de  l'Ultonie  en  Ir- 
lande. Elle  eft  entre  les  Comtés  d'Antrim  ,  du  Ty 
ronne  ,  &  de  Doneghal  ,  ou  Tyrconel  ;  l'océan  Cal- 
cédonien  la  baigne  du  ■  ôté  du  nord.  Ce  Comté  peu 
avoir  douze  lieues  de  long  &:  huit  de  large.  Il  ef 
compolé  de  l'ancien  Comté  de  Colraine ,  &  de  1: 
partie  (eptentrionnle  de  celui  de  Tyronne  ;  fes  lieu 
principaux  (ont  Colraine,  Lamiievadi ,  &  London 
Déry  capitale.  Maty. 

LONDRE.  f.  m.  'Vailleau  de  bas  bord  en  façon  d( 
galère;  mais  d'une  conftruétion  plus  matérielle,  & 
plus  pefante  à  la  rame.  Triremis  crajfior.  Il  n'a  n 
rambade,  ni  couradoux;  mais  au  lieu  de  château  d( 
proue  &  de  rambade ,  on  y  met  un  parapet  pliant 
Il  y  a  des  londres  de  diri-érente  capacité. 

LoNDRE.  Lundinum.  Ville  de  la  Tucumanie  ,  dan 
l'Amérique  méridionale ,  bâtie  par  Jean  Gomez  Zu- 
rita  ,  l'an  i  j^S.  Elle  étoit  près  de  la  vallée  de  Cal- 
chaquin,  afin  d'arrêter  les  courles  des  Calchaquin 
&:  des  autres  Barbares  du  voihnage.  Del  Techo 
Hijl.  Paraq.  L.  Le.  20. 

LONDRES.  Nom  de  la  capitale  d'Angleterre  ,qui 
les  Anglois  appellent  London  ,  les  anciens  Habitan 
de  l'île  Lundein  ,  ou  Caerlud  ;  les  Allemand 
Londcn  ,  ou  Lunden  ;  les  Italiens  Londra;  en  Fran 
çois  nous  dilons  Londres  :  en  Latin  Londinum ,  Lan 
dinium ,  Longidinium  ^  Lundinia  j  Lindsnium.'^iM 
du  Comté  de  Middellex,  en  Angleterre,  fituée  (u 
la  Tamile ,  à  dix  lieues  de  (on  embouchure  dan 
la  mer  d'Allemagne.  Cette  ville ,  le  fiége  ordinair 
de  (es  Rois ,  eft  ancienne.  Les  Hiftoires  (abuleule 
alfurent  qu'elle  a  été  fondée  l'an  du  ^monde  294« 
1108.  ans  avant  la  naillance  de  J.  C,  &  jS^  a'' 
avant  la  fondation  de  Rome.  Quoi  qu'il  en  l'oit  d 
fon  ancienneté  ,  Londres  eft  une  des  plus  grandes 
des  plus  magnifiques :,  des  plus  peuplées,  des  plr 
riches,  des  plus  marchandes  villes  de  1  Europe  ;  le 
plus  grands  vaifteaux  y  pouvant  remonter  de  la  me 

F 


LON 

par  la  Tamlfe,  Elle  efl  compofcc  de  deux  villes  , 
Wclbninrter  &  Zo/zi/«j,  éloignccsautiet'oisciiviioii 
d'une  lieue,  ^  jointes  maincenant  par  des  batiniens 
qu'on  a  faits  entre  les  deux.  Il  y  a  encore  le  grand  fau- 
bourg de  Southwarch  ,  (iparé  de  Londres  par  la  Ta 
i-nif'c  ,  que  l'on  y  palle  lur  un  beau  pont  de  dix  neuf 
arches,  long  de  huit  cens  pies,  large  de  foixante  , 
ëc  borde  de  maiions  des  deux  côtés.  Ji  y  a  plulîcurs 
châteaux  à  Londres  :  le  plus  coniidérable  ell  celui 
qu'on  nomme  la  Tour,  qui  commande  la  ville  &: 
la  rivière.  Le  premier  acle  de  louveraineté  que  font 
les  Rois  d'Angleterre ,  après  leur  avènement  à  la 
couronne  j  eft  de  prendre  pofrclUon  de  cette  foitc- 
relle  :  on  y  bat  monnoie ,  on  y  tient  les  joyaux  de 
la  Couronne,  les  Archives  du  Royaume,  &  les 
Regidrcs  de  tous  les  Tribunaux  :  on  y  enferme  les 
I^rifonniers d'Etat,  (Se  on  y  voit  un  bel  Arfenal ,  où 
il  y  a  de  quoi  armer  loixante  mille  hommes. 

Les  Rois  d'Angleterre  ont  trois  Palais  à  Londres; 
celui  de  Withal ,  où   ils  font  leur  rèlîdence  ordi- 
naire; celui  de  Saint  James  ,  Se  celui  de  Sommerlet. 
Celui  de  Weftminfter  où   ils  rèhdoicnr  autrefois  , 
ne  Icrt  plus  que  pour  l'airemblèe  du  Parlement,  iSj 
de  pluheurs  Chambres  de  Juftice,  &  de  Finances. 
Le  tombeau  des  Rois ,  Se  le  lieu  de   leur  couron- 
nement eft  dans  l'Églife  de   Weftminfter,   qui  cft 
fort  grande  Se  fort  magnifique.  Celle  de  S.  Paul , 
qui  cil   la  Cathédrale,  eft  le  plus    beau  bâtiment 
qu'il  y  ait  en  ce  genre.  Londres  a  un  Évéque  ,  qui 
précède  tous    ceux    du    Royaume  ;   il   a  la  qualité 
de  premier  Baron  :  il  cft  fuftragant  de  l'Archevêque 
de  Cantorbéry.  Les  Habitans  de  Londres  èlilent  leurs 
Magiftrats  à  la  pluralité  des  voix.  Les  Aldermans , 
qui  compoient  le  Sénat  de  la  ville,  font  à  vie;  mais 
les  deux  Shérifs ,  qui  (ont  les  Chefs  de  la  Police  , 
Se  le  Maire  ,  qui  eft  celui  de  la  Juftice  ^  font  renou- 
velles tous  les  ans.  Ce  dernier  a  un  fort  grand  pou 
voir  ;  il  eft  le  premier  Milord  du  Royaume,  Se  en 
cas  de  vacance  du  Trône^il  gouverne  l'Etat  en  qua- 
lité de  premier  Miniftre.  La   ville  de  Londres,  en 
qualité  de  capitale  du  Royaume,  nomme  quatre  Dé- 
putés pour  le  Parlement  d'Angleterre,  outre  les  deux 
qui  font  fournis  par  la  ville  de  Weftminfter.  Matv. 
jLondres  eft  bâtie  dans  une  vallée,  &  iur  un  co- 
teau qui  s'élève  infenliblement.   Son  terroir ,  bien 
qu'un  peu  lablonneux,  ne  lallFe  pas  d'être  fertile. 
Elle  eft  couverte  de  collines  du  côté  du  nord  &  du 
fud.  On  dit  qu'elle  a  fept  mille  Se  demi  de  long , 
depuis  Limchoufe  ,  du  côté  de  l'orient,  julqu'à  For- 
thillj  ou  Tuffleftreèl,  vers  l'occident;  &  deux  milles 
Se  demi  de  long  ,  depuis  le  bout  de  Biakmanftreet , 
dans    le   Southwark,  jufqu'au  bout  de  S.   Léonard 
Shoreditch.On  compte  dans  Londres  cinq  milles  rues 
environ  cent  mille  maifons,&  un  million  d'habitans. 
Les.Hiftoires  fabuleufes  prétendent  que  cette  ville 
fut  bâtie  par  le  troifième  Fondateur  de  la  Monar- 
chie Angloile,  nommé  Brutus ,  arrière-petit-fils  d'Enée, 
qui  la  nomma  Troynovaut,  ou  Nouvelle  Troye. 

Son  ancien  nom  Lunden  ,  fe  trouve  encore  fur 
bien  des  monnoies.  On  trouve  auiTî  dans  d'anciens 
Auteurs  Lundi  ,  orum.  Arnoldus  ,  Abbé  de  Lubec , 
dans  fa  Chronique  Sclavonne ,  L.  IV-,  c.  iS.  Dû- 
minus  Abfalon  Lundenfis  Archiepifcopus ^'^^g^ 

Jua  Ecclejiis  &  Monafier'âs  conferens  maxime  Cathe- 
dralem  Ecclejlam  Beau  Laurenûi  Martyris  Lundis 
dicare  &  ornare  ftudebac  :  Et  dans  Henri  Olaiis,  Hijl. 
Suev.  Goth.  L.  LV.  Scanenfes  contra  Alemannos 
erecîi  ,  mulcos  eorum  occiderunc  in  Heljlnborg  &  Lun- 
dis. Et  fur  d'anciennes  monnoies  d'Angleterre  on 
trouve  Luntis  ,  pour  marquer  qu'elles  ont  été  frap- 
pées à  Londres.  Londres  eft  à  17  degrés  42  minutes 
de  longitude  j  &  à  51  degrés  30  minutes  de  lati- 
tude feptentrionaie. 
Londres.  Nom  d'un  petit  bourg  de  Languedoc.  Lon- 
iinum.  Il  eft  dans  les  Sévénes  ,  à  cinq  lieues  de 
Montpellier ,  du  côté  du  nord.  Matv. 
Londres.  La  nouvelle  Londres  :  c'eft  Bofton ,  que  les 
Anglois  appellent  New-London.  C'eft  une  bonne 
ville  de  la  Nouvelle  Angleterre ,  dans  l'Amérique 
Tome  y. 


LON 


601 


feptentrionaie.  Londinum  novum  ^  Bojlonicim ,  Fa- 
num  Sancfi  Botholphi.  Cette  ville  elt  lur  la  intr  de 
Canada  ,  où  elle  a  un   bon  port  ,  entre  la  ville  de 
Briftol  ,  Se  la  nouvelle  Pleymouth. 
LONDRIN.  f.  m.  Drap  qui    fe  fabrique  eft  France, 
particulièrement  en  Languedoc  ,  en  Provence  Se  en 
Dauphiné,  dont  la  deftination  eft  pour  les  Echelles 
du   Levant.  Ces  draps  font  appelés  Londrms ,  parce 
qu'ils  imitent  ceux  qu'on  fait  à  Londres. 
LONG  ,  GUE.  adj.  Il  fe  dit  d'un  corps  qui  cftconfidérc 
Iclon  la  première  diiiknlion  ,  dans  la  plus  grande 
étendue   en  ligne  droite ,  fans  avoir  égard  à  ia  lar- 
geur.  Longus.    \Jn  Jeu  de  mail  doit  être  droit  Se 
long.  Ces  allées  font    longues  à  perte  de  vue.  Les 
Lieues  (ont  }p\us  longues  en  Allemagne  qu'en  Italie. 
Ce  nom  s'cil  formé  de  longus  ,  par  le  retranche- 
ment de  la  terminailon    Latine  ,  longus,  longue  , 
long:  mais  (elon  le  P.  Pezron,  longus  ,  long  ,\icnz 
de  langue  ou  lag,  mots  Celtiques,  qui  fignifient  la 
même  chofe.  PtzRoN. 
Long  ,  fe  dit  aulli  de  ce  qui  eft  plus  étendu  que  la  chofe 
ne  le  requiert ,  qui  eft  au  de-là  de  fa  jufte  propor- 
tion. Prolixus  j  fufus  j  produclus.  Il  a  le  nez  trop 
long.  Sa  barbe  cft  longue ,  il  ne  s'eft  pas  fait    rafer. 
Il  faut  rogner  vos  ongles  ,  ils  font  trop  longs.  On 
appelle  par    raillerie  ,  longue  échine  ,  un   îiomms 
grand  &  menu.  Je  vous  demande  pardon  fi  ma  let- 
tre eft  il  longue  ;  Je  n'ai  pas  eu  le  temps  de  la  faire 
plus  courte.  Pasc.  (CT  On  appelle  voyages  de  long 
cours  ,  en  termes  de  Marine  j  les  voyages  des  Indes 
Orientales   ou    Occidentales ,    ou  des    autres    pays 
éloignés.  On  appelle  habit  long,  celui  des  OfSciers 
&  des  Eccléfiaftiques,  qui  va  jniqu'à  terre.  Pour  ces 
derniers  ,    ia   foutanc   Se   le   manteau.    Chirurgien 
de  robe  longue  Se  de  courte  fcience.   On  a  appelle 
Philippe  le  Long  ,  le   Roi  Philppe  V.  à  caufe  qu'il 
étoit  haut  Se  de  belle  taille. 
Long,  fe  dit  aullî  à  l'égard   de  la  durée.  Dvuturnus ^ 
diudnus.  Une  éternité  eft  bien  longue.  Un  DiÛion- 
nairc  eft  un  travail  de  longue  haleine.  Les  chênes 
font   /o/2^-temps  à  venir.  Il    faut  attendre  que  les 
jours    foieiit   plus    longs ,    pour   travailler  à  cela. 
Longs  regrets.  Voit.  Longue  abfence.  Longue  après- 
dînée.  Mol. 

Quelquefois' /0«^  mis  avec  les  parties  du  temps, 
fignifie  Pluiîeurs,  un  grand  nombre  de  ces  parties 
du  temps.  Après  de /o/i^j  llècles ,  c'eft-à-dire  ,  Après 
un  grand  nombre  de  iiècles.  Ils  ont  rompu  les  liens 
les  plus  forts  ,  qui  depuis  de  longues  années  les  arrê- 
toient.  EouDALOUEj  Exhort.  T.  I ,  p.  iiy.  C'eft- 
à-dire  ,  Depuis  plufieurs  années. 

On  dit  au  Palais  ,  une  ailignation  à  longs  jours , 
quand  on  donne  un  délai  plus  long  que  celui  de  l'Or- 
donnance ,  ou  que  l'ordinaire.  Vadimoriium  pro- 
longatum.  On  appelle  un  bail  à  longues  années ,  un 
bail  qui  eft  pour  plus  de  neuf  ans. 
§0*  Long  ,  fynonyme  de  Lent  ,  ou  Tardif.  On  die 
qu'un  homme  eft  long,  quand  il  emploie  plus  de 
temps  à  fe  réfoudre,  ou  à  faire  les  choies j  qu'il  ne 
faudroit.  Lentus  ,  piger  ,  cardus.  Sur  quoi  il  faut 
remarquer  que  lorlque  long  j  pris  en  ce  fens ,  eft 
iuivi  d'un  verbe  j  il  régit  ce  verbe  à  l'infinitif  j  avec 
la  particule  à.  Les  Ouvriers  font  ordinairement  longs 
à  travailler;  mais  fouvenr  on  eft  aufti  plus  long  à  les 
payer.  Un  valet  qui  eft /o/z^  à  faire  lès  meiiageSj  fa 
belogne ,  eft  un  mauvais  valet.  Lorfque  long  eft 
accompagné  du  verbe  êcre  ,  pris  imperfaftnelle- 
inent ,  il  veut  le  verbe  qu'il  régit  à  l'infinitif,  avet 
la  particule  de.  Il  feroit  trop /0,-2^  de  reprendre  cela 
dès  le  temps  d'Apollon.  Aelanc.  Mais  lorfque  ce 
mot  long  eft  fuivi  du  nom ,  il  veut  après  loi  la  pré- 
pofition  en  ,  ou  dans.  C'eft  ,un  homme  fort  long  en 
tout  ce  qu'il  fait.  lia  été  long  dans  (on  difcours. 

A  la  Guerre  ,  on  dit.  Faire  long  bois,  pour  dire  , 
Lailfcr  beaucoup  d'ouverture  entre  les  rangs.  On  a 
fait  une  longue  marche.  L'armée  eft  fouvent  obli- 
gée de  prendre  le  plus  long ,  pour  éviter  les  défilés, 
•Au  Manège  j  on  appelle  un  cheval  long  jointe  ^ 
quand  il  a  le  paturon  long ,  effilé  Se  pliant. 

Gggg 


6o: 


L  O  N 


Long  ,   fe  dit   quelquefois   des   chofes  incorporelles. 
Une  longue  fuite  d  aycux.  Longa  ferles  avorum.  Un 
long  enchaînement  de  pacoles  ;  une  longue  kyrielle 
de  titres.  Ces  longs  dilcours  lailfent  échapper  la  vé- 
rité _,  &c  font  plutôt  le  car.idère  du  Sophille  que  du 
Philosophe.  Dac. 
Long  ,   ell  quelquefois   fubftantif  ^  &:  fignifie ,  Lon- 
gueur. Long'uudo  j  proccritas.   Cette  courtine  a  60 
roifes  de  long.  Le  lit  du  Roi  Og  étoit  de  fer  ,  &  .avoit 
9  coudées  de  long,  &:  4  de  large.  Deucer.  III.  11. 
Cet  homme  étoit  couché  tout  de  Ion  long. 
Long  j  en  ternies  d'Anatomic  ,  ell  le  nom  de  plufieurs 
mufcles.  Longus.  Le  fécond  des  mulcles  extenfeurs 
du  carpe  eft  le  long  ,  aiiid  nommé  par  comparaifon 
au  troilîèmc  des  extenlcurs  du  carpe  ,  qui  s'appelle 
le  court  ,   parce  que  celui  là  eft  plus  long  ,  &  celui- 
ci  plus  court  que  l'autre.  Le  long  prend  fon  origine 
de  la  partie  la  plus  balle  de  l'humérus  ,  &  étant  cou- 
ché le  long  du  layon  ,  va  palier  lous  le  ligament  an- 
nulaire ,  &    s'inférer  à  l'os  du  carpe  ,  qui  foutient 
le  doigt   index.  Dionis. 

Le  lecond  mufcle  des  fléchilïèurs  du  cou  ,  s'appelle 
aulll  le  long  ,  ou  le  droit.  C'eft  celui  qui  prend  fon 
origiiie  de  la  partie  latérale  du  corps  des  quatre  ver- 
tèbres Supérieures  du  dos,  &  va  s'inférer  au  corps 
des  vertèbres  lupérieures  du  cou  ,  &  quelquefois  à 
l'occiput  ;  il  Hécliir  le  cou  conjointement  avec  le 
fcalène.   Id. 

Le  troilième  des  (ix  mufcles  du  coude  ,  ou  du 
bras ,  qui  eft  le  premier  de  les  extenfeurs,  s'appelle 
de  même  le  lor^g,  parce  qu'il  eft  plus  long  que  les  qua- 
tre autres  extenleurs.  Il  prend  Ion  origine  de  la 
côte  fupéricure  de  l'omoplate  proche  du  cou  ,  &  en 
detcendant  par  la  partie  poftétieure  du  bras,  va  s'in- 
lérer  à  l'olécrane  par  une  forte  aponevrofe  ,  qui  lui 
eft  commune  avec  le  fécond  &  le  troifième  des  ex- 
tenfeurs du  bras. 

Le  fécond  mufcle  du  pouce,  qui  eft  le  premier 
à»  (es  extenfeurs  ,  s'appelle  encore  long  ;  parce  qu'il 
i'eft  plus  qu'un  autre  extenfeur  du  même  pouce , 
nommé  le  coure.  Le  long  part  de  la  partie  fupérieure 
&  externe  de  l'os  du  coude  ,  monte  par-dellus  le 
rayon,  &  vient  s'inférer,  par  un  tendon  fourchu  , 
au  fécond  os  du  pouce  qu'il  étend. 

Un  des  quatres  mufcles  du  rayon  ,  s'appelle  aulTî 
le  long  ;  c'cft  le  premier  des  deux  fupinateurs,  qui 
a  fon  origine  trois  ou  quatre  doigts  au  deftus  de  l'apo- 
phyfe  extérieure  de  l'humérus  ,  &  qui  eft  couché  fur 
le  radius ,  va  s'inférer  à  la  partie  interne  de  fon 
apophyfe  inférieure.  Il  s'appelle  long  par  rapport  à 
i'.juti"e  fupinateur  ,  qui  eft  &  qui  fc  nomme  court. 
Ces  deux  mulcles  font  tourner  le  rayon  ;  enforte 
que  la  paume  de  la  main  regarde  en  haut ,  ce  qui 
fait  la  fupination. 

Enfin ,  le  premier  des  abdufteurs  de  la  jambe  eft 
le  long ,  &■  porte  ce  nom  à  plus  jufte  titre  que  tous 
les  autres,  puifqu'il  eft  le  plus /o/zi,'  mufcle  qui  l'oit 
au  corps.  On  l'appelle  aulîi  le  Coi^rurie/" ,  parce  que 
t'cft  lui  qui  fait  plier  la  jambe  en  dedans  de  la  ma- 
nière que  l'ont  les  Couciiricrs  ,  quand  ils  travaillent. 
Il  prend  fon  origine  de  l'épine  fupérieure  &  anté- 
rieure de  l'os  des  lies ,  &  va  s'inférer  obliquement 
à  la  partie  interne  Se  fupéricure  du  tibia ,  qu'il  tire 
en  dedans.  Dionis. 

On  dit ,  Prendre  le  plus  long  ;  pour  dire  ,  Aller 
en  quelque  lieu  par  le  plus  long  chemin. 

Qn  dit  aullî  en  matièie  d'aftaires ,  Prendre  le  plus 
long;  pour  dire,  Sefervir  des  moyens  les  moins  pro- 
pres à  faire  réullir  promptement  ce  qu'on  a  entre- 
pris. 
LONG ,  f.  m.  Terme  des  Salines  &  Sauneries  de  Sa- 
lins. C'eft  une  longue  auge,  où  la  muire  ,  c'eft-à- 
dire  j  l'eau  falée  eft  diltribuée.  Canalis  ,  carialis  lon- 
gus. Les  eaux  élevées  du  fond  du  puits  par  une 
roue,  font  reçues  dans  une  auge  de  bois,  depuis 
laquelle  la  muire  eft  diftribuée  à  deux  autres  auges, 
qu'ils  appellent /o«_i'i ,  foit  pour  leurs  longueur, 
foit  par  une  didion  fîgnificative,  &  de  l'ar&,  vu 
que  la  ville  de  Longs-\z-S2.\xmtx. ,  en  Latin  ,  Ledon, 


L  O  N 

en  eft  appelée  :  chacun  de  ces  longs  contient  vingt- 
quatre   muids.  GoLLUT  ,  Mémoires  de  la  Franche- 
Comté ,  L.  II.  c.  28.  Percer  les  longs  ,  c'cft  les 
lâcher  ,  pour  envoyer  la  muire  dans  les  barncs  qui 
en  ont  befoin.  Id.  c.  3  i  . 
Long  ,  fe  dit  adverbialement  en  plufîeurs  phrafes ,  avec 
l'adjonétion  de  quelques  particules  ,  comme  à  ,de  , 
du,  (Sec.  Toutes  chofes  s'ufent  à  la  longue.  Diutur- 
nitate.  A  la  longue  on  perd  patience ,  on  fe  fâche. 
Au  long  aller  on  s'ennuie.  Il  a  traité  cette  Matière 
fort  au  long.  Fufè ,  copiofè.  Un  Scieur  de  long ,  eft 
celui  qui  fcie  des  ais.  On  les  appelle  ainfi ,  parce 
qu'ils  fcient  les  arbres ,  dont  ils  font  des  planches, 
non  pas  de  travers ,  mais  de  long.  Il  faut  coucher 
de  long  cette  pièce ,  de  peur  qu'elle  ne  rombe.  On 
dit.  Tirer  de  longue  ,  quand  on  fe  fauve  par  la  fuite  , 
ou  quand  on  chicane ,  quand  on  diffère   un  paye- 
ment dans  ces  deux  derniers  fcns ,  on  dit  plutôt. 
Tirer  en  longueur,  que  tirer  de  long ,  ou  de  longue. 
Au  Long,  du  Long  ,  le  Long  ,  fe  mettent  aufîi  com- 
me prépofitions  de  lieux,  &  fignifieni  en  côtoyant. 
Ad  latus.  L'AcAD.    Au  long  du  bois.  Je  me  fuis 
promené  fur    les  bords   de  la  rivière  ,  &  vous  y 
voyez  tout  du  long  des  arbres  plantés.  On  apperçoit 
des  dunes  qui  régnent  le  long  de  la  côte  ,  &  qui 
repréfentent  dans  la  perfpettive  ,  quelque  chofe  de 
femblable  à  de  vieux  Palais  ruinés.  Bouh.  Le  Ré- 
giment des  Gardes-Suiiles  avoir  été  placé  du  long 
de  la  ligne.  De  Bussi. 
Du  Long  ,  &  le  Long  ,  font  auftî  des  prépofitions  de 
temps ,  &  flgnifîent ,  durant.  Per.  Il  travaille ,  il  étu- 
die tout  du  long  de  l'année.  Il  jeûne  exaftement  tour 
le   long  du  Carême.  A  quoi  penfe  un  Iroquois  tout 
le  long  de  fa  vie  î  Nie.  Tout  le  long  de  l'hyver. 
Quàm  longa  ejl  hyems. 
A  LA  Longue,    adv.   Avec  le  temps.  A  la  longue i 
elle  efpéroit  de  tirer  de  grands  avant.iges.  B.  Rab. 
Les  amans  à   la  longue,  deviennent  des  maris.  S. 
EvB.  Peu  d'efprit   avec  de   la  droiture   ,    ennuie 
moins  à  la  longue  ,  que  beaucoup  d'efprit  avec  du 
travers.  La  Roch.  Il  eft  difficile  qu'une  haute  élé- 
vation fe  foutienne  à  la  longue.  Boil. 
De  Longue  ,  adv.  Il  ne  fe  dit  guère  qu'avec  le  mot 
tirer,  ou  aller,  &  alors  il  fignihe  avancer,  gagner 
pays  ,   Abire  ,  difiedere.  Il  tire  de  longue ,  il  com- 
mence à  aller  de  longue ^  c'eft-à-dire  à  avancer,  à 
(faire  du  chemin.  Vaug.  Rem.  Ces  exprefllons font 
maintenant  encore  moins  en  ufage  que  du  temps  de 
'Vaugelas. 
De  Longue-main.  Phrafe  adverbiale.  Depuis  longtemps. 
Dudùm  ,  pridem  ,  jam  dudîim  ,  jam  pridem  ,  à  longo 
temporc  ;  Dm  ejl  cùm.  Nous  fommes  amis  de  longue 
main.  ^Iascur.  On  dit  que  des  gens  fe  connoillènt 
de  longue  main ,  qu'on  ménage  une  atl:iire  de  lon- 
gue main;  pour  dire,  depuis  longtemps. 
Long  ,  fe  dit  proverbialement  en  plulieurs  phrafes.  Il 
eft  de  bonne  amitié ,   il  a  le  vilage  long.    On   dit 
d'un  homme  qui  a  été  bien  battu ,  ou  maltraité  en 
quelque  aftaire  ,  qu'il  en  a  eu  tout  du  long  de  l'aune, 
ou  tout  du  long  Se  du  large.  On  dit  qu'on  fait  le 
court  &  le  long  d'une  affaire ,  lorfqu'on  en  fait  tou- 
tes les  particularités  ;  qu'on  en  fait  les  brèves  &  les 
longues  ,  qu'on  en  eft  parfaitement  inftruit.  On  dit, 
C'eft  un  pain  bien  long,  en  parlant  d'un  travail  dont 
on  ne  peut  pas  voir  iitôt  le  profit.  Vous  m'avez  don- 
né le  Carême  long  ;  pour  dire ,  Vous  prenez  un  long 
terme.  Cela  eft  long  comme  un  jour  fuis  pain.  On 
dit  aulîi ,  qu'un  homme  a  les  dents  bien  longues , 
quand  il  y  a  longtemps  qu'il  n'a  mangé.  On  dit , 
qu'il  tire  la  langue  d'un  pied  de  long ,  quand  il  a 
quelque  grande  nécelîité.  On  dir  d'une  chofe  longue 
Se  étroite ,  c'cft  le  chemin  de  Ville- Juive ,  /0«^ boyau. 
C'eft  que  le  chemin  de  Juvify  à  Ville-Juive  s'appelle 
le  long  boyau.  Cela  eft  long  comme  un  vielle  ,  com- 
me une  flûte.  On  dit  par  manière  de  fouhait.  Dieu 
vous  donne  bonne  vie  &  longue.  On  dit  aullî  en  dé- 
bauche ,  Boire  à  longs  traits;  pour  dire,  de  grands 
coups.  On  dit  figurement  d'un  homme  qui  a  eu  df 
grandes  affliilions ,  qu'il  a  fouffenes  dans  toute  leur 


L  O  N 

étendue,  qu'il  cii   a  hii  toute  l'amertume  à   longs 
■traits;  &z  cette  exprellioii  n'ell point  balle  ,  ni  pro- 
verbiale. On  (.lit    encore,  que  les  Princes    ont  les 
, -mains  j  les  oreilles  bien  longues.  An  ncj'ds  longas 

■  Regihus  eJJ'e  manus?  Pour  dire  ,  qu'ils  atteignent,  tk 
qu'ils  entendent  de  loin.  On  dit  aiilli ,  Faire  couite 
Melle  ,  &  long  dîner.  On  dit  aulii ,  qu'un  homme 
ne  la  fera  pas  longue  ;  pour  dire ,  qu'il  ne  vivra  pas 
longtemps. 

Il  s'e(t  introduit  depuis  peu  une  maiivaife  façon 
■de  parler  ,  qui  a  commence  par  le  plus  bas  peuple  , 
&c  qui  a  tait  fortune  à  la  Cour.  C'ell ,  il  en  fait  bien 

•  long  ;  pour  ditCj  que  quelqu'un  eft  fin  &  .adroit... 
Suite  des  Mots  à  la  mode.  C'elf  un  coinpere,  qui, 
quoique  jeune ,  en  lait  long.  Lettres  HijL  &  Gai. 
Cela  eft  du  flyle  Kimilicr. 

LONGANICO.  C'étoit  anciennement  une  ville  de 
l'Élide ,  contrée  du  Péloponncfe.  Longamca ,  autre- 
fois Olympia ,  Olympia  Pija.  Elle  étoit  tameufe  par 
les  jeux  Olympiques  qu'on  y  célébroit ,  de  par  le 
Temple  de  Jupiter  Olympien,  qui  n'en  étoit  éloi- 
gné que  de  demi  lieue.  Ce  n'eft  aujourd'hui  qu'un 

•  petit  bourg ,  litué  dans  le  Belvédère  ,  en  Morée ,  fur 
la  rivière  d'Alphée  ,  à  trois  ou  quatre  lieues  de 
Ton  embouchure  j  dans  le  golic  d'Arcadie.   Maty. 

LONGANIME.  adj.  Celui  qui  fupportc  longtemps , 
&  fans  s'irriter ,  toutes  (ortes  d'oftenfes.  Longanimus. 

■  Ce  mot  n'eft  pas  reçu  par  l'ulage.  Quelques  Au- 
teurs l'ont  intfoduit  pour  rendre  plus  à  la  lettre  les 
termes  de  longanimis  ,  longanimuas  ,  dont  l'Ecriture 
fe  lert  pour  exprimer  la  patience  avec  laquelle  Dieu 
iufpend  la  jufte  colère  ,  &  attend  le  pécheur  à  péni- 
tence. Le  mot  Grec  f.xKfoSauiu  exprime  cela  plus  heu- 
reulement,  parce  que  ^f,<,!  en  Grec  lignifie  (ouvent 
la  colère.  Le  refpeét  qu'on  a  pour  l'Écriture  Sainte  , 
fait  qu'on  tranlporte  les  exprel'ions  d'une  Langue 
à  une  autre,  en  y  failant  le  moins  de  changement 
qu'il  eft  poflible,  &  qu'on  regarde  comme  des 
termes  coiîlacrés  j  des  exprellîons  qui  ,  hors  de  là , 
feroient  barbares  ;  mais  il  ne  faut  le  faire  que  dans 
la  néceffité  ;  c'eft  à-dire ,  lorfque  la  Langue  ne  peut 
fournir  aucun  mot  qui  ait  la  même  force.  Longani- 
mité' fe  dit  plus  que  longanime. 

LONGANIMITÉ,  f.  f.  Patience  qui  vient  de  bonté 
&  de  grandeur  d'ame  ,  &  qui  confifte  à  lupportcr 
long-temps  les  otïenfes ,  fans  longer  à  les  punir. 
Longanimitds.  Ce  prince  n'a  diftéré  fi  long  temps 
la  punition  de  ce  rebelle  ,  que  par  une  longanimité. 
Méprifes-tu  les  richellcs  de  la  bénignité,  de  la  pa- 
tience j  &:  de  la  longanimité  de  Dieu ,  qui  te  convie 
à  repentance?  dit  S.  Paul  ,  au  Chap.  II  de  /on  Ep. 
aux  Rom.  La  longanimité  eft  un  don  du  S.  Elprit. 
Ce  terme  fe  dit  particulièrement  de  la  clémence  de 
Dieu  qui  diftete  la  punition  des  méchans  -,  &  dans 
le  ftyle  foutenu  ,  appliqué  aux  Rois ,  il  défigne  cette 
vertu  qui  les  porte  à  foufttir  patiemment  &  par  gran- 
deur d'ame  les  injures  dont  ils  pourroient  le  venger. 
LONGAROLA.  Nom  d'une  rivière  de  la  Morée.  Longa- 
rola  ,  autrefois  Neda  ,  Nedas.  Elle  prend  fa  lource 
dans  la  Zaconie ,  près  de  la  petite  ville  de  Landa- 
nOjtraverfe  Belvédère,  coulant  lur  les  confins  de 
l'ancienne  Èlide  &  de  l'ancienne  Melfénie ,  &  elle 
fe  décharge  dans  le  golfe  de  Zonchio.  Maty. 
LONGCHAMP.  L'Abbaye  de  Longcham.p  ,  près  de 
Paris  ,  du  côté  du  couchant,  fut  fondée  par  la  B 
Ifabelle ,  lœur  unique  de  S.  Louis.  Les  Religieules 
If  entrèrent  en  clôture  la  veillede  la  S.  Jean,  zj^Juin 
1261.  Voyez  les  Antlq.de  Paris ,  par  Du  Breuil. 
03"  LONGÉ,  f.  f.  Lorum.  C'eft  en  général  une  lanière 
de  cuir,  une  bande  étroite  &  longue  ,  lervant  à 
diffcrens  ufages.  On  dit  la  longe  d'un  cheval,  en 
parlant  d'un  morceau  de  cuir  coupé  en  long,  en 
forme  de  courroie  par  le  moyen  de  laquelle  on  mène 
un  cheval.  La  longe  du  Licou  eft  une  corde  ou  une 
bande  de  cuir  attachée  à  une  têtière  ,  &  arrêtée  à  la 
mangeoire  ,  poutÇaifujctrir  la  tête  du  cheval.  On 
dit.aulli ,  en  termes  de  Manège  ,  troter  un  cheval  à 
la  longe  ,  en  parlant  de  la  cord;  d'une  certaine  éten- 
due ,  placée  à  l'anneau  du  caveçon,  fervantà  tenir 
Tome  F. 


L  O  N 


60^ 


un  cheval  que  l'on  trote  fur  des  cercles.  Les  longes 
fervent  pour  gouverner  les  chevaux  ,  ou  pour  les 
attacher  a  l'écurie. 

tt/  On  appelle  a.ui\\  longes  ,  les  petites  lanières  qu'on 
attache  aux  pieds  des  oifeaux  de  proie. 

CO"  Longe  CUL  ,  en  F.iucoimerie,  eft  la  petite  ficelle 
qu'on  attache  aux  pieds  de  l'oifeau  ,  quand  il  n'eft 
pas  bien  allure. 

^'  Les  Carriers  appellent  aulîî  longes ,  de  moyens 
cordages  avec  lelqucls  il  font  des  anfcs  aux  panias 
d'olicr  dont  ils  fe  krvcnt  pour  vider  les  trous ,  quand 
ils  ouvrent  une  nouvelle  carrière. 

Ce  mot  vient  de  longa  ,  eb  quod  in  longum  extcn- 
datur. 

Longe  de  veaUj  eft  la  partie  du  veau  qui  eft  depuis 
les  côtés  jutqu'à  la  queue  ,  &  où  le  rognon  eft  atta- 
ché. Lumhus  vituimus.  Au  bœuf,  c'eft  toute  la  par- 
tie qui  eft  depuis  les  alloyaux  jufques  vers  la  cuillè, 
qu'on  divile  en  pluheurs  morceaux ,  où  font  le 
flanchet ,  la  pièce  parée  ,  &c.  Longe  de  cerf.  Quand 
on  dit  leulement ,  Une  longe ,  lans  rien  ajouter  ,  on 
entend  toujours  une  longe  de  veau.  Manger  d'une 
bonne  longe.  Ac.  Fr.  ffT  Mais  on  obfervera  qu'on 
ne  le  lert  du  mot  de  longe  ,  en  parlant  de  ces  ani  - 
maux  ,  que  quand  il  eft  queftion  de  les  accommoder 
pour  manger. 

On  dit  proverbialement  des  gens  dont  le  voifinage 
eft  mauvais ,  Que  la  longe  en  vaut  mieux  que  le  fran- 
corps. 

Ce  mot  vient  de  lumbus  ,  Ménage  ;  ou  plutôt  de 
l'Italien  lon^a.  On  trouve  dans  la  relation  des  mi- 
racles de  Saint  Simon  ,  Ermite  de  Saint  Auguftin  , 
longia  ,  pour  le  dos  ,  les  reins.  Et  rota  dicli  currûs 
Jlc  onerati  afcendit  fuper  renés  à'  longiam  ipfius  pueri. 
Sur  quoi  les  Bollandiftes  font  une  remarque  qui  n'e'lpas 
vraie.  Longia  ,  dilent-ils  ,  lignifie  l'épine  du  dos  de 
l'homme  ;  maintenant  il  ne  le  dit  que  d  une  partie 
de  chair  de  porc.  Il  n'y  a  point  de  raifon  de  pren- 
dre la  longia  pour  l'épine  du  dos  ,  &  il  n'eft  point 
vrai  qu'on  ne  dile  ,  au  moins  en  François,  lonfe  , 
que  du  porc  ;  on  le  dit  bien  plus  du  veau.  On  dit 
aullî  une  longe  de  chevreuil.     ^ 

LONGÉ  ,  ÉE.  adj.  Terme  de  Blafon  ,  qui  le  dit  de 
l'émail  des  longes  de  l'oileau  de  proie ,  ou  plutôt 
de  l'oileau  de  proie  qui  a  des  longes  d'un  autre 
émail  que  le  corps  de  l'animal.  Longé  d'azur,  c'eft- 
à  dire  ,  qui  a  des  longes  de  couleur  d'azur. 

LONGER.  V,  a.  Terme  deChafle,  qui  fe  dit  des  bê- 
tes qui  mènent  loin  la  chafle.  Recio  tramite  fugere. 
On  dit  aullî ,  qu'une  bcte  longe  un  chemin ,  pour 
dire  ,  qu'elle  enfile  un  chemin.  Sal.  Quand 
une  bête  va  d'allurance ,  ou  qu'elle  fuit ,  on  die 
qu'elle  longe  le  chemin  ;  ôc  quand  elle  retourne 
lur  les  voies ,  cela  s'appelle  rufe  Se  retour.  Id. 

En  termes  de  Guerre  ,  §3°  on  dit  longer  un  bois  , 
marcher  le  long  d'un  bois  :  longer  une  rivière  ,  pour 
dire  ,  y  naviger  en  sûreté  ,  ou  aller  librement  le 
long  de  les  bords.  C'eft  dans  ce  fens  que  les  gens 
de  guerre  dilcnt ,  il  lauf  attaquer  ce  porte,  ce  pont, 
afin  de  pouvoir  longer  la  rivière  ,  parce  qu'un  porte 
que  les  ennemis  occupent  fur  une  rivière ,  empêche 
qu'on  ne  puiile  aller  librement  fur  cette  rivière  ,  ou 
marcher  en  sûreté  le  long  de  l'es  bords. 

LONGFORD  ,  ou  LONGFORT.  Petite  ville  de  l.i 
Lagénie  ,  en  Irlande.  Longofordium.  Elle  eil:  capi- 
tale du  Comté  qui  porte  fon,  nom  ,  &c  lituéc  lur  la 
rivière  de  Camelin  ,  à  deux  lieues  du  Shannon  ;  Se 
à  huit  ou  neuf  d'Athlone ,  du  côté  du  nord.  IvIaty. 
Long.  9.  d.  50',   lat.  55.  d.  38'. 

Le  Comté  de  LoNcroRD.  Longofordienfis  Comitûtus. 
Contrée  de  la  Lagénie  ,  ou  de  la  province  de  Leinfter, 
en  Irlande.  Elle  eft  entre  les  Comtés  de  Cavan , 
d'Eaft-Méath,  de  Weft  -  Méath  ,  &  la  rivière  de 
Shannon  ,  qui  la  fépare  de  la  Connacie.  Ses  lieux 
principaux  font  Longford,  qui  a  voix  au  Pailement 
d'Irlande  ,  de  même  que  les  bourgs  de  Jameft..wn 
&z  du  Lanesboroup.  Ardacgh  5  ville  Epiicopale  du 
même  Comté,  eft  privée  de  ce  droit.  ÀIaty. 

LONGILS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lonnogifîlits  ,  Leo- 

G  g  g  g  ij 


6o4  L  O  N 

negt/ilus  j  Lenogijllus ,  LonegUus.  Saint  Long'ds , 
qu  au  Maine  1  on  prononce  Longis  ,  dv  au  Perche 
LangLS  ,  6c  que  quelques-uns  de  nos  Ecrivains  ont 
appelé  Lourgejîl  ,  étoit  originaire  d'Allemagne  ,  né 
de  parens  nobles  ,  mais  engagés  dans  le  Paganilme. 
Baillet  ,  2.  AvnL  II  vint  en  France ,  y  lut  inihuit  & 
baptilé  vers  l'an  194.  Il  le  retira  à  Boilî'elière ,  dans 
le  pays  de  Sonnois  au  Maine  ,  en  618.  &  625.  Il  y 
bâtit  un  Monaftère  dont  il  fut  Abbé  ,  &  qu  il  gou- 
vernajulquc  vers  l'an  Gy^.  qu'il  mourut  âgé  de  72 
ou  73  ans.  Morérj  l'appelle  Longis  &:  Longïfon. 

XOWGLVIANUS.   Voyei  Longue  maim. 

LONGIMÉrP.IE.  f.  f.  Art  de  meluier  les  longueurs, 
tant  acceilîbles ,  comme  un  chemin  ,  qu'inaccellî- 
i)ics  j  comme  un  bras  de  mer.  Long'imetna.  C'eft 
une  partie  de  la  Trigonométrie  ,  tic  une  dépen- 
dance de  la  Géométrie,  de  même  que  \ Altïmctne y 
la  P Idnimétrïe  ,  Stéréomctrie  ,  &c. 

LONGIN.  Foyei  Longis. 

JLONGIS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Longinus.  Sous  le 
nom  de  S.  Longin  ,  rEglite  honore  la  mémoire  de 
deux  hommes,  qui  allîllèrent  à  la  Pallîon  de  notre 
Sauveur,  de  laquelle  l'.un  fut  le  miniftre,  &  l'autre  le 
-témoin.  Le  derniei'  eft  S.  Longin  le  Centenier  ,  Se 
l'àUtic  S.  Longin  le  Soldat  ^  que  le  vulgaire  appelle 
autrement  S.  Longis.  Ce  S.  Longis  eu.  le  Soldat  qui 
ouvrit  d'un  coup  de  lance  le  coté  de  J.  C.  déjà  mort , 
i&  que  la  tradition  dit  avoir  été  martynlé  à  Cé/arée 
deCappadoce.  Pour  l'autre  ,  les  Grecs  croient  qu'il 
le  fut  près  de  Thyanes  ,  en  Cappadocc.  f^oye:^  les 
Bollandiftes ,  au  15.  de  Marsj  T.  LI ,  p.  jj6.  & 
fiibv.  Mais  on  ne  corrompt  point  le  nom  de  celui  ci , 
&  on  l'appelle  toujours  Longin.  Il  n'y  a  qu'au  Sol- 
dat que  1  on  donne  le  nom  de  Longis.  Voy.  encore 

LONSILS. 

On  emploie  ce  mot  de  Longis  en  ftyle  populaire , 
&  il  fe  dit  des  gens  froids  &  parelleux,  qui  font 
longs  à  fiire  tout  ce  qu'ils  entreprennent.  Mot 
allez  ulité ,  pour  un  homme  bon  à  aller  quérir  la 
mort  ,  ainli  que  parle  le  peuple;  c'eft  à-dire  ,  hom- 
me mufirt  ,  &   qui,  envoyé    en  quelque  endroit^ 

met  un  long  tenipsà  revenir,  dit  Tnppault MÉ- 

KAGE,  DiB.  Etym.  C'eft  un  vrai  Longis,  un  Saint 
Longis.  Cicéron  diloit  d'Antoine  ^  Tcucrifdla ^  Un- 
tum  negoùum, 

Longin ,  s'emploie  dans  la  même  lignification  en  plu- 
fieurs  Provinces  ,  &  fur-tout  en  Champagne. 

Longis.  f.  m.  Fils  de  carrct  limplemcnt  étendus  , 
ou  taifceauxde  fil  qui  ne  iont  point  tortillés. 

IJCT  Longis.  f.  m.  Terme  de   Marine.  Principales  piè 
CCS  de  bois  des  barres  de  hune  &c  de  perroquet  j  lur 
lelqucUes  s'étendent  les  traverfes.    Les  longis  (ont 
chevillés  lur  les  joutereaux  ,  &  ceux-ci  fur  le  mât. 
Le  Manœuv. 

lONGISARlA.  Petite  ville  du  Royaume  de  Barca  , 
en  Barbarie.  Longifaria  ,  anciennement  Aptuchi 
Fanum.  Elle  eft  iur  la  pointe  orientale  dii  golfe  de 
Sidra  ,  &  au  nord  de  la  ville  de  Tolométa. 

LONGISON.    Voyei  Longils. 

LONGITUDE,  f.  m.  Terme  de  Géographie.  C'eft  la 
diftance  qu'il  y  a  du  méridien  d'un  certain  lieu  juf- 
. qu'au  premier  méridien.  Longitudo.  Elle  fe  compte 
par  les  degrés  de  l'Equateur  d'occident  en  orient 
jufqu'à  360  degrés  ;  &  elle  eft  marquée  dans  les 
Cartes  par  les  méridiens  qui  coupent  l'Equateur. 
La  longitude  fe  compte  en  France ,  depuis  le  pre- 
mier méridien  qui  pallè  en  l'Ile  de  Fer,  l'une  des 
Canaries.  Les  Efpagnols  l'ont  mis  aux  îles  des  Aço 
res.  Les  Pilotes  comptent  depuis  le  méridien  du 
Port  du  partement.  Cette  ville  a  tant  de  degrés  de 
latitude  ,  &  tant  de  longitude.  On  connoît  fur  mer 
fi  on  avance  vers  l'orient  ,  ou  vers  l'occident ,  par 
les  degrés  de  longitude.  La  Icience  des  longitudes  a 
été  cherchée  inutilement  julqu'à  préfenr.  La  France  j 
rAns^leterre  Se  la  Hollande  ,  ont  promis  de  gran- 
des récompenfesà  celui  qui  trouveroit  la  vraie  Icience 
des  longitudes.  Jean  Baprifte  Morin  ,  fameux  Ma- 
thématicien, mais  trop  encêté  de  l'Aftrologie  judi- 
.ciaircj  a  prétendu  l'avoir  troiivée,  ik  en  a  iaiprimi 


L  O  N 

iesdémonftrationsdansun  Livre  qu'il  en  a  fait  •,  mais 
cette  voie  aftronomique  n'a  pas  pu  être  pratiquée  fur 
la  mer.  M.  Huygens  prétendoit  aulli  l'avoir  trouvée 
par  les  pendules  ,  qui  Iont  plus  juftes  que  les  pou- 
driers J  ou  horloges  de  fable  ,  dont  on  s'eft  fcrvi 
julqu  a  prélent  pour  le  même  eftct  -,  mais  leur  mou- 
vement ne  s'eft  pas  encore  trouvé  allez  exadt,  &  le 
balancement  d  un  vailleau  en  mer  apporte  de  grauds 
inconvéniens  ,  auxquels  on  n'a  pu  encore  bien  re- 
médier. D'autres  Aftronomes  avoient  écrit  aupara- 
vant du  moyen  de  trouver  les  longitudes  par  la  Lu- 
ne ,  entr'autres  Gemma  Frilon,  Métius  ,  Vemerus, 
Nonius  ,  Oronce  Finée  ,  &c.  Deux  Anglois  ont 
prétendu  les  trouver  par  les  coups  de  canon  ;  mais 
c  eft  une  chimère  à  laquelle  on  u'a  pas  même  fait 
attention.  J.  B.  Moiin  imprima  à  Paris  en  1647, 
la  Science  des  Longitudes  réduite  en  pratique.  ; 

Le  plus  sûr  moyen  dont  le  Icrvent  aujourd'hui  les 
Aftronomes  pour  trouver  les  longitudes  ,  eft  par  l'ob- 
fervation  des  éclipfes  des  Satellites  de  Jupiter  ,  qui 
Iont  très-fréquentes  S<.  très  nombreufes.  On  fe  fert 
fur  tout  des  émerlions  tk  immerlions  du  premier 
Satellite  ,  qui  arrivent  au  moins  de  deux  jours  l'un , 
Se  qu'on  peut  obferver  ailément  près  de  cent  fois 
en  un  an. 

^Zr  Le  mot  de  longitude  fignifîe  originairement  la  mcrae 
chofe  que  longueur.  Les  connoillânces  des  anciens 
Géographes  ncs'étendoient  pas  fort  loin  vers  le  nord, 
ils  croyoient  que  la  zone  la  plus  proche  du  pôle, 
c'eft  à  dire  ,  la  zone  glaciale ,  &  la  zone  la  plus  pro- 
che de  l'Equateur  J  c'eft  à-dire  ,  la  zone  torride, 
étoient  inhabitables  ,  l'une  à  caufe  du  froid  ,  l'au- 
tre à  caule  des  chaleurs  exceflives.  Regardant  donc 
la  terre  comme  inhabitable  au  nord  ik.  au  midi ,  ils 
conccvoient  que  la  zone  tempérée  ,  ou ,  ce  qui 
revient  au  même  dans  leur  lyftême  ,  la  terre  habi- 
tée ,  étoit  beaucoup  plus  longue  que  large;  Se  fa 
longueur  devoir  (éprendre  d'occident  en  orient.  C'elt 
pour  cette  raifon  que  l'on  compte  les  longitudes 
d'occid.-nt  en  orient  ,  Se  les  latitudes  de  l'Equateur 
vers  le  pôle.  L'habitude  étoit  prife  de  compter  ainli. 
Se  cette  méthode  a  liiblifté  ,  quoique  l'on  foit  re- 
venu de  l'erreur  qui  luppoloit  la  zone  torride  & 
les  zones  glaciales  inhabitables. 

1/3°  Comme  le  ciel  tourne  ,  ou  plutôt  femble  tourner 
autoutde  la  terre,  il  n'y  a  aucun  point  fixe  dans  le 
ciel  ,  d'où  l'on  puifte  commencer  à  compter  la 
longitude.  Il  faut  donc  prendre  ce  point  fixe  fur  la 
terre  s  &  ce  point  fixe  eft  un  premier  méridien , 
d'où  le  prennent  les  diftances  d'occident  en  orient, 
c'eft  à-dire  ,  la  longitude  du  lieu  que  l'on  examine 
par  rapport  à  ce  point  fixe ,  ou  la  diftance  qu'il 
y  a  entre  le  premier  méridien  ,  &  le  méridien  du 
lieu  dont  on  cherche  la  longitude.  C'eft  l'arc  de 
l'Equateur  célefte  intercepté  entre  ces  deux  méri- 
diens qui  détermine  ces  degrés  de  longitude. 

Longitude  ,  en  termes  d'Aftronomie  ,  eft  l'arc  du 
Zodiaque  compris  entre  le  premier  degré  d'Ariès 
jufqu'au  centre  de  l'étoile  fixcj  ou  de  la  planète 
dont  on  cherche  la  longitude  ;  Se  elle  (e  compte 
jufqu'à  360  degrés  dans  le  Zodiaque,  comme  les 
longitudes  terreftres  fur  les  degrés  de  l'Equateur.  La 
longitude  d'un  Aftre  depuis  le  point  équinoxial  le 
plus  proche  ,  c'eft  l'arc  ,  ou  le  nombre  de  degrés  &  ■ 
de  minutes  qu'il  y  a  depuis  le  commencement  d'A- 
riès j  ou  de  Libra ,  jufqu'à  cet  Aftre  ,  foit  devant, 
ou  après.  Cet  arc  ne  peut  jamais  être  de  180  pè- 
gres.  Harris. 

L:i  longitude  d'une  étoile  eft  l'arc  de  l'Ecliptiqiie, 
compris  entre  la  fedion  laite  au  ligne  du  Bélier ,  & 
l'interfeûion  de  l'Ecliptique  &:  du  cercle  de  latitude 
qui  palfe  par  l'étoile. 

La  longitude  d'un  lieu  fur  la  terre  ,  eft  l'arc  de  l'E- 
quateur compris  entre  le  point  de  l'interledlion  com- 
mune de  l'Equateur  &  du  méridien  de  ce  lieu ,  Se  un 
autre  point  fixe  dont  on  eft  convenu. 

M.  Calîini  a  trouvé  une  méthode  pour  déterminer 
les  longitudes  par  les  écliples  de  loleil ,  comme  on  le 
fait  par  celles  de  la  lune.   Voyez  l'HiJî.  de  l'Ac.  des 


L  O  N 


L  O  N 


Sciences  y  lyoo.  p.  i  oj  &  fuiv.  M.  Samuel  Swen- 
denborg  donna  à  Uplal  en  i  7 1 S  ,  I.i  mccliodc  de  tiou 
ver  les  /onguudcs  p.ir  la  lime.  Koye\  les  Acla  I.'ur. 
Suce.  lyzo.p.  zj.  M.  Aliniari,  Mathcmatiticii  de 
VeiiiCe,  a  piopolc  en  Angleteire  l'an  171  jj  deux 
manicres  de  trouver  la  longitude  par  la  déclinailon  du 
ioleil,  l'une  pour  les  .Savans,  &c  l'autre  pour  ceux  qui 
font  moins  habiles.  La  première  dépend  de  plulicurs 
figures  &  de  pludeurs  propohtions  qu'il  huit  voir 
dans  fou  Livre  imprimé  a  Londres  en  171  j.  Voici  le 

Îrécis  de  la  féconde.  Pour  trouver  la  longitude  d'un 
eu  par  le  moyen  du  (oleil ,  il  taut  avoir  des  Ephémé- 
rides  du  mouvement  journalier  du  (oleil  avec  lés  lon- 
gitudes (ur  le  méridien  de  l'île  de  Fer  j  qu'on  fuppofe 
le  premier;  des  tables  exactes  des  akennons  droites 
d'une  étoile  des  plus  remarquables  &  des  plus  con- 
nues ;  d'autres  tables  des  a(ceiii:ons  droites  du  foleil 
■pour  tous  les  degrés  de  l'Ecliptique ,  &  une  pendule 
dont  l'exaditude  loit  éprouvée. 

Ayant  ccsquatre  chofes  ,  i".  Après  avoir  obfervé  le 
momcntdu  pallagc  du  (oleil  par  le  méridien  du  lieu  de 
roblcrvation  ,  on  met  dans  le  même  moment  l'aiguille 
delà  pendule  (ur  (on  midi.  2°.  On  ob(ervele  temsdu 
pallage  d'une  étoile  (îxc  qu'on  a  choilie  par  le  même 
méridien ,  ik.  on  convertit  proportionnellement  en 
degrés,  minutes  &  fécondes  de  l'équ.iteur  le  tems  qui 
s'ell  écoulé  entre  le  pallâge  du  folcil  &  celui  de  l'é- 
toile iîxe  par  le  méridien  du  lieu  de  l'obfervation, 
3°.  En  retranchant  le  nombre  trouvé  par  cette  con- 
verfion  de  celui  que  donnoit  ce  jour  là  ra(cenhon 
droite  de  l'étoile  (ur  le  premier  méridien  ,  ce  qui 
refte  après  la  fouftraélion ,  tait  connoître  l'alcendon 
droite  du  (oleil.  Enfuite  on  examine  à  quel  endroit 
de  l'Ecliptique  répond  cette  aicendon  droite  du  folcil. 
4°.  Ce  point  de  l'Ecliptique  étant  trouvé,  on  le  com- 
pare avec  la  longitude  que  le  (oleil  avoit  le  jour  de 
l'obleiTation  fous  le  premier  méridien,  &c  on  marque 
la  différence  de  cette  longitude  d'avec  celle  de  l'obfer- 
vation. j°.  On  prend  fur  les  Ephémérides  le  mouve- 
ment journalier  du  foleil  de  ce  jour-là.  On  retranche 
du  mouvement  journalier  la  différence  trouvée  entre 
la  longitude  du  foleil  fur  le  premier  méridien ,  ik.  fa 
longitude  (ur  le  lieu  de  l'oblervation,  le  refl:e  de  la 
fouttraAion  efi:  la  véritable  longitude  du  lieu  de  l'ob- 
fervation. 

Exemple.  J'ai  obfervé^  dit  M.  Alimari,  le  foleil 
fur  le  méridien  de  Venife ,  le  3  Avril  1708.  Ayant 
mis  fur  le  midi  l'aiguille  de  la  pendule  que  j'avois 
préparée,  après  9  h.  4'.  14".  4'"  ,  j'ai  obfervé  le  paf- 


60$ 


Cigc  de  Régulus,  ou  du  cœur  de  lion  paj:  le  même 
méridien.  I.'a(cen(îon  droite  de  cette  étoile  étoit , 
fclon  les  tables,  148".  45'.  26".  Par-là  j'ai  connu  l'af- 
cenlion  droite  du  lolcil  qui  étoit  de  12"  39'.  20",  à 
laquelle  répond  dans  la  table  des  afcen(ions  droites 
du  (blcil  le  I  5°.  4;'.  44".  dU' ligne  du  Bélier.  Compa- 
rant ce  nombre  avec  la  longitude  que  le  (oleil  avoit 
ce  jour-là  (ur  le  méridien  de  1  ilc  de  1er,  qui  étoit  de 
15".  51'  28".  ;'ai  vu  que  la  ditiércnce  de  ces  deux 
longitudes  du  (oleil  étoit  de  j'.  44".  Le  mouvement 
journalier  du  folcil  étoit  ce  joui  là  j  (iiivant  les  Ephé- 
mérides, de  58'.  J7".  ou  de  iy-,-j'' .  Aind  j8'.  ^j" .■=. 
3J37  :  36o"=2i6o'::/.  44"=344:  2i';;>'  =  3j°. 
longitude  de  Venife.  ;     , 

Quand  on  n'a  point  d'Ephémérides  dreffcL  ;  fur  le 
premier  méridien  ,  on  peut  (e  fervir  de  celles  q  li  font 
faites  pour  tout  autre  lieu  ,  pourvu  qu'on  (a  ;'ae  de 
combien  ce  lieu  eft  éloigné  du  premier  méridien. 

Sur  mer  il  faut  eftimcr  le  chemin  qu'a  (ait  le  vaif- 
feau  depuis  la  première  ob(ervation  jufqu'à  la  fé- 
conde ,  &  prendre  la  diltérence  de  la  longitude ,  & 
après  avoir  réduit  cette  longitude  en  tems  ,  félon 
que  le  vaifleau  elt  ou  à  l'orient ,  ou  à  l'occident ,  il 
faut  ajouter  ce  tems  à  celui  qui  s'efl:  écoulé  entre  les 
deux  oblervations  ,  ou  l'en  retrancher  &  continuer 
enfuite  l'opération  à  l'ordinaire. 

Outre  que  ces  opérations  (ont  longues.,il  y  entre  tou- 
jours de  l'eltime.  De  plus ,  en  mer  la  pendule  fe  déran- 
gCj  non  feulement  par  le  mouvementdu  vp,i(]cau,mais 
encore  par  les  dittcrens  degrés  de  chaleur  des  diffé- 
rens  parages  ou  climats  où  l'on  clL  Eiilînj  le  pallage 
du  (blcil  ou  d'une  étoile  par  le  méridien ,  ne  fe  peut 
jamais  favoir  bien  juftc ,  à  caule  du  roulis  &  du  mou- 
vement du  vailfeau.  Ainlî  cette  méthode  u'a  pas  fait 
plus  de  fortune  que  les  précédentes.  Pour  remédier 
aux  dérangemens  de  la  pendule  ,  Sully  ,  Horloger 
Anglois,  établi  à  Paris,  avoit  inventé  une  pendule 
dont  les  vibrations  fe  faifoient  verticalement.  • 

Il  eft  important  à  plulieurs  Arts  de  connoître  les 
longitudes  tk  les  latitudes  de  tous  les  lieux  de  la  terre , 
où  les  Aftronomes  «Se  les  Navigateurs  les  ont  pnfes. 
C'eft  pour  cela  qu'on  les  a  recueillies  de  tous  les  A.u- 
teurs  qui  les  ont  oblervées,  ou  qui  les  ont  recueillies 
d'après  ceux  qui  les  ont  déterminées.  On  a  jugé  plus 
à  propos  de  mettre  ici  les  latitudes  avec  les  longitudes, 
que  de  les  mettre  au  mot  Latitude.  On  fuppofe  le 
premier  méridien  à  l'île  de  Fer,  &c  cette  île  éloignée 
de  celui  de  l'Obfervatoire  de  Paris,  de  19°.  ji'.  30".. 
C'eft  fur  ce  pied  là  qu'on  les  a  réduites. 


6o6 

Longitude  &  Latitude  connues  de  tous  les  Vieux  du  monde ,  avec  les  noms  des 

u4uteurs  d'où  elles  font  tirées. 


Noms  des  lieux 
&  des  Auteurs. 


difFcr.  du  mciid.  de  Paiis. 


H. 


Abheville, 

Lieuraud o''. 

de  la  Hiie  ...  o 

Des  Places  ...  o 

CaiTîni  ...  o 

Abo  en  Suéde. 

Lind'heim  ...  i 

Acapulco. 

Harris  ...  6 

Agde. 

Des  Places  ...  o 

Calîîni  ...  o 

Agra  au  Mogol. 

Lieuraud  ...  4 

De  la  Hue  ...  ; 

Des  Places  ...  4 

Hairis  ....  5 

Calîîni  ...  4 

P.  Gaubil  ...  4 

Aire  en  Artois. 

Calîîni  ...  o 

Aifou. 

Gaubil  ...  S 

Algue-mortes, 

Calîîni  ...  o 

Aix  en  Provence. 

Lieutaud  ...  o 

De  la  Hire  ...  o 

Des  Places  ...  o 

Street  ...  o 

Calîîni  ...  o 

'Albano. 

Calîîni  dans  Des  Places,  o 

Alby. 

Lieutaud,  Des  Places,  o 

Calîîni  ...  o 

Alcniaer. 

Calîîni  .  .  . 

Alencon. 

Lieutaud  ...  o 

De  la  Hire ,  Des  Places,  o 


} 


M. 


I  . 
2 
I 
I 

20 

55 

4 

4 

J7 
24 
57 
^5 
57 
58 


^3 


12 
12 
12 
13 


42 

o 

o 


9 
9 

9 


Calîîni  .  .  . 
Alep  en  Syrie. 
P.  Feuillée  .  .  , 
Lieutaud  .  .  . 
Des  Places  ...  2 

Calîîni  ...  2 

Harris  ...  2 

Strépt  ...  2 

Akxandrete  en  Syrie. 
Lieutaud  ...  2 

Chazelles  ...  2 

Des  Places  ...  z 

Calîîni  ...  2 

P.  Feuillée  dans  Des  PI.  2 
Alexandrie  en  Egypte. 
Lieutaud  ...  i 

De  la  Hire  ...  i 

Chazelles,  Des  Places,  i 
Harris  ...  2 

Street  ...  i 

Calîîni  ...  I 

I 
Alger. 

Calîîni  ...  o 

Bouche  orient,  dAlgouey. 
P.  Gaubil  ...  j 

Bouche  occid. 
V.  Gaubil  ...  j 

Almérie  au.  Royaume  de  Grenade. 
P.  Feuillée  .  .  . 
Fin  ou  Oueft  des  Monts  Altay. 
P.  Jartoux  ...  G 


20 
20 

15 

^5 

16 
1(5 
16 
16 

20 

51 

5i 
51 

2 

51 
59 
51 


44 


41 


H 


48".oc. 
12 

5^ 
48 

30 
49  occ. 

3  3  or. 
33 

30  or. 

o 

36 
19 
3<î 

o 

14  or. 

26  or. 

2j  or. 

48  or. 

^5 

48 

19 

48 

4  or. 

48  occ. 
48 


o  occ 

30 


o  or 

o 

19 
19 

o  or. 

o 

o 

o 

o 

6  or. 

o 
36 
19 
19 
49 
46 

29  occ. 
26  or. 
26  or. 


i    or. 


D. 


Longitude. 
M. 


19". 

24. 

30 

20 

i4 

30 

20 

19 

30 

20 

^4 

30 

20  or.  39 


i7 


17 
17 
17 


44 


36 


53 


15 


20 

50 

45 

20 

59 

45 

74 

22 

50 

81 

0 

0 

74 

i4 

0 

80 

49 

45 

94 

15 

30 

74 

30 

0 

15 

95 

0 

80  . 

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30 

21 

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3 

30 

22 

57 

45 

^3 

3 

30 

^3 

II 

15 

^3 

3 

30 

30 

22 

30 

19 

51 

18 

19 

39 

30 

30 

G 
30 


54 

51 

30 

54 

51 

30 

5", 

41 

15 

56 

1 1 

15 

53 

51 

30 

Si 

51 

30 

53 

51 

30 

53 

51 

30 

54 

51 

30 

47 

38 

0 

47 

51 

3° 

57 

45 

30 

50 

26 

15 

47 

41 

15 

47 

56 

45 

47 

48 

0 

19 

44 

15 

lOJ 

58 

0 

Ï05 

28 

0 

Latitude. 

D.     M. 

S. 

50°.    7'. 

C" 

50     5 

0 

50      7 

0 

50      7 

0 

50 


15 


17 


30 


43 

19 

0 

43 

19 

0 

26 

43 

0 

28 

30 

0 

26 

45 

0 

28 

30 

0 

26 

43 

0 

26 

48 

0 

50 

38 

20 

41 

30 

0 

43 

34 

15 

43 

31 

20 

43 

31 

0 

43 

31 

0 

43 

33 

0 

43 

•  31 

20 

113 


43 

SS 

20 

43 

55 

20 

5a 

38 

34 

48 
48 
48 

^5 
^9 
25 

0 
0 
0 

35 

45 

i5 

6 

0 

0 

iS 

45 

iî 

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2Q 

0 

36 

^5 

0 

3<î 
3<î 

35 
35 

10 

31 

1 1 

20 

36 

55 

10 

31 

li 

20 

31 

12 

0 

31 

12 

0 

31 

30 
30 

7 
58 
5^ 

0 

0 
0 

31 

II 

20 

36 

49 

30 

43 

30 

43 

20 

3^ 

51 

18 

46 

20 

0 

Noms  des  lieux 

Diffcr. 

du  mer. 

id.  de  Paris. 

&  des  Auteurs. 

H. 

M. 

S. 

leur  fin. 

P.Giubil... 

6K 

2'. 

i4".or. 

Amiens. 

Lieutaud  .  .  . 

0 

0 

80CC. 

Oc  la  Hire  .  .  . 

0 

0 

12 

Des  Places  .  .  . 

0 

0 

8 

rlariis  .  .  . 

0 

9 

3^ 

Callini  .  .  . 

0 

0 

S 

Amour.  Voyez  Oni. 

m. 

Amjlerdam. 

Lieutaud  .  .  . 

0 

10 

j(îor. 

De  la  Hire  .  .  . 

0 

10 

10  . 

Harris  .... 

0 

9 

19 

Street  .  .  . 

0 

II 

19 

Caiîini  .  .  . 

0 

10 

J-î 

Hortcnfius  .  .  . 

0 

II 

3^ 

Ancone. 

De  la  Hire  .  .  . 

0 

47 

40  or. 

Des  Places  .  .  . 

0 

47 

40 

Angers. 

Lieutaud  .  .  . 

0 

II 

56  OCC. 

De  la  Hire  .  .  . 

0 

12 

i; 

Des  Places  .  .  . 

0 

II 

3<J 

Callini  ...     . 

0 

II 

3« 

Antibe. 

Lieutaud  .  .  , 

0 

19 

II  or. 

Des  Places  .  .  . 

0 

19 

II 

De  la  Hire  .  .  . 

0 

19 

II 

Caflîiii  .  .  . 

0 

19 

II 

Antioehe. 

Street  .  .  . 

2 

^S 

19 

Anvers. 

Lieutaud  .  .  . 

0 

8 

40  or. 

De  la  Hire  .  .  . 

0 

8 

30 

Des  Places  .  .  . 

0 

7 

40 

Harris  .  .  . 

0 

II 

0 

Vindelinus  .  .  • 

0 

8 

40 

Calîini  .  .  . 

0 

8 

40 

A  racle. 

De  la  Hire. 

i 

50 

0  or. 

Stréer  .  .  • 

2 

3; 

49 

Argentan, 

Callîni  ... 

0 

9 

28  OCC. 

Anca  au  Pérou. 

P.  Feuillée,  Minime.    4 

/4 

40  OCC. 

Arles. 

Lieutaud  .  .  . 

0 

9 

24  or. 

De  la  Hire  .  .  . 

0 

8 

20 

Des  Places  .  .  . 

0 

9 

^4 

Caflîni  .  .  . 

0 

9 

i4 

'  Arras. 

;  Lieutaud  .  .  . 

0 

I 

36  or. 

Des  Places  .  .  . 

0 

I 

40 

De  la  Hire  .  .  . 

0 

I 

40 

CalIini  .  .  . 

0 

I 

36 

Affife.     _ 

Eianchini  .  .  . 

Athènes. 

De  la  Hire  .  .  . 

I 

53 

0  or. 

Ava  dans  le  Royaume  d'A 

'va-   ■ 

P.  Du  Chatz  .  .  . 

Avignon. 

Lieutaud  .  .  . 

0 

9 

44  or. 

De  la  Hire  .  •  . 

0 

9 

4^ 

Des  Places  .  .  • 

0 

10 

8 

Harris  .  .  . 

0 

8 

49 

Street  .  .  , 

0 

9 

19 

Calîini  .  .  . 

0 

10 

8 

Avranches. 

Caffini  .  .  . 

0 

14 

51  OCC. 

Aurillac. 

Lieutaud  .  .  . 

0 

0 

2  9  or. 

Des  Places  .  .  ; 

0 

0 

28 

Callini  .  .  . 

0 

0 

28 

Auxerre. 

De  la  Hire  .  .  . 

0 

4 

20  or. 

Longitude. 
D.         M.        S. 


120" 


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45 


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II 


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49 

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IJ 

22 

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22 

30 

30 

22 

44 

30 

31 

46 

30 

31 

46 

30 

16 

57 

30 

16 

47 

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57 

30 

16 

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30 

M 

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15 

^4 

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IJ 

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I 

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29 

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306 

II 

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17 

22 

30 

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30 

22 

22 

30 

22 

12 

30 

20 

15 

30 

20 

16 

30 

20 

16 

30 

19 

55 

16 

22 

.    47 

30 

22 

47 

4J 

22 

23 

30 

22 

3 

45 

22 

18 

4; 

22 

23 

30 

1(5 

8 

45 

19 

58 

45 

19 

58 

50 

19 

;8 

30 

D. 

4(5°. 


Latitude. 
M. 


60J 


3^ 


48 


20', 


49 

54 

4<î 

49 

55 

4<î 

49 

54 

0 

49 

54 

0 

49 

54 

4<; 

52 

12 

45 

5"- 

21 

30 

Ji 

21 

0 

47 

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0 

5^ 

22 

45 

5i 

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43 

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43 

54 

0 

47 

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47 

27 

0 

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0 

47 

28 

10 

4? 

34 

12 

43 

34 

0 

43 

34 

12 

43 

34.. 

12 

15 


51 

15 

30 

51 

10 

0 

49 

54 

0 

5ï 

15 

30 

51 

13 

10 

36 

0 

0 

3'î 

0 

0 

48 

46 

40 

18 

x6 

38  mér, 

43 

34 

12 

43 

34 

0 

45 

40 

0 

43 

34 

11 

5° 

18 

0 

50 

18 

25 

50 

18 

^5 

50 

18 

0 

43 

I 

24 

37 

40 

0 

21 

0 

0 

43 

57 

0 

43 

51 

0 

4'. 

57 

0 

43* 

51 

0 

43 

52 

0 

43 

57 

0 

41 


15 


44 

59 

10 

44 

55 

10 

44 

55 

10 

20 


5<^ 


47 


35 


^o8 

Noms  des  lieux         Dirfc.  du  mérid.  de  Paris,  Longitude. 

H.         M.       S.  D.  M.         S. 


êc  des  Auteurs. 


49 


12 


ij 

6 

3° 

ij 

6i 

30 

ij 

31 

31 

i^- 

6 

30 

1^3 

51 

30 

1^3 

Jï 

30 

118 

16 

0 

118 

li 

J<5 

Des  Places...  o\  4'-  4o".  ^1°'  »•  3° 

Calîini  ...  o  4  40  ^i  I  30 

Bahylone  j  ou  Bagdat. 

Harris  ...  5  4  49  or.  "  l  '^^ 

Street  ...  510  <î5  6  30 

Bakan  an  Royaume  d'Ava. 

Du  Cliatz  .  .  .  6  12,  cor.  "^  ^'  3° 

Calîmi  .  .  .  o  z  4or.     ■  20  22         27 

Barbade,  IJle. 

Harris  ...  2  4         11  occ.  3°4  5 

Barcelone. 

Lieutaud  ...  o  o  28  occ.  ^9  44         3° 

De  la  Hire  .  .  .  o  4  o  16  p  30 

Des  Places  .  .   .  o  o  28  i?  44         3° 

Caffini  ...  o  o  28  19  44         30 

Barcelor,  capitale  du  Royaume  de  Canora. 

V.  Thomas  .  .  . 

Bajle.  ^ 

Lieur.iud  ...  o  21  oor. 

Des  Places  ...  o-         22  o 

De  la  Hiie  ...  o  22         40 

Caflmi  ...  o  21  o 

Bajion. 

Harris  ...  4  ^i  41  occ.  306  j6  ij 

Batavia. 

De  la  Hire  ...  6  j6  o  or. 

Des  Places  ...  6  ;6  o 

Harris  ...  6  3}  49 

PP.  Jéfuites,  Cafllni  .  6  33  38 

Bateca/a. 

P.  Thomas  ... 

La  Baye  de  tous  les  Saints  au  Bréjîl. 

P.  Noël  .  .  . 

Baycux. 

Caffini  ...  a         li         10 occ.  jé 

Bayone. 

Lieutaud  ...  o  i  j  i  j  occ. 

De  la  Hue  ...  o  ij  ij 

Des  Places  ...  o  i  /  i  j 

Harris  ...  o  ij  u 

Caffini  ...  o  ij         IJ 

Beauvais. 

Lieutaud  ...  o       .      i  o  occ. 

Des  Places  ...  o  i  o 

Caffini  ...  o  i  s 

Bellefme. 

Caffini  ...  o  7  8  occ. 

Bengale. 

Harris  .  .  .  •  6         n         39  or- 

Bergen  en  Norvège, 

Harris  ...  i  41  3  4  or. 

Bergues  S.  Vincent. 

Caffini  ...  ï  19         ;i  or. 

Berlin. 

Lieutaud  ...  o  44         29  or. 

Des  Places  ...  o  49         29 

Maraldi  ...  o  43         24 

Kirch  ...  -y 

De  Lifle  ...  Q^   q  44         29  50  j8         45  5^ 

Hoffinan  ...  y 

Caffini  .  .  .  . J  , 

Bermudes,  ij^es. 

Street...  ,4  14         19  occ.  318  46         4; 

Harris  ...  4  23  11  ^j^  3         45 

Befancon. 

Lieutaud  ...  o  14  o  or.  ^j  jq         30 

Des  Places  ...  o  14         48  ^j  jj  jo 

Caffini  ...  o  14  o  23  10         30 

Béthune  en  Artois. 

Cafllni  ...  o  i  12  or.  20  9  36 

Be-^iers. 

Caffini  ...  o  3  32  or.  20  44         30 

Blois. 

ÇaiUni  ...  o  4  i  occ.  iS  /i  10 


16 

2 

45 

16 

2 

45 

16 

2 

45 

16 

3 

45 

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2 

45 

19 

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19 

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19 

35 

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4 

36 

112 

46 

15 

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30 

19 

57 

39 

30 

58 

45 

3i 

13 

45 

30 

■  42 

30 

Latitude. 

D. 

M, 

S 

47°. 

46'. 

20". 

47 

46 

20 

34 

30 

0 

35 

0 

0 

21 

3 

0 

5» 

S 

8 

13 

30 

0 

47 

55 

0 

41 

26 

0 

41 

26 

0 

41 

26 

0 

13  49 


47 

55 

0 

47 

40 

0 

47 

40 

0 

47 

55 

0 

4i 

25 

0 

6 

15 

0 

6 

15 

0 

6 

15 

0 

14 

6 

0 

12 

54^ 

13 

49 

16 

12 

43 

29 

45 

45 

29 

35 

43 

30 

0 

43 

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43 

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45 

49 

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0 

49 

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49 

16 

0 

48 

22 

30 

21 

56 

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0 

0 

49 

58 

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5i 

33 

0 

52 

33 

0 

ii 


3î 

25 

0 

32 

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0 

47 

18 

0 

47 

20 

0 

47 

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0 

50 

31- 

36 

43 

ao 

25 

47 

35 

10 

Norns 

Woms  des  lieux 
&c  des  Auteurs. 


Diff.  du  mer.  de  Paris 


H. 


M.        S. 


Bocachica  fou  près  de  Carchagènc  ,  en  Amérique. 

r_) ;„  -h  .  .'  .  _"  „  - 


Hanis 

Boulogne. 

Mantrcdi  &  St.inkab  .  o 

;'.  Riccioli  .  .  . 

Boulogne  en  Italie. 

Lieuniud  ...  o 

Des  Places  ...  o 

De  la  Hire  ...  o 

Callîni  ...  o 

Boulogne  en  Picardie. 

Picard ,  Lieutaud  ...    o 

Des  Places  ...  o 

Bourdcaux. 

Lieutaud  ...  o 

Des  Places  ...  o 

Harris  ...  o 

De  la  Hire  ...  o 

Callini  ...  o 

Bourges. 

Lieutaud  ...  o 

Des  Places  ...  o 

De  la  Hire  ...  o 

Cailiiii  ...  o 

Brandebourg. 

De  la  Hire  .  .  . 

Brejlau  en  Siléfie. 

Lieutaud  ...  o 

Des  Places  ...  o 

Cailini ,  P.  Heinrich  .    o 

Bref. 

Lieutaud  ...  o 

Des  Places  ...  o 

De  la  Hire  .  . . 

Harris  .  .  . 

Callîni  .  .  . 

Brie  Comte  Robert. 
Callîni  .  .  . 

Brijlol. 

Srréet  .  .  , 

Bruges. 

Des  Places,  Callîni.. 

Bruxelles. 

Lieutaud  .  ,  . 

Des  Places  .  .  . 

De  la  Hire  .  .  . 

Street  .  .  . 

Callîni  .  .  . 

Buenos  Ayres. 

P.  Feuillée ,  Minime 

Porto  Cabello. 

P.  Feuillée,  Minime 

Cadix. 

Lieutaud ,  Des  Places , 

De  la  Hire  .... 

Harris  .  .  , 


Callîni  .... 

Caen. 

Lieutaud  .  .  . 
De  la  Hire  .  .  . 
Callîni  .  .  . 

Caifonfou ,  ou  Caifonfu. 
P.  Gaubil,  Jéfuite  . 

Caifumfu. 

P.  Gaubil ,  Jcf.  .  . 
Tome  V. 


o 

o 
o 
o 
o 


3' 


37 
37 
38 
3(5 

2 
2 

12 
1 2 
1 1 
1 1 
12 

o 
o 
o 
o 

46 

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J9 


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I 
8 

^7 


7 
8 


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8  or. 

8  or. 
8 

o 

30 

40  occ. 
3(5 

20  occ. 
20 
1 1 

30 

20 

1  j  or. 
ij 
14 
ij 

o  or. 

10  or. 

10 

10 


^7  jfîocc. 


3<î 
3^ 

36 


jor. 


3.6  occ. 

8  or. 

20  or. 
40 

30 

41 

20 


4 

39 

28  occ 

0 

3i 

40  occ 

0 

38 

JO 

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0 

38 
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33 

40 

21 

48 

0 
0 
0 

10 
1 1 
II 

^G  occ. 
0 
0 

7 

'30 

6 
6  or. 

Longitode. 
D.  M.         S. 

301°.         /5'.         o". 
29  8         jo 


^9 
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28 

19 
19 

16 
16 

17 
16 

16 

19 
15» 
19 
19 

31 


12 


12 


21 

59 

1 1 
12 

46 

46 

4 
59 
46 

55 
55 
55 
55 

21 


57 


57 


30 

30 

30 
o 

30 
30 

30 

30 

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o 

30 
IJ 

o 

16 

30 


34 

49 

0 

34 

49 

0 

34 

49 

0 

30 


30 


12 

12 

57 

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30 

17 
12 

41 
57 

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30 

19 

55 

10 

20 

7 

4; 

H 

5^ 

15 

20 

38 

30 

21 

21 

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30 

21 
26 
21 

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16 

0 

45 

309 

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30 

II 

43 
46 

20 
30 

10 

9 

0 

10 

19 
II 

30 

1 

I 

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30 

II 

17 
17 
17 

7 
6 
6 

30 
30 
30 

112 

31 

0 

iji 

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Latitude. 

D. 

M. 

s 

10°, 

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44 

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30 

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30 

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30 

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5° 

0 

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44 

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50 

0 

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50 

0 

44 

50 

30 

47 

4 

4/ 

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4 

41 

47 

4 

38 

47 

4 

4; 

609 


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30 


124 


59 


34 


34 


16 


JI 

3 

0 

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3 

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il 

3 

0 

48 

i3 

0 

28 

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23 

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28 

48 

22 

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22 

0 

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0 

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0 

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41 
4i 

16 

il 

28 

0 

il 

II 

30 

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0 

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50 

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50 

48 

0 

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0 

34 

34 

38 

10 

30 

50 

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37 

0 

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0 

36 

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0 

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35 
3^ 

30 

49 

10 

50 

49 

10 

35 

49 

10 

50 
0 

il 


il       ,      o 
Hhhh 


éïO 

Noms  des  lieux 
&  des  Auteurs. 

Le  Caire  en  Egypte. 
Lieucaud  .  .  . 
Des  Places  .  .  . 
Harris  .  .  . 

Street  .  .  . 

Chazelle ,  Xl^affini  . 
Calais. 
Lieucaud  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

Harris  .  .  . 
Callîni  .  .  . 
De  la  Hire  .  .  . 


Diffc.  du  mérid.  de  Patis. 


H. 


1  . 
I 

1 

2 
I 
I 

O 

o 


M. 

S6'. 

18 
17 
15 
56 

58 

2 

5 
16 


Longitude. 
D.    M. 


25".  or. 
20 

I 

o 
41 

19 

20 

10  occ. 

10 

50 

21 
10 

10 


48°. 

49 
54 
Ji 
53 
49 
49 

19 

19 

18 
15 
19 

19 


Lieu  de  la  défaite  de  CALDÂN,  à  deux  lieues  du  mont  Han. 


P.  Jartoux  .  .  . 

Calécut. 
P.  Noël  .  .  . 
Camhoia  aux  Indes. 
De  la  Hire  .  .  . 
Des  Places  .  .  . 
Harris  ... 

Camhray. 
Lieutaud  .  .  . 
Des  Places  ... 
Caffini  .  .  . 

Cambridge. 

Street  .  .  . 

Camoul. 

P.  Gaubil  .  .  . 


G 
6 
6 

7 


59 

4 
2 


o 


5 


46  or. 


oor. 
o 

39 


5  6  or. 

41  occ. 
18  or. 


1^5 


Cananor  ^  Capitale  du  Royaume  de  même  nom. 

P.  Thomas  .  .  . 

Can-cheou. 

P.  Gaubil  ...  7 

Candie,  ville. 
Lieutaud  ...  1 

Des  Places  ...  i 

De  la  Hire  ...  i 

Harris  ...  i  . 

P.  Feuillée,  Caffini  .    1 

La  Cance  en  l'île  de  Candie, 
Des  Places,  P.  Feuillée.  i 
Harris  ...  i 

Cantcheou. 

P.  Gaubil  ...  6 

Cantès,  mont. 

P.  Gaubil  ...  J 

Cantiano. 

Des  Places  ... 

Canton ,  port  de  la  Chine. 
P.  Fontenay  ,  Jéfuite.  ) 
Lieutaud  ...  S 

Des  Places  ...  7 


i4 


31 

31 

46 

i5 
31 
31 


i7 
i7 


I 

12 


8  or. 

52  or. 

5i 

o 

39 
5i 

30  or. 
49 
9 

26  or. 
s  or. 


De  la  Hire 
P.  Noël  .  . 
P.  Gaubil  . 

Caffini  .  . 
Cantorbery. 
Street  .  ..  . 


7 
8 

7 
7 


22 


22 

45 
16 
22 


53  or- 

43 

55 

48 

3i 

8 

48 

41  occ. 


20 


57- 

26 

21 

46 

46 

36 
16 

44 
19 
49 
19 

44 
46 

49 
19 
19 

3 


130 


4i 

4^ 
44 
46 

40 

4^ 
42 


41 

41 


IIO 


97 


130 

I  30 

130 
I  jo 
128 
130 

18 


S. 


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30 
45 
15 
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15 

30 

20 
o 

20 
o 
o 

15 

20 
o 
o 

o 


124 

3<5 

124 

36 

III 

I 

1^5 

31 

45 


30 
30 
15 


30 


17 

56 

15 

III 

1 1 

e 

113 

1  I 
53 

48 

49 
48 

2  I 

45 
46 
48 

49 

44 
48 

38 

3 

5^ 


34 

3i 

34 

33 
44 
Si 
33 


30 


30 
30 

15 

30 


o 
45 


15 


45 
15 

45 

30 

30 
30 
30 

15 


Latitude. 

D. 

M. 

S. 

300. 

■7'. 

30". 

30 

2 

0 

30 

4 

0 

i9 

50 

0 

30 

2 

3° 

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57 

0 

50 

57 

0 

50 

57 

0 

50 

57 

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47 

4i 

47 

4i 

0 

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0 

II 

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0 

11 

20 

0 

10 

20 

0 

10 


5^ 

17 

4i 

53 

II 

58 

^5 

5^ 

35 


18 


30 
43 

i3 


20 


45 


35 

18 

45 

34 

40 

0 

35 

18 

0 

35 

18 

45 

35 

28 

45 

35 

^9 

e 

30   30 

33    54 
8     o 


27 

7 

30 

23 

8 

0 

27 

7 

30 

23 

10 

0 

23 

8 

0 

23 

8 

0 

51 

17 

e 

6n 


Noms  des  lieux 
&  des  Auteurs. 


Ditfér.  du  mcrid.  de  Paris. 
H.        M.       S. 


Longitude. 
D.  M.        S. 


Cap  de  Bonne  Efpérance. 

Lieutaud  . . . 

i". 

lo'. 

y8".or 

Des  Places  ,  .  . 

I 

lO 

;8 

De  la  Hire  .  .  . 

I 

14 

0 

Marris  .  .  . 

I 

10 

20 

9 

39 

PP.  Jéfuites,  Callîni  . 

I 

10 

58 

Cap  de  Comorin. 
Harris  ....  s 

Cap  de  Sete.  Voyez  Sete. 
Cap  Verd. 

Lieutaud ,  Des  Places. -\ 
Varin,DuGloir. ..    S-i 
Des  Hayes  ...  ■J 

De  la  Hire  ...  i 

Harris  ...  i 

Caffini  ...  I 

Carcaffonne. 
Des  Places ,  Caffini  .  .  o 

Carmarthen. 

Street  ...  o 

Carocheu. 

P.  Noël  ...  9 

Carta^ene  en  EJpagne. 

P.  Feuillée  ...  o 

Carthapene  en  Amérique. 

Lieutaud ,  Des  Places . .  $ 

P.  Feuillée  j  Caffini  .  .  j 

Cafcar ,  ou  Cachgar. 
P.  Gaubil  ...  S 

CaffeL 

Street  ...  o 

Landgr.  de  H.  CalTel.  1  ^ 
Caffini  ...  j 

Cuftelnaudaty. 
Caffini  ...  o 

Cajlres, 

Callini  ...  o 


Cateau  Cambrejîs. 

P.  de  Rebeque  ...     o 
j  La  Cayeniie,  île  de  l'Amérique. 
j  Richer  .  .  . 
!  Lieutaud  .  .  . 

Des  Places  .  •  • 

Calîini  .  .  . 

De  la  Hire. 

Harris  .  .  . 
■   Cete  Voyez  Sete, 
I  Ceylan,  île. 

Harris  ... 

Châlons  en  Champagne. 

Caffini  .  .  . 
I  Chamcheu. 

P.  Noël  ...  5, 

'  Cham  Xo. 

P.  Noël  ...  Q 


13 


18 

17 
iS 


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8 
o' 

II 

II 

19 

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o 


5 


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6 


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12 


5^ 

43 

4i 


o  or. 


o 

40 

o 

I  or. 

41  occ. 
44  or. 
40  occ. 

20  OCC. 

; 


k 


or. 


19  or. 

41 
o 


3  3  occ. 
23  occ. 


o  occ. 


o 
II 


39  or. 
9  or. 
44  or. 
24  or. 


Chan-cheu. 

P.  Noël  ...  8 

Ckandernagor  aux  Indes. 
Des  Places  ...  ") 

De  la  Hire  ...         $^ 
P.  Boudier   ...  j 

Chandou.  Voyez  Claudou. 
Changtou. 

P-  Gauba au  N.  NE.  de  Peking.' 

Tome  y 


32  or. 

o  or. 


37" 
37 

38 

il 

37 
89 


o 
o 

o 

19 

13 

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19 

502 
302 

99 

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26 

19 

19 
21 

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103 


36'. 

41 
36 

21 

26 

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21 

21 
1 1 
21 

II 


43 

I 
S 

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45 
42 

26 


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21 


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30 
30 


30 


30 

30 
30 

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31 

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30 
30 
30 


30 


7 
30 


30 


326 

303 

6 
18 

50 
4J 

100 

46 

13 

21 
147 

53 

2 

5» 

30 

i;7 

■  /7 

30 

Latitude. 

D. 

M. 

S. 

34°. 

15'. 

c  .  mer. 

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0 

34 

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0 

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0 

14 


45 


43 


43 


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0 

14 

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12 


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37 

37 

8 

10 
10 
10 

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18     3; 


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4 

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0 

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56 

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0 

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19 
19 

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14 

45 

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37 

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45 

33 

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20 

30 

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30 

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30 

20 

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0 

o 
19  o 


Latitude. 

D. 

M. 

S, 

13°. 

3'. 

^4 

Ji 

48 
48 

2-7 

'7 

0". 

10 

40 

20 

48 

4 

5 

49 

38 

20 

49 

3-8 

10 

55 
Si 

13 

10 

0 
0 

612  X 

Noms  des  lieux        Diffé.  du  mcrid.  de  Paris,  Longitude. 

&  des  Auteurs. 

H.        M.       S.  D.         M.        S, 

Chaokim, 

P.Noël...  8^      41'.       28".  or.  i;o°.       13'.       30. 

Chaotchun. 

P.  Gaubil  .  .  .  7         ii         4Sor.  130  33  30 

Chartres, 

Lieutaud ,  Des  Places . .  o  3         20  occ. 

Callini  ...  o  3  24 

Chafgar.  Voyez  Cafgaf. 

Chatcheou. 

P.  Gaubil  ...  6         12         46  or. 

Chateaudun. 

Caffini  ...  o  4  4  «ce. 

Lieutaud  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

De  la  Hire  ...  o         i(>  o 

Chefter. 

Des  Places  ...  o  20         2j  occ. 

Street  ...  o  19  41 

Ckeujon  ^  à  la  Chine. 

Harris  ...  8  ij         41 

Chicheu. 

P.  Noël  ...  8  ;9         44 

Chinkiam, 

P.  Noël  ...  9  7  4 

Chïrangaparan ,  capitale  du  Royaume  de  Maffur. 

P.  Thomas ,  par  eftime.  i }  i  J 

Choram ,îleà  2000 pas  environ  de  Goa. 

P  Noël  ...  4         43  10  or.  9«>  39  © 

Ciandu,  ou  Chandou.  Voyez  Chanotou. 

Cienhien. 

P.Noël...  8         s  5         36  or. 

Cimho- 

P.  Noël  ...  9  j  36  or. 

Ci/7z  Ngan. 

P.  NoëL  8         jo         jéor, 

Cim  Yven. 

P.  Noël  ...  8  45  ^(S 

Clermont  en  Auvergne. 

Lieutaud  ...  o  3  o  or. 

Des  Places  ...  o  5  g 

De  la  Hire  ....  o  3  q 

Clermont  en  Beauvoifls. 

Callini  ...  o  o  20  or. 

Cochin  aux  Indes. 

Harris  ...  4         53  ^ç,  or. 

P.  Thomas  .  .  . 

Coilan ,  ou  Caticoulan. 

P.  Thomas  j  Jéfuite  ...  8         48 

Cologne. 

Lieutaud  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

De  la  Hire  .  .  . 

Callîni  .  .  . 

Colioure. 

Callini  ...  o  2         j8  or, 

Cap  Comorin  j  au  haut  de  la  montagne. 

P.  Thomas,  Jéfuite .  .  6         ^x  26  or.  nj  28  o 

Dans  la  Baffe  terre ,  plus  aujud  que  la  montagne. 

P.  Bouchet ,  Jéfuire . .  . 

Compojlelk. 

De  la  Sire  ...  o         48         o  occ.  7  ji  30 

<La  Conception  en  Amérique.  * 

Lieutaud  ...  j  2  10  occ.  304  19  o 

P.  Feuillée  .  .   .         ") 

Des  Places...         S^  ^         '*^  ^°^  '^ 

Callîni  ...  j  2  10  304 

Conimbre. 

™f"s  ...  o         48         il  occ.  6  $&         1/  40         30 

Conon.  V.  Poulo  Condor. 

Conjlantinople. 

Lieutaud  ... 

Chazclles  l,         46  14  or.  ^6 

y.  Fcuillee  ...         3 

De  la  Hire  .  .  . 


JO 

55 

0 

45 

/i 

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45 

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ij- 

49 

22 

46 

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5° 
5° 

5° 

55 
5° 
50 
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0 
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31 

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7 

57 

0 

41 

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0 

36 

4i 

;3 

36 

44 

30 

36 

4i 

53 

i5  o  41 


58  o  49  21  30  14 


Noms  des  iicux 
ôc  des  Auteurs. 


différ.  du  mérid.  de  Paris. 


H. 


.h 


M. 

46'. 

/7 
46 
46 

39 

41 
41 
41 
31 

41 


J4 


Des  Places i* 

Harris  .  .  . 
Strcer  .  .  . 
Callmi  .  .  . 
Corck. 
Street  .  .  . 
Copenhag-ue. 
Licutaud  .  .  . 
De  la  Hire  .  . 
Des  Places  .  .  . 
Harris  .  .  . 
Cailîni  .  .  . 
Picard,  Romcr 
Coquiinbo. 
P.  Fcuillée  .  .  . 
Cailîni  .  .  . 
CoraCiio. 

P.  Feuillce ,  Minime  .  . 
Cordouan  ,  Tour. 
De  la  Hire,  Des  Places,  o  14 

iCallîrii  ...  o  14 

i  Cordoue. 

P.  Brancas.  ...  o  zi 

Corvo ,  lie. 

Harris  ...  2  ij 

j  Coutances. 

[CaHini  ...  o  15 

\Cracovie-. 

iLieutaud  ...  i  10 

De  la  Hire  ...  i  12 

Des  Places  ...  i  12 

jHarris  ....  i  8 

IStréet  ...  I  II 

|Callini  ...  I  10 

Cul  de  fac  F.obeK  ,  à  la  Martinique. 
P.  Feuillécj  Minime. . 

Cumim.  Voyez  Tfumim. 


S. 

14  . 

39 
19 

14 

41 

41  or. 
41 
41 
39 

41 


23  occ. 


17  occ. 

27 

57  occ. 
21  occ. 
10  occ. 

o  or. 

o 

o 
39 
19 


Cufco  au  Pérou. 

de  la  Hire  .  .  . 

S 

4 

0  occ. 

Des  Places  ... 

S 

4. 

0 

Harris  .  .  . 

s 

4 

21 

iDamas  en.  Syrie. 

Street  .  .  . 

X 

26 

19  or. 

Damicte. 

Chazelles  .  .  . 

\Dammartin. 

ICalîîni  .  .  . 

0 

I 

23  or. 

Dant^ic. 

Lieutaud  ,  Des  Places 

4 

44  or. 

:De  la  Hire  .  .  . 

7 

0 

Harris  .  .  . 

G 

39 

Street  .  .  . 

G 

19 

iHévélius  ... 

l 

jCaflini  .  .  . 

r 

4 

44 

\Les  Dardanelles. 

Chazelles  .  .  . 

JJle  Dauphine  au  MiJJîJfipL 

Caiîîni  .  .  . 

6 

I 

ij  occ. 

'P.  Laval ,  Jéfuitc  .  .  . 

6 

Ji 

40 

Delfi. 

Cailîni  dans  Des  Places. 

Dieppe. 

Lieutaud  .  .  . 

0 

4 

44  occ 

De  la  Hire  .  .  . 

0 

4 

4.J 

Des  Places  .  .  . 

0 

4 

44 

Harris  .  ,  . 

0 

8 

41 

Caffini  .  .  . 

0 

4 

44 

Digne ,  en  Dauphine. 

Stre'et  .  .  . 

0 

iG 

19  or. 

Dijon. 

Licutaud  .  .  . 

0 

10 

oor. 

Des  Places  .  .  . 

0 

10 

40 

De  la  Hire  .  .  . 

0 

II 

20 

Caffini  .  .  . 

Q 

10 

0 

Longitude. 


D. 

M. 

S 

46°. 

M'- 

0' 

49 

16 

ij 

46 

26 

ij 

46 

ij 

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15 

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30 

16 

IJ 

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16 

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15 

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20 


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31 

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26 

36 

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30 
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15 

22 

21 

30 

20 

3 

30 

22 

41 

30 

22 

21 

39 

Latitude. 


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D. 

M. 

S. 

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41 

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40 

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41 

0 

ss 

40 

0 

40 


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30 


41 


10 


4J 


SA        40  mérid. 


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10 


46 

3 

0 

49 

2 

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10 

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10 

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jo 

10 

b 

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jo 

10 

b 

II 


12 

^5 

0  mérid 

12 

25 

0 

12 

^5 

0 

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0 

0 

31 

21 

0 

49 

3 

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22 

0 

49 

56 

40 

54 

22 

0 

54 

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0 

29 

40 

0 

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40 

0 

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49 

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47 

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47 

2  y 

0 

50 

IQ 

0 

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o 


o 
o 
o 


él4 

Noms  des  lieux  Di£ 

Se  des  Auceurs. 

H, 
Douay. 

Calîini  ....  o'". 

Douvres. 

Des  Places  ...  o 

Dreux. 

Callîni  ...  ~  o 

Dublin. 

Des  Places  ...  o 

Hanis  ...  o 

Street  ...  o 

Molineux  ,  Cairini ,  .    o 
DuiUier proche  de  Genève. 
Fatio  ,  Diiillter  ...      o 
Dunquerque. 
Lieutaud  ...  « 

De  la  Hire  ...  0 

Des  Places  ...  o 

Hanis  ...  o 

Street  ...  o 

Caflîni  ...  o 

Dura\Jio  en  Dalmatie. 
Harris  ...  i 

Edimbourg. 
Lieutaud  .  .  . 
De  la  Hire  .  .  . 
Des  Places  .  .  . 
Harris  .  .  . 
Street  .  .  . 
Callliii  .  .  . 
Embden. 
Harris  .  .  . 
Embrun. 
Lieuraud  .  .  . 
Des  Places  .  .  . 
Calîini  .... 
Enchuyfcn. 

Calîini  dans  T>ti  Places. 
Erfort. 

Kirch  ...  o 

Montagne  d'où  fort  r  Ergot 
P.  Gaubil  ...  6 

Sources  de  l'Ertchis. 
P.  Jartoux  ...  6 

Er^eran  en  Arménie. 
P.  de  Beze  ...  3 

S.  Efprit  dans  l'île  de  Cuba. 
CalUni  ...  j 

Falaife. 

Caiîîni  ...  o 

Ifle  de  Fer. 
De  la  Hire  .  .  . 
Harris  .  .  . 
Caflîni  .  .  . 
Ferrarc. 
Lieutaud  ... 
De  la  Hire  .  .  . 
Des  Places  .  .  . 
Calîini  .  .  . 
La  Fené-Bernard. 
Calîini  .  .  . 
Fe^  en  Afrique. 
Harris  .  .  . 
La  Flèche. 
Lieutaud ,  Des  Places  . 
De  la  Hire  .  . . 
Calîini  ... 
Florence. 
Galilée  .  .  . 
Lieutaud  .  .  . 
De  la  Hire  .  .  . 
Des  Places  .  .  , 
Harris  ... 
Street  ... 
Caflîni  .  .  . 
Fontainebleau. 
^liîiù  .  .   . 


du  mer. 
M. 


I 
I 

I 

o 
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50 

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21 

21 

39 

17 
16 

17 


de  Paris 
S. 

57".or. 

19  occ. 

j  j  occ. 

o  occ. 

41 
41 

21 


3  or. 
5 
3 
21 

22 
10 


41  occ. 

20 
o 

21 

41 

41 

21  or. 

20  or. 

o 
20 


3; 

j  rivière , 

9  or. 
,  ou  le  Gooulcou 

9 

26  or. 

9 

26  or. 

6 

ji  or. 

28 

58  occ. 

10 

8  occ. 

22 

2Z 
19 

37 
39 

37 
37 


33 

9 
9 
9 

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35 
38 

5J 
38 
•^3 

i5 


o 
21 
16 

sot. 

3 
44  occ. 

5 

46  occ. 

II  occ. 

52  occ. 

5i 

Ji 

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58 

30 

J8 

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19 

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24  er. 


Longitude. 

D. 

M. 

S. 

20°. 

3/. 

48" 

18 

46 

45 

18 

•   5^ 

50 

10 
10 
10 
10 

31 
31 

15 

15 

15 

23 


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112 

6 

17 

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18 

II 

17 
17 
17 

28 
28 

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-2^ 

^9 

^5 
28 


41 


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II 

23 

51 

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13 

130 

34 

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19 

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17 
1 1 

10 
34 


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29 

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16 

41 
51 

12 


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19 

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45 

17 

31 

15 

19 

53 

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42 

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45 

14 

26 

15 

14 

46 

30 

14 

51 

30 

14 

31 

15 

14 

26 

15 

14 

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30 
30 
30 

45 

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30 
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o 

15 

15 

o 

30 


Latitude. 

D. 

M. 

S. 

50°. 

13'. 

20", 

51 

5 

58 

48 

44 

17 

53 

II 

0 

53 

12 

0 

53 

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12 

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30 

51 

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30 

51 

2 

30 

41 

58 

0 

55 

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0 

55 

47 

0 

56 

10 

0 

55 

57 

0 

55 

57 

0 

55 

58 

0 

5i 

5 

0 

44 

40 

0 

44 

34 

0 

44 

40 

0 

5^ 

4i 

41 

51 

6 

0 

5i 

30 

0 

46 

4 

0 

39 

5^5 

55 

21 

57 

15 

48 

55 

28 

28 

5 

0 

^9 

5 

0 

i7 

47 

51 

44 

54 

0 

44 

54 

15 

44 

54 

0 

44 

54 

0 

10 


47 

4i 

0 

47 

41 

40 

47 

4i 

0 

43 

47 

0 

43 

46 

30 

45 

41 

0 

45 

47 

0 

45 

41 

0 

45 

41 

0 

4v5 

46 

30 

48 

i4 

30 

Noms 

loMS  des  lieux 
des  Auteurs. 


difFcr,  du  mérid.  de  Paris. 
M.        S. 


H. 

'rancforc  fur  le  Mein. 

icuraud o''.       ij'. 

e  la  Hire  ...  o         ^4 

es  Places  .  .  •  o         ^4 

airis  ...  o         ij 

réet  ...  o  2i 

afiîni  ...  o  ij- 

•ancfortfur  l'Oder. 

réet  ...  o         jo 
'■afcati. 

Borgondio  ...  o  41 

rtfcati. 

Borgondio  ...  o         42. 
'imcheu. 

Noël  ...  8  5(5 

umchim. 

Noël  ...  8  49 

.  Noël  ...  8         ji 

unchal,  capitale  de  l'île  de  Madère. 
i  Laval,  Jéluite  .  .  .    i  7 

\and. 

iLUCaud  .  .  . 
.;  la  Hire  .  . 
es  Places  .  . 
arris  .... 
rc-;t  .  .  . 
jallini  .  .  . 
■ènes. 
ciitaud  ,  Des  Places  . 

la  Hire  .  . 
.iiiis  .  .  . 
c  Salvego  . 
illîni  .  .  . 
ivaldi  .  .  . 

icve. 
cucaudj  Des  Places 

iii'is  .  .  . 

.Lt  .   .  . 
aliini  .  .  . 
liolicr  &  Gautier  .  . 


\ 


o 
o 
o 
o 
o 
o 

o 
o 
o 


o 
o 
o 
o 

o 


6 
6 
5 
5 
6 
G 

i; 


16 

17 
16 


'J 


} 


'gi ,  capitale  du  Royaume  de  même 
Places  ...  f  10 


.  Gaubil  .  .  . 

'oa. 

ieuraud ,  Des  Places 

!e  la  Hire  .  .  . 

larris  .  .  . 

'.  Noël. 

i'.  Jéfuites  .  .  . 

Laiîîni  .  .  . 

9oes  en  Zelande. 

bes  Places  .  .  . 

barris  .  .  . 

"rolconde  à  la  mine  de  diamans 

;.  Noël  .  .  . 

Yooulcou.   Voyez  Ergot. 

\(le  de  Gorée ,  près  du  Cap  Verd. 

rarin  ...  "^ 

Ou  Glos  .  .  , 

^eshaycs  .  .  . 

)e  la  Hire  . 

:)cs  Places  . 

CaiîSni  .  .  . 


o  .or. 

40 
40 

39 
19 

o 

19  or. 

44  oi- 

44  oi- 
24  or. 
28  or. 
28  or. 

45  occ. 

20  or, 
o 

8 

19 

39 

20 

3  or. 
3 
39 

3 


o  or. 
59 
19 

o 

;o 

nom. 
o  or 


4 
4 
4 


o 
o 


4; 
46 

4; 

4J 

G 

G 


46 

40  or. 
o 
39 

40 


39 
ï9 


17 


^ranville. 
-.iliîni  .  . 
■Srati. 
irreec  .  . 


54 


'alïîiii  ...  o  o 

■réenvich ,  O^yJrv.  roya/  d:" Angleterre 
îarris  ....  o  9 

3es  Places 
'aiïïiii 


40  occ. 

,49  occ. 

,19  O''- 
jo  occ. 


occ. 


:••  } 


D. 


Longitude. 


M. 


26 


97 


97 


91 

21 
21 


/5 


21 


16 


31 


21; 


S. 


26°. 

6'. 

30 

26 

I 

;o 

26 

I 

;o 

26 

4(î 

2(5 

6 

15 

15 

50 

3i 

26 

IJ 

30 

17 

30 

30 

3^ 

30 

U3 

57 

30 

iji 

13 

30 

IJ2 

43 

30 

IJ 


21 

26 

30 

21 

21 

30. 

20 

17 

30 

21 

10 

IJ 

21 

31 

IJ 

21 

i6 

30 

2(5 

7 

IJ 

26 

7 

IJ 

i7 

iG 

IJ 

IJ 


^3 

Ji 

30 

^4 

I 

IJ 

24 

n 

IJ 

^3 

Ji 

30 

^3 

49 

0 

30 


91 

16 

30 

91 

16 

IJ 

89 

41 

IJ 

30 

30 
IJ 


30 


10 


IJ 

J4 

18 

3-3,  . 

26 

IJ 

19  - 

39 

J 

17 

34 

0 

17 

34 

0 

Latitude 


D. 


32 


44 


17 


14 


M. 


37 


iJ 


39 


éi; 


S. 


49- 

JJ. 

0" 

jo 

4 

0 

jo 

4 

0 

jo 

4 

0 

JO 

10 

0 

49 

JJ 

0 

Ji 

22 

0 

41 

4J 

0 

41 

4J 

0 

J3 


JI 

3 

0 

JI 

I 

0 

JI 

3 

0 

JI 

I 

0 

JO 

JJ 

0 

JI 

3 

0 

44 

iJ 

0 

44 

iJ 

0 

44 

i7 

0 

46 

12 

0 

46 

22 

0 

46 

IJ 

0 

46 

1 2 

0 

46 

12 

0 

12 

10 

0 

30 

2S 

20 

IJ 

31 

0 

IJ 

30 

0 

IJ 

30 

0 

ij 

31 

30 

IJ 

31 

0 

* 

JI 

30 

30 

JI 

30 

0 

n 


48 

JO 

6 

47 

0 

1 

JO 

J8 

40 

JI 

28 

JO 

n 

28 

30 

6î6^ 


Noms  des  lieux 
&  des  Auteurs. 


Grenoble, 

Lieutaud  .  .  .  c*". 

De  la  Hire  ...  o 

Des  Places  ...  o 

Harris  ...  o 

Scréec  ...  o 

Çalîini  ...  o 

Grïpfwolddt  en  Poméranle. 

Pylius ...  o 

Guadaloupe  ,  île. 

Des  Places  ...  4 

Hariis  ...  3 

Va i  lin  &  Deshayes . .     4 

Jiaitou ,  rivière  ,fafûurce. 

Gaubii ...  6 

Hambourg. 

De  la  Hire,  Des  Places. 

Harris  .  .  . 

Street  .  .  . 
Cailîni  .  ,  ■. 
Hamcheu. 

P.  Noël  .  .  . 

Hami. 

P.  Gaut.il  . . . 

Hankcou. 

P.  Jartoux  .  .  . 

P.  Gaubii  .  .  . 

Camp  de  Harcas. 

P.  Jartoux  .  .  . 

P.  Gaubii  .   .  . 

Harlem. 

Caliini  dans  Des  Places 

La  Havane. 

Caiîini  ...  j 

Le  Havre  de  Grâce. 

De  la  Hire,  Des  Places. 

Harris  .... 

La  Haye. 

Des  Places  .  .  . 

Cailini  .   .  . 

Héathéot. 

Harris  .  .  . 

Heidelberg, 

Harris  .  .  . 

Street  .  .  . 

Sainte  Hélène ,  île. 

Halley ,  Ca/lîni  .  ,  . 

Hia-Kiam. 
P.  Noël  .  .  . 
Hian-Xan. 
P.  Noël  .  .  . 

Huir. 

P.  Noël  .  .  . 
Hoaingan. 
P.  Noël  .  .  . 


Diftér.  du  mérid.  de  Paris. 
H.        M. 


1 


11 , 

i; 
\t 

14 
17 
15 

i; 
18 

48 

35 

3^ 
30 
30 


3<î 


9 
48 

xG 

30 

35 

/i 

43 

3 

47 


S. 

4S".or. 

o 
48 

39 
19 
31 

42  or. 

I  j  occ. 

59 

13 

C  or. 

o  or. 
39 
19 
56 


Longitude. 
D.  M.         S, 


15         1 8  or. 
Z5         25  or. 

7  26  or. 


54  occ. 

40  occ. 

If)  or. 
39  or. 


39  or. 
19 

1 6  occ. 

8  or. 
56  or. 
40  or. 

o  or. 


P.  Gaubîl  .  .  . 

Harris  ...  7         46 

Hoiin,  au  nord  du  défert  de  Sables 

P.  Gaubii  ...  6         54 

Hoorn. 

Cailîni  dans  Des  Places. 

Hotcheou. 

P.  Gaubii  ...  6 

Source  de  iHotomni. 

P.  Gaubii  ...  ;  ..^ 

L'Hotomni  fe  perd  dans  les  fables. 

P.  Gaubii  ...       f    3j 

Hou  hou-tou ,  lac. 

P.  Gaubii  .  .       6     f 

Hu-Keu. 

P-  Noël  ...       g    ^, 


54 


39 
42  or. 

54  or. 
2(5  or. 
z6  or. 
26  or. 
3  2  or. 


20" 

25 

20 

i3 

^3 

33 

316 
319 

121 

28 
28 
27 
27 


25)(î 


4- 
36 

4 
31 
II 

14 


51 
18 


53 

6 
1 

16 

35 


96     42 


15 


1^3 

34 

:oi 

12 

103 

43 

III 

10 

152 

5'J 

IS 

30 
18 

i; 
15 
15 


45 

S5 
15 


15 

15 

30 


113     II 


III     21    i; 


17 
17 

43 
38 

30 
45 

22 
62 

10 

I 

30 
15 

63 

13 

0 

25 

■Î7 

31 
36 

15 
15 

II 

32 

30 

152 

5  y 

30 

i;o 

4 

0 

155 

46 

30 

13^ 

36 

30 

i3<î     31    'J 
123     3a     c 


Latitude. 

D. 

M. 

S 

4;o. 

II'. 

1" 

45 

16 

0 

45 

11 

0 

45 

16 

0 

45 

12 

0 

45 

II 

0 

54 

14 

t 

16 

20 

0 

14 

0 

0 

14 

0 

0 

43 


53 

41 

0 

53 

41 

0 

56 

43 

0 

52 

4-i 

0 

30 

i£ 

5 

4i 

53 

20 

30 

45 

5i 
^3 


x6 


36 

é 
23 
II 


o 
58 
50 


49 

30 

0 

49 

30 

0 

/* 

4 

0 

52 

4 

10 

19 

29  mer. 

19 

^9 

49 

20 

0 

49 

36 

0 

o  mer. 


33 

31 

15 

}} 

31 

45 

3i 

3i 

20 

33 

51 

20 

33 

5^ 

0 

30 

3(5 

0 

33 

35 

■  0 

44 

II 

0 

S^ 

38 

45 

30 

10 

0 

)9 

50 

0 

3S 

20 

0 

48 

4 

0 

5C' 


Noms 


6i7 


Noms  des  lieux 

Dirfe.  d 

u  mcric 

.  de  Paris. 

Longitude 

. 

Latitude. 

Se  des  Aiireurs. 

H. 

M. 

,    S. 

D. 

M. 

S. 

D. 

■       M. 

S. 

Nul. 

Srrccc  .  .  . 

o". 

lo'. 

41".  occ. 

19". 

40'. 

49". 

55"- 

50. 

0". 

Jamaïque ,  Pon  Royal 

. 

Harris  .  .  • 

5 

13 

1 1  occ. 

301 

33 

45 

17 

40 

0 

Jaocheu. 

P.  Noël  .  .  . 

8 

5^ 

ji  or. 

1/4 

14 

30 

Jént  en  Thunnge. 

Hambergerus  .  .  . 
Calliiii  .  .  . 

} 

o 

l<^ 

16  or. 

28 

55 

30 

54 

^5 

0 

Jénïfda. 

P.  Gaubil  .  .  . 

6 

39 

1.G  or. 

10 

4i 

45 

53 

0 

0 

Jérufalem. 

Lieuraud  .  .  , 

2 

II 

0  or. 

52. 

51 

30 

31 

50 

0 

De  la  Hire  .... 

2 

34 

32 

5S 

i9 

30 

31 

38 

30 

Des  Places  .  .  . 

2 

14 

0  or. 

53 

21 

30 

31 

50 

,0 

Stréct  .  .  . 

2 

20 

19 

55 

II 

30 

3^ 

10 

0 

Callini  .  .  . 

2 

I  2 

0 

5i 

51 

30 

31 

50 

0 

Saura  de  l'I/i. 

P.  Gaubil  .  .  . 

5 

i? 

26  or. 

102 

13 

0 

43 

35 

0 

Jmte ,  ville. 

P.  Gaubil  .  .  . 

8 

3y 

44  oi- 

14S 

47 

30 

^4 

8 

0 

Ingrenat ,  où  efl  un 

tem 

pie  fameux. 

P.  Nûcl ,  Jcfuite  . 

,     , 

19 

So 

0 

Infpruk. 

Harris  .  .  . 

o 

37 

39  or. 

^9 

\G 

J5 

47 

15 

0 

Irghen,  ville. 

P.  Gaubil  .  .  . 

/ 

ij 

4  or. 

ICI 

7 

30 

38 

20 

0 

Source  de  l'Irtis. 

P.  Gaubil  .  .  . 

6 

9 

26  or. 

112 

12 

45 

46 

4 

0 

\Irtitche ,  rivière. 

P.  Gaubil... 

6 

7 

26  or. 

III 

43 

0 

4(î 

4 

0 

Ifpahan. 

iLieutaud  .  .  . 

«^ 

Caiiini  .  .  . 

l 

5 

22 

0  or. 

7^ 

21 

30 

3^ 

i5 

0 

Des  Places  .  .  . 

5 

De  la  Hire  .  .  . 

4 

14 

0 

83 

21 

30 

32 

40 

0  ' 

Juo-Chsu. 

P.  Nocl  .  .  . 

8 

S^ 

j2  or. 

154 

4 

30 

Juthia.  Voyez  Siam. 

L  an-Hay.  V.  J^p- 

Omo. 

Kdnton.  Voyez  Canton 

, 

Kao-Ym, 

P.  Nocl  .  .  . 

9 

G 

3  2  or. 

i;6 

^9 

30 

' 

Keheck,  en  Canada. 

Des  Hayes  .  .  . 

■y 

Lieutaud  ... 
Des  Places  .  .  . 

c 

4 

48 

52  occ. 

307 

38 

30 

46 

55 

0 

Calhni  .  .  . 

^ 

De  la  Hire  .  .  . 

4 

jo 

0 

307 

31 

15 

46 

55 

0 

Harris  .  .  . 

4 

49 

21 

30^ 

38 

4; 

70 

0 

0 

'iKem.  Voyez  Ohy. 

\  Source  du  Kérolen 

,  ou 

Kerlon^  dans  les  monts  Keutchen. 

P.  Jartoux  .  .  . 

7 

7 

14  or. 

126 

39 

45 

48 

33 

0 

Kertouma. 

P.  Gaubil  .  .  . 

J 

8 

46  or. 

97 

3 

0 

29 

M 

0 

Kia  Hun. 

P.  Noël  .  .  . 

9 

i; 

8  or. 

ij8 

30 

30 

Kiam  Pu. 

P.  Nocl  .   .   . 

9 

3 

j6  or. 

155 

50 

30 

,  Source  du  grand  Kiang 

P.  Gaubil  .  .  . 

S 

49 

26  or. 

107 

12 

45 

35 

30 

0 

Kia-Xcm. 

P.  Noël  .  .  . 

9 

12 

48  or. 

158 

3 

15 

Kia-Yu-K  oan. 

P.  Gaubil  .  .  . 

G 

i3 

42  or. 

115 

49 

0 

^^ 

49 

20 

Par  cblervation  . 

6 

i; 

io 

11(5 

9 

0 

y 

Kiel. 

Calfini,  Reyerus  . 

,    , 

o 

35 

5  2  or. 

20 

44 

30 

54 

i5 

0 

l'ien-Cham. 

P.  Noël  .  .  . 

l 

8 

55 

20  or. 

15} 

II 

30 

s 

8 

J7 

20 

IJ3 

20 

30 

Kie  ngan. 

P.  Noël  .  .  . 

8 

Ji 

5  2  or. 

142 

44 

30 

Kien  Kiam. 

P.Noël. 

8 

53 

48  or. 

153 

18 

30 

Tome  F. 


liii 


^î8 


Noms  des  lieux 

Difler. 

du  mér 

.d.  de  Pans. 

Longitude. 

&  des  Auteurs. 

H. 

M. 

S. 

D 

M.         S 

Kien-Tan, 

> 

P.  Noël . . . 

9". 

f 
7  • 

3  2".or. 

176°. 

44'.-      30". 

Kie-X'ui. 

P.  Noël  .  .  . 

8 

57 

14  or. 

i;4 

li          30 

Kin-Yum. 

P.  Noël  .  .  . 

9 

; 

56  or. 

i/é 

30          30 

Kirin  zn  Tartark ,  à  vingt  deux  Ikucs  d'Ulac ,  vers  le  Sud. 

P.  Verbiefi  ... 

Kokotum  en  Tartark. 

P.  Peréira  &  Gerbiilon.  7  30 

Source  du  Kolon. 

V.  Gaubil  ...  7  4 

Le  Kolon  fc  jette  dans  l'Orgoun. 

P.  Gaubil  ...  6  56 

Kong-ki-Tao ,  capitak  de  la  Corfe. 


P.  Gaubil  . 

Kon'igsberg. 
Harris  .  .  . 
Caflnii  .  .  . 
Linémanius 
Kor-Camp. 
P.  Gaubil  . 
Kouke. 
P.  Gaubil  . 
Lanores. 
Des  Places  . 
Lieutaud  .  . 
Cailîiii  .  .  . 
Lanka  ,  lac. 
P.  Gaubil  . 


} 


} 


36 


17 

34 

9 

II 
li 


5  or. 
(5  or. 

6  or. 

5  or. 

39  or. 

10 

22  or. 
16  or. 

6  or. 

o 


9 
8 
S 


26  or. 

C  or. 
46  or. 

<5  or. 


Lac  au-dcfjus  de  Lanka. 

P.  Gaubil  ...  j 

Source  du  Lantfan. 

P.  Gaubil  ...  (T 

Lapama ,  lac. 

P.  Gaubil  ...  y      '12 

Larnea ,  en  Chypre. 

Chazelle  .  .  . 

JJ^es  des  Larrons ,  ou  Mariannes. 

P.  Morales,  Jéf.  par 

eiT:ime.  Des  Places. 

La  P  &  la  plus  méridionale  j  Guan  ou  Guahan. 

La  2"=  Rcta,  ou  Sarpana,  ou  Ste  Anne. 

3*  Aguignan,  ou  i'.  Ange, 

4*^  ri«;a«,  ou  5/^t;/z<2  Fijla ,  Mark  Anna. 

f.  Saipan,  ou  S.  Jofeph. 

6^  Anatahan,  ou  J.  Joachim. 

7^  Sarigan,  ou  i".  Charles. 

8*^  Guguan,  ou  J.  Philippe. 

•f  Alamagan,  ou  /a  Conception. 

10  Pagon,  ou  S.  Lgnace. 

Il'  Agrïgan  ^  ou  i".  François  Xavier. 

1 2^  Songfon  ,  ou  l'AJfomption. 

15^  Tu^uj,  iyfa.'/^^.  5-.  Laurent. 

14'  t^r^îCj  ou  /'7/?e  a«.v   Oifeaux. 

Chcfca  Peak. 
TranCad.  Philofoph. 

lianlad:.  Philofoph. 
Xiî// j , .  ri/A-. 
PP.  Gerb.  i<c  Dorville.  j 


i5i 

^5 

50 

108 

22 

0 

12} 

J3 

0 

133 

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30 

38 

31 

15 

39 

19 

0 

103 

2(5 

0 

97 

13 

0 

22 

Ti 

0 

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Ji 

30 

103 

12 

0 

96 

53 

0 

HZ 

3 

0 

97 

55 

0 

154 


41 


5  3 


Latitude. 
D.  M.       S. 


43^ 


{ 


13 
14 

14 
15 
17 
17 
17 
18 

19 
19 

20 
20 
21 

37 
,'8 


30 . 


48 

30 

0 

49 

0 

0 

"37 

5° 

19 

37 

^7 

54 

45 

0 

54 

43 

0 

45 

15 

0 

^^ 

50 

0 

47 

50 

50 

47 

51 

0 

39 

50 

0 

30 

45 

0 

iA 

30 

0 

^9 

5^^ 

0 

40 

10 

0 

25 

o 
43 

50 
20 

20 
35 
45 
20 

40 
15 
55 

6 

7 


fepr. 


o. 


47 


18  or. 


io(> 


41 


Noms  des  lieux 

Diff. 

du  mer 

de  Paii 

Se  des  Auteurs. 

H 

M 

S. 

Latac. 

P.  Gaubil  .... 

4"- 

j6'. 

40  .0 

Le^bcm. 

Haiiis  .  .  . 

o 

41 

39  or. 

l.e'ipjkk. 

Rivinus  Junius  .  .  . 

-) 

Callini ,  Licutaud  .  . 

c° 

40 

cor. 

Des  Places  .  .  . 

J 

De  la  Hire  ... 

o 

4J. 

0 

Hanis  .  .  . 

o 

45 

19 

Lcns. 

Cailini  ... 

0 

X 

0  or. 

Lenti  ou  Llnf^,  en  n^ejlphaii 

e. 

Hanis  ,  .  . 

o 

;i 

39  or. 

Kepler,  Caffini  .  .  . 

o 

;o 

40 

Lsyie. 

Street  .  .  . 

o 

9 

1 9  or. 

Zunibach  .  .  . 

o 

9 

9  on 

Liampo.  Voyez  Ningpo. 

Liège. 

Lieutaud  .  .  . 

o 

ij 

0  or. 

Des  Places  .  .  . 

o 

14 

4J 

Harris  .  .  . 

o 

14 

10 

De  la  Hire  .  .  . 

o 

ij 

0 

Calîîni  .  .  . 

0 

15 

0 

Lic-yam. 

P.  Noël  .  .  . 

9 

8 

8  or. 

Lieyma/i. 

P.  Noël  .  .  . 

9 

8 

8  or. 

Lih'iangfou, 

P.  Gaubil  .  .  : 

6 

31 

26  or. 

Lima  ,  au  Pérou. 

P.  Teuillée,  Minime 

Lieiuaud  .  .  . 

; 

35 

0  occ. 

De  la  Hire  .  . . 

o 

55 

0 

Des  Places  .  .   . 

}\ 

J5 
28 

0 
^9 

Harris  .  .  . 

s 

55 

21 

Calîini  .  .  . 

5 

\G 

3'S 

Uincoln. 

Street  ... 

Q 

10 

41  occ. 

Lir.coping  en  Suéde. 

Scharlchuch  .  .  . 

O 

55 

24  or. 

CcHiiis  .  .  . 

I 

16 

II 

jOu  plutôt  ... 

Lindaw  ,  dans  le  lac  de  Confiance. 

Gaupe. 

O 

16 

0  or. 

Lin~kiam. 

P.  Noël  .  .  . 

8 

48 

1 2  or. 

Lints.  Voyez  Lent\. 

Lipjîch.  Voyez  Leipfi 

:L 

Lisbonne. 

jDes  Places ,  Lieutaud 

,  o 

45 

0  occ. 

De  la  Hire  .  .  . 

o 

f  2 

0 

Harris  .  .  . 

o 

j 

21 

Couplet  ... 

o 

J 

$1 

51 

Cailîni  .  .  . 

o 

45 

0 

PP.  Jéfuites  .  .  . 

o 

4; 

35 

Lijieux. 

Lieutaud  .  .  . 

o 

8 

20  occ 

lifle. 

Licutaud  .  .  . 

o 

3 

2 

3 

0  occ. 

Des  Places  .  .  , 
Calîîni  .  .  . 

o 

0 

40 

0 

Liverpool.   „ 

5tréet  .  .  . 

û 

19 

41  occ 

Vivourne. 

Des  Places  .  .  . 

-^ 

-alîîni  dans 

1° 

«2 

8  or. 

Oes  Places  .  .  . 

S 

J 

^.oangtcheou. 

W  Gaubil  .  .  . 

f, 

Londres. 

\J 

39 

44  ofv 

Lieutaud  .  .  . 

De  la  Hire  .  .  . 

o 

Q 

9 

41  occ 

Dci  Places  .  .  . 

Tome   V. 

O 

9 
9 

10 

41 

Longitude. 

Latitude. 

D.           M.         S. 

D. 

M. 

S. 

94".           3'.         0". 

30°. 

4;'. 

0 

30            \G          ij 

45 

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0 

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33 
59 

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151 


14 


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119 


Ji 


40 

44 

2 

J4 
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15 

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57 

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2^ 

15 

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15 

22 

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15 

22 

8 

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56 

50 

25 

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45 

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50 

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0 

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55 

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55 

30 

275 

55 

30 

297     - 

5$ 

50 

296 

31 

15 

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I 

0 

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15 

15 

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50 

20 

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50 

20 

51 

30 

20 

5<î 

50 

15 


30 


30 


17 

26 

15 

17 

54 

0 

17 

2(5 

'5 

51 


5i 


53 


51 


58 

58 
58 
38 
38 

49 

50 
50 
50 

53 


45 


37 


19 


15 


30 


II 

38 
40 
38 


33 


S^ 


14 


51 

19 

15 

51 

19 

0 

50 

^5 

58 

46 

16 

0 

48 

16 

0 

5i 

10 

0 

5^ 

12 

0 

50 

40 

0 

50 

40 

0 

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40 

0 

50 

40 

0 

50 

36 

0 

12 

3 

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12 

36 

0 

12 

40 

0 

12 

20 

0 

8 

48 

50 

12 

20 

0 

12 

I 

15 

45 

0 

40 

0 

50 

0 

45 

if 

43 

0 

45 

0 

o 
o 

o 


51 

31 

0 

Jî 

^9 

30 

51 

31 

0 

lui  1; 


•  20 


Noms  des  lieus 
&  des  Auteurs. 


différ.  du  mérid.  de  Paris- 


Longitude. 


H.        M. 


S. 


9' 

10 


15 


3 


10 


34 


;8 


41 


41 


Harris o" 

Street  ...  o 

Wrigth  ,  .  . 

Flamftad  .  .  . 

Caiïîni  .  .  . 

Lop  Omo  ou  lac. 

P.  Gaubil  .  .  . 

Lopcvno ,  lac. 

P.  Gaubil  ...  j  ji  2(5  or. 

Fort-Louis  ,fur  le  Rhin. 

Caiïîni  ...  o  zi 

Fan-Louis  à  S.  Domingue ,  ou  Caye. 

Caiïîni  .  .  . 

Port  Louis. 

Caiïîni  .  .  . 

Louvain. 

Street  .   .  . 

Louveau. 

PP.  Jéiliites  .  .  . 

Lu-hi. 

P.  Nocl  .  .  . 

Lumenk. 

P.  Noël  ... 

Lund ,  ou  Lunden,  en  Schonen  en  Suéde 


16  or. 


S  7  or. 

6  occ. 
ji  occ. 
1 9  or. 
46  or. 
jz  or. 


■ï 


o 

o 


o 
o 
o 
o 
o 


} 


Picard 

Conrad ,  Quenfel  . 

Att.  Lit.  Sun.  1724 

F-  S-^S- 

Lyon. 

Lieuraud  .  .  . 

De  la  Hire  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

Caiïîni  .  .  . 

Harris  .  .  . 

Lypen-paffe. 

pp.  Jartoux ,  Frédéli 

&  Bonjour  .  .  . 
Macao. 
Lieutaud  .  .  . 
De  la  Hire  .  .  . 
Des  Places  .  .  . 
Harris  .  .  . 
P.  Noël  ... 
Caiïîiii  .  .  . 
PP.  Thomas  &  No'Jl 


Harris  .  .  . 

Madrajl ,  ou  Madrafpatan. 

P.  Munaos  .  .  . 

Madrid. 

Lieutaud  .  .  . 

De  la  Hire  .  .  . 

Des  Places  ...        ^ 

PP.  Caiïammen  &    i 


44 
4' 

44 


10 

10 

9 

9 

10 


Ji 


9  or. 
39 


o  or. 
iS 

40 
19 

o  or. 


Petreus 
Harris  .... 
Stréct  .  .  . 
Caiïîni  .... 
Maduré. 
P.  Bouchet  .  .  . 
Majorque. 
Harris  .  .  . 
Caiïîni  .  .  . 
Malaca. 

Lieutaud ,  Des  Places . 
De  la  Hire  .  .  . 
Harris  .  .  . 
P.  Noël  .  .  . 
Caiïîni  .  .  . 

PP.  De  Beze,  Camille. 

S.  Malo. 

Lieutaud  . 

De  la  Hire 

Des  Places 

Caiïîni  ...       ■        \ 


22 

22 
22 
^4 


O 

O 

31 
30 
30 
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iS 


40 

21 
1 1 
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o  or. 

59  or. 
49 

o  or. 
20 

39 
3  5 

o 

o 


o  occ. 


17 


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0 

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14 

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22 

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118 

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0 

124 

34 

30 

30 


53 


4J 


22 

21 

30 

22 

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0 

22 

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i; 

22 

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30 

20 

31 

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10 


14 


1 1 


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14 

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15 

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93 
19 

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119 

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117 
117 
119 

117 


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41 
31 

27 

3^ 

20 


21 


4J 
4J 


9 

4 


li 

30 
30 


Latitude. 


D. 

M. 

S. 

D. 

M. 

S 

17°. 

2é'. 

li". 

51». 

3^'. 

0" 

17 

21 

30 

Ji 

5^ 

0 

JI 


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31 


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20 

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48 

0 

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10 

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16 

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4^ 


45 

45 

20 

45 

45 

20 

45 

45 

0 

45 

45 

20 

45 

45 

0 

zG 


20 


47 


7 

^3 

1 5  or. 

130 

59 

45 

22 

12 

0 

7 

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48 

130 

48 

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22 

12 

0 

7 

^3 

13 

130 

59 

45 

22 

12 

0 

7 

34 

39 

133 

31 

15 

22 

13 

0 

7 

^4 

30 

130 

59 

0 

7 

^3 

13 

130 

59 

45 

22 

12 

0 

7 
tcrr 

i3 

48 

130 

48 

30 

22 

12 

0 

2 
"an. 

48 

39  or. 

62 

I 

15 

44 

0 

0 

13 

23 

0 

0 

22 

oocc. 

14 

21 

30 

40 

26 

0 

0 

-4 

0 

13 

51 

30 

40 

14 

0 

40 

10 

0 

40 

14 

0 

40 

16 

0 

59 

35 

0 

59 

35 

0 

2 

12 

0 

2 

4i 

0 

2 

4i 

0 

2 

12 

0 

2 

12 

0 

4S 

38 

30 

4S 
48 
48 

3S 
38 
3S 

20 
70 
30 

621 


Noms  des  lieu:-:         DifFc. 

du  niériJ 

.  de  Paris 

8c  des  Autcuij. 

H 

M. 

S. 

Mahhe. 

Lieutaud  ...                 o''. 

48'. 

40".  or. 

De  la  Hirc  .  .  .  •           o 

48 

34 

Des  Places  ...             o 

48 

3; 

Callîni  ...                    o 

48 

40 

Chazellcs  ...           1 
P.  Fciiilléc  ...          S 

48 

3jor. 

Manapar. 

P.  Thomas ,  Jéfuitc  .  .   5 

5 

0  or. 

Manas. 

P.  Gaubil  ...               5 

38 

46  or. 

Manchejîcr. 

Street  ...                     0 

18 

41  occ. 

Md'iguelor. 

P.  Thomas,  Jéf...  "> 

P.Ciaya,  Jéf.  .  .      j" 

Manille. 

Lieutaud  ...                7 

5i 

0  or. 

Un  OtHcicr  Efpagnol.    8 

4 

5  -» 

Le  Mans. 

Lieutaud,  Calhai  ,  .     0 

9 

0  occ. 

De  la  Hire  ...             0 

S 

50 

Des  Places  ...           0 

S 

jo 

Mantoue. 

,  De  la  Hire ,  Des  Places.  0 

5; 

0  or. 

Sainte  Marie  du  Pon  du  Prince  ,  en  l'île  de  Cuba. 


Des  Places  .  .  . 

; 

22 

38  occ. 

Sainte  Marie  dans 

l'ile  de  Cuba. 

Calhui  .  .  , 

5 

22 

38  occ. 

M  a  ri  Y  à  la  Tour. 

Calhni  .   .   . 

0 

0 

54  occ. 

Marfeille. 

Lieutaud  .  .  . 

0 

II 

28  or. 

De  la  Hire  .  .  . 

G 

12 

30 

Des  Places  .  .  . 

0 

12 

28 

Harris  .  .  . 

0 

12 

9 

Srréet  .  .  . 

0 

II 

19 

Sainte  Marthe. 

P.  Feuillce  .  .  . 

5 

4 

24  oc. 

Callini  .  .   . 

5 

5 

38 

Des  Places  .  .  . 

5 

; 

58  or. 

Icï  Martinique  au 

Fort  Roy-i 

;/. 

Lieutaud  .  .  . 

4 

13 

15  oc. 

Des  Haycs  .  .  . 

7 

Du  Glos  .  .  . 

C  4 

14 

45 

De  la  Hire. 

j 

Des  Places  .  .  • 

4 

13 

16 

Harris  .  .  . 

4 

22 

I 

}: 


Calhni  .  .  . 

P.  Laval ,  Jéfuite  ...   4 

La  Martinique  au  Fort  S. 

P.  Feuillée  ,  Minime  . . 

Confluent  du  Matcheou  &  du  Gange. 


13 

13 

15 

Pierre. 


If 
28 

'5 


P.  Gaubil 

Mayence. 

Des  Places  .  .  . 

Lieutaud,  Caillni 

Meaus. 

Des  Places  .  .  . 

Callîni'  .  .  . 

Méllapor,  ou  San-Thomé. 

P.  Thomas ,  Jéfuitc 

Menton  ,  près  Alonaco 

P.  Laval  .  .  . 

Mcffïne. 

De  la  Hirc  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

Harris  .  .  . 

Met\. 

Des  Places  .   ,    . 

Callini  .    .  . 

Mexique. 

Lieutaud  j  Calîini . 

De  la  Hirc  .  .  . 


49 


16  or. 


Longitude. 

D 

AL 

.     S 

32". 

i'. 

30". 

3' 

jy 

0 

3i 

0 

ij 

3^ 

I 

30 

3^ 

0 

i; 

96 

6 

30 

104 

5  ? 

0 

15 

1 1 

i; 

157 

51 

30 

140 

59 

45 

17 

36 

30 

17 

39 

0 

17 

39 

0 

28 

30. 

30 

299 

12 

0 

298 

20 

30 

19 

37 

54 

22 

;8 

30 

22 

59 

0 

22 

58 

30 

22 

J3 

45 

22 

41 

15 

305 

45 

30 

302 

35 

50 

303 

^7 

0 

316 

32- 

45 

316 

iS 

45 

316 

3^ 

3^ 

314 

21 

15 

5.6 

3^ 

45 

319 

29 

30 

316 

3^ 

45 

9i 


13 


} 


Latitude. 

D. 

M. 

S. 

3  5"- 

54. 

16". 

35 

54 

0 

55 

55 

0 

}S 

54 

16 

55 

8 

45 
55 
13 


14 
14 

47 
48 

48 
45 


21 


53 


24 
6 


58 
5 
3 


II 
16 
26 


29 


35 


o 
o 


30 
o 

20 


45 

19 

30 

45 

19 

45 

45 

19 

0 

45 

20 

0 

45 

2Q 

0 

II 

20 

0 

1 1 

26 

40 

1 1 

26 

40 

14 

43 

9 

14 

44 

0 

H 

44 

0 

14 

44 

0 

14 

45 

9 

14 

34 

17 

14 

43 

17 

0 
0 

22 

40  or. 

0 

i5 
^5 

31 
.51 

50 
50 

50 
49 

2 
54      . 

0 
0 

0 
0 
ome. 

2 
2 

15  or. 
II 

i9 

20 

2-7 
^4 

15 

45 

48 
48 

56 

57 

50 
36 

. 

15 

•'    43 

10 
44 

0 
43 

0 

55 

45  or. 

33 

47 

45 

58 

21 

0 

0 

5(5 

39 

34 

I 

15 

38 

21 

0 

0 
0 

17 
15 

0 
i5 

^4 
i3 

6 

4î 

3'^ 
45 

49 
49 

14 

7 

0 
7 

7 
7 

4 
10 

oocc. 

0 

V3 
272 

51 
21 

30 

30 

20 

20 

0 
10 

0 
0 

^22 

Noms  des  lieux 
Se  des  Auteurs. 

P.  Feuilléci  Min. 
Des  Places  .  .  . 


Différ.  du  mériJ.  de  P.iris. 


} 


H. 

-,11 


6 

7 


} 


Haiiis  .  .  . 

Street  ,  .  . 

Mont.  S.  Michel. 

Caffini  .  .  . 

MUa. 

P.  Gaubil  .  .  . 

Mi/an. 

Calîini  ,  Lieutaud 

De  la  Hiie  .  . 

Des  Places  .  .  . 

Street  .  .  . 

Milo  en  Vile  de  Milo 

P.  Feuillée  .  .  . 

Modhie. 

Lieutaud  ... 

De  la  Hire  .  .  . 

Des  Places  .  . 

P.  Riccioli  .  . 

P.   Fontana  .  . 

Caflîni  .  .  . 

Monaco. 

P.  Laval  .... 

Mantagnes  d'où  vient  la  Jén'ijia 


M. 
4- 

o 


} 


o 
o 

o 


48 

16 

^4 


i; 


3; 


5J 


p.  Gaubil 

Montargis. 

Cailîni  .  .,  . 

Mont  Ca[fel.  V 

Montdidier.^ 

Caflîni  .  .  . 

Monte  Video. 

V.  Feuillée  j  Minime 

Mont  han. 

P.  Jartoux,  Jéluite 

Mantlhéry. 

Cailîni  .   .  . 

Montpellier. 

Cailîni ,  Lieutaud  .  . 

De  la  Hiie  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

Harris  .  .  . 

Street  .  .  . 

Montagne. 

Caflini  .  .  . 

Mofcou. 

Lieutaud  ,  Caffini  .  . 

De  la  Hire  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

Hairis  .  .  . 

Street  .  .  . 

Cclluis  .  .  . 

ou  plutôt  .  .  . 

Timmennanus  .  .  . 

Munich. 

Lieutaud,  Caffini  .  . 

De  la  Hire  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

Harris  .  .  . 

Munjler. 

Stréec  ... 

N,im-Cham. 

P.  Gaubil  .  .  . 

P.  Nofl  .  .  . 

Nam-Cheu. 

P.  Noël  .  .  . 

Namur. 

Harris  ... 

Nan  cham  fou, 

>P.  Gaubil  .  .  . 

Nancy. 

Caflini,  Lieutaud  . 

De  la  Hire  .  .  . 

Des  Places  ... 

Harris  .  .  . 


59 


Caifcl. 


o 
o 
o 
o 
o 


2 
1 
2 
2 
2 


O 

O 

o 

o 


Un 


o 
o 
o 

o 


6 
6 
6 

5 
5 


3^ 
38 
18 

3; 


^5 

37 

38 
37 


54 


10 
peu  à 

17 


S. 


21 
o 

o  occ. 

6  or. 

o  or. 

20 
19 

40  or. 
30  or. 

30 
3© 

2(5  or. 

3  2  or. 

S  6  or. 

46  or. 
16  occ. 

I  o  or. 
10 

10 
39 
19 

I I  occ. 

o  or. 

o 

o 
39 
19 

19  or. 

o  or. 

10 

o 

30 

19  or. 

4  or. 


Longitude. 


D. 


273^ 


28 


119 

20 


'i3 


•  39  or.  îi 

l'Ouell:  de  Pékinsr 


o  or. 

30 

48 

39 


M. 


Ji 


i7J 

16 

15 

i7i 

26 

ij 

i; 

51 

30 

91 

/3 

0 

26 

;i 

30 

26 

16 

30 

6 

4 

4-J 

.42 

31 

30 

^3 

44 

0 

28 

57 

4J 

28 

43 

â 

43 

4i 
14 


II 


21 


24 


30 


li/ 

3 

c 

19 

47 

37 

21 

i4  ■ 

0 

21 

24 

0 

21 

^4 

0 

21 

16 

JJ 

21 

lO 

15 

41 


J7 

;i 

30 

J9 

21 

30 

J-^ 

;i 

30 

56' 

16 

ij 

iS 

41 

ij 

5^ 

13 

© 

i^ 

4 

30 

56 

II 

15 

i9 

(î 

30 

^9 

24 

0 

29 

21 

30 

^9 

16 

ij 

49 


IJ 


^3 

36 

30 

23 

44 

0 

^5 

48 

30 

24 

16 

i; 

Latitude. 
D.  M.         S. 


20" 


36 


48 


5; 


/i 


41 


34 


o  . 


48 

38 

II 

28 

40 

0 

4/ 

^5 

0 

4J 

20 

0 

4; 

^5 

0 

44 
44 
44 

34 
3S 
30 

0 

50 

0 

44 

34 

0 

43 

45 

40 

53 

0 

0 

47 

59 

5; 

49 

39 

0 

34 

5î 

0  mér, 

47 

41 

0 

48 

38 

5 

43 
43 

45 
45 

4Î 

36 

??^ 

3<î 

50 

40 

0 

0 

0 

17 


55 

3<5 

10 

55 

iS 

0 

55 

39 

0 

55 

30 

0 

55 

30 

0 

48 

2 

0 

48 

58 

0 

48 

iS 

0 

48 

56 

0 

2S 

0 

0 

28 

i5 

0 

30 

19 

15 

50 

^5 

0 

28 

0 

0 

48 

40 

0 

47 
48 

4S 

13 

4i 
39 

0 
0 
0 

/ 


Noms  dc"!  lieux 
<Sj  tics  Auteurs. 


Nan  fum. 

P.  Noël  .... 

Nan^apatan. 

P.  Nocl ,  Jt'diirc  .  .  . 

Nangafaqui ,  au  Japon 

Harris  .  .  . 

P.  Spinol.ij  Jéluitc  .  . 

Nang  yong. 

P.  Gaubil  .  .  . 

Nanhium, 

P.,  Nocl  .  .  . 

Kan  kam. 

P.  Nocl  .  ,  . 

P.  Gaubil  .  .  . 

Kanhim  .  .  . 

P.  Nocl  .  .  . 

Nankin. 
V.  Nocl  ... 

Nankin^  ,  ^  la  Chine.  ' 

P.  Nocl  .  .  . 

Callnii  .... 

Nanngan. 

P.  "Nocl  .  .  . 

Nantes. 

Licutaud  .  ,  . 

De  la  Hire  .  .  . 

l"'cs  Places  .  .  . 

Harris   .  ,  . 

CaHini  ... 

KapUs. 

lieut.iud,   Callîni 


DifF.  du  mér. 
H.         M. 


-'  'C  la  Hire  .  .  . 

Des  Places  .  .  , 

Harris  .  .  . 

Narhonne. 

Licutaud ,  Calîlni  .  .  . 

De  la  Hire  .  .  . 

Harris  ... 

Des  Places  .  .  . 

'  'arfinga. 

:    u-ris  ... 

Ncubourg\  en  Brifgaw. 

l'P.  Jcfuites,  Caliini  . 

Nevjcajlle. 

i'ti'''     ... 

iV  ^:n  kim. 

i-.  Nocl  .  .  . 

J^-gan  Tuni. 

>  .  iMocl .  .  . 

Ngan  y. 

P.  Noël  .  .  . 

Nice. 

Harris  .  .  . 

Des  Places 

Cadîni  .  .  . 


? 

.V 


J6'. 


12 

49 


47 

4 
4 

5° 

i; 

i; 
i; 

49 

;4 

49 
5i 

2 

o 

O 

2 

34 
34 


;8 


/1 


de  Paris 

S. 
4S".or. 

o  or. 

44 

8  or. 
J2  or, 
3  2  or. 

I  (5  or. 

1  2  or, 

iij  or, 
i6 

1^  or. 


Longitude. 
D.  M,        S. 

1/4°. 


6i^ 


Latitude. 


15^ 


3 


i? 


3& 


I4J 
14(1 

16 
17 

30 

127 

5i 

30 

^ii 

^9 

30 

iji 

49 

30 

i55 

5-5 

30 

136 

59 

30 

i55 

55 
55 

30 
30 

Nierica^à  jo  lieues  d'Ula  vers  l'EJl 

^ieuport. 

gfl-i  ...  o  X 

^ingpo^  ou  Liampo ,  à  la  Chine. 

Harns  ...  _ 

P.  Noël  ...  Y 

Nipcheu,  en  Tartaric. 

P.  Pereira-,      .  > 

P-  Gerbillon  .  .  .     S    '^ 

Nipchou,  Ville. 

P;  Gaubil  ...  6 

Nipchou  ,  rivière ,  fafource. 

P.  Gaubil  ...  6 

Ni/mes. 

Caffini ,  Des  Places     .  o 

^o^^ra  ,  au  Monte  acu:o. 
Bjanchini  .  .  . 

Norvich. 

Street  ...  ,, 


31 

44 
S 


30  occ. 

3û 
30 

;5 

^5 

;9 
59 
59 

55 
5^ 

0 
0 
0 

-4; 
4; 

20  or. 
0 
20 
59 

3i 
33 

31 
33 

II 
21 
1 1 
16 

30 
20 

30 

44  or. 
0 
21 

44 

20 
19 

2Q 

3i 
3i 

30 
30 

45 
30 

0  or. 

IO3 

21 

30 

43  oi'- 

28 

22 

li 

13  or. 

20 

1. 
Il 

li 

8  or. 

i;4 

i3 

30 

0  or. 

156 

3^ 

30 

40  or. 

IJ2- 

46 

30 

59  01: 

22 

il 

14 

16  or. 

^3 

55 

30 

,  &fous  le 
26  or. 

nûme parcllcle  que  K 
I5i     43 

irin. 
0 

40  or. 

20 

16 

30 

49  or. 

137 
137 

48 
49 

4; 
30 

0  or. 

13; 

21 

30 

16  or. 

117 

4i 

45 

46  or. 

121 

3 

0 

4  or. 

21 

f2 

33 

D. 

M. 

s. 

28". 

40'. 

;o" 

11 

0 

0 

i3 

43 

0 

i3 

17 

0 

i; 

IJ 

3 

29 

ij 

0 

^9 

30 

0 

3i 

7 

4; 

36 

6 

0 

3i 

...7 

45 

i9 

14 

3i 

47 

13 

10 

47 

13 

0 

47 

13 

0 

47 

13 

0 

47 

13 

10 

40 

48 

0 

41 

5 

0 

41 

5 

0 

41 

5 

0 

43 

1 1 

0 

45 

ij 

20 

43 

ly 

0 

43 

10 

0 

18 

i; 

0 

48 

39 

0 

55 

5 

0 

43 

38 

0 

43 

41 

30 

43 

30 

0 

;i 

7 

J8 

î9 

J8 

0 

^9 

57 

45 

41  occ. 


19 


45 


45 


5^  45  o 

55  jo  o 

43  o  o 

5^  44  o 


^24 

Noms  des  lieux 
Se  des  Auteurs. 


diffl-r.  du  mciid.  de  Paris. 


H.       M. 


54 
54 
59 
?  + 

54 


5° 

30 
i9 


Source  du  Noukang. 

P.  Gaubil 6"^ 

Nuremberg. 

Lieut.iud  .  .  . 

De  la  Hire  .  .  . 

Harris  .  .  . 

Scréet  .  .  . 

CaOîni  .  .  . 

Wurzelbaug  .  . 

Eimpiart  .  .   , 

Source  de  l'Ohy. 

P.  Gaubil  ...  9  21 

Oiindc  au  Brcfd ,  ou  Pernambouc. 

Licutaud ,  Callini 

De  la  Hire  .  .  . 

Hes  Places  .  .  . 

Harris  .  .  . 

Sauu  Orner. 

Callini  ...  o 

Source  de  l'Onon  ,  ou  Amoui^ 

P.  Gaubil  ...  7 

L'Ononfe  jette  dans  un  lac. 

V.  Gaubil  ...  7 

L'Orient,  Port. 

CaOîiii  ...  Q 

Orléans. 

Lieutaud  . 

De  la  Hire 

Des  Places 

Street  .  .  . 

Calîinr  .  . 

Or  m  us. 

Des  Places 

Omar  fur  la  cote  de  Malabar. 

P.  Thomas,  par  eftime. 

Oftende. 

Des  Places  ...  o 

Gaillni  dans  Des  Places,  o 


o 
o 
o 
o 
o 

3 


3S 


I 
I 
I 

3 
I 


s. 

26"or. 

T9  or. 
1  j  or. 
19 
49 

26  or. 

o  occ. 

o 

o 

21 

20  OCC. 

6  or. 

46  or. 

J2  OCC. 
45  OCC. 

45 
43 
41 
43 


D. 


Longitude. 
M. 


112" 
28 

^9 
28 


160 

342 
34i 
54^ 
542- 

19 

124 

124 

14 

19 
19 
19 
iS 

19 

1") 


4  or. 
4  or. 


OuLi ,  ou  Ula ,  autrefois  ficge  de  l'Emp.  des  Tartarcs. 


7 


o 
o 
o 

o 
o 


p.  Verbieft 

Oute ,  ou  Outi  .,  ville. 

P.  Gaubil  .  .  . 

Oute,  ou  Outi^  rivière 

P.  Gaubil  .  .  . 

Oxford. 

Harris  .  .  . 

Street  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

Callini  .  .  . 

Halley  .  .  . 

Oiaca  au  Japon. 

Harris  ....  g 

Padoue. 

De  la  Hire ,  Des  Places,  o 

Harris  ...  o 

Street  ...  o 

Callini  ...  o 

Port  de  la  Paix. 

Des  Hayes  ...  4 

Paliaport ,  à.  V embouchure  de  la  rivière 

P.  Thomas ,  Jcfuite  .  . 

Palkafi,  lac. 

P.  Gaubil  .  .  . 

Palme  ,  île. 

P.  Noël  .  .   . 

Panama. 

D.  Jean  de  Herrcra. 

Pao  r,n. 

P.  Noël  .  .  . 

Parin  .  .  . 

P.  Gaubil . .  . 

Paris ,  à  l'Obfervatoirc^ 

Licuraud  ...      10 

De  la  Hire  ...     i 

Des  Places  ...     1 

CaOiiii  ...         I 


47 

14 

14 

14 
14 
14 
14 
14 

4i 

3<î 
5J 
36 


5 


i? 


2  or. 
46  or. 
46  or. 

21 

41 
16 

16 

16  OCC. 

39  or. 

40  or 
39 
19 

54 

4  OCC. 


46  or. 


o  OCC. 


24  or. 


20 
20 

156 
128 


7 


44 

30 
20 

^° 
3 


4'- 

o 

4^ 
4^ 


16 
16 
16 
16 
16 

IJO 

i9 
28 
28 

i9 
3i8 


56 

3;8 

133 

19 

20 

19 

19 


II  . 

36 
21 

41 
5) 

35 

12 

21 
21 
21 
31 

46 
5i 


^5 
^5 
^5 
55 

^5 


22 

22 


33 

16 
1 1 

17 
17 
15 

31 

I 

46 
26 

35 
35 


^7 

57 

51 
30, 

5' 
fi 


45' 

15 

30 
15 
45 

30 


45 

30 
30 
30 
15 

30 


40 

45 
15 
45 
17 
45 

30 


30 
33 


45 


15 
15 

5« 
50 
30 

15 


15 
15 

o 

30 


^o 


30 


30 

o 
3'^ 
30 


35- 


Latitude. 
D.     M. 

30'. 


49 

16 

0 

49 

2.7 

20 

49 

^9 

0 

49 

49 

S 
8 
8 

7 

50 

1  48 

48 

47 

47 
47 

48 

47 

27 
14 

51 

51 

44 

5i 

51 

51 
51 
51 
51 
51 

35 


43 

48 
48 
48 
48 


16 

50 

13 
12 

15 
48 

44 

■^5 

50 

44 

54 
55 

o 
54 

50 
■^5 

10 

10 


^5 

10 

44 
45 
3  5 
45 
45 


5S 


o 

50 
o 

0 

50 

0 

o 

50 

o 
5*5 

o 
0 


40 

36  ou  40 


30 

o 
o 
o 
o 


45 

31 

0 

45 

51 

0 

^5 

(î 

0 

45 

28 

0 

19 

JS 

0 

10 

16 

0 

46 

50 

0 

5^ 


50 

10 

50 

0 

5'3 

I 

50 

10 

Noms 

Noms  des  lieux 
&  des  Auteuis. 


Ditfc.  du  ménd.  de  Vjlùs. 


LoiiLiiude. 


H. 


M. 


Panne. 

De  la  Hiie ,  Des  Places,  o'". 

Par-rm. 

P.  Noël  ...  9 

Pau. 

Lieutaud  ...  o 

Des  Places  ,  Caffiiii  .  .  o 

«y.  Paul  de  trois  Châteaux. 

Caffini  ...  o 

Péking. 

De  la  Hiie  ....  7 

PP.  Jéluites  .  . 


5  3' 
6 

7 
9 

10 
38 


jo  .  or. 

24  ot, 

^6  occ. 
i6 

31  or. 

oor. 


D. 

17 


M. 


^ 


7 
7 
7 


37 
36 


G 

9 

38 
26 


134 
154 


19 
i7 

J/ 

ii 

30 
21 


Callîni  .  .   . 

Lieutaud  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

Harris  .  .  . 

P.  Noël  .  .  . 

P.  Gaubil  .  .  . 

Port  Pentagouec 

Richer  .  .  . 

Perinaldo ,  dans  la  Comté  de  Nice ,  patrie  de  feu  M.  Caïïini 


134 
133 


16 
I 


Des  Places 

Perpignan. 
Lieutaud  .  .  . 
Des  Places  .  .  . 
Caffiiii  .  .  . 

Port:  Pefcatore  en  la  Nouvelle  Angleterre. 
Richer  .  .  . 


14  or. 


Pétersbourg. 

Lieutaud  .  .  . 

i 

58 

0  or. 

Caffini  .  .  . 

I 

i2 

0 

De  Lille  .  .  . 

I 

J5 

G 

Pic  des  Açores. 

Lieutaud,  Callîni  .  . 

X 

2 

0  occ 

Pic  de  Ténérif. 

Lieutaud  j  Callîni . . 

I 

12 

0  occ 

Pi   cheu. 

P.  Noël. 

9 

3 

12  or. 

Pife.^ 

Callîni  dans  Des  Places 

.  0 

3i 

4  or. 

Pithiviers. 

Callîni  .  .  . 

0 

0 

20  occ 

Piti. 

P.  Gaubil  .  .  . 

4 

49 

26  or. 

Poitiers. 

Lieutaud,  Callîni  .  . 

0 

S 

20  occ 

De  la  Hirc  .  .  . 

0 

7 

2; 

Des  Places  .  .  . 

0 

8 

40 

Pondichéry. 

De  la  Hire,  Des  Places 

y 

10 

0  or. 

Harris  .  .  . 

5 

2 

20 

Callini  .... 

; 

I  2 

0 

PP.  Jéluites  .  .  . 

4 

40 

3i 

Pontorfon. 

Callîni  ,  .  . 

0 

15 

28  oc. 

Portobelo. 

Lieutaud  .  .  . 

6 

37 

59  occ 

Des  Places  ...          ') 

P.  FcuiUée  ...         S 

S 

zS 

40 

Callîni  ...               3 

Poulo  condor. 

P.  Gaubil ,  Jéiuite  .  . 

7 

0 

0  or. 

Pourima. 

P.  Gaubil  .  .  , 

J 

8 

46  or. 

Poutala. 

iP.  Gaubil   .   .  . 

S 

51 

3  4  or. 

Poyan,  lac. 

P.  Gaubil  .  .  . 

'Commencement  .  .  . 

Fin.  .  . 

' 

Pragues. 

De  la  Hire,  Des  Places 

0 

49 

30  or. 

Harris  .  .  . 
Street  .  .  . 
Tycho,  Callîni  .  .  . 

0 
0 
0 

4<î 
49 

39 
19 
40 

Tome  y. 

ij 


20 


J4 

47 
48 

349 
I 

i7 
19 
91 

17 
iS 

17 

97 

98 
97 

2Sù 

^97 

124 

104 
107 


3i 
3i 
31 
3i 


n 


^4 


21 

I 

21 

;i 
36 

46 
js 
46 

o 
41 

21 
21 

/i 
Ji 

;9 
26 

41 

51 
3 

44 


43 

31 
26 


S. 


30 

30 
30 

30 
^o 


15 

o 

4J 


30 


32 

30 

o 

30 
30 
4i 
30 
30 
o 

30 
30 

30 

30 
30 
}^ 

30 

4; 

30 

3<^ 


o 

30 


Latitude. 
D.     M, 


6is 


44" 


4i 


45 


48 


44  •  50 


43 

ly 

0 

43 

'J 

0 

44 

20 

0 

39 

5; 

G 

39  ;4  o 

39  ;;  û 

44  22  JO 

43  J3  io 


41 


60 

0 

0 

60 

0 

0 

J9 

S7 

0 

38 

3J 

0 

28 

30 

'    0 

43 

42 

0 

48 

30 

J3 

28 

40 

0 

45 

3  + 

0 

4(5 

34 

30 

46 

34 

30 

1 1 

3J 

0 

II 

J4 

0 

1 1 

j; 

0 

II 

iJ 

0 

35 


8 

3<5 

0 

2S 

45 

0 

ip 

6 

0 

28 

45 

0 

i9 

i7 

0 

So 

4 

30 

;o 

40 

0 

/0 

G 

0 

;o 

4. 

.    3« 

Kkkk 


6i6 


Noms  des  lieux 
&  des  Auteurs. 


différ.  du  méiid.  de  P.iiis. 


H. 

d'Ava. 


M. 


o 
o 


o 
o 
o 

o 
o 
o 
o 


2. 

o 


o 
o 
o 
o 
o 

o 
o 


} 


o 
o 

o 

o 

o 

o 

o 
e 


55' 


S^ 


49 

59 

40 

4; 

7 
7 
G 

\6 

17 
17 
16 


2 
44 


Prom  ,  nu  Royaume 
P.  Du  Chatz,  Jcfuicc. 
Fum-Cc. 

P.  Noël,  Jcfuite  .  .  . 
Pumical. 
P.  Noël  .  .  . 
Qua-Cheu. 
P.  Noël  .  .  . 
Quanton.  V.  Canton. 
Ouanton-Cham. 
P.  Noël  .  .   . 
Québec.   V.  Kebec. 
Qucn  Xam. 
P.  Noël  .  .  . 
Qu'unpcr. 
.CaiL'ni  .  .  . 
Kachol ,  aux  Indes. 
P.  Noël  .  .  . 
Ratisbonne. 
Ha  ni  s  .  .  . 
Street  .  .  . 
Regio ,  en  Italie. 
Harris  .  .  . 
Reims. 

Licutaud  .   .  . 
Des  Places  .  .  . 
CaOIni  .   .   . 
Rennes. 
Lieutaud  .  .  . 
Des  Places  ... 
De  la  Hire  .  .  . 
Calllni  .  .  . 
Rhodes. 
Chazelle  .  .  . 
Harris  .  .  . 
Street  .  .  . 
Rimini. 

Des  Places  ;  .  . 
L' IJle  Rocca. 
P.  Feuillcc,  Minime. 
La  Rochelle. 
Lieutaud  .  .  . 
Des  Places  .  .  . 
De  la  Hire  ... 
Hanis  .  .  , 
Calllni  .  .  . 
Rochejler. 
Street  .  .  . 
Callîni  .  .  , 
Rodes. 

Lieutaud  .  .  » 
Des  Places  .  . 
Caflîni  .  .  . 
Rome. 

Lieutaud  .  .  . 
Des  Places  .  . 
Calîini  .  .  . 
Bianchini  .  .  . 
De  la  Hire  .  . 
Harris  .  .  . 
Street  .   .  . 

La  R.oquette  ,  au  Royaume  de  Gren 
P.  Feuillée  .  .  . 
Rojioch  en  Saxe. 
Bruccius  .  .  . 
Harris  .  .  . 
Raterdam. 
Harris  .... 
De  la  Hire  .  .  . 
Callîni   .   .   . 
Rouen. 

Lieutaud ,  Cafluii 
De  la  Hire  .  .  . 
Des  Places  .  .  . 
Roy  an. 
Callîni  .  .  . 


13 

14 
14 


7 
14 


41 


4i 
4i 
4i 


41 
41 

10 

10 
10 

/ 

4 

; 


40  .or. 

jé  or. 

4  or. 

44  or. 

Jl  occ. 

I  or. 

3  9  or. 
19 

59  oi'- 

o  or. 
o 
Ji 

20  oc. 

20 

O 

10 


39 
19 


3  3  occ. 

53 

i/ 

41 
3i 

41  occ. 
10 


j(5  oc. 


13 


19 
19 

ade. 


38  or. 

39  or. 

59  or. 
o 

o 

o  oc. 
jo 


s  s  oc. 


Longitude. 
D.    M.    S. 


153 


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51 

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21 

ij 
ij 


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4; 


19 


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46 
31 

46 


31 


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13 

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30 

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G 

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29 

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15 
15 

15 


30 


30 


30 


16 

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4; 

16 

58 

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10  . 

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17 

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16 

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30 

21 

30 

30' 

16 

IJ 

30 

16 

15 

JO 

16 

0 

30 

16 

li 

22 

51 

i; 

22 

21 

30 

22 

21 

30 

18 
18 
18 

36 
38 

36 

50 
3y 
30 

Latitude. 

D.     M.  S. 
19°.    20'.    o" 

S     38     o 


47 

J9 

40 

15 

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0 

48 

59 

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49 

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49 

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3 
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0 
0 

10 

36 

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0 

36 
36 

41 
4<î 

0 
0 

43  • 

59 

23 

1 1 

53 

0 

46 

10 

15 

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10 

0 

46 

4^ 
46 

10  ■ 

10 

10 

0 

15 

Ji 

2(5 

0 

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20 

0 

44 


41 


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40 


41 

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0 

41 

50 

0 

41 

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41 

ji 

0 

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j^ 

0 

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55 

4J 

49 

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49 

27 

50 

49 

27 

0 

l(î 


22 


4J 


45 


3<î 


jo 


Noms  des  lieUx 
&  des  Auteurs. 


Diff.  du  mer.  de  Paris 
H.         M.        S. 


Salamanque. 

Harris  ....  o'^ 

Street  ...  o 

Salonicjue. 

P.  Feuillée  ...         T 
Lieutaud  ...  ( 

Des  Places  ...        C 
Cailini  ...  -J 

Sang-Yang. 

P.  Gaubil  ...  7 

San-Keri  ta-Uj  Lie, 
'  P.  Régis  ...  (5 

San-Xui. 

P.  Noël  ...  8 

Saumur. 

Caflini  ...  o 

Scanderona.  V.  Alexandrie  de  Syrie 
SchiU  ,  lie  du  TexeL 
Calîîni  dans  Des  Places. 
Seès. 

Calîîni  ...  o 

Source  du  Sélingué. 
P.  Gaubil  ...  7 

Lieu  où  paffe  le  Sélingué. 
P.  Jartoux  ...  ■^ 

Frédéli  ...  y  6 

Bonjour  ...  -j 

Embouchure  du  Sélingué ,  dans  le  lac  Païcal. 
V.  Gaubil  ...  7  i  i6  or. 

Senlis. 

CalHni  ...  o  i 

Sens. 

Lieutaud  ...  o  3 

De  la  Hire ,  Des  Places,  o  3 

CallIni  ...  o  3 

Le  cap  de  Sétc. 

De  laHire,  Des  Places,  o  ; 

Séte  au  fanal  du  port. 


6' 
14 


23 

17 

4i 
9 


S 

39 

44 


39  .oc. 
19 


li  or. 

28  or. 

26  or. 

o  or. 

38  occ. 


41  occ. 
26  or. 

o  or. 


o  or. 


3  5  or. 

40 

36 


Callini  . 

Séville. 

Harris  .  .  . 

Callmi  .  .  . 

Se\ane  en  Brie. 

Callini  .    .   . 

Shrewsbury. 

itréet  .  .  . 

Siam. 

Lieutaud  .  .  . 

Des  Places  .  .  . 

Caflini  .  .  . 

PP.  Jéfuites  .  . 

De  la  Hire  .  .  . 

Harris  ...  6 

P.  Noël  ...  6 

Sienne. 

Calîîni  dans  Des  Places,  o 

Sighanifu. 

P.  Gaubil  ...  7 

Caflini  ...  7 

Source  du  Sihun. 

P.  Gaubil  ...  f 


55 
34 


1 
] 


6 


} 


Sin  Chim 

P.  Fontenay 

P.  Gaubil  . 

Sin  Chu. 

P.  Noël  ...  8 

Si  ngan  fu. 

P.  Fontenay ,  Jtiuite.    7 

Sin-hoei. 

P.  Fontenay  ,  P.  Gaubil.  7 

Sin-hoi. 

P.  Fontenay,  P  Gaubil.  7 

Sining. 

P.  Fontenay,  P.  Gaubil.  6 
Sin-Kan. 

P.  Noël  ...  8 

Tome  l^. 


34 


3i 

33 
33 


o 
J 


J9 


26 

21  occ. 
o 

32  or. 

19  occ. 

o  or. 


35 
39  or. 

G 


47  or. 
3J 

26  or. 


4  or. 


;i 

4  or 

5 

3;  or 

16 

40  or 

ly 

42  or 

36 

23  or 

5i 

48  or 

Longitude. 
D.  M.        S, 


18°. 
16 


40 


17 
134 

120 


II-       45 
16         4; 


39 


41 
43 

51 


21 


30 


129  ij  o 

106  13  o 

150  31  30 

17  zj  o 


15 

o 

30 


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13 

0 

19 

36 

30 

20 
20 
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44 
46 

45 

45 
3" 
30 

21 

7 

15 

21 

13 

0 

II 
II 

I 

21 

15 
30 

21 

14 

30 

19 

50 

II 

30 


118 

0 

15 

118 
118 

16 

15 
30 

28 

51 

30 

1^5 
126 

3 
15 

15 
15 

97 

13 

0 

154 

37 

30 

15^ 

5i 

30 

126 

15 

15 

129 

I 

30 

129 

46 

0 

88 

i7 

15 

153 

3 

30 

Latitude. 
D.  M.       S. 


6%-] 


41" 
41 


47 


49 


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34 

40 


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1 2 


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48  3^         z/ 

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0 

0 

49 

12 

i6 

48 
48 
48 

II 

4 
II 

0 
0 
0 

43 

^3 

30 

43 

^4 

40 

37 
37 

36 
36 

0 
0 

48 

43 

J 

Ji 

48 

0 

14 
14 

18 
18 

0 
5 

14 

22 

0 

14 

18 

0 

3« 


34  i6  30 

22  26 


K  k  k  k  ij 


6zS 


}r 


} 


Noms  des  lieux 
&  des  Auteurs. 

Source  du  Su: 

P.  Gaubil .  .  . 

Smyrne. 

Lieutaud  .  .  . 

Calîîni  .  .  . 

P.  Feuillée  .  .  . 

Hairis  ....  i 

Des  Places  ...  i 

So-Civeni. 

P..  Noël  .  ,  .  5, 

Scetin. 

Stréc:  ...  o 

Scocholm. 

Lieutaud  ,   Ciflîni ...    i 

De  la  Hire ,  Des  Places,  i 

Harris ...  i 

Strasbourg. 

Lieutaud  ...  o 

De  la  Hire  ,  Calîîni  .  .  o 

Des  Places  ...  o 

Su-Cheu. 


diftér.  du  nu'rid.  de  Paris. 
H.        M. 


1 1'. 
o 

39 
39 


48 
8 

; 

o 

21 
22 
21 


} 


3 
1 1 


P.  Noël-.  .  . 

Sum-Kiam. 

P.  Noël  ...  5 

Sumatra. 

P.  Noël  ...  8 

Idem  étant  à  l'ar.cre .  .    8 

Surate. 

Lieutaud  .  . 

Des  Places  . 

Caliini  .  .  . 

PP.  Jéfuites  . 

De  la  Hite  . 

Surlan. 

P.  Du  Ciiatz  j  par  eftime  6 

Syracufe. 

Karris  ...  o 

Tai'Ho. 

P.  Noël  ...  8 

Tai-'TJam. 

P.  Noël  ...  5, 

Jangaor. 

P.  Boucher ,  Jéfuite  .  .    j 

Tangapatan. 

Des  Places  .  .  . 

Tanger. 

Harris  ...  o 

Tanor .  capitale  delà  Principauté  de 

PP.  Thomas,  Jcfuite 

Tan-Yam. 

P.  Noël  .  .  . 

Tao-Yven. 

P.  Noël  .  .  . 

Tarfîenlou. 

P.  Gaubil  .  .  . 

Tchan^kiakeou. 

P.  Gaubil  . . . 

Tchajiting. 

P.  Gaubil  .  .  . 

Source  duTckoucôu. 

P.  Gaubil  .  .  . 

Tegouric ,  rivière. 

PP.  Jartoux  .  .  . 

FrédéJi  .  .  . 

Bonjour  .  .  . 

Thionville. 

Callini  ...  o 

T  hury, 

Callini  ...  o 

Tido,près  d'Arofen  en  Suéde. 

Oxienllern  ...  o 

T'idore. 

Harris ...        6 


14 

40 
40 


40 


4i 


16 


il 


;i 


6 


15 


S. 

2  6". or. 
26 

;9or. 

59 
39 
59 

12  or. 

19  or. 

20  or. 
o 

39 

40  or. 

o 
40 

40 
iG 

1 2  or. 

40  or. 
o 


o  or. 

o 

40  or. 
39  or. 
28  or. 
J2  or. 
8  or. 


\ 


•7 


ij 


;; 


2  or. 


22  or. 


G  occ. 


38  or. 


Longitude. 
D.     M.    S. 


97" 
94 

44 

44 
44 
44 

31 

3<î 

36 
3; 

i; 

^j 

157 

i;8 

i;o 
149 

89 
90 

114 

3i 
iji 
i;8 

96 


1 1. 


4^' 
58 


51 

51 

46 

51 

54 

5^ 

56 
G 


\G 
21 
lé 


46 

40 

i4 

I 
51 


51 
21 

I 

4<î 
43 
19 
33 


45" 
o 


15 

15 
15 
15 

30 

i; 

30 
30 
15 

30 

30 
30 

30 
30 


30 
30 


30 

30 

30 
15 
30 
30 
30 


49  occ. 

15 

54 

15 

même  nom. 

i<)  or. 

157 

13 

45 

28  or. 

155 

58 

30 

4«?  or. 

119 

2 

0 

2(5  or. 

i3i 

4^ 

45 

46  or. 

95 

33 

0 

26  or. 

95 

43 

0 

Latitude. 
D,     M. 


} 


\ 


40- 


38 

38 
38 
38 


53 

59 
59 
58 

48 

48 
48 

17 


21 

21 

15 

37 


II 
8 

II 


45 


10. 


36 


45 


10 

53 

55 

4 


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19 

55 

4 


30 

10 

40 

54 

30 

iS 

49 

0 

24 


20 

0 

30 

0 

50 

35 

30 

35 

30 

35 

0 

4i 


15 


i7 


39  or. 


^3 

4i 

0 

41 

i9 

40 

19 

50 

0 

49 

21 

20 

33 

45 

50 

lé 

4é 

15 

0 

?é 

Noms  des  lieux 

Diffé. 

du  mc'ric 

.  de  Palis 

&  des  Auteurs. 

H 

M. 

S. 

Source  du  Tobocul , 

ou  Tohol. 

P.  Gaubil  .  .  . 

4". 

19'. 

t6".  or. 

^ 

Tolcdc. 

Licutaud  .  .  . 

o 

2Z 

40  occ. 

De  la  Hiie  .  .  . 

o 

28 

0 

Haiiis  .  .  . 

o 

4 

39 

Stréct  ... 

0 

6 

19 

Toinourtchen. 

P.  Gaubil  .   .  . 

4 

47 

2.6  or. 

Tongoi  Patchi. 

P.  Gaubil   .   .  . 

î 

0 

5a  or. 

Ton^ofco.  V.  Angara. 

TouL  _ 

Calîîni  .  .  . 

o 

14 

16  or. 

Source  du  Toula. 

P.  Gaubil  .   .  . 

7 

3 

1 4  or. 

Embouchure  du  Toula 

,  dans  la  mzr  G 

orientale. 

'.  Gaubil  .  .  . 

7 

57 

(1  or. 

Toulon. 

jeutaud  _,  Calîîni .  . 

o 

14 

2i  or. 

De  la  Hire  .  .  . 

o 

14 

22 

Des  Places  .  .  . 

o 

14 

21 

-^airis  .  .  . 

o 

13 

39 

Toulouplian.  V.  Tourphan. 

Touloufe. 

-ieuraud  . 

Des  Places  ...  Ç  o 

Zafîini  ....  3 

De  la  Hire  ...  o 

^oitmourù. 

'.   Gaubil  ...  4 

\a   Tour  de  Cordouan.   V.  Cordouan. 

^oiirphan  ,  Touroupli^in.  ,  Touloupkan. 


5 
J8 


400c. 
40 
(S  or. 


Gaubil  . 


L 

S 


'.  Noël 


ours. 

.JLutaud  ,  Des  Places  . 
).■  la  Hire  .... 
liiîini  .  .  . 
^rchi-^onde. 
\  De  Beze. 
M  Ville  de  la  Trinité'. 
Des  Places  .  .  . 
"nntjuemale. 

ripoli  de  Barbarie. 

j-ieutaud,  Calîîni  .  . 

Harris 
1  ys-s  Places 
(  \.  Feuillée 
i  Vroyes  en  Champagne. 

-ieutaud  ... 

Calîîni  .  .   . 

Des  Places  .  . 

^runquilapali. 

■lémoires  de  Phyfique.  5 

Teproug. 

\  Gaubil  ...  j 

^finyven  hien. 

\  Gaubil  ...  6 


,"  Min.    S 
gne 

} 


47 
40 

49 
44 

6 
6 
6 

51 


^3 
i4 

43 
4i 

47 


56 


;4or. 

46 

2 
2 

3«)  occ. 

40 


S  r  or. 


to  or. 
29 

I  or. 
39 

44 


40  or. 
o 

2  or. 

46  or. 

o  or. 


Longitude. 


D. 


18 
49 

106 
10; 
107 
106 

18 
18 
18 

62 


100 
100 

30 
30 

■    31 


M. 


42. 


;<s 


5° 
3 
7 

ji 

1 2 
1 1 

12 

49 


41 
;8 


12-5 


/I 


Jum-Mim,  lie  entre  la  Chine  &  ^  Japon,  à  l'embouchuie  du  Kiam. 


'.  Noël  .  . 
"■'>■■  nge, 
■  ^  is  .  .  . 

'-C  .    .   . 

lui  .  .\ 
■lœîthinus 
•cickardus 
^um  lieu. 
'.  Noël  .  . 


} 


9 

9 

o 

o 


h 


^7 
28 

^7 
57 


8  or. 

4 

30  or. 
19 

40 


44  or. 


16 


';4 


46 


17 


4; 


14 

1 1 

30 

12 

;i 

30 

18 

41 

45 

18 

16 

4J 

91 

44 

0 

9; 

4 

0 

^3 

ij 

30 

li; 

40 

0 

124 

8 

0 

i3 

i/ 

0 

23 

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30 

30 


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30 


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30 


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30 
30 

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16 

16 

1/ 

30 


30 


Latitude. 
D.     M. 


629 


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31 


44 


48 


43 


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48 
48 

48 


S. 


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39 

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39 

46 

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46 

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30 


40 


43 

37 

43 

30 

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30 

30 


J3 
54 

54 


48 

15 

48 

15 

12 

16 

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40 

i3 

45 

34 

34 

34 


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45 

6 

40 

45 

6 

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45 

7 

0 

43 

G 

0 

47 

2^ 

0 

47 

26 

•  40 

47 

^3 

40 

41 

4 

0 

21 

47 

45 

40 


H. 


65O 

Noms  des  lieux 
&c  des  Auteurs. 

Tum-lim. 

P.  Noël  .  .  . 

Turin. 

Lieutaud  .  .  . 

De  la  Hii-e  .  .  . 

Des  Places  .  ,  . 

Street  .  .  . 

Calîini  .  .  . 

Tutucurin,  côte  de  la  Pêcherie. 

P.  Noël  .  .  . 

Valence  en  Efpagne. 

Harris  ...  o 

Callîni  ...  o 

Valparalfo  au  Chili. 

Lieutaud 


Kffér.  du  mâid.  de  Paiis. 
S. 


M. 


\ 


G 
li 


} 


4 
4 
4 


;8 


} 


5t 


15 


17 


41 

41 

40 

40 
40 

12 


P.  Feuillée  .  .  . 

Des  Places  .  . 

Callîni  .  .  . 

Vannes. 

Callîni  .  .  . 

Van  ngan. 

P.  Noël  .  .  , 

Varfovïe. 

Lieutaud  .  .   . 

Nucedini  .  .  . 

De  la  Hiie  .  . 

Des  Places  .  . 

Callîni  .  .  . 

Venïfe. 

Lieutaud  .  .  . 

Calîîni  .  .  . 

Mauhedi  ...  o 

De  la  Hiie  ...  o 

Des  Places  ...  o 

Hanis  ...  o 

Verdun. 

Callîni  ...  o 

Verneuil, 

Callîni  ...  o 

Verfaïlles. 

Lieutaud  .  .  . 

Callîni  .  .  . 

U-ho. 

P.  Noël  ...  5, 

Vienne  en  Autriche. 

De  la  Hiie  ...  i 

Des  Places  ...  o 

Haiiis  ...  o 

Stiéet  ...  o 

Lieutaud  .  .  . 

Callîni  .  .  . 

Mont  Royal  .  .  . 

Vdne  en  Pologne. 

Stréct  ...  I 

Vintlmllle. 

Callîni  dans  Des  Places,  o 

Vire. 

Callîni  ...  o  8 

Vifapor,  capitale  du  Royaume  de 

Des  Places  .  .  . 

Upfal  en  Suéde. 

Sténius  .   .  . 

Spole  &  Dryander  .  .  , 

Bilberg  .  .  . 

Jonas  Wallerius  .  .  . 

Elvius  .  .  . 

Burman  .  .  . 

Andié  Celfius  .  .  . 

Hiorter  ...  i  o 


\ 


} 


o 
58 

;4 

^8 


40 


21 


1 1  or. 


0 

21 

20  or. 

0 

iO 

40 

Q 

22 

19 

0 

21 

20 

21  OCC. 
21 

37  OCC. 

8 

37 

16  OCC. 

32  or. 
o  or. 

o  or. 


20  or. 

40 
40 

i9 
iç)  or. 

39  OCC. 
$1  OCC. 

48  or. 

oor. 

o 
48 
19 

10 

19  or. 
10  or. 

^6  OCC. 
Decan. 


12  or. 


Harris  .  .  . 
Callîni  .  .  . 
Uranibourg. 
Tycho ,  Picard 
De  la  Hire  .  .  . 
Des  Places  .  .  . 


} 


2         39  °^' 

10         14 


42  1 0  or. 


Longitude. 
D.         M.        S. 


i;r 


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II 

ij 

I 

i; 

iG 

ij 

II 

39 


30 


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1 1 


30 


50 


ij 


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iG 

0 
46 

1; 

30J 

12 

i; 

305 

19 

30 

30J 

12 

15 

14 

3; 

0 

i;2 

44 

30 

38 

3^ 

30 

30 


30 


30 

12 

45 

30 

1 

30 

30 

I 

30 

30 

I 

i; 

22 

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i; 

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45 

19 

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38 

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3 

30 

34 
34 

3^ 

51 

21 

33 

30 
30 

50 

35 

16 

li 

34 

jf6 

i; 

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9 

0 

17 

37 

30 

34 

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20 

3J 

30 

0 

3; 

31 

i; 

37 

2; 

0 

Latitude. 
D.  M.         S, 


44 

4^ 

0 

44 

;o 

0 

44 

J'3 

44 

jo 

0 

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49 

0 

39 

30 

39 

30 

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34 

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33 

2 

0 

33 

0 

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48 


48 


J4 


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14  o 

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18 

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49 

9 

0 

48 

44 

10 

48 


14 


30 


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14 

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48 

22 

0 

48 

14 

0 

48 

22 

0 

48 

20 

48 

50 

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30 

0 

59 

JO 

59 

49 

59 

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59 

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59 

50 

59 

5° 

iO 

59 

49 

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59 

0 

0 

59 

34 

0 

50 


ij 


j; 


J4 


Noms  des  lieux 

DifFdr. 

du  mc-rid.  de  P 

£c  des  Autciu-s. 

H. 

M. 

S. 

Harris  .  .  . 

o". 

4i'. 

^9"- 

Street  .  .  . 

0 

4i 

19 

Cailini  .  .  . 

o 

4i 

10 

Udin. 

Bianchini,  Cailini 

.    o 

41 

57  01'' 

Uticcht. 

Harri'j  .  .  . 

o 

lO 

19  or. 

Vu-Uu. 

P.  Noci  .  .  . 

9 

; 

4  or. 

VuSïe. 

P.  Noël  .  .  , 

9 

lO 

io  or. 

Wïttcmbcrg  ,  en  S 

:xe. 

Harris  ... 

o 

4i 

59  or. 

Stréct  .  .  . 

o 

4i 

19 

C.iiïini  .... 

') 

Ma-ilhimis  .  .  . 

\° 

4^ 

40 

Sciekaidas  .  .  . 

J 

Woljmhutd. 

Harris  .  .  . 

o 

34 

39  or. 

Xam  Haï. 

P.  Noël  .  .  . 

9 

ij 

iS  or. 

Xao  Cheu. 

P.  Noël  ... 

S 

47 

28  or. 

Xao -K  in. 

P.  Noël  .  .  . 

Xc-Muen. 

P.  Noël  .  .  . 

9 

lO 

36  or. 

Xui  Cheu. 

P.  Noël  .  ,  . 

8 

Ji 

20  or. 

Xan:  Chcu. 

V.  Noël  .  .  . 

9 

7 

li  or. 

•rmouth. 

.et  .   .  . 

o 

3 

41  occ 

1  Jiw. 

P.  Noël  .  .  . 

9 

; 

4.|.  or. 

''i  en  'I  hé  OU' ou. 

1'.  Gaucil  .  .  . 

7 

40 

oor. 

\  ohain. 

".  Noël  .  .  . 

9 

56 

3i 

1-1  j  au   Pérou, 

.irer.i  .  .  . 

.  : alta  .  .  . 

^ 

Ij.uiibou  .  .  . 

t   "^ 

54 

12  oec. 

]-ieutaiid  .  .  . 

Cillini  .  .  . 

J 

Ym  Te. 

P.  Noël  .  . 

8 

46 

4  or. 

York. 

Harris.  .  . 

o 

13 

1 1  occ. 

Stre'ct  .  .  . 

o 

15 

41 

Callîni  .  .  . 

0 

li 

40 

Tpres. 

Calîini  .  .  . 

o 

2 

12  or. 

-Yum-Fum. 

P.  Noël  .  .  . 

8 

J4 

44  or. 

Zeks  en  Mi/nie. 

Jubérus  .  .  . 

> 

Calfini  .  .  . 

\   ° 

39 

30  or. 

■Zurich. 

Cafiini  .  .  . 

? 

Scheuchzer .  .  . 

i' 

iS 

0  or. 

Longitude. 


D. 


16 
16 

16 


i;3 


^9 


16 


M. 


30". 

16'. 

15' 

30 

26 

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30 

34 

0 

30 

21 

0 

22 

26 

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30 

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26 

30 

30 

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30 

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305         iS 


22 

3  3- 
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41 
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3i 

43 


30 


28 

31 

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30 

30 

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46 

30 

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59 

30 

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30 

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17 

30 

134 

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30 

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30 

30 

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15 
30 

30 

30- 

4; 


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3; 


17 


J4 
54 
54 


Ji 


47 


Latitude. 


631 


D. 

M. 

Ji". 

/4. 

0 

55 

J4 

3« 

55 

54 

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48 

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J^ 

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48 


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36 


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3» 


4i 


15  mer. 


10 


532 


LO  N 


Longitude  de  mouvement ,    ou  de  motion ,  c'cft  un 
terme  dont  Wallis  Se  quelques  autres  Mathémaci- 
cieiis  fe  font  lervi  dans  leurs  traités  de  Méchaniquc  , 
pour  hgniher  la  melure  du  mouvement  cftimé  lelou 
la  ligne  de  direttion;  de  (orte  que  c'cft  la  diftancc 
ou  la  longueur ,  l'efpace  que  le  centre  d'un  mobile 
parcourt,  comme  s'il  k  mouvoit  fur  une  ligne  droite. 
Harris.  Nos  Mathématiciens  François  ne  le  lervent 
point  de  ce  terme ,  ils  difent  Teipacc  que  le  mobile 
parcourt,  la  ligne  qu'il  décrit,   &c. 
LONGITUDINAL,  ALE.  adj.  Ce  mot,  félon  l'étymo- 
logie  ,  veut  dire  qui  ell  étendu  en  long  ;  mais  quoique 
tous  les  Arts  &  toutes  les  Sciences  aient  beioin  de 
ce  mot  là,  il  eft  propre  de  l'Anatomie  &  de  la  Méde- 
cine ,  &  fignifie  qui  s'étend  en  longueur ,  ou  (elon  la 
longueur  d'un  membre,  ou  d'une  partie.  In  longum 
extenfus ,  fecundùm  long'uudinem  fitus  ,  pojitus.    Ca- 
nal longitudinal.  Les  membranes  qui  compofent  les 
vailfeaux ,  lont  tiirues  de  deux  plans  de  libres ,  les 
unes  longitudinales  ,   &  les  autres  circulaires  ,  qui 
coupent  les  longitudinales  à  angles  droits.  Les  longi- 
tudinales font  teadincuies  &:  élaitiques  \  les  circulai- 
les  font  mulculcutes  &  motrices.  Les  longitudinales 
font  au  dellous  des  circulaires;  les  circulaires  font 
au-dellus  des  longitudinales  qu'elles  ceignent  &  em- 
bralîenr.  Celles-ci  lont  élaftiques,  les  circulaires  font 
motrices  ,   iemblables  à  des  fphinélers  qui  compri- 
ment. L'élafticité  des  longitudinales  rélifte  à  la  com- 
prelîîon.  Hecquet. 
LONGITUDINALEMENT.    adv.   En    longueur.   Les 
deux  mufcles  génioglolles  peuvent  (ucceilîvement  ou 
tout  à  la  fois  ,   rendre  la  langue  longitudinalement 
creufe ,  en  forme  de  gouttière.  Vinslow. 
LONG-JUMEAU.  Bourg  dans  l'île  de  France,  à  quatre 

lieues  de  Paris ,  (ur  la  petite  rivière  d'Iverte. 
LONGOBARDO.   Nom  d'un  bourg  du  Royaume  de 
Naples.  Longobardum.    Il  eft  dans  la  Calabre  Cité- 
rieure ,  près  de  la  mer  Ionienne ,  à  deux  lieues  d'A- 
mantéa,  du  côté  du  nord.    Maty. 
LONGOSARDÔ.  Nom  d'une  petite  ville  avec  une  ci- 
tadelle.  Longojardum.    Elle  eft  dans   la  Sardaigne , 
vers  la  côte  feptentrionale  de  l'île.  Maty. 
LONGOVY.  Foyei  Longwic. 

LONG-PAN.  f.  m.  Terme  de  Charpenterie.  Le  plus 
long  côté  d'un  comble  ,  qui  a  environ  le  double  de  fa 
largeur.  Canterius  oblongior. 
LONGRET.  Longum  rete  ,  Longo  retum.  C'eft  un 
bourg  du  Diocèle  d'Autun,  en  Bourgogne.  Il  eft  près 
de  la  Loire.  Il  y  avoir  à  Longret  un  ancien  Monaftcre 
qui  a  été  lécularilé  ;  c'eft  aujourd'hui  une  Collégiale. 
LONGRINES.  f  f.  pi.  C'eft  la  même  chofe  que  Raci- 

naux.  Voyez  ce  dernier  mot. 
LONGTEMPS,  adverbe.  Pendant  un  grand  efpace,  ou 
une  grande  durée  de  temps.  Diu.  'Vivre  longtemps. 
Il  y  a  longtemps  qu'on  ne  l'a  vu.   Cette  guerre  a  duré 
longtemps  ,  trop  longtemps.  Etudier  longtemps. 
LONGUAY.  Nom  d'un  village  avec  Abbaye.  Longum 
vadum.    Il  eft  dans  la  Champagne  ,    Province    de 
France ,  à  fix  lieues  de  Langres ,  du  côté  du  couchant 
Maty. 
LONGUE,  f  f.  Terme  de  Grammaire  &  de  Profodie, 
ou  Poëile  C'eft  le  féminin  de  l'adjeélif  long,  employé 
fubftantivement.  Les  longues  ,  ccdii  Ane. ,  les  voyel- 
les ou  fyllabes  longues,  le  marquent  par  une  petite 
ligne  horifontale   tirée  fur  la  voyelle  longue.    Par 
exemple  : 

Odi  profanum  vulgus  &  arceo. 

Et  c'eft  dans  ce  fens  qu'on  dit  d'un  homme  extrême- 
ment circonlpect  &  exadt  en  tout  ce  qu  il  fait ,  qu'il 
oblerve  les  longues  &c  les  brèves.  Et  d'un  homme  ha 
bile  &  intelligent  en  quelque  affaire ,  qu'il  en  fait  les 
longues  Se  les  brèves.    Ac.  Fr. 

Longue,  f.  f.  Terme  de  l'ancienne  Mufique ,  eft  une 
note  blanche  figurée  par  un  carré  avec  une  queue  qui 
vaut  le  tiers  dune  maxime,  ou  quatre  mefures. 

Longue.  L'île  Longue.  Infula  Longua.  Il  y  a  deux  pe- 
tites Ues  de  ce  nom  dans  l'Amérique  feptentrionale  ; 


L  O  N 

l'une  dans  le  golfe  d'Acadie,  &:  l'autre  fur  la  côte 
méridionale  du  nouveau  Pays  Bas ,  vis  à  vis  de  la  nou- 
velle Amilerdam.  Les  Hollandois  Se  les  Anglois  ap-   ' 
pellcnt  celle-ci  Lange  Eyland.  Maty. 

LONGUEIL.  Bourg  de  France ,  dans  la  Haute-Nor- 
mandie ,  au  pays  de  Caux  ,  à  une  grande  lieue  de 
Dieppe. 

LONGUEMAIN.  adj.  m.  Surnom  qui  fur  donné  à 
Artaxerxcs  Roi  de  Perfe ,  fils  de  Xerxès.  Longimanus. 
Artaxercès  fut  appelé  Longuemain ,  parce  qu'il  avoir 
une  main  plus  longue  que  l'autre.  Nous  retenons 
aufti  louvent  le  nom  Latin  Longimanus.  Et  nous  di- 
fons,  C'eft  la  lo^  année  d'Artaxercès  Longimanus 
régnant  avec  Ion  père  ,  que  commencent  les  feptante 
femaines  de  Daniel.  M.  Boftuet  ne  dit  ni  l'un  ni  l'au- 
tre, mais  Artaxercès  à  la  longue  main.  Voyez  Hi^, 
Univerf.  p.  s  S-  Artaxercès  furnommé  Longuemam  j 
ne  fut  pas  plus  heureux  que  fon  père.  Larrey. 

LONGUEMENT,  adv.  Pendant  un  long  tems.  Dih , 
multo  tempore. 

Père  &  mère  honoreras , 
Afin  que  vives  longuement. 

Vaugelas  &  Corneille  difent  que  ce  mot  eft  demeuré 
dans  le  Décalogue ,  &  qu'on  n'oleroit  s'en  lervir  dans 
le  beau  langage.  Cependant  il  me  temble  que  l'on 
peut  fort  bien  dire  :  Cet  homme-là  dîne  longuement y\ 
lorfqu'il  eft  long  temps  à  table.    Il  a  parlé  longuement' 
Se  a  fort  ennuyé  la  compagnie. 

LONGUET,  ETTE.  adj.  Diminutif  de  long,  qui  eft  un; 
peu  long.  Longiufculus.  Le  (ermon  a  été  aftez  lon-\ 
guet ,  il  commençoit  à  ennuyer.  Il  eft  familier. 

§Cr  Longuet  i.  m.  Terme  de  Faéteurs  de  Clavecin. 
C'eit  ainli  qu'ils  appellent  un  petit  marteau  dont  ils  fe 
fervent  pour  enfoncer  les  pointes  auxquelles  les  cor- 
des font  attachées.  On  lui  donne  ce  nom  à  caufe  de 
la  longueur  de  Ion  fer. 

LONGUETTE,  f  f   Petit  livre  couvert  de  bafanne 
que  les  Merciers  de  Pans  vendent ,  i^  dont  les  petit; 
enfansfe  lervent  lorfqu'ils  commencent  a  aller  a  l'é- 
cole. 

LONGUEVILLE.  Bourg  de  France  ,  fitué  dans  le  pay: 
de  Caux  ,  en  Normandie  ,  fur  la  petite  rivière  de  Sie  . 
ad  Sedam  ,  à  fept  lieues  de  Rouen  ,  du  côté  du  nord, 
Longa-Villa.  Il  fut  érigé  en  Duché  non-Pairie^  ai 
mois  de  Mai  i  jo  j.  C'eft  ce  lieu  qui  a  donné  le  noir 
à  la  mailon  de  Longueville.  Il  a  porté  anciennemeni 
le  nom  de  Longuevdle-la-Giffart ,  parce  qu'il  a  ap- 
partenu à  des  Seigneurs  de  ce  nom ,  alliés  aux  Ducs 
de  Normandie.  Dom  Dupleffis  conjecture  que  ce 
doit  être  l'ancien  PiJIis  du  pays  de  Caux.  Defcr. 
Géogr.  &  Hijlor.  de  la  Haute-Normandie ,  T.  I.  p. 
121   &  214. 

Il  y  a  d'autres  lieux  qui  portent  aufli  ce  nom.  Lou' 
gueville  en  Champagne ,  dans  le  Rémois.  Longue- 
ville  en  Brie ,  entre  Provins  &:  Bray  lur-Seine.  Lon- 
gueville en  Tartenois.  Ces  lieux  ont  pris  ce  nom  de 
leur  figure  longue.  Longua  villa ,  eft  la  même  chofe 
que  Longus  vxus. 

LONGUEUR,  f.  f.  Dimenfion  des  corps  confidérés  par 
leur  plus  grande  étendue  dans  l'extenlion  de  l'un  des 
bouts  à  l'autre.  Longitudo.  Tout  corps  naturel  a 
longueur,  largeur  &  profondeur.  La  ligne  eft  une 
longueur  fans  largeur.  On  melure  les  lurfaces  en 
multipliant  leur  longueur  par  leur  largeur.  Tl  Ji'ap-j 
préhendoit  pas  tant  les  blellurcs  que  la  longueur  du! 
chemin ,  la  longueur  d'une  allée ,  d'une  pique  ,  d'un 
bâton ,  &c.  Ablancourt.  On  appelle  une  épée  de 
longueur,  celle  qui  eft  propre  à  fe  bartre  en  combat 
lîngulier  ,  qui  eft  d'une  bonne  &:  jufte  longueur. 

Longueur  ,  fe  dit  aulll  de  la  durée  du  tems.  Diutumi- 
tas  j  longinguitas  temporis.  La  longueur  des  jours,  des 
nuits.  La  longueur  du  tems  lui  a  fait  oublier  tout  ce 
qui  s'éroit  palîé.  La  longueur  du  licge  en  hiloit  atten- 
dre une  mauvaife  illiie.  Voit.  La  /on^af/zr  de  fa  ma- 
ladie le  chagrinoit.  Ablanc.  La  longueur  des  vilites, 
des  complimens  de  cet  homme-là  m'incommode. 

Cependant 


L  O  N 


Cep.::: Jane  fa  v'ifuc  û[f:^  infupponable , 

i  raine  en  une  longueur  encore  épouvantable.  Mol. 

On  clic  anlîi  la  longueur  d'imQ  catk-ncc  j  i.i  longueur 
d'une  période,  la  longueur  d'une  fyll.ibe,  la  longueur 
d'un  liifcoius. 

ONGUEUR  ,  lignifie  aullî  ,  Diftaucc  relative  à  quel- 
que autre  chofe  :  comme  ,  Il  n'y  a  plus  que  deux  lon- 
gueurs, deux  travers  de  champ  pour  arriver  au  village. 
Dïjlancia ,  intcrcapcdo.  La  longueur  d'une  ligne  de 
déknle  tft  de  i  lo  toiles,  parce  que  c'cll  [3.  longueur 
de  la  portée  d'un  moulquct.  Longueur  d'un  cable  , 
c'ell  en  termes  de  Marine,  lix  vingt  bralles  de  long. 

ONGUEUR,  le  dit  audî  de  la  lenteur  avec  laquelle  on 
Fait  quelque  chofc.  Tarditas  ,  cunelano.  Les  /0,7- 
^ueurs  des  procès  tout  inlupportablcs  par  les  fuites  & 
us  chicanes  des  Procureurs.  On  ne  peut  te  fervir  de 
te  valet  à  caufe  de  les  longueurs.  Tirer  les  chofcs  en 
lil  lot^gueur.  In  longum  ducersj  crahcre. 

.^la'is  la  Jufîice  marche  avec  tant  de  langueur , 
'  jic  k'ien  fouvent  le  cr'ime  échappe  à  fa  longueur. 

Cor. 

7L0NGUERIES.  L  f.  Vieux  mot.  Montagne  parlant 

;  du  tenis  &  du  foin  qu'un  Auteur  met  à  préparer  les 

iécsj  à  les  amener,  à  les  lier,  dit  que  toutes  ces 

.^uer'us  ne  font  qu'étoulfer  ce  qu'il  y  a  de  vif. 

r  Oîs'GUI.  1.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  un  morceau 

[  de  linge  dont  on  fc  fert  au  bain  en  Turquie.  De  la 

BouLAYE.  Linteurn. 

DNGUION.  Petite  ville  du  Duché  de  Bar,  aux  fron- 

riàcs  du  Luxembourg.  Luguio.    Il  ne  faut  point  la 

,  confondre  avec  Longwy,  comme  a  fait  Maty.  Lon- 

;  fuion  eft  fitué  lur  le  Chiers,  à  deux  lieues  plus  bas, 

&■  phn  au  lud  que  Longw'ic ^  ou  Lonv.'y  ^  entre  Thion- 

,  ville  i^j  Stenay. 

ONGWIC.  Nom  d'une  petite  ville  fortifiée.   Lonv'i- 

gum ,  Longus  v'icus.  Elle  eft  dans  le  Duché  de  Bar, 

aux  confins  de  celui  de  Luxembourg ,  fur  la  petite 

rivière  de  Chiers  ,  à  iîx  lieues  de  Thionville ,  du  côté 

I  du  couchant.  Un  habitant  de  Longwi ,  en  Latin  Lon- 

\  govicamus.  'Valois  ne  met  point  de  c  à  la  fin  ,  non 

plus  que  M.  Corneile  qui  écrit  Longwy. 
■ijMîGO.   Nom  d'un  bourg  de  l'Etat  de  Venife  ,    en 
Italie.  Leon'icum.  Il  «ft  dans  le  Vicentin,  à  quatre 
lieues  de  Vicenze ,  vers  les  confins  du  Véronois  &  du 
Padouan.  Maty.     ' 
TLONKITE.  Foyei  Lokchite. 
ONLEY.   Nom  d'une  Abbaye  de  France.   Lonlcyum. 
Elle  eft  dans  la  Normandie  ,  aux  confins  du  Marne  , 
&  à  deux  lieues  de  Domhont,  vers  l'occident  fep- 
'  tentrional.  Maty. 

.'ONREY.  Longoretum.  Ce  lieu  ,  qu'on  appelle  aujour- 
d'hui Saint  Siran  en  BrennCj  Monajler'ium fincii  S'i- 
giran'i  in  Br'iona ,  eft  lur  les  confins  du  Berry  &  de  la 
Touraine.  Il  a  pris  le  nom  de  S.  Siran,  parce  que  ce 
Saint  y  a  bâti  un  Monaftère. 
■ONSBAY.  f.  m.  Nom  que  l'on  donne  communément 
en  Hollande,  à  une  elpèce  d'oiièaux.   Ils  font  leurs 
:  i  nids  dans  les  lieux  les  plus  inacceiîîblcs  &  les  plus 
efcarpés  des  montagnes.  Il  y  en  a  quantité  dans  l'île 
d'Orange  .  &:  parce  qu'il  y  en  a  plus  dans  un  des  ports 
de  cette  île  qu'en  aucun  autre  endroit ,  il  a  été  nom- 
mé le  port  de  Lonsbay.  Quant  à  leur  figure  ,  ils  ont  le 
i'  corps  grand  &  les  ailes  petites,  à  proportion  de  la 
grandeur  de  leur  taille.  Ces  oifeaux  ne  pondent  qu'un 
œuf  &  ne  craignent  point  les  nommes  quand  même 
ils  les  furpreiidroient  couvans  dans  leurs  nids  ,  parce 
j  qu'ils  (e  défendent  généreufemcnt. 
iONS-LE-SAUNIER.   Foyei  Lion  le-Saunier. 
ONVY.  Nom  d'un  bourg  de  Bourgogne  ,  fur  les  coji- 
iin.s  de  la  Franche-Comté.  Lovigenna.   Il  eft  près  de 
Dole.  Hadr.  Val.  Not.  Gall.  p.  2S8. 
ON- YEN.  f.  m.   Nom  d'un  petit  fruit  qui  croît  à  la 
Chine.  Lon  yen  fignine  œil  de  dragon.    Les  arbres 
qui  le  produilent  tont  grands  comme  nos  noyers.   La 
figure  de  ce  fruit  eft  tout- à  fait  ronde,  l'écorcc  exté- 
Tome  F. 


L  O  O  611 

lieurc  unie  &  grife,  mais  fur  la  {\\\  elle  tire  fur  le 
jaune.  La  chair  en  cfthlanche,  aigre,  pleine  d'eau 
&  plus  propre  a  amufcr  ceux  qui  n'ont  point  d'appé- 
tit ,  qu'a  rallahcr  quand  on  a  taim  :  il  eft  cxtiémc- 
ment  frais,  &:  ne  fait  point  de  mal.  P.  Le  Comte. 
D'autres  écrivent  LUNGYEN  ,  &  difent  que  fon 
écorcc  rclîemble  fort  à  celle  du  L'iclû  ,  mais  qu'il 
n'eft  pas  li  gros;  (a  peau  eft  un  peu  plus  dure  &  plus 
couve;;tc  d'écaillés.  Les  Chinois  le  fèchent  très- propre- 
ment ,  &  en  débitent  aux  étrangers.  Le  nouveau  Lun- 
gyen  eft  plus  eftimé  que  le  vieux ,  à  caulc  que  fon  fuc 
n'eft  pas  lî  fort  évaporé.  Ils  en  expriment  aulFi  une 
liqueur  dont  ils  font  du  vin  aflez  doux,  mais  rare. 
Atnb.  des  Hollando'ts  à  la  Clùne ,  p.  j)0. 
LONZAC.  Bourg  de  France,  dans  la  Saintongc,  Dio- 
cèle  îk  Election  de  Xaintes. 

L  O  O 

LOO.  Nom  de  lieu.  Il  y  en  a  dclix  de  ce  nom  dans  les 
Pays  Bas ,  l'un  en  Flandre ,  à  deux  lieues  de  Dixmude, 
du  côté  du  couchant;  l'autre  dans  la  Gueldre  Hollau- 
doifcj  environ  à  trois  lieues  de  Déventer,  vers  le 
couchant.  Maty.  Il  y  a  une  fort  belle  maifon  de 
campagne  qui  appartenoit  au  Prince  d'Orange.  Foye^ 
Lo. 

LOOCH.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  C'eft  une  com- 
polition  a'une  confiftance  entre  celle  du  fyrop  & 
celle  des  élcduaires  mous,  deftinéc  pour  les  mala- 
dies du  poumon.  C'eft  un  mot  Arabe  qui  eft  demeuré 
en  ufigc  chez  les  Apoticaires.  Les  Latins  l'ont  appelé 
l'inclus ,  (Se  les  Grecs  UMff-ii ,  à  caule  qu'on  le  prend 
en  léchant.  On  fait  de  plulîeurs  fortes  de  loochs. 
Voyez  ÉCLEGME. 

LOOM.  f  m.  Sorte  d'oifeau  de  rivière  des  pays  feptcn- 
trionaux.  Loomus ,  avis.  Il  a  le  bec  court  &;  pointu, 
les  pieds  fort  courts,  ce  qui  l'empêche  de  marcher  fur 
terre,  de  forte  qu'il  eft  oblige  ou  de  voler,  ou  de 
nager  toujours.  Scheffer  dans  sa  Lap.  C'eft  une 
efpèce  de  canard  une  fois  plus  gros  que  les  nôtres.  Il 
a  auliî  le  bec  plus  large.  Les  Lapons  écorchent  le 
Loom ,  (Se  le  font  des  habits  de  la  peau  à  laquelle  les 
plumes  lont  fortement  attachées. 

LOOPEN.  i.  m.  Mclure  pour  les  grains  dont  on  fe  fert 
à  Riga.  Les  46  loopens  font  le  laft  de  cette  ville  ,  ils 
font  aulli  le  laft  d'Amfterdam. 

LOOPÉR.  f.  m.  Mefure  de  grains  dont  on  le  fert  dans 
quelques  lieux  de  la  Province  de  Frife ,  particulière- 
ment à  Groningue,  Leeuwarden  &  Haarlingen.  36 
loopers  font  le  laft  de  ces  trois  villes ,  qui  eft  de  3  j 
muddcs  ;  ils  font  aulli  3  hoeds  de  Rorerdam. 

LOOSDUYNEN.  Village  des  Provinces  Unies  en  Hol- 
lande, à  une  lieue  &  demie  de  la  Haye. 

LOOT.  1.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  nomme  à  Amfterdam  Ja 
3 1^  partie  de  la  livre  poids  de  marc.  Le  looc  fe  divili 
en  dix  engels,  &  l'engel  en  32  as. 
LOOTS,  BORCHLOEN.  Nom  d'une  petite  ville  de 
l'Evêché  de  Liège.  Los  Cafirum ,  Lojfenfis  urbs.  Elle 
eft  capitale  du  Comté  de  Loots,  Se  fituée  environ  à 
cinq  lieues  de  la  ville  de  Liège  ,  vers  le  feptentrion 
occidental. 

LooTS,  ou  Los,  comme  écrit  Hadrien  Valois,  Noc. 
Gall.  p.  2  S 2.  Le  Comté  de  Loots ,  en  Latin  Lomen- 
fs ,  &  Laumcnfis ,  Lummenfis  pagus  ,  ou  LoJJenJîs 
com'itatus.  C'eft  une  contrée  des  Etas  de  l'Evcque  de 
Liège.  Elle  eft  entre  la  Hasbaye  au  midi ,  &  la  Cam- 
pigne  Liégeoife  au  nprd,  ayant  le  Duché  de  Brabant 
au  couchant,  &  celui  de  Limbourg  au  levant.  Ce 
pays  avoit  autrefois  fes  Comtes  particuliers.  Jean, 
Comte  de  Loots  ,  le  donna  aux  Evêques  de  Liège  l'an 
1302,  au  cas  que  fa  poftérité  mafculine  vînt  à  s'étein- 
dre; ce  qui  arriva  l'an  1 37Z.  Ses  principaux  lieux  lont 
Loots,  capitale  J  dont  le  Comté  prend  le  nom ,  Ton- 
gres,  S.  Tron,  Herck,  Halfelt  &  Bilfen.  Au  refte, 
on  donne  quelquefois  une  plus  grande  étendue  au 
Comté  de  Loots,  &  on  y  comprend  route  la  Cam- 
pigne  Liégeoife  ,  avec  la  Comté  de  Horn.  Maty, 
Les  Flamans  dilent  Loon  ,  ou  Loen,  pour  Loots.  Va- 
lois, Not'it.  Gall.  p.  282. 

LUI 


634 


L  O  Q 


L  O  p. 


LOP.  Le  dcfcrt  de  Lop.  Lopi  defcnum.  Ce  de(ert  cft 
dans  la  giaiide  Tarrarie.  Les  cartes  ordinaires  le  con 
fondent'avec  celui  de  Xamo  ,  &  le  pkcenc  autour  de 
Li  Chine,  au  couchant  fepcentrional  &r  au  nord  de 
cet  Empire  -,  mais  M.  de  Witi'en  dans  la  nouvelle 
carte,  laillàm  le  delert  de  Xamo  au  couchant-  de  la 
Chine,  place  celui  de  Lop  à  plus  de  deux  cens  lieues 
de  l'autre,  vers  le  couchant ,  entre  les  Tarrares  Mun- 
guls,  &  les  Kalmakesj  au  couchant  des  montagnes 
d'Ifmaiis  ,  &  au  nord  occidental  du  Royaume  de 
Tihetj  &:  des  fources  du  Théfel.  Maty. 

LOPE.  Ville  de  la  Chme  dans  la  Province  de  Quangfi ^ 
au  département  de  Taiping ,  huitième  métropole 
de  la  Province. 

LOPIDOIDE.  Foyei  LÉPIDOIDE. 

LOPIN.  1".  m.  Terme  populaire  ,  qui  fignihe ,  Mor- 
ceau de  chair,  ou  de  pain  ,  de  quelque  chofe  à  man- 
ger. Fruftum ,  rcfegmen.  De-là  vient  Hapelopin  ,  qui 
attrape  ce  qu'il  peut  dans  les  cuifines.  J'ai  fi  bien 
fait  que  j'en  ai  attrapé    un  bon  lopin. 

Ce  mot  vient  de  lohïnus ,  dirannitif  de  !of-us  , 
partie.  Nicod. 

On  le  dit  quelquefois  d'une  partie  confidérablc 
d'une  chofe  qui  étoit  à  partager.  Il  y  a  plulieurs 
Procureurs  oppofans  à  ce  fcellé  ,  qui  veulent  attra- 
per chacun  leur  lopin  de  cette  (uccelfion. 

LOPING.  Nom  de  plufieurs  villes  de  la  Chine ,  l'une 
dans  la  Province  de  Xangfi  ;  l'autre  avec  une  forte- 
rellè  du  même  nom  dans  la  Province  de  Qucichcu  j 
&  une  autre  dans  la  Province  de  Kianglî, 

LOPO  GONSALVES.  Cap  de  Lopo  Gonfalves.  Caput 
Lupi  Gundifalvi.  Ce  Cap  eft  dans  la  balfe  Ethio- 
pie ,  en  Afrique,  en  la  côte  du  Royaume  de  Gabon  , 
&  il  fépare  le  golfe  de  S.  Thomas ,  de  la  mer  de 
Congo.  Maty. 

LOPOS.  f.  m.  pi.  Peuples  fiuvftges  de  l'Amérique  mé- 
ridionale, au  Brélil.  Ils  font  voihns  des  Motayes  ^ 
'  petits  de  taille  ,  de  couleur  brune ,  de  mœurs  rudes 
iSc  farouches. 

LOPPE.  f  m.  Ce  mot  {e  trouve  dans  Pomey,  pour 
fignifier  cralfe  de  métal.  Scoria. 

LOPPIE.  Nom  d'un  pays  que  l'on  met  dans  la  Tar- 
rarie Mofcovite  ,  au  levant  de  l'Oby  ,  Se  vis-à-vis  de 
l'embouchure  de  l'Irtis.  Luppia. 

L  O  Q. 

LOQUABYR  ,  LOCHQUABYR.  Nom  d'un  comté 
d'Écolïe.  Jiria ,  Loquabria.  Il  eft  entre  ceux  de  Rohs , 
de  Murray  ,  d'Athol ,  Broad -Albin  ,  d'Argilie  &  de 
Lorne ,  &c  la  mer  d'Ecolfe  j  qui  en  baigne  une  bonne 
partie  j  vers  le  couchant.  Le  Loquahyr  peut  avoir 
vingt  lieues  du  couchant  au  levant ,  Se  environ  dix 
du  nord  au  fud.  Il  a  pris  fon  nom  du  lac  qu'on 
nomme  Loch  ,  lequel  avec  la  rivière  qui  en  fort , 
le  partage  en  deux  parties,  dont  l'ocidentalc ,  qui 
eft  la  plus  grande  ,  n'ell:  prelque  que  montagnes  , 
forets  &  déferts;  rorientale  a  plufieurs  villages,  & 
quelques  bourgs ,  dont  celui  d'Innerloch  eft  le  prin- 
cipal. Maty. 

LOQUE,  f.  f.  Terme  populaire  ,  qui  fignifie  une  pièce, 
un  morceau  d'un  habit  déchiré.  Pannus  détritus.  Cet 
habit  eft  f:  vieux ,  qu'il  s'en  va  en  loques. 

ffCF  En  termes  de  jardinage,  on  dit  palillcr  à  la  lo- 
que ,  attacher  le  long  des  murs  les  branches  des  ar- 
bres fruitiers  avec  des  loques  ,  en  y  fichant  un  clou. 
Il  y  a  des  endroits  où  l'on  préfère  cette  manière 
de  palilfer  aux  treillages  ordinaires.  Quoique  moins 
propre  &  moins  élégante,  on  la  croit  plusavanta- 
gcufe.  Les  branches  ainfi  contenues  par  les  loques 
ne  (ont  nullement  gênées  :  au  lieu  qu'étant  ferrée? 

.  &  garottécs  avec  de  l'olier  ou  du  jonc  tur  le  bois 
du  treillage,  les  jeunes  poulies  peuvent  être  bief 
fées  ou  endommagées ,  &  la  circulation  interceptée. 
Je  crois  au  refte  qu'il  eft  aifé  de  parer  à  cet  incon- 
vénient. Un  peu  d'attention  de  la  part  du  Jardinier 


i  O  R 

à  ne  pas  trop  ferrer  fes  liens  fuffit  pour  cela. 

LOQUENCE.  f.  f.  Vieux  mot  dont  on  le  fervoit  autrcT 
fois  au  lieu  d'éloquence  ;  pour  dire ,  une  facilité  de 
s'exprimer.  Eloquentia.  Il  eft  tout  a-faithors  d'u- 
fage.  Il  lignihoit  aulli ,  Paroles  j  difcoursce  qu'on 
avoit  à  dire. 

LOQUET,  f.  m.  Terme  de  Serrurerie.  Petit  morceau 
de  fer  plat ,  ou  battant ,  qui  fert  à  fermer  une  porte, 
lorfqu'il  s'abaifte  par  Ion  propre  poids  ,  dans  le  cran, 
ou  mentonnet  d'une  autre  pièce  pofée  en  travers 
(ur  l'huillerie.  Cadivus  pcj]ulus ,  poflicus  obex.  Le 
battant  s'appelle  clenche  ,  ou  clinche  ,  en  quelques 
lieux.  La  queue  du  battant  cft  attachée  contre  la 
porte  avec  un  clou  qui  lui  lailfe  du  mouvement.  Ce 
battant  le  lève  par  le  moyen  d'une  autre  pièce  de 
fer  qui  traverfe  la  porte  ,  Se  qui  eft  enclavée  dans 
un  écullon  ,  ou  plaque  de  fer  ,  au  délions  duquel  eft 
une  poignée  :  le  bout  de  ce  morceau  de  ftr  fur 
lequel  on  met  le  pouce  ^  s'appelle  poucier^  &  le 
refte  qui  traverfe  la  porte ,  &  qui  lève  le  battant , 
le  nomme  le  bout  de  la  queue  du  poucier.  Il  y  a 
des  loquets  o^\  au  lieu  de  poignée  j  &  de  poucier, 
s'ouvrent  avec  des  clefs,  dont  les  unes  le  nomment 
loquets  à  vielle ,  les  autres  loquets  à  cordelière. 

Les  BoUandiftes  dérivent  ce  mot  de  la  langue 
Teutonique,  dans  laquelle  luhen  fignifie  fermer;  de- 
là nous  avons  fait  loquet  -,  &  les  Anglo-Saxons  lohe , 
pour  lignifier  un  inftrument  qui  fert  à  fermer.  Voy. 
Acla  Sanci.  Mail.  T.  I.  p.  jfor.   E. 

Loi^UET  ,  en  terme  de  Marine  ,  font  des  barres  pour 
fermer  les  écoutilles ,  cabanes ,  &:  autres  choies  fem- 
blables.  PeJJulus  nauticus. 

0C?"  Loquets.  Terme  de  commerce  de  laines.  Voy. 
L0CQ.UETS. 

fcy  Loquet.  Terme  de  Vergetier.  Petit  paquet  de 
chiendent  ou  de  foie  dont  on  remplit  les  trous  du 
bois  de  la  brolfe. 

Ménage  veut  que  ce  mot  vienne  de  lukettus , 
diminutif  de  lucus.  Les  Anglois  dilent  lock ,  pour 
dire ,  ferrure. 

LOQUETEAU.  f  m.  eft  une  efpèce  de  petit  loquet 
qui  fe  met  au  haut  des  volets  Se  contrevents,  cii 
l'on  ne  peut  atteindre  avec  la  main  ;  qu'on  ouvre 
en  tirant  un  cordon  ,  &  qui  fe  ferme  par  un  relforr. 

LOQUETEUX  ,  EUSE.  adj.  Pauvre  ,  déchiré  ,  dont  les 
habits  pendent  en  Ifcques.  Pawiofus.  On  a  préfençé 
pour  caution  un  fort  vêtu  qui  n'eft  qu'un  pauvre 
loqueteux.  Ce  mot  n'eft  pas  François. 

LOQUETTE,  f  f.  Diminutif  de  loque.  Petite  pièce, 
petit  morceau.  Frujîulum,  Une  loquette  de  morue. 
Il  eft  tout  à-fait  bas. 

LOQUIS.  f  m.  pi.  On  nomme  ainfi  fur  les  côtes  d'A- 
frique^ particulièrement  au  Sénégal  j  une  des  fortes 
de  verroterie  qui  entre  dans  le  commerce  que  les 
François  y  font  avec  les  Nègres.  Les  loquis  font 
rouges,  en  forme  de  petit  cylindre  ou  de  canon. 

L  O  R. 

LOR  ,  pronom.  Leur.  Po'èf.  du  Roi  de  iVav.  Ce  mot 
eft  vieux  Se  hors  d'ulage. 

LOR  A.  Nom  d'un  bourg  d'Efpagne.  Lora.  Il  eft  aux 
confins  de  l'Andaloulie,  à  lîx  lieues  de  Malaga ,  du 
côté  du  nord.  On  prend  communément  Lora  pour 
l'ancienne  Llurgis ,  ou  Llurgia  :  Il  y  a  cependant  des  1 
Géographes  qui  y  mettent  l'ancienne  Arcilacis,  pe-  r 
tire  ville  des  Turdulesj  laquelle  d'autres  mettent  à 
Hardalesj  bourg  de  l'Andalouhe,  à  trois  lieues  de 
Lora  ,  vers  le  couchant.  Maty. 

Lora.  Nom  d'un  autre  ancien  bourg,  fitué  dansl'An- 
daloufie,  en  Efpagne,  fur  le  Guadalquivir,  à  dix 
lieues  au-delTus  de  Séville.  Lora,  autrefois  Flavium 
Axalitanum  ,  Axalita.  Maty. 

LORA  j  ou  LOHR.  Nom  d'un  bourg,  chef  d'une 
Seigneurie  qui  avoit  autrefois  titre  de  comte.  Lora. 
Lora  eft  dans  le  comté  d'Hohenftein ,  en  TuringCj 
entre  la  ville  de  Northaufen  &:  celle  de  Mulhaufen, 
à  quatre  lieues  de  l'une  &  de  l'autre.  Maty. 

LORCA.  Nom  d'une  ancienne  ville  de^  Baftetans,  en 


LO  R 

Efp:igne.  Ilorci ,  EUocraca  y  elïocraca.  Elle  eft  petite  j 
mal  peuplée  ,  &:  licuéc  dins  la  Miiixie  ,  fur  le  Gu.icia 
lentin ,  à  quatorze  ou  quinze  lieues  de  la  ville  de 
Murcie,  &:  celle  de  CarthagèiiCj  veis  le  couch.iiic. 
Maty. 

LORCADIAN  ,  golfe.  Foyei  Arcadie. 

.LOIICH.  Nom  d'un  bourg  du  Duché  de  Wurtenbcrg, 
en  Souabe ,  iîtué  lut  la  rivière  de  Kemnis,  à  liuit 
lieues  d'Eflinguen ,  vers  le  couchant  Septentrional. 
Lorcha.  Ce  bourg  avoir  autrefois  une  Abbaye  fort 
riciie  ,  dont  les  revanis  (ont  employés  à  l'entretien 
de  l'Univerlité  de  Tubingue.  Maty. 
..LORCK.  Lauriacutn.  C'étoïc  anciennement  une  ville 
du  Norique.  Elle  fut  enfuite  Archiépifcopale.  Ce 
n'cft  plus  qu'un  village  de  la  Haute  Autriche  j  litué 
lur  le  Danube  ,  vis-à  vis  de  la  ville  de  Math.iufen. 
Maty.  Le  iîége  Archiépilcopal  de  Lorck  a  été  trans- 

.     feré  à  Juvare  ^  ou  Salsbourg ,  depuis  le  X^  liècle. 

LORCO.  Foyci  Orco. 

||^LORD.  1.  m.  Titre  d'honneur  qu'on  donne  en 
Angleterre  aux  perlonnes  conllituées  en  dignité.  Il 
ilgni'ie  Seigneur,  Dom'inus  :  de  là  Milord ,  Monfei- 
gneur.  Il  le  donne  à  ceux  qui  font  nobles ,  &c  qui 
lont  de  plus  revêtus  de  la  dignité  de  Baron. 

|J3°  On  le  donne  aulîî  par  polkelle  aux  fils  des  ducs  j 
des  marquis,  cS:  aux  fils  aînés  des  comtes  j  aind  qu'à 
quelques  perlonnes  dirtinguées  par  de  grands  emplois. 
Lord  Chancelier  ,  Lord  Maire ,  &c. 

^3"  On  le  donne  encore  à  ceux  qui  polîédent  des 
terres  (eigneuriales ,  &  les  loix  d'Angleterre  diftin- 
guent  deux  tortes  de  Lords.  Le  Lord  Paramount,& 
le  Lord  Melne.  Le  Lord  Paramount  ell  la  même 
choie  que  Seigneur  Suzerain  ;  c'eil  celui  dont  le 
fief  ne  dépend  point  d'un  autre  Seigneur.  Le  Lord 
Mclne  elf  celui  dont  le  tîef  relève  d'un  autre  Sei- 
gneur; le  Seigneur  d'un  fiefiervant. 

LORDE.  Fovei  Lourde. 

|3°  LORÉ ,  ÉE.  adj.  Terme  de  blafon  ,  qui  fe  dit  des 
nageoires  des  poiirons  qui  font  d'un  émail  différent 
de  celui  des  pcilions. 

LORÉDO.  Nom  d'un  bourg  du  Duché  de  Vcnife  ,  en 

Italie.  Lauretum  ,  Laurecanus pa^us.  Il  eft  iur  l'Adi- 

r.    ge  J  à  huit  lieues  de  Rovigo,  vers  le  Golle  de  Ve- 

nife  ,  dont  il  n'el^  éloigné  qu'environ  de  deux  lieues. 

Maty. 

LORÉE.  Vieux  mot.  Sur  le  bord ,  le  long.  GLoj].  fur 
Mofot. 

LOREINS.  f  m.  pi.  Vieux  mot.  Rênes. 

LORESTAN ,  ou  le  pays  de  LOR ,  ou  LOUR.  Pays 
de  Perfe  ,  dans  le  Khouliftan  j  dont  il  faifoit  partie. 
Il  ne  faut  pas  confondre  ce  pays  avec  le  Lariftan. 
Il  ef:  aujourd'hui  compris  dans  le  Curdiftan. 

LORÉTAN,  ou  LAURETAN  PARTICIPANT,  f. 
m.  Nom  des  Chevaliers  de  l'Ordre  de  Notre-Dame 
de  Lorette.  t'''oye\  Laurette.  Un  Chevalier  Loritan, 
les  Chevaliers  Lorctans. 

LORETTE ,  pu  LAURETTE.  Nom  d'une  ville  de 
l'Etat  de  l'Eglife  y  en  Italie.  Lauretum.  Elle  eft  dans 
la  Marche  d'Ancone  ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  ce 
nom,  &  fort  près  de  l'embouchure  du  Mulone , 
dans  le  GoUe  de  Venilc.  Cette  ville,  lituée  Iur  une 
colline,  eft  bien  f-ortiheCj  iSc  a  un  Évêché;  mais  ce 
qui  la  rend  célèbre ,  c'cft  la  fameufc  Chambre  dans 
laquelle  on  dit  que  la  Bienheureufe  Vierge  conçut 
le  Sauveur  du  monde.  Cette  Chambre ,  félon  la  tra- 
dition vulgaire  du  Pays  ,  fut  tranlportée  par  les  An- 
ges de  Nazaret  en  Dalmatie  ;  de  là  à  Venife  ;  de 
Venife  dans  le  champ  d'une  Dame  du  Diocèle  de 
Récanati ,  nommée  Lonnc  ,  dont  elle  a  pris  le  nom  ; 
&  dc-là  enlm  dans  le  lieu  où  elle  eft  prélentcmcnt. 
On  la  enfermée  dans  une  magnifique  Eglife.  L'on  y 
va  en  pèlerinage  de  tous  les  endroits  de  l'Europe  , 
&  on  l'a  fort  enrichie  par  les  prélens  qu'on  y  tait. 
Le  P.  Turlelin  ,  Jéluite ,  a  écrit  élégamment  en  Latin 
l'Hiftoire  de  la  Maifon  de  Lorette. 

Ordre  de  Norre-Dame  de    Loretth.  Chevalier 
de  Notre-Dame  de  Lorette.  C'eft  un  Ordre  de  Che- 
valerie ,  inftitué    par  li^^ape  Sixte  V.    l'an  1587. 
lorf-ju'il  érigea  l'EglifeTO  Notre-Dame  de  Lorçtti 
Tome  f. 


L  0  Pv  635- 

en  Evêché.  Ordo  Sancla  Maria^auretana  ,  Equités 
Lauretani.  Paul  ill.  lavok  déjà  établi,  mais  Gré-  " 
goirc  Xlll.  le  fupprima.  Le  nom  que  la  Bulle  d  érec- 
tion leur  donna,  tft  celui  de  Lauretani  Parcicipanti. 
Ils  doivent  être  djux  cens.  La  hn  de  cet  Ordre  eft 
ladéfcnfe  de  la  Marche  d'Ancone  j  &  de  la  ville 
de  Lorette.  Voyc^  1  Abbé  Juiliniani ,  T.  II, p.  560. 
Les  Chevaliers  de  Notre  Dame  de  Lorette  ,  s'appe- 
loient  Chevaliers  dorés,  comme  tous  les  autres  Che- 
valiers, parce  qu'ils  avoiciu  droit  de  porter  l'éperon 
doré.  C'étoit  le  Pape  qui  faifoit  ces  Chevaliers  j  & 
on  mettoit  dans  cet  Ordre  des  gens  de  robe  ,  aulîî 
bien  que  des  gens  d'épée.  Ils  avoient  de  ^u'ands  privi- 
lèges; entre  autres  ceux  de  faire  des  doClcurs  en  tou- 
tes les  facultés,  des  Notaires  publics,  ô{  de  légiti- 
itier  des  bâtards.  Le  Saint  Siège  leur  faifoit  à  tous 
une  penfion.  Voyez  Favin,  Théâtre  d'honneur,  ^ 
de  Chevalerie ,  &  Herman  ,  c.  6 ^. 

Notre-Dame  de  Lorette  ,  ville  de  l'Amérique 
méridionale ,  iituée  au  conHuant  du  Pirape  &  du  P.i- 
rapana.  Urbs  Virgïnis  Lauretaim ,  Lauretum  Amcri- 
canurn.Lllc  fut  bâtie  en  i  éio.  Elle  ^t  peuplée  d'abord 
d'environ  deux  cents  tamilles  d'Ii^diens  ,  qui  demeu- 
roient  en  cet  endroit  là.  Il  y  avoir  dans  ces  contrées 
ving-trois  villages  d'Indiens  ,  d'où  plufieurs  fe  ren- 
dirent à  Notre  Dame  de  Lorette  y  en  li  grand  nom- 
bre ,  qu'il  fallut  bâtir  à  t^uelque  dilfancc  de  là  une 
autre  ville  ,  qu'on  appella  la  Ville  de  Saint-Ignace.  ' 
mjl.   Paraq.  L.  IIL   c.  32. 

LORETZ,  (.  m.  Rivière  de  Suilfe,  au  Canton  de  Zug;        ** 
elle  a  fa  Iburce  dans  le  lac  d'Egéri ,  &  fe  perd  dans 
la  RulE 

LORGHA,  ou  LORHOE.  Nom  d'un  bourg  de  la 
Momonie ,  en  Irlande.  Lurra.  Il  eft  dans  le  Comté 
de  Tipérari  J  près  du  Shannon,  au  dellus  du  Lac 
Berg.  Maty. 

§CF  LORGNER,  v.  a.  Regarder  en  tournant  les 
yeux  de  côté  ,  &  comme  à  la  dérobée.  Tranfver/is  , 
limis  oculis  intueri.  On  lorgne  quelquefois  par  mé- 
pris, par  orgueil ,  quelquefois  par  envie  de  voir  & 
de  polleder  quelque  choie. 

|jO"LoRGNER  ,  regarder  une  perfonneouune  chofe  avec 
complailance  ou  avec  attention.  Plus  je  lorgne  cette 
fille ,  plus  je  la  trouve  jolie. 

IJCF  II  fignifie  plus  ordinairement  regarder  amoureu- 
femcnt  une  perfonnc ,  pour  lui  infpirer  de  la  ten- 
drelTe.  Je  m'apprêtai  fur  nouveaux  frais  à  lorgner 
la  fille  de  D.  George.  HiJ}.  de  Gilhlas. 

§CF  On  dit  aulFi  qu'un  jeune  homme  lorgne  wm  fille, 
pour  dire  qu'il  a  des  vues  fur  elle  pour  le  mariage. 
Et  l'on  dit  lorgner  une  charge  ,  une  maifon,  avoir 
des  vues  fur  une  charge ,  fur  une  maifon  ;  tout  cela 
elf  du  difcours  familier. 

Lorgner  ,  regarder  avec  une  lorgnette.  Voye\  Lor- 
gnette. 

LORGNÉ,  ÉE.  Part. 

LORGNERIE.  f.  f,  Adion  de  lorgner.  La  parole  lui 
étant  retranchée,  les  lorgneries  &  les  petits  foins 
allèrent  leur  train,  Merc.  d'Août  ijjp.  Les  lorgne- 
ries d'un  fat. 

fCr  LORGNETTE,  f.  f.  ConfpicïUum.  On  donne  ce  nom 
à  une  forte  de  petite  lunette  dont  on  (e  lert  pourvoir 
plus  diftinrtemenr  les  objets  qui  font  peu  éloignes. 
Une  lorgnette  d'Opéra.  C'eft  une  lunette  à  un  feul 
verre ,  concave  pour  les  Myopes ,  &  convexe  pour  les 
presbytes  ,  qu'on  tient  à  la  main.  Il  y  a  aulli  des  Lor- 
gnettes compofées  de  deux  verres  ,  enfermés  dans  un 
petit  étui,  qu'on  tient  aufli  à  la  main.  Il  ne  faut  pas 
confondre  les  lorgnettes  avec  les  loupes. 

On  fait  des  éventails  à  Paris,  d.ans  le  milieu  def- 
quels  il  y  a  une  petite  ouverture  garnie  de  verre  , 
on  d'un  petit  treillis,  par  le  moyen  duquel  les 
Dames  voient  fans  erre  vues ,  &  ces  .ouvertures 
s'appellent  des  lorgnettes.  Ménage.  Dicl.  Etym.  au 
mot  Lorgner. 

ILORGUES.  Nom  d'une  petite  ville  avec  Viguerie. 
LeonicA  ,  Lonas  ,  Leonas  y  Caftrum  de  Leoncis.  Elle 
eft  dans  la  Provence ,  près  de  la  rivière  d'Argenrs , 
i  deux  lieues  de  Draguignant,  du  coteau  couchant. 

LUI  i; 


(>l6  L  O  R 

Mat  Y.  Bouche,  en  fon  Hiftoirede  Provence,  T.  /. 
p.    II.  mec   Lorgnes   Tous    la   latitude  de  43  degrés 
entre  10  &  50  minutes. 
LORIOT,  f.  m.  Oifeau  de  plumage  verd-jauiûtre,  & 
de  la  grolleur  d'un  merle.  Galbula,Galgulus  ,  Fin-o. 
Le  loriot  vit  dans   les  bois ,   &    héquente  le  bord 
des  riuireaux.  Belon.  Il  ell  fort  friand  de  cerifes  &: 
de  guignes.  Le  loriot  eft  grand  comme  une  grande 
grive  j  &c   fon  pennage  eil  de  deux  couleurs,  ayant 
le  corps  &:  latcted'un  très  beau  jaune.  Ariftoce  rap- 
porte que  cet  oifeau  fait  une  guerre  mortelle  à  la 
tourterelle,  &  qu'il  la  tue;  il  aie  bec  comme  les 
pics,  fort&  robuile,  mais  un  peu  courbé,  &   de 
couleur  rougeâtre  ,  lorfqu'il  eil  âgé;  &  lorlqu'il  efl 
jeune ,  un  peu  obfcur  :  la   couleur  de  tout  le  corps 
du  vieux  elf  jaune  &  dorée  ,  excepté  les  ailes  &  les 
plumes  du  delllis  de  la  queue;  &  dans  le  jeune, 
verdâtre  ;  le    vieux  a  entre  le  bec  &  les  yeux  une 
tache  noire  ,  le  jeune  n'en  a  point;  le  vieux  a  les  ailes 
très  noires ,   mais   les  grandes  pennes  blanchâtres  à 
leur  extrémité;  le  jeune  a  celles  de  delfus  pâles,,  & 
celles  d'en  bas  noirâtres;  la  poitrine  &  le  haut  du 
ventre  blanchâtre,  &  diverfitié  de  quantité  de  lignes 
noires  :  le  bas  du  ventre  tire  fur  le  jaune  ;  la  queue  de 
tous  les  deux  eft  également  grande  ,  favoir  ,  de  quatre 
ou  cinq  doigts;  le  vieux  a  les  plumes  d'en- haut  noi- 
res ,  lîsr  celles  d'en-bas  dorées;  c'eft  ce  qui  paroît  dans 
le  jeune  d'un  jaune  verdâtre ,  &  c'eft  La  couleur  qui 
domine  ,  &  qui  paroit  d  abord  en  cet  oifeau. 

Le  chant  du  loriot  eft  extrcmemeju  haut  &  extraor- 
dinaire pour  fi  diverlité.  L'on  n'en  tient  guère  en 
cage  ,  parce  qu'il  eft  d'un  naturel  tout  à  fait  l.Hivage  : 
on  en  peut  nourrir  dans  les  grandes  volières  à  caufe 
de  fa  beauté ,  mais  il  ne  s'y  plaît  pas  ,  parce  qu'il  aime 
les  fruits ,  comme  les  ccrifcs,  les  figues  &  autres  fcm- 
blablesj  ce  qu'on  ne  peur  lui  donner  facilement  en 
volière  :  il  cherche  aulli  des  vers  que  l'on  appelle 
communément  Achces. 

h  fait  jufqu'à  cinq  petits  &  attache  ion  ma  fort 
adroitement  avec  trois  ou  quatre  brins  de  lilalle,  ou 
de  racines  d'herbe ,  au-deilous  d'une  branche  d'arbre  , 
en  forte  qu'il  demeure  (ufpendu  en  l'air  ;  il  eft  de 
pallàge  j  &  on  ne  le  voit  qu'en  été  :  quelques  uns 
difent  qu'il  fe  pend  par  les  pieds  pour  dormir. 
"Loriot  d'Inde.  Chlorio  Indtcus.  Cet  oileau  a  la  plus 
grande  partie  du  corps,  ou  pour  mieux  dire,  le  corps 
tout  entier  de  couleur  jaune  ,  excepté  une  couronne 
qu'il  a  fur  la  tête  ,  &  quelques  taches  (ur  les  ailes 
&  fur  la  queue  3  qui  font  bleues,  avec  le  bec  &c 
les  pieds  ,  qui  font  d'un  rouge  éclatant. 

Ménage  ,  après  Nicod  ,  dit  que  ce  mot  vient  du 
Grec  ^/i' 1.-,.» ,  ou  du  V.2.im  hirldottus  ,  diminutif  de 
luridus  ,  &    rapporte  l'opinion  de  Belon ,  qui  croit 
que  ce  nom  lui  vient  de  ce  qu'il  femble  crier  ,  Com- 
père loriot;  &  celle  de  Scaliger,  qui  croit  qu'il  vient 
d'aureolus. 
LORME.  Bourg  de  France,  au  Nivernois ,  aux  con- 
fins de  la  Généralité  de  Moulins  &  de  celle  de  Paris. 
LORMERIE.  C  f.  Ouvrage  de  lormcric.  Sous  ce  mot 
font  compris  tous  les  menus  ouvrages  de  fer  ,  com- 
me gourmettes  de  chevaux  ,  trourots  de  brides  ,  an- 
neaux de  licols  ,  &  autres  femblables ,  qu'il  eft  per- 
mis aux  Maîtres  Clouriers  -  Lormiers  de  la  ville  &c 
faubourgs  de  Paris  de  forger  &  fabriquer. 
g-CF  On  appelle  auftî  Lormerie  ,  tous  les  ouvrages  que 
forgent  &  vendent  les  Eperonniers,  mors  ,  éperons, 
cavdFons  ,    étriers  ,  &c.  Dict.  de  Comm. 
LORMIER.  f  m.   Qui  fiit  des  ouvrages  de  Lormerie. 
Ce  terme   fe  trouve  dans  les  Lettres  de  Maîtrife  de 
quelques  Artifans  ,  comme  dans  celles  d'un  SeUier  , 
on  l'appelle  Maître  Sellier  ,  Lormier,dc  Carolîîer.  Mi- 
nuû  operisferrariifabcr.  Il  eft  aullî  en  celles  d'un  Epe- 
ronnier.  On  difoit  autrefois  Lorimiet.à  faciendis Ions. 
LORNE.   Nom   d'une  contrée   de  l'Ecolfe    méridio- 
mle.    Lorna.    Elle    eft   bornée    au   levant  par  l'Ar- 
gille  propre,   &c  au  midi   par  la  Knapole  ;  la   mer 
d'Irlande  la  baigne    au    couchant ,  &   un    golfe   la 
répare  au    nord    du  Loquabyr.  Ce  pays  peut  avoir 
■di.ï  lieues  de  long,  &  cinq  de  large;  il  eft  plein    de 


L   O  R 

golfes  ,  de   lacs   &  de  rivières  ,  &   il  n'a   rien   de 
conddérable  que  la  petite  ville  de  Dunftafag.  Mat  y. 

^Zt  LOROS.  f.  m.  Les  Elpagnols  donnent  ce  nom  à 
une  efpèce  de  perroquet  de  la  nouvelle  Efpagne  , 
qui  a  le  plumage  vert ,  mais  la  tête  li<.  l'extrémité 
des  ailes  d'un  beau  jaune. 

LOROUX.  Nom  d'une  Abbaye  de  France.  Lorontia, 
ou  Oratorium.  Elle  eft  dans  l'Anjou  ,  (ur  la  petite 
rivière  de  Latan ,  à  quatre  lieues  de  Btaufort  ,  vers 
l'orient.  Maty. 

Il  y  a  aullî  le  Loroux  en  Touraine.  Leprofus  vicus. 
Sévère  Sulpice  en  parle  dans  la  Vie  de  S.  Martin. 
Il  eft  fur  l'Efchaudon  ,  entre  Mautelan  &  Dole. 
Hadr.  Valois ,  Not.  Gall.  p.  2j2. 

De  Leprofus ,  en  retranchant  le  p  ,  on  a  fait  Le- 
roux ,   &  puis  Loroux.   Valois ,  Not.  Gall. 

LORRAIN  ,  AINE.  f.  m.  c\;  f.  Qui  eft  de  Lorraine, 
natii  ,  originaire  ,  habitant  de  Lorraine.    Lothann- 

LORRAINE.  Nom  d'un  petit  Etat  fouverain ,  fitue 
entre  l'Allemagne  &c  la  France.  Lotharingie,  Ditio , 
Lotharingia.  Guibert  ,  Abbé  de  Nogent  ,  dans  la 
Préface  de  fon  Hiltoire  de  Jérulalem  ,  dit  que  la 
Lorraine  s'appeloit  de  fon  temps  Lotharingia  ;  mais 
qu'auparavant  elle  le  nommoit  Aujlria.  En  effet, 
c'eft  l'ancienne  Auftrafie.  L'Empereur  Lothaire 
l'ayant  laillée  à  fon  fils  Lothaire ,  avec  le  titre  de 
Royaume  ,  ce  Prince  lui  fit  changer  l'ancien  nom 
d'Auftiaiie.  Les  Allemands  difent  encore  Lotthc-  , 
ringen  ,  ou  Lottringen.  Othon  I.  en  fit  un  fief  de 
l'Empire.  Foye^  Hadr.  Valois  ,  Not.  Gall.  p.  2S ^, 
&  fuiv. 

La  Lorraine  eft  bornée  au  nord  par  le  Duché  de 
Luxembourg ,  &:  par  l'Archevêché  de  Trêves  ;  au 
levant  par  le  Palacinat  du  Rhin,  Se  par  l'AUacc; 
au  midi  par  la  Franche  Comté  ,  &  au  couchant  par  ■ 
la  Champagne.  On  lui  donne  foixante  lieues  du  ■ 
fcptentrion  au  midi  ,  &  quarante  de  l'orient  à 
l'occident.  L'air  y  eft  tempéré  &  fain  ,  étant  fous 
le  49  &  jo^  degrés  de  latitude.  Il  eft  arrolé  par 
plufieurs  rivières  ,  dont  la  Meufe  ,  la  Mofelle  ,  le 
Meurte  &  la  Sare  font  les  principales.  Le  terroir  y 
eft  allez  fertile  en  blé  ,  en  vin,  en  chanvre  ôc  eu 
pâturages  ;  il  y  a  de  bonnes  falines ,  quantité  de 
mines  de  fer  ,  <!n:  quelques-unes  d'argent  &  de 
cuivre.  On  le  divife  en  deux  Duchés  ,  qui  (ont  ce- 
lui de  Lorraine  ,  &  celui  de  Bar.  Les  Evêchéi  de 
Metz  ,  de  Toul  &  de  Verdun  ,  y  font  enclavés  ; 
mais  ils  font  à  la  France.  Nanci  en  eft  la  ville  capi- 
tale. Louis  XIV.  Roi  de  France  a  polfédé  ce  pays 
pendant  plufieurs  années  ;  mais  il  le  rendit  par  la 
Paix  de  Ryiwich  au  Duc  de  Lorraine  ,  qui  vint 
en  perfonne  à  Verfaiiles  lui  rendre  hommage  du 
Duché  de  Bar,  qui  eft  un  fief  de  la  Couronne  de 
France. 

La  Lorraine  avoir  anciennement  beaucoup  plus 
d'étendue  -qu'elle  n'en  a  aujourd'hui.  Elle  compre- 
noit  la  plus  grande  partie  de  l'Auftraiie ,  &  elle 
étoit  divifée  en  Haute  &  Balle  Lorraine.  La  Haute 
Lorraine  ,  ou  Molellane  ,  comprenoit  outre  la  Lor- 
raine d'aujourd'hui  ,  le  Duché  de  Luxembourg,  avec 
les  Diocèfes  de  Strasbourg,  de  Trêves,  de  Toul,  de 
Metz  &  de  Verdun.  Lotharingia  fuperior ,  Mofel- 
lana  ,  Ducatus  Mofcllanorum  ,  Lotharingia  Mofd- 
na  ,  Lotharingia  inferior ,  Ripuariorum  ,  c'eft-à  dire, 
Ripuariorum  Ducatus. 

La  Balle    Lorraine    renfermoit   le   Brabant,  avec 
une  partie  de  l'Evêché  de  Liège  &  de  la  Gueldre. 
Le  Duché   de  Lorraine.  Lotharingie  Ducatus.  C'eft 
la  partie  orientale  des  Etats  de  Lorraine.  Ce  Duché  ) 
eii:  incomparablement  plus  grand  que  celui  de  Bar.  i 
On  le  divife  en  Terres  du  domaine ,  &  en  Terres  ; 
annexées.  Les  Terres  du  domaine  comprennent  les 
Bailliages  des  Nanci  ,  de   Mirecourc  &  de  Vaiidre- 
vanje  ,  où   l'on    voit   enrre    les  villes  capitales  de 
chaque  Bailliage,  celles   de   Luncville,  ae    Roiie- 
res ,  de    Chaligny  ,   de    Neuchaftel  ,  de  S.   Diey  , 
de    Remircmont   ^"c  ^  Sar-Lonis.   Les  Terres   an-  . 
nexées    comprennent  R  Marquiiat  de  Hatcon-Cnal- 


L  O  R 

tel  ,  les  Comtés  de  Blamond  ,  de  Vaudénioiu  ,  de 
Sarboiirg ,  de  Sai-Albe ,  de  Salni  ,  avec  les  Seigneu- 
ries ou  Picvôtcs  d'Efpinal ,  de  M.ulal  j  de  Bitich  , 
de  Phalsbouig  ,  de  Deiiewre  ,  d'Apieinont  &  de 
Commeicy. 
|p°  Par  la  mort  de  Stanillas  I ,  Roi  de  Pologne  ,  Duc 
de  Lorraine,  ce  Duché  (e  trouve  réuni  au  Royau- 
me de  France  j  fuivaiu  le  Traite  de  Paix  conclu  à 
Vienne  le  18  Novemlne  1738  ,  par  lequel  la  io/- 
ruùie  cà  cédée  à  Staniflas  pendant  la  vie  ,  pour 
être  réunie  à  la  Couronne  de  l'rance  après  la  mort 
de  ce  Prince. 
La  Mailon  de  Lorraine.  C'cfl:  une  des  plus  illuflres 
de  lEurope.  Elle  tire  ("on  origine  de  Gérard  d'Allace 
qui  étoit  petit  iils  d'Adelbert  ou  Albert ,  Comte  Mar- 
chis  d'Allace  ,  &  à  qui  l'Empereur  Conrad  donna  la 
Lorraine  en  1048.  La  îvLùlon  de  Lorraine  porte 
coupé  de  quatre  pièces  en  chet"j  loutenucs  de  qua- 
tre en  pointe  au  premier  de  Hongrie  ,  au  2  de  Na 
pies  Sicile ,  au  5^  de  Jérulalem  ,  &:  au  4'  d'Arra- 
gon.  Au  premier  &  5^  de  la  pointe  d'Anjou  ancien, 
au  û'^de  Gueldres,  au  7^  de  Juliers ,  au  8"^  de  Bar , 
&:  iur  le  tout  d'or  à  la  bande  de  gueules  ,  chargée 
'  de  trois  alérions  d'argent. 

La  croix  de  Lorraine  ,  en  termes  de  Blafon  ,  efl:  une 
croix  double,  comme  les  croix  Patriarchalcs.  Voye-{ 
au  niot  Croix. 

Ce  nom  Lorraine  s' e(\:  fait  par  corruption  de  La 
tharuigia ,  comme  Lotharingia  s'étoit  fait  de  Lo- 
tharu  riegnum  j  c'eft  à  dire  ,  Royaume  de  Lothaire. 
Au  relie ,  ce  Lothane  qui  a  donné  fon  nom  à  la 
Lorraine  ,  n'ell  pas  l'Empereur  Lothaire ,  fils  de 
Louis  le  Débonnaire ,  mais  Lothaire  fils  de  l'Empe- 
reur Lothaire  L  &  frère  de  Louis  IL  auiïï  Empe- 
reur. Ce  Lothaire  tut  Roi  de  Lorraine  au  milieu  du 
IX'  liècle  ;  car  il  mourut  en  869.  &  ce  fut  pour 
lui  que  le  pays  qui  eft  entre  TElcaut ,  la  Meule  & 
le  Rhin  ,    prit  le  nom  de  Lorraine. 

De   Lotharii  Regnum  ,    nous  avons    fait   Loher- 
regne  j  puis    Lorrène ,    tic    enfin    Lorraine  ,  Hadr. 
Valois,  Not.  Gall.  p.  2S6.  Charles,  hère  de  Lo- 
thaire, fe  fit  vallàl  de   l'Empereur   Othon  IL  qui 
érigea  la  Lorraine  en  Duché  ,  &   l'en  invertit. 
LORRÉ  _,  ÉE.  adj.  Terme  de   Blafon.  Se  dit  des  na- 
geoires des  poilFons  ,  (uivant    les  anciens  Hérauts. 
Pinnatus.    Il  porte  d'azur    au   Dauphin    couronné 
d'or  , /orre  de  gueules.        ^ 
LORREY.  Bourg  de  France  ,  au  Gàtinois  ,  au  Diocèfe 

de  Sens  ,  Election  de  Nemours. 
LORRIS.  Nom  d'un  bourg  de  France ,  fitué  dans  le 
Gàtinois  ,  à  (\\  lieues  de  Montargis ,  vers  le  couchant. 
Lauriacum.  Ce  bourg  doit  avoir  été  autrefois  le  chet- 
lieu  de  quelque  Seigneurie  -,  car  il  donne  Ion  nom 
à  un  petit  pays,  que  l'on  nomme  pays  de  Lorris.  Lau- 
riacenjîs   pagus  ,  •  Lauriacenje    terrhorium  ;  &    il    a 
une  Coutume  finguliète  ,  qu'on  nomme  la  Coutu- 
me de  Lorns  ,  &  qui  s'étend  fort  loin-,  elle  fut  ré- 
digée en    1551.   Elle  eft  obfervée   es  Bailliages  de 
Montargis  ,  de  Cepoy  ,  au    Duché  de   Nemours  , 
au  Comté  de  Gien  ,  en  celui  de  Sancerre  ,  quoiqu'il 
foit  de  Berri ,  aux  Baronnies  de  Baugency  ,  de  Sully  ^ 
de  Montfaucon  ,  d'Aubigny  ;  au  pays  &  Seigneurie 
de  Gàtinois,  jufqu'à  la  rivière  d'Yonne  ,  de  BeaulFe, 
de  Saulogne  ,  dcCourtenay  ,  de    Puilaye,    pays  & 
Duché  de  Berri ,  fous  le  relfort  de  Concreifant.   De 
la  Thaumallière ,  Avocat  à  Bourges ,  a  fait  un  Com- 
mentaire fur   cette  Coutume  ,  imprimé  à  Bourges , 
in-fol.  en  1 679.  &  a  recherché  tout  ce  qu'on  pouvoit 
fouhaiter  fur  cette  Coutume.  I^ove^  Berroyer  &c  Lau- 
ricre.   Lifte  Alphabétique   des  Coutumes  j  p.    itS. 
&  fuiv.  Au  refte  il  faut  écrire    Lorris ,  comme  font 
MM.  De  la  Thaumaflïère  ,  Berroyer  &  de  Laurière  , 
&  non  pas  Lori  ,   comme  Hadr.  Valois  j    dans    fa 
Notice  des  Gaules,  /'.  26 ^. 

C'eft  de  cette  Coutume  que  l'on  dit  proverbiale- 
ment ,  C'eft  comme  en  la  Coutume  de  Lorris ,  les 
battus  payeront  l'amende.    J'oy.   Coutume. 
LORS.  adv.  de  temps,  qui  fignifie  ,  Alors,  en  ce  temps 
la.  Tune ,  ûtni.  Il  ne  le  dit  guère  que  tuivi  d'un  gé- 


LOS  ^37 

nitif.  Lors  de  la  bataille  ,  lors  de  fon  éledion  ,  lors 
de  ion  mariage,  lors  de  fon  décis.  Alors  il  eft 'pré - 
polition.  Vaugelas  &  Corneille  le  condamnent  dans 
cette  conftruclion.  Il  eft  fupponable  dans  la  con- 
verfation ,  ainfi  que  dans  les  phrafes  de  formule , 
parce  qu'il  abrège  un  grand  tour  qu'il  fiudroit  pren- 
dre fans  cela. 

Dès-LoRs.  adv.  Dès  ce  moment-là,  dès  ce  temps  là. 
Jam  ,  tuni ,  ab  eo  tempore.  Dès  lors  il  commença 
à  me  prendre  en  haine.  Il  preiendit  dès-lors  que  je 
dcvinde  Ion  cfclave.  On  vit  bien  des-lors  ce  qu'il 
avoit  dans  le  cœur.  Oa  dit  au  Palais  ,  Dès  à  préfcnc 
comme  dès-lors  &c  dès  lors  comme  dès  à  préfent. 
Ce  mot  vient  de  illâ  hora.  Nicod. 

Pour  Lors.  adv.  Alors  ,  en  ce  temps  là.  Tum  ,  tune, 
tune  temporis.  Quand  vous  ferez  bien  établi ,  pour- 
lors  nous  vous  irons  voir.  Il  eut  recours  à  moi  dans 
fon  bcfoin  ,  mais  pour  lors  je  n'avois  point  d'argent. 
Son  érat  me  parut  bien  trifte  ,  mais  pour-lors  je  n'y 
pus  apporter  de  remède. 

LORSCH.   Foyei  Laurisham. 

LORSQUE.  Sorte  de  conjonélion  ,  qui  fignifie.  Quand, 
dans  le  temps  que  ,  &:  qui  régit  l'indicatif.  Chm ,  dum  , 
quando.  Lorfque  vous  êtes  devajit  les  méchans  ,  met- 
tez un  frein  à  votre  langue.  Je  m'acquitterai  de  ce 
devoir  ,  lorfque  vous  le  voudrez.  Lorfque  je  faurai 
votre  logis ,  je  vous  irai  voir. 

Mais  lorfqu'il  me  fouvint  que  parmi  tant  d'alarmes  , 
Hermione  à  Pyrrhus  prodiguoit   tous  fes   charmes. 

Rac.     • 

U3" Lorsque  Se  Quand  ,  confidérés  dans  une  fignifi- 
cation  lynonyme.  Ces  deux  mots  font  de  l'ordre 
de  ceux  qui  font  établis  pour  marquer  de  certaines 
dépendances  Se  circonftanccs  dans  les  événemcns 
qu'ils  joignent  -,  mais  lorfque  femble  mieux  conve- 
nir pour  marquer  la  circonftance  de  l'occaiion ,  & 
quand,  pour  marquer  celle  du  temps.  Ainli  je  di- 
rois,  Il  faut  travailler  quand  on  eft  jeune;  il  faut 
être  dociles  lorfqu'on  nous  reprend  à  propos.  Le 
Chanoine  va  à  l'Eglife  quand  la  cloche  l'avertit  d'y 
aller;  &  il  fait  fon  devoir  lorfqu'il  affilie  aux  Offi- 
ces, /'cy.  au  mot  Quand. 

L  O  S.  • 

LOS.  F'oye^  Loz. 

Autrefois  ce  mot  de   los  s'eft  dit  pour  gre'  ,  vo- 
lonté.    Payer  à    quelqu'un  fon  los  ôc  gré.   F'oye:: 

LODS. 

La  conquête  de  Los.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'un 
œuillet.  La  conquête  de  i.05  eft  de  couleur  d'ardoife, 
8c  le  trouve  à  Lille.  Morin. 

LOSANNE.,  royei  Lauzanne. 

Ce  nom  s'eft  formé  de  Lutofa ,  qui  fignifie  Boueu- 
fe  ,    pleine  de  boue.  Lutofe  ,  Lethofe  ,  Leofe ,  Lof. 

LOSANGE,  f.  f.  prefque  toujours  mafc.    En  Géomé- 
trie. Efpèce  de  parallélogramme  ,  ou  figure  compo- 
lée  de  quatre  côtés  ou  lignes   égales  &:  parellèles  , 
dont  les  angles  ne  lont  point  droits  ,  mais  dont  deux 
oppolés  lont  aigus  ,  &  les  deux  autres  lont  obtus. 
Quelques    Géomètres   ont   appelé  le   lofmge    Hib- 
muaym  ,  &  le  trapèle  Hebmuaripte.    En   Géométrie 
cfn  l'appelle  ordinairement  rhombe,&:   quand    les 
côtés    contigus    lont    inégaux  ,   rhomboïde.     Figure 
en  forme  de  lofange  ,  carré  à  angles  inégaux ,  dont 
deux  font  aigus  &c  égaux  entr'eupc ,  &c  deux  obtus , 
&  auilî  égaux  &  oppolés  l'un  à  l'autre.    Rkombus. 
Un  lofange   fort  aigu  ,  &  même  un   peu  tranchant 
d'un  côté.    De    la   Hire.  La  plupart  écrivent   lo- 
fange ,  &  non   pas    losange.  Il  faut  que    ces    mots 
foient  pris  de  l'Arabe,  f^uye^  ci-delFous  les  étymo- 
logies. 
Losange  ,  fe  dit  auffi  des  morceaux  de  verre  qui   fe 
mettent  dans   les  plombs  des  panneaux  de    vitres , 
parce  qu'ordinairement   on  les  faifoit  tous  de  cette 
figure  ,   quoiqu'on  fe  lerve  du  même  mot  en   par- 
lant des  verres  taillés  de  toute  autre  façon.  Rhomius. 


638 


LOS 


Losanges  de  Couverture.  Ce  font  des  D.bles  de 
plomb  difpoites  diagonalcment  j  &  jointes  a  cou- 
ture j  pour  couvrir  la  Hèche  d'un  clocher.  Qua- 
àrs,  tcàoriâ.  plumhsiz. 

Losange  ,  en  vieux  François,  fignifioit,  tromperie  : 
Dolus.  D'où  l'on  prétend  que  les  Italiens  ont  foit 
lufingar  ,  qui  lignifie  fijccene  ,  qu'on  ne  fait  pouit 
fans  tromper;  &  en  ce  fens  ce  mot  vient  de  los  , 
parce  que  la  flatterie  ell;  une  louange  faulle.  Lofan- 
gier&  lofangière  ,  qu'on  a  dit  autrefois  pour  flatteur , 
trompeur  &  trotnpeufe  ,  viennent  aull'i  du  mot  de 
Lofange  pris  dans  le  fens  qui  vient  d'être  expliqué. 
Aiulator.  Li  faux  ami  qui  fervent  de  lofangerie  en 
lieu  de  confeil.  L.  des  Moral.  Faux  lofangicrs  & 
defleaux.   H.  Plagon. 

Par  dons  aucuns  j  ne  pour  lofange.  GuiART. 

Cil  appilla  fept  de  fcs  Pautonnicrs 
Ne  font  pruedonte  ,    ainçois  font    lofangers. 

Garin. 

Ce  niert  par  bile  lonzangière 

Mais  fine  &  voire  droiturière.  GuiOT. 


Faux  lolangeour  e/lre  ejlut 
Celui    qui    monde    plaira    veut. 


Gautier  de 
Metz. 


Losange,  eft  auflr  un  terme  de  Blafon.  Teffellafcu- 
taria  ,  fymholica.  Les  filles  portent  leur  écu  en  lo- 
fange ;  il  eO:  appuyé  fur  la  pointe.  La  lofange  diftère 
de  la  fufce  ,  qui  eft  plus  rellerréc  par  le  milieu,  &: 
un  peu  en  rond  ,  &  non  fi  aiguë  par  les  bouts.  Elle 
dift'ère  des  macles  &  des  ruftres,  en  ce  que  les 
lofanges  font  pleines  -,  au  lieu  que  les  macles  font 
percées  tn  lofange  ,  &'  les  ruftres  en  rond.  On  dit 
auflî  qu'un  Ecu  eft  lofange  ,  quand  il_  eft  chargé 
de  figures  de  lofange  ,  foit  tout  plein  ,  foit  en  quel- 
ques unes  de  fes  parties. 

Scaliger  croit  que  ce  mot  vient  de  Laurengia ,  à 
caufe  que  cette  figure  imite  en  quelque  façon  celle 
<le  la  feuille  de  laurier.  Il  y  a  plus  d'apparence  de 
dire  avec  le  Père  Méneftrier  ,  qu'il  vient  de  l'Italien 
lofa  ,  ou  de  l'Elpagnol  lofas  ,  qui  eft  une  efpèce  de 
partage  de  pierres',  d'ardoife  j  ou  de  carreaux  tail- 
lés à  angles  aigus  ,  d'où  l'on  a  fiit  lofe  &  lofante , 
&  infeniîblement  lofange  ,  comme  de  vider  on  a 
fait  vidange.  Il  dit  aufli  que  plufieurs  ont  cru  raal- 
à-propos ,  que  l'Ecu  à  lofange  que  portent  les  filles  , 
repréfentoit  un  carreau  à  coudre  dont  elles  fe  fervent 
pour  leurs  ouvrages ,  parce  qu'il  vient  d'une  cou- 
tume du  Pays-Bas  ,  où  tous  les  ans  au  mois  de 
Mai ,  on  attache  à  la  porte  des  nouveaux  Conluls , 
des  Capitaines  °<.  des  autres  Officiers  ,  des  vers  & 
des  louanges  ,  qu'on  appelle  en  Flamand  lofjange  j 
c'eft  à-dire  j  'chant  de  louange  ,  Iclquelles  s'écrivent 
fur  des  planchettes  en  lofange.  Les  jeunes  gens  en 
font  de  même  aux  portes  de  leurs  Maîtrelles  Se 
des  nouvelles  maiiées.  Et  cette  coutume  apaflé  ju(- 
qu'aux  lunéraillcs  :  car  lorfqu'une  perfonne  de  qua 
lire  eft  morte,  on  expole  un  an  durant  une  grande 
lofange  fur  ft  porte  avec  (on  nom  ,  les  armoiries ,  & 
le  jour  de  fa  mort  -,  &  comme  les  armoiries  des 
femmes  ne  paroilfent  guère  qu'à  leurs  noces  &:^  leur 
inorr,  c'eft  ce  qui  a  donné  occanon  de  repréfentcr 
les  Ecus  de  leurs  armes  en  lofange.  D'autres  font 
venir  le  mot  de  lofange  du  Grec  ,  acç»,-  oblique ,  & 
y«!y. ,  ang'e ,  parce  que  les  angles  à.e\x  lofange  ne 
font  point  droits.  Un  homme  d'elprit  qui  a  voyagé 
en  Orient,  &  qui  nous  a  envoyé  quelques  additions 
pour  ce  Diélionnaire  ,  croit  que  lofange  eft  dérivé 
deTiS/o^,  mot  Arabe  qui  fîgnifie  cr/nawife.  Il  dit  que 
l'on  fait  au  Levant  une  cfpècc  de  begnets  ou  bignets 
coupés  en  figure  de  lofange  ,  &  farcis  d'amandes , 
qu'on  appelle  Lau^inag ,  :!X3»n'7. 

Il  y  a  aulli  des  lofanges  curvilignes.  Ce  font  des 
figures  rcnieimées  en  quatre  petits  arcs  de  cer 
cle;  ou  eu  voit  dans  certains  compartimeus  de  mar- 


LOT 

brc ,  qu'on  fait  pour  les  pavés  des  Eglifcs  ,  &c.  Les 
Marbriers  appellent  ces  fortes  de  lofanges  à  points 
perdus  ,  parce  qujls  lont  eftectivcment  tracés  par 
des  points  perdus.  Voye-^  DAviLhK ,  planche  loj. 

&  p.  3 S 4- , 

LOSANGE,  EE.  adj.  Terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit 
de  l'écu  j  quand  il  a  la  forme  d'un  lofange  ,  &  des 
figures  qui  font  couvertes  d?  lofanges. 

LOSE  ,  ou  LOZE.  Nom  d'une  petite  rivière  de  France 
du  Duché  de  Bourgogne.  Lutofa.  Elle  le  jette  dans 
la  Brenne  au  pied  de  la  colline  lur  laquelle  eft  Alife. 
Had.  Valois  ,  Not.  Gall.  p.  12. 

LOSÈRÉ ,  ou  LESÈRE.  Nom  d'une  montagne  des 
Sévennes  en  France.  Lefera ,  Lefura  ,  Lefora.  Elle 
n'a  rien  de  confidérable  que  la  lource  du  Tarn.  Maty, 
C'eft  une  partie  des  montagnes  des  Sévennes.  Sido- 
nius  ApoUinaris  dit  qu'elle  eft  plus  haute  que  le 
Caucafe.  Hadr.   Val.  Not.   Gall.  p.  Z14. 

LOSSA.  Nom  d'une  petite  rivière  du  Comté  de  Mur- 
ray  ,  en  Ecoile.  Loxa.  Elle  baigne  Elgin  ^  &  peu 
après  elle  fe  décharge  dans  le  golfe  de  Murray. 
Maty. 

fKF  LOSSE.  Rivière  de  France ,  en  Guienne.  Elle 
prend  ix  fource  dans  l'Eftarac  ,  aux  confins  de  la 
Bigorre ,  &  fe  perd  dans  la  Gelife. 

LOT. 

LOT.  f.  m.   Portion  d'une  chofe  divifée  en  plufieurt 

parties  ,  pour  la  partager  entre  plufieurs  perfonnes, 
ou  leur  en  faire  la  diftribution.  Portio  ,  pars ,  fors. 
Quand  un  aîné  fait  les  lots  d'une  fuccellion ,  c'eft 
le  cadet  qui  choifit.  Quand  c'eft  un  étranger  ,  on  les 
tire  au  fort.  Les  Marchands  font  des  lots  de  mar- 
chandifes  dans  le  Bureau  de  leur  communauté ,  pour 
les  partager  entre  eux. 

On  trouve  dans  les  coutumes  les  expreflîons  fui- 
vantes.  Lot  &  portionj  ce  lont  deux  mots  lynonymes. 
Droits  de  lots  Se  retenue  ;  ils  lont  dûs  par  l'ac- 
quéreur d'un  héritage  au  Seigneur  cenfuel/ /om  se- 
crit  ici  pour  lods.  Lots  Se  gct^  de  biens ,  en  fait  de 
partage ,  cela  lignifie  que  les  lots  ,  quand  ils  foni 
faits  ,  font  jettes  au  fort.  Lots  8c  partages  ,  ces  deux 
termes  fignifient  la  même  chofe. 

|fcJ"  On  le  dit  de  même  du  partage  des  revenus  d'un 
Bénéfice  entre  l'Abbé  &  les  Religieux.  On  fait  trois 
lots  des  terres  &  des,  revenus  d'un  Bénéfice  :  l'Abbé 
a  le  choix  des  lots;  les  Religieux  choihflent  enfuite; 
c^'  le  tiers  lot ,  deftiné  à  l'acquit  des  Charges  ,  de- 
meure entre  les  mains  de  l'Abbé.  Les  revenus  de; 
Oiiices  conventuels  n'entrent  jamais  dans  les  lots. 

03"  En  termes  de  Loterie,  on  appelle  lot  ,  la  part  qui 
revient  à  celui  à  qui  il  échet  un  bon  billet. On  ledit 
auilî  du  billet  qui  porte  ce  lot.  Il  'a  eu  un  lot ,  un 
bon  lot  dans  telle  Loterie.  On  appelle  gros  lot  ce- 
lui qui  eft  le  plus  confidérable.  Un  tel  a  eu  le  gros 
lot,  le  gros  lot  lui  eft  échu. 

Ce  mot  vient  du  Flamand  lot,  qui  fignifie yîw. 
En  haut  Allemand  on  dit  loff.  Se  en  Bas  Breton 
loden.  Ménage.  Palquiet  le  dérive  de  Icud ,  vieux 
mot  François  ,  qui  lîgnifioit  héritage  ;  Se  dit  que  A-'- 
tir  fignifioit  partager  une  chofe  qui  eft  en  cenfive ,  & 
\oi,part  Se  portion.  Ce  mot  de  lot  lignifie  quelque- 
fois dans  les  Coutumes  ,  un  certain  cens  ,  ou  trioiit , 
qu'on  lève  fur  les  perfonnes  j  fur  les  héritages ,  ou 
lur  la  marchandife. 

Lot,  fe  prend  quelquefois  dans  un  lens  burlefque  & 
figuré  ,  pour  iîgnifier  une  portion  de  quelque  choie , 
comme  gros  lot ,  pour  figniher  ce  qu'il  y  â  de 
meilleur  Se  de  plus  confidér.able  dans  cette  chofe. 
Portio.  Le  don  d'ennuyer  eft  Ion  lot. 

Le  bel  efprit  au  fiècle  de  &4arot , 

Des  dons  du  Ciel  p.ifoit  pour  le  gros  lot.  Des-H. 

Lot.  f  m.  Meûiie  des  liquides.  Ménage  fe  contente 
de  dire  dans  fo)i  Dittionnairc  Etymologique  ,  qu'cn- 
tr'aunes  fignifications  de  ce  mot  j  il  fe  prend  pour 
unemefurede  chofes  liquides  ^  &  ncas  renvoie  a.i 


LOT 

Gloflaire  de  Du  Cange  ,  qui  ne  dit  licli  de  plus.  En 
Flandre  ,  où  le  mot  de  lot  cil  encore  en  ufage  dans 
ce  (ens-là  ,    c'ell  un  peu   plus  de  deux  pots  ,   nie- 
lure  de  Paris  :&  c'ell  ce  que  dit  c^prellcmciu  Cot 
grave  dans  fon   Dicirionnairc    lrani.(Hs-Anglois.  lio- 
rel  remarque  dans  Ion  Trclbr  de  Recherches  «Se   Kn 
tiquirés  Gauloifes  ,  fur  le    mot  Monnaie ,  fécondes 
Additions,  qu'en   1551.  le  lotàc  vin  ne  valoir  que 
deux    deniers.    M.  Cofle ,  Note  g.  fur   le  2.  cha- 
pitre du  II.  L.  des  EJJais  de  Montagne  ,  qui  rapporte 
ce  Fait  :  J'ai  vu  un  grand  Seigneur  de  mon  temps  , 
perfonnage  de  hautes   entrcpriles  ,   &  fameux    (uc- 
cès ,  qui  (ans  eftort ,   &  au  train  de  fes  repas  com- 
muns ,  ne  beuvoit  guère   moins   de  cinq  lots    de 
vin. . .  . 
L  o  T.     Nom     d'une    rivière   de    France.    Ola  ,    ol- 
dus.  Elle  prend    la   tource  dans  les   montagnes  des 
Sévennes ,  baigne   Mende   dans  le  Gévaudan ,   En- 
traigue  dans  le  Rouergue ,  Cahors  dans  le  Quercy  ; 
&  après  avoir  traverlc  TAgennois,  elle  fe  déchari^c 
dans  la  Garonne.  Maty. 
LOTS  &  VENTES.  Foyei  Lods. 
îfT  LOTE,  ou  LOTTE,  f.  f.  Pollfon  de  rivière  fort 
eftimé ,   peu  diftérent  de  la  murtelle  de  mer.    Elle 
a  un  barbillon  au  bout  de  la  mâchoire  de  delîous  j 
la  queue  en  forme  d'épée  ,  le  corps  couvert  de  pe- 
tites écailles  ,  de  couleur  mêlée  de  roux  Se  de  brun , 
avec    des  petites    taches    noires    en  ondes.    Lota , 
mufiella  fluviatilis. 
LOTERIE,  f.  f.  Jeu  de  hafard  ,  où  l'on  met  des  lots 
de   marchandifes ,  ou  des   fommcs  d'argent  §CF  qui 
font  diftribués  à  ceux  auxquels  le  halard  fait  tom- 
ber des    billets   favorables.    Sortitio  ,  fortitus.    On 
mêle  plufieurs  billets  noirs  &  blancs  ;   fur  les  uns 
font  infcrits  les  lots  mêmes  ,  ou  les  numéros  qui 
marquent  un  bon  lot ,  &  fur  les  autres  rien  :  chacun 
enachette  telle  qumtité  qu'il  lui  plaît ,  à   un  certain 
prix.  Ces  billets  iont  enfuite  diftribués  au  fort  ;  quel- 
ques uns  tirent  de  bons  lots ,  ou  les  bons  billets ,  & 
la  plupart  des  autres ,  rien  du  tout.  Il  s'eft  fait  plu- 
fleurs    loteries  en  Angleterre  &:  en  Hollande    par 
permillion  du  Magiftrat.  On   en  fait  aulll  plufieurs 
en   France    par    permiiîion  du   Roi ,  en  faveur  des 
Hôpitaux ,  i&cr.    Tirer  une   loterie  ,  ouvrir  une  lote- 
rie  _,  fermer  une  loterie.  M.  le  Clerc  a  fait  un  petit 
Traité  fur   ce  qu'il   peut   y  avoir  de    louable  ou  de 
bJâmable  dans  les  loteries.  Le  L.  de  Gregorio  Léti 
fur  les  loteries ,  a  fait  bien  du  bruit  en  Hollande , 
&  a  attiré  bien  des  affaires  à  fon  Auteur.  Nous  avons 
un  bon    Traité  des  loteries  par  le  Père  Méneftrier  , 
imprimé  à   Lyon  in- 12.  en  1700.  Il  y  a  parlé   de 
leur  origine  ^  &  de  leur  ufige  parmi  les  Romains. 
Il  en  a  djftingué  plufieurs  efpèces  ,   &  par  occahon 
il   a  parlé  des  forts ,   &  traité  divers  cas  de  con- 
fcience  touchant  ces   loteries  ^  dont  quelques  fcru- 
puleux    fembloient  décrier   l'ufage  comme   illicite. 
I^oye-[  encore  fur  les  loteries  ,  de  la  Mare  j  Traité 
de  Police,  L.  III ,  Tit.  IV ,  c.  2  ,  p.  44p.  &  Juiv. 
On  donne  encore  le  nom  de  Loterie  à  un  certain 
jeu  de  cartes  qu'on  a  inventé    en   conformité   des 
véritables  loteries  ,  &  qui  eft  des  plus  amufans.  Il 
fc  joue  avec  deux  jeux  de  cartes  complets  ,    dont 
l'un  fert  à  faire  les  lots  de  la  loterie  ,  &  l'autre  les 
billets.  On  y  joue  jufqu'à   dix    ou  douze  ,  &  pas 
moins  de    quatre  ou   cinq.    La    partie  dure  jufqu'à 
ce  que  le  fonds  de  la  loterie  toit  tout  tiré  ,   &  ce 
fonds  conllfte  en  un  nombre  d'elpècesou  de  jetons 
que  chaque  Joueur  fournit  également  à  la  malle  que 
l'on  met  tout  enfemble  au  milieu  de  la  table,  f^oye:^- 
en  les  règles  dans  l'Académie  des  Jeux. 
3THAIRE.   (.    m.   Nom    d'homme.   Lotharius.    \Jn 
des  fils  de  l'Empereur  Louis  le  Débonnaire ,  eft  le 
premier  qui  ait  porté  le  nom  de  Lothaire  ,  qui    ne 
fe  trouve  que   dans  le  IX^  &   X^   fiècle.  Dans  ce 
temps .  cinq  ou  fix  Princes  l'ont  porté.  Lothaire  I. 
Empereur ,  fils  de  Louis  le  Débonnaire  ;  Lothaire  II. 
Empereur ,  Duc  de  Saxe ,  fils  de  Gebhard ,  Comte 
d'Arnsberg  ;  Lothaire  ,  Roi    de    Lorraine ,  qui  lui 
donna  fon  nom  ,  Se  qui  étoit  fils  de  Lothaire  I.  Lo- 


LOT  ^39 

tkaîre  fils  de  Hugues ,   Comte  de   Provence  ,   que 
fon  père  fit  Roi  d'Italie  en  952.  Si  Lothaire  XXX« 
Roi  de  1  rance  ,  qui   ("uccéda  à  Louis  IV.  fon  pèra 
en  9j6.  léloii  la  Chronologie  de   Du  Tiller. 
LOTHIANE.    f   f.  Laudania.    Nom  d'une  province 
de  lEcollc  méridionale,  bornée  au  fud  par  la  Mer- 
che,  laLauderdale  Se  la  Tuwedale  ;    au    couchanc 
par  la  Ciuydifdale  ,    &    le   Comté  de  Sterling;  au 
nord  par  le  golfe  d'Edimbourg ,  &  au  levant  par  la 
mer  d'Allemagne.  Ce  pays  peut  avoir  environ  dix- 
huit  licucs  du  couchant  au  levant ,  Se  cinq  ou  fix 
du  nord  au  (ud.  Il  eft  allez  fertile.  Se  divifé  en  trois 
Bailliages  ,  qui  prennent  leurs  noms  de  trois  tic  ces 
villes,  qui  Iont  Edimbourg  ,  capitale  du  Royaume  ; 
Linlitquo    &    H^ddington  ;   outre    lefquelles   on   y 
remarque  encore  Lytk  ,  Dalkel ,  Dumbar  Se  Nort- 
Berwick.  Matv. 
LOTHIER.  1.  m.  Vieux  mot  j  qui  s'eft  dit  autrefois 
pour  ce  que  nous  appelons   aujourd'hui    Lorraine. 
Lotkaringia.    Jean  ,  par  la  grâce   de  Dieu ,  Duc  de 
Luthier,  de  Braibant  Se  de  Lembourc.  C'eft  le  com- 
mencement d'une  publication  de  paix' de  l'an  1 300  , 
entre  le  Duc  de  Lorraine  Se  le  Duc  de  Brabanr. 
LOTIDE.  (.   f.  Terme   de    Mythologie.    Nom   d'une 
Nymphe.   Lotis.   Cette    Nymphe  voulant  éviter  la 
violence   que  le   dieu  Priape  lui  vouloir  faire  ,  fut 
changée  en  arbre,  auquel  elle  donna  le  nom.  Lotus. 
Quelques-uns  ,    &  Ovide  même  ,  Métamorphofes  , 
L.  IV  j  V.  348.  la  nomment    Lotos  ,  ou  Lotus.  Il 
ne  hut  point  la  contondre  avec  Dryopé  ,   qui    fut 
aufli  changée  en  Lotus  ,  comme  Ovide  le  décrit  au 
même  endroit. 
§Cr  LOTIEN.   Nom  d'une    ville  de  la  Chine  ,  dans 
la  province    de   Huquang  ,  département  de    Hoan- 
cheu. 
LOTIER.  L  m.  Plante  qui  poufTe  plufieurs  tiges  me- 
nues ,  jcttant  des  queues   qui  foutienncnt  chacune 
trois    feuilles    en    leur    extrémité ,  Se   deux    autres 
feuilles  en  Icurbafe,  femblablesà  celles   du   trcHe, 
d'un  goût  aftringent.  Lotus.  Ses  Heurs  font  ramalfées 
les   unes  proche  des   autres  comme    en   ombelle , 
légumineufeSj  jaunes,  quelquefois  verd.âtres ,  fem- 
blables  à  celles  du  genêt ,  contenues   dans  des  ca- 
lices   dentelés  faits  en  cornet.    Lorfque   ces    fleurs 
font  paflccs  ,  il  leur  (uccède  des  goullès  qui  renfer- 
ment des  femences   prefque  rondes ,   ou   ayant   la 
figure  d'un  petit  rein.  Sa  racine  eft  ligneufe  ,   divi- 
fée  j  longue  j  noire ,  garnie  de  fibres  j  rampante. 
Cette  plante  eft  déterlive^  apéritive  j  vulnéraire.  En 
Latin  Lotus  five  Melilotus  pentaphyllos  minor  gla- 
bra.  C.  Baoh.  Pin.    jj2.    Il  y  a  plufieurs   efpèces 
de  lotier.  |G°  La  plus  iîngulière  eft  celle  qu'on  ap- 
pelle Trèfle    mufqué ,    ou  faux   baume  de    Pérou , 
plante    annuelle    qu'on    cultive   dans  les  jardins  à 
caufe  de  fa  bonne  odeur.  Trifolium  odoratum  y  me- 
lilotus major,  odorata  ,  violacea. 
LOTING.  Ville   de    la  Chine ,  dans    la  province  de 
Peking  ,  au    département   de    Jungping  ,  huitième 
métiopole    de  cette    Province.  Il  y  en  a  une  aurre 
dans  la  province  de  Quantung ,  qui  tient  le  rang  de 
grande   cité. 
LOTION,  f.  f.  Terme  de  Chymie  ,  qui  fignifie  Ablu- 
tion ,    aélion    de    laver.    C'eft     la    même    chofe 
qu'Edulcoration  ,  qui  eft  plus  ufité.  C'eft  une  pré- 
paration de  médicamens,  qui  fe   fait  en  les    lavant 
de    quelque     liqueur  ,  foit    qu'elle  fe  falle  légère  ^ 
pour  en    ôter    feulement  les  ordures  ,  foit  qu'elle 
loit  pénétrante  ,  pour  en  emporter  quelque  lel ,  ou 
efprit    corrofif ,    comme    la  lotion  de    l'antimoine , 
des  précipités  ,  des    magiftères  ,  &c.   foit  pour  ôter 
quelque    mauvaife    qualité  du   remède  ,    ou  lui  en 
communiquer    une  bonne.    Lotio.  ffT  On  tire  des 
fels  d'un   mixte  par  plufieurs  lotions   réVtérées.    En 
Métallurgie  on  dit  Lavage.    Foye:i  ce  mot.  On  fait 
aulFi   des  lotions  pour  déterger  les  plaies ,   fortifier 
quelques  membres  j  amollir    quelque    tumeur  ,  é-f. 
Lotion  ,  eft  auifi  un  remède  qiii  tient  le  milieu  entre  la 
fomentation  Se   le  bain.  Lotlo  fomentitia.    Il  y   en 
a  de  rafraîchillàntes    Se  de  fomnitères  pour  les  fé- 


6.10  L  O  T 

biicifaîTS,  faites  de  piufieurs  fcuilks  ,  4--eurs  «Sj  ï.i- 
cmcs  bouillies  ,  dont  on  Lr.c  les  pieds  Se  les  m.iiiis 
des  malades,  les  enveloppant  dans  des  linges  trem- 
pés dans    la  me-me  décoction  ,  jnlqu'à  ce  qu'ils  le 
deljèchcnt.  On  £ùt  aullii  une  loclon  pour  la  tcte  & 
les   clteveux  ,  avec   de  la  cendre   de  (arment.  Il  y 
en  a  d'autres  pour  les  faire   croître  ,  ik  pour  les 
maladies  de  la  peau. 
Lotions  des  Philosophes.  Terme  de   Chimie.  C'cft 
une  cohobation  que  fait   la  nature    de  ce    qui    c!i: 
élevé  ,  &  qui  retombe  au  fond  du  vaiHeau   Inr  le 
corps  noir.   F'oys^  Lavement  des  Philosophes. 
LOTIR.  V.  a.  Faire  des  lots ,  des  portions  de  fu.ccf- 
fions  à  partager  entre  plulieurs  peribnnes.  Inpr.nes 
dividtrc  ,  fordri  ^paniri.Ds.ns  ce  i'ens,  on  dit /ofir  une 
fucceiiîon  ,  ou  ies  c*iets d'une  iiiccelFion.  il  fe  dit  aûlii 
de  toutes  lesautreschofesqu'on  partage  entre  plulieurs 
§5°  Dans  ce  lens  on  dit  de  plulieurs  Marcliands  ,  qu'ils 
lotijjlnt  un   foiîd   de  boutique  qu'ils  ont  acheté  en 
comuiuii.  Mais  on  le  dit  particulièrement  des  Mar- 
chands   forains ,  qui ,  par  les  ordres  de  la  Police  , 
font    obligés  d'apporter    leurs  marchandiies   en  un 
Burcm  public  pour  les  lotir,  c'eft-à  dire,  en  faire 
pluheurs  lots,  afin   que  chaque    Maître  du   métier 
en   puillc  avoir  un  lot ,  pour  empêcher  les  mono- 
poles des  gros  Marchands  ,  qui  ruineroient  les  pe- 
tits ,  en  achetant  toute  la  marchandife  qui  viendroit 
de  dehors.  Les  Gantiers ^  les  Chaulletiers,  6y.  vont 
acheter  au  Bureau,  où  on  lotit  les  marchandiies  de 
leur  métier. 

Du    mot     allcui  cft    venu    ce    que  nous  appe- 
lons lotir ,  pour  partager  une  choie  qui  eft  ccniive  , 
&  lot ,   pour    part  ik  portion.    Pasq,uier  ,  Rech. 
L.  II,  c.  I  ). 
LOTI  ,  lE.  part.  &  adj.  In  partes  divifus. 

On    dit  proverbialement  ,  qu'une    perfonne    eft 
bien  lotie  ,  quand  elle  a  mal  rencontré  dans  le  choix 
qu'elle  a  fait  ,  ou  en  quelque  chofe  qui  lui  d\  arrivé 
par  hsfard.  Cecte  fille  a  époufé  un  gueux  ,  la  voilà 
bien  lotie. 
LOTISSAGE.  f.  m.  C'cft  la  divifion  que  l'on  foit  de 
quelque  chofe  en  divcrfcs  parts ,  pour  être  tirée  au 
fort  entre  plulieurs  perlonne;. 
tpF  Ce  terme   n'eft  guère   uiîté    que    parmi  les  _  A'Iar- 
chands  de   Paris   qui   lotilîènt  les  marchaydiles  fo 
ivjnes. 
CCTLonssAGE.  Terme  de  Métallurgie.  C'efl  une  opé- 
ration qui  confifte  à  faire  un  tas  avec   le    minéral 
pulvérifé  ,  et  à  prendre  dans  diftérens  endroits  du 
monceau  ,    &  même  dans  fon   intérieur,  de  quoi 
en  fjire  l'ellai ,   pour  procéder  avec  plus   d'exacti- 
tude. 
^CTOn  connoîr  par  ce   moyen  la  quantité  de  métal 
que  contient  la  mine.  Amli  cette  opération  eft  très- 
importante. 
LOnSSEMENT.  f.  m.  C'eft  la  même  chofe  que  Lo- 
Cfllage.  Ce  terme  eft   très  nouveau  ,   &  l'on  ne  le 
l-javicnt  paS'  de  l'avoir  lu  dans  aucun  Règlement , 
avant    celui  du    4   Mars    1724.  pour  les    verre^s    à 
vitres  ,deftinés  à  la  fourniture  de  Paris,  ou  Ion  dit 
toujours  Lotijfetnent ^  è'c  jamais  Lotiilage.    DicT.  de 
Co.MM. 
LCynSSEUR.   l.  m.   Celui  qui  bit  les  lots  des   mac- 
chiandifes.  Qui  dividit  in  partes.  Partitor.  Il  y  a  des 
Lotijfeurs  de   cuirs,  créés  en  titre  d'Ofiice  par  Edit 
du   mois  de  Juin  i<5i7. 
LC/TIZÉ.  adj.    Terme  de   Coutume.  Parti,  partage, 
c'ivifé   en  lots ,   par   lots.    In  partes    divijits.    Fief 
lo;i-^é. 
LOTOP'HAGE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  quelques  anciens 
peuples  d'Afrique.    Lotophagus ,  a.  Les  Lotophages 
croient  ain(^  appelés^  patcc  qu'ils  vivoicnt  du  fruit 
du  lotus.  Les  Lvtopkas;es  habitoient  fur  la  cûte  d'A- 
fiique  ,  vis  .\  vis  des  Syrtes  ,  ou,  comme  dit  Pline, 
dans  le  fond  du  golfe  de  la  grande  Syrte;  c'eft  cchù 
que  nous  appelons  gobe  de  Sidra.  Ainfi  ,  les  Loto- 
f  liages  habitoient  la  côte  de  Barbarie  ,  où  font  au- 
jourd'hui  Cafar  ,  Sarton  ,  Sabcio  ^  Satitores  ,  Tim  , 
Lareudia  ,  ou,   pour   le    moins,   quelques-uns  de 


L  OU 

ces  lieux.  Il  y  en  avoit  aulïi  plus  à  l'occident,  vers 
la  petite  Syrte. 

Ce    nom    vient  de   ?.W®' ,   lotus  ,  &  4^7:,«^^;,  ^j 
mange.  Nous  ne  pouvions  pas  lavoir  luv  quels  riva- 
ges nous  étions  ;  on  me  rapporta  que  les  to:opha°ts 
.  en  étoient  les  Maîtres.   Ils  ne  vivent  que  de  fruits , 
qui   font  d'un  goiàt  merveilleux.    Ils  reçurent  fort 
honnêtement  ceux  que  j'avois  envoyés.  Ils    leur  ii- 
rent  part  de  leurs  ftuits  ,  dont  ceux  qui  en  mangè- 
rent furent  enchantés  ;  car  il  eft  vrai  que  leur  dou- 
ceur  eft   charmante  :  en   effet ,  tous  ceux  qui  en- 
mangent ,  oublient  tout  ce  que  leur  propre  pays  a 
déplus  agréable -,  ils  ne  le  louviennent  plus  de  leurs 
païens ,    ni  de  leurs   amis  -,  ils  ne  peuvent   fe  dé- 
fendre contre  les  délices  de   ce  huit.  Je  fus  obligé 
d'enlever  d'entre  ces  peuples  ,  ceux  qui  étoient  allés  . 
découvrir  le  pays.   Ils  s'en   trouvoient  fi  bien  ,  qu'il 
fallut    ufer  de  violence  pour   les  faire  rentrer  dans 
les  vailleaux.    De  la   Valterie  ,  Trad.  d'Homire, 
Odyjf.  L.  IX.   C'eft  Ulille  qui  parle.  Le  lotus  que 
les  Lotophages  mangcoient ,  etoit  celui  qu'on  nom-  ' 
me  autrement  Micocoulier.  "Voyez  Lotus. 
LOTOl'HAGITE.    Nom  d  une   île  d'Afrique.    Loto- 
ph.igues.   Cette  Ile  étoit  habitée   par   des  Lotopha- 
ges. On  la  nomme  aujourd'hui  l  Ile  de  Gerbes.  ,San- 
lon  dit  l'Ile  de  Gelbes  ;  quelques  uns  écrivent  Gcl- 
ves ,  &c  dilent  que   c'eft  le  nom  que  les  Étpagnols 
lui   donnent.    Elle  eft  fur  la  côte  de  Barbarie  ,    3 
l'entrée  du  golfe  de  Carpes ,  du  côté  de  l'orient. 
LOTOS,  eu  LOTUS.   Foye^  Lotide. 
•LOTTERIE.    Foyei   Loterie. 
LOTTIR    Foyei  Lotir. 

LOTUNG.  Ville  de   la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Queicheu ,  au   département  de    Tucho  _,    huitième 
métropole  de  la  Province. 
LOTUS,  f  m.  Plante  qu'on  appelle  autrement  Lotier 

Foye-{  Lotier. 
Lotus  ,ié  dit  auiîi  d'une  autre  forte  de  plante,  dont  parle 
Diolcoride  ,  qui  croît  en  Egypte  _,  au  bord  du  Nil. 
Sa  tige  rellembleâ  celle  de  la  fève  ,  &  il  poulie 
quantité  de  fleurs  blanches  comme  celles  du  lis.  Ces 
Heurs  fe  reilerrent  ,  &c  plongent  la  tète  dans  l'eau , 
quand  le  foleil  fe  couche-,  &  elles  fe  redreiïènt 
quand  il  paroît  fur  l'horizon.  Il  porte  une  tête  Se 
une  graiiie  comme  le  pavot,  lemblable  au  millet^ 
dont  les  Egvpticns  faifoient  autrclois  du  pain  ,  com- 
me le  die  Théophrafte.  Cette  plante  a  une  racine 
faite  comme  une  pomrae  de  coin ,  qui  eft  bonne 
à  manger  crue  &  cuite.  Quand  elle  eft  cuite  ,  elle  a 
la  même  qualité  que  le  moyeu  d'un  œuf.  C'ell:  une 
efpcce  de  nénuphar,  que  quelques  uns  appellent 
Nymphjia  alha  iiuior  ^gyptiacd  ,  five  lotus  j¥.- 
gyptia.  Perfonne  n'a  bien  décrit  cette  plante  que 
Profper  Alpin  ,  dans  fon  fécond  Livre  des  Plantes 
exotiques j  ou  étrangères,  c.  16  ,  p.  ^41.  Pline 
parle  d'un  lotus  qui  avoit  plus  de  4)0  ans ,  L.  XFI , 
c.  44..  Le  lotus  étoit  une  eipècc  de  lis,  dont  Héro- 
dote dit  que  l'on  failoit  du  pain.  Pictro  délia  Falle. 
Le  lotus  ,  la  fleur  du  lafran ,  &  celle  du  jacinthe 
compofoient  les  couronnes  printanières.  Athénée  , 
en  Ion  L.  III ,  dit  que  le  lotus  produit  une  lieur 
propre  pour  les  couronnes.  Théophrafte  dit  que 
la  rieur  du  lotus  écoit  trois  fois  plus  grande  cius 
celle  du  pavot.  l'oye\  Triftan ,  T.  I ,  p.  s"?  > 
&  fuiv. 

Il  y  a  encore  un  arbre  qu'on  appelle  Lotus  ,  qui 
croît  en  Afrique.  On  l'a^jpelle  autrement  Micocju- 
lier-.,  il  porte  un  fruit  tort  agréable ,  &c  qui  a  donné 
le"  nom  de  Lotophages  aux  peuples  qui  habitent 
la  contrée  où  il  croît.  Foy.  Micocoulier. 

L  O  U. 

LOU  ,  ou  LOUR.   Foyei  Leu. 

LOUABLE,  adj.  m.  &  f.  Ce  qui  mérite  d'être  loué, 
ce  qui  eft  di^ne  de  louange.  Laudakïlis ,  digr.us 
Liude.  Les  vertus  font  louables.  Toutes  ies  bonnes 
qualités  j  les  bonnes  aélions  ,  les  bonnes  dodiines, 
font  louables.    Il  doit  être  indifférent  d'être  loue , 

mais 


L  O  U 


mais    non    pas   de    fiiic  des   chofcs   louables. 

Louable,  cil:  le  titre  d'iior.neuf  que  les  Stiillcs  iiirem- 
blés  en  corps,  le  donnent  ordinairement.  Laudaln- 
lis.  Les  Louables  Cantons  de  Zurich  ,  de  Ber- 
ne ,  ic. 

Ip"  Louable,  fc  dit  aullî  de  ce  qui  cft  de  la  qualité 
dont  il  doit  être  dans  ion  genre.  Ainfi  l'on  dit  en 
Médecine  que  les  matières,  que  les  déjcélions  l'ont 
louables.  On  fit  une  incihonau  nombril,  qui  ctoit  cx- 
traordinaircmcnt  enlié  ;  il  en  loriit  luut  ou  dix  pin- 
tes de  pu^  louable.   DtGORi. 

LOUABLEMENr.  adv.  D'une  manière  louable.  Lau- 
dahilïter.  Ce  Religieux  fe  comporte  fort  louablemenc 
envers  Tes  Supérieurs. 

LOUADE.  f.  f.  Terme  de  Coutumes.  Voyt-^^  Laude 
&  Leude. 

(t? LOUAGE,  f.  m.  Tranfport  de  l'ullige  d'une  chofc 
pour  un  certain  tems,  moyennant  un  certain  prix. 
Locutio,  conduclus.  On  entend  par  ce  terme  l'action 
de  celui  qui  loue,  6c  l'adion  de  celui  qui  prend  à 
loyer.  Il  comprend  les  baux  à  ferme,  aulîî  bien  que 
les  baux  à  loyer.  Donner  à  louage  ,  prendre  à  louage , 
tenir  a  louage.  Le  contrat  de  louage  diitere  du  con- 
trat de  vente  ,  de  la  donation,  du  prêt,  6c.  En  par- 

I  lant  de  la  cliole  qu'on  loue  du  maitre  ou^  proprié- 
taire ,  on  dit ,  un  carolFc  de  louage.  Un  pré ,  une  niai- 
fon  qu'on  tient  à  louage ,  qu'on  a  prife  à  louage.  Un 
cheval  de  louage  n'ell  eftimé  en  juftice  que  cinquante 
livres,  &  en  parlant  du  prix  qu'on  donne  de  la  chofc 
louée,  on  dit  :  il  m'a  tant  coûré  en  louage  de  maifon. 
Je  paye  trop  cher  ce  louage.  Le  Roi  paie  le  louage 
des  Bureaux.  Le  tejns  du  louage  étant  fini,  le  loca- 
taire a  huit  jours  pour  vider,  après  lelquels  on  l'y 
contraint  par  exécution  &  mile  de  fes  meubles  fur  le 
carreau. 

'fJ  Louage  de  tems  &  d'induflrie  ,  efi:  celui  qui  fe  fait 
par  des  ouvriers  ,  des  domcftiques  qui  le  louent  pour 
un  certain  tems,  pour  faire  quelques  ouvrages,  ou 
pour  fervir,  à  la  charge  de  recevoir  le  lalaire  con- 
venu. 

On  appelle  dans  un  tableau  figures  de  louage ,  ou 
figures  à  louer,  certains  perlonnages  inutiles  &  defti-' 
r,js  uniquement  à  frire  nombre.  DicT.  de  Peint.  & 
d'Arch. 

On  dit  proverbialement,  vente,  mort  &  mariage  , 
rélolventrout /o«a^6' j  ce  qui  n'ell  pas  néanmoins  ob- 
lervé ,  puifqu'il  ell:  certain  qu'en  cas  de  mort  les  héri- 
tiers du  bailleur  ou  du  preneur,  font  obligés  de  tenir 
les  beaux.  On  dit  aulîI  vendue  ou  achat ,  palfe  louage. 
Vendue  veut  dire  ici  vente.  Le  proverbe  eft  vrai, 
puilque  le  louage  ne  donne  que  l'ulage  de  la  chofe, 
mais  la  vente  ou  l'achat  tranfportent  le  domaine  &  la 
propriété  du  vend':ur  à  l'acquéreur. 

LOUAGER.  f  m.  Vieux  mot  qui  s'cft  dit  pour  louage. 
Il  s'eft  aullî  dit  pour  locataire.  Voyez  ces  mots. 

LOUAN.  f.  m.  Nom  d'homme  Linentlus.  Chaste- 
LAiN  ,  au  iS'  de  Janv.  p.  44J. 

LOUANDIER.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans 
les  Coutumes;  il  lignifie /ocari?irc.  Conduclor. 

LOUANGE,  f.  f.  Témoignage  d'eftime  qu'on  donne  à 
la  vertu j  au  mérite,  dilcours  par  lequel  on  relève  le 
mérite  de  quelqu'un ,  de  quelque  choie.  Laus ,  lau-  \ 
datio.  Les  Panégyriques  ,  les  Oraifons  funèbres ,  lont  * 
des  diicours  à  la  louange  des  Saints  &:  des  grands  hom- 
mes. Il  faut  beaucoup  d'arc  &:  de  délicatelîe ,  pour 
bien  allailonner  les /ci<vj/;^<;j-.  Bell.  On  proftitue  au 
jourd'hui  les  louanges  fins  choix  &  fans  dilHndrion. 
Id.  La  louange  cft  une  fl.itterie  délicate ,  qui  fuisfait 
différemment  celui  qui  la  reçoit  &  celui  qui  la  doniie. 
L'un  la  reçoit  comme  une  recompenle  de  fon  mérite  , 
Imitrc  la  donne  pour  fiire  remarquer  Ion  elprit  i!v' 
fon  difcernement.  La  Rochef.  On  a  rendu  les  louan- 
I  ges  fi  communes,  &  on  les  donne  h  indiftéremment 
à  tout  le  monde ,  qu'on  ne  fait  plus  qu'en  conclure. 
Cette  profufion  de  louanges  eft  fi  abondante ,  qu'il  eft 
furprenant  qu'il  y  ait  des  perfonnes  qui  en  foient  £, 
avides,  &  qui  amairent  avec  tant  de  foin  celles qu'ort 
leur  donne.  Log.  La  modellie  qui  femble  rcfufer  des 
louanges ,  n'eft  en  etfec  qu'un  uciir  d'en  avoir  de  plus 
Tome  y. 


LOU         641 

délicates.  La  Roch.  On  eft  fi  avide  de  louanges , 
qu'on  les  a  difpcnfées  de  la  jullelle  &  de  la  v-nté! 
Font.  J'aimerois  mieux  entendre  des  injures  que  les 
louanges  triviales;  que  certaines  gens  proftituent  à  tous 
vcnans,  fins  difcernement  tk  fans  choix.  Bell.  Les 
louanges  grollièrcs  font  honte;  les  louanges  ^na  Hat- 
tcnt  la  vanité  ,  fins  blellèr  la  modellie.  BouH.  On 
cherche  moins  la  vertu  que  les  louanges  qui  y  font 
attachées.  Disc.  d'Él.  Quel  relief  peuvent  vous 
donner  les  louanges  que  des  fots  vous  prodiguent? 
BtLL,  La  louange  agréable  eft  l'anie  des  beaux  vers. 
BoiL.  Il  n'y  a  point  de  Prédicateur  fi  décrié,  qui  ne 
cherche  dans  les  yeux  de  fes  auditeurs  des  louanges 
que  tout  le  monde  lui  refufe.  Bell.  Les  louanges  tu- 
mulfueules,  données  par  bienféance,  ou  par  coutu- 
me, m'importunent  plus  qu'elles  ne  me  plaifent.  M. 
ScuD.  Les  louanges  ne  (ont  croyables  ,  que  quand  on 
a  la  liberté  de  blâmer.  Qu'eft-cc  que  la  plupart  ces 
louantes  dans  le  ftyle  du  monde;  Vous  le  lavez,  des 
menlonges  obhgeans  ,  des  exagérations  oflicieufes, 
des  témoignages  outrés  d'une  eftime  apparente  ,  Se 
qui  ne  vient  ni  de  la  raifon  ,  ni  du  cœur,  fouvcnt  des 
contre-vérités  déguifées  &  couvertes  du  voile  de 
l'honnêteté,  des  termes  fpécieux&  honorables,  mais 
qui  ne  hgnifient  rien;  en  un  mot,  des  impoftures 
dont  les  hommes  entr'eux  fe  font  un  commerce  ,  & 
dont  leur  vanité  fe  repaît.  Bourdaloue.  Le  même 
Perc  Bourdaloue  a  dit  dans  fon  oraifon  funèbre  de 
Louis  de  Bourbon,  Prince  de  Condé.  C'étoit  un  Hé- 
ros ennemi  de  la  louange ,  même  la  plus  fincère  ;  car 
il  etoit  difticile  qu'on  lui  en  donnât  d'autre;  mais  c'é- 
toit allez  qu'elle  fût  louange ^  pour  qu'il  ne  pût  la 
foutenir. 

Pour  un  cœur  qui  cherche  la  gloire,  * 

Les  louanges  ont  mille  appas  ; 
Mais,  belle  Iris,  il  m'en  faut  croire  , 
Qui  les  dejire  trov  ,  ne  les  mérite  pas.  M.  Scud. 

Ce  breuvage  vanté  par  le  peuple  rimeur 
Ce  nectar  que  l'on  fen  au  Maître  du  tonnerre , 
Et  dont  nous  enivrons  tous  les  dieux  de  la  terre , 
C'ejl  la  louange.  La  Font. 

L'or  Je  peut  partager ,  mais  non  pas  la  louange. 
Le  plus  grand  Orateur,  quand  ceferoit  un  Ange  , 
Ne  contenteroit  pas  ,  en  fembables  dejfeins  , 
Deux  Belles ,  deux  Héros,  deux  Auteurs ,  ni  deux 
Saints.  La  Font. 

Ce  mot  vient  de  laus  ;  Se  laus ,  félon  quelques- 
uns  ,  vient  de  aï'-î  ,  peuple ,  parce  que  la  louange  eft 
la  voix  du  peuple  qui  loue. 

Louange,  lignifie  quelquefois,  remercîment,  bénédic- 
tion. Les  grâces  commencent  par  ces  mots  :  Louange 
à  Dieu ,  paix  aux  vivans ,  Se  repos  aux  morts.  L'Ecri- 
ture dit  auHî  :  Je  te  facrifierai  une  hoftie  de  louan<ie. 
Pf.so. 

Louange,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Vos 
mépris  vous  fervent  de  louanges  ;  ce  qu'on  appelle  ni^Ék. 
compliment  de  la  place  Maubert,  qu'on  méprife  par-^ 
ce  qu'il  eft  trop  commun  ;  aufli  ne  fe  dit  il  plus  qu'en 
badinant.  On  dit  à  un  homme  à  qui  on  montre  quel- 
que libelle  fait  contre  lui  ,  ou  quelque  exploit  par 
lequel  on  lui  demande  de  l'argent  :  Voilà  des  vers  à 
votre  louange.  On  dit  .aufli ,  la  louange  de  foi  même 
eft  une  couronne  de  merde ,  ce  qui  eft  un  proverbe 
Italien, Laude  di/e  flejjo  corona  di  merda,  ou  bien,  Chi 
fe  lauda  s' embroglia. 

LOUANGER.  v.  a.  Vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois 
louer.  Laudare  ,  celebrare.  On  ne  le  dit  qu'en  plai- 
lanterie.  C'eft  un  homme  qui  veut  qu'on  le  louange 
fur  tout  ce  qu'il  fait. 

LOUANGEUR,  f  m.  Qui  donne  des  louanges.  Lauda- 
tor.  Il  ne  fe  dit  que  par  mépris.  C'eft  un  fade  louan-  • 
geur.  C'eft  un  louangeur  à  gages.  On  appelle  aride 
louanpeur ,  un  homme  qui  ne  loue  pas  les  chofcs 
autant  qu'elles  le  méritent.  Ac.  Fr.  Je  ne  luis  pas 
Louangeur.  Bu  s  s  y. 

M  m  m  lu 


6^1 


L  O  U 


|tJ-  On  dit  de  même  louangeufe.  C'efl:  une  louangeufe 
cteniellc,  faftidienfe.  Laudamx. 

LOVANGIRI  ,  ou  LOANGIRI.  Contrée  d'AFnque , 
dans  la  Balle-Ethiopie ,  au  Royaume  de  Loango. 

LOVANGO.  Foyc-i  Loango.  . 

•LOVANISTE.  f.  m.  Dodeur  ou  Membre  de  l'Univer- 
iiré  de  Louvain.  Lovanicnfis.  Les  Lovantflcs  ont 
donné  une  Traduction  de  Li  Bible  en  François.  L'E- 
dition de  S.  Augurtin  par  les  Lovani/les  ,  fut  imprimée 
par  Plantin.  On  cite  Ibuvent  les  Auteurs  ,  ou  Prohcl- 
feurs ,  ou  Membres  de  l'univerficé  de  Louvain ,  par 
le  nom  de  Lovan'ijlcs  ;  mais  ce  mot  ne  fe  dit ,  ni  des 
citoyens  de  Louv.un  ,  ni  de  quelque  autre  corps ,  que 
de  cette  Univerlité. 

LOVANOIS,  OISE.  f.  m.  ôc  f.  Qui  eft  de  Louvain. 
Lovanienfis.  Marlien  dit  que  les  Lovanois  (car  il 
allure  que  ce  mot  le  dit  )  font  les  anciens  Grudïi  de 
Céfar,  queS.anfon  prend  pour  ceux  de  Bruges.  Hadr. 
Vai.   kv.  Gall.  p.  2SS. 

fcrLOUANS,LOHANS,  ou  LOANS.  Petite  ville  de 
France,  dans  le  Ch'ilonnois,  à  fix  lieues  de  Chàlon  , 
à  quatre  de  Tournus  ,  dans  une  efpèce  dile,  entre 
trois  petites  rivières.  Lovincum. 

LOUBACÉ.    Foyei  Libessé. 

X.OUCERVE.  f.f.  Femelle  du  loup  cervier.  Lupa  cer- 
varia. 

Il  mefuffit  que  mon  troupeau  préferves 
Des  loups  ,  des  ours  j  des  lions ,  des  loucerves, 

AIarot. 

LOUCHE,  adj.  m.  ôc  f.  Qui  a  la  vue  de  travers ,  qui  re- 
garde de  travers  ,  ou  qui  femble  regarder  d'un  côté , 
'  &  regarde  de  l'autre.  Strabonus  ,  Jlrahus  ,  Jlrdho. 
C'eft  le  plus  Ibuvent  la  faute  des  nourrices  quand  les 
cnfans  deviennent  louches.  Les  louches ,  o^aznà  ils  ne 
le  font  pas  avec  excès,  ne  déplaifent  pas.  On  aimoit 
dans  le  Duc  de  Montmorenci  fon  œil  un  peu  tourné. 
Cela  s'appeloit  à  la  Cour  de  Louis  XIII ,  avoir  l'œil 
à  h  Montmorenci.  Mel.  Hist.  Les  Médecins  appel- 
lent/rj^z/wz^^j  la  maladie  qui  caule  la  diltorlion  & 
l'inégalité  de  la  vue^  ce  qui  fait  hs  huches.  Delcar- 
tes  avoir  de  l'inclination  pour  les  perfonnes  louches^, 
&  il  en  rapportoit  la  caufe  à  ce  que  ta  nourrice  l'é- 
roit.  De  ViGN.  Marv.  Dans  le  Paganifme,  on  con- 
lacroit  les  louches  au  fervice  des  autels. 

Ce  mot  vient  de  lufcus  ,  qui  hgniiîe /'or^/ie,  &: 
dans  la  balle  Latinité,  higle.  Nie. 

Louche  ,  fe  dit  aullî  de  ce  qui  eft  trouble,  qui  n'eft  pas 
bien  clair  j  fur  tout  du  vin  ,  des  pierreries ,  des  perles. 
Ohfcurus  ,  opacus.  Une  perle  qui  a  un  œil  louche.,  elf 
celle  qui  n'eft  pas  d'une  belle  eau,  qui  n'eft  pas  bien 
nette.  Du  vin  louche  qui  eft  trouble,  qui  pèche  en 
couleur. 

Louche  ,  fe  dit  figurément  en  Grammaire.  Cette  phra- 
fe,  cette  conftrudion  eft  louche  ,  c'eft  à-dire,  n'eft 
pas  bien  nette  ,  bien  jufte.  Une  exprelllon  louche  ,  eft 
celle  dont  le  fens  littéral  eft  double^  &:  ambigu ,  en 
^  forte  qu'elle  peut  fignifier  deux  chofes  diiiérentcs  en 
*  même  tems  ,  celle  qui  paroît  fe  rapporter  à  une 
choie  ,  &  fe  rapporte  à  une  autre  :  de  même  que 
l'homme  louche  paroit  regarder  d'un  côté  &  regarde 
de  l'autre.  Mais  une  phrafe  n'eft  point  cenfée  louche 
quand  elle  eft  déterminée  néceftairement  à  une  cer- 
taine lignification  par  le  fens  &  par  le  lujet. 

On  dit  proverbùilement  que  l'envie  eft  louche  j 
parce  qu'elle  ne  juge  jamais  iainement  des  adions 
d'autrui ,  qu'elle  ne  les  voit  que  de  travers. 

LOUCHER,  v.  n.  Avoir  la  vue  de  travers.  Torvis  ocu 
lis  incueri  ,  oculos  diforquere.  'Voilà  un  bel  ciifant , 
c'eft  dommage  qu'il  louche.  Il  fignifie  aulli  regarder 
de  travers ,  à  la  manière  des  louches.  Vous  vous  ac- 
■coutumez  à  loucher,  cela  vous  gâtera  la  vue. 
Régnier  l'a  fait  aftif  dans  ces  vers , 

Et,  me  prenant  au  ne-{,  loucher  dans  un  bajfin 

Des  ragoûts  qu'un  malade  offre  à  fon  Médecin. 

Régnier. 


L  O  U 

^LOUCHET.  f.  m.  Terme  d'Agriculture  &  de  Jar- 
dinage. Efpèce  d'hoyau  propre  à  fouir  la  terre.  Ileftn 
plat,  tranchant  ,    tiré  en  ligne  droite,  &   avec  fonj 
manche,  il  rell'emble  à  une  pelle.  Foyei^  Hoyau  et;  , 
Pelle. 

LOUDAIN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Ludanus.  ANorthjjJ 
en  Alface,  près  de  Strasbourg,  Saint  Loudain ,  Coti- 
felFeur.  Ch ast.  au  i  2.  de  Février.  Il  y  a  une  Eglife  du    j 
nom  de  Saint  Loudain  ,  près  de  Strasbourg.  Idem. 

LOUDIER.  (L'Acad.  ditLODIER).  Toyq  ce  mot. 

LOUDUN.  Nom  d'une  petite  ville  de  Fraiice,  capitale 
du  Lodunois  ,  en  Poitou.  Lodunum  y  Juliodunum, 
Laufdunum  ,  Lojdunum.  Elle  a  eu  titre  de  Duché ,  & 
elle  a  .aujourd'hui  lîege  de  Juftice,  tk  unWuxchâ. 
teau  fort  avantageufement  litué.  Elle  eft  à  neuf  ou 
dix  lieues  de  Poitiers,  vers  le  nord.  Maty.  Juliodu- 
num  n'eft  point  le  nom  de  cette  ville.  Les  premiers 
qui  lui  ont  donné  ce  nom  dans  leurs  vers  ,  font  Salo- 
mon  Macrin  ,  &  Scévole  de  Sainte- Marthe  ,  qui 
étoient  de  Loudun.  Us  ont  voulu  donner  du  relief  à 
leur  patrie,  en  lui  donnant  le  nom  de  Jules  Céfir. 
Val.  Not.  Gai.  p.  26 s-  Les  Religieutes  de  Loudun, 
les  Pollédées  de  Loudun ,  font  des  Religieufes  Urluli- 
nes  de  Loudun  ,  que  l'on  difoit  pollédées  du  démon  il 
)'  a  plus  d'un  fiècle,  &  qui  ont  fait  beaucoup  de  bruii 
dans  le  monde.  fCT  C'écoit  la  patrie  d'Urbain  Graiv 
dier ,  Curé  &  Chanoine  de  cette  ville  ,  homme  con- 
nu par  fon  mérite,  ëc  plus  encore  par  le  malheii 
qu'il  eut  d'être  brûlé  vif,  par  jugement  du  18  Aoû 
1 6  3  4  ,  étant  accufé  de  crime  de  magie  ,  de  maléfice  i 
pojjeffîon  arrivée  par  fon  fait  es  perfonnes  d'aucune. 
Religieufes  Urfulines  de  Loudun  ù  autres  Séculières 
Bien  des  gens  ont  douté  que  le  crime  de  Grandier  fi 
réelj  &:  n'ont  vu  dans  cette  cruelle  exécution  qu 
l'effet  du  relfentiment  d'un  Miniftre  que  Grandit 
n'avoir  pas  allez  ménagé.  Long.  17  d.  41'  lat.  4; 
d.   1. 

Il  y  a  encore  dans  le  bas  Languedoc  une  petite  vill 
de  ce  nom.  Elle  eft  fur  le  Tave ,  à  deux  lieues  de  fu 
confluent  avec  le  Rône. 

LOUDUNOIS,  OISE.  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  Loudur 
Laudunenfis ,  Lodunenfis.  MM.  de  Sainte-Marthe 
Salomon  Macrin,  Po'cte  célèbre,  &  BouilleaUj  fa 
vant  Aftronomc ,  étoient  Loudunois. 

LouDUNois,  ou  LoDUTiiois.  Cobtréc  de  France,  qu 
prend  fon  nom  de  Loudun,  f;  capitale.  Laudunenfi. 
pagus.  Lodunenfis  agcr.  Le  Laudunois  a  le  haut  Foi 
toù  au  couchant  &  au  midi ,  la  Touraine  au  levant 
l'Anjou  au  nord.  La  peute  rivière  de  Dive  le  fépan 
de  l'Anjou  &  du  Poitou.  Le  Loudunois  a  fa  Coutume 
particulière  appelée  Coutume  du  pays  de  Loudunois 
M.  René  Chopin  ,  De  Commumb.  Gall.  confuet 
PrAcept.  P.  LL.  qu&Jl.  6.  num.  i.  obferve  que  le  Par 
lement  n'a  point  d'égard  à  cette  Coutume  qui  n'apai 
été  cnregiftrée  au  Greffe  de  la  Cour^  finon  loifquc 
les  Parties  donnent  un  confentement  réciproque 
pour  être  jugées  fuivant  fes  dilpolitions,  &  il  en  rap- 
porte un  Arrêt  du  1 7  Avril  i  564 ,  qui  eft  aufti  remar- 
qué par  M.  Ant.  Mornac,  fur  la  L.  p.  ff.  de  Legib, 
Dans  une  caufe  appointée  le  2  Décembre  1636.  T. 
IL.  du  Recueil  de  M.  Barder^  Liv.  V.  c.  2$.  M.  l'A- 
vocat Général  Talon  dit  encore  que  cette  Coutume 
n'éroit  point  reconnue.  Il  y  a  depuis  des  Arrêts  ren- 
dus dans  la  Coutume  du  Loudunois  ,  ians  aucune  men- 
tion du  confentement  des  Parties.  Foye^  Brodeau  fur 
Louet,  L.  D.fomm.  $6.  &  le  Journal  du  Palais,  P. 
III. p.  ifi.  &  Berroyer  &  de  Lauriére,  Lifte  Alpha- 
bétique des  Coutumes.  Le  dernier  a  lait  un  Com- 
■mentaire  fur  Ja  Coutume  du  Loudunois  ,  .avec  une 
Hiftoire  abrégée  du  pays.  * 

LOUENT  ,  f.  m.  Nom  d'homme.  Livtntius.  PrèT  de 
Chinon  ,  S.  Louent ,  Moine,  du  nom  duquel  il  y  a 
une  Eglife  en  ce  lieu.  Chastelaim,  au  2^  de  Janvier , 
p.  401.  Le  Prieuré  de  S.  Louent,  près  de  Chinon  en 
Touraine  ,  dépend  de  l'Abbaye  de  S.  Florent  de  Sau- 

^mur.  Il  eft  mal  nommé  linerw,  au  Martyrologe  im- 
primé à  Cologne  en  1490.  Les  Chartreux  de  Co- 
logne ,  en  leurs  additions  à  Ufuard,  ont  liit  la  même 
Lute.    ivlaurolvcus  Ta  r.ommé  fort  bien  Livenims  i 


L  O  U 

comme  dans  le  Martyrologe  de  Ponc-Ii  Roy.  Ferrarius 
f"c  figure  que  ce  Saint  pourroit  être  le  même  que  S.  l'i- 
Vf/zr,  iiefacliancpasqueS.  yivent tfiun  S.iiiude  Boirr 
gogne  ,  qui  n'a  pas  le  moindre  rapport  avec  celui-ci. 
Chai  les  De  laSaullàye,  ou  plutc>t  Ion  Imprimeur  ,  l'a 
mAnommcLincntius  en  fcs  Annales  de  l'Eglife  d'Or- 
léans ;&:  André  Du  Saullày  l'a  nommé  de  même.  lo.p. 
407  ,  408. 

LOUER  j  V.  a.  Donner  des  témoignages  d'cftimeau  mé- 
rite ,  à  la  vertu.  Relever  le  mérite  d'une  perfonnc 
ou  d'une  choie  par  des  termes  qui  témoignent  l'eftime 
qu'on  en  fait.  Laudare  cdchrare.  Le  Plalmilte  invite 
toutes  les  Créatures  à  louer  le  Seigneur.  Le  genre  dé- 
monftratif  enfeigne  à  louer ,  de  à  bhàmer.  L'art  de 
bien  louer  eft  difficile.  S.  EvR.  C'efi:  le  privilège  des 
Poctcs  de  fe  louer  (ans  fcrupule.  M.  Scud.  Les  Phi- 
lofophes  louent  fobremcni.  C'eft  la  plus  grande  foi- 
blelle  de  l'homme, 'de  vouloir  qu'on  le  loue  £ins 
celfc  ,  &  encore  plus  celle  des  femmes.  Rien  n'ell: 
plusagréablc  que  de  s'entendre/oaêraux  autres,  &  rien 
de  fi  importun  aux  autres,  que  d'entendre  quelqu'un 
fe  louer  foi  même.  M.  Scud.  Le  plailîr  qu'on  prend 
à  être  loue',  n'eft  que  le  plaifir  d'être  alfuré  de  fon 
propre  méiite  ,  &:  ce  delîrlà  eft  le  premier  dcfir  du 

■  cœur  humain.  M.  Scud.  On  ne /o«e  d'ordinaire  que 
pour  être  loue'.  La  Rochef.  Il  y  a  des  reproches  qui 
louent  &:  des  louanges  qui  médifenr.  Id.  Si  c'eftun  vice 
de  louer  toviZ-,  c'eft  une  injuftice  de  ne  pas  louer  ce 
qui  mérite  d'être  loué.  Bell.  On  ne  loue  que  bien 
fcchcmcnt  ce  qu'on  n'aime  pas  ,  quelque  bonne  opi- 
nion qu'on  en  ait.  Le  Ch.  de  M.  Il  y  a  une  cer- 
taine délicatelfe  à  louer  ,  qui  redouble  le  prix  des 
louanges.  M.  Scud.  La  v.anité  de  ceux  qui  fe  louent 
fans  pudeur,  rebute  tout  le  monde.  Bell.  C'eft  un 
grand  art  que  de  favoir  bien  louer ,  nul  genre  d'é- 
loquence ne  demande  des  penféés  plus  fines  ,  ni  des 
tours  plus  délicats.  Bouh.  C'eft  louer  les  gens  grof- 
lîèrement  que  de  les  louer  en  face  ,  &:  d'une  manière 
qui  ne  ménage  point  leur  pudeur.  Id.  Il  ya  des  gens 
qui  ne  rejettent  les  louanges ,  que  pourfe  faire  louer. 
M.  Scud.  S'il  eft  permis  de  fe  louer  foi  même,  il  faut 
que  ce  foit  d'une  bonne  adion  ,  &  jamais  des  qualités 
perfonnelles  ,  &  que  ce  foit  dans  l'adverfiré  ;  c'eft 
orgueil  que  de  fe  louer  dans  la  profpérité.  M.  Scud. 

Et  pour  louer  un  Roi  que  tout  le  monde  loue  , 
Ma  langue  n  attend  pas  que  l'argent  la  dénoue. 

BoiL. 

Louer  ,  fe  dit  quelquefois  des  chofes  inanimées.  Les 
Cieux  louent  le  Seigneur  ,  &  le  Firmament  annonce 
la  gloire  de  les  œuvres. 

Louer,  lignifie  quelquefois.  Remercier.  Grattas  agere. 
Je  loue  Dieu  de  ce  que  je  ne  ine  fuis  passçrouvé  en 
cette  querelle. 

Louer  ,  avec  le  pronom  perfonnel ,  fignifieÊtre  fatisfait, 
être  content  du  procédé  de  quelqu'un  à  notre  égard. 
Sïbi  gratulari ,  probare.  Tous  ces  foldats  fe  louent  de 
leur  Capitaine.  Ce  maître  fe  loue  fort  de  fon  laquais  ; 
il  eft  bien  content  de  lui.  Je  me  loue  fort  de  l'ac- 
cueil, de  la  civilité,  qui  m'a  été  faite  dans  cette  maifon. 
On  dit  de  même  que  bien  des  gens  fe  louent  d'un 
remède  ,  font  fatisfaits  de  l'effet  qu'il  produit. 

LOUÉ ,  ÉE.  part. 

On  dit  proverbialement  Dieu  foit  loué;  pour  dire  , 
J'en  fuis  bien   aife.  Laus  Deo. 

LOUER  ,  dans  le  commerce,  v.  a.  Donner  à  ferme , 
à  louage ,  des  héritages ,  des  maifons ,  des  droits ,  pour 
en  jouir  fous  certaines  conditions ,  &  pour  un  cer- 
tam  temps  ;  &  fe  dit  tant  à  l'égard  du  bailleur  que 
du  preneur  ;  enforte  qu'il  fignifie  aufli  ,  prendre  à 
louage  de  celui  à  qui  appartient  la  chofe  qui  eft  à 
louer.  Locare  ,  elocare.  Je  lui  ai  loué  ma  maifon  un 
tel  prix.  Il  l'a  louée  pour  un  tel  temps.  Il  loue  des 
appartemens  tous  garnis ,  des  chambres  garnies. 
Ce  mot  vient  du  Lunn^locare. 

Louer  j  fe  dit  aufti  des  meubles,   des  voitures  , 'des 

beftiaux.   Conducere.   Les   Fripiers  louent  des  habits 

aux  mafques  &c  à  d'autres.  Les  Tapifliers  louent  àz% 

meubles  pour  les  cérémonies.  Les  Bédaux  louent  des 

Tome  V, 


L  O  U         ^43 

chaifes  au  Sermon.  Les  Maquignons  louent  des  che- 
vaux. On  loue  des  carroftès  &  des  litières.  Ce  troupeau 
de  vaches  n'eft  pas  à  ce  Métayer ,  il  les  loue  ,  il  les 
lient  à  loyer  de  divers  Bourgeois. 

Louer,  fe  dit  aulfi  des  perfonnes,  &  de  leur  travail 
Conducere.  Louer  des  valets  Hc  des  fervantes  ,  des 
Tapillîèrcs,  des  Couturières,  des  Compagnons  de  mé- 
tier, des  gens  de  journée,  des  Moiilônneurs, 'Ven- 
dangeurs ,  Bûcherons.  |p"  Dans  les  funérailles  des 
anciens  Grecs  &  des  anciens  Romains ,  on  louait 
des  Pleureufcs  pour  allifter  aux  funérailles  du  mort. 
Les  Mahométans  &  les  Indiens  idolâtres  pratiquent 
encore  la  même  chofe  dans  leurs  obfèques. 

Louer  j  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Cet 
homme  a  des  chambres  à  louer  dans  la  tcte  ,  c'eft- à- 
dire  ,  qu'il  manque  de  cervelle  ,  qu'il  a  la  tête  vide, 
qu'il  clt  un  peu  fou.  On  dit  aulli ,  qu'un  homme 
a  loué  ion  ventre,  pour  dire  ,  qu'il  s'eft  engagé  daller 
manger  avec  quelqu'un.  On  dit  aulli  à  celui  qui  de- 
mande quelque  corvée  qu'on  ne  veut  pas  faire  ,  Je  ne 
luis  pas  loué  pour  cela.  On  dit  d'un  homme  qui  eft 
hors  d'emploi  ,  qu'il  eft  à  louer.  Ac.  Fr.- 

LOUE,  EE  ,  paît.  &  adj.  Locatus.  Une  maifon /o/^eV. 
Il  tant  dire  ,  un  cheval  de  louage,  plutôt  qu'un  cheval 
loué,  à  moins  qu'il  ne  faille  msrquer  le  lieu,  ou 
le  temps  où  il  a  été  loué.  C'étoit  un  cheval  loué  à 
Paris.  C'eftun  cheval  loué  le  premier  du  mois  ,  loué 
pour  trois  femaines.  Il  en  eft  de  même  d'un  carrollc. 
Un  carrofte  de  louage  ,  &  un  carrolFe  loué  devant 
le  Palais  Royal ,  loué  pour  toute  la  journée. 

LOVER  ,  f  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  plier  un  cable 
en  rond  en  forme  de  cerceau  ,  pour  être  prêt  à  le 
filer  pour  le  mouillage.  R.udentem  orbiculatim  colU- 
gère.  Les  prifonniers  n'avoient  pour  lit  qu'un  cable 
lové.  La  Guill. 

LOUEUR ,  f  m.  Qui  donne  des  louanges.  On  ne  ledit 
gueres  qu'en  mauvaife  part  de  ces  Hatteurs  qui  louent 
à  tout  propos.  Laudator.  C'eft  un  loueur  perpétuel , 
un  loueur  à  gages.  C'eft  un  caradère  bien  fade  que 
celui  de  loueur  perpétuel.  I^ll.  Je  voudrois  que  l'on 
punît  les  loueurs  impertinens  ,  &  le  zèle  ne  devroic 
pas  excufer  le  ridicule  de  la  façon.  Bouh.  Rien  n'eft 
plu?  tuant  que  ces  loueurs  de  profellion  ,  qui  font 
toujours  préparés  à  débiter  leurs  fortes  flatteries.  S. 
EvR.  A'Ioliére  .a  dit  en  général,  que  les  hommes 
éioient  loueurs  impertinens,  ou  cenfeurs  ridicules. 
On  dit  au  féminin  loueuje.  C'eft  une  loueufe  à  gage. 
Laudatrix. 

LOUEUR  ,  EUSE  ,  f  m.  &  f.  Qui  donne  des  meubles, 
ou  des  voitures  à  louage.  Locator.  On  ne  le  dit  guère 
qu'en  ces  phrafes.  Un  loueur  de  chambres  garnies. 
Une  loueufe  de  chaife.  Un  loueur  de  chevaux.  Uii 
loueur  de  carrolfes. 

I.OUGBOROW  ,  LENGBOROW,  bourg  d'Angleterre, 
fitué  dans  le  Comté  de  Leicefter  j  à  trois  lieues  de  la 
ville  de  ce  nom  ,  du  côté  du  nord.  Lugenburgus. 
Quelques  Géographes  prennent  ce  bourg  pour  la  pe- 
tite ville  nommée  anciennement  Laclodurum  _,  que 
d'autres  placent  à  Steny-Stradfort  ,  dans  le  Comte 
de  Buckiiigham  Maty. 

LOUGNON.  Rivière  qui  a  fa  fource  dans  les  montagnes 
de  Vauge  ,  aux  confins  de  la  Lorraine ,  rraverfe  une 
partie  de  la  Comté  de  Bourgogne ,  baignant  Servance  , 
Monbonlon  ,  Bellevaux  ,  Moncley ,  Marna ,  Pefme , 
&  peu  après  fe  décharge  dans  la  Saône  j  vis-à-vis 
de  Talenay,  à  trois  lieues  audelfousde  Grey. 

LOUI.  1.  m.  Terme  de  Relation  &  de  Calendrier.  Ce 
nom  ,  qui  fignifie  crocodile  ,  eft  approprié  dans  le  Ca- 
lendrier des  Cathaïens ,  &  des  Iguréens,  au  cinquième 
de  leur  giagh  ,  ou  cycle  d'années ,  auxquelles  ils  don- 
nent le  nom  de  douze  animaux  différens,  D'Herbelot. 

LOUIS,  f.  m.  Nom  d'homme.  Ludovicus  ,  Lôdovicus  j, 
Lodoix ,  &  même  Clodovœus  ,  comme  on  le  verra 
dans  l'étymologie.  Quinze  Rois  de  France  ont  porté 
le  nom  de  Louis  ;  &  il  eft  fort  commun  en  France 
depuis  Saint  Louis ,  IX^  du  nom. 

Le  Roi  qui  règne  aujourd'hui  eft  le  XV^.  du  nom, 
Louis  le  Débonnaire  eft  le  premier  du  nom  ,  qui 
par  conféquent  n'a  commencé  que  dans  la  féconde 

Mmmra  ij 


^44  ^  ^ 

Race  ;  car  dans  lapremiere  Race  on  difoit  Clovls.  Char 
lemagne ,  père  de  Louis  le  Débonnaire ,  le  fir  Roi  d'A- 
quitaine ,  l'an  78  I.  Il  fut  couronné  Empereur  au  com- 
mencement de  1  année  S14.  &il  mourut  le  20  Juin  de 
l'an  840. 11  nous  relie  deux  Tous  d'or  de  Louis  le  Débon- 
naire de  dirrérent  poids  ;  le  premier  ell  très-bien  hit,  Ik 
porte  du  côté  de  la  croix  cette  Légende  remarquable  , 
MuNUS    DiviNOM.  La  tête  de  Louts  le  Débonnaire 
cd:  toujours  couronnée  de  laurier  lur  les  monnoies  , 
fur  lelquelles  il  eft  appelle   Empereur  Augujie    & 
Pieux.   Louis  le  Bègue  eft   le  fécond  du  nom ,  qui 
anonta  fur  le  Trône    en  879.  félon  Du  Tillet ,  _& 
mourut  en  8S0.  I.ous  IIL  régna  avec  Carloman  (on 
frère.   Louis  d  Outremer  eft  le  IV*  du  nom.  Il  fut 
furnommé  d'Outremer  ,  parce  que  Hugues  le  Grand  , 
Duc  de  France ,  dont  elt  illue  la  Maifon  qui  règne 
en  France  depuis  plus  de  fept  cens  ans  ,  fit  revenir  ce 
Prince  d'Angleterre.  Il  fut  ficré  à  Laon  ,  le    id  de 
Juin  de  l'an  956.   &  mourut   le  16  d'Odobre  954. 
Louis  V.  le  dernier  de  la   leconde  Race  ,  ne  régna 
qu'un  an.  Louis  'VI.  le  premier  de  la  troilième  Race 
qui  ait  porté  ce  nom  ,  fut  lacré  le  i.z  Août  1108. 
éc  mourut  le  premier  jour  du  même  mois  de  l'an 
1 1 3  7.  après  avoir  régné  19  ans.  C'eft  lui  qu'on  nomme 
Louis  le  Gros.  Du  Tillet ,  dans  fa  Chronique  des  Rois 
•de  France ,  ne  le  fait  commencer  qu'en  1 1 1  o.  Louis 
'VII.  fon  fils ,  qui  avoir  été  ficré  à  Rheims  pendant 
le  règne  de  fon  pcre  ,  mourut  l'an  iiSo.  le  18.  Sep- 
tembre, après  un  règne  d'environ  45  ans.  L'Hiftoirc 
l'appelle  Louis  le  Jeune.  Louis  VIII.  eft  le  père  de 
Saint    Louis  ,  qui  eft  Louis   IX^  du    nom.  Joinviile 
l'appelle  ioyj.  Saint  Louis  cÇt  le  premier  depuis  Hu 
gués  Capet  qui  ait  rétabli  les  monnoies  en  France, 
par  les   réglemens  falutaires  qu'il  fit.  Le  Blanc.  Il 
monta  fur  le  Thrône  en  122.7.  &  félon  Du  Tillet 
en   1228.  fous  la  tutelle  de  Blanche  de   Cailille  fa 
mère.  Il  régna  environ  47  ans  ,  &  mourut  le  2j 
.   Aoik  I  270.  Saint  Louis  fut  un  prodige  de  raifon  & 
de  vertu  dans  un  (lècle  de  fer.  Fén. 

Louis  Hutin  ,  ou  iouis  X.  âgé  de  23  ans  ,  fuc- 
céda  à  fon  père  Philippe  le  Bel ,  le  20  Novembre 
15  14.  &c  ne  régna  que  trois  ans.  Louis  XI.  âgé  de 
39.  ans  ,  fuccéda  à  Charles  VII,  fon  père,  le  jour 
de  la  Magdelène  de  l'an  1461.  tk.  finit  après  23  ans 
de  règne  l'an  1483.  Louis  XII.  qui  commença  fon 
règne  le  7  Avril  1497.  fuccédant  à  Charles  VIII. 
mort  fans  enfans  _,  fut  furnommé  le  Père  du  peuple  , 
&  mourut  en  1514-  Louis  XIII.  ou  L.ouis  le  Julie , 
le  fécond  Roi  de  la  Branche  de  Bourbon  ,  fut  3  3 
ans  entiers  fur  le  Trône,  ayant  fuccédé  à  Henri  le 
Grand  fon  père  ,  le  14  Mai  16 10.  &  étant  morr  le 
14  Mai  1643.  Louis  XIV.  fon  fils,  furnommé  à  jufte 
titre  par  toutes  les  Nations  ,  Louis  le  Grand  ,  fuc- 
céda le  même  jour  à  Louis  XIII.  fous  la  tutelle 
d'Anne  d'Autriche  fa  mère  j  &:  mourut  le  premier 
de  Septembre  171  j.  âgé  de  77  ans,  moins  5  jours, 
étant  né  le  5  de  Septembre  1658.  Ainfi  il  a  régné  72 
ans  ,  4  mois  ,  moins  9  jours ,  &  a  été  ,  de  l'aveu 
même  des  Etrangers  ,  un  des  plus  grands  &:  des  plus 
glorieux  Princes  que  la  Monarchie  Françoife  ait  eu 
depuis  fon  ctablillement. 

Son  amt  efl  au-dejfus  de  la  grandeur  fuprcme  , 
La  vertu  brille  en  lui  plus  que  le  diadème  : 
Ec  quoiqu'un  vajle  Etat  foit  fournis  à  fa  loi , 
Le  Héros  en  Louis  efl  plus  grand  que  le  Roi.  FlÉch. 

Et  c'eft  avec  juftice  que  M.  Fléchier  l'a  appelé 

Leplusfage  des  Rois , le  plus  grand  des  Monarques. 

Pour  te  repréfenter  après  tes  grands  exploits  , 
Ce  n'était  pas  affe'^  d'un  Hercule  Gaulois  : 
Invincible  Louis ,  fous  qui  le  monde  tremble  , 
llfalloit  avoir  peint  tous  les  Héros  enfernbU. 

Idem. 

.     A  ce  grand  Prince  a  fiiccédé  Louis  XV.  fon  rroi- 
£ème  arnère-petit-fils ,  frèi-e  de  Louis  Duc  de  Bie- 


L  O  U 

ngne ,  mort  jeune  ,  &  de  Louis  qui  fut  Dauphin 
cniq  ou  fix  jours  après  la  mort  de  fon  père ,  arrivée 
le  18  Février  171  2.  l'un  &  l'autre  fes  aînés;  &  étant 
comme  eux  fils  de  Louis  Duc  de  Bourgogne  ,  &:  en- 
fuite  Dauphin ,  &  petit  fils  de  Louis  Dauphin  ,  lils 
de  Louis  le  Grand.  U  naquit  à  Verfaiiles  le  1  5  Février 
1710.  &  règne  depuis  le  premier  de  Septembre  171  j. 
Il  a  mérité  le  glorieux  titre  de  Bien-Aimé. 
Les  Faifes  de  Louis  le  Grand.  Voye:^  Fastes. 
Ce  nom,  Louis  ,  eft  la  même  chofe  que  Clovis; 
on  a  dit  Clovis  ,  Se  puis  Louis  ,  comme  on  a  dit 
Clothaire  ,  &  puis  Lothaire  :  ainfl  ,  c'eft  un  nom 
Franc.  De  Cklodovœus  ,  en  changeant  la  terminaifon, 
s'eft  fait  Cludovicus  ,  Ludovicus  ,  Ludovic  s ,  Ludvics  , 
Luics ,  Loys  ,  &  Louis  ,  ou  Clodovée  ,  Clovis ,  Clouis  , 
Louis  ,  Cludovicus  fe  trouve  jufques  fur  les  monnoies 
de  Louis  le  Débonnaire  avec  une  H.  Chludovicus  y 
comme  l'a  remarqué  Cluvier  dans  fes  Floridu  ,  c.  IX. 
p.  //.Delà  en  ôtant  le  C  2.[^'nc  ,  Ludovicus ,  Ludo- 
vics  ;  Ludvics  ,  qu'on  prononçoit  Loudovics;  &  en 
retranchant  le  d  ,  Louvics  ,  Louics ,  Louis.  Mais  Clo- 
dovée ,  ou  plutôt  Clodovicus ,  s'eft  fait ,  félon  la  re- 
marque de  Du  Tillet,  de  Luit-Wkh;  qui  fîgnifie  , 
Homme  excellent  du  peuple.  Ainfi,  c'eft  là  propre- 
ment la  lignification  àt  Louis  dans  Ion  origine  ,  formé 
de  Luit,  ou.  Lud ,  qui  comme  a  remarqué  Chorier  , 
dans  fon  Hiftoire  de  Ûauphiné,  lignifioit  Peuple  & 
de  W^ich  j  qui  vouloit  dire ,  Homme  excellent.  Voyez 
Du  Tillet  au  mot  Luitwich. 

Le  C.  qu'on  a  retranché  du  nom  Clovis ,  eft  une 
lettre  étrangère  à  ce  nom  ,  puif'que  c'eft  la  première 
lettre  du  mot  Tudefque  Conig  ,  ou  Kor.ig ,  ou  du 
mot  Saxon  Cyning  ,  qui  veut  dire  Roi  ,  de  forte  que 
Clovis,  fignihe  le  Roi  Louis ,  ou  Louts  Roi.  Quoi- 
que fui  vaut  cette  étymologie,  les  Rois  qui  s'appeloient 
Clovis,  aient  porté  le  nom  de  Louis,  on  ne  les  met  pas 
dans  la  fuite  des  Rois  du  nom  de  Louis  :  on  ne  com- 
mence à  les  compter  qu'à  Louis  le  Débonnaire. 

Les  Italiens  difent  Aloifius  ,  pour  Louis  ,  &  nous 
difons  quelquefois  Ludovic  en  parlant  de  quelques 
étrangers  ,  mais  jamais  des  François,  /oye^  Ludovic. 
Ordre  de  Saint  Louis.  Nom  d'un  Ordre  militaire 
qui  fut  inftitué  par  Louis  le  Grand  en  i<;93.  Le 
cordon  eft  couleur  de  feu  pafTé  de  gauche  à  droite. 
Le  Roi  en  eft  Grand-Maître.  Il  y  a  huit  Grands- 
Croix  ,  &  vingt-quatre  Commandeurs.  Le  nombre 
des  Chevaliers  n'eft  point  limité.  Le  Roi  alligna  en 
même  temps  fur  fes  Domaines  un  fonds  de  3000QO 
livres  pour  les  penfions  des  Commandeurs  Se  des 
Chevaliers. 
LOUIS,  i.  m.  IJCF  efpece  de  raonnoie  qu'on  commença 
à  fabriquer  fous  Louis  XIII,  ainfi  appelée  du  nom 
des  Rois  qui  en  ont  fait  fabriquer  ,  nummus.  Quoi- 
que notre  écu  blanc  ,  qui  elt  ur.e  monnoie  d'argent, 
ait  porté  le  nom  de  Louis  d'argent ,  &  qu'il  y  ait 
eu  des  Louis  de  cinq  fortes  :  on  ne  dit  plus  aujour- 
d'hui dans  le  difcours  ordinaire  Louis  d'argent.  On 
dit  feulement  en  ftyle  de  pratique,  payer  en  Louis 
d'or  &  d'' argent  &  autre  monnoie  ayant  cours.  On 
déligne  alors  par  Louis  d'argent  les  écus  blancs  &" 
les  autres  pièces  au-delfous  de  l'écu.  Il  y  a  des  Louis 
d'or  qui  ont  valu  d'abord  10  livres,  puis  onze  j  & 
enfin  jufqu'à  1 2  &;  14  livres,  tantôt  plus,  tantôt 
moins.  La  tête  du  Roi  eft  élevée  d'un  côté  avec  fon 
nom  ,  &  de  l'autre  une  croix  compofée  de  huit  L  , 
adoffées  Se  cantonnées  de  couronnes.  La  Légende  eft, 
Chrlfus  régnât ,  vlnclt ,  Imperat.  On  a  touvent  change 
le  revers  11  y  a  des  louis  blancs,  on  louis  d'argent  de 
Go  fous  ^de30,  i5,5,&4  fous  ,  011  d'un  côté  eft  la 
tête  du  Roi  ,  &  de  l'autre  l'éculfon  des  armes  de 
France,  avec  la  Légende,  Slt  nomcn  Domlnl  hens- 
dlclum.  La  valeur  des  écus  a  été  jufqu'à  3  livres  16 
fous ,  &  les  autres  pièces  d'argent  ont  augmenté  & 
diminué  à  proportion.  Les  louis  d'or  fuivant  l'Or- 
.donnance  doivent  être  au  titre  de  22  karats,  à  un 
quart  de  remède  ;  &z  les  louis  d'argenr  au  titre  d'onze 
deniers,  à  deux  grains  de  remède.  Il  faut  remarquer 
que  quand  ,  en  terme  de  Monnoie  ,  on  parle  àe  louis 
d'or,  on  entend  parler  de  la  pièce  de  j  livres  10 


L  O  U 

fous;  celk- d'onze  livres  s'iippdlc  doui/e  lauis.  Celle 
de  11  livres  s'appelle  le  quadruple.  Mais  dans  l'u- 
làge  oïdinaire  ,  quand  on  parle  ablblunient  d'un  louïs, 
ou  entend  la  pièce  de  ii  livres.  La  taille  des  louis 
d'or  de  /  livres  lo  fous  efl  de  -ji  &  demi  au  marc  , 
&  la  taille  des  louis  d'argent ,  elè  de  9  pièces  de  60 
fous  au  marc.  La  fabrique  des  louis  d'or  a  été  établie 
le  j  I  Mars  1640.  &  celle  des  louis  d'argent  au  mois 
de  Septembre  1(^41.  Ce /o^w  d'or  pèle  deux  deniers 
I  j  grains  j  &  celui  d'argent  2  i  deniers  8  grains. 

L'Ordonnance  de  Louis  XIIL  du  dernier  jour  de 
Mars  1640.  pour  la  fabrication  des  louis  d'or,  porte 
qu'ils  feront  fabriqués  à  la  taille  &  au  remède  portes 
par  les  Ordonnances  pour  les  écus  d'or ,  au  titre  des 
piltoles  d'Elpagne,  &  qu'ils  auront  cours  j  le  louis 
d'or  de  deux  deniers  ij  grains,  trébuchant  pour  j 
livres  ;  le  double- louis  du  poids  de  trois  deniers  6 
grains  trébuchant  pour  10  livres,  &c.  Boizard,  P. 
I.  c.  50.  Environ  l'an  1648.  le  peuple  ayant  fait  va- 
loir les  louis à'o):  julqu'à  12  livres,  le  Koi  en  16/2. 
ordonna  qu'ils  auroient  cours  pour  leur  ancien  prix  ; 
lavoir  de  10  livres.  Ils  ont  enluite  fouvent  changé 
de  prix ,  comme  on  le  peut  voir  dans  Boizard  ,  à 
l'endroit  cité  ,  &c  dans  le  Blanc, ^.  390  ,  591.  Sur  la 
fin  du  dernier  règne  ,  on  en  fit  de  20  livres.  Les 
louis  d'or  fabriqués  en  1640.  &  depuis  ,  étoient  de 
21  karats  ,  &c  par  conféquent  plus  loiblcs  d'un  karat 
que  les  écus  d'or.  On  fit  aulîî  des  àcmi-louis  ,  des 
doubles-/c>Mj  ,  des  quadruples,  &z  des  pièces  de  dix 
louis.  Mais  ces  deux  dernières  efpèc.es  ne  turent  que 
des  pièces  de  plaifir  ,  &  n'ont  point  eu  de  cours 
dans  le  commerce.  Le  Blanc  j  p.  10,  &  p.  57J  > 
376.  Le  célèbre  Varin  en  avoir  fait  les  coins;  ja- 
mais les  monnoies  n'ont  été  ni  fi  belles,  ni  li  bien 
monnoyées  ,  que  pendant  que  cet  habile  homme  en 
a  eu  l'Intendance.  On  n'avoir  encore  jamais  fabriqué 
d'elpèce  d'argent  aulfi  pelante  que  les  écus  blancs  ; 
&  il  eft  bon  de  remarquer  que  par- tout  où  il  elt 
parlé  d'écus  avant  l'an  i  641.  il  faut  toujours  l'entendre 
de  reçu  d'or.  Le  Blanc  ,  p.  376. 

Qn  trouve  chez  les  Curieux  ,  des  àtmi-louis  ôc 
des  quarts  de  louis  de  cinq  tous  avec  le  portrait  du  Roi 
(Louis  XI F)  lortqu'ilétoit  jeune;  mais  ces  efpèces 
n'ont  jamais  eu  de  cours ,  &  ne  turent  faites  que 
pour  pièces  de  plailu".  Le  Blanc  ,  p.  5S9. 

Louis  XIII.  établit  aullî  la  tabrication  des  louis 
d'argent  par  Ordonnance  du  mois  de  Septembre  1 641. 
qui  porte  qu'ils  teront  fahxiqués  j  favoir  les  uns  de  60 
fous  &  les  autres  de  3  o  tous,  i  j  tousj,&:  5  louSj  tous  au 
titre  de  11  deniers  de  fin  ,  au  remède  de  deux  grains. 
Les  louis  de  loixante  fous  de  2 1  deniers  huit  grains 
'  trébuchant  chacun  ^  à  la  taille  de  huit  pièces  tt  de 
pièce ,  au  remède  d'un  douzième  de  pièce  :  &  les 
autres  à  proportion.  Boizard,  P.  I.  c.  30.  Les  louis 
d'at^ent ,  c'ell:  ce  qu'on  appelle  communément  un 
écu  blanc ,  ou  iimplemcnt  un  écu. 

Les  louis  d'or  de  Louis  XV.  fabriqués  par  Edit 
d^i  mois  de  Novembre  17 16.  le  repréicncent  d'un 
côté  avec  la  couronne  en  tête.  De  l'autre  ce  tont 
quatre  écalFons,  deux  de  France ,  &  deux  de  Navarre  : 
pofés  en  croix,  leurs  pointes  oppofées.  Il  font  fur- 
monrés  chacun  d'une  couronne  de  France  ,  &  can- 
tonnés de  quatre  Heurs  de  lis;  la  lettre  de  la  ville 
où  ils  font  fabriqués  au  centre  du  champ.  L'inlcription 
eft:  la  même.  Ils  ont  valu  jufqu'ici  trente  livres.  Se 
ils  étoient  à  la  taille  de  vingt  au  marc.  L'Edit  de 
rnai  1718  les  fait  monter  à  trente- fix  livres  de  va- 
leur jutqu'au  mois  d'Août ,  après  quoi  ils  feront 
décriés  ;  &  il  ordonne  la  fabrication  d'autres  louis 
d'or  du  titre  de  22  karats  ,  du  poids  de  tept  deniers 
16  grains  -.t  à  la  raille  dfe  25  au  marc,  au  remède 
de  poids  de  i  2  grains  j  &  d'un  quart  de  karat  de 
fin  par  marc  ,  qui  auront  cours  pour  trente-fix  livres 
la  pièce  :  les  doubles  &  demis  à  proportion. 

Les  louis  blancs  de  Louis  XV.  ont  été  jufqu'ici  à 
la  taille  de  huit  au  marc  ,  Se  valoient  cinq  livres. 
L'Edit  cité  les  fait  monter  à  fix  livres  jufqu'au  mois 
d'Août  ,  ap:ès  quoi  ils  feront  décriés  ,  &  il  ordonne 
la  fabrique  de  nouveaux  écus  au  titre  d'onze  deniers 


L  O  U  64s 

de  fin ,  au  poids  de  fix  gros  i  denier  -  chacun  à  la 
taille  de  dix  au  marc,  qui  auront  cours  pour  ùx 
livres  la  pièce  ,  les  demis  ,  les  quarts,  dixièmes  Se 
vingtièmes,  à  proportion.  L'empreinte  fera  d'un  coté 
la  tête  du  Koi  couronné  de  laurier,  au  revers  un 
écu  écartelé  de  France  Se  de  Navarre  j  Se  furmonté 
d'une  couronne  de  France. 

L'empreinte  de  ce  nouveau  louis  d'or,  fera  la  tétc 
du  Roi  couronné  de  laurier  ,  &  au  revers  une  croix 
du  Saint  Ltprit,  dont  les  pointes  lont  terminées  par 
des  perles  ,  Se  un  globe  chargé  de  trois  Heurs  de 
lis  brochant  tur  la  croix. 

Afin  de  faciliter  le  commerce  dans  le  Canada , 
le  Roi  (Louis  XIF.  )  fit  fabriquer  pour  cent  mille 
livres  de  louis  de  quinze  fols,  de  cinq  fous  &  de 
doublesjde  cuivre  pur.  Ces  monnoies  de  même  cours, 
poids  Se  loi  que  celles  de  France.  Sur  les  louis  d'ar- 
genr  de  quinze  tous  Se  de  cinq  fous ,  au  lieu  du 
Sit  nomen  Domiiu  benediclum ,  il  y  avoir ,  Gloriam 
Regni  mi  dicent;  Se  fur  les  doubles,  ZJoaWcj  de  l'A- 
mérique Francoife.  Le  Blanc,/'.  388. 

ICr  Aujourd'hui  quand  on  dit  fimplement  un  louis ^ 
on  entend  toujours  un  louis  d'or  ,  nummus  aurtus  , 
valant   24  livres  en  1771,  \x\\  louis -,  un  Atmi-louis 
valant  i  2  livres  un  double  louis  48  livres. 
Louis,  lignifie  de  l'argent  en  général.- 

Gratis  eji  mort;  plus  d' amour  fans  payer  : 

Eri  beaux  ïomsj'e  content  les  fleurettes.  La  FonT. 

J'ai  cent  mille  vertus  en  louis  biencomptés,  Doil. 

On  dit  ironiquement  ,  qu'un  homme  a  payé  fes 
créanciers  en  louis  ,  quand  il  a  obtenu  des  Lettres 
d'Etat ,  ou  des  Lettres  de  répit ,  parce  qu'elles  ont 
au  commencement ,  Louis  par  la  grâce  de  Dieu. 
Louis  Triomphant.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'un 
œillet  cramoili  Se  blanc  :  L\  Heur  n'efl:  pas  bkn  large, 
mais  û  plante  porte  beaucoup  de  marcotes,'  il  eft 
fin  ,  il  porte  graine  ,  Se  ne  crevé  point  en  lui  lailfant 
tes  boutons.  Morin. 

Le  Fort  Louis.  Arx  Ludovicia.  Bonne  fortereiïe 
qui  porte  le  nom  du  Roi  de  France  Louis  XIV.  qui 
l'a  fait  conflruire.  Elle  eft  forte  par  tes  ouvrages  , 
Se  par  ta  iituation  dans  une  petite  lie  du  Rhin  ,  au- 
deHous  de  Strasbourg  ,  entre  la  ville  de  Bade  Se 
et  lie  d'Haguenaw.  Maty. 

Mont-Louis.  Laudiacus  vicus.  Ancien  village  de 
la  Touraine  en  France.  Il  eft  près  de  la  Loire,  à 
deux  lieues  de  Tours  ,  vers  le  levant.  Il  y  a  auHI 
^■•{onx.- Louis  près  de  Paris ,  du  côté  du  Faux-bourg 
Saint  Antoine,  &  d'autres  encore. 

Mont  Louis.  Mons  Ludovici ,  ou  Ludovicaus.  Petite 
ville  de  la  Cerdaigne  ,  lituée  à  deux  lieues  de  Puy- 
cerda,  vers  l'orient.  Cette  ville  bâtie  l'an  1680.  Se 
défendue  par  une  bonne  citadelle  ,  porte  le  nom  de 
Louis  XIV.  Roi  de  France,  qui  en  eft  le  fondateur. 
Maty. 

Le  Port-Louis.  Portus  Ludovici ,  ou  Ludovic^us. 
Village  &  port  de  la  mer  Méditerranée.  Il  eil  fur 
la  côte  du  Languedoc  ,  à  l'entrée  du  fameux  canal 
de  Sette ,  au  midi  du  lac  de  Maguelone.  On  donne 
auHî  ce  nom  à  la  ville  de  Blavet.  l^oyc\  Blavet. 
Le  Cap  S.  Louis.  Cap  de  l'Acadie.  Sancli  Lu- 
dovici ou  Ludovicaum  promontonum.  Le  cap.  S.  Louis 
eft  éloigné  de  plus  de  2j  lieues  du  cap  de  Camp- 
feaux. 

Saint-Louis,  Lac.  /^oye:^ Ontario. 
Voye-^  encore  Luis. 
LouLS  ,  fi  l'on  croit  le  Père  Hennepin  ,  Récollet ,  eft 
le  nom  que  les  liabitans  de  la  Louifiane ,  ou  du 
MiHiHipi  donne: it  au  toleil  ,  qu'ils  honorent  comme 
une  divinité  ,  ne  faitant  rien  qu'après  lui  avoir  rendu 
hommage  fous  ce  nom  de  Louis. 

0Cr  LouisBOURG  ,  petite  ville  de  l'Amérique  fep- 

tentrionale ,   dans  la  nouvelle  France  ,    capitale  de 

l'ile  Royale.  On  la  nommoit  précédemment  le  havre 

à  l'Anglois. 

LOUISE,  f.  f.  Noip  de  femme,  Ludovica  j  Lolfa.  La 


^4^ 


L  O  U 


mère  de  François  î.  fut  Louife  de  Savoye  ,  qui  cpoulâ 
Charles,  Comte  d'Agoulême  en  1488.  Elle  tut  Ré- 
gente du  Royaume  pendant  que  François   I.  fut  en 
Italie  j   &  mourut  peu  de   temps  après  fa  prife  en 
-153  I.  f^oyc\  le  Père  Daniel  ,   Hijhnre  de  France  , 
T.  m.  p.    9  ,  no  ,   125  ,  181.  6-  fuiv.   Henri  III. 
époufa  Mademoifelle  £oz^{/«  de  Vaudemontj  qui  lut 
•une    trcs-vertueufe  Princelfe.   Louife  de    Marillac  , 
Religieufe  de  PoilFy  ,  a  fait  une  Paraphrafe  fur  les 
Pfeaumes  Pénitentiaux.  On  a  dit  autrefois  Eloïic  pour 
Louife ,  &  c'eft  la  même  chofe.  On  difoit  autrefois 
Loyfe  ,  comme  font  Du  Tillet  Se  d'autres  Anciens. 
Ce  nom  vient  de  celui  de  Louis  ,  en  ajoutant  un 
e  à  la  fin. 
LouiSE-BoNNE.  f.  f.  Nom  d'une  efpèce  de  poires.  La 
Louife-bonne  ell:  d'une  figure  allez  approchante  de  celle 
de  la  Saint  Germain,  &  même  delà  Verte-longue  d'Au- 
tomne, fmon  qu'elle  n'eft  pas  tout  à-fait  fi  pointue: 
•on  en  voit  de  beaucoup  plus  grolfes  &  plus  longues 
les  unes  que  les  autres  ■■,  les  plus  petites  lont  les  meil- 
leures; la  queue  en  ell  fort  courte  ,  un  peu  charnue 
&c  penchée  ,  l'œil  petit  &:  à  Heur  ,  la  peau  fort  douce 
&c  fort  unie  ,  le  coloris  verdàtre  ,  tiqueté  &  deve- 
-nant  blanchâtre  en  mûrillanf,  ce  qui  n'arrive  point 
aux  greffes.  La  première  marque  de  fa  maturité  elf 
cette  blancheur  :  mais  il  fiut  encore  qu'en  lui  ap- 
puyant le  pouce  auprès  de  l'œil  ,  on  le  fente  un  peu 
enfoncer.  Son  mérite  conlifle  en  ce  qu'elle  eft  mer- 
-veilleufement  féconde ,    &  qu'elle  fournit  près  de 
deux  mois ,  Novembre  &  Décembre  -,  que  fa  chair 
efl  extrêmement  tendre  j  pleine  d'une  eau  allez  douce, 
&:  un  peu  relevée.  Les  tonds  humides  rendent  cette 
;  poire  fort  groire  ;  mais  en  même  temps  fort  mau- 
vaife  ,  ayant  un  goût  de  vert  &  de  fauvage  ,  &:  une 
manière  de  chair  particulière,  qu'on  ne  fauroit  dé- 
finir ,  qu'en  difant  qu'elle  eft  à  peu  près  comme  de 
l'huile  figée  :    cette  chair   ne  tait   point  de  corps  , 
fes  parties  ne  tenant  pas  plus  l'une  avec  l'autre  que 
des  grains  de  miel,  ou  de  fable  mouillé;  mais  en 
revanche  le  plein  air  lui  eft  très  favorable  ,  &  le  fe- 
roit  bien  davantage ,  fi  elle  tenoit  à  la  queue  un  peu 
•plus  qu'elle  ne  tient.  La  Quint.  T.  I.  p.  ^ii ,  315. 
La  Louife-bonne ,  comme  toutes  les  poires  d'hyver 
qui   font   bonnes  à   manger  crues  ,    eft    admirable 
•cuite,  pourvu  qu'on   la  mette  au  feu  avant  qu'elle 
loit  arrivée  en  maturité  j  autrement  la  cuiiron  la  ré- 
duit en  bouillie.  La  Quint. 

LOUISETTF.  C  f.  Nom  de  fille  ,  diminutif  de  Louife. 
Ludcvica.  C'ell;  un  nom  qui  ne  ledit  que  dans  le  peu- 
ple, qui  appelle  quelquefois  Louifeue  une  petite  fille 
nommée  Louifeau  baptême;  Louifon  efl  plus  ordinaire. 
Onditaulïï  plus  communément  Zz/Êrre  pour  Louife. 

LOUISIANE.  Grande  contrée  de  l'Amérique.  Ludovi- 
Jiana.  La  Louifiane  eft  au  fud  oueft  de  la  nouvelle 
France,  &  s'étend  jufqu'au  golfe  du  Mexique  ,  vers 
l'embouchure  du  Hcuve  Millillipi.  On  la  nomme 
louvent  MitlIlTipi  du  nom  de  ce  Heuve.  Elles  a  les 
Apalaciies  &:  la  Virginie  au  levant,  le  nouveau  Mexi- 
que au  couchant.  Elle  a  été  nommée  Louifiane ,  en 
l'honneur  de  Louis  le  Grand,  tous  le  règne  duquel 
elle  fut  découverte  l'an  i  678.  par  le  fieur  Robert 
Cavelier  de  la  Salle  ,  Gouverneur  du  Fort  de  Fron- 
tenai.  Le  fieur  d'Ibcrville  y  a  fait  depuis  un  éta- 
blillement  au  midi  ,  &  bâti  un  fort  vers  l'embouchure 
du  Millillipi.  C'cft  depuis  ce  temps- là  fur  tout  qu'on 
l'a  nommée  Millillipi.  La  Louifiane  eft  un  pays  fort 
gr.as,  &  .abondant  en  toutes  fortes  de  chofes. 

LOUISIEN  ,  ENNE  ,adj.  Ludovicianus ,  a  ,  um.  Quel 
ques  uns  prétendent  que  l'on  dit  le  Code  Louifien  , 
&  la  Période  Louifienne.  Je  n'ai  jamais  trouvé  en  au- 
cun Auteur  ces  mots;  on  dit  bien  le  Code  Louis  , 
pour  fignifier  le  Code  des  Loix  faites  par  Louis  le 
Grand  ;  mais  le  Code  Louifien  n'eft  pas  d'ufage.  Pour 
la  Période  Louifienne  ,  on  ignore  ce  que  c'eft.  Louifien 
eft  le  nom  d'une  ancienne  monnoie. 

LOUISON.  f.  m.  Ludovicus.  Nom  propre,  diminutif  de 
Louis.  Ludovicus.  Petit  Louis.  Il  ne  fe  donne  qu'aux 
petits  garçons ,  &'  parmi  les  gens  du  peuple.  Ce  nom 
fe  dit  aufli  des  filles,  &  alors  il  eft  du  genre  féminin, 


LO  U 

C'eft  le  diminutif  de  Louife  ,  q  ui  ne  fe  dit  que  des 
filles  du  peuple.    Dans  le  Malade  imaginaire  la  fé- 
conde des  filles  d'Argon,  encore  petite  &  jeune,  fe 
nomme  Louifon.  Ah  !  ma  pauvre  fille  j  ma  pauvre 
petite  Louijan  !  Molière. 
LOULE.  Petite  ville    de  Portugal  ,   dans  la  ProviiKe 
d'Algarve ,  au  nord  oueft  de  Taro ,  fur  la  côte  mé- 
ridionale. 
LOUMAZE.  f.  f.  Nom  de  femme.  Foye\  Néomaie. 
LOUNG.  f.  m.  Drogue  pour  peindre  en  jaune  ,  dont 
on  fe  fcrt  dans  la  Chine,  à  Camboya,  &  en  plu- 
fieurs  autres  lieux  des  Indes  Orientales.  Elle  fe  trouve 
dans  les  Royaumes  de  Camboya  &  de  Siam. 
LOUNIGUIN.  f.  m.  Terme  de  Relation,    i".  Portage 
d'un  canot  d'une  rivière  à  un  autre  ,  ou  d'un  endroit 
de  la  rivière  que  l'on  ne  peut  palier  à  un  autre  endroit 
au-dellus  ou  au  defTous.  i".  Chemin  d'une  rivière  à 
un  autre  ;  efpace  de  terre  qui  fait  la  diftance  d'une 
rivière  à  un  autre  -,  &  pendant  lequel  il  faut  porter 
le  canot  pour  palier  de  l'une  fur  l'autre.  CyrnbuU  gef- 
taûo  ,  Jpatium  terra  ab  uno  flumine  ad  aliud  ,  quo 
cymba  humeris  jerenda  efl.  De  la  rivière  de  S.  Jean 
à  d'autres  rivières  qui  conduilent  dans  le   Heuve  S. 
Laurent ,  &:  à  d'autres  rivières  ,  il  y  a  à  chaque  tra- 
verfedeux  ou  trois  portages  de  canots,  au  travers  des 
bois, où  l'on  trouve  des  chemins  qui  vont  d'une  ri- 
vière à  l'autre  ,  que  les  Sauvages  appellent  Louni- 
guins  ;  les  autres  portages  font  des  endroits  dans  les 
rivières  où  la  navigation  eft  empêchée  par  les  fants 
ou  chûtes  d'eau  ,  caufées  par  des  rochers  qui  les  re- 
tiennent &c  en  rétreciflent  le  pallage  ,  ce  qui  rend 
le    courant  fi  rapide  ,  &  fait  que   l'eau  tombe  de 
'    fi  haut,  que  l'on  eft  obligé  de  porter  les  canots  fur 
les  épaules  ,  ou  fur  la  tête ,  jufqu'au  lieu  où  le  cours 
de  la  rivière  eft  uni.    Le  plus  fouvent  ces  portages 
font  de  cinq  à  fis  lieues  ,  quelquefois  jufqu'à  dix  , 
ce  qui  eft   rare  ,   dont  les  Sauvages  entreprennent 
volontiers  le  trajet ,  par  la  facilité  qu'ils  ont  de  por- 
ter leurs  canots  ,  qui  font  très-légers.  Denys. 
LOUP.  f.  m.  Louve,  f.  f.  Animal  farouche  demeu- 
rant dans  les  bois  ^  l'ennemi  le  plus  dangereux  du 
bétail,  parce  que  c'cft  le  plus  goulu,  le   plus  car- 
naflier  ,  6c  le  plus  fin  des  animaux  ,  Lupus  j  Lupa. 
Il  reftemble  à  un  grand  chien.  Il  a  un  odorat  exquis. 
C'eft  une  efpèce  de  chien  fauvage  qui  a  une  tête 
quarréej  &  dont  les  côtes  font  pofées  félon  la  lon- 
gueur de  fon  corps  ,  ou  parallèles  à  l'épine  du  dos. 
Aller  en  quête  pour  le  Loup.  Saln.   Détourner  un 
loup.  Id.  Forcer  un /o://i.  Ael.  Lancer  un  /0///'.  Chaffet 
le  loup.  Saln. 

F^it  on  les  loups  brigands  ,  comme  nous  inhumains  f\ 
Pour  détroufferlesloups  ,  courir  les  grands  chemins?  \ 

BoiLEAU. 

On  appelle  cheaux ,  plus  communément  louve- 
teaux,  les  petits  de  la  louve  ;  &  on  dit,  ligner  lai 
louve ,  pour  dire  la  couvrir.  Le  loup  ne  porte  rienj 
à  fes  cheaux  qu'il  ne  foit  laoul  ,  &  même  il  ôtcl 
la  prébende  à  la  louve  &c  à  fes  cheaux.  La  louve  fait  I 
le  contraire.  On  dit  que  la  faoulée  Awloup  dure  huicj 
jours. 

Les  Egyptiens  avoient  en  vénération  cet  ariimal,! 
parce  qu'ils  croyoient  qu'Ofiriss'étoit  fouvent  déguifél 
en  loup.  C'eff  que  ce  Prince  portoit  pour  habille- 
ment de  guerre  une  peau  de  loup.  Le  loup  étoit  même  1 
adoré  àLycopolis,  qui  fignifie  la  Ville  du/o;^.  CetI 
animal  étoit  confacré  à  Apollon. 

Laétance^  Lnftic.  Ckrift.  L.  L.  c.  10.  dit,  que  les  j 
Romains  rendirent  des  honneurs  divins  à  la/L)av«>| 
parce  qu'une  louve  avoir  fauve  Remus  &  Romulusl 
en  les  alaitant,  quand  ils  furent  expofés.  Arnobe,! 
Z.  LF.  adv.  Gentes  ,  dit  que  de  cette  louve  ,  ilsl 
firent  la  déelle  Luperca.  Voyez  encore  fur  cela  Pro- 1 
perce ^  Eleg.  IF.  L.  IF.  v.  ;;.  Ovide,  Fafl.  L. 
IL.  V.  41 3  ,415.  Tite-Live,  I.  /.  c.  4.  &  Plutarque  I 
dans  la  vie  de  Romulus.  C'eft  que  leur  nourrice  s'ap- 1 
pelloit  Lupa  ,  qui  figninoi:  louve. 
Loup  &  Louve,  fur  les  médailles  figniiîent  ou  l'ud- 


L  O  U 

ginc  de  la  ville  de  Rome ,  fondée  par  ks  deux  Acres 
Komulus  tk  Hcmus ,  qu'on  diloic  avoir  été  alnités 
parune/oai'c'.ouiiiiiplcnicnt  laduiiiiiiirioii  Hoiii.iuie, 
à  laquelle  les  peuples  étoienc  ("(ninii'i.  l'eut  erre  déli- 
gnent ils  le  pays  où  il  le  trouvoïc  qiMiuitéde  loups  ^ 
comme  l'exprime  la  médaille  de  Mérida.  .S' 


,>ouveiit  on 


voir  les  deux  hères  attachés  aux  têtes  de  la  louve.  P. 

JOBEIIT. 

Il  y  a  trois  fortes  de  loups.  Le  loup  mâtïn  ,  qui  ne 
vit  que  de  charogne  ,.  Lupus  moloj^us  ;  le  loup  //- 
vrier ,  qui  vit  de  rapine  qu  il  attrape  par  la  légèreté-. 
Lupus  vcnagus.  L'un  &  l'autre  loin  graiids  &  ra 
blcs,  ayant  une  gueule  épouvantable  à  double  rang 
de  dents  tk  de  crocs  qui  coupent  comme  de  l'a 
cier.  Ils  vont  toujours  deux  enfemble.  Le  loup- 
cervcernc  vit  que  de  gibier  qu'il  furprend  ;  il  cil 
plus  grand  que  le  renard  ,  &  habite  d'ordinaire  les 
montagnes  :  Lupus  ccrvanus.  Quelques  uns  croient 
que  c'elt  la  même  choie  que  le  lynx,  dont  les  Au- 
teurs ont  parlé  ,  que  d'autres  croient  être  un  ani- 
mal fabuleux.  Nicod  dit  que  le  loup-cervier  eft  un 
chat  iauvage  de  la  grandeur  d  un  léopard.  Herbert 
dans  fa  Relation  de  Perle  dit  aulli ,  que  les  loups- 
ccrvïers  font  de  la  race  de  nos  chats ,  qui  changent 
de  nature  en  changeant  de  pays  ,  comme  les  chiens 
d'Europe  ont  dégénéré  en  loups  dans  la  nouvelle  Ef 
pagne.  Borel  dit  que  quelques  Auteurs  le  nomment 
rhaphlus  ;  &  que  c'ell  wnloup  racheté  comme  un  léo- 
pard ;  tk  que  ce  nom,  félon  Bochard  ,  eft  dérivé 
de  i'f^ébreu  rhaham  ,  qui  fignihe  affamé. 

Les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  en  don- 
nent des  connoilfances  plus  certaines.  On  y  a  tait 
la  dillèclion  de  celui  qu'on  a  nourri  long-temps  à 
Verlailles.  On  a  cru  jufquici  qu'il  étoit  ainll  nom- 
mé ,  parce  qu'il  avoir  la  forme  de  loup  ,  &  qu'il 
leiremblok  en  quelque  façon  au  cerf  par  la  cou- 
leur de  fon  poil.  Mais  la  vérité  ell  qu'il  ne  reflem- 
ble  aucunement  au  loup  ,  &  que  le  peu  qu'il  tient 
du  léopard,  ou  du  cerf,  lui  eit  commun  avec 
quantité  d'autres  animaux.  U  y  a  plus  d'apparence 
qu'il  a  été  ainll  nommé  ,  parce  qu'il  challe  les 
cerfs ,  comme  le  loup  les  moutons.  U  rell'emble 
plus  au  chat  qu'à  aucun  autre  animal.  Il  a  les  pieds 
divifés  comme  les  lions  ,  les  ours  ,  les  tigres  &  les 
cnats.  Sa  langue  eft  couverte  de  pointes  ,  comme 
celle  des  chats  &  des  lions.  Ses  oreilles  font  toutes 
femblables  à  celles  d'un  chat,  &  ont  au  haut  une 
houppe  de  poil  fort  noir  :  ce  qu'Elien  attribue  aulli 
au  lynx.  Il  a  le  dos  roux  marqué  de  taches  noires; 
le  ventre  &;  le  dedans  des  jambes  d'un  gris  cendré  , 
marquetés  de  mêmes  taches  ,  mais  plus  grandes  ëc 
plus  féparées.  Chaque  poil  dans  la  longueur  eft  de 
trois  couleurs  ,  ayant  la  racine  d'un  gris  brun  ,  fon 
extrémité  blanche ,  &  fa  partie  du  milieu  prefque 
roulle.  U  y  en  a  de  plulieurs  efpèces  ,  &c  de  poil 
diftërent ,  félon  les  lieux  d'où  ils  viennent.  Le  lynx  , 
le  thos  ,  les  chaos  &  les  panthères  des  Anciens , 
ont  été  pris  par  quelques  Modernes  pour  le  loup- 
cervier  :  mais  M.  Perrault  en  a  bien  fait  voir  la  dif 
férence.  Foye^  fur  le  loup  'Volîlus  ,  de  Idolol.  L. 
III ,  c.  ss,  S9  i  62,  72  ,  73  ,y4,j6,  77. 

Les  Seigneurs  amalfent  leurs  payfans  pour  aller 
à  la  chalfe  au  loup ,  Se  font  un  triquetrac  ,  ou  des 
battues.  Lupum  condamant.  Le  loup  fe  prend  avec 
des  haulfe  pieds  ou  chalïe-pieds  ,  c'eft  à-dire  ,  avec 
des  chaulletrapes  &-  creux  couverts  ,  ou  avec  autres 
pièges  &  amorces.  Il  eft  difficile  de  forcer  un  vieux 
loup  ;  car  s'il  trouve  de  l'eau  ,  il  courra  trois  jours 
&  trois  nuits.  Il  n'y  a  point  de  loups  en  Angle- 
terre, depuis  qu'ils  furent  exterminés  par  Elgarus  , 
ou  félon  d'autres  ,  par  Etheltan  ,  Rois  du  pays.  Al- 
berto Lazari  dit  qu'Edouard  père  de  Henri  Roi' d'An- 
gleterre ,  pour  exterminer  tous  les  loups  de  fon 
Royaume  ,  offrit  cent  écus  de  la  tête  de  chaque 
loup  qu'on  lui  porteroit  ,  &  qu'on  n'y  en  a  point 
vu  depuis  ce  temps-là;  quoiqu'il  y  en  ait  encore 
beaucoup  dans  rEcolfe.  D'autres  difent  qu'Elgard 
Roi  d'Angleterre  au  X^  fiècie  ,  après  avoir  fubju 
gué  deux  fois  les  habitans  du  pays  de  Galles ,  leur 


L  O  U  647 

impofi  pour  tribut  300  têtes  de  loup  tous  les  ans 
Parla  il  extermina  k'i  loups  d'Angleterre,  ou' les 
ht  tuir  en  Ecolle,  depuis  cette  challe,  &  on  n'en 
voit  plus  dans  l'Angleterre.  Les  anciens  Grecs  ap- 
peloient  le  loleil  a„«„  ,  loup  ;  non  pas  du  nom  ^;.„ 
loup  ;  au  contraire  le  nom  de  a««,  loup  ,  étoit  pris 
du  nom  du  loleil.  /^«., ,  comme  on  le  peut  voir  aux 
étymologies  :  mais  de  >:..,  ,  lumière  ,  crépufculc. 
Foyc'^   Macrobe  ,  Z.   /,  c.  ij. 

Le  loup  ,  en  termes  de  l'dalon  ,  s'appelle  tantôt 
paffant  ,  tantôt  courant  ;  tantôt  rampant  lV  raviffant. 

Un  Poète  a  fait  ce  mot  adjedil  dans  une  hible  j 
fiilant  parler  les  brebis  au  loup  qu'elles  traitent  dé 
votre  Majefté  louve ,  {k  de  Monarque  loup. 

Prene-^  ,  Monarque  loup  ,  dit  le  haîlant  troupeau  , 
Contre  le  maître  coq  ,  prene^  notre  défenfe  , 

Prene^  fur  nous  toute  licence  , 
Et  comme  il  vous  plaira  j  tonde^  Jur  notre  peau  , 
Tout  eft  à  vous  ;  en  vous  eft  notre  confiance  j 

Et  votre  louve  Majefté 

Peut  au  gré  de  fa  'volonté 

Difpofer  de  notre  fuhftance. 

#3'Loup  Garou.  C'eft,  dans  l'efprit  du  peuple ,  un 
efprit  dangereux  &:  malin ,  travefti  en  loup ,  ou  un 
foreier  transforme  en  bête  effrayante ,  qui  court  les 
champs  &  les  rues  pendant  la  nuit.  Opinion  aullî 
ridicule  que  celle  qui  étabht  les  levcnans  ,  les  lu- 
tins ,  les  larves,  les  fées.  Cette  idii,  toute  extra- 
vagante qu'elle  eft  ,  fubiîfte  depuis  long  temps. 
Pline  fe  moque  de  ceux  qui  croient  que  quelques 

.  hommes  font  transformés  en  loups-garous ,  &  re- 
prennent enfuite  leur  première  forme.  Aujourd'hui 
on  fait  peur  du  loup-garou  à  un  enfant.  E>ans  bien 
des  endroits  le  peuple  croit  que  les  excommuniés 
&  ceux  qui  n'ont  pas  fait  leurs  Pâques,  fon  chan- 
gés en  loups  garous.  Il  y  a  un  arrêt  du  Parlement 
de  Dôle  de  1/74  ,  qui  condunne  au  feu  Gilles 
Garnier  qui  ayant  renoncé  à  Dieu  ,  &  s'étant 
obligé  par  ferment  à  ne  plus  fervir  que  le  Diable  , 
avoir  été  transformé  en  loup  garou. 

IfT  Le  plus  étrange  effet  de  la  force  de  l'imagina- 
tion eft  la  crainte  déréglée  de  l'apparition  des  ef- 
prits  ,  des  fortiléges  ,  des  loups  garous  j  &  de  tou- 
tes les  autres  rêveries  des  Démonographes.  f^oyer 
dans  la  3*  Partie  du  P.  Malbranche  ,  où  il  traite 
de  la  communication  contagieufe  des  imnginations 
fortes  ,  quelle  eft  la  fource  de  cette  crainte  ,  !k  com- 
ment l'on  peut  avec  une  imagination  déréglée  & 
échauffée  le  perfuader  foi  même ,  oc  perfuader  les  au- 
tres de  l'exiftence  de  ces  prétendus  efprits.  S'il  y  a  des 
loups'garous  j  ce  ne  peut  être  que  des  hommes  atra- 
bilaires ,  qui  s'imaginent  être  devenus  Joups  ,  par 
une  maladie  que  les  Médecins  nomment  Lycantro- 
pie.   f^oye'^  ce  mot. 

|lcr  Du  Cançe  dérive  ce  mot  de  l'Anglois  Were , 
homme  ,  du  Latin  vir.  Loup-garou  ,  homme 
loup. 

§CF D'autres  difent  loup-garou,  loup  dont  il  faut  fe 
garer  ou  garder.  Aullî  dans  quelques  endroits  on 
l'appelle  guère  loup.  C'eft  le  fentiment  des  Bollan- 
diftes,  Acla  Sanâ.   Mart.    T.  2  ,  p.  yoj. 

Loup-garou  ,  fe  dit  figurément  d'un  homme  bourru  Ik 
'fantalque,  qui  vit  feul ,  Se  éloigné  de  toute  com- 
pagnie. Morofus  ,  difficilis  ,  peracerhus.  Cet  hom- 
me vit  en  loup-garou ,  il  ne  veut  voir  perfonne  ,  il 
ne  fort  que  la  nuit  en  loup  garou.  Ils  nous  traitent 
par  tout  comme  des  loups-garous.  Voit.  Ils  veu- 
lent que  leurs  femmes  vivent  comme 'des  loups- 
garous.  Mol. 

Je  ne  prends  point  pour  vertu 
Les  noirs  accès  de  trifteffe 
D'un  loup-garou  revêtu 
Des  habits  de  la  Sageffe.   R. 

Loup  df  mer  ,  ou  Loup  marin.  PoilTon  qui  eft 
Icmé   de  taches  qui   a  le  dos  blanc  6c  bleu  ,  qui 


^48         L  O  U 

ell  giMiid  ,  gras,  épais  j  couveiT  de  moyennes  écail- 
les ,  ayant  une  grande  &  longue  tcte  ,  avec  une 
grand  ouverture  de  gueule.  Rohd.  Lupus  ,  ou  lucius 
mannus.  Les  loups  marins  de  la  mer  du  Sud ,  y  (ont 
en  il  grand  quintité  ,  qu'on  en  voit  Couvent  les 
rochers  couverts  autour  de  lile  de  la  Quuiqume  : 
ils  diîicrent  des  loups  marins  du  nord  _,  en  ce  que 
ceux-là  ont  des  pattes  ,  au  lieu  que  ceux-ci  ont 
deux  -nageoires  alongees  à  peu  près  comme  des  ailes 
vers  les  épaules,  &  deux  autres  petites  qui  enter - 
ment  le  croupion.  La  nature  a  néanmoins  confervé 
au  bout  des  grandes  nageoires  quelque  conformité 
avec  les  pattes  ;  car  on  y  remarque  quatre  ongles  , 
qui  en  terminent  l'extrémité  ,  peut  être  parce  que 
ces  animaux  s'en  fervent  pour  marcher  à  terre  ,  où 
ils  fe  plaifent  fort ,  &  où  ils  portent  leurs  petits  , 
qu'ils  y  jiourrilfent  de  poillbn ,  &  qu'ils  carellént , 
à  ce  que  Ton  dit  ,  tendrement.  Là  ils  jettent  des 
cris  femblahes  à  ceux  des  veaux  ,  d'où  vient  qu'on 
les  appelle  dans  pluiieurs  Relations,  V taux  marins  ; 
mais  leur  tcte  reifemble  plutôt  à  celle  d'un  chien, 
qu'à  tout  autre  animal  ■;  &c  c'eft  avec  rahon  que 
les  Hollandois  les  appellent  Chiens  marins.  Leur 
peau  ell  couverte  d'un  poil  fort  ras  &  tourfu  j  leur 
chair  eft  fort  huileufe ,  de  mauvais  goût  :  on  n'en 
peut  guère  manger  que  le  foie  -,  néanmoins  les  In- 
diens du  Chiloé  la  font  lécher  ,  &•  en  font  leurs 
provifions  pour  fe  nourrir.  Les  vailfeaux  François 
en  tirent  de  l'huile  pour  leurs  befoins.  La  pêche  en 
eft  fort  facile;  on  en  approche  (ans  peine  à  terre 
&•  en  mer,  &  on  les  tue  d'un  leul  coup  fur  le 
nez.  Il  y  en  a  de  différentes  grandeurs  ;  dans  le 
Sud  ils  font  gros  comme  de  bons  mâtins  ,  &  au. 
Pérou  on  en  trouve  qui  ont  plus  de  1 1  pieds  de  long. 
Leur  peau  fert  à  faire  des  Balfas ,  ou  balon.s  plems 
d'air  j  dont  les  Américains  fe  fervent  au  lieu  de  ba- 
teau. Frézier  ^p.  7/.  On  voit  quantité  de  loups- 
marins  au  Chili  ,  tant  à  terre  qu'à  la  mer.  Les  Hol 
landois  les  appellent  Lions  marins,  &  quelques-uns 
Veaux  marins,  parce  qu'ils  jettent  un  cri  femblabie 
à  celui  d'un  veau.  D'autres  les  appellent  Chiens 
marms  ,  parce  qu'ils  ont  la  tête  allez  femblabie  à 
celle  d'un  chien.  Les  Efpagnols  les  nomment  com- 
me nous ,  loups  marins.  Ils  font  amphibies. 

ffT  On  trouve  dans  les  Mémoires  de  l'Acad  t.  5.  part.  I. 
la  defcription  de  cet  animal.  On  remarque  que  (es 
poumons  font  partagés  en  deux  lobes  :  fon  cœur  efl; 
rond  &c  plat ,  Se  l'on  y  voit  deux  ventricules  fort 
grands.  Ces  deux  ventricules  communiquent  en- 
femble  par  le  trou  ovale ,  qui  ne  le  ferme  pas  ,  com- 
me dans  les  animaux  terreftres ,  quelque  temps 
après  leur  nailBnce  ;  mais  qui  lailFe  circuler  le  fing 
du  ventricule  droit  dans  le  ventricule  gauche  fans 
palTer  auparavant  par  les  poumons. 

^3°  D'où  l'on  doit  conclure  que  le  loup  marin  doit 
vivre  aulFi  facilement  dans  l'eau  que  dans  l'air. 

:^Cr  Pour  s'en  convaincre  il  faut  remarquer  1°.  que 
dans  les  Jiommes  &  dans  tous  les  animaux  tcrrel- 
tres ,  le  fang  va  de  la  veine  cave  dans  le  ventricule 
droit  du  coeur  -,  du  ventricule  droit  dans  l'artère 
pulmonaire  ;  de  l'artère  pulmonaire  dans  la  veine 
pulmonaire  ;  &  de  la  veine  pulmonaire  dans  le 
ventricule   gauche. 

z°.  Que  la  poitrine  des  hommes  ,  comme  celle 
de  tous  les  animaux  terreftres ,  a  deux  mouvemens, 
l'un  d'infpirarion  Se  l'autre  d'expiration.  Dans  le 
premier  elle  fe  dilate ,  &  reçoit  l'air  extérieur  : 
dans  le  fécond  elle  fe  rétrécit ,  Se  elle  rend  l'air 
extérieur  qu'elle  ayoit  reçu. 

3°.  Lorfque  dans  le  mouvement  d'expiration  la 
poitrine  fe  rétrécit  ,  les  poumons  en  mc-me  temps 
fe  compriment  ,  Se  le  fang  qu'ils  avoient  reçu  du 
ventritule  droit  du  coeur  par  l'artère  pulmonaire, 
eft  obligé  de  fe  rendre  dans  le  ventricule  gauche 
par  la  veine  pulmonùre.  C'eft  pour  cela  fans  dourc 
que  la  refpiiarion  eft  abfolument  nécellaire  à  la  vie 
<le  l'homme  &  de  tous  les  animaux  reireftres  ,  puif- 
que  fias  ces  nuuve.n.-ns  alternatifs  d'mlpiratiaa  Se 


LO  U 


d'expiration  ,  le  Cane,  n'auroit  pas  fon  mouvement 
de  circulation. 
§3°  Il  n'en  n'eft  pas  ainfi  du  loup  marin  ,  Se  de  tous 
les  animaux  amphibies.  Comme  ils  ont  le  trou  ovale 
ouvert  ,  leur  (âng  va  du  ventricule  droit  aCi  ventricule 
gauche  du  cœur  ,  lins  pafler  auparavant  par  les 
poumons.  Il  a  donc  fon  mouvement  de  circulation 
dans  le  temps  même  qu'ils  ne  rcfpirent  pas ,  &  par 
conlcqucnt  ces  fortes  d'animaux  peuvent  vivre  dans 
l'eau. 

§Cr  On  peut  appliquer  ce  principe  à  quelques  effets 
analogues  à  celui  dont  on  vient  de  parler. 

1°.   Les  enfans  n'ont  pas  beloin  de  refpirer  dans* 
le    fcin   de   leur  mère  ;    parce  que  leur   fang  va  du 
ventricule  droit  au  ventricule   gauche  du  cœur  par 
le  trou  ovale  qui  ne  fe  ferme  que  quelque  temps  après 
leur  naiilance. 

2°.  Veut-on  favoir  (1  un  enfant  trouvé  mort  eft 
venu  au  monde  mort  ou  en  vie?  On  n'a  qu'à  met- 
tre un  morceau  de  fon  poumon  dans  l'eau.  S'il  va 
au  fond  ,  l'enfant  étoit  mort  avant  que  de  naître  j 
Se  s'il  nage ,  l'enfant  elT:  venu  au  monde  en  vie. 

§Cr  En  effet  j  li  l'enfant  étoit  venu  au  monde  en  vie  , 
il  auroit  relpiré  ;  s'il  eût  relpiré  ,  il  (croit  refté  de 
l'air  dans  fes  poumons  ;  s'il  fiit  refté  de  l'air  dans 
(es  poumons ,  ils  auroient  été  relativement  plus  lé- 
gers qu'un  pareil  volume  d'eau ,  Se  par  conféquenc 
ils  auroient  lurnagé.  On  doit  donc  conclure  que 
s'ils  vont  au  fond ,  l'enfant  étoit  mort  avant  que  de 
naître  ■■,  8e  que  s'ils  nagent ,  l'enfant  eft  venu  au 
monde  en  vie. 

3".  Ce  qui  caufe  la  mort  des  noyés,  n'eft  pas 
l'eau  qu'ils  boivent ,  puifqu'ils  en  avalent  peu  ;  c'eft 
qu'ils  ne  peuvent  pas  relpirer  dans  l'eau. 

4°.  Ceux  qui  demeurent  long  temps  dans  l'eau  , 
fans  avoir  beloin  de  re(pirer ,  tels  que  font  les  Pê- 
cheurs de  perles ,  doivent  avoir  le  trou  ovale  ou- 
vert. 

03"  Pline  dit  que  l'on  faifoit  voir  à  Rome  des  loups 
marins  qui  répondoient  quand  on  les  appeloit ,  Se 
qui  de  la  voix  &  du  gefte  (aluoient  le  peuple  dans 
les  Théâtres.  Sévérinus  dit  aulïl  qu'il  y  a  eu  un 
loup  marin  qui  témoignoit  de  la  joie  ,  quand  ou 
iiommoit  les  Princes  Chrétiens  j  &  de  la  rrifteire, 
quand  on  nommoit  les  Mihométans.  Crcdat  Judxus. 

Dent  de  Loup  ,  eft  un  outil  dont  le  fervent  les  Gra- 
veurs ,  Orfèvres  Se  Doreurs  ,  pour  polir  leurs  ou- 
vrages. Dens  l&vi^acorlus.  C'eft  en  etiet  une  dent  de 
loup  ,  attachée  à  uii  manche . 

Loup  ,  eft  aulli  un  terme  de  Libraire  ,  qui  fignifîe  un 
inftrument  de  bois  ,  fait  en  manière  de  triangle  ,  dont 
on  (e  fert  pour  dreiîer  les  paquets ,  loriqu'ils  font 
cordés.  Trlangulus  Typographicus. 

Loup  des  Anciens.  C'étoient  des  cifeaux  courbes  Se 
dentelés ,  attachés  au  bout  d'un  cordage ,  avec  le(- 
quels  on  pinçoir  le  bélier  ,  en  le  détournant  à  droite 
ou  à  gauche.  Cette  machine  failoit  le  même  effet 
que  les  lacs  courans. 

Loup,  eil  aullî  un  petit  morceau  de  latte ,  au  bout  duquel 
les  enfms  attachent  une  petite  corde  ,  avec  laquelle 
ils  font  tourner  cette  latte  en  l'air  ;  ce  qui  faiiant 
un  bruit  qui  a  quelque  chofe  du  hurlement  d'un 
loup ,  a  été  caufe  que  les  enfms  ont  appelé  Loup  ce 
morceau  de  latte.  AJJlculus  rotatUls. 

Velfe  de  Loup  ,  eft  uneefpèce  de  Champignon.  Voye-^^ 
au  mot  Vesse. 

On  appelle  Saut  de  loup  ,  un  folTé  alfez  large 
pour  n'être  pas  franchi  par  un  loup  ,  Se  qu'on  creufe 
au  bout  des  allées  d'un  parc  ,  pour  les  fermer,  (ans 
leur  ôter  la  vue  de  la  campagne. 

Loup,  le  dit'fîgurémenr  en  Morale  d'un  Hérétique, 
d'un  hypocrite  ,  on  d'un  ennemi  de  l'Églile.  Jélus- 
Chrift  nous  avertit  de  nous  garder  de  ceux  qui  vien- 
nent avec  des  habits  d'agneaux ,  Se  qui  dans  l'in- 
térieur (ont  des  loups  raviftans.  Qui  venlunt  ad  vos 
In  vefllmentls  ovlum ,  intrinfecus  autem  /uni  liipi 
rapaces.  Le  peuple  les  appelle  des  Pattes  de  loup , 
des  pattes  pclues. 

Loup,  le  du  iigurcment  aullî  des  perfounes  maiisnes, 

inédilar-tes. 


L  O  U 

médiraïues ,  ou  qui  dccliircnt  impitoyablement  les 
autres.  Les  hommes  font  des  loups  les  uns  aux 
autres.  Homo  homïn'i  lupus. 

PuiJ qu'entre  fous  ,  humains ,  vous  vivc^  en  vrais 

Joups.  tIP 
On  ne  me  reverra  de  ma  vie  avec  vous.  Mol. 


loup  ,  en  Chirurgie  ,  efl:  une  efpèce  de  maladie 
qui  vient  aux  jambes  ;  ulcère  chaiicreux  qui  ronge 
&  confume  les  chairs  voilines.  Carcinoma ,  cancer 
crurum. 

|tCr  LouPj  en  chimie  ,  eft  un  des  noms  qu'on  donne 
à  l'antimoine,  parce  qu'il  divilc  !k.  dillbut  tous  les 
métaux  avec  Icfqucls  on  le  lait  fondre  ,  excepté 
l'or  &  l'argent. 

Loup,  ell  aulll  uneefpècé  de  mafquede  velours  noir, 
que  les  femmes  ont  porté  pendant  quelque  temps 

•  pour  le  préferver  du  haie.  Il  n'étoit  point  attaché , 
&  elles  le  tenoieiit  avec  un  bouton  dans  la  bou- 
che. Il  pendoit  depuis  le  front  jufqucs  lous  le  men- 
ton ,  à  la  dirtérence  des  mafques  carrés  qu'elles  por- 
toicnt  auparavant.  Elles  lui  ont  donné  ce  nom  , 
parce  que  d'abord  il  fiifoit  peur  aux  petits  enfins. 

Loup,  ou  la  Panthère.  Terme  d'Allronomie.  Conllel- 
lation  méridionale.    On  l'appelle  aulli  bète  du  cen- 
taure, parce  que  le  centaure  la  traverle.  Lupus.  Cette 
conrteilition  elt  compofée   de  19  étoiles  :  deux  de 
la    troifième  grandeur  ,  onze  de  la  quatrième,  & 
lîx  de  la  cinquième. 
Loup  ,  le  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Il  eft  dé- 
crié comme  le  loup  blanc.  On  dit  que  la  faim  challc 
le   loup  hors  du  bois  j  pour  dirCj  que  la  nécelfité 
contraint  les  gens  à  travailler  ,  ou  à  mendier.  'Villon 
dit  en  fon  Teltament,  nécelllté  fait  gens  mépren- 
dre ,  tk    tait  faillir  le  loup   du  bois.  On  dit  qu'on 
met  les  gens  à  la  gueule  du  loup,  pour  dire,  qu'on 
les  expofe  à  des  périls  évidens.  On  dit ,  qui  fe  fait 
brebis,  le /o^^^  le  mange  ,  pour  dire,  que  quand  on 
eft  trop  facile  j  ou  patient  ,  on  eft  fujet  à  être  pillé, 
ou  infulté.    On  dit  ironiquement,  qu'une  choie  eit 
facrée  ,  comme  la  patte  d'un  loup.    On  dk  d'un  hom- 
me enrhumé  ,  qu'il  a  vu  le  loup  :  ou  plutôt  on  de- 
vroit  dire ,  que  le  loup  l'a  vu  le  premier ,  luivant 
ce  mot  des  Bucoliques  de  Virgile  ,  Lupi  Mcenm  vi- 
derepricres.  C'eft  une  erreur  populaire  fondée  fur  un 
patlage  de  Pline;  maiscepallage  de  Virgile  iait  voir 
que  l'erreur  eft  plus  ancienne  que  Pline.  On  le  ditauùl 
de  celui  qui  a  vu  le  monde,  qui  eft  aguerri  &  expé- 
rimenté. On  dit  encore  j  que  des  gens  vont  queue  à 
queue  comme  les  loups ,  quand   ils  s'entreluivent , 
quand  ils  arrivent  l'un  après  l'autre.  Car  on  dit  que 
quand  la  louve  eft  en  chaleur  ,  il  y  a  une  grande 
tramée  de  loups  qui  la  fuivent  queue  à  queue  ,  com- 
me dit  Phœbus  de    Foix  en  fon  livre  de  la  Challé. 
On  dit  encore  ,  qui  parle  du  loup  en  voit  la  queue  j 
lupus  in  fabula  ,  quand  quelqu'un  arrive  dans  une 
compagnie  dans  le  temps  qu'on  parloir  de  lui.  On 
dit  aulli  ,  Marcher  à  pas  de  loup  ,  pour  dire ,  dou- 
cement ,   &   pour   furprendre    quelqu'un.   On    dit 
aulli  j  Entre  chien  &  loup  ,  quand  il  fait  obfcur, 
au  temps  qu'on  ne  peut  difcerner  lî  c'eft  un  chien 
ou  un  loup.  Entre  chien  &  loup  ;  cette  expreftîon 
eft  ancienne  en  France,  elle  fe  trouve  dans  Mar- 
culfe.  Infra  horam  vefpeninam  ,  dit  il ,  inter  canem 
o"  lupum ,  Sec  On   dit  qu'on  a  couru  un  homme 
comme  un  loup  gris  ,  poui  dire  ,  qu'il  a  été  vivc- 
menr  pouifuivi.  On  dit  qu'on  tient  le  loup  par  les 
oreilles  ,  quand  on  eft  embarralle  dans  une  aft'aire 
doureule  ,  &  où  l'on  envifage  du  péril  de  tous  cô- 
tés. Aurihus  teneo  lupum.  Ter.  On  dit  que  la  lune 
eft  à  couvert  des  loups  ,  qu'elle  eft  en  sûreté.  Ce 
proverbe  vient  du  Latin  ,  Luna  tuta  à  lupis.  On  dit 
aulll  ,  Donner  les  brebis  à  garder  au  loup  ,  comme 
on   dit  ,   Au  plus  larron    la   bourfe  ,   pour    dire  j 
Merce  une  chofe  en   une   main  infidèle.   Ce  pro- 
verbe eft  encore  tiré  du   Latin  ,  &  fe  trouve  dans 
Tcicnce.  Ou  dit  aulfi,  qu'il  fiut  hurler  avec  les  loups , 
pour  dire,  qu'il  faut  s'accommoder  à  l'humeur  de 
Tome  y. 


L  O  U 


^49 


ceux  avec  qui  on  a  à  vivre.  On  dit  encore,  que  la 
guerre  eft  bien  forte  ,  quand  les  loups  fc  mangent 
l'un  l'autre,,  ou  que  les  loups  des  bois  ne  s'entre- 
imngeiit  pas,  pour  dire  ,  que  les  gens  d'une  même 
protcliion  s'cntrefoulagcnt  :  ce  qui  le  dit  des  Au- 
teurs ou  des  gens  de  mcnic  prorcllion  ,  lorfqu'ils 
le  déchirent  ,  ou  qu'ils  plaident  les  uns  contre  les 
autres.  On  dit  en  Chirurgie,  qu'on  enferme  \c  loup 
dans  la  bergerie  ,  quand  on  laillc  refermer  une  plaie 
uns  l'avoir  bien  fait  luppurcr,pour  empcciier  qu'il  ne 
s'y  forme  un  lac  qui  obligeroit  à  la  rouvrir.  On  dit 
aulll ,  le  loup  mourra  dans  la  peau  ,  pour  dire  ,  qu  il 
arrive  rarement  qu'un  méchant  hoinme  s'amcnd.-. 
On  dit  aulli ,  A  brebis  comptées  ,  le  loup  les  mange  , 
pour  dire  ,  que  quelque  loin  que  l'on  ait  de  garder 
ce  qu'on  a  ,  Hc  d  en  lavoir  le  compte  ,  on  ne  laillè 
pas  quelquefois  d'être  volé.  On  dit  aulfi  qu'un  hom- 
me eft  connu  comme  le  loup  ,  pour  dire,  qu'il  eft 
extrêmement  connu  ,  &  cela  ne  le  dit  que  d  uri 
homme  de  qui  on  peut  fe  donner  liberté  de  dire  ce 
qu'on  en  penle.  On  dit  aulli  lavoir  la  patenôcre  du 
loup  ,  pour  dire  ,  favoir  de  certaines  paroles  magi- 
ques pour  empêcher  que  le  loup  n'étrangle  les  bre- 
bis. On  appelle  une  femme  dirbauchée,  une  louve. 
On  dit  :  Qui  fauroit  les  coups  ,  on  prendroit  les 
loups  ,  pour  dire  ,  Que  fi  l'on  lavoir  deviner  ,  on 
feroit  de  belles  chofes  &c  de  beaux  profits. 

Quiconque  ejl  loup  ,  agijfe  en  loup  : 
C'ejl  le  plus  certain  de  beaucoup.  La  Font. 

Danler  le  branle  du  loup  ,  eft  un  proverbe  qui  ne 
fe  trouve  point  dans  nos  Diiilionnaires.  En  voici 
l'explication.  Cosme.  Tu  parles  haut,  comme  fi  j'é- 
tois  lourd  Simplicien.  Par-là  vous  pouvez  connoitrc 
que  je  ne  danfe  pas  le  branle  du  loup  ,  la  queue 
entre  les  jambes  ,  c'eft  à  dire  ,  que  je  n'ai  point  de 
peur.  Cosme.  Il  eft  vrai  que  \z  loup  étant  un  animal 
cruel  &  lâche  ,  porte  ordinairement  la  queue  entre 
les  jambes,  qui  eft  un  fignc  de  fa  lâcheté  &  de  mau- 
vaile  nature  ,  aulli- bien  que  de  celle  du  chien, 
duquel  un  Poëte  a  dit  que  les  chiens  de  mauvaife 
race  replient  leur  queue  fous  le  ventre. 

Dtgenerefque  canes  caudamfub  ventre  refiecîunc 

Foyei  CHIEN. 

On  difoit  anciennement ,  leu  ,  Se  on  le  dit  encore 
en  Picardie.  Il  en  refte  des  marques  dans  un  jeu  de 
petits  enhns  appelé,  à  la  queue  leu  ,  leu\  &:  dans 
le  nom  de  Saint  Leu  &c  Saint  Gilles.  Sanài  Lupi  Se 
uîgidil. 

On  difoit  aullî  autrefois  loin  ,  pour  fignifier  la 
même  chofe.  L'Abbaye  de  Fille- Loin  eft  appelée 
Villa-Lupa.  La  rivière  de  Loin  ,  ad  Lupam. 

Illes  aux  Loups  marins.  Il  y  a  fur  la  côte  de  l'A- 
cadie ,  dans  la  nouvelle  France  ,  des  îllcs  qu'on  ap- 
pelle les  îlles  des  Loups  marins  ,  parce  que  les  loups 
marins  vont  là  faire  leurs  petits.  Ils  y  viennent  pour 
mettre  bas  vers  le  mois  de  Février  ,  montent  lur  les 
rochers ,  &  te  mettent  autour  des  îles ,  où  ils  font 
leurs  petits  ,  qui  font  en  naillaiit   plus  gros  que  le 
plus  gros  porc  que  l'on  voie.  Se  plus  longs.  Ils  ne 
demeurent  à  terre  que  peu  de  temps ,    après  quoi 
leurs  père  8e  mère  les  emmènent  à  la  mer  ;  ils  re- 
viennent quelquefois  à  terre  ou  fur  des  rochers ,  où 
la  mère  les  fait  téter.  La  pêche  s'en  tait  au  mois  de 
Février ,  lorfque  les  petits  y  font  :  on  va  tout  autour 
des  lies  avec  de  forts  bâtons  j  les  père  &  mère  fuient 
à  la  mer  ,   Se  on  arrête  les  petits  qui   tâchent   de 
fuivie  ,  en  leur  donnant  un  coup  de  bâton  fur  le  nez  , 
dont  ils  meurent.  L'on  va  le  plus  vite  que  l'on 'peut,, 
car  les  pcre  &  mère  étant  à  la  mer ,  font  un  grand 
bruit j  qui  donnant  l'alarme  par-tout,  les  fait  tous 
fuir;   mais  il  fe  lauve  peu  de  petits  :  on  ne  leur  en 
donne  pas  le  temps.  Il  y  a  des  joutnées  que  l'on  en 
tue  jufqu'à  fix  ,  fept ,  Se  huit  cens.  Ce  font  les  pe- 
tits qui  font  les  plus  gras  ,  car  les  père  Se  mère  font 
maigtes.  L'hyver  il  faut  bien  trois  ou  quatre  petits 

N  n  n  n 


é^o 


L  O  U 


pour  faire  une  barique  d'huile  ;  qui  cft  bonne  à 
manger  ,  étant  fraîche  j  &  auflî  bonne  à  briiler  que 
l'huile  d'olive  ,  &  n'a  point  d'odeur  en  bridant  , 
comme  les  autres  huiles  de  poillon^qui  font  tou- 
jours pleines  de  lie  épallFe  ,  &  de  laletes  au  fond 
des  bariques. 
LOUP.  f.  m.  Nom  d'iiomrpc.  Lupus.  Saint  Loup ,  Evo- 
que de  Troyes,  fur  cleié  à  cette  dignité  l'an  426. 
après  la  mort  de  S.  Ours ,  &:  mourut  en  478.  le  29*^ 
Juillet  j  jour  auquel  l'Eglilé  célèbre  fa  mémoire.  Saint 
Loup  ,  Evéque  de  Lyon  ,  pallii  les  années  de  la  jeu- 
nelle  dans  la  vie  folitaire  ou  monaftique.  Il  fuccéda 
à  S.  Viventiol ,  vers  l'an  5i^  alUlla  en  538.  au  111'= 
Concile  d'Orléans ,  &  mourut  avant  l'année  J41. 
F'oyei  Bailler  ,  au  2 s  de  Septembre. 
Le  Loup.  Nom  d'une  petite  rivière  de  France.  Lupus. 
Le  loup  cil:  dans  la  Provence.  Il  a  fon  embouchure 
près  de  celle  du  Var.  Hadr.  'Val.  Not.  Gall.  p. 
308. 

L'île  des  Loups  ,  s'appelle  autrement  llfle  S.  Roch. 
Elle  ell  par  la  latitude  6  degrés  ;/  minutes ,  &  non 
pas  6  degrés  14  minutes  ,  comme  a  dit  Danipierre. 
Elle  eft  à  1 5  ou  14  lieues  de  la  côte  du  Pérou. 

Il  y  a  encore  un  peu  plus  au  nord  une  autre  île  , 
appelée  auflî  l'ile  des  Loups. 

Ces  îles  font  ainfi  nommées  à  caufe  des  loups  ma- 
rins qui  s'y  retirent. 

La  féconde  ell  plus  grande  ,  plus  haute  &  plus 
unie  que  la  première,  fuis  eau  ,  lans  bois  ,  &z  (ans 
verdure.  Elle  a  deux  lieues  de  long  ,  6c  eft  à  deux 
lieues  de  la  terre-ferme. 
LOUPÇAVO.  La  Congrégation  de  Loupçavo  proche 
de  Luc.  C'eft  une  Congrégation  religieufe  ,  l'une  de 
celles  qui  furent  unies  par  Alexandre  IV.  pour  for- 
mer l'Ordre  des  Ermites  de  S.  Auguftin.  P.  Mélyotsp 
P.  ///.  c.  2. 

Loupe.  Nom  d'une  petite  rivière.  Lupa.  La  Loupe 
efl:  en  Normandie  ,  «Se  fe  décharge  dans  l'Eure.  Hadr. 
■V.alois,  Noc.  Gall.  p.  308- 
LOUPE.  f.  f.  terme  de  chirurgie.  Ganglion ,  panus.  Tu- 
meur contre  nature  ,  quelquefois  molle  ,  quelquelois 
dure  ,  toujours  ronde  ,  prenant  naillance  le  plus 
fouvent  aux  lieux  durs  ,  fecs  &  nerveux.  Elle  fe  forme 
d'une  matière  qui  eft  enveloppée  dans  une  petite 
bourfe,  ou  tunique,  qui  eft  tantôt  comme  du  fuilj 
tantôt  comme  de  la  boullie  ,  ou  du  miel ,  &  tantôt 
dure  comme  une  pierre  ,  ou  un  petit  os. 

{CT  Ces  tumeurs  formées  par  un  amas  de  facs  lym- 
phatiques viennent  lous  la  peau  ,  dans  les  cellules  du 
tiffu  adipeux.  Elles  crollfent  par  degrés  infenlibles, 
&  augmentent  quelquefois  julqu'à  une  grollcur  con- 
fidérable.  Elles  ont  des  couleurs  &  une  conliftance 
ditfércntes  félon  la  nature  des  fucs  lymphatiques.  Il 
y  en  a  qui  deviennent  skirreufes  &  carcinom.ateufes , 
luivant  la  nature  des  lues  qui  y  font  renfermés.  On 
coupe ,  on  extirpe  les  loupes. 
i,ouPE,  en  termes  d'Optique,  eft  un  verre  taillé  om- 
phaloptre  ,  ou  convexe  des  deux  côtés ,  qui  grolîit 
les  objets.  fHirum  convexo  convexum.  Il  fert  aux  Gra- 
veurs £c  aux  Ouvriers  qui  travaillent  lur  quelque 
chofc  délicate  ,  pour  en  découvrir  les  moindres  par- 
ties, aux  MéJailliftcs  &  Antiquaires  j  pour  déchilrer 
les'ancienncs  médailles  &  leurs  infcriptions.  On  l'ap- 
pelle autrement  Lentille. 
Loupe,  terme  de  Joallier,  le  dit  des  perles  ou  pierres 
précieules  que  la  nature  n'a  pas  achevées  ,  qui  lont 
demeurées  imparfaites.  Gemma  imperfecla  ,  infecla. 
Ainfi  on  dit  des  loupes  de  faphirs ,  des  loupes  de 
rubis  ,  des  loupes  d'émevaudes ,  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  cette  efpèce  qu'on  appelle  Prime  d'éme- 
raudc.  Les  loupes  de  perles  ne  font  proprement  que 
des  nacres  de  perles  qui  ont  quelqu'endroit  relevé  & 
à  demi  rond  ,  que  les  Lapidaires  ont  l'adrelle  de  Icicr 
&  de  joindre  enfemble. 
loupE  DE  Bois  ,  en  termes  d'Eaux  &  Forêts ,  fe  dit 
des  bolfes,  on  gros  nœuds  ,  qui  s'élèvent  fur  l'écorce 
des  arbres.  Nodus.  Ce  font  des  excroilfanccs  ligneu- 
fes  qui  viennent  fur  la  risc  i?c  aux  branches  des 
arbres. 


LO  U 

Loupes,  f.  f.  pi.  Termes  de  Monnoies.  Ce  font  les 
briques  &  carreaux  des  vieux  fourneaux  qui  ont 
fervi  à  la  fonte  de  l'or  t^c  de  l'argent.  Ces  loupes  fe 
broient  &  le  concallent ,  pour  en  tirer  ,  par  le  moyen 
du  moulin  aux  lavures  ,  les  pyticules  de  ces  mé« 
taux  qui  peuvent  s'y  être  attacjfcs. 
LOUPEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  a  des  loupes.  Il  ne  fe  dit 
guère  de  l'homme  :  mais  on  le  dit  des  arbres  qui 
ont  des  loupes.  Les  vieux  frênes  loupeux  font  recher- 
chés par  les  Armuriers  &  les  Ebéniftcs  pour  faire 
de  beaux  ouvrages ,  ainfi  qu'il  eft  marqué  dans  ce 
Dictionnaire  au  mot  Frêne. 
LOUPIAC.  Petite  ville  de  France,  en  GuiennCj  dans 

l'Armagnac  ,  à  la  tource  de  Gélife. 
LOURD,  LOURDE,   adj.  Le  d  final  ne  fe  prononce 
jamais  ,  pas  même  devant  une  voyelle.  ICJ"  Terme 
relatif  à    la  pelanteur  ,  &  qui  s'applique  à  ce  qui 
charge  le  corps ,  à  ce  qui  eft  difficile  à  remuer ,  à 
porter.  Dans  ce  fens  il  eft  oppolé  a  léger.  Pnegravis. 
Les  leviers  j  les  mouftles  élèvent  les  plus  lourds  (ic- 
deaux.  Un  fardeau  trop  lourd.  L'or  eft  le  plus  lourd 
de  tous  les  métaux.  Le  poids  le  plus  lourd  emporte 
la  balance  de  fon  côté. 
Lourd,  fe  dit  aulli  de  ce  qui  n'eft  pas  agile,  difpos. 
Segnis  ^  gravis.  Les  bœuts  ,  les  ânes  ,  les  éléphans, 
font  des  animaux  lourds  ,  fe  remuent  pefamment.  On 
dit  d'un  homme   gras    Se  replet  ,    ou    qui  eft  fur 
l'àge  ,  qu'il  eft  lourd,  pour  dire,  qu  il  a  de  la  peine 
à  marcher. 
Lourd,    fe   dit  figurément  en  choies  fpirituelles  Se 
morales.  §CJ"  Un  homme  lourd  ,  qui  n'a  nulle  iînef- 
fe,  ni  d'idées,  ni  d'exprelîions.  Un  elprit /oi/r^,  At- 
èes ,  pefant  ,  grollîer.  Il  faut  dire  efprit  pefant  plutôt 
que  lourd.  On  appelle  une  lourde  faute  ,  gravis ,  une 
faute  qui  ne  pourroit  être  faite  par  un  habile  hom- 
me ,  une  faute  grollîère.  On  dit  aulli  qu'une  affaire 
eft  trop  lourde  ,  lorlqu'il  y  faut  taire  trop  de  dépenle, 
qu'il  y  faut  avoir  trop  d'application,  qu'elle  eft  au- 
dellus  du  bien  ,  des  forces ,  de  la  capacité  de  celu: 
cjui  la  voudroit  entreprendre. 

On  le  dit  aulli  de  ce  qui  eft  onéreux.  C'eft  unj 
lourde  charge  que  lîx  entans.  On  dit ,  une  lourde 
taxe  j  quand  elle  eft  grolLe ,  &  une  lourde  Com- 
me quand  on  n'eft  pas  en  état  de  la  fournir.  Or 
dit  qu'un  travail  eft  louid  ,  lorlqu'il  eft  pénible,  & 
qu'il  doit  être  de  longue  durée. 
§Cr  En  Peinture  ,  ce  terme  délîgne  l'eifer  de  la  peine 
dans  les  parties  du  mécaniime.  On  dit  d'un  peintre 
que  fa  touche  eft  lourde ,  que  les  contours  ionx.  lourds, 
faits  avec  peine.  Compolîtion  lourde  ,  maullàde  Se 
fans  grâce.  Lourd  de  couleur ,  lourd  de  delfein ,  dra- 
perie lourde. 

En  termes  de  Jardinage ,  on  dit  terre  lourde.  Les 
terres  trop  lourdes ,  trop  grades  iSj  trop  fortes  ,  font 
beaucoup  de  peine.  La  Quint.  Pour  les  terres  (ablon- 
neufes,  il  eft  difficile  ,  mais  non  pas  impolîiblc  lie 
les  rendre  plus  lourdes  &c  plus  grades.  Le  feul  expc- 
dient  confifte  dans  un  grand  tranfport  d'autres  terres 
fortes  ,  pour  les  mêler  parmi  ,  ou  bien  il  fiut  faire 
couler  dans  le  fond  quelque  décharge  d'eau  qui  le 
répande  par-tout.  La  Quint. 
Lourd,  fe  dit  aullî  parmi  les  Libraires,  en  parlant 
du  débit  des  livres ,  &  il  lignifie  ,  Qui  le  vend  len- 
tement ,  qui  eft  dur  à  la  vente.  Ce  livre  eft  bon , 
mais  il  eft  lourd. 
§3"  Lourd,  pefant ,  fynonyme.  Le  morde  lourd  le- 
garde  plus  proprement  ce  qui  charge  le  corps  :  celui 
de  pefant  a  un  rapport  plus  particulier  à  ce  qui 
charge  l'elprir.  Il  faut  de  la  force  pour  porter  l'un; 
de  la  lupérioriré  de  génie  pour  loutenir  l'autre.  Syn. 
Fr.  L'homme  foible  trouve  lourd  ce  que  l'homme 
robufte  trouve  léger  :  l'adininiftiation  de  toutes  les 
affaires  d'un  Etat  eft  un  fardeau  bien  pefant  pour 
un  feul. 
LOURDAUD,  AUDE.  f.  m.  &  f.  Le  d  final  ne  (c 
prononce  point ,  même  devant  une  voyelle.  Pelant, 
grollîer  ,  mal  adroit,  Barrus,  bardus  ,  tardus ,  inep- 
tus ,  fiupidus.  Les  Payfans  font  lourdauds  pour  la 
plupart.  Il  ne  faut  donner  rien  de  délicat  a  manier 


L  G  U 


à  ce  lourdaud,  il  11-  brifera.  Ce  v.ilct  crt:  bien  lour- 
daud, il  ne  lait  pas  taiic  un  niellàgc.  Il  y  a  un  conte 
agréable  du  Lourdaudàc  Champagne  ,  tians  les  Nou 
velles  qu'on  attribue  au  Roi  Louis  XI. 

^  Ne  forçons  point  notre  talents 

Nous  ne  ferions  rien  avec  prace. 
/iîOT(7/.r  ^'^  louïclaud  ,  quoiqu'il  jajje  j 
Ne  faurou  pajjer  pour  galant.  La  Font. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  lurdus,  qu'on  a  dit  dans 
la  balle  Latinité  en  la  même  lignihcation,  ou  de 
1  Italien  lordo. 

LOURDE.  1.  m.  Teimc  d'Argot ,  qui  fignifie  porte. 
Je  Javois  débrider  la  XomAzfans  tournante. 
C'eftàdire,  je  ûvois  ouvrir  la  porte  (ins  clef. 
Poème  de  Cartouche. 

LOURDE,  LORDE^  Bourg  de  France,  fitiié  dans  le 
Bigore,  en  Gafcogne,  lur  le  Gave  de  Pau,  à  fept  lieues 
au  dellusde  la  ville  de  ce  nom.  Il  eil  dans  le  Lavédan  , 
ik.  c'en  eft  le  lieu  principaj.  Lorda ,  Lapurdum.  On 
dit  que  c'elt  un  nom  Galeon  ou  Bikaïcn  ,  qui  a  été 
anciennement  donné  aux  habitans  de  ce  lieu  ,  à  caule 
de  leurs  vols  &  de  leurs  brigandages.  D'autres  croient 
que  Lapurdum  ell  Baïonne  ,  qui  hit  nommée  Civitas 
Laotcum  ,  &  (es  habitans  Laotes  ,  &  enfuite  Larda, 
Lapurdum.  Car  quelques-uns  la  prennent  pour  l'an- 
cien Lapurdum- 

gcr  LOURDEMENT,  adv.  Dans  le  fens  propre ,  pe- 
larament,  rudement.  Au  figuré ,  grollièremenr.  Gra 
viter ,  inepte.  Marcher  lourdement.  Se  tromper  lour- 
dement. Cet  homme  eft  tombé  lourdement ,  de  tout 
fon  poids,  fans  le foutenir.  J'appuyai  lourdement l\n 
le  cifeau.  Ablanc.  Cet  Arithméticien  s'ell:  trompé 
lourdement  dans  ton  calcul.  On  s'abule  lourdement, 
quand  on  s'en  rapporte  au  jugement  de  fes  fens. 

LOURDERIE  ,  f.  h  Faute  groillère  contre  le  bon  fens, 
contre  la  civilité,  contre  la  bienféance.  Staliditas  , 
ineptia.  Vous  avez  fiit  une  étrange  lourderie.  Il  ell 
du  ftyle  familier. 

LOURDIER.  f.  m.  pour  Lourdaut ,  étott  en  ufage  dans 
le  quinzième  fiècle  :  témoin  les /o^/rifiêrj  de  Troyes, 
dont  il  eft  parlé  dans  la  ioixante-quinzième  des  cent 

'  Nouvelles  iNfouvelles  ,  &  les  quatre  gros  Lourdiers 
Charretiers,  Bouviers,  de  la  Nouvelle  98*. 

LOURDIiiE.  1.  f.  Action  de  lourdaud.  Stupor,  tarditas. 
Ce  mot  eft  peu  en  ulage. 

LOURDOrS  ,  OISE.  adj.  Vieux  mot.  Sot ,  défagréable. 

LOURE.  f.  f.  Vieux  mjt ,  qui  (îgnihoit  autrefois  mu- 
fette  ,  qui  vient  de  lyra.  On  appeloit  aulîi  Zo^rj/zr? 
Celui  qui  en  jouoit. 

§CrOn  appelle  encore  loure ,  en  mufique ,  une  forte 
de  danfe  qui  fe  bat  à  deux  temps  ,  &  d'un  mouve- 
ir.ent  marqué.  Le  premier  temps  eft  un  peu  plus 
marqué  que  le  fécond.  La  Gigue  eft  une  elpèce  de 
loure  ,  dont  le  mouvement  eft  plus  vif  que  celui  de 
la  loure  ordinaire. 

§3"  LOURER.  V.  a.  Terme  de  mufique.  Lourer  des 
notes  j  lourer  nn  airj  c'eft  lier  les  notes  entr'elles 
en  les  chantant  ou  en  les  jouant,  de  façon  qu'on 
nouriffe  les  fons  avec  douceur,  &  qu'on  marque  un 
peu  plus  fenfiblement  la  première  note  de  chaque 
temps,  que  la  féconde  qui  eft  de  même  valeur. 

LOURGESIL.   Voy.  Longils. 

LOURPIDON.  f.  m.  Terme  de  mépris. 

Ha  fafraniére  !  Ha  vieille  lourpidon  ! 
De  ma  franchife  ejl-  ce  là  le  guerdon  ? 

M.  Rousseau.  . 

C'eft  un  terme  emprunté  de  Rabelais,  L.  J.  c.  49. 
Le  pauvre  Cholérique  ,  racontant  (es  maies  fortu- 
nes ,  tut  advilé  par  une  vieille  lourpidon  ,  que  fon 
Royaume  lui  feroit  rendu  à  la  venue  des  Coqueci 
grues. ...  Ce  mot  n'cft  point  connu  en  Bourgogne, 
quoique  M.  Ménage  allure  qu'on  l'y  prononce  Or- 
pidon,^  qu'il  s'y  dit  d'une  femme  mal  propre.  Dicl. 
Etym.  au  mot  Orpidon.  M.  le  Duchat,  ou  plutôt 
M.  D  •  la  Monnoie ,  Note  j.  fur  le  chap.  cité. 
Tome  y. 


L  O  U         6^1 

LOUS.  f  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  d'un  mois 
des  Macédoniens  Ik  des  Grecs  de  Pergamc  j  d'Ephèfe, 
&:c.  Lous.  l'iiiiippc  ,  Roi  de  Macédoin^  en  parle 
dans  une  lettre  a  ceux  du  Péloponnèlc.  J^oye^  1  (Jrai- 
fon  de  Dcmofthène  pour  la, couronne.  Plutarquc , 
dans  Alexandre  ,  bit  répondre  les  Lous  des  Macé- 
doniens a  l'Ecatombcon  des  Athéniens  i  c'eft  à  dire, 
à  peu  près  à  noire  mcji;  de  Juin.  Che-c  les  Tyrjens, 
le  mois  Lous  répondoit  à  une  jurande  partie  de  notre 
mois  de  Septembre  ;  &  chez  les  Lyciens  ,  &  les  Si- 
doniens,  il  répondoit  a  peu  près  à  notre  mois  d'Oc- 
tobre. Enfin  chez  les  Achéens,  il  répondoit  à  notre 
mois  d  Août. 
LOUSCHE.  Foyei  Loucun. 
LOUSCHER.  Koye:(  Loueiir.R. 
LOUSCMEF.  roye:^  Louchet. 

LOUSES.  Lutofi.  Ce  lieu  eft  dans  lediocèfe  deTroyes, 
en  Champagne.  C'étoit  autrci-ois  une  1  erre  du  do- 
maine de  nos  Rois ,  dans  la  première  Race.  L'Abbé 
Betchaire  y  bâtit  une  Ëglife  fous  le  nom  &  l'invo- 
cation de  Saint  Martin.  Ce  lieu  prit  ce  nom ,  parce 
qu'il  étoit  dans  un  endroit  marécageux,  plein  de  boue, 
in  loco  Lutofo.  Et  de  Lutofz ,  on  a  fut  Lutofis  , 
Luofcs ,  Loufes.  Voyez  Hadr.  Valois ,  Not.  Gail. 
p.  309. 
LOUTARY.  f.  m.  Poifton  de  l'île  de  Aladagafcar.  Il 
ne  fe  prend  dans  un  lac  qui  eft  au  pied  de  la  mon- 
tagne des  petits  hommes,  que  dune  forte  depoilfon 
fcmblable  à  la  truite  ,  &  long  d  un  pied  tic  demi. 
Comme  il  ne  fe  nourrir  que  d'une  liqueur  grade  qui 
nage  fur  l'eau,  il  porte  avec  lui  la  lauce  ;  car  loit 
qu'on  le  mange  bouilli ,  frit ,  ou  rôti  ;  fi  tôt  qu'on 
vient  à  l'ouvrir  ,  il  remplir  un  grand  plat  d'un  fuc 
délicieux  ,  qui  lui  fert  d'allàifonnement.  On  appelle 
ce  poilîon  Loutary.  Furctiriana. 
LOUTH.  Nom  d'un  bourg  de  la  Lagénie,  ou  province 
de  Leinfter  en  Irlande.  Louta,  L^utum ,  Lugum.  U 
donne  fon  nom  au  Comté  de  Louth  ,  dans  lequel  il 
eft  lîtué  ,  à  deux  lieues  de  la  petite  ville  d'Atherde, 
&  à  deux  de  celle  de  Dundalke.  Maty. 

Le  Comté  de  Louth.  Lugenjls  ,  on  Luthenfis  Cc- 
mitatus.  Contrée  de  la  Lagénie,  en  Irlande.  Elle 
eft  bornée  au  fud  par  le  Comté  d'Eaft.  Meath  ;  au 
couchant  par  ceux  de  Cavan  &  de  Mongham  ;  au 
nord  par  celui  d'Armagh  ,  &  par  labaie  de  Carling- 
fort  j  Ik.  au  levant  par  la  mer  d'Irlande.  Ce  Comté 
peut  avoir  dix  lieues  de  côtes,  &  quatre  ou  cinq 
dans  fi  profondeur  moyenne.  Ses  lieux  les  plus 
confidérables  font ,  le  boui'g  de  Louth  ,  qui  lui  donne 
le  nom  ,  Se  les  petites  villes  de  Carlingfort ,  de 
Dundalke  ,  d'Atherde,  &  de  Droghéda.  Maty. 
LOUTRE,  f  m.  &:  f  Animal  amphibie  comme  le  caf- 
tor  ,  &  qui  vit  de  poilfon.  Lutra.  Il  a  les  jambes 
courtes  j  la  queue  longue ,  &  eft  de  la  grollèur  d'un 
matou.  Ses  oreilles  font  petites  comme  celles  du. 
caftor  J  avec  lequel  plulîeurs  Auteurs  le  confondent. 
Pline  &  Bélon  difent  qu'ils  ne  diiierent  qu'en  ce 
que  la  queue  du  caftor  eft  couverte  d'écaillés,  & 
que  celle  de  la  loutre  eft  fort  pelue.  Son  poil  n'eft 
pas  la  moitié  fi  long;  car  il  n'a  que  huit  lignes,  au 
lieu  que  le  plus  long  du  caftor  en  a  jufqu'à  dix-huit. 
Les  femelles  ont  à  la  matrice  des  nymphes ,  &  un 
clitoris  commes  les  femmes'.  Ses  reins  approchcnc 
de  ceux  de  l'ours;  mais  au  lieu  de  dnquante-rleux 
petits  reins  qu'on  trouve  dans  l'ours ,  la  loutre  en  a 
feulement  dix  ,  féparés  les  uns  des  autres  ,  ayant  cha- 
cun leur  parenchyme  ,  leur  veine  &-  leur  artère  émul- 
gente  à  part.  Elien  l'appelle  chien  de  rivière,  parce 
que  les  dents  de  l'un  &  de  l'autre  fe  relfemblent  touc- 
à  fiit.  Ariftote  attiibue  à  la  loutre  ,  ce  que  Pline  die 
du  caftor  ;  que  quand  il  mord  un  homme  ,  il  ne 
quitte  jamais  prife  ,  qu'il  n'en  ait  fenti  craquer  les 
os  fous  les  dents.  Il  y  a  dans  le  Canada  des  loutres 
d'une  grandeur  extraordinaire.  Les  Saiivages  font  des 
robes  de  leurs  peaux ,  qui  étant  portées^  &  engiaif- 
fées  J  tant  de  leur  lueur,  que  des  grailles  qu'ils  ma- 
nient ,  fervent  à  faire  de  meilleurs  chapeaux  que 
ceux  du  fcul  poil  de  caftor,  parce  _qu'il  eft  difficile 
de  mettre  en  œuvre  le  poil,  quand  il  eft  tout  feul , 

N 11  n  n  ij 


^52- 


L  O  U 


à  caufe  qu'il  eQ:  trop  fec.  Ces  peaux  ainfi  maniées 
par  les  Liuvages,  font  ce  quoii  appelle  le  caltor 
gras.  On  tait  de  beaux  manchons  de  la  peau  d  un 
loutre.  Les  loutres  tont.de  grands  dégâts  dans  les 
rivières  .  étangs  &  viviers.  Sur  les  loutres  ,  voyez  le 
Traité  de  Police  de  M.  de  la  Mare,  T.  II.  p.  13  ,70. 
C  ell  un   m^niger  intérieur  au  caftor. 

Ce  mot  vient  du  Latin  lutra  ,  ou  du  Grec  >'-■'?"  , 
qui  iignihe  lavoir^  parce  qu'il  ne  ic  plonge  jamais 
que  dans  leau  douce  propre  à  faire  un  bain  ;  au 
lieu  que  le  caftor  va  dans  la  mer  ôc  dans  les  rivières. 
Quind  ce  mot  l'c  prend  pour  un  chape.ui  fait  de 
poil  de  loutre  ,i[  cftmafculin.  Pikus  Lutreus.  Voilii 
un  beau  Loutre.  Le  loutre  n'cft  pas  li  bon  à  l'ufé  que 
le  vigogne. 

LOUTREE.  M.  de  Lauiisre  ^  qui  ecnt  amli  ce  mot 
dans  Tes  additions  à  Ragueau  ,. écrit  Vautrée  dans  1  ex- 
plication de  ce  mot.  f'oyei  Outrée. 

LOUVAIN.  Nom  d'une  ville  de  Pays  Bas.  Lovonium, 
Lovoniiium  ,  Lovanium  ,  Luanum ,  Luvanum.  Elle  elt 
capitale  du  Quartier  de  Louvain  ,  contrée  du  Br.i- 
bant,  &  lituee  fur  la  Dyle,  a.  cinq  lieues  de  Btuxc-lles , 
&  à  quatre  de  Malmes ,  vers  le  levant.^  Cette  ville 
a  quatre  milles  de  cir-uit  ;  elle  eft  fortifiée  ,  &  con- 
fidérable  par  l'on  Univerhté.,  qui  ell  fort  célèbre  , 
&  qui  a  vingt  Collèges,  où  l'on  enfeigne  toutes lortes 
de  fciences.  Elle  a  eu  autrefois  fes  Comtes  particu- 
liers ,  qui  pollédoient  une  grande  partie  du  Brabant. 
Les  Flamands  difcnt  Loeven  Se  Lueven.  Hadr.  Va- 
lois ,  Not.  Gall.  p.  2SS.  Maty.  long.  li.  d.  26'. 
ïf.  lat.  ;o.   d.  50'. 

Le  Quartier  de  Louvain.  LovanïenJIs  Tetrarchia. 
C'eft  une  des  quatre  contrées  du  Duché  de  Brabant. 
Elle  a  au  nord  le  Quartier  d'Anvers  ;  au  couchant 
celui  de  Bruxelles  ;  au  midi  le  Comté  d;  Namur  ;  & 
au  levant  le  pays  di  Liège.  Ses  villes  principales  (ont 
Louvain  ,  Arlchot ,  Sichem  ^  Dielt ,  Leuwe ,  Tilmont , 
JuJoigne  ,  &  Gemblours. 

LOUVA^T ,  f.  m.  Ce  mot  eft  du  ftyle  buricfque ,  il 
fignifîe  la  même  chofe  que  Louveteau.  Lups.  catulus. 

Au  bout  de  quelque  temps  que  mejjlcurs  les  louvars , 
Se  virent  loups  parfaits  ,  & Inands  de  tuerie. 

La  Font. 

LouvAT  ,  f.  m.  Petite  rivière  du  Comté  de  Novogo- 
rod  WelikijenMofcovie.iavjr<iOT.  Elle  fe  décharge 
dans,  le  lac  d  Ilmen  ,  ôc  elle  eft  prife  par  quelques 
Géographes  pour  l'ancienne  Cherjinus ,  que  d'autres 
croient  être  h  rivière  de  Narva  ,  qui  b.iigne  la  ville 
de  ce  nom  ,  &  fe  décharge  dans  le  golfe  de  Fin- 
lande. Maty. 

LOUVE,  f.  f.  La  femelle  d'un  loup.  Lupa.  La  lome  ne 
porte  que  deux  mois ,  &  fait  cinq  ,  li.'ï  &  itpt  pe 
titSj  qui  font  aveugles  lorfqu  ils  viennent  au  monde. 
La  louve  aime  il  épcrduement  fes  louveteaux  ,  qu'elle 
ne  les  quitte  point  jufqu'à  ce  qu'ils  voient  clair. 
Et  pendant  ce  temps  Là  ,  le  loup  qui  a  couvert  la 
Jouve  ,  lui  apporte  à  manger.  D'autres  dhent  le 
contraire.  ;JCr  On  dit  dune  femme  abandonnée  à  la 
débauche  ,  que  c'eft  une  louve.  Pour  les  autres  figni- 
lications  du  mot  louve  ,  loit  propres ,  foit  figurées  , 
Voye:^  Loup. 

|tT  Louve.  Terme  d'Achitedure.  Outil  de  fer  qu'on 
place  dans  un  trou  fait  exprès  à  une  pierre  qu'on 
veut  élever.  Lupus  traclorhts.  C'eft  une  efpèce  de 
coin  plus  large  par  en  bas  que  par  en-haut,  qu'on 
engage  dans  le  trou  qu'on  t.aille  exprès  dans  la  pier 
re  ,  &  qui  a  un  anneau  par  en  haut ,  avec  lequel 
on  l'attache  au  cable.  Comme  il  refte  du  vide  dans 
le  trou  de  la  pierre  au  côté  de  la  louve  ,  parce 
qu'elle  va  en  étrécillant  par  en-haut,  on  y  met  une 
efpèce  de  coin  de  fer  de  chaque  côté  ,  qu'on  appelle 
louveteaux  ,  pour  la  reikrrer.  On  prétend  que  c'eft 
ce  que  Vitruve  a  appelé  forcipes.  Dans  les  grands 
bâtimens  il  y  a  un  ouvrier  deftiné  à  faire  le  trou  aux 
pierres  pour  les/ouver,c'eft-à  diie  ,  pour  les  élever  par 
le  moyen  de  la  louve.  On  appelle  cet  ouvrier  Louveur. 

£ouvE.  Terme  "de  mer.  Baril  défoncé  mis  fur  l'une 


L  O 

des  écoutilles  d.ans  les  navires  de  Terre  Neuve,  par 
lequel  pallent  6î  tombent  les  morues  ,  loilqu'tîles 
font  haDlUees.  Iourm.  Cudus  utrmque  exjundatus. 
Louve,  lerme  de  Pécheur.  Sorte  de  nlet  rond  pour 
prendre  du  poilfon.  Orbiculare  reiie.  Ce  tilct  eft  une 
manière  de  petite  ratle  ,  ou  plutôt  ce  n'eft  que  le 
cotre  de  la  ratle  ,  qui  eft  une  efpèce  de  filet  avec 
lequel     on  prend    torce  poillon.    Pêcher  avec    la 

louve.     Rus.  s    INNOCENTES. 

La  Louve.  Nom  d  une  petite  rivière  de  France.  Lupa. 
Elle  eft  dans  la  Francbe-Coaite  ,  &  va  groftir  le 
Dou  au-dellous  de  Dole.  Quelques  Auteurs  du 
moyen  âge  la  .nomment  Loa.  Elle  coule  entre  Sa- 
lins tk  la  Saône.  La  Chronique  de  l'Abbaye  de  S.ijnt 
Bénigne  de  Dijon  ,  dit  que  la  Louve  eft  très-rapide. 
Hadr.  Valois,  Not.  Gall.  p.  70S. 

IpT  11  y  a  une  autre  rivière  de  même  nom  qui  a  fi  fource 
au  Bearn  ,  &  fe  perd  dans  1  Adour  un  peu  au-def- 
fous  de  Caftelnau. 

LOUVE  ,  LE.  Terme  dont  on  fe  fert  à  l'Amérique 
f)our  figniiiet  un  ferpent  plié  &  roulé  en  fpirale.  Ce 
fcrpent  étoit  louve  dans  un  coin  avec  la  tête  levée. 
Labat. 

LOLiVENT.  adj.  f. m.  'Nomd'homme. Lupentius.  Saint 
Louveiit  étoit  Abbé  de  S.  Privât  dans  l'ancienne 
ville  de  Javouls ,  au  pays  de  Givau.lan  dans  le  V  P  fiè- 
cle.  Le  Comte  Innocent  le  pcrlecuta ,  &z  ne  tinit 
les  indignités  (Se  les  maux  qu'il  lui  ht  ioutfrir  ,  qu'ea 
lui  coupant  la  tcte.  Ce  fut  vers  l'an  ^84.  ou  J90. 
Baillet  ,  au  22'  Cciobre  ,  après  Grégoiie  de  Tours  j 
HiJL  L.  VI ,  c.  37- 

LOUVER.  V.  a.  Faire  un  trou  dans  une  pierre  ,  pro- 
pre pour  y  faire  entrer  la  louve  ,  afin  de  1  élever.  Ljiw- 
ver  une  pierre.   Voye^  Louve. 

LOUVERCi'.  Luperaacum.  Ce  lieu  eft  fur  la  Vêle  ,  ri- 
vière de  Champagne  ,  entre  la  Neuville  &  Livry. 
Hadr.  Valois  ,  Not.  Gall.  p.  603. 

Ce  nom  lui  vient  àe  quel ^u  un  nommé  Lupercus. 
Valois  ,  Lb.  ou  peut-être_  parce  qu'autrefois  les  Lu- 
perqucs  y  taifoient  leurs  facnfices ,  iS:  qu  il  étoiî  dé- 
dié à  Pan. 

LOUVET.  f.  m.  Loup  de  médiocre  taille.  Lupusminor. 
Il  n'eft  d  ufage  que  dans  les  Campagnes. 

Louvet.  adj.  Terme  de  M.uéchallene.  Ce  mot  fe  dit 
auftî  en  parlant  du  poil  de  certains  chevaux  ,&  ne 
fe  dit  guèfe  qu'au  inaf:ulin.  U  veut  dire  une  forte 
de  poil  qui  tire  fur  le  poil  de  loup.  Poil  louvet. 
CKÎ"  Cheval  louvet,  ilabelle  foncé,  mêlé  d  Uii  ifa- 
belleroux,  le  tout  approchant  de  la  couleur  du 
poil  d'un  loup. 

LOUVETEAU,  f.  m.  Le  petit  d'un  loup  qui  eft  fous  fa 
mère.  Catulus  lupd.    On  l'appelle  audi  Chcau. 

Louveteau  ,  fe  du  auiîi  des  deux  petits  coins  de  fer 
qu'on  met  des  deux  côtés  de  la  1  juve  ,  pour  empê- 
cher qu'elle  re  forte  du  trou  où  on  la  veut  engager 
pourélever  une  pierre.  Lupi  helciaru  cuneus.  Voyez 
Louve. 

LOUVETER.  V.  n.  Qui  fe  dit  de  la  louve,  quand  elle 
fait  des  petits.  Catulos  luplnos  edere. 

LOUVE  iERIE.  f.  f.  Équip-agede  chalfe  pour  le  loup. 
Irifîruclus  lupanus.  Il  y  a  pluùeurs  Officiers  dans  la 
Louveterie.  *En  phifieurs  Provinces  il  y  a  des  Lieute- 
nans  de  Louveterie. 

ffJ"  On  .appelle  auih  Louveterie  dans  quelques  Maifons 
Royales  ,  le  lieu  deftiné  pour  loger  cet  équipage. 

LOUVETIER.  f  m.  Officier  qui  comniande  al  équipage 
du  Roi  ,  entretenu  pour  la  chaile  du  bup.  Venator 
luparius.  Autrel-ois  il  y  avoic  en  France  Ats  Louve - 
tiers  entretenus  dans  toutes  les  Forêts  ,  qu'on  nom- 
moit  alors  Loutiers  ,  Louviers  ,  &  ChaJJeleus.^ 

Le  GtxnA-Louvetier  de  France  met  deux  têtes  de 
loup  au  deftous  de  l'écu  de  fes  armes,  pour  marquer 
fi  Charge.  C'eft  François  I.  qui  en  ijio.  créa  la 
Charge  de  GmA  Louveticr  de  F..ince.  Il  prête  fer- 
ment de  fidélité  entre  les  mains  du  Rui,  &  les  antres 
Officiers  de  la  Louveterie  le  prêtent  entre  fes  mains. 
La  raifon  qui  fit  créer  des  Charges  de  Louvetiers  , 
fut  que  les  incurfions  des  Barbares  dans  les  Gaules, 
ayant  fait  périr  un  nombre  infini  de  mgnde  ,  ces 


L  O  U 

bêtes  farouches femiikiplic-renc  beaucoup.  De  là  vin- 
rent les  loix  que  l'on  ht  pour  obliger  les  peuples  à 
lesdâruire.  Celles  des  Bourguignons,  ik.  les  Cipi- 
tulaires  de  nos  Rois,  ordonnent  qu'on  avertille  lev 
ô'cigneurs  du  nombre  de  loups  que  chacun  aura  tué  ; 
qu'on  en  prcl'ente  les  peaux  au  l^oi  ;  qu'au  mois  de 
Mai  on  cherche  ,  6c  on  prenne  les  louveteaux  ;  que 
les  Vicaires  ou  Lieutenans  des  Gouverneurs  aient 
chacun  deux  Louvctkrs  dans  leur  dillrict.  On  pio- 
j3o(à  aulîi  des  prix  à  ceux  qui  prendroicnt  des  loups. 
Hnluite  on  établit  des  Louveùcrs  dans  chaque  fo- 
rêt de  France ,  &c  un  Gïa.nà~Louvetier  auquel  les 
autres  étoicnt  tous  fubordonnés.  La  Coutume  de 
Haynaut ,  chap.  çp.  traite  des  Offices  &  des  droits 
des  Louveùcrs. 

Les  places  de  Louvcders  en  chaque  Province , 
n'avoicnt  été  ordinairement  que  de  (impies  Com- 
millions.  François  L  les  créa  en  titre  d  Office  ,  & 
au  dellus  d'eux  tous  ,  l'Office  de  Giwnd-Louv.ecier 
de  France.  Les  Louvetiers  eurent  d'abord  pour  fa- 
laire  l'attribution  de  deux  deiriers  pour  loup,  & 
trois  deniers  pour  louve ,  comme  il  parok  par  un 
Arrêt  du  Parlement  du  nf  Mai  IJ37.  &  cela  fut 
depuis  augmenté  d'un  denier  à  l'égard  des  louves , 
par  un  autre  Arrêt  du  27  Avril  1564.  Ce  droit  leur 
doit  être  payé  par  chaque  feu  de  village  ,  à  deux  lieues 
à  la  ronde  du  lieu  de  la  prife.  Les  Habitans  de  la 
Banlieue  de  Paris  en  font  exempts.  De  la  Mare  , 
Traite  de  Police,  T.  II ,  p,  14.0^, 

LOUVETTE.  f.  f.  Foyei  Tique. 

LOUVEUR.  f.  m.  Celui  qui  dans  les  ateliers  louve  les 
pierres  ,  qui  y  fait  un  trou  pour  y  engager  la  louve. 
Cavacor  c&mentar'ius  Voyez  Louve. 

LOUViÈRE.  1.  f  Vieux  mot.  Tanière ,  ou  contrée  à 
loup.  Il  a  auOi  fîgnitié  une  Robe,  ou  un  Manteau 
fait  de  peaux  de  loups. 

LOUVIERS.  Petite  Ville  de  France ,  fituée  en  Nor- 
mandie ,  'ur  l'Eure  ,  entre  Evreux  &  Rouen ,  envi- 
ron à  cinq  lieues  de  l'une  &  de  l'autre  ,  &c  à  deux  du 
Pont  -  de  l'Arche.  Maty.  Long.  d.  jo',  lat.  49. 
d.   10'. 

LOUVOYER.  V.  n.  Terme  de  Marine.  C'eft  voguer 
quelque  temps  d'un  côté  ,  &  puis  virer  le  cap ,  & 
aller  autant  de  l'autre;  afin  de  le  confcrver  toujouis 
dans  une  même  hauteur ,  ou  parage  ,  &  dériver  le 
moins  qu'on  pourra  de  fa  route.  Navem  varié  dc- 
ficclcre  ,  ad  loxodromiam  navigarc.  Courir  pluheuis 
bordées  ;  ou  faire  plulicurs  routes  ,  tantôt  à  basbord  , 
tantôt  à  (tribord  ,  pour  chicaner  le  vent.  On  eft 
obligé  de  louvoyer ,  quand  on  a  le  vent  contraire. 
On  doit  aufli  louvoyer,  quand  on  arrive  le  foir  vers 
des  côtes  inconnues,  afin  de  palTcr  la  nuitj  &  n'y 
arriver  que  de  jour  pour  les  fonder.  On  a  louvoyé 
fur  tant  de  pointes.  Louvoyer  iur  onze  pointes  ^  c'elt 
aller  à  la  bouline,  &:  tenir  le  lit  du  vent.  On  dit 
àuffi  bordéger ,  ou  couvir  plulieurs  bordées;  &  fur 
la  Méditerranée  j  on  dit  carréger. 

XOUVRE.  f  m.  Palais  des  Rois  à  Paris.  Lupara  ,  Ba- 
filica  regia.  Il  s'eit  dit  premièrement  du  Palais  magni- 
fique qui  eft  à  Paris ,  qui  eft  appelé  dans  les  vieux 
Titres  Lupara.  Ce  Palais  fut  commencé  par  Phi- 
lipppe-Augufte ,  l'an  1114.  Il  le  bâtit  pour  y  met- 
tre fcs  Titres  &  fes  Finances  j  Se  pour  y  tenir  les  ■ 
prifonniers  de  ccnfidération  ,  comme  on  les  met 
aujourd'hui  à  la  Baftille.  Le  Comte  de  Flandre  fut 
mis  en  prifon  au  Louvre  ,  fous  Charles  le  Bel  en 
1321,  royeila  P.  Daniel  ^  HiJI.  de  France  ,  T.  II , 
p.  421.  François  I  j  Henri  IL  Ion  fils  ,  &  Louis  XIII. 
ont  fait  travailler  au  Louvre.  On  l'a  agrandi  & 
changé  fouvent  fous  Louis  XIV.  mais  on  n'a  point 
encore  achevé  le  plan  qui  en  avoir  été  formé.  Entre 
plufieurs  dcflcins  qu'on  donna  à  François  I.  pour 
le  Louvre,  deux  parurent  excellens  ;  l'un  étoit  d'un 
Itahen  nommé  Sébafticn  Serlio,  &  1  autre  d'un  Pa- 
rillen  ,  appelé  l'Abbé  de  Clagni.  Scrlio  faifoit  le 
métier  depuis  plus  de  quarante  ans  ;  il  n'y  en  avoir 
qiie  dix  que  de  Clagni  s'y  appliquoit  ;  fon  dellèin 
néanmoins  fut  trouvé  fi  noble  &  fi  beau  ,  que  ce  fut 
celui  qu'on  fuivit ,  de  l'avis  même  de  Scrlio.  Le  Gen-  \ 


L  O  ^^ 


DRE.  Le  nouveau  Louvre  eft  d'un  Architefte  nom- 
mé le  Veau;  &  la  façade  de  ce  magnifique  édifice 
eft  de  Perrault.  lo. 

Il  y  a  le  vieux  Louvre  ,  &  le  nouveau  Louvre. 
Le  nouveau  aété  coiilhuit  Ibus  le  règne  de  Louis 
le  Grand,  qui  fit  venir  tous  les  plus  habiles  Architectes 
de  l'Europe  pour  y  travailler.  La  façade  du  Louvre 
eft  un  des  plus  beaux  morceaux  d'Architeéirure 
qui  foit  au  monde.  L'Académie  Françoife  ,  celle 
des  Sciences  ,  celle  des  Belles-Lettres ,  '&  celle  de 
Peinture  !<c  Sculpture  ,  ont  des  appartemens  au  Lou- 
vre ,  is:  y  tiennent  leurs  allbmblées. 

Quelques  Auteurs  croient  que  le  Louvre  s'eft 
dit  d'abord  pour  l'ouvre,  c'eft-à -dire  ,  l'œuvre, 
l'ouvrage  ,  &  que  ce  Palais  fut  ainli  appelé  par 
excellence  ,  comme  un  ouvrage  admirable  ;  quen- 
luite  on  ne  fit  qu'un  mot  de  l'article  &  du  nom  , 
&  qu'on  dit  Louvre ,  comme  on  a  dit  loijir ,  pour 
l'oi/ir.  Le  ientiment  le  plus  commun  eft  que  ce 
nom  vient  dcloup,  &:  qu'il  fut  donné  à  ce  château, 
parce  que  c'étoit  une  ménagerie  ,  où  l'on  gardoit 
des  loups.  Le  mot  Latin  Lupara  autorife  ce  fejiti- 
ment. 

Louvre, fe dit aufti  desautres  Mai fons Royales,  quand 
le  Roi  y  demeure  eftectivcment ,  comme  à  Saint 
Germain  ,  à  Fontainebleau  ;  &  quelquefois  ce  mot 
fe  prend  pour  la  Cour  même.  Regia  bafiUca.  Les 
Ducs  ont  les  honneurs  du  Zo^^vre,  |tTc'eft  à-dire, 
le  privilège  d'entrer  en  carollè  dans  la  cour  du  Lou- 
vre &c  des  autres  miifons  Royales.  Henri  IV.  qui  n'ai- 
moit  pas  Je;an-Louis  de  Nogaret,  Marquisde  la  Valette 
&  Duc  d'Épernon  ,  ne  lailioit  pas  de  le  traiter  avec 
une  grande  diftinéirioii  ,  julqu'à  lui  permettre  d'en- 
trer au  Louvre  en  carolfe  ,  ce  qui  n'étoit  permis 
qu'aux  Princes.  D'Epernon  eft  le  premier  Duc  qui 
ait  joui  de  cet  honneur.  La  même  diftinétiou  fut 
accordée  au  Duc  de  Sully  en  1609. 

Ce  ne  tut  que  tous  la  régence  de  Marie  de  Médicis 
que  les  autres  Ducs  ik  Pairs ,  8c  les  Grands  Officiers 
obtintent  le  même  avantage.  Le  Gendre. 

§3°  Quoiqu'on  dite  accorder  les  honneurs  du  Louvre 
dans  le  fens  dont  on  vient  de  parler ,  c'eft  toujours 
par  abus  que  l'on  donne  le  nom  de  Louvre  à  toutes 
les  maifons  où  le  Roi  loge.  Ce  terme  ne  convient 
proprement  qu'auPalais  magnifique  qui  eft  à  Patis.  On 
le  dit  plus  communément  en  parlant  des  maitonsfuper- 
bes  des  particuliers.  Ce  n'eft  pas  la  maiion  d'un  par- 
ticulier ,  c'eft  un  Louvre. 

LOUVRES  EN  PARISIS.  Bourg  de  l'île  de  France, 
entre  Paris  &  Senlis  ,  environ  à  quatre  lieues  de 
l'un    Se  de  l'autre.  Maty. 

LOUWENB:  'URG.  Nom  d'une  ville  de  la  Poméranie 
Ducale.  Louwenburgum  ,  Lauwenburgum  ,  Lembur- 
gun.  Elle  eft  dans  la  Seigneiu'ie  de  Louwcmbourg  y 
lur  la  rivière  de  Lobo  ,  environ  à  dix  lieues  de  la 
ville  de  Danrzick  ,  vers  le  couchant.  Maty. 

La  Seigneurie  de  LouwENBOURG.  Louwenburgenfe 
Dominium.  Contrée  de  la  Poméranie  Ducale.  Elle  eft 
le  long  de  la  mer  Baltique  ,  aux  confins  de  la  Po- 
mérélie  ,  dont  elle  dépendoit  autrefois.  Ce  pavs  a 
environ  onze  lieues  de  côtes ,  &  huit  de  profon- 
deur dans  les  terres.  Ses  villes  principales  font  Lou- 
wenbourg ,  capitale ,  Smolfin  &c  Lébe.   Id. 

LOWICZ.  Petite  ville  de  la  grande  Pologne  ,  fituée 
fur  la  rivière  de  Bfura,  dans  le  Palatinat  de  Rava  ,  à 
dix  lieues  de  la  ville  de  ce  nom  ,  vers  le  nord.  Lovi- 
tïum.  Lo-wic\  eft  la  rélidcnce  ordinaire  de  l'Arche- 
vêque de  Gnefne.  Elle  eft  défendue  par  une  bonne 
citadelle,  &  a  le  fiège  d'une Chàtellenie.  Maty. 

LOWLAND.   Voyei  Ecosse  ,  Basse-Écosse. 


L  O   X, 

Ip-  LOXAN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine ,  au  dé- 
partement de  Juning,  dans  la  province  de  Honan. 

LOXE.  Voyci  LojA. 

LOXIAS.  f.  m.  Loxias.  Qui  fignifie  ambigu  ,  équivo- 
que. C'eft  un  lurnom  qui  fut  donné  à  Apollon  à  rai- 


654 


L  O  ^ 


^ 


fon  des  OiMcles  qu'il  rendoit  j  qui  écoicnt  tous  am- 
bigus ,  obtcurs,  équivoques. 

Ce  mot  qui  cil  Grec,  i'ut  forme  de  ;.4^.-,  tonu ^ 
oblique. 
LOXODROMIE.  T.  m.  Terme  de  Marine.  Loxodro- 
m'm.  Ligne  courbe  que  décrit  un  v.u!ii:au  en  luivant 
toujours  le  morne  rumb  de  vent. 
|Cr  LOXODROMIQUE.  f.  £  L'arc ,  la  méthode  de  na- 
viger  obliquement  au  moyen  de  laLoxodromie.  C'ell 
une  invention  ,  une  pratique  ,  un_  calcul ,  dont  on  fe 
fert  fur  mer  pour  conduire  un  vailfeau  A'  fùre  une  plus 
sûre    eftime  ,    &   un   appointage  plus    certain.    Le 
premier    qui   inventa  les  tables  loxodromiques  fut 
Pierre  Nonius ,  en  l'an  1530.   H  les  appela  Rumhs , 
en  fa  langue  ,  5cil  en  ht  la  fupputation  par  les  triangles 
fphériques  ,  à   quoi   s'appliqua    aulli    Gérard  Mer- 
cator  &   Stcvcn,  &  en  Bretagne  Edouard  Wrichtj 
puis  Robert  Hues.  Elles  ont  été  portées  à  la  dernière 
pcrfedion  par  Wi'ilebrordus   SnellitiSj  appelé  ïhi- 
phys   Batavus  ,   en  fon  Hutiodromie  imprimée   en 
1-624.  où  il  a  traité  cet  art  d'une  manière  géométri- 
que, &  en  a  compofé  plulieurs  Tables  copiées  par  le 
P.  Fournier  j  Hérigone  &  autres  ;  &  au  devant  de 
fon  livre  ,  il  a  mis  une  curieuk  tk  favanre  Prélace 
qui  contient  toute   l'hilfoire  &  le  progrès  de  la  na- 
vigation. Tous   les    Pilotes  ont  de  ces  tables   pour 
régler  leur  courfe ,  qu'ils   appellent  tables  loxodro- 
miques. Ce  mot  (ignihe  un   cours  oblique  ,  car  on 
décrit  une  ligne  courbe  ,  ou  Ipirale. 
Ce  mot  vient  de  >,tila»  oblique  ,  &de  Sfiftof  y  courfe. 
Le  chemin    que   tait  le  vailfeau ,  en   fuivant  les 
rumbs  d«-vent,   eft  toujours  comme  une  loxodro- 
mie,  excepté  lorfqu'il  court  nord  <.'!,:  fud  ;  car  alors 
il  décrit  un  arc  de  méridien  ,  &  par  conléqucnt  de 
grand  cercle  de  la  iphère  ■■,  ou  lorlqu'il  court  ell  & 
ouefl: ,  car  pour-lors  il  décrit  une  arc  de  parallèle  , 
&  par  conféquent  d'un  petit  cercle  de  la  Iphère,  a 
moins  qu'il  ne  loit  fous  la  ligne.  Hors  de  là  le  cours 
du  vaideau  ira  toujours  obliquement  &  en  fpirale, 
cnforte  que  fuivant  le  rumbs   nord  nord  ouelf ,  par 
exemple,  on  tourneroit  toujours  à  l'entour  du  pôle 
feptcntrional  ,  fans  y  arriver  jamais.  Il  lemble  d'a- 
bord qu'on  feroit  mieux  de  naviger  par  le  grand  cer- 
cle ,  en  faifant  toujours  décrire  au  vaillêau  àcs  arcs 
de  grand  cercle  delà  fphcre  ,  que  de  (uivre  la  loxo- 
drornie  ;  mais  la  navigation  par  le  grand  cercle  deman- 
de une  li  parfrite  connoillance  de  la  Trigonométrie 
fphéiiquc.  Se  des  calculs  fi  longs  &  il  embarralîés , 
qu'elle  eft  ablolumcnt  impraticable  en  mer;  &  quand 
les  Pilotes  pourroientiSc  voudroient  s'all'ujettir  à  cette 
méthode  ,  je  crois  qu'elle  ne  les  avanceroit  pas  plus 
que  la  loxodromie ,  au  moins  dans  les  rouies  ordi- 
naires, f'oye-^  la  comparaiton  de  l'une  Se  de  l'autre 
méthode  dans  Riccioli ,   le  Père  Fournier  ,  le  Père 
Déchoies ,  &c.  Il  eft  certain  que  l'ulage  cft  pour  la 
loxodromie  ,  &  perlonne  ne  s'aviie  de  naviger  par 
le  grand  cercle.  La  réduiftion  des  cartes  marines  eft 
très-exadVe  ,  Se  rcpréfente  parhritement  les  mêmes 
proportions  que  la  fphère. 
Lo  xoDR  0  MiQU  E.  adj.  Terme  de  Marine.  Qui  con- 
cerne la  Loxodromie,  ce  qui  y  appartient,  qui  y  a 
rapport.  Loxodromicus.  Tables  loxodromiques  ,  font 
les  tables  de  la  Loxodromie,  qui  fervent  à  réibudre 
promptement   &c  facilement   les   problèmes  princi- 
paux de  la  navigation.  Ligne  loxodromique  ,  eft  la 
ligne  que  décrit  un  vaillêau  faifrnt  route ,  en  fuivant 
un  des  trente -deux  vents  ,  cette  ligne  n'eft  pas  droite. 
LOXON.  f.  f.   Terme  de  Mythologie.    Surnom   que 
l'on  donnoit  à  Diane.  Loxo.  C'eft  le  Scholialle  de 
Callimaque  ,  qui  nous   l'apprend  dans  fes  Scholies 
fur  l'hymne  de  Diane,   f^oyei  'Vollîus  ,  de  Idolol. 

L.   II ,  p.    2p. 

L  O  Y. 

LOY.  Voyei  Loi. 

§Cr  LOYAL  ,  ALE.  adj.  Ce  terme  vient  de  Loi ,  Se 
fignifie  proprement  ,  qui  eft  conforme  à  la  Loi.  On 
le  dit  des  pcrtonncs  Se  des  choies.  Appliqué  aux 
perlonnes ,  il  défi^nc  quelquefois  un  homme  plein 


LOY 

d'honneur  Se  de  probité.  Prubus.  C'eft  un  hoinmc 
franc  Se  loyal.  Un  cœur  loyal.  On  le  dit  aufll  en 
parlant  de  la  droiture  &  de  la  probité  dei  peifon- 
nes.  Son  procédé  eft  franc  ls:  loyiil. 

§3°QuelqucIois  aulli  il  eft  lynonyme  de  Fidelle.  Fi- 
dus ,  Jideiis.  Un  vallal  doit  être  loyal  a  Ion  Seigneur. 

IJCr  Dans  le  ferment  que  les  Ducs  ex  Pairs  font  au  Par- 
lement ,  le  premier  Prélident  leur  dit  ,  Vous  pro- 
mettez  de  vous  comporter  comme  un  loyal  Se  ma- 
gnanime Pair  ; 

^CT  Au-rcfte  Ce  terme  n'eft  guère  d'ufige  dans  le  ftyle 
ordinaire.  Dans  cette  dernière  acception  ,  il  vient 
de  leudes  ,  qui  lignihe  vaQaux  Se  fujets ,  qu'on  a  ap- 
pelle aulli  leodes  Sefidellesy  le  aux  ,  jeaux. 

Loyal,  le  dit  aulli  de  la  bonne  qualité  des  chofesi 
de  ce  qui  a  la  condition  requik  par  la  loi ,  par  l'or- 
donnance. Ce  Receveur  doit  une  rente  de  trois  muiJs 
de  blé  bon  ,  loyal  Se  marchand.  Ce  blé  n'eft  pas 
loyal ,  if  a  trop  de  feigle ,  de  nielle,  il  eft  plein  de 
charençons.  Le  poids  de  ce  Marchand  eft  loyal.  Se 
bien  étalonné. 

On  dit  aulîî  au  Palais  en  matière  de  retrait  ,  qu'il 
faut  rembourler  les  trais  Se  loyaux-coms ,  c'elt-à- 
dire  ,  les  dépenles  légitimes  faites  par  l'acquéreur. 
On  appelle  aufli  /oyiîu.v- coûts ,  impenfic  à  lege  pnf- 
cripu ,  ce  qu'il  en  coûte  pour  laite  expédier  &  lever 
des  contrats. 

Cette  expreflîon  de  loyaux-coMS  vient  de  ce  que 
les  dépenles  qu'on  appelle  de  ce  nom  ,  (ont  confor- 
mes à  la  loi ,  ibnt  réglées  ,  taxées  par  la  loi ,  Se  \oïÇ- 
qu'on  rembourfe  les  loyaux  coûts ,  on  ne  rembourfe 
que  ce  que  la  loi  régie  &  prétérit  :  li  quelqu'un  a 
trop  payé  par  la  taute,  ou  plus  qu'il  ne  faut  par  li- 
béralité ,  on  ne  rembouiie  que  ce  qui  eft  dû  loyale- 
ment. 

Loyal  ,  en  termes  de  Manège ,  fe  dit  d'un  cheval  qui 
emploie  toute  fa  force  pour  obéir,  qui  ne  fe  défend 
point  ,  Se  qui  fait  les  manèges  qu'on  lui  demande. 
On  dit  aulli  j  qu'il  a  une  bouche  loyale,  quand  il  a 
la  bouclie  excellente  ,  quand  il  a  une  bouche  à  pleine 
main.  Loyal  dans  plulieurs  Comédies  de  Molière 
&  autres  ,  elf  le  nom  d'un  Sergent ,  d'un  Notai- 
re,  oc. 

LOYALEMENT,  adv.  D'une  manière  franche  Se  loya- 
le, i'CFavec  droiture,  avec  fidélité.  Fideliter ,  cum 
fide ,  fide  intégra  optimâ.  Se  comporter  loyalement. 
Vendre  loyalement. 
LOYANG.  Nom   d'une   montagne  de  la  Chine  ,    au 
fommet  de  laquelle  on  ne  peut  grimper  qu'en  deux 
jours  entiers.  Loyangus  mons.   Elle  eft  près  de  Lin- 
gnan.  Jmbalf  des  Holl.  P.  L,  c.  22.    f/CT  II  y  a 
aullî  une  ville  de  ce  nom  dans  la  province  de  Quin- 
glî,  au  département  de  Taiping. 
LOYAUMENT.  adv.  s'eft  dit  autrefois  pour  Loyale- 
ment. 

Mais  quoi  !  au  fort ,  par  loyaument  fervir. 
Je  tafcheroye  à  bien  le  dejjervir.  Marot. 

LOYAUTÉ,  f.  f.  Qualité  de  ce  qui  eft  loyal.  Fidéliœ , 
probité.  Fidelitas ,  fides.  Quand  on  fait  hommage 
d'une  terre  au  Seigneur  dominant,  on  lui  promet 
foi  Se  loyauté.  On  promet  en  le  mariant  une  foi  & 
loyauté  réciproque.  Ce  mot  eft  vieux  ,  6c  ne  peut 
palier  qu'en  ftyle  de  Pratique. 

LOYE.  f.  m.  «Se  f.  Les  Loves  font  naturels  du  Royaume 
de  Tlîompa.  Ils  ont  elîuyc  une  longue  guerre  contre 
les  Cochinchinois ,  Se  en  font  enfin  devenus  tribu- 
taires par  un  tr.iicé  de  paix  qui  fut  conclu  entre  ces 
deux  peuples  au  commencement  de  ce  iiècle.  Rou- 
tier des  cotes  des  Indes  Orientales. 

UCTLoYE.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Ho- 
nan  ,  au  département  de  Queite. 

gcTLoYE  (  la  ).  Petite  ville  de  France  ,  dans  la  Breflè, 
fur  la  rivière  d'Ain. 

LOYER.  L  m.  Prix  qui  eft  dû  pour  le  louage  ,  la  jouil- 
fànce  ,  l'occupation  de  quelque  mailon  ,  ou  héri- 
tage. Pretium  locationis  ;  iSc  dans  la  balfc  Latinité 
logenum  ,  loquerium ^  locarium.^ Ondii^tcndve&C 


LO  Z 

donner  une  maifon  à  loyer.  P.iycr  un  gros  loyer  de 
fa  maifon.  Les  loyers  des  maifons  font  payés  (ur  les 
meubles  ,  prcférablcnient  à  toutes  les  autres  dettes. 
Le  mot  de  loyer  exprime  piopicmcnt  le  prix  de  la 
lo;;ation  ,  mais  on  le  dit  [larticulièrcmcnt  du  prix  du 
louage  d'une  maifon.  L'on  donne  (Se  l'on  prend  à 
louage  les  cliofes  mobiliaircs,  un  clicvai ,  des  meu- 
bles. 
§0°L'on  donne '&  l'on  prend  a.  loyer  une  terre,  une 
ferme  ,  un  héritage  ;  mais  s'il  eH  queftioii  du  prix 
du  bail  ,  du  prix  qu'on  paye  ou  qu'on  reç,oit  du 
bail ,  on  irc  (e  fert  point  alors  du  mot  de  loyer. 

On  ditaullî.  Donner,  ou  prendre  des  beiU.aux  à 
loyer,  pour  dire  ,  en  retirer  du  profit  de  ceux  à  qui 
on  les  donne  à  nourrir.  Ce  marché  s'appelle  chep- 
teil. 
|Cr  Loyer  ,  fignifie  aulîî  Salaire.  On  ne  doit  point 
retenir  le /c)yf r  du  feryiteur  &  du  mercenaire.  Dans 
cette  .acception  il  eft  fynonymedc  récompenfe.  Prdi. 
mlum,  merces.  On  le  dit  aullI  du  châtiment.  L'hon 
.  neurefl:  le  loyer  de  la  vertu.  On  dit  d'un  homme 
condamné  en  Juftice  ,  qu'il  a  reçu  un  digne  loyer 
de  fes  crimes.  Dans  ce  fens  il  n'a  point  de  pluriel. 

Très  peu  de  gré ,  mille  traits  de  fatyre 
Sont  le  loyer  de  quiconque  ofe  écrire.  Volt, 

Serait- ce  la  raifon,  qu'une  même  folie 
N'eut  pas  même  loyer?  Malh. 

Ç3°Il  ert:  peu  ufitcen  profe  ,  &  ne  s'emploie  guère  en 
vers  que  dans  le  ftyle  Marotique. 

Ménage  dérive  le  mot  loyer  àe.  locarium ,  qui  s'eft 
dit  dans  la  balle  Latinité. 

On  dit  par  manière  de  proverbe ,  Qui  fert  &  ne 
parfert  ,  (on  loyer  perd  ,  c'ell-à-dire  ,  que  celui  qui 
s'eft  engagé  à  fervir  quelqu'un  ,  &  par  fa  faute  ne  le  fert 
pas  pendant  tout  le  temps  de  fon  engagement  ,  perd 
fon  loyer.  On  dit  proverbialement  dans  le  ftyle  fa- 
milier :  Qui  bon  Maître  fert ,  bon  loyer  en  a.  Anon. 
Vie  de  S.  Louis. 

Loyer,  v.  a.  Vieux  mot.  Réçompenfer.  Poéf.  du  Roi 
de  Nav. 

LOYO.  L  m.  Les  Loyos.  C'eft  le  nom  que  le  peuple 
donne  en  Portugal  aux  Chanoines  Réguliers  de  la 
Con9;régatiun  de  S.  Jean  l'Évangélifte.  P.  HélyoTj 
T.  II,  c.jû. 

LOYOLA.  L  m.  Les  Loyola  ,  les  Difciples  de  Loyola  , 
les  Enlans  de  Loyola  ,  les  Loyoliftes  font  des  noms 
udtés  dans  le  ftyle  familier,  pour  fignitier  les  Jéfui- 
tes.  On  croit  qu'il  entre  du  Loyola  là-dedans.  Mad. 

I    Du  Noyer. 

iLOYOLISTES  ,  ou  LOYOLITES.  f.  m.  pi.  C'eft  ainll 

;    que  Gui  Patin  appelle  les  Jéluites  ,  à  caufe  de  Saint 

•  Ignace  de  Loyola,  leur  Fondateur.  Il  a  fait  auftl  l'ad- 
jedif  Loyolitique  ,  Jékiitique  ,  appartenant  aux  Jé- 
fuites  ,  ou  venant  d'eux. 

tOYRE.  f  f.  Terme  de  Flcurifte.  Sorte  d'anémone, 

-OYS.  f  m.  Ancien  nom  qui  s'cil;  dit  pour  Louis.  Lu- 

dovicus.  Voy.  Louis. 
.OYSE  ,  ou  LOYSETTE.  f  f.  Nom  de  femme.  Lu- 
dovica  ,  Loyfa.    Nos  Anciens  prononçoient  &  écri- 
voient  ainli  ;  aujourd'hui  nous  dilons  Louife  &  Loui- 
fette. 

Car  je  faifois  chanter  à  ma  mufette 

La  mort  kelas!  la  mort  de  Loyfettte.  Marot. 

-OYTZ.  Petite  ville  du  Comté  de  Gutzkow  ,  en  la 
Poméranie  Ducale.  Lutetia  ,  Leutitia.  Elle  eft  lur  le 
Pêne ,  à  trois  ou  quatre  lieues  au-deftiis  de  la  ville 
de  Gutzkow, 

L  O  Z. 

,0Z.  \.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  autrefois  louange. 
Laus  ,  laudacio.  Il  eft  abrégé  du  Latin  laus.  Marot 
dcmar.dant  au  Roi  de  l'ar^em  à  emprunter  j  lui  en 
promet  un  billet  en  ces   termes  ; 


L  U  B 


^rr 


Si  vous  voulci ,  à  payer  ce  fera 

Quand  votre  loz  &  renom  finira.  AL\rot. 

On  s'en  peut  cncoïc  fervir  dans  le  ftyle  badin, 
avec  La  Fontaine  qui  a  dit  : 

Puiffent  mes  vers  &  votre  nom  , 
Aller  fi  loin  j  que  notre  loz  franchijj'e 
La  nuit  des  temps. 

Ou  comme  le  P.  Mourgues  a  fait  dans  un  joli  vii-e- 
lay  lur  le  rimeur  rebuté. 

Ce  maigre  loz  oii  j'afpire 
Remplit-il  ma  tire  lire  ? 
En  ai  je  mieux  de  quoi  frire  f 
S' habille- 1- on  de  velin ,  Sec. 

René  d'Anjou  j  Comte  de  Provence  ,  fit  un  ordre  de 
croillanr.    C'ctoit    un   croilfant  ,    fur    lequel    étoi: 
gravé  ce  mot ,  Loi  '  PO""^  'lire  en  rébus  loi  en  croif- 
fant. 
LOZANGE,  Ffiyei  Losange, 

L  U  A. 

LU.  f.  f.  Vieux  mot.  Lumière. 

LU  A.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une  divinité 
payenne.ZM.Titc-Live,  L.FIII.  dit  qu'après  un  com- 
bat ,  le  Conful  qui  commandoit  l'armée  des  Romains  , 
coniacra  Se  voua  à  la  déelfe  Lua  les  armes  des  morts , 
qui^  furent  trouvées  fur  le  champ  de  bataille.  Lo- 
méïer  ,  dans  fon  traité  de  Luflrationihus  GentiUum  , 
c.  IV.  dit  que  c'eft  qu'il  y  avoit  befoin  d'expiations 
après  un  combat.  Ainfi  il  fuppofe  que  Lua  étoit  la 
déeftè  des  expi.itions.  §0°  Le  Conful  faifoit  une  of- 
fiande  des  armes  des  morts  pour  expier  fon  armée 
du  fing  humain  répandu.  Ainfi  Lua  feroit  la  même 
chofe  que  purgatrix ,  du  Latin  luere.  Dempfter  , 
dans  fes  Paralipomena  ad  Rofini  Antiquitatis  , 
L.  II  j  c.  S.  dit  qu'il  fuit  dire  Luna  ,  au  lieu  de 
Lua ,  &  il  dit  que  les  Généraux  d'armée  faifoienc 
des  dons  à  la  Luiie  ,  parce  que  la  Lune  &  la 
nuit  leur  fervent  à  beaucoup  d'expéditions  ;  mais 
Turnébe  ,  Adv.  L.  XFI ,  c.  20.  3.  montré  qu'il 
faut  lire  Lua  ,  &  Voftîus  ,  Loméïer  ,  &  d'autres  l'ont 
fuivi.  Lua.  Voy.  Loméïer  cité  ,  &  Voffius ,  de  Idolol. 
L.  IL,c.  63,  L.  Fin,  c.  iS.Lua,  félon Voftius, 
étoit  un  divinité  mihtaire. 

LUE. 

LUE  Aïs.  f.  m.  Nom  d'homme.  Leopatias ,  Leupatius. 
A  Senevière  fur  la  rivière  d'Indre  en  Touraine, 
S.  Lubais ,  Confelfeur  ,  Abbé  de  ce  lieu  ,  à  préfenc 
pareille  ,  où  eft  fon  corpsi  Chastelain  ,  au  2  j  Janv. 
p.  400.  S.  Grégoire  de  Tours  a  écrit  fa  vie  ,  en  îz% 
Vies  des  Pères.  Id.  p.  40  j. 

LUBAN.  Nom  d'une  petite  île  de  l'Océan  priental, 
Lubana.  C'eft  une  des  Philippines^  &  lîtuée  fur  la 
côte  méridionale  de  l'île  de  Manille ,  &  au  levant 
de  celle  de  Mindora.    Maty. 

Luban  ,  eft  aulli  un  bourg  de  la  Livonie.  Lubanium. 
Il  eft  dans  la  Lettonie  ,  à  trente  lieues  de  la  ville  de 
Riga  ,  vers  le  levant.  Maty. 

LUBANSKEN-SÉE ,  ou  le  lac  de  Luban.  Lubanius 
Lacus.  Ce  lac  eft  dans  la  Livonie,  vers  les  confins 
de  la  Curlande  j  &  de  la  Lithuanie ,  entre  la  ville 
de  Dunenburg  j  &  le  bourg  de  Luban  ,  dont  il 
emprunte  fon  nom.  La  rivière  de  Rolitta  décharge 
fes  eaux  dans  ce  la'". 

LUBECK.  Ville  du  Cercle  de  la  balfe-Saxe,  en  Alle- 
magne. Lubeca ,  Lubeeum.  Elle  eft  dans  le  Duché 
de  Holftein  ,  fur  la  rivière  de  Travc  ,  qui  y  reçoit 
le  Stékenits  ,  &:  le  Wackenits  forme  un  marais  an- 
tour  de  fes  murailles  j  &:  après  avoir  traverfé  la  ville  , 
va  le  décharger  dans  la  mer  Baltique  ,  à  deux  lieues 
au-dellous.    Lubeck   eft    ville  Impériale  ,  la  pre- 


6^6 


L  U  B 


raicre  des  Anfé.itiques,  &  k  lieu  où  elles  tiennent 
leurs  archives.  Elle  eft  grande  ,  bieia  bitie  ,  allez 
bien  peuplée  ,  &  allez  marchande.  Elle  l'a  etc  beau- 
coup davantage  ,  mais  une  partie  de  Ion  commerce 
fi  été  tranlporté  à  Wifmar  &  à  Hambourg.  Elle 
fuit  la  cont'elîlon  d'Ausbourg  depuis  Tan  IJ50. 
Maty.  Le  liège  de  Lubeck  a  été  à  Adelbourg  ,  ou 
Oldembourg  ,  depuis  le  milieu  du  X*  fiècle  que 
1  Empereur  Otton  le  Grand  le  fonda  ,  jufqu'au  mi- 
lieu du  Xir  iiècle  que  Gérold  XIF.  Évêque  d'Al- 
den.bourg  ,  obtint  en  11 6  5 .  qu'il  fiit  transféré  à 
Lubeck.  Voyez  fur  cet  Évêché  ,  Imhoft",  Z.  ///j 
c.  22. 

L'Évêché  de  Lubeck.  Lubecenfis  Epifcopatus.  Petit 
pays  de  la  Wagrie  ,  contrée  du  Holliein.  Il  ell  divilé 
en  deux  parties,  dont  l'une  cil  le  long  de  la  TravCj 
&c  l'autre  autour  du  lac  d'Eutin.  Ses  lieux  princi- 
paux font  Travemunde  &c  Eutin  ,  rélidence  de  l'É- 
vêque.  Cet  Evêque  ell  de  la  Maitoii  de  Holltein- 
Gottorp  depuis  \.\\n  1587.  quoique  le  Chapitre  ré- 
liidant  à  Lubeck  en  falle  une  elpèce  d'éledtion  ;  il  eil  de 
la  confelllon  d'Ausbourg  ,  de  même  que  les  Chanoi- 
nes. Maty.  L'Évêché  de  Lubeck  eft  le  feul  qui  loit 
demeuré  entre  les  mains  des  Luthériens.  L'Eglile 
cathcdr.ile  eft  dans  la  \'\\\t  àt  Lubeck  ,  mais  l'Évêque 
qui  eft  un  Prince  proteftant  de  la  Mailon  de  Holf 
tcin-Slelwick  ,  lait  fa  rélidence  à  Eutin  ,  qui  cil 
un  lieu  fort  agréable  fur  un  lac  à  4  lieues  de  Lubeck. 
Les  Princes  de  cette  Maifon  le  font  approprié  cet 
Évêché,  y  luccédant  de  frère  en  frère  ,&  d'oncle 
encoufin,  depuis  l'an  1547.  HErs ,  Hljl.  del'Emp. 
L.  VI i  c.  6.  Et  de  tous  les  Princes  d'Allemagne  qui 
ont  envahi  les  terres  &  les  domaines  de  l'Eglile ,  ce 
font  les  (euls  qui  s'y  foient  conlcrvé  une  elpèce  de 
jurifdiétion  Eccléfialliquc. 

jLe  golfe  de  Lubeck.  Lubecenfis  finus ,  anciennement  , 
Lagnus  finus.  Ce  golfe  eft  une  partie  de  la  mer  Bal- 
tique. Il  eft  entre  l'ile  de  Fémerin  ,  la  côte  orientale 
de  la  Wagrie  ,  en  Holfteiu ,  &  celle  du  Duché  de 
Mékelbourg.  Maty. 

tUBEN.  Nom  d'un  bourg,  ou  petite  ville  de  la  Balfe- 
Lufice.  Luha.  Ce  lieu  a  un  pont  lur  la  Spree  ,  à  lix 
lieues  au  délions  de  Cotbus.  Maty. 

LuDEN.  Autre  petite  ville  de  la  Principauté  de  LignitSj 
en  Siléùc.  Luba.  Elle  eft  lur  la  rivière  de  Kattebach^ 
à  trois  lieues  de  la  ville  de  Lignits,vers  le  nord  ,  elle 
eft  défendue  par  un  bon  château.  Maty. 

lUBENCE  ,  ou  LUBENTINE.  f  f.  Terme  de  Mytho- 
logie.  Nom  d'une  décile  honorée  par  les  Romains. 
Lubcnûa  ,  Lubentma.  Varron  croit  que  cette  décile 
eft  celle  qu'on  appelle  ordinairement  Vénus. 

Ce  nom  ,  lelon  Varron  ,  vient  du  verbe  luhet.  S. 
Auguftin  le  dérive  du  mot //lî'ia'o.  Voy.  LIBENTINE. 

LUBERNE.  f.  f.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  la  femelle 
du  Léopard.  Quelques  uns  l'appellent  aulliPii/^rAére. 

LUBIANA.  Foyei  LAUBACH. 

LUBIE,  f.  f.  Caprice,  fantailie  qui  prend  à  quelqu'un 
de  faire  quelque  chofe  qu'il  ne  feroit  pas  en  un  au 
tre  temps.  F'uïofi  libide.  On  dit  dans  Virgile  travefti, 
en  parlant  de  la  renommée  : 

Car  il  lui  prit  une  lubie 

D' aller  prôner  par  la  Libye  ^  <Sr. 

Ce  terme  eft  familier ,  bon  pour  le  ftyle  maro- 
tiqué. 

LUBIEUX ,  EUSE.  adj.  A  qui  il  prend  quelquefois  des 
lubies.  Malè  feriatus.  Ce  mot  n'eft  plus  d'ufage. 

LUBIM.  f.  m.  Nom  d'homme.  Leobinus  ,  Leovinus  , 
Leubinus ,  Leovinus,  Leubenus.  Saint  Lubin  eft  un 
Evêque  de  Chartres  du  IV*^  Iiècle  ,  natif  de  Poitiers. 
Saint  Lubin  allifta  au  V^.  Concile  d'Orléans ,  tenu 
en  549.  &  au  IF  de  Paris,  vers  l'an  555.  Il  ligne 
dans  le  premier  Lubenus ,  &c  dans  le  fécond  Lcubi- 
Tius.  Il  y  a  dans  le  pays  Chartrain  &  dans  le  Per- 
che ,  des  bourgs  &  villages  qui  portent  le  nom  de 
■ce  Saint.  Saint  Lubin  ,  ik  Saint  Lubin  le  Crevant, 
font  entre  BréfoUes  ôc  Nonancour  dans  la  Bcauce. 
Saint  Lubin ,  Se  Saint  Lubin  le  ChaJJunt  font  dans  le 


L  U  B 

Perche  j  le  premier  entre  Bazoches  &  Nogent  ,  &z 
le  lecond  entre  Nogent  ik.  Illcre.  Il  y  a  encore  Saint 
Lubin  de  Ze/F^/zy ,  proche  de  la  Loire,  SdÀni  Lubin 
de  1^ ignés  j  ikc. 

LUBLIN.  Nom  d'une  ville  de  la  Haute-Pologne.  Lu- 
blinum.  Elle  eft  capitale  du  Palatinat  de  Lubiin,èc 
lituée  (ur  la  petite  rivière  de  Viftricza  ,  à  feize  lieues 
de  la  ville  de  Sandomir,  vers  l'orient  feptentrional. 
Lublin  eft  une  ville  aftez  bien  bâtie  ,  célèbre  par  les 
Foires ,  Se  détendue  par  un  bon  château.  Maty. 
Long.  40.  d.  50'.  lat.  51.  d.  41'. 

Le  Palatinat  de  Lublin.  Lublinenfis  Palatinatus, 
Ce  Palatinat  eft  une  des  trois  Provinces  de  la  Haute- 
Pologne.  Elle  eft  au  couchant  de  celle  de  Sandomir, 
&  elle  n'a  rien  de  conlidérable  que  Lublin ,  fa  ca- 
pitale, &  les  bourgs  de  Kazimiers  &  de  Piotrowin. 
Maty. 

LUBLINITZ.  Petite  ville  de  Siléfie  ,  dans  la  Princi- 
pauté d'Opelen  ,  vers  les  frontières  de  Pologne. 

LUBLO  ,  LUBAW  ,  LUBOULA.  Petite  ville  du  Pala- 
tinat de  Cracovie,  en  la  Haute-Pologne.  Zz^iioa/za, 
Lubloa.  Elle  eft  fortifiée ,  défendue  par  une  bonne 
citadelle  ,  &c  lituée  lur  le  Propuci  ,  à  cinq  lieues 
au  dellus  de  Sandec  ,  &  vers  les  confins  de  la  Hon- 
grie ,  dont  elle  dépendoit  autrefois.  Maty. 

LUBOLO.  Pays  d'Afrique,  dans  l'Ethiopie  orientale, 
au  Royaume  d'Angola. 

l^UBRICITÉ.  f  f.  Qualité  d'une  chofe  glillanre ,  &  qui 
coule  avec  facilité.  M.  Arbuthnot ,  dans  le  deuxième 
chapitre  de  fon  Eifii  fur  les  effets  de  l'air  ,  explique 
fa  Huidité,  la  lubricité,  la  gravité,  ion  relfort,  fa 
condenfabilité,  fa  dilatabilité  ,  Sec.  Se  en  détaille  les 
difterens  eftets.  L'Abbé  des  Fontaines. 

ffS"  Ce  mot  iieft  point  d'ufige  dans  le  phyfique  ,  quoi- 
que le  mot  de  lubrifier  loit  employé  comme  terme 
didadrique. 

C^r  Lubricité  ,  au  moral ,  délîgne  un  penchant  vio- 
lent dans  l'homme  pour  la  femme  ,  ou  dans  la  fem- 
me pour  l'homme,  un  amour  immodéré j  qui  ne 
lait  pas  relpeéfer  la  décence.  Salacitas.  Ce  n'ell 
proprement  ni  la  lafciveté  ,  ni  l'impudicité.  La  lu- 
bricité tient  du  tempér'amment  :  elle  rélulte  de  la  dif- 
polition  des  parties  -,  Se  les  difterens  dégrés  dépendent 
de  la  concurrence  accidentelle  des  caufes  phyliques. 
La  lafciveté  tient  plus  aux  mouveniens  qu'à  la  fen- 
fition. 

ifT  On  nous  alTure  dans  l'Encyclopédie  qu'on  dit  de 
certains  animaux  ,  comme  les  boucs ,  les  chats ,  qu'ils 
font  lubriques;  mais  qu'on  ne  dit  pas  qu'ils  font 
impudiques  :  Il  Icmble  donc ,  ajoute  t-on  ,  que  l'/ffz- 
//^flfiaVtf  loit  un  vice  acquis,  &  la.  lafciveté  un  défaut 
naturel. 

§3°  Il  eft  bien  vrai  que  le  terme  d'impudique  ne  peut 
être  apphqué  aux  animaux  ,  parce  qu'étant  relatif 
aux  mœurs  ,  il  ne  peut  convenir  qu'aux  êtres  rai- 
fonnables  qui  font  alfujettis  aux  loix  de  la  pudeur. 
Par  la  même  raifon  ,  quoique  les  termes  de  lubricité 
Se  de  lubrique  délignent  un  défaut  naturel,  étant 
aulli  relatifs  aux  mœurs  ,  &:  exprimant  des  adions 
contraires  à  la  décence  ,  ils  ne  devroient  de  même 
s'appliquer  qu'aux  êtres  railonnables.  Je  dirois  donc 
du  bouc  qu'il  d\  lafcif.  Se  non  pas  qu'il  eft  lubrique. 
Juvénal  inveétive  fort  contre  la  lubricité  de  Mef- 
faline.  On  doit  citer  tous  les  objets  qui  portent  àla 
lubricité.  Ce  n'eft  pas  à  moi  à  fournir  de  quoi  en- 
tretenir vos  lubricités.  Malherbe.  On  ne  peut  la 
voir  fortir  des  chaînes  du  père,  pour  rentrer  dans 
celles  du  fils  ,  fans  concevoir  une  elpèce  d'horreur 
pour  la  lubricité.  Ckitiqv^  de  Télémaquc.  Les  hom- 
mes (  il  eft  queftion  des  efclaves  que  l'on  vend  chez 
les  Turcs  )  fe  voient  deftinés  aux  lervices  les  plus 
vils.  Se  les  femmes  à  l'infatiable  lubricité  de  ces 
démons  de  luxud"e.  Du  Loir  ,  page  j/. 

Trop  heureux  f  le  Sexe,  en  fa  lubricité 
Renjcrmoit  tout  l'excès  de  f  malignité. 

LUBRIFIER.  V.  a.  Terme  de  Médecine ,  .qui  lignifia 
oindre.  Se  rendre  glillant.  La  mucoiîcédes  inreftins 

ICiT 


LUC 

fert  à  les  lubrifier ,  &  les  diFcndrc  contre  l'acrimo- 
nie des  flics.  L'iiuilc  d'aiiLinde  douce /«/-r//;';;  les  in- 
tciuiij  ;  on  en  donne  dans  la  colique  pour  amortir 
l'a-lion  des  humeurs  acres. 
LUBRIQUE,  adj.  m.  &  f.  Salax  impudkus.  Il  fe  dit 
des  choies  j  auill  bien  que  §3' des  perfonncs  de  fcxe 
dilïcrent ,  qui  font  entraînées  lune  vers  l'autre  par 
un  penchant  violent ,  Se  le  portent  à  des  actions 
contraires  à  la  décence.  Et  en  parlant  des  choies  , 
on  le  dit  de  celles  qui  portent  à  la  lubricité.  Les 
femmes  Maures  (ont  fort  lubriques.  Jofeph  fit  fa  for- 
tune pour  avoir  réiillc  aux  deiirs  lubriques  de  la  fem- 
me de  Putiphar. 

Rien  n'arrête  le  Sexe  cnfon  ardeurluhnquc  ; 

Il  redoute  moins  Dieu,  qu'Une  craint  L'Authentique. 

Ce  mot  vient  du  Latin  lubricus ,  gliffant  ;  pour 
figniher  un  homme  qui  n'a  pas  la  force  de  fe  rete- 
nir. 

LUBRIQUEMENT.  adv.  d'une  manière  lubrique,  im- 
pudicè.  Danfcr  lubriquement. 

LUBS.  f.  m.  On  appelle  Sous  lubs  à  Hambourg  &  en 
pluheurs  villes  dAllemagne  ,  une  monnoie  de  compte 
qui  vaut  un  cinquième  plus  que  les  fous  tournois 
de  France  •■,  enforte  qu'il  ne  laut  que  48  fous  lubs 
pour  faire  l'écu  de  foixante  fous.  On  dk  an  marc- 
lubs  ,  un  lous  lubs  ,  un  denier  lubs. 

•L  U  C 

LUC.  C.  m.  Nom  d'homme.  Lucas.  Saint  Luc  ,  Eva.n- 
gélifte.  L'Evangile  de  S.  Luc  ,  ou  félon  S.  Luc.  Tous 
les  Anciens  difent  que  S.  Luc  ctoit  d'Antioche.  S. 
Paul,  ColoJJ.  IV.  I ^.  nous  apprend  quil  étoit  Mé 
decin.  U  na  point  été  du  nombre  des  Apôtres j  non 
■plus  que  S.  Marc.  Ainlî  il  n'a  point  écrit  dans  ion 
Evangile  ce  qu'il  avoit  vu  lui  même ,  mais  ce  qu'il 
.avoit  oui  de  ceux  mêmes  qui  l'avoient  vu,  félon 
qu'il  le  témoigne  au  commencement  de  fon  Evan- 
gile. TertuUien  dit  que  l'Evangile  de  S.  Luc  s'atrri- 
buoit  d'ordinaire  à  S.Paul,  c'eft  à  dire  que  cet  Apô- 
tre l'avoit  didté  à  S.  Luc.  S.  Luc  a  écrit  en  Grec  , 
&  plus  purement  que  S.  Marc  &  S.  Jean.  Des  ma- 
nufcrits  Grecs  de  fon  Evangile  ,  &  d'anciens  Au- 
teurs ,  difent  quil  l'écrivit  quinze  ans  après  l'Afcen- 
iîon  de  Notre  Seigneur.  S.  Luc  eft  aulîi  l'auteur  du 
Livre  des  Aéles  des  Apôtres.  Quelques-uns  ont  cru 
qu'il  étoit  un  des  LXXII.  Difciples  de  J.  C.  mais  le 
commencement  de  fon  Evangile  n'eft  pas  favorable 
à  cette  opinion.  Quelques  uns  croient  qu'il  n'étoit 
point  Juif,  parce  que  S.  Paul  le  fépare  des  circon- 
cis; la  preuve  eft  bien  foible. 

Grotius  croit  que  Lucas  elt  la  corruption  du  nom 
Romain  Lucilius  ,  qu'il  avoit  pris ,  comme  tous  les 
Affranchis  prcnoient  ceux  de  leur  Patron;  qu'il 
avoit  exercé  la  Médecine  à  Rome  ;  qu'étant  de  re- 
tour en  Syrie^  il  embralTa  le  Chriftianifme  à  Antioche, 
où  il  entendit  S.  Paul  prêcher. 
^  On  appelle  en  ftyle  bas  &c  populaire,  un  èœufj 
l'oileau  de  S.  Luc  ,  parce  que  des  quatrcs  animaux 
d  Ezéchiel ,  qui  font  les  figures  des  quatre  Evangé- 
life  j  le  bœuf  eft  celui  qu'on  attribue  à  S.  Lucj  & 
qu'on  le  peint  toujours  à  fes  côtés,,  comme  l'aigle 
à  côté  de  S  Jean.  §3"  L'on  dit  aulli  d'un  homme 
groftîer  ,  ftupide  ,  qu'il  reftemble  à  l'oifeau  de  S.  Luc, 
qu  il  a  de  l'efprit  comme  l'oifeau  de  S.  Luc. 

On  dit  familièrement  qu'une  chofe  n'eft  pas  félon 

S.  Luc  ,  lorfqu'elle  n'eft  pas  dans  les  règles  ;  qu'Un 

homme  n'eft  pas  félon  S.  Luc,  lorfqu'il  pafte  pour 

infid.le  &    fripon  ;    qu'Une    propofition   n'eft  pas 

félon  S.  Luc ,   lorfqu'elle  eft  erronée. 

Luc.  Bon  bourg  de  la  Provence ,  fitué  dans  un  terroir 

j    fo"  agréable  &  fort  fertile ,  à  fept  lieues  de  Fréjus 

I    &^ dHières ,  &  à  huit  de  Toulon.  Lucus.  Quelques 

Géographes  prennent  ce  bourg  pour  l'ancien  Forum 

yocon:i ,  ou  Vocontii ,  que  d'autres  mettent  à  Dra 

guiî^nan  ,  ou  au  Canet.  Maty.  Hadr.  Valois  Not. 

Gall.  p.  2Sg.  l'appelle  Lucus  Focontiorum.   Il  re- 

Tome  y. 


LUC  65-7 

marque  J  p.  3;!.  que  Tacite  en  parle  au  premier 
Livre  de  ks  hiftoires  comme  d'une  ville  muni.i- 
palc,  Hc  que  Pline  le  nomme  Lucus  Augujli ,  L.  III. 
c.  4.  Mais  certainement  Pline  diftinguc  lort  le  Lucus 
Augujli  ,A\x  Forum  Voconu  ,  que  Bouche  ^  Hijl.  de 
Prov.  Liv.  Ill  ,c.  4.  p.  iso.ëc  après  lui ,  le  Père 
Hardouin  dans  fes  notes,  placent  au  Canct. 

Il  y  a  encore  lue  en  Provence,  proche  de  Bri- 
gnole,qui  donne  aujourd'hui  fon  nom  à  la  maifon 
de  Vcntimighe.  Il  elt  fous  la  latituiie  de  3 4  degrés, 
entre  20  &  50  minutes.  Bouche,  Htjl.  de  Prov. 
p.  II.  T.  I. 

Luc.  Autre  petit  bourg  du  Dauphiné,  fitué  près  de 
la  Drome  ,  à  cinq  lieues  au-deilus  de  Die.  Lucus 
Saliorum.  Il  y  a  un  petit  lac  près  de  ce  lieu  ,  «il-  qui 
porte  fon  nom.  On  dit  qu'une  montagne  s'étanc 
éboulée ,  &  ayant  fermé  le  lit  de  la  Drome  ,  fes 
eaux  ainfi  retenues ,  formèrent  ce  lac  &  fubmer- 
gcrent  l'ancienne  Lucus  ,  ville  des  Salyens. 

LUCAINS.  Nom  d'un  ancien  peuple  d  Italie,  habi- 
tant de  la  Lucanie.  Lucanus  ,  a.  Les  Lucains  vinrent 
autrefois  des  Samnites.  'Vigénere,  fur  Céfar.  La  ri- 
vière de  Lave  fépare  les  Lucains  de  la  Calabre.  Id. 
Les  Romains  eurent  anciennement  de  grandes  guer- 
res contre  les  Lucains  ,  comme  gens  mal-aifés  à  con- 
quérir. Id. 

LucAiN.  f.  m.  Nom  d'un  ancien  Poëte  Latin  ,  qui  vi- 
voit  fous  Néron.  Lucanus.  Il  a  écrit  en  vers  la  guère 
civile  de  Célar  &  de  Pompée.  Ce  Poëme  s'appelle 
la  Pharlile  de  Lucain.  Brébœuf  a  traduit  en  vers 
François  la  Pharlale  de  Lucain.  Le  Traduilcur  n'eft 
pas  moins  guindé  que  l'originah  ^oyêç  Lucaniste, 
Lucain  étoit  de  Cordoue  en  Efpagne  ;  il  étoit  fils 
d'Anna-us  Mêla,  &  neveu  de  Sénéque  le  Philofo- 
phe.  Foye:^  la  Bibliothèque  Latine  de  Fabricius ,  T. 
I.  p.  iyS.  &  fuiv. 

LUC  A  LA.  Rivière  de  l'Ethiopie  occidentale,  au  pays 
d'Angola. 

LUCANIE.  Nom  ancien  d'une  contrée  d'Italie.  Z«- 
cania.  Selon  Ptolomée  ,  la  Lucanie  étoit  la  troifièmc 
région  d'Italie  dans  la  première  divifion  d'Augufte, 
La  Lucanie  étoit  dans  la  grande  Grèce,  que  nous 
appelions  aujourd'hui  la  Bafilicare  ,  &  une  partie  de 
la  Principauté  citérieure  dans  le  Royaume  de  Na- 
pies.  Au  Septentrion,  elle  étoit  féparée  des  Picen- 
tins  par  le  Sélo ,  ou  Selle,  &■  de  la  Panille  parle 
Brandano  ;  au  midi  le  Léo  ,  ou  Lave  ,  la  féparoit  des 
Briitiens.  Elle  avoit  le  golfe  de  Tarente  au  levant, 
&c  la  mer  de  Tolcane  au  couchant.  Voye^i  Ponipo- 
nius  Mêla ,  L.  II.  c.  ^.  Il  y  a  un  grand  nombre  de 
belles  médailles  frappées  dans  les  villes  de  ce  petit 
pays.  nosiAoïJEAT.iN,  ïeaht-qn  ,  urtTTiiiN,  ma- 

Mtl'TINQN  ,  rHriNKN,  AO:CPi2N  ,  ZECÏfïF.nM  .  KAÏ- 
AQNriATAt*,  K?i2TrîNlATAN,  eoTi'inN,  &c,  Voji-î 
Goltzius,  Nonnius  &  le  Chevalier  Marsham ,  Ca- 
non. Chronol.  ficuî.  XFII. 
LUCANISTE.  f  m.  Partifan  du  Poëte  Lucain.  C'eft 
un  terme  dont  s'eft  fervi  Balzac  en  écrivant  à  Cha- 
pelain, Liv.  1  p.  Lett.  I.  Vous  avez  ,  dit-il,  plaidé  la 
caufe  de  Virgile  admirablement ,  &  je  ne  crois  pas 
qu'après  cela  il  7  ait  de  Lucanijle  qui  ne  fe  cache  .... 
On  lit  dans  le  I.  tome  des  Mélanges  de  Vigiieul  Mai- 
ville,  ce  trait  remarquable.  M.  de  Brébcuf,  dans  (a 
jeunefte,  n'avoir  d'inclination  que  pour  Horace.  \}\\ 
de  fes  amis ,  nommé  Gautier,  qui  eft  mort  Lieute- 
nant Général  de  Clermont  en  Beauvoifis ,  avec  la  ré- 
putation de  bel  efprit ,  n'avoit  au  contraire  d'attache- 
ment que  pour  Lucain  ,  &  le  préréroir  à  tous  les  au- 
tres Poètes.  Cette  préférence  canioit  (ouvent  des  dif- 
putcs  entr'eux  ;  mais  à  la  fin ,  fatigués  de  toujours  dif- 
puter  &  de  ne  rien  terminer,  ils  convinrent  que  cha- 
cun d'eux  liroit  le  Poëte  de  fon  compagnon,  l'exa- 
mineroit  &  en  jugecoit  avec  équité.  La  chofe  tut 
faite  comme  elle  avoit  été  réfolue,  &  il  arriva  que 
M.  Gaurier  ayant  lu  Horace,  en  fut  fi  charmé,  qu'ij 
ne  le  quitta  jamais  depuis  ,  &  que  M.  de  Brébeuf 
ayant  lu  Lucain ,  s'y  abandonna  de  forte ,  qu'enivré 

Ide  fon  génie,  il  devint  auftî  Lucain  que  Lucain  mê- 
me ,  &  encore  plus ,  Lucano  Lucanior,  dans  la  Tra- 

O  o  o  o 


6^8  LUC 

duiSion  en  vers  François  qu'il  nous  en  a  donnée. 
LUCANISTE.    Foyei  Lucianiste. 
ICTLUCAR.  Terme  d'Hiftoire  ancienne.  A  Rome  on 
délîa'^oit  par  ce  mot  le  lalaire  des  Comédiens   qui 
étoit  pris  fur  les  bois  confacrés  aux  dieux.  Il  ne  vient 
donc  pas  de  locus ,  place,  ce  que  chaque  {peétateur 
payoït  pour  la  place;  m.iis  de  lucus ,  bois  iacré.    Le 
jour  de  la  célébration  des  Lucarics  ,  on  payoit  les  Co- 
médiens des  deniers  provenans  des  coupes  qu'on  fai- 
Ibic  dans  les  bois  confacrés  aux  dieux.  V.  Flutarque. 

SAN-LUCAR  DE  BARRAMÉDA.  Nom  d'une  ville  de 
l'Andaloufie  ,  en  Efpagne.  Fanum.  S.  Lues,  di  Bar- 
rameda,  Lucifeii  fanum.  Elle  ell  à  l'embouchure  du 
Guadalquivir  &  à  dix-fept  lieues  au  delFous  de  Sé- 
ville.  San-Lucar  ell:  une  allez  jolie  ville;  elle  a  un 
bon  port  &  un  château.mais  point  de  murailles.  Mat  y. 

San-Lucar  la  Major.  Nom  d'une  petite  ville,  avec 
litre  de  Duché.  Fanum  S.  Luca  Majoris.  Elle  cil 
dans  l'Andaloufie,  en  Efpagne ,  à  qiutre  lieues  de 
Séville,  vers  le  couchant.  Maty. 

Rio  San-Lucar.  Rivière  de  l'Amérique,  dans  la  Caf- 
tiUc  d'or.  Elle  court  à  l'oueft,  &c  le  décharge  dans  la 
mer  du  Sud. 

LUCARIES  &  LUCERIES.  f.  f.  pi.  M.  Blondel  dit 
Lucariens  &  Lucariennes.  Terme  de  Mythologie. 
Nom  de  fête  chez  les  Romains.  Lucaria.  Sextus 
Pompeïus  dit  que  les  Lucanes  le  célébroient  dans  un 
bois  où  les  Romains  ,  battus  &  pourfuivis  par  les 
Gaulois,  fe  retirèrent  &  fe  cachèrent  :  ils  les  célé- 
broient au  mois  de  Juillet j  en  mémoire  de  l'afyle 
qu'ils  avoient  trouvé  dans  ce  bois,  qui  étoit  entre  le 
Tibre  &  le  chemin  appelé  via  Salaria. 

Ce  nom  de  Lucaries  vient  du  mot  lucus  ,  qui  veut 
dire  bois  ;  c'eil  le  fentiment  de  Sextus  Pompe'ius  & 
de  Feftus.  Varron  le  dérive  du  mot  luce  ,  qui  eft  l'a- 
blatif du  nom  lux  )  qui  i'is,niîie  lumière  &  liberté  :  en 
le  prenant  dans  le  dernier  fens ,  on  a  formé  le  nom 
de  Lucaria ,  pour  marquer  que  les  Romains  avoient 
prefque  perdu  la  liberté  en  perdant  une  bataille  con- 
tre les  Gaulois.  Cette  étymologie  cft  moins  naturelle 
que  la  première;  elle  eft  aullî  moins  vrai-lemblable  ; 
car  il  cil  vifible  que  les  Romains  n'auront  point  établi 
«ne  fête  en  mémoire  d'un  événement  trille  &<.  fâ- 
cheux; il  cil,  au  contraire ,  très  probable  qu'ils  célé- 
broient une  fête  dans  un  lieu  qui  leur  avoir  fervi  à 
conlerver  leur  liberté. 

LUCARNE,  f.  f.  Petite  fenêtre  qui  eft-audeflus  de  l'en- 
tablement d'une  maifon  ,  ou  dans  les  toits j  pour 
éclairer  les  greniers  ou  les  chambres  en  galetas. 
Il  y  a  des  lucarnes  rondes  qu'on  apelle  autrement  œz/ 
de  bœuf.  Il  y  en  a  de  carrées ,  de  bombées.  Les  Latins 
l'ont  appellée  aulîl  luccrna.  Des  lucarnes  Flamandes 
qui  font  élevées  lur  l'entablement  &z  couvertes  d  un 
fronton.  La  lucarne  Flamande  eft  évaluée  dans  un 
toifé,  \  une  toife,  &  fi  elle  a  un  fronton  j  à  toile  & 
demie.  Des  lucarnes  damoifelles  (ont  des  lucarnes  de 
charpente  qui  portent  (ur  les  chevrons,  &  qui  lont 
couvertes  en  triangle  ;  elles  font  évaluées  à  demi  toile. 
Il  y  a  aulfi  des  lucarnes  faîtières,  qui  font  de  lîmples 
ouvertures  dans  le  toit,  couvertes  d'une  tuile  laitière. 

SAN-LtJCAS.  Nom  d'un  cap.  Prom'ontorium  S.  Luc£. 
Ce  cap  ell  à  la  pointe  la  plus  méridionale  de  l'île  de 
Californie  ,  en  Amérique.  Il  ell  fous  le  tropique  du 
cancer ,  à  l'entrée  de  la  mer  Vermeille. 

LUCAW,  LUCHA,  Nom  d'une  petite  ville  ou  bourg 
de  la  Haute-Saxe.  Lucha ,  Lucca.  Ce  lieu  ell  dans  le 
Duché  d'Altenbourg ,  à  trois  lieues  de  la  ville  de  ce 
nom ,  de  de  celle  de  Zeitz.  Maty. 

LUCAYES.  Les  Îles  Lucayes.  Lucaùc  InfuU.  Ces  îles 
font  de  l'Amérique,  &  elles  font  fituécs  dans  la  mer 
du  Nord  ,  au  feptentrion  de  celles  d'Hilpaniola  &  de 
Cuba,  &c  au  levant  de  la  Floride,  dont  elles  ne  font 
réparées  que  par  le  canal  de  Bahama.  On  les  renfcr- 
iTie  quelquefois  fous  les  Antilles;  &  parmi  un  grand 
nombre  de  petites,  on  en  dillingue  vingt  qui  lont  de 
quelque  conlîdération;  Lucayonéque,  Abacoa,  Ama- 
guana,  Amana,  Bahama,  Bimini,  Caicos,  Cigua- 
reo,  Guanahani ,  Guanima  ,  Manéga  ,  Majagiuna, 
Samanaj Triangulo,  Inagua,  Yuma  «Se  Yumcto.  Maty. 


LUC 

LUSAYONÉQUE.  Nom  de  la  plus  feptentrionile  des 
îles  Lucayes  ,  la  principale  ,  &  celle  qui  a  donné  à  ces 
îles  le  nom  général  qu'elles  portent.  Att<.'(îZ(3/?c;ca.  Maty. 
LUCCIOLE.  f.  f.  Mouche  luifinte.  Il  y  en  a  une  pro- 
digieule  quantité  près  deSamogia,  qui  eft  un  village 
à  dix  mille  de  Boulogne.  Scincinicla ,  ou  cicindela 
mufca.   Elles  couvrent  les  haies  par  millions  &  en 
font  comme  autant  de  buinonsardens.  Ces  petits  in- 
leCles  lont  à  peu  près  de  la  forme  dts  hannetons ,  mais 
beaucoup  plus  petits.    L'endroit  brillant  ell  lous  le 
ventre.  C'ell  un  petit  poil  velouté  de  couleur  de  ci- 
tron ,  qui  s'épanouit  à  chaque  coup  d'aile  ,  &  qui 
jette  en  même  tems  un  tr.iit  de  feu  tort  vif. 

LUCE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lucius.  S.  Luce ,  Evêque 
d'Andrinople  &  Martyr,  au  IV^  fiècle.  Foye^  les 
Acla  Sancl.  à  l'onzième  de  Février.  Il  y  a  encore  un 
S.  Luce ,  maityr  en  Afrique  au  Ili*^  liècle,  &  dilciple 
de  S.  Cypricn.  /'.  Bailler  au  14  de  Février.  S.  i«i:t;,Pape 
du  même  liècle,  fut  élu  en  2  jiaprèsS.  Corneille.  S.  la- 
ce premier  Roi  Chrétien  des  îles  Britanniques  au  W  fic- 
elé, vers  l'an  179.  Bailler  en  parle  au  3  de  Décembre. 
L'Empereur  Zizccr-Aurele-'Vere  étoit  hère  de  M.  Au- 
rele,  lurnommé  le  Philolophe,  qui  l'allocia  à  l'Em- 
pire après  la  mort  d'Antonin  Pie.  Foye^  Lucius. 

Luce.  f.  f.  Nom  d'une  femme  Lucia.  Sainte  Luce  ^ 
■Vierge  &  Martyre,  dont  la  fête  fe  fait  le  13.  Dé- 
cembre ,  étoit  de  Syracule.  On  ne  l'appelle  point 
Sainte  Lucie  en  François ,  quoi  qu'en  dile  M.  Bailler. 
Sainte  Luce  fut  couronnée  du  martyre  durant  la 
perfécution  de  Dioctétien  &  clc  ALixiraien ,  l'air 
504.  ou  50 y.  de  J.  C. 

LUCÉ.  Nom  d'un  bourg,  ou  village  de  France.  Il  eft 
dans  le  Maine  ,  près  d'Oftille  ,  ou  de  S.iint  Mars 
d'Ollille,  Eleélion  du  Châteaw-du-Loir  ,  .avec  titre 
de  Baronnie.  Hadr.  Valois  Ait  que  l'ancien  Lucien  . 
Lucianum  ,  eft  Luce ,  ou  Luche  ,  tous  deux  au  M.ainc. 

LUCÉNA.  Il  y  a  trois  lieux  de  ce  nom  en  Elpagne  j 
un  gros  bourg  dans  l'Andaloufie,  près  de  l'embou 
chure  de  Tinio  ,  dans  le  golfe  de  Cadiz;  un  autri 
fous  le  Xénil,  au-dcll'ous  d'Ecija ,  près  de  la  Grc 
nade  ,  &  un  troifième  dans  TErtramadure,  entre  Me 
rida  &  Alcantara  ;  celui-ci  eft  la  iitia/Zij  des  Anciens 

LUCÉPARA.  Nom  d'une  île  de  l'Océ.in  Indien.  Lu 
cepara.  Elle  eft  à  l'entrée  du  Détroit  de  Banca  ,  que 
Ton  trouve  après  celui  de  la  Sonde.  La  mer  ell  balît 
aux  environs  de  cette  île;  on  n'y  marche  que  la 
fonde  à  la  main  ,  à  droite  (Se  à  gauche  du  vailleau , 
&  à  une  portée  de  fulil  on  fait'  la  même  manœuvre 
dans  le  canot,  pour  diriger  le  vallFeau  dans  fa  courfe. 
Lett.  Édif.   Rec.  XXF.  p.  2$i. 

LL^CÊRA  delli  pagani ,  Nocéra  ,  Lucerira  Paganina, 
ou  Paganorum  Luceria ,  Nuceria  ,  NuceriaSaraceno- 
rum.  "Ville  du  Royaume  de  Naples.  Elle  eft  dans  la 
Capitanate,  à  huit  lieues  de  Manfrédonia ,  du  côté 
du  couchant.  Lucéra  ,  conlîdérable  par  fés  belles 
laine_s ,  eft  le  lîége  du  Gouverneur  de  la  Province , 
&c  elle  a  un  Evêché  lutfragant  de  Bénévent.  Maty. 
Foyei  LUCÉRIE. 

LUCERES.  f  m.  pi.  Nom  que  l'on  donna  à  la  troifième 
partie  ,  ou  troifième  Tnbu  du  peuple  Romain  au 
commencement  de  fr  fondation.  Luceres  Romulus 
divifa  les  habitans  de  fa  nouvelle  ville  en  trois 
parties  ,  qu'il  appela  Tribus.  La  première  fe  nomma 
les  Tatiens,  qui  prirent  ce  nom  de  Tatius  ;  la  fé- 
conde les  Rhamnes  ,  ouRhamenles,  aini:  nommes 
de  Romulus  ,  &  la  troifième  les  Lucères ,  qui  pri- 
rent leur  nom  de  Lucumon.  Ce  font  les  paroles  de 
Varron  ,  De  L.  L.  L.  LF. 

LUCÉRIE.  Nom  d'une  ancienne  ville  d'Italie.  Luccria. 
La  Lucérie  dont  parle  Céfar,  L.  I.  c.  6.  elt  celle  de 
la  Pouille  D.iunienne ,  fi  nous  voulons  nous  aircter 
au  texte  de  cet  Auteur.  Strabon  dit,  L.  FI-  qu'il  y 
avoit  autrefois  en  cette  ville  un  fort  beau  temple  oc 
Minerve.  Cenc  Liu crie  hoix.  anciennement  une  fort 
belle  ville  des  Daunicns  ,  fondée  par  Dionedc  ; 
mais  au  temps  de  Strabon  elle  étoit  ruinée.  Ses 
ruines  montrent  encore  fa  grandeur.  Elle  étoit  vers 
la  frontière  des  Samnites ,  ou  de  l'Abruzze.  Les 
Romains  déiibéranr  environ  l'an    434.  de  Rome , 


II 


LUC 

fi  en  la  dttruiioi: ,  aiinèicnt  mieux  y  envoyer  une 
Coioiiie'dc  i^oo  ciroycns.  l'Jiin;,X.  ///.  f.^.  parle 
de  cette  Lucérie;  aind  ceux  là  le  mceomptcntj  qui 
ccntondent  Luunc  ik  Nocère.  Ce  qui  ks  trompe  , 
t'ell  qu'il  y  avoic  deux  Noceres  ;  l'une  en  (^mbriej 
&  l'autre  en  la  contrée  des  Picentins  ,  &  non  pas 
du  Picène,  ou  marche  d'Ancone  :  ce  qui  a  trompé 
quelques  Auteurs  ,  à  caule  de  l'affinité  des  noms. 
rojei  Ptolomée  j  L.  III.  c.  I.  &  Pline ,  I.  ///.  c. 
J4.  Lucérie  fut  rebâtie  depuis  le  iiccle  de  Strabon  , 
&  fublilla  jufqu'à  Conftantin  III.  Empereur  de 
Conftantinoplej  qui  l'ayant  prife  fur  les  Lombards, 
la  ruina  environ  l'an  66j.  de  Jésus-Christ  ,  fous 
le  Pontihcac  de  Vitalien  de  Scigni  ,  comme  écrit 
Paul  Diacre  en  fou  hift.  des  Lombards ,  L.  V.  Elle 
fut  encore  rétablie  depuis,  &  vers  l'an  ii6o.  Fré- 
déric II.  la  donna  aux  Sarrazins  ,  comme  écrit  Bien 
del  au  XVF  L.  de  fes  hiftoires  ,  &  elle  prit  alors 
le  nom  de  Lucèrc  des  Sarrasins.  Huit  ou  dix  ans 
après,  Charles  II.  fils  de  Charles,  Comte  de  Pro- 
vence ,  Roi  de  Sicile ,  les  en  challa  le  jour  de  l'Af 
fomption  de  la  fainte  Vierge ,  ce  qui  fit  qu'il  lui 
donna  le  nom  de  la  Sainte  Marie.  L'uiage  cependant 
prévalut,  &c  elle  fut  toujours  appelée  Lucère.  Vigé- 
nère  fur  Céfar, 
LUCÉRIUS^  A,  ou  LUCÉRIEN  ,  ENNE ,  f.  m.  &  f. 
Surnom  que  l'on  donna  à  Jupiter  &  à  Junonj  parce 
que  l'on  croyoit  dans  l'Antiquité  payenne  que  c'é- 
toient  eux  qui  donuoient  la  lumière  au  monde. 
Lucerius  ,  a. 

Ce  mot  vient  de  lux,  lucis ,  lumière.  J'aimerois 
mieux  retenir  le  mot  Latin ,  que  de  dire  Lucéricn  , 
qui  fembleroit  être  plutôt  Lucerianus.  On  appela 
aulll  Jupiter  Lucetius. 
LUCERNAIRE.  f  m.  Terme  de  Liturgie.  Luccrnanum. 
Ce  mot  a  deux  fignifications,  1°.  Il  veut  dire  dans 
le  Rit  Ambroficn  un  Répons  qu'on  chante  à  Vêpres. 
2°.  Il  fignifie  aulîi  quelquefois  les  Vêpres  mêmes. 
Le  Lucemaire  qui  eft  dans  l'Eucologe  des  Grecs  , 
eft  beaucoup  plus  long  que  les  Vêpres  de  l'Office 
des  Eglifes  du  Rit  Latin.  C'eft  un  amas  de  prières, 
telles  à  peu  près  que  font  les  Orailons  de  la  Melfe, 
pour  la  forme  feulement  ;  car  elles  font  beaucoup 
plus  longues.  Entre  ces  Orailons  on  récite ,  ou  on 
chante  des  Verfets  &  des  Répons ,  qui  forment  des 
prières  femblables  à  celles  qui  le  difent  dans  le  Rit 
Latin ,  à  Prime  &  à  Vêpres  les  jours  de  férié  , 
&  .qu'on  appelle  du  nom  général  &  commun  de 
Prières  ,  preces.  Ce  font  des  Prières  que  l'on  difoit 
à  Soleil  couchant ,  lorfqu'on  allumoit  les  Cierges 
pour  Vêpres  ,  &  que  l'on  dit  encore  à  Milan. 
Chastelain.  Lucernarium.  Dans  la  Règle  de  S.  Cé- 
faire ,  §.  11.  qui  contient  l'Ordre  de  l'Office"  divin  , 
on  lit  :  Au  Lucernaire  ;  le  petit  Direélanée ,  ôc  trois 
Antiennes,  &c.  Id. 

Ce   nom  de  Lucefnaire  vient   du  Latin  luarna  : 
il  a  été   donné  aux  Vêpres ,  ou   à  un  Répons  des 
Vêpres  j  parce  que  ces  Prières  le  difoient  le  foir  à 
la  lumière  des  lampes ,  ou  des  bougies ,  ou  dans  le 
temps  qu'on  allume  les  lampes  &  les  bougies. 
-UCERNE.  Nom  d'une  petite  ville  du  Piémont ,  en 
Italie.  Lucerna.  Elle  eft  capitale  du  Comté  de  Lu- 
cerne  ,    qu'on  nomme    autrement  les    vallées  des 
Vaudois  ,  «Se  fituée  fur  la  Pélice  ,  à  deux  lieues  de 
Pignerol  ,  du  côté  du  midi.  Maty. 
UCERNE.  Nom  d'un  village  avec    Abbaye.  Lucerna. 
Il    eft  dans   la  Normandie  ,    à    quatre  lieues  d'A- 
vranches  .  du  côté  du  nord.  Maty. 
-UCERNE.  Nom  d'une  ville  capitale  du  Canton  de  Lu- 
cerne  ,  en  Suiftc.  Lucerna  ,  Luceria.  Elle  eft  à  treize 
ou  quatorze  lieues  de  la  ville  de  Berne,  du  côté  du 
levant ,  fur  le  bord   occidental   du  lac  de  Lucerne. 
On  dit  qu'elle  a  pris  l'on  nom  d'une  lanterne  ,    en 
Latin  Lucerna ,  que  l'on  tenoit  autrefois  fur  le  bord 
de  ce  lac  ,  pour  guider  les  Pilotes.  Elle  eft  partagée 
en  deux  par  une  des  branches  de  la  rivière  de  Rull', 
qui  va  fe  décharger  dans  le  lac  ,    &c  elle  eft  jointe 
par  trois  ponts   couverts  &   embellis  de  peintures  , 
dont  deux  ont  plus  de  cinq  cens  pas  de  lony;ueur. 
Tome  V. 


LUC 


6s() 


Cette  ville  qui  eft  environnée  d'une  fimple  muraille 
garnie  de  tours,  eft  médiocrement  grande;  elle  eft 
belle,  bien  peuplée,  &  riche  par  le  commerce  des 
marchandilw  qui  (e  tranfportcnt  d'Italie  en  Alle- 
magne. On  y  voit  deux  choies  curieufesj  les  orgues 
de  fi  grande  Eglife  ,  qui  font  fort  belles ,  6c  d'une 
grollcur  extraordinaire,  &  la  rcpréfentation  d'un 
fquélette  de  Géant,-  qu'on  3it  avoir  été  trouvé  dans 
un  des  Bailliages  du  Canton  de  Lucerne,  Lucerne  a 
encore  un  Arlcnal  allez  bien  pourvu  j  &  un  beau 
Collège  de  Jéluitcs.  Lucerne  eft  la  réfidence  ordinaire 
du  Nonce  du  Pape  aux  Cantons  Catholiques  Ro- 
mains. Maty.  Habitant  de  Lucerne  ^  Lucernas  ,  aùi. 
long.    16.  à.  i'.  lac.  47.  d.  5'. 

Le  Canton  de  Lucerne.  Lucernenjls  pagus.  C'eft 
une  des  treize  Républiques  de  la  Suifte.  Elle  eft 
bornée  au  levant  par  les  Cantons  d'Underw.dd ,  de 
Swits  Se  Zug  ;  &  environnée  de  tous  les  autres  côtés 
par  le  Canton  de  Berne.  Ce  Canton  entra  dans  la 
Confédération  des  Suiftès  ,  l'an  1331.  Il  eft  tout 
Catholique  j  &  on  dit  qu'il  peut  mettre  fur  pié  juf- 
qu'à feize  mille  hommes.  Son  étendue  eft  de  douze 
lieues ,  du  nord  au  lud  ;  &  de  huit  ,  du  levant  au 
couchant.  Il  a  fon  grand  &  fon  petit  Confeil  , 
comme  celui  de  Berne ,  &  fes  Avoyers;  deux  Cours 
de  Juftice  ,  l'une  Civile  Se  l'autre  Criminelle  ;  & 
pour  fes  caufes  matrimoniales,  il  dépend  de  l'Offi- 
cialité  de  Conftance.  La  ville  de  Lucerne  en  eft  le 
leul  lieu  confidérable  ;  celle  de  Surcée,  qui  y  eft  en- 
clavée ,  n'étant  pas  lous  l'obéiflànce  ,  mais  feulement 
fous  la  proreétion  du  Canton.  Maty. 

Le  lac  de  Lucerne  ou  LucernerzÉe  en  langage 
du  pays.  Lucernenjls  Lacus  j  ou  Lacus  quatuor  ur- 
bium  fylvatïcarum.  Lac  de  la  Suifte  ,  allez  étendu 
du  couchant  au  levant ,  mais  peu  large.  Il  eft  fur 
les  confins  des  Cantons  de  Lucerne  ,  d'Onderwald  , 
d'Uri ,  &  de  Swits.  Il  prend  fon  nom  ordinaire  de 
la  ville  de  Lucerne ,  «Se  il  porte  quelquefois  celui 
de  lac  des  quatre  villes  Foreftières ,  à  caufc  de  Lu- 
cerne ,  qui  eft  fur  fes  bords  j  &  de  Stants  ,  d'Allorf  & 
de  Szhwits  ,  qui  n'en  font  pas  beaucoup  éloignées. 
LUCÉTIEN ,  ou  plutôt  LUCETIUS.  f.  m.  Terme  de 
Mythologie.  Surnom  que  l'on  donnoit  à  Jupiter 
dans  la  Langue  Ofque.  Lucetius.  C'étoit  la  même 
chofe  dans  cette  Langue  que  Diefpiter  Se  Dijovis, 
en  Latin.  Ce  mot  venoit  de  lux ,  lumière  ;  &•  on  le 
donnoit  à  Jupiter  ,  à  caufe  que  c'eft  lui  qui  donne 
la  lumière  au  monde,  f^oye^  Aulu-Gelle,Z.  F.  c.ii. 
Une  Inkription  rapportée  par  Gruter  ,  p.  LVIII. 
n.  j.  donne  aulli  cette  épithète  à  Mars  ,  mais  elle 
écrit  Leucetius. 

MARTI  LEUCETIO. 
PRO  SALUTE  IMP. 
DOMINI   N.  AUG.   PIL 
Q.  VOCONIUS  VITU. 
LUS  LEG.   XXIL   PR. 
P.  F.    CURA  VIT. 

LUCHA,  ouLUCHAW.  Foyei  LUCCAW. 

LUCHE. ,  Nom  d'un  ancien  bourg  de  France.  Luccium. 
Il  eft  dans  le  Maine  près  de  Mayet  Se  du  Loirer, 
Hadr.  Valois,  Not.  Gall.  p.  513. 

LUCHEN  ,  LUCHENTE.  Nom  d'un  ancien  bourg 
des  Conteftans  ,  en  Efpagne.  Lucentum ,  Lucentia. 
Il, eft  dans  le  Royaume  de  Valence,  entre  Xativa  Se 
Gandia,  à  trois  lieues  de  l'une  &  de  l'autre.  Maty. 

LUCHEU  ,  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Lucheum. 
EUe  eft  la  neuvième  de  la  Province  de  Nanking, 
&■  elle  a  fept  autres  villes  lous  fa  jurifdidion.  Maty. 

LUCHING.  Ville  de  la  Chine  dans  la  Province  de 
Xangfij  au  Département  de  Lugan ,  quatrième  mé- 
tropole de  la  Province. 

LUCHO.  C'étoit  anciennement  une  ville  de  la  Mar- 
marique  ,  en  Afrique  :  maintenant  c'eft  un  petit 
bourg  (itué  dans  le  Royaume  de  Barca  ,  fur  le  cap 
de  Lucho  ,  nommé  par  les  Anciens  ,  Cat&onium  pro' 
montorium.  Lucheum  ,  anciennement  Acropolis  ,  An- 
tipis^us ,  Tetrapygia.   Maty. 

LUCI'ANISTE,  f.  m.  &  f.  Nom  de   fede,  qui  prit 

OoQo  ij 


66o 


X  U  G 


ion  nom  de  Luci.mus,  ou  Lucanus,  Héiécique  du 
lecond  iîècle.  LucLaniJla.  Peut  être  taudroit  il  dire 
Lucanljle\  car  Tertullien  ,  L.  de  Rejunccl.  Carnis , 
c.  1.  Origène  ,  L.  II.  contre  Celle  ,  &  l'Auteur  de 
l'Addition  au  L.  des  Prelcriptions,  appellent  l'Au- 
teur de  cette  Se61:e  Lucanus ,  au  lieu  de  Lucianus , 
qu'on  trouve  dans  S.  Epiphane  ,  Hercf.  XXIII.  ou 
XIIIÎ.  &  après  lui  dans  S.  Jean  Damalcène  des 
Hérel".  n.  45.  Cet  Hérétique  fut  Difciple  de  Marcion  , 
dont  il  luivit  toutes  les  errreurs  ,  auxquelles  il  en 
ajouta  même  de  nouvelles.  C'eft  ce  qu'en  dit  S.  Jean 
Damafcène.  S.  Epiphanie  dit  qu'il  abandonna  Mar- 
cion ,  en  enfeignant  qu'il  ne  falloit  point  le  marier, 
de  crainte  d'enrichir  le  Créateur.  Cependant  comme 
a  remarqué  le  P.  Le  Quien  dans  les  Notes  lur  S. 
Epiphane,  c'étoit  là  une  erreur  de  Marcion,  &  des 
autres  Gnoftiques.  Il  nioit  l'immortalité  de  l'ame  , 
qu'il  croyoit  matérielle  ;  ainlî  l'Auteur  de  l'Addi- 
tion a  tort  de  dire  qu'il  différoit  aulU  en  cela  de  Mar- 
cion ;  c'eft  encore  une  remarque  du  P.  Le  Quien. 
Il  y  a  eu  d'autres  Lucïanïjles  qui  ont  paru  quel- 
que temps  après  les  Ariens  i  ils  difoient  que  le  Père 
avoir  toujours  été  Père  ,  &  qu'il  en  avoir  pu  avoir 
le  nom  avant  que  d'avoir  produit  fon  Fils ,  parce 
qu'il  avoir  la  vertu  de  le  produire  i  ce  qui  iuppole 
l'erreur  des  Ariens  au  fujct  du  Verbe  y  ou  la  ren- 
ferme ,  ou  du  moins  quelque  autre  erreur  qui  en 
approche. 

Le  nom  de  Luciamfte  vient  de  celui  de  Lucien , 
qui  eft  regardé  des  Ariens  comme  un  Martyr. 
LUCIDE,  adj.  m.  &  f.  Terme  didadique.  Lucidus.  Qui 
jette  de  la  lumière.  Le  loleil  eft  le  premier  des 
corps  lucides.  Le  ver  luilant ,  le  phoiphore  font 
lucides  ,  &c. 

^fT  Dans  ce  fens  ce  mot  n'eft  guère  d'uCige.  Mais 
on  dit  quelquefois  intervalles  lucides  ,  lucida  inter- 
valla  ,  en  déhgnant  certains   momens  où  ceux  qui 
ont  le  cerveau  attaqué  ,  raifonnent  bien,  ont  l'ufage 
de  leur  raifon. 
Lucide  ,  f.  f.  Terme  d'Aftronomie.  Nom  qui  fe  donne 
à  plulîeurs  étoiles  de  diftérentes  conftellations  remar- 
quLibles  par  leur  éclat.  Lucida..  On  les  appelle  ainfi , 
parce  qu'elles   lont    plus  brillantes   que  les  étoiles 
voilmes.  La  Lucide  d'Ariès ,  ou  du  Bélier.  La  lucide 
de  la  Couronne.  La  lucide  du  dos  du  Lion.  La.  lucide  du 
front  du  Scorpion.  La  lucide  du  front  du  Sagittaire. 
La  lucide  de  la  cuilfe  orientale  du  Verfeau.  La  lucide 
de  la  Couronne  ,  s'appelle  auffi  le  diamant  de  la  Cou- 
ronne. Gemma  corons. 
San  -  LuciDo  j  Nom  d'un  bourg  de  la  Calabre  ciré- 
rieure  ,  Province  du  Royaume  de  Naples.  Fanum  S. 
Lucidi.  Il  eft  lur  la  mer  de  Tolcane  ,  à   une  lieue 
de  Paula  ,  vers  le  midi.  Quelques  Géographes  pré- 
tendent que  l'ancienne  Témefa ,  ou  Tempfa  ,  ville 
des  Brutiens,  ruinée  par  Annibal,  étoit  au  lieu  où 
eft  maintenant  S.  Lucido  ;  mais  d'autres  la   mettent 
à  Meluito  ,  au  couchant  de  S.  Maico ,  Se  d'autres 
encore  à  Torre  Loppa ,  bourg  fitué  fur  la  mer  de 
Tolcane  j  aux  confins  dies  deux  Calabres.  Maty. 
LUCIE ,  f.  f.  Nom  de  femme.  Lucia.  Voyez  LUCE. 
L'île  de  Sainte  Lucie  ,  eft  une  des  îles  du  Cap 
vert  :  elle  eft  fort  haute. 
§Sr  Bois  de  Sainte  £ade.  F^ovei  bois, 
gcr  LUCIENNE,  adj.  Se  f.  f  "Terme  d'antiquités  Ecclé- 
lîaftiques.  On  donne  ce  nom  à  la  verfion  des  Septante 
revue  &  rélormée  en  quelques  endroits  fur  l'hébreu 
par  S.  Lucien  d'Antioche,  Prêtre  &  martyr^qui  vivoit 
au  IIF.  liècle.  Les  Ei:liles  de  Conftantinople  Se  d'An 
tioche  fuivoient  l'édition    des  Septante  nommée  la 
Commune  &  la  Lucienne.  D.  Ceilher. 
LUCIEUSE,   ou  LUCIOSE  ,   f.  f.  Nom  de   femme. 
Luciofa.  Voyez   M.  Chaftelain ,  au  27*^  de  Février  , 
P-   794 >  799- 
LUCIFER,  fubft.    mafc.   C'eft   .ainfi    que  les  Poètes 
Payens  ont  nommé  l'étoile    de  Vénus  ,   lorfqu'ejlc 
parojt  le  matin,  quand  elle  eft  orientale  au  Soleil. 
Lucifer.  L'écriture  lui  attribue  aullî  le  nom  de  cet 
aftre  ,  en    ces  mots  :    Numquid  producis  Luciferum 
in  tcmpore  fuo  ,  &  Vefperum  fuper  filios  tertiz  con- 


LUC 

/urgere  facii }   Job.    38,  v.  32.  Et  tu   Lucifer  qui 
mane  oricbaris.   ifaïe  ,    14,  v.  iz.  Ante  Luciferum 
genui  te.  Pf.  109  ,  v.    5.  L'étoile  de  Lucifer  précède 
le  Soleil  le  matin  ,  &  paro'it  avec  l'aurore.  Ce  qui 
a  fait  dire  aux  Poètes  qu'il  étoit  fils  de  l'Aurore.  Le 
loir  il  paroît  quelque  temps  encore  après  le  coucher 
du  Soleil,  &c  alors  on  l'appelle  Hcfperus ,om  Vefpe- 
rus  ,    &  à    la   campagne ,    l'Etoile    du  Berger.  Les 
Poètes  difent  encore  pour  la  même  railon  ,  qu'il  eft 
le  chef  &  le  conduéteur   des  Aftres  -,  qu'il  a   foin 
des  chevaux  &:  du  char  du  Soleil  :   qu'il  attelé  _,  & 
qu'il  dételé  avec  les  Heures,  auxquelles  feules  d'autres 
ont  donné  cette  charge.  Quelques  Anciens  ont  dit 
que  c'étoit  Adonis ,  &:  d'autres  l'ont  pris  pour  Cai- 
tor.  f^oye-^  Baithius  ,  dans  les  Notes  lur  Stace  ,   L. 
IV.   Sylva  VI.  V.  If.  Les  Poètes  donnent  des  che- 
vaux blancs  à  Lucifer.   Les   chevaux  de  main  ,  de- 
fultorii ,  étoient  confacrés  à  Lucifer. 
Lucifer  ,  eft  aulîi  un  nom  d'homme.  Lucifer  de  Ca- 
gliari  fut  célèbre  au  IV'  fiècle  fous  le  Pape  Libère , 
par  fa   légation  au  Concile  de    Milan  ,  par   quatre 
exils  auxquels  il  fut  condamné  pour  la  Foi  :  Conf- 
tantius  l'ayant  relégué  d'abord  à  Germanicic  ,  en  Sy- 
rie ,  puis  à  Eleuthéropolis  en  Paleftine ,  eriluite  en 
Thébaïde  ,  &  enfin  en  un  autre  endroit  dont  on  ne 
fait  pas  le  nom.   Il   fut  encore  célèbre  pai»  fa  fer- 
meté &  les  écrits  contre  cet  Empereur  Arien  ,  par 
les  louanges  que  lui  donna  S.  Athanafe  ,  par  les  per- 
fécutions  (S:    les    maux   que   lui   firent    fouffrir  les 
Evêques  Ariens  des  lieux  où  il  fat  exilé  j  &  par  le 
fchifme  qu'il  fit  dans  l'Eglife.  Foyei  LUCIFÉRIEN. 
Lucifer  ,  dans  le  Chriftianifme  ,   eft  un  nom  qu'on 
donne  au  Prince  des  ténèbres  ,  au  chef  des  Démons. 
Cette  exprellion  eft  prile  d'Ifaïe  ,  XIV.  12.  où  on  lit: 
Comment  es  tu   tombé  du  ciel  ,  Lucifer ,  toi  qui  pa- 
roiffois  (î  brillant  au  point  du  jourt  &  où  les  Inter- 
prètes difent  que  le  Prophète  parle  de  Satan  ,  ou  qu'il 
lait  allufion  à  la  chute.  Il  le  nomme  Lucifer ,  par 
rapport  à  la  beauté  Se  aux  dons  dont  il  étoit  orné 
avant  fon  péché  ,  &  qui  le  failoient  paioîtrc  comme 
une  étoile  brillante.  Cela  fe  doit  entendre  de  la  ver- 
fion Latine  de  S.  Jérôme  ;  car  dans  le  Texte  il  y  a 
trois  mots  diftérens  en  ces  trois  endroits  ,  dont  l'un 
fignifie  les   étoiles  en  général  ,    Se  les  deux  autres 
quelque  Aftre  en  particulier ,  fans  qu'on  lâche  trop 
bien  lequel. 
LUCIFÉRIEN ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  fede.  Luci- 
ferianus,  a.  On  appelle  Zucii/èrze/zj,  ceux  qui  adhé- 
rèrent   au  fchifme  de  Lucittr  de  Cagliari ,  au  IV' 
fiècIe.  S.  Auguftin  ,  dans  Ion  Livre  des  Héréiies  ,  c, 
61.  femble  indiquer  qu'ils  croyoient  que  l'ame  étoit 
tranfmile  aux  enfans  par  leurs  pères.  Théodoret  dit 
que  Lucifer  fut  Auteur  d'une  nouvelle  erreur.   Les 
Lucifériens  le  multiplièrent  beaucoup  dans  les  Gaules, 
fur-tout  à  Trêves,  à  Rome  ,  en  Efpagne  ,  en  Egypte 
Se  en  Afrique.  L'occalion  de  ce  fchilme  fut  que  Lu- 
cifer ne  put  fouftrir  qu'on  annulât  rien  de  ce  qu'il 
avoir  fait.  Il  y  eut  peu  d'Evcques  Lucifériens  ,  mais 
beaucoup  de  Prêtres  &-dc  Diacres  ,  Se  cette  Ceâe  ne 
dura  pas  longtemps.  Les   Lucifériens  ne   vouloient 
point  recevoir   dans   leur  communion  les  Evêques 
Catholiques ,  que  la  perfécurion  avoir  lait  trahir  la 
vérité  en  faveur  de  l'Arianilme,   quoique   ces  Evê- 
ques   culTcnt  reconnu  Se  délavoué  leur   fiute ,    Se 
que  l'Eglite  les  eût   reçus  dans  fi  communion. 

Ce  nom  de  Lucifériens  vient  de  celui  de  Lucifer: 
c'étoit  un  Évêque  de  Cagliari ,  qui  donna  le  nom  Se 
le  commencement  au  fchilme  dont  on  vient  de  par- 
ler; ceux  qui  le  fuivirent,  &  qui  limitèrent  dans 
fon  opiniâtre  dureté  ,  furent  appelés  Lucifériens 
|tF  LUCIMtTRE.  C.  m.  Terme  fcientifique  formé  d'un 
mot  Latin  &  d'un  autre  Grec.  Lucimetrum.  Machine 
pour  mefurer  la  torce  ,  le  degré  de  lumière.  On 
trouve  dans  le  Traite  d'Optique  fur  la  gradation  de 
la  lumière  ,  ouvrage  pofthume  de  M.  Bouguer  ,  la 
conftruélion  d'un  lucimètre  propre  à  mefurer  la  force 
de  la  lumière  ,  lequel  a  plufieurs  propriétés  de  la 
chambre  obfcure. 
LUCINE.  f.  f.  Nom  de  divinité  chez  les  anciens  Ro- 


LUC  ■ 

main:.  Luc'ma.  C'étoic  la  dcelfc  qui  préfidoit  aux  ac- 
couchemens  des  femmes ,  6c  à  la  naillancc  des  en- 
ftns.  Tantôt  c'elt  Diane  ,  &c  tantôt  Junon  ,  mais  plus 
Touvent  Junon.  On  la  nomme  aullî  Lucecie ,  &  on 
l'appelle  ainlî  j  auflîbien  que  Lucine  ,  du  mot  lux  , 
lumière,  parce  que  c'efl;  clic  qui  donncle  jour  ,  la 
lumière  aux  enfans  ;  ou  bien  de  /ucus  ,  un  bois ,  parce 
que  fon Temple  étoit  dans  un  bois.Ces  étymologies  font 
.  d'Ovide,  faji.  L.  II ,  v.  44p ,  £■  ^5/.  Les  fem- 
mes invoquoient  Lucine ,  dans  le  travail  d'enfans, 
comme  on  le  voit  dans  Tércnce,  Anirïâ  ,  Acl.  III. 
Scen.  /,  V.  //.  &  Jdclpk.  Acl  III,  Sccn.  IF.  v. 
41.  I^ElIe  prclîdoitaux  Bois,  &  fon  nom  venoit 
de  Lucus  Bois.  Mais  une  petite  équivoque,  je  veux 
dirCj  le  rapport  du  mot  Luc'ma  avec  celui  de  lux  , 
la  fit  invoquer  dans  les  couches,  comme  li  elle  fc 
fut  mêlée  de  faire  arriver  les  enfans  à  la  lumière. 
C'ell  ainlî  que  nous  invoquons  S.  Clair  pour  les 
maladies  des  yeux  ,  S.  Aurelien  pour  les  maux  d'o- 
reilles. On  la  nommoit  encore  Ilithye  ,  Zigia  ,  Opi- 
gêna.  Térence  la  nomme  Juno  Luc'ma.  Une  ancienne 
infcription  antique  dans  Gruter  ,  P.  LXI.  Diana  Lu- 

■  cina  invicia.  Le  culte  de  Lucine  avoit  pallé  des  Grecs 
aux  Romains.  C'étoit  la  Lune  qu'ils  honoroient  lous 
ce  nom  ,^  parce  qu'elle  contribue  à  la  génération  de 
tous  les  Etres  d'ici-bas.  Lucine  portoit  une  couronne 
de  diélamne,  parce  qu'on  étoit  perfuadé  autrefois 
que  cette  herbe  facilitoit  l'enfantement  aux  fem- 
mes, &  avoit  la  propriété  de  les  faire  délivrer  heu- 
reufement  de  leur  fruit.  Il  y  a  dans  le  cabinet  du  P. 
Kirker  une  figure  de  Lucine.  Voy.  aufli  VolliuSj  de 

,  Idolol.  L.  II,  c.  26. 
Lucine.  f.  f.  C'eft  le   nom  d'une  efpèce    de    poire , 

■  qu'on  nomme  autrement  citron  j  ou  citron  vert.  Voy. 
Citron. 

LUCINIENNE.  adj.  f.  Terme  de  Mythologie.  Junon 
avoit  un  autel  à  Rome  fous  ce  nom,  qui  paroît  être 
le  même  que  Lucine.  On  dit  que  les  cendres  qui 
y  reftoient  au  lacrifice  demeuroient  immobiles ,  quel- 
que vent  qu^il  fît. 
LUCIUS.  f.  m.  C'efl:  un  prénom  Romain  qu'il  faut 
retenir  en  notre  Langue  dans  la  forme  Latine.  Lucius. 
Pour  le  féminin ,  on  dit  Lucia  ,  &  Lucie.  Au  mal- 
culin  ,  on  dit  quelquefois  Luce ,  comme  Luce  Au- 
réle  'V^ère ,  mais  il  n'y  a  guère  qu'en  parlant  de  cet 
Empereur ,  que  l'on  donne  à  ce  nom  cette  forme 
Francoife. 
LUCKÔ.  Foyei  Lusuc. 

LUCO,  Bourg  du  Royaume  de  NapleSj  fitué  près  du 
bord  occidental  du  lac   de  Célano  ,    en   la  Brulle 
ultérieure.  Lucus.  Quelques  Géographes  le  prennent 
j     pour  le  lieu  du  Latium ,  que  Ton  nommoit  ancien- 
i     nement  Cap'uulum ,  ou  Capitolias.  Maty. 
'  LUCOMORIE  ,  ou  LOCOMORIE.  Nom  d'un  pays 
de  la  Tartarie  Mofcovite.  Lucomoria.   Sanfon  dans 
fa  grande  Carte  de  la  Mofcovie  ,  le  place  au-delà  de 
l'Oby ,  au  midi  oriental  de  la  Sibérie;  mais  M.  de 
Witfen  le  met  autour  de  l'Oby  ,  vers  fon  embouchu- 
re, &  au  nord  de  la  Sibérie.  Maty.  Les  montagnes 
de  Lucomorie  (ont  au  midi  de  cette  Province. 
LUCOMORIEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Habitant  de  la 
Lucomorie.  Lucomerianus ,  a.  Les  Lucomonens  ha- 
bitent fous  des  tentes  de  bois  ,  ou  des  baraques. 
LUÇON.  Petite   ville    fans  murailles  ;  mais  Épifco- 
pale ,  &  fuffragante   de  Bourdeaux.  Luc'io.  Elle  efl: 
dans  le  Poitou  ,  en  France  ,  à  deux  lieues  de  la  mer , 
&  à  fix  de  Maillezais ,  &;  de  la  Rochelle.  Le  Pape 
Jean  XXIL  divifa  en  trois  le  Diocèfe  de  Poitiers  , 
y  érigeant  en  Évêchés  les  deux   Abbayes  de    Mail- 
lezais &  de  Lucon.  Celle   de  Lucon  étoit  ancienne , 
ayant  été  ruinée  par  les  Normands ^  vers  l'an  S77. 
Elle  fut  rétablie  avant  1040.  mais  on  ne  fait  par  qui. 
Jean  XXIL  érigea  ces  deux  Evêchés  par  une  même 
Bulle  du  13  d'Août,  15 17.  Long.   16.  d.  29'.  iG" , 
lat.  46.  d.  27'.  14". 
l-uçoN  J  ou  LussoN.    NoiT)    d'un  ville  qu'on  trouve 
clans  les  Cartes,  fur  la  côte  occidentale  de  Lucon  , 
ou  de  Manille  j  mais  on  croit  qu'elle  eft  la  même 
que  la  ville  de  Manille.  F.  Lussonia,  ville  &  île. 


LUC 


661 


LUÇONNOIS.  Territoire  de  Lucon.  Lucinioncnfs 
ager^  ,  ou  pagus.  Hadr.  Valois  écrit  Lujfonnois  & 
I.u(Jon. 

LUCQUE.  f.  f.  Terme  de  Fleurille.  Tulipe  panachée 
de  gris  de  lin  ,  lur  un  beau  blanc.  Morin. 

LUCQULS,  ou  LUQUES,  ou  LUQUli.  Ville  d'Italie, 
capitale  de  la  petite  République  de  Lucques ,  Ôc  fituée 
fur  la  rivière  de  Scrchio ,  environ  à  cmq  lieues  de 
Pile ,  vers  le  nord.  Luca.  Cette  ville  cit  médiocre- 
ment grande  J  fortifiée  régulièrement  par  onze  bâf- 
rions qui  l'environnent ,  bien  peuplée ,  &  riche  par 
la  grande  quantité  d'étoffes  de  foie  que  l'on  y  fabri- 
que,  8c  qui  lui  ont  fait  donner  le  nom  de  Lucques 
l'indultrieufe.  Elle  a  un  Évêché  ,  autrefois  luftragant 
de  Pile  ,  mais  maintenant  dépendant  immédiate- 
ment du  Pape.  Maty.  Sur  une  monnoie  de  Char- 
lemagiie(' rapportée  par  M.  Le  Blanc)  la  ville  de  Z//c- 
ijues ,  où  elle  -a  été  faite ,  efl:  furnommée  Flav'ia.  J'ai 
vu  une  monnoie  de  cuivre  de  Didier ,  Roi  des  Lom- 
bards ,  avec  cette  inlcription  j  Luca  Flav'ia.  Auta- 
ris ,  un  des  Rois  des  Lombards  ,  ayant  pris  le  iiir- 
nom  de  Flavius,  fut  imité  par  fes  fuccelTcurs.  Ce 
lurnom  fut  donné  aux  principales  villes  de  leur 
Royaume ,  ainlî  qu'autrefois  celui  à'AuguJla  avoit 
été  donné  aux  plus  conhdérablcs  villes  de  l'Empire 
Romain.  Un  tiers  de  fou  d'or  du  même  Didier  ,  Roi 
des  Lombards  ,  fur  lequel  on  lit  Flavia  Med'iolano  , 
juftifie  cette  penfée.  Le  Planc,/».  ^/.  Long.  31.  d. 


4  > 


lat. 


43- 


50. 


La  République  de  Lucques.  Lucenjls  Ager ,  ou  Ref- 
pubiica.  C'efl  un  petit  État  de  l'Italie  j  borné  par  ceux 
de  la  Tofcancjde  Modène,  de  Malle,  &  par  la 
mer  Méditerranée.  Il  peut  avoir  dix  lieues  de  long , 
&  autant  de  large.  Son  terroir  efl:  peu  fertile  en  blé  , 
mais  beaucoup  en  vin  ,  en  huile  ,  en  châtaignes  ,  en 
foie  &  en  laines.  Ses  lieux  principaux  font  Lucques , 
capitale  j  Viaregio  ,  Camajor  ,  Montignofco  ,  MI- 
nutano  &  Caftiglione.  Cette  République  ,  feuda- 
taire  de  l'Empire  ,  efl:  gouvernée  par  un  premier 
Magiflrat ,  que  l'on  nomme  Gonfalonnier  ,  qui  a 
cent  foldats  pour  fa  garde ,  &  réfide  dans  le  Palais 
de  la  République.  Il  efl  choifî  d'entre  les  Nobles  , 
&  il  n'efl:  que  deux  mois  en  charge ,  de  même  que 
neuf  Conlcillers  qu'on  lui  adjoint  j  pour  l'adminif- 
tration  des  affaires ,  cependant ,  ni  le  Gonfalonnier  , 
jn  fes  Confeillers ,  ne  peuvent  rien  faire  d'impor- 
tant fans  le  confentement  du  Grand  Confcil ,  coin- 
pofé  de  fix-vingt  Bourgeois.  Maty. 

LUCQUOIS.  Le  Lucquois  en  Italie.  /(  Luchefe.  C'efl 
la  même  chofe  que  la  République ,  l'Etat  de  Lucques. 

LucQ,uois  J  OISE.  f.  m.  &  f.  Qui  elf  de  Lucques.  Lu- 
cenfis.  Les  Lucquois  ne  permettent  point  qu'on  porte 
des  armes  dans  leur  ville.  En  entrant  on  demande 
aux  Étrangers  leurs  pifl:olets,  leurs  épécs,  &  leurs  au- 
tres armes  j  qu'ils  retrouvent  à  la  porte  par  laquelle  ils 
doivent  fortir.  Un  Cardinal  François ,  que  l'Empe- 
reur Charles  IV  avoit  laiffé  à  Lucques  pour  Gouver- 
neur ,  donna  la  liberté  aux  Lucquo'is.  Corn.  Une 
Dame  Lucquoije  nommée  Lucretia  Civitads ,  fit  im- 
prime!: à  Lyon  l'an  ij'48.  des  Scholies  Latines  fur 
les  trois  premiers  livres  des  Diftiques  de  Caton. 
Mascur. 

LUCRATIF,  IVE.adj.  m.  &  f.  Qui  apporte  du  gain, 
du  profit.  Q^udtjîuofus  j  lucrofus  ,  compend'tofus.  Une 
Charge  lucrative.  Les  Ofïices  de  Greffiers  font  fort 
lucratifs.  Les  emplois  font  rarement  honorables  & 
lucratifs  tout  enfemblc. 

LUCRE,  f  m.  Gain  ,  profit  ,  gp^qui  fe  tire  de  l'induf- 
trie  ,  du  travail ,  d'une  profelîion  qui  a  l'intérêt  pour 
objet  plus  que  l'honneur.  Lucrum  qutjlus.  Les  âmes 
baffes  ne  confidèrcnt  que  le  lucre  ,  &c  les  généreufes 
que  l'honneur.  Il  a  peu  d'ufage. 

LUCRE  CESSANT.  Terme  de  Jurifprudence  &  de 
Théologie  morale.  Lucrum  cejfans.  Il  y  a  des  cas 
dans  lefqucls  il  peut  être  permis  d'exiger  au-delà  du 
principal  qu'on  a  prêté.  Les  deux  premiers  de  ces 
cas  font  le  dommage  nailfant  ou  émergent.  Se  le 
lucre  cejjant  dans  lefquels  on  fe  fait  payer  non  pas 
des  uluies ,  mais  des  dommages  &  intérêts ,   parce 


662 


LUC 


L  U  D 


que  perfonne  n'eft  oblige  cte  procurei'  le  bien  d'autiui 
à  fou  défavantage.  Dans  le  cas  du  lucre  cejj'ant ,  pour 
pouvoir  tu-er  quelque  chofe  au-delà  du  principal  , 
il  faut  que  le  prêc  foie  la  véritable  caufe  de  la  priva- 
tion du  gain  i  que  celui  qui  prête  avertille  qu  il  ne 
peut  prêter  ians  le  priver  d'un  gain  ,  que  le  dedom- 
migenient  ne  foit  jamais  au  dellus  du  taux  de  l'or- 
donnance ,  qu'on  ne  le  retienne  point ,  que  le  prêt 
ne  foit  pas  fait  à  un  pauvre.  Conf.  De  Paris. 

^LucRE,  Gain  ,  Profit^  Émolument  ,  Bénéfice, 
fynonymes.  Le  gain  femble  être  quelque  chofe  de 
très  cafuel,  qui  fuppofe  des  lifques  &  du  halard.  Le 
profit  paroît  être  plus  sur  ,  &  venir  d'un  rapport  ha- 
bituel ,  foit  du  fonds  j  foit  d'indultrie.  Le  lucre  cOi 
d'un  fiyle  plus  foutenu,  &  dont  l'idée  a  quelque 
chofe  de  plus  abftrait  «Se  de  plus  général.  Son  carac- 
tère confifie  dans  un  iîmple  rapport  à  la  p.ailion  de 
l'intérêt  ,  de  quelque  manière  qu'elle  foit  latisiaite. 
■Voilà  pourquoi  l'on  dit  très-bien  d'un  homme  ,  qu'il 
aime  le  lucre ,  &c  qu'en  pareille  occafion  on  ne  fe 
ferviroit  pas  des  autres  mots  avec  la  même  grâce. 
Syn.  Fr.  Tout  ce  qui  n'a  que  le  lucre  pour  objet  eft 
roturier.  Foye\  les  autres  mots. 

Les  Anciens  adoroient  le  Lucre  fous  le  nom  de 
Mercure.  C'eft  pour  cela  qu'on  le  repréfentoit  une 
bourie  en  main. 

LUCRÈCE,  f  m.  Nom  d'homme.  Lucretius.  Le  Pocte 
Lucrèce  eft  un  Épicurien  qui  a  mis  en  vers  Latins  élé 
gans  ,  la  Phyfique  d'Empédocle  &  de  Démocrite.  Il 
étoit   contemporain  de  Varron  &  de  Ciceron^  un 
peu  plus  vieux  néanmoins  qu'eux. 

Lucrèce  j  f  f.  eft  aufti  un  nom  de  femme.  Lucreda. 
La  charte  Lucrèce  étoit  fille  de  Lucrèce  Tricipifin , 
Préfet  de  Rome  fous  Tarquin  le  Superbe  ,  &c  fem- 
me de  Tarquin  Collatin.  La  violence  que  Sextus 
Tarquinius  fit  à  Lucrèce ,  fut  caufe  que  les  Rois  fu- 
rent chalîés  de  Rome.  Les  Poètes  fe  fervent  de  ce 
mot  quand  ils  parlent  d'une  femme  charte  j  fage  6c 
vcrtueufe. 

Et  Jlleur  fang  tout  pur  avecque  leurnobleffe  , 
Eft  pajfé  jufqu'à  vous  de  Lucrèce  en  Lucrèce. 

Despr. 

Lucrèce  Morelle  étoit  favante  en  Grec  ,  en  Latin  , 
en  Italien  ,  &:  en  Efpagnol ,  auftî-bien  que  fes  fœurs 
Camille  &  Diane. 

LUCRIN.  Lac.  Foye^  Licola. 

LUCUBI.  C'étoit  anciennement  une  petite  ville  de 
l'Efpagnc  Bétique  -,  ce  n'eft  maintenant  qu'un  village 
delà  Grenade,  lltué  au  midi  d'Alcala  Real,  ville 
de  l'Andaloufie.  Matv. 

LUCULENTEMENT.  adv.  Vieux  mot.  Comme  il 
faut  ,  fort  bien.  Luculenter. 

LUCULLÉES.  f.  f.  pi.  Nom  d'une  fête  que  les  Grecs 
inftituèreiit  en  l'honneur  de  Lucullus  ,  LuculUa.  ou 
jeux  LucuUiens.  Ludï  LucuUïam.  Les  Grecs  de  l'Alie 
mineure  inftituoient  des  fêtes  en  mémoire  des  Gou 
verneurs  qui  les  gouvernoient  avec  une  probité  & 
une  équité  lingulicre.  C'eft  pour  cela  qu'ils'en  éta- 
blirent pour  Lucullus  ,  dont  ils  furent  extraordi- 
nairement  contens.  U  gouverna  cette  Province  vers 
le  temps  de  Pompée  &  de  Cicéron.  Voye-{  Plutar- 
que  ,  dans  fa  vie  ,  Appien  ,  dans  l'on  Hift.  de  la 
Guerre  de  Mïthrïdate  ,  &  Voflius  j  deldolol.  L.  III , 

CI/. 

LUCUMO.  f.  m.  Nom  d'un  arbre  du  Pérou,  dans  l'A- 
mérique méridionale.  Lucumo.  On  commence  à  voir 
dans  ce  climat  (  de  Coquimbo  )  un  arbre  qui  ne 
croît  point  dans  tout  le  refte  du  Chili  ;  &  qui  eft 
pauiciilicr  au  Pérou.  On  l'appelle  Lucumo  :  la  feuille 
relfemble  un  peu  à  celle  de  l'oranger  &  du  Hori- 
por.dio.  Son  fruit  relTemblc  auffi  fort  à  la  poire , 
qui  enferme  la  graine  de  ce  dernier.  Quand  il  eft 
mûr  ,  l'écorce  eft  un  peu  jaunâtre ,  &  la  chair  fort 
jaime,  &  à  peu  près  du  goût  &  de  la  coniiftance 
du  fromage  fr.aichement  fair.  |Ï3°  Au  milieu  on  trou- 
ve deux  ou  trois  novaux  qui,  djns  leur  maturité , 


ont  la  figure  &c  la  couleur  de  nos  châtaignes.  Fré- 
zier  écrit  Lucumo  ,  d'autres  Lueuma. 

Ip-  LUCUMON.  Les  Chefs  des  Républiques  Etrufques 
prcnoient  le  nom  de  Lucomon  ,  ôc  en  mémoire 
de  ce  fait ,  l'Académie  Etrufque  de  Cortone  donne 
ce  même  titre  à  fon  Préfident. 

LUCUNAGNO.  Nom  de  lieu  ,  au  Royaume  de  Naples. 
Cafale  Lucunagni.  U  eft  dans  la  province  d'Otrante  , 
à  1 3    milles  au  couchant  de  Nardo.  Les  Grecs  l'ha-  • 
bitoient  encore  au  XIII*  fiècle ,  &  ils  y  étoient  au- 
nombre  de  250  ou  environ. 

L  U  D. 

LUDAY.  Ludaya,  autrefois  Jlyda  ,  Aludda.  C'étoit 
anciennement  une  ville  de  la  grande  Phrygie^  en 
l'Alie  mineure.  Elle  eft  maintenant  dans  le  Becfan- 
gil ,  en  NatoUc  ;  mais  elle  eft  réduite  à  un  fott  petit 
nombre  d'habitans.  Maty. 

LUDE.  Bourg ,  ou  petite  ville  ,  .avec  titre  de  Duché. 
Lufdum  ,  Lufdium  ,  Leudum  ,  Luds. ,  Ludium.  Ce 
lieu  eft  dans  l'Anjou  ,  province  de  France ,  aux 
confins  du  Maine,  environ  à  dix  lieues  de  Saumut , 
du  côté  du  nord.  Hadr.  Valois,  Noc.  Gall.  p.  jog. 
Maty. 

LUDERSBOURG.  Petite  ville  du  Cercle  de  la  Bafle- 
Saxe  ,  en  Allemagne.  Ludershurgum.  Elle  eft  fur 
l'Elbe ,  dans  le  Duché  de  Lawenbourg ^  à  deux  lieues 
au-dcfl'us  de  la  ville  de  ce  nom.  Maty. 

LUDGER.  Voyei  Léger. 

LUDIM.  1.  m.  pi.  Nom  de  peuple  dans  l'Écriture. 
Ludïm.  Jofeph  ,  Euftathius  d'Ancioche  ,  Eufébe  , 
S.  Jérôme  ,  Ifidore  &  beaucoup  d'autres ,  difent 
comme  une  choie  conftante  ,  que  ce  nom  Ludim^ 
vient  de  Lud  ,  fils  de  Mifraïm  ,  &c  père  de  ce  peu- 
ple ,  qu'on  appella  de  fon  nom  Ludim  ,  V  que  ces 
Lud'im  lont  les  Lydiens.  Les  Grecs  dilcnt  que  les 
Lydiens  s'appelèrent  d'abord  Mœones  ,  ou  Méo- 
niens  ;  qu'ils  avoient  pris  ce  nom  de  Méon  ,  an- 
cien Roi  de  Phrygie  &c  de  Lydie ,  qu'enfuite  ils  pri-. 
rent  celui  de  Lydiens  ,  de  Lydus  fils  d'Athis.  Bo- 
chart  croit  que  tout  ceci  eft  hiux  ,  &  que  le  nom 
de  Lydien  eft  plus  ancien  -que  Lydus  ;  mais  il  ne 
veut  poim  que  Ludim  Se  Lydim  viennent  de  Lud; il 
le  dérive  de  vh ,  Luz ,  qui  en  Hébreu  fignifîe 
dcclinare  ,  obllquare  ,  torquere ,  biaiferj  détourner, 
être  oblique.  Il  prétend  que  Moyfe  avoir  pris  des 
Phéniciens  la  plus  part  des  noms  de  Lieu  :  que 
les  Phéniciens  axoient  changé  le  t  en  T  ,  éL'  dit  yh 
au  lieu  de  ilV  ;  qu'ils  avoient  donné  ce  nom  à  deux 
peuples  fort  difterens  &  fort  éloignés  l'un  de  l'autre. 
Les  Lydiens  &  les  Ethiopiens.  Pourquoi  ?  parce  que 
ces  peuples  étoient  fitués  proche  de  deux  Heuves  fort 
tortueux  ,  qui  lont  beaucoup  de  tours  &  de  détours , 
le  Méandre  &  le  Nil.  En  effet,  Etienne  de  Byzance 
dit  que  les  Lyndiens  furent  appelés  Méoniens,  du 
fleuve  Méon,  qui  eft  le  Méandre.  C'eft  que  les  anciens 
Grecs  crurent  que  Ludim  venoit  de  1/',  parère.  Se 
qu'ils  interprétèrent  comme  S.  Jérôme  natos  ,  fils , 
enfans  ,  6ç  que  de  ^«i«ï  Se  ftameui  j  qui ,  félon  les 
Septante,  Exod.I,  //.  &  Gen.  XXXV,  /7.  eft 
la  même  chofe  que  iS»  ,  ils  avoient  fait  Ma;on  , 
Mœonie ,  &  Mxoniens.  Foye\  cet  Auteur  ,  Pha- 
leg.  L.  II j,  c.  12. 

LUDIUS.  f.  m.  Peintre  Romain  ,  florilfoi:  fous  Au- 
gufte  ,  &  étoit  dans  une  grande  eftime.  Ce  fut  lui 
qui  commença  le  premier  à  peindre  en  dehors  les 
maifons  de  Rome.  Il  repréfentoit  tantôt  des  pây- 
lages  ,  tantôt  des  fabriques.  Dïcl.  de  Peine.  &  d'Jr- 
chitecl. 

LUDLOW.  Nom  d'un  bourg  du  Comté  de  Shrop ,  en 
Angleterre.  Ludloa.  Ce  bourg  a  féance  &  voix 
dans  le  Parlement  d'Angleterre  ,  &:  il  eft  fitué  fur  la  ri- 
vière de  TèmCj  entre  les  villes  de  Schrowcsbury  & 
d'Héreford,  à  deux  lieues  de  l'une  &  de  l'autre.  Maty. 

LUDON  (le  ).  Rivière  de  France  en  Gafcogne;  ellea 
fr  fource  dans  le  Marfan  ,  &  fe  jette  dans  Je  Midou- 


LUE 

LUDOVIC,  f.  m.  Nom  «d'homme.  Louis.  Ludovkus. 
Ce  nom  ne  fe  dit  que  de  quelques  crrangers.  Lu- 
dovic de  Gonzague,  Duc  de  Nevers  ik  de  Herbe - 
loiï ,  l'air  de  Funce  ,  Prince  de  Mantoue  ,  Chevalier 
de  l'Ordre  du  Hoi ,  Capitaine  de  cent  hommes  d'ar 
mes  de  les  Ordonnances ,  Gouverneur  ôc  Lieute- 
nant Général  des  Provinces  de  Champagne  &  de 
Brie  ,  fut  le  premier  rei^u  Chevalier  du  S.  Efprit , 
après  que  le  Roi  eut  été  reçu  ,  Se  qu'il  eut  fait  prêter 
ferment  aux  Officiers  de  l'Ordre  ,  qui  firent  leur 
première  fonâion  à  la  réception  de  ce  Duc,  P.  An 
SELME.  Ludovic  Sforcc  s'étant  tait  tuteur  de  Jean  Ga- 
léas  ,  Sforce  fon  neveu  ,  Duc  de  Milan ,  s'étoit 
rendu  maitre  de  tout  cet  État ,  tk  en  reteiioit  toujours 
l'adminiftration,  quoique  Jean  Galéas  eut  déjà  vingt 
ans.  P.  Daniel,  Hift.  de  France. T.  II ,  p.  i  S44- 
Le  Comte  Ludovic  de  Ledron  étoit  lous  François  l. 
un  Capitaine  des  troupes  'Vénitiennes.  I^oy.  Mézc- 
ray  ,  T.  II ,  p.  4.6 j.  Ludovic  ,  frère  du  Duc  de 
Mantoue  ,  fii:  fait  prifonnier  à  la  journée  de  S. 
Quentin.  Mézeray,;?.  4^/. 

LUDOVICUS.  f.  m.  Sous  Louis  XIL  le  Blanc  fut 
appelé  Ludovicus.  Decunx  GaUicus. 

LUDRÉ.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lufor.  S.  Ludre  étoit 
'-  fils  d'un  Sénateur  fort  qualifié  de  la  ville  de  Bour- 
ges ,  nommé  Leucade  ,  &  qui  delcendoit  de 
l'illuftre  S.  Épagate ,  l'un  des  plus  célèbres  Martyrs 
de  Lyon  ,  du  temps  de  l'Empereur  Marc  -  Aurele. 
Baillet  ,  au  4  Novemb.  S.  Ludre  mourut  aullî-tôt 

*    après  fon  baptême  ,  portant  encore  la  robe  blanche. 
Voye-{  Grégoire  de  Tours  ,  Kift.  L.  I ,  c.  ji. 
De  Lufor  on  a  fait  Lufre  ,  Luire ,  Ludre. 

LUE. 

LUENCH.  adv.  Vieux  mot.  Loin. 

LUES.  adv.  Vieux  mot.  Aulîî-tôtque  ,  après  que.  Il  peut 
venir  de  l'Elpagnol   luego ,  au(li-tôt ,  incontinent. 

LUET.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Droit  de  luets ,  eft 
un  droit  qui  coniifte  en  un  bollfeau  de  feigle  fur 
chacune  tenue,  &. chacun  ménager  tenant  feu  & 
famée,  &  labourant  terre  dans  une   Paroille. 

LUETTE,  f  f.  Morceau  de  chair  molalle  qui  eft  fuf- 
pendu  à  l'extrémité  du  palais,  auprès  des  conduits 
des  narines  perpendiculairement  fur  la  glotte.  Gur- 
gulio  i  uva^uvula.  Les  Médecins  l'appellent  YUvule. 
Elle  fert  à  rompre  la  force  &:  l'impétuofité  de  l'air 
trop  froid  ,  de  peur  qu'il  n'entre  avec  trop  de  pré- 
cipitation dans  les  poumons.  On  lui  a  remis  la  luette 
qui  étoit  démife. 

LUEUR,  t.  f.  Foible ,  ou  palTàgère,  Lux  mallsina. 
Les  éclairs  font  une  lueur  momentanée.  On  dit  à  la 
lueur  du  feu  ,  de  la  chandelle  &  de  la  lune.  La 
lune  dans  Ion  éclipfe  a  encore  quelque  fombre/«e«r. 
La  /i/tf2/r  des  armes  jettoit  comme  des  éclairs.  Vaug. 
Marcher  à  la  lueur'dts  fiambcaux.  Ablanc. 

Figure  coi  Pyrrhus  ,  les  yeux  étincelans  , 
Entrant  à  la  lueur  de  nos  Palais  brùlans. 

Racine. 


Lueur j  fe  dit  auflî  au  figuré,  &  fignifie  légère  appa- 
rence. Species  j,  radius.  Je  vois  quelque  lueur  d'ei- 
pérance.  Effulgec  fpes  aliqua.  Il  y  a  des  Politiques 
qui  s'évaporant  en  mille  penlées  chimériques,  pré- 
fèrent les  plus  vaincs  lueurs  de  leur  imagination  j 
aux  plus  droites  lumières  du  fens  commun.  Val. 
Le  peuple  fe  lailfe  aifément  éblouir  par  la  lueur  A'un 
faux  mérite.  Bell.  Cette  vertu  qui  éblouilloit  les 
yeux  ,  n'étoit  qu'une  faullc  lueur.  G.  G.  Il  y  a  quel- 
que lueur  d'efprit  dans  cet  Ouvrage.  l'Acad.  Il  y  a 
de  faulles  lueurs  que  l'on  prend  fouvent  pour  de 
vciitables  lumières.  Elles  amufenr,  on  s'y  arrête,  & 
1  on  n'en  connoît  la  vanité  ,  qu'après  qu'on  a  eu  le 
malheur  de  s'y  attacher  &  de  les  fuivre.  Ab.  de  la 

I    Trape. 

IP°  LuEURj  CLARTÉ  ,  SPLENDEUR ,  fynonyme^.  La.lueur 
e(l  un  commencement  àz  clarté ,  Se  hfplendeuren 


L  U  G 


66^ 


¥ 


crt  la  perfeftion.  Ce  font  les  trois  différcns  degrés 
de  l'efiet  de  la  lumière.  Syn.  Fr. 
gC^Tout  le  (ecours  de  la  lueur  fe  borne  à  faire  apper- 
cevoir  &  découvrir  les  objets.  La  clarté  k'i  fait  pleine- 
ment dilHnguer  &  connoltre.  Lajflendeur  les  mon- 
tre dans  leur  éclat. 

L  U  F. 

LUFAN.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Quei- 
cheu  ,  au  département  de  Queijang ,  première  mé- 
tropole de  la  Province. 

^LUFFA-ARABUM.  Plante  de  la  fimille  des  con- 
combres, connue  aullidcs  Botaniftesious  le  nomde 
Cucumis  reticulatus  uî,gyptius.  Son  fruit  n'cft  pas 
charnu ,  mais  un  peu  fec.  Le  tilîu  intérieur  eft  une 
elpèce  de  réleau  ttès-fin ,  qui  contient  les  fcmcnccs. 

L  U  G. 

LUG.  Nom  d'une  rivière  d'Angleterre.  Logus.  Elle 
prend  fa  fource  dans  le  Comté  de  Radenor,  traverfe 
une  partie  de  celui  d'Héreford  j  &  fe  décharge  dans 
la  Wye  ,  au  dellous  de  la  ville  d'Héreford. 

LUG.  f.  m.  Vieux  mot.  Corbeau.  Bocliard  le  fait  venir 
de  l'Arabe  Lukcha  j  qui  veut  dire  la   même  cliofe. 

LUGAN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Luganum. 
Elle  eft  la  quatrième  de  la  province  de  Xanli ,  Se 
elle  a  lept  autres  villes  fous  la  jurifdittion.  Elle  eft 
i^tuée  fur  la  rivière  de  Chang ,  dans  un  terroir  fort 
fertile.  Ambajfade  des  Hollandais  à  la  Chine  j,  P.  I. 
p.  241. 

LUGANO.  Nom  d'une  ville  du  Duché  de  Milan,  en 
Italie.  Luganum.  Elle  eft  capitale  du  Bailliage  de 
Lugano  ,  &  lituée  fur  un  lac  de  même  nom ,  à  (Qua- 
tre lieues  de  Bellinzonne  vers  le  midi.  Les  Suiiles  fe 
rendirent  maîtres  de  cette  ville  l'an  1512.  &;  ils  la 
pofledent  encore.  Maty.  Long.  2.6.  d.  28'  lat.  4J. 
d.  ;8'. 

Le  Bailliage  de  Lugano.  Luganenjls  Prs.fed.ura. 
C'eft  le  premier  en  ordre  de  gouvernemens  des 
SuilfeSj  en  Italie.  Son  Bailli  porte  le  titre  de  Capi- 
taine général  de  tous  ces  Gouvernemens  ,  &  il  com- 
mande aux  autres  Baillis  j  au  cas  qu'il  arrive  quelque 
guerre  inopinée.  Il  eft  litué  entre  ceux  de  Mendrys 
iSc  de  Locarno ,  appartient  aux  douze  premiers  Can- 
tons,  depuis  l'an  151 2.  &  il  n'a  rien  de  cdnfidéra- 
ble  que  la  ville  de  Lugano.  Maty. 

Le  Lac  de  LuG.'VNO.  Luganus  lacus.  Lac  du  Duché 
de  Milan.  Il  eft  entre  le  territoire  de  Como ,  &  les 
Bailliages  des  Suilfes  ;  il  a  environ  cinq  lieues  du 
nord  au  lud  ;  &  il  décharge  fes  eaux  dans  le  lac  ma- 
jeur ,  par  la  rivière  de  Tretîa.  Maty. 

LUGDE.  Nom  d'un  bourg  de  l'Evêché  de  Paderborn, 
en  Weftphalie.  Lugda  ,  Luda.  Il  eft  htué  fur  la  ri- 
vière d'Emmer ,  à  fept  lieues  de  la  ville  de  Lemgow  , 
vers  le  levant.  Maty. 

LUGDUS.  f.  m.  Ancien  nom  d'une  mal.adie.  Lugdus. 
Je  ne  (ais  fi  cet  incendie  arrivé  par  un  feu  du  ciel, 
n'auroit  point  été  caufe  du  nom  de  Lugdus  ,  qui  tut 
donné  à  une  maladie  ,  qu€  nous  appelons  le  fçu  S. 
Antoine,  dont  M.atthieu  Paris  dit  que  l'Empereur 
Frédéric  fut  frappé  l'an  i  249.  Cette  maladie  eft  de 
celles  qu'Hippocrate ,  Se  la  plupart  des  Médecins 
après  lui  ,  ont  appelé  des  maladies  divines  j  parce 
qu'il  eft  difficile  d'en  reconnoître  les  caufes  ,  &  plu« 
difficile  encore  d'y  trouver  des  remèdes  dans  la  Mé- 
decine; ce  qui  oblige  de  recourir  aux  Saints  j  pour 
obtenir  de  Dieu  ce  qui  eft  au  dellus  des  forces  de 
l'Art.  Cette  maladie  eut  grand  cours  pendant  deux 
ou  trois  fiècles.  MÉniTRiEK.,Hifl.  de  Lyon  j,p.  i /j. 

LUGO.  Nom  d'une  ville  fort  ancienne  de  la  Galice. 
Lucus  Augufli.  Elle  eft  Epilcopale ,  Se  fituée  fur  le 
Minho,  à  vingt-fept  lieues  de  Compoftelle  ^  dont 
elle  eft  fuffraganre.  U  y  a  dans  cette  ville  des  eaux 
minérales,  qui  font  chaudes  julqu'à  bouillir.  Maty. 

LuGo  ,  eft  auiîl  le  nom  propre  d'un  bourg  de  l'Etat 
de  l'Eglife ,  en  Italie.  Lugum.  Il  eft  dans  le  Ferrarois  , 
entre  Ravenne  Se  Boulogne  :  il  donne  ce  nom  à  la 


604 


L  U  I 


Sétra  ,  c'eft  àdire ,  à  la  foret  de  Lugo  ,  nommée  an- 
ciennement Litania  Sylva,  &  célcbrc  pat  la  dctaite 
des  Romains  Tous  Lucinius  Pollhumius  ,  auquel  les 
Gaulois  tuetent  vmgt-cinq  mille  hommes.  Maty. 

LUGODOBI.  yoyci  Logudori. 

JUGUBRE.  adj.  m.  &  f.  Ce  terme  f  applique  a  tout 

"  ce  qui  marque  ou  qui  ml'pue  de  la  trilkUe     de  la 

douleur.  Lugubns  ,  luctuojus.  Il  y  a  des  muhques, 

des  chants ,  des  voix  ,  des  tons  lugubres.  Les  clo- 

thcs  ont  quelquefois  un  fon  lugubre. 

Objets  lugubres  &  funèbres. 

Dont  U  nature  a  tant  de  peur  y 

Tombeaux,  que  j'aimc  votre  horreur. 

Que  je  méfiais  dans  vos  ténèbres  !  L  Ab.  i  etu. 

Les  femmes  qui  font  gloire  d'une  belle  &  immor- 
telle douleur  ,  prennent  unperfonnage  lugubre  ,  pour 
faire  croire  que  leur  déplailir  ne  hnira  qu  avec  leur 
vie.  La  Roch.  Il  n'y  a  nen  de  plus  ennuyeux  que 
de  longs  récits  lugubres. 

Voiles,  crêpes,  ^^è^w ,  lugubres  ornemens.  Corn. 

L'orfraie ,  le  hibou  ,  la  chouette  ,  font  des  cris 
lugubres.  Les  logis  obfcurs,  ou  tendus  de  noir, ont 
je  ne  lais  quoi  de  lugubre.       ^       ,  r 

Lugubre,  fe  dit  aulîi  quelquefois  des  perfonnes  mê- 
mes. Trillis ,  lugubns.  Voila  ,  pour  un  jeune  homme, 
des  domeftiques  bien  lugubres.  Mol.  On  dit  .aulli , 
Éfprit  lugubre.  Morale  lugubre.  Penfees  lugubres. 

âCr  L'orfrai ,  le  hibou  ,  la  chouette  (ont  regardes  chez 
nous  comme  des  oUbaux  lugubres  :  leur  cri  eft  iugu- 
ire.  Nos  voyageurs  parlent  dun  oileau  du  Brelil  , 

■  de  la  groHeur  du  pigeon  ,  dont  le  plumage  ell  gris  , 
auquel  ils  ont  donné  le  nom  d'oiiem  lugubre ,  parce 
qu'il  a  un  cri  lugubre,  qu'il  ne  fut  entendre  que 
pendant  la  nuit.  Les  Sauvages  du  pays  croient  que 
cet  oifeau  eft  chargé  de  leur  apporter  des  nouvelles 
des  morts  :  c'eft  pourquoi  Us  tont  fort  attentifs  au 

cri  de  cet  oileau.  ■-.       ,       \         rr/ 

LUGUBREMENT,  adv.  D'une  manière  lugubre.  I-le- 
biliter ,  lucluosè ,  mifirabiliter.  Les  lamentations  de 
Jérémie  fe  chantent  lugubremeiu.  Un  tel  eft  vctu  lu- 
gubrement. 

L  U  L 

LUL  Pronom  pcrfonnel.  Il  fait  à  fon  féminin  ^  Elle. 
Is,  ea/id,  ille,  &cc.  Ceft  lui  qui  me  l'a  donne. 
Cela  lui  convient.  Dieu  le  luffit  à  lui-mcme.  Maleb. 
L'amour  eft  un  feu  qui  s'éteint  à  la  fin  de  lui-mcmc. 
M.  ScuD.  On  prétend  qu'il  ne  faut  fe  fervir  du  re- 
latif lui ,  qu'en  parlant  des  perfonnes ,  Se  rarement 
en  parlant  des  choies.  Par  exemple  ,  ce  cheval  eft 
-fougueux  ,  ne  vous  approche^  pas  de  lui  :  il  faut  dire, 
ne  vous  en  approchez  pas.  Bouh. 

|Cr  Quand  la  prépolition  à  eft  fous-entendue ,  comme 
quand  on  dit,  vous  lui  parlerez,  ce  pronom  eft 
commun  aux  deux  genres  ,  lorfqu'il  précède  le  verbe, 
ou  lorfque  le  verbe  eft  à  l'impératif.  J'ai  rencontre 
ma  lœur ,  &c  je  lui  ai  parlé.  Si  vous  la  rencontrez  ^ 
pa.rkz-lui.  Dans  tous  les  autres  cas,  il  n'appartient 
qu'au  malculin.  ^ 

Lui.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  C'eft  la  même  choie 
chez  les  Turcs ,  ou  Tartares  ,  ou  Turcomans  ,  que 
lung  chez  les  peuples  du  Catay.  Foye^  Lung. 

LUICHEU.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Lmcheum. 
Elle  eft  la  neuvième  de  la  Province  de  Qu.antung  , 
&:  elle  n'a  que  deux  autres  villes  lous  fa  jurifdidion. 

LUINES  ,  ou  MAILLE.  Malliacum.  Ville  de  France 
en  Touraine  ,  avec  litre  de  Duché  Pairie. 

LUIRE,  v.  n.  Jetter  ,  répandre  de  la  lumière.  Lucere , 
collucere.  ftTJe  partirai  des  que  le  loleil  commen- 
cera à  luire.  Le  jour ,  la  clarté  qui  nom  Juit ,  du  feu 
qui  luit,  qui  ne  luit  point.  Les  Ardens  lont  des  feux 
(\m  ns  lui/i/it  que  pour  nous  égarer. 

Luire  ,   fe  du  auUi  des  choies  qui  jettent  une  foiblc 


LUI 

lumière,  qui  ne  paroillcnt  que  dans  l'obfcurité ,"" 
comme  la  pierre  de  Boulogne ,  le  phofphore ,  les 
vers  luifans,  le  poiilon  corrompu ,  le  bois  pourri, 
les  yeux  dun  chat ,  luifent  &c  jettent  du  feu.  Pel- 
lucere,  tranflucere.  , 

Luire  ^  le  dit  aulli  des  corps  polis  qui  rehechitlent  la 
lumière  qu'ils  reçoivent.  £mif are.  J'ai  vu /i^ire  quel- 
que chofe  dans  le  fable  ;  c'eft  un  diamant ,  c'eft 
un  morceau  de  cryftal ,  ce  n'eft  qu'un  caillou  poli. 
Tout  luit  dans  cette  maifon  ,  tout  y  eft  net  &  poli, 
les  chenets  j  les  planchers^  la  b.atterie  de  cuihne, 
luifent  beaucoup.  L'or  bruni  luit  davantage  que  l'or 
mat.  On  voyoit  luire  de  loin  les  épées ,  les  cuiraf; 
fes,  les  armes  de  cette  cavalerie. 

Luire  ,  le  dit  figurément  en  choies  Ipirituelles  &  mo- 
rales ,  &  lignifie  ,  Paroître ,  briller ,  éclater.  Micare, 
emicare  ,  illucere.  Un  bon  Prélat  eft  un  Hambeauqui 
luit  dans  l'Eglile.  Quand  la  toi  luit  dans  un  cœur, 
elle  l'éclairé  ,  elle  rend  toutes  choies  faciles.  Les 
Martyrs  &  les  Saints^  font  autant  d'aftres  qui  lui- 
fent dans  le  ciel,  dans  la  gloire.  Je  brûle  du  feu 
qui  luit  dans  vos  yeux. 

Iris  ferait  l'amour  de  la  terre  &  de  l'onde , 
Sl  vos  beautés  ne  luilbient/7oi/2f  au  monde.  Voit. 

Et  dès  qu'un  mot  plaifant  vient  luire  à /non  efprit. 
Je  n'ai  point  de  repos  qu  il  ne  foit  en  écrit.  Boil. 

On  dit  auffi  qu'un  gouverneur  ne  s'eft  point  rendu, 
tant  qu'il  a  vu  luire  une  efpérance  de  iecours.  Voila 
un  rayon  d'efpéiance  qui  nous  luit.  Spes  afulget. 

Malherbe  a  dit  aulÏÏ  dans  la  dernière  Ode  au  Roi  : 

Et  ton  front  cette  fois  ,      ^ 

Sera  ceint  de  lauriers  ,  qu'on  ne  vit  jamais  luire 
Sur  la  tête  des  Rois. 

San-Luis  de  Maragnan.  Nom  d'une  petite  Tille  di 
Brélîl,  dans  l'Amérique  méridionale.  Fanum  S 
Ludovici.  Elle  fut  fondée  par  les  François  dans  1  III 
de  Maragnan,  l'an  1612.  Elle  eft  maintenant  au; 
Portugais ,  ôc  elle  a  un  Evêque  futfragant  de  San  i 
Salvador.  Maty.  ,        J 

San- Luis  de  Zacatécas ,  ou -fimplement  Zacatecas  t 
Fanum  S.  Ludovici  Zacatec&  :  ville  de  l'Audience  d(    ' 
Guadalajara ,  en  Amérique.    Elle  eft   capitale  de  h    : 
Province  dt  Zacatécas ,  &  conlldérable  par  fes  mi- 
nes d'argent.  Maty.  •      /n-  l ■ 

LUISANT ,  ANTE.  adj.  Qui  jette ,  ou  qui  reHechii 
quelque  lumière.  On  le  dit  aulll  des  choies  qui  oni 
quelqu'éclat.  Lucidus  ,  collucens  ,fulgens.  Le  Soleil, 
la  Lune,  Se  Vénus,  font  les  Allies  les  plus  luifans. 
Lucentemque  globum  Lunx ,  &c.  Des  vers  luifans.Ui 
diamans,les  criftaux,  font  luifans.  La  queue  du 
paon  ,  la  gorge  des  pigeons,  font  luijantes  au  So- 
leil. Le  fatin  eft  la  plus  luifnnte  de  toutes  les  ctoi- 
fes.  Un  taftetas  lufant  eft  le  plus  cher  de  tous  les 
taftetas.  Dans  cette  dernière  acception ,  ce  mot  elt 
auffi  fubftantif.  Le  luifantÀ'ymt  étofte,  d'un  ruban, 
d'un  galon.  On  appelle  ainll  certaines  parties  qui 
font  plus  éclatantes  que  les  auties.  Ce  lont  cert.unes 
portions  de  la  chaîne  qui  levant  continuellement 
pendant  un  certain  nombre  de  coups  de  n.ivette , 
&  n'étant  point  par  ce  moyen  compriies  dans  le 
travail ,  forment  un  compartiment  de  foies  traînan- 
tes fur  l'ouvrage  ,  qui  fait  le  luifant.  On  fait  rentrer 
ces  foies  qui  forment  le  luifant ,  dans  la  chaîne , 
defpace  en  efpace,  pour  en  interrompre  la  continuité. 

LUISANTE,  f.  f.  Terme  d'Aftronomie ,  qui  fe  dit  de 
quelques  étoiles ,  qu'on  appelle  autrement  lucides. 
Voyez  ce  mot.  Lucidu.  Au  commencement  de  1  an- 
née 1740.  la  poiition  de  la  luifante  de  l'aigle  ctoit 
en  afcenfion  droite  194  d.  51'.  10".  en  déclinailon 
8  d.  12'.  io".  en  longitude  28  à.6\^zf.  dn  Ui- 
pricorne,  en  latitude  29  d.  iS'.  47".  î  S.  Le  h  on- 

NIER.  ^,     ^  j; 

LUISSEL.  f.  m.  Vieux  mot.  Peloton  de  hl.  Un  a  ait 

aulîi  luifau  &  luijjelet.  LUIT. 


il 


L  U  L 

LUIT.  Nom  de  lieu  ,  dont  il  cfl:  parle  dans  ifaie ,  XV. 
J,  &  d.iiis  Jércmic,  XLVIIL  ;.  Luit ,  en  Hébreu 
luhinch.  C  etoit  une  ville  de  la  contrée  de  Moab  , 
ou  des  Moabites;  elle  échut  à  la  Tribu  de  lluben  , 
&  écoic  lituce  près  d'Oronaïmc.  Au  temps  de  iaint 
Jérôme,  elle  le  nommoit  Lu'uha. 
LUI  i  £S.  Terme  de  Challc  ,  qui  (e  dit  des  tefticules 

d'un  (ànglier.  Aprugni  cejlkidi,  ccjics. 
LUITMEIEH.  f.  m.  Nom  d  homme.  Ancien  mot  Cel- 
tique ,  ou  Franc ,  qui  (iyiiihe  ,  l^répolc  au  peuple  , 
tk  qui  par  corruption  a  dégénéré  en  celui  de  C'io- 
domire.  Du  Tillet,  I.  pan.  p.  i6. 
LUITON.  f.  m.  Efl:  la  même  chofe  que  Lutin,  efprit 
foltt ,  qui  fe  plaît ,  dit-on  ,  à  luter  avec  les  hommes, 
pour  leur  taire  peur  ;  &  une  preuve  que  ce  mot 
vient  de  là  ,  c'eli  qu'au  lieu  de  Iule ,  on  difoit  an- 
ciennement lune  ,  dont  on  a  fait  lutton  dans  le  même 
fens.  .  .  M.  le  Duchar,  Note  i.  fur  le  3  ;<•'.  chap.du  1 
Livre  de  Rabelais.  Voye'^  l'Etymologique  de  Ménage, 
au  mot  Lutin. 

Notre  ami ,  Monjicur  le  Luiton  , 
J^it  l'homme ,  vous  perdc-:^^  un  peu  trop  tôt  courage. 

La  Font. 

M.  Huer  dit  que  Luiton  efl:  corrompu  de  Nuiton , 
par;e  que  les  Lutiiis  apparoillent  plus  ordinairement 
la  nuir.  Dijfirt.  recueillies  par  M.  de  Tilladet. 
LUIl  WlCh.  1.  m.  Nom  d  homme.  Ancien  mot  ,  qui 
figni.'ïe,  Homme  excellent  du  peuple,  &  dont  par 
corruption  l'on  a  fait  Clodovée ,  &:  cnfuite  Clovis, 
puis  Louis. 
■  '  §3°  LUKAU.  Petite  ville  d'Allemagne,  au  cercle  de 
la  Haute -Saxe,  dans  l'Olterland  ,   à  4    milles  de 
Leiplick. 
LUKL  Ville  de  la  Chine ,  dans  la  Province  de  Hug- 
nang*  au  département  de  Xincheu  ,  douzième  mé- 
tropole  de  la  Province. 

Il  y  a  encore  une  ville  de  Luki  à  la  Chine  ,  dans 
la  Province  de  Kiangli,  au  département  de  Kien- 
chang  ,  lîxième  métropole  de  la  Province. 
|3=  LUKIANG.  Il  y  a  à  la  Chine  deux  villes  de  ce 
nom  ;  l'une  dans  la  Province  de  Kiangnan  ou  Nan- 
king  ,  département  de  Lucheu;  l'autre  dans  la  Pro- 
vince de  Junnan  ,  département  de  Jungchang.  Il  y 
a  encore  une  forterelîe  de  même  nom,  dans  la  mê- 
me Province  de  Junnan. 

L  U  L. 

LUL.  f.  m.  Nom  d'un  arbre  qui  croît  en  Perfe ,  & 
qu'on  appelle  ber  hir  la  côte ,  vers  Ormus ,  &  /;// 
à  Surate.  Lui.  Piétro  délia  Valle  dit  qu'il  en  y  'a  un  fort 
grand  à  Surate  ,  que  les  idolâtres  du  pays  ont  en 
grande  vénération  ,  a  caufe  de  fa  vatle  étendue  &  de 
fon  antiquité.  Ils  vont  fouvent  faire  leurs  cérémo- 
nies fuperfliitieufes  fous  cet  arbre  ,  qu'ils  croient  être 
chéri  d  une  de  leurs  déellès,  à  laquelle  il  ell  dédié. 
C'eit  la  déelfe  Parvéti ,  qu'ils  tiennent  pour  la  fem- 
me de  Mahadeu,  un  de  leurs  plus  grands  dieux.  Ils 
ont  gravé  lur  cette  pierre  fort  grollîcrement  le  vifa- 
ge  de  la  déelFe,  qu'ils  tiennent  toujours  peint  d'une 
incarnat  vit ,  comme  les  Romains  peignoient  le  vi- 
fage  de  Jupiter  en  vermillon,  au  rapport  de  Pline. 
Ce  M  elt  toujours  entouré  de  fleurs,  &c  de  quantité 
de  feuilles  d.  1  arbre  qu'on  appelle /7i:«  ,  &  en  d'au 
très  endroits  de  l'Inde  bétel.  De  la  Boulaye  nomme 

I     cet  arbre  kafla.  Les  François  le  nomment  arbre  des 

I     Banianes.  l'^oyei  Baniane's. 

Le  lui  elt  un  grand  arbre  fort  beau ,  que  les 
Perles  appellent  Ml  daghell,  comme  qui  dnoit 
lui  larmenteux  ,  parce  que  de  ces  branches,  il 
tombe  beaucoup  de  firmcns  qui  pendent  julqu'à 
terre.  Cet  arbre  ne  vient  qu'aux  Lides ,  &  fous  la 
Zone  torride,  &  en  Perfe,  à  demi-journée  de  la 
mer  ,  parce  que  c'efl:  un  climat  peu  éloigné  de  la 
Zone  torride.  Il  pend  des  branches  du  lui  en  bien 
des  endroits  de  petits  rameaux  déliés ,  &  comme 
une  d;>jcc  de  farment  ;  ils  n'ont  point  de  feuilles. 
Tome  y. 


LU  M  66y 

ils  font  ronds  ,  longs,  &  un  peu  pliables;  il>  ref- 
fêmblent  prcfqu'à  ujic  petite  corde,  ou  hccUc.  Au 
bout  ils  ont  un  petit  paquet  de  branches  tout  fcm- 
blable  à  de  la  racine.  Ils  s'allongent  julqu'à  terre, 
&  quand  ils  y  font  arrivés  , ce  petit  paquet  de  libres 
s'y  inlinue,  s'y  attache,  ik  devient  nne  véritable 
racine;  le  petit  fument  groflit,  <&  devient  un  tronc 
d'arbre,  qui,  à  fon  tour,  en  produit  d'autres  de  la 
même  hiçon  ;  enforte  qu'un  lui  reilembleà  un  por- 
tique h.  plufieurs  colonnes,  conn.îe  dit  Strabon  ; 
ou,  comme  nous  l'avons  dit  ailleurs,  produit  feul 
une  forêt. 

Le  lui  elf  le  plus  bel  arbre  du  monde  ;  (es  feuilles 
font  épailles,  ovales  ,  &  prefque  lemblables  à  celles 
du  cognalller  ,  mais  beaucoup  plus  grandes  ik  plus 
grolles.  Son  fruit  cft  petit,  la  couleur  el1:  entre  l'in- 
carnat L^c  le  jaune;  mais  tirant  plus  lur  l'inc.iDiat  , 
&  un  peu  (ur  le  noir ,  qumd  il  elt  mûr  ,  ou  lur  la 
couleur  des  prunes.  Par  dehors  il  ell  lille  &  rond; 
en  dedans  quand  on  a  rompu  l'écorce  ,  qui  eft  un 
peu  grolle  &  dure  ,  niais  qui  néanmoins  fe  mange  , 
on  le  trouve  plein  tout  autour  de  petits  grains  fem- 
bLibles  à  ceux  de  la  figue  ;  au  milieu  il  efl  vide. 
Il  a  au  goût  une  aigreur  qui  n'ell  point  dcfagréable  , 
mais  il  le  corrompt  aiiément ,  &  les  vers  s'y  mettent 
bientôt.  On  y  en  trouve  même  quelquefois  avant 
qu'il  foir  mûr  ,  ce  qui  fait  croire  qu'il  n'eft  pas  fort 
lain.  Le  bois  du  lui  eft  tout  poreux ,  &  fait  en  de- 
dans comme  des  filamens  ,  ou  des  fibres  dirtérentes 
unies  enlemble.  De-là  vient  qu'il  eft  fort  léger. 
Piétro  délia  Valle,  Lndia ,  Lettre  XTLL.  p.  4Û4. 
46  s. 

L  U  M. 

LUMBIER  ,  Nom  d'une  ancienne  petite  ville  d'El- 
pagne.  Lumbarla  ,  Llumberls.  Elle  eft  dans  la  Na- 
varre ,  lur  la  rivière  de  Salazar  ,  environ  à  deux 
lieues  au-delfus  de  Sangucfta.  Maty. 

LUMELLINA ,  &  LUMELLO.   Voyei  Laumellina. 

LUMIÈRE  ,  f.  f.  Corps  fubtil,  prompt  &  délié  ,  qui 
caufe  la  clarté  ,  qui  éclaire  ,   qui  donne  la  couleur 
à  toutes  choies  ,  (jui  ébranle  les  yeux,  &  rend  les 
objets  vilibles.  Lumen  ,  lu.x.  Les  Philolbphcs  drftin- 
guent  entre  lumière  primitive  ,  ou  radicale,  &  lumière 
féconde  ou  dérivée  ,  que  M.  de  la  Chambre  appelle 
extérieure  ,  parce  qu'elle  eft-  hors  du  corps  lumineux. 
La  lumière  primitive,  ou  radicale  ,  eft  celle  qui  eft  dans 
le  corps  lumineux ,  &  qui  conlîfte  dans  un  certain 
mouvement  de  fes  parties  ,    qui  les  rend   capables 
de  poufter  à  la  ronde  la  matière  iubtile ,  qui  rem- 
plit  les  pores  des  corps  tranlparens.   Et  la  lumière 
féconde  ,  ou  dérivée  ,  qui  eft  dans  le  corps  éclairé  , 
n'eft  autre  chofe  que  l'mclination  à  fe  mouvoir,  ou 
la  tendance  qu'a  cette  matière  fubtile  à  s'éloigner  en 
ligne  droite  du  centre  du  corps  lumineux.  Rohault. 
La  lumière  conlîfte  dans  un  écoulement  d'une  infi- 
nité d'atomes  ,  ou  de  corpufcules  ignées ,  qui  fortant 
du  folcil  comme  d'un  grand  océan  de  feu  ,  fe  répan- 
dent de    toutes  parts  avec   une    viteile  incroyable, 
C'eft  le  fentiment  de  Démocrite  Se  d'Epicure ,    que 
Lucrèce    a  mis  élégamment    en  vers.   Gatiendi    l'a 
adopté.  Defcartes  &  M.   Huygens  ont   nié  qu'il  fe 
fit  aucun  cranfport  de  corpufcules  du  corps  lumineux 
jufqua  nous.  Ils  n'ont  pu  comprendre  que  les  corps 
lumineux  pullent  ,    fans  s'épuifer ,   répandre  une  ii 
prodigieufe  quantité   de   matière  dans   tout  l'efpace 
immenfe  qu'ils  illuminent  ;  Se  que  fi  la  lumière  étoit 
compofée  de  patticules  enflammées ,  elle  ne  fit  pas 
fen.rir  de  chaleur  en  même  temps   qu'elle   ébranle 
les  fibres  du  nerf  optique.  M.  Huygens  concevoir 
donc   une  longue   fuite  de    globules,   qui  forment 
comme  autant  de  petits  balons ,  dont  l'une  des  ex- 
trémités touche  le  foleil  ,  &  l'autre  le  fond  de  l'œil; 
après  quoi  il  doit  s'enfuivre  ,  qu'au  même   inftant 
que  le  (bleil  prelle  l'extrémité  qui  lui  eft  contiguë , 
celle  qui   appuie  fur  l'œil  eft  aulïï  prelîce.  Ainfi  la 
lumière  parvient    du  corps  lumineux  julqu'à  nous, 
par  quelque  mouvement  impiimé  à  la  matière  fub- 

Pppp 


666 


L  U  M 


die  qui  efl:  eiitrs-deux  ^  &  ce  mouvement  s'étend 
fuccelïivem.ent  pnr  des  i'urfaces  ,  &  des  ondes  Iphé- 
riqaes.  M.  Huygens  a  fupputé  que  la  lumicrc  em- 
ploie onze  minutes  à  venir  jufqiia  nous-,  c'eft-à- 
dire,  à  pLiixourir  douze  nulle  diimètres  de  la  terre. 

ffT  Dans  le  fyfteme  de  Defcartes ,  qui  fait  con- 
£iler  la/i/witvvdansla  prellion  des  globules.  {Voyc-[ 
monde  de  Defcartes  ) ,  on  trouve  une  infinité  de 
diiïicuités  inexplicables.  Aullî  le  P.  Mallebranche  , 
peu  content  des  globules  ,  les  répudia  pour  leur 
llib.lituer  une  infinité  de  tourbillons  extrêmement 
petits  qui  remplirfcnt  tous  les  grands  tourbillons  , 
comme  les  grands  remplillént  tout  l'univers.  P''oyc\ 
Tourbillon. 

tfT  Ces  vorticulcs  ou  petits  tourbillons  font  com- 
pofés  d'une  matière  éthérée  très-fubtile  &  très-fiuide  : 
la  force  qu'ils  ont  de  fe  dilater ,  &  de  fe  preikr 
mutuellement  ,  les  maintient  dans  un  équilibre  per- 
pétuel ,  tout  de  même  que  les  grands  tourbillons  y 
•font  maintenus  par  leur  preilîon  réciproque. 

.§3°  L'action  du  corps  radieux  fur  les  vorticules  , 
&  la  réacciou  foudaiiie  des  vorticules  fur  le  corps 
radieux  ,  leur  donne  un  mouvement  d'ondulation 
ou  de  vibration  qu^ils  s'cntrecommuniqucnt  juiqu'à 
nous.  Ce  mouvement  fait  la  lumière ,  &  la  lumière 
•  eft  plus  ou  moins  forte ,  luivant  qu'il  efl  plus  ou 
moins  tort  lui-même. 

^fT  C'efl  aux  divers  degrés  de  promptitude  dans  les 
vibrations  ,  ou  dans  les  fccoullcs  ,  que  les  cou- 
leurs doivent  leur  naiiiance  :  enlorte  que  fi  la  matière 
des  vorticules  vient  exciter  ,  par  exemple  ,  50  vibra- 
tions lur  notre  rétine  dans  un  temps  déterminé  ,  une 
certaine  couleur  nous  frappera,  au  lieu  que  nous  en 
verrions  une  autre  ,  Il  dans  le  même  inftant  le  nombre 
■des  vibrations  étoit  plus  grand  ou  plus  petit.  La 
grande  difficulté  eft  de  déterminer  quels  degrés  de 
promptitude  les  vibrations  doivent  avoir  ,  pour  for- 
mer chaque  couleur  en  particulier.  Voye^  Couleur. 
Ce  lyftême  eft  d'autant  plus  léduilant,  qu'il  nous 
oftle  des  rapports  merveilleux  au  mécanifme  du  fon. 
Les  vibrations  excitées  dans  l'air  par  un  corps  fo 
nore  que  l'on  frappe  ,  &  comiûuniquées  par  l'air 
au  nerf  auditif,  font  naître  en  nous  la  tenf ition  du 
fon.  Tout  de  même  les  fecoulles  imprimées  à  la  ma- 
tière étiiéiée  par  un  corps  lumineux  ,  &  communi- 
quées par  cette  matière  au  nert  optique ,  font  naître 
en  nous  l'idée  de  la  lumière  ce  des  couleurs. 

^3°  Un  corps  fonore  ne  rend  aucun  (on  lorfqu'il 
eft  enfermé  dans  la  machine  pneumatique  d'où  l'on 
a  cliallé  toutes  les  particules  d'air.  Si  l'on  pouvoir 
de  même  chalfer  toute  la  matière  éthérée  d'un  en- 
droit ,  où  l'on  placeroit  un  corps  lumineux  ^  nous 
ne  lui  venions  aucun  éclat. 

^fT  Comme  les  fons  nous  parollfent  plus  ou  moins 
forts  ,  fuivant  la  diftérente  force  des  vibrations  de 
l'air  ;  ainfi  la  lumière  nous  paroît  plus  ou  moins 
vive ,  fuivant  la  grandeur  des  fecoulïes  de  la  matière 
éthérée. 

fer  Enfin  félon  que  les  vibrations  de  l'air  font 
multipliées  avec  plus  ou  moins  de  promtitude  ,  l'o 
reillc  entend  diftérens  tons,  tels  que  la  balle _,  le 
deilus,  &c.  par  la  même  loi  ,  félon  que  les  vibra 
tions  de  la  matière  (ubtile  lont  répétées  plus  ou  moins 
promptemcnt  j  l'œil  voit  le  jaune  ,  le  rouge  ,  &  toutes 
les  autres  couleurs  ,  qui  font  les  tons  de  la  lumière. 
Plufieurs  vibrations  oppofées  fe  croifent  &  s'entre- 
coupent mutuellement  dans  l'air  fans  fe  détruire  , 
même  fins  troubler  l'ordre  de  leur  marche  :  c'elt 
pour  cela  que  dans  un  concert  les  accords  d'un 
inftrunient  ne  nous  dérobent  point  ceux  des  autres. 
Avec  la  même  netteté  plufieurs  vibrations  de  ma- 
tière fubtile  nous  peignent  diverfes  couleurs  &  di- 
vers objets  ;  elles  fe  rencontrent  ,  elles  s'entre- 
coupent ,  Se  n'en  vont  pas  moins  à  leur  but. 

^ZT  Voilà  le  grand  avantage  des  petits  tourbillons  : 
ils  peuvent  par  leur  fluidité  tranfmcttre  différentes 
vibrations  en  différcns  lieux;  annoncer  d'un  côté  le 
rouge  ,  Se  de  l'aune  le  violet  :  comme  l'air  répand 
des  fons  diftingués  à  droite  Se  à  gauche  j  on  n'eu 


LU  M 

pouvoit  pas  efpércr  autant  des  globules  de  Defcartes  ; 
leur  dureté  s'y  oppoloit  abfolument. 

Le  foleil  elf  la  lource  de  toutes  cette  lumière  que 
les  planètes  ne  tout  que  le  renvoyer  les  unes  aux 
autres  j  après  l'avoir  reçue  de  lui;  d'une  planète  à 
l'autre  ,  il  s'étend  de  longues  traînées  de  lumière 
qui  te  croilent  ,  &  fe  traverfent  en  mille  façons 
différentes.  Font.  Il  eft  démontré  par  les  écliples  de 
Jupiter ,  que  c'eft  en  vain  que  les  fcttateurs  de  Def- 
cartes ont  prétendu  que  la  lumière  étoit  inftantanée. 
Son  mouvement  fe  fait  fuccellivement  ,  quoique 
d'ailleurs  il  (oit  très-rapide  ,  la  lumière  venant  à  nous 
avec  une  vitede  qui  doit  nous  étonner.  Elle  emploie 
environ  fept  minutes  à  palfer  du  foleil  jufqu'à  nous. 
Newton  ,  [trad. 

^fT  Des  particules  de  matière  infiniment  déliées, 
&  prefque  infiniment  petites ,  que  les  corps  lumi- 
neux envoient  en  ligne  droite  avec  une  vîtelle  in- 
compréhenlible  ;  voilà  à-peu- près  l'idée  que  les  Ncw- 
toniens  le  forment  de  la  lumière.  Il  eft  évident , 
difent-ils  ,  que  la  lumière  eft  compolée  de  particules 
prelque  infiniment  petites  ,  puisqu'elle  s'inhnue  à 
travers  les  pores  du  verre  ,  qui  eft  impénétrable  à 
l'air  que  nous  relpirons.  Il  ii'eft  pas  m.oins  évident  que 
le  mouvement  de  la  lumière  eft  un  mouvement  en 
ligne  droite  ,  puifque  dans  une  chambre  obfcure  où 
il  ne  le  trouve  que  deux  petits  trous  parfaitement 
correlpondans  ,  l'un  à  la  fenêtre  ,  l'autre  à  la  porte  , 
l'on  voit  un  rayon  du  loleil  entrer  par  l'ouverture 
pratiquée  à  la  fenêtre ,  &  fortir  par  celle  que  l'on  a 
tait  à  la  porte ,  (ans  éclairer  l'intérieur  de  la  chambre. 
Enfin  il  eft  évident  que  la  vîtelle  de  la  lumière  eft, 
pour  ainll  dire  incompréhenlible  ,  puifqu'il  eft  dé- 
mo]-ijtié  par  les  expériences  qu'elle  parcourt  en  14 
minutes  environ  66  milions  de  lieues. ,  On  ne  doit 
pas  être  (urpris  de  cette  vîtelfe  incioyable  ,  lî  l'on 
fait  attention  qu'on  doit  l'attribuer  à  la  terrièle  ciiet- 
velcence  qui  règne  dans  le  (ein  du  (oleil. 

03"  La  difficulté  la  plus  apparente  que  l'on  puillc 
faire  contre  ce  fyifême  ,  conlîfte  à  dire  que  pat 
cette  émilÏÏon  ou  émanation  continuelle  des  cor- 
pulcules  lumineux  ,  qui  doivent  remplir  tous  les 
points  (enfibles  de  l'univers  (  Koye^  Émission  ik. 
Émanation  )  le  foleil  auroit  perdu  depuis  longtemps 
(a  (ubftance.  Cependant  ,  malgré  toutes  (es  pertes , 
il  eft  le  même  aujourd'hui  qu'il  étoit  au  commen- 
cement du  monde.  La  lumière  ne  fe  fait  donc  point 
par  émifiion. 

^fT  On  peut  répondre  que  (î  c'eft  à  des  corps  opa- 
ques, comme  les  planètesdu  premier  &  dulecond  or- 
dre, que  le  foleil  envoie  (a  lumière,  cette  wiènxçlumicri, 
après  ditférentes  réflexions,  d'une  planète  à  l'autre 
fe  rendra  enfin  dans  l'atmolphère  (olaire.  Si  c'eft  à 
des  corps  lumineux  ,  tels  que  "les  étoiles  fixes  ,  celles- 
ci  à  leur  tour  envoient  de  leur  lumière  au  foleil.  Ce 
commerce  rend  nulle  la  diflipation  de  fubftancc  dciit 
parlent  les  Cartéliens. 

J'appelle  lumière  (împle,  homogène  Se  (îmilairej 
celle  dont  les  rayons  font  également  rétrangiblcs  ; 
Se  j'appelle  lumière  compofée  ,  hétérogène  Se  dilli- 
milaire  ,  celle  qui  a  des  rayons  plus  réfrangibles  les 
uns  que  les  ■autres.  J'appelle  la  première,,  lumicrc 
homogène ,  non  que  je  veuille  allurer  qu'elle  le 
foit  à  tous  égards  ,  mais  parce  que  les  rayons  qui 
conviennent  par  rapport  à  leur  réfrangibihté  ,  con- 
viennent du  moins  dans  les  autres  propriétés. 

Les  rayons  de  lumière  qui  diftcrent  en  couleurs , 
diffèrent  auilî  en  degrés  de  réfrangibilité.  La  lumière 
du  foleil  eft  compofée  de  rayons  diivéreînment  in- 
frangibles. La  lumière  du  foleil  eft  compoLe  de 
rayons  diftérens  en  réHexibilité ,  Se  les  rayons  qui 
font  plus  réfrangibles  que  les  autres .  font  auili  plus 
réflexibles.  Ce  font  les  trois  premières  propolitions 
que  M.  Newton  prouve  dans  fon  Optique ,  par  un 
grand  nombre  de  belles  expériences.  Voye\  RÉrRAc- 

TION  ,   RÉFRANGIBLE   ET    RÉPR ANGIBILIji. 

ft?    Lumière    feptentriOnale  ,    que    quelques   phyli 
ciens  confondent  avec  l'aurore  boréale.  \  "^oyc^  ce 
mot  ,).  Celle  ci  ne  pai-oît  que  de  temps  en  temps  ; 


p4 


L  U  M 

celle  là  au  contraire  eft   un  phénomène  journalier. 
Dans   une  relation  du  Groenland  nous  lifons  que 
dans  ces  contrées  il  le  levé  pendant  tout  l'hyver  une 
lumière  avec  la  nuit ,  qui  éclaire  tout  le  pays  ,  comme 
il  la  lune  étoit  au  plein.  Plus  la  nuit  eft  obkure  , 
plus  cette  lumière  luit.   Elle  fait  Ion  cours  du  côté 
du  nord.  Elle  rellemble  à  un  feu  volant ,  &  elle 
s'étend  en  l'air  comme  une  longue  &:  haute  pahlfadc. 
Elle  palle  d'un  lieu  à  un  autre  avec  une  légèreté  & 
une  promptitude  inconcevable.   Elle  dure  toute  la 
nuit ,  Se  elle  s'évanouit  avec  le  loleil  levant.  M.  de 
Mairan  nous  allure  que  l'air  grollier  que  l'on  rel- 
pire   dans  les  pays   près  du  pôle   arélique ,   &  les 
glaces  qui  fe  trouvent  dans  ces  contrées ,  font  trés- 
propres   à   réfléchir   les    rayons  de   lumière ,  (k  à 
caufer  une  clarté  que  les  habitans  du  pays  nomment 
lumière  feptentrionale. 
ffT  Lumière   Zodiacale.    M.  de  Mairan  appelle 
ainil  une  clarté  ou  une  blancheur  aifez  fembl.ible 
à  celle  de  la  voie  ladlée  que  Ton  apperçoit  dans 
le  ciel  en  certains  temps  de  l'année ,  après  le  cou- 
cher du  foleil  ou  avant  fon  lever  ,    en  forme   de 
lance   ou  de  pyramide   le   long  du  zodiaque  ,    où 
elle  eft  toujours  renfermée  par  fa  pointe  &  par  fon 
axe  ,  &  appuyée  obliquement  (ur  l'horifon  par  fi 
bafe.    L'atmolphère    lolaire   (  voye^  ce  mot)  eft  la 
caufe  de  ce  phénomène  lumineux ,  que  Ton  avdit 
fait  entrer  fans  raifon  dans  la  clalle  des  météores. 

fCF  M.  de  Mairan  remarque  que  plufieurs  des 
circonftances  qui  ont  été  caufe  qu'on  a  connu  fi 
tard  la  lumière  zodiacale ^  ou  qu'on  l'a  confondue 
avec  quelques  autres  apparences  céleftes ,  peuvent 
encore  fouvent  nous  empêcher  de  l'appercevoir.  Sa 
pofition  oblique  &  peu  éloignée  du  plan  de  l'é- 
cliptique ,  ne  nous  permet  guère  de  la  voir  diftinc- 
tement ,  &  allez  élevée  fur  l'horifon ,  que  quelque 
temps  après  le  coucher  du  foleil  vers  la  fin  de 
l'hiver  &  dans  le  printemps  j  ou  avant  le  lever  en 
automne  &  vers  le  commencement  de  l'hiver. 
De  plus  ,  dit  M,  de  Mairan ,  un  crépufcule  trop 
fort  l'empêche  de  fe  montrer  ,  &  un  trop  grand 
clair  de  lune  la  fait  difparoître  :  la  première  de 
ces  raifons  nous  la  cache  pendant  l'été  ,  &  la  fé- 
conde ,  une  grande  partie  de  l'année  ,  dans  quelque 
faiion  qye  l'on  fe  trouve.  yoye\  M.  de  Mairan. 

LuMiânE  fe  dit  aufli  de  toutes  les  autres  clartés  fub- 
lunaires ,  tant  de  celles  qui  viennent  du  feu  ,  de 
la  flamme,  des  chandelles,  des  flambeaux j  que  de 
quelques  .'utres  corps  naturels  ou  artificiels  j  comme 
le  ver  luilant  ,  le  bois  pourri ,  le  poillon  gâté ,  les 
yeux  de  chat  ,  &c.  Lumen  j  fax  lucida.  La  pierre 
de  Boulogne  ,  le  phofphore ,  imbibent  la  lumière 
le  jour ,  &  la  rendent  dans  l'obfcurité.  La  lumière 
vive  &  forte  des  corps  lumineux  les  fait  toujours 
paroître  blancs.  C'eft  ime  condition  néceflaire  à  la 
lumière  pour  paroître  bleue  j  d'être  difcontinuée. 
Ainfi  la  flamme  du  foufre  &  celle  de  l'efprit  de 
vin  font  bleues.  Le  bois  pourri ,  les  vers  luifans , 
les  écailles  de  quelques  poilTons  de  mer  ,  jettent 
des  lumières  qui  tirent  fur  le  bleu,  à  caufe  de  la 
fubtihté  des  exhalaifons  de  quelques  fels  volatils, 
ou  de  quelques  matières  fulAuées  qui  en  fortent^ 
car  ce  n'ell  pas  une  matière  allumée ,  puifque  l'eau 
ne  l'éteint  point,  qu'elle  ne  fe  confume' point,  & 
qu'elle  n'a  aucune  chaleur  fenfible. 

Lumière,  le  prend  quelquefois  pour  la  vie,  pour  le 
temps  qu'on  jouit  de  la  lumière  du  jour,  f^ita.  Et 
l'on  dit  poctiquement ,  Dès  qu'il  commence  à  voir 
la  lumière  ;  pour  dire  ,  Dès  qu'il  eft  né  :  &  qu'il 
a  perdu  la  lumière  ,  qu'il  eft  privé  de  la  lumière  ; 
pour  dire  ,  qu'il  eft  mort.  Jouilfez  des  avantages 
de  la  lumière ,  tant  qu'il  vous  fera  permis.  S.  EvR. 
On  dit  prefque  en  ce  fens  ,  Mettre  un  Ouvrage 
en  lumière  ,  edere  in  lucem  ,  lui  faire  voir  la  lumiè- 
re ;  poui  dire  ,  lui  faire  voir  le  jour,  le  rendre 
public  :  en  ces  derniers  temps  on  ne  le  dit  que 
des  Livres  imprimés  ;  autrefois  on  le  diloit  de  ceux 
^ui  couroient  en  manufftrit. 
Tome  F, 


L  U  M 


66y 


Sitôt  que  Chapelain  met  un  Livre  en  lumière , 
Chaque  Lecteur  d'abord  lui  devient  un  Linière.  Boil» 

Lumière  fe  dit  auilî  d'une  petite  ouverture  par  oii 
le  feu,  la  lumière,  ou  l'air  peuvent  palier.  Rima  ^ 
jenejira.  La  lumière  d'un  canon  ,  d'un  moufquet, 
ou  autre  arme  à  feu ,  eft  un,  trou  proche  de  la 
culadc ,  qui  répond  à  leur  charge  ,  où  l'on  met 
l'amorce  pour  le  tirer.  On  cncloue  les  canons  en 
fourrant  un  clou  à  force  dans  la  lumière.  Nettoyer 
la  lumière  d'un  canon. 

La  lumière  des  tuyaux  d'orgue  ,  eft  le  trou  par  oii 
entre  le  vent.  Os.  Celle  des  flûtes  &  hautbois, 
eft  le  trou  qui  eft  près  du  côté  par  où  on  les  em- 
bouche. 
La  lumière  des  inftrumens  aftronomiques ,  eft  un  pe- 
tit trou  ,  une  petite  fente  qu'on  fait  dans  les  an- 
neaux ,  ou  pinnules  qui  (crvent  aux  obfervations 
mathématiques  ,  &  qui  admettent  un  petit  rayon 
de  lumière  ;  c'eft  l'endroit  par  où  l'oji  regarde  l'objet. 
Oculus  J  ocellus. 

En  termes  de  Mécanique  j  lumière  eft  l'ouverture 
dans   laquelle   entre  le  mamelon  d'un  treuil  ,   ou 
d'un  cylindre,  où  il  eftfufpendu,  &:  où  il  tourne. 
Foramen. 
Lumière  de  pompe.  C'eft  l'ouverture  qui  eft  à  côté 
de  la  pompe ,  &  par  laquelle  l'eau  fort  pour  en- 
trer dans  la  manche^ 
Lumière,  en  terme  de  Marine,  fe  dit  des  trous,  ca- 
naux ,  ou  égoûts  par  où  l'eau  coule  dans  la  fentine  , 
ou  à  la  pompe  ,  qui  régnent  à  fond  de  cale  ,  de 
poupe  ,  en  proue ,  fous  les  varangues  ,   à  côté  de 
la  carlingue.    On  les  appelle  auffi  bitonnières  j  ou 
dnguilliers. 
^3"  Lumière,  en  terme  de  Peinture,  fe  dit,  non 
de  la  lumière  confidérée  en  elle-même  ,   mais  de 
l'imitation  de  fes  effets  repréfentés  dans  un  tableau. 
Ainfi  l'on   dit ,   une  belle   diftribution  ,  une  belle 
économie  de  lumière  ;  des  lumières  bien  entendues, 
bien  ménagées  dans  un  tableau  ,  c'eft-à-dire  ,  que 
les  endroits  qui  doivent  paroître  plus  éclairés  que 
les  autres ,  y  font  bien  touchés.  Le  grand  art  con- 
fifte  à  éclairer  toutes  les  parties  d'un  tableau  félon 
les  diftérents   degrés  de   lumière.    (  'Voyez    Jours 
&  Clairs.  )   Il   y  a  une  lumière  naturelle  ,  telle 
que  celle  du  foleil  ;   8c  une  artificielle  ,  telle  que 
celle  d'un  corps  enflammé  :   une  lumière  dirèâe , 
&   une  de  reflet.    (  Foye^  B  éflet  :  )   une  lumière 
principale,  &  une  accidentelle,  comme  celle  qui 
entreroit  par  une  porte  ,  par  une  lucarne.  La  lu- 
mière accidentelle  doit  être  fubordonnée  à  la  lumière 
principale   en  étendue   &c   en  vivacité.    Les  objets 
éclairés   doivent   participer   à   la  nature  des  corps 
lumineux  qui  les  éclairent. 
§CF  Lumière  fe  dit  dans  un  fens  figuré,  pour  intel- 
ligence ,  connoiflance  ,  clarté  d'efprit  ;   &  s'appli- 
que aulfi  à  tout  ce  qui  éclaire  l'efprit.    Ainfi   l'on 
dit,  la  lumière  naturelle  j  la  lumière  de  la  Foi,  de 
la  Grâce  ,  de  l'Evangile.  Les  lumières  de  la  Foi  Ôc 
de  l'Evangile  ont  dilfipé  les  ténèbres  &c  l'aveugle- 
ment du  genre   humain.   Si   la  raifon  eft  une  lu- 
mière trompeufe  &  infidèle  ,    nous  fomnies  réduit 
à  agir    fans    principe    certain.    Les   payens    n'ont 
connu    Dieu    que    par    la    lumière   naturelle  ;    ils 
ont  abufé    de    leurs    lumières  j    des   connoilîances 
qu'ils  avoient  acquifes  par  l'étude.    La  morale  ne 
fait    que   retracer   dans    l'homme    tout   ce   que   la 
lumière  naturelle  la  plus  épurée  lui  pouvoir  dic- 
ter J    avant  que   les  paffions  y   eulfent  apporté   le 
trouble  &  la  confufion.  Le  P.  Lamy.    Il  fort  du 
milieu  des  ténèbres  &  des  nuages  que  forment  [es 
paffions,  une  lumière  importune  ,  qui  lui  découvre 
jufqu'aux  plus  fombres  replis  de  Ion  ame.  Fl.  Plu- 
fieurs preuves  entalfées  les  unes  fur  les  autres  ,  font 
comme  plufieurs  rayons  qui  forment  enfemble  un 
corps  de   lumière  ,  auquel  il  n'eft  pas  poffible  de 
réfifter.  Cl.    On  peur  avoir  beaucoup  de  lumières 
dans  l'efprit,  fans  avoir  beaucoup  de  vertu.  S.  Real. 

Pppp  i; 


668 


L  U  M 


Dès  que  la  colère  eft  allumée  ,  elle  empoite  l'ame , 
&  éteint  la  lumière  de  la  raifon.  M.  Esp.  Le  je 
ne  fais  quoi  de  l'amitié  a  plus  de  lumière  que  celui 
de  l'amour  ,  parce  qu'il  agit  avec  plus  de  calme. 
S.  EvR.  Les  plus  grands  efprits  ont  des  lumières 
fort  bornées.  Nie.  Ne  précipitons  rien  ;  aidons-nous 
des  lumières  de  notre  raifon.  S.  EvR.  Il  y  a  des 
gens  qui  voient  mal  ,  à  force  de  lumière.  Mol. 
Quand  on  eft  appelé  à  enfeigner  les  autres ,  il  faut 
avoir  des  lumières  qui  aient  de  l'éclat  &  de  la  vi- 
vacité. Le  p.  Mabillon.  L'homme  doit  uler  des 
lumières  que  lui  prêre  la  raifon.  S.  EvR.  On  dit  en 
ce  fens ,  qu'un  homme  a  peu  de  lumière ,  pour 
dire  peu  d'ouverture  d'eiprit  ;  qu'il  a  bien  manqué 
de  lumière ,  pour  dire  qu'il  a  fait  une  grolle  faute. 

Les  Théologiens  appellent  lumière  de  gloire  j 
lumen  glorix ,  un  fecours  que  Dieu  donne  aux 
âmes  des  Bienheureux ,  pour  les  fortifier  j  afin  qu'el- 
les puilfent  voir  Dieu  face  à  face  ,  comme  dit  Saint 
Paul  ;  ou  intuitivement  ,  comme  on  parle  dans 
l'Ecole  :  car  lans  ce  fecours  ,  elles  ne  pourroicnt 
foutenir  la  préience  immédiate  de  Dieu.  On  dit 
communément  que  la  lumière  de  gloire  eft  un  ac- 
cident abfolu;  elle  eft  nécelfaire  pour  former  l'aéte 
de  la  vifion  intuitive.  Les  Théologiens  en  parlent 
dans  le  Traité  de  Dieu. 

§3"  Lumière  fe  dit  encore  pour  éclairciiremcnt ,  com- 
mencement de  preuve  ,  indice  (ur  une  aftaire.  In- 
dicium ,  indicatio.  La  connoilTance  d'un  fait  jette 
fouvcnt  une  grande  lumière  dans  une  aftaire.  On 
tire  de  grandes  lumières  des  pièces  d'une  procédure. 
Je  n'ai  encore  aucune  lumière  fur  Taftaire  dont 
vous  me  parlez-. 

Lumière,  eft  aulfi  un  éloge  figuré  qu'on  donne  aux 
grands  hommes  qui  ont  éclairé  l'Egliie  ,  ou  excellé 
dans  les  Sciences.  Decus  ,  ornamentum ,  lux.  Saint 
Ambroife  eft  une  des  grandes  lumières  de  l'Églife. 
S.  Thom.is  eft  la  lumière  de  l'Ecole.  Albert  le  Grand 
eft  une  des  grandes  lumières  de  fon  fiècle. 

Lumière,  fignifie  encore  au  figuré  ,  Éclat,  feu,  viva- 
cité. Il  fort  de  vos  yeux  je  ne  (ais  quelle  lumière  fi 
vive,  qui  fiit  qu'on  vous  reconnoîtra  toujours  à  une 
clarté  fi  brillante.  Bouh.  Dieu  habite  une  lumière 
inacceflîble,  qui  éblouit  j  au  lieu  d'éclairer  ^  8c  qui , 
en  nous  failant  entrevoir  (a  grandeur ,  nous  convinc 
de  notre  foiblclle.  Fl. 

On  appelle  ablolument  lumière  ,  de  la  bougie,  de 
la  chandelle  allumée.  Apportez  nous  de  la  lumière. 
La  falle  étoit  éclairée  d'un  grand  nombre  de  lumières. 
Ac.  Fr. 

On  dit  proverbialement,  que  celui  qui  pèche  fuie 
la  lumière:  qui  malè  agit,  odit  lucem  ,  pour  dire, 
qu'il  craint  qu'on  le  voie.  Il  ne  faut  pas  cacher  la 
lumière  fous  le  bollfeau  :  c'eft  un  proverbe  facré , 
qui  veut  dire  ,  qu'il  faut  employer  les  avantages  que 
Dieu  nous  a  donnés  pour  le  falut  &c  l'édification  du 
prochain. 

En  termes  de  Philofophie  hermétique,  on  ap- 
pelle le  mercure  des  Sages  ,  du  nom  de  lumière  ,  qui 
éclaire  dans  les  ténèbres. 

Lumières  ,  en  termes  de  Blâfon,  fe  dit  des  yeux  de 
certains  animaux  qui  font  d'un  émail  diftérent  de 
celui  de  l'animal.  Oculi  ,  lumina.  \]ï\  fangher  d'or 
aux  lumières  de  gueules.  Je  n'ai  vu  ce  mot  employé 
que  pour  le  fanglier  ,  &  le  porc  épie. 

LUMIGNON,  f.  m.  Bout  de  la  mèche  de  la  chandelle, 
bougie  ,  ou  lampe  ,  qui  eft  allumée.  Ellychnii  pars 
extans.  Les  lampes  à  trois  ou  quatre  becs  ont  autant 
de  lumignons.  On  trouve  dans  la  balle  Latinité  lici 
nium  ,  &  licinum  ,  pour  ellychnïum.  Voyez  les 
Acla  Sancl.  April.  T.  /,  p.  321. 

^3"  On  le  dit  auftî  de  ce  qui  refte  d'un  bout  de  bou- 
gie ou  de  chandelle  qui  achève  de  brûler.  La  bou- 
gie va  finir ,  il  ne  refte  plus  qu'un  petit  lumignon. 
AcAD.  Fr. 

LUMINAIRE,  f.   m.  Qui  répand  de  la  lumière.   Lu 
minare.  Dieu  a  créé  deux  grands  luminaires  ;  le  fo- 
leil  pour  le  jour  ,  &  la  lune  pour  la  nuit  :  ce  qu'il 
iuut  entendre  populairement  i  car  la  lune  eft  un  des 


L  U  M 

plus  petits  luminaires  du  ciel.  On  les  AççtWt  grands 
luminaires  par  rapport  à  la  terre  ,  parce  qu'ils  l'éclai- 
renr  plus  que  les  autres  planètes. 

§Cr  Ce  terme  confacré  dans  l'exemple  dont  on  vient 
de  parler ,  ne  s'applique  point  aux  autres  corps  na- 
turels qui  éclairent. 

ifT  C'eft  encore  un  terme  colleftif  qui  comprend  les 
cierges  ,  les  torches  ,  les  lampes  ,  qu'on  allume  dans 
les  Eglifes  pendant  le  fervice  divin.  L'ufage  des  lumi- 
naires eft  très  ancien  dans  l'Eglife.  S.  Athanafe  fe 
plaint  dans  la  Lettre  aux  Orthodoxes  ,  de  ce  que  les 
Ariens  avoient  pris  les  cierges  des  Eglifes ,  pour  les 
brûler  à  l'honneur  des  idoles.  S.  Jérôme  dit  qu'on 
allumoit  des  cierges  pour  lire  l'Evangile  ,  même  après 
que  le  foleil  étoit  levé.  Eufébe  rapporte  un  mira- 
cle accordé  aux  mentes  de  S.  Narcilî'e  ,  qui  piouve 
l'ufige  des  luminaires  ,  &c  qu'on  allumoit  des  lam- 
pes dans  les  Églites.  En  une  telle  Fcte  il  y  avoir  un 
beau  luminaire  dans  une  telle  Églife.  Dans  les  pom- 
pes funèbres  on  fait  des  herfes ,  des  chapelles  arden- 
tes ,  qui  conlument  bien  du  luminaire.  Le  Crieur 
demande  tant ,  pour  avoir  fourni  le  luminaire.  En 
Efpagne ,  les  Grands  donnent  par  galanterie  un  lu- 
minaire à  leurs  Dames  ,  il  font  la  dépenfe  d'un  grand 
luminaire  dans  quelques  Eglifes.  Entre  plufieurs  Ré- 
elemens  que  fit  pour  le  Service  Divin  S.  Aldric, 
Evêque  du  Mans  ,  l'an  84a.  dans  un  Synode  de  fon 
Diocèfe  ,  celui  du  luminaire  m'a  paru  le  plus  re- 
marquable. Il  ordonne  que  dans  fa  Cathédrale  il  y 
auroit  toutes  les  nuits  quinze  lumières ,  dix  d'huile , 
&  cinq  de  cire ,  pendant  Matines  ;  les  Diman- 
ches j  trente  d'huile,  &  cinq  de  cire  -,  &  ainfi  à 
proportion  en  augmentant,  jufqu'aux  Fêtes  les  plus 
folennelles  ,  qui  en  dévoient  avoir  au  moins  cent 
qu.ure-vingt  dix  d'huile  ,  &  dix  de  cire.  On  peut 
juger  par  cet  exemple ,  comment  les  autres  Eglifes 
étoient  éclairées  j  &  pourquoi  dans  les  fondations  3c 
les  donations  qu'on  leur  fiiloit ,  il  eft  tant  parlé  de 
luminaire.  Fleury.  On  voit  auftî  par-là  que  le  lu- 
minaire n'étoit  pas  pour  la  feule  utilité  ,  &  pour 
pouvoir  lire  ce  qu'on  chantoit. 

Les  Aftrologues  appellent  abfolument  le  foleil  Se 
la  lune  les  luminaires  ;  &  lorqu'ils  dilent  les  luminai- 
res du  temps ,  c'eft  le  loleil  pour  ceux  qui  font  nés 
le  jour ,  &  la  lune  poiu:  ceux  qui  font  nés  la  nuit. 
Il  eft  avantageux  d'avoir  les  luminaires  bien  difpofés 
dans  fon  thème  généthliaque.  Quand  les  Aftrologues 
trouvent  les  luminaires  affligés  dans  une  figure  na- 
tale ,  ils  en  concluent  que  le  lujet  deviendra  aveugle. 
On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  a  ufé  fon 
luminaire  ,  qu'il  a  perdu  fon  luminaire  ,  quand  il 
a  perdu  la  vue,  foit  par  excès  d'étude j  ou  de  dé- 
bauche. 

Un  carojfe  fexagénaire 

D'abord  s'offre  à  mon  luminaire  , 

Atelé  de  fix  chevaux  blancs.  R. 

Il  n'y  a  que  les  Poètes  qui  fê  fervent  de  ce  mot 
dans  le  ftyle  Marotique.  ■ 
LUMINEUX,  EUSE.  adj.  Lucens ,  lucidus.  Qui  éclai- 
re ,  qui  répand ,  qui  jette  de  la  lumière.  L'air  que 
nous  relpirons  n'eft  pas  la  matière  par  laquelle  les 
corps  lurflineu-x.  tranfmettent  leur  adivité.  Il  leur 
faut  un  véhicule ,  ou  un  fujet  beaucoup  plus  fin. 
Huygens.  Le  foleil  eft  \c  ç\ns  lumineux  de  tous  les 
aftres. 

J'appelle  proprement  un  corps  lumineux  ,  celui 
dans  lequel  la  lumiùe  eft  comme  dans  Ca.  fource. 
Bern.  La  lune  &  les  autres  planètes ,  ne  font  pas, 
à  proprement  parler  ,  des  corps  lumineux.  Id.  parce 
qu'elles  n'ont  qu'une  lumière  empruntée  du  loleil. 
Je  mets  le  feu  ,  &  principalement  la  flamme ,  au 
nombre  des  corps  lumineux.  Id.  Pendant  que  Conf- 
tantin  aftîégeoit  Maxcnce  dans  Rome  ,  une  croix 
lummeufe  lui  parut  en  l'air  devant  tour  le  monde, 
avec  une  infcription  qui  lui  promettoit  la  victoire. 

BoSSUET. 

l  §^  Ainfi  lumineux  Se  édairé  différent  en  ce  que  l'ob- 


LUN 

jet  lumineux  contient  en  foi  la  lumière ,  comme  le 
foleil  &  le  feui&  l'objet  éclairé \.x  reçoit,  comme 
lescorps  opaques  qui  l.i  rc-/léchillcnt. 

§Cr  Ce  mot  cft  (ouvent  employé  au  figuré.  Appliqué 
à  l'efprit ,  &  aux  ouvrages  d'elprit ,  il  déiignc  quel- 
que chofe  d'élevé ,  de  lublime ,  rempli  de  grandes 
connoillances.  En  matière  de  Sciences  on  le  dit  audi 
d'un  principe  qui  répand  une  grande  clarté  ,  &c 
dont  on  tire  quantité  de  belles  connoillances.  Les 
penfées  de  M.  Pafcal  ne  pouvoicnt  être  ni  plus  fo- 
lides  j  ni  plus  lumineufes.  Bail.  Le  véritable  Ora- 
teur n'orne  fon  dilcours  que  de  vérités  lumineufes ,  que 
de  fentimens  nobles ,  que  d'exprclTîons  fortes  &c 
proportionnées  à  ce  qu'il  tâche  d  infpirer.  Fenelon. 
Toutes  les  vérités  deviennent  plus  lumineufes  les 
unes  par  les  autres.  Fontenelle,  Un  principe  fé- 
cond &  lumineux. 

Colonne  lumineufe ,  c'eft  une  colonne  faite  d'un 
chaflis  cylindrique  j  couvert  de  papier  huilé ,  ou  de 
gaze  rouge,  enforte  qu'ayant  au  dedans  des  lumières 
par  étages ,  elle  paroit  toute  de  feu.  Cette  colonne 
le  fait  aullî  par  divers  rangs  de  bougies  en  ligne  fpi- 
rale. 

LUMINIER.  f.  m.  C'eft  ainfi  que  dans  la  Coutume 
.  d'Auvergne  on  appelle  ceux  qu'on  nomme  ailleurs 
MarguilUers.  Luminarius.  On  les  nommoit  Lumi- 
niers  ,  parce  qu'ils  avoient  foin  du  luminaire,  f^oye'^ 
Du  Cange,  dans  fon  Glollaire.  Dans  la  balfe  La- 
tinité on  a  appelé  Luminaria  Ecclejîarum ,  l'Œuvre 
ou   la  Fabrique  des  Églifes. 

LUMSA ,  LOMSA.  Nom  d'une  petite  ville  avec  Châ- 
tellenie.  Lumfa.  Elle  eft  dans  le  Palatinat  de  Czers 
ko ,  en  Pologne  ,  fur  la  rivière  de  Narew  ,  à  vingt- 
une  lieues  de  la  ville  de  Bielsko  ,  vers  le  couchant. 
Maty. 

LUN. 

L'UN  ET  L'AUTRE  j  L'UN  SUR  L'AUTRE. 
Foy.  Un. 

LUNA.  Nom  d'un  Bourg  d'Efpagne.  Zi^/za.  Il  eft  dans 
le  Royaume  d'Arragon ,  à  huit  lieues  de  Saragofle, 
vers  le  nord.  On  y  met  communément  l'ancienne 
ville  des  Vafcons  j  nommée  Forum  Gallorum  ;  quoi- 
que Zurita  la  mette  à  Gurréa  ,  bourg  du  même 
Royaume ,  fitué  fur  le  Galléco ,  à  cinq  lieues  de 
Saragoffè  ,  vers  le  nord.  Maty. 

LuNA  DisTRUCTA.  NoiTi  de  Ueu.  Luna.  Luna  dejlrucla. 
C'étoit  anciennement  une  ville  de  la  Tofcane.  On 
en  trouve  les  ruines  dans  les  terres  de  Gènes ,  à  l'em- 
bouchure de  la  Magra.  Maty. 

XUNAIRE.  adj.  m.  &  f  Lunaris.  Qui  appartient  à 
la  lune.  Les  mois /a/zaire.?  périodiques  ne  font  que  de 
ay  jours  fept  heures,  &  quelques  minutes.  Les  mois 
lunaires  fynodiques  moyens  font  de  19  jours  &: 
demi ,  &  de  quelques  minutes  par  delà  •■,  les  années 
lunaires  font  de  5  54  jours  ,  ou  de  douze  mois  fyno- 
diques. Dans  l'antiquité  la  plus  reculée  ,  l'année  de 
toutes  les  nations  étoit  lunaire.  La  variété  du  cours  de 
cette  planète  étant  plus  fréquente  ,  &  par  confé- 
quent  mieux  obfervée,  elle  étoit  plus  connue  aux 
hommes.  Les  Romains  ont  réglé  en  partie  leurs  an- 
nées par  la  lune  jufqu'à  Célar.  On  fait  des  cadrans 
lunaires  ,  où  l'on  voit  quelle  heure  il  eft  par  le 
moyen  de  la  lune.  Chez  les  Juifs  les  mois  étoient 
lunaires.  Quelques  Rabbins  prétendent  qu'on  ne 
comptoit  le  commencement  du  mois  lunaire  ,  que 
du  moment  que  la  lune  commençoit  à  paroître  ,  & 
qu'il  y  avoit  une  loi  qui  obligeoit  celui  qui  l'avoit 
découverte  le  premier ,  à  en  venir  donner  avis  au 
Sénat ,  dont  le  Préfîdent  prononçoit  que  le  mois 
étoit  commence;  &  on  en  donnoit  avis  au  peuple 
par  des  feux  ,  qu'on  envoyoit  allumer  fur  des  mon- 
tagnes par  des  couriers.  Cela  eft  impraticable,  & 
paroît  un  conte  fait  à  plaifir.  Cycle  lunaire.  Voyez 
Cycle  ,  &:  Lunaison.  On  appelle  dans  le  Levant 
Intérêts  lunaires  ,  les  intérêts  ufuraires  que  les  na- 
tions Chrétiennes  payent  aux  Juifs  chaque  lune  (  les 
'Turcs  comptent  par  lune,  de  non  par  mois),  pour 
l'argent  qu'elles  empruntent  d'eux. 


LUN 


66^ 


LVNAIRE.  C.  f.  C'eft  un  nom  qu'on  donne  à  quelques 
plantes  que  M.  Tournefort  met  parmi  les  cfpcces 
d'ofmondc.  La  lunaire  ,  qu'on  appelle  ofmonda  fa- 
lus  lunatis  ,  &  C.  Bauhin ,  lunana  racemofa  minor 
&  vulgaris  ,  eft  une  petite  plante  ,  haute  environ 
comme  la  main  :  elle  poulie  une  queue  grêle , 
ronde  ,  lilfe  ,  foutcnant  une  feule  feuille  ,  épaille , 
découpée,  ou  diviféc  d'un  Hc  d'autre  côté  en  qua- 
tre ,  ou  cinq  ,  ou  lix  ,  ou  fept  parties  fur  un  même 
côté  ;  chacune  de  fes  patties  eft  arrondie  ,  &  formée 
en  croillant ,  ou  en  lune.  Il  lort  de  cette  queue  uu 
pédicule  tendre ,  &  rempli  de  fuc  ,  qui  foutient  en 
(a  {ommité  des  grappes,  ou  bouquets  ,  dans  Icfqucls 
les  fruits  naillent.  Chaque  grappe  eft  compofée  d'un 
amas  de  coques  Iphériqucs  &:  membraneufes ,  qui 
s'ouvrenr  chacune  comme  une  boîte  à  favonncrte  en 
deux  parties,  &  répandent  quelques  femences  oblon- 
gues.  La  lunaire  n'a  point  de  ricuts.  Elle  eft  aftrin- 
gente ,  &  propre  pour  arrêter  les  dyllbnteries ,  les 
flux  de  menftrues  &  d'hémorrhoïdes,  &  pour  delfé- 
cher  les  ulcères.  On  l'a  ainfi  appelée  ,  parce  que 
fes  feuilles  ont  la^gure  d'un  croillant,  ou  d'une 
demi  lune. 

Lunaire  ,eftaulîî  une  plante  j  dont  M.  Tournefort  a 
établi  un  genre  fous  le  nom  de  lunaria.  Ses  Heurs 
font  à  quatre  feuilles  difpofées  en  croix;  le  calice 
pouffe  du  fond  un  piftil  ,  qui ,  lorfque  la  fleur  eft 
pallécj  devient  un  fruit  très-aplati ,  femblablc  aune 
lilique  plus  ou  moins  étroite.  Ce  fruit  eft  compofé 
de  trois  peaux  ,  dont  celle  du  milieu  eft  un  chaflis 
couvert  d'une  membrane  ,  fur  le  bord  duquel  font 
appliqués  &  comme  collés  parallèlement  ,  deux 
panneaux.  On  trouve  entre  ces  panneaux  &  le 
challis  quelques  femences ,  de  la  figure  d'un  petit 
rein  ,  élevées  en  lentille ,  &c  dont  les  bords  font  dé- 
liés.   Voye\   Elem.  Botan.   iSj. 

En  termes  d'Anatomie  ,  Lunaire  ,  fe  dit  de  quel- 
ques cartilages.  Lunaris.  L'apophyle  de  la  partie 
lupérieure  du  tibia ,  a  deux  cavités  à  fes  côtés ,  qui 
reçoivent  les  têtes  du  fémur ,  &  la  profondeur  de 
chacune  de  fes  cavités  eft  augmentée  par  un  carti- 
lage lunaire  ,  qui  ,  quoiqu'il  foit  attaché  par  des 
ligamens ,  ne  lailTe  pas  d'être  nnobile ,  parce  qu'il 
eft  mou  ,  glillant ,  &  abreuvé  d'une  humeur  gluan- 
te y  ce  cartilage  lunaire  eft  épais  au  bord ,  &  délié 
vers  le  centre  ;  c'eft  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom 
de  lunaire.  Dionis. 

La  Pierre  Lunaire,  F'oye'^  S^lénite  ,  c'eft  la  mê- 
me chofe. 

LUNAISON.  C.  f.  Menftruus  lundi  curfus.  Révolution 
de  la  lune  qui  fe  fait  dans  un  mois.  §3"  Efpace  de 
temps  compris  entre  deux  nouvelles  lunes  con- 
fécutives.  C'eft  la  même  chofe  que  le  mois  fyno- 
dique  ,  qui  eft  de  29  jours ,  1 2  heures  &  quelques 
minutes.  Voye'^  au  mot  Lune  la  raifon  de  la  diffé- 
rence des  mois  fynodiques  &  périodiques.  Les 
Aftrologues  difent  lunation.  Au  bout  de  19  ans  les 
mêmes  lunaifons  arrivent,  &  reviennent  au  même 
jour  ,  mais  non  pas  précifément  au  même  point  ;  il 
s'en  faut  une  heure  &  27  minutes,  35  fécondes. 
C'eft  ce  qui  a  trompé  les  Anciens,  &  leur  avoit  fait 
croire  l'ufage  du  nombre  d'or  plus  sûr  &  plus  infail- 
lible qu'il  n'eft.  On  a  trouvé  depuis  qu'au  bout  de 
3 1  2  ans  &  demi  ,  les  lunaifons  avançoient  d'un  jour 
vers  le  commencement  du  mois  ;  enforte  que  lorf- 
qu'on  voulut  réformer  le  calendrier  j  les  lunaifons 
arrivoient  dans  le  ciel  quatre  ou  cinq  jours  plutôt 
qu'elles  n'étoient  marquées  par  le  nombre  d'or  : 
pour  remédier  à  cela ,  on  fe  fert  maintenant  du 
cycle  perpétuel  des  Epaéles.  On  prend  19  Epaftes, 
qui  répondent  au  cycle  de  1 9  ans^ ,  &  lorfqu'au 
bout  de  3 GO  ans  la  lune  a  avancé  d'un  jour  ,  on 
prend  29  autres  Epaftes,  ce  qu'on  fait  auflî ,  lorf- 
que par  l'omillîon  d'un  jour  intercalaire  qui  fe  fait 
trois  fois  en  400  ans  ,  on  remet  le  calendrier  d'ac- 
cord avec  le  foleil.  On  a  réglé  de  ne  changer  l'indice 
des  Epaéles  qu'au  bout  des  fiècles ,  lorfqu'il  en  ell 
befoin  ,  à  caufe  de  la  mécemptofe,  ou  ptoemprofe  ^ 
c'eft- à-dire  ,  de  l'équation  lunaire  ,  ou  de  l'équation 


éyo  L  U  N 

loLure.  Quand  il  y  a  fuppi-cirton  d'un  biljexre  ou 
mteccalaire  laiis  équation  lunaire  ,  on  prend  l'indice 
luivant  ,  ou  infaicur  ,  comme  on  a  fait  en  lyoo- 
quand  il  y  a  équation  lunaire  fans  lupprellion  de  bi- 
icxte  ,  on  picnd  l'indice  précédent  ou  (uperieur  , 
comme  on  fera  en  2400.  quand  il  y  a  équation  & 
fupprelîîon  ,  comnae  en  1800.  ou  qu'il  n'y  a  m 
l'un ,  ni  l'autre ,  comme  en  1000.  on  retient  le  me 
me  indice.  Faryei  l'Ouvrage  de  Clavius  fur  le  Ca- 
lendrier ,  Calîendi ,  Blondel,  &c. 

LUNATIQUE,  adj.  m.  &  f.  Lunancus ,  lunaticis  aj^t^c- 
tionihus  obnoxius.  Qui  fe  gouverne  félon  la  lune. 
IP'Ce  mot  ne  s'emploie  au  propre  qu  en  parlant 
d'un  cheval.  Foyc:^  l'art,  fuiv.  Au  figuré,  dans  le 
ftyle  familier  feulement ,  les  gens  fantalques  &  ca- 
pricieux font  appelés  lunatiques,  parce  que  tantôt 
ils  font  de  bonne  humeur  &  complaifans  ,  tantôt 
farouches  &  de  difficile  accès  :  ce  qu'on  attribue  à 
la  lune.  On  a  donné  aulli  ce  nom  aux  fous  &  aux 
épilcptiques,  . 

On  appelle  auffi  un  cheval  lunatique  ,  celui  qui 
eft  atteint  ou  frappé  de  la  lune  ,  c  eft  à-dne  ,  qui  a  une 
débilité  de  vue  plus  ou  moins  grande  ^  félon  le  cours 
de  la  lune  ,  qui  a  les  yeux  troublés  ou  charges  fur^le 
déclin  de  la  lune,  &  qui  s'éclaircilfent  peu  à-peu.* 

Ce  mot  ert  aulîi  fubft.  &  l'on  dit  d'un  homme 
fantafque  ôc  capricieux  ,  que  c'eft  un  lunatique.  Ac. 
Franc. 

LUND ,  ou  LUNDEN.  Nom  d'une  ville  fans  murailles , 
lituée  dans  la  province  de  Schonen  ,  en  Suède  ,  à 
quatre  lieues  d'Ellebogen  vers  le  levant.  Lundis, 
Lundinum  Scanoriim.  Cette  ville  étoit  autrefois  ca- 
pitale de  toute  la  Province  ,  &  Archiépilcopale  : 
mais  depuis  qu'elle  eft  aux  Suédois  ,  elle  déchoit  beau- 
coup ,  quoiqu'elle  ait  un  Évêché  &  une  Univeriité 
érigée  l'an  1668.  Maty.  Lunden  fut  érigée  en  Ar- 
chevêché l'an  1103.  &  non-feulement  tirée  de  la 
dépendance  de  Hambourg  ,  mais  encore  donnée 
pour  métropole  aux  trois  Royaumes  de  Dannemarck  , 
de  Suède  j  de  Norvège.  Fleury  ,  Hift.  Eccl.  L.  64,. 
L'Archevêque  de  Lundeni\xi  établi  Primat  de  Suède 
&  de  Norvège,  l'an  1151.  par  Nicolas ^  Evêque 
d'Albane,  Légat  du  Pape,  &  depuis  étant  Pape  lui- 
même  ,  il  confirma  cette  Primatie.  Adrien  IV.  jetta 
les  premiers  fondemens  de  la  Primatie  de  Lunden  , 
étant  Cardinal  8c  Légat  en  ce  Royaume.  Il  l'érigea 
depuis  étant  Pape  ,  &  il  régla  que  l'Archevêque  de 
Lunden  ordonneroit  l'Archevêque  de  Suède ,  c'eft- 
à  dire  ,  d'Upfal ,  &  lui  donneroit  le  pallium  de  la 
part  du  Pape.   Innocent  III.  confirma  tout  cela  en 

|p=-  LUNDE.  f.  f.  Oifeau  terreftre  cV  aquatique.  Il  eft 
un  peu  plus  gros  qu'un  pigeon  :  fon  bec  eft  fort 
&  crochu,  &  l'oifeau  a  beaucoup  de  courage.  Dans 
Jc£  lies  de  Feroe  ,  au  nord  de  l'Écolfe,  la  Lunde  ell 
toujours  en  guerre  avec  le  Corbeau  j  &  commune 
ment  la  vidoire   fe    range  de  fon  côté.  Collect. 

ACADÉM. 

LUNDEN,    ou  LUNDER.  Nom  d'une  pente  ville  du 
Duché  de  Holftein.  Lundis  ,  Lunda.  Elle  eft   dans 
la  Ditmarfe,  près  de  l'Eydcr  ,  à  deux  lieues  de  Fri 
dérickftad  ,  vers  le  midi ,  ôc  à  quatre  de  Tonnin 
gen  ,  vers  l'orient.  Maty. 
LUNDI,  f.  m.  Le  fécond  jour  de  la  femaine  ,  &  le 
premier  jour  ouvrable  ,  que  dans  le  Bréviaire  on  ap 
pcWc  h  féconde  férié.  Dies  luim.  On  le  nomme  ainfi, 
à  caufe  que  la  lune  préfide  à  la  première  heure  du 
jour,  comme  veulent  ceux  qui  admettent  les  heiires 
planétaires.    Le  lundi  des  Rogations  eft  une   Férié 
majeure   qui  a  des  Rubiiques  particulières.    Pierre 
Damien  dit  que  le  lundi  eft  dédié  aux  Anges  &  aux 
Morts.  , 

On  PDpelle  Lundi  gras  ,  le  lundi  qui  précède  le 
jour  de  Carême  prenant;  Se  Lundi faint,  le  i.tndi  de 
la  femame  (aime.  Ce  mot  de  lundi  fignifie  le  jour 
de  la  lune.  Il  a  été  formé  du  Latin  luriA  dies.  Les 
Italiens  difent  liinedi. 

Ce  fécond  jour  de  la  femaine  fe  trouve  peifonni- 
fié  dans  les  monumcns ,  par  une  figure  de  Diane 


LU  N 


qui  porte  un  croillant  fur  la  tête ,  ornement  ordi-     . 
nairc  de  Diane. 
§0"  LUNE.  (.  f.  Luna.  L'une  des  planètes  la  plus  pro- 
che de  la  terre.  C  eft  un  corps  fenliblemcnt  ipheri- 
que ,   folide  &   opaque  ,  qui  ne   luit  que    de  la  lu- 
mière empruntée  &   réHéchie  du  lolcil.  Comme  la 
lune  n'cll  pas  tort  éloignée  de  la  terre ,  les  irrégula- 
rités font  plus  fcnlibles  &  en  plus  grand  nombre  ,  & 
c'eft  ce  qui  rend  la  théorie  de  la  lune  plus  embarraftée 
que  celle  du  foleil.  Le  volume  de  la  lune  eft  environ 
50  fois  moiniheque  celui  de  la  terre ,  mais  la  den- 
fité  eft  a  peu-près  quatre  fois  plus  grande.  Elle  tourne 
autour   de    notre  globe  d'occident'  tn  orient  en  27 
jours ,  7  heures  &  43  minutes  dans  une  orbite  fen- 
fiblement  circulaire  ,  mais  réellement  tUiptique  j,  en 
nou5  préfentant   toujours  la  même  face  ou  le  même 
hémifphère  ,  le  même  vifage  que  notre  imagination 
lui  compofe  fur  le  fondement  des  taches  qu'elle  nous 
montre  ;  deforte   que   fi  la   lune  étoit    habitée ,  la 
terre  ne  feroit  apperçue  que  par  ceux  d'un  hémil- 
phcre  ,  à  qui  la  terre  (érviroit  de  lune  pour  les  éclai- 
rer. De  ce  phénomène  ,  les   Aftronomcs  ont  conclu 
qu'elle  avoitun  mouvement  fur  fon  axe  ,  qui  dévoie 
commencer  &  finir  avec  fon  mouvement  périodique. 
Il  eft  impoffible  en  eftet  qu'un   homme   parcoure 
une  circonférence    de  cercle  ,  en  tenant   conftatn- 
ment   les  yeux   fixés  fur  le  centre  ,  fans    bue    en 
même  temps  un  tour  (ur  lui  même. 
$3-  On    appelle  Phafes   de   la  lune  ,    lun^   phafes^ 
les  différentes  apparitions  de  fa  lumière  à  l'égard  da 
la  terre.  La  mokié  de  la  lune  eft  toujours  éclairée  par 
le  foleil  i  mais  parce  qu'elle  change    continuelle- 
ment de  fituation  autour  de  la  terre ,  &  qu'elle  fc 
trouve   quelquefois  entre  nous  &  le  foleil  ;  elle  ne 
peut  pas  toujours  nous  montrer  toute  la  moitié  que 
le  foleil  éclaire.    Elle  nous  en  montre  tantôt  plus  , 
tantôt  moins  ,  félon  qu'elle  eft  plus  ou  moins  éloi-  • 
gnée  du  foleil.  Lorfque  la  lune  fe  trouve   entre  la 
terre  &  le  foleil ,  elle  ne  nous  montre  aucune  lu- 
mière ,  parce  qu'alors  fon  hémifphère  éclairé  par  le 
foleil  ,  n'eft   pas  tourné  vers  la  terre.    C'eft-là  ce 
qu'on  appelle  la  nouvelle  Lune  ,  ou  la  lune  en  con- 
jonftion  ,    c'eft  a.  dire  ,  la    lune  fe  trouvant  lous   le 
même  figne  célefte  que  le  foleil.  Après  nous  avoir 
lailfé  pendant  trois  jours  dans  l'obfcurité ,  elle  com- 
mence à  fe   montrer  fous  la  forme  d'un  arc  lumi- 
neux ,  c'eft-à-dire ,  qu'elle  nous  montre  une  petite 
portion  de   fa    moitié  éclairée  ,'  c'eft   ce  qu'on  ap- 
pelle Croillant,  à  caufe  des    deux  effèces  de  cor- 
nes qu'elle  nous  montre.  Quatre  ou  cinq  jours  après, 
elle    nous  montre  une   plus  grande    partie  de  fon 
hémifphère  éclairé  ,  &  (cmble  avoir  acquis  la  moi- 
tié de  l'étendue  d'une  furface  circulaire-,  m.ais  coin 
me  la  lune  eft  un  corps  fphérirue ,    cette   lumière 
occupe  réellement  le  quart  de  fa  circonférence  ;  & 
c'eft  ce  que  nous  appelons  premier  Quartier.  Lorf- 
qu'elle  defcend  jufqu'^u   point  d'oppofition  j  c'eft- 
à-dire  ,  loifqu'on  la  voit  fous  le  ligne  direélement 
oppofé  à  celui   fus  lequel  on   voit^  le  foleil ,  elle 
nous  préfente  to'^i  fon  hémifphère  éclairé;  c'eft  là 
ce  qu'on   n^n^o.t  pleine  lune.    On  voir  la  lumière 
s'effiicer  gi.- élément  du  côté  où  elle  avoit  com- 
mencé à    p;\:oître;  la  furface  éclairée  fe  rétrécilfant 
fcnfiblcmeu:  tous  les  jours  ,  forme    au   côté  gauche 
fon  derniei    qiwrrier-,  puis  déclinant  toujours  ,  elle 
devient  une  arc  fenfiljlement  plus  étroit,  jufqu'à  ce 
quelle  difparoifte    tout  à-fait ,  pour   reparoître ,  au 
bout  de  trois  nuits. 
flCF  On  appelle   premier  &:  dernier  Quartier ,  qu.and 
die  eftdansles  quadratures,  ou  éloignée  du  foleil, 
de  90  degrés  ou  de  trois  figncs  céleftcs  :  c'eft  à-dire, 
que  d:ins  ces  deux  temps  elle  eft  également  diftantt 
du  foleil,  vers  lequel   elle  retourne  après  (on  oppo- 
fition  ,  &  duquel  elle   s'éloigne  après    fa  conjonc- 
tion.  La  lune  a  les    mêmes   phafes    en    décroillant 
qu'en    croilTànt  :  mais   lorfqu'elle  va    du  point^  de 
conjonétion  au  point  d'oppofition  ,  fes  deux  eipeces 
de    cornes  regardent   l'orient;  elles    'p^ardenc   au 


LU  N 


•contraire  l'cccidcnt,  loifqu'cUc  remonte  de  l'oppo- 
fition  à  la  conjonction. 

§CJ"  Quelques  -  uns  nomment  vieille  Lune,  ce  qu'on 
appelle  communément  déelni ,  c'cll-a  dire  ,  l.i  de- 
gradation  de  la  lumière  de  la  lune ,  depuis  qu'elle 
ccliê  de  former  un  cercle  ,  tk  particulièrement  de- 
puis Ton  dernier  quartier,  que  l'on  appelle  auiîi  Dé- 
cours. 

^CTTous  ces  diSerens  cliangemens  démontrent  évi- 
demment que  la  lune  tourne  périodiquement  autour 
de  la  terre  j  &:  qu'elle  reçoit  du  (olcil  toute  la  lumière 
qu'elle  envoie  lur  la  terre. 

ÇCT  Les  Aftronoines  appellent  Sizygies  ,  les  deux  points 
de  la  conjonclion  &  de  l'oppolicion.  Suivant  eux 
la  lune  ell  dans  fes  hzygies  ,  lorfqu'elle  cfl  nouvelle 
ou  pleine.  La  lune  ,  comme  nous  l'avons  dit ,  par- 
court le  Zodiaque  en  27  jours ,  7  heures,  43  min. 
mais  elle  ne  rattrape  le  loleil  qu'en  29  jours ,  i  2 
heures ,  44  min.  Le  premier  mouvement  s'appelle 
cours  ,  ou  mois  périodique  ;  &  le  z*^ ,  cours  ou 
mois  lynodique ,  ou  de  conjoncftion.  L'on  compte 
donc  toujours  29  jours,  12  heures,  44'  d'une  lune 
à  l'autre  ,  &  la  railon  en  ell  évidente.  Tandis  que 
la  lune  a  parcouru  les  12  lignes  du  Zodiaque,  le 
foleil  en  a  paru  parcourir  prcfque  un  entier.  La  lune 
ne  peut  donc  redevenir  nouvelle  qu'après  avoir 
parcouru  réellement  le  ligne  que  le  foleil  paroît  avoir 
parcouru.  Or  la  lune  ne  peut  parcourir  ce  ligne  que 
dans  dL'ux  jouis,  j  h.  Se  1  min.  L'on  doit  donc 
compter  29  jours,  12  h.  44  min.  d'une  lune  a. 
l'autre. 

§3"  Le  mouvement  diurne  de  la  lune  d'orient  en  occi- 
dent n'eft  qu'un  mouvement  apparent.  Il  a  pour 
caufe  le  mouvement  diurne  de  la  terre  fur  fon  axe 
d'occident  en  orient,  f^ojei  le  fyftême  de  Co- 
pernic. 

^'  On  appelle  taches  de  la  lune  ,  des  endroits  moins 
propres  que  les  autres  à  réliéchir  vers  nous  la  lu- 
mière du  foleil.  Il  y  en  a  de  permanentes  Se  de  chan- 
geantes. Les  premières  font,  dit-on  j  occalîonnées 
par  desbois  j  des  antres,  des  lacs,  des  fleuves,  des 
mers  ,  qui  lailFant  palier  au  travers  d'elles-mêmes 
une  partie  de  la  lumière  ,  en  renvoient  moins ,  & 
paroillent  par  conléquent  comme  des  taches  obf- 
cures  ;  au  lieu  que  les  terres  qui  par  leur  folidité  ren- 
voient toute  la  lumière  ,  iont  des  endroits  plus 
brillans.  Les  fécondes  viennent  de  l'ombre  que  ré- 
pandent fur  la  lune  des  rochers  ,  des  montagnes 
que  l'on  prétend  découvrir  fur  fou  hémifphère 
éclairé.  Ce  qui  paroit  d'autant  plus  probable  que  j 
fi  le  foleil  eft  oriental  par  rapport  a  la  lune ,  ces 
taches  font  occidentales.  Si  le  foleil  au  contraire 
eft  occidental ,  ces  taches  deviennent  orientales. 

fC?  Riccioli  a  compté  48  taches  dans  la  /i/ne  auxquelles 
il  a  donné  des  noms  diftérens.  On  conjeéture  que 
celle  qu'il  appelle  Tycho  eft  une  grande  ville.  Il  a 
même  prétendu  montrer  les  chemins  qui  aboutil- 
fent  à  cette  grande  ville ,  &  eft  entré  dans  le  dé- 
tail de  ce  qu'on  y  Fait  ,  &  de  ce  qu'on  y  pcnfe.  F'oy. 
les  Principes  de  Dioptrique  de  Hartloeker.   f-^oye^ 

I    aulîI  le  Cofmotheoros  de  M.  Huygens. 

^CT  Tout  cela  eft  très-vrai ,  il  y  a  dans  la  lune  des  iné- 
galités ,  des  endroits  plus  hauts  &  d'autres  plus  bas 

I     qu'on  peut  appeler  des  montagnes  &  des  mers  ;  mais 

I  cela  ne  prouve  point  du  tout  que  la  lune  loit  habi- 
tée par  aucune  forte  d'animaux  j  &  bien  moins  en- 
core par  des  hommes.  Aulîî  ne  parle  t-on  de  la  lune 
habitée  que  comme  d'une  folie ,  d'une  vilion. 

§3^^!.  Bougucr  combat  l'opinion  de  ceux  qui  croient 
que  les  taches  de  la  lune  (ont  des  mers  ou  des  lacs  , 
dans  un  Mémoire  qu'on  trouve  dans  le  Recueil  de 
l'Académie  des  Sciences,  année  1757. 
'Il  n'eft  pas  encore  bien  décidé  parmi  les  Aftrono 
mes  Cl  la  lune  a  ane  atmofphère  ,  ou  fi  elle  n'en  a 
point.  Les  Anciens  ne  lui  en  donnoient  aucune  : 
les  Modernes  ne  penfent  pas  tout  à-fait  de  même. 
M.  de  Mairan,à  la  fin  de  fon  Traité  de  l'aurore 
Boréale  ,  prouve  très-bien  qu'il  n'eft  rien  de  moin' 
concluant   que   les  raifons  que   l'on  apporte    pour 


L  U  N  671 

regarder    la  lune  comme   dénuée    de  toute   atmof- 
phère. 

§^'  La  lumière  de  la  lune  eft  deftituée  de  chaleur  fcn- 
lible  ,  cnlorte  que  ,  ralfcmbléc  dans  le  foyer  d'un 
miroir  ardent ,  elle  n'agit  pas  même  fur  le  thcr- 
momi.tre  préfenté  au  point  qui  réunit  les  rayons ,  Se 
n'occafionne  aucune  dilatation  dans  l'efprit-de-vin  , 
qui  en  eft  cependant  très  fulccptible. 

0G"Ladiftancc  de  la  lune  a  la  terre  eft  de  55  demi- 
diamètres  de  la  terre  dans  Ion  périgée.  Se  de  61 
dans  fon  apogée  ,  ou  dans  Ion  plus  grand  éloignc- 
ment.  Selon  M.  Callini ,  la  plus  grande  diftance  de 
la  lune  à  la  terre  eft  de  61  demi-diamètres  de  la 
terre,  la  plus  petite  de  52  ,  &  la  moyenne  de  56. 
M.  Newton  croit,  qu'elle  eft  d'environ  61  demi  dia- 
mètres; qu'ainli  la  moyenne  diftance  doit  être  de  60. 
Mais  11  la  terre  Se  la  lune  tournent  autour  du  loleil, 
comme  autour  de  leur  centre  de  gravité  ,  il  prétend 
montrer  que  la  diftinétion  entre  le  centre  de  la 
terre.  Se  celui  de  h  lune  eft  de  60  7  demi  diamètres 
de  la  terre,  ^oye^  Ces  Principes  de  Philojophie  j  L.  J  j 
Propof.  éo. 

La  plus  grande  latitude  de  la  lune  ,  à  l'égard  de 
l'écliptique  ,  ne  lurpaile  jamais  5  degrés.  Selon  M. 
Flamftéed  dans  les  Tranladions  Philolophiqucs ,  N. 
I S4-  les  meilleures  Tables  du  mouvement  de  la  lune 
trompent  de  1 2  minutes  Se  plus ,  pour  le  lieu  appa- 
rent de  cette  planète  -,  ce  qui  caufe  une  erreur  d'une 
demi-heure  ,  ou  de  7  degrés  &"  demi  de  longitude  de 
la  place  que  l'on  cherchoit.  Quand  la  lune  eft  dans 
fa  conjonction  _,  ou  dans  ion  oppofitioii  avec  le  fo- 
leil ,  ce  que  les  Aftronomes  appellent  les  Syzygies  , 
elle  eft  alors  dans  fa  plus  petite  diftance  de  la  terre  ; 
c'eft-à-dire ,  dans  fon  périgée.  Quand  elle  eft  dans 
fon  premier  ou  Ion  dernier  quartier  ,  ce  qu'on  ap- 
pelle les  quadratures  ,  elle  eft  dans  la  plus  grande  dil- 
tance ,  c'eft-à-dirc  ,  dans  Ion  apogée  :  du  moins  les 
Cartéiieiis  l'ont  fuppolé  ainh ,  pour  rendre  railon. 
du  llux  &  reflux ,  qui  eft  plus  grand  à  la  nouvelle 
&  à  la  pleine  lune  ,  que  dans  les  quadratures.  Ils 
fuppolentaulli  qu'elle  eft  alors  dans  le  plus  petit  dia- 
mètre de  l'elliple  qu'elle  décrit.  D'autres  croient  tout 
cela  faux  ,  parce  qu'elle  eft  pleine ,  ou  nouvelle  , 
par  rapport  à  ion  oppolition  ,  ou  à  fa  conjonâioii 
avec  le  ioleil;  &  qu'ainh  il  arrive aulîi  fouvent  quelle 
fe  trouve  ,  ou  dans  fon  apogée  ,  ou  dans  le  plus 
grand  diamètre  de  J'ellipie  qu'elle  décrit  ,  au  temps 
de  Ion  oppofition  ,  ou  de  la  conjonétion  ,  qu'au 
temps  des  quadratures. 

Les  Anciens  appeloient  la  lune ,  la  Reine  du  lîlen- 
ce  ,  parce  qu'elle  iembloit  préfider  fur  la  nuit.  Dac. 
Nox  £>  Diana  quéi  filentium  régis  ,  arcana  dum  fiunc 
facra.  HoR.  Voiture  appelle  la  lune  ,  la  blanche  cou- 
rière  de  la  nuit  ;  Deiporte  a  dit  de  même  , 

Et  toi ,  fœur  d'Apollon  y  vagabonde  courière. 

On  appelle  la  lune  de  Mars  celle  qui  commence 
au  mois  de  Mars  ,  &:  dont  le  14^  jour  ,  ou  la  pleine 
lune  ,  tombe  après  l'équinoxe  ,  c'eft  à  dire  ,  après  le 
21  de  Mars.  Car.fi  la  pleine  lune  échet  avant  le  21 
de  Mars ,  c'eft  la  lune  de  Février.  Cependant  les 
Computiftes  prennent  pour  règle  certaine  ,  que  la 
lune  appartient  au  mois  dans  lequel  elle  finit ,  & 
non  pas  à  celui  dans  lequel  elle  commence.  In  quO 
finitur ,  mcnfî  lunatio  detur.  Ou  bien  ,  illius  eft  men- 
fis  _,  cui  dat  lunatio  finem.  C'ell  là-delfus  qu'on  fe 
régie  dans  l'ufage  de  l'Epatte  ,  Se  dans  la  lecture 
du  Martyrologe.  C'eft  aullî  par-là  qu'on  règle  les 
années  de  douze.  Se  celles  de  treize  lunes.  La  lune 
pafchale  eft  celle  dans  laquelle  arrive  Pâques.  Les 
bornes  des  nouvelles  lunes  pafchales  font  le  8  de  Mars 
&  le  J  d'Avril ,  &  les  quatorzièmes  lunes  pafcha- 
les font  entre  le  21  Mars  &  le  18  d'Avril.  La 
célébration  de  la  Pàque  eft  entre  le  22  Mars  Se 
le  25  d'Avril. 

Quand  la  lune  eft  entre  le  foleil  Se  nous  ,  que 
fa  moitié  oblcure  eft  tournée  vers  nous  qui  avor.s 
le   jour  ,  l'ombfc  de  cette  moitié  obfciure  fe  jette 


6m 


L  U  N 


vers  nous  :  aind  fi  la  lune  fe  trouve  judcment  fous 
le  lolcil ,  çecce  ombre  nous  le  cache ,  &  voila  une 
éclipfe  de  (oleil.  Quand  la  lanc  eft  pleine ,  la  terre 
eft  entre  elle  &  le  foleil ,  &  conte  la  moitié  obi- 
\  cure  de  la   terre  ell  tournée  vers  toute  la  moitié 
lumineufe  ae  la  lune:  mais  il  l'ombre  de  la  terre 
tombe  fur  le   corps  de  la  lune  ,   alors   elle  noir- 
cit  cette    moitié  lumineufe   de   la    lune   que   nous 
voyons  ;  &  c'ell  ce   qui  fait  une  éclipfe  de  lu/ie. 
On   appelle  Pleine    lune  écliptique  ,   celle    en    la- 
quelle une  éclipfe  de  lune  doit  arriver;  &  Nouvelle 
lune  écliptique  ,  celle  où  une  éclipfe  de  foleil  doit 
arriver.  Quand  la  lune  palfe  par  le  milieu  de  l'om- 
bre de  la  terre  ,  elle  demeure  écliplce  alfez  long- 
temps ,  comme  de  trois  ou  quatre  heures  ;  ce  qui 
prouve  que  le   diamètre  de  l'ombre  ell  beaucoup 
plus  grand  que  celui  de  la  lune.  Plus  aufîi  la  lune 
c[\  proche  de  la  terre,  plus  l'éclipie  dure  ;  parce 
que  le  diamètre  de  l'ombre  qui  obfcurcit  la  lune , 
eft  alors  plus  grand.    Deux  caufes  peuvent  empê- 
cher une  éclipfe  de  lune.  La  première ,  que  la  lune 
foit  tellement  éloignée  de  la  terre  ,  que  la  pointe 
de  fon  ombre  ne  la  pût  atteindre  ;  mais  quand  même 
la  lune  leroit  à  l'apogée  de  fon  excentrique  ,  &  de 
fon  épicycle ,  elle  feroit  encore  aflez  proche  de  la 
terie  pour  être  dans  la  pointe  de  fon  ombre  ,  ou 
du  moins  dans  l'ombre  de  l'atmofphère  de  la  terre , 
&  foutfrir  une  éclipfe.  L'autre  caufe  eft  la  latitude 
de  la  lune  dans  le  temps  de  l'oppoinion;  &  c'eft 
la  ieule  qui  empêche  que   la  lune  ne  loir  éclipfée 
tous  les  mois.  Ainfi  pour  être  écliplée,  il  faut  que 
dans    le    temps   de    l'oppohtion    elle   foit  dans  les 
uœuds ,    ou  à    une   certaine    diftance   de   l'un  des 
nœuds  ,  hors  de  laquelle  il  n'y  a  point  d'éclipfe  : 
les  Aftronomes  ont  borné  cette  diftance  à  i  z  ou  à 
I  j  degrés.  Lorfqu'elle  eft  dans  cette  diftance  ,  elle 
s'enfonce  dans  l'ombre  ,  (elon  qu'elle  eft  plus   ou 
moins  éloignée  des  nceuds.   Elle  y  revient  environ 
tous  les  cinq   mois  ,  &  c'eft  ce  qui  fait  qu'il  y  a 
ordinairement  éclipfe  de  lune  de  de  (oleil  tous  les 
cinq  mois.    Les  Anciens  avoient  la  luperftition  de 
faire  de  grands  cris  durant  l'éclipfe  de  la  lune  y  & 
même   les   Romains   ftifoient   plufieurs  fons  lugu 
bres  ;  d'où  vient  qu'ils  appeloient  luna  laborcs  ,  les 
éclipfes  de  la  lune.  Entre  les  corps  célciles  ,  li  quel- 
qu'un peut  avoir  quelque  influence  à  l'égard  de  la 
terre,  ce  devroit  être  la  lune  f  à  caufe  de  (a  proxi- 
mité. AuiU  le  peuple  eft-il  bien  perluadé  qu'elle  a 
une  grande  vertu  pour  bien  des  chofes.    On  croit 
coniiiiunément  qu'elle  fait  croître  &  diminuer  la 
moelle  des  animaux  ^   qu'elle  régie  la  pluie  &  le 
beau  temps  :  fi  le  temps  eft  pluvieux  à  la  nouvelle 
lune,  on  s'imagine  qu'il  ne  changera  qu'à  la  pleine 
lune  ;  &  s'il  ne  change  pas  alors  ,  il  faudra  atten- 
dre jufqu'à  la  nouvelle  lune.    Il  femble  que  c'eft 
aux  oppofitions  ,   ou  aux   conjonétions  de  la  lune 
à  régler  le  temps.  Cependant  ceux  qui  fe  font  ap- 
pliqués à    obferver  tout  cela  ,  ont  trouvé  que  ce 
font  des  erreurs  populaires.  En  quelque  temps  de 
la  lune  que  ce  (oit^  il  y  a  également  de  la  mol-Ile 
dans  les  animaux  ;  &  la  viciftitude  du  temps  ne  dé- 
pend nullement  des  changcmens  de  la  lune.  Bay. 

M.  Newton  prétend  que  la  force  de  la  lune  fur 
la  mer  ,  par  rapport  au  Hux  &  reflux  ,  eft  à  celle 
du  foleil  comme  6  [   eft  à  i . 

On  raconte  que  fous  P'.iilippe-Augufte ,  après  le 
meiutre  d'Artur  ,  Duc  de  Bretagne  ,  par  Jean  {ans 
Terre  j  Roi  d'Angleterre  ,  il  parut  cinq  lunes  en 
même  temps  ;  la  première  au  nord  ,  la  féconde  au 
midi  ,  la  troidème  à  l'occident ,  la  quatrième  à 
l'orient  ,  la  cinquième  au  point  du  Zénith  envi 
tonnée  d'étoiles,  avec  lefquelles  elle  tourna  cinq 
ou  fix  fois  autour  des  autres  ,  puis  le  tout  difpa- 
rut.  î^oye-^  Mézeray  ,  T.  I.  de  fon  Hifioire  ,  p.  494. 
Si  ce  n'eft  pas  une  fable  ,  c'étoient  quelques  exlia- 
laifons  enflammées  dans  la  région  fupérieure  de 
l'air. 

Le   nom  do  Lune  vient   du  Latin  Luna  ,  qu'on 
dérive  de  lucere ,  qui  veut  dire,  luire,  éclairer^ 


L  U  N 

hrlller.  'Quelques  uns  ont  dérivé  ce  mot  de  lune  i 
à  lacunis  ,  à  caufe  dts  divcrles  inégalités  qu'on  y 
oblerve,  des  taches  aulquelles  les  Aftronomes  mo- 
dernes ont  donné  divers  noms. 

Ce  mot  de  Lune  eft  pris  de  Lan  des  Celtes ,  qui 
dilent  Ddun ,  pour  marquer  le  Lundi ,  ou  le  jour 
de  la  lune.  Or  les  Celtes  ont  formé  leur  mot  de 
lun  ,  fur  celui  de  llun  ,  qui  veut  dire  image,  ou 
repréfentatioUj  parce  qu'on  croit  voir  dans  la  lune 
l'image  d'un  homme.  Ou  bien  il  vient  de  leun  ,  qui 
lignihe  plein  chez  les  mêmes  peuples  qui  hono- 
roient  beaucoup  la  lune  ,  quand  elle  étoit  pleine,  j: 
Pezron.  Comme  li  Dilun  étoit  un  mot  Celtique, 
&  qu'il  ne  vînt  pas  manikftement  du  Latin  Dies 
Lunat, 
Lune  eft  aullî  une  mefure  de  temps  dont  fe  font  fervi 
plufieurs  peuples  de  l'antiquité  qui  avoient  des  mois 
&  des  années  lunaires.  Les  Romanciers  fe  iervent 
de  cette  fupputation.  Il  y  a  quelques  lunes,  c'eft- 
à-dire  ,  il  y  a  quelque  temps.  Quelques  uns  appel- 
lent lunes  ou  lunules  ,  les  fatellites  de  Jupiter ,  & 
ceux  de  Saturne.  Ils  fuppofent  que  ces  lateilitcs  fon: 
la  foncirion  de  lunes  à  l'égard  de  ces  deux  planè- 
tes, de  même  que  notre  lune  à  l'égard  de  la  terre, 
dans  le  tourbillon  de  laquelle  elle  fe  trouve  en- 
fermée. 

Depuis  trois  mois  &  plus ,  les  lunes  renaijfantes 
Ont  bigarré  les  nuits  de  leurs  faces  changeantes  ^ 
Sans  qu'un  mot  feulement  par  ta  plume  tracé 
M'annonce  unfouvenir  dont  je  fuis  emprejfé. 

SÉNECÉ. 

Les  Aftrologues  difent  que  la  lune  eft  une  pla- 
nète froide  &c  humide  ,  bienfaifante  ,  &:  de  couleur 
d'argent.  On  la  met  au  rang  des  planètes  fémini- 
nes,  à  caufe  de  (on  humidité. 

|C3°  Les  mers,  les  étangs  ,  les  lacs,  que  l'on  pré- 
tend y  découvrir  ,  peuvent  avoir  donné  lieu  aux 
Aiftiologues  de  regarder  la  lune  comme  une  pla- 
nète froide  &  humide.  Ils  lui  attribuent  aullI  dif- 
férentes qualités  fuivant  les  afpeéts  qu'elle  a  avec 
les  autres  planètes ,  &  par  rapport  aux  lignes.  Rê- 
veries qu'il  eft  inutile  de  rapporter  ici. 

sK?  Quant  à  l'influence  de  la  lune  fur  la  terre, 
rien  de  démontré.  A  l'égard  des  effets  qu'on  lui 
.attribue  relativement  à  la  fanté  cc  à  la  maladie  des 
animaux  ,  les  fentimens  font  partagés.  Dans  l'éco- 
nomie végétale  on  mer  fur  1011  compte  bien  des 
etiets  auxquels  elle  n'a  vraifcmblablement  aucune 
part.  Labourer  ,  femer  ,  planter  ,  grefter  ,  &c.  in- 
diftindlement  dans  telle  ou  telle  phale  de  la  lune, 
paroîr  chofe  ablolument  indiflérente  ,  lorfque  les 
circonftances  favorables  à  ces  opérations  fe  rencon- 
trent d'ailleurs. 
Lune  fe  dit  quelquefois  de  la  figure  d'une  lune  ^  foit 
pleine  ,  foit  en  croilfant.  Saint  Amand  en  parlant 
d'un  fromage  : 

Pourquoi  toujours  s'appétiffant. 
De  lune  devient-il  croiffant? 

Les  Géomètres  cherchent  la  quadrature  d'une  lune, 
c'eft  à-dire  ,  de  la  figure  d'un  croifthnt  fonné  par 
l'intcrfedion  de  deux  cercles.  Il  y  en  a  un  pro- 
blême dans  Ecrtinus ,  Jéfuite  ,  en  (on  Apiarium.  Les 
Turcs  mettent  des  lunes  ou  croiiïans  au  haut  de 
leurs  maifons  ,  comme  on  fait  en  France  des  girouet- 
tes. On  appelle  .aullI  demi-lune  une  efpèce  de  (uni- 
fication. Voye\  Demi  Lune  ou  Ravelin. 

On  appelle  aullî  lune  une  plaque  de  métal  ronde 
qui  eft  au-devant  &  aux  côtés  de  la  tête  des  mu- 
lets ,  iSj  où  font  gravées  les  armes  de  la  perfonne 
de  qualité  à  qui  appartiennent  les  mulets.  Semiluna  , 
lunula. 
Lune  ,  en  termes  de  Chimie,  iîgnifie  l'argent  dont  on 
Elit  divcrfes  préparations.  f^oye:[  Argent. 

En  termes  du  grand  arc   on  appelle  le  mercure  ,  •— 
hcrmérique   lune    des   Phibfophcs ,   ou  /-«^  ^'i"<^-  jf 

Lune 


L  U  N 

Lune  fe  prend  aiilli  poiir  blancheur  ,  comme  fulcil 
"  pour  rougeur  ;  tk  quand  les  Sages  difent  que  la  /une 
aura  l'otihce  du  foleil  ,  ils  vculenr  due  que  la  blan 
cheur  paroitra  à  (on  tour.  La  /u/ie  elt  pariaitc  quant 
à  la  qualité  lunaire  feulement  j  mais  iniparKiite  Ic- 
lon  l'intention  de  la  nature.    Ce  jargon   veut  dire 
que  l'argent  ell  parfait  dans  fon  cfpèee ,  (^-  en  qua- 
lité d'argent ,  mais  que   la  nature   tend  à  quelque 
chofc  de  plus  qu'à  hiire  de  l'argent  ;  ce  qu'elle  pré 
tend  fiirc  ,  c'ell  l'or  qui  e(l  plus  partait. 
Lune.  Poillon  de  mer  qui  ell  tout  rond,  à  la  réferve 
(d'un  petit  bout  de  queue  &  du  bout  du  bec  :  c'eft 
■ce  qui  lui  a  hit  donner  le  nom  de  lune ,  ou  peut- 
être  à  caufe  de  deux  longues  mouftaches  qu'il  a, 
l'une  fur  le  dos  &  l'autre  ioiis  le  ventre ,  qui  re- 
préfentent  un  peu  la  lune ,   loriqu'elle  eft   en  fon 
croidant.    On   trouve   des   lunes  dans   les  mers  de 
l'Amérique.  Elles  ont  lix  ou  huit  pouces  de  diamè- 
tre ,  &  environ  un  pouce  d'épailfeur.    Leur  peau 
efl:  blanche  &  argentée  ;  la  chair  en  ell  aulli  blan- 
che ,  ferme  &  allez  gralle.  Les  Inlulaires  les  man- 
gent bouillies ,  rôties  ,  ou  frites  ;  car  elles  (ont  éga- 
lement bonnes  de  toutes  ces  manières  ^  &  dettes  facile 
digeftion.    Labat.    J^oye-^  Mola  j  c'cft  la  même 
chofc. 
Lune  ,  en  terme  de  Maquignon ,  fe  dit  de  la  maladie 
des  chevaux  lunatiques.  Ce  cheval  a  de  la  lune ,  il 
eft  frappé  de  la  lune  ;  c'eft-à  dire,  qu'il  a  la  vue 
gralfe  ,  qui  fe  charge  &  s'ob("curcit  de  temps  en 
temps. 
L'UNE  le  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On  pren- 
droit  auili-tôt  la  lune  avec  les  dents  ,  c'ell  à-dire , 
la  cho(e  eft  impotlible.    Faire  un  trou  à  la  lune  , 
c'eftà-dire,  s'échapper  furtivement  fans  payer  (es 
créanciers.  On  dit ,  Coucher  à  ren(eigne  de  la  lune  , 
ou  à  la  belle  étoile  ;  pour  dire  ,  Coucher  dehors , 
n'avoir  point  de  lieu  pour  (e  retirer.  On  dit  aulli 
de  celui  qui  a  la  lace  large  ,  le  vifage  plein  ,   que 
c'eft  un  vilage  de  pleine  lune.  On  dit  aulîî ,  qu'un 
homme   a  des  lunes  ,  qu'il  eft  lujet  à  des  lunes  , 
quand  il  eft  fantalque  &c  inégal.  On  dit  aufti ,  qu'une 
perfonne  a  la  lune  dans  la  tête,  ou  un  quartier  de 
la  lune  ,  pour  dire  qu'elle  eft  un  peu  folle  ou  lé- 
gère. On  dit  aulli  à  ceux  qui  inveélivent  contre  des 
gens   à  qui   ils  ne  peuvent   nuire  ,   qu'ils  aboient 
contre  la  lune. 
Lune,  en   Mythologie,  divinité  des  Anciens.    Quel- 
ques-uns l'appellent  Anna  ou  Jana  ,  ôc  difent  qu'elle 
étoit  fœur  du  foleil  ,  &  fille  de  Théa ,  ou  de  la 
grande  Mère  ëc  d'Hypérion.  Les  autres  difent  que 
c'étoir  Diane  j  fœur  d'Apollon  ,  8c  fille  de  Jupiter 
&  de   Latone.    Les   Poètes  fuivent   communément 
cette   opinion.    En  Syrie  on  avoir  plus  de  vénéra- 
tion pour  elle  que  pour  le  foleil  ,   aulli -bien  que 
chez  les  Germains ,  &  tous  les  anciens  peuples  du 
nord.  Elle  étoix  honorée  en  Syrie  fous  le  nom  d'Al 
tarte  ;  &  Lucien  dit  dans  fon  Livre  de  Dea  Syria , 
qu'il  croit  qu'Aftarte  eft  la  lune  ;  &  l'on  donnoit 
le  nom  d'Uranie  a  l'une  &  à  l'autre.  Apulée ,  dans 
fon  Liv.    II.   des  Métamorphofes  ,    dir  que  fous  le 
nom  de  la  lune  on  comprenoit  toutes  les  Divinités 
femelles  ,   Cérès  ,   la  mère    des  dieux  ,   Minerve , 
■Vénus,  Diane,  Prolerpine,  Junon  ,  Bellone,  Hé- 
cate ,  Rhamnulia ,  Ifis  ;  de  même  que  l'on  honoroit 
toutes  les  divinités  mâles  fous  le  nom  du  foleil.  Il 
ne  faut  donc  point  s'étonner  (i  l'on  confond  (ou- 
vent  la  lune  avec  Junon.  Macrobe  dit  _,  Saturn.  L.  111. 
c,  S.  que.  les  hommes  facrifioient  à  la  lune  déguifés 
en  femmes ,   &  les  femmes  habillées  en  hommes. 
Julius  Firmicus  dit  la  même  choie  de  Vénus  ,   & 
Maiemonides,  dans  fon  Moreh  Nebuchim ,  P.  III. 
c.  jS.  croit  que  c'eft-là  la  railon  de  la  défenfe  que 
Dieu  fait  aux   Ilraëlitcs,  Deuteron.    XXII.  /.  aux 
hommes  de  s'habiller  en  femmes  ,  &  aux  femmes 
de  prendre  des  habits  d'hommes- 

La  lune  étoit  honorée  par  les  Orientaux  fous  les 

noms  d'Uranie  ou  de  Célefte ,  d'Aftarte  ,  de  Baal- 

tide  ,  de   Vénus,  de  Salambo,  de  déelfe  Syrienne, 

de  Junon  Alfyricnnej  &c..  Les  Afiiquains  l'hono- 

Tome  y. 


L  U  N  673 

roient  aulîi  fous  le  nom  d'Aftarte ,  dont  les  Grecs 
par  corruption  &  par  ignorance  de  la  Langue  Phé- 
nicienne ,  lireiit  Aftroarche.  En  Egypte  ,  c'étoic 
Oluis  cV  Ilis.  Voyei  Voliius,  de  Idol.  L.  II.  c.  iS ^ 
\(j,2o,  21  ,  £4,  2p  ,  Hc  L.  VII.  CI,!),  10. 
Vollius,  de  Idol.  L.  IX.  c.  10.  croit  que  le  ©agon 
des  Philillins  étoit  la  lune. 

Ordre  de  la  Lune.  L'Abbé  Judiniani,  .après  quel- 
ques autres  ,  parle  d'un  (Jrdre  de  Chevalerie  dans 
l'Empire  Ottoman  y  qu'il  appelle  rt)idre  de  la  Lune  ; 
mais  on  ne  (ait  m  le  temps  de  l'inllitution  de  cet 
Ordre  ,  ni  par  qui  il  a  été  ir.ftitué.  Ils  foupçonnent 
que  c'eft  .après  la  prile  de  Conftantinople  par  Ma- 
homet II.  en  1453.  L'Abbé  Julliniani  remarque, 
&:  cela  eft  vrai ,  que  la  lune  ou  le  croiHant  étoienr 
anciennement  le  Symbole  de  la  ville  de  Byzance, 
&  il  le  prouve  fort  bien  par  les  anciennes  médail- 
les de  cette  ville.  Il  veut  que  les  Ottomans  s'en 
étant  rendus  m.iitres ,  aient  confervé  ce  même  Sym- 
bole ;  cela  eft  très-vraifemblable  ,  mais  quils aient  in- 
ftitué.  un  Ordre  de  Chevalerie  ,  appelle  l'Ordre  de 
la  Lune  ,   c'ell  ce  que  l'on  ne  prouve  point. 

Les  montagnes  de  la  Lune  ou  de  BtD.  Lun&  mon- 
tes. C  eft  une  grande  chaîne  de  montagnes  tore 
hautes.  Elles  font  fur  les  confins  de  l  Ahillinic  &C 
du  Monoémugi  ,  près  des  lacs  de  Zaïre  &:  de  Za- 
flan.  Les  anciens  Géographes  y  mettoient  les  four- 
ces  du  Nil;  mais  le  P.  fdieronymo  Lobo,  JéfuitCj 
les  a  trouvées  beaucoup  au  -  deçà  de  ces  monta- 
gnes. 

Il  y    a  aulfi  en   Portugal    une    montagne  de   la 
Lune.  C'eft  celle  qui  à  l'embouchure  du   iage   fait 
le   cap  que  Pline  appelle  P romomorium  magnum-., 
Villanovanus  Ponta  dï  Luna  ,  c'ell-à  dire  ,  la  pointe 
de  la  Lune  ;   &  d'autres  Caho  de  la  Rocca  ,  Cap  de 
la  Roque,  dans   la  Carte  de  M.  de   L'ille.  C'eft  la 
pointe  du  nord  à  l'embouchure  du  Tagc. 
LUNEBOURG,  ville   de  la  B.ilIe-Sax-c  ,   capitale   du 
Duché  de  Lunebourg ,  &  lituée   liir  la  rivière  d  ll- 
menow ,  à  cinq  lieues  de  Lawcnbourg.  Luneburgum  , 
Lunxhurgum.  Cette  ville  fondée  l'an   1 190  des  ruines 
de  Bardewick,  eft  Anféatique;  elle  a  été  Impériale, 
mais  elle  dépend  maintenant  des  Ducs  de  Lunebourg. 
Elle   ell  détendue  par  une  bonne   citadelle ,  qui  la 
domine  ;  elle  a  un  de  ces  Collèges ,  qu'on  appelle 
en  Allemagne  des  Ecoles  illullres ,    &    de  bonnes 
fources  d'eau  filée.  Long.  28.  d.   15'.  lat.  J3   d.  28'. 
Le  Duché  de  Lunebourg.  Luneburgenjis  Ducatus. 
C'eft  la  partie  feptentrionale  des  Etats  de  Brunlwick, 
en  Balfe-Saxe.  Il  confine  au  levant  avec  le  Marquilat 
de  Brandebourg,    &   le   Comté  de  Daneberg;   au 
nord  avec  le  Duché  de  Lawenbourg  ;  &  celui  de 
Holftein;  au  couchant  avec  ceux  de  Brème,  lïc  de 
Ferden  ;  &  au  midi  avec  celui  de  Brunfwick.  Il  peut 
avoir  vingt  trois  lieues  du  nord  au  f  ud ,  &  vingt  du 
couchant  au   levant.   Il  eft  chargé  en  pluheurs  en- 
droits de  bois  &  de  bruyères ,  &  arrofé  par  les  rivières 
d'Ebe  ,  d'Aller  &  d'Ilmenow.  Ses  villes  principales 
font  Lunebourg,  Zell ,  Harbourg  ,  Gyhiorn  &  Ult- 
zen.  Maty. 
LUNEGIANA  ,  petit  pays  de  l'Italie  ,  qui  a  pris  fon 
nom  de  la  ville  de  Lune,  qui  eft  maintenant  rui- 
née. Lunenfis  Ager.  Il  eft  .au  levant  de  la  rivière  de 
Magra  ,  le  long  de  la  côte ,  &  il  ell  divifé  en  deux 
parties  :   l'Occidentale  ,   dont  Sarzana,  la  captalc, 
eft  aux  Génois;   &    l'Orientale  eft  une  partie  du 
Duché  de  Malî'a.  Maty. 
LUNEL.  Nom  d'une  petite  ville  de  France.  Lunate , 
Lunellum.   Elle  eft  dans    le  Bas  Languedoc  ,   à  mi- 
chemin  de  Montpellier  à  Nifmes,  &  à  quatre  lieues 
de  l'une  &  de  l'autre.  Rabbi  Benjamin  ,  qui  en  parle 
dans   (on  Itinéraire,  p.  5.  de  l'Edition  d'EIzévir  de 
l'an  1633.  dit  qu'il  y  avoir  une  Synagogue  des  Juifs; 
&:  l'on  prétend  que  c'eft  de  là  que  R.  Schelomoh 
a    pris  fon  nom  de  Jarhhi ,  qui  revient  à  celui  de 
Lunel. 

De  Lunate  l'on  a  fait  Lunet,  8c  de  Lunet,  Lunel. 
Hadr.  Valois  ,  Not.  Gall.  p.  jf{  ,    ^  3<>  S- 
LUNELS ,  f.  m.  P-   Terras  de  Blafon  ,  qui  (e  dit  ds 

Qqqq 


^74  L  U  N 

quatre  crollFans  appointés ,  comme  s'ils  fomioicnt 
une  rofe  de  quatre  feuilles.  LiinuU_  advcrfa.  Les 
lunels  fe  trouvent  particulièrement  lur  les  ccus  des 
Efpagnols,  ou  des  Portugais. 

LUNERA  ,  ALUMÉRA.  Nom  d'une  montagne  de  la 
Terre  de  Labour.  Luncra  ,  anciennement  Leucag£us 
Collïs.  Elle  elt  entre  Naplcs  &  Pouzzol.  On  dit 
qu'il  y  a  quantité  de  foufre  &  d\ilun  ,  &  qu'il  en 
fort  des  fontaines  dont  les  eaux  font  propres  à  gué- 
rir les  blellures.  Maty. 

LUNETER,  V.  n.  Se  fervir  de  lunettes.  Bon  pour  le 
Ifyle  badin  &  marotique. 

Comci-nous  donc  votre  fejîin , 

Si   du  Parnaffe  afironom'm 

La  Troupe  en  parue  fort  émue. 

Le  grand  Hugues  (i),  &  ie  Cajjîn  (2)  , 

Ont-Us  fué  Jbir  &  matin 

A  luneter  malgré  la  nue 

Dans  tout  L'Olympe  Cryjlalin?  Chapelle. 

(  I  )  M.  Huygcns.  (  1  )  M.  Cafllni. 

LUNETTE,  f.  f.  Terme  d'Optique.  Confpidllum,fpecu- 
lare.  Verre  taillé  de  façon  qu'il  devient  propre  à  grolîir 
les  objets ,  à  conferver  ,  à  faciliter  l'aClion  de  la  vue. 
Les  Auteurs  qui  ont  écrit  des  lunettes  ,  &  fur-tout  du 
Télefcope  ,  ont  été,  entre  Auaes,  Kepler ,  dès  l'année 
161 1.  Jùannes  Hevclius  _,  Scheincrus  ,  Emmanuel 
Magnan  ,  Galilée  ,  De/cartes  ,  Sirturus  ,  Mauroly- 
£us  ,  Ântonius  de  Dominis  y  iMalapertius  ,  Aquilo- 
nius ,  Vuellio ,  Tardeus  ,  Fontana  ,  le  P.  Scot  _,  Jé- 
fuite ,  le  P.  de  Rhe'ua  ,  Capucin  ,  èc  Pierre  Borelli , 
dans  divers  Traités  d'Optique ,  de  Perfpedive  & 
d'Aftronomie.  Les  Ouvriers  £imcux  ont  été  Toricelli, 
Fontana,  Fév-rier  ,  Chore^  ,  Campani  Divini.  Le  iieur 
Borelli,  Chymilk  de  l'Académie  Royale  des  Sciences, 
A  fait  les  verres  des  lunettes  de  l'Oblcrvatoire. 

Le  Télefcope  eft  une  lunette  à  longue  vue ,    qui 
approche  les  elpèces  des  corps  éloignés,  8c  qui  les 
groffit.  On  l'appelle  aulll  lunette  de   Hollande,  ou 
d£  Galilée,  parce  qu'on  prétend  que  Galilée   en  a 
été  l'Inventeur.  Il  ell  vrai  pourtant  qu'il  n'en  a  pas 
eu  la  première  idée ,  comme  ill'avoue  lui  même.  Ce 
fut  un  Hollandois  de   la  ville  d'Acmaer  ,    nommé 
Jacques  Métius  ,  vers   l'an    1607.   M.  Delcartes  ra- 
conte que  ce  Hollandois  s'appliquant  à  faire  des  verres 
brûlans  ,  regarda  par   halard  au  travers  d'un  verre , 
&  s'apperçut  qu'il  grolIIHoit  les  objets  éloignés.   Bo- 
relli, dans  fon  Traité  du  teiclcope  ,  die  que  l'in- 
vention du  télefcope  ell  due  à  Zacharias  Johannides, 
Marchand  de  MidJclboutg.  Il  y  a  de   ces  lunettes 
/Impies  à  deux  verres,  qui  (ont  l'objedlif  &  l'ocu- 
laire ,  &  d'autres  à  quatre  verres.  La  lunette  de  l'Ob- 
fervatoire  de  Paris  a  76   pies  du  tuyau.    Meilleurs 
Defcartes  &  Hoolc  ,  n'ont  pas  défefpéré  de  pouvoir 
découvrir  quelque  jour  des  animaux  dans  la  lune  par 
le  moyen  des  grandes  lunettes  :  mais  M.  Auzout  a 
prétendu  qu'on  n'en  peut  taire  de   plus  longues  que 
de  300   pies  i  &  qu'en  ce  cas  on  ne  pourroit    voir 
la  lune  que  comme  on  la  verroit  de  loixante  lieues 
loin  fans  lunette ,  à  laquelle  diftance  on  ne  pour- 
roit découvrir  des  animaux  fur  la  terre.  Les  étoiles 
fixes   nous   paroiffent  plus  grandes  à  la  vue  (impie 
qu'à  la  lunette  ,  félon  Galilée.   J^oye^  TÉLESCOPE. 
On  a  rendu  les  obfervations   beaucoup  plus  fa- 
ciles &  plus   exaéles  ,  depuis  qu'on  a  mis  des  lu- 
nettes aux  inftrumens  d'obfervation  à  la  place  des 
pinnules.   Pour  achever  la  perfeifion  des  lunettes  , 
on  a   trouvé   le  moyen    d'appliquer  un    treillis  on 
grille  de  filets  très-déliés  au  foyer  du  verre  oculaire 
convexe;  ce  qui  rend  l'obfervation  plus  jufte.  On 
en  voit  la  figure  dans  le  Journal  des  Sav.uis  de  l'année 
1667.   C'eft  le  Micromètre. 

Le  Microlcope  efl:  une  autre  lunette  courte  ^  qui 
fert  à  découvrir  les  plus  petites  parties  des  objets 
qu'elle  grolîît  extraordinairement.  Il  s'en  fait  aufll 
à  plufieurs  verres.  Il  y  a  d'autres  microfcopes  ii 
petits  ,  qu'ils  font   faits  d'un    verre  qui  n'eft  gros 


L  U  N 


que  comme  la  tète  d'un  épingle  ,  &:  ils  font  des  ef- 
fets  merveilleux.  Gallendi  dit  avoir  vu  émeutir  un 
ciron  avec   le  microlcope.   Il  y  en  a  aulli  pour  le 
peuple ,  qu'on  appelle  lunette  à  puce  ,  qui   ne  font 
autre  chofe  qu'une  petite  bouteille  d:.ns  laquelle  on 
regarde  par  un  fort  petit  no\x.  Microfcopium. 
Lunette  polyèdre  ,  ou  à  facettes  ,  ell  ce  que  le  peupl 
appelle  lunette    d'avaricieux  ,   qui  fe   fait   avec 
verre  taillé  ,  qui  multiplie  autant  de  fois  l'objet  qu'il 
a  de  faces.  Il  fe  fait  de  belles  perfpeclives  de  pièces 
rapportées  avec  des  lunettes  à  facettes  ,  dont  l'art  eflr 
décrit  par  le  P.  Nicéron  dans   (a  Perfpective ,  &: 
par  le  P.  Kircher  en  fon  Livre  de  la  Magie,  4e la 
lumière  &  de  l'ombre. 
Lunettes  j  au  pluriel ,   Confplcilla  ,  font  deux  verrèsl 
enchâlfés  dans  de  la  corne  j  ou  autre  matière,  qu'oni 
applique  fur  le  nez  &  devant  les  yeux,  pour  aiderl 
aux  vieillards,  &c  à  ceux  qui  ont  la  vue  courte,  à 
lire    &  à  écrire  ,  ou  à  découvrir  mieux  les  objetfc 
On  les  appelle  aullî  Bcficles.  Il  y  en  a  qui  fervejtit| 
à  grollir  les  objets  ;  l&s  autres  à  conferver  feulement 
la  vue  ,  qu'on  appelle  Conferves.  On  a  fait  aulll  des 
lunettes   à    longue  vue  ,    pour  appliquer   aux  deux 
yeux  ,  qu'on  appelle  Binocles  j    dont  a  écrit  le  P. 
Chérubin  ,  Capucin  ,  Se  avant  lui  le  P.  Rheita,  du 
même  Ordre ,  en  Ion  Livre  intitulé  Oculus  Enoch. 
&    Eli& ,  lequel  avoir  trouvé   auffi  l'invention  des 
lunettes  à  trois  ou  quatre  verres.  Voye\  BINOCLE. 
Les    lunettes  ont  certainement  été   inconnues  aux 
Anciens  ;  mais  aulli  elles  ne   font   pas  fi  modernes 
que  le  télefcope.   Francefco  Rédi  prétend  que  l'in- 
vention en  a  été  faite  au  XIIF  liècle, depuis  l'an  1180. 
jufqu'en  1 5 1 1 .  &  qu'Alexandre  Defpina  de  l'Ordre 
des  Frères  Prêcheurs  de  Sainte  Catherine  de  Pife , 
qui  mourut  dès  l'an  151}.  en  communiqua  l'inven 
tion  ,   qu'il    trouva   de    lui-même  ,    après  qu'il  eut 
appris  qu'un  autre  en  avoir  trouvé  le  lecrct ,  lequel 
il  ne  vouloit  pas  communiquer.  Cela  eft  écrit  dan; 
la  Cronique  de  ce  Couvenr.  Il  dit  encore,  que  dan; 
un  vieux  ALmufcrit  compolé  en  lijip.  qu'il  a  parm; 
fes  Livres ,   il  eft  parlé   des  lunetus  comme  d'une 
chofe  inventée  en  ce  temps-là  :  qu'un  fameux  Jaco- 
bin ,  nommé  Jourdan  de  Rivalto  ,    dans  un  Traité 
qu'il  compofa  en  1505.  dit  exprelfément  qu'il   n'y 
avoit   pas   encore   zo  ans   que    les    lunettes  étoient 
trouvées.  Il  cite  encore  Bernard  Gordon  ,  dans  fon 
Livre  du  Lilium    Medicins, ,   compcfé  en  la   mêtDe  i 
année  ,  où  il  parle  d'un  collyre,  qui  étoit  bon  pour 
faire  lire  un  vieillard  lans  lunettes.    Du  Cange    dii 
qu'il  y  a  un  Poëme  Grec  ,  qui  fe  trouve  en  Manufcrit 
dans  la  Bibliothèque  du   Roi  ,  qui  montre  que  les 
lunettes  étoient  en  ulage  dès  l'an  1 1  jo.  Et  il  eft  fait 
mention  de  ces  lunettes  dans  le  Dicfionnaire  de  la 
Crufca  ,   au  mot  Occhiale.  On  cite  là  un  endroit 
des  Prédications  du  même  Frère  Jourdan  ,  qui  dit 
qu'il  n'y  avoir  pas  20  ans  que  les  lunettes   avoienc 
été  inventées.  Or  ,   Salviati  a  remarqué  que  ces  Pré- 
dications  furent    faites  depuis  l'an   1300     jufqu'en 
1356.  Il  en  eft  aulli  fait  mention  dans  le  Livre  de 
Gui  de  Chauliac ,  Profelleur  de  Médecine  à  Mont- 
pellier ,  intitulé  La  Grande  Chirurgie,  compofédès 
l'année  1563.  Il  y  a  aullî  un  Arrêt  du  li  Novembre 
1416.  rapporté  par  Ménage  en  fon  Livre  Aminitatts 
Juris  ,  qui  fait  mention  de  ces  lunettes  ■■,  &c  d'autres 
témoignages  anciens  cités  par  le  fieur  Comiers  en 
fon  Traité  des  lunettes,  ^oye^  lur- tout  le  Traité  de 
M.  Rédi  j  Médecin  Italien ,  qui  en  a  écrit  fort  doc- 
tement. 

M.  Tinélis  ,  dans  le  Journal  de  Médecine  du 
premier  Odobre  1681.  dit  que  M.  Rohault  s'eft 
trompé  en  écrivant  dans  la  Phyfique ,  après  M. 
Delcartes  ,  qu'on  doit  la  découverte  de  la  lunette  de 
longue  viie  à  Jacques  Métius  ,  Hollandois  ,  qui  la 
trouva  par  halard  j  il  n'y  a  point  d'apparence  que 
cette  hiftoire  foit  luppolée.  M.  De  Monconis,  Au- 
teur digne  de  foi ,  témoigne  daiis  les  Voyages  ,  qu'il 
logeoit  à  Alémacr,  en  Hollande,  chez  un  Peintre 
nommé  Métius  ,  neveu  de  celui  qui  avoit  trouve 
l'invention  des  lunettes  d'approche. 


L  U  N 


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M.  Dcfcartes  qui  avoir  été  longtemps  en  Hollande 
dans  un  commerce  perpétuel  avec  les  Savans  i^-  les 
Curieux  de  ce  pays  la  ,  pouvoit  bien  s'alliacr  de 
la  vérité  ou  de  la  taulltcé  de  ce  faitj  rapporté*  par 
les  Auteurs  contemporains.  Le  Rolli ,  entre  autres, 
die  que  Galilée  étant  à  Vcnife  ,  on  lui  rapporta  qu'un 
Hollandois  avoit  trouvé  une  efpèce  de  lunccu  ,  qui 
approclioit  les  objets  ;  &  qu'ayant  con^u  ,  lut  le 
rapport  Se  la  delcription  qu'on  lui  on  fit  ,  ce  que 
et  pouvoit  être  ,  il  donna  le  mieux  qu'il  put  ,  la 
forme  à  deux  verres ,  les  attacha  aux  deux  bouts 
d'un  tuyau  d'orgue  ;  &  fit  voir  à  Meilleurs  de  Ve- 
nife  de  dellus  la  Tour  de  S.  Marc  ,  les  merveilles 
de  cette  nouvelle  invention.  Cet  Auteur  ajoute  que 
depuis  cette  heure-là  ,  Galilée  avoit  beaucoup  tra- 
vaillé à  perfed^ionner  les  lunettes  d'approche  ,  tic 
mérite  par  la  perfedlion  qu'il  leur  donna,  que  l'in 
vcntion  lui  en  fût  attribuée. 

Il  ne  fertdc  rien  de  dire  que  Jean  Baptifte  Porta  j 
avanc,  l'an  1609.  que  l'on  prend  pour  l'époque  de 
cette  découverte  ,  avoit  parlé  dans  le  dix  Icptièmc 
Chapitre  de  fon  Traité  de  la  Magic  naturelle  ,  des 
verres  concaves  j  qui  approchent  les  objets  éloignés , 
&  des  verres  convexes ,  qui  grolllllènt  les  objets  qui 
font  proches.  Ce  que  cer  Auteur  dit  à  ce  fujet ,  clt 
fi  embrouillé  &  h  obfcur ,  que  Képlérus  .après  l'a- 
voir examiné  par  l'ordre  de  l'Empereur  Rodolphe, 
déclara  à  ce  Prince  qu'il  étoit  inintelligible. 

Il  eft  vrai  que  le  P.  Mabillon  témoigne  dans  fon 
Voyage  d'Italie  ,  qu'il  avoit  vu ,  dans  un  Monaftcre 
de  fon  Ordre  ,  les  Œuvres  de  Commeftor  écrites  à  la 
main  par  un  nommé  Coradus  au  treizième  fiècle  , 
où  fe  trouve  à  la  troifième  page  un  portrait  de  Pto- 
lomée ,  qui  contemple  les  Aftres  avec  un  tube  à 
quatre  tuyaux  ;  mais  ce  P.  ne  dit  point  j  que  ce 
tube  fût  garni  de  verres  :  &  en  effet  on  ne  fe  fervoit 
de  tube  en  ce  temps-là  ,  que  pour  conferver  &  di- 
riger la  vue  ,  ou  la  rendre  plus  nette  ,  en  féparant 
par  cette  invention  ,  les  objets  qu'on  regardoit ,  des 
autres  dont  la  proximité  auroit  empêché  de  voir 
ceux-là  bien  diftinûement.  L'expérience  eft  con- 
forme à  ma  conjeâure  ;  car  lans  tube  même ,  &: 
en  regard.ant  feulement  entre  nos  doigts  un  peu  ou- 
verts J  ou  par  un  trou  d'épingle  dans  une  feuille 
de  papier  ,  les  objets  nous  en  paroillcnt  beaucoup 
plus  nets.  Et  pour  moi ,  qui  ne  faurois  lire  lans 
lunettes  ,  je  lis  allez  facilement  de  la  forte  l'écriture 
que  j'ai  de  la  peine  à  lire  quand  je  la  regarde  avec 
les  deux  yeux. 

Quoiqu'il  en  foit ,  il  faut  avoifft  que  les  principes 
d'Optique,  fur  lefquels  fe  font  les  lunettes  d'approche, 
fe  trouvent  dans  Euclide  ôc  dans  les  anciens  Géo- 
mètres, &  c'eft  faute  d'y  avoir  réfléchi  ^  quon  a  été 
fi  longtemps  fans  découvrir  cette  merveilleufe  in- 
vention ,  comme  beaucoup  d'autres  qui  demeurent 
cachées  dans  leurs  principes  ,  &  dans  la  majefté  de 
la  nature ,  comme  dit  Pline ,  jufqu'à  ce  que  la  ré- 
flexion ou  le  hafard  les  développe,  &  les  mette  au 
jour. 

C'eft  par  la  raifon  des  contenances  ,  que  toutes 
les  pcrfonnes  confidérables  en  Efp.agne  &  à  Venife 
portent  des  lunettes  fur  le  nez  ;  folie  qui  a  fa  fource 
dans  l'orgueil  de  la  Nation ,  qui  le  pique  d'une  pro- 
fonde fagelfe  ,  &  de  conlidérer  toutes  choies  de  tort 
près  ,  comme  les  vieillards ,  &:  les  perfonnes  qui 
ont  ufé  leurs  yeux  à  force  de  regarder.  La  dernière 
Reine  que  la  France  a  donné  à  l'Efpagne  ,  fe  voyant 
environnée  de  tous  ces  gens  à  lunettes ,  qui  l'éplu- 
choient  depuis  la  tête  jufqu'aux  pieds,  dit  plailam- 
ment  à  un  Gentilhomme  François  ,  qui  étoit  auprès 
d'elle  ,  Je  penfe  que  ces  Meilleurs  me  prennent  pour 
une  vieille  chronique,  dont  ils  veulent  déchiftrer 
jufqu'aux  points  ôc  aux  virgules  De  Vign.  Marv. 
On  appelle  en  Architefture  ,  des  voûtes  à  lunettes , 
une  efpèce  de  voûte  qui  traverfe  les  reins  d'un  ber- 
ceau ;  c'eft  lorfque  dans  les  côtés  du  berceau 
d'une  voûte ,  on  y  fait  de  petites  arcades  pour  y 
pratiquer  quelques  jours  ,  ou  des  vues.  On  la  nomme 
lunette  biaife ,  quand  elle  coupe  obliquement  un 
Tom<  y. 


^75* 

berceau;  &:  rampante ,  lorfquefonccintrc  eft  rompu. 
La  lunette  elt  une  portion  de  voûte  percée  dans  une 
autre,  dans  laquelle  elle  forme  une  efpèce  de  li- 
gure de  croillant  de  lune  ,  d'où  elle  tire  fon  nom. 
Frézier.  Ainli  lunette  en  ce  (cm  fignitie  petite 
lune  ;  c'eft  un  diminutif  de  lune. 
Lunettes  ,  fc  dit  aulll  par  antiphrafc  en  matière  de 
Uâtiment ,  d'un  mur  qui  bouche  ou  qui  ôte  la  vue. 
Cette  mailon  avoit  vue  fur  pluficuis  jardins;  mais 
le  voihn ,  a  élevé  fon  mur  ^  tic  A  lui  a  donné  les 
lunettes. 

Lunettes  J  eft  aullî  un  terme  de  Capucin,  qui  fe  dit 
d'un  morceau  de  cuir  ,  ou  d'étofte  en  forme  de 
lunettes  ,  qu'on  donne  aux  jeunes  Capucins  qui  ont 
égaré  la  vue ,  qui  n'ont  pas  allez  baillé  les  yeux. 
Porter  les  lunettes. 

Lunette  ,  fe  dit  aullî  d'une  petite  ouverture  qui  fe 
fait  dans  le  toit  d'une  maifon  ,  ou  dans  la  Hèche 
d'un  clocher,  pour  donner  du  jour  à  la  charpente. 

Lunette  ^  en  terme  de  Menuiferie ,  eft  une  planche 
de  bois  percée  en  rond  ,  pour  fervir  de  fiége  à  un 
privé,  ou  à  une  chaife  percée.  On  a  commandé  à 
ce  Menuilîer  une  lunette  pour  un  privé.  On  appelle 
aullî  lunette ,  cette  ouverture  qui  eft  au  derrière  des 
foufflets ,  par  où  entre  le  vent ,  &  qui  fe  ferme  en 
dedans  par  la  foupape. 

Lunettes  ^  en  termes  de  Fortifications  ,  font  des 
enveloppes  qui  fe  font  au-devant  de  la  courtine.  Elles 
font  compolées  de  deux  fices  qui  font  un  angle 
rentrant  ,  &  fe  conftruifent  ordinairement  dans  des 
folles  pleins  d'eau  ,  pour  y  faire  l'etfet  d'une  faulle- 
braicj  ôc  en  difputer  le  pallàgc.  Elles  ont  cinq  toiles  de 
large ,  dont  le  parapet  en  a  trois.  Les  lunettes  font  une 
petite  demi-lune ,  ou  un  petit  ravelin.  On  s'en  l'en 
pour  couvrir  ou  défendre  tel  ouvrage  que  l'on  veut. 
Souvent  on  les  place  de  côté  8c  d'autre  d'une  d.emi- 
lune  ,  en  manière  de  contre-gardes.  Il  y  en  a  de 
deux  fortes ,  les  grandes  Se  les  petites  lunettes.  Les 
petites  flanquent  lîmplement  les  demi  lunes  ,  Se  les 
grandes  les  couvrent  entièrement.  Elles  ont  un  rem- 
part, un  pampet,  une  banquette  ,  Se  dans  le  milieu 
de  chaque  côté  on  pratique  un  retranchement. 

Lunette.  Terme  de  Corroyeur  Se  de  Peaullîer.  C'eft 
un  inltrument  qui  eft  d'acier  ,  grand  comme  une 
allîette  qui  a  un  trou  au  milieu  pour  palier  la  main 
qui  eft  bien  aiguile  tout  au  tour.  Se  dont  le  Cor- 
royeur Se  le  Peaullîer  fe  fervent  pour  parer  les  peaux 
de  mouton  ,  de  veau  ,  de  chèvre  ,  Sec.  P.arer  à  la 
lunette.  Ces  fortes  de  lunettes  fe  font  en  Allemagne. 

Lunettes  ,  en  termes  de  Manège  ,  font  deux  petites 
pièces  de  feutre  relevées  en  bollè  ,  qu'on  apphquc 
fur  les  yeux  d'un  cheval  vicieux,  ou  qui  ne  veut 
point  fe  laillèr  ferrer ,  ni  monter.  Oculares  offucu 
pr£tent<t  oeulïs. 

On  dit  auflî.  Ferrer  un  cheval  à  lunettes  ^  ou  à 
demi-ler  ,  c'eft-à  dire  ,  avec  un  fer  dont  on  a  retran- 
ché la  partie  des  branches  qui  eft  vers  le  quartier  du 
pié  ;  ce  qu'on  appelle  les  Eponges. 

On  appelle  en  Horlogerie  lunette  ,  le  cercle  de 
métal  qui  enferme  &  foutient  le  ctiftal  d'une  montre. 
Il  fe  dit  auliî  de  la  partie  de  l'étui  qui  répond  à 
ce  cercle.   Cryjlalli  margo. 

ffT  Lunette  J  en  Orfèvrerie  ,  c'eft  la  partie  d'un  fo- 
leil  deftinée  à  placer  l'hoftie.  Elle  eft  fermée  de 
deux  glaces.  Se  entourée  d'un  nuage  d'où  lortent  de 
rayons. 

Lunette  ,  chez  les  Tourneurs ,  eft  cette  pièce  de  bois 
trouée  qu'ils  appliquent  lur  leui;  tour  ,  pour  faire 
divers  ouvrages  qui  le  tournent  en  l'air. 

Lunette  ,  fe  dit  au  jeu  de  Dames ,  lotfque  l'un  des 
Joueurs  joue  de  telle  manière ,  que  l'autre  Joueur 
peut  mettre  une  de  les  dames  entre  deux  de  celles  de 
fon  adverlaire  ;  enforte  que  l'une  des  deux  foit  né- 
cellairement  en  prife- 

Au  jeu  d'Echcts,  on  Appelle  auf[i  lunette  au  mê- 
me fens ,  quand  on  peut  placer  une  pièce  entre  deux 
autres  ,  de  manière  que  l'une  ou  l'autre  foit  nécef- 
fairement  en  prife.  Cette  cxprelfion  vient  de  ce  que 

Qqqq  ij 


676  L  U  N 

CCS  trois  pièces  font  une  efpèce  de  figure  de  lunette  , 
ou  de  ni.uî^le. 

Lunette  ,  cil  la  partie  d'un  chapon  ,  d'un  poulet  , 
d'une  perdrix  ,  ^c.  qui  eft  entre  le  cou  &  1  ellomac  , 
qui  ell  (outenue  par  deux  petits  os  qui  foinient  un 
aiigle  aigu.  On  tient  que  la  /unettc  cù.  la  partie  la 
plus  délicate  du  chapon. 

On  dit  proverbialement ,  à  celui  qui  s'eft  trompé 
en  regardant  quelque  chofe.  Trenez  vos  lunettes, 
chauliez  vos  lunettes.  On  dit  aullî ,  en  le  moquant 
d'un  grand  nez  ,  Voilà  un  beau  nez  à  porter  lu- 
nettes. 

Dans  le  temps  que  je  dis  adieu  aux  Mules  ,  je  dis 
•à  M.  De  Court:  Un  vieillard  ne  doit  plus  s'occuper 
à  faire  des  vers.  Ni  à  faire  l'amour  ,  répondit-il , 
principalement  lorfqu'il  commence  à  fe  fervir  de 
lunettes.  C'eft  le  proverbe  qui  le  dit  :  Bon  jour 
lunettes,  adieu  fillettes,  c'en  eft  fait  pour  l'amour. 

LUNET  i"IER.  r.  m.  Ouvrier  qui  fait  &  qui  vend  des 
lunettes.  Specularius.  Les  Miroitiers  &:  les  Lunet- 
tiers  ne  font  qu'un  Corps  &  une  même  Maîtrile. 

LuNETTiEU.  ,  1ÈRE.  adj.  Celui  ou  celle  qui  met  des 
lunettes. 

//  s'en  fallut  bien  peu 

Que   l'on  ne  vu  tomber  la  Lunettière.  \..K  Font. 

LUNEVILLE.  Que  les  Lorrains  prononcent  Lunévïlle. 
Nom  d'un  bourg  du  Duché  de  Lorraine.  Lunevilla  , 
Mortana.  Il  eft  fur  la  petite  rivière  de  Vézoule  ,  près 
de  la  Murte ,  à  fix  lieues  de  Nancy  ,  vers  le  cou- 
chant. Maty. 

LUNGGAN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Lungga- 
num.  C'eft  la  feptième  capitale  de  la  province  de 
Suchuen.  Elle  n'eft  pas  éloignée  de  la  lource  du 
fleuve  de  Feu.  Elle  eft  défendue  de  très-lolides  mu- 
railles ,  parce  «que  c'eft  la  clef  de  la  Province.  Elle 
a  au  nord  le  mont  de  Cungtung  ,  qui  s'avance  jul- 
qu'aux  terres  du  Royaume  de  Sifan.  AmbajJ.  des 
HolLindois  à  la  Chine  ,  P.  I ,  p.  2  s  S- 

LUNGH.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  que  les 
Tartares  du  Catay  donnent  au  cinquième  de  leurs 
mois  céleftes  ,  au  cinquième  lîgne  du  Zodiaque  ,  à  la 
cinquième  année  de  leur  cycle  duodénaire  ,  à  la  cin- 
quième des  douze  heures  du  jour.  Ce  mot  dans 
leur  Langue  lignifie  ^/-«.o-cn  j /erjPe/zf  ,  crocodile. 

LUNGLL  Nom  d'une  ville  de  la  Chine.  Lunglium. 
C'eft  la  quatrième  ville  militaire  de  la  province  de 
Quiecheu.  Elle  eft  au  couchant  de  celle  de  Sintien  , 
&  commande  à  deux  fottcreftes  dont  les  territoires 
■  font  habités  par  des  montagnards  ,  qui  prennent 
quelques  teintures  des  mœurs  &  des  loix  des  Chi 
nois  ,  depuis  qu'ils  trafiquent  avec  eux.  Ambajf.  des 
Hollandois  à  la  Chine  ,  P.  I ,  p.  2jS. 

1^7"  LUNGMUEN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,,  dans 
la,  province  de  Quangtung  ,  au  dépaitement  de 
Quangcheu.  ^ 

IKFCeftaulli  le  nom  dune  petite  forterelie  de  la  Chi- 
ne ,  dans  la  province  de  Péking  ,  au  département 
de  Si fen  &  d'une  montagne  dans  la  même  province. 

0::TLUNGNAN.  Nom  dune  ville  de  la  Chine^  dans 
le  Kiangfi  ,  département  de  Cancheu. 

^  LUNGNIEN.  Nom  d'une  ville  de  la  province  de 
Fokien  ,  au   département  de  Changcheu. 

|tT  LUNGPING.  Nom  d'une  ville  de  la  province  de 
Péking  ,  au  département   de   Chinting. 

fc5"LUNGTE.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans 
la  province  de  Xenfi ,  au  département  de  Pingleang. 

LUNGYEN.   Voye^  Lon-yen. 

§3"  LUNGYNG.  Forterclïè  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Chekiang  ,  département  de  Kiiicheu. 

§CrLUNGYO.  Fortcrelfe  de  la  province  de  Suchuen  , 
au  département  de  Jungning. 

LUNI-SOLAIRE.  adj.  Terme  d'Aftronomie  ,  &  de 
Chronologie  ,  qui  fe  dit  de  ce  qui  eft  compolé  de 
la  révolution  du  foleil  iSc  de  celle  delà  lune.  Luni- 
folaris.  Il  le  dit  dans  cette  phrale  ,  l'année  Luni-fo- 
laireciï  une  période  d'années  faite  par  la  multiplica- 
.îioii  du  cycle  de  la  lune,  qui  eft  19.  par  celui  du 


L  U  N 

foleil ,  qui  eft  2,8  ,  ce  qui  donne  55 z.  dans  lequel 
elpace  de  temps  ces  deux  Aftres  reviennent  aux  mê- 
mes points.  Harris. 

^'  Cette  période  eft  appelée  Dionihenne  de  Denis 
le  Petit  ,  fon  inventeur. 

LUNISTES.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  l'Auteur  de  la 
Lettre  fur  les  prétendues  influences  de  la  lune, 
donne  aux  gens  trop  crédules ,  qui  attribuent  à 
cette  planète  une  infinité  d'événemens  ,  dont  il  fou- 
tient  qu  elle  n'eft  pas  la  caufe.  Merc.  d'Août  /73.^. 

LUNULE,  f.  f.  Terme  de  Géométrie.  Plan  terminé 
par  les  circonfcrcnces  de  deux  cercles  qui  fc  touchent 
en  dedans.  Foye-^  Ozanam.  La  quadrature  des  lu- 
nules ,  ou  lunes  d  Kypérocare  de  Scio  ,  nous  a  fait 
trouver  un  triangle  reétiligne  ,  parraitement  égal  à 
deux  lunules;  par  conféquent  lî  le  triangle  eft  ifo- 
cèle  ,  Se  les  lunules  égales  ,  on  fait  que  la  moitié  du 
triangle  eft  égal  à  chacune  des  deux  lunules  ;  mais  11 
le  triangle  eft  Icalène ,  Se  les  lunules  par  conféquent 
inégales  ,  il  eft  impoftible  de  déterminer  la  partie 
du  triangle  qui  eft  égale  à  chaque  lunule;  ce  pro- 
blême revient  à  celui  de  la  quadrature  du  cercle, 
&  l'un  eft  aulîî  difficile  que  l'autre. 

On  appelle  aulfi  lunules  en  Aftronomie  ,  les  qua 
tre  Satellites  de  Jupiter ,  &  les  cinq  Satellites  de 
Saturne.  Lunule. 

Lunule.  Terme  d'Antiquité.  Ornement  que  les  Patri- 
ciens portoient  lur  leurs  fouliers  ,  peut-être  pour 
marquer  l'ancienneté  de  leur  race  ,  ainli  que  les 
peuples  d'Arcadie  ,  qui  prenoientle  titre  de  jr^ioja-.oi, 
parce  qu'ils  prétendoKnt  être  plus  anciens  que  la 
Luné  ,  &  l'être  autant  que  Jupiter,  f^oye^  Sénéque 
le  Tragique  ,  (  in  Hippolyto  )  qui  déligne  la  Lune 
par  cette  périphrafe  : 

Sidus  pojl   veteres  Arcades  editum. 

Le  Roi  Numa  fut  l'inventeur  de  czi  ornement. 
Martial  (  lib.  2.  epifi.  2p.  )  parlant  d'une  ancienne 
nobkfte  ,  dit  : 

Non  hejlerna  fcdet  lunatâ  lingula  planta. 

On  touve  dans  Stace  (  /.  /.  Sylv.  2.  v  ,  2S.)  Pa- 
tricia Luna. 

Plutarque  ,  dans  fes  Queftions  Romaines  ,  nous 
apprend  que  ces  petites  lunes  étoient  un  lymbole  qui 
lignihoit  que  les  âmes  de  ceux  qui  les  portoient, 
dévoient  un  jour  ttre  élevées  au-dellus  de  la  Lune  ,  ou 
qu'elles  étoient  l'emblème  de  l'inconftance  de  la  For- 
tune ,  à  caule  des  diïîércntes  phafes  de  la  planète 
dont  il  s'agit. 

Cependant  Ifidore  (  Orig.  l.  5^,  c.  34)  prétend 
que  cet  ornement  n'étoit  point  la  repréfentation  de 
la  Lune  en  fon  croillant ,  mais  la  figure  de  la  lettre 
C  ,  pour  défigner  le  nombre  de  cent  ,  Se  qu'on  vou- 
loit  par-là  conlerver  le  fouvenir  de  celui  des  Sé- 
nateurs établis  par  Romulus. 

Les  Savans  ne  font  pas  d'accord  fur  l'endroit  du 
loulier  où  l'on  plaçoic  cette  petite  lune.  L'opinion 
la  plus  généralement  reçue  eft  que  c'étoit  une  elpèce 
de  boucle  d'ivoire  qu'on  att.ichoit  lur  la  cheville  du 
pied.  Albert  Rubenius  a  remarqué  que  les  anciennes 
ftatues  ont  cette  boucle  lur  la  partie  du  pied  la 
plus  élevée  ;  mais  Ferrarius  (  in  Analeclis  de  Re 
Feft.  c.  jj.  )  allure  que  cette  boucle  n'étoit  pas  la 
petite  Lune  des  Patriciens ,  qu'elle  ne  fervoit  qu'à 
ferrer  le  foulier  ,  &  que  la  petite  Lune  étoit  placée 
aux  talons,  i»  To,f  «f/iw^Aois.  D'où  venoit  le  proverbe: 
KoUlitas  in  AJlragalis.  Ceux  qui  penfent  ainfi, 
croient  que ,  félon  Philoftrate ,  dans  fes  Vies  des 
Sophiftes ,  (  /.  2.  in  Herode  Attico  ) ,  cette  boucle 
ne  fe  mettoit  pas  ur  la  partie  antérieure  du  loulier 
mais  autour  du  talon.  Il  faut  s'en  tenir  au  fentiment 
des  premiers.  Les  autres  ne  paroilfent  pas  avoir 
entendu  le  mot  ur.rô:*'»;  dont  fe  fcrt  Philoftrate  ,  Se 
que  Didyme  ,  en  parlant  de  la  chaufture  àes  Héros 
d'Homère  ( //  A  v.  /<S')  &:   Hcfychius  exph>-uerit 


L  U  P 

par  malUorum  cegumcnta  ,  ^pufo»  ,  fianific  la  cheville 
du  pied ,  &:  non   pis  le  talon. 

,UNU:>.  (".  ni.  lerme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
divinité  pnycnne.  Lunus.  Le  dieu  Lunus  étoit  le  dieu 
de  Chaïaii ,  ou  Chancs  ,  dans  la  Melopotamie.  C'cft 
Spaitien,  dans  la  vie  de  Caracalle,  qui  nous  l'ap- 
prend. Il  ajoute  que  le  dieu  Lunus  n'ctoic  autre 
que  la  Lune  ;  que  ceux  qui  en  failoient  une  divinité 
iTiàle ,  l'appcloient  Lunus,  tk.  ceux  qui  en  faifoient 
une  divniité  kmelle  ,  luria  :  que  les  plus  habiles 
difoient  que  quiconque  donnoit  le  genre  féminin  à 
cette  divinité,  etok  toute  la  vie  fujec  &C  fournis  aux 
femmes  :  &  qu'au  contraire  ,  ceux  qui  la  faifoient 
mâlcj  étoicnt  les  maîtres  dans  leur  ménage.  Se  avoient 
l'empiic  fur  leurs  femmes;  que  c'elt  dans  cette  pcn- 
fée  que   les   habitans  de  Charres   failoient  un  dieu 

j  de  la  Lune  ,  &  le  nommaient  Lunus  ;  que  les  É- 
gyptiens  &  les  Grecs  en  avoient  la  même  idée  ;  & 
que  quoiqu'ils  lui  donnallent  un  nom  féminin  dans 
leurs  myllcres  ,  ils  la  prenoient  pour  un  dieu.  Dans 
pluheurs  Langues  de  l'Orient ,  la  Lune  a  un  nom 
nialculin  ■■,  en  d'autres  un  féminin ,  en  quelques- 
unes  ,  comme  en  Hébreu  ,  elle  en  a  deux  ,•  un  maf- 
culin  &  un  féminin.  De-là  vient  que  les  uns  en 
ont  fait  un  dieu  ,  les  autres  une  décile  ,  &:  quel- 
ques uns  une  divinité  Hermaphrodite,  f^oyei  Sau- 
niaile  fur  l'endroit  de  Spartien  ,  dont  nous  avons 
parlé ,  Hiji.  Aug.  p.  264.  C.  fur  Trebellius  Pol- 
îion,  p.  2S0.  D.  Se  fur  Vopifcus,  p.  jjo  ,  col.  i. 
&  2.  Et  M.  Spon  ,  Recherch.  Cur.  d'Antq.  LLL. 
Diffère,  p.  62  ,  6 j.  Triftan  a  trouvé  lur  une  mé- 
daille d'Adrien  une  figure  qu'il  prétend  être  celle  du 
Àïtu  Lunus .  C'elt  un  homme  debout,  qui  de  la  main 
gauche  s'appuie  fur  une  javeline  ,  ou  lur  un  épieu. 
Il  porte  un  bonnet  à  l'Arménienne  lur  la  tête,  «Se  a 
un  croillant  par  derrière  qui  élève  fes  pointes  au  dcf- 
fus  de  fes  épaules.  De  la  main  droite  il  tient  une 
patère.  Sur  les  médailles  frappées  en  Carie  ,  en  Phry- 
gie  &  en  Pilidie,  le  dieu  Lunus  eft  fouvent  repré- 
lenté  fous  la  forme  d'un  jeune  homme  ,  ayant  lur  la 
tête  un  chapeau  à  la  Phrygienne ,  &  un  croilfant 
fur  le  dos  ,  portant  de  la  main  droite  une  bride  j  & 
dj  la  gauche  un  flambeau.  Le  dieu  Lunus  fur  les  mé- 
tliilles  eft  diftingué  par  le  croiflant  qu'il  porte  lur  les 
épaules,  par  le  bonnet  d'Arménien  qui  lui  couvre  la 
tète  ,  &:  par  un  coq  qu'on  met  auprès  de  lui  ,  parce 
que  Latone ,  mère  de  Diane  ,  avoit  fait  du  coq  fon 
oileau  favori,  depuis  qu'il- lui  avoit  été  d'un  grand 
fecours  à  les  couches.  P.  Jobert.  Cela  montre  que 
,  Diane  ou  la  Lune  &  le  dieu  Lunus  font  la  même 
divinité. 

L  UP. 


UPADI ,  ULUBAT.    Petite  ville  de  la  Natolie  pro- 
pre ,  en   Afie.    Lopadium  ,   Apollonïa.  Elle  eft  au 
midi  de  la  ville  de  Burle  ,  fur  la  rivière  de  Lupodl , 
qui  va  le  décharger  dans  la  mer  de  Marmara  j  à  Pa- 
I  lormi ,  &  qui  eft  la  même   que  les  Anciens  nom- 
I  moient  Rhindacus.  M  AT  y. 

jUPANNA.  île  de  la  mer  Adriatique  ,  dans  l'Etat  de 
la  petite  République  de  Ragule  ,  proche  de  l'île  de 
Mezo  :  elle  a  un  port  alTez  grand  &  atTez  sûr. 
UPANTO.  f.  m.  Ceft  le  nom  que  les  habitans  de 
Pégu  donnent  au  lerpent  qui  féduilît  la  première  fem- 
me. Lupanto.  Ces  peuples  ont  une  tradition  très- 
marquée  de  la  chute  du  premier  homme.  Il  n'y  a  que 
les  noms  de  changés.  Feniand  Mendez  Pinto  la 
rapporte  dans  fes  Voyages  ,  pag.  jj.  8c  dit  l'avoir 
apprifed'un  Prêtre  du  pays.  P.  Fauner  l'a  copié  dans 
fon  Syftcme  de  la  Théologie  des  Gentils  ,  t.  F'LL.  au 
dernier  Ç. 

pPERCA  ,  ou  LUPERQUE.  f.  f.  Terme  de  Mytho- 
!  logie.  Nom  d'une  décile  chez  les  Romains.  Luperca. 
J^oye-{  au  mot  Louve. 

JPERCAL.  f.  m.  Nom  d'un  lieu  de  l'ancienne  Ro- 
me. Lupercal.  Ce  lieu  étoit  fous  le  mont  Palatin  , 
quoique  Ferrarius  le  place  au  pied  du  mont  Aventin. 
Car  il  en  faut  plutôt  croire  les  Anciens ,  Tite-Live  , 
Servius,  &i.  Le  Lupercal  éiok  confacré  au  dieu  Pan. 


L   U  P  677 

C'ctoir  là  que  les  Luperques  fes  Prêtres  lui  faifoient 
leurs  facriHccs.  * 

Servius ,    fur  le   VIII'  L.    de    l'Énéidc,  v.  J42. 
dit  j  qu'au  pied  du  mont  Palatin  il  y  avoit  une  grotte 
dans  laquelle  on  lailoit  un   lacrifice  d'un  bouc,  de 
capro  luebatur  ;  id  ejl ,  facr'ificabatur ^  &  que  quel- 
ques uns  croient  que  c'étoit  de-là  que  ce  lieu  fut  ap- 
pelé   Lupercal.  D'autres   difoient  que    c'étoit  parce 
que  la  louve  avoit  alaité  Romulus  (Se  Pémus  en  ce 
lieu  :  mais  ,  ajoute  t  il  ,   le  (cntiuient  le  plus  vrai- 
femblablc  eft ,  que  ce  lieu  fut  ainll  appelé  parce  qu'il 
étoit    conficré  à   Pan  ,    dieu  de  l'Arcadie  ,  auquel 
le  mont  Lycée  en  Arcadie  étoit  aulli  conlacré  ;  que 
cette  montagne  étoit  ainli  nommée j  parce  que  Pan 
défend  les  brebis  de  la  fureur  des  loups;  qu'Évandre, 
qui  étoit  Arcadien  ,  étant  venu  en  Italie  ,  il  dédia 
de  même  un  lieu  au  dieu  de  la  patrie  ,  &  le  nomma 
Lupercal ,  parce  que  c'eft  par  le  fecours  de  ce  dieu, 
que  les  beftiaux  lont  préfcrvés  des  loups. 
LUPERCA  LES.  1*.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Fêtes 
inftituées    dans    l'ancienne    Rome    à  l'honneur  de 
Pan.    Lupercolia.    Les  Lupercales  fe  célébroicnt   le 
ij    des  Calendes    de  Mars  ,  c'ell-à  dire  j  le  15  de 
Février  ,  ou  ,  comme   die  Ovide  ,   Faft.  L.   IL.  le 
troilième'  jour  après  les  Ides.  On  croyoit  qu'elles 
avoient  été  établies  par  Évandre.    Voye\  Lupercal, 
Tite  Live  ,  L.  l ,  c.  /.  &  Martial ,  L.  IV.  Ep.  28. 
Dès  le  matin  de  cette  fête  ,  les  Luperques ,  ou  Prê- 
tres de  Pan ,  couroient  tous  nuds  les  rues  de  Rome , 
frappant  d'une  peau  de,  chèvre  les  mains  &  le  ventre 
aux  Icmmes  qu'ils  rencontroient ,  &  leur   promet- 
tant la  fécondité ,  &  d'hcureules  couches.  La  raifoii 
qui  falloir  qu'ils  célébroient  ces  fêtes  d'une  manière 
li  peu  décente,  venoit  de  Romulus  &  de  Rémus; 
car  pendant  qu'ils  célébroient  un  jour  ces  fêtes ,  des 
voleurs    profitèrent    de   l'occafion ,    &    enlevèrent 
leurs  troupeaux.  Les  deux  frères  &  route  la  jeuneire 
qui  étoit  avec  eux  ,  s'en  étant  apperçus  ,  mirent  bas 
leurs  habits  ,  pour  courir  plus  ailément  après  ces  vo- 
leurs ,  Se  les  ayant  atteint ,  leur  enlevèrent  leur  bu- 
tin. Comme  cela  leur  avoit  réullî  j  la  coutume  de 
célébrer  ainfi  les  Lupercales  prit  delà  naillance  ,  & 
s'établit.  Les  Lupercales  s'aboliffoient  du  temps  d'Au- 
gufte ,  il    les  rétablit.    Suet.    c.    31.  Elles    durèrent 
jufques  fous  l'Empereur  Anaftafe  j  &  le  Roi  Théo- 
doric.   Denis  d'Halicarnaire .  L.  L.  Servius  fur  l'E- 
néide,  L.    Vlll ,   Verf.    342 ,  &  663.    Martial, 
Eplgr.    FLLL.  du  L.  IV.  Varron  ,  L.  V.  de  ling. 
Lat.    Tite-Live  ,  L.  L ,    c.    /.  Plutarque  ,  dans  la 
vie   de  Romulus,  &  dans  celle  d'Antoine,  parlent 
des  Lupercales.  Voyez   encore  J.  Rolhius ,  Anciq. 
Rom.  L.  LV,  c.  6 .  Valère  Maxime  ,  L.  LL ,  c.  //  , 
n.    ().  &:  Plutarque  n'en  rapporte  l'origine  qu'à  Ro- 
mulus  &  à  Rémus.  Le  Pape  Gélafe   en  parle  aulli 
dans  fa  Lettre  à  Andromachus.    Baronius  dit  que  le 
Pape  les  abolit.  Voye:^  l'an  496.  Confultez  encore 
les  Ohfervatlones  Variorum  fur  Valère  Maxime ,  & 
Voilîus,  de  Idol.  L.   /X_,  c.    ^4.  Natalis  Comès  , 
L.  p.   Mythol.    c.    p.  appelle  aulli    Lupercales   les 
fêtes  appelées  Lycées  par  les  Grecs.  Voy.  Lycées. 
LUPERQUE.  f.  m.  Nom  que  l'on  donnoit  autrefois  à 
Rome  aux  Prêtres  du  dieu  Pan.  Lupercus.  Les  Luper- 
ques étoient  les  plus  anciens  de  tous  les  Prêtres  de 
l'ancienne  Rome  ,  ayant  été  inftirués  long  temps  avant 
la  fondation  de  Rome  par  Évandre.  Ils  étoient  divi- 
fés   en   deux  Collèges  ou  Compagnies  ,  dont  l'une 
s'appeloit  les  Fabius  ,    &■    l'autre   les   Quintilius  , 
fCi'pour  perpétuer  la  mémoire  d'un  Fabius  &  d'un 
Quintilius,  qui  avoient  été  les  chefs,    l'un  du   parti 
de    Romulus,  &  l'autre  du  parti  de  Rémus.  Jules 
Céfar  en  ajouta  une  troilième  ,  qu'il  nomma  les  Ju- 
les. On  les  nommoit  en  Latin  Collegium  Fabiorum  , 
Collegium-  Quinnliorum  ,  Se   Collegium    Juliorum. 
L'inftitution  de  cette  dernière  Compagnie  eft  appa- 
remment  celle  dont  parle   Suétone  dans  la  vie  de 
Jules  Céfrr  ,   c.   j6.  &c  qui  fut  une  des  chofes  qui 
rendit  cet  Empereur   plus  odieux.    Il  paroît  même 
par  cet  endroit  de   Suétone  ,  que  cette  Compagnie 
de  Luperques  ne  fut  point   inftituée  par  Céfar ,  ni 


67?> 


L  U  P 


pour  Pan  ,  mais  par  les  aJiiis  de  Ccfar ,  ôc  en  Ton 
honneur  ;  car  il  l'ourait  ,  die  il  ,  qu'on  lui  décernât 
les  honneurs  qui  font  au  délias  de  l'homme  :  un 
fiége  d'or  dans  le  Sénat  &  fur  le  Tribunal  ;  un  bran- 
card aux  jeux  du  Cirque,  des  temples,  des  autels  j 
des  ftatucs  auprès  de  celles  des  dieux ,  un  carreau  , 
une  Hamine  ,  des  Luperques  ,  &  qu'il  y  eût  un  mois 
qui  portât  l'on  nom.  Du  reftc  ,  P^oyc^  Lupercal  , 
&  LuPERCALES.  Un  honnête  homme  ne  pouvoit  être 
Luperque.  Cicéron  reproche  à  Antoine  de  l'avoir 
été  ,  dans  la  féconde  Philippique ,  &  dans  Ion 
Orailon  pour  Cœlius  ,  il  traite  le  Corps  des  Luper- 
ques de  iociété  agrefte  ,  inllituée  avant  l'humanité 
&  les  loix  ,  c'eft-à-dire  ,  avant  que  les  hommes 
fulTent  humanifés  &  policés. 
LUPIFÈRE.  f.  m.  Nom  d'Office,  Porte-loup.  Lupifer. 
Pierre  le  Diacre ,  dans  ("a  Chronique  du  Mont  Caf- 
fîn  ,  L.  IV 1  c.  j/.  met  des  Zapi/èr^j  au  nombre  de 
ceux  qui  portent  les  étendards  de  l'Églife  de  Rome. 

Ce  mot  vient  de  Lupus  ,  loup;  &c  fera  ,  je  porte. 
Apparemment  qu'il  y  avoit  une  figure  de  loup  lur 
l'étendard  qu'ils  portoient  ,  ou  qu'il  s'appcloit  loup  , 
lupus. 
LUPIN,  r.  m.  Plante  dont  il  y  aplulîeurs  efpèces.  Lu- 
pïnum  y  lupïnus.  Celle  que  C.  Bauhin  appelle  lupinus 
fatïvus  flore  albo  ,  poulie  une  tige  à  la  hauteur 
de  deux  pieds  j  médiocrement  grolle  ,  ronde  , 
droite  ^  revêtue  de  feuilles  rangées  en  main  ouverte  , 
divifées  chacune  en  iept  ou  huit  parties  oblongues, 
étroites ,  de  couleur  de  vert-de  mer  en-delluSj  blan- 
châtres &  lanugineules  en-dciFous.  Ses  fleurs  naif- 
fent  aux  fommités  de  la  tige  Se  des  rameaux-,  elles 
font  légumineules  j  blanches  ,  foutenues  chacune 
fur  fon  calice  fait  en  godet  dentelé.  Lorique  ces  fleurs 
font  pallées,  il  leur  luccède  des  goufl'es  plates,  com- 
polees  de  deux  cofles  qui  renferment  cinq  ou  lix  fe- 
mences  prelque  rondes ,  aplaties  ,  plus  grolFes  que 
des  ,'pois  ,  dures  ,  blanches  en  dehors ,  jaunes  en 
dedans ,  d'un  goût  amer.  Sa  racine  eft  dure  &  blan- 
che. 

Ce  mot  vient  de  lupus  ,  loupj  parce,  dit-on,  que 
le  lupin  dévore  la  terre  où  il  cil  cultivé  ;  ainli  que 
le  loup  dévore  les  animaux  qu'il  peut  attraper. 
Lupin  fe  dit  aullî  de  la  femence  du  lupin  ,  laquelle 
eft  en  ulage  en  Médecine.  On  en  fait  une  décoc- 
tion, qui  étant  bue,  charte  les  vers  du  corps  ;  ik 
fi  on  l'applique  extérieurement  ^  elle  guérit  les  dar- 
tres,  la  gratelle,  les  démangeaifons.  On  en  fait  aulli 
de  la  farine  qu'on  emploie  dans  les  cataplafmes 
pour  amollir  j  pour  léfoudre,  pour  digérer. 
^C?  LuriNus  peregrinus  major  ^  vel  villofus  curuleus 
major.  Cette  elpèce  que  l'on  croit  venir  des  Indes  , 
réullît  bien  en  France  ;  elle  eft  annuelle.  Sa  tige 
grolfe  ,  ferme  ,  cannelée  ,  haute  de  trois  à  quatre 
pieds  j  couverte  d'un  duvet  tirant  lur  le  brun ,  fe 
divife  par  en  haut  en  plufieurs  branches  où  font 
des  feuilles  découpées  en  main-ouverte ,  compolées 
de  neuf  ou  onze  lobes  velus ,  étroits  à  leur  bafe  , 
s'élargilHint  enluite  par  degrés  ,  &•  arrondis  à  leur 
extrémité  fupérieure.  Les  fleurs  grandes  j  d'un  beau 
bleu  ,  forment  des  épis  verticillés  à  l'extrémité  des 
branches.  Il  leur  luccède  desiîliques,  dans  lefquel- 
les  on  trouve  trois  larges  femenccs  rudes  &  d'un 
rouge  brun. 
tft  Le  lupin  rofe   ne  diffère  de  celui-là  que  par  la 

couleur. 
|i:3"  Il  y  a  encore  un  lupin  qui  vient   fans  culture. 
Lupinus  fyiveftris  flore  lucco.    Tous  les  lupins  font 
un  allez  bel  ertet  dans  les  jardins  pendant  qu'ils  font 
en  fleur,  lur-tout  le  lupin  à  fleur  jaune  à  caufe  de 
fon  odeur. 
§2"  Les  Comédiens  &  les  Joueurs   à  Rome  fe  fer- 
voient  quclqiietois  de  graines  de  lupins  au  lieu  d'ar- 
gent. Cette  monnoie  fiétive  n'avoit  cours  qu'entre 
eux.  .Nec  tamen  ignorât  quii  diflent  ara  lupinis.  Il 
fait  la  différence  qu'il  y  a  entre  le  bon  argent  &  la 
faulFe  monnoie  ,  entre  les  gens  de  bien  &:  les  fri- 
pons, entre  les  honnêtes  gens  &  la  canaille. 
LUPIN  AIRE,  f.  m.  Marchand  de  Lupins.  Lupinarius. 


LUS 

Lampridius  ,  dans  la  vie  d'Alexandre  Sévère  ,  dit 
que  cet  Empereur  lit  des  corps  de  tous  les  métiers  -, 
6c  il  nomme  entre  autres  les  Lupinaires.  Cepen- 
dant ,  comme  on  ne  trouve  point  qu'il  foit  parlé 
ailleurs  des  Lupinaires  ,  Cafaubon  dans  fes  Notes 
fur  cet  endroit  ,  doute  s'il  ne  faut  pas  lire  Popi- 
nariorum,  au  lieu  de  Lupinariorum.  Cabaretiers,  au 
heu  de  Lupinaires. 

LUPO-GLAVO.  Nom  d'une  petite  ville  ds  llftiie. 
Lupolianum.  Elle  eft  fituée  vers  les  montagnes  délia 
Vena  ,  à  fix  lieues  de  S.  Veit ,  vers  le  couchant.  Elle 
appartient  à  la  Maifon  d'Autriche.   Mat  y. 

LUQUOISES,  f.  f.  pi.  Etoffes  de  foie  imitées  en 
France  lur  celles  qui  fe  fabriquoient  à  Luqucs. 

LUR. 

LURE.  Nom  d'un  bourg  avec  une  Abbaye  célèbre. 
Ludera,  Luura  ^  Ludra ,  Lucra  ,  LutrenJ'e  monafie- 
rium.  Il  eft  dans  la  Franche  Comté  ,  près  de  Lou- 
gnon  ,  à  huit  lieues  de  la  ville  de  Montbéliart ,  du 
côté  du  couchant.  Maty.  Hadr.  Val.  Noticia  Gall. 
p.  30g.  L'Abbaye  de  Lure  ,  Ordre  de  S.  Benoit, 
vers  la  ville  de  Manofque,  fut  fondée  par  des  par- 
ticuliers -,  &  la  fondation  en  fut  confirmée  par  Guil- 
laume VPj  Comte  de  Forcalquier ,  vers  l'an  1180. 
Bouche,  mfl.  de  Prov.  T.  II.  p.  118  &  16 j. 
Noftradamus  dit  qu'elle  fut  fondée  en  11 91.  par 
le  Comte  Guillaume  ,  mais  il  fe  trompe.  Imhoff^. 
Not.  Imperii,  L.  III.  c.  XXFI.  3.  prétend  qu'elle 
a  été  bâtie  par  la  Reine  Berhtilde,  &  enrichie  par 
le  Roi  Clotaire. 

LURI.  Nom  d'un  ancien  bourg  de  l'île  de  Corfe.  Lu- 
rinum.  Il  eft  entre  la  pointe  du  Cap  Corfe ,  ik.  les 
villes  de  Baftia  &  de  S.  Fiorenfo.  Maty. 

LURIA.   Foyei  Lauria. 

LURY.  Petite  ville  de  France  ,  dans  le  Berri ,  à  fix 
lieues  de  Bourges. 

LUS. 

LL^SACE.  Province  d'Allemagne,  bornée  au  midi  pat 
la  Bohème  propre  ,  au  levant  par  la  Silélie  ,  au 
nord  par  le  Marquilat  de  Brandebourg,  &  au  cou- 
chant par  le  Duché  de  Saxe  Se  par  la  Mifnie.  Lu- 
fatia.  Ce  pays  a  environ  trente  lie-ues  de  long ,  & 
fcize  de  large.  Il  eft  fort  fertile  en  grains ,  &  on 
le  divife  en  deux  parties.  La  haute-ii^/ice  eft  au 
midi ,  vers  les  fources  de  la  Sprehe.  Ses  lieux  prin- 
cipaux l'ont  Gorlitz  capitale ,  Bautzen  ,  Zitraw  Se 
Camens.  La  balle  Z^^yicê  eft  vers  le  nord  :  on  y  voit 
Soraw  capitale,  Gubeuj  Luben ,  Sprehenberg  Se 
Cotbus  ;  ce  pays  a  titre  de  Marquilat  ;  il  apparte- 
noit  autrefois  au  Marquis  de  Milnie  :  il  hit  uni  au 
Royaume  de  Bohème  l'an  i^iSS-  Enfin,  l'Empereur 
Ferdinand  II.  le  donna  l'an  iGii.  à  Jean-George  I. 
Electeur  de  S.ixe  ,  &  Marquis  de  Mifnie  ,  en  re- 
connoillance  des  fervices  qu'il  lui  avoit  renaus  en 
Siléfie ,  comme  dit  Heis  ,  &:  en  payement  de  fept 
millions  qu'il  avoit  dépenfé  pour  fon  fervice  dans 
la  guerre  de  Bohème:  mais  les  Ducs  de  Saxe  pollc- 
dent  ce  pays  en  qualité  de  fief  du  Royaume  de 
Bohème. 

La  Luface ,  que  les  Allemans  nomment  Lau/hia[j 
étoit  autrefois  habitée  par  les  Sclavons  ;  mais  ils  en 
furent  chaflés  par  les  Saxons  ,  qui  l'occupent  en- 
core. Heis,  Hifl.  de  l'Empire,  L.  FL.  c.  i'.  L'Em- 
pereur Henri  I.  l'érigea  en  Marquifat ,  Se  Henri  IV. 
l'annexa  à  la  Bohème.  In.  Les  Allemans  l'appellent 
Die  fechs  Sratce ,  qui  veut  dire  les  fix  villes,  dont 
la  Luface  eft  coinpofee  ;  lavoir  ,  Gorlitz  ,  qui  eft  la 
capitale,  Bautfen  j  Zittaw ,  Camits,  Luben  &  Gu- 
ben.  Id. 

LUSARCHE.  Bon  bourg  de  l'île  de  France  ,  fituc 
dans  la  France  propre ,  à  lix  lieues  de  Paris  ,  du 
côté  du  nord.  Lu/raca ,  Ufarchia.  Maty. 

LUSEAU  ,  f.  m.  Lieu  où  l'on  met  les  morts.  Châlle 
de  Saint.  Lat.  Ferecrum.  De  locellus  pour  lecuîu*. 
Voyez  Du  Cange.   Ménage ,  Dicl.  Ecym. 


LUS 

LUSERNE.    Il  cfl:  mieux  d'ccrirc  LUZERNE      f.  f. 

Planrc  que  les  Lacins  appclleiu  Mcdica,  paixe  que 

Ja  icnunce  de  l.i  Luicrne  ordinaire  a  cré  apponéc 

de  la   Medie.  Il   y  en   a   plulieurs   cfpèces.    Celle 

que  J.  Bauhin  aj)pclle  Mcdica  major  ercclior  flori- 

hus  iKiqmrafcambus ,  2.  jS2.  poulie  des  tiges  a  la 

hauteur  de  deux  pieds  ,  rondes  ,  droites,  allez  urof- 

fo,  rameufes.  Ses  feuilles  font  rangées  trois  à  trois 

comme  «lie  dti  trcHe.  .Ses  Heurs  font  leguin.neufes 

de  couleur  violette  purpurine  ,  ioutenues  par  des 

calices  dentelés.  Lorlque  ces  Heurs  lont  palfo,  il 

paroit  des  fruits  compolés  chacun  de  deux  lames 

qui  jointes  p.u"  les  bords  ,  font  une  bande  roulée 

ik   couchée  (ur  elle-même,  comme  le  pas  dune 

Vis  ou  dun  tireDourre.   On  trouve  entre  ces  deux 

lames  des  lemcnces  menues  qui  ont  la  figure  d'un 

petit  rein.  Sa  racine  eft  l^rt  longue  ,  ligneufe ,  mince. 

On  cultive  cette  plante  en  plufieurs  endroits  ;  on 

la  huche  julqu'à  lix  fois  l'année  ;  elle  fcrt  pour  la 

nourriture  des  belfiaux  ;  elle  les  cngraiirc  beaucoup. 

Un  la  leme  ordinairement  avec  le  trèHe 

^  LUSERNIÈRE,  f.  f.    Terre  femée 'en  luzerne. 

La  graine  de  luzerne  fe  vend  bien ,  &  il  en  tombe 

toujours  allez  pour  garnir  de   mieux  en  mieux  la 

lujcmiere.  Speft.  de  la  Nat.   On  devroit  écrire  lu- 

\ernlerc. 

LUMGNAN.  Petite  ville  de  France  dans  le  Poitou, 
ur  une  pente  rivière  à  cinq  lieues  de  Poitiers,  vers 
le  couchant.  Liciniacum  ,  Liiiniacum.  On  trouve 
aulh  Liiincium  ,  mais  mal ,  pour  Lklndum.  On 
trouve  encore  Lifinio.  Ce  lieu  a  donné  le  nom  à 
1  ancienne  Mailon  de  Liifignan  ,  dont  il  y  a  eu 
des  Rois  de  Jérufalem,  de  Chypre  (k  d'Arménie. 
royci  Valois  ,  Nor.  Gall.  p.  276.  Cet  Auteur 
prétend  qu'on  a  dit  Ufigmn  Se  Lufignan.  La  Mai- 
lon de  Lufignan.  C'eft  une  Maifon  illuftre  qui  re- 
monte jufques  dans  le  X^  lîècle  à  Hugues  I,  Sei- 
gneur de  Lufignan  ,  dit  le  Veneur.  Long.  1 7.  d 
4^'-  lat.   16.  A.   28'.  ^ 

LUSIN.  Foyei  Luzin. 

LUSITANIE.  Nom  d'une  partie  de  l'Efpagne ,  dans 
les  divihons  anciennes.  Lufitania.  C'eft  ce  que  nous 
nommons  aujourd'hui  Portugal.  Foyei  ce  mot. 
C'ctoit  la  troifième  partie  de  l'Efpagne.  Elle  étoit 
leparee  de  la  Bétique  par  la  Guadiane  ,  &  de  la  Ga- 
lice par  le  Douro.  Strabon  &  Mêla  y  renferment 
la  Galice ,  &  la  bornent  au  midi  par  le  Tage  ,  au 
couchant  8c  au  feptentrion  par  l'Océan,  au  levant  par 
les  Carpétans,  les  Vcttons,  les  Vaccéiens  ,  les  Cal- 

_    laïques,  &  quelques  autres  peuples  moins  connus. 

.  Appien  dit  Lifuanie  au  lieu  de  Lufuamc.  Etienne 
de  Byzance  dit  que  les  Bélitains  ,  ou  les  Lufitains  font 
la  même  choie.  Le  même  Auteur  dit  que  la  Lufita- 
nii  eft  une  partie  de  la  Bétique. 

Quant  à  l'origine  de  ce  mot,  quelques  uns  difent 
qu'il  vient  de  Lufus ,  fils,  ou  félon  d'autres,  com- 
pagnon de  Bacchus  ,  que  VoHïus  appelle  LyJÙ 
Voyez  cet  Auteur,  de  Idol.  L.  I.  c.  jj.  Mais  fé- 
lon Bochart ,  ce  font  les  Phéniciens  qui  ont  donné 
ce  nom  à  la  Lufuanie.  Ces  grands  Navigateurs  ap- 
pelloient  fouvent  les  heux  du  nom  des  fruits  que 
la  terre  y  produifoit  :  ainfi  ils  appellerent  Jéricho 
ville  des  Palmes,  parce  qu'elle  étoit  fituée  dans  un 
terrein  plein  de  palmes.  Or  nS  /ui  en  Hébreu ,  & 
laus  en  Arabe  ,  fignifîe  des  amandes  ,  amygdala, 
&  il  croît  en  Portugal  des  amandes  excellentes ,  ne 
leroit-ce  donc  point  de-là  que  vient  le  mot  de  Lu- 

I     Jitanie ,  aufli   bien  que  celui  de  Luta  donné  à  Bé- 

'  theh  Gen.  XXFIII.  i g.  XXXF.  6.  Jof.  XFI.  2. 
X/W.  /^.  &  celui  d'un  autre  Lu-^a  qui  étoit  dans 
la  tribu  d'Ephraïm  ,  &  dont  il  eft  parlé  dans  les 
Juges,  I.  23.  Voyez  Bochart,  Chanaam ,  Z.  /. 
c.  5/. 

LUSO.  Petite  rivière  d'Italie  dans  l'État  de  l'Églife, 
dans  la  Romagne;  elle  n'eft  remarquable  que  parce 
quelle  elt  1  ancien  Rubkon. 

LUSSAC  -Petite  ville  de  France  dans  le  Poitou  ,  au 
Diocefe  &  Eleftion  de  Poitier». 

LUSSEUL.  Foyei  Luxeol. 


LUS  670 

LUSSO.    Rivière  d'Afrique  en  Barbarie,  au  Royaume 

de  i-cz.  C  eft  le  Lixus  des  Anciens 
LUSSON.    Foyei  LUÇC^N. 
CCr  LUSTRAGE,  f.  m.  Terme  de  Manufadurc  en  foie 

Ceft  le  nom   dune  machine  qui  fert  a  luftrcr  la 
.  loie  tante,  en  laill.mt  les  échcvaux  tendus  pendant 

I  ikVuT,"""A"c^'  ?""'  '^"  augmenter  le  brillant. 

LUSIRAL,  ALE,  adj.  m.  &  f.  Qui  fe  fait  de  Idtrc 
en  lultre  ,  c  elt  adiré  ;  tous  les  cinq  ans.  Lujlralis  e 
L  Empereur  Conllantius  accorda  aux  Ckrcs  par 
un  Edit  du  mois  de  Mai  353.  l'exemption  de  la 
contribution  lujirale  qui  fe  levoit  fur  les  Marclwnds 
Fleury.  mjl.  Ecd.  L.  XllL  n.  X.  Cette  contri- 
bution s  appeloit  Aumm  lujirale.  Lampride  l'appelle 
dans  Alexandre  Sévère  Aurum  negotiatorum.  Cenfus 
lujtrahs ,  capitation  de  tous  les  cinq  ans. 

^-  Lustral  ,  ale  ,  adj.  Luflralis.  Qui  a  rapport  à 
la  luftration.  Foye^  ce  mot.  L'eau  lujirale  étoit  une 
eau  dans  laquelle  on  avoit  trempé  &  éteint  un  ti- 
on  arc-lent  ,  pris  iur  l'autel  ,  tandis  qu'on  brÛloit 
a  vichme.  On  mcttoit  cette  eau  dans  un  vafc  à 
1  entrée  du  Temple.  Tous  ceux  qui  entroient  fe  la- 
voient  de  cette  eau  facrée  ,  s'il  n'aimoient  mieux 
s  en  faire  laver  par  les  Prêtres.  On  en  mettoit  en- 
core aux  avenuesde  la  place  publique,  aux  portes 
des  maifons,  lorlqu'il  y  avoir  quelque  mort  dans  la 
lamille.  On  arroloit  de  cette  eau  ceux  qui  alKf- 
toient  aux  funérailles,  &  on  fe  fervoit  de  branches 
d  olivier  pour  faire  cette  afperlion.  Les  Juifs  avoient 
leurs  purifications  &  leur  eau  lujirale.  Peut  être  les 
Payens  avoient  ils  pris  d'eux  cette  cérémonie. 

Les  Chrétiens  l'ont  imitée  &  fanftifiée  en  faifant 
1  eau  bénite  des  Egliles.  Les  Payens  appeloient  dies 
lujtricus  ,  jour  lujlr.zl ,  celui  auquel  on  faifoit  des 
luftrations  fur  un  enfant,  &  qu'on  lui  dohnoit  un 
nom.  C'ctoit  le  neuvième  après  la  nallfancc  pour 
les  garçons ,  &  le  huitième  pour  les  filles.  Macrob. 
L.  I.  Saturn.  c.  16.  D'autres  faifoient  cette  céré- 
monie le  dernier  jour  de  la  femaine  ,  &  d'autres 
le  cinquième  jour  depuis  la  naiifance.  C'étoit  un 
jour  de  fae  auquel  la  déelfe  Nundina  préhdoit.  Les 
iages  femmes  tk  les  domeftiques  palfoient  &  repaf- 
loient  1  enfant  autour  du  feu  qui  étoit  fur  les  autels 
des  dieux  ,  puis  ils  jcttoient  de  l'eau  fur  lui  par 
alpcrhon.  De  vieilles  femmes  mêloicnt  dans  cette 
eau  de  la  fihve  &  de  la  pouiîîère  qu'elles  prencieut 
ordinairement  dans  les  bains.  Enfin  ,  on  faifoit  un 
grand  feflin.  Foyeiiom.  Rofin.  Anûq.  Rom.  L  II 
c.   I  ç.  &  Barthohn,  de  Puerp.  Fet. 

LUSTRATION,  f.  f.  Terme  d'Antiquité.    Expiation, 
lacrihces,  cérémonies  par  lefquelles  les  Payens  pu- 
rihoient  ou  une  ville  ,  ou  un  clump  ,  ou  une  ar- 
mée, ou  les  perfonnes  fouillées  par  quelque  crime 
ou  par  quelque  impureté.  Luflratio.   Il  y  avoit  des 
luJlratLOns  publiques  ,  &  d'autres  particulières.  On 
failoit  auHi  une  efpèce  de  lujlraûon ,  (ans  viéfime, 
poiir  les  enfans,  le  huitième  jour  pour  les  filles, 
&  le  neuvième  pour  les  garçons.   Luftration  eft  la 
même  cnofe  que  purification.  Il  y  en  avoit  de  trois 
lortcs,  ou  elle  le  faifoit  en  trois  manières;  par  le 
feu  &'  le  foufre;  avec  l'eau  &  par  l'air ,  ou  en  re- 
muant &  agitant  l'air  autour  de  la  chofe  que  l'on 
y  vouloit  purifier.  Foyei  le  Traité  de  Jean  Lomeïer, 
de  Luftrationïhus  GentUium. 
LUSTRE ,  f.  m.  Terme  de  fupputation  des  temps  parmi 
les  Romains  :  c'eft  une  efpace  de  cinq  ans.  Luftrum. 
Ce  terme  eft  moios  ufité  en  profe  qu'en  poëfie.  A 
peine  at-il  atteint  fon  cinquième  luftre.    Mon  âge 
s'en   va  bientôt   frapper  à    mon    neuvième   luflre 
BoiL.  ■' 

Varron  fait  venir  ce  mot  de  luo  ,  qui  fignifîe 
payer,  parce  qu'au  commencement  de  chaque  cin- 
quième année  on  payoit  le  tribut  qui  avoit  été  im- 
pofé  par  les  Cenfeurs  ,  dont  la  charge  duroit  cinq 
ans  par  leur  première  inftirurion.  Depuis  elle  devine 
annale.  Servius  Tullius  avoit  établi  cette  coutume 
environ  l'an  180.  de  la  fondation  de  Rome. 

D'autres  le  font  venir  de  lufitare,  luftro  ,  puri- 
fier par  ua  faciificc ,  à  caufe  du  facrifice  cxpiaroire 


58o 


LUS 


qui  Te  faifoic  tous  les  cinq  ans  pat  le  Cenfcur  apies 
le  dénombiement  du  peuple. 

Lustre  ,  étoit  aulli  une  céiémonie  ,•  ou  facrifice  que 
faifoicnt  les  Romains  ,  après  avoit  fait  le  dénom- 
brement du  peuple  de  cinq  ans  en  cinq  ans. 

^  Lustre,  dans  l'ufage  ordinaire,  Se  dans  les  arts , 
fe  dit  d'un  certain  luifant  qu'on  donne  à  une  choie, 
{bit  en  la  polillant ,  l'oit  en  la  frottant  avec  quelque 
compofition.  Nicor.  Le  latin  a  plus_  de  lu/lre  que 
le  tatïetas.  Les  étoiFes  qui  font  expofecs  long  temps 
à  l'air  p'erdent  leur  /ujïre.  \Jn  habit  neuf  paroit  avec 
{on  lujire.  On  fait  palier  les  draps  ibus  la  calendre 
pour  leur  donner  du  luJlre.  Les  tableaux,  les  ver- 
nis perdent  leur  luJlre  avec  le  temps. 

Lustre  eft  aulll  un  agrément  qu'on  donne  aux  cha- 
peaux ou  aux  pelleteries j  en  leur  abattant  le  poil, 
ik  en  les  frottant  ou  d'eau  llmple ,  ou  d'eau  teinte 
en  noir  ,  qui  les  fait  paroître  comme  neufs.  On 
iujln  aulTi  les  bas  &  autres  étoffes  de  laine.  On  le 
dit  aulîl  de  la  compofuion  dont  on  fe  ferf. 

Lustre  le  dit  aufiî  d'une  certaine  compolition  faite 
de  noix  de  galle,  de  couperole ,  d'alun  de  Rome, 
&  de  mecUe  de  bœuf ,  &cc.  dont  les  Pelletiers  fe 
fervent  pour  luftrer  ,  c'eft-à-dire  ,  pour-  donner  une 
couleur  noiie  &  luifante  à  leurs  peaux  ,  &  parti- 
culièrement à  celles  dont  ils  font  des  manchons  de 
femmes. 

Lustre  fe  dit  auffi  au  figuré  du  relief  que  donnent  la 
beauté  ,  la  parure ,  le  mérite ,  les  dignités.  Dans  les 
grandes  charges  ,  la  valeur  Se  la  vertu  paroilïent 
dans  tout  leur  lujire  ,  dans  tout  leur  éclat.  Cette 
beauté  a  paru  au  bal  dans  fon  lujire.  La  Républi- 
que Romaine  s'eft  coniervée  long  temps  dans  Ion 
lujire  ;  fon  plus  grand  lujire  étoit  du  temps  de  Ci- 
céron.  Tout  l'éclat  des  grandeurs  n'a  point  de 
luJlre  pour  les  gens  qui  font  dans  les  recherches 
de  l'efprit.  Pasc.  C'eft  dans  l'Hiftoire  que  les  Prin- 
ces découvrent  que  le  luftre  qui  vient  de  la  flatte- 
rie eft  fuperficiel ,  &  que  les  faulles  couleurs  ,  quel- 
que indurtrieulement  qu'on  les  applique  ,  ne  tien- 
nent pas.  Boss.  Je  veux  vous  faire  voir  cette  vé 
rite  dans  tout  fon  lujire.  L'avarice  donne  du  lujire 
à  la  libéralité.  M.  Es  p. 

C'cjl  un  ombre  au  tableau  qui  lui  donne  du  luflre. 

BoiL. 

§3"  Lustre  j  brillant ,  éclat,  fynonymes.  Nous  avons 
déjà  oblervé  que  l'éclat  enchérit  tur  le  brillant ,  & 
celui-ci  lur  le  lujire  ;  3c  que  ces  mots  ne  font  pas 
faits  pour  être  fous  le  régime  l'un  de  l'autre;  cn- 
forte  qu'il  faut  opter  pour  l'un  des  trois ,  félon  le 
goût  ou  la  force  de  ce  qu'on  veut  exprimer;  ou  fi 
l'on  veut  les  appliquer  tous  trois  au  même  fujet, 
il  faut  que  ce  loit  fans  régime  ,  &  par  forme  de 
gradation  ,  en  difant  j  par  exemple  ,  d'une  étoffe  , 
qu'elle  a  du  lujire  ,  du  brillant,  &  même  de  ['éclat. 

ip-  Il  femble  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  que  le  lujire 
tienne  du  poli.  Les  couleurs  récentes  ont  plus  de 
lujire  que  les  couleurs  ufées.  F'oyei  .les  autres  mots. 

|Cr  M.  l'Abbé  Girard  oblcrve  encore  qu'on  ne  fe  fert 
guère  du  mot  de  lujire  que  dans  le  fens  littéral  pour 
ce  qui  tombe  fous  la  vue  ;  mais  qu'on  emploie  quel- 
quefois celui  d'éclat  ,  &  encore  plus  fouvent  celui 
de  brillant  dans  le  fens  figuré  ,  pour  le  difcours  &: 
les  ouvrages  d'efprit.  Etant  confidérés  dans  ce  fens, 
il  me  paro'it ,  dit-il ,  que  c'eft  par  le  choix  des  mots  , 
la  convenance  des  termes  ,  &  l'arrangement  de  la 
phrafe  ,  qu'on  donne  du  lujire  à  ce  qu'on  dit.  f^oyei 
les  deux  autres  mots. 

|CF  Lustre.  Chandelier  de  cryftal  ou  de  bronze  à  plu- 
fieurs  branches,  qu'on  fufpend  au  plancher  pour 
éclairer  un  appartement.  Candelabrum  multijldum 
penjllc.  La  falle  où  l'on  d.mloit  étoit  éclairée  de 
pluheurs  luflres. 

Xustre.  Il  fignifioit  autrefois  clarté,  illuftration.  Glojf. 
fur  Marot. 

LUSTRER ,  V.  a.  Donner  da  luftre.  Fulgorcm  addere. 
Il  ne  fe  dit  que  des  étoffes  ,  des  iiianckoiis  ik  des 


LUT 

chapeaux.  Lujlrerâu  taffetas  ,  du  fuin.  Ce  manchon 
eft  parfaitement  bien  luJlré  ;  il  eft  bien  noir  Se 
bien  luifant.  Le  Héros  du  Roman  Bourgeois  fit 
lujlrer  fon  chapeau  ,  pouf  fe  mettre  plus  propre- 
ment devant  la  Maitrellc. 

Lustrer  une  glace.  C'eft  la  rechercher  avec  le  luf- 
troir ,  après  qu'elle  eft  achevée  de  pour,  On  dit  aulfi 
moleter  une  glace,  parce  que  les  ouvriers  appellent 
quelquefois  le  luftroir  une  molette. 

LUSTRÉ  ,  ÉE  ,  part.  &  adj.  Fulgens  ,  fulgidus. 

LUSTREUR  ,  f  m.  Celui  qui  luftre  ,  qui  donne  du 
luftre.  Séries,  vejlis  concinnator.  Il  ne  fe  dit  qu'au 
propre ,  &  même  affez  rarement.  Un  Luflreur  de 
fourrures  ,  de  chapeaux ,  d'étoftes. 

LUSTRINE,  f  f.  Sorte  détoft'e  de  foie  à  fleurs,  qui 
a  beaucoup  de  brillant.  Le  Comte  d  Eu  avoit  un 
habit  de  luftrine  gris  de  perle ,  avec  broderie  en  or. 
Mercure  de  Septembre  i  J 39- 

LUSTROIR  ,  f.  m.  C'eft  dans  les  Manufadures  des 
glaces  une  petite  règle  de  bois  doublée  de  chapeau , 
de  trois  pouces  de  long  ,  fur  un  pouce  Se  demi  de 
large.  On  s'en  fert  pour  rechercher  les  glaces  quand 
elles  font  polies,  &  pour  en  enlever  les  taches  qui 
ont  échappé  au  poliffoir.  Cet  inftrumentfe  nomma 
aufli  une  molette. 

LUSTUCRU,f  m.  Terme  de  mépris. Nom  injurieux 
qu'on  dit  des  perfortnes  :  il  figniHe ,  vil ,  méprifable , 
léger  ,  qui  n'eft  de  nulle  confidération.  Ce  terme  eft 
bas  &  populaire.  C'eft  un  beau  lujiucru.  Lepidum 
caput,  ridiculum  caput.  Quel  lujiucru  l  Vous  crai- 
gnez un  tel ,  c'eft  un  pauvre  lujiucru. 

M.  Chapelle,  ami  de  M.  Defpréaux  ,  avoit  trouvé 
un  vieux  Almanat  ,  à  la  fin  duquel  il  y  avoit  une 
méchante  pièce  en  vers  burlefques  fur  le  mariage  de 
Lujiucru,  laquelle  finiffoit  ainfi  : 

Et  le  pauvre  Luftucru 
Trouve  enfin  fa  Luftucrue. 

M.  Broffette,  fur  la  dix -neuvième  Epig.  de  M. 
Defpréaux. 

LUSU ,  Nom  d'une  rivière  de  l'Etat  de  l'Eglife ,  en 
Italie.  Lufus  fluvius.  Elle  a  fa  fource  aux  confins  du 
Duché  d'Urbin ,  &:  après  avoir  traverfé  une  partie 
de  la  Romagne  ,  elle  fe  décharge  dans  le  golfe  de 
■Venife  ,  à  quatre  lieues  de  Rimini,  du  côté  du  cou- 
chant. Quelques  Géographes  prennent  cette  rivière 
pour  le  Rubicon  des  Anciens  ,  qui  féparoit  la  Gaule 
Cifalpine  de  l'Italie,  &  ce  fentiment  eft  plus  pro- 
bable que  celui  des  autres,  qui  prennent  cette  an- 
cienne rivière  pour  celle  qu'on  nomme  aujourd'hui 
Pifatello;  parce  que  Pifuello  fe  décharge  dans  le 
Savignano ,  au  lieu  que  le  Rubicon  fe  déchargeoit 
dans  la  mer.  Maty. 

LUSUC  ,  ou  LUCRO.  Nom  d'une  ville  du  Royaume 
de  Pologne.  Luccor'ia ,  Lucceria.  Elle  eft  capitale  de 
la  haute  Volhinie,  nommée  anciennement  le  Pala- 
tinat  de  Luj'uc ,  &c  fituée  fur  la  rivière  de  Steir, 
environ  à  trente  deux  lieues  de  Lembourg ,  &  ^ 
trente-cinq  dc^  Kamenieck.  Lujuc  a  un  évêché  fuf- 
fragant  de  Gnél'ne  ,  quoique  la  plupart  de  les  habi- 
tans  foient  Grecs  Schifmatiques  ,  ou  Juifs.  Elle  .i 
une  bonne  citadelle,  qui  eft  couverte  en  partie  par 
un  petit  lac,  fur  lequel  la  ville  eft  bâtie.  Maty. 

Lusuc.  Palatinat.  Foye\  Volhinie  ,  la  Haute -Vol- 
hinie. 

LUT. 

LUT  ,  f  m.  En  termes  de  Chimie ,  fe  dit  de  toute  forte< 
de  ciment  ou  d  enduit ,  qui  fert ,  tant  pour  le  bâti- 
ment des  fourneaux,  que  pour  mettre  aurourdes 
vaiffeaux  de  verre  Se  de  terre  qui  doivent  rélîfter 
à  un  feu  violent.  Lutum.  On  le  fait  déterre  gtaffe, 
de  fible  de  rivière  ,  de  fiente  de  cheval ,  de  la  poUr 
dre  des  pots  de  beurre  caffés ,  de  la  tête  morte  du 
vitriol  ,  du  mâchefer  ,  du  verre  pilé  &deia  bourre, 
ou  laine  courte  des  Tondeurs  ,  mêlés  avec  de  1  eau 
filée ,  ou  du  fang  de  bœuf.  Il  y  a  aulfi  un  lut  qui 
fert  à  lutter  les  chappes  avec  les  cucurbites  ou  rc- 

cipiens, 


LUT 

eipiens  ,  ou  pour  léparcv  les  fentes  des  vallFcaux, 
qui  fc  fait  avec  l'amidon  cuit,  ou  de  la  toile  de 
poilFon  diiroute  dans  l'cfprir  de  vin  &:  des  Heuis  de 
ioufre  ,  du  inaltic  Se  de  la  chaux  éteinte  dans  du 
petit -lait.  On  appelle  aulfi  /uc  d^  fapiencs  ,  Lucum 
fapkncU  ,  le  (ccau  herniériquc  qui  (e  tait  eu  fon- 
dant le  bout  d'un  mattas  de  verre  au  feu  de  lampe  , 
&  en  le  tortillant  avec  la  pincctte._ 

Ce  mot  vient  de  lucum  ,  qui  iignilîe  la  même  chofe 
en  Latin.  Le  lue  le  plus  ordinaire  cR  de  la  boue  ,  de 
la  terre  détrempée. 

LUTACH.  C'étoit  anciennement  une  petite  ville  du 
Norique  ;  ce  n'eft  aujourd'hui  qu'un  village  du  1  irol , 
fitué  fur  la  rivière  d'Aycha,  environ  à  quatre  lieues 
deBruneckjdu  côté  du  nord.  Lutachum ,  autrefois 
Littamum.  Maty. 

LUTATION  ,  f.  f.  Lutatïo.  L'aftion  de  lutcr  les  vaif- 
■feaux  dont  on  fe  fert  pour  les  opérations  de  Chymie, 
ou  de  barbouiller  les  parties  du  corps  avec  du  limon , 
pour  en  delFécher  l'humidité  fuperflue.  Cette  mé- 
thode étoit  fort  en  ufage  en  Egypte  ,  ainii  que  nous 
l'apprenons  de  Galien.  Dict.  de  James. 

LUTAWIE.  Voyei  Lithuanie. 

iLUTÉCE.  Nom  ancien  de  Paris,  ville  capitale  des 
Parilicns.  Luteûa.  Voyez  le  Traité  de  Police  du  Com- 
milTaire  de  la  Mare  ,  T.  I.  p.  68.  &  fuiv. 

Ce  mot  eft  fait  du  Latin ,  &:  s'emploie  en  vieux 
ftyle  ou  en  vers  badins. 

Près  d'un  palais  dont  Lnitcc  efl  ornée 
Par  un  Prélat  à  toque  ~  enluminée  , 
Il  eft  un  lieu  de  Mimes  habité  , 
Et  de  badauds  en  tout  temps  fréquenté.  R. 

C'efl  l'Opéra  près  du  Palais  Royal ,  bâti  par  le 
Cardinal  de  Richelieu. 

Cambden  prétend  que  ce  mot  vient  de  Leucotetia  , 
&  que  Leucotetia  fignifie  Belle  tour ,  qui  vient  de 
Lucus,  ou  Lugus ,  qui  fignifie  cour.  Foyei  les  ety- 
inologies  du  mot  Lyon,  Lugdunum.  Ce  mot  Leute- 
tia  a  ce  fens  dans  la  langue  Britannique,  qui  ell  la 
même  que  la  Celtique.  Chorier  ,  dans  fon  hiftoire 
de  Dauphiné  ,  I.  //.  p.  96.  tire  ce  mot  de  Lut  , 
ancien  nom  Celtique ,  qui  lignifie  multitude  qui  ha- 
bite quelque  ville  ,  ou  en  quelque  endroit  confidé- 
rable  d'un  pays.  Guillaume  le  Breton,  qui  vivoit  fous 
Philippe- Augufte  ,  dit  au  L  Livre  de  fa  Philippide  , 
que  Paris  fut  appelé  Lutéce  à  Luto  ,  de  la  boue , 
parce  qu'elle  étoit  dans  un  terroir  gras  &  maréca- 
geux. C'cft  que  d'abord  Lutéce  étoit  toute  dans  l'île 
de  la  Seine  ,  que  nous  nommons  l'île  du  Palais. 
Voye\  Paris. 

LUTENBERG.  Nom  d'un  bourg  du  Cercle  d'Au- 
triche. Lutemberga.  Il  eft  dans  la  baffe  Stirie  ,  fur  le 
Muer  ,  vers  la  Hongrie ,  &  à  fix  lieues  de  Kanife. 
On  croit  qu'il  pourroit  être  l'ancienne  Lentudum  , 
petite  ville  ,  ou  bourg  de  la  Haute  Pan nonie.  Maty. 

LUTER.  V.  a  C'eft   un  terme  de  Chymie  ,  qui  figni- 

I  fie  enduire  de  lut ,  boucher  un  vaifleau  avec  du 
lut.  §3°  Appliquer  une  matière  tenace  aux  vailleaux 
chimiques  pour  les  prémunir  contre  l'adion  du  feu  , 
ou  pour  fermer  les  jointures  des  vaiffeaux  qu'on 
adapte  les  uns  aux  autres  ,  ou  enfin  pour  boucher 
les  fentes  de  ceux  qui  font  fêlés.  Lutare. 

LUTH,  f.  m.  (On  peut  écrire  aufll  Lut)  Inftrumenr 
de  mufique  à  cordes.  Il  n'avoir  autrefois  que  iix 
langs  de  cordes  ;  mais  avec  le  temps  on  y  a  ajouté 
quatre,  cinq,  ou  fix  autres  rangs  plus  bas.  Le  Luth 
eft  compofé  de  quatre  parties  ;  de  la  table  de  fnpin, 
ou  de  cèdre  ;  du  corps  ,  compolé  de  neuf  ou  dix 
écliftes  ,  qu'on  appelle  aufti  le  Centre  ou  la  Donte  ; 
du  manche,  qui  a  neuf  touches  ou  divifions* mar- 
quées avec  des  cordes  de  boyau  ;  &  de  la  tête,  ou 
de  la  crofte  ,  où  font  les  chevilles  qu'on  tourne 
pour  monter  les  cordes  aux  tons  convenables.  Il  a 
aulTî  une  rofe  au  milieu  de  la  table  par  où  lort  le 
fon  ;  un  chevalet  où  font  attachées  les  cordes  ,  & 
un  filet  ,  ou  morceau  d'ivoire  qui  eft  entre  le  manciie 
&  la  tête  ,  fur  lequel  les  cordes  portent  par  l'autre 
Tome  V. 


L  U   f 


681 


exhémité.  On  pince  les  cordes  de  la  main  droite , 
&  de  la  gauche  on  appuie  fur  les  couches.  Joucr  du 
luth.  Accorder  un  luth.  Toucher  le  luth.  On  appelle 
le  tempérament  du  luth  ,  l'altération  convenable  que 
roncli:  oblige  de  faire  des  iutervales,  tant  à  l'égard 
des  confonances  ,  que  des  dilfonances  ,  pour  les 
rendre  plus  juftes  fur  l'inftrument.  Cjeharc/ ,  lyra , 
tejludo. 

Quelques-uns  tiennent  que  ce  mot  vient  de  l'Alle- 
mand laute ,  qui  fignifie  la  même  choie  ,  ou  de  lauten, 
qui  fignifie  j'onare.  Jofeph  Scaligcr  &  Bochart  le 
dérivent  de  l'Arabe  ,  allaud.  Les  luths  de  Boulogne 
font  les  plus  eftimés  par  la  qualité  du  bois ,  qui  eft 
caufe  qu  on  en  tire  un  plus  beau  fon.  Les  concerts 
fe  font  avec  des  defl'us  &  des  balles  de  luths.  On  dit 
qu'un  luth  eft  bien  monté  ,  quand  on  y  a  mis  de 
bonnes  cordes ,  qui  font  bien  d'accord  bc  au  ton 
convenable.  Un  Auteur  digne  de  foi  dit,  qu'on  a 
vu  à  Paris  un  luch  d'or  qui  revenoit  à  jiooo  mille 
écus. 

LUTHEE,  adj.  f.  Eft  une  épithète  qu'on  donne  à  \i 
mandore  lorfqu'elle  a  plus  de  quatre  rangs  de  cordes, 
&  qu'elle  approche  plus  près  du  luth. 

LUTHÉRANISME,  f.  m.  Sentiment  du  Dofteur  Lu- 
ther lur  la  Religion.  Luthéranifmus.  M.  Maimbourg 
a  fait  une  Hirtoire  du  Luthérunifme  ,  &  Seckendort 
y  a  répondu.  Le  Luthéranifme  qui  pour  Auteur  ,  dans 
le  XVF  lîècle ,  Martin  Luther,  dont  il  a  pris  fon 
nom.  Cet  Héréfiarque  naquit  à  Illében,  ville  du 
Comté  de  Mansfeldt  ,  en  Thuringe ,  l'an  1483. 
Après  fes  études,  il  entra  chez  les  Auguftins.  Eu 
IJ08.  il  vint  à  Vittemberg  ,  &  y  enfeigna  la  Phi- 
lofophie  ,  dans  l'Univerfité  qui  avoir  été  établie 
quelques  années  auparavant.  En  151 2.  il  prit  le 
bonnet  de  Dotteur  en  Théologie.  Il  commença  en 
1/16.  à  s'élever  contre  la  Théologie  Scholaftiquc  , 
qu'il  combattit  cette  année  là  dans  des  thèfes.  En 
IJ17.  Léon  X.  ayant  fait  prêcher  des  indulgences 
pour  ceux  qui-  contribueroient  aux  dépenlts  de  l'é- 
difice de  S.  Pierre  de  Rome ,  il  en  donna  la  com- 
million  aux  Dominicains.  Les  Auguftins  prétendirent 
qu'elle  leur  appartenoit  préférablement  à  eux  ;  Se 
Jean  Staupitz  ,  leur  Commilfaire  Général  en  Alle- 
magne ,  donna  ordre  à  Luther  de  prêcher  contre 
ces  Quêteurs.  Luther,  homme  violent  &  emporté  , 
&  d'ailleurs  fort  vain  &  fort  plein  de  lui-même , 
&  de  fon  prétendu  mérite  ,  s'acquitta  de  cette  com- 
milîîon  d'une  autre  manière  que  fon  Supérieur  ap- 
paremment n'avoit  voulu.  Des -Prédicateurs  des  In- 
dulgences ,  il  paffa  aux  Indulgences  mêmes  ;  il  dé- 
clama également  contre  les  uns  &  contre  les  autres  ; 
il  avança  d'abord  des  propofitions  ambiguës  :  engagé 
enfuite  par  la  difpute  ,  il  les  foutint  dans  un  mau- 
vais fens ,  &  il  en  dit  tant ,  qu'il  mérita  d'être  con- 
damné &  excommunié  par  le  Pape  l'an  1/20.  Il 
goûta  fi  bien  le  plaifir  flatteur  de  fe  voir  chef  de 
parti ,  que  ni  l'excommunication  de  Rome ,  ni  la 
condamnation  de  plufieurs  Univerfités  célèbres ,  ni 
tout  ce  que  l'on  put  faire  pour  le  ramener  à  fon 
devoir ,  par  charité  &  par  douceur  ,  ne  fit  point 
d'imprelTion  fur  lui.  Ainfi  il  fit  une  fede  que  l'on 
a  nommée  Luthéranifme ,  ôc  dont  les  Seélateurs  font 
appelés  Luthériens ,  du  nom  Luther ,  qui  a  une 
forme  Grecque,  &  qu'il  prit  au  lieu  de  celui  de  fa 
famille  qui  émît  Lotter  ,  ou  Lauther;  c'étoit  la  cou- 
tume des  gens  de  lettres  dans  ce  fiècle  ,  de  le  donner 
des  noms  Grecs  ,  témoins  Capnion  ,  Erafme  ,  Me- 
lanchthon,  Bucer,ôcc.  En  1524.  Luther  quitta  tout- 
à-fait  l'habit  religieux,  &  en  IJ25  il  féduifit  une 
Religieufe ,  nommée  Catherine  de  Bore  ,  la  débau- 
cha ,  &  l'époufa  enfuite  publiquement.  Après  avoir 
perverti  l'Allemagne  ,  fous  la  proredion  du  Duc 
de  Saxe  George;  il  mourut  à  Eiflèbe  fa  patrie  ,  l'an 
I  «-.6,  le  18^  de  Février,  dans  la  foixante-troifième 
année  de  fon  âge.  _^ 

Le  Luthéranifme  a  beaucoup  varie  pour  le  dog- 
me ,  comme  on  le  peut  voir  dans  le  Livre  de  M.  Bof- 
fuet'.  Cl  connu  fous  le  titre  de  Fariations  ;  &c  le 
Luthéranifme  d'aujourd'hui  n'eft  rien  moins  que  le 

Rrr  r 


682       LUT 

Lutkéranifme  de  Luther.  Luther  rejcttoit  l'Epître  de 
(àint  Jacques ,  &  quelques  autres  Livres  de  l'Ecri- 
ture. Les  Centuiiateurs  de  Magdebourg  en  appor 
cent  la  raifoii  ;  c'eft ,  dilcnt-ils  y  que  cette  Ep'itre 
eil  contraire  aux  lentimcns  de  (aine  Paul  lur  la  juL 
titîcation.  Les  anciens  Luthériens  fuivoient  le  fcnti- 
ment  de  Luther  ,  &  traitoient  cette  Epitre ,  celle 
de  (aint  Paul  aux  Romains  j  &  l'Apocalyple  ,  de 
Livres  apocryphes.  Les  Luthériens  aujourd'hui  les  re- 
gardent comme  des  Livres  divins,  ainfî  que  le  déclare  le 
nouveau  Rituel  de  l'Eglifé  Proteltante  de  Strasbourg. 
Ordo  E<:i.kjut  Argamncnfts  rev'ifus.  C.  de  Coqwrc 
dochins,  ,  p.  7.  Luther  n'admettoit  de  Sacremens 
que  le  Baptême  &  l'Euchariftie.  Il  croyoit  limpa 
nation ,  c'eft-à-dire ,  que  la  matière  du  pain  ôc  dû 
vin  refte  avec  le  corps  de  J.  C.  ;  que  ce  corps  &  ce 
fang  facrcs  n'y  doivent  point  être  adorés,  &  qu'ils 
n'y  (ont  que  dans  l'ulage  -,  que  la  Mclie  n'efl:  point 
un  Sacrifice.  Il  rejettoit  la  pénitence  ,  la  contellion , 
toutes  les  œuvres  latisfliéloires  ,  les  indulgences  ,  le 
Purgatoire  ,  le  culte  &  TuCige  des  images.  On  l'a 
pourtant  mis  au  commencement  de  les  Ouvrages 
imprimés  à  Wittemberg  eu  cinq  volumes,  lui  d'un 
côté  ,  le  Duc  de  Wittemberg  de  l'autre ,  à  genoux 
devant  un  crucifix.  Luther  combattoit  la  liberté,  & 
foûtenoit  que  nous  lommes  nécellltés  en  toutes  nos 
œuvres  j  que  toutes  les  aftions  faites  eu  péché  mor- 
tel,  &  les  vertus  mêmes  des  Payens,  font  des  cri 
mes  ;  que  nous  ne  fommcs  juftes  que  par  l'impu- 
tation des  mérites  &  la  jullice  de  J.  C.  -,  que  cette 
imputation  ne  fe  fait  que  par  la  foi  ;  qu'un  fi- 
dèle ne  peut  être  damné  j  &  qu'il  n'y  a  de  péché 
que  l'infidélité;  que  les  commandemens  de  Dieu  font 
impoilîbles  ;  que  dans  le  Nouveau  Teftameut  il  n'y 
a  pas  un  leul  précepte  ,  que  ce  ne  font  que  des 
exhortations  ;  que  l'Egiife  n'eft  point  vifible  ;  que 
fon  Chef  de  les  Conciles  mêmes  peuvent  errer.  Il 
blâmoit  le  jeûne  Se  l'abftinence  de  viande  ,  les 
vœux  monafliqucs,  contre  lefquels  il  compofa  un 
Livre  dans  ia  folitude  d'Alftat ,  &  le  célibat  de  toutes 
perfonnes  confacrées  à  Dieu.  Entre  les  erreurs  des 
Luthériens  on  compte  encore  celles-ci  ;  que  tous  les 
péchés  font  mortels  ;  qu'Adam  &  Eve  ont  été  créés  dans 
l'état  de  pure  nature  ;  que  l'homme  a  perdu  la  liberté 
par  le  péché;  que  la  toute-puhîànce  &  l'immenfité 
font  communiquées  immédiatement  à  l'humanité  de 
Jésus  Christ  ;  que  le  Baptême  exempte  les  fidèles 
de  la  dépendance  des  Puillances  humaines.  Il  y  a 
des  Luthériens  rigides,  &  des  Luthériens  mitigés, 
qui  ont  adouci  en  quelques  choies  les  fentimens 
des  Luthériens  rigides. 

Les  premiers  qui  reçurent  le  Lutkéranifme ,  fu- 
rent ceux  de  Mansfeld  ^  &  ceux  de  Saxe.  Il  fut 
prêché  à  Kreichiaw  en  15Z1.  Il  fut  reçu  à  GolJan , 
à  Roftoch,  à  Riga  en  Livonie  ,  à  Reutlinge  &  à 
Hall  en  Suabe  ,  à  Augsbourg  ,  à  Hambourg,  à  Trept 
en  Poméranie  en  i  jiz,  en  Prulle  en  1525  ,  à  Ein- 
bech,  dans  le  Duché  de  Lunebourg  ;  à  Nuremberg  j 
&  à  Breflau  en  i  ji  j  ,  dans  la  Helle  en  i  jKî ,  à  Âl- 
denbourg,  à  Stfasboiug  &  à  Brunfwich  en  ijzSj 
à  Gottingen  ,  à  Lemgou  ,  à  Lunebourg  en  1530^ 
à  Munfter  &  à  Padcrbom  en  Weftphalie  en  i  552  , 
à  Ethngen  &  à  Ulm  en  1555  ,  dans  le  Duché  de 
Crubenhagenj  à  Hanovre,  &  en  Poméranie  en 
1J34,  dans  le  Duché  de  Wittemberg  en  1555,  à 
.  Corhus  en  la  balfe  Lulace  en  1J37,  dans  le  Comté 
de  Lipe  en  1558  ,  dans  l'Eleftorat  de  Brandebourg, 
à  Brème  ,  à  Hall  en  Saxe,  à  Lexpfik  en  Mifuiej 
&■  à  Quetlembourg  en  1539,  à  Embend  dans  la 
Frife  orientale  ,  à  Hailbron ,  à  Halberltad  ,  à  Mag- 
debourg en  IJ40  ,  au  Palatinat  ,  dans  le  Duché 
de  Neubourg  ,  à  Regensburg  &  à  Wilmar  en  1542  , 
à  Buxtende  ,  à  Hildesheim  &  à  Ofnabruck  en  i  543  , 
dans  le  bas  Palatinat  en  i  546  ,  dans  le  Mekelbourg 
en  IJ52,  dans  le  Marquifat  de  Dourlach  Se  de 
Hochberg  en  lyjô  ,  dans  le  Comté  de  Bentheim 
en  1J64,  à  Haguenav/  ,  &:  au  bas  Marquifat  de 
Bade  eu  i  568 ,  &  en  i  çyo  dans  le  Duché  de  Mag- 
debourg. JovET,  T.  L.  p.  ^ûo ,  4.61.   Il  ell  forti 


LUT 

du  Luthéranifine  trente-neuf  Sedes  toutes  difFéreri- 
res;  favoir ,  les  Confefhoniftes ,  appelles  les  Miri- 
cains ,  Anrinomiens  ,  les  Samofatenles ,  les  Inférains, 
les  Antidiaphorirtes,  les  Antifwenfeldiens  ,  les  An- 
tofandrins ,  les  Anticalviniftes  ,  les  Impofeurs  de 
mains  ,  les  Biiracramentels  ,  les  Trificramentels , 
les  Contellioniftes ,  les  Mous  Philofaphes ,  les  Maio- 
niftes  ,  les  Adiaphoriftes  ,  les  Quadrifacramentels  , 
les  Lutéro-Calviniftes  ,  les  Anmétiftes  ,  les  Médio- 
(andrins  ,  les  Confelîloniftcs  opiniâtres  &  récalci- 
trants ,  les  Sufeldiens  ,  les  Onandrins  ,  les  Stanoan- 
riens  ,  les  Antilancariens  ,  les  Zuingliens  lunples, 
les  Zuingliens  fignificatifs  ,  les  Carloftatiens  ,  les 
Tropiftes  Evargiques  j  les  Arrabonaires  ,  les  Sucé- 
feldiens  Ipirituels  ,  les  Servétiens  ,  les  Davitiques, 
ou  Davidi-Georgiens  3  &  les  Mennonites.  JoveTj 
T.  I.  p.  47 s-  _^^ 

Il  s'ell  formé  diftérentes  Seétcs  dans  le  Luthéranifme^ 
qui  ont  retranché  de  ces  erreurs  ,  les  ont  changées, 
y  ont  ajouté.  En  général ,  aujourd'hui  ils  abandon- 
nent le  dogme  de  Luther  &  des  anciens  Luthériens 
touchant  la  liberté  Se  la  prédcfiination  ,  la  grâce  j 
Se  tous  ceux  qui  s'enluivent.  Se  les  combattent  même 
très  fortement.  C'eft  pour  cela  qu'ils  regardent  au- 
jourd'hui l'Epître  de  S.  Jacques,  l'Epître  aux  Hé- 
breux, &:  TApocalyple  j  comme  des  Livrés  Cano- 
niques, I 

LUTHÉRIEN ,  f.  m.  Celui  qui  fuit ,  qui  profelfe  le  ' 
Luthéranilme  J  les  fentimens  de  Luther.  Lutheranus. 
Les  Luthériens  prirent  autrefois  pour  devile  dans 
leurs  guerres  contre  les  Catholiques,  Plutôt  Turc, 
que  Papijîe.  hes  Luthériens  font  aujourd  hui  de  tous 
les  Proteftans  les  moins  éloignés  de  l'Eghle  Catho- 
lique. Les  Luthériens  font  divilés  en  pluiieurs  Sec- 
tes ,  dont  les  principales  fe  trouvent  aux  articles 
fuivans  ,  &  à  leur  rang ,  comme  Intérimirte  à  l'I. 
Le  grand  Soliman  haVlfoit  la  Religion  des  Luthé- 
riens,  dilant  que  ces  gens-là  n'étoient  que  des  brouil- 
lons Se  des  leditieux.  Brant. 

Un  luth  peint  tout  feul  dans  un  tableau  ,  fans  y 
rien  ajouter  autre  choie ,  ell  le  rébus  de  Luthérien  , 
luth  &  rien. 

Luthérien  Mitigé.  Hérétique  Luthérien ,  qui  a  adouci 
la  doélrine  de  Luther  j  ou  qui  luit  la  doctrine  de 
Luther  adoucie.  Lutheranus  mollis.  Mélanchthon 
eft  le  premier  des  Luthériens  Mous. 

Luthérien  Rflàché.  C'eft  un  des  noms  que  l'on 
donna  à  ceux  qui  luivirent  l'Intérim ,  qui  firent  trois 
partis  diftérens  ;  celui  de  Mélanchthon  ,  celui  de 
Paciusou  de  Pfeffinger,  &  de  l'Univerhté  de  Leyp- 
fik  J  Se  celui  des  Théologiens  de  Fianeonie.  l^oye\_ 
Interimiste.  Car  on  leur  donne  aullî   ce  nom. 

Luthérien  Rigide.  Hérétique  qui  foutient  encore  l'an- 
cien Luthéranifme  de  Luther,  Se  des  premiers  Lu- 
thériens. Lutheranus  Rigidus.  Il  n'y  a  j  principale- 
ment fur  là  prédeftination  &  1.»  grâce  ^  plus  ou 
prelque  plus  de  Luthériens  Rigides.  Le  chef  des 
Luthériens  Rigides  fut  Flaccius  Illyricus ,  le  premier 
des  quatre  Auteurs  de  l'Hiftoire  Ecclélîaftique  di- 
vifée  en  Centuries  ,  Se  connue  fous  le  nom  de 
Centuries,  ou  Centuriateurs  de  Magdebourg.  Il  ne 
pouvoir  loutlrir  que  l'on  changeât  rien  à  la  doc- 
trine de  Luther. 

LUTHÉRISTE.  f.  m.&f.  Qui  s'eft  dit  autrefois  pour 
Luthérien.  Lutherianus  ,  a. 


Point  ne  fuis  Luthérifte  _, 


Ne  Zuinglien  ,  &  moins  Anahaptifle.  Marot. 

LUTHÉRO-CALVINISTE.  Luthero-Calvhiifla.  Celui 
ou  celle  qui  foutient  les  erreurs  de  Luther  conjointe- 
ment avec  celles  de  Calvin  ,  autant  que  cela  fe 
peut. 

LuTHÉRo  Osiandrien  ,  ENNE.  Luthcro- Ofiandrionus. 
Celui  ou  celle  qui  fait  un  mélange  de  la  doftrine 
■  de  Luther  Se  de  Luc  Oliander. 

Luthero-Papiste.  Luthcro-Papijla. ,  Luthcro-Pontifi- 
dus.  C'eft  le  nom  qu'où  a  donné  aux  Luthériens, 


LUT 


LUT 


68 


qui  fe  fciToicnt  d'excommunication  confie  les  Sa- 
ciamcntaiix's. 

Lu  T II  É  R  o-Z  u  I  n  G  L I  >^  N  T  s  M  F.  r.  m.  Héréfie  des  Lu- 
cncro-Zuinglr.-iis.  Liuhero  -  Zuingliatnfmus.  Calvin 
n  ctoit  point  auteur ,  ni  inventeur  ,  c'ccoit  un  pur 
compilateur  ,  qui  avoit  pillé  Luther  &  Zuingle  , 
iJc  chacun  dcfqucis  il  avoit  pris  quelque  chofe  ,  dont 
il  compofa  fon  Hérélic  ,  qui  n'ell  qu'un  pur  Luthc- 
lo-Zuuigliamfine. 

LuTHERo-ZuiNGLiEN  y  ENNE.  Cclui  OU  Celle  qui  mêle 
les  dogmes  de  Zuingle  à  ceux  de  Luther.  Luthero- 
Zumglijnus,  Les  Luthero  -  Zu'inglicns  curent  pour 
chef  Martin  Bucer  j  de  Schélellat  en  AlfacCj  où  il 
naquit  en  1491.  &:  qui  de  Dominicain  qu'il  étoit  , 
fe  ht, par  une  double  apoftaficj  Luthérien.  Les  Lu- 
thero Zuïngiuns  firent  moins  un  mélange  de  la  doc- 
trine de  Luther  &  de  Zuingle ,  qu'une  fociété  de 
Luthériens  &  de  Zuingliens,  qui  le  toléroient  mu- 
tuellement, &c  convinrent  enfemble  de  iouftrir  les 
dogmes  les  uns  des  autres.  Les  Calviniftes  font  Lu- 
thcro-ZuingHens.  Maimbourg  fe  fert  fouvent  de  ce 
terme  dans  Ion  Hiftoire  du  Calvinifme. 

Dans  les  commenccmens  du  Protcftantifmc ,  on 
appeloit  Luthérien  en  France,  en  Elpagne  &  ailleurs, 
toutes  les  feétes  de  cette  héréhe  en  général.  Ainli 
l'on  trouve  dans  les  Auteurs  de  ce  temp-là  ,  comme 
dans  Marot ,  Luthérien  Se  Luthériju ,  pour  Calvi- 
nirte. 

LUTHIER,  f.  m.  Ouvrier  qui  fait  &  qui  vend  des  inftru- 
mens  de  Mufique  ,  comme  violons,  guittares  j  <&<:. 
On  les  appelle  aulll  Faifeurs  d'ïnjlrumens. 

LUTIN,  f.  m.  Efpèce  de  démon ,  ou  d'ciprit  follet 
l/CF  qui  j  dans  l'elprit  du  peuple  &  des  gens  luperlU- 
tieux,  vient  la  nuit  faire  des  malices,  du  dég^t , 
du  délordre  dans  les  maifons,  inquiéter  &  tourmen- 
ter les  vivans.  Lamïa.  On  a  donné  différens  noms 
à  ces  prétendus  elprits.  Larves  ,  Lémures  ,  La- 
MiES  ,  &c.  Voye-^QZS  mots.  C'eft  notre  loup-garou, 
notre   moine   bourru  ,  notre  Roi  Hugon ,  &c. 

^CT  On  dit  proverbialement  d'un  enfant  turbulent, qui 
fait  continuellement  du  bruit  ,  que  c'eft  un  petit 
lutin  ,  un  vrai  lutin  ,  qu'il  fait  le  lutin.  On  dit  aulîî 
d'un  homme  agilTant  ,  &z  qui  donne  très-peu  de 
temps  au  fommcil ,  qu'il  ne  dort  pas  plus  qu'un 
lutin. 

Je  vais  comme  un  lutin  de-^à  de-là  courant. 

Régnier. 

LUTINER.  V.  n.  Faire  le  lutin.  Il  ne  fait  que  tempê- 
ter ,  que  lutlner  toute  la  nuit.  Il  n'a  d'ufagc  que  dans 
le  familier. 

Il  eft:  aullîaftif,  &  fignifie  tourmenter  quelqu'un, 
comme  feroit  un  lutin.  Il  nous  a  lutines  toute  la 
nuit. 

M.  Regnard  ,  Scène  XIII.  du  Retour  imprévu  , 
fait  dire  par  Merlin  ,  que  le  diable  s'efl;  emparé  de 
la  maifon  de  Géronte  ,  èc  qu'il  y  revient  des  Lutins 
lutinans.  Le  même  Auteur  ,  Scène  XII.  du  troifième 
Acte  du  Diftrait ,  fait  dire  par  Carlin  ,  à  Léandre 
fon  Maître  : 

Dans  votre  cabinet ,  Monteur  ,  j'entends  du  bruit , 
Q«e  veut  dire  cela  ?  N'ejl-ce  point  un  efprlt 
Qui  lutine  Clarlce  ? 

LUTINE,  ÉE.  part. 

Tandis  que  dans  la  folitude 
Ou  le  dcjlin  m'a  confiné  , 
J'endors ,  par  la  douce  habitude 
D'une  oijive  &  facile  étude  , 
L'ennui   dont  je  fuis  lutine.  R. 

LUTKENBOURG.  Bourg ,  ou  petite  ville  du  Duché 
de  Holftein.  Lut:[enburgum.  Ce  lieu  eft  chef  d'un 
grand  Cercle  de  la  Wagrie  ,  6c  il  efl;  luué  près  de 
la  mer  Baltique  ,  à  cinq  lieues  de  la  petite  ville  de 
Plocn.  Maty. 
Tome  y. 


LUTRI.  Ville  de  Suilîe ,  aux  pays  de  'Vaux  ,  au  bord 
du  lac  de  Genève  ,  au  Canton  de  Berne. 

LUTRIGOT.  f.  m.  Pol'mc  (atyrique  contre  M.  Def- 
préaux.  Il  fut  imprimé  à  Marfeille;  &:  Bonnccorfe, 
qui  en  eft  l'Auteur  ,  en  envoya  le  premier  exemplaire 
à  M.  de  Vivonne..„.  Si  le  lutrin  eft  une  imperti- 
nente imagination  ,  dit  M.  Dcfpiéaux  ,  le  Lutri- 
got  efl:  encore  plus  impertinent,  puifque  ce  n'cft 
que  la  même  chok  plus  mal  exécutée...  M.  Brof- 
fette  ,  fur  le  Vers  û ^.  de  la  neuvième  Epure  de 
Boileau.  Le  LutrlgotcÙ.  une  fotte  imitation  du  Lu- 
trin ,  contre  l'Auteur  du  Lutrin  même.  Idem  y  fur 
la  quatrième  Eplgramme. 

LUTRIN,  f.  m.  Pupitre  fur  lequel  on  met  les  Li- 
vres d'Églife  ,  auprès  duquel  les  Chantres  s'allcnv- 
blent.  Pluteus.  On  le  dit  principalement  de  celui 
cjui  efl:  au  milieu  du  chœur  ;  mais  on  le  dit  auili 
de  ceux  qui  (ont  placés  fur  les  hautes  chaifes.  On 
dit  d'un  Marguillicr  de  Village  ,  dont  on  veut  van- 
ter la  capacité  ,  qu'il  chante  bien  au  lutrin ,  &  fait 
tout  fon  Office  par  cœur.  Dclprcaux  a  fait  un  Pocme 
admirable  ,  qu'il  a  intitulé  le  Lutrin. 

Ce  mot  vient  de  letraln ,  car  c'étoit  ainfi  qu'on 
l'appeloit  autrefois.  On  dit  aullî  leclraln  ôc  llentraln. , 
leterl  :  Se  ce  mot  vient  de  leclorlum  ,  ou  leclrum  , 
qui  Çi^mficnt pupitre.  On  a  ditaulli  leclrlcium,  leclri- 
num  ,  Se  letrlnum  ,  leglum  ,  &  leglnum  :  tous  ces 
mots  font  dérivés  de  lego  ,  parce  que  c'étoit  le  lieu 
où  on  lifoit  l'Evangile. 

LUTRUDE.   Foyei  Lindru. 

LUTTE,  f.  f.  Combat  de  deux  hommes  corps  à  corps , 
pour  éprouver  leur  force  ,  &  voir  qui  terralFcra  ion 
adverfaire.  La  lutte  èxoix.  un  des  plus  fameux  exercices 
chez  les  Anciens.  Ils  fe  frottoient  d'huile  ,  pour 
donner  moins  de  prife  à  leur  ennemi.  Mercure  étoit 
le  dieu  de  la  lutte.  Il  y  avoit  des  combats  &:  des  prix 
de  lutte  aux  jeux  Olympiques.Les  crocs  en  jambes  font 
des  tours  de  lutte.  Ils  font  en  ufage  en  Bretagne  ,  où 
les  gens  de  la  campagne  s'exercent  encore  à  la  lutte. 
Lucla ,  paUftra.  La  lutte  eft  très-ancienne  ,■  elle  était 
en  ufage  dès  les  temps  héroïques.  Hercule  lutta  avec 
Antée.  Voye^  Dempflier ,  Paralip.  ad  Rofin.  Antiq. 
L.  II  y  c.  20.  PafchaliuSj  de  Coronls .  L.  FI  y  c. 
14.  ôc  Hleronym.  Mercurlaiis  ,  de  Arte  Gymnaf- 
tica  y  c.  8. 

On  doute  fi  ce  mot  vient  de  lliere  ,  pris  au  fens 
de  folvere ,  le  délivrera;  parce  que  les  lutteurs  tâ- 
choient  de  fe  délivrer  de  leur  adverfaire  :  ou  bien 
de  luxare  ,  démettre ,  déboîter  ,  parce  qu'un  lut- 
teur tâchoit  de  démettre  les  membres  à  fon  antago- 
nifte,  de  l'abattre,  de  lui  ôter  l'ufage  de  fes  mem- 
bres. Lucla  ,  lulte  ,  combat ,  eft  pris  du  Celtique 
luydd,  qui  veut  dire  lieu  de  combat ,  armée.  Pezron. 
On  dit  figuréinent ,  Emporter  quelque  chofe  de 
haute  lutte  ,  pour  dire  ,  venir  à  bout  de  quelque 
chofe  par  l'autorité  ,  par  la  force.  Et  on  dit  dans 
le  même  fens ,  Faire  quelque  chofe  de  haute  lutte. 
Ac.  Fr. 

Lutte  ,  fe  dit  auflî  dans  un  fens  un  peu  figuré ,  lorf- 
que  deux  hommes  fe  battent  à  coups  de  poing,  ou 
fe  prennent  aux  cheveux.  Pour  arrêter  cette  lutte 
Barbare  ,  on  crie.  Bon. 

LUTTER.  V.  n.  Combattre  corps  à  corps  pour  fe  ren- 
verfer  à  terre.  Luclarl  ,  luclà  certare.  Les  Anciens 
s'eierçoient  fort  à  lutter.  Jacob  lutta  contre  l'Ange. 
Lycurgue  voulut  que  les  filles  lutfaffent  lomes  nues, 
pour  paroître  plus  robuftes.  Abl.  Mercurial  a  écrit 
un  Livre  ,  de  Arte  Gymnaftlca. 

Lutter  ,  fe  dit  figurément  en  Morale  de^  toute  forte 
de  combat  fpirituel ,  ou  corporel,  &  fignifie  Fa-ire 
effort  pour  vaincre  &  (urmonter  jin  choie',  pour 
s'en  défendre.  Zwf^r  contre  la  Fortune.  Lutter  conn-e 
l'orage,  contre  les  vents.  On  peut  dire  que  le  bon 
deftin  de  la  République  de  Venife  lutta  feul  contre 
la  fortune  de  toute  l'Europe.  Taieman,  Les  dieux 

ine  faurorent  rien  voir  de  plus  grand  que  Caton  lue- 
tant  contre  l'advcrfité.  M.  Esp. 

Rrrr  ij 


684 


LUX 


Fous  feul ,  Seigneur ,  vous  feul ,  après  quarante 

années  , 
Pouvei  encore  lutter  contre  les  dejlinces.  Rac. 

Lutter  ,  le  dit  suffi  parmi  les  Bergers  ,  lorfque  le 
bélier  couvre  fa  femelle.  Lé  bclier  lutte  (es  brebis. 

J.UTTER.  Petite  ville  j  bourg  du  Duché  de  Bruniwi.k, 
en  Balle-Saxe.  Lutra  ,Lotharia.  Elle  cil  fur  ks  con 
fins  de  lEvêche  d  Hildesheim  ,  à  deux  lieues  au  cou- 
chant de  Gollai-.  Ce  lieu  eft  connu  par  la  viétoire 
que  Tilli  ,  Général  des  Impériaux  ,  y  remporta  lur 
Chriftian  IV.  Koi  de  Danemarck  l'an  iGiC.  Maty. 

LUrrEKBERG.  Le  Comté  de  Lutterberg,  Luttcrber- 
genfis  Comaatus.  Petit  pays  du  Duché  de  Brunfwick, 
en  Balle  Saxe.  Il  elf  aux  confins  du  Comté  de  Ho 
henftein  ,  dont  les  Comtes  le  polfédoient  autrefois 
en  fief  de  la  Maifon  de  Brunlwicki  mais  leur  pol 
térité  mafculine  ayant  manqué  ,  il  a  été  incorporé 
au  Duché  de  Grubenhaçue.  Ses  lieux  principaux 
font  Luttenberg  6c  Ofterode.    Maty. 

LUTTER WORT.  Nom  d'un  bourg  avec  un  château. 
Luttervonïum.  Il  elf  dans  le  Comté  de  Leicefter  ,  en 
Angleterre  ,  aux  confins  de  Warvick.^  Celf  de  Lut 
terworti^z  Jean  Wiclefétoit  Curé;  étant  mort  Tan 
13  84.  il  fut  condamné  par  le  Concile  de  Conftance 
l'an  1415.  à  être  déterré  &  brûlé. 

LUTTEUR,  f  m.  Qui  combat  corps  à  corps  ,  qui 
lutte.  Luclator ,  PaUflr'ua.  Il  y  avoit  des  combats 
lie  Lutteurs  aux  Jeux  Olympiques. 

//  faut  Je  reconnaître  ,  ilfe  faut  effayer. 
Se  fonder,  s'exercer,  avant  que  s'employer: 
Comme  fait  un  Lutteur  entrant  dedans  l'arène  , 
Qui  fe  tordant  les  bras  ,  tout  en  foi  fe  démène  , 
S'alonge  ,  s' accourût ,  fes  mufcles  étendant. 
Et  ferme  fur fes  pieds  ,  s'exerce  en  attendant ,  &c. 

Régnier. 

LUTTTER.  Voyei  Lutier. 

LUTTIS.  f.  m.  Ce  mot  fe  trouve  dans  Pomey ,  pour 
fignifier  une  forte  de  petite  loge  bâtie  de  terre  _& 
de  chaume.  Luiea  Jlru^aira.  Il  fe  retira  dans  fon 
luttis. 

LU TZELSTEîN.  Qui  fignifîe  ,  Petite  pierre.  Lutielf- 
tcinum.  Parva  petra.  Bourg  avec  un  château  ,  litué 
fur  une  montagne  ,  à  trois  lieues  de  la  ville  de  Sa- 
verne  ,  en  Alface ,  du  côté  du  nord.  Ce  lieu  ell 
chef  de  la  Seigneurie  ou  Principauté  de  Lut^elJIein, 
fiiuée  dans  les  montagnes  de  Vauge ,  entre  la  Lor- 
raine &  l'Alfice.  Cette  Seigneurie  a  eu  autrefois  fes 
Seigneurs  particuliers  :  niais  l'an  14JJ.  clic  entra 
dans  la  Miifon  P.ilatine.  Maty. 

LUTZEN.  Nom  d'une  petite  ville  ou  bourg  de  la 
Haute-Saxe.  Lutia ,  Luf^enum  ,  Lucena.  Ce  lieu  ell 
en  Mifnle,  dans  le  Duché  de  Mersbourg,  entre  la 
ville  de  ce  nom  &  celle  de  Lcypfik.  Lut^en  eft  fa 
meule  par  la  bataille  que  les  Suédois  y  gagnèrent 
fur  les  Impériaux  l'an  1652.  au  commencement  de 
laquelle  le  Roi  Guftave- Adolphe  fut  tué  ^  &:  à  la  fin 
le  Comte  de  Pappenheim  j  Général  des  Impériaux. 
Maty. 

L  U  W.. 

LUWOU.  Foyei  Lîmberg. 

L  U  X. 

LUXAN.  Ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Ho- 
iian  ,  au  département  de  Juning  ,  métropole  de  la 
même  province. 

Ip"  U  y  a  un  autre  ville  de  même  noni ,  dans  la  pro- 
vince de  Suchuen  ,  département  d'Yacheu  ;  &  une 
forterelTe  dans'la  province  de  Queicheu  ,  au  dépar- 
tement de  Queiyang.  Atlas  Syn. 

fO"  LUXATION,  f.  f.  Terme  de  Chirurgie.  Déplace- 
ment d'un  os  hors  de  fon  affiette  natureUe  ;  ou  dé- 
boîtement d'un,  ou  de  plufieurs  os  hors  de  l'endroit 
où  ils  font  naturellement  joints.  Ainfi  la  vraie  luxa- 
tion eft  quand  l'os  eft  entièrement  hors  de  la  cavi: 


LUX 

où  fe  fait  fon  mouvement.  Luxatio.  Dijlocatio, 
§CJ  Les  caufcs  de  la  luxation  loiu  uiternes  ,  comme  le 
relâchement  des  ligamtns  ,  qui  eft  caule  que  les  os 
•fe  déboîtent  ,  ou  ne  font  pas  fermes  dans  leur  fi- 
ruation  naturelle  ,  la  paralyfie  des  muicles  j  le  gon- 
riemcnt  des  têtes  des  os  ,  &Cé  ou  externes ,  comme 
un  eftort  violent ,  une  chute ,  un  coup  ,  &c. 
LUXE.  f.  m.  Dépeiife  fuperHue  ,  fomptuofité  excef-  L 
live  ,  foit  dans  les  habits  ,  loit  dans  les  meubles,  f 
foit  dans  la  table,  &c.  Luxus ,  luxurws.  Létionc 
dépenfoit  Ion  bien  ,  non  pas  dans  la  débauche, 
mais  dans  un  luxe  poli  ik  curieux.  S.  ÉvR.  La 
fimplicité  des  Anciens  étoit  bien  éloignée  de  notre 
mollefte  &  de  notre  luxe.  Boil.  Le  luxe  a  caufc 
la  décadence  des  efprits.  S.  ÉvR.  Le  luxe  eftémina 
les  Rc^mains,&  vengea  l'univers  vaincu,  en  cor- 
rompant les  vainqueurs.  Bon..  S.  Bernard  indigné 
du  luxe  ,  8c  des  dépenfes  exceftlves  des  Prélats  , 
leur  prêcha  que  la  modeftie  eft  la  vertu  qui  leur  eft 
propre.  Fl.  La  vigueur  fe  relâche ,  &  s'amollit  par  1 
le  luxe  ik  la  bonne  chère.  M.  Esi>.  Le  luxe  des  | 
h.abits  eft  une  vanité  ,  Se  même  une  puérilité.  Id. 
Saint  Louis  étoit  ennemi  du  luxe  pour  Ion  particu- 
lier ;  mais  pompeux  &c  fuperbe  dans  les  cérémonies 
publiques.  Mez.  Sénéque  qui  a  tant  crié  contre  le 
/xve,  étoit  fuperbement  logé.  M.  Esp.  Les  tréfois 
de  l'Amérique  ont  amené  le  luxe  en  Europe.  Le 
luxe  des  meubles ,  des  tables  ,  des  équipages  en  Fran- 
ce ,  a  égalé  celui  de  l'ancienne  Rome.  Les  Prédica- 
teurs ne  peuvent  corriger  le  luxe.  Us  déclarent  en 
vain  la  guerre  au  luxe.  M.  Esp.  Le  luxe  s'eft  intro- 
duit dans  le  langage  ,  aufti-bien  que  dans  les  ha- 
bits. Art  de  Parler.  Comme  les  Ahatiqucs  -ai- 
ment le  luxe ,  leur  difcours  exprime  leur  humeur, 
&  leurs  paroles  font  accompagnées  de  vains  orne- 
mens.  Id.  Ceux  qui  cultivent  leur  laifon  ,  Se  qui 
aiment  la  vertu ,  peuvent-ils  comparer  le  luxe  vain 
&  ruineux,  qui  eft  en  notre  temps  la  perte  des 
mœurs  &c  l'opprobre  de  la  naiion,  avec  l'heureufe 
&  élégante  fimplicité  que  les  Anciens  nous  mettent 
devant  les  yeux  ?  Fénel. 

Ce  mot ,  6c  celui  de  luxure  ,  félon  quelques  uns 
viennent  de  ce  que  le  luxe  ëc  la  luxure  énervent  le 
corps  ,  &:  lui  ôtent  la  force  &  la  vigueur.  Luxât 
membra.  1 

LUXEMBOURG.  Ville  des  Pays  Bas  ,  capitale  du  Du-     ' 
ché  de   Luxembourg,  &c  fituée  lur  la   rivière  d'Al- 
litz ,   environ  à  lix  lieues  de  Tionville  ,  du   côté  du 
nord.    Luxemburgum  ,    Lucilihurgus.    Les    François 
prirent  cette  place  lur  les  Elpagnols  l'an  1684.  Elle 
étoit  déjà  très  forte  ,  &C   défendue   par   un    château 
extrêmement  fort.    ^  Louis  XIV   en   fit  une    des 
plus   fortes  places  de  l'Europe.    Elle   fut  rendue  à 
î'Efpagne  en    1697  par  le  Traité  de  Ryfwich.   Les 
François   la  reprirent  de  nouveau  en    1701  j    mais      i, 
elle  hit  cédée  à  la  Maifon  d'Autriche  par  le  Traité     1 
d'Ucrecht.  Long.  15.  d.   4i' ,  lat.  49.  d.  40'. 

Quelques-uns  de  nos  vieux  Auteurs  écrivent  Luit- 
■[cmbourg. 

Ce  nom  s'eft  formé  de  Lucilii  burgus  ,  ou  Lucili- 
burgus ,  dont  on  aiVit  Luciliburc,  Luceleborc  ,  Luce- 
lenhurg  ,  Lu^elemhourg  ,  Lucembourg  ,  Luxembourg. 
Tous  ces  noms  fe  trouvent  dans  des  Auteurs  anciens. 
Fovei  Hadrien  Valois,  Not.  Gall.  p.  2S ç. 

il  y  en  a  qui  dérivent  le  nom  de  Luxembourg  de 
ceux  d'Elue,  ou  El-[at ,  &  bourg  :  le  premier  elt  le 
nom  d'une  petite  rivière  qui  palfe  devant  la  ville 
dont  nous  parlons  ;  le  fécond ,  qui  s'écrit  burg  en 
Allemand  ,  fignifie  ville.  De  ces  deux  mots  ,  on  a 
fpir  El\embourg  ,  Lel\cnhourg  ,  Luxembourg  ;  c'eft- 
à-dire  ,  ville  de  l'Elze,  ou  qui  eft  proche  del'Elze, 
qui  eft  fur  l'Elze.  D'autres  trouvent  l'origine  du  nom 
de  Luxembourg  dans  les  fables  de  Mélufine.  i 

Le  Duché  de  Luxembourg.  Luxemhurgenjls  Ducatus.      ' 
C'eft  une  des  plus  grandes  Provinces  des  PavsBa.s. Elle 
eft  bornée  au  levant  par  l'Archevêché  de  Trêves  ;  au 
fud  par  la  Lorraine  ;  au  couchant  par  une  partie  de 
la  Champagne,  &  par  l'Évêché   de  Liège  ,_  lequel  ,       1 
avec  une  petite  partie  du  Limbourg ,  le  confine  aulli      [ 


LUX 

<la  côte  du  nord.  Ce  Duchc  ,  dans  lequel  celui  de 
Bouillon  d\  enclavé  ,  peut  avoir  dix-iepc  lieues  du 
nord  au  fud  ,  &  vingt  du  couchant  au  levant.  Il  elt 
dans  la  forêt  d'Ardenne ,  une  des  plus  famcufes  de 
l'ilurope.  Son  terroir  ell  couvert  en  plulxurs  en- 
droits de  montagnes  &  de  bois  :  il  ne  laille  pas  de 
pader  en  général  pour  fertile  en  blé  &  en  vin  ;  on  y 
trouve  auUî  un  grand  nombre  de  mines  de  fer.  Il  elt 
baigné  par  plulieurs  rivières  j  dont  la  Mofclle  ,  la 
Sour  ,  l'Ourte  &  le  Senioy  ,  font  les  principales.  On 
divife  ce  Duché  en  deux  quartiers.  Le  quartier  Alle- 
mand ell  au  levant ,  &  il  renlerme  les  villes  deThion- 
ville  ,  de  Luxembourg  ,  capitale  du  Duché  ,  de  Ke- 
mich  j  de  Gravenmacheren  ,  de  Dieskirk  ,  de  Bid- 
burg  j  de  Clervaux ,  &  de  S.  Veit.  Le  quartier  Wal- 
lon eft  au  couchant.  On  y  voit  les  villes  de  Mont- 
médi.j  d'Yvoix  ,  ou  de  Garignan,  d'Orchimont ,  de 
Virton  ,  d'Arlon  ,  de  Chiny  -,  de  Neuchalkl ,  de  Baf- 
togne  ,  d'Homhilile  ,  de  Roche  enFamenne,de  Mar- 
che en  Famenne  ,  de  Rochefort,  de  Durbuy  ,  &c. 
Les  François polFédent  depuis  long- temps  Thionville, 
Montmédi  ,  &  Yvoix  ,  avec  leurs  territoires ,  qui 
leur  furent  cédés  par  la  paix  des  Pyrénées  ,  Se  qu'on 
appelle  pour  cette  railon  ,  le  Luxembourg  François. 
L'an  16S4.  ils  le  rendirent  maîtres  du  Luxembourg 
Efpagnol ,  qu'ils  ont  polFedé  en  vertu  d'un  Traité  lait 
à  Trêves  la  même  année  ,  julqu'à  la  paix  de  Ri(- 
wick  ,  par  laquelle  il  a  été  rendu  aux  Efpagnols.  Ce 
Duché  s'appelle  hmplement  le  Luxembourg.  Nos 
Troupes  ont  pris  des  quartiers  dliiver  dans  le  Luxem- 
bourg. 

La  Maifon  de  Luxembourg.  C'eft  une  des  plus  il- 
luftres  de  l'Europe.  Elle  a  produit  cinq  Empereurs, 
dont  trois  ont  été  Rois  de  Bohème.  Elle  delcend  de 
Henri  I ,  Comte  de  Limbourg ,  qui  vivoit  l'an  1 07 1 , 
&c  dont  un  des  delcendans  ,  Valéran  II  du  nonl , 
époufa  Ermanlon  de  Namur,  Comteile  de  Luxem- 
bourg qui  porta  dans  cette  Maifon  le  Comté  &  le 
nom  de  Luxembourg. 

Le  Luxembourg  ,  ed  auiïi  le  nom  que  l'on  donne 
communément  à  Paris  au  Palais  d'Orléans ,  litué  au 
faubourg  Saint  Germain,  dans  la  rue  de  Vaugirard. 
Le  Luxembourg ,  ou  Palais  d'Orléans  ,  un  des  plus 
parfaits  édifices  &  des  mieux  entendus  qu'il  y  ait  en 
Europe  ,  e(l  d'un  François  nommé  la  Brolle.  Le  Gen- 
dre. C  ert  Marie  de  Médicis  qui  l'a  fait  bâtir. 

LUXER,  v.  a.  Terme  de  Médecine  &  de  Chirurgie. 
■  Faire  fortir  un  os  de  la  place  où  il  doit  être  naturelle- 
ment. Luxare.  Sa  chute  lui  a  luxé  l'os  de  la  cuilfe. 
Koye'^  Luxation. 

LUXË  ,  ÉE.  part.  Il  a  les  lignifications  de  fon  verbe. 

LUXEUL^  ou  LUXEU,  félon  Hadrien  Valois.  LU- 
XEUIL,  félon  M.  Corneille.  Nom  d'un  gros  bourg 
avec  une  Abbaye  &  une  Jurifdidtiou  aflez  étendue. 
Luxovium.  Il  eft  dans  la  Franche-Comté,  à  quinze 
lieues  de  la  ville  de  Befançon,  vers  le  nord  &  les 
confins  de  la  Lorraine.  Valois  prétend  que  c'eft  une 
faute  de  dire  autrement  que  Luxeu.  Cependant  M. 
Corneille,  comme  on  l'a  remarqué,  veut  qu'on  pro- 
nonce Luxeuil.  De  plus  Vx  fe  prononce  comme  un 
c ,  LuceuU. 

CO*LUXLIRE.  f.  f.  Terme  qui  comprend  dans  fon  ac- 
ception l'incontinence ,  la  lubricité  ,  toutes  les  ac- 
tions qui  procèdent  du  penchant  déréglé  d'un  fexe 
pour  un  autre.  Luxure  eft  un  des'-fept  péchés  capi- 
taux. Impudlclûa ,  impun  libidinès.  Ce  mot  n'a  guè- 
re d'ufage  dans  le  difcours  ordinaire. '•'•      -'  ■      ■•' 

LUXURIANCE,  f  f.  Excès,  fuperfluitc  ,  détail  ou 
explication  trop  longue.  Rien  ne  fatigue  plus  que  la 
luxuriance  dans  la  narration  d'une  hiftoire  ou  d'un 
conte  que  l'on  fait  en  compagnie/ Quelle  apparence 
que  Virgile  eût  employé  fept  very.pour  le  Nil  feul. 
C'eft  une  luxuriance  qui  ne  ferait  pas  pardonnable. 
Bea.u VAL,  après  Segrais.  Ce  mot  vient  du  Latin 
-  luxurla  j  ou  luxurlei.  ■  Il  n'eft  pas  reçu  par  l'uiage. 

|Cr LUXURIEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  eft  adonné  à"  la 
luxure.  Libidinofus ,  luxuriofus. 


L  Y  C 

Luxurieux  point  ne  feras  j 
De  fait  ni  de  confentemcnt. 


68y 


C'eft  un  des  commandcmens  du  Décalogue.  On 
ne  fe  fert  guère  de  ce  mot  que  dans  les  difcours  gra- 
ves &C  de  piété,  encore  ne  s'en  doit- on  fervir  que  ra- 
rement. 

^CFOn  le  dit  aufli  de  ce  qui  peut  induire  à  la  luxure. 
Regards  luxurieux.  Penfées  luxurieufes. 


LUY.   FoyciLvï. 


L  U  Y. 


U  Z. 


LUZ ,  LUZA  ,  ou  LUZE.  Foye^  Béthel. 

LUZ.  BcuLg  ou  village  de  France.  Il  eft  dans  le  Langue- 
doc à  moitié  chemin  de  Touloufe  ,  à  Carcallone. 
Hadr.  Val.  Not.  Gall.p.  iSS ,  croit  que  c'eft  \Elu.- 
fo ,  o\i  Elujio  des  Anciens. 

S.  Jean  de  Luz.    Foye:^  Jean. 

LUZA.  Eft  encore  une  ville  de  la  Terre  de  Hétim ,  ou 
Chettim.  Jug.  L.  26.  c'eft-à-dire  de  l'île  de  Chypre. 

P.    LUBIN. 

LUZARA.  Ancien  bourg  de  la  Lombardie.  Lucaria  y 
Nuceria.  Il  eft  dans  le  Duché  de  Mantoue ,  près  du 
Pô ,  &  de  la  petite  ville  de  Guaftala,  entre  Mantoue 
&  Reggio ,  à  cinq  ou  fix  lieues  de  l'une  Se  de  l'autre. 
Le  Roi  d'Efpagne  y  gagna  une  grande  victoire  le  i  ^^ 
d'Août  1702,  lur  les  troupes  de  l'Empereur,  com- 
mandées par  le  Prince  Eugène. 

LUZERNE.  Foyei  Luserne. 

LUZERNIÈRE.  f.  f,  C'eft  ainfi  qu'il  faut  écrire.  Voye-^ 
LusERNiERE  pour  l'explication. 

LUZES.  Nom  d'un  bourg  ou  village  de  Languedoc,  en 
France.  Il  eft  près  de  Luz.  L'un  ou  l'autre  de  ces  deux 
lieux  eft  I'^Vit/Oj  ou  [' El ujîo  des  Anciens;  mais  c'eft 
plutôt  Lui  j  que  Lu^es.  Hadr.  Valois ,  Not.  Gall. 
p.  iSS. 

LUZIN.  f.  m.  Terme  de  Marine,  eft  une  efpèce  de 
menu  cordage  qui  fert  à  faire  des  enfléchures.  Funi- 
culus. 

\X]22A.  Gli  Luffi.  Lu^fium.  C'eft  un  bourg  du  Royau- 
me de  Naples,  fitué  dans  la  Calabre  citérieure  ,  près 
de  la  rivière  de  Craté,  à  une  lieue  de  Refigniano ,  du 
côté  du  midi.  On  croit  qu'il  eft  le  lieu  qu'on  nom- 
moit  anciennement  Theb&  Lucam. 

L  Y. 

LY.  f.  m.  Sorte  de  mefure  itinéraire  de  la  Chine ,  qui 
n'a  que  deux  cens  quarante  pas  géométriques.  Il  faut 
dix  lys  pour  faire  le  pu ,  qui  en  contient  deux  mille 
quatre  cens.  Le  P.  Noël ,  Jéfuite ,  dans  les  Obfetva- 
tions  Mathématiques  &  Phyfiques,  faites  aux  Indes 
&  à  la  Chine,  depuis  l'an  1648,  julqu'à  l'an  170S, 
&  imprimées  en  Latin  à  Prague ,  l'an  1710.  cAd/j.  2. 
§.  /.  n.  2.  dit  que  le  ly  eft  le  ftade  des  Chinois,  fla- 
dium  Sinicum ,  &  qu'il  faut  environ  douze  lys  pour 
faire  une  lieue  d'une  heure  de  chemin.  Il  s'enluit  de- 
là qu'en  (uppolant  la  lieue  d'une  heure  de  trois  mille 
pas  géométriques ,  le  ly  contient  deux  cens  cinquante 
de  ces  pas. 

03" Ly.  Nom  d'une  villede  la  Chine  j  dans  la  province 
dePeking,  au  département  de  Paoting,  &  de  deux 
forterefles ,  l'une  dans  la  province  de  Quanglî,  l'autte 
dans  celle  de  Suchuen.        ,.,,■, 

L  Y  A. 

LYANTE.  f.  f.  Terme  de  fleurifte.  Nom  d'une  Tulipe 
amarante,  tirant  fur  le  violet  &  blanc.  Morin. 

L  Y  C. 

LYCANTHROPÉ.  f.  m.  |t70n  appelle  ainfi  un  hom- 
me qui,  fuivant  l'idée  fuperftitieufe  du  peuple,  eft 
transformé  en  loup  par  un  pouvoir  magique^  court 


686 


L  Y  C 


ks  rues  &  les  chiraps  pendant  la  nuit  en  poulTànt 
des  hurlemcns  aftreux.  Lycanthropus.  C'efl:  ce  qu'on 
appelle  ordinaiiement  Loup-garou.  Voyez  ce  mot. 

^CT  Le  vrai  Lycanckrope  elt  celui  qui  a  l'imagination 
blelFée,  8c  qui  croit  quelquefois  devenir  loup,  court 
la  nuit ,  &  maltraite  ceux  qu'il  rencontre,  f^oye-^  l'ar- 
ticle (uivant. 

LYCANTHROPIE.  f.  f.  Fureur  ,  ou  maladie  qui  fiit 
courir  la  nuit  les  rues  &;  les  champs.  Lycanthropia  j 
Lupina  infanïa.  La  Lycanthropie  elt  une  efpècc  de 
délire  mélancolique ,  dans  lequel  les  malades  s'imagi- 
nent être  changés  en  loups  ,  hurlent  comme  eux , 
courent  la  nuit  les  rues  &:  les  champs,  marchent  à 
quatre  pattes,  outragent  ceux  qu'ils  rencontrent,  & 
fuient  le  jour  la  compagnie  des  hommes,  ^CTlont 
trifles  ,  rêveurs ,  ont  le  vilage  pâle  ,  les  yeux  enfoncés, 

"  la  vue  égarée.  Le  Lycaon  de  la  fable  étoit  un  mélan- 
colique de  cette  efpèce.  y.  dans  le  P.  Malebranche  les 
caufes  de  la  Lycantropie.  V.  encore  Mélancolie. 

Ce  mot  vient  de  amoî,  lupus,  loup,  &  à'^-viiomoi , 
homo  ,  homme  ,  comme  qui  diroit  homme  loup. 

LYCAON.  Roi  d'Arcadie,  qui  s'eft  rendu  célèbre  par 
fa  cruauté,  f^oye-;^  les  Métamorphofcs  d'Ovide. 

Lycaon  ,  un  des  fils  de  Priam ,  qui  prêta  à  Ton  frère  P.t- 
ris  fa  cuiraire&  fonépée,  pour  le  combat  fingulier 
qu'il  avoit  à  foutenir  contre  Ménélas. 

LYCAONIE.  Nom  d'une  province  de  l'Ade  mineure^ 
entre  la  Cilicie ,  la  Cappadoce ,  la  Pamphylie  ,  h 
grande  Phrygie  &  l'Arménie.  Lycaonia.  La  Lycaonie 
étoit  la  partie  méridionale  de  la  Cappadoce.  Elle  avoit 
au  couchant  l'Ifaurie,  la  Cihcie  au  midi,  &  l'Armé- 
nie mineure  au  levant.  La  capitale  de  la  Lycaonie 
étoit  Iconium ,  qui  donne  aujourd'hui  Ion  nom  à  ce 
pays  qu'on  appelle  Cogni.  Ce  pays  fat  habité  d'abord 
par  ceux  qui  bâtirent  la  Tour  de  Babel,  ou  par  leurs 
delcendans ,  parce  qu'il  n'eft  pas  éloigné  du  lieu  où 
ils  croient  au  tems  de  la  confufion  des  Langues.  Nous 
ne  favons  point  quel  fut  dans  les  premiers  tems 
l'état  &  la  forme  du  gouvernement  de  ce  pays  : 
nous  favons  feulement  que  le  grand  Roi ,  c'eft  à-dire, 
!e  Roi  de  Perfe ,  en  étoit  maître,  lorfqu'Alexandre 
porta  Tes  armes  en  Alie,  &  en  fit  la  conquête.  Le  Roi 
de  Perfe  eut  bien  de  la  peine  à  foumettre  les  Lycao- 
iiiens  :  ils  fe  tenoient  enfermés  dans  leurs  montagnes, 
&  n'en  fortoient  que  pour  aller  piller  ks  terres.  Le 
Roi  de  Perfe  avoit  (uccédé  aux  Roi*,  des  Médes,  à 
ceux  des  Allyricns  «SvT  des  Babyloniens  ,  qui  étcn- 
doicnt  leur  domination  dans  l'Ahe  que  nous  appelons 
aujourd'hui  Natolie  j  &  qui  n'étoient  maîtres  de  la 
Lycaonie ,  que  parce  qu'elle  eft  entourée  de  provin- 
ces qui  leur  croient  foumifes.  Sous  les  fucceilcurs 
d'Alexandre,  ce  pays  foulfrit  différentes  révolutions 
jufqu'à  ce  que  les  Romains  s'en  rendirent  m.iîtres;  & 
dans  la  divilîon  de  l'Empire,  la  Lycaonie  fit  partie  de 
l'Empire  d'Orient,  &  fe  trouva  Ibus  la  domination 
des  Empereurs  Grecs.  Depuis  ce  tems-là ,  ce  pays 

.  fut  poffédé  pardiftérens  Souverains  grands  ou  petits, 
&c  ulurpé  par  plufieurs  Princes ,  ou  Tyrans ,  qui  y 
firent  la  guerre  pour  s'y  établir  _,  on  le  ravagèrent 
pour  l'ôter  à  leurs  concurrcns.  Sa  iîtuation  l'expo- 
foit  aux  incuilions  de  plufieurs  Nations  barbares  , 
Arabes ,  Sarafins  ,  Perfes ,  Turcs ,  Tartares  ;  tous  y  ont 
fait  la  guerre  &  l'ont  ravagé  jufqu'à  ce  qu'il  foit  de- 
meuré entre  les  mains  des  Turcs  qui  le  poffedent  de- 
puis plus  de  trois  cens  ans.  Le  pays  qu'on  appeloit 
Lycaonie  ,  eft  fitué  à-peu  près  entre  le  38  &:  le  40^ 
degré  de  latitude  feptentiionale  ,  &  entre  le  49  ou 
je,  6c  le  52^  degré  de  longitude.  Les  villes  de  Ly- 
caonie font  Iconium ,  aujourd'hui  Cogni ,  Thébafe 
fituée  dans  le  Mont  Taurus,  Hyde,  fituée  fur  les 
confins  de  Galatie  Se  de  Cappadoce. 

Le  pays  qu'occupoit  la  Lycaonie  ,  s'appelle  aujour- 
d'hui grande  Caramanie  ,  ou  pays  de  Cogni. 

LYCAONIEN  ,  ENNE.  f.  m.  eV'  adj.  Qui  eft  de  Lycao- 
nie. Lycaonius  ,  a.  Les  L.ycaoniens  reçurent  la  Foi 
de  Saint  Paul ,  qui  prêcha  à  Icône.  Le  peuple  ayant 

*  vu  ce  que  S.  Paul  avoit  fait ,  ils  élevèrent  leurs  voix, 
&  dirent  euLangue  Lycaonienne  :  Ce  font  des  dieux 

■    qui  font  defceudus  vers  nous  en  forme  d'hommes. 


L  Y  C 

Port  Royal.  Aci.  XIK.  10.  Jablonski  a  fait  une 
Dillertation  favante  fur  cette  Langue  Lycaonienne  ,  ;.; 
lur  ce  partage  des  aéles.  Elle  fut  imprimée  à  B^iiia 
en   1714.  Il  prétend  que  cette  Langue  Lycaonienne 
n'avoit  nulle  lelîemblance  avec  la  Grequc  ,  non  plus 
que  les  Langues  Scytique,  Perfique ,  Egyptienne,  & 
qu'elle  n'étoit  point  diftérente  de  celle  de  Cappadoce. 
C'eft  aufti  le  (entiment  de  Grotius.    Le  pallage  des 
Aftes  des  Apôtres ,  où  il  eft  parlé  de  cette  Langue ,  a 
fort  exercé  les  Savans  &c  les  Interprètes  de  la  Sainte 
Ecriture.    Lis  élevèrent  la  voix  parlant  Lycaonten, 
dit  l'Auteur  facré,  Acl.  XIF.  10.  Voilà  une  Langue 
appelée  Lycaonienne ,  parce  que  les  peuples  de  Ly- 
caonie la  parloient.  Quelle  eft  donc  cette  Langue  dif- 
férente de  celle  que  parloir  S.  Paul  ;  Pour  entendre 
ccpalfage,  &  l'expliquer  commp  il  faut,  on  doit  fe 
fouvenir  que  qua:id  les  Grecs  portèrent  leurs  armes 
&  leur  Langue  en  Ahe,  ils  n'abolirent  pas  les  Lan- 
gues naturelles  des  peuples  qu'ils  (oumirent.  Non- 
feulement  il  fe  forma  du  mélange  de  la  Langue  Gre- 
que,  avec  ces  Langues,  diftcrens  dialectes  Grecs; 
mais  la  Langue  naturelle  fe   conierva  en  diftérens 
pays,  &  les  peuples  continuèrent  à  la  parler  :  cela  fe 
prouve  par  le  iLChap.  des  Aftes  des  Apôtres,  v.  S ^ 
où  les  ParthcSj  les  Médes,  les  Elamites  ,   ceux  qui 
habitoient  la  Méfopotamie ,  la  Judée  ,  la  Cappadoce  , 
le  Pont,  l'Alîe,  (  c'eft  à-dire  ,  ep  cet  endroit  la  Ly- 
die ,  )  la  Phrygie ,  la  Pamphylie  ,  l'Egypte ,  la  Libye  , 
ceux  qui  étoient  venus  de  RomCj  les  Cretois  ,  les 
Arabes  parurent   extrêmement  furpris  de  ce  qu'ils 
entendoicnt  tous   les   Apôtres  parler  la  Langue  de 
chacun  d'eux  en  particulier.  Il  faut  fuppoier  main- 
tenant que  S.  Paul  parloit  GreCj  ou  Latin.  Il  p.irloit 
GreCjfclon  la  plupart  des  Auteurs  ,  parce  que  cette 
Langue  étoit  entendue  dans  toutes  les  'Terres  de  l'Em- 
pire Romain  ,  qui  croient  à  l'orient  de  Rome  au-delà 
de  la  mer ,  &:  où  elle  pouvoit  être  entendue  des  Gen- 
tils &  des  Juifs  Helléniftcs  ,  qui  étoient  établis  dans 
ces  Provinces ,  ou  qui  y  voyageoient.  Il  parloit  La- 
tin ,  félon  d'autres  ,  &  félon  eux  pour  les  mêmes  rai- 
fons;  car  on  entendoit  la  Langue  Latine  dans  tout 
l'Empire  Romain  ,  les  Troupes  &  leurs  Officiers  en 
établilfoient  l'ufagc  \  les  Officiers  de  Judicature  ren- 
doient  la  Juftice  en  Latin,  ceux  des  Finaoccs  le  par- 
loient: tout  cela  en  rendoit  l'intelligence  nécelfaire. 
Les  Romains  curent  à  la  vérité  la  complaifance  de 
ne  point  abolir  l'ufage  de  la  Langue  Grcque  ,  ils  fe 
faifoient  un  mérite  de  l'entendre  &  de  la  favoir, 
parce  qu'ils  avoient  appris  des  Grecs  les  Sciences  &: 
les  Arts;  mais  en  confervant  la  Langue  Greque,  ils 
portèrent  aufti  la  leur,  &  ils  en  établirent tellemenr 
l'ulage  dans  l'Afrique  j  dans  l'Efpagne ,  dans  les  Gau- 
les, que  les  Langues  de  ces  peuples,  que  les  Romains 
regardoient  comme  Barbares ,  fe  lont  entièrement 
perdues.  Quoi  qu'il  en  loir  de  ces  deux  fentimens, 
luf  lefquels  il  n'eft  pas  nécelfaire  de  prendre  ici  de 
parti ,  &  qui  ont  rapport  à  une  queftion  encote  plus 
importante  que  celle  que  nous  traitons ,  on  doit  re- 
garder S.  Paul  prêchant  à  Lyftres  ,  comme  un  Pré- 
dicateur François  ,  qui  prêcheroit  dans  quelqu'une 
de  ces  Provinces ,  où  l'on  parle  un  langage   parti- 
culier diftérent  de  la  Langue  Françoile  qui  te  parle 
dans  tout  le  Royaume.  Or  c'eft  cette  Langue  de  Ly- 
caonie que  parloit  le  peuple  de  Lyftres ,  que  nous 
cherchons. 

Qu'elle  fut  diftérente  de  la  Greque  ,  cela  eft  hors 
de  doute  ;  car  quelle  apparence  y  a-t  il  qu'on  par- 
lât Grec  dans,  la  Lycaonie ,  qui  eft  au  miheu  àfi 
terres ,  environnée  de  Provinces  où  l'on  parloit  des 
Langues  différentes  ;  Ajoutez  qu'excepté  les  Ioniens , 
les  Doriens  &  les  EolienSj  qui  étoient  Grecs  d'ori- 
gine, tous  les  peuples  de  l'Afie  font  appelés  Barbares 
par  les  Grecs  ;  ce  qui  fignific  dans  la  Langue  Greque 
qu'ils  ne  fuivoient  pas  les  Loix  ,  les  coutumes,  & 
les  ufages  des  Grecs.  Au  refte  on  ne  doit  pas  être 
furpris  que  S.  Luc  n'ait  point  nommé  les  Lycaoniens, 
parmi  les  différens  peuples  qui  entendirent  les  Apô- 
tres parler  leur  Langue  ,  la  Lycaonie  faifoit  alors 
partie  de  la  Phrygie.  Pline  noiK  apprend  qu'elle  etoic 


L  Y  C 

fous  la  junfclidtion  de  l'Intcnil.int  de  cette  Pioviiice, 
qui  rendoic  la  jullice  aux  Pluygiciii  Se  aux  Lycao- 
niens.  Chacun  de  ces  peuples  avoit  Li  Langue  parti- 
culière ,  même  depuis  que  les  Grecs  eurent  tait  la 
conquête  de  l'Afie  ,  &  que  les  peuples  curent  appris 
la  Langue  de  leurs  Vainqueurs. 

Le  fentinient  de  Grotius ,  que  M.  Jablonski  a  fui- 
vi,  paroît  le  plus  raifonnable  &  le  mieux  appuyé. 
Ce  lavant  Auteur  croit  que  la  Langue  des  Lycao- 
niens  ctoit  la  même  que  celle  des  Capp.idociens  , 
des  conjcdhires  générales  appuient  ce  fentinient ,  Se 
des  raifons  particulières  le  prouvent.  Les  conjeélu- 
res  font  que  la  Lycaonie  étoit  entourée  de  monta- 
gnes j  hormis  du  côté  de  laCappadocc,  &:  qu'ainfi 
ceux  qui  habitèrent  les  premiers  la  Cappadoce  , 
palferent  en  Lycaonie;  que  dans  les  anciens  Auteurs 
la  Lycaonie  elt  louvent  comprife  fous  le  nom  de 
Cappadoce  ;  qu'elle  a  fait  partie  du  Royaume  de 
Cappadoce  ;  qu'il  n'y  avoit  point  de  peuples  qui  ref- 
femblalfent  plus  aux  Cappadociens  par  leurs  Loix , 
leurs  uLiges  ,  leurs  coutumes  que  les  Lycaoniens , 
ce  qui  marque  une  même  origine,  8c  par  conféquent 
une  même  Langue.  A  ces  conjectures  il  faut  joindre  la 
preuve  qui  fe  tire  du  pallàge  de  Strabon  au  com- 
mencement du  Z.  XII.  Nous  y  lifons  qu'on  parloir 
une  même  Langue  dans  le  pays  qui  eil  borné  à 
l'orient  par  l'Arménie  &  la  Colchide  ;  au  nord  par 
le  Ponc-Euxin,  jufqu'à  l'embouchure  du  fleuve  Ha- 
lys  ;  au  couchant  par  la  Paphlagonie  &  la  Galatie  ; 
jufqu'à  la  Lycaonie  &;  la  Cilicie  montagneufe  ;  & 
au  midi  par  le  mont  Taurus  de  Cilicie.  Voilà  donc 
la  Cilicie  proprement  dite  ,  la  Galatie ,  la  Paphla- 
gonie ,  le  Pont-Euxin ,  la  Colchide  &c  l'Arménie  , 
qui  font  les  bornes  d'un  pays  où  l'on  parloir  une 
même  Langue,  &  ce  pays  s'étendoit  jufqu'en  Lycao- 
nie ,  &  en  cette  partie  de  la  Cilicie  ,  qu'on  appcloit 
la  Cilicie  montagneufe ,  Cilicia  afpera.  Et  ailleurs 
le  même  Auteur  dit  que  la  longueur  de  la  Cappa- 
doce ,  où  Ton  parle  une  même  Langue  ,  ell  depuis 
l'Euphrate ,  jufqu'à  la  Lycaonie  &  à  la  Phrygie.  Et 
dans  un  troihème  palfage  il  explique  fa  penke  ,  en 
difant  que  le  mont  Taurus  s'étend  autour  de  la  Ly- 
caonie &  de  la  Cappadoce  ,  &  qu'il  les  lepare  du 
pays  des  Ciliciens  ,  qu'on  appelle  Trachiotes  ,  à 
caufe  des  montagnes  rudes  &  hautes  qu'ils  habitent. 
Voilà  donc  un  pays  diftingué  en  deux  contrées  qui 
n'ont  rien  de  ditférent  que  le  nom.  Quand  il  arrive 
des  changemens  parmi  les  peuples  de  quelque  paySj 
leur  Langue  eft  la  dernière  qui  les  reçoit.  Une  ré- 
volution dans  la  domination  &  dans  la  forme  du 
Gouvernement  fe  fait  fouvent  en  moins  d'une  cam- 
pagne; mais  la  Langue  ne  change  que  peu- à-peu  , 
1  &  en  plulleurs  années.  Cela  efl:  fans  doute  arrivé  à 
I  la  Langue  Lycaonienne  ,  qui  ayant  été  dans  fon  ori- 
'  gine  la  même  que  celle  de  Cappadoce,  dans  la  fuite 
n'en  a  plus  été  qu'un  dialede  ,  jufqu'à  ce  qu'elles 
aient  été  toutes  deux  dominées  &  abforbées  par  la 
Langue  Greque. 

Pour  connoître  quelle  efl;  l'origine  de  la  Langue 
de  Cappadoce ,  il  faut  remonter  jufqu'à  l'origine  de 
la  Nation  qui  la  parloir.  Plufieurs  Auteurs  anciens 
Se  modernes  croient  que  les  Cappadociens  étoient 
une  colonie  d'Alfyriens.  En  effet  ,  le  Géographe 
Etienne  les  appelle  Leucofyriens ,  ou  Syriens  blancs , 
pour  les  diftinguer  des  autres  AlTyriens  qui  habi- 
toient  le  long  du  Tigre  ,  des  deux  cc)tés  de  cette  ri- 
vière ,  ôc  qui  étoient  plus  bafmés.  On  lait  que  le 
chmat  de  Cappadoce  eft  beaucoup  plus  tempéré  que 
celui  d'Alfyrie,  foit  à  caufe  de  fa  fuuation  par  rap- 
port au  Ciel ,  foit  à  caufe  du  voifinage  de  la  mer. 
Le  Scholiafte  d'Apollonius  dit  que  cet  Auteur  appelle 
la  Cappadoce  du  nom  d'Alfyrie ,  &  qu'autrefois  elle 
s'appeloit  Syrie.  Hérodote  ,  L.  I.  chap.  y 2.  remar- 
que que  les  Grecs  donnoient  aux  Cappadociens  le 
nom  dcSyrienSj  &  que  ces  Syriens  étoient  fous  la 
domination  des  Médes  avant  l'établilfement  de  l'Em- 
pire des  Perlés.  Le  nom  même  de  Cappadoce  ,  eft  le 
nom  que  les  Perfes  donnèrent  à  ces  nouveaux  Alfy- 
riens  ,   apparemment  après  qu'ils  les  eurent  fubju- 


L  Y  C  687 

gués  :  c'eft  encore  Hérodote  qui  nous  apprend  ce  fiir. 
Enfin  ,  l'ancienne  capitale  de  Cappadoce  s'appeloit 
Mazacha  ,  nom  dérivé  ,  félon  Holfténius  &  Pinédo  , 
de  celui  de  Mofoch  ,  un  des  fils  de  Sem  ,  &  petit  fils 
de  Noé.  Cette  ville  étoit  Métropole  du  pays,  &  So- 
lin  remarque  que  les  habitans  l'appeluicnt  la  mère  des 
villes;  ce  qui  lignifie  la  même  chofc  ,  comme  fi  les 
autres  villes  voilmes  n'avoiciu  été  fondées  que  par  les 
colonies  qu'elle  envoya  en  ditiérens  endroits.  Il  rc- 
lulte  di.-  tout  ceci ,  que  la  Langue  Lycaonienne  étoit 
dans  les  premiers  temps  la  même  que  la  Langue  Alfy- 
rienne  ,  ou  Chaldaïque  ;  mais  du  temps  de  S.  Paul 
elle  n'en  étoit  plus  qu'un  dialedle  _,  peut  être  plus 
éloigné  de  ta  Langue  originale  j  que  le  François  ,  l'Ita- 
lien ,  l'Efpagnol  ne  le  (ont  de  la  Langue  Latine.  Il 
ne  nous  reftc  aucuns  monur.icns  écrits  en  la  première 
Langue  de  Cappadoce:  à  peine  les  anciens  Auteurs 
nous  en  ont  ils  confervé  quelques  mots  qui  donnent 
quelque  marque  de  ton  origine.  Ce  n'eft  qu'à  la  fa- 
veur de  l'Hiftoire  &  de  la  Géographie ,  qu'on  peut 
découvrir  quelque  chofe  fur  la  Langue  Lycaonienne. 
Par  où  l'on  voit  que  fi  la  connoilfance  Azs  Langues 
donne  du  jour  à  l'Hiftoire  j  &  fert  à  faire  connoître 
quels  peuples  ont  fondé  les  Et,its ,  &  habité  difterens 
pays  ,  l'Hiftoire  à  fon  tour  nous  apprend  quelle  eft 
l'origine  des  Langues,  comment  elles  fe  font  for- 
mées, &  quels  changemens  y  font  arrivés. 

LYCE.  f.  f.  Chienne  de  chalTe.  Canïs  venatïca.  On  écrit 
Lice. 

Ce  mot  vient  de  lycïfca  ,  qui  fignifîe  une  chienne 
engendrée  par  l'accouplement  d'un  loup  &:  d'une 
chienne.  Quelques  Auteurs  l'ont  appelée  letiffa. 

On  appelle  Lyces  ponières  ,  des  chiennes  qu'on 
nourrit  dans  la  bade-cour ,  fans  les  mener  à  la  chaf- 
fe ,  &  qu'on  garde  feulement  pour  avoir  de  leur  ra- 
ce. Les  lyces  font  tous  les  ans  deux  portées ,  &  on 
peut  garder  julqu'à  fix  chiens  de  chaque  portée. 
P'^oye'^  Lice. 

Lyce  ,  fe  dit  figurément  encore  d'une  femme  effrontée. 
En  ce  fens  Régnier  a  dit , 

Voyant  que  cette  lyce  , 
Effrontément  aïnji  me  préfentoit  la  lice. 

Et  cela  d'autant  que  les  Anciens  appeloient  lupa,  ou 
louve ,  une  femme  débauchée  ;  d'où  ils  ont  fa;t  le  mot 
de  lupanar ,  bordel. 
LYCEE,  f  m.  C'eft  le  nom  de  la  fameufe  Ecole  où 
Ariftote  cxpliquoit  ta  Philotophie  à  Athènes.  LycMim. 
Ce  lieu  étoit  compofé  de  portiques  ,  &  d'arbres  plan- 
tés en  quinconce  ,  IJCT  où  les  Philofophes  agitoient 
des  queftions  en  fe  promenant.  Le  Lycée  avoit  été 
auparavant,  fuivant  quelques  uns ,  un  Temple  d'A- 
pollon bâti  par  Lycus  ;  &  fuivant  quelques  autres  j 
un  lieu  d'exercice  bâti  par  Pififtrate  ou  par  Périclès. 
§3"  Le  Lycée  fignifioit  l'Ecole  d'Ariftote  ,  comme 
le  portique  fignifioit  l'Ecole  de  Zenon.  La  Philofo- 
phie  du  jfyçée  ,  c'eft  la  Philofophie  d'Ariftote  ,  la 
Philofophi^éripatéticienne.  Cicéron  fit  bâtir  à  Tuf- 
culum ,  aujourd'hui  Frefcati ,  une  efpèce  de  Lycée , 
fur  le  modèle  de  celui  d'Athènes. 
§C?"  Le  nom  de  Lycée  fe  donne  aujourd'hui  par 
extenfion  à  tout  lieu  où  s'afTemblent  les  Gens  de 
Lettres ,  à  nos  Univerfités ,  à  nos  Académies ,  à  la 
PhilofopJïie.  Tout  le  Lycée  fut  ému  d'une  telle  doc- 
trine ,  (içft  à-dire  ,  toute  l'Univerfîté  ,  toute  l'Aca- 
démie ,  ,'ou  autre  alTeniblée  de  Savans.  Çék  n'eft  bon 
que  pour  le  ftyle  élevé. 

LYCÉES. ''if.. f.  pi.  Ternkide. Mythologie.  Fête  de  Ju- 
piter en  Arcadie,  que. l'on  y  célébroit  fur  le  mont 
Lycée.  Paufrnias  (  8.  58.  )  dit  qu'on  y  faifoit  des  fa- 
crifices  ,  fuivant  u»  tues-ancien  ufage  qu'il  n'ofoic 
décrire.  La  raifon  en  eft  qu'on  y  égorgeoit  un  hom- 
me; ce  que  les  Romains,  alors  maîtres  dé  la  Grèce,  * 
n'auroient  pas  fouftert ,  s'ils- en.  avoienr  été  mfor- 
més.  C'eft  Porphyre  qui  nous  Vsç'pïtnA ,  De-Abftiii. 
2.  2y.  ..         ..       -.  ■    .  tÏ 

Lycées,  autre  fête  qui  fe  faifoit  en  l'honneuf  d^gœt.^ 


/■" 


6n  L  Y  c 

Ion,  qui  donnoit  la  chaire  aux  loups  du  pays  d'Ar- 
gos. 

LYCHE.    roye-^  Laodicée. 

LYCHNIS.  i".  m.  Eft  une  plante  dont  il  y  a  un  grand 
nombie  d'e/pcces.  Le  lychnis  ,  que  C.  Bauhin  ap- 
pelle Lychnis  coronaria  Diofcondis  fadva  ,  poulie 
plulîeuLS  tiges  à  la  hauteur  d'un  pied  &  demi ,  ou 
de  deux  pieds ,  droites ,  rondes.  Ses  feuilles  font 
longues  de  trois  ou  quatre  doigts,  larges  d'un  doigt 
&  demi ,  un  peu  plus  grandes  que  celles  de  la  lauge  , 
pointues,  laHUgineufes  ,  blanches  ,  molles.  Ses  Heurs , 
font  belles  ,  compofées  chacune  de  cinq  feuilles 
difpofées  en  œillet  ,  de  couleur  variée^  quel- 
quefois d'un  rouge  enflammé  ,  d'autres  fois  d  un 
rouge  plus  clair,  d'autres  fois  blanches.  Il  leur  fuc- 
cède  un  fruit  de  figure  conique  ,  qui  s'ouvre  par  la 
pointe  j  (Se  contient  des  femences  prefque  rondes. 
On  cultive  cette  plante  dans  les  jardins.  Elle  tire  fon 
noiTi  de  lychnus  ,  lampe  ,  à  cauie  de  la  couleur  ref- 
plendillante  de  fa  fleur. 

LYCHNITE.  f.  m.  C'cft  le  nom  d'une  pierre  pré- 
cieufe  qui  fe  forme  dans  les  rochers  de  Thrace  & 
des  lieux  circonvoifins.  Lychnitcs.  Elle  eft  fort  ref- 
plendillànte  &  rayonnante  ;  ce  qui  lui  a  foit  donner 
le  nom  Ac  Lychnite ,  de  ?";«'«,  qui  lignihe  h-'nipe , 
ou  luminaire  ,  parce  qu'on  prétend  que  cette  pierre 
lance  des  rayons  de  lumière  ^  comme  fcroit  la  flam- 
me d'une  lampe. 

IJCF  On  donnoit  auffi  le  nom  de  Lychnïtes  à  un  mar- 
bre blanc  qu'on  tiroit  de  l'île  de  Paros ,  fans  doute 
à  caufe  de  fon  éclat.  Les  plus  belles  Statues  de  l'an- 
tiquité en  font  faites. 

LYCHNOMANTIE  ,  ou  LICHNOMANCE  ,  f.  f. 
Sorte  de  divination  chez  les  Anciens.  Lychnomantia. 
C'étoit  l'art  de  deviner  par  l'infpedtion  d'une  lam- 
pe. C'eft  probablement  la  même  chofe  que  la  Lam- 
padomancie. 

Ce  mot  eft  Grec,  compofé  de  >J>x.i"  lampe ^  Se 
eniTrlo/^rti  ,  jt  conjîdère. 

LYCIARQUE.  f.  m.  Nom  d'un  ancien  Magiftrat,ou 
Pontife  de  Lycie.  Lyciarcha.  Strabon,  I.  XIF.'àï'i 
que  le  Lyciarque  étoit  créé  dans  un  Conleil  com- 
pofé de  Députés  de  vingt-trois  villes  de  Lycie,  c'eft- 
à  dire  ,  de  toutes  les  villes  de  cette  Province.  Quel- 
ques-unes de  ces  villes  avoient  trois  voix,  ou  trois 
Députes  ,  d'autres  deux  ,  &  les  dernières  feulement 
un.  Le  Cardinal  Noris  dit  que  le  Lyciarque  préfi- 
doit  aux  choies  de  la  Religion.  Et  en  eftét  ,  il  en 
croit  du  Lylîarque  comme  du  Syriarque  &  de  l'Alîar- 
que.  Quoique  ces  Magilfrats  hUlent  les  Chefs  des 
Confeils,  ou  des  Etats  de  ces  Provinces,  on  leséta- 
blilîoit  néanmoins  principalement  pour  avoir  foin 
des  jeux  &  des  fêtes  que  l'on  faifoit  à  l'honneur 
des  dieux,  dont  ils  étoicnt  aulîî  inaugurés  Prêtres, 
en  même-temps  qu'ils  étoient  faits  Lyjlarques ,  Aliar- 
ques,  ou  Syriarques.  Ils  étoient  pourtant  auiîî  Ma- 
giftrats ,  &  les  Chefs  des  Magiftrats.  Cette  Charge 
étoit  annuelle.  Voye-{  Saumaife  furSolin  ,  p.  S  o  ).  & 
le  Cardinal  Noris ,  dans  fes  Epoques  Syromacédo- 
niennes,  DiJJert.  III,  p.  220. 

LYCIE.  Nom  d'une  Province  de  l'Afîe  iriineure.  Ly- 
cia.  Elle  étoit  entre  la  Pamphylie  à  l'orient.  Sels. 
Carie  à  l'occident,  la  mer  au  midi  ,  &■  la  Phrygie 
au  nord.  La  Lycie  étoit  renommée  pour  avoir  d'ex- 
cellens  parfurns ,  dont  elle  trafiquoit  par  tout ,  & 
que  les  Lyciens  compofoient  de  narcilfes  j  de  fifran , 
&  d'autres  fleurs  de  leur  pays  ,  Se  dont  l'odeur  fur- 
paffoit  toutes  les  fleurs  des  autres  Provinces  de  l'Alie. 
Pline  j  L.  XII.  c.  derii.  Il  y  avoir  une  autre  Lycie 
proche  de  la  Troade  ;  luais  ce  n'étoit  qu'un  même 
peuple  ,  celui  de  l'une  de  ces  régions  étant  origi- 
naire de  l'autre. 

La  mer  de  Lycie.  Lycium  mare.  C'étoit  autre- 
fois la  partie  occidentale  de  ce  que  nous  nommons 
aujourd'hui  iricr  de  Caramanie..  EUeavoit  à  l'orient 
la  mer  de  Pamphylie  j  &  à  l'occident  la  Carpatliien- 
ne;  6c  prenoit  fon  nom  de  la  Lycie  ,  Province  de 
l'Afie  mineure  ,  fur  les  côtes  de  laquelle  elle  s  eten- 
doit. 


L  Y  C 

LYCIEN  ,  ENNE.  f.  m.  Se  f.  Qui  eft  de  Lycie.  Lydus. 
Les  Lyciens  furent  très-fidelles  aux  Romains  contre 
Mithridate. 

LYCIUM.  f.  m.  Arbriffeau  épineux  ,  ainfi  appelé  , 
parce  qu'il  croiflbit  autrefois  abondamment  en  Ly- 
cie. LycLum  GalUcum.  C.  Bauh.  Il  a  pluheurs  ra- 
cines ligneufes  ,  &  fon  écorce  eft  grisâtre.  Ses  feuil- 
les font  épaifles  ,  alfez  femblables  à  celles  du  buis  , 
nerveufes  ,  faciles  à  fe  détacher.  Ses  fleurs  font  pe- 
tites j  attachées  plulieurs  eiifemble.  Il  leur  fuccèdede 
petits  fruits ,  gros  comme  des  grains  de  poivre , 
noirs,  à  trois  ou  quatre  angles  ,  &  quelquefois  faits 
en  forme  de  cœur,  félon  le  nombre  des  noyaux ,  d'un 
goût  aftringent  &  fort  amer.  On  appelle  ces  fruits, 
graine  d' Avignon ,  ou  graineite  ,  ou  graine  -jaune. 
Les  Teinturiers  s'en  fervent  pour  teindre  en  jaune. 
Cet  arbrifleau  croît  dans  des  lieux  rudes  &  pierreux. 

LYCOGÈNE.  adj.  m.  Surnom  d'Appollon  ,  de  /.«jj  , 
loup. 

LYCOMÉDE.  f.  m.  Roi  de  l'île  de  Sciros ,  père  de  k 
belle  Déïdamie  ,  dont  Achille  eut  Pyrrhus. 

0CF  LYCOMIDES.  (  les  )  C'étoit  une  famUle  Sacer- 
dotale d'Athènes ,  confacrée  au  culte  de  Cérès  Eleu- 
fîenne.  Cette  famille  avoir  l'Intendance  des  Myftères 
de  la  déelfe. 

IP"  LYCOPHTHALMUS.  Nom  donné  à  une  pierre 
précieule ,  efpèce  d'onyx  ,  parce  qu'on  avoir  cru  y 
trouver  quelque  reflemblance  .avec  l'œil  d'un  loup. 
Pline  dit  que  cette  pierre  étoit  de  quatre  couleurs. 

LYCOPOLIS.  Nom  d'une  ville  d'Egypte.  Lycopolis. 
Ce  nom  hgnihe  Ville  des  loups  ;  de  ^1"»'« ,  loup  , 
&  raoAiî,  yille.  Diodore  de  Sicile  dit  dans  fon  11^ 
Livre  ,  que  les  Ethiopiens  étant  entrés  en  Egypte  & 
ravageant  les  campagnes ,  des  loups  s'alTemblèrent  en 
une  efpèce  de  corps  d'armée  ,  chaflèrent  les  Ethio- 
piens ,  &  les  pourfuivirent  jufqu'à  Eléphantine  ; 
qu'en  mémoire  de  ce  fait ,  les  Egyptiens  bâtirent  une 
ville  dans  l'endroit  où  ces  animaux  s'étoient  airem- 
blés  ,  &  la  nommèrent  de  leur  nom  Lycopolis.  Elle 
étoit  près  du  Nil  ,  iSc  capitale  d'un  Nôme  ou  Ter- 
ritoire ,  auquel  elle  donnoit  fon  nom.  0\\  l'a  nom- 
mée depuis  Munia;  c'étoit  une  ville  Epifcopale.  On 
ufa  d'indulgence  à  l'égard  de  Méléce  ;  on  lui  per- 
mit de  demeurer  dans  fa  ville  de  Lycopolis  ,  mais 
fans  aucun  pouvoir  ni  d'élire  ,  ni  d'ordonner.  Fleu- 

RY. 

LYCOPOLITE.  f.  m.  &  f.  Habitant  de  Lycopolis. 
Lycopolites ,  Lycopolita. 

LYCOPSIS.  f.  f.  Plante  qui  poulie  une  tige  à  la  hau- 
teur d'un  pied  &  demi,  droite,  rameufe,  velue.  Ses 
feuilles  font  rangées  fans  ordre  vers  le  bas  de  la  tige  , 
femblables  à  celles  de  la  buglofe  fauvage  ,  dures, 
couvertes  d'un  poil  rude.  Ses  fleurs  font  petites  , 
tendres,  de  couleur  purpurine,  placées  aux  fomiui- 
tés  des  branches.  Sa  racine  eft  rouge.  Lycopfis. 
C.  Bauh.  Elle  eft  déterflve  ,  vulnéraire  ,  confon- 
dante. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ^'«-'i ,  loup  ,  Se  'i4"s ,  face , 
comme  qui  dkpk ,  face  de  /oap,  parce  que  la  tige 
Se  les  feuilles  de  cette  plante  fon  couvertes  d'un  poil 
rude  comme  la  peau  du  loup. 

CCF  LYCOPUS.  f.  m.  Nom  d'une  plante  communé- 
ment appelée  marrube  aquatique  ,  parce  qu'elle 
croît  au  bord  des  eaux  ,  Se  qu'elle  relfcmble  au  mar- 
rube noir.  On  la  croit  propre  à  arrêter  le  cours  de 
ventre  ,  &  bonne  contre  les  hémorroïdes.  Elle  eft 
labiée  &  prefque  campaniforme.  Il  fort  du  calice 
un  piftil  attaché  comme  un  clou  à  la  partie  pofté- 
rieure  de  la  fleur  ,  &  entouré  de  quatre  embryons  qui 
deviennent  dans  la  fuite  des  femences  arrondies ,  & 
enveloppées  dans  une  caplule  qui  a  été  le  calice  de  la 
fleur. 

LYCORIAS.  f  f.  Une  des  Nymphes  que  Virgile  donne 
pour  compagne  à  Cyrcne  ,  mère  d'Ariftée. 

ffJ-  LYCURGÉES.  f.  f  pi.  Foye:{  l'Art,  luivant. 

LYCURGUE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Lycurgus.Q\ie\- 
ques-uns  difent  Lycurge  ,  comme  Thaumaturge;  mais 
la  plupart  de  nos  Ecrivains  difent  Lycurgue.  Lycur- 
gue ,  Roi  de  Lacédémone ,  rétablit  les  jeux  Ol>m- 

piques , 


L  Y  D 

piques.  Tourueii.  C'ell  le  Lôgiliatcur  des  Laccdc 
iiionicns.  Laccdcmone ,  illulhe  par  fcs  .uiciciis  Rois  , 
avoit  acquis  un  cclat  ious  Lycurgue ,  un  de  ces  hom- 
mes nés  pouL-  gouverner  les  autres  j«i!<:  les  moiigé 
ner.  Bon  Roi  j  &  du  moins  aulli  bon  Lcgillateur  , 
il  entreprir  la  reforme  de  Ion  Etat ,  Ik  commença 
par  celle  des  mœurs  ,  qui  leulc  ptuc  maintenir  l'or- 
dre qu'elle  établit.  Il  exécuta  ion  plan  ,  <k.  après 
avoir  fait  jurer  les  Sujets  qu'ils  oblcrveroient  les 
Loix  ,  julqu'à  Ion  retour ,  il  le  bannir  à  perpétuité. 
Déjà  pour  les  autoriler  d.ivantnge  ,  il  avoir  employé 
im  autre  artifice  ,  &  fait  accroire  au  peuple  qu'A- 
pollon les  lui  avoit  diélées.  On  ne  con(,oit  pas  qu'un 
Payen  ,  à  la  vérité  ,  trop  indulgent  lur  l'adultère  &  liir 
le  larcin  ^qu'il  pardonne  en  ceir  lins  casj  ait  pi'i  ,  dans 
tout  le  relie,  lî  fort  approcher  delà  Mora  le  Chrétienne, 
&.  quelquefois  y  atteindre.  Tourreil.  Lycurpie 
avoit  bien  compris  que  l'intelligence  parfaite  entre 
le  peuple  &  le  Souverain  cil:  la  baie  &:  le  fonde- 
ment de  leur  félicité  réciproque.  Id.  Harpocration 
'■  fait  le  Rhéteur  Lycurgue  ,  pctit-hls  du  Légillateur  de 
ce  nom.  Le  contraire  le  déniontie  par  l'iutarque, 
qui  dit  que  le  grand  père  de  ce  Rhéteur  étoit  des 
Etéobutades  ,  autrement  d'une  ancienne  race  de  vrais 
Athéniens,  &:  vivoit  Ious  les  trente  Tyrans  j  qui  le 
firent  mourir.  Plutarque  dit  dans  la  Vie  de  Lycur- 
gue ,  que  les  Lacédémoniens  le  mirent  au  nombre 
des  dieux.  ^CT  On  lui  éleva  un  Temple  après 
fa  mort;  on  ordonna  qu'on  lui  fit  des  Sacrifices 
anniverfaires.  Les  tètes  qu'on  célébroit  en  Ion  hon- 
neur furent  appelées  Licurgées. 

L  Y  D, 

LYDDA  ,  ou  LYDDE.  Petite  ville  de  la  Terre  Sainte, 
l.tuée  dans  la  Tribu  d'Ephraûn  ,  entre  Jérufalem  & 
Joppé ,  à  huit  de  la  première  ,  &  à  deux  de  la  der- 
nière. Lidda  ,  Lydda  ,  Diofpolis.    Maty.    La  ville 
de  Lydda ,  de  la  Tribu  d'Éphraïm ,  ell  encore  au- 
jourd'hui  appelée   des  Arabes  Lydde  y  c'eft  à  dire  , 
édifiée.   Les  Grecs  la  nomment  AiosnuAi^  ,  c'eft  à- 
dire  ,  Ville  de  Jupiter.  Elle  eft  fituée  dans  une  gran- 
de plaine  ,  dilfantc  de  Ramatha  d'une  lieue  ,  vers  le 
feptentrion.  C'ctoit  une  des  onze  Toparchies  ,  ou 
Principautés  de  la  Terre-Sainte.  Ce  lieu  ell:  agréa- 
ble ,   tant   pour  la  fituation  ,  que  pour  le  terroir  _, 
qui  eft  bon  &  fécond  ,  où  on  recueille  abondance 
de  coton.  C'eft  a  Lydda  que  Saint  Pierre  guérit  le 
Paralytique  dont  il  eft  parlé  au  Ch.  IX^  des  Aèfes 
des  Apôtres.    Les  Grecs  y  ont  une  Eglile  dédiée  à 
S.  George.   C'eft  un  lieu  de  dévotion  pour  tous  les 
Chrétiens  de  la  Terre  Sainte  ,  parce  qu'ils  croient 
que    c'eft   en  ce  lieu  que  S.  George  fut  maityrifc. 
Aujourd'hui  Lydda  n'eft  plus  qu'un  bourg.  P.  Ro- 
ger ,  F'oyage  de  la  Terre  Sainte.  Quelques  uns  di~ 
fent  qu'on    la  nomme    Ruma.    M.  Réland  dit  que 
les  Arabes  l'appellent  Loddo  ,  &  il  prétend  que  c'eft 
la  même  chofe   que  Lod.  Lydde    fut  une  des  trois 
Toparchies  ,    que   Démétrius  j  Roi  de   Syrie  ,   dé- 
membra de  la  Samarie ,  pour  les  donner  aux  Juifs.  /. 
Mach.  XL.  ^4.  Joj:  Anùq.  L.  XIV.  c.  S.  AÛius , 
Evcque  de  Lydde  ,  étoit  au  Concile  de  Nicée  ,  &  y 
foufcrivit. 
LYDIE.  Nom  d'une  ancienne  Province  de  l'Afie  mi 
neure.  Lyd'ia.  Elle  étoit  bornée  au  midi  par  la  Ca 
rie ,  au  couchant  par  l'Ade  propre ,  au  leptentrion 
&  au  levant  par  la  Phrygic.  On  nomme  aujourd'hui 
ce  pays  leSarcan.  D'autres  mettent  la  Mcelîe  à  fon 
feptentrion  ,  &  la  Phrygie  feulement  au  levant.  On 
le  renfermoit  quelquefois  dans  l'Ionie  ,  qu'elle  avoit 
au  midi.  Après  le  fac  de  Troye  ,  les  Phrygiens  s'y 
retirèrent ,  &    lui    donnèrent  le  nom   de   Phrygie. 
C'étoit  dans  la  Lydie  qu'étoient  ces  Heuves  li  van- 
tés par  les  Poètes  ^  le  Caïftre  j  l'Herme  &:  le  Pafto 
le.  Avant  Lydus  la  Lydie  s'appeloit  Mœonie. 
Lydien  ,    ENNE.    f.    m.   &  f.    Qui    eft  de  Lydie. 
Lydïus  ,  a.  Les  Lydiens  avoienr    pris  leur  nom  de 
Lydius,  leur  premier  Roi  ,  fils  d'Athyes  ,  Chef  de  la 
première  des  trois  Dynafties  qui  ont  régné  en  Lydie; 
I  Tome  y. 


\ 


L  Y  M  ^89 

ou  plutôt  de  Itt(/,  comme  il  paroît  par  Ifaie  LXVI. 
ly.  par  jciem.  XLVL   10.  tiéch.  XXVII.    10.  & 
XXX.    j.   Les  Lydiens  étoient  renommés  dans  les 
combats  pour  l'.igilité  de  leurs  chars,  &:  leur  vîtef- 
fe.  La  Cavalerie  Lydienne  avoit  aulli  de  la  réputa- 
tion. Les   Lydiens  venus  en  Italie  furent  ou  palle- 
rcnt  pour  les  Inventeiii',  du  jeu,   qui  prit  d'eux  le 
nom  de  Ludus.  D'anciens  proverbes  (iiccs  montrent 
qu'ils  étoient  lort  décriés  pour  leur  déiicatelié  dans 
la  bonne  chère  j  tk.  leurs  débauches.  Les  i.ydiens  por- 
toient  des  pendans  d'oreille.  Le  Royaume  des  Ly- 
diens étoir  un  des  plus  anciens  du  monde.   Il  finit 
à    Crœfus    après    675.   ans  de  durée  Ious  les  deux 
dernières   DynalHes    iculemcnt  ;  dont  ,  par  confé- 
quent  ,    celle  des  Héraciides  commença   à   régner 
pendant   qu  Aod  (Se   Samgar  étaient  Juges  du  Peu- 
ple de  Dieu.     On   ne  iait  point  quand  commença 
la  première  qu'on  nomme  celle  dés  Atnyadcs.  Eu- 
fébe  lui  donne  dix-neuf  Rois.  Le  Chef  de  la  pre- 
mière fut  Athyes,  ou  Lydus  ;  le  Chef  de  la  féconde 
fut  Argon  ,  fils  d  Hercule;  &  le  Chef  de  la  troiiîème 
hit  Gygès.   Les  Tolcans  étoient  originairement  Ly- 
diens ;   car   les  Lydiens  conduilirent   des  Colonies 
en  Italie  j  &  peuplèrent  la  Tofcane.  ^ojf^  Ludim, 
où  nous  avons  rapporté  le  fentiment  de  Bocharr. 

Les  Lydiens  j  en  quelques  endroits  de  l'Écriture , 
font  un  peuple  d'Afrique ,  comme  E\éch.  XXVII. 

1 0.  XXX.  j.  Je'rem.  XLVI.  ç.  Ceux-ci  defcendoient 
de  Lud ,  fils  de  Mefraïm.  Le  P.  LuMn  conjecture 
qu'ils  habitoient  entre  la  Libye  &c  1  Afrique  propre- 
ment dite.  Sa  raifon  eft  ,  que  dans  le  Livre  de  Judith 

11.  /5.  les  Septante  joignent  Lud  à  Phud ,  quil 
croit  être  l'Atrique  propre. 

Lydien  j  enne.  adj.  Qui  appartient  à  la  Lydie,  ou  aux 
Lydiens.  Lydius  ,  a.  Un  char  Lydien.  Une  colur.ie 
Lydienne.  La  pierre  Lydienne  eft  le  nom  que  l'Anti- 
quité a  donné  à  l'aimant,  &C  à  la  pierre  de  touche. 
Voye'^  Saumaile  ,  fur  Soliii,  p.  iioj. 

^fT  On  appelle  Jeux  Lydiens  ,  les  exercices  ,  les  amu- 
femens  ,  les  cérémonies  que  ces  peuples  Aliatiques  , 
chalfés  de  leur  pays ,  apportèrent  en  Etrurie  où  ils 
fe  rctugièrent.  Les  Romains  en  introduilircnt  l'ufage 
chez  eux  ,  les  appelèrent  Lydi ,  par  corruption  Ludi. 
Ces  amufemens  étoient  des  jeux  d'adrelle  ou  de  ha- 
fard ,   comme  le  palet ,  les  dés  ,  &c. 

L  Y  E. 

LYE.  f.  f.  Lye.  Surnom  que  les  Siciliens  donnoient  à 
la  Lune  ,  parce  qu'elle  les  avoit  délivrés  d'une  mala- 
die contagieule. 

Ce  nom  vient  de  >.iJii  ,  folvo  ,  lihero  ,  Je  délivre. 

|p°  LYGODESMIENNE.  adj.  f.  Terme  de  Mytho- 
logie. Surnom  donné  à  Diane  Orthienne  ,  parce  que 
la  ftatue  étoit  venue  de  la  Tauride  à  Sparte  empa- 
quetée dans  des  liens  d'olier.  Des  mots  Grecs^  ^vyc,- , 
ofier  y  ôc  àitfics ,  iien. 

L  Y  M.  *  * 

LYMBACH.  Nider-Lymbach  ,  ou  Afolindua.  Limba- 
chum  ,  autrefois  Olimacum.  C'eft  un  ancien  bourg  de 
la  Haute  Pannonie.  Il  eftprèsdu  Muer  iSc  de  la  Sti- 
rie  ,  à  quatre  lieues  de  CanilCj  vers  le  couchant.  & 
à  pareille  diftance  d'Ober-Lymbach ,  vers  le  midi, 
Maty. 

g^LYME  ,   ou  LYME-REGIS.    Voyei  LnfE. 

LYMEN.  VoyeT^  Ramsey  ,  &    Piymlimen. 

LYMFIORD.  Le  canal  de  Lymfiord ,  ou  d'Alborg. 
Lymicus  fmus.  C'eft  un  golfe  de  la  mer  Baltique.  On 
lui  donne  communément  le  nom  de  canal,  parce  % 
qu'il  n'eft  pas  large  ,  mais  fort  long  ,  s'étendant  de- 
puis le  Catégat ,  où  il  a  fon  entrée  ,  julqu'à  une  heuc 
de  la  mer  d'Allemagne  ,  &  féparant  prefque  entière- 
ment la  prefqu'ik  de  Wenluffel  du  refte  du  Jut' 
land. 

LYMNE.  C'étoit  anciennement  une  petite  ville  des 
Canticns  ;  ce  n'eft  maintenant  qu'un  village  du 
Comté  de  Kent ,  en  Angleterre,  Limenus  ,  Lemanis , 

Sffi" 


éoo  L  Y  M 

Lemcinus.  Il  cil  fui'  le  Pas  de  Caliis ,  où  il  avoir  aune- 
fois  un  porc ,  que  les  fables  onr  gare.  Maty. 

LYMPHATIQUE,  adj.  m.  ëcï.Lymphaticus  a.^  1  ci- 
me d'Anaromie.  C'eft  un  nom  que  les  Moacrncs 
ont  donné  à  des  vaiffeaux  conrenanr  une  humeur 
aquculc  ,  qui  Ce  lepare  en  plulieurs  endroirs  du  corps , 
&  qui  palle  dans  les  veines  &i  dans  le  cœur  par 
ces  petics  conduirs. 

.gj  Oii  dirtmgue  les  glandes  e^- les  va.neairx  lymphaa- 
ques.  C'eft  par  le  moyen  des  glandes  lymphatiques 
placées  dans  prefque  tous  les  endroirs  du  corps  que 
la  lymphe  le  fepare  de  la  maik  du  lang.  Llles  ont 
dirtéi-cns  noms,  de  cervicales ,  thorachiques ,  me- 
fenténques  ,  £-c.  luivant  les  parties  ou  elles  le  trou- 
venr.  Les  Anciens  croyoienr  que  la  lymphe  le  lepa- 
roit  du  lang  par-le  moyen  de  quelque  krment  qui 
fe  trouvoit  renfermé  dans  les  glandes  lymphatiques. 
On  croit  aujourd'hui  que  ces  glandes  ont  une  ou- 
verture tellement  configurée  ,  que  les  leules  molé- 
cules  dont    la   lymphe   eft    compoke  ,   peuvent  y 

palier.  ,     .  r   ;        z. 

iCr  On  appelle  vailkaux  lymphatiques  ,  vaja  lympha- 
tïca  tous  les  conduits  qui  lervent  à  tranlporter 
1?  lymphe  de  toutes  les  patries  du  corps  dans  le 
réfervoir  du  chyle.  La  plupart  de  ces  vailkaux  le 
trouvent  entre  deux  glandes  lymphatiques.  Il  y  a 
beaucoup  de  ces  vailkaux  iur  la  peau  &  lur  le 
blanc  de  Toeil.  Les  Modernes  en  ont  trouve  plulieurs 
dans  les  vilcères  où  ils  n'ont  encore  pu  découvrir  au- 
cune glande  lymphatique.  Les  vaillcaux  lymphati- 
ques ont  de  diftanceen  diftance  deux  valvules  kmi- 
lunaires,  lune  vis-à  vis  de  l'autre  ,  qui  permettent  à 
la  lymphe  de  coukrvers  k  cœm  .,  mais  l'empêchent 

de  rétrograder.  ■  r    i-     i      i 

LYMPHE,  f.  f.  Terme  d'Anatomie,  qui  le  dit  des  hu 
meurs  aqueuks  qui  palknt  par  les  petits  conduits  du 
corps.  Lympha.  îp"  C'ell:  une  liqueur  claire  &  limpi- 
de ,  une  humeur  Huide ,  qui  k  lépare  de  la  malle  du 
fans  par  le  moyen  des  glandes  dont  on  vient  de  par- 
ler ,  &  qui  eft  renfermée  dans  des  vailkaux  particu- 
liers qu'on  appelk  Lymphatiques. 

|0"Dms  l'analyfe  chimique  que  fit  le  Docteur  Keil  de 
la  lymphe  ,  il  la  trouva  compofée  de  beaucoup  de  kl 
volatil  ,  d'un  peu  de  flegme  Se  de  loufre  ,  &  d'une 
petite  quantité  de  terre.  Dict.  de  Medec.  La  lym- 
phe krt  principalement  à  délayer  &  à  perkdionner 
le  chyle ,  lorfqu'il  k  mêle  avec  la  malle  du  lang  ^ 
puilqu'elle  k  rend  de  toutes  les  parties  du  corps  dans 
le  rékrvoir  du  chyle.  Les  Médecins  prétendent  que 
toute  la  lymphe  qui  k  kpare  du  fang  eft  nécellaue 
pour  cet  ulage.  Foye^  au  mot  Lymphatique  com- 
ment fe  fait  cette  féparation. 

fCTEn  Botanique,  on  .ippelle  lymphe:,  une  humeur 
flegmatique  qui  fe  trouve  dans  les  plantes,  ^uye^ 
Flegme.  On  appelle  vailkaux  lymphatiques ,  des 
vailkaux ,  ou  au  moins  des  organes  qui  en  font  la 
fonétion  ,  &  qui  font  remplis  d'une  liqueur  tranlpa- 
. rente  &■  aqueuk.  Cette  lymphe  que  l'on  peut  tuer 
de  la  plupart  des  arbres  ,  quand  ils  font  en  pkme 
sève  ,  eft  peu  diftérente  de  l'eau  fimple.  Vers  le  com- 
mencement du  Printemps  ,  quand  les  boutons  ne 
font  pas  encore  ouverts ,  on  voit  Ibrtir  beaucoup  de 
lymphe  de  tous  les  farmens  nouvellemenc  coupés  : 
c'eft  ce  que  les  Vignerons  expriment  en  difant ,  que 
la  vigne  pleure.  En  Hiver  ,  quand  la  vigne  eft  dé- 
pouillée de  les  feuilles,  ou  en  Été,  quand  elle  en  eft 
«•arnie  ,  fi  on  coupe  l'extrémité  d'un  larment  ,  il  n'en 
fort  aucune  liqueur  :  il  n'en  coule  point  non  plus 
vers  le  milieu  du  Printemps  ,  quand  la  sève  eft  dans 
fa  plus  grande  aftion.  La  liqueur  qui  en  fumte  ,  quand 
♦  on  prelk  un  farment ,  rentre  dans  fes  vaifleaux  , 
aulli-tôt  que  la  prcllîon  ceftc. 

|Cr  M  Duhamel  obfcrve  que  cet  écoulement  plus  ou 
moins  confidérable  de  la  lymphe  ,  ne  produit  point 
d'etktknfibk  fur  la  plante  ,  «i  quant  à  la  production 
du  bois,  m  quant  à  cclk  du  fruit , la  lymphe  ne  couk 
jamais  plus  abondamment  que  quand  ,  après  une 
forte  gelée  ,  il  vient  un  e;rana  dégel.  Dans  k  remps 
de  cecce  effufion  ,  l'écorce  eft  adhérente  au  bois ,  &  ks 


L  Y  O 

boutons  n'ont  fait  aucune  produétion.  A  mefure 
qu'ils  s'ouvrent  ,  la  lymphe  couk  moins  abondam- 
ment ,  &  elle  contrade  un  goût  d'herbe.  Quand  les 
feuilles  paroilknt  ,  l'écoulement  celk  totalement. 
Ce  goût  d'herbe  ,  dit  M.  Duhamel  ,  viendroit-il  de 
ce  que  cette  liqueur  changcroit  de  nature  ,  ou  de  ce 
qu'elle  k  mclcroit  avec  quelques  fucs  particuhers  > 
^  La  hqueur  qui  s'échappe  des  plantes  par  la  tranfpi- 
ration  ,  paroît  ii'être  qu'une  liqueur  lymphatique. 

L  Y  N. 

LYNCÉE.  f.  m.  Fils  d'Aphenée ,  Roi  de  Meffénie, 
fut  un  des  Argonautes.  Il  fut  tué  par  PoUux.  Lyn- 
cxus, 

Lyncée  ,  fils  d'Egyptus ,  fut  le  feul  de  cinquante  frères 
qui  échappa  au  mâllacre  des  Danaïdes.  Il  fuccéda  à 
fon  beau-père  au  trône  d'Argos ,  &  l'occupa  quarante 
ans.  Sa  ftatue  fe  voyoit  dans  le  Temple  de  Delphes, 
parmi  celles  de  tous  les  Héros  de  la  Grèce. 

LYNCURIUS.  f.  m.  Sorte  de  pierre  que  les  Anciens 
croyoient  être  formée  de  l'urine  du  lynx  coagulée. 
Lyncurius.  Quelques-uns  veulent  que  ce  loit  l'ambre 
jaune;  &  d'autres  cette  efpèce  de  pkrre  Békmnite, 
qui  eft  tranfparente  ,  ou  qui  attire  la  paille  comme 
l'ambre  jaune.  Boot  croit  que  le  lyncurius  eft  une 
efpèce  de  jacinthe  ,  qui  eft  de  la  couleur  de  l'ambre 
jaune  j  dont  on  ne  peut  la  diftinguer  qu'en  ce  qu'elle 
eft  plus  dure  ,  &  qu'elle  ne  tire  pas  la  paille.  De 
Laet  croit  auffi  que  c'eft  une  efpèce  de  jacinthe.  C'eft 
une  pierre  commune  en  pluheurs  lieux  ,  grofte  com- 
me le  petit  doigt  :  il  y  en  a  beaucoup    proche   de 

Caën.  ..         /-       1 

LYNGODE.  adj.  &  f.  f.  Lyngodes^  Ficvre  lingultueu- 

fe  ,  accompagnée  de  hoquets.  Foy.  Fièvre. 
LYNNE  ou  KINGES-LYNNE.  f.  m.  Petite  vilk 
du  Comté  de  Norcfolck  ,  en  Angleterre.  Linum , 
Linum  Régis.  Cette  vilk  qui  a  un  porc  à  l'embou- 
chure de  l'Ouk  ,  apparcenoic  aucrefois  à  l'Evcque  de 
Nortwick;  mais  le  Roi  Hemi  VIII.  k  l'appropria.. 
&  c'eft  pour  cette  raifon  qu'on  la  nomme  depuisj 
KingesLynne  .c'ert-à  dire  ,  ïzLynne  du  Roi.  Maty. 
LYNX.  Voye:^  Linx. 

L  Y  O. 

LYON.  C'eft  une  des  plus  grandes  villes  de  France , 
&  la  plus  confidérable  après  Paris,  félon  ce  prover- 
be: Pans  ,  fins  p.air  i  Lyon,  fans  compagnon.  Lug- 
dunum  y  Lugdunum  Scgufianum ,  Lugdunum  Celta- 
rum.  Elle  eft  capitale  du  Gouvernement  du  Lyon- 
nois ,  &z  fituée  dans  k  Lyonnois  propre  ,  aux  con- 
fins de  Dauphiné ,  fur  le  confluent  du  Rône  &  de 
la  Saône  ,  à  lix  lieues  au-delîlis  de  Vienne,  picn  eft 
une  ville  fore  ancienne  i  ks  amphicéâcres  ,  les  aque- 
ducs ,  &  ks  ruines  des  Palais  de  pluheurs  Empe- 
reurs Romains  ,  qui  y  onc  demeuré  ,  lont  des  preu- 
ves de  fon  antiquité.  Elle  eft  partagée  en  trence- 
kptQuartkrs,  que  l'on  noiraiie  Pennonages,  donc 
chacun  a  fon  Capitaine  ,  &c  ks  autres  Officiers  de 
Milice.  Elle  eft  bien  bâtie  ,  &  on  y  voie  quantité  de 
fomptueux  bàcimens  ,  tant  faims,  que  prolanes.La[ 
Mailbn  de  Ville  palk  pour  un  des  plus  luperbes  édi- 
fices de  l'Europe  ;  fon  Hôpital  pour  un  des  plus  grands 
&  des  plus  propres ,  &  fon  Arknal  pour  un  des 
mieux  fournis.  Elle  eft  fortifiée ,  &  on  y  voie  le 
Châceau  de  Pierre  Encife ,  qui  la  domine  ,  &  ou  l'on 
mer  fouvenc  ks  prilbnniers  de  conléquence.  Cetce  ; 
grande  ville  eft  extrêmement  peuplée,  à  cauk  de,, 
l'on  commerce,  qui  eft  très-conlidérablc  ,  &  de  iesj 
raanufachues.  Elle  eft  aulfi  une  des  plus  riches  de  | 
France.  Il  y  a  un  Prélidial ,  une  Ekdion  ,  une  Cour 
des  Monnoies  ,  une  Chambre  des  Tréloriers  de 
France  ,  un  Tribunal  de  Commerce  ,  un  Prévôt  des 
Marcha'nd,s,  comme  à  Paris.  La  dignité  d'Echevm, 
ou  de  Conful  de  cecte  ville  ,  ennoblit  tous  xeux  qui, 
V  font  élevés.  Enfin  ,  il  y  a  dans  Lyon  le  hege  d  uuj 
Archev-êque  ,  qui  a  pour  futfragansks  Evêques  a  Au-, 
tun  ,:  de  Langres,  de  Chaloiis  &  de  Mkon  ,  c\'  '-, 


L  YO 

porte  le  titre  de  Primnt  des  Ciulcs.  Maty.  En  1079. 
Grégoire  VII  accorda  à  l'Archevêque  de  Lyon  l.i 
Primatic  fur  les  Provinces  de  Rouen  ,  de  Tours  <^c 
de  Sens  ;  &:  par  confcquent  lur  les  quatre  Provinces 
Lyonnoifes.  Dans  le  premier  Tome  des  Acla  Sanci. 
Bcned.  Prdtf.  Le  P.  Mabillon  prétend  montrer  qu'au- 
trefois il  y  avoit  toujours  révélation  pour  l'éleétion 
de  l'Archevêque  de  Lyon.  Lyon  ell  à  ii  degrés  55 
minutes  de  longitude  ,  &■  à  45  d.  4;  minutes  de  lati- 
tude feptentrionale. 

Il  y   a  trois  Icntimens  ditîerens  lur   l'origine  de 
Lyon.  Le  premier  donne  à  cette  ville  pour  fondateur 
Lucius  Munaticus  Plancus  ,  Conlul  Romain  ,  &  fixe 
le  temps  de  fa  fondation  à  l'an  710.  de  Rome,  44 
années  avant  la  naiilance  de  J.  C.  Le  fécond  fenti 
ment    efl  que  trois  cens  cinquante  ans  avant  Muna- 
tius  Plancus j  deux  frères,  Momorus  6c  Arepoma- 
rus  J  Princes  Gaulois  venus  de  Languedoc ,  bâtirent 
cette  ville  par  l'ordre  d'un  Oracle.   Le  troiiième  fen- 
timenr,  remontant  encore  àdesfiècles  plus  reculés, 
attribue  le^  commencemens  As  Lyon '3.  Lugdus,qna 
torzième  Roi   des  Celtes  ,   que   l'on  prétend  avoir 
donné  fon   nom  à  la  ville  de  Lyon.   Cette  dernière 
opinion  eft  une  invention  d'Annius  de  Viterbc.  C'eil 
en  faire  fufHfamment  connoître  la  fiufleté.  La  pre- 
mière paroît  la  plus  vraif'emblable.  M.  Broiiette  la 
fuit  dans  fon  Hijloire  abrégée  de  la  Ville  de  Lyon. 
Et  félon  cet  Auteur,  Lucetia  ,  la  ville  de  Comnjin- 
ges ,   qui    eft   appelée  Lugdunus    par   les   Anciens, 
Lugdunus    auprès  de  Vienne  j  qui   efl   aujourd'hui 
Montléans  ,  &  Lugdunum  Batavorum  ,  qui  eif  Ley- 
deiî ,   n'ont  pas  d'autre  origine.   H!jl.  des  Daupk. 
Li  IL.  p.  ç6 .  Le  P.  Hardouin  ,  dans  les  Notes  fur 
Pline ,  femble  approuver  l'opinion  de  Chorier.  Le 
P.  Méneflrier  dans  fon  Hifloïre  de  Lyon ,  la  réfute , 
/.    i  j6  ,   parce  qu'il  refte  plus  de   trente  infcrip- 
tions  antiques  où  {e.VLOnxcle.i'notAcLugudunum^Sc 
plus  de  foixante  où  eft  celui  de  Lugdunum  ;  que  les 
médailles  d'Antoine ,    &    des   tables  d'airain    gra- 
vées fous  l'Empire  de  Claude  ,  la  nomment  Lugu- 
dunum  ;  que  Dion  Se  Plutarque  la  nomment,  ainfî  ; 
que  Tacite,  Suétone,  Strabon  ,  Sénéque  ,_Florus, 
Pline,  Tite-Live  ,  Paterculus,  &  plus  de  cent  au- 
tres Auteurs  des  premiers  fiècles  la  nomment  Lug- 
dunum ;  &  qu'il  n'en  eft  pas  un  feul  qui  la  nomme 
Lucdunum  ,  avant  Chorier.  Cambden,  dans  fa  Bri- 
tannia  Antiqua ,  prétend  que  lugus ,  ou  lucus  ,  en 
ancien  Celtique  ,  flgnifîoit  une  tour^  en  effet,  Pom- 
ponius  Mêla  appelle  Turrim  Augujli  ,  le  lieu  que 
l'Itinéraire  d'Antonin  nomme  Lugo  Augujli.  De-là 
il  croit  que  Lucotetia ,  d'où  l'on  a  fait  Lutetia ,  li- 
gnifie Belle  tour,  parce  qu'il  a  ce  fcns  dans  la  langue 
Britannique ,  la  même  que  la  Celtique  \  &  il  veut 
que  Lugdunum  foit  Turris  in  colle ,  une  tour  fituée 
fur  luie  colhne.  Et  véritablement,  c'eft  ce  qui  pa- 
roît le  plus  vraifemblable. 

Ce  mot  Lyon  s'eft  formé  de  Lugdunum ,  ôc 
Lugdunum  eft  compofé  de  deux  mots ,  Lug  &c  du- 
num.  Le  fécond  en  Celtique  fîgnifîe  colline ,  hau- 
teur ,  montagne  ancienne  :  msis  la  diiHculté  eft  de 
fivoir  d'où  vient  Lug,  &  ce  qu'il  figniiîe.  Quel- 
ques-uns tirent  ce  nom  de  Lugdus,  qui  fut ,  dit  on. 
Roi  des  Celtes  \  d'autres  de  Lugdi  dunum  ,  la  mon- 
tagne de  Lugdus.  Plutarque  &  Strabon  ,  fuivis  de 
quelques  autres,  difént  que  ce  nom  fignitie  la  mon- 
tagne des  corbeaux  ,  Se  qu'il  fut  donné  à  cette  ville, 
parce  que  Momorus  ,  Prince  Gaulois  ,  ayant  reçu 
ordre  d'un  Orasle  de  bâtir  une  ville  au  confluent 
de  la  Saône  Se  du  Rhône  ,  il  fut  déterminé  à  la 
mettre  à  l'endroit  où  elle  eft  par  une  troupe  de 
corbeaux  qu'il  vit  voler  fur  cette  colline  ,  Se  qu'il 
prit  pour  un  bon  augure  ;  car  Ciitophon  ,^  dans 
Plutarque  ,  remarque  que  Loug  ,  ou  Lug  ,  fignifie 
lin  corbeau  -,  mjis  toutes  ces  étymologies  fentcnt  la 
fable.  Plufieurs  croient  que  Lugdunum  vient  de 
Lucii  dunum  ,  colline  de  Lucius  ,  parce  qu'elle  fut 
fondée  par  Lucius  Munatius  Plancus.  Quelques-uns 
difent  que  Lugdunum  eft  la  même  chofe  que  Lugens 
dunum,  colline  pleurante,  ou  Lucius  dunum,  col- 
Tome  V 


L  Y  O 


691 


Ime  de  deuil,  parce  que  cette  ville  avoit  été  ruinée 
deux  ou  trois  tois  par  diliércns  accidens.  Ils  difent 
qu'auparavant  elle  s'appelloir//ff  à  caufe  de  fa  fitua- 
tion ,  étant  alors  placée  entre  les  deux  rivières  ,  à 
la  pointe  de  terre  où  elles  fe  joignent  j  mais  Lyon 
s'appeloit  Lugdunum  ,  avant  les  incendies  qui  la 
ruinèrent.  On  a  dit  qu'une  lésion  de  Céfar  nommée 
Lugda  ,  avoit  campé  en  cet  endroit ,  6j  y  avoit  laillc 
fon  nom.  Goropius  Bécanus  prétend  que  Za-'  en 
langue  Cimbrique  ,  fignifioit  jorcune  ,  Se  que  lug- 
dunum eft  la  même  chofe  que  colline  de  la  fortune  ■ 
mais  on  fait  combien  la  plupart  des  étymologies 
de  cet  Auteur  font  mal  fondées.  M.  de  Sainte-Mar- 
the cite  un  ancien  Itinéraire  de  Bourdeaux  à  Jéru- 
falem,  qui  dit  que  Lugdunum  en  langue  Gauloife , 
fignih'e  Alonc  dê/iré.  Quelques  Auteurs  Eccléfiafti- 
ques ,  gens  communément  peu  heureux  dans  leurs 
étymologies,  prennent  ce  nom  pour  lucis  dunum, 
colline  de  la  lumière.  Le  P.  Méneftrier  croit  qu'il 
pourroit  venir  du  Grec  ^i-/»  t^;>o»  ^  qui  figiîifîe  Mon- 
tagne du  difcours ,  Se  que  ce  nom  lui  put  être  donné 
à  caufe  de  l'autel ,  dont  parle  Juvénal ,  Sat.  /.  v.  4.4, 
Se  devant  lequel  les  Orateurs  difputoient  pour  le 
prix  de  l'éloquence.  Il  conjeéfure  encore  que  ce 
nom  pourroit  s'être  formé  de  Luci  dunum,  qui  veut 
dire  la  montagne  du  bois  facré  ;  qu'il  y  avoit  là  un 
bois  où  les  Druides  faifoient  leurs  fàcrifïces ,  &  où 
ils  coupoicnt  le  Gui  ,  comme  nous  l'avons  dit  au 
mot  Aguilanneuf,  que  le  faubourg  de  Lyon  nommé 
la  Guillotière  n'a  pris  ce  nom  que  parce  que  c'étoit- 
là  qu'ils  dépofoient  le  Gui  lacré.  Foye:^  Hadr.  Va- 
lois ,  Not.  Gall.  p.  2(11.  &  fuiv.  Dion  raconte, 
Liv.  XLVI.  que  le  Sénat  craignant  que  Lyon  ne 
prît  le  parti  d'Antoine  ,  qui  venoit  d'être  déclaré 
ennemi  de  la  République  ,  ordonna  à  L.  Munatius 
Plancus  d'y  conduire  une  colonie  de  Viennois  ,  qui 
avoient  éié  chaffés  de  leur  ville  par  les  Allobroges: 
&  en  effet,  Lyon  porte  le  nom  de  colonie  dans 
les  Infcriptions  antiques.  C'eft  ce  qui  a  fait  dire  à 
tant  d'Auteurs,  que  Lyon  a  été  fondé  par.L.  Mu- 
natius Plancus. 

Chorier  tire  rétymologie  de  ce  nom  de  Lut , 
qui  /îgnifie  multitude  qui  habite  quelque  ville  ,  ou 
en  quelque  endroit  confîdérable  d'un  pays.  Il  veut 
qu'on  ait  dit  d'abord  Lutdunum  ,  c'eft  à-dire ,  le 
peuple  de  dun  ,  ou  de  la  montagne. 
LYONNISTE  ,  f.  m.  &  f.  Nom  de  feéfe.  Lugdunifta, 
Pauper  de  Lugduno.  Mézeray  donne  ce  nom  aux 
Pauvres  de  Lyon.  Avant  que  Valdo,  ce  Marchand 
de  Lyon  ,  qui  pour  affeder  une  pauvreté  Evangé- 
lique  ,  diftribua  fes  biens  aux  pauvres  ,  eût  donné 
commencement  aux  pauvres  de  Lyon ,  nommés  auflî 
Lyoniftes  ,  Lolards  &  Turelupins ,  ce  qui  ne  fut 
qu'en  l'an  1160.  Cette  nouvelle  doélrine  avoit  pris 
de  profondes  racines  dans  le  pays  de  Languedoc. 
MÉZERAY,  T.  L,  p.  yoo. 
LYONNOIS.  (k)  Province  de  France,  enfermée 
entre  la  Brefle ,  le  Beaujolois ,  le  Forez  &  le  Dau- 
phiné.  Elle  a  environ  douze  lieues  du  fud  au  nord, 
&  fîx  ou  fept  du  couchant  au  levant  :  le  Rhône 
Se  la  Saône  l'arrofent.  Ses  lieux  principaux  font 
Lyon  capitale  ,  S.  Chaumont ,  Condrieu ,  Brefle  Se 
Ance.  Lugdunenjis  Provincia. 

Le  Gouvernement  du  Lyonnois.  Lugdunenjls  Prs.- 
feclura.  C'eft  un  des  douze  grands  Gouvernemens 
de  la  France.  Il  eft  borné  au  nord  par  le  Berry ,  le 
Nivernois  Se  la  Bourgogne  ;  au  levant  par  la  Breflè 
Se  le  Dauphiné  ;  au  midi  par  les  Sevennes  Se  le 
Rouergue  ;  Se  au  couchant  par  le  Quercy ,  le  Li- 
mofîn  Se  le  Poitou.  Ge  Gouvernement  baigné  par 
le  Rhône  ,  la  Saône,  la  Loire  Se  l'Allier,  renferme 
toutes  ces  Provinces  ;  le  Lyonnois  particulier,  le 
Beaujolois ,  le  Forez ,  le  Bourbonnois  ,  l'Auvergne 
Se  la  Marche.  Lyon  en  eft  la  capitale, 
LYONNOISE.  Nom  que  l'on  a  donné  à  quatre  Pro- 
vinces de  France  ,  qu'on  nommoit  anciennement 
dans  les  divifions  des  Gaules  ,  Se  qu'on  nomme 
encore  aujourd'hui  en  parlant  de  l'Antiquité  ,  & 
fur  tout    en    termes   d'Hifloire    Eccléfiaftique  ;    la 

Sfff  ij 


6cjz      .     L  Y  R 

Piemière,  la  Seconde,  la  Tioilièmc  ,  &  la  Qua- 
rriè'.ne  Lyonnolfc. 

La  Première  Lyonno'ifi ,  en  Latin  Prima  Lu^du- 
nen/is  ,  comprcnoit  tout  ce  qui  dépend  de  la  ir.é- 
tropole  de  Lvon  ,  c'ell-à  dire  ,  l'Archevcché  de  Lyon 
&  les  Evcchcs  d'Autun  ,  de  Langres  ,  de  Châlons 
êc  de  Màcon. 

La  Seconde  Lyonnoife  ,  en  Latin  ,  Secunda  Lug- 
dunenfis ,  eft  la  Normandie  ,  ou  l'Archevêché  de 
Rouen  ,  &c  tous  Tes  luffragans  ,  Bayeux  ,  Avranches , 
Evreux  ,  Sécz,  Lizicux  &  Coutances. 

La  Troihème  Lyonnoife  ,  dans  les  Auteurs  Latins , 
Ténia  Lugdunenjïs ,  renferme  les  Dioccies  de  Tours , 
métropole  ,  du  Mans  ,  de  Rennes ,  d'Angers  ,  de 
Nantes ,  de  Quimper  ,  de  Vannes  ,  de  S.  Paul  de 
Léon,  &  de  Uol. 

La  Quatrième  Lyonnoife  ,  en  Latin  ,  Quana  Lug- 
dunenfis ,  comprend  les  Dioccfes  de  Sens ,  de  Char- 
tres ,  d'Auxerre  ,  de  Troyes  ,  d'Orléans  ,  de  Paris 
&  de  Meaux.  Voyez  les  Notices  anciennes  des  Pro- 
vinces de  France  données  par  le  P.  Labbe  dans  les 
Hifioriit,  Francorum  fcriptores  ,  au  commencement 
du  L  Tome. 

Il  n'y  eut  d'abord  qu'une  Lyonnoife.  L'Empereur 
Augufte  qui  lui  donna  ce  nom  ,  la  compofa  d'une 
partie  de  ce  qui  compofoit  du  temps  de  Célàr  la 
Gaule  Celtique.  Dans  la  luite ,  vrailemblablemcnt 
fous  Dioclétien  ,  cette  Lyonnoife  fut  partagcc  en 
deux.  Enfin  ,  fous  l'Empire  de  Gratien  ,  ou  au  plus 
tard  fous  celui  d'Honorius  ,  chacune  de  ces  deux 
Lyonnoifes  fut  encore  partagée  en  deux  autres  :  de 
la  première,  on  fît  la  première  &  la  troifième;  & 
de  la  féconde,  on  fît  la  féconde  &  la  quatrième. 
Lyonnoise.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Anémone  qui  a 
de  grandes  feuilles,  &  la  frai fe  ou  cordon  verte- 
blanchâtre  ,  à  tond  colombin  :  fa  peluche  colom- 
bincj  à  l'extrémité  gris.  Anémone  Lugdunenfîs.  Morin. 

L  Y  P. 

LYPÈZEj  ou  LIPSCH,  Nom  d'une  petite  ville  de  la 
Haute  Hongrie.  ii^wvM.  Elle  eil  capitale  du  Comté 
de  Lypczc  ,  &  iituce  (ur  la  rivière  de  Gran ,  à  deux 
liciics  au-dellus  de  Biftricz.   Maty. 

Le  Comté  de  Lypèze.  Liptovienfis  Comitatus. 
Contrée  de  la  Haute  Hongrie,  lîtuée  entre  lesComtés 
d'Arva,  de  Turofc ,  de  Biftricz ,  de  Gomer,  de 
Cépus,  &  du  Mont  Krapach,  qui  le  fépare  de  la 
Pologne.  Lypèfe  Se  Saftatt  en  font  les  lieux  prmci- 
paux.  Maty. 

LYPIRÎE.  Il  faut  écrire  LIPYRIE.  Efpèce  de  fîèvre 
ardente.  T'^oye'^  ce  mot. 

LYPO.  Ville  de  la  Chine  dans  la  provir.ce  de  Quangfi  , 
au  Département  de  Kinggyucn ,  troifîème  Métropole 
de  la  Province. 

LYPY ,  f.  m.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'une  tulipe 
rouge  brûlé ,  &  jaune-terni.  Morin. 

L  Y  R. 

LYRBÉ,  Ville  de  l'Ahe  mineure,  aii-delTus  de  Cy- 
bire. 

LYRE  ,  f.  f.  Ancien  inftrumcnt  de  Mufique  qu'on 
peint  entre  les  main  d'Apollon.  Lyra  ,  ckelys  ,  tef- 
tudo.  Il  eft:  de  fîgure  prelque  circulaire  ,  &  il  a  un 
petit  nombre  de  cordes  au  milieu,  tendues  comme 
celles  de  la  harpe  ^  &  qu'on  pince  avec  les  d oins. 
On  fc  fert  aullî  de  ce  mot  en  parlant  de  toute  forte 
d'harmonie.  Quelques-  uns  croient  que  la  lyre  des 
Grecs  éroit  notre  guittare.  D'autres  difent  que  c'é- 
toit  un  inftrument  fait  d'une  coquille  de  tortue 
qu'Hercule  vid  a  _& perça  ,  &  puis  la  monta  de  cordes 
de  boyau  ,  au  l'on  delquelles ,  il  accorda  fa  voix  , 
comme  le  dit  Horace  .-  aufli  l'appeloit-on  tefludo. 
On  en  voir  plufieurs  figures  diftérentes  flir  les  mar- 
bres &  médailles  de  l'Antiquité.  Il  y  avoir  une  lyre 
à  quatre  cordes  ,  &  une  à  fept.  Dac.  Baudelot  dit 
que  les  anciennes  lyres  n'avoient  que  trois  cordes. 
Timothée   qui  en  ajouta   de   nouvelles    fut    acculé 


LYS 

dans  Lacédémone  de  corrompre  la  Mufique.  Dion 
Chryf.  p.  41 1.  Baudelot  ,  Hijl.  de  Ptol.  Aul.  P, 
IL  C.  FUI.  p.  368.  On  dit  poétiquement  ^  Je 
chanterai  fur  ma  lyre  j  c'eft-à-dire  ,  de  vive  voix , 
accompagné  de  quelque  inftrument.  Les  uns  attri- 
buent l'invention  de  la  lyre  à  Orphée  ,  d'autres  à 
Linus,  d'autres  à  Amphion ,  d'autres  enfin  à  Mer- 
cure &  à  Apollon.  L'Ecriture  nous  apprend  que 
Tubal  inventa  la  lyre ,  pour  adoucit  les  fatigues  du 
travail  par  fes  fons  harmonieux.  Les  Anciens  n'em- 
ployoient  la  lyre  que  pour  louer  les  dieux  :  &  la 
riùte  poMr  les  hommes.  Dac.  Les  Grecs  fe  fervoient 
de  la  lyre  dans  les  chœurs  de  la  Tragédie.  Id. 

Les  lyres  des  Bardes ,  anciens  Poètes  des  Gaulois, 
avoient  de  la  relfemblance  avec  les  Mandores  , 
inifrument  de  Mufique  qui  commence  à  être  né- 
gligé. Chokier  ,  Hift.  de  Dauph.  L.  II.  p.   104. 

La  lyre  moderne  eft  un  inftrument  dont  la  figure 
eft  peu  différente  de  la  viole ,  m.ais  Ion  manche  eft 
beaucoup  plus  large  ,  auftî-bien  que  fes  touches, 
parce  qu'ils  font  couverts  de  quinze  cordes ,  dont 
les  hx  premières  ne  font  que  trois  rangs.  Que  fi 
on  vouloir  doubler  chaque  rang ,  comme  au  luth  , 
on  auroit  22  cordes.  Son  chevalet  eft  aufti  plus 
long ,  plus  bas  &  plus  plat.  On  n'en  ufe  guère  en 
France  ,  quoiqu'elle  foit  fort  propre  pour  accom- 
pagner la  voix.  Le  fon  de  la  lyre  eft  languiffanc , 
&  Dropre  à  exciter  la  dévotion.  Mers. 
Lyre  ,  s'emploie  aufll  figurément.  Mufe  ,  il  faut 
prendre  ta  lyre  ,  Armand  nous  aime.  Mai.  Prens  la 
lyre  de  Chapelain  &  la  guitarre  de  Voiture.  Sar. 
Le  Père  Mourgues  a  fait  un  Virelay  fur  le  Rimeur 
rebuté,  qui  coiTimence  patj 

Adieu  vous  dis  ,  trijle  lyre  , 
C'efl  trop  apprêtir  à  rire. 

Lyre.  Conftellation  feptentrionale.  Elle  eft  compofeedc 
dix  étoiles.  Lyra.  Une  de  la  première  grandeur  , 
deux  de  la  troihème  ,  &  fept  de  la  quatrième.  Baïer 
&  Harris  lui  donnent  treize  étoiles  ,  dont  il  y  en  a 
une  de  la  première  grandeur  ,  deux  de  la  troilième  , 
une  de  la  quatrième ,  fix  de  la  cinquième  j  &  trois 
de  la  iixième. 

LYRIQUE  ,  adj.  Ce  qui  fe  chantoit  fur  la  lyre.  Lyricus. 
On  le  dit  des  Odes ,  tk  des  Stances  qui  répondent 
à  nos  airs  ,  qu'on  peut  chanter ,  &  mettre  fur  des 
inftrumens.  Les  Anciens  ont  fort  éftimé  les  vers  ly- 
riques. C''eft  le  nom  qu'on  donne  aux  vers  qui  ne 
fé  peuvent  rapporter  aux  deux  autres  genres  de  vers, 
c'eft-à-dire  ,  Hexamètres  &  lambiques.  Ils  fer- 
voient .TJX  Odes  ,  &  aux  chœurs  des  Tragédies.  Pin- 
dare  évite  avec  foin  cet  ordre  méthodique  ,  &z  ces 
liailbns  exactes  ,  qui  ôteroient  l'ame  à  la  Poëfic 
lyrique.  Boileau. 

|CF  Nous  avons  étendu  ce  mot  à  nos  vers  François 
qui  font  propres  à  être  chanrés.  Le  caractère  de  la 
Poclle  lyrique  eft  la  noblelfe,  pour  les  fujers  héroïques, 
&  la  douceur  pour  les  t'ujets  badins  ou  galans 

^3"  On  appelle  Poètes  lyriques  ceux  qui  compofent  des 
Odes  ou  des  Poëfies  propres  à  être  miles  en  Mufique. 
Rouileau  &  Quinaut  font  nos  meilleurs  Poètes  Ly- 
riques. 

LYS. 

LYS.  ToyqLis. 

LYSANDER  ,  ou  LYSANDRE  ,  f.m.  Nom  d'homme. 
Lyfander.  Pourquoi  ne  pas  dire  Lyfandre  ,  comme 
Alexandre  y  Timandre  ,  Caffandre ,  Ménandre  ?  6jc. 
Cependant ,  M.  Tourreil  &  d'autres  difent  Lyfander. 
Lyfandre  fut  honoré  comme  un  dieu  à  Samos. 
Voii:  de  Idolol.  L.  L.  c.  13. 

LYSIARQUE  ,  f.  m.   Voye^  Lyciarq,ue. 

LYSIMACHIE  ,  f.  f.  Genre  de  plante  qui  tire  fon  nom, 
félon  Pline  ,  du  Roi  Lyfimachus  ,  lequel  fut  le  pre- 
mier qui  mit  une  efpèce  de  ce  genre  en  ufage. 
Ly /ïmachia.  Voyez  Corneille.  C'eft  la  même  plante-. 

LYSIMACHUS ,  ou  LYSIMAQUE ,  f.  m.  Nom  d'hom- 


LYS 

me.  Lyftinachus.  M.  ToiuTcil  iSc  d'aurres  difent  tou- 
jours Lyjimachus.  D'autres  Lyjimaque. 

LYSIPPEj  f.  m.  Sculpteur  fameux  de  Sicyone  ,  vivoit 
du  temps  d'Alexandre,  environ  360  ans  avant  J.  C. 
Un  de  les  plus  beaux  ouvrages  etoit  la  llatue  d'un 
homme  qui  fe  frotte  en  lortaiit  du  bain.  Agrippa 
l'avoit  mife  à  Rome  devant  les  Thermes  qu'il  lit 
conrtruire.  Le  peuple  étoit  lî  enchanté  de  cette  lla- 
tue, que  Tibère  l'ayant  fait  enlever  pour  la  mettre 
dans  fon  Palais,  les  Romains  la  lui  redemandèrent 
en  plein  théâtre  ,  &c  forcèrent  leur  Empereur  de 
la  rellituer.  Lyjippe  lailla  trois  fils  ,  dont  le  plus 
célèbre  hit  Eutycratc.  Dicllonnaire  de  Peïnturii  ù 
d'Architecture. 

LYSPONDT  ,  f.  m.  Sorte  de  poids  qui  pèfe  plus  ou 
moins,  luivant  les  endroits  où  l'on  s'en  fert. 

IP"  LYSSA  ,  f.  f.  Mot  Grec  qui  lignifie  rage  ,  défef- 
poir.  Euripide  en  fait  une  divinité  qu'il  met  an 
nombre  des  Furies,  avec  l'emploi  de  louftler  dans 
Tefprit  des  hommes  la  fureur  &  la  rage. 

LYSTON.  Bourg  d'Angleterre  ,  litué  dans  le  Comté 
de  Dévon ,  près  de  celui  de  Cornouaille ,  &  de  la 
rivière  de  Tamer  ,  à  llx  lieues  au  dellus  de  Pli- 
mouth. 

LYSTRE.  Nom  d'une  ancienne  ville  de  Galatie ,  dans 
l'Afie  mineure.  Lïfira. ,  Lyjira.  Elle  étoit  dans  l'Ifau- 


L  Y  T  69^ 

rie  ,  à  quatorze  hcues  d'Icône ,  vers  le  couchant. 
S.  Paul  ayant  guéri  miraculeufcment  un  impotent 
de  Ly/lre  ,  les  Lylhiens  voulurent  lui  offrir  des  fa- 
trifices  comme  à  une  divinité  ;  mais  peu  de  temps 
après,  étant  irrités  par  les  Juifs  léditieux  J»  ils  le 
lapidèrent ,  ëc  le  tr.ainèreiu  h<jrs  de  leur  ville  , 
comme  un  cadavre  ,  mais  il  n'en  mourut  pourtant 
pas.  L'Évangile  s'établit  à  Ly/lrc  ,  qui  fut  Épifco- 
palc  ,  fuftragantc  d'Iconie.  Elle  eft  maintenant  entiè- 
rement ruinée.  Maty. 
LYSTRIEN,  ENNE,  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  Lyftre, 
habitant  de  Lyftre.  Lyjlnus.  Les  Lyjl riens  parloient 
la  langue  Lycaonienne  ,  comme  il  paroit  par  le 
XIV*  Ch.  des  Adlcs  des  Apôtres. 

L  Y  T. 

LYTAN  ,  ou  LYTHAN ,  f.  m.  Terme  de  Calendrier, 
Lycanus.  C'eft  le  nom  d'un  mois  de  l'année  des 
Cappadociens.  Il  y  a  dans  Uirérius  un  fragment  qui 
nous  apprend  que  ce  mois  répondoit  au  mois  de 
Janvier  des  Romains. 

LYTH.  Foyei  Leith. 

LYXIM.  Petite  ville  de  la  Principauté  de  Phalczbourg  ^ 
à  quatre  lieues  de  Saverne.  Lyximum, 


694 


■?gqTg^E^WW^*r?n^H'''J'".JtBti.'<g<-'  "J»  m 


0^  Lettre  confonne,  la  treizième 
lettre  de   notre  alphabeth  françoisj 
('.  f.  fuivant  rancieniie  appellation , 
qui  prononçoit  emmc  :  Se  i.  m.  fui- 
vant l'appellation  moderne  ,  qui  pro- 
nonce me. 
(pr    Cette   lettre    a    un  fon   fort 
fourd  ,    &    qui    fe    prononce   fur    rextrémité    des 
lèvres,  en  frappant   la    lèvre   d'en -haut  (ur  celle 
d'en  bas  ;   en  quoi  la  prononciation  de  cette  lettre 
efl  femblable  à  celle  du  è  :  elle   n'en   diftère  que 
dans  un  petit  mouvement  qui  le  fait  dans  le  nez 
quand  on   prononce  I'/tz  ,    &  qui   ne  fe  fait  pas 
.     quand  on  prononce  un  b  ;  Se  comme  ce  mouve- 
ment ne  fe  peut  faire  quand  on  a  le  nez  cmbar- 
ralfé ,  il  arrive  que  ceux  qui  font  enrhumes  pronon- 
cent prefque  I'ot  comme  anb,Sc  difent ,  par  exemple , 
je  ne  fiurois  /Ranger ,  au  lieu  de  dire  ,  je  ne  faurois 
OTanger.  C'eft  la  remarque  de  M.. l'Abbé  Dangeau. 
§CF  Ain/i  l'articulation  repréfentée  par  la  lettre  m  eft 
labiale   &   nalale  :    labiale  ,   parce  qu'elle  exige  le 
rapprochement  des  deux  lèvres  :  nafale  ,  parce  que 
l'aciion  des  lèvres  ainfi  rapprochées ,  fait  refluer  par 
le  nez  une  partie  de  l'air  fonore  que  l'articulation 
modifie.   Ainfi  ,   comme  nous  venons  de  le  dire, 
ceux  qui  font  enrhumés  prononcent  m  comme  b, 
parce  que   l'air  ne    pouvant    entrer   dans  le    nez , 
l'articulation  de  cette  lettre  devient  totalement  la- 
biale. 
§C?  Quand  la  lettre  m  eft  la  fin  d'un  mot  ,  elle  ne 
rend  qu'un  fon  nafrl.  Ainli  nom ,  parfum  ,faim ,  Sec. 
fe  prononcent  comme  non  y  parfun ,  faln,  ôcc.   Il 
en  faut  excepter  les  mots  étrangers  ,  comme  Jéru- 
falem  ,  Scoholm  ,  Salm ,  Krim ,  Sec.  où  i'm  coiilerve  fi 
-véritable  prononciation.  Il  y  a  pourtant  quelques  noms 
Somme  dans  Jdum ,  Abfalom ,  où  1'/«  eft  un  fimple 
figne  de  nafalité.  Il  faut  là  delfus  confulter  l'uiage. 
§3"  Cette  lettre  fe  prononce  encore  comme  n  quand 
elle  eft  au  milieu  d'un  mot  devant  b  ,  p  ,n  ,  comme 
dans  emblème  ,  embarras  ,  emploi ,  empire ,  condam- 
ner ^  Sec.  que  l'on  prononce,  anploi ,  anpirc  ^,  an- 
blême  ,  anbarras,  condaner ,  Sec.  Il  en  faut  excepter 
quelques  mots  pris  du   Grec ,    ou   empruntés  des 
autres   langues    où   elle    retient  ta   prononciation  , 
comme  dans  amnijlie  j  Memnon  ,  Mnémofyne  ,  Aga- 
memnon  ,  Sec. 
^3"  Quand   cette  lettte  eft  redoublée   dans   les  mots 
compofés  de  la  particule  en,  comme  emmener,  em- 
maillouer ,  Sec.   la   première   fe  prononce   encore 
comme  n  ,  anmener,  anmaillotter. 

Cette  lettre  étant  précédée  immédiatement  des 
voyelles  a  ,  e  ,  i,  o  ,  u  ,  forme  avec  elles  un  fon 
nafal  &  obtus  ,  qui  cil  une  vraie  voyelle  lîmple  -, 
&  quoique  dans  l'uiage  on  l'exprime  par  deux  ca- 
raûères  ,  ce  fon  ne  laifte  pas  d'être  fimple  ,  & 
capable  d'un  port  de  voix  ,  comme  Jes  voyelles  or- 
dinaires ,  a,  e,  i,  o,  u;  on  peut  remarquer  cela 
dans  les  mots  ewbralfer  ,  impie ,  orabre  ,  Sec.  Ce  fon 
obtus  que  \'m  forme  avec  les  voyelles  qu'elle  fuit 
imlnédiâtement  dans  une  même  fyllabe  ,  eft  le  même 
que  \'n  forme  avec  les  mêmes  voyelles ,  quand  elle 
les  fuit  immédiatement  dans  une  même  fyllabe  ;  cela 
peut  fe  remarquer  dans  les  mots  (uivans  impie,  in- 
jufte  ,  erabranèr  ,  e/jtendre.  Il  y  a  quelques  mots  où 
\'m  conferve  le  ion  qui  lui  eft  propre ,  mais  alors 
elle  eft  fuivie  d'une  autre  m  ,  ou  d'une  n  ;  comme 
dans  ces  mots  ,  i/nmodeftc ,  iOTmodeftie ,  i/wmodef 
tement ,  amniftie  ,  hymne  ,  int/tf/Tznifer  ,  int/tf/Tznité , 
Memnon,  Aga/Tzemnon ,  Sec. 

M  quand  elle  eft  lettre  numérale  ,  fignifie  Mille 
chez  les  Ansiens,  fuivant  ce  vers  : 


M.  caput  ejl  numeri  quem  fcimus  mille  cenere. 

Quand  on  y  ajoute  une  ligne^  horifontale  au-dcf- 
fus,  elle  fait  mille  lois  mille.  M. 

La  lettre  M,  dans  des  tables  Aftronomiques  ,  & 
autres  ouvrages  lemblabks  ,  marque  le  midi;  par 
exemple  ,  que  la  latitude  d'une  planète  eft  méridio- 
nale. 

M.  Cette  lettre,  dans  les  Ordonnances  des  Mé- 
decins ,  eft  l'abréviation  de  mifce ,  mêlez ,  ou  de  ma- 
nipulus ,  poignée. 

La  lettre  M,  eft  formée  de  deux  ^f^  approches 
Se  renverlés  w ,  M. 

La  lettre  M,  eft  la  même  que  le  iWz  des  Grecs, 
qui  s'eft  formé  de  l'ancien  mem  Hébreu.  F'oye':{^  la 
Diirertation  du  P.  E.  Souciet  Jéfuite,  fur  les  médail- 
les Samaritaines. 

L'ot  fur  les  monnoies  ,  eft  la  marque  de  celles 
qui  font  frappées  à  Touloufe. 

M  A. 

MA.  adjeélif  pronominal  féminin.  Mea.  Le  mafculin 
eft  Mon.  Ma  maifon.  Ma  robe.  Ma  tante.  On  dit 
mon  ,  devant  les  mots  qui  commencent  par  une 
voyelle.  Mon  ame  ,  mon  épaule  ,  &c. 

Ma.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une  femme 
que  la  frble  dit  avoir  iuivi  Rhéa ,  &  à  laquelle  Ju- 
piter confia  l'éducation  de  Bacchus. 

Ce  nom  fe  dcnnoit  quelquefois  à  Rhéa  même, 
fur-tout  en  Lydie ,  où  on  lui  Licrihoit  un  taureau  fous 
ce  nom. 

Ma.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  fcptième 
mois  des  Tartares  du  Cathai. 

M  A  A.  , 

MAACHATL/-"oyq  Mach.^ti. 

MAAGNIÉ  ,  ÉE.  vieux  adj.  C'eft  la  même  chofe  que 
Meshaigné. 

MAAMAR  BASCHI.  f  m.  Terme  de  Relation  ;  nom 
d'office  à  la  Cour  de  Perfe.  Le  Maamar  bajlhi  eft 
le  grand  Architecte  du  Sophi  j  le  Contrc)leur- 
général  df  s  batimens ,  ou  Surintendant  des  bâtimens 
du  Roi  de  Peife. 

MAANSELHE.  Nom  d'un  ifthme,  qui  joint  la  Lapo- 
nie  Mofcovite  j  Se  la  Finlande,  province  de  Suède, 
avec  le  Kargapol ,  province  de  la  Molcovie.  Maan- 
felha,  ou  ifthmus  Suecia.  Il  eft  entre  la  mer  Blan- 
che Se  le  lac  Onega.  Il  peut  avoir  environ  vingt 
lieues  de  largeur.  Matv. 

MAARA.  Nom  d'une  place  des  Sidoniens.  Maarj. 
Sidoniorum.  C'eft-à  dire  ,  .Caserne  des  Sidoniens, 
Jof.  XII.  4.  On  la  nomma  enluite  Cavea  Tyri, 
Cage  de  Tyr.  C'étoit  un  pofte  imprenable  ;  ce  fut  dans 
la  fuite  une  ville  des  Chrétiens.  Elle  éroit  dans  la 
Tribu  d'Afer.  Au  midi  font  les  Hévéens ,  toute  la 
terre  de  Chanaan  ,  Maara ,  qui  eft  aux  Sidoniens. 
Saci. 

MAAYPOOSTEN.  f.  m.  Sorte  d'étoffe  de  foie  qui  eft 
apportée  en  Europe  par  le  retour  des  v.iilfeaux  de 
la  Compagnie  des  Indes  Orientales  de  Hollande. 

M  A  B. 

MABAN.  Bourg  de  l'Écofle  méridionale.  Mahanum. 
Il  étoit  de  ceux  qui  avoient  (éance  Se  voix  au  Par- 
lement d'ÉcolTe ,  &  il  eft  fitué  près  d'un  lac  où  l'on 
prend  une  efpèce  de  poilfon  nommé  Vendèfes ,  qui 
fe  file  Se  fe  débite  dans  les  provinces  voilmes,'& 
fiit  un  des  piij^cipaux  revenus  du  pays. 


MAC 

MABOUJA.  f.  f.  C'cll:  le  nom  d'une  racine  de  l'Amé- 
rique dont  les  Sauvages  tont  les  niallucs  ,  qui  lonc 
leurs  armes  pour  attaquer  ou  pour  le  dércndrc  ,  & 
dont  parle  Biron  dans  fcs  cunolités  de  l'art  ëc  de 
la  nature  ,   apportées   des  Indes.    Cette  racine  eft 
extrêmement  compadle  ,  Se  e(l  plus  dure  &  plus 
pelante  que  le  bois  de  fer.  Elle  ell  noue  Ik  toute 
garnie  de   nœuds    gros   comme   des  cliàtaigties;  ce 
qui  la  rend  fort  propre  pour  l'uiagc  qu'ils  en  tont. 
L'Arbre  qui  produit  cette  racine  n'eft  pas  commun. 
On    en    trouve   iur   le   haut  de  la  montagne  de  la 
Soufrière  en  la   Guadeloupe.    Les  Américains  ont 
donné   le  nom  de  Mabouja   à  cette  mallue ,  parce 
que  ce  mot  (îgniHe  chez    eux   le  diable  ,  &  qu  ils 
dilent  que  c'ell  une  racine  de  diable  ,  ou  qu'ils  ont 
la  force  du  diable  lorlqu'ils  en  font  armés. 
MABOUYA.  f.  m.  Chez   les   Cara'i'bes  Sauvages  des 
îles  Antilles  j  c'eft  le  diable  ou  rcfprit  malin  dont 
ils  redoutent  le  pouvoir.  C'eft  pourquoi  on  lui  rend 
une  clpèce    de   culte  ,    en   le  repréfentant  lous  de 
petites  figures  de  bois  aulli  bizarres  que  hideutes. 
MABOUYAS.    f.    m.  Sorte   de  lézard  ,  qui  fc  trouve 
dans  les  lies  de  l'Amérique  ,  &:  que  les  Sauvages  ont 
nommé  ainlîi  ,   à  caule  qu'ils  font  les  plus  laids  & 
les  plus  hideux   de  tous  ceux  que  l'on  y  voit  ,  & 
que  Mabouyas  eiT:  un  nom  qu  ils  donnent  commu- 
nément à  tout  ce  qui  leur  fait  horreur.  Ces  lézards 
font    médiocrement   grar.ds  ,  Se    ont  rarement  un 
pied  de  long  _,  &:  quand  on  leur  a  coupé  la  queue, 
ils  paroifFent  être  de  véritables  crapaux.  Ils  ont  les 
doigts  des  pattes  plats  ,   larges    Se  arrondis  par  les 
bouts ,  &  à  l'extrémité  de  chacun  ,  il  y  a  une  pe- 
tite griffe  femblable  à  l'aiguillon  d'une  guêpe.  Ils 
font  de  différente   couleur  j    &  ont   tous  la   peau 
comme  frottée  d'huile.  Ils  le  retirent  ordinairement 
fur   des  branches  d'arbres  ,  fur   le  faite  &   Cm  les 
chevrons  des  calés,  &  delccndent  rarement  en  bas. 
Ils  n'ont  d'ordinaire  qu'un  peu  plus  d'un  pouce  de 
grolfeur.    Pendant  la  nuit  ils  jettent  de  temps  en 
temps  un  cri  efttoyable ,  qui  elf  un  infaillible  pré- 
fage  de  changement  de  temps.  Ils  le  jettent  fur  ceux 
qui  les  agacent  ;  on    n'a  pourtant  jamais  remarqué 
qu'ils  aient  mordu  ou  fait  mourir  perfonne. 
MABRA.   "Ville  du  Royaume  d'Alger ,  en  Barbarie  , 
Mabra  ,  anciennement    Aphrodlfium.    Elle  eft  dans 
le  Royrume  de  Conflantine  ,  fur  le  golfe  de  Bonne  , 
au  couchant  de  la  ville  de  ce  nom.  Maty. 
MABY.  f.  m.  Breuvage  dont  on  fe  fert  dans  les  îles ,  & 
qui  n'y  eft  guère  moins  en  ulage  que  le  Ouycou. 
Cette  boillon  fe  fait  dans  un  Canaris  où   l'on  met 
vingt  à  trente  pots  d'eau  ,  avec  deux  pots  de  firop 
de  cannes  clarifié  ,  une  douzaine  de  patates  ,  &  au- 
tant d'oranges  aigres  ,  coupées  par  quartiers.  Cette 
liqueur  fermente  en  moins  de  trente  heures ,  &  fait 
une  efpèce  de  vin  clairet  allez  bon ,  &  plus  agréa- 
ble que  l'ouycou  ,  m  lis  plus  malfailanti  car  le  Mahy 
enivre  plus  facilement  ,  &  donne  la  colique  ,  pour 
peu  qu'on  en  falFe  d'excès.  Voyc\  le  P.  Labat. 

♦  MAC. 


MACABÉE ,  MACCABÉE ,  ou  MACHABÉE.  f.  m. 
Il  y  en  a  qui  écnv cnt  Machabée ,  &  d'autres  iV/i/c- 
cabées  ,  mais  on  prononce  fuivant  la  première  or- 
thographe ,  ôc  on  peut  la  retenir.  Mackabaus  ,  fé- 
lon la  Vulgate  ,  Maccabxus  ,  félon  les  Septante.  On 
appelle  du  nom  de  Machabe'es  les  fils  du  Prêtre  Ma- 
thatias ,  du  nom  de  Judas  Macabée  ,  Sec.  M.  Bof-' 
fuet  ajoute  l'article  ,  Se  dit  Judas  le  Macabée.  Ce 
nom  fut  donné  à  ces  iHuftres  guerriers  de  la  race 
Sacerdotale  ,  qui  délivrèrent  le  peuple  Juif  de  la 
tyrannie  des  Rois  Grecs  de  Syrie.  Le  premier  qui  ait 
porté  le  nom  de  Machabée  eft  Judas  fils  de  Matha- 
tias.  Il  n'y  a  même  que  lui  qui  foit  appelé  Machabée 
dans  le  Texte  de  l'Ecriture  i  mais  les  deux  Livres  de 
l'Ecriture  qui  comprennent  les  aftions  deJudas&  de 
fes  frères ,  Jonathan  Se  Simon ,  font  intitulés  Livres 
des  Machabées  ,  Se  donnent  .ainfi  ce  nom  à  tous  ces 
trois  frères  ^  qu'on  nomme  autrement  Afmonéens. 


MAC  6çs 

Il  n'en  eft  pas  dcmême  des  Auteurs  Eccléfiaftiqucsj 
ils  donnent  le  nom  de  AJachabées  k  tous  les  Afmo- 
néens. Les  Machabées  n'eurent  d'abord  que  le  titre 
de  grand  l'rctre ,  de  Commandant  des  armées  ^  V. 
de  Chef.  Enluite  le  peuple  donna  à  Simon  celui  de 
Grand  Prêtre  Se  de  Prince  du  peuple.  Enfin  j  Arif^ 
tobnle  Ion  petit- hls  prit  la  qualité  de  Roi  ,  que  lui 
Se  fes  fucceflèurs  •gardèrent  jutqu'à  Hérodes  ,  qui 
les  dépolléda. 

Ce   nom   François  de  Macabée  vient   du  Latin 
Machabdus  ,  Se  du  Grec  m«ki»</3^ioî-,  mais  d'où  vien- 
nent ces  noms  là  eux-mêmes  r' Sixte  de  Sienne  rap- 
porte fur  cela   le  fentinicnt  d'un  Rabbin ,  qui  pté- 
tend  que  Judas  ayant  fait  mettre  dans  fes  drapeaux 
ces  lettres  ,  '3.  3.  '0  mi.  eu.  ba.  i.  on  en  a  formé  le 
furnom    de   Macabée.    Ce  font  les  lettres  iiiitialcs 
des  premiers  mots  du  verfet  onzième  du  chap.  quin- 
zième de  l'Exode  :  mn>  D>n4a  nDtaa  'a.  Ces  mots  en- 
tiers veulent  dire,  Quis  j7mUis  tui  in fordbus  ■,  Do- 
mine ?  Qui  eji  femblable  à  vous  parmi  les  forts  ("ou  , 
entre  les  dieux ,  )  Seigneur  !"   D'autres  prétendent 
que   c'eft  là   une   faulle  opinion  ,  inventée  par  les 
anciens  Rabbins;  que   Judas  porta  le  nom  de  Ma- 
chabée dès  la  jeunede  ;  que  d'ailleurs  on  fiit    par 
d'anciens  monumens  des  Juifs  qu'il  avoit  fait  met- 
tre un  lion  fur  fes  étendards.  Jofeph  Ben  Gorion  , 
dont  on  a  une  hiftoire  en  langue  Hébraïque  ,  dit 
que  le  courage  de  Judas  fils  de  Math.atias  lui  lit  don- 
ner le  furnom  de  Machabée  ,  ce  qui  a  fait  croire 
à    quelques    Savans    que   ce  mot    étoit  formé  des 
mots  Hébreux  '3  n3a  Maccak  bi  ,  en  Latin  plaga 
per  me  ,  à   me  ,    ex  me ,  c'eft-à  dire  j  C'eft  de  moi 
que  vienc  la  défaite  des  ennemis.  Le  P.  Pierre  Re- 
deau ,  Jéfuite  Irlandois,  croit  que  le  nom  de  Ma- 
chabée vient  du  verbe  Grec  f:>îx'»,«-«  ,  pugno  ,  Se  qu'il 
fut  donné  à  Judas ,  à  caufe   de    la  valeur  ,  puis    à 
d'autres  qui  fe  diffinguerent   par  leur  courage.  Oïl 
le  dérive  encore  du  verbe  n33  cabah  ,  qui  veut  dire 
éteindre  ,   ajfoupir ,  lequel    au   participe  de  la  con- 
jugaifon  piel  a  ï\223  ,  mecahbeh  ,  extinguens  y  fur- 
nom   qui   convient    fort    bien   à  Judas  Maccahée  , 
pour  avoir  éteint  les  dillenrions  domeftiques  de  fa 
nation.  Il  y  a  encore  d'autres  étymologies  fembla- 
bles  de  ce  mot  qu'il  eft:  inutile  de  rapporter. 

liidore  de  Pélule  ,  L.  III.  Ep.  ^.  dit  que  Macca- 
hée en  Langue  Periîque  ,  lignitioit  Seigneur;  ainfi 
il  faudroit  que  ce  fulîcnt  les  ennemis  des  Machabées  , 
qui  leur  eulfcnt  donné  ce  nom. 

Ceux  que  nous  appelons  communément  Macha- 
bées ,  ne  font  point  ces  Chefs  du  peuple  ,  mais  les 
fept  frères  qui  fbuftnrent  fi  généreutement  les  fuppli- 
ces  les  plus  cruels  ,  &:  la  more ,  plutôt  que  de  violer 
la  loi  de  Dieu  ;  comme  il  ell;  décrit  ,iu  Chapitre  VII, 
du  I.  Livre  des  Machabées.  La  mère  des  J^achabées 
les  animoit  elle-même  au  fupplice. 

Les  Livres  des  Machabées  font  deux  Livres  Cano- 
niques de  l'Écriture  ,  qui  contiennent  l'hiftoire  de 
Judas  ,  de  Jonathas ,  Se  de  Simon  Machabée.  Luther 
Se  Calvin  ont  ôté  les  Livres  des  Machabées  du  Ca- 
non ;  mais  le  Concile  de  Laodicée ,  un  Concile  de 
Carthage  ,  le  Concile  de  Trente ,  innocent  I.  dans 
la  Lettre  à  Exupere  ,  le  Pape  Gélafe ,  S.  Auguftin  , 
Liv.  II.  de  Docl.  Chrifl.  c.  S.  liidore  ,  Etym.  L. 
VI.  c.  I.  Ca/iodorc,  L.  I.  Divinar.  Infit.  Se  R.i- 
ban ,  de  Injlitut.  Clericor.  L.  II.  les  y  mettent ,  Se 
leur  donnent  le  titre  Se  l'autorité  de  Livres  divins. 
Koye^  Bellarmin  ,  de  verbo  Dei .  L.  Le.  'lo.  Se 
Téna ,  Difficalr.  XFII.  Secl'.  4.  Les  Pères  Grecs  , 
&  Latins  Origène  ,  Eufebe  de  Céfirée ,  Euftathe 
d'Antioche  ,  Théophile  d'Alexaildrie,  S.  Grégoire 
de  Nazianzcj  Clément  Alexandrin  ,  L.  I.  Strom. 
c.  II.  S.  Jean  Chryfoftôme ,  S.  Jean  de  Damas, 
Tevtullien,  S.  Cyprien,S.  Ambroile,  S.  Auguftin  , 
Alcuin  ,  Raban  ,  Kidore,  Sulpice  Sévère  j  1.7/. 
Junilius ,  de  Partibus  Divins  legis ,  L.  /.  Callîdiore, 
de  Divinis  UFl.  c.  0.  S.  Prolper,  Bède ,  Lucifer  de 
Cagliari,S.  Bernard,  l'Avbbé  Rjipert ,  o-c.  citent  ces 
deux  Livres  comme  partie  de  l'tcrirure  Sainte.  Voy. 
Bcljarmin,  de  Verbo  Deij  Liv.  L  c.  10.  Médina,  de 


69e 


MAC 


reclâlnDeumfide,  Liv.  FI.  t.  ^.  Sixte  de  Sicuiie  , 
Liv.  V^lII.  On  cite  un  troilième  &  un  quaiiième 
Livre  des  Machabées  ;  mais  ils  font  apocryphes.  Le 
troilième  ,  lelon  'I  éna  ,  quoiqu  il  ne  loit  pomt  Ca- 
nonique ,  ne  laillc  pas  d'avou'  beaucoup  d'aucoiite. 
MACADObiiLN.  1".  m.  Nom  d'une  drogue  qui  vient  de 

l'Amérique.  Foye:^  Méchoacan. 
MACAF.  f.  m.  lerme  d'Impaimeur.  Nom  que  don- 
nent les  Imprimeurs  à  un  trait  qui  joint  deux  mots 
enlemble.  Par  exemple,    Qu'a  t-d  jaic? 

Ce  mot  &  le  petit  trait  horilontal  qu'on  appelle 
Macaf ,  font  pris  des  Grammairiens  Hébreux  qui 
s'en  fervent  au  même  ufage.  Il  vient  du  Syriaque 
{)pa  ,  Nekaph  ,  qui  l'ignitie  ,  joindre  ,  d'où  te  tait  f]pQ  , 
Mahkaph  ,  conjonétion.  Les  Grammairiens  &  les 
Savans  ,  prononcent  toujours  maccaph  ,  comme  l'Hé- 
breu le  demande.  Les  Imprimeurs  &  leurs  Ouvriers, 
ne  fe  fervent  plus  de  ce  terme. 
îvlACAIRE.  f.  m.  Nom  d'homme  ,  que  plufieurs  grands 
pcrfbnnages  diftingués  par  leurel'prit ,  leurs  dignités, 
leur  fainteté  ,  ont  porté.  Macarius.  S.  Macaire  à'^- 
gypte  ,  dit  l'ancien  j  Se  S.  Alacaire  d'Alexandrie, 
•dit  le  jeune  j  font  deux  célèbres  Macaires  du  IV*^  fiè- 
cle  qui  ne  dirtéroient  en  âge  que  de  cinq  ans  l'un  de 
l'autre.  Baillet  ,  2  Janvier.  S.  Macaire  Evêque  de 
Jérufalem  au  IV°  liècle  ,  mourut  vers  l'an  5  34.  Ma- 
caire ,  Patriarche  de  Conltuitinople  au  VIP  fîècle, 
étoit  Monothélire. 
MAÇAM.  L  m.  Nom  d'un  petit  fruit  des  Indes  orien- 
tales de  la  grolFeur  &  de  la  figure  de  ces  petites  pom- 
mes fauvages  ,  qui  croiirent  dans  nos  bois.  Il  a  au 
milieu  un  noyau  fort  dur.  Ce  Fruit  eft  acide  j  &  fent 
le  lauvagin.  L'arbre  qui  le  porte  n'eil:  pas  fort  grand  ; 
Il  rell'emble  allez  par  fes  feuilles  &  (.\  figure  au  coi- 
gnallîer  :  fes  feuilles  font  d'un  verc-jaune ,  ou  tirant 
fur  le  jaune. 

Le  nom  de  macam  veut  dire  ,  pomme  ,  en  Portu- 
gais. La  reffemblance  du  fruit  dont  on  vient  de  par- 
ler avec  les  pommes  ,  lui  a  fait  donner  par  les  Portu- 
gais le  nom  de  ma^am. 
MACANDON.  f'.  m.  Arbre  conifere,  qui  croîrau  Mala- 
bar ,  où  on  l'appelle  Cada  calava.  Bontius  dit  que  f  on 
fruit  eft  entièrement  femblable  à  la  pomme  de  pin  , 
avec  cette  feule  diflércnce  que  ces  cônes  ne  font  pas 
C  pointus  j  qu'ils  ne  font  pas  durs  comme  de  la  pierre; 
qu'ils  font  au  contraire  un  peu  mous  j  &  d'un  goût 
foible  ,  ou   plutôt  inlîpide  ;  il  compare  fes  Heurs  à 
celles  du  mélmet.  Les  habitans  du  Malabar  font  cuire 
ce  fruit  fous  la  cendre  ^  &  le  mangent  dans  la  dyllen- 
terie  ;  il  calme  la  violence  du  choiera  morbus  ;  ëz  ils 
le  regardent  comme  falutaire  dans  les  maladies  de 
la  poitrine  ,  telles   que  l'afthrae  ,  La  phthilîe  &  la 
pleuréfiCj  en  conféquence  de  la  qualité  emplaftique 
de  fes  parties  muaueufes. 
tfr  MACANILLE.'  f   m.  Nom   d'un  arbriffeau  fort 
commun  fur  les  bords  de  Porto  Rico.  Cet  arbrilleau 
pouffe  quantité  de   Heurs   qui  fc  nouent   en  petites 
pommes  rachetées  d'un  beau  rouge ,  &c  dont  l'odeur 
eft  admirable.  Si  l'on  dormoit  fous  le  macanille  ,  on 
deviendroit    enHé  ,  &  fl  quelque   goutte   de  rofée 
tombe  de  delTus   fur  la  peau ,  elle  la  brûle  comme 
il  c'étoitde  l'eau-forte.  Ces  pommes  ,  dont  les  poif- 
fons  font  fort  avides ,  leur  font  mortelles. 
MACAO,  AMACAO.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine. 
Macaum,  Amacauni.   Elle  eft  dans  la  petite  île  de 
Goaxam  ,  fituée  fur  la  côte  de  la  province  de  Quan- 
tung  ,  à    l'orient    feptentrional    de  l'île  d'Hainan. 
Macao  eft  une  grande  ville,   où  l'on  fait  beaucoup 
de  commerce  ■■,  l'Empereur  de  la  Chine  l'enleva  l'an 
1668.    aux  Portugais  ,  qui  en   étoient  les  maîtres. 
Ils  ont  pourtant  encore  un  forterelfe  pour  la  sûreté 
de  leur  commerce.  Foye^  le  P.  Le  Comte  ,  Mémoi 
res  de  la  Chine  ,  Lettre  I.  Macao,  félon  MM.  de 
l'Académie  ,  eft  au  1 50"^.  degrés  5  j  minutes  de  lon- 
gitude.  Selon  le  P.  Noël,  Jéfuite,  il  eft  au  131*. 
degré  7   minutes,   30    fécondes.   Pour  la  latitude^ 
il  eft  au  22'.  degré   iS  minutes  de  latitude  nord. 
MACARÉE.   f.   m.  Nom  d'un   fils  d'Eole  ,  dieu  des 
vents.  Macarcus.   L'iucefte  que  Macarse   coiumit 


MAC 

avec  Canacé  fi  fasur  étant  venu  à  la  connoiftàncc 
d  £ole  ,  il  ordonna  que  le  fils  qui  en  étoit  né  fût  ex- 
pofé  aux  chiens.  Il  envoya  une  épée  à  Canacé,  elle 
en  fit  1  ufage  qu'il  fbuhaitoit  ,  en  fc-  tuafit.  Maca- 
.  ne  évita  un  fort  pareil  par  la  fuite,  &  étant  venu  à 
Delphes  J  il  y  fut  fait  Prêtre  d'Apollon. 

Macaree.  f  f.  Fille  d'Hercule  e^:  de  Dejanire  ,  qui  fe 
facfifia  généreufcment  pour  le  falut  des  Héraclides. 

MACARESE.  Nom  d'une  Mailon  de  Campagne , 
fituée  fur  un  petit  lac  ,  près  de  la  côte  de  la  province 
du  Patrimoine  ,  en  l'Etat  de  1  Eglife  ^  entre  la  ville 
de  Porto,  Se  l'embouchure  de  l'Arone.  Macarefa. 
Quelques  Géographes  croient  que  c'eft  le  lieu  où 
étoit  l'ancienne  Fregens.,  ou  Fregena  ,  ville  de  l'Hé- 
trurie  ,  que  d'autres  mettent  à  la  ïorre  di  S.  Geor- 
gio,  qui  eft  une  Tour  fituée  à  1  embouchure  de 
l'Arone  ,  à  une   lieue  de  Macareje.  Maty. 

MACARET.  f  m.  Nom  que  l'on  donne  enGafcogne, 
à  un  Hot ,  ou  gros  tourbillon  d'ea,u ,  qui  àz  temps 
en  temps  remonte  delà  mer  dans  la  Garonne.  Fluç- 
tus  decumanus  Garumnd.  Le  Macaree  roule  fur  la 
Garonne  avec  tant  d'impétuofité  ,  qu'il  renverf'eroit 
les  plus  gros  navires.  Le  Macaree  eft  de  la  grolleur 
d'un  tonneau.  Les  navires  évitent  le  Macaret  en  fe 
mettant  au  milieu  de  la  rivière ,  parce  qu'il  fuit 
toujours  le  bord.  On  entend  de  trois  lieues  le  bruit 
du  Macaret.    f'çye:^  Garonne. 

Saint  MACARI.  Fanum  Sancli  Macarïi.  Bourg  de 
France,  fitué  dans  la  Guienne  propre,  fur  la  Ga- 
ronne ,  à  huit  lieues  de  Bourdeaux  ,  &  à  trente 
de  la  mer  ,  dont  le  Hux  remonte  jufqu  à  ce  lieiu 
Maty. 

MACARIEN  ,  FNNE.  adj.  On  appelle  dans  l'Hif- 
tûire  Ecclélîaftique  ,  les  temps  Macariens  ,  le  temps 
que  l'Empereur  Conftans  envoya  dans  l'Afrique  le 
Conful  Macarius ,  avec  le  Conf ulaire  Paul ,  deux 
perlonnages  d  une  grande  piété ,  &  qui  avoient  le 
titre  d'iUuftres  ,pour  tacher  de  ramener  les  Dona- 
tiftes  à  l'Eglife."  Le  prétexte  de  leur  léi^ation  fur  de 
foulager  la  miière  des  pauvres  par  les  libéralités  de 
l'Empereur.  Optai  de  Mileve  ,  &  S.  Auguftin  ,  par- 
lent fouvent  des  temps  Macariens ,  qui  furent  ainlî 
nommés  du  nomdeMacarius ^an  des  Légats  ou  Com- 
miftaires  de  l'Empereur  en  cette  atfairc.  Ces  temps 
Macariens  tombent  à  l'an  de  Jésus  Christ  34S. 
J'oyei  Baronius  &  Pagi  à  cette  année  ,  n.  XFI. 

MACARISME.  f.  m.  Terme  de  Liturgie.  Mackarifmus. 
Dans  l'Office  Eccléhaftique  des  Grecs  ,  les  macarif- 
mes  font  des  hymnes  ou  des  tropaiies  à  l'honneur  des 
Saints. 

Ce  mot  vient  du  Grec  f.xxKucul;, 
On  appelle  aulH  de  ce  nom  dans  la  Liturgie  Grec- 
que ,  les  Pfeaumes  qui  caiïimenceut  en  Grec  par  le 
mot  fi^xific: ,  heureux  ,  qui  font  le  i ,  le  5  i  j  le  40  ,  le 
1 1 1  ,  le  nS  ,  le  I  27.  &  neuf  verfets  du  chapitre  V. 
de    l'Evangile  de  S.  Mathieu  ,  depuis    le  troiflèrae 
verfet  juiqu'au  onzième. 
MACARMÉDA.  Nom  d'une  petite  villede  laBarbarie, 
en   Afrique.  Macarmeda.  Elle  eft  dans  la  purovince 
de  Fez  ,  à  l'orient  feptentrional  de  lavi'lc  de  ce  nom. 
Quelques  Géographes  la  prennent  pour  l'ancienne  fr- 
pis  ôc  Herpis  ,  petite  ville  de  la  Mauritanie  Tingita- 
ne  ;  mais  d'autres  Géographes  mettent  cette  ancienne 
vi'le  à  Mernila  ,  bourg  du  RoyaumedeFez,  firué  dans 
l'Errifib  ,fui-  le  Nocor  ,  aux  confins  des  provinces  de 
Garera  lV  de  Chaus.  Maty. 
MACARON,  f  m.  Petite  pàtiirerie  fiite  de  fucre  ,  de 
firine  &  d'amandes,  taillée  en  petit  pain  platj&de 
figure  ronde  ou  ovale.  Anolaganus  faccareus  &  amyg- 
dalinus. 

Friper  un  bon  morceau  ,  croquer  des  macarons. 

BOIVIN. 

Macaron,  f.  m.  Terme  de  Tablerier - Peignier.  0» 
appelle  Peigne  à  macaron  une  forte  de  petit  peigne 
dont  les  deux  extrémités  font  arrondies;  ce  qui  repre- 
fenteaffez 'bien  cette  efpèce  de  pâtilîerie  qu'on  nomnir 

maCiirc:',- 


MAC 

macaron.  On  leur  donne  cette  forme ,  afin  que  les 
grollcs  dents  ne  puillént  bleller. 

MACARONÉE.  f.  f.  Pièce  de  vers  en  ftylc  burlcfquc  , 
Latin  d'une  cfpèce  particulière.  Macaronca  Po'éjis , 
Rujlica.  IKTElle  eft  compofcc  des  mots  de  diftcren- 
tcs  Langues  avec  des  mots  du  langage  vulgaire  latini- 
fcsj  c'e(l-à-dire ,  auxquels  on  donne  une  terminai- 
fon  latine.  Par  exemple  ,  on  fiit  dire  à  un  foldat  fan- 
faron dans  ce  ftyle  de  Macaronéc  : 

Enfilavï  omnes  fcadrones  &  regimandos  ,  Sec. 

Autre  exemple. 

Archcros  ,  pijîoliferos  ,  furlamqne  Manantum  , 
Et  grandem  cfmcutcim  ,  qui  inopinumjacla  RuelU 

'fi' 
Toxlnumque  alto  troublaiitem  corda  clochera 

Totius  populi ,  quùdque  ejl  miferabïU  diclu , 

Trouhlantcm  mirvos  incincliz  in  ventre parcnth  , 

At  Prejlrcs  omnes  ,  hardito  dirmine  dicam. 

Mufi  nudipedes  ,feu  vos  ad  lutora  Chatou 

Gardetis  vaccas ,  feu  desjeunctis  In  agrïs , 

Seu  potiùs  vos  nocîurno  brandone  Lentù 

Bouchonare  juvet  vues  ,  grappafque  volare , 

Dicite  cur  anïmïs  tanta  vigneronibus  ira. 

Autre  exemple. 

Extemplo  efmeutitjîgnum  Toxinus  ab  altâ 
Turre  Jlrepens  ,  rauco  quajjatx  murmure  docks 
Tin  j  tan  ,  tin  iterans  ,  don  don  don  donquefonahat. 
Extemplo  effroyati  animi,  qui  vis  maifone  reliclâ 
Indomiti  accurrunt  ,  magno  (Imul  omnc  tumultu 
Trouklatur  querulo  vulgus  ,  jeuneffaque  favit 
Effera  ,  grifon  'que  fenes  ,  pleurojaque  jemma  j 
Et  trépida  matrcs  embraffavere  puellos ,  &;c. 

Macaroné  ,  chez  les  Italiens  ,  comme  remarque  Cœ- 
lius  Rhodiginus ,  L.  X^^TI.  c.  j.  veut  dire ,  un 
homme  grolîier  &■  lourdaut  ■■,  Se  parce  que  cette 
Poëiie  pour  être  compofée  de  diftcrens  langages  ,  & 
de  paroles  extravagantes  ,  n'ell:  pas  Ci  polie  &  cou- 
lante que  celle  de  Virgile.  Les  Italiens  ,  chez  qui 
elle  eft  née  ,  lui  ont  donné  ce  nom  de  Macaronée , 
ôc  de  Poëlie  macaronique.  Si  toutefois  ils  n'ont  mieux 
aimé  la  nommer  ainfi  à  Macaronibus  ,  qui  eft  une 
certaine  pâte  filée  &:  cuilînée  avec  des  ingrédiens  qui 
la  rendent  l'un  des  plus  agréables  mets  de  leurs  fef- 
tins  &  débauches.  Mascur  ,  2jr  ,  2 j2.  Ce  nom 
vient  des  Macarons  d'Italie  ;  car  comme  ce  font  de 
petits  gâteaux  que  font  les  Paylans  ,  &oùil  entre  dif- 
férentes chofes  ,  de  la  farine  non  blutée  ,  des  œufs , 
du  fromage  ,  &c.  de  même  la  Poëfie  Macaronique  eft 
compofée  de  Latin ,  d'Italieril^  de  François ,  d'Ef- 
pagnol  j  &c. 

Théophilus  Folengius  j  Moine  Bénédiéfin  de  Man- 
toue,  a  été  te  premier  qui  a  ,  finon  trouvé  &  inven- 
té ,  au  moins  cultivé  cette  forte  de  poëlie;  car  quoi- 
que nous  ayons  une  Macaronea  Ariminenfîs  de  fort 
vieille  lettre  ,  qui  commence  , 

EJl  Autor  Typhis  Leonicus  j  atque  Paranfus  , 

Je  crois  néanmoins  qu'elle  eft  d'un  certain  Guari 
nus  Capellus  Sarjlnas  qui  fit  imprimer  l'an  i  ji(j.  à 
Rimini  ,  fix  Livres  de  Poëlie  Macaronique ,  In  Ca- 
brinum  Gagamagogiz  Regem.  Mais  comme  l'une  & 
l'autre  eft  d'une  date  poftérieure  à  la  première  édition 
de  la  Macaronée  que  Folengius  publia  lous  le  nom 
de  Merlin  Coccaye  avant  l'année  ijio.  aullî  lui 
font-elles  de  beaucoup  inférieures ,  tant  pour  le  fty- 
le j  que  pour  l'invention  ,  &  les  riches  épilodes  qui 
fe  rencontrent- dans  l'f^iftoire  de  Balbus,  qui  eft 
le  fujet  de  Ion  Poëme  ,  Ma  se.  La  Macaronée  eft  à 
mon  avis  j  la  plus  divertitlànre  raillerie  que  l'on  puilFe 
jamais  faire;  &  je  me  Harte  d'avoir  en  cela  aufti  bon 
goût  que  le  Cardinal  Mazarin  ,  lequel  en  récitoit 
Tome  V. 


MAC 


^91 


quelquefois    des  trois  &  quatre    cens  vers  tout   de 
fuite. 

La  Macaronée  a  été  traduite  en  profe  rrançoife  , 
&  notre  Lucien  ,  M:iitre  François  Kabel.iis  ,  en  a 
tiré  par  forme  d'imitation,  les  plus  riches  pièces  de 
fon  Pant.agruel -,  &i  en  clfet ,  l'applaudillcmcnt  qu'en 
reçut  Merlin  Coccaye  fut  tel  ,  qui  lui  prit  envie  de 
compofer  un  autre  Livre  en  partie  feulement  Maca- 
ronique ,  intitule  //  Chars  del  tri  per  uno  ;  mais  le 
fuccès  en  fut  fort  diiférenr.  C'eft  pourquoi  il  quitta 
le  ftyle  marcaronique  ,  pour  compoicr  en  îitrnicfque 
rOrlandino  per  Linierno  Piiocco  da  Mantoa.  Après 
quoi  il  fe  mit  dans  les  Sciences,  &  compola  un  gros 
Poëme  in  ottava  rima  ,  del/  humanità  di  Chrijlo. 
Enluite  de  ces  premières  poéhes  macaroniques ,  il 
en  parut  un  autre  en  Italie  qui  avoit  pour  titre  ,  Ma- 
caronica  j  de  Jyndicatu  6"  condcmnatione  T)vclûris 
Samjhnis  Lembi  ,  aulh  courte  qu'elle  eft  froide  & 
languilîantc.  Après  quoi  le  P.  Bernardmo  Stefonio , 
Jékiite ,  compola  Se  fit  réciter  avec  un  applaudilfe- 
ment  uuiverfel  un  Poëme  macaronique  ,  qu'il  appe- 
loit  Macaronis  for^a  j  quo  nihil  fieri  potejl  in  eo  gé- 
nère venujlius  ,  dit  Janus  Nicius  dans  l'éloge  de  ce 
Père.  André  Bai'ani  en  fit  imprimer  un  de  fa  fa- 
çon, l'an  i(5io.  fous  le  nztic  de  Carnavale fabula  Aia- 
caronca  ;  mais  il  y  a  bien  de  la  ditférence  de  l'un  à 
l'autre.  Le  dernier  Italien  qui  ait  fourni  la  même  car- 
rière ,  fe  nomme  Célar  Urlinius ,  de  qui  nous  avons 
Capricia  Macaronica  Magiflri  Stopini  PoétA  Pouza- 
nenfis  ,  Fenetiis  i  6j  6.  Les  Italiens  ne  nous  ont 
rien  donné  de  meilleur  en  ce  genre  depuis  la  Maca- 
ronée de  Merlin.  Gioan  Giacomo  Ricci  prefque  en 
même  temps  nous  a  donné  quelques  compofuiçns 
macaroniques  ,  tant  en  fes  Poéta  rivali ,  qu'en  fes 
Diporti  di  Parnaffo  ,  imprimés  tous  deux  à  Rome  en 
1632  ,  &:  163  y.  Bartolom.-EO  Bolla  a  fait  au iîl  iVo- 
va  novorum  noviffima  flylo  Macaronica  ;  mais  il  a 
Il  mal  réulil  ,  qu  il  ne  mérite  pas  qu'on  en  parle 
parmi  nos  François.  Antonius  de  Arena  Provenfa- 
iis  de  bragardiffuna  villa  de  Soleris ,  eft  le  premier 
qui  fe  foit  heureufemenc  exercé  en  cette  façon  d'é- 
crire ,  par  les  deux  poèmes  qu'il  nous  a  laillés ,  De. 
arte  danfindi ,  Se  De  Gucrra  Neapolitana ,  Romana. 
&  Genuenfi.  lia  éré  luivi  par  un  autre  Jurifconfulte  , 
qui  nous  a  décrit  avec  pareille  froideur  ,  la  guerre  de 
Provence  par  Charles  -  Quint.  Hijlona  bravijjima. 
Càroli  V.  Imperatoris  ,à  P ravin  cialihus  Payfanis 
triumphanter  jugaù  ,  desbifati  ,  '  &c.  per  I.  V.  D. 
Jaannem  Germanum  in  fede  Forcalquerii  Advoca- 
tum  campofta.  Quelque  temps  après  le  célèbre  Poste 
Rémi  Belleau  mêla  parmi  fes  poëfies  Françoifes  ua 
Dïclamen  mecnfcum  de  Bello  Hugonotico  &  Rujiico- 
rum  pigliamine  ad  Jodalcs ^  de  très  bon  goût,  au 
jugement  de  cevm  qui  s'y  entendent  ;  je  ne  fais  quel 
autre  s'égaya  à  compofer  la  Cacafanga  Reijlro-Suiffo 
Lanfquenetorum  per  M.  A  B.  Lichiardum  Recatoli- 
catuni ,  Spaliporcinum  Paëtam  ;  à  laquelle  Etienne 
Tabouret ,  ou  des  Accords  ,  Avocat  de  Dijon  ,  ré- 
pondit en  même  gamme.  Enfuite  Jean  Edouard  du 
Monin  entra  fur  les  rangs  ,  Se  nous  lailîà  inter  tere- 
tifmata fia  ,  Carmen  Arenaïcum  de  quorumdam  Nu- 
gigerulorum  piajffa  infupportabili.  La  defcription  dit 
tumulte  arrivé  entre  les  Vignerons  du  village  de 
Ruel  Se  les  Archers  de  Paris  j  faire  par  AL  Frey,  Se 
intitulée  ,  Rccitus  veritabilis  fuper  terrihili  cfmeùta 
P ayfanorum  deRueUio  ,  eft  une  des  meilleures  pièces 
macaroniques  qui  foit  en  cette  langue.  Il  y  a  une 
Elégie  macaronique  compofée  par  Antonius  de 
Arena  à  la  louange  du  Prélident  d'Oppède ,  &  impri- 
mée au  commencement  des  Arrêts  Se  appointeinens 
faits  l'an  IJ4Z.  par  le  Pailemenr  de  Provence;  mais 
en  vérité  les  vers  macaroniques  ne  conviennent 
pointa  des  matières  fî  férieulcs,  &  en  général  oa 
peut  dire  de  toutes  les  macaionées  : 

Turpe  efl  difficiles  habere  nugas , 
Ec  Jlultus  lahor  efl  ineptiarum. 

Les  Allemans  &  les  Flamans  ont   eu  aulîi  leurs 

Ttct 


6'98  MAC 

Poètes  Macaroniques  ;  rcmoin  le  Certamen  Catho- 
Ikorum  cum.Calviniflisà'nn  ceruiii  Mardnius  Ham- 
conius  Frilius  ,  qui  contient  plus  de  douze  cens 
veiSj  dont  toutes  les  paroles  commencent  par  la 
lettre  C.  Le  goût  de  ces  plaitantcries  a  palle ,  &  il 
faudroit  qu'une  Macaronée  tùt  bien  hiite  &_  bien 
placée ,  pour  plaire  aujourd'hui ,  &  pour  avoir  iuccès. 
Tout  ceci  eft  tiré  de  Naudé  dans  Ion  Dialogue  de 
Ma(curat. 

MACARONI  ,  f.  m.  Sorte  de  mets  dont  les  Italiens 
font  fort  friands.  C'eft  une  pâte  taite  de  firme,  de 
fromage  ,  &  autres  ingrédiens.  On  en  fait  des  po- 
tages ôc  autres  mets.  Quand  ils  font  taillés  en  menus 
filets  j  on  les  appelle  vermïcelli.  Ménage  dit  que  ce 
mot  vient  de  f^""- <■?  fdïx  ,  qui  en  Grec  lîgnitîe  heureux, 
comme  fi  c'éroit  le  mets  des  Heureux. 

MACARONIQUE,  adj.  m.  &  f.  Efpèce  de  Poëfie 
burlefque  faite  de  mots  écorchés  du  Latin  &  de  la 
langue  vulgaire.  Macaromcus.  Par  exemple  ,  ce  vers  , 

Hic  fol  et  anùquo  bnhas  ponare  bïfacco. 

Il  y  a  un  Poe'me  macaronique ,  de  bello  Hugono- 
tico  ,  ou  en  parlant  des  cruautés  que  les  Huguenots 
exerçoient  fur  les  Moines ,  on  ajoute , 

Deque  illis  faciunt faucijfas  atque  bodinos. 
Nunquam  vifa  fuit  canaïlla  hrigandior  ïfiâ. 

T.  de  Beze  a  fait  de  la  profe  macaronique.  Il  a  écrit 
une  lettre  dans  ce  llyle-là  contre  le  Prélident  Lizetj 
pour  le  tourner  en  ridicule.  Il  dit  de  Calvin  :  Neque 
magnus  ,  neque  parvus  ;.  fed  ïnter  duos  :  Non  dares 
•  liardum  de  ejus  mina.  Merlin  Coccaye,  Moine  Bé- 
nédidlrin  de  Mantoue  ,  a  mis  les  vers  macaroniques 
en  crédit.  Il  fe  nommoit  en  fon  vrai  nom  Théo- 
phile Folengi  ;  &  eft  mort  en  i  /44.  Il  a  fiit  la  Ma- 
caronée qui  porte  le  nom  de  Coccaye.  La  Poëfie 
Macaronique  ,  félon  Naudé  ,  eft  la  troilîème  efpèce 
du  Burlefque  Latin.  Macaroné ,  chez  les  Italiens , 
fîgnifioit  un  homme  groflier  ôc  ruftique  ;  ce  qui  vient 
des  macarons  d'Italie  ,  comme  nous  l'apprend  Tho- 
mafîni ,  qui  font  de  petites  pâtes  ,  ou  des  gâteaux 
fiiits  de  firine  non  blutée  ,  d'œufs  &  de  fromage  , 
qui  font  les  principales  douceurs  des  Villageois.  La 
Poeiie  macaronique  eÙ:  un  ragoût  de  diverîés  chofes, 
compofé  d'une  manière  qu'on  peut  appeler  payfanne. 
Il  y  entre  du  Latin ,  de  l'Italien  ,  ou  de  quelque  autre 
langue  vulgaire ,  aux  mots  de  laquelle  on  donne  une 
terminaiion  latine.  F'oye-^  ci-deflus  Macaronée. 

MACARONISME.  f  m.  Genre  de  Poëfie  Macaronique. 
Pièce  macaronique  ,  compofition  macaronique.  Poéfls 
Macaronica  ,  Carmen  Macaronicum.  Naudé  le  prend 
au  dernier  lens.  J'ai  fu  autrefois  ce  Macaronifme  par 
cœur.  Mascur.  p.  2jy. 

MACARSKA.  Nom  d'une  petite  ville  ,  avec  un  grand 
port.  Macarfca.  Elle  eft  fituée  fur  le  golfe  de  Vemfe  , 
dans  la  Dalmatie  ,  vis  à  vis  de  la  pointe  orientale 
de  1  lie  de  Brazza,  entre  la  ville  de  Spalato  ,  &  celle 
de  Narenta.  Maty. 

AIACASSAR.  Nom  d'une  ville  de  l'Afîe.  Macafaria. 
La  ville  eft  dans  l'île  de  Célèbes  ,  fur  la  côte  méri- 
dionale ,  où  elle  a  un  bon  port  ,  fort  fréquenté  par 
les  Hollandois.  Elle  eff  capitale  du  Royaume  de 
Macajjar,  Macatar  oa  Mancaçar  qui  renferme  une 
grande  partie  de'l'ile,&  elle  donne  quelquefois  fon 
nom  à  toute  l'île  ,  qu'on  nomme  autrement  Cé- 
lèbes. Maty. 

Le  détroit  de  Ma  cas  s  ar.  Maccafafu  Fretum.  Ce 
détroit  eft  dans  l'Océan  oriental ,  entre  la  côte  nié 
ridionale  de  l'île  de  Célèbes,  &:  l'île   de  Solaio.  Il 
prend  fon  nom  de  la  ville  de  Maciilar  ,  qui  eft  fur 
fes  bords.  Maty. 

MACASSAR  ,  ARE  ,  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple  ,  ha- 
bitant de  la  ville  de  Macaflar.  Macajjar.  is.  La  ré- 
volte des  Macajfars  ôc  des  Malais.  On  a  vu  en  Prance 
un  Prince  Alacajfar. 

MACAULT  ,  f  m.  Vieux  mot.  Belace,  poche.  On  a 
dit  aulli  Magaut.  "■ 


MAC 

MACAXOCOTL  f.  m.  Fruit  qu'on  voit  aux  Indes 
occidentales.  Il  eft  rouge ,  d'une  forme  oblongue , 
de  la  grolfeur  d'une  noix  ordinaire  j  contenant  des 
noyaux  aflcz  gros  ,  avec  une  pulpe  molle  ,  lâche  & 
fucculente  ,  jaune  au  dedans,  comme  le  noyau.  Ce 
fruit  fe  mange  ,  &c  les  Européens  qui  y  font  accou- 
tumés en  font  beaucoup  de  cas  ;  il  lâche  le  ventre  ; 
il  eft  d'une  douceur  mêlée  d'un  peu  d'acidité ,  ce 
qui  le  rend  très-agréable  au  goût.  Il  y  en  a  de  cinq 
fortes.  Les  arbres  qui  portent  ces  fruits,  croiflent 
dans  les  lieux  chauds ,  en  plein  champ  -,  on  les  y 
cultive  ,  (Se  on  a  foin  de  les  arrofcr.  La  décoction 
de  leur  écorce  guérit  les  démangeaitons  éc  les  en- 
flures aux  jambes  ,  &  l'on  fe  fcrt  avec  iuccès  de  la 
poudre  de  cette  écorce ,  pour  faire  cicatrifer  les  ul- 
cères. Les  jeunes  femmes  fe  fervent  des  cendies  de 
ce  bois  j  pour  peindre  leurs  cheveux  en  jaune.  Ray. 
hifl.  Plant. 

MAÇAY.  Majciacum.  L'Abbaye  de  Maçay.  Monajle- 
num  Mafciacum  ,  Abbatia  fan&k  Martini  Mafcia- 
cenjîs.  Ce  lieu  eft  en  Berri ,  à  une  lieue  environ  de 
Vierzon. 

MACCALEIN ,  f.  m.  Nom  d'homme.  Maccalenus. 
Saint  Maccalein  fut  premièrement  Moine  de  Vazor , 
près  de  Naniur,  puis  Abbé  de  S.  Michel  en  Tié- 
rache.  Chastelain  ,  au  2 1  Janvier.  S.  Maccalein 
étoit  Irlandois.  Flodoard  le  quahtîe  virdni  •■,  c'eft-à- 
dire  ,  Fir  Domini  ,  homme  du  Seigneur  ;  &c  non 
pas  viRDUNi  ,  comme  a  conjefturé  Pithou.  Ainfi 
l'Auteur  du  Matyrologe  d'Angleterre  ,  Ferrarius  & 
du  Sauffay  ,  ont  tort  de  le  placer  à  Verdun ,  où  il 
n'a  jamais  été  ;  &  plus  encore  ceux  qui  ,  fur  la  même 
conjefturé  ,  le  font  Abbé  de  S.  Michel  en  Lor- 
raine. 

§C?  MACCHIA.  Terme  de  peinture  ,  de  fculpture ,  qui 
fignifîe  en  Italien  ,  première  ébauche  faite  par  un 
Peintre  ,  un  Sculpteur,  pour  un  ouvrage  qu'il  pro- 
jette d'exécuter  ;  où  rien  cependant  n'eft  encore  di- 
géré ,  &  qui  paroît  comme  un  ouvrage  informe  , 
comme  un  atlcmblage  de  taches  irrégulières  à  ceux 
qui  n'ont  aucune  connoiftance  des  arts.  Ces  efquiffes  , 
que  nous  nommons  en  trançois  premières  penfe'es , 
lorlqu'elles  partent  du  génie  des  grands  Âlaîtres  , 
font  précieufes  aux  yeux  d'un  connoiffenr  parce 
qu'elles  contiennent  ordinairement  une  franchif'c , 
une  liberté  ,  un  feu ,  une  hardiefk  ,  enfin  un  certain 
caraftère  qu'on  ne  trouve  point  dans  des  defleins 
plus  finis.  Encyc. 

Macchia.  Village  ,  ou  bourg  ,  avec  titre  de  Du- 
ché. Macchia.  Il  eft  dans  la  Capicanate,  province  du 
Royaume  de  Naples ,  aux  confins  du  Comté  de 
Molitle  ,  &  au  couchant  de  la  ville  de  Volturana. 
Maty. 

MACE ,  ù  f.  On  a.^iffi  écrit  autrefois  le  mot  de 
majji. 

MACEDA,  ou  MAKEDA.  Ville  de  la  Tribu  de  Juda  , 
à  liuit  milles  d'Eleuthéropolis. 

MACEDO  ,  f.  m.  Fils  d'Ofiris,  ou  feulement  un  de 
fes  Lieutenans ,  félon  Diodore ,  eut  part  aux  hon- 
neurs que  les  Egyptiens  rendirent  à  fon  père;  <Sc 
comme  il  portoit  pour  habillement  de  guerre  une 
peau  de  loup ,  les  Egyptiens  avoient  en  vénération 
cet  animal. 

MACÉDOINE.  Nom  d'une  partie  de  la  Grèce.  Ma- 
cedorua.  Elle  eft  renfermée  dans  un  grand  demi- 
cercle  de  montagnes  ,  qui  s'étend  depuis  le  bord  fep- 
tentrional  du  golfe  de  Contefîa  ,  jufqu'au  fond  de 
celui  de  Négtepont ,  &  qui  la  fépare  au  nord  de 
la  Romanie  &:  de  la  Bulgarie;  au  couchant  de  l'Al- 
banie ;  &  au  midi  de  la  Livadie.  Elle  eft  baignée  au 
levant  par  plufîeurs  golfes  de  l'Archipel.  On  la  di- 
vife  en  quatre  provinces.  Jamboli  eft  au  levant, 
entre  le  golfe  de  Salonichi  ,  &  la  Romanie  :  les 
trois  autres  fe  luivent  en  cet  erdre  ,  du  nord  au 
fud,  la  Macédoine  propre  j  le  Comenolitari  &  le 
Janna  ,  ou  la  Theffalie  ;  Salonichi  en  eft  la  viLe 
capitale  :  on  marquera  les  autres  en  parlant  de  chaque 
province  en  particulier.  L'ancien  Rovaume  de  Ma- 
\      ce'doine  avoir  plus  d'étendue  que  la  Macédoine  à  au- 


MAC 


jourd'hui  ;  car  il  iciiFcrmoit  encore  l'Albanie  &:  h 
Tlirace  qui  eft  aujoiud'iuii  la  Romanie  ,  fans  comp- 
ter les  conquêtes  d'Alexandre  le  Grand  en  Alie. 
Maty.  Le  Royaume  de  Macédoine  ,  qui  a  duré  700 
ans  ,  tk  avoir  près  de  200  ans  donne  des  Maîtres  , 
iion-ieulcmcnc  à  la  Grèce,  mais  encore  à  tout  l'O- 
rient j  ne  fut  plus  qu  une  province  Romaine.  Bos- 

SUET. 

y  Macédoine  PARTicuiiÈar.  Province  de  la  Macédoine , 
en  Grèce.  Macedoma  propria.  Elle  a  le  Jamboli  au 
levant,  le  Conienoluari  au  midi,  l'Albanie  au  cou 

(chant  ,  &  la  Bulgarie  au  nord.  Ses  lieux  princi 
paux  lont  Salonichi  ,  capitale  ,  Sercs  ,  Zuchria  j 
autrefois  Pella ,  Véria  autrefois  Berrhée  ,  tk  Chitio 
autrefois  Pidna. 

La  mer  de  Macédoine.  Macedonkum  mare.  C'eff 
cette  partie  de  l'Archipel  ,  qui  baigne  les  côtes  de 
la  Macédoine.  Elles  renferme  les  golfes  de  Zeiton  , 
d'Armiro  ,  de  Salonichi  j  de  Monte-Saniflo  ik  de 
Contclla.  Maty. 

MACEDONE  ,  ou  MACÉDONIUS  ,  f.  m.  Nom 
d'homme.  Macedonius .  S.  Macédone ,  Prêtre  d'An- 
tioche  &  Solitaire  ,  &  lurnommé  le  Critophage  , 
vivoit  au  V  ficcle.  Sa  vie  a  été  écrite  par  Théodorer, 
PhUotk.  c.  I  j.  7^.  S.  Macédone  ,  Patriarche  de 
Conlbnrinople  ,  vécut  au  V  &c  VP  fiècle  ,  &  fut 
élevé  au  iiége  Patriarchal  l'an  495.  de  Garde  des  vafes 
ûcrés  de  la  grande  Eglife  qu'il  étoit  ;  il  mourut  en 
j  1 6.  Voyc\  les  Bollandilles  ,  Aprïl.  T.  III.  p.  ^6 q. 
&  d'après  eux  Bailkt  au  ij  d'Avril.  Saint  Macédone 
le  Critophage.  Chastelain  ,  au  24  Janv.  On  re- 
tient aulli  allez  communément  le  nom  de  Mace- 
donius en  notre  langue. 

MACEDONIEN  ,  ENNE  ,  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple. 
Macedo.  Les  Macédoniens  conquirent  l'Empire  d'O- 
rient fous  la  conduite  d  Alexandre  tils  de  Philippe. 

Macédonien  ,  Terme  de  Droit ,  fc  dit  d'un  Séiiatus- 
Confulte  qu'Hottoman  croit  avoir  été  fait  du  temps 
de  Vcfpafien.  Le  Sénatus-Confulte  Macédonien  dé- 
fendoit  à  ceux  qui  avoient  prêté  de  l'argent  à  un 
fils  de  famille  ,  qui  eft  fous  la  puillànce  d'un  père  , 
toute  forte  d'adion  contre  ce  lils  de  famille  ,  même 
après  la  mort  d'un  père.  Senatus -Confultum  Mace- 
donianum. 

Le  nom  de  Macédonien  fut  donné  à  ce  Sénatus- 
Confulce  ,  à  caufe  d'un  jeune  débauché  ,  nommé 
Macedo  ,  qui  le  ruinoit  en  empruntant  de  l'argent 
à  ufure  ;  c'ell  le  fentiment  du  Jurifconfulte  Théo- 
phile :  mais  la  plupart  des  favans  croient  que  Macedo, 
bl  qui  a  donné  le  nom  au  Sénatus-Confulte  Macédonien, 
'I  croit  un  fameux  uturicr  ,  qui  ruinoit  les  enfans  de 
famille  par  fes  ufures. 

MACÉDONIENS.  Nom  de  Sefte.  Anciens  Hérétiques^ 
qui  nioient  la  divinité  du  S.  Efprit.  Macedoniani. 
Les  Macédoniens  ont  été  ainli  appelés  du  nom  de 
Macedonius  j  Evêque  de  Conftantinople  ,  qui  fut 
condamné  dans  un  Synode  de  150  Evêques  ,  tenu 
dans  la  même  ville  :  les  Macédoniens  foufcrivoient 
au  Concile  de  Nicée  ,  reconnoifiant  la  divinité  du 
Fils.    J^oye:^  Pneumatomaq.ues. 

MACELERIE.  f.  f.  Vieux  mot  qui  fîgnifîe  boucherie. 
Il  vient  du  Latin  macellum  ,  marché ,  lieu  où  l'on 
vend  les  denrées. 

MACELIER.  f.  m.  'Vieux  mot  qui  veut  dire  Boucher. 
Il  efl:  formé  du  mot  Macellarius  ^  de  macellum. 
On  a  donné  le  nom  de  Macelier  à  quelques  braves 
qui  fe  diftinguoient  à  la  guerre  par  le  carnage  qu'ils 
failoient  de  leurs  ennemis. 

MACÉLOTH.  Ancien  nom  d'un  lieu  dans  le  defert 
d'Arabie.  Maceloth.  Les  Ifraclites  campèrent  à  Ma- 
celoth  ,  Se  ce  fut  leur  21^  campement.  Liv.  des 
Nomh.   XXXIII.  16. 

MACÉMUTINE.  f.  f.  Monnoie  d'or.  Pierre  II.  Roi 
d  Arragon,  étant  venu  l'an  i  204.  en  perl'onneà  Rome, 
fe  faire  couronner  par  le  Pape  Innocent  III.  mit  fur 
J'autcl  une  lettre  patente,  par  laquelle  il  otfroit  fon 
Royaume  au  Saint  Siège  ,  &  le  lui  rendoit  tributaire  , 
«'obligeant  à  lui  payer  tous  les  ans  deux  cens  cinquante 
Tome  V. 


MAC  ^99 

Macémuûnes.  C 'étoit  une  monnoie  d'or  venue  des 
Arabes ,  autrement  nommée  Maho\émuiins.  Fleurv 
Hilloire  Eccléfiajlique. 
MACE1-{.  f.  m.  ccorce  du  tronc  d'un  arbre  du  même 
nom  qui  croit  en  Barbarie.  Elle  eft  groHe ,  rougeâtrc, 
d'un  goût  amer  &  acerbe.  ïV/atcr.  Quelques-uns  con- 
fondent mal  à  propos  le  macer  avec  le  macis,  qui  cil 
la  féconde  écorce  de  la  mufcadc.  Le  maaTeilalttin- 
gent ,   ik  propre  pour  arrêter  la  dyllcntcrie,  &:  les 
autres  coins  de  ventre. 
MACilRATA  ,  Ville  de  l'i'tat    de""' l'Eglife,  en  Italie. 
Maceraca.  Elle  elt  une  des  principales  de  la  Marciie 
d'Anconc,  ayant  une  Académie  ,  &  un  Evêché  ,  au- 
quel eft  uni  celui  de  Toientino ,  tk  qui  eft  fuftra- 
gant  de  Fermo.  On  la  trouve  fur  la  rivière  de  Chiento, 
à  cinq  lieues  de  fon  embouchure  dans  le  gohe  de 
Venile  ,    tk  de  la  ville  de  Lorctte.  On  croit  qu'elle 
a  été  bâtie  des  ruines  à'Helvia  Reiina  ,  détruite  par 
les  Goths.  Maty. 
Macérata,  eft  aulli  un  bourg  de  l'Etat  de  lÉglife  en 
Italie.  Maceraca.  Ileft  dans  le  Duché  d'Urbin ,  entre  la 
ville  de  ce  nom  &:  celle  de  S.  Léo.  Quelques  Géogra- 
phes la  prennent  pour  l'ancienne  Piiinum  Pifaurcnft: , 
petite  ville  de  l'Ombrie  ,   que   d'autres  mettent    à 
Pietra  Molina  ,  village  de  la  même  contrée.  Maty. 
Macérata,  Macérata,  eft  encore  le  nom  d'un  bourg 
du  Royaume  de  Naples ,  fîtué  dans  la  terre  de  La- 
bour j  environ  à  une  lieue   de  Capouc ,   en  tirant 
vers  Naples.  Maty. 
MACÉRATION ,  f.  f.  Terme  de  Dévotion,  Mortih"- 
cation ,  >KT  douleur  qu'on  fe  procure  par  les  exer- 
cices de  l'auftiérité  ,  dans  l'intention  de  plaire  à  Dieu. 
Elle  étoit  autrefois  le  partage  des  cloîtres.  La  macé- 
ration de  la  chair  conflfte  dans  la  mortification  par 
les  jeûnes ,  les  cilices  ,  les  haires ,  &  les  difciplines. 
Maceratio  j    aujleritas    vus.    Que  dirai  je  de  leurs 
faintes  macérations 'i  Pat. 
Macération  ,  en  termes  de  Pharmacie  &  de  Chimie  , 
fe  dit  d'une  préparation  de  médicamens ,  qu'on  ap- 
pelle autrement  digeftion.  Quelques-uns  n'emploient 
ce  mot  que  pour  fignitîer  la  digeftion  qui  fe  fait  dans 
des  matières  épaiffes    comme  quand  après  avoir  mêlé 
des  rôles  dans  de  la  grailfe  pour  faire  l'onguent  rofat, 
on   expole   ce  mélange   pendant  quelques  jours  au 
foleilj  afin  que  la  qualité  des  rofes  fe  communique 
à  la  grailfe.  îCFEtre  en  macération  ,  mettre  en  macé- 
ration. 
MACÉRER.  V.  a.  Mortifier  fon  corps ,  l'affliger  ,  fe  pro- 
curer de    la   douleur  par   les    divers    exercices   de 
pénitence    &c  d'auftérité  ,    pour    l'amour    de   Dieu. 
Macerare,  atterere.  Les  grands  Saints  fe  font  macérés 
par  de  longues  abllinences  ,  des  aufférités,   des  dif- 
ciplines, des   haires ,   en  tourmentant  tk  affligeant 
leurs  corps. 
Macérer  ,  en  termes  de   Pharmacie  &   de  Chimie, 
filCF  faire    tremper ,    faire  féjourner  un  mixte  dans 
l'eau  ou  dans  quelque  autre  liqueur  ,  pour  y  recevoir 
une  chaleur  douce  qui  en  dégage  les  principes.  Ala- 
cerare.  Macérer  ,  digérer  ,  infuler ,  ne  diftérent  que  par 
le  degré  de  chaleur  du  menftruc  que  l'on  emploie. 
Macérer  une  plante  dans  du  vin  pendant  quelques 
jours. 
MACERONjf.  m.   Plante  qui  poufle  des  tiges  à  la 
hauteur  de  trois  pieds  j    rameufes,   cannelées,   un 
peu  rougcâtres.  Smyrnium  Mathioli ,   ou  fmyrnium 
femine  nigro.  Ses   feuilles   font  femblables  à   celles 
de  l'acKe,-  mais  plus  grandes,  d'une  odeur  aroma- 
tique ,   d'un  goût    approchant    de   celui  du  perlil. 
Ses  fleurs  font  petites ,    blanches  ,   compofées  cha- 
cune de  cinq  feuilles  ,  difpofées  en  rofe.  Szs  femences 
font  jointes  deux  à  deux,  grolleSj  prefque  rondes  , 
cannelées  ,  noires  ,    d'un  goût  amer.    Sa  racine  eif 
groffe  ,  blanche  ,  d'une  odeur  &  d'un  goût  appro- 
chant en   quelque  manière  de  celui  de  la  myrrhe. 
On  fe  fert  en  Médecine  de  f\   racine  &c  de  fa  fe- 
mence:  elles  font  apéntives  ,    propres  pour  exciter 
l'urine  &   les, mois  aux   femmes,  pour  la  colique 
venreufe  ,  iScc. 
MACHABÉE.  Voye\  Macabee. 

T  1 1 1  ij 


700  MAC 

ÂIACHACACA ,  MACHICACA ,  ou  MACHASACO. 
Le  Cap  de  Machacaca.    Machacacum ,  ou  Machafa- . 
cum  promontonum.  C'cft  un  grand  cap  de  la  Bilcaie  , 
qui  s'avance  dans  la  mer  de  Bifcaie  ,  au  feprenuion 
de  la  ville  de  Bilbao.  Maty, 
J,IACHAC01RE,  ou  MAQUE,  f.  f. Terme  d'économie 
rullique.  Inllrumenrà  rompre  &;  à  broyer  le  chanvre, 
pour  en  féparer  la  filalfe  de  la  chévenotte. 
MACHA-MONA,   f.  f.    Calleballe   de    Guinée,    ou 
Callebalfe  d'Afrique.   C'eft  un  fruit   de  l'Amérique 
long  d'environ  un  pied,  de  lix  pouces  de  diamètre. 
Son  écorce  eft  ligneufe  &   dure  :    on  en  pourroit 
fabriquer  des  talles   &:   d'autres  uflenfiles  ,  comme 
on  fait  avec   le  coco.   Quand   le  fruit  cil    mûr  ,  fa 
chair  a  un  goût  aigrelet ,    un  peu  llyptiquc  ;  on  le 
trouve    délicieux  dans   les  pays    chauds.   Voyc\  le 
DicT.  DE  James. 
§C?  MACHANj  f.  m.  Animal  féroce  ,  efpcccde  lion  , 
qui  fe  trouve  dans   l'ile  de  Java.  Sa  peau  eft  mar- 
quetée de  blanc  ,   de  rouge  &  de  noir.    Le  machan 
eft  la  plus  terrible  des  bctcs  féroces. 
MACHANEEj  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du 
onzième  mois  des  anciens  habitans  de  l'île  de  Corfou. 
Machaneus ,  en  Grec  ^-''-a,''""^. 
AIACHAO ,   f.    m.   Oifcau  cKi  Brefil ,    d'un  plumage 
noir  _,  mais  lî  bien  mêlé  de  vert ,  que  quand  les  rayons 
du  foleil  tombent  deftus  ,  rien  n'eft  plus  éclatant. 
Il  a  les  pieds  jaunes  ,  le  bec  &  les  yeux  rougeâtres. 
C'eft  feulement  au  milieu  du  pays  qu'il  aire  ,  <5l  on 
le  trouve  rarement  auprès   du  rivage. 
MACHAON,  f.  m.  Prononcez  Macaon.    Il  étoit  fils 
d'Efculape  &  d'Arfinoé ,  ou  félon  d'autres  ,  de  Co- 
ronidc  j  &  félon  d'autres  d'Mélione  ,  ou  de  Mérops  ; 
&  félon  d'autres  enfin,  de  Xanthione.  AiTac/^^w/i fut 
un  Médecin  habile ,  &  père  de  Podalyre  ,  qui  n'ex- 
cella  pas  moins  dans  cet  Art.  Il  fut  de  l'expédition 
de  Troye  ,  &  Virgile  dit ,  qu'il  fut  un  de  ceux  qui 
s'enfermèrent  dans  le  fameux  cheval ,  qui  ht  prendre 
la  ville.  Il  fut  tué  par  Eurvpite.  Son  corps  fut  porté  à 
Gérénie,  où  il  fut  inhumé  ,  &  fur  fon  tombeau  on  éleva 
un  temple  ,  un  autel ,  une  ftatue.  On  y  alloit  deman- 
der du  fecours  dans  les  maladies. 
MACHARY.  f.  m.  Sorte  d'étoffe  dont  il  fc  fut  com- 
merce en  Hollande. 
MACHASOR.  f.  ni.  Nom  d'un  Livre  de  prières ,  en 
ufigc  chez  les  Juifs  dans  leurs  plus  grandes  Fctes.  Il  eft 
très-difficile  à  entendre ,  parce  que  ces  prières  font 
en  vers  &  d'un  ftyle  très-concis. 
MACHATl.  Nom  d'une  ville  des  Amorrhéens.  Ma- 
chaû.    Elle   étoit    fituée   fur  le  bord  du  Jourdain, 
près  de  la  contrée  de  Gelluri  &  du  mont  Hermon. 
Cette  ville  fe  trouva  dans  la  demi-Tribu  de  Ma-. 
nalFé    qui    étoit  à    l'Orient   du  Jourdain  ;  mais  les 
Ifraélites  n'en  purent  chalFer  les  anciens  habitans. 
Machati.  MachaCL.  C'étoic  anciennement  une  petite 
ville   ou  bourg  de  la  Judée.    Ce   lieu  étoit  dans  la 
Trachonire ,  à  une  lieue  du  Jourdain  ,  &  à  cinq  de 
Céfarée  de  Philippe  ,  vers  le   midi  oriental.   Cette 
ville   fut  détruite    par  les   Ifraélites. -Dcuf.  IK  14. 
Quelques  -  uns    difent   Maachad    fuivant   l'Hébreu 
'Xiayo ,  qui  fignific  comprejfus ,  de  ^0y  ,  compref- 
fit. 
MACHAU.  Vieux  mot  qui   eft    lefté  dans  quelques 
provinces  :  il  fignific  une  grange  lans  toit.  Horreum 
fine  ticlo  y  Se  dans  la  balfe  Latinité  ,  machale. 
MÂCHE,  f.  f.  Plante  que  les  Latins  appellent  Fale- 
rïandla  ,    parce  qu'elle   relfemble  à  la  Valériane. 
Elle  poulfe  une  tige  à  la  hauteur  d'environ  un  pied  , 
foiblcj  rondej  rougeâtre,  cannelée,  creufe.  Ses  feuilles 
font  oblongucs  ,  femblibles    à    celles  du  nard  des 
montagnes  ,  allez  épailles  ,   d'un  goût  aromatique. 
Ses    fteurs  font  amallées  en  bouquets   d'une   belle 
couleur  purpurine  ,    &  quelquetois    blanche ,  fms 
odeur.   Ses  fruits  font  oblongs ,  aftez  larges ,  repré- 
Tentant  de  petits  vales  ,  lefquels  contiennent  encore 
un  autre  petit  vafe  ,  où  l'on  trouve  enfermée  une 
femence   un    peu  longue.    Sa   racine  eft  fibreufe  , 
petite,  blanche.  En  Latin  Valcrïanclla  Cornucopoï- 
dss  flore  gakato  Morïfonï.  Elle  eft  vulnéraire  ,  apc 


MAC 

ritivc  ,  détcrfivc.  Il  y  a  plufieurs  autres  efpèces  de 
mâche. 

Celle  que  Morifon  appelle  valenantlla  arvenjls 
pmcox  ,  humilïs  ,  femine  comprcjjo  ,  i>c  C  Bauhia  , 
valeria  campefitis  j  inodora  ,  major,  a  une_  petite 
racine  fibreufe  ,  d'un  goût  un  peu  doux  ôc  prelque  in- 
lipide  j  d'où  iortent  plufieurs  tiges  anguleules  ,  me- 
nues ,  rameufes  ,  qui  fe  lubdivitent  en  deux  bran- 
ches à  chaque  nœud.  Ses  feuilles  font  oblongues, 
tendres  ,  délicates,  de  couleur  d'herbe ,  fans  queue, 
de  même  goût  que  la  racine.  Entre  les  feuilles  qui 
font  aux  fommités  des  branches,  naillent  de  petites 
fleurs  aftéz  belles  ,  blanches  ou  purpurines  ,  décou- 
pées en  cinq  parties.  Ses  kmences  font  rondes  j  un 
peu  aplanies  ,  blanchâtres.  La  mâche  croit  dans  les 
champs  &  dans  les  jardins  ;  elle  eft  un  peu  laxa- 
tive  ;  on  la  mange  ordinairement  en  talade.  Quel- 
ques-uns la  nommait  Doucette. 

MÂCHE.  Mot  Arabe.  C'eft  un  grain  rond  j  fain  j  & 
un  fort  bon  légume.  On  le  mange  comme  les  len- 
tilles ;  on  le  donne  aux  malades  en  Orient  pour 
nourriture  légère,  &  qui  purifie  le  fang.  On  fait  un 
mets  compofé  de  riz  Se  de  mâche  ,  appelé  Quéché- 
ri ,  ou  Kechérï, 

MÂCHE,  f.  f.  Mot  bas  &  populaire  ,  qui  fignifie  l'ac- 
tion de  mâcher  ou  de  manger  gloutonnement ,  & 
fans  mefure.  Faire  la  mâche ,  faire  une  bonne  mâ- 
che ,  pour  dire  Manger  avec  excès ,  taire  un  grand 
repas. 

MACHECOU.  Nom  d'une  petite  ville  de  France. 
Machicolium.  Elle  eft  capitale  du  Duché  de  Retz , 
en  Bretagne  ,  &  fituée  fur  la  rivière  de  Tenu,  à  deux 
lieues  de  fon  embouchure  dans  la  mer  ,  &  à  cinq 
ou  lîx  de  Nantes ,  vers  le  fud-oucft.  Long.  1 5.  d.  48'. 
lat.  47.  d.  2'. 

MACHE-COULIS,  f.  m.  M.  Felibien  dit  Wi^R.  mar- 
che coulis ,  ou  mâchicoulis  Se  majjtcoulis.  Efpèce  de 
fortification  ancienne.  Per^ula  canalïtia.  C'étoit  un 
parapet  en  faillie ,  ou  galerie ,  garnie  d'une  devan- 
ture ,  faite  de  dales  ou  de  briques  ,  &  foutenue 
par  des  efpèces  de  lupports  ,  qu'on  faifoit  au  haut 
des  tours  &  des  châteaux  ;  l'eipace  des  lupports 
de  pierre  de  l'un  à  l'autre  étant  à  jour  ,  fervoit  au- 
trefois à  jetter  des  pierres  &  autres  choies  ,  pour 
empêcher  qu'on  n'approchât  du  pied  de  la  murail- 
le ;  il  y  en  a  à  la  Baftille  de  Paris.  On  fe  Icrt  quel- 
quefois de  ce  mot  pour  fignifier  une  galerie  balle, 
ou  pallàge  qui  va  tout  autour  d'un  château. 

MÂCHEDRU.  f.  m.  Gourmand.  Mot  populaire  for- 
mé de  mâcher  Se  de  dru.  Neufgermain  dans  fes 
vers  au  Duc  d'AngoulcmCj  a  dit  d'un  goulu  : 

//  mâchoit  dru  de  chaque  dent. 

GlOSS.    BOURGUIGN. 

MÂCHEFER,  f.  m.  (  La  première  fyllabe  eft  longue.) 
Ecume  de  fer  ,  fcoiie  qui  fort  des  forges  &  four- 
neaux ,  &  du  fer  quand  on  le  bat  rouge  fur  l'en- 
clume. C'eft  la  p.irtie  foufreufc  du  fer  ,  qui  s'unil- 
lant  avec  la  partie  lôufreufe  du  charbon  ,  font  en- 
femble  les  malles  poreules  comme  des  éponges , 
qu'on  voit  dans  les  forges  des  Maréchaux.  Ferri 
excretum  ,  recrem.entum  ,  retrïmentum.  C'cft  aaili 
l'écume  qu'on  tire  du  fer  dans  les  forges  où  on  le 
fond.  Matthxus  Silvaticus  l'appelle  cacajerri  ,fcoria 
ferri ,  Se  fquamma  ferri.  IJ  ne  faut  pas  confondre  le 
mâchefer  ?i\ec  les  petites  parties  du  fer  qui  s'en  écar- 
tent quand  on  le  forge. 

MÂCHELIÈRE.  adj.  f.  Épithète  qu'on  donne  aux 
grortes  dents ,  qui  fervent  à  broyer  les  gros  alimens. 
Molaris  ,  maxillaris.  On  a  arraclii  une  dent  Mâche- 
Hère.  On  «les  appelle  aufti  molaires  Se  autrefois  oto- 
.  iK'Tcs.  Il  eft  aulli  fubft.  fém.  Les  mâchelièrcs  de 
delliis,  les  mâchelicres  de  dellous.  Acad,  Fr. 

On  appelle  aufti  mufcles  mâcheliers  ,  ou  rr.a^ 
cheurs  ,  des  mufcles  qui  font  mouvoir  la /«-•^A''"'' > 
Se  qui  la  relèvent.  On  les  nomme  autrement  ^i.!]- 
fctcrs. 

Î^LlCHEMOURE.  f.  f.  Terme  de  Mai-ins.  Débris  du 


MAC 


bifciiit  réduit  en  miettes  &  menues  parties.  Il  faut 
que  le  morceau  de  bilcuit  foit  moindre  qu'une  noi 
fette  pour  être  réputé  mùchemoure.  Si!  c(l  de  la 
grolîcur  d'une  noifctte  ,  l'équipage  cil  obligé  de  le 
recevoir  comme  faitant  partie  de  la  ration.  Punis 
nautici  micd. 

MÂCHER  ,  ou  MAQUER  le  Chanvre.  C'eil  le  bri- 
fcr  avec  la  Machacoire  ,  ou  Maquc. 

MAcher.  V.  a.  Broyer  les  alimens  fous  les  dents  , 
les  brifer,  les  moudre  avec  les  dents  pour  les  pré- 
parer à  être  plus  bellement  avalés  &  digérés.  Man- 
derc  j  niolerc.  Quand  on  a  les  dents  molles  ,  ou  aga 
cécs ,  on  ne  fautoit  plus  mâcher.  Avaler  les  mor 
ceaux  lans  mâcher.  Les  alimens  qu'on  a  bien  mâ- 
chés ,  font  à  demi  digérés,  f^oye^  Mastication. 

Mâcher  a  vide,  c'eft-à-dire  ,  /ans  avoir  rien  dans  la 
bouche.  Ce  qui  (e  dit  proverbialement  &:  populai 
rement  d'un  homme  qui  voit  manger  ,  &  qui  au- 
roit  bonne  envie  de  manger  aulîi.  On  dit  figurément 
&  populairement  d'un  homme  qui  a  long  temps 
attendu  une  choie  j  qu'il  a  long-temps  mâche'  à  vide. 

Et  nous  torchant  le  bec ,  alléguoit  Simonide  , 
Qui  dit  j  pour  être  fuin,  qu'il  faut  mlditï  à  vide. 

Régnier. 


On  dit  ,  d'un  homme  qui  mange  fins  appétit, 
qu'il  mâche  de  haut.  Il  elt  du  ftyle  tàmilier. 
Ce  mot  vient  du  Latin  mafiicare. 
MÂCHER.  Se   dit   aulli    populairement  pour   manger 
beaucoup.    On  dit    d'un    homme   qui   mange  avec 
avidité j  qu'il  aime,   qu'il  fe  plaît  à  mâcher. 

On  dit  en  termes  de  manège  qu'un  cheval  mâ- 
che ton  frein  j  pour  dire  qu'il  fe  joue  de  fon  mors, 
qu'il  le  ronge.  C'elT:  un  ligne  de  vigueur  &  de 
fanté  :  &  frdna  ferox  fpumantia  manda.  Cette  écu- 
iTie  exprimée  par  l'aCtion  du  cheval,  lui  rafraîchit 
continuellement  la  bouche. 

On  dit  hgurément  mâcher  la  befogne  à  quelqu'un  , 
la  lui  donner  toute  mâchée  ,  c'eft  à  dire  ,  la  dégrof- 
fir,  la  préparer  de  façon  qu'il  n'y  ait  plus  qu'à  y  mettre 
la  dernière  main. 

L'on  dit  de  même  d'un  homme  qui  ne  veut  pas 
fe  donner  la  peine  qu'il  faut  pour  entendre  une 
allaire  ,  qu'il  faut  lui  mâcher  tous  les  morceaux. 

Figurément,  en  parlant  de  quelque  chofe  de  dé- 
fagréable,  de  fâcheux  ,  qu'on  a  dit  à  quelqu'un  du- 
rement &  lans  adouciffement ,  on  dit,  je  ne  le  lui 
ai  point  mâché.  Acad.  Fr.  Toutes  ces  phrafes  li- 
gurées  lont  du  ftyle  très-familier. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  mâche  à 
vide  ,  pour  dire  ,  qu'il  n'a  pas  de  quoi  vivre  ,  ou 
qu'il  n'a  pas  de  la  belogne  pour  travailler  &  gagner 
fa  vie.  On  dit  aullî  qu'un  homme  mâche  fon  hein  , 
quand  il  endure  quelque  chofe  fort  impatiemment, 
&  lans  oler  en  dire  un  mot,  par  une  allulion  qu'on 
fait  au  frein  des  chevaux.  On  dit  auiîl ,  Mâchei^-\\x\ 
les  morceaux  ,  &  il  les  avalera;  pour  dire  ,  Faites-lui  le 
plus  difficile  de  la  belogne ,  «Se  il  achèvera  le  refte. 
MÂCHÉ  ,  ÉE.   Part. 

MACHERA,  f  £  Arme  ofFenfive  des  Anciens.  C'ctoit 
une  efpèce  de  fabre  court  &  renforcé  ,  qui    frap- 
poit    d'eftoc    &    de  taille  ,    perçoit  &  coupoit  les 
cafques  &    les  cuiralles   à  l'épreuve.   C'étoit  l'épée 
Efpagnole    dont    l 'Infanterie   Romaine    le    Ici  voit 
quand  il  talloit  combattre  de  prés. 
MACHERON,  ou  MACHERONTE.  C'étoit  ancien- 
nement la  meilleure  forterelfe  de  la  Judée  ,   après 
Jéruialem.  Macherus  ,  Mach^rus.  Elle  conlîftoit  en 
une  ville   bien    fortifiée  j  lltuée  fur  une  montagne 
efcarpée  de  tous  côtés,  &  un  château  placé  au-delîus 
de  la  ville  ,  au  fommct  d'un  rocher  d'une  prodigieufe 
hauteur.   Ce   lieu  étoit  dans  la    Tribu  de  Ruben  , 
partie  de  la  Pérée  ,   près  de  l'embouchure  du  Jour- 
dain dans  la  mer  Morte.  On  dit  qu'en  ce  lieu  étoient 
les  fipulcres  des  Prophètes  Elifée  &'Abdias  j  &  que 
Saint  Jean-Baptifte  y  fut  emprifonné  ,  &  enfuite  dé- 
capité  par  l'ordie  d'Hérode.  Maty. 
MACHEROPHORE.  f.  m,  Efpèce  de  milice  chez  les 


MAC  701 

Egyptiens  Se  les  Grecs.  Machdrophorus.  Les  Soldats 
appelés  Machérophores  n'étoicnt  armés  que  d'épées  , 
à  la  dirtérence  de  ceux  qui  étoient  armés  de  pi- 
ques ,  ou  de  javelots  ,  ou  de  mallues  ,  !kc.  Ainti  nous 
avons  dillmgué  en  France  en  diHéiens  temps,  les  foldats 
les  uns  des  autres,  par  les  armes  dont  ils  fe  fervent, 
bc  par  le  fervicc  qu'ils  font  à  la  guerre  ,  en  Ar- 
cliers  ,  Crancquiniers  ,  Fuliliers  ,  Bombardiers  , 
Moufquctaires ,  Grenadiers ,  Carabiniers ,  Piquicrs , 
&.-C. 

Ce  nom  cil  compofé  de  ceux  de  f^zc-'c  jépée  Se 
<pifa ,   je  porte. 
MÂCHETIE.  f  f.  C'efl  ainlî  que  les  Boucaniers  de 
Saint  Domingue  appellent  un  gros  couteau,  dont  ils 
fe  fervent  pour  fendre  les  cochons  &  les  bœufs  fau- 
vages.  Culter  majoris  modi. 
MÂCHEUR  ,  EUSE.  f  m.  &  f.  Qui  dîne  bien  ,  qui 
mâche  bien.  Manda  ,    comedo.    Ce  patahtc  cil  un 
grand  mâcheur.  Il  efl  bas.  On  dit  aulii  un  mâcheur 
de  tabac.  Alors  il  n'ell  point  bas 
MACHEURÉ,  ÉE.  adj.    fiabelais  écrit  Mafchourré  y 
que  M.  le  Duchat  ,  not.  12.  fur  le  c.  40.  du   If^. 
Liv.  de  Pantagruel ,  explique  par  ,  Qui  a  le  vifage 
fali  de  charbon  &  de  fuie.  Il  ajoute  qu  à  Met-c  on 
appelle  Rois  Macheuré y  l'Odlave  des  Rois.  C'eft  de 
même  en  Champagne  :   mais  il  n'y  a  que  le  petit 
peuple  qui  prononce  machcuré  j   les    autres  dilent 
machure. 
MACHIAN.  Nom  d'une  île  de  l'Océan  oriental.  Ma- 
chianum.  Elle  eft  une  des  vraies  Moluques  ,  &  lituée 
fur  la  côte  occidentale  de  l'île  de  Gilolo  ,  fort  près 
de  l'Equateur.  Elle  peut  avoir  dix  ou   douze  lieues 
de  circuit.  Se  elle  eil  allez  bien  peuplée.   Les  Hol- 
landois  y  tiennent  les  forts  de  Mauritio  ,  de  Tafailo  , 
de  Tabillola,  Se  de  Nahacao,  ou  Natfaquia  ,  «Se  ils 
en  tirent  une  très-grande  quantité  de  clous  de  girofle. 
Maty. 
MACHIAVÉLISME,    f    m.    Maximes  de  Machiavel 
touchant  la  Politique  Se  l'art   de    régner.  Machia- 
yeUifmus.  MachiavcUi  fecla  ,  doclrina.  Le  Machiavé- 
lifme  J  tout  abominable  qu'il. ell,  ne  laille  pas  d'a- 
voir fait  allez  de  progrès  dans  le  monde.  Le  Clerc. 
Alais   l'on  commence   à  s'en  guérir  ,  Se   l'on  s'en 
guérira  tous  les  jours.  Montesq.  Nicolas  Machiavel 
de  Florence  ,  homme  d'une  érudition  très  médiocre  , 
Se    qui  ne  favoit  que  très  peu  le  Latin  ,  fut  dilciple 
de  Marcel   Virgile.  Il  fut  accufé  d'avoir  eu  part  à 
la  conjuration  de  Sodérini  ,  &  fut  mis  à  la  quellion  ; 
mais  n'ayant  pu  être  convaincu  de    rien  ,  pour  le 
confoler,  les  Médicis  lui  donnèrent   une  pcnlion 
pour  écrire  l'hilloire.  Il  le  fit ,  &:  nous  avons  de  lui 
huit  Livres  de  l'hiftoire  de  Florence  ;  fcpt  de  l'Art 
Militaire  ;   quatre   de  la   République  ;     trois    Dif- 
cours    fur  Tite-Live  ;    la   Vie  de  Caftruccio  ;  une 
Comédie  intitulée,  Cli^ia  j  des  Traités  du  Prince, 
du  Sénateur ,  &c.    Dans  tous  ces  traités ,  il  répand 
des  principes  &  des  maximes  d'une  politique  très- 
dangercufe  ;  quoiqu'en  dilè  la  Houllaye  ,  qui  a  pré- 
tendu  l'exculer    dans   la  Préface  qu'il  a  mile   a  la 
tête  de  fa  Traduélion  du  Prince  de  Machiavel.  Ce 
font    ces    principes   Se    ces   maximes     dangereules 
qu'on  appelle  le   Machiavélifme.  L'anti  Machiavel  - 
ell  une    réfutation  du   Machiavélifme.    Machiavel 
vécut  miférable.  Se  en  Athée  ,  &  mourut  d'une  dro- 
gue   qu'il    voulut     prendre    comme  un  pféfcrvatif 
contre  les  maladies.  La  tyrannie  ell  aullî  à  craindre 
dans    la  République    des   Lettres ,  que  dans    l'Etat 
Civil  ,  &    l'on   doit  fe  précautionner  coi\tre  cer- 
tains génies  altiers  ,  fuperbes ,  qui  afteélent  de  do- 
miner fur  les  autres  ,   qui  décrient  tout  ce  qui  n'ell 
pas  marqué   de  leur  fceau  ,  qui  oppriment  par  des 
cabales  la  liberté  que  chacun  a  de  penfer-,  en  un 
mot ,    qui   introduiiènt    le    Machiavélifme  dans  les 
Sciences.  Mém.  de  Trév.   Il  a  paru  fur   cela  une 
Diirettation  impiimée  de  Machiavelifnio  literario  , 
c'eft  à  dire,  du  Machiavélifme  litéraire. 
MACHIAVÉLISTE    f  m.  Se  f.  Qui  fuit  la  doélrine 
de  Machiavel,  qui  donne  dans  les  fcntimens  de  ce 
Politique    impie.   Machiavtlli    difcipulus  ,   ajfecla , 


yoi 


MAC 

Machiavdijîa.  Un  Chrcàcn  ne  peur  ctre  Machia- 
vélijle.  Un  Machuivdific  cil  un  impie  ,  àt  un  dcl- 
tructeur  de  la  Ibciétc  humaine.  |Cr  Les  Machiavélijlcs 
prônent  envain  leurs  dangeicufes  maximes.  Il  y  a 
une  grande  difrerence  entre  la  fourbe  &  la  pru- 
dence. Le  Mentor  de  M.  de  Cambrai  eft  un  Héros. 
Le  Prince  de  Machiavel  eH:  un  tcciérar. 

MACHICATOIRE.  (".  m.  Ip"  Terme  de  Médecine  qui 
dehgne  une  fubftance  ,  une  drogue  qu'on  tient  dans 
û  bouche  &  qu'on  miche  ,  loit  pour  en  avaler , 
foit  pour  en  rejettcr  le  lue.  On  le  dit  particuliè- 
rement du  tabac  dont  on  exprime  le  Tue  en  le  mâ- 
chant. Le  tab.ic  eft  un  machkacoire  ,  prendre  du 
tabac  en  machicacoirc. 

MACHICORE.  Grand  pays  de  l'ile  de  Madagalcar, 
il  s'étend  depuis  Dynouronhehoc  ,  jufqu'à  Carca- 
noflî. 
.  IVIACHICOT.  f.  m.  Officier  de  lEglite  de  Notre- 
Dame  de  Paris  ,  qui  eft  moins  que  les  Bénéliciers  , 
êi  plus  que  les  fimples  Chantres  à  gage.  Les  Ala- 
chccors  font  obligés  de  porter  chappe  aux  Fêtes 
femi-doubles  ,  &  de  tenir  le  chœur.  Chori  minïftn 
minores.  C'eft  un  Machicot.  îfT  Delà  on  a  Lut  ma- 

■  chkoter ,  v.  n.  Chanter  un  vertet_,  en  y  ajoutant  ou 
en  retranchant  des  notes  qui  font  lur  le  Livre  ; 
rendre  le  chant  plus  lîmple  ou  plus  compoféj  en 
ajoutant  de  l'agrément  à  la  mélodie  cV  à  l'harmonie. 
^d  lUncum  occïnere.  Il  machïcotc.  Il  fait  bien  ma- 
chicoter. 

MACHICOULIS,  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'écrit  M.  De 
Feuquicres.  Voyc\  Mache-coulis. 

MACHINAL  ,  ÂLE.  adj.  Qui  (e  dit  des  mouvemens 
naturels  ,  où  la  volonté  n'a  point  de  part  de  ce  qui 
s'exécute  par  le  mouvement  leul  de  la  machine  , 
fans  aucune  participation  de  la  volonté.  Son  plus 
grand  u&ge  eft  dans  ces  phrafes  ,  Mouvement  ot^z- 
c/ïi/2d/ ;aftion  machinale  ;  T.'^vi.  d'une  manière  pure- 
ment machinale.  ^ 

MACHINALEMENT,  adv.  D'une  manière  machi- 
nale. Agir  machinalement.  Si  l'on  veut  que  nos 
mouches  fellent  tout  ce  qu'elles  font  machinalement , 
ce  font  alîurément  des  machines  bien  lurprenantes. 
De  RÉaumur.  Que  .ce  foit  machinalement  ou  de 
tête  qu'elles  en  viennent  à  bout  ,  la  gloire  en  eft 
toujours  due  à  l'Intelligence  qui  leur  a  ,  comme  à 
nous,  donné  l'être.  Idem. 

Î^IACHINATEUR.  f.  m.  Terme  hgure,  qui  (e  dit  de 
celui  qui  fait  quelque  confpiration  Iccrère  contre 
quelqu'un ,  qui  fe  fert  de  rufes  &  d'artihccs  pour 
le  tromper.  Machinator.  Les  plus  coupables  de 
-cette   rébellion   font  les  machinateurs  de  toute  l'in- 

Les    Anciens  ont  donné  l'épichète  de  Machina- 
teur  à  Jupiter. 

MACHINATION,  f.  f.  Ac1:ion  par  laquelle  on  dredc 
des  embûches  à  quelqu'un  pour  le  furprendre.  Ma- 
ckinatio,  molitio.  On  recherche  les  Auteurs  d'une 
■telle  machination.  Découvrir  les  plus  lourdes  ma- 
chinations. S.  EvR. 

MACHINE,  f.  f.  Machinatum  ,  machina  ,  machina- 
mentum.  Ce  terme  dans  fou  acception  générale  s'ap- 
plique à  tout  ce  qui  fert  à  augmenter  l'aftion  des 
forces  mouvantes  ,  de  tout  inftrument  propre  à 
faire  mouvoir  ,  à  tirer  ,  lever,  traîner  ,  lancer  quel- 
que choie.  , 

|Cr  Les  machines  font  ou  (impies  ,  comme  le  levier  , 
le  plan  incliné,  le  coin  ,  &c.  ou  conipofécs,  dont 
le  nombre  eft  infini.  Ces  dernières  font  dites  com- 
pofées  ,  parce  qu'elles  font  en  effet  un  allêmblage 
de  plufieurs  pièces  ou  machines  fimples  combinées 
cnfemble.  On  donne  le  nom  de  machine  en  général 
à  tout  ce  qui  n'a  de  mouvement  que  par  l'artifice 
des  hommes,  comme  les  fcènes  &  les  théâtres  mo- 
biles, les  chars,  les  nues,  les  v.iifl'eaux  ,  &c  aulli  ce 
<îui  fert  aux  hommes  pour  faire  des  choies  qui 
font  au  dedus  de  leurs  forces  ,  comme  les  vols  , 
les  dcfcentes ,  8cc.  Les  Anciens  ayoient  une  infi- 
nité des  machines  de  guerre,  de  béliers,  des  balil 
>tesj  des  catapultes,  onagres  &  efpioas ,  Se  autres 


MAC 

pour  battre  les  murailles  j  lancer  des  traits  &c  des 
pierres  contre  les  ennemis  ,  dont  'Vcgèce  a  écrit 
autrefois  -,  mais  parce  que  nous  n'avons  pas  les 
figures  qu'il  faudroit  joindre  au  Livre  de  Végèce 
pour  le  rendre  intelligible  en  pluhcurs  endroits , 
les  Critiques  modernes  ont  taché  d'y  luppléer ,  & 
fur  tout  Jufte  Lipfe  y  a  bien  réulli.  Maintenant  les 
machines  de  guerre  ne  confiftcnt  qu'en  artillerie, 
bombes  ,  pétards  &  carcalfes.  Il  taut  remarquer 
qu'on  appelle  proprement  machine ,  ce  qui  conhfte 
plus  en  art  tk  en  invention ,  que  d.ins  la  force  & 
la  folidité  de  la  matière.  C'eft  pourquoi  les  inven- 
teurs des  machines  ont  été  appelés  Ingénieurs. 

Ce  mot  vient  du  Grec  a")X«'^>  machina  ,  inventio; 
machine  ,  invention  ,  art ,   adrejfe. 

^CJ"  Machine  Infernale.  Machine  d'Artillerie  ainfi 
nommée  à  caufc  de  fes  terribles  effets.  L'Inventeur 
eft  un  Italien  de  Mantoue  ,  nommé  Frédéric  Jéni- 
belli  ,  que  Strada  a  appelle  Jambelli.  Ce  fut  à  An- 
vers en  1583  ,  dans  le  temps  que  le  Prince  d  Orange 
alfiégeoit  cette  ville  ,  qu'il  fabriqua  qu.atre  de  ces  ma- 
chines ,  pour  rompre  le  pont  que  les  aftiégeans 
avoient  dreifé  fur  l'Efcaut.  Il  conftruifit  j  dit  Strada, 
quatre  bateaux  plats,  mais  très-hauts  de  bord ,  & 
d'un  bois  très-fort  &  très  épais  ,  &  imagina  dç  faire 
des  mines  fur  l'eau  de  la  manière  fuivante.  Il  fit  dans 
le  fond  des  bateaux,  dans  toute  leur  longueur  j  un 
maçonnage  de  briques  &:  de  chaux  de  la  hauteur 
d'un  pied  ,  &  de  la  largeur  de  cinq.  Il  éleva  tout  à 
l'entour  fur  les  côtés  deux  petites  murailles  ,  &  fit 
la  chambre  de  fa  mine  haute  &  large  de  trois  pieds. 
Il  la  remplit  d'une  poudre  très-fine ,  &  la  couvrit  de 
tombes  ,  de  meule  de  moulin  &  d'autres  grolles  pier- 
res. Il  mit  par-delliis  des  boulets  ,  des  morceaux  de 
marbre  j  des  crocs  j  des  clous  &  autres  ferrailles, 
&  bâtit  fur  tout  cela  comme  un  toit  de  groffes 
pierres.  Ce  toit  n'étoit  pas  plat ,  mais  en  dos-d^âne  , 
afin  que  la  mine  venant  à  crever  ,  l'effet  ne  s'en  fit  p.as 
feulement  en  haut  ,  mais  de  tous  côtés.  L'eipace  qui 
étoit  entre  la  mine  iSr  les  côtés  des  bateaux  ,  fut  rem- 
pli de  pierres  de  taille  maçonnées  &  de  poutres  liées 
avec  les  pierres  par  des  crampons  de  fer.  Il  fit  fur 
toute  la  largeur  des  bateaux  un  plancher  de  groffes 
planches ,  qu'il  couvrit  encore  d'une  couche  de  bri- 
ques ,  &  fur  le  milieu  il  éleva  un  bûcher  de^  bois 
poiffé  pour  l'allumer.  Ces  quatre  bateaux  ainfi  pré- 
parés dévoient  être  accompagnés  de  treize  autres  plus 
petits  ,  où  il  n'y  avoit  point  de  mines  ,  mais  qui  étoient 
de  fimples  brûlots.  Ces  brûlots  échouèrent  pour  la 
plupart  contre  l'eftacade  &  aux  deux  bords  de  la 
rivière.  Un  des  quatre  deftinés  à  rompre  le  pont, 
fit  eau  &  coula  bas  \  deux  autres  furent  poulies  par 
un  vent  qui  s'éleva,  &  portés  par  le  courant  au  ri- 
vage du  côté  de  la  Flandre  :  le  quatrième  ,  le  plus 
fort  de  tous  ,  brifi  l'eftacade  ,  &  continua  fa  loutc 
vers  le  pont.  Il  creva  avec  un  fracas  épouvantable. 
On  vit  en  l'air  une  nuée  de  pierres  ,  de  poutres,  de 
chaînes  ,  de  boulets.  Le  château  de  bois  auprès  du- 
quel la  mine  avoit  joué  ,  une  partie  des  bateaux  du 
pont  ,  les  canons  qui  étoient  dellus ,  les  foldats  fu- 
rent enlevés  &  jettes  de  tous  côtés.  On  vit  l'Ekaut 
s'enfoncer  en  abyme ,  t\'  l'eau  poullée  d'une  telle 
violence  ,  qu'elle  palla  fur  toutes  les  digues  ,  &:  un 
pied  au  dellus  du  Fort  de  SainteMarie.  On  feiitit 
la  terre  trembler  à  près  de  qu.ure  lieues  de  là.  On 
trouva  de  ces  grolïcs  tombes  ,  dont  la  mine  avoit  été 
couverte,  tranfportées  à  mille  pas  de  l'Elcaut.  Telle 
eft  l'époque  des  machines  infernales  ik  de  ces  mines 
fur  l'eau. 

%fT  La  machine  infernale  qui  a  fait  le  plus  de  bruic 
parmi  nous ,  eft  celle  qu'on  appella  la  machine  in- 
fernale de  S.  Malo  ,  parce  que  les  Anglois  &  les 
HoUandois  l'avoient  conftruite  pour  détruire  S.  Malo. 
Elle  avoit  34  pieds  de  long  ,  iS  de  hauteur,  Se 
prenoit  9  pieds  d'eau.  Elle  étoit  à  trois  ponts.  Le 
premier  ou  le  plus  b.as  étoit  rempli  de  vingt  mil- 
liers de  poudre  ,  avec  un  pied  de  maçonnerie  au- 
deffus.  Le  fécond  étoit  garni  de  6co  bombes  à  (eu 
&   carcaffières  ,  &   de   deux  pkds  de  maçonnerie  |' 


MAC 


aii-dciTus.    Le  troilième  pont  écoic  garni  de  50  ba- 
rils à  cercles  de  fer  j  remplis  de  toutes  fortes  d'ar 
ti/ice  ;  &  le  tilLic  étoit  garni  de  vieux  canons  de 
fer  Se  de  mitraille.  La  machine  vint  julqu'.iux  pieds 
des  murs  de  la  ville  ,  tout  auprès  de  1  unique  porte 
d'entrée  ik  de  fortie  qu'il  y  ait.  Le  feu  prit ,  une 
partie  (àuta,  brila  des  vitres,  découvrit  des  mailons 
par  le  fracas  &  par  l'agitation  de  l'air ,  (ans  cauler 
aucun  autre  dommage.  Ce  qui  relia  de  la  machine 
fur  la  place,  er.  ht  connoitre  la  conltruction.  f^oyc^ 
les  Mcni.  d'Artiller.  de  M.  de  Samt-Hemy ,  is:  l'Hiit. 
de  la  Mil.  Franc,  par  le  F.  l^aniel ,  '!'.  JI.  p.  y  pi. 
tfT  Machine  j  en  Architechire  ,  aliemblage  de  pic- 
ces  de  bois  ,  dilpolces  de  manière  qu'avec  le  Iccouis 
des  poulies ,  mouHes  6c  cordages,  on  peut  enlever 
de  gros  fardeaux  ,  comme  lont  le  vindas  ,  l'engin , 
la  grue  j  le  treuil ,  ikc.  qui  fe  montent  &   le  dé- 
montent lelon  le  beloin  qu'on  en  a. 
ffï   Machine    Hydraulique.    On    appelle    ainfi    une 
leule  machine  qui  lert  à  conduire  &:  à  élever  les 
eaux  ,  comme  une  éclule,  une  pompe  ,  &c.  ou  plu- 
iicurs  machines  jointes  enfemble  ,  qui  agillent  d  ac- 
cord ,  comme  la  machine  de  Marli.   Foye-^  Marli. 
^O"  Machine  a  feu.  Il  y  a  de  ces  machines  hydrau- 
liques que  l'on  appelle  à  feu  ,  parce  qu'elles  ont 
pour  moteur  les  vapeurs  d'une  petite  quantité  d'eau 
cchauiée  par  le   rcu  qu'on  entretient  continuelle- 
ment tous  une  forte  chaudière. 
Machine  Pyrique  ,  c.  à  d.  de  Feu.  Terme  d'Artifi- 
cier. Suivant  le  mot  Grec ,  l'jf ,  iignitie  toute  forte 
d'allcmblage    de    pièces   d'artifice   rangées  lur    une 
carcalle   de  tiingles  de   bois  ou  de  fer  ,   dilpofces 
pour  les  recevoir  &c  diriger  la  communication  de 
leur  force.  Telles  font  celles  qui  paroillènt  depuis 
quelques  années  lur  le  Théâtre  Italien  à  Paris. 

On  appelle  machine  de  Boyle  ,  ou  machine  pneu- 
matique ,    une  certaine  machine  qu'on   a  inventée 
pour  pomper  l'air  ,  avec  laquelle  les  Phyliciens  font 
qurntité  d'expériences  très-curieules,  dont  on  voit 
les  eftets  au  travers  du  récipient  qui  elf  de  verre. 
On   la  nomme  communément  machine  de  Boyle j 
non  que  ce  Phylicien  Anglois  l'ait  inventée  j  car 
Otco  Guerickc  ,  Bourguemellre  de  Magdebourg  ,  en 
cft  l'inventeur  ;    mais  parce  que  Boyle   l'a  perfec- 
tionnée en  y  ajoutant  une  double   pompe   ik   un 
double  pifton ,  qui  font  un  eftet  merveilleux.   Elle 
a  encore  été  perfectionnée   depuis  par  le  fameux 
Hauxobée.  Voyez  Pneumatique. 
Machine  à  Mater.  Terme  de  Marinç.  C'efl:  une  ma- 
chine à  peu-près  faite  comme  une  grue ,  ou  un  engin, 
qui  fert  à  mater  les  vailFtaux. 
Machine  fe  dit  en  termes  de  Poëhe  Dramatique  & 
Épique,  de  l'artifice  par  lequel  on  a  recours  à  quel- 
que Puilîance  fupérieure ,  ou  à  une  Divinité ,  pour 
exécuter  une  chofe  qui  efl;  au  delîus  des  forces  de 
la  nature.  Machina  comica.  Les  Anciens  ne  fe  1er- 
voient  de  machines  que  dans  la  nécelîîté  de  faire 
venir  quelque  dieu  :   encore   les  Poètes  étoient  ils 
prefque  toujours  trouvés   ridicules  de   s'être    laillés 
réduire  à  cette  nécellué.  S.  EvR.  Il  eft  permis  aux 
Poètes  de  faire  intervenir  des  machines  pATZout  ,  & 
d'employerfansceieleminiftèredes dieux.  LeP.  le  B. 
Arilfote  veut  que  le  dénouement  de  la  fable  naille  de  la 
lable  même  ,   &   non  de  quelque  machine.    Mais 
cela  n'efl:  que  pour  le  Théâtre.   L'ufage  des  machi- 
nes eft  plus   fréquent  dans  l'Épopée   que   dans   la 
Tragédie  -,  mais  il  faut  apporter  cette  diftinétion  , 
c'eft  que  le  Pol'te  Epique  fe  gardera  bien  d'employer 
une  machine  pour  fe  retirer  d'un  mauvais  pas  où 
il  le  feroit  engagé  mal  à- propos;  mais  il  s'en  fert  lorf- 
qu'il  peut  s'en  palfcr ,  &  feulement  pour  faire  hon- 
neur à  (on  Poëme  ,  &  fon  à  Héros  de  l'allîftance  des 
dieux.  Il  ne  faut  pas  qu'on  lui  puille  reprocher  que 
faute  d'art  &  d'invention  ,  il  a  été  obligé  d'avoir 
retours  à  des  puillances  furnaturelles.  Ainfi  la  ma- 
chine dans  le  Poëme  Épique  n'eft  point  une  inven- 
tion  pour   fe  tirer  d'une  difficulté  embarralfante  ; 
mais  c'eft  la  préfence  de  quelque  divinité,  ou  une 
aétion  furnaturellc  tk  extraordinaire  ^  que  le  Poëte 


■MAC  703 

insère  dans  fon  Poëme  ,  pour  le  rendre  plus  ina- 
jeftueux  Se  plus  admirable.  Le.  mélanije  doit  être 
fait  de  telle  forte  ,  que  i  on  puille  reaanclier  les 
machines  ,  fans  rien  ittranciier  de  l'action.  Le  P. 
le  B.  Les  Grecs  Se  les  Latins  en  avoient  fait  un 
proverbe  ,  JJeus  ex  machina.  C'eft  à  ce  propos 
qu'Horace  a  dit  dans  fon  art  Poétique ,  Nec  Dcus 
interju ,  niji  dinnus  vindice  nodits  incideric. 

$3"  Machines  de  Ballet.  Ce  font  des  inventions 
pour  faire  changer  les  décorations  ,  exécuter  des 
vols,  faire  mouvoir  des  animaux  ,  Se  autres  artifi- 
ces qui  furpremient  Se  divertiilent  les  fpcctatcurs. 

On  .appelle  Tragédie  à  machines ,  Comédie  à 
machines  ,  une  Tragédie  ,  une  Comédie  ,  dont  la 
repréfentation  eft  accompagnée  de  machines  ,  exige 
des  machines,  comme  des  volsj  des  ch.mgemcns 
de  décorations  ,  &c.  La  Toifon  d  or  ,  Amphitryon  , 
Pfyché ,  Sec.  font  des  pièces  à  machines.  Acad. 
Franc. 

Machine  ,  en  général  ,  fe  dit  des  automates  ,  Se  de 
toutes  les  chofes  qui  fe  meuvent  d'elles  mêmeSj  foit 
par  art ,  foit  naturellement.  §0"  De  tout  aliemblage 
de  rellorts  ,  dont  le  mouvement  Se  leifet ,  le  ter- 
mine en  lui-même.  Automaca.  Les  horloges  font 
les  plys  belles  machines  qui  aient  jamais  été  inven- 
tées. La  tête  fabriquée  par  Albert  le'  Grand  ,  Se  qui 
parloit  par  artifice  ,  étoir  une  machine  bien  ingé- 
nieule.  La  machine  de  notre  corps  eft  compolée 
de  mille  rellorts  cachés  :  elle  peut  être  toute  prête 
à  fe  brilcr  ,  Se  à  tomber  en  ruine  fans  que  per- 
fonnc  s'en  appcrçoive.  Nie.  C'eft  une  étrani^e  ciufc 
que  la  fragilité  de  notre  machine  ;  Se  la  pâ/t  que 
prend  nette  ame  à  fes  bonnes  ,  ou  à.  l'es  niauvai- 
lés  difpohtions.  M.  de  S.  Toute  la  beauté  du  yenie 
n'eft  qu'un  pur  eftet  du  hafard  j  Se  d'un  certain 
arrangement  des  parties  de  la  machine.  Val.  Que 
verrons-nous  dans  notre  mort?  une  vapeur  qui  s'ex- 
hale ,  une  machine  qui  le  dilfout  j  Se  qui  fe  mec 
en  pièces.  Boss.  Quelques  Philofophes  modernes 
ont  foutenu  que  les  animaux  n'étoient  que  des 
machines. 

La  hite  n'eft  qu'une  machine  j 
Telle  eft  la  montre  qui  chemine 
A  pas  toujours  é^aux ,  aveugle  ,  <S"  fans  deftein  : 

Ouvrez-la ,  life^  dans  fon  ftein; 
Mainte  roue  y  tient  lieu  de  tout  l'efprit  du  monde. 

La  Fontaine. 

Machine  fe  dit  encore  de  l'airemblage  &c  de  la  con- 
ffruétion  de  l'Univers.  Mundi  machina.  Si  l'homme 
contemple  la  machine  du  monde  ,  il  le  portera  na- 
turellement à  reconnoître  qu'il  n'y  a  qu'une  puif- 
fance  infinie  qui  ait  pu  créer  tant  de  merveilles,  & 
les  maintenir  dans  un  ordre  fi  régulier,  Jac^.  Con- 
lîdérez  ces  globes  merveilleux  -,  qui  peut  comman- 
der à  ces  épouvantables  machines  ,  qu'une  puilîance 
infinie;  S.  ÉvR.  Les  Poëtes  l'appellent  la  machine 
ronde. 

Car  de  s'imaginer  qu'un  Dieu  tourne  le  monde , 
Et  règle  les  rejforts  de  la  macliine  ronde  ,  &c. 

BoiL. 

On  met  aulTi  au  rang  des  machines  tout  ce  qui 
augiTiente  les  forces  humaines,  tout  inftrument  pro- 
pre à  produire  du  mouveinent.  Le  levier,  le  coiiij 
la  vis,  la  poidie  ,  les  mouHes ,  les  venins  ,  le  guin- 
dal  J  les  grues  ,  le  cabeftan ,  font  des  machines  fort 
nécelfaires.  Le  prellbir,  la  calandre  ,  font  de  puif- 
fantcs  machines.  Les  pompes ,  les  moulins ,  &  tout 
ce  qui  agit  par  le  moyen  de  l'eau  ,  ou  du  vent,  font 
des  machines  hydrauliques  ou  pneumatiques. 
§Cr  Dans  toute  machine  on  diftingue  trois  chofes ,  la 
puiftdnce,  le  poids  ,  Se  le  centre  de  mouvement.  L'on 
comprend  fous  le  nom  de  puiftance  ,  tout  ce  qui 
peut  foutenir ,  ou  mouvoir  un  poids  appliqué  à  une 
machine.  L'on  donne  le  nom  de  poids  à  tout  ce 
qui  réfiftc  à  \\\\&  pu[[fanc'.  appliquée  à  m-\z  machine. 


704  ■  MAC 

Enfin  l'on  nomme  centre  de  mouvement  ,  ce  point 
fixe  autour  duquel  la  machine  le  meut ,  ou  tend  à 
fe  mouvoir. 

Machine  fe  dit  aulli  des  chofcs  peûntes  &  difficiles 
à  remuer.  Moles.  Un  galion  ell:  une  puillante  raa- 
chine.  La.  gtolfe  cloche  de  Rouen ,  les  Obélilques 
de  Rome  ,  font  de  puillantes  mac /unes  ,  qu'on  a  de 
la  peine  à  remuer  ,  à  tian(poitcr. 

-Mac.hi:îe  eft  auffi  un  terme_  de  Cordonnier  ,  qui  fe 
dit  d'une  certaine  compofition  de  cite  blanche  &: 
de  foufre  ,  qui  (êrt  à  blanchir  les  points  du  talon 
du  foulier.   Sidphurata  cera. 

Machine  Se  dit  hgurément  en  chofes  morales  ,  des 
adrelies  ,  des  artifices  dont  on  ufe  pour  avancer  le 
fuccès ,  &  pour  venir  à  bout  d'une  aifaire.  Machi- 
namentum.  La  machine  la  plus  propre  à  remuer  le 
peuple  ,  c'ell:  la  Rehgion.  S.  ÉvR.  Il  a  fait  jouer 
toutes  fortes  de  relions  &  de  machines  pour  venir 
à  bout  de  cette  entreprife.  Il  n'a  pas  befoin  de 
reifort  ni  de  machine  pour  laire  entrer  la  railon 
dans  les  âmes.  Boa.  Songeons  prcfenrcment  à  d'au- 
tres machines.  Mol. 

Sur-tout  refufe^  les  préfens  ; 
Des  m:ichines  d'amour  c'eji  la p!us  redoutable.  La  Font. 

On  dit  auili  figurément  &  par  manière  de  pro- 
verbe j  d'un  homme  qu'on  a  peine  à  émouvoir  ^ 
qu'il  ne  fe  remue  que  par  machine  ,  ou ,  qu'il  faut 
des  machines  pour  le  faire  remuer. 

|Cr  Dans  les  arcs  le  terme  de  machine  fe  dit  encore 
au  figuré  d'un  grand  ouvrage  de  génie.  Une  Tra- 
gédie bien  conduite  eft  une  belle  machine.  Un  ta- 
bleau où  il  y  a  une  grande  intelligence  de  lumières 
eft  une  belle  machine.  Le  temple  de  S.  Pierre  de 
Rome'  eft  une  étonnante  machine.  La  Chaire  de 
S.  Pierre  de  Rome  eft,  en  Iculpture,  une  des  plus 
grandes  machines  que  l'on  connoilfe.  Une  grande 
machine  déiîgne  une  belle  intelligence  de  lumière, 
&  une  grande  compolition. 

^Cr  On  dit  d'un  Peintre  qui  fait  bien  ménager  les  lumiè- 
res ,  qu'il  entend  bien  la  machine. 

MACHINER  ,  V.  a.  Former  ,  projetter  quelques  mau- 
vais deftéins  contre  quelqu  un  ;  faire  agir  pluficurs 
reliorts  fecrets  pour  le  perdre  ,  pour  lui  nuire. 
Machinari ,  moliri  j  Jlruere  aliquid.  Les  mécontens 
de  la  Cour  font  fujets  à  machiner  cownt  les  Minil- 
tres.  On  a  pris  un  homme  qui  machinait  une  graride 
trahilon  contre  l'Etat.  Il  machine  quelque  trahilon. 
Ablanc.  Il  avoit  déjà  machiné  ma  mort  avant  que 
je  vinlfe  à  la  Couronne.  'Vaug. 

Machiner  eft  aullî  un  terme  de  Cordonnier,  qui 
figriifîe  §3"  cirer  le  fil  avec  la  cire  préparée,  qu'on 
appelle  de  h  machine.  Se  donner  une  façon  au  fou- 
lier ,  en  pallnnt  le  machinoir  lur  les  points  du 
foulier.  Cerâ  fulphuratâillinere.  Machineries  joints. 

MACHINÉ  ,  ÉE ,  part.  &  adj.   Machinatus. 

MACHINEUR  ,  f  m.  pour  MACHINATEUR. 

Son  [ait ,  dit-on  ,  confijle  en  des  pierres  de  prix  , 
Un  grand  coffre  en  eji  plein,  fermé  de  dix  ferrures. 
jMi-même  ouvrit  ce  coffre  ,  &  rendu  bienfurpris , 
Tous  les  Machineurs  d'impojlures.    La  Font. 

MACHING.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de 
Huquang  ,  au  départejnent  d'Hoangcheu ,  cinquième 
métropole  de  la  Province. 

MACHINISTE  ,  f  m.  Ingénieur  qui  invente  ,  qui  fiit 
conftruire  des  machines  ,  pour  augmenter  les  for- 
ces mouvantes.  Machinarius  ,  Machinator.  Il  faut 
être  fort  favant  dans  les  mécaniques  pour  être  bon 
Machinifte.  On  appelle  auftî  Machinijle  celui  qui 
invente  des  machines  pour  les  décorations  de  Théâ- 
tre ,  pour  des  vols,  pour  l'hydraulique,  &c. 

MACHINOIR  ,  f.  m.  Outil  dont  fe  fervent  les  Cor- 
donniers pour  blanchir  les  points  du  derrière  des 
fouliers.  î'CF  C'eft  un  petit  outil  de  buis,  fort  mince, 
arrondi  par  les  deux  boucs  ,  à  l'un  defquels  il  y  a 
des  efoècc;  de  dents. 

MACHIRITE  ,  i.  m.  2c  f.  Nom  d'une  ftmille  de  la 


MAC 


Tribu  de  Manalfé ,  ainfi  appelée  parce  qu'elle  dcf- 
cendoit  deMachir.  Machirita.  De  Âlanallé  fortit  Ma- 
chir  ,  chef  de  la  famille  des  Machirites.  Saci. 
Nombre  XXFI.  2p. 

MACHLET  ,  ou  MACHENLOTH.  Nom  d'une  ville 
des  anciens  Ordovices  ,  maintenant  c'eft  un  bourg 
du  pays  de  Galles ,  en  Angleterre.  Maglona  ,  Aîa- 
glùvà.  Il  eft  dans  le  Comté  de  Montgommeri ,  aux 
confins  de  ceux  de  Cardigham  &  de  Mérioncth. 
Maty. 

MACEIESNA.  Nom  d'une  rivière  de  la  Turquie  en 
Europe.  Machlejna  ,  anciennement  Cydarus.  Elle 
coule  dans  la  Romanie  j  &  après  avoir  Icparé  Con- 
ftantinople  du  hiubourg  de  Galata  ,  &  formé  le  beau 
port  de  cette  ville  ;  elle  le  décharge  dans  le  canal 
de  Conltantinople.  Matv. 

MACHLIS  ,  f  m.  Nom  d'un  animal  ,  dont  Pline 
parle,  Liv.  FUI.  c.  //.  Machiis.  Cet  animal  étoit 
fort  commun  dans  la  Scandinavie.  Il  avoit  les  jam- 
bes tout  d'une  venue  ,  fans  jointures  ;  ainli  il  ne  fe 
couchoit  jamais,  mais  il  dormoit  appuyé  contre  un 
arbre  i  de  forte  que  pour  le  prendre  ,  on  fcioit  un 
arbre  en  partie  ;  l'animal  s'appuyant ,  l'arbre  tom- 
boit  &  l'animal  aulf; ,  qui  ne  pouvoit  plus  fe  rele- 
ver. Il  étoit  d'un  vitelle  lî  grande  ,  qu'on  n'eût  pu 
le  prendre  autrement.  Il  étoit  fort  femblable  à  l'Alcc. 
11  avoit  la  lèvre  de  deilus  fort  grande  ;  de  forte  qu'il 
étoit  obligé  d'aller  à  reculons  ,  quand  il  paiftoit. 

MACHMAS.  Ville  de  la  Tribu  d'Ephraïm,  donc  il  eft 
parlé  au  /.  Liv.  des  Rois  ,  XIII.  2.  Machmas.  De- 
puis les  Croilades  ,  ce  fut  un  fort  château  des 
Templiers.  On  la  nomme  aujourd'hui  Dira.  Elle  eft 
à  quatfc  lieues  au  nord  de  Jérulalem  ,  du  côté  du 
mont  Garilim  ,  d'où  elle  n'eft  guère  plus  éloignée. 

MACHMETAT.  Nom  de  lieu  dont  il  eft  parlé,  Jof. 
XFI.  6.  XFII.  j.  Machemtath.  Il  étoit  dans  la 
Tribu  d  Ephraïm  aux  confins  de  celle  de  Manalfé. 

MACHO  ,  1.  m.    On    appelle   en   Elpagne   Quintal-  ' 
macho  ,    un  poids  de    i  50  livres  ,  c'eft-à-dire  ,  de 
jo  livres  plus  fort  que  le  commun  qui  n'elt  que 
de  cent  livres.  » 

MÂCHOIRE  j  f  f.  Partie  de  la  tête  de  l'animal  qui 
lui  lert  à  mâcher  &  broyer  les  viandes  ,  ou  la  pîi- 
tute  qui  lui  eft  convenable.  Maxilla ,  mandibula. 
Elle  conlirte  en  deux  rangs  de  dents  avec  les  os  & 
les  gencives  ,  où  elles  (ont  enchâlfées.  La  mâchoire 
eft  compofée  de  deux  parties  ,  l'une  lupérieure ,  &c 
l'autre  inférieure.  La  lupérieure  eft  immobile  dans 
l'homme  ,  aullî-bien  que  dans  tous  les  autres  ani- 
maux ,  excepté  dans  les  perroquets  ,  dans  les  cro- 
codiles ,  &  dans  le  poillon  appelle  acus  vulgaris. 
Elle  conlirte  en  onze  os  ,  dont  il  y  en  a  cinq  de 
chaque  côté  ,  &  un  déparié  au  milieu.  L'inlérieut 
n'a  que  deux  os  qui  s'unillent  au  milieu  du  menton 
par  l'interpohtion  d'un  cartilage  qui  fe  durcit  à  l'âge 
de  fept  ans  ,  &  fe  tourne  en  un  os  qu'on  ne  peut 
plus  feparer.  Les  mâchoires  ont  des  alvéoles ,  ou 
trous,  où  les  racines  des  dents  font  enchâllees.  Sam- 
foii  défit  les  Philiftins  avec  une  mâchoire  d'âne.  Ce 
fut  avec  une  mâchoire  d'âne  que  Caïn  tua  (on  frère. 
Cela  n'eft  point  dans  l'Ecriture.  Ce  n'eft  qu'une 
opinion  populaire  ^  qui  n'a  de  fondement  que  dans 
l'imagination  de  quelques  Peintres  qui  le  reprefen- 
tent  ainii.  On  a  quelquefois  la  mâchoire  démife. 
MÂCHOIRE,  le  dit  chez  les  Artifans,  de  deux  pièces 
de  fer  qui  fe  lâchent  Se  fe  lerrent  ,  qui  fervent  à 
tenir  quelque  chofe  ,  comme  les  deux  extrémités 
d'un  étau  de  Serrurier,  celles  d'un  chien  qui  tient 
la  pierre  des  armes  à  feu ,  Sec.  Labrum. 

On  appelle  figurément  un  homme  grolîier ,  un 
efprit  lourd,  mâchoire  pefante,  mâchoire  dàne',  & 
on  dit  auflî  branler  la  mâchoire,  pour  dire  manger 
goulûment,  remuer  les  mâchoires,  efcrimer  de  la 
mâchoire ,  jouer  de  la  mâchoire.  Tout  cela  eft  bas. 


Didon  dit  fon  bénédicité ,  * 

Puis  on  joua  de  la  mâchoire.  ScAR. 

MACHOMETTA.  Foyer  Mahometta. 

MÂCHONNER, 


MAC 

MÂCHONNER  j  V.  a.  Mâclier  quelque  chofe  avec 
dilîicukc  ou  avec  négligence  ,  la  tcnif  long  temps 
flans  l'a  bouche.  Manjuare.  Ce  vieillard  a  de  niau- 
vailes  dents  ,  il  ne  hiit  que  mâchonner  les  vjandcs. 
Ce  terme  n'elè  pas  noble. 

Mâchonner  ,  v.  n.  C'eft  parler  entre  £cs  dents , 
n'articuler  pas  alFez  diftiniîtcment.  Cet  homme  ne 
Îmx.  a^we.  mâchonner ,  on  n'entend  prefquc  rien  de  ce 
qu'il  dit.  Ce  terme  elt  du  llyle  des  Halles. 

MACMOKAN  j  f.  m.  Nom  d'un  poilfon  qui  fe  pêche 
lut  la  côte  du  Pérou,  près  d'Arica.  Il  elî  uns  écail- 
les i  il  .1  la  peau  fine  ,  la  chair  blanche.  Il  a  des 
deux  côtés  de  la  tète  des  efpèces  de  filandres  ou  bar- 
bées ,  à  peu-près  lemblables  à  la  barbe  d'un  chat. 
C'cft  ce  qui  a  hit  apparemment  que  quelques  Au- 
teurs le  nomment  chat  marin  ,  ou  chat  de  mer.  Il 
y  a  une  iniinité  de  Machorans  à  l'île  S.  Vincent 
du  Cap  vert.  Frézier. 

I/iACHURAT.  f.  m.  Terme  d'Imprimerie.  C'eft  ainfi 
qu'on  appelle  les  Compagnons  Imprimeurs  qui  ap- 
prennent leur  métier,  qui  font  fujets  à  barbouiller j 
a  gâter  les  feuilles  qu'ils  tirent.  Typographicus  tyro. 

fij'M.  Naudé  nomme  Mafcurat,  1  Imprimeur  qui  eft 
un  des  interlocuteurs  dans  (on  Dialogue  intitulé.  Ju- 
gement de  tout  ce  qui  a  été  imprimé  contre  le  Cardinal 
Ma\arin. 

MACHURER.  v.  a.  Barbouiller,  ou  noircir  quelqu'un  , 
ou  quelque  chofe  ,  Denigrare  ,  nigrore  infufcare, 
Machunr  le  vilage  ,  les  habits.  Il  ne  le  dit  que  parmi 
le  peuple.  Les  Imprimeurs  appellent  machurer ^  bar- 
bouiller une  feuille,  ne  la  tirer  pas  nette. 

On  dit  proverbialement  en  Languedoc  ,  que  le 
chaudron  machure  la  poëlc  :  pour  dire  la  pelle  le  mo- 
que du  fourgon.  Mefcara  en  Touloulain  ,  fignifie  , 
charbonner,  barbouiller.  C'eft  delà  que  nous  vient  le 
terme  de  mafcaradc.  Marquis  dans  les  additions  qu'il 
a  faites  au  Diétionnaire  de  Nicot,  remarque  que  Icï 
Lyonnois,  Dauphinois  &  Savoiliens,  prennent  ma- 
ckurer  pour  barbouiller  quelqu'un  au  vilage  ,  mais 
qu'en  François  on  It  icnd  généralement  pour  tacher 
&  touiller. 

J.ÎACHURÉ,  ÉE.  part. 

\fT  Les  Imprimeurs  difent  qu'une  feuille  eft  machurce , 
quand  elle  n'eft  pas  tirée  nette,  <^'  appellent  iMachu 
rats,  les  Apprentits,  parce  qu'ils  font  lujcfs  à  gâter 
les  feuilles.  C  eft  par  alluhon  à  Machurat ,  que  Naudé 
ïiomvaç.  Mafcurat }  l'Imprimeur  qu  il  fait  parler  dans 
Ion  Dialocue. 

I.IACIEU  ,  ou  iMASSIEU.  Voye^  Mathieu. 

MACIQUOPATAN.  Foye^  Manicapetan. 

MACIS.  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  la  féconde 
ccorce  de  la  noix  mulcadc.  Macis.  Cette  écorce  eft 
tendre  ,  odorante ,  de  couleur  rougeâtre ,  ou  jaunâtre  : 
elle  fe  fépare  de  la  mufcade  à  mefure  qu'elle  fe  sèche , 
&  elle  prend  une  couleur  jaune.  On  l'appelle  impro- 
prement j^t'.'^/-  de  mufcade.  Le  macis  a  la  même  pro- 
priété que  la  mulcadc.  Le  macis  eft  rouge  quand  il 
eft  frais ,  &:  devient  peu-à  peu  jaune  en  fe  delléchant. 
Ben  Beïtar  dit  dans  Ion  Mogni,  que  le  macis  étant  ré- 
duit en  poudre  ,  &  pris  par  le  nc!z  en  guife  de  fternu- 
tatoire  ,  eft  excellent  contre  les  maux  de  tête  qui  pro- 
cèdent de  vapeurs.  Les  Arabes  l'appellent  Besha£ach  , 
•&  les  Perfes  Be\ha-[é.  D'Herbelot. 

Ce  nom  eft  Indien.  Les  Hollandois  font  grand  tra- 
fic de  macis,  qui  eft  une  drogue  des  plus  eftimées. 
Foye^  Macer.  Foye^  Dalécamp  ,  Hijî.  Plant.  T.  II. 
L.  iS.  c.  32.  Et  l'Auteur  anonyme  de  \'HiJl.  Orb. 
Terr.  c.  10. 

MACLE.  C  f.  Fruit  d'une  herbe  marécageufe  ,  qui  eft 
pointue  en  quatre  ou  cinq  endroits ,  &  qui  eft  de  la 
giolTeur  d'une  noix.  C'eft  une  efpèce  de  châtaigne 
aquatique  ou  trefte  d'eau.  Trihulus  aquaticus.  M. 
Tournefort,  Injl.  rei  herb.  655  ,  l'appelle  Tribuloïdes 
vulgare  aquis  innatans. 

Macle,  eft  aulTI  un  terme  de  Blafon.   C'eft  une  pièce 

de  l'écu  faite  en  lozange  percée.  Ceux  de  la  maifon 

•  Ai  Rolian  portent  de  gueules  à  nzxsi maclcs  d'or  pofées 

trois ,  trris  &  trois ,  &  ont  pour  dcvife  ,  fine  macula. 

Quelriucsuns  difent  qu'ils  ont  pris  ces  macles ,  à 

Tome  V. 


MAC         705- 

caufe  que  les  macles  fe  trouvent  en  très-grande  abon- 
dance lur  leurs  terres  ;  ce  font  des  efpèces  de  cailloux 
qui ,  étant  coupés  en  deux ,  repréfenteut  la  figuré 
marquée  fur  leurs  écus.  La  macle  a  quelque  rcllein- 
blance  avec  la  lofange.  Celle-ci  eft  un  peu  plus  étroite 
tk  plus  alongée ,  «Se  la  macle  eft  percée  au  milieu;  elle 
diHerc  des  ruftres ,  en  ce  que  celles-  ci  font  percées  en 
rond,  &  que  celles  la  font  percées  en  carré.  D'autres 
ont  cru  que  les  macles  font  des  mailles  de  hautber- 
gcon  ,  qui  lont  des  lozanges  vidées  comme  celles  des 
filets.  Les  Latins  ont  donné  un  nom  commun  à  ces 
deux  fortes  de  maille  ,  ûvoir  ,  macula.  Les  macles 
étoient  les  anciennes  armes  de  Bretagne.  Favyn. 
Ce  mot  vient  de  macula. 

CCT  Macle.  Terme  d'Hiftoire  Naturelle.  Pierre  ou 
fubftance  minérale  que  l'on  trouve  dans  quelques  en- 
droits de  la  Bretagne  ,  de  la  forme  d  un  priflne  qua- 
drangulaire,  renfermé  dans  une  ardoife.  Foyei  l'art, 
précédent. 

MACLEi^ou  MACQUES,  en  termes  de  Marine.  Ce  fdnr 
des  cordes  qui  traverfent,  ridées,  ou  bandées  en  lo- 
lange,  qui  font  des  mailles  de  cette  figure.  Funiculi 
in  rhomboidcm  exten/î. 

MACLIAVE  ,  ou  MACLOU,  Voyei  Malo,  Ma- 
cliave ,  ou  iMaclou ,  Comte  Breton.  Mézerai  T  I 
p.  66.  '      ■    ' 

IP"  MACOCK.  1.  m.  Quelques-uns  donnent  ce  nom 
au  fruit  appelé  macoqucr.    Foyer  ce  mot. 

MACOCO.  f.  m.  Animal  de  la  groffeur  d'un  cheval , 
qui  fe  trouve  dans  le  Royaume  de  Congo.  Il  a  les 
jambes  longues  Se  grêles,  le  cou  long,  de  couleur 
gvife  ,  rayé  de  blanc ,  deux  cornes  extrêmement  lon- 
gues ,  minces  &  aiguës.  La  fiente  de  cet  animal  eft: 
faite  comme  celle  des  brebis,  &  a  une  odeur  qui  ap- 
proche du  mufc  &  de  la  civette,  mais  elle  n'eft  pas  li 
forte.  On  tient  que  fes  ongles  font  un  remède  contre 
l'engourdiftcment  des  nerfs.  Le  mot  de  Macoco,  veut 
dire^  grande  bcre  dans  la  langue  du  pays. 

Macoco.  Royaume.  Macocum  Regnum.  Le  Royaume 
àt  Macoco  eft  dans  l'Ethiopie,  en  Afrique,  fous  l'é- 
quateurj  entre  les  Royaumes  de  Gabon,,  deMujac, 
ou  de  Givimgbomba  ,  &  les  peuples  Anzicains  &: 
Giaques.  On  dit  que  le  Roi  de  Macoco  eft  fort  puif- 
fmt;,  &  qu  il  a  dix  Rois  ou  Roitelets  pour  tributaires, 
&:  qu'on  tue  tous  les  jours  dans  Ion  Palais  deux  cens 
criminels,  ou  efclaves  de  Tribut,  qui  font  lervis  fur- 
la  table,  &  fur  celle  de  les  Courtilans.  La  ville  ca- 
pitale de  ce  pays  porte  le  nom  de  Monfbl ,  les  Portu- 
gais de  Loango  y  envoient  tous  les  ans  des  efclaves  , 
de  l'ivoire  c^"  du  cuivre  ,  qui  font  les  marchandi'.es  du 
pays.  Les  peuples  y  portent  le  nom  de  Monfoles  ,  ou 
deMéticas,  &  ils  font  mangeurs  d'hommes^  de  mê- 
me que  leur  Roi ,  &  les  Giaques  qui  font  leurs  voi- 
fins.  Maty. 

^KFMACtlMEIRA.  /^e^- Palmier. 

MACOMER.  C'étoit  anciennement  une  ville  de  la 
Sardaigne.  Macomerum ,  anciennement  Macopfijja. 
Ce  n'eft  maintenant  qu'un  village  de  la  partie  fepten- 
trionale  de  l'île,  à  l'orient  d'Alghieri. 

MAÇON,  f.  m.  Celui  qui  entreprend  la  conftruébion 
d'un  bâtiment  ,  d'une  muraille.  Faher  lapiiarius , 
cœmentatarius.  On  trouve  dans  la  balle  Latinité  Mu- 
rarius.  Il  a  fait  marché  avec  un  tel  Maître  Maçon 
pour  lui  bâtir  une  telle  maifon  ,  fuivant  un  tel  deftein  , 
&  pour  un  tel  prix,  la  clef  à  la  main.  On  nomme 
des  Jurés  &  Maîtres  Maçons ,  pour  eftimer  des  ou- 
vrages ,  pour  vifiter  des  bâtimens  quand  il  y  a  quelque 
conteftation  fur  ce  fujet  en  Juftice. 

On  appelle  aulïï  Maçon ,  celui  qui  travaille  fous 
ces  Maîtres  à  li  conftruclion  d'un  bâtiment,  &  qui 
emploie  le  plâtre  &  le  mortier.  \Jn  aide  à  Maçon  , 
eft  un  manœuvre  qui  lert  au  Maçon  à  gâcher  le  plâ- 
tre ,  &  à  porter  les  matériaux. 

le?  On  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  travaille 
groflîèrement  fur  quelque  ouvrage  déhcat,  que  c'eft: 
un  Maçon,  un  vrai  Maçon. 

Ifîdore  dit  que  ce  mot  vient  de  machir,  &  de  ma- 
chines ,  à  caufe  qu'un  Maçon  eft  obligé  de  fe  fervir  de 
machines ,  pour  travailler  fur  le  haut  des  maifons. 

Y  v  V  V 


6 


MAC 


70 

Plulieurs  le  dérivent  de  machino.  Du  Cange  le  dérive 
de  maccrïo ,  parce  qu'on  a  appelé  macerU ,  ces  lon- 
gues murailles  de  clôture  qui  enfermeiu  les  vignes  & 
autres  hérit3v,cs  ,  &C  qu'ainii  un  Mjcon  efl  mactrïarum 
conftruS.or.  M.  Huet  croit  que  ce  mot  vient  de  mas  , 
vieux  mot ,  qui  lignitioit  mailon  ;  ainii  maçon  elt  ce- 
lui qui  t'ait  des  mas  j  c'eft  à  dire ,  des  marions.  Sui- 
vant cette  étymologie  ,  on  devroit  écrire  majfon  ; 
mais  l'ulage  a  prévalu,  il  elt  pour  maçon ^  &  la  pro- 
nonciation des  deux  mots  elt  la  même. 

On  appelle  un  Maçon  dan-;  la  balle  Latinité,  Ma-^ 
g'iftcT  Comacïnus  :  ce'que  Lmdembrok  dit  être  dérivé 
de  Comacïna  ,  ile  de  la  Romagne ,  où  du  tems  des 
Lombards,  le  trouvoient  les  meilleusr  Archited:es._ 

-MÂCON.  Matifio  ,  Madfcona.  Cafirum  Macifconenjc, 
ou  Matijcenfi ,  Matacenfc  oppidum.  Civitas  Matej- 
ccnfium.  Cafirum  Matefcanum  ,  Madafco  j,  Madajco - 
na  ,  MaCifcus.  C'elt  une  ancienne  ville  de  France  , 
capitale  du  Mâconnois  ,  en  Bourgogne  ,  avec  un 
Evêché  lurt'ragant  de  Lyon,  &  lituée  fur^la  Saône 
qu'on  y  palTe  l'ut  un  pont  de  pierre ,  à  douze  lieues 
au-delfus  de  Lyon.  Long.  21.  d.  23'.  lat.  46.  d.  20'. 

MAÇONNAGE.  T.  m.  Travail  du  Maçon.  Struclura 
muralïs.  Il  en  a  tant  coûté  pour  le  maçonnage  de 
cette  maifon,  &  tant  pour  la  charpente.  Qz  maçon- 
nage ne  vaut  rien. 

AIAÇONNEK.  V.  a.  Travailler  du  métier  de  Maçon, 
employer  la  pierre, la  brique,  le  moellon,  le  plâtre, 6'i:. 
&  pour  la  conftruétion  d'un  bâtiment.  Fabrile  opus 
faxeum  exercere.  Les  Limoulms  font  ordinairement 
ceux  qui  apprennent  à  maçonner.  On  dit  aulll  de  ceux 
qui  tont  travailler  trop  Ibuvent  aux  réparations  de 
leurs  maifons  ,  ou  qui  y  lont  louvent  des  change- 
mens ,  qu'ils  n'aiment  c\\\ii  maçonner. 

Maçonner,  fignihe  aulli  boucher  avec  du  plâtre  &:  du 
moellon,  les  ouvertures  d'un  mur.  Cœmentisjïruerc , 
ohftruere.  Ce  n'eft  pas  alfez  de  condamner  cette  por- 
te ,   je  veux  qu'on  la  flilfe  maçonner. 

Maçonner.  Se  dit  Hgurément  pour  dire  travailler  grol- 
fièiTment.  'Voyez  comme  il  a  maçonné ct\z.  Acad.  Fr. 

MAC    NNÉ,  ÉE.  part. 

Maçonné  j  en  termes  de  Blafon,  fc  dit  du  mortier  qui 
paroît  en  forme  de  filet  entre  les  pierres  de  taille  ,  ou 
les  briques  d'un  bâtiment,  que  les  Maçons  appellent 
trait  de  rujlique  ,  &:  il  eft  d'ordinaire  de  lable.  Furns  -, 
domus  ,&c.  murus  fulvis  comml£uris  farcus  ,  dijlinclus. 
Il  portoit  d'azur  à  une  tour  fenêtrée  d'un  avant  mur 
d'argent ,  maçonné  de  fable. 

MAÇONNERIE,  f.  f.  Art  de  maçonner,  arrangement 
de  pierres  .avec  le  mortier.  Ars  fahricx,  lapidant  , 
Jlruclura.  On  le  dit  aulli  de  l'ouvrage  &  du  travail  du 
Maçon.  Ce  ALiître  efl  bien  entendu  au  lait  de  ma- 
-conneric.  On  a  fait  un  devis  de  maçonnerie ,  des  ou- 
vrages de  maçonnerie.  La  maçonnerie  de  cette  mailon 
eftbicn  faite',  bien  folide.  ]..i  maçonnerie  a.iV\\.'clui  un 
roc  doit  être  encaftrée  de  quatre  ou  cinq  pouces  dans 
le  roc  vif.  Une  cloifon  de  maçonnerie  elt  celle  qui  elt 
faite  avec  de  la  charpente  &  du  plâtre ,  ou  de  la  bri- 
que. Il  y  a  de  la  maçonnerie  maillée ,  qu'on  appelle 
en  échiquier  ;  elle  elt  laite  de  pierres  carrées  dans  leur 
parement ,  lefquelles  lont  pelées  enlorte  que  les  joints 
vont  obliquement ,  &  que  les  diagonales  lont  l'une  à 
plomb ,  &  l'autre  de  niveau.  Cette  maçonnerie  en 
échiquier  e(t  la  première  des  lix  efpèces  qui  étoient 
en  ufage  chez  les  Anciens,  &:  dont  parle 'V'itruve  ,  L. 
II.  c  S.  La  féconde  étoit  de  carreaux  de  brique  de 
plat  garni  avec  des  moellons.  La  troilième  de  cailloux 
de  montagne,  ou  de  rivière,  à  bain  de  mortier.  La 
quatrième  de  pierre  incertaine,  ou  rultiqucj  comme 
croient  p.avés  les  grands  chemins.  La  cinquième  de 
carreaux  de  pierres  de  taille  en  liaifon.  Lalixième  de 
templage  qui  fe  falloir  par  le  moyen  de  certains  cof- 
fres fcmblables  aux  bârardeaux ,  qu'on  remplilloit  de 
moellons  avec  mortier. 

Toutes  les  efpèces  de  maçonneries  fe  réduifent  au- 
jourd'hui à  cinq  :  la  maçonnerie  en  liailon  ,  injcrtum  ; 
celle  de  brique,  lateritium  ;  de  moellon,  ccementa- 
tum  ,  &:  mieux  ccementitium  opus  ;  de  limolînage , 
■£mj)lecIonj  Se  i.c\Aocz?,fi , Jlruclura  ruderaria.  La. ma.- 


MAC 

connaie  en  liaifon  cil  celle  qui  elt  faite  de  carreaux 
6c  de  boutilles  de  pierres  bien  pofées  en  recouvre- 
ment les  unes  fur  les  autres.  La  maçonnerie  de  brique , 
elt  une  manière  de  bâtir ,  dont  les  corps  &  faillies ,  & 
naillances  de  pierre,  renferment  des  chanips,  tables, 
panneaux,  &c.  renfoncés  de  brique  polee  en  liaiion 
ëc  proprement  jointoyée  avec  du  plâtre  &  de  li 
chaux.  La  maçonnerie  de  moellon  ,  eft  celle  où  les 
moellons  d  appareil  ou  de  hauteur,  font  équarris, 
bien  gifans,  polésde  niveau,  &  piqués  en  leur  pare- 
ment. La  maçonnerie  de  limolînage,  elt  celle  qui  le 
fait  de  moellons  pofés  fur  leur  lit  en  liaifon ,  fans  être 
drclles  en  leurs  paremcns.  La  maçonnerie  de  blocage  , 
elt  celle  qui  eic  laite  de  menues  pierres  jcttées  à  bain 
de  mortier.  Davileb.. 

On  appelle  colonne  de  maçonnerie ,  une  colonne 
faite  de  moellon  bien  gilant ,  enduit  de  plâtre  ou  faite 
de  brique  par  carreaux  moulés  en  triangle,  &  recou- 
veite  de  Ituc.    Columna  Cccmentnia. 

Maçonnerie,  elt  aulli  le  nom  d'une  Jurifdiftion  parti- 
culière pour  les  Maçons;  elle  le  tient  au  Palais  à  Pa- 
ris ,  &  les  appellations  font  portées  au  Parlement. 
Cette  Jurildiction  a  été  établie  en  164/.  Ceux  qui 
l'exercent  lont  appelés  Généraux  des  œuvres  de  ma- 
çonnerie de  France  ;  ils  connoilîent  des  didérends  en- 
tre les  ouvriers  concernant  le  tait  des  bâtimens,  de 
tout  ce  qui  concerne  la  conflruttion  &:  la  police  rela- 
tive à  leur  siireté  &  à  leur  folidité.  La  maçonnerie  a 
des  Procureurs  particuliers  dnîérens  de  ceux  du  Par- 
lement ,  qui  cependant  peuvent  y  plaider. 

MAÇONNES,  f  cV'  adj.  pi.  f.  ^fT  Efpèce  d'abeilles  fau- 
vages,  ainli  nommées,  parce  qu'elles  maçonnent  vé- 
ritablement leurs  nids  lur  les  pierres  les  plus  dures, 
I^oyei  l'Abrégé  de  1  Hilt.  des  Infectes. 

MACONNOIS.  Nom  d'une  contrée  de  la  Bourgogne. 
Matifcouenfis ,  ou  Maticenjîs  ager.  fKF  Ce  pays  elt 
fitué  entre  le  Beaujolois  Se  le  Chàlonnois ,  &  iéparée 
de  la  Brelîe  par  la  Saône. 

MÀcoNNOis ,  OISE,  f  m.  Se  f.  Qui  elt  de  Màcon.  Ori- 
ginaire, habitant  de  Mâcon.  Matifconenjïs. 

MACOPIN.  Nom  que  l'on  donne  depuis  peu  à  une 
partie  de  la  rivière  des  Ilinois,  comprile  depuis  la  ri- 
vière de  Chegagon ,  jufqu'aux  Miamis. 

MACOQUER.  f.  m.  Selon  quelciues-uns ,  MACOCK. 
C'eft  un  huit  qui  eft  tort  commun  dans  toutes  les  îles 
de  l'Amérique,  Se  dans  la  plus  grande  partie  du  con- 
tinent. Il  elt  prelque  lemblable  à  nos  melons  ou  ci- 
trouilles. Se  d'un  goût  fort  agréable.  Macoquerium. 
Il  y  en  a  de  dittérente  grolfeur  Se  de  diîtérente  figure. 
Son  écorce  eft  dure  ,  ligneule ,  polie ,  brune ,  ou  rou- 
geâtre  eu  dehors  ;  noire  en  dedans.  Il  contient  une 
pulpe,  qui  étant  bien  mûre,  devient  violette  ,  de 
blanche  qu'elle  étoit  auparavant.  Dans  cette  pulpe 
lont  enveloppés  plulieurs  grains  plats  Se  durs.  Les 
Chafteurs  le  lervent  de  ce  truit  pour  étanchcr  leur 
foif,  &  ils  difent  qu'il  a  le  goût  de  vin  cuit  ,  mais 
qu'il  rellerre  un  peu  trop  le  ventre.  Les  Lrdiens  en 
prennent  la  pulpe  Se  les  grains  par  un  petit  trou 
qu'ils  font  à  l'écorce ,  puis  l'ayant  rempli  à  demi  de 
petits  cailloux  ,  ils  le  bouchent  Se  ils  l'agitent  afin 
qu'il  talle  du  bruit  :  c'eft  un  divertillemeiit  pour  eux 
dans  les  tems  de  réjouiftance.  Rochefort  &  Du  Ter- 
tre appellent  l'arbre  qui  porte  ce  Iruir,  Calehajfier , 
Se  d'autres  cohym  ,  ou  hysutro. 

MACORIS.  Rivière  de  l'île  Efpagnole,  qui  fe  décharge 
dans  la  mer  du  Sud ,  à  lix  ou  lept  lieues  de  San  Do- 
mingo. 

MACOUBA.  Rivière  de  l'Amériqu"  dans  une  des  An- 
tilles, qui  donne  fon  nom  à  un  bourg  &  à  une  pa- 
roilf'  de  la  Bande  du  noid  de  la  Martirique.  fiCTOn  v 
pêche  une  elpèce  de  poiilon  que  l'on  nomme  indittc- 
remment  Tejlar ,  ou  Macouhas.  Il  a  la  tête  large  Se 
charnue ,  le  corps  prelque  rond ,  &  la  peau  noire  & 
fine.  Sa  chair  eft  blanche ,  grafte  (Se  délicate. 

03°  Tabac  du  Macouba.  Excellent  tabac ,  ainfi  nommé 
d'un  canton  de  la  partie  du  nord  de  la  Martinique, 
où  quelques  habitans  en  cultivent.  Il  fent  la  rofe.  Il 
eft  fort  rare  &  fort  cher  en  France. 

MACOUTE.  f.  f.  Efpèce  de  monnoie  de  compte,  ou 


MAC 


de  manit-ic  de  comptcf ,  en  ufagc  parmi  les  Ncgrcs , 
dans  quelques  endroits  des  côtes  de  l'Afrique,  parti- 
culièi-emcnt  à  Loango  de  Boiriej  fur  la  côte  d'Ango- 
la.   La  macoute  vaut  dix. 

MACQUE.  (.  F.  Terme  de  Marine.  Il  y  en  a  qui  pro- 
noncent ainfi,  au  lieu  de  dire  MACLE.  AVycj  ce 
mot. 

Macque.  f.  f.  Inftrnmcnt  de  bois  dont  on  fe  fert  pour 
brillr  le  chanvre  6c  le  réduire  en  filallc. 

MACQUER.  V.  a.  Brilcr  avec  la  macque.  Macquer  du 
chanvre. 

MACRAN.    Voyei  Makeran. 

MACRE.  Voyei  Magra. 

Macre.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Natolie.  Macra  , 
Macris.  Elle  eft  dans  la  contrée  de  Mantefeli ,  lur  le 
golfe  de  Macre  ,  qui  ciï  vis  à-vis  de  l'île  de  Rliodes , 
&  qui  portoit  anciennement  le  nom  de  Glaucus  Jl 
nus.  Maty. 

Macre.  Plante.  Voye^  Tribule;  c'ell  la  même  chofe. 

MACRES.  Nom  d'une  rivière  d'Afrique.  Mac^r,  an- 
ciennement Clnypkus.  Elle  prend  fa  fource  dans  le 
Fezzen ,  contrée  du  Bilédulgerid ,  traverle  le  Royau- 
me de  Tripoli,  &  fe  décharge  dans  la  mer  Méditer- 
ranée ,  un  peu  à  l'orient  de  la  ville  de  Lébéda 
Maty. 

MACREUSE,  f.  f.  Oifcau  de  mer ,  |p- refTemblant  à- 
l^tu  près  au  canard,  mais  plus  gros,  du  genre  de 
ceux  qui  ont  Ift  chair  noire.  Anas  nïger.  La  tête  & 
la  partie  lupérieure  du  cou  ,  font  d'un  noir  verdàtre  ; 
tout  le  relîe  du  corps  eft  noir ,  à  l'exception  d'une 
bande  tranlverfale  lur  le  milieu  des  aîles. 

fC?  On  dit  que  la  macreufe  a  le  fang  froid.  L'Eglife  en 
permet l'utage  pendant  le  carême.  Sa  chair  eft  dure, 
coriace,  fentant  le  marécage.  L'huile  dont  elle  eft 
chargée  la  rend  infupportable  au  goût.  La  meilleure 
manière  de  l'apprêter  eft  de  la  faire  cuire  à  demi  à  la 
broche,  &  de  la  mettre  en  falmi  avec  vin,  fel  & 
poivre. 

fCFLes  anciens  Naturaliftcs  ont  débité  je  ne  fais  com- 
bien de  rêveries  fur  l'article  des  macreufes ,  en  attri- 
buant leur  origine  à  l'écume  de  la  mer  ,  au  bois 
pourri  des  vieux' vailleaux ,  en  général  à  la  corrup- 
tion. Cet  oifeau  vient  comme  les  autres,  d'un  œuf. 
J^oye-[  Génération,  Animal. 

il  y  a  aullî  un  autre  oifeau  nommé  macreufe  ,  (  Po  - 
mey  dit  macourle  aulîi  bien  que  Nicot  ),  qu'on  ap- 
pelle autrement.  Diable  de  mer ,  en  Lutinfu/icu/a  ma- 
jor,  qui  eft  une  elpèce  de  poule  de  mer  fort  noire. 
Voye\  Diable  de  Mer  au  mot  Diable. 

MACRI.  Nom  d'un  village  de  la  Romanie  ,  fitué  fur 
le  détroit  des  Dardanelles,  au  midi  de  Rudifto.  Ma- 
cer.  Ce  lieu  étoit  anciennement  une  ville  nommée 
Macrontickos  ;  c'eft-à-dire  ,  la  longue  muraille  , 
parce  qu'elle  étoit  près  de  la  muraille  qu'on  avoit 
bâtie  au  travers  de  l'ifthme,  qui  joint  la  prefqu'île  de 
la  Romanie,  avec  le  refte  de  la  province. 

Maori  ,  eft  encore  un  ancien  bourg  de  l'ile  Samo  ,  qui 
eft  dans  l'Archipel ,  fur  la  côte  de  la  Natolie.  Macer , 
anciennement  Panormus. 

MACRIDE.  Nom  d'une  île  appelée  autrement  Hé- 
lène. Quelques-uns  difent  MACRIS.  Au  refte,  il 
faut  dire  en  François  Macride ,  ÔC  non  pas  Macris. 
C'eft  l'analogie.  Les  noms  Grecs  en  •; ,  qui  ont  aux 
obliques  tia; ,  têts ,  &c.  notre  ufage  eft  de  les  terminer 
en  ide  dans  notre  langue,  &  l'analogie  doit  être  la 
règle ,  quand  il  n'y  a  point  d'ufage  établi  fur  quelque 
mot  particulier. 

MACRIEN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Macrianus.  Ful- 
vius  Macrianus  ,  homme  de  baffe  condition  ,  s'é- 
tant  fort  diftingué  par  fa  valeur  ,  mérita  que  Valérien 
l'employât  dans  le  gouvernement  de  la  République. 
On  prétend  qu'il  engagea  Valérien  dans  des  lieux 
d'où  il  ne  fe  pouvoir  tirer,  &  que  ce  Prince  ayanr 
été  pris ,  Macrien  fauva  les  reftes  de  l'armée  ,  ik. 
convint  avec  Ballifta  Préfet  du  Prétoire  ,  qu'on  le 
feroir  Empereur  avec  fes  deux  fils  ,  Titus  Fluvius, 
Junius  Macrianus  Quictus  ;  ce  qui  fut  exécuté.  Les 
médailles  des  deux  Macriens  font  rares ,  mais  fur- 
tout  du  pcre ,  dont  quelques  Antiquaires  prétendem 
Tome  F. 


MAC  707 

même  qu'il  n'y  en  a  point.  Foye^  Bandouri  T 
I,p.  271  &  fuiv.  &  Trebell.  Pollion ,  de  XXX. 
Tyr.  Il  n'eftpas  nécelfure  d  avertir  qu'iUaut  l'.appL-- 
Icv  Macrien  ,  Se  non  pas  M^criti ,  ou  Marcien,  puif 
que  Trébellius  PoUion  &  les  médailles  difem  tou- 
jours Macrien. 

MACRIN.  C  m.  Nom  d'homme.  Macrinus.  Marcus 
Opélius  Sévérus  Macrinus  étoit  Maure  d'origine.  Il 
s'éleva  par  tous  les  degrés  aux  plus  grandes  charges 
&  fut  fait  Avocat  du  Fifo,  &  Préf  t  du  Prétoire 
fous  Caracalié  ,  auquel  il  fuccéda  à  l'Empiie.  Il  alib- 
cia  fon  fils  Diaduménicn  ,  qui  n'avoir  que  dix  ans. 
Sa  dureté  pour  les  loldats  le  leur  rendit  odieux  ;  ils 
le  tuèrent  après  14  mois  de  règne  ,  l'an  de  J.  C,  zi8. 
Capitolin  a  écrit  la  vie  de  Macrin. 

MACRINE.  f  f.  Nom  de  femme.  Macrina.  La  fainte 
Vierge  Macrine  étoit  fœur  de  S.  Baille  ,  6c  de  S, 
Grégoire  de  Nyflé.  Foye\  ce  faint  dans  fon  i  pitre 
à  Olimpius.  La  grand'mère  de  ces  Saints  s'appeloic 
aulli  Macnne. 

MACROBE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Macrobius.  Ma- 
crobe  ,  qui  porte  à  la  tête  de  fes  ouvrages  les  noms 
d'Aurélius  Théodolius  Macrobius,  auxquels  M.  Fabri- 
cius  ajoute  celui  d'Ambrofius,  tioriûbit  fjus  Hono- 
rius  6c  Théodofe  le  Jeune  ,  comme  il  paroît  par 
le  Code  Théodofien ,  I.  FI,  Tu.  S.  Il  fut  Con- 
ful  &  Gentilhomme  de  la  Chambre.  Pr^feclus  facri 
cubiculi ,  &  fait  honoré  du  titre  d'homme  illuftre. 
Firillujlris.  Il  fut  habile  Antiquaire  &  Critique.  Il 
nous  refte  de  lui  deux  Livres  fur  le  fonge  de  Sci- 
pion,  &  fept  Livres  de  diftérentes  matières,  qu'il 
a  intitulés  Repas  des  Saturnales  ,  Convivia  Saturna- 
lia ,  &•  qu'on  appelle  communément  Saturnales  tout 
courr.  Nous  avons  fur  Macrohe  des  Notes  de  Pon- 
tanus ,  de  Meurfius  6c  de  Jean  Gronovius. 

Ce  mot  Grec ,  compoféde/««xfi«,  long  ,  iSc^/„  ,  v/e. 
Macrobe  ,  qui  vit  long-temps. 

Il  y  a  un  faint  iWûcroi^e  dont  on  fût  la  Fête  le  16 
Février.  Il  eft  dans  le  Calendrier  de  Carthage  ,  & 
dans  le  Martyrologe  de  faint  Jérôme.  Les  Exemplai- 
res de  Corbie  &  de  faint  Vandrille  le  nomment  fauti- 
vement Marcope.  Chastelain. 

On  a  donné  le  même  nom  à  quelques  peuples 
d'Afrique,  habitans  de  l'île  Méroé ,  6c  d'Ethiopie, 
mais  l'ufage  ne  feroit  point  qu'on  les  appelât  ilfacrci- 
hes  en  François  ,  il  faudroit  dire  Macrobiens. 

MACROBIE.  f  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  ceux 
qui  ont  vécu  un  nombre  d'années  extraordiiiaire. 
Ce  mot  vient  du  Grec  ,  ^«ixp.î  long  ,  &  ^.t;,  vie.  Les 
anciens  Patriarches  étoient  des  Macrobies.  Le  nom- 
mé Dantho  ,  Richard  ,  Jean  des  Temps ,  S.  Séverin  , 
Evêqiie  de  Tongres  ,  Oger  deDace,  le  Philofophé 
Ariftce ,  &  plulieurs  autres  dont  parle  l'Hiftoire 
étoient  aulTi  des  Macrobies. 

MACROCÉPHALE.  f  m.  Nom  d'un  ancien  peuple, 
Marcocephalus.  Mêla  II,  19,  met  les  Macrocépha- 
les  le  long  du  Bofphore  ;  &c  Etienne  dit  qu'ils 
croient  voifins  de  ceux  de  Colchos  ;  6c  Pline,  L. 
FI,  c.  4.  dit  qu'ils  l'étoient  de  Cézarunthe  ,  ville 
de  Cappadoce. 

Le  nom  de  Macrocéphale  veut  dire  longue  tête , 
peut  être  que  ces  peuples  Tavoient  ainfii ,  &  que  les 
Grecs  qui  appelèrent  Hamaxobites  ,  ceux  qui  vivoienc 
à  la  campagne,  &  dans  des  chariots,  donnèrent  le 
nom  de  Macrece'phales  à  des  peuples  qui  avoient  la 
tête  longue. 

MACROCHERE.  f  f.  Prononcez  Macrokere.  Nom 
d'une  ancienne  tunique  à  longues  manches.  Macro- 
chera.  L'Empereur  Alexandre  Sévère  fit  revenir  la 
mode  des  Macrocheres  de  pourpres.  Lampride  j 
c.  33. 

Ce  mot  vient  de,  ^âx(i« ,  long  ,  &  de  ,  ;k«?j  main  ; 
ce  vêtement  fut  ainfi  nommé  parce  que  les  manches 
en  étoient  longues.  Saumaife  fur  Lampride  cité. 

MACROCOSME.  f  m.  Ce  mot  ne  fe  dit  que  par  op- 
pofition  à  celui  de  microcofme.  Macrocofmus.  Par 
le  mot  de  macrocofme  on  entend  le  monde  entier  , 
l'univers;  6c  par  celui  de  microcofme  ^  qui  veut  dire 
petit  inonde  ,  on  entend  l'homme. 

Vvvv  ij 


7o8 


MAC 


Ce  mot  de  macrocofme  vient  de,  |«««fW ,  grand  , 
&  K.wfiti! ,  monde.  On  n'emploie  point  aujourd'hui  ce 
mot  dans  un  dilcours  (éricux  &  poli. 

MACRONISO.  Nom  d'une  petite  île  de  l'Archipel. 
Macris  ,  Macra.  Elle  eil  près  du  Duché  d'Athènes  j 
fur  le  cap  qui  fépare  le  golfe  d'Engia  de  celui  de  Né- 
grcpont.  Les  Anciens  l'ont  appelé  Hélène  ,  ou  He 
lena ,  parce  que  c'ell  le  lieu  où  Paris  débaucha  Hé 
lène.  Maty. 

MACRONTYCHOS  ,  c'eft-à  dite  ,  longue  muraille. 
C'étoit  une  ville  de  Thrace  ,  (ur  la  côte  de  la  Propon 
tide  ,  de  laquelle  julqu'au  golte  Melanis  ,  on  avoir 
tiré  une  muraille  ,  qui  lépar.oit  la  Cherfonèfe  du  Con- 
tinent. Il  y  avoit  encore  une  autre  grande  muraille 
dans  la  Thrace  pour  garantir  lllthme  de  la  Thrace 
des  Ennemis. 

MACROPHYSOCÉPHALE.  f.  m.  Celui  à  qui  quel- 
que atfedion  Hatulente  a  diftendu  la  tête  au  de-là  de 
fa  longueur  naturelle  de  ^««p,; ,  long , de  ^'ku ,  Hatu- 
lence  ,  &•  de  '^e?»^.,  ,  tête.  Did.  de  James.  |t?  Am- 
broife  Paré  fait  de  ce  terme  un  (iibftantif  féminin , 
&  entend  par  là  la  diltenlion,  la  tuméf.tdion  de  la 
tête  d'un  lœtus  produite  par  des  ventolités. 

MACROS.  Nom  de  lieu.  Macrodama  ,  Macromades. 
C'étoit  anciennement  une  ville  de  la  province  Biza- 
cène  ,  ei)  Afrique.  Ce  n'ell  maintenant  qu'un  village 
du  Royaume  de  Tunis  j  il  eil  fitué  fur  la  côte  occi- 
dentale du  golfe  de  Capez.  Maty. 

MACROSIVIS.  f.  m.  Géant  dont  le  corps  fut  trouvé  , 
félon  Phlégon  ,  dans  un  tombeau  près  d'Athènes  j 
qui  avoit  cent  coudées  de  long. 

MACROSTICHE.  adj.  m.  &  f.  Terme  de  l'Hiftoire 
Eccléhaftique  ,  lîgnilîe  un  écrit  de  longues  lignes. 
Macroflicos.  Ce  nom  fut  donné  dans  le  IV^  f.ècle  à 
la  cinquièm*  formule  de  foi  que  firent  les  Eufébicns 
dans  le  Concile  qu'ils  tinrent  à  Antioche  l'an  54J. 
Dans  ce  Concile  ils  firent  une  nouvelle  formule  de 
foi ,  qui  pour  fa  longueur  fut  nommée  Macroftiche  , 
ou  à  longues  lignes  ,  elle  ne  contient  rien  que  l'on 
puille  ablolument  condamner.  Fleury  ,  HiJI.  Eccl. 
L.  XII.  p.  jso. 

MACSARAT  ,  ou  MACZARAT.  Café  3  ou  habita 
tiondes  Nègres;  Mailon  grande  j  Ipacieufe  &  forte 
à   leur  manière,  où  ils  le  retirent  pour  fe  garantir 
des  incurlions  de  leurs  ennemis.  D'HePvBElot.  Mu- 
nititm  Afrorum  rtceptaculum. 

MACSURAH.  f  m.  Nom  que  les  Mahométans  don 
nent  à  un  lieu  fép.-lré  dans  les  Mofquées  où  fe  pla- 
cent les  Princes  \,  ce  lieu  eft  ordinairement  fermé  de 
rideaux.  C'eft  de  là  que  les  Elpagnols  ont  introduit 
dans  les  Eglifesce  qu'ils  appellent /ij  Cortina  ,  qui  elf 
faite  en  tour  de  lit  j  &  dans  laquelle  s'enferment 
les  Rois  J  les  Princes ,  &c.  pour  ailîfter  au  fervice 
divin.  D'Herbelot. 

MACTIERNE.  f.  m.  &  f.  Ancien  nom  de  dignité  en 
Bretagne  ,  qui  fignifie  proprement  fils  de  "Piince. 
Macliernus  ,  Principis  filius.  Les  qualités  que  pre- 
noit  la  noblelfe  du  premier  rang ,  étoient  celles  de 
Princes,  de  Tyrans  ,  de  Comtes  &  de  Macliernes  , 
la  plupart  fynonymes.  Le  dernier  fignifie  en  vieux 
langage  Breton,  fils  de  Prince.  L'autorité  des  Mac- 
rkrnesémn  grande-,  il  ne  le  faifoit  rien  d'authenti- 
que dans  tout  le  reflort  de  leur  jurifdiftion  fins  leur 
autorité.  Les  Evêques  prenoient  quelquefois  la  qua- 
lité de  Macliernes  ,  ioit  qu'elle  leur  convînt ,  à 
caule  de  leur  patrimoine ,  foit  que  leurs  Églifes 
eulfent  des  fiefs  £c  des  (eigneurics  temporelles  allez 
confidérables  pour  donner  aux  Evcques  le  droit  de 
s'appeler  Macliernes ,  &c  d'en  faire  les  fonélions. 
Ces  fondions  n'étoient  pas  fi  atfedées  aux  hommes  , 
que  les  femmes  ne  s'en  acquittalfent  quelquefois 
par  ordre  des  Souverains.  Lobineau.  Hifl.  de  Bret. 
L.  II ,  p.  71.  Femmes  Macliernes.  ft3'"0n  trouve 
peu  de  Macliernes  dès  le  XIF  fiècle.  Ils  étoient 
déjà  remplacés  par  les  Comtes.  Vicomtes,  Barons, 
■Vicaires  &  Prévôts.  Id. 

Ce  nom  vient  de  Mab ,  ou  Mac,  qui  veut  dire 
JJ'ls  ,  &  de  tyran  ,  qui  fie;nifie  Prince,  Lobin.  Gloff. 

hLVCUCAGUA.  f.  m.  Oifeau  du  Biefil ,  qui  relTemble 


M  AC 

fort  au  faifan,  &  qui  cft  plus  gros  que  les  poules  de      I 
l'Europe  ,  il  a  trois  peaux  &  beaucoup  de  chair.  Il 
pond  deux  fois  tous  les  ans  12  ou   1  j  œufs.  gCr  II      , 
court  fort  vite  ;  mais  il  ne  peut  voler  ni  haut ,  ni     j 
loin.    Cependant  il   s'élève  &   vole  fur  les  arbres,      ' 
quand  il  voit  des  hommes.  Sa  chair  clt  délicate  ,  ôc 
excellente  à  manger. 
MAÇUETTE.   f.  f.  Vieux  mot ,   qui    s'eft  dit  pour 
majjue.  Clava. 

Un  ribaut  mal  vêtu  &  nu  , 

En  fa  main  une  maçuette , 

Se  lance  en  celé  riverette.  Gui  art. 

MACULATURE.  f  f.  Feuille  d'Imprimerie  mal  im- 
primée ,  dont  les  caradères  font  pochés ,  ou  peu  li- 
hbles  J  Ioit  qu'elle  Ioit  mal  tirée  ,  ou  trop  tôt  battue. 
Folium  maculofum. 

Maculatuke,  fe  dit  en  ce  lens  d'une  méchante  feuille 
d'Imprimerie,  qui  fert  à  des  enveloppes  ,  &  à  au- 
tres ufages.  Maculatura. 

iyJ"  On  appelle  par  extenfion  maculature  grife ,  une 
feuille  de  gros  papier  gris ,  qui  fert  d'enveloppe  à 
une  rame  de  papier, 

Maculature,  fe  dit  auffi  parmi  les  Imprimeurs  en 
taille  douce ,  d'une  feuille  de  papier  qu'on  met 
entre  Timage  &  le  lange.  Charta  typo  fuppoJlM 

Maculature,   e(l   aulli  un  terme  ^e    Papetier,   qui 
fignihe  du  méchant  papier  ,  qu'on  fait  avec  du  dra- 
peau, où  l'on  mêle  du  charbon  pour  le  rendre  noir.     ■ 
Charta  Jlupea   rudis. 

MACULE,  i.  f.  Terme  de  l'Écriture-Sainte,  &  de 
Théologie.  Maculh.  On  fe  fert  de  ce  mot  au  propre  , 
quand  on  veut  parler  des  vidimcs  qu'on  choililfoit 
pour  les  facrifices  de  la  Loi  de  Moyfe  ;  &  alors  il 
lignifie  tache  j  auquel  fens  on  dit,  Il  falloit  choi- 
fir  une  vidime ,  un  agneau  fins  macule. 

On  s'en  fort  au  figuré  ,  &  alors  il  fe  prend  pour 
la  fouillure  qui  vient  du  péché.  L'Agneau  uns  ma- 
cule s'eft  dit  de  Jéfus-Chrift  ,  exempt  de  péché. 
Quelques  Auteurs  fe  fervent  de  ce  mot  en  parlant 
du  péché,  6c  diftinguentla  otûcù/ê,  &  la  peine  :  la 
diftinction  eft  bonne  &  vraie;  mais  l'exprelhon  eft 
mauvailc ,  du  moins  elle  eft  aujourd'hui  peu  en  u{à- 
gc  ,  ■&  en  tout  lens  on  dit  communément  tache. 
Une  vidime ,  une  agneau  ians  tache.  Jélus-Chrift 
eft  l'Agneau  fans  tache. 

Macule  ,  s'eft  dit  originairement  §3°  des  taches  ou 
marques  de  fang  que  les  enfans  apportent  du  ventre 
de  leur  mère.  Elles  font  produites,  dit-on,  par  la 
force  de  l'imagination  de  la  mère  qui  délire  une 
choie  qu'elle  ne  peut  avoir  j  fur  la  partie  du  corps 
du  fœtus  qui  répond  à  celle  où  la  mère  s'eft  grat- 
tée ou   frottée. 

Ce  mot  vient  du  Latin  macula. 

Macule.  Terme  d'Aftronomie ,  fe  dit  des  taches  qui 
paroiiîent  fur  le  dilque  du  loleil.  Quand  elles  (ont 
conftantes  ,  pluiieurs  croient  que  ce  lont  des  aftres. 
Quand  elles  fe  ditîîpent  comme  des  fumées  j  on  les 
appellent  facules.  On  dit  aulli  en  ce  fens  taches ,  & 
c'eft  aujourd'hui  l'ordinaire. 

ce? MACULER.  V.  a.  TACHER,  BARBOUILLER. 
Commaculare  ,macuHs  ////iVer^.  C'elf  un  terme  d'Im- 
primerie qui  fe  dit  des  feuilles  qu'on  relie,  ou  qu'on 
bat  avant  qu'elles  f'oient  sèches.  L'adion  du  marteau 
fait  fortir  l'encre  des  bornes  de  l'ccil  de  la  lettre  ; 
cette  encre  s'étend  d'autant  plus  facilement  que  le 
papier  eft  encore  humide,  les  caradères  font  po- 
chés ,  &  les  feuilles  fe  barbouillent.  Ainll  il  ne  faut 
pas  battre  les  feuilles  fraîchement  imprimées,  de 
peur  de  les  maculer. 

ît?  Ce  verbe  eft  aulfi  neutre ,  &:  l'on  dit  que  des 
feuilles  maculent,  loilque  l'imprellion  eft  trop  fraî- 
che &  qu'elle  fe  décharge. 

Maculer  ,  fe  dit  auilî  par  les  Imprimeurs  en  taille- 
douce  ,  lorfque  l'imprelTion  fe  déchargeant ,  bar- 
bouille la  feuille  par  deinèïC.  Mdculis  infiçere.  Voilà 
qui  macule.  Feuille  maculée,       .. ;„•  .  :. 

MACUN.  f.  m.  Terme  de  Relation."-  Ckinifette  que 


M  A  D 


M  A  D 


portent  les  Indiens  du  Chili.  Tunka  ChUknfis.  Elle 
leur  va  julqu'a  la  ceinture;  elle  eli:  t-erniée  de  nia- 
nièie  qu  il  n'y  a  que  le  pallagc  de  la  tête,  &  d  un 
bias  pour  la  luettie.  I-'rezier. 

MACi-iUlNAH.  Ville  du  pays  nommé  Arbafchah  ^c'ell 
à-direj  des  AbilHns,  ou  de  l'Ethiopie,  leloii  d'Her 
belot,  elle  cil  lituée  fur  la  mer  Rouge  à  l'orient  de 
la  ville  de  Calgiun. 

MACUSAIN.  adj.  m.  Epithète  que  quelques  médailles 
de  Pollhunie  le  père  donnent  a  Hercule.  Mafcufa 
nus.  L^Éloge  de  Macujin  tire  plutôt  Ion  origine  du 
nom  du  lieu  où  Pollhume  conlacra  un  Temple  en 
l'honneur  d'Hercule  ,  que  d'aucune  chofe  que  la 
Théologie  fabuleule  lui  attribue.  Chorier.  Hiltoire. 
de  Dauphiné,  L.  Fil  j,  T.  1 ,  p.  jpf.  Le  même 
Auteur  conjecture  que  ce  nom  pourroit  bien  venir 
ds  Macieu,  ou  de  Mellicu,  deux  territoires  conli- 
dérablcs  de  Dauphiné ,  qui  peut-être  ont  eu  autrefois 
le  nom  de  Macufium,  Voyez  encore  lur  ces  médail- 
les, Trillan,  T.  III ,  p.  146.  Se  Oifel  ,p.  2jç. 

IP"  MACUTE.  f.  f.  Les  Nous  de  la  côte  d'Afrique 
ont  un  ligne  des  valeurs  fans  monnoie.  C'eft  un  ligne 
purement  idéal ,  fondé  lur  le  degré  d'eltime  qu'ils 
mettent  dans  leur  elprit  à  chaque  marchandile  ,  à 
proportion  du  beloin  qu'ils  en  ont.  Une  certaine 
denrée  ou  marchandife  vaut  trois  macutes  ,  une  autre 
lix  macutes  ,  une  autre  dix  macutes.  C'eft  comme 
,  s'ils  diloient  lîmplement  trois,  iix,  dix.  Montesq,. 

|iO°  Ne  leroit-ce  pas  la  même  choie  que  la  Macoute , 
dont  on  a  parlé,  quoique  les  explications  ne  s'ac- 
cordent pas  î 

MACZUA.  Nom  d'une  petite  île  de  la  mer  Rouge. 
Mac\ua.  Elle  eft  près  de  la  côte  d'Abec,  &  de  la 
ville   d'Ercoco.   Quelques    Géographes  la  prennent 

■  pour  l'ancienne  Macarïa ,  &  d'autres  pour  l'ancienne 
Orneum  ,  ou   Orine.  Maty. 

M  A  D. 

MADABA  ,  ou  MÉDABA.  Nom  de  ville.  Madaba.  Le 
Géographe  Etienne  dit  que  les  Nabathéens  avoient 
une  ville  de  ce  nom.  La  Madaba  de  l'Écriture  étoit 
une  ville  de  la  Tribu  de  Ruben.  Jof.  XIII ,  p.  & 
par   conléqucnt    à    l'orient   du  Jourdain.  Elle  étoit 
dans  la  plaine  ,  &  avoit  été  autrefois  la  principale  ville 
des  Ammonites.  Les  Amorrhéens  la  poflédèrent  en- 
fuite.  Depuis  rétabliirenient  du  Chriifianifine,  elle 
■  eut  un   Evêque  futfragant  de  Bofte.  Quelques  -  uns 
l'appellent  Medhah ,  félon  la  prononciation  Hébraï- 
que ,  &  la  placent  dans  l'Arabie  Pétrée  ,  aux  con- 
fins des  Moabites,  ce  qui   revient  à  ce  que  nous 
avons  dit. 
MADA-DORO  ,   ou   M^DA  DOURO.  f.  m.  Mon- 
noie d'or  de  Portugal  qui  vaut  fix  patacas  ou  pièces 
de  8  &  I  5  vintins. 
MADAGASCAR.  Nom  d'une  île  qui  fignifie  llle  de 
la  Lune.  Les  Portugais  l'ont  appelée  l'ile  de  iaint 
Laurent ,  ou  parce  qu'ils  la  découvrirent  le  jour  de 
la  fête  de  ce  S.  Martyr  l'an   ijotî.  ou  parce  que 
Laurent  ,    fils  de    François  Almeyde  ,  Général    des 
Portugais  aux  Indes  ,  fut  celui  qui  la  découvrit.  Les 
François  lui  ont  donné  le  nom  de  1  ile  Dauphiné  , 
à  l'honneur  de  Louis  XIII.  qui  n'étoit  encore  que 
Dauphin.  Madagafcana  Infula  ,  Infula  S.   Laurcn- 
tu ,    Infula  Delphina.  Cette   ile    eft  dans    l'Océan 
Etliiopien ,   au  levant  des  côtes  des  Cafres ,  &   de 
Zanguebar  ,  fous  le  Tropique  du  Capricorne ,  partie 
dans  la  Zone  torride  ,  &  partie  dans  la  Tempérée. 
Elle  eft  renfermée  entre  le  1 1  &  16^  degré  de  la- 
titude méridionale  ,    &  entre  le  72.  "^c  81  de  lon- 
gitude. Elle  peut  avoir  trois   cens   lieues  du    nord 
au   lud  ,  &    environ  quatre-vingt  dix    dans  la  plus 
grande  largeur  ,  du  couchant  au  levant.  Ainfi  cette 
lie  eft  une  des  plus  grandes  du  monde ,  &  la  plus 
grande  fans  exception  de  toutes  celles  de  l'Afrique. 
L'.iir  ne   peut    y  être   que    fort  chaud  ;    on   allure 
p'.Hirtant  qu'il  ne  laille  pas  d'être  fort  fain.  Le  terroir 
y  eft  arrofé  par  un  grand  nombre  de  rivières  ,    qui 
ont  toutes  leurs  lources  dans  une  grande  chaîne  de 


/c9 


7< 


montagnes  ,  qui  s'étendent  du  nord  au  fud  ,  vers  le 
milieu  de  l'ilc.  Elle  eft  fertile  en  oranges,  citrons, 
melons,  légumes,  riz,  coton,  lucre,  gingembre, 
{iifrnn,  tabac ,  c\:  une  cfpèce  de  chanvre,  donc  les 
feuilles  étant  mâchées  ,  comme  le  tabac ,  ctourdillenc 
&c  plongent  dans  un  fommcil  ,  dont  on  le  réveille 
fort  gai  (Se  fort  joyeiix.  Il  y  a  aulTi  quantité  d'arbres 
rares  ,  l'ébène  ,  le  bréfil ,  le  f  uidal  rouge  ,  jaune  ,  Se 
blanc ,  les  palmiers  de  plufieurs  fortes  ■■,  les  cannes 
qu'on  appelle  bamboches ,  dont  on  tire  une  efpèce 
de  lucre.  Les  Inlulaires  recueillent  quantité  de  miel^ 
dont  ils  font  leur  boilFon  la  plus  ordinaire  ;  ils  eu 
font  aulli  .avec  du  fucre,  &  une  troilièinc  efpèce  fe 
fait  de  Bananes:  elle  reilcmble  au  cidre.  On  y  trouve 
des  pierres  précicufcs  de  toutes  les  efpèces_,  a  la  lé- 
lerve  dCs  diamans.  Il  y  a  de  beau  criftal,  des  mines 
de  fer  ,  d'acier,  tk.  d'or,  qui  eft  beaucoup  plus  pâle 
que  l'ordinaire  j  &  qui  fe  fond  aufti  facilement  que 
le  plomb.  Quelques  -  uns  alFurent  qu'il  y  a  aullî  des 
mines  d'argent  ,  mais  d'autres  difcnt  que  ce  métal 
y  eft  fort  rare  ,  &  qu'on  n'en  voit  qu'autant  qu'il  y 
en  a  été  tranfporté  d'ailleurs.  Les  Lions,  les  Élephaiis 
y  foiit  en  grand  nombre  ,  de  même  que  les  cha- 
meaux ,  les  bœufs  ,  les  moutons ,  &  les  autres  bêtes 
doraeftiques. 

Les  habitans  de  l'île  de  JSiadagafcar  ne  couvrent 
ordinairement  que  les  parties  que  la  pudeur  oblige 
de  cacher;   ils  lont  en  partie  noirs j    &   en  partie 
blancs  ,  en  parties  Mahométans  ,  &  en  partie  payens  ; 
leur  langage  eft  Arabe ,  &  leur  écriture  aulii  ;  ils 
prennent  autant  de  femmes  qu'ils  en  peuvent  acheter 
&    entretenir  ;    ils    font    gouvernés  par    un   grand 
nombre  de  petits  Princes,  ou  Seigneurs  ,  leurs  villes 
font  toutes  bâties  de  planches ,  entourées  de  pieux  ^ 
«Se  quelques-unes  encore  d'un  folle  ;  &:  leurs  villages 
ne  font  compolés  que  de  petites  huttes^  que  quatre 
hommes  peuvent  tranfporter.  Les  François  y  avoient 
bâti  le  fort  Dauphin  ,    celui  de  S.  Aiiguftin  ,  &  y 
avoient   établi  quelques   Colonies,    mais  on  alliire 
qu'ils  ont  abandonné  tout  cela.  Au  refte,   on  croie 
que  cette  île  eft  la  Ménuthias  de  Ptolomée  ,  la  Cerne 
JiLthiopïca  de  Pline.  Maty. 
MADAG-ASCAROIS,  OISE.  f.  C'eft  le  nom  des  ha- 
bitans de  l'île  de  Madagafcar.  M.  Souchu  de    Pien- 
nefort  dit  dans  fon    hiftoire    des  Indes  Orientales  , 
que  nos  plus  belles  femmes  ne  font  rien  auprès  d'une 
belle  Madagafcaroifc. 
MADAIN.  'Ville  d'Àlîe  ^  dans  l'Itaque  Babylonienne, 
ou  Chaldée.  Elle  eft  fituée  fur  le  Tigre  au  midi  de 
Bagdct ,  dont  elle  n'eft  éloignée  que  d'une  journée 
de  chemin. 
^  MADAME,  f.  f.  Titre  d'honneur  autrefois  réfervé 
aux   femmes    de  qualité ,    Princelîes  ,    DuchelFes 
Marquifes  ,    aux    femmes    des   gens  titrés  ^   ou  des 
Gentilshommes.  Madame  la  Marquife ,  Madame  la 
Préfidente,  &e.  Domina.  Aujourd'hui  ce  titre  fe  donne 
communément  aux  femmes  mariées,  foit  en  parlant 
d'elles ,  foit  en  parlant  à  elles  j  loit  en  leur  écrivant. 
On  l'a  même  étendu  jufqu'aux  lîmplesbourgeoifes.  On 
dit  au  pluriel  mefdamcs  ,    en  parlant  à  une  alFemblée 
de  femmes ,  de  quelque  condition  qu'elles  (oient. 
{CT  En  parlant  d'une  Reine  ,  on  ne  dit  point  madame 
la  Reine,  mais  fimplement  la  Reine.  Si  on  lui  parle, 
ou  h  l'on  lui  écrit ,  on  fe  fert  du  titre  de  madame. 
Madame  y  je  fais  bien  que  votre  Majefté  n'a  que  faire 
de  toutes  nos  dédicaces.    Mol.  Madame ,  fi  l'Aca- 
démie prend  la  liberté  de  faluer  votre  Majefté  j  &c. 
IJCF  On  donne  aullî  ce  titre  aux  filles  de  France,   en 

parlant  d'elles  ou  à  elles. 
C^T  Par  le  mot  de  Aladame ,  Cans  fuite,  on  entend  la 

fille  aînée  du  Roi. 
ifT  Ce  nom  fe  donnoit  autrefois  aux  Saintes,  6«:  l'on 
difoit  Madame  Sainte  Geneviève  ,  comme  on  difoic 
Monfieur  Saint  Pierre. 
0O"  Il   y   a  plufieurs   Abbayes   &  quelques  Commu- 
nautés   où    l'on   donne   le    nom   de   Madame   aux 
.Rcligieufes. 
^  Dans  les  Tragédies  on  appelle  auffi  les  filles  Ma- 
dame. 


7îo  M  A  D 

Madame  ,  fe  dit  auffi  abfolument  de  la  maîtrefle  d'une 
maifon ,  ùu'  tout  à  l'égard  des  valets  &  des  domefti 
ques.  Voilà  Madame  qui  heurte.  Madame  veut  que 
cela  foit  ainli.  Laquais  de  Monfieur.  Laquais  de 
Madame. 

On  dit  proverbialement ,  jouer  à  la  Madame^ ,  en 
parlant  d'un  jeu  que  font  les  petites  filles,  jorfqu'elles 
s'amiifcnt  à  contreFairc  les  dames  qui  le  font  des 
complimens  &  des  vifitcs  les  unes  aux  autres. 

On  dit  qu'une  femme  fait  la  Madame  ,  quand 
elle  atfefte  les  manières ,  les  façons  de  fane  des 
perfonnes  de  qualité  ,  quoiqu'elle  n'en  foit  pas.  Le 
mot  de  Madame  ne  reçoit  d'article  que  dans  cette 
phrafe  bourgeoife. 

On  dit  auifi  ,  Madame  vaut  bien  Monfieur  ,    ou 
Monlîeur  vaut  bien  Madame ,  quand  on  veut  con- 
tredire ceux  qui  mettent  de  la  diftércnce  entre   le 
mérite  de  l'un  &  de  l'autre. 
Cuisse-Madame,  f.  f.  Nom    d'une  efpèce  de  poire. 
La  Cuiffe-Madame  eft  une  efpèce  de  Rouilelet.  La 
figure  &  le  coloris  y  conviennent  affez  bien.  Elle 
a  fa  chair  entre  tendre    &  catîante  ,   accompagnée 
d'une  eau  alfez  abondante  ,   un  peu  mufquée  ,    & 
fort -agréable   quand  elle  eft  bien  mûre.  Cette  poire 
&:  le  gros  blanquet  font  mûres  en  Juillet.  Elles  font 
de   fort  beaux  builfons ,   &C  le  feul    défaut  que  j'y 
trouve  j    c'eft  que    les   arbres   font   très  difficiles   à 
mettre  à  fruit  ;  mais  auflî  font-ils  merveille  du  mo- 
ment qu'ils  ont  commencé.  La  Quint. 
Madame  d'Humieres  ,   eft  en  termes  de  Fleurifte  ,  un 
œillet  de  couleur  de  rofe  claire  ,  fa  Heur  d'un  grand 
blanc  tracé  de  gros  panaches  ,  large  j  mais  tardive  ; 
fa  plante  eft  extrêmement  difficile  à  prendre  racine  , 
elle  eft  forte  &  robufte,  &  crève  fi  on  ne  luilaille 
cinq  boutons.  Morin. 
Madame  d'Oneux  ,  autre  œillet  j   ne  diffère  en  rien 
du  précédent ,  finon  que  fa  couleur  eft  plus  p.ile.  Id. 
Tripe  Madame.  Nom  d'une  petite  herbe  qu'on  mange 

en  falade. 
Trou  Madame.  Nom  d'un  certain  jeu,  où  l'on  joue 
avec  de  petites  balles  de  plomb  ,  ou  d'ivoire  ,  ou  de 
bois  qui  entrent  dans  des  trous  diveriement    mar- 
qués, qui  font  perdre  ou  gagner.  Je  viens.de  perdre 
deux  écus  au  Trou-Madame. 
MADAMS  ,  f.  m.  pi.  Terme  de  Relation.  On  appelle 
ainfi  dans  les  Indes  Orientales  ,  du  moins  dans  le 
■lioyaume  de  Maduré ,    un  bâtiment   drellé   (ur  les 
grands  chemins ,    pour  la  commodité  des  pallans  , 
ce  bâtiment  fupplée  aux  hôtelleries  dont  on  ignore 
rufage;dans  certains  Madams  ,  on  donne,  a.  manger 
aux  Brames ,  communément  on  n'y  trouve  que  de 
l'eau  &:  du  feu  ,  il  faut  porter  le  refte. 
MADARA.  Village  du  Royaume  de  Tunis ,   fitué  entre 
Bonne  ,  &  les  ruines  de  Carthage.  Madara.  On  le 
prend  pour  l'ancienne  Madaura  ,  ou  Madurus ^  ville 
d'Afrique  ,  où  il    y  avoir  une   Académie  ,    &    un 
Evêché   (uffiagant  de  Carthage.  Elle  étoit   la  patrie 
du  célèbre  Apulée.  Maty. 
MADARATE ,  f  f.  Nom  d'une  forte  de  bâtiment  de 
mer  dont  on  fe  fcrvoit  autrefois  iur  la  mer  rouge. 
Madarate. 
MADARAVAN.  Ville  d'Afrique  au  Royaume  de  Fez  , 
dans  la  province  de  Fez  ,    à  trois  lieues  du   Grand 
Atlas. 
MADBACHUS.  f  m.  Terme  de  Mythologie.  Surnom 
que  les  Syriens  donnèrent  à  Jupiter  lorfqu'ils  curent 
adopté  fon  culte.  M.  Huet ,  qui  a  cherché  l'origine 
de  ce  mot  dans  les  langues  orientales ,    croit  qu'il 
fignifie  préfent  partout ,  qui  voit  tout. 
MADDALENA.  Rio  de  la  Maddalena.  Voyez  FOR- 

NELLO. 
MADEFACTION  ,   f.   f.  Adion  d'humefter.    Terme 
didactique  ,    d'ufage  en    pharmacie  pour    défigncr 
l'introduition  d'une    humidité  dans  une  fubftance. 
MADELEINE.  Voyei  MAGDELÈNE. 
MADELGAIRE.  Voyci  MAUGER. 
MADELGISIDE.  Voye-^  MAUGUILLE. 
MADELONNE  ,    f    f.   Mademoifelle    de   Sévigné  , 
femme  du  Comte  de  Grignan ,  eft  louvent  appelée 


M  A  D 

la   belle  Madelonne  dans  les  lettres  du  Comte  de 
Buft)'.  Je  croirois  que  Madelonne  eft  la  même  choie 
que  Madelon ,  pciite  Magdelène  ,  h  Mademoifelle  de 
Sévigné  n'eût  porté  le  nom  de  Françoife.  Il  y  a  plus 
d'apparence  que   M.  de    Bufty  a  voulu  lui  donner 
celui  de  la  Maitrefte  de  Pierre  de  Provence,  fi  connu 
par  l'ancien  Roman  ,  intitulé  :  Hiftoire  de  deux  vrais 
&c  parfaits  Amans  Pierre  de  Provence  &  la   belle 
Maguelonne  ,  fille  au  Roi  de    Naples  ,   in  4°.  Go- 
thique. Et  in-S".    Avignon    i5i4..,.Allufion    fondée 
fur  ce  que  le  Comte  de  Grignan  étoit  Provençal , 
&  Lieutenant  général  ,  Commandant  en  Provence. 
•       M.  Aftruc  ,    Partie   3.  de  fon  Hiftoire   n.atureile 
de  Languedoc  ,  nomme  l'Auteur  de  ce  Roman.  C'eft 
Bernard  de  TrcwieZj  Chanoine  de  l'Églile  Cathé- 
drale de  Alaguelonne  ,\i\\e  ruinée  au  bas  Languedoc. 
Il  vivoit  en  1178.   f^oye:^  la   Bibliothèque  des  Ro- 
mans ,  &C  le  neuvième  tome   des  Oblervations  fur 
les  Ecrits    modernes. 
MADEMOISELLE ,  f.  f.  Titre  d'honneur  qu'on  donne 
|CF  aux  filles  de  quaUté.  Puella  nohUis.  Aujourd'hui 
on  le  donne  indiftéremment  à  toutes  les  filles ,  même 
bourgeoiies. 
^fj"  Mademoiselle  eft  auffi  un  titre  d'honneur  qu'on 
donne  aux  filles  des  frères  ou  oncles  du  Roi.  L'aînée 
s'appelle  tout  court  ,   Mademoifelle.  La  fille  aînée 
de  Monfieur ,  frère  unique  de  Louis  XIV  ,  s'appe- 
loit  abfolument   Mademoifelle.    Pour  les  puînées  , 
on  joint  à  Alademoifelle  un  nom  de  terre. 

Un  de  nos  Poètes    s'eft  fervi  du  mot  de  Made- 
moifelle dans  une  Comédie ,  en  quoi  il  n'eft  pas  à 
imiter  ;  il  faut  fe  fervir  de  Aladame  ,  fans   diltinc- 
tion  de  fille  ou  de  femme.  Mademoifelle  n'entre  point 
dans  la  Poëfie.  On  a  dit  autrefois  Mademoifelle. 
MADÉRASPATAN.  Nom  d'une  petite  ville ,  avec  un 
bon  port ,  &  une  Citadelle.  Maderafpatanum.  Elle 
eft  dans  la  prelqu'ile  de  l'Inde  deçà  le  Gange ,  lut 
la  côte  de  Malabar ,    près  de  S.   Thomas ,  &  elle 
appartient  aux  HoUandois.  Matv. 
MADERE  île  de  l'Océan  Atlantique  ,  fituée  entre  les 
Açores  &  les  Canaries  ,  au  couchant  du  Royaume  de 
Maroc  ,  fous  le  i  degré  de  longitude  ,  &:  le  5  2*^  de  la- 
titude. Madera.  On  lui  donne  10  lieues  de  long,  lept 
ou  huit  de  large,  48  de  circuit.  L'air  y  eft  fort  tempéré, 
le  terroir  fertile  en  blé ,  en  lucre  ,  en  miel ,  en  fruits  , 
&  fur-tout  en  vin  ,   qui  palle  pour  excellent.  Ses 
habitans  ibnt  prefque  tous  Portugais  d'origine;  ils 
la  découvrirent  l'an    1420.  &   ils  lui  donnèrent  le 
nom  de  Madère  ,  qui  en  leur  langue  fignifie  bois  ou 
forêt  ,    parce  qu'ils  la  trouvèrent  toute  couverte  de 
bois  ,  auiqucls  ils  mirent  le  feu  qui  brûla ,  dit-on , 
pendant  lept  jours.  Ses  lieux  principaux  font  Mon- 
cérico ,  Saint  Croce  &  Fonzal ,  capitale  &:  réhdence 
du  Gouverneur  pour  le   Roi  de  Portugal ,   auquel 
cette  île  appartient.  Au  refte  ,  quelques  Géographes 
la  prennent  pour  la  Cerne  Adanûca  de  Ptoloméc. 
Maty. 
MADERE.  Rivière.  Voye\  Cayenne. 
MADERNO.   Nom  que  l'on  donne  aux  ruines  d'une 
ancienne    petite   ville   de   l'Etrurie ,  qu'on  nomma 
Sudernum  ,  Tudernum  ,  &  enluite  Mudernum  (S"  Ma- 
dernum.  Elles  font  dans  le  Duché  de  Caftro ,  fur  la 
rivière  de  Fiore  ,  un  peu  au  delfus  des  ruines  de 
Caftro.  Maty. 
MADI ,   ou  MADIR.  f.  m.  Nom  d'homme.  Emerï- 
tus.    Prudence  ,  l'un   des  plus  anciens  &  des  plus 
célèbres  d'entrés  les  Poètes  Chrétiens,  compofalur 
la  fin  du  IV"^.  fiècle  de  l'Eglile ,  un  Poëme  impor- 
tant fous  le  titre  des  Couronnes  nEPiSTE-PASUN , 
Periflephanon ,  divifé  en  XIV.  Chants  ou  Hymnes 
à  l'honneur  de  quelques  illuftres  Martyrs  ,  nés  ou 
matyrifés   en  Elpagne.     Le  premier  de  ces  chants 
eft  confacré  à  la  mémoire  des  deux  Saints  Frères, 
Emétere ,  ou  Hémitere  ,  vulgairement  Saint  Madir, 
&c  de  S.  Chélidoine.  Baillet  ,  j  de  Mars. 

En  Latin  on  trouve  Emeritus ,  Emeterus  &  Eme- 
therlus.  Voyez  les  Bollandiftes ,  i^iiAf.  T.  I.p.22: 
&  22S.  &c.  Le  dernier  paroîc  le  véritable  nom. 
C'eft  celui  des  anciens  ades  du  martyre  de  ces  Saints. 


\ 


M  A  D 

Delà  on  a  f.iit  Emiurc ,  Emeur ^  Méter ^  Méder , 
Madcr  ,  Madir.  Pour  Ûém'itirc  ,  je  ne  l.iis  où  M. 
Bailler  l'a  pns.  Il  f.iut  cependant  qu'il  l'ait  trouve 
quelque  part.  Les  Bollandilles  dilcnt  Mad:  j  p.  2^^. 
T.  cité ,  &  M.  Baillct ,  Madir. 

MADIA.   Nom  d'un  bourg  de  Suille.  Madla. 

Le  Gouvernement  de  Madia  ,  ou  de  Magia  Ma.- 
diana  prxjcclura.  C'ell  le  plus  (epteiurional  &c  le 
dernier  en  ordre  ^^'  en  valeur  des  Gouvcrnemens , 
que  les  Suiiles  po!!^|fcnc  dans  le  Duché  de  Milan.  Il  elt 
prclqu'entiércmcnt  environné  de  celui  de  .Locarno  , 
dont  il  dépendoit  autrefois ,  il  comprend  les  vallées 
de  Madia  ,  &  de  Lanze  ,  &  les  principaux  lieux 
font  Mddia  &  Gévio  ,  capitale.  Maty. 

MADIAN.  (Terre  de)  C'étoit  anciennement  une  con- 
trée   de    l'Arabie  Pétrée.    Terra  Madian  ,  Madïani- 
tis  ,   Madin'uurum  Regio.  Elle   étoit   le  long  de  la 
mer  Rouge ,  au  midi  de  la  montagne  de  Sin.aï ,  &c 
elle   avoit  fa   ville  capitale   de  même  nom ,  fituée 
l;ir  le  bord  de  la  mer.  Les  Madianites  delcendus  de 
ALiJian  ,    fils   d'Abraham  &  de  Cétura  ,  vivoif  nt 
aiurelois  à  peu  près  comme  une  partie  des   Arabes 
c-'j  des  Tartares  vivent  encore  aujourd'hui.  Ils  tranf- 
portoicnt   leurs    tentes    &   leurs   bcftiaux  dans  les 
pays  où  ils  trouvoient  les   meilleurs  pâturages.  Ils 
dévaftcrent  pendant  7  ans  le  pays  de  Chanaan  par 
leurs  courtes  annuelles  ;  &c  enfin  ,  ils  y  furent  mi- 
raciileuiement  défaits  par  Gédéon  ,  avec   les  Ama- 
iecjtes  ,  &  quelques  autres  Peuples   Orientaux  qui 
s'ctoient  joints  à  eux.  L'hiftoire-Sainte  remarque  qu'il  y 
i|    pént  environ  fix  vingts-quinze  mille  hommes  j  avec 
1 1    quatre  de  leurs  Rois.  /.  6.  7.  S.  Ef.  p. 
'MADIANITE.  f.  m.  &  f.  Nom   de  peuple.  Madla- 
!  I    mta.   Les  Madianites  defcendoient  d'Abraham  &  de 

,    Cétura.    Ils  h.ibiroient  la  Terre  de  Madian. 

MADIENA.  'Ville  d'Arabie,  fur  la  mer  Rouge. C'étoit 

;     la  capitale  ,    &    peut-être   l'unique  ville  du  peuple 

!     Madiaiiite  de  ce  canton  là, 

JVIADIENE.  Juron  ancien  j  qui  fignifie  per  jovem,  par 
Jupiter. 

MAUIER.   Vieux  mot.  Groire  table  de  Pàtiiîîer.  Axis 

I     dccunianus. 

VIADIERS.  f.  m.  pi.  Terme  de  marine.  On  appelle 
midicrs  des  pièces  de  bois  clouées  en  égale  diltance 
fur    la  carène  d'une  galère. 

VIADIR.  Foyci  Madi. 

VIADjiNA.  Foye\  MédÉmÉna. 

VIADON.  Noi-n  d'une  ville  de  la  Terre  Sainte  ^  dont 
il   efl  parlé  dans  Jof.  XL  i. 

MADONIA  MONTE.   Nom  d'une  Montagne  de  la 

'  Sicile.  MadoniA  Montes  ,  anciennement  Nehrodes , 
ou  Nevrodes  Mans.  Elle  s'étend  dans  la  partie  occi 

,  dentale  de  la  vallée  de  Démona ,  Se  dans  l'orien- 
tale de  celle  de  Mazara ,  vers  les  confins  de  celle  de 

■  Noto.  Elle  cd  la  plus  haute  ,  &  la  plus  célèbre 
montagne  de  la  Sicile ,  à  la  réferve  du  mont  Gibel. 
Matv. 

MADOUINE.  f.  f.  C'eft  la  piftole  d*Piémont.  Elle 
vaut  13  livres  du  pays  ,&  loliv.  16.I.  8  d.  de  France  j 
en  comptant  l'écu  fur  le  pied  de  60  (ois. 

IMADRA.  Royaume  d'Afrique  dans  la  Nigritie.  Il  a  le 
Royaume  de  Borno  au  feptenrrion  ,  celui  de  Gorham 
au  levant ,  celui  de  Semen  au  midi.  Se  celui  deDau 
mi  au  couchant. 

Madrague,  f.  f.  eu  une  pêcherie  faite  de  cables 
&  de  filets  ,  pour  prendre  des  thons ,  qui  occupe 
près  d'un  mille  en  carré  ,  dont  il  eft  parlé  dans 
l'Ordonnance  de  la  Marine. 

^IADRAN.  Nom  d'un  village  de  la  haute  Carinthie,, 

:  en  Allemagne.  Madranum.  Il  efl:  entre  Willach  & 
Saltzbourg ,  &  il  efl:  pris  par  quelques  Géographes 
pour  l'ancienne  Magifirica,  petite  ville,  ou  bourg 

I    dn  Norique.  Maty. 

MADRAS  ,  ou  Madrafpatan ,  que  les  Indiens  nom- 
ment Gennapattenam.  'Ville  des  Indes ,  fur  la  côte 
de  Coromandel  ,  à  une  lieue  au  nord  de  S.  Thomé. 
Elle  appartient^aux  Anglois.  M.  de  la  Bourdonnaye 
s'en  rendit  maître  en  1746,  &  en  tira  une  rançon 
de  plulleurs  millions. 


M  A  D  711 

MADRE,  f.  m.  'VaiHéau  à  boite  ,  où  l'on  met  du  via 
pour  boire.  Ce  mot  a  été  fort  en  ulagc  autrefois. 
Poculum  ,  poculum  vinarium.  Etienne  de  la  Fontaine, 
Argentier  du  Roi ,  dit  dans  un  compte  de  l'an  i  350! 
Madrés  &c  cailliers  pour  boire  vins  nouveaux.  On 
trouve  fouvcnt  hanap  de  madré. 

Madre  ,  ou  MÉANDRE.  Nom  d'une  rivière  de  la 
N.itolic.  Meandcr.  Elle  prend  fi  fource  dans  la 
grande  Caramanie  ,  traverfe  la  Natolic  propre,^ 
fe  décharge  dans  l'Archipel  ,  entre  Ephefc  ik.  Me- 
lazzo.  Cette  rivière  a  été  célèbre  anciennement  à 
caufe  de  fes  contours  ,  qui  étoient  en  ^\.  grand  nom- 
bre ,  qu'Ovide  lui  compara  le  Labyrinthe  de  Dé- 
dale. Baudran  rapporte  qu'on  y  comptoit  jufqu'à 
fix  cens  de  ces  contours ,  tant  elle  ferpentoit.  Maty. 

CCT  On  dit  toujours  Méandre  en  parlant  des  ouvra- 
ges des  Anciens ,  &  Madre  dans  les  relations  mo- 
dernes. 

MADRE ,  ÉE.  adj.  Tacheté  ou  diverfifié  de  couleurs. 
Il  le  dit  du  Léopard  qui  ert  tacheté.  Varius ,  rnacu- 
lofus ,  crifpans.  On  dit  aullî  Lézard  madré.  Il  n'eft 
guère  d'uLige  au  propre.  Acad.  Fr.  On  le  dit  aulTi 
du  bois  veiné  ,  comme  du  noyer ,  du  hêtre  ,  6cc. 
Lorfqu^on  le  met  en  œuvre ,  on  y  remarque  cer- 
taines parties  plus  condenfées  que  le  relie ,  qui  pa- 
roilîent  comme  des  taches  brunes  ,  plus  folides , 
&  plus  dures  ,  &  qui  font  un  peu  luifantes  quand 
le  rabot  y  a  pallé.  C'eft  ce  qu'on  appelle  du  bois 
madré.  Materia  crifpans.  Table  de  bois  madré.  Pan- 
terinx  menf&. 

Ce  mot  vient  par  corruption  de  marbré.  On  pronon- 
ce eu  quelques  lieux  marbré.  En  général  on  appelle 
madré ,  tout  ce  qui  eft  tacheté  i^  diverfifié  de  cou- 
leurs ,  comme  nos  porcelaines ,  que  Cardan  &:  Sca- 
ligcr  croient  être  la  même  chofe  que  ce  que  les 
Anciens  appeloient  Murrina  pocula  ,  que  Du  Cange 
dit  avoir  été  .appelées  dans  la  balle  Latinité ,  Ma- 
■^er ,  ma\erium  ,  ma\arum  ,  &  mafdrinum  ;  qui  ajou- 
tent ,  que  dans  la  maifon  de  nos  Rois  il  y  avoit 
un  Officier  appelé  Madrinier  ,  qui  avoit  foin  des 
vafes  précieux  du  Roi  ,  faits  d'une  pierre  qu'on 
tient  être  celle  de  l'Onice  ,  qui  étoient  appelés  ma- 
^ers  ,  ma:^erins ,  ou  madrés,  d'où  font  venues  ces 
anciennes  cxpreilions  du  fin  ,  comme  madré ,  ôc 
d'efprit  madré. 

Madré.  Terme  de  Fauconnerie.  C'eft  le  nom  qu'on 
donne  à  un  oifeau  qui  a  mué  plufieurs  fois. 

Madré.  Au  figuré  fignifie  ,  Fin  ,  adroit  ,  qui  trompe  , 
&  qui  ne  fe  laille  point  tromper.  Jjîutus ,  verfutus. 
Vous  avez  aftaire  à  un  homme  trop  madré ,  pour 
l'attraper. 

A'Iadré,  ée  j  fe  prend  aullî  quelquefois  fubftantive- 
ment.  C'eft  un  fin  madré ,  ne  vous  fiez  point  à  lui. 
C'eft  un  madré  qui  pourroit  bien  vous  attraper. 
Comme  adjeétif  ou  fubftantif  j  il  ne  peut  être  em- 
ployé que  dans  le  ftyle  familier. 

ïfT  MADRENAGUE.  f.  f.  Efpèce  de  toile  qu'on  fabri- 
que aux  îles  Philippines ,  dont  la  chaîne  eft  de  coton , 
&  la  trame  de   fil  de  palmier, 

ffT  MADREPORE,  f.  m.  Les  Naturaliftes  donnent  ce 
nom  à  un  corps  iTiarin  pierreux ,  qui  reflemble  à 
une  végétation;  c'eft-à  dire,  qui  a  la  confiftance  de 
la  pierre,  &  la  forme  d'un  arbrilleau,  avec  des  ra- 
meaux partant  d'un  efpèce  de  tronc.  Madrepora. 
Ils  nomment  en  général  toutes  ces  produétions  qui 
tiennent  de  la  plante  &  de  la  pierre  ,  Litkophytes , 
ou  Pierre  plantes  ;  mais  ils  en  diftinguent  une  ef- 
pèce particulière  qu'ils  nomment  Madrépore ,  qui 
ne  diffèrent  du  corail  qu'en  ce  que  leurs  branches 
font  percées  de  rrous  dilpofés  alfez  louvent  en  étoi- 
le. La  couleur  des  madrépores  eft  ordinairement 
blanche  J  quelquefois  grile  ,  6r  quelquefois  rouge 
marquetée  de  blanc.  On  en  compte  au  moins  de 
fept  efpèces  rapportées  par  Impérial!  ,  Bauhin , 
Tournefort  &  autres.  Quoique  le  madrépore  nailfe 
ordinairement  dans  la  mer  ,  on  ne  laille  pas  d'en 
trouver  dans  des  lieux  même  fort  élevés.  M.  Juftîeu 
en  trouva  un  lur  la  montagne  de  Chaumont  en 
Normandie ,  entre  Magni  &c  Gifors  j  où  il  avoit  crû. 


712 


A  D 


Il  croit  poreux ,  léger ,  blanc  ,  Se  tout  femblable  au 
madrépore  vulgaire ,  rellembLiiit  au  corail  blanc. 
M.  Jullieu  apporta  ce  madrépore  à  l'Académie  des 
Sciences  en  1709.  On  lui  a  donné  le  nom  de  ma- 
drépore ,  comme  qui  diroît  mlllepores  ,  parce  qu'il 
elt  percé  de  beaucoup  de  trous.  If^  Bien  des  Na- 
mraliftes  prétendent  que  les  madrépores  font  des 
corps  qui  lérvent  de  retraite  à  des  polypes  &  autres 
infcdes  marins  qui  (e  batillént  eux-mêmes  la  de- 
meure où  ils  habitent.   Foye^  les  articles  relatifs. 

On  appelle  Madrepofites  les  Madrépores  follîles , 
c'eft-à-dire  ,  ceux  qu'on  trouve  dans  le  (éin  de  la 
terre ,  &  qui  y  ont  été  portés  par  les  mêmes  cauks 
qui  font  qu'on  y  trouve  des  coquilles  &  des  autres 
corps  marins  folîïles. 

MADREURE.   Foyei  Madrore. 

MADRID.  "Ville  capitale  du  Royaume  d'Efpagne,  fi- 
tuée  près  du  Mançanarès  ,  à  douze  lieues  de  To- 
lède ,  du  côté  du  nord  ,  &  à  quatre  d'Alcala  de 
Hénarès,  du  côté  du  couchant.  Madrhum  ,  Matrl 
tum.  Cette  ville  peut  être  divifée  en  vieille  &  nou- 
velle i'ia  dernière  eft  fans  murailles  ,  &c  la  première 
eil  enceinte  d'une  muraille  de  cailloux  rougeâtres, 
ce  qui  a  donné  lieu  aux  Efpagnols  de  dire  qu'ils 
ont  une  ville  environnée  de  murailles  de  feu.  Ma- 
drid n'entre  dans  les  Etats  de  Caftille  qu'en  qualité 
de  bourg.  Elle  n'eft  pas  à  beaucoup  près  il  grande 
que  Paris,  Se  elle  eft  mal  -  propre  ,  &  malbatie  i 
Jes  maifons  n'y  font  ordinairement  que  de  terre  , 
&  n'ont  que  le  plein- pied,  (Je  le  galetas,  parce 
que  tous  les  premiers  étages  appartiennent  au  Roi 
d'Efpagne ,  à  moins  que  les  propriétaires  des  mai- 
fons ne  rachètent  ce  droit.  Il  y  a  un  fort  beau 
pont  fur  le  Mançanarès  ,  quoique  cette  rivière  foit 
prefque  à  fec  en  été.  Le  Roi  d'Efpagne  y  a  deux 
fort  beaux  Palais  ,  celui  où  il  demeure  ordinaire- 
ment ,  &  celui  de  Buenréiiro ,  qui  ell  hors  de  l'en- 
ceinte de  la  ville.  Madrid  s'efl  agrandie  des  ruines 
de  l'ancienne  Mantua  Carpetanorum,  qui  n'eft  plus 
qu'un  village  nommé  Filla  Mantua ,  &  iitué  à  une 
XxcKxz  è,z  Madrid.  M  AT  y.  Madrid  z'k  i.\.\  14''  degré  de 
longitude ,  &  au  40*^  degré  14  min.  de  latitude  nord. 
Herrcra  dit  que  ce  fut  en  i  j6o,  que  Philippe  II  quit- 
ta Tolède  j  le  féjour  ordinaire  des  Rois  de  Caftille , 
pour  aller  demeurer  à  Madrid,  qui  devint  par  là  ca- 
pita,le  du  Royaume. 

En  ce  mot  la  finale  d ,  ne  fe  prononce  point 
dans  l'uQge  ordinaire.  Madrl  eft  grand  ,  iMadrl  eil 
bien  mal-propre  ;  &:  non  point  Madrl-d-eil  grand. 

MADRID.  Nom  d'une  maifon  Royale  de  l'Ile  de 
France j  firuée  au  nord  du  bois  de  Boulogne,  &  au 
couchant  de  Paris.  Madrltum ,  Matrhum.  François  I , 
Roi  de  France  la  fît  bâtir  ,  &  lui  donna  le  nom  qu'elle 
porte  ,  pour  marquer  qu'il  n'avoit  pas  honte  de  la 
prifon.  QCrC'eft  une  erreur  de  croire  que  François  I 
ait  fait  bâtir  ce  château  fur  le  modèle  du  Palais  Royal 
de  Madrid  en  Elpagiie ,  où  ce  Monarque  fut  enfermé. 
•Ces  deux  édifices  n'ont  aucune  reilemblancc  cntr'eux. 

MADRIE.  Ancien  nom  d'une  contrée  de  France.  Ma- 
mcenfis ,  om  Madrlcenfis  pagus.  Madrecifus.  La.  Ma- 
drie  étoir  arrciée  de  l'Eure,  de  l'Iton  ,  de  l'Aure  &:  de 
la  Mandie  ,  de  laquelle  apparemment  elle  prenoit 
fon  nom  de  Madfie.  De  Valois  ,  Not.  Gall.p.  32  j. 

MADRIER,  f.  m.  Terme  d'Ingénieur.  Planche  fort 
;épaiHê  qui  fert  à  ditférens  ufages  dans  l'Artillerie  & 
dans  la  guerre  des  fiéges.  Pyloclajlrl  afferculus.  La 
plate  forme  des  batteries  de  canon  fe  fait  avec  de  gros 
madriers.  Il  fit  un  grand  amas  de  planches,  de  ma- 
driers, de  facs  à  terre  j  &c.  Rel.  de  Rocroi.  L'on 
porta  des  madriers  à  la  tour  que  l'on  vouloit  ruiner. 
De  Bussi  Rab. 

L'effet  du  pétard  fe  fait  par  le  moyen  d'un  madrier 
qri'on  applique  fur  la  bouche  du  pétard.  Quelques- 
uns  fe  fervent  auftî  du  mot  madrier  ,  pour  lignifier 
fommler ,  ou  poitrail.  Il  y  a  apparence  que  ce  mot 
vient  de  madera  ,  qui ,  en  Efpagnol ,  fignifie  du  bols  ; 
d'autres  difent  de  materla. 

On  appelle  aulîî  madriers  ,  en  Architedure ,  les 

.  pkisgros  ais'qui  font  en  raamère  de  pîatc  forme,  & 


M  A  D 

qu'on  attache  fur  des  lacinaux  pour  alTcoir  fur  de  la 
glaile  ,  le  mur  de  douve  d'un  rétcivoir,  ou  tout  autre 
mur  fur  un  terrein  de  foible  conliftance.  Daviler. 
MADRIGAL,  f.  m.  Terme  de  Poëfie  Italienne,  Efpa- 
gnole  &  Françoife.  Petite  Poëlie  amoureule  ,  com- 
pofée  d'un  nombre  de  vers  libres  &:  inégaux  j  qui  n'a 
ni  la  régularité  gênante  d'un  fonnet ,  ni  la  fubtilité 
d'une  épigramme  ,  mais  qui  confifte  en  quelque  peii- 
fée  tendre  &  délicate.  Le  madr'u^l  eft ,  lelon  M.  le 
Brun ,  une  épigramme ,  dont  la^Rute  n'eft  pas  vive  & 
brillante,  Latendrelle  &  la  galanterie  en  font  ordinai- 
rement les  lujets.  Une  certaine  limplicité  ,  belle, 
noble  &  fage ,  en  fait  le  caraâère. 

On  regarde  le  madrigal  comme  le  plus  court  des 
petits  Poëmes ,  parce  qu'il  peut  .ivoir  moins  de  vers 
que  le  ionnet  ik.  le  rondeau.  On  n'y  prend  point 
d'autre  règle  pour  le  mélange  des  rimes  &  des  vers  de 
diftérentes  efpèces ,  que  le  choix  &  la  commodité  de 
l'Auteur.  On  y  doit  cependant  prendre  la  licence 
moins  que  dans  tout  autte ,  loit  pour  la  rime ,  foit 
pour  la  célure  du  vers ,  foit  pour  la  pureté  de  l'expref- 
lion.  P.  MouRGUEs.  Les  petits  génies  qui  n'ont  pas 
la  force  de  ftire  de  grands  ouvrages ,  fe  retranchent 
fur  les  Madrigaux. 

Ménage  tient  qu'il  vient  de  mandra ,  qui  fignifie  en 
Latin  iSc  en  Grec  ,  une  ajfemblce  de  bétail ,  parce  qu'il 
prétend  que  c'étoit  originairement  une  chanfon  de 
Bergers  ,  dont  les  Italiens  ont  fait  madrlgale ,  6c  nous 
madrigal.  D'autres  croient  que  ce  mot  vient  de  ma- 
drugar,  qui  fignifie  en  Etpagnol ,  fe  lever  matin ,  par- 
ce que  les  madrlgau.x  ét'oient  chantés  autrefois  le  ma- 
tin par  ceux  qui  donnoient  des  aubades.  D'autres  di- 
fent qu'il  vient  de  Madrid  ^,  parce  qu'on  dit  qu'ils 
ctoient  en  vogue  du  tems  que  François  I  étoit  prifoii- 
nier  à  Madrid. 

On  prétend  que  Mélm  de  Saint-Gelais  eft  le  pre- 
mier qui  a  introduit  le  mot  de  madrigal  dans  notre 
J'oche.  On  en  trouve  un  feul  imprimé  dans  fes  œu- 
vres. Comme  ce  madrigal  ell:  le  premier  qui  ait  paru 
&  qu'il  n'a  que  dix-lept  vers,  on  a  établi  pour  lègk 
que  le  madrigal  ne  doit  point  aller  au-delà  de  dix-fcpi 
vers,  &:  fi  toute  l'étendue  de  la  penfée  ne  pouvoit  ) 
être  enfermée ,  il  feroit  mieux  de  le  mettre  en  ftancc: 
libres.  P.  Mourgues. 

Le  Madrigal  plusjimple  &  plus  noble  en  fon  tour, 
Refplre  la  douceur,  la  tendrejje  &  l'amour.  Bon. 

MADRIGAL.  Ville  d'Efpagne ,  dans  la  vieille  Caftille, 
au  voifinage  d'Olmedo  ,  à  quatre  lieues  de  Médina 
del  Campo.  long,  i  5.  d.  36'.  lat.  41  d.  25'. 

Madrigal  eft  aulli  le  nom  d'une  ville  de  l'Amérique 
méridionale ,  à  3  5  lieues  de  Popayan. 

MADRIGALEJO.  Nom  d'un  village  de  l'Eftramadure 
d'Efpagne.  Madrlgalexum.  Il  eft  près  de  la  ville  de 
Truxillo  ,  &  il  n'eft  connu  que  parce  que  Ferdinand 
V ,  Roi  d'Arragon  y  mourut  l'an  i  j  1 6.  Maty. 

MADRIGALET.  f.  m.  Petit  madrigal.  Il  me  femble 
que  nous  neus  envoyons  pour  étrennes  toutes  les 
bourfes  du  pays  avec  des  madrlgalcts.  Bus  si.  Lctt. 
à  Madame  la  Comteffe  de  la  Rocfie. 


On  veut  que  chacun  vous  étrenne , 
Mais  on  veut  qu'il  prenne  la  peine 
De  vous  faire  un  madrigalet. 
Pour  moi  Jl  je  n'avois  mon  papa  pour  rejfource  , 
Belle  de  la  Roche-Mllet, 
Vous  n'aurle'^  rien  eu  que  ma  hourfe. 


i 


Le  petit  Comte  de  R.rbutin ,  p.  63.  du  I.  T.  des 
nouv.  Let.  du  Comte  de  Bulîy  fon  père. 

MADRIGALIER.  f.  m.  Qui  fait  des  madrigaux.  Ce 
mot  ne  s'écrit  point;  mais  on  appelle  M.  delà  Sa- 
blière, le  grand  Madrjgalier  de  France,  à  caufe  qu'il 
ne  faifoit  que  des  madrigaux  ,  &  qu'il  y  excelloit. 

MADRINIE'R.  f.  m.  Nom  d'un  Officier  qui  avoir  foin 
autrefois  dans  les  maifons  des  pots  &  des  verres.  Ma- 
drlnarlus  dans  la  balfe  Lariniré.  Il  y  aura  un  Madn- 
nier  qui  lervira  de  voires  &  de  hanaps.  Compte  de  la. 
dépenfi  du  Roi  en  /jr^.  Voyez  ci-deifus  Madré, 

ou 


N 


MAE 


où  il  eft  dit  que  le  Madrmter  étoic  celui  qui  avoit 
foin  des  vaics  précieux  qui  ii'écoient  que  d'une 
pierre. 

MADRISE,  ou  MANDISE.  Arbre  qui  fc  trouve  dans 
1  lie  de  Mftdagafcar.  Son  bois  eft  marbré  &c  de  cou- 
leur violette  au  milieu.  Il  a  les  feuilles  petites  comme 
l'cbénier. 

MADROGAN,  ou  Banamatapa.  Ville  d'Afrique,  ca 
pitale  de  Monomotapa  ,  .ivec  un  grand  Palais  où 
loge  l'Empereur. 

MAi3RURE  ,  f.  f.  Ce  font  des  veines  de  couleurs , 
&  de  figures  diftérentes  qui  paroillenr  fur  le  bois. 
Ou  le  dit  aufli  en  termes  de  Pelleterie  ,  des  taches 
qui  font  lur  les  peaux  de  quelques  animaux ,  comme 
du  tigre  ,  du  léopard  ,  de  la  panthère  ,  du  chat , 
&  de  quelques  autres.  La  moucheture  des  peaux 
d'hermine  s'appelle  quelquefois  de  la  Madrure , 
mais  plus  improprement. 

MADRUZZO  ,  ou  MADRUCE.  Nom  d'un  bourg 
qui  a  titre  de  Baronnie.  Madrucium.  Il  eft  dans 
l'Évcché  de  Trente  ,  entre  la  ville  de  ce  nom  & 
celle  de  Riva.  Ce  lieu  a  donné  le  nom  à  deux  Car- 
dinaux ,  l'oncle  &  le  neveu ,  qui  ont  été  tous  deux 
fuccelîîvcment  Evcques  de  Trente.  Maty. 

MADURE.  Nom  d'une  petite  île  de  l'Océan  Indien. 
Madura.  Elle  eft  fur  la  côte  feptcntrionale  de  l'île 
de  J.ava ,  près  du  détroit  de  Balambuan.  Il  y  a  dans 
cette  île  un  Royaume,  &  une  ville  capitale  de  même 
nom.  Matv. 

MADURÉ.    Nom  de   la  ville   capitale    de   l'Etat  de 

Naïque  de  Maduré.  Madura.  Elle  eft  dans  la  prel- 

qu'île  de  l'Inde  deçà  le  Gange  ,  au  pied  des  mon- 

'     tagnes  de  Gâte  ,    &  à  vingt   lieues  du  détroit  de 

Manar.  Maty. 
'La  Principauté  de  Maduré.  Madurenjis  Principatus. 
C'eft  un  petit  Etat  de  la  côte  de  Coromandel,  en 
la  prefqu'île  de  l'Inde  deçà  le  Gange.  Il  s'étend  de- 
puis le  Cap  de  Comorin  jufqu'à  celui  de  Négapa- 
tan  ,  étant  borné  au  nord  par  la  Principauté  de  Tan- 
jaor  ,  &:  au  couchant  par  les  montagnes  de  Gâte , 
qui  le  féparent  de  la  côte  de  Malabar  ,  la  mer  le 
baigne  aux  autres  endroits.  La  côte  de  cet  État ,  qui 
a  environ  foixante  &  quinze  lieues  de  long  ,  porte 
le  nom  de  Côte  pêclierie ,  parce  qu'on  y  fait  tous 
les  ans  ,  vers  le  mois  d'Avril ,  une  grande  pêche 
de  perles ,  à  laquelle  on  emploie  cinquante  ou 
foixante  mille  hommes  ,  pendant  quinze  jours  ou 

,  trois  femaines ,  &  qui  fait  toute  la  richelfe  du  pays. 
Les  principales  villes  du  Naïque  ,  ou  Prince  de  Ma- 
duré,  font  Maduré ,  capitale,  Manancor ,  Tulu- 
cory ,  Manapar  &  Jacancury.  Maty. 

MADYAN.  Ville  d'Afie ,  dans  l'Arabie  ,  fur  la  côte 
orientale  de  la  mer  Rouge.  C'eft  à  Madyan  qu'é- 
toit  le  puits  fameux  dont  Moïie  abreuva  les  trou- 
peaux de  Schoaïb. 

MAE. 

M/£CIA  ,  adj.  f.  Nom  de  Tune  des  XXXV  Tribus  du 
peuple  Romain.  Tribus  m£cia.  La  Tribu  Macia  ctoit 
la  iS*^.  Tite  Live,  L.  FUI.  dit  que  ce  fut  l'an  421. 
de  Rome ,  fous  le  fécond  Confulat  d'Aulus  Corné- 
lius Colîus  Arvina,  &:  de  Cn.  Domitius  Calvmus, 
que  la  Tribu  M&çïa  fut  ajoutée  avec  la  Tribu  Scap- 
tia ,  en  faveur  des  habitans  de  Lanuvium ,  des  Ari- 
ciniens,  des  Nomantins  &  des  Pédains ,  à  qui  on 
avoit  un  peu  auparavant  donné  le  droit  de  Bour- 
geoilie.  On  lui  donna  le  nom  de  Mttcia ,  d'un  Châ- 
teau qui  étoit  près  de  Lanuvium  ,  &  qui  s'appeloit 
Alxcium.  Ceux  qui  écrivent  Meda^  écrivent  mal. 

M/ECILIUS  ,  M.^CILIA  ,  f.  m.  &  f.  Nom  d'une 
ancienne  famille  Romaine.  Macilius ,  a.  Il  y  a  eu 
deux  familles  Miccilla  ,  l'une  Patricienne  ,  &c  l'au- 
tre Plébeïenne.  Denis  d'Halicarnalfe  dit  que  la  Pa- 
tricienne étoit  originaire  d'Aibe;  que  cette  ville  ayant 
été  détruite  fous  le  règne  de  TuUus  Hoftilius ,  les 
MdLcUius  furent  reçus  à  Rome  ;  qu'on  lui  donna 
leur  droit  de  Bourgcoifie ,  ik  place  dans  le  Sénat. 
Titc  Live  parle  d'une  autre  Plébéienne  qui  eut  un 
Tome  V, 


MAE  713 

Tribun  du  peuple ,  Sp.  M^cUius.  Patin  ne  rapporte 
qu'une  feule  médaille  qui  foit  furement  de  l'une 
ou  de  l'autre  de  ces  familles.  Les  autres  n'ayant  que 
Mae  ,  peuvent  être  de  la  famille.   M&via. 

MAELSTRAND.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Nor- 
vège. Malftrandïa.  Elle  eft  dans  le  Gouvernement 
de  Bahus  j  dépendant  des  Suédois ,  à  quatre  lieues 
de  la  ville  de  Bahus,  du  côté  du  couchant.  Cette 
ville  eft  fituée  (ur  un  rocher  eftarpé  ,  que  la  mer 
environne  prcfcjue  de  tous  côtés  ,  &  elle  eft  défen- 
due par  un  bon  château  ,  qui  eft  à  l'embouchure  de 
la  Trolctta.  Les  Danois  la  prirent  l'an  1678.  maii 
ils  la  rendirent  par  la  paix.  Maty. 

MAELSTROAL  Nom  d'un  grand  goutfre  de  l'Océan 
lepientrional.  Maetjlromlum  ,  umbUkus  nuxrïs.  Il  eft 
près  de  la  côte  occidentale  de  la  Norvège,  au  nord 
de  la  ville  de  Dronthim.  Ce  gouffre  a ,  dit-on,  une 
eipèce  de  flux  &  reflux,  qui  pendant  lîx  heures  en- 
gloutit tout  ce  qui  tombe  dans  fon  tourbillon,  & 
pendant  lix  autres  heures  rejette  tout  ce  qu'il  a  en- 
glouti. Maty. 

§3°  Il  ya  peut-être  bien  à  rabattte  delà  peinture  qu3 
les  voyageurs  iious  en  font.  François  Néri  Italien 
quia  voyagé  en  Norvège  j  dit  qu'il  n'y  a  aucun  gouf-  ■ 
fre  en  cet  endroit-là  ,  mais  feulement  un  courant  de 
mer  qui  fait  grand  bruit  en  montant  tous  les  jours 
pendant  iîx  heures  ,  après  lefquellcs  il  eft  plus  calme 
pendant  le  même  efpace  de  temps.  Il  ajoute  que 
pendant  que  ce  calme  dure  ,  les  petites  barc^ues  peu- 
vent aller  d'une  île  à  l'autre  ,  (ans  courir  aucun  dan- 
ger J  &  que  le  bruit  que  fait  ce  courant  n'cft  caufc 
que  par  de  petites  îles  ou  rochers  qui  repoullent  les 
vagues  tantôt  au  feptentrion  ,  tantôt  au  midi  ,  de 
manière  que  ces  vagues  paroiirent  tourner  cn  rond. 
Cette  rédudlion ,  dit  La  Marcimère  j  eft  peut-être 
plus  contorme  à  la  vérité ,  que  le  fracas  Poétique 
qui  eft  attribué  au  Madjhom  dans  beaucoup  de 
voyageurs  J  &  fur-tout  dans  le  Curiofus  antiouarius , 
Livre  Allemand  ,  qui  en  donne  une  idée  effrayante. 

CtTM^MACTE,  M/EMACTERIES  ,  M.EMAC- 
TERION.   Foyei   Mhmacte. 

M^NA.  (.  m.  Eipèce  de  hareng  qui  eft  marqué  à  cha- 
que côté  d'une  tache  ronde  ,  noire ,  azurée  ,  ou 
jaune  ,  &  quelquefois  variée  par  tout  le  corps  de 
beaucoupde  couleurs  différentes.  Il  naît  dans  l'Océan 
comme  l'autre  hareng.  Les  plus  grands  ne  paftent  pas 
la  longueur  de  la  main.  Ils  le  nourrilTent  d  alga  Se 
d'herbes  qu'ils  trouvent  au  bord  de  la  mer.  On  les 
confit  dans  la  iaumure  j  comme  les  autres  harengs , 
&  ils  lont  aufti  bons  qu'eux. 

M^RA  ,  ou  MERA.  f  f.  Nom  que  les  Poètes  don- 
nent au  Chien  d'Orion  ,  placé  dans  les  Aftres.  Al^ra. 
Ce  nom  pourtant  lignifie  une  Chèvre  d'un  blanc 
laie,  qui  tire  lur  le  noir.  Voye\  Héiychius,  Rho- 
dig.Z.  XFII ,  c.  iS.  VofCms,  de  IdoLL.J,c.jo. 
Quelques-uns  croient  que  Mura  lignifie  brûlante , 
parce  que  fous  cette  conftellation  le  (oleil  eft  très-ar- 
dent.  De  fixlfo ,  je  brûle, 

MAERGETE.  adj.  iti.  Terme  de  Mythologie.  Surnom 
donné  à  Jupiter  ,  &  qui  iîgnifie  le  conduéieur  des 
Parques  ,  parce  qu'on  croyoit  que  ces  divinités  ne  fai- 
loient  rien  que  par  l'ordre  de  Jupiter.  Maérgates. 

MAERSDIEP.  Foyei  Masdiep. 

MAES.  Foye^  Meusï. 

MAESLAND.  Qui  fignifie  le  pays  de  Meufe.  Alofe- 
landia.  C'eft  une  contrée  de  la  Mairie  de  Boifleduc , 
dans  le  Brabant  Hollandois.  Elle  eft  le  long  de  la 
Meufe,  entre  la  Hollande  j  le  Comté  de  Mégen  , 
&  la  Seigneurie  de  Raveftein.  On  y  renferme  quel- 
quefois CCS  deux  derniers  pays  .avec  la  terre  de  Cuyck, 
parce  que  tout  cela  eft  fitué  le  long  de  la  Meufe. 

MAESMUNSTER.  Nom  de  lieu.  Mafonis  Monafle- 
rium.  Il  eft  en  Alface.  Valois,  Not.  Gall.  p.  ji8. 

MAESTRAL  ,MESTRAL,  M^ESTRE,  MAESTRO, 
ou  GALLIÉGO.  Terme  de  Marine.  C'eft  le  «om 
qu'on  donne  au  nord-oueft  iur  la  Méditerranée , 
qui  eft  entre  le  (eptentrion  &  le  couchant ,  qui 
eft  oppofé  a  Siroco.  On  appelle  ce  vent-là  maefiro. 
Nos  François  difent   m^Jlre.    On  m'en  dit  affez  de: 

X  X  X  X 


714  M  A  G 

b  beauté  de  la  fituation  d'Aigincufe  ,  &  de  la  bonté 
de  l'air  qu'on  y  lelpire  ,  pour  en  donner  une  meil- 
leure opinion  que  Vitruve  ,  quand  il  écrit  que  le 
yent  de  midi  rend  malades  Tes  habitans  ,  que  le 
mdtflre  les  fait  touller  ,  &  que  le  feptentrion  les  gué- 
rit. Du  Loir,/.  3/.  Lorlque  la  bouflolc  eft  nord- 
ouell  5  c'ert  à-dire ,  lorfque  la  variation  eft  occiden- 
tale ,  on  dit  fur  la  Méditerranée  qu'elle  maeflrd'ifi. 

MAESTRALISER  ,  &  MAESTRÉLISER.  v.  n.  Ter- 
me de  Marine  de  la  mer  Méditerranée.  Tourner  du 
jiordvers  l'oueft  ;  il  fe  dit  de  la  boullble  qui  maef 
xralïfe-  ,  lorfque  le  bout  qui  regarde  le  jiord  eft 
tourné  vers  le  nord  oueft.  Cette  variation  s'appelle 
variation  occidentale. 

Ce   mot  vient  de  celui  de   Maeftial ,  qui  eft   le 
vent  du  nord-oueft. 

MAESTRICHT.   Foyei  Mastricht. 

MAP. 

MAFFA.   royex  Masfa. 

MAFFLÉ,  ÉE.  adj.  Qui  a  le  viCige  plein  Se  large  j 
03"  qui  a  de  grolTes  joues.  Vifige  mafflé.  CraJJus , 
phtguis.  Il  eft  aulîi  lubftantif.*C'eft  une  greffe  maf- 
flée.    Ce  terme  eft  populaire. 

MAFLU  ,  UE.  adjeélif  pour  mafflé  j  ée. 

Là  vivant  à  difcrhion , 
La  galante  fit  chère  lie , 
Mangea ,  rongea  ;  Dieu  fait  la  vie  y 
Et  le  lard  qui  périt  en  cette  occafion. 
La  voilà  ,  pour   conclufion  , 
GraJJe  ,  maliîue ,  &  rebondie.  La  Font. 

MAFORTE.  f.  f.  Manteau  Monacal.  Les  Moines  d'É- 
gypve  portoicnc  par-delTus  la  tunique  un  manteau 
nommé  Majone  ,  qui  couvroit  le  cou  &:  les  épaules  , 
&c  n'étoit  que  de  lin  comme  la  tunique  ;  3c  par-deffus 
une  mélote  ou  peau  de  mouton.  Fleury  ,  Hiji.  Eccl. 

MAFRACH.  Terme  de  ReLuioni  c'eft  une  groITe  va- 
life  ,  dont  les  Perfiens  de  condition  (e  fervent  pendant 
leurs  voyages  pour  mettre  leurs  habits  ,  leur  linge  & 
leur  lit  de  campagne.  Le  dedans  de  cette  valife  eft  de 
feutre  ,  &  le  dehors  eft  un  gros  canevas  de  laine  de 
diverles  couleurs.  Deux  niafrachs  font  la  charge  d'un 
cheval  j  ik  ïc  valet  fe  mer  encore  deffus. 

MAC. 

"MAGA.  f  m.  Arbre  qui  croît  aux  Indes  occidentales  , 
Se  qui  (e  trouve  dans  l'île  de  S.  Jean.  Maga  arbor. 
Il  eft  d'un  bois  extrêmement  dur ,  Se  non  fujet  à  la 
vermoulure ,  ce  qui  fait  que  l'on  s'en  fert  en  char- 
penterie. 

MAGADE.  f.  m.  Nom  d'inftrument  de  Mufique  chez 
les  Anciens.  Il  y  en  avoit  de  deux  fortes  ;  l'un  étoit 
inftrument  à  cordes ,  dont  quelques  uns  attribuent 
l'invention  à  Sapho ,  &  d'autres  aux  Lydiens.  L'au- 
tre magade  étoit  une  elpèce  de  tlùte  ,  qui  donnoit  en 
même-temps  des  tons  hauts  Se  des  tons  bas.  Maga- 
dis  ,  magas.  Le  Magade  étoit  de  l'invention  de  Ti- 
mothée  de  Milèt.  Il  dittéroit  des  inftrumens  dont  on 
s'étoit  fervi  jufques-là  ,  en  ce  qu'il  avoit  plus  de  cor- 
des. On  fit  un  procès  à  Timothée  ,  fur  ce  que  par  l'in- 
vention du  Magade  ,  Se  l'augmentation  des  cordes  , 
il  gâtoit  l'ancienne  Mufique  ,>!<>:  la  décréditoit.  Athé- 
née, z.  xir. 

MAGADOXO.  Nom  d'une  ville  de  la  côte  d'Ajan  ,  en 
Ethiopie.  Elle  eft  fituée  près  de  l'embouchure  de  la 
rivière  de  Magadoxo  ,  à  vingt  lieues  de  la  ville  de 
Brava  ,  Se  environ  à  i\\  lieues  de  celle  de  Méliude , 
du  côté  du  nord.  Magadcxa.  Cette  ville  eft  grande, 
défendue  par  une  citadelle  ,  Se  elle  a  un  bon  port , 
d'où  l'on  tire  beaucoup  d'or  Se  d'ivoire  :  elle  eft  ca- 
pitale du  Royaume  qui  porte  fon  nom  :  dont  le  Roi 
&  tous  les  habitans  font  Mahométans ,  &  originai- 
res d'Arabie.  M'aty. 

MAGALAISE  ,  qu'on  appelle  .luflî  MÉGANAISE  , 
MAGNE,  ou  MAGNÈ:)E.   f.  f.  C'eft   un  minéral 


M  A  G 


aftez  femblable  à  l'antimoine  ,  à  la  réferve  qu'il  efl 
plus  tendre ,  Se  qu'au  lieu  d  aiguilles  on  y  voit  de 
petits  brillants.  Il  y  en  a  de  grife  Se  de  noire.  C'eft  de 
cette  dernière  que  fe  fervent  les  Emailkurs  Se  les 
Potiers  de  terre  ,  l'autre  étant  très  -  roux.  Les  Ver- 
riers en  emploient  auiîi  pour  purifier  leur  verre.  La 
magdalaije  vient  de  Piémont ,  où  on  la  tire  de  quel- 
ques carrières  en  morceaux  de  difiérentes  groftéurs 
Se  figures.  Il  faut  la  choifir  tendre  j  brillante ,  la 
moins  remplie  de  roches  &:  de  menu  que  1  on  pour- 
ra. Quelques-uns  la  confondent  avec  le  (afre  Se  le 
périgueux  ;  mais  ces  minéraux  font  bien  diftérens  les 
uns  des  autres.  f^oye\  Magnésie. 
MAGAM.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  d'un  des 
douze  mois  lunaires  de  l'année  ,  chez  les  Indiens  du 
Mogol  :  il  eft  le  onzième  de  l'année  ',  Se  répond  au 
mois  de  Février.  Indorum  Mogolenfium  Februarius , 
ou  Menfis  duodecimus. 
MAGASIN,  f.  m.  Lieu  où  l'on  ferre  ,  où  l'on  garde 
un  amas  de  marchandifes  ,  de  vivres ,  de  munitions. 
Taberna  apotheca  ,  penu  ,  horreum.  ffS  Magafin  d'é- 
toftes ,  de  livres.  Magafin  de  blé  ,  de  farine  pour  la 
fubhftance  des  troupes.  Alagafin  d'armes  ,  de  pou- 
dres ,  &c. 

On  appelle  un  Marchand  en  magafin  ,  celui  qui 
ne  tient  point  boutique  ,  qui  vend  en  gros  fes  étof- 
fes ,  lés  marchandifes.  On  appelle  auffi  magafin, 
l'arrière-boutique  ,  ou  la  chambre  d'enhaut  j  où  l'on 
ferre  les  meilleures  marchandiles.  Taberna  remota , 
interior.  Les  Libraires  ont  aullî  des  magafins  de  li- 
vres dans  des  greniers.  On  appelle  aullî  magafin 
d'atelier  j  un  angar  fermé  en  manière  de  baraque , 
où  un  Entrepreneur  fait  ferrer  tous  les  équipages  d'un 
atelier,  comme  échelles  jdoffes  ,  cordages,  outils, 
&c.  Se  y  entrerient  un  homme  ,  pour  y  travailler 
Se  lés  tenir  en  ordre.  On  dit  aullî  \ç  magafin  géné- 
ral de  marine  :  c'eft  un  lieu  où  l'on  enferme  Se  où 
l'on  diftribue  toutes  les  chofes  nécelTàires  à  l'arme- 
ment des  vaillèaux.  foye^  Daviler.  A  Breft ,  cha- 
^  que  vailleau  de  Roi  a  Ion  magafin  ,  qui  eft  comme 
une  grande  mailon  à  belle  porte  cochère.  On  garde 
dans  ce  magafin  tous  les  canons  &  agrès  du  vaiffeau. 
Il  y  a  à  la  fuite  des  armées  navales  des  vaiffeaux  qui 
fervent  de  magafins.  Dans  les  villes  de  guerre  il  y  a  aullî 
.  des  magafins  qui  font  des  bâtimens  où  l'on  enferme 
les  provitions  de  bouche  &  de  guerre  ,  les  machines, 
les  armes  j  les  inftrumens,  &c. 

On  appelle  aullî  magafin ,  l'amas  des  chofes  né- 
cellaiieSj  commes  les  fourages  qui  s'amaffent  dans 
une  elplanade  j  ou  ailleurs.  On  a  brûlé  aux  ennemis 
deux  magafins  de  fourrage. 
IJ3"  On  appelle  Garçon    de  magafin ,    chez  les  Mar- 
chands celui  qui  fert  dans  le  magafin.  C'eft  la  même 
choie  qu'un  garçon  de  boutique. 
§3°  Garde  Magasin  ,  eft  celui  qui  a  foin  des  marchan- 
difes ou  des  provifions  enfermées  dans  un  magafin. 
p''oye^  Magasinier. 
§;?  Dans  le   commerce  en  gros ,  on   appelle  Garde- 
magafin  ,  ce  qu'on    appelle  Garde- boutique  dans  le 
commerce  en  détail,  une  marchandife  qui  n'a  plus 
de  débit  ,  qui  ell  hors  de  mode. 
Magasin  j  fe  dit  aullî  des   paniers   qui  font  au  devant 
Se  au  derrière  d'un  coche ,  Se  aullî  du  lieu  où  l'on 
ferre  les  malles  Se  marchandifes  des  pallagers  ,  ou 
qu'on  tranlpoite  par  cette  lorte  de  voiture. 
Magasin.  Ce  mot  s'emploie  figurément  en  plulieurs 
occalîons.  Il  y  a  des  elprits  lubalternes  qui  ne  lem- 
blent  faits  que  pour  être  le  recueil ,  le  regiftre  ,  ou  le 
magafin  des  autres.  La  Br.  Que  feroit-ce  que  l'ami- 
tié ,   lî  chacun  tailoit    un  magafin  de  tout  ce  qui 
échappe  a.  fes  amis  j    pour  leur  nuire  dans  la  luiteî 
NicoD.  La  mémoire  eft  un  magafin.    Mont. 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  achette 
beaucoup  de  choies  de  même  nature ,  qu'on  croit 
qu'il  en  veut  faire  magafin. 

Ce   mot  vient  de  l'Arabe  machafin  ,  qui  lîgnihc 
le  lieu  où  l'on  met  fes  richeffes.   Aléiuge  après  Eo- 
chard. 
MAGASINAGE,  f.  m.  C'eft  ce  que  les  Négocians  Se 


1 


M  A  G 

les  Commiiïîonaircs  pafTciir  en  compte  à  leurs 
Corrcfpond.ins,  pour  louage  de  niagaliii  des  inar- 
cliamliies  qu'ils  onc  eues  pendant  quelque  temps  en 
magalin  pour  eux. 

MAGASINER,  v.  a.  Mettre  des  marchandifes  en  nia- 
gahn.  On   dit  Emmagafîner. 

MAGASINIER,  f.  m.  Commis  qui  cft  cliargc  du  dé- 
tail d'un  magafui.  C'efl:  la  même  chofc  que  Garde 
niagafîn. 

MAGAZA.  Nom  d'une  Province  de  rAbiflinie.  Ma- 
gaïa.  On  la  met  le  long  de  la  rivière  de  Tacaze , 
entre  le  Royaume  de  Tigre  ,  &  celui  d'Angote. 
Matv. 

MAGDALENA.  Port  de  la  Magdclcne  ,  ou  Puerto  de 
la  Magdalena.  MagdaleriA  portus.  Petit  golfe  ou 
port  qui  eft  fur  la  côte  méridionale  de  l'île  de  Cali- 
fornie. Ce  lieu  cft  fréquenté  par  les  Efpagnols  dans 
les  voyages  qu'ils  font  de  la  Nouvelle-Efpagnc  aux 
îles  Philippines.  Maty. 

Magdalena  ,  Rio  de  la  Magdalena.  Voyc-[  R  i  o 
Grande. 

MAGDALÉON.  f.  m.  Cylïndrus.  C'eft  ainfi  qu'on 
appelle  un  rouleau  ou  petit  cylindre  de  foufre  j 
d'cmpl.ltre  ,  &c.  tels  qu'on  les  vend  chez  les  Epiciers 
&  Apoticaires.  C'eft  fous  cette  forme  qu'on  garde  les 
emplâtres  dans  les  boutiques. 

Ce  mot  vient  du  Grec  k«v^«^'«  fignilîant  la  même 
choie.  Les  Médecins  appellent  encore  ainii  leurs  mé- 
dicamens  bits  en  forme  de  paftille. 

MAGDAL-GAD.  Ville  de  la  Tribu  de  Juda.  Ce  mot 
lignifie  la  tour  de  Gad ,  félon  l'interprétation  de  D. 
Cal  me  t. 

MAGDALUM.  Nom  d'un  château  de  la  Terre-Sainte. 
Magdalum.  Il  étoit  fur  le  bord  de  la  mer  de  Galilée  , 
ayant  au  nord  &:  à  l'occident  une  grande  plaine,  il 
croit  dans  la  Terre  ou  Tribu  de  Zabulon  ,  à  deux  ou 
trois  lieues  de  Betfaïde ,  &  à  deux  lieues  à  l'orient 
de  Jotapata.  Quelques  Auteurs  fe  font  imaginé  que 
ce  château  appartenoit  à  Marthe  Se  à  MagdelènCj 
que  celle-ci  y  étoit  née  ,  que  c'étoit  de- là  qu'elle  avoit 
pris  fon  nom.  Baronius  a  réfuté  cette  opinion  dans 
fes  Annales.  M.  Tillcmont  dit  Magdale,  &  prétend 
que  c'eft  la  même  chofe  que  Mageddan  ,  ou  comme 
il    écrit   Magédan.    Foyc^    Hiji.    Ecclef.    T.    II , 

Magdalum  ,  etoit  encore  un  lieu  en  Egypte  près 
de  l'endroit  où  la  mer  s'ouvrit  pour  laifter  palferles 
Ifraclites.  On  foupçonne  ordinairement  que  ce  nom 
fut  donné  à  ce  lieu  à  caufe  d'une  tour  pofée  fur  une 
montagne  voiline  ;  mais  on  n'a  aucune  raifon  de 
le  dire.  M.  de  Saci  l'appelle  Magdala ,  je  ne  fai 
pourquoi ,  car  dans  le  Grec  il  y  a  wàycS'aAoi' ,  &  Ma- 
gdalum en  Latin.  En  Hébreu  S^JO  ,  migdol. 

Ce  mot  eft  Hébreu,  &  vient  de  SlJO ,  migdal , 
qui  iîgnifie  une  tour,  parce  que  ce  château  étoit  bien 
fortifié  ,  &  muni  de  bonnes  tours  &  autres  ou- 
vrages. 
MAGDEBOURG.  Nom  d'une  ville  de  la  Balfe-Saxe  , 
capitale  du  Duché  de  Magdebourg ,  &c  fitué  lur 
l'Elbe  ,  à  huit  ou  neuf  lieues  au-deftous  de  la  ville 
de  Dellaw.  Magdeburgum  ,  Parchenope  ,  Partheno- 
polïs.  Cette  ville  eft  Anféatique,  &  Tune  des  plus 
grandes  &  des  plus  riches  de  la  Balfe-Saxe.  Elle  eft 
allez  bien  fortifiée  i  elle  étoit  autrefois  Impériale  -, 
mais  elle  dépend  maintenant  de  l'Eleéieur  de  Bran- 
debourg. L'Empereur  Charles-Quint  mit  cette  ville 
au  ban  de  l'Empire  l'an  1 547.  parce  qu'elle  avoit 
chalfé  les  Chanoines  de  l'Eglife  Cathédrale.  Il  le- 
nouvella  ce  ban  l'an  IJ49.  parce  qu'elle  ne  voulut 
point  recevoir r//2fcri/72.  Maurice  Duc  de  Saxe,  Exé- 
cuteur du  ban,  la  tint  affiégée  pendant  quinze  mois, 
&  il  en  leva  le  fiége  par  accommodement.  L'an  1651. 
ayant  été  prife  par  Tilli ,  Général  des  troupes  Im- 
périales ,  elle  fut  laccagée  pendant  trois  jours ,  & 
enfuite  brûlée.  Elle  eft  maintenant  bien  rétablie. 
Maty.  Long.  83.  d.  50',  lat.  62.  d.  18'. 

Othon  qui  la  bâtit  à  la  follicitation  de  fa  femme 
Edithe  ,  fille  d'Edmond  Roi  d'Angleterre  ,  fit  trans- 
férer  l'an  .530.   à  Alagdeboarg   l'Archevêché    que 
Tu /ne  y. 


M  A  G 


715- 


'  Charlemagne  avoir  fondéàStyde,  que  Henri  l'Oi- 
feleur  avoit  fait  transférer  à  Wallerllow  ,  &  qu'on 
avoit  enfuite  placé  à  Vrcle.  L'an  937.  le  23  Septem- 
bre Otton  I.  Roi  de  Germanie  ,  tk.  enfuite  Empe- 
reur ,  fonda  un  Monalfèrc  a  Magdebourg.  En  961. 
il  y  fit  apporter  le  corps  de  S.  Maurice  ,  &c  de  quel- 
ques-uns de  fes  compagnons.  En  962.  qui  étoit  la 
première  année  de  l'Empire  d'Otton  ,  Jean  XI°.  à 
la  prière  de  ce  Prince  ^  érigea  Magdebourg  en 
Métropole  ,  par  une  bulle  du  i  x  de  Kvrier  indic- 
tion f.   la  7*^  année  du  Pontificat  de  Jean. 

L'Empereur  Otton  avoit  fait  fortifier  Magdebourg. 
Le  monaftère  fut  établi  le  1 3  Septembre  9  3  7.  la  fé- 
conde année  du  règne  d'Otton ,  tk.  dédié  à  Saint 
Pia-re ,  à  S.  Maurice  ,  &  S.  Innocent.  Magdebourg 
fut  auftî  nommé  ParthenopoUs  ,  c'eft-à  dire,  la  ville 
de  la  Vierge.  En  élevant  Magdebourg  à  la  dignité 
de  Métropole  ,  on  lui  donna  cinq  fuftragans  ,  Meif- 
fcin ,  Mersbourg ,  Zeits ,  Halvelberg  îk.  Brandebourg. 
Elle  fe  nomme  aulli  Meidbourg.  On  l'a  nommée  Par- 
thenopoUs en  Latin  j  parce  qu'il  y  avoit  une  ftstue 
de  Vénus  dans  un  char  avec  les  trois  Grâces  ,  &  qu'on 
l'honoroit  ious  le  titre  de  Venus  Parthenia,ct^\- 
dire  Venus  Virginale. 

C'eft  de  là  aufti  qu'cft  venu  le  nom  de  Magde- 
bourg ,  qui  en  Allemand  fignifie  la  même  chofe, 
ville  de  la  Vierge  ,  ou  de  la  fille  ,  étant  compofc  de 
magd,  ou  de  magdelein ,  qui  veut  dire,  une  jeuns 
fille,  Scburg,  qui  fignifie  ville.  C'eft  pour  la  mê- 
me raifon  qtie  Jean  Capnion  l'appelle  Domadum 
pyrgus  ,  ôc  JEnéa.s  Sylvius  ,  Virginopolis.  Quelques- 
uns  l'ont  prife  pour  l'ancien  Mefvium.  Les  Arche- 
vêques de  Magdebourg  portoient  le  titre  de  Primats 
de  Germanie.  Cet  Archevêché  fut  fécularilé  Ious  le 
titre  de  Duché  ,  &:  donné  en  dégrèvement  à  l'Elec- 
teur de  Brandebourg  par  le  Traité  d'Ofnabrug.  Voy. 
encore  au  mot  Poméranie. 

Les  Centuriateurs  de  Magdebourg  font  Matthias 
Flaccus  Illyricus  j  Jean  Vuigand  ^  Matthieu  Le  Juge 
&  Bafile  Faber ,  ou  Le  Febvre.  Voye\  Centuria- 

TEUR. 

Le  Duché  de  Magdebourg.  Magdeburgenfis  Ducatus. 
C'eft  un  des  Etats  du  cercle  de  la  Balle  Saxe.  Il  eft 
fait  en  forme  de  croiftant  ,  borné  au  levant  &  au 
nord  par  le  Marquifat  de  Brandebourg  ,  au  cou- 
chant par  le  Duché  de  Wolfenbuttel  ,  &  au  fud 
par  les  Principautés  d'Halberftat  &  d'Anhalr  ,  Se 
par  le  Comté  de  Barby.  Son  circuit  eft  environ  de 
quarante  -  cinq  lieues  ,  &  fa  largeur  de  fept.  Son 
terroir  baigné  par  l'Elbe,  l'Havel  &  la  Selke,  eft 
des  plus  fertiles  de  l'Allemagne.  Ses  lieux  princi- 
paux (ont ,  Magdebourg ,  capitale  ,  Broch ,  Sandow  3 
Oesfelde  Se  Staftiirr. 

MAGDELÈNE,  MAGDELAINE,  plus  communément 
MAGDELEINE,  f.  f.  Nom  de  femme.  Magdalena. 
Ce  mot  de  Magdelène  eft  le  furnom  de  Marie , 
fœur  de  Marthe  &  de  Lazare;  on  prétend  qu'il  lui  fut 
donné  parce  qu'elle  avoit  une  mailon  à  Magdal , 
petite  ville  de  Galilée. 

C'eft  une  queftion  qui  a  fort  agité  les  Savans ,  fr- 
voir  fi  Marie  Magdelène  ,  Marie  fœur  de  Marthe  , 
&  la  femme  pécherefte  ,  font  trois  femmes ,  ou  11 
c'eft  la  même.  Origène  eft  le  premier  qui  ait  mis  de 
la  diftindion  entre  ces  femmes.  Après  lui  S.  Jean 
Chryfoftôine,  Macaire ,  Tite  de  Boftres,  &  Vicfor 
d'Antioche  ,  ont  été  du  même  fentiment  ;  mais  Ori- 
gène &  les  autres  ne  diftinguent  que  Marie,  fœur 
de  Marthe,  de  la  pécherelfe  ,  &  ne  parlent  point  de 
Marie  Magdelène.  De  plus  Origène  avoue  qu'il 
s'éloignoir  du  fentiment  de  k%  maîtres  ,  Clément 
Alexandrin  &  Ammonius  ;  &  que  le  fentiment  com- 
mun confondoit  ces  deux  femmes.  S.  Grégoire  eft 
le  premier  qui  ait  enfeigné  nettement  que  Marie 
Magdelène  ,  Marie  fœur  de  Lazare ,  ôc  la  femme 
pécherelfe  ,  font  la  même  perfonne.  La  difpute 
s'échauffa  au  feizième  fiècle  entre  Jacques  le  Fèvre , 
&■  JolTè  Clictou ,  qui  les  diftinguoient,  d'un  côté; 
&  de  l'autre,  le  favant  &  pieux  Cardinal  Fifcher, 
mort  pour  la  Foi ,  Se  Marc  Grandval ,  qui  les  con- 

Xxxx  i; 


7ï6  M  A  G 

fondoicnt.  Ce  dernier  parti  prévalut.  En  ifii.  le 
^'^  Novembre  ,  la  Sorbonne  condamna  l'autre.  En 
En  1636,  Louvet  imprima  ime  Dillertation  pour 
faire  revivre  ce  fentiment  condamne.  Sur  la  fin  du 
fiècle  pailë ,  les  Dofteurs  que  l'on  chargea  de  re- 
voir quelques  Bréviaires  de  France  j  y  firent  entrer 
ce  kntiment.  En  i6Sj.  le  P.  Mauduit  fit  un  Livre 
fur  cette  qucftion  ,  qui  n'elt  prelque  que  celui  de 
Louvet.  Mellieurs  TiUemont  lV"  Baillet  ont  écrit 
avec  beaucoup  de  chaleur  pour  loutcnir  la  diftinc- 
tion.  Le  Père  Alexandre,  le  P.  Mauduit  dans  fon 
Analyfe  des  Évanjiiles  ,  iSc  le  P.  Pezron  ,  ont  dé- 
fendu l'ancienne  opinion.  Monfieur  Anquetin ,  Curé 
de  Lyon  ,  imprima  en  1699,  à  Rouen,  une  Diller- 
tation pour  la  diftindtion  de  ces  trois  femmes.  M. 
Trévet  a  tâché  de  la  réfuter  par  une  Dillertation 
imprimée  à  Paris  en  171 3. 

Jesus-Christ  ,  en  dilant  dans  S.  Jean  XII ,  7. 
Sinite  ut  in  dïem  fepultuTS,  mea  fervec  illud,  mon- 
tre que  la  iixur  de  Lazare  &  de  Marthe  dont  il 
parle  ,  ell:  la  même  que  Marie  Magdelène  qui  alla 
pour  embaumer  le  corps  du  Sauveur.  Marc  ^  XVI. 
I.  Car  ces  mots  ne  fignifient  point ,  fouffrei  qu'e//e 
garde  ce  parfum  pour  le  jour  de  ma  fépulture  ;  puil- 
que  le  vafe  étoit  calfé,  &  le  parfum  déjà  répandu; 
mais  iaijfc-^  -  la  en  paix ,  afin  quelle  en  jajje  au- 
tant le  jour  de  ma  fépulture  :  fi)uffre-[  qu'elle  con- 
.  ferve  cette  bonne  volonté  pour  le  jour  de  ma  fépul- 
ture. On  ajoute  que  Jesus-Christ  a  prédit  que 
l'aétion  de  cette  femme  feroit  louée  par-tout  où 
l'Evangile  feroit  publié.  Si  cette  femme  n'eft  point 
Marie  fœur  de  Marthe  &:  la  pécherelfe ,  la  prédic- 
tion de  Jesus-Christ  ne  Icroit  pas  accomplie.  Car 
c'eft  d'elle  qu'on  l'a  publié  jufqu'ici.  L'autre  fenti- 
ment a  été  à  peine  connu.  On  dit  encore  que  faint 
Jean  montre  bien  clairement  que  la  pécherelle  & 
Marie  lœur  de  Marthe  font  la  même  perlonne, 
lorfqu'au  c.  XI  ■,  v.  2.  il  dit  que  Marie  fœur  de 
Marthe  &  de  Lazare  ell  celle  qui  avoit  parfumé 
le  Seigneur ,  &  ejfuyé  les  pieds  du  Seigneur  avec 
fes  cheveux  ;  que  puifque  le  S.  Evangile  dit  :  Qui 
avoit  parfumé i  qui  avoit  ejjuyé ,  &  non  pas  qui  de- 
vait parjumer ,  qui  devait  efuyer ,  il  marque  une 
adlion  pallée  ;  que  quand  il  veut  caraétérilcr  Judas 
par  la  trahifon  future  ,  il  ne  dit  pas  qui  avoit  trahi , 
ou  qui  a  trahi ,  ou  qui  trahit ,  mais  qui  devait  tra- 
hir; qui  erat  eum  traditurus  ;  que  S.  Jean  parle  donc 
d'une  aftion  palfée  ,  &  par  conléquent  de  celle 
de  Naïm  faite  par  la  pécherelfe  ,  &  non  pas  de 
.  celle  de  Jérufalem  ,  qui  fe  fit  pendant  la  dernière 
cène  i  qu'ainfi  Marie  lœur  de  Lazare  dont  il  parle , 
cfl:  la  même  que  la  pécherelfe. 

Ceux  qui  diftmguent  ces  trois  perfonncs  ,  le  fon- 
dent fur  ce  que  Marie  fœur  de  Marthe  écoit  de 
Béthanie  ;  que  S.  Jean  le  dit  c.  XI,  v.  i.  que  Ma- 
rie Magdelène  au  contraire  étoit  de  Galilée  ;  que 
S.  Luc  la  met  au  nombre  des  femmes  Galiiccnnes 
qui  fuivirent  J.  C.  depuis  la  Galilée  jufqu'à  Jéru- 
falem i  que  les  Evangéliftes  les  dillinguent  par  des 
lurnoms  différen*  ;  qu'ils  appellent  toujours  Marie 
de  Galilée,  Marie  Magdelène,  &  Marie  de  Bétha- 
;  nie  ,  Marie  lœur  de  Marthe  ;  que  leur  caradtère 
eft  différent  autant  que  leurs  noms;  que  Marie  Mag- 
delène ,  vive  &  fervente  ,  eft  toujours  dans  l'ac- 
tion; que  Marie  lœur  de  Marthe  paroît  plus  con- 
templative ;  que  S.  Luc  ayant  dit  au  c.  VIII.  que 
Marie  Magdelène  étoit  att.achéc  à  J.  C.  introduit 
au  X^  chap.  Marie  lœur  de  Marthe  lur  la  fcène  j 
comme  un  nouveau  perlonnage.  Telles  font  les 
railons  qu'on  apporte  pour  diftinguer  Marie  Mag- 
delène de  Marie  fœur  de  Marthe. 

Voici  celles  qu'on  a  de  diftinguer  la  pécherelTc 
de  CCS  deux  Maries.  La  pécherelle  étoit  de  Naïm , 
&  non  de  Magdalus  ,  ni  de  Béthanie.  Magdelène 
ctoit  pollédée  de  fept  démons ,  femme  atfreule  par 
conféquent.  L'autre  au  contraire  étoit  une  femme 
du  monde  ,  galante  ,  &  à  qui  fes  agrémens  &  it^ 
charmes  faifoient  des  amans.  Le  Fils  de  Dieu  au- 
roitil   retenu  à  fa  fuite  une  femme  notée ,  une 


M  A  G_ 

proftituce  ?  S.  Luc  n'auroit-il  pas  plutôt  défigné  1« 
Magdelène  par  quelques  circonilances  de  la  con- 
verlion  ,  que  par  la  pollcifion  de  fept  démons  ; 
Enfin  ,  le  chap.  Vil"  finit  par  1  hifloire  de  la  pé- 
cherelle ;  &  dans  les  premiers  verlcts  du  VIil=. 
l'Evangélifte  parle  de  Marie  Magdelène  comme  d'une 
autre  perlonne. 

On  ajoute  en  répondant  au:c  raifons  contraires 
que  S.  Jean  ,  c.  XII.  7.  dit ,  laijfe:(-là  faire  ;  fouf- 
fre-^  quelle  garde  cette  coutume  ,  &  quelle  m'em- 
baume comme  au  jour  de  ma  mort  ;  que  ce  lens  a 
plus  de  rapport  à  ce  que  S.  Matthieu  &  S.  Marc 
font  due  à  J.  C.  dans  la  même  occalion.  D'ailleurs, 
quoique  l'Evangile  n'en  diie  rien ,  il  eft  très  poffi- 
ble  que  Lazare,  que  Marthe  &  Magdelène  fes 
lœurs  aient  allîfté  à  la  mou  du  Sauveur  ,  cv  que 
celle-ci  ait  eu  part  aux  honneurs  qu'on  rtndit  à  fon 
corps  avant  que  de  le  mettre  dans  le  tombeau  ;  que 
le  filence  de  l'Ecriture  ne  prouve  rien;  qu'ils  étoient 
du  nombre  des  perfonnes  de  la  connoillance  de 
N.  S,  dont  parlent  les  Evangéliftes  ;  que  pour  que 
la  propliétie  de  J.  C.  Matth.  XXVI ,  13.  foit  ac- 
complie ,  il  fuflit  que  l'action  foit  louée  par  tour 
où  l'Evangile  eft  prêché ,  lans  qu'il  foit  beluin  que 
le  nom  d-e  la  femme  qui  embauma  J.  C.  (oit  connu  ; 
que  pour  l'endroit  de  S.  Lucj  XI ,  2.  Il  y  a  beau- 
coup d'endroits  de  l'Ecriture  ,  où  par  anticipation 
le  pafté  eft  mis  pour  le  futut  ;  que  quand  S.  Jean 
écrivoit  ,  l'onftion  dont  il  parloit  étoit  paftée  ;  que 
l'ontftion  faite  en  Béthanie,  devenue  lamcule  ,  ctoic 
la  feule  propre  à  caradlériler  Marie,  &:  la  diftin- 
guer de  Marthe;  que  la  pécherelle  lava  d'abord  & 
elîuya  de  izs  larmes  les  pieds  du  Sauveur ,  puis  les 
parfuma  ;  au  lieu  que  la  lœur  de  Marthe  les  par- 
Kima  d'abord  ,  puis  les  elfuya  de  fes  cheveux  ;  que 
c'eft  ce  que  dit  S.  Jean  ;  qu'ainfi  il  marque  l'onc- 
tion de  Jérufalem,  &  non  celle  de  Naïm. 

Ceux  qui  font  du  premier  fentiment  répondent 
à  ces  railons  ,  que  nul  des  Evangéliftes  ne  dit  que 
Marie  Magdelène  fût  GaliléennCj  qu'ils  les  déhoient 
d'en  citer  aucun;  que  S.  Matthieu  j  XXVII ,  s  S' 
dit  feulement  qu'il  y  avoit  au  Calvaire  plufieurs 
femmes  qui  avoienc  fuivi  J.  C.  depuis  la  Galilée, 
qu'il  ne  s'enfuit  pas  qu'elles  fulfent  toutes  de  la 
Galilée  ;  que  ces  paroles  peuvent  lignifier  leulement, 
que  dans  ce  dernier  voyage  de  J.  C.  elles  l'avoient 
accompagné  de  Galilée  à  Jérufalem  ;  que  Magdelène 
pouvoir  avoir  été  cette  année-là  en  Galilée  trouver 
le  Sauveur ,  &c  être  revenue  avec  lui  à  Jérufalem  ; 
qu'elle  pouvoir  avoit  encore  fait  la  même  chofe 
d'autres  fois  ;  que  née  en  Béthanie  ,  elle  avoit  pu 
même  s'établir  en  Galilée ,  ou  du  moins  y  être  de- 
meurée quelque  temps  avec  Notre-Seigneur  ;  que 
les  Evangéliftes  ne  l'appellent  lœur  de  Marthe ,  que 
lorfqu'ils  rapportent  ce  qui  s'eft  pailé  chez  fa  lœur; 
que  il  les  diilérens  lurnoms  font  une  raifon  de  mul- 
tiplier autant  les  perlunnes  que  les  furnoms ,  il 
faudroit  diftinguer  Simon  Bar-Jona  de  Simon  Cé- 
phas ,  ou  Pierre  ;  Jean  furnommé  Boancrges  ,  de 
Jean  fils  de  Zébédée,  &c.  Que  pour  avoir  été  une 
fois  en  fa  vie  tranquille  aux  pieds  de  J.  C.  à  l'écou- 
ter ,  il  ne  s'enfuit  pas  que  Marie  fœur  de  Marthe 
ne  fiit  point  fort  agillante  &  fort  vive^  fur -tout 
quand  il  s'agilfoit  de  l'honneur  ou  du  fervice  de 
fon  bon  Maître  ;  qu'il  eft  faux  que  S.  Luc  l'intto- 
diiife  au  chap.  X.  comme  un  nouveau  perfonnage 
fur  la  fcène ,  qu'au  contraire  il  a  pu  vouloir  faire 
connoître  Marthe,  en  difant  qu'elle  étoit  fœur  de 
cette  Marie  dont  il  avoit  déjà  parlé ,  comme  d'une 
femme  attachée  à  J.  C.  &  qu'il  repréfente  encore 
i  comme  telle ,  &  uniquement  appliquée  à  l'enten- 
dre. 

Quant  aux  raifons  qui  attaquent  la  réunion  de  la 
pécherelfe  avec  les  deux  Maries  ^  on  dit  que  la  pé- 
cherelfe n'étoit  point  une  proftitiiée  ,  que  la  pol- 
fellion  de  Magdelène  lui  lailfoit  de  bons  interval- 
les ;  qu'elle  étoit  même  purement  intérieure;  que 
J.  C.  a  pu  fouft'rir  à  fa  fuite  une  pécherelle  con- 
vertie ;  que  le  lîfence  de  S.  Luc ,  qui  ne  dit  point 


M  AG 

le  nom  de  la  péclieicire  ne  pioiive  rien  ;  qu'on  ne 
peut  rien  concluie  non  plus  de  ce  qu'il  ne  c.v 
radtéiifc  Magdelcne  qu'en  dilant  que  J.  C.  l'avoir 
délivrée  de  fcpt  démons  ;  qu'il  n'ell  point  vrai  que 
S.  Luc  au  chap.  FUI.  parle  de  Marie  Magdelcne 
comme  d'une  perfonne  diftérente  de  la  pcclierelîe , 
dont  il  a  rapporte  la  convcrlion  au  Chapirre  pré- 
cédent; qu'au  contraire  ,  après  avoir  raconté  la  con 
verllon  de  cette  femme  ,  il  dit  que  depuis  elle  fuivit 
J.  C.  &  fe  joignit  aux  femmes  pieufes  qui  l'accompa- 
gnoient ,  &  lui  fournilloient  de  quoi  vivre. 

On  ajoute  que  les  Auteurs  qui  tiennent  pour  la 
diftinâion  de  ces  trois  femmes  ,  réfutent  mal  les 
raifons  de  ceux  qui  n'en  font  qu'une  ;  que  le  pallagc  de 
S.  Jean  XII.  j.  même  dans  le  fcns  qu'ils  y  donnent , 
lie  prouve  rien  pour  eux  ,  &  n'efl:  point  contraire 
à  leurs  adverfaires;  que  ce  fera  une  preuve  de  moins 
pour  ceux-ci,  qui  en  ont  allez  d'ailleurs;  que  le  Ir- 
lenee  des  Evangéliftes  lur  l'abfence  de  Marie  fœur 
de  Marthe  au  temps  de  la  mort  du  Sauveur ,  quoi- 
qu'on en  dile ,  eft  un  préjugé  bien  fort  ;  qu'il  eft 
étonnant  qu'on  veuille  fur  des  conjeéhures  en  l'air  _, 
&  lur  des  poffibilités ,  alTurer  qu'elle  y  étoit  préfente , 
tandis  qu'on  ne  veut  pas  j  vu  le  filcnce  des  quatre 
Evangéliftes ,  qu'on  puille  du  moins  douter  :  que  dire 
qu'ils  étoient  des  perlonnes  de  (a  connoillance  , 
Notiejus  ,  Luc  XXIII ,  ^o.  c'efi:  ignorer  les  langues 
naturelles  des  Ecrivains  faciès  j  des  perfonnes  dont 
ils  font  i'hiftoire  ,  &  des  pays  où  fe  palloient  ces 
chofes  ,  que  le  Noti  de  Saint  Luc  n'eft  autre  chofe 
que  le  D'yilD  &  le  D'pTD  des  Hébreux ,  qui  lignifie 
les  parens ,  &  non  pas  les  gens  de  la  connoillance  ; 
qu'une  preuve  que  r.oti  ejus  eft  pris  dans  le  fens  que 
je  dis ,  c'eftque  S.  Lucdiftingue/îo^ie/z/j-j  des  femmes 
qui  fuivoient  J.  C.  &c  qui  étoient  de  la  connoillance  , 
mais  qui  n'étoient  pis  de  fa  parenté  ,  V  qu'il  les 
riomme  les  premiers  ;  qu  il  n'eût  pas  f-dlu  faire  cette 
diftinétion  ,  fi  ces  mots  ne  fignifioient  que  des  per- 
fonnes de  fa  connoiffance  ;  que  le  Grec  du  nouveau 
Teftament  eft  plein  de  ces  fortes  d'Hébraïfmes;  & 
qu'il  ne  faut  point  rejetter  ceci  fur  ce  que  S.  Luc 
écrit  en  Grec  ,  &c   non  point  en  Hébreu. 

Au  milieu  du  XIIF.  fièclc ,  on  croyoit  que  le  corps 
de  Sainte  Magdelène  étoit  à  une  petite  journée  d'Aix. 
Quelques  années  après  on  difoit  qu'il  étoit  dans  une 
chapelle  où  S.  Maximin  premier  Évcque  d'Aix  la- 
voit  enterrée.  En  1 279 ,  Charles  Prince  de  Salerne 
ôc  fils  de  Charles  Roi  de  Sicile  le  fit  chercher ,  Ri- 
chard de  Clugni ,  &c  Bernard  Guyon  de  l'Ordre  des 
Frères  Prêcheurs  j  qui  en  ont  écrit  la  Relation  , 
difent  que  le  S.  corps  fut  trouvé  non  dans  le  tom- 
beau d'albâtre  où  S.  Maximin  le  mit  d'abord ,  mais 
dans  un  autre  de  marbre  placé  vis  à-vis  la  droite  en 
entrant-  Dans  le  même  tombeau ,  difent-ils,  on  trouva 

Eres  du  corps  fainr  un  écriteau  rrès-ancien  fur  du 
ois  incorruptible  ,  contenant  ces  paroles:  L'an  700. 
de  la  nativité  de  J.  C.  le  6^.  jour  de  Décembre  ,  ré- 
gnant Odoïn  Roi  de  France,  du  temps  de  l'incur- 
fîon  des  Sarrazins,  le  corps  de  Sainte  Marie  Mag- 
delène fut  transféré  la  nuit  très-lecrettement  de  fon 
fépulchre  d'albâtre  en  celui  de  marbre  par  la  crainte 
des  infidelles.  On  trouva  auflî  dans  le  tombeau  un 
autre  écriteau  fi  ancien  qu'à  peine  le  put  on  on  lire  ; 
il  étoit  fur  du  bois  couvert  de  cire ,  ôc  portoit  :  là 
repofe  le  corps  de  Marie-Magdelène.  Le  Prince  Ch.arles 
ayant  fait  cette  découverte  ,  affembla  les  Archevêques 
de  Narbonne  ,  d'Arles ,  &C  d'Aix  ,  avec  d'autres  Evê- 
ques,  des  Abbés  &  des  Religieux  ,  fa  Noblelfe ,  le 
Clergé  8c  le  peuple,  le  5  de  Mai  l'an  1280.  &  en 
leur  préfence  il  leva  le  corps  faint ,  &  le  mit  dans 
une  châlTe  d'argent  ornée  d'or  &  de  pierreries  ;  pour 
la  tête  il  la  mit  dans  un  reliquaire  de  pur  or.  De- 
puis ,  le  Prince  Charles  étant  devenu  Roi  de  Sicile, 
établit  en  ce  lieu  un  couvent  de  fircres  Prêcheurs  à 
la  place  des  Moines  de  S.  Victor  de  Marfeille  ,  trans- 
férés ailleurs  par  l'autorité  du  Pape  Boniface  VIIL  en 
129J.  Tel  eft  le  récit  des  deux  Auteurs  que  j'ai  cités. 
Mais  il  eft  difficile  de  l'accorder  avec  d'autres 
faits.  Car  1°.  Jamais  Roi  de  France  ne  fe  nomma 


M  A  G  717 

Odoin,  ou  Odoic  l'an  700.  c'cft  Ciiildibci:  H 
qui  régnoit  depuis  l'an  698  ,  qu'il  avoit  fiiccédé  à 
Clovis  IIL  fon  licre  aine,  Se  il  eut  pour  fuccclltiir 
en  716.  D.igobert  IL  félon  Dii  Tillet  dans  fa  Cro- 
iiique  ,  &  IIL  félon  d'autres.  2".  L'an  1 267  ,  S.  Louis 
accompagné  du  Légat  Simon  de  Brip  ,  alla  à  Vézelai , 
&  y  alHfta  à  la  tranllation  des  reliques  de  Sainte 
Magdelène  d'une  ch.illc  dans  un  autre.  En  ixmon- 
tant  plus  haut,  l'on  trouve  que  dès  l'an  11463  on 
croyoit  avoir  ce  faint  corps  à  Vézclai ,  lie  qu'en  898. 
l'Empereur  Léon  le  Philolbphe  l'avoir  fiit  apporter 
(d'Lphelc  lelon  Cédrénus)  à  Conftaïuinoplc.  Foyer 
Bzovius  à  l'an  1270.  §,  19.  &  la  Diftèrtauon  de  M. 
De  Launoy  fur  cette  Sainte.  Ce  Dodteur  prétend 
avoir  prouvé,  que  la  Magdelène  n'a  jamais  été  en 
Provence ,  ik  fcs  preuves  l'ont  ii  fortes  ,  que  les  Ja- 
cobins n'y  ont  jamais  répondu  comme  il  faut. 

La  MAGDELiNE.  Lafétcdc  Sùmc  Magdelène  le  22  Juillet 
jour  qui  eft  confacré  a  l'honorer.  Sancla  Magdalen& 
jejîum.  Les  deux  Rois  de  France  &  d'Angleterre , 
Louis  le  Jeune  &  Henri  II.  avoient  marqué  le  jour 
de  leur  conférence  au  lundi  d'avant  la  Magdelène  , 
c'eft  à-dire,  au  20  de  Juillet  11 70.  Fleury,  Hift. 
Ecd.  L.  LXXII.  p.  J.J./. 

Magdelène.  En  ternies  de  fpiritu.ilité  ,  eft  le  fymbole 
de  la  vie  contemplative  ,  comme  Marthe  l'eft  de  la 
vie  adrive  ;  parce  que  lorfque  Notre-Scigiieur  alla 
loger  chez  ces  deux,  fœurs  ,  Luc  X.  Magdelène  dc- 
meuroi't  aux  pieds  de  Notre-Seigneur  à  l'écouter , 
tandis  que  Marthe  s'occupoit  à  lui  préparer  à  man- 
ger ,  &  à  le  fervir.  Il  fe  remit  devant  les  yeux  les 
deux  formes  de  vie  li  ditférentes ,  dont  l'une  fur  le 
modèle  de  Marthe ,  eft  toute  occupée  au  fervice  du 
prochain  ;  &  l'autre  à  l'exemple  de  Magdelène  n'a 
point  d'autre  emploi  que  le  repos  de  la  contem- 
plation. BouHOURs  ,  vie  de  S.  Ignace  ,  L.  III.  Quel- 
que peu  de  reft'emblance  qu'il  y  ait  entre  Marthe  ôc 
Magdelène ,  elles  lont  fœurs  ,  &  ne  fooc  pas  enne- 
mies. Id.  16  :  c'eft-à  dire ,  que  l'aétion  ôc  la  contem- 
plation ne  font  point  incompatibles. 

Sainte  Magdelène.  Nom  d'un  Ordre  de  Chevalerie. 
L'Ordre  des  Chevaliers  de  Sainte  Magdelène  n'a 
point  été  inftitué.  Il  fut  feulement  projette  par  Jean 
Chefnel ,  Seigneur  de  laChappronaye,  Gentilhomme 
Breton.  Il  propofa  le  projet  de  cet  Ordre  au  Roi  & 
à  la  Chambre  de  Nobletle  l'an  16 14.  Pendant  la 
tenue  des  États  à  Paris.  Louis  XIII.  en  vit  les  ca- 
hiers, &  lui  marqua  qu'il  agréoit  fon  delfein.  La  fin 
de  cet  Ordre  étoit  d'empêcher  les  duels  &  les  que- 
relles parmi  la  Noblelle  ,  &  à  l'exemple  de  Sainte 
Magdelène ,  parfait  modèle  de  pénitence  ,  faire  re- 
venir les  Gentilshommes  de  ces  défordres  ,  ôc  des 
autres  qui  y  donnoient  occalion  ,  ôc  auxquels  ils  s'a- 
bandonnoient ,  comme  les  juremens,  les  blafphêmes 
&c.  La  Croix  de  cet  Ordre  que  les  Chevaliers  dé- 
voient porter  au  cou  ôc  fur  le  manteau  ,  finllFoit  en 
fleurs  lis  aux  trois  branches,  afin  de  rcnouveller  la 
mémoire  de  l'Ordre  du  lis  ,  qui  l'étoit  de  Navarre , 
&  le  pied  commençoit  en  croilfant ,  nom  d'un  autre 
Ordre  établi  par  René  Duc  d'Anjou.  Cette  croix 
étoit  au  dehors  cantonnée  de  petites  palmes  double- 
blement  agencées  en  rond  ,  pour  marque  du  voyage 
de  la  Terre-Sainte  fait  par  l'inftituteur  de  cet  Ordre. 
La  Magdelène,  patrone de  l'Ordre,  étoit  repréfeutée 
au  milieu  dans  un  ovale ,  ôc  devoit  donner  le  nom 
à  l'Ordre  ,  dont  la  croix  étoit  cantonnée  de  fleurs 
de  lis ,  rayonnées  de  foleil ,  pour  montrer  l'excel- 
lence du  Royaume  de  France ,  le  plus  illuftre  de  la 
Chrétienté.  Les  Règles  ôc  Statuts  de  l'Ordre  dreffes 
par  Chefiiel  font  compris  en  20  articles  que  l'on 
peut  voir  dans  Favin ,  qui  parle  de  cet  Ordre  dans 
le  I,  Tome  de  fon  Théâtre  d'honneur  ,  p.  Sj2.  & 
fuiv.  Hermanc  en  parle  aullî ,  Chap.  6 ç. 

Rcligieufcs  de  la  Magdelène  ,  Magdelonettes.  Il  y 
a  plufieurs  fortes  de  Religieufes  qui  portent  le  nom 
de  Sainte  Magdelène  ,  qu'en  bien  des  endroits  le 
peuple  appelle  Magdelonnettes. 
'  Les  Magdelonettes  de  Mets ,  comme  il  paroît  par 
une  Sentence  dp  Conrad  Bayer  de  {Joppart,  Evêqvfc 


7 1 8  M  A  G 

de  Mers  ,  étoient  déjà  établies  en  1452-  fous  Ni- 
colas V.  Elles  prétendent  l'avoir  été  dès  l'an  looj. 
mais  il  n'y  en  a  point  de  preuve.  Elles  n'ont  point 
tiré  leur  origine  de  celles  de  Paris ,  qui  ne  turent 
établies  qu'en  1491.  Il  femble  qu'elles  Ibient  plutôt 
du  même  Ordre  que  celles  d'Allemagne  j  parce 
qu'elles  ont  le  même  habit.  Les  Magdelonnettes  de 
Mets  le  difcnt  Chanoineircs  ,  &  prétendent  qu'il 
paroît  qu'elles  le  font  par  des  monumens  qui  font 
dans  leur  Monaftcre,  &  par  des  figures  des  anciennes 
Religieufes  -,  &  que  leur  robe  &  leur  icapulaire 
blanc  ne  vient  que  de  la  dévotion  de  leurs  anciennes 
pour  S.  Dominique  ,  lefquelks  prirent  l'habit  de 
fon  Ordre,  lotfque  vers  l'an  izzi.  il  établit  fos 
Religieufes  à  Mets,  &  leurs  Sœurs  Converies.  Le 
P.  Helyot  croit  tout  cela  peu  fondé  .  Voyez  T.  111. 
chap.  4Ç.  Elles  fo  nomment  auilî  Sœurs  Pénitentes , 
mais  communément  Magdelonnettes. 

les  Religieufos  de  la  MagdelÈne  à  Naples ,  ont  été 
établies  d'abord  pour  fervir  de  retraite  aux  pé- 
cherelles  publiques  qui  voudroient  quitter  le  déf- 
ordre  ;  maintenant  ce  font  de  (aintes  Vierges ,  telles 
que  les  autres  Religieufes.  Elles  furent  fondées  en 
1324.  &  dotées  par  la  Reine  Sanche  d'Arragon , 
femme  de  Robert  Roi  de  Naples.  Elles  ont  la  Régie 
de  S.  Auguftin ,  &  un  habit  noir  ceint  d'une  corde 
blanche.  Les  Religieux  Conventuels  de  S.  François 
en  ont  eu  la  diretlion  julqu'cn  ij68.  que  Pic  V.  la 
leur  ôta  pour  la  donner  aux  Obfervantins,  P.  Hé- 
liot ,   T.  m.  c.  4ç. 

le;  Religieufes  de  la  MagoelÈne,  ou  Magdelonnettes 
de  Paris  ,  de  Bourdeaux ,  &  de  Rouen ,  font  un 
Ordre  différent  des  précédens  ,  qui  prit  naillancc  à 
Paris  l'an  1618.  par  les  foins  du  Révérend  Père 
Athanafe  Mole  ,  Capucin  ,  frère  de  M.  Mole  ,  Pro- 
cureur Général  du  Parlement  de  Paris  ,  d'un  riche 
marchand  de  vin  nommé  Montry^  &c  de  M.  du 
Frefne  ,  Officier  dans  les  Gardes  du  Corps.  La 
Mal'quife  de  Maignelay  fe  déclara  leur  Fondatrice. 
On  leur  donna  des  Religieufes  de  la  Vilitation  pour 
les  gouverner.  Elles  l'ont  fait  pendant  100  ou  lio 
ans.  Des  Urfulines  leur  ont  fuccédé  pendant  50  ans; 
à  préfent  ce  font  des  Hoipitalières  de  la  Miléricorde 
de  Jéfus.  Les  Conlfitutions  de  ces  Monallères  furent 
drcdées  l'an  1657.  &^  approuvées  par  Jean  François 
de  Gondi  ,  Archevêque  de  Paris,  qui  en  avoir  reçu 
commillion  d'Urbain  VIIL  Les  Monaftères  de  Rouen 
&  de  Bourdeaux  ,  font  fortis  de  celui  de  Paris.  Il 
y  a  trois  fortes  de  perfonnes  &  de  Congrégations 
dans  ces  Monaftères.  La  première  efl:  de  celles  qui 
font  admifcs  à  faire  des  vœux  ,  elles  portent  le  nom 
de  Magddenc.  La  Congrégation  de  Sainte  Marthe 
eft  la  féconde  ,  compofée  de  celles  qui  ne  peuvent  être 
admifes  ,  ou  qu'on  ne  juge  pas  à  propos  d'admettre 
aux  vœux.  La  Congrégation  du  Lazare  efl:  de  celles 
qui  font  dans  ces  maifons  par  force.  Toutes  ces 
Congrégations  ont  chacune  leur  quartier  féparé,  P. 
HÉLYOT ,  T.  111.  chap.  )0. 

Le;  Religieufes  de  la  MagdelÈne  ,  à  Rome,  dites  les 
Converties ,  furent  établies  par  Léon  X.  dans  une 
ancienne  paroiffej  bâtie  par  Honorius  L  l'an  GiG. 
Se  dédiée  à  lainte  Luce  Vierge  &  Martyre.  Clément 
VIII.  allîgna  pour  celles  qui  y  feroient  réformées  j 
cinquante  écus  d'aumônes  par  mois ,  Se  ordonna 
que  tous  les  biens  des  femmes  publiques  qui  mour- 
roient  fans  tefter  j  appartiendroient  à  ce  Monaftère , 
«Se  que  le  teftament  de  celles  qui  en  feroient  feroit 
nul ,  Cl  elles  ne  lui  lailfoient  au  moins  le  cinquième 
de  leurs  biens.  Ces  Religieufes  fuivent  la  règle  de  S. 
Auguftin  ,  ôc  font  habillées  de  noir,  avec  un  fca- 
pulaire  blanc  ,  &c  portent  au  chœur  un  manteau 
noir.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  fmgulier  c'eft  que  ces 
Religieufes  n'y  font  point  de  Noviciat ,  <Sc  qu'en 
prenant  l'habit  elles  font  leur  profellion.  Il  y  a  dans 
la  même  ville  un  autre  Monaftère  du  même  Ordre , 
mais  plus  aultère.  C'eft:  celui  de  la  Lougare ,  fondé 
en   iGiS.  Voye-^  le  Père  Hélyot,   T.  III.  c.  //. 

Religieux  de  la  Pénitence  de  la  MacdelÈne.  Foyez 
PÉNITENCE. 


M  A  G 

Sainte  MagdelÈne  de  Pazzi  ,  eft:  une  Carmélite  du 
XVI*^.  hècle.  Elle  ne  mourut  même  qu'en  1607, 
Le  corps  de  Sainte  MagdeVene  de  Pazzi ,  fut  trouvé 
encore  entier  en  1667.  cinquante-fix  ans  après  fa 
mort ,  lorqu'on  la  vifita.  Elle  étoit  de  l'illuftre  famille 
de  Pazzi.  Elle  avoir  fouvent  à  la  bouche  ce  beau  mot, 
plein  d'une  charité  héroïque  ,  Ne  point  mourir ,  mais 
fouffrir. 

MagdelÈne.  Nom  de  pêche.  Il  y  en  a  de  plufieurs 
efpèces ,  la  Magdelène  blanche  ,  la  Magdelène  rouge. 
1.3.Magdelène  blanche  mûrit  à  la  rai-Août.  La  Quint. 
IJCT  Elle  eft  d'un  bon  goût  ,  quand  elle  vient  dans 
un  bon  fonds ,  &  à  une  bonne  expofition  ,  les  four- 
mis lui  font  un  peu  trop  la  guerre. 

La  Magdelène  rouge ,  mûrit  aulIî  à  la  mi  Août.  La 
Quint.  "Lz  Magdelène  rouge,  qui  eft:  la  même  que 
la  double  de  Troie ,  &  la  Payfanne ,  eft  ronde , 
plate  ,  camufe ,  extrêmement  colorée  en  dehors  &: 
aftèz  en  dedans.  Elle  eft  médiocrement  groHe  ,  & 
fujette  à  devenir  jumelle,  ce  qui  n'eft  pas  agréable, 
&  empêche  de  faire  un  beau  fruit.  Sa  Heur  eft  grande 
&  haute  en  couleur  ;  la  chair  en  eft  peu  fine  j  & 
le  goût  aftèz  bon.  En  certains  lieux  elle  eft  très- 
grolle  &c  de    bon  goût. 

MagdelÈne.  Nom  de  poire.  Les  poires  Magdelène 
viennent  au  mois  Juillet.  La  Quint.  T.  p.  26^. 
La  poire  Magdelène  eft  une  alfez  grolfe  poire  verte , 
&  allez  tendre  ,  approchant  beaucoup  des  Berga- 
motes ;  elle  mûiit  dans  les  coinmencemens  de 
Juillet,  &  ainfi  elle  eft  des  premières  d'été;  mais 
il  ne  faut  pas  attendre  qu'elle  commence  à  jaunir^ 
car  pour  lors  elle  fe  trouve  paftée  &  pâteufe.  La 
Quint.  T.  I.  p.  340. 

Il  fe  dit  aulîi  de  l'arbre.  Un  Poirier  Magdelène. 
La  Quint.  La  Poire  Magdelène.  Id.  T.  I.pag.  33c  y 
340. 

MAGDELENE.  (  Rivière  de  la  )  Grande  rivière  de 
l'Amérique  dans  la  Louifiane.  Elle  prend  fa  fource 
dans  les  montagnes-  qui  fcparent  la  Louiliane  du 
Nouveau  Mexique ,  &  fe  jette  dans  la  mer  du  fud. 
Il  y  a  deux  autres  rivières  de  ce  nom  dans  l'A- 
mérique. 

MAGDELON  ,  ou  plutôt  MADELON  ,  f  f.  Nom  pro- 
pre, diminutif  de  celui  de  Magdelène.  On  donne 
en  ftyle  bas  &  populaire  le  nom  de  Magdelonxax 
petites  filles  qui  s'appellent  Magdelène. 

MAGDELON ,  ou  MADELON.  f  m.  eft  auffi  un 
nom  propre  d'homme.  Magdalenus  ,  ou  Magdalena. 
Magdelon  Jarry  ,  Seigneur  de  Vrigny  au  Maine, 
s'acquit  de  la  réputation  dans  le  XVI*^.  iîècle  par  fes 
vers  François  &  Latins,   &  mourut  en  i  f7j. 

MAGDELONNETTE  ,  ou  MADELONNETTE  ,  f.  f. 
Couvent  où  l'on  enferme  les  filles  de  mauvaife  vie , 
pour  les  châtier ,  ou  les  retirer  de  leurs  délordres. 
On  le  dit  aufli  des  Religieufes ,  &  de  celles  qu'on 
enferme  à  caufe  de  leur  mauvaife  vie.  Voye^  Reli- 
gieufes de  la  MAGDELENE  ,  ci-deftlis. 

MAGE  ,  f.  m.  Nom  que  les  Orientaux  donnent  à 
leurs  Sages  ,  à  leurs  Philofophes  ,  à  leurs  Rois. 
Magi.  Dans  l'ulâge  ordinaire  ,  ce  mot  ne  fe  dit  que 
des  trois  pertonncs  qui  vinrent  des  quartiers  de  l'O- 
rient pour  adorer  J.  C.  Des  Mages  vinrent  de  l'O- 
rient à  Jérufalcm  ,  &  demandèrent  :  Où  eft  le  Roi  des 
Juifs  qui  vient  de  naître?  Hérode  ayant  fait  venir 
fecretemcnt  les  Mages  ,  s'informa  exaétement  d'eux 
du  temps  auquel  ils  avoient  vu  paroître  Tétoile.  En- 
fuite  voyant  que  les  Mages  l'avoient  trojnpé ,  il  fc 
mit  fort  en  colère  ,  &c  envoya  tuer  tout  ce  qu'il  y 
avoit  d'enfans  dans  Bethléem  &  aux  environs  ,  de- 
puis l'âge  de  deux  ans  &  au-delfous  ,  félon  le  temps 
dont  il  s'étoit  informé  aux  Mages.  P.  Bouch.  Mat. 
1.  Quelques-uns  croient ,  que  les  Mages  ,  qui  vin- 
rent adorer  Jésus-Christ  ,  étoient  Rois,  &  les  au- 
tres non.  Balz.  La  Fête  qui  fe  fait  en  cette  commémo- 
ration ,  s'appelle  Epiphanie  ,  &  par  le  peuple  j  les 
Rois.  Les  Mages  étoient  les  Prêtres  du  Soleil  chez 
les  Perfes.  Le  peuple  les  refpeéloit  infiniment ,  de 
les  confidéroit  comme  les  dépofitaireç  des  fciences  , 
&  de  la  Religion.  On  dit  que  Zoioaftre  fut  le  Chef 


M  A  G 

Jes  Mages.  Ils  s'appliquoient  fort  à  l'Aflronomie. 
Lcui"  dod:riiie  conlifloit  en  la  Thcologie  naturelle- 
fondée  fur  la  connoillànce  d'un  Dieu,  f'oyc-^  Ar- 
nobe  ,  Z.  /.  contra  Genres  ,  Biilion ,  De  Reg.  PreJ. 
Voliuis  j  c.  I.  de  fecl'ts  Philofoph.  Mage  ,  chcic  les 
Perles  j  comme  l'a  remarque  Porpiiirc  ,  figniHoit 
Interprète  Se  Miniilre  de  Dieu.  F'oye:^^  Jean  Pic  de  la 
Wnindolcj  De  Dignit.  homyn. 

Les  Savans  font  en  peine  fur  l'étymologie  de  ce 
mot  de  Mage.  Tous  conviennent  que  ce  mot  Frnnçois 
ell:  dérivé  du  Latin  Magus  ,  ou  du  Grec  hùp;  ;  mais 
on  cherche  l'origine  de  ces  mots  là  même.  Platon  , 
Xénophoii ,  Hérodote  ,  Strabon ,  Pline ,  &  plulîcurs 
autres  difent    que  ce   mot   vient  de  la    langue  des 

■  Perfes  ,  dans  laquelle  il  fîgnihc  Prêtre  ,  ou  qui  a 
foin  de  la  Religion  ,  comme  un  Druide  chez  les 
Gaulois ,  un  Gymnofophifte  chez  les  Indiens  ,  un 
Lévite  chez  les  Hébreux.  D'autres  difent  que  les 
Perfes  l'avoicnt  pris  des  Grecs  ,  Se  que  ,«:y«;  ^  qui 
veut  dire  ^m^'^ ,  ayant  pallé  de  Grèce  en  Perfe  j  il 
clt  revenu  enfuite  en  Grèce  fous  la  forme  de  mcV»-.  Il 
y  en  a  qui  le  font  venir  de  VX2 ,  dont  les  Rabbins 
fe  fervent  pour  exprimer  ce  que  nous  appelons  in- 
diquer ,  faire  connoure  quelque  chofe  j  innuere.  Quel- 
ques uns  difent  qu'une  Province  de  Perfe  appellée 
Magadie  ,  a  fait  donner  le"  nom  de  Mages  à  ceux 
qui  en  étoit  tirés  ,  pour  être  occupés  des  fciences 
de    la  religion.  Volllus    tire   ce  nom   de  l'Hébreu 

'  î\^n ,  haga ,  qui  fignific  méditer  ,  &c  d'où  il  forme 
-  D»:nB  Maaghim  ,  en  Latin  meditabumdi ,  des  gens 
'■    adonnés  aux  méditations. 

iMAGE  ,  ou  M  A  JE.  adj.  Ce  mot  ne  s'emploie  que 
dans  cette  phrafe  ,  Juge-Mage  ,  qui  eft  le  titre  qu'on 

■  donne  en  plufieurs  provinces  du  Royaume,  comme 
s    à  Touloufe  ,  au  Lieutenant  du  Sénéchal ,  quafi  judex 

major. 
MAGEDDO.   Nom   d'une   ville   de    la  Terre-Sainte. 
'    Mageddo  ,  Magiddo  ,  félon  l'Hébreu  elle  étoit  dans 
la  demi-Tribu  de  Manalfé  d'en-deça  du  Jourdain. 
,^  Jof.  XVII.  II.  Salomon  la  fit  rétablir ,    3 .  X.  des 
Rois ,  IX.  Tj.  Quelques-uns  difent  qu'elle  s'appelle 
aujourd'hui  Subirribre ,  &  d'autres  Suberge. 
MAGELLAN,  f.  m.  Nom  d'homme.  Magellarius.  C'cft 
un  fameux  Navigateur  Portugais  du  XVl^  fiècle.  Son 
nom  eft  Magalhanes ,  ou  MugalLanes  ,  dont  nous 
avons  fait  Magellan. 
Le  détroit  de  Magellan.  Fretum  Magellanicum.    Ce 
'   détroit  qui  eft  la  pointe  de  l'Amérique  méridionale, 
entre  la  Terre  Magellanique  &  la  Terre  de  Feu  ,  a 
été  découvert  par  le  célèbre    Ferdinand  Magellan  , 
dont  il  porte  le  nom,  l'an  ijio.  Il  a  fervi   quel- 
que temps  pour   palfer  de  la  met  du  Nord  à  celle 
du  Sud;  mais  depuis  l'an  1616.   qu'on  a  découvert 
celui  de  Le  Maire  j  on  ne  pall'e  plus  dans  celui  de 
Magellan^  tant  parce  qu'il  eft  long  d'une  centaine  de 
lieues  j  que  parce  que  la  navigation  y  eft  dangereufe, 
à  caufe  des  tempêtes.  Le  détroit  de  Magellan  a  plus 
de  100  lieues  de  long  ,  &  gît  de  l'Eft  à  l'Oueft. 
MAGELLANIQUE.  adj.  m.  «c  f.  Qui  a  rapport  à  Ma- 
gellan ,  ou  au  détroit  de  Magellan.  Magellanica.  La 
Terre  Macellaniq.ue.  Magellanica  Regio.  C'eft  une 
vafte  Région    de  l'Amérique  méridionale.   Elle    eft 
bornée  au  nord  par  la  province  de  la  Plata  ,    par 
le  Técuman  &  par  le  Chili  ;  elle  eft  baignée  au  Sud 
par  le   détroit  de   Magellan  ;  au  couchant   par    la 
mer  du  Sud  ,  &  au  levant   par  celle  du  Nord.  On 
appelle  autrement  ce  pays  le  Chika  ,  ou  le  pays  des 
Patagons  ,  à   caufe  des    peuples  de   ce  nom  ,   qui 
font  les  plus  connus  de  la  Région.  Ils  font  piefque 
fauvages  ,  &:  ils  vont  fans  habits ,  quoique  leur  pays 
loit  allez   froid.    Les  Efpagnols  avoient  bâti  deux 
Colonies ,  Nombre  de  Jejus  &  S.  Felippe ,  dans  ce 
pays  J  fur  le  détroit  de  Magellan  ,  pour  fe  rendre  les 
maures  de  ce  pallage  ,  mais  elles  font  péries  de  mi- 
fère ,  &  les  Européens  ne  s'y  font  plus  établis  depuis. 
Maty. 
La  mer  Magellanique.  Mare  Magellanicum,  Oceanus 
Magellanicus.  On  donne  ce  nom  à  la  partie  de  l'O- 
céan qui  environne  la  Terre  Magellanique ,  ôc  les 


M  A  G  719 

îles  de  ce  nom.  Elle  renferme  vers  le  couchant  une 
partie  de  la  mer  du  Sud ,  ëc  vers  le  levant  uiie  par- 
tie de  celle  du  Nord. 

Magellanique  ,  île.  Voyei  Feu  ,    la  Terre  de  Feu, 

MAGHIAN.  Une  des  plus  toiifidérables  villes  de 
l'Yemen ,  à  trois  ftations  de  diftance  de  Zabid  ,  fituée 
dans  une  plaine.  Long.  6i.d.  jo'lat.  16. d.  i'. 

MAGICIEN  ,  ENNE,  f  m.  &  f.  Enchanteur  ,  celui  qui 
(G"  par  un  art  occulte  fait ,  ou  paroit  faire  des 
chofcs  extraordinaires  ,  ôc  qui  paroillént  au  dellus 
du  pouvoir  humain,  Magus.  Voyez  magie.  Corneille 
Agrippa  a  pallé  pour  un  fameux  magicien.  La  fable 
nous  dit  que  Circé  étoit  une  grande  magicienne. 
Elle  changea  les  compagnons  d'UlylTe  en  pourceaux 
par  la  force  de  certains  breuvages  qu'elle  leur  fie 
avaler.  Dans  les  fiècles  d'ignorance  les  Philofophes 
ont  pallé  pour  des  magiciens.  Il  y  a  des  loix  des 
Empereurs  «outre  les  Mathématiciens,  c'eft  à  dire, 
contre  les  magiciens  tk  ceux  qui  faifoient  profellion 
de  l'Aftrologie  judiciaire.  Les  loix  ont  toujours  févi 
contre  les  prétendus  magiciens.  Si  les  magiciens 
etoient  aullî  puillans  qu'on  le  dit ,  &  qu'on  a  même 
paru  le  croire  ,  comment  ne  craignoit-on  pas  de  les 
oftenfer ,  Se  comment  s'imaginoit-on  pouvoir  di(- 
poler  d'eux  ?  C'eft  une  étrange  contradiélion  que 
l'antiquité  grecque  s'eft  permifc.  Les  illulions  de 
l'antiquité  ont  été  adoptées  par  nous  ;  les  Juges  ont 
o(e  juger  des  forciers  ;  mais  il  s'étoit  répandu  une 
opinion  aulli  ridicule  que  celle  de  la  magie  même, 
&  qui  lui  lervoit  de  correéfif  ;  c'étoit  que  les  ma- 
giciens perdoient  tout  leur  pouvoir  dès  qu'ils  étoienc 
entre  les  mains  de  la  Juftice. 

L'Ariofte  &  le  Tafte  foii  heureux  imitateur ,  prirent 
un  tour  plus  heureux  :  ils  feignirent  que  les  enchan- 
temens  poiivoient  être  détruits  par  d'autres  enchan- 
temens  ;  cela  leul  mettoit  de  la  vraifemblance  dans 
ces  ftbles,  qui  par  elles  mêmes  n'en  ont  aucune. 
Ariofte  j  tout  fécond  qu'il  étoit ,  avoit  appris  cet 
art  d'Homère  :  il  eft  vrai  que  fon  Alcine  eft  prodi- 
gieufement  fupérieure  à  la  Circc  de  l'Odilfée  ;  mais 
enfin  Homère  eft  le  premier  qui  paroît  avoir  ima- 
giné des  préfervatifs  contre  le  pouvoir  de  la  magie  , 
&  qui  par-là  mit  quelque  raifon  dans  des  chofcs 
qui  n'en  avoient  pas.  Volt. 

On  dit  figurément  qu'un  homme  n'eft  pas  magi- 
cien ,  pour  dire  qu'il  n'eft  pas  fort  habile.  Acad.  Fr. 

MAGIE,  f.  f.  Science  qui  apprend  à  faire  des  chofes 
furprenantes  &  merveilleufes.  Magia  ,  magice.  Au 
commencement  le  nom  de  magie  fe  prenoit  en  bonne 
part ,  &  iîgnitioit  fimplement  étude  de  la  fagelle.  Mais 
parce  que  les  Mages  s'attachèrent  à  l'Aftrologie  ,  aux 
divinations,  aux  enchantemens  &  aux  maléfices,  la 
terme  de  magie  devint  odieux  ,  &  ne  lignifia  plus 
qu'une  fcience  odieufe  &  défendue.  Si  l'on  s'étonne 
que  cette  fcience  trompeufe  ait  acquis  tant  de  cré- 
dit. Se  tant  d'empire  fur  les  efprits  ,  Pline  en  rend 
cette  raifon  :  c'eft  ,  dit  il ,  qu'elle  a  fu  fe  prévaloir 
des  trois  fciences  les  plus  eftimées  des  hommes,  ea 
prenant  d'elles  ce  qu'elles  ont  de  grand  &  de  mer- 
veilleux. Perfonne  ne  doute  qu'elle  ne  foit  née  Je 
la  Médecine  ,  &  qu'elle  ne  fe  foit  inlinuée  dans  les 
efprits  fous  prétexte  de  donner  de*  remèdes  plus  efli- 
caces  que  les  communs.  A  ces  douces  promeires, 
elle  ajouta  ce  que  la  Religion  a  de  fplendeur  &  d'au- 
torité J  pour  aveugler  Se  captiver  le  genre  humain  y 
elle  y  mêla  enfuite  l'Aftrologie  judiciaire ,  faifant 
croire  aux  hommes  curieux  de  l'avenir ,  qu'elle 
voyoit  dans  le  ciel  tout  ce  qui  devoit  arriver.  On 
prétend  que  cette  fcience  eft  vaine  &  chimérique  , 
&  que  le  Démon  n'intervient  point  dans  les  opé- 
rations que  l'on  attribue  à  cette  fcience.  Du  moins 
l'on  ne  fait  pas  trop  bien  en  quoi  confiftoit  l'art 
des  Magiciens  dont  parlent  les  Anciens,  Se  fur- tout 
les  Livres  facrés.  On  comprend  feulement  qu'ils 
avoient  bien  étudie  la  nature ,  qu'ils  s'attachoient 
à  obferver  le  cours  des  étoiles ,  &  qu'ils  étoient  pro- 
fonds dans  la  Mythologie.  Mais  de  favolr  comment 
ils  faifoient  des  prodiges ,  Se  en  particulier  comment 
les  Magiciens  de  Pharaon  imitèrent  les  miracles  de 


720  M  A  G 

Moyrc ,  fi  c'étoit  par  illufion  ,  par  fupcrchciie ,  ou 
par  le  fecours  du  Démon,  c'eft  de  quoi  on  ne  con- 
vient pas.  Bien  des  gens  croient  que  le  Démon  n'a- 
voit  nulle  part  aux  prodiges  par  Icfqucls  ils  trom- 
pèrent Pharaon  ,  &  que  ce  n'étoient  que  des  pref- 
tiges  ,  &  de  pures  fourberies  ,  par  lelqudles  ils 
éblouirent  les  Ipedateurs,  Mais  le  léns  littéral  du 
texte,  &  la  nature  des  faits,  nous  portent  à  croire 
que  c'étoient  de  vrais  miracles ,  &  des  opérations 
fort  au-deflus  des  forces  humaines.  Scot ,  Anglois  , 
a  écrit  exprès  pour  prouver  que  tous  les  effets  qu'on 
attribue  à  la  nuigie  font  des  illufions  ,  &  que  les 
enchantemens  des  Magiciens  ne  font  autre  choie  que 
des  fubtilités ,  &  des  fraudes  pour  tromper  le  Vul- 
gaire ignorant  &  fuperftitieux.  Le  Roi  Jacques  I. 
dans  fa  Démonologic ,  répondit  à  Scot  fon  fujct. 
Les  Théologiens  foutiennent  aulli  les  opérations  de 
la  magie  par  l'entremife  des  Démojis.  On_  préteud 
même  que  les  Magiciens  exercent  une  clpècc  de 
commandement  fur  les  Démons  qu'ils  évoquent  j  & 
qu'ils  peuvent  forcer  toute  la  nature  à  leur  obéir. 
Lucain  en  parle  fur  ce  pied  :  Brébeuf  lui  fait  dire  qu'ils 

Savent:  mieux  nos  dejlins  que  les  dieux  qui  les  font. 
L'Univers  les  redoute  &  leur  force  inconnue 
S'élève  impudemment  au-dejjus  de  la  nue. 
La  nature  obéit  à  leurs  imprejjîons  ; 
Le  foleil  étonné  fent  mourir  fes  rayons  : 
Sans  l'ordre  de  ce  dieu  qui  porte  le  tonnerre  y 
Le  ciel  armé  d'éclairs  tonne  contre  la  terre  : 
L'hiver  le  plus  farouche  ejl  fertile  en  moijjons  , 
Les  flammes  de  l'été  produifent  des  glaçons  , 
Et  la  lune   arrachée  a  fon  trône  fuperbe  , 
Tremblante  &  fans  couleur,  vient  écumerfur  l'herbe. 
Quel  foin  aux  Immortels ,  quels  pénibles  devoirs  , 
D'aJJervir  leur  concours  aux  forfaits  les  plus  noirs  !dcc. 

Les  Magiciens  fe  fervoicnt  d'herbes  particulières 
auxquelles  ils  attribuoient  des  qualités  extraordinaires. 

Et  dont  le  fuc  infpire  au  charme  impérieux  , 
L'infaillible  pouvoir  de  contraindre  les  dieux.  Id. 

Agrippa  divife  la  magie  en  trois  elpèces  ,1a  magie 
naturelle  ,  naturalis  ;  la  magie  célelle ,  cxlcftialis , 
comme  parle  cet  Auteur  ;  &  la  magie  cérémoniaie  , 
ou  lupcrintieule  cxrenionialis.  La  magie  naturelle 
n'eft  autre  chofe  que  l'application  des  caufes  natu- 
relles actives  aux  caules  pallîves  par  le  moyen  def- 
quelles  on  produit  des  eftets  furprenans ,  mais  natu- 
rels. C'cft  l'étude  même  de  la  Nature  j  &  les  fe- 
crets  admirables  qu'on  y  découvre.  Agrippa  même 
dans  fa  Magie  Naturelle  ,  ne  raiionne  pas  en  Philo- 
fophe.  La  magie  célelle  tient  beaucoup  de  l'Aftrolo- 
gie  judiciaire;  elle  attribue  à  des  efprits  une  certaine 
domination  fur  les  planètes,  6c  aux  planètes  fur  les 
hommes  j  &  fur  ces  fondemens  elle  bâtit  un  fyftême 
ridicule.  La  magie  fuperftitieufc  confîfte  dans  l'in- 
vocation des  démons,  &:  elle  produit  des  effets  or- 
dinairement mauvais  &  nuifibles ,  qui  palîent  les 
forces  de  la  nature  en  vertu  d'un  padte  exprès , 
ou  tacite  ,  avec  ces  efprits  malheureux  ;  mais  ils 
n'ont  pas  toute  la  puilfance  qu'on  s'imagine  ,  &  ils 
■  ne  font  pas  tout  ce  que  le  peuple  leur  attribue.  }ci.\\- 
Baptifte  Porta  a  écrit  de  la  magie  naturelle ,  des  fe- 
crets  pour  faire  des  chofes  qui  font  produites  ex- 
traordinaircment  par  des  caufes  naturelles.  La  ma^ie 
naturelle  des  Chaldéens  n'étoit  autre  chofe  que  la 
connoillànce  des  fimples ,  &  de  la  pui'Jânce  des 
minéraux.  La  magie  qu'ils  appeloient  Théurgique  , 
confiftoit  uniquement  dans  la  connoillànce  des  cé- 
rémonies qu'il  falloit  oblerver  dans  le  culte  des 
dieux  pour  leur  être  agréable.  Ils  croyoient  par  le 
moyen  de  ces  cérémonies  ,  pouvoir  s'entretenir  avec 
les  intelligences  céleftes  ,  &  guérir  par-là  les  mala- 
dies. La  magie  Théurgique  ,  félon  quelques  uns  , 
etoit  un  art  divin  ,  qui  n'avoit  pour  but  que  de  per- 
•  feâionner  l'cfprit  ,  &  de  rendre  l'ame  plus  pure. 
L'appareil  de  cette  magie  étoit  conforme  à  la  grande 
idée  qu'on  en  avoit.  Au  contraire  la  magie  C-jcri- 
que  étoit  un  art  détcftable  où  l'on  n'avoic  commerce 


M'A  G 

qu'avec  les  mauvais  démons  j  qui  ne  tendoit  qu'à 
nuire  tk  à  porter  au  crime.  Elle  ne  faifoit  fes  opéra- 
tions que  dans  dei  lieux  iouterrains.  Il  falloir  des 
viélimes  noires  ,  &  des  oilemens  de  morts.  Il  fal- 
loit  même  quelquefois  égorger  des  entans.  On  y 
ajoutoit  des  paroles  :  &  li  les  paroles  ne  luffifoient 
pas ,  on  avoit  recours  aux  herbes  ;  &  toutes  les  cé- 
rémonies étoient  fi  compliquées,  qu'il  étoit  difficile 
de  n'en  pas  omettre  quelqu'une  d'clîeniielle  :  ce  qui 
faifoit  échouer  toute  l'opération.  Naudé  a  fait  une 
Apologie  pour  tous  les  grands  hommes  foupçonnés 
de  magie.  Mascur. 

^fs"  Le  peuple  a  toujours  cru  ,  &  croit  encore  à  la 
magie  ;  la  Religion  condamne  cet  art  déteftable, 
également  illufoire  ^  mépàCable  ;  la  Politique  le 
fuppofe  ;  la  Philofophie  s'en  moque. 

^fj"  La  Magie  Bianche  ,  eft  la  même  chofe  que  la 
Magie  Naturelle.  C'eft  un  art  qui  par  des  opé- 
rations inconnues  au  vulgaire  ,  produit  des  eftets 
merveilleux ,  6c  qui  paroiilènt  au  dellus  des  forces 
humaines. 

Magie  Noire,  eft  un  art  déteftable,  qui  apprend  à 
invoquer  les  démons  ,  en  conléquence  d'un  pade 
avec  euXj  &  à  le  fervir  de  leur  miniftère  pour  faire 
des  choies  au-deftus  des  forces  de  la  nature.  Le  Pjpe 
Sylvcftre  II.  en  1202.  fut  accufé  de  magie,  dont 
il  ell  juftifié  par  Bzovius  :  c'eft  parce  qu'il  iàvoit  les 
Mathématiques. 

^fT  Le  terme  de  magii  eft  quelquefois  employé  au 
moral.  On  dit  d'une  chofe  où  l'on  ne  comprend 
rien,  que  c'eft  de  Xz  magie  noire.  Res  abjirufa.  On 
dit  d'une  -chofe  facile  à  faire  ,  que  ce  ii'cft  pas 
la  magie  noire.  Cela  eft  du  ftyle  familier. 

§3"  Il  eft  aulli  employé  comme  lynonyme  d'Enchante- 
ment pour  exprimer  l'illufion  des  iens  qui  naît  des 
arts  d'imitation.  C'eft  ainh  qu'on  dit  la  magie  de  la 
couleur,  la  m.agie  du  clair-obfcur. 

§3"  On  dit  de  même  la  magie  du  ftyle  ,  la  magie  de 
la  Poëlîe  ,  pour  marquer  l'illufion  qui  en  réfulte. 

MAGIQUE,  adj.  m.  &  f.  Qui  fe  fait  par  la  magie  na- 
turelle ,  ou  la  magie  noire.  Magicus.  La  lanterne 
magique  eft  une  invention  d'Optique  ,  qui  fait  pa- 
roitre  contre  une  muraille  toutes  fortes  de  Ipedrcs 
&  de  figures  ,  par  le  moyen  de  plulicurs  verres  di- 
verlemcnt  colorés,  à  travers  lelquels  palîe  la  lu- 
mière d'une  lampe  réHéchie  par  un  miroir  concave. 
J^oyei  Lanterne.  L'Art  magique  où  l'on  invoque 
les  démons  eft  détefté  par  tous  les  peuples.  Caradè» 
res  magiques.  Paroles  magiques.  Agrippa  dit  que  les 
paroles  magiques  ,  dont  ceux  qui  ont  fait  pade  avec 
le  démon  fe  lervent  pour  l'invoquer  ,  &  pour  réuf 
fir  dans  ce  qu'ils  entreprennent  ,  font  Dies , 
mies ,  jefquet  ,  benedoefet  ;  douvima  enitemaiis.  Il 
y  a  encore  cent  autres  formules  luperftitieufes  &c 
ridicules  compofées  de  mots  faits  à  plaifir  ,  ou  tirés 
de  différentes  langues  j  ou  pris  de  l'Hébreu  ,  ou 
formés  à  la  reilemblance  des  mots  Hébreux.  H  y 
a  aulll  un  problême  en  Arithmétique  qu'on  ap- 
pelle le  Carré  magique.  M.  Preftet  en  a  parlé  fort 
au  long  dans  la  féconde  édition.  J^oye\  Carré. 

MAGIQ.UE  ,  s'emploie  auiîî  figurément  pour  fignifîer 
tout  ce  qui  a  quelque  charme ,  quelque  force  fe- 
crète.  Les  yeux  ont  un  fecret  magique  pour  gagner 
les  cœurs.  Voit. 

MAGISME.  f.  m.  Ancienne  Religion  des  Mages  de 
Perfe.  Antiqua  Magorum  apud  Pcrfas  Religio. 
D'Herbclot  s'eft  iervi  de  ce  mot  dans  fa  Bibliothè- 
que Orientale  ,  p.  243.  Les  Orientaux  ne  font  pas 
d'accord  fur  la  Religion  de  Caiumarath  ,  premier 
Roi  de  Perfe  ,  que  quelques  Hiltoriens  de  cette  na- 
tion croient  avoir  été  le  premier  Roi  du  monde,  & 
le  même  que  l'Adam  des  Hébreux  ■■,  car  quelques- 
.  uns  veulent  qu'il  ait  cmbrallé  la  religion  des  Patriar- 
ches Seth  &  Enoch  -,  mais  les  autres  le  font  auteur 
du  Magifme  -y  c'eft  à  dire  ,  de  l'ancienne  Religion 
des  Mages  de  Perle  qui  font  les  adorateurs  du  Fca  , 
laquelle  Zoroaftre  rétablit  après  quelques  ficelés. 
D'Herb.  On  fe  fert  aujourd'hui  volontiers  du  mot 
Magifme.  L'Auteur  des  Lettres  Perfannes  dit  égale- 
ment: 


M  A  G 

lïient  :  Tranfportez  vous  dans  ces  ilcclcs   reculés, 

roue  vous  parlera  du  Magïfmc ,  ik  rien  de  la  fedtc 

Mahomctane. 
MAGISTER.  L  m.  Maître   d'Ecole  de  village,   qui 

enfcigne  à  lire  aux  jeunes  jjaylàns.  Il  aide  aulli  à  faire 
■    rOiîice  au  Curé  Se  au  Vicaire.    Magijîer  paganus. 
Ce  mot  cft  pur  Latin  ,  tV  s'applique  aulli  quelque- 
fois à  toutes  fortes  de  Péd.ms. 
MAGISTÈRE,  f.  m.  Dignité  du  Grand-Maître  de  Mal 
te  ,  Magïftenum.   Il  afpire  au  Magijière.   Il  fc   dit 
audî  du  temps  du  gouvernanent.  Pendant  \t  Magif- 
tire  d'un  tel. 
Magistère,  f.  m.  Terme  de  Chimie  &  de  Pharma- 
cie. C'eft  un  précipité  de  quelque  dillolution ,  fait 
par  un  fel  ,  ou  par  quelque  autre   corps  qui  rompt 
la  force  du  dilïblvant  :  poudre  médicinale  très  fine , 
faite  par  l'opération  de  Chimie  appelée  Précipita- 
tion.   Magifterium.    M.   Harris  dans  Ion  Traité  de 
Morbis  acutis  infantum  ,  réprouve  les  magijlères  de 
perles  ,  &    de  pierres   précieufes    pour  les  enfans. 
On  fait  des  magijièr^s  d'étain  ,  de  plomb  ,  de  tartre  , 
de  perles ,  de  coraux  ,  de  jalap  ,  d'agaric  ,  de  turbit, 
&c.  Par  ce  mot  on  a  voulu  entendre  une  chofe  fort 
exquife. 
MAGISTRAL  ,  ALE.    adj.   Qui  tient  du  Maître.  Im- 
periofus.  Cet  homme  a  une  mine  magijlrale;  iXcaxlti 
d'un  ton  magijlral.  IJCT  Ce  terme  convient  particu- 
lièrement à   celui   qui    parle    comme    ayant    droit 
d'enfeigner.  Un  de  nos  Poètes  a  dit  de  Juvenal  : 

"  Avec  fon  tonaïgre  &  mordant , 

Ses  bruyants  éclats  de  paroles  , 
Son  air  magiftral  6"  pédant  j 
Ses  emphafes  ,  /es  hypierboles.  P.  Du  Cer. 

Dans  l'Ordre  de  Malte,  on  appelle  Commande- 
.  ries  Maglflrales ,  celles  qui  font  annexées  à  la  dignité 
.  de  Giand-Maître.  Il  y  en  a  une  dans  chaque  Grand- 
Prieuré  ;  favoir ,  au  Prieuré  de  S.  Gilles  ,  la  Com- 
mandcrie  de  Pézénas  -,  au  Prieuré  de  Touloule ,  la 
Commanderie  de  Puy  -  Soubran  ;  au  Prieuré  d'Au- 
vergne ,  la  Commanderie  de  Salins  ;  au  Prieuré  de 
f  rance  ,  la  Commanderie  de  Haynaut  ;  au  Prieuré 
d'Aquitaine  ,  la  Commanderie  du  Temple  de  la  Ro- 
chelle ;  au  Prieuré  de  Champagne  ,  la  Comman- 
derie de  Mets  ;  au  Prieuré  de  Lombardie ,  la  Com- 
manderie d'Inverno-,  au  prieuré  de  Rome  j  la  Com- 
manderie de  Muguano  \  au  Prieuré  de  Venife  ,  la 
Commanderie  de  Trécufo;  au  Prieuré  de  Pife,  la 
Commanderie  de  Prato  -,  au  Prieuré  de  Barlette  ,  la 
Commanderie  de  Brindes  -,  au  Prieuré  de  MelUne  , 
la  Commanderie  de  PoUezzi  ;  au  Prieuré  de  Cata- 
logne ,  la  Commanderie  de  Mafden  ■■,  au  Prieuré  de 
l^avarre  ,  la  Commanderie  de  Cal  chetas  j  en  la 
Châtellenie  d'Empofie  ,  la  Commanderie  d'Aliaga  ; 
au  Prieuré  de  Caftille  ,  les  Commanderies  d'Olmos 
&  de  Vifo  ;  au  Prieuré  de  Portugal ,  la  Commande- 
rie de  Villacova  \  au  Prieuré  d'Allemagne  ,  la  Com- 
manderie de  Buez  ;  au  Prieuré  de  Bohême  ,  la  Com- 
manderie de  Wadillaw  ;  au  Prieuré  d'Angleterre  ,  la 
Commanderie  de  Pefccns  ;  au  Prieuré  d'Hibernie  , 
les  Commanderies  de  Kilbary  ^  de  Killurye  &  de 
Ciobe  ,  &  la  Commanderie  de  Sinica  au  Royaume 
de   Chypre.  P.  Hélyot  ,  Ri[l.  des  Ordres    Relig. 

T.  III,  en. 

Magistral.  Terme  de  Médecine.  Extemporaneus. 
Nom  qu'on  donne  aux  médicamens  compofés  qui 
s'ordonnent  fur  le  champ  par  les  Médecins  j  à  la 
diliércnce  de  ceux  qui  fe  tiennent  dans  les  boutiques , 
&  qu'on  appelle  compofitions  officinales.  Col.  de 
ViLLARs.  Potion  J  compofition  magijlrale.  Sirop 
magijlral. 

On  appelle  en  quelques  Eglifes  Cathédrales ,  Pré- 
bende magijlrale  ,  Prébende  qui  dans  d'autres  s'ap- 
pelle ,  Préceptoriale.  Acad.  Fr  . 

Magistral.  Terme  de  Génie.    Les  Ingénieurs  appel- 
lent ligne  magijlrale  ,  le  principal  trait  qu'ils  tracent 
furleterrcinoufur  le  papier,  pour  repréfenter  ico- 
Tome  V, 


M  A  G  721 

nographiquement  le  plan  d'une  ville  ,  d'une  fortifi- 
^    cation. 

MAGISTRALEMENT,  adv.  d'une  manière  inagiftralc. 
Superbiàs  ,  dej'poticè.  Cet  homme  commande  ma- 
gijlralemertt  ,  &  avec  autorité.  Quand  on  atfeftc 
une  fois  de  faire  l'impie  ,  on  nie  hardiment  les  chofes 
les  plus  claires  J  &c  on  allure  fièrement  j  magiflra- 
Icment  ,  celles  qui  font  les  plus  éloignées  de  la 
vérité.  Le  P.  Mal. 

gcr  MAGISTPAT.  f.  m.  Magijlratus.  Officier  établi 
pour  rendre  la  Juftice,  &  pour  maintenir  la  Police. 
Ce  nom  fc  donnoit  autrefois  à  tous  ceux  qui  étoienc 
revêtus  de  quelque  portion  de  la  puiilànce  publi- 
que. Aujourd'hui  il  ne  fe  dit  que  des  grands  Offi- 
ciers ,  de  ceux  qui  tiennent  un  rang  difUngué  dans 
l'adminiftration  de  la  Juftice.  Magijlrat  intègre, 
incorruptible.  I-e  Magiftrat  doit  garder  une  honnête 
gravité  ,  &  ne  jamais  ravaler  fon  caraAère  ,  pour  faire 
refpedter  en  lui  la  perfonne  du  Prince  qui  lui  a 
confié  une  partie  de  fon  autorité.  S.  EvR.  V.  Juge. 

L'argent  feul  au  Palais  peut  faire  un  Magiftrat.  Bon, 

Magistrat  ,  fe  dit  auili  colUeftivement  de  ceux  qui 
ont  le  foin  de  la  Police ,  ou  du  gouvernement  de 
la  ville ,  ou  de  la  République.  Magijlratus.  Il  faut 
s'adrefTer  au  Magijlrat  ;  c'eft-à-dire,  à  la  Juftice. 
Dans  les  féditions  populaires  ,  le  Magijlrat  n'eft 
plus  reipefté.  Le  Magijlrat  de  Cologne ,  de  Liège  , 
des  villes  Impériales ,  a  le  commandement  &  le 
gouvernement  de  la  ville. 

Chez  les  Romains  il  y  avoir  de  Magijlrats  ordi- 
naires, Magijlratus  ordinarti  ;  &c  des  Magijlrats 
extraordinaires  ,  Magijlratus  extraordmarii.  Les  Ma- 
gijlrats ordinaires  étoient  ceux  qui  étoient  établis  dans 
tous  les  temps  pour  le  gouvernement  de  la  Républi- 
que. La  Police* des  villes,  &c.  comme  les  Confuls, 
les  Préteurs  J  les  Tribuns ,  «S-c.  Les  Magijlrats  extra- 
ordinaires n'étoient  établis  qu'en  cenains  temps  ,  &c 
pour  les  befoins  extraordinaires  ,  tels  étoient  le  Dic- 
tateur ,  le  Préfet  de  l'annonc ,  &c.  Les  Grands  Ma' 
gijlrats ,  majores  ,  étoient  ceux  qui  avoient  un  ample 
pouvoir  &c  une  jurifdiftion  fort  étendue  ;  ils  pou- 
voient  faire  mettre  en  prifon  les  citoyens  :  c'étoicnc 
les  Confuls ,  les  Préteurs  ,  les  Cenfeurs.  Les  moin- 
dres ,  ou  les  petits  Magijlrats ,  minores ,  n'avoient 
qu'une  adminiftration  particulière  &  moins  confi- 
dérable  ,  une  jurifdiftion  bornée  ,  &  un  pouvoir 
moins  étendu ,  comme  les  Ediles  ,  les  Tribuns  des 
deniers  publics ,  les  Quefteurs  j  &c. 

MAGISTRATURE,  f.  f.  La  charge  ,  dignité  de  Ma- 
giftrats  ,  &  le  temps  qu'on  l'exerce.  Magijlratus. 
Les  Magiftrats  doivent  être  en  habit  convenable  à 
leur  dignité  ,  quand  ils  font  dans  la  fondion  de  leur 
Magijlrature.  La  Maqijlrature  n'eft  que  trop  fou- 
vent  un  titre  d'oifiveté  qu'on  n'achettc  que  par  hon- 
neur &C  qu'on  n'exerce  que  par  bienféance.  Fl.  Les 
Tribunaux  font  peuplés  d'hommes  qui  fe  précipitent 
dans  la  Magijlrature ,  &  qui  fe  font  interprètes  des 
loix  fans  les  entendre.  Tour.  On  brigue  la  Magif- 
trature  par  ambition ,  Se  non  point  pour  en  bien 
remplir  les  devoirs.  La  Pl.  Vieillir  dans  la  Magif- 
trature  avec  éclat.  Pat.  Les  Magiftrats  Romains  pen- 
dant le  temps  de  leur  Magijlrature ,  ne  pouvoient 
faire  d'acquifitions  dans  la  Province  où  ils  comman- 
doient. 

IP"  C'eft  auflî  un  terme  coUeftif  j  qui  défignc  tous  les 
Magiftrats  d'un  Etat. 

MAGISTRIEN  ,  ou  MAGISTÉRIEN.  f.  m.  Nom  d'un 
ancien  Office  à  la  Cour  des  Empereurs  de  Conftan- 
tinople.  Magijlrianus.  On  nommoit  Magijlriens  , 
c'eft  à  dire  , "officier  du  Maître  des  Offices,  ceux 
que  l'on  nommoit  autrement  Agens  de  l'Empereur. 
Fleury.  Le  P.  Rofweid  ,  Jéfuite  ,  dans  fon  Ono- 
mafticon  ,  dit  que  c'étoient  des  Officiers  des  troupes 
de  la  Garde  de  l'Empereur  j  qu'on  les  trouve  quel- 
quefois nommés  Cajlrenfes ,  ou  Cajlrenjîens  ,  Caf- 
triani ,  Cajlrenfiani  ;  que  cependant  le  Code  Jufti- 
nien  diftingue  ces  deux  Offices ,  qui  étoienc  l'un  & 
l'autre  fous  le  Maître  des  O^ces, 

Yyyy 


722,  M  A  G 

Il  y  avoir  aufll  des  Magi/Iériens  dans  l'Eglife  , 
qu'on  appeloit  auffi  Canijhiens  j  de  canïjtrum  ,  ui^ 
corbeille.  Voy.  Suidas  &c  Meurdus ,  Diction.  Gracob. 
£';  Du  Cange. 

JklAGUANO.  Nom  de  plufieurs  lieux  ,  en  Italie.  Man- 
liana  ,  Manlïanum.  Un  bourg  en  Tolcane ,  à  quatre 
lieues  d'Orbitelle  ,  vers  le  nord.  Un  autre  dans  le 
Patrimoine  de  S.  Pierre  ,  près  du  Tibre  ,  à  deux  Iicues 
au  dell'us  de  Rome.  Un  rroifième  dans  l'Abrulle  ul- 
térieure ,  au  nord  du  lac  Célano  ,  &  à  deux  lieues  de 
la  ville  de  ce  nom.  Une  petite  ville  dans  la  Terre-Sa- 
bine près  du  Tibre ,  vis-à-vis  de  Città  Caftellana. 
Cette  ville  a  un  Evcché  duquel  dépend  toute  la  Terre 
Sabine  ,  &  qui  efl:  toujours polîédé  par  un  desfix  plus 
anciens  Cardinaux. 

M  AGLOIRE.  r.  m.  Nom  d'homme.  Maglonus.  S.  Ma- 
gloire  étoit  du  pays  de  Galles  dans  la  Grande-Bre- 
tagne. Il  aiaquit  vers  la  Hn  du  V*  liècle.  Il  fut  Abbé 
de  Dol ,  &  Evcque  régionaire  en  Bretagne.  Il  mou- 
rut en  j7  j.  A  Paris ,  S.  Magloire  efl:  une  Mailon  Se 
un  Séminaire  gouverne  par  les  Pères  de  l'Oratoire , 
qui  a  pris  fon  nom  des  Reliques  de  ce  Saint ,  qui  au 
temps  des  incurlions  des  Normans  fous  Charles  le 
Chauve  ,  fijrent  apportées  à  Paris ,  &  inifes  dans 
■une  chapelle  du  Palais ,  qui  étoit  où  elt  aujourd'hui 
l'Eglife  paroillîale  de  S.  Barthelemi ,  auprès  de  la- 
quelle Hugues  le  Grand  Comte  de  Pans ,  fonda  un 
Monallère  de  Bénédidlins  fous  le  titre  de  S.  Ma- 
gloire. Us  fe  tranfportèrent  enfuite  dans  la  rue  S. 
Denis  ,  &  enfuite  au  faubourg  S.  Jacques  ,  &c  gar- 
dèrent toujours  leur  nom  ,  avec  les  Reliques  de  S.  Ma- 
gloire. En  i6i8.ils  cédèrent  cette  Maifonaux  Pères 
de  l'Oratoire. 

MAGMA  ,  f.  m.  Terme  de  Chimie.  C'eft:  la  partie  la 
plus  épaiife,  où  la  réfidence  d'une  matière  Uquide 
qui  a  été  exprimée.C'ell:  ce  qu'on  appelle  vulgairement 
marc.  Il  y  a  des  trochifques  qui  entrent  dans  la  thé- 

I    riaque  ,  lefquels  on  appelle  magma  hedychoon  ,  c'eft- 

j    â-dire,  pâte  de  belle  couleur,  à  caufe  du  lafran  qui 

[  y  entre.  Ce  mot  vient  du  verbe  Grec  /^ax-a  j'e.x- 
prime. 

MAGNAN,  f.  m.  Cefl:  le  nom  qu'on  donne  aux  Chau- 
dronniers enplulieurs  provinces,  parce  qu'ils  crient 
dans  les  rues  magnan ,  magnan. 

En  province ,  on  nomme  les  vers  à  foie  des 
magnons  ,  &  les  femmes  fe  demandent  les  unes  aux 
autres ,  comment  vont  vos  magnans  ?  Que  font  vos 
magnanst  Mes  magnans  montent.  Et  on  dit  en  pro- 
verbe j  d'un  homme  qui  n'a  pu  exécuter  un  delléin  , 
oii  qui  efl  mort  fans  avoir  pu  achever  un  ouvrage 
qu'il  compofoit ,  qu'il  efl:  mort  la  graine  dans  le 
ventre  ,    comme  les    magnans. 

Il  faut  mouiller  le  gn  en  ce  mot ,  &  en  tous  les 
fuivans  ,  excepté  en  ceux  où  nous  marquerons  qu'il 
ne  le  faut  point  faire. 

MAGNANIME,  adj.  m.  &  f.  Ce  mot  vieillifl'oit  du 
temps  de  Vaugclas ,  dont  il  avoit  uia  extrême  regret; 
mais  il  s'eft  rétabli.  Magnanimus  ,  magni  animi  vir. 
Il  lignifie  ,  Qui  a  une  grandeur  d'amc  &  de  courage  j 
qui  l'élève  au-delhjs  du  commun  des  hommes.  Il 
lignifie  beaucoup  plus  que  brave  &  vaillant.  Le  ma- 
gnanime ed  orné  de  toutes  les  vertus ,  &c  les  exerce 
d'une  manière  fublime.  M.  Es  p.  Les  aétions  fortes 
&  réfolues  donnent  de  l'admiration ,  parce  qu'elles 
relfemblent  aux  actions  magnanimes.  Il  ne  faut  pas 
-être  orgueilleux  en  prétendant  être  magnanime.  S. 
EvR.  On  le  fait  aufli  lubftantif.  Le  magnanime  ne 
fe  rebute  point  pour  les  difticultés.  Le  magnanime  a 
toujours  le  cœur  au  delfus  de  fr  fortune.  Bouh.  Une 
des  plus  elfentielles  marques  du  magnanime  ,  efl  une 
certaine  confiance  au-dellus  de  la  railon  ,  qui  lui 
fait  entreprendre  les  chofes  les  plus  difficiles  ,  & 
qui  le  fait  parler  quelquefois  _,  comme  s'il  étoit  sûr 
des  évènemens.  M.  Se.  La  vanité  a  plus  fait  faire  des 
aélions  magnanimes  que  la  vertu.  M.  Es  P.  Ariftote 
A  fait  le  portrait  du  magnanime  j  &  Coftar  a  copié 
Ariftofte.  S.  Evr.  Un  ami  magnanime  ne  change  ja- 
mais avec  la  fortune.  M.  Scud.  On  doit  mettre  au 
rang  des  Héros  ces  hommes  magnanimes ,  qui  (up 


M  A  G 

portent  avec  conflrance  les  plus  grandes  calamités  de 
la  vie.  M.  Esp.  On  ne  regarde  Alexandre  &  Céfar 
comme  des  hommes  magnanimes ,  que  parce  qu'il  y 
a  dans  tous  les  fiècles  des  ambitieux  ,  qui  ont  de  l'ad- 
miration pour  ceux  qui  le  lont  louverainement,  Id. 

...  Il  ejl  bien  dur  pour  un  caur  magnanime. 
D'atcendre  des  fecours  de  ceux  qu'on  méfejlime, 

M.   Voltaire. 

Ce  mot  s'emploie  aufll  quelquefois  en  riant, 
pour  lignifier  un  faux  brave ,  un  fanfaron.  Gloriofus, 
tkrafo. 

Qu'ai-je  fait  à  ce  magnanime. 
Qui  me  regarde  de  travers  f  Gon. 

Ce  mot  vient  du  Latin  magnus  animas  ,  grande 
ame  ,  grand  courage. 

MAGNANIMEMENT,  adv.  D'une  manière  magna- 
nime. Forciter  ,  magno  animo.  Les  Héros  font  toutes 
les  chofes  magnanimement ,  d'une  manière  extraor- 
dinaire. La  femme  de  Sénèque  voulut  partager  avec 
lui  une  mort  magnanimement  foufterte.  M.  Esp. 
L'ufage  de  ce  mot  efl  rare. 

MAGNANIMITÉ , f.  f.  Grandeur,  élévation d'ame ,  & 
de  courage.  Magnanimitas  ,  magnitudo  animi.  La 
magnanimité  efl  la  vertu  des  Héros.  On  ne  peut 
aflez  louer  la  magnanimité  de  cette  Princelle  :  la 
fortune  ne  pouvoit  lien  fur  elle  ;  ni  les  maux  qu'elle 
a  prévus  ,  ni  ceux  qui  l'ont  lurprife  ,  n'ont  point 
abattu  fon  courage.  El.  C'eft  le  caractère  d'une  ame 
forte  que  de  fe  rendre  à  la  vertu ,  &  de  refpeéter 
la  magnanimité  dans  le  malheur.  Mont.  La  ma- 
gnanimité de  Ciceron  ne  plie  ious  aucun  pouvoir  , 
n'efl  furmontée  par  aucune  paflaon  ,  ni  ébranlée  par 
la  mauvaife  fortune  :  elle  relève  les  autres  vertus  : 
elle  leur  fert  d'ornement ,  &  leur  communique  l'é- 
clat &  la  grandeur  qui  lui  font  propres.  La  magnani- 
mité des  Conquérans  n'efl  autre  choie  que  le  fou- 
vcrain  degré  de  l'ambition.  M.  Esp.  La  magnanimité 
eft  un  nom  honnête  qu'on  a  donné  quelquefois  à 
une  fureur  brutale.  Dac. 

MAGNAVACCA.  Nom  d'un  village  avec  un  port  & 
une  tour  fortifiée.  Magnavacca.  Il  eft  dans  le  Fer- 
rarois,à  l'embouchure  du  lac  de  Comachio,  dans 
le  golfe  de  Venife.  On  alhire  que  ce  lieu  eft  celui 
que  Pline  a  nommé  Caprgjia ,  ou  S  agis. 

MAGNE  ,  ou  MAGNÈSE.  f.  f.  Efpèce  de  minéral  qui 
a  quelque  rapport  avec  l'antimoine,    l^oye'^   Ma- 

GALAISE. 

MAGNENCE  ,    ou   MAGNENTIUS  ,  f.    m.    Nom 

d'homme.  Magnentius.  Ne  mouillez  point  le^/z  en 
ce  mot ,  mais  prononcez  -  le  comme  en  Latin.  Ma- 
gnence  ufurpa  l'Empire  vers  le  milieu  du  IV*  fiècle. 
On  ne  connoît  julqu'ici  qu'une  leule  médaille  que 
Mezzarbaba  cite  de  fon  cabinet,  où  Magnencc pone 
le  titre  de  Magnius.  Magn.  Magnentius  Aug.  ) 
(Beatitudo  PuBLicA....  }  Vaincu  en  351  par  Con- 
ftantius  ,  Magnence  fe  retira  à  Aquilée,  &  enfuite 
à  Lyon.  Enfin,  il  devint  furieux,  blelfa  Didier  fon 
frère  ,  tua  fa  mère  Se  quelques-uns  de  ks  amis  ;  Sc 
enfin  fe  tua  lui-même  en  5^3. 

MAGNÉS  ARSENICAL.  Terme  de  Chimie.  Ne  mouil- 
lez point  le  gn.  C'eft  un  mélange  de  parties  égales 
d'arlénic,  de  ioufre  &  d'antimoine,  fondus  enlemble 
fur  le  feu  ,  Si  condenfés  en  forme  de  pierre.  Magnes 
chymicus ,  arfenicalis.  Le  Magnés  arfénical  eft  un 
cauftique  fort  doux  ,  dont  Angélus  Scala  eft  l'auteur. 
On  l'appelle  ainfi  ,  parce  qu'on  peut  le  porter  ,  dit- 
on  ,  comme  un  antidote  pendant  les  maladies  ma- 
lignes ,  &  la  pefte  même  ,  dont  il  préferve  par  une 
propriété  magnétique. 

MAGNESIE  ,  ou  MANISSA.  Nom  d'une  ville  Epif- 
copale  de  la  Natolie  propre.  Magnefia  Lydi£.  Ne 
mouillez  pas  le  gn  dans  Magnéfie.  Elle  eft  (ur  le 
Sarabat ,  à  neuf  lieues  au-deflus  de  la  ville  de  Smyrne, 
dont  fon  Évêché  eft  fuftragant.  Cette  ville  qui  a  été 
quelque  temps  le  iiége  de    l'Empite  Otioraan,    eft 


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M  A  G 


M  A  G 


encore  grande  ,  bien  peuplée  &  riche.  Elle  cil  /îtuée 
fur  un  cminence  ,  commandée  par  une  autre ,  fur 
laquelle  on  a  bâti  une  citadelle.  Les  Chrétiens  y  font 
en  petit  nombre.  Maty. 

MAGNESIE  ,  ou  MANGRÉSIA.  Ville  de  la  Narolie  , 
en  Aiie,  fur  la  rivière  de  Madré  j  environ  à  neuf 
lieues  de  la  ville  d'Ephefe ,  vers  le  levant.  Alagnefia 
ad  Mœandrum.  Cette  ville  cil  encore  conlidérable , 
&  elle  a  un  Evcché  fuftlagant  d'Ephefe.  Maty. 

Magnésie.  La  rivière  de  Ma<;néjla  ,  ou  de  Mangréfie. 
Magncjlus  j  anciennement  Lechétusfluvius.  Petite  ri- 
vière de  la  Natolie.  Elle  baigne  la  ville  de  Mag- 
nélie  ,  &  le  décharge  peu  après  dans  le  Madré. 
Maty. 

MAGNÉSIE  j  f.  f.  Ert  une  pierre  minérale,  follîle  j 
noire ,  op.aqua,,  tirant  de  la  couleur  de  fer  au  pourpre, 
qui  ne  contient  aucun  métal,  mais  un  fouFre  hxe&; 
peu  inHammable.  Magnefius  lapis.  Elle  entre  dans 
la  compolîtion  du  vcrrCj  le  purifie  iv'  le  blanchit  , 
fi  elle  eft  en  petite  quantité  ;  autrement  elle  le  rend 
bleu ,  ou  de  couleur  de  pourpre.  On  donne  aulll 
aux  pots  de  terre  cette  couleur ,  fi  avant  leur  cuite 
on  les  peint  de  cette  magnéjie  dillbute.  C^eft  la 
même  chofe  que  le  faftie.  On  l'appelle  aulfi  Man- 
'  ganèfe  ;  &  chez  les  Artifans ,  Périgueux  ,  parce 
qu'on  l'apporte  du  Périgord.  La  meilleure  vientdc  Pié- 
mont. 

^'  Magnésie  ^  en  Chimie  &c  en  matière  médicale. 
Magnéiie  blanche  ,  autrement  panacée  folutive  _,  pa- 
nacée Angloifej  fécule  alcaline  ,  poudre  du  Comte 
de  Palma  !kc.  C'eft  une  poudre  abforbante  blanche  , 
précipitée  de  l'eau  mère  du  nitre  &  d'un  alcali  fixe. 

Magnésie  Opaline.  Magnefius  opalinus.  Terme  de 
Chimie.  C'ell  une  eipèce  de  foie  d'antimoine  ,  fait 
avec  égales  parties  d'antimoine  ,  de  nitre  &  de  fel 
marin  décrépité. 

On  lui  a  donné  ce  nom ,  pairce  qu'il  a  une  cou- 
leur rouge  qui  approche  de  celle  de  l'opale  ,  &c  une 
figure  de  marcaiîire.  On  l'appelle  aullï  liub'me  d'anti- 
moine. La  magnéjie  opaline  eft  vomitive. 

En  termes  du  grand  Art  j  magnéjie  lignifie  l'ou- 
vrage de  la  pierre  des  Sages  ,  &  le  mercure  philo- 
iophal.  La  magnéjie  compolée  ,  c'eft  le  même  ouvrage 
des  Sages  ;  il  eft  compote  de  corps ,  c'eft  la  terre  fine 
du  foleii  ;  &  d'ame  ,  c'eft  la  teinture  du  foleil 
&  de  la  lune.  Magnéjie  blanche  &  rouge  ,  c'eft  la 
pierre  parfaite  au  blanc  ou  au  rouge. 

MAGNÉSIEN  ,  ENNE  ,  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  la  ville 
de  Magnélie.  Magnefianus.  Ne  mouillez  point  le  gn. 
Il  y  a  une  lettre  de  S.  Ignace  Martyr,  aux  Magnéjiens. 
Il  la  leur  écrivit  de  Smyrne  ,  comme  il  le  marque 
lui  même  à  la  fin ,  lorfqu'on  le  conduifoit  chargé  de 
chaînes  à  Rome ,  pour  y  être  expolé  aux  bêtes  ;  & 
il  l'écrivit  en  reconnoilîance  de  ce  que  Damas ,  Évê- 
que  de  Î4agnéfie  lur  le  Méandre ,  étoit  venu  1:  vi- 
fiter,  accompagné  des  Prêtres  Balîus  ik  Appolloniusj 
&  du  Diacre  Solion  ,  députés  par  leur  Églile.  C'étoit 
l'an  98.  de  Jesus-Christ. 

^3"  MAGNÉTIQUE,  adj.  du  Latin  OTà^^ei  aimant,  fe  dit 
de  ce  qui  appartient  à  l'aimant,  de  ce  qui  y  a  rap- 
port. Alagncticus  Propriété  magnétique.  Fluide  mag- 
nétique. L'aiguille  aimantée  (e  tourne  vers  le  pôle 
par  une  propriété  magnétique,  l^oyei  Aimant. 

^fT  On  prononce  ordinairement  le^dur  ,fans  mouiller 
gn ,  de  même  que  dans  magnétifme. 

MagnÉtiq.ue,  fe  dit  aulfi  par  analogie,  de  ce  qui  a 
quelque  fympathie,  ou  convenance  pour  faire  mou- 
voir un  corps  vers  un  autre  ,  ou  pour  produire  quel- 
que eftet  dont  on  ne  peut  découvrir  la  caufe.  Quel- 
ques uns  ont  penfé  que  les  corps  graves  ne  tendent 
au  centre  de  la  terre  que  par  une  force  magnétique  du 
centre  qui  les  attire  ;  que  les  mouvemens  qu'on  at- 
tribue à  la  terre  fe  font  par  une  force  magnétique. 
Quand    un  Phyficien  ne   peut  rendre   raifon   d'un 
j       phénomène  ,  il  dit  qu'il  eft  produit  par  une  vertu 
I       magnétique  j  ou  fympachique.   Les  Charlatans  ven- 
dent des  remèdes  ,  des  emplâtres  magnétiques  ,   Se 
les  ignorans  croient  qu'il  y  entre  cffeftivement  de 
l'aimant  pilé.  Il  entre  dans  l'emplâtre  Divin. 
Tome  V. 


7^3 


^  Magnétisme  ,  f.  m.  Terme  de  Phyfiquc.  Nom 
générique  qu'on  donne  aux  dift'érentcs  propriétés 
de  l'aimant ,  lavoir  l'attradion  ,  la  direction  &  b 
déclinaifon.  Voye^  ces  mots,  &  le  mot  Aimant. 
Alagnetifnius.  Les  Philofophes  ont  fait  plufieurs 
hypothèfes  ingénicufes..pour  expliquer  les  eifets  du 
magnétifme.  On  ne  (auroit  douter  que  ces  phéno- 
mènes ne  foient  produits  par  une  matière  extrême- 
ment déliée,  &  dirtérente  de  l'air  ,  puifqu'ils arrivent 
également  dans  le  vide.  Mais  quelle  eft  cette  matière. 
Hic  opus ,  hic  labor  ejl.  On  n'a  pas  encore  trouve 
le  mot  de  l'Énigme. 

MAGNÉTISME.  Terme  dont  quelques  Chimiftes  fe 
fervent  pour  lignifier  une  certaine  qualité  qui  fait 
qu'une  choie  lent  en  même  tems  que  l'autre  ,  foit  de 
la  même  manière  ,  foit  d'une  manière  ditlérente, 
Magnetifmus  ,  fympathia.  C'eft  ce  qu'on  appelle  au- 
trement Sympathie.  Le  fondement  du  magnétifme 
confifte ,  à  ce  que  dit  Ettmuler ,  dans  l'archée  ou  ef- 
prit  vital ,  dont  une  portion  étant  détachée  du  corps 
&  attachée  à  un  autre  lujet ,  reçoit  diverfes  altéra- 
tions ,  lur  quoi  elle  forme  diverfes  idées  femblables 
aux  diverles  pallions  de  l'ame.  L'archée  fait  la  même 
chofe  dans  le  tout  que  dans  la  portion ,  &:  prend  di- 
verfes déterminations,  leloii  la  diverlité  des  idées.  Il 
y  a ,  par  exemple ,  dans  l'archée  du  fang  qui  fort  d'une 
plaie,  une  idée  de  hireur  &  d'indignation,  qui,  ve- 
nant à  s'appaifer  par  l'application  de  l'onguent  ma- 
gnétique ,  à  raifon  de  l'ulnée  ou  moulfe  de  crâne  hu- 
main, ou  par  la  poudre  de  fympathie  à  raifon  du 
loufre  anodin  de  vitriol  ^  la  même  idée  s'appaife  pa- 
reillement dans  l'.T.rchée  de  la  partie  blefléc  ,  à  caufe 
du  fymbole  d'unité  qui  eft  entr'eux  ;  d'où  il  arrive  que 
tous  les  lymptômes  qui  proviennent  de  cette  idée  , 
s'arrêtent  d'abord,  &  l'empêchement  n'eft  pas  plutôc 
ôté  J  que  la  partie  eft  guérie.  Ainii  la  même  altération 
que  la  poudre  de  fympathie  donne  à  l'efprit  vital  du 
ûng  forti  de  la  plaie ,  eft  donnée  à  l'efprit  vital  de  la 
partie  diftante  qui  n'efT:  qu'un  ,  &  le  même  efprit.  Ce 
fondement  de  magnétifme  n'eft  pas  fort  folide  ;  & 
cette  idée  de  fureur  &  d' indignation  de  l'archée  ou  ef- 
prit vital ,  de  même  que  le  fymbole  d'unité  qu'il  y  a 
entre  l'archée  du  fang  forti  de  la  plaie  (Se  celui  de  la 
partie  bleifée ,  font  des  termes  quij  en  bonne  Philo- 
fophie  ,  ne  lignifient  abfolument  rien. 

MAGNETTES.  f.  i.  pi.  Toiles  qui  le  fabriquent  en 
Hollande,  &  dans  quelques  provinces  voilines. 

MAGNÈZE  ,  ou  MAGNE,  f  f.  Efpèce  de  minéral. 
Voye^^  Magalaise. 

MAGNI.  Gros  bourg  du  Vexin  François,  dans  le  Gou- 
vernement de  l'Ile  de  France.  Mafgniacum ,  félon 
Fulbert  de  Chartres,  iSc  par  contï^&ion  Magniacum. 
Il  eft  entre  Paris  &  Rouen.  Quelques  Géographes  le 
prennent  pour  l'ancien  Petromantalum  ,  que  d'autres 
mettent  à  Mante.  Sur  cette  ville,  voye^la.  Dejcript. 
Géogr.  &  Hifl.  de  la  Haute-Norm.  Tome  II.  p.  2S g 
&  fuiv. 

MAGNI-SIAH.  Ville  d'Afie,  dans  la  province  de  Se- 
rham,  ou  Sarouskanj  au  pied  d'une  montagne. 

MAGNIE.  f  f  Vieux  mot.  Mélange  de  gens.  Plufieurs 
perfonnes  enfemble. 

M^4GNIFIC^'JT.  Terme  de  Bréviaire.  Cantique  de  la 
Vierge  qu'on  chante  àl'Eglife,  à  vêpres  &:  au  falur. 
De  dix  cantiques  que  l'on  récite  à  l'office,  il  y  en  a 
fept  de  l'ancien  teftamenr  que  l'on  a  diftribués  dans 
l'office  des  fept  jours  de  la  femaine.  Les  trois  autres 
font  du  nouveau  Teftamcnt.  Le  premier  eft  le  m,agni- 
ficat  qui  fe  dit  à  vêpres,  comme  à_  la  première  & 
principale  partie  de  l'office.  Benzo,  fur  le  Magnificat 
C.  XX.  L.  I. 

Seul  à  Magnificat  f  me  vois  encenfé.  Boil. 

On  dit  proverbialement ,  corriger  magnificat  à  ma- 
tines, pour  dire,  faire  des  ccrreélions  &:  des  cenfu- 
res  en  des  lieux  ou  en  des  tems  où  il  n'y  a  pas  raifon 
de  les  faire.  Il  feroir  à  fouhaiter  que  par  tout  ou  le 
fensdes  A.uteurs  eft  clair  &  net,  Mefheurs  les  Criti- 
ques lie  s'efforçalfent  pojnt  de  le  rendre  encore  meil- 

Yyyy  i; 


pas  fi 


724  M  A  G 

leur,  ou  plus  intelligible,  ils  ne  coiTigcroicnt  pas  u 
l'ouvent  qu'ils  font  may/îijîcac  à  matines.  Mascur. 

On  dit  d'un  homme  alîidu  à  quelque  choie ,  ou 
qui  ne  manque  jamais  à  en  faire  une  autre ,  ou  à  le 
trouver  dans  quelque  lieu,  qu'il  n'y  manque  non  plus 
(Mit  magnificat  à  vêpres. 
3tlÂGNIFICENCE.  f.  f.  Vertu  qui  enfeigne  à  depenlcr 
fon  bien  avec  honneur  &  avec  éclat.  Magnficcntia. 
|p=-C'cll,  dit  Arillote,  un  ulage  bien  entendu  de  (es 
richeiles  dans  les  chofcs  publiques ,  ou  qui  font  un- 
ies,  avantageufes  au  public,  dans  les  préiens,  dans 
les  dons,  dans  les  ouvrages  publics,  dans  les  fpett.i- 
cles,  dans  les  temples.  Ainfi  il  faut  bien  diftinguer  la 
magmficenu  de  la  lihcralïté.  La  libéralité,  dit -il,  ne 
concerne  que  l'ufage  des  dépenfes  ordinaires  &:  mé- 
diocres. La  magnificence,  M  contraire ,  ne  concerne, 
que  les  grandes  dépenfes,  les  dépenfes  extraordinaires 
faites  pour  de  grandes  &  belles  choies.  Les  extrêmes 
de  cette  vertu  font  une  fomptuofité  mal  entendue,  «S: 
une  fordide  mefquinerie.  La  magnificence  eft  quel- 
quefois un  devoir  des  grands,  des  Rois;  elle  n'appar- 
tient pas  à  de  fimples  particuliers;  elle  eft  vicieufe^ 
quand  elle  eft  fans  bornes.  La  Reine  de  Saba  vint  ad- 
mirer la  magnificence  de  Salomon.  La  magnificence 
eft  une  vertu  d'éclat ,  &  qui  doit  fe  montrer  au  grand 
jour.  M.  Se.  La  magnificence  eft  un  fentimcnt  01- 
gueilleux  &  un  défefpôir  de  ne  voir  rien  en  nous- 
même  de  grand  ,  qui  nous  fait  recourir  à  des  fecours 
extérieurs.  M.  Esp.  La  magnificence  des  Grands  n'eft 
qu'une  montre  orgueilleufe  de  leurs  richeiles.  Id. 
On  emprunte  à  pleines  mains  pour  foutenir  le  luxe 
&  la  magnificence ,  qui  feule  eft  honorée.  Fl. 

On  a  donné  autrefois  aux  Rois  le  titre  de  Magni- 
ficence ,  comme  on  leur  donne  aujourd'hui  celui  de 
Majefté. 
^MAGNIFIER,  v.  a.  Vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois  , 
exalter,  élever  la  grandeur.  ExtolUre  ,  celebrare 
magnifiée.  Les  anciennes  verfions  de  la  Bible  por- 
tent :  Mon  amc  magnifie  Dieu  mon  Sauveur, Vaugclas 
regretroic  fort  la  perte  d'un  fi  beau  mot,  d'autant  plus 
que  nous  n'en  avons  point  d'autre  qui  ait  la  même 
force  &■  la  même  fignification.  C'eft  pour  cela  qu'il 
fouhaitoit  qu'on  s'en  fervît  toujours  duis  les  grands 
ouvrages.  On  croit  qu'on  le  peut  employer  encore 
dans  les  Ouvrages  de  dévotion.  L'Académie  l'admet , 
en  dilant  fimplement  qu'il  fe  dit  principalement  de 
Dieu ,  en  y  ajoutant  cet  exemple  :  Mon  ame  magnifie 
le  Seigneur.  Maucroix  n'a  fait  aucune  diificulté  de 
s'en  fervir  dans  (a.  tradudtion  des  Homélies  de  S. 
Chryfoftcime.  On  magnifie  la  puiiFancc  de  Dieu  év" 
la  conftancc  des  Maityrs. 
^MAGNIFIQUE,  adj.  de  t.  g.  fouvent  employé  fubftan 
tivemenr.  Celui  qui  eft  fplendide  ,  qui  fc  plaît  à  don 
lier  &  à  faire  des  dépenfes  éclatantes ,  principalement 
dans  les  choies  publiques.  Magnificus ,  fplendidus. 
C'eft  une  qualité  néceftaire  aux  Princes  que  d'être 
magnifiques.  Le  magnifique  ne  fiit  état  des  richeiïcs 
que  pour  faire  paroitre  la  grandeur  de  fon  ame  &  là 
libéralité ,  en  les  répandant. 

On  le  dit  auffi  des  chofes  qui  ont  de  l'éclat,  dans 
îefquelles  la  magnificence  éclate.  On  a  fait  au  Roi 
une  entrée  magnifique ,  c'eft-à-dire,  qu'on  n'a  rien 
négligé  de  ce  qui  pouvoir  lui  donner  un  grand  éclat. 
Rien  n'a  été  plus  magnifique ,  en  matière  de  bâti- 
mens  ,  que  les  Pyramides  d'Egypte.  Les  Comédiens 
François  font  magnifiques  en  habits.  L'Opéra  a  des 
décorations  magnifiques.  Son  chariot  n'étoit  en  rien 
plus  magnifique  que  les  autres  chariots.  Vaug. 
^3"  On  le  dit  de  même  d'un  feftin  ,  d'un  Palais ,  d'un 
meuble,  d'un  fpedtaclcj  d'un  train  ,  é'c.  Appliauc 
aux  choies  &  aux  perfonncs  ,  ce  mot  défigne  tout  ce 
qui  donne  un  idée  de  grandeur  iSc  d'opulence. 
|(C?  On  dit  auftî  des    titres  magnifiques  ,    pour    dire , 

pompeux,  éclatans. 
1^  En"  marier*  de  Langage,  des  termes  magnifiques  , 
pompeux  &  brillans.  Style  magnifique  ,  plein  de  peu 
(éts  nobles  et  choifies  ;  élevé  &:  fublime.  Eloge 
magnfiqûe  ,  qui  donne  une  haute  idée  de  celui  qui 
le  iajt  ik.  dt  celui  à  qui  U  eft  adrellé. 


M  AG 

On  appelle  ,  promeflcs  magnifiques  ,  de  s  pro- 
melî'es  qui  font  cfpércr  de  grandes  chofes.  Acad.  Fr. 
C'étoit  autrefois  un  titre  d'honneur  que  l'on  don- 
noit  au  Préfet  du  Prétoire  ,  au  Maître  de  la  Milice, 
au  Maître  des  Offices  ,  au  Maître  des  Agens  ,  aux 
Quefteurs ,  ou  Ttéforiers  ,  &  aux  Comtes  des  Do- 
meftiques.  P^oye^  L.  16.  du  QoAe^  ,  de  Tefi.  mil. 
la  dern.  loi.  Et  C.  Ubi  Sen.  L.  33.  C.  de  Appellat.  §. 
adifium.  Dans  l'Authentique,  Ut  divinit  jujf.  Jufti- 
nien  donne  le  titre  de  Tïcs-magnifique  à  un  Enquê- 
teur. Aujourd'hui  dans  quelques  Univerfités  on  ap- 
pelle le  Redeur  ,  Retteur  magnifique  ,  Se  les  Ma- 
giftrats  de  quelques  Républiques  ,  Magnifiques  Sei- 
gneurs. 

MAGNIFIQUEMENT,  adv.  D'une  manière  magnifi- 
que. Magnficè  ,  fplendidè.  Il  eft  vêtu,  meublé  &■ 
logé  magnifiquement.  Il  reçut  magnifiquement  les 
Ambaftadeurs. 

MAGNOAC.  Petit  pays  fur  les  confins  du  pays  d'Aira- 
zac  ,  &  qui  fait  aujourd'hui  partie  de  celui  d'Ar- 
magnac. 

MAGNOLE.  f.  f.  Magnolia.  Plante.  Sa  Fleur  eft  en 
rofe  ,  elle  eft  compofée  de  plufieurs  feuilles  pla- 
cées circulairement  ,  du  cahce  defquelles  s'élève  un 
piftil  qui  dégénère  enfuite  en  un  fruit  conique  Se 
dur,  garni  d'un  grand  nombre  de  tubes  ou  d'émi- 
nences  qui  contiennent  chacun  une  noix  durCj  qui 
venant  à  fortir  ,  demeure  fufpcndue  par  un  long  fil. 

|G°  Cette  plante  a  été  ainfi  nommée  en  l'honneur  de 
M.  Magnole ,  célèbre  Botanifte. 

MAGNUS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Magnus.  Les  habi- 
tans  de  la  Scanie ,  au  pays  de  Schoncn ,  fe  donnè- 
rent à  Magnus  Roi  de  Suède  ,  pour  le  délivrer  de 
plufieurs  petits  tyrans  qui  les  opprimoient.  Fleury. 
Hift.  Eccl.  L.  p^.  Magnus  envoya  au  Pape  Be- 
noît XII.  (en  155S).  le  priant  de  lui  confirmer  la 
pollellion  de  la  Scanie  ,  à  lui  &  à  la  poftérité ,  & 
lui  permettre  de  retirer  encore,  s'il  pouvoit,  d'au- 
tres terres  d'entre  les  mains  des  tyrans.  Id. 

Magnus.  f.  m.  Nom  d'homme.  Magnus.  Un  Traité 
de  Théodulfc  ,  Evêque  d'Orléans  ,  eft  adrellc  à  Ma-' 
gnus  ,  Archevêque  de  Sens  ,  fon  Métropolitain. 
Fleurv. 

Ce  mot  eft  purement  Latin  ,  ôc  fignifie  grand. 
Nous  le  retenons  pour  ce  nom  propre  ;  mais  nous 
le  changeons  dans  la  compofition  en  magne,  &c  nous 
dilons  Châtie  magne ,  en  Latin  Carolus  magnus.       " 

MAGO.  {.  m.  (  L'Académie  dit  MAGOT).  Amas  d'ar- 
gent caché.  Thefaurus  ahfconditus.Ctx.3.\nït  Cïoyoïx. 
avoir  bien  caché  Ion  argent ,  mais  les  Payfans  ont 
trouvé  fon  mago.  Cette  lemme  a  fait  fon  mago  pen- 
dant la  maladie  de  fon  mari.  Ce  mot  s'eft  dit  par 
corruption  de  Mugot ,  qu'on  difoit  autrefois  pour 
fignifier  la  même  choie.  IVL  F^uet  dérive  ce  mot  de 
l'Hébreu  nViia  ,  mcos  j  pecunia  ,  mot  en  ufige  chez 
les  Rabbins.  Il  eft  du  ftyle  très  -  familier  ou  popu- 
laire. 

MAGOG.  f.  m.  Nom  d'homme  ,  et  du  peuple  qui  en 
eft  defcendu  ,  clont  il  eft  fait  mention  dans  l'Ecriture. 
Magog.  Magog  étoit  fils  de  Japheth.  Cen.  X.  2.  /. 
Pural.  I.  f.  Il  paroît  par  E\éch,  XXXVHI.  2.  que 
Magog  &  Gog  font  le  même  pays  ,  le  même  peu- 
ple ^  ou  que  Gog  eft  le  nom  du  pays;  &  Magog  le 
nom  du  peuple  :  Dieu  dilant  au  Prophète  ,  fils  de 
l'homme,  Tourne  ton  vilage  du  côté  de  Gog_,  terre 
de  Magog  ;  c'eft-à  dire  ,  du  peuple  Magog  ;  car  il 
y  a  en  Hébreu  iijan  ,  hammagog  ;  avec  l'article, 
qui  ne  fe  mettroit  point  à  un  nom  propre  d'homme. 
Gog  eft  donc  appelé  Terre  de  Magog.  Et  Saci  a 
mal  fait  de  répéter  deux  fois  vers  ,  vers  Gog ,  vers  , 
la  terre  de  Magog.  Au  verlct  fuivant  il  eft  dit  que  ■ 
Go  ■  eft  le  Prince  de  Roich  ,  deMofoch,  que  quel-  ! 
ques-uns  difent  être  la  Cappadoce  ,  &  de  Thubal, 
que  les  mêmes  prennent  pour  l'Ibéric;  ou  bien  qu'il 
règne  ,  qu'il  commande  au  commencement  de  Mo- 
foch  &  de  Thubal.  Il  eft  allez  mal  nifé  de  détermi- 
ner quel  peuple  c'étoit.  S.  Ambroife  dit  que  Magog 
fut  le  père  des  Goths.  Eusèbe  dit  des  Celtes  &  des 
Galates  ;  Ja  Chroniqucd'Alexandrie  ,  des  Aquitains; 
les  Chaldéens  cioyoient  que  les  Germains  en  croient 


M  A  G 

dcfccndiis;  ce  font  des  T.utaics,  fcloii  les  Auteurs 
Arabes.  Selon  Jofeph  ,  Eullathius ,  S.  Jérôme  & 
Thcodorct ,  ce  font  les  Scythes  ;  Bocliart  embrallc 
ce  dernier  (eutinieiit.  F'oye-^  Ph.ileg.  L.  III ,  c.  i  j. 

MAGOPHONIE.  1^  f.  Nom  d'une  fête  chez  les  anciens 
Pcrits.  Magophonla.  Le  Mage  Smcrdis ,  que  Juftin 
appelle  Grapafta  ,  s'érant  emparé  de  l'Empire  des 
Perles  après  la  mort  de  Cambile  511  ans  avant  J.  C. 
fcpt  Azs  principaux  Sciijneursde  la  Cour  conjurèrent 
pour  kchallerdu  trône.  Ils  exécutèrent  fort  hcureu- 
ïèraent  leur  dellein  ,  &  tuèrent  Smcrdis  Hc  l'on  frè- 
re J  autre  Mage  nommé  Pitizithes ,  cnfuite  le  peu- 
ple fît  main-balFe  fur  tous  les  Mages;  de  forte  qu  il 
n'enfcroit  pas  échappé  un  feu!,  ii  la  nuit  n'étoit  lur 
venue.  Darius  ^  fils  d'Hylbfpc  ,  fut  cnfuite  élu  Roi. 
En  mémoire  de  ce  meurtre  des  Mages,  les  Perfes 
célébroient  tous  les  ans  une  grande  fête  qu'ils  ap- 
^lAo'xtw.  Magophonie  ,  dit  Hérodote,  L.  III  ,c.  jp. 
Ce  mot  vient  de  Mayosj  Mages,  ik.  ^Uk  ,  meurtre. 

MAGOT,  f.  m.  fîgnifîe  un  gros  (ingc.  S'unius  major. 
Les  plus  braves  magots  entrent  à  la  file  dans  le  jar- 
din ,  ik  fontpaifer  les  melons  de  mam  en  main,  &c. 
De  Choisi. 

Magot  ,  fedit  fîgurément  j  &  familièrement  des  hom- 
mes difformes  ,  laids  ,  comme  les  linges.  Monfirum  , 
dijj'ormis.  On  a  marié  cette  iille  à  un  vilain  magot , 
à  un  gros  magot. 

Magot,  fignitie  encore  des  figures  CC?"cn  terre,  en 
cuivre  ,  en  porcelaine  ,  malfaitcs  ,  bizarres  ,  grotef- 
ques  ,  que  nous  croyons  reprelenter  des  Chinois  ou 
des  Indiens.  Magot  de  la  Chine.  Ornemens  précieux 
dans  un  lîècle  entêté  de  tout  ce  qui  s'appelle  colifi- 
chet. On  peur  bien  au  refte  aimer  les  magots ,  quand 
on  a  fu  s'amufer  .avec  des  pantins. 

ft?  Dans  ce  lens  ,  magot  vient  d'imago.  Huet. 

^iCT  Dans  Naudé  ,  Mafc.  Un  ignorant  appelle  les  fla- 
tues  antiques  ,  de  vieux  magots  de  l'Antiquité. 

|K?  Magot.  Argent  caché.  Quelques-uns  écrivent  ma- 
go.   P^oye^  ce  mot. 

île  des  Magots.  Elle  eft  fituée  à  l'embouchure  du 
Forth.  Toute  l'île  n'eft  proprement  qu'un  rocher  j 
au  haut  duquel  efl  le  Château  ,  où  l'on  ne  peut 
monter  qu'avec  le  fccours  d'une  machine,  qui  tire 
en  haut  une  corbeille  ,  où  fe  met  celui  que  l'on  veut 
introduire.  Beaugé  écrit  que  cette  ile  tient  quelque 
chofe  de  ces  lieux  enchantés,  dont  parlent  les  Ro- 
mans. Il  dit  que  la  garnifon  du  château  ,  qui  eft 
ordinairement  de  cent  hommes  ,  ne  vit  que  des 
poilîons  que  jettent  lur  le  bord  certains  oifeaux  , 
qui  relfemblent  à  des  oies  lauvages  ;  &  qu'elle  n'a 
point  d'autre  bois  poux  te  chautter,  que  celui  qu'elle 
tire  de  leurs  nids,  Larrey  traite  tout  ceci  de  fible. 
Il  rapporte  néanmoins  que  la  Hotte  d'Edouard  VI. 
ayant  tenté  de  corrompre  le  Gouverneur,  en  lui 
promettant  autant  d'or  qu'il  en  faudroit  pour  con- 
tenter toute  la  garnifon  ,  il  répondit  avec  autant  de 
générolité  que  d'efprit  ,  qu'une  fi  grande  quantité 
d'or  ne  pourrait  entrer  dans  fa  forterejfe ,  où  il  y 
avait  à  peine  paffdge  pour  les  oifeaux....  que  pour 
lui  &  fa  garnifon  ,  ils  n'avaient  hcfoin  de  rien  ,  6- 
que  les  oifeaux  prenoient  foin  tous  les  jours  de  faire 
leur  provfion. 

MAGRA.  Nom  d'une  rivière  d'Italie.  Macra.  Elle 
prend  ta  (ource  aux  montagnes  de  l'Apennin,  dans 
la  vallée  de  Magra  ,  où  elle  baigne  Pontrcmoli  ;  en- 
fuite  elle  palfe  à  Sarzana  ,  qui  ell  de  l'Etat  de  Gè- 
nes ,  &  te  décharge  peu  après  dans  la  mer  Médi- 
terranée. Maty. 

La  vallée  de  Magra.  l^allis  Macr£.  C'etl  un  petit 
pays  de  la  Tot'cane,  fîtué  vers  les  tources  de  la  ri- 
vière de  Magra  ,  entre  les  Etats  de  Gènes  ,  de  Par- 
me, de  Modène  &  de  Malfa.  Ce  pays  peut  avoir 
onze  lieues  de  longueur,  &  fix  de  largeur.  Il  ap- 
partient au  grand  Duc  de  Tofcane ,  à  la  réferve 
du  petit  Marquifat  de  Fotciinovo,  qui  a  fon  Sou- 
verain particulier  ,  &  de  la  ville  de  Minucciano  , 
avec  deux  ou  trois  villages  voihns  ,  qui  font  à  la 
République  de  Lucques.  Poncremoli  capitale ,  villa- 


M  A  G 


/ 


^S 


Iranca  &:  Ulla  ^  font  les    principaux    lieux    de   ce 
pays.  Maty. 

MAGR ABINES  ,  ou  MAUGUERBINES.  C  f.  pi.  Toiles 
de  lin  qui  fe  fabriquent  en  plulieurs  lieux  d'Egypte, 
6c  qui  fe  vendent  au  Caire. 

MAGRADA.    roye^  Guadilharbar. 

MAGRAN.  Montagne  d'Afrique  au  Royaume  de  Ma- 
roc ,  dans  la  province  de  Tedla ,  les  habitans  fc 
nomment  ordinairement  Maga^oas. 

MAGRI.  Nom  d'une  petite  île"  de  la  nvjr  Méditerra- 
née. Macris.  Elle  elf  au  nord  de  celle  de  Rhodes  , 
fur  la  côte  de  la  Natolic ,  près  de  la  ville  de  la 
Rolla.  Maty. 

MAGRON  ,  ou  MIGRON.  Nom  de  lieu  dans  la 
Terre-Sainte.  Magron ,  Migron.  Ce  lieu  étoit  à 
l'extrémité  de  la  Terre  de  Galaad,  vis  à-vis  de  Mach- 
mas.    If  aie   20  ,    28. 

MAGSTAT.  Nom  d'un  village  ou  bourg  de  la  Lor- 
raine, fîtué  à  quatre  lieues  de  la  ville  de  Sarbruck  , 
du  côté  du  midi.  Quelques  Géographes  prennent 
ce  lieu  pour  l'ancienne  Amagetobriga ,  ville  de  l'E- 
ledorat  de  Maycnce.    Maty. 

MAGUA.  C'eft  le  nom  d'un  des  cinq  Royaumes  qui 
conipofoient  l'île  Efpagnole  ,  lorfque  ChriAophe 
Colomb   en  fît  la  découverte. 

MAGUELONE.  Nom  d'une  ville  de  Languedoc  autre- 
fois Epifcopale.  Magalo  j  Magalona.EWc  étoit  fur  une 
petite  île  dans  le  lac  de  Maguelane.   Les  Sarrazins 
ayant   conquis  l'Efpagne  ,  fe    rendirent    maîtres  de 
cette   ville  l'an    750.   &  delà  ils  entrèrent  dans  la 
France.    Charles  Martel  la  leur  ayant  enlevée  l'an 
755  J   ou  756.  la  fit  démolir,  alin  qu'elle  ne  fcr- 
vit  plus  de  planche  aux  Infidelles.  Son  Evcché   fuc 
tranfporté  à   Sullantion  ,    &c   de -là  à  Montpellier. 
Maty.  Foyei  auiXi  'Valois,  Not.  Gall.  p.   }i2.  Il 
dit  que  Maguclone  a  pris  Ion  nom  de  Magdus ,  fou 
fondateur ,    ou    de    Magdalum ,   nom    d^une  tour  i 
ou  ce  qui  lui  paroît  plus  vrai,  «m»  t. ?^.îj,««5  à>,,i, 
de  la  grande  mer,  parce  que  la  moitié  de  la  ville  la 
voit.    La  Notice  d'Antonin  &  de  Conllantin  font 
mention  de  Maguelone  ;  &:  un  Arabe  ,  nommé  Rate» 
cité  par  Mariana,  dit  que  Maguelane  fut  une  des  vil- 
les marquées  par  Couftintin  dans  la  Gaule  Narbon- 
noite  ,  pour  être  epifcopale  -,  il  .ajoute  qu'elle  étoit  fcut 
peuplée  ,  &  qu'avant  Conflantin  elle  avoit  déjà  un 
Evcché.  Quelques  uns  confondent  mal-à-propos  Ma- 
guelone avec  Àgde ,  qui  ne  fut  jamais  dans   une  île. 
D'autres  la  nomment  en  Latin  Metina,  ou  Blafer ; 
d'autres  pour  la  ditlinguer  d'Agde ,  la  nomment  Ag- 
de ,  ville  &  île ,  Agatha  urbs  &  infula.  Les  Sarrazins 
s'en  étant  emparés ,  &  en  ayant  fait  une  place  d'ar- 
mes, Charles  Martel,  après  la  grande  victoire  qu'il 
remporta  fur  eux  en  Touraine,  l'an  jij,  ou  751, 
félon  d'autres,  les  ayant  poutlés  par-tout,  &  s'étanc 
rendu  maître  de  Nîmes ,  d'Agde  &  de  Maguelone  , 
brûla  &  détruiiît  ces  places  qui  leur  avoit  fervi  de  re- 
traite. Pierre  Gariel ,  Doéleur  en  Droit ,  &  Doyen  de 
l'Églife  Cathédrale  de  Alontpellier  j   a  fait  la  fuite 
chronologique  des    Évêques   de   Maguelone  &    de 
Montpellier,  imprimée  à  Touloufe  en  i6/z.  Gariel 
prétend  que  le  premier  Évêque  de  Maguelone  fut  Si- 
mon le  Pharifien ,  hôte  de  Notre  Seigneur.  Il  avoue 
cependant  que  l'hiftoire  de  ce  Prélat  et!  fort  embar- 
raflée  &  fort  défeélueufe  jufqu'au  IX'  fîècle  ,  &  à 
Arnaud  I ,  qui  fit  tout  ce  qu'il  put  pour  rétablir  Ma- 
guelone,  S<:  y  remettre  fon  fiége.  ^KTIl  y  a  un  Ro- 
man intitulé  ,    hiftoire    des  deux   vrais  &    parfaits 
Amans,  Pierre  de  Provence  &  la  belle  Maguelone  ,  . 
faifant  aujourd'hui  partie  de  la  Bibliothèque  bleue.  Il 
fut  compofé  par  Bernard  Treviez,  Chanoine  de  l'ii- 
glifc  Cathédrale  de  cette  ville,  en  1 178  ,  &  imprimé 
pour  la  première  fois  à  Avignon  en  i  J24. 
Le  lac  de  Maguelone,    ou  de  Latte,   ou  de  Péraui. 
Magalonenfis  lacus ,  Stagna  volcarum ,  Stagna  Late- 
TA.  C'eft  un  lac  ou  étang  qui  prend  l'on  nom,  tantôt 
de  l'ancienne  ville  Maguelone  ,  &  tantôt  des  villages 
de  Latte  ,  ou  de  Péraui  qui  font  fur  les  bords.  Cet 
étang  eft  dans  leLanguedoc,  &   il  s'étend  le  long  de 
la  côte,  depuis  lavillç  d'Agde  ,  jufqu'auprès  de  celle 


726         M  A  H 

d'Aiguës  Morces  ,  ayant  environ  quatorze  liojes  de 
longi  mais  il  n'en  a  guète  plus  d'une  de  large.  Il  fe 
décharge  dans  la  mer  Méditerranée  ,  par  un  canal 
qu'on  nomme  la  Grau  de  Palavas,  en  Latin  Fauccs 
Latent  Stagni ,  qui  eft  le  commencement  du  fameux 
canal   du  Languedoc. 

MAGUEY.  f.  m.  C'eft  un  arbre  fameux  dans  les  Indes 
Occidentales,  que  les  Efpagiiols  appellent  Cardon j 
parce  que  les  feuilles  font  épineules  &  fort  amères 
en  leur  extrémité.  Maguycus  arbor.  Elles  lont  fort 
grodés  &  longues  d'environ  demi  aune.  On  en  tire 
une  efpcce  de  chanvre  extrêmement  fort ,  dont  on 
fait  de  la  ficelle  ,  des  cordes ,  &  une  étofle  qui  relfem- 
ble  à  du  canevas  de  Flandre.   On  en  tire  aullî  un 

"  chanvre  délié  dont  on  fait  des  filets  pour  prendre  les 
oifeaux.  Cesfeuilles  tout  cannelées, &il  s'y  ramalle  de 
l'eau  de  pluie  qui  Icrt  à  différentes  maladies ,  à  fiire 
mourir  les  vers,  à  guérir  les  plaies  chancreulcs  &  en- 
flammées ,  &  à  ôter  les  taclies  des  habits.  C'eJt  au 
xeftc  un  arbre  fort  laid,  dont  le  bois  eft  léger,  l'é- 
corce  allez  déliée.  Sa  hauteur  eft  de  vingt  pieds.  Il  eft 
gros  comme  la  cuille.  Sa  moelle  eft  fpongieufe  & 
légère  ,  tk  fert  aux  Sculpteurs  &  aux  Peintres.  Les 
Indiens  en  font  un  breuvage  extrêmement  fort,  en  le 
mêlant  avec  le  maïs,  comme  aullî  du  miel  ,  du  vi- 
naigre ,  du  {avon ,  qui  fait  croître  les  cheveux  &  les 
teint  en  noir.  Cela  eft  tiré  du  P.  Blas  Valéra  ,  &  rap- 
porté dans  l'hiftoire  des  Incas.  Le  Maguey  eft  une 
cfpèce  d'aloës  :  on  l'appelle  autrement  Karata,  ou 
•Caraguata  guacu.  Voyez  Karata. 

M  A  H. 

MAHADIA.  Voye\  Elmadia  &  Afrique. 

AlAHAFALLE.Prwince  de  l'île  de  Madagafcar,  dans  la 
partie  méridionale. 

MAHAGEN.  "Ville  de  l'Arabie  heureufe ,  où  elle  fépare 
deux  provinces  de  ce  pays-là  j  ixvo'n  Jemahak  &z  Te- 
mahah. 

t^  MAHAL ,  ou  MAHL.  C'eft  le  Palais  du  grand  Mo- 
gol ,  où  (es  femmes  &  fes  concubines  (ont  enfermées. 
Le  Mahal  eft  pour  le  grand  Mogol  ce  qu'eft  le  Serrail 
pour  le  grand  Seii;neur. 

3V1AHALEB,  ou  MAGALEP.  f.  m.  Efpcce  de  cerifier 
fauvage,  dont  le  bois  eft  gris,  rougeiitre,  agréable  à 
la  vue,  compadte,  allez  peL^nt ,  odorant,  couvert 
d'une  écorce  brune,  ou  d'un  noir  tirant  fur  le  bleu. 
Cerafus  racemofa.  Ses  feiulles  rcllemblent  à  celles 
du  bouleau,  ou  à  celles  du  peuplier  noir;  mais  elles 
font  plus  petites j  un  peu  moins  larges  que  longues, 
crénelées  aux  bords,  veineules,  d'une  couleur  verte 
réjouiftante.  Ses  fleurs  font  lembables  à  celles  du  ce- 
rifier ordinaire ,  mais  plus  petites ,  blanches ,  de  bon- 
ne odeur.  Elles  lont  fuivies  de  petits  fruits  ronds , 
noirs  ,  ayant  la  figure  de  nos  ccrifes,  amers,  un  peu 
charnus ,  contenant  un  noyau  dans  lequel  on  trouve 
une  amande  amcre.  Quelques-uns  .appellent  ce  petit 
fruit  Faccinium.  Les  Ebéniftes  fe  fervent  du  bois  qui 
eft  tire  du  tronc  de  cet  arbre  pour  leurs  beaux  ouvra- 
ges ;  on  l'appelle  Bols  de  Sainte  Lucie,  tk.  il  nous  eft 
apporté  de  Lorraine. 

1/Iahaleb,  ou  Magalep,  fe  dit  auliI  de  l'amande  du 
noyau  de  ce  fruit  :  elle  eft  groftc  comme  l'amande 
d'un  noyau  de  cerife  ,  &  a  ordinairement  une  odeur 
^fez  délagréable.  Les  Parfumeurs  en  emploient  dans 
leurs  (avonnettcs. 

MAHALEU.  Ville  d'Egypte  ,  capitale  de  la  Garbie  , 
l'une  des  deux  provinces  du  Delta.  Il  y  a  dans  cette 
ville  des  fours  à  faire  éclore  des  poulets  par  la  cha- 
leur. 

MAHAN  ,  ou  MAKHAN.  Ville  de  Pcrfe  dans  le 
Khoraftan  ,  auprès  de  Mezu  Schagehan. 

ê3"MAHA-OMMARAT.  f.  m.  Terme  de  Relation. 
C'eft  le  nom  que  l'on  donne  dans  le  Royaume  de 
Siani  au  Seigneur  le  plus  diftingué,  qui  eft  le  chef 
de  la  Noblelfe ,  qui  repréfente  le  Monarque  ,  &  en 
fait  les  fonétions  pendant  fon  abfence. 

MAHARAS,  ou  MACHRES.  Place  Maritime  d'A- 
frique ,  dans  la  Barbarie ,  au  pays  de  Tripoli. 


M  A  H 

MAHARUM.  f.  m.  Tevne  de  Calendrier.  Nom  que 
les  Arabes  donnent  à  celui  de  leurs  mois  qui  réoond 
à  peu  près  à  notre  mois  de  Septembre.  Ils  l'appel- 
lent aulîi  Almuhartam  ,  almahanam  ,  muharamu , 
mueharrcm ,  mohanamo  ,  moharrum. 

MAHAUD.  f,  f.  Nom  de  femme.  Mathildis.  Ce  nom 
s'cft  fiit  du  Latin  Mathildis  ,  comme  Brunchaud 
s'eft  fait  de  Brunechildis.  On  dit  auili  quelquefois 
Mathilde.  l^oyei^  ce  mot,  mais  dites  toujours  Ma- 
haud  ,  Comtefle  de  Boulogne  &  de  Dammartin , 
Epoufe  de  Philippe  de  France,  fils  de  Phihppe  Au- 
gufte  ,  &  enfuite  d'Alphonfe,  qui  fut  roi  de  Por- 
tugal ,  IIP  du  nom.  Mahaud  de  Chaftillon ,  Ma- 
haud  de  Courtenay. 

MAHAULT.   Foyei  Mathilde. 

MAHE.  f.  m.  Nom  d'homme  ,  le  même  que  Mat- 
thieu j  qui  s'eft  fait  par  corruption  du  Latin  Mat- 

th£US. 

S.  Mahé.  Nom  d'un  cap  de  France  fur  la  côte  occi- 
dentale de  Bretagne.  Gobiium  promontorlum.  Il  eft 
dans  le  pays  de  Cornouaille,  proche  du  Conquet, 
environ  à  quatre  lieues  de  Breft.  Il  prend  fon  nom 
du  Monaftère  des  Bénédidins ,  &  du  bourg  de  S. 
Mahé  ,(\u\  y  eft  fitué.  Quelques-uns  croient  que  c'eft 
le  Gohocum  promontorium  de  Prolomée. 

MAHEUL.  f.  f.  Voyc\  Mathilde  ,  c'eft  la  même 
choie. 

MAHEUTRE.  f.  m.  Vieux  mot.  Spadaflîn  ,  bandit. 
C'eft  ainfi  que  les  Ligueurs  appeloient  les  Soldats 
Royaliftes. 

Ce  mot  eft  dans  le  Diétionnaire  de  Cotgrave ,  & 
dans  l'Etymologie  de  Ménage ,  qui  avoue  que  l'origine 
ne  lui  en  eft  pas  connue.  Un  Carabin  Maheutre ,  c'eft- 
à-dire ,  du  parti  du  Roi  de  Navarre ,  ou  de  Henri  IV. 
pendant  la    Ligue.  Mascur. 

Il  y  a  uu  Dialogue  fort  curieux  entre  un  Maheutre 
&  un  Manant ,  à  la  fin  du  5.  T.  de  la  Satyre  Menip- 
pée  in-S°.  où  toutes  les  menées  des  Ligueurs  &c  des 
Royaliftes  font  parfaitement  bien  débrouillées.  M.  le 
Duchat  dans  fesRemarques  T.  2  ,  p,  S4.&  ijj.  pro- 
pole  différentes  explications  du  mot  Maheutre  ,  cii- 
tr'autres  de  Cavalier ,  fur  ce  que  la  figure  ,  qui  eft 
au  devant  d'une  édition  de  ce  Dialogue  ,  repréfente 
un  Cavalier  armé  de  pied  en  cap.  Mais  Maheutre 
eft  (1  bien  une  injure,  que  quand  le  Manant  veut 
donner  ce  nom  à  l'autre  Interlocuteur  ,  celui  -  ci 
lui  répond  :  Tu  m'injuries,  moi  qui  fuis  Gentil- 
homme &  homme  d'honneur. 

MAHMORE.  Ville  de  la  province  de  Fez  ,  en  Barba- 
rie. Mahmara.  Elle  eft  très-forte ,  &■  fituée  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  Suba  ,  dans  l'Océan  Atlan- 
tique. Les  Efpagnols  poftédoient  cette  place  ;  mais 
les  Maures  la  leur  ont  enlevée  l'an  1689.  Il  y  a  en- 
core Mahmora  Fecchia ,  fur  un  golfe  ,  à  quelques 
lieues  de  cette  ville  ,  du  côté  du  nord.  Maty. 

MAHOMERiE.  f.  f.  Vieux  mot,  qui  veut  dire  Mof- 
quée  ,  Temple  chez  les  Turcs.  Fanurn  Turcicum  ,  5c 
dans  la  balle  Latinité  Mahomeria  ,  Mahumeria.  Et 
étoit  le  Mouftier  en  la  Mahomcrie  des  Turcs,  Joinv. 

Et  font  fans  trop  grande  crierie. 
Dédier  la  Mahomerie.  Guiart. 

MAHOM.  Mahomet;  mort-mahom ,  parla  mort  de  Ma- 
homet, qui  étoit  un  jurement,  auquel  les  Croilades 
avoient  donné  cours.  Gloff.  des  pays  du  Roi  de  Nav. 

MAHOMET,  f.  m.  Nom  d'homme.  Muhammedes , 
Mahometus ,  Mahometes.  L'Auteur  de  la  Religion 
Mahométane  a  rendu  ce  nom  fameux.  Il  étoit  de 
la  lie  du  peuple  ,  fils  d'un  Payen  nommé  Abdalla  ; 
cé}.-3.(Xne  ,  Serviteur  de  Dieu  ,  Se  d'une  Juive  qui 
s'appeloit  Emine  ,  qui  i'i2,nïhejidelle.  Il  naquit  vers 
la  fin  du  VF  iiècle.  Il  commença  à  répandre  (a  doc- 
trine extravagante  au  commencement  du  VII*^  fiècle. 
EnCzi.  il  fut  obligé  de  s'enfuir  de  la  Mecque ,  le 
16  de  Juillet.  Ce  qui  fonda  la  fameiile  époque  de 
l'Hégire,  c'eft  à  dire,  de  la  fuite  ,  &  mourut  âgé  de 
65  ou  65  ans.  Mahomet  I.  Mahomet  II.  Sec.  l'onz 
des  Sultans  des  Turcb;  mais  Mahomet  touc  court. 


1^ 


îvl  A  H 

c'cftlcfaux  Fiopliètedoiunous  venons  de  pailcr.jWiz- 
homet  Fuc  un  homme  iliperbe ,  ambitieux  ,  .cruel , 
dcb.uichc  à  l'excès  ,  ignorant ,  ne  fîichant  ni  lire  ,  ni 
écrire  ,  Se  toUt  à-fait  indigne  d  ctrc  l'Envoyé  de 
Dieu.    .,  v'.j;;,  :.;  :  ■        •■  ■ 

Ce  nom  vient  de  non    Hhamada ,  qui  en  Arabe 
lignifie  Louer,  de  lorte  c[\ic  Hahkammcd>,  qui  cdlc 
vrai  nom  dont  nous  avons  fait  ALihomet ,  lignifie 
■^l  Louable,  célèbre  ,  famcuK.  ^•sili'^   il    .■!..  i--MJ,v 
.MAHOMÉTA.  Foyci{  Hahma  ^^  &  AbRUMET. '•.  - 
MAHOMÉÏAN  ,  ANNE.  f.  m.  &  i  Celui  ou.  celle  : 
qui  hiir  prokllion  du  Mahométidnc.  Mahumctanus . 
Les  Mahomçtans  reconnoiU'ent.que  la  Religion  Juive 
j,    &  la  Religion  Chrétienne  font  des  Religions  véri- 
j,  tables  &  divines.  Comme  le  Baptême  f;iit  les  Chré- 
tiens ,  la  Circoiicifion  fait  les  YlfaAoOTeW^j  ,  ou  pour 
parler  en  leurs  termes,  hiit  les.  Muiulmans ,  c'ell-à 
direj  FidcUes.  Du  Loir./?,   i Sf.  Les  Mahometans 
font  incomparablement  plus  modeftes  S<  plus  rel'pec- 
tueux  dans  leurs  Molquces  ,  que  les  Chrétiens  dans 
les  Eglifes.  Voye\  le  même  Auteur  ,  p.  14S,  &c. 
•_    yoyii\  Tavernier  dans  les  Voyages. 
•Mahométan.,  anKne.    Eli  aullî  adjeftif.    Mahometa- 
nus  ,  Muhhammedanus  ^Muhhammedkus.  La  Reli- 
gion Mahomécanc.  Un  ville  y  une  armée   Mahomé- 
tane.  Les  Derviches  j  les  Santons  j  les  Abdals  6c  les 
Chcyks  ,  les  Torlaquis  &  Kalendres  j  font  des  Re- 
ligieux   Mahometans.   Voyei^  Du   Loir ,  Voyage  du 
Levant ,  Lettre   V.  Un  Prêtre  ,  un  Curé  Mahomé- 
tan ,  s'appelle  Iraan.  Les  Diacres  Mahometans  font 
les  Kodgias  &  les   Talifmans.    Id.  p.  1^6 .    Voye^ 
il   d'Herbelot  ,  Bibliotèq.  Orient.  Du  Loir  ,   Voyage  du 
\;_ Levant  Lettre    V'.    Ricaud  de    l'Empire  Ottoman, 
i>-  .Maraccio.  Refutatio  Alcorantfin'u 
"MAHOMÉnSME.  1".  m.  Les  ftntimens  de  Mahomet 
;■  en  matière  de  Religion.   Mahumetïs  ïmpïa  religio  , 
:    Aîahometifinus.   Les  Turcs  ,  les  Perians ,   quelques 
-    Indiens  ,   quelques   peuples    d'Afrique  ,  &   autres, 
fuivent  le  Mahométifme.  Le  premier  &  le  principal 
t  article  de  la  croyance   des  Mahometans  ,  eft  fondé 
f  fur    l'unité  de  Dieu ,   c'eft  pourquoi  ils  diient  fans 
,    ceife  ,  //  liy  a  point  d' autre   Dieu  que   Dieu.    Ce 
,•  qu'ils  ont  pris  del'Alcoran,  où  ces  mots  fe  trouvent 
iouventj//  n'y  apoint  d'autre  Dieu  que  lui;  votreDieu 
■  '  ejl  feul  Dieu  ;  Je  fuis  Dieu  ,  &  d  n'y  apoint  d'autre 
•  .  Dieu   que  moi.  Ce  premier  axiome  de  leur  Théo- 
i  '  logie  femble  avoir  été  pris  des  Juits ,  qui   répètent 
-..fans  celle  ces  paroles   du  Deutéronome  :  Ecoute'^, 
Jfraël  :   le  Seigneur  notre  Dieu  ejl  un.  C'eft  pour- 
quoi  ils   traitent  d'Idolâtres  ceux  qui  reconnoilîent 
i-  quelque  nombre  dans  la  Divinité.  AullI  une  des  pre- 
t'mières  inftru étions  qu'ils  donnent  à  leurs  enlans  , 
-  eft  que  Dieu  n'eft  ni  mâle,  ni  femelle  ;  &  par  con- 
féquent  il  ne  peut  point  avoir  d'enfans.  Cela  eft  tiré 
de  l'Alcoran.  Le  fécond  article  fondamental  du  Ma- 
hométifme  confifte   en   ces  paroles ,  Mahomet    eft 
l'envoyé  de  Dieu  i  Ik  par-là  ils  prétendent  exclure 
toutes  les  autres  Religions ,  fous  prétexte  que  leur 
faux  Prophète  eft  le  plus  excellent  &  le  dernier  des 
Prophètes  que  Dieu  devoir  envoyer  aux  hommes  : 
&  comme  la  Religion  des  Juifs  a  éré  abrogée  par  la 
venue  de  J.  C.  de  même  ils  prétendent  que  la  Re- 
ligion Chrétienne  ne  peut  plus  fubfiftcr  depuis  Ma- 
homet.  Ce  n'eft  pas  qu'ils   ne  confidèrent  Moyfe 
&  J.  C.    comme   de   grands  Prophètes  ;    mais   ils 
tiennent  que  Mahomet  eft  le  Prophète  par  excel- 
lence ,  qu'il  eft  ce  Paraclet  &  Confolateur  dont  il 
eft  parlé  dans  l'Evangile. 

Ce  font  là  les  deux  articles  fondamentaux  du 
:  Mahométifme  ;  en  forte  que  quand  quelqu'un  en 
veut  faire  profeffion  ,  l'on  fe  contente  de  lui  faire 
proférer  ces  paroles  :  //  n'y  a  point  d'autre  Dieu 
que  Dieu  j  &  Mahomet  eft  envoyé  de  Dieu.  C'eft 
fur  cette   Miflîon  que  leur  croyance  eft  fondée. 

Les  Mahoniétans  ont  ajouté  à  ces  articles  celui 
du  bain  ,  ou  purification  ,  à  l'exemple  des  Juifs. 
Ils  ont  en  fi  grande  vénération  ces  iortes  de  puri- 
fications ,  qu'ils  femblent  n'avoir  retenu  la  circonci- 
fion ,  que  par  rappon  à  la  manière  de  fe  laver  ;  car  ils 


M  A  H 


■72 


7 


prétendent  avec  les  Juifs,  que  fi  la  moindre  partie 
du  corps  demeuroit  fans  être  lavée ,  le  bain  ne 
vaudroit  rien.  Et  c'eft  principalement  pour  cette  rai- 
fon  qu'ils  le  font  circoncire  ,  afin  que  la  peau  étant 
coupée  ,  la  partie  qui  étoit  couverte  de  cette  peau 
avant  la  circoncifion ,  puillc  être  lavée.  Audi  met- 
tent ils  la  circoncifion  .parmi  les  purifications. 

La  prière  eft  aulli  une  des  cliolès  auxquelles  les 
Mahometans  font  obligés-,  &c  ils  la  font  cinq  fois 
le  jour ,  pour  fc  diftinguer  des  Juifs  qui  ne  la  font 
que  trois  lois.  Il  y  en  a  qu  ils  regardent  comme  d'obli- 
gation divine  &  de  nécellitc  ,  &c  d'autres  qui  ne  font 
que  de  conleil  &  de  bienféance.  Celle  de  neuf  heu- 
res du  matin  n'eft  point  d'obhgation  ;  mais  les  priè- 
res de  midi ,  &  d'après-inidi ,  font  parmi  eux  d'o- 
bligation divine.  Ils  font  obligés  d'obferver  une  infi- 
nité de  chofes  ,  s'ils  veulent  être  exaucés.  S'ils  par- 
lent ,  ou  s'ils  rient  en  priant ,  leurs  prières  font 
nulles.  Il  en  eft  de  même  s'ils  pleurent  tout  haut  , 
à  caufc  de  quelque  malheur  qui  leur  foit  arrivé  ,  ou 
piour  d'autres  railons,  fi  ce  n'eft  qu'on  falTe  men- 
tion du  Paradis  ,  ou  de  l'Enfer.  Ils  font  aulïï  fur  leurs 
chapelets  de  certaines  prières.  Voye:^  Chapelet.  Ils 
croient ,  aulli-bien  que  les  Juifs  &c  les  Chrétiens  , 
la  rélurreétion  générale  à.es  morts.  Ils  prétendent 
qu'alors  il  viendra  un  Anti  Mahomet  j  que  Jésus- 
Christ  defcendra  du  Ciel  pour  le  tuer  ,  .&  qu''il 
établira  la  Religion  Mahométane.  A  quoi  ils  ajou- 
tent pluiieurs  autres  rêveries  touchant  Gog  &  Ma- 
gog ,  &  la  bête  qui  doit  fortir  de  la  Mecque  :  les 
montagnes  voleront  en  l'air  comme  des  oifeaux  -,  & 
enfin  les  Cieux  fe  fondront  &  couleront  en  terre.  Ils 
difent  néanmoins  que  quelque  temps  après  Dieu 
rétablira  la  terre  ;  &  qu'enfuite  il  rellnfcitera  les 
morts ,  qui  .'paroîtront  tous  nuds  depuis  la  tête  juC 
qu'aux  pieds  ;  mais  que  les  Prophètes  ,  les  Saints  ,  les 
Doéteurs  &:  leis  Juftes,  feront  revêtus  d'habits  ,  Se 
portés  par  les  Anges  ,  &  par  les  Chérubins  au  Ciel 
Empirée. 
MAHON.  f.  m.  &:  adj.  Nom  propre  &  appellatif.  C'eft 
un  vieux  mot  qui  s'eft  dit  autrefois  pour  Mahomet  , 
&  Mahométan.  Mahumetes.  Mahumetanus. 

Vous  penfe\  tenir  le  ferment  à  Mahon. 

Chron.  de  B.  du  Guescl. 

El  nom  Jéfu  qui  foffrit  pajfion  < 

Qui  nos  preft  force  contre  la  gent  Mahon. 
R.  DE  Loherans 
Voye-{  Gent. 

Mahon.  Voye\  Maon.' 

Mahon.  f.  m.  On  nomme  ainfi  en  quelques  lieux  les 
gros  lous  de  cuivre  ,  ou  pièces  de  douze  deniers.  M. 
Ménage  dans  fon  Etymologique,  remarque j  à  la 
fin  de  l'article  Médaille  ,  que  dans  le  Boulenois  , 
en  France,  on  appelle  les  médailles  anciennes  des 
Mago  ,  mot  qui  paroît  corrompu  de  celui  d'imago  ; 
&c  qu'on  les  appelle  des  mahons  en  Normandie. 
Or  nos  mahons  lont  de  la  grolTeur  des  médailles  de 
grand  bronze  ,  &  les  demis  reifemblent  aux  moyen- 
nes. Si  l'on  y  joint  les  liards  fabriqués  en  même- 
temps  ,  &  qui  ont  une  marque  toute  femblable , 
on  aura  les  trois  grandeurs. 

MAHONER.  Terme  bas  &  populaire ,  ufitc  en  Picar- 
die :  il  lignifie ,  le  battre  à  coup  de  poing.  Pugnis 
certare. 

MAHONE.  f.  m.  Sorte  de  vailTeau  Turc  en  forme  de 
galère  beaucoup  plus  petit  &  moins  fort  que  les  ga- 
léalFes.  Navium  Turcicarum  genus  majoris  modi  ,  tri- 
remis  Turcica. 

MAHOT.  f.  m.  Arbrilfeau  rampant  qu'on  trom'c  aux 
Antilles ,  Se  qui  croît  dans  les  marais  parmi  les  ro- 
feaux.  Il  poulie  une  infinité  de  branches  qui  fe  traî- 
nent de  tous  côtés ,  &  qui  embarralfent  fi  fort  le 
chemin  ,  qu'il  eft  prefque  impoffible  de  marcher 
dans  les  endroits  où  elles  s'étendent ,  fi  on  n'y  lait 
un  palTàge  à  coups  de  ferpe.  lia  quantité  de  feuilles 
rondes ,  larges  comme  le  fond  d'une  afllette ,  lilTes 
&  douces  au  toucher.  Ses  fleurs  font  jaunes  ^  &  prel- 


728  MAI 

•.     que  lemblables  a  celles  des  mauves  mufquccs.  Qnoi- 

-  que  l'écorce  de  cet  arbrilleau  ioit  allez  cpaille ,  elle 

-  ell  pourtant  aifée  à  lever.  On  la  coupe  par  longues 
aiguillettes  ,  qui  fervent  à  faire  des  cordages  aux  ha- 
bitans  :  elles  font  beaucoup  plus  fortes  que  l'écorce 
de  bouleau.  On  les  emploie  ordinairement  à  monter 
les  rouleaux  de  tabac.  Kecrma  Indica  -tdU  jolio  , 
inji.  rti  hcrb.  /00.  il  y  a  un  autre  arbrilleau  qu'on 
appelle  Mahot  d'herbe  ,  qui  eft  plus  droit  que 
l'autre ,  &  qui  a  ïes  feuilles  plus  longues  :  on  s'en 
fert  au  défaut  du  premier  ,  mais  il  n'eft  pas  li  fort , 
&  il  pourrit  facilement. 

^3"  Les  habitans  de  l'Amérique  donnent  le  nom  de 
Mahot  à  plufieurs  arbres  qui  croillent  fur  leur 
continent ,  comme  le  Mangue  ou  Mangle  blanc  , 
le  mahot  coton ,  ou  cotonnier.  Voyei  ces  mots. 

§3"  Les  terreins  occupés  par  des  mahots  s'appellent 
makotières. 

MAHOUSA.  Ville  d'Afie  dans  l'Irac  Arabique  ,  lîtuée 
à  Nez ,  près  de  Bagdat. 

MAHOUT.  Foyei  Malo. 

A-IAHOUTS.  {■.  m.  pi.  Draps  de  laine  dcftinés  pour 
les  Echelles  du  levant  ,  qui  fe  manufafturent  en 
Angleterre.  Il  s'en  fait  préfentement  quantité  en 
France ,  particulièrement  en  Languedoc  ,  Dauphiné 
&  Provence. 

MAHU.  Ville  de  la  Chine ,  dans  la  Province  de  Su- 
chuen  ,  où  elle  a  le  rang  de  huitième  métropole. 
Maha ,  en  langue  Chinoife  figniiîe  le  lac  du  Cheval , 
on  prétend  qu'on  vit  autrefois  dans  le  lac  voiliii 
<le  cette  ville  un  cheval  qui  avoit  la  figure  d'un 
Dragon  ,  &  que  c'eft  ce  qui  a  fait  donner  le  mê- 
me nom  à  la  ville ,  au  lac  ^  &  à  la  rivière  voifine. 

MAHURAH,  ou  MAHOURAT.  Ville  d'Afie,  dans 
l'Indoflan  ,  à  peu  de  diftance  de  celle  de  Cambaye. 

MAHUT.  f.  m.  Nom  d'homme.  C'eft  un  nom  que 
les  Orientaux  donnent  à  S.  Barthélemi.  Mahutus. 
L'Obélifque  de  S.  Mahut ,  ou  de  S.  Barthélemi  j 
c'eft  un  Obélifque  qui  a  été  tiré  des  fondemens 
d'un  temple  d'Uis ,  &  que  l'on  a  fait  placer  à  Rome 
<lans  l'Eglife  de  S.  Barthélemi.  Mahuteus  obelijcus. 
Voyez  le  Cabinet  du  Collège  Romain  desJéfuites, 
p.  12. 

MAHUTE.  Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans  la  fignifi- 
c.ition  de  Bras.  Il  fe  trouve  aulli  dans  celle  d'un 
homme  fot. 

MAHUTES.  Terme  de  Fauconnerie  ,  qui  fignifie  le 
haut  des  ailes  près  du  corps ,  la  partie  des  ailes  des 
oifeaux  de  proie  ,  qui  tient  au  corps.  Ayls  alamm 
initia. 

MAL 

MAL  f.  m.  Le  cinquième  mois  de  l'année,  à  compter 
depuis  Janvier  ,  durant  lequel  le  ioleil  entre  dans 
le  ligne  des  Gémaux.  Malus  ,  menfis  malus.  Je  ré- 
ponds de  ma  chafteté  dans  tous  les  autres  mois  de 

'  l'année;  mais  dans  le  mois  de  Mal ,  je  n'en  réponds 
point.  M.  DE  S.  Les  {uperfticieux  font  un  grand  cas 
de  la  rofée  de  Mal.  Bien  des  gens  font  Icrupule  de 
le  marier  au  mois  de  Mal ,  comme  un  mois  mal- 
heureux. Cette  fuperftition  eft  venue  des  Romains  , 
qui  célèbroient  la  fête  des  cfpiits  malins  Lémurlenne le 
neuf  du  mois  de  Mal.  Et  c'eft  à  propos  de  cette  ihz 
qu'Ovide  dit  au  cinquième  Livre  de  fes  Fartes  , 

Nec  yldui  t&dls  eadem  ,  nec  vlrglnls  apta 
Tempora  ;  qua  nupfit ,  non  dluturna  fuit. 

Hâc  quoque  de  caufà  ,fi  te  proverhla  tangunt , 
Menfe  matas  Malo  nubere  vulgus  ait. 

Ce  mois  étoit  perfonifié  fous  la  figure  d'un  hom- 
'  me  entre  deux  âges  ,  habillé  d'une  robe  fort  large 
&  à  grandes  manches,  qui  porte  une  corbeille  plei 
ne  de  Heurs  ,  &  tient  de  l'autre  main  une  Heur 
qu'il  porte  à  fon  nez ,  ce  qui  peut  avoir  rapport 
aux  jeux  Horaux.  Le  Paon  qui  eft  à  fes  pieds  mon- 
tre par  fa  queue  une  image  du.mois  de  Mal ,  temps 
où  tout  fleurit  dans  la  natute. 


M  A  I 

Papias  dérive  ce  mot  de  Madlus  ,  qu'on  a  dit  dans 
la  balle  Latinité  -,  eo  quod  tune  terra  madeat.  Il  y  a 
plus  d'apparence  qu'il  vient   de   Malus.    Quelques 
Anciens  -ditoient  que  ieanois  de  Mal  tiroit  fon  nom 
d'une  déeHé  nommée  Mala  ,  à  laquelle  ce  mois  écoit 
corjlacré.  Voye\  Maia. 
|fcl?  D^utres  difent  qu'il  fut  ainfi  nommé  par  Romulus 
en  conlidération  des  Sénateurs  &  des  pcrlonnesdif- 
tinguées  de   la  Ville,  qu'on  appeloit  Majores;  de 
même  que    le  mois  fuivant  fut   appelé  Junlus^  en 
l'honneur  des  plus  jeunes ,  In  honorem  junlorum.  ■ 
\jAi,  eft  aufli  un  arbre  ou  gros  rameau  de  verdure, 
|C?"  qu'on  plante  le  ptemier  jour  de  Mai  à  la  porte 
d'une    perfonne   de   conlidération ,   pour   lui  faire 
honneur.  Malalls  arbor.  Cette  cérémonie  n'eft  plus 
en  -ulage  qu'à    la   campagne  Se    chez  les  Artifans. 
Néanmoins   les  Clercs  de  la  Baloche  vont   encore 
planter   folennellement  un  Mai   dans   la  Cour  du 
Palais  tous  les  ai-.s  •,  &  les  Orfèvres  préfentoient  à 
la  Vierge  un  grand  tableau ,   qu'on  appeloit  le  ta- 
bleau de  Mai ,    &    qu'on  attachoit  ce   jour  là  à  la 
porte  de  l'Églile.  Ils  ne  le  font  plus  depuis  quelque 
temps.  En  plufieurs  villes  on  plante  encore  à  préfenc 
des  Mais  aux  portes  des  Gouverneurs ,  des  Évêques  , 
des  premiers  Magiftrats ,  &   même   des  Chefs  des 
quartiers ,  ce  qui  fe  fait  au   fon   des  Tambours  & 
des  Trompettes ,  avec  décharge  de  mouiqueterie  ;  on 
y  attache  les  Armoiries  de  ceux  à  qui  on  les  élève, 
&  on  les  pare  de  fèftons  &  de  rubans.  Les  Impri- 
meurs de   Lyon  en   faifoient  élever   un  devant  la 
porte  du  Gouverneur  ,    où  ils  affichoient  des  vers  , 
&  imprimoient  des  placards ,  fous  ce  titre ,  le  Mai 
des  Imprimeurs.  Marot  a  fait  des  vers  pour  un  Mai 
des  Imprimeurs  de    Lyon ,   planté  à  l'honneur  du 
fieur  Trivulfe. 
Mai  ,   en  termes  de  Marine ,   eft  un  grand  efpace  de 
bois  grillé  par  le   fond  ,    où  l'on    met  égoutter  le 
cordage  qui  eft  nouvellement  forti  du  goudron.  Fo'_ 
rus  ,  forum. 
Mai.  En  termes  d'Economie  ruftique ,  fe  dit  auflî  du 
fond  d'un  preflbir,    où  l'on  met  les  chofes  qu'on 
veut  fouler  &  pteifer,  comme  les  raifins ,  les  pommes  , 
ou  poires  pilées  ,  &c.  pour   en   exprimer  le  fuc. 
Prœll  forum ,  foras. 
Mai  ,  f.  f.  Se  dit  encore  d'un  inftrument  fait  en  ma- 
nière de  coffre  ,  plus  étroit  par  en  bas ,  ou  en  demi- 
rond  ,  dont  on  fe  fert  pour  pétrir  ^fF  le  pain.  On 
l'appelle  autrement  huche,  ou  pétrin.  Maclra  3  ma-, 
gis. 
Mai.  F'oyei  Mari 

Llle  de  Mai.  Maia  Infula.  C'eft  une  petite  île  dÉ- 
cofle.  Elle  eft  à  l'entrée  du  golfe  de  Forth ,  près  de 
la  côte  feptcntrionale  &  du  bourg  de  Carrail.  Quel- 
ques Géographes  la  prennent  pour  l'ancienne  Emo' 
nia ,  que  d'autres  mettent  à  S.   Colme  ,    petite  île 
fort  avancée  dans  le  golfe  ,  &  environ  à  une  lieue 
du  bourg  d'Aberdoure.  Maty. 
La  rivière  de  Mai    Maia    Fluvlus.  C'eft  une  grande 
rivière  de  la  Floride ,  dans  l'Amérique  feptentrio- 
nale.  Elle  prend  fa  fource  dans  un  grand  lac  ,   qui 
eft  dans  les  montagnes  Alpalaches ,  traverfe  la  Flo- 
ride Françoife ,  pafîe  fort  près  de  Saturioa ,  &  fe  dé- 
charge dans  la  mer  du  Nord. 
MAIA ,  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une  Nym- 
phe ,  fille  d'Atlas  &  de  la  Nymphe  Pléion.  Mala. 
Elle  eut   Mercure  de  Jupiter.  Et  Cencius  ,  Auteur 
cité  par  Macrobe  ,  difoit  qu'elle  fut  femme  de  Vul- 
cain.  Voye\  Saturn.  Llv.  c.  12.  La  raifon  qu'il  en 
apportoit ,  c'eft  que  la  Flamine  ,  ou  Prêtre  de  Vul- 
cain  ,  faifoit  un  licrifice  à  cette   déelfe  le  premier 
jour  de  Mai.  Mais  Pilon ,  autre  Auteur  cité  par  Ma* 
crobe  au  même  endroit ,  foutenoitque  la  femme  de 
Vulcain  fe  nommoit  Majejla  ,    &  non  pas  Maia. 
An  refte  Macrobe  diftingue  Mala ,  fbmme  de  Vulcain, 
de  Mala  ,  merc  de  Mercure  -,   &  d'autres  difoient 
que  le  mois  de  Mai  avoit  pris  fon  nom   de  cette . 
déefTe ,  &   non   pas  de  l'autre  ;   patce  que  tous  lesL:^ 
Marchands  otFroient  ce  mois-là  des  facrificesà  Mala 
Si  à  Mercure.   Cornélius  La^béo  &  d'autres,   difent 

que 


M  A  I 


que  1.1  Mala,  à  qui  le  mois  de  Mai  ctoic  conficrc  , 
ctoir  1.x  rciLc;  &  qu'elle  portoic  ce  nom  à  laifonde 
fa  graadciu-  &  de  (bu  étendue  ,  comme  on  l'appcloit 
auUi  Mater  ma^^na  ,  Grande  dtejj'c  ,  Grande  mcre. 
Us  îe  fondoien:  ilir  ce  qu'on  lui  immoloit  une 
tniic  pleine ,  qui  étoit  la  vidime  propre  de  la 
l'crre. 

Maia  ,  croie   encore  une  autre  décile  fille  de  Faune. 
On  lui  o.flroit  du  vin  ,  mais  dans  un  pot  à  miel. 

MAIADE.  Foyci  MAJESQ.UE. 

fcr  MAIADIN  ,.  i.  m.  Terme  de  relation.  Monnoic 
turque  qui  vaut  environ  20  deniers  de  notre  monnoic. 
Thcvenoc  die  que  le  fequin  turc  vaut  70  maïadins  , 
&  le  lequin  vénitien  yj. 

MAJAGUANA.  Nom  d'une  ile  de  l'Amérique.  Maja- 
guana.  Elle  cil:  du  nombre  des  Lucaycs,  it  htuéc  au 
nord  de  l'île   Efpagnole. 

MAIANIUS  j  MAIANIA  j  f.  m.  &  f.  Nom  d'une  Fa- 
mille Romaine.  Maianius  ,  a.  Il  y  a  des  médailles 
Conliilaires ,  mais  rares  &  en  petit  nombre,  fur  le(- 
quellcs  on  lit  c.  maiani  ,  ou  félon  d'autres  c.  maia vi. 
Cette  diflérente  leçon  vient  de  ce  que  le  quatrième 
&  le  cinquième  caractère  étant  joints  enfemble ,  & 
n'en  failant  qu'un  ,  on  peur  le  prendre  pour  un  A  , 
&:  une  n  ,  comme  dans  les  médailles  d'Antoine  ;  ou 
pour  un  A  &  un  v  ,  comme  on  le  voit  quelquefois 
dans  le  mot  aug.  En  un  mot ,  li  l'on  joint  les  deux 
premiers  jambages  d'une  n  ,  par  un  trait  horizontal 
au  milieUj  quf  fille  un  A  j  on  pourra  le  prendre 
ou  pour  AN  ,  ou  pour  av.  C'eft  ce  qui  arrive  ici. 
Patin  lit  j*!Aianus  ,  &  il  a  pour  lui  une  inlcription 
.  rapportée  dans  Gruter  p.  lxxxvi.  n.  6.  où  il  ell:  fait 
mention  d'un  Maianus  Homerus ,  &  d'une  Maïana 
ou  Maïania  Homeris  ;  mais  s'il  y  a  Maianius  & 
Malania  ,  comme  d'autres  lifent,  ce  n'etl:  plus  une 
preuve  pour  Patin.  En  lifant  comme  il  fait  an  ,  (ur 
les  médailles  en  quefcion  ,  cer  Auteur  croit  que  cette 
^  fair.ille  Maïana  ,  ell  la  même  que  celle  que  les  Tables 
du  Capirole  appellent  M^nia  ,  ôc  Mainia.  D'autres 
lifent  Aloiavius  ,  &  trouvent  lur  ces  médailles  une 
famille  Maiovia. 

MAIAVIUS ,  MAIAVIA.  Foyei  Meanius. 
MAIBEU  ,  f.  m.  Nom  d'homme.  Maymbodus.  S.  Mai- 
bcu  ^    Irlandois  ,  fut   malîacré  par  des  voleurs  près 
d'un    lieu    nommé   Dampierre  ,  au   Diocèfe  de  Be- 
far.con.    Chastel.   au    2  f.  Janv.   Le   P.   Chifflet  a 


extrait  la  vie  de  S.  Maibeu  fur  d'anciennes  Chartes 
de  l'Eglife  de  Befançon.  On  la  trouve  dans  BoUin- 
dus:  S.  Maibeu  ell  titulaire  de  la  Chapelle  en  laquelle 
on  conferve  le  S.  Suaire  à  Bclançon.  Id. 
MAIDA.  Nom  d'un  ancien  Bourg  des  Bruticns.  Maida, 
anciennement  Malanium  ,   Melanium.  Il  eft  dans  la 
Calibre  ultérieure  ,  lur  la  rivière  d'Amato  ,  à  ti'ois 
lieues  de  Nicaftro  ,  vers  le  midi.  Maida  porte  le  titre 
de  Principauté.  Mity. 
MAIDAN  ,  &  MAYDAN  ,  f  m.  Terme  de  Relation. 
Non  que  l'on  donne  dans  l'Orient,   en   Perle,  aux 
Indes ,  aux  marchés ,  aux  places  ,  aux  lieux  où  l'on 
'tient  le  marché.  Forum.  On  écrit  Maidan  Se  May- 
dan.  Il  y  a  un  fort  beau  Maidan  à  Ifpahan  ,  il  elf 
carré;  d'un  côté  ell  le  Palais  du  Roi  de  Perfe  :  aux 
,    trois  autres  ^  il   a  des  galeries  couvertes  ,  remplies 
de  boutiques  où  l'on  trouve   toutes  lortes  de  mar- 
chandifes. 
MAIDIEU.  Ancien  ferment,  qui  vouloit  dire , /«"ai/Tze 

IDicu ,  ou  m'aide  Dieu. 
MAIDIN  ,  C.  m.  Foyei  Meidin. 
MAIDESTONE.  Bourg  ou  petite  ville  du  Comté  de 
Kent ,  en  Angleterre.  Madus  ,  Madcjlonium  ,  ancien 
ncnient  Vagniacum.  Ce  lieu  a   léance  &  voix  dans 
le  Parlement,  &  il  eft  iitué  fur  la  rivière  de  Méd- 
v/T.y  ,  à  deux  lieues  au-de!ius  de  Rochefter.  Maty. 
MAIE  ,  f.  f.    Dans  quelques  provinces  on  appelle    la 
maie  des  mefures  ,    l'amas   des   gerbds  qui  font  le 
paiement  des   Moilonneurs   pour  leurs    peines  d'a- 
voir moilTonné.  Acervus  manipulorum. 
Maie  ,  (.  m.  Nom  d'une  Fctc  prophane  qui  fe  célèbre 
en  Provence.  Maia.   Quelques    Auteurs    rapportent 


M  A  J  729 

la  licence  de  faire  la  fctc  ou  réjouHrincc ,  qui  fe  fait 
en  beaucoup  de  villes  de  Provence  ,  le  premier  jour 
de  Mai ,    d'habiller   une    jeune   fille  ,   comme  une 
déelib  ,   qu'on   nomme  Mce  ,  ou   Maie  ,    avec  de 
riches  ornemens  ^    &:  de  convier  les   pailans  à  lui 
donner  quelque  pièce  d'argent;  fête  &:  réjouilfancc 
qu'on  croit  être  celle  ,  qui  anciennement  étoit  nom- 
mée Majuma  ,  dont  il  eft  fait  mention  au  L.  XL  du 
Code  ,  Tic.  4^.  De  Majuma  Bouche  ,  hifl.  de  Prov. 
L.  II.  Scci.  J.  p.  sus. 
MAJE.   adj.    m.  C'clt  une   épithète  qu'on   donne  en 
plulicurs  provinces  de  France  aux  Juges  qui  prélî- 
dent  à  une  Jurifdiélion  fubaltcrne  ,  foit   royale   ou 
autre.  Major  jude.x.  Il  y  a  pludeurs  Juges  majes  en 
Languedoc  i  il  y  a  un  Juge  maje  à  Cluny ,  un  Juge 
maje  à  Amiens  ,  Sic.  Le   Juge  maje  eft    le  Préli- 
dcnt  dans  une  Sénéchaulfée  ou  Préhdial  ;   ce  qu'on 
appelle  ailleurs  Lieutenant  Général;  à  Paris  au  Châ- 
telet  Lieutenant  Civil.  On  écrit  plus  communément 
Mage.  ^ 
MAIED.  île  d'Afie  ,  dans  l'Océan  Oriental,  fur  la  côte 
de  la  Chine,  à  quatre  journées  de  navigation  de  l'île 
de  Soborma. 
MAIELLA.  Montagne  d'Italie,    au  Royaume  de  Na- 
ples ,  dan  TAbruzzc  citérieurc  ,  près  de  la  rivière  de 
Pefcairc. 
MAIECQUE.  Foyei  Majesque. 
MAJENFELD.  Foyei  MEYENFELD. 
MAIESQUE.   f  f.  Terme  de  la  Coutume  de  Béarn. 
Droit  de  vendre  feul  Ion  vin  pendant  tout  le  mois 
de  M.ai ,  à  l'exclulion  de  toutes  autres  perlonnes.  Jus 
vini  vendendi  menfe  maio  ,  c£Ceris  vini  mercatoribus 
cejfantibus.  Le  Comte  Centule  fe  réferva  le  droit 
de  vendre  fes  vins  &c  fes  pommades  ,  ou  cidres  pro- 
venant de  les  rentes  ou  devoirs  pendant  tout  le  mois 
de  Mai.  Les  Communautés  de  Béarn  le  fervent  au- 
jourd'hui du    rerme  de  Maiefque  ,  lorfqu'elles  font 
la    délivrance  de  la   Maiefque  du  vin  à  leurs   Fer- 
miers :  car  ce  droit  de  vendre  fon  vin  ,  privativement 
à  tout  autre  pendant  le  mois  de  Mai ,   eft  un  droit 
domanial  ,  appartenant  au  Seigneur   Suzerain  dans 
les  terres  qui  lui   font  immédiatement  fujettes  ,  Se 
aux  autres  Seigneurs  particuliers  en   leurs  villages,- 
qui  eft  nommé  dans  les  Vieux  tincs  Maiade ,  Maienc- 
que  Se  Maiefque  ,  prenant  fa  dénomination  du  mois 
de  Mai.  |t?  Ce  droit  n'eft  prefque  plus  uiité  ,  parce 
que  les  Seigneurs  en  ont  traité  avec  les  Communau- 
tés ,  moyennant  une  petite  redevance  en  argent ,  que 
l'on  appelle  Maiade.  On  a  aulTi    donné  le  nom  de 
Majefque  au  contrat ,  que  les  Communautés  dépour- 
vues de  vin  pallent  avec  un  Fermier  ,  pour  en  faire 
le  fourniffement  néceftaire  aux  conditions  qui   font 
arrêtées  entr'eux.  Et  comme  ces  fortes  de  monopoles 
font  détendues ,  ces  contrats  ne  font  valables  qu'au- 
tant que  le  Parlement  en  accorde  la  perniifllon.  Voye^ 
M.  de  Marca,  Hijl.  de  Béarn.  L.  IF.  c.  /7. 
|CF  MAJESTÉ  J    f  f  Grandeur  augufte  &  fouveraine. 
Caraétère  de  grandeur  &  de  fupériorité  qui  fait  ré- 
vérer les  puillances  fouveraines.  Majefias.  Ce  mot 
défigne  une  chofe  digne  de  notre  culte.  Il  s'applique 
proprement  ,  &  par  excellence  à  Dieu.  Les  Anges 
adorent  Dieu,  &  tremblent  devant  fa  Majefté  àS.s\\\z. 
On  ne  peut  trop  s'humilier  devant  la  Maj efié  à[\\\nç.. 
IP"  On  le  dit  aullî  des  Rois.  La  Afiz/«/?t-' Royale.  Crime 
de  lèfe-M7/d/?c;' divine  &  humaine.  Les  Perfes  n'ont 
rien  de  plus  facré  que  la  Majefié  du  Prince  Vau. 
IP"  La  Majefté  des  Rois  infpire  plus  de  refpeél  que 

de  tendrelfe.  Fl. 
§3°  Les  anciens  ont  aufll  appliqué  ce  mot  aux  images 
des   Saints.  TertuUien  s'en  eft  fervi  en  parlant  des 
dieux  des  pavens. 
^  Horace  a  dit  à  Augufte  ,  Majefias  tua. 
âCF  C'eft  un  titre  particulier  qu'on  donne  aux  Empe- 
reurs, aux  Rois   &  aux  Reines.   Votre  Majefié  en 
parlant  à  eux  ,  en   parlant   d'eux  ,  leurs  Majefiés. 
Votre  Majefié ,    Sire,  a  ordonné...  Plaife  à  votre 
Majefté. . .  dans  les  requêtes  Se  dans  les  placets.  Sa 


n 


Majefié  partit  tel  jour  de  Verfailles. 
aux  Empereurs  Arcadius  Se  Fionorius  l'inflitûtion  ou  I  §3°  C'eft  aulîi  un  titre  qu'on  donne  aux  Rois  vivans. 
Tome  F.  Z  z  z  z 


730  MAI 

&  qui  leur  fert  fouvent  de  nom  pour  les  diftinguer.  On  I 
appelle  l'Empereur  ,  Sa  M.rj c/lé  Impénile  ,  &c  quand 
on  lui  parle,  lacrée  Aîajejlé.  Le  Roi  de  France  s'appelle 
Sa  Alajeflé  très-Chrérienne.  Louis  XL  fur  le  premier 
Roi  de  France  qui  prit  le  titre  de  Majejle ,  que  l'Em- 
pereur fcul  portoit.  Le  Roi  d'Elpagnej  Sa  MajeftéCa.- 
tholique:  celui  de  Portugal  j  Sa  Majcjlé  crès-tidelie. 
Pour  les  autres  Rois ,  on  ajoute  le  nom  de  leur  État. 
Sa  Majeflé  Britannique ,  Sa  jSlajeJté  Polonoife  ,  Sué- 
doife  ,  Danoile  &c.  pour  àna  le  Roi  d'Angleterre  , 
le  Roi  de  Pologne  ,  de  Suéde  ,  de  Dannemarck  ,  &c. 
^fT  Quelques-uns  ont  auilî  donné  ce  titre  aux  fouve- 
verains  pontifes.  Pafquier  a  remarqué  que  nos  pères 
ufoienc  de  cette  qualité  avec  beaucoup  de  lobriété, 
&  que  le  fréquent  utage  qu'on  en  fait  prclentement 
ne    commença   à    avoir    cours    que  (ous  le    régne 
d'Henri  IL   II  rapporte  des  lettres  de  S.  Grégoire , 
qui   écrivant  aux   Rois    Théodebert  &  Théoioric, 
les  traire  feulement  à'Exccllence.  Il  fait  aulli  men- 
tion d'une  lettre  de  la  Chambre  des  Comptes  ,  la- 
quelle parlant  de  la  mort  de  Charles  le  Bel ,  rap- 
pelle Monfieur  Roi.  Avant  Charles  -  Quint   on  ne 
donnoit  au  Roi  d'Elpagne  qiie  le  titre  à'Alceffe.  Aux 
Etats  d'Orléans  on    ne  voulut  point  permettre  à   la 
Reine  Catherine  de  Médicis  de   prendre  le  titre  de 
Majejlé.  Loy.  A  la  paix  de  Munfter  il   y  eut  une 
conteftation  entre  les  Amballadeurs  de  l'Empereur  , 
&  ceux  de  France.  Les  premiers  ne  vouloient  donner 
que  le  titre  de  Sérénité  au  Roi  de  France  ,  &:  ceux 
de  France  ne  vouloicnt  point  non  plus  donner  ce- 
lui  de   Majejié  à  l'Empereur.  On   convint  que   le 
Roi  écrivant   de  fa  propre  main  à  l'Empereur    lui 
donneroit  le  titre  de  Majcfié  ImpénaU ,  &  récipro- 
quement que  l'Empereur  écrivant  au  Roi ,  lui  don- 
neroir  celui  At  Majcjlé  Royale.  Wicq.  Sous  la  Répu- 
blique Romaine  ,  le  titre  de  yV/i7/e/?t;'appartenoit  à  tout 
le  corps  du  peuple ,    &  aux  principaux  Magillrats 
réunis.  En  forte  que  diminuer  ,  ou  blelfcf  la  Majdjlé 
de  la  République  ,  c'étoit  manquer  de  refped:  pour 
l'Etat  ,   ou  pour  les  Miniftres.  Cette  puiilànce  ayant 
palle  entre  les  mains  d'un  feutj  le  nom  à'i.  Majeflé 
fur  transféré  à  l'Empereur  j  &  à  la  famille  Impériale. 
Pline  loue   Trajan   de   s'être    contenté    du  titre  de 
Grandeur^  8c  traire  fort  malles  Princes  qui  ont  atfedé 
celui  de  MajeJlé.  Cependant  ,  c'eft  le  moins  flatteur  , 
&  le  moins  menteur  que  l'ont  pût  donner  aux  Sou- 
verains ,   puifque  dans  le  fond  il  ne  iîgniSoit  autre 
chofe  que  la  Royauté,  ou  le  fouverain  pouvoir.  Pasq. 
§Cr  Dans  ce  fcns  le  motdeiW^/e/?tf's'applique  parexten- 
fion  aux   Empires  ,    aux  loix  ,  aux  compagnies  au- 
guftes    qui   font  revêtues  du  caradère  de    1  autorité 
publique.  Alexandre  Sévère  difoit  qu'en  adoucillar.t 
la  MajeJlé  de  l'Empire,  on  la  rendoit  plus  fuppor- 
table.  Abl   Cette  réponfe  étoit  digne  de  la  MajeJlé 
du  Sénat.  La  Majcjlé  du  Parlement ,    des   loix.   La 
MajeJléÀt  la  Monarchie  Françoife,  &c.  Quelques-uns 
prétendent  que  c'ell  un  folécifine  de  dire  Votre  Ma- 
jeJlé zi\.  maître ,  &  qu'il  frut  conftruire  le  mot  maître, 
comme  celui  de  vicloricux  &  de  triomphant.  Votre 
MajeJlé  eft  v'iclorieujc.  Les  autres    prétendent  que 
Fotre   MajeJlé  eft  maître  ,  eft  beaucoup  mieux  que 
Fotre  MajeJlé  eu.  maitrejjc  ;  parce  que  les  noms  ap- 
pellatifs  fe  conftruifent  mieux  avec  la   perfonne  li- 
gnifiée.  Quoique^  maitrejjc    paroille    plus    félon    la 
Grammaire,  /na/Vre  femble  plus  félon  l'ufage.  Bouh. 

Le  terme  de  MajeJlé  ne  s'emploie  qu'en  parlant 
des  Rois  vivans  ,  ou  aux  Rois  vivans.  Je  ne  fâche 
que  Varillas  qui  le  dife  en  parlant  des  morts;  par 
exemple  dans  fon  Hiftoire  de  Louis  XL  Sa  Majefté 
réfolut.  Sa  MajeJlé  ïéçonAix.  a  l'Ambafradeur  ;  Sx 
MajeJlé  Angloife.  Comme  ce  n'eft  point  la  coutume, 
cela  choque  le  Ledleur. 

On  voit  par  un  endioit  de  Marot  que  ce  titre  ne 
fe  donnoit  pas  feulement  aux  Rois  ,  mais  même  à 
d'autres  Princes.  Glojf.  fur  Marot. 

Ce  mot  femble  compofé  de  deux  mots  Latins  , 
major ,  plus  grand,  &:  Jlatus  ,  état  ;  on  le  donne  aux 
Rois  &  Empereurs,  parce  qu'ils  font  le  plus  grands 
entre    ceux    qui  souvernent    des    États  ,    ou    qui 


M  AJ  , 

ont  un  pouvoir  fouverain.  C'eft  pour  cela  qu'il  con-     I 
vient  plus  proprement  a  Dieu  fcul  ,  qui  elt  le  Roi 
des  Rois  ,  de  tous  les  temps  ,  de  tous  les  Etats ,  & 
de   tous  les  liècles ,  duquel  le  Royaume  n'aura  ja- 
mais de  fin. 

CCF  Majesté,  fe  dit  figurénient  principalement  dans 
le  difcours  oratoire,  en  parlant  des  chofe;  qui  ont 
un  air  de  grandeur,  qui  artirent  notre  admiration, 
&  infpirentdu  relpecl:.  La  MajeJlé  du  lieu  où  s'affem- 
blent  ceux  qui  font  chargés  du  dépôt  lacté  des 
Loix  ...  Le  Palais  du  Louvre  a  un  air  de  Ma- 
jeJlé. On  dit  auflî  du  port ,  de  la  taille  d'une  per- 
lonne  grande  &  bien  faite  ,  qu'elle  a  un  certain 
air  de  MajeJlé.  On  dit  aulfi ,  que  des  vers  font 
pleins  de  majejié  ,  quand  ils  font  graves  ,  pom- 
peux ,  &:  quand  ils  contiennent  un  grand  fens. 
Sa  vanité  lui  failoit  trouver  une  fauffe  majejlé  dans 
les  écrits  des  Philofophes  ,  qui  lui  donnoit  du  dé- 
goût pour  la  limple  &  modefte  fagellé  des  livres 
facrés.  Fl.  Il  y  a  beaucoup  de  grandeur  &:  de  ma- 
jejié dans  ces  paroles  de  Moyfe  :  Quela  lumière  foit, 
&  la  lumière  fut.  Boil.  L'éloquence  le  cède  à  la 
poëiie  pour  la  majejlé  de  l'exprellion.  Abl. 

Majesté  ,  le  dit  aulli  j  d'un  air  grave  &  férieux  avec 
lequel  on  fait  les  chofes.  La  majejlé  &  l'amour  ne 
conviennent  pas  enfemble  ,  difoit  Agélilaiis. 

Non  bené  conX'eniunt ,  nec  in  unâ  Jede  morantur 
Majejlas  &  amor. 

Majesté  ,  le  dit  aulli  burlefquement  &  ironique- 
ment j  à  l'égard  des  gens  de  petite  conlidération. 
Hé  bien  pour  avoir  fait  cette  raillerie ,  eft  ce  que 
votre  majcjte  s'en  tient  oftenfée  t  A-t-on  choqué 
votre   majejlé? 

On  appelle  ,  crime  de  Xh^c-majejlé ,  celui  qui  fe 
commet  contre  la  perfonne  du  Souverain  ,  ou  con- 
tre l'Etat.  Cnmen  majejlatis.  La  connoilLince  du 
crime  de  ïèie.-majejle  au  premier  chef  appartient 
au  Parlement ,  privativement  à  tous  Juges. 

Crime  de  Vde-majejlé  divine  j  eft  l'impiété  &  le 
blafphême  qui  s'attaque  à  Dieu  même.  Cnmen  Uft 
majejlatis  divind:.  On  condamne  toujours  à  faire 
amende  honorable  dans  les  crimes  de  lèfe  majejlé 
divine  &  humaine.  Les  Latins  j  pour  dire  crime  de 
li-i'c-ma/ejlé  ,  Se  acculé  de  crime  de  \èCe-majejte , 
nous  dilent  limplement  crime  de  majejlé ,  Se  accufé 
de  majejlé.  Pelisson. 

Majesté.  En  Mythologie.  Majejlas.  Divinité  des  Ro- 
mains. Ovide,  au  IIP.  L.  des  Faftes  j  v.  2.^.  &  fui- 
vans  ,  dit  que  la  Majejlé  fut  lille  de  l'honneur  Se 
de  la  révérence  ,  que  c'eft  elle  qui  gouverne  tout 
le  monde  ;  qu'elle  fut  grande  dès  qu'elle  vint  au 
monde  j  qu'elle  alla  fe  placer  au  plus  haut  du  ciel 
fur  un  trône  ;  que  la  pudeur  &  la  crainte  l'accom- 
pagnèrent ;  qu'aulîi-tôt  tous  les  dieux  fe  formèrent 
lur  ellej  &  tâchèrent  de  prendre  fon  air. 

Majesté  ,  ou  Majesta  ,  f.  f.  Quelques  anciens  di- 
foient  que  la  femme  de  Vukain  fe  nommoit  aulfi 
majejla.  Voyez  Macrobe  Saturn.  Z.  /.  <r.  /^.  &  ci- 
dellus  au  mot  Maia. 

MAJESTUEUSEA-IENT.  adv.  D'une  manière  majef- 
tueufe.  Multd  cum  majejlate  ,  pr^.Jlanciâ ,  excelkn- 
tiâ  ,  dignitate.  Le  Roi  reçoit  les  Amballadeurs  fort 
majcjlueufement ,  avec  un  grand  éclat ,  une  grande 
majefté.  Ce  Prélident  prononce  un  arrêt  bien  majef- 
tueufement.  Il  parle,  il  marche,  il  fait  tout  majejlueufe- 
ment.  La  narration  doit  couler  wûyf/A7£;i//^OTc'«  comme 
les  fleuves ,  &  non  pas  avec  rapidité  comme  les  tor- 
rens.  S.  EvR.  Conlidérez  ces  grands  globes  qui  rou- 
lent fl  maj ejlueufement  fur  nos  têtes.  Abl. 

MAJESTUEUX,  EUSE  ,  adj.  Noble,  grand,  augufte, 
qui  marque  de  la  grandeur,  qui  attire  du  relpecl:, 
de  la  vénération  ;  Se  le  dit  particulièrement  de  la 
raine ,  du  port  ,  de  la  raille  ,  de  tour  l'air  d'une 
perfonne.  Auguflus  ,  majejlate  venerandus.  Air , 
port  ,  front  majeflueux.  Taille  ,  démarche  majef 
tueufe.  L'Eglife  de  S.  Pierre  à  Rome  a  un  air  ma- 
jef  lieux.   Corneille    eft    celui   qui  a   f.iir    les  plus 


M  A  J 

beaux  vers  &  les  plus  majejlueux.   Un  ftylc  ,  ma 
jeflueux. 

La  Majestueuse.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d'un  œil- 
let qui  eft  un  pourpre  fur  un  fin  blanc  ,  la  Heur 
eft  groHe  ,  ik.  fa  plante  vigoureuic  :  (on  vert  eli: 
bien  conditionné.  Il  ne  lui  fiiut  lailler  que  cinq  bou 
tons.  MoRiN. 

MAÏEUL.  r.  m.  Nom  d'homme.  Majolus.  Saint 
Maieul ,  quatrième  Abbé  de  Cliuiy ,  fils  de  l'oucher, 
l'un  des  plus  puillans  &  des  plus  riches  Seigneurs 
de  la  Provence  ,  vint  au  monde  dans  la  petite  ville 
de  Valenzo  ,  au  Diocèfe  de  Kiez  ,  ou  dans  celle 
d'Avignon,  vers  l'an  906.  Il  fut  reçu  en  l'Abbaye 
de  Cluny  par  l'Abbé  Aymard  j  vers  l'an  945.  Il 
fut  fuccellîvement  Bibliothécaire  ,  Apocrifiaire ,  & 
vers  l'an  948.  ou  félon  d'autres  954.  Abbé.  Il  mou 
rut  l'an  994.  le  onzième  de  Mai.  f^oye:^  Hcnlché- 
nius  dans  les  ^cla  Sancl.  Mau ,  T.  II.  p.  6 sj-  6' 
fuïv.  les  Acl.  Sancl.  Bencd.  fie.  V.  tk  Baillet  au 
onzième  de  Mai. 

MAIEUR.  f.  m.  On  appelle  ainfi  en  quelques  endroits 
les  Chefs  du  peuple  ,  &c  des  Communes.  Major , 
major  populi.  Ce  mot  le  trouve  dans  pludeurs  Cou- 
tumes. Ma'ieur  des  fiefs j  c'eft  celui  qui  juge  en  la 
Cour  Féodale  avec  les  valÏÏrux.  Maieur  du  métier  , 
Maieur  des  poelfées.  On  écrit  aulli  &  on  prononce 
Mayeur. 

MAJEUR  ,  EURE ,  adj.  Qui  eft  plus  grand  ,  pkis  fort  j 
d'une  plus  grande  importance  ,  plus  conddérablc 
qu'un  autre.  Major ,  pre&jlanùor ,  podor.  Perlonne 
ii'eft  garant  de  la  ioicc  ma/eure ,  des  faits  du  Prin- 
ce ,  des  accidens  imprévus.  L'Eglife  a  des  excom- 
munications majeures  &  mineures  ,  des  Fériés  ma- 
jeures,  comme  celle  de  la  kmaine-lainre. 

§CF  On  appelle  force  majeure  ,  une  force  à  laquelle 
on  ne  peut  réhfter. 

|Cr  On  appelle  caufes  majeures  des  caufes  d'une  cer- 
taine importance  ;  concernant  la  Religion  &  l'Etat. 
Dans  l'ancien  droit  canon  on  en  diftingue  trois 
efpèces.  Les  unes  regardent  la  foi  ;  les  fécondes  ont 
,  pour  objet  les  points  douteux  &  importans  de  la 
difcipline  -,  les  dernières  regardent  les  Evcques , 
lorfqu'ils  méritent  la  dépofition.  Jean  Gerbais  en 
a  fait  un  Traité  fur  le  Chapitre  du  Concordat  de 
Caufîs.  Entre  les  Doéleurs ,  les  uns  prétendent  que 
dans  les  caufes  majeures  on  peut  appeler  au  Pape  : 
les  autres  foutiennent  qu'en  quelque  cas  que  ce 
foit  j  il  n'eft  point  permis  d'appeler.  Il  y  a  de  fa- 
vans  hommes  de  part  Se  d'autre.  M.  de  Marca  &: 
M.  de  Launoy  ,  ont  écrit  qu'on  ne  doit  point  en 
appeler  au  Pape.  Le  P.  le  Loup  a  réfuté  M.  de 
Launoy.  M-  Dupin  dans  la  DilTertation ,  de  antiqua 

HEcclefix,  difcïplïna  ,  a  répliqué  au   P.  le   Loup.  Il 
foutient  que  par  l'ancienne  difcipline ,  Se  félon  les 
Canons  anciens  j  chaque  Province  jugeoit   en  der- 
nier relfort  :  &  que  les  Orientaux  ont  toujours  cen- 
furé   les  Occidentaux  j  pour  s'être  ingérés  de  con- 
noître  des    jugemens   portés  en  Orient.  Il  eft  vrai 
que  depuis  il   arriva  quelque  cirangcment,  êc  que 
ceux   qui  avoient    été  condamnés  par  les  Conciles 
Provinciaux ,   obtenoient   quelquefois  des   Refcrirs 
de  l'Empereur  pour  faire  revoir  le  procès  dans  un 
autre  Concile.  D'autre  côté  j  les  Occidentaux  voyant 
que   les   Orientaux    condamnoient   quelquefois  les 
Orthodoxes ,  donnèrent  dans  le  Synode  de  Sardique 
le  droit  au  Pape ,  non  pas  de  recevoir  des  appella- 
tions J  mais  le   droit  d'examiner  fi  la  caufe  méri- 
toit  un   nouvel  examen  :  auquel  cas  on  lui  donna 
la    permilTion    d'envoyer  un  Légat  pour  alîîfter  à 
un  nouveau  jugement  qui  feroit  rendu  par  les  Evc- 
ques de  la  Province  voifmc.  Cependant  ces  Canons 
du  Concile  de  Sardique  n'ont    point   été  reçus  en 
Orient  J  &  ne  l'ont  été  que  fort  tard  en  Occident^ 
les  Evêques  d'Afrique  &  des  Gaules  y  réliftant  tou 
jours  vigoureufement.    Le  Pape  Léon  premier  ,  & 
Grégoire  le  Grand  j    firent   tous  leurs  efforts  pour 
faire  valoir  ces  Canons ,  comme  les  Canons  du  Con- 
cile  de  Nicée  ,   &    pour  s'attirer  les  appellations  ; 
mais  ils  trouvèrent  toujours  de  grandes  oppofitions.  | 
Tome  V, 


M  A  J  731 

Les  Papes  eux-mêmes   ont  reconnu  qu'on  ne  pcu- 
voic  porter   les    caufes  de  France  à  Home  ^  avant 
que  le   Synode  de  la  Province  en  eût  jugé  ;  &:  il 
y  a  beaucoup  d'exemples    de    Métropolitains  con- 
damnés dairs  leur  Province-,  mais  il  arriva  que  fous 
la  troihèmc  Race  les  Evcques   fourtiircnt  qu'on  les 
citât  à   Rome  ,  &  qu'on  les  y  jugeât  ,  contre   les 
anciens  Canons  reçus    en  France.  Les  Papes  s'em- 
parèrent  du    droit    de   juger  en  première  Inftance 
les   caufes   majeures   à   Rome  ,  prétendant  qu'elles 
leur  appartcnoicnt  de    droit  divni.    Le  Concile  de 
Bâle  tâcha    d'y    remédier  ;  &   enfin  le  Concile  de 
Trente  a  attribué    au  Pape  ,  à  l'excluhon    de  tous 
les  autres ,  le  pouvoir  de  juger  les  Evêques.    Il  eft 
vrai  que  l'Egliic  Gallicane  a  refulé  de  fe  foumettre  aux 
Décrets  de  ce  Concile  qui  regardent  la  Difcipline. 
En  effet  J  en   1569.  le  Parlement  de  Paris,  ordoima 
que   le  Cardinal  de  Chaftillon ,  comme  Evêque  de 
Bcauvais  ,  (croit  jugé  par  (on  Métropolitain  ,  ik.  par 
les  Evêques  de  la  Province  ,  (auf  le  rélpeét:  qui  eft 
dit  au  Siège  Apoftolique.  L'Eglife  Gallicane  (ouffrit 
pourtant    qu'on     donnât  atteinte  à  fes   libertés  du 
temps    du   Cardinal    de    Richelieu.    Le   Pape   Ur- 
bain VIII.    députa  quatre  Evêques-  de  France  pour 
faire  le  procès  à  quelques   Evêques  de  Guienne  &: 
de  Bretagne  ,  qui  furent  chalfés  de  leurs  Sièges.  On 
blella  encore  la  Dilcipline  de  l'Eglile  Gallicane  dans 
l'aftaire  de  Janlénius,  en  (outFrant  que  le  Pape  pro- 
nonçât en  première  Inftance.  Les  Evêques  s'excufè- 
rent  furies  difficultés  d'affembler  un  Synode;  mais 
le  Pape  Alexandre  VIL  ayant   nommé  à  la  réqui- 
fition  du  Roi  ,  neuf  Evcques  ,  pour  dépoler  les  qua- 
tre qui   refuloient   de  ligner  la  condamnation  des 
cinq  propofitions ,  &  cela  feulement  en  qualité  de 
Commiffaires  du  Pape  -,  les  Evêques  de  France  firent 
leurs  remontrances  au  Roi  &   au  Pape  ,  déclarant 
nettement  que  les  Evêques  ne  pouvoient  être  jugés 
que  par   douze  Evêques  choihs  par  la  Province ,  le 
Métropilitain   préfidant  au   jugement.    Le  Roi  eue 
égard  à  leur  requête  ,  &  la  choie  en  demeura-là. 
M.  Du   Pin   prétend    même    qu'originairement   les 
caufes  majeures  dévoient  être  jugées  par  le  Concile 
de  la  Province,  non-feulement  en  première  inftan- 
ce ,  mais  aullî  en  dernier  rellort.  Il  foutient  qu'on 
ne  trouve  aucun  appel  au  Pape  ,  ni  même  aucune 
prétention    là-dellus   jufqu'au  V^.    ou  VI=.    liècle  ; 
mais  depuis  le  V^.  fiècle ,  les  .appellations  au  Pape 
fe  mirent  en  u(age.  Cependant  on  n'avoit  pas  tou- 
jours égard   au  jugement  du  Pape  ,  &  les  Evêques 
failoient  exécuter  leur  décifion  nonobftant  l'appel. 
On  en  trouve    des  exemples   julques    dans  le  IX^ 
(ïècle.    Quelques-uns  ont    cru  que  le  Pape   Inno- 
cent   XII.    a   donné  atteinte  aux  droits   de  rEgli(c 
Gallicane ,  en  condamnant  le  Livre  de  M.  l'Arche- 
vêque de  Cambrai   des   Maximes  des  Saints  ,  par 
ion  Bref  du    12   Mars    1699.  lequel  a  été  accepté 
unanimement  par  tous  les  Prélats  de  la  France.  Ils 
ont  protefté  qu'ils  étoient  en  droit  déjuger  en  pre- 
mière inftance  les  caulcs  de  la  foi.    Voyc^  le  Livre 
de  M.  Hauteferre  contre  le  Livre  de  M.  Fevret ,  de 
alufu. 

Entre  les  fept  Ordres  Eccléûaftiques  ,  il  y  en  a 
trois  qu'on  appelle  les  Ordres  majeurs  ,  ou  abfo- 
lument  les  majeurs  ,  comme  on  appelle  aulH  abfo- 
lumcnt  les  mineurs ,  ou  les  moindres  les  quatre  pre- 
miers, parce  que  dans  les  uns  &  dans  les  autres  on 
fous-entend  toujours  Ordres.  Monfieur  un  tel  en- 
trera l'annnée  prochaine  dans  les  majeurs.  Il  va  en- 
trer dans  les  majeurs.  Les  Majeurs  font  le  Soudia- 
conat ,  \e  Diaconat  &  la  Prêtrife. 
Majeur  ,  fe  dit  auftî  des  Anciens  ^  ou  des  Ancêtres» 
Majores.  Nos  Majeurs  qui  ont  fait  les  loix,  étoient 
aulli  (âges  que  nous.  Il  faut  fuivre  les  traces ,  mar- 
cher (ur  les  pas  de  nos  Majeurs.  On  ne  le  dit 
plus.  _  ^ 

Majeur  ,  (îgnifie  auflî  dans  le  négoce  des  Echelles 
du  Levant ,  les  Marchands  qui  font  le  commerce 
pour  eux-mêmes  ;  ce  qui  les  diftingue  des  Com- 
miffionnaires ,  Coages  &:  Courtiers.  Ceux-ci  appel- 

Z  z  z  2  i  j 


3 


M  A  J 


M  A  I 


lent  aulH  quelquefois  leurs  Commettans  j  Icuis  Ma- 
jeurs. 

Majeur  j  en  Juiirprudence  ,  eft  celui  qui  a  acquis 
l'âge  Hxé  par  la  loi  du  pays ,  pour  ufer  de  tes 
droits  &  pour  pouvoir  contracter  valablement.  L'gref- 
fus  annos  alien.t  tutcU  ;  egreffus  viccnos  quinos  annos. 
Par  le  Droit  Civil  on  n'elî  majeur  c^\^' 3.  zj  ans.  En 
Normandie  ,  le  pays  de  iapience  ,  on  eft  majeur  a 
20  ans.  Les  Rois  de  France  font  majeurs  à  1 3  ans 
&  un  jour ,  depuis  l'Ordonnance  du  Roi  Charles  V. 
On  ne  calfe  point  les  contrats  fait  entre  majeurs  , 
s'il  n'y  a  fraude  ou  léfion  énorme.  Le  mineur  re- 
lève le  majeur.  On  dit  autl:  au  palais  ,  majeur  d'ans  j 
de  celui  qui  a  2j  ans.  On  appelle  HUe  majeure  , 
ufante  Se  jouillluite  de  fes  droits  ,  celle  qui  peut 
agir  en  JufticCj  &  difpofer  de  fon  bien. 

Majeur  ,  eft  quelquefois  un  furnom  d'homme.  Ainfi 
nous  appelons  S.  Jacques  Apôtre  fils  de  Zébédé  ,  & 
frère  aîné  de  S.  Jean  1  Evnngcliftc,  nous  l'appelons, 
dis  je,  S.  Jacques  le  Majeur,  pour  le  diftingiier  de 
l'autre  S.  Jacques  Apôtre  ,  que  nous  furnommons 
le  Mineur.  Ces  furnoms  ne  viennent  pas,  comme 
on  l'avoit  dit  dans  la  première  édition  de  ce  Livre , 
de  ce  que  le  fils  de  Zcbédée  étoir  plus  âgé  que  l'au- 
tre S.  Jacques  ,  car  on  n'a  rien  de  certain  lur  leur 
âge  ;  mais  de  ce  que  celui-là  fut  appelé  à  l'Apollo- 
lat  plutôt  que  celui-ci. 

Majeure,  f.  f.  En  termes  de  Philofophie,  eft  la  pre- 
mière  propofirion  du  Syllogifme.  Propojido  major. 
J'accorde  la  majeure  ,  &  je  nie  la  mineure.  Concéda 
majorem  ,  nego  mïnorem.  Q\\  l'appelle  majeure  , 
parce  qu'elle  doit  avoir  un  fens  plus  étendu  que 
la  propoiîtion  mineure  ,  &  parce  qu'elle  contient 
le  terme  le  plus  étendu ,  majus  excremum.  V<.y.  i)YL- 

rOGISME. 

Majeure  ordinaire  ou  fimplement  majeure j  fe  dit 
en  Sorbonne  de  l'Aéle  qu'on  fait  dans  le  cours  de 
la  Licence  ,  où  l'on  foutient  tout  le  jour  de  la  Lo- 
fitive.  3p°  Cette  Thcfe  doit  contenir  l'Ecriture- 
Sainte  ,  la  Tradition  &  les  faits  hiftoriques  de  l'Hif- 
toire  Sacrée  <?>:  Eccléiiaftique.  Elle  commence  à  huit 
heures  du  marin ,  &  finit  à  iix  heures  du  foir. 

Les  Archirecl:es  appellent  colonnes  majeures  , 
les  grandes  colonnes  qui  lont  dans  les  faça- 
des j  qui  régiirent  les  ordonnances  ,  &  qui  font  ac- 
compagnées de  colonnes  mineures ,  ou  beaucoup 
moindres  ,  qu'elles  renferment.  Columnn  majores. 

Majeur  &  mineur,  adj.  le  dit  en  Mulique  des  con- 
fonances  qui  diftérent  entr'elles  d'un  demi  ton.  Il 
y  a  des  tierces  &  des  llxtes  majeures  &c  mineures. 
Le  ton  majeur  eft  la  diftérence  de  la  quinte  &  de 
la  quarte  ,  &  le  demi-ton  majeur  eft  la  diftérence 
de  la  quarte  &  de  la  tierce  majeure.  Le  ton  majeur 
furpalFe  le  ton  mineur  d'un  comma.  §3"  La  tierce 
majeure  eft  compoice  de  deux  tons.  La  tierce  mi- 
neure a  un  ton  éc  demi.  Ut  mi,  eft  une  tierce  ma- 

■  jeure. 

Quelques  uns  difent  au  Piquet ,  une  tierce  ,  une 
quarte  ,  une  quinte  majeure  ,  au  lieu  de  dire  major. 

■  Voyez  ce  mot. 

On  dit  prendre  les  voix  à  la  majeure  ,  pour  dire 
fe  dctetminer  par  la  pkualité  des  (uftrages.  Dans 
les  Tribunaux  on  prend  les  voix  à  la  majeure  ;  fou 
vent  il  (croit  plus  à  propos  de  les  recueillir  à  la 
mineure  :  &  cela  eft  bien  naturel  ;  car  il  y  a  très- 
peu  d'efpiits  juftes  ,  &  tout  le  monde  convient 
qu'il  y  en  a  une  infinité  de  faux.  Lettres  Persa- 

MES. 

MAIEUR.  Dans  quelques  villes  fynonyme  de  Maire. 
f^oyei  ce  mot. 

MAIGNA  ,  MAINA  ,  &  MOUGNA.  Manière  de 
parler  fort  commune  en  Dauphiné  ;  elle  iîgnifie  , 
mes  enfans  ;  &  ce  mot  eft  compofé  de  deux  mots 
Grecs  ,  mot  ,  Sc  teneia  qui  ont  le  même  fon  en 
cette  langue.  Chorier. 

MAIGNÉ  ,  ÉE.  f.  m.  &  f.  ou  adj.  Puifné  ,  c.ulet. 
NarM  minor.  En  la  Duché  de  Bourgogne  fut  quct- 
tion  entre  le  fils  puifné  &  la  fille  de  l'ainé  après 
la  mort  du  Duc  Eudes  ;  la  fille  étoit  mariée  au  fils 


aîné  du  Comte  de  Nevers ,  &  nonobftant  la  cou- 
tume particulière  de  Bourgogne  ,  où  reprétentation 
a  lieu  ,  le  fils  maigné  y  tuccéda  par  Arrêt.  Ainfi 
parle  vers  le  miUeu  du  XIV^.  fiècle  ,  Jean  de  Mont- 
fort  contre  Charles  de  Blois ,  au  lujet  de  leur  con- 
teftation  fur  la  Duché  de  Bretagne  ,  Hiji.  de  Brec. 
T.  II.  p.  ^So.  On  dit  aulii  mainfné  ,  d'où  s'eft 
formé  maigné. 

MAIGNEN.  f.  m.  Vieux  mot.  Chaudronnier.  On 
l'appelle  encore  quelquefois  ainll  ,  quand  on  veut 
faire  peur  aux  petits  enfans. 

MAIGNIE.  f.  f.  Vieux  mot  ,  qui  fignifie  tous  ceux 
qui  compofcnt  une  famille  ,  train  ,  luite  ,  maifon 
d'un  Seigneur ,  comme  qui  diroit  maijbnie  _,  &:  par 
abrégé  maifnie  ;  nous  nous  dilons  aujourd'hui  mé- 
nage ,  familia  ,  domus  ,  comitatus.  On  a  dit  aulîl 
mefgnie  ,  mejgnée ,  mérite  ,  mefnie. 

MAIGiMIER.  f.    m.   Vieux  terme  ,  qui  figniSoit  un 
domeftique  ,  ou  familier  ,  &  plus  communément , 
ceux  des  Eccléliaftiques.    Alaygnerius  ,  Mainerius , 
Magnerius.  Dans   l'aéle   de   celhon   faite  en  1558. 
par  le  Chapitre  de  S.  Maurice  en  faveur  du  Dau- 
phin Humbert  ,  de  la  garde  de  la  ville  &  des  châ- 
teaux de  Vienne ,  il  eft  fait   mention  exprelfe  de 
cette  efpcce  d'Officiers  parmi  ceux  du  Chapitre.  Il 
y  eft    dit   qu'ils    dévoient   jouir    des   privilèges  du 
Corps  que  le  Dauphin  s'obligeoit  de  maintenir.  On 
peut  attribuer  avec  quelque  fondement  l'origine  du 
mot  Magnerius  à  celui    de    Mayneria  ,   qui  étoit 
pris  dans  cette  province  (  Dauphiné  )  pour  ce  qui 
s'appeloit  ailleurs  Maifnada  ,   Mainada  ,  Mefnada  , 
feu    Familia  ,  dont    on  a  pu  former  enfuite  celui 
de  Maygnerius  ,  feu  Familiaris  ,  qui  étoit  le  me-    ' 
me  que    Serviens ,  ou  Apparicor ,  Sergent ,  ou  Be- 
deau. Et  c'eft  le  fens  que  Maygnerius  a  dans  plu-    ' 
fleurs  aétes.  Les  fonétions  du  Alaygnier  étoienr  d'af- 
figner,  d'exploiter,  &;  mettre  fous  la  main  de  Juf-    I 
tice ,  d'exécuter  les  ordres  &  les  lettres  des  Cours 
dont  ils  étoient  Maygniers  ,  telon  leur  forme  &:  te- 
neur.   Les  fonélions    du   Bannier    avoient  quelque    ; 
rapport  à  celles  du  Maygnicr.  Valbonn.  Mém. pour    1 
l'HijL  du  Dauphiné.    c.   13. 

MAIGNîNE.  île  d'Afie  ,  dans  la  mer  de  Marmora,  1 
fur  la  côte  de  la  Natohe,  devant  le  golfe  de  Poli-  , 
meure. 

MAIGNOAC.  Nom  d'un  petit  pays  de  la  Gafcogne. 
Manhoacus  ,  ou  Magnoacenfis  pagus.  Il  eft  renfermé 
dans  le  Comté  de  Cominges  -,  mais  on  n'en  lait  pas 
les  bornes  ;  Caftelnau  de  Magnoac  en  eft  le  lieu  prin- 
cipal. Maty. 

ïfT  MAIGRE ,  adj.  de  t.  g.  Macer ,  macilentus.  Qui  n'a 
point  de  grailfe ,  ou  qui  en  a  peu  ;  qui  eft  dans  un 
état  oppofé  à  l'embonpoint.  f^oye-{  ce  mot ,  &  Mai- 
greur. Un  tel  devient  maigre  de  jour  en  jour.  On 
acheté  des  chapons  maigres  pour  les  engraillèr.  Bien 
des  gens  n'aiment  pas  la  viande  maigre. 

§3" Maigre  ,  en  terme  de  jardinage  &  d'agriculture, 
fe  dit  d'un  terroir  (te  &  aride  ,  qui  rapporte  peu. 
Aridus  ,  exfuccus.  Le  Gâtinois  eft  un  pays  maigre. 
Il  faut  amander  les  terres  maigres. 

On  appelle  ,  jours  maigres  ,  les  jours  où  l'Eglife 
défend  de  manger  de  la  viande  ;  comme  le  Carême, 
les  Vendredis,  Samedis  j  &c.  Dies  quihus  pr^cipi- 
tur  abjiinencia  à  carnibus.  $3"  On  dit  en  ce  fens, 
un  repas  maigre  ,  une  loupe  maigre. 

Maigre,  fe  dit  figurément  en  Morale,  de  ce  qui  eft 
miférable  ,  fec  ,  aftamé.  Jejunus  ,  exfuccus  ,  exilis. 
On  dit  d'un  ftyle  ,  qu'il  eft  maigre  Ik  décharné  , 
quand  il  eft  fec  ,  dur  ,  quand  il  n'a  ni  belles  ex- 
prcftîons ,  ni  belles  penfées.  Il  ne  faut  pas  que  la 
narration  hiftorique  foit  maigre  ,  Se  décharnée.  Le 
PERE  Lamy.  On  dit  auilî  ,  qu'un  fujet  eft  maigre, 
quand  il  eft  ftérile ,  quand  il  ne  fournit  point  d'oc- 
cafion  de  dire  de  belles  chofes. 

Quoi  !  pour  un  maigre  Auteur  que  je  glofe  en  paf 

fant , 
EJl-ce  un  crime  ,  après  tout  ,  &  (l  noir  &  fi  grand? 

Bon. 


M  A  I 


|ÎO°  On  dit  aulll  familiL-rcmcntj  que  deux  hommes  fc 
font  brouill-s  poui  un  ruMi^re  lujcr  ,  poui-  dire  un 
lujct  léger  j  qui  n  en  valoit  pas  la  peine.  Voilà  im 
maigre  f'ujcc  de  rire.  Faire  maigre  chcre  ,  c'eH  faire 
mauvaife  chère.  Une  maigre  réception ,  une  récep- 
tion hoi'Jc. 

|fcIF"  En  écriture  ,  un  caraftère  maigre  ,  eft  celui  qui  cil 
trop  dclic,  dont  les  traits  ne  font  pas  allez  nourris; 
graciUs. 

IJCF  En  termes  de  Maréchallerie  ,  un  chcv.!l  maigre  cil 
celui  dont  le  ventre ,  au  lieu  de  pouller  cn-dchors  j 
rentre  du  côté  des  Hancs. 

^fT  Le  mot  de  maigre  s'emploie  aulli  adverbialement 
en  cette  phrafe  ,  étamper  maigre  ,  comme  on  dit 
étamper  gras.  Etamper  maigre  ,  c'eft  percer  les  trous 
du  fer  d'un  cheval  trop  près  du  bord  extérieur  ;  & 
érampcr  gras  j  c'eft  les  pratiquer  près  du  bord  inté- 
rieur. l''oye\  Etamper  &  Etampure. 

Les  ouvriers  difent ,  qu'un  Angle  ell:  maigre  ,  lorf 
qu'il  eft  trop  aigu  ,  comme  ils  appellent  angle  gras 
celui  qui  eft  plus  grand  que  le  droit ,  &  que  les 
Géomètres  appellent  obtus.  Ils  difent  aulîl  ,  qu'un 
morceau  de  pierre  ,  ou  tenon  ,  eft  trop  maigre  , 
lorfqu'on  en  a  trop  emporté  en  les  taillant ,  &  qu  ils 
font  trop  minces  pour  remplir  juftement  le  trou  où 
ils  doivent  être  pofés. 

^3"  Les  Maçonsdilent  que  le  mortier  eft  maigre  j(\\x\nà 
il  n'y  a  pas  allez  de  chaux  mclée  avec  le  lable. 

ff^"  En  termes  deConftruclion,  on  dit  qu'un  vaiire.ui 
eft  maigre  ,  quand  il  eft  relferré  des  côtés  ,  qu'il 
n'eft  pas  allez  ouvert.  Quelques  vailFeaux  ont  été 
bâtis  lur  la  forme  des  poilîons  avec  un  avant  plus 

.  enHé  ,  &  un  arrière  plus  maigre  :  mais  ils  n'ont 
point  réulîî.  Lettre  Jur  /a  confiruclion  des  vaijfeaux. 

IJCJ"  En  Fauconnerie ,  on  dit  voler  bas  &c  maigre.  Voyez 
Voler. 

Maigre  j  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit  qu'une  perlonne  eft  maigre  comme  un  hareng 
(oret ,  comme  un  Iquélette.  On  dit  qu'un  cheval  eft 
chargé  de  maigre  ;  pour  dire  qu'il  n'a  point  de  graille. 
On  dit  aulîîj  il  revient  de  la  Rochelle,  il  eft  chargé 
de  maigre  j'^ovit  dire,  qu'il  a  beaucoup  jeûné,  à  caule 
de  la  longueur  du  iîége  ;  d'autres  difent  que  c'eft  à 
caule  d'un  poitlon  nommé  maigre  ,  qui  vient  de  ce 
pays  là.  On  dit  aulïï  _,  à  chevaux  maigres  vont  les 
mouches  5  pour  dire  ,  qu'on  fait  tomber  les  charges 
plutôt  fur  les  petits  que  fur  les  grands.  On  dir  quand 
on  voit  deux  perlonnes  fort  diftérentcs  fur  l'embon- 
point ,  que  ce  font  deux  chapons  de  rente, l'un  gras 
&  l'autre  maigre.  On  dit  aulli ,  qu'un  homme  va  du 
pied  comme  un  chat  maigre  ;  pour  dire  j  qu'il  eft 
bon  piéton.  On  appelle  par  plaifanterie  ,  maigre 
échine  ,  une  perfonne  qui  eft  maigre. 

§Cr  MAir,RE.  f.  m.  C'eft  lapai  tic  de  la  chair  de  l'ani- 
mal ,  où  il  n'y  a  point  de  graille.  Le  maigre  d'un 
jambon.  Donnez -moi  du  maigre  Ac  ce  morceau  de 
bœuf.  Faire  maigre ,  manger  maigre  ;  c'eft  s'abftenir 
de  manger  de  la  viande.  A  carnibus  abfiinere.  Les 
Chartreux  font  maigre  toute  l'année. 

%fT  Maigre,  f  m.  Nom  d'un  poilfon  de  mer  dont  on 
vient  de  parler.  Il  a  deux  nageoires  près  des  ouies^ 
deux  fous  le  ventre,  une  au-delà  de  l'anus,  &  deux 
fur  le  dos.  La  première  de  celle-ci  eft  garnie  de  huit 
piquans.  Dans  le  premier  âge  ,  il  eft  prefqu'en  en- 
tier de  couleur  argentée.  En  grandilfant ,  il  devient 
livide  &  noiritrc  fur  le  dos  &  fur  les  côtés.  Il  pefe 
jufqu'à  foixante  livres.  Acad.  Fr. 

•MAIGRELET,  ETTE.  adj.  Diminutif  A^ maigre.  Il  fe 
dit  des  enhns  &c  des  jeunes  perfonnes.  Un  enfmt 
maigrelet.  Une  jeune  femme  maigrelette.  Il  n'eft  que 
du  ftyle  familier. 

MAIGREMENT,  adv.  ^  N'eft  point  d'ufage  au  pro- 
pre. Au  figuré  on  l'emploie  dans  le  ftyle  familier  pour 
petitement.  Modicè  ^exiliter.,  tenuiter.  Nous  avons 
été  traités  bien  maigrement.  Il  a  de  quoi  vivre  ,  mais 
bien  maigrement. 

MAIGRESSE.  f  f.  Vieux  mot.  Maigreur. 

MAIGRET ,  ETTE.  adj.  Diminutif  de  maigre.  Suh 


MAI  733 

macer ,  fubmacilencus.  Il  eft  un  peu  maigret.  11  eft  fa- 
milier. 
MAIGREUR,  f  f  Etat  d'un  homme  ou  d'un  animal 
dont  le  corps  eft  maigre.  Macies  ,  macror.  ifT  L'état 
du  corps  où  le  tillu  graiftèux  fe  trouve  prcfquc  dé- 
truit ,  foir  fous  la  peau  ,  foit  dans  l'intervalle  des 
nuikles.  Les  cellules  de  ce  tillu  fe  trouvant  privées 
de  1  huile  qui  doit  les  remplit,  s'aftailient  les  unes 
fur  les  autres  ,  &  ne  laillcnt  prcfque  plus  aucune 
trace  de  leur  exiftcnce.  Le  délaut  d'alimens  ,  un  vice 
particulier  dans  les  digeftions ,  tout  ce  qui  peut  di- 
minuer ou  altérer  les  lues  nourriciers  ,  les  maladies , 
&CC.  font  les  caufes  ordinaires  de  la  maigreur. 

j?3"  On  peut  être  maigre  _,  fans  que  la  fanté  en  foit  al- 
térée. Les  gens  qui  travaillent  beaucoup,  principale- 
ment pendant  les  grandes  chaleurs  ,  ceux  qui  ont 
des  pallions  vives  ,  &c.  ont  communément  peu  d'em- 
bonpoint, &  ne  s'en  portent  pas  plus  mal. 

MAIGRIR,  v.  n.  Devenir  maigre.  Macère  ,  macefcere , 
macie  conjîci.  Ce  malade  maigrit  à  vue  d'œil. 

MAIGRI  ,  lE.  part.  Macie  confeclus. 

MAIGUE  ,  ou  MÉGUE.  f  m.  Petit  lait^  ou  lait  clair  , 
la  partie  féreufe  du  lait  ,  qui  en  fort  quand  il  fe 
caille.  On  donne  du  maigue  aux  cochons.  Ce  mot 
n'eft  guère  en  ulage  que  chez  les  payfans.  Sérum 
laclis.  Ménage  le  fait  venir  par  corruption  de  maigre 
de  lait. 

MAIGUE.  f  f.  Poilfon  de  mer  que  les  Latins  appel- 
lent Umbra  ,  &  mefga  ,  ou  thynnus.  On  l'appelle  en 
Italien  Umbrino  ,  tic  fur  les  côtes  de  Gafcogne 
Boomgat. 

MAIL.  L  m.  Ce  mot  eft  d'une  fyllabe  ,  &  n'a  pour 
voyelle  que  Va  ,  qui  eft  bref,  \'i  ,  fe  mouille  avec  1'/. 
Il  a  au  pluriel,  mails.  Lu  Jus  tudicularis  Jpkara  mi- 
noris.  Jeu  d'exercice ,  où  l'on  poulie  avec  force 
Se  adrelfe ,  une  boule  de  buis  qu'on  doit  fiire  à  la 
fin  palier  dans  un  petit  arc  de  fer  qu'on  nomme  la 
palle.  Le  Alail  eft  un  jeu  honnête  auffi-bien  que  la 
Paume.  Il  y  a  quelques  endroits  où  l'on  appelle  ce 
Jeu  Pale-mail. 

MaiLj  fc  dit  aulîî  de  l'inftrument  avec  lequel  on  poulie 
la  boule,  qui  eft  une  petite  malle  de  bois  fort  dure 
&:  ferrée  ,  qui  a  un  long  manche  8c  fort  pliant.  Ta- 
dicula ,  tudes.  Il  eft  venu  en  palfe  en  trois  coups  de 
mail. 

On  appelle  boule  de  Mail ^  la  boule  avec  laquelle 
on  joue  au  Mail.  Acad.  Fr. 

Mail  ,  fe  dit  aulli  d'une  allée  d'arbres  battue  &  bordée, 
&  fermée  de  planches  ,  dans  laquelle  on  joue  au 
Mail.  PaUJlra,  velftadium  tudicularis  fph^riz  mino- 
ns. En  beaucoup  de  villes  on  va  fe  promener  aa 
Mail.  On  a  fait  un  MailAàns  ce  parc.  Davilerveut 
qu'un  mail  foit  une  allée  d'arbres  de  trois  ou  quatre 
cens  toifes  de  long  ,  fur  quatre  à  cinq  de  large  ,  bor- 
dée d'ais  attachés  contre  des  pieux  à  hauteur  d'ap- 
pui ,  avec  une  aire  de  recoupes  de  pierre ,  couverte 
de  ciment ,  où  l'on  chalîê  des  boules  de  buis  avec  un 
Mail  ou  maillet  ferré  à  long  manche.  Le  Mail  de 
Saint-Germ.iin-en-Laye  eft  un  des  plus  beaux ,  parce 
que  les  arbres  qui  le  bordent ,  font  de  haute  futaie. 
Celui  de  Paris ,  eft  près  de  J'Arfenal. 

Mail  ,  fe  dit  quelquefois  pour  MAILLET.  Voye:^  ce 
mot. 

Mail.  1.  m.  Efpèce  de  ciment  compofé  de  chaux  vive , 
fufée  au  vin  ,  de  fuif  de  cochon ,  &  de  figue  fraîche. 
Maltha. 

MAIL  -  ANSCHI.  f  m.  Efpèce  de  Rhamnus  ,  qui 
croît  au  Malabar.  On  recommande  la  décoétion  de 
fes  racines  dans  la  goutte ,  Se  celle  de  fes  feuilles , 
avec  du  fucre  ,  dans  la  jaunilfe.  On  prend  aulïï  ces 
feuilles  feules  dans  du  lait  -,  le  fuc  qu'on  en  exprime, 
mêlé  avec  du  lait  de  vache  &  du  fucre ,  fait  éva- 
cuer les  urines  blanches  &  purulentes.  Ray  j  Htjl. 
Plant. 

MAIL-ÉLOU.  f  m.  Grand  arbre  du  Malabar  -,  qui  eft 
toujours  vert ,  Se  qui  poite  Heurs  &  fruits  en  même- 
temps  ,  &  même  deux  fois  l'année.  On  fait  de  fes 
feuilles  Se  de  fon  écorce  broyées  Se  bouillies  dans 
une  infufîon  de  riz,  un  apozcme  qui  palfe  pour  un 


734  MAI 

•très  -  bon  ïemè-de  dans  les  doirleuis  qui  luis'cnt  r.ic- 
couchement  ,  qui  expulfe  l'aLTière  -  faix  ,  &  facilite 
les  vidanges.  Foyc^i  les  Dicl.  de  James.  Arhor  haccï- 
fera  ,  tnfolia  ,  MaUibanca  ,  fimplici  officulo  ,  cum 
plurimis  nudcïs  ^  Lufitanïs  Cardia. 
MAILLARD.  (".  m.  Nom  d'homme.  Malardus.  S.  Mail- 
lard de  Chartres  foufcrivit  au  troilieme  Concile  de 
Châlons  ,  avec  trente-huit  autres  Evcques  ,  fix  dépu- 
tés d'abfens  ,  iîx  Abbés  ,  &  un  Archidiacre.  Quel- 
ques uns  dilent  Malard ;nyî\s  l'ufage  a  changé  ce  mot 
en  celui  de  Maillard ,  Vi  fe  mouille  avec  les  deux  // , 
&  Va  clf  long. 
MAILLE,  f.  f.  L'a  eft  long,  &  l'i  le  joint  avec  les  deux 
II,  pour  les  mouiller.  Pente  monnoie  de  cuivre  va- 
lant Ja  moitié  d'un  denier.  Sejcuncia  ,  obolus  ,  dena- 
rioli  femis;  dans  la  balle  Latinité,  malUa.  Il  y  a  eu 
aulli  des  jjiailles  blanches  battues  l'an  1503  ,  fous 
Philippe  le  Bel.  La  maille  &i  l'obole  étoient  la  même 
chofe  ,  &  ne  valoient  que  la  moitié  du  denier  ;  c'ell: 
pourquoi  il  y  avoir  des  mailles  Parijis  ,  &  des  mailles 
Tournois.  Il  y  avoit  aulli  des  demi-mailles.  Le  Bl. 
Il  eft  parlé  de  mailles  blanches  dans  le  if  Se  14^ 
lîccle.  Les  mailles  de  Meun  fur  Ycvre  fabriquées  par 
ordre  de  Robert  d'Artois  ,  étoient  de  trois  dcn.  6  gr. 
de  loi  d'argent  du  Roi ,  &  du  poids  de  20  fols  au 
marc  de  P.aris. 

Ce  mot  fignifie  quelquefois  une  monnoie  de  peu 
de  valeur.  Sur  ce  marché  vous  ne  perdez  pas  la 
maille.  Cette  marchandife  ne  vaut  pas  une  maille. 
On  ne  rabattra  pas  la  maille  de  ce  qu'on  vous  a  dit. 
Il  fait  rendre  compte  à  fon  Faâeur  jufqu'à  la  der- 
nière maille. 

Du  Cange  dit  qu'il  y  a  eu  une  maille  d'or  ,  qui 
étoit  une  monnoie  de  Conftantmople.  On  trouve 
dans  l'Ordonnance  des  vieilles  monnoies  ,  qu'il  y 
avoit  du  temps  de  François  I.  une  monnoie  d'or , 
en  forme  de  petit  écu  d'or  ,  qu'on  appeloit  maille  de 
Lorraine ,  qui  avoit  cours  en  France  pour  33  lous 
6  deniers  ,  &  pefoit  deux  deniers  quatre  grains.  Cette 
maille  avoit  d'un  côté  pour  figure  la  tête  d'un  Duc 
de  Lorraine  ,  &  de  l'autre  côté  elle  avoit  une  croix  , 
&  d'autres  pièces  dans  Ion  état.  On  a  appel.:  aulîî  les 
pites  j  mailles  Poicîevines ,  mafcula  Piclavienjïs  ,  ou 
mafcidus  Pïclavienfis  :  ce  nom  Latin  fut  donné  a 
cette  monnoie  par  les  Notaires  &  les  Ecrivains  igno- 
rans,  lefquels  entendant  prononcer  majle  ou.  mâle , 
au  lieu  de  maille  ,  rendirent  ce  mot  par  celui  de  maf 
culus  ,  dans  les  aéfcs  qui  fe  failoient  en  Latin. 

Ménage  dérive  le  mot  de  maille  de  mafcula  ;  mais 
il  y  a  plus  d'apparence  que  ce  mot  vient  de  macle , 
terme  d'Armoiries  ,  ou  de  la  maille  des  filets  ,  qui 
■ont  la  même  figure,  puifque  Borel  dit  que  la  maille 
ctoit  autrefois  carrée  ,  lelon  Clérac ,  au  traité  des  mon- 
noies ;  &  d'ailleurs  le  mot  Latin  mafcula  ,  ou  mafcu- 
ius  ,  vient  de  celui  de  mâle  j  qu'on  difoit  pour  maille. 
D'autres  difent  qu'elle  a  été  ainli  nommée ,  à  caufe 
qu'elle  étoit  faite  de  cuivre  ,  ou  de  bas  billon  ;  que 
dans  les  monnoies  on  appelle  métal.  Du  Cange  pré- 
tend que  ce  mot  eft  dit  par  contradion  de  medalia. 
Voye-{  MÉDAILLE. 
Maille,  en  termes  de  Monnoie  ,  eft  la  cinquième  divi- 
f.on  du  poids  de  marc  ,  qui  contient  3  xo  mailles.  C'eft 
la  moitié  d'un  eftelin. 
Maille  d'or.  Terme  de  Coutumes.  Le  droit  de  maille 
d'or,  eft  un  droit  dû  au  Seigneur  en  quelques  en- 
droits ,  pour  la  garde  des  Foires. 
Maille  ,  lignifie  aulli  l'ouverture  qui  demeure  entre 
les  Ouvrages  de  fil,  de  ficelle  ,  de  laine  ou  de  foie, 
qui  font  noués ,  ou  tricotés.  Macula.  Les  mailles  d'un 
filet  ,  d'une  raquette.  Le  tramail  eft  fait  de  trois  ibr- 
I    tes  de  mailles  ,  de  deux  grandes  ,  &   d'une  petite 
.     maille  dans  la  nappe  qui  eft  au  milieu.  Les  Ordon- 
nances des  Eaux  &c  Forêts  règlent  les  ouvertures  des 
mailles  des  filets.  Du  temps  de  S.  Louis  ,  il  filloit 
qu'il  y  pût  palier  un  gros  tournois  de  plat.  Les  bas 
de  foie  ont  des  mailles  fort  ferrées.  Les  Ravaudeules 
reprennent  les  mailles  d'un  bas  de  foieiî  proprement , 
qu'il  n'y  paroît  pas. 
1\Iaii.le  ,  fe  dit  aulli  des  ouvertures  qu'on  lailFe  dans 


MAI 

un  treillis  de  fer.  La  Coutume  de  Paris  ,  art.  20  , 
parlant  des  fenêtres  à  fer  maille',  veut  que  les  ou- 
vertures n'excèdent  pas  quatre  pouces.  ftC?  On  appelle 
aulli  maille  ,  en  jardinage  ■,  les  aires  ou  efpaces  qui  . 
iont  entre  les  fils  de  »cr  qui  tout  un  rezeau  ,  ou  entre 
les  échalas  qui  forment  un  treillage.  Daviller  dit  que 
la  grandeur  ordinaire  de  chaque  maille  eft  de  quatre 
à  cinq  pouces  en  carré  peur  les  berceaux  &  cabi- 
nets -,  de  lix  à  fcpt ,  &c  de  neuf  à  dix  pour  les  échalas. 

Maille  ,  fe  dit  aulli  du  tillii  de  plufieurs  filets  de  fer  , 
ou  petits  annekts  de  fer ,  dont  on  faifoit  des  armures. 
Fibula ,  hamulus  ,  hamus.  On  portoit  autrefois  des 
chemifes  de  mailles  ,  des  Jacques  de  mailles  ,  lorica. 
conferta  hamis  ,  fous  le  pourpoint ,  fous  la  cafaque, 
pour  fe  défendre  de  l'épée  &  du  poignard.  On  fai- 
foit auffi  des  gants  de  mailles.  Cotte  de  mailles.  Hau- 
bergeon  fait  de  mailles. 

Ce  mot  vient  de  macula  ,  ou  de  macla  ;  ce  qui 
s'eft  dit  tant  des  mailles  de  chaînes  ,  que  de  celles 
des  filets  ,  de  celles  des  hauberts.  Du  Cange. 

Maille  ,  en  termes  de  Blafon,  lignifie  une  boucle  ronde 
ians  ardillon.  Annellus. 

Maille  ,  en  termes  de  Monnoyeurs  &  d'Orfèvres  , 
fignifie  un  petit  poids  qui  vaut  deux  félins  ,  ou  la  moi- 
tié d'un  eftelin.  C'eft  la  quarrième  partie  d'une  once. 
UnciA  triens. 

Maille  ,  terme  de  Chalfe ,  fe  dit  auflî  du  changement 
de  couleur  qui  arrive  aux  plumes  du  perdreau  ,  quand 
il  devient  fort  &  qu'il  fe  couvre  de  mouchetures. 
Plumaria  macula  ,  tejjera.  Ce  perdreau  prend  maille. 
Le  p.  Pommey.  l'^oye\  Mailler. 

Maille,  eft  aulli  une  tache  ronde  qui  vient  fur  la  pru- 
nelle de  l'œil ,  dérivé  du  même  mot  macula.  Argema. 
L'Italien  dit  macchia  d'occhio. 

Maille  ,  en  termes  de  Jardinage  ,  fe  dit  de  l'œil  ou  nœud 
d'où  foiT  le  fruit  des  melons  ,  des  concombres  &  du 
raifin.  Voye-{^  Mailler.  Gem^ma. 

Maille  ,  en  termes  de  Marine  ,  ie  dit  aulîî  de  la  dif- 
tance  qu'il  y  a  entre  les  membres  d'un  vaifteau.  In- 
tcrlaterium.  Maille  fe  dit  encore  d'un  menu  cordage  , 
ou  d'une  ligne  qui  fait  plufieurs  boucles  au  haut  d'une 
bonnette,  &  qui  fert  à  la  joindre  à  la  voile.  Funiculus 
anncllatus. 

Maille  ,.  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
appelle  un  pince  maille  ,  un  homme  fort  attaché  à 
fes  intérêts.  On  dit  qu'une  choie  vaut  mieux  un  écu 
qu'elle  ne  valoit  maille  ,  quand  on  l'a  beaucoup  amé- 
liorée. On  dit  aulli  que  des  gens  ont  toujours  maille 
à  partir  enfemble  ;  pour  dire  ,  qu'ils  Iont  en  une  dif- 
fcnlion  perpétuelle.  On  dit  aulli  qu'un  homme  n'a  ni 
denier  ,  ni  maille  ,  qu'il  n'a  pas  vaillant  la  maille  ; 
pour  dire  qu'il  eft  fort  gueux.  On  dit  aulli  qu'un  hom- 
me fait  la  maille  bonne  -,  pour  dire  ,  qu'il  garantit  que 
le  compte  y  eft  jufqu'à  une  maille.  On  dit  aulli ,  maille 
à  maille  fe  fait  le  haubergeon  ;  poiu"  dire  qu'il  faut 
faire  les  choies  l'une  après  l'autre. 

Maille.  Nom  de  lieu.  Malliacum  Turonum.  Il  y  a  deux 
lieux  de  ce  nom  en  Touraine;  l'un  dans  une  lie  de 
la  Loire  au  delfous  de  Tours  ,  célèbre  par  un  Monaf- 
tère  où  repofoit  le  corps  de  S.  Solenne  :  &c  l'autre  fur 
la  Vienne ,  au  delfus  de  l'île  Bouchard.  'Valois  ,  NoU 
G  ail.  D,  314. 

MAILLÉ  ,  ËE.  part.  &  adj.  Murus  teffellatus.  Il  y  a 
une  forte  de  Maçonnerie  particulière  ,  qu'on  appelle 
Maçonnerie  maillée  ;  elle  fe  fait  en  échiquier  ,  &•  fes 
joints  font  obliques.  Il  y  a  aulli  ter:  maillé-  'Voyez  Fer. 

MAILLEAU.  C  m.  Petit  inftrument  de  bois  en  forme 
de  maillet  ,  qui  fert  au  .  Fondeurs  de  draps  pour 
faire  mouvoir  celui  des  deux  couteaux  des  forces  à 
tondre  j  que  l'on  nomme  le  mâle.  Quand  le  mail- 
leau  n'a  point  de  manche  ,  on  lui  donne  le  nom  de 
ciireau. 

MAILLEBOIS.  MalU  Bofcum.  Seigneurie  de  France 
dans  le  Timerais  ,  au  Diocèfe  de  Chartres ,  dans  l'E 
ledion  de  Verneuil. 

MAILLER.  V.  a.  Armer  de  w^i/Zw. 'Voyez  Maille.  Ce 
Cavalier  s'étoit  maillé  pour  aller  au  combat.  Il  faut 
mailler  les  chiens  à  la  chalfe  du  langlier. 
Mailler  ,  le  dit  en  termes  de  Challe  des  perdreaux  ,". 


M  AI 


M  A  I 


I 


quand  il  leur  vient  des  mouclieturcs ,  ou  madruics. 
Les  pcidicaiix  ne  font  bons  que  quand  ils  lont  mailles. 
Alors  il  cil  réciproque.  Les  perdreaux  le  maillent , 
comniLi-Lent  à  fe  mailler. 

Mailleu.  7.  n.  Eft  un  terme  ufité  parmi  les  Jardiniers , 
pour  hgniîîer  pouUer  des  bourgeons.  Ccrmïnare  , 
Gemmas producere.  Le  raifin  blanc  maille  bien  plutôt 
que  le  noir.  Luer. 

Liger  prétend  qu'en  ce  fcns  maille  Se  mailler 
fignidcnt  tache  &  tacher  ,  parce  qu'il  ne  naît  rien 
dans  les  végétaux  ,  qu'auparavant  ils  n'en  donnent 
des  marques. 

Mailler.  Autre  terme  de  Jardinage  ,  Efpacer  des  écha 
lats  montans ,  traverlans  par  intervalles  ég.aux ,  car- 
rés j  ou  en  lozangc  pour  les  treillages. 

On  dit  aulîî  mailler,  en  fait  de  Jardinage  ,  pour 
faire  un  parterre  d'après  un  dellîn.  C'cll  propre- 
ment d'après  un  petit  dclîîn  de  parterre  graticulé  , 
le  tracer  en  grand  par  carreaux  en  pareil  nombre, 
fur  le  terrain. 

Mailler  une  toile  de  Baptiftc.  C'eft  la  battre' fur  une 
pierre  de  marbre  avec  un  maillet  de  bois  bien  uni , 
pour  en  abattre  le  grain  &  lui  donner  un  œil  plus 
Hn. 

MAILLET,  f.  m.  l'a  eft  bref,  \'i  fe  mouille.  Mar- 
teau à  deux  tètes,  ordinairement  de  bois,  qui  lert 
aux  Menuificrs  ,  Tonneliers  ,  Tailleurs  de  pierre , 
aux  Fendeursde  bois,  &  à  plulîeurs  autres  Ouvriers. 
Malleus  ,  tudes  ligneus  biceps.  Les  Sculpteurs  tra- 
vaillent avec  le  maillet  Se  le  cifeau. 
Maillet,  dans  l'Art  Militaire.  Les  François  fe 
font  fervis  de  cette  arme  dans  les  combats ,  en  1551. 
à  la  bataille  des  Trente  ,  fi  rameule  dans  l'Hiftoire 
de  Bretagne ,  ainll  nommée  du  nombre  des  combat- 
tans  ,  qui  étoient  trente  de  chaque  côté,  les  uns  du 
parti  de  Charles  de  Blois  Se  du  Roi  de  France ,  &  les 
autres  du  parti  du  Comte  de  Montort  &  du  Roi 
d'Angleterre  ,  on  fe  fervit  du  maillet. 

La  Populace  de  Paris,    fous    Charles  VL    força 
l'Arfenal ,  &  en  tira  quantité  de  maillets  ,  dont  elle 
s'arma  pour  alfommer  les  Commis  des  Douannes , 
ce  qui  leur  fit  donner  le  nom  de  Maillotins. 
Ce  mot  vient  de  malleolus. 

Maillet  de  Calfat.  C'eft  un  maillet  pour  calfater , 
qui  eft  emmanché  fort  court ,  &  qui  a  la  malfe  fort 
longue  &  menue ,  avec  une  mortoife  à  jour  de 
chaque  côté  ,  &c  qui  a  les  tètes  reliées  avec  des  cer- 
cles de  fer.  Rimarum  nauticarum  obturatoris  malleus. 

Maillet  d'Artificier  ,  eft  une  malle  de  bois  dur  Se  pc- 
fant  ,  proportionnée  à  celle  de  la  tufée   dont  elle 
'.  :  doit  fouler  la   compofition   à  grands   coups  ;  ainli 
chaque  moule  doit  avoir  fon  maillet. 

On  appelle  Maillets,  en  termes  de  Blafon,  les 
marteaux  de  bois  ,  dont  plufieurs  chargent  leurs 
Ecus  :  mais  on  les  appelle  mailloches  ,  quand  ils 
font  de  fer,  &c  plus  petits  que  les  maillets.  Mal- 
leoli. 

§3"  MAILLETAGE.  f.  m.  Terme  de  Marine.  On  ap- 
pelle ainfi  la  furface  du  doublage  de  la  carène  d'un 
vaiileau  recouverte  de  clous. 

|3°  MAILLETER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  Couvrir 
le  doublage  du  vaillèau  de  clous  fort  près  les  uns  des 
autres  ,  &:  de  façon  qu'il  en  foit  entièrement  garni , 
pour  empêcher  les  vers  d'y  mordre.  Manœuv. 

MAILLETON.  f.  m.  Vieux  mot.  C'ejl ,  dit  Nicot, 
un  nouveau  jeclon  qui  eft  forti  du  bois  ou  ferment  de 
l'année  précédente ,  &  eft  appelé  mailleton  ,  parce 
qu'en  la  partie  &  endroit  d'où  il  eft  coupé  du  vieil 
ferment ,  il  rejfemble  à  un  petit  maillet. 

MALLEZAIS.  Valois  écrit  MAILLEZAY  ,  mais  mal. 
La  dernière  fyllabe  eft  ouverte.  Petite  ville  de  Fran- 
ce. Malliacum  Piclonum.  Elle  eft  dans  le  Poitou , 
au  confins  dupays  d'Aunis ,  à  quatre  ou  cinq  lieues 
de  Niort ,  du  côté  du  couchant.  Malle\ais  a  un 
Evêché  j  qui  fut  transféré  à  la  Rochelle  l'an  1648. 
Maty.  Valois  croit  que  Malle-^^ais  a  pris  ce  nom 
de  quclqu'uri  nommé  Alallius.  Voy.  Not.  Gall. 
p.  313. 

Le  Pape  Jean  XXII.  divila  en  trois  le  Diocèfe  de 


-^sr 


/ 


Poitiers,  y  érigeant  en  Evcché  les  deux  Abbayes  de 
Maillerais  Se  de  Luçon.  Celle  de  Maillciais  avoir 
ete  fondée  l'an  lo-o.  par  Guillaume  V.  L'uc  d'A- 
quitaine en  l'honneur  des  Apôtres  S.  Pierre  Se  S 
Paul.  Le  Pape  érigea  ces  deux  Evcchés  par  une 
Bulle  du  I  \  d'Août  1 3 1 7.  Se  il  donna  les  deux  nou- 
veaux Evêchés  aux  Abbés  des  mêmes  Eglifcs,  celui 
de  Maillerais  à  Gcoflioi  Ponerelle.  L'Evèché  de 
Maillerais  fut  tranféré  à  la  Rochelle  en  1 648. 

MAILLIER.  f.  m.  Artitan  qui  fait  des  armes  compo- 
fees  de  petites  chaînettes  ou  mailles  de  fer.  Cet 
Ouvrier  s'appelle    Chaineticr. 

MAILLIERE.  f.  f.  Vieux  mot  qui  fignifie  la  même 
chofe  que  MARLIERE.    Voye^  ce  mot. 

MAILLOCHE,  f.  f.  Petit  maillet  de  bois,  ou  fimple- 
ment  maillet  de  bois.  Ligneus  malleus  ,  malleolus. 
En  termes  de  Blafon  ,  on   appelle  mailloches  des 
petits  maillets  de  fer. 

,?Cr  MAILLON,  f.  m.  Terme  de  Chaînetier  ,  fyno- 
nyme  de  CHAÎNON  ,  fe  dit  de  chaque  portion  du 
tilh.!  qui  forme  une  chaîne  flexible.  La  chaîne  fe 
forme  par  l'allemblagc  de  plufieurs  maillons  ou  chaî- 
nons,  f^oyer  ce  mot. 

Maillon.  Terme  de  Gazier.  Efpèce  de  petit  anneau 
d'émail  qui  dans  les  métiers  des  Fcrraiidiniers-Ga- 
ziers  fert  à  attacher  les  lifettes  aux  plombs. 

Maillon.  Vieux  mot.  C'eft  une  efpèce  de  nœud  ,  que 
font  les  Jardiniers,  quand  ils  lient  avec  de  l'ofier, 
les  perches  Se  la  vigne  d'une  treille.  On  a  dit  aullî 
maillon  ,  pour  dire  le  maillot  d'un  enfant. 

MAILLOT,  f.  m.  Couches  Se  langes  dont  on  enve- 
loppe un  enfant  à  Ca.  nailFance ,  Se  pendant  fi  pre-r 
inière  année.  Panniculi  ,  panni  ,incunabula.  Cet  en- 
fant eft  encore  en  maillot.  Mettre  un  enfant  dans 
fon  maillot ,  lui  ôtet  fon  maillot. 

MAILLOTIN.  f.  m.  Vieux  mot  ,  qui  fignifioit  une 
arme  ancienne ,  une  efpèce  de  malle  de  bois  ou  de 
fer  ,  qu  on  portoit  pour  enfoncer  les  cafques  Se  les 
cuiralîes.  Tudicula.  Il  y  a  eu  une  faclion  en  France 
qu'on  appeloit  des  Maillotins.  Voye^  Maillet. 

MAILLURE.  f.  f.  En  termes  de  Fauconnerie ,  fe  dit 
des  taches ,  mouchetures  ,  ou  diverfités  de  couleurs 
qui  font  des  efpèces  de  mailles  fur  les  plumes  de  l'oi  i 
feau  de  proie.  Teftéllataplumarumfuperfiùes.  On  les 
appelle  aulli  émaillures  Se  tavelures.  Celles  de  devani; 
s'appellent  Paremens. 

MAILLY.  Nom  de  heu.  MaHiacum,  ad  Vidûlam.  Il  eft 
fur  la  Vêle  près  de  Reims  en  Champagne.  Valqis  , 
Not.   Gall.  p.    6  0 3. 

MAIMACTERION.  1'.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom 
du  cinquième  mois  des  Athéniens  ,  qui  répond  à- 
peu-près  à  notre  mois  d'Oélobre. 

Ce  nom  vient  de  celui  de  maimacle  ,  qui  fignifie 
impétueux ,  turbulent ,  Se  qu'on  donnoit  à    Jupiter. 

MAIMBEUF ,  ou  MAIMBEU.  f.  m.  Nom  d'homme. 
Magnobodus.  Sainï  Maimbeuf ,  Evêque  d'Angers. 
S.  Mainbeuf  vïnv  au  monde  vers  l'an  J74,  dans 
l'Anjou  ,  de  parens  des  plus  confidéiables  de  la 
province.  En  60;.  il  fuccéda  à  S.  Lézin  dans  l'E- 
vêché  d'Angers.  Il  alîîfta  l'an  6ij.  au  Concile  de 
Reims  ,  &  mourut,  comme  on  le  croit,  le  16  d'Oc- 
tobre de  l'an  654.  après  un  Epilcopat  de  48  ans. 
Bailler  jû«  16  d  Octobre. 

MAIMONT,  ou  MÉMONT,  Nom  de  lieu.  Magnus 
mons  j  Grandis  mons.  il  étoit  en  Touraine.  Valois  , 
Not.  Gall.  p.  3S4- 

MAIN.  f.  f.  Partie  du  corps  de  l'homme  qui  eft  à  l'ex- 
trémité de  fes  bras ,  &  que  la  nature  lui  a  donnée 
pour  fervir  à  diiférens  ufiges.  Manus.  Les  mains 
font  un  tiflu  de  nerfs  &:  d'oifeîets  enchâflés  les  uns 
dans  les  auties,  qui  ont^ toute  la  force  Se  toute  la 
fouplelfe  convenable  pour  tâter  les  corps  voifins , 
pour  les  fâifirjpour  s'y  accrocher,  pour  les  lancer, 
pour  les  attirer ,  pour  les  repoulTcr  ,  pour  les  démê- 
ler ,  pour  les  détacher  les  uns  des  autres.  Fénelon.  La 
main  droite  ,  la  main  gauche.  Dextra  ,  Uva  ,finiftra. 
On  dit  le  plat  de  la  main  ,  le  revers  de  la  main.  Ces 
beaux  monumens  font  échappés  aux  brutales  mains 
des  Barbares   qui  ont  ravagé  l'Empire.  La  Chap, 


ll^ 


M  A  I 


M  A  I 


Les  Turcs  fe  fervent  d'une  main  pour  cuiller  & 
pour  fourchette,  &  du  creux  de  l'autre  pour  allktte  , 
avec  laquelle  en  même-temps  ils  reportent  le  man- 
ger à  la  bouche.  Du  Loia  ,  ^.  i68. 

Bérénice  cft  charmante  ,  &  de  Ji  belles  mains 
Méritoient  de  porter  kfceptre  des  humains.  Rac. 

La  Main,  en  termes  d'Anatomie,  s'étend  depuis  l'é- 
paule jufqu'aux  doigts  ,  &  fe  divife  en  trois  parties. 
La  première  s'étend  depuis  l'épaule  jutqu'au  coude  , 
&  s'appelle  proprement  bras.  Humérus,  brachium. 
La  féconde  ,  depuis  le  coude  jufqu'au  poignet ,  & 
s'appelle  Xavant-bras  ;  3c  la  troifième  la  mai/i  pro- 
prement dite.  Celle  ci  fe  divife  encore  en  trois  par- 
ties ;  l-i  carpe,  qui  eft  le  poignet,  le  métacarpe, 
qui  eft  la  paume  de  la  main  ,  que  les  Latins  ap- 
pellent Fola  ;  Se  enfin  les  cinq  doigts.  Ces  mots 
font  expliqués  à  leur  ordre.  Il  y  a  plulicurs  nerfs  fe- 
més  par  toute  la  main  ,  qui  fe  dilhibuent  dans  di- 
vers mufcles  qui  font  l'organe  du  mouvement  vo- 
lontaire. Les  petites  bolfettes  que  font  la  peau  & 
la  charnure  de  la  main ,  s'appellent  monts  ,  (ur  lel- 
quelles  les  Chiromaciens  font  diverfes  prédidtions , 
&  ils  les  rapportent  aux  fept  Planettes._  Us  confi- 
dèrent  aulli  les  lignes ,  ou  incifures  qui  font  dans  la 
main,  dont  il  y  en  a  14  principales.  F'oy.  Mont, 
&  Ligne.  Chez  les  Egyptiens  la  main  eft  le  fym- 
bole  de  la  force.  Chez  les  Romains  c'eft  le  fymbole 
de  la  foi ,  &  elle  lui  fut  conficrée  par  Numa.  Une 
main  qui  jette  des  cendies  fur  un  brader  ardent , 
avec  ce  mot  Teget  tien  extinguet,  eft  une  devife 
qui  marque  que  le  fouvenir ,  la  gloire  des  grands 
hommes  fe  conferve  fous  les  cendres  du  tombeau. 

^fT  Ce  terme  a  une  infinité  d'acceptions  diftérentes, 
tant  au  propre  qu'au  figuré  ,  dans  le  ilyle  noble  & 
dans  le  familier.  Nous  en  marquerons  ici  plufieurs. 
On  trouvera  les  autres  fous  les  articles  particuliers. 
En  Chirurgie  ,  on  appelle  main  de  Fer ,  une 
main  artificielle  que  les  Chirurgiens  appliquent  au 
bras  dont  la  main  a  été  coupée.  Manus  arte  facla. 
Elle  a  prelque  tous  les  mouvemens  de  la  main  ordi- 
naire par  les  moyens  des  pignons j  broches,  gâchet- 
tes ,  étoquaux  ,  boutons  &  rellorts  -,  dont  la  figure 
&  la  defcription  fe  trouvent  dans  les  Œuvres  d'Am- 
broife  Paré. 

Main  ,  fé  dit  auOî  en  parlant  de  quelques  animaux , 
comme  les  finges  ,  les  ours ,  les  firènes.  Pedcs  an- 
tici  j  priores ,  anteriores.  La  trompe  fert  dï  main 
aux  éléphans. 

-Main,  en  termes  de  Fauconnerie  j  fe  dit  proprement 
du  faucon  ,  duquel  on  dit  qu'il  a  la  main   habile, 

■  gluante ,  fine  ,  bonne  ,  forte  ,  déliée  Se  bien  on- 
glée j  qui  font  les  bonnes  qualités ,  &  au  contraire 
qu'il  a  la  main  gralTe  &  charnue ,  &c.  Accipitris 
pes  ,  manus.  On  dit  auili  les  doigts  Se  fes  ongles, 
fi  ce  n'eft  que  les  ongles  des  doigts  de  derrière  s'ap- 
pellent les  Avillons.  Pour  les  autours  ^  les  éperviers 
mouchets  &  pies-grièches  ,  on  dit  le  pied  Se  non  pas 
la  main.  Et  pour  les  aigles ,  on  dit  les  griffes ,  & 
leurs  ongles  s'appellent  crochets.  Digiti  uncati , 
falcati. 

Main  ,  fe  dit  figurément  en  chofes  fpiriiruelles  Se  mo- 
rales ,  pour  Puillancc ,  vertu.  Tous  nos  jours ,  tous 
nos  biens  (ont  en  la  main  de  Dieu.  Il  huit  reconnoî- 
tre  l'ordre  &  la  main  de  Dieu  en  toutes  choies. 
Nie.  L'homme  ,  le  monde  ,  eft  l'ouvrage  de  (es 
.  mains.  Dieu  a  appefanti  fa  main  fur  les  coupables. 
La  mort  de  ce  Tyr,ui  eft  un  coup  de  la  main  de 
Dieu. 

IVIain  ,  fe  dit  aufll  de  la  compofition  des  Ouvrages. 
Voilà  un  livre  anonyme  qui  part  d'une  bonne  main. 
Docla  manus.  C'eft  une  main  hardie  qui  a  lait  cette 
voûte,  cette  ttompe  qui  paioit  iufpendue  en  l'air. 
Audax. 

Main  ,  fe  dit  auftî  eii  parlant  de  l'éducation  d'une 
perfonne  ,  des  enleignemens  qu'on  lui  a  donnés. 
Difciplina  ,inlHtutio  ,  educatio.  Ariftote  a  été  inftruit 

■  -de  la  main  de  Platon.  Cet  homme  a  pailé  fa  jeunellc 


fous  la  main  d'un  tel  ,  il  eft  formé  de  fà  main.  Il  lui 
a  mis  la  main  kir  le  luth  ,  il  lui  a  mis  la  plume  à  la 
main  ,  les  armes  à  la  main  ,   pour  dire  ,  il  a  com- 
mencé à  lui  enteigncr  à  jouer  du  luth,  à  écrire,  à 
faire  des  armes. 
Main  ,  fe  dit  aulli  de  la  part ,  du  côté  d'où  vient  quelque 
choie.   Pars.    Il  haut  recevoir  toutes  nos    aftliâions 
comme   venant  de  la  main  de  Dieu,  bénir  tout  ce 
qui  part  de  fi  main.  Cette  nouvelle  eft  fort  sûre  ,  je 
la  tiens  de  bonne  main.  On  doit  prendre  en  bonne 
part  tout  ce  qui  vient  de  la  main  de  nos  amis.  Je 
veux  un  domcftique  de  votre  main  ^  c'eft-à-dire,  de 
votre  choix. 
Main  ,  en  terme  de  Manège  ,  eft  de  grand  ufage  ,  & 
fignifie  d'abord  les  pieds  de  devant  du  cheval.  Pe- 
des  equi  anteriores. 
Main  ,  fe  dit  aulli  de  la  divifion   du  cheval  en  deux 
parties ,   à  l'égard  de    la  main  du  Cavalier.    Pars 
antica ,  pojlica.  Ce  cheval  eft  beau  de  la  main  en 
avant  ,  c'cft-à-dire ,  il  a  la  tête  belle  Se  l'encolure.' 
Il  eft  mal    fait  de  la  main  en  arrière  ,  c'eft  à-dire ,  ' 
de  la  croupe  j  du  train  de  derrière. 
Main  de  la  bride,  c'eft  h  main  gauche  du  Cavalier. 
Sinijlra.  Main  de  la  lance ,  c'eft  la  droite.  Dextra. 
IJCT  On  dit  ,  en  terme  de  Manège  ,  que  la  main  doit 
ctte  ferme  ,  douce  &  légère.  On  appelle  main  ferme 
celle  dont  le  fentiment   répond   à  celui  qui  réfide 
dans  la  bouche  du  cheval  quand  il  eft  dans  un  de- 
gré d'alfurance  Se  de  fermeté.  Il  caraftérite  le  point 
d'appui  que  tout  bon   Cavalier  recherche  toujours. 
On  entend  par  main  douce  celle  qui  mitigé  le  point 
d'appui   ferme  &   alfuré  ,  Se  qui   fe  relâchant  ua 
peu ,  modifie  la  force  du  fentiment  dont  on  parle. 
La  main  légère  eft  celle  qui  diminue  encore  le  point 
d'appui  modifié  par   la  main  douce.    Le  fin  de  l'art 
eft  de  palier  comme  il  faut  de  la   main  ferme  à  la 
main  légère  ,  &  de  la  main  légère  à  la  main  ferme. 
Il  ne  fiut  jamais  franchir  tout-à  coup  le  point  d'ap- 
pui de  la  main  douce  :  autrement  vous  étonnez  le 
cheval ,  vous  l'eftarouchez  ,  vous  manquez  au  liant 
nécelfaire ,  vous  le  précipitez  lur  les  épaules ,  vous 
lui  gâtez  la  bouche  ,  &  vous  faliifiez  les  allures.  Il 
faut  que  le  poignet  feul  conduife  tous  les  mouvemens 
de  la  main,  en  la  roulant  j  pour  ainfi  dire  ,  félon 
l'adion   qu'on    doit   faire.    Le    N.  Newe.  On  dit 
qu'un  Cavalier  n'a  point  de  main  ,  quand  il  ne  fe 
fert  de  la  bride  que  mal  à-propos.  Tenir  fon  cheval 
dans  la  main   c'tSi  en  être  toujours  le  maître.  Un, 
cheval    qui    eft   bien   dans    la  main ,  eft  celui  qui 
obéit  à  la  main ,  qui  répond  à  la  main  du  Cavalier. 
Rendre  la  main  ,  ou  donner  la  main  ,  ou  lâcher  la 
main  ,  c'eft  ,  lâcher  la  bride.  Soutenir  la  main, 
c'eft ,  Tirer  la  bride.  Travailler ,  ou  conduire  un 
cheval  de  la  main  à  la  main  ,  c'eft-à  dire  ,  le  chan- 
ger de  main.  An  Manège ,  changer  de  main  ,  fe  dit 
auffi  quand   dans    les    reprifes  on  change  de  côté, 
&  qu'on  fait  aller  fon  cheval  du  côte  oppofé  1  ce- 
lui où  il   alloit  ;  de    forte    que  le  Cavalier  ait  la 
droite  où   il  avoir   la    gauche  ,  iSc  la  gauche  où  il 
avoit  la  droite. 

On  dit  qu'un  cheval  bat  à  la  main  ,  quand  il  fe- 
coue  la  tête ,  ou  quand  il  la  branle  ,  ou  quand  il 
lève  le  nez.  L'appui  de  la  main  eft  le  lentimeiit 
réciproque  que  le  Cavalier  donne  au  cheval,  ou  le 
cheval  au  Cavalier  ,  provenant  du  maniement  de  la 
bride.  Pefer  à  la  main  ,  le  dit  d'un  cheval  .qui  s'a- 
bandonne fur  la  bride  par  lalîitude  ,  ou  autrement. 
On  dit  qu'un  cheval  tire  à  la  main  j  quand  il  rélilte 
aux  effets  de  la  bride  ,  aux  eftorts  du  Cavalier.  On 
dit  aulli  j  faire  couvrir  les  cavales  en  main  ,  c'eft-a- 
dire  ,  en  les  ten.ànt  par  le  licou ,  ou  par  la  bride. 
Cheval  qui  fcirce  la  main  ,  eft  celui  qui  s'emporte 
malgré  le  Cavalier,  qui  ne  craint  point  la  bride. 

Faire  partir  un  cheval  de  la  7nain  ,  ou  le  laiflcr 
échapper  de  la  main  ,  c'eft  le  pouller  de  vîteir(?j' &-' 
un  beau  partir  de  main  ,  fe  dit  de  la  courfe  qu'on 
lui  fait  faire  fur  une  ligne  droite.  Equum  adcu!- 
fum  incixarc.  On  dit  aullî ,  qu'un  cheval  tourne  .1 
toutes  mains  ;  qu'il  manie  &:  tourne  au  pas,  au  trot 


M  A  I 


au  galop. On  dit  qu'il  cft  entier  k.uncmain,  quand 
il  n'a  de  la  difpohtion  à  couiner  que  d'un  côté,  à 
une  même  main. 

On  appelle  un  cheval  de  main  j  celui  qu'on  mène 
en  main,  c'eft-à-dire  ,  fans  monter  dclius  ,  com- 
me font  les  excellens  clievaux  que  mènent  les  l'aie- 
freniers  ,  &  qui  (ont  téfervés  pour  monter  le  Maî- 
tre dans  les  occaiions  où  il  veut  changer  de  ciie- 
vaux.  Equus  honorarius. 

On  appelle  un  cheval  à  deux  mains  ,  un  cheval 
commun  qui  peut  fervir  à  la  ("elle  &  à  la  charrue , 
ou  au  caroire  ,  qui  porte  iSc  qui  traîne.  Ephippia- 
rius  &  carrucarius. 

On  le  dit  Hgutémcnt  en  ce  fens  des  Valets  qui 
peuvent  fervir  à  des  ulages  diftércns  ,  qui  ont  plus 
d'une  forte  d'emploi  dans  la  mailon. 

On  dit  d'un  cheval  de  carrolle  qu'il  eft  lous  la 
main  ,  quand  il  eft  du  côté  dont  le  Cocher  tient 
la  verge  ;  &  hors  la  main  ,  quand  il  eft  à  gauche. 

Main.  Terme  de  Marine.  Eipèce  de  petite  fourche  de 
fer ,  dont  on  fe  lert  pour  tenir  le  til  de  carrer  dans 
l'auge ,  quand  on  le  goudronne. 

Main  ^  change    fi  fouvent  de  lignilication  félon  les 
,     noms  j  ou  verbes  qu'on  y  joint ,  qu'il  en  faut  met- 
tre la  meilleure  partie  félon  l'ordre  alphabétique. 

Main-avant  ,  en  termes  de  Marine ,  fignitie  deux 
chofcs,  1°.  C'eft  un  commandement  pour  faire  pal- 
fer  alternativement  les  mains  des  travailleurs  l'une 
devant  l'autre  en  tiraiit  une  longue  corde.  i°.  Ces 
mots  fignitient  avec  l'aide  des  mains  feulement. 
Monter  main-avant ,  c'eiT:  monter  aux  hunes  le  long 
des  manœuvres,  lans  inHéchures,  &  en  s'aidant  leu- 
lement  des  mains  &  des  jambes. 

Avant  MAIN  ,  f.  m.  C'cfl:  un  coup  qu'on  frappe  ayant 
la  main  étendue  ,  (Sj  qu'on  poulfe  en  avant  en  lui- 
vant  Ion  mouvement  naturel. 

'Arrière-main  ,  f.  m.  C'eft  le  coup  qu'on  frappe  du 

-  derrière  de  la  main  en  la  remettant  en  Ion  ét.at  na- 
turel. Il  y  a  des  joueurs  de  paume  ,  qui  ont  l'ar- 
rière-main  plus  sûre  que  ravant-main.  /'^oyeç  Avant 
&  Arrière. 

Avoir  quelque  choie  en  main  ,  c'eft  en  être  faili ,  l'a- 
voir à  la  difpofition  ,  pour  en  uler  quand  on  vou- 
dra. Habere  ai  manum  ,  prôiflo  ejji.  Avoir  le  cœur 
dans  les  mains  ,  c'eft  être  ouvert ,  n'être  point  dif 
/Imulé. 

Que  le  vrai  du  propos  était  coujln  germain. 
Et  qu'un  chacun  parlait  le  cœur  dedans  la  main. 

Régnier. 

iBaifer  la  main  ,  fe  dit  du  baifer  qu'on  donne  fur 
•  la  main  en  figne  de  refpeét  ,  comme  on  fait  aux 
Princclfes ,  &c  aux  Évêques  officians.  Manùs  ojlu- 
lum. 
Baise-main  ,  en  ce  fens ,  eft  l'offrande  qu'on  donne 
aux  Curés.  Oblatio.  Les  Curés  de  Paris  n'ont  point 
de  dîmes;  ils  n'ont  que  le  baifc-mai/z. 

La  première  audience  que  le  Grand-Seigneur  donne 
aux  Àmballadeurs  s'appelle  un  baife-main ,  parce 
qu'autrefois  les  Ambalfadeurs  la  bailoientà  ce  Princej 
avant  qu'un  Croate  ,  à  ce  que  rapporte  Busbequius 
dans  fi  première  Lettre  ,  fous  prétexte  de  vouloir 
parler  à  Amurat ,  l'eut  tué  pour  venger  la  mort  d'un 
Defpote  de  Servie  ,  l'on  maître.  Depuis  on  ne  lui 
baifoit  plus  qu'une  longue  manche  de  fa  vefte  faite 
exprès.  Mais  aujourd'hui  les  Amballadeurs  ne  lui  font 
la  révérence  que  de  loin ,  comme  les  autres  de  leur 
fuite.  Du  Loir  ,  p.  S  S. 

On  dit  aulfi  par  civilité  à  la  manière  d'Efpagne  , 
Je  vous  baile  les  mains  ,  ou  fxites  mes  hddtt-mains 
à  un  tel  de  ma  part  -,  pour  dire ,  donnez-lui  des  té- 
moignages d'amitié.  Saluta  meo  nomine.  En  écrivant 
autrefois  aux  Dames  on  finiftoit  par  ,  Je  vous  haije 
Us  mains.  On  ne  loutfriroit  pas  cela  préfentement. 
Malherbe  outroit  les  chofes  d'un  autre  côté  ;  en  écri- 
vant à  fa  Maitrefte  il  finiftoit  par ,  Je  vous  baifi  les 
pieds,  MÉH.  On  dit  au  contraire  ironiquement  à  ceux 
dont  on  ne  veut  pas  entendre  les  propofitioas ,  Je 
Tome  V, 


MAI  737 

vous  baifc  les  mains  ;  pour  dire,  je  n'en  ferai  iien  , 
je  n'en  crois  rien. 

Main-13asse  ,  eft  un  terme  de  Guerre,  qui  lignifie, 
point  de  quartier  ,  qu'il  faut  paft'cr  tout  au  fil  de  l'é- 
pcc.  Internecio  ,  occifio.  Faire  main  bajje. 

Battre  des  mains.  _  C'eft  donner  un  témoignage  pu- 
blic d'applaudiftcmcnt  ,  comme  frit  le  peuple  en 
lailant   du  bruit  avec  les  mains.  Plaudere  manibus. 

Main  Blanche  ,  fe  dit  en  cette  phrafc  :  il  m'a  écrit 
de  Limain  blanche  ;  propria  manu  ,  jiour  dire  de  fa 
propre  main.  Il  eft  populaire  &  tamilicr. 

On  dit  fimilièrement ,  qu'une  cliole  eft  en  bonne 
main  ,  quand  on  ne  veut  pas  reprendre  ce  qu'on 
a  lailfé  manier  à  quelqu'un  ,  pour  lui  en  faire  pré- 
lent  honnêtement. 

On  dit  aulii  qu'une  terre  ou  uu  autre  poflc-llloii 
eft  en  bonne  main  ;  pour  dire  ,  qu'elle  eft  poflédéc 
par  une  perfonne  puiftante  ,  de  qui  on  ne  la  peut 
tirer  que  difticilement.  On  dit  aulli  qu'une  caule, 
qu'une  artaire  eft  en  bonne  main  ;  pour  dire  ,  qu'on 
l'a  confiée  à  une  perfonne  c]ui  laura  bien  la  détendre. 
On  dit  aufti  ironiquement ,  qu'un  homme  eft  tombé 
en  bonne  main  ,  pour  dire  qu'il  aura  .aftaire  à  forte 
partie  ,  foit  pour  le  railler  ,  pour  le  plaider,  ou  pour 
le  perlécuter. 

On  dit  auft)  qu'un  homme  a  la  main  bonne  , 
quand  il  a  de  la  dilpolition  pour  apprendre  plufieurs 
arts  qui  demandent  de  l'adrefle  ,  &:  de  la  délicacefte 
dans  la  main.  Manus  expedita  ,folers. 

Main  CHAUDE.  Nom  de  jeu.  On  appelle  ioneïd.  main- 
chaude  un  jeu ,  un  exercice  oià  quelqu'un  le  courbe 
appuyant  la  tête  lur  les  genoux  d'un  autre ,  qui  eft 
allis  :  puis  met  la  main  éter.due  lur  Ion  propre  dos  , 
alors  un  de  ceux  qui  lont  du  jeu  donne  un  coup 
de  la  main  lur  celle  qui  eft  étendue  ;  ce  qui  dure 
jufqu'à  ce  que  celui  qu'on  trappe  ait  deviné  celui 
qui  l'a  frappé  ,  lequel  fe  met  à  la  place. 

Coup  DE  main  ,  eft  un  coup  hardi  éc  dangereux.  Fa- 
cinus  audax  ,  memorabde  ,  promtum.  Faire  un  cbup 
de  fa  main,  c'eft,  taire  un  coup  de  délefpoir ,  de  té- 
mérité, entrepris  de  l'on  chet  ,  &:  fms  conlulter 
perfonne. 

03"  A  la  guerre  on  appelle  coup  de  main ,  toutes  les 
attaques  qui  le  font  avec  les  armes  qu'on  tient  à 
la  main  ,  comme  l'épée  ,  Lx  hallebarde,  le  moufquet, 
«Sic.  &  l'on  dit  qu'une  place  eft  bonne  contre  les 
coups  de  main  ,  pour  dire  qu'elle  eft  bonne  pour  fe 
défendre  contre  des  gens  qui  n'ont  point  d'artil- 
lerie. 

On  dit  auftî  un  combat  de  main  à  main  ;  pour 
dire  un  combat  de  près  ,  à  l'épée,  ou  au  piitolet. 

On  appelle  aufti  un  homme  de  main.  Acer^con- 
fidens  ,  Jirenus  ,  un  homme  d'exécution  ,  hardi,  en- 
treprenant. 

A  DEUX  mains  ,  Phrafe  adverbiale.  Avec  les  deux  mains. 
Ambabus  manibus.  Boire  à  deux  mains. 

A  DEUX  MAINS ,  le  dit  aulîî  de  ce  qui  tait  ou  qui  ferr 
en  deux  manières ,  comme  épée  à  deux  mains  ,  che- 
val à  deux  mains  ,  ou  de  ce  qui  fe  prend  doublement, 
Anceps ,  ambifarius. 

A  DEUX  MAINS  j  s'emploie  auftî  quelquefois  figurément. 
Ainfi  on  dit  prendre  à  deux  mains  ;  pour  dire  ,  pren- 
dre de  tous  côtés  ,  à  droite  &  à  gauche.  Utrinque 
corradere  ,  aripere.  On  dit  aulli  dans  le  même  lens  ; 
Prendre  des  deux  mains  ,  prendre  à  toutes  mains. 
Tendre  la  main  ,  fe  dit  proverbialement  pour  de- 
mander l'aumône. 

CCr  Au  figuré  ,  tendre  la  main  à  quelqu'un  ,  c'eft  lui  of- 
frir du  fecours.  Il  étoi:  perdu  h  je  ne  lui  euii'e  tendu  la 
main.  Dieu  nous  rend  la  main  ,  une  main  fecou- 
rable. 

Donner  la  main  ,  fignifie  ,  mener  une  Dame ,  ou 
une  perfonne  incommodée  ,  lui  aider  à  marcher. 
Manum  prdbere  ,  commodare. 

Donner  ou  prêter  la  main  ,  fignifie  figurément  y  fe- 
courir  ,  aider  quelqu'un  dans  (on  bcloin.  Juvarc. 
Il  lui  a  donné  ou  prêté  la  main  pour  fe  relever. 
Tous  ces  gens- là  le  donnent  la  main  les  uns  aux 
autres,  c"cft-à  dire,  fe   fecourent   mutuellement. 

A  aa  aa 


738  MAI 

§Cr  Tendre  la  main  à  quelqu'un  ,  lui  offrir  du  fccours. 
Au  propre ,  demander  l'aumône. 

Donner  la  main  eft  aulîï  ,  faire  honneur  à  quel- 
qu'un en  le  mettant  à  fa  droite ,  en  lui  cédant  le 
pas ,  le  haut  du  pavé ,  &  toutes  les  places  hono- 
rables. Honorab'dïorem  locum  cederc.  Cet  Amballa- 
tieur  ne  donnoit  chez  lui  la  main  à  perfonnc. 

Donner  la  main  ,  flgnifie  aulli  ,  promettre  la  foi 
de  mariage  ,  &  fur  tout  en  Poclie  ,  hiire  un  don  , 
un  prêtent  de,  fa  main.  Après  vous  avoir  donné  mon 
cœur,  aurois  je  de  la  peine  à  vous  donner  vni.main'i 
En  donnant  la  main  on  ne  donne  pas  toujours  le 
cœur.  Corn.  F^oye:^  plus  bas,  mettre  fa  main  dans 
la  main  d'un  autre. 
Donner  les  mains  ,  fe  dit  figurcment  pour  confen- 
tir ,  approuver.  Acquiefcere ,  prohare.  Il  a  donné 
les  mains  à  cette  propolition  ,  à  ce  mariage.  Il  s'é- 
toit  oppofé  à  la  réception  d'un  tel  j  mais  cwRn  il  y 
a  donné  les  mains. 

On  dit  qu'on  a  mis  la  dernière  main  à  un  Ou- 
vrage; pour  dire,  qu'on  l'a  achevé,  qu'il  eft  bien 
fini.  Extremam  operi  manum  impofuijfe. 
Être  aux  mains  ,  lignifie ,  (e  battre  aéluellement ,  Con- 
férera manus.  Dans  cette  vie  nous  fommes  lans  celle 
aux  mains  avec  la  mifère  ,  &  encore  plus  avec  nous- 
mêmes.   NiCOD. 

^ans  doute  ,  ils  font  aux  vnMns  ,  il  n'en  faut  plus  parler. 

Corn. 

En  venir  aux  mains ,  c'eft  commencer  à  fe  battre. 
Enlanglanter  fes  mains,  c'eft,  fe  rendre   coupable  de 

s  quelque  meurtre.  Manus  crucntare.  Delà  vient  que 
les  mains  fe  premient  quelquefois  pour  les  aftions 
mêmes  que  l'on  fait  ,  que  l'on  commet  avec  les 
tnains. 

Grâces  au  Ciel ,  mes  mains  ne  font  point  criminelles  , 
Plût  aux  Dieux  que  mon  cœur  jut  innocent  comme  elles. 

Racine. 

Faire  fa  main ,  c'eft  faire  un  gain  ,  un  profit  in- 
juftc  dans  quelque  emploi  ou  eommiflîon.  Remfa- 
ccrc  quocumque  modo.  Le  voilà  fur  la  fin  de  fi  com- 
millîon^  il  va  iaire  la  dernière  main.  On  dit  qu'une 
fcrvante  lait  bien  la  main  ,  quand  elle  ferre  la  mulle, 
qu'elle  prend  quelque  choie  fur  l'argent  qu'on  lui 
donne  pour  la  dépenfe  de  la  maifon. 

Erappe-main  ,  eft  un  jeu  où  l'on  frappe  dans  la  main 
de  quelqu'un  par  derrière  ,  &  il  eft  obligé  de  devi- 
ner qui  c'eft.  Ludicra  m.anuum  percujjio.  Ce  jeu  eft 
fort  en  iilagc  chez  les  Matelots  -,  mais  ils  l'appellent 
Main-chaude.  Les  Gardes  Marines  y  jouent  aullî , 
lorfqu'ils  ont  perdu  tout  leur  argent  ;  ce  qui  ariive 
après  quelques  jours  de  navigation  ;  &  ils  appellent 
cela  jouer  au_  comptait ,  parce  que  cela  fe  paye 
comptant  &  fur  le  champ. 

Gagner  la  main,  Amcvertere  ,  pritvertere.  C'eft  ga- 
gner le  devant  en  quelque  affaire.  On  dit  aulH  dans 
le  même  fens  ;  gagner   de  la  main.  Acad.  Fr. 

Main  gauche.  Époufer  de  la  main  gauche  ,  iTgnifie 
époufer  une  femme  d'une  condition  inférieure,,  dont 
les  enfans  n'auront  qu'une  portion  des  biens  que  le 
mari  ailigne  le  lendemain  des  noces,  fins  qu'ils puif- 
fent  luccédcr  au  pcre  dans  tous  fes  biens,  ni  les  par- 
tager .avec  les  enfans  d'un  autre  lit ,  s'il  y  en  a.  Voye- 
Mariage. 

Main  gourde,   Pr^frigore  manus  Jlupidst  ,  torpentes 
font  des  mains  gelées,  tranfies  de  froid. 

On  dit  d'un  homme  qui  eft  lujet  à  piller  à 
prendre  des  droits  qui  ne  lui  lont  point  dus,  qu'il 
n'a  pas  les  /nains  gourdes.  GrelFer  la  main  ,  c'eft, 
faire  quelque  préfent  à  un  Juge  ,  ou  à  un  Miniftre 
de  Juftice  ,  pour  le  corrompre ,  pour  en  obtenir 
quelque  palle-droit. 

Haut  à  la  main  ,  fe  dit  d'un  homme  altier  ,  qui  com- 
mande impérieufcment ,  Superbus  ,  arrogans.  Il  eft 
haut  à  la  mam. 

On  dit   aulli  tenir   la  main  haute  à  quelqu'un  ; 


M  A  I 

pour  dire ,  le  traiter  avec  févérité ,  lui  laifler  peu  de 
liberté.  Cocrcere ,  cohiiere. 

Faire  une  choie  haut  la  main,  c'eft  à-dire  ,  d'autorité 
ablolue ,  avec  hauteur.  Defpoticè  agere. 

Main  harmonique  ,  fe  dit  de  l'ancienne  gamme  fur 
laquelle  on  apprenoit  à  clianter  quand  on  fe  fervoit 
de  muances ,  parce  que  Gui  Arétin  avoit  difpoféles 
notes  qu'il  avoit  inventées  ,  ut ,  re  ,  mi  ,fa^  fol ,  la, 
fur  les  doigts  d'une  main  étendue.  Manus  harmonica. 
Il  changea  les  lettres  de  l'alph.-ibeth  a  ,  b ,  c  ,  d  ,  e  f, 
gj  dont  on  fe  fervoit  auparavant  pour  marquer  les 
notes  du  chant ,  dans  ces  fix  fyllabes  qu'il  tira  de  la 
ftrophe  de  l'hymne  de  Saint  Jean-Baptifte,  compofée 
par  Paul  Diacre.  j 

Ut  queant  Iaxis  ,  tcfonare  fibris  , 
mi-ra  gejlorum  ,  ia-muli  tuorum  , 
foli'e  polluti ,  \a.-bii  reatum. 
Sancle  Joannes. 

On  a  luivi  jufques  à  préfent  l'ordre  de  ces  fyllabes.    > 
Les  Maîtres  ie  lont  longtemps  fervi  de  la  figure  de    ' 
cette  main  pour  l'enfeigner. 
Impoler  les  mains  ,  c'eft  donner  les  ordres  facrés  à  quel- 
qu'un ,  faire  une  cérémonie  où  l'on  met  les  mains  fur 
la  tcte,  en  ligne  de  pouvoir  &  de  la  million  qu'on 
lui  donne  d'exercer  les  fondions  Eccléfiaftiques  con- 
venables à  fon  Ordre.  Manus  imponerc  ,  facris  or- 
dinihus  initiare.  Les  Apôtres  ont  commencé  à  donner 
leurs  millions  par  l'impofition  des  mains.  Aux  Aétes 
des  Apôtres,  c.  i j.  v.  j.  Foye^  Imposer,  ou  im- 

rOSITlON. 

On  dit  ironiquement,  faire  impofition  des  mams 
fur  quelqu'un-,  pour  dire  ,  le  battre.  Manibus percu- 
terc. 

Joindre  les  mains  ,  fupplices  manus  tenderc ,  fignifie  fe 
mettre  en  polture  de  fuppliant. 

Prier  à  mains  ]ointes ,  c'eft  prier  inftamment,  &  avec 
grande  foumillion. 

L.îcher  la  OTai/z,  fignifie  j  relâcher  du  prix  des  condi- 
tions qu'on  avoit  demandées.  Remittere  de  pretio.  Sï 
vous  voulez  vendre  votre  blé ,  il  faut  un  peu  lâcher 
la  main ,  en  taire  meilleur  marché.  Vous  ne  tran- 
ligercz  point  enlemble  ,  li  vous  ne  lâchez  la  main  , 
chacun  de  votre  côté. 

On  dit  aulli  lâcher  la  main  à  quelqu'un;  pour  dire  , 
ne  le  plus  retenir ,  lui  laifter  faire  une  choie  dont 
on  l'avoir  empêché  julques  -  là.  Remittere  manum , 
vim.    V 

Se  laver  les  mains  d'une  chofe  ,  c'eft  ,  témoigner  qu'on 
n'a  aucune  part  en  une  attaire  ,  qu'on  n'en  veut 
point  être  relponfablc  ,  ainli  que  Pilate  dit  aux  Juifs 
à  la  Pallion  de  Notre  Seigneur  :  &  en  ce  fens  on 
dit ,  qu'un  homme  a  les  mains  nettes  de  quelque 
.chofe;  pour  dire,  qu'il  n'y  a  point  participé ,  qu'il 
ne  s'en  eft  point  mêlé  ;  Et  abfolument  qu'il  a  les 
mains  nettes  ,  en  parlant  d'un  Juge  qui  ne  fe  laillè 
point  corrompre  par  des  préfensj  d'un  |fCF  comp- 
table &  ou  d'un  homme  qui  a  quelque' maniment 
d'argent ,  qu'il  n'a  point  fait  de  profit  illicites. 

On  appelle  de  la  pâte  a  laver  les  mains  ,  celle 
qui  fe  fait  avec  des  amandes  amères  pilées;  éc  d'autres 
ingtédiens.  Smegma  deterforium. 

On  dit  qu'un  homme  a  la  main  légère  ,  quand  il 
eft  prompt  à  happer  ;  manu  promptus  ;  &c  on  dit  au 
contraire j  vous  lentirez  ce  que  pèle  ma.  main;  pour 
dire ,  le  poids  de  mes  coups. 

On  le  dit  aulli  de  l'habileté  de  la  main  ,  Manus 
expedica  folers.  Un  Barbier  a  la  main  légère  j  quand 
il  fait  la  barbe  avec  adrelfe  &  ficilité  &  prefque 
fans  qu'on  le  lente  ,  de  même  d'un  Chirurgien  qui 
faigne  ,  qui  fiit  les  opérations  délicatement  ;  d'un 
Écrivain  qui  a  grande  facilité  à  écrire ,  à  faire  des 
traits  ;  de  joueur  d'un  Luth  j  qui  le  touche  avec  déli- 
catcllc;  d'un  Cavalier  qui  manie  bien  la  bride:  &  au 
contraire  on  dit  qu'il  a  \amain  lourde  ,  quand  il  fait 
ces  choies  rudement  &  mal  proprement. 

Lever  les  mains  au  Ciel ,  Manus  ad  Deum  tolleie,  ten- 
dere  ,  lignifie  ,    avoir  recours  à  Dieu ,  implorer  la 


N 


M  AI 


iTiircricorde.  Lever  les  mains  pures  &  innocentes 
vers  le  Ciel.  Fl.  Lever  la  main  ,  cil  faire  un  fcinicnc 
en  Jullice  ,  ayant  la  main  haute  ,  &c  piomtttic  a 
Dieu  de  dire  la  vérité.  On  tait  lever  la  main  aux 
Prêtres  en  leur  faifant  mettre  la  main  au  petb  ;  pour 
dire ,  ad  pcclus  ^  ou  à  l'eftomac  ,  &  par  corruption 
on  dit  au  pis. 

On  dit  \ulli,  lever  la  main  fur  quelqu'un,  pour 
dire ,  le  frapper  ,  ou  le  menacer  de  le  frapper  j  en 
élevant  la  main  ^  &  fe  mettre  en  devoir  de  le  faire. 
Manum  minacem  attolltrc. 
Lier  les  mains  ,  lignifie  figurément ,  empêcher  qu'un 
•homme  ne  paie  ,  ou  ne  talle  quelqu'autre  choie. 
Cette  lailîe  a  lié  les  mains  au  payeur.  Cet  oppoh- 
tion  a  lié  les  mains  au  Curé ,  il  ne  peut  plus  marier 
ces  perfonnes.  Ce  Juge  a  les  mains  liées  par  une 
évocation. 

On  appelle  lignes  de  la  main  ,  les  traces  &  mar- 
ques qui  paroillent  dans  la  paume  de  la  main ,  (ur 
l'obfervation  defquclles  cft  fondée  la  vaine  fcience  de 
la  Chiromance.  Manùs  Uneamcnta. 

On  dit  que  les  Princes,  les  Minières  ont  les  mains 
bien  longues  ,lonoas  Regibus  ejjc  manus  ;  pour  dire, 
que  leur  pouvoir  s'étend  loin. 
Mettre  la  main ,  fe  dit  premièrement  de  l'application 
de  la  main  fur  quelque  chofe.  Mettre  Tépée  à  h 
main,  c'eft  la  tirer  du  fouteau.  Enfcm  dijlringerc 
Mettre  la  main  à  lépée ,  c'ell  mettre  la  main  fur  la 
garde  de  fon  épée.  Mettre  la  main  au  chapeau ,  c'ell 
fe  mettre  en  devoir  de  laluer.  Acad.  Fa. 

On  dit  dans  un  fens  figuré  ,  mettre  la  main  dans 
la  main  d'un  autre  i  pour  dire  ,  lui  promettre  la  foi , 
répoufer.  I/CT  Donner  fa  main ,  difpolcr  de  fa  main  ^ 
le  marier.  Refufer  fa  main  ,  c'ell  l'oppole. 
|Cr  Comme  dans  la  cérémonie  des  Époufailles ,  les  per- 
fonnes qui  fe  marient , Me  donnent  la  main  en  ligne 
de    foi  conjugale  \    Corneille  a  introduit   dans  nos 
poëmes  dramatiques  ctu.e  façon  de  parler ,  qui  eft 
Efpagnole  ,  afin  de  diverfihcr  les   mots  de  mariage  , 
de  marier  &  d'époufcr  j  qui  fe  rencontrent  fouvent 
dans  ces  fortes  de  poèmes  ,  &  qui  ne  font  pas  fort 
nobles.  Corneille  a  été  fuivi  en  cela  par  nos  autres 
Poètes  dramatiques.  Cette  exprellion  qui  a  réuilî ,  a 
été  critiquée  trop  lévèrcment ,   par  le  P.  Bouhours. 
gCT  Quelque  mérite  ,    &  quelque   réputation  qu'aient 
ces  Po'ëtes ,  dit  il ,  je  ne  puis  m'empêcher  de  dire  que 
donner  la  main  ,    en  ce  fens  là ,  n'eft  pas  une  ex- 
picllîon  bien  Françoife.  Donner  la  main  à  une  Dame, 
c'eft  lui  aider  à  marcher  ,  ou  à  monter  en  carrollb. 
Ainfi  toutes  les  anrhitèfes  qui  roulent  fur  le  cœur 
ôc  fur  la  main  ,  me  parollfent  fitullcs.  Mais  comme 
ces  Poètes  fe  font  perfuadé  que  la  main  lîgnifioit  le 
mariage ,  ils  ne  fe  contentent  p.is  de  dire  donner  la 
main  j  ils  difent  prêter  la  main  ,  en  voulant  parler 
d'un  mariage  apparent  :  prêtez  moi  votre   main ,  je 
vous  donne  l'Empire. 
ÇCT  On  dit  à  un  homme,   dont  le  fecours  nous  eft 
nécelVaire  pour  nous   venger    par  la  plume  ou  par 
l'épéc,  prêtez-moi  vorrc;  main,  piciez-mol  votre  iras  j 
mais  fins  cela  je    ne  fais  ce  que  fignifie    en  notre 
langue,  prcicz  mol  votre  main,  ôc  j'aimerois autant 
dire  ,  prêtez  moi  votre  pied. 
Çcr  Donner  la  main  fignifie  plufieurs  chofes.  On  dit 
donner  la  main  à  une  Dame ,  pour  lui  aider  à  mar- 
cher, pour  lui  aider  à  monter  en  carrolle.  On  dit 
donner  la  main  à  quelqu'un,  pour  dire  le  mettre 
à  la  droite.  M.  le  Chancelier  ne  donne  pas    chez 
lui  la  main  aux  Évêques.  Nous  dilions  anciennement 
bailler  la  main  ,  pour  dire  conlentir ,  dextram  tcn- 
dere  ;  dexterâ  data  ,  allcul  rel  ajjentlri  ;  dare  dextram 
ïd  quld  rogatur  obllgandd  fidel  ,    parce   que ,  pour 
promettre  avec  ,  ou  fans  ferment ,   les  parties  met- 
toient  la  main  dextre  ,  en  celle  des  Notaires.  Nicod. 
L'ufage  de  fe  donner  la  main  quand  on   accordoit 
qtielque  grâce  ,   ou  quand   on  promettoit  quelque 
chofe  ,  eft  trèsancien.  Puifque  donner  la  main  ,  dans 
le  fens  de  fc  promettre  mariage ,  eft  une  exprellion 
reçue  parmi  nous  dans  les  pièces  de  -théâtre  ,  Cor- 
neille a  pu  dire ,  comme  il  a  dit  dans  Pulclicrie , 
Tomç  y. 


MAI  739 

prêtez  moi  votre  main ,  je  vous  donne  l'Empire  ,  pour 
dire  faites  leinblint  de  m'époufcr.  Ménage  nitmc 
allure  qu'il  a  oui  dire  plulieurs  fois  à  Corneille  que 
ce  vers  étoit  un  des  plus  beaux  qu'il  eût  jamais 
fait. 

Que  dans  fa  main  encor  toute  fumante , 
J'allafje  mettre  ^  hélas  !  la  main  de  votre  Amante? 

Racine. 


On  dit  auffi  j  j'en  mettrois  ma  main  au  feu;  pour 
dire  j'en  jurerois. 

Il  fignifie  aulli,  prendre,  s'emparer.  Arrlpere ,  ca- 
père.  Si  cet  homme  met  la  main  fur  cet  argent, 
fur  ces  titres  ,  on  aura  de.  la  peine  à  les  retirer. 
Mettre  la  main  fur  quelqu'un  j  fignifie  aulli  le  fai- 
fir  ,  le  frapper.  Manus  aj}erre  In  ,  injkere.  Quand 
on  met  la  main  fur  une  perlonne  facrée ,  cela  em- 
poite  excomunication.  Un  Sergent  a  mis  la  main 
fur  le  colet  d'un  malfaideur  ;  il  a  la  mine  de  palier 
fous  les  mains  du  bourreau. 

Mettre  la  main  ,  fignifie  aulli ,  fe  mêler  de  quel- 
que chofe.  Manus  admovere.  Le  déforJre  d'un  tel 
Royaume  eft  fi  grand,  que  tout  y  efl  perdu,  fi  Dieu 
n'y  met  la  main.  On  va  mettre  la  main  à  l'œuvre; 
pour  dire ,  on  va  commencer  une  entreprile.  Met- 
tre la  dernière  main  à  une  affaire ,  c'eft  la  confom- 
mcr. 

Mettre  la  main  à  l'encenfoir  ,  fignifie  ,  entre- 
prendre fur  les  droits  de  l'Eglife.  Quand  les  Princes 
ou  les  Séculiers  singèrent  de  faire  des  fondions 
Eccléfiaftiques ,-  entreprennent  de  faire  des  choies 
qui  dépendent  de  l'autorité  Eccléfiaftique  ,  ils  met- 
tent la  main  à  l'encenfoir. 

On  dit  aulli ,  mettre  la  main  à  la  confcience  ou 
fur  la  confcience  ,  pour  dire,  examiner  fi  on  a  fait 
quelque  injuftice  ,  quelque  tort ,  afin  de  le  réparer. 
Main  MORTE,    f.    f.   'Terme   populaire  ,   tiui  fignifie 
main  foible.  On  dit  d'un  homme  qui  a  donné  un 
coup  violent  J  &z  qui  a  caulé  quelque  blcllure  ,  qu'il 
n'y  ailoit  pas  de  main  morte  :  ôc   figurément,  qu'un 
Auteur  n'y   va  pas  de  main-morte  ,  quand  il  a  ré- 
futé puillamment  fon  advcrfaire.  Cela  efl  familier. 
Par   les    mains   de   Mo'ife  ,  de   David  ,    de  Jérémie, 
de  Daniel ,  &c.  eft  une  phralé  de  l'Ecriture  ,  prife 
de  l'Hébreu,  ôc  qu'on  a  conlervée  dans  la  "Vuîgate 
latine.  On  la  conferve  aufli  dans  les  bonnes  traduc- 
tions Françoifes  ,   ôc  on  la  regarde  comme  confa- 
crée.  Elle  fignifie  par  le  moyen  ,  par  le  miniftère, 
par    l'entremife  ,    ou  quelque  chofe  de  femblable. 
Dieu  opéroit  des    miracles  non   communs  par  les 
mains  de  Paul.  P.  Bouh.  Aci.  i ç.  il. 
Partir  de  la  main  ,  c'eft  à  dire ,  Sortir  avec   promp- 
titude ,  à  deftein  de  faire  quelque  chofe,  f  oit  qu'on 
exécute  le  commandement  de  quelqu'un  j  foit  qu'on 
ioit  emporté  par  fa  pallion. 
A  PLEINES-MAINS.    Phtafc   adverbiale.  Affluenter,  cu~ 
mulatè  ,  largâ  manu.  Abondamment  ,  libéralement. 
Verfer  à  plelnes-malns.  Donner  à  pleines-mains. 
Avoir  la  main  bien  placée  :  Avoir  un  beau  port  de 
main  :  porter  bien  la  main.  Toutes  ces  façons  de 
parler  fonr  ufitées   parmi  les  Joueurs  d'inftrumens. 
Main-pote.  Terme  populaire.  Main  eftropiée ,  impo- 
tente ,  ou  qui  paroît  telle ,  dont  on  a  de  la  peine  à 
fe  fervir.  Mancus. 
Première   main  ,  fe  dit  en    terme  de  Négoce  ,  quand 
on    acheté    quelque    chofe   de    la    rnaln    de    ceux 
qui  l'ont  recueillie  ,  ou  manufaâurée  ;  &  on  l'op- 
pofe  à   revente  ,  qui   fe  dit  quand  elle  a  pafté  par 
les  mains  des  Marchands ,  ou  Revendeurs.  Prlmus 
propola. 
Main-propre,  fedit  de  la  main  de  la  perfonne  mê- 
me qui  a    intérêt  à  l'affaire.  Manus  propria.  On  lui 
a  rendu  la  lettre  en  main  propre  ;  pour  dire  ,  à  lui- 
même.  Il  m'a  écrit  de  fa  propre^  main  ;  c'efl  àdire  , 
Il  ij'a  emprunté  la  main  de  perfonne.  Je  lui  ai  de- 
mandé  un    mot  de  fa  main  ^  c'eft- à -dire,   figns. 
de  lui.  J'ai  reconnu  fa  main;  pour  dire,   fon  écri- 

Aaaaa  ij 


740  MAI 

tuie,  fon  cafadèic.    Les  Latins  difent  aufli  manus 
en  ce  fens. 

On  appelle  Lettres  de  la  main  ,  les  lettres  écri- 
tes ,  ou  iîgnées  de  la  propre  main  du  Roi.  Manu 
fcripta. 

Regarder  dans  la  main  ,  c'eft ,  Tâcher  de  deviner 
par  l'art  de  Chiroinance  les  avantures  d'une  per- 
fonne  en  regardant  les  lignes  &;  lignes  qui  font  dans 
fa  main.  Chiromanciam  obfcrvure. 

Remettre  en  la  main ,  c'eft ,  Retirer  une  terre  d'un 
Fermier  ,  pour  en  jouir  par  les  mains.  Fundum 
clientilarem  vindicarc,  C'eft  aulli  retirer  un  fief  ler- 
vant  par  une  puilfance  de  fief  :  pour  le  réunir  à  la 
Seigneurie. 

Revers  de  main  ,  ou  Revers  de  la  main.  f.  m.  C'eft 
la  même  chofe  qu'arrière/Tzai/z  ;  il  fignifie  Touftlet. 
Alapa 

Pour  châtier  fon  infolence  extrême , 
Il  faut  que  je  lui  donne  un  revers  de  ma  main. 

Moi- 
Avoir   la  main    rompue  i    c'eft    avoir  la  main    faite 
&  dreirée  à  quelque  chofe.  Il  a  la  main  rompue  à 
l'écriture.  Manum  affuetam   hahere. 

On  dit  qu'une  chofe  eft  fous  la  main  de  quel- 
qu'un ;  pour  dire  ,  proche.  Prope  adejfe  ,  ejfe  ad 
manum.  Il  a  pris  dans  la  colère  tout  ce  qu'il  a 
trouvé  fous  fa  main.  On  dit  aulli  d'une  perlonne 
qu'elle  eft  lous  la  main  de  quelqu'un;  pour  dire, 
fous  fon  pouvoir  ,  fous  fa  férule  ,  comme  on  dit 
qu'un  cheval  eft  fous  la  main  d'un  Cocher  j  lorf- 
cju'ii  eft  à  fa  droite  ,  Se  plus  à  portée  pour  être 
frappé  du  fouet  ;  c'eft  de-là  que  la  métaphore  eft 
prife. 

On  dit  auflî  tenir  une  terre  par  fes  mains  ;  pour 
dire  la  faire  valoir  loi-même ,  la  fùre  labourer  par 
fes  gens  j  lans  le  fccours  d'un  Fermier.  On  dit  aulli 
des  gens  qui  lont  d'intelligence,  qu'ils  fe  tiennent 
tous  par  la  main. 

On  dit ,  Tenir  la  main;  pour  dire.  Prendre  gar- 
de ,  avoir  loin  de  l'exécution  de  quelque  choie. 
Obfervare  ,  invigilare.  La  Cour  ordonne  au  Subfti- 
tu:  du  Procureur  Général  de  tenir  la  main  à  la 
publication  &  exécution  des  Edits  &  des  Régle- 
mens. 
Main-tierce  ,  fignifie  un  Séqueftre  j  une  perfonne 
entre  les  mains  de  qui  on  dépofe  une  chofe  con- 
teftée,  &  qui  n'a  aucun  intérêt  en  l'aftaire,  pour 
la  rendre  à  celui  qui  aura  Ion  jugement  à  Ion  avan- 
tage. Sequefler ,  média  manus  ,  arbiter. 
Tomber  entre  les  mains  de  quelqu'un  ,  c'eft  fe  trou- 
ver réduit  fous  fa  puillance.  In  potejiatem  alicujus 
devenire.  Il  eft  dangereux  de  tomber  entre  les /7wz«i- 
d'un  ennemi  irrité. 
Tournemain,  f.  m.  Un  moment  ,  petit  intervalle  de 
temps.  Momentum.  Ce  valet  eft  fi  diligent ,  qu'il 
aura  fait  ce  mellâgeenun  tournemain  3Ct[\-3.iïnç. , 
en  moins  de  temps  qu'il  n'en  faut  pour  tourner 
la  main  ,  comme  on  dit  en  un  clin  d'œil  ,  &c. 
Quelques  uns  dilcnt  en  un  tour  de  main  j  &  je  ne 
lais  même  fi  ce  n'eft  pas  le  plus  ordinaire. 
Tremper  les  mains  dans  le  lang  innocent ,  innocentis 
Ciide  manus  inquinare  ,  comm.aculare ,  fe  dit  des  Ty- 
rans, ou  des  fcélérats,  qui  font ,  ou  qui  ordonnent 
des  meurtres,  des  alîaflînats,  des  jugemens  injuftes 
de  mort. 

On  dit  aller  les  mains  vides  ;  pour  dire ,  Se  préfenter 
à  quelqu'un  fans  avoir  de  quoi  lui  foire  un  préfent. 
C'eft  une  coutume  chez  les  peuples  Orientaux ,  de 
ne  fe  point  préfenter  aux  Supérieurs  les  mains  vi- 
des. Saijl  n'ofa  fe  préfenter  à  Samuel  les  mains  vi- 
des. 
Main  en  termes  de  Blafon,  eft  un  fymbole  de  la  foi , 
lur-tout  quand  on  en  reprétente  deux  jointes  enfcm- 
ble  ;  &  on  l'appelle  foi  parée  ,  quand  les  mains 
font  habillées  jufqu'au  poignet.  Son  alîîette  ordinai- 
re eft  d'être  pofée  droit  en  pal  ,  les  doigts  vers  le 
clief  &c  le  poignet  vers  la  poijue.  i 


M  A  I 

Main  ,  fe  dit  aulîi  de  plufieurs  chofes  inanimées  qui 
font  l'office  de  h  main  ^  qui  ont  quelque  reiïemblance 
avec  elle. 

Main  de  carrosse  ,  fe  dit  des  morceaux  de  fer  atta- 
chés aux  moutods  &  au  bas  du  corps. du  carrollé, 
par  où  l'on  palTe  les  foupcntes  pour  le  loutenir  ca 
l'air.  Fibulx  carrucariî.  Quand  une  main  du  carroifc 
eft  rompue  ,  il  faut  qu'il  verfe. 

On  appelle  encore  ainli ,  les  cordons,  ou  gros 
tiflus  de  loie  qu'on  attache  dans  le  carrolle  le  long 
des  portières  ,  pour  fe  foutcnir  avec  la  main.  Pen- 
Jihs  rhedis,  rcjliculà. 

Main  ,  fe  dit  chez  les  Financiers  d'un  inftrument  de 
cuivre  qui  leur  fert  à  ramaller  l'argent  qu'ils  ont 
compté  lur  leur  bureau  pour  le  remettre  dans  les 
fies.  Batillus  monetarius. 

Main  ,  en  Mécanique  ,  eft  ce  qui  tient  la  roue  de  la 
poulie  tulpendue  ,  le  bois  ,  ou  le  fer  dans  lequel 
elle  eft  enchâftée.  Quelquefois  on  l'appelle  chappe  ^ 
ou  écharpe.  Et  quand  il  y  a  plufieurs  poulies ,  on 
l'appelle  moufle.  Trociea. 

Main  de  pressoir,  eft  ce  qui  fert  à  relever  le  marc. 
Batillus  torcularius. 

Main  ,  fignifie  encore  une  pièce  de  fer  à  relTort  qui 
eft  au  bout  de  la  corde  d'un  puits  pour  y  attacher 
le  leau.  On  appelle  aufll  main  de  fer ,  les  autres 
crampons  ou  «crochets  qui  fervent  à  tirer  quelque 
choie  en  haut  ou  d'un  lieu  profond,  ou  couvert 
d'eaux  ,  comme  la  main  de  la  louve  faite  en  forme 
d'S  ;  des  mains  à  tirer  des  cables ,  &c.  Uncus  fer- 
reus. 

Main-d'œuvre,  f  f.  Façon  ,  travail  de  l'ouvrier. 
Toutes  chofes  d'ailleurs  égales^  la  main-d'œuvre  eft 
infiniment  meilleure  ,  quand  elle  eft  dirigée  par 
les  mains  d'un  Delîînateur. 

On  le  dit  aulîi  du  prix  que  donne  l'Entrepreneur 
pour  la  fabrique  ou  la  façon  d'un  ouvrage.  La  main- 
d'œuvre  de  cet  ouvrage  a  coûté  beaucoup.  Alors  il  eft 
fans  pluriel. 

Main.  Poids  des  Indes  Orientales  j  qui  ne  fert  guère 
qu'à  pefer  les  denrées  qui  le  confomment  pour 
l'ulage  de  la  vie.  Il  le  nomme  plus  ordinairement 
Mao. 

Main.  Terme  d'Horlogerie.  C'eft  une  pièce  que  l'on 
emploie  quelquefois  dans  les  Répétitions.  Elle  eft 
divifée  en  quatre  doigts  ;  quoique  fon  ufage  foie 
fort  bon  ,  on  ne  s'en  lert  à  prélent  que  dans  cer- 
tains cas.  Elle  faitia  fonétion  de  la  pièce  des  quarts 
dans  les  anciennes  répétitions  à  la  Françoife. 

Main  de  gloire  ,  eft  une  racine  de  mandragore  qui  a 
ordinairement  deux  cuiires  :  on  la  tire  de  terre ,  on 
en  forme  deux  jambes,  un  corps  5c  une  tête;  on  la 
replante ,  &  un  mois  après  on  la  retire  ,  elle  a  la 
figure   humaine  ,  quelques  -  uns  la  nomment  Dou- 
dain.    C'eft   cette    racine  de   mandragore  enfermée 
dans  une  boîte  ,  que  donnent  les  Sorciers  ou  Char- 
latans à  quelques  avares  crédules,  auxquels  ils  font 
accroire    qu'en   faifant   quelques   cérémonies,  l'ar- 
gent qu'on  mettra  auprès  doublera   tous  les  jours.' 
Au  refte  ,  on  trouve   encore  dans  les  anciens  Dic- 
tionnaires mandegloire  pour  :i:.mdragore  ;  c'eft  ap- 
paremment de  là  qu'eft  venu  main  de  gloire  ,  par 
une  fuite  de  coïïU'px.ion ,  mandragore  ,  mandegloire , 
main  de  gloire.   Remarquez  que  la   main  de  gloire 
ne   fe    fait    pas   toujours   avec  la   mandragore ,  & 
qu'on  lui  attribue  d'autres  propriétés  que  celles  de 
multiplier  l'argent.  Des  voleurs  condamnés  à  mort 
ont  avoué   à  la  torture ,  qu'ils  s'en  lervoient  pour 
ftupéfier    &  rendre     immobiles  ceux  à  qui  on  la 
piéfentoit  ,  de  manière  qu'ils   laiftoient  voler  leur 
argent  &  leurs  meubles  ,  fans  pouvoir  fe  remuer  , 
ni  avoir  la  force  d'appeler  à  leur  fecours.  A  l'égard 
de  la  compofition  ,  ils  déclarèrent  que    cette  main 
de  gloire  fe  faifoit  avec  la  main  d'un  pendu  ,  qu'on 
enveloppe   dans  un    morceau  de  drap   mortuaire, 
où  on  la  prefte   pour   en  faire   forrir  le  lang  ,  s'il 
y  en  refte  ;  puis  on  la   met  dans  un  vale  de  terre 
avec  de  l'azimut ,  du  falpêtre  ,  du  fel ,  &  du  poi- 
vre long,  le  tout  bien  pulvérifé.  On  la  laille  quin- 


M  A  I 


ze  jours  dans  ce  pot,  puis  on  la  tire  ,  &  on  l'ex- 
poi'c   au    fokil    de   la  canicule ,  julqu'à  ce  qu'elle 
loir  bien  feche  :  ik  li  le_  Iblcil  ne  fuiKt  pas ,  on   la 
mer  dans  un  luur  chaufic  avec  de  la  fougère  îk  de 
la  verveine.  On  compole  enluite  une  chandelle  avec  | 
de  la  graille  de  pendu ,  de  la  cire  vierge ,  ik  du 
zizance  de  Laponie.  On  fe  ferc  de  cette  main  coni 
me  d'un  chandelier;  &  dans  tous  les  lieux  où  l'on 
va  avec    cette   chandelle  allumée,  ceux  qui  y  (ont 
demeurent  immobiles.  Voilà  ce  qu'ils  .appellent  la 
main  de  gloire.  On  voit  alFez  ce  que  l'on  doit  pen- 
fcr  de  la  main,  de  gloire. 
Main  de  Justice  ,   efl:  un  fceptre    ou  bâton  d'Une 
coudée,  ayant  la  figure  d'une  main  d'ivoire  à  l'ex- 
trémité ,  avec    lequel   on  peint  les  Rois  revêtus  de 
leurs  habits  royaux  ,  comme  ils  (ont  au  jour  de  leur 
Sacre.  Les  Auteurs  l'appellent  Firga.  Ce  (ut  Louis  X. 
qui    fit  (a  devi(c  d'une  main  ,  que  nous  appelons 
maintenant ,  main  de  Jujlice. 
Main  de  Jujlice ,  clt  la  puillànce  &  l'autorité  publi- 
que qui    a  fon   e(iet    dans  la  Juftice  ,  ou   qui  eft 
exercée  par  les  Gens  &    OlHciers  de  Jul^ice ,  fous 
l'autorité  du  Roi  ;    car  la  main  de   Juftice  qui  ell 
d'ivoire,  au-delfus  d'une  verge,  e(l:  une  marque  de 
la   puilïïince   de   nos  Rois ,   comme  le  fceptre  ,  la 
couronne  &  l'épée. 
Main  de  Dieu.  Manus  Dei.  C'eft  le  nom  d'un  em- 
plâtre vulnéraire  ,    réfolutif  &c  fortifiant  ,  dont  on 
trouve  la  delcription  dans  la  Pharmacopée  univcr- 
felle  de  Lémery. 
Main    d'oubliés  ,  fe   dit  de  fepc  ou  de  huit  oublies 
qu'on  prend  à  chaque  fois  dans  le  corbillon  avec  la 
main  pour  jettcr  fur  la  table.  Cruftullarum  miliita- 
rum  fcapus.     Le    corbillon    d'oubliés    palîé  pour 
20  mains. 
Main   de  papier  ,    eft  un  airemblage   de  24  ou  zj 
feujlles  de   papier  pliées  enfemble.  Charu  Jcapus. 
Il   y  a  20   mains  à  la  rame. 
Main  ,  à  tous  les  jeux  de  cartes ,  fe  dit  de  l'avantage 
qu'on  a  à  chaque  levée  de  cartes  ,  par  le  moyen 
d'une  plus  forte    qu'on  jette  deilus.  Celui  qui  a  le 
plus   de  mains  ,  ou  de  levées ,  gagne  à  la  Bete  ,  ga- 
gne les  cartes.  On  dit  au  Lanfquenet ,  il  a  fait  tant 
de  mains  ,    pour  dire  ;  Il  a  g.igné  plulïeurs  coups 
de  fuite  toutes  les  cartes  :  En  ce  cas  ,  on  dit  qu'un 
homme  a  la  main  chaude  ,  la  main  heureufe  ,  pour 
àirt  qu'il  eft  en  train  de  gagner.  Cela  eft  famihcr. 
Main  ,   fe  dit  au  Lanfquenet  &  dans  quelques  autres 
jeux  de  la  diftribution  des  cartes  que  fait  celui  qui 
les   mêle  à  fon  tour.    C'eft  à   vous  la  main;  pour 
dire ,  C'eft   à  vous  à  faire ,  à  mêler  les   cartes.  H 
faut  couper  pour   voir  à  qui  aura  la  main ,  à  qui 
fera.  On  dit  aulîi  tirer  ,  jouer  à  qui  aura  la  main  , 
c.  à  d.  à   qui   jouera  le   premier  ,   à   qui  aura   la 
primauté.  On  dit  au  Piquer ,  La  main  fuit  ;  pour  di- 
re, 11  ne  faudra  point  couper  à  la  fin  de  chaque 
i      partie  pour  favoir  à  qui  fera.  On  dit  auffi  à  ce  jeu, 
if       Je   vous  donne  dix  <Sc  la  main  ,  pour  dire  ;  'Vous 
-  aurez    l'avantage  de  dix  points  ,   &  celui  d'être  le 
premier.  On  dit  auftî ,  Je  ne  veux  pas  être  fous  la 
main  d'un  tel  ;  pour  dire  ,  fous  fa  coupe. 
i.|MAiN  ,   fejit  aufll   en  plufieurs  phrafes  adverbiales. 
Cela  eft  ïait  à  la  main  j  pour  dire  ,  par  collufion  , 
par  complot ,  par  intelligence  ,  tout  exprès.  Ex  com- 
paclo  ,  ex  compofuo.  Cela  eft  écrit  à  la  main ,  ou 
manufcrit.  Ces  oifeaux  fe  prennent  à  \a.main,  avec 
les  mains.  Il  a  bien  les  armes  à  la  main  ;  pour  dire  , 
Il  manie  les  armes  adroitement ,  &  de  bonne  grâ- 
ce. Les  ennemis  font  entrés  à  main  armée.    On  a 
enlevé    cette    fille    à   main  armée  ,  avec  violence. 
Vous  avez  cette  balle  à  la  main; on  dans  \cs  mains  , 
pour  dire ,  Vous  avez  la  facilité  de  la  jouer. 
Acheter  de  la  viande  à  la  main  ;  c'eft  l'acheter  fans  la 

pefer.  Ad  manum  emere. 
C'eft  une  chofe  faite  à  la  main  ,  fe  dit  au  propre  d'un 
ouvr.agc  fait  de  main  d'homme  -,  &  au  figuré  ,  il  fe 

»J      dit  d'une  chofe  concertée  &c  apoftée  qu'on  fait  au 
I      préjudice  de  quelqu'un.   On  dit  ^  A  main  droite  , 
a  main  gauche. 


M  A  I 


741 


I 


Demain  en  main  ,  per  manus  ,  c'eft  à  dire  ,  de  la  main 
d  une  pei(onne  dans  celle  d'une  autre,  6c  de  ctUe- 
là  dans  une  autre ,  ik  ainfi  de  fuite  jufqu'à  la  per- 
(onne  à  laquelle  s'adrellc  ce  que  l'on  (ait  pallei  de 
main  en  main.  Donner  cela  de  main  en  main  a  un 
tel. 

On  le  dit  audi  pour  marquer  la  tradition.  Nos 
ancêtres  nous  ont  tianfmis  cette  tradition  de  main 
en  main.  Les  Juiis  ont  plufieurs  traditions  qui  leur 
ont  ete  données  de  main  en  main  par  kus  Prédé- 
celleurs. 
En  main.  On  dit  être  en  main  ,  être  dans  une  fitua- 
tion  convenable,  dans  un  lieu  commode  pour  (aire 
une  cho(e.  Je  ne  fuis  pas  en  main  pour  (aire  telle 
cho(c.  Etre  bien  à  la  main,ità\t  d'une  chofe  (aite 
de  manière  qu'on  peut  s'en  fervir  ailémcnt.  Cette 
raquette  eft  bien  à  la  main,  8c  figurément  des  cho- 
fes  proches  ,  Se  dont  on  peut  fe  fervir  aifément. 
Vous  avez  là  toutes  chofes  à  la  main.  Tout  cela  eft 
fimilier. 
Avoir  en  main  ,  ad  manum  ,  in  promtu  aliquii  habere. 
Avoir  une  choie  fous  (à  main,  l'avoir  toujours  toute 
prête.  Faites  vgs  affaires  ,  pendant  que  vous  .avez 
l'occafion  en  main.  J'ai  en  main  de  quoi  détruire 
une  telle  allégation.  J'ai  en  main  des  gens  qui  me 
(cront  avoir  raifon  d'une  telle  injure.  Paratos  ha- 
beo  j  qui ,  &c.  J'ai  pouvoir  en  main  d'en  traiter.  Il 
a  pris  en  main  (a  defenfe  ,  fa  caufe  en  mdm;  pour 
due  ,  il  a  pris  fon  fait  &  caufe. 
Longue-main.  Longimanus.  Artaxerxès  ,  fils  de  Xerxès 
(on  (ucccdeur  dans  l'Empire  des  Perfes  ,  fut  fur- 
nommé  Longuemain  ,  parce  qu'il  avoir  une  main  plus 
longue  que  l'autre.  M.  Boifuet  l'appelle  Artaxerxès  à 
la  longue-main. 
De  longue-main.  .adv.  Depuis  longtemps.  Ces  gens  là 
lé  connoiflènt  de  longue-main.  Dudum.pridem  ,  jam 
dudum. 
Sous-MAiN.  adv.  Clandcftinement ,  en  cachette.  Clam. 
On  lui  a  donné  fous  main  un  tel  pot  de  vin  pour  le 
dédommager  ,  pour  l'empêcher  d'enchérir.  On  l'a 
fait  menacer  fous-main  de  l'aHàlliner  ,  s'il  continuoit 
cette  pourluite  criminelle.  Ce  traité  a  été  wt^odxe  fous- 
main  entre  ces  Princes. 

On  dit  aulli  au  pluriel ,  Dieu  nous  verfe  ie%  grâ- 
ces à  pleines  mains  ,  abondamment.  Un  mauvais 
Ecuyer  tient  l'arçon  à  deux  mains.  Ce  Maître  d'ar- 
mes joue  merveilleufement  de  l'épée  à  deux  mains  ; 
ce  qui  fe  dit  des  chofes  dont  on  fe  fert  j  en  les  tenant 
avec  les  deux  mains.  On  dit  d'un  avare  ,  qu'il  tient 
tout  à  deux  mains  ,  tant  il  a  peur  que  quelque  chofe 
ne  lui  échappe  _,  qu'on  ne  la  lui  prenne.  Ce  Juge 
prend  à  deux  mains  ,  à  toutes  mains;  pour  dire  , 
prend  des  prélens  des  deux  parties. 

Celui  qui  reçoit  de  l'argent  pour  un  autre,  dit  :  Cet 
argent  ne  fera  que  changer  de  main. 

On  dit  en  fait  d'aumône  ,  qu'il  ne  faut  pas  que  la 
main  gauche  fâche  ce  que  fait  la  main  droite,  cela  eft 
tiré  de  l'Evangile  S.  Matthieu  ,  c.  VI.  Il  donne  d'une 
main  ,  &  prend  de  l'autre. 

Dans  le  Droit ,  dans  les  Coutumes ,  ôc  dans  toute  la 
Jurifprudence  ,  le  mot  de  main  a.  quantité  de  figni- 
fications  différentes.  En  général ,  le  mot  de  main  veut 
dire  ,  puiffance  y  autorité ,  faculté  ;  &  c'eft  de  là  que 
la  plupart  des  expreftions  fuivantes  prennent  le  fens 
qu'elles  ont. 

On  dit  en  Jurifprudence  féodale  j  qu'un  Vaffaldoit 
à  fon  Seigneur  la  bouche  &:  les  mains  ;  pour  dire  , 
un  aéle  de  foi  &  hommage ,  qui  fe  (aie  en  jurant 
fidélité  entre  les  mains  du  Seigneur  ;  &  en  les  lui 
baifanr.  ClienteU  pnftatio. 
Main  Brève  ,  ou  abrégée.  Terme  de  Droit;  c'eft  un 
paiement  qui  le  fait  au  dernier  des  créanciers  par 
le  premier  débiteur,  de  plufieurs  qui  fe  doivent  par 
ordre  l'un  à  l'autre.  Par  exemple  :  Je  dois  à  quel- 
qu'un ;  celui-ci  doit  à  un  autre  ;  cet  autre  doit  à  un 
quatrième  ,  &c.  fi  je  paie  au  quatrième ,  le  paiement 
fe  fait  en  main-brève. 
A  DEUX  MAINS.  Terme  de  Coutumes,  qui fignifie dou- 
ble droit  qu'un  Seigneur  lève.  Par  exemple  ,  il  lève 


742.  MAI 

Cix  gerbes  .pour  la  dixme  ,  Sz  fix  pour  le  terrage  : 
cela  s'appelle  dixme  ou  terrage  à  deux  mains  ,  parce 
que  le  Seigneur  a  la  dixnic  &  le  terrage  lur  un  incme 
champ  ;  car  il  lève  d'une  main  la  dixme  ,  &  de  l'autre 
le  terrage  ,  «Se  prend  la  lixième  gerbe. 

Changer  de  main ,  fignitie  ;  Changer  de  maître.  Mutare 
dominum  ,  herum.  Quand  un  héritage  change  de  main  , 
palle  d'un  propriétaire  à  un  autre,  il  doit  des  piohts 
de  fiefs. 

CoNFoRTE-MAiN  ,  eft  un  terme  de  Chancellerie  ,  qui 
fe  dit  de  certaines  Lettres  que  le_  Roi  donnoit  au- 
rrefois  pour  fortifier  la  main-miCe  ,  ou  laiiie  qu'a- 
voir fait  un  Seigneur  féodal  fur  les  tenanciers ,  de  la 
fimple  autorité  de  fon  Juge.  Cette  formalité  eft  hors 
d'ufage.  Ce  mot  de  Conforte-  main ,  lignifie  la  puif- 
fance  fecourue. 

Fermer  la  main  à  quelqu'un  ,  c'efl  Saifir  entre  Tes 
mains ,  l'empêcher  de  payer  ce  qu'il  doit. 

Main-ferme,  eff  un  vieuxternie  de  Coutume  qui  fi- 
gnifîoit  autrefois  un  bail  à  cens  de  quelques  hérita- 
ges j  ou  terres  roturières  qu'on  appeloit  autrement 
Cocceries.  Fundi  locatio.  Côtoient  proprement  des 
héritages  chargés  de  rentes ,  qui  n'étoient  point  fu- 
jets  aux  droits  de  retenue.  Quelquefois  on  a  appelé 
main-ferme  en  général ,  manu  firmitas  ,  tous  les  im- 
meubles qui  n'étoient  point  fiets.  La  main-ferme  dif- 
féroit  d'un  fief  j  en  ce  qu'elle  n'étoit  accordée  que 
pour  la  vie ,  ou  tour  au  plus  d'un  héritier  ;  au  lieu 
que  le  fief  étoit  pleinement  héréditaire  :  6c  que  la 
main-ferme  étoit  chargée  de  redevance  ,  au  lieu  que 
le  fief  n'étoit  tenu  que  d'un  fimple  hommage.  On 
l'a  appelle  main-ferme ,  eh  qubd  manu  donatorumjir- 
mabatur. 

Main-forte  ,  fe  dit  des  perfonnes  puiflantes  qui  poflè- 
dent  quelque  chofe.  On  ne  peut  pas  exercer  le  retrait 
de  cette  terre  ,  car  elle  eft  en  main-forte. 

Main  forte  ,  fe  dit  aufli  du  fecours  qu'on  prête  à  la 
Juflice  j  afin  que  fes  ordres  foient  exécutés.  Prfjl- 
dium.  On  enjoint  aux  Prévôts  des  Maréchaux  de  prê- 
ter main-fone  à  l'exécution  des  arrêts.  Il  eft  entre  avec 
main  forte  dans  ce  château  pour  prendre  un  prifonnier. 

Main-garnie.  Poflcfîion  de  la  chofe  contef1:ée.  Praoc- 
cupatio ,  poffeffio.  On  dit  que  le  Roi  plaide  toujours 
main-garnie.  On  dit  j  quand  on  fait  une  faitie  de 
meubles  ,  qu'il  faut  garnir  la  main  du  Roi ,  pour  dire  , 
donner  un  gardien  ,  ou  dépoiitaire.  Dans  un  léns 
plus  général ,  main-garnie  fe  dit  des  chofes  faifies 
en  la  puiflance  de  la  JufHce.  §3°  C'efl  la  faiiie  & 
arrêt  que  le  créancier  peut  faire  fur  fon  débiteur  en 
vertu  d'une  Ordonnancede  Juftice.  On  l'appelle  ainii, 
parce  que  l'Ordonnance  qui  permet  de  faifir  ,  s'ob- 
tient fur  une  fimple  requête  ,  avant  que  le  créancier 
ait  obtenu  une  condamnation  contre  fon  débiteur. 

Main-levée,  f.  f.  Acte  qui  détruit  unelaifie  ,  foit  qu'il 
foit  confenti  par  la  partie  ,  loit  qu'il  foit  prononcé 
en  Juftice  :  liberté  qu'on  obtient  de  difpoferdescho- 
(es  qui  avoient  été  fiifies.  Vindiciarum  datiojvindi- 
CLA  addiclw.  Il  y  a  des  mainlevées  définitives;  d'au- 
tres provifoires ,  en  donnant  caution ,  ou  à  la  caution 
juratoirc. 

^fT  II  y  a  aufîl  des  main-levées  d'oppofition  ;  c'eft  à- 
dire  ,  qui  détruifent  l'empêcheiTienc  réfultant  d'une 
oppolîtion. 

§3°  On  donne  à  ces  aftes  le  nom  de  main-levée  ,  parce 
que  leur  effet  eft  d'ôter  la  main  de  Juftice  ,  de  l'au- 
torité de  laquelle  l'empêchement  avoit  été  formé. 

§3"  Il  y  a  des  /«ai« 7ev<;'«  fans  autorité  de  Juftice ,  fans 
ordonnance. 

On  dit  aufli  qu'un  homme  a  eu  main  levée  de  fi  per- 
fonne  &  de  fes  biens  ;  pour  dire  ,  qu'on  l'a  mis  hors 
des  prifons ,  &  rétabli  en  la  jouiifance  de  fon  bien.  Po- 
tejîatem  dare  ,facultatem  trlbuere.  Donner  main-levée  , 
c'eft  délivrer  les  biens  laifis  de  l'autorité  de  la  Juftice. 

Mettre  la  main  au  bâton  ,  ou  à  la  verge ,  dans  pluficurs 
Coutumes  ,  fignifie  fe  delfaifir  d'un  héritage ^  parde- 
vant  le  Seigneur  féodal  ,  ou  cenfuel  ,  ou  pardevant 
fon  Officier.  Cette  expreflion  vient  de  ce  qu'autrefois 
le  vêt  &  le  dévêt ,  la  faifîne  &'  la  deffaifine  fe  fiiif  oient 
par  la  Tradition  d'un  petit  bâton. 


M  A  I 

Main-mettre.  V.  a.  Terme  de  Coutumes.  Affranchir 
de  condition  fervilt.  Manupiiitere.  Quand  le  vafîal 
main-met  fon  homme  de  corps  ,  il  vient  &c  retourne 
de  ce  même  fait  au  Roi  en  pareille  condition  quil 
étoit  ci  fon  Seigneur  avant  la  manumiflion. 
Ce  mot  vient  de  maniimittere. 
On  dit  auîli ,  fans  main  mettre  ;  pour  dire  ,  fans  faire 
aucuns  frais  ,  ni  dépenfe.  Les  dixmes  ,  champarts  & 
droits  Seigneuriaux  j  font  des  revenus  qui  viennent 
fans  main-mettre  ,  qu'il  ne  faut  fumer  ,  ni  labourer. 

Main-mis  ,  isE.  part.  &  adj.  Qui  eft  affranchi  de  {eï~ 
vitude  jqui  eft  tiré  de  condition  fervile.  Manu  miQus. 

Main-mise.  f.  f.  Terme  de  Coutumes  &  de  Jurilpru- 
dence  féodale  ,  Prife ,  faiiie  ,  adtion  de  faifu' ,  de  pren- 
dre. Occupatio ,  apprehenjio.  Main  m'i/e  îcvdzle  cilla. 
faifie  que  le  Seigneur  du  fief  dominant  fait  du  fief 
mouvant  de  lui  par  défaut  de  foi  &  hommage  non 
rendus  j  &  de  droits  &  devoirs  non  payés.  Ala^r.  mife  . 
eft  oppofé  à  main-levée.  Manus  injecla.  Le  Roi  com- 
mence à  plaider  par  la  main-mife ,  car  il  plaide  tou- 
jours main  garnie. 

On  appeloit  aufîi  autrefois  main-mife  ,  ManumâJJio, 
la  manumiflion  que  les  Seigneurs  faifoient  de  leurs 
hommes ,  quand  de  ferfs  ils  les  rendoient  francs  & 
bourgeois. 

Main-mise.  Se  dit  aufli  quelquefois  de  certaines  voies 
de  fait ,  employées  contre  la  perfonne  de  quelqu'un 
en  le  frappant,  en  le  maltraitant.  C'eft  ainfi  qu'on  dit 
qu'il  n'efi  pas  permis  d'ufer  de  main-mife. 

Main  MORT  AELE.  adj.  Servus.  Terme  de  Coutumes, 
qui  fe  dit  des  gens  ferfs  ,  dont  les  biens  ,  qu  on  .ap- 
pelle aulliOTi2/«-/«orw^/c'.f,  appartiennent  au  Seigneur; 
quand  ils  font  décédés  fans  hoirs  iilus  ds  leurs  corps  , 
&  procréés  en  légitime  mariage  ;  car  ils  ne  peuvent 
tefter  que  jufqu'à  cinq  fois  fins  le  congé  de  leur  Sei-. 
gneur.  On  les  appelle  auffi  corréahles  ù  taillables. 
Dans  une  CUtoniqnt  à.<:Vhnàit ,  Chrome.  Feneoli  , 
p.  ^0  2.  il  efl  remarqué  qu'un  Evêque  de  Liège, 
nommé  Albero  ,  ou  Adalbero ,  mort  en  1 141 ,  abolit 
une  ancienne  coutume  du  pays  de  Licge  ,  qui  étoit 
de  couper  la  main  droite  de  chaque  paylan  décédé  , 
&  de  la  préfenter  au  Seigneur  ,  envers  lequel  il  écoit 
main-mortable  ,  pour  marquer  qu'il  ne  feroïc  plusiujet 
à  la  fervitude.  Berroyer  &  De  Lauriere. 

Main-.morte.  f.  f.  C'eft-à  dire ,  puiflance  morte.  On 
appelle  de  main-morte  ,  celui  qui  eft  main-mortable  , 
qui  cfl  de  condition  fervile.  Homo  fervus.  11  y  a  en- 
core une  infinité  de  familles  dans  la  Province  de  Bour- 
gogne ,  qui  font  gens  de  main-morte.  Il  y  a  des  hom- 
mes  de  main-morte  en  tous  biens,  meubles  &  hérita- 
ges; les  autres  en  meubles  feulement,  les  autres  en 
héritages  feulement.  Ce  droit  n'eft  pas  uniforme  dans 
toutes  les  Coutumes. 

Le  Nom  de  main-morte  ,  vient  de  ce  qu'après  la 
mort  d'un  chef  de  famille  fujet  à  ce  droit ,  le  Seigneur 
venoit  prendre  le  plus  beau  meuble  qui  étoit  dans  fa 
maifon ,  ou  s'il  n'y  en  avoit  point ,  on  lui  orhoii  la 
main  droite  du  mort ,  pour  marque  qu'il  ne  le  fer- 
viroit  plus  ,  comme  on  voit  dans  les  Chroniques  de 
Flandre.  Chopin  ,  Liy.  I.  Tit.  ^.  num.  1 0.  fur  la  Cou- 
tume de  Paris ,  donne  une  autre  étymologie  des  gens 
de  main-morte.  >■>  Gens  de  main  morte  ,^|pbur  ce  que 
»  leur  main  comme  morte  ne  peut  prendre  ni  rendre 
»  fans  l'autorité  du  Roi  ,  ni  pareillement  rendre  ou 
»  quitter  fans  l'autonré  du  Supérieur  Eccléfiaflique  ". 

On  appelle  Gens  de  main-morte  ,  caducaria.  legis per- 
emptorii  clientes  ,  tous  les  corps  Se  Communautés 
qui  ne  meurent' point ,  quoique  ceux  qui  les  compo- 
fent  meurent  ;  la  fubrogation  des  perfonnes  qui  fac- 
cèdent  les  uns  aux  autres ,  rendant  le  corps  de  la  coni- 
munauté  immortel.  C'eft  toujours  le  même  corps  : 
comme  font  les  Couvens ,  les  Hôpitaux  ,  les  Collèges , 
les  Chapitres,  Confréries ,  &  autres  Sociétés  ôc  Com- 
munautés. Quand  des  héritages  tombent  en  main- 
morte ,  les  Seigneurs  feroient  privés  des  droits  cafucls 
qui  arrivent  aux  mutations  des  pofîèft'eurs  ,  fi  on  ne 
leur  donnoit  un  homme  vivant ,  mourant  Ck  confif- 
cant  .  &  le  droit  d'indemnité.  On  a  appelé  les  Ec- 
cléliaftiques  gens  de  main-morte  _,  parce  qu'ils  ne  pou-  |.| 


M  A  I 

voient  pas  tefter  de  leurs  biens  ,  ncn  plus  que  les  cf  • 
claves  ,  fui'  kiqiielsle  Seigneur  avoic  droit  de  main- 
monc.  Ou  plutôt  on  les  appelle  gens  de  maïn-monc  , 
parce  que  les  héritages  qu'ils  acquièrent  tombent  en 
main-mom ,  &c  ne  changent  plus  de  main:  cnlortc 
que  les  Seigneurs  par -là  font  privés  des  profits  de 
hef.  C'elt  pourquoi  on  oblige  les  gens  de  main-mone 
à  payer  l'nidemnité  au  Seigneur  pour  les  rotures  qu'ils 
acquièrent,  parce  qu'à  1  avenir  il  ell  privé  du  quint , 
&  requint ,  &  des  lodi  &  ventes  qui  font  dûs  aux  mu- 
rations  des  poUcHèurs.  Ils  font  aulll  obligés  de  bailler 
au  Seigneur  homme  vivant  ,  mourant  &  confikant , 
à  l'égard  des  fieh  qu'ils  acquièrent ,  pour  faire  la  foi  clL' 
hommage  ,  &  payer  les  droits  de  relief  Tenir  un  hé- 
ritage en  main  mont. 

\}n enfant  appelle main-mone  ,  &c faire  mainmorte , 
lorlqu'il  lailié  aller  fa  main  au  gré  de  fa  mie  ,  ou  de 
quelqu'autre  qui  la  conduit ,  de  manière  qu'il  en  re- 
çoit de  petits  fouftlets  :  &  lorfquc  fa  main  cft  bien  en 
mouvement ,  la  perfonne  qui  la  conduit  ,  la  ftit  frap- 
per fur  la  joue  de  l'eniant. 
Main-pleine.   Terme  de  Coutume.    Faire  rapport  de 
main  pleins ,  c'eft  garnir  les  mains  de  la  Julbce  de 
biens  fui^ilans  pour  la  fomme  ,  pour  laquelle  un  Ser- 
gent fait  exécution  lur  le  débiteur  oppolant. 
Prendre  la   main  ,  fignitie  dans  quelques  Coutumes, 
recevoir  le  confentement  £z\c  ferment  des  contrac- 
tans.  Bailler  h  main  ,  c'eft  donner  fon  confentement. 
Main  du  Roi  ,.onmain  de  jujiicc  ,  veut  dire  la  puilîàncc 
du  Roi  ,  ou  de  la  Juftice.  Main  du  Commilîaire  ;  c'ell: 
l'autorité  du  Commilîaire.    Dans  les  Coutumes  ,  on 
trouve  ,  mettre  &  alieoir  la  main  du  Roi  j  ou  de  Juf 
tice,  lur  un  héritage  ,  ik  dans  le  même  fens  ,  main 
adilc.  On  dit  qu'on  a  mis  des  meubles  j  des  héritages 
lous  la  main  du  Roi  &  de  Juftice  ,  pour  dire  ,  qu'on 
les  a  faifis  ,  qu'ils  font  gouvernés  judiciairement.  Ma- 
r.us  Régis  injiccre. 
Main  Souveraine,  fignifie  puidance  &:  autorité  fou- 
veraine  ,  la  puillance  ,  l'autorité  du  Supérieur  ,  qui 
juge  en  dernier  rellort.  Suprema  poteftas.  Il  y  avoir 
différend  entre  le  Châtelet  &  le  Bailliage  j  à  qui  léve- 
roit  un  tel  tcellé  j  on  l'a  fait  lever  par  mainfouverainc  , 
par  un  Conieiller  de  laCour.  Ainfidans  les  Coutu- 
mes on  lit  J  lé  raire  recevoir  par  main  fouveraine  ;  ce 
qui  veut  dire,  le  faire  reconnoître   pour  vallal ,  par 
l'autorité  du  Roi  -,  ce  qui  fe  fait  lorfque  le  Seigneur 
féodal  refuie  fans  caufe  de  recevoir  fon  valfal  en  foi 
&  hommage  :  ou  bien  quand  deux  Seigneurs  préten- 
dent la  tenure  féodale  d'un  même  fief;  alors  la  récep- 
tion eft  faite  par  le  Juge  Royal;  mais  cette  main  fou- 
veraine ne  Ipolie  perfonne. 
ÎvIain  TENUE,  f.  f.  C'ell  la  puilliince  qui  eft  donnée  au 
propriétaire  de  garder  ion  bien.  C'eft  aulîi  le  jugement 
qui  confirme  dans  la  poftefiîoa  d'un  bénéiice  un  titu- 
laire trouble.  P^oyci  Maintenue. 
Vider  les  mains  :  c'eft  payer  des  deniers  faifis  à  celui 

qui  a  obtenu  le  jugement  à  fon  profit. 
Main-Tierce,  f  f.  Terme  de  Melureur  de  grain  ,  qui 
eft  en  ulage  à  Landrecie.  Il  fignifie  ce  qu'ailleurs  on 
appelle  raz  ,  c'eft-à-dire  ,  l'oppoféde  comble.  Ainfi 
mefurer  un  boilfeau  de  blé  de  main  tierce  ,  c'eft  le 
mefurer  raz. 
Main  de  Mer.  f.  f.  Manus  marina.  Plante  qui  a  la  fi- 
gure d'une  main  avec  fon  poignet.  Elle  eft  épailfe , 
charnue  ,  blanchâtre ,  membraneufe.  Elle  naît  dans 
la  mer.  Elle  a  une  odeur  de  marine  ,  &  un  goût  lalé. 
Elle  eft  atténuante  &:  rélolutive  ,  étant  écrafée  &  ap- 
pliquée extérieurement.  §3^  Pour  avoir  une  notion 
plus  exadte  de  cette  produdtion  d'Infeftes  de  mer, 
voyez  les  Mém.  de  l'Acad.  Roy.  des  Sciences ,  année 
174-0. 
tfS"  Main  j  terme  de  Botanique.  On  appelle  en  Bota- 
nique ,  mains  des  Plantes  ,  ce  que  les  Latins  ont 
nomme  CapreoU  ,  Claviculi ,  Claviculit.  Ces  mains 
font  des  produélions  menues  ,  ou  efpeces  de  filamens , 
par  le  moyen  dcfquelles  les  plantes  larmenteufcs  s'at- 
tachent &  s'entortillent  aux  corps  folides  qu'elles 
trouvent  à  leur  portée.  Comme  ces  produélions  fe 
roulent  en  tire  boure  ,  on  les  nomme  aulli  vrilles. 


MAI  743 

On  voit  affez  la  pofitiou  de  ces  mains  ou  vriller  fur 
les  plantes  où  elles  croillént.  Quant  à  l'organifarion 
dit  M.  Duhamel  J  celles  de  la  Vigne  6c  delà  Grena- 
dillc  font  fcmbiables  aux  queues  des  raifins.  Elles  font 
formées  d'enveloppes  corticales  ,  défibres  ligncufes  , 
de  vailléaux  propres  J  de  trachées  Se    de  lillu  cellu- 
laire. (  Foyei  ces  mots,  j  On  n'en  doutera  pas  quand 
on  faura  que  l'on  trouve  quelquefois  au  bout  de  ces 
mans  deux  ou  trois  grains  de  raifin  bien  formés. 
^fT  Ces  mains  fc  roulent ,  les  unes  de  gauche  à  droite 
les  autres  de  droite  à  gauche  ,  (uivant  qu'elles  y  font 
déterminées  par  le  contaél  de  la  branche  lur  laquelle 
elles  s'entortillent. 
MAiNjfc  dit  proverbialement  en  ces  phrafcs.  On  dit. 
Jeu  de  main  ,  jeu  de  vilain  ;  pour  dire  ,  qu'il  n'y  a 
que  les  gens  ruftiques  &  mal  appris  qui  fe  frappent  , 
ou  fe  mettent  en  danger  de  fe  blelfer  en  jouant.   On 
dit ,  Froides  mains  ,  chaudes  amours  ;  pour  dire  ,  que 
la  hoideur  de  la  main ,  eft  une  marque  que  la  chaleur 
eft  concentrée  dans  le  cœur  par  la  violence  de  l'amour. 
On  dit ,  donner  d'une  main  Se  retenir  de  l'autre  ,  pour 
dire  ,  faire  donation  de  quelque  chofe  j  fins  néan- 
moins s'en  delîâihr.  Acad.  Fr.  On  dit  auflî ,  qu'il  vaut 
mieux  tendre  la  main  que  le  cou  ;  pour  dire  ,  deman- 
der l'aumône  ^  que  de  voler  ,  &  fe  mettre  en  danger 
d'être  pendu.  On  dit  ironiquement  ,  qu'un  homme  a 
la  main  bonne  pour  chanter  ,  &  la  voix  pour  écrire; 
pour  dire  ,  qu'il  n'a  aucune  difpofition  ni  à  l'un ,  ni 
à  l'autre.  On  dit  de  deux  parens,  de  deux  frères  ,  de 
deux  amis  qui  fe  font  joints  étroitement  enfemble  , 
ou  qui  fe  rcftèmblent  fort ,  que  ce  font  les  doigts  de 
la  main  ,  qu'ils  font  comme  les  doigts  de  la  main.  Et 
quand  ils  font  de  différente  humeur  ,  on  dit  que  tous 
les  doigts  de  la  main  ne  fe  rclTemblent  pas.   On  die 
d'un  homme  qui  dépenfe  beaucoup  d'argent  j  que 
l'argent  ne  lui  arrête  pas  dans  les  mains  ,  qu'il  lui 
fond  dans  les /«a;/2j-.  Acad.  Fr,  On  dit  d'un  homme 
lujet  à  dérober  ^  qu'il  ne  va  pas  fans  fes  mains  ■  qu'il 
lui  faut  regarder  plutôt  aux  OTa/^5  qu'aux  pieds ,  qu'il 
n'eft  pas  (ûr  de  la  main  ;  qu'il  a  les  mains  crochues  , 
faites  en  chapon  rôti.  Pecuniarum  accipiter.  On  dit 
aulîi  ,  De  Marchand  à  Marchand  ,  il  n'y  a  que  la 
main  ;  pour  dire  ,  qu'il  leur  fuflit  de  toucher  dans  la 
main  pouriaire  un  marché,  fins  aucun  écrit  ;  &  figuré- 
ment  on  le  dit  pour  marquer  la  fociécé  ou  l'intelli- 
gence qui  doit  être  entre  deux  perfonnes  de  même 
prcfeilion.  OnditaulH  à  celui  à  qui  on  reproche  fa 
fainéantife,  qu'il  a  toujours  les  mains ànns (iis  poches, 
qu'il  a  des  mains  de  laine  ,  Se  des  dents  de  fer.  On  dit 
aullî  qu'un  homme  a  les  mains  de  beurre ,  pour  dire 
qu'il  ne  lésa  pas  fermes^  qu'il  laiffe  tomber  tout  ce 
qu'il  tient.On  dit  aullî  ,  qu'un  Marchand  fait  crédit  de 
la  main  juiqu'à  la  bourfe  ,  pour  dire  ,  qu'il  veut  ven- 
dre argent  comptant.  On  dit  aulFi  ,  qu'une  main  lave 
l'autre  ,  pour  dire ,  qu'il  fiut  fe  rendre  des  offices  ré- 
ciproques. On  dit  qui  a  longue  main  ,  atteint  de  loin  j 
pour  dire  ,  que  les  grands  Seigneurs  peuvent  faire  bien 
des  choies.  On  dit  aulll  qu'un  homme  a  la  main  à  la 
pâte  ,  quand  il  a  quelque  maniement ,  quelque  bou 
emploi  où  il  peut  bien  ftire  fon  profit.  On  dit  aullî , 
qu'on  a  mis  le  pain  à  la  main  de  quelqu'un  ;  pour 
dire  ,  qu'on  a  été  la  première  caufe  de  la  fortune. 
On  dit  auilî  ,  que  les  mains  lui  démangent.  Plante 
a  dir , pugni prariunt  -,  pour  dire,  qu'il  a  eîivic  de  le 
battre,  ou  d'écrire  quelque  fatire ,  quelque  ciirique. 
On  ditaufti  ,  qu'il  faut  aller  dans  une  aftaire  bride  en 
main  ;  pour  dire  ,  avec  prudence  Se  retenue ,  fans 
précipitation. 
Main.   'Vieux  mot.  Matin.  Man'è. 


Dolent  étoit  foir  &  main.  Guil.  de  S.  A 


ND. 


Main,  aine.  Vieux  adjeélif ,  pour  dire,  moyen.  Mé- 
dius. M.onz-main  ,  mons  médius.  Aîain-vilic  ,  Media- 
villa. 

MAINA.  Petite  ville  de  la  Morée,  lîtuéeau  pied  des 
montagnes  de  Maina  ,  fur  le  golfe  de  Coron  ,  à  fix 
lieues  de  Chiclifa  ,  du  coté  du  midi.  Ce  lieu  eft  dif- 
férent de  Caftro  di  Maina,  fortereire  bâtie  par  leî 


744       -    M  A  I 

Turcs  fur  le  c.ip  de  Matapan  ,  pouf  brider  les  Mai- 
notes  l'an  I  j70.  &  mince  par  les  Vénicieus  la  incmc 
année.  Maty. 

Les  montagnes  de  Maina  ,  ou  de  Mainotes  ,  ancien- 
nement le  mont  Taygète.  Taygccus  nions  ,  AmicUus 
nions.  Grande  montagne  de  la  Zaconie ,  en  Morée. 
Elle  commence  entre  la  ville  de  Lacédémone  & 
celle  de  Zarnata;  &  elle  s'étend  du  nord  au  lud , 
entre  le  golfe  de  Coron,  &  celui  de  Colochine , 
jufqu'au  cap  de  Matapan ,  qui  en  eft  l'extrémité  mé- 
ridionale. Maty. 

Maina.  Contrée  de  la  Morée.  Mainotarum  Regio. 
Bracchio  de  Maina,  ou  le  pays  des  Mainotes,  ou 
des  Magnotes.  Elle  s'étend  depuis  la  ville  de  Cala- 
mata  jufqu'à  celle  de  Cartel  Rampano  ,  tout  le  long 
des  golfes  de  Coron  &  de  Colochine.  Les  Mainotes 
qui  ont  donné  le  nom  à  ce  pays,  font  des_  Grecs, 
■qui  à  la  faveur  de  leurs  montagnes  ,  confervcrent 
"longtemps  leur  liberté  ,  malgré  la  puillance  des 
Tjircs  i  mais  ces  Infidelles  ayant  pris  Candie  l'an 
i66c),  les  Mainotes  craignant  d'être  opprimés,  il 
s'en  retira  cinq  ou  fix  cens  familles  dans  l'Ile  de 
Corfe,  &  un  millier  dans  les  Terres  du  Grand  Duc 
de  Tofcane.  On  dit  qu'ils  tiennent  de  l'humeur  des 
anciens  Lacédémoniens  ,  &  qu'ils  tont  fort  portés 
au  larcin  &  à  la  cruauté.  Au  refte  ,  on  donne  quel- 
quefois plus  d'étendue  au  pays  des  Mainotes ,  &  on 
le  confond  .avec  la  Zaconie.  f^oyei  Zaconie. 

MAINADAIRIE,  MÉNADAIRE.  f.  m.  Ancien  titre 
de  dignité  en  Efpagne  ,  &  principalement  dans  le 
Royaume  d'Arragon.  On  donnoit  ce  nom  à  ceux 
qui  étant  du  rang  des  hommes  riches  ,  au  moins  du 
côté  de  leur  père  ,  étoient  mis  dans  la  Mailon  du  Roi , 
parmi  les  OiKciers  de  (a  Mailon.  Mainadarius ^  Mef 
■nadarius.  Domefiicus.  Ce  mot  s'étoit  fait  de  Mofna- 
da ,  qui  fe  difoit  par  contraction  pour  Alaïfonada , 
en  Latin  Manjio  ;  de  forte  que  Mainadaire  étoit  la 
même  chofe  que  Manfionaïrc.  Alanjionanus.  Les 
Mainadaires  étoient  gens  d'épée  ,  &c  d'un  rang  im- 
médiatement au-deifous  des  riches  hommes.  l^oye\ 
Du  Cange. 

TvIAINADE.  f.  f.  Compagnie.  On  excommunie  les 
pillards  Arragonnois  &  leurs  mainades  ou  compa- 
gnies ,  avec  ceux  qui  leur  donnent  retraite  ou  pro- 
tciflion.  Fleury  ,  Hiji.  EccUf. 

MAINBRAY  ,  ou  MAYENBRAL  Village  de  France 
fur  la  petite  ri\'ic"rc  de  Tonvcns  en  Franche  Comté  , 
proche  de  la  ville  de  Iley.  Quelques-uns  croient 
que  c'elt  V Amagetobriga  dont  parle  Célar  dans  fes 
Commentaires. 

MAINBURNIE.  f.  f.  Ancien  terme  de  Droit.  Garde. 
Cujiodia.  Ce  terme  le  trouve  dans  les  loix  Ripua- 
riennes ,  tit.  de  Tabular'ds  ;  art.  T 4.  &  i s-  La  Reine, 
fes  enlùnSj  qui  lont  en  (a  inainburnic ,  c'eft  en  la 
garde.  Bardin. 

MAINBURNIR.  v.  a.  Vieux  mot  qui  ùgnAe.  protéger , 
défendre  j  tueri ,  &:  dans  la  balle  Latinité  mamburnire. 
On  a  dit  aullî  en  François  mainbornir. 

Il  n'aura  ja  fi  grand  avoir  , 

Ne  fi  grand  terre  à   m.ùnburnir.  Baudouin  de 

COND. 

Au  douzième  an  qu'il  terre  maintint  &  mainborni. 

R.  DE  Vacce. 

MAINDRE.  v.  n.  Vieux  mot,  qui  lignifie  Demeurer. 
Manere.  On  difoit  à  la  troiftèmc  pcrfonne  ,  il  maint, 
manet  ;  tk  au  parfait  ,  il  a  mani  j  manfit. 

Ce  mot  de  maindre  vient  de  manere  ,  en  retran- 
chant le  premier  e  ,  \'n  ne  peut  plus  foutenir  l'rqui 
fuitj  iuivant  les  remarques  de  M.  l'Abbé  Dangeau, 
il  faut  ajouter  entre-deux  un  d. 

îvlAINE,  LE  MAINE,  ou  le  pays  du  MAINE.  Ce 
nomanenfîs  Provincia  ,  Ccnomania ,  Cenomannicum  , 
Cinomannicum  ,  Pagus  Ccnomannicus ,  Cenomani  , 
Auleréi  Cenomani.  C'efl:  une  province  de  France  qui 
a  confervé  une  partie  du  nom  des  Ccnomans ,  (es 
anciens  habitans.  Elle  cfl  bornée  au  nord  parla  Nor- 


M  A  I 

mandie  ;  au  couchant  par  la  Bretagne;  au  fud  par 
l'Anjou  ,  &  la  Touraine  ;  &  au  levant  par  le  Ven- 
dômois  Se  le  Perche  -,  on  lui  donne  trente  lieues  du 
couchant  au  levant ,  &  vingt  deux  du  nord  au  fud. 
Elle  cft  baignée  par  la  Miyenne  ,  la  Sarte  &  l'Huifnei 
fon  terroir  elf  .ibondant  en  blé,  en  vin,  en  lin,  en 
bétail.  Il  y  a  aulii  quelques  mines  de  fer.  On  ladivjfe 
en  haut  &  bas  Maine  ;  le  premier  eft  vers  le  levant , 
&  l'autre  vers  le  couchant.  Ses  lieux  principaux  font 
le  Mans  ,  capitale,  la  Feité-Bernard  ,  le  Château  du 
Loir ,  Beaumont  le  Vicomte  ,  Sablé ,  Laval ,  Mayen- 
ne-, (Se  Domh'ont.  Maty.  Le  Maine  a  le  titre  de 
Duché  depuis  très- longtemps.  La  vie  de  S.  Conftan- 
tin ,  &  les  Gefta  Dagoberti  Régis  l'appellent  Ceno- 
mannïcus  Ducatus.  Valois  ,  Not.  p.  64. 

Ce  nom  s'ell  fait  de  Mania  ,  qui  s'étoit  formé  de 
Cenomania  ,  par  aphérefe  ,  c'eft  à-dire  j  par  le  re- 
tranchement des  deux  premières  fyllabes. 

MAINEVILLE.  Bourg  de  France  en  Normandie  ,  à  neuf 
lieues  de  Rouen  ,  à  trois  de  Lions  ,  (Se  de  Mor- 
temer. 

MAINFROY.  f.  m.  Nom  d'homme.  Manufridus  , 
Manf ridas ,  Manjredus. 

MAINLAND.  Nom  d'une  île  de  l'Océan  Calédonien. 
Mainlandia  ,  anciennement  Romania.  C'eft  la  prin- 
cipale des  Iles  Schellandiques  ,  qui  appartiennent 
au  Roi  de  Danemark.  Elle  peut  avoir  vingt  lieues 
de  long  J  &  cinq  de  large.  Ses  habirans  ne  le  te- 
noient  autrefois  que  le  long  des  côtes,  &c  ne  vivoient 
que  de  poillon  -,  mais  maintenant  ils  cultivent  les 
terres.  Maty. 

Mainland.  Autre  île  de  l'Océan  Calédonien.  Main- 
landia ,  anciennement  Pomonia.  Elle  eft  à  quatre  ou 
cinq  lieues  de  la  côte  feptentrionale  de  l'Ecolfe  , 
entre  les  îles  Orcades  ,  dont  elle  eft  la  principale. 
Elle  n'a  que  huit  lieues  de  long  ,  &c  deux  de  large  j 
mais  fon  terroir  ,  garanti  de  la  violence  des  ondes 
par  de  grands  rochers  dont  elle  eft  environnée ,  eft 
fort  beau  &  fort  fertile.  C'eft  pour  cette  railonque 
les  Anciens  lui  donnèrent  le  nom  de  Pomonie ,  du 
nom  de  Pomone  ,  qui  étoit  celui  de  la  déelfe  des 
fruits  :  la  petite  ville  Airkvall  en  eft  le  lieu  princi- 
pal. Maty. 

MAINOTE.  f  m.  &  f.  Habitant  de  Maina.  Mainenfis. 
Maty  dit  aulli  Magnote  ,  mais  mal.  Voye\  Maina. 

Mainote  ,  f.  m.  &  f.  lignifie  aufll  un  habitant  de  la 
côte  méridionale  de  la  Morée  qui  regarde  l'Afrique, 
où  (ont  les  villes  de  Coron  &  de  Modon.  Mainotn. 
Peloponnfi  meridionalis  incoU.  On  croit  que  ce  (ont 
les  mêmes  que  les  Lacédémoniens  qui  (ont  devenus 
prefque  entièrement  Barbares ,  &  qui  cherchent 
par  tout  des  établilfemens  hors  de  leur  pays.  D'Her.- 
ellot. 

Ce  mot  vient  <ie  ce  qu'on  appelle  Braccio  ,  ou 
Brazzo  di  Maina ,  cette  côte  méridionale  de  la 
Morée. 

MAINSNÉ.  f.  m.  Vieux  mot  ,  qui  fignifioit  puifné , 
cadet  de  deux  frères  ,  le  plus  jeune,  duorum  fratrum 
minor  ,  natu  minor.  On  diloit  aulli  maifné.  Voyez, 
Maisné. 

MAINT  J  AINTE.  adj.  Creber,  multus.  C'eft  un  an- 
cien mot,  ciui  lîgnihe,  Pluiieurs,  un  bon  nombre. 
Maint  eft  un  mot  qu'on  ne-  devoit  jamais  abandon- 
der  ,  &  par  la  tacilité  qu'il  y  avoit  à  le  couler  dans 
le  ftyle  ,  &  par  fon  origine  qui  eft  Françoile.  La 
Br.  On  peut  encore  s'en  fervir  dans  la  haute  Poëfie  ; 
hors  de-là  il  ne  le  dit  plus  guère  que  dans  le  ftylc 
fatirique   &  burlefque.  MÉN. 

Maint  Auteur  antique  &  récent.  Sar. 

'MàWMc  veuve  fouvent  fait  la  déchévelée  ., 
Qui  n  abandonne  pas  le  foin    du    demeurant. 

La  Font. 

Il  y  a  apparence  que  ce  mot   vient    de   maint  8c 
ment ,  qui  en  langue  de  Galles ,  &:  de  BalLe-Bretagne  , 
lignifient  quantité,  grandeur.  Huet. 
Maint  j  s'emploie  quelquefois  réduplicativement.  Par 

maints 


M  A  I 

màïnts  &:  maints  travaux.  Mainte  Sc  mainte  con- 
quête. 
J4AINTEF0IS.  adv.  Souvent.  S^pè  fnpiùs.  On  a 
vu  maintcfois  arriver  ce  prodige.  Ce  mot  e(l  vieux  , 
&  ne  s'emploie  plus  guère  qu'en  plai(.intjnt.  « 
■MAINTENANT,  adv.de temps.  Préllntemcnr facette 
heure,  au  lièclc  prelent.  Nunc ,  modo  ,  mox ,  hoc 
ipfo  tcmpore.  On  vit  bien  maintenant  v^ec  plus  de 
luxe  qu'on  ne  faifoit  autrefois.  Nous  fonimes  main 
tenant  (.hns  un  heureux  fiècle.  Nous  avons  compté 
du  pallé  ,  voyons  maintenant  pour  l'avenir.  L'Arrêt 
porte  qu'il  jouira  dès  maintenant  ,  &  par  provilîon  , 
de  la  chofe  conteltée.  Il  lignifie  aulil ,  Tantôt.  Il 
veut  maintenant  ceci ,  maintenant  cela  ,  tantôt  ceci , 
tantôt  cela.  Dans  ce  fens  il  cft  vieux ,  &  hors 
d'ufage. 

Ce  mot  vient  de  manus ,  &:  de  tenere ,  comme 
qui  diroit  j  qui  tient  en  main.  Men. 
MAINTENEUR   f.  m.  Nom  que  prirent  les  Inftituteurs 
des  Jeux  Floraux  de  Touloufe.  Confervator.  Voyez 
Floraux. 
MAINTENIR,  v.  a.   Je  maintiens  ,  je  maintenais  ,je 
maintins.    J'ai  maintenu  ,  je   maintiendrai ,    que    je 
maintienne  ,je  maintiendrais  ,  que  je  maintinjje.  lfJ'1  e- 
nir    au  même  état ,  conicrver  en  état.   Sujhntare, 
confervare.  Cette  barre  de  kr  maintient  la  charpente. 
La  clef  de  la  voûte  eft  ce  qui  \z.  maintient  en  état. 
Maintenir  ,  le  dit  aulli  en  choies  morales ,  pour  dire , 
Donner  fecours  &  protection  ,  loutenir  ,  défendre  , 
faire  lublifter  ,  conferver.  Salvum  &  integrum  pr<tf- 
tare.  Les  Rois ,  &  les  Magiftrats  font  établis  pour 
maintenir  les  Loix  ,  &  la  Religion  ;  pour  maintenir 
la  paix  ,  pour  maintenir  les  peuples  dans  le  repos  & 
dans  le  devoir.  Il  a  été  maintenu  &  gardé  en  la  pof- 
lelîîon  de  ce  Bénéfice  ,   de  cette  charge ,  de  cet  hé- 
ritage.  C'eft  un  tel  qui  le  maintient  à  la  Cour ,  qui 
le  protège,  qui  allure  fa  fortune.  Un  Juge  maintient 
f.i  jurifdiélion,  la  délend  par  toutes  fortes  de  moyens. 
Maintenir  an  établillèment.  Pat.  Maintenir  la  Jufti- 
ce.  Abl.  Maintenir  fon  honneur.  Pasc. 
IfT  Ce  verbe  eft  auffi  réciproque  ,  &  lignifie  Demeu- 
rer dans  le  même  état ,  en  état  de  conliilance.  On  le 
dit  également  au  propre  &  au  figuré.   Les  anciens 
bâtimens  fe  maintiennent  en  tout  ou  en  partie  contre 
le  temps.  Cette  femme  fe  maintient  bien  ,  elle  ne 
veilJit  point.  Ce  cheval  ne  maigrit  point,  ilfe /;zizi/2- 
tient  bien.  Les  Loix  fe  maintiennent   dans  toute  leur 
vigueur.  La  dilcipline  le  maintient  dans  les  troupes. 
On  le  maintient  dans  fa  religion. 
'fT  Maintenir  ,  fignihe  aulli ,  Soutenir  qu'une  chofe 
eft  vraie  ,  foutenirla  vérité  de  ce  qu'on  affirme.  Af- 
ferere.  Je  vous  maintiens  que  cela  eft  vrai.  On  de- 
mande à  une  partie  li  elle  veut  s'aider  d'une  pièce 
I    qu'on  maintient  faufte ,  li  elle  veut  la  loutenir  véri- 
!   table  ,   avant    qu'on   reçoive  l'infcription   en  faux. 
klAiNTENiR  &  garder  le  change.  ^fF  Terme  de  Chaf- 
,  fe ,  qui  fe  dit  des  chiens  quand  ils  chaifent  toujours 
la  bête  qui  leur  a  été  donnée  ,  &   la    maintiennent 
I  dans   le  change. 

Cf  Maintenir  fon  cheval  au  galop  ,  c'eft  en  termes 
]  de   Manège  ,   la   même  chofe  qu'entretenir.  Il    eft 
évident  que  maintenir  vient  des  mots  Latins  ,  manus 
&C  tenere.  Manutenere  ,  tenir  par  la  main. 
MAINTENU,  UE.  part. 

4AINTEN0N.  Nom  de  lieu.  Mefleneo.  On  a  dit  d'a- 
bord Mejlenon,  8c  puis  par  corruption  Maintenon. 
C'eft  un  gros  bourg  entre  Chartres  &  Nogent  le-Roi , 
fur    la   rivière  d'Eure  ,   qu'on  a  fouvent  appelée  la 
rivière  de   Maintenon  ,  depuis  le  loinprueux  canal 
que  le  feu   Roi  fit  faire  les  années   1686  j   1687, 
1688.  Ç3°  pour  conduire   à  'Verfailles    les  eaux   de 
la  rivière  d'Eure.  Il  le  fit  appelicr  Canal  de  Mainte- 
I  non  par  honneur  pour  la  célèbre  Françoife  d'Aubi- 
1  gné  ,  veuve    de    M.   Scarron ,  qu'il  avoir   qualifiée 
I  Marquife  de  Maintenon. 

IIaintenon.   f  f.   Petite   croix  qu'on   porte  au  cou, 

dont  le  bâton  Se  la  traverfe  font  ronds.  On  y  met 

quclquelois  trois  boutons ,  aux  trois  extrémités  d'en- 

haut  &  des  deux  bras  ,  &c  quelquefois  même  trois 

Tome  F. 


M  A  J  74; 

diamans.  Françoilc  d'Aubignc,  "Ù.wwzi^e  Maintenon  , 
a  donné  le  nom  à  ces  croix ,  parce  que  ce  fut  clic 
qui  en  porta  la  première. 

.MAINTENUE,  f.  f.  Terme  de  Palais.  C^T C'eft  la 
confirmation  par  autorité  de  Juîbcc  dans  la  polîèllioii 
proviloire  de  quelque  choie  d  un  héritage  ,  ou  d'un 
bénéfice  :  un  jugement  par  lequel  fe  Juge  taitant 
droit  au  Demandeur  en  complainte  ,  le  maintient 
dans  la  pollellion  ,  en  attendant  qu'on  fallé  droit 
aux  Parties  fur  le  pétitoire.  Pojjcjfio  ,  &c.  Le  Juge 
maintient  en  polfellion  celui  qui  a  le  droit  le  plus  ap- 
parent. En  matières  bénéficiales,  lorlquc  la  pollellion 
n'eft  adjugée  que  proviloirement ,  &c  pendant  le  pro- 
cès ,  cette  maintenue  s'appelle  récréance  :  ôc  pleine 
maintenue  j  lorfque  le  bénéfice  eft  adjugé  définitive- 
ment ,  eft  déclaré  appartenir  à  celui  qui  étoit  ti'oublé 
dans  fa  polfellion.  Fay.  Co.viplainte  ,  Récréance 
&:  Réintegrande. 

MAINTIEN,  f  m.  Atfermillcment  d'une  chofe  dans 
le  même  état.  Précautions  que  l'on  prend  pour  la 
conlerver  dans  le  même  état.  Confervatia  ,  integritas y 
falus.  Les  lupplices  &i  les  exécutions  iervent  au 
maintien  des  loix  &  de  la  dilcipline.  Le  pouvoir  des 
Officiers  eft  le  maintien  de  l'autorité  Royale.  Il  faut 
être  prêt  de  mourir  pour  le  maintien  àeli.  Religion^ 
delà  Vérité  ,  &  de  la  Foi.  Le  maintien  du  bon  ordre, 
de  la  tranquillité  publique. 
§3°  Maintien  ,  le  dit  dans  une  fignification  bien  diffé- 
rente ,  de  toute  l'habitude  du  corps ,  &  déligne  la 
contenance  ,  l'air  du  vifage  ,  &  le  port  de  tout  le 
corps.  Oris  &  carporis  habitas  &  compojitio.  Les  Ju- 
ges ,  les  Vieillards  ,  doivent  avoir  un  maintien  grave 
&  Icrieux.  Un  modefte  &:  doux  maintien  eft  bienféanc 
aux  femmes.  Cet  homme  qui  vous  paroît  li  iimple , 
eft  très-lage  dans  le  fond  :  il  ne  lui  manque  que  des 
mots  ,  &  un  fevère  maintien.  Font. 

La  Dame  était  de  gracieux  maintien.  La  Font. 

La  femme  prude  paie  de  maintien  Sx.  de  paroles; 
elle  cache  bien  des  foibles  fous  de  pailibles  dehors. 
La  Br.  Cette  teinme  a  un  maintien  férieux  ,  mais 
naturel ,  &C  qui  n'a  rien  de  compofé.  S.  EvR. 

Quoi  !  repric  certain  fat  qu'à  fa  mine  difcrète  , 
Et  fan  maintien  jaloux  j  j'ai  reconnu  Poète.  Bon. 

MAINUNGEN.  Ville  d'Allemagne  ^  en  Franconie,  au 
milieu  du  Comté  de  Henneberg  lur  la  Were.  Long. 
28.  d.  10' ,  lat.  50.  d.  36'.  ^ 

MAJONGO.  Montagne  de  l'île  Célèbes.  Majongus. 
Elle  eft  dans  la  province  de  Camarinha ,  près  de  la 
petite  ville  de  Cacérès ,  &  elle  eft  célèbre  ,  parce 
qu'elle  vomit  continuellement  des  flammes  par  trois 
ouvertures.  IvIaty. 

MAJOR,  f.  m.  Officier  de  Guerre  qui  a  différentes  qua- 
lités 8c  fondrions.  Major ,  prxfeclus.  Le  Major  Géné- 
ral de  l'armée  §3"  eft  un  des  principaux  Officiers  de 
Tarmée ,  qui  eft  chargé  de  tous  les  détails  du  lervice 
de  l'Infanterie.  Il  reçoit  Tordre  de  l'Officier  Géné- 
ral ,  qu'il  donne  à  tous  les  Majors  des  brigades.  Il 
règle  l'emploi  des  troupes  pour  chaque  jour,  foit 
pour  les  gardes ,  foit  pour  les  détachemens ,  &  les 
elcortes. 

Major  de  Brigade  de  l'armée  ,  foit  Cavalerie,  foit  In- 
fanterie, eft  celui  qm  reçoit  l'ordre  &  le  mot  du 
Major  Général ,  &  qui  le  donne  aux  Majors  des 
autres  Régimens.   Major. 

ÇCr  Major  dans  un  Régiment.  C'eft  un  Officier  qui 
fait  à  peu-près  dans  le  Régiment  les  mêmes  fondions 
que  le  Major  Général  fait  dans  toute  l'Infanterie. 
Il  donne  aux  autres  Officiers  de  fon  corps  les  ordres 
qu'il  a  reçus  des  CommandanSj  &  il  eft  ordinaire- 
ment chargé  de  tout  le  détail  du  Régiment. 

Major  d'une  place  ,  eft  l'Officier  qui  y  commande  après 
le  Gouverneur  ,  &  le  Lieutenant  de  Roi.  Il  a  le  foin 
de  la  garde  ,  de  la  patrouille  ,  des  fortifications  de 
la  place. 

Major   des   Gardes  du   Corps.    Pr^torianorum  maio 

Bbbbb 


74<5  M  A  J 

kgatus.  C'eft  l'Officiel-  qui  feit  fcrvir  les  Gardes  au- 
près du  Roi ,  &c  qui  a  l'œil  fui-  le  Coips  de  Gaide  , 
>  pour  Elire  obfervcr  exademem  l'intention  de  Sa  Ma- 
jefté. 

Il  y  a  aufli  des  hïàcs  Majors  ,  Fomnets- Majors  j 
Ta.mboins  Majors  j  &  autres  Officiers  ,  ainlinom^ 
mes ,  à  caule  de  la  prérogative  ou  ancienneté  qu'ils 
ont  lur  les  autres. 

Ce  mot  clt  quelquefois  adjectif,  comme  quand  on 
dit ,  Ecac  Major ,  Chirurgien-Major ,  Tambour  Major, 
&c.  Il  eft  encore  adjettif  en  termes  de  jeu  de  Pi- 
quet,  comme  dans  tierce -/nay or  ,  &:c.  quatrième- 
major,  &c. 

Èt^z-Major ,  un  état  qui  contient  le  dénombrement 
des  Officiers  qui  font  dillingués  du  refte  du  corps 
par  une  plus  grande  folde  ,  ou  une  plus  grande 
fourniture  de  l'étape  ,  ou  de  l'uftenlïlc  ,  ou  par  l'au 
torité  qu'ils  ont.  Status  Major.  Il  y  a  un  Éiiz-Major 
dans  tous  les  Régimens  de  Cavalerie  ,  &  d'Infan- 
terie; tels  font  le  Colonel  ,  l'Aide -ATa/ or ,  le  Ma- 
réchal de  Logis  ,  &c.  Le  Chirurgien,  l'Aumônier, 
S:c.  Il  y  a  un  Ém-Major  dans  les  places  de  guerre  i 
il  eft  compofé  du  Gouverneur  ,  du  Lieutenant  de 
Roi,  du  Major, 'des  Aides  Majors  ,  des  Capitaines 
des  portes  ,  des  Commillaires  d'Artillerie  ,   &c. 

On  dit  audi  l'État-iV/iz/or  dans  la  Marine ,  de  tous 
ceux  qui  ont  table  du  Capitaine  par  le  droit  de  leur 
charge ,  ou  emploi  lur  le  vailîèau. 

Le  Major  dans  la  Marine  ,  eft  un  Officier  qui  a 
foin  de  faire  alfembler  aux  heures  marquées  les 
foldats  pour  monter  la  garde  ^  viliter  les  corps  de 
garde  ,  donner  les  portes. 

On  dit  au  Piquet  une  quinte  /«a/or  ,  quand  on  a 
les  cinq  plus  hautes  carres  d'une  même  couleur  : 
quatrième-/7w/or  j  quand  on  a  quarre  cartes:  tierce- 
niajor  quand  on  n'en  a  que  trois:  ainli  de  même,, 
(îxicme  major  j  Se  feptième  major,  loriqu'on  en  a 
lix  ou  (ept. 
MAJOR ,  f.  m.  Nom  d'homme.  Major.  A  Gaze  en 
Paleftine  j  S.  Major  ,  foldat  Maure  ,  martyrilé  lous 
Dioclétien.  Chast.  au  rj  Février. 
RIO  MAJOR.  Nom  d'une  petite  rivière  d'Efpagne. 
Magnus  fluvius  ,  anciennement  Mearus  ,  metaurus. 
Elle  coule  dans  la  Galice ,  &  fe  décharge  dans  la 
mer  de  Bifcaye  ,  à  S.  Martha  ,  à  quelques  lieues  du 
Cap  d'Ortégal ,  vers  le  levant.  Maty. 
Rio  Major  ,  eft  aulli  une  grande  rivière  de  l'Afrique. 
Fluvius  magnus  ,  anciennement  Nafabath  &:  Nabar. 
Elle  naît  dans  le  Biiedulgérid  ,  en  la  contrée  de 
Alezzab ,  traverfe  celle  de  Zeb ,  &  après  avoir  (é- 
paré  les  provinces  d'Alger  &  de  Bugie  ,  en  Barbarie , 
elle  fe  décharge  dans  le  golfe  de  Bug ,  à  la  ville  de 
ce  nom. 
MAJORASQUE,  MAJORAT,  ou  MAYORASQUE. 
f/CT  Majorât  eft  fcul  en  ufagc.  Majoratus.  C'eft  une 
diipofition  par  laquelle  une  perfonne  dans  la  vue 
de  conferver  le  nom ,  les  armes  &  la  fplendeur  de 
ù  maifon ,  lailfe  les  biens  ou  un  immeuble  à  une 
famille,  pour  y  être  déféré  par  ordre  fucceliit  per- 
pétuellement ,  en  entier  ,  à  l'aîné  le  plus  proche  : 
c'eft  un  fîdeicommis  graduel,  fuccelîif,  perpétuel  , 
fait  à  la  famille ,  indivihble ,  &;  deftiné  j)our  l'aine. 
Ce  nom  a  été  donné  à  ces  lortes  de  hdeicommis  & 
fubftitutions  perpétuelles  ,  parce  qu'elles  allurent  les 
biens  du  teftateur  à  ceux  de  fa  maifon  qui  font  &■ 
feront  ÇnQoe&vczneiM Majores natu,  lesftînés.  De  droit 
commun  ,  les  Majorats  font  des  fubftitutions  perpé- 
tuelles :  s'il  y  en  a  qui  ne  le  foient  pas,  il  faut  que  cela 
provienne  de  la  volonté  précife  &  expreJÏe  du  tePra- 
teut  J  qui  ait  déclaré  en  termes  formels  qu'au  défaut 
de  certaines  perlonnes ,  en  faveur  deiquclles  eft  fait 
\e  Majorât ,  il  veut  &  entend  qu'il  foit  éteint.  Fer. 
|0"  Comme  le  Majorât  eft  lailfé  à  la  famille  entière, 
les  femmes  y  font  auffi  appellées  ,  de  manière  néan- 
moins que,  comme  les  Majorats  font  indivilîbles, 
en  parité  de  dégrés,  &  dans  la  même  ligne,  le  mâle 
eft  préféré  à  la  femme. 
ffT  Les  Majorats  ont  commencé  en  Efpagiie  :  aujour- 
■  d'hui  il  y  en  a  en  Italie  &  ailleurs  :  nous  en  avons 


M  A  J 


même  dans  la  Franche-Comté  qui  a  été  confervée  dans 
tous  fes  Privilèges  quand  elle  a  p.illé  au  Royaume 
de  France. 
MAJORDOME ,  f,  m.  Maître  d'Hôtel.  Œconomus.  Ce 
mot  «ft  venu  de  l'Italien.  On  s'en  fert  auffi  en  Ef- 
pagne.  03"    On   appelle  Majordome   du  Pape ,    le 
Surintendant  de  fa  maifon  ;  &  en  Efpagne  le  Grand 
Maître  de  la  maifon   du  Roi  &c  de  la  Reine  porte 
le  même  nom.  Il  y  a  long-temps  que  Régnier  s'en 
eft  fervi.  D'un  nez  de  Majordome  ,  &c  qui  morgue 
la  faim. 
MajordomEj  eft  aufll  un  Officier  de  Galères ,   quia 
foin  des  vivres.  Le   titre  de  Majordome  s'cft  donné 
autrefois  dans  les  Mailons  des  Princes  ,  6c  dans  les 
Cours  J  à  trois  fortes  d'Officiers ,  i°.  au  Maître  d'Hô- 
tel ,  au  Grand  Maître  de  la  maifon  d'un  Prince  ,  à 
l'Officier  qui  avoir  loin  de  tout  ce  qui  concerne  la 
table  Se  les  vivres^  qu'on  appeloit  autrement  Eiea- 
tcr  ,  Pritfeclus  menfx  ,  ArchitricUnus  ,  Dapifer ,  & 
Princeps  Coquorum,  Voyez  le  mot  Dapifer.  i°.  On 
a  appelé  Majordome  ,  celui   qu'on  a  nommé  autre- 
ment Maire  du  Palais.  Major  Palatii,  (Econome, 
Œconomus  ,  Domeftique  ,    JJomeJiicus  ,  Se  dans  le 
Bas  Empire  Grec,  Mégadomeftique ,  Megadomefticus, 
Se  que  nous  pourrions  appeler  Intendant.  3°.  Celui 
qu'un  Prince  chargeoit  de  toutes  les  affaires  de  l'É- 
tat ,  tant  des  affaires  étrangères  ,  que  des  affaires  du 
dedans ,  &  tant  de  celles  de  la  paix  ,  que  de  celles 
de  la  guerre  -,  un  premier  Miniftre  qu'on  a  nommé 
autrement  Préfet  du   Palais  ,    Préfet  de    la  Cour, 
Comte  du  Palais  ,  Se  Préfet  du  Prétoire.  On  trouve 
plulicurs  exemples  de  Majordomes  aux  deux  premiers 
fens  dans  les  anciennes   Cours  de  Bourgogne ,   de 
Ncuftrie  &  d'Auftrafie,  auftî-bien  qu'en  France  & 
en  Angleterre.  Charles  Martel  eft  appelé  Majordome 
dans  nos  vieux  Hiftoriens.  Le  titre  de  Majordome  fe 
changea  enluite  en  celui  de  Sénéchal,  parce  que  la 
même  perlonne  ,  par  exemple  Thibaud  ,  Comte  de 
Blois  ,  fe  trouve  nommé  tantôt  Majordome  ,  &  tan- 
tôt Sénéchal.  Il  le  pourroit  faire  néanmoins  que  ce 
fuftcnt  encore  deux  charges  différentes  dont  la  même 
perlonne  filt  pourvue.  Les  Reines  avoient  aufti  leur 
Majordome.  Il  y  avoir   encore  des  Majordomes  de 
1  Églife  Romaine,    des  Majordomes   des  Évêques, 
qui  peut-être  n'étoient  autre  que  les  Vidâmes,  f^oye^ 
Du  Cange  dans  fon  Glôtlaire. 
MAJORIN ,  f.  m.  Nom  d'Office  ,  ou  de  Magiftrature, 
en  utage  autrefois   en  Elpagne.  Majorinus.  M.  Du 
Cange  en  diftingue  de  deux  fortes,  les  uns  qui  étoienc 
à  peu  près   ce  que  font  chez  nous  les   Maires  des 
villes  ,   mais  qui  avoient  pourtant  une  jurifdiélion 
plus  étendue  ,  Se  les  autres  qui  étoient  comme  les 
Majordomes  des  Princes,  d'où  vient  que  iouventle 
Majorin  ligne  dans  les  Chartes. 
MAJORITE,   1.    m.  Certains    Hérétiques  fureAt  ainlî 
appelés  de  George  Major  ,  l'un  des  dilciples  de  Lu- 
ther ,   qui  foutenoit  que  perfonne  ne   pouvoir  être 
bienheureux  lans  bonnes  œuvres  pas  même  les  enfans. 
MAJORITÉ ,  f.  f.  Âge   réglé    <Sc  fixé   par  les    loix  , 
pour  jouir  pleinement  de  fes  droits,  faire  certains 
aéles,  Se  avoir  l'adminiftration  de  Ion  h\en.  Jujla  agendi 
&  gerendi  £tas.  Il  a  atteint  l'âge  de  majorité.  Il  a  con- 
tracté en  pleine  majorité.  Par  un  Edit  de  l'an  1575, 
la  majorité  des  Rois  a  été   fixée  à  l'âge  de  14  ans 
commencés ,  c'eft  à-dire  ,  treize  ans  &  un  jour.  On  fît 
une  belle  cavalcade  à  la  majorité  du  Roi.  Les  femmes, 
ainfi  que  les  hommes ,  ne    font  majeures  qu'après 
qu'elles  ont  palîé  le  dernier  moment  de  leur  vingt- 
cinquième  année.  Cependant  les  filles ,  pour  certains 
égards,   font  cenlées  majeures  quand  elles  lont  ma- 
riées. Ainlî   quand  un  legs  eft  fait  à  une  fille  pour 
en  jouir  à  fa  majorité ,    elle  eft  en  droit   d'en  jouir 
dès  qu'elle  eft  mariée.  Dans  quelques  coutumes  on 
a  appelle  majorité  le  droit  d'aînelfe. 
Majorité  ,  lignifie  aullî  la  charge  de  Major.  Majoris 
dignitas  ,  munus.   La  Majorité  d'Arras  eft  vacante. 
On    lui  a   donné  la    Majorité  des   Gaixles.  Le   Roi 
donna   la    Majorité  de    Valcnciemies  à   Chczerat. 

PÉLISSON.  I 


M  A  I 

MAJORQUE.  Ville  capitale  de  ilcs  de  Majorque  & 
de  Minorquc  ,  fituée  lur  la  côte  occidentale  de  la 
premicrc  ,  où  elle  a  un  bon  port.  Majorka,  an- 
ciennement Palma.  Cette  ville  eft  grande  ,  peuplée 
&  foite.  Elle  eft  le  fcjour  du  Vice  roi  du  Royaume 
de  Majorque,  a  une  Univcilîté,  &:  un  Évêchc  futira- 
gant  de  Tarragone ,  V  une  Cour  des  monnoies  ,  où 
ie  fabriquent  la  plus  grande  partie  des  Héales ,  ou 
patagons  d'Efpagne.  Maty.  On  érigea  un  Évcché  a 
Majorque  en  1530  après  que  le  Roi  Jacques  d'Ar- 
ragon  ,  âgé  feulement  de  vingt  un  ans  en  eut  fait 
la  conquête.  Ce  Prince  dota  libéralement  l'Eglife  ca 
thédrale,  &en  l'airemblée  de  Poblct,  tenue  la  même 
année,  Bércnger  Évcque  de  Barcelone  ,  &  fon  Cha- 
pitre ,  qui  préteiidoient  que  Majorque  étoit  de  leur 
Dioccfe  ,  y  confentirent  j  &  convinrent  que  l'Évcque 
Icroit  nommé  pour  la  première  fois  par  le  Roi  ;  mais 
qu'après  la  mort  de  ce  premier  Évêque  ,  l'éleélion 
fe  feroitparl'Évêque  &  le  Chapitre  de  Barcelone  ,  du 
confentement  du  Roi ,  &  que  l'élu  feroit  tiré,  s'il 
fe  pouvoir ,  de  l'Eglife  de  Barcelone,  finon  de  celle 
de  Majorque ,  ou  d'un  autre.  l'^oye\  le  VII"^.  Tome 
du  SpicUegium  du  P.  d'Achcry ,  p.  211.  Le  Pape 
Il 'accorda  la  pcrmilîîon  d'ériger   cet   Évèché   qu'en 

_îi57. 

L'île  Majorque.  Majorïca  ,  anciennement  Balearis 
major.  C'eft  la  plus. grande  des  iles  de  Majorque^  & 
de  Minorque.  Elle  eft  dans  Ja  mer  Méditerranée  , 
vers  les  côtes  de  la  Catalogne  ,  entre  l'ile  de  Mi 
norque  &  celle  d'Ivice.  On  lui  donne  cinquante  à 
lojxaiite  lieues  de  circuit.  Elle  efl:  fertile ,  riche  ,  & 
fes  habirans  font  grands  Pirates  ;  on  pêche  quantité 
de  corail  le  long  de  fes  côtes.  Ses  villes  principales 
■font  Majorque  capitale  ,  &  Alcudia.  Maty. 

La  mer  de  AIajorque.  Balearïcum  mare.  C'eft  une 
partie  de  la  mer  Méditerranée.  Elle  s'étend  entre  les 
îles  de  Majorque  &  de  Minorque  ,  jufqu'aux  côtes 
du  Royaume  de  Valence  j  &  de  la  Catalogne. 
Maty. 

îles  &:  Royaume  de  Majorque  &  Minorque.  Voyei 
Baléares. 

MAJORQUIN ,  ou  MAYORQUIN  ,  INE  ,  f.  m.  &  f. 
Qui  eft  de  l'île  de  Majorque,  ou  de  la  ville  de  Majorque. 
Majoricanus.  Un  Gentilhomme  Mayorquin  ,  Ga- 
zette ,  de  171  j.  f.  iS.  Un  Efclave  Chrétien  & 
Majorquïn  de  nation.  Du  Loir  ,  f-  20S. 

MAJOUR.  (Le  Lac^  Lacus  magnus ,  Ferbanus  lacus. 
C'eft  un  grand  Lac  du  Duché  de  Milan.  Il  eft  en 
partie  dans  le  Comté  d'Anghicra  ^  &  en  partie  dans 
le  Bailliage  des  SuUres.  Il  a  douze  Jieues  du  nord  au 
fud  ,  &  environ  deux  de  largeur;  le  Telfein  le  tra- 
verfe  ,  &  l'on  voit  fur  fes  bords  les  villes  d'An- 
ghiera  ,  de  Sefto ,  d'Arona  ,  de  Palanza ,  &  de 
Locarno  ,  avec  un  fort  grand  nombre  de  villages. 
Maty. 

MAÎRAIN.  /^ojqMERRAiN. 

MAIRE  j  f.  m.  Nom  d'homme.  Mar  ,  Maris,  Ma- 
rius.  S.  Mar ,  ou  Maris ,  qui  fut  appelé  Marius  en 
Italie,  &  que  quelques  uns  parmi  nous  appellent 
Aialre  ,  étoicnt  des  confins  de  la  Perfe.  Il  vint  à 
Rome  avec  fa  femme  Marthe ,  &  fes  enfans  Au- 
difix  &  Abachuc  ,  fous  l'Empereur  Claude  le  Go- 
thique, &  foufirirent  le  martyre  fous  l'Empire  d'Au- 
rélien.  P^oye^  BoUandus  &  Biillet ,  au  ig  Janvier. 
S.  Mary  ,  que  d'autres  appellent  Maire  ,  fut  premier 
Abbé  de  Beuvoux  en  Provence  au  VF.  hècle.  Ma- 
rins. Voyez  Mary. 

Le  détroit  du  Maire  j  ou  de  le  Maire.  Murum  fretum. 
Ce  détroit  que  les  Eipagnois  appellent  quelquefois 
le  détroit  de  faim  Vincent ,  eft  un  célèbre  pallage 
de  la  mer  du  Nord  ,  à  celle  du  Sud.  Il  eft  vers  la 
pointe  la  plus  méridionale  de  l'Am.érique,  entre  la 
Terre  de  Feu ,  &  l'ile  nommée  Statenland.  Il  n'a 
que  fept  lieues  de  long  ,  &  il  n'eft  point  dangereux  , 
voilà  pourquoi  on  le  préfère  à  celui  de  Magellan. 
Il  fut  découvert  l'an  161 6  par  Jacob  le  Mauc,  Hollan- 
dois  ,  duquel  il  porte  le  nom.  Maty.  Le  détroit  du 
Maire  a  huit  lieues  de  long  ,  fur  quatre  ou  cinq  de 
large.  Il  court  du  Nord  au  Sud.  Le  Moréri  6c  Cor- 
Tomc  F. 


MAI        747 

ncille  difent  le  détroit  de  le  Maire;  mais  les  voyages 
récens  tant  imprimés  que  manulcritsdc  nos  Marins, 
difent  le  détroit  du  Maire.  Nous  fimcs  voile  pour 
aller  chercher  le  détroit  du  Maire  ;  on  le  reconnut 
facilement  par  trois  mondrains  unitormes  ,  nommés 
les  trois  frères ,  contigus  les  uns  aux  autres  dans  la 
terre  de  Feu,  par-deilus  lelquels  on  voit  une  haute 
montagne  en  pain  de  fucre  couverte  de  neige ,  Hc 
reculée  avant  dans  la  terre.  Frezier. 

MAIRE,  f  m.  Maire  du  Palais.  C'étoit  autrefois  la 
première  dignité  du  Royaume.  Magijler palatii  ,pr£- 
feclus prœtorio.  Charles  Martel  étoit  Maire  du  Palais. 
C'étoit  d'abord  le  Grand  Maître  de  la  Maifon  du  Roi, 
qui  avoir  commandement  lur  tous  les  Otticiers  do- 
meftiques.  Il  fut  appelé  Maire  du  Palais  ,  par  abré- 
viation ,  au  lieu  de  Maître  du  Palais,  c'étoit  un 
nom  emprunté  des  Empereurs  Romains,  qui  avoient 
un  Maître  du  Palais.  Magijler  Palatii.  Du  Tillet , 
pag.  II.  prétend  que  ce  mot  vient  de  Mer  ,  qui 
veut  dire  Préfet ,  il  n'avoir  d'abord  que  la  furinten- 
dance  de  la  Maifon  du  Roi:  c'étoit prefque  la  même 
chofe  que  le  Grand  Maître  de  la  Maifon  du  Roi 
aujourd'hui.  La  grandeur  des  Maires  commença  à 
s'acroître  fous  le  règne  de  Clotaire  II.  Ils  s'agran- 
dirent encore  plus  par  la  foiblelîb  des  derniers  Rois 
de  la  deuxième  Race  ,  enforte  qu'ils  régloient  la  dé- 
penfe  du  Roi,  &  dirigeoient  toutes  les  afiaires.  Pé- 
pin réunit  cette  charge  à  la  Royauré  :  il  ne  la  fup- 
prima  pourtant  pas  abfolument.  Il  en  réduifit  les 
fondions  fur  le  pied  de  l'ancien  établillemenr.  Mais 
ils  reprirent  bientôt  toute  leur  autorité  dans  la  dé- 
cadence de  la  deuxième  race.  Comme  ils  avoient  le 
maniement  des  affaires  de  la  guerre ,  de  la  Juftice  & 
des  finances  ,  il  ne  leur  fut  pas  difficile  de  s'élever 
au-delfus  des  autres  Officiers  de  la  Couronne.  Ils 
commandoient  aux  Ducs  ,  &  aux  Comtes ,  qui 
étoient  les  Gouverneurs  des  Provinces.  C'eft  pour- 
quoi on  les  appela  Ducs  des  Ducs ,  ou  fimplement 
Ducs  de  France.  Huges  Capet  étoit  lui-même  Duc 
de  France  ,  quand  il  fe  fit  proclamer  Roi.  Mais  les 
Rois  de  la  troifième  R.ace  ayant  compris  combien  il 
étoit  dangereux  de  confier  une  fi  grande  autorité  à 
une  feule  perfonne ,  abolirent  l'office  de  Maire  du. 
Palais  ou  Duc  de  France  ;  ils  en  partagèrent  les 
fondions,  &  créèrent  les  quatre  Grands  Officiers  de 
la  Couronne.  Ils  donnèrent  le  commandement  des 
Armes  au  Connétable;  l'idminiftration  de  la  Juftice 
au  Chancelier  ;  le  maniement  des  Finances  au  Grand 
Tréforier,  &  l'intendance  de  la  Mailon  du  Roi  au 
Sénéchal,  quis'eftdepuis appelé  Grand-Maître.  Pasq. 
Loyseau.  Le  Maire  du  Palais  s'appelle  aulll  Comte 
du  Palais.  Cornes  Palatii. 

îvjAiRE  ,  fe  dit  maintenant  du  premier  Officier  de  ville 
qui  préfide  aux  Échevins  &  aux  Confuls  en  plufieurs 
villes  J  Bourdeaux  ,  Dijon  ,  &c.  Major  Civitatis  , 
Conful.  Le  Maire  eft  un  Magiftrat  populaire ,  Se 
qui  repréfente  le  peuple.  Le  Maire  prête  ferment 
devant  le  Juge  Royal  de  la  ville.  Il  ne  préfide  point 
en  l'alfemblée  générale  des  habirans.  C'eft  le  Lieu- 
tenant Général  en  l'abfence  du  Gouverneur.  En  cer- 
taines villes  les  Maires  ont  baflè-Juftice  ,  de  même 
que  quelques  Maires  de  villages.  Le  Roi  Louis  XIV. 
par  un  Édit  du  mois  d'Août  1691.  a  créé  dans  toutes 
les  villes  du  Royaume  ,  excepte  Paris  &  Lyon  ,  des 
charges  de  Maire  perpétuels ,  qui  font  les  premiers 
Officiers  des  villes.  Auparavant ,  le  Ma:ire  s'élifoit 
par  l'alfemblée  des  Notables  de  la  ville._ 

On  appelle  quelquefois  Maire  ,  un  fimple  Juge  , 
comme  le  Prévôt,  Maire  de  Pontoife.  Le  Juge  Maire , 
&  garde  de  Juftice.  On  a  appelé  de  même  Maire , 
le  Juge  du  bas  Jufticier  ,  &  celui  du  moyen.  Juge 
majeur.  L'Abbaye  de  Sainte  Geneviève  à  Paris  a  un 
Maire  de  la  haure  Juftice. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  mayer ,  qui  fignifie 
maître  ,  ou  plutôt ,  du  Latin  major  ,  c'eft  à  dire  , 
majeur  ,  ou  fupéiieur,  Nicod.  Du  Cange  le  dérive 
de  majoratus. 

Maire,  f.  m.  Nom  d'une  forte  de   bateau.    Un  ba-, 

Bbbbb   ij 


A  I 

te:ia-maire.  Il  en  eft  parlé  dans  rOrdonnance  pour  I 
le  tel.  .  . ,  ' 

Maire.  Nom  d'une  rivière  de  Piémont  :  elle  prend  û 
foiirce  dans  les  Alpes  ,  traverle  b  vallée  de  Maire  , 
partie  du  Marquiiat  de  SaluUbs  j  baigne  Saviglan  ,  & 
après  avoir  reçu  la  Grana  ,  &c  pallé  à  Rocognimi  ^ 
elle  Te  décharge  dans  le  Pô  ,  à  quelques  lieues  au- 
delî'us  d<;  Caingnan. 

Maire.  Nom  d'un  lieu  litué  dans  le  Poitou  ,  &:  dans 
le  Diocèfe  de  Poitiers.  Alariacum.  V'alois  ^  Not.  Gall. 
p.  316. 

Maire  de  Chatel.  Terme  de  Coutumes.  C'eft  le 
lieu ,  l'endroit ,  la  marque  du  Seigneur  Châtelain. 
Voye,\  Merc. 

Maire  de  Londres.  Premier  Magiftrat  ,  entre  les 
mains  duquel  eft  le  gouvernement  civil  de  la  ville 
de  Londres.  Londïnï  major ,  prafeclus  civilis.  Il  eft 
élu  tous  les  ans  à  la  laint  Michel  par  les  Bourgeois  , 
ik  pSr  tous  les  corps  de  Métiers  :  c'eft  toujours  un 
Marchand  en  gros  ,  ou  en  détail  ,  qui  eft  choili  pour 
cette  charge.  On  le  prend  toujours  du  corps  ou  du 
nombre  des  vingr-fix  Aldermans  ,  c'elt  d'ordinaire  le 
plus  ancien  qui  eft  élu  ,  quand  il  n'a  pas  encore  été 
Maire.  Les  vingt-lix  Aldermans  font  les  Confeillers  , 
■ou  Sénateurs  de  la  ville.  Après  la  mort  du  Roi  ,  le 
Maire  eft  la  première  perfonne  du  Royaume ,  jufqu'à 
ce  que  (on  luccelleur  loit  proclamé.  Le  jour  de  l'on 
couronnement ,  le  Maire  fait  l'Office  de  grand  Echan- 
fon.  On  donne  au  Maire  le  titre  de  Milord  ,  bien 
qu'il  ne  foit  point  Pair  du  Royaume.  Il  tient  table 
ouverte  ,  &  on  lui  donne  dix  mille  livres  fterlings 
pour  en  faire  la  dépenle.  , Voyez -en  la  defciiption 
dans  les  lettres  de  Grégorio  Léti.  Il  fait  fon  entrée 
folennelle  dans  Londres  ,  &  va  prêter  le  ferment 
de  fidélité  au  Roi  le  29  Odobre  ,  &c  ce  jour-là  s'ap- 
pelle le  jour  de  Milord-Maire.  Il  a  une  Cour  pour 
maintenir  les  loix  ,  privilèges ,  franchifes  &  com- 
munes de  la  ville.  Il  eft  le  Tuteur  des  Orphelins.  Il 
a  vingt-  lix  Cours  dans  les  vingt-  fix  quartiers  de  la 
Ville ,  pour  maintenir  l'ordre  dans  la  Ville  ,  cSf  c.  Après 
que  les  Normands  eurent  conquis  l'Angleterre  ,  le 
premier  Magiftrat  de  Londres  s'appeloit  Bailli.  Ri- 
chard I.  en  II 89.  changea  le  nom  de  Bailli  en  celui 
de  Maire  ,  qu'on  a  confervé  depuis  ce  temps-là.  Ce 
privilège  de  la  ville  de  i-ondres ,  d'élire  un  Maire  , 
eft  porté  par  une  ancienne  Chartre  ^  nommée  Ma^na 
Charta.  Le  Roi  Charles  IL  &:  Jacques  II.  révoquèrent 
ce  privilège.  Il  a  été  rétabli  fous  le  règne  de  Guil- 
laume Ili.  &  confirmé  par  un  aéte  du  Parlement. 
Voye-{  Chamberlain ,  &  les  nouveaux  Etats  d'An- 
gleterre. 

MÂIRERIE.  f.  f.  Vieux  mot ,  qui  s'eft  dit  pour  Mairie. 

MAIRIE,  f.  f.  Dignité  ,  ou  OfKce  de  Maire.  Tribunatus 
politicus  ,popularis.  En  plufieurs  endroits  Ix  Mairie 
ennoblit.  Il  a  exercé  long-temps  la  Mairie  d'un  tel 
lieu.  Wiilimer  ,  qui  étoit  un  perfide  ,  mourut  la  fé- 
conde année  de  fi  Mairie.  Mez.  Du  temps  de  Thierri 
■IL  on  ôta  la  Mairie  à  Rainfroi.  Id.  Hugues  Capet  étei- 
gnit la  Mairie  du  Palais ,  parce  que  le  Mute,  du  Palais 
avoir  trop  d'autorité. 

ifT  Mairie  de  France.  C'étoit  la  dignité  du  Maire  du 
Palais. 

'^Cr  Mairie  foncière.  BalTe  Juftice  qui  appartient  aux 
Maires  &c  aux  Echevins. 

IJC?  Mairie  perpétuelle.  Voni^ion à' an  Maire  en  ti- 
tre d'OfSce. 

îfS"  Mairie  Royale.  C'eft  dans  quelques  endroits  ce 
qu'on  nomme  ailleurs  Prévôté. 

Çr?  Mairie  Seigneuriale.  Juftice  d'un  Seigneur  qui  a 
titre  de  Mairie  ou  Prévôté. 

Il  y  a  aulîi  quelques  fiefs  qu'on  appelle  Mairies  , 
ou  Fiefs  bourjlers.  Ces  Mairies  font  inhérentes  à  cer- 
taines terres  ,  &  ne  confill:ent  qu'en  certains  droits 
Se  émolumens  ,  fans  domaine.  Il  y  en  a  plulieurs 
au  pays  Chartrain.  Du  Cange  dit  ,  que  les  Mairies 
étoient  héréditaires  ,  &  fe  donnoient  en  fief  On  les 
a  appelées  dans  la  bafte  Latinité  marix  &  majorid:. 
Mairie  y  fignifie  aujourd'hui  dans  le  Droit,  Balle- 
-J.ufliee. 


M  A  I 

Mairie  ,  fe  dit  auflî  du  temps  qu'on  a  exercé  la  charge 
de  Maire.  Majoracus.  Il  s'eft  acquis  beaucoup  de  ré- 
putation pendant  fa  Maine. 

Mairie.  Voye-^  Manderie. 

MAIRIEN  ,  MARRIEN.  Vieux  mot.  Foy.  Merrain. 

MAIS  ,  MAIZ  ,  ouMAYS.  f  m.  Ceft  ce  qu'on  appelle 
autrement  Blé  d'Inde  &  de  Turquie.   Frumentum  In- 
dicum  ,  frumentum  Turcïcum  ,  ou   Tricicum  indicum.. 
Il  y  en  a  de  plufieurs  fortes  ,  fort  différentes  par  la 
couleur  de  leurs  épis.  Il  y  en  a  de  blancs  ,  de  rouges, 
de  prelque  noirs,  de  pourprés,  de  bleus  ,  &  de  bi- 
garrés de  plufieurs  couleurs  ,  le  tout  par  l'écorce, 
car  la  farine  en  eft  toujours  blanche.  Il  eft  tempéré 
&  fort  nourrillanr.  Jamais  les  fauvages  qui  en  ul'ent 
ne  font  travaillés  d'obftruétions  ,  ils  n'ont  jamais  mau- 
vaife  couleur  ;  c'eft  leur  meilleur  remède  contre  les 
maladies  aigucs ,  &  on  en  donne  fans  danger  aux  ma- 
lades de  toutes  les  maladies.  On  en  fait  un  breuvage 
que  les  Mexicains  appellent  atolle  ,   dont  ils  ufcnt 
ordinairement  j  &  que  les  Médecins  donnent  au  lieu 
de  tifane.  Les  Indiens  fe  nourriilent  de  gâteaux  de 
mais  cuits  dans  une  terrine.  Us   les  mangent  tout 
chauds  avec  un  peu  de  fel  &  de  poivre  long.   Quel- 
ques-uns en  mangent  les  grains  tout  verts  ,   &  les  ■ 
trouvent  fort  nourrilîans  ,   &  d'aulfi  bon  goût  que 
nos  pois  verts.  DeLaetj  Acofto,  &  de  Léti ,  en  ont 
amplement  écrit. 

Au  Mexique,  les  Prêtres  faifoient  de  longues  Pro- 
cédions pour  bénir  le  mais.  Ils  l'arrofoient  du  fang 
qu'ils  tiroient  de  leurs  parties  honteufes ,  &:  divi- 
foient  les  gâteaux  qu'ils  en  faifoient  comme  du  pain- 
béni  j  qu'ils  donnoient  à  manger  au  peuple.  Her- 
rÉra. 

Il  y  a  deux  fortes  de  mais.  L'un  eft  dur ,  qu'on  man- 
ge au  lieu  de  pain  ,  grillé  ,  ou  bouilli  dans  l'eau. 
L'autre  eft  tendre  &c  délicieux.  La  femence  du  dur 
le  cultive  maintenant  en  Efpagne ,  de  non  pas  celle 
du  tendre.  On  fait  de  fa  farine  des  begnets ,  de  la 
galette  &  des  bifcuits.  Les  Médecins  les  plus  ex- 
perts préfèrent  la  farine  du  mais  à  celle  du  blé  com- 
mun. De  cette  firine  &  de  l'eau  fimple  ,  les  In- 
diens font  leur  breuvage  ordinaire  ,  qui  enfuite  fe 
tourne  en  excellent  vinaigre.  Des  tuyaux  de  ce  mais 
qui  font  fort  doux  avant  que  le  grain  fe  mûriftè  , 
il  fe  fait  d'excellent  miel.  Quand  on  y  mêle  quel- 
ques ingrédiens  ,  il  s'en  fait  un  breuvage  qui  eni- 
vre -,  c'eft  pourquoi  il  eft  défendu.  Ses  feuilles  & 
fes  tuyaux  font  une  bonne  nourri.ure  pour  le  bétail. 
Le  fon  en  etl  allez  tendre  ,  &  peut  faire  d'aftez  bon 
pain. 

MAIS.  Particule  adverfative  ,  qui  fert  à  lier  le  difcours 
en  apportant  la  raifon  pourquoi  une  chofe  n'eft  pas  , 
ou  ne  fe  fait  pas.  J'irois  volontiers  me  promener , 
mais  il  fait  trop  chaud.  Quand  il  s'agit  de  fes  inté- 
rêts ,  il  eft  vif  &  ardenr  ;  mais  quand  il  s'agit  de  ceux 
de  Dieu  ,  il  ell  indiftérent.  On  met  louvent  cette  con- 
jondlion  à  la  fuite  de  quelque  éloge  pour  y  fervir  de 
correflif ,  &  pour  faire  palier  la  médifance  avec  plus 
d'artifice.  C'eft  un  beau  métier  que  la  guerre  ,  mais 
il  eft  fort  dangereux. 

Mais  ,  s'oppofe  fouvent  à  non-feulement  j  pour  mar- 
quer quelque  augmentation  ,  ou  quelque  contra- 
riété. Non  modo  ,  verhm  etïam.  Il  lui  a  donné  non- 
feulement  la  propriété  de  fa  terre  ,  mais  aulîI  l'ufu- 
fruit.  Les  Marcirs  non  feulement  fouiFroient  les  fup- 
plices  ,  mais  encore  ils  les  cherchoienr.  J'avois  pris  ce 
remède  pour  me  rafraîchir ,  mais  au  contraire  il  m'a 
échaaflé. 

^fT  On  dit  encore  mais  même  ,  après  non  feulement. 
Non-feulcmen(  il  lui  a  pardonné  ,  mais^  même  il  lui  a 
fait  du  bien.  Quelques  uns,  dit  Vaugelas,  font  diffi- 
culté de  s'en  fervir  à  caufe  de  la  rudefte  de  ces  trois 
fyllabes ,  ou  pour  mieux  dire  ,  à  caufe  da  fon  d'une 
ir.ême  fyllabe  répétée  trois  fois.  Mais  en  matière  de 
cacophonie  ou  de  mauvais  fon  ,  les  chofes  qui  fe  di- 
fent  ordinairement,  n'oftenfcnt  jamais  l'oreille  ,  parce 
qu'elle  y  eft  toute  accoutumée.  Outie  cela  la  troi- 
fième  fyllabe  de  mais  même  j  a  un  fon  fort  différent 
des  deux  autres ,  les  deux  premières  ayant  la  termi- 


M  A  I 


r.iifon  nnafjuiinc; ,  &  la  dei-niàc  la  tcrminaifon  fé 
uiiiiine. 

ÇO"  Il  y  a  de  plus  bien  dp  la  diftcrcncc  entre  mais  même, 
&  mais  aujji,  qu'on  met  en  (a  place.  Celui  là  em- 
porte un  Ibns  bien  plus  fort ,  &  a  bien  plus  d'eni- 
phafe  que  l'autre. 

Mais  ,  kn  quelquefois  de  liailon  aux  dileours  ,  ou 
d'interrogation  ,  ou  de  paliage  à  uiie  objedion  , 
qu'on  prévoit  qu'on  peut  i\iitc.  On  dit  aulli ,  Mais 
luppofc  que  cela  (oit  ?  Mais  que  pouvez -vous  ré- 
pondre à  cette  pièce  que  je  rapporte  îMiJw  pourquoi 
avez-vous  voulu  ufer  de  violence  î  ALiis  quand  fe- 
rons nous  payés;  Mais  qu'avons-nous  tait , qu'avons- 
nous  dit   qui  nous  rende  fi  coupables  ;  Mais  il  cil 

.  temps  d'abréger  ,  ëcc. 

Mais  ,  fe  dit  aulli  dans  des  defcnfcs  ,  &  fert  d'excufe. 
Je  lui  dois  telle  fomme  ,  mais  il  m'en  doit  d'aill.urs 
une  plus  grande.  Ce  Gentilhomme  a  donné  un  fouf- 
flet ,  mais  on  lui  avoit  donné  un  démenti. 

Mais  ,  eft  aullî  adverbe  en  cette  phrafe  :  Je  n'sn  puis 
/;Zi2w  ;  pour  dire  ,  Je  n'en,  fuis  pas  caufc  ,  j'en  fuis 
innocent  j  je  n'en  fuis  pas  rcfponfable.  Cette  fiçon 
de  parler  autrefois  fort  à  la  mode  ,  n'efl  plus  du 
bel  ulagc ,  &  ne  peut  plus  palier  que  dans  le  ftyle 
familier  ou  dans  le  burlefque.  Elle  difoit  aux  Alites 
qui  n'en  pouvoicnt  mais  ^  tout  ce  que  fait  dire  la 
ra^e  ,  quand  elle  ell  maîtrellè  des  fens.  Sar.  S'il  ell 
cocu  ,  il  n'en  peut  mais.  S.  Evr.  On  fait  dire  à  un 
Médecin  que  la  mort  avoit  épargné  : 

Grâce  à  ma  qualité,  je  me  forte  fort  bien  : 
Mais ,  comme  j'ai  promis,  la  mort  n  'j  perdra  rien; 
Pour  unfujct  que  perd,  l' Empire  J'ombre , 
Tant  d'autres  qui  n'en  peuvent  mais  , 
Vont  pour  moi  tous  les  jours  en  augmenter  le 

nombre  , 
Que  Pluton  ne  pourra  loger  tous  fes  fujets. 

On  dit  aulîî  proverbialement ,  Mais  ne  vous  en  dé- 
plaife  i  quand  on  veut  contredire  quelqu'un. 

Mais.  f.  m.  Cette  même  particule  dont  on  vient  de 
parler  ,  devient  en  plufieurs  occafions  un  fubftantif ^ 
&  elle  fignifie  alors  en  général  obfiacle  ,  empêchement. 
L'ulage  de  ce  mot  en  ce  fens  vient  de  ce  que  la  parti- 
cule {72j;j  eft  adverfative  ,  &  marque  oppolîtion  , 
contrariété.  On  joint  ce  mot  de  mais  avec  celui  de 
/,  qui  devient  auiîi  fubllanrif  en  ces  occafions.  lia 
toujours  quelque  Jî  &  quelque  mais  ,  qui  ne  lailfe 
pas  ce  grand  Poète  jouir  en  paix  de  fa  réputation. 
Madame  Dacier.  Il  y  a  toujours  quelquey? ,  ou  quel- 
que mais  ,  qui  l'empêche  de  tenir  fes  promeilés.  Cela 
ne  fe  dit  que  dans  la  converfation  familière.  Il  y  a 
des  gens  dont  les  louanges  font  toujours  fuivies  d'un 
mais  tunefte  qui  gâte  tout. 
jMcVis  _,  joint  avec_^«e,  étoit  autrefois  un  adverbe  de 
I  temps^  Se  fignilîoit ,  Lorfque.  Cum ,  quando.  Je  vous 
paierai  mais  que  le  terme  foit  venu ,  mais  que  les 
autres  créanciers  y  confentent ,  pour  dire  ,  pourvu 
qu'ils  le  veuillent,  quand  ils  y  auront  confenti.  On  ne 
le  dit  plus_  en  ce  fens  que  parmi  le  peuple. 

Mais  ,  fignilîoit  aulîî  autrefois^  plus ,  davantage.  Magis. 
On  le  dit  encore  en  Lyonnois.  'Vous  dites  qu'il  n^y  à 
là  que  quatre  aunes  de  ruban  ,  il  y  en  a  mais  ;  pour 
dire  ,  il  y  en  a  davantage. 

Ce  mot  vient  de  magis  ,  davantage. 
On  diioit  autrefois  ,  A  toujours  mais  :  pour  dire  , 
A  toujours  ,  &  les  Italiens  difent  encore  fempre  mai  \ 
Se  giamai.  Nous  difons  encore /awa/j. 

Mars.  Vieux  adverbe  qui  vient  de  magis.  Plus.  Magis 
plus.  A  toujours  mais.  Lobineau  ,  Hifloire  de  Bre- 
tagne,T.  II.  Glojf.  Ceft  le  npiobB^  dès  Hébreux, 
la  aternum  &  ultra. 

Mais  ,  ou  Mes  ,  prépoJ!t.  qui  fignifie  mal ,  quand  elle 
clt  jointe  à  un  verbe  ou  à  un  nom  :  mais-imt  ; 
w^«  parler:  mal-faire  ,  mal-parler;  ;«e5-aife,  mal- 
aile  ,  peine  ,  incommodité.  GloJf.  des  Poïf.  du  Roi 
Ile  Navarre.  -^ 

JMais  ,  f.  m.  Terme  de  Calendàer.  Nom  que  les  Turcs 


MAI        749 

donnent  au  cinquième  mois  ,  qui  répond  à  notre 
mois  de  Mai. 

Il  eft  évident  que  ce  mot  vient  de  maius. 

MAISELER,  Se  MAISSELLER.  adj.  vieux  mot  ,  qui 
s'eft  dit  des  dents.  Maxillaris.  Dents  maifellers  ,on 
a  dit  depuis  dents  machelières ,  molaires. 

MAISHUY  ,  adv.  de  temps.  Nunc ,  modo  ,  hodiè.  Prc- 
fcntement ,  aujourd'hui ,  tantôt.  Cet  ufage  a  duré  juf- 
qu'à  maishui.  Vous  ne  verrez  pas  maishui ,  qu'on  foie 
de  (\  facile  créance.  Ce  mot  eft  vieux  Se.  ne  fe  dit 
que  parmi  le  peuple. 

On  difoit  autrefois ,  &  le  peuple  dit  encore ,  dans 
quelques  Provinces  ,  il  eft  maishuy  temps  que  vous 
loyez  iage  ,  que  vous  commenciez  à  faire  quelque 
choie  ,  à  gagner  votre  vie. 

MAISIÈRE,  f.  f.  Vieux  mot.  Borel  croit  qu'il  vouloic 
dire  une  haie  ,  ou  quelqu'autre  cirofe  qui  faifoit  la  fé- 
paration  d'un  champ  ou  d'une  vigne. 

Maisiere  en-Brene.  Maceri&Turonum  in  Briona  ,  ou 
in  Brionisfaltu.  Ce  lieu  avoit  autrefois  tiire  de  Ba- 
ronnie  ,  c'ell  aujourd'hui  un  Marquifat.  Valois, iVor. 
G  ail.  p.  JI  2. 

MAISIÈRES.  Foye:(  MEZIÈRES. 

MAISNARDIER  ,  f.  m.  (  L's  ne  fe  prononce  pas.  ) 
Terme  d'Hiftoire  ,  elpèce  de  noblefte  d'Arragon  qui 
formoit  un  corps  de  troupes  qu'on  appeloit  Maif- 
nardiers  :  Ces  Gentilshommes  éroient  des  familles  de 
ceux  qu'on  appeloit  hommes  riches  ,  iîicoj  hombres , 
Se  ils  n'étoient  vallaux  que  du  Roi  ,  des  Princes  du 
fang  ,  ou  des  Seigneurs  Eccléfiaftiques. 

Le  nom  de  Mefncrdier  vient ,  félon  Oyhenart  dans 
fa  Notice  de  la  GaTcogne  ,  de  mefnada  ,  qui  veut  dire 
maifon.  Les  Mefnardiers  étoient  ordinairement  Do- 
meftiques  du  Roi  ;  ils  étoient  de  la  mailon  ,  du  nom- 
bre de  fes  Officiers,  ^oyeç  Mainadairie. 

MAISNÉ  j  ÉE  ,  (  L's  ne  fe  prononce  pas. }  f  m.  Se  f. 
Terme  qui  eft  commun  dans  les  anciennes  Coutumes 
Se  Hiftoires  ;  pour  dire  ,  puîné  Se  cadet.  Natu  minor. 
On  diioit  autrefois  ainfné ,  pour  dire  ï'aifné.  On  a 
dit  aulTî  maifné. 

MAISNETÉj  Se  MAINETÉ^  f.  f.  Terme  de  Coutu- 
mes. Etat  d'une  perfonne  née  après  une  autre  ,  à  qui 
on  la  compare  ;  qualité  ,  condition  d'un  mailné.  Il  y 
a  deux  droits  de  maine té  dans  les  Coutumes  ;  le  droit 
de  maineté  n\oh'A\a.iïe ,  qui  confifte  en  trois  pièces  de 
meubles  qui  aient  fervi  aux  père  Se  mère ,  Se  que  le 
maifiié  prend  :  Se  le  droit  de  maineté  immobiliaire 
fe  prend  en  quelques  lieux  en  héritage  de  main- 
ferme  j  ayant  mailon  manable  appartenant  aux  con- 
joints décédés,  tant  en  ufufruit  que  propriété  j  &:  dans 
lequel  ils  ont  eu  leur  domicile  Se  réfidence  au  temps 
de  leur  trépas. 

MAISNIL,  f.  m.  Voye\  Mesnil, 


La  bonne  femme  du  Maifnil. 

A  ouvert  l'uis  defon  courtil.  R.  de  Renard, 

Ce  mot  vient  de  mafnile  ,  qui  dans  la  balle  Lati- 
nité a  fignifie  une  portion  de  terre  avec  une  petite 
maifon.  De  manjio  ,  qui  eft  bien  Latin  ,  on  a  fait  dans 
la  balfe  Latinité  manjionile ,  enfuite  manfnile  ,  maf- 
nile ,  Se  mefnil. 
MAISON.  L  f.  Bâtiment  deftiné  à  l'habitation  des  hom- 
mes ;  lieu  011  l'on  peut  fe  retirer  ,  Se  mettre  à  cou- 
vert Ion  bien  Se  fa  perfonne  des  injures  du  temps. 
Domus  ,  ades  ,  manjio.  On  bâtit  les  maifons  de  pierre 
de  taille  ,  de  moellon  j  de  brique  ou  de  charpente. 
Il  ell  délendu  de  faire  des  maifons  à  plus  de  quatre 
étages  carrés.  Les  Notaires  de  campagne  appellent , 
une  maifon  haute ,  moyenne  Se  batfe  ,  celle  où  il  y 
a  trois  lieux  habitables  les  uns  lur  les  autres.  Cette 
maifon  a  plulieurs  appartemens  ,  plufieurs  corps  de 
logis  ;  c'eft  une  maifon  bien  dSrée  ,  bien  bâtie.  L'an- 
cienne Rome  étoit  compofée  de  quaranre-huit  mille 
maifons  ifolées.  Paris  n'en  a  environ  que  vingt  mille. 
(fT  La  Reine  Elilabeth  dit  un  jour  à  Bacon,  Garde 
des  Sceaux  d'Angleterre  ,  votre  maifon  eft  jolie;  mais 
elle  eft  bien  petite.  Madame ,  répondit-il  ,  elle  eft 


^yo 


/ 


M  A  I 


adez  grande  pour  moi  ,  miis  votre  Majcfté  m'a  fait 
trop  grand  pour  ma  Maifort. 

On  dit  f-aire  les  honneurs  de  la  maifon  ,  en  par- 
lant des  civilités  qu'on  fait  à  ceux  qui  rendent  vi 
fite  ,  ou  qu'on  a  invités  à  quelques  cérémonies  de 
famiJl-e. 

Ce  mot  vient  de  manjio  ,  Se  de  manere.  MÉn.  En 
vieux  Gaulois  on  difoit  mas  Se  mafage  ,  d'où  viennent 
encore  plufieurs  noms  des  maifons  de  campagne  & 
de  familles. 

On  dit  tenir  une  maifon  à  louage  ,  quand  on  n'en 
cil  pasle  propriétaire  ,  quand  on  la  loue  à  prix  d'ar- 
gent ;  maifon  garnie  ,  quand  on  la  loue  toute  meu- 
blée. Domum  conducere  ,  conducîam  habsre. 

On  appelle  une  mafon  de  plaifance  ,  une  maifon 
de  campagne  ,  qu'on  prend  plnilir  à  embellir  Se  à 
orner  pour  s'y  aller'divertir.  f-ll/a ,  rus  ,  ndcs pfiudo- 
vrhanx.  C'eft  ce  qu'on  appelle  bajlide  en  Provence , 
caffmc  en  quelques  endroits  ,  en  d'autres  lieux  ,  do- 
ferie ,  &c.  En  Italie  vigna,  en  Elpagne  &  en  Por- 
tugal quinta.  Le  mot  de  vigne  cft  venu  en  ufage  en 
-François  ,  pour  fignifier  les  maifons  de  campagne  des 
'Seigneurs  Romains  ;  la  vigne  Farnèfe  ,  la  vigne  Bor- 
ghèfe  ,  &c.  Chez  les  bourgeois  on  les  appelle  mai- 
fons de  bouteille.  Maifon  de  bouteille  eft  une  petite 
maifon  près  de  la  ville  ,  où  l'on  va  quelquefois  , 
•comme  l'on  dit  ,  boire  bouteille,  c'eft-àdire  ,  fîirc 
de  petits  repas  avec  les  amis.  On  pourroit  l'appe- 
ler en  Latin  Mica ,  comme  Domitien  avoir  appelé 
une  petite  maifon  qu'il  avoit  bâtie  pour  y  manger 
quelquefois  avec  fes  amis  j  iSc  dont  Martial  parle.  Liv. 
II.  Epigr.  SQ- 

On  appelle  maifon  ruftique  ,  une  ferme  ou  une 
métairie,  pour  faire  valoir  les  biens  de  la  campa- 
gne. 

Le  P.  Bouhours  prétend  que  maifon  de  campa- 
gne ne  fe  dit  que  des  maifons  qui  appartiennent  à 
des  perfonnes  de  qualité  ;  &  que  maijon  des  champs 
ne  fe  dit  que  des  maifons  qui  appartiennent  à  des 
familles  bourgeoifcs. 
Mais-on  de  dépens ,  fignitîe  dans  quelques  Coutumes 
une  efpèce  de  prifon  différente  des  priions  ordinai- 
res ,  dans  laquelle  un  débiteur  eft  enfermé  faute  de 
paiement. 
Maison  Dieu  ,  ou  Hôtel- Dieu  ,  eft  un  Hôpital  où 
l'on  reçoit  les  malades.  Nofocomium.  On  a  fait  plu- 
fieurs réglemens  pour  les  Maifons-Dicu  Se  Mala- 
deries. 

On  dit  aulfi  en  termes  de  l'Ecriture  ,  que  l'Egli- 
fe  ePt  la  maifon  de  Dieu.  Jésus-Christ  en  challanr 
les  Aiarchands  du  Temple  ,  dit  que  fa  maifon  étoit 
une  maifon  de  prière,  8e  qu'on  en  avoit  fait  une 
boutique  de  larrons.  Domus  Dei. 

En  termes  de  Blalon  on  appelle  une  maifon  ejjo- 
re'e ,  quand  la  couverture  eft  reprélentée  d'un  autre 
^mail  que  le  corps  du  bâtiment. 
Maison  forte  ,  eft  un  château  folfoyé ,  ou  fortifié 
à  l'antique  .5  qui  fe  peut  défendre  des  coups  de 
-main. 
Maison,  fe  dit  aulli  d'un  Couvent,  d'un  Monaftère. 
Ce  Chef  d'Ordre  a  tant  de  Maifons  dépendantes 
de  fa  Filiation.  Monafterium  ,  Cella.  On  a  ordonné 
la  réforme  de  plufieurs  Maifons  Religieufes  en  par- 
ticulier. Les  Clercs  réguliers  donnent  le  nom  de 
Maifons  à  leurs  demeures ,  &  non  celui  de  Cou- 
vens ,  ou  Monaftères.  Les  Maifons  des  Barnabites , 
des  Théatins  ,  des  JéUiites.  Les  Jcfuitcs  ont  des  Mai- 
fons profeftès  &  des  Collèges;  ils  nomment  les  No- 
viciat des  Maifons  de  probation.  Ils  ont  des  Mai- 
fons de  retraite  pour  les  exercices  fpirituels ,  où  ils 
reçoivent  les  perfonnes  féculières  j  ôe  les  Eccléliaf- 
tiques  qui  veulent  .pratiquer  ces  exercices  durant 
huit  ou  dix  jours. 

On  noiTîme  Maifons  forcées ,  les  lieux  où  l'on 
enferme  les  filles  Se  femmes  de  mauvaife  vie,  mal- 
gré elles.  On  dit  plus  ordinairement  Maifon  de 
force. 
Maison  de  force  ,  c'cft  un  lieu  où  l'on  enferme  les 
feain;cs  ou  filles  débauchées  ;  on  l'appelle  z'i'XiMai- 


M  A  I 

fon  de  Corredion.  Meretricum  Carcer ,  ou  Cuflodia, 
C'cll  le  Lieutenant  de  Police  ,  qui  envoie  à  la  Mai- 
fon de  force  les  femmes  qui  l'ont  mérité.  Il  y  a  un 
Règlement  pour  la  Maifon  de  force  de  la  Salpétriè- 
re  ,  ou  Hôpital  Général  de  Paris.  Voyez  le  Traité 
de  Pohce  de  M.  de  la  Mare,  T.  I.p.  4Ç)6. 

Maison  de  la  paix ,  c'eft  dans  quelques  Coutumes , 
l'auditoire  du  Juge  :  on  le  nomme  ainfi  ,  parce  que 
c'eft  le  lieu  où  l'on  termine  les  diiiérens. 

Maison  de  Santé.  Maifon  établie  pour  faire  quaran- 
taine ,  quand  on  a  eu  communication  avec  des  gens 
ou  des  lieux  infeûés  ou  fufpefts  de  maladie  con- 
tagieufe.  Voye:^  le  Traité  de  Police  de  M.  de  la 
Mare ,  Liv.  IF.  Tic.  XIII.  c.  S.  T.  I.  p.  62p.  & 
fuiv. 

MA.rsoN  ,  dans  le  commerce.  C'eft  un  lieu  de  corref- 
pondance  qu'un  Négociant  établit  dans  les  villes 
de  Commerce  ,  où  il  a  une  maifon  louée  en  fon 
nom  ,  avec  un  Fadleur  ou  un  aflociè  pour  la  sûreté 
&  la  facilité  de  fon  Commerce.  Les  gros  Marchands 
&  les  Banquiers  tiennent  ainfi  Maifon  dans  plu- 
fieurs villes  du  Royaume  ,  Se  même  chez  l'étran- 
ger. 

Maison  de  Ville  ,  eft  le  lieu  où  s'afiemblent  les 
Officiers  qui  ont  foin  de  la  conduite  des  affaires  des 
habitans  ,  Se  de  la  police  de  la  ville.  Comitium  ,  . 
<tdes  confularis ,  baficila  civilis.  Les  Officiers  de  la  '  j 
Maifon  de  Ville  ,  après  le  Gouverneur  de  Paris , 
font  le  Prévôt  des  Marchands  ,  quatre  Echevins  ,  & 
vingt-fix  Conleillers  de  Ville.  Le  Bureau  de  \3.  Mai- 
fon de  Ville.  Les  rentes  fur  la  Maifon  de  Ville.  On 
le  dit  aullî  des  Officiers  qui  tiennent  ce  Bureau.  La 
Maifon  de  Ville  eft  allée  en  corps  foire  fes  remon- 
trances ,  fes  préfens  au  Roi ,  eft  allée  au-devant  de 
lui  a  fon  entrée.  Ainfi  Maifon  de  Ville  fe  prend 
pour  les  gens  qui  ont  foin  de  la  Ville  ,  qui  en  font 
les  Magiftrats ,  qui  s'afiemblent  dans  la  Maifon  de 
Ville.  Senatus  civilis. 

Maison  Royale.  uî,des  Regia ,  Maifon  qui  appar- 
tient au  Roi  ,  où  il  fait  quelquefois  fa  demeure. 
M.  le  Brun  a  fait  repréfenter  en  une  tenture  de  tapif-. 
ferie  de  douze  pièces,  autant  Ae  Maifons  Royales, 
qui  font  les  feules  aftuellement  entretenues  par  le 
Roi  :  le  Louvre ,  le  Palais  Royal  j  le  Château  de 
Madrid  au  Bois  de  Boulogne  ,Verfailles,  SaintGer- 
main-en  Laye,  Fontainebleau,  le  Château  de  Vin- 
cennes ,  Marimont  en  Flandre  ,  Chambord  ,  le  Châ- 
teau desTuilleries  ,  le  Château  de  Blois  j  Monceaux. 
On  peut  ajourer  à  ces  douze  Maifons  que  M.  le 
Brun  a  reprèlentées  pour  faire  allufion  aux  douze 
Maifons  du  Soleil ,  qui  eft  l'cmiblême  du  Roi ,  les 
Maifons  de  Compiègne,  Saint  Cyr,  Marly^  Meu- 
don,  Chaville,  Se  du  Plellîs  lès-Tours.  Il  y  a  plu- 
fieurs autres  anciennes  Maifons  de  nos  Rois ,  Se 
même  quelques-unes  qui  font  peu  connues  des  meil- 
leurs Antiquaires  ,  Se  des  plus  Savans  dans  notre 
hiftoire.  M.  de  Valois  ,  M.  Du  Cange  ,  le  P. 
Mabillon  ,  ont  travaillé  là-delfus.  Voye^  les  bâti- 
mens  de  France  de  Jacques  Androuet  du  Cerceau. 

Garder  la  maifon  ;  c'eft  refter  au  logis.  Sur  ce  que  les 
Chinois  ont  foin  d'empêcher  que  les  pieds  des  filles 
ne  croifientj  le  P.  le  Comte  dit  que  quelques  uns  ont 
cru  que  c'a  été  une  invention  des  Chinois  ,  qui  pour 
mettre-  les  femmes  dans  la  nécellité  de  garder  la 
maifon  ,  mirent  les  petits  pieds  à  la  mode.  P.  Le 
Comte. 

On  dit  par  reiremblancc  Se  extenfion  ,  qu'une 
tortue  porte  fa  maifon  fur  fon  dos  ;  que  la  maifon  de 
Diogène  étoit  un  tonneau. 

Maison  ,  fignifie  auflî  le  ménage  ,  les  perfonnes  qui 
compofent  une  famille  ^  qui  habitent  une  maifon  ; 
Se  le  revenu  dont  elle  fubfifte.  Familia.  Il  n'a  que 
lui  lîv'  deux  valets  pour  toute  (a  mai/en.  C'eft  un 
enfant  de  la  maifon.  Le  maître  ,  la  maitrefte  de  la 
maifon.  Cet  homme  a  fait  une  bonne  maifon  ,  a 
bien  établi  fa  maifon.  C'eft  une  maifon  bien  réglée, 
une  maifon  ruinée.  Les  rentes  de  la  ville  font  rou- 
ler la  maifon  ,  le  ménage.  On  dit  auffi ,  qu'un  hom-  . 
me  tient  maifon  ,  quand  il  tient  ménage,  quand  il  " 


M  A  ï 

a  des  valets ,  lorfqu'il  ii'eft  ni  en  pchfioii  ,  ni  en 
auberge.  On  die  aulli  ,  faire  fa  maifon ,  pour  dire , 
prendre  des  domcfiiques.  li  cft  arrivé  un  Auibaf- 
ladeuï;  mais  il  n'a  pas  encore  fait  fa  maifon.  Cela 
ne  fe  dit  que  des  perfonnes  qui  lunt  dans  une  haute 
élévation. 

En  ce  (ens ,  on  dit  ,  la  maifon  du  Roi  ,  ou  des 
Prmces;  pour  dire  tous  les  Otlicicrs  de  bouclie,  de 
chambre  ,  de  garderobe  ,  !kc.  Domejlici  Régis.  La 
dépenfe  de  la  Maifon  de  Louis  XL  qui  n'étoic  au 
commencement  de  ion  règne  que  de  iS  à  38  mille  li- 
vres ,  monta  fur  la  fin  jufqu'à  80605  liv.  fuivant 
la  fupputation  qu'en  a  fait  Matthieu.  On  a  fait  l'ér.it 
de  la  Maifon  de  Monfeigneur  le  Dauphin ,  de  Mon- 
teur, à  l'inllar  de  h  Maifon  du  Roi.  Il  a  fait  cou- 
cher un  tel  fur  l'état  de  Ca.  Maifon.  Toute  (a.  Maifon 
étoit  d'un  tel  voyage. 

On  appelle  aulli  Maifon  du  Roi ,  Maifon  Militaire 
du  Roi,  les  quatre  Compagnies  des  Gardes  du  Corps , 
les  Gendarmes  de  la  Garde  du  Roi ,  les  Chevaux- 
léga-s  &  les  Moufquetaires  i  on  y  a  joint  une  Com- 
pagnie de  Grenadiers  à  cheval  qui  campent  à  côté 
des  Gardes  du  Corps  en  campagne  ;  mais  qui  ne 
font  pas  du  Corps  de  la  Maifon  du  Roi.  Pntwriani 
Milites.  C'efl:  ce  qu'on  appelle  tout  court ,  la  Mai- 
jon  du  Roi.  On  y  comprend  aulfi  les  deux  Régimens 
des  Gardes-Françoifes  ,  &  des  Gardes-SuilTes.  On 
tient  que  la  Maifon  du  Roi  fait  fept  ou  huit  mille 
hommes  ,  qui  font  les  meilleures  troupes  de  l'ar- 
mée. 
La  Maifon  Royale  ;  c'efl:  ainfi  qu'on  appelle  en  France 

tous  les  Princes  du  Sang. 
Maison  ,  fe  dit  auili  d'une  race  noble  ,  d'une  fuite  de 
gens  illuftres  venus  de  la  même  louche ,  qui  fe  font 
lignalés  par  leur  valeur  ,  ou  par  leurs  emplois ,  ou 
par  de  grandes  dignités.  Familia  ,  genus  ,  firps  , 
gens.  Les  Maifons  de  Bourbon  &  de  Saxe  palient 
pour  les  deux  plus  anciennes  Maifons  de  l'Europe. 
La  Maifon  de  Lorraine  ,  d'Orange  ,  fe  font  lort 
,  fignalées.  Le  grand  Cônoe  de  Médicis  a  été  l'hon- 
neur de  fa  Maifon.  Ce  Gentilhomme  a  époufé  une 
fille  de  bonne  Maifon  ,  de  grande  Maifon.  Il  n'y  a 
que  les  perfonnes  un  peu  dillinguées  par  leur  naif- 
fance  ,  &  élevées  par  leurs  dignités ,  qui  puilfent 
dire ,  ma  maifon.  Cail.  On  ne  voit  que  trop  de  ces 
ufurpateurs  de  nom  illuftre  ,  qui  reirufcitent  des 
maifons  éteintes  depuis  long-temps ,  &  s'en  font 
defcendre  par  des  généalogies  imaginaires.  Id.  Dans 
ks  grandes  Maifons  ,  on  facrihe  d'ordinaux  les  plus 
jeunes  entans  à  la  fortune  des  aînés ,  pour  éviter 
les  parta^jes  qui  les  aftolbUlfcnt.  Boss.  La  Maifon 
de  Jagellon ,  qui  avoit  régné  près  de  deux  cens  ans 
dans  la  Pologne ,  fut  éteinte.  Fléch. 
I  Maison,  famille,  lynonymes.  Famille  ,  dit  M.  l'Ab- 
I  bé  Girard  ,  eft  plus  Bourgeois  :  Maifon  eft  plus  de 
qualité,  f^oye^  au  mot  Famille. 
Traiter  quelqu'un  en  fils  de  bonne  maifon  ,  ou  quel- 
qu'une en  fille  de  bonne  maifon.  Cette  phrafe  a 
deux  fens.  1°.  C'efi:  traiter  quelqu'un  en  homme 
de  condition  ,  avec  honneur  &  avec  difliinétion.  Le 
P.  le  Comte  l'a  prife  en  ce  premier  fens  dans  fes 
Mémoires.  2°.  On  le  dit  de  ceux  qu'on  a  févère- 
ment  puni";.  Je  ne  fais  pourquoi  ,•  il  ce  n'eft  parce 
que  les  enfans  de  qualité  étant  autrefois  élevés  avec 
beaucoup  de  foin  ,  on  ne  leur  pardonnoit  rien  ,  on 
les  puniiroit  de  leurs  défauts  pour  les  en  corriger, 
au  lieu  que  les  enfans  du  peuple  n'avoient  point 
d'éducation  ,  qu'on  ne  faiioit  point  d'attention  à  leurs 
défauts ,  ni  à  les  en  corriger.  Ce  dernier  fens  efl:  le 
plus  ordinaire. 
Les  Petites-Maifons.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  à  Paris 
l'Hôpital  où  l'on  renferme  ceux  qui  ont  l'elprit 
aliéné.  C'eft  un  homme  àmct::ie  aux  Petites-Aiai- 
fons. 

D'oh  vient,  chérie  Vayer,  que  l'homme  le  moins  fage. 
Croit  toujours  feul  avoir  la  fogeffe  en  partage  ; 
Et  qu'il  n'ejl  point  de  fou ,  qui  par  belles  rSlfons , 


M  A  I 

Ne  loge  jon  voifin  aux  Petites-Maifons  ; 

Boa. 


7JI 


Un  Efpagnol  a  dit ,  que  dans  le  Chriftianifme  il 
ne  falloir  que  deux  fortes  de  pnfons  ,  des  prifons 
de  l'inquilition  ,  &  àziPctitcs-Maifons  ;  ^?,x.cc  que 
ii  l'on  ne  croit  pas  ce  que  la  foi  nous  enleignc  , 
c'efl:  être  infidcllc  ;  li  on  ne  le  pratique  pas ,  quand 
on  le  croit  ,  c'ell  être  fou.  Il  pouvoir  dire  qu'il  ne 
falloit  que  des  Petites  Maifons  ;  car  la  Religion  eft 
ii  bien  prouvée ,  qu'il  n'y  a  pas  moins  de  folie  à 
ne  pas  croire  ,  qu'il  y  en  a  à  ne  pas  vivre  confor- 
mément à  fa  créance. 

Maison,  Caleftis  folis  domus ,  en  termes  d'Aftrolo- 
gic ,  cft  une  douzième  partie  du  ciel ,  dans  laquelle 
on  feint  que  les  Allrcs  qui  s'y  rencontrent  ont  de 
certaines  influences  bonnes  ou  mauvaifes  ,  fur  les 
corps  fublunaires  ,  &  à  chacun  dcfqucls  les  Aftro- 
logucs  aflignent  des  vertus  particulières  ,  fur  quoi  ils 
drcHcnt  &:  jugent  leurs  horofcopcs.  Cette  divilion 
fe  firit  par  fix  grands  cercles  qu'ils  appellent  de  po- 
fîtion,  qui  ont  leurs  pôles  ,  &:  qui  té  coupent  dans 
l'interfeèlion  commune  du  Méridien ,  &c  de  l'Ho- 
rizon ,  fuivant  la  façon  commune  de  Domifier , 
qui  eft  de  Régiomontanus  ;  car  les  Anciens  en 
avoicnt  trois  autres.  Ces  cercles  divifent  l'équateur 
en  douze  parties  égales  ,  fans  aucune  relation  au 
Zodiaque.  L'Horizon  &z  le  Méridien ,  font  deux 
cercles  de  maifons  céleftes  ,  qui  divifent  le  Ciel  en 
quatre  parties  égales  _,  dont  chacune  occupe  trois 
Tîhïifons.  Il  y  en  a  fix  au-defllis  de  I  Horizon  ,  &  fix 
au-deflous  :  il  y  en  a  fix  Orientales ,  &c  fix  Occi- 
dentales. Le  thème  ,  ou  figure  célefte  ,  eft  compofé 
de  douze  triangles  ,  qu'on  appelle  auffi  maifons  ^ 
dans  lefquelles  on  marque  les  aftres ,  fignes  &  pla- 
nètes qui  fe  trouvent  compris  entre  chaque  efpace 
de  ces  cercles  de  pofîtion.  Chaque  planète  a  deux 
maifons  particulières  ,  où  elle  exerce  plus  fortement 
fon  aélion.  Le  Soleil  &  la  Lune  n'en  ont  que  cha- 
cun une.  Le  Lion  eft  la  maifon  du  Soleil  ;  le  Can- 
cer ,  celle  de  la  Lune  ,  ^c.  Quelques-uns  appellait 
aufîi  ces  maifons,  dodécatemories  &  Angles.  Mais 
le  nom  de  dodécatemories  convient  mieux  aaix  douze 
fignes ,  ou  douze  parties  du  Zodiaque.  Les  maifons  en 
Artrologie  ont  aulfi  leurs  noms  fuivant  leurs  qualités. 
La  première  eft  la  maifon  de  la  vie;  c'eft  l'afcendant  qui 
contient  f  degrés  au-delfus  de  l'Horizon  à  l'Orient , 
&  le  refte  eft  deflbus.  La  2^.  qui  fuit ,  eft  appelée 
la  maifon  des  richeffes.  La  f.  la  maifon  des  frères. 
La  4^.  dans  le  plus  bas  du  ciel ,  la  maifon  des  pa- 
rens ,  ôc  l'angle  de  la  terre.  La  f.  la  maifon  des 
enfans.  La  6^  la  maifon  de  fonte.  La  7'.  la  maifon 
de  mariage  ,  &  angle  d'Occident.  La  8^  la  maifon 
de  la  mort ,  &  porte  fupérieure.  La  9^  la  maifon 
de  la  piété.  La  10«^.  la  maifon  des  Offices.  La  1 1^  la 
maifon  des  amis.  La  11^.  la  maifon  des  ennemis. 
On  dit  poétiquement  &  communément  ,  que  le 
Soleil  a  douze  maifons;  par- là  on  entend  les  douze 
fignes ,  quoiqu'en  etiét  le  Soleil  n'ait  que  celle  du 
Lion  :  outre  que  la  divifîon  de  maifons  fe  fait  par 
l'Equateur ,  &c  non  par  le  Zodiaque.  On  commence 
à  compter  les  maifons  par  l'afcendant ,  &  on  fuit 
en  paft'ant  par  le  Nadir  ,  ou  le  bas  du  Ciel ,  enforte 
que  celle  du  point  vertical  cft  la  dixième. 

En  termes  du  grand  Art ,  on  appelle  uu  niatras 
la  maifon  de  verre  des  Sages;  &  le  fourneau  philo- 
fophal ,  ou  l'œuf  hermétique ,  s'appellent  la  maifori 
du  poulet  des  Sages. 

Maison  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit  qu'un  homme  n'a  ni  maifon ,  ni  buron  ;  pour 
dire  qu'il  n'a  aucun  héritage.  On  dit  aulli.  Qui  veut 
tenir  nette  fa  maifon ,  n'y  mette  femme ,  prêtre  , 
ni  pigeon.  On  dit  auiïï  ,  Faire  maifon  nette  ;  pour 
dire  ,  Challer  tous  fes  valets  enfemble,  pour  en  re- 
prendre d'autres.  On  dit  aulîî ,  que  le  Charbonnier 
eft  maître  en  fa  maifon  ;  pour  dire  ,  que  chacun  eft 
maître  chez  foi.  On  dit  aulli ,  maifon  faite  &  fem- 
me  à  faire  ;  pour  dire,  qu'il  faut  rechercher  une 


7J1  M  A  ï 

hlle  qui  ait  des  bien  tout  acquis ,  oc  un  efpric  do- 
cile qu'on  puiil'e  dteller  à  la  faintaiiie.  On  dit  aiilH , 
Vous  loyez  le  très  bien  venu  comme  en  votre  mal- 
fon  de  l'ilc  Boucharc.  On  dit  aullî  de  la  ma'ifon 
a'un  avatc  ,  que  c'eft  la  maifon  de  Dieu  ,  où  on  ne 
boit ,  ni  on  ne  mange.  On  dit  aulk  ,  Quand  on  voit 
brûler  la  maifon  de  l'on  voilin  ,  on  a  lujet  d'avoir 
peur;  quand  quelqu'un  prévoit  qu'on  lui  va  faire 
le  même  mal ,  qu'on  a  fait  à  Ion  compagnon  d'of- 
fice, à  fon  allocié.  On  dit  aulîl  ,  qu'un  homme  ell 
fait  en  brûleur  de  maifon  ,  quand  il  eft  mal  ha- 
billé &  en  défordre.  On  dit  aulli,  qu'on  a  vendu 
une  choie  par  dellus  les  maifons  ;  pour  dire  ,  qu'on 
l'a  vendue  fort  chèrement.  On  dit  d'un  écorniHcur, 
qu'il  eii  comme  les  violons  j  qui  ne  trouvent  point 
de  pire  mai/on  que  la  leur.  On  dit  que  les  maifons 
empêchent  de  voir  la  ville  j  quand  on  voit  tant  de 
belles  choies  enfemble ,  qu'on  n'a  pas  le  loifir  d'en 
■conlidérer  chacune  en  particulier.  On  dit  aullî  , 
qu'on  traitera  quelqu'un  en  enfant  de  bonne  mai- 
fon ;  pour  dire ,  qu'on  le  châtiera  févèremcnt.  Voyez 
ci  dellus.  Les  maifons  d'Ulcrche ,  petite  ville  du  Li- 
moulin  ,  font  bien  bâties  ,  Se  couvertes  d'ardoife. 
Leur  lolidité  Se  leur  propreté  ont  donné  lieu  au 
Proverbe  :  Qui  a  maifon  à  Ulerche ,  a  château  en 
Limoulin.  M.  Piganiol  delà  Force ,  Defcription  de 
la  France,  in-i2.  ij22.  T.  6.  p.  jSi. 

Sorel  a  fait  un  Livre  qu'il  appelle  la  maifon  des 
Jeux  ,  où  il  lait   un  recueil    des   jeux  ,  où  l'on  le 
divertit.  On  a  fait  aulîi  la  maifon  ruftique  ;  qui  eft 
un  beau  recueil  qui  fert  à  l'agriculture  j  &z  au  mé- 
nage de  la  campagne. 
MAISONCELLE.    f.  f.  Vieux  mot.  Une  petite  mai- 
fon. 
MAISONNAGE  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Bois  de 
haute   futaie  quon  coupe  pour    bâtir  des  maifons. 
Materiamen. 
tfr  MAISONNÉjÉE.  adj.  Garni  de  maifon.  C'eft  la 
plus  belle  rue  que  je  crois  qui  loit  en  tout  le  monde  j 
ik  la  mieux  maifonnée.   Commines,  en  parlant  de 
la  grande  rue  de  Venile.  Il  eft  vieux. 
MAISONNÉE,  f.  f.  Terme  populaire  qui  lignifie  tou- 
tes les  perfonnes  d'une  famille  qui  demeurent  dans 
la  même  maifon.  Familia.  Quand  on  prie  ce  bour- 
geois à  dîner,  il  amène  toute  la  maifonnec ,  ft  fem- 
me ,  les  enfans  ,  la  lervante  ,  les  garçons,  &c. 
MAISONNER.    v.  n.  Bâtir  des  maifons.   J¥.dificare. 
Hauts  bois  ,  bons  à  maifonner  de  édifier.    Cout.  de 
Sens  ,  art.   I s2.  Il  eft  dans  Nicot,  dans  Monet,  lit 
dans  Cotgrave.  Il  eft  vieux. 
%p-  MAISONNEMENT.  f.  m.  Vieux  mot  ,  qui  figni- 
fîoir  amas  de  maifons.  Et  fut  bien  émerveillé  de  voir 
un  iî  grand  maifonnement ,  &■  tout  en  l'eau ,  &  le 
peuple  n'avoir  autre    forme   d'aller  qu'en  barques. 
Commîmes. 
MAISONNETTE,  f.  f.  Diminutif.  Petite  maifon.  ^- 

dicula  ,  domuncida  ,  attegis.. 
M'AIST    DIEX.  Vieux    mots.  Efpècc    d'affirmation  , 
de    ferment.  Il   fîgnihe ,   Dieu  m'ait    en  aide ,   s'il 
plaît  à  Dieu.  Polf.  du  Roi  de  Nav. 
MAISTE.  f.  f.  Vieux  mot.  Majefté. 
MAISTREMENT.    Vieux  adv.  En  maître.  Nous   di- 
■fons    aujourd'hui  Magijlralement.    Hugues  de  Berri 
maiflrcmcnt ,   qui  eft    moins  Latin.  Rech.   de  Paf- 
qui'cr ,  liv.  S.  cliap.  s  >  P-  "^-   ^^3  >  ^"-  ■^^ 
MAISTRIE.  f.  m.  Vieux  mot.   Domination.  On  a  dit 
aullî   Maijlrier ,  pour.  Dominer,  &  Maijlrement, 
pour  Magiftralement. 
MAÎSTRIER   ,  MAISTROYER.   v.  a.    Vieux    mot. 

Maîtrifer  ,  gouverner  ,  dominer.  Poëf.  du  Roi. 
SCr  MAÎTRE,  f.  m.  Celui  qui  a  des  Sujets,  qui  com- 
mande ,  de  droit  ou  de  force  ,  qui  a  des  domaines, 
qui  peut  difpofer  comme  il  lui  pblc  des  chofes. 
ÎDûminus,  Dieu  eft  le  Souver.iin  Maître  de  l'Univers, 
qui  l'a  créé  ,  qui  le  peut  détruire.  Les  Rois  font  maî- 
tres dans  les  Etats  ;  ils  y  peuvent  parler  en  maîtres  , 
ils  les  gouvernent  en  maîtres.  Dire  que  le  Prince  eft 
maître  abfolu  des  biens  de  fes"  Sujets  lans  égard  ,  ni 
difcuûîon  ,  c'eft  le  langage  de  la   flaterie.  La  Br. 


MAI 

Les  François  ne  lauroient  recevoir  de  maître  fans 
chagrin  ,  ni  demeurer  les  leurs  fans  dégoût.  S.  Evr. 
Naturellement  on  hait  le  nom  de  maître.  S.  Evr. 
Les  anciens  Grecs  faifoient  conlifter  leur  félitité,  à 
ne  point  fouttrir  de  maître.  Boil.  Les  Romains  fe 
virent  les  maîtres  en  Italie  ,  &  commencèrent  à  re- 
garder les  aftaircs  du  dehors.  Bossu  et.  Rome,  qui 
devoir  être  la  maîtrejfe  de  l'Univers  ,  &  dans  la 
fuite  le  liège  principal  de  la  Religion  j  fut  fondée  fur 
la  fin  de  la  troihème  année  de  la  iîxième  Olympia- 
de. Id. 

//  efl  beau  de  mourir  maître  de  l'Univers.  Corn.' 

Les  Grands  n'auroient  qu'un  plaifir  imparfait  à 
être  les  maîtres  ,  s'ils  ne  taifoient  lentir  le  poids  de 
leur  domination  ,  &  l'étendue  de  leur  pouvoir. 
Bell. 

La  foi  ne  règne  plus  où  règne  plus  d'un  Maître , 
Et  chacun  fe  croit  feul  ajjèi  digne  de  Vitre.  Bréb. 

Un  particulier  eft  maître  de  fa  terre ,  il  la  peut 
vendre  ,  engager ,  donner ,  6c.  Le  mari  eft  le  maî- 
tre de  la  commimauté,  il  en  peut  dilpofer  comme 
il  veut.  IJCT  Un  Ambalfadeur  ou  autre  Étranger  , 
en  parlant  du  Prince  dont  il  eft  Sujet ,  l'appelle  fon 
Maître,  Le  Roi  mon  Maître  m'ordonne  j  &c.  Être 
Maître  ,  être  le  Maître  de  faire  une  chi^e  ,  avoir  la 
la  liberté  ,  le  pouvoir  de  la  faire. 
Maître  ,  fe  dit  aulli  d'une  qualité  qu'on  donne  à  plu- 
lîeurs  Chefs  &  Officiers  qui  ont  quelque  comman- 
dement j  quelque  pouvoir  d'ordonner",  &  premiè- 
rement aux  Chefs  des  Ordres  de  Chevalerie.  Ma- 
gifler.  Le  Grand  Maître  de  Malte.  Le  Gmnà-Maî- 
trc  de  Saint  Lazare  ,  de  l'Ordre  de  la  Toilon  ,  d'Aï- 
cantara. 

Chez  les  Romains  on  donnoit  le  nom  de  Maître 
à  plulîeurs  Officiers.  Le  Maître  du  peuple.  Magif- 
ter  populi ,  c'étoit  le  didateur.  Le  Maître  de  la  Ca- 
valerie ,    Magifler  Equitum ,  c'étoit  le  Colonel  gé- 
néral de  la  Cavalerie  ;  dans  les  armées ,  il  étoit  le 
premier  Officier  après  le  Didlateur,  parce  que  quand  le 
Dicl:ateur  commandoit  l'armée,  il  n'y  avoit  point  dans 
l'armée  de   Commandant  lous  le  nom  de  Général. 
Imperator.  Dans  la  fuite  j  &  fous  les  Empereurs ,  il 
y   eut   des  Maîtres   de  1  Infanterie  ,  Magiflri  pedi- 
tum.  L'étendue  prodigicufe  de  l'Empire  obligea  de 
mukiplier  ces  charges  ,  &  d'établir  en  Otient  &  en 
Occident  des  Maîtres  de  la  Cavalerie ,  tk.  des  Maî- 
tres de  l'Infanterie. 
Maître  des  armes  ,  dans  l'Empire  Grec  ,  étoit  un  Offi- 
cier au-delfous  du  Maître  de  la  milice  :  il  étoit  com- 
me le  Contrôleur  de  ce  qui  regardoit  les  armes.  Ma- 
gifler armorum.  On  le  confond  quelquefois  .avec  le 
Maître  de  la  Milice ,  appelé  Magifler  militum. 
Maître  ,  ou  Maire  des  bourgs ,  ou  villages  ,  Ma- 
gifler  Vicorum.  Nom  d'un  ancien  Magiftrat    établi 
par  les  Romains  dans  chaque  bourg  ou  village  ,  pour 
les  gouverner  ,  Juge  d'un  bourg.  C'étoit  le  dernier  , 
&  le  plus  bas  Magiftrat  de  ceux  qui  gouvernoient 
les  dix-fept  provinces  des  Gaules.  Voye\  de  la  Mare, 
Traité  de  Police  ,  T.  I ,  p.  2j.  a. 
Le  Grand-Maître  de  la  Mailon  du  Roi ,  eft  le  premier 
Officier  de  fa  M.aifon.  Celui  qui  prend  aujourd'hui 
le  titre  de  Grand-Maître  de  la  Maifon  du  Roi  ,  s'.ap- 
peloit  autrefois  le  Souverain  Maître  d'Hôtel  du  Roi. 
Magijierregii  palatii.  Cette  charge  répond  à  celle  de 
Maaifler  officiorum  des  Empereurs  Romains.    Il  étoit 
apparemment  le  feul  chef  de  toute  la  Maifon  du  Roi, 
éc  avoit  la  furintendance  lut  tous  les  Officiels  indif- 
tinétement.  C'eft  pourquoi  tous  les  autres  Officiers 
qui  fe  font  faits  Officiers  de  la  Couronne  ,  font  en- 
core à  préfent  couchés  lur  l'érat  général  de  la  Maifon 
du  Roi ,  qui  eft  le  vrai  état  des  Offices,  qui  font  fous 
le  Grand  Maître  ,  Se  font  tous  Jufticiables  du  Pré- 
vôt de  l'Hôtel ,  qui  étoit  le  Juge  anciennement  éta- 
bli par  le  Grand-Maître.  Loyseau.  Les  Maires  du 
Palais  avoicnt  autrefois  l'Intendance  de  la  Maitbn  du 

Roi 


M  A  I 


Roi.   Lorfqu'on   en  partagea  les  fondions  pour  en 
aftoiblii' le  pouvoir  Tous  la  dcuxicmc  Kacc,  l'Inten- 
dance de  l.i  Mailon  du  Roi  fut  donnée  au  Sénéchal  : 
&  le  Grand  Maure  a  luccédé  au  Sénéchal,  l^a  (up- 
predion  de  l'Office  de  Maire  du  Palais  donna  auCon^ 
nctable  toute  la  jurifdichon  fur  les  gens  de  guerre;  &■ 
au    Grand-Maure  de  la  Maifon  du  Roi  ,  lur   toutes 
les  aftions  qui  le  palloient  dans  les  Mailons  Royales. 
De  la   Mare,    Tr.  de  Police,  T.  I ,  p.   r^S.   Le 
Grand   Sénéchal ,  ou  Grand-Maure  ,  outre  les  émi- 
nentes  tonCtions  attachées  a  fa  charge,  eut  aulli  d  a- 
bord  le  droit  de  connoitre  avec  les   Maures  d'Hôiel 
du  Roi  de  toutes  les  adions  ,  tant  civiles  ,  que  cri- 
minelles _,  qui   ie  paiiuient  dans  les  Maifons  Roya 
les.  Id.  p.  1  j2.  Aux  funérailles  du  Roi  ,  il  jette  fon 
b.lton  de  commandement  lur  le  cercueil ,  pour  mon 
trer  que  fa  fondlioii  celfe. 
Le    Grand-Maure  des  Cérémonies.   Cette  charge   fut 
créée  par  Henri  II.  en   15S5.   Le  Grand  Maure  des 
Cérémonies    picte  le   ferment    de   tidélité  entre  les 
mains  du  Grand-Maure  de  la  Mailon  du  Roi.  Rituum 
(i'  ojjîàorum  magijler.  Pour  marque  de  là  charge ,  il 
porte   le  bâton  de  Cérémonie ,    couvert  de  velours 
noir  j  le  bout  &  le  pommeau  d'ivoire.  Il  allifte  à  tou- 
tes les  cérémonies  :  c'ell  à  lui  à  qui  il  appartient  d'en 
ordonner , ,  &  de  rigler  les  rangs  &  la  piéféance. 
Quand  le  Grand  Maure  des  Cérémonies   va  porter 
les  ordres  du  Roi  aux  Cours  Supérieures,  il  prend 
place  entre  le  dernier  j  &  le  pénultième  Confeiller; 
il  a  l'épée  au  côté ,  &:  le  bâton  de  Cérémonie  en 
main.    Aux   premières    de  dernières  audiences   des 
Amballadeursj  il  les  reçoit  au  bas  de  l'efcalier,  &c 
les  accompagne  en    marchant  un  peu    devant   à  la 
droite.  Il  y  a  aulli  un  Maître  des  Cérémonies ,  qui 
£îit  les  fondions  conjointement  avec  le  Grand  Maî- 
tre. Il  y  a  à  la  Cour  du  Pape  un  Maître  des  Cérémo- 
nies ,  qui  ne  prend  point  le  titre  de  Grand.  Dans  les 
Cérémonies  Ecclélîaftiqucs  j  on  établit  un   Maître 
des  Cérérrionies ,  dont  l'emploi  elT:  de  régler  les  rangs , 
&  l'ordre  de  la  Cérémonie. 
Le  Grand-Maître  de  la  Garderobe.  Cette  Charge  A.  été 
créée  en  1669.   Le  Grand-Maître   de  la  Garderobe 
prête  ferment  de  fidélité  entre  les  mains  du  Roi.  Il  a 
loin  des  habits  &  du  linge  du  Roi.  Rei  vejliaru  PrA- 
feclus.  Il  donne  la  chemile  au  Roi  ,  eji  l'abfcnce  des 
Princes  du  Sang  ,  du  Grand   Chambellan  ,  &:  des 
premiers  Gentilshommes  de  la  Chambre.  Quand  le 
Roi   donne  audience  aux  Ambalîadeurs,  le  Grand- 
Maître  de  la  Garderobe  a.  ix  place  derrière  le  fauteuil 
du  Roi.  Il  y  a  aufli  àexn Maîtres  de  la  Garderobe  qui 
lervent  par  année. 
Le  Grand-Maître  de  l'Artillerie.  Supremus  rei  tormen- 
tafiA  préifeclus.  Il  a  luccédé    au  jGrand-Maître   des 
Arbalétriers ,  Loise  au.  Maître  des  Arbalétriers  j  Maî- 
tre desCranequiniers.  ^oye^  Artillerie,  Arbalé- 
trier ,  CRANEQ.UINIER.  Le  Grand-Maître  6c  Sur- 
Ihtendant  du  Commerce.  Le  Grand-Maître  des  Pof- 
tes.  Les  Grands-Maîtres  des  Eaux  de  Forêts,  f^oje^ 
Eaux. 
Maître  du  Cens.  MagiftratRomain  établi  par  Augufle, 
Magijler  Censâs.  Augufte  s'étant  réfervé  toute  l'au- 
torité de  la  Cenfure ,  créa  un  Officier  pour  faire  feu- 
lement fous  les  ordres  du  premier  Magillrat  de-Po- 
lice ,  la  delcription  du  peuple   Romain,  &  de  (es 
revenus.  Cela  s'obfervoit  principalement  ,  afin  Je  re- 
connoitre  dans  les  beloins  publics ,  ou  en  temps  de 
guerre  ,  ce  que  chacun  devoir  contribuer  légitime- 
mentaux  charges  de  l'Etat  ;  d'où  cet  Officier  fut  nom- 
mé ,  Magijler  Censâs.  Il  étoit  encore  de  les  foins  de 
tenir  unRegiftrede  tous  les  Etrangers  qui  anivoicnt 
à  Rome  ,  de  leurs  noms ,  leurs  quahtés  ,  leur  pays, 
&  le  fujet  de  leur  voyage  ;  &  lorfqu'ils  y  vouloient 
demeurer  oififs  &  inutiles  après  leurs  affaires  finies, 
il  les  obligeoit  d'en  fonir.  De  la  Mare  ,  Traité  de 
Police  ,  L.  I ,  Tit.  IV ,  c.  jf.,p.  20.  Au  refte  ,  cet 
Auteur  cite  mal  à  ce  fujet  Suétone  ,  c.  X.  Suétone  ne 
parle  point ,  que  je  fâche  ,  de  linftitution  de  ce  Ma- 
girtrat  pat  Augufte.  Le  Maître  du  Cens  ,  comme  il 
parojt  par  Dion  dans  CaracaUa ,  ivétoit  rien  moins 
K  Tome  F.  -'•■'■ 


M  A  I  75-3 

qu'unCenfeur,ouunSous-Ccnfcur  :  c'étoirlc  même 
(;llicier  que  celui  qu'on  appeloit  le  Prévôt  des  Fru- 
mentaires ,  ou  des  Commis  des  Polies  ou  des  voitu- 
res publiques  Pr^pojîtus  Frumentariorum.  Il  avoir 
foin  de  faire  avertir  luigneulëment  1  Empereur  de  tout 
par  les  Frumentaircs,  ou  par  desCouriers  qui  lui  por- 
toient  les  dépèches  des  Provinces.  Foyei  Saunuifc 
lur  Spartien  ,  ;;.  2S.  On  puurruit  dire  en  François 
Maire  du  Cens  ;  car  en  fait  de  Magiilraturc  ,  de  Ma- 
gijler ^Mmuq,  nous  avons  fait  Maire,  aulfi-biea 
que  le  Major ,  comme  Maire  du  Palais ,  de  Ma- 
gijler Palatii. 
Maître  des  Chambriers  ,  Magijler  cubiculariorum ,  c'eft 
ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  Grand-Chambcl- 


¥ 


lan  ,  ou  Premier  Gentilhomme  de  la  Chambre. 

Maître  des  Chantres  ,  Magijler  Cantorum ,  étoit  autre- 
fois dans  l'Eglile  de  Milan,  ce  que  nous  appelons 
aujourd'hui  Grand-Charnre. 

Maître  des  Citoyens,  ou  des  Bourgeois  ,  Magijler  ci- 
viz-'OT  j  étoit  autrefois  en  Allemagne  ce  qu'on  appelle 
en  langage  du  ^3.ys  Burgermejler ,  en  François  Bour- 
gmejlre. 

Maître  de  la  Cour  ,  Magijler  curin  ,  efl  un  nom  qu'on 
a  donfié  autrefois  aux  Confeillcrs  du  Parfement.    , 

Maître  des  Dipofitions.  Officier  de  l'Empire  Romain. 
^lagijler  Dïfpofitionum.  Il  avoit  le  titre  de  Comte. 
C'étoit  une  efpèce  de  Secrétaire  d'Etat  qui  avoit  pour 
fon  département  toutes  les  Difpofitions  que  l'Empe- 
reur faÎLoit.  Voye\  Saijmaife  fur  l'Hill.  Aug.  p.  2ps 
&  2S1. 

Maître  des  Enfins  ,  Magijler  infantum  ;  étoit  dans  les 
Monaftères ,  le  nom  de  celui  qui  étoit  chargé  de  l'é- 
ducation des  enfims  qu'on  y  élevoit. 

Maître  des  Exercices.  Officier  de  l'Empire  Romain,  qui 
prélidoit  aux  exercices  de  la  Jeunelfe.  Magijler  Ojjz- 
ciorum.  C'étoit  toujours  un  homme  de  beaucoup  d'au- 
torité. 

Maître  Jufticicr,  Magijler  Jujliciarius  ,  éwh  le  pre- 
mier Officier  de  Juftice  à  la  Cour  des  Rois  de  Si- 
cile. 

Maître  des  Lertres.  Officier  de  l'Empire  Romain.  Se- 
crétaire d'Etat  pour  les  lettres  qu'écrivoit  l'Empereur. 
Magijler  Epijlularum  ,  ou  Epijlolarum  ^ad  Epijlolas  , 
ouab  EpifloUs.yoy.  Saunililclurl'Hiif.  Aug.^.  /J'3. 

Maître  es  Lo'ix  ,  Magijler ,  Doclor  /d^/^/w.  Nom  qu'on. 

a  donné  à  ceux  que  nous   appelons  Avocats. 
Maître  des  Malîîers.   Magijler  Majfariorum.   C'étoit 
l'Intendant  dans  les  grandes  Maifous  :  il  avoit  (oiii 
des   biens,  des  domaines,  des  terres,  des  fermes, 
qu'on    appeloit  Manfœ. ,  &    ceux  qui  les   faitoienc 
valoir  Manjfarii  ,  ou  Majfarii. 
Maître  de  la  Milice.  Officier  de  l'Empire  Romain , 
Chef  des  troupes  de  l'Empire  ,  ccriiime  autrefois  le 
Connétable  en  France.  Militiœ  Magijler.  Conftanrin, 
ou  plutôt    Dioclétien  ,   établit  dans  tout  l'Empire 
deux  Maîtres  de  Milice  ,  l'un  pour  la  Cavalerie ,  Se 
l'autre  pour  l'Infanterie  ,  avec  pouvoir  de  régler  tout 
ce  qui  regardoit  les  foldats  ,  &  de  les  punir  quand  ils 
auroient  fait  des  fautes.  Dans  la  fuite  ces  deux  char- 
ges fe  réunirent  dans  la  même  perfonne  ,  comme  on 
le  voit  fous  Conftanr,  l'an  349.  Mais  en  augmentant 
leur  pouvoir  ,  on  augmenta  aulli  leur  nombre  ,  & 
on  en  fit  un  pour  la  Cour,  appelé  Prœjcntalis,  un  pour 
la  Thrace  ,  un  pour  l'Orienr ,  un  pour  l'iUyrie  ,  Se 
un  pour  les  Gaules  ;  on  trouve  ces  quatre  Maîtres  de 
la  Milice  dès  le  rcmps  de  Confiance  ,  8e  on  prérend 
que  Théodofel.  en  fit  même  plus  de  cinq.  Il  y  a  quel- 
ques raifons  pour  croire  que  les  Maîtres  de  la  Milice 
avoienr  été  établis  dès  avant  Conftantin  ;  mais  M. 
de  Valois  ne  les  juge  pas  fortes.  Ces  Maures  de  h 
Milice  qu'on    appela  enfuite    Comtes ,  s'élevèrent 
bien-tôt  au  rang  des  premiers  Officiers  de  1  Empire  , 
&  curent  le  titre  d'iUuftres ,  qui  étoit  le  plus  relevé 
de  tous.  Le  pouvoir  qui  leur  fut  donné  ,  ne  fut  qu'un 
démembrement  de  celui  qui  appartenoit  auparavant 
au  Préfet  du  Prétoire,  qui  par  ce  moyen  devint  Offi- 
cier purement  civil  ,  de  judicature  &:  de  finance.  Zo- 
iïmc  précend  que  cette  fouftradion  des  foldats  à  la 

Cccc'c 


7J4  MAI 

jiuifcliaion  des  Préfets  du  Prétoire ,  ruina  la  difci- 
pline  militaire;  mais  nous  n'en  croirons  pas  Zozime. 
Aurélus  Vidor  ,  Zozime  ,  p.  6SS.  Cod.  Theod.  1 1  ^ 
1. 1  ,  l.  p.  6.  Tillemonr,  Emp.  T.  IF  ^p.  2S 3. 
Ailleurs,  c'eû  à-duc  ,  T.  IF,  p.  S7  >  ^  7^3  '  7^-f- 
il  croie  ,  malgré  Zozime  ^  qui  fait  Conftantin  Auteur 
de  ces  Maures  de  la  Milice  ,  qu'il  vaut  mieux  en  at- 
tribuer l'origine  à  la  politique  inquiète  de  Diocléticn, 
puifque  Ladaiice  met  ces  Ma/ms  entre  les  nouveaux 
Officiers  que  ce  Prince  avoir  établis.  Foye^  aulîi  Sau- 
maife  fur  l'Hifloire  Augufte ^  p.  2pj  s  3i^  ■:  S3P- 
On  a  donné  le  nom  de  Maître  de  h  Milice  aux 
Couverneurs  de  Naples ,  fous  les  Empereurs  Grecs. 
Dans  plufieurs  pays  on  appelle  aujourd'hui  Capitaine 
Général j  ou  Gouverneur  des  armes,  celui  qui  com- 
mande les  troupes. 

Maître  des  Mœurs.  C'efl:  un  nom  que  Ton  donna 
aux  Cenfcurs.  Foy.  ce  mot. 

JdAÎTRE  CEcuménique.  C'eft  le  nom  que  l'on  donna  au 
Direcleui  Gisnérald'un  Collège  que  Conftantin  fonda 
à  Conftantinople,  Magijier  Œcumenicus.  On  l'ap- 
pela ainfi ,  ou  parce  qu'il  avoit  la  connoillancc  de 
tout  ce  que  doit  favoif  un  habile  homme  ,  ou  plutôt 
.parce  qu'il  àvoit  la  direction  univerfelle  de  ce  Collè- 
ge. Car  Œcuménique  fe  prenoit  pour  général ,  uni- 
verfel.  C'eft  ainfi  qu'on  donne  à  Paris  le  ritre  de 
Gïa.ni-Maitrc  au  Direéteur  général  de  quelques  Col- 
lèges ,  qu'on  appelle  Principal  dans  les  autres.  Les 
Empereurs  confidéroient  beaucoup  le  Maître  CEcumé- 
nique. Foy.  Théophane  ,  Zonaras,  Ccdrenus,  &c 
l'Hift.  des  Iconoclaftes  de  Maimbourg. 

^Iaitre  des  Offices.  Nom  d'un  Officier  de  l'Empire 
Romain.  Magijier  Officiorum.  Le  Maître  des  Offices 
avoit  l'Intendance  de  tous  les  officiers  de  la  Cour.  On 
l'appeloit  Magijier  Officii  Palatini ,  ou  limplement 
Magijier,  &  (a  Charge  s'appeloit  Magijleria  ,  Maî- 
trife.  Une  Loi  du  5  Juillet  372.  Cod.  Théod.â.  t.  7, 
l.  p.  jj  ,  j g.  ordonne  que  le  Quefteur  ,  le  Maî- 
tre des  Offices  ,  &  les  deux  Intendans  des  LargefTes  , 
auront  le  pas  fur  les  Proconfuls.  Foyei  Saumaife  fur 
la  vie  de  Gallien  ,  par  Trébel.  Pollion ,  c.  /  7.  &  de 
Tillemont,  £mp.  T.  F.  p.  62.  Saumaile  lur  l'Hif- 
toire  Augufte  ,  p.  S j ,  S 4.  iSû ,  20 S  ,  2()j. 

Le  Maure  des  Offices  ,  étoit  à  la  Cour  des  Empereurs 
d'Oceidentj  le  même  que  le  Curopalate  à  la  Cour 
des  Empereurs  d'Orient. 

Maître  du  Peuple.  Nom  que  l'on  donna  au  Diûateur. 
Foye\  ce  mot. 

En  un  mot ,  Maître ,  dans  l'hiftoire  &  dans  les  loix 
Romaines  ,  fc  dit  de  tout  Officier  qui  eft  le  premier 
en  Ion  genre ,  Si  qui  a  fous  lui  tous  les  autres  de 
même  etpcce  j  ou  qui  ont  les  mêmes  fondions  :  en 
Latin  Magijier  ,  &  louvent  Proximus.  Voyez  Sau- 
maife aux  endroits  que  l'on  a  cités.  Nos  Auteurs 
Françoij  le  fervent  du  nom  de  Maître ,  pour  exprimer 
ces  Offices  ,  comme  on  le  peut  voir  fouvent  dans 
MM.  de  Tillemont ,  Fleuri ,  &;c. 

On  donne  le  titre  de  Grand-Maître  à  quelques 
Supérieurs  de  Collège.  Collegiiprxfecius.  Le  Grande 
Maître  de  Navarre.  Le  Grand-Maître  du  Cardinal  le 
Moine. 
JvIaÎtre  ,  fe  dit  auffi  de  quelques  Officiers  fubalternes. 
Maître  de  la  Garderobe  ,  Maître  d'Hôtel  ordinaire 
chez  le  Roi ,  chez  les  Princes  ,  chez  les  Seigneurs 
particuliers.  Foyei  Hôtel,  Le  Maître  de  la  Chapelle 
du  Roi.  Maître  de  l'Oratoire  du  Roi  ,  fa  charge  a  été 
créée  par  Louis  XIV.  Maître  des  Courriers ,  Maître 
de  la  Porte.  Maître  de  Monnoie  ,  ou  Fermier  de 
Monnoie  ,  Officier  des  Monnoies  dont  les  fondions 
font  marquées  dans  les  Ordonnances  des  années 
IJ07,  1540,  ijyi,  IJ54,  ij66&i;S6,  dans 
Boizard  ,  Traité  des  Monnoies  ,  P.  /.  c.  1 4.  Maître 
de  la  Monnoie  d'un  tel  lieu.  Maître  Queux  chez 
le  Roi.  Maître  Veneur.  Maître  Fauconnier.  Maître 
de  la  Chambre  aux  deniers.  Ils  font  trois  chez  Je 
Roi  ,  un  ancien  ,  un  alternatif  ,  &  un  triennal  : 
ils  ont  (oin  de  folliciter  les  fonds  pour  la  dépenlè 
de  bouche  de  la  maifon  du  Roi  ,  êc  de  les  donner 
aux  Officiers  i  ils  alliftent  au  Bureau  du  Roi ,  qui  fe 


MAI 

tient  pour  délibérer  fur  ce  qui  regarde  la  dcpenfe  de 
bouche  de  la  Maifon  du  Roi  J  &  les  Officiers  qui  en 
font  chargés. 

Maître  de  Chambre,  en  Italie,  fe  dit  de  celui  qui 
introduit  à  l'audience  des  Cardinaux  j  qui  commande 
dans  leur  chambre.    Magijier  Caméra. 

Maître  du  Sacré  Palais.  Magijier  Sacri  Palatii ,  eft 
un  grand  Officier  qui  loge  au  Vatican.  Il  a  foin  de 
revoir  tous  les  livres  qui  s'impriment  a  Rome.  Il  don- 
ne permiffion  de  lire  les  livres  défendus.  Il  entre  en  la 
Congrégation  du  Saint  Office  ,  &  en  celle  de  l'Index, 
lia  féancc  dans  la  Chapelle  du  Pape  ,  après  le  Doyen 
de  la  Rote.  Cette  charge  eft  toujours  poffédée  par  un 
Dominicain. 

On  appelle  fur  la  mer  ,  Maître  des  Ports ,  l'Offi- 
cier  commis  pour  la  levée  des  impolitions  &  traites 
foraines.  Sur  les  rivières  ,  il  y  a  des  Maîtres  des 
ponts  &  pertuis  ,  pour  faire  palTer  les  bateaux  .dans 
ces  pafl'ages  difficiles  :  ils  font  obligés  à  réfidence , 
&  à  travailler  en  perfonne  ,  >?c  ont  pour  aides  des 
Chableurs. 

Maître  ,  fe  dit  auffi  de  plufieurs  Officiers  de  Robe , 
ou  de  Finance.  Les  Maîtres  des  Requîtes  ,  Libellorum. 
fupplicum  Magijlri  ,  font  ceux  qui  rapportent  les 
requêtes  &  les  placets  au  Roi  ,  Se  à  Ion  Confeil. 
f^oye^  Requêtes.  Les  Maîtres  des  Comptes,  font  les 
Juges  Souverains  des  Comptes,  des  deniers  du  Roi. 
Foyei  Comptes.  Du  Tillet  obferve  qu'on  difoit 
auii]  jVIaître  du  Parlement;  pour  dire  ,  Confeiller  du 
Parlement.  On  les  appelle  ainli  dans  une  Ordonnance 
de  l'an  1 3  ii.  Ce  nom  eft  demeuré  à  Meflîeurs  de  la 
Chambre  des  Comptes.  Maître  de  la  Chambre  aux  De- 
niers J  eft  celui  qui  ordonne  de  la  dépenfe  de  la 
Maifon  du  Roi.  On  donnoit  autrefois  en  Bretagne  la 
qualité  de  Maître  à  tous  ceux  qui  ctoient  dans  la 
Robe  ,  ou  dans  l'Eglife ,  de  quelque  condition  qu'ils 
fulfent.  LoBiNEAU ,  Glojf. 

Maître  Rationnai ,  nom  d'Office  ,  &  de  Charge.  Ma- 
gijier rationalis.  Rationum  magijier.  On  a  d'abord  ap- 
pelé indiftéremmcnt  Maîtres  rationnaux ,  Auditeurs  , 
ou  Gens  des  Comptes,  les  Officiers  qui  avoient  inf- 
pedion  lur  les  Receveurs  des  deniers  des  Dauphins  ; 
&c  pardevant  qui  ils  étoient  tenus  de  rendre  compte 
de  leur  maniement.  Leur  établilîement  étoit  beau- 
coup plus  ancien  que  celui  du  Confeil  Delphinal.  Il 
en  paroît  lous  le  Dauphin  Jean  dès  l'an  1 3 10.  Val- 
LEEONN.  JSIém.  pour  l'hijl.  du  Dauph.  IF.  Difc.  La 
Cour  des  Maîtres  Rationnaux.  Id. 

Maître  ,  fe  dit  aulli  d'un  particulier  chef  de  famille , 
qui  commande  à  (a  femme  ,  à  les  enfans  ,  à  fes  valets, 
à  fes  domeftiques ,  à  fes  elclaves.  Dominus  ,  herus. 
Vous  ne  haïllez  peut-être  le  nom  de  mari ,  que  parce 
que  c'eft  un  nom  de  Maître.  S.  EvR.  On  doit  traiter 
fes  enfans  en  père  ,  &  non  en  maître.  Un  maître  doit 
traiter  humainement  fes  elclaves.  Les  valets  doivent 
obéir  à  leur  maître  ,  le  refpeder.  Il  y  a  des  devoirs  ré- 
ciproques entre  le  maître  Se  Ces  domeftiques.  En  ce 
feus  ,  on  dit ,  compter  de  clerc  à  maître  ;  pour  dire , 
comme  un  commis  teroit  à  Ion  maître ,  c'eft-à-dire, 
exadement.  On  le  dit  aulli  des  animaux.  Voilà  un 
chien  qui  cherche  maître.  L'Ecriture  dit  que  le  bœuf 
connoît  rétable  de  fon  maître.  On  dit  ,  heurter  en 
iftaître  ,  pour  dire  frapper  à  la  porte  de  Jla  maifon 
plufieurs  coups  de  fuite ,  ou  feulement  frapper  bien 
fort. 

Maître  ,  fe  dit  encore  de  la  fubotdination  qui  eft  en- 
tre les  valets.  On  appelle  un  Maître  Falet ,  celui  des 
domeftiques  en  qui  on  a  le  plus  de  confiance  ,  à  qui 
on  donne  pouvoir  Se  autorité  lur  les  autres  valets. 
Maître  Clerc  ,  eft  chez  les  Procureurs  ,  celui  qui  eft 
le  mieux  verfé  en  pratique  ,  qui  drefte  les  ades.  Au 
parlement  ,  c'eft  celui  qui  inftruit  les  appellations. 
Maître  Garçon  ,  chez  les  Artifans ,  eft  le  plus  an- 
cien dans  la  boutique  du  Maître  ,  ou  celui  qui  fait 
le  mieux  travailler  ,  qui  a  quelque  avantage  fur  les 
autres. 

Maître  j  fe  dit  auffi  figurément  en  chofes  morales.  Le 
Sage  doit  être  maître  de  fes  paffions  ,  Se  de  tous  les 
mouvemens.  Sapiens  régit  cupiditaces'fuas  j  Us  im- 


M  A  I 

pcrat.  Il  faut  qu'un  Amb.illàck'ur  foit  bien  maure  de 
lui  mcrac.  Pour  être  poli ,  il  faut  être  maure  de  foi  , 
de  fes  paroles  ,  du  mouvement  de  Tes  yeux  &  de  (on 
vifagc.  Bell.  Je  préfère  aux  Coiiqucrans  ,  ces  illullres 
oilifs ,  ces  pailibles  Héros  ,  qui  travaillent  uniquement 
à  fe  rendre  maîtres  d'eux-mêmes.   M.  Hsp.  Un  am- 
bitieux a  autant  de  maîtres  qu'il  y  a  de  gens  qui  lui 
font  utiles.  La  Br.  L'adverlité  cil  une  dure  ,  mais 
utile  maitrejfe,  qui  par  des  cnfeignemens  vifs  &c  fen- 
llbles  ,  nous  ramène  de  nos  égaremens.    Fl.  Nous 
fommcs  maîtres  de  nos  propres  lecrcts  ;  mais  nous  ne 
fommcs  pas  maîtres  de  ceux  d'autrui.  Boun.  La  raifon 
eft  [ovLVi^ni  un  maître  fâcheux.  La  I'l.  Un  Rapporteur 
c^maîtrc  d'une  aftaire  ;  il  la  tourne  comme  il  lui  pla'it. 
Un  premier  Juge  eft  maître  del'inftrudtiondes  procès 
criminels.    Se   rendre  maître  de  l'efprit  du  peuple. 
Ablanc.  Luther  avoue  que  ce  qu'il  ajoute  ^  ou  qu'il 
change  à  l'opinion  commune  C  touchant  i'Lucharif- 
tie  )  cft  indirtérent  ^  &  il  nous  en  laille  les  maîtres. 
Pkusson. 
Maître  ,  fe  dit  encore  de  celui  qui  eft  fupéricur  d'un 
autre  à  l'égard  de  l'éducation ,  de  l'inllrudion  dans 
les  Sciences  &  dans  les  Arts.  Magifter ,prœceptor.  On 
a  donné  à  cet  enfant  un  Maître  ,  un  Précepteur  pour 
l'élever  ,  pour  le  conduire  en  clalfe  ,pour  lui  appren- 
dre les  Lettres  humaines.    Un  homme  fait  comme 
vous,  eft  un  meilleur  Maître  du  vice  que  de  la  vertu. 
Lettre  d'HéloÏse  a  Abail.  Nous  avons  tous  une 
jMaitreJJe  commune  ,  qui  eft  la  nature.  Fél.  Un  bon 
Maître  épargne  bien  du  teiTips  ,  &  abrège  bien  du  tra- 
vail ,  même  aux  plus  éclairés.  Ch.  de  M.  Quand  on 
apprend  ài  faire  une  choie  d'un  mauvais  maître,  on 
apprend  à  la  faire  mal  ;  &  il  eft  plus  difHcile  de  choi- 
hr  un  bon  ma'tre  pour  l'adrelle  de  l'elprit ,  que  pour 
celle  du  corps.  Id.  Naudé  appelle  le  diable,  le  maître 
de  Luther.  Campanellc  fut  accufé  Se  emprifonné  à 
r.ige  de  vingt  ans  ,  par  les  Inquilîteurs  de  Naples , 
comme  trop  lavant  Se  trop  univerlel ,  pour  ne  s'être 
pas  (ervi  du  maître  de  Lifther.  Mascur. 
Maître  ,  ou  Maîtresse  d'École  ,  font  ceux  qui  ap- 
prennent à  lire  &  à  écrire  aux  enfms.  MagiJler,priE- 
ceptor.  Maître  du  Catéchifme  ,  celui  qui  leur  enfeigne 
les  preiniers  articles  de  leur  croyance. 
Maître  des   Novices  ,  c'eft  dans  les  Communautés 
rcligieules,  celui  qui  eft  le  direâeurdes  Novices, 
qui  a  foin  de  les  inftruire.    On  dit  de  même  dans 
les  Communautés  de  filles ,  MaitreJJ'e  des   Novices. 
Chez  les  Chanoines,  on  dit  le  Maître  des  enfans  de 
Chœur.  Le  Chantre  eft  le  maître  du  Chœur. 
^L'.ÎTRE ,  eft  auiïï  celui  qui  enleigne  divers  exercices  , 
Maître  à   danfér  ,  qui  fait  profelHon  de  montrer  à 
danfer.  Maître   de  luth  ,  de  guitarre  ,  de  clavecin. 
Maître  à  chanter.   Par  un  Edit  de  1686  ,  le  Pape  In- 
nocent XL  lit  défenfes  à  toutes  filles  &  femmes  d'ap- 
prendre à  chanter  ,  ou   à  jouer  d'aucun  inftrument 
d'un  Maître ,  à  caufe  des  inconvéniens.    Ces  fortes 
d'Edits  font  pour  l'Etat  Eccléfiaftique ,  &  les  terres 
du   domaine  temporel  du  Pape.  Maître  à  voltiger. 
Maître  de  Langues.  Maître  de  Mathématiques.  Maître 
en  fait  d'armes  ,  eft  un  Maître  d'cfcrime  ,  qui  enfeigne 
à  manier  les  armes, fur-tout  l'épée  &le  Heuret.  Maî- 
tre des  hautes  armes ,  celui  qui  enfeigne  à  manier  la 
pique  ,  le  moulquet  ,  l'étendard. 
§T  On  appelle  Maître  de  l'art  ou  en  l'art ,  celui  qui  eft 
diftingué  en  quelque  profeftion.  C'eft  aux  Afa/frej  de 
l'art  à  décider  ce  qui  regarde  l'art.  C'eft  ainfl  qu'on 
dit  d'une  chofe  bien  faite  j  bien  travaillée;  qu'elle  eft 
I      de  main  de  Maître. 

i  Ocr  Grand  MaÎtre  ,  fe  dit  en  ce  fens  de  ceux  qui  ex- 
cellent ,  qui  font  diftingués  parmi  les  Maîtres  même 
de  l'art.  C'eft  l'imitation  de  la  nature  ,  &  non  celle 
des  modèles  qui  a  formé  les  Gîands-Maîtres.  Mém. 
deTrév. 
Ç'O"  Maîtres  ,  fe  dit  au  pluriel,  del  grands  Peintres 
qui  ont  illuftré  les  Ecole?.  Les  Maîtres  Italiens  &  les 
Maîtres  Flainands  fe  refl'emblent  peu.  Les  plus  grands 
Maîtres  de  l'Ecole  Vénitienne  ,  donnent  d'excellen- 
tes leçon*  pour  la  couleur. 
§3"  On  appelle  \z%peiïts  Maîtres  ,  un  certain  nombre 
Tùmi  F 


MAI  75-5- 

de  Graveurs  qui  font  ainfi  défignés  d-ms  les  catalogues 
des  Eftampes ,  &  cette  défîgnation  cft  reçue.  Acad. 
Franc. 

ifr  On  appelle  les  Tableaux  des  ^ra;j</jAf<2i'/:/-ej  ,  ceux 
de  Kaphaël ,  du  Poulfin ,  de  Jules  Romani  ,  de  Paul 
Vcronèfe,  ikz. 

IP'  En  Eltampes,  Albert ,  Lucas  ,  Marc-Antoine,  font 
les  grands  Maîtres  ;  les  petits  Maîtres  ,  Olbcns  , 
Ilbens  ,  &c. 

Pere-MAÎTRE.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  dans  quelques 
Ordres  de  lieligieux,  celui  qui  a  le  foin  des  Novices. 
Je  voudrois  bien  parler  au  Pere-Maître.  On  dit  aulFi  le 
Maître  des  Novices  ,  comme  on  l'a  marqué  ci  dellus. 
Les  jeunes  Religieux  qui  étudient  en  Philolophie  & 
en  Théologie,  difént  aulH  notre  Maître ,  pour  dire  , 
notre  Régent ,  notre  Profellcur.  Maître  Général ,  efî 
le  titre  que  prend  le  Général  des  Dominicains.  Ma- 
gifler  Generalis. 

Maître  ès  Arts  ,  eft  celui  qui  a  des  Lettres  d'une  Uni- 
verlité  pour  pouvoir  enfeigner  la  Rhétorique  ,  la 
Philofophie  ,  &c.  C'eft  le  premier  degré  qui  donne 
droit  aux  Bénéfices  en  qualité  de  Gradué.  Magijler 
Artium.  M.  l'Abbé  Fleury  ,  Hift.Eccl.  L.LXXXIII, 
p.  620  &  6 21  ,  dit  Artifte  ,  au  lieu  de  Maître  es 
Arts.  Ce  n'eft  pas  l'ufage  ordinaire.  C'eft  en  ce  fens 
qu'on  a  donné  aux  Avocats  ,  aux  Doéleurs  ,  aux 
Magiftrars  ,  aux  Prêtres ,  le  titre  de  Maître  ,  comme 
Maître  Charles  du  Moulin  ,  Maître  René  Chopin  , 
&CZ.  C'eft  une  qualité  qu'on  joint  toujours  avec  les 
noms  propres  &  les  furnoms.  Les  Confeillers ,  pour 
fe  diftinguer,  y  ont  fait  ajouter  Monfieur  Maître  , 
&  ce  titre  de  Maître  s'eft  étendu  abulivement  aux 
autres  Officiers  de  Robe,  Procureurs  ,  Greffiers  ,  &c. 
Ce  nom  de  Maître  leur  eft  venu  par  degrés.  C'étoic 
au  commencement  un  titre  de  puillance  &  d'office  , 
plutôt  que  de  fagcffe  &  d'érudition.  On  l'a  donne 
premièrement  aux  Maîtres  des  Ecoles ,  &  aux  Pré- 
fets des  Collèges.  Enfin  ,  on  l'a  donné  aux  Maîtres 
des  Arts  &  des  Sciences ,  &  aux  Dodeurs.  Ainfi  on 
a  appelé  Ifo  Magïfter  ,  ou  le  Moine  de  Saint-Gai  , 
Florus  Magijler,  Thomas  Magijler,  8c  Petrus  Co~ 
mejlor  j  ou  le  Mangeur  ,  qu'on  a  traité  de  Maître  de 
l'Hiftoire  Scolaûique  ,  &  Gratien  le  Maître  des  Ca- 
nons &:  des  Décrets  ,  Maître  Duval ,  Maître  Gama- 
che  ,  Maître  Grandin.  Le  titre  de  Maître  _,  qui  figni- 
fie  Doélieur ,  &  qui  s'eft  avili  dans  les  derniers  temps  , 
étoic  très-honorable  au  XlPfiècle,  &  on  le  donnoit 
aux  Évêques  mêmes  ,  &  aux  Cardinaux,  Fleury  , 
mjl.Eccl.   T.XF.p.642. 

C'eft  dans  le  même  fens  qu'on  a  appelé  Maîtres , 
ceux  qui  ont  excellé  en  quelque  Science  ,  qui  ont  en- 
feigne les  autres  ,  qui  font  reconnus  pour  les  Maîtres 
du  métier.  En  Théologie ,  Pierre  Lombard  a  été  appelé 
le  Maître  des  Sentences.  Archimède  a  été  un  grand 
Maître  en  Géométrie. 

Maître  ès  Arts  ,  fe  dit  aufîî  en  riant ,  &  en  ftyle  d'a- 
pologue des  animaux. 

Le  Lion  pour  bien  gouverner. 

Voulant  apprendre  la  morale. 

Se  fit  un  beau  jour  amener 

Le  Singe ,  Maître  ès  Arts,  chei  la  gent  anïnâAe. 

La  Font. 

Molière  a  dit  en  badinant ,  que  ma'tre  vient  du  'L\~ 
un. magijler  ,  c'eft-à-dire  ,  trois  fois  plus  grand. 
Maître  ,  fe  dit  auffi  des  Marchands  &  des  Artifans , 
qui  ont  droit  ou  privilège  d'ouvrir  boutique  pour 
vendre  des  marchandifes  ,  ou  pour  travailler  à  toutes  ■ 
fortes  de  manufaéfures.  Opijex  ,  propola  jeritus , 
clajficus.  Il  faut  être  apprenti  avant  que  d'être  maî- 
tre. Il  n'y  a  que  des  Maîtres  de  Lettres  qui  ont 
privilège  ,  des  Maîtres  d'apprentiirage  ,  &  des  fils 
de  Maîtres  ,  qui  puillent  entrer  dans  le  Corps  des 
Marchands  &  des  Artifms.  Pour  être  reçu  maître , 
il  faut  faire  Ion  chef  d'œuvre  en  prétence  des  Maî- 
tres &  des  Jurés.  Les  Jurés  ont  droit  de  vifite'chez 
les  autres  Maîtres  parmi  les  Artifans  -,  mais  chez  les 

C  c  c  c  c  ij 


yy^  M   A  I 

^Marchands ,  les  Vifitcurs  s'appellenr  les  Maures  & 
■Gardes  du  métier.  . 

Aux  Ai'tifjns  on  donne  l.i  qualité  à.z  Mwire  ,  jointe 
à  leur  nom  pi'opre  ieulenicnt ,  lans  y  metcic  leur  luv- 
nom  ,  comme  on  fait  aux  Avocats.  Maîcn  Pierre , 
Maître  Jean  le  Savetier, 

On  s'en  ferc  aufli  quelquefois  dans  le  burlefque  , 
en  l'attribuant  à  quelques  animaux.  ■ 

Maître  Corbeau  ,  fur  un  arbre  perche  , 
Tenait  en /on  bec  un  j  ramage  ; 
Maître  Renard  ,  par  l'odeur  alléché  , 
Lui  tint  à  peu  près  ce  langage.  La  Font. 

Maître  ,  esse.  Se  dit  aulTl  de  ce  qui  cft  principal  , 
dominant  j  iS<:  de  plus  confidérable  dans  une  choie. 
Le  maître  -  autel  d'une  Eglife  ,  cft  le!  grand  autel  du 
Chœur,  ^ra  princeps  j  altare  primarium.  La  mai- 
•treffe  arche  d'un  pont,  celle  qui  eft  la  plus  large j 
&  où  l'eau  eft  la  plus  creule  j  où  palTent  les  bateaux. 
Le  maître  brin  d'une  louche  d'arbres ,  celui  qui  eft 
•de  la  plus  belle  venue.  On  appelle  aulFi  maitreQ'e 
voûte  ,  celle  qui  fert  à  couvrir  quelque  notable  par- 
tie d'un  bâtiment  J  à  la  différence  de  celles  qui  cou- 
vrent feulement  quelques  portes  ,  ou  fenêtres.  Une 
maitreffe  ferme  de  charpente  ,  un  maître  cjitrait  ; 
pour  dire  ,  la  ferme  ,  l'entrait  le  plus  confidérable. 
Ce  JÉSUS  Christ  crucifié,  folie  aux  Gentils  ,  fcan- 
dale  aux  Juifs  ,  portoit  en  cela  même  les  marques  du 
véritable  Christ,  étoit  cette  maitrejfe  pierre  j  mais 
rejettée  ,  &c.   Péliss. 

Maître  Fleuve.  On  a  ainfi  appelé  le  plus  gros  des  bras 
du  Nil  ,  au-delfous  du  Delta.  C'eft  celui  que  les  An- 
ciens nommoient  Canopicum ,  Se  Heracleoticum  fiu- 
men  ,  ou  Canopicus  ,  Heracleoticus  alveus. 

Maître  ,  en  termes  de  Guerre ,  lîgnihe  un  Cavalier. 
Eques.  Les  Compagnies  de  Cavalerie  iont  de  quaran- 
te ,  ou  cinquante  Maîtres. 

Maître  de  Camp,  l^oyei;^  Mestre  de  Camp;  c'eft  ainfi 
qu'il  faut  écrire  &  prononcer  ,  failant  fonner  Vs. 

Maître  ,  en  termes  de  Marine  ,  fignifie  le  Comman- 
dant d'un  Navire.  Sur  l'Océan  ,  on  An  Maître  ;  fur 
la  Méditerranée  ,  Patron;  Se  dans  les  vailleaux  con 
iidérables,  notamment  ceux  qui  font  les  voyages  de 
long  cours,  on  l'appelle  Capitaine.  Turba  nautica 
j>mfeclus.  Un  Maître  de  Navire  ,  doit  avoir  navigé 
cinq  ans  au  moins ,  avoir  été  examiné  en  l'Amirauté  , 
&  doit  repréfenter  les  journaux  de  les  voyages.  Il 
a  pouvoir  de  faire  l'équipage  du  vailleau,  de  lever 
des  Pilotes  &  des  Matelots  ,  le  tout  fuivant  les  ré- 
glemens  de  la  dernière  Ordonnance  de  h  Marine  , 
Liv.  2  ,  Titre  I.  Les  Grecs  l'appeloient  a-if/^S" ,  c'eft- 
à-dire ,  homme  de  confiance  ;  d'où  vient  qu'en  quel 
ques  ports  on  l'appelle  par  corruption  Maître  pajl if _, 
qui  eft  oppofé  à  Maître  bourgeois  j  ou  propriétaire , 
ou  combourgeois. 

IJCT  Le  Maître  a  fous  lui  de  féconds  Maîtres  pour  l'ai 
der  dans  fes  fondions  ,  &  pour  le  luppléer  dans 
J'occafion.  Il  y  a  dans  chaque  vailfeau ,  Maître  Pi- 
lote ,  Maître  Cannonier  ,  Maître  Calfas  ,  Maître  Ar- 
murier ^  Maître  Tonnelier,  ALùtre  Failier. 
^Dn  appelle  Maître  de  hache  ,  le  Charpentier  du 
^Sfteau  •,  &:  Maître  Valet ,  celui  quidiftribuedcs  pro- 
vilîons  de  bouche.  Maître  de  port ,  ou  du  port ,  fe  dit 
quelquefois  pour  Capitaine  de  port.  Maître  mâteur  , 
eft  celui  qui  a  foin  des  mâts. 

AIaÎtre  de  Grave.  Celui  qui  ordonne  aux  écha 
fauts  ,  &  qui  a  foin  de  faire  fécher  le  poilfon  en 
Terre-Neuve. 

IJCF  Maître  Valet  ,  en  Marine.  C'eft  un  homme  de 
l'équipage  qui  a  foin  de  diftribuer  les  provifions  de 
bouche  ,  &  qui  met  les  vivres  entre  les  mains  du 
Cuifinier  ,  félon  l'ordre  qu'il  reçoit  du  Capitaine. 
Il  a  fous  lui  un  Maître-Valet  d'eau. 

Maître  Valet  d'eau.   Celui  qui  diftiibue  l'eau  douce. 

Dans  les  moindres  vailleaux  ,  une  feule  perlonne  fait 

les  deux  fondrions. 

Maître  Valet  j  f  m.   En  terme  de  Papeterie,    eft 

un  Ouvrier  qui  a  inlpedion  lur  tous  les  autres  Ou 


M  A  I 

vricrs  du  Moulin  à  papier  ,  qui  fait  les  décomptes. 

Maître  de  Quai  ,  eft  celui  qui  a  la  police  &  l'inf- 
pedion  fur  les  Quais.  Ses  fondions  confiftent  à  faire 
ranger  &  amarrer  les  vailleaux  dans  les  ports  ,  &  à 
veiller  a  tout  ce  qui  concerne  la  police  des  Quais, 
Ports .  &■  Havres. 

Maître  de  Pelle.  Terme  de  Boulanger  ,   particuliè- 
rement en  ufage  parmi  ceux  qui  font  le  bifcuit  de      i 
mer.  C'eft  celui  qui  enfourne  les  galettes  à  mefure      • 
que  le  pétrifteur  à  piques  les  a  croifées  &  'piquées, 
&  qu'elles  Iont  aftez  reilliyées.  On  l'appelle  aulli  le 
Gindre. 

Maître,  ou  Général  des  (Euvres  ,  eft  un  Archi- 
tede  ,  ou  Officier  prépofé  pour  avoir  infpedion  fur 
les  batimens  de  la  ville  ,  afin  qu'ils  foient  conftruits 
fuivant  les  réglemens  de  la  Police ,'  &  les  ftatutsde 
la  Maçonnerie.  Prsfeclus  fabrûm.  lia  pour  cet  effet 
une  Chambre  ou  Jurifdidtion  dans  l'enclos  du  Pa- 
lais ,  où  il  fait  alllgncr  ceux  qui  ont  fait  des  conf- 
trudions  contre  les  règlemens  ,  &c  il  en  ordonne 
la   démolition. 

Maître  des  basses  Œuvres  ,  cft  le  nom  honnête 
qu'on  donne  aux  Cureurs  de  retraits.  Foricarius. 
Voyez  Ecureur. 

Maître  des  hautes  Œuvres  ,  eft  le  nom  honnête 
qu'on  donne  à  l'Exécuteur  de  la  haute- Juftice,  au     j 
Bourreau.  Tortor  ,  carnije.x.  f 

Maître  de  Quartier.  C'eft  le  nom  qu'on  donne 
dans  les  Collèges  ,  à  ceux  qui  ont  l'infpedion  fur 
un  certain  quartier  du  Collège  ,  &  qui  font  char- 
gés de  la  conduite  de  ceux  qui  y  logent.  Il  y  a  à  la 
Salpêtriere  J  qui  eft  l'hôpital  général  de  Paris,  des 
MaitreJJcs  de  Quartier  ,  dont  les  fondions  font  les 
mêmes  à  proportion  que  celles  des  Maîtres  de  Quar- 
tier des  Collèges. 

Quartier  Maître.  Voye^  Quartier. 

Maître  J  fe  dit  aullî  odieulement  à  l'égard  de  ceux 
qui  fe  fîgnalent  par  quelque  mauvaife  qualité.  Frau- 
dum  ,  fcelerum  ,  &c.  artifex  ,  caput.  C'eft  un  maître 
fourbe ,  un  maître  Gonin. 

Un  /naifre  Palatin  ,  un  maître  Allborum  ,  un  maître 
maraut.  Que  veut  donc  conter  par-là  ce  maître  ivrogne  î 
Mol.  Maître  fripon. 

ifT  Petit  Maître.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  un  jeune 
homme  qui  cherche  à  fe  diftinguer  par  un  air  avan- 
tageux ,  par  un  ton  décilif,  beaucoup  de  fuffifànce 
&  d'étourderie ,  en  un  mot  par  tous  les  ridicules  à 
la  mode.  Voye^  au  mot  Petit  Maître. 

Maître  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  de  la  plus  grande 
partie  d'un  écu ,  quand  le  bas  n'eft  garni  finon  d'une 
pointe  ,  qui  eft  le  même  que  le  chappé.  Trabeatus. 
Il  porte  d'argent  au  maître  ployé  ou  arrondi  de 
gueules. 

Maître  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes. 

Pour  bien  fervir  &  loyal  être. 
De  ferviteur  on  devient  maître. 

On  dit  que  les  bons  maîtres  font  les  bons  valets. 
On  dit  aulli,   tel  maître  ,   tel  valet;  pour  dire  que 
les  valets  fuivent  l'exemple  des  maîtres  ,  Se  particu- 
lièrement en  mal.  On  dit  aulli ,  qui  lert  bon  maître  , 
bon  loyer  en  reçoit.  On  dit  aufti  que  quelqu'un  a    1 
maître  ;   pour  dire  ,  qu'il  eft  au  fervice  ,  ou  dans  k    1 
dépendance    d'un    homme    puiliant  ,   &    qui  faura 
bien  le  protéger.  On  dit  aulli  par  une  façon  de  parler 
tirée  de  l'Ecriture  -  Sainte  ,  que  nul  ne  peut  fervir 
deux  maîtres  à  la  fois.   On  dit  aufîî ,  qui  a  compa-    -, 
gnon  a  maître  ;  pour  dire  ,  que  dans  une  Société  on    .' 
ne  fruroit  difpofer  de  rien  de  fon  chef.  On  dit  aufîî, 
qu'il  faut  être  compagnon  de  fa  femme  ,  Se  maître 
de  fon  cheval  ,  pour  dire  ,  qu'il  faut  traiter  douce-    j 
ment  l'un ,  &  gourmander  l'autre.  On  dit  aufll ,  que    " 
le  Charbonnier  eft  maître  en  fa  maifouj  pour  dire 
que  le  moindre  particulier  eft   maître  quand  il  eft 
chez  foi.  On  dit  aulTî  qu'on  a  pallé  maître  quelqu'un , 
quand  on  ne  l'a  point  attendu  pour  diner.  On  dit  aulîi, 
qu'un  homme  a  trouvé  fon  maître  ,  quand  il  a  trouve 
quelqu'un   plus  fort ,  plus  lavant  que  lui  j  foit  dans 


M  A  I 

le  combat ,  loic  dans  la  difpurc.  On  dit  au/îî ,  pain 
coupe  n'a  point  de  maure.  On  die  aiilii ,  c'cft  un 
maure  Sire,  un  maicre  homme;  pour  dnc  ,  c'cd  un 
homme  d'importance  ,  qui  fait  bien  le  faire  valoir. 
On  dit  auUi ,  c'ell:  la  Cour  du  lioi  Pcto  ,  où  tout 
le  monde  eft  maître.  Ce  proverbe  fe  die  de  l'allém 
blée  des  gueux  qui  lont  tous  égaux.  On  l'appelle  la 
Cour  du  Roi  Peto  ,  parce  que  tous  vivent  de  men 
dicité  <?i  que  le  mot  Latin  Peto,  (ignitie  mendier, 
demander.  On  dit  aulll ,  il  fait  bon  être  maître  ,  on 
ell  valet  quand  on  veut.  Efl:  hardi  qui  a  bon  maître. 
Les  apprentifs  ne  lont  pas  maîtres  ,  pour  dire  qu'il 
ne  faut  pas  attendre  beaucoup  de  ceux  qui  ne  font 
que  commencer. 
^3"  Maîtresse,  1.  f.  Ce  mot  a  prefque  toutes  les  ac- 
ceprions  de  maître.  Rome  étoit  la  maitreJJ'e  de  l'u- 
nivers. Dame  &  maitrejfe  d'une  Paroillb,  d'une  Terre, 
d'un  Château.  MaitreJJe  du  logis,  d'une  hôtellerie. 
Maitrejje  de  (es  paillons.  P'ave^  Maître. 

On  appelle  Maitreffe  d'école ,  MaitreJJe  des  No- 
vices ,  celle  qui  enleigne  dans  une  École  ,  ou  qui 
gouverne  des  Novices. 

On  appelle  auJîî  Alaitrejfe  ,  les  femmes  qui  ont 
des  Lettres  de  maîtrife  pour  certains  métiers.  Mai- 
treffe  Lingère  ,  &:c. 
Maîtresse.  Principale.  Maitrejfes  allées.  Jardins  de 
propreté.  |JCF  On  appelle  la  pièce  principale  d'une 
machine  -,  la  MaitreJJe  pièce.  Maitrejfe  conduite  des 
eaux,  c'eft  la  conduite  principale  qui  fournit  à  plu- 
1^1  lieurs  branches  j  &  dans  laquelle  il  pailè  autant 
d'eau  que  dans  toutes  les  autres  branches  auxquelles 
elle  en  diftribue. 

On  dit  auill  une  maitrejfe  femme  ;  pour  dire  ,  une 

femme  habile,    qui  lait  gouverner  fa    famille  ,   les 

aftaires  de  la  mailon  ;  qui  eft:  intelligente  ,  ferme  & 

■    rélolue  :  qui  lait  faire  valoir  Ion  autorité.  Domina  , 

hera  inteUigens ,  gnara. 

On  dit  particulièrement  maitrejfe  j  d'une  fille  qu'on 
recherche  en  mariage.  Il  a  tait  de  beaux  préfens  de 
noces  à  (a.  MaitreJJe  ,  à  fon  accordée.  Amajlapuella  , 
[    amata. 

On  le  dit  aulîi  en  général  d'une  perfonne  pour 
qui  l'on  a  de  l'attachement  &  de  l'amour  :  J'adore 
une  Maitrejfe  cruelle  &  impitoyable.  Les  Poètes  ont 
d'ordinaire  une  Maitrejfe  Poétique ,  qui  leur  fert  de 
lujct  à  dire  tout  ce  qui  leur  plaît.  Bay.  C'eft  ce  que 
les  Italiens  appellent  faire  l'amour  à  la  façon  de 
Pétrarque.  Petrachevolmente.  Flatter  tous  les  caprices 
&  toutes  les  bizarreries  d'une  Maitrejfe.  S.  EvR. 
Cléopatre  Reine  d'Egypte  étoit  la  Maitrejfe  de  Marc- 
Antoine  ;  &c  elle  le  charmoit  par  la  nouveauté  des 
plaifirs  qu'elle   lui  préfentoit  tous  les  jours.  Citri. 

1      Nous  n'avons  qu'un  honneur ,  il  eji  tant  de  Maitreires. 

Corneille. 


i 


J'ignore  ce  grand  art  qui  gagne  une  Maitrefle. 

BoiLEAU. 

Accabler  l'Amant ,    8c  la  Maitrefe.  Rac.  Les  efpé- 
rances  d'un   Amant   font   quelquefois  injurieufes  à 
une  Maitreffe.  M.  Scud. 
Maîtresse  ,  te  dit  encore  de  tout  ce  qui  nous  occupe, 
de  tout  ce  qui  nous  domine.  Domina». 

Charmante  liberté. 
Soye^  à  l'avenir  mon  unique  Maitreire.  M.  Scud. 

[MAITRISE,  f  f.  Dignité  j  ou  charge  qui  donne  la 
qualité  de  Maître.  Dominatus  ,  imperium,  dttio ,  ju- 
nfdiclio.  La  grande  Maîtrife  de  l'Ordre  de  Malte ,  de 
Calatrava,  &c.  (ont  des  dignités  éledtives. 

On  le  dit  particulièrement  des  Sièges  des  Eaux  & 
Forêts  ,  iJc  de  leurs  Officiers.  Il  y  a  un  procès  pendant 
c;i  la  Maîtrife  de  Bourges.  Cette  forêt  eft  dépendante 
de  la  Maîtrife  de  Rouen.  Il  y  a  tant  d'Ofnciers  en 
cette  Maîtrife.  Il  eft  pourvu  de  la  grande  Maîtrife  des 
Eaux  &:  Forêts  d'une  telle  Généralité.  flCF  Les  gran- 
des Maîcrlfcs  font  les  départemsns  des  Grands  Mai- 


MAI  7J7 

très.  Lc%  Maitrifes  particulières,  font  le  territoire  de 
chaque  Maure  particulier. 

CC7' Maîtrise  des  Eaux  ik  Forets,  eft  une  Jurifdidion 
qui  connoît,  en  picmière  initancc  ,  des  bois,  des 
nvièifs,  ruilFeaux,  chaftc,  pèche,  &c.  tant  au  civil 
qu'au  criminel. 

Maîtrise,  parmi  les  Artifansjfe  dit  de  h  qualité  qu'on 
acquiert ,  quand  on  eft  reçu  Maître  dans  quelque 
Corps.  Magijlri  titulus.  On  fait  fùre  un  chef-d'œu- 
vre aux  a(pirans  à  la  Maîtrife.  Les  veuves  jouHlènt 
du  privilège  de  la  maîtrife.  Les  Maîtrifes  jurandes 
étoient  une  belle  invention  de  Police,  quand  elles 
ont  été  établies  par  l'Ordonnance  de  Fançois  I  ;  main- 
tenant ce  n'eft  que  cabale,  ivrognerie  è^  monopole. 
Les  lettres  de  Maîtrife. 

Maîtrise,  fe  dit  dans  les  Cathédrales  8c  les  Collégia- 
les, du  logement  deftiné  aux  enfans  de  chœur  8c  à 
leur  maître. 

MAITRISER.  V.  a.  Gouverner  avec  une  autorité  abfo^ 
lue  ,  commander  en  maître.  En  parlant  des  pallions  , 
c'cft  les  vaincre ,  les  dompter.  Imperare ,  imperium 
exercere  ;  regere  imperio  ,  dominari ,  domare ,  vincere  y 
fuperare.  Les  Grecs  &c  les  Romains  ont  eu  de  la  peine 
à  te  laiirer  maîtrtfer  par  les  Empereurs.  Cet  homme 
veut  maîtrifer  par-tout  où  il  eft.  Agricola  reçut  de  la 
Fortune  le  privilège  de  ne  fe  point  entier  de  (es  prol- 
péritésjde  (avoir /72a/fri/lT la  Fortune.  M.  Esp.  L'or- 
gueil gouverne  &  maîtrife  l'homme.  Id.  Cette  fem- 
me impérieufe  fur  elle  même,  maîtrife  fon  cœur  par 
raifon.  S.  EvR .  La  colère  met  le  délordre  dans  les 
di(cours  de  ceux  qu'elle  maîtrife.  M.  Esp. 

Tu  l'emportes.  Amour,  je  cède  à  ta  puijfance  : 
Tu  maïtriles  enfin  ma  raifon  &  mes  Jens. 

La  Suse. 

La  France  fous  tes  loi.x  maîtrife  la  Fortune. 

BoiL. 

MAÎTRISÉ,  ÉE.  part. 

MAITOS ,  MADYTO.  Macidos ,  Madytos.  Nom  d'un 
ancien  bourg  de  la  prel'qu'île  de  la  Romanie,  litué  fur 
le  détroit  des  Dardanelles,  entre  Gallipoli  8t.  Sefto. 
Maty. 

MAJUME.  f.  f.  Nom  d'une  fête  que  les  Romains  célé- 
broient  le  premier  jour  de  Mai  ,  en  l'honneur  de 
Mâïa  ,  ou  de  Flore.  Majuma.  La  majume  fut  établie 
par  l'Empereur  Claude.  C'étoit  la  même  fête  que  les 
Florales  ,  à  cela  près  qu'elle  étoit  moins  la("cive  8c 
moins  criminelle.  Elle  fe  célèbroit  avec  beaucoup  de 
magnificence  &  de  dépente  en  feftins  &  en  offran- 
des ,  comme  il  paroît  par  l'ouvrage  de  Julien  appelé 
Mifopogon.  Cette  fête  dégénérant  dans  les  anciennes 
impuretés  qui  s'y  commettoient ,  le  Concile  in  Trullo 
la  défendit.  Arcadius  &  Honorius  la  permirent  de 
nouveau,  mais  avec  beaucoup  de  précautions,  l'an- 
née première  de  leur  Empire;  le  Code  en  fait  foi, 
L.  II.  T.  4S'  mais  quatre  ans  après  elle  fut  abolie 
par  les  inftances  de  S.  Jean  Chryloftôme.  Les  mêmes 
Auguftes  la  défendirent  encore  en  390.  Cependant  il 
y  a  de  l'apparence  qu'elle  fut  encore  continuée  en 
quelques  lieux ,  en  retranchant  toutes  les  impuretés 
qui  avoient  été  caufe  de  fes  défenfes.  La  Majume 
étoit  une  fête  toute  de  débauche  &  de  licence. 
TiLLEM.  Emp.  T.  IV.  p.  4.3c.  On  écrit  que  cette  fête 
de  Majume  fe  faifoit  originairement  fur  le  Tibre  & 
fur  le  bord  de  la  mer,  d'où  elle  s'étoit  répandue  dans 
les  Provinces  de  l'Empire,  8c  qu'elle  a  tiré  fon  nom 
du  mois  de  Mai ,  auquel  elle  fe  célèbroit ,  ou  des  eaux 
qu'on  nomme  maiumes  en  Syriaque  ,  parce  qu'on 
voit  qu'elle  fe  célèbroit  à  Daphné  8c  en  d'autres 
lieux  ,  où  il  y  avoit  beaucoup  d'eau.  Elle  duroit  fept 
jours.  Id.  p.  440.  Voyez  Suidas,  Baronius  à  l'an 
399.  n.  ^2  8c  JJ.  Godefroi  fur  le  Code  Théod.  T. 
V.  p.  3  (S ,  3SP,  8cc. 

Bouche  ,  dans  l'on  Hifloire  de  Provence  ,  dit  que  la 
fête  de  la  Maie  ,  qui  fe  f\iit  en  pludeurs  villes  de  cette 
Province,  eft  un  refte  de  la  Majume. 

MAJUSCULE,  adj.  de  t.  g.  fouvent  employé  fubftanti- 
vement.    Vs  de  ce  mot  fe  prononce  ;  il  fe  dit  des 


yjg  M  A  K 

grandes  lettres  oii  capitales.  Majufcula  Ihcra.  Il  faut  1 
écrire  fe  titre  de  ce  chapitre  en  lettres  majufcules. 
Les  noms  propres,  les  premiers  mots  d'une  période 
ou  d'un  vers  ,   doivent  commencer  par  une   lettre 
majuJcuU.  îl  y  a  dans  ce  Didionnaite  des  mots  écrits 
en  grandes  majufcules ,  à' s.wzie.s  en  petites  majujcuUs. 
Il  paroît,  par  cet  exemple,  que  quoique  majufcuk 
fignifie  proprement  la  grandeur  du  caradère  ,  il  ne 
fe  prend  pourtant  pas  pour  la  grandeur ,  mais  pour 
la  forme  du  caradtcre;  car  il  y  a  des  majufcuks  plus 
petites  que  certaines  qui  ne  tout  pomt  majuJcuUs  ; 
par  exemple,  que  du  gros  canon i  mais  la  torme  ell 
toujours  différente.  A,  B,  C,  D,  E,   F    d-c.  font 
.majuJtules,Si  a,  b,  c,  d,  e,  f ,  <S'c  ,  ne  le  font  pomt. 
Il  y  a  des  langues,  comme  l'Hébreu  ,  le  Syriaque, 
l'Arabe ,  &c.  où  les  majufcules  ne  diftérent  que  par 
leur  grandeur ,  &C  nullement  par  leur  forme, 
MAJUSCULE,  f.  m.  Nom  d'une  dignité  eccléhaftique. 
Majufculus.  C'eft  dans  quelques  églifes  une  dignité 
qui  répond  à  celle  de  Chantre. 
îvIAIXENCE.  f.  f.  Nom  de  femme.  Maxencia.  L'hil- 
toire   de  Sainte   Maisence    paroît  fabuleulé.    Il  ell: 
pourtant  certain  que  dès  le  VII*  fiéck  ,    fon  corps 
étoit  honoré  dans  l'île  de  France  ,  en  un  heu  litue 
près  de  Verneuil  &    de  Liancourt  ,    fur    la  rivière 
d'Oife  ,  &  qu'on  nomme  Pont  Sainte  Maixence  j  ou 
Maxence ,  comme  portent  quelques  Chartes.  SanclA 
Maxenûm,  pons.   On  prononce  communément  Pont 
Saint  Maixent,  quoique  ce  foit  de  Sainte  Maixence 
qu'il  a  tiré  fon  nom. 
MAIXENT.  f  m.   Nom  d'homme.  Maxenûus.    Pro- 
noncez Maicent,  ou  MeJJenc.  Saint  Maixencézoh  de 
la  ville  d'Agde ,  dans  la  Gaule  Narbonnoife ,    que 
nous  appelons  aujourd'hui  le  Languedoc.  Il  reçut  au 
baptême  le  nom  d'Adjuteur  ,  qu'il  garda  jufqu'à  ce 
qu'il    changea  de  pays  Se  de    genre   de  vie.    Saint 
Maixent  étoit  d'une  noblellé  dlftinguée.  S.  Maixent 
vint  en  Poitou ,  attiré  par  la  réputation  de  Saint  Hi- 
laire,  que  la  mort  n'avoit  point  diminuée.  Il  fe  mit 
fous  la  conduite  de  S.  Agapit,  Abbé  ;  &  après  67  ans 
d'une  vie  pleine  de  vertus  &:  de  mérites,  il  mourut  le 
16  de  Juin  vers  l'an  j  i  j  ,  &  fut  enterré  dans  Ion  Mo- 
naftère,  qui,  du  tems  de  S.  Grégoite ,  s'.ippeloit  de 
fon  nom ,  la  Cellule  de  S.  Maixent.  Voyez  les  Bol- 
landiftes  ,  Acla  Sancl.  Juin.  T.  F.  p.  269  &  fuiv. 
Mabillon,/ic.  /.  J.  p.  S^S.  Baillet,  au  26  de  Juin. 
Il  ne  faut  dire  iVfji.vj/2f  qu'en  parlant  de  ce  Saint,  & 
des  chofes  qui  portent  (on  nom.  En  parlant  des  au- 
tres qui  ont  porté  en  Latin  le  nom  de  Maxentius,  il 
faut  dire  Maxence. 
S.  Maixent.  Nom  d'une  petite  ville  de  France.  Fa- 
num  S.   Maxentii.  Elle  eft  dans  le  Poitou  j  fur  la 
Seure  Niortoilé  ,  à  quatre  lieues  au  dellus  de  Niort. 
Il  y  a  dans  S.  Maixent  une  Abbaye,  un  Siège  Royal , 
&  une  Eleftion. 
S.  Maixent.  Nom  d'un  Monaftère  fondé  en  Poitou 
par  le  Saint  dont  on  vient  de  parler.  Sancii  Maxen- 
tii  monaftcrium  ;  Ce  l  lui  a  S.  Maxentii  ;  Ccuiobium 
Sancii  Maxentii.  Il   fe  forma  bientôt  autour  de  ce 
Monaftère   une  ville  qui  porte  le  même  nom.  Ce 
lieu  eft  dans  le  Diocèfe  de  Poitiers,  fur  la  Seure  Nior- 
toife.  Voyez  Val.  Not.  Gall.  p.  32  j. 
MAIZZI.   f.  m.  Terme  de  Calendrier.   Nom  du  cin- 
quième mois  des  Arméniens,  il  répond  au  mois  de 
Mai.  Ce  mot  vient  de  mains. 

M  A  K. 

MAKÉLAER.  f.  m.  Terme  de  Commerce.  C'eft  à  Am- 
fterdam  ce  que  nous  appelons  en  France  Courtier , 
ou  Agent  de  change.  Trape^ita. 

MAKERAN,  MACRAN.  Nom  d'une  partie  du  Kher- 
man  ,  en  Perfe.  Macrama.  Ce  pays  eft  borné  au 
couchant  par  le  Herman  propre  ,  au  levant  par  le 
Send  ,  &•  au  nord  par  le  Sififtan  i  la  mer  le  baigne 
au  midi.  Il  a  fon  Prince  particulier ,  tributaire  de  la 
Perfe,  &  fes  villes  principales  font  Makcran  ,  capi 
raie  de  Firk  ,  Kambélc ,  Bilguri ,  Darci ,  Rafée  ,  &c 
Guadel.  M.\Ty. 


MAL 


MAL. 

MAL.  f.  m.  §C?Ce  terme  dans  le  langage  ordinaire  s'ap- 
plique à  une  fenfation  qui  fait  fouftrir  :  mais  on  en 
fait  un  terme  vague,  auquel  on  attache  diftérentes 
idées.  Quelquefois  on  en  fait  un   terme  fynonyme 
de  douleur.  C'eft  ainfi  qu'on  dit  mal  de  tête  ,  mal  de 
dents.  Quelquefois   on  s'en  fert  pour  exprimer  un 
TOt7/-aife,un  état  plus  incommode  que  douloureux, 
C'eft  dans    ce    lens    qu'on  dit  des  maux  de  cœur, 
des  maux  d'eftomac.  Souvent  il  ne  dél^gne  qu'une 
afteétion  indéterminée.  C'eft  ainfi  qu'on   dit  qu'on 
a  mal  à  la  jambe.  Souvent  auili  il  eft  fynonyme  de 
maladie.  C'eft  ainfi  qu'on  dit ,  mal  caduc  j  mal  de 
Naples ,  mal  de  Siam.  Dolor ,  morbus.    L'homme 
eft  lujet  à  une  infinité  de  maux.  Souftrir  les  maux 
patiemment  ,   eft  tout  ce  que    peut  faire  la  vertu  ^ 
mais  elle  ne  rend  point  infenlible.  S.  EvR.  Le  plus 
grand  fecrct  de  la  Médecine  ,  c'eft  de  connoître  d'où 
vient  le  mal ,  la  caufe  ,  la  fource  de  l'infirmité.  Les 
vieux  maux  ,   les  maux  invétérés  ,   font  incurables. 
Le  mal ,  la  douleur  qu'on  tait  foutfrir  à  ceux  à  qui 
on  donne  la  queftion  ,  leur  arrache  la  vérité.  Cette 
viande  fait  mal  à  l'eftomac  ;  y  caufe  quelque  indi- 
geftion. 
Mal  des  Ardens.    J^oye'^  Ardens.  Mézeray   appelle 
aulîi  Mal  des  Ardens  ,  ce  qu'on   appeloit  autrefois 
Lues  inouinaria ,dom  nos  Rois  guériftoient.  Foye'^lz 
règne  de  S.  Louis,  T.  I.  p.  6 ^6. 
Mal  des  Ardens.  On  a  donné  ce  nom  à  l'éryfipèie,' 
ou  à  une  fièvre  éryhpélateufe  ,  accompagnée  d'une 
chaleur  ardente.  Cette  maladie  a  donné  lieu  autre- 
fois au  miracle  de   Sainte    Geneviève  des  Ardens, 
l'an  II  30.  fous  le  règne  de  Louis  VII. 
Mal-d'aventure  ,  eft  un  petit  apoftême  qui  vient  au 
bout  du  doigt,  caufé  par  quelque  piqmlre,  ou  blet- 
fure  ,  ou  un  panaris.  Paronichia ,  ad  imum  ungucrn 
abfcejfus. 
Mal  CADUC  ,   qu'on  appelle  autrement  le  haut  mal , 
ou  populairement  le  mal  de  S.  Jean  ,  eft  l'épilepfie  , 
qui    attaque    le    cerveau  ,    &c  trouble  le  jugement 
Alorbus  comitialis  ,  epilepjîa  ,  Morbus  Lunaticus  ,  ou 
Herculeus.  Voyez  Caduc j  &  Danse  de  S.  Jean, 
au  mot  Jean, 
Mal  contagieux,  eft  celui  qui  fe  communique,  ou 
par  l'attouchement  d'une  perfonne  infeûée  ,  ou  par 
la  refpiration  de  l'air  corrompu  j  comme  la  pelle, 
la  vérole ,  la  lèpre.  Lues. 
Mal  d'armée.  C'eft  une  forte  de  maladie  contagieufe 
qui  règne  dans  une  armée ,  &:  qui  eft  caufée  par  les 
fatigues  &   par   la  mauvaife  nourriture.  Cajirenfis 
morbus ,  lues. 
Mal   de  c<eur  ,  eft  un  foulèvement  de  cœur  qui  eft 
caufé  par  quelque  dégoût.  Cordolium.  Ce  qui  le  dit 
aulli  au  figuré  ,  du  deplaihr  qu'on  a  en  voyant  faire 
une  chofe  pour  laquelle  on  a  de  l'avcrfion. 
Mal    d'enfant,  c'eft  le  travail  d'une  femme  qui  ac- 
couche. Parturientis  dolor.  Mal  de  tête  ,  c'eft  la  nii- 
graine  ;  mal  de  ventre  ,  la  colique. 
Mal  s.  Jean.  Comitialis  morbus.  C'eft  la  même  chofe 

que  le  haut  mal ^  l'épileplie. 
Mal  Saint  Main.   C'eft  la  gaJle  ,  ou  la  lèpre.  EU' 

phantiajis ,  pfora  ,  lepra. 
Mal  de  Mer  ,  eft  un  foulèvement  de  l'eftomac  qui 
fait  aller  par  haut  &  par  bas  ceux  qui  ne  font  pas 
accoutumés  à  la  mer.  Naufea.  On  l'attribue  au  lou-, 
lis  ou  mouvement  du  vaillcau. 
Mal  de  Mère.  C'eft  une  fuftocation  dont  les  Anciens 
attribuoient  la  caufe  à  des  vapeurs  malignes  qui  s'é- 
lèvent de  la  matrice  ,  ou  à  ia  matrice  même  qui  mon- 
te vers  les  parties  fupérieures,  &  qui  empêchent  la  ref- 
piration. Hyflericus  dolor.  On  l'appelle  autrement 
pajjion  hyjiérique.  Voyez  HYSrÉRiQ.uE. 
Mal  de  Naples.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  en  France 
à  la  vérole,  à  caufe  que  les  François  l'apportèrent 
autrefois  du  Siège  de  Naples.  Morbus  Neapolitanus , 
venereus  ,  lues  vencrea.  Les  Italiens  l'appellent  au 
contraire  le  mal  François  ,  il  mal  Francefe.  Le  pre- 


II 


MAL 

niiei  nom  que  les  Efpagnols  lui  ont  donné  eft  la 
maladie  de  S.  Job ,  ik  maintciiant  farnadi  Indïas. 
On  l'appelle  aullî  le  vilain  mal ,  ou  la  maladie  véné- 
rienne ,  ou  abfolument  le  mal.  Le  commerce  avec 
les  femmes  débauchées  donne  du  mal. 

Mal  de  Rate  ,  eft  une  maladie  dont  on  attribue  or- 
dinairement la  caufe  à  des  vapeurs  que  la  rate  en- 
voie au  cerveau.  Splcnicus   dolor. 

Mal  de  Saint.  C'eit  ainll  que  l'on  appelle  les  mala- 
dies auxquelles  la  Médecine  ne  peut  apporter  du 
remède.  C'efl  un  mal  de  Saint  ;  pour  dire  ,  C'eftun 
mal  qui  ne  peut  être  guéri  que  par  les  Saints.  C'elt 
ainfi  que  le  peuple  appelle  le  haut  mal. 

Mal  de  sein.  Foye^  Danse  de  S.  Jean  ,  au  mot 
Jean. 

Mal  de  Siam.  Maladie  contagieufe  ,  qui  fc  fait  (In 
tir  dans  les  îles  de  l'Amérique.  On  l'appelle  Mal  de 
Siam:,  parcs  qu'il  a  été  apporté  de  Siam  par  un  Na- 
vire François  nommé  lOriHamme.  Les  lymptômes 
de  cette  maladie  font  diftcrens ,  fuivant  les  tempe 
ramens  de  ceux  qui  en  font  attaqués.  Elle  cominen- 
ce  ordinairement  par  un  grand  mal  de  tête  &  de 
reins  ,  qui  font  fuivis  tantôt  d'une  grollè  fièvre  ,  Se 
tantôt  d'une  Hèvre  interne.  Ordinairement  on  vomit 
du  fang ,  &  fouvent  il  en  exfude  de  toutes  les  par- 
ties du  corps  j  &  quelquefois  même  par  les  pores. 
On  rend  quelquefois  d.es  vers  par  haut  &  par  bas. 
Il  paroît  à  quelques  uns  des  bubons  fous  les  aillel- 
les  &  aux  aînés ,  dont  les  uns  font  pleins  de  feng 
caille ,  noir  Se  puant ,  &  les  autres  pleins  de  vers. 
■  Cette  maladie  emporte  les  gens  en  fept  ou  huit 
jours.  Quand  elle  dure  plus  long  temps,  on  eft  pref- 
que  sûr  d'en  réchapper.  On  a  vu  des  gens  attaqués 
de  ce  mal  ne  fentir  qu'un  léger  mal  de  tête,  &  tom- 
ber morts  dans  les  rues  :  &  prefque  tous  avoient 
la  chair  noire  ,  &  aullî  pourrie  un  quart-d'heure  après 

,  être  expirés  ,  que  s'ils  eulfcnt  été  morts  depuis  qua- 
tre ou  cinq  jours.  Les  maux  de  tête  &  de  reins 
font  les  fymptômes  les  plus  ordinaires  du  mal  de 

•  Siam.  Le  P.  Labat.  La  Maladie  contagieufe  appelée 
Je  Mal  de  Siam  fait  fortir  à  certains  fujets  le  fang 
par  toutes  les  ouvertures  du  corps  fenlibles  ou  in- 
fenfibles.  Aliot  de  Mulay. 

Mal   de  terre.  C'eft  le  fcorbut.  Voye'^  Scorbut. 

Mal  subtil  ,  en  termes  de  Fauconnerie;  c'eft  la  prin- 
cipale maladie  des   oifeaux ,  qui  eft  une  efpèce  de 

.  phthifie  ou  catharre  qui  leur  tombe  dans  la  mulette , 
&  empêche  la  digeftion ,  &  qui  les  tait  mourir  mai- 
gres. Avium  phthijis. 

Mal  j  fe  :iit  aullî  de  ce  qui  approche  de  la  douleur  , 
&  fignitie  Déplaifir  j  peine  ,  fatigue  ,  aftliétion.  Ma- 
lum,  miferia  ,  tadium ,  pcena.  L'efclavage  eft  le  plus 
grand  de  tous  les  maux.  Avec  un  peu  de  raifon  on 
goûte  doucement  les  biens ,  ôc  on  s'accommode  pa- 
tiemment aux  maux.  S.  EvR.  La  mort  n'eft  point  au 
nombre  des  maux  que  la  prudence  apprend  à  éviter. 
CosTAR.  Dans  la  compallîon  que  nous  avons  pour 
les  7naux  d'autrui ,  il  y  a  une  léHexion  fecrètc  fur 
nous-mêmes  ,  par  laquelle  nous  nous  regardons  com- 
me pouvant  fouffrir  les  mêmes  maux.  Nie.  Il  faut 
tâcher  de  le  dérober  à  foi  même  la  connoilTancc  de 
fes  propres  maux.  S.  EvR. 

A  raconter  fes  maux  fouvent  oa  fe  foulage. 

Corn. 

I         Souvent  de  tous  nos  maux  la  raifon  efl  le  pire, 
\  Boil. 

Quoiquà  peine  à  mes  maux  /e  puijfe  refjler  j 
J'aime  mieux  les  fouffrir,  que  de  les  mériter. 

Corn. 

On  a  fouffert  bien  du  mal  durant  ce  fiège.  On  aura 
bien  du  mal  à  prendre  ce  prifonnier.  Un  Amant  a 
bien  du  mal  à  quitter  ce  qu'il  aime.  Ces  deux  der- 
nières façons  de  parler  ne  font  plus  en  ufige.  Il  faut 
dire-,  on  aura  bien  de  la  peine  à  prendre  ce  prifon- 
nier. On  a  bien  de  la  peine  à  quitter  ce  qu'on  aime. 


MAL  7J9 

Mal,  /ignifie  aulli  ,  Perte,  ruine,  dommage  qu'on 
(oiiHie.  Damnum  ,  detrimentum  ,  pernicies  ,  calami- 
tas.  Le  débordement  de  la  rivicre  a  caufé  bicii  du 
mal  à  cette  Province,  a  caufé  de  grandes  ruiuei. 
Ce  chicaneur  nous  fiit  tout  le  mal  qu'il  a  pu  ima- 
giner. Tout  le  mal  eft  fiit ,  il  n'y  a  point  de  remè- 
de. Il  y  a  des  gens  qui  ne  cherchent  à  s'élever  que 
pour  le^  rendre  coniidérables  par  le  mal  qu'ils  peu- 
vent faire.  Saint  Real.  Les  Paycns  avoient  imagi- 
né deux  Puillànces  ennemies  &  oppofées  ,  dont 
l'une  failoit  le  bien  ,  S:  1  autre  h  mal  ;  parce  qu'ils 
ne  poiivoient  concevoir  que  les  biens*&  les  maux 
coulallent  d'une  même  fource.  Ils  adoroient  la  Di- 
vinité bicnl-ailante  ,  ik  trembioicnt  fous  le  redouta- 
ble empire  du  Dieu  qui  verfoit  les  maux  fur  -les 
hommes. 

IJCF Mal  ,  douleur.  Le  plaifir  eft  toujours  l'oppofi  de  !  i 
douleur.  Se  le  bien  l'eft  du  mal.  Voyez  au  mot 
Douleur  les  nuances  qui  diftinguent  ces  deux  mots 
conhdérés  comme  lynonymes  ,  c'elt  à  dire  ,  dans  le 
lens  où  ils  marquent  une  forte  de  fenfation  difgia- 
cieufe  qui  fait  fouftrir. 

î^  On  dit ,  par  lentence  philofophique ,  que  la  mort 
n'eft  pas  un  mal ,  mais  que  la  douleur  en  eft  un. 

0CF  Mal  ,  en  morale  ,  défigne  ce  qui  eft  contraire  au 
bien.  Il  n'y  a  point  de  bien  fans  quelque  mélange  de 
mal. 

V^  On  le  dit  particulièrement  des  mauvaifcs  aétions , 
du  vice  ,  &  de  tout  ce  qui  eft  contraire  à  la  vertu  , 
&  à  la  droite  raifon  :  auquel  lens  le  mot  de  mal  n'a 
point  de  pluriel.  Mahmi  ,  vitium,  La  plupart  des^ 
gens  ont  une  pente  ,  une  inclination  au  mal.  Notre 
repos  coniifte  à  ne  point  faire  de  mal  :  les  méchans 
mènent  une  vie  pleine  de  troubles  :  ils  ont  autant 
d'inquiétudes  qu'ils  font  de  mal.  S.  EvR.  Fuyez  le 
mal:,  &  faites  le  bien.  Arn.  Quel  mal  y  a  t-il 
d'aller  dans  un  champ  ,  &  de  s'y  promener  en  at- 
tendant un  homme?  Pasc.  Les  Philofophes  ont  fort 
dilputé  pour  favoir  ,  quelle  eft  la  caufe  &  l'origine 
du  mal.  De  caufâ  ,  de  naturâ  ,  de  origine  mali.  Mâ- 
nes apporta  de  la  Perfe  l'opinion  des  deux  Princi- 
pes, dont  l'un  fait  le  mal ,  &  l'autre  le  bien.  Tertul  ' 
lien ,  qui  tomba  dans  les  erreurs  des  Manichéens , 
fait  allez  comprendre  la  difficulté  par  ce  raifonne- 
ment  :  Ou  Dieu ,  dit-il  ,  n'a  pu  empêcher  le  mal , 
ou  il  ne  l'a  pas  voulu.  S'il  ne  l'a  pu  ,  c'eft  un  Dieu 
foible  &  impuillant  ;  s'il  ne  l'a  pas  voulu  ,  il  en  eft 
l'auteur:  car  pourquoi  a-t-il  permis  le  mal,  s'il  ne 
le  vouloit  pas;  ôc  s'il  ne  le  vouloir  pas,  pourquoi 
y  at  il  conienti  ;  Il  faut  que  le  mal  arrive,  ou  par 
fa  permillîon,  ou  par  fon  impullfance  ;  &  l'un  ou 
l'autre  de  ces  deux  lentimens  annéantit ,  ou  la  toute- 
PuilTimce  ,  ou  la  bonté  de  Dieu.  S.  Auguftin  ,  Se 
après  lui  les  Théologiens ,  répondent  à  ces  argumens , 
6c  il  n'eft  pas  lî  difficile  de  le  faire ,  que  certaines 
gens  le  prétendent. 

On  attribue  à  Edouard  IIL  la  devife  de  l'Ordre  de 
la  Jarretière.  Flonni  foit  qui  mal  y  penfe.  On  dit  fa- 
milièrement ,  mettre  une  lemme  à  mal ,  la  débau- 
cher. 

Mal,  fe  dit  aulîî  de  ces  troubles  ,  de  ces  agitations, 
que  l'amour  caufe. 

L'amour  ejî  un  mal  agréable  , 

Dont  mon  cœur  ne  peut  pas  guérir  ; 

Mais  quand  il  ferait  guérijfable  , 

Il  eft  bien  plus  doux  d'en  mourir.  M.  Scud, 

Mal  ,  fe  prend  aulfi  pour  les  défauts ,  les  imperfec- 
tions ,  foit  du  corps  ,  foit  de  l'cfprit  ,  que  la  médi- 
fance ,  ou  la  iatyre  découvre  aux  yeux  du  pubhc.  Il 
a  dit  de  lui  tous  les  maux  du  monde.  Sitôt  qu'il 
eft  en  compagnie  ,  il  fait  tomber  la  converfation  fur 
le  mal  qu'il  fait  du  prochain.  Après  la  mort  du 
Cardinal  de  Richelieu  ,  Corneille  fit  ces  quatre 
vers; 

Qu'on  parle  bien  ou  mal  du  fameux  Cardinal , 
Ma  profe  ni  mes  vers  n'en  diront  jamais  rienj 


7^0 


MAL 


//  m'a  trop  fait  de  bien  pour  en  dire  du  malj 
//  m'a  trop  fait  de  mal  pour  en  dire  du  bien. 

Corn. 

Le  mal  qu'on  du  d' autrui ,  ne  produit  que  du  mal. 

BoiL. 

On  dit ,  Vouloir  du  mal  à  quelqu'un  i.pour  dire  , 
le  haïr  ,  lui  fouhairer  quelque  malheur ,  quelque 
fujec  d'afflidion,  quelque  perce.  Odijfe ,  odw  proje- 
qui.  Si  je  vous  veux  du  mal ,  qu'il  me  puille  arriver. 
Regn.  §3°  Vouloir  du  mal  eft  une  exprelliou  tout  à- 
fait  Bourgeoife.  En  PocfiCj  c'ell  une  expreflion  de 
Comédie. 

On  dit ,  Tourner  une  chofe  en  mal ,  l'expliquer 
en  mal  ;  pour  dire  ,  lui  donner  un  mauvais  lens. 
In  malam  partent.  Et  prendre  une  choie  en  mal  ; 
pour  dire  s'en  oftenfcr.  Cet  homme  elT;  incommo- 
de j  il  s'otfcnfe  de  tout,  il  prend  tout  en  ot^î/. 

Mal,  lignifie  quelquefois ,  danger  ,  auquel  on  s'expo- 
fe  y  en  failant  quelque  chofe  ;  inconvénient.  Peri- 
■culum,  difcrlmen.  Il  n'y  a  point  de  mal  de  donner 
ce  foir  un  petit  remède  à  ce  malade.  Si  on  le  laille 
un  peu  manger ,  il  n'y  a  pas  grand  mal.  Nihil  eft 
incommodi ,  nihil  vetat. 

^Ial  ,  fe  dit  aulli  adverbialement.  Malè  ,  perverse  , 
perj-'eram.  C'ell  un  grand  homme  mal  tàiC,  mal  bà- 
tj.  Il  y  a  des  mots  qui  fonnent  mal  aux  oreilles.  On 
Juge  fon  procès  ,  mais  l'affaire  va  mal  pour  lui. 
Ce  Courtifan  n'eft  ni  bien  ni  mal  à  la  Cour.  On  dit 
'  aulllj  qu'un  homme  marche  mal,  qn'ïl  danCc  mal , 
-qu'il  écrit  ma!  ;  pour  dire  ,  qu'il  fait  ces  chofes  de 
mauvaife  grâce ,  qu'il  ne  lait  pas  bien  les  faire.  On  dit 
aullî ,  qu'un  homme  (e  porte  mal  ;  pour  dire  j  qu'il 
eft  malade.  Oii  dit  aulli ,  ils  font  mal  eufemble  : 
On  m'a  mis  mal  avec  lui  :  Il  vous  lied  mal  de  fou- 
tenir  une  telle  propohtion. 

Mal  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Mal  fur 
mal  n'eft  pas  fanté ,  en  parlant  de  plulieurs  intortu- 
îies  &  aftlidions  qui  arrivent  coup  fur  coup.  On 
dit  aulli  ironiquement  &:  en  contre-(ens  ,  Mal  lur 
mal  eft  fanté  ,  par  une  méchante  équivoque  ,  en 
ce  qu'il  n'y  a  point  de  T,  en  ce  ces  trois  mots  ; 
comme  fi  on  difoit  fans  T.  On  dit  aulli ,  le  mal 
d'autrui  n'eft  que  fonge;  pour  dire,  qu'on  n'en  eft 
pas  li  vivement  touché  que  diâ  iîen  propre.  On  dit 
aulli  d'un  remède  ,  ou  d'une  chofe  indiftérente  , 
C'eft  de  l'onguent  miton-mitaine,  qui  ne  tait  ni  bien 
ni  mal.  On  dit  au(H ,  qu'on  eft  tombé  de  fièvre  en 
chaud  mal  ;  pour  dire  ,  d'un  petit  accident  en  un 
plus  grand.  On  dit  aulli  ,  Chacun  fent  fon  mal , 
en  fe  plaignant  de  quelque  aflliétion  lecrète ,  & 
dont  on  ne  veut  pas  dire  la  caule.  On  dit  aulli  en 
•  difant  adieu,  ou  en  éconduiiant  quelqu'un.  Allez, 
Dieu  vous  garde  de  mal. 

Au  fécond  iens ,  on  dit  que  de  deux  maux  il  faut 
-éviter  le  pire  ;  pour  dire  ,  il  faut  fouftrir  une  petite 
perte  pour  en  éviter  une  plus  grande.  On  dit  aulli , 
Mal  vit  qui  ne  s'amende ,  en  parlant  de  ceux  qui 
commencent  à  le  remettre  dans  le  bon  chemin. 
On  dit;  aulli  de  celui  dont  les  affaires  ont  mal  réul- 
li  J  qu'il  eft  en  grand  danger  ,  qu'il  eft  mal  à  cheval , 
que  ion  cas  va  mal.  On  dit  aulli  ,  que  toutes  cho- 
ies vont  de  mal  en  pis  ;  pour  dire  ,  que  tout  dé.s^'é- 
nère ,  que  les  fiijets  d'afflictions  augmentent  tous  les 
jours. 

Mal  ,  fe  joint  aulli  à  plulieurs  mots ,  tant  au  mafculin 
qu'au  féminin  j  tantôt  comme  adverbe  ,  tantôt  com- 
me adjectif,  comme  on  verra  à  leur  ordre. 

Mal  ,  fe  joint  à  quelques  mots  dans  le  Blafon  ,  &  li- 
gnifie la  difpoiltion  des  choies  dont  ont  parle. 
Mal  ordonné ,  malè  difpofnus ,  fe  dit  de  trois  piè- 
ces ,  dont  une  eft  en  chef,  8c  deux  autres  parallè 
les  en  pointe.  Mal  taillé,  malè  feclus  ,  fe  dit  des 
manches  d'habits  taillées  bizarrement  ;  il  y  en  a 
des  exemples  en  Angleterre.  Banes  en  Vivaiais  Se 
en  Dauphiné  porte  d'azur  à  trois  croillans,  adollcs  j 
<5c  mal  ordonnés.    Hafting  ,    en  Angleterre  ^  porte  j 


MAL 

d'or  à  une  manche  mal  taillée  de  gueules. 

Mal,  Mâle.  Vieux  .idjcdtif.  Mauvais,  mauvaife.  Poé- 
Jie  du  Roi  de  Navarre.  ^fT  Son  plus  grand  ufage  eft 
dans  quelques  mots  compolés  ,  comme  Malaife  , 
malheur  ,  à  la  mal-heure  ,  &:  autres  qu'on  trouvera 
chacun  à  fa  place. 

MALABAR.  Nom  d'un  grand  pays  de  la  prefqu'île 
de  l'Inde  deçà  le  Gange.  Malabaria.  Il  s'écend  le 
long  de  la  côte  occidentale  ,  depuis  le  cap  de  Co- 
morin  ,  jufqu'à  la  rivière  de  Cangerecora  ,  qui  le 
fépare  au  nord  du  Canara  ;  &  au  couchant  les  mon- 
tagnes de  Gâte  le  iéparent  du  Coromandcl.  Ce  pays 
peut  avoir  environ  cent  lieues  de  côtes  j  &■  vingtde 
largeur  ,  vers  le  Canara  ,  laquelle  va  toujours  en  étré- 
ciftant  julqu'au  cap  de  Comotin  ,  où  elle  n'eft  que 
de  cinq  ou  lix  lieues.  L'air  du  Malabar  eft  fort  chaud  , 
mais  fort  fain  ,  &  le  terroir  fort  fertile  en  riz  ,  en 
mais  ,  en  fruits ,  en  drogues  &  en  épiceries  ,  mais  fes 
principales  richcfles  viennent  du  poivre  &  des  pier- 
reries. 

MALABARE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple,  habitant  deMa- 
labar.iWa/a^uT.  Les  Malabares  ont  tellement  le  larcin 
en  horreur  ,  qu'ils  condamnent  fouvent  à  mort  ceux 
qui  ont  volé  une  grappe  de  poivre  j  ou  quelque  chofe 
aulli  peu  de  coniéquence.  Les  Malabares  ont  la  fu- 
perrtition  de  ne  toucher  rien  de  laie  de  la  main  droite. 
Les  Malabares  font  grands  Corlaires  ,  &  braves ,  ils 
vont  d'abord  à  l'abordage  ;  fans  craindre  le  canon. 

Les  Malabares  y  qui  ont  donné  le  nom  au  pays, 
font  ctiangers ,  &  Mahométans  ;  ils  font  tout  le  com- 
merce du  pays;  ils  font  aulli  célèbres  parleurs  pira- 
teties.  Il  y  a  parmi  eux  quelques  Juifs  qui  s'appli-; 
quent  au  commerce.  Entre  les  naturels  du  pays  il 
y  a  quelques  anciens  Chrétiens,  qu'on  nomme  Chré- 
tiens de  S.  Thomé,  parce  qu'ils  prétendent  que  l'A- 
pôtre S.  Thomas  a  prêché  l'Evangile  dans  leurs  pays, 
&  qu'il  a  fouftert  le  martyre  à  Méliapor  dans  le  Cq.» 
tomandel.  Les  autres  naturels  du  pays,  à  la  réferve  de 
quelques  nouveaux  convertis ,  font  payens.  Ils  font 
divifés  en  plulieurs  Caftes ,  ou  Tributs ,  Princes  , 
Grands-Sacrificateurs  ,  fimples  Prêtres  ,  Gentils-hom- 
mes ,  qui  font  proprement  les  gens  de  guerre ,  arti- 
fans  ,  laboureurs,  pêcheurs j  &c.  Voy.  Caste.  Quel- 
ques richefles  qu'ils  acquièrent ,  ils  ne  peuvent  pas 
s'élever  au-deftus  de  la  condition  dans  laquelle  ils  font 
nés  ;  mais  il  y  a  ceci  de  particulier  ,  que  les  enfans 
iuivent  la  condition  ,  non  des  hommes  ,  mais  des 
femmes  ,  leiqucUes  époufcnt  plulieurs  maris.  Les 
éttangers  ne  peuvent  voyager  dans  ce  pays  fans  avoir 
un  Gentilhomme  pour  guide  ,  &  les  guides  font  iî  fî- 
delles  ,  qu'ils  te  font  un  point  d'honneur  de  fe  faire' 
tuer ,  plutôt  que  d'abandonner  ceux  qu'ils  conduifent. 
Tout  ce  pays  a  dépendu  autrefois  du  Samorin ,  ou 
Roi  du  Calécut -,  il  a  enfuite  été  partagé  en  plulieurs 
Royaumes  ,  qu'on  allure  être  maintenant  réduits  à 
ceux  de  Calécut  &c  de  Cochin.  Le  premier  pofsède 
Calécut,  Cananor  ,  Manigate  &  Cranganor;  &  le 
dernier  J  Cochin,  Porca  ,  Calecoulan  ,  Angemale, 
Coulan  &  Travancor.  Les  HoUandois  font  un  grand 
commerce  en  ce  pays ,  &:  ils  font  maîtres  des  villes 
de  Cananor  ,  de  Cochin  &  de  Coulan. 

Malabar,  adj.  m.  &  f.  qui  appartient  au  Malahare. 
Malabarius  ,  a.  S.  Xavier  entcndoit  &  parloir  la 
langue  Malabare  ,  foit  qu'il  en  eût  acquis  la  con- 
noilFance  par  ion  travail,  l'oit  que  Dieu  lui  en  eût 
imprimé  les   efpèces   d'une    manière    furnaturelle, 

BoUH. 

Malabare.  f,  m.  Langue  du  Malabar.  Lingua  Mala- 
barica.  Deux  Eccléliaftiqucs  qui  iavoient  le  Mala- 
bare. BouHouRS  ,  Vie  de  S.  Xavier,  L.II. 

MALABATRUM.  1".  m.  Feuille  médicinale  qui  entre 
dans  la  compolition  de  la  thériaque.  Elle  ne  croit 
pas  au  marais  des  Indes  ,  nageant  fur  l'eau  fans  racine 
comme  la  lentille  des  marais  ,  ainli  que  DiolcoriJe 
&  Pline  l'onr  écrit.  C'eft  la  feuille  d'un  grand  arbre 
qui  vient  au  pays  de  Cambaie.  On  l'appelle  autre- 
ment/t.'/.(/7/e  d'Inde,  onjolium  Indum.  Les  Indiens 
la  nomment  tamalapatru  ,  d'où  eft  venu  le  moc/na- 
labathrum.  Voy.  Feuille  d'Inde. 

MALACA, 


MAL 

MALACA  ,  ou  COSTAGNA.  f.  m.  Nom  d'une  mon- 
tagne qui  ell  lui"  les  contins  de  la  Macédoine  ik  de 
la  Homanie ,  près  de  la  ville  de  l'hiiippes.  Mala- 
ca  ,  Cojlagna  ,  anciennement  Pangdius  morts.  Maty. 
Malaca.  Nom  d'une  ville  de  la  prei'qu'ilc  de  Malaca  , 
dans  l'Inde  de-là  le  Gange.  Malaca.  Elle  ell  licuée  fur 
Je  détroit  de  Malaca ,  vis-à  vis  de  l'ile  de  Sumatra. 
Cette  ville  cft  défendue  par  une  bonne  citadelle  ,  & 
très  conlîdérable  par  (on  commerce.  Elle  ell  capitale 
d'un  petit  pays ,  qu'on  nomme  le  Royaume  de  Ala- 
laca  ,  &C  les  habitans  les  Malais,  célèbres  négocians 
des  Indes  &  Mahométans.  Cette  ville  Se  fon  Royau- 
me dépendoient  autrefois  du  Roi  d'Ihor.  Les  Portu- 
gais s'en  rendirent  les  maîtres  l'an  ijii.  &  les  Hol- 
landoisqui  la  prirent  aux  Portugais  l'an  1 641.  après  iix 
mois  deliégej  la  polsèdent  encore  aujourd'hui.  Maty. 
Vartomin  écrit ,  L.  f^I ,  c.  /7.  que  cette  ville  fut  b.i- 
tie  en  1410.  par  un  Roi  du  pavs. 

MM.  de  l'Académie  des  Sciences  placent  Malaca 
.   au  l'^d.  4i  min.  de  latitude  nord,  &  au  1 17^.  50  m. 
de  longitude.  Le  P.  Noël ,  Millionnaire  Jéfuite  à  la 
Chine,  la  place  au  117^  degré  J3   min.  ou  117'  d. 
3  8  min.  i  ^  fécondes. 
Laprclqu'île  de  Malaca.  Malac£  peninfula  ancienne- 
ment Aurea  Cherfonefus.  C'ell  la  partie  méridionale 
de  la  prefqu'ile  de  l'Inde  de  là  le  Gange.  Elle  s'étend 
depuis  le  cap  de  Sincapura  ,  jufqu'à  lifthme  de  Té- 
nacérim  ,  entre  le  premier  degré  de  latitude  lepten- 
trionale ,  &  le  deuxième  :  ainli  elle  a  deux  cents  lieues 
de  longi  fa  largeur  eft  fort  inégale  :  tout  compenfé 
elle  n'iroit  pas  au-delà  de  cinquante  lieues.  On  tire  de 
ce  pays 'quantité  de  riz  ,  du  poivre  ,  de  la  mutcade  , 
.    du  macis  j  du  bois  d'aigle  &  de  Calambe,  desdia- 
.   mans,de  l'or  plus  bas  que  le  nôtre,  la  pierre  pore, 
dont  on  fe  fert  contre  le  venin  ,  à-peu-près  comme 
du  Bézoard  ,  &  du  bois  pour  conrtruire  les  navires. 
Ce  pays  avoit  autrefois  pluheurs  Royaumes  ;  il  n'y  a 
aujourd'hui  que  ceux  d'Ihor  &  de  Patanc  ,  tous  deux 
tributaires  du  Roi  de  Siam.  Ses  villes  principales  font 
fur  la  côte  orientale,  Ihor,  Pahan  j  Patane  ,  Siiigora 
&  Ligor  i  &  fur  l'occidentale  ,  Ténacérim  ,  Junca- 
laon  ,  Quéda ,  Péra  -,  &  Malaca  ,  qui  ne  dépend  que 
des  HoUandoiSj  &  ne  paie  aucun  tribut.  Il  croît  dans 
ce  pays  une  efpèce  d'arbre  très-dngulier ,  il  porte  des 
fleurs  femblables  à  celles  des  orangers  ,  mais  qui  ont 
plus  d'odeur-,  elles  naillent  toutes  les  nuits,  &  elles 
tombent  tous  les  matins  au  lever  du  foleil ,  c'eft  pour 
cette  raifon  qu'on  l'appelle  l'arbre  Trifte.  Maty. 
Le  détroit  de  Malaca,  ou  de  Sincapura.  Fretum  Ma- 
lacenfe  ,  Fretum  Sincapun.  Ce  détroit  eft  dans  l'O- 
céan Indien  ,  entre  la  prefqu'île  de  Malaca  ,  ôc  l'île 
de  Sumatra.  Il  eft  fort  long  ,  alTez  large  ,  &  fort  fré- 
quence.  Il  prend  fon  nom  tantôt  de  la  ville  de  Ma- 
laca ,  Se  tantôt  du  cap  de  Sincapura.  Maty. 
MALACHBEL.  f.  m.  Nom  que  les  Paimyréniens  don- 
noient  au  foleil ,  qu'ils  adoroient  comme  un  dieu. 
Malachbelus.    Ce  nom  en  langue  du  Pays ,  c'eft-à- 
dite  ,  en  Syriaque  &  en  Hébreu  ,  fignihe  Roi  Bélus. 
On  fait  que  Bel.,  ou  Baal ,  étoit  honoré  en  Syrie  \ 
ces  peuples  vouloient  que  ce  fût  Saturne  j  ou  le  So- 
leil. Selden  croit  que  Agiibel ,  Malachbd ,  Élagabal , 
Moloch  ,  étoient  la  même  chofe.  D'autres  difent  que 
c'étoicnt  différens  noms  que  l'on  donnoit  au  même 
Dieu,  c'eft-à-dire,  au  foleil  en  différens  endroits  j 
à  Émèfe  on  l'appeloir  Élagabale  ,  en  Perle  Mithra, 
à  Palmyre  Malachbd  ,  ou  Aglibole  ,  comme  il  pa- 
roît  par  une  infcription  rapportée  par    Gruter ,  p. 
S6  ,  n.  S.  Saumaife  ,  fur  la  vie  d'Aurélien  par  'Vo- 
pifcus,  c.  2 s  ,   à  31.   Voy.   aufti  Aglibole  ,  où  il 
faut  corriger  ,  Gruter,/).  S6.  au  lieu  de  p.  Si.  Ma- 
lachbd Se  Agiabel  ;  félon  Voffius ,  de  Idolol.  L.  II, 
c.  s-  font  les  mêmes  que  le  Soleil  Se  le  dieu  Lunus  , 
ou  la  Lune. 
MALACHIE.   f.  m.  Nom   d'homme.   Malachïas.  Le 
Prophète  Malachïc  eft  un  des  douze  petits  Prophè- 
tes ,  &  le  dernier  dans  l'ordre  des  Bibles  Hébraïques  , 
Greques  &  Latines,  &  félon  l'ordre  des  temps;  car 
il  a  prophétilé  un  peu  après  Aggée  &  Zacharie  ,  lorf- 
que  le  Temple  étoit  déjà  rebâti  ,  ou  que  l'on  ache- 
Tomc  F. 


MAL  7^1 

voit  de  le  bâtir  ,  environ  460  ans  avant  Jiisus- 
Christ  ,  foiislcregiic  d'Artaxcrxès  Longimanus  ,  fils 
de  Xerxès ,  qui  donna  ordre  de  rebâtir  le  temple  l'aa 
3590.  du  monde,  4/4  ans  avant  Jhsus  -  Christ. 
Quelques  -  uns  conjecturent  encore  qu'il  vécut  au 
même  temps  que  Néhémias,  parce  qu'il  reproche 
aux  Juits  les   mêmes  délordrcs  que  lui. 

Le  nom  de  Malachie  lignitic  un  Ange  en  Hébreu , 
&  ce  Prophète  cft  cité  par  Clément  d'Alexandrie, 
Se  par  Tertullitn  fous  le  nom  d'Ange.  Sacj.  Mala- 
chie ne  lignitic  point  feulement  Ange;  mais  Ange  de 
Dieu  ou  Jkliniltrede  Dieu,  de  "M^.ùMaleack,  Ange, 
Miniftre  ,  Se  n»  Jah  ,  nom  de  Dieu.  Quelques  uns 
placent  Malachie  fous  Darius  tils  d'Hyttatpc  ,  grand- 
père  d'Artaxcrxès  Longimanus. 
Malachie  ,  le  dit  auftî  pour  la  Prophétie  de  ce  Pro- 
phète. Malachie  n'a  tiue  quatre  Chapitres.  S.  Jean 
le  Précurieur  ,  &:  Jésus -Christ  ,  font  prédits  au 
c.  III.  de  Malachie.  Acofta  a  fait  un  Commentaire 
ilir  Malachie. 

Quand  on  parle  de  quelqu'autre  que  le  Prophète  ,. 
on  peut  retenir  le  mot  Latin  Malachias.  Malachias  , 
Archevêque    d'Armach  ,  Auteur  de  quelques    Pro- 
phéties, vraies  ou  prétendues,    mourut  en  1148.4 
Clairvaux  ,  entre  les  bras  de  S.  Bernard. 
MALACHIN,  ou  MALAQUIN.  f.  f.  Nom  d'une  ef- 
pèce d'ancienne  monnoie    d'Elpagne.    Malachinus . 
Vous  payerez  dix  malachins  ,  dit  Innocent  JII.  L. 
XIII.  Ep.   //.à  Ferdinand  Confalve  ,  Grand- Maî- 
tre de  l'Ordre  de  S.  Jacques;  iSc  à  tout  l'Ordre,  vous 
nous  payerez  dix  malachins  par  an  ,  à  nous ,  &:  à 
nos  luccelfeurs  ,  en  reconnoillance  que  c'eft  du  S. 
Siège  que  vous  tenez  ces  privilèges.  Le  malachin  ,  a. 
ce  que  l'on  dit ,  valoit  fept  tous.  Il  y  a  bien  de  l'ap- 
parence que  c'étoient  les  Mantes  quiavoient  donné 
ce  nom  à  cette  monnoie  ,  Se  que  malachin  eft  la  mê- 
me chofc  que  réal,  qui  eft  encore  aujourd'hui  le  nom 
d'une  monnoie  d'Elpagne.  En  Arabe  ,  qui  eft  la  lan- 
gue des  Maures  ,  &  eu  Hébreu  ihn  mdech  ,   fignilie 
Roi,    8e   malachin,    lignifiera-  rts/ ,   c'eft  à-dire  , 
Royal. 
MALACHITE,  f.  f.  Pierre  précieufe  qui  eft  d'une  na- 
ture mitoyenne  ,  entre  le  jalpc  &  la  tnrquoife ,  oc 
qui  eft  tout-à  fait  opaque.  Malachites  lapis.  Elle  a  des 
veines  blanches  mêlées  de  taches  noires  ,  &  de  plu- 
licurs  autres  couleurs  ,  qui  en  font  faire  pluiieurs  dif- 
tindion.  La  plus  eftimée  eft  celle  qui  approciie  le  plu.s 
de  la  turquoite  ,  Se  qui  a  le  plus  de  bleu.  Il  y  a  qua- 
tre elpèccs  de  Malachites  ,    dont  paile  Boctius  de 
Boot.  La  première  e9i  purement  verte  ou  de  couleur 
mauve.  La  2^  a  un  fond  vert ,  mais  elle  eft  entre- 
mêlée de  veines  blanches  &  de  taches  noires.  La  3^. 
eft  verte  Se  entremêlée  de  bleu.  La  4^.  approche  de 
la  couleur  des  turquoifes ,  &:  eft  la  plus  eftimée  de 
toutes.  Ces  pierres  font  aftbz  grolles  pour  qu'on  en 
puiftè  faire  des  manches  de  couteaux  Se  des  vailfeaux 
à  boire.  On  leur  attribue  quantité  de  propriétés  ,  com- 
me de  purger  fortement  par  haut  &  par  bas  ,  en  en 
prenant  lix  grains  en  poudre  j  de  guérir  les  maux  de 
cœur  &  la  colique  ,  d'exciter  les  mois  aux  femmes, 
d'arrêter  le  lang  ,  de  guérir  les  vieux  ulcères,  d'arrêter 
les  convulfions  étant  appliquées  fur  les  jointures  ,  Se 
de  fortiher  les  parties  du  corps.  Malachites.  Ce  nom 
vient  de  f<«>.«j;ii  ,quitignitie  mauve  ;  parce  que  la  cou- 
leur de  cette  pierre  approche  de  celle  de  la  mauve. 
ip-  MALACIE.  f.  f.  Termes  de  Médecine.  Appétit  ex- 
ceflif  ,  qui   fait  que  l'on  defue  avec  une  paftion  ex- 
traordinaire ,  Se  qu'on  mange  avec  excès ,  certains 
alimens  particuliers  ,  mais  communs  Se  ufités.  ilfa- 
lacia.  C'eft  une  maladie  des  femmes  grolîes  ,  ou  des 
filles  qui  ont  les  pâles  couleurs.  Quelques-uns  con- 
fondent cette  affeèlion  avec  un  autre  qu'on  appelle 
pica ,  qui  eft  un  appétit  dépravé  ,  qui  fait  qu'on  de- 
lire  des  chofes  ablurdcs  ,  comme  de  la  chaux  ,  du 
plâtre ,  du  charbon  ,  &c.  La  malade  vient  de  la  mau- 
vaifedifpolition  du  levain  de  l'eifomac  ,  ou  de  quel- 
que  dérangement  de  l'imagination  ,  qui    détermip.c 
pour  une  choie  ,  plutôt  que  pour  l'autre. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  &  vient  de  M>ùy.<^  ,  mou,  la  ma- 

Ddddd 


7^2,  MAL 

lacie  étant  comme  une  moUelTe  de  l'eftomac  ,  qui 
délire  ce  qui  ne  lui  ell  pas  propre. 

MALACODERME.  adj.  de  t.  g.  Terme  d'Hiftoire  na- 
turelle. Epithète  que  l'on  donne  aux  animaux  qui 
ont  la  peau  molle  ,  pour  les  diltinguer  des  OJlraco- 
dermes  «««xoJtp^.s;  ^  ou  des  animaux  teltacces.  Mala- 
coderme  vient  de  /j-xmk.®-  ,  mou  _,  &:  de  (^if^* ,  peau. 

MALACOIDE.  f.f.  Plante.  Elle  a  la  Heur  &  la  forme 
de  la  mauve.  Son  fruit  rellemble  à  celui  du  buiiron  j 
il  ell  compofé  d'une  multitude  de  caplules  qui  for- 
ment une  tête  ,  ou  un  amas  de  grappes  i  ces  capfules 
font  pleines  de  femenccs  femblablcs  à  des  reins.  Ma- 
lacoides  vient  de  f-xxaxx  ,  mauve  ,  &  de  uàt^  ,  appa- 
rence ,  comme  quidiroit,  qui  a  la  rellémblance  de 
la  mauve.  La  malacoïde  a  aulli  les  propriétés  de  la 
mauve. 

MALACTIQUE.  f.  m.  Ternie  de  Médecine.  Médica- 
ment émoUient  &  réfolutif  Les  malaciiques  lont  la 
mauve,,  la  guimauve,  la  graine  de  lin,  les  oignons 
de  lis ,  les  figues  gralfes  ,  i'c.  Il  eft  aullI  adj.  Médi- 
camens  malaciiques. 

Ce  mot  eft  grec ,  &  vient  de  itx-hUcmi ,  amollir. 

MALADE,  adj.  m.  &  f.  JEger,  agrocus  ^  itgrè  ajfec- 
tus.  ffT  C'eft  celui  qui  ne  jouit  pas  de  la  fanté  ;  dans 
lequel  l'état  de  la  vie  faine  ou  lanté  ,  reçoit  quelque 
altération  par  quelque  caufe  que  ce  (oit.  f^oye\  Ma- 
L.ADiE  Se  Santé.  On  eft  légèrement  malade ,  griè- 
vement ,  dangereufement  malade  ,  malade  à  mou- 
rir ,  malade  à  la  mort.  Dans  la  Relation  de  Michel 
Angelo  de  Goatini,  Millionnaire  Capucin  a  Congo  , 
il  eft  dit  que  dans  ce  Royaume-là  on  ailigne  un  temps 
à  un  malade  pour  guérir  ,  Se  s'il  ne  guérit  point , 
les  pareils  le  tuent  ^  Se  le  mangent. 

§Cr  Ce  terme  convient  non  feulement  à  l'animal,  mais 
encore  à  la  partie  du  corps  qui  eft  atfeélée.  C'cft 
ainii  qu'on  dit  ,  Appliquer  le  remède  à  la  partie 
malade.  On  le  dit  de  tous  les  animaux  vivans. 

IJXT  Dans  un  fens  figuré  ,  on  le  dit  des  Corps  politiques. 
Quand  l'Etat  eft  troublé  par  les  guerres  civiles ,  il  eft 
malade.  En  Morale  on  le  dit  encore  de  l'elprit  &  de 
l'imagination.  Elprit  malade.  Il  eft  plus  malade  de 
l'elprit  que  du  corps.  Il  eft  malade  d'imagination. 
Un  efprit  malade  de  délicatelfe  fe  fait  des  dégoûts  de 
mille  plaiius  dont  ilpourroit  jouir.  S.  EvR. 

|Cr  Malade  j  fe  dit  aufti  des  plantes  qui  dépériifent, 
Voye^  au  mot  Plante.  Maladies  des  plantes.  Un  ar- 
bre malade ,  loit  jeune  ,  loit  vieux  ,  donne  des 
fruits  lans  pépin  ;  &  fur  le  même  arbre  une  branche 
vigoureule  donne  des  poires  avec  des  pépins,  &  une 
branche  infirme  en  porte  lans  pépins. 

§CF  On  dit  d  une  perfonne  ,  qu'elle  a  la  couleur  ma- 
lade ,  qu'elle  a  le  teint  mauvais  :  Se  figurément ,  que 
du  vin  a  la  couleur  malade  ,  quand  il  perd  fa  cou- 
leur. 

|i3°  Malade  imaginaire.  roye:[  Imaginaire. 

|CF Malade,  eft  aulli  fubftantif.  C'eft  une  œuvre  de 
miféricorde  d'alîlftcr  ,  de  fecourir  les  malades.  Guérir , 
vifiter  les  malades.  Ce  Médecin  a  beaucoup  de  ma- 
Jades. 

Nicod  dérive  ce  mot  du  Grec  ^«/««W;  Ménage  , 
du  Latin  malatus  ;  qui  fe  malè  habec. 

Malade  ^  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Oh 
dit  ironiquement  à  celui  qui  fe  plaint  de  quelque 
mal  léger,  de  quelque  perte  qu'il  a  faite  ,  Vraiment 
le  voilà  bien  malade.  On  dit  aulli ,  il  n'en  mourra 
que  les  plus  malades  ,  quand  on  le  moque  d'un  dan- 
ger commun  dont  on  croit  pouvoir  ie  tirer  fans 
peine.  On  dit  auflî  ,  Eft  bien  malade  qui  en  meurt  j 
prcfquc  dans  le  même  leiis. 

MALADERIE.  Voye^  Maladrerie. 

fer  MALADIE,  f  f.  Difpolîtion  contre  nature  qui 
blelTè  immédiatement  l'aélion  de  quelque  partie  ; 
empêchement  qui  furvient  dans  le  corps  ou  dans 
quelqu'un  de  {as  organes ,  qui  caufe  une  lélion  plus 
ou  moins  fenhble  dans  l'exercice  des  fondions  de 
la  vie  fiine.  Morhus.  L'Auteur  du  Traité  Latin  de 
la  Puigation  ,  imprimé  à  Paris  en  1714  ,  c.  4. 
prétend  que  la  maladie  n'eft  autre  chofe  que  le  dé-  / 
ïàut  de  l'équilibre  ,  qui  doit  être  entre  les  folidcs  / 


MAL 

&  les  fluides  ,  pour  maintenir  la  fanté ,  &  comme  la 
fouplelle  des  lolides  eft  néceftaire  pour  entretenir 
cet  équilibre  ,  il  infère  delà  que  la  tenfion  convul- 
five  de  ces  mêmes  folides  ,  elt  une  des  principales 
caufes  qui  détruifent  cet  équilibre.  L  homme  eft  lu- 
jet  à  une  infinité  de  maladies.  De  tous  les  animaux , 
l'homme  eft  le  plus  fujet  aux  maladies  ,  Se  parmi 
les  hommes  ,  ceux  qui  vaquent  aux  méditations  & 
à  l'étude  j  y  font  plus  fujets  que  les  autres.  Les  au- 
tres animaux  ont  leurs  maladies  ,  mais  en  plus  petit 
nombre.  Les  plantes  mêmes  ont  leurs  maladies.  Les 
anciens  divinifoient  les  maladies.  Vollius  ,  de  Idolol. 
L.  FUI.  c.  s^  6. 

Il  y  a  des  maladies  chroniques ,  qui  font  très-lon- 
gues, ou  qui  viennent  règlement  en  certains  temps: 
l'une  &  l'autre  fignihcation  peut  venir  du  Grec 
_j;po»ixi«  j  des  maladies  incurables  ,  qui  durent  toute  la 
vie  ;  des  maladies  aiguës  qui  emportent  bientôt  un 
homme.  Il  eft  relevé  d'une  grande  maladie.  Il  y  a 
des  liècles  où  il  court  certaines  maladies  ,  dont  on 
n'entend  point  parler  en  d'autres. 
fjCT  On  appelle  maladie  du  pays  ,  le  defir  violent  que 
quelqu'un  a  de  retourner  dans  Ion  pays  ;  quelquefois 
julqu'à  en  être  malade.  M.  Gaftaldy  a  imprimé  une 
queftion  de  Médecine  fur  la  maladie  du  pays.  C'eft 
un  regret  d'avoir  quitté  fa  patrie ,  Se  un  delir  inquiet 
d'y  retourner.  Les  caufes  éloignées  de  cette  maladie , 
font:  1°.  Une  maladie  dangereule  Se  longue',  fur- 
tout  h  les  lecours  manquent.  2".  La  diftérence  d'air. 
3°.  Le  changement  de  noiuriture  ,  la  diverlité  de 
manières  Se  de  coutumes  ,  quelquefois  des  railleries 
à  elluyer,  (Sec.  Les  caules  prochaines  font  dans  les 
efptits  Se  dans  les  fibres  du  cerveau.  Les  elprus  tien- 
nent de  la  grollicreté  du  fang  ,  Se  font  moins  fub- 
tils  ;  enlorte  que  le  fouvenir  de  la  patrie  revenant 
fouvent  à  l'efprit  ,  ils  font  par  leur  malfe  de  pro- 
fondes traces  dans  les  fibres  du  cerveau  ;  ainii  ils 
continuent  de  couler  par  là,  &c  ils  détournent  l'amc 
de  toute  autre  penfée  que  de  celle  de  la  patrie.  Les 
remèdes  à  la  maladie  du  pays ,  font  de  procurer  au 
malade  plus  de  contentement  Se  de  joie  dans  le  lieu 
où  il  eft ,  qu'il  n'en  auroit  dans  fon  pays  ;  ou  fi  le 
mal  a  gagné  ,  de  l'y  faire  retourner.  Si  le  retour 
eft  impollîble  ,  le  lui  faire  efpérer  ,  le  divertir  ,  dé- 
tourner fon  imagination  de  la  penfée  de  fon  pays, 
ufer  de  remèdes  apéritifs  &  émolliens  ,  propres  à 
rendre  au  fang  fa  Huidité  ,  aux  efprits  leur  volati- 
lité ,  &  aux  fibres  du  cerveau  leur  flexibilité  ,  re- 
commander le  bain ,  appliquer  des  cataplafmes.  Si 
les  forces  ont  diminué ,  les  rétablir  par  les  cordiaux , 
Se  par  une  bonne  nourriture  légère  Se  fucculente. 
M.  Gaftaldy  prétend«que  les  Suilfes  font  plus  fujets  à 
la  maladie  du  pays  que  les  autres  nations. 

Il  en  eft  quelquefois  des  maladies  comme  des  biens, 
elles  font  héréditaires.  Les  maladies  héréditaires , 
{om  des  maladies  ou  de  tête,  ou  de  poitrine  ,  ou  du 
ventre  ,  ou  des  maladies  extérieures.  Les  maladies  hé- 
réditaires de  la  tête ,  font  la  frayeur  ,  ou  la  crainte , 
fur-tout  noélurne  ,  les  vertiges  ,  l'épilepfie ,  la  ftu- 
pidité  Se  la  folie.  Celles  de  la  poitrine,  font  la  pal- 
pitation du  cœur  ,  l'afthme  Se  la  phthilie.  Celles  du 
ventre  ,  lont  la  pierre  ,  les  maladies  vénériennes,  le 
fcorbut ,  l'alfeétion  hypocondriaque  Se  la  mélanco- 
lie. Les  maladies  extérieures  héréditaires  ,  font  la 
goutte  ,  la  petite  vérole  ,  Se  toutes  les  efpèces  de 
gales  ;  on  y  peut  ajouter  la  mauvaife  conformation 
des  membres.  Les  caufes  pour  lefquelles  ces  maladies 
font  héréditaires  ,  la  qualité  du  fang  &:  des  efprits 
animaux  dont  le  fœtus  eft  formé,  la  liqueur  dans 
laquelle  il  nage  ,  les  humeurs  de  la  mère  ,  Se  les  ef- 
prits animaux  qu'elle  fournit.  Ces  maladies  font  plus 
ou  moins  fortes  ,  lelon  que  le  ferment  morbifique 
eft  plus  acre  ,  ou  plus  fixe.  Les  meilleurs  remèdes 
pour  les  guérir  ,  au  fentiment  de  quelques  Méde- 
cins ,  ou  les  tempérer  ,  font  le  lait  acidulé ,  la  fa- 
livarion. 

Corneille  du  Bontecoc  a  déduit  du  fcorbut  toutes 
les  maladies  du  corps  humain  ;  d'autres  les  ont  re- 
gardées comme  les  eftecs  d'un  virus  véroliquc  ,  qui 


i 


MAL 

-      efl  demeuré  caché  dans  la  icmcncc  depuis  le  déré- 

i-     glemcnt  de  nos  premiers  pères.   Hehnon  &  iierrci- 

I  nus  Danus  ont  cru  que  toutes  les  maladies  dépoi 
doient  d'un  levain  étranger  qui  fe  lornioit  en  nous , 
ou  hors  de  nous.  Les  oblervations  de  Pline  ,  celles 
du  P.  Kirker  ,  &  de  M.  de  Lang,  qui  prouvent  qu'il 
y  a  de  petits  vers  dans  le  fang  fiévreux  ,  dans  les 
puftules  Se  dans  les  charbons  ,  ont  fait  dire  à  quel- 
ques Uoiftcurs,  que  toutes  les  maladies  nailloient  des 
vers. 
Maladif  ,  fe  dit  abfolument ,  en  ftyle  populaire  ,  de  la 
pelle  ,  de  la  vérole  ,  &  autres  maladies  ccjntagieufes. 
Il  y  a  de  la  maladie  en  telle  province.   Il  ell  mort 

,■      dix  mille  perfonnes  de  la  maladie. 

Maladie  ,  le  dit  figurément  en  chofes  morales ,  pour 

.  marquer  une  aftedion  déréglée  ,  un  attachement  ex- 
celllf.  Morbus ,  furor.  C'eft  un  homme  qui  a  la  ma- 
ladie du  jeu  ,  des  femmes.  On  le  dit  auili  en  chofes 
honnêtes.  Il  a  la  maladie  des  livres ,  des  antiques , 
des  médailles ,  &c.  On  dit  aull:  ,  en  général  ,  que 
les  pallions  lont  les  maladies  de  l'ame.  Les  mala- 
dies de  lame  (ont  plus  difficiles  à  guérir  que  celles 
du  corps.  On  le  dit  de  tout  ce  qui  peut  troubler  le 
repos  de  l'ame. 

MALADIF  ,  IVE.  adj.  Qui  eft  infirme  ,  fujet  à  être 
malade;  J^aletudinarius  ,  morbofus  ,  infirmas.  Ce  jeune 
homme  avoir  époulé  une  femme  fort  maladive ,  & 
cependant  elle  l'a  enterré.  Ce  mot  n'ell  pas  fiit  pour  le 
ftyle  noble. 

MALADRERIE  ,  C  f.  Lieu  fondé  pour  retirer  &  af- 
filier les  malades,  &  particulièrement  ceux  qui  ont 
la  lèpre  ,  d'où  vient  le  nom  de  léproferie.  Nofoco- 
mium  ,  valetudinarium  leproforum.  Prelque  toutes  les 
Egliles  des  Maladreries  font  fondées  fous  l'invoca^ 
cion  de  Saint  Lazare  ,  de  la  Madeleine  &  de  Sainte 
Marthe.  On  a  fait  la  réforme  des  Maladreries  qui 
'  etoient  polîedées  par  des  particuliers  &  par  des  Com- 
munautés ,  &  on  en  a  fait  des  Commanderies  ,  pour 
rétablir  l'Ordre  des  Chevaliers  de  N.  D.  du  Mont- 
Carmel  &  de  Saint  Lazare.  Il  y  a  eu  depuis  quelques 
autres  changemens.  Voye\  Léproserie. 

|Kr  MAL-ADRESSE,  f.  f.  Défaut  d'adreffe.  Voyei  ce 
mot.  On  le  dit  au  propre  des  exercices  du  corps  , 
&  au  figuré  des  fonctions  de  l'elprit.  On  dit  d'un 
Ouvrier  &:  d'un  Négociateur  ,  qu'ils  ont  de  la  mal- 
adreffe.  Ainfi  il  ne  but  pas  confondre  ce  mot  avec 
mal  habileté ,  qui  ne  fe  dit  que  des  fondrions  de 
l'elprit.  On  ne  dit  pas  un  Joueur  de  paume  mal- 
habile. î-^oye-!i  Habile  &  Habileté.  Je  nepuis  louf- 
frir  vctre  mal-adreffe.  Cet  Ouvrier  a  donné  des  preu- 
ves de  fa  mal-adreffe.  Il  ne  faut  pas  s'en  prendre  (ur 
cela  ni  à  la  négligence  ,  ni  à  la  mal-adrejje  de  l'Ob- 
'     feiTateur,  mais  uniquement  à  fes  fens,  ik  à  l'imper- 

.     feftion  nécelFairc  des  inftrumens.   Anecdotes  phyfi- 

ijues  &  morales. 
■|Cr  MAL  ADROIT  ,  OITE.  adj.  Ce  terme  convient 
à  celui  qui  a  peu  d'aptitude  pour  une  chofe.  Au 
propre  ,  c'efl:  celui  qui  a  peu  d'aptitude  pour  les  exer- 
cices du  corps.  Ineptus ,  parum  dexter.  C'eft  un  ou- 
vrier ,  un  joueur  de  paume  mal-adroit.  Au  figuré  , 
c'eft  celui  qui  'n'a  pas  l'art  de  conduire  fes  entre- 
prifes  d'une  manière  propre  à  y  réurùr-,  qui  ignore  , 
ou  ne  (ait  pas  employer  les  moyens  qui  peuvent 
en  procurer  l'exécution.  Il  ne  faut  pas  qu'un  Négo- 
ciateur (oit  OT(ï/-a£/roir.  On  dit  aullI  fubftantivement , 
c'eft  un  mal-adroit. 

MAL-ADROITEMENT,  adv.  Sans  adre(re.  Inepte. 
Vous  faites  tout  mal- adroitement. 

MALA-ELENGI.  f.  m.  Arbre  du  Malabar  ,  qui  eft 
toujours  vert ,  &  qui  porte  du  fruit  une  fois  par  an. 
On  fait  avec  fes  feuilles  bouillies  avec  du  poivre  , 
&  le  calamus  aromatique  ,dans  de  l'huile  de  féfame  , 
un  liniment  pour  la  tête ,  extrêmement  recommandé 
dans  le  vertige  ,  l'épilepile  ,  &  autres  affedions  cé- 
phaliques.  Arhor  baccifera  ,  indica  ,  flore  compofîto. 

MALAGA,ou  MALGUE.  Nom  d'une  ville  d'Eipagne. 
Malaca.  Elle  eft  fituée  lur   la  côte  du  Royaume  de 
Grenade  ,  à  vingt  &:  uije  lieues  du  détroit  de  Gibral- 
tar j  vers  le  levant.   Cette  ville  n'eft  pas   grande  , 
Tome  V, 


MAL  7^3 

mais  elle  eft  bien  peuplée  :  clic  a  un  beau  pou,  dé- 
fendu par  deux  citadelles ,  &c  un  Evêché  liifi'ragaiic 
de  Grenade.  On  y  fait  beaucoup  de  commerce,  & 
on  en  tire  de  fort  boiîs  vins.  On  allure  que  les  Phé- 
niciens ,  qui  en  ont  été  les  fondateurs  ,  lui  donnè- 
rent le  nom  de  Malaca  ,  de  nSa  Malach  ,  qui  en 
leur  langue  lignifie  faler  ,  parce  qu'on  y  faifoit  un 
grand  commerce  de  poillons  &  de  chair  (alée.  Matv. 
long.  13  d.  4'.  lar.  56  d.  4?'. 

Nous  dilons  fouvent  Alalguc  ,  au  lieu  de  Mala- 
gua.  Un  habitant  de  Malgue  ,  en  Latin  Malacita- 
nus.  La  bataille  de  Mr^/^we  ,  eft  une  bataille  navale, 
■gagnée  le  24  Août  1704  ,  par  l'armée  navale  de 
France  ,  commandée  par  M.  le  Comte  de  Touloufe, 
Amiral ,  fur  les  Anglois ,  dans  la  Méditerranée  ,  à  la 
hauteur  de  Malgue. 
MALAGE.  f.  m.  Vieux  mot.  Mal ,  fouffrance  ,  maladie. 

Le  Chaflelain  de  Coucy. 
MALAGME.  f.  m.  Ce  terme  eft  ordinairement  fy- 
nonyme  à  cataplafme  -,  quoiqu'a  parler  Ihidement  il 
ne  convienne  qu'aux  cataplalmes  émolliens.  Un 
malagme  eft  un  médicament  topique  ,  &  peu  dilté- 
rent  de  l'emplâtre.  On  ne  donna  ce  nom  dans  le 
commencement  qu'aux  cataplalmes  émolliens  ;  mais 
on  rétendit  dans  la  (uite  aux  aftiingens ,  &  à  tous 
les  cataplafmes  en  général.  Le  malagme  eft  compofc 
principalement  de  gommes,  d'aromates  ,  &c  d'autres 
ingrédiens  ftimulans  ,  tels  que  les  iels  &  d'autres 
lubftanccs  femblablcs.  Malagma.  Voyez  le  Diction- 
naire de  James. 
MALAGRA,  Nom  d'un  ancien  Ixjurg  de  la  prefqu'ile 
de  la  Romanie ,  fitué  fur  la  côte  ,  près  de  Sefto.  Ma- 
lagra  ,  anciennement  Agora.  M  AT  y. 
MALAGUETTE.  Voye:^  Mallaquette.  On  dit  aulîî 

Maleguette. 
Malaquette.  f.  f.  Poivre  long.  Piper oblongum.  Voyez 

Malaguette. 
MALAIS ,  AIE ,  f.  m.  c^'  f.  ou  MALAY ,  AYE  ,  ou 
MALAYE.   Nom  de  Peuple.  Malacencis.  Les  Ma- 
layes  font  les  peuples  du  Royaume  de  Malaca  ,  dans 
la  prefqu'île  de  l'Inde  ,  au-delà  du  golfe   de    Ben- 
gale. Les  Alalais  (ont  Mahométans  ;  mais  ils  difte- 
rent  en  quelque  chofe 'des  Perlans  &  des  Turcs.  Les 
Malais  font  bons  (oldats  pour  l'Inde  ik  grands  vo- 
leurs, f'^oye^  MatFée  ,  Hifl.  des  Indes ,  L.  V.  Ce  Pi- 
lote étoit  un  Malay  ,  qui   connoilloit  parfaitement 
les  mers  des  Indes.  Baravia  eft  très-peuplée  de  Hol- 
landois  ,  de  Portugais  ,  de  Chinois  ,  de  Malayes  , 
«Sec.   La  conjuration  des  Malayes  &  des  Macaflars. 
P.  Le  Comte. 
MALAIS  ,  ou  MALAI.  f.  m.  Le  Malais ,  ou  le  Ma- 
lai.   Il  eft  auffi   adj.  Malais ,  Malaife  ,  &  Malay e. 
C'eft  la  plus  pure  d€  toutes  les  langues  des  pays  de 
l'Inde  Orientale.  C'eft  la  langue  des  Savans  &  des 
Dodeurs  de  la  loi  du  pays  ,  &  autrefois  il  n'y  avoir 
prefque  qu'eux  qui  la  (avoient.   Depuis  elle  eft  de- 
venue un  peu  plus  commune  ;  prefque  tous  les  Nc- 
gocians  de  ce  pays  la   lavent   parfaitement.    David 
Hanc  fit  imprimer  à  Rome  ,  en  1631 ,  un  Didion- 
naire  Alalais-Lix'm.  M.  Boyfe  avoit  tant  de  zèle  pour 
la  propagation  de  la  Religion  Chrétienne ,  qu'il  fit 
imprimer  à  (es  dépens  en  langue  Malaife  ,  le  nou- 
veau Teftament ,  &c  en  envoya  les  exemplaires  dans 
les  Indes.  Mokbki ^  édic.  de  Holl.  1741. 
|Cr  MALAISE  ,  Se  MÉSAISE  ,  f.  m.  Le  premier  eft 
le  plus  ufité.  On  a  dit  autrefois  MAL-AISANCE ,  f.  f. 
Ces  termes  défignent  une  fituation  de  fortune,  dans 
laquelle  on  eft  privé  des  commodités  de  la  vie.  On 
dit  d'un  homme  dont  les  affaires  font  dérangées  ,  Se 
qui  ne  peut  plus  luftire  à  la  dépenle  ;  qu'il  eft  dans  le 
malaife  ,  qu'il  eft  mal-aifé. 
Malaise.  Terme  ufité  dans  les  priions.  C'eft  ainli  que 
l'on  appelle  un  cachot  étroit  Se  bas  ,  où  l'on  ne  peut 
fe  tenir  debout  ,   ni  couché  qu'avec  peine.   Arca  , 
Barathrum.  Ce  prilbnnier  étoit  féditieux  ,   pour  le 
punir  ,  on  l'a  mis  en  malaife.  Le  Règlement  pour  la 
Mailon  de  force,  ordonne  qu'on  punira  les  juremens, 
la  parelfe  au  travail ,  les  emportemens  ,  Se  les  autres 
fiuces  que  les  femmes  qui  y  font  enfermées ,  pour- 

Ddddd    ij 


7^4  MAL 

ront  commettre  ,  en  les  mettant  au  carcan ,  ou  dans 
les  maiaifes ,  &cc. 

|Cr  MAL-AISÉ  ,  ÉE.  adj.  Dans  la  fignification  du  fub- 
flantif  mal-aife  ,  fc  dit  d'un  homme  incommode  dans 
fes  aftaires ,  qui  ne  peut  plus  fournir  à  la  dépenfe 
ordinaire ,  ni  le  procurer  les  commodités  de  la  vie. 
Ce  Marquis  eft  mal-aifc  ,  il  doit  de  tous  côtés.  OU- 
ratus. 

^3"  Dans  rEncyclopédie  ,  un  homme  mal-aift ,  eft  ce- 
lui qui  manque  des  chofes  nécellaires  aux  befoins 
de  la  vie.  Je  ne  crois  pas  que  ce  ioit  là  l'idée  que 
prélente  ce  mot  ,  qui  ne  paroît  déligner  que  le  man 
que  des  commodités  &  des  agrémens  de  la  vie  , 
l'état  où  l'on  a  de  la  peine  à  faire  la  dépenfe  qu'on 
eft  obligé  j  ou  qu'on  a  coutume  de  faire. 

1^  Dans  une  acception  tout  à-fait  diftérente  ,  le  mot 
de  mal-aifi  eft  à-peu  près  fynonyme  de  difficile  ,  & 
marque  une  chofe  qui  fe  fait  avec  peine.  Imped'i 
tus  ,  difficUis  ,  arduus.  Ainh  l'on  dit  qu'une  attaire 
eft  mal  aifee.  Qu'un  homme  eft  mal-aifd  à  gouver- 
ner ,  qu'un  cheval  eft  maiaij'é  à  ferrer  ;  qu'il  eft 
mal-aifé  de  faire  une  chofe. 

§Cr  On  dit  encore  d'une  chofe  dont  on  ne  peut  fe  fer 
vir  aifément  ,  qu'elle  eft  mal-aïfée.  Cet  inftr-ument 
eft  mal-aifé  ,  je  ne  puis  m'en  fcrvir.  Un  elcalicr 
mal-aifé  ,  qu'on  monte  ou  qu'on  delcend  avec 
peine. 

On  dit  en  proverbe ,  Il  eft  aifé  de  reprendre  ,  &: 
mal-aifé  àz  faire  mieux.  C'eft  ce  que  Ronlard  dit  de 
lui-même. 

MAL-AISÉMENT,  adv.  Difficilement  ,  avec  peine. 
u^grè  ,  difficuUer.  Il  te  tirera  mal-aifémentàt  cette  at- 
fiire  ,  de  cette  maladie.  Une  ame  trop  élevée ,  s'ac- 
commode mal-aifement  au  train  commun  de  la  vie. 
S.  EvR.  Il  y  a  des  diftérences  délicates  entre  les  mê- 
mes qualités  que  nous  découvrons  mal-aifémciu.  Id. 
On  ne  fe  perluade  pas  mal-aifement  ce  que  l'on  fou- 
haite.  B.  Rab. 

MALAMOCCO.  Nom  d'un  bourg  avec  un  bon  port. 
Malomoccum  ,  Medoacus  portas  ,  Methamaucum.  Il 
eft  dans  une  petite  île  du  golfe  de  Venife  ,  envi- 
ron à  deux  lieues  de  ce  nom.  Il  y  avoit  aurretois 
dans  cette  île  la  ville  Epifcopale  de  Malamocco  , 
qui  fut  engloutie  par  la  mer  ,  &  fon  Evêché  transféré 
à  Chioggia. 

MALAN.  f.  m.  Vieux  mot.  Défiut. 

MALANDRE.  L  £  Maladie  des  chevaux  ,  gales  ou 
crevafles  qui  viennent  à  la  jointure  du  genou  des 
chevaux  ,  &  qui  (uppure  quelquefois.  Scabies  equi 
genihus  adnata.  On  s'eft  fervi  aulll  de  ce  mot  en  par- 
lant de  la  lèpre ,  &i  même  de  toutes  lortes  de  mala- 
dies, ou  d'auttes  accidens  qui  rendent  une  partie 
mal  affeélée.  MarceliusEmpiricus  .appelle  un  lépreux. 
maladriojus. 

Malandres  ,  en  termes  de  Charpenterie ,  fe  dit  des 
nœuds  gâtés  &  pourris,  dans  les  pièces  de  bois,  qui 
empêchent  qu'elles  ne  puilfent  être  employées.  Nodi 
putridi.  On  rabat  les  malandres  ,  quand  on  a  fait  un 
roifé  de  bois  de  charpente  qu'on  acheté  des  Mar- 
chands. Bois  malandreux. 

On  dit  proverbialement ,  quand  on  veut  vanter  un 
cheval  pour  être  fain  &  net.  Il  n'a  ni  luros  ,  ni  ma- 
landres. On  le  dit  auiîi  figurément  d'un  homme 
d'âge ,  pour  dire  _,  qu'il  ne  fent  aucime  incommo- 
dité. 

Ce  mot  vient  du  Latin  melandrlum  ,  qui  fignifie 
blé  vitié  ,  gâté  ;  &  ce  qu'on  a  étendu  par  métaphore 
aux  chevaux  &  aux  bois  gâtés.  On  difoit  autrefois 
mélandre.  Quelques-uns  font  venir  ce  mot  de  l'Ita- 
lien malandare ,  aller  mal. 

MALANDREUX  ,  EUSE.  adj.  Terme  en  ufige  dans 
le  commerce  des  bois  carrés.  Voye\  Malandre. 

MALANDRIN,  f.  m.  Vieux  mot  ,  qu'on  a  donné  au- 
trefois aux  lépreux  ,  comme  fi  la  lèpre  étoit  une  cf- 
pèce  de  malandre  ,  maladie  dont  on  a  parlé  dans  l'ar- 
ticle précédent.  Malandrinus ,  maledrinus  ,  Elephan- 
tiacus  ,  leprofus. 

Dans  les  Croifades  ,  oi\  donna  aullî  ce  nom  par 
mépris  aux  voleurs  Egyptiens  &  Arabes.  Peut-être 


MAL 

auilî  le  leur  donna  ton  ,  parce  que  plufieurs  de  ces 
voleurs  étoient  lépreux  ,   des  milérables  qu'on  ne 
fouftrbit  point  dans  les  villes  &c  autres  habitations  ,      L 
parce  qu'ils  avoient  la  lèpre  qu'on  appeloit  malan-     |l 
drc  -,  ou  parce  qu'ils  couroient  la  campagne  ,  comme 
les  lépreux  qu'on  châtie  des  villes.  Voye\  Du  Gange, 

Giofi: 

Malandrin  ^  eft  auffi  le  nom  que  le  peuple  donna  fous 
Charles  V  ,  à  des  brigands  qui  firent  beaucoup  de 
mal.  Ces  pillards  parurent  deux  fois  en  France  dans 
ce  tiècle;  d'abord  tous  le  Roi  Jean  ,  &c  cntuite  fous 
Charles  V  fon  tîls.  C  étoient  des  foldats  licenciés 
qui  s'adcmbloient ,  &  qui  pilloient  impunément  les 
pallans^  les  villages  &  ks  petites  villes.  Le:  piilards, 
qu'on  nommoit  les  Tards-venus ,  tous  la  hn  du  rè- 
gne du  Roi  Jean  ,  s'étoient  accoutumés  à  l'inipunité. 
Il  étoit  dangereux  de  s  oppcter  à  leur  première  furie. 
AuBÉ  DE  CiioisY  ,HiJî.  de  Charles  F ^  L.  I.  p.  S6. 
Les  pillards  à  qui  le  peuple  donna  le  nom  de  Malan- 
drins ,  te  rallemblèrent  en  divers  cantons  ,  choitircnc 
des  chefs  (  fous  Charles  V.  )  ,  iSc  en  pillant  obfervèrent 
quelque  difcipline.  Ils  fe  mirent  .aintî  hors  d'état 
d'être  attaqués  ,  &  prirent  le  nom  de  grandes  Com- 
pagnies. Ils  ravageoient  tous  les  pays  par  où  ils  paf- 
toient ,  &  n'épargnoient  ni  les  maifons  Royales ,  ni 
les  Eglifes.  Leurs  principaux  chefs  étoient  ,  le  Che- 
valier Vert ,  frère  du  Comte  d'Auxerre ,  Hugues  de 
Caurelée  ,  Matthieu  de  Gournai ,  Hugues  de  Varen- 
nes  ,  Gautier  Huet  ,  &  Robert  Letcot ,  tous  Che- 
valiers. Id.  Bertrand  du  Guetclin  en  délivra  le  Royau- 
me en  les  menant  en  Efpagne  j  en  apparence  contre 
les  Maures  ,  mais  en  eftet  contre  Pierre  le  Cruel. 

jMALAPt-iE.  adj.  peuutité.  Terme  d'Imprimeiie  qui  fc 
dit  ironiquement  aux  Ouvriers  qui  ont  de  la  peine 
à  lire  ,  &c  qui  fe  fervent  de  leurs  confrères.  Jgnarus^ 
indoclus. 

MALAQUE,  Quelques  Auteurs  appellent  aintî  une 
ville  célèbre  des  Indes  orientales ,  qu'on  appelle 
plus  ordinairement  Malaca.  Voyez  ce  mot. 

MALAQUETTE ,  L  f.  Nom  que  les  Américains 
donnent  au  poivre  de  la  Jamaïque  ,  vulgairemenc  ■ 
appelé  Graine  de  girorfe.  Quelques-uns  le  confon- 
dent avec  le  cardamome  ou  maniguette  ,  à  caufe  que 
ce  dernier  s'appelle  aulïï  Malaquette  ;  mais  ces  deux 
poivres  font  diîiérens. 

MALAQUIN,  f.  m.  Voye\  Malachin.  Il  y  en  a  qui 
écrivent  méléquin  ^  &c  qui  croyent  que  ce  mot  vient 
de  l'Hébreu,  ou  de  l'Arabe  "ha,  mélec ,  qui  veut 
dire   Roi ,  comme  on  l'a  dit  au  mot  malachin. 

MALART,  f.  m.  le  mâle  des  cannes  fruvages.  Anas    . 
mas  fera.  Monet.  Anas  férus.  Nie.  || 

AlALAiTHIA.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Romanie. 
Malathia.  Elle  eft  lur  la  côte  de  la  mer  Noire  ,  en- 
viron à  quinze  lieues  du  Détroit  de  Conftantinople. 

M  AT  Y. 

MALASSAI.  Royaume  d'Afrique  dans  la  haute  Etliio- 
pie  ,  alfez  près  des  frontières  de  l'Abilîinie. 

M.ALAT.  Montagne  de  l'Amérique  téptentrionale  ,  au 
Mexique  dans  la  Province  de  Seiton  ,  c'eft  un  des 
plus  grands  Volcans  de  toutes  les  Indes. 

MALATHIYAH.  Nom  d'une  ville  de  la  Turquie  eu 
Afie.  Melitene  ,  Melitine ,  Meiita.  Elle  eft  dans  la 
Natolie  ,  lur  l'Euphrate  ,  à  cinq  ou  fix  lieues  au- 
detfus  de  Marafch.  Il  y  a  dans  la  Malatiyah  le  tlége 
d'un  Archevêque.  Maty. 

MALATOUR  ,  Anciennement  Mars-la-Tour.  Martis 
turris.  Ville  de  France  au  pays  Meffin  ,  chef-lieu 
d'un    petit  territoire. 

MALAVENTURE  ,  f  f.  Rencontre  fâcheufe  qui  fe  fait 
par  hafard  ,  par  mauvaite  fortune.  Infortunium.  Il  a 
trouvé  par  malaventure  ,  fon  ennemi ,  qui  l'a  oblige 
à  fe  battre.  Il  eft  vieux. 

MALAVERT.  Petite  ville  dePerfeà  douze  lieues  d'It- 
pahan ,  en  tirant  à  l'Orient.  Son  territoire  produit 
les  meilleures  Piftaches  du  Monde,  Se  en  grande 
abondance. 

MALAVISÉ ,  ÉE.  adj.  Employé  autfi  fubftantivement. 
Imprudent,  qui  dit  ou  hrit  des  chotes  mal-à  propos, 
&  fans  y  prendre  garde.   Imprudens ,  incaucus  ,  in- 


MAL 

confultus.  Vous  êtes  un  téméraire,  un  maIav}fc\AQ 
lui  rcprochti  (a  faute,  à  (on  nés.  Cette  femme' cit 
malavifee  ,  de  fe  remarier  ayant  tant  dciifans 

,    MALAUTRU,   UE.  f^oye^  ci-dellous  Malotru. 

'  MALAXER.  Terme  de  Pliarmacie.  Amollir ,  pétrir 
des  drogues  pour  les  unir,  les  lier  cnfcmblc  ,  ^  en 
hire  quelque  préparation  douce  ,  molle  .coulante, 
ix  capable  de  s  étendre.  Mollire  ,  fubipere.  UO"  Ma- 
laxer un  emplâtre. 

lA\nh,^^b  ""^  MALAYE.  Foyc^  Malais. 

MALBATI ,  lE.  adj.  Qui  elt  mal  tait.  Smc  anefaclus , 
d'Jtonus,  tneptus,  inconcinnus.  On  le  dit  au  propre 
des  batimens  qui  n'ont  point  de  (ymétrie ,  ou  qui 
on:  etc  batjs  de  mauvais  matériaux;  &  au  figuré ^ 
dcsperionnes  qui  ont  le  coips  ou  l'el^rit  mal  fait, 
mal  tourne  ,  qui  iont  laids  ou  bourrus.  Mettez  donc 
votre  perruque  droite,  accommodez  votre  cravate  , 
vos  bas  &  ne  paroiHez  pas  en  l'état  où  vous  t-tes  i 
vous  voila  tout  malbdtL  Un  efpric  malbâcc. 

Ceft  un  corps  ajfe^  m.ilbâti , 
Pour  j aire  rougir  la  nature. 

^  On  le  dit  auffi  de  la  ûnté  :  Je  ne  fais  ce  que  j'ai  , 
J  ai  mal  a  la  tcte  ,  &  des  lallîtudes  dans  les  jambes  , 
)e  luis  tout  malbâti  ^  indifpolé. 
MalbÀti  ,  lE  ,  au  figuré  fe  prend  auiïi  quelquefois 
lublhnnvemcnt.  Ceft  un  grand  malbâû  C'<:^  une 
glande  malbatie.  Dans  toutes  fes  acceptions  il  elt  du 
Ityle  tres-hmilier. 

^^^n^^.^^P^'^-  ^'"°'^  anciennement  une  petite 
ville  du  Norique  ;  maintenant  c'eft  un  village  de  la 
Cannthie ,  htué  aux  confins  du  Frioul ,  fur  la  ri- 
vière de  Fella,  au-deilus  de  Pontera  Impériale. 
Matv.  ^ 

^li'V^'  °".PLCHUS,  f  m.  &  nom  d'homme. 
f'^l-hus  Tillemont  de  Baille:  appellent  Malch  un 
Saint  Martyr  de  Céfarée ,  en  Paleft^ne,  qui  fouàrit 
la  mort  au  IIP.  liecle,  &  le  ferviteur  du  Grand  Prêtre , 
a  qui  S  Pierre  coupa  l'oreille  dans  le  jardin  des 
.  Olives.  Mais  la  Veriion  de  Mons,  le  P.  Bouhours, 
M  SuBoncn  S.  Jean  XVIIL  lo.  difent  to^^s  Mal- 
chus ,  &:  c  cil:  lufige. 

Ce  nom  eft  Hébreu  &  Syriaque ,  &  vient  de  nSo  , 
gie/dc/z ,  &  en  Syriaque  K3^D,  Malcho ,  qui  fignilie 

MALCHUS ,  f  m.  On  prononce  malcus.  Nous  appe- 
lions aiiili  anciennement  un  coutelas.  Nicot.  Mal- 
cus enfis  falcatus.  Nous  appelons  aujourd'hui  de 
la  forte  un  demi  -  confelfionnal ,  qui  n'a  qu'une 
oreille   parce  que  Malcus n'avoit  qu'une  oreille ,  faint 

MALCHIN,  petite  ville  du  Duché  de  Meckelbourg  , 
en  balle  Saxe.  Malchinum.  Elle  eft  dans  la  Vandalie 
a  l'embouchure  du  Pêne  dans  le  lac  de   Camrow! 
entre  Waren  &  Demmin  .  à  cinq  lieues  de  l'une  & 
de  1  autre.  Mat  Y.  long.  30.  d.  18'.  lat.  r?    d    ç8' 

MAL  CONTENT  ENtL  adj.  IfT  &\iù.v. 
hir,quina  pas  obtenu  ce  qu'il  fouhaitoit.  Synonyme 
de  mécontent,  avec  cette  différence  que  mal-œntent  eft 
plus  de  la  Cour,  pour  défigner  ceux  qui  ont  reçu 
quelque  dcplailir.  Les  malcontens  de  la  Cour.  Ilfe 
dit  au(ri  plus  particulièrement  du  fupérieur  à  l'éeard 
de  hafeneur.  Le  Roi  eft  mal-content  des  fervices 
d  un  tel  ofhcier.  Son  Maître  eft  mal-content  de  lui. 
Le  mot  de  mécontent  convient  dans  les  autres  oc- 
çalions,  &  sapphque  à  ceux  qui  fe  plaignent  de 
la  <.our,  du  Gouvernemen:,  du  Miniftère  ,  de  l'ad- 
miniftration  des  affaires:  &  l'on  dit  les  mécontens  , 
pour  dire  les  rébelles,  les  fadieux.  On  appeloit  K 

rueneTl'E     "°"'"'^-  I  '"^  "°"?^°'^  ^"'  '''^--^  'a 

Son  "^  k''^',  °"  "'  ^'''  P''  ^°"'°"«  ""e  dif 
Z/Z:  f  "  '^"  S'"'  emploient  indifféremment 
maUontent  éc  mécontent.  Vous  ne  ferez  pas  ma 
content  ou  mécontent  de  moi.  Non  contentus  cTh 
coutume  des  mal-contens  Se  des  malheuSux  de  fe 
plaindre.  Bouh.  Ceft  le  propre  des  Sages  d?t  et 


MAL 


765 


contens  à  eux-mêmes.  Nie.  Marora  fait  un  Epitre  a  une 
mal-contente  d'avoir  été  lobrement  louée ,  '&:  fc  pU 
gnant  non  fobrement.  On    nomme  le  j^u  de  He« 

ir  "'fT'"'-'    '^"^'^-  =>"    -'-^content,    il 

mal-content cii  celui  qui  a  un  as,  qu'il  ne  peut  changer 
avec  Ion  voilin  qui  a  un  Roi  ^nangcr 

Malcontent  eft  en  particulier  le  nom  d'une  fac- 
tion qu,   s  éleva  en  France    fous  Charles  IX.  vers 

Pn//^^^'i  ''"',  ''"""  "°™"^  ^"'^'  1«  Politiques. 
l'oiiticus.   Les  mal-contens  ctoient  ceux  qui  fe  pjai- 

gnoient  du  mauvais  gouvernement ,  i<c  de  l'inob- 
lervationdes  Edits  ,  &  qui  demandoient  qu'on  af- 
kmblat  les  Etats  pour  remédier  aux  abus  &  aux 
delordres  dont  ils  fe  plaignoient.  Les  principaux  mal- 
contens  aoicmHemi  de  Montmorenci,  &  Guillaume 
de  la  Tour  Vicomte  de  Turenne.  Ils  choifirent 
pour  chef  le  Duc  d'Alençon  frère  du  Roi.  royez 
Pull  de  M.  de  Thou,  Z.  L^JI.  &  Mézerai  dans 
Charles  IX. 

MALDER,  ou  MULDER,  f  m.  Nom  d'une  mefurc 
d  Allemagne.  Un  fetier  de  Paris  contient  un  ma/der 
ce  demi  ,  ou  un  peu  moins. 

MALDISANT  ,  ANTE.  adj.  &  quelquefois  f  Ce  mot 
dans  le  ftyle  Marotique  a  la  même  lignification  que 
medijant.  ' 

Oà  tous  lesjours  contre  Rome  &  la  Grèce. 
De  inaldilans  fe  tient  bureau  d'adrejfe. 

Voltaire. 

MALDIVES.  Ç  f.  pi.  Les  îles  Maldives.  Maldtv^ 
irJuU.  C'eft  un  grand  amas  d'îles,  fituées  dans  l'O- 
céan Indien ,  entre  le  troifième  degré  de  latitude 
méridionale,  Se  le  feptième  de  h  feptcntrionale ,  & 
entre  le  107  &  le  i  Kî.  de  longitude.  Ces  îles  font 
divifces  en  treize  Pelotons,  qu'on  nomme  Atollons, 
qui  le  luivent  en  ligne  droite  du  nord  oucft  au  fud- 
eft.  Ces  pelotons  fjnt  féparés  les  un-  des  .autres  par 
dou^e  petits  détroits  ,  &  chaque  peloton  eft  diVifc 
en  un  prodigieux  nombre  de  petites  il-'-  n-r  d^ 
petits  canaux  que  la  nature  y  a  formés.  Quoiqu'elles 
loient  fous  l'Equateur,  la  chaleur  n'y  eft  pas  mlup- 
portable  ,  étant  tempérée  par  les  grandes  rofées  qui 
tombent  toutes  les  nuits  ;  mais  lair  y  eft  fort  mal  fain 
pour  les  étrangers.  Elles  font  fertiles  en  millet,  en 
noix  de  cocos  &  autres  fruits,  &  l'on  en  tire  de 
belles  écailles  de  tortue,  du  corail  noir,  &  de  l'am- 
bre gris  Se  noir.  Les  habitans  de  ces  îles  fou:  o!i- 
va:res ,  de  petite  taille ,  mais  proportionnée  ,  Se 
Mahometans:  on  croit  qu'ils  font  originaires  de  l'île 
de  Ceylan.  Ils  ont  leur  Roi  particulier,  qui  porte 
les  titres  de  Roi  de  13.  provinces,  &  de  iz  mille  îles; 
car  on  croit  qu  il  y  en  a  autant  ;  mais  elles  (ont  fi 
petites ,  que  celle  de  Mâle  ,  qui  eft  des  plus  grandes  , 
&  la  rchdence  du  Roi ,  n'a  qu'une  lieue  &:  demie 
de  circuit.  Aurefte  ceft  de  cette  île.  Se  du  mot  de 
nive  qui  en  langage  du  pays  fignifie  une  île  ,  qu'on 
a  fait  le  nom  des  Maldives.  On  appelle  la  mer  qui 
les  environne  ,  l'Archipel  des  Maldives  ;  cette  mer 
eft  dangereufe  à  caufe  de  la  gr.inde  quantité  de 
courans ,  qui  vont  pendant  fix  mois  du  côté  du  le- 
vant,  6c  pendant  lîx  autres  du  côté  du  couchant, 
&  qui  emportent  fort  loin  les  vailfeaux  qui  s'y 
trouvent  engagés.  Matv. 

MALDON.  Nom  d'une  ancienne  petite  ville  des  Tri- 
nobantes,  en  Aii^leferre.  Malodunum.  Camudola- 
num.  Elle  eft  dans  le  Comté  d'Elfex ,  à  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Chelmers,  à  quatre  lieues  de 
la  ville  de  Colchcfter,  vers  le  midi.  Maty. 

MALE,  adj.  f  Vieux  mot ,  qui  veut  dire  ,  mauvaife. 
De  Beaumanoir  dit ,  Maie  chofe  feroit  qu'on  def- 
leuvrât  les  mariages;  cela  veut  dire,  ce  feroit  un 
mal ,  une  mauvaife  chofe  qu'on  féparât  ceux  qui 
font  mariés  en  déclarant  les  mariages  diffous.  Malus, 
perverfus. 

MÂLE  f  m.  Qui  eft  du  Sexe  le  plus  noble  Se  le  plus 
fort.  C'eft  le  corrélatif  de  femelle.  Mas,  mafculus. 
La  Loi  Salique  veut  que  les  mâles  feuls  fuccédent  à 
la  Couronne.  La  plûparr  des  fubfti:utions  font  faites 


7^^  .        MAL 

de  mâle  en  mâle.  Le  bclier  eft  le  mâle  ,  dont  l.i  bix-bis 
eft  la  femelle.  Le  taureau  cfl  le  mâle  de  la  vache. 
Les  hermaphrodites  ne  lont  ni  mâles  ,  ni  femelles. 
La  gén  nation  ne  le  fait  que  par  l'accouplement  du 
mâle  &c  de  la  femelle. 

tP'  MÀXE  Eft  aulîi  adj.'  un  enfaJit  m^lle  ,  une  perdrix 
mâle. 

MÂLEj  fe  dit  aufll  en  parlant  des  arbres  &  des  plantes. 
Il  y  a  des  palmiers  mâks  ,  des  ormes  mâles  &  fe- 
melles. Voye\  Fleur  &:  examine.  On  le  dit  aufù 
des  minéraux.  Le  rubis  Oriental  eft  appelé  le  mâle, 
de  le  rubis  fpincile  eft  appelé  la  femelle.  Encens 
mâle.  Voyez  Oliban. 

MÂLES  ET  FEMELLES.  Terme  de  mer.  Ce  font  les  pen- 
tures  &  les  gonds  ,  ou  les  charnières  qui  entrent 
l'une  dans  l'autre  pour  tenir  le  gouvernail  ftilpendu 
à  l'étambord ,  &  qui  fervent  à  lui  donner  le  mou- 
vement. Epijlalmi  &  verticillt ,   cardines. 

^3"  Dans  les  efpèces  des  animaux  le  mâle  ayant  plus 
de  force  &  de  courage  que  la  témelle ,  le  terme  de 
mâle  a  été  tranfporté  au  figuré ,  pour  défigner  la 
vigueur  j  la  fermeté,  la  force.  Vinlis ,  noh'dis  ,ge- 
nerofiis.  Un  courage  mâle.  Une  vertu  mâle.  Une 
conftance  mâle.  Une  aflurance  mâle.  Une  voix  mâle  ; 
pour  dire,  forte  &  haute.  Un  ftyle  mâle  ;  pour  dire, 
ferme,  énergique.  Il  eft  oppolé  à  efféminé,  lâche. 
Il  y  a  des  hommes  privilégiés  ,  &  dont  la  vieillelTe 
a  quelque  chofe  de  mâle  j  &  de  beau.  Bouh.  C'eft 
le  caraéfère  d'une  ame  forte  de  fe  rendre  a  la  vertu , 
&  de  refpeder  une  vigueur  mâle  j  &  la  magnanimité 
dans  le  malheur.  Mont.  Tacite  eft  le  plus  riche 
des  Auteurs  en  penlées  mâles  Si.   conciles.  Bouh. 

Une  mâle  trijleffe  ,  une  grave  douleur 
Règne  fur  fon  vifage.  Bréb. 

^3"  En  peinture  ,  de  même  qu'en  matière  de  ftyle , 
le  terme  de  mâle  marque  la  force  ^  l'exprelllon  , 
l'énergie.  Ainfi  l'on  dit  une  compolition  mâle  j  des 
figures  mâles. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  eft  un 
laid  mâle,  un  vilain  mâle ,  pour  dire  j  qu'il  eft  mal- 
fait &  difforme;  qu'il  a  la  gorge  noire j  que  c'eft 
un  franc  OTc/e;  pour  dire  ,  qu'il  eft  vigoureux.  On 
dit  aullî  J  mariage  d'épervier  ,  la  femelle  vaut  mieux 
que  le  mâle ,  parce  qu'en  eftet  parmi  les  épervicrs 
le  mâle  eft  le  plus  foible. 

MÂLE.  île  des  Indes,  la  principale.  Scia  plus  fertile 
des  Maldives,  elle  eft  prefqu'au  milieu  de  toutes 
les  autres. 

MALE  AS.  (  les  )  (.  m.  pi.  Peuples  de  l'Inde  dans  la  prcl- 
qu'île  au  deçà  du  Gange  j  aux  confins  du  Malabar, 
&   du  Royaume  de  Maduré. 

MALEBETE  ,  f.  f..  Qui  eft  dangereux  ,  dont  on  le 
doit  défier.  Nequam.  C'eft  une  malehète  qu'un  Chi- 
caneur. ^KT  II  eft  du  ftyle  très  familier. 

MalebÊte,  f.  f-  Dans  le  propre  c'eft  une  méchante, 
une  cruelle  bête  qui  dévore  les  gens.  On  dit  allez 
communément  que  ce  font  des  loups  cerviers  ,  ou 
fimplement  des  loups  accoutumés  à  manger  des  ca- 
davres à  la  luite  des  armées.  Les  malebètes  font  fou- 
vent  bien  du  dégât.  On  lonne  le  tocfin  dans  les  Pa- 
loilles  de  la  Campagne  quand  quelque  malehcte  court 
le  pays.  Nous  trouvions  partout  des  payions  armés 
de  bâtons  ferrés  ,  pour  fe  dérendre  contre  les  maie- 
lires.  J'ai  vu  en  pludeurs  endroits  du  Poitou  derriftes 
vefHges  de  fa  fureur.  Nous  vîmes  à  Morteirolles  une 
fille  ,  à  laquelle  la  malebête  avoir  mangé  le  vifage. 
Nous  continuâmes  notre  route  ,  &  la  malehêie  fai- 
foit  autant  de  chemin  que  nous ,  remplilLoit  tout 
de  carnage.  Mémoire  de  Madame  Du  Noyer. 

Maleeéte  ,  ou  Peteraffe  ,  fe  dit  en  termes  de  Mrrine, 
d'une  elpcce  de  hache  à  mirreau  ,  qui  a  le  côté  du 
taillant  fait  comme  un  callat  double  j  qui  fert  à 
pouffer  l'étoupe  dans  les  grandes  coutures.  Securis 
fnata. 

Malebête.  Nom  qu'on  donne  à  un  monftre  fabuleux 
à  Touloufe.  Malaheflïa  ,  mionflrurn.  A  l'an  1496. 
l'Auteur  des  Annales  de  Touloulc  j  s'eft   divcrci  à 


MAL 

faire  peindre  fur  les  deux  premières  pages  la  figure 
bilarre  d'un  homme  gij,antefquc  ,  n'ayant  qu'un  œil 
au  milieu  du  Iront ,  monté  fur  un  cheval  monftrueuxj 
qui  a  pluueurs  j.imbcs  longues  &  menues  ,  comme 
celles  d'une  écrevilfe  ;  &:  à  côté  eft  repréfenté  un 
homme  couronné  à  cheval  ,  avec  une  lance  à  plu- 
fieurs  lances  ,  ou  bâtons  dont  il  renverfe  d'autres 
hommes  ,  auftl  à  cheval.  L'Aureur  a  accompagné  cette 
peinture  d'un  ftyle  femblable  à  celui  de  l'Apocalyplèj 
plein  de  lamentations  &  de  prélages  terribles.  Cette 
peinture  jointe  à  ce  difcours ,  qui  n'eft  au  fond  qu'un 
galimatias,  donna  naiilance  par  luccelTïon  de  temps  à 
un  bruit ,  qu'il  y  aurait  de  la  peine  encore  aujour- 
d'hui à  déraciner  de  l'efprit  de  beaucoup  de  gens, 
qu'en  ce  temps  là  ce  monftre  ,  qu'ils  appellent  la 
malehète  couroit  les  rues  de  Touloufe  aux  heures  de 
la  nuit  ;  &  que  tous  ceux  à  qui  il  fe  montroit ,  mcu- 
roicnt  infailliblement  le  lendemain.  J'ai  vu  des  Cu- 
rieux de  la  Campagne  venir  demander  dans  l'Hôtel 
de  ville  qu'on  leur  fît  voir  la  malebête.  La  Faille  , 
.■4nn-  de  Touloufe  ,  à  l'an  1 4p6 .  p.  274.  <&  2js, 
MALEBOSSE,  f.  f.  Grolfe  bolFe.  Nodus  major.  Régnier 
a  dit. 

Et  le  Frlppier  Martin 
Avec  fa  Maleboire_)'  perdait  fon  Latin. 

Malebosse.  Vieux  mot,  qui  fignifioir autrefois  le  bu- 
bon de  la  pefte  ;  Anthrax  ;  êc  on  dit  encore  en  in-- 
terjeétion ,  loir  par  admiration ,   loit    par  impréca- 
tion J  La  malebojj'e  !  comme  on  dit  ,  La  pefte  !  &:c. 

MALEBOUCHE,  i:  f.  Vieux  mot.  Méditant.  Glof.fur 
Maroc.  IJCJ"  C'eft  aulîi  le  nom  d'un  perlonnage  méta- 
phylîque  que  nos  anciens  Poëtes  introduifoient  pué- 
rilement fur  la  fcène  ,  avec  d'autres  de  cette  efpèce  , 
à  la  place  des  divinités  anciennes.  Ils  fe  livroienr  à 
des  imaginations  bifirres  :  ce  n'étoit  plus  Jupiter  ^ 
Junonj  Marsj  Neptune-,  c'étoit  Faux  femblant. 
Bon-accueil,  Franc-vouloir  ,!Mal-bouche  qui  agiftbient 
dans  tous  les  Poëmes. 

MALEBR ANCHISME.  f  m.  Doftrine ,  fentiment  du 
Père  Malebranche  de  l'Oratoire  de  France  Male- 
branchd  doclrina.  Le  Malehranchfme  n'eft  que  le 
Cartélianilme  corrigé  &  mitigé.  Le  P.  Malebran- 
che ,  dit  M.  Fontenelle  dans  léloge  qu'il  a  fait  du 
P.  Nicolas  Malebranche ,  Hijl.  de  l'Acad.  des  Scien- 
ces iji^.p.  çj.  le  P.  Malebranche  étoit  Cartéfien, 
mais  quoiqu'il  pensât  comme  Defcartes  j  il  ne  pa- 
roilloit  pas  l'avoir  tuivi  ,  mais  rencontré.  Le  Ma- 
lebranchifme  eft  contenu  dans  le  Livre  de  la  Recher- 
che de  la  Vérité  ,  &c  pour  le  faire  plus  particuliè- 
rement connoitre  ,  nous  n'avons  qu'à  rapporter  ce 
qu'en  dit  le  Secrétaire  de  l'Académie  au  même  en- 
droit, p.  çj.  Le  Livre  de  la  Recherche  de  la  Vérité 
eft  plein  de  Dieu.  Dieu  eft  le  feul  Agent ,  &  cela  dans 
le  fens  le  plus  étroit  :  toute  vertu  d'agir ,  toute  aétion 
lui  appaitient  immédiatement ,  les  caufes  lecondes 
ne  fjiit  point  des  caules ,  ce  ne  font  que  des  occa- 
fions  qui  déterminent  l'acrion  de  Dieu  j  des  caufes 
occaiîonnelles.  D'ailleurs,  quelques  points  de  la  Re- 
ligion Chrérienne  (ont  prouvés  ,  ou  expliqués  dans 
ce  Livre  ;  cependant  le  P.  Malebranche  n'avoir  pas 
encore  expolé  fon  fyftême  entier  par  rapport  à  la 
Religion  ,  ou  plutôt  la  manière  dont  il  accordoit 
la  Religion  avec  Ion  fyftême  de  Philolophie.  Il  le  fit 
à  la  lollicitation  de  M.  le  Duc  de  Chevreule  dans 
les  converlarions  Chrétiennes  en  1677.  Là  il  prou- 
ve à  fes  Auditeurs,  ou  leur  fait  découvrir  par  eux- 
mêmes  l'exiftence  de  Dieuj  la  corruption  de  la  ra- 
ture humaine  par  le  péché  originel  ,  la  néceflîté 
d'un  Réparateur  J  ou  Médiateur,  &  celle  de  la  Grâ- 
ce. Du  refte  ,  le  MaUbramhifme  a  paru  &  paroît 
encore  à  bien  des  gens  non-leulement  mal  fonde, 
mais  encore  très  dangereux  par  rapport  à  la  Reli- 
gion. M.  Foucher ,  Chanoine  de  Dijon  ,  écrivit 
des  premiers.  M.  Arnaud  le  fit  enluite  ,  &  l'année 
que  le  Pcre  Malebranche  mourut  (en  i7ij.  13  Octo- 
bre )  le  Père  du  Tertre  Jéluite ,  publia  une  ample 
réfutation  de  tout  fon  fyltcrae.    Ce  qui  s'appelle  le 


MAL 

Malebranchifme  n'clt  qu'un  cilfu  d'imaginations,  fri- 
voles à  la  vcricc ,  mais  tcpciidaiir  capables  de  taire 
des  imprcllions  fàchcules  fur  des  cfpnts  gâti^'s  >  ou  peu 

folidcS.   MÉM.  DE  Tr. 

MALEBRANCHISTE.  f.  m.  &c  f.  Philofophe  qui 
fui:  la  Dodhine  du  P.  Malebranchc.  On  die  qu'il 
y  a  des  piétendus  Athées  Caitéliens  &  Malebran- 
chijles  ,  c'eft  un  fait  _,  &  le  dite,  ce  n'eit  pas  at- 
taquer le  R.  P.  Malebranchc.  Mém.  de  Tr.  Un 
MaUbranchiJle  ne  peut  (ouftrir  qu'on  s'occupe  d'au- 
tre chofe  que  du  monde  intelligible;  il  regarde  en 
pitié  les  Poètes  ,  les  Orateurs  les  plus  diltingués.  Id. 
M.  Prévôt ,  après  avoir  rapporté  un  paradoxe  avan- 
cé par  l'Auteur  des  RéHexions  fur  la  Poëfie  en  gé 
néral  ,  s'écrie,  p.  loj.  du  H.  Tome  du  Pour  & 
Contre,  Malebranche  Pocte!  Malebranche  maïtrilé 
par  la  verve ,  Se  puil.int  dans  le  fein  de  la  Pcclîe 
les  principes  les  plus  abftraits;  Les  Malebranchijles 
ieiiont  ils  contens  de  cet  éloge  de  leur  Maitr-e  î  Les 
Malebranchijles  apprendront  (  de  M.  Leibnitz  ) 
qu'Ariftote,  ou  plutôt  Avcrroès  fon  Commentateur, 
a  le  premier  imaginé  la  raifon  univerfelle  ,  qui  agit 
fur  nos  railons  particulières.  Id.  Il  parut  il  y  a  quel- 
ques années  ,  une  Réfutation  du  Malebranchifme. 
L'Auteur  ne  s'y  propofe  rien  moins  que  de  détruire 
de  fond  en  comble  toute  la  doclrine  des  Malebran- 
chijles. C'elt  celle  du  P.  du  Tertre  Jéfuite. 

MALÉDICTION.  1.  f.  Imprécation  qu'on  feit  contre 
quelqu'un  ,  en  fouhaitant  qu'il  lui  arrive  du  mal. 
Execratio  ,  dir£  ,  decejlatio.  La  malédiclion  qu'un 
père  donne  à  fcs  enfans  cft  extrêmement  redouta 
ble.  Noé  chargea  de  fa  malédiclion  fon  fils  Cham  , 
pour  n'avoir  pas  caché  fa  turpitude.  Les  Maltôtiers 
&C  les  Ufuriers  difent  qu'ils  s'engrailfent  de  malédic- 
tions. Les  blafphémateurs  voniilfcnt  mille  malédic- 
tions contre  le  Ciel. 

Malédiction  ,  en  terme  de  l'Ecriture ,  fe  dit  de  la 
condamnation  des  Réprouvés.  Malediclio.  Dieu  a 
donné  fa  malédiclion  aux  méchans ,  &  les  a  envoyés 
au  feu  éternel.  Au  temps  du  Déluge ,  les  hommes 
avoient  attiré  Is.  malédiclion  de  Dieu.  Dès  qucJ.  C. 
eut  donné  fa  malédiclion  au  figuier  ftérile  ,  inconti- 
nent il  devint  lec. 

^CT  On  dit  que  la  malédiclion  eft  fur  une  maifon , 
quand  le  malheur  paroît  attaché  à  cette  maifon  , 
fans  en  voir  de  caule  apparente  :  &  qu'il  y  a  de  la 
malédiclion  fur  quelque  chofe  j  quand  on  y  trouve 
des  difficultés  infurmontables. 

Malédiction.  Terme  de  Droit  Canonique.  C'eft  une 

fentence  ,  un  degré  d'aggravation  ,  qu'on  ajoute  au 

réaggrave  dans  le  diocèfe  d'Avignon  ;  c'eft  une  dé- 

.  pendance  ,  ou  une  des  cérémonies  &  des  parties  de 

l'anathême  dans  ce  diocèfe-là.  ' 

MALEE.  Malea ,  Promontoire  du  Péloponncfe  dans 
la  Laconie  j  la  mer  eft  fort  orageufe  auprès  de  ce 
Cap. 

MALEFAÇON.   Foyei  Malfaçon. 

MALE- FAIM.  Foyei  MAL  FAIM. 

MALEFICE,  f.  m.  MaUficium  ,  fafcinum  ,  fafcinatio. 
§Cr  Ce  terme  pris ,  généralement  s'applique  à  toutes 
fortes  de  crimes.  Dans  cette  fignification  il  n'eftpas 
d'un  ufage  ordinaire.  Dans  une  acception  moins 
étendue ,  il  fe  dit  proprement  de  l'aétioH  par  la- 
quelle on  procure  du  mal  foit  aux  hommes  ,  foit 
aux  animaux  &  aux  fruits  de  la  terre ,  en  employant 
le  fortilége  ,  le  poifon  ,  ou  autres  chofes  femblables. 
Faire  mourir  les  troupeaux  par  maléfice.  Quand  on 
ignore  la  caufe  d'une  maladie  j  on  dit  qu'il  faut  qu'il 
y  ait  quelque  maléfice. 

MALÉFICIÉ,  ÉE.  adj.  Enforcclé,  enchanté,  à  qui  on 
a  donné  quelque  fort ,  à  qui  on  a  nui  par  quelque 
maléfice.  Fafcino  illigatus  ,  impUcatus.  Les  Magi 
ciens  ^  fi  Dieu  le  permet ,  peuvent  empêcher  qu'un 
homme  maléficié  ,  ou  une  femme  maleficiée  ,  ne 
puille  engendrer  fon  fcmblable.  Thiers  ,  fuperfi. 

Maleficiée  ,  ée.  Mot  du  peuple ,  pour  dire  ,  langou 
reux ,  tout  malade.  Infirmus ,  morbidus.  Cet  homme 
eft  maléfiicié ,  tout  maléficié. 
MALÉFIQUE,  adj.  Se  dit  feulement  en  Aftrologie 


MAL  767 

d'une  Etoile ,  d'une  Planète  ,  dont  on  croit  que  les 
influences  font  inauvaifcs.  Malefiicus.  Saturne  Hc 
Mars  font  deux  Planètes  maléfiques.  La  tête  de  Mo- 
dule ,  le  cœur  du  Scorpion  ,  font  deux  étoiles  malé- 
fiiques.  Ces  idées  des  Aftrologucs  fur  des  influences 
malignes  des|Planètes  ,  &  fur  tout  des  Etoiles  ^  adop- 
tées par  la  fottife  &  par  la  fuperftitionj  font  au- 
jourd'hui dans  le  décri. 

MALEG.  Clc)  Rivière  d'Ethiopie  dans  l'Abiflinie, 
qui  a  fa  fource  dans  le  Mont  Gança  au  Royaume  de 
Damot  ,  &  qui  fe  jette  dans  le  Nil. 

MALEGOUVERNE,  ou  MAL-GOUVERNE,  f.  f. 
Eft  le  nom  qu'on  donne  dans  les  Monaftèrcs  des 
Chartreux  à  l'avant-court  ,  &  aux  bâtimens  qu'elle 
contient.  Cette  partie  extérieure  &  avancée  des  Mo- 
naftères  des  Chartreux  s'appelle  Mal-gouverne ,  parce 
que  la  régie  ne  s'y  obferve  pas  ,  &  que  ceux  qui  y 
demeurent ,  qui  y  viennent  ,  &  les  domeftiques  , 
peuvent  y  manger  de  la  viande ,  ce  qui  ne  fe  fait 
pas  dans  l'intérieur  du  Monaftère  ,  &  que  les  fem- 
mes peuvent  y  entrer  pour  aller  prier  Dieu  dans 
une  chapelle  qui  eft  diftérente  de  celle  où  les  Char- 
treux chantent  l'Office.  Chez  les  Feuillans  le  réfec- 
toire des  valets  s'appelle  Male-gouverne. 

MALEGUÉTE  ,  ou  MALEGÉTE.  f.  f.  Foyei  Car- 
damome. 

MALEIÇON.  f.  m.  Vieux  mot.  Malédidion.  On  a 
dit  aulîi  Maleir  ;  pour  j  Maudire ,  &c  Malait  Se  Ma- 
lerit  j  pour  Maudit. 

MALEMBA.  Nom  d'un  Royaume.  Malemb&  Regnum. 
Ce  Royaume  eft  dans  la  Baft'e  Ethiopie  ,  entre  le 
Royaume  d'Angola,  &  le  lac  de  Zembre.  On  affure 
qu'il  eftfujet.ou  tributaire  de  l'Empire  de  Monoé- 
mugi.  Mcti  Se  Debfan  en  font  les  lieux  principaux. 
Maty. 

MALEMORT.  f.  f.  Mort  funefte ,  tragique.  Mors 
acerba  j  turpis  ,  infamis.  Cet  homme  a  la  phyfiono- 
mie  patibulaire ,  il  mourra  de  malemon.  Il  eft  po- 
pulaire. 

MALENCONTRE.  f.  f.  Malheur  ,  màuvaife  fortune. 
Mot  furanné.  Infortunium  jfors  adverfa  ,  inimica.  Il 
arriva  par  malencontre  ,  c'efl- à-dire  ^  par  niauvaife 
fortune. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  porte  ma- 
lencontre ,  quand  on  croit  que  c'eft  lui  qui  eft  caufe 
d'un  malheur  ,  parce  qu'il  nous  arrive  en  fa  pré- 
fence.  On  dit  aulfi ,  Qui  fe  foucie,  malencontre  lui 
vient. 

MALENCONTREUSEMENT,  adj.  Malheureufemenr. 
Infeliciter  ,inaufpicato.  Il  arriva  malencontreufement , 
on  ne  le  dit  plus. 

MALENCONTREUX ,  EUSE.  adj.  Celui  qui  porte , 
ou  qu'on  croit  porter  malencontre,  ou  à  qui  il  arri- 
ve quelque  malencontre.  Se  marier  en  un  jour  ma- 
lencontreux. PoRT-R.  Il  ne  fe  dit  plus  guère  que  dans 
le  fatyrique  «?c  le  burlefque.  Inaufpicatus  ,  ominofus , 
perniciofus ,  funefius. 

Et  pour  furcrou  de  maux  un  fon  malencontreux^ 
Conduit  en  cet  endroit  un  grand  troupeau  de  bœufs. 

Boileau. 

MALENGIN,  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  autre- 
fois dol ,  tromperie.  Fraus  ,  dvlus  malus.  Ils  ont 
traité  cnfemblede  bonne-foi,  fans  aucune  fraude j  ni 
mal-engin,  bonâfide. 

MALENPOINT.  adv.  Qui  eft  en  mauvais  état,  foit 
pour  la  fanté  ,  foit  pour  la  fortune.  Cet  homme  a 
une  fièvre  eétique  qui  le  mine  ,  il  eft  malenpoint. 
Il  eft  toujours  mal  propre  ,  mal  vêtu  &  malenpoint. 
Il  eft  venu  de  nouvelles  preuves  contre  cet  accufé,  il 
eft  fort  malenpoint.  Prosus  malè ,  pejfimè. 

§Cr  On  dit  mieux  ,  il  eft  en  mauvais  point ,  comme 
on  dit  il  eft  en  bon  point ,  le  mot  point  défignant 
alors  l'état  de  la  fortune  ou  de  la  fanté.  F'oye:^ 
Point. 

et?  MAL-ENTENDU,  f.  m.  C'eft  dans  fon  acception 
générale  la  même  chofe  qu'erreur,  méprife.  Error. 


7^8  MAL 

Il  y  a  fouvent   du  mal- entendu  dans  les  affaires.  Un 
mal  entendu  lui  a  tait  perdre  Ion  procès. 

UCT  On  le  dit  aulfi  des  paroles  priles  dans  un  autre  fens 
qu'elles  n'ont  étc  dites  ,  qui  caufent  quelque  conte! 
ration  ,  ou  des  adions  mal-intei prêtées  qui  produi- 
fent  quelque  divifion.  Quand  on  ne  s'explique  pas 
clairement,  \z  mal  entendu  caufe  ordinairement  des 
contertations.  Ils  fe  font  brouillés  par  un  mal-en 
tendu. 

MALENUIT.  L  f.  Vieux  mot.  Nuit  qu'on  palfe  avec 
infomnie  y  inquiétude  ,  ou  douleur.  Nox  infaujla_, 
laboriofa.  Il  y  a  des  Charlatans  ,  des  Sorciers ,  qui  le 
vantent  de  donner  la  malenuit  à  une  perfonne  éloi- 
gnée. 

MÀLEI'ESTE.  Jurement  Gafcon  qu'on  fait  contre 
quelque  chofe,,  &  quelquefois  avec  admir.ition.  Va. 
Malepcjle  ,  que  ce  potage  eft  chaud  !  Malepejle  , 
que  cet  homme  ell:  méchant ,  qu'il  eft  cruel  ! 

^lÂLERAGE.  f.  f.  Ne  le  dit  guère  qu'en  cette  phra- 
fe  :  il  a  bien  jeûné  ,  il  a  la  malerage  de  faim.  Famés 
canina.  On  dit  par  imprécation,  la  malerage  le  fai- 
fiHe. 

MALES-GRACES  ,  l.  f.  Inimitié  -,  mauvaifes  grâces. 
Offcn/a.  Il  eft  tout  à  fait  dans  Ces  males-gra.ces.  Ce 
mot  n'eft  plus  en  ufige. 

MALES  SEMAINES,  f.  f.  pi.  Se  dit  des  ordinaires  des 
femmes,  de  leurs  fleurs,  de  leurs  menftrues.  vVfe/z/" 
trua.  On  dit  plus  communément  régies ,  ordinaires. 

MALESTROIT.    Nom   d'une  petite  ville  de  la  Dteta- 
•  gne  j en  France.  Malefinuctum.  Elle  eft  fur  la  rivière 
d'Ouft  ,  dans  le  Diocèle  de  Vannes  ,  à  lîx  Ueucs  de 
la  ville  de  c'e  nom. 

MALETOTE.  Foyei  MaltAte. 

MALETOTIER.  Foyei  Maltôtier. 

MALETTE.  Foye^  Mallette. 

MALÉVOLE.  adj.  Malveillant.  Malevolus.  Il  ne  con- 
vient qu'au  ftyle  buiielque  ,  &  c'cft  lur  le  ton  de 
goguenard  qu'il  faut  le  prendre  ,  sulll  bien  que  Bé- 
névole ,  dans  l'Avcrtilïement  du  Roman  Comique  de 
Scarron ,  dont  voici  les  termes  :  Voilà  ,  Lecteur  Bé 
névole ,  ou  Malcvole ,  tout  ce  que  j'ai  à  te  dire  :  lî 
mon  Livre  te  pl.tit  allez  pour  ce  faire  fouhaiter  de 
le  voir  plus  corrc'-T: ,  achettes-en  allez  pour  le  fiire 
imprimer  une  féconde  fois  ;  &:  je  te  promets  que 
tu  le  verras  revu  ,  augmenté  &  corrigé. 

MALBURTE.  f.  f.  Vieux  mot.  Méchanceté.  Poëf.  du 
Roi  de  Nav. 

AlALFAÇON.  f.  f.  Dans  les  Arts  mécaniques  ce  mot 
lignifie  tout  défaut  de  matière  &  de  conftrucfion ,  eau 
lé  par  ignorance  ,  ou  par  négligence  j  ou  par  épar- 
gne. Erratum  ,  noxa  ,  vitïum ,  defeclus ,  error.  La 
mal -façon  d'un  bâtiment  ,  d'une  muraille,,  d'un 
habit. 

Mal  FAÇON  ,  en  Maçonmerie  ,  c'eft  pofer  des  pierres 
de  lit  en  joint  i  faire  des  plaquis  ou  incruftations 
dans  les  murs  de  médiocre  épailleur ,  &  particuliè- 
rement dans  les  chaînes  ou  jambes  fous  poutres , 
au  lieu  d'y  mettre  des  carreaux  &  quartiers  de  par- 
paings bien  en  liaL^.on  ;  fermer  des  cours  d'affife  par 
de  trop  petites  claiifoires,  &  en  faire  les  joints  iné- 
gaux &  fes  paremens  gauches  ;  alfeoir  des  moellons 
de  plat  dans  la  conftruétion  des  voûtes ,  au  lieu  de 
les  mettre  en  coupe  ,  laillèr  des  vides  dans  les  maf 
llfs  j  ou  les  remplir  de  blocage  à  fec  ■■,  fe  fervir  de 
fentons  de  boit  au  lieu  de  fer  dans  les  tuyaux  Se 
languettes  de  cheminées  ;  &:  ne  pas  recouvrir  fuffi- 
famment  de  plâtre  les  chevrettes  ;  employer  du  mor- 
rier  qui  n'a  pas  alfez  de  chaux  ,  aulî;  bien  que  du 
plâtre  cvenfc,  ou  noyé-,  ériger  les  murs  fans  empa- 
temens  ,  retraites ,  &  fruits  néceiraires  ;  laill'er  des 
jarrets  &  balèvres  aux  voûtes  ,  &cc. 

Malfaçon  ,  en  Charpenterie ,  c'eft  mettre  en  œuvre 
des  bois  défeélueux ,  ou  Haches  ,  ou  plus  forts  qu'il 
n'eft  nécellaire  ,  pour  augmenter  le  toifé  ;  ne  pas 
peupler  fuffilamment  les  planchers ,  cloifons,  &:  com- 
bles; faire  de  méchans  allemblages  ,  &c. 
;Mal  FAÇON  j  dans  la  Couverture,  c'eft  employer  de 
la  tuile  mal  cuite ,  ou  de  l'ardoife  trop  foible  ;  leur  1 


MAL 

donner  trop  de  pureau)  en  laire  les  plâtres  maigres, 
&c. 

Mal-façon  ,  en  Serrurerie  ,  c'eft  fe  fervir  de  fer  aigre , 
cendreux  ,  paillcux  ,  ou  avec  d'autres  défauts  ;  faire 
les  menus  ouvrages  trop  légers  ,  les  ferrures  mal 
garnies  ,  Se  le  tout  fans  bonne  rivure  ,  Sec. 

Mal-façon  ,  en  Mcnuifcrie  ,  c'eft  employer  du  bois 
trop  vert  ;  faire  des  panneaux  Se  parquets  trop  min- 
ces avec  aubier  ,  nœuds  vicieux  j  gales  ,  tampons, 
futée  j  &c. 

Mal  FAÇON,  en  Vitrerie  ,  c'eft  mettre  en  œuvre  du  verre 
moucheté  ,  onde  ,  cafilleux  ,  ou  fi  gauche  qu'il  foit 
forcé  par  les  pointes  ,  Sec.  Les  Jurés  Experts  (ont 
obligés  par  leurs  ftatuts  &  régkmens  de  viliter  les 
ateliers  ,  pour  réformer  ces  mal  fafons  ,  Se  autres 
abus  qui  le  commettent  dans  l'art  de  bâtir.  Davu. 
Il  en  eft  de  même  à  proportion  des  autres  arts.  Il  n'y 
en  a  prelque  point  dans  lequel  l'avarice  ou  l'igno- 
rance n'ait  introduit  les  mal-facons.  Il  y  a  aufti  des 
malfaçons  dans  la  plaidoirie  ,  c'eft  ce  que  Budéc 
appelle  folœcïfmï  forenfes. 

Mal-façon  ,  fe  dit  aulli  au  figuré ,  |tT  pour  figniiîer 
fupercherie  dans  le  commerce  de  la  vie ,  dans  la 
conduite ,  tout  ce  qui  n'eft  pas  fait  avec  fidélité  Se 
iincérité.  Il  y  a  dans  cette  aftaire  quelque  mal-façon 
que  je  n'entends  pas.  L  es  Intendans  de  maitons , 
les  gens  d'affaires  font  fouvent  accufés  de  mal-fa- 
çon. 

MALFAICTEUR.  f.  m.  C'eft  en  général  celui  qui  fait 
de  méchantes  actions  ,  qui  commet  des  crimes.  Ma- 
leficus  ,facinorofus  ,  rei  capitalis  reus.  Il  ne  faut  point 
avoir  pitié  en  Juftice  des  Malfaiteurs. 

MAL-FAIM,  ou  MALE  FAIM.  f.  f.  Mala,  dira  fa- 
més ,  faim  mauvaile,  cruelle.  Ce  mot  ne  fe  fouffrc 
que  dans  le  burlcfque.  Se  dans  les  vers  de  ftyle  art- 
tique  1^-  libre ,  comme  l'a  fort  bien  employé  l'Au-, 
teur  du  Virelay  fur  le  Rimeur  rebuté. 

De  tous  les  métiers  le  pire  j 

Et  celui  qu'il  faut  élire  , 

Pour  mourir  de  male-faim , 

EJl  à  point  celui  d'écrire.  P.  Mourgues. 

MAL  FAIRE,  v.  a.  Faire  du  mal,  Nocere ,  malè  age- 
re.  La  nature  corrompue  eft  encline  à  §S"  mal  faire. 
Il  y  a  àe.%  gens  malheureulement  nés  qui  ne  fe  plai- 
fent  qu'à  mal-faire.  Hors  delà  il  eft  d'une  ufagc 
allez  rare.  Se  ne  s'emploie  qu'à  l'infinitif. 

MALFAISANT  ,  ANTE.  adj.  Qui  nuit^  qui  fait  du 
mal  ;  qui  fe  plaît  à  mal  faire.  Noxius  ■,  maleficus.  Il 
y  a  des  gens  qui  ont  un  naturel  malfaifant.  Une 
humeur  malfaifante.  Ablanc.  Cicéron  ne  reconnoît 
point  pour  magnanimes  ces  Héros  malfaifans  qui 
vont  détrôner  les  Rois.  M.  Esp.  Il  n'y  a  point  ei> 
cote  eu  d'homme  fur  la  terre  ,  qui  ait  pu  gagner, 
ni  lur  les  autres  j  ni  fur  lui  même,  d'établir  dans  le 
monde  ,  qu'il  eft  plus  eftimable  d'être  trompeur,  que 
d'être  ilncère  ;  d'être  emporté  Se  malfaifant,  que 
d'être  modéré  Se  de  faire  du  bien.  Fenel. 

Desjinges  malfaifans ,  6"  des  leups  pleins  de  rage. 

Mol. 

Malfaisant  j  fe  dit  auflî  des  chofes  qui  nuifent  à  la 
fanté.  Un  vin  aigre  ,  un  vin  frelaté  eft  malfaifant. 
Une  viande  indigefte  eft  malfaifante.  Noxius. 

MAL-FAIT  ,  AITE.  adj.  Qui  n'eft  pas  fait  dans  les 
règles ,  qui  n'a  pas  les  qualités  &  les  agrémens  re- 
quis. Deformis  ,  pravè  fruclus  j  compofitus  ,  \itio- 
fus.  Il  le  dit  tant  des  perfonnes  que  des  chofes  au 
propre  Se  au  figuré.  Un  boHu  ,  un  homme  de  mau- 
vaile niine  ,  un  homme  mal  fait.  Un  homme  bour- 
ru J  eft  un  efprir  mal  fait.  Un  cœur  mal  fait.  Voit. 
Un  bâtiment  mal  fait ,  un  habit  mal  fait.  Lettre 
mal  faite  Se  mal  écrite.  Marot. 

Nos  anciens  Poëtes  ne  nommoient  point  autre» 
ment  les  diables  que  li  mal  faits  ,  à  caufe  qu'ils  font 
du  mal ,  ou  peut-être  parce  qu'on  les  repréfente 
fous  des  formes  hideufes. 

Oà 


MAL 

Où  font  Us   qui  faïnts  Apofloles  , 
D'aubes  vêtus  j  d'amis  coeffês  , 
Qui  ne  font  ceints  fors  que  d'ejlolles  , 
Et  par  col  prinrent  li  mal  faits.  Clopinel. 

MALFAITEUR.  A^oy^ï  Malfaicteur. 

MAL  FAMÉ  ,  ÉE.  Qui  a  mauvaiCc  icputation.  Faino- 
fus  ,  injamis  ,  malo  nomine.  Les  gens  mal  famés 
lont  exclus  des  charges  publiques.  Une  femme  mal- 
jamée.  IjCT  On  a  die  auticfois  tamc  pour  renommée  , 
&  f«mé  j  qui  a  de  la  renommée.  Fama  notus.  De-là 
infamer ,  diffamer ,  &c.  Bien  ik  mal  famé  ,  relative- 
ment aux    mœurs. 

MALFI ,  ou  AMALFL  Petite  ville  de  la  Principauté 
citéneure  ,  au  Royaume  de  Naples.  Amalphis.  Elle 
eft  fur  le  golfe  de  Salerne  ,  environ  à  trois  lieues  au 
couchant  de  la  ville  de  Salerne.  Malfi  eil  un  Siège 
Archiépilcopal ,  dont  les  luftragans  font  Capri  ,  Sca- 
la  j  Minori ,  Lattere  &:  Ravello.  Il  fut  érigé  en  Du- 
ché le  liècle  pallc  en  faveur  du  fimeux  Picolomini , 
Général  des  armées  de  l'Empereur.  C'ell  la  patrie  de 
Flavio  Gioa  ,  que  quelques-uns  prétendent  être  l'in- 
venteur de  la  boullble.  Malfi  donne  fon  nom  à  la 
côte  qui  s'étend  depuis  le  cap  de  la  Minerve ,  juf- 
qu'à  Salerne. 

MAL-GRACIEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  mal- 
gracieule.  Inurbanè ,  rufiice.  Il  cil  du  ftyle  familier , 
■     ainfi  que  mal  gracieux. 

MAL-GRACIEUX  ,  EUSE.  adj.  Groilier  ,  rude  ,  in- 
civil. Deformis  ,  agrcftis  .,  rujîicus.  Il  le  dit  des  pcr- 
fonnes  &c  des  chofes.'  Les  Marchands  qui  font  mal- 
gracieux perdent  bientôt  leur  chalandile.  Votre  père , 
le  plus  mal-gracieux  àe.  tous  les  hommes,  m'a  chaf 
iéj  &  j"ai  couru  rifque  d'être  battu.  Mol.  Réponfe 
mal-gracieufe.  * 

MALGRÉ.  Prépofition  qui  régit  l'accufatif.  Contre  le 
gré  de  quelqu'un.  Invité  ,  irzvitb.  Les  mariages  qui  le 
font  malgré  père  &  mère  font  punis  par  l'exhéré- 
dation. 

On  le  dit  des  chofes  inanimées.  Il  eft  parti /wa/^re 
la  pluie  &:  la  grêle  ^  malgré  les  mauvais  préfages. 
§3"  Malgré  ,  Hgnifie  la  même  choie  que  Nonobf- 
tant  ,  (ans  avoir  égard.  On  agit  contre  la  volonté  ou 
contre  la  règle  ,  &  malgré  les  oppofitions.  Les  valets 
parlent  fouvent  contre  les  intentions  de  leurs  maî- 
tres, &  malgré  leurs  défenfes.  La  témérité  fait  en- 
treprendre c<?/2Cre  les  apparences  du  fuccèsj  &  la  fer- 
meté fait  pourluivre  l'entreprife  malgré  les  obftacles 
qu'on  y  rencontre. 

On  dit  proverbialement ,  Je  ferai  cela  malgré  lui 
&  malgré  fes  dents  ,  pour  dire  ,  il  ne  pourra  l'empê- 
cher.   Eo  invita. 

On  dit  aulîî ,  Bongré  malgré  ^  ôc  c'eft  une  forte 
d'adverbe  qui  iignihe  ,  en  dépit  qu'on  en  ait  ;  non- 
obftant  tous  les  efforts  que  l'on  pourroit  faire  pour 
s'y  oppofer.  Omnibus  invitis  &  reluciantibus  ,  invitis 
hominibus  dïfque.  Il  fera  cela  bongré  malgré.  Il  eft 
familier. 

Malgré  QUE.  Sorte  de  conjondion.  Malgré  que  vous 
en  avez  ,  je  pallerai  t)utre.  Vaug. 

MALGUES.    Foye:^  Malaga. 

CG"  MAL -HABILE,  adj.  de  t.  g.  Qui  n'a  point  d'in- 
telligence ni  d'aptitude  aux  chofes  qu'il  fait.  Incp- 
tus  j  parum  idoneus.  Ce  n'eft  point  un  mot  nouveau  , 
comme  le  dit  Bouhours.  On  le  trouve  dans  Nicod. 
Il  n'eft  point  fynonyme  de  mal-adroit  qui  le  dit  au 
propre  Se  au  figuré  ,  des  exercices  du  corps  &  des 
fondions  de  l'efprjt;  au  lieu  que  mal-habile  ne  le 
dit  que  des  dernières.  On  eft  mal-habile  dans  les  affai- 
res ,  dans  les  négociations.  Un  malhabile  homme 
en  affaires,  eft  celui  qui  n'a  pas  allez  de  talent  ,  &: 
qui  a  trop  peu  d'habitude  à  les  traiter,  aies  manier. 

^  MAL- HABILETÉ,  f.  f.  Manque  d'habileté,  de 
capacité  ,  de  difpofition.  Foy.  Mal  Habile.  Sa  mal- 
habileté lui  a  fait  perdre  fon  emploi  _,  fon  procès.  Foy. 
aulfi  Mal  Adresse  &c  Mal-Adroit. 

MAL-HARDI  ,  lE.  adj.  Parùm  audax  ,  ignavus  ,  fo- 
cors  timidus.  Ce  mot  fe  difoic  autrefois ,  fur-couc  en 
Tome  y. 


MAL  7^9 

Poëfic  ,  pour  fignitîcr  un  homme  qui  manque  de 
cœur,  ou  de  hardiclié;  mais  il  n'eft  plus  en  ulagc. 
La  plupart  de  ces  compolîtions  de  mots  réullilicnt 
en  notre  langue  moins  qu'en  Latin  ,  &  Quintilicna 
remarqué  qu'elles  réullîlloient  moins  en  Latin  qu'en 
Grec. 

MALHERBE,  f.  f.  Eft  une  plante  d'une  odeur  forte 
qui  croît  dans  le  Languedoc  &:  dans  la  Provence, 
qui   krt  aux  Teinturiers. 

0G-' MALHEUR,  f.  m.  De  l'ancien  mot  heur,  &  mal, 
mauvais.  Malus.  Voy.  Heur.  Ainlî  ce  mot  iîgnifie 
proprement  un  événement  fâcheux  ,  une  mauvaile 
fortune.  Mais  on  l'applique  particulièrement  aux 
événemens  de  fortune  &:  de  choies  étrangères  à 
la  perfonne.  C'eft  un  malheur  de  perdre  fon  argent: 
c'eft  un  plus  grand  malheur  Az  perdre  fon  ami.  Voy. 
Accident,  Désastre,  Infortune.  Sou- 
vent on  donne  à  ce  mot  une  lignification  plus 
étendue  ,  &  on  le  dit  de  l'infortune  ,  des  accidens 
fàchciux  &  dommageables.  Cafus  adverfus  ,  cala- 
mitas  ,  infonunium.  Je  luccombai  fous  le  poids  de 
tant  de  malheurs,  S.  E  v  R.  L'homme  eft  fi  mal- 
heureux ,  qu'il  ne  fait  qu'augmenter  les  malheurs  en 
le  connoiftant  (oi  même.  Nic.  L'homme  dans  le  gouf- 
fre de  malheurs  où  il  eft,  plongé,  ne  reçoit  de  con- 
folation  que  de  fa  vanité.  M.  Esp.  Les  malheurs  épa- 
tent nos  delîrs  ,  &  nous  font  perdre  le  goût  du  mon- 
de. Boss.  LaPhilofophie  elle-même  s'enfuiroit  à  la 
vue  de  tant  de  malheurs  j,  i\  elle  les  voyoit  venir  à 
elle  tête  baiffée  pour  la  renverfer.  S.  EvR.  Sage  par 
mes  malheurs ,  je  méprile  les  douceurs  de  l'amour. 
Vill. 

Le  bruit  de  mes  malheurs  fait  retentir  les   airs. 

BoiLEAU. 

Il  y  a  des  malheurs  où  les  hommes  approuvent 
qu'on  loit  lenhble  julqu'à  l'excès,  6c  où  il  eft  per- 
mis de  s'oublict  avec  bienféance.  Disc.  d'Él.  Je 
ferai  plus  grand  que  mes  malheurs  ,  Se  je  ferai  voir 
par-là  que  jen'enétois  pas  digne.  B.  Rab. 

Pourquoi  toi-même  en  proie  à  tes  vives  douleurs  , 
Cherches  -  tu  fans  raifon  à.  grojfir  tes  malheurs  î 

Boileau. 

^fT  Un  Joueur  dit  quelquefois  qu'il  eft  en  malheur ,  que 
le  malheur  lui  en  veut.  On  ne  làit  pas  bien  précifé- 
ment  ce  qu'on  entend  par  le  terme  de  malheur  dans 
le  fens  d'un  événement  lortuit,  ou  des  coups  du  ha- 
fard.  Foye:^  Bonheur.  Il  y  a  de  la  différence  entre  un 
malheur  Se  le  malheur,  un  malheur  eft  un  événe- 
ment fâcheux.  Le  malheur  eft  une  fuite  de  ces  évé- 
mens. 

Malheur  ,  eft  quelquefois  une  imprécation,  un  fou- 
hait  qu'on  fait  pour  la  punition  des  raéchans  ,  ou  une 
prévoyance  de  leurs  fupplices.  Fit.  Malheur  à  vous , 
Scribes ,  Pharifiens,  &  Hypocrites ,  dit  plufieurs  fois 
JÉSUS -Christ  dans  l'Évangile.  Malheur  &c  défef- 
poir  aux  vaincus. 

Par  Malheur  ,  fe  dit  quelquefois  '  adverbialement. 
Forte  ,  infeliciter.  Par  malheur  il  rencontra  fon  en- 
nemi. Se  il  le  tua. 

//  advint  d'aventure , 
Que  le  Lion  pour  chercher  fa  pâture  , 
Saillit  dehors  fa  caverne  &  fon  fiége  , 
Dont  par    malheur  fe  trouva  pris  au  piège. 

Marot. 

Malheur,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Le 
malheur  n'eft  pas  toujours  à  la  porte  d'un  pauvre 
homme.  Un  malheur  amène  fon  frère  ,  ou  ne  vient 
jamais  feul. 

On  dit  bien  vrai ,  la  mauvaife  fortune 

Ne  vient  jamais   du  elle  n'en  apporte  une  , 

Ou  deux  ,  ou  trois  avec  elle  ,  Sire.  Marot. 

On  accufe  auffi  un  hom;Tie  déporter  malheur,  quand 

£  e  e  ee 


77©  MAL 

il  arrive  plufieurs  malheurs  en  fa  compagnie.  On  dit 
aiilFi  ,  Il  n'y  a  qu'heur  &  malheur  en  ce  monde , 
pour  dire  ,  qu'il  a  des  gens  qui  réullillbnt  en  des 
aftaires  où  les  autres  le  ruinent.  Lorlqu'on  voit  arri- 
ver plulîeurs  malheurs  iuccclllvement ,  ou  qu'après 
plufieurs  difgrâces,  il  arrive  quelque  coup  de  for- 
tune ,  on  dit  proverbialement  à  force  de  malheur , 
la  chance  vient ,  à  quelque  cbofe  malheur  eft  bon. 
La  Fontaine  a  employé  ce  proverbe  fort  hcureufe- 
meiit  : 

Quand  le  malheur  ne /croit  bon 
Qu'à  mettre  un  fot  à  la  raifon. 
Toujours  Jeroit  ce  àjujle  caufe 
Qu'on  le  dit  bon  à  quelque  chofe. 

A  la  Malheure,  adv.  Malheureufement.  Inaufpicato. 
Il  eft  arrivé  à  la  malheure. 

MALHEURE  ,  ÉE.  adj.  Vieux  mot.  Malheureux.  On 
a  dit  aulli  Malheureté  y  &  Malheurté  ,  pour  mal- 
heur. 

^  MALHEUREUSEMENT,  adv.  Par  malheur ,  d'une 
manière  malheureufe.  Infeliciter,  inaufpicatè.  Il  eft 
arrivé  malheureufement  que  le  feu  a  pris  chez-lui.  Il 
s'eft  noyé  malheureufement. 

|îr  MALHEUREUX  ,  EUSE.  adj.  Ceftl'oppofé  d'heu- 
reux. Il  fe  prend,  de  même  qu'heureux,  dans  plufieurs 
acceptions  diftérentes. 

^CrMALHEUREUx  cft  quelquefois  fynonyme  de  Dam- 
né ,  &  déligne  celui  qui  eft  privé  de  la  vue  de  Dieu  , 
dans  laquelle  confifte  la  béatitude.  Ceux  qui  meu- 
rent en  état  de  péché  mortel ,  feront  éternellement 
malheureux. 

^^3"  Malheureux  ,  fe  dit  auffi  de  ceux  qui  manquent 
des  choies  nécelfaires  aux  beloins  de  la  vie  ,  ou  qui 
peuvent  rendre  l'homme  content.  Mifer.  Alors  il  eft 
adj.  &:  fubft.  Mener  un  vie  malheureufe.  Etre  dans 
un  état  malheureux ,  dans  une  lituacion  malheureufe. 
Mifer.  Dieu  louftre  qu'il  y  ait  des  malheureux  pour 
exercer  leur  patience  ,  &  pour  donner  lieu  aux  ri- 
ches d'exercer  leur  libéralité.  Les  malheureux  ont 
tant  de  peur  qu'on  ne  les  méprife  ,  qu'ils  en  font 
moins  modeftes.  Le  plus  fenfible  outrage  qu'on  puille 
faire  aux  malheureux  ,  c'eft  de  triompher  de  la  mi- 
sère qu'on  leur  a  caulée. 

Engraiffe-toi ,  mon  fils  ,  du  fuc  des  malheureux. 

Bon. 

Du  fort  des  mallieureux  adoucir  la    rigueur 
C'ejl  de  l'autorité  le  droit  le  plus  flatteur.  Gresset. 

Faire  une  fin  malheureufe  ,  c'eft  mourir  finis  avoir 
donné  aucune  marque  de  piété  ,  ou  finir  ù  vie  par 
la  main  du  Boureau.  C'eft  le  fort  d'un  pécheur  im- 
pénitent ou  d'un  criminel  livré  à  la  Juftice. 
Malheureux  ,  fe  dit  dans  le  même  Icns  de  ceux  dont 
la  vie  eft  trifte  &  défagréable  ,  ou  par  des  aftlidions 
ou  par  les  partions  qui  les  tourmentant.  Injelix  , 
miferabilis.  Avec  un  ami  fidelle,  quelque  bizarrerie 
du  deftin  que  j'aie  à  efluyer  ,  je  défie  la  fortune 
de  me  rendre  malheureux.  S.  Evr.  Son  Amant  avoir 
tant  de  mérite  ,  qu'il  étoit  difficile  de  le  rendre 
malheureux  fans  en  avoir  pitié.  P.  de  Cl.  L'amour 
ne  fait  guère  moins  de  malheureux  que  la  fortune. 
ViLL.  Vous  êtes  bien  malheureux  d'avoir  en  tête  un 
ennemi  implacable.  Pasc.  Il  vaudroit  encore  mieux 
cicc  malheureux enamoai  ,quedc  n'aimer  rien.  Vill. 

Ton  malheureux  Amant  aura  bien  moins  de  peine  , 
A  mourir  par  ta  main   qu'à    vivre    avec  ta  haine. 

Corneille. 

Malheureux  ,  fignifie  auffi  ,  Méchant ,  fcéiérat.  Sce- 
Icratus  ,  Sceleflus.  C'eft  un  malheureux  qui  a  attente 
à  la  vie  de  Ion  Prince.  Le  pécheur  n'eft-il  pas  bien 
malheureux ,  de  s'attaquer  à  Ion  Dieu  ,  à  fon  Sou- 
verain ; 

Malheureux  ,  lé  dit  auffi  de  celui  qui  ne  réuifit  point 


MAL 

dans  ce  qu'il  entreprend  j  foit  par  fon  peu  d'adreflè  ,     i 
foit  par  le  halard,  foit  par  la  mauvaile  conjonéturc 
des  aftaires.  Infelix  ,  injauflus.  Il  faut  s'.abftenir  du 
jeu  ,  quand  on  y  eft  malheureux.   Etre   malheureux     \ 
en  amis  ,  en  parens  ,  en  valets.  En  matière  d'Etat  ,     ! 
être  malheureux  ,  ou  imprudent  ,  c'eft  prefque  la 
même  chofe.  S.  ÉvR.  On  parle  de  Catilina  comme 
d'un  homme  déteftable  :  on  eût  dit  la  même  chofe  de 
Céfar ,  s'il  eût  été  auffi  malheureux  que  Catilina.  Id. 
Les  mêmes  aétions  font  blâmées  généralement  j  parce 
qu'elles  ont  été  malhcureufes ,  qui  feroient  exaltées , 
fi  l'événement  eût  répondu  aux  mefures  qu'on  avoit 
prifes.  Bell. 

^3"  On  appelle  coup  malheureux  ,  celui  qui  eft  arrivé 
par  malheur  &  inopinément ,  &  qui  eft  plus  dan- 
gereux qu'il  ne  devroit  être.  * 

^3"  Au  )eu  3  c'eft  un  coup  du  hafard ,  qui  arrive  par 
un  malheur  extraordinaire. 

Malheureux  ,  lemble  marquer  un  accident  qui  arrive 
tout'à-coup,  &  qui  ruine  une  fortune  naillante^ou 
établie  ;  infortunatus  ,  au  lieu  que  miférable  lemble 
marquer  un  état  fâcheux  ,  foit  que  l'on  y  foit  né  ,  foie 
que  l'on  y  foit  tombé.  Mifer ,  miferabilis  ,  miferan- 
dus.  Ainli  on  plaint  proprement  les  malheureux  y  ôc 
on  affifte  lesmiférables.  03"  On  eft  malheureux  au  jeu. 
Se  l'on  devient  miférable  quand  on  y  perd  beaucoup. 
Le  mot  miférable  a  encore  d'autres  iens  qui  ne  con- 
viennent point  au  mot  malheureux.  Ainli  on  ne  doit 
pas  dans  tous  les  cas  les  employer  inditléremment 
l'un  pour  l'autre. 

Malheureux,  fignifie  auffi  ,  Ce  qui  caufe  du  malheur, 
ou  qu'on  croit  le  caufer.  Funeftus  j  lucluofus.  On  dit 
qu'un  homme  eft  né  fous  une  étoile  malheureufe , 
comme  Saturne  &:  Mars  ,  qui  ont  de  mauvaifcs  in- 
fluences ;  c'ell  une  croyance  fuperftitieufe  ,  c'en  eft 
encore  une  de  ^imaginer  qu'il  y  ait  des  jours  heu- 
reux ,  &c  malheureux.  §3"  J^oy.  Heureux.  Dans  ce 
fens  on  ne  le  dit  point  des  perlbnnes.  On  dit  au  jeu 
qu'un  homme  a  la  main  malheureufe  ,  pour  dire  , 
qu'on  ne  gagne  point  quand  c'eft  lui  qui  donne  les 
cartes ,  ou  quand  on  eft  fous  fa  coupe.  On  dit  d'un 
homme  qui  calfe  tout  ce  qu'il  touche  ,  qu'il  a  la 
main  malheureufe  :  &  figurément ,  cet  homme  à  la 
main  malheureufe  à  faire  des  mariages.  On  dit  à  peu- 
près  dans  ce  fens ,  une  phyfionomie  malheureufe  , 
une  mine  malheureufe.  Il  a  quelque  chofe  de  mal- 
heureux dans  le  vilage.  Dans  ce  fens  on  le  dit  de  ce 
qui  lemble  marquer  du  malheur.  Infauflus ,  malè 
ominatus. 

Malheureux  j  fe  dit  auftî  par  mépris  de  ce  qui  eft  vil 
&c  peu  conlidérable.  Vilis ,  nihili ,  ignobUis.  lia  eu 
un  procès  pour  un  malheureux  arpent  de  pré  ,  qui  l'a 
ruiné.  Pour  un  malheureux  cc\i  qne  cet  avare  a  voulu 
épargner ,  il  lui  en  coûtera  cent  en  réparations. 

§3°  On  l'emploie  auffi  dans  le  fens  d'inluffilance ,  de 
compataiton  &:  de  dilproportion.  Pendant  qui!  ha- 
bite un  palais  ,  fon  frère  eft  réduit  à  une  malheureufe 
chambre.  Avec  vingt  mille  livres  de  rente  il  n'a 
qu'un  malheureux  valer. 

^O'Enfin  ,  on  le  dit  de  ce  qui  eft  méprifable  ,  mauvais 
dans  fon  genre,  de  ce  qui  n'a  pas  les  qualités  qu'il 
devroit  avoir.  Un  malheureux  Ecrivain ,  un  malheu- 
reux Auteur.  Incptus ,  infulfus.  Miférable  conviea- 
droit  mieux.  Une  mémoire  malheureufe ,  qui  man- 
que au  befoin. 

Malheureux  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes. 
On  dit  quand  un  homme  eft  malheureux ,  qu'il  fc 
noieroit  dans  un  crachat.  Les  malheureux  n'ont  point 
de  parens ,  c'eft-à  dire ,  que  tout  le  monde  les  aban- 
donne. On  dit  aufti  ,  que  le  gibet  n'cft  fait  que 
pour  les  malheureux  ,  parce  que  les  riches  s'en  fiu- 
vent  pat  leur  crédit  A'  par  leur  adrelle.  Onditauftij 
que  la  conf  olation  des  malheureux  ^  c'eft  d'avoir  des 
femblables  ,  des  compagnons  de  leur  misère.  On  dit 
auffi  d'un  homme  qui  eft  malheureux  au  jeu  ,  qu'il 
fera  heureux  en  femme.  On  dit  encore  qu'un  hom- 
me eft  malheureux  comme  un  chien  qui  (e  noie. 
On  dit  aulll  ,  qu'il  eft  malheureux  en  fricallce ,  pour 
dire ,  qu'il  ne  réuffit  à  rien.  On  dit  auffi  ,  il  efl  des 


MAL 

cnfaiis  âe  Tuilupin  ,  malheureux  de  natnfe  ,  c'eft  à- 
tliœ  ,  malheureux  par  la  iiaillàncc  ,  parce  oue  du 
temps  du  Roi  Charles  V  ,  on  condamna  ik  on  pro- 
Icrivic  non  feulement  tous  les  furlupins  qui  ctoicnr 
des  Hérétiques;  mais  aulîi  toucc  leur  race  Se  pof 
tenté. 

MALHOMINIS.  Peuple  fmvage  de  TAmérique  fep- 
tenciionale  ,  dajis  la  nouvelle  1-ranec  ,  vers  la  i3.iic  is: 
au  couchant  du  lac  des  Ilinois. 

r?  MAL-HONNETE,  adj.  de  t.  g.  C'cft  loppolé  d'hon 
nece.  Voyez  Honnête.  Indxens ,  ïndecoras.  0\\  le 
dit  des  perlonnes  qui  n'obkrveut  pas  les  bienféan- 
ccs  &  les  ut.iges  de  la  fociété  ,  &  des  adions  qui  y 
font  contraires.  Cet  homme  z\kmal-hontiète.  Action  , 
procédé  mal-honnète.  Il  ne  faut  pas  confondre  mal 
honnête  &  dèshonnêce. 

^  Mal-honncte  homme,  de  \\ommz  mal  honnête  ,  fi- 
gnihent  deux  choies  abfolunient  dirtérentes.  Le  pre- 
mier de  ces  mors  cft  l'oppofé  à' honnête  homme  , 
pris  pour  homme  de  probité  &c  d'honneur.  Alors 
l'adjecHhdoit  toujours  précéder.  Le  fécond  efl:  l'op- 
polé  à' homme  honnête.  Voyez  au  mot  Honnête, 
honnête  homme  tk  homme  honnête. 

MAL-HONNÈTEMENT.  adv.  D'une  manière  mal- 
honnête. IlUberaliter ,  Inurbanc.  Il  ne  me  veut  pas 
rendre  ce  que  je  lui  ai  prêté ,  il  en  ule  fort  mal- 
honnêtement. 

MAL-HONNETETÉ.  f  f.  Manque  de  bienféance. 
llUberalitas.  Il  y  a  de  la  malhonnêteté  à  refufer  les 
petits  {erviccs_  qui  ne  nous  coûtent  rien,  quand  on 
peut  obliger  fans  peine.  Il  fentit  la  mal-honnêteté  de 
Ion  procédé. 

MALIAPOR.  Voyei  MÉLIAPOB. 

MALICA.  i.  m.  Nom  que  l'on  donnoit  à  Hercule  dans 
la  ville  d'Amathus  ,  aujourd'hui  Linullo.  Maiica. 
Voyez  HÉSYciiius. 

!MALICE.  f  f.  Qualité  mauvaifc  qui  fe  trouve  en  quel- 
que chofe  morale.  Malitia  ,  nequ'itia  ,  maiignitas.  La 
malice  du  péché ,  &  fon  énormiré ,  dépendent  des 
circonitances.  La  bonne  intention  n'excule  point  la 
malice  de  l'adion.  Pasc.  Il  y  a  un  fond  de  malice  Se 
de  méchanceté  ,  dans  cctcfprit  la  ;  c'elt  l'ertét  d'une 
malice  noire  ,  diabolique. 

0\\  dit  en  JurifprudencCj  que  la  malice  fuppléc  à 
l'âge,  quand  un  mineur  eft  plus  adroit  à  faire  mal 
que  {on  âge  ne  permet.  Malitla  fupplct  atatem. 

Malice  ,  fe  dit  aulli  de  1  inclination  qu'on  a  à  faire 
mal  ,  &  des  adfions  qui  font  nuiiîbles  à  quelqu'un. 
Mala  mens ,  malus  ammus.  C'cft  un  homme  qui  ne 
pèche  pas  par  ignorance,  mais  par /7za/;ce  ,  pu  pure 
malice.  Salomon  s'elf  plaint  de  la  malice  des  femmes  ; 
il  dit  qu'elle  lurpalfe  celle  des  hommes.  Dans  le  fiècle 
d'or  ,  les  hommes  étoient  fimples  &:  fans  malice.  C'eft 
un_  malheur  attaché  à  la  condition  des  plus  grands 
Princes  ,  de  fe  lailler  prévenir  par  l'adrellc  &  par 
k  malice  de  ceux  qui  les  approchent.  Herman.  Pen- 
lez-vous  avoir  plus  de  patience  que  la  fortune  n'a 
de  malice  ?  H.  S.  de  M. 

On  dit  en  ce  fens  ,  dans  le  ftyle  familier ,  c'ed:  belle 
malice  à  vous  ,  fi  vous  ne  faites  cela  bien ,  fi  vous 
ne  vous  en  tirez  à  votre  honneur  ;  pour  dire  ,  il  ne 
tient  qu'à  vous  ,  vous  pouvez  le  faire  aifément ,  & 
(ans  vous^  donner  beaucoup  de  peine. 
Malice  ,  le  prend  quelquefois  pour  l'adion  même 
qui  eft  faite  avec  malice.  Aclus  vitiofus  ,  aclio  mala. 
Il  m'a  fait  toutes  fortes  de  malices.  Vous  ne  fivez 
point  encore  toutes  les  malices  dont  il.eft  capable. 
C'eft  une  malice  fort  noire',  &  qui  mérite  châti 
ment.  Abl. 
I  Malice  .,  fe  prend  quelquefois  en  bonne  part ,  ou  d'une 
manière  moins  odieufe.  Fallacia  ,  deceptio  ,  illufio. 
Il  lui  a  fait  une  petite  fupercherie ,  une  peur  légère  , 
c'eft  une  innocente  malice.  Qu'y  a-t  il  de  plus  en- 
nuyeux ,  que  ces  bonnes  ftupides  qui  n'ont  ni  ma 
lice  ,  ni  agrément  ?  M.  Scud.  Il  y  a  des  malices  in- 
gciiicufes  qui  rendent  la  converfition  plus  piquante 
&  plus  enj:.uée.  S.  EvR.  Vos  médifances  font  toutes 
pleines  d'cfprit ,  &  je  pardonne  à  la  malice  ,  en  faveur 
Tom&  J^. 


MAL 


771 

des  cxpreffions.  H.  S.  de  M.  Faire  mille  agréables  ma- 
iices  à  ks  amis.  Voit. 

On  .appelle  proverbialement  un  innocent  fourré  de 
malice  ,  un  méchant  homme  qui  fut  le  fimple  uour 
faire  plutôt  réuiln-  la  méchanceté. 

f/J  Le  mot  de  malice  ,  pris  pour  1  inclination  ou  la  dif- 
pohtion  à  nuire  ,  à  moins  qu'il  ne  foit  modifié  par 
quelque  épithètc  ,  marque  plus  de  rufe  que  de  force. 
Elle  ne  renlerme  aucune  idée  d  atro.ité.  Elle  fe  borne 
.aux  petites  peines.  On  ne  taxeroit  pas  de  malice  ce- 
lui qui  chercheroit  à  caufcr  de  grands  malheurs 

MA.JCIEUbEMENT.  adv.  Avec  malice.  Malitiosê , 
maligne.  Ce  niot  fe  peut  interpréter  en  bien ,  &  eu 
mal ,  mais  je  fiis  qu'il  a  été  dit  mal icieufe ment. 

MALICIEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  a  de  la  malice.  Mali^ 
tiofus._  Homme  malicieux ,  dclfcin  malicieux.  C'eft 
un  elprit  malicieux  ,  qui  tâche  de  piquer  les  gens 
par  quelque  trait  o.fenlant.  Une  femme  un  peu  ma- 
hcieufc  ,  Ck  qui  a  de  l'efprit  ,  réjouit  une  couver - 
fition.  M.  DE  Scud.  On  tiroit  des  conféqucnces  ma- 
Ikieufcs  de  mes  démarches  les  plus^nnoccntes.  H.  S. 
DE  M. 

IP"  Malicieux  ,  Malin,  Mauvais  ,  Méchant,  fy- 
nonymes.  Le  Malicieux  ^àlv.  M.  l'Abbé  Gnard,l'eft 
par  caprice  ;  il  eft  obftine  :  s'il  nuit ,  c'eft  de  rage  : 
pour  l'appaifer  ,  il  faut  lui  céder. 

CCF  Le  Malin  ,  l'eft  de  lang  froid  ;  il  cft  rufé  :  quand  il 
nuit  ,  c'eft  un  tour  qu'il  joue  :  pour  s'en  défendre, 
il  faut  s'en  défier. 

tP"  Le  Mauvais ,  l'eft  par  emportement  ;  il  cft  vio- 
lent: pour  n'en  rien  craindre,  il  ne  faut  pas  l'of- 
fenfer. 

IP  Le  Méchant  l'eft  par  tempérament  ;  il  eft  dange- 
reux; quand  il  nuit  ,  il  fuit  fon  inclinaticn  :  pour  en 

_^  être  à  couvert,  le  meilleur  eft  de  fuir. 

I/CT  L'.imour  eft  un  dieu  malin  ,  qui  ie  moque  de  ceux 
qui  l'adorent. 

|Cr  Le  poltron  fait  le  mauvais  ,  quand  il  ne  voit  plus 
d'ennemis. 

§Cr  Les  hommes  font  quelquefois  plus  méchans  que  les 
femmes  ;  mais  les  femmes  font  toujours  plus  mali- 
cieufeî  que  les  hommes. 

On  dit  qu'un  cheval  eft  malicieux  ,  pour  dire  , 
qu'il  tire  à  létrier,  &  qu'il  rue  à  côté  ,  qu'il  me 
d  adrefte  contre  celui  qui  le  monte  ou  qui  l'approche. 
On  dit  proverbialement  :  il  eft  m.alicicux  comme 
un  vieux  linge  ;  à  caulé  que  ces  animaux  fe  plaifent  à 
faire  du  mal. 

MALICORIUM.  f.  m.  Ce  mot  eft  Latin ,  &  c'eft  ainfi 
qu'on  appelle  l'écorce  de  la  grenade  ,  comme  qui 
diroit  Cuir  de  pomme ,  parce  que  cette  écorce  eft  dure 
comme  du  cuir. 

MALICORME.  Bourgade  de  France  dans  le  Maine, 
Eleftioii  de  la  Flèche. 

MALÎCUT..  Nom  dune  petite  île  de  l'Océan  Indien. 
Malicutia  Infula.  Elle  eft  entre  les  îles  Maldives, 
&  celles  de  Divandurou.  Elle  n'a  que  cinq  lieues 
de  circuit  ;  &c  elle  eft  une  dépendance  du  Royaume  de 
Lananor  ,  ou  Malabar.  Mat  y. 

MALIGNEMENT,  adv.  D'une  manière  maligne  ,  avec 
malignité.  Malitiosè  ,  maligne.  Il  y  a  des  gens  qui 
louent  les  autres  malignement.  Son  adion  étoit  inno- 
cente ;  mais  on  l'a  interprétée  malignement.  Mali- 
gnement avare  d'encens.  Boil. 

MALIGNEUX.  adj.  Vieux  mot.  Méchant. 

go-  MALIGNITÉ,  f.  f  M.  Le  Maître  a  obfervé  que 
malignité  dit  plus  que  malice  j  &  qu'il  y  a  quelque 
chofe  de  plus  profond  3c  de  plus  caché.  Ainfi  l'on 
peut  dire  queh  malignité  eft  une  /7Z(7/^cs  profonde  , 
cachée ,  réftéchie.  Malignitas ,  voluntas  ad  malum 
prornta  j  prona.  La  malignité  enchérit  fur  la  malice 
&  la  méchanceté  fur  la  malignité. 

ffJ"  Il  faut  encore  remarquer  que  l'adjedif  wa/f/z  ,  dit 
quelque  choie  de  moins  odieux  ,  que  le  flibftantif 
malignité.  On  pafle  à  un  enfant  d'être  malin  ;  on  ne 
lui  pardonne  pas  d'avoir  de  la  malignité.  Ce  terme 
s'applique  aux  perlonnes  &  aux  chofes.  La  malignité 
du  cœur  humain  applaudit  à  la  médifaiice  ,  &  cette 
même   malignité    s'oppofe   aux   louanges    d'autiui. 

E  e  e  e  e  ij 


yyi  MAL 

M.  ScuD,  Admirez  la  malignïtî  de  ce  fatyriqoe.  La 
malignité  du  liècle  eft  grande.   Il  y  a  des  gens  qui 
ne  pouvant  Gtisfaire  leur  vanité  en  fe  bilan:  grands  , 
taclisnt  de  (atisfoire  leur  malignité  en  rabaillant  ceux 
qui  le  font.  Nie.  Il  y  a  Ats  gens  qui  ont  l'aigreur 
Se  la  malignité  de  la  colère  ,  quoiqu  ils  n'en  aient 
pas  les  emportemens.  M.  Esp.  Je   luis   pouriuivi  a 
toute  outrance  par  l'implacable  malignité  de  .a  tor- 
tune.  FlÉch.    La  malignité  naturelle  eft  iniinimcnt 
plus  vive  &  plus  agillànte  ,  lorlqu'eile  a  un  prétexte 
honnête  pour  fe  couvrir  &c  pour  le  déguiler.  Nie. 
On  trouve  dans  k  modération  ,  un  retranchement 
contre  la  malignité  de  la  fortune.  Bell.  En  remar- 
quant nos  déf.iuts  les  premiers,  nous  délarmons  la 
malignité  des  autres.  Nie.  Il  y  a  je  ne  lais  quel  fonds 
de  balfe  malignité  dans  le  cœur  des   hommes  ,  qui 
fait  qu'on  ne  peut  loulftir  dans  les  autres  un  mérite 
extraordinaire.  Bell. 
Malignité  ,  fe  dit  aulTi  des  chofes  inanimées ,  &  défi- 
gne  les  quilités  qui  nuilent  à  l'homme.  Maiignitas. 
La  malignité  de  cette  humeur  acre  donne  la  goutte. 
Cette  fièvre  a  beaucoup  Je  malignité.  Les  médians 
s'excufent  fur  la  malignité  des  aftres  qui  ont  préfidé^ 
à  leur  naillance.  La  pelle  ne  vient  que  de  la  malignité 
de  l'air  inkélé. 
MALIN  j  IGNE.   adj.   &    f.   Enclin  à  fiire  du  mal. 
Maiignus.    Il  fe  dit  par  excellence  du  Diable  ,  qui 
elc  malin  par  nature.  On  l'appelle  Vcjprit  malin  ,  ou 
abfolument  le  Malin.  Mon  Dieu  !  penfez  que  c'eft 
le  malin  qui  vous  tente.  Sar.   Ce  dernier  n'eft  que 
du  ityle  familier. 
AIalin  ,  fe  dit  aulîi  des  hommes  qui  ont  une  difpoll- 
tion  à  nuire;  qui  prennent  plailir  à  hire  ou  à  dire 
du  mal.    F'oye^  Malice  &    Malignité.    Volonté 
maligne.  Efprit  malin.   Les  hommes  font  naturelle- 
ment li  malins  ,  qu'ils  ne  s'attachent  qu'aux  débuts 
des  autres  ,  &  ne  regardent  prefque  pas  leurs  ver- 
tus ,  qui  mérircroientbeaucoup  plus  d'attention.  Bell. 
Notez  que  quand  on  dit  d'un  homme .  c'ell  un  ma- 
lin efprit ,  l'on  en  fait  entendre  davantage  que  lî  l'on 
difoit  fimplement  ,  C'eft  un  ejprit  malin.  Le  pre  • 
mier  marque  une  plus  proicinde  malignité. 
^T  Le  terme  de  malin  s'applique  aulli  au  ton  ,  aii  fou- 
ris,  au  regard,  au  difcours  ,  aux  penfees.  Dilcours 
malin.  Interprétation  mali  :ne.  Donner  un  (ens  ma- 
lin. Souris  malin.  Regarder  d'un  œil  malin.  Il  nous  a 
dit  cela  d'un  ton  malin. 

On  dit  qu'un  homme  a  un  malin  vouloir ,  du  ma- 
lin vouloir  contre  quelqu'un  ,  pour  dire  qu'il  a  mau- 
vaife  volonté  ,  maiivaife  intention.  Il  eft  du  ftyle  fa- 
milier. AcAD.  Fr. 
I^Ialin  ,  fe  dit  auili  des  choies  inanimées  qui  font  nui- 
lîbles.  Exitiofus  ,pernicioJus.  Cette  pefte  ,  cette  fté- 
rilité  vient  de  quelque  maligne  influence.  Saturne 
&  Mars  font  des  aftres  malins.  Le  quadrat  eft  un 
afped  malin  ,  à  ce  que  difent  les  Aftrologues  ,  &  à  ce 
que  croient  les  fots. 

On  le  dit  aufti  des  maladies ,  &  des  mauvaifes  qua- 
lités qui  les  caufcnt.  Le  pourpre  eft  une  maladie  ma- 
ligne. Il  coutt  des  fièvres  malignes.  Les  ulcères  malins 
qui  réliftent  aux  remèdes ,  font  fort  dangereux.  Les 
poifons  &  les  venins  ,  ne  tuent  que  par  les  qualités 
malignes  qu'ils  contiennent. 
AIalin  ,  fe  dit  auiïî  des  pallions  &  des  mouvemens 
du  cœur.  Pravus.  Les  pallions  malignes  ne  donnent 
jamais  de  contentement  doux  &  ttanquille.  S.  Real. 
Le  mépris  des  difcours  défobligeans  les  décrédite  , 
&  ôtcnt  à  ceux  qui  les  font  le  plailîr  malin  qu'ils 
trouvent  à  médire.  Bell.  On  ttouve  une  maligne 
joie  à  mortifier  les  perfonnes  vaines.  S.  Evr.  On 
appelle  maligne  joie  ,  une  joie  fecrète  que  caufe  le 
mal  d'autrui. 
M  ALINE  j  f.  f.  Terme  de  Marine.  On  appelle  maline  , 
le  temps  des  grandes  marées  à  la  nouvelle  ou  à  la 
pleine  lune.  jÏ.(Ius  maris  major.  Les  grandes  ma- 
Unes  ,  c'eft  le  temps  des  nouvelles  &  pleines  lunes  de 
Mars  &  de  Septembre. 
Maline  (la.).  Rivière  de  l'Amérique  feptentrionale , 


MAL 

qui  fe  jette  dans  le  golfe  du  Mexique  ,  au  pays  des' 
Ql^amoucchs. 
MAIINES.  Ville  des  Pays  Bas ,  fituée  dans  le  Brabant 
Autrichien  ,  fur  la  Dyle  ,  entre  Anvers  &  Louvain ,  à 
quatre  lieues  de  l'une '&:  de  l'autre.  Mechimia  ,  Madi- 
ns. ,  Marina  ,  Malifnti.  ,  Maquelma.  Cette  ville  eft 
belle  ,  marchande  &  riche.  Elle  eft  le  liège  du  Con- 
feil  Royal  de  tous  les  Pays  Bas ,  6c  d'un  Archevê- 
ché ,  dont  l'Archevêque  porte  le  titre  de  Primat  des  . 
Pays-Bas.  Le  terroite  de  cette  ville  porte  le  nom  de 
Seigneurie  de  Malines  ,  &  il  eft  une  des  dix  fepc 
provinces  des  Pays-Bas  ,  quoiqu'il  n'ait  pas  trois 
heues  de  long  &  deux  de  large.  Maty.  long,  ii  d.  ;'. 
lat.  51  d.  2'. 

Malines  fut  érigée  en  Archevêché  l'an  1559  j  P^r 
Paul  IV  ,  qui  lui  donna  pour  fuftr.agans  les  Evéchés 
d'Anvers  ,de  Gand ,  de  Bruge  ,  d'Ypres ,  de  Boideduc    . 
&  de  Ruremonde.   Valois  ,  Not.  G  ail.  p.  J^i- 

Ce  nom  vient  de  Malina  ,  qui  lignine  en  ancien 
langage  du  pays  ,  une  grande  marée  ,  telle  que  celles 
des  pleines  lunes  &  des  nouvelles  lunes  ,  comme 
ledû  lignifie  une  petite  marée  ,  une  marée  ordinaire. 
Il  a  été  donné  à  cette  ville  ,  parce  que  le  Hux  re- 
monte jufques  là  ,  &c   même  à  une  lieue  au-delà. 
Foyei  Bède,  De  Rat.  Temp.  c.  XXFIII.  Et  Adr.  de 
Valois  ,  Not.  Gall.  Pour  malina  ,  maline ,  ou  maligne, 
comme  on  prononce  en  Xaintonge  ;  il  peut  venir 
de  l'Allemand  malien,  qui  lignifie  ,  être  en  fureur  ; 
parce  que  ce   grand  Hux  eft  une  efpèce  de  fureur 
de  la  mer.  Selon  d'autres ,  ce  nom  vient  de  Ma- 
ckelen  ,  qui  eft  le  nom  Flamand  de  cette  ville  ,  que 
Vendelin  croit  avoir  été  formé  de   Machale  ,    qui 
dans  la  balle  Latinité  a  lignifié  une  grange  fans  toit, 
où  Ton  amalfe  du  foin  &  du  blé   :    il    y  a  beau- 
coup de  ces  granges  dans  le  pays  où  eft  la  ville  de 
Malines. 
Malines.  Terme  de  Commerce.  C'eft  le  nom  qu'on 
donne  à  ces  fines  dentelles  que  l'on  fait  en  Flandre, 
parce  que  le  plus  grand  commerce  s'en  fait  dans  la 
ville  de  Malines.  Mais  généralemenr  toutes  les  den- 
telles très-fines  s'appellent  Malines.  Une  garniture  de 
Malines  ;  vingt  aunes  de  Malines. 
MALINGRE,  adj.  m.  &  f.  Terme  populaire  ,  qui  fe 
dit  des  gens  qui  ne  font  pas  en  bonne  fanté^ou 
qui  font  convalefcens  ,  ou  valétudinaires  ,   &  fur- 
tout  de  ceux  qui  fcntent  des  incommodités  fans  en 
connoître  la  caule.  y^ger. 

Ce  mot  eft  tiré  du  Jargon  de  \ argot ,  où  les  gueux 
s'appellent  malingres  ,  quand  ils  excitent  les  gens  à 
leur  donner  l'aumône  ,  en  faifant  paroître  quelque 
maladie  ou  difformité  vraie  ou  apparente. 
Malingre.  Sorte  de  poires. 

MALiNGRIER.  f.  m.  On  a  autrefois  appelé  de  ce  nom, 
en  quelques  endroits  ^  ceux  que  nous  appelons  .au- 
jourd'hui Sacrlftains.  , 
MAL-INTENTIONNÉ  ,  ÉE  ,  adj.  fouvent  employé 
fubftantivement.  Qui  a  deilein  de  nuire  j  ou  de  f^re 
du  mal  ;  qui  a  de  mauvaifes  intentions,  /^/j/è  affec- 
tus.  Votre  Rapporteur  eft  mal-intentionné contie  vouî. 
Il  y  a  toujours  des  mécontens  j  des  mal  intentionnés 
à  la  Cour  dans  le  temps  des  troubles.  Il  y  eut  des  gens 
mal  intentionnés  ,  qui  tâchèrent  de  le  mettre  mal  dans 
Tefprit  du  Pape.  Mauc. 
MALIO.  Capo  Malio  ,  ou  de  S.  Angelo.  Malea.  Ce 
cap  eft  dans  la  Morée  ,  à  l'entrée  méridionale  du 
golfe  de  Napoli  ,  &  à  fix  lieues  de  Malvalia  ,  du 

côté  du  levant.  Maty.  /  /■  i.n. 

MALITORNE.  adj.  Qtdinairement  employé  fubftanti- 
vement. Qui  eft  mal-adroit ,  qui  ne  peut  rien  faire 
de  bien  ,  ni  à  propos.  Ineptus  ,  bardus.  On  ne  lauroïc 
rien  commander  à  ce  valet ,  c'eft  un  vrai  malitorne. 
Ce  terme  eft  populaire  ;  il  vient  du  Latin  maie 
tornatus  ,  donc  s'eft  fervi  Horace  en  parlant  de  vers 
mal  faits. 

Et  mais  tomates  incudi  reddere  verfus. 

ffT  MAL-JUGÉ.  f.  m.  Jugement  rendu  contre  le  droit 
de  la  Partie  qui  a  été  condamnée.  Le  maljugcà\.M\z 


MAL 


Sentence  donne  lieu  à  l'appel  ;  mais  le  mal -juge 
prononcé  par  arrêt,  ne  donne  point  lieu  à  la  calîà 
tion  d'arrêt,  ni  à    la  requête  civile.  SenteniM  ïnï- 
quïtas.  L'Avocat  a  fait  voir  clairement  le  mal-juge 
de  cette  Sentence. 
MALLAGUETTE  ,  MANIGUATTE.  Grande  contrée 
de  la  Guinée  ,  prile  en  général.  Mallaguetta  ,  main 
guata.  Elle  s'étend  depuis  la  mer  de  Guinée  ,  depuis 
le  cap  de  Sierra  Liona  ,  jufqu'à  celui  des  Palmes , 
ayant  la  Guinée  propre  au  levant ,  &  la  Nigritic  au 
jiord  &C  au  couchant.  Ce  pays ,  qui  a  pris  Ion  nom 
de   la  Mallagucui  ,  qui  y  croît  en  abondance  ,  & 
qui  eft  ce^  qu'on  appelle  le  poivre  long  ,  eft  partagé 
entre  piulîeurs  Princes  &:  peuples  ,  dont  on  a  Fort 
peu  de  connoillance.  Maty. 
MALLARD.  1.  m.  Marchandiie  employée  dans  le  tarif 
de  la  Douane  de  Lyon.  Il  paraît  que  ce  font  les  plus 
petites  meules  à  Rémouleurs. 
MALLE.  1.  K  Petit   coHrc  ou  valifc  propre  à  tranf- 
portcr  des  bardes  à   la   campagne  ,  qu'on  met  or- 
dinairement (ur  la  croupe  du   cheval  que  monte  un 
valet  ,  ou  portillon  ;  plus  particulièrement  l'efpèce 
de  valife  que  les  couriers  &  les  poltillons  ont  der- 
rière   eux  ,  &  dans   laquelle    ils    portent   les    let- 
tres. Saccus  farcinarbu  ,  lûppopera.  Cette  lettre  ne 
partira  pas  cette  ordinaire  ,  la  malle  du  portillon  ert 
fermée. 

Périonius  dérive  ce  mot  du  Grec  ftâ»»?  ^  figni- 
fiant  vellus  ,  toifon  ,  parce  qu'au  commencement 
on  fàifoit  ces  malles  des  peaux  de  bêtes  avec  leur 
toilon. 

Du  Gange  le  dérive  de  l'Allemand  mael ,  qui  fi- 
gnifie  malle  ;  8c  M.  Huet  de  mal ,  qui  en  Bas  Bre- 
ton fignilie  la  même  choie. 
^3°  Malle  ,  fe  dit  plus  particulièrement  d'une  efpèce 
de  coffre  plat  par  dertous  &  par  les  deux  bouts , 
ordinairement  rond  par  delTus  &  par  les  côtés,  cou- 
vert de  peau ,  &  qui  eft  propre  pour  porter  des  bar- 
des à  la  campagne  j  en  voyage. 

On  dit  ,  faire  fa  malle  ;  pour  dire  ,  Ranger  fes 
hardes  dedans.  Convafare  ,  vafa  collïgcre  ,  J'arnicu- 
las  componere.  Il  n'eut  pas  plutôt  fait  la  malle  j  qu'il 
partit. 

Malle  ,  fe  dit  aurtî  de  certains  paniers  que  des  Mer- 
ciers de  campagne  portent  fur  leur  dos  ,  qui  lont 
pleins  de  menues  marchandifes.  Sarcina  ,  pera  dof- 
Juaria. 

On  dit  proverbialement  qu'un  homme  a  été  trouf- 
fé  en  malle  ,  lorfqu'une  maladie  lui  a  peu  duré  , 
qu'il  eft  mort  en  peu  de  temps.  On  le  dit  aulîî  des 
chofes  qu'on  enlève  promptement.  Il  entra  dans  la 
chambr£  ,  &  trouùa  en  malle  tout  ce  qu'il  y  trouva. 
On  dit  auiîl  d'un  bollii  ,  qu'il  porte  toujours  fa 
malle ,  qu'il  a  fou  paquet  fur  le  dos.  On  dit  à  Pa- 
ris ,  A  faire  malles ,  on  gagne  la  vie  ;  à  bien  faire, 
on  eft  repris.  G'eft  une  allufion  du  mot  mal  ,  à 
celui  de  malle  ,  qui  dans  la  prononciation  ne  dif- 
fèrent pas  -,  &  un  équivoque  du  mot  repris ,  qui  li- 
gnifie réprimandé  ,  &  pris  une  féconde  fois.  De  forte 
qu'en  dilant  que  taire  des  malles  ,  eft  un  métier  au- 
quel on  gagne  (a  vie  ,  &  qu'on  prend  une  (econde 
fois  un  ouvrier  qui  travaille  bien  ,  qui  fait  bien  ; 
fcmble  qu'on  dife  qu'on  gagne  fa  vie  à  faire  mal  , 
&■  qu'au  contraire  ,  on  eft  réprimandé  quand  on  fiit 
bien.  , 

MALLÉABILITÉ ,  f  f.  C'eft  félon  les  Chimiftes ,  cette 
difpofition  naturelle  &  artificielle  des  métaux  qui 
les  rend  duétiles  ,  &:  capables  d'être  travaillés  au 
marteau.  Malleahiiuas.  La  malléabilité  eft  oppolée 
à  la  fragilité,  ou  à  la  friabilité.  Dicl.  de  James. 
MALLÉABLE,  adj.  m.  &  f.  Ce  qui  eft  dur  &c  duftile  , 
qui  fe  peut  battre  ,  forger  &  étendre  fous  le  mar- 
teau :  matière  qui  peut  fouffrir  le  marteau  fans  le 
brifer.  Mallei patiens  ,  duclilis  ,  malleabdis.  Tous  les 
métaux  font  malléables.  Le  vit-  argent  ne  l'eil:  point. 
Les  Chimiftes  cherchent  la  fixation  du  mercure  pour 
le  rendre  malléable.  C'eft  une  erreur  populaire  ,  de 
croire  qu'on  ait  trouvé  l'invention  de  rendre  le  verre 
I    malléable ,  fa  nature  y  répugne  j  car  s'il  étoit  duûilc , 


MAL  773 

fcs  pores  ne  feroient  plus  vis  à  vis  l'un  de  l'autre, 
ik.  parconléqucnt  il  ne  feroit  plus  tranfparcnt,  6c 
il  peidroit  (à  principale  qualité.  Cette  erreur  eft 
fondée  'ur  dcs|  Hiftoricns  anciens. 

MALLEAMOTI  lE  ,  f.  m.  Arbrillèau  qui  croît  au  Ma- 
labar. On  f.iit  des  manches  de  couteau  avec  fa  ra- 
cine. Ses  feuilles  fervent  à  fumeries  terres,  &àles 
préparer  ;  frites  dans  de  l'huile  de  palmier  j  on  eu 
fait  un  liniment  pour  la  teigne  ,  &;  pour  les  puftulcs 
de  la  petite  vérole.  Leur  décoéfion  dans  de  l'eau 
commune ,  calme  les  douleurs  des  hémorroidi.s  en 
fomentipn.  Roi  cité  par  James. 

MALLEMOLLE,  i.  f.  Moullcline  ou  toile  de  coton 
blanche ,  claire  ik.  très  fine  ^  qui  eft  apportée  des 
Indes  Orientales. 

ifT  On  appelle  aulïî  mallemoles  ,  certains  fichus  de 
moulleline  des  Indes,  quelquefois  rayés  ou  bordés 
d'or  j  que  les  femmes  mettent  fur  leur  cou. 

MALLÉOLE,  f.  f.  Terme  d'Anatomic.  Eminence  qui 
eil:  en  la  partie  intérieure  de  la  jambe  tout  auprès 
du  pied.  Malleolus.  Il  y  en  a  une  interne  &  une 
autre  externe.  L'interne  eft  une  eminence  du  ùb:a , 
&  l'externe  l'eft  du  péroné.  On  les  appelle  aullI  les 
chevilles  du  pied. 

MALLERAGE.  (  la  )  Château  de  France  en  Norman- 
die ,  au  pays  de  Caux  fur  le  bord  de  la  Scme. 

MALLETIER  ,  f.  m.  Ouvrier  qui  fait  des  malles. 
Sarcinularius  opifex.  Il  y  a  un  corps  d'Artifans  à 
Paris  qui  s'.;ppelle  CoSitûens  Malletiers ,  qui  font 
des  malles ,  des  callettes ,  des  fourreaux  de  piito- 
lets. 

MALLETTE  ,  f.  f.  diminutif.  Petite  malle.  Sarci- 
nula. 

Mallette,  eft  auflî  un  terme  de  Capucin.  C'eft  une 
forte  de  petit  fac  fait  de  grolFe  toile  que  le  Capu- 
cin porte  au  bras  ,  &  où  il  met  fes  fermons  quand 
il  va  prêcher  en  campagne.  Sarcinula.  Sa  mallette 
étoit  pleine  de  fermons. 

MALLIENS.  (  les  )  Mallii.  Anciens  peuples  des  Indes  ; 
voihns  des  Oxydraques  ,  vers  la  fource  de  l'Indus  , 
Alexandre  le  Grand  courut  rifque  de  la  vie  en  atta- 
quant une  place  chez   ces  peuples. 

MALLIER,  f.  m.  Cheval  de  valet  ,  ou  de  poftillon  , 
qui  porte  la  malle.  Equus  farcinarius.  Les  malliers 
font  fujets  à  être  écorchés  ,  s'il  n'ont  de  bons 
couftinets.  Il  n'a  non  plus  de  fens  que  fbn  mailler. 
GoN. 

MALLO.  Mallus.  C'étoit  anciennement  une  ville  ÉpiC- 
copale ,  fuftragante  de  Tarie  en  Cilicie.  Ce  n'efl 
maintenant  qu'un  village  fîtué  fur  la  côte  de  la  Na- 
tolie  ,  entre  la  ville  de  Tarfe  &:  celle  de  Lajazzo. 
Maty. 

MALLON  ,  ou  M  ALLEN.  Ancien  bourg  du  Royau- 
me de  Navarre  ,  htué  aux  confins  de  l'Arragon  , 
fur  la  rivière  de  Quéféts  ,  à  trois  ou  quatre  lieues  au- 
dcifus  de  Tudelle.  Maty. 

MALLOPHORE ,  adj.  f.  Épithète  qui  fe  donnoit  à 
Cérès  dans  la  Mégaride.  Mallophoros.  Ce  nom  li- 
gnifie ,  Qui  porte  la  laine ,  def««a«»  laine,  fi^'  je  porte. 
Rhodiginus,  Z.  XIII.  c.  jr.  croit  que  ce  font  les 
premiers  qui  nourrirent  des  troupeaux  qui  donnèrent 
ce  nom  à  cette  déelfe. 

MALMEDY.  Valois  dit  Malmdi,  ou  Malmdir.  Nom 
d'un  bourg  avec  Abbaye.  Malmundarium.  Il  eft  dans 
le  Comté  de  Franchemont ,  contrée  de  l'Évêché  de 
Liège ,  fur  la  rivière  de  Rechte  ,  à  trois  lieues  de 
la  ville  de  Limbourg ,  vers  le  fud.  Maty.  Voyei^ 
auffi  Valois  J  Not.  Gall.  p.  3^4- 

MAL-MENER.  v.  a.  maltraiter  j  battre,  réprimander  j 
faire  du  mal  à  quelqu'un.  Malè  accipere  ,  malè 
multare.  Ce  joueur  d'Échecs  a  mal-mené  fon  adver- 
faire  ,  il  lui  a  donné  trois  échecs  &  mat  tout  de 
fuite.  Ce  Procureur  a  été  mal-mené  à  l'audience 
pour  fes  friponneries  ;  on  l'a  interdit.  Les  troupes 
ont  été  mal  menées  en  un  tel   combat. 

MALMESBURY.  Nom  d'un  bourg  qui  avoir  autre- 
fois un  célèbre  Monaitère.  Maldunum  ,  Maldu- 
nenfe  Cœnobium.  Il  eft  dans  le  Comté  de  Wilt  en 
Angleterre  J  fur  l'Avon ,  à  fis  lieues  de  la-vUle  de 


--p.\  MAL 

Glocefcei- ,  à  fepî  de  celle  de  Briftol.  Mat  y. 
MALNilSTRA,  ou  CORNUI.  Rivièie  delà  Natohe. 
Mamijira ,  anciennemeiu  Pyramus.  Elle  coule  d.ins 
l'Aladuli ,  &  k  dechaige  dans  le  golte  de  Lajazzo  , 
à  MdlmiJ'cra  ,  un  peu  au  levant  de  1  eaibouchuie  du 
Caraûi  KIatv.  . 

Malmistra.  Nom  d'une  ancienne  ville  Archiepiko- 
pale  ,  lltuée  dans  l'Aladuli  en  Natolie,  à  l'embouchure 
de  la  nviere  de  Maluujira  ,  qui  la  partage  en  vieille  .V 
nouvelle  ville.  Mamijira,  Mamejlra,  A'iamejla  ,  An- 

.  ciennement  Mopjuejtia,  Mopfus.  Elle  eft  entre  la  ville 
de  Tharfe  ,  tk  celle  d'Adena.  Maty, 

MALMOE  ,  MALMUYEN.  Nom  d'une  ville  de  Suéde. 
Malmogïa.  Elle  cil  dans  la  Province  de  Schonen, 
fur  le  détroit  de  Sund  ,  à  quatre  lieues  de  Lands- 
kroon  ,  &  de  Lunden.  Mamuyen  a  un  grand  port  , 
&  une  bonne  citadelle  ,  &c  elle  porte  aulli  }c  nom 
d'Ellebogen,  qui  lignitie  un  coude,  dont  cette  ville 
a  la  figure.  Maty. 

4fr  MALMPULUE.  adj.  f.  Terme  de  vénerie  ,  qui  fe 
dit  des  fumées  du  cerf  mal  digérées.  Fumées  mal- 
moulues ,  mal  digérées. 

MAL-NOMMÉE,  l.  t  Ceft  le  nom  d'un  herbe  qui 
entre  dans  la  compohtion  du  remède  dont  on  le 
lert  contre  la  moifure  du  ferpent.  Cette  herbe  qui 
vient  dans  les  îles  eft  fine  ,  pointue  ,  allez  douce  au 
toucher  ,  mais  fort  âpre  au  goût.  On  en  trouve 
prefque  partout  ,  enforte  que  lorfque  la  couleuvre 
fe  bat  contre  le  ferpent  &  qu'il  lui  a  donné  quel- 
que coup  de  croc ,  elle  va  fe  frottera  la  mal-nommée  ; 
ce  qui  la  guérit  fur  le  champ  &  la  met  en  état 
de  revenir  au  combat,  f^oyci  le  P.  Labat  dans  fes 
voyages. 

Jtl  ALNOUE,  Nom  d'un  village  avec  Abbaye.  Malnoda. 
Il  eft  dans  la  Brie  Françoife  ,  entre  Pans  &:  Meaux  , 
à  une  lieue  de  la  Marne  ,  du  côté  du  midi.  Maty. 

M^LO,  f.  m.  Nom  d'homme.  Machutus  ,  Machutcs , 
Maclovius  ,  Maclavius.  Saint  Malo  ,  dit  auHî  S.  Ma- 
clou  ;  &  S.  Mahout,  étoit  fils  d'un  Geiuilhomine 
de  la  Grande  Bretagne,  nommé  Went  ,  ou  Gucnt, 
&  coufin  de  S.  Samfon  &  de  S.  Magloire.  11  vint 
en  France  vers  l'an  538.  &  aborda  à  une  prcfqu'ile 
voifine  de  la  ville  d'Alcth.  Il  le  fit  difciple  d'un  So- 
litaire nommé  Aaron  ,  qu'il  y  trouva.  'Vers  l'an  541. 
Il  fut  fait  premier  Evcque  d'Aleth  ,  Se  mourut  vers 
l'an  J65.  Ceux  qui  ne  mettent  la  mort  de  Saint  iV/a/o 
qu'en  6io.  ou  615.  femblent  vouloir  favorifer  l'o- 
pinion de  ceux  qui  lui  ont  donné  i^o  ou  135  ans 
de  vie  ;  ce  qui  n'a  nulle  apparence  de  vérité.  Baillet, 
■au  I  ^  de  Novemh. 

MALO  ,  [  SAINT  ]  ou  S.  Malo  de  l'île  Metum ,  Sanal 
Machunsfanum.  Maclovium  ,  Malcaviopoits.  Sanclus 
Maclovius  de  Infula.  ville  de  France  ,  en  Bretagne  , 
■environ  à  trois  lieues  de  Dole,  vers  le  nord.  S. 
Malo  eft  fitué  fur  une  petite  île,  qu'on  appeloit 
autrefois  l'île  d'Aaron  ,  &  qui  porte  aujourd'hui  le 
nom  de  S.  Malo  ,  &  eft  jointe  à  la  Terre  ferme 
par  une  chaullée.  Cette  ville  eft  fort  marchande  j 
riche  ,  fortifiée  ,  &:  défendue  par  un  bon  fort  ,  qui 
eft  au  commencement  de  la  chaullée  :  elle  a  un  bon 
port ,  Se  un  Evêché  lurlragant  de  Tours.  Lorlqu'on 
y  a  fonné  la  patrouille  ,  on  lâche  fur  les  remparts 
douze  ou  quinze  dogues  ,  qui  déchireroient  imman- 
quablement ceux  qui  auroicnt  l'imprudence  de  les 
y  attendre  :  c'eft  pour  cette  railon  qu'on  dit  qu'elle 
eft  gardée  par  des  dogues  ,  quoique  ces  chiens  ne 
foient  deftinés  qu'à  empêcher  que  l'on  ne  prenne 
rien  fur  le  port.  S.  Malo  a  été  bâti  des  ruines  de 
l'ancienne  Alecha,  dont  la  place  qui  eft  fur  le  boid 
de  la  Terre-ferme  ,  porte  encore  le  nom  de  Guich- 
Afleth.  Maty. 

S.  Malo  eft  au  if  degré  30  minutes  de  longi- 
tude ,  &  au  48*^  degré  30  minutes  de  latitude. 
Académie  des  Sciences. 

Cette  ville  a  pris  le  nom  de  S.  Malo  de  fon  pre- 
mier Évêque.  S.  Malo.  Maclovius ,  &c  lelon  quelques- 
uns  Machutes,on  Macutus. 

MALOGNE  ,  f.  f.  Nom  de  femme.  Apollonia.  C'cft 
la  même  que  Sainte  Appoline.  Chast£J.ain. 


MAL 

iMALOGNITL  Nom  d'une  rivière  de  111e  de  Candie. 
Malogn'uus  j  anciennement  Lethxus  Fluvius.  Elle 
<:ouic''dans  le  teiritoire  de  la  ville  de  Cai.die,  &  fe 
décharge  dans  la  mer  de  Barbarie  a  Piovila. 

MALOMli'^ES.  Petite  nation  de  l'Amérique  feptcn- 
trionale  dans  la  nouvelle  France. 

MAL-ORDONNÉ,  LE.  C'eft  le  contraire  de  bien  or- 
donné. Malè  difpojltus.    Voyez  ordonner. 

On  nomme  en  Armoiries  pièces  mal-ordonnées , 
celles  qui  étant  au  nombre  de  trois  ,  au  liai  d'être 
deux  Se  une  comme  nos  fleurs  de  lis,  c'eft  à  dire, 
deux  en  chef,  &  une  en  pointe j  font  au  contraire 
une  feule  en  chef  Se  deux  en  pointe  ,  comme  on 
voit  trois  Heurs  de  lis  en  quelques  Armoiries  d'El- 
pagne  P.  MenestrieR. 

MALOTRU,  adj.  Se  plus  fouvent  fubft.  Terme  popu- 
laire, qui  fe  dit  des  gens  malfaits,  malbâtis,  niifé- 
ïihhs.  Aijeclusj  conccmcus  ,  vilis  ,  inepcus  ,  homme 
malotru.  La  caution  qu  il  a  préfcntée  eft  un  malotru 
de  chicaneur  qai  cil  mfolvable. 

Celle-ci  fit  un  choix  qu'on  n'aurait  jamais  cru. 

Se  trouvant  à  la  fin  toute  aife  &  toute  heureufe  , 

De  rencontrer  un  malotru.  La  Fontaine.. 

Borel  dérive  ce  mot  de  mauvais  a/lre  ,  Se  tient 
qu'il  faut  écrire  malofiru  ,  qui  iîgnihe  proprement 
malheureux  ;  ou  bien  du  Celtique  Bas  Breton  malou~ 
TUS  ,  qui  lignifie  pauvre  ùmiferablc.  Palquier  dit  que 
c'eft  un  vieux  mot  François  qui  fe  trouve  dans  Hugues 
de  Berci.  Ménage  dérive  malotru  de  malè  infiruClus. 

MALOUIN  ,  INE ,  f  m.  f.  Se  adj.  Habitant  de  S.  Malo. 
Malclovienfis  ,  Alethenfis.  Les  Malouins  font  les 
meilleurs  gens  de  mer  qui  foient  en  Europe.  Les 
Armateurs  Aîrt/o«i«5.  Ce  Gentilhomme ,  ce  M.agiftrat 
a  époufe  une  Malouine  très  riche.  Un  vaiftèau  Ala- 
louin.  Un  Capitaine  Malouin. 

MALOWOUDA.  Nom  d'une  rivière  de  la  petite  Tar- 
tarie.  Mala-vouda ,  anciennement  Agarus,  Sagaris, 
Hypanis.  Elle  fe  décharge  dans  la  mer  de  Zabache, 
à  quinze  lieues  du  lac  de  Suka  Morzi ,  vers  l'orient. 

.    Maty, 

MALOZ  j  f.  m.  Vieux  mot.  Bourdon  ,  forte  de  mouche. 

IP"  MALPAS.  Nom  d'une  montagne  de  Languedoc. 
Elle  fut  percée  à  grands  frais  pour  le  ctlèbre  canal  de 
Languedoc  qui  palfe   delîous  l'efpace  de    S;  toiles. 

MALPELO.  L'île  de  Malpelo.  C'eft  une  île  de  la  mer 
du  Sud  j  fur  la  côte  occidentale  de  la  Callille  d'or, 
&  du  gouvernement  de  Papayan.  On  éprouve  tou- 
jours fur  le  paragede  Malpelo  des  pluies  j  des  vents,  ; 
des  tonnerres.  C'eft  une  petite  ile  ,  haute ,  &  où  il  j 
y  a  toujours  quantité  d'oiléaux. 

MALPESTE.    Il    y    en   a  qui  écrivent   ainfi.    Foyei\ 
Malepeste  qui  vaut  mieux. 

MALPIGHIA,  f  f.  Plante  dont  le  calice  eft  petit, 
d'une  feule  pièce  ,  divifce  en  cinq  parties  Se  en  deux  - 
fegmens.  Sa  Heur  eft  en  rofe ,  pentapétale  ,  Se  à 
étamines  ,  qui  croiffant  à  côté  les  unes  des  autres , 
forment  un  tube.  Son  ovaire  qui  eft  placé  au  fonds 
du  calice  ,  dégénère  en  un  fruit  charnu,  fpherique, 
mou  ,  monocapfulaire  ,  Se  contient  trois  noyaux 
ailés  qui  ont  chacun  une  amande.  Cette  plante  n'a 
aucune  propriété  Médicinale  qui  f'oit  connue.  IjCT  Elle 
a  pris  fon  nom  du  célèbre  Malpighi ,  DoCl:eur  en 
Médecine  de  l'Univerfité  de  Boulogne. 

MAL  PLAISANT  ,  ANTE  ,  adj.  Fâcheux.  Scarron  dit 
de  Charon. 


//  ne  fut  jamais  créature , 

De  plus  inal-plaifante  ftruclure, 

îp*  MALPLAQUET.  Nom  d'un  lieu  dans  les  environs 
de  Mons ,  célèbre  par  la  bataille  qui  s'y  donna  le 
II  Septembre  1709  ,  entre  l'armée  de  France  & 
celle  des  Alliés.  C'cft  la  plus  fanglante  bataille  qui 
fe  foit  donnée  depuis  long-temps.  Les  ennemis  l'ap- 
pellent la  bataille  de  Blangies  du  nom  du  bois  de 
Blang,ies.  Ils  gagnèrent  le  champ  de  bataille.  M.  Je 
Marechai  de  Bouliers  tic  la  retraite  i  M.  le  Maréchal 


MAL 

de  Villars  ayant  rc(jU  une  blcllurc  qui  le  mit  liors 
de  combat. 

MAL-PROPRE,  adj.  m.  &  f.  Sale,  dégoûtant.  C'cft 
J'oppofc  de  propre,  f^oye^  ce  mot.  Squatidus  ,  itn- 
mundus  ,  fordidus.  Cet  homme  cfl:  toujoms  mal- 
propre ,  &:  mal  mis.  Il  loge  dans  une  m.iilun  (!de  Se 
malpropre.  Il  cft  mal-propre  en  Ion  manget.  Il  a 
toujours  les  mains  mal  propres. 

Mal-propre  ,  lignifie  aulli ,  Celui  qui  n'a  pas  les  dif- 
polîtions  j  &  les  qualités  reqùilcs  pour  réuliir  à 
quelque  choie.  Ineptus  ,  parum  habïiis  aut  idoiieus. 
Un  poltron  ell  mal -propre  pour  la  guerre.  Cette 
agent  eft  mal  propre  pour  faire  réullîr  cette  négo- 
ciation ;  il  n'a  ni  adrelle ,  ni  intrigue.  En  ce  lens  , 
on  dit  plus  ordinairement,  il  n'eil  pas  propre  pour 
la  guerre ,  que  il  ell  mal-propre  pour  la  guerre. 
L'un  &  l'autre  fe  trouvent  dans  de  bons  Auteurs, 
mais  mal  propre  ell  moins  ulité.  Dans  toutes  les 
acceptions  il  ell;  banni  du  llyle  noble. 

MAL  PROPREMENT  ,  adv.  Dune  manière  mal-pro- 
pre. Squalïdè  ,  fordidè.  Ce  cuihnier  aprête  les  vian- 
des mal-proprement.  On  dit  qu'un  Ouvrier  travaille 
mal-proprement ,  pour  dire  ,  qu'il  travaille  mal  Si 
grollièrement.  Acad.  Fr. 

MALPROPRETÉ,  f.  f.  Saleté,  qualité  de  la  choie 
mal-propre.  Fbye^  propreté  Squalor ,  immundities. 
Ceux  qui  ont  de  I3.  mal  propreté  ionz  fort  dégoûtans. 
La  mal-propreté  d'une  chambre. 

MAL-SAIN  ,  AINE  ,  adj.  Qui  n'a  point  de  fanté  ,  ou 
qui  nuit  à  la  fanté.  Infirmas ,  vel  valetudini  nocens, 
infalubris.  Cet  homme  eft  mal  fain.  Sujet  à  être  ma- 
lade. Les  fruits  crus  font  malfaïns  aux  eflomacs  dé- 
biles. C'eft  l'oppolé  de  fain.  Voye\  ce  mot. 

En  termes  de  Marine  j  mal  fain  ,  fe  dit  des  côtes 
dont  le  fond  n'eft  pas  net  ,  Se  où  il  y  a  du  danger. 
Malè  tutus.  Cette  île  a  des  côtes  mal-faines  à  ap- 
procher,  à  cautè  des  rochers.  Des  environs  mal- 
fains. 

MAL-SÉANT  ,  ANTE  ,  adj.  Qui  n'eft  pas  convenable 
à  l'état  d'une  perfonne  j  à  fon  âge,  à  fa  profelllonj 
qui  eft  contraire  à  la  bienféance.  F'oye^  ce  mot,  & 
féant.  Indecens  ,  non  conveniens.  Il  eft  mal  fiant  à 
un  Confeiller  de  jouer  des  Comédies,  même  par 
divertilîement.  Il  eft  mal  feant  à  une  vieille  de  s'ha- 
biller de  couleurs  éclatantes.  Il  eft  mal  féant  à  une 
fille  d'être  hardie  &  effrontée.  C'eft  la  même  chofe 
que    Meiréant. 

I^S"  MAL-SEMÉ ,  adj.  Terme  de  vénerie,  qui  fe  dit 
des  bois  des  cerfs ,  &  des  têtes  de  daim  &  de  che- 
vreuil ,  quand  le  nombre  des  andouillers  eft  impair. 

MALSONNANT  ,  ANTE.  adj.  Terme  Théologique. 
C'eft  une  des  qualifications  dont  on  fe  fert  dans  la 
condamnation  qu'on  fait  d'un  livre  ou  d'une  thcfe. 
Il  eft  des  propolitions  de  bien  des  fortes  de  natures , 
qui  ne  font  pas  également  condamnables  &  qu'on 
ne  fléttit  pas  des  mêmes  termes.  Il  en  eft  qu'on  qua- 
lifie d'hérétiques  ,  d'autres  d'erronées ,  d'autres  de  tcn  - 
dantes  à  l'erreur  ,  d'autres  d'impies,  d'autres  de  blal- 

■  phématoires   &  de  quantité   d'autres  qualifications , 
.    entre  lefquelles  fe  trouve  celle  de  mal  fonnant  ou 

maifonnante.  Une  propofition  mal  fonnante  n'eft 
pas  ablolument  hérétique  ,  ni  même  tendante  à  l'hé- 
réfie  ;  mais  elle  a  en  foi  quelque  choie  qui  répugne, 
qui  choque ,  Se  qu'il  vaut  mieux  lupprimer  que 
lailler  dans  l'Ouvrage  d'un  homme  dont  les  feuci- 
mens  font  fufpedls. 

MALT.  f.  m.  Les  Anglois  appellent  ainfi  le  grain  ger- 
mé avec  lequel  ils  brallcnt  les  diftérentes  fortes  de 
bières  qu'ils  font.  Il  y  a  en  Angleterre  un  impôt  con- 
fidérable  fur  le  malt. 

MAL-TAILLÉ,  ÉE.  adj,   /'oydç  Tailler. 

MAL-TALENT,  f.  m.  Mauvaife  volonté  qu'on  a  con- 
tre quelqu'un.  Infenfus  alicui  animas,  mens  infefia, 

■  infenfa  ,  inimica  fimultas.  Depuis  l'injure  qu'il  a 
foufterte ,  il  a  toujours  gardé  quelque  mal-talent  con- 
tre fon  ennemi.  Ce  mot  cft  vie.ux.  Il  vient  de  ce 
qu'autrefois  le  mot  de  talent  fignifioit  volonté  &  defir. 
Talentù  le  fignifie  encore  en  Efpagnol.  Sainte  Thé- 
refe  met  dans  une  de  fes  lettres,  qu'elle  voulojt  que 


MAL  775" 

fes  Religieufes  fullent  àc  bucn  talcnto ,  c'eft  à  dire, 
qu'elles  culîent  bonne  volonté  ,  un  defir  fincère  de 
fervir  Dieu ,  de  fe  conficrer  à  l'exercice  de  la  morti- 
fication ,  de  rOraifon  dSc  de  toutes  les  vertus  chrétien- 
nes &  religieufes.  On  a  traduit,  bon  talent ,  je  fuis 
perluadé  que  c'eft  une  faute. 

MALTALENT.  Méchanceté.  Chagrin  ,  afflidlion. 
Glof]'.  fur  Marot. 

MALTALENTINE.  On  a  dit.  Être  en  maltalentine , 
pour  dire,  avoir  dépit,  être  en  mauvaife  volonté. 

MALTE,  ou  MALTHE.  Nom  d'une  ile  de  la  mer 
méditerranée.  Melita ,  Meiue.  Elle  eft  à  vingt-cinq 
lieues  de  la  côte  de  Sicile ,  en  tirant  vers  le  Royaume 
de  Tunis.  Cette  île ,  célèbre  dans  l'Hilloire  Sainte  , 
par  le  naufrage  Se  parles  miracles  de  S.  Paul,  a  la 
forme  d'une  ovale  ,  dont  le  circuit  eft  environ  de 
vingt  lieues.  Elle  eft  alfcz  fertile  en  avoine,  en  coton 
Se  en  huit,  mais  peu  en  blé  Se  en  vin.  Elle  ne  laillc 
pas  d'être  allez  peuplée.  Elle  appartient  à  l'Ordre 
des  Clicvaliers  de  Malte  ,  auquel  Charles  Quint  la 
donna  l'an  1530  ,  après  que  les  Turcs  eurent  pris 
Rhodes.  Ses  lieux  principaux  font  la  Citta  Vecchia , 
ou  Médina,  qui  en  étoit  autrefois  capitale.  Se  Malti 
qui  l'eft  aujourd'hui.   Maty. 

Malte  ,  ou  Malthe.  'Ville  capitale  de  l'ile  de  Malte. 
Melita.  Elle  eft  fituée  (ur  la  côte  orientale  de  l'ile , 
dans  un  petit  golfe  ,  où  elle  a  quatre  ports  dirrerents , 
dont  l'un  eft  uniquement  deftiné  pour  les  Galères  de 
l'Ordre  de  Malte.  Cette  ville  eft  grande,  belle,  S<. 
l'une  des  plus  fortes  du  monde.  Elle  eft  féparée  eu 
trois  parties  ,  fituée  fur  trois  petites  prefqu'iles  ou 
rochers  ;  on  les  nomme  la  Vallette,  le  Bourg  Se 
l'ile  de  S.  Michel,  ou  de  la  Sangle.  Ces  troi;  quar- 
tiers font  très-forts,  Se  par  leur  fituation  Se  par  les 
ouvrages  qu'on  y  a  faits.  Se  ils  font  encore  défendus 
par  les  châteaux  de  S.  Elme ,  de  S.  Ange ,  &  de  Torre 
délia  Bocca.  Le  Grand  Maître  &  le  Grand  Prieur  de 
l'Ordre  de  Malte  y  font  leur  réfidence  ordinaire. 
Il  y  a  aulîî  un  très-grand  nombre  de  Chevaliers, 
entretenus  aux  dépens  de  l'Ordre  dans  fept  magni- 
fiques auberges,  qui  portent  les  noms  des  fept  lan- 
gues ou  nations ,  qui  lont  ,  Provence  ,  Auvergne  , 
France  .  Arragon  ,  Caftille  ,  Italie  Se  Allemagne.  Il 
y  a  encore  dans  cette  ville  un  tribunal  de  l'Inqui- 
(îtion  ,  de  beaux  Arfenaux  ,  Se  un  Evêché  fuifragant 
de  Païenne  en  Sicile.  Le  Grand -Maître  de  Malte 
eft  Souverain  de  l'île  de  Malte  _,  &  de  celles  de 
Gofe  ,  de  Cumin, &:  de  Cuminot;  celles  de  Limofa 
&:  de  Foriala  lui  appartiennent  aulllimais  elles  font 
déferres.  Maty.  Malte  eft  au  32^  deg.  4^  min.  de 
longitude  ,  «S::  au  35'' deg.  40  min.  de  latitude.  Acad. 
DES  Sciences. 

Ordre  de  Malte.  C'eft  le  nom  d'un  Ordre  Religieux 
militaire  ,  qui  a  eu  piulieurs  noms.  Les  Hofpicaliers 
de  Saint  Jean  de  Jérulalem  ,  ou  les  Chevaliers  de 
S.  Jean  de  Jérulalem.  Les  Chevaliers  de  Rhodes  , 
l'Ordre  de  Malte  ,  la  Religion  de  Malte:,  les  Che- 
valiers de  Malte,  Se  c'eft  le  nom  qu'on  leur  donne 
toujours  dans  l'ufage  ordinaire  en  France-  Des  Mar- 
chands d'Amalfi  ,  au  Royaume  de  Naples ,  environ 
l'an  1048  ,  bâtirent  à  Jérulalem  une  Eglife  du  rit 
Latin  ,  qui  fut  appelée  Sainte  Marie  la  Latine.  lis 
y  fondèrent  aullî  un  Monaftère  de  Religieux  de  l'Or- 
dre de  S.  Benoît,  pour  recevoir  les  pèlerins.  Se  en- 
fuite  un  hôpital  tout  près  de  ce  Monaftère  ,  pour  y 
avoir  foin  des  malades ,  hommes  Se  femmes ,  fous 
la  direélion  d'un  Maître ,  ou  Rcûeur  ,  qui  devoir 
être  à  la  nomination  de  l'Abbé  de  Sainte  Marie  la 
Latine  ,  &  on  y  fonda  une  Chapelle  en  l'honneur 
de  S.  Jean-Baptifte.  Gérard  Torn  ,  Provençal  de  l'île 
Martigue,  en  fut  le  premier  Direéleur.  En  1059  , 
Godefroi  de  Bouillon  ayant  pris  Jérufalem  ,  enri- 
chit cet  hôpital  de  quelques  domaines  qu'il  avoit 
en  France.  D'autres  imitèrent  encore  cette  libéra- 
lité ;  &  les  revenus  de  l'hôpital  ayant  augmenté 
confidérablement ,  Gérard  ,  de  concert  avec  les  Hof- 
pitaliers ,  rcfolut  de  fe  féparer  de  l'Abbc  &:  des  Re- 
ligieux de  Sainte  Aîarie  la  Latine ,  Se  de  faire  une 
Congrégation  à  part ,  fous  le  nom  &  la  procsction 


77^  MAL 

fie  S.  JeanBaptiftc;  ce  qui  fut  c.iufe  qu'on  le«  ap- 
pela Hofpitalieis ,  ou  Frères  de  l'Hôpital  de  S.  Jean 
de  Jérufalem.  Pafchal  II  j  par  une  Bulle  de  l'an  un, 
continna  les  donations  faites  à  cet  Hôpital  ^  qu'il  mit 
fous  la  protection  du  S.  Siège  j  ordonnant  qu'après 
la  mort  de  Gérard  ,  les  Redeurs  fcroicnt  élus  par  les 
Hofpitaliers.  Raymond  du  Puy  ,  de  Daupliiné  ,  fuc- 
cellcur  de  Gérard ,  fut  le  premier  qui  prit  la  qualité 
de  Maître.  Il  donna  une  Règle  aux  Hofpitaliers  ; 
elle  fut  approuvée  par  Calixte  II  ,  l'an  1120.  Quel- 
ques uns  difent  qu'elle  l'avoit  déjà  été  par  fon  pré- 
déceireur  Gélafc  II  ,  l'an  11 18.  Elle  fut  confirmée 
par  Honorius  II  j  Innocent  II  ^  Eugène  III,  Lucius 
III  ,  Clément  III  ,  Innocent  III  ,  Bonifacc  VHI  _, 
Sec.  Comme  Raymond  mit  dans  cette  règle  quel- 
que chofe  qu'il  tira  de  celle  de  Saint  Augullin  , 
on  a  mis  cet  Ordre  au  nombre  de  ceux  qui  fuivent 
fa  règle. 

Tel  fut  le  premier  état  de  l'Ordre  de  Malte.  Ce 
premier  Grand  Maître  ,  voyant  que  les  revenus  de 
l'hôpital  furpalloient  de  beaucoup  ce  qui  étoit  né- 
ceilaire  à  l'entretien  des  pauvres  pèlerins  &  des  ma- 
lades ,  crut  devoir  employer  le  furplus  à  la  guerre 
contre  les  Infidèles.  Il  s'oftrit  au  Roi  de  Jèrulalem. 
Il  fépara  fes  Hofpitaliers  en  trois  clallcs;  les  Nobles  j 
qu'il  deflina  à  la  profelllon  des  armes,  pour  la  dé- 
fenfe  de  la  foi  &  la  protedfion  des  Pèlerins;  les  Prê- 
tres ou  Chapelains  ,  pour  faire  l'Office  ;  &  les  Frè- 
res fervans  ,  qui  n'étoient  pas  nobles ,  furent  auilî 
deftinés  à  la  guerre.  Il  régla  la  manière  de  recevoir 
les  Chevaliers  -,  &  tout  cela  fut  confirmé ,  l'an  11 50 , 
par  Innocent  II  ,  qui  ordonna  que  l'étendard  de 
ces  Chevaliers  feroit  une  croix  blanche  pleine  en 
champ  de  gueule  ,  qui  font  encore  les  armes  de  cet 
,_     Ordre. 

Après  la  perte  de_ Jérufalem,  ils  Ce  retirèrent  d'a- 
bord à  Margat ,  enfuite  à  Acre  ,  qu'ils  défendirent 
avec  beaucoup  de  valeur  l'an  lipo.  Après  la  perte 
entière  de  la  Terre  Sainte  ,  l'an  1191  ,  les  Hoipita- 
liers  j  avec  Jean  de  Villiers  leur  Grand-Maître  ,  fe 
retirèrent  dans  l'île  de  Chypre  ,  où  le  Roi  Henri 
de  Lulîgnan  ,  qu'ils  y  avoient  fuivi  j  leur  donna  la 
ville  de  Limillon.  Ils  y  demeurèrent  environ  dix  huit 
ans.  En  1508  ,  ils  prirent  l'île  de  Rhodes  fur  les 
Sarrazins  ,  &  s'y  établirent.  Ce  n'eft:  qu'alors  qu'on 
commença  à  leur  donner  le  nom  de  Chevaliers.  On 
les  appela  Chevaliers  de  Rhodes  ,  Equités  Rhod'd. 
Andronique  ,  Empereur  de  Conftantinople  ,  accorda 
au  Grand -Maître  Foulque  de  Villarct ,  l'invelfiture 
de  cet  Ordre ,  &  le  Pape  en  confirma  la  donation. 
L'année  fuivante  ,  fecmirus  par  Amédée  IV  ,  Comte 
de  Savoie  ,  ils  fe  délendirent  contre  une  armée  de 
Sarrazins  ,  &:  fe  maintinrent  dans  leur  île.  En  1480, 
le  Grand  Maître  d'Aubullon  la  de^endit  encore  con- 
tre Mahomet  II  ,  &  la  conferva  malgré  une  armée 
formidable  de  Turcs  ^  qui  l'allîégea  pendant  trois 
mois.  Le  P.  Bouhours  a  décrit  ce  fiège  dans  la  vie 
de  ce  Grand  -  Maître.  Mais  Soliman  l'attaqua  l'an 
IJ21,  avec  une  armée  de  trois  cens  mille  combat- 
tans  ,  &  la  prit  le  24  Décembre  ,  après  que  l'Ordre 
l'eût  poflédée  deux  cens  treize  ans.  Après  cette  perte  , 
le  Grand  Maîtie  &  les  Chevaliers  allèrent  d'abord 
en  l'île  de  Candie  ;  puis  le  pape  Clément  VII  leur 
donna  Viterbe.  Enfin  Charles-Quint  leur  donna  l'île 
de  Malte  ,  où.  le  Grand  Maître  de  l'île  Adam  Se  fes 
Chevaliers  arrivèrent  le  16  d'Odobre  1530.  C'cll 
delà  qu'ils  ont  pris  le  nom  de  Chevaliers  de  Malte  ; 
mais  leur  véritable  nom  ell  celui  de  Chevaliers  de 
l'Ordre  de  S.  Jean  de  Jérufdem  ,  &  le  Grand-Maître 
dans  fes  titres,  prend  encore  celui  de  Maître  de  l'Hô- 
pital de  S.Jean  de  Jérufalem  ,  &  Gardien  desTauvres 
de  Notrc-Seigneur  Jesus-Christ. 

L'Ordre  de  Malte  ne  polfède  plus  en  fouverai- 
neté  que  l'île  de  Malte  ,  &  quelques  autres  petites 
aux  environs  ,  dont  les  principales  font  Gole  c'^^- 
Comino.  Le  Gouvernement  cft  monarchique  &  arif 
tocratiquc  :  monarchique  j  fur  les  Habitans  de  Malte 
8c  des  îles  voifines  ;  &  fur  les  Chevaliers ,  en  tour 
■ce  qui  regarde  la  règle  &:  les  ftatuts  de  la  Religion  : 


MAL 

ariftocratique  ,  dans  la  décifion  des  affaires  impor- 
tantes ,  qui  ne  le  fait  que  par  le  Grand-Maître  & 
le  Chapitre.  Il  y  a  deux  Confeils  :  l'Ordinaire  , 
compolé  du  Grand  -  Maître  comme  Chef  ,  &  des 
Grands- Croix  :  le  complet  eft  compofé  des  Grands^ 
Croix  &  des  deux  plus  anciens  Chevaliers  de  cha- 
que langue. 

Les  langues  de  Malte  ,  font  les  différentes  nations 
de  l'Ordre.  Il  y  en  a  huit  :  Provence,  Auvergne, 
France  ,  Italie  ,  Arragon  ,  Allemagne  ,  Caflille  &  An- 
gleterre. Leurs  Chefs  fe  nomment  Piliers  &  Baillis 
Conventuels.  Le  Pilier  de  la  Langue  de  Provence  efl 
Grand- Commandeur -,  celui  de  la  Langjie  d'Auver- 
gne eit  Grand -Maréchal-,  celui  de  France  eft  Grand- 
Hofpitalier  ;  celui  d'Italie  Grand  Arniral  ;  celui  d'Ar- 
ragon  Grand-Conlervateur  ,  ou  Drapiers  ,  comme  on 
difoit  autrefois.  Le  Pilier  de  la  Langue  d'Allemagne 
Grand-Bailli  ;  celui  de  CalfiUe  Grand-Chancelier. 
La  Langue  d'Angleterre  ,  qui  ne  fubhfte  plus  depuis 
le  fchidne  d'Henri  VIII  ,  avoir  pour  chet  le  Turco- 
poher  ,  ou  Général  d'Infanterie.  La  Langue  de  Pro- 
vence eft  la  première  ,  parce  que  Raymond  du  Puy, 
Grand-Maître  ,  &:  qui  a  drelfé  les  ftatuts  de  l'Ordre, 
étoit  Provençal. 

Dans  chaque  Langue  il  y  a  plufieurs  Grands-Prieu- 
rés &  Bailliages  Capitulaires.  L'Hôtel  de  chaque  Lan- 
gue s'appelle  Auberge  ,  à  caufe  que  les  Chevaliers 
de  ces  Langues  y  vont  manger  j  îk.  s'y  aftèmblent 
d'ordinaire.  Chaque  Grand-Prieuré  a  un  nombre  de 
Commanderies.  Les  Commanderies  font  ,  ou  Ma- 
giftrales  ,  ou  de  Juftice ,  ou  de  Grâce.  Les  Magiftrales 
font  celles  qui  font  annexées  à  la  Grande-Maîtrife. 
Il  y  en  a  une  en  chaque  Grand-Prieuré.  Voye:^  Ma- 
gistral. Les  Commanderies  de  Juftice  ,  iont  celles 
qu'on  a  par  droit  d'ancienneté  ,  ou  par  améliorif- 
femcnt.  L'ancienneté  fe  compte  du  jour  de  la  récep-  ' 
tion  ;  mais  il  faut  avoir  demeuré  cinq  ans  à  Malte  , 
&  faire  quatre  car.avannes.  Les  Commanderies  de 
Grâce  j  font  celles  que  les  Grands-Maîtres  ou  les 
Grands-Prieurs  ont  droit  de  conférer.  Ils  en  confè- 
rent une  tous  les  cinq  ans ,  &  la  donnent  à  qui  il 
leur  plaît. 

Les  Chevaliers  nobles  ,  font  appelés   Chevaliers 
de  Juftice  ,  &  il  n'y  a  qu'eux  qui  puiffent  être  Baillis, 
Grands-Prieurs  &  Grands- Maîtres.    Les  Chevaliers 
de  Grâce  ,  (ont  ceux  qui  n'étant  pas  nobles  ,  ont  ob- 
tenu par  quelque  fervice  important ,  quelque  belle 
adiion  ,  d'être  mis  au  rang  des  Nobles.  Les  Frères 
fervans  font  de  deux  fortes,   i".  Les  Frères  lervans 
d'armes  ,  dont  les  fondions  font  les  mêmes  que  cel- 
les des  Chevaliers  ;  &  les  Frères  fervans  de  l'Eglife, 
dont  toute  l'occupation  eft  de  chanter  les  louanges 
de  Dieu  dans  l'Eglife  Conventuelle  ,  ik  d'aller  cha- 
cun à  Ion  tour  fervir  d'Aumônier  fur  les  vaifleaux 
&■  fur  les  galères  de  la  Religion.  Les  Frères  d'obé- 
dience ,  font  des  Prêtres  qui ,  fans  être  obligés  i'û- 
Icï  k  Malte  ,  prennent  l'habit  de  l'Ordre  ,  en  font  les 
vœux,  &  s'attachent  au  fervice  de  quelqu'une  des 
Eglifes  de  l'Ordre  ,  fous  l'autorité  d'un  Grand-Prieur, 
ou  d'un  Commandeur ,  auquel  ils  font  fournis.  Les 
Donnés  j  ou  Demi-Croix  ,  ne  peuvent  porter  qu'u- 
ne demi-croix  de  toile  blanche  fur   leurs  habits ,  & 
elle  ne  doit  pas  pafler  les  deux  tiers  d'une  palme  de 
Sicile  -,  quelquefois  on  leur  accorde  qu'elle  loit  d'or. 
Les  Chevaliers  de  Majorité  ,  (ont  ceux  qui ,  félon 
les  (fatuts  ,  font  reçus  à  (eize  ans  accomplis.  Le$ 
Chevaliers  de  minorité  ,  font  ceux  qui  (ont  reçus 
dès  leur  naiftànce  ,  ce  qui  ne  (c  peut  faite  lans  difpcnfé 
du  Pape.  Les  Chapelains  ne  peuvent  être  reçus  que  1 
depuis  dix  ans  julqu'à  quinze.  Apvès  quinze  ans, il  j 
faut  un  bref  du  Pape.   Jufqu'à  quinze  ,   il  ne  feuc 
qu'une  lettre  du  Grand-Maitre.  On  les  nomme  Dia- 
cots  ;  ils  font  preuves  qu'ils  font  d'honnête  famille. 
Ils  paient  à  leur  réception  une  lomme  j  qu'on  nomme  j 
Droit  de  pajjage. 

Pour  les  preuves  de  Nobleffe  j  dans  le  Prieuré  d'Al- 
lemagne ,  il  faut  feize  quartiers  ;  dans  les  autres  ,  il 
fuffit  de  îemonter  jufqu'au  bilaïeul  paternel  ,   oui 

maternel.  | 


MAL 

niaceniel.  La  profelîïon  ne  ic  fait  plus  iiiimcdiatcmcnr 
apics  le  Noviciat ,  comme  autrctois. 

Tous, les  Chevaliers  font  obligés  j  après  leur  pio 

•  fedion  ,  de  porter  fur  le  manteau ,  ou  fur  le  Jullc- 
au-corps  ,  du  côté  gauche  ,  la  croix  d'étoile  blan 
che  à  huit  pointes  ;  c'ell  le  véritable  habit  de  l'Or- 
dre. La  Croix  d'or  n'cll:  qu'un  ornement.  Loiiqu'iis 
Vont  combattre  contre  les  Inlidellcs ,  ou  qu'ils  font 
leurs  caravanes  ,  ils  portent  fur  leur  habit  une  (ou- 
brevefte  de  la  même  forme  que  celle  des  Moufque- 
taircs  de  la  Garde  du  Roi ,  ornée  par  devant  es:  par 

-  derrière  d'une  grande  croix  blanche  pleine  ,  qui  cil 
.   celle  des  armes  de  la  Religion.  L'habit  ordinaire  du 

Grand  Maître  j  eft  une  foutane  de  tabire  ,  ou  de 
drap  ,  ouverte  par  devant  ,  &  ferrée  d'une  ceinture 

■  où  pend  une  bourfe  ,  pour  marquer  la  charité  en- 
.  vers  les  pauvres.  Par-delfus  cette  foutane  ,  il  porte 
;  une  efpcce  de  robe  de  velours ,  fur  laquelle  il  y  a 

au  côté  gauche  &  lur  l'épaule  la  croix  de  l'Or- 
dre ,  qu'il  porte  auffi  fur  la  poitrine.  Le  manteau 
à  bec  ,  eft  celui  qu  on  donne  à  la  prot-cilîon  ;  il 

•  eft  noir  ,  Se  s'attache  au  cou  avec  le  cordon  de 
l'Ordre  ,  qui  eft  de  loie  blanche  &  noire  j  où  font 

■  rcpréfentés  les  inftrumens  de  la  Paillon  de  N.  S.  en- 
^-  trclacés  de  paniers ,  qui  repréfentent  la  charité  qu'ils 

doivent  avoir  envers  les  pauvres.  Ce  manteau  a  deux 

■  manches  longues  de  près  d'un  aune  ,  larges  au  haut 
d'environ  demi-pied ,  Se  qui  fe  terminent  en  pointes. 
Elles  fe  rejettoient  autrefois  fur  les  épaules  ,  &:  fe 
nouoient  fur  les  reins.   Il  paroît  par  une  monnoie 

•  d'or  du  Grand -Maître  Déodat  Gozon  ,  &  par  le 
fceau  du  Grand  -  Maître  Philbert  de  Naillac  ,  dont 

•  l'un  fut  élu  en  1 34e  ^  &  l'autre  en  1 596  ,  qu  il  y  avoir 
alors  un  capuce  à  ce  manteau.  L'habit  des  Grands- 
Croix  ,  quand  ils  (ont  à  l'Eglife  ,  eft  une  efpèce  de 
robe  noire  appelée  Cloche  ,  ouverte  par  devant  , 
avec  de  grandes  manches  ,  ayant  lur  l'épaule  ik  fur 
la  poitrine  à  côté  gauche  la  croix  &  le  cordon  de 
l'Ordre  ,  avec  1  épée  au  côté.    Quand  ils   vont  au 

■  Confeil ,  ils  ont  une  pareille  robe  ,  mais  fermée  par 
devant ,  avec  la  grande  croix  fur  la  poitrine  ,  Se  ils 
ne  portent  ni  l'épée  ,  ni  le  cordon.  Les  Frères  Cha- 
pelains hors  de  la  maifon  ne  lont  dilérens  des  au- 
tres Eccléfiaftiques  ,  qu'en  ce  qu'ils  ont  la  croix  à  côté 
gauche  fur  la  foutane  &  fur  le  manteau.  A  l'Eglife , 
ils  ont  un  rochet  de  toile  ,  Si  par  deilus  un  camail 
noir ,  où  eft  aulli  la  croix  de  l'Ordre.  Clément  XI  a 

'  •  accordé  à  foixante  ,  de  porter  le  camail  violet.  f^Oye:^ 

■  le  Père  Hélyot ,  hift.  des  Ordres  Religieux  ,  T.  III.  c. 
XIII.  Se  les  Auteurs  qu'il  cite,  aulli  bien  que  Qua- 
icfimius ,  L.  II.  ehap.  jz. 

Il  y  a  aullî  des  Religieufes  Hofpitalières  de  l'Ordre 
'  Je  S.  Jean  de  Jérulalem  ,  aulîî  anciennes  que  les  Che- 
valiers ,  &  établies  à  Jérulalem  en  même  temps 
qu'eux ,  pour  avoir  foin  des  temmes  pèlerines  dans 
un  hôpital  différent  de  celui  des  hommes.  li  y  en  a  à 
Sienne  j  à  Pife^  à  Florence,  àBeauIieu  ,àTouloufe, 
Sec.  Il  V  en  a  de  Réformées  en  France.  On  les  nomme 
ciulîî  Chevalières.  La  Réforme  fut  faite  par  la  Mère 
<'jalliote  de  Gourdon  Genouillac  &  Vaillac  ,  dite 
Sainte  Anne,  au  commencement  du  dernier  fiècle, 
I^oyei  Guillaume  de  Tyr ,  L.  XFIII ,c.  /.  Polydore 
Virgile  ,  L.  FIL  Kt-ox  ,  Injlu.  Moral.  L.  XIII. 
Mainbourgj  hift.  des  Croifades  ,  L.  III.  Le  Père 

-  Hélyot  ,  T.  III.  c.  i^  &  I  s. 

PoiaE  DE  Malte.  Nom  d'une  efpèce  de  poire  ,  qui 
n'eft  pas  mauvaife  ,  &  qui  même  eft  eftimée  en  cer- 
tains endroits.  La  Quint. 

MALTHE.  f.  f.  Ciment  dont  on  fe  fervoir  autrefois  , 
&  qui  étoit  un  mélange  de  poix  ,  de  cire  ,  de  plâtre  & 
de  graille.  Maltha.  Dans  le  Pontifical ,  il  eft  parlé  de 
ciment  dont  on  avoir  befoin  quand  on  faifojt  la 
dédicace  des  Egiifes.  En  Latin  ,  malca,  d'où  quel- 
ques uns  prétendent  qu'on  a  fait  les  mots  de  fmalûre , 
d'où  viennent  eWi//£r  _,  &  émeutir.  Il  y  a  une  autre 
efpèce  de  malihe  ,  dont  les  Romains  p!itroici;t  Se 
blanchilToient  le  dedans  des  aqueducs.  Si^'nini  operis 
genus  ,  maltha  faclitia.  C'étoit  un  ciment  très  fin  , 
compofé  de  chaux  vive  ,  fufé  au  vin  ,  incorporé  avec 
Tome  V, 


MAL  777 

I      fain  de  pourceau  &:  chair  de  figue  fraîche  ,  ou  poix 
fondue.  La  malthc  naturelle  eft  une  forte  de  bitume 
dont  ks  Aliariques  platroicnt  leurs  murailles.  Quand 
certe  malthc  ,  ma/thu  nativa  ,  clt  une  fors  allumée 
l'eau  ne  peut  l'éteindre  ,  Se  ne  fait  même  que  l'al- 
lumer davantage.  On  appeloit  aulli  mahhe^nm  com- 
polition  de  cire  Se  de  poix, dont  on  platroit  les  ta- 
blettes des  Juges.  Monet.  Ou  difoic  malther,  pour 
plâtrer  de  malthc  ,  maltharc. 
03'  MALTHON.  Ville  d'Angleterre  ,  en  Yorckshire, 
fur  une  rivière.  Elle  envoie  des  Députés  au  Parle- 
menr. 
CCFMALTOTE.  f.  f.  du  vieux  moz  tollir ,  oa  de  mali 
tolta,  maltollue  ,  mal  levée.    C'eft  proprement  une 
cxadion    indue  ,  la   perception  d'un   tribut  impofs 
fans  fondement ,  fans  néccllitc  j  Se  fans  autorité  lé- 
gitime. Acerha  tributi  cxaclio.  Cependant  le  public 
eft  dans  l'ulage  d'appeler  ainlî  toutes  les  impoîitions 
nouvelles  j  &  de  donner  le  nom  de  Maltôtiers  à  ceux 
qui  ont   pris   en  parti    des  contributions  impofées 
par  une  autorifé  légitime.  On  leur  fuppofe  un  cœur 
dur. 
Mala  toka  ,  maltôte  ,  vient  de  malè  tollere  ;  &  de  ce 
mot  tollere  les  Anciens  avoient  fait  colhr  &  touldre, 
pour  dire  j  ôter ,  enlever. 

La  tête  vous  touldrai  par-dejjus  le  menton  y 
Si  que  jamais  n'aure^  befoin  de  chaperon. 

Rom.  de  Bert.  du  Guesciin. 

Le  premier  impôt  qui  fut  appelé  de  ce  nom ,  fut 
celui  qui  fe  leva  l'an  ix<)G.  pour  faire  la  guerre  aux 
Anglois ,  comme  remarque  M.  Bignon  fur  Marcul- 
phe  :  d'où  vient  que  ce  mot,  fuivant  Ragueau  ,  veut 
dire  lublide  extraordinaire ,  ou  levé  à  l'opprellion  du 
peuple.  On  l'appeloit  alors  maltoute. 
Maltôte  ,  fe  dit  du  Corps  des  Gens  d'affaires  ,  des 
Partilans.  Collegium  exaclorum.  La  Maltôte  s'eft  biea  • 
enrichie  pendant  cette  guerre.  Toute  la  Maltôte  çft 
défoléc  des  nouveaux  Edits. 

Qui  déformais  à  la  Maltôte. 
Ofera  difputer  le  rang  , 
Depuis  quelle  va  côte  à  côte 
Avecques  les  Princes  du  Sang? 

Ce  Quatrain  fut  fait  à  l'occafion  de  la  Capitation  , 
où  les  Maltôtiers  furent  taxés  à  la  même  fomme  que 
les  Princes ,  &  mis  quant  à  cela  dans  la  même  claf- 
fe  ;  &  Maltôte  fe  prend  là  non  pas  pour  impoiîtion  , 
mais  pour  le  Corps  des  Maltôtiers,  de  ceux  qui  lè- 
vent les  impoîitions. 
Maltôte  ,  fe  dit  auffi  d'un  grand  bateau  fur  la  riviè- 
re, où  il  y  a  un  bâtiment  pour  loger  les  Commis  , 
à  detTein  de  prendre  garde  à  tout  ce  qui  vient  à  Pa- 
ris par  la  rivière  de  Seine.  Navis  expLoratoria ,  obfer- 
vatoria.  Les  Commis  font  à  la  maltôte.  A  Paris  Se 
dans  quelques  autres  endroits  on  l'appelle  Patache. 
MALTOTIER.  Le  peupk  dit  MALTOUTIER.  f.  m. 
c'eft  celui  qui  exige  des  droits  qui  ne  font  point  diâs  , 
ou  qui  lont  impofés  (ans  autorité  légitime.  Acerbi 
tributi  exaclor  i  coaUor. 

Le  peuple  appelle  abulîvement  maltoutiers  ,  tous 
ceux  qui  lèvent  les  deniers  publics ,  fans  diftinguer 
ceux  qui  font  bien  ou  mal  impofés,  ni  les  exaétions 
des  contributions  légitimes  pour  les  nécelïltés  de 
l'Etat. 

//  prit  parti  dans  les  Finances  , 
C'eJI-là  que  fin  art  excella  ; 
Jamais  Maltôtier  n'égala 
Son  brigandage  affreux  j  fcs  dures  impudences, 

Mlle.  l'Héritier. 

MALTRAIRE.  v.  Maltraiter  quelqu'un.  Poëf.  du  Roi 

de  Nav. 
MALTR AIT.  1.  m.  Malheur  ,  mauvais traitemens.  Poëf 

du  Roi  de  Nav. 
MALTRAITER,    v.  a.   Outrager  quelqu'un,  foit  de 

paroles ,  loit  de  coups  de  main ,  foit  par  quelque  iu- 

Fffff 


77  8' 


MAL 


MAL 


digne  réception.  Aliquem  incUmenter  acdpere  ,  ma 
■le  in  aliquem  comfuUre.  Ceft  plus  que  tr.iiter  ma!  , 
qui  ne  renferme  pas  l'idée  d'un  trairemcnr  outra- 
geant èc  violent.  Un  brave  homme  ue  fe  laide 
^omx  maltmicer  ^■xz  des  injures,  par  des  reproches. 
Les  injures  d'un  Amant  maltraité  font  des  louan- 
ge$.  M.  Se.  Ce  pauvre  homme  a  été  maltraite  par 
des  allàilîns.  Ces  Auteurs  Te  font  fort  maUtraites  : 
fe  font  dit  beaucoup  d'injures  dans  leurs  critiques. 
Un  hiftoricn  a  tort ,  de  maltraiter  des  gensiiluftres  , 
d'en  parler -indignement.  \}n  AmbalFadeur  prétend 
avoir  été  maltraité  en  une  Cour  étrangère  ,  quand 
on  ne  lui  a  pas  rendu  tous  les  honneurs  dîîs  à  fi 
qualité,  &  qui  ont  été  rendus  ù  fes prédécellèurs. 
AIaltraiteu  j  fifl.iiifie  auffi  ,  faire  tort  à  quelqu'un ,  ne 
lui  rendre  pas  la  jufticc  qui  lui  cil:  due,  ne  le  traiter 
pas  favorablement.  Ce  fils  a  été  maltraité  dans  le 
teftament  de  Ion  père.  Acad.  Fr. 
%fl'  Maltraiter  , dans  le  fens  de  faire  mauvaifc  clière  , 
n'eftcn  ulage  qu'au  pallif.  Nous  dinâmes  hier  dans 
une  Auberge  ,  où  nous  fumes  fort  maltraités. 
MALTRAITÉ  ,    ÉE.    part   MaVe  habitas  ,    exceptas 

malè. 
^MALUA.  Royaume  d'Afic  dans  l'Indoftan , où  il  fait 
partie  des  Etats  du  Mogol ,  à  l'occident  de  Bengale 
&  du  Halabas.  Ses  Villes  principales  font  Sarampor 
&  Ougel  plulleurs  écrivent  Malvay. 
i^  MALVACLES.  (  plantes)  malvacAplantx.  Les  Bo- 
tanilfes  dé(ignent  p.ar  ce  terme,  les  plantes  dans  Icf 
quelles ,  ainli  que  dans  la  Mauve  ,  les  étaniines  de 
la  Heur  font  réunies  en  un  feul  corps  qui  forme 
une  eipèce  de  colonne.  Ceft  pourquoi  quelques  Bo- 
taniftes  donnent  à  cette  clalFe  de  Plantes  le  nom  de 
colomnifère. 
MALVASIA  ,  ou  MALVOISIE.  Nom  d'une  ville 
nommée  autrement  Napoli  de  Malvoiiîe.  Alalvafia  j 
anciennement  Epidaurus  ,  Limera ,  Moncmbafia  , 
Ville  de  la  Morée.  Elle  eft  lîtuée  fur  une  petite  île, 
ou  un  rocher  ,  qui  eft  à  l'entrée  du  golfe  de  Napoli, 
à  fix  lieux  du  cap  Malio  ,  &c  a.  douze  de  Lacédémo- 
ne.  Cette  Ville  eft  extrêmement  forte ,  elle  eft  défen- 
due par  une  bonne  citadelle,  &  elle  a  un  bon  port, 
£c  un  pont  de  bois  fort  long  ,  qui  la  joint  à  une 
petite  langue  de  la  Terre-ferme.  Cette  Ville  ,  qui 
donne  le  nom  à  la  Malvoijîe ,  vin  fort  cftimé ,  fut 
célèbre  anciennement  par  fon  Temple  d'Efculape, 
elle  fut  enfuite  Archiépifcopale  :  les  Vénitiens  fu- 
rent obligés  l'an  1537.  de  la  remettre  à  Soliman  II. 
par  un  traité  de  paix  -,  mais  il  s'en  font  encore  ren- 
dus maîtres  après  un  fort  long  ilège  ^  ou  blocus, 
l'an  1687.  &  l'ont  depuis  perdue  avec  toute  la  Mo- 
ree.  Berthelot  ,  Profeflcur  d'Hydrographie  à  Alar- 
Icillc ,  dit  Malvefia.  Tous  les  autres  que  j'ai  vu 
dilent  Malvafia. 
MALVAY.  Le  Royaume  de  Malvay,  JMalvs.um  Re- 

gnum.  Voyez  Malua. 
MÂLVE.    adj.    Vieux   mot.    Méchant.  On  a  dit  aullî 

Malvois  ,  m.alfei  &  maufe^  dans  le  même  fens. 
]\IALV£ILLANCE.  f.    f.  Mauvaife  volonté  ,  delléin 
.    qu'on  a  de  nuire  à  quelqu'un.  Malevolentia ,  male- 
volus  animus.  Quand  on  eft  tombé  dans  la  malveil- 
lance du   peuple  ,  on  n'en  fiuroit  revenir.    Il  s'eft 
attiré  le  blâme  ,  la  malveillance  j  ou  plutên  l'horreur 
de  tout  le  monde.  Cost.  Ce  mot  <^-  le  fuivant  com- 
mencent à  vieillir. 
MALVEILLANT,  f  m.   Qui   veut  mal  à  quelqu'un. 
Malevolus ,  malevokns  ,  invidus  ,  imquus  ,  infejlus. 
Ce  mot  eft  plus  ufité  au  plurier  ,  qu'au  fingulier. 
Ceux  qui  ont  le  plus  de  mérite  ,  ont  toujours  des 
malveillans  qui  cherchent  à  les  détruire. 
:MALVEISINE.   f  f.  Vieux  mot.  Ceft  le  nom  d'une 
machine  de  guerre  qui  étoit  autrefois  en  ufage:  Mat- 
thieu Paris  dit  que  c'étcit  une  efpèce  de  pierrier. 

Du  Cange  croit  que  ce  nom  vient  de  mauvais  voi- 
Jîn  ;  parce  que  le  voifinage  de  cette  machine  eft 
fort  incommode  aux  ennemis  qui  en  font  près. 

Guillaume  II.  Roi  d'Angleterre,  appela  7Wa/i'<{/r« 
lin  fore  qu'il  fit  conftruire  auprès  \i.  Bambourg,  pour 
■'incommoder  ce  lieu-là. 


MALVERSATION,  f.  f.  Faute  not.ible  commife  dans 
l'exercice  d'une  charge  ,  d'une  commiftlon  ,  d'un 
maniement;  comme  concuiiion,  exaétion , divertif- 
fement  de  deniers.  Mala  ni  adminijlratio  ,  prcva- 
ricatio  ,  concujjio  ,  exaclio.  On  i'accufa  de  malver- 
fation  dans  ta  charge.  Taleman.  On  a  établi  une 
Chambre  de  Jullice  ,  des  Grands- jours ,  pour  la  re- 
cherche des  malverfatLons  commifes  dans  les  Finan- 
ces ,  dans  l'exercice  de  la  Juftice. 

MALVERSER,  v.  n.  Commettre  des  malvcrfations 
dans  l'exercice  de  quelque  charge ,  de  quelque  em- 
ploi ,  en  failant  des  profits  illicites.  Rem  malè  gè- 
re re ,  adrninijlrare .  Les  Comptables  font  punis  de  la 
peine  du  quadruple,  quand  ils  ont /;zû/ver/?. 

MALUITO.  P^oyey^  Méluito. 

AlALVM.  Mot  Latin ,  que  les  Anatom.iftes  donnent 
à  un  os  de  la  face.  Il  y  a  trois  apophylès  à  l'os 
malum.  Dionis.  f''^oye^  l'os  de  la  pomettc  ,  au  mot 

PoMETTE. 

MALVOISIE.  Ville.  Foyei  Malvasia. 

Malvoisie,  1.  f.  Vin  Grec  ,  ou  de  Candie.  Ce  mot 
vient  de  Malvafia  ,  qui  eft  une  ville  du  Pélopon- 
nèfe  ,  qui  eft  l'ancienne  Epidaurc  ,  d'où  eft  venu 
d'abord  ce  vin  li  renommé.  Edouard  VII.  Roi  d'An- 
gleterre, fit  noyer  George  Duc  de  Clarence  Ion  frè- 
re dins  un  tonneau  de  vin  de  Malvoifie.  Il  y  a  cer- 
taines maladies  où  les  vers  Encéphales  régnent.  M. 
Andry  ,  dans  Ion  Traité  des  vêts,  en  cite  un  exem- 
ple ;  c'étoit  une  hèvre  contagieufe ,  dont  prefque 
tout  le  monie  mouroir ,  lans  qu'on  y  pût  apporter 
aucun  remède.  On  s'.avila  d'ouvrir  le  corps  d'un  ma-' 
lade  que  cette  mortalité  avoit  enlevé  ,  &  on  lui 
trouva  dans  la  tête  un  petit  ver  tout  rouge  &  fort 
court  ;  on  elTaya  divers  remèdes  fur  ce  ver  pour 
découvrir  ce  qui  le  pourroit  tuer ,  tout  fut  inutilcj 
excepté  du  vin  de  Malvoifie  ,  dans  lequel  on  fit 
bouillir  des  raiforts  ;  on  n'en  eut  pas  plutôt  jette  fur 
ce  ver,  qu'il  mourut.  On  en  donna  à  des  malades, 
&  on  les  lauva  prefque  tous. 

Malvoisie,  eft  auffi  un  vin  mufcat  qui  vient  de  Pro- 
vence, qu'on  fait  cuire  ,  &c  dont  on  fait  évaporer- 
environ  le  tiers. 

On  donne  généralement  le  nom  de  Malvoifie  au 
vin  mulcat  cuit,  de  quelque  pays  qu'il  foit. 

Il  fe  dit  aulll  du  raifin  dont  on  le  tire ,  &:  de  la 
vigne  qui  le  porte.  Des  Malvoïfies.  Des  Corinthes. 
La  Quint. 

MALZION.  (  le  )  Petite  ville  de  France  ,  dans  le  Ge- 
vaudan,  Diocèfe  de  Mende  ,  à  fix  lieues  de  Saint» 
Flour, 

M  A  M. 

MAMACHOCHA.  f.  m.  Nom  d'un  dieu  des  habi- 
tans  du  Pérou.  Mamachocha.  Ceft  l'Océan  que  ces 
peuples  appeloient  ainli  ,  &  qu'ils  adoroient  fous 
ce  nom  ,  comme  ils  adoroient  aulïi  les  fleuves  & 
les  fontaines  ,  ainh  que  le  témoigne  Acofta  ,  L.  F", 
c.  2.  Si  c.  4, 

MAMAN,  f  f.  Terme  dont  les  enfans  fe  fetvcnt  pour 
appeler  leur  mère.  Mater ,  mamma.  Ma  bonne  ma- 
man] Maman  mignone ,  la  grand'm£îOT^2/z.  Ceft  ainh 
qu'ils  appellent  leur  %X3.\\^\tizx.t.  Maman  téton ^  eft 
le  nom  qu'ils  donnent  à  leur  nourrice. 

Ce  mot  vient  de  Mam  ,  qui  en  langage  Celtique,' 
ou  Bas-Breton  ,  hgniîîe  mère  ;  où  l'on  dit  aulli  ma' 
men  ,  pour  iigniher  une  fource  ,  parce  que  la  mère 
eft  la  lource  de  la  vie.  Les  Grecs  diloient  D3X  dans 
la  même  lignification.  Et  le  Celtique  &  le  Grec  ve-. 
noient  de  l'Hébreu  DOf?,  amam,  d'oùs'étoit  fait  DK, 
em  ,  qui  lignifie  mère. 

Au  Pérou  ,  on  a  donné  ce  nom  à  des  Religieules 
vierges,  qui  lervoient  dans  le  Temple  du  Soleil  de 
Cufco  ,  au  nombre  de  i  yoo. 

MAMANGA.  f.  m.  Arbriileau  fort  commun  dans  le 
Brcfil ,  dont  parle  Pifon  dans  fon  Hiftoire  naturelle 
des  Indes.  Sa  feuille  approche  de  celle  du  citron- 
nier ,  mais  elle  eft  plus  molle,  &  un  peu  plus  lon- 
gue. Ses  rieurs  (ont  jaunes  ,  attachées  à  des  queues. 
Se  pendantes.  Il  leur  fuccède  desgouiles  oblongues> 


M  A  M 


vertes  d'abord,  puis  noires.  Se  i'c  pourrilfcnt.  Elles 
foin  remplies  de  (cmcnccs.  Ses  feuilles  font  déccr- 
fives  &  vulnéraires.  On  tire  de  les  goulles  un  (uc 
huileux  propre  à  foire  ré(budre  les  abcès. 
MAMAN  1'.  1".  m.  Produdlion  de  la  nature  qui  fe 
trouve  uniquement  en  Sibérie  ,  &  qui  ell  fort  lingu 
lière.  On  la  trouve  dans  la  terre,  Ik  principalement 
dans  les  lieux  lablonncux.  Elle  relFemble  parfaite- 
ment a  l'ivoire  par  la  couleur  iS;  par  le  grain.  L'opi- 
nion la  plus  commune  dans  le  pays  ,  efi:  que  ce  font 
des  vraies  dents  d'éléphant  qui  lont  rell:ées-là  de- 
puis le  déluge.  Quelques  uns  croient  que  c'cft  de 
l'ivoire  follile  j  &  par  conléquent  une  produélion 
de  la  terre.  Jean-Bernard  Muller  dit  dans  fa  de/ 
criptiondcs  mœurs  &  des  ufa^cs  des  0/?;jXm  ,*qu'il 
a  été  15ng-temps  de  ce  dernier  (entiment.  Mais  il 
en  revient  à  croire  que  ce  lont  des  cornes  d'un  tort 
grand  animal  qui  vit  lous  terre  dans  les  lieux  bas 
&  marécageux  y  qui  ne  fe  nourrit  que  de  lang  ,  qu'il 
fe  fraie  un  chemin  avec  fes  cornes  ,  jufqu'à  ce  que 
rencontrant  un  terrain  lablonneux  ,  il  s'écroule  ik 
fe  ferre  de  manière  qu'il  perd  le  mouvement  &  pé- 
rit dans  l'endroit  où  il  le  trouve  ainfi  lupris;  &c  ce 
qui  le  confirme  dans  cette  opinion  ,  c'eft;  qu'on  trou- 
ve de  ce  Mamaru  qui  elt  quelquefois  tout  fanglant 
lors  qu'on  le  calle  vers  fa  racine  qui  eft  creule ,  &: 
qu'on  trouve  au(fi  louvent  avec  fes  cornes  des  crâ- 
nes ,  des  mâchoires  garnies  de  dents ,  des  côtes  & 
autres  ollemens.  Plufieurs  perlonnes  ont  alïïué, 
dit  il  ,  qu'ils  avoient  vu  de  ces  animaux  fouterrains 
dans  les  cavernes  au  de  la  duBerelowa  ;  qu'ils  ont  4 
ou  j  aunes  de  hauteur  Se  environ  autant  de  long , 
qu'ils  lont  de  couleur  grisâtre,  ont  la  tête  longue, 
le  Iront  très  large  avec  deux  cornes  aux  dellus  des 
yeux  qu'ils  remuent  à  difcrétion. 
HAMBOURG.  Quelques  uns  ont  dit  par  corruption 
Mainbourg.  Vieux  terme  de  Coutumes  ,  qui  ligni- 
fie ,  Garde-noble  &  tutelle  d'un  pupille.  Tutela  no- 
bïlïs.  Il  s'ell:  dit  aullî  de  celui  qui  avoit  la  puillànce 
■■  ■&  l'autorité  fur  quelque  choie  ,  comme  d'un  Capi- 
taine ,  ou  Gouverneur  d'un  pays.  Il  s'eft  dit  même 
de  la  garde  &  proteélion  d'un  Souverain  mineur.  On 
l'a  dit  audl  d'un  tuteur,  ou  curateur. 

Ce  mot  vient  de  mamburgus  ,  qui  lignifie  curateur 
dans  la  bafle  Latinité.  Il  en  e!t  parlé  dans  les  Cou- 
tumes de  Hainault ,  de  Namur  ^  de  Mons  6c  de  Va- 
lenciennes. 
MAMBOURNIE.  f.  f.  'Vieux  mot ,  qui  fignifioit  au- 
trefois garde  &  tutelle;  il  fignifioit  aulïï  la  puifTànce 
paternelle,  &c  la  famille  d'un  homme  de  lerve  con- 
dition. Cuflodla  ,  tutela.  En  quelques  lieux  ,  quand 
on  parle  de  la  nourriture  ,  charge  &c  garde  du  bé- 
■  tail  3  on  l'appelle  encore  rnambournie.  Voyez  Ra- 
gueau.  Dans  la  balle  Latinité  on  a  dit  mamhournia  , 
pour  dire  tutela;  8c  mambournïre ,  pour  dire  weri. 

Du  Cange  dit  que  ces  mots  de  mundiburdus  ,  mun  - 
diburdum  ,  mundiburda ,  &c  mundeburnïum  ,  font  des 
mots  qui  viennent  des  Allemands  &  des  Saxons  ; 
qu  on  appelle  aullî  mundehurnïa  ,  les  parentes  par 
lefquelles  les  Rois  &  les  Empereurs  mettoient  les 
Egliles  &  les  Monaftères  en  leur  proteélion  &:  fau- 
vegarde.  %T  Quelques  uns  dérivent  ce  nom  des  deux 
mots  de  la  langue  Tudefque  mont ,  qui  fignihe  bou- 
che ,  &  bar  ou  baer ,  qui  lignifie  ouvert ,  parce  que 
le  Mambourg  doit  avoir  la  bouche  ouverte  pour  dé- 
fendre ceux  qu'il  a  pris  fous  fa  protection.  Du 
Cange  le  fait  venir  dd  mund,  qui  fignifie  en  Saxon 
paix  ,  sûreté ,  &  de  burg  ,  qui  veut  dire  Ville.  Le 
Mambourg  maintient  la  paix  &:  la  sûreté  dans  les 
lieux  où  il  commande. 
MAMBRÉ  ,  ou  MAMRÉ.  Nom  d'une  agréable  v.rllée 
de  la  Judée.  Mambré.  Elle  eft  à  demi-lieue  de  la 
ville  d'Hébron ,  vers  le  midi.  Ce  lieu  eft  célèbre  , 
parce_  que  le  Patriarche  Abraham  y  fît  long-temps 
ion  léjour  ,  &c  y  fut  enfcveli  dans  la  caverne  de 
Macpela  ,  avec  plufieurs  de  fes  defcendans.  Les  ha 
birans  du  pays  ,  qui  fivent  profiter  de  la  curiolîté 
des  Chrétiens  qui  y  vont  en  pèlerinage  ,  leur  font 
voir  un  Tércbinthe ,  qu'Us  difeut  être  le  lieu  où 
Tvme  V 


M  A  M        779 

Abraham  reçut  les  trois  Anges  qui  alloient  détruire 
Sodomc  ,  &  qui  lui  promirent  la  naillance  d'Ifaac. 
Matv. 
La  fcte  de  M  ambré.  C'étoit  une  fête  que  l'on  célébtoit 
autrefois  auprès  du  chêne  ou  Térélnnthe  de  Mam- 
bré ,  où  Abraham   avoit  exercé  l'holpitalité  envers 
les  trois  Anges.  Cette  fête  s'y  faifoit  tous  les  ans  en 
été  ,  ik.  l'on  y  tcnoit  une  foire  ,  où  venoit  un  grand 
nombre  de  Marchands  du  pays  même  -,  &  des  parties 
les  plus  éloignées  de  la  Palefline  ,  de  la  Phénicie"& 
de  lArabie.     Chacun    célébroit   cette   fête  félon  fa 
Religion  :  les  Juifs  honoroient  la  mémoire  de  leur 
Patriarche  -,  ks  Chrétiens  ,    l'apparition  du  hls  de 
Dieu  ;  car  les  Orientaux  pour  la  plupart  croyoient 
qu  il    avoit   apparu    lui-même  à  Abraham  avec  les 
deux  Anges.  Les  Payens  honoroient  les  Anges.  Ils 
y  avoient  drellé  des  idoles  ,  &   un  autel ,  à  ce  que 
l'on  croyoit ,  pour  les  repiélentcr  comme  des  dieux, 
ou  des  démons  favorables.   Ils  les  invoquoient  ,  & 
leur  oftroient  des  libations  de  vin  ,  &:  de  l'encens. 
D'autres  immoloient  un  bœuf,  un  bouc,  un  mou- 
ton, ou  un  coq.  Chacun  nourrilloit  avec  foin  pen- 
dant toute  l'année  ce  qu'il  avoit  de  meilleur  ,  pour 
en   faire  avec   les    liens  le  feftin  de  cette  fête.    Ils 
avoient  tous  un  tel  refpeét  pour  ce  lieu  ,  ou  crai- 
gnoient  tellement  la  vengeance  divine  ,  s'ils  l'eulTent 
profané ,  qu'ils  n'oloient  y  commettre  aucune   im- 
pureté, ni  avoir  commerce  avec  les  femmes  j   qui 
y  paroilloient  toutes  avec   plus   de  liberté ,  &  plus 
parées  qu'à  l'ordinaire.   C'étoit  un  camp  fans  bâri- 
ment  ,  où  les   hommes  &    les    femmes  campoient 
pèle  mêle.  Il  n'y  avoit  de  maifon  que  celle  où  l'on 
diioit  qu'avoit  logé  Abraham  auprès   du  chêne.    Il 
y  avoit  aullî  un  puits  j  dont  perfonne  ne  puifoit  de 
l'eau  pendant  la  fête  ,  parce  que  les  Payens  la  gâ- 
toient  en  y  jettant  du  vin ,  des  gâteaux  ,  des  pièces 
de  monnoie  ,  des  parfums  lecs  ou  liquides  j    outre 
les  lampes  qu'ils  allumoient  lur  le  bord.  Eutropia  ,  Sy- 
rienne de  nation  ,  mère  de  l'Impératrice  Faufta,  & 
belle  mère  de  Conftantin  ,  étant   allée  en  Paleftine 
pour  accomplir   un  vœu  &   ayant    vu  ces   fupcrf- 
titions  ,  en  écrivit  à  l'Empereur  fon  gendre  ,  qui  or- 
donna au  Comte  Acace  de   faire  brûler  les  idoles , 
de  renvcrfer  l'autel ,  &  de  punir  lelon  leur  mérite  , 
ceux  qui  après  fa  déicnlc  ,  leroient  allez  hardis  pour 
commettre  encore  en    ce  lieu   quelque  impiété.  Il 
ordonna  même  que  l'on  y  bâtit  une  Eglile ,  &  recom- 
commanda  aux  Evêques  de  l'avertir  s  il  s'y   palloic 
quelque  chofe  de  contraire  à  les  ordres.  Voye\  So» 
zomène  ,  L.  II.  c.  4. 
^  MAME  ,  ou  MAMELOS.  f.  m.  ArbrilTeau  du  Ja- 
pon dont  les  branches  font  droites  Se   longues ,  le 
bois  dur,  mais  léger  j  plein  de  moëlcj  les  feuilles, 
comme  celles  de  nos  cérifiers ,  les  fleurs  blanches , 
pendantes,  &  fins  pédicules. 
MAMEI  on  MAMEYA,  ou  MAMEYES.  f.  m.  Arbre 
fort  beau  qui  croît  en  plufieurs   endroits  des  Indes 
Occidentales.  C'eft  un  aibre  des  plus  agréables  qu'on 
puillevoirj  non  tant  par  fa  grandeur  remarquable, 
que  par  la  bonté  de  fon  fruit  &  la  beauté  de  Ion 
feuillage  ,  dont  il  eft  couvert  en  tout  temps.    Ses 
feuilles  font  attachées  deux  à  deux,  vis-à  vis  l'une 
de  l'autre  ,  &  foutenues  par  des  pédicules  allez  épais  , 
courts  &'  ridés.   Elles  relfemblent  à  des  femelles  de 
foulier  ,  longues  de  neuf  à  dix  pouces  ,   &c    larges 
d'environ  quatre',  étant  arrondies  vers  l'extrémité, 
&  tant  foit  peu  étroites  &   pointues  vers  le  pédi- 
cule.   Leur   confiftance  eft    forte  ,    membraneulê  , 
unie  ,  vert  gai  ,  &  foutenue  par  une  grollé  nervure  , 
&  de  plufieurs  petites   côtes  traverlières.  Les  fleurs 
font  compofées  de  quatre  feuilles  très  blanches  j_  un 
peu  charnues  J  difpofées  en  rôle  ,  ovales  ,  creufes  , 
&  deux  fois  plus  larges  que  l'ongle.  Leur  calice  eft 
d'une  feule   pièce  ,    rougeâtre    &    fendue  en    deux 
quartiers  en  façon  de  deux  petites  cuilliers  ;  il  poulFc 
un  piftile  entouré  d'une  belle  touffe  d'étamines  très- 
blanches,  &    furmontées  chacune  d'un  petit  fom- 
met  de  couleur  de  fafran.  Le  piftil  devient ,  lorf- 
I       aue  la  fleur  eftpallee.un  fruit  à-peu  près  fembla- 
^  F  ff  f  f  ij 


M  A  M 


780 

ble  à  nos  pavies  ,  mais  bien  loavenr  audî  gros  que 
■la  tête  d'un  eiihnt.  Il  ell  pourtant  termmc  par  une 
grolîe   pointe   conique.    Sa  peau  ,   ou  ecorce  ,  elt 
épailîe  comme    du  gros  cuir.  Elle   ell  grisâtre  ,  <!s: 
toute  raboteufe  en  dehors  par  plulîeurs  petites  ver- 
rues. Elle  ell  fort  adhérente  à  une  chair  jaunâtre  , 
un  peu  plus  ferme  que  celle  de  nos  pavies,  mais  de 
même   odeur ,  «S:   de  même  goût.   Le  milieu  de  ce 
fruit    efl   occupé  par  deux  ,  trois ,  &   bien  louvent 
quatre  noyaux  allez  durs ,    mais  filalleux  ,  de  cou- 
leur de  châtaigne  ,  &  un  peu  plus  gros  qu'un  œut 
de   pigeon.  Cet  arbre  fleurit   vers  le  mois  de  Fé- 
vrier ,  ou  de  Mars  ,  &  fes  fruits  ne  font  mûrs  que 
vers  le  mois  de  Juillet ,  ou  d'Août.  On  en  voit  en 
plufieurs  endroits  des  îles  de  l'Amérique  j  mais  plus 
particulièrement  dans  1  ile  S.   Domingue.  Oviédo  les 
appelle  mamey  dans  Ion  Hift.  des  Indes  ,  L.  FUI. 
c.  20.  &les  habitansdes  Iles  les  appellent  Abricots 
de  S.  Domingue.  P.  Plumier  ,  Minime. 

MAMELIÈRE.  f.  f.  Efpèce  d'armure,  ou  partie  de 
l'armure.  Mamdlana ,  dans  la  balFe  Latinité.  C'é- 
toit  apparemment  la  partie  de  l'armure  qui  couvroit 
la  poitrine  &  les  mammclles.  Etienne  de  la  Fontai- 
ye  ,  Argentier  du  Roi ,  parle  en  autre  choie  de 
deux  mamelières  dans  un  compte  de  l'an  ijjz. 

C^  MAMELLE,  MAMELON  ,  MAMELU.  Je  pré- 
férerois  cette  ortographe.  Foyei  Mammelle  pour 
l'explication. 

MAMERS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  que  les 
Olques  donnoient  au  dieu  Mars.  Mamers.  Ce  mot 
étoit  fait  de  Mars ,  par  l'addition  d'une  fyllabe.  C'eft 
de-là  que  vcnoit  chez  les  Romains  le  nom  Ma- 
mercus  ,  &■  Mamercïnus. 

MAMERTINS  (les;.  Ancien  peuple  d'Italie  dans  la 
Campanie ,  ils  pafsèrent  en  Sicile  ,  &  fe  rendirent 
maîtres  de  Mellîne. 

MAMESELLE.  f.  f.  Certaines  gens  difent  Mamefelle  , 
pour  Mademoifille  ;  mais  ceux  qui  parlent  bien  ne 
le  dilent  jamais. 

M'AMIE.   Foyei  M'Amour. 

AlAMILIUSj  MAMlLIA.f.  m.  <Sj  f.  Nom  d'une  an 
cienne  famille  Romaine.  MamlHus  ,  a.  Prefque  tous 
les  Auteurs  conviennent  que  la  famille  Mamilia , 
qui  étoit  Plébéïenne  ,  tiroit  pourtant  Ion  origine  de 
Mamllia,  fille  de  Télégone ,  fils  d  Ulylîe  &  de 
Circéj  lequel  fonda  Tivoli.  C'ell  pour  cela  que 
nos  Antiquaires  prennent  pour  Ulylfe  arrivant  chez 
lui  &  reconnu  par  fon  chien  ,  ainh  qu'Homère  le 
lappoite  ,  Odyli:  Z.  Xnil.  ils  prennent,  dis-je , 
pour  Ulyllè  un  homme  qui  e(l  au  revers  des  mé' 
dailles  de  cette  famille  ,  en  habit  de  voyageur  , 
un  bâton  à  la  main  ,  Se  qui  a  devant  lui  un  chieii 
qui  (emble  le  carellér.  Foy.  Sextus  PomoeTns 
Plutarque ,  Acron  ,  Pomponius,  Porphyrion  fu' 
Horace  ,  Tite-Live ,  L.  I.  8c  Patin ,  Fam.  Rom 
p.  16  i,  164. 

MAMILLAIRES.  Foye^  Mammillaires. 

MAMISTA.   Voyei  Malmistra. 

MAMMAIRE,  adj.  Terme  d'Anatomie.  On  difoit  au- 
trefois mammak.  Mammarius.  C'ell  le  nom  qu'on 
donne  à  deux  artères  qui  portent  le  fang  aux  mamel- 
les ,  &c  qui  font  des  rameaux  des  artères  fouclavières. 
11  y  a  aulli  deux  veines  mammaires  qui  reportent  le 
fang  des  mamelles  dans  les  veines  fouclavières 

^^^f^}};\l'^''r^^^^^^^^  P^"5  communément 
MAMELLE,  f.  f.  Partie  charnue  &  élevée  du  corps 
plus  ou  moins  ronde  ,  qui  ell  lltuée  extérieurement 
des  deux  cotés  du  thorax  ,  ou  de  la  poitrine.  Mamma 
uber   Les  mamelles  p3.éines  font  celles  des  femmes  ' 
qui  font  compofées  d'une  infinité  de  petites  glandes 
entretiffues  d'une  grande  quantité  d'artères  ,  de  vei^ 
nés  &  de  nerfs.  C'ell  dans  ces  glandes  que  fe  fait  la 
leparation  du  lait  qui  a  été  porté  par  les  artères  con- 
fondu avec  le  fang.   Les  hommes  ont  aullî  des  ma 
melles   mais  elles  font  impartaites;  car  elles  ont  beau 
coup  de  grailfes  &  peu  de  glandes.  Ces  mamelles  ont 
de  petits  bouts  qui  font  rouges  comme  des  fraifes 
aux  jeunes  filles  ,  que  les  nourrices  ont  livides  ,  &  les 
veilles  noires.  Les  Médecins  les  appellent  huons 


M  A  M 

&  mamelons.  Mamm&  petiolus  ,  eapuulum.  Le  pe- 
tit cercle  tirant  plus  ou  moins  fur  le  brun  ,  qui  efl;  au- 
tour du  bouton  ,  s'appelle  aréole^  du  n^ot  Latin  areola  , 
petite  aire  ,  ou  du  Grec  (pin  ,  ou  rayon.  Quand  les 
mamelles  des  filles  croillent  ,  foronant  ;  &  à  l'é- 
gard de  celles  des  hommes ,  fracrant ,  parce  qu'elles 
croilfent  également  comme  des  jumeaux.  On  ap- 
pelle aulîî  les  bouts  ,  tetins  ;  &c  a  l'égard  des  ani- 
maux ,  tettes  ,  en  Latin  papuU  &c  papilU  ,  &  ma- 
milldi ,  d'où  a  été  fait  le  mot  de  mamelle. 

On  peignoit  autrefois  la  Diane  d'Éphèfe  avec 
plulîeurs  mamelles  lans  nombre  ,  comme  on  le  voit 
encore  lur  beaucoup  de  médailles  de  cette  ville  ;  ëc  on 
lui  donnoit  l'épitbète  de  Mammofa ,  qui  a  plufieurs 
mamelles  ;  on  le  donnoit  aullî  à  Ilis  &  à|Céres. 

On  dit  qu'un  enfant  efl:  à  la  mamellei,  lorfqu'il 
tette  encore ,  &:  qu'il  n'ell  point  levré.  On  jette  du 
plomb  fondu  dans  les  mamelles  de  ceux  qui  ont  at- 
tenté à  la  perlonne  du  Roi.  Les  femmes  de  l'île  d'Ana- 
bon  ont  les  mamelles  li  longues  qu'elles  alaitenc 
leurs  enfans  par-dellus  l'épaule.  François  Pyrard. 
Aux  Maldives,  les  femmes  cachent  leurs  mamelles 
aulli  foigneulement  que  les  parties  honteufes.  Elles 
croient  que  c'ell  une  choie  deshonnète  de  les  nom- 
mer. Les  Amazones  le  brûloient  la  w^OTe/Ze  droite, 
afin  de  mieux  lancer  le  javelot. 

Ce  mot  fe  dit  aulli  des  femelles  de  certains  ani- 
maux. Ubera.  Ainli  on  dit  les  mamelles  d'une  ba- 
leine ,  les  mamelles  d'une  chauve  iburis.  L'Ac.  Les 
mamelles  d'une  lice.  Sal. 

Les  Selliers  appellent  les  mamelles  de  l'arcon, 
l'endroit  où  finit  l'arcade.  Tubercula  ephippii  ante~ 
riora. 
MAMELLES  de  Biobio  ,  ou  TETTAS  de  Vivio ,  com- 
me difent  les  Elpagnols.  Ce  font  deux  montagnes 
fort  proches  l'une  de  l'autre,  &  qui  rellcmblent  à 
des  mamelles.  Elles  font  (ur  la  côte  du  Chili  ,  plus 
au  fud  qu'à  l'entrée  de  la  baie  de  la  Conception. 

MAMMELON  ,  ou  plutôt  MAMELON,  f.  m.  Le  pe- 
tit bout  des  mamelles.  On  l'appelle  aulli  le  bouton. 
Papilla. 

Mamelon  ,  fe  dit  encore  en  Anatomie  de  quelques 
autres  parties  du  corps  ,  &  fignilie  petite  mamelle. 
Avant  Jacques  Bérenger  ,  natif  de  Carpi  en  Italie  * 
&  Profelleur  de  Chirurgie  c\'  d'Anatomie  dans  les 
Uniyerfités  de  Pavie  &  de  Boulogne,  vers  l'an  1520, 
perlonne  n'avoit  apperçu  les  mamelons  ,  qui  daiK 
les  reins  fervent  à  la  fécrétion  de  l'urine.  CCFDe  fa 
tunique  papillaire  delà  langue  s'élève  quantité  de 
petits  filamens  ,  qiii  fe  terminent  à  la  liirface  de  la 
langue  en  petites  éminenccs ,  ou  houpes  nerveulés. 
On  donne  a  ces  tubercules  le  nom  de  mamelons ,  à 
caule  de  leur  relFemblance  avec  le  petit  bout  de' la 
mamelle.  C'ell  dans  ces  mamelons  que  confiflie  la 
fenlation  du  goût.  ^'oj.  Goût,  Saveur.  Il  y  en  a 
fur  plufieurs  autres  parties  du  corps. 

Mammelon  ,  Chez  les  Artifans ,'  ell  une  extrémité 
ronde  de  quelque  pièce  de  fer,  ou  de  bois,  qu'on 
a  fait  entrer  en  un  trou  où  elle  doit  être  mobile. 
Cardinis  capïtulum.  Ainh  on  dit  le  mamelon  d'un 
gond  ,  pour  dire  ,  la  partie  qui  entre  dans  le  trou 
de  la  penture  :  le  mamelon  d'un  treuil  :  l'extrémité 
amenuifée  du  cylindre  fur  laquelle  il  fe  meut.  Le 
trou  dans  lequel  on  le  met  s'appelle  Lumière. 

Mammelon.  Terme  de  Conchyliogie.  Il  fe  dit  de  la 
partie  ronde  <Sc  élevée  qui  fe'voit  fur  la  robe  des 
Ourfins ,  de  laquelle  le  petit  bout  s'engraine  dans 
les  pointes  ou  piquans  ,  dont  la  coquille  de  cet 
animal  ell  revêtue  :  on  l'appelle  en  Latin  Papilla. 

>3Cr  On  donne  aulli  ce  nom  en  Minéralogie  aux  con- 
crétions pierreufes  &  minérales  dont  les  furfaces  pré- 
fentcnt  des  efpèces  d'excroillànces  allez  femblables 
au  bout  d'un  téton. 

|?Cr  Mammelon,  en  Jardinage,  C'ell  le  bouton  d'un 
huit. 

iMAMMELU,  ou  MAMELU,  UE.  adj.  Qui  a  de 
grolk-s  mamelles.  Mammofus.  On  le  dit  particulière- 
ment des  femmes  qui  ont  trop  de  gorge,  Se  de  gros 
tétons.    Il    ell    familier.    On    le    dit   aulli    lubf- 


M  A  M 

tantivement  j  C'cll  un  gros  mamclu  ,  une  gfcjfc  ma- 
me  lue. 

2^AMMELUS.  f.  m.  Nom  d'une  Dynnftic  ,  qui  a  icgnc 
en  Egypte.  Mammeluchus.  Les  Mammelus  lonc  une 
race  de  Sultans  d'Egypte.  C'étoient  des  cfclavcs 
Turcs  &  CircaHîcns  ,  que  Meliclaleh  avoir  achetés 
des  Tartares  au  nomlire  de  mille  \  il  les  avoir  tait 
élever  &  dreiîèr  à  la  guerre  ,  &  en  avoir  mis  quel- 
ques-uns dans  les  plus  grands  emplois.  Ils  tuèrent 
le  Sultan  Moadan  en  ^1150.  irrités  du  traité  qu'il 
avoit  conclu  avec  S.  Louis  Ion  prilonnier  ,  lans  leur 
participation.  Ce  Moadan  fut  le  dernier  des  Sul- 
tans Aïouhïtes  j  auxquels  les  Mammelus  fuccédcrent. 
Le  premier  de  ces  ^\i\xans  Mammelus  tut  Azcddin  , 
autrement  Mouz  Ibec  ,  le  Turcoman. 

D'autres  dilent  que  les  Mammelus  étoient  com- 
munément choilis  d'entre  les  elclaves  Chrétiens  , 
que  c'étoit  à-peu  près  la  même  choie  que  ce  qu'on 
appelle  en  Turquie  Jannillaire.  Ils  n'étoient  point 
mariés.  On  dit  encore  que  les  premiers  vinrent  de 
Circallie  ,  Se  quelques  uns  dilent  qu'ils  commencè- 
rent à  hiire  parler  d'eux  vers  l'an  869.  l^oy.  encore 
d'Herbelot ,  p.  5^/ ,  &c. 

Ce  mot  vient  de  iho  ,  regere  ,  imperare  ,  dont 
le  participe  pallîf  Arabe  e(t  nVoa  ,  mamluc, 
qui  lignihe  Sujet ,  qui  e(l  fous  la  domination  H'un 
autre  ;  8c  de  vrai  nna  ,  Mammeluc ,  iignilie  en  Arabe 
fervus  ,  elclave  ,  &  en  général  miles  ,  J'oldat  ;  Se  il  a 
été  appliqué  en  particulier  à  ceux  que  nous  nom- 
mons Mammelus. 

Scaliger  dit  que  ce  mot  ell  Arabe ,  &  qu'il  veut 
dire  ,  acheté  à  prix  d'argent.  D'autres  dUent  que 
inaa  veut  dire ,  qui  ell  acquis ,  ou  pour  avoir  été 
pris  ,  ou  pour  avoir  été  acheté ,  &:  ils  dérivent  ce 
dernier  mot  de  1*70  ,  qui  veut  d'ne  polJeder ,  acqué- 
rir ,  régner.  M.  Fleury  j  dans  ion  Hi/L  Eccl.  écrit 
Mammelucs  avec  un  c. 

Mammelus.  Nom  de  fadlion.  On  donna  ce  nom  en 
ijzô.  à  Genève  à  ceux  des  citoyens  qui  (oute- 
noient  le  parti  du  Duc  de  Savoie.  C'étoit  un  re- 
proche qu'on  leur  taifoit  de  vouloir  fe  rendre  ef 
claves  de  ce  Duc  y  comme  les  Mammelus  l'étoient 
autrefois  du  Soudan  d'Egypte. 

Mammelus.  f.  m.  pi.  Habitans  du  Brelil  ,  brigans 
originaires  de  Portugal ,  qui  par  leurs  héquentes 
irruptions  ,  font  venus  à  bout  de  ruiner  plulieurs 
anciennes  peuplades  d'Indiens  convertis  à  la  foi. 
Ohf.  yr  Bccr.  mod.  t.  2^  ,  p.  12 j 

MAMMÈS.  f.  m.  Nom  A'hommt.  Mamas y  amis.W 
y  a  peu  de  Martyrs  dans  toute  l'Églife  Grecque  qui 
foient  plus  célèbres  que  ce  Saint.  Mammès ,  mar- 
tyr de  Cappadoce  j  appelé  autrement  S.  Marnant  j 
du  Grec  Mammas ,  ancis.  S.  Balile  a  tait  l'éloge  de 
S.  Mammès.  Voy.   Bailler  au  /7  Août. 

ItS-MANLMEY  ,  ou  MAMMEYE.  Plante.  Voy.  Ma- 
MEi.  C'efi:  la  même  chofe. 

MAMMIFORME.  adj.  m.  S:  f.  Terme  d'Anatomie.  Qui 
a  la  rellemblance  ,  la  forme  d'une  mamelle.  Mammï- 
formis  ,  Majloïde.  C'ell  un  nom  qu'on  donne  à  deux 
apophyfes  d'un  os  de  la  partie  poftérieure  du  crâne. 
En  notre  langue  nous  ditons  plutôt  Maftoïde,  que 
mamm'iforme.  Voy.  Mastoïde. 

MAMMILLAIRE.  adj.  Terme  de  Médecine.  C'eft  une 
épithète  qu'on  donne  à  deux  petits  boutons,  ou  bof- 
fettes  ,  qui  rellemblent  à  des  bouts  de  mamelles  ,  qui 
font  fous  les  ventricules  antérieures  du  cerveau  ,  & 
qu'on  tient  pour  organes  de  l'odorat.  Mammillaris. 
On  les  appelle  Apophyfes  mamillaires  II  y  a  aullî 
un  mulcle  qu'on  appelle  Mammïllaïre  ,  ou  majloi- 
de  ,  qui  fert  à  bailler  la  tête. 

Mammillair.ES.  f.  m.  pi.  On  appelle  ainlî  certains 
Hérétiques  de  Hollande  ,  du  Latin  Mammillarll ,  qui 
font  une  fede  particulière  des  Memnonïtes.  Un  jeune 
homme  ayant  mis  la  main  fur  la  gorge  d'une  fille  qu'il 
étoit  prêt  d'époufer ,  il  y  en  eut  qui  foutinrent  qu'il 
le  falloir  excommunier.  Les  autres  ayant  condamné 
cette  rigueur  J  furent  nommés  Mammillar'd ,  tk  cela 
caufi  un  fchifme  entre  eux. 
MAMMO.  f.  m.  Arbre  du  pays  des  Noirs  qui  fe  trouve 


MAM        781 

au  Royaume  de  Quoja.  Il  ell  haut  &;  épais ,  ik  pro- 
duit un  huit  d'un  lue  piquiiUj  qui  rellcmble  a  des 
prunes  blanches.  On  s'en  fert  pour  des  remèdes  ,  & 
il  le  conlerve  toute  une  année ,  pourvu  qu'on  le 
tienne  couché  en  terre. 

MAMMONA.  f.  m.  Nom  d'un  dieu  des  Syriens ,  qui 
préiidoit  aux  richellcs.  Mammona.  Cela  eif  fondé  fur 
ce  que  J.  C.  dit,  en  S.  Matthieu  VI.  24.  Vous  ne 
pouvez  lervir  Dieu  &  le  démon  des  richeliès.  Bouh. 
Ce  mot  vient  de  HOO  Mamnon  ,  qui  ,  félon  la 
remarque  de  R.  Elias  Lévita  dans  fon  Tisbi ,  le 
prend  pour  le  bien  ,  les  richellcs. 

MAMMUT  ,  ou  MAMMOT  ,  f.  m.  Efpèce  d'animal 
dont  on  trouve  des  dents  &  des  os  dans  la  grande 
Tartarie  Mofcovite ,  fur  le  bord  des  rivières  de  Je- 
nilia  ,  de  Trugnan  ,  de  Mongamfea  ,  &  du  Lena, 
près  de  Jakutskoi,  Se  jufqu'à  la  mer  glaciale.  Ou 
trouve  des  os  Se  même  des  carcalles  de  Mammut 
dans  les  terres  après  un  dégel.  Il  faut  ,  fuivant  la 
grolleur  des  os  de  ces  Mammuts  ,  que  ces  animaux 
fullènt  de  la  grolfeur  des  Éléphans.  Les  Jakutes  & 
les  Offiaques  ,  qui  font  les  peuples  de  ce  pays  là  , 
difcnt  des  chofes  extraordinaires  des  Mammutes.  Ils 
prétendent  qu'ils  ne  fortent  jamais  de  la  terre  ,  Se 
qu'ils  y  vont  de  côté  &  d'autre  comme  les  taupes. 
Ils  difent  même  que  l'on  voit  quelquefois  la  terre 
s'élever  par  delfus  les  lieux  où  ils  palî'ent ,  8e  enluite 
quelle  s'aftaille  quelquefois  de  manière  que  cela 
produit  des  folles  allez  profondes.  Ils  alfurent  que 
ces  animaux  meurent  litôt  qu'ils  voient  la  lumière  : 
c'eft  pourquoi  on  n'en  voit  jamais  de  vivans;  que 
ceux  qu'on  trouve  fur  les  bords  des  rivières  ^  y  tont 
reliés  après  un  éboulement  de  terre  caufé  par  un 
dégel.  Mais  les  Rulllensqui  habitent  dans  la  Sibérie  , 
difcnt  que  ces  os  Se  ces  carsalfes  que  l'on  trouve 
dans  la  terre  ,  lorfqu'elle  s'enrrouve  Se  s'éboule  ,  y 
font  depuis  le  Déluge  ,  où  ils  furent  enfevelis  dans 
les  entrailles  de  la  terre  ,  qui  n'étoit  alors  qu'une 
malle  de  limon  ,  Se  que  le  grand  froid  &  la  gelée 
continuelle  qu'il  fait  dans  ce  pays- là,  les  a  empê- 
ché de  fe  pourir.  Ce  fentiment  eft  alfcz  du  goût 
de  nos  Naturaliftes  modernes.  Relation  du  voyage  de 
M.  Isbrants  à  la   Chine.  Voyei  Ivoire  follîle  au 

mot  IVOIRE. 

MAMOERA  y  f.  m.  Arbre  des  iles  Antilles,  auquel 
les  Portugais  ont  donné  ce  nom  à  caufe  que  fon  fruit 
qu'ils  appellent  Mamaon,  reiremble  en  quelque 
forte  aux  mammelles.  On  l'appelle  autrement  Pa- 
paya  ,  ou  papayer.  Voyez  Papaya. 

MAÂIORE  fia)  Ville  d'Afrique,  au  Royaume  de  Ma- 
roc dans  la  province  de  Fez  propre. 

MAMORÉ.  Voye?^  Mahmore. 

MAMOTBANI.  Moulleline  ou  toile  de  coton  blanche, 
fine  &e  rayée  qui  vient  des  Indes  Orientales.  Les  plus 
belles  fe  tirent  de  Bengale.  Les  pièces  ont  huit  aunes 
de  long  fur  trois  quarrs  à  cinq  ,  fix  de  large. 

MAMOUDI ,  f.  m.  Monnoie  d'argent  qui  a  cours  en 
Perfe.  Un  mamoudi  vaut  neuf  fous  trois  deniers  , 
monnoie  de  France.  Deux  mamoudis  font  un  aballî. 
Six  mamoudis  Se  un  chayet  font  un  écu  de  France 
de  foixantc  lous. 

M'AMOUR  ,  M'AMIE,f.  m.  &:  f.  Termes  de  cageol- 
lerie  familière,  qui  font  abrégés  de  mon  timour  ,8c 
de  mon  amie.  Meum  corculum.  Ils  ne  font  en  ulage 
que  dans  le  burlefque  Se  dans  les  chanfons.  Mon 
cœur,  m' amour,  fe  dit  par  une  jeune  femme  à  fon 
mari ,  par  une  nourrllFe  à  fon  nourriçon.  Il  fe  die 
aullî  par  un  mari  à  fa  femme.  Vous  ne  connoilfez 
pas  m' amour,  la  malice  de  la  pend^ude.  Mol.  M"a- 
mour^  voici  le  fils  de  M.  Diaforus.  Id.  Pour  m' amie  , 
il  ne  fe  dit  jamais  que  par  le  mari.  Je  voudrois  , 
rnamie  ,  que  vous  eulîlez  été  ici  tantôt.  Mol.  Il  fe 
dit  auffi  à  une  jeune  enfant. 

Et  cependant  avec  toute  fu  diablerie , 

Il  faut  que  je  l'appelle ,  &  mon  cœur  &  m'amie. 

Molière. 


782  M  A  N 

M'amie,  fe  dit  aufli  quand  on   parle    à  des  feivanres.  ' 
M'amie  j  faites  cela. 

la  curiojlté  qui  vous  prejfe  ejl  bien  forte. 
M'amie  ,  à  nous  venir  écouter  de  le  forte.  Mol. 

M  A  N. 

MAN  ,  ou  MANNUS ,  f.  m.  Terme  de  Mythologie. 
Nom  d'un  dieu  des  anciens  Germains.  Mannus.  Il 
ttoit  fils  de  Tuitcon  ,  Teuton  ,  autre  dieu  des  mêmes 
peuples.  Les  Allemands  prétendoient  delccndre  de 
Man,  &C  en  avoir  pris  leur  nom.  Voilius  croit  que 
ce  que  les  Germains  diloicnt  de  iVfi7«j  &  que  Tacite 
en  rapporte  ,  ell  pris  de  l'hiftoire  d'Adam  &  de  Nof. 
Voyez  de  IdoL.  L.  I.  c.  jS.  Il  croit  que  le  nom  de 
Man  en  efl:  une  preuve.  Car  il  lignifie  en  vieux  Tu 
defque  &  encore  aujourd'hui  en  Allemand  la  même 
choie  que  Adam  ,  en  Hébreu  ,  c'ell-à  dire  ,  homme. 

MaNj  ell  aullî  en  terme  de  Relation,  une  figure  de 
dragon  à  quatre  ongles  ,  que  l'on  reprcfente  à  la 
Chine  lur  les  étoftes.  Man  ,  Manus  ,  Draco  unguibus 
quatuor.  Tout  le  monde  peut  porter  le  man  fur  fes 
habits-,  mais  il  n'y  a  que  les  étoftes  deftinées  à  l'Em- 
pereur où  il  loit  permis  de  mettre  le  iom  _,  ou  dra- 
gon à  cinq  ongles.  Voye':^  Lom. 

Man  en  terme  de  Relation ,  cil  encore  en  Pcrlicn  ce 
que  nous  appelons  le  poids  d'une  livre.  D'Herbelot. 
Pondo  ,  Libra. 

Man,  oUjMem,  ou  Mao  ^  f.  m.  Poids  dont  on  fe 
fert  aux  Indes  Orientales  ,  particulièrement  dans  les 
Etats  du  Grand  Mogol.  Il  y  a  deux  lortes  de  man  ; 
l'un  qui  eft  appelé  Man  de  Roi  au  poids  de  Roi  ; 
1  autre  que  l'on  nomme  limplement  Alan.  Quarante 
livres  de  Paris  font  égales  à  un  Alan  de  Roi. 

C'cft  enfin  le  nom  du  troilième  jour  d'un  petit 
cycle  de  XII.  jours  que  les  Catha'iens  ont  dans  leur 
Calendrier.  D'Herbei.ot. 

L'île  de  Man  ,  Alannia  Infula  ,  anciennement 
Monoeda  ,  Monapia  ,  Menavia  ,  Eubonia.  C'eft  une 
île  d'Angleterre.  Elle  eft  dans  la  mer  d'Irlande  , 
entre  les  côtes  d'Ecolle  ,  &  celles  de  la  Principauté 
de  Galles.  Sa  longueur  du  nord  au  fud  ell  d'environ 
neuf  lieues  j  &  la  largeur  de  trois.  Elle  ell  partagée 
en  dix  -  fept  pareilles  ,  a  un  Evêché  fuftragant 
<i'Yorck  ,  &c  fes  lieux  principaux  font  Dougras  ,  & 
Péel.  Maty. 

ïvIANA  ,  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  que  les 
Romains  donnoient  à  une  déelle  qu'ils  croyoient 
préhder  aux  acouchemens.  Alana  Gencta.  Les  Ro- 
mains lui  donnoient ,  par  rapport  aux  enhintemens , 
le  même  Office  que  les  Grecs  donnoient  a.  Hécate. 
On  lui  lacrifioit  un  chien;  &  dans  la  prière  qu'on 
lui  falloir  ,  on  lui  demandoit  qu'aucun  de  ceux  qui 
naîtroient  dans  la  niailon  ne  tulfent  bons ,  ce  que 
l'on  n'entendoit  pas  des  hommes,  dit  Plutarque,  mais 
des  chiens  j  qui  dévoient  être  mauvais,  pour  bien 
garder  la  mailon.  f^oye^  cet  Auteur  dans  les  Que/ 
fions  Romaines  j  p.  j2.  'Voy.  Genitamana. 
MANACA  ,  f.  m.  C'eft  un  arbrllfeau  du  Brehl ,  dont 
parle  Pifon.  L'écorce  en  eft  grife  ,  le  bois  dur  iSc 
facile  à  rompre.  Les  feuilles  approchent  de  celles 
du  poirier.  Ses  Heurs  lont  dans  de  longs  calices  dé- 
coupées comme  en  cinq  feuilles  de  couleurs  difté- 
lentes  ,  &  lur  le  même  arbrifteau  on  en  trouve  de 
bleues ,  de  purpurines  ôc  de  blanches  ,  toutes  d'une 
odeur  de  violette  11  forte ,  qu'elles  embaument  des 
bois  entiers.  Il  fuccède  à  ces  fleurs  des  bayes  fem- 
blables  à  celles  du  genièvre  ,  enveloppées  dans  une 
écorcegrile  ,  fendue  par  dellus  en  étoile  ,  renfermant 
chacun  trois  grams  gros  comme  des  lentilles.  Cet 
arbrilfeau  croît  dans  les  bois  &  autres  lieux  ombra- 
geux. Sa  racine  qui  eft  grande  ,  folide  &  blanche  , 
étant  mondée  de  fon  écorce,  eft  un  violent  purgatif 
par  haut  &  par  bas ,  comme  la  racine  d'élule.  On 
s'en  fert  pour  l'hydropilie.  On  ne  l'ordonne  qu'aux 
perfonnes  très  robuftes  ,  avec  des  correélifs  ,  &  dans 
■une  dol'e  raifonnable  :  elle  a  un  peu  d'amertume  & 
d'aigreur.  Ray.  ////?.  P/an. 
MAiWkCARONGHA.  Contrée  de  l'He  de  Madagafcar, 


MAN 


entre  les  rivières  de  Mananghaze  &  de  ManenzavI  ; 
du  côté  de  la  mer. 

MANACHIE.  Nom  moderne  de  l'ancienne  Magnéfic 
du  Mont  Sypiles. 

-jZT  MANAH.  Idole  adorée  par  les  anciens  Arabes 
Idolâtres.  C'éroit  une  groftc  pierre  à  laquelle  oa 
oftroit  des  facrifices. 

MANAGUAIL  ,  f.  m.  Bête  fort  pefante  qui  fc  trouve 
dans  la  nouvelle  Elpagnc.  Elle  ell  toute  couverte  de 
pointes  comme  un  hérifton  ,  Se  fes  pointes  ont  en- 
viron un  pied  de  longueur.  Herinaceus  Americanus, 
La  chair  en  eft  exquile. 

MANAIE,ou  MÉNAIE.  Du  Latin  manere.  Mémoire,  re- 
connoillance  ,  retour.  ClojJ.  des  Poéf.  du  Roi  de  Nav. 

MANAIGEj  &  MANAGE,  f.  m.  Vieux  mot,  qui 
veut  dire  ,  maifon ,  demeure.  Le  manage  eft  relevé 
par  trois  fous.  Anc.  Coût,  de  Norman. 

Dejlendu  font  en  l'or  maigre  manaige.  R.  D'Aubery. 

Ce  mot  vient  de  Managium  ,  qui  s'eft  dit  dans  la 
balle  latinité  pour  domus  :  il  ell  dcrivé  de  manere, 
habiter ,  demeurer. 

MANAIM  ,  ou  MAHANAIM.  Nom  de  lieu.  Maha- 
naïm ,  Cajlara.  Ce  lieu  étoit  à  l'orient  du  Jourdain, 
vers  l'endroit  où  Jacob  pafta  ce  fleuve.  C'eft  à  Ma- 
hanaim  que  Jacob  vit  deux  troupes  d'Anges  j  d'où 
vient  qu'il  lui  donna  le  nom  de  Alahanaim  ,  qui  li- 
gnifie des  camps.  Cajlra  Alahanaim  ,  ou  Alahanaim  ^ 
tut  ime  ville  Lévitique ,  lituce  lur  les  confins  delà 
Tribu  de  Gad. 

MANAMBOULE.  Grand  pays  de  l'île  de  Madagafcar  , 
où  il  y  a  des  mines  de  ter  &  d  acier. 

MANANT,  f  m.  Terme  de  Pratique.  Payfan,  habitant  en 
un  village  ,  en  une  métairie  à  la  campagne.  /«■ 
digena  ,  incola  rujiicus.  On  a  fait  alFembler  les  manans 
6c  habitans  de  la  Paroifle  pour  élire  des  Colleélcurs. 
Lajplupart  des  caufes  de  la  Cour  des  Aides ,  font  pour 
des  manans  Se  habitans  des  Paroiflés ,  qui  loutien- 
nent  les  taxes  des  tailles.  On  appelle  proprement 
manans,  ceux  qui  font  originaires  du  lieu,  &  habitans 
ceux  qui  y  lont  venus  demeurer. 

§C?"  On  appelle  abfolument  manant  un  groflîer,  un 
ruftre:   c'cil  un  manant ,  un  \ [ai  manant, 

MANAO.  Nom  de  l'une  des  îles  des  Larrons.  Mona. 
Elle  eft  dans  l'Océan  oriental ,  entre  celle  de  Chéa- 
mocor  J  Se  l'Angloife.  Maty. 

MANAR.  Nom  d'une  petite  île  de  l'Océan  Indien. 
ALmaria  infula.  Elle  eft  fur  la  côte  occidentale  de 
l'île  de  Ceylan  ,  Se  a  une  petite  ville  qui  porte  fon 
nom.  Elle  appartenoit  autrefois  au  Prince  de  Maduré, 
mais  maintenant  les  Hollandois  en  font  les  maîtres. 
On  pêche  de  belles  perles  près  de  fes  côtes  ,  Se  elle 
donne  fon  nom  au  détroit  de  Manar ,  qui  eft  entre 
l'île  de  Ceylan  ,  &:  la  côte  de  Coromandel.  Maty. 

MANAR.  Nom  d'une  ville  de  l'Inde  delà  le  Gange. 
Alanaria.  Elle  ell  capitale  d'un  Royaume ,  dépen- 
dant de  celui  de  Pégu,  &  fituée  lur  la  rivière  de 
Ménauj  aux  confins  du  Royaume  de  Siam.  Maty, 

MANASSÉ  ,  Se  MANASSÈS ,  f.  m.  Nom  d'homme. 
Alanajfes.  Le  Patriarche  Manajfé  étoit  fils  aîné  du 
Patriarche  Jofeph  &  d'Aleneth  ,  fille  de  Putiphar, 
Prêtre  d'Héliopolis  :  &  il  fut  le  chef  d'une  Triba 
qui  porta  ion  nom. 

La  Tribu  de  ManassÉ  fe  dit  Se  des  defcendans  du  fils 
de  Jofeph ,  dont  on  vient  de  parler  j  Se  des  terres 
qui  leur  furent  alFignées  dans  la  Terre  -  Sainte.  La 
Tribu  de  Alanajfe  fut  divifée  en  deux.  Une  partie 
eut  fon  partage  à  l'orient  du  Jourdain,  dans  la  terre 
de  Galaad  ,  au  nord  des  Tribus  de  Gad  &  de  Ruben. 
Parce  qu'ils  avoient  beaucoup  de  troupeaux  j  Moyfe 
leur  donna  ce  pays  qui  étoit  abondant  en  pâturages. 
L'autre  partie  de  la  Tribu  de  ManaJfe  im  placée  de 
l'autre  côté  du  Jourdain,  entre  la  Tribu  d'Ephraïm  au 
midi  ,  Se  celle  d'Illachar  au  nord  ,  ayant  à  l'orienr 
le  Jourdain  ,  &  la  mer  Méditerranée  au  couchant. 
On  ne  dit  Aîanaffe  qu'en  parlant  du  fis  Je  Jolèph 
Se  de  la  Tribu.  Pour  les  autres  qui  ont  porté  le 
même  nom  ,  il  taut  dire  Manafsès-  Le  Roi  Alanafsès , 
Ij'h  d'Ezéchias ,  auquel  il  fucceda ,  fut  un  impie.  Dieu , 


M  A  N 

pour  le  punir  de  Ces  crimes ,  le  livra  à  AlaradJon 
qui  remmena  captit  a  B.ibyilone.  Il  fe  recoiiiuit  daiiv 
ia  prifjn  ,  &  (e  convertir.  L'oraifoii  de  Ma/nifiès  j 
c'ett  l'oraifon  qu'il  tic  à  Dieu  en  cette  occalion. 
L'oraifon  de  Alanafsès  elt  très  belle,,  tk  quelques 
Percs   la  citent;  mais  elle  ii'ell  pas  canonique. 

MANATI ,  L  m.  Vache  marine  des  Indes.  L'os  pier- 
reux de  la  tête  qu'on  appelle  Alanad  lapis  eft  la  feule 
partie  de  cet  animal  qui  foit  d'ulage.  Il  ell  crullacce  , 
blanc ,  iemblable  à  de  l'ivoire ,  &  de  ditiérentes 
formes.  Il  palle  pour  avoir  la  propriété  d'emporter 
Ja  piîrre  des  reins  ,  &  de  la  vcilie ,  Ik  de  calmer 
les  douleurs  néphrétiques  &  celles  de  la  colique. 
Nous  liions  dans  Geoii'roy ,  qu'on  lui  attribue  aulli 
la  propriété  de  prévenir  les  liémorrhagies  en  le  por- 
tant au  cou.  Frédéric  HofFman  le  recommande  dans 
l'épileplie.  L'animal  palle  pour  être  très  -  ami  de 
l'homme. 

MANBOTE.  f.  f.  Terme  de  Jiuirprudence.  Vieux 
mot  j  qui  fignifie  l'amende  qu'un  meurtrier  paie  au 
Seigneur  de  celui  qu'il  a  tué.  Mulcia  in  pœnam  ho- 

■  micidÏL ,  dans  la  balle  Latinité  mjnboca.  Guillaume  le 

•  Bâtard  dans  les  loix  qu  il  fit  pour  la  Normandie  , 
hxe,  ck.  S.  la  manboce  al  Seignor  per  le  Franchome 

■  lo   (ous  ,  Ik  pur  le  ferf  20   (bus. 
MANBOUR  j  f.  m.  C'eft  la  même  chofe  que  Mam- 

bourg.  f^oye^  ce  mot. 
MANCA.  f.  f.  Nom  d'une  ancienne  monnoie  d'An- 
gleterre. Manca  ,   mancufa.  C'étoic  une  pièce  d'or 
carrée  qui  valoir  communément  50    lous.  Harris. 

•  Ce  mot  le  trouve  fouvent  dans  Matthieu  de  Wi.it 
minfter  ,   dans  Dunelus  ,   dans  Guillaume  de  Mal 
mcsbury  ,  &  d'autres  Hilloriens  Anglois.  f^oye-^  aulli 
les  loix  du  Roi  Canut. 

MANCAÇAR.  Royaume.  yoye\  Macassar. 

MAi'VfÇANARÈS,  (\c)  petite  rivière  d  Epagne  dans 
l'Algarve  ;  il  y  a  aullî  une  petite  ville  qui  porte  ce 
nom  dans  la  nouvelle  Caftille  aux  confins  de  la 
vieille. 

MANCEAU.  /''oye^  Manseau.  C'eft  ainfi  qu'il  faut 
écrire. 

MANCELLE.  f.  f.  Terme  de  Charretier.  Petite  chaîne 
qui  tient  au  collier  du  cheval ,  au  bout  de  laquelle 
il  y  a  un  grand  anneau  qu'on  met  au  limon  ,  & 
qu'on  arrête  avec  l'ateloire  ;  ce  qui  fert  tout  à-fait 
pour  tir.'r.  Catena  tracloria. 

MANCELLINIER ,  ou  M  ANC  AR  VILLIER.  f.  m.  Man- 
canilla.  Arbor  texica  &  laclca  ,  jruclu  fuavi  pomi- 
formi  ,  quo  indiam  fagittas  injiciunt.  Arbre  grand 
&c  très  beau  ,  mais  très-dangereux,  des  Indes  Oc- 
cidentales qui  croît  en  la  plupart  des  iles    Antilles , 

■  dont  le  bois  ell:  lort  eilimé.  On  en  tire  des  planches 
qu'on  nous  apporte.   Il  le  polit  très  bien ,  eft  d'un 

■  beau  grain  è^-  dure  longtemps.  Avant  de  couper  cet 

•  arbre  on   a  grand  loin  d'en  delFécher  l'écorce  ;  au- 
trement on  feroit  expofé  à  perdre  les  yeux  ,  s'il  ar 
rivoit  qu'un  peu  de  la    fève  atteignit  ces   organes. 
Cette  lève  eft  d'une  couleur  laiten(ê  j  &  fi  caultique 
qu'elle  lait  élever  des  ampoules  à  la  peau  ,  &  qu'elle 
brûle  le  linge  &  le  perce.   Il  ell  quelquefois  aulli 
grand  que  les  noyers  d'Europe.   Ses  feuilles  relfem- 
blent  à  celles  des  pommiers  ou  des  poiriers  (auvages, 
&  fon   fruit  que  l'on  appelle  mancenille  ,  eft  tout 
fcmblable  à  une  pomn>e  d'api:    il  eft  pannaché  de 
ruuge,   fort  agréable  à   la  vue  ,  Se  d'une  fi  bonne 
odeur  que  l'on  auroit  d'abord  envie  d'en  goûter  ,  li 
l'on  n'étcit  averti  de  fa  qualité  mortelle  ;  car  quoi- 
qu  il  foit  doux  à  la  bouche  ,  c'eft  un  poifon  fi  dan- 
gereux qu'il  tue  en  fort  peu  de  temps.  Le  mancdlinicr 
croît  fur  le  bord  de  la  mer  &  des  rivières  ;  &:  fi  le 
fruit  tombe  dans  l'eau  ,  les  poilfons  qui  en  mangent 
meurent  infailliblement.  Le  tronc  devient  quclque- 
l^ois  d'un  pied  &  demi  de   diamètre  ,   &  rarement 
de  deux   pieds.  L'écorce  eft  un  peu  lilfe  &  grilàtre, 
mais  le  bois  a  prefque  la  incme  confiftance  &  cou- 
leur que  celle  des  novers  d'Europ'",  &  même  il  eft 
plus  recherché   à  caufe  qu'il  eft  mêlé  de  quelques 
veines  grifcs  &  noirâtres.  Enfin  c'eft  un  des  plus 
beaux  boii  &  des  plus  propres  qu'on  puilïè  employer 


M  A  N 


783 


à  faire  des  cabinets ,  des  tablettes  &:  toute  forte  de 
meubles.  Les  Heurs  font  des  chatons  en  épis,  longues 
d'environ  un  demi-pied  ,  &  couvertes  de  plulicurs 
petits  (ommets  charnus  &:  rouge»  comme  du  car- 
min. Les  fruits  naillent  féparément ,  mais  fur  le 
même  arbre.  Les  embryons  rellemblent  à  deux  pe- 
tits tefticulcs  un  peu  plus  gros  que  le  fruit  des 
mcrcuriiles  mâle  d'Europe  ,  &:  ils  deviennent  enluite 
des  fruits  tout  à  fait  fcmblables ,  &:  aulli  gros  que 
les  pommes  d'api ,  ou  de  reinerte.  Plulicurs  Euro- 
péens s'y  font  trompés  &  en  ont  mangé  :  les  uns 
en  font  morts ,  les  autres  ont  beaucoup  fouffert. 
Elles  (ont  jaunâtres  ,  ^  leur  chair  eft  toute  remplie 
d'un  lait  très  blanc ,  de  enferme  dans  (on  milieu  un 
noyau  tout  ligneux  &:  un  peu  plus  petit  qu'une  noix. 
Le  fruit  J  les  feuilles  &  l'écorce  de  cet  arbre  ,  jettent 
un  lait  très-blanc  en  quelque  endroit  qu'on  les  coupe. 
C'eft  un  poifon  très  dangereux  que  ce  lait;  8c  même 
fi  on  fe  hazarde  de  repofer  ik  de  dormir  fous  ces 
arbres  ,  les  yeux  s'cnHamment  &  deviennent  enflés. 
Le  remède  à  cela  eft  de  les  balliner  avec  du  lait  de 
vache  ,  mêlé  avec  de  l'eau  fraîche,  ou  avec  de  l'eau 
claire  qu  on  trouve  dans  la  coquille  d'un  limaçon 
qu'on  appelle  foldac ,  ou  avec  l'huile  tirée  fans  feu 
du  même  infeête.  Ray.  Hiji.  Plant.  On  a  oblervé  en 
Amérique  que  le  bétail  ne  le  mettoit  jamais  à  l'ombre 
fous  cet  arbre  Se  qu'il  ne  croilloit  dans  Ion  voifi- 
n.^ge  prefque  aucune  plante.  Cependant  il  y  a  beau- 
coup de  perlonnes  qui  mangent  de  fon  fruit  faiis 
qu'elles  paroillent  en  être  incommodées.  Niller  , 
boc.  off.  Le  fuc  de  cet  arbre  calme  &  arrête  les  gon- 
Hemens  &c  l'indammation.  Ray.  Hifl.  Plant.  Les 
Cara'i'bcs  trempent  le  bout  de  leurs  Hèches  drns  ce 
fuc  blanc  pour  les  empoilonner;  &  les  blellures 
deviennent  prefque  incurables ,  li  l'on  n'eft  prompte- 
ment  fecouru.  Quand  ils  veulent  en  tailler  l'écorce 
pour  le  tirer  ,  ils  tournent  le  vifage  en  arrière ,  de 
peur  qu'il  ne  leur  en  rejallille  quelque  goutte  dans 
les  yeux.  Peke  Plumier  ,  Minime. 

Comme  il  y  a  plufieurs  mance tuiliers  fur  les  che- 
mins ,  fi  fins  y  prendre  garde  vous  froilfez  en  paf- 
fant  quelqu'une  de  fes  branches  ,  ce  lait  en  fort  Se 
rejaillit  (ur  vous  :  s'il  tombe  fur  votre  chemile ,  il 
y  fait  une  vilaine  tache  qui  paroît  comme  une  brû- 
lure. Si  c'eft  fur  la  chair  nue  j  &  qu'on  ne  lave  promp- 
tement  l'endroit  qui  a  été  touché  ,  il  s'y  forme  aulli- 
tôt  des  veilles.  La  rofée  ou  la  pluie  ,  après  avoir  de- 
meuré quelque  temps  fur  les  feuilles  du  mancenil~ 
lier  y  produilênt  le  même  effet;  Se  fi  elles  tombent 
fur  la  peau  ,  elles  l'écorchent  comme  feroit  de  l'eau 
forte.  Il  n'y  a  pas  jufqu'à  la  viande  cuite  au  feu  du 
bois  de  cet  arbre  ,  qui  ne  contracte  je  ne  fais  quoi 
de  malin  qui  brûle  la  bouche  &  le  gofier.  Les  Ma- 
telots en  éprouvent  fouvent  le  venin  ;  s'il  leur  ar- 
rive, en  faifant  le  bois  à  feu  ,  de  couper  de  celui- 
ci  ,  &  de  s'en  faire  rejaillir  le  lait  au  vifige  ,  ou 
d'en  manier  le  bois  ,  aulli  -  tôt  la  partie  enHe  j  Se 
les  fait  fouffrir  pendant  plufieurs  jours.  Lorlque  les 
pommes  du  Afi2/2f«//i«ier tombent  à  la  mer,&  que 
les  Bécunes  en  mangent ,  elles  leur  rendent  la  dent 
jaune,  &  ce  poilfon  devient  un  poifon.  Frézier. 
p.  2  s. 

MANCHA  ,  ou  la  MANCHE.  Nom  d'une  contrée  A^ 
la  Caftille  nouvelle  ,  en  Efpagne.  Manica  ,  Sparta- 
vius  campus.  Elle  eft  enfe  ia  rivière  de  la  Gnadiane  , 
&  l'Aiidaloufie  ;  mais  on  n'en  connoît  pas  bien  les 
bornes.  Ciudad  Real  en  eft  le  lieu  principal.  Maty; 
Don  Quichoie  a  rendu  fameux  le  furnom  qu'il  a 
pris  de  la  Manche.  Nous  difons  en  François  Manche  , 
Se  non  pas  Mancha.  M.  de  Lille  a  pourtant  mis  dans 
fa  carre  d'Efpagne  ,  La  Mancha. 

MANCHE,  f  f.  Partie  du  vêtement  qui  couvre  les  bras, 
en  tout  J  ou  en  partie.  Manica. 

Les  manches  d'une  foutane  vont  jufqu'au  poignet. 
Les  manches  d'ange ,  que  portent  les  femmes  ,  ne  paf- 
fent  guère  le  coude.  Les  manches  d'une  cafaque , 
d'un  manteau  à  manches  ,  d'une  brandebourg  ,  font 
fi  longues ,  qu'on  les  rendouble.  Ce  pourpoint  eft 
chamarré  far  les  manches.  Cette  robe  eft  ouverte  par 


71^4  M  A  N 

les  manches.    Les   Efpagnols  portent  cies  manches 

pendantes  ,  attachées  au  dos  de  leur  poiupoint.  Les 

Pages  delà  Chambre  en  portent  aulîi.  Les  Confeil- 

1ers  d'Etat  portent  des  robes  à  manches  pendantes. 

Autrefoisil  étoit  honteux  à  un  homme  de  porter  des 

•    manches   à  la  tunique.  Il  eût  pallé  pour  eftéminé. 

Il  n'y  avoir  que  les  femmes  qui  en  portallent.  Ces 

tuniques  à  manches  ,  s'appeloicnt  Dalmatiques.  L'u- 

lage  changea  ,  &  tout  le  monde  en  porta  ,  &  même 

-    les  plus  laints  Evcques.    Foyei  Odaviiis  Ferrai-ius , 

.    Z>e  Re  veftiaria  ,  P.  L.  L.  III.  c  p. 

Ce  mot  vient  du  Latin  manica. 

On  appelle  des  faujjes  manches  ,  de  grands  poi- 
■gncts  qui  fervent  au  lieu  de  m.ancAes  de  chemiles 
fines ,  &:  dont  on  change  pour  la  propreté  ,  ou  de 
•doubles  manches  de  ratine  ,  &  d'ouate,  qui  font  pol- 
tiches,  pour  tenir  plus  chaudement  les  bras.  Munies 
infertiles. 

Gardes-manches  ,  font  des  fourreaux  qu'on  met 
fur  les  manches  pour  les  conferver.  Des  tours  de 
manches  ,  font  des  garnitures  de  dentelles  ou  de  ru- 
bans qu'on  met  entre  le  bout  de  la  manche  Se  la  man- 
chette. On  appelle  des  bouts  de  manches  ,  de  petites 
manchettes  qui  font  coufues  au  bout  des  manches  du 
pourpoint  des  Eccléfiaftiqucs  ,  ou  des  gens  qui  por- 
tent le  grand  deuil. 

On  appelle  Cordeliers  à  la  grande  manche  ,  des 
■Cordeliers  qui  ont  en  effet  des /Tza/zcAei-  fort  larges, 
ik  qui  dificrent  des  autres  ,  en  ce  qu'ils  font  rentes. 
Francifcani  Cordigeri  mitigati.  Il  n'y  en  a  guère 
<5u'en  Provence  ,  en  Dauphiné,  &  en  quelques  en- 
droits du  Languedoc  j  en  Savoie  &  en  Italie.  Il  y 
avoit  de  ces  Cordeliers  à  la  grande  Manche  ,  ou 
Frères  Mineurs  Conventuels ,  dans  plufieurs  endroits 
de  France  :  ce  fut  le  Cardinal  d'Amboife  qui  les 
iupprinia. 

On  appelle  chez  le  "Roi,  Gardes  de  la  Manche, 
Jes  Gardes  qui  ,  dans  certaines  occafions  ,  comme 
dans  fa  Chapelle,  font  aux  deux  côtés  du  Roi ,  vê- 
tus de  hoquetons  &  armés  de  pertuifaiies.  Praji- 
.diarii  jlipatores.  Il  y  a  vingt -cinq  Gentilhommes 
Gardes  de  la  Manche  de  la  Compagnie  Ecoilbife. 
Dans  les  Chapelles  ,  &c  dans  les  Eglifes  où  le  Roi 
va  entendre  la  Melle  ou  le  Sermon  ,  deux  Gardes 
de  la  Manche  vont  l'attendre  ,  revêtus  de  leur  ho- 
queton ,  ou  côte-d'armes  en  broderies ,  tenant  leur 
pertui&nc  frangée  d'argent  à  la  lame  damafquinée. 
Ils  le  tiennent  à  fes  côtés  ,  &  tournés  du  côté  du 
Roi ,  pour  avoir  toujours  l'œil  fur  fa  perlonne.  Ils 
accompagnent  le  Roi  aux  cérémonies  extraordinai- 
res,  comme  à  fon  ficre  ,  à  la  création  des  Cheva- 
liers de  l'Ordre,  au  Parlement  j  &cc.  Voye:^  Garde. 
IJCT  Gentilhomme  de  la  Manche.  Ce  font  des  Officiers 
dont  la  fonction  eft  d'accompagner  continuellement 
les  Fils  de  France  ,  quand  ils  font  jeunes. 

En  termes  de  Blafon ,  on  appelle  manche  malta- 
lée ,  ou  maltaïllée  ,  des  reprélentations  de  manches 
de  différentes  figures  qui  fe  trouvent  lut  lesécus,  & 
qu'on  delllne  tantôt  d'une  laçon ,  &  tantôt  d'une  autre. 
■Ces  manches  ont  dégénéré  en  manipule  à  l'occalion 
de  Charles  de  Villers  ,  Evêque  de  Be.tuvais  ,  qui  fur 
fou  tombeau  a  un  manipule  d'hermine,  quoique  dans 
Tes  Armoiries  il  eût  une  manche  en  forme  de  mou- 
choir pliffé.  Il  eft  mort  en  153  5. 

En  termes  de  Guerre,  on  appelle  manche  d'un 
bataillon  _,  une  petite  troupe  de  foldats  détachée  du  ba- 
taillon ,  &  qui  demeure  fur  les  ailes ,  eu  les  diftérentes 
divillons  d'un  bataillon;  &  on  appelle  \x  manche  de 
main  droite,  &  la  manche  de  main  gauche  ,  Ala , 
cornu  dextrum  ,  finïjlrum.  On  les  divife  en  demi- 
manches  ,  &  quarts  de  manches  ;  ce  qui  facilite 
l'ordre  pour  défiler.  C'étoit  autrefois  un  petit  corps 
dz  Moufquetaires  qu'on  mcttoit  à  chacun  des  an- 
gles d'un  Bataillon.  Ils  détachèrent  une  manche  de 
Moulquetaires  ,  qui  venant  à  moi ,  m'alloient  faire 
effuyer  une  rude  falve.  De  Bussy.  Le  Roi  Louis 
XIV  ,  dans  les  remarques  (ur  ce  qu'il  a  traduit 
des  CommcMtaircï  de  Célar  ,  a  dit  Maache^  de 
yéiites. 


M  A  N 


La  Manche.  Nom  que  l'on  donne  à  une  partie  de 
la  mer  Océane.  Fretum  ,  ou  mare  Brkannicum.  Ocea- 
nus  Britannicus.  C'eft  la  mer  qui  s'étend  entre  les 
côtes  de  France  au  midi  ,  &  celles  d'Angleterre  au 
feptentrion  ,  depuis  les  îles  d'Oueffant  ,  jufqu'au 
pas  de  Calais,  qui  la  fcpare  de  la  mer  d'Allemagne. 
On  l'appelle  autrement  le  Canal ,  ou  la  mer  de  Bre- 
tagne. 

On  appelle  encore  ainfi  les  autres  Détroits  qui  font 
entre  deux  terres  ;  «Se  fi  on  ne  peut  monter  qu'en 
pleine  mer  ,  on  l'appelle  Barre. 

Manche.  Nom  d'un  petit  pays  d'Efpagne.  Foye-iç^  Man- 

CHA. 

Manche.  Se  dit  dans  les  Vaiffeaux ,  d'un  tuyau  de  cuir 
qui  fen  à  vider  les  liqueurs  d'un  tonneau  dans  un 
autte  ;  dont  on  fe  fert  en  plufieurs  occafions.  Tubus 
coriaceus.  Manche  de  pompe  j  c(l  un  long  tuyau  de 
toile  goudronnée  ,  qui  conduit  l'eau  de  la  pompe 
hors  du  vaiffeau.    . 

(fT  Manche  a  vent.  Inftrument  de  Marine  ,  qui 
fert  à  purifier  &  renouveller  l'air  de  la  cale  &  des 
entre-ponts  des  Vaiffeaux  :  c'eft  une  invention  Da- 
iioife.  M.  Duhamel  en  donne  la  defcription  &  la 
figure  ;  en  perfeélionne  la  forme  (Se  en  facilite  l'u- 
fage  ,  dans  Ion  livre  intitulé  :  Moyen  de  conferver 
la  fànté  des  Equipages  ,  &c. 

Manche  d  Hippocras.  Efpèce  de  fac ,  au  travers  du- 
quel on  fait  palier  le  vin  par  les  épiccs ,  tic  autres 
drogues  qui  fervent  à  faire  cette  liqueur.  Colum. 
Voyez  ChaulTcs. 

Manche,  f.  m.  Ce  qui  fert  à  prendre  ,  à  manier  ,  ou 
à  fe  fervir  de  quelque  choie  ,  Manubrium  ,  capulus. 
Le  manche  d'une  éclanche  ,  d'une  épaule  de  mouton , 
de  veau.  Le  manche  d'un  balai ,  d'un  houlloir.  C'eft 
un  bâton  rond  ,  d'une  groileur  de  trois  ou  quatre 
pouces ,  &  d'une  longueur  de  trois  ou  quatre  pieds. 
Le  manche  d'une  pelle  ,  d'un  marteau  ,  d'une  coi  • 
gnée  ,  d'une  faux.  Les  Turcs  font  les  manches  de 
leurs  couteaux  ,  de  leurs  cimeterres ,  de  jade  ^  d'a- 
gate ,  &c. 

Ce  mot  eft  dérivé  du  Latin  manubrium.  On  difoit 
autrefois  mange  ;  ou  plutôt  ce  mot  vient  de  ce  qu'on 
le  manie  avec  la  main. 

M.  Huct  croit  qu'il  vient  de  manica  ,  qu'on  trouve 
en  ce  fens  dans  Optât  de  Milève.  Nemo  cenens  ma- 
nicam  aratri. 

On  appelle  manche  de  la  charrue,  la  partie  que 
tient  le  laboureur  ,  &  qui  lert  à  la  gouverner. 
Stiva.  Le  Seigneur  dit  que  quand  on  a  mis  la  main 
au  manche  de  la  clwrrue ,  il  ne  faut  point  regarder 
derrière;  pour  dire,  que  quand  on  veut  travailler  à 
fon  falut ,  il  ne  faut  point  retourner  la  vue  vers  le 
monde. 

Manche  ,  fe  dit  auffi  de  la  partie  des  inftrumens  de 
Mufiquc  où  font  les  touches  ,  &  où  l'on  pofe  \ei 
doigts  de  la  main  gauche  pour  former  les  tons  dif- 
férens.  Il  s'étend  jufqu'au  lieu  où  font  attachées  les 
chevilles  qui  bandent  les  cordes.  Manubrium  ,  ca- 
pitulus.  Le  manche  d'un  luth  a  neuf  touches  ou  di- 
vifions  ,  qui  font  marquées  avec  des  cordes  de  boyau. 
Le  moyen  de  faire  entendre  la  muliquc  à  un  fourd, 
c'eft  de  lui  faire  luordre  le  manche  de  l'inftrumeni 
dont  on  joue. 

§C?  On  dit  qu'un  homme  eft  fur  de  fon  manche  ,  qu'il 
connoîtfon  manche  ;  pour  dire  ,  qu'il  touche  les  cor- 
des avec  juftefte  &  précifion. 

Il  y  a  de  certains  oifeaux  que  les  Pilotes  appel- 
lent Manches  de  velours  ,  qu'on  trouve  vers  le 
cap  de  Bonne  -  Elpérance  ,  qui  ont  les  bouts  des 
ailes  noirs  ,  &.'  le  refte  du  corps  blanc ,  qui  vont  par 
bandes  flottans  fur  l'eau  ,  (In:  qui  le  nourrillent  de 
poillons. 

Manches  ,  en  termes  de  Monnoies  ,  eft  un  fourneau 
dont  on  le  fert  pour  l'affinage  des  CalFes  &c  des  det- 
tes. Fornax  monetariu  ,  vafls  fcoriifque  purgandis  ac 
purificandis.  C'eft  un  fourneau  de  quatre  à  cinq  pieds 
de  haut  en  manière  d'un  manche  ,  qui  a  quatre  pieds 
en  carré  par  le  haut  ,  entre  quatre  angles  qui  vont 
en  glacis ,  en  manière  d'entonnoir  plat  ;  il  y  a  trois 

de 


M  A 

\de  ces  angles  ,  qui  ont  environ  deux  pieds  de  Iiaut , 
&  le  qu.itiième  ,  qui  cit  celui  du  devant ,  n'en  a  qu  un, 
atiii  de  jettcr  les  matièics  par  cet  endroit  I4.  Le  reftc 
de  la  manche  n'a  qu'euv-iron  denii-picd  eu  carré  en 
dedans  ,  pat  le  bas  une  ouverture  d'environ   deux 
pouces  de  dianictre  ,  pour  jaidcr  couler  les  niatièrcs 
de  la  calFe  à  melure  qu'elles  fondent.  Cette  manche 
cil  faite  de  gros  grais  les  plus  durs  ,  qui  font  taillés 
en  manière  de  pavés  ,  &  liés  enlenible  avec  de  la 
terre  dont  on  fait  les  fours.  Boizard.   Changer  la 
manche  de  matières.  Id. 
Manche  ,   le  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  au 
premier  fens.  On  dit  qu'un  homme  a  la  confcience 
large  comme  la  manche  d'un  Cordclicr  ;  pour  dire  , 
qu'il  n'eil  point  Icrupuleux.  On  dit  qu'un  homnxc 
tient  un  arrêt  dans  fa  manche  ;  pour  dire  qu'il   en 
eft  fur  :  qu'il  a  les  Juges  dans  fa  manche  j  pour  due 
qu'il  les  gouverne  ,  qu'il  difpofe  de  leurs   f  uftrages. 
On  dit  audî ,  qu'il  a  mis  une  chofe  dans  û  manche  ; 
pour  dire  qu'il  s'en  ell  laiii ,  qu'il    s'en  ell  emparé. 
On  dit ,  c'eft  une  autre  paire  de  manches  ;  pour  dire 
c'efl:  bien  une  autre  aftaire.  On  dit  encore  ,  cela  étoir 
bon  du  temps  qu'on  fe  mouclioit  fur  la  manche  ; 
pour  dire  au  temps  jadis  ,  quand  on   n'étoit  pas  ii 
raffiné  qu'on  ell.  Ce  proverbe  vient  de  ce  qu'autre- 
fois on  mettoit  un   mouchoir  lur  la  manche   pour 
fe  moucher.  Il  en  eft  refté  une  marque  dans  cet  or- 
nement Eccléfiaftique  ,  qu'en  Latin  on  appelle  Ma- 
nipulus  ,   en  François  fanon  ,  &  en  terme  de  Bla- 
fon  deJ?rochele  ;  ce  qui  étoit  un  vrai  mouchoir  ,  que 
portoient  les  Prêtres  autrefois  fur  la  manche  ,  pour 
elTuyer  les  larmes  qu'ils  verloient  en  fongeant  aux 
péchés  du  peuple  au  temps  de  la  confécration.  La 
prière  qu'ils  difent  encore  en  le  revêtant  de  cet  or- 
.  nement ,  en  rend  témoignage  :  Meuarporcare  j  Do- 
,  mine  ,  manipulum  flctûs  &  doloris. 

Au  fécond  lens  on  dit ,  jetter  le  manche  après 
la  coignée  ;  pour  dire  fe  dépiter  ,  abandonner  une 
.affaire  ,  parce  qu'elle  ne  réulîit  pas  d'abord.  On 
dit  aullî  qu'un  homme  branle  au  manche ,  quand 
il  eft  irréfolu  ,  quand  il  eft  tenté  de  changer  de 
parti  j  de  Religion  ,  de  delfein  ;  &  de  celui  dont 
la  fortune  eft  ébranlée  :  fon  état  elt  bien  douteux  j 
il  branle  au  manche.  Il  eft  du  ftyle  familier.  Acad. 
Françoise. 

Manche  de  Couteau  j  ou  ^ac7z7e.  Ternie  de  Conchy- 
liologie. Coquillage  bivalve  ,  appelé  en  Grec  SoUn , 
&  en  Latin  jÇ/?«/a  ou  cana/is.  Figure  qui  refl'emble 
à  un  manche  de  couteau  ,  eft  toujours  la  même ,  & 
très-aifée  à  reconnoître.  Ce  coquillage  fe  prend  dans 
le  golfe  de  Tarente ,  &  autres  ports  de  mer ,  dans 
les  trous  qu'il  fait  lur  le  lable ,  où  l'on  jette  du  Ici 
pour  les  faire  fortir.  Dans  le  pays  d'Aunis ,  on  le 
nomme  Coutellier  j  les  Italiens  Cannolkhie.  Ce  poil- 
fon,  en  allongeant  fa  tête  ,  refpire  l'air  ,  &c  attire 
l'eau  par  deux  tuyaux  qu'on  remarque  au  bout  d'en 
haut,  &C  par  le  moyen  d'une  jambe  qu'il  allonge  & 
qu'il  retire  par  le  bout  d'en  bas  ,  il  s'enfonce  à  deux 
pieds  de  fond  ,  &  s'élève  tout  droit  dans  le  fable  ; 
c'eft  tout  le  mouvement  qu'on  lui  remarque.  Pline 
prétend  que  ces  coquillages,  par  leur  fucglutineux, 
reluifent  dans  les  ténèbres,  iur  la  terre  ,  fur  les  ha 
bits ,  fur  la  main  ,  &  même  dans  la  bouche  de  ceux 
qui  les  mangent. 

MANCHEREAU  ,  &  MANCHERON,  f  m.  Vieux 
mot.  C'efl  ,  dit  Nicod  j  lediminunfde  Manche  ,  maf 
culin.  Amfi  on  dît ,  Manchcreau  de  charrue  ,  les  deux 
empoignures  que  le  Laboureur  happe  pour  enfoncer  le 
foc  en  labourant.  Quand  Manche  eji  féminin  ,  fon 
diminutif  eft  Mancheron  ,  qui  fignifie  la  couverture 
du  bras  depuis  le  coude  jufques  aucou  du  bras.  Selon 
ce  ,  on  dit  Mancherons  de  femmes  ,  ces  demies  man- 
ches qu  elles  portent  à  leurs  robes  larges  &  pendan- 
tes manches. 

MANCHESTER.  Mamdueffedum.  C'étoit  ancienne- 
ment une  petite  ville  des  Coniaviens ,  en  Angle- 
terre. Ce  n'eft  maintenant  qu'un  petit  village  du 
Comté  de  'Warwick.  Il  eft  à  trois  lieues  de  Coventri , 
vers  le  midi.  Maty. 
Tome  V. 


M  A  N  78; 

MANCî^£STHR.  Autre  perlrc  villj  ancienne  cl'An;^iercrre, 
Mancunium.  Elle  elt  fur  la  rivi^-re  de  Mcrfey  ,  dans 
le  Comté  de  Lancaftcr  ,  &  aux  confins  de  ceux  de 
Chcfter  &  d'Yoïck.^  Matïchejler  cil  un  lieu  bien 
peupléj  &  renommé  poar  les  draps  qu'on  y  fabri- 
que. Matv. 
MANCHETTE,  f.  f.  Petit  ornement  de  toile  qu'on 
met  fur  le  poignet ,  aU  bout  des  manches.  Irns.  ma- 
nies. ,  lac/nia  adfcijtitia  ,  lincola  ,  fimhna.  Le  rabat 
&c  les  manchettes  étoient  ordmaiicment  du  même 
point ,  de  même  foitc.  Des  manchettes  unies  fans 
dentelles  ;  des  manchettes  fimples  ,  doubles  &:c. 
Les  gens  d'Eglifes  ,  ou  ceux  qui  font  en  grand 
deuil  ,  portent  de  petites  manchettes  ,  ou  feulement 
de  petits  rebords  de  toiles  ,  attachés  au  bout  de  leurs 
manches. 

|i^"  Manchette.  Terme  d'Imprimerie.  Les  Impri- 
primcurs  appellent  un  ouvrage  à  manchettes  ^  un 
Mnnufcrit  dont  les  marges  font  chargées  d'additions. 

MANCHON,  f.  m.  Fourrure  qu'on  porte  en  hiver 
pour  garantir  les  mains  du  froid.  Pellita  manica  hi- 
berna. Les  manchons  n'ércient  autrefois  que  pour  les 
femmes  ;  aujourd'hui  les  hommes  en  portent.  Les 
plus  beaux  manchons  font  faits  de  martes  zibell;- 
nés  ;  les  communs  de  petit  gris  ,  de  chien,  de  chat. 
Les  manchons  de  campagne  des  Cavalie-rs  font  faits 
de  loutre  ,  de  tigre.  On  i\'^.  point ,  à  la  Chine  ,  Tu- 
fige  des  gants  &  des  manchons  ;  mais  comme  les 
manches  de  la  vefte  font  fort  longues  ,  on  y  retire 
la  main  durant  le  froid  ,  pour  la  tenir  chaude.  P.  le 
Comte. 

MANCHOT  ,  OTE.  adj.  Qui  n'a  qu'une  main  ou  un 
bras  dont  il  puilfe  fe  fervir  ,  de  quelque  manière 
qu'il  ait  perdu  l'ulage  de  l'autre.  Mancus  j  manu, 
captus  ,  impos  ,  mutilus.  Il  a  reçu  à  l'armée  un  coup 
qui  l'a  rendu  manchot.  Il  a  eu  un  rhumatifme  qui  l'a 
rendu  manchot  pendant  iix  mois. 

Ménage  dit  que  ce  mot  vient  de  mancotus  ,  dimi- 
nutif de  mancus.  M.  Du  Cange  dit  que  le  nom  Ita- 
lien des  Mancini  a  la  même  origine ,  &  qu'il  vient 
de  mancus. 

On  dit  proverbialement  &  figurément,  qu'un  hom- 
me n'eft  pas  manchot  ;  pour  dire  ,  qu'il  eft  habile 
rufé,  qu'il  fait  bien  défendre  fa  perfonne  &c  fés  in- 
térêts, qu'on  ne  le  peut  pas  lluprendre  ailément.On 
le  dit  auOi  de  celui  qui  a  beaucoup  d'avidité  à  piller 
qui  fe  fert  bien  de  fes  deux  mains. 

MANCIPE.  f  m.  'Vieux  mot.  EfcLwe.  Ce  mot  vient 
du  Latin  Mancipium  formé  de  manu  captus ,  &  a 
fait  celui  d'émanciper. 

^  MANCIPIUM.  Terme  d'Antiquités  Romaines , 
qui  exprime  le  droit  de  propriété  qu'avoient  ks  féuls 
Citoyens  Romains  fur  les  fonds  d'Italie  iS^r  leurs  ap- 
partenances ,  comme  les  Efclaves  &  le  bétail.  Delà 
le  verbe  mancipare ,  aliéner  avec  les  formalités  re- 
quifes,  en  fe  fervant  de  certains  termes  formels, 
en  préfence  de  cinq  témoins ,  &  de  celui  qui  por- 
toit  la  balance  &  pcloit  l'argent ,  nommé  Libripens. 
Voyez  ce  mot.  Ces  fonds  privilégiés  aux  Citoyens 
Romains  s'appeloient  res  mancipii  j  ou  Juris  Civilis. 

MANÇOIS,  &MANSOIS.  f  m.  Nom  d'ime  mon- 
noie  qui  .avoit  cours  dans  le  Maine  ,  &  que  le  Sei- 
gneur particulier  de  cette  province  faifoit  battre.  Ce- 
nomanenfis  denarius ;  dans  la  baflé  Latinité  m j/^^t. 
\3r\  ancien  regiftre  porte  que  les  Manfois  vaudront 
vingt  deniers  moins  la  livre ,  que  tournois  petits  , 
c'eft-à-dircj  que  les  treize  manfois  ne  vaudront  que 
deux  fous  petits  tournois.  Sur  les  pièces  de  cette 
monnoie,  on  lifoitdun  côté  SicNUiM  Deium  ,  &  de 
l'autre  ,  Moneta  Cenoman  ,  &  quelquefois  d'ua 
côté  SiGNUM  Dei  vivi,  &  de  l'.iutre  Comes  Ceno- 
MANN.  Une  charte  de  l'an  1 3 1  j.  porte  que  les  man- 
fois avoicnt  cours  pour  vingt  deniers  moins  que  la 
livre  tournoife  du  Roi  compofce  de  140  deniers.  La- 
dite livre  de  deniers  manfois  valoit  à  cette  raifon 
&c  étoit  compolée  de  i68  deniers.  On  a  dit  aufïï 
Manceau  pour  Mançois ,  Se  c'efl  de-là  que  l'on  a 
dit  proverbialement  Manceau  ,  Normand  &  demi. 
Voyez  Manceau. 

Ggggg 


^%û  M  A  N 

-MANGOUNAH.  Ville  d'Afrique  dans  l'Ethiopie  fur 
la  met  rouge  à  cinq  journées  du  chemin  de  Zaleg. 
MANCUP.   Nom  d'un  bourg  fitué  fur  le  haut  d'une 
montagne  &  fortifié.  Mancupia.  Il  eft  dans  la  Tar- 
tarie  Crimée  ,  près   de  la   rivière    de  Karbata ,  à 
huit  lieues  de  Bacie-Saray  ,  vers  le  couchant.  Matv. 
MANCUSE.  f.  f.  C'étoit  autrefois  en  Angleterre  un 
terme  de  monnoie.   Mancufa.  La  mancufe  étoit  la 
même  chofe  qu'un  marc  d'argent.  Harris.  Elle  va- 
ioit  trente  fous  ,  qui  revient  à  fix  fchélins  de  la  mon- 
noie  d'aujourd'hui ,  ou  72  fous.  Mancufa  s'étoit  for- 
mé de  manu  cufa.  lu.  On  difoit  aulîî  mancus  ,  6i  ces 
mots  étoient  Saxons. 
MAND.   f  m.   Vieux  mot ,  dont  on  fe  fervoit  pour 

maniement.  Voyez  Mandement. 
CCTMand.  f  m.  Terme  de  Commerce.  Efpèce  de  poids 
ufité   dans   l'Indoftan.    Il  varie  dans  les  différentes 
provinces.   A  Bengale  le  mand  eft  de  76  livres  i  à 
Surate  de  371.  En  Perfe  il  n'eft  qucdefix  livres. 
MANDAR.    Province  de  lile   des  Célèbes,  dans  la 
mer  des  Indes  au  Royaume  de  Macaçar ,  dont  elle 
occupe    la   partie  feprentrionalc.    La  Ville  capitale 
porte  le  même  nom  que  la  Province. 
MANDARIN.  Terme  de  Relation.  C'cft  un  nom  que 
\ç.%  Portugais  ont  donné   à  la  Noblclfe  des  Orien- 
taux ,  que  les  Chinois  nomment  Quaon ,  ou  plutôt 
£ohen  ,  qui   fignifie ,  non  pas  gouverner ,  &  com- 
mander j   comme  on  l'a  dit  dans  la  première  Edi- 
tion de  ce  Did:ionnaire ,  mais  au  contraire  Icrvir, 
être  Miniftre  d'un  Prince ,  ôc  qui  à  mon  fcns ,  vient 
de  l'Hébreu  Tn3  Cohen  ,  qui  lignifie  Miniftre  ,  & 
qui  cft  le  nom  que  Dieu  donna  à  fes  Prêtres  dans  la 
loi  de  Moyfe.  Il  y  a  à  la  Chine  neuf  Ordres  de  Man- 
darins ,  ou  degrés  de  Noblelle ,  qui  ont  pour  mar- 
que divers  animaux.    Le  premier  a  une  grue  pour 
marque  de  fon  rang  ;  le  fécond  un  lion  ,  le  troifième 
un  aigle ,  le  quatrième  un  paon ,  8cc.  Il  y  a  en  tout 
52   ou   3  5  mille   Mandarins  à  la  Chine.  Il  y  a  des 
Mandarins    de  lettres,  &  des  Mandarins  d':ivmcs; 
les  UHS  &  les  autres  palTènt  par  pluficurs  examens. 
Depuis  que  les  Tartares  fe  font  rendus  maîtres  de  la 
Chine  ,  la   plupart    des  Tribunaux  font  mi  partis, 
c'eft-à  dire  j  qu'au  lieu  d'un  Préfident ,  on  en  a  éta- 
bli deux;  l'un  Tartare,  &  l'autre  Chinois.    F'oyei 
les  Mémoires  du  P.  le  Comte  ^  les  relations  précé- 
dentes étant  moins  cxadtes,  tant  parce  qu'on  n'étoit 
pas  (i  bien  informé  de  la  manière  du  gouvernement 
des  Chinois ,  que  parce  que  cette  manière  a  changé 
depuis  l'invafion   des  Tartares.    Il  y  a  de  certains 
plaiiirs  dont  les  Mandarins  font  oblieés  de  s'abftc- 
iiir.  Pafler  quelque  temps  avec  leurs  femmes ,  dont 
la  pluralité  eft  pcrmife,  eft  prcfquc  le  fcul  divertif- 
fement  des  Mandarins. 
Mandarin,  f  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  le  nom 
que  les  Chinois  donnent  à  la  langue  lavante  du  pays. 
Mandarinum  ,  Mandarinorum  lingua.    Car  outre  le 
langage  propre  &  paniculier  de  chaque  nation  & 
de  chaque  Province  ;  il  y  en  a  un  commun  à  tous  les 
Savans  de  l'Empire  ,  &  qui  eft  à  la  Chine  ce  qu'eft 
en  l'Europe  le  Latin.   C'eft  ce  langage  qu'on  appelle 
le  Mandarin.  C'eft  la  langue  de  la  Cour.  Les  Offi- 
ciers publics  ,  comme  les  Notaires  ,  ou  Greffiers  ^ 
les  Jurifconfultes ,  les  Juges ,  les   Magiftrats  ,  par- 
lent &  écrivent  le  Mandarin.  Maffée  ,  Hifl.  Indic 
L.  FI. 
Mandarin  ,  ine.  Eft  auffi  adj.  Qui  appartient  aux  Man- 
darins. Mandarindius^a.  La  langue  Mandarine  a  cours 
dans  tout  l'Empire  ,  &  on  l'entend  univerfelleracnt 
par-tout.  P.  LE  Comte. 
MANDARINAT,  f  m.  Charge ,  office  ,  dignité  de 
Mandarin.  Mandarinatus.  Mandanni  d:gnuas  ,  mu- 
nus.  Le  Mandarinat  n'eft  point  héréditaire.    Il  n'y  a 
que  les  Lettrés  qui  font  élevés  au  Mandarinat.  J.e 
Mandarinat  coû'c  bien  des  extmcns ,  mais  il  donne 
beaucoup  de  conlidérarion  &  d'autorité. 
MANDARU.  f  m.  Arbre  du  Malabar  portant  des  fîii 
ques  &  des  feuilles  divifées  en  deux.  Àrbor  Jî.'i-uj- 
fa  ,  Malakfirica  ,  foUis  bifid  s .,  fol U<^  purpura  (Iriavs. 
Dans  l'île  de  Zeilan  on  ctoit  que  les  marques  rouges 


M  A  N 


qui  paroilfent  fur  les  feuilles  font  des  taches  du  (âng 
de  S.  Thomas  ,  qu'on  croit  avoir  prêché  l'Evangile 
dans  cette  contrée  &  dans  le  Malabar.    Le  Docteur 
Hcrman  l'appelle  Arbor  SanUi  Thomm..   Il  y  en  a 
quatre  elpèces.  F'oye'^i  James. 
MANDAT,  f.  m.  Terme  de  Chancellerie  Apoftolique. 
C'eft  une  grâce  expedative,  un  refcrit  du  Pape ,  pat 
lequel  il  mande  à  un  CoUateur  ordinaire  ,  de  pour- 
voir celui  qu'il  lui  nomme  du  premier  Bénétîceqqi 
vaquera  à  fa  collation.  Jujj'um,  edicium  ,  mandatum. 
Un  Mandat  Apoftolique    pour  la  provilîon  des  Bé- 
néfices, eft  ime  lettre  monitoriale  &  comminatoire 
du  Pape  à  un  Evêque ,  par  laquelle  il  lui  ordonnoic 
qu'il  donnât  de  quoi  fubiifter  à  ceux  qui  avoient  été 
ordonnés   par  lui  ,  ou  les  Prédécelfeurs ,  depuis  la 
tonfure  jufqu'.iux   Ordres  facrés  inclulivement ,  & 
qu'il  leur  louLniife  ainh  leur  fubfiftance,  jufqu'à  ce 
qu'il  leur  eût  conféré  un  Bénénce.  Etienne  de  Tour- 
nai dans  une  Lettre  à  Innocent  III^.   fe   plaint  de 
l'abus   des   Mandats   Apoftoliques.    Ces    Mandats 
Apoftoliques  étoient   jugés   néceflaires  ,  parce'  que 
les  Evcques  impofoient  les  mains  à  un  très  grand 
nombre  de   Clercs  ,  qu'ils   abandonnoient    enfuitc 
dans  la  misère ,  &  dans  un  état  qui  les  rendoit  mé- 
prifibles  au  peuple.  Les  Mandats  n'ont  plus  de  heu 
en  France  que  dans-certains  cas.  Ils  s'étoient  intro- 
duits en  France  fous  Philippe  le  Bel  j  &  du  temps 
que  Clément  V.  vint  tenir   fon  Siège  à  Avignon. 
Auparavant  les  Mandats ,  Réferv.ations  ,  &  Grâces 
ExpeéVatives ,  étoient  inconnus,  &:  il  n'en  eft  point 
fait  de  mention  dans  tout  le  Décret  de  Gratien.  Au 
commencement  ,  les  Papes  donnoient  des  Mandats  ^ 
ou  refcrits ,  qu'on  appeloit  Monitoires  ,  qui  s'adref- 
loient  direétement   aux  Collateurs  :   c'étoient  des 
monitions,  ou  de  (impies  prières  qui  n'engagoienc 
point  le  Collateur.  Enfuite  ils  donnèrent  des  Man- 
dats préceptoires ,  qui  n'annulloient  point  les  provi» 
fions  de  l'Ordinaire  :   enfin  ,  l'on  inventa  les  Man- 
dats exécutoires ,  &  les  claufes  irritantes  j  par  lef- 
quelles  les  provifîons    que   l'Ordinaire  donnoit  au 
préjudice  du  Mandat  ,  étoient  déclarées  nulles  ;  & 
îur   le  refus  de  l'Ordinaire ,  l'exécuteur  du  Mandat 
conféroit  le  Bénéfice  au  Mandataire.  Mais  depuis  le 
Concordat  on  a  réglé  une  certaine  forme  de  Mandats 
que  le  Pape  eft  obligé  de  luivre.    On  a  abrogé  ces 
Mandats  monitoircs  &  préceptoires  ;  Il  n'y  a  plus 
de  décrets  irritans ,  &c  l'on  n'admet  les  Mandats  exé~ 
cutoires  que  dans  la  forme  prefcrite  par  le  Con- 
cordat. 
Mandat  ,  fe  dit  aulIî  en  Jurifprudence  ,  d'un  Contrat 
obligatoire  de  part  &  d'autre ,  qui  fe  forme  par  le 
fcul  confentement  des  parties,  par  lequel  on  charge 
d'une  affaire,  pour  la  gérer  gr.atuitement  j  une  per- 
fonne  qui  confent  d'en  prendre  le  foin. 

La  Procuration  le  donne  par  écrit  :  au  lieu  que 
le  Mandat  peut  n'être  que  verbal. 

Il  eft  vifible  que  ce  mot  vient  de  Mandatum. 
MANDATAIRE,  f  m.  Celui  qui  eft  porteur  d'unMan-i 
dat  Apoftolique  ,  qui  peut  requérir  un  Bénéfice.  Man- 
datarius ,  habens  mandatum.  Le  Mandataire  doit  li- 
gnifier fon  Mandat  au  Collateur.  Les  Mandataires 
font  préférés  aux  Indultaires,   comme  les  Irdultai- 
res  le  font  aux  Gradués.  On  ne  peut  être  Mandataire. 
pour  un  bénéfice  qui  eft  en  patronage  laïc.  Ces  rè- 
gles font  inutiles  dans  la  pratique  ,  depuis  que  l'ufik- 
ge  des  Mandats  eft  aboli. 
Mandataire  j  fe  dit  auffi  en  Jurifprudence  j  d'un  Corn- 
miffionnaire ,  d'un  Procureur  ,  &  de  celui  qui  a  reçu 
une  commiffion  pour  agir  ,  ou  pour  faire  quelque 
chofe.    Mandatarius.  Le  Mandataire  ne  doit  point 
excéder  les  termes  de  fon  pouvoir. 

Ce  mot  vient  de  mandatarius  ,  qui  a  été  forme  de 
mandatum. 
Mandataire  ,  f  m.  Nom  d'un  Officier.  Mandata- 
rius j  Mandaerius.  Le  Mandataire  ,  ou  Maire  étoit 
un  Officier  des  Dauphins  de  Viennois ,  dont  les  fonc- 
tions font  peu  connues.  Peut-être  étoit-ce  un  Procu- 
reur ,  ou  un  Agent.  M.  du  Cange  ne  les  diftingue  pas 
du  Mandataire  t  Mandatarius ,  dont  s'cft  pu  former 


M  A  N 


M  A  N 


Mandacrlus  ,  fau  mandata  exequcns.  La  conjciflrure 
cft  fonjée  fur  ce  que  Mandatanus  &c  FiUicus  font 
quelquefois  pris  l'un  pour  l'autre.  Or  ,  ou  laie  que 
ce  dernier  ,  &:  qui  étoic  Receveur  du  Cens  iv  des 
Rentes  du  Seigneur,  cft  fouvcnt  confondu  avec  le 
ChcKj  ou  Maire  du  lieu,  que  le  mot  àc  Mandacrlus 
rcpiélentc.  Les  Oiiices  par  lucceilion  de  temps  font 
devenus  féodaux  ,  &  ont  été  poirédés  par  des  parti- 
culiers fous  la  prédation  de  toi  &:  hommage.  C'eft 
ce  que  les  anciens  titres  appellent  indifféremment 
du  nom  VïlLicado  ,  Mandaeria  ,  MandaCa.ia  ,  Se 
qu'on  appelle  en  François  Mandcrie  ,  ou  Mairie. 
Valbonn.  Mem.  pour  l  h'.fi.  de  Dauphïné ,  c.  XI. 

MANDATUM.  La  cérémonie  du  Jeudi  Saint  pour 
le  lavement  des  pieds ,  &  la  Cène ,  (e  nomme  manda 
tum,  à  caule  que  l'on  y  chante  Alandatum  dedi  vobts. 
Le  Roi  hit  le  mandatum ,  il  lave  les  pieds  à  douze 
pauvres.  Cette  cérémonie  ell  décrite  en  bien  des 
Livres. 

MArJDE.   Ville,  royc^  MENDE. 

MANDÉ,  f  m.  Ce  mot  eft  en  ufage  dans  l'Ordre  de 
fontévraud,  pour  (ignifier  la  cérémonie  de  laveries 
pieds  aux  pauvres  ,  iSc  de  leur  donner  l'aumône. 
Ablutlo  pedum  pauperum  ;  Mandatum.  Au  23^.  Cha- 
pitre des  Conftitutions  de  Fontévraud  ,  il  eft  ordonné 
aux  Religieules  de  Communier  les  l^imanches  de 
l'Avent,  &C  du  Carême;  &:  aux  autres  temps,  deux 
fois  le  mois ,  &  toutes  les  Fêtes  folennelles  ,  &  de 
faire  le  Alandé  la  veille  de  la  première  des  deux  Com- 
munions de  chaque  mois.  Chastelain  ,  Martyrol. 
■     T.  I.  p.  7S4- 

MANDEB  ,  MANDAB  j  ou  comme  on  prononce  vul- 
gairement ,  Mandil.  Montagne  &  promontoire  d'A- 
frique ,  dans  l'Ethiopie  j  au  détroit  de  la  mer  Rouge 
qui  en  prerid  le  nom  de  Bai  al  Mandée ,  ou  com- 
me d'autres  prononcent ,  Babel  Mandel. 

MANDEGLOIRE.  f  f.  Voyci  Mandragore  ,  & 
MAIN  DE  GLOIRE.  C'eft  la  même  choie. 

MANDEMENT,  f  m.  Ordre  d'un  Supérieur,  par  écrit, 
&  rendu  public  afin  qu'on  1  exécute.  Ediclum  ,  man- 
datum. On  a  publié  un  Alandement  de  M.  l'Arche 
vêque  pour  allembler  le  Synode.  Un  Mandement 
pour  l'ouverture  du  Jubilé.  Il  y  a  un  Mandement 
de  la  ville  pour  faire  des  feux  de  joie ,  pour  faire 
une  telle  cérémonie.  On  difoit  autrefois  ^««i/ pour 
Mandement ,  Se  Command ,  pour  Commandement. 

Mandement  ,  fe  dit  aulli  en  pratique.  Mandatum  , 
Ediclum.  On  a  envo}'é  les  mandemens  ,  ou  commif- 
fions  pour  le  département  des  tailles.  Un  mandement 
à  un  tel  Officier  de  payer.  On  appelle  mandement , 
les  Ordonnances  que  délivrent  les  Commillaiiesdu 
Châtelet ,  pour  fiire  payer  par  le  Receveur  des  con- 
iignations  les  Créanciers  utilement  colloques  dans 
un  ordre.  CCF  On  appelle  encore  mandement ,  la 
lettre  ,  le  billet  qu'on  donne  à  quelqu'un  portant 
ordre  à  un  Receveur  ou  Fermier  de  payer  une  cer- 
taine (omme.  Un  Fermier  accepte  le  mandement , 
&  paie  en  conféquence.  C'eft  auilî  une  formule 
qui  termine  tous  les  Edits  _,  Si  donnons  en  mande- 
men:  z  nos  amés  &  féaux  Confeillers ,  c'eft-à  dire  , 
nous  mandons  ,  damus  in  mandatis. 

M  VNDHMENT  ,  ligniiîe  auilî  une  injondion  de  venir. 
JuJJlim  j  vadimonium.  Il  y  a  un  veniat  contre  un  tel 
Juge  ;  s'il  ne  vient  au  mandement  de  la  Cour  j  il  fera 
interdit. 

Mandement  ,  fîgnifîe  encore.  Ordre  ,  ou  commilîîon 
de  faire  quelque  choie.  Le  Droit  accorde  une  action 
de  mandement  contre  celui  qui  a  donné  commilîîon 
de  faire  quelque  chofe  de  fa  part  ,  pour  être  payé 
ou  indemnilé.  Aclio  mandati.  Le  mot  Latin  manda- 
tum ne  fignifie  chez  les  bons  Auteurs  Latins  autre 
chofe  que  commijjion  ,  &  non  pas  ordre ,  ni  julîîon. 
Mais  dans  notre  langue ,  mandement  a  quitté  peu-à- 
peu  cette  fignification.  Il  ne  fignifie  pas  cependant 
la  même  choie  que  comm.andement  y  Se  mander  n'ed 
pas  la  même  chofe  que  commander.  On  garde  en- 
core cette  différence  dans  le  ftyle  de  la  Chancel- 
lerie. 

Mandement  des  tailles,  indiclïonum  defcriptio.  C'eft 
Tome  y. 


787 


l'état  j  l'arrêté  de  ce  qu'une  Province  doit  payer  de 
taille  pour  une  année  :  cet  état  cil  arrêté  au  Con- 
feil  Royal  j  tic  enluitc  envoyé  aux  Intendans ,  qui 
en  font  la  répartition  dans  chaque  pareille  ;  ce  qu'ils 
appellent  alleoir  les  tailles. 

Mandement  ,  prière  j  demande.  Le  mot  Mandement 
a  aujourd'hui  un  fens  plus  abfolu  :  il  lignifie  j  ori^rt, 
commandement.  GloJJ.  des  Poéf.  du  Roi  de  Nav. 

Dans  les  ades  du  moyen  âge  ,  qui  regardent  quel- 
ques- unes  de  nos  Provinces  ,  le  mot  de  Mandement 
fignifie  la  même  c'hofc  que  diftriét ,  territoire.  Dans 
la  Brelîe  ,  le  Lyonnois  (S:  le  Dauphiné  on  com- 
prend fous  le  nom  de  Mandement  un  territoire  ou 
un  certain  nombre  de  Paroilîes  qui  en  dépendent. 
C'eft  à  peu-près  ce  qu'on  appelle  ailleurs  bailliage. 
On  difoit  en  Latin  Mandamentum. 

MANDÉ,  ÉE.  part. 

Mandé  &  bl.îmé.  Mandé  &  admonefté.  Termes  de 
Droitj  qui  fe  trouvent  dans  les  Sentences  &  Arrêts. 
Le  premier  fe  dit  de  celui  qui  elt  mandé  par  une 
Cour  de  Juftice  ,  pour  être  blâmé  des  excès  dont 
il  eft  accufé  ;  c'eft  une  peine  infamante.  Le  fécond 
fignifie  que  quelqu'un  eft  mandé  pour  être  averti 
par  les  Juges  de  ne  pas  ufer  à  l'avenir  des  mêmes 
voies  que  par  le  palfé ,  ce  n'eft  pas  une  peine  infa- 
mante. 

MANDER.  V.  a.  Donner  un  ordre  à  un  inférieur  de 
faire  quelque  chofe.  Mandate  ,  commendare.  Dans 
toutes  les  lettres  de  Chancellerie,  le  Roi  mande  ^ 
ordonne  à  fes  Juges  de  faire  aux  parties  bonne  Se 
briève  juftice.  Le  Roi  dans  fes  lettres  de  Privilège , 
dit  à  fes  Officiers:  Du  contenu  delquelles  (  lettres) 
vous  mandons  Se  enjoignons  de  faire  jouir  ,  &c. 

Mander  ,  lîgnifie  auilî  ,  enjoindre  de  venir  à  loi. 
Accire  J  evocare ,  convocare.  Le  Roi  a  mandé  le  ban 
&  arrière- ban  ,  a  mandé  le  Parlement.  Il  a  mandé 
le  Prévôt  Se  fes  Archers  pour  conduire  ce  piifon- 
nier.  Ce  Général  a  mandé  tels  Regimens,  leur  a 
ordonné  de  le  venir  joindre.  La  Cour  a  mandé  un 
tel  Juge ,  ordonné  un  veniat  contre  lui.  Un  tel  a  été 
mandé  à  la  Cour. 

Mander  ,  fignifie  auilî  ,  Inviter  à  fe  trouver  à  quelque 
cérémonie.  Invitare ,  accerfere.  Il  a  été  mandé  pour 
allîfter  à  la  noce  j  à  l'enterrement.  On  mande  de 
notables  bourgeois  de  fe  trouver  au  Bureau  de  la 
Ville  pour  l'éleftion  des  Echevins.  Cet  homme  eft 
bien  malade ,  il  faut  mander  un  Médecin  j  un  Prê- 
tre. 

Mander  ,  fignifie  auilî,  Ecrire  à  quelqu'un,  ou  lui 
envoyer  un  meflager  pour  lui  faire  f'avoir  quelque 
chofe,  pour  le  prier  j  le  charger  de  faire  quelque 
affaire.  Mittere  ,  fcribere  ,  nunciare  ,  Jîgnificare  per 
literas.  On  lui  a  mandé  cette  nouvelle  par  un  bil- 
let. On  lui  a  mandé  par  un  exprès  tout  ce  qui  s'cft 
palfé  en  une  telle  affaire.  Cette  partie  a  mandé  à 
fon  Procureur  de  mettre  Ion  procès  en  état.  J'ai 
mandé  à  mes  Fermiers  qu'ils  payallent  cette  fomme. 
On  dit  proverbialement  pour  faire  entendre  qu'on 
n'a  point  craint  de  dire  en  face  à  quelqu'un  une 
chofe  fâcheufe  :  Je  ne  lui  ai  point  mandé ,  je  lui  ai 
dit  que.  .  .  Acad.  Fr. 

MANDERIE,  ou  MAIRIE,  f  f  Office,  Charge  de 
Mandataire.  Voyez  ce  mot. 

MANDERSCHEIT.  Nom  d'un  lieu  du  cercle  Eledo- 
ralduRhin.  Manderfchida ,  Mangerici  Limes.  Il  efl 
divit'é  en  deux  bourgs  ,  qu'on  nomme  OberMander- 
cheid  ,  &  Néder-Mandercheid  :  il  eft  chef  d'un  Com- 
té de  Mandercheid  ,  qui  eft  entre  le  Diocèfe  de  Trê- 
ves &  le  Duché  de  Juliers.  Maty. 
MANDEUR.  f  m.  A  Lyon,  on  nomme  Mandeurs , 
les  Sergens  de  ville,  ou  Huilliers  qui  marchent  de- 
vant le  Prévôt  des  Marchands  &  les  Echevins  ,  avec 
leurs  verges ,  Se  l'Ecufton  brodé  des  armoiries  de 
la  ville  fur  leurs  raandilles  ou  cafaques.  Accenfus , 
apparitor. 
MANDEURRE.  Nom  d'un  bourg  ,  avec  titre  de  Com- 
té.   Manduria  ,    anciennement    Fpamanduodurum   , 
Epamantadurum.  Il  eft  dans  le  Comté  de  Monbéliart, 
environ  à  une  lieue  de  la  ville  de  ce  nom  ,  vers 

Gggsg  ij 


88 


M  A  N 


le  midi.  Maty.  Il  eft  fur  le  Doux.  Valois.  Not.  Gall.  ' 

}\    120. 

MANDI,MANDINGA,  GORISA ,  DORBOGLIZA. 

Anciennement  Mantinée.  Mamïnca.  Petite  ville  de 
la  Zaconie  ,  en  Moiée.  Elle  ell  dans  l'ancienne  Ar- 
cadie  ,  vers  les  fources  de  l'Alphce  ,  à  quinze  lieues 
de  Lacédémone.  Mantinée  eft  célèbre  par  la  viétoire 
qu'Epaminondas ,  Général  des  Thébains  ,  y  remporta 
fur  les  Lacédémoniens,  &  fur  les  Athéniens,  l'an  de 
Rome  591. 

MANDIANT  ,  MANDICITÉ  ,  MANDIER.  Voyc^^ 
Mendiant  ,  Mendicité  ,  Mendier. 

MANDIBULE,  f  f.  Terme  d'Anatomie  ,  qui  fignifie 
la  mâchoire.  Mandïbula.  La  mandibule  inférieure  , 
fupérieure.  Le  crocodile  ne  peut  remuer  que  la  man- 
dibule fupérieure.  Les  Anciens  au  moins  l'ont  écrit  ■, 
mais  cela  n'ell  pas  vrai  ,  comme  on  l'a  remarqué  au 
mot  Crocodile.  Voye\  Mâchoire. 

MANDIL.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'cil  un  mot 
Perfien.  Le  mandd  eft  le  bonnet ,  6c  comme  le  tur- 
ban des  Perfes.  C  eft  une  grande  enveloppe  ronde 
&  fort  grolfe.  Ils  tourneiu  premièrement  autour  de 
leur  tête  une  pièce  de  toile  blanche  fine ,  de  cinq 
ou  lîx  aunes  de  long.  Par  dellus  cela  ,  ils  tournent 
de  même  une  écharpe  de  même  longueur  ,  &  qui 
louvent  eft  de  grand  prix.  Il  faut,  pour  .avoir  bon- 
ne gr.îce  ,  que  l'écharpe  loit  tournée  de  telle  forte  , 
que  les  diftérentes  couleurs  ,  en  le  rencontrant  dans 
les  différens  plis  j  falfent  des  ondes  ,  comme  nous 
en  voyons  fur  le  papier  marbré.  Cet  habillement 
de  tête  eft  fort  majeftueux  ;  mais  aulli  il  eft  bien 
pefint.  Il  met  la  tête  à  couvert  du  grand  froid  ,  &: 
de  l'ardeur  excellîve  du  Soleil.  Le  coutelas  &  le 
moulquet  ne  peuvent  percer  un  mandd.  La  plui;  le 
g.ueroit  ,  li  les  Perfans  n'.avoient  une  efpèce  de  ca- 
puchon de  gros  drap  rouge  j  dont  ils  couvrent  leur 
mandïl  en  temps  de  pluie.  La  mode  du  mandil  a  un 
peu  changé  depuis  quelque  temps  :  pendant  le  rè- 
gne de  Cha-Abbas  (econd  ,  le  mandïl  étoit  rond  par 
le  haut  ,  &  tout  uni  ;  du  temps  de  Cha- Soliman 
on  faifoit  (ortir  du  milieu  du  mandd  &  par  dclîiis 
la  tête ,  un  bout  de  l'écharpe  ;  &  enfin  fous  le  rè- 
gne de  Cha  Ullein  ,  le  bout  de  l'écharpe,  au  lieu 
d'être  ramaflé  comme  auparavant ,  eft  déplié  en  rofe  , 
&  les  Perlans  trouvent  que  cela  a  beaucoup  plus  de 
gr.îce.  C'eft  ainll  qu'ils  le  portent  maintenant ,  fur- 
tout  à  la  Cour. 

l^lANDILLE.  f.  f.  Manteau  que  portoieiu  il  n'y  a  pas 
long- temps  les  laquais  j  qui  leur  étoit  particulier, 
&  qui  les  lailoit  diftinguer  des  autre.*:  valets.  Penula  3 
paUiumfervde.  Il  étoit  fait  de  trois  pièces  ,  dont  l'une 
leur  pendoit  fur  le  dos,  &  les  deux  autres  fur  les 
épaules.  Quand  on  veut  reprocher  à  quelqu'un  fa 
balle  naiftance  J  on  luidk  ciue  Ion  père  a  porté  \.\man- 
ddle  ,  qu'il  a  été  laquais.  L'origine  de  ce  mot  vient 
de  manteau  j  parce  que  c'en  étoit  une  efpèce.  Man- 
ddle  fe  dit  aufti  pour  les  Soldats  ,  fagum ,  pour  les 
Sergens  ,  Huillîers  ,  Lioquetons  ,  &:c. 

MANDENGA.  Le  Royaume  de  Mandenga.  iV/i2/2i/t;;2^iC 
Regnum.  Ce  Royaume  eft  un  de  ceux  de  la  Nigritie , 
en  Afrique.  Il  eft  au  midi  de  celui  de  Tombut ,  le 
Niger  coulant  entre  deux  ,  &  il  prend  fon  nom  de 
Mondinga  ,  fa  capitale,  laquelle  on  nomme  aulîi  San 
go.  Maty. 

MÀNDOE  ^  MANOE.  Nom  dune  île  de  l'Océ.in 
fcptentrional.  Mandoa  ,  Manoa.  Elle  eft  fur  la  côte 
du  Duché  de  Slefwick  ,  après  la  ville  de  Rypen. 
Cette  île  appartient  au  Roi  de  Dannemark  ,  &  elle  a 
été  connue  par  les  Anciens  ,  fous  le  nom  de  Mana  , 
de  Manda.  Maty. 

Îf3-  MANDOLINE,  f.  f.  Efpèce  de  petite  Guitiare. 
Voye\  ce  mot. 

MANDORE.  f.  f.  Inftrument  de  mufique ,  qui  eft  un 
diminutif,  &  une  efpèce  de  petit  Luth  ,  dont  il  a  la 
figure.  Cuhara  minor ,pandoron.  ha  mandore  Acs  An- 
ciens n'avoit  que  quatre  cordes,  dont  la  chanterelle 
fcrvoit  à  j')ner  le  fujer  ,  &  on  la  pinçoit  avec  le 
doigt  index  ,  auquel  une  plume  étoit  attachée  ,  qu'ils 
nommSiCiiz plscirum  j  onpeclen.  Les  trois  autres  cor- 


M  A  N 

des  faifoient  une  oélave  remplie-  de  fa  quinte  j  Se 
étoient  frappées  l'une  après  l'autre  par  le  pouce.  Athé- 
née fiit  mention  à'unzmandore  ^qij^ùa^'pcW^Pando- 
ron.  Il  y  a  encore  maintenant  des  mandons  qui  n'ont 
que  quatre  cordes.  Mais  on  en  fait  quelquefois  à  fix 
cordes ,  &C  même  à  un  plus  grand  nombre  ,  pour 
imiter  davantage  le  luth,  &  alors  on  l'appelle  wan- 
dore  luthée.  Les  Turcs  ont  une  efpèce  de  mandore  dont 
ils  jouent.  Du  Loia  ,  p.  /7^. 

Ménage  tient  que  ce  mot  vient  par  corruption 
de  Pandore  ;  &  que  les  Grecs  difcnt  a^'cio-f  ou 
Tixtèmfii  ,  qui  fignifie  ,  tout  de  bois  ;  les  Efpagnols 
l'.appellcnt  bandunïa  j  les  Allemands  pandor  ,  les 
Anglois  bandore  ,  &c  les  Italiens  pandora.  Mais  il  fe 
trompe  ,  en  ce  que  la  pandore  des  Italiens  eft  un 
inftrument  diftérent  de  celui  de  la  mandore ,  vu  que 
les  cordes  &  (es  touches  font  de  laiton  ,  comme  celle 
du  ciftre. 

MANDOUA  ,  DOGACIN,  c^  GACIM.  Nom  d'une 
grande  rivière  de  la  prefqu'ile  de  l'Inde  deç.à  le 
Gange.  Mandona.  Elle  prend  fa  fource  dans  le  Dc- 
can  ,  où  elle  baigne  Andanager  ;  enfuite  cntranc 
dans  le  Cunéan  ,  elle  pafle  à  Vifapor  ,  à  Soliapor, 
à  Panranda  &c  à  Goa  j  où  elle  fe  décharge  dans  l'O- 
céan Indien.  Maty. 

MANDOUAVATE.  f.  m.  Arbre  de  l'Ile  de  Mada- 
galcar ,  dont  l'écorce  eft  verte  ,  dure  ,  &  pleine  de 
piquans  ,  &  qui  produit  un  fruit  femblable  à  une 
noilette.  Son  bois  tert  à  laire  des  poignées  pour  les 
zagaies. 

MANDOUTS.  f.  m.  Efpèce  de  ferpent  qui  fe  trouve  à 
Madagafcar ,  &:  qui  a  la  groftcur  du  bras  j  ou  de  la 
jambe.  Il  n'eft  point  venimeux. 

MANDRAGORE,  f  f.  Plante  lans  tiges,  dont  il  y.a 
deux  efpèces.  Mandragora.  La  première  eft  .appelée 
Mandragora  fruciu  fubrotundo.  C.  Bauh.  c'eft  la 
Mandragore  mâle.  Ses  feuilles  fortent  immédiate- 
ment de  la  racine  ,  longues  de  plus  d'un  pied  ,  plus 
larges  que  la  main  en  leur  milieu  j  &  étroites  en 
leurs  bouts,  lilfeSj  de  couleur  verte  brune  ,  d'une 
odeur  délagréable.  Il  s'élève  d'entre  elles  des  pédi- 
cules courts  foutenant  chacun  une  fleur  faite  en  clo- 
che,  fendue  ordinairement  en  cinq  parties;  un  peu 
velue  ,  de  couleur  blanche  ,  tirant  lur  le  purpurin. 
Lorfque  la  fleur  eft  palîée  ,  il  lui  fuccède  une  petite 
pomme  ronde  ,  grolfe  comme  une  nèfle  ,  charnue  , 
de  couleur  jaune -verdàtre  :  elle  contient  quelques 
lemences  blanches  qui  ont  fouvent  la  figure  d'un 
petit  rein.  Sa  racine  eft  longue  ,  grofte,  blanchâtre, 
fendue  ou  divilee  en  deux  branches  confidérables , 
entourées  de  filamens  courts  &  menus  comme  des 
poils  ,  repréfcntant ,  quand  elle  eft  entière  ,  les  par- 
ties balles  d'un  homme  -,  ce  qui  l'a  fait  appeler  p.ar 
quelques-uns  Antropomorphon  :  comme  qui  diroic 
figure  d'homme.  La  leconde  efpèce  eft  appelée  iV/.:  ; - 
dragora  flore  fubcceruho purpurafcente.  C.  Bauh.  c'eft 
la  Mandragore  femelle.  Elledrftère  de  la  précédente, 
en  ce  que  iz%  feuilles  font  plus  petites  ,  plus  étroi- 
tes ,  plus  ridées  ,  plus  noir-âtres ,  répandues  à  terre  , 
d'une  odeur  forte  ^  puante  ,  en  ce  que  fes  fleurs 
font  bleues,  tirant  fur  le  purpurin  ;  en  ce  que  fon 
fruit  eft  plus  petit  &  plus  pale  ,  rond  ,  odorant ,  rem- 
pli de  lue,  ^  contenant  des  femences  plus  petites 
&  plus  noirâtres.  Ces  deux  elpèces  de  Mandragore 
font  narcotiques  ,  rafraichilïantes ,  ftupéfiantes  ,  ré- 
folutives.   On  a  appelé  la  Mandragore  ,  Mandegloire. 

^3"  Il  n'y  a  guère  de  plantes  dont  on  ait  raconté  plus 
de  propriétés  &  d'eftets  merveilleux  ;  mais  à  la  ré- 
ferve  de  (a  qualité  foporativc ,  il  n'y  en  a  peut  être 
aucune  que  nos  Botaniftes  vouluilent  aujourd'hui 
garantir. 

Ce  mot  vient  du  Grec  fottS^xyifas  ;  il  eft  formé  de. 
fticii^(x ,  qui  fignifie  une  érable ,  ou  une  de  ces  caver- 
nes où  l'on  enferme  les  cochons  à  la  camp.agne  ;  car 
on  prétend  que  les  premiers  qui  ont  connu  la  Man- 
dragore ,  l'ont  oblervée  auprès  de  ces  fones  de  lieux: 
cependant  il  eft  certain  que  notre  Mandragore  n'eft 
pas  celle  des  Anciens. 

Il  y  a  dans  la  province  de  Péking  ,  une  efpèce 


M  A  N 


de  Mandruj^ore  ,  qui  cil;  une  racine  dont  une  livre 
vaut  une  livre  d'argent  ;  car  on  dit  qu'elle  relHtue 
tellement  les  efprits  vitaux  aux  niorilionds  ,  qu'ils 
ont  louvent  ailes  de  temps  pour  le  lervir  d'autres 
remèdes  ,  pour  recouvrer  leur  lancé.  Les  Chinois 
l'appellent  GinSfng.  P^oje-^  ce  mot.  Un  Million- 
naire Jcluite  l'a  trouvée  en  Canada  ,  &  l'a  appor- 
tée en  l'rance.  On  en  a  planté  plulieurs  pieds  au 
Jardin  du  Roi  ;  ils  ont  poulie  un  peu  ,  puis  ils  (e 
font  fanés. 

On  contrefait  les  Mandragores  avec  la  racine  de 

tbrionia  j  ou  couleuvrée  ,  qu'on  taille  en  forme  de 

VMandragore.  On  la  pique,  ou  on  la  larde  avec  des 

l^rains  d'avoine ,  puis  on  la  met  quinze  jours  dans 

IJa  terre.    L'avoine  qui  germe   s'y  incorpore  ,   tx   la 

fcouvre  de  petits  poils  qui  achèvent  la  rellemblancc. 

:s  Charlatans  ,  à  la  Foire  Saint  Germain  ,  il  y  a  peu 

'd'années  ,  en  expofèrent  uneainli  faite  par  artifice  , 

&  abufèrenc  de  la  crédulité  du  peuple,  qui  crut  voir 

une  choie  fort  rare.  Les  Sorciers  s'en  fervent  pour 

faire  leur  prétendue 'main  de  gloire,  l^cyc^  Main  de 

Gloire. 

MANDRANELLE.  Nom  d'une  ville  de   l'île  de -là 

le  Gange.  Mandranella.  Elle  ell  fur  la  rivière  de  Pégu  , 

environ  à  cent  lieues  au  dellus  de  la  ville  de  Pégu. 

Elle  eft  capitale  du  petit  Royaume  de  Mandranellc. 

M  AT  Y. 

fer  Ai  ANDRE,   f.  f.  Ce  mot  dans  les  Ecrivains  Ec- 
clélialliques  ,  fur-tout  de  l'Eglife  d'Orient  ,  iîgnilie 
Monaftère  ,  Couvent.  On  a  appelé  en  Lacin  Mandra, 
non-feulement  une  caverne  ,  un  antre  f ervant  de  re- 
traite aux  bêtes  fauvages  ,  mais  encore  le  creux  d'un 
rocher   où  le  retire  un  Solitaire.  De-là  Mandrita  , 
Mandrite  ,  Ermite  ,  Solitaire,  Moine.  Les  Solitaires 
étoient  logés  dans  des  grottes  ,  dans  des  creux  de 
rocher. 
MAN'DRENAQUE.  f  f  Efpèce  de  toile  dont  la  trame 
eft:  de  coton ,  &:  la  chaîne  de  fîl  de  palmier.  Il  s'en 
fabiique  quantité  dans  plufieurs  des  îles  Philippines. 
MANDRERIE.  f.  f.   Terme   de  Vannier.    C'eif   cette 
Partie  du  métier  des  Maures  'Vanniers,  où  l'on  tra- 
vaille aux  gros   ouvrages.   Les   deux  autres   font  la 
clôture  ik.  la  failfene.  f^oye^  ces  mots. 
MANDRIA.  Nom  d'une  petite  île  environnée  d'écucils , 
&  délerte.  Mandria  ,  anciennement  Miniya.  Elle  eft 
dans  l'Archipel ,  entre  1  île  Samo  &  celle  de  Lango. 
Elle  dDnne  le  nom  de  mer  de  Mandria  à  la  partie  de 
l'Archipel ,  qui  eft  à  les  environs ,  &  que  les  Anciens 
appelloient  Mdre  Myrtoum.  Maty. 
■MANDRIER.  f".  m.  Vannier  ,  qui  fait  des  ouvrages  de 

mandrerie. 
MANDRIN,  f.  m.    Eft  le  principal  outil  d'un  Tour- 
neur ,  l'arbre  qui  tourne  dans  la  lunette  ,  au  bout 
duquel  on  monte  ,  où  on  attache  les  pièces  que  l'on 
veut  tourner  en  l'air,  &  hors  les  pointes.  Veruculum  , 
■pugïunculus. 
Ç^"  On  donne  ce  nom  dans  différens  Arts&:  Métiers  ^  aux 
pièces  fur  lefquelles  font  allujettis  les  ouvrages  qui 
ne  peuvent  être  travaillés  entre  les  pointes. 
Mandrin  ,  fe  dit  aullî  de  plufieurs  poinçons  qui  fer- 
vent aux  Artifans  à  percer  à  froid  ou  à  chaud  le  fer 
ou  les  métaux  fur  lefqucls  ils  travaillent.  Pugiunculus  , 
veruculum.  Il  y  en  a  de  diverfes  figures  ;  les  uns  en  lo- 
znige  pourf-'.ire  des  grilles,  les  autres  ronds ,  carrés, 
ou  en  triangle. 
Mandrin.   Terme   d'Horlogerie.    C'eft  un   outil  qui 
donne  fa  forme  à  un  trou  dans  lequel  on  le  fiit  entrer. 
MANDSJADI.  f  m.  Arbre  Indien  ,  qui  porte  des  bali- 
liques  ^  dont  la  tfcur  eft  pentapétale  &:  en  épi.  Ses  lili- 
ques  contiennent  des  fèves  noueufes  &c  de  couleur 
d'écarlate.  Cet  arbre  croît  au  Malabar.  Il  vit  loo  ans. 
Les  Payens  font  ulage  de  les  feuilles  réduites  en  pou- 
dre dans  leurs  cérémonies  religieufes.  Ray.  Hijîoire 
Plant. 
MANDUBIÉNS  (  les  ).  M.indubji.  Ancien  peuple  de  la 
Gaule ,  dont  parle  Jules  Céfar.  Bell.   Gall.  Lib.  y. 
Le  pays  qu'ils  habitoicnt  j  eft  aujourd'hui  enclavé  dans 
le  Diocèfe  de  Langres. 
MANDUCABLE,  adj.  Mangeable  ^  bon  à  manger.  Peut- 


M  A  N  789 

être  s'agit-il  de  quelque  chofe  de  manducable.  Mer^ 
CURE  ,  Murs  1 7Jj. 
MANDUCATION.  f.  f.  aéfionde  manger.  On  ne  le  die 
guère  qu'en  f  héologie ,  en  parlant  du  myftère  de  1  Lu- 
charillie.  Efus  ,  manducatio.  Les  Catholiques  croient 
la  manducation  réelle   du  corps  de  Jlsus  -  Christ. 
Les   Calviniftes  difciit   que  cette  manducation  n'eft 
que  par  figure  ,  en  ce  qu'elle  fé   fait  feulement  p.ir 
la  foi.    L'opinion  de    Calvin    conlifte  à   pofer  une 
manducation   réelle    du  corps  (  de  J.  C.  )  (ans  au- 
cune prélence  réelle  du  corps;  ôc  c'eft  ainh  qii  il  s'en 
explique  par  tout  ;  ce  qui  lait  une  contradiction  tiès- 
formelle  dans  notre  pcnfée  ,  tk  dans  la  volonté  de 
Dieu.  l'ÉLissoN.  Lifez  les  ouvrages  de  vos  Docteurs 
fur  l'examen  de  vous  mêmes.    Voilà  votre  mandu- 
cation fpirituelle  déjà  toute  faite.  Id,  Il  n'y  a ,  fcloii 
eux  (  les  Zuingliens  ) ,  ni  changement  à  la  fubftance 
du  pain  ,  ni  préfence  réelle  ,  ni  manducation  réelle. 
Id.  Saint  Auguftin  ,  &  les  Théologiens  à  Ion  exem- 
ple ,  ont  appelé  par  figure  &:  par  métaphore  la  man- 
ducation   du  Sacrement  ,  accompagnée   de  la    toi  , 
manducation  fpirituelle  ,  feulement  parce  qu'elle  ve- 
noit  enfuite  d'une  autre  manducation  non  figurée  , 
mais  véritable  &:  réelle  ;  &  lui  donnoit  toute  la  per- 
fedtion  ;  tout  fon  fruit ,  toute  fon  utilité.  Id.  Nous 
appelons  cet  aele  de  foi  manducation  ,  à  l'exemple 
de  ce  grand  Saint  ;  mais  il  ne  s'enfuit  pas  que  les 
Juifs  ,  à  qui  N.  S.  parloir  j  pulfent  &  dullent  jamais 
entendre  ,  que  manger  étoit  penfer  &  croire  ,  ou  que 
penfer  &  croire  ,  fe  pouvoit  appeler  manger.   Id. 
Ce  que  S.  Auguftin  a  appelé  manducation  par  figure  , 
qui  eft  l'atiion  de  la  foi ,  fur  le  fondement  d'une  man- 
ducation réelle  &  orale,  n'étoit  point  encore  connu  , 
quand  N.  S.  parloir.  Id. 
IP"  MANDUCUS.  f.m.  On  donnoit  ce  nom  chez  les 
Romains  à  certaines  ligures  ou  marionnettes  hidcu- 
fes  qu'on  faifoit  paroître  dans  les  comédies ,  avec  une 
grande  bouche  ouverte  &  de  longues  dents,  pour  faire 
rire  les  uns  ,  &  faire  peur  aux  autres.  Les  mères  en 
faifoienc  un  épouventail  pour  les  petits  enfans.    C'é- 
toit  la  bête  par  qui  on  leur  failoit  appréhender  d'être 
mangés.   Il  y   a  long  -  temps  qu'on  a  comivencé  à 
gâter  l'efprit  des  enfans ,  en  leur  infpirant  de  v.rines 
frayeurs. 
M  ANE  AGE.  f.  m.  Terme  de  Marine.  Travail  de  main 
que  les  M.itelots  doivent  à  un  Marcliand  fans  aucun 
lalaire.  Oj^ms  manuale.  Gratuitum  minijlerium  ,  opcra. 
gratuita.  Il  conlifte  à  décharger  le  merrain  ,  les  plan- 
ches ,  le  poillon  tant  vett  que  fec  ^  fans  en  démander 
de  falaire  au  Marchand. 

Ce  mot  vient  de  celui  de  main  ^  parce  que  ce  tta- 
vail  fe  fait  avec  les  mains.  Manu  açere. 
MANEDO  ,  MAGNEDO.  Village  de  la  province  d'en- 
tre Duro  (Se  Minho  ,  en  Portugal.  Magnetum.    Il  a 
été  une  petite  ville  Epitcopale  ,  dont  l'Evêché  a  été 
tranféré  à  Porto.  Maty. 
MANÉE.  f^  f  Vieux  terme  de  Coutumes  ;  c'eft  pro- 
prement ce  que  la  main  peut  contenir.  Pugillus  ,o\i 
pugillum.  Droit  de  mance  de  fel ,  eft  un  droit  de  pren- 
dre une  poignée  de  fel  ,  ou  une  quantité  à-peu  près 
égale  fur  chaque  voiture  de  fel. 
MANÈGE,  f".  m.  Lieu  propre  &  deftiné  à  manier  &  à 
faire   travailler    les    chevaux   dans    les    Académies. 
Equaria  paUJlra  ,  hippodromus.  Dans  un  manège  il 
y  a  un  terrain  marqué  pour  les  voltes  autour  d  un 
piHer  ,  une  carrière  pour  courre  la  bague  ,  &  à  ccité 
des  piliets ,  entre  lefquelson  met  les  chevaux  deftinés 
aux  airs  relevés. 
Manège  ,  figrifie  aulfi  l'exercice  du  cheval ,  (S:  la  façon 
particulière  de  le  faire  travailler.  Ars  domandi  ecjuos 
cquorum  domitura  ,  difciplina  equeflris.  Il  y  a  plufieurs 
fortes  de  manèges.  Chaque  cheval  a  fon  manège  par- 
ticulier. Ce  cheval  n'eft  pas  encore  drelfé  à  ce  ma- 
nège. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  maneggio.  Quelques  uns 

difent  à  manu  agendo.  Ménage. 

Manège  par  haut.  C'eft  la  façon  défaire  tvavaillcr  les 

fauteurs  ,  qui  s'élevant  plus  haut  que  le  terre  à  terre  , 

manient  à  courbettes ,  à  ctoupadeSj  à  baliotadcs.  On 


790         M  A  N 

appelle  ce  manège  autrement  les  airs  relevés. 

■Manège  de  guerre  ■,  eft  le  galop  inégal  dans  lequel 
le  cheval  change  aifément  de  main  en  toutes  les 
occafions  oii  l'on  en  a  befoin.  Curfus  campejlris ,  caf~ 
trcnfis. 

Ce  mot  devient  fort  à  la  mode  dans  le  figuré. 
Agendï  modus  ,  ratio,  dexteritas.  Il  le  dit  dans  le  di(- 
"cours  ordinaire  ,  des  façons  de  faire  de  certaines  gens. 
En  parlantd'un  Courti&n  habile  ..  on  dit  qu'il  entend 
le  manège.  Le  manège  de  la  Cour  de  Rome  ell  difficile. 
BouH.  Il  déiigne  des  manières  d'agir  adroites,  &  or- 
dinairement artificieufes.  Il  y  a  quelques  rencontres 
dans  kvie^jOÙ  la  vérité  &  la  fimplicité  font  le  meil- 
leur wanè^e  du  monde.  La  Bruy.  Êtes  vous  en  laveur, 
tout  manège  eft  bon ,  vous  ne  faites  point  de  fautes  , 
tous  les  chemins  vous  mènent  au  terme.  Id.  On  dit 
aulll  5  il  y  a  long  temps  que  vous  me  promettez  de  me 
payer ,  &  n'en  hiites  rien  lous  divers  prétextes  ;  je  fuis 
las  de  tous  ces  manèges. 

Manège,  fe  dit  aullî  de  l'art  de  manier  les  efprirs  ,  & 
de  les  conduire  à  fes  vues  ou  à  fes  fins.  Par  exemple  , 
on  dit  de  Guillaume  III  ,  Prince  d'Orange  &  Roi 
d'Angleterre  ,  appelé  ,  on  ne  lait  comment  ni  pour- 
quoi,  Jacques  II ,  dans  la  continuation  de  l'hilloire 
de  M.  -de  Toiras  ,  que  la  prudence  conlommée  dans  le 
manège  des  clprits  ,  Ion  expérience  dans  les  affiiires 
politiques  ,  l'opinion  que  l'on  avoir  de  la  capacité  mi- 
litaire ,  &c.  lui  gagnèrent  la  confiance  ,  Sec.  Journ. 
de  Trévoux  ,  Février  I  y ^6 . 

MANÈQUE.  f.  m.  Nom  que  les  Hollandois  donnent  à 
une  elpèce  de  mulcade  une  fois  auifi  longue  &  un 
peu  plus  grolle  que  la  mulcade  ordinaire.  En  France , 
on  l'appelle  mulcade  mâle. 

MANEQUIN.  Foye-{  Mannequin. 

MANEQUINAGE.  f.  m.  En  termes  d'Achitefture  j  eft 
la  Sculpture  qu'on  emploie  dans  les  édifices, y?////'- 
tura.  Nie. 

JMANERE.  f.  m.  Terme  de  Mytologie.  Nom  d'un  faux 
dieu  desanciens  Egyptiens.  Manerus.  Jullius  PoUuxdit 
que  dans  la  Théologie  Egyptienne  ,  Manere  étoit 
l'inventeur  de  l'Agriculture  ,  &  le  ditciple  des  Mules. 
Foyei  L.  IF.  c.  /.§.ii.  Voffius ,  de  Mol.  L.  I.  c. 
j8.  croit  que  ce  Manere  pourroit  bien  ctie  le  Man 
des  Germains  j  c'eft-à  dire  ,  félon  lui ,  Adam. 

|Cî"  MANES,  f.  m.  pi.  Les  anciens  appeloient  ainfi  les 
ombres,  les  âmes  des  morts,  les  âmes  léparées  des 
corps.  Mânes.  Les  Payens  lailoient  beaucoup  de  cé- 
rémonies &  de  facrifices ,  pour  appailer  les  mânes 
de  ceux  qui  n'avoient  point  eu  de  lépulture.  Polixène 
fut  immolée  aux  mânes  d'Achille.  On  s'en  fert  en- 
core quelquefois  dans  le  ftyle  lublime  &C  dans  la 
Poëfie. 

Mânes  des  grands  Bourbons ,  brillans  foudres  de 

guerre  , 
X^ui  fûtes  &  l'exemple  &  l'effroi  de  la  terre  ; 
Et  qu'un  climat  fécond  en  glorieux  exploits  _, 
i*our  lefoutient  des  Lys  vit  finir  de  fes  Rois. 

Corneille. 

Et  mes  Mânes  contens  aux  bords  de  l'onde  Koire  , 
Se  feront  de  ta  peur  une  agréable  hifloire.  Boil, 

;0CF  On  dit  poétiquement ,  troubler  les  mânes  de  quel- 
qu'un, troubler  les  cendres,  blefter  la  mémoire  d'un 
mort.  Alicujus  mânes  Udere. 

Les  dieux  Mânes  étoient  les  dieux  infernaux  qui 
tourmentoient  les  hommes.  On   leur  faifoit   des  fa 

,,  orifices  pour  calmer  leur  indignation.  La  Théologie 
des  Payens  eft  fort  incertaine  fur  ces  dieux  Mânes  ; 
car  les  uns  tenoient  que  ces  Mânes  étoient  les  âmes 
des  morts  ,  d'autres  qrie  c'étoient  les  Génies  tute- 
laires  des  hommes.  Cette  dernière  opinion  s'accorde 
mieux  avec  i'étymologie  du  mot.  Les  Payens  atta- 
choient  apparemment  toutes  ces  idées  aux  AÎJnes  : 
enforte  que  ce  mot  fignihoit  tantôt  les  âmes  des  dé- 
funts j,  Se  tantôt  les  divinités  infernales  Se  louter- 
raines  ,  iS,:  généralement  toutes  les  divinités  qui 
prtfidoicnt  aux  tombeaux,  ^ojfj  Lares  &■  Larves. 


MAN 

On  a  encore  employé  le  mot  de  Mânes  pour  dé- 
figner  les  enfers  en  général ,  comme  quand  Virgile 
dit ,  h£c  Mancs  veniet  mihifamafub  imos ,  c'eft  à-dire  , 
dans  ces  lieux  louterrains  où  les  amcs  des  hommes 
le  rendoient  après  leur  mort  ,  d'où  les  bonnes  étoient 
envoyées  dans  les  Champs  Elifées  ,  Se  les  méchantes 
dans  le  Tartare. 

MANEVIEU.   Foyei  Ménelé. 

MANEUVRE.  Foye-^  Manœuvre. 

MANFRÉDONIA.  Ville  Archiépifcopale ,  défendue 
par  une  bonne  citadelle  Se  htuée  dans  la  Capitanate  , 
province  du  Royaume  de  Naples  ,  près  des  ruines 
de  Syponte  ,  à  l'Archevêché  de  laquelle  elle  a  fuc- 
cédé.  Manfredonia.  Elle  a  un  bon  port,  fur  le  golfe 
de  Manfredonia  ,  qui  eft  le  Sipontinus  Jinus  des  An- 
ciens. Maty. 

Manfredonia  a  pris  ce  nom  de  Mainfroi ,  Roi  de 
Napies  ,  fils  de  l'Empereur  Frédéric  IL 

MANFROY.   Foyei  Puymanfroy. 

MANGAj  ou  MANGAS.  f.  m.  Arbre  grand  &rameux 
qui  croît  en  pluiieurs  provinces  des  Indes  Orientales. 
Il  y  en  a  de  deux  efpèces ,  l'un  eft  domcftique  Se 
cultivé  &:  l'autre  eft  fauvage.  Le  Mangas  domeftique 
a  les  feuilles  longues  Se  larges ,  il  porte  un  fruit 
plus  gros  qu'un  œuf  d'oie  ,  pelant  en  certains  lieux 
julqu'à  Jeux  livres ,  Se  même  davantage  :  on  en  trouve 
de  diverfes  couleurs  fur  un  même  arbre ,  les  uns 
d'un  vert  gai,  les  autres  d'un  vert  tirant  fur  le  rouge, 
les  autres  jaunes,  tous  d'un  très  bon  goût,  doux  & 
fivûureux  j  d'une  odeur  agréable.  Les  Indiens  en  man- 
gent de  cru ,  6c  ils  en  confifent  :  ce  fruit  contient 
un  noyau  un  peu  long  ,  de  la  grolfeur  d'un  gland  , 
amer  étant  cru ,  couvert  d'une  pelure  blanche  ,  & 
d'une  coque  tort  dure  ,  qui  eft  remplie  au-dellus  de 
bourre,  ou  de  fibres,  qui  vont  de  long  Se  de  tra- 
vers. Il  fe  trouve  une  efpèce  de  ce  fruit  qui  n'a 
point  de  noyau.  Se  qui  eft  d'un  très  bon  goût.  Le 
noyau  du  manga-  étant  rôti  eft  employé  pour  arrêter 
les  cours  de  ventre ,  Se  pour  tuer  les  vers  ;  on  le 
prend  par  la  bouche.  Le  manga  lauvage  eft  plus  pe- 
tit que  le  domeftique  :  fes  feuilles  font  plus  courtes 
Se  plus  épailles  :  Ion  fruit  eft  gros  comme  un  coin  , 
d'un  vert  clair  Se  un  peu  refplendillànt  i  il  jette  un 
lue  laiteux  &  a  fort  peu  de  chair  ;  car  fon  noyaa 
dur  &:  cartilagineux  ,  n'eft  que  couvert  d'une  grolîe 
écorce.  On  appelle  ce  fruit  mangas  bravas;  il  eft 
extrêmement  venimeux.  Se  l'on  dit  que  ceux  qui 
en  mangent ,  meurent  fur  le  champ. 

Manga  ,  ou  Mangua.  Se   dit  aullî  d'un  autre   arbre 
qui  vient  aux  Indes  Occidentales  ,  Se  qu'on  appelle 
autrement    Mangle  j    ou  Mangue  ,    ou  Paretuvier.  ' 
Vovez  Mance. 

MAN'gAIBA.  f.  m.  Grand  &  bel  arbre  du  Brelîl,  dont 
dont  parle  Pilon.  Il  fe  multiplie  tellement ,  qu'il 
remplit  des  forêts.  Il  eft  grand  comm.e  un  de  nos 
pruniers  ,  &  il  porte  beaucoup  de  fruit.  Ses  feuilles 
font  petites,  oblongues,  dures,  rangées  l'une  vis-à- 
vis  de  l'autre ,  fur  une  branche  qui  en  porte  plu- 
fieurs.  Elles  font  d'un  beau  vert  ,  marquées  dans  ' 
leur  longueur  de  pluiieurs  lignes  parallèles  très  me- 
nues. Ses  rieurs  font  petites,  blanches  ,  fort  odo- 
rantes &  en  étoile  ,  comme  celles  du  Jalmin.  Son 
fruit  eft  rondj  reflemblant  à  un  abricot  &:  bon  à 
manger  ,  de  couleur  dorée  quand  il  eft  au  loleil ,  Se. 
marqueté  de  taches  rouges.  Il  eft  couvert  d'une  peau 
très  tiéliée  ,  Se  contient  une  pulpe  moelleufe ,  fon- 
dante dans  la  bouche  ,  fucculente,  laiteule ,  d'un 
goût  délicieux.  Se  cinq  ou  lix  petites  pierres.  Il  ne 
mûrit  que  lorlqu'il  eft  tombé  de  l'arbre.  On  le  cul- 
tive dans  les  terres  graires  Se  humides.  Son  fruit 
cueilli  fur  l'arbre  avant  la  maturité  ,  a  un  goût  ftip- 
tique  &  très  amer  ,  Se  eft  aftcingent  ;  mais  quand  il 
eft  mûr,  il  humedle  &  rahaichit  les  entrailles,  ap- 
paife  l'ardeur  de  la  fièvre ,  Se  lâche  le  ventre. 

A1ANGAI-IS.  f.  m.  Petit  poids  des  Ind.-s  Orientales, 
qui  pefc  environ  cinq  grains.  On  ne  s'en  fert  que 
pour  pefer  les  diamans-,  les  énieraudes  Se  les  autres 
pierres  fe  pefant  par  caris  de  trois  grains  chacun.  Le 
Mangaics  eft  différent  du  raangelin. 


M  A  N 


MANGALOR  ,  ou  MANGUELOR.  Nom  de  la  prcf- 
qu'îlc  de  l'Inde  deçà  le  G.inge.  Mangaloru.  Elle  e(t 
litucc  (ur  la  côte  du  pays  de  Canaia  ,  ôc  clic  a  un 
bon  port ,  &  une  bonnnc  citadelle.  On  conjefture 
que  c'crt  la  ville  que  les  Anciens  nommoient  Mo~ 
noglojjum  ,  ou  celle  de  ALiiidagora.  Matv. 
MAi^JGAN.  r.   m.  Nom  d  une  ancienne  machine  de 
guerre.  Mangarium.  Ce  nom  lîgnitioit  en  général  une 
machine,  comme  dit  Hclychius  ;   mais  ou  l'appli- 
quoit  en  particulier  à  la  plus  forte  &  à  la  plus  vio- 
lente des  machines  de  guerre  ,  qui  lançoit  des  pierres 
d'une  grolleur  extraordinaire,  &  des  catapultes  nicmcSj 
des  cadavres  d'hommes  j  de  chevaux  ,  &c.  &  qui  por- 
toit  plus  loin  que  toutes  les  autres  machines.  Si  on 
l'appeloit  fronde,  funda  ,  ce  ii'cll   pas  que  ce  fût 
une  fronde  ou  un  inftrumcnt  fcmblable  à  la  fronde  ; 
mais  parce  qu'elle  jettoit  des  traits  ,  des  fardeaux  , 
à  fundaido.  On   la  nommoit  auili    balifte  j    parce 
qu'elle  lançoit ,    de  /Si^ia  ;    Tormentum  à   torqucn- 
do  ,  pour  la  même  raifon  ,   Petraria  ,  c'eft  à  dire  , 
Pierrier  j  parce  qu'elle  lançoit  des  pierres.  Le  mangan 
avoit   quelquefois   tant  de    force  ,    qu'il   jettoit  des 
pierres  de   360.  liv.  Il  fervoit  également  à  la  défenfe 
&  à   l'attaque  des  villes ,   &  on  l'employoit  même 
fur  mer.  On  dit  qu'on  conferve  un  mangan  à  Bâie. 
t^oyci  Jufte  Lipfe ,  Poliorcet.  L.  III.  dial.  j.  &  le 
ClojJ'.  Arch&ol.  de  Spclman. 

MANGANELLE.  f.  f.  Efpcce  de  machine  de  guerre 
dont  on  fe  fervoit  autrefois.  Voye\  Mangonneau. 

MANGANÈSE.  Terme  de  Minéralogie.  Eft  une  terre 
minérale  qui  eft  obfcure  comme  le  fer.  Magancfia. 
On  n'en  fauroit  tirer  aucun  métal ,  mais  accompa- 
gnée ,  elle  donne  une  fort  belle  couleur  au  verre , 
&  la  mettant  dans  du  verre  fondu  ,  elle  le  purge  & 
flic  devenir  blanc  ,  encore  qu'il  loit  vert ,  ou  jaune  j 
&  au  grand  feu  elle  s'évapore  comme  le  plomb. 
BiBiNGUCcio.  La  manganèfe  préparée  par  la  calcina- 
tioii ,  eft  comme  une  poudre  noirâtre.  Si  on  en  met 
beaucoup  dans  le  padelin ,  c'eft  à-dire  ,  le  pot  où  l'on 
fait  fondre  la  matière  du  verre ,  il  fera  d'un  rouge 
de  pourpre. 

^CF  On  dit  aulfi  Magalaife ,  Magnéfie  «Se  Magnéfe.  Mag- 
rtefia.  Cette  fubftance  minérale  ne  lert  que  dans  les 
verreries  pour  nettoyer  le  verre,  &:  le  dégager  de 
la  couleur  verte  qui  lui  eft  très-ordinaire. 

MANGARE.  Petite  île  de  la  mer  des  Indes  auprès  des 
îles  de  Jura  &  de  Madura. 

MANGARZAHOC.  f.  m.  Efpèce  d'âne  fauvagede  l'île 
de  Mad.igafcar.  Il  eft  beaucoup  plus  gros  que  les  ânes 
ordinaires. 

MANGAS.   Foyei  MangA. 

^lANGATE.  Nom  d'une  ville  de  la  prcfqu'île  de  l'Inde 
deçà  le  Gange.  Mangata.  Elle  eft  dans  le  Malabar 
près  du  Canara  ,  &  des  montagnes  de  Gâte  ,  & 
elle  eft  capitale  d'un  Royaume  dépendant  du  Roi 
de  Calécut.  Maty. 

MANGÉ,  EÉ.  parc.  Voye:^  le  verbe. 

MANGEABLE,  adj.  m.  Ce  qui  eft  propre  à  fervir  d'a- 
liment aux  animaux.  Edulis;  vefcus ,  efculentus.  Cet 
homme  mange ,  s'accommode  de  tout  ce  qui  eft 
mangeable.  On  dit  des  fruits  qui  ne  font  pas  murs , 
du  pain  trop  dur  &  des  viandes  mal  aprccées ,  qu'ils 
ne  lonc  pas  mangeables. 

ÇCr  MANGEAILLE.  f.  f.  Ce  que  l'on  donne  à  mai'.ger 
à  quelques  animaux  domeftiques ,  aux  oifeaux.  Efca, 
cibus.  Il  faut  piéparer  de  la  mangeaille  pour  ce  per- 
roquet, pour  ce  roflignol.  Ces  ferins  n'ont  plus  de 
mangeaille  dans  leur  auge. 

§3"  On  le  dit  en  ftyle  populaire  de  ce  que  mangent 
les  hommes.  Ainfi  l'on  dit  qu'un  homme  aime  la 
mangeaille  ,  c'eft-à-dire  ,  à  manger  ,  à_  être  à  table. 
Monfieur  at  il  invité  les  genspourlesallallineràforce 
de  mangeaille  î  Mol. 

MANGEANT,  ANTE.  adj.  Qui  mange.  Edens ,  co- 
medens.  Il  a  fix  enfans  qui  fe  portent  bien  j  tous 
bien  buvans  &  bien  mangeons.  Elle  fe  porte  bien , 
je  l'ai  laifle  bien  buvante  &  bien  mangeante. 

MANGELIN.  f.  m.  Terme  de  commerce.  Poids  dont 
on  fe  fert  pour  pefer  les  diamans  aux  mines  de  Raol- 


M  A  N  791 

conda  &  de  Gavi ,  autrement  Coulour?.  Le  man"elin 
de  ces  deux  mines  pefe  un  carat  ce  trois  qu.ut's  de 
carat ,  c'eft  à  due ,  fept  grains.  Il  y  a  aulli  dans  les 
Royaumes  de  Gonconcla  Hc  de  Vifapocu  des  man- 
gelins  qui  pèlent  un  carat  &:  trois  huitièmes  de  carati 

MANGEOIRE,  f.  f.  Crèche,  auge  des  chevaux,  qui 
eft  appliquée  lous  le  r.uclier  où  l'on  mec  l'avoine  , 
le  fon,  ou  autre  choie  qu'on  leur  donne  à  leur  or- 
dinaire. Pr&jcpe.  La  profondeur  de  la  mangeoire  s'ap- 
pelle enfoncure ,  &  le  bord  ,  devanture.  Alexandre 
commanda  qu'on  fit  les  mangeoires  des  chevaux  plus 
hautes  qu'à  l'ordinaire.  Vaug.  C'eft  un  vice  aux 
chevaux  de  mordre  leur  mangeoire ,  qu'on  appelle 
le  Tic. 

On  die  figurémenc  &  proverbialement  j  qu'un 
homme  tourne  le  cul  à  la  mangeoire  ,  pour  dire 
qu'il  fait  tout  le  contraire  de  ce  qu'il  devroit  faire. 
Il  y  a  quelques  années  qu'un  homme  gagna  bien  de 
l'argent  à  la  foire  Saint  Germain  ,  à  très-peu  de  frais* 
Il  avoit  affiché  qu'il  avoit  un  cheval  qui  avoit  la 
tête  où  il  devoir  avoit  la  queue.  Bien  des  gens  cu- 
rieux de  voir  cette  efpèce  de  monftre  ,  y  accoururent, 
&  donnèrent  leur  argent.  L'homme  les  mena  dans 
fon  écurie ,  où  il  leur  fit  voir  un  cheval  qu'il  avoit 
fait  attacher  à  la  mangeoire  par  la  queue  :  les  plus 
figes  n'en  firent  que  rire ,  &c  furent  bien  aifes  que 
d'autres  qu'eux  y  fullent  attrapés,  Ainfi  ils  ne  s'ea 
vantèrent   point ,  &:  cela  dura  quelque  temps. 

MANGER,  v.  a.  Prendre  des  alimens  folides  pour  le 
nourrir.  C'eft  les  mètre  dans  la  bouche,  les  mâcher, 
les  avaler  6c  les  digérer.  Voyez  majlication  ,  déglu- 
tition ,  digejlion.  Mandere  ,  manducare  ,  edere.  Il 
n'eft  point  dégoûté  ,  il  mange  tout  ce  qui  eft  bon 
à  manger.  On  ne  mange  pas  de  chair  les  Vendredis  &C 
les  Samedis ,  ni  en  Carême.  C'eft  un  pauvre  homme 
qui  ne  mange  que  du  pain  (?c  du  fromage.  L'aufté- 
rite  de  ces  Religieux  vajufqu'à  ne  mander  que  pour 
la  faim  :  ils  s'arrêtent  à  la  nécellité  ^  lans  aller  juf- 
qu'au  plaifir.  Fl.  Les  Cordeliers  ont  longtemps  fou- 
tenu  qu'ils  n'avoient  pas  la  propriété  du  pain  qu'ils 
mangeoienc.  N.  S.  dit  en  termes  exprès  qu'il  donnera 
fa  chair  à  manger,  &  fon  laiig  à  boire.  Manger  &c 
boire  ,  font  des  termes  que  l'on  n'entend  que  de 
la  bouche  du  corps  dans  l'ufagc  commun.  Pe- 
nssoN.  §3"  Les  chevaux  mangent  du  foin  &  de 
l'avoine.  Le  loup  mange  la  brebis.  Les  chenilles 
mangent  les  fn^its.  Les  rats  mangent  les  grains.  Les 
oifeaux  mangent  les  moucherons.  Nos  corps  font 
mangés  des  vers  dans  les  tombeaux. 
Manger  fe  dit  aulli  abfolument  &  fans  l'égime.  Il 
n'a  mangé  d'aujourd'hui.  Il  mange  comme  un  chancre. 
Salle  à  manger.  Cœnatio  ,  cœnaculum. 

Manger  ,  lignifie  aulîi ,  faire  un  repas ,  prendre  fes 
repas.  Edere  ,  comedere  j  vefci.  Les  moines  réguliers 
mangent  en  commun.  Manger  feul ,  c'eft  manger 
comme  les  lions  &  les  loups  ;  manger  avec  des  in- 
connus ,  ce  n'eft  que  cérémonies  ;  manger  avec  des 
importuns  ,  le  repas  eft  un  fupplice  ;  li  bien  qu'il 
faut  plus  prendre  garde  avec  qui  Ion  mange  , 
qu'à  ce  que  l'on  mange.  S.  EvR.  Ce  Seigneur  ne 
veut  pas  qu'aucun  skçfes  gens  mange  avec  lui  à  fa 
table.  Il  a  table  oMerte  ,  &  donne  à  manger  fort 
proprement  ;  beaucoup  d'honnêtes  gens  vont  manger 
chez  lui.  Cet  homme  mange  à  l'auberge  ,  il  mange 
où  il  fe  trouve ,  où  il  peut. 

Manger  ,  fe  dit  auffi  du  bien  que  l'on  confume , 
^  &  fe  dit  ordinairement  en  mauvaife  part  de 
ceux  qui  le  diffîpent  en  débauches  ou  en  folles  dé- 
penfes.  Abligurire  ,  abfumere  ,  conficcre.  Cet  homme 
a  mangé ç\m  d'or  qu'il  n'eft  gros;  il  a  mangé  tout 
fon  bien  en  folles  dépenfes.  Il  a  mangé  fon  fait  à 
plaider  ,  à  bâtir  ,  à  répondre  pour  autrui.  Il  a  mangé 
tout  fon  patrimoine  ,  fes  terres ,  fes  rentes. 

Paul  vend  fa  maifon  de  Saint  Clou  « 

A  fes  Créanciers  engagée. 

Il  dit  que  e'eji  qu'il  en  eft  faoul  : 

Je  le  crois  ;  car  il  l'd  mangée.  Furetiere. 

«Kr  On  dit  figurément  de  quelqu'un ,  que  fes  chiens. 


79^ 


M  A  N 


fes  valets ,  fcs  m.iitredes  le  mangent  >  le  ruinent. 
Les  Procureurs  mangent  leurs  parties  ,  les  confumcnt 
en  frais.  J'admire  le  train  de  la  vie  humaine  ;  nous 
plumons  une  coquette,  la  coquette ^«/2^«  un  homme 
d'atlaires. 

Manger  ,  fe  dit  par  extenfion  de  plufîeurs  chofes 
qui  rongent,  corrodent,  détruifent,  font  dépérir 
quelque  chofe.  Le  temps  mange  &  détruit  tout. 
Tempus  edax  rerum.  La  lime  tic  la  rouille  mangent 
le  ter  ,  le  cuivre.  L'eau  forte  mange  l'argent ,  le 
diirout.  L'eau  régale  mange  l'or:.  La  ligne,  les  vers, 
mangent  les  draps,  les  étoffes.  Le  grand  air  mange 
les  couleurs.  Les  grofles  ufures  mangent  le  gage.  Les 
poudres  cauftiques  mangent  les  chairs.  Le  cancer  j 
la  vérole  le  mangent.  La  rivière  mange  fes  bords.  Il 
y  a  des  gens  qui  croient  que  la  lune  mange  les  pierres. 
On  dit  auiîl ,  qu'une  planche ,  une  écriture  font  man 
gées  j  pour  dire ,  qu'elles  font  ufées ,  eilacccs ,  qu'il 
n'y  paroît  plus  rien.  On  dit  en  termes  de  lucrerie , 
donner  à  manger  à  un  moulin  ,  pour  dire  ,  lui  four- 
nir des  cannes  pour  en  exprimer  le  lue  ,  &:  les 
faire  palier  entre  les  trois  tambours  deftinés  à  cet 
ufage. 

Manger.  On  fe  fert  encore  de  ce  terme  en  matière 
de  jeux  de  cartes,  à  l'égard  àcs  triomphes  fupé- 
rieures  qui  emportent  les  inférieures.  Il  fe  dit  prin- 
cipalement au  jeu  de  l'impériale,  où  l'on  mange  les 
cartes  marquantes  de  fon  Adverlaire  ,  lorfqu'on  en 
joue  de  fupérieures  qui  les  emportent.  Alors  on 
inarque  non-feulement  les  fiennes  ,  mais  encore 
celles  de  la  partie  qu'on  a  mangée.  On  mange  auilî 
quelquefois  des  as  au  Piquet ,  lorfque  pour  faire  la 
dernière  main  qui  vaut  le  double  des  autres ,  de 
deux  cartes  qui  relient  on  joue  la  plus  balle  ,  pour 
garder  l'as ,  croyant  que  la  Partie  a  deux  cartes  de 
la  même  couleur,  &  qu'on  s'ed  trompé,  car  alors 
la  Partie  mange  votre  as. 

JvÏANGER  ,  fe  dit  aufh  pour  confumer  beaucoup.  Con- 
fumtre  ,  ahfumere.  Une  forge  mange  bien  du  charbon. 
De  h  larges  fondemens  mangent  bien  du  moellon  ,  du 
mortier.  Ces  légumes  mangznt  bien  du  beurre ,  il  en 
faut  beaucoup  pour  les  apprêter. 

On  dit  fur  mer ,  qu'un  Timonier  a  mangé  le  fa 
ble ,  lorfqu'il  a  prelié  l'horloge  de  pafler  ,  ou  qu'il 
l'a  tournée  avant  que  le  lable  lut  tout  pallé.  Que  la 
huic  a  mangé  ,  ou  qu'elle  mangera,  pour  dire  , 
qu'elle  dillipera  les  nuages.  Qu'on  eft  mangé  de  la 
mer,  ou  par  la  mer,  pour  dire  qu'elle  eft  extrêmement 
agitée,  qu'on  en  eft  fort  tourmenté. 

On  dit  qu'un  cheval  mange  le  chemin ,  quand  il 
avance  beaucoup. 

Manger  ,  fe  dit  ligurément -,  pour  dire.  Regarder  at 
tentivement ,  avec  palîion ,  avec  amour  &c  tendrelle. 
Avïdè  afpicere  ,  ïntuerï.  Ces  deux  Amans  fe  man- 
gent  des  yeux.  Ces  amis  fe  font  retrouvésj  &  fe  font 
mangés  de  carelles ,  fe  font  faits  de  grandes  carelies. 
On  dit  d'un  enfant  joli ,  beau  ,  qu'il  eft  joli  à 
manger. 

Une  Dame  parlant  d'un  jeune  homme  beau  &  bien 
fait ,  Il  eft ,  dit  elle  ,  joli  à  manger  ;  je  penfii  lui  de 
mander  à  qu'elle  faulfe  elle  vouloir  le  mettre.  Mots 
à  la  mode.  ^ 

On  dit  aulE  ,  pour 'marquer  une  grande  colère. 
Manger  quelqu'un  ,  c'eft  à-dire  ,  le  gronder  ,  le 
quereller  violemment.  Torvis  oculis  afptccre  .  durius 
increpare.  Ces  gens  fe  font  querellés,  &  ont  failli  à 
ie.  manger;  i\s  Ce  mantjfroieru'  le  blanr  àes  yeux.  Si 
cc-^  homme  avoit  fiit  une  affaire  lans  fa  femme ,  elle 
le  mangerait. 

En  quel  Jiècle  fuis  je  venu  ? 

L'on  fe  déchire  j  l'o:i  fe  mange.  GoN. 

Quand  on  veut  marquer  qu'on  eft  excclîîvement  en 
colère  contre  quelqu'un  ,  o:>  dit  qu'on  lui  mangerait 
le  cœur,  fi  on  le  tenoit.  C'cft  ce  que  les  Sauvages, 
&  fur-tout  les  Iroquois ,  font  h  la  lettre  ,  ils  man- 
gent le  cœur  des  captifs  ,  qu'ils  font  mourir.  Toutes 
CCS  exprelBons  figurées  font  du  ftyle  familier. 


MAN' 

On  dit  à  un  homme  qu'on  le  mangerait  avec  un 
grain  de  lel,  quand  on  lui  veut  marquer  qu'on  le 
croit  plus  foibie  que  loi.  Il  eft  bas. 
Manger  ,  en  termes  de  grammaire  ,  fignifie  j  faire 
une  clilion  ,  ne  pas  prononcer  quelque  lettre.  Eli- 
dcre ,  intereidere.  En  François  le  féminin  in  mange 
devant  une  voyelle.  En  fcandant  le  vers  Latin  ,  tou- 
tes les  voyelles  ,  &  \'m  aulh  fe  mangent  devant  une 
autre  voyelle,  /^oye^  Elision, 

En  ce  lens ,  on  dit  qu'un  homme  mange  la  moi- 
tié de  fes  mots  j  quand  il  n'en  prononce  pas  diftinc- 
renient  toutes  ks  lyllabes.  Quelques  Chanoines  man- 
gent la  moitié  de  leur  Office  en  le  difant.  On  dit 
d'une  femme  en  travail ,  qu'elle  mange  fes  douleursi 
pour  dire  ,  qu'elle  s  empêche  de  crier. 
Manger  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Cet 
enfant  a  mangé  fon  pain  blanc  le  premier  ;  pour  di- 
re ,  il  a  été  traité  plus  délicatement  en  fa  jcunelîe  , 
ou  que  le  commencement  de  fa  vie  a  été  plus  heu- 
reux que  la  (uite.  On.  dit  au  contraire  ,  qu'on  a 
mangé  de  la  vache  enragée;  pour  dire,  qu'on  a  beau- 
coup p.ui ,  qu'on  a  appiis  à  travailler ,  à  être  fage, 
Ow  dit  auliî  ,  qu'un  homme  mange  Ion  bled  en 
vert  ;  pour  dire ,  qu'il  mange  fon  revenu  avant  qu'il 
foit  échu.  On  dit  encore  :  Pauvres  gens  vivent  de 
ce  qu'ils  mangent  ;  pour  dire ,  qu'ils  ne  font  pas 
grande  chère ,  ou  que  chacun  fait  la  figure  qu'il 
peut  dans  le  monde. 

On  dit  aulîî ,  Sa  part  eft  mangée  ;  pour  dire ,  Il 
ne  peut  plus  rien  efpérer  de  cette  artaire  ,  de  cette 
prétention.  On  dit  auffi  j  Voilà  ce  que  les  rats  n'ont 
pas  mangé ,  quand  on  produit  quelque  chofe  qu'on 
gardoit  fécretement.  On  dit  auili  ,  qui  fe  fait  bre- 
bis ,  le  loup  le  mange  ;  pour  dire  ,  qu'on  n'eft  pas 
fitôt  attaqué,  quand  on  témoigne  qu'on  fait  le  dé- 
fendre. On  dit  aullî  ,  qu'un  homme  lait  bien  fon 
pain  manger  ;  pour  dire  qu'il  entend  bien  les  inté- 
rêts, qu'il  fait  bien  fe  tirer  d'affaire.  On  dit  aullî 
que  la  guerre  eft  bien  forte  ,  quand  les  loups,  fe 
mangent  les  uns  les  autres  r  ce  qui  fe  dit  au  figuré  , 
quand  des  gens  de  même  profellion  fe  plaident ,  fe 
déchirent,  fe  détruifent  les  uns  les  auttes. 

On  dit  aulfi,  que  l'appétit  vient  en  mangeant ,  tant 
au  propre  qu'au  figuré  \  pour  dire ,  que  l'ambition 
&  l'avance  croiffent  toujours.  f^oye\  l'origine  de 
ce  proverbe  à  Appétit.  On  dit  aullî  ironiquement 
d'un  demi  lavant  ,  il  eft  lavant  jufquaux  dents  ,  il 
a  mangé  fon  Bréviaire.  On  dit  auili ,  A  petit  manger 
bien  boire.  On  dit  encore  d'un  homme  &  d'une 
femme  qui  ont  même  habitation  , 

Boire  &  manger,   coucher  enfcmble, 
C'eft  mariage  ce  me  femhle. 

On  dit  aulîi ,  des  papiers  &  autres  chofes  inutiles 
qu'on  garde  ,  Cela  ne  mange  point  de  pain.  On  dit 
aullî  ,  que  les  gros  poilfons  mangent  les  petits  ;  pour 
dire ,  que  les  puilFans  oppriment  iSc  pillent  les  foi- 
bles.  Régnier  a  dit , 

3à  tout  apprivoifé  je  mangeois  fur  le  poing. 

C'eft-à-dire  ,  Je  vivois  familièrement.  C'eft  une  me-; 
taphore  rirée  des  oileaux  qu'on  apprivoifé. 

Et  bien  que  nos  dîneurs  mangealTent  en  Sergens , 
La  viande  pourtant  ne  priait  point  les  gens. 

Régnier. 

On  dit  qu'une  perfonnc  mange  comme  un  chancre; 
pour  dire  ,  qu'elle  mange  beaucoup.  Brebis  bien 
comptées  le  loup  les  mange,  c'eft  apparemment  ce 
qu'ont  dit  les  Latins ,  Numerum  non  curât  lupus.  Il 
ne  fuffit  pas  de  les  avoir  comptées,  il  faut  les 
garder. 

Ce  mot  vient  du  Latin  manière  ,  ou  manducare. 
Manger,   f.    m.  Met^  ,  alimens  dont  on  f;  nourrit. 
Cibus ,  Efca.  Le  nedar  eft  le  breuvage  des  dieux  , 
&  leur  manger  l'ambroilie.  Abl.  Cet  oifeau  eit  un    \ 

manger   | 


M  A  N 

man<;er  délicieux  ,  uti  man<;er  dclicat.  On  dit  f.imi- 
lit-ifinciit  d'un  hoiniuc  qui  s'occupe  cntiètciiicnc  d'une 
cliolc,  qu'il  en  perd  le  boire  d"  le  manger.    Blanc 
manger.  Garde  manger.  Voyez  à  leur  ordre. 
MANGEKIE.  f.  f.  ^  Aelion  de  manger.  Ce  terme 
ii'cii:  prclque  point  d'ulage  au  propre,  que  dans  cette 
phra(e  ,  relever  mangerie ,  recommencer  à  manger. 
Il   ell   populaire.    Au  figuré  on  le  dit  des  frais  de 
chic.iiie    qui    ruinent   les  Plaideurs  ,  des  exadtions 
par  lefqueiles  on  ruine  les  pauvres  gens,  l'^cxatio  j 
exaclio.   Les    mangerïes  du  Palais  font  effroyables. 
On  invente  tous  les  jours  de  nouvelles  mangerïes. 
Il  cft  familier. 
MANGEUR  ,  EUSE.  f.  m.  &  f.  Qui  mange  beaucoup. 
On  le  joint  ordinairement  avec  une   épithète.  C'cll 
un    grand  mangeur.    Edo  ,   edax  ,  comcdo  ,  homo 
mulù  cihï. 
Mangeur  ,  fe  dit  figurément  &  populairement  de  ceux 
qui  font  des  concullions  &  exadtions.  On  appeloit 
autrefois  mangeurs  ,   les  Sergens  ,  ou  OtKciers ,  qui 
éfoicnt    envoyés   en   garnilon  pour  contraindre  un 
débiteur  au  paiement  de  Ion  dû  ,  ou  à  (ouftrir  l'exé- 
cution de  quelque  arrêt  ,  ou  ordre  de  Jullice  ,  les- 
quels vivoient  aux  dépens  du  débiteur  :  ce  qui  a  été 
aboli  par  le  Roi  Philippe  W.  en  l'an  1304.  &  par 
les  Rois  qui  l'ont  (uivi.  On  n'envoie  plus  de  gens 
en  garnifon  que  pour  les  contraindre  au  paiement 
des  deniers  royaux. 

On  appelle  proverbialement  Se  populairement  les 
gens  de  chicane  ,  des  mangeurs  de  Chrétiens  ;  un 
Fanfaron  ,  un    mangeur  de    charettes  ferrées  ,  un 

-  ri 

mangeur  àt  petits  entans  ;  &  un  fainéant,  un  man- 
geur de  viandes  apprêtées  ;  un  Bigot ,  un  mangeur 
de  crucifix  ,  un  mangeur  d'images  ;  un  homme  il:u- 
dieux  ,  &  d'une  grande  lecîture  ,  un  mangeur  de  li- 
vres ,  helluo  lïhrorum. 

AIANGEURE.  f.  f.  prononcez  manjure.  Endroit  man- 
gé rongé  dans  un  drap ,  dans  une  étofte.  On  le  dit 
des  vers  j  des  fouris  &  mangeure  de  vers  ,  mangeure 
de  fouris. 

AIangeure  ,  en  termes  de  Chalïe  ,  fe  dit  aulîl  de  la 

,  paillon  du  (anglicr.  Apri  pajlio  ,pabulatio.  A  l'égard 
de  celle  du  cerf,  on  dit  viandis. 

MANGH-CHUN.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom 
d'un  des  24  mois  de  l'année  lolaire  des  Chinois;  il 
répond  à  la  première  partie  du  mois  de  Juillet.  Le 
mot  de  mang  chun  veut  dire  femence  des  herbes , 
le  mois  de  Juillet  eft  le  temps  où  la  plupart  des  her- 
bes ont  des  icmences. 

MANGHISL  Nom  d'une  petite  prefqu'ile  de  la  Sicile. 
Manggijïa  peninjula  ,  anciennement  Tapfus  ,Thap- 
fus.  Elle  eft  fur  li  côte  orientale  de  la  vallée  de  No- 
to ,  entre  Siracufe  &  Ahufta.  Maty. 

MANGL  Contrée  de  l'Afie,  à  l'extrémité  orientale  du 
Continent  à  la  partie  méridionale  de  la  Chine. 

MANGLE  ,  ou  M  aNGUE.  f.  m.  C'eft  un  des  princi- 
paux arbres  qui  naillent  communément  dans  les  In- 
des occidentales.  Il  croît  dans  des  lieux  marécageux, 
fur  le  rivage  de  la  mer  ,  «Se  le  long  des  rivières  & 
des  torrens  qui  entrent  dans  la  mer.  Ses  feuilles 
font  femblables  aux  grandes  feuilles  du  poirier  ,  mais 
elles  font  un  peu  plus  épailles  &  plus  longues.  Ses 
Heurs  font  plus  petites ,  contenues  en  des  calices 
oblongs.  Il  porte  des  goulles  qui  ont  la  longueur 
d'un  demi-pied,  ou  davantage j  grolles  comme  les 
bâtons  de  caffes  ,  brunes  ,  remplies  d'une  pulpe  fem- 
blable  à  la  moelle  des  os  ,  d'un  goût  amer.  Les  In- 
diens en  mangent  faute  d'autre  nourriture  ,  &  ils 
difent  que  c'eft  un.  aliment  fain.  Sa  racine  eft  molle 
&  humide.  Son  bois  eft  (olide  &c  pefant ,  il  lert 
pour  les  bàtimens,  &  pour  faire  des  meubles,  & 
du  charbon.  La  manière  dont  le  mangle  croît  eft  ad- 
mirable ;  caries  rameaux  ,  après  s'être  élevés  &  éten- 
dus ,  fe  courbent  jufqu'à  terre ,  où  ils  prennent  ra- 
cine ,  &  croillent  de  nouveau  en  arbres  aulfi  gros 
que  celui  d'où  ils  fortent.  Rochefort  &  du  Tertre 
l'appellent  Paretuvier.  Il  y  a  quelqu'autre  clpcce  de 
mangle.  Cet  arbre  eft  fort  commun  dans  les  îles  de 
l'Amérique  ,  &  même  dans  la  Terre-ferme,  On  n'en 
Fome  y. 


M  A  N        793 

fiuroit  déterminer  la  grandeur  ;  on  en  voit  pouitant 
en  quelques  endroits  d'aulii  hauts  que  les  noyers 
d'Europe  ,  mais  ils  (ont  prelquc  tous  bas ,  à  caufe 
du  grand  nombre  de  branches  par  lefqueiles  ils  fc 
jirovignent ,  en  forte  qu'un  fcul  arbre  eft  capable 
d'occuper  une  longue  traite  de  côte  de  mer,  ou  de 
rivière,  &  quil  eft  bien  dilKcile  de  difcerncr  la  pre- 
mière ,  ou  mère  tige.  Le  bois  de  ces  arbres  eft  cou- 
vert d'une  double  écorce  ,  l'extérieure  eft  allez  min- 
ce ,  cendrée  ,  ik.  toute  gerlée  par  des  fentes  qui  for- 
ment des  lames  carrées  ,  ou  barlongues.  L'écorce 
intérieure  eft  allez  épaille ,  un  peu  moins  rouge  que 
le  bois ,  &c  très  propre  pour  teindre  les  filets  des  Pê- 
cheurs. 

Les  arbres  ont  leur  racine  hors  de  terre  fort  éle- 
vée ,  &c  quelquefois  de  plulieurs  pieds  ,  de  forte  que 
le  tronc    de    l'arbre  cft  entre  les  branches  &:  les 
racines.  Ils  font  tellement  entrelacés  par  leurs  raci- 
nes les  uns  dans  les  autres,  que  l'on  pourroit  faire 
quelquefois  plus  de  dix  lieues  fur  ces  arbres  fans  met- 
tre pied  à  terre.  Il  y  a  des  Indiens  dans  certains  en- 
droits de  l'Amérique ,  qui  bàttlFcnt  des  maifons  del" 
lus.  On  voit  fouvcnt  des  branches  de  ces   arbres  fl 
avancées  dans  la  iner  ,  qu'il  s'y  amalfe  des  rochers 
d'huîtres.   Les    jeunes   branches  ont  leur  extrémité 
chargée   de    plufieurs    feuilles   ,   ovales   ,    longues 
d'environ  trois  pouces,  larges  de  près  de  deux ,  & 
épaiftes  comme  les  feuilles  du  pourpier  ;  mais  plus 
fermes  &:  plus  lolides  ,  ayant  le  delfous  vert  clair, 
relevé  d'une  leule  nervure  blanchâtre  ,  &    tout  pi- 
queté de  petites  pointes  rouges  comme  du  carmin; 
le  delfus  eft  uni  Se  poli  ,  &  comme  rayé  par  de 
petites  côtes  internes.  Ses  Heurs  naiirentdeux  à  deux 
parmi   toutes  ces    feuilles.    Elles  rellemblent  à   de 
petits  lits  divifés  en  quatre  parties  très  blanches,  qui 
iortent  du  fond  d'un  calice  vert  jdivifé  aufti  en  qua- 
tre parties  pointues.  Le  fond  de  ce  calice  eft  occu- 
pé aulli  par  un  petit  piftil  enflé  &  entouré  de  quel- 
ques petites  étamines.  Ce  piftil  devient  enf'uite  un 
fruit  fait  en  fufeau  pendant ,  pointu  ,  long  d'environ 
un  pied ,  Se  gros  comme  le  petit  doigt  en  fa  partie 
la  plus  enllée.  Il  eft  tout  parfemé  de  petites  puftu- 
les,  &  tout  vert-brun  ,   excepté   l'extrémité   d'en- 
bas  ,  qui  eft  rouge  foncé ,  l'extrémité  d'en-haut  eft 
enfoncée  dans  une  tête  femblable  à  une  petite  poire 
charnue  grife  &  couronnée  de  quatre  pointes  rele- 
vées en  haut.  Ce  bout  ,  enfermé  dans  cette  poire  , 
reiremble  à  un  gland  tendre  un  peu  rouge  j  ou  jau- 
ne ,  tk  couvert  d'un  bonnet  pointu  ,  jaunâtre,  ou 
blanc. 

Chaque  fufeau  eft  couvert  d'une  pellicule  fort  dé- 
liée Se  eft  tout  rempli  d'une  pulpe  compofée  de  très- 
petites  fibres  très-courtes  Se  fort  condenfécs.  Ces 
fufeaux  étant  mûrs ,  ils  fe  détachent  de  leur  tête  en 
poire  ,  &  tombant  droit  dans  la  terre  ,  ils  s'y  plan- 
tent &  ils  y  prennent  racine ,  &  les  feuilles  com- 
mencent à  iortir  par  la  petite  glande  jaune.  Ce  n'eft. 
pas  feulement  par  ce  moyen  que  cet  arbre  fe  mul- 
tiplie ,  c'eft  encore  par  de  certaines  branches  fem- 
blables à  des  bâtons  très  unis  ,  ronds ,  &  fans  nœuds , 
de  même  que  des  baguettes.  Ces  bâtons  ont  environ 
iix  à  fépt  ou  huit  pieds  de  long ,  ils  n'ont  pas  plus 
de  dix  lignes  d'épailfcur.  Ils  fc  fourchent  trois  ou 
quatre  fois  jufqu'à  ce  qu'ils  aient  atteint  la  terre  , 
où  ils  pouffent  des  racines  très-blanches,  longues  d'en- 
viron un  pied ,  Se  aufti  épailles  que  des  plumes  à 
écrire  ,  ces  bâtons  font  tous  moelleux ,  de  même 
que  nos  fureaux.  Les  Cara'ibes  en  ôtent  la  moelle 
&  en  compof'ent  des  flûtes  ,  qu'ils  joignent  deux 
enfemble  ,  n'y  faifant  que  deux  trous  à  chacune  eu 
bas,  vis-à-vis  les  uns  des  autres.  On  voit  en  plu- 
fieurs endroits  le  bas  de  ces  arbres  ,  c'eft  à-dire  ,  la 
partie  du  tronc  &  des  branches ,  où  l'eau  de  la  mer 
atteint ,  tout  couvert  de  très  bonnes  huîtres  noires , 
mais  plus  petites  que  celles  d'Europe.  On  appelle- 
ces  arbres  non  feulement  mangles  ,  mais  encore 
parétuvïers  ,  Se  parelivîers  rouges  ,  pour  les  diftin- 
guer  de  certains  autres  arbres  à- peu  près  de  même 
port  (\nç>i\i^';^d\t parétuyiers  blancs i  PïConL.JF^- 

H  11  h  h  h 


794  M  A  N 

chap.  LXXXni.  appelle  cet  arbre  Guaparlaha. 
Il  dk  que  fa  racine  Fendue,  rôtie,  &  appliquée  fur 
la  piqu-ire  d'un  poilîon  qu'il  appelle  Niqui  (  &  qui 
peut  être  une  elpcce  de  fcorpius  marmus  )  en  appaif  e 
la  douleur  ,  quoique  d'abord  ce  remède  lemble 
irriter  la  partie  bleilée.  Il  faut  auparavant  avoir  fca- 
riiîé  ou  élargi  la  piquûre.  P.  Plumier. 

MANGI.IER.  f.  m.  qui  fe  du  auili  pour  MANGLE, 
Les  Mangliers  font  des  arbres  fort  communs  à  la 
côte  occidentale  de  la  Caftille  d'or.  Ils  croilfent  au 
bord  de  la  mer  ,  tk  dans  la  mer  même.  Leurs  bran- 
ches tombent  à  terre  &  au  fond  de  la  mer  ,  & 
quand  elles  y  touchent,  elles  y  reprennent  racine, 
&  fe  multiplient  cSc  s'entrelacent  en  cette  manière. 
II  y  a  dans  la  Terre  ferme  des  Indes  orientales  des 
arbres  qui  fe  multiplient  de  même ,  &  Quinte- 
Curce  en  fait  mention.  Le  premier  Archevêque  de 
Lima  rebâtit  l'Églife  ruinée  ^  &  la  couvrit  de  man- 
gliers. Frezihr  ,  p.  2  0  j. 

La  côte  àts  Mangliers  ,  ou  des  Manglares.  Ceft 
une  côte  de  la  Caftille  d'or,  fur  la  mer  du  Sud  ,  où 
il  croit  beaucoup  de  ces  arbres.  Elle  ell  entre  la 
Ligne  &  Panama. 

La  pointe  des  Mangliers  j  ou  la  Punta  dfs  Mangla- 
res ,  eft  un  cap  de  l'Amérique  méridionale,  fur  la 
mer  du  Sud,  dans  le  Gouvernement  du  Popayan , 
aux  contins  du  Pérou. 

MANGONNE.  f.  f.  Maqiiignone  ,  fripière.  C  eft  l'ex- 
plication de  Gotgrave ,  qui  auroit  pu  ajouter  ma- 
querelle.  Obfervez  ces  deux  piédellal  (piedeftaux) 
fur  lelquels  font  polces  deux  vieilles  Mangon- 
nesj  (  tenant  j  tenantes  en  main  leurs  lanternes  ,  & 
portant  au  nez  doubles  lunettes  ,  pour  mieux 
conlidérer  ceux  qui  entrent  Se  iortent.  Nouvelles  des 
Régions  de  La  Lune  ,  p.  26 p.  du  l  To.  de  la  Sat. 
Mon.  in  S°.  ^3'  Mango  fignifie  un  Marchand  d'ef- 
claves  ,  un  corrupteur  de  jeunelle  ,  fripier  ,  ma- 
quignon ,  courtier. 

MANGONEAU.  f.  m.  Il  y  a  de  nos  vieux  Auteurs 
qui  diicnt  Mangonniau.  Pomei  die  Mangonelle  ,  1.  f. 
&  Monct  dit  Mangoneau  &  Mangonelle.  Vieux  mot 
qui  fe  difoit  autrel-ois  des  traits  &c  des  pierres  qui 
fe  jetroicnt  dans  les  villes  alliégées  par  le  moyen  des 
Baliftesj  &:  autres  machines,  avant  l'invention  de 
l'artillerie.  Balifla. 

Méiwge  dit  que  ce  mot  vient  du  Grec  «âyfa»»» ,  qui 
fignitie  machine ,  du  nom  de  l'inftrument  qui  fervoit 
aies  jetttr.  Cette  machine  tire  ion  origine  des  Phé- 
niciens ,  fclon  Bocnart ,  &  étoit  une  elpèce  de 
fronde.  Ce  mot  s'appliquoit  tant  à  la  machine,  qu'aux 
pierres  qui  étoient  lancées  par  Ion  moyen.  On  le 
trouve  fouvcnt  dans  les  Hiftoriens. 

Ip-  MANGOREIRA.  f.  m.  Arbrilleau  de  l'Indoftan. 
Efpècc  de  jafmin  à  fleurs  blanches  ,  qu'on  nomme 
Mangorius  ^  d'une  odeur  plus  douce  que  celle  du 
jafmin.  Les  Heurs  du  Mangoreira  om  un  autre  avan- 
tage lur  celles  du  jafmin  ,  c'eft  qu'elles  (ont  compo- 
fées  de  plus  de  cinquante  feuilles  ou  pétales. 

MANGOSTAN  &  MANGOUSTAN,  f.  m.  Fruit  cx- 
rrêraement  eftimé  qui  vient  en  l'île  de  Java ,  aux  en- 
virons de  Bantam.  Il  eft  très  rond  ,  &  gros  comme 
une  petite  orange.  Son  écorce  eft  grife  j  ou  quel- 
quefois d'un  vert  obfcur ,  iemblable  à  celle  de  la 
grenade  j  un  peu  amère.  Cette  écorce  eft  ep.nlfc 
d'un  ligne,  &  rouge  en  dedans  avec  des  petits  fila 
mens  jaunes.  Elle  eft  couronnée  de  petits  rayons  de 
répailfeur  d'une  demi  ligne  ,  ronde  par  le  bout ,  & 
qui  fe  réunillent  en  pointe.  Sa  chair  eft  blanche  j 
fort  molle  ,  allez  femblable  à  celle  de  l'orange,  d'un 
goîir  doux  &c  fort  agréable ,  &c  approchant  de  celui 
des  fraifes.  Elle  eft  diviféc  en  pluficurs  lobes  qu'on 
peut  féparer  les  uns  des  autres ,  comme  ceux  dçs 
oranges  ,  quoiqu'ils  ne  foient  pas  enveloppés  de 
pellicules.  Il  y  a  autant  de  lobes  que  de  rayons  à  la 
couronne,  oïdinairement  fix  ou  fept.  On  trouve  dans 
les  plus  gros  mangoujlans  une  amande  verte  en  de 
hors  &  blanche  en  dedans  ,  allez  inlipide  ;  ce  qui 
fait  qu'on  la  rejette  ordinairement  ;  dans  les  plus 
petits  te  n'cft  qu'un  germe  fort  teudte  qui  fe  mange 


M  A  N^ 

avec  le  refte.  Ce  fruit  eft  rafraîchiffant ,  &  ne  fait 
aucun  mal ,  quelque  quantité  qu'on  en  mange.  Ceux 
qui  ne  lont  pas  laits  a  l'odeur  du  Durion  ,  donnent 
au  mangouftan  le  premier  rang  parmi  les  fruits  des 
Indes ,  c'elt  en  etict  un  des  plus  délicats.  On  fait 
de  la  décoftion  de  Ion  écorce  une  tifane  aftrin- 
gente ,  fort  bonne  pour  la  dylfenterie  &  le  flux  de 
lang. 

Le  mangouftan  eft  excellent  ;  mais  il  donne  le  flux 
de  ventre  j  quand  on  en  mange  beaucoup.  Il  eft 
dans  une  manière  de  coque  ,  qui ,  cuite  au  teu  ,  ref- 
ferre ,  &  guérit  le  devoiement.  Abbé  de  Choisi  , 
Journal  du  voyage  de  Siam. 

L'arbre  qui  porte  le  mangouftan  ,  eft  grand  Se 
touffu.  Il  a  les  feuilles  longues  de  fix  à  fept  pou- 
ces ,  larges  de  deux  ,  d'un  beau  vert  :  outre  les 
fibres  J  qui  du  milieu  vont  aux  extrémités ,  il  y  en 
a  un  double  rang  ,  lefquellcs  partant  de  la  queue, 
vont  par  les  bords  fe  réunir  it  la  pointe.  La  fleur  eft 
compoléc  de  quatre  petites  feiulles  vertes  alfez  épaif- 
fes ,  8c  arrondies  par  l'extrémité  ,  leiquelles  venant 
à  s'ouvrir  ,  font  voir  le  fruit  qui  commence  à  fe 
former  ,  auquel  elles  reftent  toujours  attachées  par 
le  bas ,  lui  fervant  comme  de  ioucien. 

Il  y  a  une  efpèce  de  mangouftan  (auvage  que  les  Por- 
tugais appellent  pour  cela  de  mato ,  qui  a  allez  de 
rapport  à  celui-ci ,  mais  qui  n'eft  pas  bon  à  manger. 

MANGOURS.  f.  m.  Petite  monnoie  qui  a  cours  en 
Egypte  :  on  l'appelle  plus  communément  Falle. 

MANGOUSTE,  f.  f.  Nom  d'un  animal  des  Indes. /cA- 
neumon.  Voy.  ce  mot.  La  Mangoufte  pour  la  forme 
extérieure  ,  approche  alfez  de  la  belette ,  fi  ce  n'cft 
qu'elle  a  le  corps  plus  gros  &  plus  long ,  les  jam- 
bes plus  courtes,  le  mufeau  plus  délié ,  l'œil  plus 
vif,  &  je  ne  lais  quoi  de  moins  fauvage.  Cet  animai 
eft  en  eftet  extrêmement  frmilier  ,  &:  il  n'y  a  point 
de  chien  qui  joue  &  qui  badine  plus  agréablement 
avec  les  hommes  •,  cependant  il  eft  colère ,  &c  traî- 
tre quand  il  mange  y  grondant  alors  preique  tou- 
jours ,  &C  fe  jettant  avec  fureur  fur  ceux  qui  fe  met- 
tent en  devoir  de  le  troubler. 

Il  anne  iur-tout  les  œufs  de  poules  ;  mais  com- 
me il  n'a  pas  la  gueule  alfez  fendue  pour  les  fai- 
fîr ,  il  tâche  de  les  rompre  en  les  jettant  en  l'air  j 
ou  les  roulant  lur  la  terre  de  cent  manières  ditféren- 
tes.  Si  pour  lors  il  trouve  une  pierre  auprès  de  lui, 
il  lui  tourne  incontinent  le  dos  ,  &  élargillant  les 
jambes  de  derrière  ,  il  prend  l'œuf  avec  celles  de 
devant ,  &  le  poulfe  de  toute  (a  force  par-delfous 
le  ventre  ,  julqu'à  ce  qu'il  foit  calfé  contre  la 
pierre. 

Il  chalTc  non  -feulement  aux  rats  &  aux  fouris, 
mais  encore  aux  ferpens ,  dont  il  eft  le  mortel  en- 
nemi ,  &  qu'il  prend  lur  la  tête  fort  adroitement ,  y 
lans  en  recevoir  aucune  blelfure.  Il  n'eft  pas  moins 
contraire  aux  caméléons  ,  qui  ,  à  fa  feule  vue  ,  lont  • 
iaifis  d'une  fi  grande  frayeur,  qu'ils  deviennent  tout 
d'un  coup  plats  comme  une  feuille  j  &  tombent  or- 
din.iirement  à  demi-morts  ",  au  lieu  qu'aux  appro- 
ches d'un  chat ,  d'un  chien  ,  ou  de  quelque  au- 
tre animal  encore  plus  à  craindre,  ils  s'enflent,  fe 
mettent  en  colère ,  prennent  le  parti  de  fe  défendre , 
ou  de  les  attaquer. 

MANGUE ,  ou  MANGUA.  f.  m.  Arbre  des  Indes 
Occidentales.   Voye\  Mangle 

MANGUIER,    f.    m.    Arbre     qui    croît    aux     Indes   . 
Orientales ,  tSc  qu'on  appelle  autrement  Mz/z^a ,  ou 
Mangas.  VoyeT^  Manga. 

MANHARTZBERG.  Nom  de  la  partie  feptentrionale  " 
de  la  Balfe  -  Autriche.  Manharf^bergenfts  traclus. 
Elle  eft  féparée  de  la  méridionale  ,  qui  eft  le  Wien- 
ner  Wald  ,  par  le  Danube  ,  ik  bornée  au  couchant 
par  la  Haute-Autriche;  au  nord  parla  Bohême,  & 
au  levant  par  la  Hongrie.  On  divife  ce  pays  félon  {à 
fituation  fur  le  Danube  en  Haut  &  Bas  Manharc{- 
herg.  Le  Haut  eft  au  couchant  ;  Krembs ,  Stain  , 
Thyrftain ,  en  font  les  lieux  principaux.  Le  Bas  eft 
nu  levant.  Se  on  y  diftingue  Corncubourg,  Laba  & 
Retz.  Maty. 


M  A  N 

MANHATE.  Ile  de  l'AnKiique  fcpteiitrîonale  fur  la 
côte  de  la  Nouvelle  Vorck ,  entre  l'île  Longue  &  le 
continent  ,  à  remboucliure  de  la  liviire  d'Hudion. 

MANHEIM.  Ville  du  PaLitinat  du  Kliin  ,  lituée  au 
conljuent  du  Rhin  Se  du  Nccvc.  Manhemïum.  Cette 
ville  bâtie  depuis  peu  ,  étoit  ,illez  jolie ,  fortifiée  & 
défendue  par  une  bonne  citadelle.  Les  François  l'ont 
entièrement  ruinée  l'an  i()89.  Mais  depuis  la  p.iix 
de  Kifwick  ,  l'Eledeur  Palatin  a  fait  travailler  à 
fon  rétablillement.  Maty.  Long.  xG.  à.  8' ,  lat.  49. 
d.    2^'. 

§:3"MANL  Voyc-^  au  mot  Manicongo  pour  l'expli- 
cation. 

§C?  MANIA.  En    Mythologie.  Voye:^  Manie. 

MANJA.  1.  m.  Poids  dont  on  le  fcrt  en  quelques  lieux 
de  la  Peife  ,  particulièrement  dans  le  Servant  &  aux 
environs  de  Tautis  :  il  pèle  douze  liv.  un  peu  légè- 
res. C'efl:  à  ce  poids  que  (e  vend  le  ruynas,  forte  de 
racine  propre  à  la  teinture. 

MANIABLE,  adj.  m.  &  f.  Ce  qu'on  manie  facile- 
inent ,  ce  qui  le  prête  à  l'aèlion  de  la  main  ,  Taclï- 
lis  ,  tracîaMlis.  Un  bon  drap  efl:  doux  &  maniable. 
Un  cuir  bien  corroyé ,  un  buftlc  bien  palfé  obéit ,  ik 
efl   maniable. 

^tJ"  Maniable  j  défigne  quelquefois  ce  qu'on  peut 
toucher  lans  danger.  Le  fer ,  quand  il  ell  refroidi , 
eft  maniable. 

Maniable,  fe  dit  auflî  dans  les  Arts  ,  de  ce  qui  efl:  fa- 
cile à  mettre  en  œuvre.  Il  y  a  des  bois  Se  des  pier- 
res qui  ne  font  pas  maniables  ,  qui  ne  valent  rien 
pour  la  fculpture.  Les  métaux  aigres  ne   font  point 

*  maniables  ;  le  vit  argent  n'efi:  point  maniables  caufe 
de  fa  fluidité  ,  de  fa  fubtilité.  L'or  eff  le  plus  duc- 
tile Se  le  plus  maniable  de  tous  les  métaux. 

|Cr  Maniable  ,  terme  de  Marine.  Temps  maniable  , 
c'eft  à-dire  ,  un  vent  qui  n'eft  ni  trop  fort,  ni  trop 
foible ,  mais  qui  eft  convenable  pour  bien  manier , 
(  c'eft-à  dire  ,  manœuvrer  )  le  navire  ,  Se  pour  lui 
faire  faire  toutes  fortes  d'évolutions. 

Maniable  ,  fe  dit  aulli  au  Moral  &  fignifîe  un  hom- 
me traitable  ,  d'un  humeur  facile.  L'.cfprit  d'un 
Tyran  n'eft  point  Hexible  ni  maniablè.~~Le  peuple 
n'efl:  pas  lî  maniable  dans  une  République  ,  que 
dans  une  Monarchie.  Docilis  ,  cractahiUs  ,  fiexibi- 
lis.  La  vertu  (ouple  Se  maniable  d'Atticus  lui  attiroit 
une  croyance  Se  une  approbation  qu'il  ne  méritoit 
pas.  S.  Real. 

MANJAPUMERAM.  f.  m.  Grand  arbre  des  Indes  Oc- 
cidentales. Ses  fleurs  qui  font  d'un  blanc  d'eau  j  Se 
qui  ont  l'odeur  du  meilleur  miel ,  font  tant  foit 
peu  amèrcs  au  goût  ;  les  habitans  des  lieux  où  il 
croit  lui  .attribuent  la  propriété  de  fortifier  la  tête  , 
&  leurs  Médecins  comptent  fa  lemence  entre  les 
cardiaques.  On  croit  que  l'eau  diftillée  de  les  fleurs 
ell  bonne  pour  les  yeux.  Rai  ,  Hiji.  Plant. 

MANIACAL.  adj.  m.  Galien  donne  cette  épithcte  à 
une  elpèce  de  délire  violent.  Dicl.  de  James. 

ifj-  MANIAQUE,  adj.  Se  L  m.  Se  f.  Furieux,  pollédé 
de  quelque  manie,  yoye-^  ce  mot.  Furiofus.  Ceux 
qui  aimonçoient  les  oracles  entroient  dans  une  telle 
fureur  ,  qu'ils  paroiiroient  maniaques.  C'eft  un  ma- 
niaque ,  une  maniaque. 

MANICAPATA.  Nom  d'une  ville  de  la  prefqu'ile  de 
1  Inde  deçà  le  Gange.  Manicapatanum.  Elle  efl;  fur 
la  côte  du  Royaume  de  Golconde  j  &  prife  par 
quelques  Géographes  pour  l'ancienne  Minagara, 
Matv. 

MANICHÉENS.  (  Manichù  )  Anciens  Hérétiques  qui 
ont  pris  leur  nom  de  Manès  ,_  ou  Manichée ,  Per- 
fan  de  nation.  Cette  pernicicul'e  Héréfie  commença 
vers  l'an  277.  8c  elle  fe  répandit  principalement 
dans  l'Arabie  ,  dans  l'Egypte  &  dans  l'Afrique.  S. 
Epiphane ,  qui  en  a  parlé  fort  au  long ,  liAr.  66 .  a 
obfervé  que  le  nom  de  cet  Héréfiarque  étoit  Cu- 
brieus  ,  Se  qu'il  fe  fit  appeler  Manès  ,  qui  dans  la 
langue  Perfienne  ou  Babylonienne  fignifîe  vafe.  Une 
veuve  fort  riche  dont  il  étoit  l'efclave  ,  Se  qui  mou- 
rut fans  enfans  ,  lui  laiffa  par  tefl:ament  beaucoup 
d'or  &  d'argent,  Il  fe  qualifigit  du  titre  d'^fotre  j 
Tome  y. 


M  A  N 


'9T 


ou  Envoyé  de  Jéfus  -  Chrift,  C'eft  la  quijitc  qu  il 
prend  à  la  tcte  d'une  de  fes  lettres  rapportée  par 
S.  Épiphanc.  H  établifîbit  deux  principes  ;  favoir  , 
un  bon  ,  «^  un  mauvais.  Le  prenuer  qu  il  n^jinmoit 
lumière  ,  ne  faifoit  que  du  bien  ;  Se  le  fécond  ,  qu  il 
appeloit  ténèbres ,  ne  failoit  que  du  mal.  Cette  l'hj- 
lolbphic  eft  très  ancienne.  Piutarquc  pario  au  long 
de  ces  deux  principes  dans  fon  'Iiaité  d'Ilis  Se  d'Ofl- 
ris.  Les  âmes  .ivoicnt  été  faites  ,  félon  Manès  ,  par 
le  bon  principe ,  Se  les  corps  par  le  mauvais  ;  ces 
deux  principes  étoient  coéteriuls ,  Se  indépcndans 
l'un  de  l'autre.  Il  avoit  emprunté  beaucoup  d.  jho- 
fes  des  anciens  Gnoftiques  ;  en  forte  que  l'nerclic 
des  Manichéens  étoit  comme  une  branche  des  Gnof- 
tiques ,  c'étoient  plutôt  des  Philofophes ,  que  de 
véritables  Chrétiens  Ils  avoient  mêle  une  infinité 
de  fables  dans  la  Religion.  Us  le  fcrvoicnt  d'Auiulè- 
tes  ,  à  l'imitation  des  Baiilidiens  ,  Se  ils  en  impo- 
foientà  bien  des  gens  ,  fiifant  profcflion  d'Aftrono- 
mie  Se  d'Aftrologie.  Us  ne  croyoient  pas  que  J.  C.  eût 
pris  une  véritable  nature  humaine  ,  mais  feulement 
une  imaginaire.  Ils  prétendoient  que  la  loi  de  Moyfe 
ne  venoit  point  de  Dieu  ,  ou  du  bon  principe  ,  mais 
du  mauvais.  Se  que  c'eft  pour  cette  raifon  quelle 
avoit  été  abrogée.  Ils  s'.abftenoieiit  entièrement  de 
manger  de  la  chair  d'aucun  animal  ,  fuivant  en  cela 
les  maximes  des  Philofophes  Pythagoriciens.  Us 
avoient  plulleurs  autres  erreurs  qu'on  peut  voir  dans 
S.  Epiphane  ,  &  dans  S.  Auguftin  ,  qui  ayant  été 
de  leur  lede  ,  la  connoifioit  à  fond. 

Quoique  les  Manichéens  fîticnt  profelîîon  de  re- 
cevoir les  livres  du  Nouveau  Teftament ,  ils  n'en 
prenoient  que  ce  qui  s'accordoir  avec  leurs  idées  ; 
ils  donnoient  tour  à  leur  raifon  ,  Se  prefque  rien 
à  l'autorité.  Us  s'étoient  formé  une  certaine  idée 
du  Chriftianifme ,  fur  laquelle  ils  régloient  les  éciirs 
des  Apôtres.  Us  prétendoient  que  tout  ce  qui  n'é- 
toit  point  conforme  à  cette  idée  ,  avoit  été  inféré 
dans  les  livres  du  Nouveau  Teftament  par  les  Ecri- 
vains poftérieurs  ,  qui  étoient  demi-Juifs.  C'eft 
ce  que  nous  apprenons  de  S.  Auguftin  ,  dans  fes 
Traités  contre  Faufte  ,  à  qui  il  oppofe  le  comiùua 
confentement  de  toutes  les  Eglifes.  Il  appelle  fo- 
lie y  inj'aniam  Se  demcnùam  ,  la  manière  de  r.îifoii- 
ner  des  Manichéens  ,  qui  ne  pouvant  accorder  les 
écrits  des  Apôtres  avec  la  faulle  idée  qu'ils  avoient 
formée  de  la  Religion  Chrétienne ,  ou  (bus  pré- 
texte de  quelques  contraditfions  prétendues  dans 
l'Ecriture ,  lefquelles  ils  ne  pouvoient  réfoudre  , 
ofoient  aflurer  que  ces  livres  avoient  été  co.npofés 
long  temps  après  les  mêmes  Apôtres  par  des  Au- 
teurs incertains.  Il  leur  reproche  avec  force  de  faire 
pafter  au  contraire  des  fables  &  des  livres  apocry- 
phes pour  des  ouvrages  Apoftoliques.  En  effet  j  les 
Manichéens  avoient  forgé  pluiieurs  livres ,  pour 
mieux  appuyer  leurs  erreurs.  S.  Epiphane  af  donne 
le  catalogue  de  quelques  uns  qui  avoient  été  publiés 
par  Manès  j  &  il  en  rapporte  même  des  extraits. 
Manès  ne  prenoit  pas  feulement  la  qualité  d  Apôtre 
de  Jéfus  Chrift  ,  il  fe  vantoit  aulîi  d'être  le  Para- 
clet  que  Jéfus-Chrift  avoit  promis  d'envoyer.  Il  lailla 
plufieurs  difciples  ,  &:  entre  autres  Addas  ,  Thomas 
&  Herméas.  Il  envoya  ceux-ci  de  fon  vivant  prêcher 
fa  dodtrine  en  diverfes  Provinces.  Herméas  eut  lE- 
gypte  pour  fon  partage.  S.  Epiphane  avoit  appris  plu- 
fleurs  particularités  touchant  les  erreurs  '  des  Mani- 
chéens de  ceux  même  qui  les  favoient  de  la  bouche  de 
cet  Herméas.  Manès  ayant  entrepris  de  guérir  le  fils  du 
Roi  de  Perfe  qui  étoit  malade  ,  ne  réuflit  point  dans 
fon  entreprifej  Se  ce  jeune  Prince  mourut.  Le  Roi 
fit  mettre  en  piifon  cet  impofteur ,  qui  s'échappa  Se 
fema  fon  héiéile  ;  mais  étant  retombé  entre  le;  mains 
du  Roi ,  il  le  fit  écorchcr  tout  vif. 

La  Sede  des  Manichéens  prit  une  nouvelle  face  vers 
le  milieu  du  VIF  fiècle  ;  car  fous  le  règne  de  Conftan- 
rin,  on  plutôt  Conftant ,  petit-fils  d'Hcraclius ,  il  y  avoit 
nn  Arménien  nommé  aufli  Conftantin  dans  le  bourg 
de  Manalale  ,  près  de  Samofate.  Il  reçut  dans  fa 
maifon  un  Diacre  captif,  qui  venoit  de  Syrie .  & 

Hhhhh  \] 


"V 


79^  M  A  N' 

lerournoit  en  Ton  pays  portant  deux  livres ,  l'Evan-  I 
gile  j  &:  les  Épitres  de  S.  Paul ,  qu'il  donna  à  Conf- 
cantiiî ,  en  reconnoiUànce  de  fon  holpitalité.  Conl- 
tantiii  qui  étoit  Mciucheen  ,  voyant  que  ia  doctrine 
croit  en  horreur  à  tout  le  monde  ,  à  caufe  des  blat- 
phêmes  &  des  impuretés  qu'elle  contenoit,  rcfolut 
de  la  renouvellei;,  '&  de  ne  foire  lire  autre  livre 
que  ces  deux,  l'Évangile,  &  S.  Paul;  mais  de  les 
expliquer  de  manière  qu'on  y  trouveroit  toute  la 
■doctrine  de  Manès.  Il  fuppnma  donc  tous  les  livres 
des  Manichéens  ;  il  rcjetra  tous  les  rêveries  des  Va- 
lentiniens  ,  &:  leurs  trente  Éones  :  la  fable  de  Mâ- 
nes fur  l'origine  de  la  pluie  ,  qui  étoit  la  fueur  d'un 
jeune  homme  courant  après  une  tille  ,  &  quelques 
autres  abfurdités  pareilles  j  mais  il  conferva  les  im- 
puretés &  les  abominations  de  Bafilide.  C'eft  ainli 
qu'il  réforip.a  le  Minichéifme  ;  enlorte  que  les  iec- 
tateurs  ne  faifoient  point  de  difficulté  d'anathéma- 
tiferScythienj  Bouddas,  &  Manès  lui  même;  maisils 
tenoient  pour  des  Apôtres  Conftantin  ,  &:  ceux  qui  le 
fuivirent.  Il  quitta  fon  bourg  de  Manalale  ,  Se  vint 
s'établir  à  Cibofle  j  petite  ville  de  Colonie  en  Ar- 
ménie ,  où  il  demeura  27  ans  ,  de  léduilit  un  grand 
nombre  des  gens  du  pays.  Il  fut  lapidé  par  ordre  de 
l'Empereur  ,  qui  voulut  qu'on  pardonnât  à  les  dil- 
ciples  ,  comme  trompés  par  ignorance,  pourvu  qu'ils 
Ce  réunîllent  à  l'Eglile  :  mais  loin  de  s'y  réunir  ,  ils 
pervertirent  Siméon  ,  Oiîicier  de  l'Empereur  chargé 
-de  cet  ordre  &  l'attirèrent  à  eux. 

Les  Manichéens  fiirent  nommés  Pauliciens ,  ou 
Athinganes ,  dans  le  IX*^  iiccle. 

f^oye^  dans  la  Bibliothèque  Orientale  de  d'Her- 
belot,/".  S4S  ,  j4P  ,  ce  que  les  Hitforiens  Arabes 
diient  des  Manichéens. 

Le  nom  de  Manichéen  vient  du  mot  Latin  Mani- 
chœus  3  que  d'anciens  Auteurs  dilcnt  avoir  été  formé 
de  deux  mots  Gtecs  , ,««»»«  ,  manne  &  Kta ,  je  répands. 
Les  Manichéens  vouloient  dire  par-là  que  la  doctrine 
de  leur  maître  étoit  comme  une  manne  qu'il  répandoit 
par-tout.  J-^oye^  S.  Auguftin  dans  fon  Traite  des 
Héréfies. 

MANICLE.  f.  £  ou  TASSEAU.  Terme  de  Tondeurs 
de  Draps.  Il  tîgnifie  un  inllrument  qui  leur  fert  à 
faire  agir  leurs  forces. 

On  dit  d'un  homme  adioit  ,  qu'il  entend  la  ma- 
nicle. 

MANICLES.  f.  f.  Ce  font  des  fers  qu'on  met  aux 
mains  des  prilonniers.  Alanica.  De  grolles  manicles. 
On  dit  plus  ordinairement  menottes. 

Les  Contiteurs  ,  &  autres  ouvriers  le  fervent  aulli 
de  ce  mot ,  pour  fignifier  quelques  morceaux  de 
papier  qui  leur  fervent  à  lever  la  pocle  de  delliis  le 
feu  ,  de  peur  de  fe  brûler  les  mains.  Se  faire  des 
manicles  avec  du  papier.  Maneque  eft  plus  ulîté. 

MANîCONGO.  f.  m.  Tout  ce  qu'on  appelle  Ethiopie 
méridionale  &  occidentale  portoit  autrefois  le  nom 
de  Congo  j  &  le  Souverain  de  ce  vafte  Empire  sap- 
peloit  Manicongo  ,  C'eft-àdircj  Maître  j  Empereur, 
Souverain  du  Congo.  Le  P.  Labat.§CP  Mani  ,  dans  la 
balfe  Guinée  figniiîe  Seigneur.  Manicongo ,  Seigneur 
de  Congo. 

MANICORDION.  f.  m.  Inftrument  de  Mufique  fait 
en  forme  d'épincttc  ,  qui  a  49  ou  50  touches ,  ou 
marches.  Se  70  cordes ,  qui  portent  fur  cinq  chevaletSj 
dont  le  premier  eft  le  plus  haut ,  les  autres  vont  en 
diminuant.  Il  y  a  quelques  rangs  de  cordes  à  l'u- 
nillon  ,  parce  qu'il  y  en  a  plus  que  de  touches.  Cha- 

-rOue  chevalet  en  contient  divers  rangs.   Il  y  a  plu- 

'■'^Mfurs  petites  mortoifes  pour  faire  palier  les  fi.ute 
Tifaux  armés  de  petits  crampons  d'airain  ,  qui  tou- 
chent &  hauilênt  les  cordes,  au  lieu  de  la  plume 
de  corbeau  qu'ont  ceux  des  clavecins  &  des  épi- 
nettes.  Ce  qu'il  a  de  particulier  j  c'eft  qu'il  a  plu- 
lieurs  morceaux  d'écarlate ,  ou  de  drap ,  qui  cou- 
vrent les  cordes  ,  depuis  le  clavier  jusqu'aux  mor- 
toites ,  qui  rendent  le  fon  plus  doux  ,  &  l'étoulîcnt 
tellement  qu'on  ne  le  peut  entendre  de  loin  ;  d'où 
vient  que  quelques-uns  le  nomment  épinette  fourde  , 
«u  muciLe.  Aufli  eft  il  particulièrement  en  ufâge  chez 


M  A  N 

les  Religleufes  ,  qui  apprennent  à  en  jouer ,  &  qui 
craignent  de  troubler  le  hlence  du  Dortoir.  Cet  inf 
trumcnt  eft  plus  ancien  que  le  clavecin  &  l'épinette 
comme  le  dit  Scaliger  ,   qui  ne  lui  donne  que  trente- 
cinq  cordes.  L'Académie  écrit  manichordion. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  monocordum ,  (appo- 
fmt  que  cet  inftrumenr  n'a  qu'une  corde  :  mais  il 
le  trompe. 

On  dit  proverbialement  &  burlefquement  qu'une 
fille  s.  joué  du  manicordion ,  quand  elle  a  eu  quel- 
que amourette  lecrète  qui  a  duré  long-temps  fins 
taire  bruit. 

^3°MANICOU.  Quelques-uns  écrivent  ainfi.  L'ar- 
ticle eft  à  Manitou.  On  dit  aulH  Manitàcaca  ,  8c 
Filander. 

fer  MANIE,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Délire  perpé- 
tuel Se  furieux ,  fans  fièvre.  Infania  ,  furens  mania. 
Ceux  qui  font  attaqués  de  cette  maladie  fe  jettent  fur 
tout  ce  qui  fe  prélente  à  eux ,  brifent  tout ,  mal- 
rr.iiîent  autant  qu'ils  peuvent  ,  enlorte  qu'on  eft 
obligé  de  les  enchaîner.  Ils  ont  un  regard  audacieux , 
les  yeux  eiiBammés  ,  le  vilage  pale ,  ne  craignent 
pas  le. plus  grand  froid  :  ils  le  mettent  aifément  en 
colère  ;,  ils  ont  une  force  iî  furprenante  ,  qu'il  y  en 
a  qui  rompent  de  grolles  chaînes  de  fer  dont  o)i  les 
a  liés.  La  caule  immédiate  de  la  manie  eft  le  mouve- 
ment déréglé  des  efprits  animaux  j  Se  leur  mauvaife 
qualité.  Quelques-uns  veulent  que  ces  efprits  foient 
devenus  fort  acides  ,  &  ils  les  comparent  à  des  eaux 
fortes.  La  caule  éloignée  eft  la  malle  du  fang  qui  eft 
groUière ,  épailîc  ,  atrabilaire  ,  &  dans  une  agita- 
tion véhémente  j  d'où  vient  que  les  Maniaques  font 
fort  chauds,  &  qu'ils  fupportent  fans  peine  le  grand 
froid.  On  dit  que  la  cervelle  du  chat  mangée  produit 
la  manie.  Ce  mal  eft  fort  long  &  très  difficile  à  gué- 
tir.  Le  mot  de  /Tj^î/z/deft  GreCjilfignifie,  Démence  , 
fureur,  yM/M, 

Manie  ,  eft  encore  une  paillon  exceffive  qu'on  a  pour 
quelque  chofe.  Ardor ,  juror  ^  libido.  Ctz  homme 
a  eu  quelque  temps  la  manie  des  tableaux  ,  &  puis  il 
a  eu  celle  des  coquilles  ,  des  tulipes.  En  ce  monde 
chacun  a  ij.  manie.  Q'uifque  fuos  patitur  mânes.  J'ai 
cette  manie  de  donner  dans  tout  ce  qu'il  y  a  de  beau. 
Mol.  Il  n'y  a  pas  de  manie  plus  inutile  que  celle  de 
ces  gens  qui  s'érigent  en  réformateurs  du  fiècle. 
S.  EvR, 

Maudite  ambition  3  détejlable  manie  !  Corn.  ■ 

ffJ"  On  le  dit  dans  un  fens  approchant ,  pour  Caprice, 
fantaifie  : 

Malheureux  mille  fois  celui  dont  la  manie 
Veut  aux   règles  de  l' Art  ajjervir  fon  génie. 

BoiLEAU. 

Manie.  Mania.  Nom  d'une  divinité  des  Anciens.  La 
déelle  Manie  étoit  mère  des  Lares  &  des  Mânes. 
iC?  Le  jour  de  fa  fête ,  qui  étoit  le  même  que  celui 
de  fes  enfans  ,  on  lui  otfroit  autant  de  figures  de 
laine  qu'il  y  avoir  de  perfonnes  dans  chaque  famille  , 
en  la  priant  de  s'en  contenter.  Se  d'épargner  les  per- 
lonnes  qui  lui  rendoient  cet  hommage. 

On  appeloit  aulli  Manies  ,  chez  les  Anciens,  des 
figures  hideules  ,  dont  les  nourrices  menaçoient 
Se  épouvantoient  les  petits  enfans.  Voyer  Feftus  , 
Arnobe,  Z.  f^I.  Se  Saumaile  kir  le  Traite  de  Ter- 
tullien,  de  pallio 3 p.  337.   ManU. 

MANIEL.  Nom  d'une  montagne  de  l'Ile  Efpagnole  , 
une  des  Antilles.  Maniolus.  Cette  montagne  a  huic 
lieuesde  circuit ,  elle  eft  fort  haute.  Se  i\  efcarpée  , 
qu'elle  eft  prefque  inaccellîble.  Maty. 

MANIEMENT,  f.  m.  Adionde  manier,  de  prendre, 
de  tâter  avec  la  main.  Attreclatus  ,  contreclatio.  On 
connoît  la  bonté  d'un  caftor  au  maniement.  Il  y  a 
des  Médailliftes  fi  fins  ,  qu'ils  connoillent  la  qualité 
d'une  médaille  au  maniement,  iî  elle  eft  antique  ou 
moderne. 

Maniejient  des  armes ,  c'eft  l'exercice  de  pied  ferme 


M  A  N 

qu'on  cnfcigne  aux  foldats  de  rcciuc  ,  pour  leur  don 
nci-  des  difpolitions  de  corps  convenables  à  toutes  les 
actions  de  la  guerre.  On  l'appelle  ainli  pour  le  dif- 
tinguer  des  évolutions. 

MANiEMENT/cditaullIdu fréquent  palûge  des chofcs  par 

,  les  mains,  qui  leur  apporte  quelque  dommage.  Dctri- 

tïo.    Le  frai  &c  maniement  des  nioinioies  leur  caule 

quelque  déchet,  quelque  diminution.   Les  étoticsde 

loic  fe  gâtent  par  le  maniement. 

Maniement,  fe  dit  du  mouvement  des  parties  des  ani 
maux.  Mcmbrorum  flexib'ditas  ,  ai;u'uas.  fCrllétoit 
perclus  de  les  meiiibres  ;  il  commence  à  en  avoir  le 
maniement    allez  libre.  Le  maniement  agréable  des 
bras ,  &  des  jambes  pour  danler   des  Sarabandes. 

#3"  Maniement  ,  fe  dit  au  figuré  pour  Adminiftration  , 
direélion  ,  en  parlant  de  certaines  aftaires  où  il  y  a 
dilhibution  foit  de  finance  ,  foit  d'occupations  ,  aux 
quelles  on  ell  commis  pour  y  maintenir  l'ordre  con- 
ven.ible.  Adminijiratio ,  orJmatio.  Maniement  des 
finances.  Maniement  des  affaires.  Exclure  quelqu'un 
du  maniement  des  allaires  :  lui  confier  le  maniement 
des  deniers  du  Roi. 

§3"  En  termes  de  Finance  &:  de  Banque  ,  maniement  fe 
dit  de  l'argent  que  reçoivent  les  Cailliers,  Tréloriers  , 
&c.  &  dont  ils  font  comptables.  On  dit  en  ce  fens , 
qu'un  Tréforier  a  un  maniement  confidérable  ,  beau- 
coup de  maniement. 

ffr  MANIER.  V.  a.  Tâter  avec  la  main.  Traclare , 
contreaare.  Manier  des  papiers  ,  des  livres.  Manier 
de  l'argent.  Manier  une  étoile  pour  juger  de  la 
bonté.  Quelquefois  c'eit  fimplemenf  toucher  avec  la 
main.  Il  n'c'ft  permis  qu'aux  Eccléliafhqucs  de  ma- 
nier les  vafes  facrés  ,  les  hofties  confacrces. 

fp"  Manier  ,  Toucher  fouvent ,  avoir  fouvent  entre 
fes  mains.  Il  manie  fouvent  fes  livres.  La  monnoie 
s'ufe  à  force  d'être  maniée. 

g:3' Manier  ,  Donner  de  la  fouplelTe  à  une  chofe  en 
la  faifant  palier  &  repalfer  par  les  mains.  Ferfare 
manu.  Les  Corroyeurs  manient  le  cuir  pour  le  rendre 

doux.  1  .  •     n 

{|::f'On  dit  qu'un  homme  manie  bien  un  Inltrument, 
la  harpe  ,  un  luth  ,  £'c.  Cythar^  fciens  ,  pour  dire, 
qu'il  s'en  fert  bien.  Savoir  manier  une  epee  ,  &c. 

ter  En  termes  d'Arts  ,  on  dit  manier  le  pinceau,  le 
burin  ,  la  plume,  le  crayon,  manier  la  terre  en  mo- 

.délant.  •     i  •       i 

Ip-On  dit  figurément  qu'un  Peintre  manie  bizn  la 
couleur ,  qu'il  fait  l'employer  comme  il  faut  :  é< 
qu'un  Sculpteur  manie  bien  le  marbre ,  pour  dire  , 
nu  il  a  l'adrelle  de  le  bien  travailler, 
r-^  On  le  dit  de  même  dans  pluheurs  Arts.  Ce  Serru- 
"■  rier  manie  bien  le  fer.  Ce  Boulanger  lait  bien  ma- 
nier la  pâte.  ^  7  1 
|a  Manier  ,  Toucher  ,  fynonymes.  On  tùuehe  plus 
légèrement.  On  manie  à  pleine  main.  On  touche 
une  colonne  ,  pour  favoir  fl  elle  eft  de  marbre  ou 
de  bois.  On  manie  une  étofîe  ,  pour  connoître  fi  elle 
a  du  corps  &  de  la  force.  Syn.  Fr. 
Manier  ,  le  dit  figurément  en  chofes  morales ,  &  figni 
fie  ,  Conduire  avec  adrefle ,  gouverner  comme  on 
veut.  Traciare ,  componere  ,  reoere ,  moderari.  Ceft 
le  talent  des  Orateurs  de  manier  les  efprits  ,  de  leur 
ijilbirer  les  pallions  ,  les  mouvemens  qu'ils  délirent. 
L'efprit  de  la  populace  eft  difficile  à  manier  ;  il  fe 
manie  plus  parla  crainte  que  parla  raifon.  Les  Geo- 
mètres  accoutumés  à  ne  raifonner  qu'après  avoir  bien 
manie  leurs  principes,  fe  perdent  dans  les  chofes 
de  finelï'e  ,  où  les  chofes  ne  fe  laillent  pas  ainfi  ma- 
nier. Pasc.  Un  flateur  grofïïer  ,  &  qui  ne  fait  pas 
manier  finement  les  louanges,  fe  récrie  à  la  moin- 
dre bagatelle.  Bell.  Platon  maniolt  adroitement  l'i- 
ronie. Dac.  Il  avoir  l'adrelfe  de  la  bien  employer , 
de  s'en  fervir  à  propos.  On  dit  d'un  Auteur ,  qu'il 
a  bien  manié  fon  fujet  ,  pour  dire  ,  qu'il  l'a  bien  trai- 
té. Il  n'y  a  point  de  Prédicateur  qui  manie  un  texte, 
comme  celui  là.  Quand  un  homme  fe  veut  mêler 
d'un  atlaire  où  il  n'entend  rien  ,  on  lui  dit ,  cela  ne 
fe  manie  p.is  ainfi,  cela  n'elt  pas  liaifé  à  mamer  que 


M  A  N 


797 

vous  le  penfez.  Le  peuple  dit ,  cela  ne  s'emmam/ie 
pas  comme  cela. 

Manier  ,  fignihe  aulli ,  Avoir  l'adminiflration  ,  la 
direction,  f^oye'^  Maniement.  Admlnljlrare  ,  gere- 
re,  rej^ere.  LcsMiiiiltres  manient  les  affaires  publiques. 
Le  Surintendant  manie  les  finances. 

Manier,  en  termes  de  Manège.  Manier  un  cheval j 
pour  dire  j  le  faire  aller  ,  le  mener  avec  art.  Equum 
ex  artt  repère.  Manier  un  cheval  de  bonne  grâce. 
Abl.  Il  fe  dit  des  chevaux  drellcs ,  qui  ont  de  l'é- 
cole. Ce  cheval  manie  bien  à  courbettes  ,  manie 
bien  terre  à  terre  ,  manie  bien  à  toute,  fortes  d'airs. 
F.aites  manier,  travailler  votre  cheval  fur  les  voltes. 
Il  eft  neutre  en  ce  fens. 

On  dit  figurément ,  Manier  quelqu'un  ,  le  faire 
aller  à  courbettes,  pour^dire,  le  gourm.ander ,  le 
maltraiter  ,  lui  foire  faire  ce  qu'on  veut  par  vio- 
lence, par  autorité. 

Manier,  fe  dit  parmi  les  Marchands  de  blé,  pour 
Remuer  avec  la  pelle.  Ventilare  bazlllo.  Manle^- 
bien  ce  blé,  il  y  a  long  temps  qu'on  ne  l'a  manié. 

Manier  à  bout ,  parmi  les  Couvreurs ,  c'eft  relever  la 
tuile  ou  l'ardoife  d'une  couverture ,  &C  y  ajouter 
du  lattis  neuf  avec  les  tuiles  qui  y  manque;u ,  fai- 
fant rellervir  les  vieilles.  C'eft  auili  parmi  les  Pa- 
veurs, fur  une  forme  neuve  alfeoir  du  vieux  pave, 
&  en  remettre  de  nouveau  à  la  place  de  celui  qui 
eft  callé. 

On  dit  proverbialement ,  qu'on  ne  peut  manier 
du  beurre  fans  s'engraifler  les  doigts ,  pour  dire  , 
qu'on  profite  toujours  a  manier  àe:  l'argent,  qu'il  en 
demeure  une  partie  au  Financier.  _ 

MANIÉ ,  ÉE.  part.  C'eft  une  chofe  que  je  n'ai  ni 
vue  ,  ni  maniée,  dont  je  n'ai  point  de  connoif- 
fance. 

Manié.  On  dit  des  mots  de  la  langue ,  qu'ils  font 
bien  ou  peu  maniés ,  pour  dire ,  que  ces  mots  font 
dans  la  bouche  de  tout  le  monde  ,  ou  qu'on  s'en  fert 
rarement.  On  dir  dans  le  même  fens  ,  qu'une  phrafe 
eft  bien  maniée  ,  qu'elle  n'eft  pas  encore  allez  ma- 
niée. AcAD.  Fr. 

Au  Manier.  Sorre  d'adv.  En  mani.mt.  'Vous  reco«- 
noîtrez  la  bonté  de  cette  étoffe  au  manier.  La  meil- 
leure laine  eft  celle  qui  eft  douce  au  manier.  Trac^ 
tando  Uvls. 

gC?  MANIÈRE,  f.  f.  Ce  terme  dans  fa  fignificarion  la 
plus  générale ,  delîgne  les  ufagcs  établis  pour  rendre 
plus  agré.able  &z  plus  doux  le  commerce  que  les 
hommes  ont  enrr'eux.  Les  manières  fervent  à  expri- 
mer le  refpedl: ,  la  foumillion ,  labienveiUance  ,  î'ef- 
fime  ,  en  un  mot ,  les  différens  fentimens  des  hom- 
mes lès  uns  envers  les  autres ,  relativement  aux  dif- 
férens états.  Elles  règlent  le  maintien  ,  &  le  prefcn- 
vent  aux  diftérens  ordres  àzs  cnoysns.Lts  manières 
tenant  de  lî  près  aux  mœurs,  doivent  être  ,  &  font 
cftedivement  différentes ,  félon  les  ditlérentes  for- 
mes de  gouvernement.  ^ 

ffT  Dans  un  fens  moins  étendu ,  le  mot  de  manières 
fe  dit  de  la  façon  ordinaire  d'agir  de  chacun  en  par- 
ticulier à  l'égard  des  autres.  C'eil  une  habitude  de 
certaines  avions ,  de  certains  geftes  ,  de  certains 
mouvemens  ,  de  certains  fignes  extérieurs  de  nos 
fentimens  envers  les  autres  hommes.  Agendl  ratio. 
Oris  &  corporis  habitas ,  compofiti.  Les  manières 
que  l'on  néglige  comme  de  petites  chofes  ,  font 
fouvent  ce  qui  fait  que  les  hommes  décident  de 
vous  en  bien  ou  en  mal.  La  Bru  y.  J,es  manières 
douces  &  polies  donnent  cours  au  mente  ,  &  le 
rendent  agréable.  Avoir  Àts  manières  baires  &  rem- 
pantes.  Platon  avoit  des  manières  douces  &■  inli- 
nuantes  ,   mêlées  de  gravité. 

"kFLes  manières  honnêtes  font  une  marque  d  atten- 

"  tion.  Les  .  manières  civiles  font  un  témoignage  de 
refp'eft.  Les  manières  polies  font  une  démonftration 
d'eftime.  Les  manières  gracieulés  font  une  pteuve 
d'humanité.  Les  manières  affables  font  une  infinua- 
tion  de  bienveillance.  ,,,,,-^-       , 

gCFMANiÈRES  &  AiR.  Vair,  dit  M.  1  Abbe  Girard, 
fcmble  être  né  avec  nous  -,  il  frappie  à  la  première 


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M  A  N 


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vue.  Les  manières  viennent  de  l'éducation  ;  elles  fe 
développent  rucceffivement  dans  le  commerce  de 
la  vie.  Ce  fout  les  belles  manières  qui  diftinguent 
l'honnête  homme.  L'air  dit  quelque  choie  de  plus 
■fin;  il  prévient.  Les  manièns  difent  quelque  choie 
de  plus  tolids  ;  elles  engagent.  Tel  qui  déplaît  par 
fon  air  ^  pijit  enîuite  par  tes  manières.  On  lé  donne 
un  <iir.  On  aiicdre  des  manières.  Se  donner  des  airs 
de  grandeur.  Les  manières  qui  liéent ,  quand  elles 
font  naturelles  ,  rendent  ridicule  quand  elles  font 
atfeétccs.  On  compofe  fon  air ,  on  étudie  fes  ma- 
nières. Pour  être  hon  courtilan  ,  il  faut  (avoir  com- 
pofer  fon  air,  folon  les  différentes  occurrences  j 
&  iî  bien  étudier  fes  manières ^  qu'elles  ne  décou- 
vrent rien  des  véritables  fontimens. 

Manières  ,  Façons.  Le  mot  de  manières  exprime 
quelque  choie  de  plus  naturel ,  qui  tient  du  carac- 
tère ou  de  l'éducation.  Celui  de  façons  dit  quelque 
choie  d'afleété ,  qui  tient  de  l'étude  ou  de  la  mi- 
nauderie. Les  manières  deviennent  façons  quand 
elles  font  affeélées.  Les  manières  de  la  Cour  Ae.- 
y'iznntni  façons  dans  les  Provinces.  Les  façons  dé- 
■fignent  un  caradère  petit  &  vain.  F'oy.  Façons. 

Ce  mot  vient  demanenas.  Voyez  Ménage.  D'autres 
le  dérivent  de  mania  ,  en  tant  qu'il  lignifie  le  génie 
de  quelqu'un.  Les  Auteurs  de  la  balfe  Latinité  ont  dit 
manerin  en  la  même  iignihcation. 

Manière  ,  le  dit  aulll  de  ce  qui  cil:  ordinaire  j qu'on  fiiit 
par  coutume.  Mos  j  confuetudo  ,  agendi  ratio.  Les  Sau- 
vages marchent  tout  nuds  ;  c'eft  leur  manière.  On  a 
reçu  cet  Amballadeur  en  la  manière  ordinaire  &  ac- 
coutumée. On  a  fait  ce  procès  dans  les  formes  ,  &  en 
la  manière  accoutumée. 

§Cr  Manière,  le  dit  très  fouvent  comme  fynonyme 
de  façon.  Modus.  En  toute  manière  ,  de  quelque  fa- 
çon que  ce  foit.  Je  ne  veux  pas  que  cela  foit  de  cette 
manière.  De  quelle  manière  voulez-vous  que  je  nie 
conduife  ?  Les  lettres  d'abolition  portent  cette  claule , 
en  quelque  forte  ôc  manière  que  le  cas  foit  arrivé. 
Quoûuo  modo. 

§C?  On  dit  adverbialement  de  manière  que  ,  ira  ut  , 
adeb  ut,  pour  fervir  de  tranlîtion  ,  Se  recommencer 
une  période.   Cette  manière  n'eft  pas  élégante. 

§Cr  On  dit  qu'un  homme  fait  une  chofe  par  manière 
d'.acquit  ,perjuncloriè  ,  négligemment ,  &  parce  qu'on 
ne  peut  s'en  dilpenler. 

'^fT  On  dit  proverbialement  qu'un  homme  a  été  traité, 
étrillé  de  la  belle  manière  ,  pour  dire  qu'il  a  été  mal- 
traité ,  battu  outrageufement. 

^O"  Par  manière  de  dire  ,  par  manière  d'entretien  j  fa- 
çon de  parler  adverbiale  ^  qui  lignifie,  fins  avoir  au- 
cun dellein  formé  de  parler  d'une  chofe. 

Manière  ,  fe  dit  auHi  du  langage.  Modus  loquendi.  C'efl: 
une  manière  de  parler  élégante.  Cette  manière  de  par 
1er  eft  hardie,  mais  elle  cft  Françoise  ;  c'ell  un  galli- 
cilme  ;  cette  manière  cft  tirée  du  Latin.  Une  belle 
manière  de  parler  ,  de  s'énoncer ,  eft  une  belle  cx- 
prellîon.  Une  traduction  de  l'Ecriture  n'eft  point  lit- 
térale autant  qu'elle  doit  l'être  ,  loilqu'en  conlcr- 
vant  même  le  fond  de  la  penfée ,  on  en  change  le 
tour  &  la  manière  de  l'exprellion.  P.  Bouh.  Prèf. 
du  N.  T. 

Manière  ,  fe  dit  aulIi  de  l'invention  ,  de  l'art  de  faire 
les  chofes.  Modus  ,  ratio  agendi.  Ce  Chimifte  a  trouvé 
une  nouvelle  manière  de  fondre  le  verre  ,  d'allier  les 
^  métaux.  On  a  trouvé  de  nouvelles  manières  de  bâtir  , 
d'.ittaquer  les  places,  de  naviger,  de  faire  des  mon- 
tres ,  de  chanter ,  &c.  Les  Fondateurs  des  Ordres  ont 
établi  des  règles  ,  des  manières  de  viyrc  toutes  diffé- 
rentes. 

A-IaniÈre  ,  fe  dit  aullî  en  parlant  des  chofes  dont  on  ne 
peut  faire  une  fpécification  précife,  ou  qui  ont  l'ap- 
parence de  la  chofe  qu'on  fpécifie.  Species  ,  genus 
quoddam.  Celui  qui  vous  eft  venu  demander  ,  eft  une 
manière  de  'Valet-de  Chambre  ,  de  Gentilhomme. 
C'eft  une  manière  de  Demoilelle  ;  pour  dire  qui  a 
apparence  de  Demoifelle  ,  mais  qui  eft  en  mauvais 
ordre.  Une  manière  d'honnête  homme  ,  foit  dilanc 
Ai^encier  du  Maréchal  de  Schomberg.  DeBussi  R. 


Je  faifois  des  réflexions  là-delTus  ,  lorfqu'il  entra 
deux  manières  de  Petits-Maîtres  fort  leftes.  Ils  avoient 
des  habits  de  velours  avec.de  très-beau  linge  garni  de 
dentelles.  Hift.  de  Gil-Blas  de  Santillane. 

§CF  Manière  ,  en  Peinture.  C'eft  la  façon  particulière 
que  chaque  Peintre  fe  fait  de  compoler  &  de  pein- 
dre. Duclus  y  lineamentum  manus.  C'eft  proprement 
le  ftyle  du  Peintre.  On  reconnoit  un  Auteur  à  fon 
ftyle  ,  &  un  Peintre  à  fa  manière.  Le  mot  de  ma- 
nière s'applique  à  l'invention  ,  au  deftin  ,  éc  au  co- 
loris. Manière  de  deflîner  ,  de  compoler  ,  d'exprimer, 
de  colorier.  Cette  manière  eft  bonne  ou  mauvaife  , 
félon  qu'elle  approche  plus  ou  moins  de  la  nature, 
&  de  ce  qui  eft  décidé  beau.  La  première  manière  " 
d'un  Peintre  vient  de  l'habitude  qu'il  a  d'imiter  la 
manière  de  fon  Maître.  Ainfi  l'on  reconnoît  la  ma- 
nière de  Michel-Ange  ,  de  Raphaël ,  &c.  dans  leurs 
Elèves  ;  &c  en  voyant  un  tableau  de  quelqu'un  de  ces 
Elèves  ,  on  dit  ,  il  eft  de  l'Ecole  de  Michel-Ange, 
de  Raphaël  ,  &c.  La  féconde  manière  d'un  Peintre 
eft  le  fruit  de  la  réflexion  ,  d'une  étude  particulière 
des  beautés  de  la  nature  &c  des  plus  grands^iiodèles  : 
c'eft  ordinairement  la  meilleure. 

§3°  On  dit  dans  le  même  fcns  ,  qu'un  Poëte  a  pris  la 
manière  de  Pindare  ou  d'Hor.ice.  On  le  dit  de  même 
en  Architetfure  ,  en  Sculpture.  Manière  gothique , 
antique  j  moderne  ,  gracieufe  ,  grande  ,  féclie  ,  mef- 
quine. 

IfT  A'IANIÉRÉ,ÉE  ,  adj.  qui  a  des  affeftations  par- 
ticulières &  trop  marquées  ,  des  manières  affeclées  , 
trop  étudiées  ,  trop  recherchées.  Cet  homme  eft  fore 
maniéré.  Le  Chanteur  lui  paroit  trop  maniéré.  On  dit 
d'un  Auteur  ,  qu'il  eft  maniéré  ,qat  fon  ftyle  ell:  ma- 
niéré. Le  ftyle  de  Balzac  eft  ce  qu'on  appelle  maniéré. 
Voyez  Affecté  J  Affectation. 

^fT  Maniéré  ,  en  Peinture  ,-déligne  l'abus  de  la  ma- 
nière. C'eft  une  luire  d'habkudes  priles  dans  la  façon 
d'opérer  ;  une  affectation  qui  s'oppofe  a  la  variété.  Des 
figures  maniérées.  Des  draperies  ne  doivent  pas  être 
maniérées.  AcAD.  Fr. 

^fT  On  appelle  compofition  maniérée  y  c^z  où  les  ob- 
jets font  dilpolés  avec  affeifation.  Une  couleur  ma- 
niérée y  celle  qui  eft  l'effet  d'un  habitude  prife  j  &  ^ 
d'un  fyftême  qu'on  s'eft  fait. 

%T  Le  mot  de  maniéré  ne  fe  dit  qu'en  mauvaife  part. 

MANIÉRI6TE.  f.  m.  C'eft  unPemtrequi  s'eft  fait  une 
manière  qui  n'a  rien  de  la  nature;  &  qui  ayant 
pris  l'habitude  de  tr.availler  fans  la^  confulter ,  n'eft 
plus  capable  de  l'imiter  ,  lors  même  qu'il  veut  y  avoir 
recours. 

MANIES,  f  f.  pi.  Déelfesqui  avoient  un  temple  près  du 
rieuve  Alphee,en  Arcadie.  Quelques-uns  les  croient 
les  mêmes  que  les  furies.   Voye-{  Manie. 

MANIETTE.  f  f.  Terme  d'Imprimeur  en  toile.  C'eft  un 
petit  morceau  de  bord  de  chapeau  dont  on  fe  fert 
pour  frotter  le  chaftis.  Donnez-moi  la  maniette. 

MANIEUR  de  hlé  fur  hanne.  C.  m.  Nom  que  l'on 
donne  à  des  gens  qui  font  fur  les  ports  de  Paris , 
&  qui  gagnent  leur  vie  à  remuer  le  blé  avec  des 
pelles. 

Manieur,  f.  m.  Qui  manie  ,  qui  touche  ,  qui  a  en  fa 
difpoiition.  Le  manieur  d'argent ,  l'homme  d'affaires 
eft  un  ours  qu'on  nelauroit  apprivoilcr  :  on  ne  le  voit 
dans  fi  loge  qu'avec  peine  :  que  dis  je  ?  on  ne  le  voit 
point ,  car  d'abord  on  ne  le  voit  pas  encore ,  ôc  bien- 
tôt on  ne  le  voit  plus.  La  Bruyère  ,  ckap.  des  Biens 
de  fortune  ,  p.  iSo.  de  la  neuvième  édition. 

MANIFACTURE.  f.  f  C'eft  ainfi  qu'on  écrivoit  & 
qu'on  prononçoic  autrefois.  Le  mot  eft  Manufac- 
ture. 

MANIFESTAIRE.  f.  m.  &  f  Nom  de  Sedre.  Mani- 
fejlarius.  Les  Manifejlaires  étoient  des  Ambaptiftes 
de  Prulfe  :  ils  en  foutenoient  du  moins  les  erreurs ,  & 
croyoient  que  c'étoit  un  crime  de  nier  leurs  impiétés , 
loifqu'ils  étoient  interrogés  ;  ce  qui  les  fit  nommer 
Manifejlaires ,  parce  qu'ils  fe  manifeftoient  eux-mê- 
mes ,  &  ne  diilîmuloient  point  leur  doéf  rine.  Pratéole. 

MANIFESTATION,  f.  f.  Action  par  laquelle  on  ma- 
nifefte  ,  on  fait  connoîtrc ,  on  produit  au  dehors. 


M  A  N 


■  Jndicatio  y  Jignijkaiio.  Dieu  n'a  voulu  faire  une  ma- 
nifejldtion  de  la  gloire  ,  de  fa  loi ,  de  les  myllcres  , 
de  fes  jugemcns  ,  qu'au  peuple  Juif  ,  qu'il  avoic 
choili ,  &c  enfujte  à  tout  le  Peuple  cluctien.  Le  Sei- 
gneur ht  une  mamjcJLznon  de  la  gloire  lur  le  mont 
Thabor.  Vous  aniallè^  un  tréfor  pour  le  jour  de  la 
colère  &c  de  la  manïjcjlat'ion  du  jugement  de  Dieu, 
PoRT-R.  03°  Il  n'ell  d  ulage  que  dans  les  matiàcs  de 
Religion. 

§Cr  MANIFESTE,  .adj.  de  t.  g.  Manifejius  ,  clarus , 
aperçus.  Notoire  ,  eonnu  de  tout  le  monde.  C'ell  une 
erreur  maïujejle  :  c'eft  une  chofe  manifejîe  6c  pu- 
blique. Rendre  une  chofe  mamfcfle.  Le  larcin  ma- 
nifejîe ctoit  puni  chez  les  Romains  de  la  peine  du 
quadruple. 

Manifeste,  f.  m.  Eli  une  déclaration  que  font  les  Prin-'; 
ces  par  un  écrit  pubhc ,  des  intentions  qu'ils  ont  en 
commençant  quelque  guerre,  ou  autres  entreprifes, 
&  qui  contient  les  railons  &  moyens  fur  lefquels 
ils  tondent  leur  droit  iSc  leurs  prétentions.  Apologe- 
ticus.  On  le  dit  aulli  de  pareils  écrits  que  font  pour 
la  défenle  de  leur  bien  ,  ou  de  leur  innocence  ,  les 
grands  Seigneurs  qui  lont  acculés.  Ce  que  les  Princes 
appellent  Manïfejlcs  ,  les  particuliers  l'appellent 
Apologie. 

^CF  Dans  les  Echelles  du  Levant  ,  les  François,  les 
Anglois  &  les  HoUandois  appellent  Manifejle  ,  ce 
qu'on  nomme  ordinairement  ZJe'c/awfiow.  Les  Ecri- 
vains de  Vailfeaux  font  tenus  de  donner  des  mani- 
feftes  fidèles  de  leurs  chargcmens  ,  à  peine  d'être 
punis  comme  contrebandiers  j  &:  challés  du  fervice. 

MANIFESTÉ  ,  EE.  part. 

MANIFESTEMENT,  adv.  D'une  manière  manifefte  , 
évidente.  Apenè  ,  clarè  ,  manifejlè.  Cette  vérité  paroît 
manifcjlcmcnt  par  les  titres  &^  pièces  qu'on  a  produites 
au  procès. 

ICT"  MANIFESTER,  v.  aft.  Faire  connoître  ce  qui 
étoit  ignoré  ,  produire  au  dehors  ,  rendre  manitelle. 
Manifejlare.  Il  étoit  piqué  de  le  voir  contraint  de 
manijejler  au  monde  une  dépendance  fi  foumife. 
RocH.  Le  temps ,  les  expériences  ont  manifejlé  plu 
Iieurs  vérités  inconnues  aux  Anciens. 

§3°  Ce  terme  eft  principalement  en  ufage  dans  les  ma- 
tières de  Religion.  Dieu  a  manifejlé  fon  pouvoir. 
Avec  le  pronom  perfonnel ,  fe  faire  voir  &  connoî- 
tre ,  apparoitre.  Apparere  ,  fe  manifejlum  pr&bere. 
J.  C.  s'eft  manifejlé  à  fes  difciples  plufieurs  fois  après 
fa  réfurrection. 

|C?  Dans  les  autres  matières ,  c'efl;  produire  au-dehors 
fes  fentimens  intérieurs.  Les  courtilans  ne  fe  mani- 
fejlent  pas  aifément.  ^oyeç  Découvrir  ,  Déclarer, 
Déceler  ,  Révéler. 

MANIGANCE,  f.  f.  Terme  populaire  ,  qui  défigne  un 
procédé  artificieux  qu'on  emploie  pour  faire  réullir 
une  aifaire.  Dolus  ,  jraus ,  ajluciu.  On  a  de  la  peine 
à  découvrir  toute  la  manigance  des  Fripiers  ,  &  autres 
canailles ,  pour  attraper  les  gens.  Le  mari  ne  fe  doute 
point  de  la  manigance.  Nicot  prend  manigance  ,  pour 
mauvaife  contenance  ,  contenance  mal  compofée  , 
gejlus  incompojitus ,  ou  pour  un  brouilli  d'atlaires; 
ce  font  fes  termes.  Il  s'eft  trompé. 

MANIGANCER,  v.  a.  Terme  populaire.  Tramer  quel- 
que petite  rufe.  Dolos  neclere  ,  Jlrophas  excogicare  ; 
&  dans  la  balTe  Latinité  j  Manïculare.  Il  a  mani- 
gancé toute  cette  aftaire. 

MANIGUETTE,  ou  MALEGUETTE.  f  f.  Efpèce  de 
graine  qu'on  appelle  autrement  Graine  de  Paradis  , 
ou  grand  Cardamome.  Voyez  Cardamome.  Ce  nom 
lui  a  été  donné  à  caufe  qu'il  s'en  fait  un  grand  trafic 
fur  la  côte  de  Guinée ,  qu'on  appelle  Manigueite  ,  ou 
Malaguette. 
iC?  On  donne  aullî  le  nom  de  Maniquctte  ou  Mala- 
quetce  j  au  poivre  de  la  Jamaïque ,  autrement  appelle 
Graine  de  Girofle.  Voyez  Malaquette. 
MANIHOT.  f  m.  Voye^  MANIOC. 
MANIKOUAGAN.    Lac    de    l'Amérique   feptcntrio- 
nale  ,  dans  la  terre  de  Labrador ,  aux  confins  du  Ca- 
nada ,  &  des  Kiliftinous.  Ou  l'appelle  aulïï  lac  de  iaint 
Barnabe. 


M  AN 


799 


MANILIUS.  {.  m.  Terme  d'Aftronomie.  C'eft  le  nom 
de  la  vingt  quatrième  tache  de  la  Lune ,  fclon  l'ordre 
du  catalogue  qu'en  a  fait  le  P.  Riccioli.  On  lui  a  donné 
cenomdel'Altronome  Manilius,  qui  a  lait  un  Pocme 
des  Etoiles  fixes. 

MANILLE.  Nom  dune  ville  des  Philippines.  Manilla. 
Elle  eft  fituée  dans  l'île  de  Manille  ,  lur  le  fond  d  un 
goUc  qui  porte  le  même  nom  ,  ou  celui  de  C.avita  , 
dans  lequel  elle  a  un  fort  beau  port.  Cette  ville  elt 
grande  ,  défendue  par  une  bonne  citadelle  ,  Se  habi- 
tée par  des  Efpagnols  &  par  des  Chinois.  Elle  a  deux 
Collèges  ,  l'un  de  Jéfuitcs  ,  <.\:  l'autre  de  Jacobins ,  & 
un  Archevêque  qui  ell  Viccroi  des  Philippines  ,  Se 
c[ui  prélîdc  au  Confeil  d'État.   Maty. 

L'Ile  Manille  ,  ou  de  Luçon.  Jnfula  Manilla  ,  ou  lu- 
fonia.  C'efl:  une  ile  de  l'Océan  oriental ,  la  principale 
-  des  Philippines.  On  lui  donne  environ  cent  lieues  du 
nord  au  lud ,  autant  du  couchant  au  levant  ,  &C  quatre 
cent  de  circuit ,  lans  compter  les  golfes.  Elle  eft  fer- 
tile en  blé  ,  en  riz  ,  en  fruits  Ik  en  bcftiaux  ,  &  elle 
nourrit  aullî  des  Crocodilles  fort  dangereux.  Ses  lieux 
principaux  font  Manille  ,  capitale  ^  Luçon ,  Cagajon  , 
ou  la  nouvelle  Ségovie ,  Porto  de  Mandato  ,  Se  Cace- 
rès.  Maty. 

La  Baie  de  Manille,  ou  de  Cavita.  Sinus  ManilU  , 
ou  CavitA.  C'efl:  un  golfe  de  l'Océan  oriental  ,  il  s'a- 
vance de  vingt  cinq  à  trente  Ueues  dans  lile  Manille  , 
Se  a  lur  Ion  fond  la  ville  de  Manille  y  dont  elle  a  pris 
le  nom.  Maty. 

Le  Détroit  de  Manille.  ManilU  Sinus.  Ce  détroit  eft 
entre  l'ilc  de  Tandaie  &  la  pointe  la  plus  méridionale 
de  l'île  de  Manille ,  dont  il  prend  fon  nom. 

tpS"  Manille,  f  f.  Terme  du  Jeu  d'Hombre  ,  du  Qua- 
drille &  du  Tri.  C'efl  en  noir  le  deux,&:  en  rouge 
le  lept  de  la  couleur  dans  laquelle  on  joue  ;  c'eft  la 
féconde  triomphe  :  c'eft  un  matador.  Au  jeu  de  la 
Comète  ,  c'eft,  le  neuf  de  carreau  qu'on  fait  valoir 
pour  telle  carte  qu'on  veut. 

Manille  ,  ou  Ménille.  f.  f.  C'eft  une  des  marchandi- 
fes  que  les  Européens  ,  entr'autres  les  HoUandois  , 
,  portent  fur  les  côtes  d'Afrique  ,  pour  traiter  avec  les 
Nègres.  La  manille  elt  uneelpècede  grand  anneau  de 
cuivre  jaune  en  forme  de  carcan  ou  de  braceler ,  donc 
les  habitans  de  l'Île  de  Madagafcar  fe  fervent  pour  fe 
parer.  Cet  ornement  fe  met  au  bas  de  la  jambe  ,  au- 
deftus  de  la  cheville  du  pied  ,  Se  au  gros  du  bras  au- 
delîus  du  coude. 

MANILLES.  îles.  On  appelle  quelquefois  Manilles , 
toutes  les  Philippines ,  du  nom  de  la  principale.  Voy. 
Philippines. 

MANIMA.  f.  m.  Serpent  du  Brefil  qui  vit  dans  l'eau.  Il 
y  en  a  de  vingt  cinq  ou  trente  pieds.  Ce  ferpenc  a  des 
taches  de  diftérentes  couleurs  :  les  Sauvages  difent 
que  c'eft  dc-là  qu'ils  ont  pris  la  coutume  de  fe  pein- 
dre le  corps.  Ils  l'eftiment  tellement ,  que  celui  à  qui 
le  Manima  s'eft  fait  voir  ,  demeure  perfuadé  qu'il 
vivra  long  temps. 

MANIOC  ,  ou  MANIHOT.  f.  m.  Plante  de  l'Améri- 
que, dont  la  racine  préparée  tient  lieu  de  pain.  C'eft 
un  arbrilleau  qui  vient  à  la  hauteur  de  cinq  ou  fîx 
pieds ,  ou  davantage  ,  &  dont  la  tige  eft  ligneufe , 
tortue  ,  noueufe  ,  fragile  &  moëlleule.  Sa  grolîeur 
eft  diftérente  ,  félon  la  qualité  du  terroir.  Ses  feuil- 
les font  divilées  en  cinq  ou  lix  ,  ou  fept  autres  feuil- 
les étroites  ,  oblongucs  ,  rangées  à  main  ouverte , 
comme  celles  de  l'ellébore  noir.  Ses  fleurs  lont  des 
baflîns  d'une  feule  pièce  ,  de  près  d'un  pouce  de 
diamètre  ,  découpées  allez  protondénient  en  cinq 
pointes.  Elles  lont  rubicondes ,  Se  le  piftil  qui  eft  au 
miUeUj  devient  un  fruit  un  peu  plus  gros  qu  une  noi- 
fette  ,  relevé  en  dehors  de  lix  côtes  ,  &  divilé  au- 
dedans  en  trois  cellules  ,  remplies  chacune  d'une  fe- 
mence  oblongue ,  Se  un  peu  plus  groife  qu'un  pignon 
de  pomme  de  pin.  Sa  racine  eft  femblable  à  celle  du 
panais ,  plein  d'un  fuc  laiteux  ;  elle  eft  II  féconde  , 
qu'un  arpent  de  terre  qui  en  !era  planté ,  nourrira  plus 
de  perfonnes ,  que  n'en  pourroient  nourrir  lix  qui 
feroient  enfemencés  du  meilleur  troment  :  au  bout  de 
neuf  mois  elle  eft  dans  fa  maturité.  Pour  la  faire  ve- 


§oo 


M  A  N 


nii ,  il  faut  prendre  des  bouts  des  rameanx  du  ma- 
/2/t)c,d"uii  pied  de  long  c's:  d'un  doigt  d'épais,  puis 
£iire  des  folles  avec  une  houe  ,  &  mettre  trois  de 
ces  bâtons  en  triangle  dans  la  terre  que  l'on  a  tirée 
de  ces  folles  ,  &  dont  on  a  fait  un  petit  monceau  re- 
levé. On  appelle  cela  Planter  à  /afojfe.  Mais  il  y  a 
une  autre  manière  de  planter  le  manioc  ,  que  1  on 
nomme  Planter  au  piquet ,  qui  cil  plus  prompte  & 
plus  ailée  ,  mais  qui  ne  produit  pas  du  manioc  li 
eftimé  ,  ni  lî  beau  ;  elle  ne  conlille  qu'à  faire  un  trou 
en  terre  avec  un  piquet ,  &:  à  y  planter  tout  le  bois 
de  manioc.  Les  Indiens  n'y  font  point  d'autre  façon. 
Il  y  a  plulleurs  fortes  de  ces  arbnlleaux  qui  ne  font 
diftércns  qu'en  la  couleur  de  leur  bois  &  de  leur 
racine.  Ceux  qui  ont  l'écorce  grile  ,  ou  blanche  ,  ou 
verte  ,font  un  pain  de  bon  goût,  &  ils  croillent  en 
peu  de  temps  ;  mais  les  racines  qu'ils  produiient  ne 
(ont  pas  de  ii  bonne  garde,  &  elles  ne  foifonnent 
point  tant  que  celles  du  /Tzanioc  rouge  ,  ou  violet, 
qui  eft  le  plus  commun  ,  le  plus  cftimé ,  &  le  plus 
profitable.  Le  fuc  de  cette  racine  c(l  un  poiton  fi 
puillant  ,  que  les  Indiens  des  grandes  Iles  ,  perfécutés 
V^t  les  Efpagnols  qui  mettoient  tout  à  feu  &  à  lang, 
voulant  éviter  une  mort  h  cruelle  ,  fe  lérvoient  de  ce 
venin  pourfe  faire  mourir  eux-mêmes-,  mais  au  bout 
<ie  vingt  quatre  heures  que  ce  fuc  lî  venimeux  pour 
toutes  i'ortes d'animaux ,  efl:  tiré  de  (a  racine  j  il  perd  la 
qualité  maligne  ;  &  n'a  plus  rien  de  mortel.  Quelques- 
uns  appellent  celte  plante  maniaque ,  ou  rnandioque. 
Quelques  uns  la  nomment aulll  CaJJave  ■  pluheurs  In- 
sulaires de  l'Amérique  la  nomment  Tucu  ,  ëc  les  Me- 
xicains Quauhcamotli. 

^CF  C'eft  de  la  racine  de  cette  plante  qu'on  fait  une  el- 
pice  de  pain  dont  ufent  la  plupart  des  peuples  qui 
habitent  les  pays  chaudsde  l'Amérique.Chaque  plante 
produit  deux  ou  trois  racines  giolles  comme  la  cuilfej 
&  qui  pèlent  fouvent  jufqu'à  loixante  ou  loixante-dix 
livres.  On  les  fépare  des  tiges  ,  on  les  lave  &  on  les 
ratilfe  pour  en  ôtcr  toutes  les  malpropretés  ;  enluire 
on  les  grage  ,  c'elt  à  dire  qu'on  les  râpe  avec  des  râpes 
de  cuivre  courbées  en  demi  cylindres  ,  longues  de 
dix  huit  à  vingt  pouces,  un  peu  moins  larges,  à- 
•peu-près  femblables  à  celles  dont  on  le  lert  pour  râ- 
per le  lucre.  On  met  cette  rapure  dans  de  grands  lacs 
de  toile  forte  &  claire  ,  qu'on  met  les  uns  lut  les  au- 
tres ,  avec  des  bouts  de  planches  entre  deux  j  &  on 
les  lait  palier  fous  une  forte  prelfe  pour  en  expri- 
mer le  lue  ,  qui  efl:  un  vrai  poifon.  Après  dix  ou 
■douze  heures  de  preile,  c'eft- à-dire  quand  la  rapure 
de  manioc  eft  fuflifamment  dégagée  de  fon  lue ,  on 
Ja  pallé  dans  un  gros  crible  ,  &  on  la  porte  dans  le 
lieu  deftiué  à  la  faire  cuire  ,  pour  en  faire  de  la  cal- 
five,  ou  de  k  farine  de  manioc. 

^T  Pour  faire  la  caJJave  ,  il  faut  avoir  une  grande 
platine  de  fer  ,  élevée  fur  quatre  pieds  ,  entre  lel- 
qucls  on  allume  un  teu  modéré.  Quand  la  platine 
commence  à  s'échaufter  ,  on  la  couvre  également  de 
rapure  de  manioc  bien  étendue  &  un  peu  appLuie. 
On  la  lailfe  cuire  fans  la  remuer.  Il  s'en  forme  une 
erpèce  de  galette  ,  qu'on  retourne  fur  la  platine ,  afin 
de  la  faire  cuire  également  des  deux  côtés.  C'eft  cette 
rapureainfipréparée&:  cuite,  qu'on  appelle  caffave. 

tfT  La  farine  de  manioc  j  ne  diffère  de  la  caffave  , 
qu'en  ce  que  les  parties  de  la  rapure  ne  font  point 
liées  les  unes  eux  autres.  On  jette  la  rapure  dans  une 
poêle  de  cuivre  ,  quand  elle  ell  échautiée  ,  on  la  re- 
mue en  tout  fens  avec  une  efpèce  de  rabot  _,  pendant 
qu'elle  cuit.  Ce  mouvement  empêche  les  parties  de 
s'attacher  les  luies  aux  autres  j  qui  demeurent  en  pe 
tits  grumeaux.  Quand  cette  làrine  eft  cuite  &c  re- 
froidie ,  on  la  met  dans  des  barils  pour  s'en  Icrvir 
au  befoin. 

Les  Sauvages  font  le  pain  de  manioc  de  la  même 
manière  ,avec  cette  différence  ,  qu'au  lieu  de  râpe  . 
ils  le  fervent  d'une  elpèce  de  bois  ,  dans  lequel  ils 
cnchâilènt  de  petites  pierres  dures  &c  pointues.  Au 
liet  de  lac  de  toile  ,  ils  ufent  d'écorce  d'arbre  j  dont 
Hs  font  un  ti'ïu  fort  propre  ■,  (!s:  pour  des  platines  de 
fer  jils  en  ont  de  terre  qu'ils  font  eux  mêmes. 


M  A  N 

Cette  racine  eft  aulll  utile  en  Amérique  ,  que  !e 
blé  en  Europe.  On   en  fait  une  boiflon  ,  qui  vaut 
bien  notre  bière.  Cet  arbrilleau  ne  vient  point  de 
femence  comme  les  autres  ;  mais  de  bouture ,  qu'on 
a  foin  de  planter  les  nœuds  en  haut  ;  car  autrement 
elles  ne  produiroient  rien. 
MANIPULAIRE.  f.  m.  Terme  de  l'ancienne  milice  des 
Romains.  Manipularius.  C'étoit  le  chef  d'une  petite 
troupe  de  gens  de  guerre  ,  appelée  Manipulus.   Le 
Manipule  contj-noit  plus  ou  moins  d'hommes  ,  fé- 
lon    que    la    légion    étoit    plus    ou   moins    forte. 
t^oye\  Manipule.  Le  Manipulaire  qui  en  étoit  le 
chef,  s'appela  aulli  Ordinaire,  he  Manipulaire  axoh 
droit  de  porter  des  caliges.    P^oye^  ce  mot. 
Manipulaire.  adj.  m.  îk  f  Qui  appartient  à  un  mani- 
pule. Alanipularis.  Manipularis  &c  manipularius  ,  fe 
diloient  aulfi  des  loldats  qui  compofoient  la  troupe  , 
appelée  Manipulus  ,  &z  de  ce  qui  y  appartenoit.  Un 
(oldat  manipulaire.  En  habit  manipulaire.  L'enfeigne 
manipulaire ,  étoit  une  botte  d'herbe  &  de  foin,  & 
c'eft  de  -  là  que  venoient  ces  noms  ,   parce  qu'une 
botte  d'herbe  &  de  foin  s'appelle  en  Latin  Manipu- 
lus. C'eft  Ovide ,  Fafl.  L.  III.  v.  itj  ,  ii^  ^ôc 
Plutarque  dans  la  vie  de  Romulus ,  qui  nous  l'appren- 
nent. ifT  Cet  ufage  fubfifta  julqu'au  temps  où   les 
Romains  fubftituèrent  les  aigles  à  la  botte  de  foin. 
MANIPULATION,  f.  f.  Eft  un  terme  dont  on  fe  fert 
en  minières  d'or  &  d'argent ,  pour  expliquer  le  mé- 
canilme  par  lequel  on  tire  l'or  &  l'argent  du  mi- 
nerai ;  c'eft  à  dire  de    la  terre  &:  des  pierres  qu'on 
tire  des  mines ,  &  qui  renferment  ces  précieux  mé- 
taux.  Colleclio  gleharum  aurearum  &  argentofarum  , 
term  aut  glebit  aure&  &  argento/ie.M.  Freziere ,  dans 
fon  'Voyage  à  la  mer  du  Sud  ,  p.    140   &  fuivan- 
tes  ,  décrit  la  manière  de  tirer  l'or  &  l'argent  des 
minières ,  ou  la  Manipulation  du  Minerai  pour  faire 
les  pignes. 
03"  Le  terme  de  Manipulation  eft  également  en  ulagc 
parmi  les  Chimiftes  ,  les  Diftillateurs  &c  plufieurs 
autres  Artiftes  ,  pour  déligner  la  manière  d'opérer. 
C'eft  une  facilité  acquife  par  une  longue  habitude  , 
préparée  par  une  adrelle  naturelle  à  faire   les  difte- 
rentes  opérations  de  l'art.  De  là  manipuler.  Ce  n'eft 
pas  allez  de  lavoir  les  principes  ,  il  faut  favoir  ma- 
nipuler. 
MANIPULE,  f.   m.  Ornement  Excléfiaftique  que  les 
Officians  ,  Prêtre  ,  Di.acre  &  Soudiacre  portent  au 
bras  gauche.  Manipulus.  C'eft  une  petite  bande  ,  large 
de  trois  à  quatre  pouces ,  &  faite  en  forme  de  pe- 
tite étole,  &c  de  la  même  étoffe  que  les  chafubles  & 
tuniques.  Il  fignifie  ts:  reprélente  un  mouchoir  que 
les  Prêtres  de  la  primitive  Eglile  portoient  au  bras, 
pour  eftuyer  les  larmes  qu'ils  verloient  continuelle- 
ment pour  les  péchés  du  peuple  ,  dont  il  refte  en- 
core une  marque  dans  l'oraifon  que  dilenr  ceux  qui 
s'en  revêtent ,  Merear ,  Domine  ,  portare  manipulum 
fletùs  &  doloris.  En  beaucoup  d'endroits  on  l'appelle 
\e  fanon.  Les  Grecs  &  les   Maronites  portent  deux 
manipules  ,  un  à  chaque  bras.   Les   Evêques  ,  dans 
l'Eglife  Latine  ,  ne  prennent   le  manipule  qu'au  bas 
de  l'autel  ,  après  la  confellion  des  péchés  ;  alors  le 
Soudiacre  le  leur  met  au  bras. 

On  l'a  appelle  auflî  en  Latin  Sudarium&c  manuale, 
&  mappula  ,  qui  lignifie  mouchoir. 
Manipule  ,  en  terme  de  Médecine  ,  eft  une  mefure 
d'herbe  ,  qui  s'entend  de  ce  que  la  main  peut  ferrer , 
une  poignée.  Manipulum  ,  ou  maiiipulus  ,  pugillus. 
Les  Médecins  le  déhgnent  dans  leurs  ordonnances 
par  M.  En  quelques  Provinces  on  dit  encore  mannée. 
Se  dans  la  balle  Latinité  on  dit  mannua  bladi;  pour 
dire  poignée  de  blé. 
Manipule  j  lignifioit  encore  chez  les  Romains  ,  une 
petite  troupe  d'Infanterie ,  laquelle  étoit ,  du  temps 
de  Romulus  ,  de  cent  hommes  i  &  du  temps  des 
Conluls  &  des  premiers  Céfars  ,  de  deux  cens.  Ma- 
nus  y  manipulus.  Le  Manipule  avoir  deux  Centu- 
rions qui  le  commandoient  ,  ik.  dont  l'un  étoit 
comme  le  Lieutenant  de  l'autre.  Ces  Centurions 
étoient    ce    que  nos    Capitaines   font    aujourd'hui. 

Ablanc, 


f' 


M  A  N    ^ 

Ablanc.  Chaque  Cohoite  étoit  divifce  en  trois  ;^/a- 

n'ipules  ,  &  chaque  Manipule  en    deux  Centuries. 
Dan. 

Il  eft  vrai  que  dans  Aulu-Gcllc  ,  Z.  XVI.  c.  4.  un 
aiiciïn  Auteur  que  nous  n'avons  plus ,  nommé  Ce- 
cius,  qui  vivoit  du  temps  d'Aniiibai  _,  dont  il  fut 
prifonnier  ,  8c  qui  avoit  écrit  de  la  Milice  ,  dilbit 
que  la  Légion  écoit  compoléc  de  foixante  Ccntu 
ries ,  de  trente  Manipules  ,  de  trente  Cohortes.  Mais 
Varron  ,  L.  IV.  de  ling.  Lat.  Se  Végèce  ,  L.  II. 
c.  /_^j  difent  que  c'étoit  le  plus  petit  corps  de  trou- 
pes qu'il  y  eût ,  &  la  dixième  partie  d'une  Centu- 
rie ;  ik.  Spartien  ,  dans  la  vie  de  Pefeenius  Niger  , 
dit  qu'il  n'étoit  que  de  dix  Soldats;  ce  qui  mon 
tre  que  le  manipule  n'a  pas  toujours  été  la  même 
choie. 

Les   Romains  donnoicnt  le  nom  de   Manipule  à 
cette  troupe  ,  parce  que  chez  eux  le  manipule ,  ma~ 
nipulus  j  fignifioit   au  propre  une  poignée  de  foin  , 
qu'ils  attachoient  au  bout  d'une  perche  pour  fe  re- 
connoitre,  avant  qu'ils  eullent  pris  les  aigles  pour 
enfeigne  ;  de  -  là  vient  que  nous  difons  encore  en 
ce  fens  ,  imc  poignée  de  gens.   Végèce  ,  Z.  III.  c.  i  j. 
Modelte  &  Varron  3  en  apportent  une  autre  raifon. 
Celui-ci  dit  ,  Z.  IF.  de  Ling.  Lac.  qu'il  vient  de  ma- 
nus  ,  qui  (ignifîoit  une  troupe  ,  une  poignée  de  gens 
qui  (uivoient   un  même  étendard.  Ceux-ci  diient  , 
quj  c'eit  parce   qu'ils  comSattoient  en  fe  donnant 
tous  la  main  ,   ou  tous  cnfemMc.    Quod  conjunclis 
manihus  pariter  dinûcarcnt  j  &  il  paroît  par  ce  que 
ces  deux  Auteurs  difent  que  le  manipule  étoit  jufte- 
\    ment  ce  que  nous  appelons  Chambrée.    Contuber- 
nium  autem   manipulus  vocabatur ,  ab  eo  quod  con- 
junclis  manibus   pariter  dimicahant.    Ce    lont  leurs 
pai'oles. 
Manipule  pyrotecniq.ue  ,  fe  dit  à  la  guerre  ,  d'une 
certaine  quantité  de  pétards  de  fer  ,    ou  de  cuivre 
joints  enfemble  par  un   hl  d'archal  ,  &  chargés  de 
poaire  grainée  &  de  balles  de  moufqucts  ,   qu'on 
peut  jetter  à  la  main  fur  les  ennemis.  La  manière  de 
les  faire  cil  enfeignée  par  Calimir  dans  fon  Livre  de 
l'Altillcrie. 
tp-  MANIPULER.  Foyei  Manipulation. 
MANIQUE,  ou  MANICLE./.  f.  Termes  d'Artifans , 
qui  le  dit  d'une  certaine  défcnfe  ou  couverture  qu'ils 
{è  mettent  à  la  main  ,  ou  aux  poignets ,  pour  les  faire 
rélîfter  au   travail,,   où  ils  font  obligés  de  les  em- 
ployer ,  comme  les  Chapeliers,  Cordonniers  ,  Save- 
tiers ,  Mnnicafutoria  ,  &c.  Une  manique  de  cuir. 
MANIQUETTE.  1.  f.  Elpèce  de  poivre  dont  on  fait 
traiic  du  côté  du  Sénégal ,  qui  ell  moindre  que  le 
poi'Te  des  Indes. 
MANîS.  f.  m.  Terme  d'agriculture.  On  appelle  ainfi 
dans   pluiieurs   endroits    les    fumiers  compofés  de 
Go'jemon.   Dans   quelques  Provinces  ,   on  appelle 
mj;:':s  ,  les  fumiers  en  général. 
MANISSA.  Foyei  Magnésie. 

MANISSE.  f.  m.  Idole  qui  efl  adorée  en  Tartarie,  dans 

les  Royaumes  deTangut  &  de  Baratola.  Le  Père  Kir- 

chcr  dit  que  cette  Idole  eft  monftreufe ,  ayant  neuf 

^1       têtes  dilpofées  en  pyramides  ;  trois  au  premier  rang  , 

P       trois  au  (econd  ,  deux  au  troificme  ,  &  la  neuvième 

fai:  \\  pointe  de  cette  pyramide. 

MAN'I  SSIERE.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  qui  a  un 

■|       rou^^e  ferme  ,  un  peu  de  rouge  couvert ,  &  un  très- 

^'       beia  bb.nc  &  bien  net.   Morin. 

MANISSIQUE  (la.).  Petite  rivière  de  l'Amérique  fep- 
tenri  ionalc  ,  dans  la  nouvelle  France ,  qui  tombe  dans 
le  lac  des  Ilinois  ,  à  la  bande  de  l'Ell. 
MANITOU,  f  m.  Animal  qui  fc  trouve  dans  l'île  de  la 
Grenade.  On  le  nomme.  Opajfum  dans  la  Virginie.  Il 
■        ail  tête  d'un  cochon  ,  la  queue  comme  un  loir ,  avec 
r  '       \\v.  fie  fous  le  ventre  ,  dans  lequel  il  porte  &  nour- 
rit fcs  petits.  Il  eft  d'ordinaire  de  la  grandeur  d'un 
moyen  chat.   Voyé':^  dans  le  Diftionnaire  des  Arts,  la 
dcfc.  iption  d'un   Manitou  ,  fnte  par  le  P.  du  Tertre. 
Ces  animaux  fcntcnt  li  mauvais  ,  que  les  chiens  les 
fuiciT-.  Leur  queue  eft  fi  forte  ,  qu'elle  leur  fert  à  fe 
pcnâte  par  le  bout  aux  branches  des  arbres. 
Tome  V. 


M  A 


N 


8or 


ifT  Maniîou.  Dans  l'iiiftoire  des  égarcmens  de  l'Elptit 
humain  ;  c'eft  le  nom  que  les  Algonquins  ,  peuple 
fiuvage  de  1  Amérique  kptentrionale  ,  donncntà  cer- 
tains génies  ou  clprits  iubordonnés  au  Dieu  de  l'uni- 
vers. Il  y  en  a  de  bons  &  de  mauvais.  Chaque  hom- 
me ,  chaque  lemme  a  les  Manitous.  On  fait  des 
offrandes  &  des  facridccs  aux  uns  &  aux  autres  ; 
aux  bons,  pour  s'attirer  leur  faveur  &  leur  protec- 
tion ;  aux  mauvais ,  pour  détourner  les  maux  qu'ils 
pourroient  taire. 
MANIVEAU.  f.  m.  Petit  panier  plat._  Cifla ,  Ciftella, 
Il  ne  fe  dit  guère  qu'en  cette  phrafc  ■■,  un  maniveau 
d'éperlans ,  parce  qu'on  en  vend  d'ordinaire  dans  de 
tels  paniers  une  quantité  fuftilante  pour  en  faire  un 
plat. 
MANIVELLE,  f.  f.  Terme  de  Mécanique.  Pièce  de  fer 
qui  fc  replie  deux  fois  à  angles  droits  ,  qui  eft  d'ot- 
dinairc  au  bout  de  la  broche  de  l'ellieu  d'une  ma- 
chine ,  pour  la  faire  tourner.  Manuhrium  ,verforium. 
Il  y  a  des  doubles  manivelles  pour  faire  mouvoir  le 
pifton  des  pompes.  Il  y  a  aiillides  manivelles  aux  bro- 
ches à  main. 

Ce  mot  vient  de  manuela.  Huet. 
La  manivelle  ,  en  termes  de  mer,  eft  la  pièce  de 
bois  que  le  Timonnier  tient  à  la  main  ,  qui  fait  jouer 
le  gouvernail.  Voye\  Manuelle. 

Les  Imprimeurs  appellent  manivelle  ,  ce  qui  fett  à 

rouler  la  prelle.  Manuhrium. 

ifT  Ce   terme  eft  encore  d'ulage  dans  plufieurs  autres 

arts  &  métiers.  Il  s'entend  généralement  de  ce  qui 

fett  à  faire  tourner  quelque  cliofe  avec  la  main. 

A'IANKISCHLAK.    Petite    ville    d'Afie  ,  au   pays  de 

Khowarefm  ,  fur  le  rivage  de  la  mer  Cafpienne. 
M  AN  LAT  &  MANULAT.  f.  m.  Efpècc  de  monnoie 
de  l'Empire  Grec.  Manlatus  ,  Manulatus.  Les  man- 
lats  étoient  d'or  &  de  cuivre  mêlés  enlemble  -,  ils  va- 
loient  beaucoup  moins  que  les  Belans  d'or. 

Ce    nom  vient   de   celui  de   l'Empereur  Manuel 
Comnène,  qui  fit  battre  cette  monnoie  joiiil  fit  met- 
tre (a  figure  &:  fon  nom. 
MANLIEU.  Nom  d'un  village  ,  avec  Abbaye ,  dans  l'Au- 
vergne ,  près  de  la  ville  d'Illoire.  Magnus  locus.  Il  efl: 
fur  la  Doire  ,  &  a  été  fondé  par  laint  Genès  ,  évcque. 
Valois.  Not.  Gall.  p.jij. 
MANLIUS  ,  MANLIA,  f.  m.  &   f.   Nom  d'une  fa- 
mille Romaine.  Manlius  ,  a.    La  famille  Manlia  a 
été  féconde  en  hommes  illuftres  &  en  Confuls.  C'eft: 
ainfi  que  parlent  nos  Antiquaires.  Il  ne  faut  pas  dire 
la  famille  des  Manliens.    Les  Manlius  ,  à  ce  qu'on 
croit ,  defcendoient  de  Manlius  ,  gendre  de  Tarquin 
le  Superbe. 
MANNACAVOS ,  ou  MANANCAVOS._  Peuples  fau- 
vagcs  des  Indes  Orientales ,  dans  la  prelqu'île  de  Ma- 
laca  ,  au  voihnage  de  la  ville  de  ce  nom. 
MANNE,  f.  f.  (  Prononcez  màne  ).  Terme   de  Phar- 
macie. Drogue  médecinale.  C'eft  un  lue  ou  une  li- 
queur blanche  ,  douce  ,  qui  découle  d'elle-même ,  ou 
par  incifion ,  des  branches  &  des  feuilles  même  des 
frênes-,  tant  ordinaires  que  fi.uvages,  pendant  la  ca- 
nicule ,  &  un  peu  auparavant.  Manna ,  mel  cœlejle. 
On  ne  la  trouve  que  fur  ces  arbres  ,  encore  n'eft-ce 
pas  fur  tous ,  mais  principalement  en  Calabre  &  aux 
environs  de  Briançon.  C'eft  pourquoi  ceux-là  fe  ttoni- 
pent  lourdement  ,   qui  difent  que  c'eft  un  miel  de 
l'air  ,  ou  une  efpèce  de  rofée  qui  vient  d'une  vapeur 
élevée  de  la  terre  ,  &  digérée  dans  l'air  ,  condenfée 
par  le  froid  qu'on  recueille   dans  les  pays  chauds 
avant  le  lever  du  foleil ,  tant  furies  plantes  &  les  ar- 
bres ,  que  fur  les  rochers  &  la  terre  même  ,  qui  dif- 
paroit  lorfque  la  chaleur  furvicnt.  Car,  au  contraire, 
on  l'amaflé  en  plein  foleil ,  lequel  la  sèche  Se  lacon- 
denfe.  Deforte  qu'on  la  doit  mettre  au  rang  des  gom- 
mes qui  s'épaiflUrent  par  la  chaleur ,  Se  fe  réfolven: 
dans  l'humidité.  Les  Italiens  en  connollfent  de  trois 
fortes  ,  manna  di  corpo  ,  qui  fort  d'elle  -  même  des 
branches  de  l'arbre  dès  le  mois  de  Juillet  :  la  leconde , 
manna  formata  ,  ou  for^atella ,  qui  ne  fe  recueille  au 
mois  d'Août  qu'après  l'incifion  de  l'arbre  ,  &  lorfque 
la  première  a  celte  de  couler  :  la  troihème ,  manna  di 

liiii 


:So2 


M  AN 


fronda  ,  qui  fort  d'elle-même  en  lorme  àc  petires 
gouttes  d'eau  ,  comme  une  efpècc  de  (ucur  ,  de  la 
paitie  nerveule  dts  Feuilles  du  frêne  ,  qui  lonc  de  la 
grolfeur  des  grains  de  froment ,  &  qui  s'endurcillent 
âu  foleil  au  mois  d'Août.  On  voit  quelqueluis  ces 
feuilles  ii  chragces  de  ces  grains  ,  qu'il  lemble  qu'elles 
loient  couvertes  de  neige. 
i^  Les  Marchands  Droguiftes  vendent  plulleurs  fortes 
de  mannes  ,  qui  ne  font  diftérentcs  que  par  le  nom 
des  lieux  d'où  elles  viennent ,  ou  par  la  ligure  qu'el- 
les ont.  Manne  de  Calabre  ,  de  Sicile  ,  en  larmes,  en 
grains  ,  &c.  La  Manne  en  larmes  n'ell  point  fadfice, 
comme  on  le  croit  communément.  Elle  prend  d'elle 
•jnême  cette  figure  ,  parce  que  ceux  qui  font  les  inci- 
fions  aux  frênes,  y  mettent  des  bnns  de  paille  ou  de 
petits  bâtons  ,  le  long  dcfquels  la  manne  coulant  tk. 
le  condenlant  à  melurc  qu'elle  iort  ,  prend  la  fi- 
gure qu'on  voit  aux  larmes. 
'<fF  La  Manne  de  Briaiiçon ,  ainfi  nommée  de  la  ville 
de  Briançon  en  Dauphiné  ,  d'où  elle  vient ,  découle 
des  branches  du  Mélelle  ou  Larix. 

La  Manne  purge  doucement.  Altomarus  ,  Médecin 
de  Naplcs,  en  a  fait  un  traité  exprès ,  ls:  Jofeph  Don- 
zellus  confirme  ce  qu'il  en  a  dk.  La  Manne  purge  la 
bile,  quoiqu'on  la  tienne  une  clpcce  de  miel  ;  &  au 
contraire ,  le  miel  ordinaire  l'augmente.  Fuchfius  dit , 
que  les  payfans  du  Mont-Liban  mangent  ordinaire- 
ment la  Manne  y  comme  ailleurs  on  fait  le  miel.  Au 
Mexique  ,  ils  ont  de  la  Manne  que  l'on  mange  comme 
on  fait  le  fromage  en  Europe. 

Dans  la  Perle  &  dans  l'Afie  Majeure  ,  on  cueille 
fur  les  feuilles  de  plulicurs  fortes  d'arbres  ou  arbril- 
feaux  ,  une  matière  liquide  &  gluante  ,  qui  cft  blan- 
che ,  douce  &:  prefque  fembl.able  à  du  miel  blanc , 
dont  les  habitans  font  un  grand  débit.  Ils  nomment 
cette  drogue  Therenïahln ,  &  nous  la  nommons  en 
François  Manne  liquide  j  parce  qu'elle  ne  le  condenfe 
pas  comme  notre  Manne  de  Calabre.  Elle  cil  purga- 
tive comme  elle,  &  les  Egyptiens  cv:  les  Indiens  s'en 
fervent  ;  mais  elle  ell:  fort  rare  en  France. 
Manne  ,  en  termes  de  l'Ecriture ,  cil:  une  nourriture  mi- 
raculeufe  que  Dieu  fit  tomber  du  ciel  pour  nourrir  fon 
peuple  dans  le  Délert  pendant  quarante  ans.  Manna. 
1^:1  Manne  croit  faite  en  façon  de  coriandre,  &  fa  cou- 
leur étoit  comme  la  couleur  du  bdcllion.  Les  Ilraëli- 
tcs  appelèrent  cette  (orte  d'alimeiit  Manne  ,  ou  du 
mot  Hébreu  manah  ,  qui  fignifie  don  ,  pour  dire  , 
que  la  Afiz/2/2eétoit  undonduCieli  ou  du  moi  mi n- 
nah,  qui  fignifie  préparer ,  pour  dire,  que  \x  Manne 
étoit  toute  prête  à  manger  ,  fans  avoir  befoin  d'autre 
préparation  ,  que  de  l'amaller  -,  ou  du  mot  Egyptien 
man  ,  qui  fignifie  qu'efi-cc}  &C  dont  les  Ilraëlitcs 
avoicnt  bien  pu  fc  fervir  au  lieu  de  mah ,  qui  veut 
di-ie  en  Hébreu  la  même  chofe.  En  ettet ,  ce  dernier 
lentiment  eft  d'autant  plus  vrailemblable  ,  que  l'E- 
ciiture  nous  apprend  que  les  Ifra'èlites  furent  dans 
im  grand  étonnement  ,  loriqu'ils  virent  tomber  la 
Manne  pour  la  première  fois  ,  ne  ûchant  ce  que  c'é- 
roit.  Les  uns  croient  que  ce  mot  man  ,  qu'ejl-ce  ? 
croit  une  marque  de  leur  joie  -,  &  les  autres,  au  con- 
traire ,  croient  que  c'étoit  une  marque  de  leur  mépris , 
parce  que  Moyfe  leur  ayant  promis  que  Dieu  leur 
donneroit  du  pain  en  abondance  ,  ils  s'étoient  atten- 
dus à  du  pain  ordinaire.  De  forte  qu'ils  dirent  entr'cux 
man  hu  ,  qu'efl-ce  que  cela  ?  Comme  s'ils  avoient 
voulu  dire  ,  Éll-ce  donc  là  ce  que  l'on  nous  avoit 
promis  ?Saumaife  ne  convient  point  de  cette  origine, 
il  dit  que  les  Arabes  &  les  Chaldéens  appeloient  man, 
une  efpèce  de  iofée  ,  ou  de  miel  qui  tomboit  fur  les 
arbres  ,  tk.  C[\.\e.  l'on  recueillait  en  abondance  lur  le 
Mont  Liban.  Ainil  les  Ifral  lires  ne  demandèrent  point 
par  un  mouvement  de  furprife  ,  ce  que  c'étoit  que 
ces  grains  ronds  &  blancs  ,  &  lemblables  à  la  corian- 
dre ,  qu'ils  voyoient  defcendre  du  Ciel  ,  &  le  dilli- 
fer  par  les  rayons  du  foleil  ;  mais  ils  les  appelèrent 
man  ,  parce  qu'ils  tomboicnt  avec  la  rofée  ,&  à  peu 
{)rès  de  la  même  manière  que  le  miel  qui  leur  étoit 
très- connu  lous  le  nom  de  man.  Saumaiie  ajoute  que 
cette  Mànne  des  Ifraclices  i/étoit  autre  choie  que  cette 


MAN 

graille,  &  cette  rolée  épailfe  qui  fe  condenfoit ,  & 
que  c'étoit  la  même  choie  que  le  miel  fauva^e  donc 
Saint  Jean  fe  nourrilfoit  dans  le  Détert.  Ainfi  le  mi- 
racle ne  confiftoit  point  dans  la  nouveauté  Si.  dans  la 
formation  d'une  nouvelle  lubltance  ,  en  faveur  des 
liraëlites  :  mais  dans  la  manière  pontbuelle  dont  elle 
étoit  dilpenlée  parla  Providence,  enlorte  qu'une  11 
grande  multitude  étoit  pleinement  rallaliée.  Les  Krac- 
lites  murmurèrent  contre  la  Manne  ,  &  en  eurent  du 
dégoût  :  ils  diloient ,  pour  marquer  ce  dégoût ,  que 
leurs  yeux  ne  voyoient  que  Manne.  La  Manne  cft  une 
des  figures  de  l'Euchariftie.  Quelques  Ecrivains  Ec- 
cléhaftiques  ont  aulll  donné  ce  nom  à  un  certain  bau- 
me ou  poudre  odorante  qui  lortent  des  fépulcres 
des  corps  des  Saints.  Claude  Saumaife  en  fait  une 
Dillcrtation. 

Manne  j  le  dit  aulTi  figurément  des  alimens  de  l'efprit, 
Anim&  pahulum.  Il  fout  le  nourrir  de  la  lubftance 
de  la  vérité  ,  &  fe  repaître  abondamment  de  cette 
manne  célefte.  Maleb. 

Manne  ,  fe  dit  par  extcnfion  de  toutes  fortes  de  viandes 
&  de  fruits  ,  principalement  quand  ils  lont  abondans 
dans  un  pays  j  &  qu'ils  fervent  beaucoup  à  nourrir 
un  peuple.  C'eft  une  bonne  manne  ,  une  vraie  munne. 

Manwe  d'Encens  ,  eft  de  l'encens  mâle  choili  en  petits 
grains  les  plus  ronds ,  les  plus  nets ,  ayant  la  couleur 
de  la  belle  manne.  Lachryma  churis.  On  donne  aulli 
ce  nom  aux  miettes  farineufes  d'encens  qui  le  trou- 
vent au  fond  des  facs  dans  lefquels  on  l'a  traniporté  , 
tk  qui  fe  font  faites  par  l'agitation  &  par  le  frotte- 
ment qu'ont  caulé  les  voitures. 

Manne  fe  dit  auill  d'une  couche  de  terre  minérale  fur 
la  veine  du  métal ,  dont  elle  eft  la  marque.  Segul- 
lum  ,  marga.  Ainfi  on  dit  manne  d'or'  pour  fignifier 
une  forte  de  fable ,  qui  eft  un  indice  qu'il  y  a  quel- 
que mine  d'or  cachée  fous  ce  fable.  En  Latin  fegu- 
lum.  PoMEY,  après  Monet.  On  dit  aullî  manne  de 
fer  ,  manne  d'airain  dans  le  même  lens  ,  ferrari&  , 
&rari&  ven£ ,  index  marga.  Monet. 

En  termes  du  grand  Art ,  manne  fignifie  la  matière 
terreftre ,  &  manne  divine  veut  dire  la  matière  de  U 
pierre  des  Philolophes. 

Manne  ,  eft  aulll  une  manière  de  panier  grand  &  plat 
avec  des  anfes  à  chaque  bout ,  &  où  l'on  met  la 
vaiilelle  lurfqu'on  a  delfervi.  Manne  à  deftervir. 
Benna  j  corhita ,  farcina  ,  cifla. 

Manne  d'Enfant  ,  eft  un  autre  ouvrage  de  Van- 
nier,, en  forme  de  berceau,  avec  une  anie  à  chaque 
côté  &  quatre  pieds  delfous ,  où  l'on  met  coucher 
un  enfant  au  maillot.  Cunit  vimine^. 

Manne  a  Marée.  Sorte  de  panier  grand,  rond.  Se 
creux  ,  où  l'on  met  de  la  marée.  Cijia  pifcaria. 

MANNEQUIN,  f  m.  Ouvrage  d'ofier.  Cijla,  cifiula. 
Panier  |f3°  long  Se  étroit ,  dans  lequel  on  .ippoxte 
du  fruit  ou  de  la  marée  au  marché. 

03°  Mannequin  ,  en  jardinage.  Panier  de  gros  ofier, 
fait  à  claire  voie,  rond,  plus  ou  moins  profond, 
dans  lequel  on  élève  certains  arbres  deftmés  à  re- 
garnir un  jardin ,  à  remplacer  ceux  qui  manquent. 

Mannequin  ,  en  termes  de  Peinture  ,  fe  dit  d'une  ftatue 
qui  elt  ordinairement  de  cire  ,  &  quelquefois  de  bois,  ' 
de  laquelle  les  jointures  font  faites  d'une  manière  à 
lui  pouvoir  donner  telle  attitude  qu'on  defire  ,  & 
difpofer  les  draperies  &  les  plier  comme  l'on  veut. 
Simulacrum  in  omnem  hahitwn  verfatile. 

gCT  On  dit  qu'une  figure  fent  le  mannequin ,  pour  dire 
qu'elle  n'a  pas  été  étudiée  fur  la  nature. 

En  cette  dernière  lignification  mannequin  vient  de 
l'Allemand  man  ,  qui  fignifie  homme  ,  &  mannequin, 
périt  homme.  En  la  première  lignification  mannequin 
vient  de  manne ,  qui  eft  encore  en  ufage  en  Fran- 
çois ,  &  mannequin  fignifie  petite  manne  ,  comme 
on  a  fait,  plufieurs  diminutifs  en   y  ajoutant   quin. 

Mannequin  ,  En  Anglois  Maund  étoit  autrefois  une 
mcllue  d'Angleterre,  qui  contenoit  8  baies,  ou  z 
cuves.  C'étoit  une  manière  de  gi"and  panier.  Harri». 

fp-  MANNEQUINÉ.  ÉE.  adj.  Terme  de  peinture.  On 
dit  que  des  draperj^i  font  mannequinées  ,  pour  dire 


M  A  N 

qu'elles  font  tlifpofées  avec  art'cctation  F'oyei  Man- 

NhQUIN. 

MANNETTE.  f.  f.  panier  d'oficr  à  deux  anfes  ,  qu'on 
nomme  aiilii  Manne  iSc  Banne. 

AlANNUS.  Dieu  des  Germains.    F'oje^  Man. 

MANOA  ELDORADO.  Nom  d'une  ville  que  l'on  pla- 
ce dans  la  Cujane  ,  dans  l'Amérique  méridionale  ,  liir 

■  Icbord  occidental  du  lac  de  Parinie.  Manoa.  Les 
Efpagnols  s  étant  laillc  perfiiadcrj  que  cette  ville  étoit 
pleine  de  trelors  ,  (c  font  quelqueKjis  mis  en  dépenle 
pour  la  chercher  ;  mais  ils  n'ont  jamais  pu  trouver  ni 
cette  ville ,  ni  le  vafte  lac  de  Parime  fur  lequel  on 
l'a  fituée  j  d'où  l'on  peut  juger ,  que  ni  l'une  ni  l'autre 
ne  fublirtent  point  ertedtivement.  Maty. 

MANOBARBULE.  f.  m.  Mambarbulus.  Holfman  à  ce 
mot  &:  au  mot  Plumhau  ,  dit  toujours  Manohar- 
imlus.  Cependant  on  lit  Martiobarbide  dans  Végècc. 
Ainli  Hotiman  le  trompe.  Foye':^  Martiobarbule. 

MANOBL  f.  m.  Efpècc  de  fruit  du  Biéfd  &  des  An- 
tilles qui  vient  fous  terre  comme  les  trurtes.  La  plante 
qui  le  produit,  a  une  tige  haute  d'un  pied  ou  d'un  pied 
&  demi  j  carrée  ou  cannelée  ,  roullâtre  &  velue.  Il  en 
fort  plulicurs  rameaux  qui  portent  chacun  quatre 
feuilles  allez  fcmblables  à  celles  du  mélilot.  De  la 
jointure  de  ces  rameaux  nailfent  de  petites  Heurs 
jaunes  ,  rouges  fur  les  bords,  corapolces  de  deux 
feuilles  ,  &c  attachées  à  des  pédicules  longs  d'environ 
lin  doigt  &  demi.  Sa  racine  ell  menue,  filamentcufe  , 
lur  laquelle  viennent  les  fruits  qui  font  des  goullès 
grifes  j  oblongucs  ,  de  la  grolleur  des  myrobolans , 
fragiles:  chacune  contient  deux  noyaux  gros  comme 
une  avelme,  dont  le  dedans  elt  blanc,  oléagineux  j 
&c  du  même  goût  que  nos  piftaches.  On  les  préfente 
au  delïcrt ,  mais  cette  forte  de  fruit  caufe  le  mal  de 
tête  à  ceux  qui  en  mangent  trop.  Lorfqu'ils  font 
entiers  &  qu'on  les  remue  ,  ils  font  du  brait.  Quel- 
ques uns  les  nomment  muemtnt piftaches.  Marcgrave 
appelle  la  plante  Munduhï  Brafdicnfibus. 
jMANOÉ  ou  MANDOÉ.  Petite  île  de  Dannemarck  , 
fur  la  côte  occidentale  du  Duché  de  Slefwig  près 
de  la  ville  de  Ripen. 

MANŒU'VRE.  f.  m.  Ce  mot  fignifie  proprement 
celui  qui  travaille  de  fes  mains  :  Opcra  operarius , 
mais  on  ne  s'en  fert  guère  qu'en  parlant  d'un  aide 
à  Maçon  ,  d'un  aide  à  Couvreur,  c'eft-à-dire  ,  d'un 
homme  qu'on  prend  à  la  journée  pour  fervir  les 
Maçons  &  les  Couvreurs ,  &  faire  les  fondions  qui 
n'ont  befoin  d'aucun  art ,  ou  apprentilfagc.  On  ap- 
pelle manœuvres  ceux  qu'on  emploie  à  gâcher  du 
plâtre  ,  à  nettoyer  les  calibres,  à  porter  le  mortier^ 
les  moilons,  les  terres,  &c.  On  appelle  goujats  , 
les  moindres  manœuvres,  comme  ceux  qui  portent 
le  mortier  furl'oifeau ,  &c.  Daviller. 

Ce   mot  vient    de  manopera ,    ouvrage   de  main. 

MÉNAGE. 

On  appelle  proverbialement  &  ironiquement  un 
homme  fin  &  adroit  ,  un  rufc  manœuvre.  Un  fùté 
manœuvre. 
Manœuvre  ,  à  la  campagne  ,  fe  dit  des  pauvres  gens  , 
qui  vivent  du  tnivail  de  leurs  bras,  &  qui  n'ont  au- 
•        cun  bien ,  ni  commerce ,  ni  induftrie.  Operarius.  En 
cette  Paroirte  il  n'y  a  qu'une  douzaine  de  Laboureurs  , 
de  Vignerons  ,  ou  de  Marchands  :  tous  les  autres  ne 
font  que  des  pauvres  manœuvres ,  &  gens  de  jour- 
née, qu'on  emploie  à  faucher  ,  faner  ,  moillonner, 
vendanger ,  &c. 
Manœuvre,  f.  f.  En  termes  de  marine  ,  tf^"  c'efl:  en 
général  tout   ce  qui  fert  au  gréément  du  vailléaa  , 
cordes,  poulies,  voiles,  &c.  On  le  dit  particulière- 
ment des  cordes  &:  cordages  qui  fervent  à  manier 
les   voiles  en'  diverfes  façons ,  comme  les  iffas  ou 
drejfes ,   qui  lont  le  long  des   mats ,   fervant  à    les 
hauller.  Funium  inftruclus  nauticus  ;  manœuvres  hautes 
font  celles  qui  fe  font  de  delTus  les  vergues  ,  &  de 
delTus  les  hunes.  Les  manœuvres  bajfes  font  celles  qui 
fe  font  de  delfus  le  pont  du  vailfeau.  Les  Balancincs 
fervent  à  faire  pencher  les  antennes  d'un  côté  ou 
d'autre.  Lts  h  ras  tirent  le  bout  des  antennes  vers  la 
paupc.  Lés  écoutes  ou  contre-écoutes  ûzimcm  le  bout 
Tome  V, 


MAN  803 

des  voiles.  Les  hrcuUs  ou  martinets  fervent  à  em- 
brouiller promptement  les  voiles,  ^\c^  garcettes^ 
les  ferler  ,  les  ralingues  à  les  fortifier.  Les  boulines 
ou  houlinettes  fervent  à  ouvrir  les  bords  des  voiles 
pour  recevoir  le  vent  qui  vient  de  biais.  Cela  fait 
dix  ou  onze  cordes  qui  lont  le  plus  fouvent  doubles, 
tV  étant  nuiltipliécs  par  les  dix  voiles  font  plus  de 
zoo  cordes  ou  manœuvres  Vitacle  elt  la  plus  grolîc 
At:i  manœuvres.  Elle  fouiiciit  &  élève  l'antenne, 
pallant  a  une  poulie  qui  e(t  fous  la  hune,(Sc  aboutie 
à  un  mouffle  de  poulies  où  font  les  illàs. 

Il  y  a  des  manœuvres  dormantes ,  qui  font  fixes, 
auxquelles   on   touche  rarement ,   &   d'autres    cou- 
lantes ou  courantes,  qui  iont  prefque  en  mouvement 
continuel ,  comme  celles  qui  fervent  i.   manier   les 
voiles. 
Manœuvre  de  hune,  ou  guinderelle,  terme  de  î^a- 
rine  ,  c'efl  un  cordage  amarré  au  grand  mât  de  hune , 
afin  d'ilfer  (Sj  d'amener  ce  mat  par  la  force  du  ca- 
bellan  lorlque  le  gros  tems  y  oblige. 
MaisŒuvre,  fignifie  aulfi  l'ufage  &:  le  fervice  de  ces 
cordages  ,  &  lelervice  des  Matelots  qui  les  font  mou- 
voir. Opus ,  aclio ,  minifterium  nauticum  :  ffT  c'eft 
proprement  l'art  de  foumettre  les  mouvemens  d'un 
vaillèau  à^  certaines  loix ,  pour    le  diriger  le  plus 
avantageufement  dans  fes  évolutions.  On  dit  bonne 
ou  mauvaile  manœuvre ,   Fine  manœuvre.  Sans    une 
m-anœuvre  faite  à  propos  ,  nous  étions  perdus.  Ce  Ma- 
telot entend  bien  la  manœuvre  ,  il  exécute  i'oudain  les 
commandcmens.  Il  faut  qu'un  Capitaine  de  vailfeau 
entende  bien  la  manœuvre  ,  car  fans  cela  il  ne  peut 
pas  la  bien  commander.  Le  pilotage  &  la  manœuvre 
lont^  les  deux    chofcs   nécellaires  pour  conduire  urr 
vailîeau.    Une  laulfe  manœuvre  peut  faire  perdre  la 
bataille. 
ItTAinii  manœuvre  8c  manœuvres  fignifientdes  choies 
ablolumentditférentes.  Lz  manœuvre  eft  l'art  de  con- 
duire un  vailfeau  ,   de  régler  fes  mouvemens  ,  tout 
ce  qui  fe  fait  pour  le  gouvernement  du  vailTeau  ;  au 
lieu  que  les  manœuvres  font  des  cordages  deflinés  à 
flaire  agir  ,  à  manier  les  vergues  &  les  voiles ,   &  à 
faire  les  autres  lervices  du  vailfeau. 
Manœuvre,  fignifie  aulfi  dans  l'art  de  bâtir,  le  mou- 
vement libre  des  Ouvriers  ,  &  des  machines ,  dans 
un  endroit  ferré  &  étroit ,  pour  y  pouvoir  travailler, 
comme  dans  une  tranchée,  pour  lever  un  mur  d'a- 
lignement au  cordeau.  Dans  un  batardeau  ,  pour  fon- 
der une  pile  de  pont ,  il  doit  y  avoir  au  moins  fix 
pieds  d'efpace  entre  le  batardeau  &  la  pile  pour  lailîèr 
la  manœuvre  libre. 
§Cr  Manœuvre  ,  en  peinture  ,  fe  dit  d'un  tableau  où 
les  couleurs  font  bien  fondues.  La  manœuvre  de  ce 
tableau  eft  belle  ,  il  eft  bien  empâté. 
Manœuvre  ,  fe  dit  figurément  en  morale  en  parlant  de 
la  conduite  qu'on  obferve  pour  faire  réuflir  quelque 
alïliire  ou  entrepi  ile.  Il  ne  fe   difoit  guère  autretois 
qu'en  mauvaile  part.  Vous  avez  fait  là  une  mauvaife 
manœuvre;  c'eft-à-dire,  vous  avez  fiit  quelque  faute, 
ou    quelque  mauvaile   démarche  qui  nuira  à  votre 
delTèin.  Mais  le  terme  de  manœuvre  &:  quelques  autres 
termes  (ont  venus  beaucoup  à  la  mode  depuis  un  cer- 
tain temps.  Les  Officiers  de  Marine  parlent  toujours 
marine  ,  &  fe  fervent  des  termes  propres  de  leur  art 
pour  exprimer  les  chofes  les  plus  communes.  M.  de 
Seignelai  étant  Miniftre  de  la  marine  ,  introduifit  à 
la  Cour  beaucoup  d'exprelîions  tirées  de  la  marine  , 
&  on  s'en   fervit  à  fon   exemple  dans   le  difcours 
ordinaire  ,  par  une  elpèce  de  métaphore  qui  eut  beau* 
coup  d'agrément.  Voilà  une  bonne  manœuvre  ,   une 
fine  manœuvre  ,  pour  dire  ,  une  conduite  fage  ,  pru- 
dente ,   adroite  pour  arriver  à  Ion  but.  Cacher  ou 
dérober  fa  manœuvre  ,  c'eft  agir  fecrétement ,    fans 
faire  femblant  de  rien  ,  fans  que  perfonne  s'en  ap- 
perçoive. 
Manœuvre  ,   (e  dit  aufli  en  parlant  des  mouvemens 
qu'un  Général  ou  un  autre  homme  chargé  du  com- 
mandement ,  fait  à  la  guerre.  Les  ennemis  croyoient 
I       l'avoir  renfermé  ,  mais  il  fit  une  manœuvre  à  laquelle 
1      ils  ne  s'attendoient  pas.  On  le  dit  dans  le  même  fens 

I  i  i  i  i    ij 


8o4  M  A  N 

de  toutes  les  auttes  aftaires ,  comme  de  la  conduite 
d'un  procès,  de  la  pouiiuice  d'une  charge  ,  &c. 
MANŒUVRÉE.  (".  f.  Terme  de  Coutumes.  Ouvrage, 
travail  des  mains.   Alinijhrïum   corporis  ,  manaïun  , 
dans  la  balle  Laiinité  manopera.  Les  Valfaux  doivent 
des  manœuvrées  à  leurs  Seigneurs. 
MANŒUVRER,  v.  n.  \fr  Faire  taire  des  évolutions  au 
navire,  à  une  armée  navale.  On  dit  aulh  manœuvrer, 
quand  ,  fans  changer  de  route  ,  on  diipole  certaines 
voiles  ,  qu'on  en  i'trre   quelqu'une  ,   ou  qu'on  fait 
quelque  changement  dans  la  difpofition  aftuellc  de 
la  voilure.  Travailler  aux  manœuvres  ,  les  gouverner  , 
&  faire  agir  les  vergues  &  les  voiles  d'un  vaiffeau. 
Nauticos  funcs  verfare  ,  fleclen.  Il  faut  du  temps  a 
un  iiMtelot  pour  apprendre  à  bien  manœuvrer. 
^  Il  eft  aulli  ad:if ,  &  l'on  dit  manœuvrer  un  vailleau  , 
manœuvrer  les  voiles.  Déjà  les  matelots  Anglois  avoient 
pallc  fur  le  vailfeau  entièrement  démâté  ,   pour  le 
manœuvrer.   Volt.  Les  Anglois  qui  étoient  dans  le 
vailleau  occupés  z  manœuvrer  leur  prifcj  furent  pii- 
(onniers  eux  mêmes.  Id. 
|CF  On  le  dit  aullI  en   parlant  des  mouvemens  que 
des  troupes  exécutent.  Ces  troupes  ont  bien  manœu- 
vré. 
|CF  Manœuvrer.  Se  dit  au  figuré  ,  ordinairement  en 
mauvaife  part ,    employer    des    moyens  pour    faire 
rcudir  une  affaire,  une  entreprife.  Manœuvrer  ioM^i.- 
demciit.  Il  a  bien  manœuvré  A\\\s  cette  atfaire.  • 
MAN(5UVRIER.  f.  m.  Terme  de  marine.  Qui  entend 
bien  la  manœuvre.  Operis  nautici  peritus.    Qui  (ait 
tout  le  détail  de  la  manœuvre  d'un  vailleau.  C'eil  un 
bon  ,  un  excellent ,  un  fin  manœuvrier.  L'Officier  ma- 
nœuvrier el\  celui  qui  commande  &   qui  dirige  les 
mouvemens  du  vailleau.  On  appelle  aulli  manœuvriers 
les  gens  de  l'équipage  deltinés  à  exécuter  les  diffé- 
rentes manœuvres. 
MANOIE.  f.  f  Vieux  mot.  Mémoire. 
lilANOIR.   f.  m.  Vieux  mot ,   qui   fignifioit  autrefois 
une  maifon.  Domkdium  ,  fedes. 

En  termes  de  Pal.iis  ,  manoir ,  fe  dit  encore  d'un 
certain  lieu  fixe  &  diftingué  ,  où  un  homme  cit 
préfumé  fiire  fa  demeure ,  &  où  l'on  va  pour  rendre 
les  hommages  &  devoirs  qu'on  doit  rendre  au  domi- 
cile. Ainli  il  fe  faut  préfenter  au  manoir  feigneurial 
pour  y  faire  la  foi  &  hommage ,  y  faire  fîgniher  Ion 
aveu  &■  dénombrement.  \Jn  aîné  partageant  noble- 
ment ,  doit  avoir  par  préciput  le  principal  manoir. 
On  dit  auifi  le  manoir  Épilcopal ,  en  parlant  de  la 
maifon  de  l'Évêque. 

Ce  mot  vient  du  Latin  manere ,  ou  de  manerium  , 
qui  fignifioit  une  habitation  avec  quelques  terres 
autour.  On  a  dit  aulli  manfio.  Il  vient  plutôt  de  ma- 
ner ,  qui  en  langage  Celtique  ou  Bas  Breton  fignilîe 
Maifon  de  nohlejje. 

En  Poche  ce  mot  s'ell  aulTî  confeivé  :  les  Poètes 
appellent  les  Enfers ,  le  lombre  manoir.  Ainfi  Habert 
a  die  en  décrivant  le  Temple  de  la  Mort , 

Et  cet  obfcur  manoir 
Afesfunejles  murs  entourés  de  drap  noir. 

Et  la  Fontaine , 

Peu  s'en  fallut  que  le  folell 
jVe  rebroujjat  d'horreur  vers  le  manoir  liquide. 

ïfT  MANOMÈTRE,  f.  m.  Terme  de  phyfîque  ,  du 
grec  ,  f<«'  '  ,  rare,  &  ^.t(>o  ^  mefure.  C'ell  un  inftru 
ment  inventé  pour  mefurcr  la  denfité  de  l'air.  Mano- 
metrum.  Le  baromètre  ne  fait  connoître  que  le  poid'; 
de  l'atmofphère  ,  ou  de  la  colonne  d'air.  Le  mano- 
mètre  mefure  en  même  temps  la  denfité  de  l'air  dans 
lequel  il  fe  trouve  ,  laquelle  dépend  non-fculemcnt 
du  poids  de  l'air  ,  mais  encore  de  l'aition  du  chaud 
&  du  froid  ,  &  malgré  certe  diflintlion  on  confond 
allez  fouvenr  ces  deux  inftrumens. 

MANON,  f.  f  Nom  propre  de  fille  qui  eft  une  efpèce 
de  diminutif  de  Marie.  Maria. 

MANOPLES.  f.  f.  pi.  Cœjlus.  C'cft  ainfi  que  quelques- 


M   A  N 

uns  ont  appelé  les  certes  ou  gantelets  dont  on  fe  fcr- 
voit  dans  les  anciens  jeux.  1^ oye^  le  combat  de  Darès 
&  d'Entellui  dans  le  cinquième  livre  de  l'Enéide.  Les 
celles  ou  manoples  étoient  laites  de  courroies  de  cuir. 
Il  y  a  fur  quelques  médailles  des  figures  de  manoples 
au  revers.     Ce  mot  vient  peut-être  de  manlpulus , 
poignée,  peut  être  naiYi de  manus ,  main ,  &c  da  Gtec 
cTtxov ,  arme. 
MANOQUE.  f  f.  Rouleau  de  tabac.  Ce  tabac  eft ,  ou 
n'eft  pas  d'une  bonne  ynanocle.  On  voit  par  la  fignih- 
cation  de  ce  mot,  qu'il  n'eft  pas  fort  ancien  dans  la 
langue  Françoife. 
MANOSQUE.   Ville  de   France  ,  fituée  dans  la  Pro- 
vence ,  entre  fifteron  &  Aix ,  à  fept  lieues  de  la  pre- 
mière ,  à  huic  de  la  dernière  ,  &  à  une  de  la  Durancc. 
Manuafca.   Cectc  ville  eft  dans  un  terroir  fort  fertile  , 
elle  eft  agréable  &  ornée  d'un  grand  nombre  de  bel-   . 
les  fontaines ,  de  deux  Egliies  paroilllales ,    de  cinq 
Couvens  de  l'un  &  de  l'autre  fexe ,  <ic  d  un  château 
fortifié  a  l'antique.  On  croit  qu'elle  a  été  bâtie  des 
ruines  de  trois  ou  quatre  villages  qui  étoient  aux  en- 
virons ,  &  que  c'eft  pour  cette  raifon  qu'elle  porte 
quatre  mains  dans  fes  armes.  Les  Comtes  de  Forcal- 
quier  la  donnèrent  aux  Chevaliers  Templiers,  on  y 
voit  encore  les  ruines  de  leur  Couvent.   Cet  Ordre 
ayant  été  exterminé ,  celui  de  Malte  a  été  depuis  maî- 
tre de  Manofque.    Maty. 

MANOTTE.  roye:^  Menottes. 

MAi'^IOUF.  f  m.  Sorte  de  lin  qui  vient  du  Levant  par 
la  voie  de  J^larfeille. 

UCr  MANOUVRIER.  f  m.  Homme  de  peine.  Ouvrier 
qui  travaille  à  la  journée  ,  &  de  t'es  mains.  Opera- 
rius.   Qui  vit  du  travail  de  les  mains. 

MANQUE,  f  m.  Défaut.  Le  manque  d'argent,  de 
vivres  ,  de  munitions ,  fait  échouer  les  meilleures 
aifaires,  ou  rendre  les  meilleures  places.  Defeclus  ^ 
inopla.  Le  manque  d'amis,  de  crédit  lui  a  fait  faire  ban- 
queroute. Les  femmes  pardonnent  aiiémentun  manque 
de  refpeét  ,  quand  il  ne  vient  que  d'un  excès  d'a- 
mour. S.  EvR.  Quelques  talens  que  l'on  ait  j  le 
manque  de  politelle  détruit  l'eftime.  Bell.  M 'atta- 
quer fur  le  manque  de  relped:  à  mon  maître!  De  Bussi. 

tfT  On  dit  qu'on  a  trouvé  un  écu  de  manque  dans 
un  lac  de  mille  francs,  pour  dire  qu'on  l'a  trouvé 
de  moins. 

On  dit  aullî  adverbialement, /72^7/2^««  de  (ôin ,  man- 
que de  fanté  ,  il  a  lailfé  perdre  (a  fortune.  Ce  n'eft 
pas  manque  de  foins,  faute  de  ioins,  s'il  ne  profite 
pas  en  cette  aftaire. 

îfT  MANQUEMENT,  f.  m.  Faute  que  l'on  commet 
en  manquant  de  faire  ce  que  l'on  doit.  Culpa.  Voyez 
Omijjlon.  Il  n'y  a  perfonne  qui  ne  foit  fujet  à  quel- 
que petit  manquement. 

ifJ'  On  dit  aulh  manquement  de  parole  ,  manquement 
de  foi ,  manquement  de  refpeét.  Le  manquement  de 
parole  ne  mérite  pas  de  pardon  entre  gens  d'hon- 
neur.   Se  venger   d'un  manquement  de  foi.  RocH. 

Manquement  ,  en  ce  (cns  n'eit  plus  en  ufage.  Nous 
difons  manque. 

MANQUER,  v.  a.  LailTer  échapper  une  occafîon  de 
faire  quelque  chofe,  n'en  favoir  pas  pronter.  Il  avoit 
dellein  de  llirprendre  cette  ville  ,  il  1  a  manqué  d'une 
lieure.  Un  tel  hazard  lui  a  fait  manquer  Ion  coup. 
Ce  Prévôt  vouloir  piendre  ce  ptifonnier  ,  mais  il  a 
manqué  fon  homme.  Il  l'a  manqué  belle,  c'eft  à  di- 
re,  il  a  palfé  une  bonne  occalion  fins  s'en  fervir. 
On  dit  aulli ,  il  l'a  manqué  belle  ,  en  mauvaife  part, 
il  eft  échappé  heureufemcnt  d'un  grand  péril ,  peu 
s'en  eft  fallu  qu'il  n'y  foit  tombé.  S'il  me  manque , 
je  ne  le  manquerai  pas.  J'ai  manqué  ce  lièvre  ,  pour 
dire,  je  ne  l'ai  pas  tué.  Je  ne  l'ai  manqué  que  d'une 
heure  ,  c'eft  à-dire,  je  l'aurois  trouvé  fi  j'étois  venu 
une  heure  plutôt.  Son  retardement  lui  a  tait  manquer 
la  partie.  Toutes  ces  manières  de  parler  font  du  flyle 
familier  &c  de  converfation. 

Rarement  on  peut  voir ,  fans  en  être  piqué , 
PoJJéder  par  un  autre  ,  un  cœur  qu'on  a  manque. 

Mol. 


M  A  N 

Manquer,  v.  n.  (îgnifie ,  Faillii- ,  fiiiie  quelque  faute. 
Pcccare  ^  dclinquerc  ,  offenderc.  Il  cft  de  l'iiiiinnuc 
humaine  de  manquer.  Il  y  a  peu  de  perfoiincs  qui 
ne  manquent  quelquefois.    , 

Manquer,  fe  dit  aulH  dans  le  même  fens ,  désarmes 
à  feu  ;  Dcjicere  ,  pour  dite  ,  ne  pas  tirer  ,  ne  pas 
prendre  feu.  Il  m'auroit  tué,  fi  fcs  piltolets  n'avoient 
pas  manque.  Son  tulil  manqua. 

^*°  Manquer  de,  avoir  fiute.  Carere  ,  deficere.  Man- 
quer d'ugein  ,  d'amis  j  de  fantc.  Manqueras  réfolu- 
tion  ,  d'occalion.  On  dit  qu'un  homme  ne  manque  pas 
de  vanité  ,  de  bonne  volonté,  pour  dire ,  qu'il  a  de 
la  vanité  ,  de  la  bonne  volonté. 

^CF  On  dit  également  d'un  homme  ,  qu'il  manque 
d'argent  ,  ou  que  l'argent  lui  manque.  Les  allîégés 
manquoïcnt  de  vivres,  de  munitions  j  ou  les  vivres 
les  munitions  leur  manquaient.  Manquer  de  parole  , 
c'eit  ne  pas  tenir  la  parole.  Manqueras  foi,  n'avoir 
point  de  bonne-loi. 

§Cr  Manquer  à,  c'efl:  ne  pas  faire  ce  que  l'on  doit  j 
relativement  à  une  perfonne  ou  à  une  chofe.  On 
manque  à  Ion  devoir  ,  à  (on  honneur  j  à  (à  paro- 
le ,  a   Tes  amis ,  &c.  DeeJJe  ojficio. 

^3"  On  dit  dans  le  même  fens  fe  manquer  à  foi  mc- 
me.  Le  Roi  pourluivi  par  l'implacable  fortune ,  ne 
s'eft  jamais  manque'  à  lui  même.  FlÉch. 

sJS"  Manquer,  tomber,  périr.  Cadere ,  deficere.  On 
dit  qu'une  mïiiow  manque  par  les  fondemens;  qu'un 
cheval  manque  par  les  jambes  ,  qu'un  homme  man- 
que par  le  poumon.  Si  ce  père  de  famille  vient  à 
manquer ,  fa  maifon  eft  ruinée. 

lier  Manquer  ,  défaillir.  On  dit  que  les  forces  man  ■ 
quent  à  quelqu'un,  deficiunt  ïllum  vires  ;  que  les 
jambes  lui  manquent  ;  que  le  cœur  lui  manque, 
quand  il  ell  prêt  à  s'év.anouir.  Il  fut  fi  interdit ,  que 
la  parole  lui  manqua.  On  dit  que  le  pied  a  manqué 
à  quelqu'un  quand  il  a  glillé. 

IJCT  Dans  le  commerce  ,  manquer,  c'eft  faire  faillite 
ou  banqueroute,  f^oye-:^  ces  mots.  La  perte  d'un 
tel  vailîeau  elf  caufe  qu'un  tel  Marchand  a  manqué. 

^3°  Manquer,  être  de  moins  ,  ou  ne  pas  être  ,  en 
parlant  des  choies  ou  des  perfonnes  qui  ne  {ont 
pas,  ou  qui  (ont  de  moins  où  elles  devroient  être. 
Il  manque  plulieurs  livres  dans  cette  Bibliothèque. 
Vous  nous  ave^  bien  manqué  aujourd'hui. 

^3"  On  dit  d'un  portrait  fort  rellemblant  j  qu'il  ne 

'    lui  manque  que  la  parole. 

Manquer  ,  fignifie  aullî  ,  Omettre ,  oublier  de  faire 
quelque  choie.  DeeJJ'e  ,  oMiviJci.  Quand  un  Procu- 
reur manque  de  le  trouver  à  l'alîïgnation  ,  on  donne 
défaut  contre  lui.  F^adimonium  dejerere.  Je  ne  man- 
querai pas  de  faire  ce  que  vous  voulez.  Ne  manquez 
pas  de  me  venir  voir.  Malhcureufement  il  manqua 
d'aller  voir  Ion  Rapporteur. 

|KF  On  dit  familièrement  qu'un  homme  a  manqué 
d'être  tué  ,  pour  dire  ,  peu  s'en  eft  fallu  qu'il  n'ait 
été  tué.  Paràm  abfuit. 

MANQUÉ  ,  ÉE.  part.   Foyei  le  verbe. 

.  MANRÉSE.  Nom  d'une  petite  ville  autrefois  épifco- 

pale.  MmoriJJa.  Elle  eft  dans  la  Catalogne  ,  fur  le 

Chardoner  ,  entre  Barcelone  &  Cardonne  ,  à  dix 

lieues  de  la  première  ,   &  à  cinq  de  la  dernière. 

M  AT  Y. 

MANS.  Suindinum,  Subdmnum  ,  Cenomani.  Y^tMans^ 
ville  de  France  ,  capitale  du  Maine  ,  &  fituée  au 
confluent  de  la  Sarte ,  &  de  l'Huifne  ,  à  quinze  ou 
feize  lieues  de  Tours ,  du  côté  du  Nord.  Cenoma- 
na/K,  anciennement  Vindinum.  Le  Mans  a  un  Pré- 
fidial  ,  &  un  Évêché  futfragant  de  Tours.  Maty. 
Val.  Not.  Gall.  p.  64. 

Ce  mot  ne  fe  dit  jamais  fans  l'article.  Le  Mans , 
du  Mans  ,  au  Mans  ,  &  non  pas  Mans  ,  de  Mans  , 
à  Mans.  Le  Mans  eft  au  17'.  d.  45.  m.  de  longi- 
tude ,  &  au  48^.  deg.  4.  min.  de  latitude.  Acad. 
des  Sciences. 

Ce  mot  s'eft  formé  par  aphérèfe  de  Cenomanum , 
c'eft-à-dire  ,  en  retranchant  le  commencement  de 
ce  nom  Latin.  Le  mot  Mans  vient ,  félon  quelques- 
uns ,  de  Manfus ,  8c  lelon  d'autres  j  de  Cenomani. 


MAN 


8oy 


MANSAL  adj.  On  a  dit  autrefois  manfai  pour  man- 
Jeau  ,  ou  iiatil  de  la  ville  du  Mans  j  ou  du  pays 
du  Maine.  Vindinius  ,  Cenomanenfis.  Le  dernier 
nianfai  étoit  une  monnoie  fabriquée  au  Mans,  & 
qui  valoit  les  deux  deniers  tournois  ,  ou  bien  un 
Normand  &  demi.  Foye^  Manseau.  Il  y  avoir 
aulli  le  (ou  manjai ,  double  du  fou  tournois. 

MANSARDE,  f  f  Ternie  d'Arclutedure.  Comble 
coupé  ,  ou  brilc.  Deprejj'o  jajtii^io  uclum.  C'eft  une 
manière  de  charpente  ,  ou  de  couverture  de  maifon  , 
qui  (e  hiit  par  des  toits  recoupés,  tk  qui  ont  une 
double  pente  ,  rompue  par  le  brids  au  lieu  de  celle 
qui  étoit  droite  &c  pointue  dont  on  fe  fcrvoit  autre- 
fois. Son  nom  vient  de  Man/àrd  ,  célèbre  Arclii- 
tedte  moderne  qui  en  eft  l'inventeur.  On  tient  pourtant 
que  cette  penlée  lui  eft  venue  de  l'aflémblage  des 
bois  de  charpente  ,  que  Sangallo  Architeéi:e  avoir 
figuré  pour  hiire  les  cintres  de  Saint  Pierre  de  Ro- 
me ,  dont  Michel-Ange  s'eft  fervi.  tes  figures  en 
font  données  par  le  Muet  d;uis  Ion  Palladio.  Tous 
les  beaux  bâtimens  d'aujourd'hui  lont  couvertjd'une 
manfarde ,  ou  à  la  manfarde. 

MANSE.  Foyei  Mense. 

Manse  ,  terme  de  Coutume,  /^oye^  Mas. 

MANSEAU  ,  ELLE.  f.  m.  &  f  Qui  eft  du  Maine  ,  ha- 
bitant du  Maine.  Cenomanus  ,Cenomanus  Autercus  , 
Cenomanenfis.  Les  Man/èaux  iom  les  Aulcrquesde 

I  ancienne  Gaule,  mais  les  Aulerques  Cénomans, 
ùk  non  point  les  Aulerques ,  DiabJintes ,  ni  les  Au- 
lerques Eburovicicns. 

Les  Manfielles  (ont  fines  &c  rufées. 

On  dit  proverbialement  ,  Un  Manfieau  vaut  un 
Normand  Se  demi.  Il  n'eft  pas  odieux,  comme  plu- 
iieurs  pen(enr ,  du  moins  il  ne  l'eft  pas  originaire- 
mcnr.  Il  vient  de  ce  qu'autretois  la  monnoie  de 
cette  Province  valoit  une  moitié  plus  que  celle  de 
Normandie.  Ces  dilïérentes  monnoies  s'appeloient 
'  Manfieaux  &  Normands.  Le  Manfieau  étoit  de 
plus  grande  valeur  &  palToit  pour  un  Normand 
&c  demi.  î^oye\  Mansai  &  Mansois.  Il  eft  vrai 
néanmoins  que  qui  dit  un  Manfieau ,  dit  un  hom- 
me fin  &:  adroit  :  d'où  vient  le  Proverbe ,  c'elt 
un  Manfieau  ,  c'eft  tout  dire.  La  Fontaine  dit  en 
parlant  d'un  chapon  du  Mans , 

Le  Normand  &  demi  laïjfioit  les  gens  crier. 

MANSÉE  ,  ou  MONSÉE.  C'eft-à  dire  ,  le  lac  de  la 
lune.  Lun&  Lacus.  Ce  lac  eft  dans  l'Archevêché  de 
Saltzbourg  ,  en  Allemagne,  au  levant  de  la  ville  de 
Saltzbourg,  &  près  de  l'Autriche.  Maty. 

MANSFELD.  Petite  ville  de  la  Thuringe  ,  en  Haute- 
Saxe.  Mansfeldia.  Elle  eft  capitale  du  comté  de 
Mansfeldy  fortifiée  par  un  bon  château  ,  &  fituée 
près  de  la  rivière  de  Wipra  ,  à  lept  lieues  de  la  ville 
de  Hall ,  vers  le  couchanr.  Maty. 

Munfter  dir  que  ce  pays  a  pris  fon  nom  de  Man , 
ou  de  Mannus ,  fécond  Roi  des  Germains  :  car 
Mansfeld ,  fignifie  le  Champ  ,  la  Campagne  de 
Mannus. 

Le  Comté  de  Mansfeld.  Mansfeldienfis  Comitatus. 
C'eft  un   petit  pays  de  la  Thuringe,  en  Haute-Saxe. 

II  eft  au  midi  de  la  Principauté  d'Anhalt ,  &  au  cou- 
chant des  Duchés  de  Hall  &  de  Mersbourg.  Il  a 
environ  dix  lieues  de  long  ,  &:  fept  de  large  ;  les 
lieux  principaux  fon  EilTebe  &  Mansfeld.  L'Eledeur 
de  Saxe  pofsède  prefque  tout  ce  Comté ,  depuis  plu- 
fîeurs  années  y  il  n'y  refte  aux  Comtes  de  Mansfeld 
que  les  Seigneuries  de  Sé£bourg,&  de  Schrapelaw, 
avec  les  droits  de  Chalfe  ,  de  Pêche  Se  de  Patro- 
nage. 

L'île  de  Mansfeld.  Mansfeldia  infiula.  Cette  île  eft 
dans  l'Amérique  Septentrionale  ,  dans  la  mer  Chd(- 
tiane  ,  à  l'entrée  de  la  baie  de  Hudlon.  Maty. 

MANSFELDOIS.  f.  m.  pi.  Nom  de  certains  Protef- 
tans  d'Allemagne  ,  qu'on  a  appelés  ainfi  ,  de  ce  que 
dans  le  feizième  fiècle  les  jeunes  Comtes  de  Manf- 
feld  ne  pouvant  goûter  la  doétrine  d'Ofiander ,  de 
Stancarus ,  &  de  quelques  Docl:eurs  Luthériens ,  fi- 


So6 


M  A  N 


•Kent  une  fcûe  à  p.uc;  ce  qui  futcaufe  que  l'on  nom- 
ma leurs  lujcts  Alansfeldois  ou  Mansjcldiens. 
MANSFÉNY.  1".  m.  Oifeau  de  proie  des  îles  Antilles. 
On  croit  qu'il  re!îc'mhle  tout  à  Fait  à  un  Aigle ,  ex- 
•cepté  qu'il  tit  plus  petit.  L.i  chair  en  eft  excellente. 
On    ne  voit  point   d'Aigles  dans  les  Antilles  ,  ce 
qu'on  y  appelle  mansféni. ,  manfcni  ,  ou  majéni ,  ne 
'font  proprement  que  des  faucons  ,  ou  des  éperviers. 
On  voit  bien  une  efpcce  de  faucons  dans  les  Gre- 
nadines, noirs  comme  du  .velours  ,  dont  les  ferres 
ik  le  bec  font  jaunes.  Ils  volent  fort  haut,  de  même 
que  ks  aigles,  &  c'ell  peut-être  ce  qui  a  fait  croire 
que  c'eft  des  aigles.  P.  Plumier.  Minime. 
§3"   MANS-JA.  f.  m.    C'efl:  le  nom  d'un  poids  dont 
on  le  fert  dans  quelques  endroits  de  la  Perfe  ,  aux 
environs  de  Tauris.  Il  pefe  douze  livres  un  peu  lé- 
gères. 
MANSION.   r.  f.  Demeure  ,   habitation.  Il  n'ed:  plus 

d'ufige.  Glojf.fur  Maroc. 
4JC7  Ce  terme  que  notre  langue  n'a  point  encore  adop- 
té dans  l'ufage  ordinaire  ,  peut  être   employé  dans 
la  Géographie  de   l'Empire  Romain  ,  comme  a  hit 
Bcrgier  dans  fon  Livre  des  grands  chemins.  Il  ligni- 
fie proprement  demeure  ,  kjour  :  &  il   a  dans  les 
Auteurs  Latins  plulieurs  acceptions  relatives  à  celle- 
là. 
|CI"  Les  Camp  où  les  Romains  ne  s'arrêtoicnt  qu'une 
nuit  ou    deux  ,  pour  lailier    repofer  les  Troupes  , 
s'appeloient   Manfiones.  Ceux  où   ils  palloient   un 
temps  plus  conlidérable  ,  s'appeloient  Stadva.  Ceux 
qui  étoient  deftinés  pour  y  palier  l'Eté  ,  s'appeloient 
Jî/iiva.  S'ils  étoient  deibnés  pour  y  palier  l'Hiver , 
Hiberna. 
|iC?  Il    y  avoit  aullî  fur  les  grandes  routes  de?  lieux 
marqués ,   où  les  légions  ou  les  recrues  ,   &  les  Gé- 
néraux avec  leur  fuite  ,  trouvoicnt  tout  ce  qui  leur 
étoit  nécelTiiire  pendant    leur  féjour.   Ces  mailons 
étoient  afteélées  à   la  commodité  des  Troupes,  ou 
des  hommes  revêtus  de  charges  publiques  ,  auxquels 
on  foumilloit  tout  des  deniers  publics.   Celui  qui 
avoit    l'Intendance    d'une   Manfion ,   étoit  nommé 
Manccps   ou  Stationarius. 
ffT  II  y  avoit  aulîi  des  Maafîons  où  les   particuliers 
qui  voyageoient ,  étoient  reçus,  en  payant  les  frais 
de  leur  dépenfe.  C'étoic  proprement  des  A'ubcr[,es 
ou  Hôtelleries.  De  ce  mot  Manfio  j  par  corruption 
Mafw  ,  nos  ancêtres  ont  formé  le  mot  Mailon  ,  iyno- 
nyme  de  Gîte ,  lieu  où  Ton  couche  quand  on  voyage  : 
&  comme  la  journée  du  Voyageur  finit  au  Gîte,  ou  a  la 
Manfion,  delà  étoit  venu  l'ulagede  compter  les  diliin- 
ccs  par  Manjions  j  ou  ce  qui  ell  la  même  choie  par 
journées  de  chemin,  /^oyeç  La  Mart. 
MANSIONAIRE.    f.    m.  Terme  de  l'Hiftoire  Ecclé- 
'  fiaftique.  Manfîonarius .  Les  manjionaires  étoient  au- 
trefois   des    Officiers    qui  demcuroient   auprès   des 
Eglifes  ,  &  qui  avoient  loin  de  les  garder.  Aujour- 
d'hui  il  a  à  Notre  -  Dame  de    Paris  un  Prêtre  qui 
couche   dans   l'Églife  toutes   les  nuits  ,  &  qui  fait 
l'office  de  Manfionaïre.   Il  y  avoit  à  Rome  au  "VP. 
&  "VIF.  ficelé,  &c.  quatre  fortes  d'Egîiles.  Les  Pa- 
triarchales  j   les    Titulaires  ,   les  Diaconies  ,  &  les 
Oratoires.    Les  Egliles  Patriarchales  ,  nommées  par- 
ticulièrement Baliliques  ,  appartenoienr  proprement 
&  immédiatement  au  Pape  ;  comme  faint  Jean  de 
Latran,  faint  Pierre  du  "Vatican,  lainte  Maiie  Ma- 
jeure ,  faint   Laurent   hors  la  ville  ,  faiiue. Croix  de 
Jérufalem.  Elles  avoient  des  Manjionaires  ,  ou  Gar- 
diens, chargés  de  les  nettoyer,  ou  les  orner.  Fleur  y. 
Mansionaire  ,  eft  aullî  un  nom  d'office  qu'il  y  avoit 
à   la  Cour  des    Rois   de  France.   Les  Manflonaires 
avoient  foin  de  fiire  meubler  les  maifons  où  le  Roi 
logeoit,  ik,  de  préparer  tout  ce  qui  étoit  nécellaire 
pour  le    logement  du  Roi   Se  de  fa  Cour  ,  &  de 
ceux  que  le  Roi  logeoit.  Manfionain  en  ce  fens  étoit 
ce  que   nous  appelions  Concierge  j  ou  Gouverneur 
d'une   maifon  Royale.   Le  Comte  Manfwnaïrc  éroit 
le  chef  des  Manflonaires, 

Le  nom    de  Alanflonaire  vient  de  celui  de  Man- 
Jtonarius  ,  qui  efl  dérive  de  muncre  ,  demeurer. 


M  A  N 

MANSIONERIE.   f.  f.    Charges   des   Manfionnaires. 

Voyc\  le  traité  des  Bénéfices. 
MAiMSIONIER.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Manjlo- 
narius  dans  la  balle   Latinité.  Dans  les  Coutumes , 
Manjlonier  eft  oppolé  à  féodal. 
MANSOIS.    1.    m.   Vieux    mot  qui  s'cft  dit  autrefois 
pour  Manfeau.   Cenomanenjls.  On  a  appelé /'/a/z/ôii 
des  deniers  qui  le  fabiiquoient  autrefois  dans  la  ville 
du  Mans  ,  &  fur  lefquels  on  liloit  d'un  côté,  Signum 
Deium  ,    &c  de  l'autre  Monhta  Cenoman.  Quel- 
ques uns  ont  dit  en  Latin  barbare  Manceus ,  pour  Ce- 
nornanenjls.  "Voyez  Mansai. 
MANSORE.  Petite  ville  d'Afrique  dans  la  province  de 

Tremecen  au  Royaume  de  Fez. 
MANSUORE.  Manjura,  grande  &  forte  ville  d'Egypte 

fur  le  Nil. 
MA'NSU^  ou  MANSUY.  f.  m.  Nom  d'homme.  Man- 
fuetus.  L'homme  Apoftoliquc  à  qui  l'Eglile  de  Toul 
en   Lorraine  eft   redevable  des   premicres  lemences 
de  la  foi ,  s'appeloit  Manfuet ,  que  le  vulgaire  nom- 
me   prélentement   S,  Manfuy  ,  &c  en  quelques  en- 
droits S.  Manfu  ;  &  elle  le  reconnoit  pour  le  pre- 
mier de  fes  Evêques ,  &:  prétend  qu'il  étoit  difciple 
de  S.  Pierre.  Baillet  ,  au  j  de  Septembre.  Il   y  a 
un  autre  S.  Manfuet ,  Evêque  &C  Confelleur  d'Afri- 
que ,  que  le  peuple  ne  tonnoît  point  en  France,  & 
dont  par  conféquent  l'ulage  n'a  point  changé  le  nom. 
H   ne  faut  point  appeler  celui-là  Manfuy ,  ou  Man-      I 
fu  ,  mais  Manfuet.  Il  en  eft  de  même  de  S.  Manfuet  y      ' 
Evêque  des  Africains,  martyr  lous  les  Vandales,  au 
V^.  fiècle.  M.  de  Tillemont  dit  même  Manfuet,   ou 
Manfui,  en  parlant  de  l'Evêque  de  Toul. 
MANSUET.  f.  m.  Nom  d'homme.  Manfuetus.  AMi- 
lan  S.  Manfuet  ,YLWcq\.\e.  Se  Confelfeur.  Chastelain, 
au  II)  Févr.  Ou  plutôt,  le  Vénérable  Manfuet.  Id. 
On  trouve  la  loulcription  de  ce  Manfuet  au  Coii'i 
cile  de  Rome  fous  le  Pape  Agathon  contre  les  Mo- 
nothélites.  Id.  Galéfinius   veut  ,  mais  fans  preuve, 
qu'il  ait  allifté  au  VF.  Concile.  Id.  /^oy«ç  encore 
Mansu. 
MANSUÉTAIRE.  f.  m.  Nom  d'un  bas  Officier  de  la 
maifon   des    Empereurs   Romains.     Manfuetarius  , 
ferarurn  domitor.    Les  Manfuétaires  étoient  ceux  qui 
apprivoifoient  les  lions  ,  les  ours  ,  les  léopards  ,  Se 
les  autres  bêtes  féroces  ,  que  ces  Princes  nourrilloient 
pour  leur  plaihr.  C'étoient  des  Officiers ,  des  Valets 
de  la  Ménagerie  de  ces  Princes. 
MANSUÉTUDE,  f.  f.  Terme  d'un  fervicc  alfez  rare,' 
Se  qui  paroît  lynonyme  de  douceur.  Manfietudo  ,  le~ 
nitas.  C'eft  le  nom  qu'ondonne  à  la  vertu  qui  rend  un 
homme  doux  ,  traitable  &  facile  ;  qui  a  Lame  ferme 
Se  conftantc  pour  s'oppofer  aux  emportemens  &  à 
la  colère.  La  manfuétude  eft  la  vertu  d'un  Chrétien; 
c'eft  le  titre  qui  eft  donné  au  Sauveur  dans  (a  Royau- 
té. Eece  Rex   tuus    manfuetus  venit.  Saint  Paul  re- 
commande  aux    Evêques  de  tempérer  par  la  man- 
fuétude ce  que  l'autorité  a  de  févere.  Le  P.  Gail. 
MAN-SURAT.  f.  m.  Poids  dont  on  lé  fert  à  Bandaar 
ou  Bander  Gameron,  ville  lîtuée  dans  le  Golfe  Per- 
fique.  Il  eft  de  trente  livres. 
MANSUY. /^tiyq  Mansu. 
MANT.   5°   perf.  fing.  du  préf.  ind.    Mande,  écrit. 

Poef  du  Roi  de  Nav. 
MANTA.  Ville  ou  bourg  du  Marquifat  de  Saluées.^  H 
Manta.  Le  lieu  de  la  A/û^fii ,  l'un  des  plus  agréables 
du  Piémont  ,  eft  fitué  dans  l'endroit  où  les  Alpes 
maritimes  fe  joignent  inlenfiblement  auxCottiennes, 
entre  Saluées  Se  Verzolo  ,  Se  éloigné  de  l'un  & 
de  l'autre  d'environ  joo  pas.  La  ville  eft  fituéedans  un 
lieu  bas.  La  fortereire  ou  le  Palais  eft  plus  élevé. 
Manta  eut  premièrement  fes  Seigneurs  particuliers. 
Mainfroi  IL  en  acheta  une  partie  vers  l'an  i  loo. 
Les  Barletti  ,  ou  Barlattini ,  retinrent  l'autre  ;  mais 
en  151  J.  les  Barletti  ayanfété  acculés  d'avoir  conl- 
piré  &  porté  les  armes  contre  l'Empereur  Henri  VIL 
leur  fief,  qui  relevoit  de  ce  Prince,  leur  lut  ôré, 
(i^f  Mainfroi  IV.  Marquis  de  Saluées  s'en  empara, 
pour  lui  &  pour  la  poftéiité.  Théâtre  de  Piémont, 
T.  I,  p.  /-'/,  /_-.\ 


M  A  M 

Manta.  Nom  d'une  ville  du  Pérou ,   /îruéc    fous  la 
ligne  ,  ou  aux  environs  de  h  ligne.  Manta. 

MANIE,  f.  h  Grand  voile  noir,  traînant  jufqu'à 
terre,  que  portent  les  D.imes  dans  les  ccrénicjnies  j 
&  fur  tout  dans  le  deuil.  Pcplum.  On  a  appelé  les 
balandrans  ,  c.ipes  de  Bearn  à  long  poil  j  &  autres 
couvertures  que  portoienc  des  Voyageurs  ,  des  man- 
tes. Gaufapa  ,  pcnula  compeflris  ,  endromis ,  pcnula 
fconea ,  &c  dans  la  balle  Laîniité  manta.  Les  Bohé- 
miens qui  roulent  le  monde,  appellent  encore  man- 
te ,  la  couverture  qu'ils  portent  ku'  l'épaule  ,  &  qui 
ne  leur  couvre  qu'un  bras.  Et  les  Ouvriers  appellent 
aulli  mantes ,   les  couvertures  de  lit. 

^3"  On  donne  auiîl  le  nom  de  Mantes  à  certains  habits 
que  portent  quelques  Religieufes, 

La  mante  ancienne,  mantus  ,  mantum ,  étoit  dif- 
férente de  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  mante  ,  i\ 
ce  que  dit  Ilîdore  cft  vrsi ,  que  c'étoit  un  habille- 
ment fort  court  que  les  Efpagnols  appeloient  mante  , 
parce  qu'il  ne  couvroit  que  les  mains  ,  c'ell-à  dire  , 
les  bras.  Martial  ,  L.  Xiy^  Ep.  2 g.  appelle  man- 
tatus  un  homme  couvert  d'une  mante  ,  qui  a  une 
mante.  Il  y  avoit  aulli  une  elpèce  de  mante  ,  qu'on 
nommoit  autrefois  mantuelïs  ,  &  que  l'Hiftorlen 
Pollion  appelle  Chlamys  Dardanka  mantuelïs  ,  dans 
la  vie  de  Claude ,  chap.  XFII. 

Ce  mot  vient  de  mantellum,  qui  fe  trouve  dans  Plan- 
te. Il  eft  diminutit-  de  mantum,  eo  qubd  manus  tegat 
tantùm  ,  dit  Ilidore.  Il  peut  fort  bien  venir  de  manta , 
qui  s'ell  dit  dans  la  balle  Latinité  dans  le  même 
(ens. 

On  appelle  aullî  Mante  Papale  ,  une  chape  de 
laine  avec  un  capuchon  que  porte  quelquefois  le 
Pape.  Autrefois  le  premier  des  Diacres  inveftilloit  le 
Pape  du  Souverain  Pontificat  en  lui  mettant  une 
mante,  ôc  lui  difant  ,  £^0  invejllo  te  de  Papatu , 
ut  prafîs  urbï  &  orbï. 

Mante  j  lignifie  aulli  une  grande  couverture  de  lit 
faite  de  Lune.  Stragulum ,  lodix.  On  en  fait  à  Mont- 
pellier, à  Avignon  6c  à  Paris.  On  en  appelle  quel- 
ques-unes paj]cgrandes  ,  ou  fleurons  ,  ayant  trois 
aunes  de  loi'g  ;  à'amtes  pajj'e  paffe.  Leur  diftérence 

■  conlifte  en  leurs  longueurs  &  largeurs  ,  &  à  être  mar- 
quées de  cniq  ou  iix  points  ,  ce  cjui  eft  réglé  par 
les  ftatuts  des  Tapiiliers. 

Mante.    Ville  du  gouvernement  de  1  Ile  de  France, 

■  fituée  fur  la  Seine  ,  entre  Paris  &  Rouen  ,  à  douze 
lieues  de  la  première,  &  à  fcize  de  la  dernière.  Pe- 
tromentalum  ,  P etromentallum  ,    Petromanontalum  , 

■  Medantes  ,  Medantia  j  Medonta  ,  Medunta.  Mante 
cfl:  une  jolie  ville  ^  il  y  a  quelques  Couvents  de 
i'un&  de  l'autre  fexe  ,  une  Eleclion ,  un  Bailliage, 
&  un  Prélidial  j  &  elle  donne  le  nom  aux  Mantois , 
dont  on  ne  connoit  pas  bien  les  limites.  On  diftin- 

■  guoit  autrefois  Mante  la  ville  ,  Medunta  villa  ,  & 
Mante  le  Château  ,  Medunta  caftrum.  Sur  cette 
ville  î^oye-[  Valois  ,  Notit:  Gall.  p.  44-6 .  &  la 
Defcrïp.  Geogr.  &  Hijl.  de  la  Haute-Norm.  T.  II , 
p.  24.S-  Long.  19.  d.  20',  lat.  48.  d.  58'. 

|3°  MANTEAU,  f.  m.  Ample  vêtement  qui  fe  met 
par-deflais  l'habit,  fe  porte  fur  les  épaules,  &  pend 
ordinairement  jutqu'au  delfous  des  genoux.  Pallium, 
lacerna.  Un  habit  complet  confilloit  aurrelois  en 
pourpoint ,  haut  de  chaulfes  ,  et  manteau.  Maintenant 
on  ne  porte  de  manteau  fur  le  julte-au  corps  qu'en 
hiver  &  à  la  campagne  ,  pour  fe  garantir  des  injures 
de  l'air.  Les  gens  de  robe  Ik  d'Églife  ont  des  man- 
teaux longs  tramans  a  terre.  Pallium  talare.  Les 
.  féculiers  ont  des  manteaux  courts  ,  qui  ne  vont  que 
jufqu'aux  genoux.  Les  malades  ont  de    petits  man- 

iteaux  fourrés  qui  ne  vont  quejulqu'jux  coudes.  Les 
gens  en  grand  deuil  poitent  de  longs  manteaux  de 
drap  noir.  Quelques  Moines  portent  aulli  des  man 
teaux  fur  leurs  robes,  &  il  y  en  a  eu  qu'ona  appelé 
Blancs- Manteaux  ,  autrement  Guillemins,  Leurs 
maifons  qu'ils  avoient  à  Paris  ,  appartient  mainte- 
nant aux  Bénédiclins  ,  quoique  le  nom  de  Blanc- 
Manteau  lui  foit  toujours  demeuré  :  l'Églife  des 
Blancs-Manteaux  j  la  rue  des  Blancs  Manteaux.  Le 


M  A  N  807 

manteau  étoit  autrefois  l'habit  des  Pnilofophes  ëc 
le  premier  apanage  de  ceux  qui  failoient  profellioa 
d'une  vie  plus  aullèrc  ,  de  même  que  leur  barbe. 
Les  Grecs  portoient  un  manteau  fort  large  ,  dont 
ils  relevoicnt  les  deux  bouts  de  chaque  côté ,  &  les 
attachoicnt  derrière  les  épaules  avec  une  agraffe  ■■, 
enforte  qu'on  ne  voyoit  que  la  tunique  qu'ils  por- 
toient par  deflous  :  c'étoit  leiu-  vêtement  fort  ordi- 
naire. On  fit  un  crime  aux  Chrétiens  d'avoir  quitte 
la  toge  liomainc  pour  prendre  le  manteau  des  Grecs. 
TertuUien  les  julblia  par  un  Traité  qu'il  fit  exprès ^ 
qui  nous  a  été  conférvé  ,  &C  qu'il  prononça  ,  dit-on  , 
publiquement  à  Cartilage.  Les  Cyniques  portoient 
le  manteau  fur  l'épaule  ôc  fans  tunique.  Un  Jurif- 
coniulrc  Allemand,  nommé  Pagenftecher  ,  dans  uu 
Recueil  de  pièces  imprimées  b.  Brème,  in-/ 2.  en  a 
mis  une  qui  ell  1  éloge  du  manteau. 

On  diioit  autrefois  mantcl  pour  manteau. 

On  prétend  que  ce  mot ,  aulli  bien  que  celui  de 
Mante,  efl  dérivé  du  Grec  vulgaire f4«KS*>i)  ,oudu  Per- 
fan  mandré ,  d'où  l'on  dérive  aulli  mandille  ,•  ou  bien 
de  mandica  ,  beface  ,  parce  qu'on  porte  les  manteaux 
comme  les  bcfaces ,  partie  devant ,  S>c  partie  der- 
rière ;  d'autres  enfin  de  manus  &  de  lego.  Borcl 
après  Papias  &  Ilidore.  Servius  le  dérive  du  Grec 
mandyas  ,  qui  étoit  une  étoile  velue  donc  on  cou- 
vroit les  tables ,  aulli  bien  que  les  épaules.  Périonius 
le  fait  venir  du  Grec  .'«ire»,  qui  fignihe  habit,  vête- 
ment •,  mais  il  vient  plutôt  de  mante l ,  qui  en  langage 
Celtique  ,  ou  Bas-Breton,  comme  aulli  en  Flamand  , 
fignifie  la  même  chofe. 
Manteau  ,  a  été  aulli  l'habit  que  tous  les  Anciens  onc 
porté  par-delîus  leur  robe.  Pallium.  Élie  donna  le 
don  de  Prophétie  à  Elifée  en  lui  laiflant  fon  man- 
teau. On  reprochoit  à  Diogène ,  qu'on  voyoit  fa 
vanité  à  travers  les  trous  de  fon  manteau.  Les  Ro- 
mains fe  couvroient  la  tête  d'un  des  bouts  de  leur 
manteau. 

Il  ne  fut  guère  en  ufage  chez  eux  avant  le  temps 
des  Antonins  :  cependant  on  trouve  fur  des  marbres  , 
fur  des  médailles  &  fur  des  pierres  gravées  antiques  , 
des  dieux  &  des  héros  repréf'entés  aulli  avec  des 
manteaux.  Tel  eft  Jupiter  fur  une  des  plus  belles 
agathes  du  Cabinet  du  Roi ,  gravée  &  expliquée 
dans  le  premier  Tome  des  Além.  de  l'Acad.  des 
Belles  Lettres.  Apollon  en  a  un  qui  defcend  un  peu 
plus  bas  que  les  genoux  dans  une  autre  pierre  gra- 
vée J  donc  Béger  nous  a  donné  le  deffein.  Et  une 
belle  cornaline  gravée  pu  Diofcoride ,  qui  y  a 
mis  fon  nom  j  reprcfente  Mercure  de  face  &c  debout  j 
avec  un  manteau  fcrablable  à  celui  que  porte  Jupi- 
ter fur  l'agathe  du  Cabinet  du  Roi.  Télefphone, 
fils  d'Efculape  ,  &:  particulièrement  honoré  à  Per- 
game ,  eft  repréfentc  fur  quelques  pierres  gravées  & 
fur  plufieurs  médailles  du  temps  d'Adrien  ,  de  L. 
Verus  &C  d'Llagabale  ,  avec  un  manteau  qui  def^ 
cend  communément  jufqu'à  mi-jambe  ,  &  quelque- 
fois plus  bas.  Il  a  d'ailleurs  cette  fingularité  ,  qu'il 
paroît  tenir  à  une  efpèce  de  capuchon  qui  lui  cou- 
vre une  partie  de  la  tête  ,  &  forme  exadement  le 
Bardocucullus  de  nos  Moines.  Buonaritti  ,  Planch. 
VI.  On  trouve  fur  une  médaille  Confulaire  de  là 
famille  Mamilia  ,  l'hiftoire  d'Ulylfe  qui  arrive  chez 
lui ,  &  qui  y  eft  reconnu  par  fon  chien  ;  &  ce  Hé- 
ros eft  repréfenté  avec  un  manteau  tout  pareil  à 
ceux  que  nous  avons  décrit  ci-delfus.  Patin.  Famil. 
Rom.  p.  162. 

On  dit  communément  :  Quand  il  fait  beau ,  prends 
ton  manteau  ;  quand  il  pleut ,  prends-le  fi  tu  veux. 
Anthifthène  ,  fondateur  de  la  fedte  des  Cyniques, 
fit  porter  a  fes  difciples  le  manteau  fur  l'épaule  ,  & 
fupprima  la  tunique.  Diogène  jeune  encore  en  de- 
manda une  pour  fe  garantir  du  froid.  "  Le  manteau. 
»  f'uiHt  ,  lui  dit  Antifthène  ,  en  hiver  mettez  le  dou- 
»  ble  ,  en  été  comme  vous  Voudrez  ».  Si  la  réponfd 
eft  dure  ,  la  dernière  partie  ,  qui  a  quelque  plaifan- 
terie  ,  pourroic  être  l'origine  éloignée  de  lefpèce 
de  diéfion  que  j'ai  d'abord  rapportée. 

On   appelle  manteau  d'un   drap   ou   de  quelque 


8o8 


M  A  N 


autre  étoffe  de  laine  apprêtée  &  pliée ,  le   bout  de 
la  pièce  du  côté  du   chef  j  qui  en  fait   comme  l'en- 
veloppe ou  la  couverrure  ,  &  qui  efl:  airctée  avec  du 
fil  ou  de  la  menue  ficelle  par  quelque  points  dai 
guille. 
Manteau.  _Rôlcs  à  manteau.  On   fe  fert  de  ce  terme 
pour    défigner    certains    pcifonnap;es   de  Comédie, 
auxquels  ce  vêtement  croit  plus  particulier  à  caufc  de 
leuràgc  ,  de  leur  condition  ou  de  leur  caractère. 
Manteau  couleur  de  muraille.  C'eil  uneex-prellîon  ba 
dine  qui  /îgnifie  un  vêtement  fait  pour  les  bonnes  ^ 
fortunes  ,  dit  Renard  dans   le  Joueur  ,  Scène  4. 
Manteau.  Droit  de  manteaux^  pour  lequel  appartient  la 
fomme  de  10  liv.  par  chacun  an  ,  à  chaque  Secrétaire 
de  la  Mailon  éc  Couronne  de  france  ,  qui  elf  gagé 
félon  l'Edit  du  Roi  Henri  II.  de  l'an  IJ54.  comme 
aulH  les  Confeillers  du  Parlement  prenoient  giges 
&  manteaux  accoutumés  ,  &  dont  elf  fait  mention 
par  une    Ordonnance  du  Roi   Charles  VI.  de    1  an 
15 88.  &  encore  de  préfent  les  Confeillers  d'Eglifc 
en  Parlement  ,  ont  ce  droit  de  manteaux.  Eufebe  de 
Lauriere  ,  GlolFaire  du  Droit  François. 
Manteau  ,   en  termes  de  Blalon  ,   c'efi:  la  repréfen- 
tion  de  la  cotte-d'armes  du  Chevalier  j  qu'on  met  der 
rière  Ion  écu  ;  &  on  le  chamarre  des  les  armoiries. 
Pallium  tejjerarium.  Ces  anciennes  cottes  d'armes  , 
ou  manteaux  ,  étoient  ouvertes  fur  le  côté ,  &  def- 
cendoient  plus  bas  que  le  nombril ,  en  forme  de  jupe 
volante  ,  avec  les  manches  racourcies  à  l'endroit  du 
coude ,   comme  celles  que  les  femmes  appellent  man 
ches  d'anrje.  Les  Princes  qui  ne  tont  pas  Souverains 
&  les  Ducs  !?>:  Pairs  de  France  ,  en  couvrent  leurs 
écus  ,  &  il  eft  fourré  d'hermine.   Il  y  fait  le  même 
effet  que  le  pavillon  fur  celui  du  Roi.  Ils  font  ar- 
moriés fur  les  replis.  Ceux  des  Préfidens  ne  le  font 
pas  de  même.  Ils  font  d'écarlate  doublés  d'hermine 
&de  petit  gris.  Celui  du  Chancelier  efl  de  diap  d'or. 
François  I.  Se  Charles  IX.  mcttoicnrun  grand  man 
teau  de  gueules  rebralîé  d'argent  fur  leurs  armoiries. 
Les  mantea\x  font  appelés  dans  les  anciens  Manu 
fcrits ,    blafons  j  enfeignes  d'armes  &  houffes  d'Ecu. 

P.    MÉNÉTRIER. 

Manteau  Royal.  C'cfl  un  riche  vêtement  de  céré- 
monie qui  s'attache  fur  l'épaule  droite  ,  &:  fe  relève 
fur  la  gauche  ,  traînant  devant  &~  derrière  jufqu'à 
terre.  Trahea  ,  paludamentum.  Il  eft  chargé  de  fleurs 
de  lis  d'or  en  broderie  ,  &  doublé  d'hermine.  Le 
Roi  le  porte  dans  (on  facre  ,  &  en  d'autres  occa- 
lions.  Voy.  Port-Manteau. 

^fT  Les  Princes  &  les  Grands  Seigneurs  portent  aullî 
dans  certaines  occafîons  des  m  nteaux  de  cérémo- 
nies ,  qui  font  des  longs  manteaux  fourrés  ou  dou 
blés  i  tralnans  à  terre.  On  le  dit  aulli  de  l'habit  de 
cérémonie  que  portent  les  Grands-Maîtres  &c  Che- 
valiers des  Ordres  Militaires. 

0CTC  étoit  aufli  autrefois  un  ornement  Papal,  lV  on  djn- 
noitl'invefliture  auxPapes  par  \t  manteau.  ^.  Mante. 

^fJ"  Manteau  à  bec.  C'eft  le  vêtement  diftinétif  du 
Grand-Maître  de  Malthe. 

§Cr  On  appelle  manteau  long  ,  celui  que  portent  les 
Eccléfiafliqucs  quand  ils  font  en  f.nitane,  &  les 
Laïques  dans  les  cérémonies  de  deuil.  Manteau  court , 
c'cff  le  manteau  ordinaire,  par  oppofition  au  man- 
teau long. 

ffF  On  appelle  aufTi  manteau  ,  un  habillement  plilfc 
&  troullé  ,  que  les  femmes  ferrent  avec  une  cein- 
ture. 

^O' Manteau  de  nuit  ,  plus  ordinairement  manteau  de 
lit ,  c'eft  un  efpèce  de  manteau  fort  court ,  le  plus 
louvent  fourré ,  dont  les  femmes  &  les  malades  fe 
fervent  dans  la  chambre  &  dans  le  lit. 

Manteau  en  Fauconnerie  ,  fignifîe  la  couleur  du  poil 
de  pl'jfieurs  animaux  &  de  plulieurs  oifeauXj  en- 
tr'autres  de  ceux  de  proie  _,  d'où  efl  venu  le  nom  de 
corneille  emmante/ee.Acc/pi!r'schlamYdes,penuU. On 
dit  que  le  faucon  a  le  manteau  trop  bigarré.  ='0^  Man- 
teau dans  ce  fens  fe  die  particulièrement  des  plumes 
àzi  épaules,  dudeffusdes  aîles  &  du  dos. 

|CJ"  Manteau,  terme  de  Fleuriîle.   La  culotte  d'une 


MAN 

anémone,  c'eft  la  nailTance  des  pétales  ou  feuilles  de 
la  Heur.  Le  manteau  efl  l'extrémité  de  ces  mêmes 
pétales.  La  culotte  de  cette  anémone  tire  fur  le  vio- 
let ,  le  manteau  tire  fur  le  blanc. 

Manteau  ,  en  Architecture  j  eft  ce  qui  paroît  d'une 
cheminée  dans  une  chambre.  On  appeloit  autrefois 
manteau,  le  haut  de  la  cheminée  qui  empêche  que 
la  fumée  n'entre  dans  la  chambre  Camini  tefudo. 
Les  anciens  manteaux  de  chemir.ée  étoitnt  faits 
en  hotte,  comme  celui  de  la  grande  chambre  du 
Palais  de  Paris,  qui  eft  ce  quon  appelle  aujour- 
d'hui faux  manteaux.  Depuis  on  les  a  faits  avec  de 
grands  ornemens  d'Architeéture.  Enfin  ,  on  les  a 
réduits  à  une  petite  faillie  où  l'on  met  quelques  bas 
reliefs  _,  «Scaune  corniche  où  l'on  met  quelques  buf- 
tes  ,  ou  porcelaines.  Ce  motfe  dit  donc  ,  félon  l'u- 
fage  moderne  ,  plutôt  de  la  partie  inférieure  de  la 
cheminée  ,  compofée  des  jambages  ,  du  chambran- 
le ,  de  la  gorge  ,  ou  attique  &  de  la  corniche  ,  que 
de  la  partie  fupérieure  ,  qui  ne  comprend  que  le 
tuyau  couronné  de  fa  corniche ,  «Se  orné  d'un  cadre 
avec  un  bas  relief,  ou  d'une  bordure  avec  tableau. 
Il  eft  ainfi  nommé  parce  qu'il  couvre  la  hotte  ,  Se  le 
tuyau  de  la  cheminée.  C'eft  ce  que  les  Italiens  appel- 
lent nappa  ,  &  M.  de  Cambrai  dans  fa  Traduélion  de 
Palladio  ,  s'eft  fervi  de  nappe  ,  pour  fignifier  le  man- 
teau d'une  cheminée.  On  appelle  manteau  de  fer, 
la  barre  de  fer  qui  fouticnt  &  fert  à  tenir  la  platte 
bande  ,  ou  anfe  de  panier  de  la  fermeture  d'une  che- 
minée. Davilier. 

|K?  Manteau  de  porte.  Ce  font  les  deux  pièces  d'une 
porte  qui  s'ouvre  des  deux  côtés.  C'eft  ce  que  depuis 
on  a  nommé  vantaux.  Voyez  Vantail.  Il  y  en  a 
aux  chambres  &  aux  dunettes  des  vaifteaux. 

Manteau  ,  fe  dit  figurément  en  Morale,  des  prétextes 
qu'on  prend  pour  déguifer  ,  &  faire  approuver  de 
mauvaifes  aétions.  Species.  Il  y  a  bien  des  gens 
trompés  fous  le  manteau  de  dévotion.  Les  hypocrites 
fe  couvrent  du  manteau  de  la  Religion  ,  du  prétexte 
de  la  charité.  Comme  il  n'eft  point  d'étoffe  fi  fouple, 
ni  fi  maniable  que  celle  du  manteau  de  la  Religion  , 
les  hypocrites  trouvent  toujours  quelque  raifon  de 
couvrir  de  ce  vénérable  manteau  le  parti  qu'il 
leur  plaît   de  choifir.  S.  Real. 

Que  l'impojleur  fait  bien  de  traitrcffe  manière  ,    ; 

Se  faire  un  beau  manteau  de  tout  ce  qu'on  révère  l 

Mol. 

Manteau  ,  Ce  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  : 
On  dit  d'un  avare  j  qu'il  mange  fon  pain  fous  fon 
manteau  ,  pour  dire  ,  qu'il  mange  tout  feul  ,  qu'il 
ne  fut  part  de  Ion  bi.-n  à  perfonne.  On  dit  d  un 
homme  qui  demeure  à  ne  rien  faire  ,  pendant  que 
les  autres  font  occupé':,  ou  qui  ne  participe  point 
aux  plailirs  de  ceux  qu  il  a  accompagnés  ,  qu  il  garde 
les  manteaux.  On  dir  auili  d'an  homme  qui  a  les 
fièvres  quartes  en  Sejr.-mbre,  qu'il  a  un  vilain  man- 
teau pou.  Ion  hiver.  On  dit  aufll ,  faire  une  chofe 
luus  le  manteau  ,  pour  dire  ,  en  cachette.  Les  livres 
détendus  fe  vendent  fous  le  manteau. 

MAN  LÈGUE  .  f".  f.  Sain -doux  du  porc  fanglier,' 
que  les  BûucMir.icvs  de  Saint  "Domingue  ramalfent 
de  la  graifle  de  ces  a.,imaux  qu'ils  tuent  dans  leur 
chafïe. 

MANTEL.  f.  m.  Vieux  mot,  qui  lignifie ,  Manteau, 
Se  qui  ne  peut  plus  avoir  d'ufage  que  dans  le  burlef- 
que.  Pallium. 

MANTELAN.  Nom  d'un  lieu  célèbre  autrefois  en  Tou- 
raine.  Montalomagus  ,  Mantalomagenjls  vicus  ,Mon- 
tolomails.  Valois,  Not.  Gall.p.  j  f^. 

MANTELÉ  ,  EE.  adj.  Terme  de  blalon  qui  fe  dit  d'un 
écu  chargé  d'une  efpèce  de  chape  un  peu  plus  éten- 
due ,  dont  la  pointe  qui  prend  la  naillance  des  an- 
gles de  la  pointe  de  l'écu,  finit  au  tiers  vers  le  chef. 
Lacernatus  ,  palliatus.  Cujis  porte  d'azur  à  la  tour 
couverte  d'argent  mantelée  ou  chapée  de  même.  On 
appelle  aufli  des  lions  mantelés  ,  ceux  qui  portent 

des 


I 


M  A  N 

.   des  manteaux  ou  mantelets.  On  le  dit  de  même  des 
■     aunes  animaux. 

'MANTELET.  f.  m.  En  termes  de  Blafon  ,  étoit   au- 
trefois une  cfpccc  de  lambrequin   large  6c   court  , 
donc  les  Chevaliers  couvroient  leurs  caU]iics  &  leurs 
cens  ,  que  quelques  Auteurs  ont  nommé  cainaïL  PaL- 
liolum. 
^Iantelet  ,  le  dit  aullî  des  courtines  du  Pavillon,  des 
Armoiries ,  quand  elles  ne  iont  pas  couvertes  de  leurs 
chapeaux.  Laccrnula. 
MantiiLet  ,  en  termes  de  Guerre  ,  efl:  un  parapet  por- 
tatif. Machine  compofée'de  plulicurs   madriers,   & 
roulant  lur  des  roues  ,  dont  le  couvrent  les  pion- 
niers qui  font  employés  au  travail  d'un  liége.  Plu- 
teus  ,  vuica.  Pierre  IV'  ,  Hoi  d'Arrayon  ,  dans  fa  Chro- 
nique ,  L.  III ,  c.  2j  j  l'appelle  Mantcllaum.  Il  ell 
fait  de  gros  madriers  doubles  de  cinq  pieds  de  haut  , 
6v:    Je   trois  de  large  ,   qui   Iont  attaches  cnlemble 
avec  des  barres  de  ier  ,  &  qui  Iont  quelquefçus  un 
angle  &  deux  faces.  Les  Anciens  s'en  lervoient  aulfi 
à  la  guerre  ,  comme  il  paroit  dans  Végèce;  mais  ils 
ctoient  bâtis  de  bois  léger  ,  hauts  de  huit  ou  neuf 
pieds ,  larges  d'autant  ^  longs  de  feize  j  couv-erts  à 
double  étage  ,  l'un  de  planche  ,  &  l'autre  de  claies , 
avec  les  côtés  d'olier  ,  &  revêtus  par  dehors  de  cuirs 
trcnxpés  dans  l'eau  de  peur  du  leu.  Davelours. 
Mantelets  ,  terme  de  Marine.  Ce  iont  les  lenctres  qui 
ferment  les  labords.  Ils  iont  attachés  par  le  haut ,  & 
battent  iur  le  feuillet  du  bas.    Ils  doivent  être  bien 
doublés  j  &  cloués  fort  lerré  en  lofange.  La  dou- 
blure en  doit  être  un  peu  plus  mince  que  ledcllus;  on 
les  peint  ordinairement  de  rouge  en  dedans.  On  lait 
de  faux  mantcicts  ,  ou  de  faux  labords  peintsde  blanc, 
à  quelques  vailleaux  marchands,  atin  de  les  taire  pa- 
roîtrc  plus  en  état  de  dérenie. 
Manielet  ,  fe  dit  aullî  d'un  petit  manteau  violet  j  que 
mettent  les  Evcques  fur  leur  rochet  ,  lorlqu'ils  Iont 
devant  le  Légat  ^  ou  devant  le  Pape  ,  pour  témoigner 
que  leur  autorité  ell  lubordonnée.  Pailio/um. 
^O"  Mantelpt.  Dans  le  commerce  de  modes  ,  c'eft  un 
ajuftement  de  latin  ,  de  taffetas  j  ou  d'autre  étofte ,  que 
les  femmes  portent  fur  leurs  épaules  pour  fe  garan- 
tir du  froid  ,  pour  couvrir  leur  gorge  &  leurs  épau- 
les. Cet  ajullemént  eft  devenu  fort  à  la  mode  depuis 
quelques  années.  C'eft  une  elpccc  de  petit  manteau  , 
mais  plus  court  &■  plus  léger  :  delà  le  nom  de  yV/a/2- 
telet.  Le  Mancelet  a  fuccédé  à  la  Mantille ,  &  il  en 
dirtère  en  ce  qu'il  eft  tout  rond,  comme  les  manteaux 
des  hommes,  &  qu'il  n'a  point  de  pointe. 
Mantelet  ,  fe  dit  aulli  des  cuirs  qui  s'abattent  fur  les 
portières  &  aux  côtés  d'un  carolle  ou  d'un  coche  , 
pour  défendre  de  la  pluie  ,  ou  du  vent,  &  qu'on  re- 
lève pendant  le  beau  temps  pour  avoir  de  l'air.   La- 
cerna  penfilis. 
MAN  TELINE.  f.  f.    Petit  manteau  ,  que  portent  les 

femmes  à  la  campagne.  Lacernula. 
MANTELURE.  l.  h  terme  de  'Vénerie.  Ce  terme  s'en- 
tend du  poil  du  dos  d'un  chien ,  quan3  ce  poil  eft 
d  une  couleur  diftérente  de  celle  du  poil  des  autres 
parties. 
MANTENAY.  Nom  d'une  ville  de  France  ,  ancienne  , 
qui  n'ell  plus  qu'un  bourgs  qui  le  nomme  Saint  Lie. 
Mentuniacum  ,  Mantuniacum  ,  Sancli  Leonis  vicus. 
Il  eft  en  Champagne,  près  de  Troies,  Se  fur  le  bord 
de  la  Seine.  Val.  Noc.  Gall.p.  336. 
MANTENEN.  f  m.  Terme  de  la  marine  des  Galè- 
res. C'eft  la  partie  de  la  rame  que  tiennent  les  El- 
paliers  &  les  Vogue -avans  :  c'eft  l'extrémité  j  le 
bout  du  manche  de  la  rame  qui  eft  amenuilé  pour 
qu'on  puillè  le  tenir  à  la  main.  Pars  ultïma  manu- 
hrïi. 

Ce  mot  vient  de  main  &  de  tenir ^  parce  qu'on  tient 
de  la  main  cette  partie  de  la  rame. 
MANTIL.   f  m.  Ancien  mot  François  qui  lignifie  le 
linge  de  table  ,  particulièrement  la  nappe  qui  fert  à  la 
couvrir.  C'eft  fous  le  nom  de  mantïl ,  que  cette  forte 
de  linge  fe  trouve  tarifé  dans  le  Tarif  de  la  Douane 
de  Lyon  de  1(552. 
MANTILLE,  f  f.  La  Mantille  que  les  Dames  ont  tant 
Tome  V, 


MAN        809 

porté  fur  les  épaules  pendant  Ihivet  de  lyij  ,  cil 
une  cfpèce  de  grand  fichu  à  trois  pointes ,  dont  celle 
de  derrière  eft  arrondie.  On  les  falloir  ordinairement 
de  velours  ,  ou  de  drap  écarlate  ,  &c  elles  ctoient  bor- 
dées d'un  galon  ,  ou  d'une  broderie  d'or.  C'eft  un 
ornement  très-utile  pour  garantir  du  froid  le  cou, 
la  gorge  &  les  épaules.  Merc.  de  Mai  IJ26. 

MANTINÉE.  Mantinea.  Ville  d'Arcadie  ,  dans  le  Pé- 
loponèfe  ,  au  midi,  aux  confins  de  la  Laconie.  Anti- 
noils  ,  le  favuri  de  l'Empereur  Adrien  ,  y  avoir  un 
Temple ,  des  lacrificcs  &  des  jeux  qui  te  célébroient 
tous  les  cinq  ans  en  fon  honneur.  Antinoi:;  étoit 
repréfenté  dans  les  ftatues  fous  la  forme  de  Bacchus. 
Ce  fut  par  1  ordre  d'Adrien  que  Mantince  rendit  tous 
ces  honneurs  à  Antinoils ,  parce  que  ce  jeune  hom- 
me étoit  de  Bytinium,  Colonie  des  Mantineens.  Man- 
tinéc  étoit  célèbre  par  une  viéloire  qu'Epaminondas 
y  remporta  fur  les  Lacédémonicns. 

AL\NTO.  1.  f.  Terme  de  Mytiiologie.  Fille  du  devin 
Tirélias,  avoir ,  comme  fon  père  ,  le  don  de  prédire 
l'avenir.  Elle  fut  la  mère  de  Mopfus.  Onvoyoit  en- 
core du  temps  de  Paufanias  à  Thèbcs  ,  la  pierre  fur 
laquelle  elle  s'affeyoit  pour  rendre  les  oracles  ,  qu'on 
appeJoit ,  dit  il  ,  la  chaire  de  Manto.  Homère  a  fait 
ulage  dans  les  Poëmes  de  plufieurs  oracles  que  Alanto 
avoir ,  dit-on  ,  laiflés  par  écrit. 

MANTOIS.  Territoire  de  Mante.  Petromaritalinjîs 
ager ,  Meduntanus  pagus, 

MANTONNET.  f  m.  Terme  de  Serrurerie.  C'eft  une 
petite  pièce  de  bois ,  ou  de  fer ,  ayant  un  cran  ,  ou 
entaillurc  ;  qu'on  .attache  aux  jambages  d'une  porte  , 
ou  ailleurs,  pour  foutenir  &  arrêter  quelque  choie  , 
comme  le  battant  d'un  loquet ,  ou  autre  femblable. 
Admiffaria  lamina  pejfuli  lingulati. 

MANr'ONNETTÈ.  f.  f.  Vieux  mot.  Sorte  de  drap  ou 
de  tourure. 

MANTOUAN  (  le  ).  Le  Duché  de  Mantoue.  Man- 
tiianus  ager ,  ou  Ducatus.  C'eft  un  des  Etats  de  la 
Lombardie  ,  en  Italie.  Il  eft  entre  les  Etats  de  l'E- 
glife  ,  de  Venife ,  de  Milan  ,  de  Modène ,  &  de  la 
Mirandole.  Sa  longueur  du  couchant  au  levant  ,  eft  de 
di^  fept  lieues  ,  &c  fa  plus  grande  largeur  de  douze. 
Ce  pays  elf  baigné  par  le  Pô  ,  l'Oglio  ,  le  Mincio  ,  Se 
pluiieurs  autres  rivières;  il  efl  très-fertile  ,  &  bien 
peuplé  ,  (Se  fes  lieux  principaux  font  Mantoue,  Guaf- 
ralla  ,  Borgoforte  ,  Bonco-Ferrato  ,  Redoldefco ,  Se 
Canéto.  Maty. 

MANTOUAN  ,  ANE.  f  m.  &  f.  Nom  d'un  peuple 
d'Italie.  Originaire  ou  habitant  du  Mantoiwn.  Man~ 
tuanus  ,  a. 

MANTOUE.  Ville  capitale  du  Mantouan.  Mantua. 
On  allure  qu'elle  ell  plus  ancienne  que  Rome  de 
4^0  ans ,  ou  lelon  d'autres  de  ioo  ans.  Elle  eft  bâ- 
tie au  milieu  d'un  lac  formé  par  la  rivière  de  Min- 
cio ,  &  qui  a  vingt  lieuej  de  circuit  :  on  en  donne 
quatre  à  la  ville  ,  dix  -  huit  Paroilles  ,  &:  quarante 
Maifons  Religieufes^  On  y  fouftre  des  Juifs  qui  ont 
leur  quartier  féparé ,  &  qui  doivent  porter  un  ru- 
ban jaune  au  chapeau  ,  pour  fe  diftinguer  des  Chré- 
tiens. On  y  fabrique  une  grande  quantité  d'étoftes 
de  foie  ,  &  les  Ducs  de  Mantoue  y  font  leur  léjour 
ordinaire  dans  un  Palais,  qui  paffe  pour  un  des  plus 
magnifiques  de  l'Italie  ,  &  des  mieux  meublés.  On 
aifure  qu'il  y  a  cinq  cens  cinquante  chambres.  Au 
refte  ,  Mantoue  eft  une  place  très  forte  par  fa  litua- 
tion  ,  &:  par  quelques  ouvrages  qu'on  a  faits  aux  en- 
droits qui  en  ont  befoin  ■■,  on  n'y  peut  entrer  que  par 
deux  chaulfées  qui  ont  leurs  ponts-levis.  Tout  cela 
n'empêche  pas  que  l'an  1 6S0  ,  Colafto ,  Général  des 
troupes  de  l'Empereur  j  ne  la  prit ,  &  n'y  fît  de 
grands  défordrcs.  Maty. 

MANTUANE.  f  f.  Terme  de  Fleurifte.  Anémone  de 
couleur  de  citron  à" fond  incarnat.  Morxn. 

MANTURE.  f  f  terme  de  Marine.  Violentus  undarum 
incurfus.  Grand  coup  de  mer.  Agitation  violente  des 
houles.  PoMEY. 

MANTURNE.  f  f  terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
1      déelle  des  anciens  Romains.   Manturna.  On  l'invo- 

Kkkkk 


Sro 


M  A  N 


quoit  dans  les  maii.iges ,  afin  qu'elle  fît  que  la  nou- 
velle cpoute  dean.ui:,ii:  dans  la  maiton. 
Ce  mot  vient  de  mantrc  ,  demeurer. 
MANUBA  J6ÏE.  C  m.  Ce  que  les  anciens  appcloient 
Manuhdijie  j  s'étoïc   appelé  auparavant    Icorpioii  , 
parce  que  celte  machine  tuoit  avec  des  dards  mmces 
&   dcliés.  Manu-balijla  ,  balijla    manualïs.    Voyez 
Scorpion  ,  &  Arbalète. 
MANuCJODIATA.  t".  m.  C'eftun  nom  que  les  Voya- 
geurs (ïc  les  Indiens  donnent  à  1  oiteau  de  Paradis  , 
qui  iignihe  oi/«^a  de  Dieu,  décrit  au  livre  2;.  d'Am- 
èioiieParc,  &c  en  plulieurs  autres  \\z\x^.  Manucodia- 
■ta  avis.  Il  eil  commun  aux  Moluques.  Il  habite  au 
haut  de  l'air.  Il  rellemble  a  Ihuondelle  par  le  bec  iic 
le  corps  ,  &  conlîfte  prelque  tout  en  plumes.  Celles 
de  la  tète  rellembknt  a  de  l'or  pur;  celles  delà  gor- 
ge a  celles  d'un  canard  ;  ôc  celles  de  (a  queue  &  de  les 
ailes  à  unpanache.  On  a  foit  d  abord  accroire  aux  Eu- 
ropéens ,  qu  il  a'avoit  point  de  pieds  ,  &z  que  quand  il 
vouloit  dormir  ,  il  fe  pendoit  par  (es  plumes  aux  ra- 
meaux de  quelque  arbre  ;  mais  c'ell  en  eftet  que  les 
Marchands  les  coupent ,  pour  les  rendre  plus  extraor- 
dinaires, ou,  comme  dilent  d'autres,  que  les  gran- 
des fourmis  qui  font  abondantes  en  ce  p.iys  la  les  leur 
mangent.  On  dit  que  le  mâle  a  une  cavité  (ur  Ion 
dos  ,  où  la  femelle  couve  (es  petits.  On  leur  coupe 
les  pieds ,  de  peur  qu'ils  ne  gâtent  leurs  plumes  , 
qui  font  fort  fines.  On  ne  les  trouve  que  morts  ,  le 
bec  fiché  en  terre  ,  dans  une  île  proche  des  Molu- 
ques ,  &  on  n'a  pu  découvrir  d'où  ils  viennent.   Ils 
volent  toujours  ,&  (e  nourrillent  des  mouches  qu  ils 
prennent  en  l'air.  Le  mâle  ell  de  couleur  plus  vive 
que  la  femelle. 
MANUDUCTEUR.  f.   m.    On  a  donné  autrefois  ce 
nom  à  celui  qui  du  milieu  du  Chœur  ,  où  étoit  fa 
place  ,  doniioit  le  lignai  de  chanter  à  tout  le  Chœur,, 
è<.    marquoit  la  melùre  ,    régloit   le  chant.   Manu- 
duciof.  Les  Grecs  l'appeloieiu  Méfochore,  parce  qu  il 
étoit  au  milieu  du  Chœur.  Dans  lEglile  Latine j  on 
le  nonimoit  Alanuduàeur ,  àt  manus  ,  mainj&-  de 
duco  ,  je  conduis  ;  parce  qu'il  conduifoit  &  gouver- 
noit  le  Chœur  par  des  mouvemens  ,  des  geftcs  de  la 


ma  m. 


MANUEL  ,  ELLE.  adj.  Qui  fe  fait  avec  la  main. 
Manualïs  ,  rnanuanus.Omï3.'!,t  ,  travail  manuel.  Opé- 
ration manudk.  Quoique  la  Chirurgie  (ou  une  opé- 
ration manuelle,  il  faut  pourtant  que  le  Chirurgien 
fâche  quelques  principes  de  phyfique. 

^  Dans  les  Chapitres,  on  appelle  diftributions /72^- 
nuelles  ,  ce  que  les  Chanoines  reçoivent  pour  leur 
alîiftance  à  certains  offices  ou  fcrvices  particuliers. 

UCF  Manuel,  eft  aulll  fubftantif  mafcuhn  ,  &  deligne 
la  manœuvre,  la  pratique.  Le  manuel chïmiquz ,  e(i 
l'art  de  fe  fervir  à  propos  des  agens  ,  c'eil  a  dire  , 
du  feu  &  des  menftrues,&:  des  inftrumens  chimi- 
ques ,  c'eft-àdire  ,  des  fourneaux  ,  des  vailleaux  -,  & 
dans  les  opérations  chimiques  ,  le  (uccès  d'une  opé- 
ration dépend  (ouvent  des  circonlîances  du  manuel. 

Manuel.  Se  dit  aullî  des  petits  livres ,  ou  des  abrégés 
qu'on  peut  porter ,  ou  qu'on  doit  toujours  avoir  à 
la  main.  Enchiridion  ,  manuale.  Le  manuel  d'Epiftère. 
Le  Manuel  de  Dévotion.  Un  Manuel  de  Théologie. 
On  l'a  ainfi  appelé  ,  quod  in  yromcu  fie  ,  &  ad  ma- 
num  habeatur. 

Manuel  ,  ou  comptant  du  pillage.   M.  de  Courtin  ap- 
pelle Manuel  du  pillage  ,  ce  que  les  Romains  appe 
loieiit  manubiA  :  c'étoit ,  félon  Favorin  ,  l'argent  qui 
provenoit  des  chofes  qu'on  avoit  prifes  à  l'ennemi , 
&  qui  éroient  vendues  à  l'encan. 

MANUELLE  ,  ou  MANIVELLE.!",  f.  Terme  de  Ma- 
rine. C'eft  une  barre  de  fer,  laquelle  eft  jointe  par 
une  boucle  de  fer  appelée  Goujfet,  à  la  barre  du  gou 
vernail ,  8c   que  le  Timonier  tient  à  la  main  pour 
gouverner  le  vai'Teau.   Temonis  manuhrium. 

MANUELLEMENT,  adv.  De  la  main  à  la  main.  In 
manum  ,  ad  manum.  Je  lui  ai  payé  les  vingt  écus  que 
je  lui  devois ,  manuellement.  La  livraifon  de  meubler 
qui  fe  fait  manuellement,  tranfportela  propriété. 

MANUFACTURE,  f.  f.  Lieu  où  font  réuiis plufi  eurs 


M  A  N 

Ouvriers  pour  travailler  à  une  même  forte  d'ou- 
vrages. Ojjicina  ,  opificium.  On  a  établi  depuis  quel- 
que temps,  en  France,  plulieurs  manufactures  pour 
des  étoifes  ,  des  bas  ,  des  chapeaux  ,  des  glaces  de 
miroirs  ,  des  dentelles  j  &c.  Il  y  a  une  Ordonnance 
du  mois  de  Juillet  1667  ,  portant  règlement  général 
(ur  les  manufactures ,  établillement  des  Jurés  ,  &  Maî- 
tres &  Gardes  des  Marchands  ,  &  Maîtres  Ouvriers 
en  drap  d'or  ,  d'argent  &  de  foie  ,  &:  autres  écolfes 
mélangées  ,  &  pour  leur  laçonnerie  ,  compagnons, 
apprentis,    (Sec. 

^fT  On  appelle  Manufactures  royales ,  celles  qui  font 
établies  en  conléqucnce  des  Lettres  Patentes  des 
Rois. 

Manufacture  ,  fc  dit  aufli  du  travail ,  de  la  fabrique 
qui  (e  tait  de  ces  ouvrages  dans  les  lieux  publics. 
Opificium  ,  labor ,  manujaclum.  Ce  drap  e(t  d'une 
bonne  manufacture. 

MANUFACl  URER.  v.  a.   Faire  des  ouvrages  de  Ma- 

nulâéture.   Fabriquer  eft   plus  d'ufage.    Elaborare  , 

perficere  ,  manu  effingere.  Ces  draps  ont  été  manu- 

jadures  à  Sedan  ,  ces  velours  à  Tours ,  ces  Serges  à 

Amiens. 

MANUFACTURIER,  f.  m.  Maître  d'une  manufac- 
ture, qui  travaille  dans  une  manufadlure.  Opifex  y 
operarius.  On  a  fait  venir  des  Manujacturiers  étran- 
gers pour  établir  des  manufadtures  de  bas  au  métier , 
&c. 

IKF  On  appelle  proprement  Mariufaclurier ,  celui  qui 
établit  une  Manufacture  ,  qui  la  conduit  ,  qui  fait 
agir  ceux  qui  y  travaillent.  On  donne  quelquelois  le 
nom  de  Manufacturiers  aux  ouvriers  mêmes.  Manu- 
facturiers en  laine  ,  en  foie  ,  &c.  Mais  on  les  appelle 
plus  ordinairement  les  Ouvriers  fabricans. 

MANVIEU  ,  f-  m.  Nom  d'homme.  Manvxus  ,  comme 
écrivent  les  Bollandiftes  ,  &c  non  pas  Manvoeus  j 
comme  Baillet.  On  dit  que  S.  Manvieu ,  Evêque  de 
Baïeux  ,  mourut  dans  cette  ville ,  vers  le  milieu  du 
cinquième  (lècle.  Son  culte  eft  fort  célèbre  dans  les 
Diocèles  de  la  Balfe  Normandie. 

MANUMISSION.  f.  f.  Action  par  laquelle  on  donne 
la  liberté  à  un  elclave.  Manumiffio  ,  vindicta.  L'Au- 
teur du  Traité  de  Police  définit  les  Manumijfijns  , 
des  aétes  par  lefquels  les  Seigneurs  aftranchilfoient 
les  habitans  de  leurs  terres ,  qui  .avaient  été  julques 
alors  lerfs  ,  &  dans  une  efpèce  d'efclavage  qui  ne 
convenoit  ni  à  la  faintete  de  notre  religion  ,  ni  à 
nos  mœurs.  Ils  les  déchargèrent  en  même-temps  de 
plulieurs  engagemens  attachés  à  cette  dure  condi- 
tion ,  tant  par  rapport  aux  biens  ,  qu'aux  perfonnes. 
La  manumijjion  eft  donc  en  France  l'alfranchilfe- 
ment  des  gens  de  condition  fcrve  ,  ou  de  mainmorte. 
Il  y  a  un  titre  à  S.  Germain  des  Prés,  de  la  manu- 
mijjion  des  habitans  de  leur  Seigneurie,  qui  n'a  pas 
plus  de  deux  cens  cinquante  ans.  La  plupart  des 
manumiffions  ont  été  faites  du  temps  du  Roi  Saint 
Louis  ;  c'eft  environ  ce  temps  là  qu'elles  commen- 
cèrent. "*Les  gens  de  mainmorte  condition  dévoient 
faire  confirmer  la  manumijfwn  qu'ils  avoient  obte- 
nue de  leur  Seigneur  par  des  Lettres  Patentes  du 
Roi ,  vérifiées  à  la  Chambre  des  Comptes ,  &  dévoient 
payer  pour  cela  certaines  finances.  On  en  trouve  un 
titre  du  27  Juin  i  500. 

Les  Romains  faifoient  quelques  cérémonies  en  la 
manumiffion  de  leurs  elclaves.  La  manumijjion  fe  faiioit 
en  trois  manières.  1°.  Quand  de  l'aveu  de  (on  maître 
un  elclave  taitoit  mettre  fon  nom  (ur  le  cens  ,  ou  les 
regiftres  publics  des  citoyens.  2°.  Lorfque  l'efclave 
étoit  conduit  au  Préteur  ,  &  que  ce  Magiftrat  lui  mer- 
toit  la  baguette  fur  la  tête.  3°.  Lorfque  par  (on  tef- 
tament  le  maître  l'aftranchilloit ,  3c  lui  rendoit  la 
liberté. 
^pT  Ulp.  appelle  ces  fortes  d'affranchis  par  le  tefta- 
ment  de  leur  maître  ,  liberti  orcini.  On  les  appeloit 
aulfi  Charoniaci ,  ou  Charonit£ ,  parce  qu'ils  ne  jouif- 
fuient  de  la  liberté  que  quand  les  Patrons  étoient 
dans  les  enfers ,  in  orco ,  &  quand  ils  avoient  palfé  la 
barque  à  Caron. 

On  dit  que  ce  fut  le  Roi  Servius  Tullius ,  qui  fut 


M  A  N 

auteur  de  la  première  ,  Publiu';  Valerius  Publicola  , 
qai  iiiftitua  la  ("cconde.  Il  cd  p.ulc  l'or:  au  long  de 
la  tLoilièmc,  dans  ks  Inllitutcs  tic  Juflinicn.  Il  ne- 
toit  pas  nécellairc  que  le  Préteur  iùt  fur  Ion  Tri- 
bunal pour  faire  la  cérémonie  de  la  manumijjîon  ;  il 
la  faifoi:  partout  où  il  fe  trouvoit  j  chez  lui,  dans 
les  rues  ,  en  allant  au  bain  ,  &.c.  Il  mettoit  (ur  la  fête 
de  l'efclave  une  baguette  appelée  J^md'icla  ,  en  di- 
fanc  ,  Je  dis  que  cet  homme  efl  libre  lelon  les  us  Ik. 
coutumes  des  Romains  ;  enliiite  il  doiuioic  fi  ba- 
guette au  Lifteur  ,  qui  en  trappoir  la  tête  de  l'efcla- 
ve :  enlîn  il  lui  frappoit  le  vilage  &  le  dos  de  la 
main.  Et  le  Greffier  ou  Scribe  mettoit  le  nom  du 
nouvel  affranchi  dans  les  regilhes  ,  avec  la  caufe  de  la 
manumijfiùn.  L'Empereur  Conflanrin  tit  hiire  les  ma- 
numijjions  à  Rome  dans  les  Egliles  ,  comme  le  dit 
Sozomene. 

Ce  mot  vient  du  Latin  tnanumiffio ,  quia  fervus 
mhtebatur  extra  manum  ,  feu  potejiatem  domïni  fui. 
03"  On  mettoit,  pour  ainfi  dire ,  fon  efclavc  ou 
fon  ferf  hors  de  la  main.  En  France  nous  difons  plus 
communément  atîranchifTement. 
In  MANUS.  Terme  Latin  ,  que  l'ufage  a  rendu 
François.  Il  n'a  qu'à  dire  ton  in  manus.  Quand  je  me 
vis  entre  les  mains  de  ces  brigans,  je  dis  mon  in 
manus. 

Guillain  répondit  là  deffus. 
La  vieille  a  dit  fon  in  manus. 

La  Monnoye. 

Malgré  fon  in  manus  ,  la  vieille  fera  nôtre. 

Idem. 

Ip- MANUSCRIT  ,  ITE.  adj.  Quieft  écrit  à  la  main. 
Manufcriptus  liber,  codex  manuexaratus.  Il  y  a  tant 
de  volumes  dans  cette  bibliothèque ,  imprimés  ou 
manufcrits.  Pièce  manufcrite ,  copie  manufcrite.  Ce 
terme  eft  aullî  très-fouvent  lubftantif malculin.  Manu- 
fcriptum.  J'ai  lu  cette  pièce  en  manufcrit.  Cet  ou- 
vrage ne  court  qu'en  manufcrit. 
§3"  On  le  dit  particulièrement  de  l'original  d'un  livre  , 
de  la  copie  de  l'Auteur  lur  laquelle  il  a  été  imprimé. 
Autograplvum.  Ce  terme  s'applique  à  des  écrits  con- 
fidérables  ou  par  leur  ancienneté  j  ou  par  leur  ra- 
reté. Manufcrits  curieux,  rares.  Vieux  manufcrits, 
anciens  manufcrits.  C'eft  le  nombre  des  anciens 
manufcrits  qui  fait  la  richeOè  d'une  biblothéque. 
Confronter  les  Auteurs  avec  les  manufcrits  origi- 
naux des  anciennes  bibliothèques. 
MANUS  DEL    Sorte  d'emplaire.    Foye^   le    Dicl. 

Œconom.  au  mot  emplâtre.  Manus  Dei. 
CP-MANUSTUPRATION  ,  MANSTURPATION  , 
MASTUPRATION  ,  fynonymes  ,  formés  des  mots 
Latins  ,  manus   main  ,  &  fluprejjîo  ou  Jlruprum.  Ce 
funefte  ufage  de  la  main  d'un  homme  qui  cherche 
à  fe  fuffirc  à  lui   mcmej  elt  défigné  par  un  Auteur 
moderne    (  M.  Tilfot  )  par  le    titre    à'onanifme  du 
nom   d'onam  ,  l'un  des  fils  de    Juda ,   dont  il  eft 
parlé  dans  la  Génèfe  j  c.  jS  v.  p ,  &   lo. 
MANUTENTION.  1.  f.  Action  par  laquelle  on  conferve 
en  même  état  quelque  choie  ,  ou  loin  qu'on  prend 
pour  faire  exécuter  une  choie.  Confervatio.  On   ne 
le  dit  guère  qu'en  parlant  des  choies  moraks.   Les 
Magiftrats  doivent  avoir  foin  de  Xa  manutention  At  la 
Police  ,  &  des  réglemens;les  Généraux  ,  delà  diici- 
pline militaire  ;  les  Supérieurs  des  Monaftères  ,  delà 
manutention  des  Statuts  de  la  Règle   de  l'Ordre.  Le 
Concile  &  l'Ordonnance  appellent  les  Ordinaires  à 
la  manutention  de  la  difcipline.  Pat. 
MANY.  f.  m.  Nom  d'im  fruit  du  Pérou.  Il  fe  forme 
dans  une  goulfe  qui  ne  fort  pas  de  terre ,  dans  laquelle 
font   quelques   grains  comme  des   haricots   ronds , 
lefquels  étant  rôtis  au  four  dans  leur  goulfe  j  ont  un 
goût  agréable  de  noilette  rôtie.  On  en  mange  beau- 
coup ,  quoiqu'il  échauffe  extraordinairement.    C'ell: 
apparemment  l'Araquidua  de  quelques  Botaniftes  : 
les  habitans  l'appellent  Many.  FrÉzier  ,  p.   i6 S. 
MANZANILLA  ,   MANZÉRA  ,    ou   MANSILLA, 
Tome  V. 


MAO  8ii 

Nom  d'un  ar.cien  bourg  d  Efpagne.  Maniamlia  , 
Pumcriola.  Il  ell  dans  le  Royaume  de  Léon,  à  qua- 
tre ou  cinq  lieues  de  la  viile  de  ce  nom  j  en  tirant  vers 
Palcncia.  Maty. 
MANZEL.  f  m.  Terme  de  Relation.  Manfin ,  flatio. 
C'ell  ainli  qu'on  appelle  en  Perfcle  rendez-vous  des 
voyageurs  6z  des  carav.ines  à  la  lin  de  la  jAirnée  :  un 
manuel  eît  un  caravanler.ii.  Les  ,V!aniels  font  éloi- 
gnés les  uns  des  autres  d'une  dilb.nce  raifonnable  , 
alîn  que  les  chevaux  chargés  puilicnt  dans  un  jour 
aller  commodément  de  l'un  à  l'autre.  Cette  diftance 
cependant  n'ell  pas  par-tout  égale  ,  elle  eft  quelque- 
fois de  cinq,  ou  de  fix  ,  quelquelois  de  huit  ou -dix 
lieues.  Cette  diiférence  vient  de  l'eau  &  de^  lieux 
habités ,  qui  ne  le  rencontrent  pas  égalenicnt  dans 
la  Perfc.  La  diftanced'un  lieu  à  un  autre  le  compte 
par  le  nombre  des  manuels.  Ainfi  ,  on  dit  que  d  If- 
pahan  à  Cand.aharj  il  y  a  40  manuels  ,  oa  man^ils , 
c'eft-à-dirCj  40  journées. 

MAO. 

MAO.  Poids.  Foyex  Man. 

MAON.  Nom  d'une  ville  de  la  Tribu  de  JuJ.i ,  dans 
la  Terre-Sainte.  Maon,  Elle  étoit  dans  la  plaine  à 
cêité  de  Jéfimont,  &  à  l'orient  de  Daroma.  Foye:^^ 
Jof  XF,  s  S-  Se  le  /.  Livre  des  Rois ,  XXIiL  24. 

Maon,  ou  Port-Mahon.  Nom  d'une  petite  ville  j 
(îtuée  fur  la  côte  orientale  de  l'île  de  Minorque  ,  à 
huit  lieues  de  Citadella.  Mago.  Port-Mahon  a  un 
lort  beau  port,  &  la  ville  eft  défendue  par  la  cita- 
delle  de   Saint  Philippe. 

MAO'U.  1.  m.  Terme  de  Calendrier.  C'eft  le  nom  que 
les  Cathaïens  donnent  au  quatrième  de  leurs  Cycles 
ou  Tchags  ,  que  les  habitans  de  Turqucftan  nom- 
ment Thiukhcan ,  ik  les  Perliens  Kerkhoulch  , 
noms  qui  lignifient  en  leur  langage  un  lièvre.  D'Her- 
BELOT.  P'^oy.  Giac  ,  ou  Tchag. 

MAOZIM,  ou  MAUZZIM.  f.  m.  Nom  d'un  dieu, 
lelon  quelques-uns.  Mao\in  ,  Mao\im.  Daniel  en 
prédilant  au  chap.  XL  ce  que  devoit  taire  un  Roi  qui 
affligera  le  peuple  de  Dieu ,  dit ,  il  révérera  le  dieu 
Mao'^im  ,  dans  le  lieu  qu'il  lui  aura  choill  ,  &c. 
Mao^im  en  Hébreu  D'iya  lignifie  les  forces.  Selon 
Calvin  &  quelques  autres ,  il  s'agit  là  des  Romains , 
&  on  dit  J  qu'ils  honorèrent  le  dieu  des  forces  , 
parce  qu'ils  attribuoient  à  eux-mêmes  la  divinité  &c 
ne  donnoient  à  leurs  dieux  de  force  &  de  puiffance  , 
qu'autant  qu'il  leur  plailoit ,  ne  faifant  aucun  cas 
ni  des  hommes  ,  ni  des  dieux  ,  en  comparaiton  de 
l'eftime  qu'ils  avoient  pour  eux  mêmes.  D'autres  di- 
lent  que  Mao\im  étoit  un  dieu  particulier  ,  adoré  à 
Modin  par  Antiochus ,  dont  il  s'agit-là  ,  Se  non  pas 
des  Romains.  Grorius  croit  que  c'eft  le  dieu  de  la 
guerre  à  qui  les  Phéniciens  donnoient  ce  nom  ,  qui 
vient  deny  (  a\ai  )  '  qui  lignifie  fortis ,  validus  ;  il 
falloit  dire  VJ  a-{.  Se  non  pas  a-^a^  :  que  c'eft  le  dieu 
que  Julien  appelle  A'^i^us  ,  dans  l'hymne  du  Soleil  , 
qu'en  ajoutant  une  lettre  héémantique  j  on  fait  au 
plurielD'TJ/'O  Mau^im,  que  c'eft  delà  que  s'eft  fiic 
le  mot  François  magasin.  Que  de  plus  en  pronon- 
çant le  ain  :?  en  o  ,  &  changeant  leT  en  1  ,  comme 
font  les  Chaldéens  &  les  Arabes,  de  Maoiim,o\\ 
avoit  fait  Modin  ,  nom  du  lieu  où  ce  dieu  avoit  un 
temple  ,  «Se  qu'Antiochus  avoit  voulu  qu'on  adork 
ce  dieu  comme  fiifoient  les  Phéniciens.  Sanclius 
croit  que  c'étoit  le  dieu  de  l'argent ,  le  Plutus  des 
Grecs,  dont  tout  le  monde  vante  la  pui''Ancej& 
auquel  tout  obéit  j  comme  dit  l'EccIéfiaitique,  X. 
I  p.  que  les  avares  adorent;  &  qu'Antiochiib  étoit  II 
palfionné  pour  l'argent,  que  fouvent  il  étoit  allé  en 
Egypte  ,  &  avoit  pillé  les  temples  &:  les  autels  ,  & 
violé  tous  les  droits  divins  Se  humains  pour  en 
amalfer.  Géjerus  croit  aufli  que  c'étoit  un  dieu  parti- 
culier ;  il  veut  avec  Heinfius  que  ce  fût  Mars.  Cor- 
nélius à  Lapide  dit  que  c'eft  un  démon  familier  qu'a- 
voit  Antiochus.  Maldonat  le  prend  pour  Jupiter 
Olympien  ,  qui  étoiC  le  plus  puiftant  des  dieux  , 
c'eft  ainfi  que  l'Écriture  appelle  Jehovah,  le  Dieu 

Kkkkk  ij 


8i2  MAP 

des  vertus,  &  des  armées.  En  elfet,  continue  Mal- 
donat  j  Antiochus  plaça  Jupiter  Olympien  dans  le 
cemple  de  Jérufaleai ,  &:  l'y  voulut  faire  adirer. 
Willet  &  Mélanchton  font  aullî  de  ce  fentiment. 
Junius  Se  Trcmellius  avec  Polanus ,  dilent  que  le 
dieu  Mao\im  lignifie  des  fortcrellcs,  ou  des  torti 
fications  /<}ue  c'efl  le  vrai  dieu  j  le  dieu  d'Ifracl ,  qui 
cft  ainli  nommé  ,  parce  qu'il  eft  adoré  à  Jérulalcir, 
.qui  cil  appelée  fouvent  la  ville  des  lortilîcations ,  que 
l'Ange  ne  dit  pas  qu'Antiochus  l'adora  ,  mais  que 
dans  fon  lieu  ,  c'eft  à-dire  ,  dans  le  lieu  qui  lui  étoit 
confacré  dans  le  temple  de  Jérulalem  ,  il  adoroit  un 
autre  dieu  que  lui.  Enrin,  d'autres  entendent  en  gé- 
néral les  démons. 

MAP. 

MAP.  Voyei   Mépe. 

MAPPE.  Foyei  l'art,  fuiv. 

MAPPAIRE.  f  m.  Nom  d'Office.  Mapparlus.  Chez 
les  Romains  le  Mappaire  étoit  celui  ,qui,  dans  les 
jeux  publics ,  comme  ceux  du  Cirque  tk  des  Gla- 
diateurs ,  donnoit  le  lignai  pour  commencer  ,  jetoit 
une  mappe,  mappa  ,  qu'il  recevoit  auparavant  de 
l'Empereur  ^  du  Conful  ,  ou  de  quelqu'autre  Ma- 
giftrat ,  app.aremment  du  plus  diftingué  qui  fut  pré- 
fent ,  ou  de  celui  qui  donnok  les  jeux.  P^oye-^  Sau- 
maile  fur  Solin,  p.  Joi  &  022. 

%fF  On  appeloit  mappa  circenfis  chez  les  Romains, 
un  rouleau  qui  lervoit  de  lignai  pour  annoncer  le 
commencement  des  jeux  du  Cirque. 

En  France  ,  on  appelle  Mappaire  ,  celui  qui  , 
quand  le  Roi  avoir  lavé  ,  lui  prclentoit  la  ferviette 
pour  s'ellliyer  les  mains.  Foy.  le  Patriarckhim  Bi- 
turenfe,  chap.  ^0.  &c  Aimoinj  Hljloïrc  de  France , 
L.  4.  c.  2. 

MAPPE.  f.  f.  Torchon  ,  efpèce  de  petite  ferviette  de 
grolfe  toile  ,  dont  on  ie  fert  pour  torcher  les  meu- 
bles. Du  Latin  Mappa.  Ce  mot  n'eft  point  en 
ulage. 

MAPPEMONDE,  f.  f.  Terme  de  Géographie.  Uni- 
verji  orlns  delïneatio.  C'eft  la  delcription  ou  la  déii- 
néation  de  la  figure  du  monde  ,  ou  plutôt  de  la  terre 
fur  un  plan  ,  ou  dans  une  carte.  La  Mappemonde , 
eft  ordinairement  comprile  en  deux  cercles,  qui 
font  les  deux  Hemifphères; /'un  contient  le  monde 
ancien  ,  c'eft  à  dire  ,  l'Europe  ,  l'Aiie  &  l'Afrique  ; 
&  l'autre  le  nouveau  monde,  c'eft-àdire,  l'Ame: 
rique.  Euftachius  témoigne  qu'Anaximandre  fut  le 
premier  qui  lit  les  cartes  géographiques,  o\x  Map- 
pemondes ;  Se  enluite  Hécataïus  _,  Democrite  ,  Eu- 
doxe,  &  autres.  La  Mappemonde  de  l'Obfervatoire 
de  Paris  a  le  pôle  (eptcntrional  pour  centre.  Tur 
quet  vouloit  qu'on  fit  toujours  les  Mappemondes  de 
cette  manière ,  &  qu'on  repréfentàt  la  terre  en 
deux  cercles  ,  qui  fullent  terminés  par  l'équateur  , 
&  qui  euflent  pour  centre  ,  l'un  le  pôle  auftral  , 
&  l'autre  le  pôle  boréal.  La  commodité  de  ces 
fortes  de  Mappemondes ,  c'eft  que  tous  les  méri 
diens  font  repréfentés  par  des  lignes  droites,  &  les 
parallèles  par  de  vrais  cercles  parallèles ,  au  lieu 
que  félon  les  règles  de  la  projedion  ordinaire  àesMap- 
pemondes  ,  il  n'y  a  que  le  premier  méridien  qui 
foit  leprélenté  en  cercle  ,  Se  un  autre  méridien  en 
ligne  droite  ;  les  autres  aulli-bien  que  les  parallèles  , 
font  des  portions  de  lignes  courbes  ou  de  cercles  j 
dont  le  centre  eft  hors  de  la  carte  ,  mais  l'incom- 
modité de  ces  fortes  de  Mappemondes  de  Turquet  , 
c'eft  que  le  milieu  de  la  carte  demeure  vide  ,  étant 
deftiné  à  reprclenter  les  environs  des  pôles  qui  nous 
font  inconnus.  Je  crois  cependant  que  ce  qui  fait 
ÇK^cïiiT \e.s Mappemondes  ordinaires  à  celles  de  Tur- 
quet ,  c'eft  qu'on  eft  accoutumé  aux  unes  ,  Se  qu'on 
ne  l'eft  pas  aux  autres. 

^fT  Ce  mot  vient  dt  mappa ,  qui  dans  fon  origine  fi- 
gnifie  la  nappe  que  l'on  étend  fur  une  table  où  l'on 
mange.  Nous  en  avons  fait  le  mot  nappe  j  &  nous 
avons confervé  \'m  ,  en  parlant  d'une  carte  que  l'on 
étend  comme  une  nappe  fur  une  table ,  Se  fur  la- 


M  A  Q 


quelle  on  voit  le  globe  terreftre  aplati  ,  d'où  lui  vient 
aulli  le  nom  de  Plamfphère.  On  conçoit  aifément 
que  l'on  ne  peut  voir  que  la  moitié  d'un  globe  à  la 
fois  ;  c'eft  ce  qui  s'appelle  Hémijphère.  Voyez  ces 
mots. 
MaPPER.  V.  a.  Frotter  pour  ôter  l'ordure  ,  nettoyer 
en  trottant.  Madame  Mazaiin  aimoit  li  fort  la  pro- 
{jrété  ,  qu'elle  tailoit  alfez  fouvent  mapper  Se  broftêr 
Ion  appartement  à  la  manière  d'Angleterre,  deux  ou 
trois  fois  le  jour.  Il  eft  inulité. 

Qu'on  auroit  vu  de  propreté , 

De  netteté  ! 

Qu'on  eût  frotté  ! 
On  auroit  vu  dans  ce  faint  lieu  , 

Alicux  qu'à  la  Trappe  , 

Par  brojfe  &  mappe 

Honorer  Dieu.  S.   ÉvREMOND. 

M  A  Q. 

MAQUE^  ou  MACHACOIRE.  f.  f.  Infliumenr  avec 
lequel  on  donne  la  première  préparation  au  chan- 
vre pour  le  réduire  en  iilaftcj  après  qu'il  a  été  roui. 
On  l'appelle  plus  communément  brayoire. 

MAQUÉDA.  Nom  d  un  bourg  avec  un  château  Se 
titre  de  Duché.  Macheda.  Il  eft  dans  la  Caftille 
vieille  j  à  (ept  ou  huit  lieues  de  Tolède  ,  vers  le 
couchant.  Maty.  La  Mailon  de  Maquéda  eft  une 
branche  de  celle  de  Cardcnus. 

MAQUER,  ou  MACHER  le  chanvre.  C'eft  le  rompre 
avec  l'inftrument  appelé  Maque  j  ou  Machacoire. 

MAQUEREAU,  f.  m.  Poilfon  de  mer  qu'on  pêche 
aux  mois  d'Avril ,  Mai ,  Juin  ,  Se  Juillet.  Scomber. 
C'eft  un  poilfon  de  mer  vivant  en  troupe  ,  long 
d'environ  un  pied  Se  demi  ,  lans  écaille  ,  rond  de 
corps  ,  épais ,  charnu ,  hniûant  en  pointe  par  les 
deux  bouts.  Car  il  a  le  muleau  pointu  ,  Se  l'extrémité 
vers  la  queue  ,  pointue.  La  queue  iinit  en  deux  poin- 
tes. Sa  bouche  reftcmble  à  celle  du  thon  :  il  a  les 
yeux  grands  &  dorés.  Quand  il  eft  dans  l'eau  ,  il 
paroît  couleur  de  loufre  ,  Se  quand  il  eft  hors  de 
l'eau.  Se  qu'il  eft  mort ,  il  ell  bleuâtre  ,  Se  tout  tra- 
verlé  de  plufieurs  traits  noirâtres.  Rondelet  ,  des 
Poijfons ,  Liv.  FUI ,  chap.  7.  J'ai  connu  des  gens 
fort  verfés  dans  l'Architecture  navale ,  qui  préten- 
dent que  lé  maquereau  eft  de  tous  les  poillons  celui 
dont  la  tigure  doit  lervir  de  modèle  à  la  conftrudrioa 
des  vaideaiix.  On  mange  le  maquereau  frais  ou  lalé. 
L'eau  dans  laquelle  on  fait  cuire  les  maquereaux  ell 
fort  lumineule ,  quand  elle  eft  remuée. 

Ce  mot  vient  à  maculis  ,  parce  qu'il  eft  fort 
tacheté.  Quelques  Auteurs  modernes  l'ont  appelé 
Maquerellus. 

^3"  Maquereau  ,  elle.  f.  m.  &  f.  Terme  groflîcr  ,' 
prolcrit  parmi  les  honnêtes  gens.  Il  déligne  celui 
ou  celle  qui  fait  métier  de  débaucher  Se  de  profti- 
tuer  des  femmes  <!n:  des  filles.  Leno  ,  lena 

Ce   mot  ,  auili-bien  que   celui   de  Maquignon  , 
vient  de  maque,  qui  en  vieux  François,   lîgnifioit 
vente.  Il  y  a  encore  à  Paris  l'Hôtel  de  la  Maque  ,  où 
les  Picards  venoicnt  vendre  leurs  marchandifes  :  ce 
qui  eft  fort  vraifemblable.    Quelques  uns  tirent  ce 
nom  de  l'Hébreu  "133  macar ,  qui  fignifie   vendre, 
parce  que  ces  peftcs  publiques  font  trafic  de  la  prof- 
titution.  Tripaut  le  fait  venir  de  aquarlolus ,   qui  a 
lignifié  en  Latin  un  homme  qui  follicite  la  pudicité 
des    filles.  Et  quelques-uns  ont  ajouté  j  que   alca- 
huete  àoni(e.  fervent  les  Efpagnols  en  la  mêmefigni- 
fication  ,   vient    de    aquahucte  ,  qubd   aquam    ferat. 
Ménage  orétend  qu'il  vient  de  macula  ,  à  caufe  que 
ceux   qui    reprélentoient   les   maquereaux   dans   les 
anciennes  Comédies ,  étoient  vêtus  de  diverfes  cou-< 
leurs,  comme  on  voit  dans  Tertullieiij  de  Pallio, 
Se  à  caufe  qu'on   appelle  maquereaux  ,    ces  taches     " 
qui  viennent  aux  jambes ,  Se  les  poilfons  d'Avril  qui 
(ont  pareillement  tachetés.  Nicot  rapporte  les  mê- 
mes ctymologici  que  Ménage  ,  qui  les  a  priles  de 
lui.  Donat ,  en  parlant  des  habits  que  les  Anciens 


M  A  Q 


M  A  R 


donnoient  à  Icuis  pcifonnagcs  tic  Comédie  ,  dit ,  que 
Icno  palitis  varii  coloris  uticur. 
Maquereaux  ,  au  pi.  font  des  taches  de  la  peau  qui 
viennent  particulièrement  aux  jambes  S-c  aux  cuilles, 
pour  s'être  chaulté  de  trop  près.  Ils  (ont  ainfi  nom 
niés ,  parée  qu'ils  imitent  les  taciics  du  maquereau. 
MacuU. 

On  appelle  proverbialement  un  maquereau ,  un 
poillbn  d'Avril.  On  dit  aulîî  de  celui  qui  ne  paie 
point  fon  écot  ,  fa  part  de  quelque  dépenic  commu- 
ne ,  qu'il  efl;  franc  comme  un  ma^iucrcau. 
gO-MAQUEHELLAGE.  f.  m.  Term'e  maliionnête 
qui  déligne  le  métier  de  débaucher  0<c  de  prulhruer 
des  femmes  &  des  filles,  6c  les  moyens  qu'on  emploie 
pour  cela.  Lenocïnïum. 

MAQUERELLE.  f.  f.  Nom  d'un  petit  poillon,  dont 
les  Pêcheurs  le  fervent  comme  d'appât. 

MAQUETTE,  f.  f.  C'eft  un  terme  emprunté  de  l'Ita- 
lien Macchïa  ou  Macchietta  ,  qui  iignihc  dans 
cette  langue  j  comme  dans  la  nôtre  ,  une  première 
ébauche  faite  par  un  Peintre  ou  par  un  Sculpteur , 
pour  un  ouvrage  qu'il  a  de'Xein  d'exécuter.  C'ell 
{à  première  penfée  ,  ou  rien  n'efl  encore  digéré  ,  Se 
qui  ne  paro'it  que  comme  un  ouvrage  informe,  ou 
un  alfemblage  de  taches ,  à  ceux  qui  n'ont  aucune 
connoillance  des  arts.  Aullî  le  mot  Macchia ,  pris 
dans  le  propre  ,  fignifîe  t  il  chez  les  Italiens  une 
tache. 

MAQUIGNON,  f.  m.  Qui  vend  les  chevaux ,  qui  les 
refait ,  &  qui  couvre  leurs  défauts.  Mango.  Ce  mot 
eft  fouvent  pris  dans  un  fcns  odieux.  ftCTIldéhgne 
proprement  un  homme  qui  achète  des  chevaux  dé 
feâueux  ,  ruinés  ,  qui  couvre  leurs  défauts  ,  pour 
les  vendre  plus  cher  qu'ils  ne  lui  ont  coiité  :  un 
homme  enfin  qui  veut  tromper  j  &  dont  il  faut  fe 
défier.  Si  l'on  parle  d'un  homme  de  bonne-foi ,  on 
dit  aujourd'hui  un  Marchand  de  chevaux.  Dans  le 
Dift.  de  l'Acad.  on  ne  fait  point  cette  diftinétion 
qui  paroît  bien  fondée. 

Maquignon  ,  fe  dit  au  figuré  ,  mais  dans  le  ftyle  fa- 
milier feulement  ,des  gens  d'mtrigue  qui  fe  mêlent 
de  faire  des  mariages  ,  de  fiire  vendre  des  Offices  , 
des  Charges  ,  &  qui  font  tout  autre  trafic  odieux. 
Mango,  proxcneta  ,  fequejler.  On  appelle  aullî  Ma- 
quïgnons  Se  J^endeurs  de  chair  humaine ,  ceux  qui 
débauchent  les  jeunes  gens  pour  les  enrôler,  &  les 
vendre  à  des  Capitaines.  Scar.  Je  crois  que  tu  es 
«quelque  maquignon  d'enfant.  Abl.  Quelques  verhons 
de  la  Bible  font  dire  à  S.  Paul ,  qu'il  n'cll  point  ma- 
quignon de  la  parole  de  Dieu,  pour  dire  qu'il  n'en 
trafique  point. 

Maquignons  de  la  gloire  ,  ils  en  font  le  partage. 

GoM. 

Ce  mot ,  auffi-bien  que  celui  de  maquereau ,  vient 
de  maque ,  vieux  mot ,  qui  fignifie  vente  ,  marchan- 
dife.  Ménage  dit  qu'il  vient  de  l'Italien  machinogne  , 
qu'il  croit  être  fait  de  mangone.  On  a  dit  dans  la 
balfe  Latinité  mangonare  ,  pour  fignifier  trafiquer  ; 
&  mango,  manganus ,  pour  lignifier  un  trompeur. 

MAQUIGNONNAGE,  f.  m.  Métier  de  Maquignon  , 
finelfes  ,  tromperies  que  le  Maquignon  emploie 
pour  refaire  Se  vendre  les  chevaux.  Alangonium.  Il 
entend  bien  le  maquignonnage. 

On  le  dit  aulîî  de  certains  commerces  fecrets  ,  & 
de  négociations  peu  honnêtes.  C'ell  un  maquignon- 
nage  où  je  ne  comprends  rien. 

MAQUIGNONNER.  v.  a.  IfJ-  Au  propre  ,  c'eft  ufer 
d'artifice  pour  refaire  des  chevaux  ruinés  ou  défec- 
tueux j  pour  les  faire  paroitre  meilleurs  qu'ils  ne 
font ,  afin  de  s'en  défaire.  Au  figuré ,  c'eft  s'intri- 
guer pour  faire  vendre  quelque  Charge ,  quelque 
Office ,  pour  faire  quelque  marché ,  quelque  maria- 
ge ,  à  delfein  d'en  tirer  du  profit.  Il  eft  du  ftyle  fa- 
milier dans  cette  dernière  acception.  Mangonr^are. 
Les  chevaux  qui  ont  été  maquignonnés  ne  valent 
jamais  rien.  C'eû  une  vieille  qui  a  maquignonné 
une  telle  affaire. 


813 


MAQUIGNONNÉ,  LE.  parc.  Se  sdj.  Mangonixatus'^. 

MAQUILLEUR,  f.  m.  Terme  de  mer.  Navicula  Jiom- 
hris pifcandis.  C'eft  un  bateau  de  lîmplc  tillac,  dont 
on  (c  Icrt  pour  la  pêche  des  maquereaux. 

MAQUIS.  Nom  d'un  heu  de  l'Aiidaloulie  ,  en  Efpa- 
gne.  Ma:piifium.  Il  cil  fur  le  Guadalquivir  ,  à  deux 
lieues  au-dcllus  d'Anduxar  ,  &  on  y  voit  les  ruines 
de  l'ancienne  Ofijlgi  Laconium  ,  petite  ville  du  terri- 
toire de  Cordoue.  Maty. 

M  A  R. 

MAR.   f^oyc:(  Maire. 

MAR.  f.  m.  Nom  d'homme.  Marus.  S.  Mar  ctok 
Evêque  de  Trêves,  f'^oye-^  BoUandus  ,  j^cla  Sanc- 
torum  j  Se  Chaftelain  ,  notes  (ur  le  Martyrol.  au 
2(5  Janvier.  Quelques-uns  le  nomment  Alarcus ,  mais 
mal. 

MARA.  Nom  d'un  ancien  lieu  du  Defcrt  de  l'Arabie. 
Mara.  C'ell:  à  Mara  que  tut  le  cinquième  Camp 
àcs  Ifraëlites  dans  le  Delert.  Ce  lieu  fut  ainlî  nom- 
mé de  Tm  ,  marar,  qui  iignihc  être  amer ,  parce 
que  les  eaux  qu'il  y  avoit  en  ce  lieu,  étoient  amè- 
res  d'une  (alure  pleine  d'amertume.  Moyfc  en  cor- 
rigea l'amertume,  iSc  les  changea  en  eau  douce,  en 
y  fiilant  tremper  d'un  certain  bois.  Exod.  Xl^.  2j. 
Num.  XXXIIL  S. 

MARABOTIN  ,  &  par  corruption  MARMOTIN.  f. 
m.  Nom  d'une  ancienne  monnoie  d'Elpagne  &  da 
Portugal.  Marahotinus ,  Marmotinus ,  Mafamutinus, 
Le  marahotin  étoit  une  monnoie  d'or  des  Maures  , 
que  les  Efpagnols  nommèrent  ainlî. 

Il  y  a  eu  dans  ces  derniers  temps  de  grandes  con- 
tellations  parmi  les  Savans ,  touchant  l'origine  & 
la  valeur  des  marabotins  ;  comme  il  eft  fouvent  parlé 
de  cette  monnoie  dans  plufieurs  titres  de  la  ville  de 
Montpellier  ,  dont  les  Évêques  de  Maguelone  ont 
été  en  partie  les  maîtres  ,  on  a  cru  que  le  maraho- 
tin pouvoir  être  une  monnoie  d'or  de  ces  Evêques  , 
qui  ont  long-temps  joui  du  droit  d'en  faire  battre. 
Cette  opinion  a  femblé  d'autant  plus  certaine,  qu'il 
paroît  par  deux  vers  de  Théodulphe  Evêque  d'Or- 
léans j  que  la  monnoie  des  Evêques  de  Alaguelone 
étoit  marquée  avec  des  caradères  Arabes. 

Ipfe  gravi  numéro  nummos  fert  divitis  auri  , 
Quod  Arabum  fermo  ,  five  characler  erat. 

Delà  on  a  conclu  que  le  nom  de  marahotin  avoît 
été  donné  à  la  monnoie  des  Evêques  de  Maguelo- 
ne ,  à  caufe  de  ces  caradtcres  Arabes ,  dont  fe  fer- 
vent les  Maures  d'Afrique.  Pour  moi  ,  je  fuis  perfua- 
dé  que  cette  monnoie  d'or,  qui  eft  appelée  ordinai- 
rement Marahotinus  ,  Se  quelquefois  mauraboti- 
nus  ,  marmotinus  ,  marbotinus  ,  niarahutinus  ,  mera- 
hdtinus  ,  Se  marbotinus  ,  doit  fon  origine  à  l'Efpa- 
gne.  Henri  IL  Roi  d'Angleterre  Se  Duc  d'Aquitai- 
ne ,  rendit  une  fentence  arbitrale  l'an  1177-  entre 
Alfonfe  Roi  de  Caftille ,  &  Sanche  Roi  de  Navarre  , 
par  laquelle  le  premier  de  ces  deux  Rois  eft  obligé 
à  payer  au  fécond  la  lomme  de  jooo  marabotins. 
Quelle  apparence  que  le  Roi  d'Angleterre  eût  obli- 
gé le  Roi  de  Caftille  à  payer  une  penhon  au  Roi 
de  Navarre  en  monnoie  étrangère  1  La  Reine  Blan- 
che de  Caflille  à  la  fin  du  XIIP.  fiècle ,  fut  dotée 
de  14  mille  marabotins.  Plufieurs  ritres  des  Rois 
d'Arragon ,  dans  le  même  fiècle  ,  font  mention  des 
marabotins.  C'eft  pour  cela  qu'il  en  eft  fi  fouvenc 
parlé  dans  les  titres  de  la  ville  de  Montpellier  ,  donc 
les  Rois  d'Arragon  ont  joui  long-temps. 

Le  Portugal  avoit  aulîî  fes  marabotins. 

Les  marabotins  eurent  cours  en  France ,  particu- 
lièrement dans  les  provinces  voifines  des  Pyrénées. 

Il  n'eft  pas  facile  de  dire  la  valeur  des  marabotins: 
En  1215  ,  3160  marabotins  en  Portugal,  pefoient 
f6  marcs  d'or.  Ainh  chaque  marc  contenoit  60  ma- 
rabotins ,  qui  par  confî;quent  pefoient  chacun  76 
grains ,  qui  valent  de  notre  monnoie  7  livres  5  fols 
k  deniers.  Les  Confuls  de  Montpellier  promirent  à 


M  A  R 


Innocent  III.  deux   marcs  d'or,  comptant  100  ma- 
famutins  pour  le  marc.  Ce  ne  leroit  que  46  grains 
■r;  de  grain  pour  chaque  maraboûn.  F.  Nicolas  d'Ar 
lagon  qui  fut  fait  Cardinal  en  1356.  dit  qu'un  ma 
rabonn  d'or  valoit  un  Horinj  lequel  en  ce  temps-la 
étoïc  d'or  fin  ,  &  pcloic  66  grains  ,  de  forte  que  le 
marahcnn  valoit  alors  6  liv.  8  fols  de  notre  monnoie. 
Le  marahûtin  étoit   une   clpèce  de  Bezan  d'or  ;  lïc 
Un  titre  cité  dans  l'hiftoire  de  Bretagne  j  T.  IL  p. 
34/,  34's.  dit   unum    aurï  By\anuum  ,  quod  ms.- 
rabocm  mncupatur.  Plulieurs  ont  cru  que  Covarru- 
vias  &  Mariana  ne  parlant  point  de  cette  monnoie  , 
elle  ctoit  la  même    que  le  maravédis  ,  tk.    que  de 
fr.arahotin  on  avoit  fait  mamve'dis.  Si  cela  étoit ,  il 
y  a  beaucoup   d'apparence  qu'ils  nous  en  auroicnt 
dit  quelque  chofe.  J'ai  de  la  peine  à  me  perluadcr 
que  maraboûn  &c  l'ancien  maravédis  loient  lanicmc 
chofe  ;  car  en  l'an    m  5.    le  maraboûn  peloit  76 
.grains  ,    comme  je   viens  de  dire ,  &  le  maravédis 
d'or  j  qui  avoit  encore  cours  en   liio.  pefoit  84 
grains.   Peu  de  temps  après  il  fut  tellement  aftoibli , 
que  les  fix  nouvellement  faits  n'en  valoit  qu'un  an- 
cien. Le   Blanc.    On  pourroit  aulll  conclure  de  ce 
qui  a  été  dit  ,    que  le  mafamutin  &  le  maramoûn 
ai'étoient   point  la  même  chofe.  On  a  aullî  appelé 
cette   monnoie  des  noms  de  marhotïn  j  marcbaûn , 
maraboûn ,  morhoûn  ,  mauraboûn. 

Du  Cange  conjeélure  que  ce  mot  vient  de  ceux 
de  boûno  ,  qui  veut  dire  buûn  en  Elpagnol ,  &   de 
Maran  ,  qui  ell:  le  nom  qu'on  a  donné  aux  ^L^ures 
d'Efpagne;  de  forte  que  Mauraboûn  veut  dire  buûn 
fait  fur  les  Maures  ,  dépouilles  des  Maures:  on  nom- 
ma ainiî  cette  monnoie ,  parce  qu'elle  fut  faite  de 
l'or  qu'on  avoit  enlevé  aux  Maures.  Si  les  marabo- 
dns   font   la  même  chofe  que  les  maravédis ,  cette 
étymologie  eft  faulle  ,  fclon  ALiriana ,  qui  dit  dans 
fon  livre  des   poids  &  des  mclures,  que  les  mara- 
vidis  avoient   cours  en   Elpagne   dés  le  temps  des 
Rois  Gothsj  &  avant  l'irruption  des  Maures. 
MARABOUT,  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  une  voi- 
le de  galère  qu'on  ne  met  que  de  beau  temps.  On 
l'appelle  aulîî  Me^about.  Felum  fereniori  expanden- 
dum  cœlo.    On  fe  fcrvoit  autrefois  de  miarabouts  lur 
les  galères  ;  depuis  fort  long-temps  on  ne  s'en  fcrt 
plus  ,  à  caufc  de  fon  énorme  grandeur ,  qui  les  ren- 
doit  prefque  inutiles. 
Marabout  ,  eft  aulll  le  nom  d'une  Dynaftie  d'Ara- 
bes ,   qui    furent  appelés  depuis   par  les  Efpagnols 
Al  Moravides.  Marbouth  ,  ou  Marabech  ,  Se  au  plu- 
riel Morabctha  ,  fignifie  en  Arabe  une  perionne  liée 
plus  étroitement  aux   exercices  de  fa  Religion  ,  & 
que  nous  appelions   communément  un   Religieux. 
Ce  nom  fut   donné  à  une  race  d'Arabes  ,   qui  étant 
fortie  du  pays  des  Homérites,  vint  s'établir  en  Sy- 
rie du  temps  d'Aboubec  ,  premier  Kalife  dzs  Mukil- 
raans.  De-là  ils  pafsèrent  en  Afrique  ,  8c  pénétrant 
jufqu'à  la  partie  la  plus  occidentale  ,  ils  le  canton- 
nèrent dans  le  Défert  de  Sahra,  pour  y  vivre  lépa- 
rés   dés   autres  peuples  de   l'Afrique^  &  y  exercer 
plus  librement  &  plus  parftitement  tous  les  devoirs 
de  leur  Religion.  C'cft  eux  qui  dans   la  luitc  con- 
quirent l'Efpagne.   Leur  Prince  fe  qualifioit  d'Emir 
AI  Moflemin  ,  c'efl-à-dire  ,  Prince  des  Mufulmans. 
•La  Dynaftie  des  Marabouts  commença  à  faire  des 
progrès  en  Afrique  l'an  44S.  de  l'Hcgire  ,  Se  1069. 
de  J.  C.  qu'Aboubec  ben  Olmas  Allam  &c  Hounis, 
devenu   Souverain   des  Marabouts ,  prit  Segclmelle 
en  Mauritanie.   Cette  Dynaftie  challa  d'Afrique  les 
Zeïrides ,  appelles  communément  par  nos  Hiftoriens 
les  Zégris  ,  &  elle  étoit  arrivée  au  plus  haut  point 
de  fa  grandeur  l'an  461.  Elle  fut  détruite  l'an  510. 
de  l'Hégire  ,  de  J.  C.  11 16.  par  les  Almoades.  C'eft 
ce    que    les   Arabes  en  difent  ;    mais  les  Hiftoriens 
Efpagnols,  &  autres,  écrivent  que  les  Al  Moravi- 
des régnèrent  en  Efpagne   &  en  Afrique  julqu'en 
559.  &  540.de  l'Hégite.  Voyc\  d'Herbelot  ,/>.  62;. 
au  mot  Morahethah. 
Makabout  ,  dans  une  lîgni'îcation  plus   particulière 
Hgnifie  un  Prêtre  ,  ou  Religieux  Mahométan  quidef- 


M  A  R 


fért  une  Mofquée,  particulièrement  en  Afrique. 
Marabout  ,  le  dit  populairement  d'une  pcifonne 
qu  on  trouve  laide  Se  malpropre,  le  vilain  Ma- 
rabout. Cela  s'eft  dit  depuis  l'arrivée  de  l'AmbafTa- 
dcur  de  Perfe ,  qu'on  apptloit  par  mépris  Mara- 
bout. 

On  appelle  encore  marabout  une  cfpèce  de  coque- 
mar  de  fer  blanc  Se   battu  ,  qui  eft   fort  large  pat 
en  bas  ,  &  qui  vient  de  Turquie. 
MARABOUTIN.  f  m.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne 

à  la  grande  voile  du  grand  mat  des  galères. 
MARACAIBO  ,   ou  MARACAY.    Nom  d'une  ville 
de   l'Amérique  méridionale.  Maracaybum.  Elle  eft 
dans  le  quartier  de'Venézuella  .,  en  Terre-ferme  ,  fur 
le  bord   occidental  du  lac  de  Maracaybo  ,  auquel 
on  donne  environ  cent  lieues  de  circuit.  Cette  ville 
étoit  bien  bàtie  a  la  moderne,  &   habitée   environ 
par  quatre  mille  Bourgeois  ,  ou  Marchands  -,  mais 
elle  a  été  délolée  deux  fois  par  les  François,  l'an  1669. 
&  l'an  1678. 
MARACAS  ,  autrement  Cochines.  On   appelle  ainfi 
dans   le  Pérou  les  vafes  qui  fervent  à  recevoir  le 
baume  précieux  qu'on  ne  trouve  qu'en  cette  partie 
de  l'Amérique  J  Se  qui  en  porte  le  nom. 
MARACOC.  f.   m.  Plante  qui  croit  en  plulieurs  en- 
droits de  l'Amérique  ,  Se  qui  eft  connue  dans  la  Vir- 
ginie fous  ce  nom.  On  l'appelle  autrement  Crena- 
d'dle  ,  ou  Fleur  de  la  paffîon. 
MARAGER.    f.    m.  Jardinier  qui  cultive  un  marais  i 
qui  eft  Fermier  d'un  marais.   OUtor ,  paludicola.  Il 
y  a  un  grand  nombre   de   Maragers  dans  les  fau- 
bourgs de  Paris.  On  dit  plus  communément  Maraî- 
cher ,    qui  eft  le  terme  adopté  par  l'Académie. 
MARAGNAN.   L'ile  de    MARAGNAN.  Maraniana 
Infula.  C'eft  une  petite  ile  de  l'Amérique  méridio- 
nale.  Elle  eft  dans  un  golfe ,   qui   s'avance  dans  la 
côte  feptentrionale  du  Bréfil.  Elle  a  une  petite  ville 
qui  porte  l'on  nom  ,  Se  qui  eft  capitale  de  la  Capi- 
tanie  de  I^aragnan  ,  qui   eft  dans  la  Terre-ferme  j 
entre  celles  de  Para  &  de  Siara.  Maty. 
MAR AGNON  ,  ou  XAUCA.  Nom  dune  grande  riviè- 
re de  l'Amérique  méndion^le.  Maranonnius  Fluvius. 
Xauca.  Elle  a  fa  fource  dans  un  lac  ,  près  de  Gua- 
nuco  ,  dans  le  Pérou  ,  coule  vers  l'orient  méridio- 
nal,  jufqu'aux  confins  du  pays  des  Amazones  ,  & 
enfuire  tournant  vers  le  nord  ,   elle  lepare  ce  pays 
du  Pérou  J  Se  du  Pacamores  ,  où  elle  baigne  Saint 
J.ago  de   las  Montanas ,  &  va  fe  décharger  dans  la 
rivière  des  Amazones.  Maty. 
MARAIS,  f.  m.  Terres  balfes  &  humides,  couvertes 
d'eaux  croupilTantes  qui  n'ont  point  de  pente  pour 
s'écouler.  Palus  ,  paludofa  loca.  Les  villes  plus  fortes 
l'ont  celles  qui  font  lîtuées  au  milieu  d'un  marais, 
où  l'on  n'arrive  que  par   des  chauirées,  à  cauie  de 
la  difficulté  qu'il  y  a  de  faire  des  approches.  Le  Ma- 
rais ou  Palus  Mcotide  eft  une  province  qui  eft  à 
l'embouchure  du  Tan.a'is. 

Ce  mot  vient  de  marajî ,  Allemand  ,  qui  fignifie 
lieu  bourbeux  ;  ou  de  marefc  ,  qui  vient  de  marifce- 
tum  ,  à  marifcis  ,  c'sft-à  dire  ,  des  ]oncs  ;  ce  qui  mon- 
tre qu'il  faudfoii  écrire  marejc  ,  d'où  l'on  a  iûi  ma- 
récageux. Mem.  Stumaif;  dérive  ce  mot  de  mare. 
qu'on  a  dit  pour  un  amas  d'eau.  On  a  dit  dans  la 
balle  Latinité  manftu-n ,  marefcagium ,  £■  marefcheius, 
Somner  fait  venir  ce  mot  du  Saxon  merfc  ,  qui  fi- 
gnifie la  même  chofe.  |Cr  A  Paris  on  appelle  Ma- 
rais,  des  terrains  bas ,  mais  éljvés  au-dellus  du  niveau 
de  l'eau  ,  où  l'on  cultive  des  herbes  &  des  légu- 
mes. Palis  eft  environné  de  ces  fortes  de  marais.  Le 
quartier  qu'on  appelle  le  Marais  du  Temple  a  été 
bâti   fur  un  pareil  terrain  qu'on  a  élevé  depuis. 

Ceux  qui  cui'ivcnt  ces  marais  font  .appelés  Ma- 
ragers ,  Maraîchers  Se  Maréchés. 
Marais  desséches.  Ce  font  des  terres  autrefois  cou- 
verres  d'eaux  qu'on  a  fait  écouler  en  leur  donnant 
de  la  pente  &:  des  décharges  par  plulieurs  folfés  Se 
fi ignées.  Paludes  exficcat&. 
Marais  salans  ,  (ont  des  lieux  préparés  pour  faire 
le  fel.  Palus  falinaria.  On  les  lallFe  couvrir  de  l'eau 


M  A  R 

de  la  mer  j  qu'on  y  hiit  cnnef  par  des  rigoles ,  la 
grande  chakiir  du  foleil  fait  évaporer  l'eau  ,  Se  fa 
partie  la  plus  cralle  demeure  fur  la  terre,  &  fe  con- 
vertit en  fcl  marin.  Il  faut  du  vent,  du  foleil  ,  & 
point  de  pluie  j  pour  tirer  du  kl  des  murais  fa 
lans.  Ces  wara/'j-fontpartagés  en  plulieurs  petits  coni- 
partimens  de  dix  ou  douze  pieds  de  largeur  ,  fur 
quinze  de  longueur,  ou  environ.  Cela  s'appelle  des 
œillets  ;  les  Paylans  qui  en  ont  foin  s'appellent  Pa 
ludiers  dans  le  pays  du  Croilic  Se  de  Guérandc  en 
Bretagne ,  où  il  y  en  a  beaucoup.  Ces  œillets  font 
d'un  grand  revenu  ,  &  il  y  en  a  qui  rapportent  i  j 
ou  10  francs  par  an  ,  Se  fouvent  davantage ,  tous 
frais  faits. 

Pour  un  marais  (aIolUZ ,  on  c\\o\Çn  un  terrain  bas, 
&  dont  on  a  examiné  le  fond  par  des  trous  que 
l'on  y  perce  ,  &  on  le  crcule  eniuite  beaucoup  au 
dcn<.)us  du  niveau  de  la  haute  mer,  en  y  obfervant 
pluheurs  compartimens.  Les  terres  que  l'on  enlève , 
du  plan  de  ce  marais ,  forment  la  chaullée  ,  que 
l'on  élève  j  ou  contre  la  mer  ^  ou  pour  (outenirles 
eaux  du  chenal  &  les  bolîîs  qui  le  léparcnt  d'avec 
leurs  vivres ,  Se  d'avec  les  autres  marais  •  voici  le 
détail  de  toutes  les  parties  ,  en  commençant  par  les 
plus  élevées  &  les  plus  proches  de  la  mer. 

Le  jas  eft  le  premier  rcfervoir  du  marais  ,  Se  n'eil 
feparé  de  la  nier  ,  ou  du  chenal  qui  communique 
à  la  mer  j  que  par  une  petite  digue  de  terre  gardée 
par  un  revêtement  de  pierres  fèches.  Il  eft  ouvert 
en  un  endroit  qui  fe  ferme  avec  une  ventelle.  Se 
lui  fert  d'éclufe  ,  Se  cette  éclufe  de  jas  le  nomme 
f'araigne  ;  on  l'ouvre  d.ans  les  grandes  malines  de 
Mars  pour  introduire  l'eau  dans  le  jas  ;  enfuite  de 
quoi  dès  que  la  mer  commence  à  bailler  ,  on  re- 
ferme la  varaigne  ,  Se  l'on  conferve  le  jas  plein 
d'eau ,  pour  le  temps  propre  à  faire  du  (el.  Et  com- 
me il  fe  trouve  des  marais  falans  fort  avant  dans 
les  terres  ,  &  qui  ont  befoin  de  leur  jas,  on  a  con- 
duit par  tout  ce  pays  de  longs  canaux  qui  viennent 
de  la  mer ,  Se  au  long  defqucls  font  routes  les  édu- 
fcs  des  jas  avancés  dans  les  terres. 

Le  jas  a  fa  Icde  Se  les  branches  ,  ou  doues.  La  lède 
du  jas  eft  le  milieu  Se  le  plus  grand  efpace  j  autour 
duquel  on  approfondit  une  efpèce  de  canal  de  deux 
ou  trois  pieds  plus  creux  que  le  jas  ,  Se  de  douze  à 
quinze  pieds  de  large  :  ces  canaux  (e  nomment 
branches  ,  ou  doues  ,  Se  lorfque  l'eau  du  jas  eft  tout- 
à-fait  évaporée  ,  ils  conticimcnt  encore  allez  d'eau 
pour  en  fournir  les  couches  par  le  gros  mâts  :  les 
élévations  de  terre ,  qui  parollFenr  dans  le  jas ,  font 
formées  de  celles  qu'on  tire  des  doues. 

L'eau  de  ce  jas  fe  communique  lorfqu'on  en  a  be- 
foin dans  un  iecond  réfervoir  partagé  en  deux, trois, 
ou  quatre  féparations,  que  l'on  nomme  conches  ,  Se 
elle  y  eft  introduite  par  un  gros  bout  de  mât  percé 
dans  le  milieu ,  que  l'on  bouche  d'un  tampon  de 
bois ,  lorfqu'on  veut  empêcher  l'eau  d'entrer.  L'ou- 
verture de  ce  mât  eft  d'environ  fîx  pouces  de  dia- 
mètre. 

Quelquefois  les  couches  Jie  font  féparées  du  ta- 
rais que  par  une  vette  ouvrée ,  &  l'eau  en  coule  par 
les  trous  d'une  petite  planche.  Ces  couches  ont  en- 
.  viron  dix-fept  à  dix-huit  pieds  de  largeur.  On  y 
introduit  peu  d'eau  (  car  moins  il  y  en  a ,  &  plus 
elle  s'échaufte  ailément  )  ,  &  les  chauilées  qui  les 
partagent  ,  n'ont  pas  plus  d'un  pied  de  large  ,  & 
deux  ou  trois  pouces  au  plus  de  hauteur  ,  on  les 
nomme  venes  ouvrées.  L'eau  qui  entre  du  jas  dans 
les  couches  ,  eft  obligée  de  faire  quatre  fois  le  che- 
min de  leur  longueur,  pour  entrer  dans  le  réfervoir 
fuivant. 

Ce  réfervoir  fe  nomme  Mort ,  plus  petit  que  les 
autres;  il  eft  terminé  d'un  côté  par  le  bolTîs  à\i  ma- 
rais J  &  de  l'autre  par  un  petit  chemin  large  d'un 
pied  ,  Se  haut  de  quatre  ou  cinq  pouces  ,  Se  l'eau 
s'y  rend  par  un  autre  mât  percé  ,  qu'on  appelle  ame 
d'eau.  Ce  mât  paffe  fous  une  élévation  de  terre  , 
dont  la  figure  eft  fouvent  alfez  i:régulière  ,  de  cinq  ,  I 
fix  à  dix  toifes  de  large  j  &  de  cinq  à  fix  pieds  de  ' 


M  A  R 


8iy 


hauteur  ;  on  nomme  ces  élévations  Bofls  ;  c'eft  la- 
dellus  qu'on  'mer  le  fel  par  gros  tas ,  que  l'on  nom- 
me vjc/^«i-  de  fel ,  lorfqu'ils  font  longs  ;  &  pilots  , 
lorfqu'ils  font  ronds.  Et  entre  chacun  de  ces  tas  , 
les  i>aiM)ievs  labourent  la  terre  reftante  ^  (S^  y  lé- 
mcnt  toutes  fortes  de  grains  ,  de  légumes,  comme 
blé  ,  froment,  avoine  ,  pois ,  icvss  ,  lentilles  ,vefce, 
chanvre,  &c.  Le  lalicot,  la  ciéte  marine,  ou  perce- 
pierre  ,  lcfantoniquC(:<c  la  bointhe,s'y  trouvent  abon- 
damment ,  Se  ce  terrain  eft  fort  fertile.  Du  mort  l'eau 
palfe  dans  la  table,  ou  fleur  d'eau.  La  table  eft  le  qua- 
trième réfervoir  ^  à-peu-près  de  la  largeur  du  mort  ; 
(Se  il  y  a  des  marais  qui  en  ont  deux  ,  une  grande  & 
une  petite.  C'eft  dans  ce  réfervoir  que  ,l'o]i  lailTè 
echaulfcr  l'eau  avant  delà  faire  entrer  dans  les  méans , 
où  on  l'introduit  par  le  pertus  ,  ou  chargette.  Ce  Per- 
tus  eft  une  planchette  enfoncée  dans  la  terre  du  m.a- 
rais ,  Se  percée  de  plulieurs  trous  que  l'on  bouche  avec 
autantdechevjlles  ,  Se  quand  l'eau  commence  à  man- 
quer dans  les  méans  ,  on  tire  les  chevilles  les  plus 
hautes ,  Se  amfi  de  fuite ,  jufqu'à  ce  qu'il  en  loit  entré 
fufhfamment. 

Le  Méan  ,  ou  Muan  ,  eft  un  cinquième  réfervoir 
de  vingt-deux  pieds  de  large  ,  ou  environ  ,  féparé  d'ef- 
pace  en  elpace ,  par  de  petites  chauilées  de  terre  qu'on 
appelle  Croifées.  On  laille  dans  l'eau  ces  nuians  jufqu'à 
ce  que  le  temps  paroillint  propre  à  faire  du  fel ^  on  la 
diftribue  enfin  dans  les  aires  par  les  bralleaux  &*par 
les  bouches  d'aires. 

Les  Braffèaux  ,  font  les  petites  rigoles  qui  font 
entre  deux  aires.  Se  par  où  l'eau  des  méans  Te  com- 
munique aux  aires  par  les  bouches  que  l'on  y  fait  avec 
la  palette.  Ces  bouches  fe  coupent  obliquement  fur 
la  croix  lîmple  qui  fépare  les  deux  aires ,  &  fe  referme 
incontinent  après  qu'on  y  a  introduit  l'eau. 

Ces  aires  ,  que  l'on  nomme  3.aî[i  foyers  ,  font  des 
carrés  de  quinze  ,  feize  ,  dix-lépt  à  dix  huit  pieds  , 
dans  lelquels  le  fel  fe  forme.  Le  nombre  de  ces  carrés 
eft  indéterminé  ,  parce  qu'il  y  a  des  marais  plus 
grands  les  uns  que  les  autres  :  lorfqu'il  y  a  deux  dou- 
bles rangs  d'aires  ,  avec  des  méans  entre  deux  ,  on 
appelle  oes  marais  ,  Marais  de  champ  double. 

Chacun  de5  petits  chemins  &  chauilées  qui  font 
dans  ces  marais  ,  ont  leur  nom  particulier. 

Vettcs  ,  font  les  deux  chemins  qui  bordent  les  tables 
du  côté  des  aires. 

Uanterncau ,  eft  la  petite  chaulfée  qui  fépare  les 
méans  d'avec  les  aires ,  Se  qui  eft  terminée  de  chaque 
côté  par  les  bralTeaux. 

Vie ,  ou  Vée  j  eft  la  chaulfée  qui  (epare  les  deux 
rangs  d'aires ,  Se  fur  laquelle  on  met  égoutter  le  fel 
que  l'on  tire  des  aires  par  petits  monceaux ,  appelés 
pilots  ;  ce  chemin  eft  un  peu  plus  large  que  les 
autres ,  &  peut  avoir  deux  pieds  ou  deux  pieds  Se 
demi. 

Croi.v ,  font  les  chemins  qui  traverfent  &  divifent 
les  aires. 

Lignon ,  eft  le  double  rang  de  carrés,  d'un  bout  à 
l'autre  du  marais. 

Demi'Lignon  ,  eft  un  't'ang  de  carrés  /impie. 
La  livre  de  marais   eft  compofée  de  vingt  aires  , 
Se  l'on  compte  la  valeur   Se  le  revenu  des  marais 
par  livre. 

Lorlque  les  marais  font  inondés  par  les  eaux  de 
pluie  ,  Se  qu'on  veut  les  delfécher  pour  les  rétablir  ; 
il  y  a  une  varaigne,  ou  bien  un  mât  percé,  que  l'on 
nomme  coy  ,  ou  acoyement ,  Se  dont  l'ouverture  don- 
ne dans  le  mort  :  on  fait  écouler  par  là  toutes  les 
eaux  du  marais  pendant  la  balfe  mer. 

Il  faut  obferver  ,  en  conftruilant  un  marais,  <\uz 
depuis  le  jas  julqu'aux  aires  ,  il  y  ait  aftez  de  pente 
pour  y  conduire  l'eau  par  tous  les  détours  qu'elle 
fait  i  c'eft  pourquoi  le  Saunier  fait  avec  le  bouger 
une  rigole  qu'il  appelle  la  Jauge  ,_  Se  l'enfonce  juf- 
qu'à ce  qu'il  voie  que  l'eau  le  fuive  ,  faifant  ainlî 
tout  le  tour  du  marais  Se  de  fes  vivres.  La  règle 
qu'ils  ont  entr'eux  pour  cela  ,  eft  qu'il  faut  que 
chaque  vivre  en  approchant  des  aires  ,  fait  d'im 
gros  de  ligne  plus  bas  que  l'autre  ;  ce  gros  de  h- 


2i6 


M  A  R 


gne  lignifie  la  giolleui-  du  coiJeau  dont  ils  fe  fervent 
pour  tracer  leurs  marais  ;  ce  qui  peut  être  de  neulr'à 
dix  lignes. 

Plus  un  marais  a  de  vivres,  plus  il  donne  de  lel; 
parce  que  ces  vivres  contenant  beaucoup  d'eau  ,  qui  a 
le  temps  de  s'achaler  (  c'ell-à  dire  jdcs'échauiter)  & 
qui  outre  cela  a  de  grands  détours  à  faire ,  le  marais 
cù:  toujours  prêt  à  laumurer  ;  ce  qui  fait  que  quand 
on  a  de  la  place  ,  on  donne  au  marais  deux  ou  trois 
nions  ,  &  autant  de  tables. 

D'ailleurs  la  lituationdu  marais  contribue  encore  à 
le  rendre  abondant  j  &  pour  qu'il  foit  bien  orienté, 
fa  longueur  doit  être  dans  l'alignement  du  vent  du 
nord  cft  ,  parce  que  ce  vent  contribue  beaucoup  à 
former  le  fel. 

Il  elt  bon  de  dire  aufîî  que  comme  tons  les  ter- 
rains propres  a  bâtir  des  marais  ,  ne  lont  pas  régu- 
liers ,  il  ne  faut  pas  s'imaginer  qu'ils  aient  tous  la 
jnême  figure  ;  car  les  uns  ont  plus  ,  les  autres  moins 
de  vivres  ;  leurs  morts  ,  tables  j  méans ,  &c.  font 
autrement  placés  •,  les  uns  mettent  des  pertus  à 
tous  les  réfervoirs  ,  les  autres  ferment  d'une  autre 
manière.  Cependant  tout  cela  revient  au  même 
principe.. 

Le  terrain  le  plus  propre  à  faire  du  fel  ,  ert:  le 
chalon  ,  ou  terroir  gris,  &  doux  ;  le  bleuâtre  y  eft 
bo/iaullî  •,  la  terre  glaile  produit  le  fel  doux  ,  le  fonds 
fablonneux  mêlé  de  terre  grade  ,  le  rend  plus  âpre  , 
de  le  fable  de  bris  de  couleur  jaune  -"k  noire  n'y  vaut 
rien  àm  tout. 

Les  outils  dont  fe  fervent  les  Sauniers  pour  for- 
mer leurs  marais  ,  les  racommoder  ,  Se  en  tirer  le 
fel ,  font  la  Bogue  ,  le  Bouquet  ,  la  Ferrée  _,  l'Etole  , 
la  Palette ,  le  Roable ,  le  Survion  ,  les  Ellàgoire ,  & 
le  Panier  porte  lel. 

La  Bogue  ,  le  Bouquet ,  &  la  Ferrée  _,  fervent  à  en- 
lever les  boues  amaifées  pendant  l'hiver  j  Se  couper  les 
terres  inutiles ,  &  enfin  à  dreller  les  marais  ,  lorf- 
qu'on  en  conllruit  un  nouveau. 

L'Ecole  ,  dont  le  manche  ell;  appelé  Simoche  , 
fertaulïï  à  tirer  la  boue  ,  lorlqu'on  lime  le  marais  ; 
fa  planche  peut  avoir  deux  pieds  de  Uing  j  &  lix  pou- 
ces de  haut. 

La  Palette  fert  à  couper  les  bouches  d'aires. 

Le  Roable  fert  à  tirer  le  fel  lur  la  vie  ,  aullî  bien 
que  le  furvioujavec  lequel  on  tire  leulement  la  Heur 
du  fel ,  que  l'on  nomme  lel  blanc. 

Les  EJJ'agoires  fervent  à  prendre  le  fel  fut  la  vie  , 
&  le  charger  dans  le  panier  porte-fel ,  avec  lequel  il 
eft  porté  lur  les  bollis. 

Les  Sauniers  commencent  leur  travail  vers  le  mois 
de  Mars  ,  par  l'écoulement  des  eaux  dont  le  marais 
a  été  couvert  pendant  l'hiver  (  &  qu'ils  y  ont  rete- 
nues ,  pour  conlerver  les  façons ,  ou  compartimcns 
du  marais  ,  &  pour  empêcher  que  les  terres  ne  le 
crèvent  &  ne  s'écoulent  }  ;  ce  qu'ils  appellent,  met- 
tre le  marais  à  coi ,  ou  le  faire  égoutter  ,  ces  eaux  , 
qui  font  prelque  toutes  de  pluie  ,  n'étant  pas  pro- 
pres à  faire  du  lel. 

Le  marais  étant  égoutté ,  on  le  lailTe  fécher  pen- 
dant douze  ou  quinze  jours  ,  après  quoi  on  rétablit 
les  façons  que  les  eaux  ont  gâtées,  par  de  nouvel 
les  terres  qu'on  y  porte  ■■,  Se  comme  le  féjour  de  ces 
eaux  a  amalfé  au  fond  du  marais  de  la  boue  Se  du 
limon  ,  quelques  jours  avant  que  d'introduire  l'eau , 
&  vers  la  fin  d'Avnl  ,  ou  le  commencement  de 
Mai  ,  on  lime  le  marais  j  c'eft:  à  dire ,  qu'on  le  net 
toie  de  ce  limon  ,  qui  le  jette  lur  les  boflîs ,  Se  leur 
fert  de  tumier. 

Pendant  que  le  marais  fe  prépare  ainlî  ,  il  faut 
penfcr  à  remplir  Ion  jas  d'eau ,  &  cela  fe  frit  dans 
les  marées  des  équinoxes,  que  l'on  ouvre  la  varaigne 
du  jas  pour  y  laiîler  entrer  l'eau  de  la  mer  ;  après  quoi , 
lorfqu'elle  commence  à  fe  retirer ,  l'on  ferme  la  ven- 
telle  de  cette  varaigne  ,  Se  l'eau  refte  en  bonne  quan- 
tité dans  le  jas  ;  mais  comme  une  partie  de  cette 
eau  s'évapore,  &  que  l'eau  tranfpire  par  les  terres , 
il  n'en  refle  ordinairement  que  ce  qu'il  en  faut  pour 
Je  marais  :  ainfi  il  eft  de  conféqacncc  de  ne  poiiit 


M  A  R 

manquer  ces  grandes  malines ,  qui  fournident  quan- 
tité d'eau  ,  vu  que  c'elt  de- là  que  dépend  le  bon  ou 
mauvais  fuccès  de  l'ouvrage. 

Le  jas  plein  ,  on  laillc  entrer  peu  à  peu  l'eau 
dans  les  conches  ,  auxquelles  le  jas  en  fournit  à 
mefure  qu'il  s'en'  évapore  ,  comme  les  conches  en 
fournillent  au  refte  des  vivres  du  marais  jufqu'à  la 
table ,  dont  on  lailfe  le  pertus  qui  communique  au 
méan ,  bouché  julqu'à  ce  qu'on  s'apperçoive  que  les 
méans  commen(sent  à  manquer  d'eau  ,  Se   alors  on 

•  leur  fournit  en  tirant  les  chevilles  les  plus  hautes  du 
pertus ,  comme  on  l'a  marqué  dans  la  defcription  du 
77îarais. 

Par  cette  méthode  ,  le  marais  eft  toujours  prêt  à 
fiire  le  fel  au  premier  beau  temps  ,  &  la  chaleur 
du  foleil  ayant  échauffé  le  fonds  ,  on  s'apperçoit  qu'il 
commence  à  devenir  roufsâtre  ,  &:  enfuite  rouge 
comme  la  mine  de  plomb. 

Alors  les  Sauniers  nettoient  les  aires  avec  le  roa- 
ble ,  en  jettant  par  dellus  les  vertes  Se  les  anterneaux , 
l'eau  échauffée  qui  étoit  dedans  ,  Se  rendent  le  fond 
de  ces  aires  uni  comme  une  glace.  Aptes  quoi  ils 
prennent  la  palette  ,  &  coupent  les  bouches  d'aires  , 
pour  y  faire  entrer  l'eau  du  méan  ,  qui  eft  déjà  fott 
échauffée  ;  &  lorfqu'il  y  eft  entré  envu-on  deux  pou- 
ces de  hauteur  ,  on  referme  ces  bouches  i  &  alors  s'il 
furvient  un  vent  de  nord-eft,ou  un  nord  oueft  ,  qui 
eft  encore  meilleur  ,  avec  du  foleil ,  le  fond  des  aires 
rougit  en  trois  ou  quatre  heures  de  temps ,  Se  il  s'é- 
lève une  écume  fur  l'eau  ;  fous'  cette  écume  qui  fe 
dilîîpe  ,  fe  forme  un  voile  mince  ,  comme  quand 
l'eau  commence  à  fe  glacer  ,  &  ce  voile  ,  à  l'exanii- 
ner  de  près,  eft  tout  compofé  de  petits  catrés  ,  qui 
font  autant  de  grains  de  iel  qui  commence  à  fe  for- 
mer :  plus  ce  voile  refte  fur  l'eau  ,  &:  plus  les  grains 
groHiilent  par  l'addition  des  parties  qui  s'y  joignent 
par-deilous;  Se  quoiqu'il  foit  plus  pcfant  que  l'eau  ,  il 
ne  s'enfonce  point  ,  parce  qu'il  occupe  une  grande 
fuperficie  ;  mais  dès  qu'il  eft  brilé  par  le  roable,  tous 
les  grains  tombent  au  fond. 

Lorfqu'on  veut  avoir  du  fel  fort  blanc ,  on  tire  ce 
voile  de  delfus  l'eau  avec  le  furvion  j  comme  quand 
on  écume  du  lait  ,  Se  ce  fel  rend  une  odeur  de  vio- 
lette fi  agréable  &  h  fenfible ,  qu'il  lemble  que  l'on 
foit  au  milieu  d'un  parterre  de  ces  fleurs. 

Mais  lorfque  l'on  veut  tirer  ce  lel  pour  l'entaffer 
comme  à  l'ordinaire  ,  les  Sauniers  viennent  rompre 
chaque  jour  ce  vojle  de  fel ,  &  le  brifant  avec  le  roable, 
font  que  plulieurs  grains  te  joignent  Se  grolîîftent  par 
ce  mouvement.  Enfuite  de  quoi  le  Saunier  tire  ce  fel 
fur  la  véc  ,  lorfqu'il  y  en  a  allez  de  fait  dans  l'aire  pour 
l'eau  qui  y  eft  ,  que  l'on  ne  laiffe  pas  toute  conver- 
tir en  fel  ,  afin  de  le  tirer  plus  blanc  &  plus  net;  Se 
que  ce  qui  refte  d'eau  ferve  de  ferment  pour  dilpoicr 
la  nouvelle  qu'on  y  introduit  à  fe  convertit  plutôt 
en  fel. 

On  dit  proverbialement  dans  le  pays  où  il  y  a  des 
faillies.  Il  n'eft  que  pois  &  froment  de  marais ,ç3.ict 
que  ceschofes,  &  toutes  fortes  de  légumes  ,  viennent 
fort  bien  fur  les  bolîîs  d'un  marais  (alant ,  où  les  Sau- 
niers ne  manquent  pas  d'en  femer  entre  les  pilots  & 
les  vaches  de  fel. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  s'eft  fauve 
par  les  marais  ,  pour  dire ,  par  des  lieux  difficiles  ,  Se 
au  figuré  ,  c'eft  fe  tirer  d'embarras  par  de  mauvaifes 
raifons. 

MARAISCHER.  Foye^  MARAGER. 

MARAMARUS.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Haute- 
Hongrie  j  fituée  fur  la  rivière  de  Maramarus  ,  ou  d'U- 
gog,  à  neuf  lieues  de  la  ville  d'Ugog  ,  vers  l'orient 
(cptenmonû.  Maramarus  cft  capitale  d'un  Comté  qui 
porte  fon  nom  ,  Se  qui  eft  le  long  du  mont  Carpak, 
autour  de  la  Teilîe.  Maramarufa  ,  Moramarufa,  Ce 
Comté  a  été  uni  à  la  Tranlvlvanie.  Maty. 

ïfT  MARAMBA.  f.  m.  Nom  de  la  fameufe  Idole  adorée 
par  les  habitans  du  Royaume  de  Loango  en  Afrique  , 
à  laquelle  ils  font  tous  confacrés  à  l'âge  de  douze  ans. 
On  la  confulte  pour  connoitrc  l'avenir  ,  les  bons  & 
les  aiauvais-iuccès  qu'on  aura,  &  pour  découvrir  les 

auteurs 


A  R 


M  A  R 


auteurs  des  enchantemens  &c  des  maléfices  auxquels 
ces  peuples  ont  beaucoup  de  foi, 
ÇCr  MARAMEH.  Ville  d'Afrique  ,  au  royaume  de  M.i- 
roc ,  dans  la  province  Duquela. 

MARAM  ,  eu  MARltAN,  ANE.  f.  m.  &f.  Nom  que 
les  Elpagnols  ont   donné  autrc|-uis  aux  Maures  éta- 
blis en  Elp  ii,'nc.  Marcnus  ,  Alarranus.  En  France , 
on  les  appelle  Marons  ,  ou  Marrons.  Quelques  uns 
.    veulent  que  ce  nom  (e  loit  formé  par  corruption  de 
Mauricn  ,  Maunanus  ,  nom  que  l'on  donna  fous  Ere 
déric  Barberouire  ,  aux    Maures  qui  renonçoient  à 
la  Foi  chrétienne  qu'ils  avoient  embralléc.  D'autres 
croient  qu'il  vient  de  Maranat'ia ,  dont  nous  allons 
parler ,  ÎJi  qu'on  le  leur  donnoit  par  mépris.   Ma- 
riana  ,  d-ins  Ion  Hijîolre  d'E/pagm:  ,  L.   Fil  ,  rap 
porte  une  do.udon  d'Aurélius  ,  Roi  de  Galice  ,  dans 
laquelle  anathJmc  ,  marran  ,Sz  excommunie  ,  font  (y- 
nonymes  ,  de  même  (\naiiachLmi  &c  maranatha  ,  le 
loat ,  lelon  S.  Paul  /.  Cor.  Xf^I  y  22  ;  ce  qui  fem- 
ble  coniîrmer  ce  fécond  fentimenr.  Cependant  Sca- 
li^'er ,  de  Emendat.  Tcmp.  L.  VI ,  croit  qu'il  vient 
d'un  Marawan  ,  dont  parle  le  Géographe  Arabe  ,  &■ 
qui  ayant  ufiirpé  le  Califat  ,  &  l'ayant  fait  palTer  de 
la  poltérité  de  Mahomet  à  la  lîenne  ,  fur  caufe  qu'on 
appela  les  Mahométans  Marrans  ,  de  fon  nom  Ma- 
rawanjoun  ,  comme  on  les  nomme  Mahométans,  de 
celui  de  Mahomet. 
MARANA,  MARANELLA.  Nom  d'une  rivière  de  la 
Campagne  de  Rome  ,  en  Italie.  Marana  j  ancienne- 
ment Cu^m.  Elle  baigne  le  bourg  de  Grotta  Ferrata  , 
&:  le  leparc  en  deux  branches  ,dont  l'une  le  décharge 
dans  le  Tévérone ,  à  Quarticiola ,  &  l'autre  dans  le 
Tibre  à  Rome^  Maty. 
MARANATHA.    Mot  barbare  ,  ou  Syriaque,  qui  fe 
trouve  dans  le  Nouveau  Tellament ,  /,  Cor.  XVI.  J2. 
&■  que  nos  Traduéleurs  conlcrvent  dans  leurs  Ver- 
lions.  Maranacha.  Si  quelqu'un  n'.iime  point  Notre- 
Seigneur  Jesus-Christ  ,  qu  il  loit  anathcme  ^mara- 
nitha.  P.  Amelote.  Port-R.  Simon  ,  &cc.  C'ell  à- 
dire,  qu'il  foit  maudit  &  exterminé.  Saint  Paul  pro- 
nonce cette  fentence  contre  ceux  qui  ne  vouloient 
point  rcconnoître  J.  C.  pour  Mellie  ,  8c  apparemment 
contre  les  Juifs  ,  qui  anarhémanloient  de  la  même 
manière  les  premiers  Chrétiens.  Ce  font  deux  mots 
Chaldaïques ,  ou  Syriaques,  qui  fignitient  le  Seigneur 
ert  venu  ,  ou  le  Seigneur  vie.t  ■■,  c'eft-à-dire  ,  il  ell 
venu  ,  ou  il  vient  pour  les  exterminer  -,  enforte  que 
l'Apôtre  ne  fait  aune  chofe  qu'exprimer  en  Chaldaï- 
que  ,  qui  étoit  alors  la  langue  des  Juifs,  les  deux  mots 
Grecs  qui  précèdent  -  ce  qu'il  fait  aulîl  en  d'autres  en- 
droits.  Il  femble  que  cette  exprelîlon   foit  prife  de 
MaLichie  ,  IV.  6.  Simon. 

On  auroir  parlé  plus  exaélrement ,  fi  l'on  avoir  dit 
que  l'Apône  mettoit  en  Chaldaïque  une  impréca- 
tion qui  répondoic  à  celle  qu'il  avoit  mife  en  Grec , 
mais  nun  pas  qui  l'exprimoit  ;  car  le  lens  d'anathê- 
me  ,  .Si:  celui  de  maranatha  ,  lont  tous  ditrérens. 
S.  Jérê)me  a  remarqué  ,  il  y  a  long  temps  ,  que 
ces  deu.'i  mots  lignifient  le  S' igneur  vient  ;  ou  Notre 
Seigneur  vient ,  no  ,  M.ir.in  ,  Seigneur  ,  ou  Mara- 
na ,  Notre  Seigneur ,  &c  nnn ,  atka ,  Il  vient  ,  ou  il 
eft  venu. 
MARANAY.  Foyq  Marimay. 

MARANCE.  f.  f.  Vieux  mot  ,  qui  fignifie  une  amende 
quon  paie  pour  les  fautes  légère.  ,  6<r  pour  ablcr.ce. 
Dans  les  temps  plus  reculés  on  a  dit  mJranche.Alulcîa 
pro  kviorihus  deliciis  ,  &  dans  la  balfe  Latinité  ma- 
rar.cïa. 
j  MARANDA.  f  m.  C'etl  une  efpèce  de  myrte  qui 
'  croît  dans  l'Ile  de  Ceylan  ,  &  qui  porte  une  petite 
baie.  Ladécodtion  de  les  feuilles  palle  pour  excellente 
dans  les  maladies  vénériennes  ,  pourvu  qu'on  obferve 
en  même  temps  une  diète  légère. 

MARANDE.  f.  f.  MARANDER.  v.  n.  Danet,  dans 
fon  Diétionnaire  Latin  &  François  ,  explique  Mcnn- 
da  par  goiiter,  collation,  petit  repas  entre  le  dîner 
&  le  louper.  Il  ajoute  ,  comme  il  eft  vrai  ,  qu'en 
Lorraine  &  en  Champagne  ils  appellent  cela  la 
Tome  V. 


8,7 


Maraude  t  &C  qu'ils  difcnt  auili  marandcr ,  faire  Ix 
collation. 
MARANDiiR.  V.  n.  Ci^Termc  de  Marine,    mais  peu 
ulité,  même  parmi  les  Matelots.  Il  elt  fynonyme  de 
gouverner, 
MARANE.  f.  m.  Foyei  Marrane. 
MARANO.  Petite  ville  du  Frioul,  en  l'Et.at  de  Venife, 
Mcranum.  Elle  a  une  bonne  citadelle,  «Scelle  eft  fi- 
tuée  à  cinq  lieues  de  Palma-Nova,  du  côté  du  midi 
entre  les  marais  de  Marano,  qui  en  rendent  l'accès 
diliitiie.   Maty. 
MARANS.  Petite  ville  de  Fiance.  Marantium.  Elle  tfT. 
d.ms  le  paysd  Aunis,  lur  laSeurc  Niortoife,  entre  la 
Rociielle,   Maillezais  &  Luçon  ,  à  la   diftancc  de 
quatre  ou  cinq  lieues.    Maty. 
I^O- MARANE  ,   MARAND  ik  MARANIE.    Petite 
ville  de  Perle,  dans  l'Adirbetzan ,  où  les  Arméniens 
croient   par   tradition  que    Noé   a   été   enterré,    lis 
croient  aullI  que  la  montagne  qui  eft  près  de  ce  lieu, 
eft  celle  où  l'Arche  s'arrêta. 
M  ARAS  A.   Petite   ville  d'Afrique.    Marafa.    Elle    eft 
dans  le  Royaume  de  Gangara,  en  Nigritie,  fur  le  Ni- 
ger ,  aux  confins  du  Royaume  de  Zanfara.  Maty. 
MARASH.    Nom  d'une  ville  de  la  Natolie^  en  Alie. 
Marajîa.  Elle  eft  fur  l'Euphrate,  à  cinq  ou  fix  lieues 
audeflous  de  Malatiyah.  Elle  eft  grande,  bien  peu- 
plée, <Sc  capitale  du  Beglerbéglic  de  Marafch,  qu'on 
appelle  autrement  le  Bozoc ,  &  qui  eft  renfermé  en- 
tre les  montagnes  du  Taur,  de  l'Antitaur  &  de  la 
rivière  de  l'Euphrate.    Maty. 
MARASME,    f.  m.    Terme  de   Médecine.    Maigreur 
extrême,  ou  conlom.nion  de  toute  la  fubftance  du 
corps  ;  c'eft  le  dernier  période  de  la  maigreur ,  de 
l'atrophie  &  de  la  conlomption.  Marafmus  ,  macies 
fumma ,  fuprema.   Cette  maigreur  eft  quelquefois  II 
grande,  que  le  malade  paroit  caimme  un  Iquelette , 
n'ayant  que  la  peau  collée  fur  les  os.  La  fièvre  écique 
caule  ordinairement  le  marafme.  Je  ne  pus  empêcher 
que  le  malade  ,  qui  étoit  d'un  tempérament  mélanco- 
lique ,  ne  tombât  dans  le  marafme.  Degor.i. 

Ce  mot  eft  Grec,  il  vient  du  verbe j«»(i«i',£;» ,  qui 
fignifie  delfécher ,  flétrir. 
MARAT.   l  oye-[  Marona. 
MARATA.    /•''ciyeç  Mexique  nouveau. 
MARATHON.' Nom  d'un  village  de  la  Livadi-^   en 
Grèce ,  htuc  à  l'entrée  du  golte  de  Négreponr.  Mara- 
thon. C  croit  aurretois  une  petite  ville ,  célèbre  par  la 
vidloire  que  Miltiade,  avec  dix  mille  Athéniens,  y 
remporta  fur  les  Perles  qui  avoient  plus  de  cinq  cens 
mille  hommes  ,    «S:  qui  en  perdirent  plus  de  cent 
mille.  Maty.  Quelques  uns  difcnt  qu'on  la  nomme 
aujourd'hui  Marafon.    Quand  on    parle  de  l  Anti- 
quité,  il  faut  toujours  dire  Marathon. 

Marathon  n'étoit  point  une  ville  j  mais  un  bourg 
de  l'Attique.  La  bataille,  ou  la  journée  de  ylAirarAon, 
eft  une  bataille  que  les  Athéniens  j  fous  la  conduite 
de  Miltiadcj  gagnèrent  contre  les  Perfes  la  3^  année 
de  la  LXXIF  olympiade  ,  c'eft  à-dire  ,  49 1  ans  avant 
J.  C.  Vuye^  M.  Tourrcil  dans  fes  Remarques  fur  \x 
première  Philippique.  Les  Athéniens  ne  purent  ja- 
mais adembler  plus  de  dix  mille  hommes  pour  la 
journée  de  Marathon.  Tourreil.  Les  Perles  en 
avoient  cent  mille.  Non,  Me/lîeurs,  non,  vous  n'a- 
vez point  failli ,  j'en  jure  par  les  mânes  de  ces  grands 
hommes  qui  ont  combattu  pour  la  même  caufe  dans 
les  plaines  de  Marathon.  C'eft  une  penfée  de  Dcmof- 
thène  ,  dans  l'Oraifon/ro  Coronâ  ,  par  laquelle  Lon- 
gin  montre  combien  l'apoftrophe  a  de  force  iSc  de 
fubhme.  Il  ajoute  qu'il  y  en  avoit  qui  prétendoienr 
que  l'original  de  ce  ferment  fe  trouvoic  dans  Eupolis , 
quand  il  difoit  : 

On  ne  me  vcrr^  plus  affligé  de  leur  joie  , 

J'en  jure  mon/  combat  aux  champs  de  Marathon. 

Etienne  de  Byfmce  trouve  encore  un  bourg  de  ce 
nom  dans  la  Tribu  Léontide. 
MARÂTRE,  f.  f.  Belle-mère,  femme  d'un  fécond  lit, 
qui  maltraite  les  enfans  auc  fon  mari  a  eu  d'un  pre« 

Lllll 


St8 


M  A  R 


mise  lit.  C'efl;  toujours  nn  terme  de  mépris  Se  d'in- 
jure. Noverca.  Conllaïuin  hi  mourir  Ion  fils  par  les 
.inftigationsdefii  mariîfre.  Critpe,  rils  de  Conftantin  , 
mais  d'un  autre  mariage,  àccufé  par  Faufte  ia  marâ- 
tre ,  de  l'avoir  voulu  ^corrompre,  trouva  Ton  pàe  in- 
ilexiblc.^Bossohf. 

Ce  mot  vient  du  Latin  matrqfta  ,  fuivant  Ménage. 

Marâtre,  fignifie  auili  une  mère  dénaturée,  qui  n'a 
point  de  tendrellé  pour  (es  enfans,  qui  les  maltraite  , 
qui  n'a'pas  foin  de  leur  éducation,  ni  de  leur  fortune. 
Injufia  noverca,-  Médée  n'étoit  pas  une  mère,  mais 
une  marâtre. 

MARATRE,  s'emploie  auilî  au  figuré.  Il  ne  peut  s'ima^ 
giner  que  la  France ,  où  l'holpitalité  fut  toujours  lî 
fi.inte,  devienne  pour  lui  la  marâtre  des  Etrangers. 
Pat.  Cette  exprellion  eft  un  peu  hardie. 

fCFMARAVA.  Petit  Royaume  des  Indes,  entre  les 
cotes  de  la  Pêcherie  &  de  Coromandcl ,  tributaire  du 
Royaume  de  Madure. 
-MARAUD,  AUDE.  C  m.  &  f.  Terme  injurieux,  qui 
fe  dit  àss  gueux,  des  coquins ,  des  hipons,  qui  n'ont 
ni  bien ,  ni  honneur ,  qui  font  capables  de  faire  toutes 
fortes  de  lâchetés.  Improbus ,  nequam.  Il  ne  faut 
point  ajouter  foi  à  tout  ce  que  dit  ce  maraud.  Cette 
femme  eïl  une  maraude.  Ma  foi,  marcLuds ,  vous  ne 
vous  rirez  pas  de  nous.   Mol. 

Voyant  la  fplendeur  non  commune 
Dont  ce  maraud  ejl  revêtu. 
Qui  ne  diroit  que  la  Fortune 
Veut  faire  enrager  la  Vertu?  Gomb. 

ifT  On  le  dit  quelquefois  en  plaifintant,  comme  les 
autres  termes  d'injures. 

Ce  mot  vient  de  l'Hébreu  maroud,  qui  hgnifie  un 
^uiux.  MÉNAGE.  D'autres  le  dérivent  de  marucinus , 
qui  fe  trouve  dans  les  Auteurs  Latins ,  ou  du  Grec , 
f-i«$«  ,   qui  fignifie  un   méchant ,  un  fcélérat. 

MARAUDAILLE.f  £  Nom  colleétif  ,  qui  fe  dit  de  la 
canaille  ,  des  gueux  ,  des  lâches  ,  des  gens  fans  hon- 
neur. i\£.Vj  greximprohorum.  Ce  Régiment  n'eftcom- 
pofé  que  de  maraudaille.  Les  féditions  ne  commen- 
cent que  par  la  maraudaille.  Ce  terme  eft  populaire 
&  bas. 

MARAUDE,  f  f.  On  appelle  à  la  guerre,  la  Ma- 
raude ,  la  petite  guerre  qui  le  fait  par  des  foldats 
qui  fe  dérobant  du  camp ,  &  qui  vont  fans  ordre  & 
lans  chef  pilier  le  Payfan.  On  punit  les  loldats  qui 
vont  à  la  maraude.  Pcxdatio. 
Ce  mot  vient  de  maraud. 

MARAUDER,  v.  n.  Pr.edan.  Aller  en  maraude  j  aller 
à  la  petite  guerre,  (ans  permilîîon  des  Comman- 
dans.  Les  (olJats  (ont  allés  marauder.  On  le  dit  tou- 
jours en  mauvaite  part. 

MARAUDEUR,  f.  m.  Soldat  qui  va  à  la  maraude  j 
en*  qui  fort  du  camp  ("ans  ordre  ■,  Se  va  piller  les 
villages  des  environs.   Prxdator. 

MARAVÉDIS.  (.  m.  Petite  monnoie  d'Efpagne  qui 
vaut  un  peu  plus  d'un  denier  de  France.  Alarabitmi. 
Les  Efpagnols  comptent  prefque  toujours  par  mara- 
védis.  Il  faut  170  niaravcdis ,  monnoie  d'Efpagne, 
pour  faire  une  livre  de  France.  Il  (aut  jzj  mara- 
védis  pour  faire  un  ducat.  Les  56  maravédis  valent 
iine  réa'le  fimple.  Les  Marchands  de  Séville  tiennent 
leurs  livres  par  maravédis  ,  Se  les  (ommes  par 
dixaine  ;  &  aiull  c'eft  de  la  monnoie  de  compte. 
La  plus  ancienne  mention  qu'on  fait  des  maravédis  , 
c'eft  (ousle  règne  du  Roi  Alphonfe  ,lors  de  la  bataille 
<le  las  navas  ;  Se  on  les  appela  Aljonjîs  de  fon 
temps,  à  caufe  qu'il  en  fut  l'inventeur.  Il  y  a  eu 
auffi  des  maravédis  d'or  Se  d'argent.  Les  anciens 
maravédis  vûoïznt  la  troiiième  partie  d'une  réale  du 
même  poids  &  valeur  qu'à  préfentj  Se  ainfi  cha- 
cun valoit  douze  maravédis  de  maintenant.  Maiiana 
die  qu'au  temps  d'Alphonlc  XI.  le  maravédis  en 
valoir  17.  Et  au  temps  de  Henri  II.  &  de  Jean  I. 
il  en  valoit  dix.  Au  temps  d'Henri  III.  il  en  valoit 
cinq.  Au   temps  de  Jean  II.   deux  &  demi. 

On    trouve   dans   les    loix   d'Efpagne  différentes 


M  A  R 

efpèces  de  maravédis  ,  Maravédis  (ans  additioi-  , 
Maravédis  AltonluiSj  Maravédis  blancs,  Maravc 
dis  bons,  Maravédis  de  bonne  monnoie,  Maravé- 
dis de  la  bonne  monnoie  ,  Alaravédis  combrenos  , 
Maravédis  de  cette  monnoie  ,  Maravédis  noirs , 
Maravédis  vieux.  Quand  on  trouve  maravédis  tout 
court,  ceh  fignihe  les  maravédis  des  temps  où  l'on 
parle.  Les  Maravédis  Alfonlins ,  les  Elpagnols  di- 
(ent  Alfonfies ,  ("ont  ceux  que  le  Roi  Alphonfe  le 
Sage  ht  fabriquer.  On  n'en  fait  pas  ccrt^iincment 
la  valeur.  Ils  étoient  peu  diftérens  en  cela  de  ceux 
d'Alphonfe  XI.  On  ne  (ait  pas  non  plus  la  valeur  des 
maravédis  blancs.  Tout  ce  qu'on  peut  diiCj  c'eft 
qu'ils  etoient  de  plus  bas  alloi  que  les  noirs  ;  car 
blanc  en  terme  de  monnoie  d'Elpagne ,  fe  prend 
pour  ce  qui  eft  de  bas  alloi. 
Maravédis  de  bonne  monnoie  ,  font  les  meilleurs  de 

ceux  qui  couroienr  au  temps  où  l'on  parle. 
Maravédis  de  la  bonne  monnoie  ,  e.ft  la  même  chofe 

que  bon  maravédis. 
Maravédis  bon ,  eft  le  même  que  maravédis  du  plus 
précieux  métal,  c'eft  à-dire  maravédis  d'or  ;  au  temps 
d'Alphonfe  le  Sage  ,  ces  deux  noms  étoient  lyno- 
nymcs  ,  aulli-bien  que  fous  les  règnes  d'Alphonfe 
XI.  fon  arrière  pctit-hls ,  de  D.  Juan  I.  &  D.  Juan 
II.  qui  eif  le  dernier  qui  fait  mention  dans  fes  loix 
de  bons  maravédis.  Le  maravédis  d'or  d'Alphonfe 
le  Sage  ,  valoit  iîx  maravédis  d'argent  du  même 
Prince.  C'eft  l'eftimation  que  fait  Alphonfe  XI.  des 
maravédis  bonSj  dans  les  Etats  de  Léon  ,  ère  1387. 
j&  par  coniequsnt  les  maravédis  bons,  ou  d'or, 
ou  delà  bonne  monnoie  j  valoient  trois  réaies,  8c 
un  peu  plus  d'un  tiers.  Dans  l'eftimation  com- 
mune ,  le  maravédis  bon  ne  pafloit  pas  lix  mara- 
védis d'argent. 
Maravédis  combrenos  ,  on  ne  (ait  ni  de  quel  titre  ou 
carat  ils  étoient,  ni  quelle  étoit  leur  valeur.  Caranza 
conjeeture  que  ce  pourroit  être  un  nom  de  fomme 
de  petites monnoies  de  cuivre,  ou  de  quelque  mon- 
noie particulière  de  cuivre. 
Maravédis  de  cette  monnoie  ,  c'eft  à-dire  j  de  la 
monnoie  courante.  On  entend  par-là  les  maravédis 
courants  au  temps  qu'on  écrivoit ,  ou  qu'on  par- 
loit. 
Maravédis  noir ,  on  n'en  fait  rien  de  particulier ,  finon 
qu'ils  étoient  de  meilleur  alloi  que  ceux  qu'on 
nomme  blancs  ,  car  c'eft  en  'Il^v.^ne  le  (ens  de  ces 
deux  mots ,  en  fait  de  monnoies. 

Voye'^  Corvarruvias ,  de  Vet.  Numifmat.  &  le 
Licencié  Alphonfe  Caranza  ,  El  Jljujlamiento  y  pro- 
portion de  las  Monedas  j  Sec.  P.  II  j  c.  j.  §.  uni- 
co  j  où  il  traite  exadement  des  Maravédis.  Antoine 
de  Nébrixa  ,  dans  (es  répetitioas  ^  t,v  .r^'daqu^  ^o- ^ 
varruvias ,  Collât.  Vet.  Num.  c.  3.  traitent  au  long 
du  poids  &  de  la  valeur  des  maravédis.  Mariana, 
dans  fon  Traité  des  poids  &  des  mcfures  j  c.  2j.  pré- 
tend que  cette  monnoie  eft  plus  ancienne  que  les 
Maures,  qu'elle  vient  des  Gothsj  Se  qu'elle  valoit 
dix  deniers,  comme  le  (ou  d'or  en  valoit  douze  fous 
les  Romains. 

Ce  mot  eft  Arabe  ,  Se  eft  venu  des  Maures  Al^ 
moravides  qui  palsèrcnt  d'Afrique  en  Elpagne  ,  & 
qui  imposèrent  leur  nom  à  cette  monnoie ,  qui  de- 
puis par  corruption  a  été  appelée  Maravédis.  Co- 
VARRUVIAS.  Car  en  ôtant  l'article  al  de  Moravides, 
on  fit  maravédis  par  tranfpoiltion.  Caranza  ,  p, 
i6i.  Il  eft  fait  mention  de  cette- monnoie  dans  le 
chapitre  ij,.  de  privilegiis  :iuy.  Décrétales.  Là  ils  font 
appelés ,  aulîl-bien  que  chez  les  autres  Auteurs  La- 
tins ,  Marabitini ,  parce  qu'ils  viennent  des  Maures, 
Se  qu'ils  ont  été  ainfi  nommés  quafi  Maurorum  Jpo-y 
lia  ;  car  botino  en  Efpagnol  lîgnifie  butin. 
Maravédis  ;  eft  aufli  un  nom  de  fomme  ou  de  mon- 
noie de  compte.  Les  maravédis  font  le  compte  nu- 
méraire en  Efpagne.  Chaque  maravédis  y  vaut  trois 
deniers,  monnoie  de  France.  Boizard. 
MARAZ.  Voyei  Marach. 

MARBACH.'Petite  ville  du' Cercle  de  Suabc  ,  (îtuée 
dans  le  duché  de  Wurtenberg  ,  fur  le  Nécre,  où  elle. 


M  A  11 

a  un  poit  ciitic  U  ville  de  ScutgarJ  ,  ce  celle  d'Hall- 
bron.  Marbaclùum.  Les  François  la  piifc;ic ,  &  la 
birilcieiit  en  Juillet   1695. 

Chanoine  régulier  de  Marbjch  ,  Congrégation  de 
i\'arhath.  C'ell  une  Congrégation  de  Chanoines  ré- 
vulicrs  ,  iniHtuéc  par  un  iaint  homme  nommé  Ma- 
negoldc ,  qui  prêcha  en  Allace  contre  le  {"chilnie 
de  l'Empereur  Henri  IV  &:  d'Othon  Evêque  de 
otrasbourg  (on  adhèrent.  Coiiorcgatio  Marbachien- 
fis  ,Canonkus  n-'^ular'is  Marhachlcnjis.  Elle  prit  ("on 
nom  du  premier  Monallèrc  que  ce  (aint  homme  fit 
bâtira  Marbcch  ,  &  qui  devint  cher  d'une  Congré- 
gation crès-conlidérablc ,  qui  commença  à  (iiivre 
la  règle  de  S.  Augultin  ,  dans  le  XIF  (iècle.  Voye\ 
Jranc.  Giiilliman,  HiJl.Epif.  Argentin.  Dans  la  vie 
d'Othon  45^  Evêque.  Du  Chesne  ,  Hijl.  Franc.  T, 
s  7K,  p.  Sq.  Le  P.  HÉLioT,  T.  II,  c.  /j. 
MARBELLA.  Nom  d'une  petite  ville  ou  bourg  de  l'An- 
daloufic  en  E('pagne.  Marhella.  Ce  lieu  elit  à  l'em- 
bouchure du  Rio  Vcrde  ,  entre  Malaga  &  Gibral- 
tar ,  à  neuf  lieues  de  la  première  ,  &  à  douze  de 
la  dernière.  Quelques  Géographes  prennent  cette 
ville  pjur  l'ancienne  Barbcfola  ,  petite  ville  des  Ba( 
tulcs ,  que  d'autres  mettent  à  Ellepoua.  Maty. 
MARBONÉEN.  Foyc-:;  Masbotheen. 
MARBRE,  f.  m.  Sorte  de  pierre  extrêmement  dure , 
•foiide,  qui  reçoit  un  beau  poli  ,  qui  ell  ditficile  à 
tailler.  Marmor.  On  en  Fait  les  orncmens  des  beaux 
édifices ,  comme  les  colonnes ,  les  autels ,  les  (ta- 
tues  ,  &  quelquefois  des  EglKes  entières ,  dans  les 
lieux  où  il  abonde.  Les  incruftations  de  marbre 
étoicnt  fort  à  la  mode  au  llècle  pallé.  Le  ftuc  cft 
fait  de  poudre  de  marbre. 

Il  y  a  plulieurs  (brtes  de  marbres  ,  qu'on  ne  dif- 
tinjue  que  par  les  diftcrentes  couleurs  ,  ou  par  les 
pays  d'où  on  les  tire.  Il  n'y  a  que  le  marbre  blanc 
qui  foit  tranfparcnt ,  quand  il  eft  débité  par  tran- 
ches minces.  Sous  le  genre  de  marbre  on  comprend 
le  Porphyre  ,  qui  eft  le  plus  dur  ,  &.  qui  fe  tiroit 
autrefois  de  ia  Numidie  ,  en  Afrique.  Le  plus  beau 
eil  celui  dont  le  rouge  e(f  le  plus  vif,  &  les  taches 
les  plus  blanches  &  les  plus  petites.  Le  Serpentin , 
qui  eft  Cl  un  vert  brun.  Le  Granit ,  qui  fe  tiroit  de  la 
ThébaVde  ,  &  dont  l'un  eft  rougeatrc  tacheté  de 
blanc ,  &  l'autre  bleuâtre  tacheté  de  gris.  On  con 
lidère  les  marbres  ,  eu  comme  antiques  ,  ou  comme 
-modernes.  Par  les  antiques  ,  on  entend  ceux  dont  les 
carrières  font  perdues  ,  ou  inacccllibles  à  notre 
égard ,  &  dont  on  ne  voit  plus  que  des  morceaux. 
Par  les  modernes ,  on  entend  ceux  dont  les  carrières 
'  font  ouvertes,  &  dont  on  peut  tirer  des  blocs  d'é- 
chantillon. Celui  qui  eft  compofé  de  diverfes  cou- 
leurs s'appelle  Jajpe.  Le  marbre  de  Grèce  eft  ex- 
trêmement cftimépour  (a  blancheur.  On  tire  de  très 
beau  marbre  des  montagnes  de  Gènes.  On  a  trouvé 
des  carrières  de  marbre  dans  les  Pyrénées.  On  ap- 
pelle marbre  Jlatuaire  ,  le  marbre  qu'on  emploie  à 
faire  des  ftatues. 

Le  marbre  Africain  cft  en  partie  rouge-brun  ,  avec 
quelque  veine  de  blanc  (aie,  &:  en  partie  de  couleur 
de  chair,  avec  quelques  filets  verts,  hc  marbre  d'Au- 
vergne eft  couleur  de  rofe  ,  mêlé  de  violet ,  de 
vert  &  de  jaune.  Le  marbre  de  Bacalcaire  en  Gaf- 
cogne  eft  verd.itre  ,  avec  quelques  taches  rouges, 
&  un  peu  blanc.  Le  marbre  Bal\ato  ,  eft  d'un 
brun  clair  (ans  taches  ,  mais  avec  quelques  filets  gris 
Ç\  déliés  ,  qu'ils  reft'emblent  aux  cheveux  qui  com- 
me;icent  à  grifonner.  Le  marbre  de  Barbançon  en 
Kainaut  ,  eft  noir  veiné  de  blanc.  Ce  marbre  eft 
aftez  commun.  Le  marbre  de  la  fainte  Baume  en 
Provence  eft  blanc  &  rouge  ,  mêlé  de  jaune.  Le 
marbre  gris  noir  eft  antique.  Le  marbre  blanc  des 
Pyrénées  vers  Rayonne  ,  eft  moins  fin  que  celui  de 
Carrare  ,  ayant  de  plus  gros  grains.  Il  rcllenible  au 
marbre  blanc  Grec  antique  ,  dont  les  ftatues  Gre- 
ques  font  fculptées ,  mais  il  n'eft  pas  fi  beau.  On 
s'en  fert  pour  les  ouvrages  de  Sculpture.  Le  marbre 
blanc  veiné  ,  cft  mêlé  de  grandes  veines ,  de  taches 
grifes  ,  &  de  bleu  foncé  (ur  un  fond  blanc.  Il  vient 
Tome  V. 


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de  Carrare.  Le  marbre  blanc  fc  noir  antique  cft 
très  rare ,  parce  que  l';s  carrières  en  font  perdues. 
Il  eft  mêlé  de  blanc  pur,  &:  de  noir  très  noir  par 
plaques.  Le  marbre  bleu  ïurquin  ,  cft  mêlé  de  blanc 
(aie ,  &L  vient  des  cotes  de  oênes.  Le  marbre  de 
Boulogne  en  Picardie  ^  eft  une  cfpèce  de  brocatcllei 
mais  les  taches  en  font  plus  grandes ,  ôc  mêlées  de 
quelques  filets  rouges.  Le  marbre  de  Bourbonnais  cft 
d'un  rouge  fale',  6z  d'un  gris  tirant  fur  le  bleu  , 
mêlé  de  veine  d'un  jaune  laïc.  Il  y  a  encore  une  forte 
de  marbre  qn'on  appelle /^rècAf.  C'eft  un  nom  com- 
mun à  plulieurs  fortes  de  marbre ,  qui  (ont  par  ta- 
ches rondes  j  de  diverics  grandeurs,  iSc  couleurs, 
formées  du  mélange  de  plulieurs  caillous ,  Se  qui 
n'ayant  point  de  veines  comme  les  autres  ,  fe  caftent 
par  brèches  :  ce  qui  leur  a  fait  donner  ce  nom  par 
les  Ouvriers,  f'^oye:^  Daviler  ,  qui  en  compte  juf- 
qu'à  78.  fortes.  U  y  a  à  un  vieux  village  ,  diftant 
de  deux  lieues  de  Cacn  ,  une  lorte  de  marbre  rou- 
geâtre  avec  filets  j  ou  détaches  blanches  en  forme 
de  jafpe.  Ce  marbre  eft  très- beau  (Se  fort  eftimé;on 
l'appelle  aufti  marbre  de  Caën.  Il  y  a  long-temps 
qu'on  n'en  a  tiré  de  la  carrière.  Le  marbre  de  Carrare 
fur  la  côte  de  Gênes  eft  très  blanc  -,  c'eft  le  plus  par- 
fait pour  les  ouvrages  de  Sculpture. 

En  parlant  des  défauts  du  marbre  ,  on  dit  qu'il 
cdfii^r,  c'eft  à-dire,  trop  dur,  &  fujet  à  s'éclater j 
fllardcux ,  c'eft  à  dire,  qu'il  a  des  filets  ipouf,  c'eft-à- 
dire,  qui  ne  retient  pas  (es  arrêtes  ,  terrajj'eux  ,  c'eft- 
à  dire ,  qui  a  des  tendres  qu'on  appelle  terrajjes  , 
qu'il  faut  remplir  avec  du  maftic.  On  dit  que  le 
marbre  eft  brut ,  quand  il  eft  par  blocs  d'échantillon  , 
&■  tel  qu'il  vient  de  la  carrière  ;  marbre  dégrojji, 
lorfqu'il  eft  équarri  avec  la  fcie ,  &  avec  la  pointe  , 
félon  une  forme  d'échantillon  de  commande  ;  marbre 
ébauché  ,  eft  celui  qui  eft:  travaillé  à  double  pointe 
pour  la  [cn\'^i\xïe.  Marbre  fini ,  eft  celui  qui  eft  tra-~ 
v.aillé  avec  le  petit  cifeau  ,  &  \.\  râpe  qui  adoucit , 
&  dont  les  creux  font  évidés  avec  le  trépan  ,  pour 
dégager  les  orncmens  ,  &  mettre  l'ouvrage  en  l'air. 
Marbre  poli ,  eft  celui  qui  après  avoir  été  frotté  avec 
le  grais&  le  rabat  j  &  eiiiuite  repafté  avec  la  pierre 
de  ponce  ,  eft  enfin  poli  au  bouchon  de  liiige  à  force 
de  bras  avec  la  potée  d'émeri ,  pour  les  marbres  de 
couleur  ,  &  de  la  potée  d'étain  pour  les  marbres 
blancs.  En  Italie  on  polit  le  marbre  avec  un  mor- 
ceau de  plomb ,  &c  de  l'émeri.  Les  taches  d'huile 
fur  le  marbre  blanc  ne  fe  peuvent  citer  ,  parce 
qu'elles  pénètrent. 

On  appelé  marbre  artificiel,  une  compolîcion  de 
gyp  en  manière  de  ftuc,  dans  laquelle  on  mêle  des 
couleurs  pour  imiter  le  marbre  naturel.  On  appelle 
marbre  feint,  toute  peinture  qui  imite  autant  la 
diverfité  des  couleurs  que  les  veines  &  les  accidens 
du  marbre. 

On  dit  par  comparaifon ,  qu'un  homme  eft  froid 
comme  marbre  ,  qu'une  chofe  eft  dure  comme  mar- 
bre. On  dit  d'une  chofe  extrêmement  froide  j  qu'elle 
eft  froide  comme  marbre.  Les  Artifans  difent  meur- 
trir le  marbre  ,  pour  dire  le  travailler  à  plomb ,  en 
frappant  deftus  avec  quelques  outils.  On  dit  aulîî 
dans  un  fens  figuré,  une  mailon  ,  une  ville  eft  toute 
de  marbre,  pour  dire  ,  qu'elles  font  remplies  d'ou- 
vrages de  marbre.  M.  L'Abbé  de  la  Chambre  ,  en 
parlant  du  Cavalier  Bernin  ,  a  dit ,  Rome  lui  eft 
redevable  de  fes  plus  beaux  ornemens.  Il  la  trouva 
toute  de  brique  ,  &  il  l'a  lailTée  toute  de  marbre. 
On  avoit  dit  la  même  chofe  d'Augufte,  qui  avoit 
embelli  Rome  de  plufieurs  temple^  &  édifices  pu- 
blics j  ce  qui  a  donné  occafion  à  Ovide  de  l'appeller 
Templorum  pofinr  ,  templorum  fanclc  repcrtor. 

Ce  mot  vient  du  Latin  marmor.  Et  marmor  du 
Grec  ^c:;fiaf~n ,  qui  (îgnifie  reluire. 

On  appelle  aulfi  le  marbre  ,  la  pierre  qui  fert  à 
broyer  ,  foit  des  couleurs  ,  foit  des  drogues.  Les  Im- 
primeurs appellent  aulll  marbre  ,  la  pierre  fur  la- 
quelle ils  mettent  les  carattères  arrangés  pour  les 
impofer  &  corriger  les  formes.  Les  Poètes  dilcn't 
qu'ils  chargeront  le  marbre  &  le  porphyre  des  faits 

L 1 1 1 1  ij 


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d'un  Héros ,  pour  dire  ,  qu'ils  rendront  ù  gloire 
immonelle.  Le  P.  Kircher  enlcigne  le  moyen  de  faire 
gue  les  couleurs  qu'on  appli(jue  fur  le  marbre  pé- 
nètrent toute  la  lublbnce ,  en  forte  que  li  on  le 
coupe  en  plulîeurs  râbles  parallèles  ,  on  y  trouvera 
la  même  image  qu'on  avoit  peinte  fur  la  furface 
extérieure  ;  c'efl  en  fon  fécond  volume  du  Monde 
foutcrrain. 

Au  Palais,  on  appelle  Table  de  Marbre  ,  la  Ju- 
rifdidion  des  Eaux  èc  Forêts ,  celle  de  la  Connéta- 
blie  ,  &  celle  de  l'Amirauté  ,  parce  qu'autrefois  ces 
Jurifdiéfions  fe  tenoient  auprès  d'une  grande  table 
-de  marbre  qui  occupoit  la  largeur  de  la  falle  du  Pa- 
lais ,  &  qui  lervoit  auiîî  aux  feftins  Royaux.  On  re- 
lève au  Siège  de  la  Table  de  Marbre  ,  les  appella- 
tions des  Maîtres  particuliers  des  Eaux  ^'c  Forêts  ,  & 
celles  des  Gruyers  des  Seigneurs  particuliers.  On  peut 
appeler  des  Jugemens  rendus  au  Siège  de  la  Table 
de  Marbre  ,  quand  ils  n'ont  point  été  rendus  en 
xlernier  rellort.  Ils  font  fouvcrains  quand  le  premier 
Préfidcnt ,  ou  un  autre  Prélîdcnt  du  Parlement  va 
tenir  la  Jurifdidion  des  Eaux  &  Forêts  avec  les  Con- 
fcillers  de  la  Grand'Cliambre,  &  les  Officiers  de  la 
Table  de  Marbre.  Il  faut  qu'il  y  ait  deux  fois  autant 
de  Coiilcillers  au  Parlement  que  d'Officiers  de  la 
Table  de  Marbre.  Pour  les  Jugemens  rendus  à  l'Or- 
dinaire j  on  en  appelle  au  Parlement.  Ils  font  feule- 
ment exécutoires  par  provifion ,  nonobftant  l'appel , 
jufqu'à  la  fomme  de  200  livres.  Foyei  Eaux,  pour 
le  Siège  de  la  Connétablie  ,  &  MarécliauHèe  de  la 
Table  de  Marbre  du  Palais.  Voye^  Maréchaussée. 
A  l'égard  de  1  Amirauté,  il  y  a  appel  des  Sièges  par- 
ticuliers au  Siège  de  la  Table  de  Marbre.  Il  y  a 
trois  Sièges  généraux  de  la  Table  de  Marbre  ;  un  à 
Paris ,  un  à  Rouen  ,  &  le  troifième  en  Bretagne. 
l'oye-^  Amirauté. 

Marbre.  Terme  de  Philofophie  hermétique ,  c'eft 
l'ouvrage  de  la  pierre.  Cuire  le  marbre ,  c  efl  cuire 
la  pierre  au  blanc. 

Les  marbres  d'Arondel,  fur  lefquels  ferrouve  une 
très  ancienne  Chronique  d'Athènes,  gravée  en  lettres 
capitales  dans  lile  de  Paros ,  l'une  des  CycladeSj 
265  ans  avant  Jésus  Christ  ,  ont  été  ainlî  nommés 
de  Thomas  Comte  d'Arondel ,  aïeul  du  Comte  Ma- 
réchal d'Arondel ,  qui  les  fit  venir  du  Levant  à  grands 
frais.  Ce  qui  cft  déplorable,  c'eft  que  durant  les  trou- 
bles d'Angleterre,  la  plupart  de  ces  marbres  intcnt 
employés  à  réparer  des  portes  &  des  cheininées. 

Les  marbres  d'Oxford ,  font  les  marbres  ,  ou  les 
pierres  antiques  de  marbre  que  l'on  garde  dans  le 
Collège  &  la  Bibhothèque  d'Oxford  en  Angleterre. 
Ce  font  ceux  d'Arondel ,  que  Henri  Comte  d'Aron- 
del ,  Maréchal  d'Angleterre  ,  pair -fils  de  Thomas  , 
qui  les  avoit  fait  venir  d'Orient,  a  donnés  au  Collège 
d'Oxford  ;  ceux  que  Selden  y  a  légués  par  teftament 
à  la  même  Bibliothèque  &  quelques  autres  que  di- 
vers particuliers  y  ont  aulli  donnés.  Humfroi  Pri- 
dcaux  fit  imprimer  en  1576.  à  Oxford  au  Théâtre  , 
les  inJcriptions  de  tous  ces  marbres  qu'il  appelle 
iW^ri^rw  d'Oxford ,  avec  un  Commentaire,  Marmara 
Oxonïenfia. 

|p°  MARBRE.  Terme  de  marine.  On  appelle  ainfi  le 
cylindre  fur  lequel  s'enveloppe  la  drolîc  ou  cordage 
qui  fait  agir  la  barre  du  gouvernail. 

MARBRER,  v.  a.  Peindre,  ou  dilpofer  des  couleurs, 
enlorte  qu'elles  reprétentent  celles  qui  fe  trouvent 
dans  certains  marbres.  In  moiwn  marmorïs  \ariare, 
variegare.  On  marbre  le  bois.  On  marbre  les  livres  , 
tant  fur  cuir  que  fur  tranche.  On  marbre  le  papier  , 
quand  on  en  fait  du  papier  marbré.  On  fait  aullI  des 
bas  de  laine ,  ou  de  foie  marbrés ,  qui  font  tilfus  de 
brins  de  diverfcs  couleurs. 

Ce  mot  eft  aulli  employé  par  les  Bonnetiers ,  8c 
Faifèurs  de  bas.  C'eft  mêler  fi  agréablement  leslaincs 
de  divcrfes  couleurs  dans  les  bas  qu'ils  font ,  que  ce 
mélange  relfemble  en  quelque  forre  à  du  marbre. 
Marbrer  des  bas. 

MARBRÉ ,  EE.  part.  Se  adj.  In  modum  marmorïs  varia 
sus.  On  appelle ,  truffes   marbn'es  ,  des  uuftes  qui 


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font  grifes  &:  blanches  en  dedans.  Acad.  Fr, 
^^  MARBRÉ.  Se  dit  en  Botanique  des  Heurs  qui  ont 

un  panache  irrégulier.  Voye^  Panache. 

§Cf  Papier  marbré.  C'eft  un  papier  peint  de  diverfes 

nuances  qui   imite  en  quelque   forte  les  diftérentes 

veines  du  marbre:  étoffe  marbrée,  celle  où  il  y  a  des 

laines  ou  des  foies  de  différentes  couleurs  mêlées  en- 

iemble. 

Marbrée  de  Botre.  Terme  de  Fleurifte.   Nom    de 

Tulipe.   C'eft   un    gris-de-lin    mouvant  ;    un    beau 

rouge  &  relevé  d'un  incarnadin  fort  éclatant.  Morin. 

Marbrée  Grenier.  Autre  Tulipe  rouge,  colombin, 

&C  blanc.  Id. 
Marbrée  Saint  Germain.  Autre  Tuhpe  qui  eft  gris 

montant ,  incarnat  &  rouge.  Id. 
Pêche  Marbrée,  /-'byej  Violette  Tardive. 
gCT  MARBRERIE,  f.  f.  Ce  terme  dèfignc  non-fcule- 
mcnt  1  ulage  ^:  la  manière  d'employer  les  diftérens 
marbres  ,  mais  encore  l'art  de  les  tailler ,  de  les  polir, 
&  de  les  rendre  propres  aux  ouvrages  où  ils  doivent 
être  employés.  On  fait  différens  ouvrages  de  mar~ 
brerk.  Marmorado. 
MARBREUR.  f.  m.  Ouvrier  qui  marbre  la  tranche  des 

livres ,  &  fait  du  papier  marbré. 
MARBRIER,  f.  m.  Ouvrier   qui  taille,   qui   polit  le 
marbre  ,  qui  le  tire  des  carières.  Marmorarius.  Il  fe 
dit  auili  du  Maître  qui  conduit ,  &  entreprend  les 
ouvrages.  Il  eft  défendu  aux  Marbriers  ,  de  le  dire 
Maître  Marchands,  Scieurs  &  Polillcurs  de  marbre, 
faifèurs  de  tombes  ,  épitaphes  ,  fépulturcs  ,  manteaux 
de  cheminée  ,  &c.  &  de  vendre  aucuns  ouvrages  de 
pierre  &:   de  marbre  ,    tant  fimples  que  polis ,    au 
préjudice  des  Sculpteurs,  par  Sentence  du  2.6  Mars 
1608. 
MARBRIÈRE,  f.  f.  Quelques  uns  appellent  ainfi  les 
lieux  d'où  l'on  tire    le   marbre.  On   dit  plus  com- 
munément carrière  de   marbre.  Les  Marbrières  lont 
toujours  le  long  d'un  coteau.  Gollut  dans  les    Mé- 
moires des  Bourguignons  ,  dit,£.  //.  c.  20.  qu'il  y 
a  des  marbrières  près  de  S.  Loutain ,  à  Toraife  &  à 
Torpers ,  en  Bourgogne. 
MARBRURE,  f.  f.  Terme  de  Relieur.  L'imitation  da 
marbre  fur  le  papier  marbré  ,  ou  lur  la  couverture 
d'un  livre.  'Voilà  une  belle  marbrure. 
MARC.  1.   m.  (  le  C  ne  le  prononce  point^.  Elpècaf 
de  poids  qui  fert  à  pefer  les  choies  précieules  ,  ou 
qui  font  en  petit  volume.  Bes  Romanus,feHbra  Fran- 
cica.  Marca.  Mariana  dans  fon  Traité  de  Ponderibus 
&  Menfuris  ,  dit  marcus  mafculin,  &  non  pas  marca 
féminin.  Il    eft  fait  de   cuivre  ,    &  eft  lubdivifè  eu 
plufieurs  petits  poids  qui  s'enchâflent  l'un  dans  l'autre, 
&  qui  vont  toujours  en  diminuant  de  la  moitié.  Le 
poids  de  marc  de  Paris  vaut  8  onces ,  ou  une  demi- 
livre,    192.  deniers,  ou  460S  grains.   On   divile  le  " 
marc  en  8  onces  ,   l'once  en  8  gros  ou  en  20  elle- 
lins-,  l'eftelin  en  deux  mailles  ,  &  la  maille  en  deux 
félins  ,  qui  font  expliqués  à  leur  ordre.  Le  marc  ou 
les  8  onces  font  64  gros  ,192  deniers  ,   160  eftelins, 
320  mailles j  640  félins,  &  4608  grains.  On  vend 
l'or  &  l'argent  au  marc.  Se  à  l'once.  Quand  la  mon- 
noie  eft  rognée  ,  on  ne  l'expole  qu'au  marc.  Le  marc 
d'argent  eft  de  douze  deniers,  ik  chaque  denier  ell 
de  24  grains.  Pour  les  pierreries  fines  &  les  perles, 
le  marc  d'aloi  que  les  Orfèvres  &:  les  Joailliers  ap- 
pellent once  ,  le  divile  en  oèfaves  ^  en  carats  &c  en 
grains.  Le  marc  ou  l'once  contient  8  oètaves,  l'oc- 
tave contient  20  carats,  le  carat  contient  4  grains. 
A  Boulogne  en  Italie  ,    le  marc  ou  1  once  d'aloi  le 
divifc  en  640  grains,  &  chez  les  Maîtres  des  mon- 
noies  en  579  giains  feulement.  Rapias  dit,   que  le 
m^irc  étoit  d'une  livre  -,  mais  il  le  trompe:  la  Chro- 
nique de  Mayence ,  dit  que  la  livre   d'or  contient 
deux  marcs  d'or  f^oye-^  Gronovius  ,  JDe  Pecuniâ 
vct.  L.  IL  C.6. 

Ce  mot  vient  du  Latin  marca  ,  lignifiant  la  même 
choie.  Mais  George  Agricola  dit  que  c'eft  un  nom 
Allemand.  Il  y  a  eu  plufieurs  fortes  de  marcs  en 
France,  &  dans  les  pavs  étrangers,  qui  font  am- 
plement diftinguès  par  Dis  Cange. 


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fCTAvantle  rcgne  de  Philippe  picmicr.ronnefcfervoit 
en  France,  (iir  -  tout  dans  les  nionnoies,  que  de  la 
livre  de  poids ,  compolée  de  1 1  onces.  Sous  ce  Prince 
on  introduiiit  dans  le  commerce  Se  dans  la  nionnoic 
le  poids  de  marc  ,  dont  il  y  eut  d'aboid  de  diverfes 
fortes  ,  le  marc  de  Troie  ,  le  marc  de  Limoges  , 
celui  de  Tours  ik  celui  de  la  Rochelle  ;  difterens 
cntr'cux  de  quelques  deniers  ;  mais  qui  turent  enhn 
réduits  au  poids  de  marc  ,  fur  le  pied  qu'il  ell  au- 
jourd'hui. 

En  pratique  ,  on  dit  qu'on  fera  paye  au  marc  la 
livre,  ou  au  lou  la  livre,  quand  on  vient  à  con- 
tribution avec  d'autres  créanciers  lur  des  ctîéts  mo- 
biliaires ,  chacun  à  proportion  de  (on  du. 

Marc  ,  étoit  autrefois  une  monnoic  d'argent  qui  avoit 
cours  chez  les  Allemands  ,  &  qui  fe  divifoit  en  huit 
parties.  Il  en  cil:  parlé  dans  la  Bulle  d'Or  de  Charles 
IV. 

Marc,  eft  aulli  une  nionnoie  de  Suède  ,  qui  vaut  en- 
viron deux  fous  (ix  deniers  de  France. 

Marc  franc.  C'eft  la  première  des  quatre    fortes  de 

marc  dont  fe  fervent  les  Charpentiers  pour  marquer 

les  pièces  de    bois  façonnées  qui  doivent   être  em- 

j        ployées  à  la  conftrudlion  de  quelque  bâtiment ,  pour 

connoître  celles  de  chaque  côté. 

Marc  d'oRj  elt  un  droit  qu'on  lève  fur  tous  les  Offi- 
ces de  France  à  chaque  changement  de  Titulaire. 
Bes  auri.  Il  a  été  établi  par  Henri  III.  au  lieu  d'un 
droit  qu'on  prenoit  pour  la  preftation  de  ferment. 
On  taxoit  certains  Ofhces  à  un  marc  d'or  en  efpèce, 
&  quelques  autres  à  proportion  ;  ce  qui  a  été  depuis 
évalué  en  argent.  Ce  fonds  étoit  deftiné  pour  payer 
les  appointemens  des  Chevaliers  du  S.  Efprit.  Il  faut 
avoir  une  quittance  du  Trétorier  du  marc  d'or  at- 
tachée aux  provifions.  Du  Cange  dit  qu'il  eft  fait 
mention  dans  les  Ordonnances  de  Louis  XI.  du 
marc  d'or  payé  par  les  Officiers. 

^pr  Marc  Poids  d'or  ou  d'argent ,  compofé  de  huit 
onces,  ou  64  gros,  ou  191  deniers,  ou  160  fter- 
lings,  ou  300  mailles,  ou  640  félins  ,  ou  4608 
grains. 

Le  marc  d'or  en  monnoie  à  14  carats  étoit  eftimé 
il  n'y  a  pas  long-temps,  à  415  livres,  10.  lois, 
10  d.  rf  j  &  le  marc  d'argent  à  27  liv.  1 3  fols  fr.  Mais 
cela  a  changé  de  temps  en  temps,  félon  le  change- 
ment de  la  monnoie.  ^J'  Quand  M.  Colbert  entra 
dans  le  minifl-ère,  il  trouva  la  valeur  numéraire  du 
marc  d'argent  à  26  livres  il  ne  la  poulla  qu'à  17. 
•  Sur  la  fin  du  régne  de  Louis  XIV ,  il  monta  jufqu'à 
40  livres:  mais  à  fa  mort  il  n'étoit  qu'à  18  livres,  le 
3oMllet  i720.Lesefpèces  furent  portéesauplus  haut 
point  où  elles  aient  été  :  (avoir  ,  le  marc  d'or  à  1800 
liv.  &:  le  marc  d'argent  à  1 10  liv.  Depuis  plulieurs 
années  nos  Louis  d'or  font  à  24  liv. ,  Se  les  écus 
à  6  liv.  2  liv.  10  fols  de  plus  qu'ils  ne  valoient 
à  la  mort  de  Louis  XIV.  3  Louis  &  demi  pèfent 
un  once;  28  font  le  marc,  qui  vaut  67 ■•  liv.  Nos 
gros  écus  pèfent  une  once  ,  les  petits  ,  demi -once  : 
huit  gros  font  le  marc  ,  qui  vaut  48  liv.  mais  le 
marc  d'argent  fin  eft  de  54  liv.    6  d. 

Marc  d'argent.  Droit  que  les  Notaires  payent  au 
Roi  en  pays  de  Droit  écrit ,  pour  le  joyeux  avène- 
ment à  la  couronne.  Le  droit  de  marc  d'argent,  eft 
un  droit  domanial.  Charles  VII.  par  fes  Lettres  du 
2j  Août  1452.  ordonna  que  les  Notaires  qui  refu- 
foient  de  le  payer  ,  y  ("croient  contraints.  Il  y  a  auffi 
un  droit  de  marc  d'arpent ,  eftimé  dix  livres  parifîs  , 
qui  eft  dû  par  les  valleaux  du  Seigneur  féodal.  Il  eft 
parlé  de  ce  marc  d'argent  dans  les  Coutumes. 

Marc  ,  lignifie  auftî ,  ce  qui  rcfte  des  fruits  ou  des 
herbes  dont  on  a  tiré  le  jus.  fCT  Parties  groffières 
qui  reftent  après  que  l'on  extrait  une  liqueur  de 
quelque  fruit ,  herbe  ou  autre  chofe ,  par  expreffion 
ou  par  ébuUition.  Magma^  retrimentum.fpijjamentu^. 
Quand  on  a  foulé  la  vendange  dans  la  cuve,  on 
porte  le  marc  au  prcfToir.  Après  qu'on  a  prelluré  les 
raifins,  on  fe  fert  encore  du  marc.  On  met  dans  le 
marc  ceux  qui  ont  des  fluxions ,  ou  des  paralyfîes  , 
pour  les  échautfer.  On  repaffe  le  vin  vieux  fur  le 


marc  :  on  en  fait  du  petit  vin  pour  les  valets. 

Ménage  dérive  ce  mot  du  Latin  amitrca. 

On  appelle  aulli  un  marc  ,  la  quantité  qu'on  met  à 
chaque  fois  fous  le  prelïoir  de  ce  qui  eft  à  prelliucr. 
On  n'a  fait  cette  après  diné  que  deux  marcs  a  un 
tel  prelïoir.  On  taille  ,  on  recoupe  les  bords  du 
marc. 

On  dit  la  même  chofe  des  olives ,  des  noix  ,  des 
pommes,  &c  de  toutes  autres  choies  dont  on  ex- 
prime le  fuc. 

Marc  f.  m.  Nom  d'homme.  Marcus.  Prononcez  ce 
nom  Marc  comme  il  clt  écrit,  c'eft- à-dire,  en  fii- 
Cint  fonncr  le  c  final.  Saint  Marc ,  Evangélifte ,  étoit 
difciplc  de  S.  Pierre  ,  qui  à  la  fin  de  (a  première 
Epitrc  l'appelle  fon  fils.  Ce  n'eft  point  le  Marc  dont 
il  eft  fouvcnt  parlé  dans  les  Aftes  Se  dans  les  Épitres 
de  S.  Paul.  Il  écrivit  (on  Evangile  à  Rome,  à  la 
prière  de  ceux  qui  avoient  ouï  prêcher  S.  Pierre.  Eu- 
fèbe  dit  qu'il  l'écrivoit  la  5^  année  de  Claude,  qui 
eft  la  45^  de  J.  C.  Des  Manutciits  Grecs  de  l'É- 
vangile marquent  que  ce  fut  12  ans  après  l'Aicenûon 
de  J.  C.  &  par  conféquent  la  ^f  de  J.  C.  à  moins 
qu'on  ne  (uppofe  deux  ans  entre  la  naillànce  de 
J.  C.  &  le  commencement  de  l'ère  vulgaire.  Eu- 
fèbe  dit  que  Saint  Marc  s'en  alla  en  Egypte  avec 
l'Evangile  qu'il  avoit  compofé  ,  qu'il  y  prêcha  la  loi 
nouvelle  ,  6c  qu'il  fonda  l'Eglile  d'Alexandrie.  Quoi- 
qu'il fuive  Saint  Matthieu  dans  fon  Evangile ,  Se 
qu'il  ne  faile  (ouvent  que  l'abréger ,  il  y  a  pourtant 
des  chofes  particulières  ,  Se  des  circonftances  que  cet 
Apôtre  n'a  point  marquées.  La  tradition  eft  qu'il  écrivit 
en  Grec  ,  comme  Saint  Luc  Se  Saint  Jean.  Eufèbe 
marque  que  Saint  Pierre  approuva  l'Evangile  de  Saint 
Marc.  Voy.  cet  Auteur,  HijLL.  II.  c.  1  s t  16 .  Saint 
Marc  eft  lé  Patron  des  Vénitiens. 

On  a  appelé  autrefois  la  proceffion  qu'on  fai- 
foit  le  jour  de  S.  Marc  ,  la  Grande  Litanie.  Voye:{_ 
Litanie. 

On  prétend  que  l'autre  Marc  ,  difciple  de  S.Paul, 
fut  l'Apôtre  des  Bavarois. 

On  dit  auffi  Marc  Antoine  ,  Marc  Antonin  Pie  , 
Marc  Aurèle. 

Nous  retenons  auffi  fouvent  le  nom  Latin  Marcus. 
Marcus  Attilius  Regulus  ,  Marcus  ^milius  Lépidus. 
Marc ,  ou  Marcus,  eft  un  prénom  d'une  infinité  de 
familles  Romaines. 

Congrégation  de  S.  Marc  ,  Chanoines  Réguliers 
de  S.  Marc  de  Mantoue.  C'eft  une  Congrégation  de 
Chanoines  Réguliers  ,  fondée  à  Mantoue  ,  par  un 
Saint  Prêtre  ,  nommé  Albert  Spinola  ,  (ur  la  fin  du 
XIP  (lècle.  Spinola  fit  une  règle  qui  fut  approuvée 
par  Innocent  III,  l'an  1204  ,  confirmée  en  1220  , 
par  Honorius  III ,  après  avoir  été  corrigée  Se  confir- 
mée de  nouveau  par  Grégoire  IX,  en  1228,  Gré- 
goire X,  Jean  XXII ,  Calixte  III ,  Nicolas  IV.  Ces 
Chanoines  ,  félon  Penot  ,  ayant  été  réformés  vers 
l'an  1452,  n'embralfèrent  qu'en  ce  temps-là  la  règle 
de  S.  Auguftin.  Cette  Congrégation ,  qui  étoit  com- 
poiée  d'environ  dix-huit  ou  vingt  maifons  d'hom- 
mes ,  Se  de  quelques-unes  de  filles ,  qui  éroientil- 
tuées  dans  la  Lombardie  ,  Se  dans  l'Etat  de  Venife  , 
après  avoir  fleuri  pendant  près  de  400  ans ,  diminua 
peu  à  peu,  &  fe  trouva  réduite  à  deux  Couvens  ,oii 
la  régularité  n'étoit  pas  même  obtervee._  Celui  de 
S.  Marc  de  Mantoue  ,  qui  étoit  le  chef ,  fut  donné  , 
l'an  1 584 ,  aux  Camaldules ,  par  Guillaume  ,  Duc  de 
Mantoue ,  avec  le  conléntement  du  Pape  Grégoire 
XIII  ,  Se  cette  Co.ngrégation  finit. 

Ordre  de  Saint  Marc  ,  eft  l'Ordre  de  Chevalerie 
de  la  République  de  Venife  ,  qui  eft  fous  la  protec- 
tion de  S.  Marc  l'Evangélifte.  Les  armes  de  cet  Or- 
dre ,  font  un  Lion  aîlé  de  gueules  ,  avec  cette  de- 
vife  ,  Paxtïbï ,  Marce  ,  Evangelïfla.  On  ne  le  don- 
ne qu'à  ceux  qui  ont  rendu  de  grands  fervices  à  la 
République. 

Marc-Lub.  f  m.  Nom  d'une  monnoie  d'Allemagne  , 
Marca  Lubecenjis.  Le  marc-lub  vaut  un  marc,  ou  feize 
fous  lubs  i  c'cft-à-dire,  feize  fous  de Lubec. 


822        M  A  R 

Ce  nom  vient  de  ce  que  cette  monnoie  fe  fabiique 
à  Lubec. 
Saint-Marc  ,  ou  San-Marco.  Nom  d'une  ville  Epit 
copale  du  Rov.iume  de  Naples.  Marcopolis  ,  Fanum 
S.  Mard.  Elle  ell  dans  la  Calabre  citen.-uie  ,  a  fix 
lieues  dcRollano  ,  vers  le  couchant.  San-Marco  eft 
futtragant  de  Cofenze  j  &  on  le  prend  communément 
■çiowcX' àncizwwz  Argentana ,  ville  des  Biutiens,  que 
quelques  uns  placent  au  bourg  A' Argenùna. 

Saint- Marc,  ou  San-Marco.  Nom  d'une  petite  ville 
de  la  vallée  de  Démona^  en  Sicile.  Fanum  S.  Marci. 
Elle  efl;  près  de  la  côte  fcptentrionale  j  environ  à  qua 
tre  lieues  du  cap  d'Orlando  ,  vers  l'occident  méri 
dional.  Quelques  Géographes  prennent  S.  Marco 
pour  la  ville  appelée  anciennement  Agathyrlum  ,  Aga 
thyrfium ,  Agatlrna  ,  Agarcnum  ,  &.  d'autres  pour  l'an- 
cienne Calacla  ;  mais  il  y  en  a  qui  croient  que  l'une 
&  l'autre  de  ces  anciennes  villes  eft  entièrement  rui 
née.  Maty. 

'Saint-Marc,  ou  San-Marco.  Nom  d'un  village  du 
Royaume  de  Naples.  Fanum  S.  Marci.  Il  elt  dans  la 
terre  d'Otrante ,  entre  la  ville  de  ce  nom  ,  èc  celle  de 
Blindes.  On  prend  communément  S.  Marco,  pour 
la  petite  ville  de  Mellapie  ,  appelée  ,  Balejinum,  Fa~ 
letïum  ,  Vakntium  ,  que  quelques  uns  placent  au 
bourg  San-Cataldo. 

Marc  ï^oyei  Saint  Mars. 

MARCA.  Nom  d'une  petite  île  du  golfe  de  'Venife. 
Marca.  Elle  ell:  environ  à  deux  lieues  de  Ragufe  , 
dont  el'e  dépend.  Cette  ile  n'a  qu'environ  quatre 
mille  pas  de  circuit ,  &  elle  a  eu  une  ville  Epilco- 
pale  qui  eft  ruinée.  Son  Evêché  a  été  uni  à  celui  de 
Trébigna.  Maty. 

MARCAIGE.  f.  m.  Nom  d'un  droit  qui  efl:  dû  au  Roi 
fur  les  paniers  de  poillon  de  mer  qui  font  vendus  à 
Ja  halle.  Droit  de  marcalge.  tfJ"  Ce  droit  a  été  aliéné 
du  domaine,  &z  cédé  aux  Vendeurs  de  marée  moyen- 
nant finance. 

MARCASSIN,  f.  m.  Petit  fanglier,  qui  eft  encore  à  la 
fuite  de  la  mèrCj  qui  ell:  au  dellous  d'un  an.  Les 
Chalkurs  font  fort  friands  de  marcajjins.  Nefrens  apcr, 
ou  annkulus  aper  ,  aperculus. 

Ce  mot  vient  de  meracus  ,  parce  que  cet  animal 
ne  va  pas  en  troupe  ,  mais  leul  ^  Se  fms  compagnie. 

HOET. 

MARCASSITE.  f  f.  Minéral  métallique  ,  dont  il  y  a 
beaucoup  d'elpèces  ,  car  toutes  les  pierres  qui  con- 
tiennent un  peu  ou  beaucoup  de  métal ,  font  appe- 
lées de  ce  nom  •,  mais  on  entend  ordinairement  par 
marcajjius  ,  trois  efpèces  de  minéraux  métalliques, 
appelés  marcajjice  d'or  ,  marcajpxe  d'argent ,  &  mar- 
cajjîce  de  cuivre.  Cadmia  ,  caicuis.  Les  deux  premières 
font  en  petites  boules  ,  grolles  comme  des  noix ,  pref- 
que  rondes ,  pelantes  ,  de  couleur  brune  en  dehors; 
elles  diftèrent  en  dedans  par  leurs  couleurs  ;  car  l'une 
a  la  couleur  d'or  ,  &  l'autre  celle  d'argent  ,  toutes 
deux  Uiifantes  &  brillantes.  Lamarcajfue  de  cuivre  eft 
grolîe  comme  une  petite  pomme ,  ronde  ou  oblon- 
gue  j  brune  en  dehors ,  jaune  Se  criftalline  en  dedans  , 
brillante  ,  luilante  ,  facile  à  rouiller.  Les  marcajjices 
font  tirées  des  mines  métalliques  :  elles  contiennent 
beaucoup  de  (oufre  Se  de  fel  vitriolique  ,  principale 
ment  celles  de  cuivre. 

^3"  Les  rnarcajfues  (ont  le  germe  &  la  matière  première 
des  Métaux.  Ainfi  il  devroit  y  avoir  autant  de  iMar 
cajfues  ,  que  de  Métaux  ;  &  il  y  a  apparence  que  cela 
tll  aulli  :  mais  il  n'y  a  de  connues  que  celles  dont 
on  vient  de  parler. 

Ce  nom  ell  originairement  Arabe. 

MARCEL  ,  ou   MARCEAU,  f   m.  Nom  d'homme. 
Marcdlus.   Nous  ne   connoilfons  point  de  Saint  à 
qui  la  ville  de  Paris  ait  eu  l'avantage  de  donner  la 
iiaillànce  avant  S.  Marcel.  Il  naquit  dans  le  IV'=  fiècle , 
de  parens  qui  étoient  de  condition  médiocre.  Sa  ver 
-tu ,  fon  émiuente  fainteté  ,  &  un  grand  nombre  de 
miracles  ,  le  firent  élever  lur  le  lîége  Epilcopal  de  l'E 
glile  de  Paris.  Il  vivoit  au  V^  liécle.  Bailiet,au  troi 
iîème  jour  de  Novembre  ,  dit  S.  Marcel ,  nommé  en 
quelques  rencontres  S.  Maraau  par  le  Vulgaire,  En 


M  A  R 

effet ,  on  dit  à  Paris  ,  le  fiubourg  S.  MaYceaa  ;  c'eft 
un  des  huibourgs  de  la  ville ,  qui  eft  au  tud  eft  ,  entre 
le  faubourg  S.  Jacques ,  &  celui  de  S.  Victor.  L'E- 
glilé  ou  la  Paroille  de  S.  Marceau  ,  ou  S.  Marceau 
tout  court  ,  c'eft  une   Eglile  paroilîiale  de  ce  tau- 
bourg.  On  ne  dit  point  autrement  dans  l'ufagc  or- 
.    dinairc  ;  mais  en  toute  autre  occafion  on  dit  Aiar- 
cel  ,  Se  non   pas  Marceau.  S.  Marcel  ,  Evcque  de 
Paris  ,  Se  non  pas  S.  Marceau.  La  châfl'e  de  S.  Mar- 
cel eft  à  Notre  Dame.  Quand  on  porte  la  châlfe  de 
Sainte  Geneviève  en  procellion  ,  on  porte  auffi  celle 
de  S.  Marcel. 
Marcel  fe  dit  auflî  pour  Marcule.  Marculus.  S.  Marcel, 
Prêtre  à  Nicodémieen  Bithynie  ,  Se  martyr,  s'appelle 
en  Latin  Marculus.  Le  Martyrologe  Romain  l'appelle 
néanmoins  Marcellus  j  après  Bède  ,  dont  quelques 
exemplaires  portent  néanmoins.  Marculus.  Voyez  les 
Notes  de  Baronius  lur  le  xG  de  Novembre.  Et  celles 
du  P.  SoLlier  ,  Jéfuite ,  fur  le  Martyrologe  d'Ufuard , 
au  25  Novembre. 
Saint  Marcel.  Fanum  S.  MarccUi.  C'étoit  autrefois 
une  ville  léparée  ;  ce  n'eft   maintenant  qu'un  fau- 
bourg de  la  ville  de  Paris.  Maty.  Pendant  que  les 
dedans  de   Paris  le  peuploicnt  au  XIIF  fiècle  ,  de 
nouveaux    faubourgs    le    formèrent    aux    environs. 
L'Abbé  de  Saint  Germain  donna  de  fes  vignes ,  de 
fcs  terres  j  &  ia  garenne  entière  ,  pour  y  b.âtir  aux 
environs  fon  Abbaye.  Evrard  de  Lourline  &    quel- 
qucs  autres  firent  bâtir  aux  environs  de  S.  Marcel , 
Se  dans  le  terroir  de  Mouftetard  ,  qui  étoit  en  vi- 
gnes. Cela  forma  deux  gros  de    mailons  &  d'édifi- 
ces :  comme  ils  ne  tcnoient  pas  aux  murs  de  la  ville, 
ils  prirent  les  noms  de  faubourgs  ,    &  quelquefois 
même  de  ville  de  Saint  Germain  Se  de  Saint  Marcel 
lez  Paris.    De  la  Mare,  T.I  ,p.  7S.  En  1558, 
Henri  II   ayant    révoqué  une   défenle  d'augmenter 
Paris,  qu'il  avoir  faite  en  1549  ,  on   commença  à 
joindre  le  faubourg  S.  Marcel  a  la  ville.  Et  en  \G%G , 
la  porte  de  S.  Marcel  fut  démolie  ,  &  le  tenain  de  la 
contrefcarpe  du  folié  S.  Victor  fut  abailfé  ,  le  fofté 
comblé  ,  Se  des  maifons  bâties  le  long  des  murs  de  la 
ville  ,  Se  les  rues  que  }'on  fit  j  achevèrent  de  joindre  le 
fiubourg.  S.  Marcel ,  aux  faubourg  S.  Jacques  ,  &  au 
quartier  de  S.  Viftor.  Id.  p.  S  0  &  ()0. 
MARCELLE,  f.  f.  Nom  de  femme.  Marcclla.  Sainte 
Marcelle ,  eft  la  première  qui  ait  fait  profellîon  de 
la  vie  monaftique  à  Rome  ,  comme  il  eft  marqué 
dans  fon  ancienne  vie  donnée  par  Rofweydus  à  la 
fin  du  I.  Livre  de  fa  vie  des  Pères.  Chastelain  ,  31, 
Janvier. 
MARCELLÉES.  f  f.  pi.  Nom  d'une  fête  que  les  Syra- 
cufiens  inftituerent  à  l'honneur  de  Marcellus  ,  &  en 
mémoire  de  ce  qu'il  avoir  bien  &  (agement  gouver- 
né la  Sicile.  MarcelUa.  Verres  abolit  les  Marcellées, 
Voyez  Cicéron  ,  In  Vcrr.L.  II ,  n.  //. 
MARCELLIANISME.  f.  m.  Doéliine  ,  dogmes,   er- 
reurs des  Marcelliens.  Marcellianifmus. 
MARCELLIENS.  Nom  de  fede.  Anciens  HérétiqueSj 
ainli  appelés  du  nom  de  Marcel  d'Ancyre  leur  chef, 
qui  a  été  acculé  d'avoir  renouvelle  les  erreurs  de  Sa- 
bellius.    Marceliiani.  Quelques-uns  néanmoins  ont 
cru  qu'il  étoit  orthodoxe  ,  Se  que  c'étoit  les  Ariens  fes 
ennemis  qui  lui  avoient  imputé  ces  erreurs.  On  a  été 
fort  partagé  fur  cette  Hérélîe  de  Marcel  ,  dit  S.  Epi- 
phane  ,  &  il  n'y  a  que  Dieu  qui  lâche  véritablement 
ce  qui  en  eft.  Mais  pour  ce  qui  eft  de  (es  Setlateurs  ,  il 
eft  conftant  qu'ils  n'ont  poLnt  voulu  reconnoître  les 
trois  hypoftales  ,  cnlorte  que  le  Marcellianifmc  n'eft 
point  une  Héréfie  imaginaire.  Koye-;ç^  Saint  Epiphanc  , 
hir.  24-  où  il  rapporte  la  profellîon  de  foi  que  Marcel, 
préienta  au  Pape  Jule  ,  après  avoir  été  dépolé  de  fon 
Siège  par  les  Ariens  :  ce  Pape  le  rétablit  ;  mais  après 
tout  ,  il  eft  difKcile  de  juftifier  Marcel  d'Ancyre  de 
Sabellianilme. 
Saint  MARCELLIN.  Nom  d'une  petite  ville  bien  peu- 
plée.  Fanum   S.  Marcellini.    Elle  eft  dans  le  Dau- 
phiné  ,  province  de  France  ,  entre  Grenoble  &  Ro- 
mans, à  fept  ou  huit  lieues  de  la  première.  Se  à  cinq 
de  la  dernière.  Maty, 


M  A  Pv 

AIARCELLINO.  Nom  d'une  petite  nvictc  de  la  vallée 
de  Noto  ,  en  Sicile.  Marcel/ina,  anciennement  Afy- 
la  ,  My/as.  Elle  (c  décharge  dans  la  nier  Ionienne^  à 
deux  lieues  d'Agufta  j  vers  le  midi.  Matv. 

MARCGR  AVE.  ^oyc-  MARGRAVIAT. 

MARCGRAVINE.  Foyei  MARGRAVINE. 

MARCHAGE.  1'.  m.  Ternie  de  Coutumes.  IfTCcfi  une 
iociété  que  des  Communautés  d'iubitans  de  l'aroillcs 
voiinies  contiadlenc  enlemble ,  pour  avoir  droit  de 
faire  marcher  &  paître  les  belUaux  de  part  ik  d'au- 
tres ,  fur  les  terres  du  village  joignant.  Dans  les  Cou 
tûmes  d'A.uvcrgne  iX'  de  la  Marche  ,  c'ell  le  droit  que 
les  habitans  d'un  village  ont  de  laire  marcher  &  paî- 
tre leurs  rroupcaux  lur  le  territoire  d  un  autre  vil- 
lage. 

§cr  MARCHAIS,  rovei  Mare. 

§cr  MARCHAND  ,  AN  DE.  f.  m.  &  f.  Celui  ou  celle 
qui  trafique  ou  qui  hit  commerce  ,  qui  fait  profef- 
lion  d  acheter  &  de  vendre,  ou  qui  fait  fabriquer  des 
niarchandiles  pour  les  vendre  en  boutique  ou  en  ma 
galin  ,  pour  les  débiter  dans  les  foires,  ou  pour  les 
envoyer  dans  les  pays  étrangers.  Mercator.  Les  Mar- 
chands de  foie  i^ont  manufacturer  leurs  velours  , 
leurs  brocards  ,  à  Vcnife  ,  à  Gènes  ,  à  Lyon  ,  à 
Tours.  Y)es  Marchands  de  bois  ,  font  ceux  qui  font 
abattre  &  façonner  le  bois  dans  les  forets  ,  pour  le 
vendre  en  chantier.  Marchand  grollier  ,  ou  en  gros. 
Marchand  en  m.igafin.  Barfeus  ^  dans  la  harangue 
qu'il  prononça  en  1631,  le  jour  de  Iti  dédicace  de 
l'Ecole  d'Amllerdam  ,  fit  voir  que  la  qualité  de  Mar- 
chand ne  doit  pas  préoccuper  le  leéteur  au  défavan- 
tage  d'un  livre  ;  qu'anciennement  il  y  a  eu  des  Phi- 
lolophes  qui  ont  exercé  le  commerce ,  &:  qu'il  n'y  a 
point  d  incompatibilité  des  études  avec  le  négoce.  Il 
a  intitulé  cette  harangue  ,  Mercator  fapiens.  Nous 
avons  eu  àes  Marchands  Auteurs.  Philippe  Sylvcftrc 
Dufour,  de  Lyon,  adonné  au  public  plufieurs  Trai- 
tés. Ponietj  Marchand  Droguifte  à  Paris  j  a  donné 
un  gros  volume  fur  les  Drogues.  N.  Pelletier  ,  de 
Rouen  ,  mort  il  y  a  quelques  années,  étoit  un  A'Iar 
chand  habile  &  l'avant  j  qui  avoit  beaucoup  de  ju 
gcment  ,  de  la  leéture  ,  de  la  connoillance  des  lan- 
gues vivantes  &  des  langues  favantes.  M.  Goetzius , 
Sur  Intendant  de  Lubeck  ,  a  fait  une  Dllfertation 
fur  les  Marchands  lavans  ;  il  en  diftingue  de  deux 
fortes  i  les  uns  font  des  Marchands  qui  le  font  atta- 
chés à  1  étu.le  ,  Se  font  devenus  lavans  ,  ou  des  gens 
qui  ont  fu  allier  le  commerce  (Se  l'étude.  Il  compte 
parmi  ceux  la  ,  entre  les  anciens  ,  Solon  ,  Thaïes  , 
Hippocrate  ,  Platon  ,  Démocrite  &  Socrate  ,  c'ell:  à- 
dire  ,  tout  ce  que  la  Grèce  eut  de  plus  dilfingué  par 
l'efprit  &  l'érudiiion.  Entre  les  nouveaux  ,  Baum 
gartner  Carpzovius ,  Dufour ,  Pomet ,  de  balle  Nor 
mandie  ,  &  un  Marchand  àe  Rouen,  dont  il  igno- 
roit  le  nom  ;  c'efl  N.  Pelletier  ,  dont  nous  venons  de 
parler.  Une  autre  lorte  de  Savans  Marchands  ,  font 
les  Savans  qui"",  comme  Platuer  tk  Braud  ,  époufent 
des  veuves  de  Marchands ,  &:  coiitinuent  le  commerce 
que  failoient  les  premiers  maris  de  leurs  teimnes.  En 
fin  il  y  joint  les  Libraires  favans ,  parmi  Itfquels  il 
n'en  compte  que  trois  ,  tous  Allemands ,  Frihus  j 
'Wefteinius  &  Fritfchius ,  comme  fi  les  Etiennes,  les 
Manuces  ,  &c.  ne  méritoient  pas  beaucoup  mieux 
d'être  nommés. 
Marchand  ,  fe  dit  auflî  des  revendeurs  ou  détailleurs  , 
qui  achettent  des  niarchandiles  des  t^Yos  Marchands  ^ 
pour  les  revendre  en  détail  dans  leur  boutique.  In 
tcrpolator.  On  le  dit  aulîi  de  ceux  qui  ramallent 
plafieuis  marchandifcs  .  pour  les  porter  dans  les  foi- 
res Se  marchés.  Marchand  de  'laline  ,  de  blé  ,  de 
bois ,  de  chaux ,  de  tuile ,  de  pôillon.  Marchand  de 
chevaux. 
Marchand  forain  ,  eff  non  feulement  celui  qui  fré- 
quente les  foires  &  les  marchés  ,  mais  encore  tout 
Marchand  étranger  qui  vient  apporter  dans  la  ville  les 
marchand! fes,  pour  les  vendre  aux  Maîtres  qui  tien- 
nent boutique.  La  Police  ordonne  que  les  Marchands 
forains  de  bas  j  de  cuirs  j  de  gants  ,  Se  autres  chofes 
femblablcs ,  apportent  leurs  marchandifcs  dans  un  bu- 


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rcau  public  ,  pour  être  lottics  entre  les  Maîtres  ,  &c 
empêcher  le  monopole  des  plus  riches.  Mcrcacor  ex~ 
trancus. 

On  appelle  à  Paris  les  lix  Corps  des  Marchands  , 
les  antiennes  Communautés  des  Marchands  qui  ven- 
dent ks  plus  notables  in.irchandiles.  Les  premiers 
font  les  Drapiers  -  Chaulletiers  ;  les  féconds  font 
les  Epiciers  ;  les  troilièmes  les  Merciers  ■■,  les  qua- 
trièmes les  Pelletiers  ,  qui  étoient  autrefois  les  pre- 
miers ,  mais  qui  ont  vendu  leur  primauté  aux  Dra- 
piers ;  les  cinquièmes  font  les  Bonnetiers  ,  &  les 
lixièmes  les  Orfèvres.  Les  Alarchands  de  vin  ont 
voulu  former  un  leptième  corps;  mais  il  ii'cll:  pomr 
reconnu  des  autres.  Quant  à  ceux  des  autres  Com- 
munautés qui  tiennent  boutique  ,  ils  pallenr  pour  des 
Artilans  ,  quoique  quelques-uns  prennent  la  qualité 
de  Marchands  ,  comme  les  Chapeliers  ,  les  Tan- 
neurs ,  les  Mégilliers ,  les  Ouvriers  en  drap  d'or  Se 
de  foie  ,  S<c. 

Marchand  ,  fe  dit  aullI  de  ceux  qui  achettent.  Emtor. 
Cette  boutique  ell  fort  achalandée;  il  y  vient  bien  des 
Marchands.  On  drelle  les  enfans Se  les  garçonsde  bou- 
tique à  appeler,  à  faire  venir ,  à  attirer  \cs Marchands. 
Ceux  qui  vendent  à  faux  poids  Se  à  faulfe  mefure, 
trompent  les  Marchands. 

Prévôt  des  Marchands ,  efl:  à  Paris  le  premier  Offi- 
cier du  Bureau  de  la  Ville  j  oiiiljugCj  avec  les  Eche- 
vins  ,  les  différends  qui  concernent  la  Police ,  &  les 
marchandifes  qui  font  fur  les  ports, fur  les  rivières, 
&  fur  l'étape.  Urbis  prjipofLius  j  mcrcatorum  pr<zjeclus. 
La  Jurifdiition  pour  les  autres  Marchands  ,  efl:  celle 
des  Juges  Confuls  ,  qui  jugent  fommairement  toutes 
les  affaires  de  Marchand  à  Marchajid  ^  8e  pour  le  fait 
de  la  marchandife  dont  ils  fe  mêlent. 

^3"  Le  terme  de  Marchand  s'applique  dans  un  fens  fi-  ' 
guré  ,  aux  hommes  qui  cherchent  à  tirer  quelque  pro- 
fit de  leur  mérite  ,  de  leurs  talens.  Tous  les  hommes 
font  des  Marchands  qui  expofenten  vente,  ou  la  va- 
leur, ou  les  fciences ,  ou  les  arts  ,  ou  leur  efprit ,  pour 
en  tirer  du  profit  j  &  de  la  réputation.  M.  Esp. 

Marchand  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes. 
Marchand  qui  perd  ne  peut  rire.  Acad.  Franc.  Et 
au  contraire  on  dit ,  n'eft  pas  Marchand  qui  tou- 
jours gagne.  On  dir  auifi ,  quand  on  voit  arriver  plu- 
fieurs perfonnes  en  une  compagnie  ,  .La  foire  iera 
bonne,  voici  bien  des  Marchands.  On  dit ,  De  Mar- 
chand à  Marchand  il  n'y  a  que  la  main  ;  pour  dire , 
que  les  Marchands  font  leurs  traités  lans  écrit ,  & 
en  fe  touchant  dans  la  main.  On  dit  à  celui  qui  a 
acheté  une  chofe  à  vil  prix  ,  Vous  avez  trompé  le 
Marchand  ;  Se  quand  on  la  demande  à  trop  bon 
marché  ;  on  dit  ,  Ce  n'eft  pas  le  profit  du  Mar- 
chand. On  dit  qu'un  homme  Iera  mauvais  marchand 
d'une  chofe  ,  quand  il  frit  quelque  affaire  où  il  y 
aura  à  perdre  ,  quand  il  fait  quelque  adion  dont 
il  aura  lu) et  de  fe  repentir.  On  dit  aullî ,  qu'il  faut 
être  Marchand,  ou  larron  ,  pour  exciter  ceux  qui 
achètent  à  fe  fier  à  la  foi ,  à  la  parole  de  celui  qui 
vend.  On  dit  aufîî  riche  Marchand  ,  pauvre  pou- 
lailler. On  dit  aullî ,  dîné  de  Procureur  ,  fouper  de 
Marchand;  à  caufe  que  ks  Marchands  ne  peuvent 
fe  repofer  ,  ni  faire  bonne  chère ,  que  le  fcir. 

Marchand  ,  ande.  adj.  Ce  qui  eft  de  bon  de- 
bit  ,  Se  de  bonne  qualité ,  qui  a  les  qualités  requi- 
(es  par  les  Ordonnances.  Fendib'dis  ,  venalis.  Ce 
blé  eft  germé,  il  n'eft  pas  marchand ,  il  m'en  faut 
fournir  qui  foit  loyal  &  marchand.  Farines  marchan- 
des. De  la  Mare  ,  T.  II.  p.  732. 

On  appelle  un  vailleau  marchand  ,  un  vaifleau 
qui  n'eft  point  armé  en  guerre ,  qui  ne  fert  qu'au 
tranfport  des  marchandifes. 

On  dit  que  la  rivière  eft  marchande  ,  quand  elle 
eft  propre  pour  la  navigation  ,  quand  elle  a  alfez 
d'eau  pour  porter  les  bateaux  ,  quand  elle  n'eft  ni 
glacée  ,  ni  débordée. 

On  a  rendu  par  art  Se  avec  des  eclules  plulieurs 
rivières  marchandes  ,  en  des  lieux  où  elles  ne  l'étoienc 
pas  aupar.avant.  La  Loire  n'eft  pas  marchande  une 
bonne  partie  de  l'année  ,  à  caufe  de  fes  fables.  Les 


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villes  font  marchandes ,  quand  il  y  a  des  ports  de 
mei- ,  ou  de  grandes  vivicres  qui  tacilitenc  le  ciant- 
port  des  marchandiles. 

■gCr  On  appelle  place  marchande  ,  une  place  comniode 
pouf  vendre  de  la  marchandée. 

On  dit  aullî  1-igurémenc ,  qU'Un  homme  efl;  en  pla- 
ce marchande  ,  quand  il  eil  en  un  lieu  où  il  fe  peut 
l'aire  voir  ,&  entendre  de  plulieurs  pcrfonnes.  li.x- 
preilion  lamilière. 

Marchand  ,  ande.  Qui  fcnt  le  Bourgeois ,  qui  a 
quelque  choie  des  manières  d'agir  des  Marchands. 
Il  n'y  a  rien  de  plus  marchand  que  ce  procédé. 
Mol. 

Marchand,  f.  m.  Soxte  d'oifeau ,  qui  ne  vit  que  de 
bêtes  mortes.  Il  y  a  quantité  de  marchands  dans  l'ilc 
de  Cuba.  îjCTC'eftune  efpèce  d'épervierfort  commun 
dans  l'Amérique.  (Exmelin  en  diUingue  deux  efpè- 
ces.  Les  premiers  (e  nourriirent  de  bctcs  mortes.  Les 
autres  attaquent  les  veaux,  les  poulains,  &c. 

MARCHANDEMENT.  adv.  Ce  terme  n'ell  pas  ufi- 
té.  A  la  manière  des  Marchands  ;  comme  un  Mar- 
chand. Vivre  marchandement  ou  roturièrement ,  ne 
pas  vivre  noblement.  Cûut.  deChaumont  en  BaJJigny  , 
arc.  I  0 . 

MARCHANDER,  v.  a.  Faire  des  offres  pour  acheter 
quelque  chofe  ,  tâcher  de  convenir  de  prix.  Plu- 
fieurs  perfonnes  marchandent  cette  terre  ,  en  oftrent 
de  l'argent.  Preclum  offerre  j  mercari.  Il  y  a  des  gens 
qui  lont  long  temps  à  marchander ,  qui  ne  veulent 
pas  être  pris  au  mot. 

^lARCHANDER  ,  k  dit  aullI  au  figuré,  pour  tâcher  de 
gagner  ;  tâcher  d'obtenir  quelque  choie  ,  en  imitant 
ceux  qui  marchandent ,  qui  font  des  offres.  Mercari, 
Si  quelqu'un  vient  près  de  vous  marchander  votre 
cœur  pour  dentelle  ^  ou  rabis ,  réfutez  ces  préfens. 
Sar.  Avec  l'entreprife  de  ces  femmes  d'aftaire,on 
fait  un  mariage  comme  une  emplette;  on  marchan- 
de ,  on  lurfait ,  on  méfoffie  ,>  enfin ,  on  eft  pris  au 
mot.  Amus.  Ser.  &c  Com. 

Marchander  ,  fignifie  aullî.  Etre  irréfolu,  balancer 
encre  deux  partis.  Duhitare ,  hdrere.  Il  y  a  long- 
temps que  cet  Hérétique  marchande  à  fe  convertir. 
Nous  marchandons  mon  frère  &  moi ,  à  qui  parlera 
le  premier ,  &  nous  avons  tous  deux  quelque  chofe 
à  vous  dire. 

Je  me  meurs  ,  ceft  trop  marchander , 
Pour  vous  dire  ma  peine  cxtrènn.  Sar. 

Avant  que  d'entrer  en  étude , 

On  cherche  encore  à  marchander; 

//  faut  toujours   quelque  prélude  , 

Et  du  temps  pour  échafauder.  P.  du  Cerc. 

tfT  Dans  ce  fens  marchander  efl:  neutre. 

|tcr  On  dit  adivement  qu'on  n'a  point  marchandé 
quelqu'un  ,  qu'on  ne  le  marchandera  point ,  pour 
dire  qu'on  l'a  attaqué  ou  qu'on  l'attaquera  brufque- 
nient,  loit  de  bit  j  loit  de  paroles.  Prelfé  par  /on 
ennemi ,  il  ne  le  marchanda  point ,  &  le  tua  d'un 
coup  de  pifl;olet.  Il  lui  reprocha  fon  infidélité  en 
facej  lans  le  marchander.  Il  ne.  hwt  ^omx  marchan- 
der cette  place  ,  il  faut  l'attaquer  brufqucment.  Stylç 
de  conver'aiion. 

fS"  Corneille  a  employé  ce  mot  très-heureufement 
dans  Nicomède.  Leur  Flaminius  marchandait  Anni- 
bal.  Cette  cxprellion  populaire,  dit  Voltaire,  de- 
vient ici  très-énergique  &  très-noble  ,  par  l'oppofi- 
tion  du  grand  nom  d'Annibal  qui  infpire  du  ref- 
peél. 

?iCr  On  diroit  très-bien ,  même  en  profe ,  cet  Empe- 
reur ,  après  av#ir  marchandé  la  Couronne ,  trafique 
du  lang  des  nations. 

MARCHANDÉ  ,  ÉE.  part. 

MARCHANDISE,    f.  f.  Terme  collcdtif  qui  défigne 
toutes  les  chofes  qui  fe  vendent  Se  débitent  en  ma 
gafin  ,  en  boutique  ,  au  marché.  Merx ,  mercimonium. 
Cette  boutique   efl:  fort  achalandée  ,  on   n'y  vend 
que  de  bonnes  marchaniifcs.    On  le  dit  auOi-bien 


M  A  R 

des  petites  chofes  que  des  grandes,  des  draperies, 
foierics  ,  épiceries,  pelleteries,  ortévreries,  grains, 
&c. 

Marchandise  de  contrebande,  efl:  une /re^zrcAiîwt/i/ê 
1)^"  prohibée  ou  défendue  par  les  ordres  du  Souve- 
rain ,  toit  pour  l'entrée  &  la  lortie ,  loit  pour  le 
débit ,  le  port  &  l'ufagc  dans  l'étendue  de  fes  Etats. 
MtrK  pri^h'-hita.  Les  armes,  munitions,  inftrumens 
de  guerre  ,  &:c.  font  en  France  des  marchandifes 
de  contrebande  pour  la  fottic.  Plufieurs  étoffes  font 
marchandifes  de  concrehande  pour  l'entrée  j  le  dé- 
bit ,  le  port  &:  l'ulage.  Ce  mot  vient  de  l'Italiei» 
contrabando  ,  contre  le  ban  &  publication  des  dé- 
fenfes.  Les  livres  défendus  font  des  marchandifes  de 
contrebande. 

Marchandise  ,  fe  prend  quelquefois  pour  Trafic. 
Mercatura.  Faire  marchandifc.  Aller  en  marchandife. 
On  dit  figurément  ,  en  llyle  de  converfation  ^ 
Faire  métier  &  marchandife  de  quelque  choie  ;  pour 
dire  ,  faire  quelque  choie  ordinairement.  Il  fait  mé- 
tier ôc  marchandife  de  faufletés. 

Qu'un  honnête  homme  une  fuis  en  fa  vie  3 
Fafj'c  un  fonnet ,  une  ode  ,  une  élégie. 

Je  le  crois  bien  : 
Mais  que  l'on  ait  la  tête  bien  raffife  y 
Quand  on  en  fait  métier  &  marchandife  j 

Je  n'en  crois  rien.  Aeb.  R. 

On  dit  auffi  ,  Faire  valoir  fa  marchandife  ;  pour 
dire ,  fe  faire  valoir ,  faire  valoir  ce  qu'on  a ,  ce 
qu'on  dit ,  ce  qu'on  fait  ,  faire  valoir  fon  mérite. 
§3"  On  dit  d'un  vaiffcau  qui  efl:  arméj  &  en  état  de 
fe  détendre  ,  quoiqu'il  toit  chargé  de  marchandifes  , 
qu'il  efl  équipé  moitié  guerre  ^  moitié  marchandife. 
On  dit  proverbialement ,  Moitié  guerre  ,  moitié" 
marchandife  ,  quand  on  obtient  quelque  chofe , 
moitié  gré  ,  moitié  de  force.  Cet  homme  a  gagné 
cette  femme  ,  tant  par  argent ,  qu'à  force  de  cageol- 
lerie  ;  c'efl:  moitié  guerre  ,  moitié  maichandife.  On 
dit  auffi  ,  Marchandfe  qui  plaît ,  eft  à  demi-vendue. 
MARCHASITE.  f.  f.  Foyci  Marcassite. 
MARCHE.  (.  m.  Traité ,  convention  ,  accord  par  le 
moyen  duquel  on  achette,  ou  l'on  troque  quelque 
choie  J  ou  l'on  fait  quelque  aéfe  de  commerce.  Li^ 
citatio.  §C?  Ce  mot  te  dit  particulièrement  dans  le 
commerce,  des  conventions  que  les  Marchands  font 
les  uns  avec  les  autres  pour  fournitures ,  achats , 
ou  trocs  ,  moyennant  une  certaine  fomme.  Il  a 
fait  marché  de  cette  terre  à  cent  mille  écus.  Le 
marché  n'en  eft  pas  encore  rédigé  par  écrit.  Il  ne 
reviendra  pas  contre  un  marché  conclu.  Il  a  mis 
cette  condition  dans  fon  marché.  Je  lui  ferai  bien 
tenir  fon  marché.  Perfonne  n'eft  venu  fur  mon  mar- 
ché,  n'a  couru  fur  mon  marché  j  n'a  enchéri  fur 
moi.  Je  crois  avoir  fiit  un  bon  marché.  Faire  un 
faux  marche  ,  c'eft  être  trompe  en  quelque  achat. 

Borel  dérive  ce  mot  de  l'Hébreu  meiker ,  qui  fi- 
gnifie vente. 
Marché  ,  fe  dit  auffi  du  prix  de    la  chofe  vendue.' 
Emtionis  pretium.   Il    a  eu  grand  marché  de  cette 
Terre.  Les  vivres  font  à  bon  marché.  Dans  les  pro- 
vinces on  vit   à  grand  marché.  C'eft  un  prix  fait, 
un  marché  fiit.  Ils  tont  allés  boire  le  vin  du  mar- 
ché,  comme  font  quelques  Marchands  après  le  mat' 
ché  conclu. 
Marché  d'ouvrage.  C'eft  une  convention  par  écrie 
entre  l'Entrepreneur,  &  celui  qui  tait  bâtir  ,  tuivaiit 
les  defleins  ,  &  devis.  Licitatio ,  conventio.  On  fait 
marché  à  la  toife ,  c'eft-à-dire  ,  à  payer  un  certain 
prix   par  toile.  On  iYn  marché  la  clef  à  la  main  j 
c'cftà  dire  ,  que    l'Entrepreneur  s'oblige  à  fournir 
tout  ce  qui  ell  néccllaire  pour  la  conftrudion  d'une 
maifon.   §3"  On  appelle  marché  en  bloc  8c  en  tâ- 
che ,  celui  qui   te  fait  d'une  marchandite  fans  dif- 
tingucr  ni  féparer  le  bo!i  &  le  mauvais,  le  fort  Se 
le  foible.  Marché  au  rabais  ,  eft  un  marché  pour  les 
ouvrages  publics ,  &  qui  fe  fait  en  public  ,  <&:  par 

adjudication 


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adjudication  à  celui  qui  offre  de  foire  l'ouvrage  r.u 
nieiikur  marché. 
Marché  ,   fe  dit  rigurémciu  en  ce  km  de  ce  qui  ne 
c  )Litc  guère  à  obtenir,  dont  on  vient  facilement  à 
i'Oiir.  Ce  Général   a  eu  bon  marché  des  ennemis, 
lis   te  lont  mal  défendus.   Il  eut  bon  marché  d'une 
h  grande  Se  ii  mémorable  victoire.  Vaug.  La  mo 
dération  que  je    connois  eu  votre   elprit  ,  me  fait 
tfpércr   que  vous  aurez   meilleur  marché  de  cette 
aiiliclion  ,  qu'un  autre.  Voit.  Cette  cxprellion  n'clt 
guère  lérieule. 
03"  On  dit  fiire  aulTî  bon  marché  d'une  chofe  ,  la  pro- 
diguer ,  l'expofer.  Un  homme  qui  va  des  premiers 
aux  coups  j  fait  bon  marché  de  la  vie.  Un  ouvrier 
milérable  fait  bon  marché  de  la  peine.  Un  tel  fait 
bon  marche  de  la  réputation. 
Marché,  lignifie  aulli,  la  halle  j  le  lieu  où  l'on  étale  , 
où  l'on  vend  des  marchandites.  Forum.  Le  marché 
au  blé  ,  le  marché  aux  poirées ,  le  marché  aux  che- 
vaux ,  le  marché  Neuf,  le  marché  Palu  ,  font  des 
.     marches  de  Paris.  Dans  la  baile  Latinité  on  l'a  ap 
pelé  marchctum  ,  mercatwn  ,.  mcrcatus  &;  mercada. 
Cujas  remarque   que   le   marché  elt  diftérent  de  la 
foire  j  en  ce  que  le  marché  efl:  pour  une  ville  ,  ou 
un   lieu  particulier  ;  &  la  foire  regarde  toute  une 
province. 

Ce  mot  de  marché  fe  met  avec  un  datif  de  la 
chofe  qu'on  vend  dans  le  lieu  appelé  marché.  Mar- 
ché aux  herbes  ,  aux  bœuis  ,  aux  chevaux  ,  &c. 
Marché  des  herbes,  des  bœufs  ,  des  chevaux,  &:c. 
r.uroit  l'autre  fens  dont  on  a  parlé  aux  articles  pré- 
cedens.  Nous  allâmes  tenir  une  elpèce  de  marche 
ai.ix  chevaux.  De  Bussi. 
JvÎAnciiE  ,  fe  dit  auHî  du  temps  où  l'on  fait  la  vente. 
K:.ndLnarius  dies.  Il  y  a  dans  les  villes  deux  jours 
de  marché.  On  ne  doit  faire  les  ventes  à  l'encan 
qu'aux  jours  &  heures  du  marché.  L'heure  du  mar- 
che fe  palîè.  Les  marchés  &  les  foires  ne  fe  peu 
vent  établir  que  par  la  permiiîîon  du  Pvoi.  Fevret. 
Marché  ,  fe  dit  auffi  de  la  vente  &c  du  débit  qui  s'y 
fait  à  beaucoup  ,  ou  à  peu  d'avantage.  Mercatus. 
Il  (aut  voir  le  cours  du  marché.  Le  marché  n'a  rien 
valu  aujourd'hui.  On  doit  enregillrer  au  Grefte  le 
prix  courant  du  marché  des  grains ,  à  chaque  jour 
de  marché. 
Marché  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
appelle  un  marché  donné,  ce  qu'on  a  eu  à  fort 
vil  prix.  Un  marché  d'enfant  ,  un  marché  qui  n'a 
point  eu  d'effet,  dont  on  s'ell  dédit.  A  bon  payeur 
bon  marché.  On  dit  auffi ,  qu'un  homme  n'amende 
I  pas  Ion  marché  ,  quand  en  diftérant  la  conclufioii 

d'une  affaire ,  ou  en  faifant  quelque  inauvaife  dé- 
marche ,  il  ne  rend  pas  la  condition  meilleure. 
On  dit  auffi  en  menaçant  quelqu'un  ,  qu'il  le  payera 
plus  cher  qu'au  marché  ,  qu'il  fe  repentira  de  ce 
qu'il  a  fait.  On  dit  auffi  ,  Mettre  le  marché  à  la 
.  main  à  quelqu'un  ;  pour  dire  ,  lui  donner  le  choix 
de  conclure  ,  ou  de  rompre  IJCT  le  marché ,  l'enga- 
gement qu'on  a  pris  avec  lui.  C'eft  encore  lui  otfrir  de 
prendre  telle  voie  qu'il  voudra  pour  fe  iatisfaire. 
On  dit  auffi  ,  qu'un  homme  a  bientôt  frit  Ion  mar- 
ché ;  pour  dire  ,  qu'il  a  bientôt  pris  fa  réfolution. 
On  dit  encore  ,  Il  n'y  a  au  marché  que  ce  qu'on 
y  met ,  quand  on  fe  plaint  que  la  claule  de  quel- 
que contrat  eft  onéreufe.  On  dit  auffi ,  qu'on  n'a 
jamais  bon  marché  de  mauvaife  marchandife  ;  pour 
dire  ,  qu'on  achette  toujours  trop  cher  une  choie 
qui  ne  vaut  rien.  On  dit  auili  ,  qu'il  y  a  des  gens 
qui  le  ruinent  en  hons  marchés ,  parce  qu'ils  achet- 
tent  trop  de  chofes  ,  par  la  feule  raifon  qu'ils  les 
trouvent  à  bon  marché ,  8c  ne  peuvent  enluite 
s'en  défaire.  On  dit  auffi  ,  C'ell  marché  com- 
me de  raves , comme  de  paille;  pour  dire  ,  c'eft  grand 
marché.  On  dit  auffi  d'un  homme  qui  eft  forti  d'mi 
grand  péril  avec  moins  de  dommage  qu'on  ne  pen- 
loit  ,  qu'il  en  eft  quitte  ,  qu'il  en  eft  forti  à  bon 
marché.  On  dit  auffi  ,  Bon  marché  vide  le  panier  j 
mais  il  ne  remplit  pas  la  bourfe  ;  pour  dire  ,  que 
quand  un  Marchand  vend  trop  bon  marché  ,  il 
Tome  V, 


M  A  R         825- 

débite  bientôt  fa  marchandife;  mais  qu'il  fe  ruinc 
MAKCHE  RAOUL.  Abbaye  d'honnnes  de  l'Ordre  de 
Préniontré  ,  fondée  en  iiii.  dans  le  Vexin  Fran- 
çois, (ur  les  Frontières  duBcauvaifis.  Voyez  la  Def- 
crip.  Géograph.  &  Iliflor.  de  la  Hautc-Normandic , 
T.  11.  p.  p2. 
MARCHE,  f.  f.  Signifioit  autrefois  Frontière  ,  borne, 
limites,  confins.  Conjhùa  ,  limites  ,  fines.  Marca  j 
marchia.  Les  Marquis  étoient  les  Gouverneurs  des 
villes  lituées  fur  les  marches  ,  ou  frontières  d'un 
Etat.  C&  Le  Seigneur  qui  commandoit  fur  la  fron- 
tière ,  s'appeloit  Marchcus  ,  d'où  s'eft  formé  Mar- 
chis  ,  aujourd'hui  Marquis.  Le  Livre  de  M.  de  Marca 
lur  les  frontières  de  lEfpagnc  &:  de  la  France  eft 
intitulé:  Marca  hifpanica. 

De  ce  mot  eft  dérivé  celui  de  Comarca  Efpagnol , 
qui  lignifie  la  contrée  ,  les  terres  qui  font  aux  en- 
virons. 

Ménage  dérive  le  mot  de  marche  ,  de  mark.  Alle- 
mand j  qui  i\^^nïfic  frontière  ;  Se  Vollius  de  merken  , 
qui  lignihc    marquer.   D'autres  le  dérivent  du  Latin 
margo.  On  difoit  autrefois  warcAir  ,•  pour  dire  ,  Con- 
finer Se    aboutir ,    parce    que    les    bornes    éroient 
Appelées  marques  ^  d'où  eft  venu  \e  raot  de  marquer. 
Dans  la  balfc  Latinité  on  a   appelé  commarchia  ,  la 
frontière.    Foye:;^     Marchis.    Marches  ,   limites  , 
vient  du   mot  Breton  Mars  ,   qui  lignifie  la  même 
choie.  LociN.   Glojfaire. 
^fT  On  appelle  marches  communes  ,  certaines  paroif- 
fes  qui  .léparent  des  provinces  l'une  de  l'autre ,  ou 
les  chofes    par  moitié  indivifes,  &  dont  les  habi- 
tans  font  jufticiables  des  Jurifdicfions    de  l'une  & 
de  l'autre  province  ,  par   droit  de    prévention  ,   de 
JurildiCton  ;  enforte  que   la  Jurifdiéfion  qui  eft  la 
première  lailie  pour  quelque  demande  ou  plainte  j 
exclut  l'autre  d'en  connoître. 
Marche,  f.  f  Nom  qu'on  donne  à  quelques  provin- 
ces ,  parce  qu'elles  étoient  fronricres  ,  parce  qu'elles 
étoient  fur  les  limites  d'un  Etat ,  qu'elles  confinoient 
avec  des    Etats  voillns  &   appartenans    à    d'autres 
maîtres.  Marca,  limes ,  traclus.  La  Marche  d'Ancô- 
ne  J  en    Italie.     En  France ,   il  y  a  haute  &  balîe 
Marche ,    fituée  entre   le  Berri  &   le    Limolîn.  La 
Marche  Trévilane  ,   la  Marche  de  Brandebourg  ,  la 
Marche  en  Ecolîe  ,  province  méridionale  qui  con- 
fine à  l'Angleterre. 
Marche    avantagÈre.  On   nomme  ainfi  en  Breta- 
gne ,  en  Poitou  Se  en  Anjou  ,  les  limites  qui  fépa- 
rent  ces  trois  Povinces.  Elles  font  appelées  avanta- 
g'eres ,  à  caule  de  pluhcurs  privilèges  &  avantages 
dont    jouillent  les  habitans  des  Bourgs  &  Villages, 
qui    forment  la  ligne  de  et^marehes  j  dont  la  plu- 
part lont  lîtuées  dans  le  dép.mement  Se  la  direélion 
de  Montaigu. 
AiARCHE  ,  (\^)  province  de  France,  bornée  au  cou- 
chant par  le  Poitou  ,  au  nord  par  le  Berri ,  au  le- 
vant par   l'Auvergne  ,  &  au   midi  par  le  Limofin. 
Marchia  ,  Marcha  Gallica.  On  divife  cette  province 
en  haute  Se  balfe  Marche.  La  première  eft  au  levant, 
&:  l'autre   au  couchant.    Ses  lieux   principaux  font 
Guércr  ,  capitale.   Dorât,  Bélac,  Bourganeuf,  &c. 
Maty.  L'Auteur  de  la  vie  de  S.  Thibaut ,  Chanoine ^ 
marque  que  cette  province  a  été  ainfi  appelée,  parce 
qu'elle  étoit  aux  confins  du  Limofin  Se  du  Poitou. 
La  haute  Marche  eft  celle  qui  eft  dans  les  monta- 
gnes ;  la  baffe  Marche  ,  celle  qui  eft  dans  la  plaine. 
Valois,  Not.  G  ail.  p.  srj. 
Marche  d'Ancônej  de  Brandebourg ,  Trévifanej  cS,:c. 
Cherchez  AncÔne  ,  Brandebourg  ,  Trévisane  , 
&  ainfi  des  aurres. 
Marche.  Bourg  du  Duché  de  Bar,  en  Lorraine.  Mar- 
chia. Il  eft  entre  les  fources  de  la  Meufe  &  de  la 
Saône  ,    près  de  la  Champagne ,  à  treize  lieues  de 
Toul  ,  vers  le  midi.  Matv. 
Marche    d  Efpagne.    Marca  Hifpanica.  Q'e^Xe  nom. 
qu'on  a   donné  autrefois  à   la   Catalogne,  Se  aux 
autres  lieux  d'Efpagne  ,  voifins  de  la  France.  Voye^^ 
le  Traité  de  M.  de  Marca ,  intitulé  ,  Marca  Hif- 
panica. 

M  m  m  m  m 


%i6 


A4  A  R 


Marche  en  Famine  ,  ou  en  Famine.  Petite  ville 
avec  Prévôté.  Aïarca  ,  ou.  Marna  Famlna.  Elle  eft  dans 
le  Luxembourg  ,  province  des  Pays  Bas  ,  à  neut 
lieues  au  midi  de  la  ville  de  Liège  ,  vers  le  midi. 
Maty. 

M-ARCHE.  f.  f.  Adioii  par  laquelle  ou  fe  meut  en 
avant.  CtlT  Ce  terme  s'applique  aux  particuliers  j  mais 
plus  ordinauement  aux  perlonnes  attroupées  ,  à  une 
armée.  On  le  du  aulîî  des  procellîons  &  des  céré- 
monies folennellcs.  lur ,  via.  Nous  avons  été  huit 
jours  en  marche  ,  Après  tant  d'heures  de  marche. 
L'armée  eft  en  marche  du  côte  de  Flandre.  A  l'en- 
trée du  Roi  j  toutes  les  procellîons  de  la  ville  étoicnt 
en  marche  dès  cinq  heiuxs  du  matin.  Les  Compa- 
gnies Souveraines  furent  en  marche  après  les  Corps 
des  Marchands  éc  de  la  Ville.  L'ordre  de  la  marche 
iut  fort  beau  &  bien  oblervé.  Cette  marche  dura 
depuis  le  matin  jufqu'au  loir.  La  Noblelle  &  les 
Princes  fermoient  la  marche  ,  étoient  les  derniers. 
Ce  mot  en  ce  fens  vient  de  marcher. 

Marche  ,  fe  dit  aulU  quelquefois  de  la  traite,  du  chemin 
qu'on  fait  d'un  lieu  à  un  autre.  Iwr ^  via.  Ils  ont 
fait  une  longue  marche.  Il  y  a  tant  de  jours  de  mar- 
che ,  depuis  Alep  juiqu'à  Hilpahan. 

03°  En  termes  de  Guerre  on  appelle  une  marche  for- 
cée ,  celle  qui  eft  plus  forte  que  la  marche  ordi- 
naire qui  eft  de  trois  ou  quatre  lieues.  Lorfque 
dans  un  certain  efpace  de  temps  on  fait  faire  aux 
troupes  beaucoup  plus  de  chemin  qu'elles  n'en  font 
ordinairement  dans  le  même  eîpace  ,  c'eft  une  mar- 
che forcée. 

§C?  Les  marches  forcées  fatiguent  beaucoup  l'armée , 
ainlî  l'on  n'en  fait  faire  que  dans  des  cas  prellans  , 
pour  furprendre  rcnncmi  ,  pour  gagner  un  pofte 
avantageux ,  &c. 

§C?  On  appelle  faujfe  marche  ,  le  mouvement  que  fait 
une  armée  qui  feint  de  marcher  d'un  côté  ,  &  qui 
tourne  d'un  autre.  On  amule  fouvent  les  ennemis 
par  de  faillies  marches. 

1^ Battre  ,  lonner  la  marche,  C'eft  donner  par  le 
fon  des  trompettes  ou  des  tambours ,  le  lignai  aux 
troupes  pour  le  mettre  en  marche  j  Eundi  y  gra- 
diendi  Jignum  dare  ,  canere. 

^fj  On  appelle  aulli  marche ,  un  air  de  mufique  com- 
pofé  pour  caratlérilcr  la  marche  de  certaines  trou- 
pes. On  dit  dans  ce  lens  la  marche  des  Mou(quetai- 
res.  La  marche  des  Suilles.  Il  y  a  une  belle  marche 
dans  l'Opéra  de  Thélée. 

Marche.  On  dit  figurément  ,  Cacher  (a  marche  ,  pour 
dire  ,  cacher  les  melures  qu'on  prend.  Tous  deux 
C  M.  Fléchier  &  M.  Bolfuet)  dévoilent  un  peu  trop 
le  méchanifme  de  leuL  OTiZ/tAt;.  Idée  des  Orais.  Fu- 
nèbres. "^ 

Marche.  Au  jeu  des  échecs ,  on  appelle  marche  ,  le 
mouvement  que  peuvent  faire  les  pièces.  Je  ne  lai 
pas  les  échecs  j  j'en  lai  leulement  la  marche.  Acad. 
Franc. 

Marche,  feditaulll  entre  Chadeurs  j  des  vertiges  de 
la  loutre  ;  comme  pied  ou  toies ,  des  \  eftiges  du  cerf. 
NicoD.  yejîigia  ,  pedcs. 

Marche,  fignihe  aulli  un  degré  lur  lequel  on  pofe  le 
pied  ;  une  partie  d'un  etcahcr  lur  laquelle  on  pofe 
le  pied  pour  monter  ou  pour  dekendre.  Gradus.  On 
fait  des  marches  de  pierres  ,  de  bois  ,  de  marbre  ,  de 
gazon  dans  les  jardins.  On  diftingue  les  diftérentes 
marches  ,  qu'on  appeloit  autrefois  degrés ,  par  leur 
hauteur  ,  &  leur  giron  ,  c'eft  à  dire  ,  par  leur  lar- 
geur. On  appelle  marche  carrée,  ou  droite,  celle 
dont  le  giron  eft  contenu  entre  deux  lignes  parallèles. 
Marche  d'angle  ,  celle  qui  eft  la  plus  longue  d'un 
quartier  tournant  :  marches  de  demi-angle ,  les  deux 
plus  proches  de  la  marche  d'angle.  Marches  giron- 
nées  _,  celles  des  quartiers  tournans  des  cfcalicrs 
ronds  ,  ou  ovales.  Marches  délardées  ,  celles  qui 
font  démaîgries  en  chamfrein  par-dell'ous,  &  por- 
tent leur  délardement ,  pour  former  une  coquille 
d'cfcalier.  Marches  coulées  ,  celles  qui  ont  une 
moulure  avec  filets  au  bord  du  giron.  Marches 
courbes ,    celles  qui  iont   cintrées   en  devant  ,    ou 


M  A  R 

en  arrière.  Marches  rampantes  ,  celles  dont  le 
giron  fort  large  ,  eft  en  pente  ,  &  oti  peu- 
vent monter  les  chevaux.  On  appelle  marches  de 
ga^on  ,  celles  qui  forment  des  perrons  de  gazon 
dans  les  jardins  ,  &:  dont  chacune  eft  ordinaire- 
ment retenue  par  une  pièce  de  bois  ,  qui  en  fait  la 
hauteur.   Daviler. 

Marche  ,  fe  dit  aulli  des  pièces  de  bois  fur  lefquelles 
pluheurs  Ouvriers  pofent  les  pieds  pour  faire  mou- 
voir leurs  métiers  en  diverlcs  manufactures  ,  com- 
me les  Tourneurs  ,  les  Tillcrands  ,  Tilfutiers  ,  & 
Ouvriers  en  foie. 

Marche,  lignifie  aulli  chaque  touche  d'un  cLavier  d'or- 
gue ,  d'épinctte,  ou  de  claveftln.  ^Jjula^  palmula  ^ 
indicula. 

Marche,  en  termes  de  Blafon  ,  fignifioit  autrefois  la 
corne  du  pied  des  vaches. 

MARCHECOULIS.   Voye^  Machecoulis. 

MARCHENA.  Petite  ville  de  l'Andaloulie  ,  en  Efpa- 
gne.  Marchena  ,  Marcïa  j  ou  Machiana  Colonia. 
Elle  eft  à  quatre  lieues  d'Olîune  ,  au  couchant ,  tirant 
vers  Séville.   Maty. 

MARCHENOIR.  Lacus  ,  niger  ,  Mari/eus  niger , 
Marchefneium.  Ce  lieu  eft  dans  la  Beauce  ,  entre 
la  Loire  &  le  Loir ,  ou  entre  Chiteaudun  ôc  Bau- 
genci. 

Ce  mots'eft  fait  de  Mari  feus  niger,  c'eft-à-dire. 
Marais  noir ,  Valois  ,  Noc.  Cal.  p.  ji y. 

MARCHE-PALIER,  f.  m.  I^larche  qui  fait  le  bord 
d'un  Palier. 

MARCHEPIÉ,  ou  plutôt  MARCHEPIED,  f.  m.Sca- 
bellum  ,  fcamnuni.  Petite  marche  ou  elcabeau  qu'on 
met  ious  les  pieds  pour  s'élever  ,  ou  pour  empêcher 
qu'on  ne  touche  à  terre.  Il  faut  monter  (ur  ce  marche- 
picd pout  atteindre  à  cette  tablette.  Auxcarrolles  il  y 
a  un  marchepied  ou  plancher  pour  fourenir  les  pieds 
du  Cocher  ,  en  Grec  ù^iraocio» 

Marchepied,  eft  aullî  une  manière  de  petite  eftrade 
Ious  des  formes  de  chœur ,  œuvres  d'Eglile  ,  ou  con- 
fellional  j  ou  tout  autre  ouvrage  de  menuilerie. 
fubfellium. 

On  s'en  fert  figurément.  L'Écriture  dit  que  la 
terre  eft  le  marchepied  du  Seigneur  ,  que  c'eft  l'ef- 
cabeau  de  fes  pieds.  Scabellum  pedum.  Siéds-toi  à 
ma  dextre,  dit  Dieu  à  Jésus  -Christ  ,  juiqu'à  ce 
que  j'aie  mis  tes  ennemis  pour  le  marchepied  de 
tes  pieds. 

Marchepied,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  des  corda- 
ges qui  font  au  deftous ,  &  à  l'arrière  des  vergues ,  qui       jj 
fervent  aux  Matelots  à  ferler ,  &    à  déferler  les  voi- 
les. Scandulani.  funes. 

Marchepied,  ledit  aullî  des  bords  des  rivières  qu'on 
doit  lailler  libres  pour  faciliter  la  navigation  ,  &  pour 
faire  remonter  les  bateaux.  Ora  fluminum  pervia. 
L'Ordonnance  enjoint  aux  River.ains  des  rivières  na- 
vigables ,  de  lakier  des  deux  côtes  des  marchepieds 
de  la  largeur  de  trois  toiles.  Les  Seigneurs  dans  leur 
Jurillticfion  ,  font  tenus  d'entretenir  de  bonnes  plan- 
ches &  ponts  lur  les  ruiffeaux  &  fofTés  traverlans 
les  marchepieds  ou  chemins  du  h.âle  des  bateaux. 

MARCHER.  V.  n.  Faire  des  pas  en  avant  ,  ou  en 
arrière  ,  pour  fe  tranlporter  d'un  lieu  à  un  autre. 
Ingredi ,  ambulare  ,  ire ,  pergere.  On  marche  natu- 
rellement ,  dit  S.  Auguftin ,  &  fans  qu'il  foit  be- 
foin  de  préceptes.  Il  ne  ferviroit  de  rien  pour  ap- 
prendre à  marcher,  de  dire  ,  par  exemple  ,  qu'il 
faut  envoyer  des  elprits  en  certains  nerfs  ;  remuer 
certains  mufcles  ;  de  faire  certains  mouvemens  dans 
les  jointures  ■■,  mettre  un  pied  devant  l'autre ,  &  fe 
repofer  fur  l'un  pendant  que  l'autre  avance.  On 
peut  bien  former  des  règles  en  oblervant.ee  que  la 
nature  nous  fait  faire  ;  mais  on  ne  fiit  jamais  ces 
aétions  par  le  fecours  de  ces  règles.  Log.  Cet  enfant 
commence  à  marcher  tout  feul.  Ce  malade  marche 
fins  bâton.  Cet  homme  marche  bien,  marche  àvoit, 
marche  ferme  :  cet  autre  marche  doucement  j  légè- 
rement :  on  diroit  qu'il  craint  de  fouler  la  terre. 
La  Br.  Il  marche  gravement  ,  majeftueufement  ; 
il  marche  à  petits  pas ,  à  pas  comptés  ,  à  pas  de  tor- 


M  A  R 

tue.  Les  animaux  marchent  à  quatre  pattes  ,  les  écfe- 
villcs  marchent  à  reculons.  Oji  dit  qu'on  marche  à 
faux  ,  quand  on  marche  lur  quelque  choie  qui  man 
que  fous  les  pieds.  On  dit  auilij  .qu'une  pei(onnc 
marche  bien ,  quand  elle  a  bonne  gniee  à  marcher. 
On  le  dit  auili  des  perlonnes  qui  marchent  avec 
atl'edation.  On  dit  qu'une  homme  marche  toujours 
bien  accompagné  ,  pour  dire  ,  qu'il  mène  toujours 
.avec  lui  des  gens  capables  de  le  dét'endte. 

M.  l'Abbé  Le  Gendre  j/'.  çj.  des  Mœurs  lV  Cou- 
tumes des  François,  i/2-/ J.Paris  i/i  i.  a  péché  contre 
La  Grammaire  ,  en  dil'ant  :  Le  Roi  prit  cette  excufc 
.pour  un  reproche  qu'on  lui  faifoit  de  n'être  pas  /ntzr- 
cAe  en  perfonne.  Il  folloicdire  ,  de  n'avoir  pas  mar- 
ché. M.  Reftaut  dans  (a  Grammaire  Françoifc ,  fait 
à  ce  (ujet  une  bonne  oblcrvation  ,  qui  autorifb  ma 
critique.  Les  verbes  neutres  ,  dit  il  ,  dont  les  par- 
ticipes palîIFs  lont  adjcétifs  déclinables  ,  c'eft-à  dire  , 
peuvent  être  joints  à  des  ("ubltantiFs  mafculins  ou 
féminins,  avec  des  terminaifons  diftérentes  pour  le 
genre  Se  pour  le  nombre  ,  fe  conjuguent  avec  l'auxi- 
liaire être  ■  au  lieu  que  les  verbes  neutres ,  dont  les 
participes  pallifs  font  indéclinables ,  &  ne  peuvent 
être  joints  à  aucun  nom  fubftantif  ,  fe  conjuguent 
avec  l'auxiliaire  avoir.  Ainlî  les  verbes  tomber  arri- 
ver,  fe  conjuguent  avec  l'auxiliaire  être  ;  parce  qu'on 
peur  dire,  un  homme  tombé ,  une  femme  tombée ,  un 
homme  arrivé ,  unejemme  arrivée  ,  &  en  conléquen- 
ct  i  me  voilà  tombé  j  me  voilà  arrivé.  Régner  &  dor- 
mir ,  au  contraire ,  ie  conjuguent  avec  l'auxiliaire 
avoir  ,  parce  qu'on  ne  peut  pas  dire  ,  un  homme  ré- 
gné ,  une  femme  régnée  ,  un  homme  dormi  j  une  fem- 
me dormie  ,  ni  conféquemment ,  me  voilà  régné , 
me  voilà  dormi. 

Ce  mot  vient  du  Latin  varicare  ,  qui  fignifîe  enjam- 
ber,  pajfer  un  pied  devant  l'autre.  Ménage. 
Marcher  ,  (e  dit  aulîî  des  voitures.  Iter  facere.  Les 
coch'es  &  carolFes  marchent  les  fctes  aullî  bien  que 
les  autres  jours;  ils  marchent  atitanc  de  nuit  que  de 
jour  en  hiver  ;  en  été  ils  marchent  à  la  fraîcheur. 
On  dit  qu'un  homme  marche  ,  quoiqu'il  foit  à 
cheval. 
Marcher  ,  fignifie  auflî ,  Aller  bien  du  pied.  Ce  va- 
let marche  bien ,  il  fait  i  j  ou  lo  lieues  par  jour  ;  il 
marche  comme  un  Bafque  ,  comme  un  chat  maigre. 
Marcher  ,  le  dit  aulli  des  Armées  &  des  Corps  qui 
marchent  en  rang.  Ingredi  j  incedere  ,  procedere. 
L'Armée  marchoit  en  ordre  de  bataille  ,  elle  mar- 
chait fur  trois  colonnes.  Il  y  avoit  tant  d'efcadrons  , 
de  bataillons  qui  marchoient  de  front.  Cette  Procef- 
fion  marchoit  en  belle  ordonnance.  Tous  les  Corps 
marchoient  en  ordre  à  cette  cérémonie. 

En  ce  fens    on  le  dit  des  préléances.  C'efl;  tenir 
un  certain  rang   dans  les  cérémonies.   LaChambre 
des    Comptes   marche   à   côté   du   Parlement.    Ces 
Compagnies  marchent  devant  tous  les  autres  Corps. 
Il  veut  avoir  le  pas  devant,  marcher  devant  lui.  Il 
faut  marcher  dans  l'ordre  de  réception.  On  dit  aullI 
que  le  Confeil  marche  ,  que  la  Chancellerie  marche  , 
quand  ils  (ont  commandés  pour  aller  à  la  fuite  du 
Roi  en  quelque  voyage. 
|jO"On  dit  marcher  fur  quelque  chofe,  mettre  le  pied 
delFus  en   marchant.  Pedibus  ohterere.  Marcher  fur 
le  pied  de  quelqu'un ,  iur  fa  robe.  Marcher  à  terre. 
^3"  On  dit  figurément ,  mais  familièrement  ,  de  quel- 
qu'un ,   qu'il  eft  dangereux  de  choquer  j  Qu'il  n'elf 
pas  homme  à  fe  lailler  marcher  fur  le  pied. 
Marcher,  fe  dit  aullî  en  parlant  du  mouvement  des 
chofes   inanimées.  Incedere  ,  progredi.  Saturne  mar- 
che le  plus  lentement  de  toutes  les  planètes.  Conii 
dérons  les  aftresqui  ;;zar6-/^€:2rlur  nos  têtes  avec  tant 
d'ordre   &  de    régularité.   Jaq-  Cette    horloge    ne 
marche  pas  toujours ,  elle  s'arrête.  Le  Rhône  mar- 
che fort  rapidement. 
IJCTCe  verbe   reçoit  plufieurs   acceptions   au    figuré. 
Marcher  droit ,  c'eft  faire  bien  fon  devoir.  Faire  mar 
cher  droit ,  c'eft  obliger  quelqu'un  à  le   faire.    Ce 
Maître  eft  févcre ,  il  laut  marcher  droit  devant  lui. 
Cette  affaire  marche  bien^  eft  bien  conduite.  Bdlc 
Tome  V, 


MA  R  827 

procedit.  Il  y  .1  des  allaites  qui  marchent  toutes  feu- 
les ,  qui  n'ont  befoin  ni  de  foins,. ni  de  follicita- 
tions  pour  aller  leur  train.  Les  peuples  marchoient 
chacun  eu  la  voie  ,  Hc  oublioient  celui  qui  les  avoit 
faits.  Boss.  Toux  marche  par  ordre  en  cette  maifon  j 
elle  eft  bien  réglée.  Ce  difcours  ,  ce  raifonncment  , 
cette  tragédie  ,  marchent  bien  ,  pour  dire  ,  ont  une 
belle  luite  ,  un  bel  ordre  .  ^.fj"  une  diftribution  juftc. 
On  le  dit  de  même  des  vers  qui  ont  une  belle  ca- 
dence ,  &  d'une  période  qui  eft  bien  nombreufe. 
Il  faut  marcher  dans  le  monde  comme  dans  un  pays 
ennemi.  S.  EvR.  La  railon  eft  un  guide  pour  wjr- 
cher  avec  plus  de  sûreté  dans  les  diverfes  routes  de 
la  vie  ,  où  il  eft  fi  aifé  de  s'égarer.  La  Pl.  Je  ne  fais 
fi  le  terrain  de  la  Cour  eft  bien  folide  ;  mais  j'ai 
vu  de  nouveaux  débarqués  y  /^Zi^rcAfr  avec  confiance  , 
&  de  vieux  routiers  n'y  marcher  qu'en  tremblant. 
Amus.  Sér.  &  CoM.  On  ne  lauroit  allez  s'éton- 
ner de  rimprudence  avec  laquelle  les  hommes  mar- 
chent vers  la  mort ,  qui  les  lait  entrer  dans  l'abymc 
de  l'éternité.  La  Pl. 

On  dit  aullî  ,  qu'un  homme  marche  à  tâtons  dans 
une  affaire  ,  quand  elle  eft   oblcure  &  difficile ,  & 
quand  on  en  laille  conduire  une  partie  au  hafird. 
(CF  C'eft  manquer  des  lumières    nécelîaires  pour    s'y 
bien    conduire.   Marcher   fur    des  épines  ,   c'eft  fe 
trouver  dans  une  conjoncture  délicate.  Marcher  en- 
tre des  précipices,  c'eft  fe  trouver  engagé  dans  des 
conjondiures  périlleufes. 
Marcher  ,   fe  dit  aulli  de  l'ordre  ,  du  rang  que  les 
choies  doivent  garder.  Procedere.  Il  faut  que  l'aînée 
marche  devant  fa  cadette.   On  le  dit  .aullî  de  la  mort. 
Un  vieillard  doit  marcher  devant  un  jeune  homme. 
Les  hommes  marchent  incelïàmment  vera  \x  mort  j 
la  loi  de  la  nature  les  prelle ,  &  ne  leur  permet  pas 
de  s'arrêter.  Nie.  On  dit  aulîî ,  que  deux  chofes  mar^ 
chent  enlemble  ,  quand  elles   ne  vont  guère  l'une 
fins  l'autre.  La  vaillance  &  la  juftice  lont  deux  ver- 
tus qui  ne  marchent  guère  enlemble.  Voit.   On  dit 
aulîî  de  deux  choies ,  qu'elles  marchent  du  même 
pied  J  quand  elles  font  également  du  progrès.  On  dit 
qu'un  homme  marche  à  grands  pas  à  l'Évêché  ,  aux 
charges,  aux  dignités;  pour  dire,  que  fon  mérite, 
la  faveur  pu  la  fortune  le  mettent  en  état  d'y  parvenir  : 
qu'il  marche  à  l'immortalité,  à  la  gloire  ;  pour  dire  qu'il 
fe  rend  illuftre  par  fes  aéfions  ,  par  les   ouvrages. 
Il  marche  fur  les  pas  de  fes  Ancêtres  ,  fur  les  pas  de 
Céfir  &  d'Alexandre ,  d'Homère   &    de    Virgile  , 
c'eft-à  dire  ,  il  les  imite  ,    il  luit  leurs  traces. 
0CF  Marcher  après  quelqu'un  ,    le  Inivre    de    près. 
Infequi.  On  dit  d'une  fille  déjà  grande,  qu'elle  mar-< 
che  lur  les  talons  de  fa  mère  ,  pour  dire ,  que  la  mère 
doit  longer  à  l'étabhr  :   qu'une  cadette  marche  lur 
les  talons  de  fon  aînée  ,  qu'elle  la  fuit  de  fort  près, 
quant  à  l'âge.  Cela  eft  familier. 
Marcher  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Ils 
marchoient   deux  à  deux  comme   Frères    Mineurs , 
pour  dire,  en  ordre.  On  dit  aulîî  d'un  homme  qui 
eft  bien  obligé  à  un  autre,   qu'il  dcvroit  baifer  tous 
les   pas  par   où   il    marche.    On  dit  aulîî  ,    Quand 
l'argent  marche ,  tout  va  bien  ,  pour  dire  ,  quand  ou 
veut  bien  employer  de  l'argent  en  une  aftaire,  elle 
réulîît.  On  dit  aulîî  ,  qu'un  homme  marche  fur  des 
épines  ,    fur   des    précipices  ,    qu'il  marche  fur.  des  ^ 
aufs  ,  pour  dire  ,  qu'il   va  lentement  &  avec  cir-  ' 
confpedion  en  des  aflàires  délicates  &  dangereufes. 
On  dit  aulîî  à  un  homme  de  mauvaife  humeur  ,  Sur 
quelle  herbe  avez-vous   marché  aujourd'hui? 
Marcher  l'étofte  d'un  chape.au.  Terme  de_  Chapelle- 
rie. C'eft  manier  avec  les  mains  ,  foit  à  iroid  fur  la 
claie ,  foit  à  chaud   fur  le  balîîn  ,   l'étoffe  ,  c'eft- àr- 
dire  ,   le   poil  dont  on  a  drellé  les  quatre   capades 
d'un  chapeau  avec  l'arçon  ou  le  tamis.  Dans  ce  feijs 
il  eft  aaif. 
§3"  Marcher  ,  Chez  les  Potiers  de  terre  ,  c'eft  fouler 
la  terre  avec  les  pieds,  après  qu'elle  a  trempe  pen- 
dant quelques  jours  dans  l'eau.  L'Ouvrier  qui  pétrit 
ainh  la  terre  ,  s'appelle  Marcheur. 
Marcher,  f.  m.  Adion  d'un  homme  qui  marche.  In- 

Mmmmni  ij 


828 


M  AR 


ceffus ,  grejfus.  J'ai  connu  cet  homme  par  dcrricre 
à  Ion  niaixha.  Voy.  le  veibc. 

MARCHÉROUX.  Nom  d'un  vilLige  avec  Abbaye. 
Marchafium  Radulphi.  Il  clt  dans  le  Gouvernement 
de  l'île  de  France  ,  à  ttois  lieues  de  Beauvais ,  du 
côte  du  couchant.  Maty.  C'eft  une  Abbaye  de  Pré- 
moncrés  fondée  en  1 1 22.  dans  le  Diocèfe  de  Rouen. 
Du  mot  Latin  on  a  fait  Marchais  Raoul ^  Marche - 
roui  ,  Marchcrous  ,  comme  Châteaurous  de  Caf- 
trum  B.adulphi.    Valois  ,   Noc.  Gall.  p.  344. 

MARCHES.   Voyei  Merche. 

MARCHESSE.  1.  f.  Vieux  mot ,  qui  s'eft  dit  pour 
MarsÈche  quieftà  préfent  en  ufage.  Voy.  ce  mot. 

MARCHESVAN.  1".  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom 
du  8"=  mois  des  Hébreux  ,  qui  répondoit  en  partie 
à  notre  mois  d'Oélobre,  &  en  partie  à  notre  mois 
de  Novembre.  Il  fe  nommoit  autrement  Bul.  Le 
mois  Marchefvan  n'avoit  communément  que  29 
jours;  mais  quelquefois  on  lui  en  donnoit  30  ,& 
alors  l'année  avoit  355'  jours  j  au  lieu  qu'elle  n'en 
avoit  communéiuent  que  5  54 ,  &  fi  elle  étoit  em- 
bolifmique,  elle  en  avoit  385  ,  au  lieu  que  les  an- 
nées embolilmiqucs  ordinaires  n'en  avoient  que 
384.  ^ojf^  Jacob.  Chrillmanus,  de  Calendario 
Hehraorum,  p.  z^s-  H  y  e"  ^  1"'  mettent  le  com- 
mencement de  Marchefvan ,  au  14  d'Oélobre. 

MACHETTE,  f.  f.  Terme  d'Oifelier.  C'eft  un  petit 
bâton  qui  tient  en  état  une  machine  ,  fur  laquelle 
l'oifeau  venajit  à  marcher ,  fe  prend  ,  ou  du  moins 
il  fait  que  la  machine  (e  détend  ,  &  fe  met  au  ha- 
(aid  d'être  pris.  Kcruculum  decipula. 

IJCF  Marchftte.  C'eft  ainh  qu'on  appeloit  en  Angle- 
terre ,  le  droit  de  prélibation  ,  droit  étrange  que  s'ar- 
rogeojcnt  les  Seigneurs  de  coucher  .avec  leurs  valFales 
roturières  la  première  nuit  de  leurs  noces. 
MARCHEUR ,  EUSE.  f.  Qui  va  bien  du  pied.  Homo 
agili  pedc.  Il  ne  fe  dit  guère  qu'avec  une  épithète , 
pour  défigner  celui  qui  marche  beaucoup  ,  ou  qui 
marche  peu.  Ce  vieillard  eft  un  mauvais  marcheur. 
Les  femmes  ne  font  pas  bonnes  marcheufcs ,  il  leur 
faut  toujours  des  carrolles,  des  voitures.  Il  eft  du  ftyle 
familier. 

ffTOn  donne  ce  nom  dans  les  Tuilleries  à  l'ouvrier  qui 
paîtrit  la  terre  ,  qui  en  fait  la  pâte  propre  à  être  mou- 
lée. Comme  c'eft  avec  le  pied  qu'il  la  paîtrit ,  on  lui 
a  donné  le  nom  de  marcheur. 

MARCHIENNES.  Nom  d'un  bourg  avec  Abbaye. 
Marcian£  ,  MartiariA  ^  Marcen&.  Il  eft  dans  la  Flan- 
dre ,  fur  la  Scarpe  ,  entre  Douay  &  S.  Amand.  Ce  lieu 
eft  diftérent  de  Marchienne  au  Pont ,  litué  fur  la  Sam- 
bre  ,  à  une  lieue  au-dclFus  deCharleroi.  Maty.  L'Ab- 
baye de  Marchiennes  a  été  fondée  par  S.  Amand. 
Valois  ,  Not.  Gall.  p.  31  s. 

MARCHIS.  f.  m.  Marchio.  C'eft  ce  qu'on  appelle 
maintenant  Marquis.  On  appelle  marches  ,  ou  terres 
marchi [jantes  ,  toutes  les  terres  limitrophes,  &  ceux 
qui  les  pollèdent  Marchis.  Ainli  le  Duc  de  Savoie 
qui  tient  les  Marches  d'Italie  ,  fe  dit  Marchis  en  Ita- 
lie ;  le  Duc  de  Lorraine  Marchis  en  Allemagne, dont 
il  tient  les  Marches.  Le  pays  de  la  Marche  au  Pays- 
Bas.  Il  y  a  une  terre  nommée  les  Marches  ,  à  l'extré- 
mité de  la  Savoie  ,  pour  entrer  dans  le  Dauphiné. 
Voye:^  Marche. 

Les  Ducs  de  Lorraine  ,  de  la  dernière  Maifon  ré- 
gnante ,  ont  toujoius  porté  dans  leurs  qualités  le  nom 
de  Marchis.  En  cette  qualité  ,  ils  étoient  comme  les 
Grands -Voyers  de  l'Empire  au -deçà  du  Rhin  ,  & 
étoient  chargés  de  la  Sauvegarde  &  Intendance  des 
grands  chemins  ,  <&  des  routes  par  terre  &:  par  eau 
dans  cette  vafte  marche  ,  qui  s'étend  depuis  le  Rhin 
julqu'à  la  Meufe  ,  &  qui  lépare  les  deux  grandes 
Monarchies  de  l'Empire  d'Allemagne  ,  &  du  Royau 
me  de  France.  Dijfercationfur  les  grands  chemins  de 
Lorraine ,  Brochure  in  4°.  Nanci ,  1727.  Cette  Dif 
fertarion  eft  bien  travaillée  ,  &  pleine  de  reclierchcs 
cuiieufes.  On  ne  s'en  étonnera  pas  ,  quand  on  liiura 
qu'elle  a  été  faite  par  le  célèbre  Dom  Calmet ,  Abbé 
de  Senoncs. 
MARCHPURG.  Nom  d'une  petiteville  du  Cercîed'Au- 


M  A  R 

triche.  Marchpurgum  ,  Marcopurgum  ,  Maniana  caf- 
tra  ,  Marjena.  Elle  eft  dans  la  Stiric  ,  lur  la  Drave  ,  à 
cinq  lieues  de  Pettau  ,  vers  le  couchant.  Il  y  a  dans 
cette  ville  un  bon  château  ,  qu'on  avoit  bien  fortifié  , 
lorlque  les  Turcs  tenoient  Canila. 

MARCIAGE.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Droit  de 
marciage  _,  eft  un  droit  qu'un  Seigneur  cenfier  & 
dire6t  prend  en  retirant  de  crois  années  ,  la  dépouille 
d'une  pour  les  fruits  naturels  de  la  terre  ,  comme 
laules ,  prés  ,  &c.  ou  la  moitié  des  fruits  pour  les  biens 
d'induftrie  ,  comme  terres  labourables,  vignes. 

MARCIAIGE  ,  MARCIER.  f.  m.  Termes  de  Coutu- 
mes i  qui  fignifient  la  même  chofe  que  Marciage. 
Voyez  ce  mot. 

MARCIGLIANO.  Nom  d'un  bourg  de  la  Terre  de  La- 
bour. Marcilianum.  Il  eft  au  feptentrion  de  la  ville 
de  N.iplcs ,  entre  Acerra  &  Nola.  Maty. 

Marcigliano  vecchio.  Ceft-à-dire  ,  Marcigliano  le 
vieux.  C'étoit  autrefois  une  petite  ville  de  la  Sabine. 
Crujlumeria  ,  Crujlumerium.  Ce  n'eft  maintenant  qu'un 
village  ,  fitué  (ur  le  Tibre  j  à  crois  lieues  au  deflus  de 
Rome.  Maty. 

MARCIGNY.iVf(zra/ZMca;n.  Nom  d'un  bourg  du  Duché 
de  Bourgogne ,  fitué  fur  la  Loire  j  à  deux  lieues  de 
Semur ,  du  côté  du  couchant. 

MARCILLAC.  Marciliacum.  C'eft  une  ancienne  Vi- 
comte ,  qui  a  aujourd'hui  titre  de  Principauté.  Elle  eft 
à  la  branche  Ducale  de  la  Mailon  de  la  Rochefou- 
cault  J  dont  l'aîné  porte  ordinairement  le  titre  de 
Prince  de  Marcillac.  C'eft  un  ancien  château  ,  Caf- 
trum  Marciliacum  ,  fitué  entre  la  Charente  &  une 
petite  rivière  qui  tombe  dans  celle  ci. 

Il  y  a  encore  Marcillac  ,  ou  Marfàlac  ,  dans  le 
Querci ,  fur  la  Selle  ,  où  il  y  a  une  Abbaye  de  même 
nom.  Marciliacum.  Il  eft  à  quatre  lieues  au  couchant 
de  Cahots.  Corn. 

Il  y  a  aulll  Marfîllac  ,  bourg  dans  le  Rouergue  , 
entre  le  Lot  au  midi ,  &  Rhodes  au  feptentrion.  Mar- 
ciliacum. 

MARCILLY.  Nom  de  lieu  ^  qu'on  appelle  Marcilly 
fur  Jubé  ,  ou  Marcilly  ou  fauc  Aube  ,  ou  Marcilly 
fur  Seine  ,  parce  qu'il  eft  au  confluent  de  ces  deux 
rivières.  Marcelliacum.  Voyez  Valois  j  Not.  Gall. 
p.  jry. 

MARCIONITES  ,  ou  MARCIONISTES.  Nom  d'une 
des  plus  anciennes  &  des  plus  pernicieul'es  leéles  qui 
ait  été  dans  l'Eglile.    Alarcionijlie.  Ils  étoient  répan- 
dus ,  au  temps  de  S.  Epiphane  ,  dans  l'Italie ,  dans 
l'Egypte  ,  la  Palcftine  ,  la  Syrie  j  l'Arabie  j  la  Perfe  , 
&  dans  plulîeurs  autres  pays.  Marcion  ,  qui  a  été 
l'Auteur  de  cette  ledtc  ^  étoit  de  la  province  du  Pont; 
c'eft  pourquoi  Eufèbe  l'appelle  le  loup  du  Pont.  Il 
étoit  fils  d'un  très-  laint  Evêque  j  &  dès  fa  jeanelîè 
il   fît  profellion  de  la  vie  monalbque  ;  mais  ayant 
débaucl*;  une  fille  ,  il  fut  excommunié  par  Ion  pro- 
pre père  ,  qui  ne  voulut  jamais  le  rétablir  dans  la 
communion  de  l'Eglile  ,  quoiqu'il  fe  fût  fournis  à  la 
pénitence.  C'eft  poutquoi  ayant  abandonné  Ion  pays, 
il  s'en  alla  à  Rome  ,  où  il  fema  les  erreurs.  Il  ad- 
mettoit  deux  principes  ,  un  bon   &  un  mauvais.  Il 
nioic  la  vérité  de  la  nailfance  iJc  de  la  chair  de  Jesus- 
Christ  ,  dont  il  avouoit  néanmoins  la  PalFion  ,  mais 
apparente  feulement.  Il  croyoit  deux  Christs  ;  l'un  , 
qui  avoit  été  envoyé  par  un  Dieu  inconnu  pour  le  fa- 
lut  de  tout  le  monde  -,  l'autre  ,  que  le  Créateur  dévoie 
envoyer  un  jour  pour  rétablir  les  Juifs.  Il  nioic  la  ré- 
furretlion  des  corps ,  &  il  ne  donnoit  le  Baptême 
qu'aux  vierges  ,  ou  à  ceux   qui  gardoienc  la  conti- 
nence -,  mais  il  foutenoit  qu'on  pouvoir  être   bap- 
tilé  julqu'à  trois  fois.   Comme   il   fuivoit  les  fenti- 
mens  de  l'Hérétique  Cerdon  ,  il  rejettoit  la  Loi  Se 
les  Prophètes.  Teitullien  a  écrit  un  Ouvrage  con- 
tre Marcion;  fes  Difciples  diloienc ,  que  leur  maître 
n'avoit  apporté  aucune  nouveauté  dans  la  Religion, 
loifqu'ii  avoit  léjiaié  la  Loi  d'avec  l'Evangile  ;  qu'il 
avoit  feulement  rcJrellé  la  règle  de  la  foi  qui  croit 
corrompue.  Cet  Eléréfiarque  prétendoic  que  l'Evan- 
gile avoit  été  corrompu  par.  de   faux  Apôtres  ,  & 
qu'on  fe  fervoit  d'un  exemplaire  interpolé.  Il  ne  re- 


M  A  11 

coiinoilfoit  pour  véritable  Evangili;  ,  que  celui  de 
Saint  Luc  ,  qu'il  auoit  altéré  en  ])luficurs  endroits, 
que  les  Epirres  de  S.  l'aul  ,  d'où  il  avoit  ôté  ce  qu'il 
avoit  voulu.  Il  avoit  retranché  de  fou  exemplaire  de 
i).  Luc  tout  le  coninicnccment  jufqu'à  ces  mots  : 
L'an  If  de  l'Empire  de  Tibcrc  ;  c'ell  a  dire,  les  deux 
premiers  Chapitres,  /^oyt^  S.  Epiph.  h^r.  ^^.  &  M. 
Simon  ,  dans  Ion  Hilloire  critique  du  texte  du  Nou- 
veau Tedamcnt ,  ch.  1 1. 

MARCIR.  V.  a.  Vieux  mot.  Affliger. 

MARCITE.  f.  m.  c\'  f.  Nom  de  kôit.  Marcha.  Les 
Marches  font  des  Héréticiues  du  IF  lîèclc  ,  qui  fe 
iiommoient  les  Parfaits  ,  &  fiiloient  profellion  de 
faire  tout  avec  une  grande  liberté  ,  &  fans  aucune 
cramtc.  Ils  avoient  hérité  cette  dodlrine  de  Simon 
le  Magicien.  Il  ne  fut  pourtant  pas  leur  chef;  car 
ils  furent  nommés  Marches ,  d'un  Héréfîarque  ap- 
pelé jMarctJS  ou  Marc  ,  qui  ,  comme  a  rcmarc]ué 
Marcel  dans  fcs  Tables  ,  conféroit  le  Sacerdoce  & 
l'adminiftration  des  Sactcmcns  aux  femmes.  Il  s'ap- 
pliquoit  fur  tout  à  les  fédiiirc  ,  &  en  abufoit.  Foye^ 
S.  Irénée  ,  L.  II ,  c.  p  &  c.  20 .  tk  Eufébe  ,  Hift. 
Eccl.  L.  IF ,  CIO. 

MARCIUS  ,  MARCIA.  f.  m.  Nom  d  une  ancienne  fa- 
mille Romaine.  A/aa7'«^  j  (Z.  La  famille  Aftzrdtz  avoit 
des  branches  Plébéiennes  ,  &:  d'autres  Patriciennes. 
Il  y  a  des  médailles  de  la  famille  Marcia  ,  qui  ont 
d'un  côté  la  tête  du  Roi  Ancws  M arcius  ,  avec  un  dia- 
dème ,  derrière  un  lituus  ,  &c  pour  infcription  An- 
cus.  D'autres  ont  deux  têtes,  avec  l'infcription  nu- 

MA      POMPILI   ,    ou     NUMA     POMPILI    j    ANCI     MARCI. 

Ce  qui  montre  que  les  Marcius  defcendoient  de  ces 
deux  Rois.  Foye^  les  familles  Romaines  de  Patin, 
pag.  i6ô  ia  fuLV. 
MARCK.  Le  Comté  de  Marck  ou  Mark.  Province  du 
Cercle  de  Weftphalie.  Elle  efl  en  forme  d'une  étoile 
à  trois  pointes  ,  bornée  au  nord  par  l'Evêchc  de 
Munfter  ,  au  levant  par  le  Duché  de  Weftphalie  , 
&  au  couchant  par  celui  de  Berg.  Marcia  ^  ou  Mar- 
chia.  Ce  pays  peut  avoir  dix-huit  à  vingt  lieues  de 
l'une  de  les  pointes  à  l'autre.  Il  efl:  allez  fertile  ,  & 
il  appartient  à  l'EleiSteur  de  Brandebourg.  Drot- 
mouth ,  qui  y  efl  enclavée  ,  n'en  dépend  pas.  Ses 
lieux  principaux  font ,  Soell ,  Unna  ,  Neuft.ad ,  Ham. 
Ce  ch.iteau  a  donné  au  pays  le  nom  de  Comté  de 
Marck ,  au  lieu  de  celui  de  Comté  d'Alténa  ,  qu'il 
portoit  autrefois.  Maty.  On  joint  aullîl'articlc  à  ce 
nom  ,  &  on  dit  ,  la  Marck.  Le  Comté  de  la  Marck. 
La  Maifon  de  la  Marck  defcend  des  Comtes  d'Al- 
tène  &  d'Altemberg ,  qui  vivoit  dans  le  Xr  lîècle. 

MoTlÉRI. 

MARCO,  f  m.  Poids  dont  on  fc  fert  à  Goa,  capitale 
des  Etats  que  les  Portugais  polfèdcnt  encore  aux  Indes 
Orientales.  Le  marco  eft  de  huit  onces  Portugaifes  , 
c  efl- à-dire  j  d'un  demi  rotolis. 

tfJ"  MARCOL.  f.  m.  terme  de  Mythologie.  Le  Marcol , 
ou  le  Mercure  des  Can.anéens ,  n'étoit  qu'Anubis  ou 
la  Canicule  dans  l'exacte  vérité.  Pluche. 

MARCOMAN.  Nation  Sucve  ,  qui  s'établit  dans  le 
pays  que  nous  appelons  aujourd  hui  BohêiTie  &  Mo- 
ravie. 

Ce  nom ,  félon  l'étymologie  ,  fignifîe  homme  de 
marche;  il  efl  compofé  de  deux  mots  de  la  langue 
Tudefque  ,  mark ,  qui  veut  dire  marche, &c  man,  qui 
figiiifàc  homme ,  de  forte  que  par  le  nom  de  Marco 
mans  ^  on  entend  des  hommes  ramalîés  de  différentes 
marches  ,  de  diffcrens  pays. 

MARCOMIR.  f  m.  Nom  propre  d'homme.  Marcomi- 
rus.  Il  étoit  chef,  ou  Roi  des  François ,  &:  fut  père  de 
Faramond. 

Ce  mot  efl  pris  de  la  langue  Tudefque  ;  Marck- 
meyer ,  dans  cette  langue  ,  lignifie  Gouverneur  d'une 
frontière  ,  d'une  marche. 

MARCOSIENS.  Nom  de  Seûe.  Anciens  Hérétiques 
du  parti  des  Gnofliqucs.  Marti  fcclatorcs.  Saint  Iré- 
née parle  fort  au  long  du  Chef  de  cette  leéle,  nom- 
mé Marc, qui  étoit  réputé  pour  un  grand  Magicien; 
le  fragment  de  S.  Irénée  ,  qui  mérite  d'être  lu  ,  fe 
trouve  en  Grec  dans  S,  Epiphanc  ,  h&r,  j^,  \\  reii- 


M  A  R  829 

ferme  plufleurs  chofes  très  -  curicufcs  rouchaiit  les 
prières  ou  invocations  des  anciens  Gnoltiqucs.  On 
y  voit  de*  velliges  de  l'ancienne  cabale  Juive  fur  les 
lettres  de  l'alphabet ,  (k  fur  leurs  propriétés  ,  aulli- 
bicn  que  fur  les  myllères  des  nombres  ;  ce  que  les 
Juifs  <Jc  les  Gnolliques  avoient  emprunté  de  la  Plii- 
lofophic  de  Pythagorc  &  de  Platon.  Ce  Marc  étoit  un 
grand  impoflcLU- ,  qui  taifoit  illulion  aux  limplcs  ,  & 
principalement  aux  femmes.  Il  favoit  l'Art  de  la  Ma- 
gie ,  qui  étoit  comme  une  efpèce  de  métier  dans  l'E- 
gypte j  d'où  il  étoit;  év:  pour  en  impofer  plut  ailcmcnc 
à  fcs  Seélareurs  ,  il  fc  fcrvoit  de  certains  mots  Hé- 
breux ,  ou  plutôt  ChaldaVques  ,  qui  étoienc  fort  en 
ufige  parmi  les  Enchanteurs  de  ce  temps  là.  Ces  Sec- 
taires Marcofiens  avoient  un  grand  nombre  de  livres 
apocryphes  ,  qu'ils  mettoient  dans  le  même  rang  que 
les  livres  divins.  Ils  avoient  tiré  de  ces  livres  pluf'ieurs 
rêveries  touchant  l'enfance  de  Jksus  Christ  ,  qu'ils 
débitoicnt  comme  de  véritables  hiftoircs.  Il  eft  éton- 
nant que  ces  fortes  de  fables  aient  été  du  goût  de 
pluheurs  Chrétiens ,  &  qu'elles  fe  trouvent  encore 
aujourd'hui  dans  des'livres  manufcrits,  qui  font  à  l'u- 
fige  des  Grecs  j  fur  tout  des  Moines.  Foye:^  S.  Irénée , 
qui  ne  s'cft  pas  contenté  de  rapporter  les  rêveries  &C 
les  impiétés  de  Marc  ,  chef  des  Marcofiens ,  mais  qui 
les  a  aulli  réfutées. 

Ip-  MARCOTTE,  f.  f.  terme  de  Jardinage.  On  appelle 
ainfî  une  branche  de  vigne  ,  de  figuier ,  de  cognaf- 
fier  ,  &  de  plulieurs  plantes  ligncufes  ,  que  l'on  cou- 
che en  terre  à  cinq  ou  fîx  pouces  de  profondeur , 
fans  les  féparer  du  tronc  ,  pour  leur  faire  prendre  ra- 
cine. Ces  branches  féparées  enfuite  de  l'arbre  auquel 
elles  tiennent  J  s'appellent  marcottes.  Fiviradix.  C'cd 
un  moyen  très-commode  ,  &  fouvent  le  fcul  qu'on 
puilfe  employer  pour  multiplier  les  arbres  rares  Se 
précieux. 

^3"  Ce  terme  de  Marcotte  fe  dit  particulièrement ,  en 
parlant  de  certaines  fleurs  ,  &  furtout  des  œillets  , 
d'une  jeune  branche  à  laquelle  on  fric  une  petite 
entaille  au-deffous  d'un  nœud  ,  &  que  l'on  couvre 
de  terre  fine  j  foit  dans  un  pot  en  pleine  terre  ■, 
quand  les  branches  font  allez  balles  pour  y  êtra 
couchées ,  foit  dans  un  cornet  de  plomb  ou  de  fer 
blanc  ,  attaché  en  l'air  j  pour  les  branches  qui  font 
trop  hautes  pour  être  couchées  en  terre. 

§>?  En  couchant  la  bran*.hc  ,  on  lui  fait  fiire  un  coude 
dans  l'endroit  de  l'entaille ,  &  quelquefois  on  l'ar- 
rête avec  un  petit  crochet  de  bois.  Par  ce  moyen  , 
la  levé  ne  pouvant  plus  continuer  fon  cours  ,  efl 
forcée  de  s'engorger  j  de  former  ce  qu'on  appelle  un 
bourrelet ,  d'où  forcent  les  racines.  FoycTi^  Bourre- 
let &  Bouture. 

MARCO!  TER.  v.  a.  Provigner  ,  coucher  des  mar- 
cottes de  vigne  ,  ou  planter  des  marcottes  d'œillets. 
Fiviradicibus'  propagare.  Quand  on  marcotte  une 
branche,  de  quelque  plante  que  ce  foitj  il  faut  bien 
prendre  garde  de  la  détacher  de  la  plante  en  la  cou- 
chant dans  la  terre. 

IJO"  Coucher  ,  Marcotter  ,  Provigner  ,  fynony- 
mcs.  Le  premier  ,  fe  dit  des  arbres.  Le  fécond  ,  des 
œillets.  Le  troilièmc ,  des  feps  de  vigne.  Propagare 
rites  infulcos. 

MARCOUCI  ,  ou  MARCOUSSIS  ,  Bourg  de  France  , 
environ  à  fix  lieue,  de  Paris. 

MARCOUL  ,  ou  MARCOU.  f  m.  Nom  d'homme , 
qui  s'eft  formé  de  Maiculphe.  Marculphus.  S.  Mar- 
coni étoit  de  Baïcux  ,  d'une  bmille  noble.  Il  fut 
Bénédiclin  ,  &c  Abbé  de  Nanteuil  ,  où  il  mourur 
en  J58.  Ne  prononcez  jamais  \'l  finale  de  ce  nom, 
6j  dites  Marculfe  ,  en  parlant  de  tous  les  autres  An- 
ciens qui  ont  porté  le  nom  de  Marculfus.  Les  Formu- 
les de  Marculje. 

MARCSUL.  Nom  d'un  bourg  de  la  fhuringe  ,  en 
Haute-Saxe.  Marcojula  ,  Marofula.  Il  efl  fur  la  ri- 
vière de  Wcna  j  à  deux  lieues  de  la  ville  d'Eyienac  , 
du  côté  du  midi.  Maty. 

MARCULFE.  Foye^  Marcou. 

MARD.    'Foyei  Saint  Mars. 

MARD.  Foyei  Médard,  de  Mézeray  ,  T.  I ,p.  420. 


2^o  M  A  R 

MARD.  f.  m.  Terme  dcCalcndiiïr.  Nom  que  les  Turcs 
donnent  à  un  de  leur  mois  ,  qui  répond  à  notre  mois 
de  Mars. 

Il  eft  vitible  que  ce  mot  vient  de  celui  de  Martius 
en  Litin  ,  ou  de  mar\o  en  Italien  ,  ou  du  mot  François 
Mars  ,  car  les  Turcs  ont  plulîeurs  lettres  qui  partici- 
pent du  fon  des  lettres  d  ,  s  ,r  ,1- 

MARDAITES.  f.  m.  pi.  Nom  que  les  Hérétiques  du 
Levant  donnèrent  autrefois  aux  Maronites  ,  du  Sy- 
Tuc  marad ,  en  Latin  rebcUavic  ,  ou  de  l'Arabe  Wi;- 
rada,  rchellis  faclus.  Sur  ce  qui  donna  occallon  à 
cette  dénomination j  confultez  M.  de  la  Roque, 
dans  fon  J^'oya;-:;e  de  Syrie  &  du  Monc-Lihan  jT.  II , 
page  61. 

MARCELLE,  ou  MARGELLE,  f.  f.  Eft  une  grande 
pierre  ronde  &  percée,  pofée  à  hauteur  d'appui,  qui 
couvre  tout  le  bord  d'un  puits ,  ou  Ton  ouverture  lu- 
péri;ure.  Putd  crepido  ,  vel  marge.  Elle  doit  être  ova- 
le ,  avec  languette  pour  un  puits  mitoyen.  0\\  dit  en 
quelques  endroits  ,  Margelle  Se  Margeole.  D.iviler 
aime  mieux  qu'on  dife  Margelle  ,  &  le  fait  venir  de 
Margo. 

Ce  mot  vient  du  Latin  magiola  j  margella ,  &  mar- 
gua  ,  qu'on  a  dit  pour  marge. 

MARDES.  Mardi.  Anciens  peuples  de  Médie,  aux  fron- 
tières de  Perfc ,  fubjuguées  par  Alexandre. 

MARDI,  r.  m.  Second  jour  ouvrier  de  la  femaine  ;  la 
troilicme  férié  lelon  le  Bréviaire.  Dies  Marcis  ,  feria 
tertia.  Ce  jour  étoit  confxcré  par  les  Payens  à  la  pla- 
nète de  Mars ,  &  c'eft  de  là  qu'il  a  pris  fon  nom. 

On  appelle  Mardi  gras  ,  le  dernier  jour  du  carnaval. 
Le  Mardi  gras  eft  appelé  Lardanum  dans  quelques 
Auteurs  de  la  bslfe  Latinité  ,  de  lardum ,  qui  veut 
dire  lard ,  graiffe. 

Ce  mot  eft  aulîl  un  jurement  que  bien  des  gens 
prononcent  à  tout  moment  (ans  dclfcin  de  jurer  :  on 
ne  s'en  fait  pas  même  le  moindre  fcrupule  ,  parce 
que  le  changement  ■îv'  le  retranchement  de  quelques 
lettres  empêchent  qu'on  en  connoiire  l'origine  ;  quel 
qucfois  on  le  prononce  de  manière  qu'il  eft  ailé  de  le 
reconnojtre  ,  tant  on  approche  des  mots  dont  ce  ju- 
-remem  eft  compofé ,  &  dont  ce  mot  a  été  formé.  Ce 
jurement  a  été  formé  par  adouciftément  de  Mordi  j 
mort  Dieu. 

Mardi  ,  s'eft  dit  autrefois  pour  Martin;  S.  AJardi  pour 
S.  Martin.  Lobineau,  Glojf.  &  hijî.  de  Bnc.  T.  II, 

p-  ^  y-^- 

MARDIK.    Bourg  du  Comté  de  Flandre _,  ficué  à  une 
lieue  &  demie  de  Dunkerque  ,  du  côté  du  couchant. 
Mardicum.  Il  y  avoit  autrefois  un  bon  fort ,  nommé 
le  fort  de  Mardik  ,  à  une  lieue  du  bourg ,  fur  la  côte  ; 
mais  il  eft  maintenant  ruiné.  Maty. 
?»1ARD0CH1ÎE.  f.  m.  Nom  d'homme.   Mardochms. 
.   L'hiftoire  de  Mardochée  c\\tcnK  dans  le  livre  d'El- 
■ther;&  l'on  croit  même  que  Mardochée  eft  Aiiiteur 
de  ce  Livre,  fuivant  ce  qui  eft  dit  j  Efth.  IX.   20. 
I'.  Mardochée  Nathan  ,  Nathan  ,  ou  félon  d'autres  , 
R.  Ifaac  Nathan  ,  eft  le  premier  Auteur  des  Concor- 
dances Hébraïques  ,  qu'il  fit  depuis  1458    jufqu'en 
1445- , à  l'exemple  des  Concordances  Latines. On  l'ap- 
pelle R.  Mardochée  Nathan.  Sur  ce  Rabbin  &  fur  fon 
•Ouvrage  ,  qui  eft  fort  imparftit ,  ou  qui  n'eft  même 
qu'une  traduétioii  des  Concordances  du  P.  Arlot , 
Cordelier  ,  voyez  la  Préface  des  Concordances  Hé- 
braïques de  Buxtorf  5&'Volphiusdans  la  Bibliothè- 
•que  Rabbinique. 

Le  jour  de  Mardochée ,  en  Latin ^  Dies  Marâo- 
chf-i ,  c''eft  la  fête  des  forts,  en  Hébreu  Phwim,  ap- 
pelée jour  de  Mardochée^  par  l'Auteurdu  IP  L.  des 
Machab.  c.  XV.  v.  .,'7-  parce  que  ce  kiw  Mardochée 
(Se  hftherqui  l'inftituèrent.  Foye?  Efther,  IX.  10. 
MARDOINE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Mardonius.   Voy. 

BoUandus  &  Chaftelain  au  14'=  Janvic:-. 
AIAUE.  f.  f.  dans  quelques  endroits  Marchais.  Eau 
qui  s'amalfe  dans  des  terres  bafteSj  &  qui  n'a  point 
d'ilkie,  qui  fc  fèche  fouvent  dans  les  grandes  cha- 
leurs. Aquarium,  aquarum  ftagnatitium  colluvies.  Il 
y  a  bien  des  villages  qui  n'ont  que  des  marcs  pour 
abreuver  leurs  bcftiaux.  L'Ordonnance -des  Eaux  &c 


M  A  R 

Forets  défend  d'avoir  mare  à  foftés  ,  ni  foftes  ,   ni 
chantepleures  qui  boivent  à  rivière. 

Ce  mot  vient  du  Latin  marca  ,  dit  Ménage  ,  ou  de 
l'Allemand  marajl ,  qui  fignihe  un  lieu  bourbeux  <j\x 
marécageux.  D'autres  croient  qu'on  l'a  ainh  appelée  , 
quaji  referens  parvum  mare.  D'autres  le  dérivent  du 
Saxon  Maer ,  qui  fignihe  la  mer  ;  d'autres  de  mara  , 
qui  fignihe  une  rigole,  ou  conduit  d'eau  qu'on  fait  dans 
les  prés  pour  les  arrofer.  Ilidore  eft  de  cette  opinion. 

Madame  de  la  Mare.  f.  f.  Terme  de  Danfe.  C'eft 
le  nom  d'une  lorte  de  danle. 

MARÉAGE.  f.  m.  Terme  de  Marine,  qui  fe  dit  d'une 
manière  de  louer  les  Matelots ,  qui  Lont  obligés  au 
fervice  du  navire  pendant  tout  fon  voyage  ,  quoiqu'il 
aille  plus  loin  qu'on  n'avoir  projette  ,  &  toujours 
pour  le  même  prix;  mais  ceux  qui  (ont  loués  à  de- 
niers &  non  pas  à  maréage  s  doivent  bien  luivre, 
mais  peuvent  faire  croître  leurs  loyers  vue  par  vue , 
&  cours  par  cours  ,  comme  on  dit  en  termes  de  ma- 
rine ,  c'eft-à-dire  ,  à  proportion  du  chemin  &  du 
tcms.   Conduclio  nautica. 

MARÉCAGE.  L  m.  Lieu  abreuvé  d'eaux  qui  ne  s'écou- 
lent point.  Locus  palujlris  t  paludofus.  Les  fiules, 
les  peupliers,  les  aunes,  viennent  bien  dans  les  ma- 
récages. Les  oifeaux  aquatiques  te  plaifent  d.ms  les 
marécages  ,  fe  retirent  dans  les  marécages ,  fentenc 
le  marécage. 

MARÉCAGEUX,  EUSE.  adj.  Qualité  du  terroir  hu- 
mide &  bourbeux,  à  caufe  des  eaux  qui  y  croupil- 
fent.  Paludofus.  Il  eft  dangereux  de  marcher  dans 
des  lieux  marécageux.  Les  tartes  bourbonnoilcs  , 
font' des  creux  d'un  pays  marécageux j  où  les  Cava- 
liers s'enfoncent ,  s'abyment. 

On  dit  un  .air  marécageux ,  pour  dire  un  air  tel  que 
celui  qui  s'élève  ordinairement  des  marécages. 

On  dit  de  cert.ains  oifeaux j  comme  les  canards,  qu'ils 
ont  un  goiit  marécageux,  pour  dire  qu'ils  fentent  le 
marécage.  Acad.  Fr. 

MARÉCHAIS,  MARAISCHER,  ou  MARAGER.  L 
m.  Jardinier  de  marais.  Celui  qui  cultive  un  jardin 
d'herbages.  Olitor.  Ln  Quiiitime,  qui  fe  lertde  ce 
mot,  écrit  tantôt  maréchais y  comme  dans  ia  Pré- 
face ,  (Se  tantôt  marchés  ,  comme  dans  fon  expli- 
cation des  termes  du  jardinage.  Le  premier  parole 
meilleur;  car  comme  de  marais  on  fait  marécage  ^ 
on  doit  faire  aulîi  w.aréchais  plutôt  que  marchés.  Les 
Jardiniers  maréchais  font  des  Jardiniers  qui  cultivent 
des  jardins  particuliers  d'herbages  autour  des  grandes 
villes.  Peut  être  que  ces  lieux  avoient  été  des  marais 
qu'on  avoit  deftéchés;  fi  bien  que  dans  le  vulgaire 
ces  Jardiniers  furent  nommés  Maréchais  3  comme 
voulant  ciire  ,  Jardiniers  des  marais  deftéchés.  La 
QuiNTiNfE.  Leurs  jardins  s'appellent  marais ,_  quoi- 
que fouvent  le  terrain  ne  foit  que  du  table  fort  tec.  Id. 

|p°  MARÉCHAL,  f.  m.  Ce  terme  a  pluheurs  fignifica- 
tions ,  comme  on  le  verra  par  les  articles  tuivans. 

IP" Dans  quelques  Royaumes,  le  titre  de  Maréchal 
s'accorde  à  plufieurs  grands  Officiers.  L'Eledeur  de 
Saxe  eft  Grand  Maréchal  de  l'Empire.  Le  Grand  Ma- 
réchal de  Pologne.  Le  Grand  Maréchal  de  Lithuanie. 
Le  Maréchal  de  la  Diète. 

Maréchal  de  France,  f.  m.  Officier  de  la  Couronne- 
qui  commande  les  armées.  Caftrorum  pr.ifeclus  pri- 
marius  ,  vulgo  Marefcallus ,  Polemarchus.  On  trou- 
ve auiÏÏ  Marfchalcus.  On  dit  qu'on  a  donné  à'  un 
homme  le  Bâton  de  Maréchal  ,  ou  fimplement  le 
Bétcon  ,  pour  dire  qu'on  l'a  iùi  Maréchal  Ae.  France  j 
parce  que  le  Roi  leur  met  en  main  un  bâton  Heuideli- 
Ic  ,  pour  marque  de  leur  dignité ,  &  qu'ils  mettent, 
deux  bâtons  d'azur  femés  de  Heurs  de  lis  en  fautoir 
tous  lîcu  de  leurs  armes.  Ce  font  les  Maréchaux  de 
France  qui  font  Juges  du  point  d'honneur  entre  les 
Gentilshommes  &z  Officiers  d'armée ,  qui  accordent 
leurs  querelles.  En  écrivant  à  un  Maréchal  de 
France ,  on  le  traite  de  Monfeigneur.  La  dignité  de 
Maréchal  de  France  ne  fut  pas  d'.abord  à  vie ,  comme 
elle  eft  aujourd'hui;  les  Maréchaux  n'étoient  que  les 
premiers  Ecuyers  du  Roi  tous  le  Connétable;  mais 
depuis  ils  devinrent  les  Lieutciians  du  Connétable 


M  A  R^ 

dans  le  commandement  des  arnijcs ,  comme  le  Con- 
nétable  étoit  devenu  lui-même  le  chef  des  Armées. 
Us   nctoienc  que  deux  dans  le  commencement.  Du 
tcms    de  Philippe   de  Valois  ,   les    Maréchaux    de 
France  n'avoicnt  que  cinq  cens  livres  tournois  d'ap 
pointemcn',  pendant  la  t;ucrre  ,   Se  rien  pendant  la 
paix.  Bourillier  dit  que  lous  le  règne  de  Charles  VIII, 
il  n'y  avoit  que  deux  Maréchaux  de  France.  Il  y  en 
avoir  eu  quatre  (eus  Charles  VII ,  &  ils  avoient  été 
réduits  à  la  première  inftitution  fous  Charles  VIII. 
François  I  en   créa  quatre  par  la  nécellité  où  il  fe 
trouva  d 'oppofcr  plulleurs  armées  au  grand  nombre 
d'ennemis  qu'il  avoir  fur  les  bras.  Il  en  ajouta  un 
cinquième  ,  qui  fut  François  de   Montmorenci  ,    à 
condition   que  le  cinquième   dcmeurcroit  fuppriaié 
par  la  mort  de  l'un  d'eux.  Foyi:^  Choili.  Les  Maré- 
chaux âo'vtnz  anciennement  les  principaux  Ecuycrs, 
ou  Grands  Officiers  de  l'Ecurie  du  Roi.   Leur  vraie 
charge  étoit  de  ranger  l'armée  fous  le  commande- 
ment du  Connétable  ,  &:  ils  commandoient  en  fon 
abfence.     Ils  hiloient  proprement  la   fonètion  des 
Maréchaux  de  Camp  ,  auxquels  ils  ont  donné  leur 
nom  &c  la  fondion  la  moins  confîdérable.   Cepen- 
dant, comme  les  Rois  ne  fàifoient  pas  toujours  des 
Connétables  ,  les  Maréchaux  de  France  ont  pris  la 
première  autorité  dans  la  guerre  ,  cV-  fc  font  i^m 
.Officiers  de  la  Couronne.  Pasq.  Depuis  François  I, 
le  nombre  n'a  point  été  précifémcnt  fixé.  Loui's  XIII 
ne  les  limita  point,  &  Louis  XIV  l'a  augmenté,  ou 
diminué  félon  qu'il  l'a  jugé  à  propos  pour  le  fervice 
de  l'Etat.  On  ne  peut  leur  ôter  cette  charge  qu'avec 
k  vie.  Le  premier  Maréchal  fait  fondtion  de  Con  ■ 
nétable  dans  Icsallemblées  des  Maréchaux  de  France. 
Les  Prévôts  des  Maréchaux  ,    font  des    Officiers 
Royaux  &  Juges  d'Epée  établis  pour  la  fureté  de  la 
campagne  ^,  pour  prendre  &  juger  les  voleurs ,   vaga- 
bonds ôc  gens  non  domiciliés.  Latru?iculatores.  On 
leur  a  auflî  attribué  la  connoiffimce  des  cas  royaux 
par  prévention.  Us  font  reçus  à  la  Connétablie  ,  &  y 
ont  attribution  de  Jurifdiclion ,  &  font  réputés  du 
corps  de  la  Gendarmerie. 
Maréchal  de  Camp  ,  ed  le  fécond  Officier  de  l'armée  ; 
le  premer  Officier  après  le  Lieutenant  Général  :  c'eft 
celui  qui  ordonne  du  campement  &  du  logement  de 
l'armée  ,  &  qui  prend  les  devans  pour  la  faire  mar- 
cher en  fureté  ,  &c  reconnoître  le  terrain.  Cajlrorum 
prxfeclus  ,  trïbunus  mïlicum. 
Maréchal  de  Camp  Général.   Officier  Général  de 
.  guerre  ,  fupérieur  à  tous  les  autres  ,  de  quelque  rang, 
&  en  quelques  degrés  qu'ils  foient.  Generalis  Caf- 
trorum  Prxfcàus.  Les  Maréchaux  de  Camp  Généraux 
ont  été  faits  pour  faire  la  fonélion  de  Connétable. 
11  y  en  a  eu  peu  jufqu  ici  en  France  :  cette  charge 
a  été  créée  pour  faire  efpérer  l'épée  de  Connétable 
à  celui  qu'on  en  pourvoiroit  :  &  cependant  pour  en 
faire  une  partie  des  fondions  ious  un  autre  titre.  Je 
ne  fâche  guère  que  le  Maréchal  de  Biron ,  le  Con- 
nétable de  Lefdiguieres  &  Monfieur  de  Turenne , 
qui  en  aient  été  pourvus.  Une  railon  convaincante 
qui  fait  voir  que  la  charge  de   Maréchal  de  Camp 
Général ,  cfl:  au-delfus  de  celle  de  Maréchal  de  France  ; 
c'eft  que  quand  le   Maréchal  de  Biron  fut  fait  Ma- 
réchal de  Camp  Général ,  il  étoit  Doyen  des  Maré- 
chaux. Si  on  n'avoir  pas  voulu  lui  donner  quelque 
chofc  au  -  delFus  de  ce  qu'il  étoit  ,  on  l'eût  lailFé 
comme  il  étoit.    Mais  pour  ajouter  l'exemple  à  la 
raifon  ,   au    liège  de  Clérac  ,  Monfieur   de   Lefdi- 
guiere  ,   qui  n'étoit  encore  que  Maréchal  de  Camp 
Général ,  commanda  le  Maréchal  de  S.  Géran. 
§CF  Depuis  M.  de  Turenne  ,  M.  le  Maréchal  de  Vil- 
lars  fut  pourvu  de  cette  charge  en  1753  ,  ik  M.  le 
Maréchal  de  Saxe  en  1 746. 
Maréchal  de  Bataille  ,  étoit  autrefois  un  Officier 
qui  rangeoit  les  troupes  en  bataille  ,  qui  avoit  foin 
de  leur  marche  &  de    leur  ordre.  Struendi  excrci- 
tùs  primarius  magifler.  Ce  font  aujourd'hui  les  Ma- 
réchaux de  Camp  ôc  les  Majors  Généraux  qui  en  font 
la  charge. 
Ç3"  Ce  titre  qui  fut  créé  par  Louis  XIII ,  ne  s'eft  con- 


M  A  R 


831 


fcrvé  quejufqu'au  commenccnK-ntJu  régne  de  Loui* 
XIV. 
Maréchal  des  Logis  ^  ell  un  Officier  de  guerre  qui 
a  foin  du  logemenr  des   foldats.  Milirarium   hojpi- 
ûùrum  defignator.    Il  y  en  a  un  dans  chaque  Régi- 
ment  d  Intantcric  ,    ôc  en    chaque  Comp.agnie  de 
Cavalerie  ,  deux  en  chaque  Compagnie  de  Gendar- 
mes  ôc  de  Chevaux  Légers  ,  ôc  lix  en  chacune  des 
Compagnies  de  Moulquct.iircs. 
^CT  Le  Maréchal  Général  des  Logis  de  la  Cavalerie, 
en  France ,  ell  un  Officier  dont  les  fondions  ôc  les 
détails  font  à-pcu-prcs  les  mêmes  que  ceux  du  Major 
Général  àxns  l'Inbntîric.  l-^oyei  ce  mut.  Il  a  fous  lui 
deux  Offi.icrs  ,  qui  ont  le  titre  de  Maréchal  des  Logis 
de  la  Cavalerie  ;  qui, dans  fon  abfence  ,  font  fcs  fonc- 
tions ,&  jouilleiu  des  mêmes  privilèges  que  lui. 
^fT  Le  Maréchal  Général  des  Logis  de  l'armée  ,  cft  un 
Officier  donr  les  fondions  conliftent  à  diriger  les 
marches  avec  le  Général  ,  à  choifu-  les  lieux  où  l'ar- 
mée doit  camper ,  &  adilfribucr  le  terrain  aux  Majors 
de  brigade.  Il  doit  inftruire  les  Officiers  Généraux  de 
ce  qu'ils  ont  à  faire  dans  les  marches  ,  ôc  lorfqu'ils 
font  de  jour.  Il  a  fous  fes  ordres  deux  Fourriers  en- 
tretenus par  le  Roi. 
I/CF  Le  Maréchal  général  des  Logis  de  l'armée,  efi:  en 
titre  d'office  ;  mais  le  tirulaite  ne  fait  pas  toujours  les 
fondions  de  cette  charge.  Le  Roi  nomme  iouvcnt  un 
autre  Officier  pour  l'exercer. 

Il  y  a  aulîl  un  Gïxnà-Maréchal  des  Logis  chez  le 
Roi  ,  qui  ,  quand  le  Roi  fait  voyage  ,  marque  les 
logemens  de  la  luite.de  la  Cour  ,  ôc  de  toutes  les  trou- 
pes de  la  Maifon  du  Roi.  Manfwnarïus  defignator. 
Il  prête  ferment  de  fidélité  entre  les  mains  du  Roi. 
11  a  fous  lui  douze  Maréchaux  des  Logis  fervans  par 
quartier  j  &  qui  prêtent  ferment  de  fidélité  entre  (es 
mains.  Il  y  en  a  aufîl  chez  la  F{eine  j  &;  chez  les  Fils 
de  France. 

Ce  mot  vient  premièrement  des  Maréchaux  mili- 
taires ,  qui  ordonnoient  du  campement  des  armées  : 
év  depuis  il  a  été  étendu  aux  Maréchaux  des  Logis 
de  la  Cour.  Dans  les  vieux  titres  ,  on  les  appelle 
ManfionarÏL. 
Maréchal  de  la  Cour  ,  eft  un  grand  Officier  des 
Cours  d'Allemagne.  L'Empereur  &  les  Eledeurs  ont 
un  Grand  Maréchal  de  leur  Cour.  Il  y  a  outre  cela  lin 
GxM\à  ■  Maréchal  de  l'Empire  \  c'efi:  l'Eledeur  de 
Saxe.  Il  y  a  auffi  un  Maréchal  Général  des  troupes  de 
l'Empire;  c'eft  le  premier  Officier  de  guerre  de  l'Em- 
pire :  cette  charge  fe  donne  au  mérite,  &  n'cft  at- 
tachée à  aucune  famille  ,  comme  celle  de  Grand- 
Maréchal  de  l'Empire  l'efl  à  la  Maifon  qui  poflèdc 
l'Eledorat  de  Saxe. 

Autrefois  on  a  appelé  en  quelques  pays ,  Maré- 
chal du  ban  du  Roi  ,  un  Officier  qui  étoit  chargé 
de  la  garde  des  prifonniers.  On  difoit  aulfi  Maré- 
chal de  Champagne  ,  de  Bourgogne  ,  d'Aquitaine  , 
&c.  comme  on  difoit  ,  Amiral  de  NormandiCj  de 
Bretagne ,  ôcc. 
Maréchal  de  la  Foi,  eftun  nom  qu'on  donna  dans 
le  treizième  liècle  à  Gui  de  Lévi,  qui  commandoic 
l'armée  contre  les  Albigeois. 

Ce  titre  d'honneur  a  été  conlervé  depuis  ce  temps- 
là  aux  aînés  de  la  maifon  de  Lévi  ,  qui  en  confé- 
qucnce  ont  le  droit  de  porter  derrière  l'écu  de  leurs 
armes  deux  bâtons  en  fautoir ,  femés  de  Heurs  de 
lys  &  de  croix  d'or. 
Maréchal,  dans  l'Ordre  de  Malte.  C'efl  la  deuxième 
dignité  de  l'Ordre  de  Malte  ,  n'ayant  que  le  Grand 
Commandeur  avant  lui.  Le  Maréchal  ou  G raa.i  Ma- 
réchal,  eft  une  dignité  attachée  à  la  langue  d  Auver- 
gne ,  dont  il  eft  le  chef  ôc  le  pilier.  Il  commande 
militairement  à  tous  les  Religieux  ,  à  la  réferve  des 
Grands  Croix,  de  leurs  Lieutenans  &  des  Chapelains. 
En  temps  de  guerre  ,  il  confie  le  grand  Etendard 
de  la  Religion  ,  au  ChevaUer  qu'il  en  juge  le  plus 
digne.  Il  a  droit  de  nommer  le  Maître  Ecuyer  :  & 
quand  il  fe  trouve  fur  mer ,  il  commande  le  Géné- 
ral des  Galères  ,  ôc  même  le  Grand-Amiral.  L'Abbé 

DE  ViRTOT. 


8jz 


M  A  B 


On  trouve  dans  nos  vieux  Aureui's  Mcrefchal,  '■ 
Marïfchal  _,  (S:  iMiinlJihal  ,  pour  Maréchal. 
Maréchal  Ferrant  ,  ou  limplemenc  Manchal  ,  efl: 
un  Artilan  qui  ferre  les  chevaux  ,  &  qui  les  panle 
quand  ils  lonc  malades.  Faberfcrranus  ,  veterinanus. 
tn  Elpagne  j  ce  font  deux  métiers  léparcs  :  les  premiers 
s'appellent  Sterradarcs  ;  &c  les  autres  Alveytares.  On 
difoit  autrefois  -,  MaréckauJJir  les  chevaux  ;  pour 
direj  les  panier  &  les  ferrer.  On  a  appelé  en  Laiin 
Mulomedicus  ,  celui  qui  guéiillbit  les  chevaux  Se  le 
bétail. 

Ce  mot  vient ,  félon  Nicod  ,  de  Polemarchus  , 
comme  qui  diroit  Maure  de  Camp.  Mattliieu  Paris 
dit  quil  vient  de  Martis  Senefcallus.  En  vieux  Gau- 

lois,  &  encore  en  Breton  ,  marc ,  lignifioit  cheval, 

comme  on  le  recueille  de  Paulanias  ,  qui  die  que  ce 
.mot  étoit  eji  uiage  chez  les  Celtes.  Maréchal  ell  aulîî 
peut-être  un  mot  Allemand,  dont  il  cil  fait  mention 
dans  la  Loi  Salique  ,  &c  dont  on  a  fiit  Maréchal  , 
pour  dire ,  celui  qui  commandoit  la  Cavalerie.  Mé- 
nage le  dérive  de  Mare/ihalus ,  qui  le  trouve  dans 
les  loix  des  Allemands,  compolé  de  marck  ,o\i  ma- 
rak  ,  cheval  ;  &:  de  Schalk  ,  qui  he,mhs pu'ijjanc ,  ou , 
félon  Cluvier  dans  fon  Allemagne  ,ytTViV«;iir.- ce  qui 
a  donné  ce  nom  à  celui,  qui  panle  les  chevaux  , 
Se  par  tuccellion  de  temps  à  celui  qui  les  commande. 
Borel  dit  qu'originairement  Maréchal ,  lignifioit  Gou- 
verneur de  jumens  ,  Se  que  mari  lignifie  jumenr  , 
dont  les  Anciens  le  lervoient  d'ordinaire  pour 
épargner  le  fourrage  ,  parce  que  les  jumens  gâtent 
moins  de  litière  ,  à  caufe  qu'elles  jettent  en  arrière 
leur  urine.  Il  dit  aulîî  que  ce  mot  de  mark  ,  qui  en 
vieux  Gaulois  &  en  ancien  Allemand  hgnifioit  che- 
val ,  vient  de  l'Hébreu  ramah  ,  où  il  (îgnifie  une 
jument.  Quelques-uns  ont  dit  que  le  mot  de  Ma- 
réchal,  étoit  un  abrégé  de  mire  cheval  ;.ca.r:  mire  li- 
gnifie Médecin  ,  &  les  Rois  en  avoient  autrefois 
pour  leur  chevaux  ,  comme  témoigne  Nicod.  Paf 
quicr  tait  diftinction  pour  l'origine,  entre  Maréchal 
des  Logis ,  Se  Maréchal  de  Camp  ;  Se  cnrre  Maréchal 
de  France  ,  Se  Maréchal  j errant.  A  l'égard  des  pre- 
miers ,  il  dit  que  ce  mot  vient  de  Marche ,  ou  mar- 
chir  ■  qui  lignifie  marquer  ,  limiter  ;  Se  il  prétend 
qu'il  faut  dire.  Marchai ,  Se  non  pas  Maréchal.  A 
l'égard  des  derniers  ,  il  dit  que  le  mot  ell  compofé 
dq  Maire  ,  qui  lignifioit  Maître  ,  &  de  chai ,  qui  h- 
e;nihoit  cheval. 
MARÉCHALERIE.  f.  f.  L'art  des  Maréchaux  ,  ou  l'art 
de  traiter  les  chevaux.  Nous  avons  plufieurs  ouvra- 
ges fur  la  Maréchal  crie.  Veterinaria  medecina. 
MARÉCHAUSSÉE,  f.  f.  Jurifdidion  des  Prévôts  des 
Maréchaux  de  France.  Marefchallorum  Jurifdiclio  , 
forum.  Il  y  a  dans  l'enclos  du  Palais  ,  la  Connéta- 
blie  &  Maréchaujfee  de  France  ,  à  la  Table  de 
Marbre  ,  où  font  des  Juges  de  robe  qui  prennent 
connoifFance  de  la  réception  des  Officiers  des  autres 
MaréchauJJées  ,  Se  de  leurs  différends.  Il  y  a  d'ail- 
leurs cent  quatre  vingt  Maréchaujfees  en  France  ,  qui 
foijt  des  lièges  de  Juges  d'Epée  ,  qui  inffruifent  les 
procès  des  voleurs  &  des  vagabonds  ,  Se  autres  cas 
dont  ils  font  compétens ,  &  qui  les  jugent  fouverai- 
nement ,  avec  fept  Officiers  du  plus  prochain  Prélî- 
dial.  Le  Prévôt  qui  tient  à  Paris  cette  Maréchaujfee , 
s'appelle  le  Prévôt  de  l'Ile.  Les  Officiers  de  la  Con- 
nétablie  &  Maréchaujfee  de  France  ,  connoilîent  de 
tous  crimes  commis  par  les  gens  de  guerre  ,  tant  de 
pied  que  de  cheval  ;  des  calîations  de  gens  de  guerre  ; 
des  aéiions  perfonnelles  entre  gens  de  guerre  ;  des 
matières  qui  concernent  le  fait  de  la  guerre;  du  paie- 
ment des  gens  de  guerre  ;  des  Lettres  de  rémilîîon 
pour  crimes  commis  par  gens  de  guerre  j  Sec.  Ils  ne 
jugent  en  dernier  reirort  que  jufqu'à  la  fomme  de 
cent  livres.  Au  delfiis  de  cette  fomme  ,  les  appella- 
tions reirortident  au  Parlement. 

On  dit  aulîi ,  que  la  Maréchaujfee  fe  tient  chez 
un  tel  Doyen  des  Maréchaux  de  France  ,  quand  quel- 
ques Exempts  Se  Gardes  fe  trouvent  chez  lui  pour 
exécuter  les  ordres  qu'il  aura  à  donner  dans  les  oc- 
cafîons  pour  les  querelles  de  la  NoblclFe. 


M  A  R 

MARécMAussi' ,  a  fîgnifié  aulîî  en  Lorraine ,  un  grand 
lieu  ,  ou  enclos  ,  où  l'on  enferme  le  bétail;  d  où  le 
Bon  ,  Médecin  de  ce  pays  là  j  trouve  occafion  de  dé- 
river le  mot  de  Marechaujjee  ;  parce  que  ,  dir-il ,  il 
y  avoir  plulicurs  lieux  marécageux  qui  obiigeoient  a 
faire  des  places  relevées  pour  mettre  à  lec  le  bétail , 
lefquelles  on  appeloit  chauffées  ,  comme  tout  autre 
chemin  levé  6c  pavé;  Se  parce  que  dans  ces  lieux 
on  faifoit  fouvent  des  vols  de  bcfciaux  ,  on  y  établie 
un  Juge  qui  jugeoit  dans  l'étendue  de  la  Maréchaujjée , 
ou  village  ;  ce  qu'on  a  depuis  étendu  à  d'autres  Offi- 
ciers. 

On  a  aulîi  appelé  autrefois  les  érables  à  chevaux, 
mares  chaujjees.  On  a  encore  donné  ce  nom  à  un 
droit  qui  le  levoit  par  les  Maréchaux  des  Logis. 
Dans  plulieurs  Coutumes  ,  on  appelle  maréchauf- 
fèes  les  matériaux  allemblcs  pour  bkir  ,  comme 
en  celles    de    Montreuil ,   Artois  ,   Bapaume ,  iScc. 

^fS  MARECHER.  f.  m.  Jardinier  qui  cultive  un  ma- 
rais ;  la  même  choie  que  Marager. 

MARÉCHIA.  Nom  d'une  rivière  de  l'Italie.  Mare- 
chia  y  Ariminus.  Elle  a  fa  fource  dans  l'Apennin , 
près  de  la  fource  du  Tibre  ,  traverfe  une  petite 
partie  du  Duché  d'Urbin  ,  &  de  la  Roraagne  ,  &: 
le  décharge  dans  le  Golfe  de  'Venife ,  à  Rimini. 
Maty. 

MARÉE,  f.  f.  Le  flux  &  le  reflux  de  la  mer.  VoyeT^ 
ce  mots.  jUJIus  marinus  ,  dtjlus  maris  rec'proquus  j 
àtjlus  maritimi  accedentes  ,  recedentes.  La  marée  eit 
lix  heures  douze  minutes  à  venir ,  &  autant  à  s'en 
retourner.  Elle  monte  &  dtfcend  quatre  fois  en  24 
heure  &  48  minutes.  Les  marées  pendant  la  nou- 
velle &  pleine  lune  font  plus  hautes  que  dans  les 
auttes  lunaifons  ;  de-là  vient  que  les  Auteurs  Latins 
ont  appelé  ces  marées  ,  malina  ,  Se  leduia  ,  ou  ledo  ; 
celui-ci  étant  la  moindre  marée;  Se  celui-là  la 
plus  grande  ,  ce  qui  arrive  pendant  quatre  jours 
devant  Se  après  la  nouvelle  &  la  pleine  lune  : 
Se  ils  croient  que  le  mot  de  malinû  vient  à  ma- 
jore lunâ ,  Se  leduna  ,  à  Utâ  luni  ,  ou  de  litfâ 
undl.  Mais  Jofeph  Scaliger  Se  Spelman  dilent  que 
leduna  vient  du  Saxon  leid ,  qui  \\s,mfx.  doux  :  S: 
'Worinius  dit  que  ces  deux  mots  (ont  Danois,  ou 
Runiques;  frivoiL  malina  de  magie ,  qui  Ciznifie  grand; 
leduna  de  liten  ,  qui  lignifie  petit.  Sur  la  mer  on 
appelle  le  flux,  ejlef  d'eau ,  Se  le  reflux  eau  morte 
oppofée  à  eau  vive  ,  ou  éée.  Les  marées  de  Mars  & 
de  Septembre  lont  dangereufes  pour  les  digues  j  car 
elles  font  les  plus  hautes  Se  les  plus  violentes. 

M.  Callini  avoit  réduit  les  marées  en  règles  pour 
Dunkerque  Se  le  Havre,  com.ne  on  a  pu  voir  dans  les 
Méipoires  de  l'Académie  1610.  En  examinant  un 
Journal  d'obfervations  faites  à  Breft  par  M.  de  Lond- 
champ  ,  il  a  eu  le  plailir  de  voir  que  les  règles 
peuvent  de  même  s'appliquer  à  ce  port.  Une  des 
principales  ell  pour  ajuffer  les  grandes  m.arecs  avec 
le  temps  précis  de  la  nouvelle  Se  de  la  pleine  lime, 
auquel  elles  ne  font  pas  tellement  attachées  ,  que 
quelquefois  elles  n'a\'ancent  ,  Se  quelquefois  elles 
lie  retardent.  Or  ,  félon  les  obfervations  faites  à 
Breft ,  le  temps  moyen  entte  ces  inégalités  ell  3 
heures  4  y  m.  auquel  il  faut  ajouter  ou  ôter  deux 
minutes  pour  chaque  heure,  que  la  nouvelle  ou 
pleine  lune  anticipe ,  ou  fuit  fur  ce  temps  moyen  de 
la  haute  mer. 

On  remarquera  encore  ici  ce  que  l'on  a  remarque 
dans  l'hilfoire  de  l'Académie  des  Sciences  de  l'an 
171  z.  que  les  marées  des  équinoxes  ,  non  plus  que 
celles  des  folftices ,  n'ont  rien  qui  les  diftingue.  Les 
marées  dans  le  cours  de  l'année  s'élèvent  plus  ou 
moins,  félon  que  la  lune  approche  ou  s'éloigne  de 
la  terre  ;  Se  pour  s'en  convaincre ,  fuppofons  la 
moyenne  diffance  de  la  lune  à  la  terre  1 00000  par- 
ties. Le  10  de  Novembre  171 1.  jour  de  la  nouvelle 
lune  ,  la  dilîance  de  la  lune  étant  de  536000  parties, 
c'eft-à-dire,  qui  cil  des  plus  petites,  la  mer  monta 
à  19  pieds  5  pouces.  Le  15  du  même  mois,  jour 
de  la  pleine  lune,  la  dillance  de  la  lune  étant  de 
106/40.  qui  efl;  un*  des  plus  grandes  ,    la  mer  ne 

mor.ra 


M  A  R 


M  A  R 


monta  qu'à  16  pieds  9  pouces.  Suivant  cette  règle 
àe  l.i  dillance  de  la  lune  à  la  teriCj  le  26  de  Sep 
tcmbre,  jout  de  la  pleine  lune,  qui  {uivoit  imnic- 
diatement  l'équinoxe  ,  la  hauteur  de  la  mer  fut  de 
17  pieds  j  pouces,  &  le  lendemain  de  17  pieds 
(ix  pouces  :  alors  la  dillancc  de  la  liuie  étoir  de 
103871.  mais  le  12.^  d'Octobre,  jour  delà  nouvelle 
lune  ,  qui  n'étoit  que  de  84600.  la  mer  monta  à 
19  pieds  j  pouces  ,  &  le  lendemain  à  un  pouce 
plus  haut.  Il  elt  donc  confiant  que  les  grantles  marées 
arrivent  quand  la  lune  elt  dans  le  périgée. 

On  dit,  qu'on  a  vent  Se  marée  ;  pour  dire  ,  qu'on 
a  le  cours  de  l'eau  &  le  vent  favorables  ,  ou  ,  Aller 
contre  vent  «Se  moirée  ;  pour  dire  les  avoir  contraires. 
Ces  deux  exprcliions  le  difent  aullî  figurémcnt  dans 
les  affaires ,  g3"  povit:  dire  avoir  toutes  choies  ta- 
vorables  pour  réulHr,  ou  les  avoir  contraires. 

On  appelle  la  morte  marée  quand  la  marée  eft 
balle.  On  dit  étaler  \cs  marées ,  quand  on  mouille 
l'ancre  pendant  un  vent ,  ou  une  marée  contraire 
à  la  route.  Refouler  la  marée  ,  c'eft  aller  contre  le 
cours  de  la  marée.  Le  vent  reroule  la  marée  ,  lorl- 
qu'avec  l'aide  du  vent  on  va  contre  la  marée.  On 
dit  les  /«are'«  portent  au  vent,  c'eftà  dircj  qu'elles 
vont  contre  le  vent.  Entrer  ,  &  fortir  de  toute  marée  , 
c'eft  entrer,  &:  (ortir  en  quelque  état  que  foit  la  mer. 
On  nomme  aullî  œuvres  de  marée  ,  le  radoub  qu'on 
donne  aux  vailkaux  pendant  que  les  eaux  font 
balfes. 

Prendre  la  marée,  c'eft  prendre  le  temps  que  la 
marée  eft  favorable  pour  entrer  dans  un  port  ,  ou 
pour  en  fortir.  Acad.  Fr. 

On  dit  proverbialement  :  ce  qui  vient  de  flot  s'en 
retourne  de  marée  ,  pour  dire  que  les  grands  profits 
faits   trop  promptement  ,  s'en    retournent  fouvent 
de  même. 
Marée  ,  fignifie  aulîi  poilTon  de  mer ,  qui  eft  frais , 
qui  n'eft  point  lalé.  Alarinus  pifcis  ,  vel  plfcatûs  an- 
nona.  Il  y  avoir  aujourd'hui  bien  peu  de  marée,  au 
marché.  On  appelle  Chajfe-marée ,  le  Voiturier  qui 
apporte  la  m.arée.   Les  Chajfcs-marées   lont   arrivés 
trop  tard  aujourd'hui  ,  vous  n'aurez  point  de  marée. 
Les  Vendeuis  de  marée ,  font  des  Officiers  Royaux  j 
qui  font  établis  en  faveur  des  ChaJJes- marées  ,  &  qui 
fe  chargent'  du  recouvrement  de  l'argent  qui   leur 
eft  dû  par   les    femmes    qui  vendent  la  marée    en 
détail. 
fJCT  Chambre  de  la  marée.  C'eft  une  Jurifdiélion  com- 
pofée  de  membres  du  Parlement  de  Paris  ,  qui  con- 
noît  de  toutes   les  affaires   civiles  &    criminelles  , 
relatives  au  poiffon  de  mer  frais,  leCj  falé  ,  &  d'eau 
douce. 
MARELLE,  f  f.  "V^ieux  mot.  Tromperie. 
MARENGE:  MARVEJOL  ,  MARUÉJE.  Nom  d'une 
petite  Ville  de  Languedoc  ,  iituée  dans  le  Gévaudan  , 
lut  la  petite  rivière  de  Colangc  ,  à  quatre  ou  ciriq 
lieues  au  couchant  de  Mcnde.   Marengium  ,  Marue- 
cum  ,   Marologium. 
MARENNES.  Marina,  petite  ville  de  France  en  Sain- 
tonge  avec  une  életftion  ,  renommée  par  les  Huitrcs 
verres  qu'on  pêche  fur  les  côtes ,  iSc  par  le  fel  qu'elle 
fournit.  Long.  16.   d.   27.  lat.  48.  d.  48'. 
MARÉOTE.  Nom  d'un  quartier  d'Egypte.  Contrée  d'E- 
gypte. Maréods.  L'analogie  demanderoit ,  ce  (emble  , 
que  l'on  dît  Maréodde  ,  car  nous  terminons  en  ide 
les  noms  Grecs  &c  Latins  en  is ,  qui  ont  au  génitif 
idos  ,  comme  nous   l'avons   déjà  remarqué  ailleurs. 
Cependant  je  trouve  la  Maréote.  Les  Eufébiens  per- 
fuadèrent  au  Comte  Denis  qu'il  falloit  envoyer  des 
CommlIfairGS  à  la  Maréote  ,  qui  s'inftruilîftent  exac- 
tement de  la  vérité  tur  les  lieux.  Fleury.  Ils  dépê- 
chèrent un  Courier  ,  pour  faire  venir  des  Méléciens 
de  tout  le  refte  de  l'Egypte  dans  la  Maréote ,  où  il 
n'y  en  avoir  point  encore.  Id. 
MARÉOTIDE.  f  f    Nom  ancien  d'un  lac  d'Egypte. 
Maréotis.  On  l'appelle  aujourd'hui  lac  d'Alexandrie. 
J'oyei  Alexandrie.  Quelques  uns  difent  zudi  Ma- 
réote. L'analogie  demande   qu'on    dile    Maréocide  ; 
mais  l'ufage  ne  fuit  pas  toujours  l'analogie. 
Tom;  V. 


833 


MARESA.  Nom  d'imc  ville  de  la  Terre  faintc.  Maréfa. 
Elle  étoitdans  la  Tribu  de  Judi.  Jof  XV.  44..  C'eft 
Roboam  qui  la  fit  bâtir.  IL  Parai.  XL  S.  C'éroit  la  pa- 
trie   du  Prophète   Michée.  Il   ne   faut  point  ccrir» 
Mare\a ,  comme  a  tait  Saci. 
MARESCAGE.  Foyc^  Marhcace. 
MAKESCAGEUX.  Foye:(  Marécageux. 
MARESCALCIE.  f  f  Vieux  mot.  Tribunal  ,  jutifdic- 
tion  des  Maréchaux  :  aujourd'hui  on  rappelle  Coii- 
nétablic  Se  Maréciiauftée  de  France  ;  les  Maréchaux 
de  France  en  font  les  chefs ,  depuis  que  la  charge 
de  Connétable  eft  fupprimée.  On  trouve  aullî  Ma- 
réchafie  ,   Hc  Marefcalfie  dans  le  même  feus. 
MARESCAUClEIi.  v.  a.  Vieux  mot,  qui  veut  dire  ferrer, 
mettre  des  fers.  Marefcaucïer  un  cheval.  Solets  fer^ 
reis  equi  ungulam  munire. 
MARESCHAIS.  Foye^  MarÉchais, 
MARESCHAL.   Foye^  Maréchal. 
MARESaïAUSSÉE.  Foyei  Maréchaussée. 
MARESCFilÈRE.  f.  f  Vieux  mot,  qui  fîgnihe    ma- 
rais, lieu  marécageux,  marécage.  Palus  ^  lociis  pa- 
lufirls.  Li  Flaniens  fe  font  rendus  à  grant  prelle  près 
d'une  Marefchière.  Guiart. 
MARESHUAN  ,    ou  MÉTASVAN.    f.  m.  Nom  du 
VIIF  muis  de  l'année  des  Juifs  ,  dans  lequel  il  n'y 
avoir  ni  tête,   ni  aucune  autre    chofe  remarquable. 
Mareshuanus  menfis.  Voyez  Sigonius  ,  Kalend  Hebr. 
&c  Torniel  aux  années  du  monde    2544   &    2)-45. 
Foye\  Marchesvan. 
MARÉTAMO ,  ou  MARETIMO.  Nom  d'une  petite 
île  de  la  mer  Méditerranée.  Maritima  ,  Hiera  ,  The- 
rafia.   Elle  eft  vers  la  pointe  occidentale  de  la  Si- 
cile :    on  en  tire  quantité  d'excellent  miel  ,  &  elle 
eft  célèbre  par  la  viftoirc  que  Catulle  ,  Généial  de 
la  Hotte  Romaine  j  y  gagna  lut  celle  des  Carthaginois. 
Maty. 
MARETH.  Nom  d'une  ville  de  la  Tribu  de  Juda  dans 

la  Terrc-fainte.  Mareth.  Voyez  Jof.  XF.  s  p. 
MAREUIL.  Nom  d'un  bourg  de  France  fur  les  con- 
fins du  Eerri ,  du  Bléfois  éc  de  la  Tourraine ,  &:  fur 
le  bord  du  Cher ,  d'où  vient  qu'on  l'appelle    Ala- 
reuil  fur  Clier.  Maroilamim  Turonum  ,  Marolaier.fis 
vicus.   Valois  j  Not.  Gall.  p.  31  j.  On  trouve  aullî 
Marogilum  ;  mais  je  ne  fais  fî  c'eft  le  même  lieu. 
MARFIL.  ou  MORFIL.  i.  m.  Eft  un  nom  que  les  Mar- 
chands en  gros  donnent  gCT  aux  dents  d'éléphant 
non  débitées.  On  les  appelle  ivoire  quand  elles  font 
en  morceaux   ou    façonnées   en   ouvrage.  Ebur.   lis 
l'ont  pris  de  l'Efpagnol  ,  où  il  fignifie  la  même  cholcj 
&  vient  de  l'Arabe  fil ,  qui  lîgnifie  éléphant. 
MARFORE  ,  ou  MARFORIO.  f.  m.  Furetiere  a  con- 
fondu Marjorio  avec  Pafquin.    11  n'avoir  pas  été  à 
Rome ,  ni  lu  les  antiquités  de  cette  ville  ,  ni  fiit  ré- 
flexion  à  la   plupart  des  pafquinades  ,    où  Pafquin 
&   Marforio  font  introduits  comme  des  perfonnages 
diftérens.  Ils  font  placés  à  Rome  en  des  quartiers  allez 
éloignés  l'un  de  l'autre  pour  les  diftinguer  ,  &  ils  ne 
fe  relTemblent  guère.  Pafquin  eft  une  grande  figure 
couchée  de  Ion  long ,  qui  repréfente  ,  félon   quel- 
ques-uns ,    Panarium  Jovem  ,    &c  félon    d'autres  le 
fleuve  du  Rhin  ,   ou  celui  du  Nar  j  .appelé  aujour- 
d'hui la    rivière  de    la  Néra  ,   qui  arrofe  l'Ombrie. 
Pour  ce  qui  ell  de  Marforio  ,    l'on  n'en  (ait  point 
l'origine.  Quelques-uns  difent  qu'il  vient  de  ce  qu'il 
écoit  dans  le  Forum  Augufli  ,  où  il  y  avoit  un  Teni- 
ple  de  Mars.  De  vign.  Mari'.   C'eft   à  cette  figure 
qu'on  attache  les  faiires  que  l'on  fait  à  Rome ,  aulïï 
bien  qu  à  celle  de  Pafquin.  On  les  fait  répondre  ré- 
ciproquement. Quand  Marjorio  eft  attaqué,  Pafquin 
répond  ;   Se  fi  c'eft  Pafquin  ^  Marforio  lui  réplique. 
La   ripolfe   doit    toujours   être  vive  ,    &    piquante. 
MÉLAN.  d'P^ist.  et  de  Lit. 
|3"  MARFORIO  eft  plus  ufité  que  Marfore.  Pafcuin 
étoit  un  Tailleur  de  Rome  ,  grand  railleur  de  pro- 
felîîon  ,  un  momus  cadet ,  qui  dans  les   entretiens 
avec  un  de   fes  voilins  nommé  Marforio  ,  fe  diver- 
tiftoir  aux  dépens  du  public,  L.  C.  d'Oxenftirn. 
MAPvGAJAT.  f   m.  Temie  populaire   &  de   mépris 
qui  défigne  un  homme  petit  &  mal  fait,   ianî  a'a- 

N  n  n  n  n 


834  M  A  R 

cune  mine.  C'eft  ainfi  que  Pierrot  appelle  Elbpe 
dans  Bourlault ,  Acl.  2.  fc.  6.  de  la  Com.  des  Fab. 
d'Ejope. 

Eh  mordié  ,  que  de  joie  aurait  notre  Village  ! 
On  n'a  jamais  tant  ri  que  nous  ririons  tretous  , 
De  voir  un  MiH-ga.)3.zfagote  comme  vous.  Rich. 

MARGALINE.  f.  m.  Efpèce  de  marcalÏÏte  dont  il  eft 
fait  mention  dans  le  Taiif  de  la  Douane  de 
Lyon  ,  au  nombre  des  drogueries  &  épiceries. 

MARGAN.    Ville  des  Indes  dans  le  pays  de  Salcctte. 

MARGANATIQUE,  ou  MORGANI  TIQUE,  adj.  On 
appelle  en  Allemagne  ,  Mariage  marganatique  ,  un 
mariage  contradré  avec  une  femme  d  une  condition 
infériei^re  à  celle  du  mari  qui  1  époufe.  Matrimonium 
cum  mulïcre  conditionis  d'ifparis  inferioris.  C'eft  ce 
que  nous  appelons  un  mariage  de  la  main  gauche  , 
dans  lequel  il  eit  ftipuli  par  le  contrat  que  1  epoufe 
demeurera  dans  la  première  condition  ,  que  ce  fera 
aullî  celk  des  enians  qui  naîtront.  Les  Univeriitcs 
de  Leiplîclc  &  d'Iéne  fe  font  déclarées  contre  cette 
forte  de  conventions  du  mariige  marganatique  ,  fou- 
tenant  qu'elle  ne  peut  préjudicier  aux  enfatis ,  lors 
principalement  que  le  contentement  de  l'Empereur 
eft  intervenu  pour  le  mariage,  /'bye^  Ludolf  j  Tracl. 
Nomapol.  De  Jure  Fœmin.  Illujlr. 

|3"  MARGARITINI.  Ccft  ainfi  qu'on  appe41e  à  Ve- 
nife  &  en  Italie  de  petits  morceaux  de  tuyaux  de 
baromètre,  auxquels  on  fait  prendre  fur  le  feu  une 
forme  ronde  ,  &  dont  on  bit  des  colliers  pour  les 
femmes  du  commun  ,  &  des  chapelets. 

MARGATM.  C'étoit  anciennement  une  petite  ville  de 
la  Syrie.  Marathus.  Ce  n'cft  maintenant  qu'un  vil- 
lage ,  htué  entre  Tripoli  de  Syrie  ,  &  Hama.  Mat  y. 

MARGATS.  f.  m.  Ternie  de  Calendrier.  Nom  du  on- 
zième mois  des  Arméniens  ,  qui  répond  à  peu  près 
au  mois  d'Août.  On  l'appelle  auffi  Marchais. 

^  MARGAUTER.  Terme  de  chall'e  ,  le  même  que 
Margater.   Voye-:^  ce  mot. 

MARGE,  f  m.  Blanc  qu'on  lallfe  à  chaque  côté  d'une 
page  écrite  ,  ou  imprimée.  Margo.  Dans  les  grollés 
d'un  compte  on  faille  des  deux  côtés  de  grandes 
marges  ,  pour  y  écrire  les  apoftilles  &  les  débats  à 
gauche  ,  &  tirer  les  fommes  en  ligne  du  côté  droit. 
"Les  citations  s'écrivent  maintenant  à  la  marge.  On 
ci]:ime  les  livres  en  grand  papier  ,  à  caufe  de  la  beauté 
des  marges.  Les  privilèges  portent  permiiiion  dim- 
primer  les  livres  en  telle  marge  &  caraètère  qu  on 
voudra. 

Marge j  le  dit  aullî  des  Notes,  Annotations,  qu'on 
met  à  la  marge  d'un  livre.  Notit  marginales.  Lifez 
les  marges.  Les  marges  de  ce  hvre  font  pleine  des 
fautes. 

Marge,  fe  dit  aulfi  parmi  les  Imprimeurs  en  Taille- 
douce  ,  pour  lignihcr  une  feuille  de  papier  qui  fe 
met  (ous  la  planche  de  cuivre  ,  pour  fervir  à  marger 
l'eftanipe.  Margo. 

MARGELLE ,  ou  MARGEOLLE.  Foye-  Maudelle. 

MARGER. V.  a.  Terme  d'Imprimerie.  Faire  des  marges, 

aptare  :    ce  qui  fc  lait 


&:  les  compaller.   Ala 


lorfque  l'on  met  une  feuille  blanche  fur  la  forme  k 
le  plus  jufte  qu'on  peut,  pour  fervir  de  règle  fur  le 
timpan  à  celles  qu'on  doit  tirer  après. 

Marger  un  four.  Terme  de  Verrerie.  C'eft  boucher 
les  ouvreaux  du  four  avec  de  la  terre  glaife  ,  pour 
y  entretenir  la  chaleur  les  Fêtes  &c  Dimanches ,  ou 
les  autres  jours  qu'on   ne  travaille  pas. 

MARGERÎDE.  Foye-^  Mariaride. 

MARGEUR.  (.  m.  Celui  qui  marge  un  four  à  verre. 

MARGIANE.  Nom  de  contrée  ,  c'étoit  anciennement 
une  partie  du  pays  des  Parthes.  Margiana.  Elle  étoit 
bornée  au  levant  par  la  Bac"briane  ,  au  midi  par  l'A- 
ric  ,  au  couchant  par  l'Hircanie  ,  &  au  nord  par 
la  mer  Calpienne:  ce  pays  eft  aujourd'hui  cette  par- 
tie du  Choraftan  qui  eft  vers  la  mer  Calpienne  ,  & 
à  l'embouchure  de  l'Abiamu.  Maty. 

MARGINAL,  A  LE.  Ce  qui  eft  en  marge.  Ad  mar 
glnem ,  marginalis.    Il  y  a   piulleurs   Notes  mar^i- 


MAR 

nales  ,  dans  le  Droit  j  dans  les  Ordonnances ,  qui 
fervent  beaucoup  à  les  échircir.  Les  notes  marsii- 
nales  palfent  touvent  dans  le  texte.  Il  n'a  guère 
d'autre  uLige. 

MARGISARAM.  f  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom 
d'un  des  douze  mois  lunaires  chez  les  Indiens  du 
Mogol  :  c'eft  le  neuvième  de  leur  année ,  il  répond 
au  mois  de  Décembre. 

MARGONICHA.  C'étoit  autrefois  une  petite  ville  ; 
maintenant  c'eft  un  village  de  la  Liburnie  en  Dal- 
matie  ,  litué  près  du  bourg  d'Ottokhalz.  Margoni- 
cha  ,  anciennement  Ardotium.  Maty. 

MARGOSEST.  Nom  d'une  ville  de  la  Turquie ,  en 
Europe.  Marcodava.  Elle  eft  lur  la  rivière  de  Ba- 
dalach  en  Moldavie  ,  environ  à  douze  lieues  de 
Jallîe  &  autant  de  Tergorod.  Maty. 

MARGOT,  f  f  Nom  de  femme.  Diminutif  de  Mar- 
guerite. Margarita.  Marguerite  ,  Duchelfe  de  Sa- 
voie ,  dans  fon  épitaphe  ,  qu'elle  fit  fur  mer  étant 
prête  à  périr  ,  en  allant  épouler  Dom  Jean  Inlant 
des  Efpagncs ,  dit  : 

Cy  gifi  Margot ,  la  gente  Damoifelle  , 
Qu'eut  deux  maris,  &  Jl  mourut  pucelle. 

Margot,  f.  f.  Sorte  d'oifcau  qu'on  appelle  autrement 
Plc.  Pica.  Une  jolie  margot. 

L'Aigle,  Reine  des  airs ,  avec  Margot , /a Pi>j 
Traverfoient  un  bout  de  prairie.  La  Font. 

Margot,   f    m.    Nom   d'un   oifeau  de  mer  ,  qui  eft 
oileau  de  proie  ,  &  vit  du  poillon  qu'il  prend.  On 
le  trouve  dans  les  mers  de  l'Amérique  méridionale 
lur  les  côtes  orientales ,  &  dans  les  mers  des  Indes. 
Les  Margots  iont  blancs.   Quelques-uns  lont  mêlés 
de  gris ,  peut-être  cette  différence  eft  elle  la  mar- 
que du  lexe. 
ffT  MARGOTAS.  f  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  de 
petits  bateaux  accouplés  deux  enfemble  ^  ordinaire- 
ment chargés  de  fjin  ,  d'avoine  ,  ou  de  blé. 
MARGOTER  ,  ou  MARGAUTER.  v.  n.   Terme  de 
Chalfeur.  Raucum  murmur  edere.  Ce  mot  (e  dit  des 
cailles,  lortqu'elles  font  un  cri  enroué  de  la  gorge, 
avant  que  de  chanter.  Les  cailles  margotent. 
|ÎO=MARGOUILLET.  f.  m.  Terme  de  marine.  Boule 
ou  colle  de  bois  arrondi ,  &  qui  porte  une  canne- 
lure pour  l'eftroper.  Le  margouillet  lert  à  frire  pai- 
tcr  les  manœuvres  courantes.  Il  y  en  a  dans  le  fond, 
des  huniers  ,  des  balfes  voiles ,  pour  lervir  de  con- 
duite  aux  cargue  -  fonds   &    aux  cargue- boulines. 
Manœuv. 
MARGOUILLIS.  f.  m.  G.ichis  plein  d'ordure.  Vobuta- 
hrum.  Il  a  mis  le  pied  dans  le  margouillis.  Il  a  ren- 
verlé    un   feau  dans  la  chambre  ,  il  a  fait  un  grand 
margouillis.  On  dit  aullî  de  celui  qui/mêle  enlemble 
plulieurs  fauces ,  potages,  ou  autres  mets  avec  mal- 
propreté ,■  qu'il  fait  un  vilain  margouillis. 
Margouillis.  Lieu  plein  de  boue.  Il  alla  tête  baillc'e 
jufques  lur  le  bord  d  un  méchant  ruifteau  ou  mar- 
gouillis. PÉnssoN.   Ce  mot  n'eft  pas  noble. 
MARGOZZA.  Petite   ville  du  Duché  de  Milan  ,  en 
Italie.  Margotia.  Elle  eft  dans  le  Comté  d'Anghiera, 
fur  le  petit  lac  de  Alargona,  qui  eft  environ  à  di.'j 
lieues  de  celui  d'Orta  ,  vers  le  nord.  Maty. 
^  MARGRAVE   ou  MARGGRAVE.  f.  m.  Foyei 

l'art,  (uivant. 
MARGRAVIAT,  f  m.  Sorte  de  Comté  dans  l'Empire 
d'Allemagne.  Le  Prince  qui  en  eft  revêtu  s'appelle 
Margrave  _,  &  jouit  dans  Ion  Etat  des  droits  de  Sou- 
veraineté. i)Cr  Dans  l'origine  le  Margrave  étoit  un 
Comte  ou  Marquis  qui  veiUoit  à  la  sûreté  des  fron- 
tières. Cette  dignité  eft  devenue  héréditaire  ,  com- 
me bien  d'autres  ,  que  le  Souverain  accordoit  aux 
Grands  ,  toujours  révocables  à  la  volonté.  Voye\^ 
Grave. 
'Kr  MARGRAVINE  &  margrave,  f.  f.  Nom  de 
dignité  en  Allemagne.  Marquif:.  Femme  ou  veuve 
d'un  Margrave. 


M  A  R 

MARGRIETTE.  f.  f.  C'eft  la  plus  grolTe  des  Verro- 
teries qui  entre  dans  le  commerce  ^  que  les  Euro- 
péens font  avec  divers  peuples  de  la  côte  d'Atri- 
que;  elles  font  ordinairement  d'un  bleu  foncé  ti- 
rant fur  le  noir  ,  avec  des  raies  ou  jaunes,  ou  blan- 
ches. 

MARGRITIN.  f.  m.  Efpécc  de  ralÏÏidc  ou  rocaille 
très-rinc.  Il  s'en  bit  de  pluliciirs  couleurs  (iv;  de  di- 
vers degrés  de  finellc.  Le  plus  beau  Mar^ricin  fe 
tire  de  Venife.  Il  s'en  tait  aulli  à  Rouen  &c  en  Alle- 
magne. 

IvlARGUERITE.  f  f.  Nom  de  femme.  Margarka. 
Prefque  tous  les  Grecs  x^^ûïcni  Lxmic  Marguer'ue  , 
Marine.  Le  Pape  Gélafe  L  met  la  vie  de  lainte 
Marguerite  parmi  les  pièces  apocryphes.  Marguerite 
de  France  ,  Reine  d'Angleterre  ,  puis  de  Hongrie  , 
étoit  fille  de  Louis  le  Jeune  &  de  Conrtance  de  Caf- 
tille.  Marguerite  de  l'arme  fut  Gouvernante  des  Pays- 
Bas,  f^oyei  iitrada  ,  hiltoirc  de  Flandre.  Marguerite , 
Reine  de  Navarre  i^'  fœur  de  François  L  aimoit  les 
lettres  avec  paillon  j  &  ctoit  éloquente. 

Marguerite,  f.  f.  Sorte  de  pl.inte  dont  il  y  a  plu- 
lîeurs  elpèces.  Belhs.  Celle  que  M.  Tournefort  ap- 
pelle Leucanthemum  vulgare  ,  Injl.  rei  herb.  491. 
a  une  racine  fibrcufc  ,  rampante ,  acre  au  goût  : 
elle  poulie  plulicurs  tiges  à  la  hauteur  d  environ 
un  picdj  pentagones,  folides,  rameufesj  accompa- 
gnées de  beaucoup  de  feuilles  oblongues  ,  grades  , 
dentelées.  Ses  Heurs  font  rondes  ,  belles  ,  radiées , 
de  couleur  jaune  en  dedans ,  mais  couronnées  de 
feuilles  blanches,  foutenues  par  des  calices  qui  font 
des  elpèc^s  de  calottes  compofées  de  pluheurs  feuil- 
les en  écailles  ,  &:  qui  ont  le  bord  noirâtre.  Cette 
plante  eft  fort  déteriive  &  fort  apéritive^  on  en  hilt 
prendre  la  tihne  à  ceux  qui  crachent  du  pus.  C. 
Bauiin  l'appelle  Beliis  filvejîris ,  caule  joliofo y  ma- 
jor. Pline.  Les  marguerites  om  les  teuiUes  d'en  bas 
fcmbl '.blés  à  la  bétoine.  On  les  ^^■pçWc  marguerites , 
parce  que  les  Heuis  ,  qui  font  quelquefois  limples, 
&  quelquefois  toutes  pleines  de  teuilles  ,  font  d'un 
blanc  pâle ,  &  rellémblent  à  des  perles.  Elles  veulent 
être  cultivées  dans  une  terre  gralle ,  humide  ,  &  bien 
au  fjleil.  MoRiN.-_ 

La  petite  Margkente  autrement  pâquerette  j  bellis 
minor  j  a  une  racine  vivace  ,  qui  ne  forme  point 
de  tige.  Les  Heurs  font  radiées.  Elles  font  blanches  , 
ou  blanches  ilfc  rouges.  Elles  Heurillent  au  printemps. 
On  en  cultive  dans  les  jardins.  La  plante  &  la  Heur 
portent  le  nom  de  Marguerite.  Un  bouquet  de  mar- 
guerites. On  en  diftingue  pluheurs  efpèces. 

La  Reine  Marguerite.  C'cft  le  nom  qu'on  a  don- 
ne à  une  plante  de  la  famille  des  afters  ,  qui  nous 
a  été  apportée  depuis  peu  d'Amérique.  La  Heur  en 
eft  très  belle  ,  &:  fait  en  Automne  la  principale  dé 
cotation  des  jardins.  Il  y  en  a  de  ditlérentes  cou- 
leurs, de  fimples  &c  de  doubles.  On  n'élève  que  les 
doubles. 

Madame  Marguerite  de  France  j  fœur  d'Henri  II. 
5c  fille  de  François  I.  ayant  époufé  Emanuel-Phih 
bcrt  Duc  de  Savoie ,  tk.  allant  en  Savoie  trouver  ce 
Prince',  on  lui  préfenta  eii  quelque  endroit  fur  la 
route ,  une  corbeille  de  Heurs ,  où  il  n'y  avoir  que 
des  marguerites  y  avec  ces  vers  , 

Toutes  les  fleurs  ont  leur  mérite  , 
Mais  quand  mille  fleurs  à  la  fois 
Se  préfenteroient  à  mon  choix , 
Je  choifirois  la  Marguerite. 

On  appelle  proverbialement  les  Marguerites  Fran- 
çoifes  ,  un  livre  qui  contient  les  plus  beaux  com- 
plimens  qu'on  faifoit  au  fiècle  palFé  ,  &  qui  font 
méprifés  ,  parce  qu'ils  font  devenus  trop  communs  , 
en  forte  qu'on  les  appelle  aulli  les  compUmens 
de  la  place  Maubert.  En  leur  donnant  le  nom  de 
marguerite  ,  on  a  fait  allufion  aux  Heurs  de  Rhéto- 
rique. On  dit  aulli ,  Jetter  des  marguerites  devant  les 
pourceaux;  pour  dire  ,  Parler  de  belles  chofes  devant 
dcsgensqui  les  méprifent,  parce  qu'il  s  ne  s'y  coniioif- 
Tome  V. 


M  A  R  *        83^ 

fcnt  p.-\s.  En  ce  fcns  on  fut  allufion  au  mot  Latin 
margarita ,  qui  lignnie  grojje  perle.  On  difoit  autre- 
fois marguerite  en  ce  fenSj  fur-tout  dans  les  tra- 
duit lions. 

Marguerite.  Petite  étoffe  mêlée  de  foie  ,  de  Laine, 
&  de  fil ,  qui  fe  tait  par  les  HautgliHeurs  de  la  Sayct- 
tcrie  d'Amiens. 

Marguerite  de  Martelleti.  Terme  de  Flcurifte. 
Anémone  de  couleur  Siamèfe  ■■,  fi  peluche  qui  ref- 
fcmble  alfez  bien  à  une  Heur  de  marguerite  ,  cfl: 
fouvent  entremêlée  d'une  autre  peluche  ,  qui  vient 
plus  large  que  la  première.  Morin. 

Marguerite.  1.  f.  Terme  de  Mer.  C  eft  un  certain 
nœud  que  l'on  fait  lur  une  m.inauvrc  pour  agit 
avec  plus  de  force.  Nodus  nauticus.  rj3"  Faire /72ar- 
guerite  y  c'eft  mettre  un  appaieil  fur  le  cable  Se  au 
Cabeftan  ,  quand  on  ne  peut  lever  1  encre  avec  le 
tourne  vire.  ManŒu'V'. 

La  Marguerite.  Marguerita.  C'cft  une  des  Antilles 
de  Sottovento.  Elle  eft  vers  la  côte  de  l  Andalou- 
fie,  à  vingt  ou  vingt  cinq  lieues  de  ta  nouvelle  Cor- 
doue.  Cette  île  eft  médiocrement  grande;  mais  elle 
eft  ftérile  ,  tk  fans  eau  douce.  Elle  ne  laiHè  pas* 
d'être  habitée  par  pluheurs  riches  Marchands  ,  qui 
y  font  pêcher  par  des  Nègres  les  plus  belles  perles 
de  l'Amérique.  Ce  qui  a  fait  donner  à  1  ik  le  nom 
de  Marguerite  ,  qui  en  Latin  fignihe  une  perle. 
Maty. 

MARGUILLERAUT.  f.  f.  Petit  Marguillier.  Terme 
de  mépris.  La  Satyre  contre  les  Marguilliers  de. . . . 
a  dit. 

Ridicules   Marguilleraux.  . 

MARGUILLERIE.  f.  f.  Charge  de  Marguillier.  ./«û'/^ 
tui  munus.  Les  Bourgeois  briguent  fort  la  marguillc 
ne.  Il  a  été  continué  quatre  ans  dans  la  m.arguillerie. 
Un  Commiflaire  du  Châtclet  fut  déchargé  en  1694. 
d'une  marguillerie  comptable  ,  par  Arrêt  du  27  Fé- 
vrier. De  la  Mare  ,  Traité  de  Police ,  T.I.  p.  21 7. 
La  Satire  contre  les  Marguilliers  de. . .  dit  en  parlant 
des  Bedeaux. 

Fojfoyeurs  qu'en  termes  plus  beaux  , 
Dans  l'Eglife  on  nomme  Bedeaux  , 
Fermiers  de  la   Marguillerie  , 
Dont  les  abus  font  infinis  , 
Gros  Portefaix  de  Confrérie , 
Gouffres  béants  de  pains  bénis. 

MARGUILLIER,  f.  m.  Celui  qui  a  l'adminiftation 
des  artaires  temporelles  d'une  Eglife  ,  à  une  Paroif- 
le  ,  qui  adminiftre  les  revenus  de  la  fiuiique.  ^di- 
tuus  ,  (nditimus  ,  £dis  curator  6"  cuftos.  Dans  la  balle 
Latinité  matncularius.  Il  y  a  dans  les  grandes  Paroif- 
ies  deux  premiers  Alarguilliers  ,  ou  Marguilliers 
d  honneur  ,  qui  font  d'ordinaire  des  OfHciers  ou 
Masiftrats  ,  &  deux  Marguilliers  comptables  ,  qui 
font  Marchands  ,  ou  Bourgeois.  Les  Marguilliers 
vont  les  premiers  à  i'oftrande  ,  à  la  proceilion  ,  Se 
reprélentent  tout  le  corps  des  Paroilîiens.  L  Inten- 
dance de  la  fabrique  de  1  Eglile  apparte.ioit  ancien- 
nement à  l'Evêque.  Les  Evêques  s'en  déchar.;èrenc 
fur  les  Archidiacres  ,  &  les  Archidiacres  fur  les 
Curés.  L'avarice  ,  ou  la  néjigencc  des  Curés,  tut 
caufe  qu'on  choifit  des  perfonnes  notables  &  zé- 
lées ,  entre  les  Paroilliens  ,  pour  prendre  la  direc- 
tion des  atfaires  de  l'Eglife  :  cependant  les  Evêques 
ont  prétendu  que  ces  Marguilliers  , -quoique  li'ùiues, 
n'étoient  point  dil'penfés  de  rei'de  compte  de^eur 
adminiftration  devant  le  Juge  Eccléiiaftique.  Ils  y 
ont  été  maintenus  par  divers  Edits  &  Arrêts  du  Con- 
feil.  Les  Juges  léculiers  fe  font  pourtant  maintenus 
en  poHeirion  ,  attendu  qu'il  s'agit  de  biens  tempo- 
rels ,  Se  que  les  Marguilliers  ,  qui  font  les  comp- 
tables ,  font  de  condition  la'iqne.  Ainii  les  Marguil- 
liers ne  font  jufticiables  des  Evêques  ,  ni  pour  leur 
éleftion,  ni  pour  leur  deftitution,  ni  pour  leurs  comp- 
tes. FÉVRET. 

Niinnn  i; 


Z^G         M  A  R 

Ce  mot  vient  de  Macncularius.  La  matricule  ctoit 
un  regiftre  public  ;  où  l'on  enrôloit  les  pauvres  qui 
demandoient  l'aumône  à  la  porte  des  Egliles ,  & 
les  Marguitlicrs  étoient  les  gardes  de  ces  regillresj 
&  les  diftributeurs  de  ces  aumônes.  Depuis  j  on  l'a 
dit  de  ceux  qui  ont  eu  le  foin  &  la  garde  du  revenu 
des  Eglifes.  Ménage.  Borel  le  dérive  de  Maire  de 
l'Eglïft.  Originairement  on  choilillbit  quelques-uns 
d'entre  ces  pauvres  qui  étoient  aux  portes  des  Egli- 
fes ,  pour  y  rendre  les  menus  fervices  ,  comme  de 
les  balayer,  de  les  orner,  &  de  fonner  les  cloches, 
dont  les  MargmUïers  d'aujourd'hui  ont  pris  la  pla- 
ce, <Sc  qui  autrefois  fe  tenoient  aux  portes  des  Egli- 
fes pour  les  garder  _,  &  avoir  loin  des  autres  pau- 
vres. On  a  depuis  établi  des  MarguiUiers  dans  les 
Cathédrales  à  l'imitation  des  Paroiifes.  Odoii  Eve- 
que  ,  en  a  établi  dans  l'Eglife  de  Paris  ,  quatre 
Clercs  &:  quatre  Laïques,  qui  à  caufe  de  leur  mar- 
guUlerie ,  font  un  hommage  lige  à  l'Évêque.  Ils  dé- 
voient garder  l'Eglife  ,  &  fonner  les  cloches. 

On  difoit  autrefois  Marreglkr ^  &  on  dit  aujour- 
d'hui en  quelques  Provinces ,  Manlller. 

A  la  campagne,  [e  MarguUlier  ell  celui  qui  fert 
à  l'Eglife ,  éc  qui  eft  une  efpèce  de  Bedeau.  Ceux 
qui  ont  foin  de  l'œuvre  s'appellent  Gagers.  En  Au- 
vergne on  appelle  les  Marguilliers  ,  Luminers. 
MARL  f  m.  Celui  qui  eft  joint  &  uni  à  une  femme 
par  un  contrat  civil,  &  avec  les  cérémonies  de  1  E- 
gljfe.  Mar'uus ,  vir  ,  conjux.  Les  femmes  en  France 
font  fous  la  tutelle  perpétuelle  du  mari  ;  elles  ne 
peuvent  faire  aucun  aétc  ians  être  autorilées  par 
leur  mari.  Le  mari  eft  le  maître  de  la  communauté. 
Alettre  le  fer  entre  les  mains  d'un  mari  pour  venger 
fon propre  honneur,  ce  n'ert  pas  violer  les  loix,  c'eft 
les  obferver.  S.  EvR.  En  prenant  un  marij  on  prend 
un  maître.  M.  Scud.  Une  femme  fe  détait  d'un 
Galant  quand  elle  veut  ■■,  mais  il  faut  qu'elle  garde 
un  mari  tant  qu'il  dure.  Le  Ch.  de  M.  Il  lemble 
qu'aujourd'hui  un  mari  fe  fait  une  ridicule  honte 
d'aimer  ia  femme  ,  &c  que  la  tendrelîe  conjugale 
foit  une   pratique  bourgeoife.  S.  EvR. 

Le  pouvoir  des  maris  en  Allemagne  ,  même  des 
Princes  de  l'Empire  à  l'égard  de  leurs  femmes  & 
de  leurs  enfans ,  n'eft  point  delpotique  &  fouverain. 
Pagenftecher  ,  Jurifconfulte  Allemand ,  a  fiit  une 
Dillertation  pour  prouver  que  lelon  le  droit  natu 
rel  j  un  mari  n'a  pas  un  pouvoir  defpotique  fur  La 
femme  ,  Se  que  le  mariage  n'eft  pas  une  Monarchie. 
Il  s'eftorce  d'expliquer  le  V.  21*^.  du  Chap.  V"^.  de 
l'Epître  de  frint  Paul  aux  Ephéliens. 

Quand  Boileau  dans,  fes  vers  nous  dépeignit  les  fem- 
mes ^ 
On  crut  qu'Hymen  allait  éteindre  fon  flambeau  ^ 
Mais  Renard  aujficôt  en  ralluma  les  flammes  , 
En  donnant  des  maris  aux  femmes  de  Boileau. 

Jean  -  Philippe  Palthen  ,  Profelfeur  de  Droit  à 
Grypfwald ,  a  fait  une  Dillertation  lur  un  Mari  de 
la  Reine  ,  qui  n'eft  pas  Roi  ,  de  Marito  Régime  ^ 
qu'il  définit  un  homme  marié  avec  une  Princelfe, 
qui  par  droit  d'héritage  poisède  un  Royaume  ,  mais 
qui  n'a  contradté  mariage  avec  elle  qu'à  condition 
que  fon  mariage  ne  changeroit  point  fon  état  de 
lui  mari  j  &c  qu'il  ne  lui  donneroit  point  d'empire 
fur  fa  femme  ,  qu'il  ne  pourroit  partager  avec  elle 
la  Royauté  ,  ni  après  fa  mort  avoir  aucun  droit  par- 
ticulier fur  fon  Royaume ,  en  vertu  de  fon  contrat 
de  mariage  feul  ,  Si  fans  qu'il  intervienne  aucun 
autre  aéfe.  De  là  il  conclut  que  dans  ce  cas  c'eft  la 
Reine  qui  eft  véritable  Roi.  Ce  qui  n'empêche 
pas  que  fon  mari  ne  puille  être  Roi  d'ailleurs  j  & 
Supérieur  à  fa  femme;  car  une  fille  Reine  peut 
fe  marier ,  ou  à  un  Prince  régnant ,  ou  à  un  fujet , 
foit  qu'il  foit  fon  fujet  ,  ou  fujet  d'un  Royaume 
étranger.  Il  donne  des  exemples  de  tous  ces  difté 
rens  cas  ,  qui  font  Ferdinand  &  Kabelle  ,  dont  le 
mariage  ne  donna  point  de  droit  à  l'un  fur  le  Royau 
trie  de  Caftille  ,  ni  à  l'autre  lur  celui  d'Arragon.  i 


M  A  R 

Jeanne  ,    fille  d'Ifabelle    &    Philippe  d'Autriche  ; 
Philippe  II.  &  Marie  Reine  d'Angleterre  ;  les  deux 
Jeannes ,  Reines  de  Naples  ,  dont  l'une  époufa  en 
premières  noces  André,  puis  Louis  Prince  de  Ta- 
rente  ,  enfuite  Jacques  Baléare  ,  &  en  quanicmes 
noces  Otton  ,  Duc  deBrunfwic;&  l'autre  Jacques  de 
Bourbon  ,  Comte  de  la  Marche.    Marie  ,     Reine 
d'EcolIe  ,  mariée  au  Dauphin  de  Frauce;  Se  enfin  j 
la  Reine  Anne  ,  qui  a  compté  fon  propre  mari  par- 
mi  fes   fujets  ;  ce  que    Palthen  prouve  ,  i".  Parce 
que  le   peuple    d'Angleterre   ne  l'a   traité   que   de  . 
Prince    de   Dannemarck.   1°.    Parce   qu'il  rendoit 
hommage    à    la   Reine  comme    les  autres  vallaux. 
3".  Qu'il  lui  prêtoit  lerment  de  fidélité  comme  fou 
Miniltre.  Enfin  ,  M.  Palthen  examine   quels   font 
les  Royaumes   où   ce    cas    peut  arriver ,  Se   il  dit 
qu'il    ne   peut  arriver   dans  un   Royaume  éledlif , 
qu'il  peut  arriver  quelquefois  dans  un  Royaume  hé- 
réditaire ,  jamais  dans  un  Royaume   uluhuc^uaire, 
d'où  il  conclut  qu'on  ne  le  verra  jamais  en  France, 
ni  en  Allemagne ,  ni  en  Pologne  ;   mais  qu'il  y  en 
a   des  exemples  ,  Se  qu'il  peut  encore    y  en  avoir 
dans   toutes  les  autres  Monarchies  de  l'Europe.  Il 
dit   qu'une   Reine    ne  doit  point  choifir  pour  mari 
un  Roi ,  mais   un  Prince   du  Sang  Royal  ,  ou  au 
moins  un  homme  qui   ait  les  qualités  d'un    Roi  ; 
que  quand  elle   devient  Reine  ,  elle  ne  doit  point 
faire  pour  cela  divorce  avec  (on  mari  j  Se  que  fon 
mari  ne  doit  point  exiger  d'elle  qu'elle  partage  avec 
lui ,  ou  qu'elle  lui  communique   la  fouveraine  puif- 
lance  ;  qu'il  n'eft  contraire  ni  à  la  loi  naturelle  ,  ni 
à  la  loi  divine  pofitive  ,  qu'une   femme  ait  la  fou- 
veraine puilfance  civile  ;  que  fins  violer  la   nature 
de  la  fociévé  conjugale  ,  le  mari  peut  être  fournis  à 
la  femme;  Se  enfin,  il  répond  aux  difficultés  qu'on 
pourroit  lui  faire  ,  fur  tout  au  endroits  de  l'Ecriture 
qu'on   lui  peut    oppofer.    Jf.   III.    11.  Cor.  XIV. 
34.  Gen.  m.    16.  Eph.    V.  23.   Col.  III.  iS.  L 
P.  III.  I. 

Le  P;  Bellati  a  fait  en  Italien  un  fort  beau  traité 
fur  les  obligations  d'un  mari  Chrétien. 

Nos  femmes  de  Paris  ,  au  lieu  de  mon  mari ,  di- 
foient,  mon  mafi.  Mascur. 

Mari  commode.  A'^ove^  Commode. 

MARIABA.  Ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Ce  mot 
lignifie  une  Métropole  ,  une  ville  qui  a  autorité  fur 
les  autres. 

MARIABLE.  adj.  m.  Se  f.  Qui  eft  bon  à  marier;  qui 
eft  en  âge  de  fe  marier.  Matrimor.io  aptus  ,  ma- 
turus  ,  nuHUs.  Une  fille  à  douze  ans  eft  mariable 
par  les  loix.  Un  garçon  n'eft  mariable  qu'à  quatorze 
ans. 

^3°  MARIAGE,  f.  m.  Contrat  civil ,  élevé  à  la  dignité 
de  Sacrement ,  par  lequel  1  homme  &  la  femme 
font  joints  d'un  lien  indillôluble  ,  qui  ne  peut  fe  dif- 
loudrequepar  la  mort  de  l'un  d'eux.  Matrimonium^ 
Conjugium.  On  entend  ici  par  contrat  civil ,  le  con- 
fentement  des  conjoints  donné  félon  les  loix  de 
l'État.  Car  pour  la  validité  du  mariage ,  il  n'eft  pas 
nécellaire  qu'il  y  ait  un  contrat  par  écrit  ,  qui  ne 
fert  qu'à  conftater  le  droit  des  parties  connaéfantes 
touchant  la  dot,  le  douaire,  le  préciput ,  &c. 

§CT  Le  mariage  eft:  un  Sacrement ,  mais  un  Sacrement 
dépendant  du  contrat  civil  ;  def'orte  que  h  le  con- 
trat eft  nul  par  défaut  du  confentemcnt  légitime  ,  le 
Sacrement    ne  peut  y  être  attaché. 

IJCT  Le  Sacrement  étant  une  choie  fpirituelle  ,  il  dépend 
uniquement  de  la  puilîance  de  l'Eglife  ;  mais  comme 
le  Sacrement  de  mariage  fuppofe  une  convention 
qui  précède,  convention  qui  eft  un  contrat  civil, 
ce  contrat  eft  dans  la  main  du  Prince  &  de  l'Etat  : 
c'eft  pourquoi  il  dépend  de  fa  prudence  de  le  régler, 
foit  par  rapport  à  l'âge  des  perfonnes ,  foit  par  rap- 
port au  confentemcnt  des  pères  &  mères ,  foit  par 
rapport  à  d'autres  objets. 

L'ellénceduOTi7r/iî^e  confifte  dans  le  confcntement 
mutuel.  Le  roan'a  "e  eft  du  droit  des  gens,  &  en  ulage 
chez  tous  les  peuples.  Le  mariage  nous  aftocie  pour 
la  bonne  Se  ia  mauvaile  fortune.  C.  B.  Le  mariage 


M  A  R 

"     cft  un  lien  fatal  à  notre  libcrti.-.  S.  Hvr.  Les  filles 

cherchent  Jans  \c  manai^e  le  bonheur  de  l'indépen- 
dance. M.  Esp.  Le  joug  àa  managc  qui  doit  allwjc 
tir  les  maris  &  les  tenmies  fous  les  mêmes  loix  de 
•  fidéiitéj  n'adervit  plus  que  les  (-"emmes.  M.  Esp.  Il 
y  a  peu  de  mariages  bien  aliôrtis  :  cependant  le 
mariage  eft  une  focicté  ,  &  non  pas  une  tyrannie. 
Bhll.  L'une  des  fources  des  malheurs  du  mar.age  , 
c'ell  que  la  rillc  n'y  envilage  que  la  perfonne,  <:<c  la 
mère  n'y  coniidère  que  le  bien.  In.  On  enviliige 
d'ordin.iire  le  mariaiic  comme  le  tombeau  des  fou- 
pirs  &:  des  petits  ioins.  S.  ÉvR.  Je  veux  toute  votre  ten- 
dreffe  indépendamment  des  devoirs  &  des  fujérions 
du  mariage.  P.  Com.  Le  mariage  n'apprend  point 
à  aimer  :  il  veut  feulement  qu'on  fe  laille  aimer. 
Le  Ch.  d'H.  Les  cngagemens  du  mariage  m'ef 
frayent  :  s'il  n'eft  pas  heureux  j  l'on  ell  réduit  à 
attendre  que  la  mort  vienne  à  pas  trop  tardifs  rom 
prc  &  brifer  fa  chaîne.  S.  Éva.  La  mariages  des 
gens  de  qualité  font  des  unions  de  politique  ,  plutôt 
que  de  fympathie.  Vill.  Ce  n'ell  pas  aimer  que  de 
vouloir  trouver  du  bien  &  des  dignités  dans  les  em- 
bralfemens  d'un  mari  :  c'eft  chercher  dans  un  ma- 
riage Cl  médité  à  contenter  fon  ambiton  plutôt  que 
foncœur.  L.  d'ÉloÏse  a.  Abel.  fp^LesÉtas  fouverains 
ne  fauroient  trop  mettre  en  honneur  le  mariage.  Plus 
on  diminue  les  mariages  qui  pourroient  fe  faire  ,  plus 
on  corrompt  ceux  qui  font  faits;  8c  moins  il  y  a  de 
gens  mariés,  moins  il  y  a  de  fidélité  dans  les  iriaria- 
^ej  ;  comnie  lorfqu  il  y  a  plus  de  voleurs,  il  y  a  plus 

de  vols.  MONTESQ. 

v^ï?  On  appelle  mariage  de  confcience  ,  un  maria  ^e 
oij  les  formalités  &c  les  cérémonies  de  l'Eglife  n'ont 
été  obfervées  que  fecrétement.  Matnmonium  fecre- 
tum.  On  appelle  ces  fortes  de  Mariages ,  Mariages  de 
confcience  ,  parce  qu  ils  font  légitimes  devant  Dieu  , 
&  dans   le  for  intérieur. 

'On  appelle  mariage  de  Jean  des  Vignes j  autrement 
mariage  en  détrempe ,  un   commerce  criminel  lous 
quelque  apparence  de  mariage. 
IfT  On  dit  aulH  : 

Boire  &  manger,  coucher  enjemble ^ 
C'ejl  mariage  ,  ce  me  femble. 

Le  Concile  de  Trente  déclare  anathème  ceux  qui 
diront  que  les  caufes  de  mariage  n'appartiennent  pa^ 
aux  Juges  d  Eglife.  Quand  le  Roi ,  ou  les  Parlemcns , 
annullent  les  mariages  clandeftins ,  ils  ne  touchent 
point  au  Sacrement  ;   mais  ils  annullent  le  contrat 
civil ,  qui  lui  fert  de  fondement.  La  dilfolution  du 
mariage  ne  fe  fait  que  par  la  mort ,  ou  par  l'impuit 
fance  du  mari.  gCT  Avant  J.  C.  le  mariage  netoit 
qu'un  contrat   civil ,  qui  de  fa  nature  ,  établi  (fou 
entre  l'homme  &  la  femme  une  fociété  indiilbluble  , 
c'eft-à  dire  ,  qui  lubfifle  toujours ,  qui  ne  fe  peut 
rompre.  Il  efl:  vrai  qu'il  étoit  permis  aux  Juits  de  ré- 
pudier leurs  femmes  ;  mais  cela  leur  avoir  été  accotdé 
à  cîufe  de  la  dureté  de  leur  cœur  :  la  chofe  n'étoit 
pas  ainlî  dans  Ion   origine.  Dieu  a  inftitué  le  ma- 
riage  pour  être  une  focicté  indilfoluble  jutqu'a  la 
mort  entre  l'homme  &  la  femme.  Le  mariage  doit 
erre  célébré  par  le  propre  Pafteur  des  parties  ,  ou 
fie  (on  confentement.  La  proclamation  des  bans  eft 
iiécelîaire  pour  la  validité  du  mariage  ^\  l'égard  des 
mineurs,  &  des  enfans  de  famille,  même  majeurs: 
mais  il  n'eft  pas  nul  à  l'égard  des  perfonnes  libres 
&:  majeures ,  faute  de  proclamation  de  bans.  Les  ma- 
riages clandeftins  font  nuls  quant  aux  eifets  civils , 
fuivant    l'Ordonnance  de   1659.  Par  la  même  Or- 
donnance les  mariages  contractés  à  l'extrémité  par 
ceux   qui   époufent    leur  concubine    en   moufant , 
pour  légitimer  les  enfans  j  font  déclarés  nuls,  &  les 
enfans  illégitimes.  L'âge  requis  pour  la  validité  du 
mariage  eft  fixé  à  la  puberté  ,  c'eft  à  dire ,  à  douze 
ans  pour  les  filles,  &  à  quatorze  pour  les  garçons. 
Outre  cette  capacité  naturelle  ,  il  faut  avoir  la  ma- 
jorité légale  ,  &  l'âge  marqué  par  les  Ordonnances  : 
car  avant  l'âge  de  zj  ans  les  enfans  de  faïaiilie  ne 


M  A  R 


837 

peuvent  comrader  mariage  fans  le  conlcntement 
de  leur  père  &c  nùrc,  Ik.  s'ils  fe  marient  avant  30 
ans  pour  les  garçotis ,  &  avant  ij  pour  les  filles, 
feins  ie  confentement  de  leur  père  &  mère  ,  ils  peu- 
vent être  exhérédés.  Entre  parens  en  ligne  directe  , 
la  prohibition  du  mariage  eft  perpétuelle.  En  ligne 
collatérale  le  TOijria^e  eft  prohibé  par  les  Canons  juf- 
qu'aux  quatrième  degré  incliilivcmcnt.  Il  en  eft  de 
même  de  l'atHnité  :  la  prohibition  s'étend  jufqu'au 
quatrième  degré,  l^oye:^  Degré.  Sanchez  ik.  Bona- 
cina  ont  beaucoup  écrit  fur  le  mariage. 
Mariages  fiits  in  extremis  ,  font  ceux  qui  commen- 
cent par  une  débauche  ,  que  des  hommes  ont  entre- 
tenue avec  des  femmes  qu  ils  épouleiit  a  l'extrémité 
de  leur  vie.  fCF  Ces  fortes  de  mariages  .  quoique 
valables  ,  quant  à  la  confcience  ,  font  nuls  quant 
aux  ertets  civils. 

Il  y  a  une  efpèce  de  mariage  en  Allemagne ,  où 
le  mari  donne  à  fa  femme  la  main  gauche,  au  lieu 
de  la  droite;  &  alors  les  enfans  qui  en  proviennent 
font  réputés  bâtards  à  l'égard  des  Ci.cts  civils  ,  quoi- 
que légitimes  en  eftet  ;  car  ils  ne  portent  m  le  nom  , 
ni  les  armes  de  la  maifon  ,  comme  le  dit  Nicolaus 
Mylérus  en  fa  Gamologie.  Il  n  y  a  que  les  Princes 
&  grands  Seigneurs  d'Allemagne  qui  puilfent  con- 
tradter  ces  fortes  de  mariages.  Les  grandes  Maifons 
d'Allemagne  font  en  polfeUlon  de  croire  que  les  Prin- 
ces ,  s  ils  n'époufent  des  Princ.fles  ,  n'ont  point  d'en- 
fans  qui  puillent  fuccéder  a  la  Principauté  ;  c'eft  ce 
qu'on  appelle  des  mariages  àa  côté  gaucfte.  Pelisson. 
Mariage  ,  fignine  aulli  le  bien  qu  une  femme  apporte 
en  mariage.  Dos.  Cet  homme  a  trouvé  un  bon 
parti,  un  grand  mariage.  Ce  mariage  elt  de  cent  mille 
écus.  Il  faut  rendre  le  mariage  de  la  femme  ,  quand 
elle  meurt  fans  enfans.  La  dot  eft  donnée  pour  l'ou- 
tenir  les  charges  du  mariage.  Dotem  recentiores 
macrimonium  appellarunt.  Ainii  en  plulicurs  Coutu- 
mes on  .appelle  la  dot,  le  maria  je  i  Se  on  appelle 
en  Normandie,  Bref  de  mariage  encombré,  1  ac- 
tion de  réintégrande  ,  qu'a  la  fenime  pour  rentrer 
dans  les  biens  dotaux ,  ou  de  Ion  mariage  j  qui  ont 
été  aliénés  par  fon  mari. 
Mariage,  fe  dit  aulîi  des  cérémonies  qui  fe  font  à  la 
paftation  de  ce  contrar.  Sponfalia,  Ils  font  en  pro- 
melïe  de  mariage.  On  a  donné  les  articles  de  maria- 
ge. Il  eft  détendu  de  faire  des  contrats  de  mariage 
par  paroles  de  prcfent.  Perverba  de  prîfenci.  On  a 
publié  les  bans  du  futur  mariage.  La  célébration  du 
mariage  fe  doit  faire  en  face  d'E^life,  &  devant 
fon  propre  Curé.  On  doit  tenir  à  1  Eglife  des  regif- 
tres  des  mariages  ,  pour  donner  des  certificats  des 
mariages.  Le  douaire  ne  fe  gagne  que  par  la  con- 
fommation  du  mariage.  Les  mariés  font  tenus  ae  fe 
rendre  réciproquement  les  devoirs  du  manage  ,  de 
fe  garder  la  foi  de  mariage. 

Les  Turcs  ont  trois  fortes  de  mariages  ,  &c  trois 
fortes  de  femmes  ;  des  femmes  légitimes ,  des  fem- 
mes à  Kabin ,  &des  elclaves.  Ils  époufent  les  pre- 
mières J  ils  louent  les  fécondes  ,  &c  achettent  les 
troifièmes.  Du  Loir  ,  p.  lyi.  Cet  Auteur  décric 
au  même  lieu  ,  &  pag.  fuiv.  la  manière  dont  fe 
font  les  mariages  légitimes  :  pour  le  mariage  à  Ka- 
bin, l'homme  n'a  qu'à  paffer  devant  le  Magiftrac 
un  contrat  de  mariage  pour  la  fomme  qu'il  eft  con- 
venu de  lui  donner  ,  quand  il  lui  plaira  de  la  quitter  , 
à  condition  pourtant  qu'il  nourrira  les  enfans  qui 
en  proviendront.  Quelquefois  les  Turcs  en  ont 
aiitfi  des  Chrétiennes ,  &  cette  forte  de  mariage  eft 
aulTi  fouvent  pratiquée  par  les  Chrétiens  étrangers, 
qui  font  ici  (  à  Conftantinople  j  ,  &  qui  ont  auili  la 
liberté  d'avoir  des  efclaves ,  mais  de  leur  religion 
feulement.  Les  Turcs  feuls  en  peuvent  avoir  de  tou- 
tes fortes  de  religions.  Du  Loir,  p.  17s ,  17S. 
Voye^  encore  Kabin. 
Mariage,  fe  dit  aulîi  de  la  folennitédes  noces.  Être 

invité  à  un  mariage. 
Mariage  avenant.  Terme  de  Coutumes.  Matrimo- 
nium  conveniens.  Il  eft   ainli  défini  dans  l'ancienne 
Coutume  de  Normandie.  Mariage  avenant  eft,  fc 


82^  M  A  R 

elle  (une  fille)  eft  mariée  à  convenable  perfonne, 
félon  Ton  lignage  &  fes  poirellions.  Managedcjave- 
nant  eft  oppofé  à  managc  avenant.  Matnmomum 
minus  convmicns.  ÇCF  Le  manage  avenant  elt  ce 
qu'une  fille  noble,  non  mariée  ,  peut  demander  a 
fes  frères  ,  après  le  décès  de  fes  père  &  mère  ^  qui 
n'eft  autre  chofe  qu'une  dot  raifonnable  non  limi- 
tée ,  &c  qui  eft  à  l'arbitrage  de  fes  frères  ,  quand  ils 
troiivent  à  marier  leur  fœur ,  (ans  la  dcparagcr  m 

méfallier.  ^         "  ,  ,-.     ,„ 

Devoir  de  Mariage  ,  fignifie  dans  quelques  Coutu- 
mes ,  non  pas  ce  qu'on  appelle  après  S.  Paul  Debc- 
tumlmûs  l'obligation  de  le  marier.  Pour  entendre 
ceci,  il  faut  remarquer  que  les  femmes  veuves  & 
les  filles  au  dellus  de  foixante  ans  qui  polledoient 
des  fiefs  de  corps  ,  ou  charges  de  lervices  perlon- 
nels  &  militaires  dévoient  autrefois  fe  marier  ,  pour 
faire  rendre  aux  Seigneurs  ces  lervices  par  leurs  ma- 
ris ,  ou  indemnifer  les  Seigneurs  ;  &  cela  s  appeloit 
Devoir  de  manage ,  ou  fervice  de  mariage. 

Mariage  divis  ,  ou  distinct  &  sépare  a  lignihe 
autrefois  dans  les  Coutumes  la  dot  d'une  fille  diftin- 
guée  duiefte  des  biens  du  père  &  delà  mère. 

Mariage  par  Échange,  s'eft  dit  lotfqu  un  père  ma- 
rie fa  fille  dans  une  maifon ,  ou  il  prend  une  hl  e 
pour  époufe  de  fon  fils  ,  laquelle  il  (iibroge  a  la 
place  de  fa  propre  fille ,  pour  lui  fuccedcr. 

Mariage  réchauffé,  s'eft  dit  autrefois  pour  fécondes 

noces. 

Mariage  a  mort-gage  ,  ctoit  autrefois  un  manage 
par  le  contrat  duquel  une  terre  étoit  donnée  par  un 
père  &  une  mère  à  leurs  enfans  pour  en  percevoir 
les  fruits  jufqu'à  ce  qu'elle  eût  été  rachetée. 

Mariage  Philosophal.  Terme  du  grand  Art.  C'eft 
l'union  du  foleil  Se  de  la  lune  dans  le  mercure  her- 
métique. , 

Mariage.  Terme  de  Cordier.  Les  Jures  Cordiers  ,  ap- 
pellent de  la  forte  ,  la  corde  qu'ils  font  obliges  de 
fournir  au  Bourreau  de  Paris,  pour  étrangler  les  per- 
fonnes  condamnées  à  être  pendues.  Rejlis  Jlrangu- 

latoria.  .       .,,     ,     t    i     j 

MARIAGER.  Nom  d'une  petite  ville  du  Jutland  ,  pro- 
vince de  Danemark.  Mariacera.  Cette  ville  eft  fur 
une  grande  baie  du  Catégat ,  dans  le  Diocè(e  d'Ar- 
hufen ,  à  dix  lieues  de  la  ville  de  ce  nom ,  vers  le 
nord.  Maty.  ^ 

MARIALE.  f.  m.  Nom  d'un  livre  de  prière  chez  les 
Grecs.  Mariale.  Ce  livre  contient  l'Office  de  la  Sainte 

Vierge.  ,     xt    ■ 

Le  nom  de  Mariale  vient  de  celui  de  Marie. 

MARI  AN  A  DISTRUCTA.  Nom  de  lieu.  C'étoit  au- 
trefois une  ville  épifcopale  de  la  Corle.  Mariana. 
Elle  étoit  fur  la  rivière  de  Golo  ,  à  cinq  lieues  de  la 
Baftie  ,du  côté  du  midi.  Mariana  eft  ruinée,  &  fon 
Evêqucj  fuffragant  de  Gènes,  fait  la  réfidence  à  la 
Baftie.  Maty. 

MARIANE.  f  f.  Nom  de  femme.  Mariamne ,  Ma- 
ria Anna.  Nous  difons  Mariane  pour  Mariamne, 
&  pour  Marie-Anne.  Ainfi  la  femme  d'Hérode  que 
Jofeph  appelle  Marianne,  tk  dont  il  décrit  la  fierté 
&  la  mort  dans  le  XV'  Liv.  de  fes  Antiquités,  c. 
j.ôc  L.  Xnil.c.  II.  Triftan  l'appelle  Marianne, 
Si  il  intitule  Marianne  ,  la  Tragédie  qu'il  en  a  faite. 

Quoi  !  Mariamne  ejl  morte  ?  O  deftins  ennemis  .' 
La  Parque  l'a  ravie  ,  &C  vous  l'ave^  permis  ! 

Tristan. 

Nous  appelons  encore  Marianne  les  femmes  qui 
portent  le  nom  de  Marie  &  à' Anne  ,  n'en  failant 
qu'un  de  ces  deux  ci.  Et  c'eft  ainfi  qu'il  le  faut  pren- 
dre p.ir  rapport  à  toutes  celles  qui  portent  le  nom 
de  Marianne  dans  le  Chriftianifnie.  Les  violences 
d'Hérode  furent  fatales  aux  Innocens ,  &  particuhè- 
icmentà  cette  illuftre  Marianne,  dont  il  avoir  ulurpé 
îe  lit  &  la  liberté  avec  la  couronne  de  Judée.  Trist. 
Il  y  a  une  Sainte  Marianne  honorée  en  Orient  ;  eV 
Jes  Menées  la  difeiit  fœuc  de  S.  .Philippe ,  {ans  dire 


M  A  R 

duquel ,  fi  c'eft  l'Apôtre  ,  ou  le  Diacre.  Chaste- 
lain  ,  au  17  Février.  . 

Les  îles  de  Marie-Anne.  Foye^  Larrons  ,  les  Iles 
des  Larrons. 

MARIARIDE  ,  ou  MARGERIDE.  Nom  d'une  mon- 
tagne du  Gévaudan  ,  Margarida  ,  Margarua.  'Va- 
lois,  Not  Gall.  p.  21  s  ,  S<^ 3- 

MAilIATO.  La  pointe  du  Mariato.  Cap  de  la  côtft 
occidentale  de  la  Caftille  d'or ,  dans  le  Gouverne-, 
ment  de  Papayan  ,  fur  la  mer  du  fud. 

MARJAUD  ,  AUDE.  f.  m  &  f.  Ce  mot  ne  fe  die 
que  par  plaifanterie  ,  d'un  enfant  joli  &;  éveillé. 
Venujlus  &  alacer.  Plaifant  marjaud.  Jolie  petite  mar- 
jaude.  C'eft  apparemment  un  terme  ufité  dans  quel- 
que province. 

MARIAULE.  f.  m.  Témoin  peu  digne  de  foi ,  dans 
la  Coutume  de  Hainaut  ,  chap.  s 3  >  ^  91-  vient 
de  Marivolo  des  Italiens.  Marïaule  n'eft  point  ulitc 
ailleurs.  Furetière  s'eft  trompé  lorfqu'il  a  confondu 
ce  mot  avec  Marjaulet.  L'i  eft  voyelle  dans  ces  deux 
mots  ,  au  lieu  qu'il  eft  confonne  dans  Marjaulet. 

MARJAULET.  Foye:(  Marjolet. 

MARIB.  Nom  d'une  ville  de  l'Arabie  heureufe,  en  A-' 
fie.  Mariaba  ,  Mariania.  Elle  eft  fur  le  bord  du  lac, 
dans  la  principauté  de  Farrach ,  au  nord  de  la  ville 
de  ce  nom  ,  dont  elle  eft  éloignée  environ  de  trente- 
deux  lieues.  Maty. 

tfT  MARlCA.f.  f.  Terme  de  Mythologie.  C'eft  le  noin 
d'une  déelfe  de  Minturne  ,  qui  avoir  un  bois  facré 
qui  menoitde  Minturne  à  la  mer.   Voye\  Marique. 

MARICO.  Ville  de  l'île  de  Tidore  ,  l'une  des  Mo-, 
lucques. 

MARIE,  f  f.  Nom  de  femme.  Maria.  Moyfe  avoit 
une  fœur  qui  s'appeloit  Marie.  Marie ,  Mère  de  Je- 
sus-Christ.  Sainte  Marie  ,  mère  de  Dieu  ,  priez 
pour  nous  ,  maintenant  &  à  l'heure  de  notre  mort. 
La  Vierge  Marie.  On  l'appelle  ainfi  par  excellence  ,  ■ 
parce  qu'elle  fut  Mère  ,  &  Vierge  tout  à  la  fois, 
&  la  plus  pure  des  Vierges.  Ncftorius  fut  condamné 
au  Concile  d'Éphèfe  ,  parce  qu'il  nioit  que  la  Sainte 
Vierge    fût  mère  de  Dieu. 

Ce  mot  eft  Hébreu,  mais  on  ne  fait  pas  trop  fon 
étymologie ,  ni  fa  lignification.  Quelques  Auteurs, 
entr'autres  S.  Grégoire  de  Nilfe  dans  fon  Homélie 
fur  la  Nativité  de  N.  S.  difent  que  ce  mot  fignifie 
grâce  ;  c'eft  un  mécompte.  Peut-être  ont-ils  con- 
fondu celui  de  Sainte  Anne  ,  mère  de  la  Sainte  Vier- 
ge ,  avec  celui  de  la  Sainte  Vierge  même.  S.  Jérôme, 
&  d'autres ,  prétendent  qu'il  fignifie  Dame  ,  comme 
fi  c'étoit  le  féminin  du  nom  Syriaque  Knu,  Morio, 
qui  fignifie  Seigneur.  C'eft  en  ce  fens  que  nous  appe- 
lons en  François  la  Sainte  Vierge  du  nom  de  Notre- 
Dame.  Ihdore  le  tire  de  mx ,  or ,  lux  ,  lumière  ,  6c 
dit  qu'il  fignifie  Illuminatrix  ,  le  formant  du  parti- 
cipe en  hiphil.  S.  Jérôme  rapporte  ,  que  de  fon 
temps  la  plupart  interprétoient  ce  mot  par  ceux-ci. 
Illuminant  me  i/Ii  ,  ou  illwnir.atrix  ,  &C  le  tiroienc 
par  conféquent  du  même  participe,  TK3  ^  m»XO. 
Le  même  Père  ,  fur  le  Pf.  XVIII.  v.  /.  l'explique 
Stella  maris.  D'autres  amarum  mare,  mer amere  ,  de 
"la,  mar  ^  qui  fignifie  amer ,  &  D» ,  jam,  qui  veut 
dire  la  mer.  Péarlon  croit  qu'il  vient  de  DIT  ,  rum  , 
qui  fignifie  haut ,  élevé.  Quelques-uns  le  dérivenc 
du  mot  Rabbinique  "10  ,  qui  veut  dire  ,  Docteur ,  &c 
ils  expliquent  celui  de  Marie  d.ins  un  fens  figuré  , 
par  celui  d'illumination.  Il  y  en  a  qui  le  tont  venir  de 
10  J  goutte  ,  &  D' ,  mer  _,  ou  de  nt3 ,  Docteur  j  6c 
0]!  ,  peuple  ;  cette  dernière  étymologie  paroît  la 
moins  naturelle. 

Les  trois  Maries.  On  fait  tous  les  ans  le  jour  de 
P.iques  à  quatre  heures  du  matin  dans  l'Eglile  Pa- 
triarchale  de  Bourges  ,  une  proceiîion  folennelle  . 
qu'on  appelle  la  ProcelTîon  des  trois  Maries  ,  pôun 
honorer  la  Réliureftion  de  N.  S.  &  en  mémoire 
de  ce  que  Marie  Magdelène  ,  Alarie  mère  de  Jacques 
&:  Salomé  ,  allèrent  au  fépulcre  de  grand  marin  le  jour 
de  la  Réfurrcftion  de  J.  C.  ceux  qui  ont  donné  à 
cette  cérémonie  le  nom  de  Procelîîon  des  trois  Ma- 


M  A  R 

ries  j  ont    fuppofc  qu-'    Salomc  Ce  nommoic  aiilTi 
Marie. 

La.  ville  des  crois  Maries  cft  une  ville  de  Pro- 
vence, f^il/u  Sanilis,  Marix,  de  Mari.  Elle  cit  dans 
la  Camargue ,  près  la  côte  du  gras  d'Orgon  ,  qui  cil 
une  des  bouches  du  Rhône. 

§3° Ce  lieu  eft  célèbre  parmi  les  Provençaux,|)arcc  qu'on 
croit  que  c'eftla  que  débarquèrent  les  trois  Mûries, 
favoir,  Marie  -  Madeleine  ,  Jacobc  &  Salomé  ,  avec 
la  tète  de  Saint  Jacques  le  mineur.  Il  s'y  lait  un  fa- 
meux pèlerinage.  Il  y  avoit  autrefois  un  Temple  de 
Diane   d'Ephèle. 

Les  Maries  eilaullî  le  nom  d'une  fctc  ,  ou  rèjouilTance 
qui  fc  falloir  autrefois  à  Venilc  ,  en  mémoire  de  ce 
que  les  Vénitiens  avoicnt  repris  quelques  jeunes  Vé- 
nitiennes que  les  Illriens  enlevèrent  dans  l'Églife 
de  S.  Pierre.  Douze  jeunes  filles  bien  parées  ,  &c 
accompagnées  d'un  jeune  homme  habillé  en  Ange  , 
couroient  la  ville  en  danfinr.  Les  abus  qui  s'y  glif- 
fèrcnt  firent  abolir  cette  réjouilïïmce  pendant  la 
.  guerre  des  Génois,  300  ans  après  qu'elle  eut  été  inf- 
rituée.  Le  Doge  tk  la  Seigneurie  continuèrent  cepen- 
dant d'aller  en  procelîion  tous  les  ans  le  zj  Février 
àl  Eglife  de  Notre  Dame. 

Sainte  Marie.  Nom  de  plufieurs  Egliles  dédiées  à  la 
Sainte  Vierge,  ^des  Sanclte  Marin.  Sainte  Marie 
Majeure  ,  eft:  une  Eglile  de  Rome  ,  ainfi  nommée  , 
pour  la  diftinguer  d'une  autre  qu'on  nommoit  Sainte 
Marie  Mineure ,  ou  Sainte  Marie  la  Neuve. 

Sainte  Marie.  Nom  d'un  Ordre  Pveligieux.  Ce  font 
les  Religieufes  de  la  Villtation.  f-'^oye^  Visitation. 
Les  filles  de  Sainte-Marie. 

Sainte  Marie.  Nom  d'île.  Infu/a  Sancis.  Maru.  L'île 
de  Sainte  Marie  ,  l'une  des  Açores ,  peut  avoir  fix 
ou  iept  lieues  de  traverfe.  C'eil:  la  première  des 
Açores  que  l'on  trouve  en  venant  du  nord.  L'île  de 
Samte-iV/iîrie  eft  fur  la  côte  du  Chili  proche  la  ville 
de  la  Conception  ,  par  les  3  6  degrés  3  6  minutes  de 
latitude  iud,  félon  les  derniers  voyages.  Les  Mé- 
moires de  Trévoux,  ijo^.  p.  1606.  la  metioient  à 
37  deg.  de  latitude  fud. 

Ordre  Militaire  de  Saint  Blaife  &  de  Sainte  Marie. 
Voyei  Blaise. 

Le  Cap  Sainte  Marie.  C'eft  un  cap  de  la  mer  du  Sud 
en  Amérique  ,  Promontorium  fanctii  Maris..  Les  EI- 
pagnols  l'appellent  Morro  de  Puercos  y  Le  Morne  des 
porcs.  Il  eft  dans  le  Gouvernement  de  Véragua  fur 
la  côte  méridionale ,  vers  le  5^  degré  quelques  mi- 
nutes de  latitude  ,  &  le  293.  degré  de  longitude.  Ce 
cap  eft  gros  ,  &  de  moyenne  hauteur  ,  les  terres  du 
dedans  font  fort  hautes ,  &:  forment  plufieurs  cou- 
pées. 

Sainte  Marie  du  Chardon.  Ordre  militaire.  J'oye-^ 
Chardon. 

Sainte  Marie  de  la  Conception.  Ordre  militaire,  /"ojej 
Conception. 

Sainte  Marie  de  l'Eléphant ,  ou  des  Éléphants ,  comme 
dit  l'Abbé  Juftiniani,^  chap.  yi.  Ordre  militaire  de 
Dannemark.  Voye\  Eléphant. 

L'Ordre  militaire  de  Jéfus  &  Marie.  Foye^  Jésus  , 
l'Abbé  Juftiniani ,  Hift.  de  tuti  gl'Ord.  Miiu.  c.  jy- 

L'Ordre  Militaire  de  Sainte  Marie  de  Laurette.  Voyei 
Laurette. 

Sainte  Marie  des  Lis.  Nom  d'un  Ordre  de  Chevale- 
rie au  Royaume  de  Navarre.  Ordo  militaris  Sancla 
Maria  de  lUUs.  Cet  Ordre  fut  inftitué  par  Garcias 
VI.  Roi  de  Navarre  en  1045.  &c  non  point  en  1025. 
comme  quelques  Auteurs  le  difent;  beaucoup  moins 
.  1 548 ,  comme  a  dit  l'Auteur  de  la  Delcription  des 
Ordres  militaires  imprimée  à  Paris  en  1671.  Il  a 
voulu  dire  en  1048.  L'enleigne  de  cet  Ordre  étoit 
l'écu  de  Navarre  entouré  d'un  collier  ,  compclé 
d'une  chaîne  d'or  ,  chargé  d'elpace  en  efpace  de  cinq 
G  Gothiques ,  première  lettre  du  nom  de  l'Inftitu 
tcur.  De  ce  collier  pend  une  médaille,  fur  laquelle 
eft  reprélenté  un  lis  ouvert  &  couronné.  Cet  Ordre 
s'appelle  aulîi  flmplemenc  l'Ordre  du  Lis.  f^oye:^ 
l'Abbé  Juftiniani  ,  Hijl.  de  tutti  gl'Ordin.  Milit. 
c.  iS. 


M  A  R  839 

Sainte  Marie  ^c  Mcrcede  ,  ou  de  la  Rédemption.  Or- 
dre de  Chevaliers  qui  lurent  établis  par  Jacques  Roi 
d'Arragon,  &:  nommé  ainli  à  caufe  qu'on  les  obli- 
geoit  de  racheter  les  efclavcs.  Ils  portoient  un  habit 
blanc  ,  avec  une  Croix  noire  ,  èc  ctoieiu  de  l'Ordre 
des  Cifterciens.  Leur  établillènient  commença  vers 
l'an   1232.   tic  le  Pape  Crégoire  IX.  les  confirma. 

Sainte  Marie  du  Mont  Carmcl  ,  Ordre  militaire  en 
Erancc.  f^oye^  Carmel. 

Le  Port  Sainte  Marie  dans  l'île  de  Cuba,  eft  le. port 
de  la  ville  du  Port  au  Prince.    Foye^  à  la  lettre  P. 

Sainte  Marie  du  Port  Adriatique.  Nom  d'une  Con- 
grégation de  Chanoines  Réguliers.  Sancla  Maria  de 
Portu  Adriaiico.  Elle  prit  fon  nom  de  fon  premier 
Monallèrc  ,  fitué  fur  le  bord  de  la  mer  Adriatique , 
près  de  Ravenne.  Onefius  de  Ruhcis  ,  dit  de  Havenne , 
parce  que  c'étoit  le  lieu  de  ia  naillance  ,  le  forida 
en  conféquence  d'un  vœu  qu'il  fit  dans  un  naufrage: 
il  s'y  retira  avec  plufieurs  Clercs  qu'il  allembla,  &  aux- 
quels il  donna  des  Conftitutions  qui  lurent  approuvées 
par  Pafchal  III.  Plufieurs  Monaftères  les  prirent  ,  & 
quelques-uns  fe  foumirent  à  celui  du  Port  Adriati- 
que ,  comme  à  leur  Chef  ,  &  formèrent  ainii  la 
Congrégation  dont  nous  parlons.  Ce  Monaftère  ay^fnt 
été  ruiné  &  détruit ,  la  Congrégation  le  difiipa  fous 
le  Pontificat  de  Grégoire  XII. 

Sainte  Marie  du  Rofaire.  Ordre  militaire  inftitué,  félon 
l'Abbé  Juftiniani ,  HiJl.  de  tutti  gl'Ordin.  Milit.  c.  jy. 
par  S.  Dominique  ,  l'an  1209  ,  ou  121 3.  pour 
combattre  les  Hérétiques.  F^oyeii^   cet   Auteur. 

Sainte  Marie  des  Teutoniques.  Juftiniani  appelle  ainti 
l'Ordre  Teutonique.  Voyi\  Teutonique. 

L'Ordre  du  Vafe  de  la  Vierge  Marie.    Voye^^  Vase. 

Ordre  de  la  Glorieufe  Vierge  Marie  ,  ou  de  la  Mcre 
de  Dieu  autrement  les  Frères  de  la  Glorieufe  Vierge 
Marie ,  ou  les  Frères  Joyeux ,  ou  les  Frères  de  la 
Joie  ,  quelques  uns  difent  Frères  de  la  Jubilation. 
Ce  font  les  noms  d'un  Ordre.de  Chevalerie  ,  inf- 
titué en  1233  ,  ëc  confirmé  par  le  Pape  Urbain  IV' 
en  1 262.  Les  Chevaliers  portoient  une  foucane  blan- 
che j  &  fur  l'eftomac  une  croix  pâtée  de  rouge  , 
avec  deux  étoiles  de  même  couleur  en  chef  Ils 
avoient  fur  la  foutane  un  manteau  de  gris  cendré. 
La  tin  de  cet  Ordre  étoit  principalement  d'avoir 
foin  des  veuves  ik  des  orphelins ,  &  de  réconcilier 
les  perfonnes  &  les  familles  qui  étoient  mal  enfemble. 
Cet  Ordre  avoit  un  Supérieur  Général  qui  portait 
le  nom  de  Grand-Maître  ;  mais  parce  qu'ils  n'avoient 
point  de  maifbns  dans  Iciquelles  ils  vécullent  en,  com- 
mun ,  Se  qu'ils  dcmeuroient  chacun  en  particulier 
dans  fa  famille,  on  leur  donna  par  dérifion  le  nom 
de  Frères  Joyeux  ,  ou  Soldats  Joyeux  ,  Fratres  Gau- 
dentcs  ,  Aiilites  Gaudentes. 

Favyndans  fon  Théâtre  d'honneur,?". //.jP.  1 4)0.  & 
fuiv.  parle  d'un  autre  Ordre  de  la  très  heureufe  Vierge 
Marie  ,  Mère  de  Dieu  ,  qui  fut  inventé  par  trois 
Frères  Gentilshommes  de  Spelle  ,  en  Italie  j  appelés 
Pierre  ,  Jean  Baptifte  ,  &  Bernard  ,  furnommés  les 
Pétrignans.  Paul  V.  à  qui  ils  en  préfentèienc  les  Mé- 
moires ,  l'approuva  en  i6i8-  fous  la  Règle  de  S. 
François  d'Allife.  La  fin  de  cet  Ordre  étoit  en  par- 
ticulier de  réprimer  les  courfes  que  font  les  Turcs 
fur  les  côtes  de  la  Méditerranée.  I^'oyc-^  les  Statuts 
de  cet  Ordre  dans  Favyn  ,  à  l'endroit  cité. 

Religicufe  de  Sainte  Marie  Des  Vierges.  C'eft  le  nom 
d'une  Communauté  de  Religieufes  Auguftines ,  établie 
à  Rome  ,  qui  portent  une  robe  blanche,  avec  un 
fcapulaire  noir.  P.  Helyot ,  Part.  III.  c.  7. 

ifT  L'Ordre  de  Marie  Thérefe.  Nouvel  Ordre  de  Che- 
valerie, à  l'inftarde  l'Ordre  de  Saint  Louiî,  inftitué  par 
l'Impératrice  Reine  de  Hongrie,  iT/ancThérèfe  d'Au- 
triche ,  en  mémoire  de  la  victoire'  remportée  i 
Choztemits  en  Bohème  ,  par  le  Maréchal  Comte 
de  Daun  ,  le  18  Juin  17J7  fur  le  Roi  de  Pruffe  ,  &: 
de  celle  du  20  du  même  mois  que  le  Prince  Chailes 
de  Lorraine  fit  lever  le  Siège  de  Prague. 

ffT  Leurs  Majeftés  Impériales  ont  mis  la  dernière  main 
à  rétabblfement  de  cet  ordre  au  commencement  de . 
Mars  i-jCo  ,    en  lui    ailîgnanc  des  revenus  ,  &c  en 


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réglant  les  piivilèges  dont  jouiroar  ceux  qui  en  font 

décorés.  ,       j     vm 

ffr  L'Empercui- ,  en  qualité  de  Grand  Maître  de  1  Ur- 
dre  militaire  de   Marie  -  Thérèle ,  ayant  voulu  con- 
férer lui  même  en    perfonne  cet  Ordre    au  Prince 
Charles  de  Lorraine  ,  <Sj  au  Fcldt  Maréchal  Comte 
de  Daun  j  premier  Se  fécond  grand  croix  ;  la  cei-e- 
monie  de  leur  inftallation  fe  lit  le    li  Mars  1758  , 
avec  beaucoup  d'éclat. 
Marie.  Nom  d'une  monnoie  d'Efpagne  &   de  Portu- 
gal, fur  laauelle  on  voit  une  M,  qui  eft  la  première 
lettre  du  nom  de  Mark.  Ce  nom  de  Mane^en  ce 
fens  cit  un  nom  d'efpèce  ,    c^  fe  dit  de  difterentes 
monnoies  qui   ont  la  moitié  ou  le  "quart  de  la  va 
leur  d'une  plus  grolfe  qui  a  aulîi  le  nom  de  Marie. 
Il  en  eft  de  même  du  nom  de  Louis  ,  quand  il  lignihe 
une  monnoie  ;  car  on  dit  un  louis  blanc  j  ou  un  louis 
d'un  écu  ,  un  louis  de  trente  fous  ;  un  louis  de  quinze 
fous ,  un  louis  de  cinq  fous ,  mais  on  ne  dit  point  un 
louis  de  dix   fols  pour  déiigner  une   pièce  d'argent 
de  la   valeur  de  dix  fols ,  on  ne  dit  point  aulli  un 
louis  de  quatre  fols. 
MARIÉE,  f.  f.  Sorte  de  vieille  danfe  figurée  que  dan- 
fent  un  homme  Se  une  femme ,  &  qui  s'appelle  la 
mariée,  parce  qu'on  la  danfe  ordinairement  aux  no- 
ces des  Bourgeois.  Sahado  nuptialis.  La  mariée  eft 
gaie  &  agréable  ,   Se  remplie  de  poftures  fort  plai- 
fantes.  On  l'appelle  sailli  Dame  mariée. 
Mariée.  Jeu  de  cartes  fort  récréatif  &  araulant.  On 
le  nomme  plus  communément  la  Guimbarde.  Voyez 
ce  mot. 
MARIE  GRAILLON.  Mot  burlefques  du  petit  peuple  , 
qui  fignifieiit  une  femme  mal-propre  ,  l.ile ,  vilaine. 
Imrnunda,  fordida  ,    vilis.  C'eft  une  marie- graillon. 
MARJEN  ,  ou  MARIEN.  C.  m.  Nom  d'homme.  Ma- 
riamis.  Saint  Mariai  ,  que  l'on  nomme  Saint  Ma- 
rein  en  Bcrri ,  Se  Saint  Marjain  en  Guyenne  ,  me- 
noit  une  vie  fort  dure  ,  mais  prefqu'entièrement  ca- 
chée aux  hommes  dans  le  Vr  lîècle.  Baillet.  au  i g 
Août.  Grégoire  de  Tours  parle  de  ce  S.  Solitaire  de 
Berri  dans  l'on  Livre,  de  Glor.  conf.  c.  Si.  Uluard 
&:  le  Matyrologe  Romain  en  font  mémoire  le   19^ 
d'Août;  mais  les  anciens  Bréviaires  de  Bourges  mar- 
quent fa  Fête  au  19"  de  Septembre.  Le  Martyrologe 
de  France  diftingue  deux  Saints  du  Berri  du  nom  de 
Marein  ,  onMarien  ,  tous  deux  au  19' d'Août. 
MARIEN.  adj.  m.  Terme  de  Mythologie.  On  donna  à 
Rome  ce  nom  à  Jupiter,  à  caufe  d'un  Temple  que 
Marins  lui  avoir  fait  bâtir.  Marianus  Jupiter.  C'étoit 
le  Jupiter  de  ce  temple,  qu'on  nomme  iw'pko:  Marier.. 
Mariem.  C'étoit  un  des   cinq  Royaumes  qui  compo- 
foient  l'île  Efpagnole  lorfque  Chriftophe  Colomb  en 
fit  la  découverte. 
MARIENBERG.  Nom  d'itne  petite   ville,   ou  bourg 
de  la  Mifnie  ,  en  Haute  Saxe.  Marienberga.  Ce  lieu 
eft  entre  les  rivières  de  Schop  Se  de  Floé  ,  aux  con- 
fins de  la  Bohême  ,  à  douze  lieues  de  Meilfein,  vers 
le   midi.   Marienherg  a  été  bâtie  l'an  1J19.   pour  la 
commodité  de  ceux  qui  travaillent  aux  raines  ,  qui 
font  fort  riches  en  cette  contrée.  Maty. 

MARIENBOURG.  Ville  des  Pays-Bas ,  fituée  dans  le 
Hainaut ,  fur  la  rivière  de  Blanche-Eau ,  à  deux  heucs 
dePhilippeville,  vers  le  midi.  Mariaburgum.  Marien- 
bourg  a  été  une  place  fortifiée.  Les  François  à  qui 
elle  a  été  cédée  par  la  paix  des  Pyrénées  ,  l'ont  dé- 
mantelée. Maty.  Long.  iz.  d.  5'.  lat.  50.  4'. 

Le  nom  de  Marienhourg  eft  compolé  du  mot  de 
Imr'^ ,  qui  veut  dire  ville  en  Allemand  ,  Se  du  nom 
de  ^Marie  ,  que  portoit  la  fœur  de  Charles  -  Quint 
Empeieut. 

Marienbourg  ,  eft  aufll  le  nom  de  la  ville  capitale 
du  Palatinat  de  Marienbourg ,  en  Prulle.  Manœhur- 
gum.  Elle  eft  fur  une  des  branches  de  la  Viftule  ,  à  dix 
lieues  de  la  ville  de  Dantzick,c\:  .à  fix  de  celle  d'Elbing. 
Cette  ville  ne  fut  d'abord  qu'une  petite  torterelfe  , 
bâtie  parles  Chevaliers  Téiitoniques  ;  majs  leGrand- 
-  Maître  l'ayant  choilie  pour  le  lieu  de  la  rélidcnce , 
elle  ftit  agrandie ,  embellie  &  fortifiée.  U  y  a  un  bon 


M  A  R 


château.  Les  Polonois  la  polfèdent  depuis  l'an  1470. 
Maty. 
Le  Palatinat  de  Marienbourg  ,  Maruhurgenfis  Pala- 
tinatus.  Province  de  la  Pruflc  Royale.  Elle  eft  bornée 
au  couchant  par  la  Pomérellie  ;  au  nord  par  le  Frifch- 
Hatf-,  &  ailleurs  par  la  Prulle  Ducale.  La  Vl'armie 
dépend  de  ce  Palatinat  ,  &  fes  villes  principales  font 
Marienbourg,  capitale  ^  Elbing ,  Trawenberg  ,  Braunf-    - 
berg  Se  Heilfperg.  Maty. 
MARIENDAL,  ou    MERGENTHEIM.  Nom   d'une 
petite  ville  de  la  Franconie  ,  en  Allemagne.    Mer- 
gemhemum  ,  Mehgethum ,  Mafu  Domus.  Elle   eft 
fur  le  Tauber  ,  à  fix    lieues  de  Wurtzbourg  ,  vers 
lefudoucft.  Cette  ville  défendue  par  un  bon  châ- 
teau ,   eft  capitale  d'un  petit  pays  de  la  Franconie  : 
elle  appartient  aux  Chevaliers  Teutoniques.  C'eft  la 
rélidence  ordinaiie   du  Grand -Maître  de   l'Ordre. 
Maty. 
Mariengros.  f.  m.  Monnoie    de    compte   dont    les 
Négocians  de  Brunfwic  fe  fervent  pour  tenir  leurs 
livres  Se  écritures.  Trente-fix  mariengros  font  la  ri- 
chedale. 
MARIENWERDER.  Petite  ville  de  la  Prulle  Ducale. 
Marienvcrda.  Elle  eft  dans  la  Poméranie  ,  entre  Ma- 
rienbourg Se  Graudens ,  à  fix  lieues  des  deux. 
MARIENZELL.  Nom  d'un  village  de  la  Stirie  ,  fituc 
aux  confins  de  l'Autriche.  Marixcella.  U  n'eft  connu 
que  par  l'aftluence  des  pèlerins,  qui  y  vont  en  dé- 
votion. Maty. 
MARIER.  V.  a.  Joindre  un  homme  &  une  femme  par 
le  lien  conjugal  fuivant  les  cérémonies  de  l'Eglife. 
Se  marier   c'eft   le  recevoir.    Matrimonio   copulare , 
conjungere.  C'eft  le  Curé  ou  le  Vicaire  qui  les  a  ma- 
riés ,  en  face  d'Églife.  On  ne  marie  point  pendant 
l'Av'ent ,  ni   le  Carême.  Quand  on  fe  marie  ,  il  faut 
fe  maner  çiT  raifon.  M.  Scud.  Epoufer  une  femme 
pour  fon  bien  ,  ce  n'eft  pas  fe  marier  ,  c'eft  négocier. 
S.  ÉVR.  La  plupart  des  gens  fe  otjw/7/ lans  le  coii- 
noître  Se  fans  s'aimer.  M.  Scud.  On  ne  parle  point 
de  marier  ceux  qui  s'aiment  également ,  mais  ceux 
qui  font  aimés  également   de   la  Fortune.  S.  EvR. 
Se  marier   en  dépit  de  Vénus  &  des  Grâces.  Abe. 
îpT  Marier,  Se  dit  non-feulement  du  Prêtre  qui  unit 
un  homme  Se  une  femme,,  fuivant   les  cérémonies 
de  l'Égliie  ;  mais  encore  en  parlant  de  ceux  qui  lont  ou 
qui  procurent  un  mariage  ,  foitpar  autorité  paternelle, 
foit  par  office  d'amitié.  C'eft  un  tel  Prêtre  qui  les  a 
marié.  Son  père  l'a  marié  fort  avantageufement. 
Marier  ,  fe  dit  figurément  en   chofes  morales.  Allier 
deux  chofes  enfemble  ,    les  joindre  l'une  à  l'autre. 
Accommodarc  ,  jungcre  ,  maritare.  On  dit ,  Marier  fi 
voix  avec  un  tuorbe  ou  une  balle  de  viole.  On  ne  peut 
pas  marier  le  vice  avec  la  vertu.   Les  dieux  ont  marié 
la  peine  avec  le  plaifir.  Se  le  travail  avec  la  gloire. 
Cos.    On  a  dit  du  mariage  de  deux  perfonnes   peu 
fevorifées  des    biens  de   la  fortune  ,    que  c'étoienc 
la  faim  Se  la  foi/  qui  fe  mariaient  enfemble.  Saint 

tfJ-  On  dit  dans  ce  fens  qu'une  epithete  le  marie  bien 
avec  un  terme  ,  qu'un  adverbe  ne  fe  marie  pas  bien 
avec  un  verbe. 

On  dit  aulfi  marier  des  vignes  avec  des  ormeaux  , 
pour  dire  ,  les  attacher  enfemble. 

Marier  des  ruches.  Terme  d'économie  ruftique. 
C'eft  en  faire  une  feule  de  deux  ,  faire  palier  toutes 
les  mouches  de  l'une  dans  l'autre  ;  ce  que  l'on 
pratique  lorfque  l'on  a  des  ruches  mal  peuplées. 

MARIÉ,  ÉE.  part  &  adj.  Il  eft  iuiïi  inbii.  Conj^ugio 
illigatus.  Le  marié  amène  (x  mariée  à  l'Egliie.  Celles 
qu'on  a  mariées  malgré  elles  reçoivent  à  la  fin  pr 
devoir  le  joug  qu'on  leur  a  impofé  par  tyranie.  L  u- 
fage  des  mariages  intéreilés^,  fait  que  l'on  compte 
d'être  infidèle  dès  que  l'on  fera  marié.  Bell. 

On  dit  proverbialement  ,  que  la  mariée  eft  trop 
belle,  quand  on  fe  défie  d'une  atraire  qu'on  propole, 
parce  qu'on  y  voit  trop  d'avantage  ,  ou  quand  on  le 
plaint  d'une  choie  dont  on  dcvroic  fe  louer. 

{iCr  Dans  la  po'cfie  Françoife  on  appelle  nmesmanees  , 

elles  qui  ne  font  point  fcparécs  les  unes  des  autres, 

^  c'eft- a-dire. 


M  A  R' 


c'eft-à-diic  ,  dont  les  deux  m.ifculincs  fe  fiiivcnt  im- 
mcdi.ucmcnt,  &  les  deux  fcminiues  de  mcme.  C'efl: 
ce  qu'on  appelle  rimes  plates. 
MARIÉRI.    i.  m.  Terme    de  Calendrier.    Nom     du 
dixième  mois  de  Juillet.  On  l'appelle  aulli  Marin. 
MAKIESTAD.   Nom  d'une  petite  ville  de  la  Suède. 
ManA  fladiwn.  Elle  elt  dans  la  Wcllrogotliic  ,  fur 
le  lac  Wcner  ,  à  neuF  ou  dix  lieues  de  la  ville  de 
Lingkiopid  ,  vers  le  nord.  Matv. 
MARIGALANTE.  Nom  d'une  des  Antilles  de  Barlo- 
vcnto.  Marlgdlanta.  Elle  eft.  entre  la  guadaloupc  ic 
l'île  de  S.  Dominique.  Elle  a  environ  dix-huit  lieues 
de   circuit ,   palle   pour    fertile  ,  &    appnrtient  aux 
François,  qui  y  ont  b.âti  un  fort.  Matv. 
MAR1(.;NAN  ,  ou   MELIGNANO.   Nom  d'une  pe- 
tite  ville   d'Italie.  Marïnïanum  ,   Melignanum.  Elle 
eft  dans  le  Milmois,  fur   le  Lambro  ,  à  trois  lieues 
au  levant    de  Milan.    Marignan    eft  célèbre   par  la 
victoire  que  l'rançois  I.  y  remporta  fur  les  Suillés  l'an 
ijij.   Maty. 
MARIGNY.  (.  m.  Petit  moucheron  du  Brelîl ,  dont  la 

piquùrc  eft  fort  douloureufe. 
Marigny.  Nom  de  lieu.  Marennium.  Il  eft  en  Nor- 
mandie. Valois  ,  Noc.  Gall.  p.  yoj. 
MARIGOT.    Terme  de  Pécheur.   Courir  le  marigot, 
ou  aller  au  marigot ,  fe  dit  des  Pêcheurs  parelleux , 
qui  au  lieu  d'aller  lur  le  fond  ,  vont  fe  cacher  en 
quelque  endroit  ,  ou  à  l'abri  des   rochers  ,  pour  y 
faire  rôtir  du  maquereau  ,  pour  l'y  manger,  &:  pour 
y  dormir  quelques  heures  ;  après  quoi  ils  vont  rejoin- 
dre les  autres  Pêcheurs  qui  font  lur  le  fond.  Dinis  , 
HisT.  DE  LA  Mer. 
Marigot,    f.    m.    C'eft  le  nom   que  l'on  donne  gé- 
néralement dans  les  Iles,  aux  lieux  bas,  où  les  eaux 
de  pluie  s'allemblent  &  fe  contervent.    C'eft  la  dé- 
finition qu'en   donne  le  P.  Labat ,  t.  2  ,  c.  lâ  ,  de 
{ts  voyages.  Le  Lundi  failli  à  l'habitation  du  Ma- 
rigot. Id. 
MARILAND.  Voyei  Maryland. 
MARIN  ,  INE.  Qui  vient  de  la  meir ,  qui  appartient  à 
la  mer.  Marinus  ,  maritimus  ,  pelagius.    Monftre 
marin  ,  loup  marin  ,  conque  marine. 
ffj"  On  appelle  les  dieux  de  la  mer  ,  les  dieux  marins. 
Ce  fut  un  monftre  marin  ,  qui  tît  périr  Hippolyte. 
On  peignoit  le  char  de  Neptune  attelé  de  chevaux 
marins.  Il  y  a  des  veaux  marins  ,  des  chiens  &  des 
loups  marins.  Le  fel  marin ,  eft  celui  qui  le  fait  de  l'eau 
de  la  mer  ,  qui  eft  de  tîgure  cubique  ,  &  le  plus  fore 
de  tous  les  lels. 

Ce  terme  s'applique  aulTI  à  ce  qui  fert  à  l'ufige  de 
la  n.avigation.  La  cane  marine  ,  ou  hydrographique, 
eft  celle  qui  fert  pour  la  conduite  des  vailleaux  ,  où 
font  marqués  les  rumbs  des  vents  ,  les  côtes  ,  les 
rades  ,  &  les  bancs  de  fable.  Foye:(  Carte. 

En  Architeélure  ,  on  appelle  colonne  marine  , 
une  colonne  taillée  de  glaçons  ou  de  coquillages  par 
bandes  ou  bolfage ,  ou  continus  fur  la  longueur  de  fon 
fût ,  ou  bien  par  tronçons  en  manière  de  manchons. 
Columna  marina.  Dict.  de  Peint.  &  d'Arch. 
83°"  En  termes  d'Hiftoire  naturelle ,  les  corps  marins  font 
des  coquillages  ,  des  coraux  ,  des  poillons  &  autres 
corps  ftmblables  que  l'on  trouve  enfouis  &c  pétrifiés 
dans  le  fcin  de  la  mer. 
fp"  Atgue  marine.  Efpèce  de  pierre  précieufe  tendre  , 
&  de  couleur  à-peu-près  de  l'eau  de  la  mer. 

On  dit  qu'un  homme  a  le  pied  marin  ,  quand  il  eft 
accoutumé  à  l'air  &  a  la  fatigue  de  la  mer  ,  quand  il 
a  été  longtemps  furies  vailfeaux. 

Homme  marin.  Outre  ce  que  nous  avons  dit  au 
mot  Homme  ,  on  peut  ajouter  ici  qu'on  prit  un 
homme  marin  en  Illyric  ,  fous  le  Pontificat  d'Eu- 
gène IV;  que  fous  l'Empereur  Maurice  on  vit  dans 
le  Nil  un  homme  ts:  une  femme  marine  ,  qui  fe 
lailfèrent  voir ,  pendant  trois  ou  quatre  heures,  hors 
de  l'eau  jufqu'au  nombril  ;  qu'en  1526  ,  on  prit  en 
Frife  un  homme  marin  ,  qui  avoit  beaucoup  de  barbe 
ëc  de  cheveux;  un  autre  dans  la  mer  Baltique  ,  en 
15^1.  Il  fut  envoyé  à  Sigifmond  ,  Roi  de  Pologne, 
&  vécut  trois  jours  à  fi  Cour,  Un  autre  jeune  fut  pris 
To/nc  y. 


M  A  R  841 

près  de  la  Rocca  de  Sintra  ,  comme  rapporte  Damieii 
Goès.  Olyjppon.  Enarrat.  Le  Roi  de  l'oitugal  (Se  le 
Grand-Maure  de  l'CJrdre  de  S.  Jacques  ,  ont  eu  au- 
trefois un  procès  ,  pour  (avoir  à  qui  des  deux  ces 
monftrcs  appartiendroieiu. 

La  trompette  marine  ,  eft  un  inftrumcnt  qui  n'.i 
qu'une  grolfe  &c  longue  corde  de  boyau  ,  tendue  lur 
un  chevalet  ,  &  qu'on  touche  avec  archet.  Elle  a 
le  corps  triangulaire  ,  &■  elle  imite  fort  bien  le  Ion 
des  trompettes  ordinaires,  /-^ojf  ^-Tkomi'i. tti-.  Tuba 
marina  ,  ou  tuba  monochordon.  CJuclques-uns  préten- 
dent qu'il  faudroit  dire  Trompette  manint  ,  parce 
qu'au  lieu  de  Trompettes  ordinaires  que  l'on  embou- 
che pourfonner,  celle  ci  fe  joue  avec  un  archet  ,  & 
le  mouvement  de  la  main  ;  d'autres  dilent ,  qu'on  l'a 
nommée  marine  ,  parce  que  l'on  s'en  fert  fur  la  mer ,' 
où  elle  rélonne  beaucoup  mieux.  L'ulage  eft  pour 
trompette  marine  ,  &  cela  lulHt. 

Nous  difons  Marin  fubftantivcment  ,  pour  dire  un 
homme  de  mer  ;  mais  nous  ne  le  dilons  que  des 
Officiers  de  Marine.  In  re  maritimâ  ,  ou  navali 
Prdfeclus  ,pr£fecluram  aliquam  gerens.  J'ai  demeuré 
longtemps  à  Breft  &  à  Toulon  ,  je  connois  tous  nos 
Marins.  Nos  Marins  ne  demandoient  qu'à  fe  battre. 
L'oihveté  gâte  les  Marins  fur  les  vaifteaux. 

Saint  MARIN.  Foye'^  San-Marino. 

MARINADE,  f  f.  Terme  de  Cuifine.  Ragoût ,  prép.a- 
ration  de  viandes  qu'on  fait  en  les  laillant  tremper 
dans  une  lauce  de  vinaigre ,  poivre ,  lel  ,  épice  ,  clou  , 
citron  ,  orange,  oignon  ,  romarin  ,  lauge  ,  &cc.  Em- 
bamma  nauticum.  Et  en  les  faifant  cuire  &  mitonner 
dedans.  On  (ert  aux  entrées  des  longes  de  veau ,  des 
poulets  à  la  marinade. 

MARINAI,  MARIANARI ,  GLIUBOTIN  PLANINA. 
Montagne  de  la  Turquie ,  en  Europe.  Marineus  Mons , 
anciennement  Scardus  &  Scodrus.  Elle  s'étend  d'orient 
en  occident ,  entre  l'Albanie  ,  la  Bulgarie  &  la  Servie. 
Le  Drino  Nero  ,  &  la  Morave  y  prennent  leurs  four- 
ces.  Maty. 

MARINE.  (.  f  Eft  la  fcience  de  la  navigation  ;  ce  qui 
concerne  la  navigation  fur  mer  ;  ce  qui  a  rapport  au 
fervice  de  la  mer.  Res  nautica  ,  nautica  ,  hijliodro- 
mia.  On^divife  la  marine  en  militaire  8c  œconomi- 
que.  La  Marine  militaire ,  comprend  les  vailleaux 
armés  en  guerre  :  Vceconomique ,  les  vailleaux  mar- 
chands. Pierre  Nonius  ou  Nugnez ,  eft  un  célèbre 
Mathématicien  Portugais ,  qui  le  premier  en  a  écrit 
deux  livres  en  l'année  1530  ,  à  l'occadon  de  quel- 
ques doutes  que  lui  propofa  Martin  Alphonfc  Soia. 
Enfuite  Pierre  Médina  ,  Elpagnol.  Et  en  1606  ,  André 
Garcia  Celpédès  fit  imprimer  Regimento  de  la  na- 
vigation. En  1 608 ,  Simon  Stevin  ,  Mathématicien 
du  Prince  d'Orange.  En  161Q  ,  Willebrordus  Snel- 
lius  a  fait  imprimer  fon  Typhis  Batavus.  En  163 1  , 
Adrianus  Mérus  a  écrit  de  l'art  de  naviger  par  le 
globe.  En  1640,  le  Père  Fournier  ,  Jéfuite,  a  écrit 
de  l'Hydrographie.  En  1661  ,\t  Père  Riccioli ,  & 
le  Père  Galpart  Schottus  ,  Jéfuites  ,  en  ont  donné 
quelques  traités  dans  leurs  Œuvres.  Et  en  1666  , 
le  fieur  Denys  ,  Hydrographe  &  Profelfeur  à  Dieppe, 
Rodéricus  Zameranus  ,  Pierre  Appian  ,  Podéricus 
Crefcentius  ,  Auguftinus  Csfanus  Robert  Dutlé  , 
Jacques  Colomb  ,  Jean  Janlon  ,  &  le  Père  Mer- 
fenne ,  Minime ,  en  ont  fait  quelques  Traités.  Le 
Père  Defchales  ,  Jéfuite  ,  en  a  écrit  :  ce  qui  vient 
d'être  dit ,  eft  tiré  de  les  (Euvres ,  en  faveur  de  ceux 
qui  s'adonnent  à  la  navigation  ,  que  maintenant  on 
cultive  heureulement  en  France.  Les  livres  ordinaires 
de  Marine  qu'ont  les  Pilotes  ,  font  les  Routiers  de 
Pierre  de  Médine  ,  de  ALanuel  Figuérido  ;  le  Miroir  , 
le  Tréfor  ,  la  Colonne  de  la  mer  ;  le  Flambeau  de  la 
Navigation  ,  drellé  par  Guillaume  Janfzoon  ,  iScc. 
Pere  Deschales.  Le  P.  Hofte  _,  Jéfuite  ,  a  donné ,  en 
1697  ,  l'Art  des  armées  navales  :  c'eft  un  traité  des 
évolutions  navales. 

La  connoillance  parfiite  de  la  Marine  renferme 
o\i  fuppofe  la  connoilfancc  de  quantité  d'Arts  &  de 
Sciences.  Elle  Icdivile  en  trois  parties  générales;  qui 
font  l'Architedure  navale  ,  le  Pilotage ,  &  l'Art  des 

Ooooo 


8a2         m  a  R 

évolutions  ;  rArchitecture  navale  apprend  à  conf- 
triiire  toutes  lottes  de  batimens  de  mer  ;  le  Pilotage 
€i\  l'art  de  les  conduire  en  mer  feuls  &  (ans  com- 
pagnie ;  &  l'art  des  évolutions  apprend  à  conduire 
plurieursbkimensenfemblej  c'efl-a-dirc ,  les  Hottes, 
ou  les  armées  navales. 
Marine.  Se  dit  en  général  pour  tout  le  corps  de  la 
Marine  ,  ou  pour  ce  qui  concerne  la  navigation. 
ifT  Dans  cette  acception  ,  il  comprend  tous  les  Ofti 
ciers  ,  l'oldats  ,  matelots  dellinés  au  iervice  de  mer  ; 
les  vaiOeaux  de  guerre  ;  en  un  mot  tout  ce  qui  fait 
la  puillance  navale  d'un  état.  C'elc  ainll  qu'on  dit ,  la 
iMariae  de  France. 

Après  les  Loix  Romaines    touchant  la    Marine  , 
répandues  dans  le  Digefte  &  dans  leCode^les  plus 
anciens  Réglemcns  dont  on  ait  connoillànce  j  lont 
ceux  qui  furent  publiés  fous  le  titre  de  rôle  d'Ole- 
ion  ,  par  Eléonore ,  Duchelle  de  Guyenne  ,  ik  Com- 
teiïe  de  Poitou  ,  qui  ayant  été  répudiée  par  Louis 
VII  ,  avoir  époulé  Henri  II  ,  Roi  d'Angleterre.  Ils 
furent  même  reçus  en  France  ,  comme  il  paroit  par 
la  compilation  de  Fontanon  ;  &:  ils  leivirent  aulli  de 
modèle  aux  villes  Anféatiques  ,  pour  drelfer  les  Or- 
donnances de  Visbui  ,  ainli  nommées  de  Visbui ,  dans 
l'île  de  Gothland.  f-^oye-^  MevviWc,  Ordonnance  de  /a 
Marine  ,  du  mois  d'Août  lôSi  ,  commentée  &  con- 
férée ,  &c.  Il  y  a  une  Ordonnance  de  la  Marine ,  du 
mois  d'Août  i68i  ,  que  Pierre  MervJlle  ,  Avocat  au 
Parlement  de  Paris  ,  a  commentée  &c  conférée  avec 
les  anciennes  Ordonnances  ,  le  Droit  écrit  ,  &:  les 
nouveaux  Réglemens. 
Marine  ,  fignitie  aullI  le  goût,  la  fenteur  de  la  mer. 
Maris  odor.  Cela  fent  la  marine.  Cela  a  un  goût  de 
marine. 
tf^"  Marine  ,  lignille  quelquefois   Plage  ou  côte  de 
mer.  C'elt  ainii  qu'on  dit  ,  le  promener  fur  la  ma- 
rine.   Delà  le  terme  de  marine  ,  en  peinture. 
§3"  Marine  ,  terme  de  Peinture.  Les  Peintres  appel- 
lent marines  ,  des  tableaux  où  ils  repréfentent  des 
mers  ,  des  porrs ,  des  vailléaux  ,  des  tempêtes  j  &  au- 
tres fujcts  lemblables. 
§3"  Ce  terme  peut  (e  tranfporter  à  une  peinture  poéti- 
que. Les  Paftorales  de  Sannazar  j  n'ont  pas  été  fort 
goûtées.  Son  nouveau  genre  d'Eglogues  a  paru  trop 
fombre  &  trop   mélancolique.  Il  a  tranlporté  des 
bois  &c  des  prairies  ,    la  fcène  paftorale  fur  le  ri- 
vage de  la  mer.  Ce  ne  font  plus  des  agneaux  qui 
bondillent  dans  la  plaine  ;  ce  lont  de  gros  poilîons 
qui  (e  promènent  lous  les  eaux.  Les  Alcions  repré- 
fentent les  rolllgnols.  Un   panier  d'huitres  préfenté 
à  Am.arillis  y  fait  l'oltice  d'un  bouquet  de  Heurs.  Un 
beau  payfage  peint  par  Sannazar  ,  auroit  mieux  valu 
que  toute  cette  marine.  MÉm.  de  TrÉv. 
Marine.  Fbyez  Marguerite. 

MARINER.  V.  a.  Aceto  &  aromatibus  macerare.  Pré- 
parer de  la  viande  ,  du  poiHon  dans  un  adàifonne- 
ment  appelle  marinade.  Voyez  ce  mot.  On  marine 
^uili  le  poillbn  frais  que  l'on  veut  garder  quelque 
temps ,  &  on  le  conlerve  dans  l'huile  ,  ou  dans  le 
vinaigre,  &  avec  des  herbes  fortes.  On  marine  des 
poulets  J  pour  les  manger  fur  le  champ.  On  marine 
du  thon  ,  pour  le  conlerver. 
MARINÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Des  huîtres  marlnces  ,  des 

champignons  marines  ,  du  thon  mariné. 
lier  En  fiit  de  commerce  de  mer  ,  on  appelle  marchan- 
difes  marinées  J  celles  qui  ont  été  imbues  ou  mouil- 
lées d'eau  de  mer ,  par  quelque   accident  arrivé  au 
vailïeau.  Tabac  mariné.  Mulcade  marinée. 
Mariné,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  des  animaux  dé- 
peints lur  les  écus ,  avec  une  queue  de  poiHon  comme 
les  Sirènes.  Caudâ  in  pifcem  dejînenie.   Il  portoit  de 
gueule  au  cerf  eftropic  (  ou  qui  n'a  point  de  pieds  ) , 
mariné  d'or.  ImhoH',  en  Allemagne  ,  porte  de  gueules 
au  lion  mariné  d'or. 
MARINES.  Bourgdu  Vexin-François,  à  trois  lieues  de 
Pontoife.  Il  y  avoit  autrefois  un  Prieuré  de  Chanoines 
Réguliers,  auquel  a  fuccédc  uneConmiauté  de  Pères 
de  l'Oratoire.  Defcrin.  Géogr.  &  Hijl.  de  la  Haute 
'  Norm.  T.  II  ^  p.  S4-f- 


M  A  R 


MARINETTE.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fignlfîoit  autrefois 
la  pierre  d'aimant ,  &  même  la  bouHok  qui  en  cil  tou- 
chée ,  parce  qu'elle  lervoit  principalement  a  la  Marine. 
Lapis  magnetuus  ,  pi.xis  nautica.  Voyez  BoussoLï. 

MARINGOUIN.  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  dans 
les  îles  de  l'Amérique  ,  une  efpèce  de  petit  infcftc 
fort  incommode.  CuUx.  Il  approche  de  celui  qu'on 
appelle  coufui  en  France.  Il  y  a  des  maringoums  en 
Ahique  ,  comme  dans  l'Amérique  méridionale. 

On  ell  venu  avertir  M.  l'AmbaHadetn.-  ,que  la  mai- 
fon  étoit  toute  pleine  de  Maringouins  ,  ou  petites 
mouches infupportables.  Abeé  de  Choisy.  Nous  fom- 
mes  arrivés  a  Banko  ;  nous  avons  été<mangés  des  mouf- 
quites  ou  marmgouins.  la. 

Les  peuples  du  Brelil  appellent  en  leur  lingue  cet 
inleéte  Marïgouy  ,  d'où  elf  venu  le  mor  MaririPoum. 

HUET. 

MARINGUES,  petite  ville  de  France,  en  Auvergne, 

dans  l'élection  de  Riom  ,  près  de  l'Allier. 
MARINIER,  f.  m.  OiKcier  qui  commande  à  un  équi- 
page de  Matelots.   Homo  mar'ainius  ,  Nauta.   Il   ne 
faut  pas  confondre  les  Ofliciers  mariniers ,  avec  les 
Officiers  de  marine.  Les  Otiiciers  de  la  marine  font 
les  Capitaines,  les  Lieutenans,  les Enleignes. Les  Offi- 
ciers mariniers  ,  lont  le  premier  Pilote  ,  le  Maître 
Charpentier  ,  le  Maître  Canonnierj  le  Contremaî- 
tre ,  le  Bolleman  ,  le  Maître  de  hache  ,  le  Maître 
Voilier  ,  îkc.  Ceux  qui  font  fous  eux  s'appellent  plus 
ordinaircmenr  Matelots. 
Marinier  ,  fe  dit  auiîide  ceux  qui  conduifentles  grands 
bateaux  lur  les  rivières.    Naviculanus  ,  nauta.  hts 
Mariniers  fe  préparent  à  tirer  l'angdille ,  i'oiion. 
Marinier  de  Rame.  Terme  de  Marine.  Homme  de 
mer  ,  Marinier ,  Matelot  qui  lert  à  ramer ,  fans  y  être 
condamné  comme  les  Forçats. 
MARINO.  Nom  d'un  bourg  de  la  campagne  de  Rome , 
à  quatre  lieues  de  la  ville  de  Rome ,  vers  le  levant. 
Mannum  ,  villa  Marina.  Maty. 
Marino.  Autre  bourgdu  Milanois,  en  Italie.  Marinum. 
Il  ell  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  Milan  ,  vers  le  nord. 
Maty. 
Marino.  C'ell  encore  un  village  de  la  Capitaïuite  j  pro- 
vince du  Royaume  de  Naples.  Marinum.  Campo  Ala- 
rino.  Ce  lieu  lltué  fur  le  Tiferno  ,  à  une  lieue  de  fou 
embouchure  ,  ell  la  petite  ville  qu'on  nommoit  an- 
ciennement Claterna  ,  ou  CUternia.  Maty. 
San-Marino  ,  ou  Saint-Marin.  Nom  d'une  ville  en- 
clavée dans  le  Duché  d'Urbin  ,  province  de  l'Etat  de 
l'Eglile.  Fanum  S.  Mar'ini ,  Marinum  ,  anciennement 
Mons    Titanus  ,  ou  Acer.  Elle  eft  à  deux  lieues    de 
S.  Léo ,  vers  le  nard.  San-Marino  eft  une  ville  forts 
par  la  htuation  ,  fur  le   lommet  d'une  montagne  , 
par  fes  fortilîcations  qui  font  aHez  régulières  ,  &  par 
quelques  bons  châteaux  j  qui  en  gardent  les  avenues. 
Elle  ell:  lur  le  pied  do  République  ,  depuis  l'an  6co  ; 
mais  la  jurifdiclion  ne  s'étend  que  lur  dix  ou  douze 
villages  voifins.    Ses  premiers  JVlagiftrats  lont  deux 
Capitaines  J  que  l'on  change  deux  fois  l'an.  Les  Ita- 
liens la  nomment  par  mépris  la  Repuhlichetta  ;  c'eil-à- 
dire  la  petite  République,  &  elle  nomme  par  fierté 
la  République  de  Venile  ^fa  carijjimajorclla  ,  c'ell-à- 
dire,  la  très-chère  petite  lœur.  Maty. 
MARIO.   Nom  d'une  montagne  de  la  Campagne  de 
Rome  J  tout  auprès  de  la  ville  de   ce  nom.    I\Iûns 
Marii  ,  Mons  Gaudius  ,  Monte  Mario.  Maty. 
MARJOLAINE,  f  f.  Plante  dont  il  y  a  quelques  ef- 
pèces.  Amaracus  ,  Sampfuchus.  La  marjolaine  ordi- 
naire eft  haute  d'environ  un  pied  ,  !k  pouH'e  plu- 
lieiirs  branches  ligneuies  ,  le  plus  louvent  carrées , 
un  peu  velues  ,  rougeàtres.  Ses  feuilles  lont  rangées 
vis  à-vis  l'une  de  l'autre  ,  lemblables  à  celles  de  l'ori- 
gan •■,  mais  beaucoup  plus  petites ,  molles  ,  blanch.î.- 
tres  J  d'une  odeur  forte  j  aromatique  ,  &  d'un  goûc 
acre  &■  un  peu  amer.    Ses  Heurs  nailTent  en  les  fom- 
mités  ,  ramaHées  en  manière  d'épis  ,  ou  de  têtes  plus 
rondes  &  plus  courtes  que  celles  de  l'origan,  compo- 
Tées  de  quatre  rangs  de  feuilles  polées  par   éc.iillcs. 
Ce?  fleurs  fonr  petites  en  ;;ueu!e  ;  chacune  d'elles  eft 
un  tuyau  découpé  par  le  haut  eu  deux  lèvres,  de  cou- 


M  A  R 

leur  blanche.  Ses  fcmcnces  font  menues ,  prcrquc  ron- 
des j  de  couleur  roulle,  odorantes  ,  amcrcs.  En  La 
tin  ,  Majoranu  vulgaris.  Cb.pi/i.  22.f.  La  marjolaine 
cil  bonne  dans  les  maladies  du  cerveau  &  de  la  poitii- 
ne  ;  elle  fortifie  l'cflomac  :  on  en  mêle  dans  les  pou- 
dres ilernutatoires ,  dans  les  erriiines  ,  dans  les  fonicn- 
tuions.  On  lui  a  donne  ce  nom  ,  à  caufc  qu  on  prend 
grande  peine  à  la  cultiver,  &  qu'elle  n'ell  point  (ir 
jette  à  fe  tàncr  j  ni  à  pourrir. 

AlAHIOLA.  Monta2,ne  d  Efpagne  ,  au  Royaume  de 
Valence  ,  dans  le  voifinagc  de  la  ville  d'Alcoy  ,  on  y 
trouve  une  quantité  extraordinaire  de  iimples  Ik.  de 
plantes  médecinales. 

MAIilOLE.  f.  f  Vieux  mot,  qui  fi:;ni!îe  imaa;c  de  la 
lainte  Vierge.  E^gïes  ,  imago  D.Virginis  ;  Se  dans 
la  balle  Latinité  ,  MaiioU. 


Aubes  jfros,  chafuhUs  ,  ejlocles 
Crois  ,  Cruccfis  ,  &  Ivlarioles.  G 


>les.  GuiART. 


IVL\RJOLET.  f  m.  Terme  injurieux  tV  populaire  ,  qui 
ic  dit  de  ceux  qui  veulent  taire  les  galants  ou  les  en- 
tendus. C'ell  un  franc  majorlet.  Scar.  Si  vous  ères 
j,£ns  modeftes  &  (crieux  ,  qui  alliez  rondement  en 
befogne  j  qui  ne  cherchiez  qu'un  gain  honnête  & 
modéré  ,  qui  ne  lalliez  point  les  muguets  ,  les  marjo- 
kts  ,  les  enfarinés,  les  fanfarons ,  &c.  Mascor. 

Entendre  an  marjolec  ,  qui  dit  avec  mépris  , 
Ainjl  qu'ânes  ,  ces  gens  font  tous  vêtus  de  gris. 

RÉGNIER. 

Ce  mot  originairement  figniiîe  témoin  ,  comme 
on  voit  dans  la  Coutume  de  Hainaiit,  Se  parce  que 
les  témoins  font  quelquefois  odieux ,  on  l'a  dit  par 
mépris  des  jeunes  gens  à  qui  on  vouloir  reprocher 
qu'ils  n'étoient  pas  dignes  de  foi.  f^oyc:^  Mariaud. 

AIAKION.  f.  f.  Nom  d'une  femme,  diminutif  de  ALr- 
rie.  Maria.  Ce  n'ell  que  le  peuple  qui  appelle  Ala- 
non  les  filles  qui  fe  nomment  JVIarie. 

|Cr  MARIONETTE.  f.  f.  Petite  figure  de  bois  ou  de 
carton  ou  d'autre  matière  ,  qui  repréfente  des  hom- 
mes ou  des  animaux  ,  &  que  les  Bateleurs  tont  remuer 
par  rellbrts ,  pour  amuler  les  enfans  ,  le  peuple  ,  Se 
quelquefois  ce  qu'on  appelle  la  bonne  compagnie  j 
les  honnêtes  gens.  ImagunculaJignsoU  hominumjigii- 
r&.  C'eil:  apparemment  ce  qu'Horace  appelle  aiienis 
nervis  mobile  lignum.  On  dit ,  jouer  les  Marionettes , 
donner  les  Marionnettes ,  aller  aux  Marionettes.  Jean 
Brioché  eft  regardé  comme  l'inventeur  des  Marionet- 
tes-, mais  il  ne  fit  que  les  perfectionner.  De  Ion  temps 
un  Anglois  avoit  trouvé  le  lecret  de  les  faire  mouvoir 
par  des  rellbrts  &  fans  cordes  ;  mais  l'on  prêtera 
celles  de  Brioché  à  caufe  des  pl.i.ifanteries  qu'il  leur 
iaifoir  dire.  Ce  Speftacle  n'eft  pas  tait  pour  notre 
nr.tion  feule.  Du  Loir  dit  que  les  Turcs  ont  des 
joueurs  de  Marionettes  plus  adroits  que  les  nôtres. 

^0°0n  dit  ironiquement  d'une  petite  femme,  que 
c''eft  une  Marionette  ,  une  vraie  Marionette.  Cela 
eft  du  ftyle  de  converfation. 

Defcartes  prétend  que  les  bàes  n'agilTent  que  comiric 
des  Marionettes  ,  &  que  l'agitation  de  leur  fang  leur 
rient  lieu  de  relforts  ■■,  qu'on  ne  doit  pas  plus  ad- 
mirer leurs  petites  adrelfes ,  que  les  rellorts  d'une 
horloge,  qui  fans  ame  marque  mieux  les  heures 
qu'un  homme  ne  pourroit  faire. 

M.  Ménage  fait  venir  ce  mot  de  marions ,  ou  pe- 
tites Maries  ,  en  prenant  l'efpèce  pour  le  genre. 

Marionette.  f.  f.  Monnoie  d'or  qui  fe  fabriquoic  au- 
trefois en  Lorraine  &  en  quelques  lieux  d'Allema- 
gne ;  elle  pefoit  deux  deniers  treize  grains. 

MARIPENDA.  f  m.  Sorte  d'arbrillcau  des  Indes  occi- 
dentales ,  qui  le  trouve  dans  la  province  de  Mé- 
choacan.  Son  tronc  efl:  haut  environ  de  cinq  pieds. 
Ses  branches  font  noirâtres  ,  &  fes  feuilles  lembla- 
bles  au  fer  d'un  dard ,  larges  &  épaiifes  ,  de  couleur 
verre  ,  tirant  fur  le  purpu.in  ,  mais  plus  verres  dans 
leur  partie  fupérieure  ,  attachées  à  des  queues  rou 
ges.  Ses  fruits  font  en  grappe,  langs  de  près  de  huit 
Tome  V. 


M  A  R         843 

pouces ,  compofés  de  grains  fcmblablcs  à  ceux  du 
laiiin,  mais  plus  clairs  ,  verts  preuiiêremcnt ,  rou- 
ges cnfuite ,  t<.  enfin  d'un  pourpre  obfcur.  Les  ha- 
bitans  prennent  les  rejcttons  &  les  rameaux  de  ce: 
arbrilieau  ,  &  les  ayant  coupes  fort  menus ,  ils  ic 
font  bouiUir  jufqu  a  ce  que  l'eau  s'cpailliUc ,  Se 
quelle  vienne  en  conlillancc  de  miel.  Ceft  un 
baume  qui  guérit  les  plries  les  plus  difficiles  ,  Se 
arrctc  le  tang  de  celles  qui  font  récentes.  C.  Bau- 
hin  appelle  le  martpe.nda  ,  Ilalf&mum  fruclu  race- 
mofo  ex  Hifpaniola.   Pin.  401. 

MARIQUE.  f.  f.  Nom  d'une  Nymphe.  Marica.  Elle 
époufa  Faune  ,  Se  elle  en  eut  Larinus.  Quelques-uns 
pren.nent  Manque  pour  Vénus. 

MARIQUITES.  Peuples  errans  de  l'Amérique  méri- 
dionale dans  le  Brélil.  M.  de  l'Iflc  les  met  a  l'o- 
rient de  Fernambuc  ,  Se  au  nord  de  la  rivière  de 
S.  François. 

MARIS,  royei  Limyra. 

Maris,  f^oye^  Maire. 

Maris  ,  ou  MARISCH.  f'oye-^  Marcs. 

MARISE  ,  ou  MARIZA.  Nom  d'une  grande  rivière 
de  la  Romanie.  Mari-^a  ,  anciennement  Hehrus , 
Rhombus.  Elle  a  les  lources  dans  les  montagnes 
de  Collegnas  ,  baigne  Plulippopoli  ,  Andrinople  , 
Trajanopoli  ,  &  fe  décharge  dans  1  Archipel  à  Eno  , 
vis  a  vis  de  l'île  de  Samandrachi  Maty. 

MAHISQUE.  f.  f  Marifca,  &.  Petite  excroillance  char- 
nue ,  molle  ,  fongueute  ,  indolente  ,  qui  vient  au 
tondement ,  au  périnée ,  &  à  la  partie  interne  lu- 
péncurc  des  cuilles  dans  les  temmes.  Ceft  une  ef- 
pêce  de  fil  J  &  fouvent  un  lymptôme  de  la  groile 
vérole.  Son  nom  vient  de  la  reliemblance  ,  avec 
une  efpèce  de  figue  appelée  marifque.  Col  de  ViL- 

LARS. 

Marisque.  f.  m.  Efpèce  de  figue  grolTe  Se  fans  goût 
En  Latin  marifca. 

MARiSSON.  f.  f.  Vieux  mot  qui  fignifie  dommage, 
dégât ,  Se  la  douleur  ,  le  chagrin  que  les  pertes  ont 
coutume  de  cauler.  Detrimentum  ,  jaciura,  dolor , 
mœrtir  ex ,  Sec.  dans  la  balle  Latinité  marritio. 

Dame  Guiborg  faifoit  grant  mariffon. 

Girard  de  Vien. 

Voyei  encore  Marrisson. 

MARITACACA  ,  ou  MANICOU  ,  &  FILANDER. 
1.  m.  Sorre  d'animal  du  Bréiil,  grand  environ  com- 
me un  chat ,  &  approchant  de  la  forme  du  turet. 
Il  a  lur  le  dos  deux  lignes  bien  diftinguées  ,  l'une 
blanche  ,  Se  l'autre  brune  ,  qui  le  traverfent  en 
croix.  Il  vir  d'oileaux  ,  dont  il  mange  aulh  les  œufs. 
Se  eft  tellement  friand  d'ambre  ,  que  fouvent  il  fc 
promène  la  nuit  le  long  du  rivage  de  la  mer  ,  pour 
en  chercher.  Cependant  il  exhaie  une  odeur  puante 
qui  pénétrant  au  travers  des  bois  Se  des  pierres,  eft 
mortelle  pour  les  hommes  oe  les  bêtes.  Elle  dure 
quinze  Se  vingt  jours ,  &  quelquefois  plus ,  enforte 
qu'on  eft  contraint  d'abandonner  les  villages,  donc 
cet  animal  s'eft  approché  de  rrop  près. 

MARITAL,  ALE.  adj.  m.  Se  f.  Qui  appartient  au  mari. 
Mantalis.  La  puilfance  maritale.  Scopfer ,  Allemand  , 
prétend  que  l'autorité  maritde  s'étend  à  la  correc- 
tion ,  &  aux  châtimens  ,  pour  réduire  la  femme  à 
l'obéilTImce. 

MARITALEMENT,  adv.  Terme  de  pratique.  En  ma- 
ri ,  comme  doit  taire  un  mari.  Le  Juge  lui  ordonna 
de  rraiter  maritalement  fa  femme  ,  de  vivre  marita- 
lement avec  elle. 

MARITIME,  adj.  m.  Se  f.  Qui  concerne  la  mer  ,  qui 
eft  proche  de  la  mer.  Maritimus.  Conftantinople 
eft  une  ville  maritime.  Les  côtes  maritimes  de  Hol- 
lande font  bordées  de  fortes  digues.  Région  mariti- 
me. Vaug.  Peuples  maritimes.  '^  Ce  terme  s'appli- 
que aulTî  aux  chofes  qui  concernent  la  marine.  Aintl 
l'on  dit  les.  forces  maritimes  d'un  État  ,  pour  dire 
les   forces  de  mer.  Les  Puilfances  maritimes. 

MARIUS  ,  MARIA,  f.  m.  Se  f.  Nom  propre  d'une 
famille  Romaine  Marïus ,  a.  La  famille  Maria  écoit 

G  o  o  o  0    ij 


84A 


M  A  R 


iio(i  feuleiiieiit  plubcïcnne  ,  mais  oblciire  jufqu'à  C. 
JManus  ^  qui  fut  Icp:  ion  Conlul  j  comme  il  paro'ic 
p.ir  ce  qu'en  dit  Salulle  dans  l'on  Hilloiie  de  la  yueirc 
de  Jugurtha.  Il  étoit  d'Atpinum  ,  compatriote  de 
Cicéron.  La.fùmiUe  Maria  fubiîltoit  encore  au  temps 
d'Augurte ,  malgré  les  guerres  &  les  proicriptions  de 
Sylla.  Il  y  a  des  médailles  d'un  Caïus  Marias  Pro  m 
viK.  fous  Augurte. 

Il  ne  faut  jamais  dire  Marie  ,  ni  au  mafculin  ni  au 
féminin,  pour  Marins  .,  &  Maria,  quoiqu'on  dUc 
Marcie,  Porcie ,  au  moins  au  féminin,  &c.  Voyt\ 
encore  Mary. 

MAfllZA.  Rivière  de  la  Remanie  ,  elle  a  fa  fource 
au  pied  du  Mont-Hémus ,  &  fe  jette  dans  le  Golfe 
de  Mégarjfe. 

MARKAB.  Terme  d'Aftronomie.  C'eft  le  nom  d'une 
étoile  qui  eff  devant  l'aile  du  Pégale. 

MARKEK.  Bourg  de  la  Balle-Autriche ,  aux  confins 
de  la  Hongrie,  fur  la  rivière  de  Mark,  ou  Mardi, 
qui  le  jette  dans  le  Danube  prclquc  vis  à-vis  d'Haim- 
bourg. 

AlARKHELHEM.  Ville  de  France  dans  la  Haute-Al- 
fice,  Diocèfe  de  Balle,  Conlcil  louvcrain,   &:  In- 

.    ter.dancc  d'AJlace. 

MARLE.  f.  f.  C'eil  la  même  chofe  que  MARNE. 
/  oyf^  ce  mot ,  qui  eft  le  plus  en  ulage. 

Marle.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Tiérache  en  Pi- 
cardie. Maria.  Elle  ell  lur  la  rivière  de  Serre  ,  à 
quatre  ou  cinq  lieues  au  nord  de  Laon. 

Marle.  Nom  du  lieu  qui  s'appeloit  autrefois  Marne. 
Marna  ,  Maria.  Il  efi:  dans  le  Laonois ,  fur  la  Sarre. 
h'n  s'eft  changée  cnl ,  comme  dans  Aumale  ;  Albe 
marie ,  A' Albcmarne. 

Ce  mot  vient  de  marna.,  de  la  marne,  terre  blan 

che  quon  tire  de  bien  avant   dans  la  terre ,  pour 

en  fumer  &  en  améliorer  les  champs.  'Valois ,  No- 

\tit.    Gall.  p.    ^[-.   &  p.    Aparemment  qu'on  en 

•  ■  'trouvoit  en  ce  lieu. 

•  MARLEBOROUG  ,    MALBOROUG  ,    MARLEBO- 

ROW,  &  MARLEBROW.  Nom  d'un  bourg  du 
Comté. de  Wilt ,  en  Angleterre.  Margabcrga.  Il  clt 
fur  la  rivière  de  Kennet ,  à  fept  lieues  de  la  ville 
de  Salcsbury  ,  vers  le  nord.  Quelques  Géographes 
mettent  à  ce  bourg  l'ancienne  Cunetio,  ville  des 
^Belges,  que  d'autres  mettent  à  Kennet,  village  iîtué 
à  deux  lieues  au  couchant  de  MarleboroAV.  Maty. 
Le  Duc  de  Marlborow  a  rendu  ce  nom  fimcux. 

MARLEM  ,  ou  le  Bourg  de  Mariera.  Bourg  de  France 
dans  la  balle  Alface  .,  entre  Saverne  &:  Molsheim. 
C'étoit  autrefois  une  Ville  très-conlidérable. 

MARLER  ,  v.  a.  Foye^  Marner  qui  elt  feul  en  ufige. 

5f3"  MARLI.  i.  m.  On  écrie  marlïe.  C'eft  un  ouvrage 
de  mode  ou  d'ajuftcment.  C'eft  une  cfpèce  de  gafe , 
dont  on  diftingue  deux  fortes  ,  le  marll  limple  ,  & 
le  marli  double  ,  qu'on  appelle  marlï  d'Angleterre. 
vemtts  texcilis. 

MARLIÈRE,  1.  f.  On  dit  aujourd'hui  marnicre.  On  a 
die  autrefois  maUlière  en  François ,  Hc  marlcria  dans 
la  balfe  Latinité. 

MARLO.  f.  m.  Bois  de  corde  qui  fert  à  chauffer  les 
fours  dans  la  nianutaéture  des  glaces  de  S.  Gobin.  Il 
y  a  trois  fortes  de  bois  pour  ce  chaullage  -,  favoir , 
les  marias  .,  les  billettesj  &  le  bois  de  charbonnage. 

MARLOW^ ,  ou  MERLO'W.    Mdlotum.    Petite  ville 

"■  d'Allemagne  au  Cercle  de  Balle  Saxe ,  au  Diocèfe  de 
,  Mecklenbourg  fur  le  Reckenits. 

MARLY.  Nom  de  lieu.  C'eft  une  maifon  Royale , 
iîmée  pntre  Verlailles  iSc  S.  Germain  ,  à  l'extrémité 
d'une  forêt  qui  porte  le  même  nom. 

§^"La  Machine  de  Marly  z^  une  célèbre  Machine 
hydraulique  que  Louis  XIV.  fit  conftruire  pour  con- 
duire  des    eaux  à  Verfailles.  Ellecft  placée  fur  le 

';  -dos  d'une  montagne  ,  &:  fait  monter  les  eaux  de  la 

",  Seine  julquc   dans   un  Aqueduc  élevé  au-dellus  de 

fon  fommet.  L'ame  de  tout  le  jeu  de  cette  Machine 

.font   huit  grandes  roues  établies  fur  la  Seine j  qui 

'\  font  mouvoir  chacune  quatre  grandes  pompes  fou- 
■  lanres  &:  afpirantes.  Depuis  la   conftrucfion  du  Ca- 
nal de  Maintenon  j  la  Machine  ne  fournit  plus  d'eau 


M  A  R 

à  Verfailles ,  mais  elle  fert  pour  en  conduire  au 
Château  de  Marly  ,  dans  le  voilinage  duquel  elle 
eft  fituée  ,  5c  d'où  elle  a  pris  fon  nom. 

MARMAILLE,  f  f.  Nom  collectif  Troupe  de  petits 
enhms.  Pueri  ,  puerorum  grex  j  turba  pucrilis.  Il  n'a 
place  que  dans  le  difcours  familier.  Qu'on  chaffe 
d  ici  cette  marmaille. 

MARMANDE.  Mannande  en  Agénois.  Nom  d'un 
bourg  de  l'Agénois,  en  Guyenne.  Marmanda.  Il 
eft  lur  la  Garonne  ,  à  cinq  lieues  au  levant  de  Ba- 
zas.  C'étoit  autrefois  un  Château ,  maintenant  ce 
n'eft  qu'un  Bourg.  Marmanda  cajîrum  ^  ou  villa. 
Sur  la  fin  du  fiècle  précédent ,  le  Parlement  de  Bour- 
dtaux  fut  quelque  temps  transféré  à  Marmande. 
ALtty  met  Marmande  dans  le  Bazadois  ,  'mais  il  fe 
trompe.  On  l'appelle  même  Marmande  en  Agénois. 

Marmande  ,  ou  Mormande.  Nom  d'une  rivière, 
qui  fe  décharge  dans  le  Cher.  Milmandra  ,  Milmen- 
dra.  Elle  eft  dans  le  Berri.  Valois ,  Not.  Call.  p. 
33S. 

MARMANTEAU.  Foyei  Marmenteau. 

MARMARA.    Foye^  Marmora. 

MARMARES,  Peuples  de  la  Cilicie  ,  vers  les  frontiè- 
res de  cette  province  j  du  côte  de  l'Allyrie. 

MARMARIQUE.  Grande  contrée  d'Afrique  ,  entre 
l'Egypte  &  les  Syrtcs,  mais  qui  n'a  pas  toujours  eu 
le  même  nom  j  &  dont  les  bornes  ont  beaucoup 
varié. 

MARMARITE.  f.  m.  Nom  que  l'on  donnoit  à  une 
Légion  Romaine  ,  lans  qu'on  en  fâche  la  caufe. 
Marmarita.  La  Légion  des  Marmarites  étoit  à  Ama- 
fée.  Je  ne  trouve  rien  dans  la  Notice  pour  expli- 
quer ce  que  c'eft  cjue  la  Légion  des  Marmarites  cam- 
pée à  Amafée.  Seroit  ce  quelque  corps  levé  origi- 
nairement dans  la  Libye  Marmarique  ,  6c  qui  en 
auroit  pris  le  nom ,  quoique  les  recrues  ne  s'en  fii- 
fent  pas  toujours  dans  le  même  pays.  Bollandus  ,  7^. 
Febr.  p.  2j.  §.  2.  parle  allez  des  Mariandènes 
dans  le  Pont ,  dont  on  prétend  que  S.  Théodore 
d'Héraclée  étoit  Capitaine  ,  ou  Gouverneur.  Je  ne 
fais  11  c'eft  la  même  chofe.  Tillem.  Kïjl.  Eccl. 
T.  V.  p.  73-4:  Quel  rapport  y  a-t  il  du  nom  Ma- 
riandène  à  celui  de  Marmarite  ? 

MARMELADE,  f  f.  Pâte  confite  ,  à  demi  liquide , 
faite  de  la  chair  des  fruits  qui  ont  quelque  confif- 
tance  ,  comme  les  prunes ,  les  coins ,  les  abricots. 
Pulpajrucluum  condicorum.  On  le  dit  auili  des  fruits 
qu'on  fait  trop  cuire ,  &C  qui  perdent  leur  figure. 
Vous  avez  fait  trop  cuire  ces  pommes ,  ce  n'eft  plus 
que  de  la  marmelade  ,  de  la  bouillie. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  marmclada  ,  qui  eft 
Portugais  ,  &  qui  vient  de  mermello  ,  qui  hgnihe 
coin  ;  aulii  eft-ce  une  elpèce  de  cotignac. 

MARMENTEAU.  adj.  Terme  d  Eaux  ^  Forêts.  C'eft 
un  bois  de  haute  futaie ,  qui  eft  en  réferve  ,  &  qu'où 
ne  taille  point ,  qu'on  appelle  quelquefois  Bols  de 
touche  _,  lorfqu'il  compofe  les  avenues  ,  forme  un 
abri  j  ou  lert  â  la  décoration  d'un  Château  ou  Mai- 
fon de  campagne  ,  ou  d'une  terre.  Sdva  incdtduay 
nemus  voluptarium.  §CF  II  eft  détendu  aux  ufufrui- 
tiers  d'abattre  les  bois  marmenteaux.  On  ordonns 
que  les  bois  marmenteaux  feront  abattus  ou  étêtés  , 
quand  le  propriétaire  eft  condamne  pour  crime  de 
lèfe-Majefté. 

MARMITE,  f  f.  Pot ,  vailfeau  où  l'on  fait  bouillir 
la  viande  dont  on  fait  le  potage.  Lcbe's  ,  alla  ,  ca- 
cabus.  Une  marmite  de  fer  ,  de  cuivre  ,  d'argent.  Les 
marmites  d'argent  doivent  être  marquées  au  corps, 
au  couvercle  ,  aux  anfes  Se  aux  griftès. 

On  dit  figurément  &  balïement ,"  que  la  marmite 
eft  bonne  en  une  telle  maiion ,  c'eft-à-dire  ,  qu'on 
y  fait  bonne  chère.  La  marmite  eft  renverfée  ;  c'eft- 
à-dire  ,  on  n'y  va  plus  dîner.  On  appelle  populai- 
rement les  écornifleurs,  des  écumeurs  de  marmite. 
On  dit  qu'une  certaine  chofe  fait  bouillir  la  mar- 
mite ,  ou  fert  à  fiire  bouillir  la  marmite  ^  qaani 
elle  contribue  à  l'entretien  de  ia  maifon.  Le  feu  des 
vers  ne  fait  plus  bouillir  la  marmite.  Mai.  Tout 
cela  eft  du  ftyle  familier.  On  dit  qu'un  homme  a 


[   A  R 

le  nez  fair  en  pied  de  marmite ,  quand  il  a  un  nez 
lirge  par  en  bas  ,  tk  retiouiiii.  On  iioninic  bœuis 
de  la  marmite  ,  les  Sœurs  de  la  Chance  ,  qui  portent 
des  bouillons  aux  malades ,  «Se  des  potages  aux  pau- 
vres des  Paroilles. 
fp-  MARMITEUX  ,  EUSE.  adj.  Pitucux  ,  qui  eft  mal 
du  côté  de  la  fortune  Se  de  l.i  finté.  Mifer  ,  indii^us. 
11  ell  tout  marmiteux  ;  &C  lubrtantivement ,  c'elt  un 
pauvre  marmiteux.  Il  efl  vieux. 

On  ne  vit  onc  un  tel  goûteux  , 
Qui  fans  paroùre  marmiteux , 
Comme  toi  fa  goûte  mâtine.  Sar. 

Life  la  marmiteufe  au  teint  de  pomme  cuite.  Gon. 

Marmiteux.  Trifte,  abattu  de  douleur ,  ou  du  moins 
qui  aftcdre  de  l'être.  GloJJ'.  fur  Marot. 

Ce  mot  n'efl  plus  d'ufage  que  dans  le  (lylc  maro- 
tique. 

MAKMITIER.  f.  m.  Terme  de  Rôtilfeur  de  Paris. 
C'eit  le  garçon  qui  dans  la  boutique  du  Rôtilleur  , 
a  loin  de  l'aire  revenir  les  viandes  j  de  les  mettre  en 
broche  ,  &  de  les  faire  proprement  rôtir.  Ajj'ator. 
Le  marmit'.er  gagne  plus  que  les  autres  garçons  rô- 
tilleurs.  Celui  qu'on  appelle  Marmitier  chez  les  Rô- 
tilfeurs  ,  s  appelle  Hâtier  chez  le  Roi. 

MARMITON,  i".  m.  'Valet  de  cuihne  ,  qui  prend  garde 
à  la  marmite  ,  qui  a  loin  de  la  tàire  bouillir.  Lixa 
culinarius. 

MARMITONNER.  v.  n.  Faire  le  Marmiton.  Lixam , 
cul.nar.um  a^ere.  Il  a  peu  d'ufage. 

MARMO^  EJO.  Marmoleium  j  anciennement  Utica. 
C  cioit  autretois  une  ville  de  l'Efpagne  Bétique.  Ce 
n'efl:  mainteirant  qu'un  village ,  htué  lur  le  Guadal- 
quivir_,  à  une  lieue  au  delfous  d'Anduxar. 

MARMONNER,  v.  a.  Terme  bas  &  populaire  ,  qui 
iîgnifie  murmurer ,  &  gronder  tout  bas  i^  entre  les 
dents,  fans  oler  (e  plaindre.  Mufjare ,  mutité  ,  muf- 
Jitare.  Les  vieillards  îJc  les  valets  font  fujets  à  mar- 
monner ,  quand  ils  ne  font  pas  contens ,  quand  ils 
foat  de  mauvaife  humeur.  Qu'eft-ce  que  vous  mar- 
monnez-la. ? 

Marmonner.  Terme  burlefque  ,  pour  dire,  parler, 
ou  même  travailler  ,  félon  les  conjontiures.  Olojj. 
fur  Marot. 

MARMORA.  La  mer  de  Marmora  ,  ou  de  Marmara , 
ou  de  Conftantinople.  Mare  Conflantinopolitanum  , 
Propontis.  C'cll  un  golfe  de  la  mer  Méditerranée. 
Il  eft  entre  h.  Romanie  en  Europe  ,  &  la  Narolie  en 
Afie  ,  &  il  a  communication  avec  l'Archipel  par  le 
détroit  des  Dardanelles ,  iSc  avec  la  mer  Noire  par 
celui  de  Conftantinople.  Maty. 

Nos  Géographes  modernes  veulent  que  la  mer  de 
Marmora  tire  ce  nom  de  Marmara,  ou  Mermera  ,  du 
marbre,  qui  fe  tire  des  îles  de  cette  mer,  &  que  les 
Turcs  appellent  en  leur  langue  Mermer.    D  Herbe- 

LOTj  p.  JS7- 

Marmora  ,  ou  Marmara.  Nom  d'une  petite  île 
del'Afie.  Marmora ,  anciennement  Proconnefus  Neu- 
ris.  Elle  efl:  dans  la  mer  de  Marmora  j  près  des  côtes 
de  la  Natolie  &  du  détroit  des  Dardanelles.  Elle  ren- 
ferme des  carrières  de  marbre  fort  eftimé  ,  dont  elle 
a  pris  Ion  nom  moderne  qu'elle  a  communiqué  à  la 
Propontide,  où  elle  eft  lîtuée.  Maty. 
MARMOT,  f.  m.  Efpèce  de  gros  finge  ,  qui  a  de  la 
barbe  c>:  une  longue  queue.  Un  vilain  marmot.  Cer- 
copithccu:  ,  firnms  caudatus. 
Marmot  ,  le  dit  aulÏÏ  des  petites  figures  de  pierre  ou 
de  bois  ,  ridicules  &  grotefques.  Cet  homme  a  un 
cabinet  rempli  de  marmots. 

Ce  mot  vient  du  Latin  marmor ,  qui  lignifie  des 
figures  de  maibre. 

M.  de  Lauriere  dérive  ce  mot  marmot,  6c  ceux  de 
marmoufit  &  de  mermiau  ,  du  vieux  mot  François 
mermc ,  qui  veut  dire  petit,  minor. 

On  dit  de  ceux  qu'on  lailfe  long-tems  attendre  à 
unepo'te,  dans  un  veftibule,  qu'ils  croquent  le  OTizr- 
mot. 


M 


A  R 


84 


Onappc'le  aullî  ironiquement  des  enfanSj  de  nctir; 
marmots.  Un  petit  marnwt  j  une  puite  marmotte. 
Mademoifclle  likriti:r  fe  Icrt  de  te  mot  dans  le 
ilyle  lamilicr. 

;p   MAKMOlIN.   Foyei  hA^KAZonn. 

MARMO I  i"E.  f.  f.  Efpèce  de  gros  rat  de  montagne , 
fort  commun  dans  les  montagnes  de  Savoie  &  de 
Dauphine.  Mus  alpinus.  Il  eft  d^-  la  grandeur  d'un 
chat,  il  eft;  f-orc  gras;  il  a  li  tête  comme  un  li.-vre  ^ 
de  très-petites  oreilles.  11  a  quatre  dents  de  devant 
comme  les  lièvres  ,  avec  Icfquelles  il  mord  forte- 
ment, (Se  gâte  ik.  ronge  tout,  ies  pieds  fjiit  couits, 
fon  ventre  plat  ,  ion  poil  allez  grand  6<  de  diveife 
couleur,  comme  le  blaireau,  ou  tailion,  la  queue 
courte  &C  è.z%  ongles  fort  aigus.  Il  marche  fur  les 
pieds  de  derrière;  il  le  drclle  coinm:;  l'ours.  Ces  bê- 
tes ont  une  elpècc  de  locièté,  &i  quuid  elles  amaifenc 
du  loin  pour  leur  hiver,  elles  mettent  des  fentinellcs 
fur  toutes  les  avenues  ,  qui  avertiilènc  les  autres  par 
leur  lirtlcment  de  fe  retirer  dès  qu  il  paroit  des  Ghaf' 
leurs.  Les  jeunes  rnarmotcs  le  peuvent  apprivoifer  , 
mais  elles  tont  un  grand  dégât  où  il  y  a  des  meubles. 
Les  fuivagcs  le  cachent  en  hiver  dans  du  foin  Se  de 
la  paille.  Elles  dorment  fix  mois  comme  les  loirs,  & 
deviennent  fi  gralles,  qu'elles  lont  quelquefois  mon{^ 
trucules.  Elles  ont  cela  de  particulier,  que  leur  épi- 
ploon  eft  double,  triple  &  quadruple,  quoiqu  il  foie 
unique  dans  tous  les  autres  animaux.  El'es  font  les 
unes  iur  les  autres  toutes  remplies  de  graille  qui  ferc 
à  les  entretenir  quand  elles  ne  mangent  point.  On 
en  mange  quand  on  les  a  falées  &  digraillées. 

Ce  mot  vient  de  1  Italien  marmotta,  ou  du  Latin, 
mus  montanus.  Men. 

MARMOTTER,  v.  a.  Parler  entre  fes  dents,  remuer 
les  lèvres  fans  fe  faire  entendre.  Muffitare ,  mutire. 
Les  vieilles  marmottent  tou  le  jour  leurs  patenôtres. 
Marmotter  fes  prières. 

Que  niarmottez-vous-/i  j^crire  impertinente? 

Mol. 

Ce  mot  ne  peut  trouver  place  que  dans  le  difcours 

familier. 

MARMOTTIER.  f.  m.  Eft  un  ndm  injurieux  que 
donne  le  peuple  aux  curieux  qui  font  un  cabinet  de 
plufieurs  pièces  rares  &  antiques ,  de  petits  buftes  de 
pierre  ou  de  bronze  ,  qu'il  appelle  des  marmots, 
faute  de  s'y  connoître.  Antiquarius ,  operum  yefluto- 
rum  fludiofus. 

MARMOTTIN.  f.  m.   Foye^  Marabotin. 

MARMOUSER.  v.  n.  'Vieux  mot.  Remuer  les  lèvres 
comme  les  marmots,  les  Imgcs.   Il  eft  inulîté. 

MARMOUSET,  f.  m.  Petite  figure  grotefquc.  Effor- 
mata  rïdiculum  in  modum  effigies.  Les  enfans ,  le  peu- 
ple j  aiment  les  marmoufets.  On  dit  d'un  curieux, 
mauvais  connoilleur  ,  qu'il  n'a  que  des  marmoufets 
dans  fon  cabinet.  Naudé  lait  plailammenc  appeler 
par  un  ignorant  les  ftatues  antiques ,  des  marmoufets  , 
de  vieux  magots  de  l'antiquité  ,  qui  ne  font  plus  bons 
qu'à  faire  de  la  chaux,  à  réparer  des  brèches,  ou  à 
calfer  des  noix  3c  broyer  de  la  moutarde. 

On  dit  aufti  ironiquement  à  un  petit  garçon  qui  le 
mêle  de  vouloir  railonncr  avec  les  grands  :  'Vous 
êtes  un  beau  marmoufet.  On  le  dit  aufti  d'un  homme 
mal  bâti. 

Faut-il  qu'un  marmoufef ,  qu'un  maudit  étourneau ,  &c, 

Molière. 

Le  peuple  dit  aulîî  proverbialement ,  quand  on 
voit  des  gens  à  la  fenêtre,  il  fera  demain  fête,  les 
marmoufets  font  aux  lenêtres. 

Ménasi;c  dérive  ce  mot  du  Bas-Breton  warmous , 
qui  figuific  \m  finge.  Cependant  ce  mot  lîgnifioit  au- 
trefois le  mignon  d'un  Prince  ou  d'un  Seigneur, 
comme  on  voit  dans  Froillart. 
MARMOUTIER.  Majus  monaflerium.  C'eft  ainfi  que 
s'appelle  une  célèbre  Abbaye  des  Pères  Bénédièiins, 
près  de  Tours.  Le  Collège  de  Marmoutier  à  Paris 


8-4^  M  A  R 

ttoit  un  Collcge  de  Bénédidins  de  l'Abbaye  de  Mar- 
mouiicr.  Le  Cardinal  de  Richelieu  le  donna  aux  Jc- 
luices  du  Collège  de  hiris.  De-ià  vient  que  ce  nom 
elt  aullî  demeuré  à  un  quartier  du  CoUeyc  de  Louis 
le  Grand.  Le  vieux  bâtiment  a  fublifté  julqu'cn  1702. 
Ce  mot  s'cil  tait  du  Latin  par  corruption,  Hc  \r 
montre  que  c'eft  des  cas  obliques  qu'il  sert:  forme  , 
Maioris  monaficrïï.  L'Abbaye  de  Marniouiier  a  été 
fondée  par  Saint  Martin.  On  écrivoir  autrefois  Marc- 
monjlier ,  Se  Ivlarmonjhcr. 

fCTMARMOUTltB.,     ou    M.-VURMUNSTER.     Mauri    Mo- 

naficrium.  Petite  ville  de  l'rance ,  dans  la  Br.irc-Al- 
lace,  à  une  lieue  de  S.iverne,  avec  une  Abbaye  de  Bé- 
nédictins. 
MARNAS,  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un 
dieu  des  Syriens.  Marna.  Dans  Lampridius  ,  Alexan- 
dre Sévère  s'écrie:  O  Marnai  O  Jupiter!  O  dieux 
immortels!  car  il  faut  lire,  O  Marna,  &  non  point 

0  Num'mal  Saumaile  l'a  très-bien  corrigé  lur  un  ma- 
nufcrit  de  la  Bibliothèque  Palatine.  \}\\  Empereur 
Syrien,  dit-il,  invoque  un  dieu  de  Syrie.  S.  Jérôme, 
dans  la  vie  de  S.  Sérapion,  &  dans  La  lettre  à  Lœta, 
fait  mention  de  ce  dieu  ,  comme  a  remarqué  Sau- 
niaiie.  Les  liabitans  de  Gaze,  en  Palellinc,  ado- 
roient  Jupiter  de  Crète  ,  lous  le  nom  de  Marnas. 
V.  Etienne  de  Byzancc  ,  &  le  Chevalier  Marsham , 
Can,  Chronol.  Sac.  I.  Se  Volîms,  dd  Idol.   L.  IX. 

Ce  nom  en  Syrien  ,  fignifie  Seigneur  des  hommes  , 
na  ,  Mars  i  Seigneur ,  è'v  de  NMiX ,  anafch ,  Se  par 
aphérefe  KB3 ,  nafa  Se  Z'2  ,  nas ,  qui  veut  dire  homme. 

MARNAY.  Nom  d'un  ancien  lieu  de  France  ,  iitué 
dans  le  WuïH'poix.  Madrinlacum  .,  villa  in  Morivieuji 
Comitatu.  Valois,  Not.  Gall.  p.  jiâ. 

ZvIarnay ,  ou  Marné.  Nom  d'un  château,  aujourd'hui 
d'un  village.  Materne nfc  ,  ou  Elebromenfe  cajirum , 
î:laternenfis  vicus.  Il  elr  près  d'Autun.  Valois,  A'bf. 
Cuil.  p.  322. 

M/\RNE.  f.  f.  Terre  follile,  gralfe  Se  molle  ,  ou  pierre 
tendre,  gralfe  au  toucher,  qui  ierc  à  engraillèr  les 
terres  &  à  les  rendre  tertiles.  Marga.  La  marne  fert 
aulli  à  faire  de  la  chaux,  &  on  la  cuit  dans  des  four- 
neaux comme  l'autre  pierre.  Quand  on  mouille  la 
marne ,  elle  fuie  à  l'air  &  fe  réduit  d'elle-même  en 
poullJère.  La  bonne  marne  eft  un  excellent  engrais. 
Si  on  en  met  trop  elle  brûle  la  terre  Se  la  rend  flérile. 
Il  y  a  de  la  marne  blanche,  rouge,  colombinc.  Se 
fl'autre  qui  tient  de  l'argile,  du  tu^(Sc  du  Lablc.  Cette 
manière  de  terre  blanchâtre  qui  le  trouve  dans  les 
entrailles  de  quelques  pièces  de  terre  &  qu'on  ap- 
pelle marne.  Se  qui  paroît  être  dans  une  difpolltion 
prochaine  à  devenir  pierre  ,  doit  être  confulérée 
comme  un  amandement  propre  pour  aider  à  la  pro- 
duction de  certaines  choies.   La  Quint. 

Ce  mot  vient  de  marga ,  ancien  mot  Celtique , 
dont  Pline  fait  mention.  Depuis  on  a  dit  margila. 
MÉMAGEj  &  auflî  marginellaSe  marma.  Palilli  en  a 
cnicigné  l'ulage  dans  fon  livre.  On  a  dit  autrefois 
marie. 

MARNE.  Nom  d'une  grande  rivière  de  France.  Matro- 
na.  Elle  coule  dans  la  Champagne  ^'  dans  l'île  de 

1  ïance.  Les  principales  villes  qu'elle  baigne,  font, 
Langres,  Ciiâlons  Se  Meaux.  Efle  fe  décharge  dans  la 
Seine,  à  une  lieue  au  dcllus  de  Paris.  IvIaty.  La 
Marne  reçoit  le  Vignory ,  la  Bloife  ,  le  Saux ,  la  Sande  , 
le  Morin  j  l'Ourcq,  le  petit  Moiin.  Valois,  Not. 
Gall.  p.  J23. 

îilARNER,  autrefois  MARLER.  y.  a.  Mettre  de  la 
marne  fur  les  terres  ce  qu'il  en  haut  pour  les  rendre 
plus  fertiles.  Margâ  flercorare  ,  pinguefacere  ,  Utifi- 
care ,  opimare ,  Se  dans  la  balFe  Latinité,  marnare.  On 
oblige  les  Fermiers  à  marner  les  terres  quand  il  eft 
befoin.  Il  ne  feut  marner  les  terres  que  tous  les  20 
ans.  Après  qu'elles  ont  été  marnées  elles  font  encore 
mieux  la  leconde  c<i:  la  troifième  année,  que  la  pre- 
mière. 

AL'iRHER.  v.  n.  Terme  de  Marine  qui  fe  dit  de  la  mer 
loilqii'elle  le  retire  ,  &  qu'elle  découvre  des  terres 
qu'elle    couvroit    auparavant.   Recedere.   A  l'île  de 


M  A  R 

Saiiitc  Catherine ,  parce  que  les  marées  font  fort:  fcn- 
fibles,  quoique  peu  réglées  &  peu  cbnnuc'Sj&:  que  la 
mer  ne  marne  que  de  cinq  à  fix  pieds ,  nous  afourchà- 
mes.  E.  N.  O.  S.  O.  Frézier.  c'efl  à-dire  ,  monte  & 
dclcend.  Id.  Il  fe  peut  faire  que  la  mer  marne.  Se  dé- 
couvre dans  un  temps  ,  ce  qui  étoit  couvert  dans  l'au- 
tre. Id.  p.  2pT. 

MARNÉ,  ÉE.part. 

MAKNERON.  i.  m.  Ouvrier  qui  tire  la  marne  des  car- 
rières ,  &  qui  perce  les  marnières. 

MARNIÈRE.  f  f.  Efpèce  de  carrière  d'où  l'on  tire  l.i 
marne.  Il  a  fiic  percer  une  marnière  dans  Ion  champ. 
Il  eft  tombé  dans  le  puits  d'une  marnière.  Margaria. 
Fojj'a  unde  eriutur  terra.  Stercorandis  agris  apta. 

MARNOIS.  f.  m.  Efpecede  bateau  médiocre  qui  vient 
de  Brie  Se  de  Champagne  fur  les  rivières  de  Alarne  Se 
de  Seine  ,  en  defcendant  julques  aux  ponts  de  Paris. 
Les  plus  grands  ont  douze  toifes  de  long  ,  &  Icize 
pieds  de  large  en  fond  ,  Se  dix-huit  lur  le  bord  ,  qui  elt 
haut  de  quatre  pieds. 

MARO  ,  MATR(3.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  côte 
de  Gênes  ,  en  Italie.  Marium.  Elle  eft  à  trois  lieuesau 
nordd'Oneille  ,  dans  la  vallée  de  Maro  ,  qui  a  titre 
de  Marquifat  :  ce  lieu  ell  annexé  à  la  Principauté 
d'Oncille. 

MAROC.  Ville  capitale  du  Royaume  de  Maroc  ,  en 
Barbarie.  Marochium.  Elle  eft  fituée  dans  la  province 
de  Maroc  ,  fur  la  rivière  de  Nifiis  ,  à  cent  lieues  de 
la  ville  de  Fez  ,  du  côté  du  midi ,  &  environ  cin- 
quante-cinq de  la  mer  Atlantique.  Maroc  eft  une  èiÇ% 
plus  grandes  villes  de  l'Afrique  :  on  lui  donne  qua- 
tre lieues  de  circuit  ,  &  lés  murailles ,  fort  hautes 
&:  fort  épaillcs  ,  ont  vingt -quatre  portes.  Il  y  a  un 
vafte  Palais  de  l'es  anciens  Rois  ,  qui  lert  de  force- 
relle  ,  &  plufieurs  belles  Mofquées  ;  mais  les  mai- 
fons  ,  qui  pouvoient  aller  au  nombre  de  cent  mille, 
font  beaucoup  diminuées  à  caule  des  guerres.  M.  de 
S.  Olon  ,  dans  fa  relation  de  l'Empire  de  Maroc  ,  af- 
fure  que  cette  ville  n'a  pas  plus  de  vingt-cinq  mille 
habitans,  &  que  les  maifons  lé  rinnent  tous  les  jours, 
fins  qu'on  preime  aucun  loin  de  les  rétablir.  Ce  qui 
vient ,  fans  doute  ,  de  ce  qu'il  n'y  a  plu';  de  Roi  par- 
ticulier de  Maroc  ,  Se  que  ceux  de  Tafîlet ,  qui  ont 
conquis  ce  Royaume,  n'y  font  pas  leur  réiidence, 
mais  à  Miquenez.  Maroc  a  donné  le  nom  aux  peaux 
qu'on  appelle  Maroquins  ,  Se  l'on  croit  qu'elle  ell 
l'ancienne  Bocanum  Hemerum  ,  ville  de  la  Mauri- 
tanie Tingitane.  Maty.  En  1237  ,  le  Pape  Gré^ 
goire  IX  mit  un  Evêque  à  Maroc  en  Afrique  ,  où 
le  nombre  des  Chrétiens  étoit  grand  au  milieu  àts 
Inhdèlcs. 

Le  Royaume  de  Maroc.  Marochium,  ou Marc- 
canum  Regnum.  C'eft  une  région  de  la  Barbarie  ,  • 
en  Afrique  ,  &  une  partie  de  l'ancienne  Mauritanie 
Tingitane.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  le  royaume 
de  Fez  ;  au  levant  par  le  Ségelmefte  &:  le  Dartha; 
6c  au  midi  par  le  Tellét  ;  l'Océan  Athr.rique  la  bai- 
gne au  couchant.  On  donne  à  ce  Royaume  cent 
lieues  de  côtes  ,  &  fix-vingts  de  profondeur.  Ses 
principales  rivières  font ,  le  Sus ,  le  Tenf  ^-  l'Om- 
mirabi.  Son  terroir  ,  quoique  montueux  en  plufieurs 
endroits  -,  fablonneux  ,  fec  Se  ingrat  en  d'autres  , 
n'eftpas  beaucoup  peuplé  ,  ni  fertile  en  grains-,  mais 
011  y  trouve  quantité  de  chameaux  ,  des  amandes  ,  ■ 
de  la  cire ,  Se  des  mines  de  cuivre.  S.  Olon  ,  Rt- 
lacion  de  l'Empire  de  Maroc.  Ce  même  Auteur  af- 
fure  que  dans  les  campagnes  de  Maroc  ,  i!  y  a  trente . 
mille  cabanes  ou  tentes  d'Arabes  ,  qui  mangent  & 
couchent  pèle  mêle  avec  leurs  chameaux,  leurs  bœufe, 
leurs  moutons  ,  Sec.  qu'ils  paient  annuellement  , 
depuis  l'âge  de  quinze  ans  ,  la  dixième  paitie  de  tous 
leurs  biens  au  Roi  ,  Se  qu'ils  compolent  un  grand 
nombre  d'Adouars  ou  villages  ambulans ,  dont  cha- 
cun a  fon  Marabon,  c'eft  à-dire  ,  Prêtre  Mahoméran, 
&:  Ion  Chef  qu'ils  élilsnt  entr'eux.  Il  dit  auiîî  qu'ils 
fonr  porter  Se  baft  .Se  charge  à  leurs  bœufs.  On  divife 
ce  Royaume  en  Icpt  Provinces.  Il  y  en  a  trois  le  long 
de  la  côte  :  on  les  trouve  dans  cet  ordre  du  nord  au 
fud ,  Ducala  ,  Heu  ,    Sufa.   Les  quatre  autres  éloi- 


M  A  R 

gnées  de  la  cote  ,  fe  fiiivent  ainfi  en  remontant  cUi 
fud  au  nord ,  Gazula  ,  Maroc  ,  Hatcora  ,  Tcldcs.  M.i 
roc  elt  la  ville  capitale  de  ce  Royaume  ;  les  aiiticv  lunt 
Afainoi-  ,  Tefz.i ,  Taïudani ,  Tavagoll ,  Tajiita,  Aza- 
(la.  Les  Portugais  tiennent  lur  les  côtes  Mazagan  , 
Tite  &  Guargellén.  Ce  Royaume  ,  celui  de  Ixz  ,  &c. 
ont  été  conquis  par  le  Roi  de  Tafilet.  f^oyc:^  FtZ  , 
Royaume.  Matv. 

La  Province  de  Maroc.  Marochia  Provincia.  Cette 
Province  eft  une  des  plus  conlidérablcs  du  Royau- 
me de  Maroc.  Elle  elt  entre  les  rivières  de  TenliF 
&  d'Almual  ,  depuis  leurs  confluents  jufqu'au  Do- 
rha  ,  qui  la  borne  au  levant.  Ses  lieux  principaux 
ioni  Maroc  ,  capitale,  Dclgumulia,  TemmcliajTu- 
meglalla,  &c. 

L'Empire  de  Maroc.  Impcrïum  Marochhim ,  ou 
Marocanum.  C'eil  un  des  plus  puillans  Etats  de  l'A- 
ij  frique.  Il  a  été  tonde  par  Mouley  Archy  ,  fils  du 
'  Roi  de  Tafilet  ,  qui  ayant  pris  les  armes  contre 
Mouley  Méhémet  Ion  frère  ,  &  fuccclleur  de  Ion 
père  ,  s'empara  du  Royaume  de  Tafilet  j  après  (a 
mort;  conqtiit  enluite  j  avec  une  rapidité  extrême, 
le  Royaume  de  Maroc  ,  de  Fez  ,  de  Sus ,  Se  la  con- 
trée de  Darha  ,  forma  de  tous  ces  pays  l'Empire  de 
Maroc ,  &  mourut  âgé  de  quarante  ans  Iculement  , 
l'an  1671.  Cet  Etat,  qui  lubhlle  encore,  peutlvoir 
deux  cens  cinquante  lieues  du  nord  au  lud  ,  &  cent 
quarante-iix  du  levant  au  couchant.  Il  eft  borné  au 
nord  par  la  mer  Méditerranée  ;  au  couchant  par 
l'Océan  :  au  midi  par  le  TelFet  ,  contrée  du  Biledu- 
gériJ  ;  &  au  levant  par  le  Ségeimelle  ,  ik  par  le 
Royaume  d'Alger.  L'air  de  ce  pays  eft  tort  pur  & 
alfez  tempéré  ,  principalement  au  nord  du  Mont- 
Atlas.  Les  terres  ,  quoique  fablonneufes  Se  lèches 
en  quelques  endroits,,  lont  li  fertiles  en  d'autres, 
&  les  huits  en  lont  fi  bons ,  de  même  que  les  pâtu- 
rages j  qu'on  en  feroit  un  pays  fort  délicieux  j  li  on 
le  cultivoit  bien.  Les  habitans  du  pays  font  blancs 
ou  bafanés  ,  Mahométans  ,  fains  ,  robuftes  ,  infati- 
gables ,  fpirituels ,  adroits  à  monter  à  cheval  8c  à 
manier  la  lance  ■■,  mais  peu  aguerris  &  peu  braves , 
point  polis  ,  jaloux  ,  impudiques  j  menteurs  ,  (u- 
perftitieux  ,  hypocrites  ,  fourbes  j  cruels  ,  &  (ans  foi. 
Ils  font  de  deux  fortes  :  Arabes  ,  dcmeurans  dans 
des  Adouars  ,  qui  font  des  villages  ambulans  com 
pofés  d'une  centaine  de  tentes  ;  &  Béréberes  ,  qui  (ont 
les  anciens  habitans  du  pays  ,  &  qui  occupent  les 
bourgs  &  les  villes.  Il  y  a  quantité  d'efclaves  Chré- 
tiens ,  Se  quelques  négocians  fur  les  cc)tes  ,  &  un 
grand  nombre  de  Juifs  ,  qui  font  prefque  tout  le 
commerce.  Ce  commerce  le  fait  par  terre  avec  les 
Ncgres  ,  Se  fur  les  côtes  de  l'Océan  Se  de  la  Mé- 
diterranée ,  avec  les  Chrétiens.  Les  villes  les  plus 
conlidérablcs  de  ce  pays ,  outre  Fez  &  Maroc ,  (ont 
Sainte-Croix  ,  Safi  ou  Afafi  ,  Salé  ,  la  Mahmorre , 
Larache  ,,  Arzile  ,  Tanger  &  Magazan  ,  toutes  hir 
l'Océan  ,  Se  la  dernière  tenue  par  les  Portugais  : 
Zaftarine ,  Tetoiian  ,  Mélille  &  Ceuta  ,  fur  la  Mé- 
diterranée ,  les  deux  dernières  pollédées  par  les  E(- 
pagnols.  Le  Roi  de  Maroc  règne  defpotiquement ,  la 
volonté  feule  eft  la  loi  de  l'Etat.  Il  exige  ordinai- 
rement la  dixième  partie  des  biens  de  les  lujets  Ma- 
hométans par  an  ,  Se  fix  écus  des  Juifs  mâles ,  depuis 
l'âge  de  quinze  ans.  Il  impofe  extraoïdinairement 
aux  uns  &  aux  autres  ce  qui  lui  plaît.  Il  peut  mettre 
cent  mille  hommes  fur  pied  ,  moitié  Cavalerie  , 
moitié  Infanterie  ,  mal  armés  &  peu  aguerris.  Ses 
forces  de  mer  ne  confident  qu'en  quelques  bri  ;an- 
tins ,  qui  ne  lervcnt  qu'à  pirater  avec  ceux  de  Salé  Se 
de  Tetouan.  M  AT  y. 
Maroc.  Nom^'une  efpèce  de  raifin.  f'^oyei  Marro- 

Q.UIN. 

Maroc.  Rafes  de  Maroc.  Ce  font  des  efpèces  de  petites 
lergettes  qui  fe  fabriquent  à  Reims. 

MAROCOSTIN  ,  INE.  adj.  m.  &  f.  Epithète  que  l'on 
donne  à  un  extrait  cathartique  que  Zwelfert  a  décrit 
dans  la  Pharmacopée  d'Ausbourg.  Elle  eft  coaipolée 
de  marum  Se  de  coftus  ,  deux  ingrédiens  de  l'extrait. 
Lémery  donjie  la  préparation  du  Marocojlin  j  dans 


M  A  R  847 

la  Pharmacopée  univerfellc  ^  fous  le  titre  de  Pilluks 
rnarcoùnes.  Il  domie  aux  piilulcs  marocoîlines  réfor- 
mées une  autre  compolition.  liâtes  a  iiiféié  les  pre- 
mières dans  la   l'irarmacopec. 

MAROGNA.  Nom  dune  ville  Archiépifcopale  de  la 
Turquie  en  Europe.  Maronea,  Maroma  ,  Ifmaros. 
Elle  eft  dans  la  Romanie,  fur  la  côte  de  1  Archipel , 
à  dix  lieues  de  l'embouchure  de  la  Marize ,  Se  à  douze 
de  la  ville  d'Eno  ,  vers  le  couchant.  Matv. 

MAROLLE.  Nom  d'un  village  qui  eft  dans  la  fo- 
rêt d'Orléans.  Maroialum.    Valois  ,   Noc.   Call.  p. 

317- 

MAROLLES.  Nom  d'un  lieu  que  .Molan  dit  être  dans 
le  Haynaut  ,  Mardis.  ,  Se  dans  Molan  ,  MarïcoU. 
Valois,  Not.  Gall.  p.  316. 

MAROLY.  f.  m.  Nom  d'un  oifcau  fort  extraordinaire. 
Il  eft  de  la  grandeur  d'un  aigle  ,  Se  il  a  la  forme  d'un 
grand  oileau  de  proie  ;  il  a  le  bec  aquilin  ,  Se  deux 
clpèces  d'oreilles  d'une  énorme  grandeur  ,  qui  lui 
tombent  fur  la  gorge  -,  il  a  le  fommet  de  la  tête  élevé 
en  pointe  de  diamant,  &  enrichi  de  plumes  de  di;l"é- 
rcntes  couleurs;  la  tête  Se  les  oreilles  lont  d  une  cou- 
leur qui  tire  (ur  k  noir.  Cet  oileau  eft  pallagcr  ,  Se 
vient  de  l'Afrique  ;  il  frit  Ion  pallage  plus  ordinai- 
rement au  mois  de  Septembre  Se  d'Otlobre.  Les  lia- 
bitans  du  cap  de  Cotoche  Se  de  Frie  ,  en  lile  de  Ju- 
catan ,  ainfi  que  les  autres  Infulaires  ,  le  nomment 
Maroly  ,  les  Perfans  l'appellent  Pac.  Il  prend  fi  nour- 
riture ordinaire  du  poillon  qu'il  trouve  mort  au  ri- 
vage de  la  mer ,  Se  bien  louvent  les  lerpens  Se  les  vi- 
pères lui^crvent  de  pâtures  :  c'cft  ce  qui  lui  pourroic 
donner  le  nom  d'aigle  de  mer  y  aulîi  bien  qu'à  l'or- 
h'aie  j  appelée  halïcctos  en  Grec. 
4MARON  y  compagnon  d'Ofiris.  C'eft  le  même  que 
Bacchus.  Il  donna  Ion  nom  à  la  ville  de  Maronée  en 
Thrace ,  qui  devint  tameule  par  fes  bons  vins. 

Maron  ,  un  des  grands  Capitaines  qui  fignalèrent  le 
plus  leur  courage  au  combat  des  Termopyles.  Après 
la  mort,  on  lui  dédia  un  Temple  comme  à  uu  dieu  , 
dit  Paufauias. 

^fT  Maron.  Efclave  fugitif.  ^^tJj'fç  Marron. 

MARONA,  ou  MARAT.  Nom  d'une  ancienne  petite 
ville  de  la  Syrie  ,  en  Afie.  Maronïa  ,  Maronias. 
Elle  eft  au  midi  de  la  ville  d'Alcp,  Se  au  levant  de 
celle  d'Antioche. 

MARONAGE.  f.  m.  Vieux  mot.  Bois  pour  maronage  ; 
c'eft  du  bois  pour  bâtir. 

MARONNÉE.   Ville  maritime  de  l'ancienne  Thrace. 

MARON  Y.  Rivière  de  l'Amérique  méridionale,  dans 
la  France  équinoxiale  qu'elle  borne  à  l'Occident  ; 
elle  le  décharge  dans  la  mer  ,  à  quarante  cinq  lieues 
de  l'embouchure  de  la  Cayeune. 

MARONITES.  Habitans  de  Maronée.  Les  Maro- 
nites fe  plaignirent  amèrement  des  violences  que 
la  garnifon   de  Philippe  exerçoit   dans   leur  ville. 

M.    RoLUN. 

Maronites,  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  une 
fociété  de  Chrétiens  du  rit  Syrien  ,  qui  (ont  fournis 
au  Pape  ;  Se  dont  la  principale  demeure  eft  au  Mont- 
Liban.  (  Maronitd.  )  On  ne  convient  pas  de  leur  ori- 
gine ;  plufieurs  favans  hommes  ,  Se  entr'autres  le  Perc 
Morin  Se  le  Cardinal  Bona  ,  ont  cru  que  c'étoit  un 
nom  de  Sede,  auffi  bien  que  celui  de  Neftorien  &  de 
Jacobite.  Ceux  qui  portent  le  nom  de  Maronms , 
prétendent  qu'ils  viennent  d'un  certain  Abbé  Maron  , 
qui  vivoit  au  commencement  du  cinquième  fiècle , 
Se  dont  Théodoret  a  écrit  la  vie.  Le  Jéluite  Sacchi- 
ni  ,  dans  l'Hiftoire  qu'il  a  compofée  de  (a  Compa- 
gnie ,  s'eft  déclaré  pour  ce  fentiment ,  &  il  prérend, 
aulli-bien  que  les  nouveaux  Maronites  ,  que  ce_s  peu- 
ples ne  (e  font  jamais  féparés  de  l'unité  de  l'Eglife. 
Il  ajoute  que  ce  qui  a  donné  lieu  à  croire  qu'ils  ont 
été  dans  le  fchifme  ,  eft  qu'on  a  pris  le  renouvel- 
lement de  leur  réunion  avec  l  Eglife  Romaine  pour 
un  véritable  retour  à  la  foi  Caihohque,  Se  que  les 
erreurs  qu'on  a  trouvées  parmi  eux  ,  leur  ont  été  im- 
putées ,' comme  s'ils  en  enflent  été  les  auteurs  ,  au 
lieu  qu'elles  venoient  des  Hérétiques  ,  parmi  Icfcuels 
ils  viyoieut.  L'opinion  contraire  eft  fondée  fur   les 


( 


S4B 


M  A  R 


témoignages  d'Eiitychius  ,  Paniarchc  d'Alexandrie  , 
&  de  Guillaume  de  Tyr  ,  de  Jacques  de  Vitii ,  & 
de  plulieurs  autics  ,  qui  alluient  que  les  Maronites 
ont  été  véritablement  dans  le  parti  des  Jacobites  Mo- 
notheiites.  Selon  eux ,  Maron  ,  que  les  Maronites 
qualifient  de  Saint ,  aura  été  un  Hérétique.  Vers  l'an 
ii8i  ,  Aimeri  ^  troiùème  Patriarche  Latin  d'Antio- 
che  ,  réunit  les  Maronites  à  l'Egiite  Romaine.  Ils 
étoient  Monothélites,  attachés  aux  erreurs  de   Ma- 
caire  ,  Patriarche  d'Antioche  ,  condamné  au  lixième 
Concile  général ,   en  68 1  ,•  &  ils  étoient  tellement 
connus  pour  être  dans  cette  hérélîe  ,  que  les  Chrétiens 
orientaux  écrivant  en    Arabe  ,    n'ont  point  d'autre 
nom  ,  pour  figniiier  les  Monothélites  ,  que  celui  de 
Maronites.  Cette  nation  étoit  alors  conipolée  d'en- 
■  viron  quarante  mille  âmes ,  difperfées  lut  le  Mont- 
Liban  ,  &  aux  environs ,  dans  les  Diocèfes    de  Gi- 
bier ,  de  Botron  &   de  Tripoli.  Ils  étoient  gens  de 
guerre  ,  braves  ,  &  fort  utiles  aux   Latms  contre  les 
Infidèles.    Ils  prirent  tous  les  ufages  de  l'Eglife  La- 
tine ,  les  mitres  ,  les  anneaux  ,  les  crollcs  pour  les 
Evêques  ,  les  cloches  dans  les  Eglifcs.  TouteFois  ils 
fe  fervoient  j  comme  ils  font  encore  ,  de  la  langue 
Chaldaïque  dans  l'Office  divin  ,  &  l'Arabe  étoit  leur 
langue  vulgaire.  Fleury  ,  Hift.  Ecclef.  T.  XF ^p.  $iS. 
Voyez  Jacques  de  Vitri ,  Hijl.  Hierofol.  c.  jj. 

M.  Faufte  Nairon  ,  Maronite  ,  neveu  d'Abraham 
Ecchelienfis  ,    Profefleur  en  Arabe  dans  le  Collège 
de  la  Sapience  à  Rome  ,  a  publié  deux  livres  ,  où  il 
fait  l'Apologie  de  fon  laine  Maron  ,  &c  de  toute  fa 
nation.   Son   fentiment  ell:   que  Maron  ,  de  qui  les 
Maronites  tirent  leur  nom  ,   ell  le  même  que  celui 
qui  vivoit  vers  l'an  400  ,  dont  il  eft  parlé  dans  faint 
Chryfoftôme  ,  dans  Théodoret  ,  &  dans  le  Méno- 
loge  des  Grecs.  Il  prétend  de  plus  ,  que  les  Dilci- 
ples  de  cet  Abbé  Maron  fe  répandirent  dans  toute 
la  Syrie  ,  oii  ils  bâtirent  plulieurs  Monaftères  ,  & 
entr'autres  un  fort  célèbre  ,  fous  le  nom  de  Maron  , 
près  du  Heuve  Oronte.  Il  ajoute  ,  que  tous  ceux  d'en- 
tre les  Syriens  qui  n'étoient  point  infeétés  d'héréfie  j 
fe  réfugièrent  chez  les  Difciples  de  l'Abbé  Maron j 
que  les  Hérétiques  de  ces  temps-là  nommèrent  pour 
xxtte  raifon  Marvnites.  Lss  Maronites  ontxxn  Patriar- 
che qui  réfide  au  Monaftère  de  Cannubin  au  Mont- 
Liban  ^  &  il  prend  la  qualité  de  Patriarche  d'Antio- 
che. Son  éleûion  fe  fait  par  le  Clergé  &'  par  le  Peu- 
ple ,  félon   l'ancienne  dilcipline   de   l'Eglik  ;  mais 
depuis  leur  réunion  avec  l'Eglife  Romaine  ,  il  ell: 
obligé  de  prendre  du  Pape  des  bulles  de  confirma- 
tion. Il  garde  un  célibat  perpétuel  ,  auilî-bien  que 
^les  autres  Evêques  fes  fudragans.  Comme  il  ne  peut 
pas   haire  par  lui  -  même   la  vifite  de  tout  le  Mont- 
Liban  ,  il  tient  auprès  de  fa  perfonne  deux  ou  trois 
Evêques  ;  ëc  outre  ces  Evêques  du  Mont  Liban  ,  il  y 
en  a  encore  à  Damas ,  à  Alep^  dans  l'île  de  Cypre, 
&  à  Tripoli. 

A  l'égard  des  autres  Eccléfiaftiques,  ils  peuvent 
tous  fe  marier  avant  l'ordination  ,  il  n'y  a  pas  même 
long  temps  que  leur  Patriarche  obligeoit  les  Prêtres 
à  (e  marier  avant  que  de  les  ordonner  ,  à  moins 
qu'ils  ne  fe  fillent  Moines.  La  vie  monaftique  ell  en 
fort  grande  recommandation  parmi  les  Maronites. 
Leurs  Moines  lont  de  l'Ordre  de  laint  Antoine  ;  ils 
font  retirés  dans  les  lieux  les  plus  cachés  des  mon- 
tagnes ,  &c  éloignés  de  tout  commerce.  Leur  vête- 
ment ell:  pauvre  &  grollîer  ;  ils  ne  mangent  jamais 
de  chair  ,  même  dans  les  plus  grandes  maladies  ,  & 
•ils  ne  boivent  du  vin  que  très-rarement.  Ils  ne  font 
point  de  vœux  ,  enforcc  qu'ils  gardent  la  continence 
fans  s'y  engager  par  aucun  vœu.  Ils  ont  en  propre 
des  biens  &:  de  l'argent ,  dont  ils  peuvent  dilpofer 
à  la  mort.  Il  ne  leur  çll  point  permis  de  faire  au- 
-cunes  fonétions  Eccléfialliques  étant  Moines  ,  ils  ne 
font  que  pour  eux-mêmes.  Ils  travaillent  de  leurs 
mains  ,  &  cultivent  la  terre  ,  conformément  à  leur 
,inllifution.  Ils  exercent  l'hofpitalité  envers  tout  le 
monde,  principalement  dans  le  Monallère  de  Can- 
nubin ,  où  il  y  a  table  ouverte  pendant  toute  \'?.n- 
-lace. 


M  A  R 

Pour  ce  qui  eft  de   la  croyance  des  Maronites , 
elle  ne  diffère  point  de  celle  des  autres  Orientaux  , 
à  la  réfcrvc  de  ce  qui  étoit  particulier  à  leur  fchif- 
me  ,  avant  qu'ils  fullent  réunis  avec  l'Eglife  Romaine. 
Ils  conlacrent  même  avec  du  pain  lans  levain  :  leuis 
Prêtres  ne  difent  pas  la  Mellc  en  particulier  ;  ils  la 
dilcnt  tous  enfemble  étant  autour  de  l'autel  ,  &:   ils 
allillent  le  célébrant ,  qui  leur  donne  la  communion. 
Les  laïques  communioient  tous  ,  il  n'y  a  pas  encore 
longtemps ,  fous  les  deux  ei'pcces  ;  mais  la  commu- 
nion fous   une  elpèce  s'y  eft  introduite  peu  à  peu. 
Leurs  jeûnes  lont  fort  diftérens  des  nôtres ,  ils  n'ob- 
lervent  que    le  Carême  ,  &  ils  ne  commencent  à 
manger  en  ces  jours  -  la  que  deux  ou  trois  heures 
avant  le  coucher  du  (oleil.  Ils  ne  jeûnent  point  les 
Quatre-Temps  ,  ni  les  veilles  des  Saints  ;  mais   ils 
oblervent   fort  rigoureufement  d'auttes  abftinences. 
Le  Mercredi  &:  le  Vendredi ,  ils  ne  mangent  ni  chair, 
ni  œuh  ,  &:  en  ces  deux  jours  là,  ils  ne  goûtent  de 
quoi  que  ce  (bit ,  que  midi  ne  loit  pallé.  Ils  jeûnent 
de  la  même  manière  vingt  jours  avant  la  Nativité  de 
Notre-Seigneur  :  ils  jeûnent  au llî  pendant  quinze  jours 
à  la  fête  de  laint  Pierre  &  de  laint  Paul  ,  &  autant  à 
la  fête  de  l'Allomption  de  la  (aime  Vierge.  Ils  ont 
pluf  leurs  autres  coutumes  différentes  des  nôtres,  qu'on 
peut  voir  plus  au  long  dans  le  Voyage  du  Jéluite  Dan- 
■dini ,  au  MontLiban  ,  &  dans  l'hiftoire  du  lieur  de 
Moni. 

Sur  la  fin  du  XVI*  lîccle  ,  Grégoire  XIII  envoya 
aux  Maronites  les  PP.  Jean  Elicn  ,  ôc  Jean  Bruni , 
qui  furent  très-bien  reçus.  Ils  trouvèrent  beaucoup 
de  fimplicité  ,  &z  nulle  erreur  (îonnue  ik  volontaire. 
Ils  remarquèrent  quelques  veftiges  des  erreurs  de 
Diofcore  dans  leurs  Livres  ,  &:  des  abus  dans  l'u- 
fage  des  Sacremens  ,  &:  en  quelques  autres  chofes  } 
mais  ils  promirent  de  corriger  tout  :  &c  ils  n'y  avoienc 
aucune  attache.  Ces  Pères  leur  firent  tenir  deux  Sy- 
nodes ,  où  en  effet  tout  fut  corrigé.  Le  Patriarche 
envoya  au  Pape  deux  des  fiens  ;  l'un  Evcque,  nom- 
mé Georges  de  Belluchito  ,  &  l'autre  Archiprêtre  , 
appelé  Clément  de  Hecden.  Pour  témoignage  de 
l'antiquité  &  de  la  conftance  de  leur  foi  &  de  leur 
union  au  faint  Siège  ,  ils  prélentèrent  à  Grégoire 
XIII  ,  l'autographe  d'un  Bref  d'Innocent  III  ,  en- 
voyé en  1215  à  Jércmie  ,  qui  étoit  alors  leur  Pa- 
triarche.   • 

La  langue  vulgaire  des  Maronites  ,  eft  l'Arabe, 
Leur  langue  lavante  eft  le  Chaldéen.  Ils  s'en  fervent 
dans  leurs  livres.  Peu  l'entendent.  Quelques  uns  la- 
vent le  Grec.  Ils  font  pauvres ,  à  caufe  des  fréquen- 
tes avanies  &  des  vexations  des  Turcs.  Foye\  le  P. 
Sacchini ,  Jéfuite  ,  dans  l'hiftoire  de  fa  Compagnie  , 
PII.  L.  IF.  n.  so.  &c.  8c  L.  IF.  L.  FI.  n.  jo. 
&  fulv.  cs:  le  Père  le  Quien  fur  faint  Jean  Damai - 
cène.  Ce  Père  dit  qu'ils  ont  été  tantôt  catholiques , 
&  tantôt  hérétijques.  Les  héréfies  qu'il  leur  attribue , 
font  celles  des  Monothélites  &  des  Monophyfites. 
Voyei  encore  M.  Chaftelain,  dans  fon  Martyrologe  y 
au  9  Février,  p.  sP3i  Faufte  Néron  ,  Profelleur  en 
Arabe  au  Collège  de  la  Sapience  à  Rome_ ,  dans 
fon  Apologie  pour  les  Maronites  ,  Se  dans  (on  Evo- 
plie ,  la  Relation  du  Peic  Dandini  ,  Jédiite  ,  écrite 
en  Italien ,  &  traduite  par  M.  Simon ,  avec  des  re- 
marques. 

Le  nom  de  Maronite  ,  vient  de  celui  de  Maron , 
foit  qu'on  le  prenne  pour  le  nom  d'un  homme- 
dont  il  eft  parlé  dans  cet  article  ,  (oit  qu'on  le  pren- 
ne pont  le  nom  d'un  Monaftère  de  Syrie  j  en  Grec 
Mx^ci,  D'autres  prétendent  qu'il  pourroit  venir  du 
nom  de  Maronée,  ville  de  Syrie  ,  dont  parle  Ptolomée.» 
MAROQUIN.  /ojc^Marroquin.  . 
MAROS  ,  MARONS  ,  MARISCH.  Nom  d'une  grande 
rit'ière  de  la  Turquie  ,  en  Europe.  Alarifus.  Elle 
prend  (a  fource  dans  le  Mont  Crapack  ,  traverfe  du 
nord  au  lud  une  grande  partie  de  la  Tranhlvanie ,  où 
elle  baigne  Albe-Julie  ;  enfuite  tournant  au  couchant, 
elle  va  palfer  à  Lippa  &c  à  Chonad  ,  en  la  haute 
Hongrie  ,  &  le  décharge  dans  la  Tcilfe  ^  vis-à-vis  de 
Ségédin,    Maty, 

MAROSTICA  ^ 


M  A  R 

MAROSTICA  ,  MOROSTICA.  Nom  dune  forterelTc 
(.iii  Domaine  de  Venife  ,  en  It.ilic.  Marojlica.  Mo- 
rojlïca.  Elle  cil  dans  les  montagnes  du  Vicentin  ,  à 
quatre  lieues  de  Viccnce  ,  du  côté  du  nord.  Matv. 

MAROTH.  Nom  d'un  ancien  bourg  de  la  balle  Pan- 
nonie.  Mards  Cafira.  Il  clt  dans  rEtclavonic,  lui  la 
Bozwtha  j  à  lix  lieues  de  la  ville  d'Ellex ,  vers  le  midi. 
Matv. 

MAROTIQUE.  adj.  m.  &  f.  Qui  fe  dit  du  ftylc  ,  S<.  de 
l'imitation  du  Po-Jte  Marot.  Marotkus ,  Marotianus. 
UneEpitrecn  ftylc  Maroûque.  Une  Epigfamme  Ma- 
rocique.  Les  na'iVetés  Murociques.  ;]3"  Le  llylc  Maro- 
tique ,  eft  une  manière  d  écrire  particulière  ,  gaie  , 
.igrcable  j  limple  &  naturelle ,  &:  qui  exclut  toutes 
les  exprellions  balles  ,  rampantes  ,  profcrites  par  la 
décence  8c  par  le  bon  goût. 

Marot  ayant  le  premier  attrapé  le  vrai  tour  du 
genre  na'\T,il  a  été  cenlé  depuis  avoir  déterminé  le 
point  de  perfeélion  ,  où  notre  Langue  pouvoit  être 
portée  dans  le  genre  naïf.  Jufque-là  ,  qu'aujourd'hui 
encore ,  malgré  tous  les  changcmens  arrivés  dans  le 
François,  le  ûylc  Alarotique  fait  parmi  nous  comme 
une  Langue  à  part ,  dans  laquelle  notre  oreille  ell 
faite  à  (cntir  des  lîneires  &  des  agrémens  que  l'on  ne 
fauroit  lui  remplacer  dans  un  autre  ftyle.  M.  l'Abbé 
d'Olivet,  r.//^  de  l'Hift.  de  l'Acad.  Franc. 

On  appelle  aulli  Maroûque,  le  Pocte  qui,  pour 
me  fervirde  l'exprellîon  de  Boileau  ,  imite  de  Mirot 
l'élégant  badinage.  Un  Pol'te  Maroûque  emploie  le 
mot  à: affairé  y  dans  la  belle  pièce  des  Tilons. 

Gens  importans  j  gens  affairés.  Dict.  NÉol. 

On  ne  doit  pas  confondre  le  ftyle  maroûque  ,  avec 
le  burlefque.  11  ne  faut  pas  croire  qu'en  copiant  les 
exprellions  furannées  de  Marot  ,  on  air  atteint  les 
grâces  &  (a  bonne  manière.  C'eft  allez  louvent  néan- 
moins tout  ce  qu'on  remarque  de  maroûque  dans 
certains  lambeaux  de  Poëlîes  qui  coiuent  le  monde. 
Mém.  de  Trév. 
0Cr  MAROTTE,  f.  f.  Efpèce  de  fceptre  au  bout  duquel  il 
y  a  une  petite  figure  ridicule  ,  coitfée  d'un  capuchon 
de  dirtérentes  couleurs ,  &  garnie  de  grelots  que  por- 
toient  autrefois  ceux  qui  taifoient  le  perlonnage  de 
fous.  Kïdiculum  figillum  quod przfert  moiio.  En  Alle- 
magne j  il  y  a  des  fous  en  titre  d'ofhce  ,  qui  (ont  obli- 
gés de  porter  de  telles  marottes.  En  France  ,  tous  les 
fous  ne  portent  pas  àts  marottes.  Fou  à  marotte.  Fou  à 
porter  marottes.  Mas. 
Marotte.  Se  dit  aulli  d'une  paillon  violente  ,  d'une 
fanrailie  ,  ou  de  quelque  attachement  qui  approche 
de  la  folie.  Chacun  a  la  marotte.  Suus  cuique  attrï- 
butus  eft  error.  Cat.  Quifque  fuos patitur  mânes.  Ce 
jeune  homme  eft  entêté  d'une  telle  fille  ,  c'eft  fa 
marotte.  Des  Enthoufialtes  ,  les  uns  s'entêtèrent  de 
l'Eglife  Gallicane,  les  autres  du  Calvinifme;  quel- 
ques-uns fe  firent  des  marottes  particulières. 
Marotte,  f.  f.  Nom  Je  femme  ,  diminutif  de  Marie. 

Petite  Marie.  Maria. 
MAROTTE  I.    m.    Grand  arbre   qui  croît  au  Mala- 
bar, dont  les  feuilles  rellemblent  à  celles  du  laurier, 
&  qui  portent   un  fruit  rond  ,   oblong  ;  au-dedans 
duquel  il  y  a  un  noyau  dur  ,  large  &  jaunâtre ,  qui 
contient  dix    ou  onze  amandes.  Si    l'on  frotte   les 
parties   affectées  de  galle  &:   de  démangeailon  ,    & 
celles  où  l'on  lent  de  la  douleur  ,  de  l'huile  extraite 
de  la  kmence  de  ce  fruit ,  on  en  fera  loulagé.  Elle  eft 
bienfailante  dans  les  maladies  des  yeux  ,  caufées  par 
des  humeurs  falées.  Rav  ,  Hijl.  Plant. 
MAROUCHIN.  f.  m.   Sorte  de    paftel   de  mauvaile 
qualité  ,  que  l'on  fait  de  h.  fixièine  récolte  des  feuilles 
de  la  plante  qui  produit  cette  drogue  11  utile  pour 
les  teintures  en  bleu.  Le  marouchin  eft  le  moindre  de 
tous    les   paftels.    Il  n'a    pas  plus   de  force  que   le 
vouède  de  Normandie. 
MAPiOUFLE.  f.  m.  Terme  injurieux  fC?  qui  s'applique 
à  un  fripon,  à  un  mal-ho mête  homme.  C'eft  un  ma 
roufle  ,  un  franc  maroufle.  Il  eft  du  difcours  familier. 
On  dit  proverbialement  à  ceux  qui  parlent  mal 
Tome  V 


^yî  A  R  849 

des  Oilia^is  ,  Hé  quoi  !  les  gens  du  J^oi  font  ils  des 
maroufles  !" 

ifj-  MAROUFLER,  v.  a.  Terme  de  peinture.  C'eft  en- 
duire le  revers  d'un  tableau  peint  en  huile  fur  toile  , 
&  rappliquer  fur  du  bois,  du  plâtre  ou  de  la  pierre 
avec  une  certaine  colle  nommée  maroufle  ,  (  avec 
de  la  terre  d'ombre  qu'on  a  fait  bouillir  )  c'eft  le 
coller  avec  la  colle  forte  ^  ou  des  couleurs  grolles, 
en  l'appliquant. 

Ip"  MAROULLÉ,  ÉE  part. 

ce?  M  A  ROUTE.  Efpèce  de  Camomile.  Voye'^  ce  mot. 

MAROZZO.  Bourg  d'Italie ,  au  Royaume  de  Naples. 
Quelques-uns  croient  que  c'eft  l'ancienne  Buca ,  ou 
Buba. 

MARPACn.  Petite  ville  d'Allemagne  dans  la  Suabc, 
lituée  fur  le  Necker,  près  de  l'endroit  où  la  Islurr  le 
jette  dans  ce  fleuve. 

MARPAUT.  f.  m.  Vieux  mot.  Homme  qui  prend 
toujours  quelque  chofe. 

MARPURG.  Ville  d'Allemagne  ,  fituce  dans  la  Helfe, 
fur  la  Lahne ,  à  cinq  lieues  au-dellus  de  Giéfen  ,  6c 
à  lîx  de  Vetzla.  Marpurgum  ,  Mattiacum  ,  Caftcllum 
Mattiacorum.  Marpurg  eft  une  ville  allez  grande  Se 
allez  bien  bâtie  ,  défendue  par  une  bonne  citadelle. 
Il  y  a  une  Univerfité  ,  érigée  l'an  j  ;  1 6.  par  le  Land- 
grave Philippe  le  Magnanime.  Cette  ville  appartient 
aux    Lande;raves  de    Heire-Callél,  Maty. 

MARQUADERIE.  f.  f.  Fromagerie  ,  lieu  où  l'on  féche 
les  fromages  ,  ou  bien  le  marché  où  on   les  vend. 

MARQUADISSE.  f.  f.  On  nomme  ainfi  au  Levant, 
particulièrement  à  Smyrne  ,  les  veines  &  points 
couleur  d'or  ,  qui  le  trouvent  dans  le  Lapis  Lazuli. 

MARQUAiREj  ou  MARCAIRE.  Ville  des  Indes  fur 
la  côte  de  Malabar ,  au  royame  de  Calecut. 

MARQUANTE,  adj.  f.  Terme  de  Jeu  d  Impériale.  On 
appelle  ainfi  les  cartes  pour  lelquelles  on  marque 
des  points  ,  quand  on  les  a.  Le  roi  ,  la  dame ,  le 
valet,  l'as,  le  Icpt ,  font  des  cartes  marquantes,  les 
huit ,  les  neuf  &  les  dix  ne  le  (ont  point.  J'ai  qua- 
tre triomphes  marquantes ,  &  vous  n'avez  que  le 
valet  de  marquant,  &c. 

5CF  MARQUE.  (.  f.  Ce  terme  a  différentes  acceptions 
particulières  ,  &  s'applique  généralement  à  tout  ce 
qui  (ert  à  défîgner  ou  à  diftmguer  quelque  choie. 

53°  Marque.  Se  dit  des  taches  ou  lignes  qui  vien- 
nent de  naillànce  ,  qu'un  homme  ou  un  animal  ap- 
porte en  naiflant.  Navus.  Cet  enfant  ne  fera  pas 
changé  en  nourrice ,  il  a  un  figne  ,  une  marque  fur 
le  dos  ,  fur  la  cuilfe  ,  d'une  olive  ,  d'un  raiiin  ,  &c. 
On  m'a  volé  un  cheval  qui  a  une  marque  blanche 
au  Iront:  je  le  reconnoîtrois  entre  mille  autres. 

Marque  ,  eft  encore  un  ligne  naturel  qui  fut  con- 
noitre  la  qualité  bonne  ou  mauvaife  d'une  chofe  , 
qui  en  fait  diftinguer  l'efpèce.  Characler,  nota.  C'eft 
une  bonne  marque  à  un  cheval ,  quand  il  trépigne , 
quand  il  bat  du  pied,  quand  il  mange  bien  ("on 
avoine.  Quand  un  enfant  eft  éveillé  ,  c'eft  une 
marque  qu'il  aura  de  l'elpric  &  du  cœur.  |KF  Dans 
cette  acception  j  il  eft  à-peu-près  fynonyme  de 
ligne  ou  indice.  Quelquefois  il  eft  fynonyme  de  pré- 
fage.  Quand  le  Ciel  eft  rouge  le  foir ,  c'eft  une 
marque  de  beau  temps  pour  le  lendemain.  En  chofes 
morales  j  il  hgnifie  la  même  chofe  que  témoignage , 
preuve.,  Teflimonium  ,  documentum.  L'opiniâr-reté 
dans  le  vice  eft  une  marque  de  réprobation.  L'ad- 
miration perpétuelle  eft  une  marque  d'ignorance.  Je 
ne  puis  douter  de  fon  amitié  j  il  m'en  a  donné  trop 
de  marques.  ifT  Laillèr  des  marques  de  (a  reconnoif- 
fance ,  de  fa  bonté ,  de  iâ  cruauté. 

fC?  On  dit  une  marque  que  j'ai  fait  cela  ,  8c  abfolu- 
ment  dans  le  difcours  familier,  marque  que  j'ait  fait 
cela  ,  pour  dire  ,  une  preuve  que  j'ai  fait  cela. 
Marque,  eft  aulli  la  trace  ,  l'jmprelîîon  que  lailîe  un 
corps  ,  quand  il  a  pallé  fur  un  autre  ,  quand  il  l'a 
tou:hé  ,(bit  par  fon  poids  ,  foie  par  quelque  autre  qua- 
lité. Vefligium,  indicium  ,  nota.  Les  roues  qui  palfent 
fur  la  terre,  fur  les  neiges,  y  laillent  des  marques 
de  leur  pallage.  L'huile ,  la  poix,  laillent  des  marques  , 

I      des  taches  fur  les  écoifes.  La  petite  vérole  Luifc  fou- 

Ppppp 


.8jc         M  A  R 

vent  de  fes  marques ^  des  creux,  des  coutures  fur  1 
le  viGige.  Il  porte  eiicoie  des  marques  des  blelUues 
qu'il  a  reçues. 

On  dit  taire  porter  fes  marques  à  quelqu'un,  pour 
dire  ,  le  maltraiter  de  telle  toice  ,  que  les  marques 
lui  en  demeurent.  Il  ell  du  ftyie  hunilier. 

Marques  de  Judas.  Ce  (ont  eu  termes  bas  &  iati- 
riques  ,  des  taches  de  roulleiu-.  On  dit  que  ceux  qui 
ont  des  marques  de  Judas  ,  font  ordinairement  mé- 
dians. Tout  Ion  vifageeft  plein  de  marques  de  Judas. 

Marque  j  fe  dit  auili  des  lignes  artificiels  qui  viennent 
de  l'inllitution  des  hommes  ,  &  premièrement  des 
grands  monumcns  de  l'antiquité.  Monumentum  ,  nota-, 
infigne.  Les  Pyramides  d'Egypte ,  les  Cirques  ,  les 
Amphithéâtres  ,  font  des  marques  de  la  grandeur 
des  anciens  Rois  d'Egypte  ,  de  la  Répubhque  Ro- 
maine. 

'Marque  ,  fe  dit  aufll  des  habits  ,  des  crncmens , 
ou  autres  choies  qui  diiringuent  les  perfonncs',  qui 
font  connoître  leur  dignité.  Infigne.  Il  quitta  les 
/Tzari^iif  j  de  fa  Magillracure.  Ablanc.  A  RomCj  les 
faifccaux  &  la  hache  étoienc  la  marque  du  Conlulat. 
En  France ,  le  mortier  ell  la  marque  des  grands  Pré- 
fidens.  En  Efpagne,  la  marque  du  Grandatj  c'ell:  de 
le  couvrir  devant  le  Roi.  Les  Armoiries  lont  des 
marques  qui  font  connoitre  la  Mailon  ,  la  dignité 
de  ceux  qui  les  portent.  On  les  donnoit  autrefois 
pour  des  marques  de  bravoure ,  en  mémoire  de  quel- 
que ai^tion  lignalée.  Tous  les  Ordres  de  Chevalerie 
ont  chacun  des  marques  qui  les  ditlinguent ,  la  Croix 
de  Malte  ,  du  Saint-Efprit ,  le  Cordon  Bleu ,  la  Jar- 
retière. Dans  le  Blaloii  on  apprend  à  connoitre  toutes 
ces  marques  de  dignité ,  comme  chapeaux  ,  mitres  , 
couronnes  ,  crolles  ,  croix,  colliers  ,  &c,  /-'by^j  tous 
ces  mots  à  leur  ordre  ,  &  à  celui  de  Dignité. 

IJCJ"  En  armoiries  on  appelle  war^i^e  d'honneur, les  pièces 
qu'on  met  hors  de  l'écuj  comme  le  bâton  de  Maréchal 
de  France,  le  collier  des  ordres  du  Roi ,  &cc. 

§0°  En  termes  de  guerre ,  on  appelle  marques  A'honntni 
les  conditions  honorables  qu'on  accorde  à  une  garni- 
{on  qui  fe  rend  par  capitulation.  La  garnifon  de  telle 
ville  ell  lortie  avec  toute  les  marques  d'honneur. 

fpT  AiARQUE  d'infamie.  C'e/l  tout  ce  qui  prouve ,  tout 
ce  qui  fait  connoître  l'infamie  de  quelqu'un. 

Marque  ,  (ignihe  encore,  confidération,  diftiniflion  , 
mérite.  Dignitas ,  aucîorkas  ,  potejias.  C'eft  là  un 
homme  de  marque  ,  une  Dame  de  marque  :  ce  qui  fe 
dit  tant  pour  l'élévation  de  la  dignité  ^  que  pour  celle 
du  mérite. 

On  dit  aulli ,  Arbre  de  marque  ;  pour  dire  ,  un 
arbre  fruitier  à  haute  tige. 

TvIaruque,  le  dit  aulli  d'un  caraélère  qui  s'imprime  par 
autorité  publique  fur  plufieurs  choies  ,  foit  pour  y  le- 
ver quelques  droits,  Ibit  pour  la  police.  Index  ,noca. 
On  mer  une  marque  fur  la  vailfelle  d'or  &  d'argent , 
tant  du  poinçon  du  Maître  qui  l'a  frite  ,  que  du  poin- 
çon de  la  Ville  ou  Communauté  ,  pour  en  marquer  le 
titre  &  la  bonté.  La  marque  de  la  monnoie  ell  l'image 
du  Prince  ,  &  de  fon  autorité  ;  c'ell  la  marque  qui  lui 
donne  du  cours  dans  le  commerce.  Le  papier  porte  la 
marque  àe.  la  papeterie  où  il  a  été  fabriqué.  On  met  des 
marques  au  papier  timbré  ,  fur  les  tonneaux  dans  les 
caves  ,  fur  les  chailes  qui  vont  fur  la  place ,  fur  les 
jeux  de  carte  ,  fur  les^to&s ,  pour  la  confervation  des 
droits  qu'ils  peuvent  devoir.  Chaque  Marchand  met 
la  marque  fur  la  marchandife.  La  marque  d'un  Li- 
braire ,  c'ell  une  image  qu'il  met  au-delfous  du  titre 
d'un  livre  en  la  première  page.  Un  Fermier  des  mon- 
noies ,  ou  un  Graveur  ,  quand  ils  font  reçus,  font  obli- 
gés de  déclarer  par  un  adte  authentique  \i  marque  àom 
ils  fe  veulent  fervir  ;  il  en  ell  fait  regillre  à  la  Cour  des 
Monnoies ,  &  ils  ne  la  peuvent  changer  fans  per- 
iTiilIion. 

Marque  ,  ell  aulîî  le  poinçon  qui  fait  l'empreinfe  fur  ce 
qu'on  veut  marquer ,  reconnoître.  Teffera  ,  nota.  Il  y 
a  une  marque  à  la  ville  qu'on  empreint  fur  les  boif- 
leaux  ,  (ur  lesmefures  j  fur  les  poids  qui  fontétallo- 
nés.  Chaque  Marchand  Orfèvre  ou  Potier  d'étain  doit 
avoir  (on  poinçon ,  fa  marque  particulière  ,  dont  il 


M  A  R 

doit  lailfer  une  empreinte  au  Grefle  de  la  Police.  Les 
Commis  des  Bureaux  ont  des  marques ,  dont  ils 
font  des  empreintes  fur  les  marchandiles  qui  ont  payé 
les  droits. 

Marque,  ell  aulli  un  caraélèrc  particulier,  un  ligne 
cjue  chacun  fait  à  la  fantaihe  ,  pour  diltingucr  une 
chofe  de  l'autre  ,  pour  la  reconnoître.  Quand  un 
homme  ne  fait  pas  ligner  j  on  lui  fait  laite  fa 
marque.  Les  Marchands  ont  des  marques  particulières 
pour  reconnoître  leurs  balots ,  pour  reconnoître  leurs 
bois  qu'ils  font  Hottcr  à  bois  perdu.  Les  Bouchers  ont 
une  marque  pour  marquer  leurs  beitiaux  dans  les 
marchés.  Les  Bourgeois  font  mettre  leur  marque 
à  leur  vaillelle  ,  pour  la  pouvoir  réclamer ,  li  elle 
ell  volée. 

Marque  ,  fe  dit  particulièrement  au  jeu ,  des  jetons  , 
Acs  riches,  ou  autres  choies  femblables  ,  qui  fervent 
de  monnoie  pour  mettre  au  jeu ,  ou  pour  marquer  les 
points ,  ou  les  parties  qu'on  gagne.  Tejjera.  En  celens 
on  dk  d'un  homme  qui  elt  lu;et  a  marquer  plus  qu'il 
ne  laut ,  qu'il  ell  heureux  a  la  marque.  J'ai  perdu 
100  ou  203  marques.  Les  marques  valent  plus  ou 
moins,  félon  qu'on  veut  jouer  gros  ou  petit  jeu. 

On  appelle  aulli  marques  ,  les  coups  d'ongles ,  les 
traits  de  plume  ou  de  crayon ,  les  plis  qu'on  fait 
dans  un  livre  où  l'on  a  obicrvé  quelque  choie  de  no- 
table ,  ou  le  lieu  où  on  en  eft  demeuré  en  le  lifir.r. 
Nota  unprcjja.  On  dit  aulli,  cette  épingle,  ce  petit 
morceau  de  papier  que  j'ai  lur  ma  manche  ,  ell  une 
marque  pour  me  faire  rellbuvenir  de  quelque  choie. 

Marque  ,  ie  dit  aulli  de  ce  que  l'on  écrit ,  ou  que  l'on 
grave  iur  le  papier  ,  ou  Técorce  des  arbres  ;  pour  être 
un  ligne  ,  ou  un  témoignage  de  quelque  choie. 

On  appelle  des  lettres  de  marque ,  celles  que  les 
Rois  Se  auttes  Puillances  accordent  à  leurs  Sujets  , 
fur  lefquels  les  Armateurs  des  Puillances  voiiines  ont 
pris  des  vailfeaux  en  temps  de  paix.  Lorfqu'on  a 
demandé  la  rellitution  de  ces  priles ,  ou  qu'on  a  re- 
fiilé  ou  négligé  d'en  faire  raiion  ,  les  Rois  ,  princi- 
palement ceux  d'Angleterre ,  accordent  à  leurs  Su- 
jets des  lettres  de  marque.  Ces  lettres  de  marque,  qu'on 
appelle  auili  de  reprefailles ,  donnent  la  faculté  de  fe 
venger  fur  les  navires  qu'on  peut  attraper  ,  apparte- 
nant à  la  nation  dont  on  a  lujet  de  ie  plaindre.  C'eft 
pourquoi  les  Hollandois  ayant  pris  deux  vaiileaux  ap- 
partenant au  Chevalier  Courtcn  &c  Compagnie  , 
&  les  États  -  Généraux  ayant  diftéié  de  leur  rendre 
jullice,  Charles  II.  leur  accorda  des  lettres  de  marque 
Se  de  repréiailles.  Le  même  Auteur,  en  parlant  des 
hollilités  des  Eipagnols  lut  les  navires  Anglois  ,  dit 
que  des  lettres  de  marque  accordées  ,  il  y  a  déjà  plu- 
iieurs  années  ,  auroient  fauve  plulieurs  millions  à 
la  nation  Angloile.  On  accorde  en  connoillance  de 
cauie  des  lettres  de  reprefailles,  de  marque  &  d'arrêt. 
On  dit  aulli ,  que  l'étranger  lut  lequel  on  laiiît  en 
vertu  de  ces  lettres  ,  ell  pris  pour  marque.  'Voyez 
Chopin  &  Bouchel.  Ces  lettres  ne  s'accordent  que 
par  le  Roi ,  ou  par  le  Parlement  ;  &  il  fut  ordonné 
en  l'an  1443.  que  ces  lettres  ne  feroient  accordées 
qu'à  ceux  à  qui  le  Prince  étranger  auroit  refiifé  la 
jullice  par  trois  fois. 

Ce  mot  vient  de  ce  que  c'eû:  jus  concejfum  in  alte- 
rius  Principis  marchas  feu  limites  tranfeundi ,  fibi~ 
que  jus  faciendi.  ^fT  Un  droit  de  palfer  les  limites 
ou  frontières  d'un  autre  Prince  ,  &  de  le  faire  jullice 
à  loi  même. 

Marque,  s'entend  encore  d'une  monnoie  de  compte 
dont  les  Marchands  &:  Banquiers  fe  iervent  pour  te- 
nir leurs  livres  dans  plufieurs  villes  d'Allemagne.  La 
marque  vaut  feize  fous  lubs  ,  ce  qui  revient  à  vingt 
fous  tournois  ,  ou  à  la  livre  de  France. 

Marque  ,  eft:  pareillement  une  monnoie  d'Écoflè , 
qui  vaut  treize  ibus  tournois  de  France. 

Marque  d'or  et  d'argent.  Droit  uni  aux  Aides,  & 
qui  fe  levé  fur  l'or  &  l'argent  mis  en  ceuvtc.  Ce  droit 
fut  établi  par  une  Déclaration  du  mois  de  Mars 
ï66i,  ôc  fe  lève  fur  toute  la  vaillelle  fabriquée  dans 
le   Royaume. 

Marque  des  fers.  Droit  uni  aux  Aides  ,5c  qui  fe  lève 


M  A  R 

liir  tout  le  fef  &  acier  fait  &  fabriqué  aux  Forges 
tcahlics  dans  les  difteicntes  Provinces  du  Royaume. 
Ce  droit  eltaudi  ancien  que  la  Couronne.  Ilctoit 
autrefois  domanial ,  ii:  conliltoit  au  dixième  de  tour 
ce  qui  fe  tiroit  des  mines  ëc  nunicres  du  Royaume, 
dont  Charles  VI.  ordonna,  par  Lettres  patentes  du 
1}  Juin  141 }.  la  levée  à  {on  profit  j  comme  à  lui 
leul  appartenant  de  plein  droit  en  qualité  de  Roi  , 
<Sj  non  aux  Seigneurs  qui  le  prétendoient. 

Marques.  En  termes  de  Marine,  on  appelle  wan/^ej, 
certains  indices  qui  lont  lut  la  terre ,  comme  mon- 
tagnes,  clochers,  moulins  à  vent,  arbres  ,  &c.  qui 
fervent  aux  Pilotes  à  reconno'ure  les  dangers  &c  les 
pâlies. 

Marques  j  font  aullî  les  tonnes  &  les  balifes  qu'on 
met  en  mer  ,  pour  foire  aulli  reconnoitrc  les  dangers 
&  les  pâlies. 

^  MARQUER.  V.  a.  Ce  verbe  ,  ainfi  que  le  fubftantif 
marque  ,  a  pluiieurs  acceptions  particulières.  C'eit 
en  général  mettre  une  marque,  une  empreinte,  un 
caractère ,  un  ligne  fur  une  chofe ,  pour  la  faire 
connoître  ,  pour  la  dilhngucr  d'une  autre ,  pour  s'en 
fouvenir. 

Du  temps  de  François  I.  on  difoit  marcher ,  au 
lieu  ^z  marquer i  qui  vient  de  l'Allemand  marchen  , 
qui  en  fa  lignification  originaire  veut  dire  borner , 
d'où  ell  venu  le  mot  de  marche  pour  frontière ,  & 
le  vieux  mot  François  marchir ,  pour  dire  confiner 
à  quelque  pays.  Le  mot  de  Marquis  en  elf  aulîl  dé- 
rivé ,  parce  qu'il  étoit  autrefois  commis  à  la  défenle 
des  hontières  ;  &  les  qualités  de  Maréchal  de  Camp 
&  de  Maréchal  des  Logis,  qui  ii^niHenz  marqueurs 
de  camp  &  de  logement. 

§3"  Marquer  ,  imprimer  des  caraétères  particuliers 
fur  une  chofe ,  y  mettre  quelque  empreinte ,  quelque 
fîgne  pour  la  reconnoitre.  Signare ,  notare  ,  Jtgnum 
vonere.  On  marque  Ion  linge  ,  La  vaillelle  ,  fa  mar- 
chandile.  On  marque  ion  jeu  au  piquet ,  au  triftrac. 
On  marque  une  chaife  à   la  paume.  On  marque  un 

'  palfage  avec  du  crayon  pour  s'en  fouvenir.  On  marque 
par  un  pli  l'endroit  d'un  livre  où  l'on  en  eft  demeuré. 

§Cr  Marquer  ,  faire  une  imprellion  lur  une  choie  par 
fon  poids,  par  un  coup  ,  par  une  blellure  &c.  Cet 
homme  ell;  marqué  de  pluheurs  coups  qu'il  a  reçus 
à  l'armée.  Il  ne  s'efl:  pas  contenté  de  le  maltraiter  , 
il  l'a  marqué  au  vilage. 

§CF"  Marquer,  lailfer  des  marques,  des  traces,  des 
velliges.  Les  armées  marquent  ordinairement  leur 
palfage  par  de  grands  délordres,  un  torrent  par  de 
grands  ravages. 

M  ARQUER  ,  fe  dit  aulll  figurément  en  chofe  morales. 
Signare.  L'Apocalypfe  dit  qu'il  y  avoit  douze  mille 
hommes  dans  chaque  Tribu  qui  étoient  marqués  pour 
prédeftinés. 

Marquer ,  lignifie aufli ,  mettre, appliquer  VLne. marque 
artificielle  pour  reconnoître  une  chofe.  Les  Infi- 
delles  marquent  les  efclaves  au  front.  Les  Marchands 
marquent  leurs  balots  y  leurs  beftiaux  ,  leurs  bois.  On 
marque  dans  les  forêts  le  bois  qu'il  faut  abattre  en 
chaque  coupe.  On  prétend  aullî  que  le  diable  marque 
les  Sorciers,  qu'ils  ont  une  partie  du  corps  infen- 
fible. 

On  dit  auffi  qu'un  Ingénieur  marque  l'affiettc  d'un 
campj  le  dellein  d'un  travail,  d'une  fortification, 
quand  il  en  déiigne  les  extrémités ,  par  des  piquets 
&  autres  marques.  Dejignare  ,  delineare.  On  dit  de 
même  qu'un  Arpenteur  marque  les  bornes  d'un 
champ  ,  quand  il  y  met  quelques  marques  ,  quel- 
ques enleignes  y  pour  les  reconnoître.  On  dit  aulîl, 
marquer  la  tâche  ,  la  bclogne  d'un  ouvrier  ;  pour 
dire  ,  le  travail  qu'il  doit  faire  depuis  un  tel  point , 
jufqu'à  un  tel  point. 

Mar£!,uer  ,  fignific  encore  ,  exprimer  en  particulier  , 
fpécifier  quelque  chofe  ,  la  faire  voir  en  détail.  Ex 
primere  ,  explicare  y  indicere.  Cet  Avocat  a  bien  mar- 
qué toutes   les    circonftances  de    fa  caufe  y  de  fon 

.    fait.  Ce  Peintre  a   bien  marqué  tous  les  traits  de  ce 
vilage.  Il  marque  y  il  exprime  bien  les  pallions.  On 
a  marqué  expredément  à   cet  Agent  dans  fon  inf- 
Tomc  V. 


M  A  R 


8yi 


truâion  ,  tout  ce  qu'il  avoit  à  faire  ,  à  négocier. 
On  ne  lui  avoit  pas  marqué  cela  dans  fa  commif- 
fion. 
Marquer  ,  fe  dit  aulli  pour  y  défigncr  ,  dcfliner  à 
quelque  emploi,  à  quelque  dignité.  Dcjlinare  y  de- 
jignare. 

Cy  gtt  l'illuflre  de  Marca , 
Que  le  plus  grand  des  Rois  marqua  , 
Pour  le  Prélat  de  fon  Eglife  , 
Mais  la  mort  qui  le  remarqua  y 
Et  qui  fe  phiu  à  lu  furprife  y 
Tout  auffi-tvt  le  démarqua. 

f^  Marquer,  fignifie  audî  indiquer,  donner  lieu 
de  connoitrc.  Indicaie.  Son  air  ,  la  démarche  mar- 
que quelque  chofe  de  grand.  La  libéralité  marque 
une  belle  ame.  Les  grands  édifices  marquent  la  gran- 
deur d'un  Roi. 

HCF  Marquer,  fynonyme  de  témoigner  i donner  des 
preuves.  Marquer  Ion  amitié  ,  fi  reconnoillance  , 
la  bonne  volonté.  Marquer  la  loumillion  ,  fon  ref- 
ped.    Tejîari. 

Marquer,  fignifie  aullî  faire  une  empreinte ,  une 
marque  par  autorité  publique.  Notam  apponere  , 
imprimere.  Marquer  la  monnoie  ,  marquer  la  vaitTelle 
d'or  ou  d'argent  ,  au  poinçon  de  Paris.  On  marque 
l'ctain  fin  pardelîous,  &  l'étain  commun  par-dellus 
l'ouvrage.  Alarquer  \c  vin  dans  les  caves  ,  marquer  le 
papier  timbré  ,  marquer  les  cuirs  ,  les  toiles ,  les 
draps.  Il  y  a  des  Officiers  pour  marquer  le  fer  doux, 
&  le  diftinguer  d'avec  le  fer  aigre ,  8c  prelque  dans 
tous  les  métiers  &  les  privilèges  on  marque  divctCc- 
ment  les  chofes. 

Marquer  ,  fe  dit  aullî  des  chofes  qui  rendent  une 
perlonne  odieule ,  ou  notée.  Inurere  ,  infigere.  On 
marque,  on  rfétrit  les  coupeurs  de  bourte  d'une  fleur 
de  lis  lut  l'épaule.  Cet  homme  eft  marqué  par  une 
fentence  infamante,  il  a  déjà  été  repris.  Il  tH  mar- 
qué lur  le  livre  rouge. 

Marquer  ,  ell  aullî  un  terme  de  Maître  d'Armes,  qui 
fignifie  ,  donner  à  plein  un  coup  dans  le  corps.  Re3à 
impetere.  Un  coup  qui  marque.  C'ell:  dans  ce  lens 
qu'on  appelle  une  botte  bien  marquée  ,  lorfqu'elle 
eft  demeurée  long  temps  Se  fortement  appuyée  fur- 
ie corps  de  celui  à  qui  on  la  porte.  On  dit ,  il  lui 
a  donné  vingt  bottes,  toutes  belles  Se  bien  marquées. 
Botte  marquée  ,  fe  dit  encore  de  celles  qui  laillént 
une  marque  de  couleur  ,  parce  que  le  fleuret  avec 
lequel  on  les  porte  a  un  bouton  noirci ,  ou  blanchi 
avec  de  la-  craie.  Marquer  la  botte  de  tierce  &  de 
quatre  ,  c'eft  engager  le  fer  ,  &:  faire  un  petit  mou- 
vement pour  attirer  fon  ennemi ,  ou  pour  lui  faire 
faire  quelque  jour  d'un  autre  côté. 

Marquer,  fe  dit  aulli  par  les  Sages-Femmes,  lors- 
qu'une femme  enceinte  eft  prête  d'accoucher ,  ce 
que  l'on  connoit  quand  il  lui  prend  un  rremble- 
ment ,  &  que  les  humidités  qui  coulent  de  la  ma- 
trice font  teintes  de  lang.  Madame  accouchera  bien- 
tôt ;  car  elle  marque.  Dans  la  même  matière  ,  mar- 
quer fe  dit  des  femmes  dans  un  autre  fcns ,  &  figni- 
fie avoir  fes  règles.  Cette  femme  peut  avoir  des  en- 
fans;  car  elle  marque  encore. 

On  dit  figurément,  qu'une  perfonne  eft  marquée 
au  bon  coin,  pour  dire,  qu'elle  a  des  marques  ex- 
térieures de  l'honnêteté  ,  de  la  vertu ,  qu'elle  pofsède 
en  eftet. 

Marquer  ,  en  termes  de  Manège  ,  fe  dit  des  chevaux 
qui  ont  une  marque  noire  ,  appelée  Germe  de  fève , 
qui  leur  vient  à  l'âge  de  cinq  ans  dans  le  creux  des 
coins,  &  qui  eft  eifacée  vers  les  huit  ans  ,  &  alors 
on  dit  qu'ils  ne  marquent  plus ,  &  qu'ils  râlent. 

On  dit  figurément  d'une  femme  ,  quelle  ne  mar- 
que plus,  pour  dire  qu'elle  n'a  plus  fes  règles.  On 
dit  aullî  qu'un  arbre  marque  ,  quand  il  commence 
à  pouflér.  Qu'un  horloge,  qu'un  cadran  marque, 
ou  ne  marque  plus ,  pour  dire  que  le  folcil  y  don- 
ne, ou  n'y  donne  plus. 

On  dit  proverbialement  Se  figurément.  Marque\ 

Ppppp  ij 


Jl 


M  A  R 


cette  chalTc  ;   pour    dire  ,  fouvenez -vous  de  cette 
aèlion  j  j'aurai   ma  revanche. 

MARQUÉ ,  ÉE.  part.  Il  a  toutes  les  fignifîcations  de 
fou  verbe.  Le  lens  d'une  penlce  délicate  ne  doit  être 
ni  fi  vifible ,  ni  li  marqué.  Bouh. 

On  dit  proverbialement,  il  ell  comme  les  moutons 
de  Berri,  marqué  lur  le  nez.  On  dit  aiilli  ironique- 
ment à  celui  qui  a  fort  envie  de  quelque  chofe 
qu'il  ne  peut  avoir  ,  que  fon  fruit  en  fera  marqué. 
On  dit  d'un  borgne  ,  d'un  bolFu  ,  d'un  boiteux  , 
d'un  bigle  ,  qu'il  eft  marqué  au  B.  Donnez-vous 
garde  de  ces  gens  qui  font  marqués  ZVL  B ,  ils  font 
ordinairement  malins. 

^fr  On  dit  d'un  enfant  qui  a  apporté  quelque  figne 
en  nailfant ,  qu'il  eft  né  marqué. 

^CT  On  dit  qu'un  cheval  eft  marqué  en  tête  ,  l'orfqu'il 
a  l'étoile  ou  la  pelote  au  front. 

tf^"  Papier  marqué  ,  parchemin  marqué.  Foyc^  ces 
mots ,  &:  timbre. 

MARQ.UÉ  j  fe  dit  parti  :ulièrement  en  termes  de  Bla- 
fon  j  de  la  couleur  des  points  des  dés.  Trois  dés  d'ar- 
gent marqués  de  fable. 

MARQUESEC.  f  m.  Terme  de  Pêche.  Eft  un  filet 
qui  a  les  mailles  plus  petites  que  les  autres ,  &:  du- 
quel on  fe  fert  fur  les  côtes  de  Provence  pour  pren- 
dre le  nonnat.  Rete  parvis  maculis  contextum. 

MARQUET.  f.  m.  Nom  d'homme  ,  dimmutif  de 
Marc.  Marcus.  Il  n'eft  en  ufage  que  dans  le  prover- 
be ,    dont  nous  avons  parlé  au  mot  GEORGET. 

MARQUETER,  v.  a.  Marquer  de  plufieurs  couleurs 
ou  taches  ditférentes.  Varïis  colorïbus  dijlinguere  , 
variegare.  La  nature  a  marqueté  les  tigres ,  quelques 
chiens  &  quelques  chevaux.  La  peau  de  cet  animal 
eft  marquetée.  Ce  marbre  ,  ce  jafpe  ,  font  bien  mar- 
quetés. 

MARQUETERIE,  f.  f.  Ouvrage  fait  de  plufieurs  piè- 
ces rapportées,  <Sc  de  diftérentes  couleurs ,  &  d'ordi- 
naire féparées  par  des  filets  d'étain ,  de  cuivre ,  ou 
d'ivoire  qui  forment  dans  des  compartimens  diver- 
fes  figures  &  divers  ornemens.  Opus  vermiculatum , 
Teffêllatum.  On  fait  maintenant  des  ouvrages  mer- 
veilleux de  marqueterie  ,  loit  en  bois  ,  ioit  en  pier- 
re ,  en  tables  ,  buftéts  j  planchers  ,  ëcc.  La  marque- 
terie moderne  furpalle  beaucoup  l'ancienne  Mota'i- 
que.  La  plus  riche  marqueterie  fe  fait  de  lames  de 
cuivre  gravées ,  &  chantournées  fur  un  fonds  d'é- 
tain ,  &  de  bois.  Les  Marbriers  appellent  marçjue- 
terie  de  marbre  ,  les  ornemens,  comme  les  chiflres  , 
les  pièces  de  Blalon ,  &cc.  qui  étant  de  marbre  de 
couleur  ^  font  incruftés  dans  les  panneaux  des  grands 
&  petits  compartimens  ,  pour  les  lambris  Se  pavés 
de  marbre. 

On  a  trouvé  beaucoup  de  marqueterie  des  anciens 
Romains  :  on  en  découvrit  une  en  1699.  dans  la 
prairie  d'Horfeftoue  près  de  Heyford  ,  en  Angle- 
terre ;  une  autre  à  Strunsfield  dans  le  Northamp- 
ton  ;  elle  avoit  conlervé  Ion  luftre  dans  un  lieu 
marécageux ,  ôc  où  les  débordcmens  des  eaux  arri- 
vent fort  fréquemment.  La  marqueterie  étoit  faite 
de  petites  briques  ,  ou  de  tuiles  carrées  en  forme 
de  dcz.  Ces  fabriques  étoient  de  quatre  couleurs  dif- 
férentes ,  il  y  en  avoit  de  bleues  ,  de  blanches ,  de 
jaunes  &  de  rouges  ,  difpofces  en  plufieurs  compar 
timens  i\  réguliers  ,  qu'il  femble  qu'un  Peintre  auroit 
de  la  peine  à  les  imiter.  Les  briques  étoient  fi  bien 
liées  ,  qu'on  les  auroit  priies  pour  une  pièce  de 
marbre  poli  ;  cxpoiées  à  l'air  ,  elles  fe  relâchèrent 
cependant  un  peu.  La  bordure  de  ce  pavé  eft  ornée 
de  trois  raies  de  peinture  encore  très-vive  &  très-écla- 
tante.  Bartoli  dans  les  Àntichi  fepokri ,  donne  la 
dcfcription  de  plufieurs  de  ces  monumens. 

Les  Anciens  faifoient  de  trois  fortes  d'ouvrages 
de  marqueterie.  Les  uns  repréfentoient  la  figure 
des  dieux  ,  ou  des  hommes  ,  &  c'étoient  les  plus 
eftimés.  Il  y  en  avoit  où  l'on  voyoit  des  figures  d'oi- 
feaux  ,  ou  d'autres  animaux.  Ceux  ci  tenoient  le 
fécond  lieu.  Les  troifièmes  étoient  ceux  qui  ne  re- 
préfentoient que  des  arbres,  des  fleurs,  ou  d'autres 
■ligures  de  pure  fantaifie.   La  première  elpèce  étoit 


M  A  R 

appelée  Ut^hty^xiplx.  On  donnoit  indifféremment 
aux  deux  autres  le  nom  de  rawovçKipKi.  Voyez  la 
Differtation  de  M.  Morton  fur  le  pavé  de  marque- 
terie ,  trouvé  à  Stunsfield.  Pitifcus  l'a  tait  graver  dans 
fon  Didiionnaire  des  Antiquités  Romaines. 

On  fait  avec  des  bois  de  diflérentcs  teintes  des 
ouvrages  de  marqueterie  ,  qui  imitent  allez  bien  la 
peinture  ,  principalement  des  fleurs  &  des  ornemens. 
Elle  a  un  défaut  -,  les  couleurs  du  bois  fe  palfent  avec 
le  temps  ,  &  dans  la  fuite  tout  paroit  d'une  même 
couleur.  Les  gens  du  métier  appellent  ce  genre  de 
peindre  ,  la  Peinture  en  bois.  On  tait  à  Florence 
des  ouvrages  de  pièces  de  rapport ,  qui  eft  un  genre 
de  marqueterie.  Le  choix  &  l'alFemblagc  des  pier- 
res précieufes  diverfement  colorées  ,  forment  des 
efpèccs  de  tableaux.  On  voit  de  très  belles  tables  de 
ce  genre.  Le  Roi  Louis  XIV.  avoit  fait  venir  des 
ouvriers  qui  en  ont  travaillé  pour  lui  aux 
Gobelins  ;  mais  la  longueur  de  ces  travaux  les  a 
fait  abandonner.  La  nouvelle  Chapelle  de  S.  Lau- 
rent à  Florence  ,  deftinée  pour  les  tombeaux  des 
Grands  Ducs  ,  devoir  être  entièrement  incruftée  de 
ces  ouvrages  de  marqueterie. 

MARQUETINE ,  ou  MARQUETRINE.  f.  f.  ^oye? 
Tulipe. 

MARQUETTE,  f.  f.  Nom  d'un  droit  que  les  femmes 
payoient  autrefois  au  Roi  ,  &  aux  Seigneurs ,  pour 
fe  racheter  d'une  infâme  &  bizarre  coutume,  qui  les 
obligeoit  de  pafler  la  première  nuit  de  leurs  noces 
avec  leurs  Seigneurs  :  on  attribue  cet  étabUlfement 
à  un  Roi  nommé  Malcolin ,  ou  Milcolumbe.  Le 
Roi  Malcolme  III.  le  fupprima.  En  Angleterre  il 
n'y  avoit  que  les  femmes  de  condition  ferve  qui 
fuflent  lujettes  à  un  droit  de  marquette.  Selon  Pa- 
pon  &c  Boërius ,  ce  droit  a  été  en  ufage  en  France. 
Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  marquette  ,  du 
mot  marc  ,  parce  que  le  droit  de  marquette  étoit 
d'un  demi  marc  d'argent. 

Marquette.  Terme  de  Marchand  de  cire.  Pain  de 
cire  vierge.  Quelques  marquettes  de  cire.  Frézier, 
p.  113. 

MARQUEUR,  f.  m.  Celui  qui  marque.  Signator.  Le 
marqueur  de  la  monnoie.  Marqueur  de  vaiffelle. 
Marqueur  de  toiles,  de  fer  ,  &:c.  Ce  joueur  eft  un 
mauvais  marqueur  ^  il  faut  prendre  garde  à  lui  quand 
il  marque. 

Marqueur,  fe  dit  plus  particulièrement  d'un  valet  de 
Jeu  de  Paume  ,  qui  marque  les  chalfes  ,  &  qui 
compte  le  jeu  des  joueurs  ,  qui  les  fert ,  qui  les  frot- 
te. Pilaris  metator ,  fignator.  On  a  tant  donné  pour 
les  marqueurs. 

MARQUINIER.  f.  m.  Nom  que  l'on  donne  aux  Tif- 
ferans  dans  quelques  endroits  de  la  Picardie  ,  parti- 
culièrement à  Laon  ,  Guife  ,  Chauni ,  Noyon  ,  la 
Fere  ,  &:c.  Il  fe  dit  plus  ordinairement  des  Tilfe- 
rans  qui  travaillent  en  Batifte ,  que  des  autres. 

MARQUIS,  f.  m.  Titre  qu'on  donne  à  celui  qui  pof- 
sède  une  terre  érigée  en  Marquifat  par  Lettres-pa- 
tentes ,  &  qui  tient  un  milieu  entre  le  Duc  &  le 
Comte.  Marehio.  ^fJ"  Le  grand  nombre  de  ceux 
qui  ont  ufurpé  ce  titre  en  France ,  a  donné  lieu  à 
Molière  de  choifir  plufieurs  de  les  perfônnages  co- 
miques &  ridicules  parmi  les  Marquis.  Un  riche 
Bourgeois  achète  des  terres  ,  prétend  qu'un  de  ks 
ancêtres  a  dérogé  ,  fait  réhabiliter  fa  noblefle  im.agi- 
naire ,  &  tranfinet  à  fon  fils  une  terre  érigée  en 
Maïquifit.  On  eit  même  Marquis  à  moins  de  frais. 
Paris  abonde  en  Marquis  fans  titre  ,  ou  qui  le  font 
faits  Marquis  eux  mêmes.  Il  femble  qu'il  fuflit  d'al- 
ler en  carroflè  ,  &  de  fe  faire  fuivre  par  quelques 
laquais  ,  pour  s'ériger  en  Marquis. 

tfJ"  Les  Marquis  étoient  autrefois  les  Gouverneurs  des 
Provinces  ou  Villes  frontières  qu'on  appeloit  Alar- 
ches.  Quoique  Marquis  &  Margrave  lignifient  ori- 
ginairement la  même  choie  ,  ils  ont  acquis  avec  le 
temps  une  fignification  bien  différente  p.armi  ceux 
qui  font  véritablement  Marquis  d'origine ,  il  n'y 
en  a  point  en  France  qui  jouiflént  des  privilèges 
attachés  en  Allemagne  nu  Mare:raviat.  Tout  Marquis  • 


M  A  R 

en  Fiance  n'cll  qu'un  Gentilhomme  titré ,   qui  eft 
lujet  du  Roi ,  comme  tout  le  rcftc  de  la  NoblcHc. 
Ce    mot  vient   (clou  quelques  uns  ,  des  Marco- 
mans  ,  qui  oceupoient  i.i  Maiclie  de  Bandebourg  ; 
ou    ielon  d'autres  de  marck ,  mot  Allemand,  qui 
iignihc  limite  ;  ou  de  marcijîa  ,  qui  en  langue  Cel- 
tique j  (ignifioit  une  aile  de  Cavalerie  ,  comme  le 
témoigne    Paufanias.   Nicot    croit  qu'il    vient  d'un 
mot  Grec    corrompu    "f^'ex'»,  lignifiant  Province, 
comme    Daîwmarchia  a  été  dit  de  la   marche   de 
Dannemarck  :   Alciaf  &  Fauchet  tiennent  que  ce 
mot  vient  de  OT.îr,(-,  qui  lignifie  cheval,  croyant  que 
Marquis  étoit   un    OlKcier  de  Cavalerie.    Ménage 
veut  qu'il  vienne  àc  marc  a,  frontière.  La  même  chofe  a 
été  dite  parKrantziusSeldenus&Hottoman.  Pafquier 
dit  que  le  mot  de  Marquis  vient  de  marche  ,  qui 
cn_vieux_  langage  lîgnihoit  limite;  ou  de  marchir  , 
qui  lignihoit,cci«jf/2<;r;  parce  que  les  Marquis ho'xcm 
ceux  à  qui  l'on  conhoit  la  garde  des  frontières ,  ou 
terres   marchijfames.    Voyez    Marche  ,   &  Mar- 

CHIS.'* 

On  diloit  autrefois  Marchis  pour  Marquis.  Le 
nom  de  Marquis  elt  François  :  les  Romains  ne  le 
connoiiroient  point.  Dans  la  Notice  de  l'Empire  ils 
lont  appelés  Comités  limitanei.  Aymoin  dit  que  les 
Marquis  étoient  les  Gouverneurs  des  frontières. 
Alciat  a  mis  en  queftion  fi  le  Marquis  précède  le 
Comte.  Pour  la  décider  il  remonte  à  l'ancienne 
foniftion  des  Comtes  :  &  il  dit  que  les  Comtes 
Gouverneurs  de  Provinces  j  font  au  delTus  des  Mar- 
quis y  qui  ne  font  que  Gouverneurs  des  frontières  : 
6c  que  les  Marquis  ,  ou  Gouverneurs  des  Villes 
frontières ,  lont  au-delHis  des  Comtes  ,  ou  Gouver- 
neurs des  petites  Villes.  On  ajoute  que  c'ell  en  con- 
féquence  de  cette  diftinélion ,  que  les  Livres  des 
fiefs  mettent  tantôt  les  Marquis  devant  les  Comtes , 
<V  tantôt  les  Comtes  devant  les  Marquis.  Froilîart 
parle  même  du  Marquilat  de  Juliers  érigé  en  Comté. 
Mais  aujourd'hui ,  que  ni  les  Marquis  j  ni  les  Com- 
tes j  ne  lont  plus  Gouverneurs ,  Se  que  ce  font  de 
lîmples  titres  de  dignité  :  il  eft:  fans  difficulté  que 
les  Marquis  précèdent  les  Comtes. 

MARQUISAT,  f.  m.  Terre  à  laquelle  ce  titre  a  été 
donné  par  Lettres-patentes  ,  qui  fait  prendre  la  qua- 
lité de  Marquis  à  celui  qui  la  pofsède.  Marchionatus. 

^fT  On  le  dit  également  du  titre  de  dignité  attaché 
à  la  terre  ,  &  de  la  terre  même  qui  a  ce 
titre.  Terre  érigée  en  Marquifat.  Seigneur  d'un 
Marquifat.  Il  y  a  des  Marquifats  qui  font  de  vraies 
Souverainetés.  On  donne  improprement  le  nom  de 
Marquifats  aux  Margraviats  d'Allemagne.  Le  Alar- 
quifat  de  Salulle  a  été  échangé  contre  la  Brelfe.  Le 
Brandebourg  n'eft  qu'un  Marquifat.  Le  territoire 
d'Anvers  eft  appelé  le  Marquifat  du  faint  Empires 

MARQUISE,  f.  f.  Titre  qu'on  donne  à  la  femme  d'un 
Marquis  ,  ou  à  celle  qui  pofsède  un  Marquifat. 
y^oyci  Marquis. 

Marquise.  Terme  d'Artificier.  C'eftune  fufée  volante 
d'environ  un  pouce  de  diamètre,  ou  dix-fept  lignes, 
fuivant  M.  de  St.  Rémi.  La  double  Marquife  a  qua- 
torze lignes  j  félon  le  premier  fentiment ,  ôc  dix- 
neuf  félon  le  fécond. 

Marq,uise.  f.  f.  Nom  d'une  efpèce  de  poire,  La. Mar- 
quife prend  deux  figures  fort  différentes  j  fuivant  la 
différence  des  terres  &  des  arbres  où  elle  efl  élevée. 
Si  le  fond  eft  lec  ,  elle  retlemble  allez  par  la  grof- 
feur  &  fa  figure  à  un  très-beau  blanquet ,  ou  à  un  bon 
chrétien  ,  &  elle  fait  la  même  chofe  en  arbre  de  tige  ; 
mais  dans  les  terres  gralles  &  humides  _,'  &  en  buif 
fon  ,  il  en  vient  d'extraordinairement  grolfes.  La 
poire  eft  bien  faite;  elle  a  la  tête  plate  ,  l'œil  pe- 
tit &  enfoncé  ,  le  ventre  afFez  long ,  proprement 
alongé  vers  la  queue ,  qui  eft  longuette  ,  pallable- 
ment  groftè ,  courbée  ,  &  un  peu  enfoncée  ;  la  peau 
en  eft  affez  rude,  le  coloris  eft  d'un  fond  vert,  avec 
quelques  placards  de  ronfleur ,  connue  on  en  voit 
au  beurré  ;  fi  elle  ne  change  point  en  mûriflant , 
elle  eft  très-mauvaife.  Cela  vient  du  fond  de  terre 
humide  ,  <?c  de  la  figure  des  buiffons  trop  touffus 


M  A  R  8j3 

dans^  ces  fortes  de  fonds  :  mais  fi  ce  vert  devient 
jaunâtre  dans  la  maturité  ,  la  chair  en  eft  tciidre  Se 
fine  ,  le  goût  agréable  ,  l'eau  allez  abondante  ,  Se 
fort  fucrée.  Elle  a  un  peu  de  pierre  au  cœur ,  ce 
qui  ne  doit  point  empêcher  de  l'cnimcr  pour  le 
mois  d'Ocftobre  &  de  iNovembre.  La  Quint. 
Marquise  ,  en  termes  de  Guerre,  c'eft  une  tente 
de  toile  qu'on  met  par  dellus  la  tente  à  l'armée  ,  ik 
qui  lui  fert  de  furtout ,  pour  prélcrvcr  de  k  pluie 
cV  des  injures  de  l'air.  La  Soldatcfque  n'a  que  de 
limplcs  tentes  ,  nommées  cannonières ,  mais  les 
Ofiicicrs  ont  des  Marquifes  par  delfus.  Tendre  une 
Marquife. 
Marquise.  Terme  de  Flcurifte.  Tulipe    rouge,  rofe 

sèche,  (Se  jaune  blanciiilLiiit.  Morin. 
Marquise.  Nom  de  lieu  en  Picardie,  un  peu  au- 
deflus  d'Ambleteufe.  Cluvicr  croit  que  ce  font  les 
Marci  de  la  Notice  de  l'Empire. 
MARQUISER.  V.  a.  qui  ne  le  dit  qu'en  riant,  &:  fou- 
vent  avec  le  pronom  perfonnel.  Se  qualifier  Marquis. 
Marchior.is  nomen  ufurpare ,  adfcifcere.  Il  a  été  em- 
ployé dans  ces  vers  burlefqucs  cïe  Scarron  : 

Depuis  que  de  fon  chef  chacun  s'ejl  marquife  , 
On  trouve  à  chaque  pas  un  Marquis  déguifé. 

C'eft  ainfi  qu'on  zàiikMonfeigneuriferVun  l'au- 
tre J  pour  dire ,  le  traiter  de  Monfeigneur. 

MARQUOTTER.    Foyci  Marcotter. 

MARR.  Le  Comté  de  xMARR.  Marna.  Province  de 
l'Ecolle  feptentrionale.  C'eft  une  langue  de  terre , 
qui  a  vingt-deux  lieues  du  couchant  au  levant,  de- 
J3uis  le  Badcnoch  J  jufqu'à  la  mer  d'Allemagne,  mais 
la  largeur  n'eft  pas  de  plus  de  trois  ou  quatre  lieues. 
Elle  confine  vers  le  nord  avec  le  pays  de  Murray  , 
de  Banf  &  de  Buchan  ,  &  vers  le  fud  avec  ceux 
d'Athol  ,  de  Gowré  ,  d'Angul  &c  de  Mernis.  Cette 
province  J  baignée  par  la  Dée  &:  par  le  Don,  eft 
pleine  de  bois  &  de  montagnes ,  vers  le  couchant  ; 
mais  allez  unie  &  fort  fertile  vers  le  levant.  Sts 
lieux  principaux  font  Old  Aberdéen  ,  ou  la  vieille 
Aberdone  ,  &  le  bourg  de  Kintor.   Maty. 

MARRAJO.  f.  m.  C'eft  un  poilfon  aftreux  ,&  qui  a  la 
gueule  il  grande  qu'il  dévore  les  hommes  tout  en- 
tiers. Les  Efpagnols  en  «prirent  un  qui  venoit  d'ava- 
ler un  Indien  qui  étoit  à  la  pêche  des  perles  ,  qu'on 
trouva  vif  dans  Ion  ventre  ,  mais  qui  expira  un  peu 
après.  Herréra. 

MARRAINE.  C'eft  ainfi  qu'il  faut  écrire.  Pour  l'ex- 
plication ,  f^oye:^    Marreîne. 

MARRAMAS.  i.  m.  Nom  qu'on  donnoit  autrefois 
à  une  elpèce  de  drap  d'or ,  pour  le  diftinguer.  Drap 
d'or   mattabas  &  marrâmes. 

MARRANE,  ou  MARANE.  f.  m.  &  f.  Terme  in- 
jurieux qu'on  applique  aux  Efpagnols ,  ou  à  ceux 
d'cntr 'eux  qu'on  ne  croit  pas  bons  Chrétiens ,  qui 
font  delcendus  des  Mahométans  ,  ou  des  Juifs. 
Mahumetanus  ,  Juds.us  ,  proies  Arahum. 

Marrane  ,  leroit  proprement  un  Mahoméran  ,  un 
Africain  -,  mais  dans  les  Pocfies  de  Marot  c'eft  une 
injure.  Dans  le  temps  que  nous  autres  François  " 
étions  ennemis  des  Efpagnols ,  nous  les  traitions  de 
marranes ,  comme  ils  nous  traitoient  de  Gavaches. 
GlojJ'.fur  Marot. 

ifS"  NÎuza  Maruanes  ayant  conquis  l'Efpagne ,  n'en 
retint  le  gouvernement  que  pendant  trois  ans.  Néan- 
moins le  nom  de  Maruanes  demeura  aux  Maures 
d'Efpagne.  D'où  il  eft  arrivé  que  l'injure  la  plus 
atroce  que  l'on  puillé  dire  à  un  Efpagnol  ,  eft  de 
l'appeller  Marane  ,  c'eft  à-dire  Mahométan  ,  ce 
nom  venant  de  Muza  Maruanes  j  &i  non  pas  de 
l'excommunication  Maranatha  ,  comme  le  dit  le  Car- 
dinal Baronius ,  après  Mariana.  De  Marca  ,  Hijl.  de 
Béarn. 

Ménage  dit  que  quelques-uns  le  dérivent  de  l'Hé- 
breu Marha  ,  qui  fignifie  changer.  Mais  il  aime 
mieux  fuivre  l'opinion  de  M.  de  Âlarca  ,  qui  le  fait 
venir  de  Mufa  Maniane  ,  qui  conquit  l'Efpagne  pour 
les  Arabes.  Borel  dit  que  marrsane  vient  de  marra- 


8j4  M  A  R 

'  nus  ,  qui  fignifie  llmpleiiient  un  favant  Rabbin-  Du 
Cange  dit  que  ce  mot  ne  vient  pas  des  Maures, 
comme  quelques  uns  croient ,  mais  du  mot  Syriaque 
maranatha  j  qui  ell  un  anathcme  f-ulminé  avec 
■exécration.  Mais  Scaliger  dit  que  marrane  (e  diloit 
d'un  parti  dont  parle  le  Géographe  Arabe  ,  tormé 
par  un  nommé  iMarra  wan  ,  qui  le  premier  ôta  le 
Caliiat  de  la  lignée  d'Abaz,  beau-père  de  Mahomet , 
<^-  que  ce  parti  fut  appelé  Maravanïam  ,  qui  julqu  à 
prélent  a  été  très  odieux  à  tous  les  Mahométans. 
f^qye-(  Marrane. 

MARRAT.  Bourg  de  France  dans  l'Auvergne,  Élec- 
tion de  Clermont. 

MARRAY.  Bourg  de  France  dans  la  Touraine  ,  Elec- 
tion de  Tours. 

MARRE,  f.  f.  Marr,!.  Efpèce  de  houe  qui  fert  aux  Vigne- 
rons pour  labourer  les  vignes  ;  qui  fert  auOi  à  ellarter , 
à  couper  les  racines  des  mauvaifes  herbes,  des  arbuftcs, 
d'où  eil  venu  le  nom  de  tintamarre  ,  à  caule  du 
bruit  que  les  Paylans  font  lur  leurs  marres.  Aux 
«•nvirons  d'Orléans ,  les  'Vignerons  qui  travaillent  le 
plus  près  de  la  ville  ,  &  qui  entendent  l'horloge  , 
tintent  leur  marre ,  pour  avertir  ceux  qui  font  plus 
éloignés ,  qu'il  eft  temps  de  quitter  le  travail. 

Prifes  de  Marres  ,  dans  les  Coutumes,  C'efi:  la  {aille 
des  inftrumens  qui  lervent  à  cultiver  la  terre. 

Ce  mot  vient  du  Latin  marra  ,  qui  lignifie  la  mê- 
me chofe  ;  &  c'ell  en  François  ce  qu'on  appelle  une 
houe.  Il  peut  venir  aullî  d^marr ,  mot  Celtique  ,  ou 
Bas  Breton  ,  qui  lignifie  hoyau. 

MARRÉ,  ÉE.  adj.  'Vieux  mot ,  qui  fignifie  labouré 
avec  la  marre.   Vignes  marrées. 

MARREIN  ,  ou  MAIRAIN.  Foyei  Merrain. 

I\IARREINE.  L'Acad.  écrit  MARRAINE  -,  &  cette 
orthographe  eft  reçue,  f.  f.  Fille  ou  femme  qui  tient 
un  entant  fur  les  fonts  de  Baptême.  Mater  lujirka , 
matrlna.  C'eft  d'ordinaire  la  marraine  qui  nomme 
les  filles.  Il  avoir  accordé  cette  taveur ,  à  condition 
que  Madame  l'AbbelIe  feroit  la  marraine.  Pat.  Il 
fe  contraéle  une  alliance  ipirituelle  entre  la  marraine 
Se  fon  filleul.  On  appelle  aullî  des  parrains  Se  des 
marraines  en  la  cérémonie  de  la  Bénédiction  des  clo 
ches,  auxquelles  on  impofe  un  nom. 

Ce  mot  eft  dérivé  de  mère  .,  ou  de  mater.  Joannes 
de  Janua  l'appelle  OTiïm>2fl  ,  comme  owàiUpatrinus  -, 
parrain.  Le  Rituel  Romain  les  nomme  aullî  de 
même. 

MARRELLE.  Foye^  Merelle. 

MARREMENT.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifie,,  Dom- 
mage ,  perte  ,  douleur,  déplailîr.  Voy.  Marrisson  , 
Se    Marisson. 

MARRI  ,  lE.  adj.  Repentant  j  fâché  ,  qui  a  du  regret 
d'avoir  fait  quelque  choie.  Dolens ,  molejlià  affec- 
tas. La  confelîîon  ne  vaut  rien ,  fi  l'on  n'eft  bien 
marri  d'avoir  otfenfé  Dieu  ,  fi  on  n'en  eft  bien  re- 
pentant. Cet  homme  ne  vous  a  blelfé  que  par  ha 
lard  ,  il  en  eft  bien  marri.  Il  eft  bien  marri  d'avoir  lail- 
fé  échapper  cette  occallon.  Oui ,  je  fuis  fon  mari  Se 
mari  très /narri.  Mol.  Il  y  a  là  un  jeu  de  mots  qu'il 
ne  faut  pasimiter  ^  &  qui  n'eft  bon  que  dans  l'endroit 
où  Molière  l'a  mis.  Au  rcfte,le  ternie  demarri  eft  vieux. 

IMARRIN.  En  termes  de  Challe ,  fignifie  la  grolfe 
branche  de  la  tête  du  cerf,  qui  fort  des  meules. 
Foye:^   Merrein. 

Se  AiARRIR.  Vieux  mot ,  S'aftliger. 

MARRISSON.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois 
la  douleur  latriftelle,  le  chagrin ,  le  regret  qu'avoir 
dansl'ame  celui  qui  étoit  marri,  repentant.  Dolor , 
tmdium.  G/oJJ.  fur  Alarot.  Inufité. 

Ces  mots  viennent  de  marritimo  ,  &  marritio ,  qui 
ont  fignifie  dans  la  bafte  LAthmé  ,  fâcherie  ,  caufée 
par  quelque  perte.  MÉn.  Du  Cange  dérive  ce  mot 
de  marrare  ,  qui  lignifie  faire  une  fqffè  avec  un  inf 
trument  de  fer ,  qu'on  appelle  une  marre  ;  Se  il  dit 
que  marrir  fignifioit  autrefois  ,  s'oppofer  ,  contre 
dire  ,  ou  fiire  un  obftacle  à  quelqu'un  ,  lui  couper 
le  clicmin  ,  comme  on  fiit  par  le  moyen  d'un 
folfé. 

MARRO ,  ou  MÉTAURO.  Nom  d'une  rivière  de  la 


M  A  R 

Calabre  ultérieure  j  province  d'un  Royaume  dcNa- 
ples.  Metaurus.  Elle  prend  fa  lource  dans  le  Mont 
Apennin  ^  baigne  Gioia  ,  &  fe  décharge  dans  la  mer 
de  Tolcane.  Maty. 

MARRON,  f.  m.  Nom  que  l'on  donna  autrefois  au  refte 
des  Maures  ou  Sarrafins,  chalfés  d'Afrique  qui  s'étoient 
réfugiés  a  Fraifnet  &  dans  les  Alpes.  F.  Marane,  ou 
Marrane.  Quelques  uns  difent  Marranes,  je  n'en 
vois  pas  la  raifon.  Nous  ne  difons  point  les  Catones 
&  les  Cicérones ,  ni  les  Gothones ,  les  Semnones , 
les  Saxones  j  mais  les  Gothons  ,  les  Scmnons ,  les 
Saxons  j  &c.  On  a  aullî  appelé  les  Marrons  ,  Mar- 
ruques,  Marruci. 

Marron,  f.  m.  La  plus  grolle  &  la  meilleure  forte 
de  châtaigne.  En  Latin  balanus.  Balanitis  caflanea. 
On  apporte  beaucoup  de  marrons  du  Dauphiné  & 
■du  Vivarais.  Un  chapelet  de  marrons.  Des  marrons 
confirs  ,  glacés. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  marrone.  Borel  dit  que 
marron  fignifioit  en  vieux  François  le  coupeau  d'une 
montagne  :  ce  qui  a  donné  le  nom  aux  grolles  châ- 
taignes, parce  que  c'eft  le  lieu  où  elles  croiirent. 

^3"  Marron  d'Inde.  Foy.  Marronnier  d'Inde. 
On  dit  proverbialement  de  celui  qui  eft  lorti  du 
jeu  j  ou  qui  n'a  plus  d'argent  pour  jouer  ,  Qu'il 
eft  allé  rôtir  \ts.  marrons.  On  dit  aulh,  quand  on  le 
fert  du  fecours  d'autrui  pour  quelque  chofe  qu'on 
a  peur  de  frire  loi-même  ,  Qu'oir  fait  comme  le 
linge ,  qui  tire  les  marrons  du  feu  avec  la  patte  du 
chat. 

Marron  ,  eft  aullî  un  terme  de  Coëfteufe  ,  qui  fignifie 
Boucle  de  cheveux  qui  eft  fur  l'oreille ,  &  qui  eft: 
nouée  avec  un  ruban.  Chicinnus  j  ad  aures  deliga- 
tus.  Elle  a  des  marrons  aux  oreilles.  Cette  mode 
ne  fublifte  plus.  fCT  Mais  on  dit  encore  des  che- 
veux frifés  en  grolfes  boucles  rondes.  Qu'ils  font 
frilés  en  marrons. 

Marron  ,  ou  Maron  ,  eft  encore  un  terme  dont  oji 
le  fert  dans  les  iles  de  l'Amérique  ,  pour  fignifier 
un  efclave  fugitif;  Il  eft  Marron  ,  c'eft-à-dire  ,  il  a 
quitté  fon  maître  pour  aller  courir  la  campagne. 
Fugitivus. 

|j3°Ce  terme  dans  cette  acception,  vient,  dit- on, 
du  mot  Elpagnol  Simaran ,  qui  fignifie  un  linge. 
Les  Efpagnols  donnèrent  le  même  nom  aux  linges 
&  aux  efclaves  fugitifs ,  parce  qu'ils  fe  retiroient 
comme  ces  animaux  ,  dans  les  bois  Se  dans  les  dé- 
ferts ,  pour  y  vivre  en  liberté. 

^pt  On  le  dit  aullî  des  animaux ,  qui  de  domeftiques 
font  devenus  fauvages.  Ainlî  l'on  dit  un  cochon 
marron. 

Marron  ,  eft  aulîîun  terme  ulîté  à  Lyon  ,  pour  figni- 
fier des  Porteurs  de  chailes.  Foye:^  Maronnier. 

Marron.  Terme  uhté  dans  l'Imprimerie.  Ouvrage 
imprimé  clandeftincment  ,  Se  fans  permilîion. 

Marron.  Terme  d'Artificier.  C'eft  une  forte  de  pé- 
tard ou  de  boîte  cubique  de  carton  fort  &  à  plulieurs 
doubles  ,  qu'on  remplit  de  poudre  grenée,  pour  . 
faire  une  grande  détonation  qu'on  augmente  com- 
me AuxfauciJJons  ,  en  fortifiant  le  cartouche  par  une 
enveloppe  de  ficelle  trempée  dans  de  la  colle  fonej 
ainfi  ces  deux  artifices  ont  le  même  effet,  &  ne 
dilfèrent  que  dans  leur  figure. 

On  fait  de  petits  marrons  qu'on  couvre  de  ma- 
tière combuftible  ,  pour  les  mettre  dans  les  garni- 
tures des  pots ,  afin  qu'ils  brillent  aux  yeux  avant 
que  de  faire  du  bruit ,  alors  on  les  appelle  luilant; 
leur  eftet  eft  à-peu-près  le  même  que  celui  des  étoi- 
les à  pet. 

On  donne  encore  le  nom  de  marrons  aux  boites 
de  cuir  bouilli  dont  on  le  fert  pour  mettre  les  per- 
ruques qu'on  veut  porter  en  campagne.  On  a 
donné  à  des  boîtes  le  nom  de  marrons  ,  tant  à 
caufe  de  leur  forme  que  de  leur  couleur.  La  forme 
ne  rellemble  pourtant  pas  ablolumcnt  au  fruit  que 
nous  nommons  marron  ,  elle  approche  plus  de  celle 
de  l'œuf.  Elle  eft  coupée  par  la  moitié  dans  la  lon- 
gueur ,  enlorte  que  les  deux  parties  qui  compofent 
le  delFus  Se  le  dcllous  font  éi;ales.  Celle  de  dcllous  a 


I 


M  A  R 

une  feuillure  qui  entre  dans  le  dcfTus,  de  même  que 
le  bahur  entre  dans  Ion  couvercle.  Toutes  les  pcr- 
(oiMies  fujcttcs  à  aller  à  cheval  ,  ont  des  marrons 
pour  mettre  leurs  perruques ,  parce  que  la  forme 
de  cette  boîte  ,  qui  n'a  point  de  carnes  ,  eft  com- 
mode pour  mettre  dans  un  porte-manteau. 
Marron  ,  en  termes  de  Guerre  ,  cfl:  une  pièce  de 
cuivre  de  la  grandeur  d'un  ccu ,  qui  marque  les 
heures  auxquelles  les  Officiers  doivent  commencer 
leurs  rondes.  Les  Sergens  le  tirent  au  fort  dans  un 
fac  que  tient  le  Major,  pour  les  Officiers  de  leur 
Compagnie.  Sur  chaque  marron  efl:  gr.avé ,  ronde  de 
dix  heures  ,  de  dix  heures  &  demie ,  Se  ainli  de  (uite 
fur  ch.acun ,  pour  toutes  les  heures  (Se  demi-heures 
de  la  nuit. 

Ces  pièces  font  numérotées  i.  2.  £t.  jufqu'à  la 
dernière  ronde,  enforte ,  par  exemple,  que  celui 
qui  doit  fiirc  celle  de  dix  heures  ,  a  autant  de  mar- 
rons numérotés  10.  10  ,  qu'il  y  a  de  corps  de  gardes 
dans  le  circuit  qu'il  doit  faire.  Ainh  quand  il  arrive 
au  premier ,  après  avoir  donnné  le  mot  au  Caporal  , 
qui  doit  le  recevoir  l'épéc  nue  à  la  main  ,  ëc  la 
pointe  près  de  l'eftomac  de  celui  qui  le  lui  donne  j 
il    lui  remet  le  marron  cotté  i  o. 

Ces  marrons  étant  percés  dans  le  milieu,  le  Ca 
poral  enfile  celui  qui  lui  eft  remis ,  avec  une  aiguille 
de  fer  qui  le  conduit  dans  une  efpèce  de  tronc  qu'on 
.appelle  Boîte  aux  rondes.  Cette  boîte  ,  dont  le  Ma- 
jor a  la  clef,  eft  portée  le  lendemain  chez  lui  ,  iS: 
ainfi  il  lui  eft  ailé  de  connoître  lorlqu'il  l'ouvre  ,  (1 
les  rondes  ont  été  faites  hdellement ,  &  les  marrons 
donnés  &  reçus  j  en  voyant  fi  les  marrons  font  en- 
filés de  fuite.  Cette  invention  eft  fort  bonne  pour 
empêcher  que  l'Officer  &  le  Caporal  ne  man- 
quent à  leur  devoir. 

IJCF"  En  Minéralogie,  on  appelle  mines  en  marrons  ,  ce 
qu'on  appelle  autrement  mines  égarées,  f^oye^  Mine. 

^3"  En  Maréchallerie  ,  marron  fe  dit  du  poil  de  cheval 
ayant  la  couleur  du  marron ,  nuance  du  poil.  Bay. 

MARRONNER.  V.  a.  Frifer  des  cheveux  en  grolFes 
boucles 

MARRONNE,  ÉE.  part.  Frifé  en  grofles  boucles. 
Cheveux  marronnes. 

MARRONNIER,  f.  m.  Arbre  qui  porte  les  marrons. 
Jrbor  cafianea.   Voyez  Châtaignier. 

Maronnier  d'Inde  ,  eft  un  grand  arbre  j  beau  j  la- 
ineux ,  qui  nous  a  été  apporté  de  Conftantinople  ^ 
êc  dont  on  fait  maintenant  les  allées  des  beaux  jar- 
dins. Ses  feuilles  font  difpofées  en  main  ouverte , 
cinq  à  cinq,  ou  fept  à  fept  fur  une  queue  ^  longues , 
alfcz  larges ,  dentelées  en  leurs  bords ,  vertes.  Ses 
fleurs  font  blanches,  accompagnées  de  plufieurs éta- 
mincs  jaunes;  chaque  fleur  eft  à  quatre  ou  cinq  feuil- 
les ,  foutenues  par  un  calice ,  qui  eft  un  godet  dé- 
coupé fur  les  bords.  Son  fruit  eft  prefque  rond,  épi- 
neux ,  charnu  ,  qui  s'ouvre  en  deux  ou  trois  parties, 
&  qui  renferme  une  ou  plufieurs  ch.îtaignes  allez 
grolfes.  Quelques  uns  appellent  le  maronnier  d'Inde  , 
Châtaigne  de  cheval ,  à  caufe  que  fon  fruit  foulage 
les  chevaux  pouffifs  qui  en  mangent.  M.  Tourne- 
fort  le  nomme  hippogaftanum  vulgare.  Un  Curieux 
de  Paris ,  nomme  M.  Bachelier ,  apporta  de  Conf- 
tantinople en  1615.  le  premier  maronnier  d'Inde  , 
Se  les  anémones  doubles.  Tournefort.  CCF  On  cher- 
che depuis  long-temps  à  tirer  quelque  utilité  du 
fruit  du  maronnier  d'Inde  qui  eft  d'un  goût  trcs-âcre 
&  très- amer. 

Maronnier.  On  dit  plus  communément  Marron. 
f.  m.  Leclicarius  ,  SelU  tracloriis.  duclor  ,  veàor.  On 
donne  ce  nom  à  des  Payfans  des  Alpes  qui  font 
métier  de  porter  ,  ou  de  conduire  les  Voyageurs 
fur  des  traîneaux  qu'ils  tirent  &  font  gliller  (ur  la 
neige  ,  ou  dans  des  chaifes ,  ou  dans  des  litières  , 
&  même  fur  leurs  épaules.  Je  fuis  venu  jufqu'à  Lyon 
en  litière  &  par  les  Alpes  ;  je  me  fuis  fait  porter  , 
partie  en  litière  &:  partie  en  chaife  fur  les  épaules 
endurcies  de  ces  chameaux  humains  qu'on  appelle 
Marrons.  Les  Marrons  qui  méritent  plutôt  le  nom 
de  chameaux  que  d'hommes,  me  portèrent  en  chaife 


M  A  R  8jj 

fur  le  Mont  Cenis ,  &c.  Le  C.  Bentivoglio.  Ce  mot 
eft  ancien  dans  la  langue  ,  comme  prouve  Ménage  , 
qui  dit  qu'il  a  été  fait  du  Grec  i^nfum  qui  fc  trouve 
en  cette  lignification  dans  Euftathius. 
MARROQUIN  ,  INE.  i.  m.  &c  f.  Nom  de  peuple. 
Originaire  ,  habitant  du  Royaume  de  Maroc.  Marro- 
chini.  Les  Marroquins  font  aullî  en  particulier  les 
habitans  de  la  ville  de  Maroc.  Les  Marroqmns  font 
fiers,  luperbes,  &:  loin  gloire  d'être  ciniemis  des  Chré- 
tiens. Les  Marroquins  loin  vêtus  d'une  robe  qui 
pend  jufqu'à  terre  ,  &  qui  eft  d'un  drap  de  couleur; 
par-deftus  ils  portent  une  veftc  de  fin  camelot ,  & 
ont  un  bonnet  d'écarlate  en  tête  ,  accompagné  d'un 
petit  turban.  Les  Maroquines  font  polies  tic  civiles; 
elles  fc  parent  de  bracelets  d'or  &  d'argent  ,  tk.  por- 
tent des  pierreries  6c  des  perles  à  la  tête  ,  aufù  bien 
qu'en  pendans  d'oreilles  ,  &  en  colliers.  Les  Marro- 
quines  ne  louent  jamais  que  pour  aller  à  la  Mof^ 
quée  &  au  bain. 

Marroquin.  1.  m.  Cuir  de  bouc ,  ou  de  chèvre  pafte 
en  galle  ,  à  la  différence  du  Cordouan  ,  qui  eft  ap- 
prêté avec  le  tan.  Hircinum  corium  ,  capr/na  aluca. 
On  apporte  du  nord  quantité  de  bouc  pour  faire  du 
marroquin. 

Marroquin  de  Levant  ,  qu'on  apporte  teint  du  Le- 
vant. Marocenfe  corium.  Marroquin  de  Barbarie ,  ce 
font  des  peaux  de  boucs  qui  viennent  d'Afrique  , 
&  qu'on  palfe  en  noir  à  Rouen.  Il  y  a  aullî  du 
marroquin  fait  à  Paris.  Ce  n'eft  pas  le  plus  beau, 
mais  c'eft  le  plus  vendu.  Il  y  a  des  marroquins  noirs, 
rouges  ,  violets  ,  jaunes  ,  &c.  Des  louliers  de  mar- 
roquin. Les  plus  belles  reliures  de  livres  fe  font  en 
marroquin. 

Ce  n'eft  que  marroquin  perdu. 

Que  les  Livres  que  l'on  dédie.  ScAR. 

Parce  qu'on  préfente  le  livre  relié  en  mairoquin 
à  celui  à  qui  il  eft  dédié. 

Ce  mot  vient  de  Maroc  ,  Royaume  où  on  le  fa- 
brique. 

On  dit  proverbialement ,  en  menaçant  quelqu'un  , 
qu'on  lui  donnera  lur  fon  marroquin  ;  pour  dire  lur 
la  peau. 

U^  Marroquin  ,  dans  le  ftyle  familier  &c  populaire  , 
eft  un  terme  d'injure  ,  qui  fe  dit  par  mépris  d'un 
homme  de  peu  ,  C'eft  un  plailànt  Marroquin. 

Marroquin.  On  donne  ce  nom  à  une  elpèce  de  rai- 
lin  ,  peut-être  parce  qu'il  vient  du  Royaume  de  Ma- 
roc. Uva  Marrochina.  Nous  eftayons  par  le  moyen 
de  nos  murs  bien  expolés ,  de  procurer  autant  de 
chaleur  qu'il  en  faut  aux  Pallé-Mufquées ,  aux  Per- 
golèles,  aux  Damas,  aux  Marroquins.  La  Quinti- 
nie,  t.  I.  p.  40 S.  Il  l'appelle  iVfarroc  j  ou  raifinde 
Marroc  ,  p.  26 j. 

MARROQUINER.  v.  a.  Hircinum  corium  imitari.  C'eft 
façonner  du  veau ,  comme  on  apprête  les  peaux  de 
chèvre ,  pour  en  faire  du  Marroquin.  Ce  n'eft  pas- 
là  du  Marroquin  ,  ce  n'eft  que  du  veau  marroquiné. 

MARROQUINERIE.  f  f.  Ars  effingendi  hircini  corii. 
Art  iSc  ouvrage  de  Marroquinicr.  Pomev. 

|]CF  Ce  terme  délîgne  non-feulement  l'art  de  faire  le 
Marroquin,  mais  encore  le  lieu  ou  on  le  fabrique  , 
&C  même  les  cuirs  palîés  en  Marroquin. 

MARROQUINIER.  f.  m.  Hircina  pellis  concinnator. 
Ouvrier  qui  travaille  en  marroquin  ;  faifeur  de  mar- 
roquin. POMEY. 

IP"  Ce  terme  fe  dit  de  celui  qui  fabrique  le  marro- 
quin ,  ou  d'autres  peaux  en  façon  de  marroquin  ,  & 
convient  au  Manufaélurier ,  &  à  l'ouvrier. 

MARRUBE.  f.  m.  Plante  dont  il  y  a  deux  fortes,  le 
blanc  &  le  noir.  Marruhium.  Le  marrube  blanc  ordi- 
naire a  une  racine  ligneufe  ,  lîmple  ,  fîbrcufe  ,  d'oà 
forcent  plufieurs  tiges  ,  hautes  d'environ  un  pied , 
ou  davantage  ,  couvertes  de  laines ,  carrées ,  rameu- 
fes.  Ses  feuilles  font  oppofées  l'une  à  l'autre ,  pref- 
que rondes  ,  ridées  ,  dentelées  en  leurs  bords  ,  blan- 
châtres. Ses  fleurs  font  petites  ,  blanches ,  rangées 
par  étages ,  &  comme  par  anneaux  le  long  des  ti- 


8^6  M  A  R 

^es  :  chaque  fléau  eft  un  ruyau  découpé  p.it  le  haur 
en  deux  lèvres.  Loriqu'elles  lont  palîées  ,  il  leur  luc- 
cède  quatre  {emences  oblongues  ,  jointes  eniemble. 
Toute  cette  plante  rend  une  odeur  forte  îk  aroma- 
tique. Elle  elt  propre  pour  la  toux  j  pour  l'afthme , 
pour  la  phtilie  :  on  s'en  fert  aulii  dans  la  jaunille , 
&  dans  les  obllructions  du  foie  &  de  la  rate.  En 
Latin  inarrubium  album  vulgan.  Il  y  a  pluheucs  au- 
tres elpèces  de  marrube  blanc. 

Le  marrube  noir  ,  ou  puant ,  autrement  ballote  , 
pouHe  des  tiges  à  la  hauteur  d'un  pied  &  demi ,  ou 
de  deux  pieds  j  carrées  ,  velues  ,  tuant  lur  le  rou- 
ge. Ses  feuilles  font  oppofées  deux  à  deux  le  long 
des  tiges  ,  teniblables  à  celles  de  la  mélifle ,  mais 
plus  rondes  ik.  plus  noires  ,  velues  ^  molles  ,  ridées  , 
puantes.  Ses  Heurs  font  verticillces ,  de  couleur  rou- 
ge. Chacune  d'elles  eft  un  tuyau  découpé  par  le 
haut  en  deux  lèvres.  Loilqu'elles  font  palïées  ,  il 
leur  foccède  quatre  Icmences  un  peu  longues.  En 
Latin  marrubium  nigrum  fœtidum  ,  ballote  Diofcori- 
dis  j  C.  Bauh.  ou  ballote  Alathioli.  La  décodiondu 
marrube  noir  eft  excellente  dans  la  paillon  hyftéri- 
que ,  &  dans  l'afteéiion  hypocondriaque. 

Ce  mot  vient  du  Latin  marcïdum  ,  qui  fignifie 
flétri  ,  à  caule  que  les  Heurs  du  marrube  font  ridées  , 
blanchâtres,  &  comme  flétries. 
Marrube  aquatique,  ù  m.  Lycopus  paluftrïs.  Plante 
dont  il  y  a  plulieurs  efpèces  :  on  va  parler  des  deux 
principales.  La  première  rellemble  beaucoup  au  mar- 
rube noir.  Sa  tige  croît  à  la  hauteur  d'un  pied  &  de- 
mi ou  de  deux  pieds,  carrée,  velue,  dure,  ridée; 
les  fouilles  font  plus  longues,  plus  dures  &  plus 
profondément  découpées  aux  bords  que  celles  du 
marrube  noir;  lans  poil ,  mais  rudes  j  noirâtres.  Ses 
fleurs  font  petites  ,  formées  en  gueule  ,  verticillées , 
ou  rangées  par  anneaux  autour  de  la  tige.  Chacune 
d'elles  eft  femblable  à  une  çampane  ou  à  un  en- 
tonnoir recoupé  en  quatre  pièces  de  couleur  blan- 
che ,  contenu  dans  un  calice  lait  en  cornet,  rude, 
piquuit.  Il  lui  luccède  des  fomences  menues  ,  prel- 
que  rondes.  La  foconde  elpèce  en  difi-ère  en  ce  que 
fes  fouilles  font  velues  ,  blanches  ,  rudes  ,  décou- 
pées profondément ,  crénelées,  quelquefois  laciniées. 
Elles  croillênt  toutes  deux  aux  lieux  aquatiques , 
dans  les  prés,  au  bord  à^s  ruilleaux  (?>:  des  folles. 
L'une  &:  l'autre  iont  déterlives  ,  aftiingentes  ,  & 
rahaîchiiliintcs.    On  s'en  fert  contre  les  hémorrha- 


M  A  R 


2;ies. 


MARRUBIASTRE  ,  ou  faux  MARRUBE.  f.  m.  Mar- 
rubiajirum.  Plante  qui  pouHe  une  tige  environ  à  la 
hauteur  d'un  pied  ,  carrée  ,  un  peu  velue  ,  jettant 
des  rameaux  qui  s'inclinent  vers  terre.  Ses  fouilles 
font  faites  comme  celles  de  la  Morgcline  ,  mais 
plus  grandes  ,  dentelées  en  leurs  bords.  Ses  fleurs 
font  en  gueule  ,  ou  formées  en  tuyaux  découpés 
par  le  haut  en  deux  lèvres  de  couleur  bleue ,  fou- 
tenus  par  des  calices  unis  ,  rudes ,  qui  ont  la  flgure 
d'un  cornet.  Il  iuccède  à  chaque  fleur  quatie  le- 
menccs  menues  ,  prefque  rondes  ,  enfermées  dans 
une  capiule  qui  a  iervi  de  calice  à  la  Heur.  Sa  racine 
eft  petite ,  garnie  de  libres  déliées.  Cette  plante  qui 
croît  dans  les  champs  ,  eft  déterfive  &c  vulnéraire. 
On  l'a  nommée  Marrubiaflrum  j  parce  que  fes  fleurs 
lont  femblables  à  celles  du  Marrube.  Lemery. 

M ARRUQUE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple.  Marrucus  ^ 

•   a.  "Voyez  Marron. 

MARS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un  dieu 
des  Payens  qu'ils  croyoient  prélider  à  la  guerre. 
Mars ,  Mavors.  Ils  l'appeloient  dieu  des  batailles. 
Les  Poètes  le  font  na'itre  de  Junon  ,  ians  aucun 
commerce  d'homme.  D'autres  difentj  qu'il  fut  fils 
de  Jupiter  &  de  Junon.  C'eft  Topinon  d'Héliode 
dans  fa  Théogonie^  v.  ç22.  Il  eut  de  Vénus  deux 
fils  &  une  fille.  Les  fils  iont  ''-«^^i ,  &  Am^os  ,  que 
nous  ne  faurions  rendre  en  François  que  par  des 
noms  féminins  ,  la  Terreur  &  la  Crainte  ;  mais  qui 
iont  niafculins  en  Grec.  La  fille  fut  l'Harmonie  , 
Theog.  V.  7i.#  ,  pjj.  On  la  nomme  aulîî  Hermio- 
ne ,  &  elle  époufa  Cadmus.   Aîars  eut  encore  de 


Rhéa  Romus  &  Romulus -,  Ik.  Evadné  de  Thébé  , 
fille  d'Afopus.  Il  fut  aufll  Père  de  Cycne  qui  fut 
tue  par  Hercule.  Héf.ode  dans  le  Bouclier  d'Hercu- 
le, V.  S7-  Mars  eut  pour  fœur  Bellonne  ,  Déeftc 
de  la  Guerre.  Les  vicfimes  qu'on  lui  lacrifioit  , 
étoient  le  cheval  ,  le  loup  ,  le  chien  &c  le  pivert. 
Ses  Prêtres  fe  nommoient  Saliens  &C  Flamines  de 
Alars.  Salii  ,  Flamines  Martiales-  La  femme  de 
Mars  éioit  Nériéné.  D'autres  dilent  qu'ils  n'en  eut 
point  J  Se  que  tous  fes  enfans  j  qui  furent  en  grand 
nombre  ,  furent  des  truies  de  lesdcbauchcs.  Bellonne 
conduifoit  ion  Char  ;  la  Terreur  &  la  Crainte  1  ac- 
coinpagnoient.  Il  étoit  l'inventeur  des  armes.  On  lui 
facrifioit  même  des  hommes.  Le  Gramen ,  le  Coq 
&  le  "Vautour,  lui  étoient  aullI  conlacrés.  Arnobe 
dit ,  qu'on  immoloit  des  chiens  &  des  ânes  à  Mars. 
Us  le  peignoient  avec  des  yeux  furieux  &c  étince- 
lans. 

Le  nom  de  Mars  eft  un  mot  de  la  langue  des 
Ofques  ,  anciens  peuples  d'Italie  ,  formé  de  Ma- 
mers  ,  qui  étoit  un  nom  du  dieu  de  la  guerre.  Les 
Hébraïlans  dérivent  le  nom  de  Mamers  du  parti- 
cipe hiphil  J  D"Da  ,  qui  vient  de  0113 ,  contunderCy 
brifer.  D'autres  le  dérivent  de  nviXO  ,  force  ^audace  , 
la  racine  eft  iï'iy  ,  formidable  ,  robujle  ,  Tyran , 
d'où  les  Grecs  ,  félon  les  mêmes  Savans  ,  ont  formé 
le  mot  ''fi'. 

Selon  VolîïuSj  Mars  eft  le  Soleil ,  dams  l'opinion 
des  Théologiens  du  Paganitme  ,  &  ce  nom  ne  vient 
point  de  ce  qu'il  préiide  aux  hommes  ,  marïbus , 
comme  l'a  cru  Varron ,  ni  de  mavors,  qui  s'eftdit, 
parce  que  magna  vertit  ,  ni  de  ^'y^î ,  en  ajoutant 
un  m  au  commencement  j  mais  de  yia  ,  marats  ,  qui 
fignifie  être  fort  j  puiffant ,  robufte  ,  ou  de  Dîna  , 
mcchares  ,  qui  perd  ,  qui  détruit  ,  participe  enpiel 
du  verbe  ann  ,  charats.  "Voflius  croit  encore  que 
Mars  eft  le  même  que  Nemrod ,  dont  on  a  fait 
un  dieu.  Voyez  de  Idol.  L.  VII.  c.  lO.  8c  Nata- 
lis  Comes  ,  Mytkol.  L.  II.  c.  7.  Les  Sabiiis  l'ap- 
peloient Mamers  ,  dont  on  prétend  que  les  Latins 
ou  les  Romains  formèrent  Alars  par  aphércfe.  Les 
Poètes  dilent  Alavors  par  épenthèfe  ,  ou  addition 
d'une  fyll.abe  au  milieu. 

0Cr  On  compare  un  grand  guerrier  au  dieu  Mars , 
(SvT  dans  le  langage  poétique  le  métier  de  Mars  ^  les 
travaux  de  Mars  ,  font  le  métier  &c  les  travaux  de 
la  guerre.  Mallet  a  fait  un  livre  de  iortifications  , 
intitulé  les  travaux  de  Mars.  On  nomme  l'Hôtel  des 
Invalides,  l'Hôtel  de  Mars ,  fur  lequel  on  a  fait  ce 
beau  vers  en  l'honneur  du  Roi: 

Martis  reliquias  placidâ  in  Jlatione  locavit. 

Mars.  (Temple  de)  On  voit  encore  aujourd'hui  de  pré- 
cieux vertiges  de  cet  ancien  Temple  ,  dans  un  en- 
droit de  Rome  appelé  la  place  des  Prêtres ,  entre 
la  Rotonde  ,  &  la  Colonne  Antonine.  Sa  forme 
étoit  periptère  ,  c'eft  à  dire  ,  qu'il  étoit  environné 
d'allées  en  forme  de  Cloître.  Sa  manière  étoit  Pyc- 
nortyle  ,  ou  à  colonnes  prellées.  "Voyez  le  Dicl.  de 
Peint.  &  d'Arch. 

Jeux  de  Mars.  C'étoienr  des  jeux  ,  des  combats  inf- 
titués  à  Rome  à  l'honneur  de  Mars.  Ludi  Martia- 
les. Ils  fe  faii'oient  deux  fois  l'année  ,  une  fois  dans  le 
Cirque  le  4  des  Ides  de  Mai  ;  c'eft  à-dire ,  le  1 2*.  de 
ce  mois  ,  &  une  autrefois  le  premier  d'Août.  Ceux- 
ci  ne  furent  établis  qu'après  les  autres  ,  &  en  mé- 
moire de  la  dédicace  du  Temple  de  Mars,  qui  fe 
fit  ce  jour-là.  Ces  jeux  confiftoient  en  courfes  de 
chevaux  ,  &  en  combats  contre  des  bêtes.  Dion 
rapporte,  L.  LVI.  que  dans  une  de  ces  fêtes ,  Ger- 
manicus  tua  dans  le  Cirque  deux  cens  lions.  Jean 
Rofin  parle  de  ces  jeux  dans  fes  Antiquités  Romai- 
nes, Z.  V.  c.  16. 

Mars  j  en  Aftronomie.  C'eft  la  cinquième  des  Pla- 
nètes ;  celle  qui  eft  Ciure  le  Soleil  &  Jupiter  ; 
l'une  des  trois  Planètes  fupérieures  Mars.  Mars 
furpalle  la  terre  en  grandeur  d'un  tiers  ,  ou 
de  la  moitié  j  ou  félon  M.  de  CalÏÏni ,  comme  de 
27  à  12;.  Il  s'écarte  de  l'écliptique  d'un  degré  $0 
minutes  :  &  il   parcourt   fon  cercle  dans  Telpace 

d'un 


M  A  R 

d'un  an  &  311  jours  ,  ou  près  de  deux  ans.  D.ms 
la  plus  glande  dillance,  il  ell  éloigné  de  la  tcfie  d<.- 
jrjooo  demi  diamètres  de  la  terre j  &  de  Soood.uis 
(.1  plus  petite  diltance.  L'orbite  de  Murs  ,  c'eit 
l'clpace  dans  lequel  cette  Planète  fc  meut.  Le  plié 
nomène  de  Mars  acronyque  ,  qui  Ce  trouve  plus 
près  de  la  terrc_  que  le  l'oleil,  quand  il  cil  dans  une 
certaine  opipolition  avec  lui  ,  clt  ce  qui  a  rendu 
l'hypothcTe  de  Ptoloméc  infoutenable.  M.  Callini  a 
oblérvé  que  dans  la  Planète  de  Mars  il  y  a  plullcurs 
taches  différentes  dans  fes  deux  faces,  ou  liéniif- 
plières,  qui  prouvent  qu'il  elf  mobile  fur  un  axe; 
&  il  a  obl'crvé  qu'il  fait  (on  tour  lui  même  en  24 
heures  40  minutes.  M.  Hook  a  oblérvé  la  même 
chofe.  Il  a  déi;ouvert  lur  tout  une  tache  triangulai- 
re,  du  mouvement  de  laquelle  il  conclut  ^  comme 
M.  Cadîni ,  que  cette  Planète  tourne  fur  fon  axe. 

En  1676.  on  oblcrva  parfaitement  l'éclipfc  de 
Mars  faite  par  la  Lune  avec  fon  immerlîon  &  émer- 
fion.  Mars  parojt  toujours  trouble,  &  rougeàtre, 
ce  qui  fut  connoïtre  qu'il  y  a  autour  de  cette  Pla- 
nète des  nuages  au  travers  dcfqucls  les  rayons  de 
la  lumière  pallant  &  repallànt  j  le  font  paroitre 
avec  cette  couleur  rouge  &  confufe.  Dans  fa  con- 
jondion  ou  fon  oppolition  avec  le  folcil  ,  il  nous 
paroît  plus  lumineux  ,  parce  qu'alors  fon  héraif- 
phère  illuminé  cil:  prefque  tout-à  fait  tourné  du 
côté  de  la  terre. 

La  diftance  de  Mars  au  foleil  eft  à  la  diftance 
de  la  terre  au  foleil ,  .comme  i  -Ht  eft  à  i.  Ainlî 
un  homme  placé  dans  Mars  verroit  le  diamètre  du 
foleil  I  -l-  ï  plus  petit  qu'il  ne  nous  paroît  :  & 
conféquemment  fi  lumière  &  (a.  chaleur  ne  doit 
être  que  la  motié  de  celle  qu'il  fiit  Icntir  fur  la  terre. 
ALais  il  y  a  beaucoup  de  variation  dans  (a  chaleur, 
à  caule  de  la  grande  excentricité  de  fon  orbite  : 
on  n'y  en  fent  néanmoins  jamais  tant  que  dans 
Mercure.  Harris. 

M.  Caiîini,  &  M.  Flamftead  Anglois  ,  par  d'exac- 
tes obfervations  ,  ont  déterminé  la  parallaxe  hori- 
zontale de  Mars  à  25  (econdes  ,  enlorte  qu'il  eft 
certain  qu'elle  n'cft  pas  plus  grande. 

Alars  tourne  autour  du  (oleil,  dans  une  orbite  , 
qui  eft  entre  celle  de  la  Terre  &  Jupiter.  Harris. 

M.  Hook  Anglois ,  obfervant  cette  Planète  le  10 
Mars  1665.  avec  une  lunette  de  36  pieds  ^  Ion  corps 
lui  parut  de  la  largeur  de  la  lune  quand  elle  eft  dans 
fon  plein.  Harris. 
Mars  en  Aftrologie  ,  eft  une  Planète  maléfique.  Les 
Aftrologues  l'appellent  la  petite  injonune.  C'eft  une 
Planète  mafculine  ,  &  noéturne  ,  chaude  &c  sèche. 
Mars  en  Chronologie  ,  lîgnihe  le  troidème  mois  de 
l'année ,  fuivant  notre  façon  de  compter.  Martius. 
Il  étoit  le  premier  autrefois  chez  les  Romains ,  & 
on  en  ufc  encore  ainlî  en  quelques  fupputations 
Eccléfiaftiques  ,  comme  lorlqu'on  compte  les  années 
depuis  l'Incarnation  de  Notre  Seigneur ,  c'eft  à-dire , 
depuis  le  ij  de  Mars.  Les  Anglois  comptent  en- 
core de  cette  manière.  Ce  n'eft  que  depuis  TEdit  de 
Charles  IX.  de  l'an  1564.  qu'on  a  commencé  en 
France  à  compter  l'année  par  le  mois  de  Janvier. 
Elle  commençoit  auparavant  à  Pâques.  Ainli  la  me 
me  avoir  deux  fois  le  mois  de  Alars ,  &  on  diloit 
Mars  devant  Pâques  ,  &  Mars  après  Pâques.  Le 
commencement  du  mois  de  Mars  étoit  d'une  année  , 
&  la  fin  d'une  autre  j  lorfque  Pâques  arrivoit  dans 
le  mois  de  Mars. 

Les, Aftrologues  le  mettent  aulli  le  premier,  à 
caufe  que  c'eft  alors  que  le  Soleil  entre  dans  le 
fîgne  d'Aries  ou  du  Bélier  par  lequel  ils  commen- 
cent à  compter  les  fignes  du  Zodiaque. 

C'eft  Romulus  qui  diviCi  l'année  en  dix  mois,  & 
donna  le  premier  rang  à  celui  ci ,  qu'il  nomma  du 
nom  de  Mars  Ion  père.  Ovide  dit  néanmoins  que 
les  peuples  d'Italie  avoient  déjà  ce  mois  avant  Ro- 
mulus j  &  qu'ils  le  plaçoient  fort  diftéremment , 
les  uns  en  faifoient  le  troiheme  ,  d'autres  le  qua- 
trième, d'autres  le  cinquième,  &  d'autres  le  fixiè- 
me,  ou  même  le  dixième  de  l'année.  C'écoit  en 
Tome  f^. 


M  A  R  857 

ce  mois  que  l'on  ficrifioit  à  Anna  Pércnna  _,  que 
l'on  payoit  fes  maîtres  ,  que  l'on  commençoit  les 
Comices  ,  que  l'on  faifoit  l'adjudication  des  Baux 
&  des  Fermes  publiques ,  que  les  femmes  fervoient 
à  table  les  cfclavcs  &  les  ferviteurs  ,  comme  les 
hommes  le  fiiloient  aux  Saturnales;  que  les  Vefta- 
les  renouvelioicnt  le  feu  facré.  Le  mois  de  Mars 
étoit  fous  la  protcdtion  de  Minerve  j  &  il  a  toujours 
eu  31  jours.  Les  réglemens  de  Romulus,  de  Nuraa 
&  de  Jules  Céfar,  n'ont  point  varié  fur  cela.  Le  mois 
de  Mars  palloit  pour  être  malheureux  pour  les  maria- 
ges ,  aulli  bien  que  le  mois  de  Mai.  Fuye-^  fur  ce 
mois  Ovid.  laft.  L.  III.  Solin ,  c.  ///.  Macrobe , 
Saturn.  L.  I.  c.  12.  Rofin.  y^nciqq.  Rom.  L.  IF.  c.  7. 
Bochart ,  Hiero^.  p.  i.  L.  II.  c.  jO,  Flot  de  Mars  , 
en  Marine,  fe  dit  du  temps  où  la  mer  s'étend  Ig 
plus  loin  fur  les  grèves.  Ce  temps  arrive  deux  fois 
l'an,  à  la  lunaifon  la  plus  proche  des  équinoxes  de 
Mars  &:  de  Septembre  ;  mais  le  Hot  de  Mars  eft 
plus  grand  que  celui  de  Septembre.  Ainlî  l'Ordon- 
nance de  la  Marine  parle  du  grand  Hot  de  Mars. 

On  dit  proverbialement ,  Cela  vient  commzMars 
en  Carême  ,  pour  dire  ;  vient  bien  à  propos  ,  ou 
ne  manque  point  d'arriver  toutes  les  années.  On  die 
en  Berri , 

Mars  halleux  marie  la  fille  du  laboureux  y 
Mai  pluvieux  les  marie  toutes  deux. 

Mars.  1.  m.  plur.  Terme  d'Agriculture,  fignifie  les 
menus  grains  qu'on  sème  au  mois  de  Mars ,  com- 
me les  avoines  ,  les  orges  ,  les  millets ,  &:c.  On  a 
recueilli  bien  des  blés,  mais  il  y  aura  peu  de  mars. 
On  les  appelle  aulli  tremois  ,  marfois  ,  ik  marfes  : 
tk  de  la  elt  venu  le  mot  de  marsèche  ,  qu'on  donne 
à  l'orge  en  plulieurs  provinces  j  en  Latin  marcef- 
chia  ,  ou  marefchia. 

Mars  ,  en  termes  de  Chimie  ,  fignifie  le  fer.  Ferrum. 
ifJ"  Delà  le  nom  de  remèdes  martiaux,  par  lequel  on 
déligne  diftérentes  préparations  de  ce  métal.  Teinture 
de  Mars.  Safran  àe.Mars,  &c.  Le  Crocus  Martis,  c'eft 
la  rouille  du  fer  _,  ou  du  kr  en  pouflière  impalpa- 
ble ;  mais  en  ternies  du  grand  Art  ,  les  Sages  ap- 
pellent leur  Mercure  du  nom  de  Mars. 

Mars  ,  ou  Marts.  Nom  d'homme.  Martius.  S.  Mars 
ou  Marts  ,  naquit  en  435,  ou  440.  fut  Abbé  en 
Auvergne,  &  mourut  vers  l'an  ^1$  ,  ou  J30.  Bail- 
LET  ,   1 3  Avril. 

Saint  Mars.  Nom  de  lieu.  Sancli  Medardi  vicus.  Il 
eft  dans  la  Beauce  fur  le  Loet  ,  qui  le  jette  dans  la 
Juine  à  Etampes.  Plulieurs  l'appellent  S.  Marc  ,  de 
même  qu'on  dit  l'Abbaye  de  S.  Marc-lès  Soift'ons  ; 
majs  mal ,  il  faur-dire  en  l'un  &  en  l'autre  S.  Mars. 
Cependant  Valois  croit  que  ce  Mars  eft  encore  mal, 
&  qu'il  faut  écrire  S.  Mard ,  puifque  ce  mot  s'eft 
fut  de  Médard  ;  mais  fi  l'on  dit  communément 
Mars  j  il  faut  fuivre  l'ufage.  On  a  fait  de  Médard, 
Méard ,  Mard,  Mars. 

MARSA.  Maxula,  Maxulla,  Macula.  C'étoit  ancien- 
nement une  petite  ville  de  l'Afrique  propre.  Elle 
étoit  épifcopale  ,  fuftVagante  de  Caithage.  Ce  n'eft 
maintenant  qu'un  village  ,  iîtué  fur  la  côte  du 
Royaume  de  Tunis  ,  au  nord  de  la  ville  de  ce  nom. 
Mat  Y. 

MARSAC.  Bourgade  de  France  ,  dans  le  Périgoid  : 
elle  eft  remarquable  par  une  fontaine  qui  a  fon  Hux 
cV'  reflux. 

MARSAILLE.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  l'article.  La  Mar- 
faille.  C'eft  une  plaine  de  Piémont.  Marfali a. Lihn- 
taille  de  la  MarfaUle  ,  eft  une  bataille  donnée  le  4 
Odobre  1 69  3 ,  &  gagnée  par  le  Maréchal  de  Catinat, 
fur  les  troupes  de  l'Empire  ,  d'Efpagne  &  de  Savoie, 
jointes  enfemble  ,  &:  commandées  par  le  Duc  de  Sa- 
voie ,  Victor  Amédée  II. 

MARSAL.  Nom  d'un  bourg  de  la  Lorraine,  fitué  fur 
la  Seille  ,  un  peu  au-deftiis  de  Moyenvic  ,  &  à  fix 
lieues  de  Nanci ,  vers  le  levant.  Marfallum  ,  Mar- 
cellum.  Marfal  appartient  aux  François;  &  c'eft  une 
place  forte  par  ta  fituation  dans  les  marais  ,  &  par  les 
ouvrages  qu'on  y  a  faits.  Maty.  De  VAois,  Noc.Call, 

Qqqqq 


î8 


M  A  R 


p.   ^jiy.  ctoit  que  ce  lieu  a  pris  fou  nom  de  Sal  -, 
du  kl. 
MAHSALA.  Nom  d'une  ville  de  la  vallée  de  M.u.um  , 
eu  Sicile.  Marfala.  Elle  elt  fui:  le  cap  Coco  ,  qui  eil  la 
pointe  la  plus  occidentale  de  l'ile  ,  entre  la  vallée  de 
Mazara  ,  &  celle  de  Trapano.  Elle  a  été  bâtie  des 
ruines    de  l'ancienne    Lyiibxum  ,  ville  épiicopale. 
MATy.  long.  30  d.  12'.  lat.  57  d.  52'. 
MAIiSAN.  Le  pays  de  Marsan.  Mardanus  ager.  C'eft 
une  ancienne  vicomte.  Elle  renlernie  la  partie  occi 
dentale  du  Condomois  &  de  la  Galcogne.  Elle  appar- 
tient à  la  Maifon  d'Armagnac  ,  &  Mont  -  Marfan 
en  eil  la  capitale.  Manianus  ,  ou  Mons  Manianus. 
Oihenart,  dit   l'Evêque  d'Aire  ,  eft  appelé  quelque- 
fois Epifcopus  Mamanenfis  à  Mardano  ,  c'eft-à-due  , 
de  ^iom-Marfan.  Voyez  cet  Auteur  ,  &  Valois ,  Not. 
G  ail.  p.  fj. 
fcr  MARSAQUl-VIR  ,  ou  MARSALQUI-BIR.  Ville 
8c  port  d'Afrique  ,  dans  la  province  de  Béni  -  Arax , 
au  Royaume  de  Trémecen. 
lO"  MARSAUT.  f.  m.  Plante  Aquatique.  Efpccedc  faule, 
qui  s'élève  allez  haut.  Son  bois  elt  blanc ,  fa  feuille 
ronde  ,  d'un  vert   clair  ,   &  les  Heurs  jaunes.  Il  ie 
multiplie   de  boutures  ,  comme  le  laule  &  l'oficr. 
Salix  caprea  ladfolia. 
MARS  DIEP  ,  ou  LE  TEXEL.  C'eR  un  détroit  fort  fré- 
quenté. Texeiium  fretum.   Il  eft  entre  1  île  de  Texel , 
(^-  la  pointe  feptentrionale  de  la  Nort-HoUande.  Ce 
détroit  eft  un  des  principaux  pallages  de  la  mer  d'Alle- 
magne ,  à  la  Zuidcrzée.  Maty. 
MARSÈCHE.  f.  f  Eft  un  nom  qu'on  donne  à  l'orge  en 
plijfieurs  provinces  de  France.  Hordeum. 

Ce  mot  vient  de  celui  de  marsès.  Voyez  plus  bas. 
MARSEILLE.  Ville  de  France  ,  fituée  fur  la  côte  de  la 
Provence,  à  cinq  lieues  d'Aix,(Sc  à  douze  d'Arles. 
Maffilia.  Cette  ville  eft  fort  ancienne  ,  grande  & 
belle  :  on  y  voit  une  rue  ,  qu'on  nomme  le  Cours , 
qui  eft  fort  large  ,  &  longue  environ  de  demi  lieue. 
Elle  a  trois  ou  quatre  rangées  d'arbres  au  milieu  ,  c\: 
de  chaque  côté  un  rang  de  maifons  fort  hautes  &  ii 
femblablcs  ,  qu'on  les  prendroit  pour  une  feule  mai- 
fon ,  fi  l'on  n'y  voyoit  pas  plulîeurs  portes.  MarfcUle 
eft  extrêmement  peuplée  ,  à  caute  de  fon  commerce 
qui  eft  fort  grand. 

Marfdlh  fut  bâtie  par  les  Phocéens  ,  environ  600 
ans  av.ant  Jesus-Christ.  Quelques  uns  dilent  qu'elle 
fut  rebâtie  par  les  Phocéens  ,  &  qu'elle  avoir  été  bâ- 
tie quelque  temps  auparavant  ;  mais  ils  mettent  trop 
peu  de  temps  entre  ces  deux  époques  ,  pour  croire 
qu'elle  eût  été  fi-tôt  détruite.  Ces  Phocéens  étoient 
des  Grecs  de  l'Afie  mineure  j  origiiuiremcnt  Athé- 
niens. Les  Salicns  Cavares  voulurent  s'oppoler  à 
leur  établillement  fur  la  côte  de  la  Gaule  ;  mais  on 
dit  que  Bellovefe  le  favorilâ.  Cinq  cens  ans  après , 
ils  conduillrent  une  nouvelle  colonie  à  MarfcUle, 
ôc  augmentèrent  beaucoup  la  ville,  /-^oycç  Sénè- 
que  ,  Confol.  ad  Helviam  ,  c.  i'.  &  Tite  -  Live  , 
Z.  XXXir.  c.  p.  &  les  Annales  de  MarfcïlU ,  par 
le  P.  Guefnay ,  Jéfuite.  De  Valois  ,  Not.  Gall.  p. 
jiS  &  fuiv. 

Euftathius  ,  dans  fes  Commentaires  lur  Denys  le 
Géographe  ,  dit  que  les  Phocéens  abordans  fur  la 
côte  des  Saliens ,  trouvèrent  un  pêcheur  fur  la 
côte  ;  que  le  Patron  du  vailTeau  qui  vouloit  abor- 
der ,  jetta  un  câble  à  terre  ,  en  criant  à  cet  homme 
huir'4  ,  ou  f-àwaf  cc>.:!t  ,  c'cft  -à  -  dite  _,  Attache  ,  pé- 
cheur; Se  que  de  ces  deux  mots,  on  nomma  la  ville 
qu'ils  bâtirent  ,  Mafjhlia  ,  d'où  s'eft  fait  Marfeille. 
L'interprète  de  Thucydide  dit  que  ce  fut  ,  au  con- 
traire ,  le  pêcheur  qui  cria  aux  Phocéens  attache  , 
MniTM  ;  qu'ils  prirent  cela  pour  un  bon  augure  ,  &: 
en  donnèrent  le  nom  à  leur  ville.  Le  Géographe 
Etienne  rapporte  la  même  étymologie;  mais  il  ap- 
pelle Marfeille,  ville  de  Lybie  ,  nù>\,çns  Aiconx,?,  au 
iieu  de  171Â/Ç  7^5  Aiyo-Kt^v  j  ville  de  la  Ligurie.  C'eft 
une  faute  de  Copifte  ,  Plutarque  ,  dans  la  vie  de 
Solon  ,  dit  que  Marfe'iUe  a  pris  fon  nom  d'un  Mar- 
chand ,  nommé  Miilâlia  ,  qui  la  bâtir.  Ce  qui  pa- 
roît  de  plus  probable  ,  c'eft  que  Marfeille  ayant  été 


M  A  R 

bâtie  fur  les  terres  des  Saliens ,  les  Phocéens  la  nom- 
mèrent Mûjfalia  ,  c'eft  a-dire  ,  Forccrelle  des  Saliens. 
f^oye^  le  i-'.  Guclnay  ,  dans  fes  Annales  de  Mar- 
feille j  L.  I.  c.  2,  Cet  Auteur  mettoit  Marfeille  à 
24  d.  50  m.  de  longitude,  &  à  43  d.  lom.  de  la- 
titude -,  mais  MM.  de  l'Académie  des  Sciences  ne  la 
mettent  qu'à  23  d.  7  m.  de  latitude  ,  &  à  43  d. 
20  m.  de  longitude. 

Le  port  de  Marfeille  ,  nommé  par  les  Anciens  Hal- 
cidon  ,  Maffillenfium  portus  ,  n'eft  pas  extrêmement 
grand  ,  mais  il  eft  fort  lùr  :  l'entrée  en  eftfi  étroite, 
qu'on  la  ferme  toutes  les  nuits  avec  une  chaîne  de 
fer  ,  &  outre  cela  il  eft  défendu  par  deux  Citadelles 
qui  font  aux  deux  côtés  de  fon  entrée.  On  y  tient  les 
Galères  du  Roi  ,  &  on  voit  lut  fon  bord  un  bel  Ar- 
fenal  ,  où  l'on  bâtit  de  nouvelles  Galères  ,  &  où  Ion 
fait  des  ouvrages  pour  l'entretien  des  vieilles.  Cette 
ville  a  une  Sénéchaulfce  ,  une  Cour  de  l'Amirauté  , 
(!<>:  un  Evêché  luifragant  d'Arles.  Son  terroir  ell  tort 
beau  ,  &  rempli  de  maifons  de  campagne.  Elles  font 
dcftinées  au  divertilfement  des  Bourgeois  ;  mais  prin- 
cipalement à  leur  lervir  de  retraite  en  temps  de  con- 
tagion. Maty. 

La  mer  de  Marfeille  ,  c'eft  la  p.::tie  de  la  Mé- 
diterranée ,  qui  eft  fur   les  côtes  de  Provence.  Mare     'h. 
Maffilienfe ,  autrefois  Mare  Grdicum.   Valois  ,  Kot.    "' 
Gàll.  p.  J2T. 

MARSEILLOIS  ,  OISE,  f  m.  &  f.  Qui  eft  de  Mar- 
feille. Majjaliota  ,  Majfaliotes  ,  Majfdiatus.  Les 
Marfeillois  ont  été  célèbres  dans  l'Antiquité  ,  tic  p^r 
l'étude  ,  &  par  leur  police,  f^oye-:;  Cicéron  dans  Ion 
Orailon  pour  Flaccus  :  Strabon  ,  L.  IV.  &c  le  P. 
Guelnay  dans  (es  Annales  de  MarleiUe  ,  L.  I.  c.  /  j. 
Dans  l'Hiftoire  Ecclélîaftique  &  en  Théologie  ,  on 
appelle  fouvent  les  Sémipélagiens  Marfeillois  ,  parce 
que  ce  furent  des  Prêtres  de  MarleiUe  ,  comme  Cal- 
iîcn  ,  qui  donnèrent  les  premiers  dans  les  erreurs  du 
ScmipélagianiLme. 

Quelques  -  uns  difent  Marflllois  ;  Alarfeillois  eft 
mieux. 

MARSEL  ,  &MARSELOIRE.  Vieux  mots  ,qui  figni- 
fienr  houcherie.  Us  viennent  du  Latin  macellum. 

MARSELIER.  f  m.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire  boucher  : 
il  eft  formé  de  macellarius. 

MARSELLEZ.  Nom  d'une  ancienne  monnoie  de  Mar- 
feille :  il  y  en  avoir  de  groiles  &  de  petites.  Maffdien- 
fis  moneta. 

MARSÈS.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fignifie  les  grains  de 
Mars  :  les  grains  qu'on  lème  au  mois  de  Mars.  Mar- 
ûum  frumentum  ;  Se  dans  la  balle  Latinité,  marcef- 
chia  ,  marefchia.  On  dit  aufti  rnarfois  ,  &:  \Akmarfois  , 
aujourd  hui  on  ditmarlèche  ^  ou  les  Mars.  s 

Ce  mot  vient  du  mois  de  Mars. 

MARSI.  Nom  d'un  petit  pays  de  l'Abrufe  ultérieure. 
Marficanus  Ducatus.  En  Italien  ,  il  Ducato  ii  Marf, 
Il  eft  autour  du  lac  Célano  :  il  a  conlervé  le  nom  des 
anciens  Marfes  ,  qui  en  étoient  les  habitans.  Quel- 
ques Géographes  croient  qu'il  y  avoit  autrefois  une 
ville  épifcopale  près  du  lac  Célano  ,  qui  portoit  le 
nom  de  Maïf  ,  &  dont  l'Evêché  a  été  transféré  à 
Pifcina.  Maty. 

MARSIAC.  Petite  ville  de  France,  de  l'Armagnac , en- 
tre l'Armagnac,  la  Nègre  ,  &  l'Eftarac. 

MARSI  AS  ,  ou  MARSYAS  ,  f.^  m.  Nom  d'un  Satyre.  ., 
Marfas.  Le  Satyre  Marfias  étoit  fils  d'Hyagnis,  & 
un  habile  joueur  de  Hûte  de  la  ville  de  Célène ,  en 
Phrygic.  La  Fable  dit  qu'il  ola  donner  un  défi  à 
Apollon  _,  &  que  ce  dieu  l'ayant  vaincu  au  jugemenc 
des  Mules ,  l'écorcha  tout  vif  pour  le  pimir  de  fa  ré- 
mérité. 

MARSICO-NUOVO.  C'eft  à-dire  ,  Nouveau  Marfique. 
Nom  d'une  petite  ville  du  royaume  de  Naples.  Marfi- 
cum  Novurn.  Elle  eft  dans  la  Principauté  citérieure, 
fur  la  lource  de  l'Agri  ,  aux  confins  de  la  Bahlicate. 
Elle  a  un  Evêché  fuffragant  de  Salerne ,  dont  elle 
eft  éloignée  de  dix-huit  lieues  ,  du  côté  du  levant. 
Maty. 

Marsico-Vecciuo. C'eft  à  dire.  Vieux  Marfique.  Nom 
d'une  ancienne  ville  de  li  Lucanie  ,  lîtuce  dans  la  Ea- 


M  A  R 


filicate  ,  fur  l'Agri ,  à  deux  lieues  au-deirous  de  Mar- 
fico  Nuovo.  Marficum  ,    Ahdi'inum.    Cette  ville  ell 
fort  petite  ,  mal  peuplée  ,  &  elle  diminue  tous  les 
jours.  Matï'. 
MARSIGLIA.  Nom  propre  d'un  lieu  j  près  du  lac  Céla- 
no  ,  dans  l'AbrulIe  cuérieure.  MarjUia.  Il  y  avoic 
autrefois  une  petite  ville  ,  ou  un  bourg  de  Marfes. 
Ce  lieii  qu'on  nommoit  Archippc ,  ou  Alchippe  ,  a  été 
englouti  par  le  lac.  Maty. 
MARSILIANEj  f.  m.  Terme  de  Marine.  C'cll  une  cf- 
pèce  de  vaillcau  dont  (c  lervcnt  les  Vénitiens.  .Oncra- 
rïa  vcncta  major.  Il  cil  b.iti  à  poupe  carrée.  Il  a  le 
devant  fort  gros.  Il  porte  jufqu'à  quatre  mâts ,  &  ell 
environ  du  port  de  700  tonneaux. 
MARSILLIE.  f.  f.  C'ell  le  nom  que  les  Turcs  donnent 
à  l'écu  ou  piallre  d'Efpagne  ;  parce  que  les  Proven- 
çaux, patticulicrcment  les  Marchands  de  Marleille, 
font  les  premiers  qui  ont  porté  de  grandes  fommes 
de  piallresà  Smyrne  &  dans  les  autres  Echelles  du 
Levant. 
MARSIN.  Nom  d'une  petite  ville  de  l'Inde ,  dc-là  le 
Gange.  Marjlnum.  Elle  cil  lur  la  rivière  de  Ménan  , 
à  l'orient  méridional  de  la  ville  de   Pégu  ,  &c  elle 
efl  capitale  d'un  Royaumedépendant  de  celui  de  Pégu. 
Maty. 
MARSO  ,  lago  Marfo  ,  ou  Célano.  Lacus  Celanus ,  an- 
ciennement Lacus  Marforum  ,  ou  ficïnus.  Ce  lac  ell 
dans  l'Abrufe  ultérieure  ,  aux  confins  de  la  citérieure  , 
&  de  la  Terre  de  Labour  :  on  l'appelle  aujourd'hui  Lac 
de  Célano  ,  &  il  prend  ce  nom  de  la  petite  ville  de 
Célano ,  qui  ell  fur  fon  bord. 
Marso.  f.  m.  Dans  quelques  Coûtâmes ,  ce  mot  (ignifie 
un  jeune  cochon  d'un  an  &  au  dellous.  Sus  anniculus. 
MARSONOWITZ.  Nom  d'une  grande  île  de  la  mer 
de  Molcovie.  Marfonovlim.  Elle  dépend  de  la  pro- 
vince de  Dwina  ,  en  Molcovie ,  dont  elle  n'ell  fé- 
parée  que  par  un  canal  de  cinq  ou  lix  lieues.  Il  n'y  a 
.    rien  de  conlidérable  que  le  cap  de  Candenoès ,  qui  efl 
à  la  pointe  (cptentrionale  de  l'île  ,  d'où  quelques-uns 
ont  pris  occaiîon  de  la  nommer  l'île  de  Candenoès. 
Maty. 
MARSOUIN,  f.  m.  Grand  polifon  de  mer  fort  gras , 
qu'on  appelle  aulli  Pourceau  de  mer,  TurfiOyfus  ma- 
rinus.  Phocœna.  Il  approche  de  la  Hgure  du  Dauphin. 
C'efl  un  des  plus  gros  poiilons  de  mer  après  la  ba- 
leine. Il  a  beaucoup  de  lard.  Il  n'a  point  d'ouies , 
mais  deux  trous  au  delFus  de  la  tète  ,  qui  en  font 
la  fontlion.  Il  faute  au-delFus  de  l'eau  comme  pour 
prendre  l'air  ,  &  refpirer  plus  commodément.  Il  va 
dans  les  grandes  rivières  où  la  mer  entre.  Il  a  le  mu- 
feau  fort  plat  5  &;  il  ell  mis  au  rang  des  poilfons  à  lard  , 
au  lieu  que  le  Dauphin  ell  mis  au  rang  des  poilFons 
royaux. 

Ménage  le  confond  avec  le  Dauphin  :  mais  il  fe 
trompe  ■■,  on  en  voit  la  diftinélion  dans  la  dernière 
Ordonnance  de  la  Marine  ,  à  l'article  de  Poiilons 
royaux. 

L'Anatomie  d'un  Marfouin  ,  faite  au  Collège  de 
Gresham  ,  &  imprimée  à  Londres  ,  en   1680  ,  par 
Edouard  Tyfon  ,  porte  que  l'extérieur  de  cet  animal 
ell  tout  femblable  à  un  poillon  ,  à  les  nageoires  de 
devant  près ,  lefquelles  après  qu'on  en  a  ôté  la  pre- 
mière enveloppe  jrelîcmblent  allez  au  bras  de  l'hom- 
me. Quant  aux  parties  intérieures ,  il  rellemble  plus 
à  un   animal  à   quatre  pieds  qu'à  un  poilfon.   Il  a 
même  le  fang  chaud  ,  contre  l'ordinaire  des  poif- 
fons.  Il  a  fous  la  peau  une  grailfe  répandue  par  tout 
le  corps  comme  le  cochon  ,  la  membrane  charnue  , 
fes  mufcles  fort  pleins  de  lang  ,  &  la  coëtFe  ou  tuni- 
que grade  ,  qui  enveloppe  les  intcftins  ,  quoi  qu'en 
difent  Bartolin  ,  Cent.  II.  hifl.  2$.  &  J.  D.  Major  , 
anno  III.  Mi/ce!/.  Academ.  Nat.  Cur.  obfc.  20. p.  2^. 
Il  a  dix  ou  douze  glandes  qui  font  l'office  de  la  rate  , 
&c  trois  ventricules.  Dans  fes  intellins  on  ne  trouve 
ni  le  caecum  ,  ni  le  colon.  Il  a  un  mélentère  avec  un 
pancréas  ,  d'où  partent  des  vailfeaux  latlés.  Son  foie 
n'a  point  de  védcule  de  fiel ,  mais  il  efl  entier  comme 
dans  l'homme ,  &  non  point  divifé  enplufieurs  lobes , 
comme  l'a  prétendu  Raydans  les  Traniaitioiis  Philo- 
Tomc  V, 


M  A  R         8^9 

fophiqucs.    Ses  reins  font  un  compofé  de  pluficurs 
glandes  ,  enveloppées  d'une  incinbiane,  ou  tunique 
commune.  Celui  qu'on  dilléqua  étoit  une  femelle  ,  «Se 
rclkinbloit  encore  parfaitement  aux  animaux  tcrrcf- 
tres  à  quatre  pieds ,  par  les  glandes  des  reins ,  par  la 
veille  de  l'urine  ,  p.-'r  les  vaill'eaux  ombilicaux , par  les 
parties  qui  fervent  à  la  génération  ,  par  le  diaphragme 
i\;  toutes  les  autres  parties  qui  l(jnt  dans  le  cotlre  ,  ex- 
cepté qu'il  y  avoit  un  corps  glanduleux  ,  entrecoupe 
de  pluheurs  vailleaux  fanguins,&  attaché  aux  côtes  de 
l'épine  du  dos.  Jonllon  s'cll  trompé  en  parlant  des 
dents  de  cet  animal  ;  il  dit  qu'elles  font  plates ,  &c  (em- 
blables  aux  dents  molaires ,  ou  mâchelieres  ,  &  elles 
(ont  aiguës  &  alKlées.  Il  en  a  96.  Il  a ,  comme  tous  les 
autres  poiilons  cétacées  ,  au  lieu  de  narines  ,  un  con- 
duit qui  lui  (crt  à  reipirer  ,  t<c  à  rcjetter  l'eau  qu'il  au- 
roit  pris  en  trop  grande  abondance  en  avalant  la  proie. 
Quoique  Rondelet  ait  dit  qu'aucune  efpècc  de  poillon 
n'avoitde  paupières  ,  le  Marfouin  en  a.  On  remarque 
dans  celles  d'en  haut ,  les  conduits  lacrymaux  de  Ste- 
nonj&:  la  glande  qu'il  a  trouvée.  Outre  leslix  mul- 
cles  des  yeux  qu'ont  les  hommes ,  il  en  a  un  leptième 
comme  les  animaux  terreftres  ,  que  l'on  nomme  Suf- 
penfeur.  Son  cerveau  ell  beaucoup  plus  gros  que  celui 
des  autres  poilfons  ,  ouquadrupèdes  :  cependant  il  n  a 
point  de  nerfs  olfiéloires  ,  ni  d'apophyles  mamillai- 
res ,  quoique  Rondelet  donne  de  l'odorat  aux  Dau- 
phins. Ray  n'avoit  point  remarqué  de  fclfes  ,  ni   de 
tellicules  dans  le  Marfouin.  L'Anatomiltcdc  Gresham 
y  en  a  trouvé,  &  il  dit  que  les  tellicules  font  plus 
grands  que  les  fcircs.  De  même  ,  quoique  Pline  & 
Arillote  lui  rctufent  le  fens  de  l'ouïe  _,  il  en  a  pourtant 
trouvé  l'organe  &  les  conduits,  qu'il  décrit  fort  au 
long.  Il  finit  par  l'otléologie  :  Major  ne  donne  au  Alar- 
fouin  que  cinquante-quatre  vertèbres  ,  Tylon  lui  en 
compte  foixante  ,  &  treize  côtes  de  chaque  côté.   En- 
fin ,  il  montre  l'analogie  des  os  de  les  nageoires  anté- 
rieures avec  le  bras  Se  la  main  de  l'homme.  On  fait 
mettre  les  jambes  des  Icorbutiques  dans  le  lang  du 
Marfouin  ,  quand  on  en  prend  fur  mer.  On  dit  qu'il  efl 
fouverain  pour  cette  maladie  ;  car,  contre  la  coutume 
des  animaux  aquatiques  ,  le  Marfouin  a  le  fang  chaud, 
comme  on  l'a  remarqué  ci  dellus.  Les  Marfouins  en 
troupe  pronolliquent  un  gros  temps. 

On  a  fait  le  mot  François  Marfouin ,  des  deux  mots 
Latins  marinus  fus. 
^  On''  appelle  par  injure  ,  un  homme  mal-propre , 
mal  fait  ,  un  gros  marfouin  ,  un  vilain  marfou'ui.  Cette 
exprellion  ell  populaire. 
MARSPERG.  Foyei  Staberg. 

MA,RSPITER.  f.  m.  terme  de  Mythologie.   Nom  de 
Mars  ,  dieu  de  la  Guerre  ,  compofé  de  Mars  >k  de 
Pater ,  comme  Jupiter  du  Jehovah  &  Pater ,  Diefpi- 
ter  ,  &:c.  Marfpuer.  Voyez  Mars. 
MARSYAS.   Foyei  Marsias. 

MARTA.  Nom  d'une  petite  ville ,  ou  bourg  du  Duché 
de  Callro  ,  en  Italie.  Marta.  Ce  lieu  donne  fon  nom 
au  lac  de  Marta, o\x  de  Bollena ,  fur  lequel  il  ell  fitué , 
à  l'île  de  Martane  ,  qui  efl  dans  ce  lac  ,  &  à  la  rivière 
de  Marca ,  qui  fort  de  ce  lac  ,  baigne  Tofcanella ,  Ic- 
pare  le  Duché  de  Caflro  du  patrimoine  de  S.  Pierre  , 
&  fe  décharge  dans  la  mer  de  Tolcane  ,  à  Torre  di 
Corneto.  Maty. 
Marta.  Nom  d'une  autre  petite  ville  qui  ell  capitale 
d'une  petite  contrée  qui  porte  le  nom  de  Royaume 
de  Marta.  Marta.  Elle  ell  dans  le  Malabar ,  entre  h 
ville  de  Cochin  &:  celle  d'Angemale.  Maty. 
MARTABAN  jou  MARTA  VAN.  Nom  d'une  ville  de 
la  prefqu  île  de-là  le  Gan  ;e.  Martabanum.  Elle  efl  fur 
le  golfe  de  Martaban.  Elle  a  un  bon  port,  à  foixante 
lieues  de  laviUe  de  Siam  ,  ou  de  l'Odiaa ,  vers  le  nord- 
ouefl.  Martaban  ell  capitale  du  Royaume  de  Marta- 
han  ,  qui  s'étend  le  long  du  golfe  de  ce  nom  ,  entre  le 
Royaume  de  Siam  ,  &  celui  de  Pégu ,  duquel  il  dé- 
pend. Maty. 

Le  golfe  de  Martaban  ,  ou  de  Pégu.  Martabanus , 
ou  Peffuanusfnus.  C'ell  une  partie  du  golfe  de  Ben- 
gale. Ce  golfe  ell  à  l'embouchure  du  Pégu  ,  entre  ks 
côces  du  Royaume  de  Pégu ,  Si  de  celui  de  Martaban. 

Qqqqq  ij 


rr 


S6o 


M  A  R 


On  croit  que  c'eft  celui  que  les  Anciens  appeloient 
Sabaracus ,  ou  Sabaracus  Jinus.  Mat  y. 
MARTAGON.  f.  m.  Plante  qui  rellemble  en  quelque 
façon  au  lis.  Lïiium  minïatum  ,  Hnum.  Il  y  a  des 
managons  blancs,  oiangés,  pourprés  j  &:c.  Son  oi- 
gnon ou  {x  racine  ell  jaune.  Ses  feuilles  font  à  peu- 
prcs  femblables  à  celles  du  lis  blanc  :  elles  envi- 
ronnent la  tige  en  forme  d'étoiles.  Us  portent  à  la 
cime  des  fleurs  femblables  au  lis ,  attachées  à  une 
queue  fort  mince  ,  dont  les  feuilles  font  recourbées  , 
mouchetées  de  points  rouges ,  belles  &  odorantes. 
Matthiole  dit  que  ce  font  les  Chimiltes  qui  lui  ont 
donné  ce  nom.  C.  Bauhin  l'appelle  idïum  florïbus 
refiexis  montanum.  Il  y  a  d'autres  efpcces  de  mar- 
tagon.  Rapportez  ici  ce  qui  a  été  dit  d'après  Motin 
au  mot  LIS. 
1VIARTANGE.  f.  m.  F'oyei  ChÀtaigner  ,  Efpcce  de 

pomme. 
MARTE,  f.  f.  Animal.   Voye-^  Martre. 

De  ce  mot  de  marte  on  avoit  fait  autrefois  celui 
de  manerin ;  pour  dire,  qui  cil:  couvert j  doublé, 
fourre  de  peau  de  marte. 
MARTEAU,  f.  m.  Inftrument  de  fer  ou  de  bois  qui 
fert  à  battre ,  &  qui  efl:  néceilaire  à  prefque  tous 
les  ouvriers.  Maliens  ,  tudes.  Le  marteau  eft  com- 
pofé  d'une  tête  Se  d'un  manche.  L'œil  du  marteau 
eft  le  trou  où  l'on  fourre  le  manche.  On  appelle  les 
Maréchaux  j  les  Chauderonniers  ,  les  Serruriers  ,  & 
.Tutres  qui  battent  fur  l'enclume ,  Gens  de  marteau. 
Les  Tailleurs  de  pierres  ont  des  marteaux  brételés 
qui  ont  des  dents  ;  les  Paveurs  de  gros  marteaux  ; 
Izs  Tapilîiers  , Vitriers,  des  marteaux  à  tête  ronde 
&i.  à  panne ,  &c.  On  dit  dune  médaille,  d'une  mon- 
noie  ,  qu'elle  eft  faite  au  marteau  ;  pour  dire ,  qu'elle 
eft  frappée  avec  un  gros  marteau  qu'on  appelle  Bou- 
vart  j,  6c  qu'elle  n'ell  pas  jettée  en  moule  ,  ni  faite 
au  moulin.  On  dit  aullî  de  la  vaillelle  ,  qu'elle  eft  faite 
au  marteau;  pour  dire ,  qu'elle  eft  forgée  &  tra- 
vaillée avec  le  marteau. 

Autrefois  on  a  dit  &  écrit  martiau  pour  marteau  ; 
on  a  ainll  écrit  pluiîeurs  autres  mots  qui  fe  terminent 
aujourd'hui  en  eau. 

Ce  mot  vient  de  martellus  ,  dont  Pline  fe  fert  lorf 
qu'il  rapporte  que  Cynira  ,  fille  d'Agriope  j  inventa 
le  marteau  &  les  tenailles;  &  le  Latin  vient  origi- 
nairement à  Marte  de  Martus.  Ménage. 

Le  marteau  des  forges  de  fer  le  meut  par  le  moyen 
d'un  moulin,  à  caule  de  la  grande  peîanteur. 
Marteau  dépinettEj  eft  un  petit  marteau  de.  cuivre 
qui  fert  à  accorder  l'épinette  Se  le  clavelîin  ,  à  tour- 
ner les  chevilles  j  &:  à  les  enfoncer.  Malleolus. 
Marteau  d'horloge,  ou  de  Montre,  eft  celui  qui 
frappe  fur  le  timbre  pour  faire  la  fonnerie.  Hidus  au- 
tomarius. 
Marteau  de  porte,  eft  un  gros  anneau  ,  ou  quelque 
autre  pièce  de  fer  ,  qui  frappe  lur  un  clou  pour  aver- 
tir ceux  de  la  maifon  de  la  venir  ouvrir.  Delà  vient 
qu'on  dit ,  par  une  façon  de  parler  figurée  3c  fami- 
lière ,  Grailfer  le  marteau  ;  pour  dire  ,  donner  quel- 
que chofe  au  Portier  d'une  maifon  pour  s'en  faciliter 
l'entrée  : 

On  n'eniroh  point  che\  nous  ,fans  graijfer  le  marteau. 

Racine. 

Marteau  ,  eft  auftî  un  fer  avec  lequel  les  Officiers  des 
Eaux  5c  Forêts  marquent  les  arbres  qu'il  faut  couper, 
lorsqu'ils  font  des  ventes  <Sc  adjudications  de  bois  ; 
marculus ,  &  il  y  a  un  Officier  exprès  en  chaque 
IVIaîtrife  ,  qu'on  appelle  Garde -marteau.  Marculi 
■cujîos.  Ce  marteau  eft  dépofée  en  la  Chambre  du 
Confeil  dans  un  coffre  à  trois  clefs  ;  fCT  il  porte 
une  empreinte  d'un  côté  Se  un  tranchant  de  l'autre, 
avec  lequel  on  emporte  un  zeft  d'écorce.  La  plaie 
fe  nomme  miroir:  puis  en  frappant  avec  le  côté  qui 
porte  l'empreinte,  on  marque  les  pieds  corniers, 
parois  ,  arbres  de  lilières,  &  autres  qui  doivent  être 
réfervés. 

§CF  On  appelle  monnoie  au  marteau  là  monnoie  fa- , 


MAR 

briquée  avant  que  l'ufagc  du  moulin  eût  été  établi  en 
France  :  ou  parce  que  les  Monnoyeurs  la  marquoienc 
avec  le  marteau, a.v3.m  l'invention  de  ce  qu'on  appelle 
préfentement  balancier;  ou  parce  qu'ils  te  fervoient  du 
marteau  pour  réduire  les  lames  à  leur  épailfeur,  au  lieu 
qu'aujourd'hui  on  les  fait  pafter  par  le  laminoir. 

Marteau  d'armes  ,  eft  une  arme  dont  fe  fervent  les 
Polonois ,  qui  d'un  côté  eft  plate  Se  ronde  comme 
un  marteau.  Se  de  l'autre  eft  tranchante  ,  Se  faite 
comme  une  hache.  Malleus  militaris. 

^^3"  On  fe  fervoit  autrefois  d'un  pareil  marteau  dans  les 
combats.  Il  ne  diftéroit  du  maillet  qu'en  ce  que  le 
revers  du  maillet  étoit  carré,  ou  un  peu  arrondi  par 
les  deux  bouts. 

Marteau  ,  en  termes  de  Marine  ,  fe  dit  du  traverfier 
de  l'arbalète  ,  ou  du  b.âton  de  Jacob.  Baculus  tranj- 
yerfus.  Le  bâton  de  Jacob  a  julqucs  à  quatre  mar- 
teaux ,  ou  traverhers. 

Marteau  j  en  termes  d'Anatomie,  fe  dit  d'un  petit 
os  fut  en  forme  d'un  marteau ,  qui  eft  dans  l'oreille 
intérieure  ,  qui  s'articule  avec  un  autre  fait  en  forme 
d'enclume.  Malleus  Voyez  Oreille. 

Marteau  ,  en  Conchyliologie.  C'cft  un  des  plus  cu- 
rieux coquillages  que  l'on  ait.  C'eft  une  efpèce  d'hui- 
tre.  Il  a  la  figure  d'un  marteau 

Marteau  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit  qu'un  homme  n'eft  pas  lujet  à  un  coup  de  mar- 
teau ;  pour  dire  ,  qu'il  n'eft  pas  ffT  obligé  ou  af- 
fujetti  à  une  heure  fixe  pour  certaines  chofes.  On 
dit  qu'un  homme  eft  entre  l'enclume  Se  le  marteau  j 
pour  dire  qu'il  eft  entre  deux  puilfances  qui  le  ty- 
ranifent,  dans  une  telle  fituation  ,  que  de  quelque 
côté  qu'il  tourne  ,  il  trouve  de  l'embarras.  On  die 
auiîî,  qu'il  vaut  mieux  être  marteau  qu'enclume; 
pour  dire  ,  qu'il  vaut  mieux  faire  du  mal  que  de  le 
fouffrir.  On  dit  aufti  d'un  homme  ferme  Se  conl- 
tant ,  qui  réhfte  aux  perfécutions  ,  que  c'eft  un  dia- 
mant fous  les  marteaux  ,  par  une  vieille  erreur  po- 
pulaire ,  qui  a  fait  croire  qu'un  diamant  ne  peut  être 
brifé  à  coups  de  marteau. 

MARTÉCA,  ou  MARATÉCA.  Nom  de  lieu.  Martéca. 
C'étoit  anciennement  une  petite  ville  de  la  Lulita- 
nie ,  nommée  Malcéca  ,  maintenant  ce  n'eft  qu'un 
village  fitué  dans  i'Eftramadure  du  Portugal ,  fur 
le  Zadaon  ,  à  quatre  lieues  de  Sétuval,  vers  le  le- 
vant. Matv. 

MARTEGUES.  /"oyq  Martigues. 

MARTEGUOIS.  roye^  Martiguois. 

MARTEL,  f  m.  Malleolus.  Vieux  mot",  qui  fignifioit 
autrefois  marteau ,  qui  fe  dit  encore  en  cette  phrafe. 
Il  a  martel  en  tête;  pour  dire  ,  il  a  quelque  chofe  qui 
lui  donne  du  chagrin,  du  louci ,  de  l'inquiétude  ^  de 
la  jaloufic. 

Quoiqu  Artaut  en  eût  dit  ^  ayant  martel  en  tête , 
Dès  que  la  nuitvient, il  s'apprête.  Mll^  l'Héritier. 

Quelques-uns  ont  cru  que  ce  proverbe  venoit  de  ce 
que  Charles  Martel  tounnentoit  les  peuples  ,  Se  les 
chargeoit  de  taxes  Se  d'impôts,  ce  qui  faifoit  qu'ils 
l'avoient  fans  celfe  en  tête. 

Froillàrd  parle  du  martel  de  la  Connérablie  ,  qui 
étoit  la  marque  de  la  Charge  &■  de  la  Jurifdidioii 
du  Connétable.  C'étoit  ,  lelon  lui ,  l'épée  Roy.xle  le- 
mée  de  fleurs  de  lis. 

On  difoit  tout  de  même  Mantel   pour  manteau. 

Martel  ,  fut  le  furnom  de  Charles ,  Maire  du  Palais , 
père  de  Pépin  ,  Se  aïeul  de  Charlemagne.  Il  fut  (ur- 
nommé  Martel  _,  c'eft-à-dire  ,  marteau  ,  à  caule  de  (a 
valeur  extraordinaire  à  la  guerre  ,  &  parce  qu'il  fut  le 
marteau  des  Sarrazins  ,  qu'il  chalfa  de  France. 

Martel.  Nom  d'une  petite  ville  de  France.  Martellum, 
Martelli  Caftrum.  Elle  eft  dans  le  Querci ,  vers  les 
confins  du  Limohn  ,  lur  la  Dordogne ,  à  neuf  ou 
dix  lieues  de  Cahors^  &  environ  à  fix  de  Sarlat , 
de  Brive  &  de  Tulle.  Maty.  Valois  ,  Not.  GalL 
p.  srS. 

Le  Cap  Martel,  eft  un  cap  de  l'Archipel,  appelle 
autrefois  C^mnum pro-zsntùrium.  C'eft-là  où  fe  trou- 


M  A  R 

voit  cette  pierre  Amiantus,  dont  les  Anciens  fai- 
foicnt  de  la  toile  qui  fe  blanchilloit  au  feu.  Du  Loir, 

p.  2()Ç. 

MARTELAGE,  f.  m.  Terme  d'Eaux  &  Forets  Ci*?  ope- 
ration  par  laquelle  les  Officiers  des  Eaux  &c  Forets 
marquent  les  arbres  de  réfcrve.  Voye^  Marteau. 
Signum  mallcp  imprejjum.  Le  Garde- marteau  doit 
faire  le  martelages  en  perlonnc,  &  en  prcfcnce  de 
deux  autres  Omcicrs  de  la  maicrife. 

MARTELER,  v.  a.  Battre  à  coups  de  marteau.  Malko 
tundere,fenre.  Marteler  de  la  vaillclle  d'étain. 

Marteler  ,  en  termes  de  Fauconnerie  ,  fe  dit  des 
oifeaux  de  proie  quand  ils  font  leur  nid.  Nidifi- 
carc. 

Marteler  ,  (e  dit  aullî  figurémcnt  des  peines ,  des 
inquiétudes  que  donnent  les  affaires  fachcufcs  & 
dangereufes  ;  mais  il  ne  peut  être  d'ufage  que  dans 
le  llyle   comique  &  familier.    Negotïum  faceJJ'ere. 

T allai  aux  champs  à  la  faifon  nouvelle  , 

Au  temps  qu'Amour  les  jeunes  gens  martelé.  St.  Ge. 

Je  viens  pour foulager  le  mal  qui  ^e  martelé.  Volt. 

^CT  M.  Boileau  a  employé  ce  mot  fott  heureufement 
en  parlant  des  vers  de  l'auteur  de  la  Pucelle  dont  il 
imite  le  llyle  dur. 

Maudit foit  l'Auteur  dur ,  dont  l'âpre  &  rude  verve 
Son  cerveau  tenaillant ,  rima  malgré  Minerve , 
Et  de  fan  lourd  marteau  martelant  le   bon  fens 
A  fait  de  méchans  vers  dou-^e  fois  dou^e  cens. 

MARTELÉ  ,    EE.   part.    En  terme   d'Antiquaire    ou 
de  Médaillifte  ,  on  appelle  une  médaille  martelée  , 
celle  dont  a  fait  une  médaille  rare  d'une  qui  étoit 
fort  commune  ,  en  fe  fervantdu  martelage.  On  prend 
une  médaille  antique ,  mais  fort  commune  ■■,  on  en 
lime  entièrement  le  revers  qui  efl:  commun  ,  &  on 
y  en  frappe  à  la  place  un  nouveau  qui  eft  rare  ,  avec 
un  coin  tout  neuf,  qu'on  rend  exprès  le  plus  dans 
le  goût  antique  qu'il  cft  pollible.  On  prend  garde 
dans  cette  opération  d'altérer  la  tête   qui   doit  être 
confervée  dans  la  pureté.  Comme  c'eli  à  coups  de 
marteau  qu'on  empreint  ce  nouveau  revers  ,  cela  a 
donné  à  ces  fortes  de  médailles ,  le  nom  de  mar- 
telées. Les  habiles  Antiquaires  les  reconnoillent  en 
comparant  la  tête  avec  le  revers,  dont  ils  appercoi- 
vent  bientôt  la  diftcrente  fabrique. 
MARTELÉES,  f.   f.  pi.  Ce  font  des   fientes  ou   fu- 
mées de  bêtes  fauves  qui  n'ont  point  d'aiguillon  au 
bout  ;  §CF  quand  elles  femblent  frappées  à  coups  de 
marteau  par  le  bouc. 
MARTELET.  L  m.  Diminutif  de  marteau,  qui  fertaux 
Artilans    qui   travaillent    (ur  des  choies   délicates  , 
comme  Graveurs  ,    Orfèvres,   &c.  Malleolus.  On 
l'appelle  zn[T\  flattoir. 
MARTELEUR.  f-  m.  Dans  une  forge,  c'efl:  celui  qui 
efl  chargé  de  faire  travailler  le  marteau  ,  &  de  faire 
les  barres  de  fer. 
MARTELINE.  Eft  aufll  une  efpèce  de  marteau  de  Sculp- 
teur ,  qui  a  une  pointe  d'un  côté ,  &c   des  dents  de 
l'autre  fervant  à  gruger  le  marbre.  Dentlculatus  mal- 
leolus. 
MARTELLA,  Punta  Maitella  ,  ou  Canella,  capo  délia 
Canella  ,  cap  de  l'de  de  Corfc.  Promontorium  Can- 
celU.  Il  eft  à  l'entrée  du  golfe  de  San-Fiorenzo  du 
côté  du  midi.  On  croi:  que  c'eft  celui  que  les  An- 
ciens appeloient  Tilox  Promontorium. 
MARTELLO  ,  Capo  Marcello.  Foye-{  Rosocalmo  , 

Capo. 
MARTÉOBARBULE.  Foyci  Martiobarbule. 
MARTÉSIEN.  f.  m.  Nom  d'une  forte  de  milice  dans 
l'Empire  Romain.  Martefius.  ■  La  Notice  de  l'Em- 
pire d'occident   nous   apprend    que    les  Martcjïens 
étoient  (ur  la  frontière  de  l'Empire  ,  vers  Mayence  , 
&  aux  ordres  de  celui  qui  commandou  à  Mayence. 
Ils  étoient  chargés  de  défendre  les  bords  du  Rhin. 
MARTHE,  f  f.    Nom   de    femme.   Martha.  Sainte 


M  A  R 


8^1 


Marthe,  fœur  du  Lazare  que  Notre- Seigneur  rcf- 
fulcita  ,  6c  de  Marie  que  quelques- unr.  ont  cru  être 
la  même  que  Marie-Magdelcne  ,  cft  l'exemple  &c 
comme  le  lymbolc  de  la  vie  aèlivc  ,  comme  (a  fœur  ■ 
l'eft  de  la  vie  contemplative  ,  parce  qu'elle  travailloi: 
à  préparer  à  mangera  Jésus  Christ,  pendant  que 
Magdelène  reftoit  tranquille  auprès  de  cet  Homme- 
Dieu  ,  occupée  (eulcnicnt  à  l'écouter.  Luc  X.  ^o. 
Delà  vient  que  ceux  qui  partagent  leur  vie  entre 
le  repos  de  la  contemplation  tk.  radion,qui  don- 
nent une  partie  de  leur  temps  à  l'oraifon  ,  &c  qui 
emploient  l'autre  à  travailler  au  (ahit  du  prochain  , 
<!<c  aux  exercices  de  chariré  ,  diient  en  termes  de 
(piritufllité  ,  qu'ils  joignent  Marthe  à  Marie.  Parla 
même  raiion  ,  on  appelle  la  condition  de  Marthe  , 
l'état ,  la  vie  de  ceux  qui  font  employés  à  fervir 
le  prochain  dans  les  choies  qui  regardent  le  corps 
&  non  la  fpiritualité  ,  dans  les  choies  temporelles. 
Ainll  les  Frères  Convcrs  font  dans  la  condirion  de 
Marthe.  Son  humilité  lui  fie  préièrer  la  condition  de 
Marthe  à   celle  de   Magdelène.  yoye\  encore  au 

mot  MACDELâNE. 

Satiété-Marthe.  Nom  d'une  petite  ville  avec  Evéclié. 
Sancla  Marth&  oppidum ,  ou  fanum.  Elle  cft  lur  le 
bord  de  la  mer  ,  par  les  1 1  degrés  io  min.  de 
latitude  feptentrionale.  La  Cordillère  commence  à 
cette  ville. 
La  Congrégation  de  Sainte  Marthe,  f-^oye^  Religicufe 

de  Sainte  MAGOEiâNE ,  à  ce  dernier  mot. 
MARTHON.  'Ville  de  France  dans  l'Angoumois,  dans 

l'Eledlion  d'Angoulême. 
MARTI,  f.  m.  Terme  de  Calendrier.   Nom  du  troi- 
fième  mois  des  Géorgiens:  il  répond  à  notre  mois 
de  Mars.  Ce  tTiot  vient  de  celui  de  Martius. 
MARTIAL,  ALE.  adj.  Belliqueux ,  guerrier,  né  pour 
la  guerre.  Martius  j  bcUicofus.  Cet  homme  a  l'ame 
martiale,  l'humeur  martiale,  c'eft  à-due,  propre  à 
la  guerre. 
§3"  En  Angleterre  on  appelle  Couï  Martiale ,  le  Cori- 
■  feil  de  guerre  ,  établi  pour  juger  la  conduite  des  Gé- 
néraux ,  des  Amiraux. 
{CT  Jeux  martiaux  ,  ou  de  Mars.  Ludi  martiales.  Voyez 
Mars. 

On  le  dit  auffi  des  étoiles  malignes,  Se  qui  par- 
ticipent de  la   nature  de  Mars.  L'œil  du  Taureau , 
le  Cancre  ,  le  Scorpion  ,  font  des  étoiles  maléfiques , 
&   de  nature  martiale. 
Martial  ,  eft  auftî  un  terme  de   Chimifte  ,    comme 
les  Chimiftes  donnent  le  nom  de  Mars  au  fer  ,  CCT  ils 
donnent  aulli  le  nom  de  martiaux  aux  remèdes  qu4ls 
tirent   du  fer,   ou    dans    Icfquels   il  entre  du   ki\ 
■jEthiops  martial.   Tartre  martial.  Teinture  martiale. 
Fleurs  martiales.  Eaux  martiales.  Préparations  mar^ 
tiales.  Synonyme  de  ferrugineux. 
Martial,  f.   m.  Nom  d'homme.  Martialis.  Le  Poète 
Maniai  vivoic  fous  Claude  Se  fous  Néron  ,   &  il 
étoit  de  Bilbao  en  Efpagne.  Il  a  fait  la  plus  grande 
partie  de  fes  ouvrages  fous  Tire  &  Domitien.  Le  Li- 
vre de  SpeciacuHs,t{\  une  collection  de  divers  Poètes, 
&  n'eft  pas  de  Martial,   au  fentiinent  de  plulieurs 
Critiques.  Martial  eft  fouvenc  trop  libre.  Le  P.  Jou- 
venci  Jéfuite ,  a  fait  un  fort  bon  Commentaire  fur 
Martial ,  donc  M.  Fabricius  n'a  point  parlé. 
Saint  Martial  ,  Evcquede  Limoges ,  vivoitlous  l'Em- 
pereur Dèce  vers  le  milieu  du  troifième  fiècle. 
MARTIANI.  Foyei  Gircona. 

MARTICLES.  1.  f.  pi.  Terme  de  Marine.  Funes  ramofi. 
Ce  font  de  petites  cordes  qui  ont  plufieurs  branches 
ou  pattes  ,  qui  font  fourchues  j  &  qui  viennent  abou- 
tir à  des  poulies  qu'on  nomme  Araignées  ,  qui  ic-r- 
vent  entr'aurres  chofes  aux  manœuvres  de  l'artimon 
Si.  dutourmentinj  Se  qui embrairent  les  voiles ,  quand 
on  les  veut  ferler. 

Ce  mot  vient  è! article ,  qui  fignifie  des  boucs  de 
corde  divifés  qu'on  appelle  autrement  Fanons. 
MARTINGAL.  Martlnifcum.  Bourg  de  France  dans  le 

Querci ,  Eleèlion  de  Cahors. 
MARTIGNAHO.  Nom  d'un  ancien  bourg  de  l'Etrurie. 
Martlgnanum  Larthenianum.  Il  eft  dans  le  Duché  de 


862 


M  A  R 


Biucciano  ,  en  la  pioviuce  du  Patrimoine  ,  entre  les 
petits  lacs  de  Marûgnano  ,  &  de  Straccia  Capa,  à 
cmq  lieues  de  Rome,  vers  le  couchant.  Maty. 

MARTIGNY,  MARTINACH.  Nom  d'un  bourg  du 
pays  de  Valais  ,  allié  des  Suillès.  Marûmacum  ,  Oclo- 
durum  Femgrorum  ,  ou  Fallenjlum.  Ce  bourg  ell 
près  du  Rhône  ,  fur  la  Dranle  qui  le  divife  en  deux 
parties  ,  jonites  par  un  pont ,  &  il  eft  conlidérable 
par  fes  bonnes  mines  de  fer.  Matv.  C'étoit  autre- 
fois une  ville  capitale  du  bas  Valais.  Valois,  Noc. 
Gall.  p.  iÇ2  ,  /j?j'. 

MARTIGUES,  ou  MARTEGUES.  Ville  de  France  , 
fituce  dans  la  Provence ,  entre  la  mer  de  Mar ciguës , 
&  la  Méditerranée  ,  à  fix  lieues  de  MarfeiUe ,  du  côté 
du  couchant.  Mardgium  ,  Marinma  Avaticorum  ^  ou. 
Jvatka.  Marûgues  a  titre  de  Principauté.  Elle  con- 
lîfte  en  trois  grands  bourgs  ,  joints  entcmble  par  deux 
pontsj  on  les  nomme  Ferrières,  l'île  &  Jonquières. 
•Celui  de  l'île  a  été  bâti  des  ruines  de  l'ancien  bourg 
de  S.  Génis.  Plulieurs  Géographes  prennent  Mar- 
ûgues pour  l'ancienne  Marïtïma  Colonïa  ,  que  d'au- 
nes mettent  à  Marignane  ,  village  fitué  fut  le  bord 
oriental  de  la  mer  de  Marûgues.  Maty.  Valois  , 
Not.  Gai.  p,  316.  long.  15.  d.   5'.  lat.  45.  d.  18'. 

La  mer  de  Martigu£s  ,  ou  l'étang  de  Marûgues  ,ou 
deBerre.  Marngïum  mare  ,  Ajlromela,  Majlromela. 
C'eli:  un  grand  lac  de  la  Provence.  Il  a  environ  dix- 
fept  lieues  de  circuit ,  &  il  a  communication  avec 
la  mer  Méditerranée  par  un  folfé  de  demi-lieue  de 
longj  allez  large  ,  &  allez  profond,  pour  recevoir 
les  plus  grandes  barques.  Il  a  fur  fes  bords  les  villes 
■de  Marûgues  ,  de  Bierre  &  d'Iftrcs-,  il  abonde  en 
bon  poillbn ,  &  on  fait  quantité  de  fel  fur  fes  bords. 
Maty. 

MARTIGUOIS  ,  ou  MARTÉGUOIS  ,  OISE.  f.  m.  &  f. 
Qui  cft  de  Martigucs.  Mariûmus  ,  Mariûmenjis. 
Monet. 

MARTILLE.  f.  f.  Drogue  employée  dans  le  Tarif  de 
la  Douane  de  Lyon  ,  au  nombre  des  Epiceries  & 
Drogueries. 

MARTIN,  f.  m.  Nom  d'un  Saint  ,  dont  on  célèbre  la 
fête,  avec  grande  réjouillance  ,  le  onzième  Novem- 
bre. Marûnus.  Saint  Marûn ,  Evêqne  de  Tours  ,  étoit 
de  Pannonie.  Il  fut  vingt-fix  ans  ,  quatre  mois  ,  fept 
jours  dans  l'Epifcopat ,  &  mourut  en  40Q  ou  402. 
Sulpice  Sévère  écrivit  fa  vie.  Grégoire  de  Tours  en 
a  auiîl  beaucoup  parlé.  S.  Marûn  étoit  autrefois  en  II 
grande  vénération  en  France  j  qu'on  portoit  à  la  guerre 
le  cafque  dont  il  fe  fervoit  quand  il  étoit  dans  les 
armées.  On  y  portoit  aulH  la  chappe  de  ce  Saint.  La 
Saint  Marûn  eft  la  fête  de  ce  Saint.  Sa  mort  étoit 
autrefois  une  époque  célèbre.  Il  y  avoir  autrefois  un 
Carême  de  S.  Marun  ,  qui  duroit  depuis  la  S.  Marûn 
jufqu'à  Noël.  yoye\  Advent. 

•Ce  nom  entre  dans  ces  phrafes  proverbiales.  Faire 
'la  S.  Marûn ,  c'eft  faire  bonne  chère  ce  jour-là.  Boire 
le  vin  de  la  Saint  Marûn.  Il  y  a  plufieurs  ânes  à  la 
Foire  qui  s'appellent  Marûn  ,  fe  dit  quand  on  bu 
quelques  équivoques  de  perfonnes  ,  fous  ombre  qu'el- 
les portent  un  même  nom.  Marûn  l'âne.  On  ne  dit 
guère  Marûn  ,  qu'il  n'y  ait  de  l'âne.  On  dit  auHî , 
pour  un  point  Marûn  perdit  fon  âne  ;  pour  dire  ,  il 
a  perdu  la  partie  faute  d'un  point.  Cardin  rapporte 
l'origine  de  ce  proverbe  ,  &  dit  qu'un  nommé  Martin 
étoit  Abbé  d'une  Abbaye  appelée  Afello  ,  qui  avoit 
fait  écrire  fur  le  portail  de  fa  mailon. 

Porta patcns  ejlo  ,  nulU  claudaris  honcfio. 

TVIais  l'ouvrier  ,  par  mégarde  ou  pai'  ignorance ,  avoit 
mis  le  point  après  le  mot  nullï  ;  ce  qui  donnoit  au 
vers  un  fens  tout  contraire.  Le  Pape  palfant  par-là  fut 
indigné  de  cette  incivilité  ,  &  le  priva  de  fon  Abbaye. 
Le  fuccellcur  fit  réformer  cette  mauvaife  ponétuation 
du  vers  j  auquel  on  ajouta  le  (uivant. 

Pro  folo  punclo  caruit  Martinus  afello. 

îiiais  à  caufe  que  le  mot  Italien  afdlo  j  fignifîe  en  Fran- 


MAR 

çois  âne  ,  on  a  ainli  tourne  le  proverbe  r  Pour  un 
point  Martin  perdit  fon  âne  ;  au  lieu  de  dire  ,  fon 
Abbaye.  On  dit  aulli  Marûn  bée  ,  des  moutons  qui 
bêlent.  On  dit  aulli  Martin  bâton  ,  pour  dire  ,  un 
bâton  à  battre  les  ânes.  On  dit  aulli  limplemcnt  Mar- 
tin j  pour  lignifier  la  même  chofe.  Martin  fit  alors 
fon  office.  La  Font.  On  appelle  aulli  le  diable  , 
rEJlafier  de  Saint  Marûn ,  parce  qu'on  le  peint  à  la 
fuite  de  ce  Saint. 

Mais  gare  dans  cette  conduite 
Que  l'EJiafier  de  S.  Martin  j 
De  tout  temps  cauteleux  &  fin , 
Quelquefois  ne  marche  à  la  fuite. 

P.  Du  Cerceau. 

On  a  appelé  l'ivrclfe,  le  mal  Saint  Marûn  j  à  caitfc 
qu'autrefois  on  tenoit  des  Foires  pour  la  vente  du  vin 
vers  la  Saint  Martin  ,  où  l'on  buvoit  beaucoup  ;  ce 
qui  a  donné  lieu  a  demander  le  vin  de  la  S.  Martin. 

S.  Martin  d'Epernay.  C'eft  le  nom  d'une  Abbaye 
fondée  à  Epcrnay  en  Champagne  ,  au  commence- 
ment du  XIFlièclej  par  les  Comtes  de  Champagne. 
Elle  futdellervie  par  des  Chanoines  léculiers  julqu'en 
1 14§  ,  qu'on  y  en  mit  de  Réguliers.  Ces  Chanoines 
portoient  une  robe  blanche  à  l'antique  ^  &c  par-delfus 
une  efpèce  de  petit  rocher ,  que  quelques-uns  ,  félon 
le  P.  du  Moulinet  ,  appellent  Sarroclum  ,  ou  Scorii- 
clum.  Ils  s'unirent  le  lîècle  pallé  à  la  Réforme  de 
Sainte  Geneviève.  P.  Hélyor ,  T.  II.  c.  6 :. 

Cap  Martin  ,  Martlnum  caput  ,  anciennement  Fer- 
rarla  ,Declnium  ,  Artemifium  promontorlum.  C'ell  un 
cap  du  Royaume  de  Valence  ,  en  Efpagne.  Il  eft  près 
de  la  ville  de  Dénia  ,  &  il  féparc  le  golfe  de  Valence 
de  celui  d'Alicante.  Ce  cap  avance  trois  pointes  dans 
la  mer  ,  dont  celle  du  milieu  porte  le  nom  particulier 
dePuntade  l'Emperador.  Maty. 

Saint-Martin  ,  île.  C'efl  une  des  Antilles  de  Barlo- 
vcnto.  Infula  S.  Martini.  Elle  eft  au  levant  de  S.  Juan 
de  Porto-Rico.  Son  circuit  eft  de  vingt  cinq  lieues , 
&  elle  appartient  aux  François  depuis  l'an  1645. 
Maty. 

Saint-Martin,  île.  C'eft  une  des  îles  Sorlingiies,  qui 
dépendent  de  l'Angleterre  ,  &  font  fituées  entre  la 
manche  de  Bretagne ,  &  celle  de  S.  Georges.  Infula. 
S.  Martini.   Maty. 

Saint-Martin  de  Ré.  Nom  propre  d'une  Forterelïe 
de  France.  Arx  S.  Martini.  Elle  eft  dans  l'ile  de 
Ré  ,  à  trois  lieues  de  la  Rochelle ,  vers  le  couchant. 
Maty. 

Saint-Martin  de  RÉ ,  Ile,  Voye\  RÉ. 

San-Martin.  La  Siéra'  de  San -Martin,  Montes  S. 
Martini.  Montagne  de  l'Audience  du  Mexique  ,  en 
Amérique.  Elles  font  dans  la  province  de  Guaxaca, 
vers  le  Tabufco  ,  s'étendant  du  nord  au  fud  ,  de- 
puis le  golfe  du  Mexique  ,  jufqu'à  la  province  de 
Chiapa.  Baudrand  les  met  au  rang  des  Volcans,  c'eft-à- 
dire  jdes  montagnes  qui  vomillent  des  flammes. 

Martin-sec  ,  ou  Martin-sec  de  Champagne.  Nom 
d'une  efpèce  de  poire.  Le  mérite  AwMartlnfcc  ,  qu'on 
appelle  quelquefois  Martln-fec  de  Champagne  ^  pour 
le  diftinguer  d'un  autre  qu'on  appelle  Â/jr/i^yèc  t/e 
Bourgogne  ,  confllte  non  pas  en  ce  qu'il  eft  de  la 
grollcur  &  de  la  figure  du  Roullelet  ;  enforte  qu'en 
bien  des  endroits  ,  on  l'appelle  Roullelet  d'hiver  , 
quoique  cependant  il  y  ait  une  autre  poire  qui  n'a 
que  ce  nom-là.  Le  mérite  de  ce  Martin  fec  ne  conhftc 
pas  non  plus  en  ce  que  la  couleur  plaît  extrêmement 
aux  yeux  ;  mais  il  conlifte  particulièrement  en  ce  qu'il 
a  une  chair  callànte  &  allez  fine,  en  ce  qu'il  eft  bon 
à  manger  crud,  &c  admirable  quand  il  eft  cuit,  prin- 
cipalement en  compote  :  enfin  en  ce  qu'il  rapport? 
beaucoup  ,  fait  un  beau  buillaUj  prend  facilement 
route  autre  figure ,  &:  vient  bien  en  toutes  fortes  de 
fonds. 

Pavie  de  S.  Martin,  foye^  Pavie. 

Martin  Sire.  f.  m.  Efpèce  de  poire  qu'on  nomme  au- 
trement Rouville.  Voyez  ce  mot. 

MARTINE,  f.  f.  Nom  de  femme.    Martina.    Sainte 


M  A  R 

Martine  ,  Vierge  ,  Noble  Romaine  ,  Se  fille  d'un 
jx-ie  Condilairc  j  (ourtiit  le  i-iiaicyie  (ous  l'l:inptitiir 
Alexandre. 

MARllNHLLE.  r.  f.  Mardnella.  C  etoit aiincfois  une 
cloche  porrée  (ur  un  charriot  ti.iîné  par  dci  bauh 
qui  accompagnoient  le  caroccio  des  Lombards ,  dont 
nous  avons  parlé  à  ce  mot.  On  dit  qu'il  y  en  avoit 
auili  une  attachée  au  fommet  ou  à  côté  de  l'arbre  qui 
ctoit  fur  le  caroccio ,  foit  qu'il  y  en  cîit  deux  ,  ce 
qui  ne  paroit  pas  ,  ou  plutôt  qu'elle  ne  lût  pas  tou 
jours  portée  fur  un  charriot  dittértiit.  Mascur.  p. 
jio  ,  Û 21 . 

MARTINET,  f.  m.  Oifeau.  Efpccc  de  grande  Iiiron- 
d(.lle  ,  qui  a  la  gorge  «it  le  yeiitrc  blanc ,  tk.  le  dos  noir. 
Apus.  Les  Marcïncts  volent  toujours  fans  s'arrêter, 
&  ne  le  perchent  jamais  que  dans  leurs  nids.  Voyc\ 
au  mot  Hirondelle. 

Martinet  pjècheur  ,  ell:  une  efpèce  d'alcyon,  qui  eft 
un  petit  oiieau  de  plumage  bleu  parla  tête  &  les  ailes, 
qui  a  le  bec  long  &  aigu  ,  &  qui  hante  les  eaux  &  les 
marécages.  ALcedo  ,  Ipjlda  ,  Alcyon  major  j  ou  Al- 
cyon vocalis.  Cet  oiieau  ell  appelé  par  quelques  uns 
l'oileau  Notre-Dame  ;  d'autres  le  nomment  Mcile 
d'eau  ,  ou  Roullcrolle  ,  mais  communément  on  le 
nomme  Arte  ,  ou  iMarnn pêcheur.  Ariflote  le  nom- 
me Alcyon  vocal ,  à  caute  qu'il  chante  ,  &  que  l'autre 
ne  chante  point.  Il  fréquente  toute  forte  de  pays , 
&  fuit  les  rivières  &  les  marécages  ,  Se  particulière- 
ment les  rivières  qui  produilent  des  rouches  ou  des 
roleiux  ,  dans  lelquels  en  été  l'on  entend  (on  chant , 
qui  ell  fort  agréable.  Quelques  uns  pour  cette  raiion 
l'ont  nommé  Rollignol  de  rivière.  Arillophane,  plus 
ancien  qu'Ariftote  ,  a  exprimé  Ion  chant ,  en  (i  co- 
médie des  oifeaux  ,  en  cette  manière  :  hue  j  hue  , 
hue  ,  hue  ;  tara  ,  toro  ,  toro  ,  coro  ;  torotinx  ;  eieeabau  _, 
ciccabau  ,  eieeabau  ;  toro  ,  toro  ,  toro ,  totilinx.  Quant 
à  fa defcriprion  ,Bellon  dit  qu'il  a  le  bec  tranchant, 
tenant  quelque  chofe  de  celui  de  la  Pie-Griêche.  Il 
lenible  être  huppé  ;  mais  cela  provient  de  ce  que  les 
plumes  de  fi  tête  font  longuettes;  les  jambes  &  (es 
pieds  font  moyennement  longs  ,  &  de  couleur  cen- 
drée -,  il  ne  vole  guère  bien  ,  &  bat  fes  ailes  à  la  ma- 
nière d'un  Cochevis. 

Le  Martinet  pêcheur  fouit  la  terre  .ivec  fon  bec 
autour  des  eaux  &  des  rivières,  compoie  (on  nid  es: 
fait  ("es  petits  en  ces  lieux.  Un  Auteur  Allemand  dit 
qu'il  le  fait  dans  le  (able ,  ou  dans  quelque  roche,  le 
long  des  eaux;  qu'il  ell  de  figure  ronde,  qu'il  en  fait 
l'entrée  fur  ufi  petit  angle  éminenc,  qu'il  ell  compofé 
de  fleurs  de  rofeaux  qui  (ont  très  douces  ,  Se  qu'il 
produit  jufqu'à  neuf  œufs  pour  une  nichée. 

Il  y  a  des  perfonnes  qui  croient  qu'attachant  cet 
oifeau  aux  folives  après  (a  mort  ,  il  renouvelle  les 
plumes  ;  l'expérience  fait  voir  le  contraire.  Ce  qui 
l'a  f^it  croire,  c'eft  que  les  grandes  plumes  tombent 
&  les  petites  demeurent.  Il  ne  peut  vivre  ni  en  cage , 
ni  en  volière. 

Cet  oifeau  mis  parmi  les  étoffes,  empêche  que  les 
teignes  ne  s'y  mettent.  Bellon  rapporte  que  le  grand 
Alcyon  fait  fon  nid  dans  un  trou  le  long  des  rivages , 
mais  que  celui-ci  le  fait  à  découvert  entre  les  cannes 
Se  les  rofeaux  avec  de  petites  pailles  qu'il  en  tire.  Se 
qu'il  fait  le  plus  fouvent  lîx  œufs;  &  de-là  il  tire  la 
conféquence  que  c'efl  plutôt  le  nid  du  petit  qui  vo- 
gue ,  que  celui  du  grand  qui  fait  Ion  nid  d.ms  la  terre 
des  rivages,   ^oye^  Olina. 

Ce  mot  vient  de  ce  que  cet  oifeau  arrive  au  mois 
de  Mars,  Se  s'en  retourne  à  la  S.  Martin.  Ménage. 

Martinet.  Marteau  qui  ell  mù  par  la  force  d'un  mou- 
lin. Moletrina  ferraria.  Il  fe  dit  des  marteaivx  des 
moulins  à  papier,  à  tan,  à  Riulon  ,  £'c.  Une  des 
belles  aventures  de  Dom  Quichotte  a  été  celle  des 
martinets  d'un  moulin. 

Ce  mot  vient  des  grands  marteaux  de  forge  qu'on 
voit  à  'Vienne  en  Dauphiné,  qui  fervent  à  battre  le 
fer  Se  l'acier.  Se  à  forger  ces  excellentes  lames  d'épée 
qu'on  nomme  lames  de  T^isîme.  Ils  ontetcainli  ap- 
pelés ,  à  caufc  que  ces  forges  font  toutes  lituécs  pro- 
che de  l'Eglife  Se  dans  la  Paroilîe  de  faint  Martin. 


M  A  R 


8é3 


Martinet  ,  fignifîe  auljl  un  petit  chandelier  plat  qui  a 
un  manche  Se  un  crochet,  qui  fert  particulièrement 
aux  i  avernicrs  pour  aller  à  la  cave. 

Maktinet,  en  termes  de  Marine,  ell  la  même  chofc 
que  les  eargues  point.  Funes  angulares ,  compiicaco- 
rii.  C'e/l  auflî  la  manauvrc  qui  fert  de  balance  à  la 
vergue  d'artimon.  Martinet  ou  Aragnc  ,  fc  dit  de 
plulieurs  petites  lignes  qui  partent  d'un  cap  de  mou- 
ton fur  l'étai  ,  Se  qui  vont  en  selargillàiit  en  p.itte 
d'oie  fur  le  bord  de  la  hune,  pour  empêcher  que  les 
huniers  ne  fe  coupent. 

Martinet.  C'étoit  autrefois  une  petite  arbalète.  Lobi- 
neau,  Glojj". 

Les  Maîtres  d'école  a.ppcl\cni  Martinet ,  une  petite 
difcipline  de  cordes  att.ichées  au  bout  d'un  bâton  , 
dont  ils  fe  fervent  pour  corriger  les  entans. 

MARTINGALE,  f.  f.  Terme  de  Manège.  C'efl  une 
large  courroie  de  cuir  qui  ell  attachée  par  un  bouc 
aux  (angles  fous  le  ventre  du  cheval ,  &  de  l'autre  au 
dellus  de  la  muferolle,  pour  empêcher  qu'il  ne  porte 
au  vent.  Se  ne  batte  à  la  main.  Lorum  ab  equi  cin- 
gula  ad  infimam  capijlri  partem  pertinens. 

MARTINIQUE.  La  Martinique.  Nom  de  l'une  des 
Antilles  de  Barlovento.  Martinica.  Elle  ell  entre  la 
Dominique  &  celle  de  Sainte  Lucc.  Son  circuit  cfl 
d'environ  quar.ante-cinq  lieues  ;  fon  terroir  ell  fertile 
en  tabac,  manioc,  (ucie,  calle  ,  coton  ,  &c.  Nos 
François  y  (ont  établis  depuis  l'an  1 65  j ,  &  ils  ont  le 
Fort  Royal  Se  le  Fort  faint  Pierre,  avec  quantité  d'ha- 
bitations dans  la  partie  occidentale  de  1  île.  Les  Ca- 
raïbes occupent  encore  l'orientale.  Maty. 

SAN  MARTINO,  Cap.  Voyei  Orlando. 

San  Martino.  Forterelîe  du  Florentin  ,  en  Tofcane. 
Arx  S.  Martini.  Elle  efl  fur  la  rivière  de  Siève  ,  à 
quatre  lieues  de  Florence ,  du  côté  du  nord. 

San  Martino.  montagne.  Mons  S.  Martini  ,  an- 
ciennement Trifolinus  ,  ou  Tripholinus.  C'efl  une 
petite  colline  du  Royaume  de  Naples,  laquelle  on 
trouve  près  de  la  ville  de  ce  nom.    Maty. 

MARTINOW.  Nom  d'un  bourg  de  la  Pokutie ,  en 
Pologne.  Martinovia.  Il  cil  fur  le  Nieder,  environ 
à  une  lieue  au  dellus  de  la  ville  d'Halick.  Maty. 

SAN  MARTINSBERG.  Mons  S.  Martini  ,  ancienne- 
ment Pannonius  Mons.  Montagne  qui  prend  ("on 
nom  d'une  célèbre  Abbaye  qui  a  été  conflruite  par 
(aint  Etienne,  Roi  de  Hongrie.  Elle  efl  dans  la  Balle- 
Hongrie  ,  entre  Javarin  &  Tata. 

L'île  de  MARTIN  \AS.  Martini  evafi  infula.  C'eft 
une  île  pleine  de  montagnes  Se  vide  d'habitans.  Elle 
a  été  découverte  par  les  Portugais,  dans  l'océan  méri- 
dional ,  entre  la  côte  des  Caffres  Se  celle  du  Brehl , 
fous  le  premier  degré  de  longitude  Se  le  20^  de  lati- 
tude méridionale.  Maty. 

§CrMARTIN-VAST.  Martini  Vallis.  Petite  ville  de 
France,  en  Normandie  ,  Diocèfe  de  Coutances, 
Eleélion  de  Valogne  ,  à  une  lieue  de  la  forêt  de 
Cherbourg. 

MARTIOBARBULE.  f  m.  Nom  d'une  arme  des  an- 
ciens Romains.  Martiobarbulus.  C'efl  ainli  qu'on  lit 
dans  Végèce  ,  L.  I.c.  /7 ,  Se  dans  Modcflus ,  Se  non 
pas  Manobarhulus  ,  comme  a  dit  Hotfman  à  ce  mot , 
&  au  mot  Plumbata.  Le  Martiobarbule  étoit  une 
plombée.  Turnebe  dans  (ts  Adverjaria,  L.  XXI y ^ 
c.  II.  croit  que  le  nom  de  martiobarbule ,  vient  de. 
martius ,  martial.  Se  barbulus ,  barbeau,  nom  d'un 
poifl'on  ,  Se  que  les  Soldats  avoient  ainli  nommé  cette 
arme  par  raillerie  ,  comme  s'ils  avoient  voulu  dire 
que'  c'étoit  un  barbeau  de  Mars  ou  de  guerre  ,  Se  non 
pas  un  barbeau  à  manger  Se  à  (ervir  à  table.  D'autres 
la  nomment  Martiobarbule ,  comme  qui  diroit  Mar- 
teus  barbulus.  Le  Moine  Godcfroi ,  dans  fes  Annales, 
l'appelle  f!mplementi?£2riîic)///j,  Barbole  :  &  Barbole 
fignifîe  une  cognée,  une  hache;  Se  Martinus  croit 
qu'on  le  nomnioit  ainlî  à  caufe  du  long  ter  dont  cet 
inftrument  etoit  armé  par  un  bout ,  &  que  par  com- 
paraifon  .à  la  barbe,  on  nommoit  barbulus ,  Se  qu'on 
appeloit  l'inftrument  Marteobarbulus ,  comme  qui 
diroit  marteau  barbu,  parce  que  fi  d'un  côté  il  avoit 
un  fer,  comme  nous  l'avons  dit,  de  l'autre  côté  que 


€ 


6^ 


M  A  R 


nous  appelons  la  tête ,  on  pouvoit  s'en  fcrvir  comme 
d'un  marteau,  de  mt-mc  que  la  tête  de  nos  cognées 
pcuc  encore  krvir,  &  iert  etiedivemenc  quelquefois 
a  cogner  comme  un  marteau.  Le  vieux  Tradudcur 
de  Vcgece  cjit  ManioharbuHn ,  au  lieu  de  Man'wbar 
iule.  Encore  mais  aux  Jouvenceaux  doit  être  baillée 
pour  enfeigncmcns  &  expérience  l'cxercitation  des 
plombéeSj  que  les  Anciens  appeloient  Mardobarbu- 
lins ,  Sec.   f'^oye^  le  refte  à  l'article  (uivanr. 

Martioeareule.  f.  m.  Nom  de  Milice  ou  de  Soldat 
armé  d'un  Martiobarbule.  Mariiobarbulus.  On  don- 
na ce  nom  à  deux  Légions  d'iUyrie,  qui  faifoient  un 
corps  de  douze  mille  hommes.  L'ancien  Traducteur 
de  'Vcgece,  L.  I.  c.  ly.èÎK  Manïobarbu.  En  lUyric- 
■que,  autrement  dit  Elclavonie,  Japieca  avoit  deux 
légions ,  lelquelles  avoient  lix  mille  hommes  de 
guerre,  dont  pour  caule  que  iceux  (aigement  &  vi- 
■goureuCenient  ufoient  des  lufdits  javelots  &  dards, 
■ctoient  appelés  Martiobarbuts  :  auilî  appert  que  long- 
tems  depuis,  toutes  guerres  &  batailles  ont  été  no- 
■blement  laites  par  iceux  &  miles  en  exécution  juf- 
ques  ad  ce  que  Dioclétian  &  Maximian  lorlqu'ils 
parvindrent  à  l'Empire  ,  pour  mérite  des  vertus 
d'icculx  Martiobarbuz,  ils  les  auroient  eftimés  dignes 
d  être  appelés  Joviares  &  Hetculians  ,  &  lefquels 
comme  certains  Auteurs  témoignent,  ils  préféroient 
par  devant  ceux  de  toutes  les  légions.  Or  efl  qu'ils 
avoient  accouftumez  porter  cinq  Martiobarbulins  in 
ferez  &  mis  dedans  leurs  efcus,  lelquels  dès  lorlljue 
lefdits  compagnons  de  guerre  gettoient  à  tems  opor- 
tuns,  étant  ainii  munis  d'efcus  &  pavois  j  fembloienc 
à  peu-près  enfuivre  l'office  des  Sagittaires  &  Ar- 
chiers  ,  pour  autant  que  les  adverfaires  avec  leurs 
chevaux,  étoient  playez  &  navrez  pariceulx,  devant 
que  poiïïble  fut  parvenir  à  combattre  non  feulement 
main  à  main,  mais  aulîi  aux  coups  deldits  milîîles, 
javelotz  &  dards. 

On  trouve  aulîi  que  cette  arme  s'ell  nommée 
Mactium  j  au  lieu  de  Mariïobarbule  ^  &  de  ce  nom 
mactïum  ,  ceux  qui  la  portoient  &  qui  s'en  fervoient , 
s'appellèrent  Mattiaires,  Voyei  Du  Cange  ,  GloJ]] 
au  mot  Mattium. 

MARTIR.  V.  Martyr  ,  c'eft  ainfi  qu'il  faute  crire  fui- 
vanr  l'étymologie  ,  quoique  plufieurs  écrivent  aujour- 
d'hui WfjmV.Il  faut  dire  la  même  chofe  de    martyre. 

MARTON.  f.  f.  Nom  de  femme.  Diminutif  de  Mar- 
the. Marcha  ,  Marthula. 

MARTORANO.  Petite  ville  Épifcopale  ,  fituée  dans  la 
Calabre  citérieure  ,  aux  contins  de  l'ultérieure  ,  à 
cinq  hcucs  de  Colenze  ,  dont  fon  Evêché  ell:  fuffra 
gant.  Aliircoranum.  Cette  ville  ,  prelque  entièrement 
ruinée  par  un  tremblement  de  terre  Tan  i^jS.  eft 
prife  par  quelques  Géographes  pour  l'ancienne  Ma- 
mertum  ,  ou  Mamerùum  ,  ville  des  Brutiens  ,  que 
d'autres  mettent  à  Oppido  ,  petite  ville  de  la  Cala- 
bre ultérieure.  Maty. 

MARTOREL  ,  ou  MAKTORELO.  Bourg  de  la  Cata- 
logne, lîtué  au  conlluent  de  la  Noya,  &  du  Lobre- 
gar,  à  fix  lieues  au-dellous  de  Mauréfa,  (Se  à  fept 
ou  huit  de  Barcelone.   Marrore/ium.  Maty. 

MARTUS.  Bourg  d'Efpagne  ,  lîtué  dans  l'Andaloulîe, 
à  trois  lieues  d'Anduxar  ,  du  côté  du  midi.  Marcus. 
Ce  bourg  eft  l'ancienne  Tucci,  Tuccis ,  Augujla  , 
Ccmella  ,  ville  des  Turdulcs  ,  qui  fut  Épifcopale , 
fuifragante  de  Séville  ,  ou  du  moins  il  s'efi:  agrandi 
des  ruines  de  cette  ancienne  ville.  Maty. 

MARTRE  ,  C  quelques  uns  difent  MARTE  ).  f  f.  Ani- 
mal fiit  en  forme  de  groile  belette  ou  fouine. /c?ij  , 
muftela  martes.  Toute  la  diftérence  qu'il  v  a  entre 
la  martre  commune  &  la  fouine  j  conliile  en  ce 
que  la  martre  a  le  poil  tirant  un  peu  lur  le  roux, 
&  la  gorge  jaunâtre  :  au  lieu  que  la  fouine  a  le  poil 
plus  noir  ,  &  la  gorge  blanche.  On  a  appelé  aullî 
les  martres  ,  marcrices ,  marturcs.  On  trouve  aulîi 
qu'on  les  nomme  Chattes  de  Pannonic.  Fêles  Pan- 
nonicœ. 

^fJ"  \.a  martre  ,  dit  M.  Regnard,  approche  plus  de  la 
zibeline  que  toute  autre  bête.  Elle  imite  n'Xez  la  fi- 
netle  de  fon  poil-,  nuis  elle  l'a  beaucoup  plus  grand. 


M  A  R  - 

J'en  ai  rencontre  de  la  grolfcur  dun  chat.  Il  y  a  peu  lÊ 
de  pays  où  elle  loit  plus  héquente  qu'en  Laponit. 
Sa  peau  coûte  une  kisdale ,  &  celles  qui  ont  Ic 
dellus  de  la  gorge  cendré,  font  plus  eftimecs^  que 
celles  qui  l'ont  blanc.  Cet  animal  fait  un  grand 
carnage  de  petits  gris ,  dont  il  eft  extrcmemenc 
friand.  Il  donne  aulii  la  challe  aux  oifeaux. 

Les  martres  zibelines  font  nommées  autrement 
fouris  de  Mofcovie.  C'eft  un  animal  lauvage  ,  qui 
le  trouve  dans  les  pays  fcptentrionaux  ,  qui  a  le  poil 
doux  &  noir.  Il  y  en  a  deux  efpcces  :  l'une  qui  fe 
nourrit  dans  les  forêts  de  fau  ,  de  chêne  &  d'yeufe  : 
&  l'autre  qui  eft  beaucoup  plus  belle  ,  qui  vit  dans 
les  forêts  de  hauts  fapms  &:  de  pcftbs.  Martes  ^ibe- 
lirid.  Il  s'en  trouve  un  grand  nombre  chez  les  La- 
pons ,  &  l'on  tient  que  c'elf  une  efpèce  de  belette. 

Martre  ,  eft  auilI  la  peau  de  cet  animal,  dont  on  fait 
des  fourrures  fort  elfimées.  làis  corium  ,  pellis. 
Un  manchon  ,  une  palatine  faite  de  martres  ,  font 
de  grand  prix.  Le  peuple  les  appelle  fublimes , 
au  lieu  de  -gibelines.  Les  Allemands  les  appellent 
Zobel.  Elles  font  toutes  roulfcs  ,  excepté  la  gorge , 
qui  eft  blanche  iSc  mouchetée  de  noir.  jj 

On  dit  proverbialement ,  Prendre  martre  pour  re-  " 
nard,  pour  dire.  Se  méprendre  ,  prendre  une  cho(e 
pour  une  autre.  Si  je  ne  prenois  bien  garde  à  moi  , 
tu  me  ferois  fouvent  pafter  martre  pour  renard. 
Mascur.  C'eft-à  dire  ,  tu  me  trompcrois  ,  tu  me 
ferois  prendre  le  change  ;  prendre  l'un  pour  l'autre. 
On  diioit  anciennement  Martre ,  pour  Martyre  ; 
à  Lyon  ,  le  lieu  où  louftrirent  les  premiers  Martyrs 
de  la  perlécution  de  Marc-Aurèle  ,  fe  nomme  encore 
à  préfent  le  Martre,  proche  l'Eglife  S.  Irénée;  & 
à  Paris  on  appelle  encore  Montmartre  j  la  montagne 
des  Martyrs.  Mans  martyrum.  Et  dans  la  ville  eft  la 
rue  Montmartre. 

MARTR(3I.  f.  m.  Vieux  mot.  Lieu  où  l'on  exécute 
les  Criminels.  Il  vient  de  Martyrlum.  Les  Payfans 
du  Languedoc  appellent  Martrou  ,  le  jour  de  la 
Toullaint  ,  comme  qui  diroit  Jour  des  Martyrs. 

MARTROUER.  f.  f.  Vieux  mot.  Machine  à  prendre 
des  Martres  ,  ou  belettes.  Lobineau  j  Gloff.  Mar- 
tis  ,  ou  mufle  la  decipula.  Mat. 

MARTYR  YRE.  f  m.  &  f.  Celui  qui  fouffre  des  pei- 
nes ,  des  luppliccs  ,  &  même  la  mort  pour  la  dé-, 
fenfe  de  Jéhis  Chnft  ,  &  de  ion  Eglile  ;  pour  rendre 
témoignage  de  la  vérité  de  fon  Evangile.  Martyr. 
S.  Etienne  a  été  le  premier  Martyr.  Il  y  a  dans  le 
Bréviaire  un  Office  commun  pour  les  Martyrs.  On 
compte  19700  Martyrs  qui  louftrirent  le  martvre 
à  Lyon  avec  S.Irénée,  lous  l'Empire  de  Sévère.  6666 
Soldats  de  la  Légion  Thébéenne  que  la  perfécutioa 
fit  périr  dans  les  Gaules  :  le  P.  Papebrok  compte 
16  mille  Martyrs  A\3yî\\ns,  &  i/o  mille  autres  lous 
le  leul  Dioclétien.  Les  exilés  pour  la  foi  padent  pour 
Martyrs.  Ceux  qui  meurent  dans  les  guerres  (âinres 
font  aullî  tenus  pour  Martyrs.  Les  onze  mille  Vier- 
ges martyres ,  ou  comme  lifent  les  Modernes  ,  les 
onze  Martyres  Vierges.  On  met_ aullî  au  rang  des 
Martyrs  les  Saints  Innocens  maflacrés^  par  Hérode. 
Du  temps  de  S.  Auguftin  ,  &  de  S.  Epiphane ,  011 
donnoit  le  titre  de  Martyrs  aux  Confefleurs  qui 
avoient  fouftert  quelques  tourmens  pour  Jéfus- 
Chrift ,  encore  qu'on  ne  leur  eut  pas  ôté  la  vie. 
Tous  ceux  qui  meurent  lous  la  main  des  perfécu- 
tcurs ,  ne  lont  pas  des  Martyrs  de  la  foi.  Cl.  La 
caufe  fait  les  Martyrs  j  &  non  pas  le  fupplice.  S. 
ÉvR.  §3"  C'eft  la  penfée  de  S.  Auguftin ,  mar- 
[jrem  non  facit  pœna  j  fed  caufa.  Ainii  ce  nom  ne 
convient  proprement  qu'à  ceux  qui  meurent  pour  ' 
la  vérité  de  l'Evangile  dans  l'unité  de  l'Eglife  Ca- 
tholique. 

Ofe-t  on  comparer  la  foiblejfe  ,  ou  la  raae 

D'un  Grec  ,  ou  d'un  Romain  ,  quife  donne  la  mort  ^ 

Au  fage  &  généreux  effort 
D'un    Martyr  ,    dont   le  fang  Jîgnale   le    courage  ! 

L'Ab.  f . 

En 


M  A  R 

En  vain  de  l'EgUfe  naiff'unce  , 
L'Enfer  attaque  le  berceau. 
Le  fang  des  Maityrs  le  cimente  , 
Il  en  naît  un  peuple  nouveau. 

Mlle  De  MasquiÈre. 

C'eft  lapenfce  de  TcicuUicii  dans  fon  Apologctiqiic, 
chapitre  deniici".  Plurcs  cfficimur ,  quoties  metimur 
à  vobïs  ■  feinen  ejl  fanguis  Chrijiianorum. 

M.  l'Abbé  de  la  Trape  dit  qu'il  elt  évident  que 
les  Religieux  ont  le  bonhcuf  de  remplir  dans  l'Eglife 
de  Dieu  la  place  des  Martyrs.  Doni  Mallon  ,  Gé- 
ncral  des  Chartreux  j /7.  141.  de  la  Réponfe  ,  pré- 
tend que  cette  propolition  edoutrée,  &c  que  l'Auteur 
fe  iert  d'exprcllions  arbitraires  L'Eglife  ,  dit  il  ,  a 
diflingué  les  Martyrs  d'avec  les  ConFedèurSj  &  le 
règlement  de  les  Oflices  le  hiit  bien  voir. 

Le  mot  de  Martyr  eft  Grec  ,  &  lignifie  propre- 
ment fi.'/«o/>2.  Mapjup ,  ou/'.âpri/ç.  Ainfion  le  donnepar 
excellence  à  tous  ceux  qui  (oulhent  la  mort  ou  quel- 
que lupplice  pour  rendre  témoignage  à  J.  C.  à 
la  vérité ,  à  la  juftice.  On  conlcrvoit  anciennement 
avec  loin  les  actes  des  foufrrances  &c  de  la  mort  des 
Martyrs  qui  avoient  verlé  leur  lang  pour  conlerver 
la  Religion  Chrétienne.  Cependant  malgré  toute 
la  diligence  que  l'on  y  apportoit ,  il  nous  efl:  relié 
peu  de  ces  ades  des  Martyrs.  Le  temps  &  la 
malignité  des  perfécuteurs  en  ont  fait  périr  un  grand 
nombre.  Pour  réparer  ces  pertes  ,  quelques  pcrion- 
nes  pieufes  s'eftorccrent  de  recueillir  ce  que  la  tradi- 
tion en  publioit.  Eusèbe  entr'autres  compola  un 
Martyrologe  ;  mais  il  n'a  point  pallé  jufqu'à  nous  , 
&  la  plupart  de  ces  ades  font  perdus.  Ceux  que 
l'on  a  rétablis  depuis  iont  trop  fufpeds.  Le  P. 
Ruinar  a  publié  un  Recueil  des  ades  qui  lui  ont 
paru  d'une  autorité  inconteftable.  Dodwel  avoit  fut 
une  dllfertation  exprès,  pour  montrer  que  le  nom- 
bre des  Martyrs  qui  ont  fouffert  fous  les  Empereurs 
Romains  eft  très-médiocre.  Il  prétendoit  que  ce 
qu'on  en  trouve  dans  les  Pères  fe  réduifoit  à  peu 
de  chofe ,  &  que  fi  l'on  en  excepte  Néron  &  Do- 
mitien  ,  les  autres  Empereurs  avoient  feit  peu  de 
Martyrs.  Le  P.  Ruinart  a  montré  au  contraire  que 
l'on  n'a  point  enflé  le  catalogue  des  Martyrs.  Le 
carnage  fut  grand  ,  &c  la  perfécution  fanglante  fous 
les  premiers  Empereurs  :  en  particulier  celle  de  Dio- 
clénen  fut  très-fertile  en  Martyrs.  Le  P.  Papebrock. 
dans  fes  Àcla  Sanclorum  ,  en  compte  un  nombre 
prelque  infini. 
Martyr   confommé.  Celui  qui  ctoit   mort  dans  les 

tourmens. 
Martyr  défigné.  Celui  contre  qui  on  avoit  prononcé 

l'arrêt  de  mort ,  fans  qu'il  filt  encore  exécuté. 
Martyr  ,  fe  dit  abufivement  des  Hérétiques  &  des 
Payens  qui  ont  touftert  pour  la  défenle  de  leur  hulîe 
Religiouj  &  qui  fe  lacrifient  à  leurs  idoles.  Le  Dia- 
ble a  de  fon  côté  des  martyrs.  Toutes  les  Sedes 
mettent  au  rang  de  leurs  martyrs  ,  ceux  qui  ont 
péri  pour  foutenir  leur  dodrine.  Chez  les  Lidiens 
il  y  a  des  gens  qui  fe  vont  faire  écrafer  fous  le  poids 
des  chariots  de  leurs  idoles ,  &  qui  en  font  les  mar- 
tyrs. 
Martyr  ,  fe  dit  auflî  figurément  Se  improprement 
de  ceux  qui  fouftrcnt  quelque  peine  pour  l'amour 
d'aurrui ,  pour  gagner  fes  bonnes  grâces,  pour  lui 
faire  fa  cour.  On  dit  d'un  homme  qui  a  beaucoup 
fouffert  pour  l'amour  d'un  autre  ,  Qu'il  eft  fon 
martyr.  Acad.  Fr.  Une  belle  femme  a  fes  martyrs. 
L'Amour  confole  fes  martyrs  par  quelques  plailirs 
fecrets.  Voit. 

L'Amour  efl  un  dangereux  maître  , 

Tous  fes  fujets  font  fes  ma.i\.yïs.  M.  Scud. 

On  dit  en  badinant ,  qu'un    homme  marié  qui  a 
une  méchante  femme,  ou  qui  lui  eft  infidelle,  Eft  de  la 
giande  confrérie  des  martyrs. 
Tome  y. 


M  A  R 


8^y 


Martyr  ,  fc  dit  de  ceux  qui  fe  facrificnt  pour  quel- 
que choie.  Hégulus  fut  le  martyr  de  fi  bonne  toi  , 
é:  de  la  parole.  S.  Évr.  Polixénc  lut  le  premier 
martyr  de  la  Poëfie  :  il  aima  mieux  être  condamné 
aux  carrières,  que  d'approuver  de  méchans  vers.  G. 
G.  if^î'  L'Italie  &  une  bonne  partie  de  l'Allemagne 
iont  partagées  entre  un  nombre  infini  de  petits  Etais, 
dont  les  Princes  Iont  à  proprement  parler  ,  les  mar- 
tyrs de  la  louveraineté. 

Martyr,  le  dit  aulli  figurément  de  ceux  qui  fonc 
agités ,  tyrannilés  de  leur  pallions.  Un  Courtifaa 
martyr  àciow  ambition,  a  une  profulion  ,  ou  plu- 
tôt des  torrcns  de  louanges  pour  ceux  qui  peuvent 
contribuer  à  l'élever.  La  Bruy.  Il  y  a  des  martyrs 
de  vanité  ,  aufti-bien  que  de  piete.  Nie. 

Martyr,  fe  dit  aulli  hyperboliquement  de  celui  qui 
(ouffre  quelque  douleur.  Fexatus  ,  prefjus.  Cet  hom- 
me eft  martyr  delà,  goutte,  du  mal  de  dents. 

L'Ere  des  Martyrs  ,  eft  une  ère  que  l'Egypte  3c 
l'Abyllînie  ont  fuivie ,  ii\:  fuivcnt  encore ,  &:  que 
les  Mahométans  même  ont  fouvent  marquée  de- 
puis qu'ils  font  maîtres  de  l'Egypte  :  elle  fe  prend 
du  commencement  de  la  perfécution  de  Dioclérien  , 
qui  lut  l'an  de  J.  C.  301,  ou  303.  &.  le  19^  de 
l'Empire  de  Dioclétien ,  commenijant  eu  Automne , 
l'an  30i.  8c  finillant  en  même  temps  l'an  305.  Le 
P.  Pétau  croit  que  la  perfécution  commença  dès 
l'an  302.  ^oye^  cet  Auteur,  t/c  Docl.  Temp.  L. 
XU.  c.  32.  &  33.  Se  Ration.  Temp.  P.  IL  L. 
IF^.  c.  10.  Voyez  Jacobus  Chriflmanus  ,  d.  Con- 
nexione  annorum  ,  p.  4S 4.  &  fuiv.  L'ère  des  Mar- 
tyrs s'appelle  aulU  1  Ere  de  Dioclétien. 

Ordres  des  Martyrs  en  Paleftinc.  Chevalier  des 
Martyrs.  Ordre  militaire  fuppofé  ,  qu'on  nomme 
autrement  Ordre  de  S.  Côme  &  S.  Damien.  f^oye^i 
CosME  ,  Se  l'Abbé  Juftiniani ,  Hifl.  de  gVOrd. 
Milit.  c.   ij.  p.  /77. 

Notre  Dame  de  Métro  de  la  Pénitence  des  "Martyrs 
P''oye\  Notre  Dame. 

MARTYR  AIRE.  f.  m.  Nom  d'un  ancien  OlHcier  del  E- 
glife.  Martyrarius  dans  Grégoire  de  Tours ,  de  Mi- 
racul.  L.  Il,  c.  46.  Le  Martyrairc  étoit  la  même 
chofe  que  le  ManfionaiLe ,  que  l'on  appeloit  Mar- 
tyrairc ;  parce  qu'étant  Garde  de  l'Eglife  ,  il  étoic 
ciiargé  fur-tout  du  foin  de  conferver  les  reliques  des 
Martyrs.  Anaftafe  le  Bibliothécaire  le  nomme  Cuf- 
tos  Martyrum.  On  l'a  aulli  nommé  Chapelain , 
Capellanus. 

Macri  dit  qu'on  appeloit  aulîî  Martyraire ,  dans 
l'Antiquité ,  un  Prêtre  prépofé  à  une  Eglile  dédiée 
à  Dieu  tous  le  nom  d'un  Martyr  ,  &  que  l'on  nom- 
moit  en  Latin  Martyrium. 

MARTYRE,  f.  m.  La  mort ,  ou  les  tourmens  endu- 
rés pour  la  défenfe  de  la  vraie  Religion.  Martyrium, 
Dans  le  martyre  on  envifage  la  mort  environnée  de 
ce  qu'elle  a  de  plus  terrible  ,  &  accompagnée  de 
honte  &  d'opprobre.  S.  EvR.  L'Eglife  a  attaché 
des  honneurs  à  l'opprobre  Se  aux  louffrances  du 
martyre.  S.  Pierre  fouffrit  le  martyre  fous  Néron. 
Le  martyre  de  S.  Laurent  a  été  un  des  plus  cruels 
martyres.  S.  Xavier  n'afpiroit  qu'à  la  palme ,  à  la 
couronne  du  martyre.  Il  y  a  dans  le  nouveau  Re- 
cueil de  pièces  de  Poëfie  ,  Part.  11. p.  4j.  une  belle 
Ode  fur  le  martyre. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  &  fignifie  témoignage.  M«!r.>  «>v 
CtCr  Ainfi  le  mot  de  martyre  fignifie  propremenc 
un  témoignage  rendu  à  la  vérité  de  la  Religion ,  Se 
fcellé  du  fang  de  celui  qui  le  rend.  ^ 

Martyre  ,  fe  dit  pocriquement ,  ou  figurément ,  des 
peines  que  l'amour  fait  fouffrit  aux  Amans,  &c.  Il 
a  conté  fon  wjrryre  à  la  Belle  fous  un  nom  emprun- 
té. L'Inhumaine  ne  fait  que  rire  de  mon  cruel  mar- 
tyre. S.  EvR.  Style  de  ruelles  &  de  Poëfie  galante. 
Martyre  ,  fe  dit  auiîl  des  malheurs,  fC?  &  de  toutes  les 
peines  de  corps  Se  d'efprit.  Il  fouffre  le  martyre  par 
une  violente  colique.  C'eft  un  martyre  que  d'avoir 
affaire  à  un  Differtateur  ennuyeux.  Malum  ,  res 
'dura.  On  dit  aufll  ^  que  la  chafteté  eft  un  continuel 
martyre ,  que  l'état  Religieux  eft  un  martyre  lenc. 

R  I  r  r  r 


%66 


M  A  R 


On  le  dit  auffi  des  malheurs  d'un  maii  qui  a  une 
femme  iiihdelle. 

Et  plufuurs  ,  qui   tantôt  ont  appris  mon  martyre. 
Bien  loin  d'y  prendre  pan  ^  n'en  ont  rien  j  au  que  nre. 

Mol. 

On  a  dit  autrefois  martre  pour  martyre.  Voyez 
Martre. 
MAR  l^YRER.  v.  a.  Vieux   mot  qui   fignifie  ,  Tour- 
menter ,  faire   ioutfrir.    Cruciare  j  divexare.   Gloj]. 
fur  Marot. 

Mais  de  quoi  fert  le  dejîrer? 

Sinon  pour  l'homme  martyrcr.  Ronsard. 

Ce  traître  honneur  veut  pour  me  maxtyrer  , 
Nos  deux  cœurs  déchirer.  Voit. 

§3-  MARTYRE  ,  ÉE.  part. 

MARTYRIEN  ,  lENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  Sede. 
Martyrianus.  Les  Martynens  étoient  des  Malîaliens  , 
qui  prétendoient  avoir  des  Martyrs  de  leur  lede, 
qu'ils  avoient  enterres  en  certains  lieux  ,  où  ils 
alloiem  faire  leurs  prières  j  tenir  leurs  allemblées, 
&  chanter  leurs  hymnes.  Ces  prétendus  Martyrs 
étoient  des  Malîaliens  que  les  Gouverneurs  avoient 
fait  mourir  pour  leur  héréfie  &  leur  impiété.  C  eft 
ce  qu'en  rapporte  S.  Épiphane  ,  Tinrej.  LXXX.  n.  2. 

MARTYRISER,  v.  a.  Faire  endurer  le  martyre.  Cru- 
ciare J  manyrio  afficere.  Durant  les  premiers  llèclcs 
de  l'Eglile  on  a  martyrifé  une  infinité  de  Chrétiens. 

Martyriser  ,  fignifie  auilî ,  Faire  endurer  de  grands 
tpurmens  ,  de  quelque  nature  qu'ils  loient.  Cruciare. 
Les  allallins  ont  cruellement  martyrifé  leur  ennemi. 
La  goutte  ,  la  gravelle  martyrfent  ce  malade.  En 
ce  tens  il  n'ell  que  du  ftyle  familier. 

MARTYRISÉ  ,  ÉE.  part,  &  adj.  Manyrio  affeclus , 
cruciatus. 

MARTYROLOGE,  f.  m.  La  lifte  ,  ou  le  catalogue  des 
Martyrs.  ■  Martyrologium.  Il  contient  leulcment  le 
nom  ,  le  lieu  &  le  jour  du  mirtyre  de  chaque  Saint. 
Toutes  les  fecles  ont  aulli  des  livres  de  iHilloircde 
leurs  Martyrs  J  qu  ils  ont  aulïï  appelé  Manyrologe. 
Cette  coutume  de  drelfer  Az%  Mwtyrologes  ft\it:m 
pruntée  des  Payens,  qui  inlcri voient  le  nom  de  leurs 
Héros  dans  leurs  Faftes  pour  conlerver  à  la  poftéritc 
l'exemple  de  leurs  belles  a.lians.  Baronius  donne  au 
Pape  Clément  la  gloire  d'avoir  introduit  lufrge  de 
recueillir  les  aéfes  des  Martyrs.  Le  Martyrologe À."i.\x 
fèbe  de  Céfrrée  a  été  l'un  des  plus  célèbres  de  l'an- 
cienne Églifc.  Il  fut  traduit  en  Latin  par  S.  Jérôme  ; 
mais  les  Savans  conviennent  qu'il  ne  fe  retrouve 
point.  Celui  qu'on  attribue  à  Bèdc  dans  le  VIII^. 
fiècle ,  ert:  alfez  fufpeél:  en  quelques  endroits.  0\\  y 
remarque  le  nom  de  quelques  Saints  qui  ont  vécu 
après  lui.  Cela  fait  croire  qu'il  a  été  interpolé  ,  Se 
qu'en  lui  lallFant  le  nom  de  fon  premier  Auteur  , 
on  y  a  fait  quelques  addirionsj  comme  on  en  fait 
encore  maintenant.  Le  IX^.  li îcle  fut  très  fécond  en 
Alartyrologes.  On  vit  paroitre  celui  de  Flore  Sou 
diacre  de  l'Eglife  de  Lyon  ,  qui  ne  fit  pourtant  que 
remplir  les  vides  du  Martyrologe  de  Bède  :  celui 
de  Wandelbert ,  Moine  du  Diocèle  de  Trêves  :  ce- 
lui d'Uluard ,  Moine  François  ,  qui  le  compofa  par 
l'ordie  de  Charles  le  Chaave.  C'eft  le  Martyrologe 
dont  l'Eglife  Romaine  fe  fert  ordmairement.  Celui 
d'Adan  Archevêque  de  Vienne  :  celui  de  Notker. 
Moine  de  S.  Gai.  Ce  font  là  les  plus  anciens  Se  les 
plus  célèbres.  Nous  allons  en  parler  plus  particulière- 
ment ci  delfous.  Baronius  a  fait  le  Martyrologe  Ro 
main.  Bcckius  Allemand,  a  publié  un  Martyrologe 
qu'il  prétend  être  du  VIF.  fiècle.  Il  aifure  que  c'eft 
une  preuve  d'antiquité  ,  que  le  petit  nombre  de 
Saints  &:  de  Alartyrs  j  (ur  chaque  jour  dans  un 
Martyrologe. 

Nous  avons  depuis  quelques  années  deux  làvans 
&  excellens  Ouvrages  fur  les  Martyrologes  ;  l'un  eft 
rAvertilleiueac  que  M.  l'Abbé  Chaftçlain  a  mis  au 


MAR 

commencemcnr  de  fa  Traduâion  du  Martyrologe 
Romain  ;  &c  l'autre  la  Prétâce  du  Père  du  SoUier 
Jéfuite,  fur  fon  édition  du  Martyrologe  dLfuard, 
où  il  traite  plus  amplement  encore  Hc  plus  lavam- 
ment  de  tous  les  Martyrologes  ^  de  leurs  Auteurs, 
des  nianulcrirs  ,  &  des  éditions  qu'on  en  a  ,  &c. 
Ce-c  Ouvrage  elt  plein  d'érudition  ik.  de  critique. 
C'eft  le  meilleur  que  nous  ayons  en  ce  genre ,  &c  il 
doit  être  le  modèle  de  ceux  qui  donneront  des 
Martyrologes  anciens  au  public.  Baillet  parle  aulli 
des  Martyrologes  ,  dans  Ion  Difcours  l'ur  l'HiJî.  de 
la  vie  des  Saints  ,  n.  XIX.   &  Juiv. 

Les  Calendriers  ont  précédé  les  Martyrologes.  .9 
Nous  en  avons  parlé  au  mot  CALENDRIER.  Le 
premier  Martyrologe  eft  celui  qu'on  nomme  d  Eu- 
Icbe  ,  ou  plutôt  de  S.  Jérôme ,  loit  qu'ils  en  loient 
en  effet  les  Auteurs  ,  loit  qu'on  le  leur  ait  attribué. 
Quoi  qu'il  en  foit  de  Ion  Auteur  ,  il  eft  certainement 
très-ancien.  Bède  le  cite  au  VIl*^.  lîècle  ,  &  Caliio- 
dore  dans  le  VP.  Il  y  en  a  de  deux  fortes  de  co- 
pies, les  unes  entières,  &  les  autres  abrégées.  Des 
entières  ,  trois  ont  été  données  au  public  celle 
d'Efternach  ,  celle  de  Corbie  ,  &  celle  de  S.  Van- 
driUe.  La  plus  ancienne  ,  autant  qu'on  en  peut  ju- 
ger, eft  celle  d'Efternach,  écrite  en  718.  par  leiMome 
Laurent  ,  luivant  1  ordre  qu'il  en  avoit  reçu  de  S. 
Villcbrord,  premier  Evêque  d'Utrecht.  Des  copies 
abrégées  ,  D.  Luc  d'Achery  adonné  celle  de  S. Guil: 
lem  au  Défert  ,  au  XIIP.  Tome  du  Spicilct,e.  Bol- 
landus  les  treize  premiers  jours  de  Janvier  de  celle 
de  Rhinove  près  de  Bàle  ,  dans  fr  Préface.  Celles 
de  Dongale  ,  de  Kilkenny ,  &  de  Tamladt  en  Ir- 
lande, de  Marchiennes  en  Flandre,  de  Lielîîes  en 
Hainaut,  de  S.Lambert  &  de  S.  Laurent  de  Liège  , 
de  S.  Martin  deTournay ,  de  Sainte  Gudule  de  Bru- 
xelles, &  plufieurs  leniblables  n'ont  point  encore  j 
été  imprimées.  C'eft  apparemment  ce  Martyrologe 
de  Saint  Jérôme  dont  on  le  fervoit  à  Rome  au  VP. 
fiècle ,  comme  on  voit  par  la  lettre  de  S.  Grégoire 
à  Euloge  d'Alexandrie ,  Z.  Fil.  Ep.  2p.  Voyez  le 
P.  du  Sollier ,  Pmf.  c.  L  Art.  I.  §.  /.  &  2. 

II.  Le  Martyrologe  de  Bède  fut  écrit  vers  l'an  730. 
On  n'en  a  point  encoie  trouvé  de  "  copie  fidelie. 
Celle  qu'a  imprimée  le  P.  Papebrock  ,  vaut  mieux 
que  celle  de  Plantin  ;  mais  ce  Père  n'a  pas  alfcz 
diftingué  ce  qui  eft  de  Bède  ,  de  ce  qui  cil  de  Flo- 
rus.  Foye^^  le  P.  du  Sollier ,  Pnf.  c.  I.  Art.  II. 

III.  Le  petit  Martyrologe  envoyé  de  Rome  à 
Aquilée  par  le  Pape  ,  tk.  imprimé  par  Rulwcyd , 
fous  le  nom  d'ancien  Romain,  eft  très  probablement 
l'ancien  Martyrologe  Romain.  Un  Pape  eut  il  en- 
voyé à  Aquilée  un  autre  Martyrologe  que  celui  dont 
on  fe  fervoit  à  Rome  ?  De  plus  ,  1°.  On  y  trouve 
des  Saints  tout  particuliers  à  la  ville  de  Rome. 
2°.  On  y  voit  la  Chaire  de  Saint  Pierre  à  Rome 
en  fon  jour  bien  diftinguée  de  ceile  d'Antioche. 
5°.  Entre  diverlcs  dédicaces  d'Egliles  de  Rome ,  011 
y  voit  celle  de  la  Chapelle  haute  du  Château  Saint- 
Ange  ,  où  elle  eft  exprimée  par  les  termes  d'inter 
nuées.  4°.  Au  jour  de  S.  Sébaftien  ,  on  y  lit  fon 
inhumation  aux  veftiges  des  Apôtres,  marquée  par- 
là  aux  Catacombes ,  où  les  corps  de  S.  Pierre  & 
de  S.  Paul  avoient  été  quelque  temps.  Il  y  a  de  I  ap- 
parence que  c'eft  le  Martyrologe  de  l'Éghle  Romai- 
ne connu  de  tout  l'Occident  dès  l'an  747.  comme 
il  paroit  par  le  Canon  13^.  du  Concile  de  Cloyef- 
hovie  en  Angleterre.  Foye-^  le  P.  du  Sollier,  Prsf. 
c.  II.  qui  l'appelle  le  petit  Martyrologe  Romain  ; 
ôc  jugez  après  ces  deux  Ecrivains,  les  plus  habiles 
fans  doute  qui  aient  écrit  lur  les  Martyrologes ,  ce 
qu'il  faut  peiiler  de  ce  que  dit  le  prétendu  Vigneul 
Mnville,  quele  Martyrologe  qae  Rofweyd  a  don- 
né pi^ur  le  véritable  Martyrologe  Romain,  n'eft  au 
fond  qu'un  abrégé  du  Martyrolo;^e  d'Adon  ,  qu'on 
Cm  n'être  pas  fort  ancien  ,  puiiqu'il  y  fait  men-. 
non  de  la  fête  de  tous  les  Saints  ,  dont  l'iuftitutiou 
dans  l'Eglife  n'eft  pas  au  delîus'  du  temps  de  Gré- 
goire III.  décédé  en  S  13.  De  Vign.  Marv. 

IV.  Le  Martyrologe  de  Florus  écrit  vers  l'an  S  30. 


M  A  R 

ji'cft;  proprement  que  celui  àe  BèJc  augmente. 
Pour  disHnguer  ce  qui  cil  de  flotus  d'avec  ce  qui 
cil  4e  Bccle  ,  le  P.  du  Sollier  croit  qu'il  fout  le 
iervir  du  petit  Martyrologe  que  Bèdc  avoit  £ijt  eu 
vers. 

V.  Le  Martyrologe  de  Wandclbert  &  les  deux  au 
tics  qui  vont  fuivre  ,  ont  beaucoup  de  rapport  a 
celui  d  Uluard.  Wandclbert  étoit  Moine  de  Proai 
au  IDioccfe  de  frèves.  Son  Martyrologe  cft  en  vers  ; 
il  récrivit  en  848.  luivant  principalement  Florus  , 
mais  y  mébnt  aulîî  beaucoup  de  chofes  de  la 
façon  ,  témoin  ce  qu'il  a  mis  de  l'Abbé  Hilduin 
ion  aini ,  au  neuvième  d'Otihobre  j  ëc  plulieurs  au- 
tres choies  ,  dont  le  P.  du  Sollier  rapporte  bien 
des  exemples  ,  Pnf.  c.  I.  Art.  III.  §.  1 .  Wandel- 
bert ,  qui  avoit  luivi  Florus  ,  ne  paroît  pas  avoir  été 
hiivi  de  perfonne,  quoiqu'il  avoue  lui-même  qu'il 
a  tiré  beaucoup  de  lecours  de  Florus.  Le  P.  du  bol- 
iier  doute  qu'il  le  faille  mettre  à  la  fuite  de  Flo- 
rus. Quelques-uns  ont  cru  qu'il  étoit  pris  de  celui 
de  Bède.  Le  nouvel  Éditeur  d'Uluard  croit  que  ce 
Martyrologe  de  Wandelbert ,  n'elf  qu'un  Floniége  , 
fî  l'on  peut  fe  lervir  de  ce  mot  ,  c'eft  à-dire ,  un 
choix  de  diflérens  noms  de  Saints  les  plus  propres 
à  entrer  dans  des  vers ,  &  pris  en  divers  endroits. 
Molan  a  donné  ce  Martyrologe  Métrique  de  Wan- 
delbert diftribué  par  jours  dans  (a  première  édition 
d'Uluard  :  &c  D.  Luc  d'Achéry  l'a  donné  de  fuite 
avec  fa  Préface  ,  adrellée  à  un  Otticus ,  au  cinquième 
Tome  de  fon  Spicilége. 

VL  Le  Martyrologe  de  Raban  eft  une  augmen- 
tation de  ceux  de  Bède  &  de  Florus.  Le  P.  Pape- 
broclc  avoit  cru  que  Raban  avoit  travaillé  en  Alle- 
magne en  même- temps  que  Florus  en  France  ,  c'ell- 
à-dire ,  vers  l'an  850.  Le  P.  du  Sollier  préfère  la 
conjeéfure  de  K^.  l'Abbé  Chaffelain ,  qui  croit  que 
Raban  ne  travailla  à  fon  Martyrologe  que  vers  l'an 
845.  après  qu'il  eut  fait  fa  démiihon  de  l'Abbaye 
de  Fulde.  Il  a  ajouté  les  fêtes  particulières  de  cette 
Abbaye.  Raban  prévint  Adon  ,  qui  avoit  projette  un 
Martyrologe  plus  ample  que  ceux  qu'on  avoit.  L'un 
&  l'autre  ont  les  mêmes  défauts  i  ils  font  en  quel- 
<}ues  jours  longs  à  l'excès ,  en  d'autres  beaucoup 
trop  courts ,  n'y  rapportant  qu'un  ou  deux  Saints 
en  très-peu  de  mots. 

VIL  Le  Martyrologe  de  Notker ,  furnommé  le 
Petit  Bègue ,  Moine  de  S.  Gai ,  fous  la  règle  de  S. 
Benoît,  fut  écrit  vers  l'an  894.  Henri  Canilîus  l'a 
donné  depuis  le  premier  Janvier  jufqu'au  26  d'Oèfo- 
bre  incluiivement  ;  le  refte  n'ayant  point  été  trouvé. 
Ce  Martyrologe  eft  une  compilation  de  plulieurs 
autres.  Il  y  manque  encore  depuis  le  douzième  de 
Juin  julqu'au  dix-neuvième;  depuis  le  deuxième  de 
Juillet  jufqu'au  fept ,  &  depuis  le  dix-huit  d'Août 
jufqu'au  vingt-fept.  C'eft  lur  un  Manulcrit  de  la 
Bibliothèque  de  S.  Gai  ,  que  Canifius  l'a  imprimé. 
Il  ne  faut  point  confondre  ce  Notker  avec  llx  au- 
tres Moines  qui  ont  vécu  à  S.  Gai  dans  l'efpace  de 
deux  ilècles.  l'^oye^  Chastelain. 

VIII.  Le  Martyrologe  d'Adon  ,  Moine  de  Fer- 
rières  en  Gâtinois ,  puis  de  Prom  ,  au  Diocèfe  de 
Trêves  ,  enfuite  Curé  de  S.  Romain  en  Viennois, 
&  enfin  Archevêque  de  Vienne  ,  cft  une  fuite  &  une 
defcendance  du  Romain,  fi  l'on  peut  parler  ainfi.  Car 
voici  comme  le  Père  du  Sollier  marque  fa  généalo- 
gie ,  Prdf.  c.  I.  An.  III.  §.  ^.  n.  6p.  Le  Martyro- 
loge de  S.  Jérôme ,  eft  le  grand  Romain.  De  celui- 
là  on  a  fait  le  petit  Romain  ,  imprimé  par  Rol- 
weyd.  De  ce  petit  Romain  avec  celui  de  Bède , 
augmenté  par  Florus ,  Adon  a  fait  le  ficn  ,  en  ajou- 
tant à  ceux-là  ce  qui  y  manquoit.  Il  le  fit  en  858. 
au  retour  d'un  voyage  de  Rome ,  fe  fetvant ,  dit  il 
dans  fa  Préface  ,  d'un  Martyrologe  vétiérable  & 
très-ancien ,  envoyé  autrefois  par  un  Pape  à  Aquilée 
à  un  faint  Evéque  ,  qu'un  Religieux  lui  prêta  pour 
quelques  jours  ,  oc  qu'il  décrivit  à  Ravenne.  C'eft 
le  petit  Romain  dont  nous  avons  pailé  ,  n.  II. 
Adon  n'étoit  point  encore  Evêque  ;  il  ne  le  fut 
qu'en  860. 

Tome  V, 


M  A  R. 


8^7 


IX.  Le  Martyrologe  d'Uluard  ,  Moine  de  i>.  Gcr- 
mamdes  Prés  à  Paris  ,  fut  écrit  en  87;.  &c  dédie 
a  Charles  le  Chauve  ,  &c  non  à  Charleinagne  ,  com- 
me ont  cru  Tritheme  ik.  beaucoup  d'autres.  Char- 
les le  Chauve  étoit  déjà  Empereur  :  or  il  ne  le  fut 
qu'en  875.  Ainfi  il  faut  que  cet  ouvrage  ait  été 
fait  ou  aciievé  cette  année  la  ,  ou  la  fiiivantc  ,  dix- 
huit  ans  après  celui  d'Adon.  Uluard  le  ht  fur  un 
exemplaire  d'Adon  qui  portoit  faullément  le  titre 
de  Martyrologe  de  Florus.  Voye\  le  P.  du  Sollier , 
Pnf.  c.  I.  Art.  III.  Se  les  luivans,  où  il  traite  des 
dirtéreiis  Manufcrics  &c  des  éditions  de  ce  Martyro- 
loge ^  qu'il  donne  au  publia  j  avec  de  favantcs  No- 
ies. Ce  Martyrologe  d'Uluard  paroiliain  plus  com- 
mode pour  l'ulage  ,  que  tous  ceux  qui  l'avoient 
précédé  ,  fut  reçu  avec  grand  applaudillement  ,  & 
admis  par-tout ,  même  à  Rome  ,  à  la  place  de  ceux 
qui  avoient  lervi  julqu'alors  ;  iJc  c'eft  encore  celui 
dont  on  le  Icrt  à  préfent  dans  les  Eiilifes,  où  l'on 
n'a  pas  encore  pris  le  Romain  moderne ,  &  nom- 
mément dans  tout  l'Ordre  de  Cîteaux. 

X.  Le  Martyrologe  de  Nevelon  ,  Moine  de  Cor- 
bie ,  écrit  vers  l'an  1089  ,  n'eft  proprement  qu'un 
abrégé  d'Adon  avec  les  additions  de  quelques  Saints, 
principalement  des  environs  d'Amiens.  Il  cft  con- 
lervé  dans  la  Bibliothèque  de  S.  Pierre  de  Corbie, 
«ISc  n'eft  point  encore  imprimé. 

XL  Quelques  uns  attribuent  un  Martyrologe  à 
Ditmar  Evéque  de  Mersbourg  en  Mitiiie,  mais  il 
n'en  a  point  fait.  Quand  il  parle  de  Ion  Martyro- 
loge au  feptiémc  Livre  de  fa  Chronique ,  il  entend 
un  exemplaire  de  Martyrologe  qu'il  avoir. 

XII.  Le  P.  Kirker  dans  fon  Prodromus  ,  parle 
d'un  Martyrologe  des  Coptes ,  gardé  aux  Maronites  à 
Rome. 

XIII.  Il  y  a  des  Martyrologes d'EgliCes  particulières. 
Le  Martyrologe  de  S.  Savin  de  Lavédan  ,  drellé  pour 
l'ufage  de  ce  Monaftère  ,  &  donné  au  public  par 
M.  du  Sauftay  Evêque  de  Toul ,  à  la  fin  de  fon  fé- 
cond Tome  du  Martyrologe  de  France.  Le  Martyro- 
loge de  S.  Laurent  de  Bourges  j  Abbaye  de  Bénédic- 
tins, a  été  donné  par  le  P.  Labbe  Jéluke ,  qui  alhi- 
le  que  c'eft  la  copie  d'un  plus  ancien.  Tel  qu'il  eft 
aujourd'hui ,  il  n'a  guère  plus  de  400  ans.  Il  venoic 
apparemment  de  S.  î>ulpice  de  Bourges  ,  Abbaye 
de  Bénédiéfins  ;  car  on  y  voit  les  Fêtes  particuliè- 
res de  ce  Monaftère  j  &  des  Eglifes  qui  en  dépen- 
dent. Le  Martyrologe  de  S.  Cyriaque  de  Rome,  vu 
par  Baronius  ,  eft  ainfi  nommé  ,  parce  qu'il  appar- 
renoit  à  un  Monaftère  de  ce  nom ,  qui  étoit  près 
de  fainte  Marie  ,  in  via  lata  y  &  dont  il  ne  refte 
aucun  veftige.  Le  Martyrologe  de  fainte  Colombe 
de  Sens,  a  palfé  entte  les  mains  de  la  Reine  Chrif- 
tine  de  Suède  ,  éc  Holftémus  n'en  parle  que  fous 
ce  nom.  Il  finit  au  7  Septembre;  le  refte  eft  mu- 
tilé. 

Les  trois  premiers  Martyrologes  font  comme  les 
fources  Ik  les  originaux  de  tous  les  autres  ,  qui  n'en 
font  que  des  copies  augmentées.  Selon  le  lentimenc 
du  P.  du  Sollier',  Prej.  c.  I.  il  n'eft  pas  clair  d'où 
celui  de  Wandelbert  a  été  pris  ;  mais  il  eft  certain 
que  celui  de  Raban  cft  venu  de  celui  de  Bède  , 
qu'il  a  été  augmenté  de  celui  de  S.  Jérôme  ,  avec 
des  additions  ou  augmentations  de  l'Auteur.  Adon 
marque  allez  évidemment  lui-même  que  fi  fource 
eft  le  petit  Martyrologe  Romain,  puifqu'il  le  mec 
à  la  tête  du  fien  ,  Se  le  tranfcrit  à  chaque  jour.  Il 
n'eft  pas  mofns  évident  que  celui  d'Ufuard  eft  ce- 
lui d'Adon  abrégé  ,  avec  les  additions  des  Saints 
Martyrs  de  Cordoue  ,  quelques-uns  pris  de  celui 
de  S.  Jérôme  ,  ceux  de  fon  pays  ,  &  peu  d'autres 
qu'il  a  pris  d'ailleurs.  Le  premier  Martyrologe  _,  qui 
ait  été  reçu  de  toute  l'Eglife  ,  fut  drelfé  par  l'ordre 
de  deux  Rois  de  France.  L'Empereur  Louis  le  Dé- 
bonnaire en  infpira  le  delTein  ;  Se  Charles  le  Chau- 
ve j  à  qui  Uluard  le  dédia  ,  l'honora  d'une  protec- 
tion publique.  Chastelain. 

Les  Hérétiques  ont  aulfi  fait  Ifeurs  Martyrologes , 
qui  ne  remontent  pas  bien-haut.    Ils  ne   commen- 

Rtrrr  ij 


86g  M  A  R 

cent  guère  qu'à  Wiclet",  &  à  Jean  Hus  ,  dont  le 
piemier  mouiiit  1  an  1587.  &:  le  (econd  hic  brûlé 
en  141 5.  Il  parut  un  de  ces  prétendus  Martyrolo- 
ges à  Genève  vers  le  milieu  du  XVF.  liècle  en 
Latin,  puis  en  François  en  IJ54.  chez  Crilpin, 
que  plulieurs  en  tont  Auteur ,  ou  Traduéleur.  Il  y 
fit  quelques  augmentations  j  &  les  réimprima  en 
Latin  tous  le  titre  d'Actes  des  Martyrs  ,  qui  ont 
ioulibit  depuis  WicleF&  Hus.  /^cyf^  B.aïUet, -Di/c. 
fur  l'Hift.  de  U  Fie  des  Saints ,  n.  LXIF.  Le  Doc- 
teur Bray  ,  Anglois  ,  a  tait  un  Martyrologe.  C'ell 
une  hiftoire  de  toutes  les  per(écutions  prétenduesj 
que  les  Protcllans  ont  loutkrtcs. 

Ce  mot  vient  de  f^ht^f ,  martyr ,  Se  de  '■îy^'  ,  dko. 
Difcours,  Ouvrage  lur  les  Martyrs.  D'autres  dilent 
de  A'v» ,  colligo  j  je  ramalle. 

Martyrologe,  le  ditauiîi  d'un  régiftre  ou  rôle  d'une 
Sacriftie  ,  où  lont  contenus  les  noms  des  Saints  & 
des  Martyrs  ,  tant  de  l'Eglife  univerfelle ,  que  des 
particulières  de  la  Ville  ,  du  Diocèle  ,  du  MonalKrc 
à  pareil  jour.  Alarcyrologium.  On  en  fait  la  lecture 
ou  commémoration  à  Prime  avant  le  Pretioja  jim- 
vant  la  Rubrique  du  Bréviaire.  On  le  dit  aulli  des 
tableaux  qui  lont  dans  les  grandes  Sacrifties ,  qui 
contiennent  le  mémoire  des  fondations  j  obits  ,  ou 
prières  ,  &  Melfes  ,  qui  fe  doivent  dire  chaque 
jour ,  &  qui  fervent  à  régler  l'Office  Se  les  com- 
mémorations. Aujourd'hui  les  Martyrologes  con- 
tiennent non  leulement  le  nom  des  fiints  Martyrs  , 
mais  aulïï  ceux  des  Confelleurs ,  des  Vierges ,  &c. 

MARTYROLOGISTE.  f.  m.  Auteur  d'un  Martyrolo- 
ge. Martyrologii  auclor ,  feriptor.  Tous  les  Marty- 
rologïftes  tels  que  font  Wandelbert,  Adon  «Se  Ufuard. 
Chastel.  Martyr.  T.  I.  p.  6  (j. 

MARTYROPOI.E.  Martyropolis.  Ville  de  la  grande 
Arménie ,  dans  la  partie  de  cette  Province  ,  appelée 
Sophanène  fur  le  bord  du  Heuve  Nimphius. 

MARVART.  f  m.  Nom  d'un  homme.  Marcovardus. 
S.  Marvart  fut  Moine  des  Ferrières  en  Gàtinois, 
puis  Abbé  de  Prom  ,  aux  frontières  de  Luxembourg. 
Son  nom  en  Teutonique  eft  Marh-wart.  Chaste- 
LAiN.  Alart.   T.  I.  p.  7 94.  Se  joS. 

MARUÉGE  ,  &  MARVEJOLS.   Voyei  Marenge. 

MARUGIO.  Nom  d'un  ancien  Bourg  des  Salentins, 
en  Italie.  Maruhium.  Il  eft  dans  la  Terre  d'Otran- 
ge  ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  Tarente  ,  vers  le  le- 
vant. Maty. 

MARVILLE.  Nom  d'un  Bourg fitué  furie  Vézin,  près  de 
l'endroit  où  il  fe  jette  dans  le  Cher,  Filla Martïa. 
Valois,  Not.  Gall.  p.  60p. 

Marville.  Autre  Bourg  du  Duché  de  Bar  ,  en  Lor- 
raine. Marvilla  ,  Mania  ;  Martifvilla.  Il  eft  fur  la 
petite  rivière  d'Oftain ,  aux  confins  du  Luxembourg , 
à  quatre  lieues  de  Stenay  ,  &  à  une  de  Jamets,  vers 
le  levant.  Maty. 

MARVISIA  ,  ou  ALMISLA.  Nom  d'une  montagne  & 
d'un  Cap  de  l'île  de  Chio  ,  dans  l'Archipel.  Arvijius 
nions.  Cette  montagne  eft  célèbre  par  le  vin  qui  y 
croît  ,  &  qu'on  nommoit  autrefois  Marvoifie  ,  & 
aujourd'hui  Malvoilîe,  du  nom  de  cette  montagne; 
en  changeant  \'r  en  /. 

MARUM.  f.  m.  C'eft  un  nom  qu'on  donne  à  deux 
fortes  de  plantes.  Il  y  a  un  marum  qui  eft  une 
efpèce  de  thymbre,  qu'on  appelle  marum-majlich , 
Sz  qui  croît  quelquefois  à  la  hauteur  de  trois  pieds. 
Il  poulfe  beaucoup  de  branches  ligneufes ,  garnies 
de  feuilles  lemblables  à  celles  de  la  marjolaine  , 
blanchâtres,  d'un  goût  acre  &  amer.  Ses  fleurs  Se 
fcs  graines  relîemblent  tout  à-fait  à  celle  du  thym  , 
mais  (es  fleurs  font  verticillées  ,  c'eft-à  due  ,  qu'el 
les  nailFent  par  étages  ,  diipolées  en  rayons  le  long 
des  branches  &  de  la  tige  ,  de  couleur  blanche. 
Sa  racine  eft  ligneufe.  Toute  cette  plante  a  une 
odeur  aromatique.  Elle  eft  propre  pour  fortifier 
la  tête  Se  l'eftomac  ,  Se  pour  rélifter  au  venin. 
M.  Tournefort  l'appelle  Thymbra  Hifpanka  mar- 
joranA  folio. 

L'autre  forte  de  marum  eft  une  efpèce  de  german- 
drée,  qui  poulfe  plufieuis  petites  verges  ligneufes. 


M  A  R 

blanchâtres.  Ses  feuilles  font  approchantes  de  celles 
du  (erpolet ,  plus  grandes  que  celles  du  thym  j  blan- 
châtres en  dellous,  vertes  en  delius,  d'un  goût  amer 
Se  acre  ,  Se  d'une  odeur  agréable.  Ses  Heurs  (ont  en 
gueule  ,  de  couleur  purpurine  ,  femblablcs  à  celles 
de  la  gcrmandree  ordinaire.  Ses  femences  font  prcf- 
que  rondes  ,»&:  enfermées  dans  une  caplule  qui  a 
fervi  de  calice  à  la  Heur.  Cette  plante  croit  dans  les 
pays  chauds  ,  comme  en  Provence ,  aux  îlesd'Hieres , 
&c.  Elle  a  les  mêmes  propriétés  que  la  précédente. 
En  Latin  marum  cortufi.  M.  Tournefort  l'appelle 
Chamddris  maritima  incana  frutefcens  ,  folïis  lan- 
ceolatis.  Les  chats  aiment  li  fort  cette  plante  ,  que 
lortqu'on  la  tranfplante  dans  les  jardins  j  ils  vien- 
nent de  toutes  parts  attirés  par  fon  odeur  :  Se  fi  on 
n'a  pas  foin  de  la  couvrir  d'une  cage  de  fer  ou  d'ar- 
chal,  llcï" ils  le  roulent  delfuSj  la  mettent  en  pièces. 
Se  finillent  par  tomber  dans  une  cfpéce  d'ivrelle. 

MARVOYER.  V.  n.  Vieux  mot.  Extravaguer. 

MARWYNEN.  Nom  d'une  grande  rivière  de  l'Amé- 
rique méridionale.  Maruvams.  Elle  prend  iâ  fource 
dans  la  Gujane  ,  dont  elle  baigne  une  partie  ;  en- 
fuite  elle  traverfe  la  Caribane ,  Se  fe  décharge  dans 
la  mer  du  nord  ,  au  levant  de  la  rivière  de  Surinam , 
ou  Surnam.    Maty. 

MARY.  f.  m.  Nom  d'homme.  Marius  Le  B.  Mary , 
né   à  Orléans  ,  de  famille    médiocre  ,  s'étoit    con- 
facré    au   leivice   de  Dieu  dès    fa  jeunelle  dans  un 
Monaftère  de  fon  pays.  Baillet.  D'autres  l'appel- 
lent Maire.  Id.  Il  fut  fait  Abbé  de    Beuvoux  vers 
l'an   506.  Se  mourut  vers   l'an  jjj.  le  27  Janvier. 
Foye:^   Bollandus  Se  Baillet  à  ce  jour.    Bult.  Hift. 
de    S.  Ben.  L.   II.  c.   21.   n.  j.   Adon    appelle  ce 
Saint  Ahbas   monajlerïi  Bodanenjis.  Ufuard ,  à  qui 
on  envoya    une   copie  du  Martyrologe  d'Adon^  de 
Lyon  a  Paris  ,  fans  lui  mander  de  qui  il  étoit.  Se 
qu'il  crut  être  de  Florus ,  mit  la  même  chofe  pour 
S.    Mary ,   finon  qu'au  lieu  de  Badonenjis  ,  qui  étoit 
mal  écrit  dans  cette  copie  pour  Bodanenjis ,   comme 
portent  tous  les  anciens  manulcritSj  ou  Bodonenjîs , 
comme  portent  les  moins  anciens  ,   il  lut  Bobacen- 
Jis  ,  comme  on  le  voit  en  fon  autographe  à    Saint 
Germain-des-Près.    Et  comme  toutes  les   Commu- 
nautés   prirent  ce   Martyrologe,  on  crut  partout,, 
hors  dans    le  Diocèfe  de   Sdfteron  ,  que    Bobacum 
étoit  le   vrai    nom  de  ce  monaftère  ;  &  l'on   prit 
Bolanum  pour  une  faute  dans  les  manufcritSj  où  il 
fc  trouva.  Et  coipmc   on   ne  voyoit  point  de  nom 
de   lieu  dins  le  iJ/iocèfe  de  Sifteron ,  qui  eût  plus 
de   rapport  au  mot  de  Bobacum  que  celui  de   Bé- 
vous ,  tous  les  Traduéleurs  ont  interprété  Bobacum 
par  Bévous  ,  que  plufieurs  ont  écrit  Beuvons  ,  Se 
même   Beuvoux  ,  comme  Baillet  ci   deflus  ;  mais  il 
n'y  a  point  de  Beuvoux  dans  ce  Diocèfe  :  &  pour 
Bcvons  c'eft  un  village  de  Provence  à  une  lieue  de 
Sifteron,    où   il  n'y  a  aucune  trace  de  monaftère  j 
&:  qui  en   Latin  s'eft  toujours  dit    Bevontium.   Au 
lieu  que  dans  l'Archiprêtré  de  Valbenois ,  qui  eft  à 
douze  lieues  de  Sifteron  ,  Se  dans  la   partie  de  ce 
Diocèfe  qui  eft  en  Dauphiné  ,  on  voit  les  ruines  de 
ce   fameux  monaftère ,  près  du  petit  village  ,  à  qui 
il  en  eft  refte  le  nom  de   S.    May  ;   car  c'eft  ainfî 
qu'on   le  prononce    &:    qu'on  l'écrit  ,  en   Latin  S. 
Marius ,  patron  de  la  paroilîe  de  ce  lieu.  Chaste- 
LA1N.  ,  au    2-j   Janvier  ,  p.  41.^.  Le  P.  du  Sollier 
foufcrit  à  cette   critique  de  M.  Chaftelain  ,   &  dit 
que  quelques  manutcrits  difent  Maurus  ,  ou  Mace- 
nus  ,  au  \ie.\.\  àc  Marius ,  mais  mal.   Foye^  Bollan- 
dus ,  (iir  ce  Saint. 

De  Marius  on  a  fait  Mary ,  Se  en  retranchant  l'r, 
May. 

MARYLAND.  Nom  d'une  contrée  de  la  Virginie , 
en  l'Amérique  feptentrionale.  Marilandia  y  ■  Terra 
Mari£.  Elle  eft  divifée  en  deux  parties  par  le  golfe 
de  Chefapeac.  Ses  lieux  principaux  font  S.  Marycs, 
Calverton  Se  Hcrriiigton.  Maty. 
MARZA  SIROCCO.  C'eft  le  nom  d'un  petit  golfe  de 
l'île  de  Malte.  Alarma  Sirocea.  Il  eft  fur  la  côte  mé- 
ridionale. Les  Turcs  y  firent  une  defcente  l'an  i  j6j. 


MAS 


MAS 


lorfqu'ils  allcrcnc  allicgc-r  la  ville  de  Miite;  pour 
prévenir  un  pareil  malheur,  les  GrandsMaitrci 
lie  Malte  y  ont  fait  bâtir  trois  forts,  deux  à  l'en- 
trée du  golfe  ,  (Sr  un  troiliènie  lur  une  pointe  de 
rtrre  ,  qui  s'avance  vers  le  milieu  du  golfe,  6c  qui 
regarde  l'entrée.  Maty. 

MaRZALQUIVIR.  Qui  lignifie  le  grand  port.  Ma- 
gnus  ponus  ,  Marfalquibna.  C'eit  un  bourg  du 
Koyaunif  d'Alger,  en  Barbarie,  il  cft  lur  la  côte  de 
Telenlui  ,  où  il  a  un  bon  porc  ,  à  l'orient  de  la 
Ville  dOran. 

MARZANA.  1".  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
décile  .adorée  autrefois  danv  la  Sarmatic.  Marmara. 
C'étoit  la  'Vénus  des  Sarmatcs. 

MARZEAU.  f.  m.  Petite  excroillance  de  chair  grolfe 
&  longue  comme  le  doigt ,  fort  ordinaire  a  la 
gorge   des  cochons.  Dïcl.  des  Arts. 

MARZILLA.  Petite  ville  d'Efpagne  au  Royaume  de 
Navarre  ,  lur  le  chemin  de  Âladrid  à  Pampelune , 
à  une  portée  de  moulquet  de  la  l'ivière  d'Arragon. 


869 


M  A  S. 

MAS.  f.  m.  Vieux  terme  de  Coutumes  ,  qui  fignifie 
le  ténemcnt  ,  &  héritage  miinmortable  des  per- 
lonnes  de  lervjle  condition  ,  &  de  mainmorte.  En 
quelques  lieux  on  l'appelle  Mex  ,  ou  rneix.  Vdla 
ciiemclans.  Ce  terme  ell:  conmiun  en  Provence  & 
en  Languedoc.  Monlîeur  elt  à  fon  mas.  Mas  de 
l'Archevêque  ;  de  là  ell  venu  le  nom  de  du  Mas  , 
Il  commun  en  toutes  les  Provinces. 

Mas.  f.  m.  Terme  ancien  encore  ufité  en  Dauphine^^ 
où  les  terres  le  divifent  en  mas  ,  &:  les  mas  en 
journaux.  Majja.  C'eft  un  amas  de  terres  qui  font 
toutes  à  un  même  Seigneur  ,  &  que  pour  cela  on  ap- 
pelle aulîi  Condomine.  Condomina.  Un  territoire  le 
diviloit  en /7Ziî5,  &  ces  mas  en  journaux.  Calliodore 
nomma  maffa  ,  ce  que  nous  appelons  mas  ;  & 
Frontin  ,  jugera  les  journaux.  Chaque  mas  étoit  fé- 
paré  de  l'autre  par  des  chemins  moindres  que  leDé- 
cuman  &  le  Cardo.  Les  chemins  qui  étoient  entre 
les  mas  pour  les  divifer  ,  étoient  nommés  Artuaircs. 
Chorier  ,  Hift.  de  Daupk.  L.  IV.  p.  /99, 

Ce  mot  vient  de  maffa  ,  qui  en  la  balle  Latinité  a 
fignilié  forids  &  héritage.  On  a  dit  aulîî  manjus  , 
manfa  ,  Se  manfum  :  c'efl:  une  petite  métairie  pour 
loger  un  paylan ,  à  Laquelle  étoient  annexés  douze 
arpens  de  terre.  On  a  dit  aulIi  majjum  ,  majfa  ,  mafa- 
da  ,  &  mafiam  dans  la  même  fignification.  |^  C'é- 
toit proprement  un  lieu  de  la  campagne  où 
il  y  avoit  de  quoi  loger  &  nourrir  une  fa- 
inille.  La  Coutume  d'Auvergne  dit  :  Pâturages  fe 
terminent  par  villages ,  mas  Se  ténemens.  Celui 
qui  occupoit  un  mas  ou  mari  fus ,  étoit  appelé  Ma- 
nens  ,  dont  nous  avons  fait  dans  notre  langue  Ma- 
nant ,  homme  de  la  campagne.  Le  mot  de  manfus 
fe  trouve  foiivent  dans  les  adtes  du  moyen  âge.  On 
appeloit  manfum  regale  ceux  qui  étoient  du  do- 
maine du  Roi.  Le  nombre  d'arpens  que  chaque 
manie  devoir  avoir  étoit  borné  par  les  Loix.  Ainlî 
dans  les  Capitulaires  de  Charlemagne  on  voit  des 
manies  nommées  manfi  integri  ,  &  dans  la  Chroni- 
que de  Fonte nelle ,  &  ailleurs,  on  trouve  des  de- 
mi manfes ,  man^  medii ,  ou  dimidii  dans  des  aéles 
rapportés  par  du  Cange  ,  &  manfeUl ,  pour  des 
manies  qui  n'avoient  qu'un  très-petit  terrain.  Le 
Fermier  d'une  manfe  étoit  appelé  Manfuarius.  La 
Mart. 
^3"  Le  mot  de  mas  pris  dans  cette  lignification  ,  du 
Latin  manere  ,  maneo  ,  manjl  ^manfum  ,  a  été  joint 
au  nom  de  plulieurs  lieux  où  étoient  ces  fortes 
d'habitations.  Le  mas  d'Agénois.  Manfus  Agïnnen- 
fis ,  ell  fur  la  Garonne  vis  à-vis  de  Marmande.  C'ell 
un  bourg  aux  confins  de  l'Agénois  &  du  Bazadois  , 
à  fix  lieues  au-dellous  d'Agen.  Le  Mas  d'Alîl ,  Man- 
fus Afilï ,  c'eft  une  célèbre  Abbaye  du  Comté  de 
Foix  en  Languedoc,  à  quatre  lieues  au  couchant  de 
Pamiers.  Le  Mas  Saintes  PuelLes^  Manfus  Sancla- 
run  Pudlanim ,  autrefois  Recaudum  ,  ell  à  deux 


lieues  de  Callclnaudari  dans  le  Lauragais  ,  au  biocelc 
de  S.    P.ipoul ,  dans  le  Haut-Languedoc.   C  elt   un 
bourg.   Le  Mas  lur  la  Garonne  proclie  de  louloulé 
cV  de  Montauban.    Le   Mas  de  la  Tour  ,  Manfus 
'l'unis  ,  ou  ad  Turrun.  Le  Mas  de  Cabardet ,  Man- 
fus Caharctcnfs  ,  ell  dans  le  territoire  de  Carcallon- 
ne.  'Valois,  A^c>r.  Gall.  p.  ji^.  Le  iW^j  de  Verdun. 
l^oye^  VtRDUN  en  Galcogne. 
Mas,  ou  Mase.  f.  m.  Efpèce  de  petits  poids  donc 
on  fe  fcrt  à  la  Chine,  p.irticulièrcment  du  côté  de 
Canton  ,  pour    peler  tic  dilhibuer   l'argent  dans  le 
négoce.  Le  mas  le  divile  en  dix  condorins.  Dix  mas 
font  un  taël. 
MASAGE.  f.m.  Vieux  mot.  Village.   On  a  dit  MaJlL 
MASALOTH.   Nom   d'une  ville  de    la  Terre  Sainte. 
MaJ'aloth.    Elle  étoit  dans  la  Tribu  de  Ncphtalie, 
ik.  dans  la  Galilée  Uipérieure.  Les  Grecs  la  nomment 
h\uiituA(^i    MœfuLoth.    Bacchides    prit    Mafaloth ,  I. 
Machah.   IX.  ^ .  on  \.\.nijn\mt  ArbelU. 
MASAMUTIN.  1.  ni.  Nom  d'une  ancicipie  monnoie. 
Mafamut'mus.   Le  Blanc   croit    que    c'eft  la  même 
cliofe  que  maramotin.  Cependant  le  Maramottn  pe- 
loit  66  ,  &  même  ^6  grains  ,  &  le  mafamutin  n'en 
pefoit    que   4611--    Car    les  Confuls  de  Montpellier 
étant  allés  à  Rome  ,    promirent  au  Pape    Innocent 
in.   au  nom  de  la  ville  ,  de  payer  tous  les  ans  au 
S.  Siège  pour  être  fous   ta  protedion  ,  deux  marcs 
d'or.  Centum  mafamutmis  pro   qual'Lbet  marcâ  com- 
putand'is.  Voyez   Marotin.  Il  y  avoit  des  mafam.u- 
t'ins  d'or  ,  &  des  mafamut'ins  d'argent  ,  ils  valoient 
chacun   lix   fous  de    réaies.  Sen'is  foLidis    regaiium 
nfl'imati  ;  Se  ils  avoient  pris  leur  nom  de  Aben  Jo- 
leph    Maholumet   Miramolin,   Roi  des  Maures  en 
Etpagne  ,  comme  l'a  remarqué  Gariel,  Séries  Pra- 
ful.    Magalonenf  &  Montpel.  p.  227. 
MASANDEAN  ,    TABRISTAN  ,     TABARISTAN. 
Province  de  la  Perte ,  en  Afie.  Manfanderana  pro~ 
vincia  ,    Tabarajiama.  Elle   ell  une  partie    de  l'an- 
cienne Hyrcanie  ;  les  bornes  font  au  nord  de  la  mer 
Calpienne  ;  au  couchant  le  Kilan  ;  au  l'ud  l'Yérack  , 
&c  au  levant  rAllérabat.  Ses  villes  principales  font 
Farabuth  capitale  ,  Abskun  ,  Funkabun  ,  Sahxah,  &c. 
Cette  province  n'ell  pas  exaélement  connue  par  les 
Européens ,  comme  on  le  peut  connoître   par  leurs 
variations;  les  uns  faifant  trois  provinces  du  Mafan- 
dcran  ,  du    Tabarillan  ^   &  de  l'Aftérabat  -,  les  au- 
tres joignant  les  deux  derniers  de  ces  pays   enfem- 
ble ,   &  en  féparant  le  Mafandéran  ;  les  autres  fé- 
parant  l'Aftérabat ,  Se  joignant  le  Mafandéran  6c  le 
Tabarellan ,  comme  nous  avons  fait ,  &  enfin  quel- 
ques uns  lui  donnant    Mafandéran  pour   capitale, 
dont  Tavernier  ne  fait  point  de  mention. 
MASARANDIBA.  f  m.   Arbre  qui    croît  au  Bréfil , 
allez    temblable   à    notre   cerifier    d'Europe ,   avec 
cette  leule  différence  que  le  fruit  qu'il  produit  n'eft 
pas  rond  comme  nos  cerites.  Ce  fruit  contient  un 
noyau    fort  dur  ,  avec  un  tue  laiteux  ,  très  -  agréa- 
ble.   Les    habitans    du  Brélil  l'expriment ,  8c    s'en 
fervent  en   émullion    comme    d'un  remède    contre 
l'enrouement ,   8c  contre  les  afteèlions  froides  de  la 
poitrine  :  ils  le  prennent  feul ,  ou  avec  d'autres  pec- 
toraux. 
MASAT.  Nom  d'une  rivière  qui  s'appelle  autrement 
Rio  de  S.  Jean.  Maffa.  C'eft  une  rivière  de  la  Ni- 
gritie.  Elle  coule  fur  les  confins  du  Royaume   de 
Gualata,  Se  de  celui   de  Genchoa ,  &  elle  fe  dé- 
charge dans  l'Océan  Atlantique  ,  au  midi  du  Cap 
blanc.   Maty. 
MASBATE.  Nom  d'une  Ile  de  l'Océan  oriental.  Mas- 
hata.  Elle  eft   une  des  Philippines,  appartient  aux 
Efpagnols ,  &  fe  trouve  au  midi  de  la  Manille  ,  6: 
au  couchant  de  la  Tendaie.  Maty. 
MASBOTHÉEN,  ou  MASBUTHEEN,  ou  MASBO- 
THIEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  Scéle.   Mes- 
bothaus  ,  ou  Masboth&us  ,  a.   Eusèbe  dans  fon  H'ifl. 
Eccl.  L.  /^.  c.  .22.0U  plutôt  Hégéllppe  qu'il  cite, 
fait   mention  de  deux  lortes    de  Masbotkéens.  Les 
uns  font  l'une  des  fepc  Seéles  qui   fortirent  du  Ju- 
daïtine  ,  &  troublèrent  l'Églife.  Elle  fut  ainti  nora- 


Syo 


MAS 


mée  de  NLisbothée ,  qui  en  fut  l'Auteur.  Les  autres 
étoienc  une  des  lept  ScCtes  Judaïques  avant  J.  C. 
Car,  dit  Henri  de  Valois  dans  (es  Notes,  il  ne 
faut  point  contoiidre  ces  deux  elpèces  de  Masbo- 
th^cns  ,  puitque  les  derniers  étoient  une  leiite  Juive 
du  temps  de  J.  C.  ik  que  les  premiers  font  des 
Hérétiques  qui  en  étoient  defcendus.  Rutin  les  diL 
tingue  même  par  leurs  noms  :  il  appelle  la  Sedte 
Judaïque  Masbuchéens  ,  Mashucheï  ,  Se  les  Héré- 
tiques qui  en  étoient  venus  Alashuthéaniens  ,  Mas- 
huthtanï.  De  Valois  croit  que  cela  elt  plus  exaét , 
&  qu'il  y  a  faute  dans  Hégélîppe.  S.  Jérôme  les 
nomme  Marhonéens ,  Hc  Ilidore  Morbonécns  ,  Mar- 
boncL  ,  Morbonei.  Les  Mashockccns  étoient  une 
branche  de  Simoniens. 

Ce  mot  vient  de  l'Hébreu  TOV ,  Schabat ,  Re- 
pofer ,  Se  lignifie.  Des  gens  oilîfs  ,  des  gens  de 
repos;  les  Tranquilles  ^  les  Oilifs.  Eusèbe  en  parle 
comme  s'ils  avoient  été  ainli  appelés  du  nom  de 
Masbothée  _,  chef  de  leur  fcCte  :  mais  il  ell  bien 
plus  probable  que  Masbots.i  y  d'où  il  a  été  formé 
en  Grec  ,  ell  un  nom  Hébreu  ,  ou  plutôt  Chai 
daïque  ,  qui  eft  la  même  choie  que  Sabbataire  ,  en 
notre  langue  ,  c'eft  à  dire ,  qui  fiit  profelîîon  de 
garder  le  Sabbat  j  &  en  effet ,  ces  Scdbaires  diloient 
qu'ils  avoient  appris  de  Jésus-Christ  à  le  garder. 
Sérarius s'ell  trompé  lorlqu  il  lésa  appelés  Marbonai , 
après  Raban  Maure. 

MASCALAT.  Nom  d'une  ville  de  l'Arabie  heureufe. 
Mafcalatum  ,  Mafcala.  Elle  eft  à  vingt  lieues  du 
golie  de  Balfora,  Se  environ  à  cinquante  de  la  ville 
de  Lablà  ,  vers  le  levant.  Mafcalat  eft  capitale  d'un 
Royaume,  ou  d'une  Piincipauté_,  qui  s'étend  tout  le 
long  du  golfe  de  Ballora  ,  entre  le  Reglerbeglic  de 
Labla,    Se  la  Principauté  de  Vodana.  Maty. 

MASCARADE,  f.  f.  Troupe  de  perfonnes  |f3"dégui- 
fées&  malquées  pour  quelque  divcrtiirement.  Larva- 
torum  ludkra  caterva.  Voilà  une  mafcurude  bien 
entendue.  Dans  le  temps  du  Carnaval  on  voit  de 
pLiûntes  mafcaradcs. 

03"  On  le  dit  aullî  ,  ou  du  moins  on  le  difoit  de  la 
Danfe  exécutée  par  une  troupe  de  gens  mafqués. 
Danfer  une  mafcarade. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  mafcareta  ,  dérivé  de 
l'Arabe  mafcara ,  qui  fignitie  raUlene ,  bouffonne- 
rie.   MÉNAGE. 

Mascarade  ,  efl:  auilî  un  titre  que  quelques  Poètes 
ont  donné  à  des  vers  qu'ils  ont  tait  pour  les  perlbn- 
nagesdeces  petites  danles  ou  ballets. 

Mascarade,  eft  aullî  le  nom  des  chaulons  qui  fe  font 
en  Italie  pour  le  Carnaval ,  Se  qui  fe  chantent  ou 
récitent  avec  des  chars  de  triomphe  Se  diverfes  re- 
prélentations.  Le  Lafca  en  fit  un  recueil  qu'il  publia 
à  Florence  en  1559  lien  rapporte  de  plus  de  qua- 
rante Auteurs  diftérens ,  dont  le  premier  eft  le  ma- 
gnifique Laurent  de  Médicis  ,  les  autres  font  de  plu- 
Tieurs  célèbres  Auteurs ,  Laurent  Strozzi ,  Pierre  de 
Volterre  ,  Philippe  Cambi ,  Antoine  Alamanni , 
Marc-Antoine  Vallani ,  &c.  Les  fujets  de  ces  maf- 
caradcs (oni  des  Gueux  qui  demandent  la  charité  , 
des  Ermites  ,  des  Muletiers  ,  des  Boulangers  ,  des 
Chaudronniers  ,  Se  diverles  autres  profellïons.  Le 
Lafca  dit  en  fa  Dédicace  au  Prince  de  Florence , 
François  de  Médicis  :  Trà  i  rarl  giuochi ,  i  diverjî 
fpeciacoli ,  e  le  moite  fejle  che  fecando  i  tempi ,  e  le 
Jlagioni  fi  fanno  publicamente  in  Fioren^e  ,  le  Maf- 
cherate  a  canti  carnalcialefchi  ,  fono  per  ogni  rif- 
petto  fefia  maravigliofa  e  belUJfima. 

MASCARAM.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du 
premier  mois  des  Ethiopiens  :  il  répond  à-peu-près 
à  notre  mois  de  Septembre.  On  l'appelle  auili  maf- 
certuni. 

MASCARENHE  ,  ou  MASCAREGNE.  Foyei  Bour- 
bon ,  île. 

MASCARET,  f.  m.  Terme  de  Navigation.  ^Eftus 
refluus.  C'eft  un  reftux  violent  de  la  mer  qui  re- 
monte impérueufement  dans  la  rivière  de  Dordogne  , 
qui  £iit  le  même  eftct  fur  cette  rivière ,  que  celui 
qu'on  appelle  la  Barre  fur  la  Seine.  j^Le  reiiux 


MAS 

s'engorgeant  dans  l'embouchure  de  ces  rivières ,  fait 
remonter  le  courant ,  &:  le  repoulle  vers  fa  fource 
julqu'à  une  certaine  diftance.  On  voit  alors  fur  l'eau 
deux  niveaux  trèsditférens  :  celui  qui  eft  plus  voi- 
lin  de  la  mer  eft  plus  haut  de  quelques  pieds  que 
celui  qui  eft  du  côté  de  la  lource  ,  Se  avance  com- 
me une  barre  par  le  travers  de  la  rivière ,  en  remon- 
tant avec  plus  ou  moins  de  rapidité  j  à  proportion 
de  celle  de  la  rivière  même. 

j4t  cum  Jummotus  lunaribus  incrementis 
Ipfe  Garumna  fuos  in  dorfa    recolUgit   dfius , 
Pracipitt  fiuclu  raptim  redit  ,  atque  videtur 
In  fontem  jam  non  refiuus  ,  Jed  defiuus  ire. 

Le  reflux  de  la  mer  repouire  les  eaux  de  la  Dor- 
dogne  jutqu'à  un  endroit  qu'on  appelle  S.  Ma- 
caire  ,  à  neui:  lieues  de  Ion  embouchure.  C'eft  peut- 
être  du  nom  de  ce  lieu  que  l'on  a  donné  le  nom  de  ■ 
JMafcaret  ou  Macaret  à  ce  refoulement  des  ea,ux  de 
la  Dordogne. 

MASCARI.  Nom  d'un  village  de  la  vallée  de  Démona, 
en  Sicile.  Mafcaris.  Il  eft  au  pied  du  mont  Gibel , 
à  quatre  lieues  de  Catane  j  vers  le  nord. 

MASCARON.  f.  m.  Terme  d'Architedure.  Tête  char- 
gée ,  ou  ridicule  ,  &  faite  à  fantailie  ,  qu'on  met  aux 
portes  J  aux  fontaines  ,  ou  aux  grottes.  Perfona  ludi- 
cra  ,  larva  ,  ludicra  effigies.  Ce  mot  eft  fait  de  l'Italien 
mafcarone  j  qui  lignihe  bourfonnerie.  L'Architcdfure 
Gothique  eft  quelquefois  diftbrme  par  le  mauvais 
goût  de  les  majcarons.  Daviler. 

MASCATE.  Nom  d'une  ville  de  l'Arabie  heureufe. 
Mafcatum.  Elle  eft  fur  le  golfe  d'Ormus  ,  entre  le  cap 
de  Razal  Gâte  ,  &  celui  de  Mozandan  ,  à  foixance  ou 
foixante  &  cinq  lieues  de  l'un  Se  de  l'autre. 

MASCHE.  Foyei  Mâche. 

MASCHEFER.  Voyev^  Mâchefer. 

MASCHELIÈRE.  Voye-{  MâcheuÈre. 

MASCHER.   Foyei  Mâcher. 

MASCHETTE.  'Voye^  Machette. 

MASCHEUR.  Voyei^  Mâcheur. 

MASCHIBISTUH.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom 
du  huitième  mois  des  Arméniens ,  qui  répond  au 
mois  d'Août. 

MASCHICATOIRE.  Foyei  Mâchicatoire. 

MASCHOIRE.  Foyei  Mâchoire. 

MASCHONNER.  "Voyei  Mâchonner. 

MASCON.  Voyei  Mâcon. 

MASCONNOIS.  Foye^  MÂconnois. 

MASCOUTHECAS  ,  ou  MASKOUTENS.  Autrement 
Nation  de  Feu ,  Peuples  de  l'Amérique  (eptentrionale, 
dans  la  Nouv.  France  ,  au  couchant  du  lac  des  Ilinois. 

MASCULIN  ,  INE.  adj.  Qui  convient  au  mâle.  Maf- 
culinus  y  mas.  Le  lexe  mafcalin  ,  Se  le  fexe  féminin. 
On  appelle  en  Généalogie  la  ligne  mafculine  ,  la  gé- 
nération de  mâle  en  mâle,  à  l'exclufion  des  femelles. 
Succellion  mafculine. 

03° Masculin,  fe  dit  plus  ordinairement  en  Gram- 
maire ,  pour  défigner  le  premier  des  genres  fous  lef- 
quels  les  noms  d'une  langue  lont  diftribués  ,  parce 
que  ce  genre  eft  attribué  particulièrement  à  l'hom- 
me. Àlafculinum  genus.  Homme  ,  bélier  ,  font  du 
genre  mafulin.  Les  noms  d'arbres  font  mafcuUns  en 
François  ,  &  féminins  en  Latin.  Il  y  a  des  mors  qui 
font  mafculins  Se  féminins.  Il  y  en  a  qui  ont  été  maf 
culins  en  un  temps  ,  Se  féminins  en  un  autre  ,  com- 
me affaire  ,  planète  ,  comète  j  &c.  Remarquez  que  le 
genre  mafcu lin,  comme  le  plus  noble  ,  prévaut  tout 
feul  contre  deux  féminins  .,  quand  même  ils  feroient 
les  plus  proches  du  régime.  Par  exemple ,  l'air  j  la  mer 
Se  la  terre ,  ne  pubiient-i/j  pas  î  Quoique  le  mot  de 
terre  j  &  de  mer,  féminins  ,  foient  plus  proches  que 
celui  d'air  J  on  met  ils  au  mafcuUn.  Il  n'y  a  que  deux 
genres  en  François  ,  le  mafculin  Se  le  féminin ,  il  n'y  a 
point  de  neutre ,  ou  bien  tout  ce  qui  eft  neutre  eftcen- 
lé  mafculin. 

^3"  On  dit  dans  la  même  acception,  2.n\c\c  mafculin , 
article  féminin.  Le  eft  l'article  mafcuUn  ,  par  oppoli- 
tion  à  la,  qui  eft  l'article  féminin.  Et  l'on  appelle  ter- 


MAS 

minaifon  mafculine ,  la  tcimmaifon  d'un  mot  qui  n'.i 
point  d'e  k-miinn  dans  la  dcniicrc  fyll.ibe.    Le  mot 
main,  a  la  tcnniiiailon  mafcuiLne  ,  quoiqu'il  l'oit  du 
genre  fcmiiiin.  Le  mot  homme  a  la  tciminailbji  fcmi- 
nine ,  quoiqu'il  foit  du  genre  mafculin. 
Masculin  ,  fc  dit  auliî  en  Poclîe  Françoile  ,  à  l'égard 
des  nrncs.  Rithmus  mafculmus.  La  rime  mafculine  , 
c(t  celle  qui  le  tait  d'un  mot  qui  a  une  prononciation 
forte  ,  ouverte  ,  ou  accentuée  ,  comme  font  tous  les 
mots     a  la  relerve  de  ceux  qui  ont  un  e  féminin  à 
k-urderniçie  fyllabe.qui  n'e(t  compté  que  pour  une 
demifyllabe.  Par  exemple,  amour  ^  jour,  bonu 
Se  chajleu     more  ^  fort,   font  des   rimes  mafculï- 
nos  :  cV'  é/amaèie  &  aimable ,  père  &  mire  ,  gloire 
&  mémoire  ,  lont  des  rimes  féminines.   Par  confé- 
quent  on  appelle  vers  mafcullns  ,  ceux  qui  ont  des 
nmes    majculines  ,  &  féminins  ceux    qui   ont   des 
rimes  féminines.  C'elU  Marot  que  l'on  doit  ce  mé- 
lange de  vers  mafculins  &  féminins,  cV  Ronfard  eft 
le  premier   qui  l'ait  pratiqué  régulièrement.    MÉn. 
On  a  obferve  depuis  ,  pour  règle  certaine  ,  de  ne 
mettre  jamais  plus  de  deux  vers  mafculms  ,  ni  fémi- 
nins de  fuite    h  ce  n'eltdans  les  Lays  &  Virelays,  Se 
autres  vers  libres  &  irrégulicrs.  Les  vers  mafailins 
doivent  toujours  avoir  une  fyllabede  moins  que  les 
féminins,    ^^qy.^  le  traité  delà  Poëlie  Françoife  du 
i'.  Mourgues. 

Les  Allrologues  foutienncnt  que  les  Signes  &  les 
1  lanetes  font  réellement  diibngués  en  mafculins  Se 
teminins  ,  non  pas  à  caufc  de  quelque  ditiérence 
de  lexe  ;  mais  à  caufc  des  qualités  aftives ,  chaudes 
&  froides  ,  qu'ils  appellent  mafculines ,  Se  des  qua- 
Jites  pallives  ,  sèches  Se  humides  ,  qu'ils  appellent 
S^rmnines.  Sur  ce  principe  imaginaire,  ils  appellent 
le  Soleil ,  Jupiter  ,  Saturne  ,  Mars  ,  mafculins  ;  &  la 
Lune  V  enus ,  féminins.  Mercure  ,  participe  des  deux, 
L)ans  les  Signes ,  le  Bélier ,  la  Balance,  les  Gémeaux , 
le  Lion  ,  le  Sagittaire  ,  le  Verfeur  d'eau  ,  font  mafcu- 
lins. Le  Cancre  ,  le  Capricorne  ,  le  Taureau  ,  la 
Vierge  ,  le  Scorpion  Se  les  Poillons  font  féminins. 
Lesrailons  Se  la  ditïérence  en  font  marquées  par  Titus 
en  la  Philofophie  célelle. 

En  matière  de  Fiefs  ,  on  appelle  Fief  mafculin  , 
un  Fief  que  les  mâles  feuls  font  capables  de  polféder 
AcAD.  Fr. 

On  diftingue  auflî  des  Plantes  mafculines  Se  des  fé- 
minines ;  mais  on  dit  mieux  mâle  Se  femelle,  f^oyer 
ces  mots  ,  Se  Plante. 

MASCULINITÉ,  f  f  Caradère ,  qualité  de  mâle  ,  con- 
dition des  mâles.  Ratio  fexùs  mafculini.  Cet  .liné , 
par  la  mort  duquel  la  mafcuUnité  de  la  maifon  le 
trouvera  éteinte  ,  pourra  être  dans  un  degré  fort  éloi- 
gne. Tartarin.  Il  s'tn  faut  peu  qu'on  traite  de  chi- 
mère Se  l'amelfe  ,  &  la  mafculinité ,  dont  nous  fil- 
ions tout  le  fondement  de  notre  caufe.  Patru. 

En  France,  la  mafculinité (cu\t  donne  le  droit  à 
la  couronne.  En  Efpagne ,  où  les  femmes  peuvent 
lucceder ,  la  mafculinité  ,  dans  quelque  degré  que  ce 
ioit ,  eft  préférée  au  fexe  féminin  ,  dans  un  degré  plus 
proche. 

MASCULIT.  f  m.  Chaloupe  des  Indes,  dont  les  bord  v 
ges  font  couverts  par  du  hl  d'herbe  ,  Se  dont  le  calfa- 
tage eft  de  moulfe.  Limbus  indicus. 

MASELI.  Mufilum  ;  anciennement  Gerrum  ,  ou  Gcr- 
rhum.  C'étoir  autrefois  une  ville  de  l'Egypte  ,  fîtuée 
lur  la  msr  Méditerranée  ,  vers  les  confins  Ac  la 
Paleftir:e.  Ce  n'eft  maintenant  qu'un  petit  vilh<>e 
Matv.  '^  ■ 

MA3LRÉPHOTH.  Nom  Hébreu  que  l'Ecriture  donne 
à  certaines  eaux  qui  étoient  aux  confins  de  la  Terre- 
Sainte  Se  de  la  Phénicie.  Maferephoth. 

MASERES.  Nom  d'un  lieu  du  Comté  de  Foix.  Ma- 
ceriie. 

MASETTE.  foye^  Mazette. 

MASEYCK.  Nom  d'une  petite  ville  fortifiée.  Maficum, 
Mafacum,  anciennement  Dripolis. 

MASEUBE,  ou  MASLOUBE.  Petite" ville  de  France, 
da)is  l'Armagnac  ,  au  Comté  d'Eftarac.  Elle  eft  dans 
le  Comte  de  Loots ,  contrée  de  l'Evcché  de  Liège  , 


MAS 


871 


fuiai^Meufc,  à  cmq  lieues  au  delfous  de  Maftricht. 

MASFA    Nom  d'une  ville  de  l'Arabie  Jleureufc.  Mas- 

{%  lue    r  ^'l  ^'"'-'P-^"^^-  à^  l'-^n-cn  ,  entre  Maf 
cat  Se  Malcalate.  Maty 

MASIERS,  ou  MAZIERES.  Nom  d'un  lieu  fitué  dans 

M ASLAC  ou  MATSLAC.  f  m.  Plance  dont  les  Turcs 
principalement  ceux  qui  habitent  a  Conftantinople  ' 
le  fervent  comme  de  l'opium  du  Rangué  ou  de  l'Allé- 
ral ,  pour  challer  le  chagrin  ,  fe  rendre  plus  gais  Se 
s  exciter  à  la  luxure  Us  s'en  fervent  aulli  en  plulic'urs 
maladies.  Voye^  Clulius  ,  Lemeri  ,  Se  Pierre  Petit 
dans  fon  Traité  de  Népenthes.  ' 

MASLE.  Foye:^MAi.ï. 

MASMODINE.f.f  Nom  d'une  monnoie  des  Sarazins 
d'Egypte. 

MASMUD.  /-^oye^  Ma sMODiNE. 

MASMUNSTER  ,ou  MOÏSE  VAUX  ,  Nom  d'un  bourg 
avec  une  Abbaye  célèbre  fondée  par  Mafon  ,  Duc 
d  Allemagne.  Mafonis  Monaflenum. 

MASNIE.  f.  f.  Vieux  mot.  Maifon. 

MASOLES.  f.  m.  pi.  Nom  qu'on  donne  à  une  milice 
de  Croatie  ,  qui  eft  obligée  de  fe  tenir  prête  à  marcher 
en  cas  d'invafion  de  la  part  des  Turcs.  Au  lieu  de 
folde ,  on  afligne  des  morceaux  de  terre  à  ceux  qui 
fervent  dans  cette  milice;  mais  leurs  Officiers  reçoi- 
vent une  paie.    Encyc. 

MASORE.   Voye-^  Massore. 

MASOVIE.  Foyei  Mazovie. 

MASOX.  Mifaula.  Vallée  du  pays  des  Grifons  :  elle 
donne  le  nom  à  la  huitième  Communauté  de  la  ligne 
Grife. 

MASPHA.  Ville  de  la  Tribu  de  Juda ,  dans  la  Terre- 
Sainte.  Mafpha. 

MASQUAPENNÉ.  f  f.  Petite  racine  qui  excède  rare- 
ment la  grolfeur  d'un  doigt ,  &  qui  fe  trouve  dans  la 
Virginie.  Elle  eft  rouge  comme  du  fâng  ,  &  les  habi- 
tans  s'en  fervent  à  peindre  leurs  boucliers  Se  autres 
ullenfilos. 

^  MASQUE,  f.  m.  Faux  vifage  de  carton  ,  de  cire, 
ou  d'autre  matière  qu'on  met  fur  fon  viiàge  pour  fe 
déguiler ,  ou  pour  n'être  point  connu.  Larva.  Pcr- 
fona.  On  va  en  mafque  pendant  le  Carnaval.  Mafque 
de  Venife.  Mafque  hideux  ,  grotefque. 

^  Masque.  Se  dit  aulli  d'un  faux  vifage  de  velours 
noir  ,  que  les  Dames  fe  mettoient  autrefois  fur  le 
vifage  pour  fe  garantir  du  hâle  Se  pour  fe  confcrver 
le  teint.  Paropium  ,  paropis.  On  dit  que  c'eft  Pop- 
gea ,  femme  de  Néron  ,  qui  inventa  le  mafque  ,  pour 
conferver  la  fraîcheur  Se  la  délicatclfe  de  fon  teint. 
Brantôme  dit  que  les  femmes  ne  commencèrent  à 
çoïtei:  Àct  mafques  ,  que  vers  la  fin  du  XVP  flècle. 
Le  noir  du  velours  fait  paroître  davantage  la  blan- 
cheur ck  la  gorge.  On  dit  qu'une  femme  eft  belle 
fous  le  mafque  ,  que  le  mafque  lui  fied  bien.  Mettre 
un  mafque.  Oter  fon  mafque.  Il  y  a  des  mafques  fans 
mentonnière. 

§3"  On  appelke  auflî  mafque ,  tout  ce  qu'on  met  devant 
les  yeux  pour  fe  cacher.  Les  Pénitens  de  Lyon  &:  d'A- 
vignon fe  cachent  le  vifage  avec  d£  grands  voiles 
blancs  qui  leur  fervent  de  mafques. 

IJCrOn  donne  le  nom  àz  mafque  non -feulement  aux  faux 
vifages  que  l'on  met  pour  fe  déguifcr  ,  mais  aux  per- 
fonnes  mêmes  qui  les  portent.  Perfonatus  ,  larvatus. 
Ainfi  l'on  dit  une  compagnie  de  mafques.  Un  beau 
mafque.  Faites  entrer  les  mafques.  Pendant  le  Car- 
naval ,  on  voit  beaucoup  de  mafques.  Mafca  fe 
trouve  en  ce  fens  dans  les  loix  Lombardes ,  L.  I, 
tit.  XI.  §.  p. 

§Cr  Le  Peuple  fe  fert  de  ce  mot  pour  reprocher  à  une 
femme  fa  laideur  ou  fa  vieilleffe, fur  tout  fa  malice. 
Alors  il  eft  féminin.  C'eft  une  mafque,  une  laide, 
une  vieille  mafque. 

Masque,  en  vieux  François,  fîgnifioit ,  Sorcière  ;  Se 
vient  de  mafca  ,  qui  fîgnihe  un  faux  vtfhge.  Strix  , 
faga. 

Borel  le  dérive  de  talamafca ,  qui  fignifie  auflî  maf- 
que  Se  dégudfement  j  d'où  vient  qu'on  appelle  les 


871 


MAS 


lettres  en  chiffre  ^  lutem,  talamafes, ,  comme  qui  di- 
loit  mafquees  ;  &c  encore  en  quelques  lieux  ,  où  l'on 
-appelle  talmache  de  bateau  ,  la  pointe  où  l'éperon 
du  bateau  où  l'on  reprclente  des  mufles  ,  ou  des 
tètes  d'animaux  qui  font  comme  des  mafques.  Quel- 
ques-uns dérivent  ce  mot  de  mafia-,  qui  ligmhe  une 
forcière  ;  d  autces.'  à  rctïum  maculis  ,  fondés  lur  un 
pallage  de  Pline.^ 

Masque  ,  chez  les  Arquebufiers.  C'eft:  un  des  poin- 
çons ou  cifelets  dont  fe  fervent ,  pour  leurs  cilelu- 
res  ,  les  Arquebuhers  ,  Armuriers  ,  Eperonniers  , 
Fourbilleurs  ,  &  autres  lemblables  Ouvriers  cifeleurs. 
fC?  Ces  cifelets  ou  poiiiçons,  gravés  en  creux  ,  re- 
çréfenrent  la  tête  que  l'on  veut  graver.  On  donne 
lur  le  poinçon  un  coup  de  marteau  pour  en  imprimer 
le  relief  fur  le  métal  -,  &  quand  le  ma/que  ell  frappé , 
on  le  recherche  ,  &  on  le  répare  avec  d'autres 
outils. 

Masque  j  en  termes  d'Architetlure,  fe  dit  de  certaines 
fculptures  j  qui  reprélentent  des  formes  de  vilages 
hideux  ,  ou  grotefques  ,  ou  de  fatyres.  Larva.  On 
s'en  fert  pour  remplir  Se  orner  quelques  lieux  vi- 
cies ,  comme  fiifes  ,  panneaux  de  portes  ,  clefs  de 
voûtes,  &  fur -tout  dans  les  grottes.  Il  y  a  de  ces 
mafques  qui  repréfentent  aulli  des  divinités  ,  les 
■fiifons  ,  les  élémens  ,  les  âges  ,   &c. 

§^  On  appelle  aulli  ma/que  ,  une  forte  de  terre  pré- 

,    parée  ^  qu'on  applique  tur  le  vilage  de  quelqu'un  , 

_  pour  en  prendre  le  moule  ,  &  pour  le  tirer  au  natu 

rel.  On  a  fait  fon  bufte  fur  le  ma/que  qu'on  avoit  tiré 

f 


■lur  lui. 


{K? -Fleur  en  masque.  Flos  perfonatus.  On  donne  ce 
nom  en  Botanique  à  des  Heurs  anomales  ou  irrégu- 
lières qui  rellèmblent  à  un  mafque.  Voyez  au  mot 
Labiée  ,  en  quoi  elles  diftèrent  des  fleurs  labiées. 

Masque,  fe  dit  Hgurément  en  chofes  morales,  pour  figni- 
lîer  un  déguifement ,  un  voile  dont  on  fe  couvre ,  ou 
faire  paroïtre  d'autres  fentimens  que  ceux  qu'on  a.  Vé- 
lum j  vclamcntum.  Oter  le  mafque  aux  vices  de  Ion 
temps.  BoiL.  La  conftance  des  Philolophes  dans  les 
infortunes  ,  eft  un  mafque  de  fermeté  qu'ils  prennent 
pour  tromper  les  fpectateurs.  M.  Esp.  La  bienféance 
eft  le  mafque  de  la  vertu.  Bell.  On  quitte  le  mafque 
dès  qu'on  n'a  plus  de  fpeétateurs  dans  le  monde. 
S.  EvR.  Je  veux  faire  pofer  le  mafque  à  cet  hypocrite. 
Mol.  Vous  empruntez  le  malque  de  l'hypocrilîe. 
G.  G.  Le  mafque  de  k  Religion  eft  le  plus  propre  à 
■tromper  le  peuple.  S.  Evr. 

Sans  cejfe  on  prend  le  mafque ,  &  quittant  la  nature  y 
■On  craint  de  fc  montrer  jous  fa  propre  figure. 

BolLEAU. 

On  dit  ,  Lever  le  mafique  ;  pour  dire  ,  ne  garder 
aucune  inclure  ,  ne  diflimuler  plus  ,  agir  fans  rete- 
nue &  lans  honte.  Cefut-là  qu'il  leva  le  mafique  , 
&  qu'il  fe  donna  en  proie  à  toutes  fes  pallions.  Vaug. 
On  dit  aulli ,  Etre  toujours  ,  ou  aller  toujours  fous 
le  mafique  ,  ou  en  mafque  ;  pour  dire  ,  fe  déguif'er , 
cacher  fes  fentimens  ,  en  faire  paroïtre  d'autres  que 
ceux  qu'on  a.  Cet  homme  eft  toujours  fous  le  mafi- 
que ,  &  n'a  rien  de  naturel.  Bell. 
■0CF  On  dit  d'un  Aéleur  dont  la  phyRonomie  répond 
aux  rôles  qu'il  joue ,  qu'il  a  un  bon  mafique. 

On  dit  proverbialement ,  Faire  un  mafque  à  quel- 
qu'un -,  pour  dire  lui  jetter  quelque  chofe  au  nez  qui 
le  barbouille  ,  qui  lui  couvre  le  vifagc. 
MASQUER,  v.  a.  Mettre  un  mafique  fur  le  vifage  de 
quelqu'un.  Perfinam  inducre  ,  indere  ,  ohducere.  Il  le 
fiin  mafquer.  Voulez  vous  que  je  vous  mafique''. 

•fc?  On  dit  dans  un  fens  plus  étendu  ,  mafiquer  quel- 
qu'un ,  pour  dire  ,  lui  mettre  non  feulement  un  maf- 
que ,  mais  encore  des  habits  qui  empêchent  de  le  re- 
connoître.  Mafiquer  quelqu'un  en  Scaramouche  ,  en 
Arlequin. 

■iP^On  le  dit  plus  foiivcnt  avec  le  Pronom  perfonnel. 
Se  mafiquer  pour  aller  au  bal  :  fe  mafiquer  pour  faire 
un  mauvais  coup.- 

•f3"  Masquer  ,  fe  dit  aufH  abfolument  &  fans  régime , 


MAS 

pour  lignifier  aller  en  mafique  ;  alors  il  eft  neutre. 
Peu  de  gens  mafqucnt  aujourd'hui.  Cette  troupe  de 
jeunes  gens  a  OTç/^i/e  pendant  tout  le  Carnaval.  Vo- 
tre Altelle  aura  pu  favoir  combien  on  a  mafque 
cet  hiver.  De  Bussi  Rab.  écrivant  à  Mademoifelle 
d'Orléans. 
Masquer  ,  fe  dit  aulli  au  figuré  ,  pour  dire  ,  déguifer, 
couvrir  quelque  choie  de  mauvais  fous  quelque  ap- 
parence fpécieufc.  Tegere  ,  obnubere.  Ils  mafqucnt 
leur  foiblelfe  d'un  faux  zèle.  Boil.  Ce  dévot  ma/^ae 
toutes  fes  méchancetés  du  prétexte  de  la  vertu,  du  bien 
pubhc  ,  du  falut  du  prochain.  11  y  a  des  gens  qui 
/wa/i//^tf«f  toute  la  nature.  Pasc.  C'eft  à-dire  ,  qui  ne 
s'expriment  jamais  naturellement ,  ik.  qui  fe  fervent 
de  circonlocutions  pour  expliquer  les  chofes  les  plus 
fimples.  Quelque  corruption  qu'il  y  ait  à  la  Cour  , 
il  y  a  toujours  une  certaine  politelfe  qui  y  mafque  le 
vice.  La  Che.  L'homme  ne  fe  montre  jamais  aux  au- 
tres que  mafique.  M.  Esp. 

Q^u'on  ne  me  vante  point  ces  biens  imaginaires  . 
Qu'inventa  notre  orgueil  pour  mafquer  nos  mifiresù 

D'H.      ^ 

UCT  On  le  dit  de  même  avec  le  pronom  perfonnel.  Se 
mafiquer  d'une  faulfe  fageffe.  Le  vice  fe  mafique  fou- 
vent  fous  l'apparence  de  la  vertu. 
Masquer  ,  couvrir  ,  cacher  une  choie  de  manière  qu'on 
en  ôte  la  vue.  On  dit  qu'un  b.ntiment  ,  ou  un  mur 
mafique  une  maifbn,  quand  il  eft  élevé  vis  à- vis  ,  & 
qu'il  en  cache  la  vue. 
IjCFEn  termes  de  jardinage,  mafiquer  un  afped:  défà- 
gréable,  une  balle-cour,  axvz  montagne,  c'eft  planter 
au  devant  un  bois,  ou  de  la  charmille. 
:|3°  En  termes  de  guerre ,  mafiquer  une  batterie  ,  une 
porte,  un  pont,  &c  ,  c'elt  conftruire  un  ouvrage, 
ou  placer  des  troupes  vis  à-vis,  afin  d'empêcher  les 
ennemis  de  fortir  ,  ou  découvrir  les  manœuvres  qu'on 
veut  faire.  Claudere  ,  occludere.  Si  j'avois  différé  à 
fortir  de  mon  camp  ,  les  ennemis  m'auroient  mafique j, 
de  manière  qu'il  auroit  été  impoftible  d'en  déboucher. 
Merc.  Juil.  1734- 

Lorfqu'une  armée  eft  en  marche,  pour  qu'elle  ne 
foit  pas  inquiétée,  on  envoie  des  grenadiers  fur  les 
avenues  &  aux  portes  des  villes  ennemies  ,   auprès 
defquelles  elle  pafte.   Cela  s'appelle  mafiquer. 
MASQUÉE,  LE.  part.  Perfionatus ,  larvatus. 
§3° Masqué,    déguisé,    travesti,   fynonymes.    Il 
faut ,  pour  être  mafique,  fe  couvrir  d'un  faux  vifige. 
Pour  être  déguifié ,  il  fufKt  de  changer  fes  parures  or- 
dinaires. Voye-[  Travesti.  On  fe  mafique  pour  aller 
au  bal. 
|3"  On  dit  figurément  qu'un  homme  eft  toujours  mafi- 
que. Voyez  plus  haut  être  fous  le  mafque. 
Masqué  ,  en  termes  de  Blafon ,  fe  dit  d'un  lion  qui  a  un 

mafque.  Larvatus. 
MASSA  Nom  d'une  petite  ville  du  Siénois  en  Tofcane. 

Mafia  Veternenfis. 
Massa  di  Carrera.    Noin  d'une  petite  ville  de  la 
Tofcane.    Maffia,  Mafia  carre riî. 

Le  Duché  de  Massa.  Mafix  Ducatus.  Ce  Duché, 
qui  renferme  la  Principauté  de  Carrera  j  eft  la  partie 
orientale  de  la  Lunégiane ,  en  Tofcane. 
Massa  Oliveri.    Nom  d'un  cap  de  la  Sicile.   Mafia. 
Oliviera ,  anciennement  ,  Plemmyrium   Promonto- 
rium.  Il  eft  fur  la  côte  orientale  de  la  Vallée  de  Noto  , 
un  peu  au  midi  de  la  ville  de  Siracufe. 
Massa  di  Serrento.  Nom  d'une  ville  du  Royaume  de 
Naplcs.  Mafia  Luhrenfis.  Elle  efldans  la  Principauté 
citérieure,  fur  le  cap  de  la  Minerva,  à  une  lieue  de 
Sorrento. 
MASSACIUCCOLI.  Nom  d'un  bourg  de  la  Tofcane, 
iitué  fur  le  lac  de  Maffaciuccoli ,  dans  la  RépuWique 
de  Lucques ,  &c  à  trois  lieues  de  la  ville  de  ce  nom. 
Mafianicûlium. 
MASSACRE,  f.  m.  Tuerie  cruelle  que  font  des  gens 
qui  ont  avantage  fur  d'autres  qui  font  fans  défenfe. 
Ccsdes  ;  interneciOyfiragcs.  Dans  les  villes  prifès  d'af^ 
faut ,  on  fait  un  gr.and  mafiacre  des  habitans.    Il  fe  fi: 

un 


MAS 


un  i^and  maJJ'acrc  de  Hugucnocs  à  Paris  à  l.i  S.  B.ir  ' 
thL-lemi.  Herocte  commanda  le  majfacre  des  Iimu- 
cens. 

On  a  dit  dans  la  balle  Latinité ,  ma\acnum ,  d'où 
du  Cange  dérive  ce  mot. 

Massacre  ,  le  dit  aulli  d  une  grande  tuerie  de  bêtes. 
BiLluaiuin  jlrases ^  cœdcs.  Nous  allâmes  a  la  challe 
la  Icmaine  pallée,  &:  nous  limes  un  un  grand /«j//rf- 
cre  de  langliers,  de  chevreuils,  &c. 

On  dit  hgurément  en  parlant  de  quelque  chofe  de 
rare ,  de  précieux ,  qui  aura  été  gâté  par  niégarde ,  ou 
autrement,  c  ell  un  maffacrc.  On  dit  aullî  d'un  (3u 
vrier  qui  travaille  mal  ,  qu'il  eft  un  majjjcrc.  Ne 
vous  krvez  pas  de  cet  homme  la  ,  c'ell  un  mulldcrc. 
Ces  deux  taçons  de  parler  font  du  llylc  familier  , 
même  populaire. 

Massacre,  en  termes  de  Vénerie ,  eft  la  tête  du  cerf , 
du  daim,  du  chevreuil,  léparéc  du  corps  &:  décharnée. 
Saln.  Cervïnum  caput  ahfc:jj'um.  On  dit ,  fonner  le 
malfacre,  pour  due,  appeler  au  Ion  du  cor  les  'Ve 
ncurs  Se  les  chiens  pour  taire  la  curée. 

Massacre  ,  le  du  aulli  en  termes  de  Blafon,  d'une  tête 
de  cerf  coupée  ,  qui  ell  lur  l'écu  garnie  de  Ion  bois , 
ou  ramure.  Ohverjum  cervl  caput.  Il  le  repréfente 
ordinairement  de  hont  ;  mais  il  on  le  voit  de  profil , 
il  faut  exprimer  Ion  alliette  en  le  blalonnant.  On  le 
dit  auiii  d  une  tête  de  bœuf ,  ou  d'un  autre  animal 
décharnée. 

IJCF MASSACRER,  v.  a.  Tuer  impitoyablement,  af- 
lommer  cruellement  des  gens  qui  ne  fe  détendent 
point.   Macîare  ,  trucidare.  On  ma(Jacra  plus  de  qua- 

'  tre  mille  hommes  dans  cette  nuit  la.  Il  y  eut  bien  des 
Huguenots  majjacrés  à  la  Saint  Barthelemi. 

Massacrer  j  le  dit  aulli  en  parlant  d  une  belogne  mal- 
faite ,  ou  mal  taillée.  Turparn ,  decurpare.  Ce  Tail- 
leur a  tout  majj'acrc  mon  habit  ,  mon  étofte. 

U3"Massacrer  des  tableaux,  des  Ifatues,  les  gâter  , 
les  défigurer.  Dans  ces  exemples  du  ftyle  familier, 
le  mot  majjacrer  efl:  pris  au  figuré. 

MASSACRÉ,  EE.  part.  pall.  &  adj.  Trucidams.  Gens 
maJJ'acrés.  Ouvrage  majfacre.   Tableaux  majjacrés. 

Parla  main  dz  Cifar ,  mon  père  majjacré ; 
Du  trône  où  je  le  vois  [aie  le  premier  de;^ré. 

Corn. 

MASSACREUR,  f.  m.  Qui  fiit  un  mairacre.  Macla- 
tor,  trucidator.  On  doit  plutôt  nommer  les  Alajfa- 
creurs  Ac  gens,  des  Bourreaux,  que  des  Gendarmes. 
Les  ProtertanSj  dans  leur  Calendrier  hillorique  qui 
eft  à  la  tête  de  leurs  Pleaumes  &c  Prières,  eurent  la 
témérité  de  faire  imprimer  ces  paroles  :  Le  jo^  Mai 
I SJ4  ,  mourut  Charles  le  Ma[facreur ,  parlant  de 
Charles  IX,  à  oaufe  de  la  langlante  journée  de  la 
faint  Barthelemi ,  arrivée  fous  Ion  règne. 
Massacreur  de  Gibier.  On  appelle  ainli  les  Gentils- 
hommes de  campagne  qui  font  de  la  chalFe  leur  prin- 
cipale occupation.  Ce  mot  n'efl:  reçu  dans  aucune 
acception. 

Tous  ces  mots  viennent  de  rAllemandycTijm ,  qui 
fignifie  efcrime.  Les  Anciens  3.^^e\o\cnzfcramafaxos, 
une  elpèce  d'arme  pefmte  qui  alfommoit,  d'où  efl: 
venu  aulli  notre  ejiramacon.   Borel. 
MASSADA.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Judée  pro- 
pre. Majfada,  Majada. 
MASSAFRA.  Mafafra ,  petite,  mais  forte  ville  d'Ita- 
lie 5  au  Royaume  de  Naplcs  j  dans  la  terre  d'Otrante  , 
avec  un  Evêché  fuffragant  de  Tarente. 
MASSAGÉTES.  f.  m.  pi.  Anciens  peuples  que  les  Hif- 

toriens  ,  fur  tout  les  Grecs ,  ont  placé  diverfcment. 
MASSAI.  Mad-fciacum.   Bourg  de  France  ,   dans    le 

Berri ,  Diocèlc  de  Bourges ,  Elcétion  d'Ilfoudun. 
MASSALIENS.  Nom  d'anciens  Seétaires  qui  ont  été 
ainil  appelés  d'un  mot  Hébreu ,  qui  lignifie  prière , 
parce  qu'ils  croyoient  qu'il  lalloit  toujours  être  en 
prière  :  Maffalianï.  Les  Grecs  les  nomment  Euchi- 
tes  :  (■jyjiu.i ,  qui  fignifie  la  même  choie  en  leur  lan- 
gue. S.  Epiphane ,  hier.  Ji'.  diftingue  deux  fortes  de 
Majfaliens  :  favoir ,  les  anciens  &C  les  nouveaux.  Les 
Tome  F, 


MAS  873 

premiers  ne  font,  félon  lui ,  ni  Juifs,  ni  Chrétiens , 
m  Samaritains-,  ce  font  de  purs  Gentils j  qui,  rccon- 
iioiilant  pluiieurs  dieux,  n'adorent  cependant  aucun 
d'eux;  ils  n'adjrent qu'un  Icul  dieu,  qu  ils  appellent 
le  Tout  Puilb.nt.  Ces  .inckwi  Majfaliens ,  dit  le  mc- 
nic  S.  Kpiphane  ,  qui  font  fortis  tics  Gentils ,  ont  fait 
bitir  en  quelques  lieux  de  Oiatoiies  ,  ik  en  d'autres 
endroits  ces  Oratoires  font  lemblables  à  nos  Egliles, 
Ils  s'y  alfemblcnt  pour  prier  tk.  pour  chanter  des 
hymnes  en  l'honneur  de  Dieu, qui  ont  été  compofécs 
par  des  Ecrivains  de  leur  Secte.  Ces  Eglifts  font  éclai- 
rées de  Hanibcaux  &  de  lampes.  Cette  defcriptioii 
que  S.  Epiphane  a  laite  des  anciens  Majfaliens ,  ap- 
proche li  fort  de  la  vie  des  Ellénicns,  que  Scaliger, 
Elench.  c.  iS.  a  prétendu  qu'on  ne  devoir  point  les 
diftinguer  des  Eiléens  ou  Elîeniens,  &c  il  en  apporte 
des  preuves  qui  ont  une  grande  vraiferablance;  mais 
le  P.  Pétau,  dans  l'es  Notes  fur  S.  Epiphane,,  rejette, 
après  SerrariuSj  ce  Icntimenr,  qui  ne  lui  paroit  pas 
allez  bien  appuyé,  pour  l'oppoler  au  témoignage  de 
S.  Epiphane,  qui  parle  de  choies  dont  il  avoir  été 
témoin  oculaire.  Les  Majjaliens  ont  été  appelés  En- 
thoulialtes  ,  Euchitcs,  Saccophores  j  &  quelques- 
uns  Martyriens.  yoyci  ces  mots  &  S.  Epiphane , 
Hsrcf.   So. 

A  l'égard  des  autres  Majfaliens  ,  qui  étoient  Chré- 
tiens de  prol-elllon,  cette  Sedlc  ne  iailoit  prcfque  que 
de  naître  au  te.nps  de  S.  Epiphane.  Théodoret  qui  les 
appelle  Euchites ,  n'eft  pas  éloigné  de  ce  lentiment, 
parce  qu'il  marque  leur  naillance  lous  les  Empereurs 
Valeiitiniens  &  Valens.  Ils  étoient  dans  de  très-gran- 
des erreurs,  parce  qu'ils  croyoient  que  la  leule  prière 
lulHloit  pour  être  lauvé.  Pluiieurs  Moines  qui  ai- 
moient  à  vivre  dans  l'oiliveté,  &  qui  ne  vouloient 
point  travailler,  fe  jettèrent  dans  le  parti  des  Majfa- 
liens,  Se  ils  le  fondoient  lur  ce  que  J.  C.  avoir  ré- 
pondu à  Marthe,  lœur  de  Marie,  qu'elle  s'embarraf- 
foit  de  trop  déchoies,  &  que  Marie  avoir  choill  la 
meilleure  part,  qui  ne  lui  leroit  point  ôtée.  ^q>ej 
Euchites. 
MASSANE.  f.  f  Terme  de  Marine.  Cordon  de  la  pou- 
pe qui  leparc  le  corps  de  la  Galère  de  l'aillade  de  la 
poupe. 
MASSAPÉE.  f.  f.  Terme  de  Marine.  Nom  d'un  inft:ru- 
ment  qui  lert  à  mouvoir  les  cordages  d'un  bâtiment 
de  mer. 
MASSARI.  f.  m.  Nom  d'un  mois  des  Coptes.  C'eft  le 
même  que  le  MESORl  des  anciens  Egyptiens,  f^.  ce 
mot. 
MASSAT.  Petite  ville  de  France  en  Gafcogne,  dans  le 

Comingeois. 
MASSE.  I.  f.   Amas  de  plufieurs  chofes  de  même  on 
différente  nature,  qui  compolent  un  tout,  qui  font 
corps  enicmble.  Majfa,  moles.  La  majje  du  monde 
eft  compolée  de  tous  les  Etres  corporels.   Archimède 
le  vantoit  que  li  on  lui  donnoit  u.i  point  fixe  en  l'air, 
il  enleveroit  toute  la  majje  de  la  terre.   La  mer  &:  la 
terre  ne  font  qu'une  feule  majjè.  Le  Cahos  des  Poi/tes 
n'ctoit  qu'une  majje  iniorme  Se  conlufe  de  matière. 
Comment  concevoir  que  la  terre  ,  cette  malle  morte 
8c  infenhble,  loit  Lins  principe?  Nie.  Comment  la 
maffe  pelante  &^rollière  de  la  terre  peut-elle  flotter 
au  milieu  de  l'elpace  fluide  où  elle  nage?  S.  EvR. 
Ce  mot  vient  du  Larin  majja. 
§3" Masse,  en  termes  de  Phyllque,  Poids  &c  quantité 
de  matière  ,  font  termes  fynonymes.  Moles.  On  juge 
de  la  OT.7//e  des  corps  par  leurs  poids,  ou  ce  qui  re- 
vient au  même;  le  poids  des  corps  eft  proportionnel 
à  la  quantité  de   matière  qu'ils   contiennent.    Deux 
corps  également  pelans,  ont  des  maffes  égales.  Il  ne 
faut  pas  confondre  majfe  Se  volume.   Un  corps  peuc 
avoir  beaucoup  de  maffe  ,  S:  peu  de  volume  ,  &  vice 
versa.  La  maffe  ,  ou  la  matière  propre  ,  n'occupe  pas 
tout  le  volume  des  corps.  L'or  ,  qui  eft  le  plus  pelant 
de  tous  les  corps,  réduit  en  feuilles  minces,  donne 
pallàge  à  la  lumière  ;  ce  qui  prouve  qu'il  y  a  beau- 
coup de  pores  entre  les  parties. 
?Cr  Le    terme    de  maffe  s'applique  quelquefois  à  un 
corps  informe.  Cette  malfe  de  chair  dure  Se  infor- 
^  S  ff  ff 


874        MAS 

me  ,  qui  s'engendre  dans  la  matrice  des  femmes  en 
1,1  place  du  tjstus  ,  s'appelle  mole.  Voyez  ce  mot. 
C'ell  une  vieille   erreur   populaire  ,  de  croire   que 
l'ourle  ne  produife  qu'une  maj^c  de  chair  iniorme, 
qu'elle  pertedtionne  en  la  léchant. 
^fT  On  dit  en  ce  fens ,  d'un  homme  qui  a  le  corps  &  l'ef- 
prir  grolîîcrs,  ou  fculemenc  le  corps  gros  &  pelant, 
que  ce  n'ell;  qu'une  maffe  de  chair. 
Masse  ,  en  Architecture  ,  Tignihc  l'enfemble  des  par- 
ties principales  _,  aulli-bien  que  la  grandeur  des  cdi- 
fi;cs.  Les  pyramides  d'Egypte,  font  degrolles  majj'es 
de  pierre.  Les  édifices  fans  ornemens,  ne  (ont  conlî- 
dcrables  que  par  leur  maffe.    La  façade  du  château 
de  Verfrilles  ,  du   côté  du  Jardin  j  fait    une  belle 
mqfe. 
Masse  ,  fe  prend  auiîipour  ce  qui  eftgros  ,  maflif-,  & 
qui  occupe  beaucoup  de  place  ;  pour  Monceau  ,  amas 
de  plulieurs   chofes  conlîdérées  feulement  par  leur 
grolfeur  &  leurquinzité.  Moles  jcongeries.  Où  trou- 
ver d'alfez  grolfes  /TzaZ/èj  de  pierres  pour  remplir  ces 
abyfmes  ?  Vaug. 
|t3"  Ce  terme  eft  fouvcnt  employé  pour  défigner  la  to- 
talité d'une   chofe.  C'efl:  ainli  qu'on  dit  la  maJJ'e  de 
l'air  :  pour  dire  la  totalité  de  l'air  qui  pèle  lur  la 
terre. 
Masse  j  en  Médecine  ,  fe  dit  de  tout  le  langdu  corps 
confidéré  &  pris  enfemble.  Mafja.  On  ne  peut  guérir 
les  maladies  ,  quand  toute  la  maffc  du  (ang  ell  corrom 
pue.  Décharger  la  majjc  du  fang.  Dec.  Rafraîchir  la 
maffe  du  lang.  La  Cham. 
iPt  Masse,  dans  le  Commerce  ,  fe  dit  d'une  quantité 
de  marchandik's  lemblables  ,  que  l'ulage  a  fixé  à  un 
certain  poids  ou  à  un  certain  nombre  ,  pour  en  faci 
liter  le  débit. 
|J3"  On  appelle  foie    en  majfe  ,  de  la  foie  grège  & 
non  ouvrée  ,  telle  qu'elle  vient  de  delTus  les  cocons. 
IJCF  Plumes  en  majfe.   Ce  lont  des  paquets  de  plumes 

d'Au;ruche,  compofcs  d'un  demi  cent  de  plumes. 
tJlT  Pelleteries  en  mafj'e  _,  fe  dit  particulièrement  des 
Ivlartres,  Zibelines  &  des  Hermines,  dont  on  fiit 
des  paquets  en  les  attachant  deux  à  deux  par  la  tête. 
Masse  ,  fe  dit  aulli  de  certaines  murailles  faites  pour 
fervir  de  léparation  ,  de  cloifonnage  ,  &  pour  en 
appuyer  une  autre.  Moles  ,  anterïs  ,  erïfma  ,  pulvi- 
nus.  On  le  dit ,  lur -tout  à  la  campagne,  des  murailles 
de  bauge. 

Cela  vient  du  Latin  OT(î(:er/(r.s ,  qui  lignifie  la  même 
choie. 
Masse  j  en  Jurilprudence  ,  fe  dit  d'un  amas  de  plu 
fieurs  fommes  ,  de  plufieurseftetsallemblés  ,  qui  iont 
un  tout.   Cumulus  ,  acervus  ,  fumma.  Il  faut  allcm- 
bler  toutes  ces  lommes  particulières ,  tous  ces  arré- 
rages ,  &  en  faire   une  ma{fe ,  un  capital  ,  pour  en 
faire  payer  les  intérêts  au  profit   d'un   mineur.    En 
matière  de  contribution  ,  on  fait  une  maffe  de  tous 
les  effets  mobiliaires  d'un  Marchand  j  d'une  fociété  , 
qu'on  partage  entre  les  créanciers  au  fou  la  livre.  Les 
enfans  qui  viennent  en  partage  à   la  fucccllîon  de 
leur  père  ,  doivent  rapporter  .à  la  tnaffe  ,  c  '  qu'ils  ont 
reçu  en  dot ,  en  avancement  d'hoirie.  La  ma£e  des 
biens.  Pat. 
Masses  ,  en  peinture  ,  fe  dit  de  plufieurs  parties  con- 
iîdérées   comme   ne  faifant  qu'un  tout.  On  dit  que 
les  lumières  d'un  tableau  lont  difpofées  par  grandes 
majfes.  Les  figures  bien  groupées  forment  des /7;<7//èj 
agréables.   Une  belle  diftribution  des  majjes  de   lu- 
mière ,  &   des  maffes  d'ombre  ,  fait  un  grand  eftct 
dans  un  tableau.  On  entend  par-là  la  réunion  de  plu 
fieurs  lumières  particulières  qui  n'en  font  qu'une  , 
&  la  réunion  de  plulieurs  petites  ombres. 
Masse  ,  en  termes  d'Ordonnance  pour  la  guerre ,  fignifie 
une  fomme  qu'on  retient  fur  chaque  Soldat ,   (Se  fur 
chaque  Ofiicier  ,  &■  aulîî  dans  les  Maréchauifées  fur 
chaque  Cavalier  ,  Brigadier  ,  c'^-c.  pour  l'habillement 
&  autres  fou'nitures  conimunes. 
Masse  ,  s'eiT:  dit  autrefois  pour  Manfe  ,  c'ell-à  dire ,  por- 
tion de  fondî  avec  un  dDmicile  convenable,   l^oye:^ 
Hidr  Val.  A^of.  Gali.  a.u  moi  Man/am  :  &  Spelman  , 
Clojf.  Anheol. 


MAS 

Masse  ,  fignifie  encore  un  fort  gros  marteau  qui  fert  aux 
Sculpteurs  à  dégrollir  la  bclogne  ;  aux  Carriers  à  fen- 
dre les  roches  i  aux  Tailleurs  de  pierre  &:  à  ceux  qui 
démolillent  les  vieux  batimens  iolides  ,  laquelle  par 
fr  pelanteur  furmonte  leur  dureté.  Malleus  j  tuia 
majoris  modï. 

iNicot  dérive  ce  mot  du  Grec  i  ala ,  en  changeant 

Masse  ,  eft  aulll  un  terme  de  Balancier.  C'eft  le  contre- 
poids de  métal  qui  eft  attaché  à  un  anneau  ,  Se  qui  (erc 
à  iaire  voir  la  pelanteur  des  choies  que  l'on  pèie  avec 
le  pelon.  Sacoma. 
Masse  ;  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  des  bâtons  à  tête  , 
garnis  d'argent ,  qu'on  porte  par  honneur  devant  le 
Roi  en  quelques  cérémonies  ,  Se  devant  M.  le  Chan- 
celier ,  qui  les  met  en  lautoir  derrière  1  écu  de  fes  ar- 
mes pour  marquer  fa   dignité.  Clava  ,  clavula  ,  ca- 
pitaca  virga.  Les  Bedeaux  de  l'Univerlite  de  Paris  en 
portent  aulli  devant  le  Reclcur  &:  les  quatre  Falcult.s  , 
quand  ils  vont  aux  Procelîions.  On  en  porte   aulli 
devant  quelques  Chapitres ,  Se  devant  les  Cardinaux  , 
quand  ils  ofiicient  dans  le  lieu  où  ils  ont  Jurildic- 
tion. 
Masse  ,  eft  aullî  une  arme  d'haft  j  qui  a  une  grolfe  tête 
de  fer  ,  dont  on  le  lervoit  autrefois  à  la  guerre ,  qui  eft 
maintenant  hors  d'uia-,e.  Alditaris  clcva.  On  l'appc- 
loit  ma(fe  d'armes  ;  &  c'eft  de  celle  là  dont  plulieurs 
écus  font  chargés ,  comme  ceux  de  la  Mailon  de  Rets, 
qui  font  pallés  en  fautoir.  On  peut  le  lérvir  de  ce 
terme  dans  la  delcription  de  certains  fruits  ,  qui   par 
leur  figure  approchent  de  celle  dune  majfe  d'armes. 
Dici.  de  James. 
Masse  ,  en  termesde  Charpentcrie,eft  une  longue  pièce 
de  bois  de  quarante  deux  pie'ds  de  longj  y  compris  la 
calle  ,  qui  fert  à  tourner  le  gouvernail  d'un  bateau 
foncet.  Gubernaculi  cemo. 

En  termes  de  Gabelles  ,  on  appelle  maffe  ,  un 
amas,  une  quantité  de  fel  de  certaine  elpèce,  deftinc 
à  certain  ulhge.  L'Ordonnance  porte  qu'il  fera  fair 
une  majfc  particulière  du  Ici  gris  de  Bretagne  qu'on 
aura  faili. 
Masse  ,  ou  Chaife  ,  ou  Royal  dur.  Nom  d'une  ancien- 
ne monnoie  d'or  en  France.  Clava  ,  Cathedra.  Phi- 
lippe le  Bel  fit  frire  des  Chaifes  ,  ou  Cadières,  comme 
on  parloir  alors  ,  qu'on  appelle  Royaux  durs.  Regales 
dun.  Cette  monnoie  n'étoit  qu'à  22  carats^  Se  pefoic 
j  deniers  i  2  grains  rrébuchans. 
IJC?  On  la  nommoit  Ma£e  ,  parce  que  le  Roi  y  tenoit 
une  maffe  de  la  main  droite  ,  Se  Cadière ,  parce  que 
le   Roi  y  étoit  allis  dans  une  chaife. 

En  termes  de  jeu  de  Billard  ,  on  appelle  maffe  le 
gros  bout  du  billard. 
Masse  f  f.  En  terme  de  jeu  de  Triéfrac.  On  donne  le 
nom  de  maffe  à  1  amas  des  dames  qu'on  place  dans 
un  des  coins  du  tridtrac  au  commencement  du  jeu 
d'où  on  les  tire  les  unes  après  les  autres  iuivant  les'oc- 
currences.  La  mafje  fe  nomme  autrement  la  pile  ou  le 
tas.  Lorfqu'on  a  joué  les  dez  &    qu'on  touche  à  fa 
maffe  fans  dire  j'adoube,  on  eft  obli-,é  de  jouer  tout 
au  moins  une  des  dames  de  cette  majfe  ,  fuivant  la 
règle:  dame  touchée,  dame  jouée. 
|p°  Masse,  f.  f.  (\'A  eft  long  j  c'eft  la  fomme  d'ar- 
gent qu'on   met  au  jeu  ,^en  jouant  aux  dés,   ou  à 
d'autres  jeux  de  halard.  La  première  maffe  étoit   de 
tant.  La  féconde  maffe  eft  plus  conlidérable.  Summa, 
maffa.  Maffe  en  avant.  Maj[fe  dix  piftoles,  pour  dire, 
je  veux  jouer  dix  piftoles:  celui  qui  veut  tenir,  ré- 
pond j  tope. 
(K?  Ce  mot  en  ce  fens  vient  de  l'Elpagnol  mas  ,  qui 
a  été  fait  du  Latin  magis  ,  &:  fignifie  davantage.  Mén. 
MassEj  en  termes  de  Botanique,  fe  dit  d'une  plante 
dont  il  y  a  deux  efpèces  ,  une  grande  Se  une  petite. 
La  première  croît  à  la  hauteur  d'un  homme,   ou 
^  davantage,  pouffant  une  feule  tige  ,  &   quelquefois 
plufieurs  ,  droites  J  rondes ,  lilles,  termes.  Ses  feuilles 
font  fort  longues  ,  larges  d'un  pouce  ,  triangulaires  , 
épailTes,  de  fubftance  fpongieule.  Ses  fleurs  font  des 
étamines  rougeâtres  ,  qui  nailfent  en  épi  au  fommec 
de  litige:  elles  fe  dilÉpent,  (Se  s'envolent  en  l'air  en 


MAS 


papillotrcs.  Sa  racine  cft  lampaine ,  louge.'itre  en.  de- 
hors ,  très-blanclic  en  dedans,  d'un  goût  fade.  En  La- 
tin Typhd yalujhis  major.  On  prétend  que  c'ell  de  ce 
rofeau  qu'on  mita  la  main  de  Notre  Seigneur.  Les 
pauvres  gens  ielervcnt  en  quelques  endroits  des  Heurs 
de  la  mj[]c  comme  d'une  elpece  de  bourre  pour  garnir 
leur  matelas  :  on  en  emploie  les  feuilles  pour  cou- 
vrir les  bouteilles,  &:  pour  faire  de  petites  chaiFcs, 
oii  tabourets.  Se  même  des  couvertures  tiflues  en  for- 
me de  n.-lttes.  La  leconde  efpcce  de  maffc ,  qu'on  ap- 
pelle Typlia  palufiris  rhirior ,  poulie  des  feuilles  com- 
iilc  celles  du  gramcn,  longues,  cannelées,  étroites, 
pointues,  roides.  Il  fort  d  entre  ces  feuilles  une  tige 
haute  de  deux  ou  de  trois  pieds,  lillc  ,  roide ,  fem- 
blableà  celle  du  jonc,  fans  nœuds,  foutcnant  en  fou 
fommcc  un  épi ,  ou  uiie  malfc ,  petite  ,  étroite,  fou- 
vent  double,  dont  l'inférieure  eft  plus  petite  Se  plus 
ronde.  La  fupérieure ,  qui  eil  diftante  de  la  précédente 
d'environ  deux  pouces,  eft  plus  groife  ék;  plus  longue 
pour  l'ordinaire.  Ses  fleurs  (oiit  des  étamines  brtnies  , 
qui  s'envolent  aulîi  en  papillottes.  Ces  deux  plantes 
Croillent  dans  les  marais  et  dans  les  étangs  :  elles  font 
dérerfivcs  &'  aftringéntes. 

MASSE,  ou  MOSSE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Maximus. 
Ce  nom  s'cft  formé  du  Latin,  Maximus ,  Maxime , 
Maxmc  y   Mafmc,  Màjjc ,  Mojfe. 

Masse  Blanche.  Majfe blanche  d'Utique.  Majfa  candi- 
da  Utlcenfis.  Il  y  eut  l'an  158,  fous  l'Empire  de  Va- 
lérien  ,  un  grand  nombre  de  Chrétiens  martyrifés  ,  que 
l'on  appela  Se  qu'oii  appelle  encore ,  la  Majj'e  blanche, 
en  Latin  Maffa  candida.  Le  Diacre  Ponce  décrit  leur 
martyre  dans  les  Ades  de  S.  Cyprien,  &  Prudence 
dans  fon  Periftephanon ,  Hymne  iji 

MASSELOTTE.  f.  f.  Terme  de  Fondeur.  C'eft  la  fu- 
perfluiré  du  -métal  ,  qui  fe  trouve  au  moule  des 
pièces  de  canon  &  des  mortiers ,  après  qu'ils  ont 
été  coulés.  Metalli  reliquia.  On  fcie  cet  excédent 
de  métal j  quand  on  répare  la  pièce,  ou  le  mor- 
tier. 

MASSE-MORE.  f.  f.  Terme  de  marine.  On  appelle 
ainfi  du  bilcuit  pilé,  dent  on  nourrit  les  beftiaux 
lur  les  vaiireaux ,  quand  ofi  n'a  rien  autre  chofe  à 
leur  donner. 

MASSEMUT.  /^'bjfif  Masmodine. 

MASSEPAIN,  f.  m.  Pâtifferic ,  ou  confiture  faite  d'a- 
mandes pilées  avec  du  lucre.  Majfa  panis  amygda- 
linat  Une  tarte  de  majjepain  glacé  ,  tortillé. 

Ce  mot  vient  de  l'Italien  marçapane  j  c'eft-à-dire  , 
Pandel  Seigneur  Marco, qm  en  fut  l'inventeur.  Quel- 
ques-uns l'appellent  marfus panis.  Se  d'autres  marjius 
panis.   MÉn. 

MASSER,  v.  a.  \Ja  eft  long.  Marquer  ce  qu'on  vent 
jouer  en  un  coup  de  dez.  Indicare ,  Jîgnifîcare , 
jiotare.  Il  lui  a  majje'  une  Ci  grofte  fomme,  qu'il  lui 
a  fait  quitter  le  dé.  On  dit,  Majfe  tant ,  majje  à  qui 
dit ,  majfe  la  pofte  -,  pour  dire ,  je  maffe  tant ,  je  maffe  à 
qui  répondra,  je  maJfe  autant  qu'il  y  a  déjà  au  jeu. 
ÂcAD.  Fr, 

MASSERAN.  Nom  d'une  petite  ville  d'Italie  enclavée 
dans  le  Piémont.  Majferanum, 

MASSETER.  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  C'eft  le  nom 
d'un  des  mufcles  de  la  mâchoire.  MajJ'eter  ,Menfo- 
rius.  ^fT  II  fert  à  tirer  la  mâchoire  inférieure  en  en 
haut  lorfqu'on  mange. 

MASSIAC.  Ville  de  France  dans  l'Auvergne,  Éleftlon 
de  Brioude. 

MASSICAULT.  f.  m.  Droit  qui  fe  perçoit  à  Rouen  fur 
la  vente  des  vins.  Ce  droit  eft  très-ancien  &  doma- 
nial, il  fe  prend  fur  les  vins  qui  viennent  de  l'étran- 
■  ger,  ou  des  Provinces  réputées  étrangères,  deftinés 
pour  la  provifion ,  ou  le  commerce  des  Bourgeois  & 
Marchands  de  la  ville  de  Rouen. 

MASSICO.  Monte  Majfico^  Voyez  Falérne. 

Massicot.  C  m.  Terme  de  Chimie  Se  de  Peinture. 
C'eft  de  la  ccrufe  qu'on  a  calcinée  par  un  feu  mo- 
déré. Color  luteus.  Il  y  en  a  de  trojs  fortes,  du  blanc, 
du  jaune,  &  du  doré.  Leur  diftérence  ne  provient 
que  des  divers  degrés  du  feu  qui  leur  ont  donné  des 
couleurs  différentes.  Le  majjicot  blanc  eft  d'mi  blanc 


MAS  87T 

j.um'itre;  c'eft  celui  qui  a  re^.u  le  moins  de  chaleur. 
Le  majpcoc  jaune  en  a  reçu  davantage,  &  le  majpcot 
doré  encore  plus.  Les  uns  Se  les  autres  doivent  être 
en  poudre  impal|)able  ,  pcfiins  ,  hauts  en  couleurj 
ils  fervent  pour  l.i  Peinture.  Si  on  poulT'e  la  calci- 
nation  de  la  cérule,  elle  devient  rouge,  &  fait  le 
miniimi. 

§3' On  donne  aulfi  quelquefois  le  ijom  de  Majjicot, 
de  Maftichotà  une  compofition  dont  on  fe  fert  pour 
vernilîér  la  fayance.  C'eft  une  efpêcc  de  verre  fait 
•avec  du  fable  fin  ,  Se  de  l.i  fonde,  ou  de  la  puralfc. 
On  y  mêle  enluitc,  fuit  de  la  chaux  d'étain  ,  foit  de 

■  la  lithargc,  foit  du  plomb,  fuivant  différentes  pro- 
portioiis. 

Ci-3  MASSICOULIS.  Voyei  MAchrcouLis. 

MASSIER.  f.  m.  Celui  qui  porte  une  malle.  Claviger^, 
clavator y  Se  dans  la  balFe  Latinité  Macerius.  Quand 
le  Kecteur  marche,  il  eft  précédé  de  fcs  Bedeaux,  ou 
Ma£ters.  Il  y  a  aulîi  deux  Gardes,  ou  Alajficrs  qui 
accompagnent  M.  le  Chancelier,  ou  le  fccau  du  Roi. 
Quelques  Auteurs  l'ont  appelé  en  Latin  Ma^erius^, 
Les  Cardinaux  ont  leurs  M.-JJicrs.  Quand  le  Roi  mar- 
che en  cérémonie  ,  principalement  auxprocefllons  de 
l'Ordre,  il  eft  précédé  de  AlaJfJers.  Les  Cardinaux  Lé- 
gats en  leurs  entrées,  ont  leurs  MaJJicrs  à  cheval  de- 
vant eux.  Oii  troiivc  dans  la  baiTe  Latinité  Majjerius 
pour  un  Officier  du  Pape,  apparemment  un  M aj/ier. 
Deux  de  ces  Ofticiers  tiennent  la  bride  de  fon  cheval. 
Se  le  conduifent  lorlqu'il  fort  en  cérémonie.  Ce'rém. 
M/,  de  Déventer. 

MASTEU.  f.  m.  yoye:(  Matthieu.  C'eft  la  même 
choie.  C'eft  àinfi  qu'en  Grec  na  fe  change  fouvent 
en  7-1. 

MASSIF ,  IVE.  adj.  Qui  eft  gros  Se  folide.  Il  eft  oppofé 
à  menu  Se  délicat.  Solidus.  Cet  homme  eft  fort  majfif 
Se  trop  gros.  Avouez  que  le  bel  efprit  ne  s'accom- 
mode point  avec  les  tempéramens  grofhers,  &  les 
corps  majfijs  des  peuples  du  Nord.  Bouh.  La  lune 
eft  un  corps  opaque  &  majp.f.  Font.  Cette  miiraille, 
ce  bâtiment  font  trop  maJfijs  ,  font  trop  épais;  c'eft- 
à-dire,  que  les  mUrs  en  foiit  trop  épais.  Se  les  jours 
trop  petits  à  proportion  des  trumeaux.  On  eftime  les 
tours  de  l'Eglile  de  Reims,  parcequ'elles  (ont  plus 
délicates  ,  &  ne  font  pas  fi  majfives  que  celles  de 
P^ris.  Les  montres  d'Allemagne  font  plus  grollîères  ,• 
plus  majjlves  qiie  celles  de  France.  IjCT  On  appelle 
colonne  majjïve  ,  celle  qui  eft  trop  courte  Se  qui  a 
moins  de  hauteiir  que  l'ordre  dont  elle  porte  le  cha- 
piteau.   , 

Massif,  fe  dit  auffi  ^fT  de  certains  ouvrages  d'orfè- 
vrerie, qui  font  de  relief,  Se  qui  ne  font  ni  creux  en 
dedans,  ni  fourrés  d'aucune  autre  matière.  Une  croix 
d'oi ,  d'argent  OTiî//?/".  Cette  vallFelle  ,  cette  figure  eft  ' 
d'or  majjlj. 

IJCr  Massif.  Eft  quelquefois  fubftantif ,  &fe  dit  détour 
ouvrage  de  maçonnerie,  fondé  en  terre,  pour  porter 
un  piédeftal,  un  pilier,  un  perron,  un  mur,  ou  autre 
chofe  fèmblable. 

On  appelle  majjlf  de  pierre,  celui  qui  n'a  ni 
moellon,  ni  blocage.  Se  qui  eft  tout  de  quartiers 
de  pierre.  Majfif  de  moellon,  celui  qui  eft  fait  d'uii 
corps  de  maçonnerie  de  brique,  à  bain  de  moitier, 
pour  être  enfuite  incrufté  par-dedans, ou  par-dehors 
de  pierre  de  taille  ou  de  marbre. 

Massif  de  Gazon,  eft  dans  un  parterre  à  l'Angloife 
une  plare  bande  de  gazon  en  enroulement,  laquelle 
fe  mêle  a  la  broderie'.  Pulvinus  cefpititius. 

tfT  On  le  dit  encore  de  l'Archiredïure  dès  jardins,- 
pour  fignifier  un  plein  bois  qui  ne  luilîe  point  de 
jour ,  de  paftage  à  la  vue.  Cette  allée  cft  terminée 
par  un  majjif. 

^fj"  Il  fe  prend  qùelqiiefois  au  figuré,  comme  fynony- 
me  de  péfant.  Se  ne  fe  dit  qu'en  mauvaife  part  pour 
défigncr  une  qualité  oppofée  à  celle  qui  provient  de 
la  pénétration  &  de  ta  vivacité  de  l'efprit.  Dans  ce 
fens  il  fè  dit  même  de  Felprit.  Cet  homme  a  l'efpric 
bien  maJJif.  Hebes,  ohtufus. 

M'ASSILIARGUES.  Nom  d'un  bon  bourg  du  bas  Lan- 
guedoc. MaJfiUargA.  Il  cft  fur  la  Vidourle  ,  à  quatre 

Sf fff  j;  * 


87^ 


MAS 


MAS 


lieues  de  Montpellier,  vers  le  levant.  M aty. 

|tCr  MASSIN.  On  donne  ce  nom  dans  l'île  de  Mada- 
gafcar  aux  loix  auxquelles  tout  le  monde  eft  obligé 
de  (e  conformer.  Elles  ne  font  point  écrites,  parce- 
qu'elles  (ont  fondées  fur  la  loi  naturelle. 

tfT  MASSINGO.  f.  m.  Efpéce  de  grain,'  allez  fembla- 
ble  à  notre  millet,  qui  fert  de  nourriture  aux  habi- 
tans  du  Royaume  de  Congo.  Ency. 

MASSIVEMENT,  adv.  D'une  manière  maflfîve.  Solide. 
Les  Goths  bâtifloient  leurs  édifices  fort  mûjftvement. 
Ce  terme  n'efl:  pas  reçu. 

MASSIVETÉ.  f.  f.  Ce  mot  ne  fe  trouve  que  dans  Po- 
mcy ,  pour  lignifier  la  qualité  de  ce  qui  ell  maffif , 
ou  ce  qui  rend  les  choies  maffives.  SoUd'uas ,  craf- 
Jltudo. 

MASSON,  MASSONNER,  MASSONNERIE.  Voye^, 
MAÇON,  .Sjc. 

MASSON.  f.  m.  Terme  dont  on  fe  fert  à  Smyme  dans 
le  commerce  des  foies.  Il  fignifie  la  même  chofe  que 
maffe,  c.  à  d.  un  paquet  de  loie. 

MASSORE.  f.  f.  ou  MASSORAH.  Terme  de  Théolo- 
gie Judaïque.  C'eft  un  travail  fait  fur  la  Bible  par 
quelques  favans  Rabbins  pour  en  empêcher  l'alté- 
ration ,  &  pour  fervir  de  haïe,  à  la  Loi,  comme  ils 
parlent,  pour  la  défendre  de  tous  les  changemens 
qui  pourroient  y  arriver.  Maffora  ,traduio.  Buxtorf 
l'a  définie  ,  une  Critique  du  Texte  Hébreu  que  les 
anciens  Docteurs  Juifs  ont  inventée,  par  le  moyen 
de  laquelle  on  a  compté  les  verlcts  ,  les  mots  oc 
les  lettres  du  Texte,  &:  l'on  en  a  marqué  toutes  les 
diverlités.  Car  le  Texte  des  Livres  (acres  étoit  autre- 
fois écrit  tout  d'une  fuite,  fans  aucune  diftinélion 
de  chapitres,  ni  de  verfets ,  ni  même  de  motsi  de 
forte  que  tout  un  livre  n'étoit  qu'un  mot  continu, 
à  la  manière  des  Anciens,  dont  on  voit  encoie  plu- 
fieurs  manufcrits  Grecs  &  Latins,  qui  (ont  écrits  de 
cette  forte.  Comme  les  Juifs  appréhendoient  qu'il 
n'arrivât  des  changemens  aux  Livres  iacrés  ,  que 
l'on  n'en  altérât  le  Texte  ,  &  qu'il  ne  s'en  formât 
des  leçons  différentes,  ils  imaginèrent  ce  moyen, 
qu'ils  regardèrent  comme  infaillible,  &c  propre  à  ga- 
rantir de  toute  altération.  Ainlî  ce  mot,  Majjore ,  ne 
fignifie  proprement  que  tradition ,cou\va&  li  cette  cri- 
tique n'étoit  autre  choie  qu'une  tradition  que  les  Juifs 
avoient  reçue  de  leurs  Pères.  On  tient  que  ce  lont  les 
Juifis  d'une  Ecole  fameule  qu'ils  avoient  à  Tibériade, 
qui  ont  fait,  ou  du  moins  commencé  cette  Ma£orc , 
comme  dit  Elias  Lévita.  Aben  Efra  les  fait  Auteurs 
des  points  &c  des  accens  qui  lont  dans  le  Texte  Hé- 
breu qu'on  a  aujourd'hui ,  qui  lervent  de  voyelles. 
Les  Arabes  ont  fait  la  même  choie  fur  leur  Alcoran, 
que  les  MalTorètes  fur  la  Bible.  Les  Juifs  demeurent 
d'accord  qu'ils  ont  emprunté  cette  invention  des  Ara- 
bes ,  qu'on  tient  être  du  VIF  lîècle.  Il  y  a  une  grande 
&  une  petite  Majore,  imprimées  à  Venile  Se  à  Bâle 
avec  le  Texte  Hcbreu,  en  différent  caractère,  foyer; 
là-deffus  le  P.  Morin  ,  &:  Richard  Simon,  Buxtorf 
dans  le  Commentaire  Malforétique,  qu'il  a  intitulé, 
Tiherias. 

MASSORÈTE.  f.  m.  Doéfeur  Juif  qui  a  travaillé  à  la 
Malfore.  MaJJoretha.  La  Malfore  n'ell  point  d'un 
icul  Auteur  ,  c'cll  l'ouvrage  de  plufieurs  Doéleurs 
Juifs  ,  qu'on  nomme  Majjorètes ,  du  nom  de  cet 
ouvrage. 

MASSORÉTIQUE.  adj.  m.  Se  f.  Qui  appartient  à  la 
Malfore.  Maffbrethicus ,  a.  L'exemplaire  Majjoréti- 
que ,  eft  le  Texte  Hébreu,  dont  on  le  iert  aujour- 
d'hui. 

MASSOY.  f.  m.  Efpèce  d'écorce  dont  Ray  fait  men- 
tion dans  fou  Hiftoire  des  Plantes ,  d'après  les  Ephé- 
mérides  Germaniques,  an.  ii.  Elle  vient  de  la  Gui- 
née ,  où  on  la  met  en  pulpe  avec  de  l'eau  ,  &  où 
l'on  s'en  frotte  le  corps  dans  les  temps  froids  &  plu- 
vieux. Son  odeur  eft  agréable;  elle  échaufte,  Se  cal- 
me les  tranchées  &:  les  maux  de  ventre. 

MASSIiE.  f.  f.  Sorte  de  bâton  qui  a  le  bout  d'en  haut 
fort  gros  &:  fort  pcfant,  &  qui  eft  propre  à  alfom- 
mer;  arme  laite  d'une  grolle  pièce  de  bois,  lourde 
&  grolTe  par  un  bout,  &  armée  de  pluikurs  pointes. 


Clava.  Hercule  écoit  armé  de  fa  majfue.  On  aflo.mme 
les  bœufs  avec  des  majjues.  Dans  la  balle  Latitiité 
on  l'a  appellée  maxuca  &c  ma^uca. 

Massue.  Arme  oifcnlive  dont  on  fe  fervoit  autrefois: 
il  en  eft  fait  mention  dans  tous  nos  Hiftoriens.  C'é- 
toit  un  bâton  gros  comme  le  bras  d'un  homme  or- 
dinaire ,  long  de  deux  pieds  Se  demi.  Il  y  avoir  des 
majjues  armées  diftéremment;  mais  celles  qu'on  voir 
dans  quelques  endroits,  comme  au  cabinet  d'aimes 
de  Chantilly  ,  à  l'Abbaye  de  Ronccvaux  ,  ces  majjues 
pour  la  plupart,  avoient  un  gros  anneau  à  un  bouc 
pour  y  attacher  un  chaînon,  ou  un  cordon  fort,  afin 
que  cette  arme  n'échappât  pas  de  la  main.  A  l'autre 
bout  du  bâton  étoient  trois  chaînons,  auxquels  étoit 
attachée  une  boule.  La  boule  étoit  de  fer  Se  ronde ,  ou 
d'un  autre  métal.  Elle  pouvoir  être  du  poids  de  huit 
livres,  avec  quoi  il  étoit  facile  d'alfommer  un  homme 
armé,  quelque  bonnes  que  fulfent  fes  armes,  quand 
le  bras  qui  portoit  le  coup  étoit  vigoureux.  Alors  on 
cxerçoit  dès  la  plus  tendre  jeunelfe  les  enfans  à  porter 
à  la  main  des  poids  fort  pefans,  ce  qui  Icut  forti- 
fioit  les  bras;  Se  par  habitude,  ils  y  acquéroient  une 
force  extraordinaire  ;  ce  qu'on  ne  fait  plus  depuis 
plufieurs  ficelés. 

§Cr  En  parlant  d'un  accident  fâcheux  Se  imprévu  qui 
accable  l'âme ,  on  dit  que  c'eft  un  coup  de  majfue; 
que  celui  à  qui  il  eft  arrivé ,  a  reçu  un  coup  de  majjue 
fur  la  tête.  Cette  exprelllon  figurée  n'cft  que  du  ftyle 
familier.  La  nouvelle  de  la  mort  de  fon  pète  a  été 
un  coup  de  majjue  pour  lui. 

On  dit  proverbialement ,  faire  de  fa  tête  majfue; 
pour  dire  s'expoler  à  quelque  péril,  à  quelque  peine, 
pour  faire  réuilir  une  affaire. 

MAST.  Foyei  Mât. 

MASTER.  Foye:;  Mater. 

MASTEREAU.  Foye^  Màtereaxj. 

MASTEUR.  Foyeji  Mâteur. 

MASTIC,  f.  m,  Efpèce  de  gomme ,  ou  larme  qui  fort 
du  lentifque  ^3"  des  îles  de  l'Atchipel,  par  incifion. 
Se  Bellon  même  alfure  que  cette  gomme  réfincufe 
ne  découle  que  des  lentilques  qui  croillent  dans 
l'île  de  Scio.  Majlix ,  Majliche  ,  rejlna  lentifcana. 
On  en  cultive  les  arbres  aullî  foigneufement  que  les 
vignes.  Il  donne  bien  au  Grand  Seigneur  80000  ducats 
de  revenu.  Du  Loir,  p.  20. 

IJCF  Les  orfèvres  mêlent  du  majîic  avec  de  la  térében- 
thine Se  du  noir  d'ivoire  ,  qu'ils  mettent  fous  les 
diamans ,  pour  leur  donner  de  l'éclat.  On  s'en  ferc 
aullî  dans  la  compofition  des  vernis  qubn  emploie 
pour  luftier ,  colorer,  conferver  les  tableaux.  Se  dif- 
férens  ouvrages  de  fculpture  Se  de  menuiierie. 

^3"  Le  maJlic  a  aullî  quelques  propriétés  médicinales. 
Il  eft  propre  pour  fortifier  le  cerveau. 

Il  y  a  aullî  un  maflic  noir  qu'on  apporte  d'Egypte, 
qui  Iert  à  lophiftiquer  le  camphre. 

Mastic,  eft  aullî  une  efpèce  de  ciment,  ou  de  com- 
pofition dont  on  fe  Iert  pour  joindre,  enduire  Rat- 
tacher des  pierres,  du  bois.  Sec.  Il  eft  fait  de  poudre 
de  brique ,  de  cire  Se  de  réfine.  Les  Lapidaires  s'en 
fervent  pour  tenir  les  pierres  quand  ils  les  taillent; 
les  Sculpteurs  pour  rejoindre  les  pièces  d'une  ftatue. 
En  Grec  on  l'appelle  Ai3«xi'AAM. 

MASTICATION,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Agitation 
des  alimens  folides  plus  ou  moins  durs  entre  les  dents, 
par  le  moyen  du  mouvement  de  la  mâchoire  infé- 
rieure ,  de  la  langue  Se  des  lèvres ,  pour  les  brifer,  les 
imbiber  de  falive.  Se  les  préparer  à  recevoir  plus  fa- 
cilement la  digeftion  de  l'eftomac ,  à  quoi  ils  font 
difpofés  par  leur  brifement,  &  par  l'imprelîîon  de 
la  falive.  Majlicatio.  Le  mélange  des  alimens  Se  As 
la  falive  eft  nécelfaire,  à  caule  que  la  falive,  en  les 
pénétrant,  dilfout  les  fels  qui  font  cachés  dans  les 
alimens ,  &  en  les  fondant ,  elle  les  prépare  à  la 
fermentation  à  venir ,  en  donnant  entrée  dans  les 
alimens  au  ferment  de  l'eftomac ,  qui  eft  à  peu  près 
de  la  même  nature,  en  forte  qu'ils  reçoivent  de  la 
falive  un  commencement  de  digeftion ,  Se  la  pcr- 
fedion  du  levain  du  ventricule.  Foye:;  Chue  Se 
Sang. 


M  A 


T 


t 


MASTICATOIRE,  f.  m.  Terme  de  Médecine,  qui  Te 
dit  des  remèdes  qu'on  prend  par  la  bouclie  ,  de  qu'on 
mâclic  pour  faire  força  l'humeur  (aiivairej  comme 
la  nicotiane,  ou  tabac,  l'iris  ,  le  pyrètrCj  le  gingem- 
bre ,  le  poivre  ,  la  moutarde  j  la  (auge  j  le  romarin  , 
le  maftic  ,  le  thym  ,  la  farrietc ,  ikc.  Majlicatona. 
En  langage  commun  on  dit  mûchkacoire. 

MASTICO.  Nom  d'un  cap  de  la  côte  méridionale  de 
Scio,  une  des  îles  de  l'Archipel.  Pliant,  Phana 
excrema.  Capo  Mnjlico  ,  Panajc.  Maty. 

MASTIGADOUR.  f  m.  Terme  de  Manège.  C'eft  une 
efpèce  de  mors  uni  ,  garni  de  patenôtres  &  d'an- 
neaux ,  qui  ferc  à  rafraîchir  la  bouche  du  cheval 
qui  le  mâche.  Frxnum  àef£umatonum.  On  dit  auliî , 
qu'un  cheval  ell  Mxmaft'igadour ,  quand  on  lui  mec 
la  tête  entre  les  deux  piliers  ,  &.  la  croupe  tournée 
vers  la  mangeoire. 

|p°  MASTIGOPHORE.  f.  m.  On  punilfoit  févèrement 
ceux  qui  contrevenoicnt  aux  loix  Alhlétiques.  C'éroit 
l'office  des  Maftigophores  ,  qui  par  ordre  des  Ago- 
nothètcs ,  frappoient  de  verges  les  contrevenants.  Ce 
mot  lignifie  porte-verge. 

MASTILLY.  (.  m.  Mefure  dont  on  fc  fert  à  Ferrare  j 
ville  d'Italie  j  pour  les  liquides.  Le  mafiïlly  contient 
huit  lechys. 

MASTIN.   Voyei  Matin. 

MASTINER.  Voyei  MÀtiner. 

MASTIQUER,  v.  a.  (\Js  fe  prononce.  )  Attacher  avec 
du  maltic  ,  coller  avec  du  maftic.  Lcnûfd  lachrymâ, 
vel  inhocôlll  gludnare.  Majlicj^uer  des  morceaux  de 
marbre. 

MASTIQUÉ  ,  ÉE.  part.  &c  adj. 

MASTOIDE.  adj.  Terme  d'Anatomie.  C'efb  l'épithète 
qu'on  donne  au  mulcle  qui  fert  à  bailFer  la  tète.  Maf- 
toideus  ,  mammdlans.  On  l'appelle  autrement  ma- 
millaire.  On  le  dit  aulîi  d'une  apopjiylc  ou  produdtion 
de  l'os  qui  eft  au  crâne  de  derrière ,  &c  au-dellous 
de  l'oreille. 

Ce  mot  efl:  Grec ,  &  fignifie  qui  a  la  forme  d'une 
mamelle,  f^^n^ ,   mamelle  ,  &   n'^-s ,  figure. 

MASTRICHT.  Nom  d'une  ville  des  Pays-Bas ,  fîtuée 
dans  le  Limbourg  Hollandois  fur  la  Meufe ,  à  qua- 
tre lieues  au-delfous  de  Liège.  Trajeclum  Tungro- 
rum.  Trajeclum  Superius.  Trajeclum  ad  Mofam  , 
Trijeclum,  Trieclum.  Obtrkum.  Long.  23.  deg.  zo'. 
lat.   jo.  deg.  $0. 

MASTURE.  Foyei  Mâture. 

MASULEPATAN ,  MUSILIPATAN.  Nom  d'une  ville 
de  la  prefqu'île  de  l'Inde  deçà  le  Gange.  Mafelepa- 
tamum  ,  Mafuleporcus. 

MASULIPATAN.  f.  m.  On  nomme  ainfi  les  toiles 
des  Indes  à  l'aunage.  Ce  font  les  mieux  peintes  &c 
les  plus  fines  qui  s'y  falfent. 

Masuhpatan.  On  donne  aulîi  ce  nom  à  des  mou- 
choirs qui  viennent  des  Indes. 

MASULIT.  f.  m.  Foye^  Masculit. 

MASUMATIN.   Foye-{  Masmodine. 

ICT  MASURE,  f.  f.  C'ell  ainli  qu'on  appelle  ce  qui 
refte  d'un  bâtiment  tombé  en  ruine.  Pariednœ. 
Les  oifeaux  de  nuit  fe  retirent  j  font  leurs  nids 
dans  les  vieilles  mafures.  C'étoit  autrefois  une  fort 
belle  maifon ,  ce  n'ed  plus  qu'une  mafure. 

Ce  mot  vient  de  manfura ,  formé  de  manfus.  On 
dit  encore  mas  en  plufieurs  endroits,  pour  lignifier 
maifon.   D'autres  le  dérivent  de  niacerïa. 

Le  fieur  Claude  le  Laboureur  a  écrit  l'Hiftoire  de 
l'ancien  Monaftère  de  l'île  Barbe  ,  près  Lyon  ,  fous 
le  titre  de  Mafures  de  l'île  Barbe. 

^fT  Ce  mot  eft  quelquefois  employé  au  figuré   pour 
'  défigner  une  mauvailc  habitation  qui  menace  ruine. 
Ce    pauvre   Auteur   eft  logé  ,  s'eft  retiré  dans  une 
mafure  ,  habite  une  méchante  mafure. 

MAT. 

§3"  MAT ,  M ATTE.  adj.  (  on  prononce  le  t.  )  Qui  n'a 
point  d'éclat.  On  le  dit  particulièrement  des  mé- 
taux mis  en  œuvre  ,  Hc  qui  n'ont  pas  reçu  le  poli. 
Rudïs ,  impoluus.  L'or  mat  cft  celui  qui  n'cft  pas 


MAT        877 

bruni.  L'argent  mac  efl  celui  qui  cft  blanchi  ,  mais 
qui  n'cft  ni  bruni  ,  ni  poli.  On  fait  l'argent  maC 
avec  la  pierre  ponce,  le  grès  &  le  blanchiment  au 
feu.  On  fe  fert  en  beaucoup  d'endroits  de  vaillèlic 
maae  en  peinture  ,  On  appelle  au(ii  des  couleurs 
mattes  ,  des  couleurs  fombres  ,  des  couleurs  ter- 
mes, &  qui  ont  perdu  leur  éclat.  On  le  dit  encore 
de  certaines  couleurs  épaillcs,  &  dillicilcs  a  manier. 
La  terre  d'ombre  tk  le  mallicot  ,  font  des  cou- 
leurs macccs ,  n'ont  aucun  luifant. 

On  appelle  ,  Broderie  matce  ,  de  la  broderie  d'or 
ou  d'argent ,  qui  cft  trop  chargée ,  ik  qui  n'eft  pas 
allez  ilégagée.  Acad.  Fr.  Cette  broderie  eft  riche, 
mais  elle  cft    rtop  mane. 

Il  vient  d'un  vieux  mot  François  qui  fignifioit 
tnjle  ,  confondu  Se  froid  ,  dont  s'eft  fcrvi  Villon  , 
ik  autres  Poètes  anciens. 

Mat  ,  adj.  ik  C  Eft  aulli  le  dernier  coup  qui  fait  ga- 
gner la  partie  au  jeu  des  Echecs,  lorlquc  le  Roi  cft 
en  échec ,  ou  en  prife  ,  &  qu'il  ne  (auroit  fe  re- 
muer qu'il  ne  foit  encore  pris.  ^  lufione  dcjeclio. 
On  lui  a  donné  échec  &  mac.  Il  y  en  a  qui  dilent 
que  cette  exprellion  vient  de  ces  mots  fchachc  mac  , 
Itfquels  dans  la  langue  Perfiennc  ,  veulent  dire  le 
Roi  ejl  more.  On  dit  aufti  il  n'eft  pas  mat  ,  mais  il 
eft  pac  ;  &  c'eft  lorfque  le  Roi  fans  être  échec  ,  ne 
peut  fe  remuer  fans  s'y  mettre.  L'échec  &  mat  du 
Berger  ,  eft  celui  qu'on  donne  aux  ignorans  en 
deux ,  ou  en  trois  coups. 

On  dit  figurément ,  donner  échec  &  mat  à  quel- 
qu'un ;  pour  dire ,  le  ruiner  fans  rellource  ,  le  pref 
fer  tellement  qu'il  ne  fâche  où  fe  tourner.  îfj'  La 
vie  de.  la  Cour  eft  un  jeu  fériesx  ,  mélancolique , 
qui  applique.  Il  faut  arranger  les  pièces  8<.  fes  bat- 
teries ,  avoir  un  dellein  ,  le  luivre ,  parer  celui  de 
fon  adverfaire  ,  hafarder  quelquefois  ,  &  jouer  de 
caprice  ;  &  après  toutes  fes  rêveries  ,  &:  toutes  les 
mefures  ,  on  eft  échec  ,  quelquefois  mat.  Souvent 
avec  des  pions  qu'on  ménage  bien,  on  va  à  dame,  &c. 
l'on  gagne  la  partie  :  le  plus  habile  l'emporte ,  ou 
le  plus  heureux.  La  Bruy. 

0Cr  MAT.  i.  m.  Terme  de  marine.  C'eft  en  général 
une  longue  &  grofle  pièce  de  bois  arrondie ,  élevée 
perpendiculairement  fur  la  quille  du  vailfeau  ,  Se 
qui  étant  appuyée  par  les  haubans,  cale  haubans  & 
les  étais  ,  fert  à  porter  les  vergues  &  les  voiles. 
Malus.  Il  y  en  a  quatre  dans  les  grands  vailFeaux  ; 
quelquefois  on  y  en  ajoute  un  cinquième  ,  qui  eft 
un  double  artimon.  Le  grand  mât  ^  ou  le  mât  de 
maître  ,  eft  le  principal  mât  du  vaifleau.  Il  eft  au 
milieu  du  vaillèau  ,  &  porte  les  plus  groiîes  ver- 
gues ,  &  les  plus  grandes  voiles.  Le  fécond  s'ap- 
pelle de  mifaine  ,  mât  de  bourcet ,  ou  mât  d'avant , 
qui  eft  entre  le  grand  mât ,  &  la  proue.  Le  troi- 
fième  ,  l'artimon  ,  qui  eft  entre  le  grand  mât  Se  la 
poupe.  Et  le  quatrième  ,  beaupré,  qui  cft  couché  fur 
l'éperon  à  la  proue  ,  ou  fur  l'avant  du  vaillèau.  Le 
mât  de  contremifaine ,  ou  petit  artimon  ,  eft  fur  l'ar- 
rière dans  les  galions  ,  naos  ,  ou  grands  vailfeaux. 
Le  grand  mât  jufqu'à  la  première  hune  eft  ordinai- 
rement égal  à  la  quille  du  vallfcau.  Quoiqu'on  dile 
agréer  les  mâts  ,  on  ne  doit  pas  dire  que  Izimits 
loient  des  agrès  :  c'eft  le  fentiment  d'un  Profelîeur 
royal  d'Hydrographie. 

On  appelle  aulli  mât  ,  les  brifures  ou  divifions 
des  mâts  qui  font  pofés  les  uns  fur  les  autres.  Le 
grand  mât  ôc  celui  de  mifaine  ,  en  ont  chacun 
trois  ,  le  grand  mât ,  le  mât  de  hune  ,  qui  eft  au- 
dclfus  &■  tout  d'une  pièce ,  &:  le  mât  de  perroquet , 
qui  eft  fur  celui  de  hune  ,  Se  au  dellus  encore  eft 
le  bâton  cha  pavillon  :  ce  qui  fait  quelquefois  plus 
de  34  toifes.  L'artimon  qu'on  appelle  aulîi  mât  de 
foule ,  3c  le  beaupré  ,  n'ont  qu'une  brifure  chacun  : 
on  l'appelle  de  perroquet  &  non  de  hune.  Le  grand 
mât  eft  pofé  au  milieu  du  premier  pont ,  ou  franc 
tillac  ,  éc  detcend  au  fond  de  cale  fur  la  conrre- 
quille.  Il  n'eft  pas  tout  à-fait  perpendiculaire  ,  mais 
il  penche  du  côté  de  la  poupe  à  proportion  de  (a 
I       hauteur ,  depuis  deux  jufqu'à  lix  pieds.  Sa  plus  grau- 


gyS  MAT 

de  gioircur  cft  au  franc  t.Uac  ,  &  il  va  en  dimi- 
luiaiit  pai-  haut ,  &  par  bas  du  tiers  de  fa  grolleur. 
Le  mât  de  mifaine  pall'e  à  travers  le  château  d  avant 
■  au-dellus  de  Tellrade  à  l'extrémité  de  l'etcarhngue. 
Le  mut  de  beaupré  eft  enchâllé  par  le  bout  d;en- 
bas  fur  le  premier  pont  dans  le  màc  de  milaine. 
Le  mot  de  mût  eft  en  François  ,  en  Allemand  ,_  en 
Flamand  Se  en  Anglois ,  la  même  chofe,  L'Icaaen 
dit  majlo ,  Se  l'Efpagnol  mapi-  .     r.  r     -c 

MÀT  GemelÉ  ,  oa  jumelle,  cil  celui  qui  eft  fortihe 
ppr  plufieurs  pièces  de  bois  qui  y  tont  étroitement 
jointes,  qu'on  appelle  Jumclk  ,  oagaburons  ,  oa 
cotons.  Malus  mflruclus  lateraiihus  Jirmamentis.  On 
l'aopelle  auffi  mât  redampé ,  renforce  oujurlie  ;  &  s  il 
eft  anté  par  le  haut ,  on  le  nomme  mat  ajjute  ,  ajujte. 
MÂT  DE  RECHANGE.  C'eft  Un  mk  qui  n'eit  pas  drel- 
fé  &  que  l'on  conlerve  dans  le  vailleau  pour  rem- 
jîlâcer  ceux  qui  pourroient  étrs  endommages  par 
quelque  fortune  de  mer. 

On  dit ,  aller  à  mâts  Se  à  cordes  ,  ou  fe  mettre 
à  fec  ,  quand  on  a  abaiH'é  toutes  les  voiles  Se  les 
vergues  ,  pour  éviter  la  furie  du  vent.  ^ 

Les  Pécheurs  fur  les  rivières  appellent  le  mat  de 
■leur  bachot  ,  une  perche  d'orme  de  (ept  ou  huit 
pieds,  un  peu  courbée,  qu'ils  mettent  al  avant , 
lorfqu'ils  remontent  contre  le  fil  de  1  eau.  Us  y  atta- 
chent leur  cordeau ,  qu'ils  tirent  enluite  de  dclius 
le  bord  de  la  rivière. 

Les  bateaux  navigeans  fur  les  rivières  ont  un  mat 
par  où  pallé  le  cable  qui  fert  à  les  tirer.         ^ 

On  .appelle  aulll  jnât  dans  un  camp,  les  pièces  de 
bois  qui  fervent  à  foutenir  les  tentes.    Tentoru  or- 
thoflata.  Trente  à  deux  mâts.  Trente  a  trois  ot^m.  ^ 
En  terme  de  Blafon  ,  on  appelle  un  mât  dejarme 
quand  il  eft  peint  fans  voiles.        ^     ,      ,      ^ 
MATACA,  ou  MATANCA.  B.aye  fur  la  cote  fepten- 
trionale  de  l'île  de  Cuba  dans  l'Amérique  ,  entre  la 
Baye  de  la  Havane  &  le  vieux  détroit  de  Bah.im.i. 
IvIATACON.  f.  m.  Le  pain  que  mangent  les  habi- 
tans  de  Madagafcar.  Il  eft  fait  d'un  elpece  de  noi- 
fette    qu'ils   appellent    Matacon  ,  laquelle  ne  croir 
point  à  un  arbre  ,  mais  s'engendre  dans  la  terre  ,  com- 
me des  trulfes  en  Europe.  Fureteriana 
\1  ATADOR.  f.  m.  Terme  du  jeu  d  Hombre  &  de  Qua- 
drille Ce  font  les  trois  premières  triomphes  .Spadille, 
Manille  Se  Bafte.   Caiu  luforU  fuperiores.    Si  l'on 
joue  les  matadors  comptés  ;  c'eft-à  dire,  h  1  on  paie 
■;        autant  de  jctrons  que  l'on  a  de  matadors  ,  alors  les 
les  plus  hautes  triomphes  après  les  trois  matadors, 
font  aulTi  appelées    matadors  ,  pourvu  qu'elles  te 
fuivent  dans  l'ordre  qu'elles  ont  entr'elles  ;  comme 
•l'as  rouge  &  le  Boi  ,  lorfqu'ils  fuivent  les  trois  pre- 
miers matadors  ,  font  aullî  appelés  matadors  ;  de 
même  le  Roi  Se  la  Dame  en  noir. 

Il  n'y  a  proprement  que  trois  matadors  ,  Spadiile , 
Manille  ,  Se  Bafte  ,  qui  font  les  trois  premières 
triomphes  de  la  couleur  où  Ion  joue.  Spadille  eft 
-toujours  l'as  de  pique.  Manille  eft  le  deux  en  noir  , 
&  le  fcpt  en  rouge.  Le  Bafte  eft  las  de  tieffle.  Le 
privilège  des  matadors  eft  de  ne  pouvoir  éttc  for- 
cés par  aucune  triomphe  inférieure.  Jeu  de  l'Hom- 
bre.  Le  nombre  des  matadors  .augmente  à  mefurc 
que  les  niomphes  qui  les  fuivent  immédiateinent  ;, 
leur  font  jointes.  On  appelle  faux  matadors ,\oxic\M' A 
ne  manque  que  Sp.adiUe   pour   en  faire  pluiieurs. 

ACAD.  DES  JeU1{.  .         r  r^  J 

§Cr  En  1714.  ceux  de  Barcelone  qui  refulerent  de 
rcconnoîtrc  Philippe  V.  pour  leur  Souverain ,  levè- 
rent une  Compagnie  de  milice  de  zoo  hommes  , 
pour  malfacier  ceux  de  leurs  Concitoyens  qui  fayo- 
rifoicnt  le  parti  du  Prince.  Oii  donna  a  ces  foldats 
le  nom  de  matadors. 

MATADORES.  f.  m.  pi.  Les  Efpagnols  de  1  île  de  S. 
Domingue  nomment  ainfi  les  ChaiTeurs  de  taureaux, 
que  les  François  appellent  Boucaniers. 

MATAFION.Ï.  m.  Terme  de  Marine.  Lti  Matafions 
font  de  très- petits  cordages  qui  tervent  a  attacher 
les  petites  pièces  d'une  Galère.  Fumculi  adjtr.uùru. 
Les  matafions  font  des  cordes  d'environ  un  pouce 


MAT 


1 


de  circonférence  ,  longues  chacune  de  deux  braf- 
fes ,  qui  ne  fervent  qu'a  lier  les  voiles  aux  anten- 

nés. 
Ip-    MATAGASSE,  ou  MAT  AGASSI.   Foyei  Pie- 

GRii:CHE  ,  au  mot  Pie. 
MAT  AGI.  Matifa.  C'étoit  autrefois  une  ville  de  1  île 
de  Corfe.  Maintenant  ce  n'eft  qu'un  village  ,  litue 
à  trois  lieues  de  Bonifacio  ,  du  côté  du  nord.  Maty. 
MATAGRABOLISER.  v.  a.    C'eft    un    mot   invente 
par  Rabelais,  I.  /.  c.  1 9.  Se  formé  de  trois  autres 
mots  Grecs  ,  fuivant  la  note  ;.  fur  ce  chapitre.  Cela 
veut  dire  ,  prendre  bien  de  la  peine  à  ne  rien  faire 
qui  vaille.  Il  y  a  dix  huit  jours  que  je  fuis  à  matagra- 
bolifcr  cette  belle  harangue. 
MATAIA.  Nom  d'un  pays  de  l'Amérique  méridiona- 
le. Mataïa.  Il  eft  le  long  de  la  rivière  des  Amazo- 
nes, entre  celles  de  Cayane  Se  de  Tapayfa. 
MATALA.    Matai lum  ,   Matalla  ,  Matalia.^    C  etoit 
autrefois  une  petite  ville  ,  fituée  fur  la  cote  méri- 
dionale   de   l'île    de   Candie.   Ce  n'eft  maintenant 
qu'un  village  ,  qui  eft  fur    le  cap  de  Matala  ,  au 
midi  de  la  ville  de  Candie.  Maty. 
MATALONE.  Nom   d'une   petite  Ville  ,  ou  Bourg  , 
avec  titre  de  Duché.  Meia  Leonis  ,  Magdalonum. 
Ce   lieu   eft  dans  la  terre  de  Labour,  province  du 
Royaume  de   Naples  ,  à  trois  lieues  d'Averla ,  du 
côté  du  levant.    Maty. 
MATAMAN.   Le  Royaume  de  Mataman  ,  ou  le  pays 
des  Cimbebas.   Matamanum  Regnum ,  Cimbebarum 
Trapus.  Ce  pays  eft  dans  la  Balle  Ethiopie. 
MATAMORE    f.  f.   On  croit  que  ce  mot  eft  Arabe. 
C'eft  une  prifon   où  l'on    enferme  fous  terre  les 
Efclaves  toutes  les  nuits.  Barathrum,  carcer  objcu- 
rus.  La  matamore  eft  très-incommode,  &  tres-cruel- 
le ,  Se  il  femble  qu'elle  n'ait  été  inventée  que  pour 
tourmenter  les  Efclaves.  On  y  defcend  par  20  ou 
50  degrés.  On  n'y  peut  point  recevoir  d  air  ni  de 
lumière  que  pat  un  petit  trou.  Les  Efclaves  y  iont 
îiorriblemenc  prclTés  ,  Se  fouvent  ceux  qui  en  lor- 
tent  ,  meurent  ,   oarce  qu'ils  ne  peuvent  fupporter 
le  grand  air.  Ils  v  étouffent  quelquefois  de  chaleur i 
S:  jJs  y  font  prefquc  toujours  mangés  des  puces  Se 

des  poux.  .  .  ,     r  r 

Matamore,  f.  m.  C'eft  la  même  chofe  que  faux- 
brave.  Thrafû.  Ce  mot  nous  eft  venu  des  Comé- 
dies Efpagnoles ,  où  l'on  introduit  un  Capitan  Ma- 
tamoros  ,  c'eft -à -dire  ,  un  Capitaine  Turc  -  More. 
MiN.  Dicl.  Etym.  Até ,  déelle  mal-failante ,  annon- 
ce à  Momus  que  fes  enfans  feront  trois  fcélératsi 
Scaramouche  un  Matamore  ,  Pierrot  un  fainéant, 
&  Arlequin  un  poltron,  un  gourmand.  Se  un  fri- 
pon. Mercure  de  Dec.  IJ2).  ^ 
MATAN.  Nom  d'une  Île  de   l'Océan  oriental.  Ma.- 

tania. 
MATAPAN.  Le  cap  Matapan.  Matapanum  ,  ancien- 
nement Tenarium  promontorium.  C^eft  la  pointe  la 
plus  méridionale  de  la  Morée.  Elle  eft  entre  le  G0I-.  « 
fe  de  Coron  ,  Se  celui  de  la  Colochinc.  Maty.         | 
MATARA.  f.  f.  Mefuie  pour   les  Liquides  dont    on 
fe  fert  en  quelques  lieux  de  Barbarie.   Le  matara 
de  Tripoli  eft  de  42  rotolis.  .      ,    -  , 

MATARAM.  Ville  capitale  de  l'Empire  de  Java,  dans 

une  plaine  fertile  &  agréable.  ,     ,    ^ 

M-^TARO.  Matarum.  Nom  d'un  Bourg  de  la  Cata- 

'lôgne  ,  fitué  fur  la  côte  ,   environ  à  -lept  lieues  de 

Barcelonne  ,  du  côté  du  levant.  .        ,     ^        ' 

MATAS.   Nom    d'un  Bourg,   qui  a  titre  de  Comte. 

Mafiadium.  Il  eft  prêt  de  MariUac  dans  le  Poitou. 
MATASSE,  f.  f.  Terme  de  Négoce ,  qui  k  dit  des 
foies  qui  font  encore  par  pelotes  Se  ^ns  être  hlees, 
telles  qu'elles  ont  été  levées  de  delfus  les  cocons. 
S'encum  crudum.  Ce  Marchand  a  pluiieurs  balles  de 
foies  grèges  &  mataffes.  En  Latin  mataxa  ,  onme- 
toxa    Quelques-uns  le  difent  aulli  du  coton. 

Ce  mot  vient  du  Grec   /^^«ê«  ,  qui  lignihe  une 
foie  qui  n'eft  m  teinte ,  ni  filée -,^=«4",  ligmhc  en- 
tre,  entrt-deux.  j    »/, 
MATASSINADE.  f.  f.  Aéfion  folâtre  ,  aéhon  de  Ma- 
lallni.  Jcîio  mimica.  Elle  fit  cent  matajfinades. 


MAT 

WATASSINER.   V.    n.   Eure   le  Matafîîn  -,  dxnCcr  les 
Matallins  ,  tol.irrer.   Mimicum  faltatorcm  a^ac.  Il 
mat.iffine  (ans  celle. 
MATASSINS.  r.  in.  pi.  Efpècc  de  danfe  folâtre.  Mi- 
mica  fahatio.    Ces  Malques    ont    cl.mfc    les    Ma- 
tajjins.  On  le  dit  aullî  de  ceux  qui   la  danfent.  Mi- 
micus  falcator.  Voyez  Danse. 
MATANA.   Contrée   &  livicie   de  l'ilc  de  Madagaf- 

car  ,  fur  la  côte  Oi'icntalc. 
WATATOU.  r.  m.   C'ell  le  nom  de  la  table  dont  fe 
lervcnt  les    Inkilaiics.  Le   Matatou  ell  fait  comme 
une  grande  corbeille  carrée  dont  le  fond  ell  plat  & 
uni  j&  les  bords  ont  trois  ou  quatre  pouces  de  hau- 
reur.  Le  Matatou  eft  tilîu  de  roleaux  tk  de  queues 
de  latanier  ;   mais  travaillé  d'une  manière  li  ferrée. 
qu'on  peu  l'emplir  d'eau  (ans  craindre   qu'elle  s'é- 
coule. Eu   le  travaillant   ils    y  pallênt  quatre  petits 
bâtons  dans  les  quatre  coins  qui  (ervcnt  de  pieds , 
&  dont  les  bouts  d'en-haut  furpadent  les  bords   du 
Matatou   de  trois   à   quatre    pouces  ,   &  qui  (ont 
terminés  en    boules  ou  coupés  à  pans,    l'^oye^  Le 
P.  La  BAT. 
IP"  MATAVANE.  f.   f.  Mot  corrompu  de  martavan 
ou   manaban.    C'eft    un    grand   vailFeau  de  terre  , 
verni  dedans  &  dehors ,  qui  fe  fait  particulièrement 
à  Martaban ,   dans  le  Pégu.  Les  matavanes  ont  la 
propriété  de  purifier  l'eau  dont  on  les  remplit ,  en- 
lorte  qu'en  24  heures  l'eau  la  plus  mauvaife  &  la 
plus  puante  y  perd  fon  mauvais  goût ,  &:  fa  pé(an- 
teur.  Les  Hollandois  &  les  Anglois  s'en  fervent  uti- 
lement fur  leurs  vailîeaux. 
MATCOWITS.  Ville  forte  de  la  Haute-Hongrie  dans 

la  partie  Orientale  du  Comté  de  Scépus. 
MATE.  f.  f.  On  donnoit  autrefois  à  Paris  le  nom 
d'enfans  de  la  mate  aux  (îloux  ,  parce  qu'il  y  avoit 
un  lieu  nommé  la  Mate  ,  où  ils  s'allembloient  pour 
faire  leurs  complots.  Nous  vîmes  prendre  un  enfanr 
de  la  mate  ;  c'étoit  le  même  qui  avoit  volé  la  vai(- 
lelle  d'argent  de  la  cuidne  de  M.  le  Prince  de  la 
Roche  fur-Yon.  Brantôme. 
Mate.  f.  m.  Nom  que  les  François  donnent  à  une 
herbe  du  Pérou  j  que  l'on  connoît  mieux  (eus  celui 
de  Paraguay ,  ou  Paragoue  ,  que  les  Américains  lui 
donnent ,  à  caufe  du  Paraguay  ,  où  il  croît  quantité 
de  cette  herbe. 
MATECLU.  f.  m.  Herbe  du  Pérou  ,  qui  n'a  qu'un 
tuyau  avec  une  feule  feuille  ronde.  Elle  croît  dans 
les  ruilfeaux.  On  mâche  cette  herbe ,  &  le  fuc  que 
l'on  en  tire ,  mis  dans  les  yeux  le  (oir ,  avec  la  feuille 
broyée ,  &  appliquée  dellus ,  guérit ,  à  ce  qu'on  pré- 
tend ,  toutes  fortes  de  maladies  d'yeux. 
MATELAS,  f.  m.  Culcitra.  On  a  dit  autrefois  Materas , 
qui  n'eft  plus  en  u(age.  Il  fignihe  un  grand  &  ample 
couffin  qui  tient  toute  l'étendue  d'un  lit  ,  &  qui  en 
'-  fait  la  principale  garniture.  C'eft  de  la  laine  ou  de 
la  bourre  piquée  ,  &  enfermée  entre  deux  toiles , 
coutils  ,  futames  ,  ou  fatins.  Les  matelas  de  laine 
font  les  plus  chers ,  puis  ceux  de  bourre  -  lanice  , 
enfuite  ceux  de  laveton ,  Se  enfin  ceux  de  (Impie 
bourre.  Il  faut  de  temps  en  temps  faire  rebattre  fes 
matelas.  A  la  Chine ,  on  fait  des  mate/as  d'une  ei- 
pcce  d'algue  marine  qui  eft  plus  déliée  &  plus  douil- 
lette que  la  (oie.  C'eft  une  herbe  qui  entretient 
un  frais  admirable.  On  y  fait  aulli  des  chevets  & 
des  oreillers  d'éclilles  fort  déliées  de  roleaux  qui 
ne  font  remplis  que  d'air  ^  Se  font  fort  douillets  ;  & 
quand  on  fe  retourne ,  il  fort  un  air  frais  qui  évente  le 
vil'age. 

Ce  mot  vient  de  matula  ,  ou  minor  matta  ,  petite 
natte  ;  parce  que  les  Anciens  j  &  (ur-tout  les   Moi 
nés  ,  couchoient  (ur  des  nattes.  On  l'a  appelé   aulii 
matura  ;  d'où  l'on  a  fait  d'abord  matras  ,  Se  puis 
matelas. 
§Cr  On  le  dit  auffi  de  la  garniture  d'un  lit  de  repos.  Les 

matelas  d'un  lit  de  repos  (ont  couverts  d'érofte. 
Matelas,  fe  dit  aulîi  des  couffincts  qu'on  met  au  dof- 
(îer  du  carofte,  &  aux  côtes  lur  les  accoudoirs,  pour 
y  être  plus  mollement.  Minores  Lulcitrj:.  On  y  mec 
du  cocon  piqué  entre  des  toiles  de  taftctas. 


MAT 


879 


MATELASSER,  v.  a.  Garnir  une  chofc  de  petits  ma- 
telas ;  rcmbourcr  de  laine  ,  de  (oie  j  de  coton.  Mino- 
rihiis  culcuris  infiruere.  Il  a  fait  matelaffer  fon  carolle 
de  tous  côtés.  Matelaffer  àc%  chailes. 
MATELASSE  ,  £E.  part.   Minoribus  culcuris  injlruc, 

tus. 
MATELASSIER,  f  m.  Ouvrier  qui  fait  des  matelas  , 
ou  qui  carde  la  bourre  lanice,  le  laveton,  le  crin  Se 
la  laine ,  pour  en  faire  des  matelats  &  des  fommiers. 
Culcitrarius  artifex. 
MATELICA.  Nom  d'un   ancien  bourg  de  l'État   de 

l'Eglifc  ,  en  Italie.  Matilka. 
MATELLES  ,  ou  MATILLES.  Petite  ville  de  Fran- 
ce jdans  le  Bas  Languedoc  ,  dans  la  vallée  de  Mont- 
ferrand. 
MATELOT,  f.  m.  Homme  de  mer  ,  qui  fert  à  la  con- 
duite ,  à  la  manœuvre  d'un  vailTeau.  Nauticus  ope- 
rarius  ,  nauta  y  navita.  Le  Pilote  commande  aux 
Matelots  ,  Se  le  Capitaine  aux  foldats.  Il  faut  tant 
de  Matelots  pour  conduire  un  vailleau  de  tant  de 
tonneaux.  La  tempête  étoit  plus  forte  que  l'art  des 
Matelots.  Les  Matelots  (ont  naturellement  bruf- 
ques  j  &  la  nation  du  monde  la  moins  traitable. 
P.  LE  Comte. 

M.  Huet  (oupçonne  qu'il  vient  de  M«w«A<a-n,f , 
Marfeillois  ,  parce  que  les  Marfcillois  étoient  très- 
intelligens  dans  la  navigation.  Nicot  dit  que  ce  mot 
vient  de  mat  ,  parce  qu'originairement  ce  nom  fuc 
donné  à  celui  qui  (ervoit  auprès  du  mât. 

On  appelle  un  vailîcau  matelot  j,  un  vaiffeau  fécond 
deftiné  pour  (ecourir  un  autre.  N'avis  in  fubjîdium 
fociata.  L'Amiral  ,  le  Vice  Amiral  ,  le  Lieutenant- 
Général  ,  le  Contre-Amiral  ,  le  Chef  d'Efcadre  Se  le 
Commandant  d'une  dividoiijont  chacun  deux  vaif- 
feaux  deftinés  à  les  (ecourir  ;  le  matelot  de  l'avant  ,  Se 
le  matelot  de  l'arrière. 
Matelot  ,  (e  dit  aulîî  de  celui  qu'un  Capitaine  joint  & 
afligne  à  un  autre  pour  l'allifteren  toutes  (es  néceftîtés, 
vif  ou  mort.  Un  tel  eft  mon  matelot. 

On  dit  aulli  Emmateloter  les  gens  de  l'équipage; 
pour  dire  ,  les  joindre  les  uns  avec  les  autres. 
Matelot  j  fe  dit  fîgurément  Se  balTement  en  Morale  , 
de  celui  qui  gouverne  ,  Se  qui  tient  le  timon  des  af- 
faires. Ainlî  il  a  été  dit  dans  un  Rondeau. 

Laiffei[  l'Etat ,  &  n'en  dites  plus  mot  , 
Il  ejl  pourvu  d'un  meilleur  Matelot. 

Matelot  d'e.au  douce  ,  fe  dit  en  quelques  ports  de  mer 
en  parlant  des  Matelots  qui  ne  (avent  point  leur  mé- 
tier ,  Se  qui  (ont  plus  propres  à  être  bateliers  fur  une 
rivière  ,  qu'à  faire  le  fervice  d'un  vailleau. 

MATELOT  AGE.  f.  m.  Salaire  des  matelots.  Nauticum 
opus  ,  merces ,  pretium  nauticum.  Il  coûtera  tant  pour 
le  matelotage  de  ce  vaifTeau  pendant  un  tel  voyage. 

MATELOTE.  (.  f.  Manière  d'accommoder  le  poifton 
frais  péché  ,  avec  fel  &  poivre  ,  des  oignons  _,  des 
champignons  j  du  beurre  &:  du  vin  _,  comme  on  pré- 
tend que  raccommodent  les  Matelots.  Pi/ces  nau- 
tico  more  pràtparati.  On  va  manger  des  matelotes  dans 
les  .auberges  (ituées  (ur  le  bord  de  la  rivière. 

a  la  matelote,  adv,  A  la  manière  des  Matelots.  Nau- 
tarum  more.  On  a  porté  pendant  un  temps  des  chaulFcs 
à  la  matelote,  ferrées  (ur  la  cuilfe. 

MATEPUTAIN.  Nom  de  lieu.  Mateputena  ,  id  eft  , 
devincens  meretricem  ,  dit  Ordéricus  Vitalis  j  au  Li- 
vre XII  de  fon  hiftoire.  Il  eft  près  d'Aumale,  en 
Normandie. 

MATEQUA.  Ville  de  l'Arabie  heureufe  :  elle  eft  près  de 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Prime,  qui  fe  décharge 
dans  la  mer  d'Arabie. 

MATER.  V.  a.  Garnir  un  vaifTeau  de  (es  mâts.  Malo 
inftruere.  Ce  vailfeau  étoit  bien  maté  ;  il  avoit  tous 
fes  mâts  en  bon  état.  Maté  en  carvèle  ;  c'eft  avoir 
quatre  mâts  ,  (ans  mâts  de  hune.  Maté  en  chande- 
lier ;  c'e(t  avoir  les  mâts  (ort  droits.  Maté  en  four- 
che •  c'eft-à-dire  j  être  maté  en  heu.  Maté  en  Fré- 
gate ;  c'eft  avoir  les  mâts  plies  ,  &  arqués  en  avant. 
Maté  en  galère  j  c'eft  n'avoir  que  deux  mâts ^  fans 


MAT 


8'8o 

-mars  de  hune.  Muté  en  heu  ;  c'eft  n'avoir  qu'un  mât 
an   milieu  du  vaillc.iu  ,   qui   fert  aullî   de    mât   de 
hune  ,  &  qui  a  une  vetijuc  qui  ne  s'appareille  que 
d'un  borj. 
MATER  ,  lignifie  quelquefois  en  général ,  mettre  quelque 
choie  de  bout.  Rcdà  [lacuere.  Mater  iwvz  barique ,  e'ell 
la  mettre  fur  ies  fonds. 
MATER.  V.  a.  (  1'^  eft  bref.  )  C'cfl:  ainfi  qu'écrit  l'A 
cadémie.  Terme  de  jeu  des  échecs.  Donner  échec  & 
mit  à  quelqu'un  ;  c'ell:  à-dire  ,  réduire  le  Roi  par 
l'échec  qu'on   lui  donne  ,  à  ne  pouvoir  fortir  de  (a 
place  lans  le  mettre  en  nouvel  échec  \,  &  c'ell  alors 
qu'on  gagne  la  partie  fur  lui.  Conjîcere  ludum ,  ah- 
folvcre  j  vinccre.  Il  y  a  des  gens  qui  fe  vantent  de 
mater  avec  un  pion  coëiFé  j  c'eft  à-dire  avec  un  cer- 
tain pion   dont  on  convient  ,   &  que  l'on  marque 
pour  cet  eftet ,  afin  de  le  reconnoître  parmi  les  au- 
tres. Il  a  été  maté  en  trois  coups.  Deux  Chevaliers 
Teuls   ne  peuvent   mater  le  Roi.   On   le  peut  mater 
avec  un  chevalier  &c  im  fou  ;  mais  il  fiut  être  habile 
joueur. 

Quelques-uns  difent  que  ces  mors  font  Perfans , 
&  que  efchec  mjr  lignifie  que  le  Roi  eft  mort.  D'au- 
tres les  dérivenr  de  maclarc  ,  qui  lignifie  rz/er;  ou 
de  matare  j  configere.  D'où  les  Elpagnols  ont  fait 
matar  ^  ruer. 
Mater.  ,  pris  dans  un  fens  figuré ,  fignifie  Mortifier , 
aMoiblir  le  corps.  Macerare.  Les  dévots  matent  leur 
chair  par  les  jeîines  &  les  auftérités ,  par  les  haires 
£c  les  difciplines. 

Ce  mor  vienr  de  mattus ,  que  Saumaife  dit  avoir 
redonné  à  la  langue  Latine,  qui  lignifie  trifte ,  fou- 
rnis ,  dompté  tk  mort'ijie  ;  lequel  vient  originairement , 
dit-il  ,  du  Grec  (t«.TH  ,  qui  lignifie  amollir. 
M.VTER  ,  fe  dit  auilî  pour  ,  Humilier ,  abattre  ,  tour- 
menter.  Cruciare  ,  dejyrimere  ,  vexare.    Le  mauvais 
i'uccès  de  fes  entrepriies  l'a  bien  maté.  Il  eft  libertin  , 
mais  je  faurai  fi  bien  le  mater ,  que  je  le  rangerai  à 
la  r.ailon. 
MATÉ  ,  ÉE  ,  part.  &  adj.  Domitus  ,depre{fus ,  vexatus. 
On  Àii  en  Fauconnerie  ^  qu'il  faut  veiller  l'oileau  tant 
qu'il  (oit  apprivoité  &  maté. 
MATERA.  Matera  ,  Matœla.   'Ville  du  Royaume  de 
Naplcs ,  fituée  dans  la  terre   d'Otrante  ,  au.'c  confins 
de  celle  du  Bari ,  &  de  la  Balllicate  ,  à  onze  lieues  de 
Tarente  ,  vers  le  couchant. 
MATERAN.  Nomd'une  ville  des  Indes.  Mataranum. 
AlATERE.  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Matera.  Nom 
d'une  décile  à   laquelle   les    piques  étoient    conl.i- 
crées,  &  à  l'honneur  de  laquelle  on  en  fulpendoit 
autour  de  les  ftatues  &c  de  ies  autels.  C'eft  un  des 
furnoms  de  Minerve. 
Matere.  1.  m,  ou  h  Nom  d'une  ancienne  arme  propre 
des  Gaulois.  Materis  ,  matara  ,   mataris  j  matarus. 
Grand  j.avelot,  demi-pique. 

MÂTÉREAU  ,  ou  MÂIEREL.  C.  m.  Terme  de  Marine. 
Petit  mit ,  partie  d'un  mât  rompu.  Malus  rnuior.  On 
appelle  aulli  quelquefois  de  ce  nom  le  mât  de  mi- 
faine  5  &  les  auttes  moindres  mâts. 

MATEREAUX.  Les  ouvriers  &  le  peuple  parlent  ainfi. 
Voye\  Matériaux. 

MATÉRIAIRES.  Nom  de  Sede.  Materiarii.  L'ancienne 
Eglifc  appeloit  Matériaires ,  ceux  qui ,  prévenus  par 
la  Philolophie  ,  qu'il  ne  fe  lait  rien  de  rien  ,  recou- 
roient  à  une  matière  éternelle  (ur  laquelle  Dieu  avoir 
travaillé  ,  au  lieu  de  s'en  tenir  au  lyftéme  de  la  créa- 
tion ,  qui  n'admet  que  Dieu  feul  ,  comme  caufe  uni- 
que de  l'exifteiice  de  toutes  choies;  parce  qu'il  eft 
indépendant  j  ablolu  &  tout- puillant.  Terrullien  a 
folidement  &  fortement  comba;ru  l'erreur  des  Ma- 
céfiaires  ,  dans  fon  Traité  contre  Hermogène  ,  qui 
étoit  de  ce  nombre. 

MATÉRIALISME,  f.  m.  Dogme  très -dangereux,  fui- 
vant  lequel  certains  Philofophes  prétendenr  que  rout 
eft  mati;re  ,  &  nient  l'immortalité  de  l'arae.  Le  Ma- 
térialifme  eft  un  pur  AthéVîme  ,  ou  pour  le  moins 
un  par  Dé'i'ime  ;  car  fi  l'ame  n'eft  point  efprit, 
elle  meure  aiifti-bien  que  !e  corps  ;  &  Il  l'ame  meurt. 


MAT 

il  n'y  a  plus  de  Religion.  M.  Locke  difputoit  pour  le 
Matérialifme. 
MATERIALISTE,  f.  m.  &  f.  Celui  ou  celle  qui  n'admet 
que  la  matière.  On  donne  généralement  ce  nom  au- 
jourd'hui à  ceux  qui  loutiennent  que  l'ame  eft  ma- 
tière j  ou  que  la  matière  ell  éternelle  ,  ou  que  Dieu 
n'eft  qu'une  ame  univerfcUe  répandue  dans  toute  la 
matière  pour  produire  les  êtres  &  former  les  divers 
arrangemens  que  nous  voyons  dans  1  univers.  Toios 
diffufa  per  artus  mens   agitât  molem  ,   &  magno  fe 
corpore  mijcet. 
^  MATÉRIALITÉ,  f.  f  Qualité  de  ce  qui  eft  ma- 
ricre.  Materialitas.  La  matéiialité  àa  l'ame  ,  eft  une 
opinion  intoutenable. 
^3"  MATERIAS.  f.  m.  Les  Efpagnols  appellent  ainfi  , 
en  Amérique,  les  lieux  où  les  Boucaniers  fe  retirent 
pour  ruer  les  bctes  ,  faire  boucaner  les  chairs ,  &  fé- 
chcr  les  cuirs.  Le  matérias  des  Elpagnols ,  eft  le  bou- 
can des  François. 
M.ATERIAUX.  f.  m.  pi.  Matières  qui  entrent  dans  la 
conftruclion  des  batimens  ,  pierre  ,  bois  ,  rcr  ,  chaux , 
fable  ,  tuile  ,  brique  ,  &c.  Materia  ,  materies.  Cette 
nvailon  eft  bâtie  de  bons  matériaux.  Il  faut  avant  que 
de  bâtir  en  un  lieu,  voir  h  l'on  y  pourra  iacilemenc 
trouver  des  matériaux.  §Cr  On  appelle  vieux  maté- 
riaux ,  les  démolitions  des  bâiimens.  Ceux  qui  pro- 
noncent matéreaux  ,  prononcent  mal. 
Matériaux  ,  le  dit  figurément  des  choies  qu'on  préparc 
pour  les  ouvrages  de  l'ef  prir.  Materia ,  argumenta.  Un 
homme  .avant  que  de  te  mettre  à  écrire  l'Hiftoire  , 
doit  faire  provilion  de  matériaux ,  de  mémoires ,  de 
recueils  des  Auteurs  anciens  &  modernes.   Doit  af- 
fembler  ,  préparer ,  diipoler  les  marériaux. 
MATÉRIEL  ,  ELLE.  adj.  qui  eft  compolé  de  matière. 
Materialis ,  corporeus.  Les  Epicuriens  ,  les  Spinoiif- 
tes  ,  ne  reconnoilfent  que  des  i\Ài^3.x\cts  matérielles. 
^fJ"  L'ame  de  l'homme  n'eft  point  matérielle.    Les 
caules  matérielles  n'ayant  ni  intelligence, ni  liberté, 
agillent  toujours  de  la    même  manière ,  lorlqu'elles 
fe  trouvenr  dans  les  mêmes  circonftances. 
Matériel,  lignifie  aulfi  maftif,  grofller.  Rudis.   Ces 
murs  ,    ces  fondemens  font   rrop   matériels.    Cette 
montre  n'eft  poinr  délicate  ,  elle  eft  trop  matérielle. 
03*  On  dit  figurément  d'un  homme  qui  a  l'efprit  grof- 
fier  &  pelanr ,  qu'il  eft  fort  matériel ,  qu'il  a  l'efprit 
bien  matériel. 
ffJ'  On  le  dit  aullî  de  ceax  qui  ne  font  pas  affez  déta- 
chés de  la  matière  ,  qui  lonr  attachés  aux  plailirs  des 
fens.    Nous  iommes  trop  matériels  pour  connoitre 
la  beauté  de  la  vertu  par  elle  même.  Nous  ne  la  fui- 
vons  que  par  la  gloire  qui  en  revient.  S.  Real. 
03"  C'eft  aullî  un  terme  de  l'école  ,&  alors  il  eft  oppofé 
à  formel.  Caufe  matériellcVoyez  Cause.  Cause  for- 
melle,   l^oyei  Forme  &  Formel.  Sens  matériel  , 
fens  formel,  f^oye^  Formel  Se  Sens. 
^fT  Matériel  ,  dans  cette  acception  ,  eft  auffi  fubftan- 
tif.  C'eft  ainfi  qu'on  dit  qu'il  faut  diftingucr  le  ma- 
tériel du  formel.  Le  matériel  ôc  le  formel  du  péché. 
f^oye^  Formel. 

Les  Valentiniens  appeloient  autrefois  Matériels, 
tous  ceux  qui  n'étoient  pas  de  leur  Setlre  ;  parce 
qu'ils  prétendoient  que  leurs  âmes  périllbient  avec  le 
corps. 
MATÉRIELLEMENT,  adv.  Terme  de  l'Ecole  ,  qui 
fignifie  ,  par  rapport  à  la  matière.  Misterialiter,  ref 
peclu  materia.  La  pluparr  des  diftLnétions  rirées  de 
la  part  de  la  matière  et  de  la  part  de  la  forme  ,  qui 
font  les  deux  principales  p.arties  de  tout  compofé  , 
étant  bien  entendues ,  expriment  &  éclairciflent  bien 
des  propolitions  confufes. 

On  dit,  l'homme  eft  morrel  &  immortel.  Il  eft 
mortel  matériellement  par  rapport  à  la  matière  ,  c'eft- 
à  dire  ,  à  fon  corps  qui  eft  matériel  ,  qui  fe  peut  & 
fe  doit  réioudre  en  poullière  ■■,  S<  immorrel  par  r.ip- 
porr  à  fa  forme ,  à  fon  ame ,  qui  eft  une  fubftance 
railonnablc  ,  douée  de  l'immortalité  ,  &  qui  iublif- 
tcra  par  confequent  quand  elle  (cra  féparée  du  corps 
par  la  mort.  Ainii  l'homme  eft  mortel  &  immortel 
à  divers  égards ,  fous  divers  rapports. 

MATERNEL, 


MAT 

MARTERNEL  ,  ELLE.  adj.  Qui  concerne  la  mère.  Ma- 

ternus.  Un  oncle  macernd  ,  une  tante  maternelle  , 
vient  du  côté  de  la  mèic.  La  règle  de  droit  veut  que 
les  biens  paternels  aillent  aux  parens  du  côte  du 
père  ,  &c  que  les  maternels  retournent  aux  parens 
maternels.  On  dit  aulli  une  tendrclle  maternelle,  un 
foin  maternel  ;  qui  elt  propre  &:  naturel  à  une  mère. 
L'amour  maternel  attendrit  &  eftémmc  trop  les  en- 

tfans.  Mont. 
On  jappclle   la  langue  maternelle  ,  la  langue  du 
pays  où   l'on   cil  né.    Lingua  vcrnacula.   On  avoit 
appris  à  Montagne  le  Latin  ,  avant  la  langue  ma- 
ternelle. 
MATERNELLEMENT  .  adv.  de  peu   dufigc.  D'une 
manière  matcincUe.    Maternum  in  morem  ,  materne. 
Cette  femme  ne  pardonne  rien  à  Ion  fils  ,  elle  ne 
le  traite  pas  maternellement. 
MATER NISER.  v.  n.   Se  dit  des  enfans  qui  tiennent 
de  leur  mère.  Le  P.  Porée  ,  dans  Ion  Dilcours  lur  la 
naillance  du  Dauphin  ,  dit  que  les  Garçons  maternï- 
m       yè/2f  ordinairement  ,  plus  qu'ils  ne  paternifent.  Filii 
1^       vulgb  patnjfant  minus  j  matrijj'ant  magis  ,  fi  ïta  loqui 
fas  efi.  , 

MATERNITE,  f.  f.  Qualité  de  mère.  Maternitas.  La 
H  maternité  produit  une  relation  entre  les  enfans  6c  la 
B  mère.  Il  n'y  a  eu  que  la  mère  de  Jésus  Christ,  qui 
K  .    ait  polledé  enfemble  la  virginité  avec  la  maternité. 

™  Caudia  matris  habens  ,  cum  virgïnitatis  honore. 

MATEUR.  f.  m.   Qui  malos  accommodât.  Ouvrier  qui 

proportionne  ,  S>i  qui  fait  les  mâts  des  vailleaux. 
MATHA.  Nom  d'un  bon  bourg  de  la  Sainton^e ,  en 
France.  Matha.  Il  eft  fur  la  Chalendre  ,  à  quatre 
lieues  de  S.  Jean  d'Angéli ,  vers  l'Orient.  Maty. 
^  MATHÉMATICIEN.  C'eft  proprement  celui  qui 
fait  les  Mathématiques  ,  qui  eft  verle  dans  les  Ma- 
thématiques. Quelquefois  on  djnne  ce  nom  à  celui 
qui  les  enfeigne.  Mathematicus.  M.  de  Saint  Evre- 
mont  étoit  allez  convaincu  de  l'avantage  &  de  l'uti- 
lité des  Mathématiques  i  mais  il  avoit  un  dégoût  inar- 
qué pour  cette  fcience.  Il  n'y  a  point  de  louanges, 
difoit  il ,  que  je  ne  donne  aux  grands  Mathématiciens, 
pourvu  que  je  ne  le  fois  pas.  Les  Mathématiques 
ont  plus  de  certitude  que  les  autres  fciences  ; 
mais  elles  exigent  de  trop  profondes  méditations  : 
elles  vous  tirent  de  l'aftion  &  des  plaifîrs  ,  pour 
vous  occuper  tout  entier  ■■,  &  il  faut  être  fort  amou- 
reux dune  vérité,  pour  l'acheter  à  ce  prix-là. 
|Cr  On  donne  aullî  ce  nom  à  ceux  qui  obfervent  le 
cours  des  Aftres  ,  que  nous  appelions  Ajlroaômes. 
§CP  Du  temps  d'Aulugelle  ,  on  le  donnoit  aullî  aux 
Aftrologues ,  comme  a  fait  S.  Auguftin  ,  Se  ceux  qui 
ont  fait  le  titre  du  Code  ,  De  Maleficis  &  Mathe- 
maticis  ;  en  quoi  ils  ont  fait  voir  l'ignorance  de  leur 
fiècle  ,  dans  lequel  on  attribuoit  lui  nom  fi  honora- 
ble à  des  impoileurs. 
CK?  M  ^THÉMATIQUE,  f.  f.  ou  plutôt  MATHÉMA- 
TIQUES, f.  f.  pi.  parce  que  ce  mot  eft  beaucoup  plus 
ufité  au  pluriel  qu'au  fingulier.  Mathematica ,  ma- 
thefis.  C'eft  la  fcience  qui  a  pour  objet  la  grandeur 
en  général ,  &  qui  en  conhdère  les  propriétés  ;  ou 

il  qui  confidère  les  propriétés  de  la  grandeur  en  tant 

'!  qu'elle  efl  calculable  ou  mefurablc. 

%fj   On  divife  ordinairement  la  Mathématique  ,  en  Ma- 

ithéma,ti<]ues  pures ,  &  en  Mathématiques  mixtes. 
lî^r  Les  Mathématiques  pures ,  conhdcrent  la  grandeur 
abftraite.  Or  fous  ce  point  de  vue  elle  eft  calculable 
ou  mefurable.  Dans  le  premier  cas  elle  eft  repré- 
fentée  par  des  nombres  :  c'cft  ce  qu'on  appelle  Arith 
métique.  Dans  le  fécond  ,  par  l'étendue  :  c'eft  ce 
qu'on  appelle  Géométrie. 
îfy  Les  Mathématiques  mixtes  ont  pour  objet  les  pro- 
priétés de  la  grandeur  concrète  ,  mefurable  ou  cal- 
culable. F'oye^  Concret.  Telles  font  la  Méchani- 
que,  l'Optique,  l'Aftronomie  ,  Stc. 

On  divife  encore  la  Mathématique  ,  en  Mathéma- 
tique fpéculative  ,  8c  Mathématique  pratique.  Har- 
kis. L'Arithmétique  &  la  Géométrie  font  ce  qu'on 
Tome  V 


MAT 


88i 


appelle  communément  Mathématique  fimplc  ,  que 
Platon  appelle  les  deux  ailes  du  M  ithématicien  , 
parce  quelles  s'aident  l'une  1  autre.  Elles  font  le 
fondement  des  autres  parties  de  Mathéni.atiques  qui 
compolcnt  ce  qu  un  appelle  Mathématique  mixte  , 
comme  l'Aftronomie  ,  l'Optique  ,  &cc.  qui  font  ex- 
pliquées par  les  principes  de  l'Aiithmétique  6c  de 
la  Géométrie.  La  quantité  continue  eft  l'objet  de  la 
Géométrie  ,  de  la  1  rigonométiic  ,  des  Sphériques  , 
des  Sedlions  Coniques  ,  de  l'Algèbre  fpécicufe.  La 
quantité  di(crète  eft  1  objet  de  l'Arithmi-ti.iue  ,  de 
l'Algèbre  commune.  Les  proportions  ,  font  l'objet 
de  la  Mufique  ,  de  rArchiteéture,de  la Perfpcctive. 
L'Optique  ,  la  Caroptrique  &c  la  Dioptrique ,  font 
aulli  partie  des  Mathématiques  j  parce  qu'elles  con- 
noillent  les  caufes  de  la  vilion  direfte ,  de  la  réfle- 
xion ,  ik.  de  la  réfraûion  par  fes  angles.  L'Aftro- 
nomie îk  la  Gnomoniquc ,  parce  qu'elles  mefurent  la 
hauteur  &  la  grandeur  des  Allies ,  les  angles  &  les 
ombres  que  font  leurs  rayons  ;  &  enfin  les  Méchani- 
qucs  ,  parce  qu'elles  examinent  toutes  les  forces  mou- 
vantes par  les  angles ,  Se  les  longueurs  des  leviers  , 
coins  ,  roues  ,  Se  autres  principes  des  machines.  C'ell 
pourquoi  on  fe  lert  le  plus  fouvent  de  ce  mot  au  plu- 
riel ,  parce  que  toutes  (es  parties  font  enchaînées  en- 
femble. Les  Mathématiques  tiennent  le  premier  rang 
entre  les  fciences  ,  parce  que  ce  font  les  feules  qui 
font  fondées  fur  des  démonllrations  infaillibles.  Les 
Mathématiques  méritent  le  nom  de  fciences  lur  tou- 
tes les  autres,  parce  que  les  principes  en  font  clairs  , 
&  d'une  fi  grande  évidence ,  qu'il  n'eft  pas  permis 
aux  opiniâtres  d'en  douter.  Ozanam.  Les  Mathéma- 
tiques fervent  à  donner  plus  d'étendue  à  l'efprit  , 
parce  qu'elles  l'accoutument,  &  l'exercent  à  s'appli- 
quer davantage.  Log.  Quelques  uns  ont  donné  a  la 
Mathématique  le  nom  de  la  Magie ,  parce  que  par 
le  moyen  des  Mathématiques  ,  on  fait  des  chofes  fî 
furprenantes  ,  que  le  peuple  croit  qu'il  y  a  de  la 
magie.  Ceux  qui  ne  s'appliquent  point  aux  Mathé- 
matiques j,  ou  qui  ne  les  entendent  pas  ,  prétendent 
qu'elles  font  inutiles.  Rien  n'eft  plus  mal  fondé  que 
cette  accufation.  /^oy^{  là-dellus  la  Préface  de  l'Hif- 
toirede  l'Académie  Royale  des  Sciences ,  année  1699. 
M.  Ozanam  ^  Protellcur  de  Mathématique  à  Paris  , 
a  donné  au  public  un  Didionnaire ,  ou  Idée  géné- 
rale des  Mathématiques  ,  où  l'on  trouve  ,  outre  les 
termes  de  cette  fcience ,  plufîcurs  termes  des  arts  Se 
des  autres  fciences  ,  avec  des  raifonnemens  qui  con- 
duifent  peu  à  peu  l'efijrit  à  une  connoillance  uni- 
verfelle  des  Mathématiques  ,  imprimé  à  Paris  ,  chez 
Michalet,  en  1651. 

Il  y  traite  des  termes  de  la  Mathématique  fimple  , 
de  l'Arithmétique ,  de  la  Géométrie,  Cofmographie, 
Aftronomie  ,  Théorie  des  Planètes ,  de  l'Optique  , 
de  la  Mécanique  ,  de  l'Architeélure  Civile  Se  Mi- 
litaire ,  de  la  Mufique  ,  de  l'Algèbre  j  de  la  Géomé- 
trie fpéculative  Se  pratique ,  de  la  Navigation  ,  de. 
l'Afttonomie  naturelle  &  civile  ,  de  l'Hiftoire  ,  de 
l'Optique^  de  la  Perfpecflive  ,  de  la  Gnomonique  ,  Ca- 
roptrique ,  Dioptrique  ,  Peinture  ,  Mécanique ,  Stati- 
que Se  I-Iydroftatique  ;  le  tout  en  François.  M.  Oza- 
nam a  fait  imprimer  huit  volumes  inoclavo  ,  où  fe 
traitent  toutes  ces  matières  plus  au  long. 

Monfirur  Caramuel  ,  Evcque  de  Compagna ,  au  " 
Royaume  de  Naples,  donna  au  public  l'an  1670. 
un  Traité  fort  ample  de  toutes  les  Mathématiques 
en  Latin,  qui  porte  pour  titre  la  Mathématique 
double  ,  Mathefis  biceps  ,  ancienne  Se  nouvelle , 
divife  en  deux  volumes  i/2-/o/io  ,  où  il  met  quarante 
traités  différens  ,  des  fciences  Mathématiques.  Il 
traite  au  long  &  clairement  de  l'Arithmétique  ,  de 
l'Algèbre  ,  de  la  Géométrie  générale  ,  de  la  Cofmo-  • 
graphie  ,  de  la  Géographie  ,  de  la  Centrofcopie  ,  de 
rOrométrie ,  Géodofie  ,  de  l'Hyftiodromie ,  de  l'Hy- 
potalatiquc  ,  Nedique  j  ou  art  de  Nager  ,  de  la  i^Jau- 
tique  lubiunaire  Se  éthérée ,  de  la  Poramographie , 
de  l'Hydraulique  J  de  l'Acrographie  ,  ou  de  l'art  de 
mcfurer  &  de  pefer  l'air,  de  l'Anémométrie  ,  ou  de 
l'art  de  connoître  le  nombre  &c  la  variété  des  vents  , 

T  tt  tt 


882 


M'A  T 


de  l'art  de  la  Sciographie ,  ou  de  faire  des  quadrans 
Tolaiies,  delà  Logarichmkique  coulante  Ôc  rcriuen- 
te  ,  delà  Corabinatoire ,  de  l'art  des  Jeux  qiiil  ap- 
pelle Kibei  ,  de  i'Aruhmomancie  ,  ou  de  l'art  de 
deviner  parles  nombres  i  de  la  Trigonométrie  géné- 
rale &  récurrente  ;  de  la  Trigonométrie  allronomi- 
que  ,  éthérée  redlangle ,  du  Compas  ordinaire  & 
du  compas  de  proportion  ;  de  l'Architedure  mili- 
taire ,  de  la  Muliquc  j  de  la  Métallique  ,  de  la  Pe- 
darlîque  ,  de  la  Statique  ,  Hydroftatique ,  &c.  de  la 
Méthéorologte ,  de  la  Sphérique  ,  de  l'Ofcillatoire  , 
ou  Icience  des  lunettes  ,  de  l'Ofcillatoire  rediligne. 
Cet  ouvrage  eft  curieux ,  rare  &  très-favant.  L'Au- 
teur explique  les  termes  de  toutes  ces  parties  des 
Mathémaciques  ,  tant  Grecs  que_  Latins ,  Se  toutes 
leurs  parties  bien  au  long.  Il  a  fait  mettre  dans  fon 
ouvrage  toutes  les  figures  nécelfaires  ,  pour  l'intelli- 
gence de  ces  traités ,  fort  bien  gravées  en  cinquante- 
deux  planches ,  ou  feuilles.  On  voit  bien  par  les 
ouvrages  de  ces  Auteurs  ,  de  quelle  étendue  eft  la 
Mathématique.  §C?  Un  des  meilleurs  cours  de  Ma- 
thématique  que  nous  ayons  ,  elt  celui  de  M.  Wolf , 
en  s  vol.  in  ^°. 

Les  teriaes  de  Mathématique  que  ces  Auteurs  , 
&  les  autres  qui  les  ont  précédés  &  fuivis  ont  ex- 
pliqués ,  fe  trouvent  dans  ce  Diéliionnaire  éclaircis 
&  expliqués  ,  chacun  dans  l'ordre  alphabétique. 

MATHÉMATIQ.UE.  Ce  mot  eft  aulîi  quelquefois  adjec- 
tif, §C?  &  fe  dit  de  ce  qui  a  rapport  aux  opérations 
&  aux  Ipéculations  Mathématiques.  Mathematicus. 
Démonftration  Mathématique.  Cela  eft  vrai  dans 
toute  la  rigueur  Mathématique.  Horizon  Mathéma- 
tique ,  pour' dire  l'horizon   vrai,   f^oyei  Horizon. 

MATHÉMATIQUEMENT,  adv.  D'une  manière  cer- 
taine &  géométrique  ,  félon  les  règles  des  Mathéma- 
tiques. Mathematicè  ,  geometricè.  Les  vérités  de 
l'Evangile  ne  fe  peuvent  démontrer  mathématique- 
ment ;  mais  elles  font  fondées  fur  des  démonftra- 
tions  morales ,  qui  tiennent  l'efprit  dans  un  aullî 
grand  repos  ,  que  des  démonftrations  mathématiques 
pourroient  faire.  On  ne  peut  prouver  mathématique- 
ment qu'il  y  ait  une  ville  de  Rome  ;  cependant  on 
eu  eft  aullî  allure,  qu'on  l'eft  des  vérités  mathéma- 
tiques. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ftatiin ,  dijco ,  &  doceo  , 
J'apprends  ,  &  j'enfeigne. 

San-MATHEO,  ou  Saint  -  MATHIEU.  Nom  d'une 
Colonie  des  Efpagnols ,  en  Amérique.  Fanum  S. 
Matthai.  Elle  eft  fur  la  côte  orientale  de  la  pref- 
qu'ile  de  Tégefta  ,  en  Floride.  Elle  a  un  bon  port , 
avec  une  citadelle  pour  fa  défenfe.    Maty. 

San-MATHEO.  C'eft  une  petite  Ile  defcrte.  Infula  S. 
Matth&i.  Elle  eft  dans  l'Océan  Ethiopien ,  (ous  le 
troifième  degré  de  latitude  méridionale  j  au  midi  du 
cap  des  Palmes ,  en  Guinée.  Maty. 

MATHEU.  f.  m.  Qui  fe  dit  par  corruption  pour 
Matthieu.  Voye\  Mahb. 

MATHIAS.  Foye\  Matthias. 

MATHIEU.  Voye-:^   Matthieu. 

MATHILDE.  f.  f.  Nom  de  femme,  dont  on  a  fait 
celui    de  Mahault.  MathiUis  ,  Machtildis. 

MATHURIN,  ou  MATURIN.  f  m.  Religieux  d'un 
Ordre  inftitué  par  Innocent  111.  pour  la  rédemption 
des  Captifs.  Maturinus.  Il  eft  vêtu  de  blanc ,  &  a 
une  croix  rouge  &  bleue  fur  l'eftomac  ,  dont  la 
figure  eft  faite  de  huit  arcs  de  cercle.  On  les  a  au- 
trefois appelés  les  Frères  aux  ânes  ,  parce  que 
quand  ils  voyageoient  ,  il  ne  leur  étoit  permis  de 
monter  que  fur  des  ânes  ,  fuivant  leur  inftitation  , 
qui  fut  faite  en  l'an  119S.  (ous  le  Pontihcat  d'In 
nocent  III.  Ce  qui  fut  changé  par  le  Pape  Clément 
IV.  en  l'an  iz6y.  qui  leur  donna  pcrmillîon 
d'aller  fur  des  chevaux.  Ils  (ont  encore  appelles  les 
Frères  des  ânes  de  Fontainehleau  ,  dans  un  Regiftre 
de  la  Chambre  des  Comptes  de  l'an  1530.  Du 
Cange.  On  appelle  auffi  ces  Religieux ,  Trinitaires. 
Le  nom  de  l'Ordre  eft  ,  l'Ordre  de  la  Sainte  Trinité 
pour  la  rédemption  des  Captifs.  Celui  de  Matu- 
ria  leur  eft  venu   d'un   ancienne  Églife  de  Paris, 


MAT 

dédiée  à  S.  Maturin ,  &c  nommée  aupinvant  l'Au- 
mônerie  de  S.  Benoît,  que  le  Chapitie  de  Paris 
leur  donna  trente  ans  après  leur  ctablillcment  à 
Cerfroy  ,  qui  eft  leur  Chef  d'Ordre,  f^oye^  Tri- 
nitaire. 

On  appelle  proverbialement  des  tranchées  de  S, 
Maturin ,  des  accès  de  folie  ,  à  caufe  qu'on  a  cou- 
tume d'invoquer  S.  Maturin  pour  la  guérifon  des 
fous.  Delà  eft  aulîl  venu  qu'on  appelle  par  déri- 
fion  Maturin ,  un  homme  qu'on  veut  taxer  de  fo- 
lie. Cette  cxprellion  eft  balle  Se  populaire.  Elle 
vient  peut-être  de  l'Italien  matto  ,  fou ,  matturino , 
folet ,  un  peu  fou  ,  &  cette  reilemblancc  de  nom 
fait  qu'on  s'elt  adrellé  à  S.  Matuiin  pour  les  accès 
de  folie ,  comme  à  S.  Clair  pour  la  vue ,  &c. 

Saijit  Maturin  de  Larchant.  Nom  d'un  bourg  du 
Gàtmois ,  en  France.  Fanum  S.  Mathurini.  Lyri- 
canthus. 

MATHURINE ,  ou  MATURINE.  f.  f.  Rcligieufe  de 
l'Ordre  des  Matutins  ,  ou  de  la  Trinité.  Il  y  en 
a  une  Maifon  à  Paris,  faubourg  S.  Antoine,  rue 
de  Reuilli.  Hift.  de  l'Eglife  de  Meaux  ,  T.  I. 
p.  6pp. 

§Ô- MATIÈRE,  f,  f.  En  Phyfique ,  c'eft  une  fubf- 
tance  naturellement  étendue  ,  c'eft  à  dire  ,  naturel- 
lement longue ,  large ,  profonde  ,  capable  de  divi- 
(lon  ,  de  figure,  de  mouvement ,  de  repos.  C'eft  la 
fubftance  dont  le  mélange  ou  la  liaiton  compofe 
tous  les  corps  naturels.  Materia.  Dieu  n'eft  ni  con- 
traint ,  ni  embarrafté  par  la  matière  :  il  la  rourne 
comme  il  lui  plait  par  Ion  droit  (buverain.  Boss. 
La  matière  célefte  eft  très  -  fubtile  ,  Se  liquide  :  elle 
tourne ,  &  emporte  avec  elle  les  globes  des  Planètes. 
On  conçoit  le  cahos  comme  une  matière  confufe 
&  informe  ,  compofée  d'une  infinité  d'atomes 
errans. 

La  matière  première ,  eft  celle  qu'on  conçoit  en 
faifant  abftraCl:ion  de  toutes  fes  diftérentes  formes- 
Materia  prima.  ^CP  Tous  les  Philofophes,  quoique 
fous  des  termes  différens ,  ont  admis  un  cahos  de  cor- 
pulcules  inditîérens  à  entrer  dans  la  compofition  de 
toutes  (ortes  de  corps  j  une  matière  vague  ,  indéter- 
minée ,  univerfelle  ,  donr  chaque  chofe  ont  été  fai- 
tes ,  ou  fe  font  pu  faire  par  la  feule  impreflîon  du 
mouvement.  C'eft  le  bloc  de  marbre  de  la  Fontaine  , 
qui  fous  le  ciieau  du  Statuaire  devient  dieu  ,  table , 
ou  cuvette. 

Les  Pcripatéticiens  difent  que  les  principes  de  tou- 
tes chofes  (ont  la  matière  &  la  forme  ■■,  que  la  forme 
eft  tirée  de  la  puillance  de  la  matière.  Spinofa  pré- 
tend que  tous  les  êtres  ne  (ont  que  des  modifications 
diftérentes  delà  AïMrièrtf.  Delcartes  fuppofe  pour  ma- 
tière première  ,  un  premier  ,  un  fécond  ,  &  un 
troidème  élément.  Voye^  le  mot  Élément  ,  &  aux 
articles  particuliers,  les  diftérens  (yfttmes  fur  la 
Colmogonie.  Selon  les  principes  des  Cartéfiens  ,  l'é- 
tendue ,  la  divifibilité  ,  la  figure  Se  l'impénétrabilité  , 
font  des  propriétés  ellentielles  à  la  matière.  L'éten- 
due fe  conçoit  avec  les  trois  autres ,  Se  par  confé- 
quent  l'étendue  eft  ce  qui  conftitue  l'ellence  de  la 
matière.  Il  eft  certain  que  l'idée  de  l'ércndue  eft 
inléparable  de  la  matière  :  &  dès  que  l'on  ne  con- 
çoit point  d'étendue,  il  ne  refte  aucune  idée  delà 
matière.  Roh.  SGT  C'eft  vouloir  perdre  le  temps 
que  de  demander  fi  la  matière  peut  être  privée  de 
fon  étendue.  Si  cela  arrivoit ,  elle  cefteipit  d'être 
l'objet  de  la  Phyfique.  On  dilputc  fi  la  matière  eft 
divilible  à  l'infini.  La  fubtilité  des  Philofophes  a 
rendu  la  quertion  problématique.  Rohaut  tient  pour 
la  divifibilité  de  la  matière  à  l'infini.  M.  Le  Mar- 
quis de  l'Hôpital  favorile  beaucoup  cette  opinion  , 
dans  fon  Traité  des  infinimens  petits.  Voye\  Divi- 
sibilité. La  matière  ne  peut  être  fon  principe  à 
elle  même  ,  ni  encore  moins  (e  donner  à  elle-même 
le  mouvement.  Maleb.  Peur-on  concevoir  que  la 
matière  aveugle  ,  par  le  concours  d'un  mouve- 
ment fortuit ,  ait  pu  compofer  une  machine  auflt 
admiiable  que  le  monde  ;  Jaq. 

Les  Philofophes  Payens  ,  ou  ignorans  les  princi- 


ï 


MAT 

pcs  du  Cluifti.uiifmc  ,  n'ont  pu  rendre  raifori  com- 
ment 1.1 /nacièrc  s'dl  inùe  ,  &  arraiigce  cllc-mcmc.  Us 
foutcnoient  cependant  qu'étant  impolliblc  que  rien  loit 
formé  de  rien,  toutes  choies  ont  été  Faites  d'une  niaùtre 
éternelle  par  les  mainî  de  la  Nature.  Ils  adnicttoicnt 
feulement   un  Dieu  coétcrnel  avec  \x  matière.  ]ixY. 
Mais  les  vrais  Philofophes  qui  lont   les  Chrétiens  , 
inl1:ri!its    des  principes  de  la  toi  ,    connoilltnt  quj 
Dieu  cil  ablolu  ,  indépendant  &  tout  puillànt ,  tk. 
qu'il  peut  de  rien  faire  toutes  chofes  ;  qu'il  ne  dé- 
pend point  dans  fes  opérations  ,  ni  de  ce  qui  ell , 
ni  de  ce  qui  n'ell  pas  ,  &  que  pariant  il  n'a  pas  bcfoin 
de  matière  pour  produire  tout  ce  qu'il  lui  plaît.  Qu'il  a 
créé  la  matière  ,  Ik.  qu'il  crée  quand  il  lui  plaît  de 
rien  une  fubiiancc  matérielle ,  ou  fpirituelle  ,  félon 
Ion  bon   pl.ùlir.   Les  Philoiophcs  Payens  ont  fup- 
poié  la  préexirtence  de  la  matière  ,  parce  qu'ils  ne 
comprenoient  point  qu'aucune  choie  pût  être  tàite 
fins  le  concours  de  la  matière.  Ainh  ils  ont  cru  que 
cette  matière  ,  au  commencement  informe  &  con- 
fufcj  s'ell  arrangée  elle  même,  ôc  par-là  ils  ne  re- 
connoilfcient  d'autre  divinité  que  cette  matière  pre- 
mière ,  laquelle  ayant  exillé  de  tout  temps,  elt  in- 
dépendance ,  &  ne  reconnoîc  point  d'auteur.   Pla- 
ton ne  vouloir  point  que  cette  matière  ,  qui  eli:  le 
fujet  commun  de  toutes  les  générations ,  fut  aituef 
lement  infinie ,  mais  (eulemcnt  une  puillance  pallive  : 
parce  qu'il  ne  reconnoilfoit    dans  la  matière  qu'un 
principe  paOîf ,  3c  une  dilpofition  à  recevoir  toutes 
.  îoites  de  formes ,  &  qu'il  mettoit  en  Dieu  le  prin- 
cipe de  toute  adion  ,  &  la  vertu  opérative.  Ainfi  la 
matière  éternelle  auroic  concouru  avec  Dieu   à  la 
production  de  toutes  choies  en  qualité  de  principe 
pallif ,  &  par  conféquent  de  caule  collatérale. 

Les  Philofophes  qui  fe  lont  imaginé  qu'en  lubti- 
lifantla  matière  ,  Se  en  la  rendant  moins  grolîîère  , 
elle  deviendroic  capable  de  penler  ,  fe  font  ridicu- 
lement trompés.  Car  la  matière  ,  pour  être  divi- 
fée  en  plus  de  parties  ,  ou  pour  être  plus  agitée , 
_n'eft:  pas  moins  matière,  ni  plus  capable  de  penfer  : 
parce  qu'il  ell  impolllble  de  concevoir  ,  qu'il  y  ait 
aucun  rapport  du  mouvement  de  la  matière  ,  avec 
la  penlée  ,  &  qu'une  matière  qui  ne  penloit  pas  lorf- 
qu'elle  étoic  en  repos  ,  vienne  à  le  conno'itre  elle- 
iTicme  ,  dès  qu'on  la  remue  u.n  peu  davantage.  Mais 
il  e'I:  plus  facile  de  comprendre  que  Dieu  a  pu  tel- 
lement difpofer  une  certaine  portion  de  matière  à 
l'égard  d'un  elprit ,  que  le  mouvement  de  cette  ma- 
tière loit  une  occafion  à  cet  efprit ,  d'avoir ,  par 
exemple  ,  des  penfées  affligeantes,  qui  efl;  tout  ce 
qui  arrive  à  notre  ame  dans  la  douleur  corporelle. 
LoG.  Comme  l'ame  doit  vivre  de  railon  &  d'intelli- 
gence ,  elle  ne  pouvoit  être  tirée  de  la  matière. 
Boss. 
MATiian ,  fe  dit  auflî  des  corps  qui  font  mis  en  œu 
vre  ifT  par  les  Manufafturiers  ,  Ouvriers  &  Arti- 
fans.  La  laine  eft  la  principale  matière  qui  s'emploie 
dans  les  Manufactures  de  lainage,  la  foie  dans  les 
Manufadluies  de  foiries.  C'efl:  ce  que  les  Ouvriers 
emploient  dans  le  travail.  Ovide  en  décrivant  le 
chariot  du  foleil ,  dit  que  l'arc  fuipalfoit  la  matière. 
Materiam  fuperahat  opus.  'Voilà  un  chapeau  fait  de 
bonne  matière  ,  il  durera  long-temps. 

Matière  ,  en  termes  de  Monnoie.  On  appelle  matière 
d'or  &  d'argent ,  les  efpèces  fondues ,  les  lingots  & 
barres  employées  pour  la  fabrication  des  monnoies. 
Ondoicporcer  cts  matière  à  la  monnoie.  Ac.  Fr. 

Matière  médecinale.  On  appelle /«atièrd  médecinale, 
le  grand  amas  de  drogues  qui  fe  cirenc  des  végétaux , 
des  animaux  &  des  minéraux  j  &  qui  encrenc  dans 
la  compofition  des  médicamens  que  l'on  emploie 
en  Médecine.  Dict.  de  James.  IJCT  On  dit  ordi- 
nairement matière  médicale,  pour  défigner  l'en- 
femble  des  corps  naturels  qui  fournillent  des  médi- 
camens. 

gCF  Matière.    Terme    dont    on   fc  ferc  en    Méde 
cinepour  déiigner  les  excrémens,  les  déjeârions  du 
corps  humain.  Exçreminta.  Matières  fécales.  L'on 
Tome  y. 


MAT 


883 


die  en  ce  fcns  que  les  matières  font  louables ,    de 
bonne  couleur  ,  bien  liées. 

3^' On  le  dit  aulli  du  pus  qui  lort  d'une  plaie.  Il  cd: 
forti  beaucoup  de  matière  de  cet  apoltènie. 

ifS'D.uvi  le  niLine  langage  on  appelle  matière  morbifi- 
que,  une  humeur  éirangère  ,  &  vitiéc  ,  qui  en  fe 
milant  avec  le  lang ,  tlcvient  la  cauIé  de  quelque 
maladie. 

Matière  clt  auifi  un  terme  de  Carconnicr  ,  qui  ligni- 
fie les  rognures  de  papier  qui  fervent  à  laire  le  car- 
ton, licfcgmen.  Piler  la  matière. 

Matière,  en  termes  de  Charpenterie  ,  &  de  Rivière, 
le  die  des  pièces  de  bois  qui  traverfenc  un  bateau  fon- 
cée ,  &:  qui  fervenc  à  encretenir  les  platbords  qui 
lont  d'ordinaire  de  21  pieds  de  long.  Cleit  ce  que 
dans  les  Bàtimens  de  mer  on  appelle  Baus. 

Matière  Feuillie  ,  efl  une  pièce  de  bois  qui  porte  les 
bouts  des  planches  de  la  levée  d'un  bateau  foncet. 

fjcy  Matière,  lîgnihe  par  extenlion  ,  le  fujet  fur  le- 
quel on  écrit  ,.  on  parle  ,  on  dilcourr.  Argumentum , 
thcma.  Ainfi  l'on  dit  une  belle ,  une  ample ,  une 
riche  matière  à  traicer.  Une  matière  sèche  ,  ftérile  , 
ingrace.  Choifir  ,  préparer  ,  difpofer  la  matière  d'un 
Pocmc  ,  d'un  dilcours.  Ce  plaifant  incident  foiir- 
niroit  bien  la  madère  d'une  Comédie. 

Le  fort  qui  de  l'honneur  nous  ouvre  la  carrière  , 
Ojjre   à  notre  confiance  une  illufire  matière. 

Corn. 

A  la  fin  de  tous  les  livres  on  met  la  table  des  ma- 
tières ,  c'eft-àdire,  des  points,  des  fujets  qui  y 
lont  craités.  On  dit  aulli  en  ce  fens  ,  qu'un  Auteur 
a  digéré  ,  qu'il  a  mis  en  ordre  fa  matière  ,  qu'il  a 
amallé  fa  matière  ;  pour  dire ,  qu'il  a  tout  préparé 
fon  lujet   pour  la  compoiition. 

0Ï?MatiÈre  ,  Sujet.  La  matière  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  , 
efl  ce  qu'on  emploie  dans  le  travail.  Le  fujet  elt 
lur  quoi  l'on  travaille.  La  matière  d'un  dilcours  con- 
lille  dans  les  mots  ,  dans  les  phrafes  Se  dans  lespen- 
iées.Le  fujet ^  ell  ce  qu'on  explique  par  ces  mots, 
par  ces  phrafes  &  par  ces  penfées. 

IJCF  Les  railbnnemens ,  les  palfages  de  l'Écriture-Sain- 
te ,  les  penfées  des  Pères  de  l'Eglife ,  les  caraélè- 
res  des  pallions  &  les  maximes  de  morale,  font  la 
matière  des  Sermons.  Les  myftéres  de  la  foi  Se  les 
préceptes  de  l'Évangile  en  doivent  être  le  fujet. 

U^  le  mot  de  matière  employé  fans  article  ,  ell  quel- 
quefois fynonyme  de  Caufe  ,  occafion  ,  fujec  ,  Oc- 
cafio  ,  anfa.  Ainfi  l'on  dit  _,  Donner  ,  apprêter  ma- 
tière de  rire.  Il  n'y  a  pas  là  matière  à  fe  fâcher. 
Un  tel  a  donné  matière  de  parler  à  bien  des  gens. 

Matière  ,  fe  dit  aulli  en  Théologie,  de  ce  qui  ferc 
de  bafe  &  de  fondement  aux  Sacremens  qui  font 
fpirituels.  Materia  ,  tes  ,  elementum.  L'eau  ell  la 
matière  du  Sacrement  de  Baptême.  0CF  Tout  Sacre- 
ment cil  compofé  de  matière  &  de  forme.  Accedit 
verbum  ad  elementum ,  &  fit  Sacramentum.  'Voyez 
Sacrement.  Guillaume  d'Auxerre  ,  qui  vivoit  vers 
l'an  liij.  ell  le  premier  qui  ait  mis  en  ufage  les 
noms  dé  matière  Se  de  forme  ,  en  parlant  des  Sacre- 
mens. Les  Anciens  le  fervoient  des  m.ots  de  chofe  , 
Res ,  Se  de  paroles  Verba  ;  ce  qui  revient  au 
même. 

Matière;  en  termes  du  Palais ,  fe  dit  desprocèsj  des  ' 
affaires,  des  queftions,  Res,  caufa  ,  lis.  La  Cour  a  été 
laifie  de  cette  matière  par  un  appel.  On  die  aulli ,  en 
matière  civile ,  en  matière  polfelfoirc  ,  en  matièn 
criminelle.  Cec  Avocat  entend  bien  les  matières  bé- 
néficiales.  Il  y  a  long-tems  que  cet  Avocat  plaide.  Se 
il  n'ell  point  encore  entré  en  matière.  Matières  fom- 
maires ,  lont  celles  qui  doivent  être  inflruiees  Se  ju- 
gées plus  lommairement  que  les  aucres.  On  joint 
dans  le  Droie  ce  moc  de  matière  à  quantité  d'autres. 
Matière  perlonnellc,  réelle,  pétitoire,  pollèllbire  , 
principale,  incidente  j  ordinaire  j  civile,  criminelle, 
d'exécution j  d'allurement,  de  provilion,de  retrait 
de  partage  ,  de  réintégrande ,  &c. 

^3" Matière  j  par  oppofition  à  efprit.  Cet  homme  eil 

Ttttt  ij 


Q  ^ 
û  o. 


A 


M  A  T 


aa  delTus  de  ta  maûè'rc ,  dcgagé  de  la  maùèrc.  ^  \ 

Ou  dit  tamilièrcment  d'un  et'piiç  giolllcr  &  attache 

aux  deliis  lenluels ,  qu'il  eft  enfoncé  dans  la  madère  , 
abymc  dans  la  madère,  qu'il  ne  s'élève  jamais  au-del- 
lus  de  la  matière  ,  pour  due ,  à  la  fpéculation  ,  au  lai- 
for.ncnicnt. 

Sonoei  à  prendre  goût  aux  plus  nobles  plaijîrs y 
Et  traitant  de  mépris  les  Jèns  &  la  matière , 
Al'efprit,.comme  nous,  donnei-vous  toute  entière. 

Mol. 


En  Matière  ,  fe  dit  adverbialement ,  pour  fignifier  le 
fujer  :  En  cas ,   en  fait.    En  matière  de  Droit  ,  de 
Théologie ,  cet  homme  eft  des  plus  iavans.  Les  Nor- 
mans  font  Fort  habiles  en.  matière  de  procès.  En  ma- 
tière de  guerre  la  réputation  fait  tout.  Vaug.  Les  in- 
clinations font  libres  en  matière  de  mots.  Ablanc. 
MATIN,  f.  m.  Le  commencement  du  jour,  le  tems 
du  lever  du  foleil.  Matutinum  tempùs,  manè.  Il  faut 
prier  Dieu  le  matin,  des  ^ju'on  fe  lève,  le  loueiToir 
&  matin.  L'étoile  du  matin  eft  la  Planète  de  'Vénus. 
Le  crépufcule  du  matin,  c'eiT:  la  lumière  qui  paroit 
un  peu  avant  que  le  foleil  fe  lève. 
Matin  ,  s'emploie  aulîi  fort  fouvent  adverbialement. 
Manè.  Il  s'elï  levé  fort  matin.  Il  travaille  matin  ôc 
foir. 
Matin,  fe  dit  auffi  du  tems  qui  précède  le  lever  du  fo- 
kil,  qui  eft;  depuis  minuit  jufqu'à  midi.  LesAftronô- 
mes,  iurtout,  s'en  fervent  en  ce  fens,  parce  qu'ils 
commencent  à  compter  le  jour  du  point  de  midi ,  ou 
du  point  de  minuit.  Les  uns  comptent  les  24  heures 
tout  de  fuite  ;  les  autres ,  pour  s'accommoder  un  peu 
davantage  à  la  manière  ordinaire  de  compter  les  heu- 
res, comptent  deux  fois  douze  heures ,  &:  appellent 
heures  du  matin  ,  les  douze  heures  depuis  minuit  jul- 
qu'à  midi  ;  &  heures  du  foir ,  les  douze  heures  depuis 
midi  jufqu'à  minuit.  Ainfi ,  d.ms  la  connoillânce  des 
tems,  pour  l'an  1703  ,  il  ell  dit  fur  l'éclipfe  de  lune 
du  29  de  Juin,que  le  commencement  de  l'éclipfe  arri- 
vera le  i8  de  Juin  à  11  heures  39  minutes  24  fécon- 
des du  foir-,  le  commencement  de  la  totale  oblcurité, 
le  19  de  Juin  à  10  heures  41  minutes  nvfecnndesdu 
matin,  &c.  Cet  homme  fe  lève  de  grand  matin,  il 
étudie'deux  ou  trois  heures  avant  le  jour.   Il  a  em- 
ployé tout  le  matin  à  travailler  à  cette  aftaire. 

On  appelle  en  ce  fens  un  réveille /nafi«,  une  hor- 
loge  qui   fonne  à  quelque  point  de  la  nuit  qu'on 
defire.  On  dit  aulli ,  que  le  chant  du  coq  efl  un  ré- 
veille matin  ;   &  on  le  dit  figurément  d'une  attaire 
fàcheufe  qui  in  ;uiète  ,  qui  empêche  de  dormir.   Un 
procès  important  fur  le  Bureau,  eft  un  réveille  matin. 
Un  amour  violent,  une  grande  jaloulie,  font  des  ré- 
veille matin.  Tout  cela  eft  très-familier. 
Matin  ,   fignifie  quelquefois  un  jour  incertain  ,    qui 
n'eft  pas  fixe.  Aliquando.  'Vous  verrez  un  de  ces  ma- 
tins j    qu'on   fera  une  taxe  fur  ces  gros  Financiers. 
On  ira  un  de  ces  matins,  un  beau  matin,  le  prendre 
au  collet ,  lui  faiiir  tout  Ion  bien  ,  lui  enlever  tous  les 
meubles.    J'irai  dîner  chez  vous  un  de  ces  matins. 
Exprelîions  familières.  C'eft  dans  peu  de  matins  que 
je  croîtrai  le  nombre  des  morts.  Mait.   Ce  dernier 
exemple  eft  un  peu  poétique ,  &  il  ne  faudroit  pas 
l'imiter  ;  quoiqu'on  dife  fort  bien  pluhcurs  hivers  , 
pour  dire  plufieurs  années,  il  ne  faut  pas  diie  plu- 
lieurs   matins  ,  pour  plufieurs  jours. 
Matin,  fe  prend  aulli  politiquement  pour  les  premières 
années  de  la  vie.  Elle  étoit  encofe  dans  Ion  matin. 
les  Poètes  difent  aulfi  ,  les  portes  du  matin,  pour 
dire  l'aurore.  On  dit  que  les  rôles  ne  durent  qu'un 
madn,  pour  montrer  leur  peu  de  durée.  Se  figuré- 
ment celle  de  la  vie  &  des  chofes  humaines. 

Ce  génie  a  vécu  ce  que  vivent  les  rofes , 
L'efpace  d'un  matin.    Malh. 

Vous  aurei  le  deflin 
Le  ces  fleurs  fi  Jraïches ,  Ji  belles , 
Qui  i.e  durent  ^u'un  matin. 


Demain  matin,  ou  demain  nn  matin.  On  demaii- 
de  laquelle  eft  la  meilleure  de  cas  deux   façons  de 
parler.  Selon  Corneille  ,  la  dernière  eft  plus   régu- 
lière; Iclon  Richelct ,  après  'Vaugelas ,  la  première  eft 
plus  uiitée.  |Cr  II  eft  certain  que  demain  matin  eft 
plus  de  l'ulage  ordinaire ,  &c  l'on  dit  toujours  jufqu'à 
demain  matin,  &  jamais  jutqu  a  demain  au  matin. 
Matin  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrales.  On  dit 
qu'on  a  beau  le  lever  matin  ,  quand  on  a  le  renom  de 
dormir  la  gralle  matinée;  ou ,  A  beau  fe  lever  matin  y 
qui   a    bruit    de   dormir  h    grallè  "matinée.    Mas- 
cuR.    Pour  dire  qu'on  a  de  la  peine  de   guérir  les 
efprits  préoccupés  fur  le  fait  de  la  réputation.  On  dit 
aulli  en  parlant  d'un  homme  fort  fin  &  précautiônné, 
qu'il  taudroit  le  lever  bien  matin  pour  1  attraper.  On 
dit  aulli  5  en  jugeant  du  tems  qu  il  doit  taire,  rouge 
au  loir,  blanc  au  OTari/z ,  c'eft  la  journée  du  Pèlerin. 
On  dit  auili ,  Tel  qui  fe  levé  le  matin  ne  fait  pas  ce 
qui  lui_  arrivera  le  loir,  pour  marquer  la  variété  & 
l'incertitude  des  entrepiifes  des  hommes.   On  dit  au 
Palais  ,  quand  la  Cour  le  lève  le  matin  ,  elle  dort  l'a- 
prèsdinée,  pour  dire  qu'elle  n'entre  point  ce  jour-là 
de  relevée. 
Matin.   Nom  d'une  petite  rivière  de  l'Albanie.  Ma- 

this  ,  Matis. 
MATIN,  f.  m.  (l'a  eft  long.  )  Gros  chien  fervant  à  plu- 
fieurs ulages  domeftiques ,  à  garder  un  troupeau,  une 
balle-cour,  &c.  Canis  major  villaticus  molojjus.  Les 
Bergers  ,  les  Bouchers  ont  des  mâtins. 

Ce  mot  vient  de  majlinus  qu'on  a  dit  dans  la  balle 
Latinité  en  même  lignification. 
MATIN  ,  le  dit  aulli  des  hommes  groflîers ,  mal  bâtis  de 
corps  ou  d'efprit.  C'eft  un  vilain ,  un  gros  mâtin ,  un 
lot  mâtin.    Il  eft  bas  en  ce  fens. 

On  dit  ptQverhialement ,  voilà  un  bon  mâtin ,  s'il 
vouloir  mordre,  pour  dire,  cet  homme  leroit  bien 
capable  de  faire  quelque  choie ,  s'il  vouloit  travailler. 
Qui  abonvoilin,  a  hon  mâtin,  pour  dire  que  quand 
on  a  un  bon  voilîn,  on  a  bonne  &  sûre  garde.  P.iche- 
let  écrit  matin  au  lieu  de  mâtin.  Quoiqu'il  en  foit , 
l'ulage  univerlellement  reçu  ne  permet  de  prononcer 
ni  d'écrire  que  mâtin  dans  ce  proverbe. 

Mâtin  &  chien  étoient  les  noms  propres  des  Prin- 
ces de  'Vérone  ,  Mâtin  dcUa-kala  ,  Canisfcaiiger. 
MATINAL.  ALE.  adj.  Qui  fe  lève  matin.  Matutinus. 
C'eft  une  épithète  qu'on  donne  à  l'Aurore.  On  dit 
aulli  qu'un  homme  eÙ:  matinal,  qu'une  femme  eft  772a- 
tmale ,  quand  ils  fe  lèvent  de  bonne  heure.  On  ne 
doit  pas  s'en  lervir  fouvent.  Vaug.  On  prétend  que 
matineux ,  quand  il  s'agit  des  perfonnes ,  eft  plus  ulité 
que  matinal  ;  mais  l'Académie  les  adopte  également 
l'un  &  l'autre  ,  en  appliquant  pourtatit  le  dernier  à 
celui  qui  eft  dans  l'habitude  de  le  lever  matin,  ik.  le 
premier  à  celui  qui  s'eft  levé  matin. 
MÂTINEAU.  f.  m.  Petit  mâtin. 

Lui  Berger  pour  plus  de  ménage. 
Aurait  deux  ou  trois  mâtineaux. 
Qui  3  lui  dépenfant  moins  veilleraient  aux  troupeaux. 

La  Fontaine. 


§C?  MATINÉE,  f.  i,  Matutinum  tempus.  C'eft  la  partie 
du  jour  qui  eft  depuis  le  point  du  jour  julqu'à  midi. 
On  dit  une  belle  matinée.  Les  matinées  lont  fraîches 
au  Printems  &  en  Automne.  Les  femmes  palFent  la 
matinée  à  s'habiller. 

ffT On  dit  en  ftyle  de  converfation,  dormir  la  gralTc 
matinée,  bien  avant  dans  le  jour.  In  altam  lucem. 

Ah  !  que  c'eft  chofe  belle  &fort  bien  ordonnée , 
De  dormir  dans  un  lit  la  grajfe  matinée. 

Régnier. 

•ICTMÂTINER.  v.  a.  Il  ne  fe  dit  au  propre  que  des 
mâtins  qui  couvrent  des  chiennes  d'une  belle  etpèce. 
Cette  chienne  a  été  mâtinée  ,  elle  fera  de  vilains 
chiens.  Coire  cum  dégénère.  Ce  vilain  chien  a  mâtiné 
ma  chienne. 

1^  On  le  dit  figurément  d'utie  femme  qui  s'eft  mariée 


M  A  T 

à  un  homme  indigne  d'elle.  Indccore  ,  ignohUiurnu- 
bere.  Exprellion  tiiviile. 

Màtiner  ,  lignifie  aiilli ,  traireravec  riidedc ,  nultrairei- , 
.i:_;omm.uider.  Son  Maine  le  mâtine  :,\e.  goiirmande  ,  le 
bac.  Les  gens  qui  ont  le  cœur  noble  ne  veulent  point 
être  mâtinés.  Mucincr  la  goutte.  Sar.  Il  ell  popu 
lane. 

MÂTINÉ,  ÉE.  part.  &:  aaj.    Foyei  le  verbe. 

JMATINES.  f.  f.  pi.  Pieniicie  partie  de  l'Oflice  divin  de 
chaque  jour.  ÔHice  de  l'Eglife  qu'on  dit  le  matin  ^ 
quelquefois  à  minuit,  &  quclquelois  la  veille.  Noc- 
turn£  precationes  j  matutïnum  ,  hors,  matutlns,.  Les 
Rcliijieux  fe  lèvent  la  nuit  pour  aller  à  matines.  Les 
inrirmcsfe  fontdifpenier  de  matines.  Les  laudes  le  di- 
fent  après  les  matines.  Voyez  Heures. 

Les  cloches  dans  les  airs  de  leurs  voix  argentines , 
Appelaient  à  grand  bruit  les  Chantres  à  matines. 

BoiL. 

Matines  ,  fedit  proverbialement  en  ces  phrafcs.  Corri- 
ger le  magnificat  à  matmes  y  c'clt  vouloir  corriger  une 
chofe  mal  à  propos,  à  contretems  &  fins  fujct.  On 
dit  aullî  que  des  matines  bien  Tonnées  font  à  demi  di- 
tes. On  dit  aulli  qu'un  homme  cil  étourdi  comme  le 
premier  coup  de  matines ,  parce  qu'on  ell  à  demi  en- 
dormi, quand  ce  premier  coup  lonne.  On  dit  aullî 
\  que  le  retour  vaudra  pis  que  matines  ,  en  parlant 
'  "  d'une  aftaire  dont  la  luite  elî  pire  encore  que  le  com- 
mencement. Régnier,  en  parlant  des  gens  entêtés 
de  leurs  ouvrages,  a  dit  proverbialement  qu'ils  s'ima- 
nent , 

Que  portes  à  l'Eglife  ils  valent  des  matines. 
Tant ,  félon  leurs  difcours ,  leurs  œuvres  font  divines, 

Régnier. 

Favyn,  le  Maire,  &  d'autres,  appellent  &  difent 
qu'on  appela  matines  Par.Jiennes  ,  le  mallacre  des 
Huguenots,  tait  le  Dimanche,  fête  de  fiint  Barthé- 
lemi ,  14*^  Août  1 572 ,  parce  que  le  lignai  pour  com- 
mencer cette  expédition,  étoit  les  cloches  qui  fon- 
nent  \e%  matines  à  minuit.  CCEt  le  27  Mai  1600,  à 
fix  heures  du  matin  ,  à  l'heure  de  matines  ,  les  Mof- 
ccvites  raailacrèrenc  leur  Prince  Démétrius,  &  tous 
les  Polonois  les  adhérens ,  qui  le  trouvèrent  à  Mof- 
cou.    Cela  s'appelle  les  matines  de  Motcou. 

On  appelle  encore  des  matines ,  cette  partie  des  tri- 
pes qui  ell  par  feuillets.  C'eft  le  troilième  ventricule 
du  bœuf,  qu'on  appelle  autrement  Millet.  De  toutes 
les  tripes,  je  n'en  aime  que  Kesmatincs. 

MATINEUX  ,  EUSE.  adj.  Matutinus.  On  prétend  que 
ce  mot  ell  un  peu  plus  ulité  que  matinal ,  &  lignihe 
la  même  choie.  ''}Cr  L'Académie  met  cette  diftérence 
entre  les  deux.  Matinal ,  qui  s'eft  levé  matin.  'Vous 
êtes  bifen  matinal  aujourd'hui.  Matineux  ,  qui  ell 
dans  l'hibitude  de  le  lever  matin.  Les  daines  ne  font 
guère  matineufes. 

MATINIÈRE.  adj.  'Vieux  mot  qui  fignilîoit  autrefois 
la  même  choie  que  matinal  Se  matineux  :  on  le  di- 
foit  de  l'Aurore.  Matutina  ,  matura.  L'étoile  mati- 
nière    peut  trouver   la  place  quelque    part.    'Vaug. 

0Cr  Pour  matinier ,  il  ne  fe  dit  plus ,  ni  en  profe ,  ni  en 
vers,  ni  pour  les  perfonnes,  ni  pour  aune  chofe. 

MATIQUE.  Nom  d'un  bourg  de  la  Floride  Françoife  , 
en  Amérique.  Matica.  Il  ell  chef  de  la  province  de 
Matique  ,  &  fitué  fur  la  rivière  d-  May  ,  vers  le  grand 
lac  où  cette  rivière  prend  la  fource.  Maty. 

MATIR.  C'ell  amfi  qu'il  faut  écrire.  Foyei  MATTIR 
pour  l'explication. 

MATITE.  f.  f.  Pierre  figurée ,  couleur  de  cendre ,  qui 
cil  faite  en  mamelons,  ou  qui  a  la  forme  du  bout 
d'un  teton. 

D3"MATO.    Voyei  Mamgostan. 

^CTMATOBA.  f  m.  Efp'ce  de  Palmier  qu'on  trouve 
dans  les  Royaumes  de  Congo  Se  d'Angola ,  dont  on 
tire  par  incifion  une  efpèce  de  vin  extrêmement 
acide. 

|p"MATOIR.  Foyei  Mattoir. 


M  A  T  88^ 

MATOIS,  OISE.  adj.  &  f.  Rufé,  difficile  à  être  trom- 
pé', adroit  à  tromper  les  autres.  Fajer,  verfutus.  Il 
efl  bien  matois.  C'ell  un  fin  matois.  La  inatofe! 
Mol.  Un  amant  bien  difrnt,  matois.  Voit.  Il  n  cil 
que  du  ftylc  fimilier  ,  ainli  que  le  fubllantif  matoife- 
rie.  Les  filous  le  nomment  encore  entr'cux  les  en- 
fans  de  la  mate,  qui  ell  un  vieux  mot  François  qui 
fignih'oit  tromperie  ,  à  caufe  d'une  place  qui  écoit 
autrefois  à  Paris  ,  où  les  filous  ou  cfcrocs  s'amaf- 
foient ,  comme  a  remarqué  Corgravc. 

MATOISEMENT.  adv.  Dune  matière  matoife.  Il  cil 
venu  matoifement.  Il  cil  vieux.» 

MATOISERIE.  f  f  Fmeire  du  matois,  fourberie, 
qualité  du  matois.  Faj raies ,  verfutia,  afiuûa.  Il  ne 
trouve  place  que  dans  le  llyle  familier. 

Mais  d'où  vient  qu'au  Renard  Efope  accorde  un  point? 
C'ejl  d'exceller  en  tours  pleins  de  matoifcrie. 

La  Font. 

MATOU,  f.  m.  Chat  mâle  .S:  entier.  Fêles  mas.  Les 
chattes  qui  lont  en  chaleur,  crient  après  les  matous. 
Les  matous  courent  les  gouttières.  Le  peuple  croit 
que  les  matous  vont  au  Sabat,  ou  les  Sorciers,  fous 
la  forme  d'un  matou. 

Je  crains  dupie'ge  encor  les  trompeufes  amorces  ; 
Mais  fur-tout  des  Matous  je  redoute  les  forces. 

NoUV.   CHOIX    DE    vers. 

MATRA,  f.  f  Terme  de  Mythologie.  Nom  que  les 
Perles  donnoicnt  à  Vénus.    Matra. 

MATRA  ,  ou  MYTRAY.  Nom  d'un  ancien  bourg  de 
la  Rhétie.  Matreium  ,  Matreia.  Il  ell  dans  le  Tirol , 
fur  la  rivière  d'Ultz  ,  à  trois  lieues  d'Infpruck  ,  du 
cc)té  du  midi.  Maty. 

MATRALES.  f.  f  pi.  Terme  d'Hilloire  Se  de  Mytho- 
logie. Matralia.  Nom  d'une  Icte  qui  fe  célébroit  à 
Rome  à  l'honneur  de  la  déelle  Matuta.  Voyer  ce 
mot. 

MATRALIENES.  f.  f.  pi.  Terme  d'Hilloire.  Il  y  en  a 
qui  appellent  ainli  les  MATRALES. 

MATRAS.  f.  m.  Vailfeau  de  verre  dont  fe  fervent  les 
Chimilles  pour  leurs  dillillarions  i'n:  autres  opéra- 
tions. Il  ell  lait  en  forme  d  une  bouteille  qui  a  le  col 
tort  long  &  étroit.  Vitreus  excipulus.  On  lutte  le 
/Tzafr^j  avec  la  terre ,  quand  on  le  veut  mettre  fur  un 
feu  bien  ardent.  On  les  fcelle  hermétiquement  ou 
du  fceau  d'Hermès,  quand  on  les  veut  bien  boucher. 
Dans  les  Monnoies  ,  on  le  fert  aullî  de  matras ,  &  il 
y  a  des  matras  d'elTais  év'  des  matras  de  départ  d'or. 

;T?  Matras  de  Boulogne.    C'ell  une  bouteilk  donc 
le  fond,  hit  en  forme  de  voûte,  ell  d'u.ic  épailîcur 
conlidérable.  Si  l'on  trappe  ce  fond  à  coups  de  mar- 
teau ,  Il  on  laifle  tomber  dans  la  bouteille  des  pierres 
confidérables  ,  le  matras  ne  fe  brifera  pas.   Mais  fi 
l'on  y  jette  un  infenfible  de  pierre  à  fulil  ,  h  fond 
tombera   en   pièces.  Pourquoi  ,    dit    le  P.  Faulian; 
parce  qu'il  s'ell  ramalfé  dans  ce  fond  une  infinité  de 
particules  combullibles  que  le  feu  contenu  dans  la 
pierre  à  fuiil,  &  excité  par  le  choc,  ne  manque  pas 
d'enHammer.  Ces  particules  entlammées  agilfent  con- 
tre 'e  fond  du  matras ,  &  le  font  tomber  en  pièces. 
Quelques-uns   allurent  que   Ion  a  le  même   elfec, 
loifqu'on  lailFe  tomber  dans  le  matras  un  morceau  de 
diamant ,  d'agate  ,  en  un  mot    une  m.irière  propre  à 
faire  une  ouverture  au  fond,  ii  le  fait  ell  vrai ,  dit  il, 
l'on  ell  obligé  d'avoir  recours  à  l'introdu;lion  de  l'air 
extérieur  ,    &    l'on   doit   expli  luer  ce    phénomène 
comme  celui  que  inu'-  fournit  la  hrme  Batavique. 

Matras  ,  lignifie  aulli  le  trait  de  ces  grolles  arbalctres 
qui  fe  bandent  avec  des  relforts.  Tragula  ,  matera. 
Ce  dard  ancien  avoir  une  grolfe  tête.  Si  ne  perçoit 
pas,  mais  meurtrilTuit;  d'où  vient  qu'on  difoit  aulîî 
matra(]'er ,  poijr  die,  affommer  de  coups.  On  dit 
d'un  étourdi ,  qu'il  s'en  va  comme  un  'matras  délèm- 
pennéj  quand  il  n'ell  pas  fourni  des  chofes  nécellài- 
res  pour  la  courfe. 


88-^ 


M  A  T 


Ce  mot  dl  du  vieux  Gaulois  très  ancien  dans  la 
Langue.  Les  Latins  on  dit  Matara  S<  inataris  ,  en 
parlant  des  armes  Gauloifes^  coniine  on  le  voie  dans 
les  Commentaires  de  Céfar. 

JVIATRÎCAIRE.  f.  f.  Plante  qui  efl:  ainiî  appelée  ,  parce 
qu'on  l'emploie  avec  fuccès  pour  les  maladies  de  la 
matrice.  Matrïcana.  Il  y  en  a  pluiieurs  efpèces.  La 
matrkalre  ordinaire  a  une  racine  blanche  Hc  Hbrée  j 
-d'où  lortent  pluheurs  tiges  hautes  d'une  coudée  & 
demie  ,  roides  ,  cannelées  ,  remplies  d'une  moelle 
blanche.  Ses  feuilles  font  grandes,  dilpolées  en  ailes 
découpées  comme  par  paires  julques  vers  la  côte  , 
&  recoupées  fur  les  bords  ,  de  couleur  verte  jaunâtre. 
Ses  Heurs  naillènt  par  bouquets  aux  fommités  des 
branches ,  radiées  comme  celles  de  la  camomil'e  , 
ayant  la  couronne  blanche  &  le  difque  jaune.  Ses 
femences  font  oblongues.  Toute  la  plante  rend  une 
odeur  forte,  délagréable ,  &  elle  a  un  goût  amer. 
£n  Latin  Matrïcana  vulgarïs  five  fatïva.  Elle  eft 
propre  pour  abattre  les  vapeurs ,  pour  provoquer  les 
mois,  pour  lever  les  obftrudions ,  pour  exciter  l'u- 
rine ,   pour  poulFer  les  vents. 

MATR-ICAIRE.  S.  m.  Terme  d'Hiftoire.  Matricarius. 
On  appeloit  dans  l'Empire  Romain  Matricaires  , 
ceux  qui  dans  les  incendies  étoient  chargés  d'éteindre 
le  feu  en  jettant  de  l'eau  ,  &  en  abattant  les  mai- 
fons. 

Ce  nom  vient  de  celui  de  Matrlcula  ,  parce  que  le 
nom  de  ces  perfonnes  étoit  écrit  dans  la  matricule  du 
Préteur. 

1^  MATRICE.  C.  f.  Ce  terme  dans  fa  plus  grande  géné- 
ralité s'applique  à.  tout  lieu  qui  fert  à  la  génération 
de  quelque  corps  ;  foit  organilé,  comme  la  matrice  des 
animaux  femelles  pour  la  rcprodudion  de  l'elpèce  -, 
foit  non  organilé  ,  comme  des  minéraux,  des  mé- 
taux. 

MATRICE.  Terme  d'Anatomie.  La  partie  des  femelles 
des  animaux  où  fe  fait  la  conception, &  la  nourriture 
du  fœtus ,  ou  des  petits  julqu'à  leur  naiilance.  Vulva 
matrïx ,  utérus,  loci.  Aux  femmes  elle  eft  htuée  en 
l'hypogalhe,  au  bas-ventre  en  cette  ample  ca- 
pacité des  hanches  qui  eft  entre  la  veiîîe  &:  l'inteftin 
droit ,  &c  elle  va  jufques  aux  Hancs  ,  quand  elles  lont 
enceintes.  Elle  s'étend  ,  &  prend  divei  (es  formes ,  iui- 
vant  les  divers  temps  de  la  grollelfe.  Sa  lubllance 
eft  mcmbraneule  &  charnue  ,  &  s'épaiflit ,  (elon 
quelques  uns ,  lorlqu'elle  fe  dilatte.  Elle  a  pluheurs 
tuniques,  artères  ,  veines,  nerh  cc  ligamens ,  &  eft 
cntretillue  de  pluiieurs  fortes  de  fibrtfs.  Ses  nerh 
viennent  de  la  huitième  conjugailon  &c  de  la  moelle 
faciée.  Elle  a  quatre  ligamens  ,  deux  en  haut ,  lV 
deux  en  bas.  Sa  figure  eft  ronde  &  longue  comme 
une  poire.  On  la  divile  en  quatre  parties  ;  l'une  eft 
le  fond  ,  qui  eft  Ion  propre  corps  ;  la  (econde  le 
col;  les  autres  lont  l'orifice  intérieur  &  l'extérieur. 
hçs  parties  extérieures  lont  le  pénil ,  la  motte  & 
les  lèvres.  Les  cachées  font  les  ailes  ,  les  nymphes  _, 
les  caroncules,  le  clitoris.  Les  Anciens,  c'eft  àdire, 
les  Grecs  ,  ont  appelle  la  matrice  ,  ftij;«  ,  qui 
vient  de  i^'.tip  ,  c'eft-à  dire  ,  mère  ,  c'eft  pourquoi  les 
maux  de  matrice  lont  fouvent  nommés  maux  de  mère. 
Ils  r.rppeloient  auftl  ùAfx  ,  parce  que  c'eft  le  plus  bas 
des  vifcèresj  félon  fa  fituation.  On  l'appelle  .auftî 
<iuVif  ,  ou  nature  ,  &  vulve  ,  du  Latin  vulva  ,  comme 
qui  diroit,  volva  ,  qui  enveloppe,  ou,  valva,  porte. 
Platon  &C  Pythagore  ont  ctu  que  c'étoit  un  animal 
diftingué  qui  étoit  dans  un  autre  animal.  Paul  Egmette 
«lit  qu'on  peut  ôter  toute  la  matrice  à  un.e  femme  fans 
qu'elle  en  meure  ;  &  on  en  a  vu  .qui  ont  vécu  long- 
temps après  avoir  perdu  la  matrice.  On  en  a  guéri 
quelques  unes  en  leur  extirpant  la  matrice  ,  comme 
le  témoignent  Rhafis  &  Paré.  On  a  fait  voir  .à  l'A- 
cadémie des  Sciences  en  1669.  un  enfant  engendré 
hors  la  matrice  ,  qui  n'avoir  pas  lailfé  de  croître  juf- 
qu'à  fix  pouces. 

Matricf.  Tqrme  de  phyfique ,  fe  dit  des  lieux  propres 
à  la  génération  des  végéraux  ,  des  minéraux  &  mé- 
taux, Matrix.  La  terre  eft  la  matrice  où  les  femences 


MAT 

germent.  Les  marcallitcs  foiii  les  matrices  des  mé- 
taux. 

En  termes  de  Philofophie  hermétique  ,  la  matrice 
ou  la  mcre  de  la  pierre  ,  c'eft  le  vailîeau  de  verre , 
nommé  aulll  œuf  philofophal.  Quelques  Sages  ap- 
pellent matrice  de  nature  métallique  le  fel  commun  , 
le  Ici  marin. 

yCr  Ce  terme  s'applique  aufli  ,  dans  un  fens  figuré ,  à 
certaines  choies  dans  lefqucUcs  il  le  fait  une  clpèce 
de  génération  ,  &  où  de  certaines  matières  prennent 
un  nouvel  être  ,  ou  une  nouvelle  manière  d'être  , 
comme  on  le  verra  dans  les  articles  luivans. 

Matrices.  Terme  d'Imprimerie  ,  qui  le  dit  des  moules 
dans  lelquels  on  fond  les  caradlères  qui  fervent  à 
imprimer.  Prototypum  ,  archetypiim.  Pour  avoir 
une  fonte  neuve,  on  ne  (e  peut  adreller  qu'à  tels 
&  tels  ouvriers ,  parce  que  ce  lont  eux  qui  ont  les 
matrices. 

On  appelle  auflî  matrices  ,  le  moule,  le  coin,  ou  les 
carrés  des  médailles  &  monnoies ,  gravés  avec  le  poin- 
çon ,  qui  lervent  à  en  mouler,  ou  à  en  faire  d'autres. 
C'efl  un  fer  carré  fur  lequel  le  Tailleur  général  grave 
l'écullon  ,  la  légende  ,  le  millélime  &c.  &  c'eft  fur  ces 
matrices  bien  trempées  que  fe  tirent  les-  perits  poin- 
çons, dont  les  Tailleurs  particuliet s  frappent  les  carrés 
qui  fervent  à  monnoyer  les  elpèces.  On  appelle  en 
termes  de  Monnoies,  matrice  d'effigie,  un  carré  d'acier 
de  hauteuf  de  deux  ou  trois  pouces,  &de  largeur  pro- 
portionnée à  l'efligie  qu'on  y  veut  imprimer,  &  à 
l'efpèce ,  à  la  marque  de  laquelle  il  doit  fervir  ,  & 
fur  lequel  on  a  imprimé  à  torce  de  coups  cette 
effigie  en  creux,  par  le  moyen  du  poinçon  d'effigie. 
Il  y  a  de  même  ,  matrice  de  croix  ou  d'éculfon  , 
matrice  de  légende.  Le  Tailleur  général  eft  obligé 
par  l'Ordonnance  de  1554.  de  fournir  les  Monnoies 
de  poinçons  d'effigie  &  de  matrices  d'écullbn ,  de 
croix  6i  de  légende.  Foye^  Boizard  ,  P.  I.  c.  //. 
On  appelle  auiîi  matrice  l'origin.il  des  étalons  des 
poids  &c  mefures  ,  qui  font  gardés  par  des  Officiers 
publics  dans  des  Greftcs ,  ou  Bureaux,  &  qui  fervent 
à  étalonner  les  autres.  Archetypum. 

Ce  mot  s'emploie  auftl  adjectivement ,  comme 
dans  les  articles  qui  fuivcnt. 

Les  Teinturiers  .ippcUent  couleurs  matrices  ,  les 
cinq  couleurs  fimples  dont  toutes  les  autres  dérivent , 
où  font  compolées  ;  favoir  ,  le  blanc  ,  le  bleu  ,  le 
rouge ,  le  fauve  ou   couleur  de  racine  ,  &  le  noir. 

tfj  On  appelle  aulli  figurément  langue  matrice  une 
langue  ancienne,  qui  n'eft  point  tirée  d'une  autre, 
&  originaire  d'un  pays  ,  d'où  quelques  autres  font 
dérivées ,  comme  rHébraïque  ,  la  Celtique ,  ou 
Bas-  Breton.  Lmgua primaria ,  matrix.Yoy.  Langue. 
On  appelle  auffi  l'Eglife  matrice  ,  celle  qui  eft  la 
plus  ancienne  d'un  lieu,  à  l'imitation  de  laquelle  on 
en  b.uit  plufieurs  autres.  §C?  On  appelle  proprement 
Eglifes  fnatrices ,  celles  qui  ont  été  fondées  par  les 
Apôtres,  d'où  les  autres  ont  pris  naillànce.  L'Eglife 
de  Rome,  fondée  par  Saint  Pierre  &  par  Saint  Paul 
a  été  qualifiée  de  matrice  des  matrices.  Eglife  matrice. 
revient  à  Eglife  mère.  On  le  dit  particulièrement  des 
Monaftères  Chefs  d'Ordre  ,  qui  ont  pluheurs  autres 
Couvens  dépendans  de  leur  Filiation. 

MATRICIDE,  f.  m.  La  perfonne  qui  a  tué  fa  mère. 
Matricida.  Ce  mot  ^3'  lignifie  aulll  le  crime  de  celui 
qui  a  tué  fa  niere.  Matricidium.  T.  Corneille  dans 
fes  Notes  fur  'Vaugelas ,  dit ,  Fratricide  eft  un  mot 
François  ;  mais  pour  matricide  ,  je  ne  crois  pas  qu'on 
le  puilfe  dire.  Mais  puilque  nous  adoptons  fuicide  , 
^C7  homicide,  régicide  6cc.  comme  termes  delà  lan- 

.  gue  ,  pourquoi  ne  recevroit-on  pas  matricide  ,  qui  n'a 
point  de  fynonyme  ni  d'équiv.rlent  ?  C'eft  enrichir 
la  langue. 

MATRICULAIRE.  adj.  &  f.  m.  Celui  dont  le  nom  eft 
dans  la  matricule.  In  album  ,  in  catalogum  relatas. 
Ce  mot  fe  trouve  dans  la  déclaration  du  31  Mars 
1674.  enregiftrée  au  Parlement  le  16  Avril  fuivant, 
concernant  les  quatre  cens  Procureurs  du  Parle- 
ment. 

Les  Procureurs  Matriculaires ,  étoient  des  Proci;- 


M  A 


T 


MAT 


reurs  qui  croient  reçus  Cms  provifioii  Ju  Roi  ;  nwiç 
Lulcnient  par  iiurriculc:  c'eft-à-tiirc  ,  qu'apics  avoir 
été  trouvés  capables  ,  ils  étoiciit  reçus  &  inkrits  dans 
un  Regifhc  des  Procureurs,  &  avoicnt  par  ce  moyen 
le  pouvoir  d'exercer  leurs   ofiices  fans  avoir  eu  de 
provilions  du  Roi. 
(fl^'  On  appelle  en  Allemagne  contingens  A/'flmfi//<7.rf.9, 
les  contingens  que  chaque  Electeur,  chaque  Prince  , 
chaque  ville  impériale  doit  fournir,  fuivant  la  ma 
tricule  ou  le  regiltre  de  l'Empire. 
«  Autrefois  on  a  appelle  Macrkulaircs  ,   ceux  qui 

croient  chargés  de  conferver  les  biens  des  Eglifcs , 
fur-tout  les  dixmes. 

Ce  mot  vient  de  matricule. 
Matriculaire.  f.  m.  Se  f.  qui  fe  dit  auflî  de  celui  Se 
celle  qui  ell  lur  la  matricule  d'une  Eglife.  Matr'tcula- 
rius ,  a.  Ce  nom  s'eft  dit  des  pauvres  qu'une  Egli(e 
nourrillbit,  Se  dont  elle  avoit  le  regiftre  ,  «Sj  des  Clercs 
qui  y  fervoient. 
MATRICULE,  f.  f.  Regiftre  CtT  lifte ,  catalogue ,  dans 
Jequel  on  inlcrit  les  noms  des  perfonncs  qui  entrent 
dans  quelque  corps  ou  fociété.  Comimntanus ,   rc- 
■     cenjionis  index  ,   album  ,   catalogus.   Chez  les   Au- 
teurs Eccléfiaftiques,   il   eft  fait  mention  de  deux 
Cônes  dt  macricules ;  l'une  qui  contenoit  la  lifte  des 
Eccléfiaftiques ,  l'autre  celle  des  pauvres  qui  étoient 
nourris  aux  dépens  de  l'Eglife. 

On  appeloit  aulli  matricule  ,  une  maifon  où  les 
pauvres  étoient  nourris^  &  qui  pour  cela  avoient 
certains  revenus  aftedés.  Elle  étoit  d'ordinaire  bâ-tie 
à  la  porte  de  TEglife  :  d'où  vient  qu'on  a  donné 
quelquefois  ce  nom  à  l'Eglife  même. 

Aujourd'hui  on  le  dit  particulièrement  de  la  ré- 
ception des  Avocats  :  Se  on  appelle  aulîi  matricule , 
l'extrait  de  ce  regiftre  qui  leur  eft  délivré,  &  qui 
fait  mention  de  leur  réception.  Ces  deux  Avocats 
étoient  en  difpute  fur  leur  ancienneté,  il  a  fallu  avoir 
recours  à  leur  matricule,  ils  ont  levé  Se  fait  voir 
leur  matricule. 

On  le  dit  auflî  des  Rentiers  de  l'Hôtel  de  Ville  , 
qui  font  écrire  leurs  noms  lur  les  Regiftres  des 
payeurs,  quand  les  rentes  changent  de  propriétairej  & 
pour  cette  infcription  on  paye  un  droit  d'immatriculé. 
Matricule,  f.  f.  On  appelle  Matricule  de  l'Empire , 
le  dénombrement  des  Princes  &  des  Etas  qui  ont 
féance  aux  Diètes  de  l'Empire.  Il  a  été  mis  dans  la 
matricule  de  l'Empire.  Ac.  Fr. 
03"  Ce  regiftre  contient  encore  les  contingens  matri- 
culaircs,  c'eft-à  dire,ceque  chaque Eledleur,  chaque 
Prince  ,  chaque  ville  impériale  doit  contribuer  dans 
les  charges  publiques  de  l'Empire.  Cette  matricule  eft 
confiée  aux  foins  de  l'Eledeur  de  Mayence ,  garde 
des  Archives  de  l'Empire. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Matricula. 
MATRICULIER  ,  ERE.  f.  m.  &  f.  Terme  de  l'Hif- 
toire  Eccléfiaftique.  Qui  eft  écrit  lur  la  matricule  de 
l'Eglife.  Pauvre  que  l'Eglife  entretient.  Matricularius. 
Il  y  avoit  des  pauvres  nommés  matricuUers ,  parce 
qu'ils  étoient  inlcrits  dans  la  matricule  ou  catalogue  , 
foit  du  Dôme  ,  c'eft  à-dire  ,  de  la  Cathédrale  ,  foit 
des  autres  Eglifes. 
MATRIGA  ,  ou  GUDESCIO.  Nom  propre  de  lieu. 
Matriga.  C'étoit  anciennement  une  petite  ville  de 
h  Sarmatie  ,  en  A\\e. ,  appelée  autrefois  Hermonajfa, 
Hcrmoneffa.  Ce  n'eft  maintenant  qu'un  village  de 
la  Circalîie  ,  fituée  lur  la  mer  Noire  ,  près  du  détroit 
de  Caffa.  Maty. 
MATRIMONIAL,  ALE.  adj.  Qui  appartient  au  ma- 
riage. Conjugalis ,  connubialis.  Une  caufe  matrimo  ■ 
nïale  ,  eftunequeftion  de  mariage.  Le  lien  matrimo- 
nial,  ou  conjugal.  Des  conventions  matrimoniales 
Les  caufes  matrimoniales  appartiennent  aux  Juges 
d'Eglife.  Se  bien  acquitter  des  fonélions  matrimo- 
niales. Bay.  Ces  Orientaux  qui  époufent  tant  de 
femmes  j  ont  fans  doute  la  vertu  matrimoniale  du 
plus  haut  étage.  Mont. 
MATRISYLVA.  f  f  Plante  qu'on  appelle  autrement 

Chcvre-feuille.  Voyez  Chèvrefeuille. 
MATROLOGUE.  f.  m.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à 


887 


un  Regiftre  fur  lequel  on  a  foin  d'écrire  tout  ce  qui 
regarde  Se  concerne  une  ville  ,  une  compagnie  ,  une 
communauté.  Le  Roi  Charles  IX.  par  fcs  L.ettres  du 
17  Oélobre  ijJii  enregiftiécs  au  Matralogue  de 
la  ville.  HuET,  Orig.  de  Caen.CeA  Pierre  de  l'Enau- 
derie  qui  en  i  Ji  J  a  drcfté  Se  écrit  le  Matrologue  de 
l'Univerfité  de  Caen.  la. 

MATRONALES.  f  f  pi.  Fête  des  Dames  romaines. 
Matronalia.  Elle  (e  célébroit  aux  Calendes  de  Mars  , 
Se  à  l'honneur  du  dieu  Mars.  Il  n'étoit  point  permis 
aux  hommes  qui  vivoieiit  dans  le  célibat ,  d'allifter  à 
cette  fête. 

MATRONE,  f.  f  Terme  d'antiquité.  Femme  fage  & 
vertueufe ,  qui  gouverne  honnêtement  {x  famille. 
Matrona.  Les  Matrones  Grecques  Se  Romaines  ont 
donné  de  grands  exemples  de  vertu  _,  de  ciiaftcté  , 
de  confiance ,  d'amour  de  la  patrie.  Pétrone  a  in- 
venté un  conte  qu'on  appelle  ,  la  Matrone  d  Eptièfe  , 
Se  dont  on  a  donné  bien  des  tradudtions  Se  imita- 
tions en  François. 

Matrone  j  s'eft  dit  chez  les  Romains  ,  des  femmes  pru- 
des &  chaftes,  dès  qu'elles  étoient  mariées.  Matrona. 
Servius  donne  l'explication  du  mot  matrone  dans 
le  onzième  de  l'Enéide  ,  où  il  dit  ;  Quelques  -  uns 
croient  qu'il  y  a  cette  diftérence  entre  matrone ,  & 
mère  de  famille  ;  que  l'on  appelle  matrone  celle  qui 
a  un  enfant ,  &  mère  de  famille  j  celle  qui  en  a  eu 
plufieurs.  Mais  d'autres  eftiment  qu'on  nomme  ma- 
trone, la  femme  qui  eft  mariée  ,  quoiqu'elle  n'ait  point 
encore  eu  d'enfans  ,  Se  que  l'elpérance  qu'elle  a  d'en 
avoir  lui  a  donné  ce  nom  de  mère  ,  ou  matrone ,  Se 
c'eft  pour  cette  raifon  que  le  mariage  eft  appelé  ma- 
trimoni^m.  Aulu  Gelle  ,  .Sr  Nonius  Marcellus  ap- 
puient cette  opinion. 

Matrone.  En  Mythologie.  On  donnoit  ce  nom  à  Ju- 
non  dans  l'Antiquité  paycnne  ,  parce  qu'elle  étoit 
la  divinité  protectrice  des  femmes  nubiles  ,  qui  font 
en  âge  Se  en  état  de  devenir  mères. 

Matrone,  en  Jurifprudence ,  eft  aufli  le  nom  de  celle 
qu'on  appelle  proprement  iÇa^e/è/Tz/Tze,  qui  a  étudié 
en  Anatomie,  qui  eft  examinée  par  les  Juges  de  Po- 
lice ,  &  par  les  Olîiciaux  ,  dont  chacun  d'eux  lui 
donne  une  commilîion  ,  &  un  titre  pour  pouvoir 
accoucher  les  femmes  enceintes  ,  vifiter  les  filles  dé- 
florées &c.  Objletrix,  matrona.  On  a  ordonné  que 
cette  fille  feroit  vue  Se  vilitée  par  les  Matrones  pour 
conftater  fon  état.  Il  y  a  de  ces  rapports  de  Ma- 
trones inférés  tout  au  long  dans  le  livre  de  Laurent 
Joubert  ,  célèbre  Médecin  de  Montpellier. 

MaTRONÉE  ,  ou  MATRONIQUE.  f.  m.  Lieu  def- 
tiné  autrefois  aux  femmes  dans  les  Eghfes  ,  Se  féparé 
de  celui  des  hommes.  Matron&um  chez  les  Latins  j 
Matronicum   chez  les  Grecs. 

IJS'MATSURî.  C'eft  ainfique  les  Japonois  appeUcnt 
la  fête  que  chaque  ville  célèbre  tous  les  ans  en  l'hoi» 
neur  du  dieu  qu'elle  a  choiù  pour  fon  patron.  Ces 
fêtes  confiftent  en  fpeélacles ,  en  danfes  Se  autres 
réjouilfances  publiques. 

MATTABAS.  L  m.  Nom  qu'on  donnoit  autrefois  à 
une  efpèce  de  drap  d'or ,  pour  le  défigner  Se  le 
diftinguer.  Diap  d'or  mattabas. 

MATTAIRE.  f  m.  Se  f.  Nattier ,  homme  qui  couche 
fur  une  natre  de  jonc.  Nom  de  Seéte  ,  qu'on  dorma 
à  une  branche  de  Manichéens.  Mattarius. 

MATTHANA.  Nom  d'un  lieu  qiû  étoit  à  l'Orient  du 
Jourdain.  Mathana. 

MATTARIEN  ,  lENE.  Foyei  Mattaire. 

§3°  MATTE.  f  £  Terme  de  Métallurgie.  C'eft  ainfi 
qu'on  appelle  la  matière  métallique  qu'on  tire  de 
la  première  fonte  du  minerai  dans  le  fourneau  de 
fufion.  Matte  de  cuivre,  matte  de  plomb.  Sec.  Comme 
la  matte  eft  encore  chargée  de  plufieurs  matières , 
étrangères ,  pour  l'en  dégager  ,  on  la  fait  pafler  par 
plufieurs  autres  opérations. 

MATTÉES.  f  f.  pi.  La  plupart  de  nos  Auteurs  pré- 
tendent que  les  Romains  entendoient  par  i^/ijrred^, 
toutes  fortes  de  mets  délicats.  Il  femblc  pourtant  que 
celle  dont  parle  Pétrone  dans  fon  f-eftindeTrimalciom 
fignifie  des  Viandes  farcies  ;  &  celles  que  Suétone  dit 


888 


MAT 


MAT 


que  l'Empereur  Caligula  envoyoit  à  ceux  qui  l'a- 
voient  inftitué  leur  héritier  j  afin  de  précipiter  leur 
décès,  croient  de  même  nature.  Quoiqu'il  en  foit , 
mattea  ,  Se  mattya  fe  rendent  en  François  par  mattées. 
On  fervit  des  manies  ,  dont  le  fouvenir  me  fait  en- 
■core  mal  au  cœur.  Nodot, 

MATTELINS.  C  m.  pi.  Sorte  de  laines  qui  viennent 
du  Levant. 

MATTER.  Tennede  jeu  d'Echecs.  P'oye^  Mater. 

MATTER  ,  au  figuré,  f^oyei  Mater. 

MATTHIAS,  f.  m.  Nom  d'homme  Matthias.  Saint 
Matthias  fut  élu  Apôtre  par  les  Apôtres  ,  à  la  place 
de  Judas.  L'Évangile  félon  S.  Matthias  ,  cil  un 
Livre  apocryphe  ,  qui  couroit  dès  les  premiers  fiè- 
cles  de  î'ÉgJife.  Saint  Matthias  prêcha  la  foi  en  Ju- 
dée j  &  dans  une  partie  de  l'Ethiopie. 

Autrefois  on  diloit  Macé  pour  Matthias. 

"MATTHIEU,  f.  m.  Nom  d'homme.  Matthms.  Saint 
Matthieu  eft  le  premier  des  quatre  Evangélides.  Il 
eft  aufli  Apôtre.  Il  avoir  été  Publicain.  Jésus-Christ 
en  palfant  devant  (on  Comptoir ,  ou  fon  Bureau  , 
&  l'y  voyant  affis  ,  l'appela  j  &  lui  ordonna  de  le 
fuivre  ;  ce  qu'il  fit  aufli  tôt.  Matth.  IX.  p. 

On  abufc  de  ce  nom  dans  cette  phrafe ,  Cet  hom- 
me eft  un  FeJJe-Matthieu  ;  pour  dire  ,  un  ufurier 
qui  prête  à  gros  intérêts.  On  prétend  que  cette  ex- 
prelîîon  vient ,  de  ce  que  Saint  Matthieu  ,  avant  (a 
converfion  ,  croit  Publicain ,  &  que  les  Publicains 
font  ordinairement  en  horreur  au  peuple ,  8c  pal- 
fent  pour  de  grands  uluriers.  Ainfi  on  a  dit  ,  fait 
tomme  S.  Matthieu,  fait  S.  Matthieu,  F effe- Matthieu. 
Autrefois  on  difoit  Macieu  ,  ou  Mailîeu ,  pour 
Matthieu.  Ce  mot  s'ctoit  fait  en  changeant  les  deux 
tt  de  Matthius  ei^Jf,  comme  en  Grec  les  Athé- 
niens mettoient  "f  pour  r:  >  l'iconfn ,  ti-fiufts. 

Saint-Matthieu.  Foye:^  S.  Mahé  ,  &c  Matheo. 

MATTIAIRE.  f.  m.  Mattiarius.  On  trouve  que  ce 
nom  a  été  donné  aux  troupes  qui  fe  lervoient  du 
Marriobarbule ,  parce  que  cette  arme  le  nomme  auilî 
Mattium  en  Latin  ,  d'où  l'on  a  fait  Mattiaire.  Voyez 
Martiobarbule.  Zozime.  L.  III.  Amm.  Marcel- 
lin  ,  L.  XXI.  c.  13.  ôc  d'autres  parlent  des  Mat- 
daires ;  la  Notice  de  l'Empire  les  joint  aux  Lanciers. 

MATTIR.  V.  a.  L'Académie  écrit  matir ,  &  cette  or- 
tographe  paroît  la  plus  fuivie.  Terme  d'Orfèvrerie  : 
c'eft ,  Rendre  de  l'argent  ou  de  l'or  mat ,  les  met- 
tre en  œuvre  fans  les  brunir  j  ni  les  polir.  Rude 
atgue  impoUtum  efficere.  La  mode  de  mattir  la  vaif- 
fefle  a  duré  alfez  long-temps.  En  matière  d'argentj 
on  dit  plutôt  blanchir, 

MATTO.  Monte  matto.  Voyez  Himetto. 

MATTOIR.  f.  m.  Petit  ouiil  de  fer  qui  fert  aux  Gra- 
yeurs ,  Damafquineurs  ,  &  autres  Ouvriers ,  pour 
^  amattir  l'or ,  &  le  faire  tenir  dans  les  cifelures  qu'ils 
ont  préparées  pour  cela.  Deprejforium. 

IMATTONS.  f.  m.  pi.  Mot  dont  quelques-uns  fe  fer- 
vent pour  fignifier  de  gros  carreaux  de  brique,  qui 
fervent  à  paver.  Il  vient  de  l'Italien  Mattoni ,  qui 
veut  dire  des  Briques. 

MATTOWME.  f.  m.  Plante  qui  croît  dans  la  Virgi- 
nie ,  &c  qui  eft  femblablc  au  p.mis.  Sa  femence  ref 
femble  au  feigle^  mais  elle  eft  plus  petite.  Les  ha- 
bitans  eftiment  le  pain  qui  en  eft  fait  fort  délicat ,  ils 
le  mêlent  avec  de  la  grailfe  des  bêtes  (auvages. 

MATULE.  f.  f.  Matula.  Nom  d'un  vaille.iu  dont  les 
Romains  fe  fervoient  pour  mettre  de  l'huile. 

MATURATIF  ,  IVE.  adj.  On  appelle  Maturatifs  ,  les 
remèdes  qui  hâtent  la  formation  de  la  matière  pu- 
rulente. Dict.  DE  James.  Maturantia.  Remèdes  ma- 
turatifs. Il  eft  aulli  (ubftantif.  Un  bon  maturatif. 
L'application  d'un  limplc  maturatif. 

|3"  MATURATION,  f  f.  Terme  de  Chimie.  Matu- 
ratlo.  Opération  par  laquelle  un  métal  acquiert  une 
plus  grande  perfeètion.  M.  Duhamel ,  s'eft  fcrvi  de 
ce  terme  pour  exprimer  le  progrès  des  fruits  vers 
la  maturité.  Je  ne  lais ,  dit-il ,  li  ce  mot  eft  François, 
mais  il  rend  bien  mon  idée.  Ce  mot  mérite  d'être 
adopté  ;  nous  n'eu   avons  point  d'autre  qui  ait  la  ' 


même  énergie  pour  exprimer  la  coftlon  du  fitC 
nourricier  qui  fe  fait  dans  l'intérieur  des  fruits ,  qui 
de  verts ,  acides ,  âpres  ,  acerbes ,  deviennent  doux 
Se  agréables  au  goût. 

MATURE.  Nom  d'une  petite  ville,  ou  fort  de  l'île 
de  Céylan.  Matura. 

MATURE.  1.  f.  Art  de  mater  les  vaiffcaux.  Modus 
mail  inftruendi.  Les  vaifteaux  ont  différentes  mâtw 
tes ,  fuivant  leur  diverfe  conftruftion.  On  dit  qu'un 
vailfeau  eft  de  belle  mâture ,  quand  fes  mâts  font 
bons,  beaux  &  bien  plantés-,  Se  qu'un  vailleaua 
trop  de  mâture  ,  quand  les  mâts  font  trop  longs, 
comme  on  dit  voilure  ,  envergure  ,  Sec. 

MÂTURE  j  fe  prend  encore  pour  l'amas  *  l'alfemblage 
de  tous  les  mâts  d'un  vailleau  ,  Se  pour  le  bois  def. 
tiné  à  faire  des  mâts.  En  ce  lens  ont  dit  qu'on  tire  de 
la  mâture  de  Norvège. 

MATURIN ,  MATURINE.  Foye^  Mathurin  ,  Ma-, 

THURINE. 

MATURINADE  ,  f  f.  Pour  extravagance  ,  parallu- 
llon  au  mot  Italien  matto  ,  qui  lignifie  fou  ,  on  a 
dit  que  S.  Mathurin  guérilfoit  de  la  folie  ,  &  de-là 
vient  le  mot  de  maturinade.  Ménage  ,  Dici.  Etym, 
Voyez  Mathurin. 

MATURITÉ,  f  f.  L'état  de  bonté  ,  ou  de  perfeétioii 
d'un  fruit  ■■,  le  temps  où  on  le  doit  cueillir ,  où  il 
eft  bon  à  manger.  Maturitas.  On  reconnoît  qu'un 
fruit  eft  mûr  à  la  couleur ,  à  l'odeur  &:  à  la  conlif. 
tance.  On  n'attend  pas  la  pleine /wawnre  des  fruits 
pour  les  confire.  Il  faut  couper  ces  blés ,  ils  font  en 
maturité.  Il  y  a  dans  l'art  un  point  de  perfedion, 
comme  de  bonté  Se  de  maturité  dans  la  nature; 
celui  qui  le  fent,  a  le  goût  parfait.  La  Br. 

§Cr  Maturité  ,  fe  dit  en  Chirurgie  du  pus  des  ab- 
cès. Il  fiut, percer  l'abcès,  il  eft  dans  (x  maturité. 
La  maturité  du  pus  s'annonce  par  une  diminution 
de  fièvre  Se  de  fouftrancesj  Se  par  la  molleffedela 
tumeur  où  la  fonte  s'opère. 

^fT  On  le  dit  de  même  en  Médecine  ,  en  parlant 
d'une  chofe  qui  eft  parvenue  à  fon  jufte  degré  de 
perfetfcion.  C'eft  ainh  qu'on  dit  que  la  matière  mor- 
bifique  eft  parvenue  à  la  maturité ,  pour  dire  qu'elle 
a  reçu  le  degré  de  codliion ,  d'atténuation  nécelfaire 
pour  en  faciliter  la  crife  où  l'expulfion. 

ifT  Au  moral ,  on  dit  qu'une  affaire  eft  en  fa  matu-  \ 
rite ,  pour  dire  ,  en  état  d'être  conclue  ,  au  point 
où  elle  doit  être  pour  être  terminée.  Prmparatio  , 
difpofltio.  On  dit  de  même  la  maturité  de  l'âge  , 
pour  défigner  l'état  de  confiftance  Se  de  force  où 
Jont  communémenr  les  hommes  à  un  certain  âge. 
Il  ne  faut  pas  marier  les  perlonnes  rrop  jeunes  5  il 
faut  attendre  qu'elles  (oient  en  âge  de  maturité.  Il  1 
ne  faut  entreprendre  les  affaires  que  quand  elles 
font  en  maturité.  Il  mourut  au  plus  haut  poii:t  de 
fa  valeur ,  Se  dans  la  maturité  de  (a  iagelfe.  FlÉch. 
Vous  verrez  le  progrès  d'une  opinion  nouvelle,  de- 
puis fa  naiflance  julqu'à  fa  maturité. 

§3"  Maturité  d'efpiit,  état  d'un  clprir  mûr,  formé, 
/^tiye^  MÛR. 

§Cr  On  dit  avec  maturité,  pour  diie  avec  circonfpec- 
tion  Se  jugement.  On  a  délibéré  avec  maturité ,  avec 
grande  maturité ,  .avec  la  maturité  requile. 

MATUTA.  f.   f.  Terme  de  Mythologie.   Nom  d'une 
déelfe  de    l'Antiquité  Payenne.  Matuta.    La  déelle 
Matuta  eft   la  Leucathea  des   Grecs  ,  à  laquelle  ils 
donnèrent  encore  le  nom  d'Ino.  Elle  étou  fille  de 
Cadmus  ,  femme  d'Athamas  ,   (Se  nourrice  de  Bac- 
■  chus.  Elle  le  précipita  dans  la  mer  avec  fon  fils  Mc- 
licerte  ,  pour   éviter    la  fureur    de  fon  mari  ,  qui 
croyant   qu'elle  étoit  devenue  lionne  ,  &:  fes  deux 
enfans  lionceaux,  vouloir  l'écrafer ,  comme  il  avoit      | 
fait  Léarque  ,  l'aîné  de  fes  deux  enfans;  Se  les  dieux      " 
changèrent  la  mère  (Se   l'enfant  en  divinités  marines. 
Les   Romains  célébroient    le  onzième   de  Juin  les 
Matrales,  qui  étoit  la  fête  de  la  déelfe  Matuta.  Le 
Roi   Servius  Talhus  bâtit  un  temple  à  Rome,  à 
cette  déeife  ,  que  le  Conful   &:  Didrateur  Camille 
rétablit  &  dédia  vers  l'an  jôi.  de  Rome.  Voyer^ 
Vollîus ,  liv.  I.  ch.  I  j.  &  24.  6-  liv.  7.  ch.  /o. 

Ovid. 


M  A  U 


Ovid.  F.î/?.  Hv.  6 .  V.  S40.  Tite-Livc ,  iiv.  /.  Pi- 
tikus  ,  Lcxïc.  Aiitïquit.  Rom.  Hofmaii  ,  Ixxïc. 
univcrf.  Les  kmmcs  alloiciu  au  Temple  de  Matuta 
faire  leurs  vœux  pour  les  fils  de  leurs  hères.  Elles 
le  gardoient  bien  d  en  foire  pour  leurs  euhuis  ;  parce 
qu'elles  craigi  oient  qu'ils  n'éprouvallent  un  fort 
pareil  aux  enlans  d  Inc.  C'ell  ce  que  dit  Ovide  au 
iixicme  livre  des  Faftes  ,  qui  confeille  aux  femmes 
de  ne  point  prier  pour  leurs  cntans  ,  une  déelle 
qui  avoit  été  trop  malheureufe  dans  les  liens  pro- 
pres. 

MATUTIN  ,^  TINE.  adj.  M.  Dcfplaces  a  employé- 
ce  mot  dans  Tes  Éphémérides ,  où  il  le  met  au  haut 
de  la  colonne  des  afpetts  de  la  lune  avec  les  plané 
ces.  Par  ce  mot  il  entend  que  la  planète  eft  orien- 
tale, &   qu'elle  le  lève  avant  le  {o\z\\.OncntaiiS. 

MATUTINAIRE.  f.  m.  Terme  Ecclèliaftique.  Matu- 
tïnarlus.  Le  Matuùnairc  étoit  autrefois  le  livre  qui 
contenoit  l'OHice  de  Matines. 

MATUTINAL  ,  ALE,  ou  MATUTINEL  ,  ELLE, 
adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  Matines  ,  à  l'Ofiice 
de   la  nuit  appelé  ALitines.  Matutïnus  ,  matutïnahs. 

MATUTINEL ,  ELLE.  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  du  ma- 
tin ,  qui  fc  fait  le  matin.  Matutïnus ,  matutïnaiis.  Ce 
mot  ne  fe  dit  point. 

MATZUMAY.  Nom  d'une  contrée  du  pays  de  JelLo. 
Matfumïa, 

M  A  U. 

MAVALLf.  m.  Eft  un  poidon  extraordinaire  qu'on  voit 
aux  Indes  occidentales.  Il  eft  long  de  zo  pieds  ,  <Sc 
gros  de  dix.  Il  a  quelque  rellemblance  avec  le  bœuf, 
&  a  le  cuir  fort  dur.  Le  Cacique  Caramétex  en 
iwurrit  un  16  ans  dans  un  lac.  Il  étoit  apprivoifé, 
&;  approchojt  quand  on  l'appeloit.  Il  (ortoit  même 
de  l'eau  pour  aller  manger  à  la  maifon  ,  &  man- 
geoit  tout  ce  qu'on  lui  donnoit  de  la  main.  Il  jouoit 
avec  les  enfans  ,  &  fe  réjouifloit  quand  il  cnten- 
doit  chanter  en  mufique.  Il  paifoit-des  hommes  fur 
fon  dos  de  l'autre  côté  du  lac  ,  &  en  portoit  dix 
tout  d'un  coup  ,  Gns  être  beaucoup  incommodé. 
Herrera.  L.   V.  c.  2. 

MAUBEC.  f.  m.  'Vieux  mot.  Mauvaifc  langue.  Gloff. 
fur  Maroc. 

MAUBERG.  Ancien  nom  que  la  Loi  Salique  don- 
ne au  lieu  où  l'on  tenoit  les  pLads ,  les  aliifes,  où 
l'on  jugeoit  les  procès  ,  où  l'on  décidoit  les  affaires  , 
tant  publiques  que  particulières.  Malbetgium  ,  Mal- 
lohergïum. 

MAUBERGEON.  f.  m.  Terme  d'hiftoire.  Il  y  a  à  Poi- 
tiers la  tour  de  Mauhergcon. 

MAUBERT.  Nom  d'un  Bourg  du  Rérélois,  en  Cham- 
pagne. Malbertum,  Maubcrtum.  Il  eft  à  huit  lieues 
de  Rétel,  du  côté  du  nord.  Matv. 

|t3°  Place  Maubert.  Place  publique  où  Ton  tient  mar- 
ché à  Paris.  Elle  eft  aiall  nommée  par  corruption, 
de  Maître  Albert  j  parce  qu'Albert  le  Grand,  gui, 
de  Ion  temps  ,  fut  l'ornement  de  l'Univerlité  ,  étant 
venu  de  Cologne  en  cette  ville ,  fut  fuivi  d'un  fi 
grand  nombre  d'Écoliers ,  que  la  clatle  n'étant  pas 
alTez  grande  pour  les  contenir  ,  il  fut  obligé  de 
donner  fes  leçons  au  milieu  de  cette  place ,  qui 
fut  nommée  place  de  Maître  Albert,  qu'on  écr'voit 
M*^.  Albert  de  ces  deux  mots  réunis  ,  en  faifant 
quelque  changement  ,  on  a  fait  Maubert. 

MAUBEUGE.  Nom  dune  ville  des  Pays-Bas ,  fltuée 
dans  le  Hainaut ,  fur  la  Sambre  ,  à  quatre  lieues  de 
Mens  ,  du  côté  du  midi.  Melbod'mm  ,  Matbodium  j 
Malobodium.  Long.  11.  deg.   3  f'.  lat.  50' deg.  i  j'. 

MABILE.  Rivière  de  l'Amérique  feprentrionale  j  dans 
la  Louifiane  ^  qui  fe  jette  dans  le  golfe  du  Mexi- 
que. 

MAUBOUGE.  f.  m.  Terme  de  Coutume.  C'eft  un 
droit  d'entrée  qui  fe  lève  enNormaiidie,  &  en  d'au- 
tres lieux  j  fur  les  boitions  qui  entrent ,  &  qui  font 
braftees  dans  les  villes  &  lieux  où  il  y  a  foire  & 
marché.  Vecligale  potabdium.  Il  fut  inventé  par  un 
nommé  Maubougc ,  qui  lui  a  laifTé  fon  nom.  A  Pa- 
Tomi  F. 


89 


M  A  U        8 

ris  le  droit  appelé  maubouge  fe  lève  fur  les  bœufs, 
vaches  ,  moutons  ,   &c  autres  bctes  qui  ont  le  pied 
fourché.  Bruneau. 
MAUCAUD.  f.   m.  Mefurc  des  grains.  J'^oye:^  Mën- 

CAULT. 

MAUCLERC.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  fîgnifîoit ,  Lour- 
d.iut  ,  ignorant  ;  par  oppodtion  à  Grand  Clerc  ,  qui 
fignifie  encore  ,  favant  ik  habile.  Ignarus ,  iUite- 
ratus. 

MAUUANE.  île  ou  prcfqu'ile  de  France  ,  avec  un 
Monartère  fur  la  côte  occidentale  de  Normandie  , 
au  Diocèfe  de  Coutances. 

MAUDIRE.  V.  a.  Je  maudis,  tu  maudis,  il  maudit; 
nous  maudijfons  ,  vous  maudiJJ'e^ ,  ils  maudijjent.  Je 
maudijjhis  ,  je  maudis,  j'ai  maudi ,  je  maudirai  ^ 
que  je  maudiffe  ,  je  maudirais.  Souhaiter  du  mal  à 
quelqu'un  j  faire  des  imprécations  contre  lui ,  pro- 
noncer la  malédidion  fur  quelqu'un  ,  ou  contre 
quelque  choie,  f^oye^  Malédiction.  Malè  precari, 
diris  devovere.  Ch.am  fut  maudit  par  fon  père  Noé  , 
à  caule  qu'il  avoit  découvert  fa  turpitude.  Les  Dé- 
mons ne  font  que  maudire  Dieu.  Lorfqu'on  ordonna  à 
Théanode  faire  des  imprécations  contre  Alcibiade  , 
elle  répondit  qu'elle  ne  s'étoit  pas  mife  parmi  les 
Vierges  pour  maudire  les  hommes  ,  mais  pour  louer 
les  dieux.  M.  Se.  Maudire  la  deftinée ,  le  jour,  l'heure 

que 

Il  n'eft  pas  nouveau  dans  l'ufàge  des  hommes  , 
qu'un  mot  lignifie  quelquefois  le  contraire  de  fa  fi- 
giiification  naturelle  ;  mais  il  ne  s'enfuit  pas  qu'en 
tous  lieux  on  puifle  le  prendre  en  ce  fens  extraor- 
dinaire &  forcé.  Bénir  fera  quelquefois  maudire 
dans  l'Écriture  ,  comme  quand  au  Livre  des  Rois  , 
Naboth  eft  accufé  d'avoir  béni  Dieu  &  le  Roi ,  c'eft- 
à-dire  ,  blafphémé  contre  l'un  ,  &  prononcé  des 
imprécations  contre  l'autre-,  chofes  fi  abominables 
en  elles-mêmes ,  que  la  langue  Sainte  en  a  horreur, 
c\:  n'ofe  les  exprimer  j  corrigeant  pour  ainlî  dire 
l'aélion  par  le  récit  qu'elle  en  fait.  Mais  où  lera 
l'impertinent  qui  oie  toutenir  fous  ce  prétexte  ,  que 
dans  le  Cantique  de  Daniel ,  où  toutes  les  créatures 
jufques  aux  plus  infenfibles  ,  font  excitées  avec  une 
éloquence  divine  à  bénir  le  Seigneur, on  puifle  pren- 
dre ce  mot  de  bénir  en  ce  fens  extraordinaire  Se 
forcé  où  il  lîgnifîe  maudire.  PÉlisson. 

§C?  Maudire  ,  en  parlant  de  Dieu,  la  même  choie 
que  réprouver.  Dieu  a  maudit  cette  génération  ,  a 
réprouvé,  abandonne. 

MAUDIT  ,  ITE.  part.  &  adj.  Malediclus ,  diris  de- 
votas. 

Maudit,  lîgnifîe  un  méchant  ,  un  feélérat ,  une  chofe 
dont  on  ne  fauroit  rien  faire  de  bon.  Impius  ,  fce- 
lejlus ,  nequam.  C'eft  un  homme  maudit,  qui  ne 
fonge  qu'à  faire  du  mal;  un  elprit  maudit. 

Nomme\  le  fourbe  ,  infâme,  &  fcélérat  maudit. 
Tout  le  monde  en  convient ,  &  nul  n'y  contredit. 

Mol. 

■Une  terre  maudite  j  qui  eft  ftérile  ,  quelque  cul- 
ture qu'on  y  falfe  :  une  ville  maudite  ,  où  l'on  le 
coupe  la  gorge  :  fpT  un  temps  maudit ^  un  maudit 
livre.  Ce  mot  fignifîe  généralement  très  mauvais. 

tf!"  Ce  mot  eft  employé  fubftantivement  dans  cette 
phiafe  de  l'Écriture.  Allez ,  maudits  ^  au  feu  éternel. 
Ite  ,  maledicii  ,  in  ignem  éiternum. 

MAUDISSON.  f.  m.  'Vieux  mot ,  qu'on  difoit  autre- 
fois au  lieu  de  malédiction  ,  qu'on  dit  maintenanr. 
Dira  imprecatio.  Cet  homme  a  fait  mille  maudif 
fons. 

MAUDOULE.  adj.  Vieux  mot  qu'on  trouve  employé 
dans  la  Coutume  de  Boulenois.  Mal  adroit.  M.  Mé- 
nage le  fait  venir  de  malé  dolatus. 

MAUDRE ,  ou  MODRE.  Nom  d'une  petite  rivière  de 
l'île  de  France.    Maldra  ,  Madria  ,  Moudra. 

MAVE.  Mavica.  C'étoit  anciennement  une  petite  ville 
des  VacéenSj  en  Efpagne.  Ce  n'eft  maintenant  qu'un 
petit  village  de  la  Caftille  vieille. 

MAUFAIS.   f.  m.    Vieux  mot.     Lutins  ou  démons , 

Vvvvv 


M  A  U 


800 

comme  qui  diroit ,  Malfiiifaiis.    Il   Ce  iiouve  aulîi 
dans  la  lignification  de  Méchant. 

JilAUG-BUND.  f.  m.  Sorte  de  foie  qui  fe  fait  dans  les 
États  du  Grand  MogoL  Elle  eft  la  moindre  des  fix 
etpcces  qui  s'y  recueillent  pendant  l'année. 

MAUGE.  Isfom  d'une  petite  ville  d'Anjou.  Mclda- 
cum. 

Le  Comté  de  Mauge  ,  ou  Les  Mauges.  Comhatus 
Mcldacenfis  ,  ou  Medakenfis  ,  Pagus  Medalgus  , 
ou  Mtdalgïcus ,  ou  Madalgicus.  Nom  d'une  petite 
contrée  autrefois  du  Poitou  ,  aujourd  hui  de  l'An- 
jou, 

MAUGÈRE  ,  ou  MAUGE.  f.  f.  Terme  de  Marine. 
Petit  canal  de  cuir  ,  ou  de  toile  goudronnée  ,  par 
lequel  l'eau  s'écoule  du  vailfeau  dans  la  mer.  Navis 
fiïUicïdia.  Les  maugères  font  au  vaiileau ,  ce  que 
les  gouttières  font   aux  maifons.  Pomey. 

MAUGÉROU.  f.  m.  Nom  d'une  efpèce  de  prune  Pru- 
nofum  fpecies.  Les  maugaous  viennent  au  mois 
d'Aoïit.  La  Quint. 

AiAUGRÉ.  prép.  Ce  mot  s'ell  dit  autrefois  au  lieu  de 
malgré ,  qu'on  dit  ordinairement ,  tv'  vient  de  malè 
gratiis.  NicoD.  Gloff.  fur  Marot.  Maugrc  vous , 
maugré  vos  dents,  Tt  invïto. 

MAUGRÉ  BÉ.  Efpèce  de  ferment.  Gloff.  des  Pci'cf.  du 
Roi  de  Nav. 

MAUGRÉER,  v.  a.  PePter  ^  jurer.  Execrari.  Les  joueurs 
font  fujets  à  jurer  ik.   à  maiLS,réer.  Il  eft  bas. 

MAUGUILLE.  f.  m.  Nom  d'iiomme,  Maddgifilus. 

MAUGUIOj  ou  MELGUEL.  Mdgorïum.  Pente  ville 
de  France  ,  dans  le  Languedoc  ,  fur  l'étang  de  Thau. 

MAULBRUN ,  ou  MOLBRUN.  Bourg  du  Duché  de 
Wirremberg  ,  en  Suabe.  Maulbrunum.  Molbrunum. 
Il  ell:  fur  un  petit  lac  ,  d'où  fort  la  rivière  de  Salza , 
aux  confins  du  Palatinat  du  Rhin.  Ce  lieu  étoit 
autrefois  une  riche  Abbaye  ,  dont  les  revenus  (ont 
employés  à  l'entretien  des  écoles,  &  autres  œuvres 
pieufes.  Maty. 

MAULE.  Nom  d'un  lieu  du  pays  Chartrain.  Mau- 
lia. 

MAULÉON.  Bourg  de  France,  fitué  dans  le  Poitou, 
près  de  la  Seure  Nantoife  ,  à  onze  lieues  d'Angers, 
vers  le  midi.   Maty.  Malus  Léo,  Malleo. 

MAULÉON  DE  SOULE  ,  ou  DE  SOLE.  Nom  d'une 
petite  ville  de  Gafcogne  ,  en  France ,  à  huit  lieues 
de  Pau.  Malleo,  Malleo  in  Subola  ,  ou  SuboU.. 

MAULÉVRIER  EN  CAUX.  Village  &  Comté.  Sur  l'é- 
reftion  de  ce  Comté  Voye-[  la  Defc.  Géogr,  &  Htjl. 
de  la  Haute  Norm.  T.  1.  p.  216. 

MAULI ,  MAULO.  Nom  d'une  rivière  de  la  vallée  de 
Noto  _,  en  Sicile.  Maulus  ,  anciennement  Hirmmius 
Flavius. 

MAULIMART  ,  ou  S.  Pierre  de  Maulimart.  Bourg 
de  France  ,  dans  l'Anjou. 

MAUMONT.  Nom  d'un  lieu  du  Limoiln  ,  province 
de  France.   Malus  Morts. 

MAUMUSSON.  Le  Pertuis  de  Maumujjon.  Marmuf- 
foniurn  Fretum.  C'eft  un  petit  détroit  de  la  mer  de 
Gafcogne. 

ALAUNE.  f.  m.  Poids  dont  on  fe  fert  dans  les  Etats 
du  Grand-Mogol.  Il  pcfe  cinquante- cinq  livres  d'An- 
gleterre ,  ou  cinquante  livres  un  vingtième  de  Paris. 

MAUNI.  Nom  de  lieu.  Mauvais  nid.  Malus  nidus.  Il 
fe  dit  d'un  lieu  qu'on  appelle  Le  Gué  de  Mauni  ,  en 
Latin  Vadum  mali  nidi.  C'étoit  autrefois  un  Château 
de  Philippe  de  'Valois. 

MAUPITEUX  ,  EUSE.  ad.  Ce  mot  fignifioit  autrefois , 
Qui  eft  dur  ,  cruel  &  (ans  pitié.  Immïtis  ,  inimtfe- 
ricors  ,  impius  ,  crudelis.  Ainfi  l'on  difoit:  Les  foldits 
font  gens  maupiteux.  Si  vous  avez  à  dennnder  quel- 
que chofe  à  cet  uluricr  ,  vous  aurez  affaire  à  maupi- 

V  ceux.  Mais  préfentement  il  n'a  plus  d'ulage  en  ce 
feus  ,  &  on  ne  s'en  fert  guère  que  dans  cette  phrale 
populaire  ,  Faire  le  maupiceux  ;  pour  dire  ,  Faire  le 
miférable  ,  fe  plaindre  ,  fe  lamenter  j  fans  en  avoir 
autant  de  fujct  qu'on  voudroit  le  perkiader.  Cet  hom- 
me eft  à  ton  aile  ,  cependant  il  fait  le  maupiteux. 
Fbigit  Je  miferurn. 

MAUR.  f.  m.  Nom  d'homme.  M.v.irus. 


M  A  U 

La  Congrégation  de  S.  Maur.  Bcnédiclins  de  S.  Maur. 
C'eft  une  réiorme  des  Bénédictins  de  France  ,  une 
Congrégation  de  Bénédictins  en  France.  Congregatio 
fanch  Mauri,  Benediclini  fancli  Mauri. 

Saint  Maur  des  Fossés.  Nom  d'un  village  fitué  fur  la 
Marne.  Fanum  S.  Mauri  ,  anciennement  FoJJatum 
Monaftérium  ,  Bagauda  ,  Bagaudarum  Cajlrum.  Il 
ell  dans  l'Ile  de  France  ,  à  deux  lieues  de  Paris ,  vers 
le  levant  j  &  lur  la  Marne. 

Saint  Maur  sur  Loire.  Nom  d'une  Abbaye  de  l'An- 
jou ,  en  France.  Fanum  S.  Mauri ,  autrefois  Glanafo- 
lium  Cxnobium.  Elle  eft  lur  la  Loire  ,  à  quatre  lieues 
d'Angers  ,  vers  le  levant.  Maty,  yoye\  aulîi 
San  Mauro. 

MAURABOTIN.  f.  m.  Nom  d'une  ancienne  monnoie 
d'Efpagne.  Maurabotinus.  Voyez  Marabotin.  C'eft 
la  inème  choie 

MAURE  ,  MAUiir.SSE,  (  On  prononce  ,  plufieurs 
même  écrivent  More ,  Morejfe  ,  en  alongeantun  peu 
la  première  fyllable.  )  Homme  noir ,  ou  femme  noire , 
nés  en  une  région  d'Atrique  ,  appelée  la  Mauritanie, 
Mauritanus ,  Maurus  ,  Maurufius. 

Ce  mot  eft  venu  en  ui.ige  en  ces  phrafes.  Traiter  de 
Turc  à  Maure  ,  c'eft  à-dire  j  agir  avec  quelqu'un 
dans  la  dernière  rigueur  ,  ne  lui  relâcher  rien  ^  le  trai- 
ter lans  aucun  égard, 

Mujes  3  en  vain  je  vous  implore , 
En  vain  je  viens  vous  encenfer , 
Vous  me  traitei  de  Turc  à  Maure  j 
Et  ne  daigne'^  plus  m' exaucer. 

On  dit  ,  en  parlant  d'une  chofe  impolîîble  ,  C'eft 
entreprendre  de  blanchir  un  Maure  ,  un  Ethiopien. 
Lavare  j/¥.thiopem.  A  laver  la  tète  d'un  Maure ,  on 
y  perd  la  leiîive  ,  en  parlant  d'un  homme  auquel  on 
ne  peut  faire  entendre  railon.  Quand  on  veut  exagé- 
rer la  noirceur  de  quelqu'un  ,  on  dit  que  c'eft  un 
vrai  Maure.  On  ditaulîî  en  raillant  j  il  eft  blanc  com-  ; 
me  un  Maure.  1 

Il  a  été  pris  comme  le  Maure.  Proverbe  qui  a  été  \ 
autrefois  fort  en  utage  en  France.  Son  origine  vient 
de  Ludovic  Sforce  ,  Duc  de  Milan  ,  qui  lUt  arrêté  par 
les  François ,  comme  il  fortoit  de  Navarre  en  habit  de 
Suillè.  On  lui  avoit  donné  le  fobriquet  de  Maure  • 
parce  qu'il  étoit  fort  noir  de  vilage. 

On  appelle  colliers  de  Aîaure  j  des  uftenfiles  de 
table  qui  lervent  à  porter  les  plats ,  ou  \ts  allîettes 
volantes  ,  qui  lont  faits  comme  des  colliers  que  por- 
tent les  Maures.  On  appelle  auflî  un  chevaJ  d'un  poil 
rouan  ,  qui  a  la  tête  noire  &  les  extrémités.  Cap  de 
Maure  ,  ou  Cheval  caveffe  de  Maure  ,  ou  More.  Gris 
de  Maure  ,  couleur  grile  tirant  lur  le  noir. 

Les  îles  Maures.  Ce  font  deux  petites  Iles  de  l'Archi- 
pel ,  lituces  près  de  la  côte  méridionale  de  celle  de 
Ténédo.  Maurx  ,  anciennement  Calydnx  InfuU. 
Maty.  C'eft  peut-être  la  feule  occalion  oà  Maure  Ce 
dile  des  chofes. 

MAURELLE ,  ou  TOURNESOL  ,  que  les  Botaniftes 
nomment  Héliotropium  ou  Ricinoïdès,_  f^'oye^  ces 
mots. 

MAURES.  1.  m.  pi.  Monnoie  d'or  qui  a  cours  à  Surate  , 
Se  dans  les  autres  Etats  du  Grand-Mogol. 

MAURESQUE  ,  ou  MORESQUE,  adj.  m.  &  f.  dont  la 
première  eft  brève  ,  Se  qui  ne  le  dit  que  des  chofes  ; 
pour  les  pcrfoniies  j  on  dit  Maures.  Qui  a  rapport 
aux  coutumes  des  Maures.  Manières  maurefques. 
Danfe  maure fque.  Fête  maurefque.  On  dit  lubftanti- 
vement  danler  la  maurefque  ;  c'eft  une  danle  à  la  ma- 
nière des  Maures. 

ifT  On  appelle  aullî  Maurefque,  une  forte  de  peinture 
faite  de  caprice,  oq  il  n'y  a  point  défigures  d'hom- 
mes ,  ni  d'animaux  ,  mais  qui  reprélente  des  bran- 
chages ,  des  feuillages,  iScc.  qui  n'ont  rien  de  natu- 
rel. Les  Turcs  ne  foutfrent  point  de  figures  dans 
leurs  peintures  ,  &  n'ont  que  des  maurefques  Se  des 
arabefques.  L'Académie  éciir  More  &  Moresque. 

^LvuRESClUE ,  ou  MoRHsciuE.  Terme  de  Flcurifte.  Nom 


M  A  U 


M  A  U 


r 


d'iine  anémone,  qui  cil  d'un  mclé  d'inc.inru  ,  fa  pe- 
luche efttuoitc.  MoR. 

MAURIAC.  Mauriacum.  Petite  ville  de  France  ,  dans  l-i 
haute  Auvergne  ,  chef  lieu  d'une  Election  ,  à  onze 
lieues  de  Tulle,  long.  ly.  deg.  y)  ni.  lut.  4;  deg- 
19  m. 

MAURICAUD.  Foyei  Moricaud,  aude. 

MAURICE,  r.  m.  Nom  d'homme.  Maurhius. 

Le  J-'orr Maurice.  Arx  iMauntia.  Ce  fort  appartient  aux 

;      HoIJandois  ,  &:  il  elt  litué  dans  l'île  de  Maeiiiaii ,  une 
des  jVloluques. 
L'île  Maurice.  Mauruia  Infula.  Il  y  a  une  Ile  de  ce 
nom  dans  la  mer  Glaciale  ,  près  des  côtes  de  la  Mol- 

i  covie  ,  &  une  autre  dans  l'Océan  Ethiopien ,  au  levant 
de  l'île  Bour'Don. 

Saint  Maurice.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Taren- 
taile  ,  en  Savoie.  Fanum  S.  Alauritu. 

Saint  Maurice  ,  autre  petite  ville  lans  murailles.  Fa- 
num S.  Mauncii.  Elle  étoit  autrefois  du  Chablais  ; 
mais  elle  eft  renfermée  dans  le  pays  de  'Valais ,  depuis 
l'an  1475,  que  les  Valéiiens  la  prirent  aux  Ducs  de  Sa- 
voie ,  &c  en  ruinèrent  les  murailles. 

L'Abbaye  de  S.  Maurice  ,  cfl:  un  Monaftèrc  fondé  dans 
le  Chablais  ,  in  Antuatïhus  ,  par  Sigilmond  ,  Roi  de 
Bourgogne,  vers  l'an  $1^.  Agauncnfc  Mon'Jienum. 
Ahbacia  S.  Mauncii  Agaunenjis. 

La  monnoie  de  S.  Maurice,  Mauriciends  moneta.C'é- 
toit  autrefois  la  monnoie  de  l'Abbaye  ,  appelée  Agau- 
nenfe  Monajlerlum ,  &:  depuis  Abbaye  de  S.  Maurice , 
parce  que  l'Églife  étoit  dédiée  à  S.  Maurice.  Appa- 
remment le  type  de  cette  monnoie  étoit  l'effigie  de 
S.  Maurice. 

Ordre  de  S.  Maurice  ,  Chevalier  de  S.  Maurice.  C'eft 
une  Ordre  de  Chevalerie  en  Savoie  ,  inftitué  par 
Amédée  VIII,  l'an  1434,  après  qu'il  fe  fut  retiré 
avec  quelques  uns  de  fes  Courtifans  à  Rivière  ,  qu'on 
nomme  aujourd'hui  Polèle.  La  Hn  de  cet  Ordre  étoit 
de  combattre  contre  les  Hérétiques.  L'Ordre  de  S. 
Maurice  fut  uni  à  celui  de  S.  Lazare,  en   1454. 

MAURICK.  Nom  d'un  lieu  qu'on  nomme  aulfi  Mo- 
rich  ,  fitué  entre  Grave  &  Utrecht  j  fur  le  bord  de 
la  Meute  ,  à  gauche.  Maunaricium. 

MAURIENNE  ,  ou  MORIENNE.  Nom  d'une  pro- 
vince ,  ou  contrée  de  la  Savoie ,  Maurienna  j  Mauria- 
na,  Moriana.  Elle  s'étend  tout  le  long  de  l'Arc,  de- 
puis fa  fource  julqu'à  quelques  lieues  au  delFus  de  fon 
embouchure ,  ayant  au  levant  les  Alpes ,  qui  la  fé- 
parent  du  Piémont;  au  nord  ,  la  Tarantaife  ,  Se  la  Sa- 
voie propre  ,  ik  ailleurs  le  Dauphiné. 

MAURILLE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Maurilio ,  Mauri- 
lius.  C'eft  le  nom  d'un  faint  Evêqne  d'Angers  j  qui 
vivoit  fur  la  fin  du  IV^  &c  V^  fiècle.  U  y  a  auHi 
un  S.  Maurille  ,  Archevêque  de  Rouen  j  dans  le  XI^ 
fiècle. 

MAURISj  qu'on  nomme  autrement  Percale.  Sorte  de 
toile  de  coton  blanche ,  qui  vient  des  Indes  orien- 
tales. 

MAURITANIE.  Nom  d'une  région  de  l'Afrique,  dans 
la  Géographie  ancienne.  Mauriuinia.  Elle  étoit  bor- 
née au  levant  par  la  Numidie ,  &  au  midi  par  la 
Gétulie.  La  mer  Méditerranée  la  baigne  au  nord ,  !k 
l'Atlantique  au  couchant. 

§C?  L'ancienne  Mauritanie  contenoit  la  partie  oc- 
cidentale de  la  Barbarie  ,  où  font  aujourd'hui  les 
Royaumes  de  Tremaen ,  de  Tenès  j  d'Alger ,  de  Bu- 
gie  j  de  Fez  &  de  Maroc. 

ffT  On  diftinguoit  la  MauritanieTin^mne  j  la  Mauri- 
tanie Céfarienle  ,  &  la  Mauritanie  Sitifenfe. 

MAURITZLAND  ,  qui  fignifie  le  pays  de  Maurice. 
Mauritiircgio.  C'eft  un  pays  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  &c  la  partie  de  la  Terre  de  Feu ,  qui  regarde  le 
détroit  de  le  Maire. 

MAURITZ-STAD.  qui  fignifie  ville  de  Maurice.  Mau- 
ruia ,  Mauriciopoiis.  Petite  ville  ,  ou  fort  du  Brefil. 

SAN-MAURO.  Nomd'un  village  du  Royaume  de  Na- 

ples.  FanumS.  Mauri.  Maurum.   Il  eft  dans  la  Ca- 

labre  citérieure  ,  à  trois  lieues  de  Rolfano  ,  vers  le 

couchant.  Ce  village  étoit  anciennement  une  ville  de 

Tome  V. 


891 


la  grande  Grèce.  Elle  fut  épifcopale ,  fuftiagantc  de 
Rhege.  Maty. 
Ctl-MAURS  ,  ou  S,  ETIENNE  DE  MAURS.  Petite 
ville  de  France  ,  en   Auvergne,  Eledtion  d'Auriilac. 
Elle  n'eft  conddérable  que  parce  qu'elle  eft  le  chel- 
lic'U  d'une  des   quatre   Prévôtés  qui   compofenr  les 
Et.its  de  la  haute  Auvergne  ,  qu'on  ne  convoque  plus. 
MAUSAC^ou  MOZAC.  Nom  d'une  Abbaye  de  Fran- 
ce. Maiijuicum ,  Mawjiacum ,  Alau^acus.  Elle  eft  en 
Auvergne  ,  du  Diocèle  de  Clermont ,  Ik.  dans  le  terri- 
toire de  Riom.  C'eft  une  obédience  de  Cluni.  Valois, 
Not.  Gall.p.  326. 
MAUSE.  Nom  d'un  lieu  du  pays  Chartrain.  Maufus  in 

Carnutibus.  Valois  ,  l'Iot.  Gall.p.  Ji  j. 
NAUSIME.  f  ni.  Nom  d'homme.  Mayfimus.  Saint 
Maujime  iioii  Curé  d'un  village  près  de  Cyr,  que 
Théodorct  loue  par  les  grandes  aumônes. 
MAUSOLÉE.  1.  m.  Tombeau  magnifique  qu'on  élève 
pour  quelque  Prince  ou  autre  perlonne  illuftre. 
Maufolaum  ,  fepulchrum  magnificum.  On  le  dit  aulfi 
des  repréfentations  de  tombeaux  qui  le  font  dans  les 
pompes  funèbres.  Il  y  avoit  un  luperbe  Maufolée 
élevé  dans  le  Chœur  de  la  Cathédrale  j  aux  obfé- 
ques  de  ce  Prince.  On  ordonna  que  la  Religion  cle- 
veroit  un  magnifique  Maufolée  au  Grand  -  Maître. 
BouH.  Les  fix  vers  que  j'ai  promis  au  marbre  de  ton 
Maufolée  ,  feront  pleurer  toute  la  terre.  Mai.  Une 
Relation  de  la  Chine  dit  qu'il  y  a  dans  ce  pays  là  6S5 
Maufolées.  On  a  appelle  aulll  Maufolée ,  la  châlle  d'un 
Saint. 

Que  cet  homme  important ,  ce  grand.  Panégy rifle  , 
Drefjé  un  beau  Maulolée  à  la  gloire  d'Arfle  ; 
Quand  de  fes  vers  malins  il  le  rend  protecteur. 
Et  de  fon  cher  Lutrin  le  complice  &  l'auteuj  ! 

Anonyme. 

Ce  mot  a  été  emprunté  du  nom  de  Maufole  j  Roi  de 
Carie  ,  à  qui  fa  veuve  Artémile  fit  bâtir  un  tombeau  fi 
magnifique ,  qu'il  a  pallé  pour  une  des  (ept  merveilles 
du  monde.  Se  qui  de  fon  nom  tut  appelé  Maufolée. 
Et  de-là  tous  les  tombeaux  ornés  &  luperbes  le  font 
apellés  Maufolées. 

tP"  MAUSSADE,  adj.  de  t.  g.  Ce  mot  eft  compofé  de 
fade ,  vieux  mot  François  ,  qui  fignifie  propre  ,  net , 
gentil.  Ainfi  mauffade  veut  dire  ,  qui  eft  fale  ,  mal- 
propre ,  de  mauvaile  grâce.  Infulfus  ,  injucundus  , 
fpurcus.  Il  s'applique  à  ceux  qui  font  mal-propres 
en  habits  ,  à  ceux  qui  font  laids  de  corps  &c  de  vi- 
figej  &  à  ceux  qui  font  d'une  humeur  grollîère  & 
incivile.  Cet  homme  eft  très  -  mauffade  ,  mauffade 
dans  tout  ce  qu'il  fait.  Ce  Juge  d\.  mauffade  cnveis 
les  parties. 

On  le  dit  aufll  d'un  ouvrage  mal  fait ,  mal  conf- 
truit.  Cet  habit  eft  maufjade.  Ce  bâtiment  eft  mauffade. 
AcAD.  Fr. 

MAUSSADEMENT.  adv.  D'une  manière  mauftade.  In- 
conditè  ,  ruflice.  Cet  ouvrier- travaille  mauffadement. 
Il  fait  tout  mauffadement. 

MAUSSADERIE.  f.  f.  Mauvaife  grâce  ,  façon  défagréa- 
ble  ,  mal-propre.  Cette  femme  eft  d'une  mauffaderie 
infupportable.  §C?  Si  un  Peintre  nous  oftroit  Vénus 
peinte  groftîèrement  ,  d'une  façon  ignoble  ,  avec  le 
teint  hâlé  d'une  balfe  villageoile;  quand  même  cette 
figure  feroit  ,  dans  fa  mauffaderie  ,  corredle  ,  bien 
coloriée  &  bien  peinte,  ne  pourrions-nous  pas  dite, 
que  celui  qui  en  feroit  l'auteur  ,  auroit  fait  un  mau- 
vais ufage  du  langage  de  la  peinture  ?  Coypel. 

MAUTALENT.  f  m.  Vieux  mot.  Colère  ,  defir  de  pu- 
nir, de  fe  venger. 

MAUTÉ.  Cf.  Vieux  mot.  Diminutif  de  mauvaiftié  ,  qui 
a  été  dit  pour  méchanceté. 

fa"  MAUVAIS,  AISE.  adj.  C'eft  Toppcfé  de  bon.  Ce  mot 
s'applique  généralement  à  tout  ce  qui  a  quelque  vice  ou 
quelque  défaut ,  tant  dans  le  phyfique  que  dans  le  mo- 
ral, à  tout  ce  qui  n'a  pas  les  qualités  relatives  à  l'ufige 
qu'on  fe  propofe  de  faire  d'une  chofe  ,  à  l'utilité 
qu'on  en  attend  ;  à  ce  qui  eft  nuifible ,  fâcheux  ,  &c. 
acceptions  dont  on  verra  des  exemples  dans  les  ar- 

Vvvvv  i; 


^z  M  A  U 

ticles  fuivans.  Ce  mot  fe  die  également  des  pcrfonnes 
•&  des  chofes. 

Ce  mot  vient  du  Latin  Malus.  Du  Cange  Se  M. 
-Huet  le  dérivent  bien  mieux  de  maUjîcus  :  le  der- 
nier prétend  que  les  Italiens  ont  Formé  leur  Mdl- 
vagio  de  mauvais  ,  qu'il  croit  qu'on  prononçoit  au- 
tretois  maujais. 
|p°  Mauvais  ,  appliqué  aux  perfonnes  ^fe  dit  au  rno- 
ral  de  celui   qui  a  quelque  vice  ou  quelque  déraut 
eilemiel,  qui  ell  dangereux  j  qui  veut  faire  du  mal. 
Un  mauvais  honuiie  ,    une    mauvaij'c  femme  ,   un 
jnauvais  efprit  ,   un  mauvais  cœur  ,  une   mauvaifi 
tête,  un  mauvais  voilin  ,  un  mauvais  garnement.  On 
appelle  le  diable  ,  mauvais  ange. 
ifT  Quoique  mauvais  &  méchant  foient  ordinairement 
employés   comme  lynonymes  ,  néanmoins  méchant 
cfl:  un  peu  plus  fort,  &  dit  quelque  chofe  de  plus 
odieux.  Le  mauvais  ,   dit   M.  l'Abbé  Girard  ,  Tell 
par  emportement  -,  il  eft  violent.  Quand  il  nuit  ,  il 
fatisfait  fa  pallion.    Pour  n'en  rien  craindre  ,  il  ne 
faut  pas  l'otiénfer.  Le  méchant  ,  l'ell:  par  tempéja- 
aTient',il  eft  dangereux;  quand  il  nuit  ,  il  luk  Ion 
inclination.   Pour  en  être  à  couvert,  le  meilleur  eft 
<Je  le  fuir.  Le  poltron  fait  le  mauvais  ,  quand  il  ne 
voit  point  d'ennemis. 
|Cr  Mauvais  ,  iignitie   auftî  qui  n'a  pas  les  qualités 
qu'il  devroit  avoir,  ni  celles  qui  font  relatives  à  1  u- 
tilité  qu'on  eu  attend  ,  à  l'idée  qu'on  en  a,  à  l'u- 
fage  qu'on  en  veut  faire.    Dans  cette  acception  ,  il 
fe  joint  comme  épithète  à  prefque  tous  les  fubftan- 
tifs  de  la  langue. 
fCf  C'eft  ainli  que  l'on  dit ,  mauvais  pain,  mauvais  vin  ^ 
mauvaife  chère.  Mauvais  air,  mauv ais  \\iiL%t ,  mau- 
vaife  aciion ,  mauvaife  réputation.  Mauvais  méûex  , 
mauvais  ouvneu  ,  mauvais  qv^icmï  ,  mauvaife  façon 
de  parler.  Mauvais  habit. 
fCF  Mauvais  ,  chÉriF ,  confidérés  comme  fynonymes, 
en  tantqu'ils  marquent  une  forte  d'inaptitude,  à  être 
avantageufeinent  placés  ou  mis  en  ufage. 
|KF  L'inutilité  &•  le  peu  de  valeur  rendent  une  chofc 
chétive.  Les  défauts  &  la  perte  de  fon  mérite  la  ren- 
.deiit  mauvaife.   C'eft  pourquoi  on  appelle  un  mau- 
vais Chrétien,  celui  qui  manque  de  toi  ,  ou  qui  a 
perdu  par  le  péché  la  grâce  du  baptême.  Un  mauvais 
fujet ,  eft  celui  qui  fe  lailfant  aller  à  un  penchant  vi- 
cieux ,  ne  veut  pas  travailler  au  bien. 
§3"  En  fait  de  chofes  d'ufage,  chétifdk  plus  que  mau- 
vais. Ce  qui  eft  ufé  ,  mais  qu'on  peut  encore  porter 
au  befoin,  eft  mauvais.  Ce  qui  ne  peut  plus  fervir, 
eft  chétif.  Voyez  ce  mot.  Un  mauvais  habit ,  n'eft 
pas  toujours  la  marque  du  peu  de  bien.  Svn.  Fr. 

Il  eft  dit  dans  la  Coutume  de  Nivernois,  par  ma- 
nière de  proverbe  ou  d'axiome,  le  mauvais  emporte 
le  bon  :  cela  veut  dire  ,  que  quand  de  deux  perfon- 
nes  mariées  ,  l'un  eft  de  condition  fervile  ,  &:  l'autre 
de  condition  franche  ,  leurs  entans  font  de  pire  con- 
dition envers  le  Seigneur,  c'eft  à  dire  ,  de  condition 
fervile. 

On  appelle  le  mauvais  riche ,  celui  dont  J.  C. 
parle  dans  S.  Luc,  XVI.  19.  &  luiv.  dv'  dont  il 
fait  une  parabole  fl  touchante  ,&  on  l'appelle  ainfî, 
parce  qu'il  n'avoit  point  pitié  des  pauvres.  La  pa- 
rabole du  mauvais  Riche.  Le  fermon  du  mauvais 
Riche. 
Mauvais  ,  fe  dit  aulTî  pour  incommode  ,  fâcheux,  dif- 
ficile. Difficilis  ,  moTofus.  Il  eft  tantôt  en  bonne  ,  & 
tantôt  en  mauvaife  humeur. 
Mauvais  ,  fignilie  aufti  ce  qui  eft  nuilible  ,  dange- 
reux. Periculafus  ,  damnofus  ,  trifïis.  Les  excès  font 
mauvais  pour  la  fanté.  Le  ferein  eft  mauvais  pour 
les  vieillards.  Le  fruit  eft  mauvais  pour  certains 
efti'nr.acs. 
tJCT  Mauvais  ,  eft  quelquefois  employé  comme  fyno- 
nynie  de  fmiftre  ,  qui  préfage  quelque  mal.  C'eft 
ainfl  qu'on  dit,  qu'un  homme  à  une  mauvaife  phy- 
fionomie  ,  &  que  le  peuple  regarde  le  hibou  comme 
un  oifeau  de  mauvais  augure. 
|JO°  On  nppelle  mauvais  lieux  ,  des  lieux  de  débauche  ; 
èc  femmes  de  mauyaife  vie ,  des  femmes  proftituées. 


M  A  U 

^pr  On  dit  en  ftyle  familier ,  faire  le  mauvais  ,  ma» 
nacer  de  battre  ,  de  faire  du  défordre. 

IJ3'  Ce  terme  employé  avec  la  négative  ,  fîgnifîe  deux 
chofes  aOez  di.térences  ,  &  fert  également  à  dimi- 
nuer le  mérite  d'une  chofe  qu'on  veut  louer  fobre- 
inent ,  &  à  relever  le  mérite  de  celle  dont  on  veut 
faire  l'éloge  ,  félon  le  ton  qu'on  y  donne.  Ainfi  quand 
on  dit  qu  une  chofe  n'eft  pas  mauvaife  ^  c'efi  dire 
qu'elle  eft  aftez  bonne  ,  médiocrement  bonne  ,  ou 
bonne ,  &  même  fort  bonne  :  ce  qui  dépend  de  la 
manière  de  prononcer.  Les  vendanges  ne  font  pas 
mauvaifcs  cette  année.  Ce  ragoût  n'eft  pas  mauvais. 
Il  n'eft  pas  en  mauvaife  poff ure  à  la  Cour.  On  dit 
ironiquement  ,  vraiment  cela  n'eft  pas  mauvais  , 
quand  on  fiit  connoître  qu'on  n'approuve  pas  une 
chofe  :  cxpreflîon  tamilière. 

U^Trouvet  une  chofc  mauvaife  ,  c'eft  ne  la  trouver  pas 
à  fon  goût.  \Jn  malade  trouve  le  vin  mauvais.  Ce 
ragoût  eft  mauvais. 

On  dit ,  prendre  quelque  chofe  en  mauvaife  part; 
pour  dire,  la  prendre  mal,  lui  donner  un  fens  fâ- 
cheux ,  un  fens  dcfavantageux.  In  malam ,  in  fi- 
niflram  partem    accipere. 

Mauvais  ,  fe  prend  quelquefois  fubftantivement.  Il 
a  cela  de/77aziva/,j ,  qu'il  ciitique  fanscetle.  Montagne 
dit  au  hafnrd  tout  ce  oui  lui  vient  à  l'efprif,  rifquant 
le  bon  pour  le  mauvais ,  ik  le  mauvais  pour  le  bon. 
Voye\  Vigneul  Marville.  Il  y  a  du  bon  &  du  mau- 
vais dans  cette  pièce.  Le  peuple  appelle  le /nauvaij, 
le  Diable. 

Du  Cange  dit  que  les  Anciens  l'ont  appelé  Maufés 
quafî  maleficus ,  ou  malefacius. 

Mauvais,  fe  dit  aulli  adverbialement.  Malè ,  gra- 
viter. Il  fent  mauvais.  U  fait  mauvais  femer.  Il  fait 
mauvais  marcher  en  cette  laifon.  Expreflion  popu- 
laire, au  moins  familière.  Il  tait  mauvais,  fimple- 
ment  J  fignitîe,  le  temps,  ou  le  chemin,  n'eft  pas 
beau. 

On  dit  aufîl  par  manière  d'excufe  ,  lorfqu'on  fait 
quelque  chofe  qui  peut  déplaire  ,  Ne  trouvez  pas 
mauvais  ,  fi  je  prens  parti  contre  vous  en  faveur 
de  mon  ami  ?  On  ne  doit  point  trouver  mauvais  , 
que  chacun  détende  foji  bien.  Qu'on  le  trouve  bon 
ou  mauvais  ,  je  n'en  ferai  ni  plus  ni  moins.  On  par- 
leroit  mal  fi  on  difoit.  Ne  trouvez  point OTa/^va^yê,- 
une  fl  juf1:e  &  fi  honnête  curiofité.  Bouh. 

Il  faut  dire  ,  ne  trouvez  point  mauvais  ,  quoi- 
que le  fubftantif  qui  fuit ,  fbit  féminin.  Je  trouve 
mauvais\-x  liberté  que  vous  avez  prife.  Nouv.Rem. 
Et  la  raifon  en  eft  que  mauvais ,  dans  ces  fortes 
de  phrafes  s'emploie  adverbialement. 

MAUVAISTIÉ.  f".  f.  Méchante  qualité  d'une  chofe, 
ou  d'une  aétion ,  méchanceté,  malice.  GloJ],fur 
Marot.  C'eft  un  vieux  mot  hors  d'ufage.  Pravitas  , 
malitia. 

Tu  prétends  finement  par  cette  mauvaiftie. 

Lui  donner  plus  d'amour ,  à  moi  plus  d'amitié. 

Régnier. 

MAUVE ,  ou  MOUETTE,  f.  f.  Nom  d'un  oifeau. 
C'eft  un  oifeau  aquatique  ,  de  la  grofteur  d'un  gros 
pigeon  ,  d'une  couleur  blanche  cendrée  :  Ion  bec 
eft  long  ,  pointu  ,  noir ,  fort  luifant  ,•  Sa  tête  eft 
grande  &  greffe  ;  Ses  pieds  font  garnis  d'ongles 
forts  &  vigoureux.  Il  fiit  fbn  nid  fur  les  rochers. 
On  en  voit  de  diftérentes  grandeurs  ,  fuivant  les 
difterentes  clpèces.  Il  vole  très- légèrement.  Il  eft 
très  vorace  ,  &  fe  nourrit  de  portions  ,  de  vers  , 
de  limaçons ,  de  fautcrelles ,  &  de  diverfes  phalanges.      „ 

|Cr  II  y  a  la  mouette  blanche,  Larus  albus ;  la  brune,      1 
larus  fufcus  fvè  Hyhernus  ,  la  cendrée,  cincrcus  ,6c      ' 
la  grande  mouette  grif'e  ,  larus  cinercus  maximus. 

MAUVE,  f.  f.  Plante  dont  il  y  a  pluileurs  efpèccs. 
Malva.  La  mauve  commune  a  une  racine  fimplc  , 
blanche,  d'un  goût  doux  &  vifqueux.  Elle  poulie 
plufieurs  tiges  rondes ,  velues  ,  mocUeufes  ,  rameu- 
fes ,  longues  d'environ  une  coudée  &:  demie.  Ses 
feuilles    font   prefque  rondes  ,  un   peu  découpées  j 


MAX 

velues  j  molles ,  de  coulcuc  verte-brune  ,  dcntclces 
tn  leurs  bords.  Ses  Heurs  font  des  cloches  coupce:. 
en  cinq  parties  julqucs  vers  la  baie,  de  couleur  pur 
purine-pâle,  ou  blanchâtre,  mclcc  de  raies,  d'un 
purpurin  toucé.  Son  huit  ell  aplati  en  rolette  ,  ou 
crbiculairc ,  rclleniblant  à  un  petit  nombril,  d'un 
goût  fade,  vilqueux  ;  il  renferme  des  lemem  es 
menues  qui  ont  Ja  figure  d'un  petit  rein.  En  Latin 
malvu  vul^aris  , flore  majore  ,  jol'io  flnuato.  J.  Badu. 
Cette  plante  cil  fort  cniolliente ,  d'où  elle  a  tire 
fou  nom  ;  elle  cil:  aulll  propre  pour  adoucir  Ik  pour 
humedlcr.  On  s'en  tert  pour  les  lavenicns,  pour  les 
fomentations  ,  pour  les  cataplafmes. 

Il  y  a  une  mauve  de  jardui  dont  la  tige  vient  à  la 
hauteur  d'un  arbrillcau  ,  &c  qui  a  des  Heurs  grandes 
comme  des  rôles  ,  de  couleur  rouge  incarnate  ,  ou 
blanche  j  ou  tirant  lur  le  purpurin  j  ou  rouge  noi- 
râtre. On  l'appelle  Malva  rofea  folio  rocundo. 

Il  y  a  encore  une  mauve  en  arbre  ,  haute  de  fix 
ou  fept  pieds,  dont  les  Heurs  font  pareilles  à  celles 
des  mauves  ordinaires  ,  d'une  belle  couleur  rouge. 
Ses  feuilles  lont  grandes  ,  prefque  rondes.  En  Latin 
malva  arborea  ,  Vencta  dicia  ,  parvo  flore. 

Mauve  d'Inde,  Mauve  du  Japon.  P^oye':^  Rose  de 
LA  Chine. 

Mauve.  Nom  d'une  petite  rivière  de  France  qui  fe 
jette  dans  la  Loire  à  Mchun  fur  Loire  ,  dans  laBauce. 
Valois ,  A^or.  Gall.  p.   jij. 

MAUVIETTE,  f.  f.  Efpèce  d'alouette.  Une  douzaine 
de  mauviettes.  A  Paris  on  appelle  mauviettes ,  les 
alouettes  mêmes.  Foye\  ce  mot. 

MAUVIS.  f.  m.  Efpéce  d'oifeau  gros  comme  un  pi- 
geon ,  qui  fe  plait  à  voler  fur  les  eaux.  Il  eft  appelé 
en  Latin  malvicius  par  quelques  Auteurs,  f^oyc'^ 
Mauve. 

Mauvis  ,  e(l  auHî  une  efpèce  de  grive  qui  eft  de  la 
troifième  grandeur  ,  moindre  que  la  grive  com- 
mune. En  Latin  turdus  liber.  Voyez  Grive. 

Mauvis  ,  font  aullî  de  grands  oifeaux  qui  ont  des 
ailes  grisâtres  ,  &  le  refte  du  corps  blanc ,  qu'on 
trouve  vers  le  cap  de  Bonne-Efpérance ,  que  les 
Pilotes  appelles:  Gaivotons. 

On  dit  proverbialement  en  Fauconnerie ,  les  Fau- 
cons ont  engendré  les  mauvis. 

Mauvis.  Foyci  Menelé. 

MAWARALNAHRA.  Nom  d'une  grande  Province 
qu'on  appelle  aulîl  Maurenaher ,  Usbeck  ,  &  Za- 
gaïay ,  grande  région  de  l'Ahe.  Mawaralnahra  , 
Usbechia  ,  Zagataia.  On  la  comprend  fous  la 
grande  Tartarie ,  &  on  la  borne  au  midi  par  la 
Perfe  ,  au  levant  par  le  Turqueftaii ,  &  au  nord  par 
les  Tartares  Kal  mules. 

MAUX.  C'eft  lepluriel.de/wi2/.  Mala.  Yoyez  Mal. 

MAX. 

MAXENCE.  f.  m.  Nom  d'homme.   Maxentius. 

Maxence.  f.  f.  Eft  un  nom  de  femme.  Maxentia. 

MAXI.  Nom  d'une  ville  de  la  Natolie  ,  en  Afie. 
Alaxla  ,  anciennement  Loryma  ,  Laryma. 

MAXIANOPOLI.  Nom  d'une  ancienne  ville  de  la 
Thrace  ,  fondée  par  l'Empereur  Maximien.  Maxi- 
mianopolis.  Ce  n'eft  maintenant  qu'un  bourg  de 
la  Romanie,  litué  à  ving  lieues  d'Andrinople ,  en 
tirant  vers  les  confins  de  la  Macédoine ,  &  le  golfe 
de  Contelfa.  Maty. 

MAXILLAIRE,  adj.  Terme  d'Anatomie ,  dans  lequel 
il  faut  prononcer  les  deux  //,  &  ne  les  point  mouil- 
ler. Qui  appartient  aux  mâchoires  ,  qui  y  a  rapport. 
Maxillaris.  Ce  nom  fe  donne  aux  os ,  aux  glan- 
des ,  aux  artères  &  aux  nerfs  des  mâchoires. 
MAXIME,  f.  f.  Règle,  principe,  fondement  de  quel- 
que art ,  ou  fcience.  Régula  ,  axioma  ,  fentenda  , 
cffatum  ,  pLacitum  ,  pronunciatum.  C'eft  une  maxi- 
me d'État  de  ne  pomt  fouftrir  qu'un  fujet  foit  trop 
puillant.  Machiavel  établit  des  maximes  dangereu- 
ies  dans  fa  politique.  On  a  de  la  peine  a  établir 
des  maximes  générales  ,  &  qui  fervent  de  règle  par- 
'  tout.  L'enHurc  des  maximes  des  Stoïciços  n'a  jamais 


M  A  Y  893 

fiit  de  Sages  qu'en  idée.  G.  G.  On  ne  fent  guère 
la  Ijullèté  d'une  maxime  donc  on  recueille  l'uiilitc. 
S.  ÉvR. 

Si  tout  périt  avec  la  vie. 
Quel  droit  efl /acre' pour  l'impie? 
Il  n'cfl  plus  ni  venu,  ni  foi , 
Tout  efl  permis  &  légitime  , 
Il  ne    lui  reflc  pour  maxime. 
Que  de  tout  rapporter  a  foi. 

Maxime,  fignifie  encore.  Axiome,  fcntcncc,  apoph- 
thègmc.  Effatum  ,  axioma  ,  pronuntiatum.  Les 
maximes  morales  de  M.  de  la  Rochefoucault  font 
fort  ingénieules.  Le  ftyle  des  maximes  doit  être  vif 
t<c  ferré.  C'eft  une  maxime  générale ,  que  l'amour 
propre  eft  le  reftort  de  toutes  nos  adlions.  C'eft  une 
maxime  de  ne  point  laire  à  autrui  ce  que  nous  ne 
voudrions  pas  qui  fût  fait  à  nous  tnêmcs. 

Ce  mot  vient  de  maxima  ,  qu'on  a  du  dans  la 
balle  Latinité  en  la  même  lignification.  On  le  dit 
aullî  en  Angleterre. 

Maxime,  en  termes  de  Mufique  ,  eft  la  plus  grande 
de  les  notes ,  qui  vaut  1 2  mefures ,  &  eft  figurée 
par  un  carré  long  avec  une  queue.  Maxima.  Salo- 
mon  de  Caux  dit  qu'elle  ne  contient  que  huit  me- 
iures.  §Cr  On  n'emploie  plus  guère  la  maxime ,  de- 
puis qu'on  fépare  les  mefures  par  des  barres.  On 
remplit  ordinairement  chaque  mefure  de  blanches 
accolées  par  des  liaifons  pour  marquer  les  tenues. 

MAXIMIANISTE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  Sede.  Maxi^ 
mianifla.  Les  Maximianifles  étoient  des  Donatiftes, 
ainfi  nommés  de  Maximien ,  Diacre  de  Carthage  , 
fur  la  fin  du  IV*  lîècle. 

MAXImIEN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Maximianus. 
L'Empereur  Maximien ,  qui  fe  nommoit  Marcus 
Aurelius  Valerius  Maximianus  ,  comme  on  le  voie 
fur  fes  médailles ,  fut  Collègue  de  Dioclétien  à  l'Em- 
pire. 

MAXIMIN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Maximinus.  C. 
Jul.  Maximin,  Thrace  de  nation,  fils  d'un  Goth, 
nommé  Mic^as ,  &  d'une  Alaine  qui  s'appeloit 
Ababa  ,  fut  de  berger  foldat,  de  foldat  Officier  dans 
l'armée  d'Alexandre  Sévère  ,  après  lequel  l'armée 
le  proclama  Empereur  en  23/.  Voye\  Jules  Capi- 
tolin 

Saint-MAxiMAiN.  Nom  d'une  petite  ville  de  France. 
Fanum  S.  Maximini.  Elle  eft  dans  la  Provence  , 
fur  la  rivière  d'Argent ,  à  fix  lieues  d'Aix  ,  vers  le 
levant. 

§Cr  MAXIMUM,  f.  m.  Terme  de  Mathématique 
emprunté  du  Latin ,  pour  exprimer  le  plus  haut 
degré  où  une  grandeur  puifte  atteindre  ,  l'état  le 
plus  grand  où  une  quantité  variable  puiflè  parvenir. 
Son  oppofé  eft  minimum  ,  qui  marque  le  lieu ,  le 
point  où  une  quantité  devient  la  plus  petite  qu'il 
eft  pollible.  Le  maximum  eft  oppofé  au  mini- 
mum. Courbes  qui  ont  un  maximum  ôc  un  mini- 
mum. 

MAY. 

MAY.  F'oye:(  Mai. 

MAYA.  Nom  d'un  bourg  d'Efpagne.  Maya.  Ce  lieu 
eft  fortifié  ,  &  fitué  dans  la  Navarre  ,  à  la  fource 
de  la  Bidalfe  ,  entre  Pampelune  &  Bayonne.  Maty, 
Voyei  la  Carte  de  M.  De  Lifle." 

MAYE  F'oye^MAiE. 

MAYENCE-  Prononcez  Ma-ïence,  &  ne  faites  point 
un  diphtongue  de  ay.  Nom  d'une  ville  du  Cercle 
Eleftoral  du  Rhin  ,  en  Allemagne.  Magontiacum , 
dans  Tacite  ,  L.  IV.  hift.  c.  /  5.  &  dans  Am.  Mar- 
cellin  ,  Mûcontiacum  ;  dans  Ptolomce  Magontia  ; 
dans  Plutarque  Moguntia  ,  Moguntiacum.  Elle  eft 
capitale  de  l'Archevêché  de  Mayence  ,  &  fituée  fur 
le  Rhin  ,  vis-à-vis  de  l'embouchure  du  Mein  ,  à  fept 
lieues  de  Francfort. 

Mayence  eft  à  25  d.  45  m.  de  longitude  ,  Se  $0 
à.  X  m.  de  latitude.  Acad.  des   Se.  Selon  Ivl.  de 


^94 


M  A  ^ 


Lj 


Callini ,  long  15  d.  ji',    }o",  lat,  49.  d.   54'. 

L"Archcvcché  de  Mayence.  Moguniina  D'uio.  C'cft 
un  des  Etats  du  cercle  Eleifloral  du  Rhin  ,  en  Alle- 
magne. Il  eft  étendu  en  foirai  de  demi  -  cercle  , 
dans  la  Wétéravie  ,  &  dans  la  Franconie  ,  depuis  le 
Comté  de  Spanlieim,  jufqu'au  Duché  de  Wurtem- 
berg,  en  Souabe. 

Mayence.  Terme  de  Flcurifte.  Tulipe  qui  entre  en 
fleur  incarnate  &  chamois  ,  puis  elle  hrit  paroitre 
du   colombin  &  du   rouge.  Morin. 

MAYENNE,  MAYNE,  ou  MAYENNE  DE  JU- 
HEL.  Meduana  ,  Mcduana  Juhelli.  Nom  d'une 
ville  de  France  lîtuée  dans  le  Maine,  fur  la  rivière 
de  Mayenne  ,   à  dix-huit  lieues  au-delTus  d'Angers. 

Mayenne.  Nom  d'une  rivière  de  France.  Meduana, 
Medana,  Medlana  Elle  a  fa  Iburce  aux  contins  de 
la  Normandie  ,  traverlé  le  Maine ,  où  elle  baigne 
Mayenne  &  Laval  ;  enfuite  entrant  dans  l'Anjou 
■elle  reçoit  la  Sarte  &  la  Loire,  &  ayant  baigné  An- 
gers ,  elle  le  décharge  peu  après  dans  la  Loire. 
Maty.  'Vallois  Not.  Gall.  p.  328. 

^3"  Mayenne.  Plante.  Voye-^  MÉLONcâNE. 

§:7MAYEQUES.  f.  m.  pi.  On  appeloit  ainfi  chez 
les  Mexicains  un  ordre  d'hommes  tributaires  ,  à  qui 
il  n'étoit  pas  permis  de  polléder  des  terres  en  pro- 
pre j  &  qui  ne  pouvoient  les  tenir  qu'à  rente,,  ar 
tachés  pour  toujours  à  la  terre  qu'ils  labouroient , 
fans  pouvoir  la  quitter  pour  en  prendre  une  autre. 

'MAYET.  Nom  de  lieu.  Maiatum.  C'étoit  autrefois 
un  Château  du  Maine. 

MAYEUL.  f  m.  Quelques  uns  difent  aulfi  YV/a>t;/; 
miis  l'ufage  ell  pour  Mayeul.  En  Latin  Majolus. 

Congrégation  des  Clercs  Réguliers  de  S.  Mayeul, 
appelés  communément  Somafques.    F'ojc-^  Somas- 

Q,U£. 

MAYEUR.  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  dans  quel 
•  ques    Provinces  le    premier   Ofticier  de  l'Hôtel   de 
Ville ,  que   l'on  nomme  Maire  dans   d'autres  ,  les 
Mayeur  &  Echevins  de  Calais. 

MAYNEAU.  f.  m.  Terme  d'anciennes  fortifications. 
Tour  balle,  apphquée  par  dehors  contre  les  murs 
d'une  ville  pour  leur  déknfe.  Turrls  humïlïor  mûris 
applicata. 

MAYO.  Nom  de  l'une  des  îles  du  Cap-verd  en  Afri- 
que. Mail  Infula.  Elle  eft  à  l'orient  de  celle  de  S. 
Jacques,  &:  elle  eft  conlîdcrable  par  la  quantité  de  Ici 
qu'y  font  les  Portugais  qui  en  iont  lesmaïues.  Maty. 

Le  Comté  de    Mayo.  Majenfis  ,  ou  Mayonaifis  Co 
mitatus.  Contrée  de  la  Connacie ,  en  Irlande.   Elle 
eft  bornée  au  levant  par  les  Comtés  de  Slégo  &  de 
Rofcomen  ;   au  midi  par  celui   de    Galloway  ,    6c 
ailleurs  par  l'Océan  occidental. 

MAYON.  f.  m.  Nom  d'une  monnoie  de  la  Chine. 
Un  mayon  vaut  neuf  fous  de  notre  monnoie. 

Chaque  Chinois  ,  depuis  16  ans  julqu'à  jj  , 
paye  deux  mayons  j  qui  font  1 8  fous  de  notre 
monnoie.   Abbé  de  Choisy. 

MAYOTTE.  Les  lies  de  la  Mayone  ,  ou  de  Comorre. 
MajûU  infuU.  C'eft  un  peloton  de  petites  iles ,  li- 
îuées  dans  la  mer  de  Zanguébar  ,  entre  la  côte  de 
Zanguébar  ,  &:  l'ile  de  Madagafcar  Elles  font  fous  le 
I  2^  degré  de  latitude  méridionale  ,  &  elles  prennent 
le  nom  de  Mayota ,  qui  eft  la  plus  méridionale  de 
toutes.  Maty. 

MAYRE.   Foyei  Kilmare. 

MAYS.   Foyèi  Mais. 

MAYTEN.  f.  m.  Nom  d'un  arbre  de  l'Amérique  mé- 
ridionale. Frézier,  /'•  I0(}^ 

■     M  A  Z. 

MAZACA.  Ma-{aca.  Ma-{aca ,  grande  ville  métropole 
de  Cappadoce.  C'eft  la  même  que  Céfarée  de  Cap- 
padoce  ,    patrie  de  S.  Balile. 

MAZAGAN.  Nom  d'une  ville  du  Royaume  de  Ma- 
roc en  Barbarie.  Maia;^anum.  C'eft  une  place  for- 
te ,  fuuée  fur  la  côte  de  la  province  de  Ducala  ,  près 
de  l'embouchure  de  l'Ommirabi  ;  la  mer  l'enviromic 
d'un  côté ,  &  elle  a  de  l'autre  un  folié  fort  large  & 


M  A  Z 

fort  profond ,  que  la  mer  rcinplit ,  lorfque  la  ma- 
rée eit  haute. 

MAZAGAN  r.  Foyei  Mosta-gan. 

MAZALIG.  Ville  ,  ou  plutôt  château  d'Afrique,  dans 
la  province  de  Biledulgérid  ,  à  10  degr.  10  m.  de 
longitude,  &  50  degr.  20  m.  de  latitude. 

MAZANDRAN.  Province  du  Royaume  de  Pcrfe.  Le 
Mu^andraii  s'étend  au  long  de  la  mer  Calpienne, 
c''eft  f  Hyrcanie  des  Anciens.  Hyrcanïa.. 

MAZANGE.Bourg  de  France  ,  dans  la  Beaullé,  Elec- 
tion  de  'Vendôme. 

MAZANGRAN.  Ville  d'Afrique  ,  dans  la  province 
de  Trénieccn  ,  à  une  demi-lieue  de  la  mer  ,  a  treize 
lieues  d'Ortan,  vers  le  Levant. 

MAZARA.  Nom  d'une  ville  épifcopale  de  Sicile. 
Ma\ara. 

La  vallée  deMAZARA.  Ma^arana  vallis.  C'eft  une  des 
trois  provinces  de  la  Sicile.  Elle  eft  bornée  au  levant 
par  les  vallées  de  Démona  &:  de  Noto  ,  &  baignée 
par  la  mer  aux  autres  endroits. 

MAZARIN.  f.  m.  Nom  d'une  famille  Italienne,  ori- 
ginaire de  Sicile  ,  ou  Romaine  félon  d'autres ,  &:  de 
laquelle  étoic  le  Cardinal  Maïaim.  Ma\arinus  Voy, . 
fur  les  Maianns  Naudé  dans  Ion  Malcurat. 

On  appelle  à  Pans  le  Collège  Maiann ,  un 
magnifique  Collège  fondé  &  bâti  fur  le  bord  de  la 
Seine ,  vis  à  vis  du  Louvre ,  par  le  Cardinal  Ma- 
\arin  ,  pour  y  entretenir  quatre-vingt  jeunes  hommes 
des  quatre  Nations ,  fur  lefquelles  la  France  a  fait 
des  conquêtes,  les  Efpagnols ,  les  Italiens,  les  Alle- 
mands J  &  les  Flamands ,  ce  qui  fait  qu'on  l'appelle 
aulli  le  Collège  des  quatre  Nations. 

La  Bibliothèque  Ma\arine  ,  c'eft  la  Bibliothèque 
du  Cardinal  Ma-^arin  ,  qu'il  a  léguée  par  1  eftamenc 
au  Collège  Alaiann  ,  rendue  publique. 

Mazarins.  (.  m.  pi.  On  donna  ce  nom  vers  le  milieu 
du  liècle  palfé  ,  au  commencement  de  la  minorité 
de  Louis  XIV.  à  ceux  qui  étoient  favorables  au 
Cardinal  Maiann ,  &  qui  le  Ibutenoient  contre  les 
Frondeurs.  Il  fut  un  temps  où  l'on  croyoit  dire 
une  grofté  injure  ,  que  d'appeller  quelqu'un  Ma- 
^arin.  Au  milieu  des  plus  grandes  chaleurs  du  Par- 
lement ,  il  y  avoir  beaucoup  de  Ma\arms  dans  ce 
Corps.  Et  à  l'adj.  le  parti  Ma^arln. 

MAZARINESQUE.  adj.  Guy  Patin  appelle  créature 
ma\arinefque  ,  une  perfonne  dévouée  au  Cardinal 
Maiann. 

MAZARINISTE.  f.  m.  &  f.  Terme  qui  fe  fit  durant 
les  troubles  de  la  minorité  du  feu  Roi ,  &:  qu'on  difoit 
de  ceux  qui  tenoient  pour  le  Cardinal  Alazarin.  Ma- 
\anni  fautor. 

MAZARINO.  Nom  d'une  petite  Ville  ,  ou  Bourg  avec 
titre  de  Comté  ,  Ala-^arinum.  Ce  lieu  ,  qui  a  donné 
le  nom  à  la  maifon  que  le  Cardinal  Mazarin  a  ren- 
due célèbre  ,  eft  dans  la  vallée  de  Noto  ,  en  Sicile  , 
à  huit  lieues  de  Terra  Nuova ,  vers  le  nord. 

MAZEL.  f.  m.  C'eft  ainfi  qu'en  certains  pays  de  la 
France  on  nomme  une  boucherie ,  du  Latin  ma- 
cellum  ,  qui  s'appelle  encore  aujourd'hui  à  Rome 
macello.  C'étoit  un  lieu  où  l'on  vendoit  non-leule- 
ment  de  la  viande,  mais  aulîî  du  poiffon  &  d'autres 
viétuailles.  Nous  voyons  la  forme  du  macellum  dans 
une  médaille  de  Néron  ,  au  revers  de  laquelle  ,  fous 
un  édifice  fort  magnifique  ,  on  lit  Mac.  Avg.  Ma- 
cellum Aupufli.  Le  P.  de  Montfaucon  ,  Antiquité 
expl.  T.  III.  part.  I.  p.  179. 

MAZELIN  ,  &  MAZÉRIN.  I.  m.  'Vieux  mot,  qui 
veut  dire  vaifteau  il  boire.   Poculum. 

Et  apportèrent  ejlreims ,  - 

Hanas  ,  coupes ,  &  mazerins.  Phil.  Mousq,ues. 

MAZENDERAN.  Foyei  Masanderan. 

MAZEROELES.  Foye^  Masiers. 

MAZETTE.  f.  f.  Petit  cheval ,  ou  cheval  ruiné  qu'on 
ne  fauroit  faire  aller  ,  ni  avec  le  fouet ,  ni  avec  l'épe- 
ron. Equulus  ,  flrigojus  equus.  Les  chevaux  de  poi- 
te ,  les  porteurs  de  choux  font  des  manettes. 


M  E  A 


Depuis  huit  jours  eiiciers ,  avec  nos  lon<;ues  traites , 
Nous  fommes  à  piquer  t/es  chiennes  de  la.'.ztttes. 

Mol. 

I 

On  dit  aufÏ!  par  cxtenfion  des  peiToniics  qui  ne 
fauroienc  aller  loin  à  pied  ,  qui  ne  liuiroicnt  rien 
porter  j  ou  qui  ne  lavent  pas  bien  faire  une  chofe, 
que  ce  font  de  vraies  ina-^ectes. 

C'efl  auiîi  un  terme  de  mépris,  dont  on  fe  lert 
principalement  contre  un  liommc  qui  ne  {ait  pas 
jouer  à  quelque  jeu  d'elptit  ou  d'adreire.  Il  ne  lait 
pas  jouer  ,  c'eft  une  ma\ette  ,  vous  le  gagnerez  à 
coup  fur.  Ac.  I'r.  Exprellîon  himilière. 

MAZIERES.  Nom  de  pluiieurs  lieux  de  France  ,  qui 
s'ell  formé  du  Latin  Maceriii  ,  qui  iignilie  malu- 
res. 

^^  MAZIL.  f  m.  Terme  de  relation.  Nom  que  les 
Turcs  donnent  aux  Princes  qui  lont  leurs  tributaires, 
quand  ils  font  dépollédés  de  leurs  Etats. 

MAZITA.  Nom  d'une  île  de  l'Afrique.  Ala-^ira.  Elle 
eft  fur  la  côte  méridionale  de  l'Arabie  Hcureufe , 
entre  le  Cap  de  Razalgate  ,  iSc  l'embouchure  du 
Prim. 

MAZOVIE.  Nom  d'une  des  grandes  Provinces  du 
Royaume  de  Pologne.  Ma'^ovia  ,  Mafovia.  Elle  eil 
bornée  au  nord  par  la  Prulfe  ,  au  couchant  par  la 
Cujavie ,  &c  la  grande  Pologne  ,  au  midi  par  la  pe- 
tite ,  &  au  levant  par  la  Lituanie. 

MAZUA.  Nom  d'une  ile  de  la  mer  Rouge.  Ma-^ua. 
Elle  elf  près  de  la  côte  d'Abcz ,  &:  de  la  ville  d'Er- 
coco. 

MAZZAGRAN  ,  ou  MAZAGANT.  Nom  d'une  an- 
cienne petite  Ville  du  Royaume  d'Alger,  en  Barba- 
rie. Mœzagranum  ,  anciennement  Deotum  portus. 
Elle  eft  (ur  la  côte  à  l'embouchure  du  Sencf ,  entre 
Oran  &  Tenez.  Mat  y. 

M  E. 

ME.  f.  de  t.  g.  Pronom  perfonnel ,  fynonyme  de  moi 
ou  je  ;  mais  qui  ne  s'emploie  qu'étant  le  régime  du 
verbe  ,  ou  llmple  ,  ou  compoft; ,  c'ell  à-dite  ,  lorl- 
quc  la  prépoluion  à  eft  fous  entendue.  Il  s'élide  , 
quand  le  verbe  luivant  commence  par  une  voyelle  , 
&  devant  les  particules  y  &  en.  Voyez  moi.  Vous 
me  fcupçonnez  mal  à  propos.  Vous  me  donnez  un 
bon  confcil.  Vous  m'en  parlerez.  Vous  m'y  verrez. 

tfy  On  ne  met  ce  pronom  après  le  verbe ,  que  lorf- 
que  le  verbe  eft  à  l'impéiatif  ,  que  la  phrafe  eft 
affirmative  j  &  que  la  paiticuie  en  fuit  immédiate- 
ment le  verbe.  J  ai  bcioin  de  confeils,  donnez  m'i;/?. 
Vous  m'avez  mis  dans  l'embarras  ,  retirez  m'en. 

fpr  Quant  à  la  particule  y  jointe  au  pronom  ,  elle  ne 
fe  met  jamais  apiès  le  verbe.  Vous  m'y  attendrez , 
je  vous  prie  de  m'y  mener.  Mais  on  ne  dira  pas , 
attendez  m'y  ^  ni  menez  m'y.  Acad.  Fr. 

M  E  A. 

MEACO.  Nom  d'une  ville  du  Japon  ,  fituée  dans 
l'île  de  Niphon  ,  fur  un  golfe  auquel  elle  donne 
fon  nom.  Meacum. 

ME  A  CULPA.  Mots  Latins  en  ufage  dans  le  dif- 
cours  familier.  Dites  votre  meâ  culpâ.  Ces  mots 
font  extrairs  du  Confiteor ,  Sec. 

MÉAGE.  1.  m.  Terme  de  Commerce.  On  appelle 
Droit  de  méage  dans  quelques  villes  de  Bretagne , 
un  droit  qui  fe  paye  à  l'entrée  defdires  villes  ,  Se 
qui  fait  une  partie  de  leurs  deniers  communs  & 
patrimonaux. 

MÉAN.  f.  m.  Terme  de»falines.  On  dit  aulTi  muan. 
Cinquième  réfervoir  d'un  marais  (ahnr:  il  eft  d  en- 
viron vingt-deux  pieds  de  large  j  léparé  d'efpace  en 
efpace  par  de  petites  chaullées. 

MÉANDRE,  f  m.  Nona  d'une  rivière  de'  l'Afie  mi- 
neure, 'ifT  famcijfe  par  la  quantité  de  tours  Se  de 
détours  qu'elle  fait  avant  que  d'arriver  à  ton  em- 
bouchure. Le  nom  moderne  eft  Maire  ;  mais  dans 


Ivl  E  C         89J 

les  tradudions  des  anciens  ouvrages  :  on  dit  toujours 
le  Méandre  j  Meander ,  Meandras ,  Meandrus.  Le 
Méandre  eft  un  Hcuve  de  Phrygie  ,  qui  fort  de  la 
fource  d'HoIocrêne. 

Par  extcnlion  on  donne  le  nom  de  Méandres , 
particulièrement  en  poëlîe ,  aux  détours  &  (inuo- 
lltés  des  rivières ,  à  caufe  que  le  Heuve  Méandre 
en  ctoit  rempli.  Ms.andri.  La  navigation  de  la  Seine 
eft  longue,  à  caufe  de  fes  méandres.  M.  Bernard, 
dans  fon  Traité  de  la  jonction  des  Mers,  dit  qu'en 
coupant  quelques  détoufs  &  méandres  de  la  rivière 
de  Seine,  on  pourroit ,  par  le  moyen  du  Rhône  ,  de 
la  Saonc  ,  de  l'Ouche  ,  de  l'Armanlbn  &  de  l'Yon- 
ne ,  faire  une  communication  de  la  mer  de  Pro- 
vence à  l'Océan  de  Normandie.  IC  On  appelle 
aufli  méandre  un  petit  chemin  ,  un  partage  tortueux 
&  fouterrain.  Par-tout  l'on  trouve  fous  la  terre  de 
petites  crevaflcs  vides  ,  des  ravines  plus  ou  moins 
larges  ,  des  méandres  &  des  pallagcs  tortueux  ,  qui  , 
comme  autant  de  puifards ,  reçoivent  les  eaux  qui 
coulent  à  la  furface  ,  Se  les  conduifent  plus  bas.  Pl. 
On  étend  même  plus  loin  ce  terme  au  figuré.  M. 
Naudé  a  dit  dans  ton  Apologie  pour  les  grands 
hommes  accufés  de  magie  ,  que  Paracelfe  avoir  écrit 
d'une  manière  iî  obfcuie  &  fi  détournée  ,  qu'un 
Leftcur  ne  marche  qu'en  tâtonnant  parmi  de  tels 
méandres. 
IJCF  M.  Perrault  dans  fon  Poëme  intitulé  le  Siècle  de 
Louis  Le  Grand ,  dit  en  parlant  de  la  circulation 
du  Gng  ,  qu'il  croit  que  toute  l'antiquité  a  ignorée  , 

L'homme  de  mille  erreurs  autrefois  prévenu  _, 
Et  malgré  fon  /avoir  ^  à  foi  même  mconnu  , 
Ignorait  en  repos  jufqu'aux  routes  certaines 
Du  méandre  vivant  qui  coule  dans  fes  veines. 

Les  Anciens  ont  appelé  méandre  fur  leurs  habits , 
des  ornemens  lemblabies  à  ceux  que  nous  appelions 
Falbala.  Méander  j,  Periclijis. 

UCT  MÉANDRIIE.  Terme  de  Minéralogie.  Corallites 
undulatus.  Les  Naturaliftes  donnent  ce  nom  à  une 
forte  de  coralloïde  foffile  ,  ordinairement  orbicu- 
laire  ,  &  marquée  par  des  tortuohtés  &  concavités 
irrégulières.  Il  y  en  a  qui  rcflemblent  à  des  amas 
de  vermilîeaux  ,  d'autres  à  des  éponges  ,  &  d'autres 
à  un  cerveau  humain.  On  donne  particulièrement 
le  nom  de  méandrite  à  celui  qui  eft  formé  de  tor- 
tuofité  ,  en  forme  de  vermifteau  ,  ou  d'ondes  ou  de 
vagues. 

MÉATH  ,  ou  ME.DIE.  Nom  d'une  conrrée  dont 
quelques  Géographes  font  une  Province  particulière 
de  1  Irlande  ,  mais  qui  n'eft  qu'une  partie  de  la  La- 
génie.  Media ,  Midia.  Elle  eut  autrefois  fes  Rois 
particuliers  ,  enfuite  elle  fut  un  Comté,  lequel,  à 
caufe  de  fi  tiop  grande  étendue,  fur  divifé  par  Hen- 
ri VIII.  en  deux ,  qui  portent  le  nom  d'Eft-Méath 
Se  de  Weft  Méath.  Maty. 

MEAUX.  Ville  de  France  ,  capitale  de  la  Brie  ,  & 
lîtuée  fur  la  Marne  ,  à  dix  lieues  au-deftus  de  Paris. 
Meldorum  ,  ou  Meldarum  civitas  ^  Jatinum ,  dans 
Ptolomée.  C'eft  une  ville  épifcopale  ,  fuftraganre 
aujourd'hui  de  l'Archevêché  de  Paris.  Dom  Duplef- 
fis,  qui  a  fait  l'Hiftoire  de  l'Lglife  de  Meaux  ,  croit 
que  cet  Évêché  n'eft  qu'un  démembrement  de  celui 
de  Paris  ,  &  qu'il  n'a  été  érigé  que  vers  le  milieu 
du  quatrième  fiècle.  Long.  zc.  deg.  14'.  zj",  lat. 
48.  deg.  57'.   56". 

MEAW  ,  ou  MEVE.  Fojei  Gniew. 

M  E  B. 

MF.BSESE.  /'^oyei' Malmistra,  Ville. 

MEC. 

IfT  MÉCANICIEN,  MÉCANIQUE,  MÉCANIS- 
ME.   L'Acad,    fuit   cette  orrographe.     f^oye:^  MÉ- 

CHANICIEN,   MÉcMANiq.UE  ,  MÉCHANISME. 

MÉCASULNIL.  f.   m.  Les  Indiens  appellent  ainfi  U 


MEC 


goulle  qui  rcnfcnnc  la  graine  de  vanille.  F".  Vanille. 

MÉCAXOCHITL.  (.m.  Petit  poivre  long  Ainéiiqiiain. 
Il  eft  chaud  &  lec  ;  on  en  met  dans  le  chocolat , 
auquel  il  donne  un  goût  agréable.  Il  ell  corrobora- 
ûî;  il  échauife  l'ellomac  ;  corrige  l'haleine;  atténue 
les  humeurs  giolllères  &:  vifqueulcs ,  rélifte  aux  poi 
fons;  foulage  dans  la  colique  &  dans  la  pallîon  ilia 
que  ;  provoque  les  urines  ;  iSc  mêlé  avec  le  tlixochitl , 
il  hâte  les  règles,  chalfe  le  tetus  mort,  facilite  l'ac 
couchement  ,  lève  les  obftruiltions  j  lait  celler  le 
froid,  &c  les  douleurs  qui  en  proviennent,  tk  foula- 
ge dans  les  frillons  de  la  fièvre.  Ray  ,  Hijl.  PLant, 
Il  croît  dans  la  nouvelle  Elpagne. 

MECCA.  Vciye\  Mecque. 

MECELLATA.  Macomcds.,  Calumacuma.  C'étoit  an- 
ciennement une  petite  Ville,  maintenant  ce  n'elt 
qu'un  Village  ,  litué  dans  le  Royaume  de  Tripoli  , 
fur  la  côte  occidentale  du  golfe  de  Sidra.  Matv. 

MÉCÉivJAS  ,  ou  MÉCÈNE,  f.  m.  Nom  d'un  Œeva- 
Jicr  Romain,  favori  d'Augufte,  qui  aimoit  les  geiis 
de  Lettres  ,  !k  qui  leur  taifoit  du  bien  ,  (ur-tout  aux 
Poètes. 

On  s'eft  fervi  depuis  de  ce  nom  pour  honorer 
tous  les  grands  Seigneurs  qui  favorilenc  les  Icienccs 
&  les  Auteurs  ,  qui  les  protègent.  Il  n'y  a  plus  de 
Mécéiias  ,  aulll  n'y  a  t  il  plus  d'Horace  ,  ni  de  Vir- 
gile. Aujourd'hui  le  titre  de  Mécène  ell:  touvent 
proftitué  ou  ulurpé. 

Où  chercher  un  Patron  dans  U  fiecle  où  nous  fommcs. 
Il  eji  de  grands  e f  pries ,  Il  ejl  de  favans  hommes  ■ 
Mais  il  n.  eft  plus  de  Mécénas. 

Poète  anonyme. 

MÉCHAMMENT,  adv.  Par  méchanceté.  Perverse , 
improbe  ,  nequiter.  Dans  les  amendes  honorables 
on  fait  dire  au  criminel  ,  que  méchamment ,  témé- 
rairement ,  &  comme  mal-aviié  ,  il  a  commis  un 
tel  crime.  Nous  ferions  bien  lâches  de  nous  fier  à 
leurs  paroles  ,  après  qu'ils  l'ont  fi  méchamment  vio- 
lée. Ablanc. 

MÉCHANCETÉ,  f.  f.  Malignité  ,  aftion  méchante. 
Malitia ,  ncquitia  ,  improhitas  ,  pravitas.  Cet  hom- 
me elt  capable  de  toutes  les  méchancetés  qu'on  f'e 
peut  uiiaginer.  Commettre  une  iuiigne  méchanceté. 
Ce  n'efl  pas  par  hazard,  c'ell  par  pme  méchanceté , 
qu'il  vous  a  fait  cet  affront.  Cette  calomnie  eft  une 
horrible  méchanceté.  Voyez  Méchant. 

MÉCHANCETÉ  j  fe  dit  aulli  en  riant  d'une  malice  inno- 
cente. Nous  lui  avons  fait  mille  méchancetés.  Je 
voulus  lurprcndre  votre  fecret ,  en  vous  failanr  cette 
petite  méchanceté, 

MÊCH.ANÉEN.  adj.  m.  Mechaneus.  Surnom  de  Ju- 
piter. Il  iîgnifie  celui  qui  bénit  les  entreprifes  des 
hommes.  11  y  avoir  à  Argos.au  milieu  de  la  ville, 
un  Cippe  de  bronze  d'une  grandeur  médiocre  ,  qui 
ioutenoir  la  ftatue  de  Jupiter  Mechanéen.  Ce  fut 
devant  cette  ftatue  que  les  Argiens  ,  avant  d'aller 
au  fiége  de  Troye ,  s'engagèrent  tous  par  ferment  à 
périr  plutôt  que  d'abandonner  leur  entrepnie.  Du 
verbe  fiiKxvUficij ,  Je  médite,  j'entreprens. 

MÉCHANICIEN.  f.  m.  (  On  prononce  ,  &  plulieurs 
écrivent.  Mécanicien.  )  Homme  habile  en  Mécha- 
iiique.  Ouvrier  qui  tait ,  ou  qui  invente  des  ouvra- 
ges de  Méchanique.  Mechanicus ,  Alechanicorum  ope- 
rum  artifex  ,.  Inventor.  Il  hiut  qu'un  Méchanicien 
foit  bon  Géomètre. 

§3"  En  médecine  on  appelle  Méchaniàens  ,  les  Méde- 
cins modernes  qui  ont  adopte  la  méthode  des  Géo- 
mètres dans  les  recherches  qu'ils  ont  faites  fur  l'é- 
conomie animale  ,  re.^iardant  le  corps  humain  com- 
me une  véritable  machine  ,  dont  toutes  les  parties 
lont  foumifes  aux  loix  de  la  Méchanique.  r'oye~ 
MÉCHANIQUE,  adjedif.  Philotophie  Méchanique. 

MÉCHANICITE.  f.  f.  L'A  ne  fe  prononce  pas.  Qua- 
lité de  ce  c^iii  ell  méchanique.  Cela  le  dit  fur-tour 
des  Arts  qui  ont  principalement  befoin  du  travail 
de  la  main  ,  comme  l'Imprimerie  dans  l'exemple 
iuivant.    XJne.  remarque   qui  paroîtr.i  lurprenantc , 


MEC 

&  qui  fera  voir  à  quel  degré  de  méchanicité  l'art 
d'imprimer  ell  réduit  ,  c'cfl  que  M.  Oléander  ,  Im- 
primeur Hollandois  d'une  multitude  infime  de  Li- 
vres François  &  Latins  ,  ni  fes  Compofitcurs  ne  fa- 
vent  point  d'autre  langue  que  celle  de  leur  pays.  Ils 
ne  coimoillent  de  ce  qu'Us  impriment  que  la  for- 
me des  caraélères.  Le  Pour  &  Contre.  Ce  mot  ell 
en  Italique,  c'eft-à-dire,  hazardé. 

MÉCHANIQUE.  f.  f.  Ou  les  Méchaniques.  L'Acadé- 
mie écrit  Mécanique  ,  &:  il  paroît,  que  c'efl  l'ufage  le 
plus  général.  C'elf  une  tcience  qui  fait  partie  des 
Mathématiques  ,  qui  cnfeigne  la  nature  des  forces 
mouvantes  ,  l'art  de  faire  toutes  fortes  de  machi- 
nes ,  &;  d'enlever  toutes  fortes  de  poids  par  le 
moyen  des  leviers  ,  coins  ,  poulies ,  moufi-jes,  vis ,  &c. 
Artes  machmaritz.  Mechanica.  nf3'  La  Aléchanique  , 
ou  la  Science  du  mouvement  fe  divife  en  Mécha- 
nique générale  &  en  Méchanique  particulière.  La 
première  ,  après  avoir  démontré  les  loix  générales 
du  mouvement  &c  les  règles  qui  s'ohfervcnt  dans 
le  choc  des  corps  ,  nous  apprend  quand  un  corps  le 
meut  en  ligne  diagonale ,  en  ligne  courbe  ,  en  li- 
gne circulaire  ,  en  ligne  elliptique.  La  féconde  , 
qui  efl  proprement  la  fcicnce  des  machines  ,  nous 
apprend  a  mettre  en  équilibre  des  poids  ou  des 
puiliCinces  inégales.  Ce  qui  faitqHeles/riecVza^iflttejne 
font  pas  autant  eflimées  qu'elles  le  méritent,  c'cfl 
que  l'on  n'en  a  regardé  que  la  pratique  ,  fans  faire 
reflexion  fur  leur  théorie  ,  qui  peut  occuper  les 
efprits  les  plus  élevés.  Il  efl  vrai  auili  que  les  Arti- 
fixns  s'acquittent  très  bien  de  leur  métier  fans  être 
Géomètres,  ni  Philofophes;  mais  ce  font  les  Géomè- 
tres &  les  Philofophes  qui  ont  établi  par  leur  fcience, 
les  principes  des  arts,  (Scqui  ont  trouvé  les  règlesque 
les  Artifans  fuivent  aveuglément  ,  fans  en  favoir  les 
fondemens.  D'ailleurs,  quoique  félon  la  force  du  mot , 
il  femble  que  cette  fcience  ne  regarde  que  la  compo- 
fition  des  machines,  elle  renferme  cependant  tout  ce 
qui  regarde  les  autres  arts,  qui  ont  befoin  de  fon  fe- 
cours.  Le  P.  Lamy.  Les  Auteurs  qui  ont  éait  des 
Méchaniques  ,  &  machines  ,  font  cntr'autres  Guid 
Ubaldc ,  Stévin  en  fon  HydroRatique  ,  George  Pa- 
chimère  ,  Picolomini,  Monaïuholius  &:  Blancanus 
fur  les  Méchaniques  d'Ariflote  ,  Héron ,  George 
Agricola  ,  les  Forces  mouvmtes  de  Snlomon  de 
Caux  ,  Augullin  Ramelli ,  le  Thé.itre  de  Jacques 
Bellon  ,  &  le  Théâtre  de  Viilorio  Zonca  ,  les  Pr.eu- 
matiqucs  de  Jcan-Baptifle  Porta  ,  Strada ,  &  Antoi- 
ne Bachot.  Defcartcs  a  fait  aullî  un  petit  Traité  de 
la  Méchanique  ,  où  il  parle  du  plan  irxliné ,  du  le- 
vier ,  du  coin  ,  de  la  roue  ,  de  la  poulie  &  de  la 
vis;  fur  quoi  le  P.  Poilfon  ,  de  l'Oratoire,  a  frit 
de  favantes  Obf'ervations.  M.  de  Roberv.-.l  a  donné 
le  projut  d'un  livre  de  Méchanique  ,  traitant  des 
mouvemens  compofés.  Il  ell  imprimé  dans  les  di- 
vers ouvrages  de  Meilleurs  de  l'Académie  des  Scien- 
ces. M.  Varignon  a  fait  un  excellent  Traire  de  iV/e- 
chanique  ,  in-j^.  M.  de  la  Hire  en  a  frit  aulîî  un 
in- II.  Jean  Caïamuel  ,  Evêque  de  Campanie,  a 
traité  amplement  des  Méchaniques  &:  de  toutes  les 
parties  des  Mathématiques  en  quarante  Traités  diffë- 
rens ,  qu'il  a  enrichi  de  belles  figures  ,  où  il  met  les 
manières  de  faire  les  inftrumens  propres  pour  toutes 
les  méchaniques. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ^Ux'"i  ,  machina ,  machi- 
ne ^  art,  invention,  adrelfe  ,  artifice. 

MÉCHANiQ,uE  ,  f e  dit  aullî  de  la  ft?"  flruclure  naturelle 
ou  artificielle  des  corps,  de  la  compohtion  de  leurs 
parties ,  de  leurs  mouvemens  &  de  leurs  ufages.  La 
méchanique  du  corps  humain.  La  méchanique  d'une 
montre  ,  d'une  machine.  M.  Perrault  Médecin  a 
fait  un  excellent  traité^ de  la  méchanique  des  ani- 
maux, de  tous  les  relions  &  caufés  de  leurs  aClionj. 

MÉCHANIQUE.  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  aux  Mécha- 
niques j  qui  fe  fait  par  les  règles  du  mouvement, 
&  par  les  principes  de  la  Méchanique.  Mechanicus. 
Une  explication  méchanique  de  tous  les  mouvemens 
du  corps.  Une  difpofition ,  un  arrangement  mécha- 
nique.  La  Philolophie  mechaniqus  efl  k  même  que 

la 


MEC 


MEC 


la  Pliilofophie  corpufculaiie ,  c'eft-à  dire  ^  celle  qui 
explique  tous  les  etlers  de  la  N.irure  par  despiinci- 
pt-i  de  Méclianique ,  la  hjjiUe  ,  i  arnuigemcnc ,  la 
dilpolition,  la  grandeur  ou  la  pctitclle_,  le  mouvc- 
niein  des  parties  qui  compoleuc  les  corps  naturels. 
îfl'  Puillàncts  méckaniques.  C'efl:  la  même  choie  que 
forces  mouvantes.  On  appelle  atfciftions  mcchani- 
ques  les  propriércs  de  la  matière  qui  rc(ultcnt  de  la 
fii,ure,  de  fon  mouvement  ;  &c  cauics  méchaniques  ^ 
celles  qui  ont  ces  attcdions  pour  fondement.  On  dit 
de  même  loix  méchaniques.  Dieu  remue  Icul  toute 
la  matière  par  des  loix  méchaniques., 
MÉCH.4N1QUE,  à  l'adjectif,  fc  dit  aulîi  en  M.-ithémnti- 
que  d'une conftruCtion  ,  ou  d'une  preuve  d'un  problê- 
(■  me  ,  qui  ne  fe  fait  pas  d'une  manière  Géométrique  , 
mais  en  tâtonnant ,  ou  avec  l'aide  des  inftrumens  , 
comme  font  la  plupart  des  problêmes  (ur  la  dupli- 
cation du  cube  &  lur  la  quadrature  du  cercle.  Me- 
chanïcus.  Voyez  la  Géométrie  de  Delcartes. 
MÉcHANiQUE ,  fe  dit  pareillement  des  Arts  ^fT  qui 
ont  principalement  beloin  du  travail  de  la  main ,  iSj 
qui  font  oppolcs  aux  Arts  libéraux.  Arus  mcchcmicx. 
La  Serrurerie  ,  la  Ménuiferie ,  &c.  font  des  Arts 
méchaniques. 
IJC?  On  le  dit  aulïï  d'un  métier  vil.    Un  métier  bien 

méchanique. 
MÉCHANIQUEMENT  ,   ou  MÉCANIQUEMENT, 
adv.  D'une  manière  méchanique.  Mechanicè. 
Ce  mot  vient  du  Grec  Midcxvi,  ,  ars   machina. 
En  termes  de  Méchanique ,  ce  mot  ell  oppofé  à 
gtométrïquement ,  &  le  dit  lorfqu'on  rélout ,  ou  qu'on 
I  .    prouve  un  problême  en  tâtonnant  j  &  lans  une  en- 
tière exaétitude ,    en   fe  fervant  des   compas  ,    ou 
d'autres  inftrumens ,  au  lieu  de  le  faire  par  le  feul 
railonnement ,   &  faiiant  abftraétion  de  la  matière 
avec  toute  la  certitude  &  précifion  imaginable. 
MtCHANIQUERIE.  f  f.  L'A  ne  fe  prononce  pas.  Mcf- 
quinerie,  avarice,  épargne  iordide.  S'il  faut  parler 
de  méchaniqueric ,  ne  hiloitil  pas  bon  voir  un  grand 
Seigneur  ,  voire  un  Roi ,   portant  des  manches   de 
deux  pareilles?  ApoL  pour  Hérodote ,  édit.  delà  Haye, 
TJ3S-  part.    II.  to.   III.  chap.  28.  p.    .1.   Henri 
Etienne  ,  après  avoir  dit  un  peu  plus  bas  ,  qu'il  fe- 
roit   à  fouhaiter  que    le  plus  mauvais   ménage  des 
Dcmoifelles  de  fon  temps ,  fût  celui  des  cottes  ou 
vafquines  à  la  nichilodo  ,  ajoute  qu'il  faut  cônfeifer 
qu'il  n'y   avoir  pas  grand  mal  en  telle  méchanique- 
rie.  Ce  mot  n'eft  plus  d'ufage. 
MÉCHANISME.  f.  m.    l'Académie    écrit  mécanifme. 
Manière  d'agir    félon   les   loix  de  la    Méchanique. 
^3"  Strudlure  d'un  corps  luivant  les  loix  de  la  Mé- 
chanique ;  &:  manière  dont  quelque  caufe  Mécha- 
nique produit  Ion  eftet.  Méchanïfmus.  Le  méchanifme 
de  la  Nature  eft  toujours  le  même ,  &  elle  agit  tou 
jours  par  les  mêmes  loix.  Val-  Le  méchanifme  d'une 
montre.  Le  méchanifme  du  corps  humain. 
MÉCHANISME.  Au    figuré.    Un  Orateur  ne    doit   pas 
trop  découvrir  le  méchanifme  de  fon  dilcours.  Tous 
deux  (M.  Fléchier  &:  M.  Bofluet  )  dévoilent  un  peu 
trop  le  méchanifme  de  leur  marche.  Idée  des  Oraif. 
Funèbres. 
MÉCHANT ,  ANTE.  adj.  qui  ne  vaut  rien  dans  fon 
genre ,  qui    eft  dépourvu   de   bonnes   qualités.   Ce 
mot  fe  joint  prefque  à  tous  les  fubftantihs  de  la  langue 
pour  marquer  leurs  défauts.  Malus.  On  dit ,  méchante 
bête  j  méchant  pays  ,  méchant  bois  ,  méchante  pierre, 
méchante  humeur  ,   méchante  étoffe  ,  méchant  ora- 
teur ,  méchant  Comédien ,  tkc.  Dans  ce  fens  il  eft  fy- 
nonyme  de  mauvais.   On  dit  qu'un  homme  a   mé- 
chante phyfionomiej /77ecAa«r<;  mine,  pour  dire  qu'il 
a  la  phyfionomie ,   la  raine  d'un  méchant  homi)ie. 
On  ditaulll  quelquefois,  qu'un  homme  a  méchante 
mine,  a  méchant  air,  pour  dire  feulement^  qu'il  a 
l'air  ignoble  &  bas. 

On  dit  qu'un   homme  eft  de  méchante  humeur, 

pour  dire,  qu'il  eft  d'humeur  chnicrine.  Ac.  Fr. 

'ifJ'  En  morale  on  le  dit  des  perfonnes  qui  manquent 

de  probité ,    &:   des  chofes  qui  font  contraires  aux 

loix  j  à  la  Juftice.  Malus  ,  nequam  ,  improbus.  Un 

Tome  F'. 


897 


méchant  garnement  ,  une  méchante  femme ,  qui  a 
une  méchante  tête  ,  une  méchante  action  ;  un  méchant 
Juge.  Les  PoL'tcs  ont  fait  les  dieux  mcchans ,  afin 
de  le  pouvoir  être ,  &  de  faillir  avec  exemple.  S. 
ÉvR. 

§Cf  MÉCHANT.  Mauvais,  fynonyincs.  Méchant à^ix. 
plusque  mauvais.  Le  mauvais  l'eftpar  emportement. 
Quand  il  nuit  ,  il  luit  la  patHon.  Le  méchant  l'eft 
par  tempérament.  Quand  il  nuit  ,  il  fuit  Ion  incli- 
nation. Pour  n'en  rien  craindre ,  ce  n'eft  pas  allez 
de  ne  le  pas  offcnfer;  le  meilleur  eft  de  le  fuir, 
Ç)\\  appelle  Tiw'&S  méchant  en  raillerie  ,  celui  qui 
fait  une  petite  malice,  le  plus  fouvent  innnocente. 
'Vous  êtes  bien  méchant,  de  m'avoir  tant  fait  cher- 
cher ce  livre.  Vous  êtes  bien  méchant ,  d'abulcr  de 
ma  crédulité.  Lorlque  vous  ne  voulez  pas  être  mé~ 
chante  ,  vous  êtes  la  plus  accomplie  pcrfonne  du 
monde.  Voit. 

Ménage  fait  venir  ce  mot  de  maie  cadens ,  comme 
qui  diroit  malheureux  qui  a  mauvaifc  chance.  D'autres 
le  dérivent  de  mechanicus  j  parce  que  les  gens  pauvres 
qui  exercent  quelque  art  méchanique  &  vil ,  Ion: 
lujcts  à  être  médians. 

MÉCHANT  ,  fe  dit  aulli  fubftantivement  de*s  perfonnes  , 
pour  marquer  leurs  mauvaites  qualités  morales,  leurs 
vices ,  leurs  défauts.  Nejarius  ,  nequam ,  impius  ,  im- 
probus. La  vie  des  méchans ,  peut  être  aulîi  utile  que 
celle  des  bons ,  quand  elle  eft  bien  propofée ,  Se 
qu'on  en  infpire  de  l'horreur.  Nie.  Notre  repos 
conlifte.à  ne  point  faire  de  mal  :  les  méchans  mè- 
nent une  vie  pleine  de  troubles,  ils  ont  autant  d'in- 
quiétudes qu'ils  font  de  mal.  S.  Evremont.  Le  Sei- 
gneur regarde  d'un  œil  favorable  les  œuvres  des  julles; 
mais  les  œuvres  des  méchans  périront.  Port-Pv..  Le 
Seigneur  exterminera  tous  les  méchans.  Id.  On  ap- 
pelle le  Diable  ,  le  méchant  par  excellence. 

On  dit  d'un  homme  qui  menace  ,  qui  fait  le  fan- 
faron ,  qu'il  fait  le  méchant.  On  dit  qu'un  homme 
fait  le  méchant,  mais  qu'il  a  trouvé  plus  méchant  qu£ 
lui  ;  c'cft  à  due  ,  qu'il  a  trouvé  quelqu'un  plus  fort  , 
ou  plus  puillant  que  lui ,  qui  l'a  réduit  à  la  raifon. 
On  dit  proverbialement ,  les  bons  pâtillènt  pour 
les  méchans. 

Jamais  cheval ,  ni  méchant  homme. 
N'amenda  pour  aller  à  Rome. 

On  dit  auIîî ,  il  ne  fera  pas  fi  méchant  qu'il  a  pro- 
mis à  fon  Capitaine.  Il  ne  fera  pas  tout  le  mal  donc 
il  menace. 
MÈCHE,  f.  f.  Matière  combuftible  qu'on  met  dans  une 
lamp^  ,  qu'on  place  au  centre  d'une  chandelle  ,  oit 
d'un  fiambeau  ,  qu'on  allumCj  qui  brûle  &  qui  éclaire, 
lorlqu'elle  eft  abreuvée  par  l'huile  ,  le  fuif ,  ou  la  cire 
qui  eft  .autour.  Ellychnium  ^  lucernizfom.es.  On  fait  la 
mèche  d'une  lampe  avec  du  coton ,  du  fil ,  de  l'alun  de 
plume  ,  du  papier  tortillé  ,  Sec.  Il  faut  qu'une  chan- 
delle ait  une  grolïe  mèche  pour  bien  éclairer.  Une 
lampe  à  quatre  mèches  ,  ou  à  quatre  becs. 

Ménage  dit  que  ce  mot  vient  du  Grec  fâi» ,  qui 
fignifie  muchus  j  &  la  mèche. 
MècHE,  fe  dit  auffi  d'une  matière  fèche  &  préparée 
pour  prendre  feu  aifémcnt ,  le  conferver ,  &  le  com- 
muniquer ,  telle  que  celle  dont  on  fe  fert  pour  al- 
lumer le  feu  avec  un  fuiîl.  Igniarius  funicidus.  On 
fait  de  la  mèche  avec  du  Unge  ,  du  papier  brûlé  , 
d'étoupe  bouiUie  &:  de  l'agaric  fec.  Cette  mèche  eft; 
bonne  ,  elle  prend  bien. 
MÈCHE,  ie  dit  encore  dans  l'art  militaiie  ,  d'une  corde 
préparée  ,  qui  entretient  long  temps  le  feu  ,  donc 
?t?  les  foldnts  fc  fervoient  autrefois  pour  mettre  le 
feu  à  la  poudre  du  balîînet  de  leurs  moulquets ,  &c 
dont  les  canonniers  fe  fervent  aujourd'hui  pour 
mettre  le  feu  au  canon  par  l'amorce  de  poudre  qui 
fe  met  à  la  lumière,  &  les  mineurs  pour  le  com- 
muniquer à  une  mine.  Ignita  refticula.  Cette  gar- 
nifon  eft  fortie  balle  en  bouche  avec  la  mèche  al- 
lumée par  les  deux  bouts.  On  dit  dans  l'exercice 
des  troupes  ,  Mettez  la  mèche  fur  le  lerpentin  j  com- 

X  X  X  X  X 


89^         MEC 

palfez  l.i  mèch-j  ji.ouCnez  la  mèche  ,  tiie-z.  Elle  fe  fait 
de  vieux  cordages  battus  &  bouillis  avec  du  foulrc 
&  du  lalpêtrc ,  léchés  &  remis  en  corde  groiiîère, 

M£CH£  de  Tire  bouchon.  C'eft  cette  partie  d'un  tire- 
bouchon  qui  cft  en  forme  de  vis  ,  &r  que  l'on  inimue 
en  tournant  dans  le  bouchon  de  liégc  quand  on  veut 
déboucher  une  bouteille.  Lorfque  h  mèche  d'un  tire- 
bouchon  eft  trop  foible  ,  elle  cft  lujette  a.  fc  callcr. 
Il  faut  titcr  droit  un  bouchon,  autrement  on  riique 
de  callcr  la  mèche. 

On  appelle  chez  les  Artilans  la  mèche  d'an  vilbre- 
quin  5  d'une  vrille,  ou  autres  outils  iemblables ,  le 
fer ,  ou  la  partie  qui  perce  ^  &  qui  eft  attachée  au 
fût.  CûchUau  terebra  eu/pis.  La  mèche  de  ce  vilbre- 
quin  n'eft  pas  aflèz  grolle  ,  il  la  faut  changer.  Mèche 
àj  tarriére. 

MÈcHE  ,  ou  Ame  d'une  corde.  Terme  de  Cordier.  C'eft 
un  toron  que  l'on  met  dans  l'axe  des  cordes  qui  ont 
plus  de  trois  torons ,  Se  autour  duquel  les  autres 
le  roulent.  On  dit  qu'un  fil  a  une  mèche  ,  quand  il 
y  a  au  centre  des  brins  de  chanvre  qui  ne  font  prel- 
que  point  tortillés  &c  autour  defquels  les  autres  fe 
roulent  :  c'eft  un  défaut  conlldérable. 

MâcHE  j  fe  dit  aulli  de  la  partie  du  Hambeau  où  l'on 
met  la  chandelle ,  6c  d'un  petit  morceau  de  fer 
blanc  qu'on  applique  au  haut  pour  tenir  la  bougie 
plus  ferme.  Candelahn  tubulus.  On  le  dit  aufti  de 
cette  languette  creufe  qui  loutient  la  mèche. 

MÈCHE.  En  termes  de  Marine  ,  iîgnifie  le  plus  gros  brin 
de  bois  tout  d'une  pièce  ,  qui  forme  le  C9rps  d'un 
, grand  mât,  qu'on  fortifie  avec  des  jumelles,  qui 
font  pluheurs  grolTes  pièces  de  fapin  qu'on  y  joint 
pour  le  faire  réfifter  aux  orages.  Mail  truncus  ^fte- 
reobata.  Un  tel  m.ît  s'appelle  mât  jumelle.  Mèche  de 
gouvernail,  c'eft  la  première  pièce  de  bois  qui  en 
fait  le  corps. 

MÈCHE  souFFRÉEj  cft  Une  mèche  enduite  de  foufre, 
qui  fait  le  même  eftct  qu'une  allumette. 

On  dit  figurément ,  Découvrir  ou  éventer  la  mèche, 
c'eft-à-dire  ,  découvrir  quelque  trame,  quelque  en- 
treprife  fecrète  &  nuiiible  qu'on  fait  contre  quel- 
qu'un ,  par  allufion  à  la  mèche  d'une  mine  qu'on 
empêche  de  jouer ,  quand  on  la  peut  découvrir.  Cette 
expreiîîon  eft  du  ftyle  familier. 

MÉCHEF.  f.  va.  'Vieux  mot.  Accident ,  malheur  ,  mé- 
faventure  ,  malencontrc.  Inforcimium.  Il  arriva  alors 
un  grand  méchef.  On  ne  s'en  peut  fervir  que  dans 
le  ftyle  marotique. 

Mais  par  méchef ,  fi  d'humeur  faty tique. 
Quelque  Savant  à  vous  tancer  s'applique. 

Je  n'ai  fait  aucune  chqfe 

Qui  doive  attirer  fur  mon  chef 

Un  fi  déplorable  méchef.  Benserade. 

On  difoit  auftl  mccheoir ,  infeliciter  accidere.  Il 
vous  méchera  de  cette  entreprife  ,  vous  vous  en 
trouverez  mal  ,  malè  tihi  ccdct:  cela  eft  extrêmement 
vieux. 

MÉCHER.  V.  a.  Terme  de  Marchand  de  vin.  Me'cher 
du  vin  ,  c'eft  le  foufrer  avec  une  mèche  foufrée.  On 
fait  un  trou  au  haut  du  tonneau ,  on  y  attache  la 
mèche  foufrée  allumée  ,  &  on  tu'e  du  vin  par  un 
autre  trou  au-delfous.  La  vapeur  de  la  mèche  entrant 
par  le  trou  d'en-haut ,  y  introduit  l'odeur  du  foufre. 

AiECHIR.  L  m.  Nom  d'un  mois  (olaite  des  anciens 
Egyptiens  :  c'eft  le  hxième  de  leur  année  ;  il  répond 
à  notre  mois  de  Février. 

MÉCHNÉSA.   Foye:^  Miquenez. 

MÉCHOACAN.  Ville  qu'on  appelle  aufïï  Valladolid 
de  Méhoacan.  Méchoacanum  ,  P^allifoletum  ,  Me- 
choacania  pintia  nova.  'Ville  de  l'Amérique  fepten- 
CSionale  ,  capitale  du  Mcchoacan  ,  de  fituée  fur  la 
rivière  de  Sacatula,  à  fept  ou  huit  lieues  du  lac  de 
Méchoacan,  du  côté  du  midi  ,  &  à  cinquante  de 
la  ville  du  Mexique  ,  du  côté  du  couchant, 

MÉCHOACAN.  Province  de  l'Audience  de  Mexique, 
dans  l'Amérique  feptentrionalc.  Mechoacanla.  Elle 


MEC 

eft  entre  le  Mexique  propre ,  le  Panuco,  &  l'Audience 
de  Guadalajara  ;  la  mer  de  Sud  ou  Pacifique  la  baigne 
au  midi. 
MÉCHOACAN.  f.  m.  Terme  de  Pharmacie.  C'eft  une 
grolle  racine  prefque  infipide  y  cendrée  au  dehors  , 
blanchâtre  au  dedans,  de  fubftance  rarç  .&  légère, 
qui  eft  apportée  pat  tranches  de  la  nouvelle  Efpagne, 
&  qui  portï  le  nom  de  la  province  de  Méchoacan  , 
où  elle  nait.  Quelques  uns  l'appellent  rhubarbe  blan- 
che. Cette  racine  eft  Icmblabie  à  celle  de  la  cou- 
leuvrée  vulgaire.  Elle  pdrgc  ians  violence  les  (crolltés. 
On  s'en  Icrt  dans  l'hydropifie  ,  dans  Icsrhumatifmes. 
Dans  l'Hiftoîre  de  1  Académie  des  Sciences,  Année 
ijii.  M.  Bolduc  donne  l'Analyfe  du  méchoacan. 
C'eft  un  purgatif- doux  ,  qui  contient  douze  fois  plus 
de  fjl  que  de  réliiic. 
MECKELBOURG  ,  MEKLENBURG.  Nom  de  lieu. 
C'étoic  autrefois  une  ville  Épifcopale  ,  &c  capitale 
du  Duché  de  Meckelbourg.  Meclenburgum  j  Mcgal-  jflj 
burgum  ,Megalopolis  j  Magnopolis.  Cette  ville  eft  " 
aujourd'hui  réduite  à  une  feule   mailon. 

Le  Duché  de  Mec!celbous.g.  Ducatus  Megala- 
poiuanus  ,  ou  Mecklenburgenfis.  C'eft  un  des  Etats 
du  Cercle  de  la  Balfe-Saxe  j  en  Allemagne.  Il  eft  bor- 
né au  levant  par  la  Pomeranie  Roy;i!ci  au  midi  par 
le  Marquifat  de  Brandebourg ,  &  le  Comté  de  L)a- 
nerberg  ;  &  au  couchant  par  le  Duché  de  Lawcn- 
bourgj  la  mer  Baltique  le  baigne  au  nord. 

Le  Duché  particulier  de  Meckeleodk.g.  Ducatus 
Megalopolitanus.  C'eft  une  des  fix  provinces  des 
Etats  de  Meckelbourg.  Elle  cft  le  long  de  la  mer 
Baltique  entre  la  Seigneurie  de  Roftok  ,  le  Comté , 
l'Evêché  de  Swérin  j  &  le  Duché  de  Lawenbourg  , 
qui  a  donné  le  nom  à  tout  le  Duché;  celle  de  Wif- 
mar ,  qui  avoit  été  donnée  aux  Suédois.  Les  autres 
lieux  plus  confidérables  font,  Dalfow ,  Bolenberg  Se 
Renen.  Matv. 
MÉCKMULH.  Petite  ville  d'Allemagne ,  dans  la  Suabe , 

fur  la  rivière  de  Jagft. 
MECNÉSE.  J^û^^fei  MiquenÈz. 

MECOMPTE,  f.  m.  Erreur  de  calcul ,  &  de  fuppu- 
tation.  Error  in  numéro  ,  errorin  dicendâ  ratione.  Les 
Commis  d'un  Financier  font  refpontables  du  mé- 
compte qui  fe  trouve  dans  les  tacs.  Il  a  fallu  réformer 
le  Calendrier  ,  à  caufe  qu'il  y  avoit  un  mécompte  de 
dix  jours  dans  la  fupputation  du  temps. 
Mécompte,  le  dit  figurément  de  toute  erreur  qui  fe 
fait  dans  la  conjedlure  ,  dans  le  raifonnement ,  du 
mauvais  fuccès  d'une  entreptite  ,  d'une  affaire  de 
commerce.  Error  ,  erratum  ,  aberratio.  Quand  on 
raifonne  fur  un  principe  E'.nx  j  on  trouve  à  la  fin 
bien  du  mécompte.  Il  avoit  conjecturé  que  le  blc.i  fe- 
roic  cher  cette  an  née  j  il  s'eit  trouvé  bien  du  mécompte 
en  fon  calcul.  Il  y  a  ici  du  mécompte.  Pat.  | 

MÉCOMPTER.  (le)  V.  Récip.  Se  tromper  en  fon  calcul. 
Errare  in  numéro.  Il  faut  compter  fbn  argent  deux 
fois  ,  pour  voir  il  on  ne  s'eft  point  mécompte  à 
la  première. 
MÉCOMPTER,  fignifie  figurément  fe  tromper  en  fes  con- 
jedures  ,  en  fbn  raifonnement ,  en  les  actions.  Falli 
decipi ,  allucinari.  Pour  peu  qu'on  le  mécompte  en 
une  obfervarion  aftronomique ,  l'erreur  groffit  dans 
les  calculs  &  opérations  qu'on  fait  dans  la  fuite.  Les 
Anciens  qui  neconnoilloient  pas  la  pefanteur  de  l'air, 
fe  font  mécomptes  en  plulicurs  r.iifonnemensde  Phy- 
fique.  Combien  de  gens  ont  cru  avoir  trouvé  ou  la 
quadrature  du  cercle  ,  ou  le  mouvement  perpétuel , 
ou  les  longitudes  ,  parce  qu'ils  s'étoient  mécomptes  ? 
N'oferoit  on  dire  que  Benoît  XIF  &  Eugène  IV^  fe 
font  mécomptes  t  Patru.  L'ame  qui  gouverne  la  ma- 
chine du  corps  humain  ,  en  meut  tous  les  relForts 
à  propos,  fans  les  voir  ,  fans  les  difcerner,  fans  en 
favoir  ni  la  figure,  ni  la  lituation,  ni  la  force  &  elle 
ne  s'y  m'écompte  point.  Quel  prodige  !  Féx'el. 
MÉCON.  Nom  d'une  grande  rivière  de  l'Inde  delà 
le  Gange.  Mécona.  Elle  prend  fa  fource  dans  les 
Monts  Damafiens ,  aux  confins  de  la  Chine  ,  ttaverfe  ■ 
le  Royaume  de  Lao,  une  partie  de  celui  de  Pégu, 
celui  de  Combrie,  où  elle  baigne  P^avccca  &:  Cam- 


MEC 

boie ,  &  Ce  décharge  dans  la  mer  de  l'Inde  par  trois 
embouchures. 
MÉCONITE.  f.  f.  Pierre  compoféc  d'un  amas  de  grains 
de  fable  marin  conglutinés:  elle  imite  aulil  les  graines 
du  pavot.  Quelques-uns  la  prennent  pour  des  œufs 
depoilK)n  s  pjtririés.  Mccon'ucs , pifolutus. 
MÉCONIUM.  (.  m.  Terme  de  Pharmacie.  C'cft  le 
fuc  ou  le  jus  de  pavot  ^  tiré  par  c.xprcilion  ,  Se  Icthé , 
qui  ditîére  de  l'opium  ,  en  ce  que  celui  ci  eft  une 
larme  qui  en  découle  après  une  incilion  des  têtes  du 
pavot. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ^,^»»  ,  qui  fignifie  pavot. 
MÉCONIUM  ,  fe  dit  aulli  de  l'excrément  noir  «Se  épais  qui 
s'edamallé  dans  les  inteftins  d'un  entant ,  pendant  la 
grollellé  de  la  mère.   Cet  excrément  rellcmblc   en 
couleur  &  en  conlïïtance  à  la  moelle  de  calle.  Il 
rciremblc  aulli  au  Mecon'ium  ,  ou  lue  de  pavot;  d'où 
vient  qu'on  lui  a  donné  ce  nom. 
MÉCONNOISSABLE.  adj.  m.  &  f.  Qui  eft  tellement 
changé ,  qu'on  ne  le  peut  reconnoitrc  qj.i'avec  peine. 
Q^ui  agnofcl  non  pocejL  Une  longue  maladie  change 
tellement  le  vilage  ,  qu'on  eft  méconnoijj'ahle. 
MÉCONNOISSANCE.  C  f.  Ingratitude.  Ingrati  animi 
v'ULum.  Quand  on  oblige  certaines  gens,  il  n'en  faut 
attendre  que   de  la  meconnoiffancc.  Il  n'y  a  qu'une 
indigne  miconno'ijfance    qui  nous    puille  fermer  la 
bouche.  Pat.  Il   vieillit,  &  f"e  dit  peu. 
fCr  Si  Ion  veut  faire  ulage  de  ce  mot ,  il  paroît  qu'on 
ne  doit  pas  le  regarder  comme  ablolument  fynonyme 
d'ingratitude.  La  méconnoijfancc  a  quelque  choie  de 
moins  odieux.  Ceft  un  manque  de   reconnoilîance 
provenant  de  la  légèreté.  L'ingratitude  eft  un  vice 
du  cœur.   Voye\   Ingratitude.   Confidéré  fous  ce 
point  de  vue ,  il  mérite  d  être  confervé. 
MECONNOISSANT.    ANTE.  adj.  Qui^  manque  de 
reconnoillànce  ,  qui  ne  fait  pas  reconnoître  les  biens 
qu'on  lui  a  faits.  Beneficiorum  immemor.  Les  valets 
font  des  gens  fort  méconnoijfans. 
M:ÎCONNOÎrRE.  V.  aét.  Je  méconnais  ,  nous  me- 
connoiffons  ,  je    méconnoiffbis   ,  /e   méconnus  ,    je 
méconnoîtrai   ,   que  je  méconnoijje.    Ne  pas  recon- 
noître   une  perfonne.  Non   agnojcere  ,  non  dignof- 
cere.   L'âge  ,  les  longs  voyages  changent  fi  fort  les 
perfonnes ,  qu'il  eft  aifé  de  les  méconnoitrc  ,  quand 
on  les  retrouve. 
MéconnoÎtre  ,  fe  dit   fîgurément  d'un   aveuglément 
volontaire  qui  vient  d'orgueil  ,  ou  d'ingratitude  ;  & 
qui  empêche  qu^on  ne  veuille  reconnoître  ceux  qui 
ont  été  autrefois  nos  égaux  en  fortune  ,  ou  qui  nous 
ont  fait  du  bien.    Su£  conditionis  e(]e   immemorem  , 
oblivifcifuii  fortis.  Les  vilains  qui  ont  tait  fortune  j 
méconnoijjent  aifément  leurs  parens. 

On  dit  en  ce  fens  ,  qu'un  homme  fe  méconnou , 
lorfqu'étant  forti   de   bas    lieu  ,  &  parvenu  à  uue 
haute  fortune  ,  il  ne  fe  fouvient  plus  de   fa  naif- 
fance  j  va  de  pair  avec  les  Grands  ,  6c  méprife  les 
petits.   Il  y  a  de  la  grandeur   d'ame  à   ne  fe  point 
méconnaître  dans    une   haute   élévation  de  fortune. 
M.  Esp. 
MÉCONTENT  ,  EMTE.  adj.    Qui  a  ,  ou  croit  avoir 
fuiet  de  'e  plaindre  ;  qui  eft  mal  fatisfait  de   quel- 
qu'un. Non  contentas  j  novarum  rerum  cupidus  ,  im- 
patiens prajèntium.   Les  rnécontens  de  la  Cour  ont 
cauti  (juvent  des  troubles  ,  des  guerres  civiles.   La 
fermeté  de  la  Reine  ,  &  le  relpett  qu'on  avoir  pour 
elle,  appijfèrenr  les  rnécontens.  La  Chapelle.  Quel- 
.  quefois  pour  obliger  un  homme  ,  on  fait  pluheurs 
Tuécontens.  Il  s'en  va  fort  mécontent  du  mauvais  ac- 
cueil qu'on  lui  a  fait,  du  jugement  de  fes  arbitres. 
Mal-content  eft  plus  noble  ,   &  plus  de  la  Cour  , 
pour  marquer   les  perfonnes  qui  ont  reçu  quelque 
déplaifir.  On  dit  plus  ordinairement  \t%  rnécontens  ; 
pour  dire  les  Faéfieux  ,  ou   les  Rebelles ,  Seditiofi. 
Voyez  Mal  content. 
MÉCONTENTEMENT,  f.    m.   Déplaifir.   Offenfio , 
offenfa.    Il  eft  forti   de  la  maifon    paternelle  pour 
quelque  mécontentement.  Donner  du  mécontentement 
à  tes  parens. 
MÉCONTENTER,  v.  a.  Donner  du  déplaifir  à  quel- 
Tome  V. 


MED  899 

qu'un  ;  lui  donner  fujct  d'être  mécontent.  Nonfatis- 
facere  ,  cadere  ,  ojjendere.  Un  bon  politique  doit  ta- 
cher de  m:  mécontenter  \->c\(<jn\\i:.  Il  ne  faut  pas /72<;'- 
contcnter  les  ouvriers  qui  ont  bien  trav.iillé  ;  leur 
donner  un  falaire  moindre  qu'on  ne  devroit. 

MÉCONTENTÉ  ,  LE.  p.itt.  &  adj.  Cui  nonfatisfaa- 
tum  eft  ,  non  contenius. 

MECQUE.  Nom  de  ville ,  qui  ne  fedit  point  fans  l'ar- 
ticle ,  La  Mecque  ,  ville  de  l'Arabie  ,  capitale  de  la 
principauté  de  la  Mecque  ,  Se  lltiiée  fur  la  rivière  de 
Chaib.ir  j  a  vingt-cinq  lieues  de  fon  embouchure  , 
dans  la  mer  Rouge  ,  Se  de  la  ville  de  Ziden  ,  &c 
à  quatre-vingt  de  celle  de  Médinc.  Alecca  ,  ancien- 
nement Maraba  ik  Mariaba. 

Cette  ville  eft  tameufe  parmi  les  Turcs ,  pour  avoir 
donné  nailîance  à  Mahomet.  La  plus  célèbre  de  tou- 
tes les  mofquées  Mahométanes  eft  fituée  au  milieu 
de  cette  ville.  Les  Mahométans  croient  1  emplace- 
ment de  cette  mofquée  faeré  ,  pour  deux  raifbns  '• 
la  première  ,  parce  que  j  difent  ils,  Abraham  y  bâtie 
une  maifon  :  la  féconde  ,  parce  que  Mahomet  y  a 
pris  naiflance.  On  y  voit  un  efpace  qui  n'a  point  de 
toît ,  &  qui  marque  l'enceinte  de  la  maifon  d'Abra- 
ham. On  y  entre  par  une  porte  d'argent  qui  eft  de  la 
hauteur  d'un  homme  :  à  côté  on  voit  un  puits  très- 
profond  j  &  dont  l'eau  eft  faléc  ;  mais  fi  eiïicace  ,  fé- 
lon leur  Religion  ,  qu'elle  fert  à  l'expiation  de  leurs 
péchés ,  quand  ils  en  prennent  pour  fe  laver.  Dicr. 
de  Peint.&d'Jrck. 

La  Principauté  de  la  Mecq.ue.  Mccca  Principatus.  Ceft 
un  des  plus  puiftans  Etats  de  l'Arabie.  On  le  mec 
ordinairement  dans  l'Heureufe  j  quoique  quelques 
■Voyageurs  afFurent  qu'il  eft  de  la  Pétrée.  Il  s'étend 
le  long  delà  mer  Rouge  j  depuis  le  Béglerbéglic  de 
Pétra  ,  jufqu'à  la  Principauté  de  Zibilh  j  &  on  lui 
donne  deux  cens  foixante  lieues  de  long  j  &  environ 
cinquante  de  large. 

La  merde  la  Mecque,  /'''oye:^  le  Golfe  Arabique.    - 

Le  détroit  de  la  Mecque  ,  autrement  de  Babelman- 
DEL.  Fretum  Meccanum  ,  ou  Bahelmandelium  ,  ell 
un  détroit  de  l'Océan  oriental.  Il  eft  entre  la  côte 
de  l'Arabie  heureùfé ,  en  Afie  ,  &  celles  d'Abec  & 
d'Ayan  ,  en  Afrique.  Il  fepare  ht  mer  d'Arabie  de 
la  mer  rouge  ,  &  de  la  mer  de  la  Mecque ,  &  c'eft 
pour  cette  raifon  qu'on  lui  donne  le  nom  de  Détroit 
de  la  Mecque. 

MECRAN.  Province  de  Perfe  ,  aux  confins  de  l'In- 
doftan.  Il  répond  à  la  Gédrolie  des  anciens. 

MECRÉANCE.  (.  f.  Vieux  mot  qui  s'eft  dit  pour  Irré- 
ligion. On  l'a  dit  aulli  pour  foupçon.  Sufpicio. 

MÉCRÉANT,  f.  m.  Celui  qui  ne  croit  peint  les  véiités 
éternelles ,  révélées  aux  Chrétiens.  Incredulus.  Les 
Libertins  font  pires  que  les  Idolâtres ,  les  Turcs  & 
les  Mécréans.  Il  fembloit  donner  le  Mécréant ,  pout: 
racheter  le  Fidelle.  Pat.  On  le  difoit  particulière- 
ment des  Mahométans. 

MÉCRÉANT  j  ne  fe  dit  plus  guère  que  par  manière  de 
dénigrement  ,  &  en  parlant  d'un  Chrétien  qui  ne 
croit  point  les  dogmes  de  fa  Religion  ,  &  qu'on 
regarde  comme  un  impie.  C'eft  un  Mécréant.  Acad. 
Franc. 

Ce  mot  vient  de  mintis  ,  ou  malè  credens. 

MÉCRITES.  f.  m.  pi.  On  appelle  ainfi  en  Perfe  des 
gens  h  habiles  à  marcher  dans  les  montagnes ,  qu'ils  . 
vont  par -tout  où   les  gazelles  &   les  chevreuils  ne 
peuvent  aller.  4^ 

MECROIRE.  v.  a.  Autrefois  ce  mot  s'eft  dit  pour  /oup- 
^onner  ,fufpicari. 

MED. 

MÉDABA.  Nom  d'une  ancienne  ville  de  Judée  j  fi- 
tuée dans  la  Tribu  de  Ruben  ,  fur  la  rivière  d'Arnon. 
Medaba. 

MÉDAILLE,  f.  f.  Petite  figure ,  ou  pièce  de  métal  en 
forme  de  monnoic ,  faite  pour  conferver  à  la  pofté- 
rité  le  portrait  des  gens  illuftres  j  ou  la  mémoire 
de  quelque  adion  mémorable  ,  de  quelque  événe- 
ment  coiifîdcrable.    Numifma   nummus.   Quelques 

Xxxxx  ij 


c?ôo  MED 

Récens  difent  barbaremenc  midaUla  en  Latin.  Quel- 
ques  uns  ont  cru  que   les  médailles  anciennes  ont 
fervi   de  monnoie.   M.  Patin  a  fait  un  chapitre  ex- 
près ,  pour  prouver  que  toutes   les  médadks  anti- 
ques, ont  été  des  monnoies  des  Anciens  ,  qui  avoient 
cours  ,  &  un  prix  réglé  dans  les  paieniens ,  &  qu'il 
n'en  faut  excepter  que  les  médaillons.    Le  P.  Joubert 
eft  dans  le  même  fentiment.  D'autres ,  au  contraire  , 
prétendent  qu'il   ne    nous   refte  aucune  vraie  mon- 
noie  des  Anciens  ,  que  toutes  les  médailles  que  nous 
avons,  n'ont  jamais  fervi  de  monnoie.  Entre  ces  deux 
opinions,  il  y  a  un  milieu  à  prendre,  &•  ce  milieu 
paroît  plus  raifonnable.  Toutes    les  médailles  font 
ou  antiques  ,  ou  modernes.  Les  antiques  ,  font  celles 
qui  ont  été  frappées  jufqu'au  VF  ou   Vir    fiècle. 
Les  modernes  ,  font  celles  qui  ont  été  fabriquées  de- 
puis 500  ans.    Parmi   les   antiques ,  il  y  en  a  des 
Grecques  &  de  Latines.  Les  Grecques  font  les  plus 
anciennes.   Les  Grecs  frappoient   des  monnoies   de 
tous  les  trois  métaux  avec  tant   d'art ,  que  les  Ro- 
mains ont  eu  bien  de  la  peine  à  les  égaler.   Les  mé- 
dailles Grecc^ues  ont  un  delléin  ,  une  attitude  ,  une 
force ,  &  une  délicatelle  à  exprimer  jufqu'aux  mu(- 
cles ,  ôc  aux  veines  ,  qui  furpalfent  infiniment  les 
Romaines.   Il  y  a  auffi  des   médailles  Hébraïques, 
Puniques  ,   Gothiques  &  Arabefques  ,  qui  font  un 
nouvel  oidre  dans  les  antiques  &  dans  les  moder- 
nes.   Les  médailles  Confulaires  ,  font  conftamment 
les  plus  anciennes  médailles  Latines.  Cependant  cel- 
les de  cuivre  ou  d'argent ,  ne  remontent  point  au- 
delà  de  l'an  484  de  Rome  ,  &  celles  d'or ,  à  l'an 
J46  :  h  l'on  en  produit  de  plus  anciennes  ,  elles  (ont 
ïaulïcs. 

Les  médailles  Confulaires  portent  ce  nom  ,  pour 
les  diftinguer  des  Impériales  y  non  parce  qu'elles 
ont  été  battues  par  l'ordre  des  Confuls  ;  mais  feu- 
lement parce  qu'elles  ont  été  frappées  dans  le  temps 
que  la  République  étoit  gouvernée  par  les  Confuls. 
Le  P.  Joubert  en  compte  environ  50  ou  60  d'or  ; 
ijo  de  bronze,  ôc  près  de  1000  d'argent;  Golt- 
zius  les  a  décrites  par  ordre  chronologique  ,  &  en 
fuivant  les  Fartes  Confulaires.  Urfin  les  a  difpofces 
par  l'ordre  des  familles  Romaines.  M.  Patin  en  a 
compofé  une  fuite  complette  dans  le  même  ordre 
qu'Urfm  ;  &  il  n'en  compte  que  mille  trente-fcpt 
confulaires  ,  qui  fe  rapportent  à  cent  foixante-dix- 
huit  familles  Romaines. 

Parmi  les  Médailles  Impériales  ,  on  diftingue  le 
haut  &c  le  bas  Empire.  Le  haut  Empire  commence 
à  Céfar ,  &  finit  vers  l'an  160  de  Jésus-Christ.  Le 
bas  Empire  comprend  près  de  i  ioo  ans  ,  c'efi:  à-dire 
jufqu'à  la  prife  de  Conftantinople  en  1450.  On  ne 
laide  pouttant  pas  de  compter  toutes  les  médailles 
des  Empereurs  jufqu'aux  Paléologues  entre  les  anti- 
ques ,  quoique  les  curieux  n'eftiment  que  les  anti- 
ques. Tout  au  plus,  les  belles  Lnpériales  ne  pailent 
point  le  règne  dHéraclius,  mort  en  641.  Après  le 
temps  de  Phocas  &:  d'Héraclius  ,  l'Italie  demeura 
en  proie  aux  Barbares  ;  ainli  les  monumens  qui  nous 
refient  du  règne  de  ces  deux  Empereurs ,  finilfent  les 
fuites  de  ces  médailles  Impériales.  On  y  joint  les 
médailles  du  bas  Empire  ,  &  les  Empereurs  Grecs , 
dont  on  peut  faire  une  tuite  julqu'à  nous ,  en  y  ajou- 
tant les  modernes.  M.  Patin  a  fait  un  ample  recueil 
des  Impériales  jufqu'à  Héraclius.  Les  Gothiques  font 
partie  des  Impériales  :  on  les  appelle  ainfi  ,  parce 
qu'elles  ont  été  faites  du  temps  des  Goths  ,  &  dans 
la  décadence  de  l'Empire  :  elles  rellentent  l'igno- 
rance de  leur  fiècle. 

A  l'égard  des  Médailles  modernes  ,  elles  ont  été 
fabriquées  dans  l'Europe  ,  depuis  que  la  domination 
des  Goths  y  a  été  éteinte ,  Se  que  la  fculpture  &  la 
gravure  ont  commencé  à  refleurir.  La  première  frap- 
pée ,  eft  celle  de  Jean  Hus  hérétique  ,  en  141  ;  ;  <S; 
fi  l'on  en  voit  de  plus  anciennes  ,  elles  font  ou  faut 
{es  ,  ou  reftituées.  On  n'en  trouve  point  en  France 
frappées  avec  l'effigie  du  Prince  avant  le  règne  de 
Charles  VII.  L'étude  des  médailles  modernes  ell 
d'autant  plus  utile  ,  qu'elles  donoent  plus  de  lu- 


MED 

mlèrc  que  les  antiques  ,  &  qu'elles  marquent  les 
temps  &  les  circonllances  des  événemcns  :  au  lieu 
que  les  infcriptions  des  anciennes  font  fort  cour- 
tes &  fort  fimplcs ,  &  prefque  toutes  fans  date.  De 
plus  ,  les  médailles  antiques  font  fort  fujettes  à  être 
faullés  ,  à  caufe  de  leur  prix  excelllf ,  qui  les  a  fait 
contrefaire  avec  tant  d'artifice  ,  qu'il  eft  mal-aifé 
de  les  diftinguer  -,  &  qu'au  contraire  ,  l'on  reconnoh 
facilement  quand  les  modernes  font  frappées  ,  ou 
moulées. 

Au  refte  ,  les  médailles  ont  été  fabriquées  de  trois 
fortes  de  métaux  ,  qui  font  trois  fuites  difterentcs  dans 
les  cabinets  des  Curieux.  Celle  d'or  eft  la  moins  nom- 
breufcielle  n'excède  guère  1000  oui  zoo  dans  les 
Impériales  :  celle  d'argent  peut  aller  jufqu'à  5000  dans 
les  feules  Impériales  ■■,  &  celle  de  bronze  de  trois 
grandeurs  ditîérentes  -,  c'eft-à  dire  ,  de  grand  ,  de  . 
moyen  &  de  petit  bronze ,  au  delà  de  fix  ou  fept  mille 
dans  les  Impériales. 

Il  n'y  a  point  de  véritables  médaitles  Hébraïques  j 
&  celles  où  l'on  voit  la  tête  de  Moyfe  &  de  J.  C. 
font  ou  faullés  ,  ou  modernes.  On  trouve  feulement 
quelques  ficles  de  cuivre  ,  ou  d'argent ,  avec  une  lé- 
gende Hébraïque  ou  Samaritaine.  On  n'en  a  jamais  vu 
d'or.  On  en  cite  pourtant  une  du  Cabinet  du  Roi  de 
Dannemarck.  Foye^  fur  ces  fortes  de  médailles ,  la 
dilferration  du  P.  Souciet  Jéfuite  ,  fur  les  médailles 
Hébraïques  ,  appelées  communément  médailles  Sa- 
maritaines, où  il  diftingue  exactement  les  vraies  mé- 
dailles Hébraïques  des  faullés ,  toutes  les  efpèces  des 
vraies  ,  &  où  il  montre  que  ce  font  de  vraies  mon- 
noies Hébraïques  frappées  par  les  Juifs  ;  mais  fur  le 
modèle  des  anciennes ,  qui  avoient  cours  avant  la 
captivité  de  Babylone,&c.  Voye\zXi'S\  Villalpandus, 
l'ouvrage  de  Vaferus  ,  les  Paradoxes  de  Coringius 
fur  cela  ,  &  les  ExeiKiiiations  Samaritaines  du  P. 
Morin.  ^  , 

Les  parties  d'une  médaille  font  fes  deux  cotes, 
dont  l'un  s'appelle  la  face ,  ou  la  tête.  Faciès  ,  prima, 
faciès  ,  &  l'autre  le  revers  ,  Pars  averfa  ,  oxipojlica. 
De  chaque  côté  il  y  a  le  champ",  qui  eft  le  milieu 
de  la  médaille  ,  Area  ;  le  tour  ,  ou  le  bord  ,  margo; 
Se  l'exergue ,  qui  eft  la  partie  qui  le  trouve  au-del- 
fous  du  fol  fur  lequel  font  pofées  les  figures  que  la 
médaille  repréfente  ,  ima  pars.  Sur  ces  deux  faces , 
on  diftingue  le  type,  &  l'infcription  ,ou  la  légende i 
le  type  ,  typus  ,  font  les  figures  repréfentées  ;  l'inf- 
cription ou  légende,  infcriptio ,  épigraphe  ;  c'efi  lé- 
criture  qu'on  y  lit  ,  &  principalement  celle  qui  eft 
fur  le  tour  de  la  médaille.  Souvent  néanmoins  dans 
les  médailles  Grecques  ,  &c  quelquefois  dans  les  La- 
tines ,  l'infcription  eft  dans  le  champ.  Ce 'qui  eft  dans 
l'exergue  ,  s'appelle  moins  ordinairement  infcrip- 
tion ,  parce  que  ce  ne  font  fouvent  que  quelques 
lettres  initiales  ,  dont  on  n'entend  pas  le  fens.  Il  y 
a  pourtant  quelquefois  des  époques  ,  fur  tout  dans 
les  médailles  Gtecques,  ou  des  mots  qui  peuvent  être 
nommés  infcription. 

Ce  n'eft  ni  le  métal ,  ni  le  volume  ,  qui  rend  les 
médailles  précieufes  ,  mais  la  rareté  de  la  tête  ,  ou 
du  revers  ,  ou  de  la  légende.  Telle  médaillç  en  or 
eft  commune  ,  qui  fera  très  rare  en  bronze.  Telle 
fera  très-rare  en  argent ,  qui  fera  commune  en  bronze 
&  en  or.  Tel  revers  fera  commun  ,  dont  la  tête  fera  i 
unique.  Telle  tête  fera  commune  ,  dont  le  revers  eft  \ 
très-rare.  Il  y  a  des  médailles  qui  ne  font  rares  que 
dans  certaines  fuites  ,  &c  qui  font  fort  communes 
à^ns  les  autres.  Par  exemple  ,  on  n'a  point  à'An- 
tonia  pour  la  fuite  du  grand  bronze.  Il  faut  nécef- 
fairement  fe  fervir  de  celle  du  moyen  bronze.  L'O- 
thon  eft  rare  dans  toutes  les  fuites  de  bronze ,  &  il 
eft  commun  dans  celles  d'argent.  On  fait  monter 
les  Othons  de  grand  bronze  à  un  prix  immenfe  : 
éc  ceux  de  moyen  bronze  à  quarante  ou  cinquante 
pillolcs.  On  met  le  même  prix  aux  Gordiens  d'Afri- 
que. Les  médailles  uniques  n'ont  point  de  prix.  On 
appelle  médailles  uniques  ,  celles  qui  ne  fe  trouvent 
pas  même  dans  le  cabinet  des  Curieux^  du  premier 
ordre  ,  tSc  qu'on  ne  trouve  que  par  hafard.  L'Othon 


M 


E  D 


de  grand  bronze  cft  une  médaille  unique.  Médaille 
unique  fc  prend  dans  un  kns  plus  précis  ,  pour 
celle  qui  n'eftqiie  dans  un  fcul  cnbinec ,  &  qui  n  y 
cfl:  qu'une  fois.  Quand  les  médailles  palfcnr  dix  ou 
douze  piftoles ,  elles  valent  ce  que  l'on  veut,  elles 
n'ont  d'autre  prix  que  celui  que  lui  donne  le  Cu- 
rieux qui  les  veut  acheter.  Foyei  là-dellus  M.  Vail- 
lant. Le  Pefcennius  Niger  ,  &  le  Pcrtinax  font  fort 
rares  en  tous  métaux.  Le  Didius  Julianus  ne  Ce  trouve 
guère  qu'en  grand  bronze.  Le  Padouan  ^le  Parnielan 
&  Carteron  Hollandois  ,  ont  fait  des  coins  exprès 
pour  fibriqucr  des  médailles  qui  n'ont  jamais  été: 
comme  celles  de  Cicéron ,  de  Virgile  ,  de  Priam  , 
d'Enée  ,  &c.  M.  Vaillant  a  rallcmblé  toutes  \csmé'- 
dailles  happées  par  les  Colonies  Romaines  ,  le  P. 
Hardouin  celles  des  villes  Grcques  !k  Latines  ;  le 
P.  Noris  celles  de  Syrie.  M.  Morel  a  entrepris  une 
Hidoire  univerfelie  des  médailles.  Il  les  a  partagées 
en  quatre  dalles.  La  première ,  contient  les  médail- 
les des  Rois ,  des  villes  8c  des  peuples  qui  ne  por- 
tent ni  le  nom  ,  ni  l'effigie  des  Empereurs  Ro- 
mains -,  la  deuxième  ,  les  médailles  Confulaires  ;  la 
troilième,  les  médailles  Impériales  ;  la  quurième, 
les  médailles  Hébraïques  ,  Puniques  ,  Parthiques  ', 
Françoifes  ,  Efpagnoles  ,  Gothiques  &  Arabefques. 
Il  a  commencé  par  les  Impériales  ,  &  les  conduit 
jufqu'à  Héraclius.  Les  médailles  Impériales  font  ou 
Latines  ,  ou  Grèques.  M.  Morel  fait  marcher  les 
Latines  les  premières.  Ad.  Occo  ,  A-Iédecin  Alle- 
mand ,  &  le  Comte  Mezzabarda ,  les  ont  voulu 
ranger  par  ordre  chronologique  ;  mais  cela  eft  im 
pollible.  Car  lur  la  plupart  des  médailles  Impériales, 
on  ne  marque  ni  le  Confulat ,  ni  l'année  du  règne  ; 
&  depuis  Gallien  ,  il  n'y  a  aucune  médaille  où  l'on 
puille  trouver  aucun  vertige  de  Chronologie.  On 
appelle  médailles  Grèques  ,  celles  où  Ce  trouvent 
les  têtes  des  Empereurs  Grecs,  ou  une  infcription 
Grèque. 

Le  cabinet  de  médailles  le  plus  eftimé  de  l'Eu- 
rope ,  aptes  ceux  des  Princes  ,  étoit  celui  de  feu 
M.  Foucault.  Ce  cabinet ,  grollî  des  dépouilles  de 
tant  d'autres ,  appartient  à  préfent  au  Duc  de  Parme. 
Mèm.  de  Trév.  Août  iy2s.  M.  l'Abbé  de  Rothc- 
lin  ,  de  l'Académie  Françoile  ,  &  de  celle  des  Belles- 
Lettres  ,  également  recommandable  par  foji  efprit , 
par  fon  érudition  ,  par  fon  bon  goût ,  &  par  fa 
politelfe,  avoit  fondu  plulieurs  cabinets  de  médailles 
dans  le  lien,  qui  étoit  le  plus  beau  ,  le  plus  choili  , 
&  le  mieux  confervé  qu'il  y  eût  en  France. 

On  appelle   médaille    fauffe ,   celle  qui   eft  con- 
trefaite ,    &   qu'on    veut    faire   palfer    pour   anti- 
que, quoiqu'elle  ne  le  foit   pas  ;  &  médaille  fruf- 
fle ,    une^  médaille    qui  n'efl:   pas  entière  ,    &   qui 
eft   effacée.    Médailles  rejlituées  ,   nummi  rejlitud , 
celles    où    l'on    trouve  ces  lettres    Refi.    qui   mar- 
quent qu'elles  ont  été  reftituées  par  les  Empereurs 
pour  les  perpétuer.  Médailles  faucées  ,  qui  font  bat- 
tues fur  le  feul  cuivre  ,  &  puis  argentées.  On  en  fait 
faire  exprès  pour  avoir  la   fuite  d'argent   complète 
par  des  têtes  qu'on  ne  rencontre  prefque  point  d'ar- 
gent. Médailles  fourrées ,   nommi   bracleati ,    celles 
qui  font  battues  fi  adroitement,  qu'on  ne  s'en  apper- 
çoit  qu'à  la  coupure  :  ce  font  les  moins  lufpedtes. 
Médailles  éclatées  ,  ou  fendues  ,    Numifmata  fifsâ 
mar^ine  ,  celles  dont  les  bords   font   éclatés  par  la 
force  du  coin.  Médailles   dentelées  ,  ou  crénelées , 
Numifmata /errata ,  celles  dont  les  bords  font  den- 
telés ;    c'eft  une  preuve  de  bonté  Se  d'antiquité.  Elles 
font  communes  parmi  les  Confulaires  jufqu'au  temps 
d'Augufte.  On  n'en  trouve  point  après  lui.  Il  y  en  a 
aulfi  plufieurs  parmi  celles  des  Rois  de  Syrie.  Médailles 
incufes  ,  nummi   incufi ,  celles  où  il  n'y  a  point  de 
revers.^  Médailles    contremarquées  ,  celles  qui   font 
entamées  ou  du  côté  de  la  tète  ,  ou  du  côté  du  re- 
vers. Ces  contremarques  font  la  marque  d'un  chan- 
gement de   prix.  Les  Curieux  recherchent  ces  Cop- 
ies àt  médailles  3.wec  km.  Médailles  moulées,  celles 
qui  ne  font  point   frappées  ,    &  qui   font  faites  au 
moule.    Le  P.  Ménétrier  dès  l'année  1685.  donna 


MED 


901 


l'Hiftoirc  de  Louis  le  Grand  par  les  médailles ,  jetons 
autres  monumens  publics  ,  dont  il  fit  une  féconde 
ediiion,  he.uicoup  plus  ample,  aVec  l'explication 
de  ces  médailles  ,  &  de  tout  ce  qui  s'étoif  fait  de 
conhcicrable  fous  ce  règne  en  1695.  La  première 
fut  contrefaite  en  Hollande  en  165,1.  à  laquelle  on 
ajouta  quelques  médailles  fcandaleufes.  On  a  fait 
depuis  le  mcme  ouvrage  de  rimpreliion  du  Louvre^ 
in-Jol.  avec  les  gravures  les  plus  belles.  Se  encore 
in-quartû.  C'eft  M.  l'Abbé  Bignon  qui  a  préfidé  à 
cet  ouvrage. 

M.  Mézerai  a  donné  en  fon  Hiftoire  de  France 
des  médailles  tirées  de  la  France  Métallique,  qui  font 
des  médailles  nouvellement  inventées  ,  qui  n'ont 
jamais  été  frappées,  Ik  qui  11c  peuvent  fcrvir  d'au- 
cune preuve  pour  l'hiftoire  ,  mais  en  altérer  feule- 
ment la  vérité  par  la  fauflbtéde  leuts  types.  Au  com- 
mencement de  l'an  1702.  l'Académie  des  médail- 
les &  des  infcriptions  préfenta  au  Roi  le  recueil  des 
médailles  frappées  fur  les  principaux  événcmens  du 
glorieux  règne  de  fa  Majelté. 

§CrM.  de  Fontenelle,  &  après  lui,  M.  de  Bougain- 
villeont  dit  que  les  coquillages  &  les  poiffons  pétri- 
fiés dans  les  terres  étoierit  des  médailles  incoiuefta- 
bles  du  déluge. 

Une  médaille  ,  ou  quelque  antique  ,  avec  ce  mot , 
Majuspojl  ficula  nomen  ,  marque  que  la  gloire  des 
Héros  augmente  avec  le  temps. 

MÉDAILLE  ,  eft  aulîi  une  petite  pièce  de  métal ,  ou  de 
pâte  j  ou  de  cire  ,  où  eft  empreinte  l'image  d'un 
Saint  ,  ou  de  quelque  myftère  ,  à  laquelle  il  y  a 
des  Indulgences  attachées  par  la  bénédidion  du 
Pape.  Sacrum  numifma.  Les  médailles  bénites  s'atta- 
chent à  des  chapelets  ,  s'enchâflènt  en  des  Agnus 
Dei ,  en  des  reliquaires. 

Scaliger  tient  que  ce  mot  vient  de  l'Arabe  Me- 
thalia  ,  qui  fignifie  une  monnoie  de  Chrétiens  ,  où 
la  figure  de  la  tête  d'un  homme  eft  empreinte.  Mé- 
nage &  Voilius  difent  que  ce  mot  vient  plutôt  de 
metallum. 

Du  Cange  dit  que  l'obole  a  été  appelée  medalia, 

quajî  medietas^  nummi.  Le  même  dit  que  du  mot  de 

médaille  a   été  formé   celui   de    maille  ,   qui   a  été 

d'abord  attribué  à  toute  forte  de  monnoie     <V  m,; 

ennn  demeure  aux  plus  petites. 

MÉDAILLE,  feditaufll  en  matière  d'Architeéfure  ,  d'un 
certain  bas-relief  de  figure  ronde,  fur  lequel  eftVepré- 
fentée  la  tête  de  quelque  Empereur  _,  de  quelque 
Roi ,  ou  de  quelqu'autre  perfonne  illuftre.  Nummus 
majoris  modi. 

tfS"  On  dit  figurément  &  proverbialement  d'une  vieille 
perfonne  qui  a  le  vifage  d'une  figure  extraordinai- 
re, &  dont  les  traits  font  gtands  &z  fort  marqués, 
que  c'eft  une  vieille  médaille.  Tournez  \-i.  médaille\ 
pour  dire ,  examinez  la  choie  de  l'autre  côté  ;  après 
avoir  vu  le  bon  ,  coufidérez  en  le  mauvais;  après 
avoir  parlé  à  fon  défavantage  ,  parlons  maintenant 
pour  lui.  On  dit  aufîi  Tourner  la  médaille  ,  des 
chofes  qu'on  retourne  ,  qu'on  met  à  l'envers.  On 
dit  aulîi  que  toute  médaille  a  fon  revers,  pour  dire, 
qu'il  n'y  a  rien  qu'on  ne  puilfe  confidérer  en  bonne 
&  mauvaife  part,  que  toute  affdre  a  lés  avantages 
&  fes  inconvéniens.  On  dit  aufti,  La  médaille^eH 
renverfée  ,  pour  dire  ,  la  fortune  a  changé  ,  les  cho- 
ses ne  font  plus  dans  le  même  état. 

MÉDAILLIER.  f  m.  C'eft  un  tablier  comme  celui 
du  tridtrac ,  mais  moins  creux,  où  un  Antiouaire 
place  (es  médailles ,  félon  leur  ordre  ,  &  dans  des 
petites  loges  creufées  ,  comme  on  place  les  poids 
dans  un  trébuchet.  Médaillier  fignifie  aulli  un  petit 
cabinet  rempli  de  tiroirs  ,  dans  lefquels  on  range 
les  médailles.  On  apprend  fans  peine  dans  un  rné- 
daillierh  fuite  des  Confuls ,  des  Empereurs  &c  des 
Rois, leurs  noms  fleurs  traits  &  leurs  adtions.  Pluche. 

MÉDAILLISTE.  Auteur  qui  a  écrit  des  médailles- 
Curieux  qui  a  fait  une  grande  colledion  de  mé- 
dailles. Antiquaire  qui  connoît  bien  les  médailles. 
Qui  de  riumifmatibus  fcripfit.  Les  grands  Médaillif- 
us  ont  été  Antonius  Auguftinus,    Evêque  de  Tarra- 


Q02  MED 

goiie  ,  Wolf.  Lazius ,  Fulvius  Urfinus  ,  Tavant  Aii- 
tiquaue,  Hubeitus  Goltzms ,  iàmeux  Graveuf,  ^- 
neas  Vicus ,  Oitelus  ,  Seguin  ,  Occo  ,  Tnftan  ,  le 
P.  Siimond,  Vaillan,  Patin,  le  P.  Noris  ,  M.  de 
Spanheim ,  le  P.  Haidouin  ,  Moicl  ,  &  le  P.  Jou- 
bert  ;  le  Comte  Mezzabaiba  ,  M.  Begher ,  &c.  Le 
Père  Bandouti  a  mis  à  la  tête  de  l'on  Recueil  de  Mé- 
dailles, Bibliotheca  Nummana ,  five  Auclorum  qui 
de  immifmads  fcnpferunt. 

MÉDAILLON,  i.  m.  Médaille  d'une  grandeur  extraor- 
dinaire. C  etoit  communément  une  elpèce  de'  mé- 
daille dont  les  Princes  foitoient  prélent  à  ceux  qu'ils 
favorifoient  de  leur  eftime.  Nummits  majoris  modï. 
Ceft  pourquoi  les  Romains  les  nommoient  mijjiiïa. 
Les  médaillons  n'étoient  point  des  monnoies  cou- 
rantes comme  les  médailles.  On  les  frappoit  feule- 
ment pour  krvir  de  monumens  publics,  ou  pour 
faire  des  préfens.  On  n'en  peut  former  aucune 
fuite  ,  quand  même  on  mêleroit  les  grandeurs ,  & 
Jes  métaux.  On  n'en  trouve  que  quatre  ou  cinq 
cens  dans  les  plus  riches  cabinets.  §C?  Il  y  en  a  au- 
jourd'hui un  plus  grand  nombre  dans  le  cabinet  du 
Roi ,  qui  s'eft  enrichi  de  plufieurs  cabinets  particu- 
liers ;  enforte  qu'on  pourroit  exécuter  le  projet  de 
M  Morel  ,  c'eft-à  dire ,  faire  graver  plus  de  mille 
médaillons.  On  ne  lait  pas  trop  en  quel  temps  on  a 
commencé  den  frapper.  Quelques  Antiquaires  di- 
fent  que  c'eft  du  temps  de  Théodole.  Mais  on  en 
battoit  même  dans  le  haut  Empire  :  car  il  y  en  a  de 
Néron  ,  de  Trajan  &  d'Alexandre  Sévère.  Les  mé- 
daillons dor  &  ceux  de  grand  bronze  ,  font  très- 
rares.  On  diftingue  les  médaillons  d'avec  les  médail- 
les par  le  volume,  c'eft  à  dire  ,  par  l'épailleur ,  par 
l'étendue,  par  le  relief ,  &  par  lagrolTeurdc  la  tête. 
Patin.  Le  P.  Joubert.  Il  y  a  une  efpèce  de  mé- 
daillons  qu'on  appelle  contorniates.  Ce  font  des 
médaillons  frappés  avec  un  enfonçure  tout  autour 
qui  laillé  un  rond  des  deux  côtés ,  &  avec  des  fi- 
gures qui  n'ont  prefque  point  de  relief  en  compa- 
raifon  des  vrais  médaillons.  Les  médaillons  font  ap- 
pelés dans  plufieurs  titres  Latins ,  metalliones.  Les 
Italiens  les  appellent  mcdaglioni  ,  d'où  nous  avons 
fait  médaillons. 

MÉDALE.  ù  f.  Savot  écrit  toujours  ainfi ,  au  lieu  de 
médaille ,  qui  eft  la  feule  orthographe  reçue  aujour- 
d'hui. 

MÉDARD.    f  m.  Nom  d'homme.  Medardus. 

Un  vieux  proverbe   dit ,  U  fait  la  mine   comme 
/Saint   Médardi  &C   cela  par  alluilon  à  quelque  an- 
cienne figure  ou  ftatue  de  Sûni  Médard  mal-laite. 
Se  faifant  la  grimace. 

Régnier  a  dit   proverbialement ,  Un  ris  de  Saint 
Médard ,  pour  un  ris  forcé. 

Glorieux   de  me  voir  Ji  hautement  loué. 
Je  devins  aujji  fier  qu'un  chat  amadoué , 
Et  /entant  au  palais  mon  difcours  fe   confondre. 
D'un  ris  de  S.  Médard  il  lui  fallut  repondre. 

Régnier. 

IVJ^ÈDE.  f  m.  &  f.  Nom  de  peuple.    Medus. 

MÉDECIN,  f  m.  Celui  qui  a  étudié  la  nature  du  corps 
humain  ,  &  des  maladies  qui  lui  arrivent ,  qui  fait 
profeflîon  de  les  guérir  i  qui  fait  l'art  de  rendre  ,  ou 
de  conferver  la  finré.  Medicus.  U  n'eft  point  permis 
à  un  Médecin  de  recevoir  des  legs ,  ou  des  donations 
de  la  part  de  fes malades.  Le  Médecin  méthodique^ 
ou  galénique  ,  eft  celui  qui  guérit  avec  des  remèdes 
doux  ,  ordinaires  ,  expérimentés  ,  &  qui  les  donne 
à  propos.  Médecin  chimique  ,  fpagirique  &  empiri- 
que ,  eft  celui  qui  fe  fert  de  remèdes  violens ,  tirés 
des  minéraux  avec  le  feu.  On  a  appelé  d'abord  Mé- 
decins cliniques  ,  les  Médecins  qui  vilîtoient  les  ma- 
lades au  lit ,  pourobfevrer  les  divers  fymptcimes  des 
maladies  ;  pour  les  diftinguer  des  Médecins  empiri- 
ques qui  couroient  par  les  villes  pour  débiter  leurs 
drogues.  L'antiquité  a  encore  donné  diftéicns  noms 
aux^  Médecins  félon  leurs  diiférentes  efpèces ,  ou 
fondions.  Elle  appeloit  Ajbvlogiques  >  ceux  qui  pré 


MED 

tendoient  guérir  par  le  moyen  de  l'Aftrologie  -,  Bota- 
niques ,  ceux  qui  s'appliquoient  à   la   connoiftance 
des  propriétés  des  fimples,  &  qui  les  employoicntj 
Chirurgiens  ,  ceux   qui  faifoient  les   opérations  ma- 
nuelles.   Cliniques.   Voyez  ci-deftus.  Ils  appeloienc 
auftl  de  ce  nom  tous  les  Médecins  en  général ,  com- 
me ils  nommoient  Clinique  h  Médecine  en  général. 
Cofmètes  ,    ceux  qui  confervoient  l'embonpoint  & 
la   fr.aîcheur    du  teint  ;    Difjécateurs  ,   ou    Anato- 
miques  ,  ceux  qui  dilféquoient  les   corps  ;  Dogma- 
tiques ,   ceux  qui    pofoicnt   des  principes  ,  &   qui 
raifonnoient  fur  ces  principes  &  fur  l'expérience  i 
Empiriques  ,  ceux    qui  s'en   tenoient  aux  expérien- 
ces. Sérapion  fut  le  chef  des  Empiriques  :  AppoUo- 
nius,  Glauci.as  &c   plufieurs  autres  fuivirent  ce  fen- 
timcnt.   latraliptes  ,  ceux  qui  ufoient  d'onâions  ôc  ^ 
de   friètions   extérieures  pour    guérir  ;   Magiques  , 
ceux  qui  employoiem  la  M.igie  -,  Méthodiques  ,  ceux 
qui  fe  faifoient  une  méthode  fondée  fur  des  princi- 
pes dont  ils  tiroient  des  conféqucnces  Se  des  prati- 
ques fuivies;  Muficiens ,  ceux  qui  employoient  les 
fons  &z  les  concerts  à  la  guérifon  des  maladies;  Ocu- , 
laires  ,  les  Oculiftes  ,  qui  traitent  les  yeux  ;  Pracli- 
ques  ,  ceux  qui  exerçoient  la  ^iéàednt  ■,  Rationaux  , 
ou  Logiciens ,  ceux  qui  cherchoient  les  caulcs  des 
maladies  i  Théorétiques  ,  ceux  qui  remontoient  aulli 
aux  caufes  des  maladies,  qui  examinoient  les  prin- 
cipes du  corps  humain  ,  fes  parties ,  leur  ftrudure, 
leurs  fonàlions ,   Sec.    p'ulnéraires ,  ceux  qui  pan-     ; 
foient  les  plaies.  ^  .  ' 

Il  y  a  des  Médecins  de  la  Faculté  de  Paris  ,  de 
Montpellier  ,  &c.  En  ce  fens  on  dit ,  Il  a  (uivi  l'or- 
donnance du  Médecin ,  il  a  appelé  le  Médecin  ;  il  a 
été  abandonné  des  Médecins,  condamné  des  Méde- 
cins. Chez  le  Roi  il  y  a  le  premier  Médecin  ,  le 
Médecin  ordinaire,  les  huit  Médecins  de  qnmki , 
Se  les  Médecins  du  Commun.  Un  Ancien  voulant 
louer  finement  un  Médecin  trop  hafardeux ,  lui  du  , 
Qu'il  ne  faifoit  point  languir  fes  malades.  Abl.  Il  y 
a  parmi  les  morts  une  honnêteté,  &c  une  difcrétion 
la  plus  grande  du  monde  ,  Se  jamais  on  n'en  voir 
fe  plaindre  du  Médecin  qui  l'a  tué.  Mol.  Tant  que 
les  hommes  aimeront  la  vie ,  le  Médecin  fera  raille 
Se  bien  payé.  La  Bruy. 

Entre  les  animaux  ,  jamais  un  Médecin 
N'empoifonna  les  bois  de  fin  art  ajfaffln.  Boiu 

Un  Satyrique  demandant  la  définition  d'un  Mé- 
decin ,  &  fe  répondant  à  lui  même ,  dit ,  un  Mé- 
decin eft  une  forte  d'homme  ,  payé  pour  dire  des 
fariboles  dans  une  chambre  auprès  d'un  malade, 
jufqu'à  ce  que  la  nature  l'ait  guéri,  ou  que  les  re- 
mèdes l'aient  fait  crever.  La  Br.  On  a  fait  en  tout 
temps  des  Satyres  contre  les  Médecins.  Ceux 
qui  n'ont  point  de  procès  Se  qui  fe  portent  bien , 
raillent  les  Juges  Se  les  Médecins  ;  mais  quand  ils 
ont  des  affaires  ou  des  maladies  ,  ils  changent  de 
fentiment.  L'Ecriture  fait  l'éloge  de  la  Médecine  en 
difant  ,  Honora  Medicum  propter  necejjltatem  :  ete- 
nim  creavit  illum  Altijfimus.  La  méthode  des  nou- 
veaux Médecins  qui  appliquent  la  mécanique  à  la 
médecine  ,  n'eft  pas  nouvelle  ;  Erahftrate  en  eft  l'au- 
teur. . 

MÉDECIN ,  fe  dit  auftl ,  mais  improprement ,  de  ce- 
lui qui  communique  un  remède  qu'il  a  pris  ou 
éprouvé ,  à  celui  qui  en  a  befoin.  Tout  le  monde 
fe  mêle  d'être  Médecin.  Quand  on  eft  avancé  en 
âge ,  il  faut  être  fon  Médecin  à  foi-même  ,  fayoir 
ce  qui  nous  eft  propre.  Le  Médecin  de  foi-même 
eft  un  livre  où  l'on  a  prétendu  enfeigner  l'arc  de 
fe  conferver  la  fanté   par  l'inftind. 

On  appelle  aufti  le  quatrième  doigt  de  la  main  , 
le  médecin ,  à  caufe  que  les  Anciens  le  lervoient  de 
ce  doigt-là  pour  délayer  leurs  médicamens. 

Mi-iDEciN",  fe  dit  figurément  de  ce  qui  remédie  à  un 
mal  quelconque.  Le  temps  ,  cet  heureux  médecin 
de  toutes  les  douleurs.  Cérisi.  Le  vin  eft  le  me- 
dcunâc  la  mélancolie.    Le  Confelfeur  eft  le  mede- 


MED 


c:n  des  anies.  Les  Pic'dicLiteurs  font  les  médecins 
des  mœurs.  Je  fuis  le  mcdccui  de  toutes  les  Iroitunes 
dcl.ibrées.  P.  Com. 

Mkoecin  ,  Te  dit  proveibialcment  en  ces  phrafes.  Mcii 
reux  le  Mélcun  qui  vje/it  Ihr  le  déclin  de  la  mal.i- 
dic  ,  pour  dire ,  qu  il  a  l'honneur  de  la  cure  qui  le 
fait  par  les  forces  naturelles.  On  dit  aulli ,  Après  la 
niurt  le  Médecin ,  pour  dire  ,  qu'on  apporte  le 
remède  à  une  aiiaire  quand  elle  elt  ruinée  ,  quand 
il  n'ell  plus  temps.  On  difoit  autrefois  ,  Apres  la 
mort  le  mire  ,  car  mire  ligp.ihoit  médecin.  (é)r\  ap- 
pelle aullî  Médecin  d'eau  doucCj  celui  qui  cil  ignorant 
en  Médecine ,  qui  n'ordonne  que  des  remèdes  trop 
communs  ,  &  fins  cflet.  Quelques  uns  cro;ent  que  ce 
proverbe  vient  d'un  nommé  Afclépiade  ,  méchant 
i'dcdccin  dont  parle  Pliiie  au  Livre  16.  qui  alfcilta 
de  le  rendre  célèbre  en  ordonnant  leidement  de  l'eau 
à  les  malades. 

MÉDECIN  ,  guéris  toi  toi  même ,  eft  un  proverbe  ft- 
cré  que  Jesus-Chrit  a  dit  en  l'Evangile  à  ceux  qui 
vouloient  guérir  les  autres  ,  &  qui  avoient  plus  bc- 
foin  qu'eux  d'être  guéris. 

En  termes  du  grand  Art,  on  appelle  le  mercure , 
Médecin  des  planètes. 

MEDECINE,  f  h  Qui  n'a  point  de  pluriel  en  ce  lens. 
Medicina.  C'cft  lelon  Galienj  lart  de  conlerver  la 
lanté  préfente,  &c  de  rétablir  celle  qui  efl:  altérée: 
&  lelon  Hippocrate ,  adjeétion  de  ce  qui  manque, 
&z  retranchement  de  ce  qui  redonde  :  &  lelon  Hé- 
rophile ,  la  Icience  des  chofes  qui  lont  bonnes  à  la 
lanté ,  ou  qui  y  nuifent ,  ou  qui  lont  indiiTérentes. 
De  l'aveu  de  Pitearn  ,  célèbre  Médecin  Ecollois,  la 
Médecine  n'eft  point  un  art  ;  elle  ne  connoît  point 
alFez  font  objet ,  &  fes  principes  ne  font  pas  allez 
sûrs  pour  mériter  ce  nom.  Pour  la  rendre  utile  ,  il 
iaut  la  réduire  à  la  limple  obfervation  des  remèdes 
qui  réulfillent,  &  de  ceux  qui  ne  reufiiilent  pas.  Un 

^  Satyrique  a  défini  cette  Icience  ,  l'art  de  tuer  les 
hommes  impunément.  Abl.  Virgile  l'appelle  un  Art 
muet.  Mutas  artes  y  parce  que  ceux  qui  la  prati- 
quèrent les  premiers  ,  uniquement  occupés  à  cher- 
cher des  remèdes  dans  le  lue  des  herbes  ne  le  répan- 
doient  point  en  vains  railonnemens  :  mais  depuis 
elle  devint  une  fcience  bahillarde  ,  parce  que  les 
Grecs  naturellement  grands  parleurs  ,  en  gâtèrent 
la  {implicite  par  une  affluence  de  paroles  recher- 
chées. Saumaise.  Hippocrate  &  Galicn  lont  les 
Princes  de  la  Médecine.  Les  Arabes  ont  été  lavans 
en  Médecine.  La  Médecine  n'a  été  introduite  dans 
Rome  que  600  ans  après  la  fondation,  &  eh  France 
long  temps  après  le  commencement  de  la  III'^.  Race 
de  nos  Rois ,  &c  lous  Louis  VIL  L'Ecole  de  Méde- 
cine eft  le  lieu  où  l'on  enfeigne  la  Médecine  ',  qui 
fut  acheté  par  les  Médecins  l'an  1471.  Les  Doéleurs , 
les  ProfelTeurs  de  la  Faculté  de  Médecine.  Cette  Fa- 
culté ne  s'établit  dans  l'Univerfité  de  Paris  ,  que 
long  temps  après  celle  de  Théologie  &  des  Arts , 
aullî-bien  que  la  Faculté  de  Droit.  Le  6^  Canon  du 
Concile  de  Reims  de  l'an  1131.  défend  aux  Moines 
&  aux  Chanoines  Réguliers  d'étudier  les  loix  civi- 
les &c  la  Médecine.  Lifter  dans  la  dilFertation  tou- 
chant les  humeurs,  fe  plaint  de  la  manie  nouvelle 
de  prétendre  réduire  la  Médecirm  à  la  Géométrie  ; 
de  n'y  parler  que  de  mécanique  ,  &  de  conduire  les 
malades  à  la  mott  par  démonftrarion. 

La  Médecine  ,  dont  la  fin  eft  de  conferver  la  fanré, 
ou  de  la  rétablir  quand  elle  eft  altérée ,  fe  divife  en 
trois  parties  principales  ,  qui  font  la  Phyhologie  , 
Phyjîologia  ;  la  Pathologie  ,  Patlwlogia  ;  la  Thé- 
rapeutique ,  Therapeutica.  Ces  parties  générales  en 
renferment  pluheurs  autres.  A  Paris  dans  les  écoles 
publiques  ,  on  l'enfeigne  divifée  en  cinq  parties  , 
qui  font  autant  de  traites  qui  font  donnés  chacun 
par  un  ProfelTeur,  Docleur  de  la  Faculté.  Ces  par- 
ties font  la  Phyiiologie  ,  la  Botanique  ,  la  Patholo- 
gie ,  la  Chirurgie  &  La  Chunie  ,  ou  Pharmacie  ; 
l'Anatomie  eft  renfermée;  dans  la  Phyiiologie. 

En  général  on  diftingue  la  Médecine  en  cinq  par- 
ties. 1°.   La  Phyfiologie ,  qui  traite  de  la  conftitu- 


M  E  D  903 

tion  du  corps  hiii'.iain  regardé  comme  fliin  Se  bien 
dilpofé  ;  ce  qui  appartient  à  rAnatomic.  i".  La  Pa- 
thologie ,  qui  traite  de  la  conilicucion  de  nos  corps, 
qui  n'eft  pas  lelon  la  nature.  3°.  La  Sémiotique,  ou 
l'Indicative,  qui  traite  des  lignes,  ou .  indications 
de  la  lanté  t<c  la  maladie.  4".  L'Hygicnc,  qui  don- 
ne des  règles  du  régime  qu'on  doit  garder  pour  con- 
lerver la  lanté.  ^".  La  Thérapeutique  ,  qui  enfeigne 
la  conduite,  &:  l'ulage  de  la  dicte,  &  qui  comprend 
la  Ciiirurgie  ,  tk.  la  Médecine  proprement  dite. 

Vandcr  Linden  a  donné  un  Catalogue  de  tous  les 
Livres  de  Médecine  qui  ont  été  fiits  julqu'à  prélent 
dans  le  livre  qu'il  a  intutilé  ,  de  Scriptis  Medicis. 
Il  y  a  un  Lexicon  Grec-Latin  de  Médecine  de  Bartho- 
loma;us  CalLellus  &  de  Adiianus  Ravefteinus.  Il  y 
en  a  un  autre  de  Gorrœus  ,  in  jolio.  Il  y  a  un 
Lexicon  étyniologicjue  de  M.  de  la  Ducqncrie.  M. 
le  Clerc  Médecin  à  Gcnti'e  ,  a  donné  un  premier 
Tome  de  VHiJloire  de  la  Médecine  ,  qui  eft  efti- 
mée,  &  où  les  antiquités  de  cet  art  font  fort  appro- 
fondies. 

§C?  Le  terme  de  médecine  eft  quelquefois  employé 
comme  lynonyme  de  remède  ou  médicament.  C'elt 
ainil  qu'on  dit  médecine  univerlelle  ,  remède  à  tous 
maux  ,  chimère  dont  bien  des  gens  font  entêtés. 
C'eft  la  pierre  philolophale. 

03°  Dans  cette  acception  le  mot  Ac  médecine  ^  dans 
le  langage  vulgaire,  lignifie  un  breuvage  qu'on  prend 
pour  le  purger  ,  une  potion  purgative  ,  compofée 
de  plulieurs  drogues  convenables  à  la  nature  de 
la  maladie.  Ainli  l'on  dit  prendre  médecine.  Phar- 
macum  ,  potio  medica.  Une  médecine  compolée 
de  calîe  ,  de  fené  ,  de  rhubarbe  ,  de  tamarins  , 
&c.  Cette  médecine  a  opéré  de  bonne  -  heure. 
On  appelle  médecine  douce ,  une  médecine  qui  tra- 
vaille peu  celui  qui  l'a  prile.  On  lui  a  donné  une 
médecine  de  cheval  ,  c'cll-à  dire  ,  très-forte  ,  trop 
fortes  ,  comme  pour  un  cht  val. 

MÉDECINE  ,  eft  auiîî  la  femme  d'un  Médecin.  Mais  il 
n'y  a  que  les  Provinciaux  qui  le  dilent  :  à  Paris ,  on 
dit  la  femme  d'un  Médecin.  Un  diûon  populaire  j 
eft  que  les  Médecins  prennent  médecine  le  jour  de 
leurs  noces  ,  parce  qu'ils  prennent  femme  ce  jour- 
là ,  &c  que  la  femme  d'un  Alédecin  s'appelle  Méde- 
cine. C'eft  une  équivoque  ridicule. 

MÉDECINE ,  en  termes  de  Chimie ,  fe  dit  de  la  grande 
teinture  minérale  ,  ou  du  grand  œuvre.  Médecine 
de  l'ordre  fupérieur  ,  c'eft  l'ouvrage  de  la  pierre 
parfaite  au  blanc  ,  ou  au  rouge.  Médecine  de  1  ordre 
inférieur  ,  c'eft  la  projection  de  l'élixir  parfait  au 
blanc  ,  ou  au  rouge  ,  lur  un  métal  impartait. 

On  dit  proverbialement  &  figurément  :  Argent 
comptant  porte  médecine  ,  quand  on  ne  veut  point 
faire  de  crédit  d'une  marchandile. 

MÉDECINER.  v.  a.  Donner  des  médecines,  des  po- 
tions purgatives  ,  des  remèdes  en  général  ;  ils  l'ont 
tant  médecine  ,  qu'il  en  eft  mort.  Cet  homme  s'ufe 
le  corps  à  force  de  fe  médeciner.  Medicamenta  fre- 
quentihs  adhihere.  Il  n'eft  que  du  ftyle  tamilier. 

MEDÉE.  f  f.  Nom  àz  it\Xi\x\Q.' Medea.  Elle  étoit  fille 
d'Eéta  Roi  de  la  Colchide , Hypfée,  ou  Idyie,étoic 
fa  mère.  Son  hiftoire  eft  alfez  connue.  L.iMédée  de 
Tionomaque  ,  Peintre  Grec  ,  eft  un  tableau  des  plus 
vantés  par  les  A.nciens  ;  la  fureur  &  la  compalîlon 
mêlées  fur  fon  vifage  ,  y  étoient  exprimées  d'une 
manière  admirable.  Aufone  a  compole  une  Epi- 
gramme  fur  ce  tableau.  Ce  Peintre  aimoit  à  repré- 
fenter  des  adions  d'horreur.  Son  Ajax  ,  fi  Gorgone 
n'ont  pas  été  moins  vantés  que  la  Médée.  Les  deux 
Épigrammes  d'Aufonne  font  des  imitations  de  deux 
Epif';rammes  Grecques  de  l'Anthologie.  Dict.  de 
Peint.  &  d'Arch. 

MÉDELIN.  Nom  d'un  Bourg  de  l'Eftramadure ,  fitué 
fur  la  Guadiana ,  à  huit  lieues  au-delfus  de  Mérida. 
Metcllinum  ,  Metallinum. 

MÉDELPADIE.  Nom  d'une  Province  de  la  Suède  , 
lîtuéc  le  long  du  golfe  de  Bothnie,  entre  l'Anger- 
manie  ,  l'Helfmgie  &  la  Jemotie.  Medelpadia.  Ce 
pnvs  peut  avoir  5  j  lieues  de  long  lut  10  de  large. 


904  MED 

MÉDÉMÉNA,&  fclon  l'Hébreu  MADMÉNA.  Nom! 
d'une  Ville  de  la  Tiibu  de  Jud.i ,  d.ins  Liïeire-Sainte. 
Medemena  ,  Mainuna.  Le  PèieLubm  croie  que  c'cft 
la  même  chofe  que  Beth-marchaboth. 
MÉDENBLICK.  Nom  d'une  Ville  avec  un  vieux  Châ- 
teau.  Midcnhiicuni.   Elle  efl:  fur  la  côte  leptentrio 
nale  de  la  Nord-Hollande,  à  crois  lieues  de  Hoorne 
&  d'EnchuKc. 
MEDÉON.  Ville  de  Grèce,  dans  la  Be'otie.  Il  y  en  avoir 

une  autre  dans  la  Phocide  ,  allez  près  d'Anticyre. 
MÉDES.  Nom  d'une  petite  île  environnée  de  deux  ou 
trois   autres  beaucoup    moindres.  Mcda.  Elle  étoit 
fur  la  côte  de  la  Catalogne  ,  près  de  l'embouchure 
du  Ter  ,  du  côté  du  nord.  Maty. 
MÉDÉSINON.  Rivière  de  l'Amérique  feptentrionale , 
dans  la  Loufianc  ,  au  pays  de  Nadouelli ,  ou  des  Sioux. 
MEDGYES.  Nom  d'une  petite  Ville  de  Tranfilvanie. 
Mcd^ycfinum  ,    Mediejinum.  Pirum.   Elle  eft  fur  la 
rivière  de  Kikelleu  j  à  douze  lieues  d'Hermanftat  du 
côté  du  nord.  Maty. 
IviÉDIAN.  f  m.  Monnoie  d'or  qui  fe  ffappe  à  Tré- 
mecen  ,  Ville  &  Port  de  Barbarie.  Il  faut  cinquante 
âpres  pour  faire  un  médian. 
MÉDIANE,  f.  f.  Terme  de  Médecine.  C'eft  une  vei- 
ne ,  ou   petit  vailleau   qui  fe  fait  par  l'union  de  la 
bafilique  ,  de  de  la  céphalique^  dans  le  pli  du  coude. 
Mediana  vena.  Ce  n'clt  pas  une  veine  particulière  , 
ni  une   troifième  veine  du  bras ,  comme  quelques- 
uns  penfent  :  ce  n'ell:  qu'un  rameau  de  la  baldique  , 
qui  étant  porté  en  la    partie   intérieure  du  coude  , 
s'unit  à  la  céphalique  ,  Se  forme  cette  veine  com- 
mune ,    que   vulgairement   on  appelle  médiane ,  ëc 
chez  les  Arabes  veine  noire. 
MÉDIANE,  adj.  Terme  d'Architcdure.  Vitruve  appelle 
colonnes  médianes  ;,  les  deux  colonnes  du  milieu  d'un 
porche, qui  ont  leur  entre-colonne  plus  large  que  les 
autres.  Columna  mediana. 
MÉDIANE.  En  termes   d'Aftronomie ,  on  appelle  Pla- 
nète médiane  ,   celle  qui  eft  au  milieu  des  alfres  , 
&  qui  en    a  autant   au  dellus   qu'au  deflbus  d'elle. 
Il  y  a  trois  planètes  fupérieures,  trois  inférieures  &c 
une  médiane.  Saturne,  Jupiter  &  Mars  font  les  lupé- 
rieures;  Vénus,  Mercure  &  la  Lune  (ont  les  intérieu- 
res ,  &  le  folt'il  eft  la  médiane.  Voyez  le  Petit  Calen- 
drier de  la  Cour  ,  imprimé  chez  Colombar ,  page  i. 
MÉDIANOCHE.  f.  m.  C'eft  un  terme  originairement 
Efpagnol ,  qui  noui   vient  d'Italie  ,  &  qui  lignifie 
un  repas  qui  fe  fait  au  milieu  de  la  nuit,  particu- 
lièrement dans  le  palfage  d'un  jour  maigre  à  un  jour 
graSj  après  quelque  bal  ou  réjouillance.  Nous  vou- 
lûmes faire  médianoche.    De  Bussi  Rab.  On  a  fait 
hier    chez    le   Roi   un  médianoche   après  un  grand 
bal.  Chez  les  Bourgeois  on   l'appelle  un  réveillon. 
J'ai    ouï   dire   en  quelques  provinces  medianox  en 
Latin.  On  fit  hier  un  grand  medianox  chez  Mon- 
lieur  l'Intendant  ,  après  que  le  bal  fut  fini.  Media- 
nox eft  mal  ,  il  faut  di:e  médianoche.  Ce  mot  dans 
les  Lettres  de  M.  Péliiron ,  eff  écrit  avec  un  accent 
aigu  fur  le  dernier  e.  Le  Roi  a  reçu  la  nouvelle 
de  la  levée  du  liège  d'Oudenarde  à  fon  médianoche. 
PÉiissoN.  Il  y  eut  hier  au  foir  médianoche  ï  la  Mé- 
nagerie. Id. 
MÉDIANTE.  f.  f.   Terme  de  Mufique.  C'eft  un  fon 
élevé  d'une  tierce  au-dellus  de  la  finale.  On  l'appelle 
ainfi  ,  parce  qu'elle  eft  moyenne  ,  entre  la  finale  &c 
la  dominante. 
§3"  Lotfqu'on  chante  les  Pfeaumes  ou  qu'on  pfalmo 
die  ,  on  Elit    un  petit  repos  à  la  moitié  du  verlec 
à    un   endroit    marqué.     Ce    repos    ou   ce    petit 
lilence  s'appelle  médiante.  En  chantant  ou  en  pfal- 
modiant  les  Pfeaumes ,  toutes  les  voix  doivent  gar- 
der la  médiante. 
§CF  MÉDIANTE ,  fe  dit  aufti  de  la  marque  qui  dénote 
la  divifion  du  verfct  où  il  faut  fe  repofer.  On  mar- 
que  ordinairement    là  médiante  par  une  étoile  ou 
un  aftérifque.  Ce  mot  vient  de  médians  ,  participe 
de  mediare  ,  couper  par  la  moitié. 
MÉDIASTIN.  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Mediajlinum. 
C'eft  une  continuation  de  la  membrane  qui  s'appelle 


MED 

fièvre ,  laquelle  eft  tendue  tur  toutes  les  côtes ,  &■ 
enferme  la  région  moyenne  ,  ou  virale  ,  autrement 
nommée  le  Thorax.  Quand  cette  membrane  eft  ar- 
rivée  au  milieu  de  la  poitrine  ,  elle  (c  double  de 
part  &  d'autre  ,  &  va  de  l'épine  du  dos  au  bréciict , 
féparant  le  côté  droit  d'avec  le  gauche:  &  c'eft  ce 
qu'on  appelle  vulgairement  \c  Aiédtajlin  ,  qui  s'étend 
en  longueur,  depuis  les  clavicules  julqu  au  diaphrag- 
me ;  &  en  hauteur  ,  depuis  l'os  de  la  poitrine  ,  jus- 
qu'au corps  des  vertèbres.  Il  foutient  les  vilcères, 
de  peur  qu'ils  ne  tombent  d'un  côté  ou  d'autre. 
MÉDIASTIN  ,   étoit   chez  les   Romains   le  nom  d'une 
forte  d'clclave.  Alediajîinus.  C'étoient  ceux  qui  n'a- 
voient  point  d'office  marqué  ,  lur  tout  à  la  campa- 
gne. Porphyrioii  &  Acron    cruyent  que  Médiajïin 
étoit  un  homme  qui  demeuroit  au  milieu  de  la  ville. 
MÉDIASTINE.    Terme   d'Anatomie.  Epithète  qu'on 
donne  à   une   veine    du  médiaftin.  Mediajlina  ,  ou 
Mediajiini  vena. 
MÉDIAT  ,  ATE  ,  adj.    Terme    du  ftyle  didaûique  , 
relatif  à  deux  extrêmes  ,  qui  ie  dit  de  ce  qui  eft  au 
milieu,    ou    d'un  moyen,  &  d'une  caufe  leconde  , 
fur  laquelle  agit  la  caufe  lupérieure  ,  pour  produire 
quelque  efïet.  Médius  ,  Mediatus.  Exemple  :  La  lubi- 
tancc   clt  un  genre  à  l'égard  de  l'homme  ,  mais  il 
y  a  entre-deux  d'aurres  genres  médiats ,  qui  lont  le 
corps  ,  &  le  vivant.  Le  genre  immédiat  à  l'égard  de 
l'homme,  c'eft   l'animal.  Un  Juge  fubdélégué  d'un 
Intendant ,  n'a  qu'une  puiliance   médiate ,    qui   elt 
émanée  d'un  autre  Juge  ,    lequel  n'a  de  puiliance 
que  celle  qu'il  tient  du  Roi.  Caufe  médiate.  Auto- 
rité médiate.   Pouvoir  médiat.    C'eft  l'oppole  d'im- 
médiat, y'oyei  ce  mot. 
§^  On  appelle  médiats  dans  l'Empire  d'Allemagne  , 
ceux    qui   ne   pofsèdent  point  de  fiefs  qui  relèvent 
immédiatement  de  l'Empire. 
MÉDIATEMENT.   adv.  Terme  didactique.  Médiate. 
D'une  manière  médiate.  L'Ecole  fe  Çeu  utilement  de 
ces  àïixïnâiions  médiatement  &c  immédiatement  pour 
réfoudre  bien  des  difficultés.  Cette  caufe  n'agit  que 
médiatement.    Le  Roi  ne  rend  la  juftice  à  les  peu- 
ples ,    n'exerce    fon    autorité     que    médiatement  , 
par  le  moyen  de  fes  Magiftrats ,  &  par  divers  dégrés 
de  Jurifdièlion. 
MÉDIATEUR  ,  MÉDIATRICE,  f.  m.  &  f.  qui  em- 
ploie fes  foins  ,  fon  entremife  ,  pour  remettre  quel- 
qu'un en  grâce  ,  pour  accorder  une  affaire  ,  pour 
ménager  un  accommodement   entre  deux   ou   plu- 
fieurs  perfonnes  ,  entre  dilKrens  partis.    Mediator  , 
reconciliator ,  fequejler  ,  Médiatrix.  Les  Chrétiens    1 
reconnoiflent  Jesus-Christ  pour  leur  Médiateur  ;     ■ 
mais  cette  qualité  Aq  Médiateur ,(\\is  l'Ecriture  don- 
ne à  Jesus-Christ  ,  ne  reçoit  aucun  préjudice  de 
l'interceflion  de  la  fainte  Vierge  &c  des  Saints ,  qui 
régnent  avec  Dieu  ,  comme  elle  ne    nous  empêche 
pas  de  demander  le  fecours  de  nos  frères  vivans  lur 
la  terre.  Nous  prions  les  Saints  dans  le  même  el- 
prit  de  charité,  &:  félon  le  même  ordre  de  lociété 
fraternelle.  Quand  nous  parlons  à  Dieu,   nous  di- 
fons  j  Ayez  pitié  de  nousj  écoutez-nous;  mais  nous 
nous  contentons  de  dire  ,  Saints  j  priez  'pour  nous  , 
comme  nous  le  difbns  à  ceux  avec  lefquels  nous  vi- 
vons; maisnous  »'ons  plus  de  confiance  aux  prières  que 
les  Saints  font  pour  nous ,  parce  qu'ils  font  plus  puiC- 
fins  auprès  de  Dieu  ,  que  les  hommes  qui  font  encore 
fur  la  terre.    Le  Concile    de  Trente  s'eft  expliqué. 
fur  cet  article  d'une  manière  dont  tout  homme  de 
bon  fens  doit   être  content  ;  &  c'cft  fuivant  la  pen- 
fée  &  les  termes  du  Concile  qu'il  faut  entendre  ce 
que  les  Dofteurs  &  les  Prédicateurs  difenc,  que  les 
Saints  l'ont  nos  Médiateurs  auprès  de  Dieu.  Les  Prin- 
ces   neutres    font  d'ordinaire   les  Médiateurs  entre 
ceux  qui  font  en  guerre.  Les  amis  doivent  être  les 
Médiateurs  pour  accorder  les  querelles  &c  les  procès 
de  leurs  amis.  La  qualité  de  Médiateur  eft  une  des 
plus   difficiles   que    l'AmbalTadeur    ait    à  foutenir. 

WlCQ. 

ffT  Sous  les  Empereurs  de  Conftantincple  on  nom- 
I      moit  Médiateurs ^  les  Miniftres  qui  avoient  l'adiui- 

niftration 


MED 


nlftration    des  aflaiics   de  la  Coui".   Leur  Préridenc 
s'appcloit  le  giaiid  Médiateur. 

MÉDIATEUR.  Terme  de  jeu  de  cartes.  C'cd:  une  cfpcï 
ce  de  Quadrille  que  l'on  joue  à  quatre.  Celui  à  qui 
il  manque  de  quoi  faire  une  lixième  main  pour 
jouer  fcul ,  demande  un  Roi  qu'on  appelle  Média- 
teur. Celui  qui  l'a  le  lui  donne  ,  moyennant  une 
fiche  ,  reçoit  une  autre  carte  à  la  place  de  Ion  Koi. 
Jouer  Médiateur,  c'elt  jouer  en  demandant  un  Roi. 

tfJ"  Le  jeu  qu'on  appelle  Médiateur  eil  la  même  cho- 
ie que  le  Quadrille  ;  avec  cette  différence  qu'on  a 
ajouté  à  la  manière  ordinaire  de  jouer  le  Quadrille, 
celle  de  le  jouer  avec  le  Médiateur  ik  la  couleur 
favorite  :  ce  qui  rend  ce  jeu  plus  amufant.  Ainlî 
celui  qui  peut  taire  lix  levées ,  en  dcninadant  un 
Roi  à  celui  qui  a  ce  Roi  dans  fa  main,  joue  &: 
gagne  leul  ,  en  donnant  une  de  fes  cartes  pour  le 
Roi  qu'il  demande  avec  une  fiche  ,  ou  deux  fiches  , 
s'il  joue  dans  la  couleur  favorite  où  l'on  paye  dou- 
ble. 

MEDIATION,  f.  f.  Entremile  de  celui  qui  accommo- 
de les  parties  qui  font  en  guerre,  ou  en  querelle. 
Mediatio  ,  opéra.  Le  Pape  a  otlert  fa  médiation  pour 
pacifier  l'Europe.  Cet  accommodement  s'eft  fait  par 
la  médiation  d'un  tel. 

MÉDIATION  ,  elt  un  terme  de  Séminarifte  de  Paris,  qui 
fe  dit  de  la  paule  qu'on  fait  au  milieu  des  vcrfets 
des  Pfeaumes  qui  fc  chantent  à  l'Office  divin.  Inter- 
vallum  y  paufa  ,  mediatio.  Faire  la  médiation. 

MEDICA,  ou  MEDICAGO.  f.  f.  Plante  qui  a  été 
ainll  .appelée  ,  p.arce  que  fa  femence  a  été  apportée 
de  la  Médie  depuis  tort  long  temps  ,  puilque  Vir- 
gile en  parle  dans  fes  Géorgiques.  On  la  nomme 
aulli  Médoife  par  la  même  railon.  On  la  cultive  en 
pluiieurs  endroits  pour  la  nourriture  des  beftiaux; 
elle  les  engraille  beaucoup.  On  l'appelle  encore  Lu- 
^erne.  Voyez  Luzerne. 

MEDICAL  ,  ALE.  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  la 
Médecine ,  qui  concerne  la  médecine.  Le  troillcme 
chapitre  de  l'ouvrage  cft  tout  pratique  &  médical , 
.fur  l'enrouement  &  l'extinftion  de  la  voix.  Matière 
médicale  ,  c'eil-à  dire  ,  la  coUedion  03"  l'enfemble 
de  tous  les  corps  ,  de  toutes  les  fubftances  qu'on 
emploie  en  médicamens. 

MÉDICAMENT,  f.  m.  gCT  Ce  terme  défigne  toutes 
les  matières  que  la  Médecine  emploie  pour  rétablir 
la  fanté  ou  pour  en  prévenir  le  dérangement ,  foit 
qu'on  les  prenne  par  la  bouche  ,  foit  qu'on  les  ap- 
plique extérieurement.  Ce  rnot  n'eft  pas  toujours 
lynonyme  de  remède.  Koye^  ce  mot  Medicamentum. 
Le  médicament  ell  oppofe  à  \' aliment  ;  car  celui-ci  fe 
convertit  en  notre  fubftancc  j  &  l'autre  l'altère.  Quel- 
quefois l'aliment  fert  auiîi  de  médicament.  D'autres 
fois  ce  qui  fert  de  médicament  à  l'un  eft  poilon  à 
l'autre.  La  ciguë  eft  aliment  &  médicament  à  l'étour- 
neau  ,  &  poifon  à  l'oie.  L'ellébore  eft  aliment  à  la 
caille  ,  &  médicament  aux  hommes.  Il  y  a  des  médi- 
camens internes  &  d'autres  externes.  Il  y  en  a  de 
fîmples  &  de  compofés.  Il  y  a  des  médicamens  zx.- 
tradlifs  ,  réperculiîfs  ,  rélolutifs  ,  raréfaétils ,  ano- 
dynsj  fuppuratifs  ,  déterfifs  ,  incarnatifs,  ou  farco- 
tiques  mondificatifs ,  régénératifs  ,  corrofifs,  carmi- 
natifs ,  roboratifs,  deflicatifs  &  ftupéfùétifs.  Il  y  en  a 
d'aftringcns  ,  d'émoUiens,  de  cauftiques ,  pyrotiques  , 
diurétiques,  diaphorétiques^  épulotiques,  narcotiques, 
qui  font  tous  appliqués  à  leur  ordre.  On  appelle 
médicamens  cholagogues  ,  ceux  qui  font  propres 
pour  purger  \i\À\e.\  Jîegmagogues  ,  ceux  qui  pur- 
gent la  pituite  ■■,  melanogogues  j  ceux  qui  évacuent 
la  mélancolie  ;  hydragogues  ,  ceux  qui  emportent 
les  eaux.  Quand  on  décrète  fur  la  plainte  d'un  bief 
fé  ,  on  lui  donne  en  même  temps  une  Provilion 
pour  fes  alimens  ,  panfemens  Se  médicamens. 

MËDICAMENTAIRE.  adj.  |p-  qui  traite  des  médi- 
camens ,  qui  concerne  la  préparation  des  médica- 
mens. La  Faculté  de  Paris  a  donné  fon  Code  médi- 
camentaire.  Codex  medicamentarius  ,  feu  P harmaco- 
pf.a  Parïfienjls. 
MÉDICAMENTER.  v,  a.  Medicationem  adhibere. 
Tome  y. 


MED  905^ 

§C?  donner  des  médicamens  à  un  m.ilade ,  appli- 
quer des  médicamens  à  un  bleiré.  Ce  terme  cft  gé- 
néral 6c  comprend  les  médicamens  pris  intérieure- 
ment &  appliqués  extérieurement.  Ce  Chirurgien  a 
été  bien  payé  pour  avoir  p.-uifé  &  médicamerué  ce 
malade. 

^fj"  En  termes  de  maréchailcrie  ,  on  dit  dans  le  mê- 
me (ens  panfer  &  médicamenter  des  chevaux. 

MÉDICAMENTEUX  ,  EUSE.  adj.  m.  &:  f.  Qui  fert  de 
médicament.  Les  médecins  reconnoiffent  pluficurs 
alimens  médicamenteux.  Ils  appellent  ainii  certaines 
matières  qu'on  croit  propres  à  nouriir  &  à  guérir 
en  même  temps  ,  comme  ce  qu'ils  appellent  incraf- 
fans  ,  le  lait  ;  &  ils  difent  de  même  médicamens  ali- 
menteux.  Pierre  médicamenteufe.  C'eft  un  mélange 
de  matières  déterfives  ,  &:  aftringentes ,  qu'on  ré- 
duit en  pierre  par  la  calcination.  Voyez-en  la  pré- 
paration dans  le  Supplément  au  Diétionnaire  (Eco- 
nomique. La  pierre  médicamenteufe  eft  propre  pour 
arrêter  les  gonorihées ,  ou  pertes  de  femence.  Elle 
eft  bonne  pour  nettoyer  les  yeux.  On  en  fait  des 
collyres  d.rns  la  petite  vérole.  Elle  eft  vulnéraire  , 
&  très  propre  pour  arrêter  le  fang.  Il  y  a  plufieurs 
fortes  de  pierres  médicamenteufes . 

CKFMÉDICAT.  KoK{  Metkal. 

MÉDICINAL ,  ALE.  adj.  m.  &:  f.  Qui  contient  en  foi- 
même  quelque  propriété  qui  fert  à  la  guérifon  des 
maladies.  MedicinaUs.  Le  Jardin  du  Roi  pour  les 
plantes  médicinales  ,  eft  celui  où  il  y  a  toutes  fortes 
de  fimples.  On  fait  venir  des  eaux  médicinales  de 
Forges,  de  Spa,  de  Pougues,  &c. 

fCFMÉDIClNIER.  Plante,  l^oyei  Ricin,  Ricingides 
&:  Pignon. 

MÉDIE  EN  IRLANDE,  ^oyci  Méath. 

MÉDIE.  C'eft  le  nom  d'un  ancien  Royaume  de  l'Afie, 
dont  les  Rois  poirédèrcnt  pendant  cent  cinquante  ans 
l'Empire  d'Afie.  Media.  Il  étoir  borné  au  levant  par 
l'Hircacie  &:  la  Parthe,  au  iud  par  la  Pcrfe  propre  & 
la  Sufiane  ,  au  couchant  par  rAffyrie  &c  l'Arinénie,  & 
au  nord  par  la  mer  Catpienne. 

MÉDIÉTETÉ.  f.  f.  Terme  d'Arithmétique.  Quand  on 
a  feulement  trois  nombres  proportionnels,  cela  fe 
nomme  médiétetè  Arithmétique ,  ou  médiéteié  Géomé- 
trique ,  ou  médiétetè  Harmonique  ,  félon  que  la  pro- 
portion cft,  ou  Arithmétique,  ou  Géométrique j  ou 
Harmonique. 

MÉDIMNE.  f.  f.  Medimna,  Medimnus ,  Medimnum. 
Mefure  des  chofes  sèches.  Mefure  Attique.  La  w.é- 
dimne  étoit  égale  à  48  chœniics  ,  &  le  chœnix  à 
trois  cotyles ,  &  une  cotyle  à  un  demi-fetier  Romain. 
Selon  M.  RoUin,  une  médimne  valoir  environ  quatre 
de  nos  boiffeaux. 

MÉDIN.  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  une  monnoic 
de  Turquie,  d'argent  fin  ,  qui  vaut  18  deniers,  mon- 
noie  de  France,  ou  deux  âpres  de  Turquie.  Jl  y  a 
aufli  des  médins  de  Barbarie,  qui  eft  une  monnoie 
Afriquaine,  dont  Bodin  fait  mention. 

MÉDINA.  Ce  nom,  que  plufieurs  villes  portent  en 
Efpagne ,  cft  Arabe ,  &  ce  font  les  Maures  qui  l'y  onc 
porté,  &:  qui  l'ont  donné  à  ces  villes.  Il  lignifie  ville, 
Civitas  ,  Urbs. 

MÉDINA,  ou  LA  CITTA-VECCHIA.  Nom  d'une  pe- 
tite ville  ,  fituée  au  milieu  de  lile  de  Malte  ,  dont  elle 
étoit  autrefois  la  capitale.  Metina  ,  Médina ,  Melita. 

MÉDINA  DEL  Campo.  Noiu  d'uuc  petite  ville  avec  un 
vieux  château ,  fitué  dans  le  Royaume  de  Léon ,  à  dix 
lieues  de  Valladolid  ,  vers  le  midi  occidental.  Mcdina 
Campeflris ,  Methymna  campi. 

MÉDINA  CÉLi.  Nom  d'une  petite  ville ,  capitale  d'un 
grand  Duché.  Metina  cxli  ,  Methymna  cœli.  Elle 
eft  dans  la  Caftille  Vieille  ,  province  de  l'Efpagne ,  fur 
le  Xalon  ,  à  quatre  ou  cinq  lieues  de  Siguença,  vers 
le  levant. 

MÉDINA  DEL  PoMAR.  NoiB  d'uu  bourg  de  la  Caftille 
Vieille ,  en  Efpagne.  Metina  ,  ou  Methymna  pomana. 
Il  eft  entre  l'Ebre  &  les  confins  de  la  Bifoaye ,  au 
nord  de  la  ville  de  Burgos.  Maty. 

MÉDINA  DEL  RIO  Secco.  Nom  d'une  petite  ville  d'Ef- 
pagne.   Metina  Fluyii  Sicci. 

Yyyyy 


9oé 


MED 


MioïKA  SiDONiA.  Nom  d'une  petite  ville ,  avec  titre  de 
Duché.  AJj'iIonia ,  AJîndum.  Elle  eft  dans  l'Andalou- 
lie  en  Efpagnc,  lui"  une  colline  ^  à  neut  lieues  de  Ca- 
dix, vers  le  levant.  Mat  y. 
■J\iÉDiNA  DE  ToRRES.  Nom  d'un  village  avec  un  châ- 
teau &z  ritte  de  Duché.  Menna,  ou  AIcthimna  Tur- 
rhtm.   Il  eft  dans  rEftramadure,  aux  confins  de  l'An- 
diloiilîe.  Maty. 
^dÉDiMA  Talnabi,  ou  Al-Nabi  ,  c'eft-àdire,  la  ville 
du  Prophète.  Metïna  ,  Médina,  ou  Methymna  Al- 
nab'uij  anciennement  Jatrcb  ,  Jatrib,  Jatrippa,  La- 
trippa ,  ville  de  l'Arabie.  Elle  eft  fituée  dans  la  Prin- 
cipauté de  la  Mecque ,  fur  la  rivière  de  Laakic ,  à  dix 
lieues  de  la  mer  Rouge  ,   &  à  quatre  vingt  de  la 
Mecque. 
MÉDINE.  Ville  de  l'Arabie  heureufc.  Elle  efl;  à  quatre 
journées  de  la  Mecque.  C'eft  dans  la  Mofquée  que  les 
Mahométans  appellent  Très-lainre  ,    qu'eft  le    tom- 
beau de  Mahomet.  Cette  Mofquée  eft  loutenue  par 
quatre  cens  colonnes  chargées  de  plus  de  trois  mille 
lampes  d'argent.  On  y  voit  le  cercueil  de  Mahomet , 
fous  un  dais  de  toile  d'argent,  en  broderie  d'or,  que 
le  Bâcha  d'Egypte  y  envoie  toutes  les  années  ,  par 
l'ordre  du  Grand  Seigneur.  Comme  il  y  a  peine  de 
mort  contre   les  Chrétiens  qui  en  approchent   de 
quinze  lieues,  on  n'a  fu  que  par  des  Pèlerins  Turcs 
qui  fe  font  £iit  Chrétiens ,  que  le  cercueil  eft  fou- 
tenu  par  des  colonnes  de  marbre  noir,  très-déliées, 
&  qu'il  eft  environné  d'une  baluftrade  d'argent,  char- 
gée de  quantité  de  lampes  d'argent  ,  dont  la  fumée 
rend  le  lieu  fombre  &  obfcur.    Dict.  di  Peint.  & 
d'Arck. 
MEDIOCRE,  adj.  de  tout  genre.  Mediocris  ,  médius. 
Qui  tient  le  milieu  de  deux  extrémités ,  qui  n'a  ni 
excès,  ni  défaut,  qui  eft  entre  le  grand  &  le  petit, 
entre  le  bon  &:  le  mauvais.  Un  homme  tempérant  fe 
contente  d'un  médiocre  repas.   Cet  homme  eft  d'une 
taille  médiocre.  Il  a  fait  une  fortune  médiocre.  Son 
bien ,  Ion  efprit ,  fi  beauté  font  médiocres.  Cet  ou- 
vrage eft  AaÛyXz  médiocre ,c'tO  à-dire,  qu'il  n'eft  ni 
bas  ni  relevé,  ni  bon  ni  mauvais.  Les  efprits  médio- 
cres font  les  moins  timides,  &  veulent  décider  de 
tout.  Bell.  \]n  efprit  bas  &C  médiocre ,  tait  moins  de 
fliutesj  parce  que  ne  s'élevant  jamais  il  ne  hafarde 
rien,  &c  demeure  toujours  en  fureté.  Boil.  Tous  les 
vices  médiocres  font  prefque  approuvés.  Nie.    On  a 
fait  une  vertu  de  la  modération  pour  confoler  les 
gens  médiocres  de  leur  peu  de  fortune  &  de  leur  peu 
de  mérite.  La  Roch.  Les  gens  d'un  efprit  médiocre 
font    toujours  contens   d'eux-mêfnes  ,    parce   qu'ils 
n'ont  pas  l'idée  au-deftus  de  leurs  petits  talens.  Bell. 
Les  efprits  médiocres  fe  lailTènt  ébranler  par  les  plus 
légères  raitons  qr.i  font  imprefîîon  fur  eux.  La  Pl. 

I.es  vers  ne  fijuffrent  point  de  médiocre  Auteur. 
Il  nejl  point  de  degré  du  médiocre  au  pire. 

BûIL. 

Mediocribus  ejfe  Poëtis. 
Non  Di,  non  hommes,  non  concejfere  columns. 

HoRAT. 

Lorfqu'on  joint  l'adverbe  bien  à  médiocre  ,  il  figni- 
fie  au-dellous  de  médiocre.  C'eft  un  efprit  bien  médio- 
cre.  Il  a  fait  une   fortune   bien  médiocre.   Ac.   Fr. 

|0"Ce  mot  fe  preiîd  aulli  fubft.  Le  grand  art  eft  de  fa- 
voirinfpirer  aux  médiocres  mêmes  de  l'ardeur  pour 
le  rrav.ail.  Les  ProfeUèurs  ne  doivent  jamais  perdre 
de  vue  les  médiocres.  S'il  s'élève  trop,  les  médiocres , 
les  foiblcs  au  moins,  courront  rifque  de  perdre  leur 
tems.  RoLLiN. 

f3°On  le  ditaulîi  des  chofcs.  Vous  ne  trouverez  dans 
tout  cela  que  du  médiocre.  En  fait  .de  vers ,  il  ne  faut 
|3oinr  de  médiocre,  on  ne  veut  que  du  bon. 

MEDIOCREMENT,  adv.  .D'une  manière  médiocre. 

mediocriter.  lied  médiocrement  gtai-id  ,  médiocrement 

dévot,  médiocrement  brave.  On  peut  fe  confoler  de 

tout  quand  on  eft  médiocrement  ("agej  ou  médioere- 

■  ment  fou.  Le  Ch.  de  M,  Les  louanges  ne  couchent 


MED 

que  médiocrement  les  perfonnes  modeftes.  Bell.  Il 
efl:  diiiicile  de  ne  fcntir  que  médiocrement  ce  qu'eu 
a  ardemment  fouhaité.  M.  Esp. 
MECIOCRITÉ.  f  i.  Qualité  de  ce  qui  eft  médiocre  , 
qui  tient  un  jufte  milieu,  qui  n'a  ni  excès,  ni  défaut. 
Mediocritas.  La  raifon,  la  juftice  veulent  qu'on  gar- 
de une  honnête  médiocrité  en  toutes  chofes  ,  entie 
la  clémence  &:  la  févérité.  La  médiocrité  eft  infuppor- 
table  en  Poëfie.  La  Br.  Les  perfonnes  indolentes 
demeurent  dans  une  médiocrité  de  vertu  qui  ne  les 
élève  à  rien.  M.  Se.  Les  femmes  font  incapables  de 
fe  tenir  dans  une  jufte  médiocrité.  Bell.  J'aime  une 
heurcufe  médiocrité  qui  eft  au-detlus  du  mépris  & 
au  deffous  de  l'envie.  S.  Evr.  Entre  ignorant  &  fa- 
vant ,  il  y  a  une  certaine  médiocrité  de  lufîifance  qui 
tire  un  homme  du  rang  des  ignorans,  &C  qui  ne  le 
met  pas  encore  au  rang  des  favans.  Log.  Les  Ro- 
mains étoient  entêtés  d'une  médiocrité  un  peu  fau- 
vage ,  &:  que  l'indigence  rendoit  néceffaire.  S.  Evr. 

O  médiocrité  ! 
Mère  du  bon  efprit ,  compagne  du  repos.   La  Font. 

Lifez  la  belle  Ode  d'Horace.  Auream  quifquis  me- 
diocritatem  'diligit ,  dcc. 
MÉDIONNER.  v.  a.  Terme  d'Architecfure  ,  qui,  fé- 
lon les  Experts ,  figniiîe  compenfer  ;  comme  lorfque 
dans  les  toifes  de  crépis  &  d'enduits ,  on  compte 
trois ,  quatre  ou  cinq  toifes  pour  une ,  quand  ce  n'eft 
qu'une  réfeétion  ou  réparation  d'un  vieux  mur.  '  ■ 

MÉDIOXIME.   Foye:i  Mitoyen.  '" 

MEDIRE,  v.  11.  On  conjugue  ,  je  médis ,\ons  médife\, 
&  non  pas  vous  m.édites.  Vau.  Réf.  Mrs  de  l'Aca- 
démie. âC?  Partout  ailleurs  ,  il  fe  conjugue  comme 
dire.  Donner  atteinte  à  la  réputation  de  c]uelqu  un  , 
fins  nécellîté ,  eii  découvrant  par  imprudence  oii  par 
malignité,  une  faute  qu'il  a  commife,  ou  en  failant 
connoître  les  défauts  qui  étoient  ignorés.  Ainfi  mé- 
dire (ïc  calomnier,  font  deux  chofes  tout  à  fait  diffé- 
rentes. Dctrahere  ,  malè  dicere  ,  fama  obtreclure. 
Médire  de  fon  prochain  fans  fcrupule ,  fe  faire  une 
occupation  de  médire  de  tout  le  monde.  Les  femmes 
aiment  mieux  qu'on  médifc  un  peu  de  leur  vertu  que 
de  leur  efprit  &  de  leur  beauté.  Font.  Puifque  nous 
ne  pouvons  parvenir  à  la  grandeur ,  vengeons-nous  à 
en  médire.  Mont.  Sans  nous  emporter  à  médire , 
nous  nous  relâchions  à  d'innocentes  railleries.  H.  S. 
DE  M.  On  ne  peut  guère  médire  d'une  femme,  fans 
faire  tort  à  ion  mari.    S.  Evr. 

C'ejl  un  méchant  métier  que  celui  de  médire. 

Boil. 

MÉDISANCE,  f  f.  Difcours  injurieux  &  contre  l'hon- 
neur de  quelqu'un  ,  fKF  fatyrc  lâchée  contre   quel- 
qu'un ,  dans  la  vue  de  le  décrier  Se  de  l'abailler. 
T'^oyei  MÉDIRE.    La  Bruyère  dit  que  la  médifance  eft 
une  pente  fecrètc  de  l'ame  à  penfer  mal  de  tous  les 
hommes,  laquelle  fe  manifefte  par  les  paroles.  Male- 
dicentia,  detreclatio  ,  obtreclatio ,  aliéna  fam<i.   On 
dit  fouvenc  une  médifance  pour  dire  un  bon  mot. 
F;dre  taire  La  médifance.  Faire  peidre  le  crédit  à  la 
médifance.    La   Pl.    Peifonne    n'eft   allez   puilîant, 
pour  interdire  la  médifance  à  tous  fes  ennemis.    S. 
Evr.    La  médifance  défigure  tout;  elle  tient  un  re- 
doutable tribunal  toujours  drellé  pour  juger  les  ac- 
tions &  les  intentions  mêmes  qu'elle  va  préfbmptueu- 
fement  fouiller  dans  les  cœurs.  Fl.  Il  faut  mépri(c<  la 
médifance,  &  craindre  feulement  de  la  mériter.  M.  , 
ScuD.   La  médifance  vient  de  chagrin  ,    &  de  cette 
lâche  envie  qui  tend  à  abailler  fon  concurrent.  S. 
Evr.  La  médifance  convertit  les  vertus  en  vices.  Bell. 
Si  l'envie  &  la  médifance  apprennent  à  la  renommée 
ce  qui  fe  palfe  entre  deux  perfonnes  qui  s'aiment ,  ce 
n'eft  jamais  à  leur  avantage.  Ch.  de  I\L  En  ce  fîècle 
corrompu  j  la  médifance  n'épargne  perlonne.  H.  S, 
DE  M.  Les  médifances  foutiennent  tout  le  commerce 
du  monde.    Boss. 

I.IÉDISANT,  ANTE.  adj.  &  quelquefois  fubft.  Celui 


MED 

qui  médit.  Detraclor ,   maledicus.    Pol'tc    médlfant, 
l-einine  mcdifance.   Langue  tncdifantc.    Les  wcdijans 
fou:  coiumc  les  tii;Lcs  ;  on  les  craint  mcmc  loilqu  ih 
le  jouent  :  on  ne  peur  jamais  ic  fier  à  eux.  M.  Stui). 
On  doit  faire  peur  aux  médifans  par  l'exemple  de 

■  Zoïle  j  qui  p.iya  de  la  vie  Ion  intempérance  de  langue. 
Bal.  On  regarde  les  médifan-j  comme  des  bttcs  fa- 
rouches qui  déchirent  tout  le  monde ,  &c  que  l'on 
craint  d'irriter.  S.  LvR.  Si  les  temmes  medifantxs 
lavoienc  combien  elles  pèlent  aux  gens  railonnables  , 
elles  ne  le  chargcroient  pas  d'un  h  vilain  rôle.  Bell. 

MÉDITABOND.'  ONDE.  adj.  m.  &  f.  Qui  a  l'efpnt 
lombre  &  taciturne,  qui  penfe  creux.  Ce  terme  cft 
deux  ou  trois  fois  dans  l'Efpion  dans  les  Cours  j  & 
n'eft  que  là. 

CK?  MÉDITATIF  ,  IVE.  adj.  Meduaûonï  intcmus. 
Qui  s'applique  à  mcditeri  celui  dont  l'efprit  cil  for- 
tement ou  entièrement  occupé  d'un  objet.  C'eil  un 
homme  méditatif,  tort  méditatif.  Quelques  uns  ont 
dit  que  la  vie  méditative  elf  plus  parfaite  que  la  vie 
artive.  L'une  &  l'autre  a  les  avantages.  L'homme 
qui  palferoit  la  vie  à  méditer,  lans  agir,  leroit  un 
perlonnage.bien  inutile.  Celui  qui  ne  méditeroit  ja- 
mais, ne  feroit  pas  plus  raifonnable.  La  méditation 
doit  nous  diipoter  à  agir.  Une  mélancolie  taciturne 
accompagne  d'ordinaire  les  elprits /nt'Wiwfi/ï.  S.  Evr. 
Les  Mylbques  le  retranche#>t  dans  la  région  des  médi- 
tatifs. Boss.  Un  Auteur  diftrait  &  toujours  médita- 
tif, gâte  une  converfuion  enjouée.  S.  EvR. 
f3°  MÉDITATION,  f.  f.  Opération  de  l'ame  forte- 
ment occupée  à  la  recherche  de  quelque  vérité ,  opé- 
ration de  l'efprit  qui  s'applique  fortement  à  quelque 
objet  ,  à  approfondir  quelque  matière.  Meditatio. 
Cette  queftion  eft  difficile  à  réfoudre ,  elle  demande 
une  longue  &  une  profonde  méditation.  Faire  quel- 
que méditation  fur  les  misères  de  la  vie.  Arn.  L'é- 
tude des  mœurs  vaut  mieux  que  les  méditations  abf- 
traites  des  Philofophes.  ^CTLe  terme  de  méditation 
s'applique  auili  aux  écrits  compofés  lur  quelque  fujet 
de  dévotion  ou  fur  quelque  matière  de  Philofophie. 
Ainiî  l'on  dit  les  méditations  de  fainte  Therèfe ,  &  les 
méditations  de  Delcartes. 
MÉDITATION  ,  le  dit  en  termes  de  dévotion ,  de  la  con- 
fidération  des  myftères,  &c  des  grandes  vérités  de  la 
foi.  Les  grands  Saints  ont  pallé  la  plus  grande  partie 
de  leur  vie  en  méditation.  Les  Myftiques  mettent  une 
grande  différence  entre  la  contemplation  &;  la  médita- 
tion. Contempler  un  fuj«t  &  le  méditer,  n'eftpas  la 
même  chofe  chez  eux.  La  méditation  confifte  en  des 
aft es  difcurfifs  de  l'ame ,  qui  confldcre  méthodique- 
ment 8c  avec  attention ,  les  myftères  de  la  foi  &  les 
préceptes  de  la  morale  j  pour  les  examiner  en  détail 
&  en  connoître  le  fond.  Cela  fe  fait  par  des  ré- 
flexions &C  des  raifonnemens  qui  laiflent  après  eux  des 
traces  diftinélcs  dans  le  cerveau.  ^3"  La  contempla- 
tion eft  un  aite  fimple,  permanant,  par  lequel  on 
voit  tout  en  Dieu ,  comme  l'œil  difcerne  les  objets 
dans  un  miroir.  Ainli  dans  ce  langage  ,  la  méditation 
aie  convient  point  aux  (jarfaits  contemplatifs  qui 
voient  tout  en  Dieu  d'un  leul  coup  d'œil  &  fans  ré- 
flexion. Ainfi  ,  quand  on  a  une  fois  quitté  la  médita- 
tion, &  qu'on  eft  parvenu  à  la  contemplation,  on 
n'y  revient  plus,  &  félon  le  Père  Alvarez,  il  ne  faut 
reprendre  la  rame  de  la  méditation  ,  que  quand  le 
vent  de  la  contemplation  n'enfle  plus  les  voiles.  Fén. 

MÉDITATION,  fe  dit  aulîî  pour  oraifon  mentale.  Em- 
ployer une  heure  à  la  méditation.  Faire  fa  méditation. 

MÉDITER.  V.  a.  S'attacher  attentivement  à  la  confidé- 
ration  1)3^  d'une  chofe  pour  la  faire  réulTlr.  Meditari. 
Méditer  un  projet ,  une  entreprife  ,  une  bonne  ou 
nne  mauvaife  aétion  ,  c'eft  chercher  les  moyens  de 
l'exécution.  Quand  on  eft  las  du  monde ,  ou  médite 
fa  retraite.  Dans  ce  fens  ,  méditer  une  chofe ,  c'eft 
avoir  envie,  avoir  deflein  de  la  faire.  Cogitare  de  re 
cliqua. 

^3" On  dit  aufïî  méditer  une  vérité,  méditer  profondé- 
ment une  matière  ,  s'appliquer  fortement  à  la  re- 
cherche d'uiie  vérité  ,  chercher  à  approfondir  une 
matière. 

Toms  F", 


MED        907 

!  MÉDITER  ,  en  termes  de  dévotion.  C'eft  s'occuper  dans 
la  retraite,  de  la  grandeur  ëc  la  bonté  divine,  la  pro- 
fondeur des  myllères,  les  infirmités,  la  mort  Ik  les 
autres  choies  qui  excitent  à  bien  vivre.  Meditari.  Les 
affaires  du  monde  nous  empêchent  de  méditer  celles 
de  notre  falut. 

§Cr  MÉDITER  eft  fouvcnt  neutre,  &  fignifîej  comme 
à  l'aèlif  ,  penfer  attentivement  à  fine  une  choie  , 
chercher  l'es  moyens  d'exécuter  ce  qu'on  a  dans  l'ef- 
prit. Ainfi  l'on  dit  méditer  de  fe  retirer  du  monde  » 
comme  on  dit  méditer  fi  retraite  ;  méditer  de  faire 
une  chofe  ,  comme  on  dit  méditer  une  chofe.  Dans 
cette  .acception  méditer ,  àiWhéïCï ,  confultcr  en  foi- 
même  ,  font  à  peu  près  fynonymes.  Il  médite  com- 
ment il  pourra  fe  tirer  d'aflaire.  Il  médite  ce  qu'il 
fera.  Il  médite  s'il  acceptera  ou  non  le  parti  qu'on 
lui  propofe. 

05'  MÉDITER  ,  verbe  neutre,  fe  conftruit  fouventavec 
la  prépoiîtion  lilr  ,  alors  méditer  une  chofe  ,  &  mé- 
diter fur  une  chofe  fignifient  deux  chofes  tout-à-fait 
dirtérentes.  Méditer  une  chofe  ,  c'eft  s'en  occuper 
fériculement  pour  la  faire  réullir  ,  chercher  les 
moyens  de  l'exécuter  :  méditer  iw  une  chofe  ,  c'eft  s'y 
appliquer  fortement  pour  la  connoître.  Méditer  uit 
ouvrage ,  c'elt  s'en  occuper  pour  le  fiire.  Méditer  (ni. 
un  ouvrage,  c'eft  y  appliquer  fon  efprit  pour  le  con- 
noître j  &  en  porter  un  jugement  fain.  Le  premier 
annonce  une  chofe  à  faire  ,  le  fécond  une  chofe 
faite. 

MÉDITER  fur  l'Evangile,  c'eft  s'appliquer  à  un  mouve- 
ment de  piété,  ou  à  une  penfée  qui  le  préiente  à  l'ef- 
prit en  liiant  un  verfet  de  l'Evangile  ;  mais  méditer 
l'Evangile,  ou  méditer \a.  loi  de  Dieu,  c'elt  remplir 
Ion  efprit  des  maximes  Se  des  vérités  femées  dans 
tout  l'Evangile  ,  s'occuper  contir.uellement  de  la  loi 
de  Dieu.  M.  L.  T.  Heureux  l'homme  qui  met  fon 
aiFeétion  en  la  loi  du  Seigneur,  &  qui  la  médite  le 
jour  &  la  nuit.   Port  R. 

IJCT  MÉDITER.  ■  Terme  de  dévotion,  faire  l'oraifoa 
mentale.  Dans  les  mailons  Religieufes  ,  il  y  a  des 
heures  réglées  pour  méditer. 

MÉDITÉ,  ÉE,  part.  8c  adj.  f^oye^^  le  verbe.  Les  céré- 
monies concertées  Se  les  égards  trop  médités  ,  gênent 
la  fociété.  S.  EvREMONT.  Il  avoit  apporté  une  rc- 
ponfe  méditée.  S.  Evremont. 

MÉDITERRANÉE,  adj.  m.  c^  f.  Qui  cft  enfermé  dans 
les  terres.  Mediterraneus.  On  le  dit  fur-tout  de  cette 
grande  mer  qui  entre  dans  les  terres  par  le  détroit  de 
Gibraltar  ,  &  qui  s'étend  bien  avant  dans  l'Afîe,  for- 
mant le  Pont  Euxin  &  les  Palus  Méotides.  On  l'ap- 
peloit  autrefois  la  Mer  de  Grèce  ou  la  Grande  Mer. 
On  l'appelle  Mer  an  Levant,  comme  l'Océan  MerÀ\x 
Ponant.  On  l'appelle  Liguflique  Ik.  de  Tofcane  vers 
'l'Italie;  Adriatique ,  dans  le  Golfe  de  Venife;  Ionique 
&  .Aigéej  vers  la  Grèce;  Aler  de  Marmara,  ou  Âfer 
Blanche^  parce  qu'on  tient  qu'elle  eft  fort  sûre  entre 
l'Hellefpont  &  le  Bofphore,  &  au-delà  c'eft  la  Met 
Noire  ,  parce  que  la  navigation  y  eft'très-dangereufei 
ou  Mer  Majour,  que  les  Anciens  ont  appelée  Pont- 
Euxin. 'Les  Arabes  appellent  la  Mer  Méditerranée  , 
le  Pot  de  chambre ,  à  caufé ,  difent  ils,  de  fa  figure. 
En  ce  fens ,  il  eft  foiivent  fubft.  feni.  La  Méditerra- 
née eft  un  grand  golfe  de  l'Océan  Atlantique.  Mare 
mediterraneum ,  ou  internum.  Cette  aTier  s'étend  du 
couchant  au -levant,  depuis  le  détroit  de  Gibraltat 
jufques  aux  côtes  de  Syrie ,  ayant  au  fud  les  côtes  de 
l'Afrique,  &  au  nord  celles  de  l'Europe  &:  de  l'Afîe. 
Elle  forme  plulîeurs  golfes,  dont  IfS  plus  confîdéra- 
bles  font  ceux  de  Cidra  &  de  Capes  en  Afrique  ; 
celui  de  Venife  en  Europe;  l'Archipel,  la  mer  de 
Marmora,  la  mer  Noire  &z  celle  de  Zabache ,  entre 
l'Europe  &C  l'Afîe.  On  y  remarque  aUllî  plufieurs  cé- 
lèbres détroits  qui  font  ceux  de  Gibraltar,  de  Mefîine, 
de  Gallipoli,  de  Conftantinople  ,  de  CalTa,  &  la 
bouche  du  golfe  de  Venife. 

Les  galères  vont  fur  la  Méditerranée  ,  &  les  vaif- 
feauxdehaut  bord  fur  l'Océan. 
MÉDITRINALES.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom 
I       d'une  fête  du  Pasanifme.  Mcditrinalia.  Les  Méditri- 

Yyyyy  ij 


ooB 


MED 


nales  fe  célébroient  le  cinquicme  de  ides  d'Octobre  , 
c'cll-à  dire  ,  le  onzicinc  de  ce  mois.  Elles  y  tout 
eu  eftet  m.irquées  d.iiis  l'ancien  Calendrier  ,  rapporte 
par  Gruter,  page  CXXXIII.  'Voyez  l'article  luivaiit. 
MEDITRINE.  1.  f.  Nom  d'une  déellè  du  Pagamfme. 
Méditrina.  On  dit  que  c'étoit  la  déelIe  de  la  Mé- 
decine. Ni  Fellus  ni  'Varron  ne  le  dilcnt.  Celui  ci  dit 
leulcnient  que  le  nom  de  mcdlcnna  vient  de  meden  , 
&  Fertus,  qu'il  vient  de  la  formule  que  l'on  diloit  le 
premier  jour  que  1  on  buvoit  du  via  nouveau. 
^3"  On  faifoit  des  libations  de  vin  vieux  &  de  vin  nou- 
veau j  en  l'honneur  de  cette  déelle.  On  goùtoit  le  vin 
nouveau,  &  on  biivoitdu  vieux  ,  parce  qu'on  le  re- 
gardoit  comme  un  remède  iouverain  dans  la  plupart 
des  maladies. 

Ce  nom  vient  du  verbe  medcri ,  qui  fignifie  , 
guérir  remédier. 
MEDIUM.  1".  m.  Terme  Latin  ,  qiii  fignifie  ,  Milieu  , 
moyen  d'accommodement.  On  s'en  fert  en  cette 
phrale  Françoii'e  ,  il  faut  trouver  un  médium  pour 
accominoder  cette  atlaire ,  ôter  un  peu  à  l'un ,  pour 
donner  à  l'autre.  C'ell  ce  que  les  Italiens  appellent 
un  me:^\o  ttrminî.  Il  eft  familier. 
JMÉDiUM.  Terme  de  l'Ecole,  c'ell  un  argument  qu'on 
propofe  contre  une  thèle  qu'on  (outient  dans  l'Ecole. 
Le  i'rélident  a  fait  l'ouverture  de  ces  thèfes  par  trois 
médium,  tribus  mediis  ,  c'ell- à-dire  ,  par  trois  argu- 
nieiis  ,  trois  diftérentes  difficultés. 
tfT  On  fe  fcrt  aulli  de  ce  terme  en  phyfique  pour  mar- 
quer l'efpace  le  Huide,  le  milieu  que  les  corps  par- 
courent dans  leurs  mouvemens.  La  lumière  ,  le  fon 
fe  refrangent  j  fuivant  qu'ils  pallènt  par  diflérens  mé- 
dium. Harkis.  Plus  un  médium  eft  denfe ,  plus  il  rc- 
iîrte.  On  l'appelle  ainfij  parce  qu'il  eft  entre  le  corps 
&  le  terme.  On  dit  plus  louvcnt  milieu. 

Les  Ecoliers  ont  aulli  un  jeu  qu'ils  appellent  le  mé- 
dium, quand  ils  jettent  des  doubles  au  milieu  d'un  carré. 
Médium,  f.  m.  le  dit  aulli  d'une  plante  dont  la  racine 
eft  grolfe  comme  le  pouce,  s'appetillànt  peu-à-peu, 
tendre ,   rouge  ,  couverte  d'une  écorce  ridée.  Il  en 
lort  une  feule  tige ,  haute  d'environ  un  pied  ,  ferme , 
creufe  ,  velue,  revêtue  de  quantité  de  feuilles  lon- 
gues ,  rudes  au  toucher  ,  approchantes  de  celles  de 
l'échium.   Ses  fleurs  lont  des  cloches  lemblables  à 
celles  de  la  campanule  ,  de  couleur  pâle ,  dilpolées 
en  épi.  Ses  fcmences  lont  petites,  un  peu  jaunes.  C. 
Bauhin  l'appelle  CampanulafoUis  echii.  Se  M.  Tour- 
nefort ,  Aledium  Alpinum  echdjolio  ,florihusJpicatis. 
MEDELIN.  Nom  d'un  village  de  la  Bavière  ,  fitué  fur 
1  Inn  j    à  trois  lieues  au  delfus  d'CEting.  Medelinum. 
Medlin.  yoye\  Metlin. 
MEDNIKI ,  ou  WOMIE.  Nom   d'une  petite  ville  de 

la  Samogitie  ,  en  Pologne.  Mednicia ,  Vomia. 
MÊDOC.  Le  Pays  de  Médoc.  Medulï ,  Medulli ,  Me- 
dulicus  ,  ou  Medutinus  ager ,  on  pagus.  C'eft  un 
petit  pays  du  Bourdelois  ,  en  Guyenne.  Il  eft  au 
couchant  de  U  ville  deBourdeaux  ,  entre  la  Garonne, 
le  golfe  d'Arcachom  ,  &  la  mer  de  Gafcogne. 

On  appelle  Pierres  de  Médoc,  des  cailloux  bril- 
làws  qui  fe  trouvent  en  France ,  dans  cette  petite 
contrée  du  Bourdelois ,  qu'on  appelle  Pays  de  Mé- 
doc. C'eft  une  efpècc  de  diamant. 

Les  îles  de  Médoc  font  trois  îles  de  la  Garonne, 
fituées  au-delfus  du  confluent  de  cette  rivière  ,  ôc  de 
la  Durance. 
MÉDOC.  Efpèce  de  figue  qu'on  appelle  ainfi  en  Gaf- 
cogne. Elle  eft  jaune  dedans  &  dehors.  La  Quint. 
T.  I.  p.  41  s- 
MÉUOIS  ,  OISE.  adj.  Qui  concerne  les  Mèdes ,  qui 

eft  des  Mèdes.  Medicus ,  a. 
MÉDOISE.  f.  f.  Plante.  Foyei  Médica  &  Luzerne. 

C'eft  la  même  choie. 
MÉDON.  Nom  d'un  bourg  ,  ou  village  de  la  Dalmatie. 
Medona.  U  eft  fur  une  montagne  ,  près  de  la  rivière 
de  bojana  ,  un  peu  au  delfus  du  lac  de  Scutari. 
MÉDON NER.  V.  a.  Mal  donner  ,  fe  dit  parmi  les 
Joueurs,  de  celui  qui  en  diftribuant  les  cartes,  en 
donne  trop  ,  ou  pas  aflez.  Quand  on  médonne  au  pi- 
quet ,  le  Joueur  qui  a  la  m.ain  ,  peu:  s'en  tenir  à  l<on 


M  E  F 

jeu  ,  ou  obliger  de  refaire,  fi  l'un  des  deux  a  treize 
cartes ,  &  lautre  douje  i  mais  on  recommence  le 
coup ,  lorfque  d'un  coté  il  y  a  quatorze  cartes  ,  un 
qu'il  n'y  en  a  qu'onze. 
MLDOQUIN  ,  IJNE.  f.  m.  &  f.  Qui  eft  du  pays  de 
Médoc.  Medulus  j  Medullus  ,  a-  Valois,  îioc.  Gali. 

P,-  3^9- 
MEDOK.  f.  m.  Terine  de  Fleurifte.  Nom  d'un  œillet. 
C'eft  un  pourpre  clair  ,  qui  s'appelle  autrement  la 
Conquete-Conftant ,  parce  que  c  eft   un  M.  Conl- 
lant  de  Compiegne  qui  l'a  élevé  de  la  graine  de  l'or- 
pheline. 
MÉDRARITE.  f.  m.  &  f.  Qui  eft  de  la  poftérité  de 
Médrai.  Mcdrarua.  Les  Medrarites  font  une  Dynaf- 
tie  ,   ou  famille  principale  qui  commandoit  ou  ré- 
gnoit    dans  la  ville   ^  province  de   Ségclmefte  en 
Mauritanie  ,  pendant  que   la  famille  des   Aglibites 
regnoit  dans  la  province  d'Afrique ,  proprement  due. 
P'Herb. 
MÉDRACH.  f.  m.  Prononcez  Médrache ,  &  dites  .lu 
pluriel  Medrafchim.  Ce  mot  ne  le  trouve  que  dans 
les  Hébraïlans  ,  ëc  il  fignifie  un  Commentaire  allégo- 
rique lur  l'Écriture.  Medrafck. 
MEDRASCMIM.   f.    m.  C'eft  le  nom  que  les  Juifs 
donnent  aux  Commentaires  allégoriques  fur  l'Ecri- 
ture Sainte  ,  &  principalement  lur  le  Pentateuque. 
Ils  nomment  communient  ceux-ci  Rabboch  ;  mais 
le  terme  de  Medrafchim  eft  plus  étendu  :  non-leule- 
ment  il  comprend  ks  Commentaires  lur  le  Penta- 
teuque ,  mais  encore  ceux  qiii   lont  faits   lur  cinq 
autres    livres  qui  font  le  Cantique  des  Cantiques  , 
Ruth  _,    les  Lamentations,  l'Eccléliaftej  &  Elthcr  , 
qui  cOmpofenc  un  autre  petit   Pentateuque.  On  le 
donne    même   généralement   à   tous  les  Commen- 
taires allégoriques ,  car  Medrafchim  lignifie  Allégorie. 
Simon. 
MÉDUJARES ,  ou  col  de  Médujare ,  ou  de  Méduja- 
7c-^j  oude  Méducharei.  Nom  d  un  bourg  du  Royaume 
d'Alger ,   en  Barbarie.    Medujaria ,   Meduckaria.  Il 
eft  à  /i  lieues  de  la  ville  d'Alger. 
MÉDULLAIRE.  Terme  d'Anatomie.  adj.  m.  &  f.  Qui 
appartient  à  la  moelle ,  qui  en  a  la  nature.  §CF  Medul- 
laris.  Subftance  médullaire.  C'eft  la  moelle,  l^'oyez 
ce  mot.  Huile  médullaire  :  c'eft  la  partie  la  plus  lub- 
tile  ëc  la  plus  déliée  de  la  moelle  des  os.  Il  le  dit  aulli 
dune  partie  du  cerveau ,  appelée  le  corps  médullaire. 
Voyez  Cerveau.  Il  y  a  aulli  des  fibres  médullaires  , 
qui  partent  des  glandes  de  la  lubftance  cendrée  du 
cerveau.  Il  faut  dans  ce   mot  prononcer  les   deux 
//  &  ne  les  point  mouiller.  Medullaris. 
MEDUSE,  f.  f.  Nom  d'une  femme,  ou  d'une  Nymphe 
célèbre  dans  la  fable.  Elle  étoit  fille  de  Phorcus  6c 
de  Céto ,  moiiftre   marin  ;  &:    elle  habitoit  les  Iles 
Dorcades  dans  l'Océan  Ethiopien  ,  avec  fcs  fœurs  , 
Euryalé  iSc  Sthénion. 
MEDWAY.  Nom  d'une  rivière  d'Angleterre.  Mcduacus. 
Elle  a  les  lources  aux  confins  des  Comtés  de  Surrey 
&  deSulfex,  traverfe  celui  de  Kent,   baigne  la  ville 
de  Rochefter,  &  fe  décharge  dans  la  Tamile ,  près 
de  llfle  de  Schepey.  Maty. 
MEDZICOZ.  Ville  de  Pologne  ,  dans  la  partie  méri- 
dionale du  Palatinat  de  Volhinie ,  fur  la  rive  fep- 
tentrionale  du  Boh. 

M  É  E. 

MÉE   Voye-^  Maye. 
MÉEN.  Vo-ye\  Mein, 

MÉERBÉKE.  Petite  ville  des  Pays-Bas.  Merrebecchl 
Elle  eft  en  Flandre ,  près  de  Ninove. 

M  E  F. 

MÉFAIRE.  V.  n.  Faire  du  mal  à  quelqu'un ,  lui  faira 
tort  &:  préjudice.  Nocere.  Les  Sentences  en  répara- 
tion d'injures  portent  défenfes  aux  parties  de  le  mé- 
faire  ,  ni  médire.  Il  eft  vieux.  Mais  d'ufage  au  Palais, 
où  le  ftile  eft  allez  barbare. 

MÉFAIT,  f.  m.  Mauvaile  action,  action  contraire  au  bon 


M  E  G 

ordre  ,  aux  loix.  Ddïclum  ,  facinus.  Ce  fcclcr.it  a  c'tc 
pris ,  &  a  été  puni  de  tous  Tes  méfaits.  Il  cft  peu 
ulité,  hors  les  Sentences,  dans  Iclquelles  on  garde 
le  vieux  llyle. 

Je  prccens  qu'il  reçoive  un  digne  châtiment. 
De  Jon  méfait.         M.  De  liiEMiiEUL. 

Il  y  a  des  Auteurs  qui  écrivent  méfet ,  au  lieu  de 
méjait. 

MÉFIANCE,  f.  f.  Diffidentia.  C'cft  la  crainte^  habi- 
tuelle d'être  trompé.  La  méfiance  ik.  la  défiance  , 
produilcnt  le  même  cftet ,  c'cd-à-dirc  ,  qu'elles  nous 
Font  douter  de  la  réalité  des  qualités  qu'on  luppolc 
dans  les  pertonnes  ou  dans  les  choies;  mais  ces 
deux  mots  ont  pourtant  leurs  nuances  particulières. 
Nous  naillons  méfians  :  l'expérience  ,  l'ulage  du 
monde  nous  rend  dcfians.  La  méfiance  cft  le  carac- 
tère d'un  elprit  naturellement  (oupçonneux.  La  dé- 
fiance eft  le  carattère  de  celui  que  la  réHexion  a 
rendu  tel.  La  méfiance  portée  trop  loin ,  nuit  toujours. 
Dans  l'amour ,  la  tromperie  va  prelque  toujours  plus 
loin  que  la  méfiance.  Roch. 

On  dit  proverbialementj  la  méfiance  eft  la  mère 
de  iurcté.  La  Font. 

MÉFIANT,  ANTE.  adj.  qui  fe  méfie,  qui  eft  natu- 
rellement loupçonneux.  Sufpiciofus.  On  prend  lou- 
vent  plaihr  à  tromper  les  gens  méfians.  Le  monde 
devient  méfiant.  Pasc.  Humeur  méfiante.  Abl.  Le 
loup  eft  le  plus  méfiant  de  tous  les  animaux.  Saln. 
Le  méfiant  juge  des  hommes  par  lui-même ,  & 
les  craint.  ^oye:{  Méfiance. 

|Cr  MÉFIER,  (fe)  v.  récip.  Soupçonner  quelqu'un 
de  peu  de  fincérité,  de  peu  de  fidélité.  Diffidere  alicui, 
de  aiiquo.  Se  méfier  du  caiaéTrère  ,  des  intentions  de 
quelqu'un.  Se  méfier  de  t«ut  le  monde  eft  le  propre 
d'un  efprit  timide  &  pervers,  l^oyeji  Méfiance.  Il 
eft  quelquefois  employé  comme  fynonyme  de  fe 
défier. 

ME  G. 

MÉGABIT,  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  fep- 
tième  mois  des  Ethiopiens  :  il  répond  à  peu-près  à 
notre  mois  de  Mars. 

MEGABYSE',  ou  Mégaloby^e.  f.  m.  Noms  des  Prêtres 
de  la  Diane  d'Ephèfe.  AlegaM^us  ,  Megalohy:^us  , 
dans  Strabon  j  L.  XIV.  Les  Mégabi-^es  étoient  Eu- 
nuques. Une  déelfe  vierge  ne  vouloir  point  d'autres 
Prêtres. 

%fT  MÉGADOMESTIQUE,  f.  m.  Nom  de  dignité  Se 
d'Office  à  la  Cour  des  Empereurs  de  Conftantinople. 
Ce  mot  lignifie  proprement  le  grand  domeftique , 
&  il  répond  à  ce  qu'on  appeloit  en  Occident,  dapifer, 
archidapifer. 

MÉGAHETERIARQUE.  f.  m.  Nom  d'une  dignité  à  la 
Cour  des  Empereurs  de  Conftantinople.  Megahete- 
riarcha.  Le  Mégahétériarque ,  que  Guillaume  de  Tyr 
appelle  mal  Mégaltriarque  ,  étoit  le  premier  Officier 
de«  Cohortes  Palatines ,  que  l'on  appeloit  Hété- 
riennes,  de  fTO?poç,  allié,  parce  qu'elles  étoient  coni- 
polées  d'alliés  ,  de  foldats  levés  chez  les  peuples 
alliés. 

L'Empereur  (  Jean  Paléologue  )  dit  :  Je  fuis  con- 
venu avec  l'Archevêque  Paul  ,  &  Nicolas  Sigeros , 
mon  Mégahétériarque.  C'étoit  l'Officier  qui  com- 
mandoit  en  chef  les  troupes  étrangères  de  la  Garde 
de  l'Empereur ,  &  fon  vrai  nom  étoit  Mégahété- 
riarque. Fleury  ,  Hif.  Eccl. 

MÉGALASCLÉPIADES ,  ouïes  grandes  Asclépiades. 
f.  f.  pi.  Fêtes  qu'on  célébroit  à  Epidaure  en  l'hon- 
neur d'Elculape ,  dieu  de  la  Médecine',  &  à  ce  titre 
digne  des  hommages  de  tous  les  hommes. 

MÉGALESIES,  f.  f.  ou  JEUX  MÉGALESIENS.  Nom 
d'une  fête ,  qui  fe  célébroit  chez  les  Romains  ,  le 
1 1  Avril  ,  à  l'honneur  de  la  grande  mère  des  dieux  , 
c'eft  à  dire  ,  de  Cybèle  ,  ou  de  Rhéa  ,  &  en  laquelle 
on  faifoit  des  jeux  &  des  combats  devant  le  temple 
de  cette  déeffe.  MegaUfia  ,  Megalenfes  ludi. 

On  appeloit  ces  jeux  Mégaléfiens  ,  du  mot  Grec 


M  E  G  909 

jKDy«>i«  ^  grande  ,  à  caufe  de  Cybèle  ,  qu'on  appeloit  la 
grande  déclic. 
MÉGALOBIZE.  rayer  Mégabize, 
MÉGALOGHAPHIE.  f.  f.  C'étoit  chez  les  Anciens  le 
nom  qu'on  donnoit  à  la  partie  de  la  Peinture  qui 
yaitoit.les  grands  fujets,  comme  les  batailles.  Mega- 
Ibgraphia. 
MÉGALO  IRIARQUE.  Foyc^  Mégahétériarque. 
MÉGANIKE.  1.  f.  Meganua.  Nom  d'une  femme  qui 
étoit  honorée  comme  une  décile  en  Beotic  ,  iS:  qui  y 
avoir  un  temple.  Elle  étoit  femme  de  Celée ,  ts:  mère 
de  Triptolêmc. 
MÉGARDE.  f  f.  Inadvertance,  manque  de  foin  ,  d'at- 
tention. Error,  imprudentia  ,  incogitantia.  Il  a  bledé 
Ion  ami  par  mégarde.  Il  a  callé  cette  porcelaine  par 
mégarde.  Il  a  marché  fur  un  ferpent  par  mégarde.  Il  a 
laillé  fon  coftre  ouvert  par  mégarde  ,  ik  on  l'a  v6lc. 
Ce  mot  ne  s'emploie  qu'.avec  la  particule/^ar  j  &c  n'a 
ni  article  j  ni  pluriel.  Ainli  c'eft  une  façon  déparier 
adverbiale. 
MÉGARE.  Nom  d'une  ancienne  ville  ,  capitale  de  la 
Mégaride ,  en  Grèce.  Megara  y  anciennement  Nifa  , 
Nifœa ,  Niffœa.  • 

MÉGARE.  f  f.  Fille  de  Créon  ,  Roi  de  Thêbes ,  fut  la 

première   femme  d'Hercule. 
MÉGARISE.  Nom  d'une  rivière  qu'on  nomme  autre- 
ment  Larijja.  'Voyez  Larissa. 
Le  golfe  de  Mégarise.  Megarifenusfinus  ,  ancienne- 
ment Mêlas  ,  Melanus  ,  Mêlants  ,  Cardifianus  finus. 
Ce  golfe  eft  une  partie  de  l'Archipel. 
MÉGASUPAN.  Foyc\  Supan. 
MÉGÉDUX.  1.  m.  Mot  que  Villehardouin  a  employé 

dans  la  lignification  de  Maréchal. 
MÉGÉE.  Petite  ville  d'Afrique  au  Royaume  de  Fez  , 

dans  la  Province  de  Garet. 
MÉGELLES.  f  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  ainfi  qu'on 
appelle  en  Perfe  l'Allèmblée  des  grands  Seigneurs 
à  la  Cour  du  Roi  de  Perfe  ,  à  l'occalio»  de  certaines 
cérémonies  j  comme  lorfqu'il- s'agit  de  doni-ier  la 
première  audience  à  un  Ambalîadeur,  ce  qu'on  ac- 
compagne toujours' d'un  fuperbe  feftin,  où  fe  trou- 
vent les  principaux  Seigneurs  de  la  Perfe ,  &  même 
ordinairement  les  Ambaflàdeurs  des  autres  Princes. 
La  veille  on  leur  fait  favoir  qu'il  y  aura  le  lendemain 
mégelles ,  ou  mégélis.  Le  Sophi  Roi  de  Perfe  ,  af- 
femble  quelquefois  le  mégelles  pour  d'autres  raifons, 
&  c'eft  pour  lors  une  efpèce  de  confeil  ,  dont  le 
fecret  eft  encore  impénétrable;  quelque  grand  que 
loit  le  nombre  de  ceux  qui  y  alîiftent ,  le  Prince  eft 
auflî  fur  de  fon  fecret ,  que  s'il  ne  l'avoir  dit  à  per- 
fonne.  Cette  fidélité  à  garderie  fecret  du  Prince  ,  cft 
d'une  pratique  fort  ancienne  dans  la  Perfe,  &  Quinte- 
Curce  en  a  parlé  comme  d'une  chofc  finguhère  aux 
Perles. 
MÉGEN.  ^oye^  Meyen. 

MÉGÈRE,  f  f.  Nom  de  l'une  des  trois  Furies.  Meg&ra. 
Elle  étoit  fille  de  la  Nuit  &  de  l'Achéron.    /''oye? 
Furies. 
MÉGÈRE.  Terme  familier  dont  on  fe  fert  pour  exprimer 
une  méchante  femme.  C'cft  une  Mégère  ,  dit-on  :  il  ne 
faut  point  avoir  atiaire  à  cctit  Mégère.  ÎDicl.  Néolog^ 
Mégere.  f.  f.  Terme  de  commerce.  Mefure  de  grains 
dont  on  fe  fert  à  Caftres  en  Languedoc.  Quatre  mé- 
gères   font  l'émine  ,    &c   deux    émines  le  fericr  de 
cette  ville.  On  divife  la  mégere  en  quatre  boilleaux. 
MÉGESVAR.  Pirum.  Petite  ville  de  Tranfiivanie  ,  fur 

le  Kotel ,  capitale  d'un  Comté  du  même  nom. 
IfJ-  MÉGÉYMA.  Ville  d'Afrique  ,  dans  la  Province 

d'Errif,  au  Royaume  de  Fez. 
MÉGHEN ,  ou  MÉGEN.  Nom  d'une  petite  ville  du 

Brabant  Hollandois.  Mega. 
MÉGIE,  f.  f  Art  de  préparer  les  peaux  de  moutons , 
ou  autres  peaux  en  blanc  ,  d'en  faire  tomber  le  poil 
&  la  laine  ,  &  les  rendre  propres  à  plufieurs  manu- 
factures,  comme  gants,  bourles,  parchemins,  &c, 
j4rs  alutaria. 

Ce  mot  &  les  deuxfuivans  viennent  de  mégir,  prépa- 
rer des  peaux  &  des  cuirs  ;  &  mégir  vient  de  medicare. 
Huet. 


9îo        M  E,  H 

§3"  MÉGISSÉ  j  EE.  Part,  du  verbe  mégir,  ndj.  m.  &c  f. 
l'art.  IV.  de  ledit  du  mois  d'Août  17J9  lut  les 
cuirs  ,  porte:  Ordonnons  que  tous  les  droits  attribués 
.-luxdits  OlKciers  (ur  les  cuirs  verts ,  tannés  &  mégijfés 
demeureront  éteints  &  lupprimés. 

MÉGIES.  Foyei  MEDGIES. 

MÉGISSERIE,  i.  f.  Tr.rfic  &  commerce  du  MégilBer. 
Merciiun  alutaiiamm propola ,  ïnjl'uor.  Il  y  a  a  Paris  la 
rue  de  la  Mégiffcrle  IKJ"  ainli  nommée  parce  que  les 
Mégilîîers  y  demeuroient,  &  y  faifoient  leur  trafic. 
On  appelle  auili  Mégillerie  le  métier  des  ouvriers 
qu'on  appelle  mégilliers;  ce  qui  comprend  non-feu- 
lement les  peaux  de  moutons  &  autres  pafTées  en 
Mégie  ,  mais  encore  les  laines  que  leurs  ftatuts  leur 
permettent  de  vendre. 

MEGISSIER.  f.  m.  Artilan  qui  prépare  &  teint  les  peaux 
-blanches  qui  n'ont  point  beloin  d'être  pallées  par  le 

tan,  (Se  les  menues  peaux  ,  qui  les  pallcen  mégie.  Alu 
tarius.  Il  prépare  auffi  les  fourrures ,  comme  chiens  & 
chats ,  &:c. 

MÉGNÉE.  f  f.  Vieux  mot.  f^oye^  MÉgnie  ,  qui  fuit , 
c'ert  la  même  chofe. 

KIÉGNIE.  f  ft  Vieux  mot ,  qui  fignifioit  autrefois /a- 
mille.  Voyez  Maignie. 

MÉGRIGNA.  Nom  d'une  province  que  iesvieilles  car- 
tes m.ettent  dans  la  Mofcovic  ,  entre  le  Lie  Ilmen , 
&  celui  de  Bjele-Jézéro.  Elle  eft  maintenant  en  par- 
tie dans  le  Duché  de  Biele  Jézéro ,  &  en  partie  dans 
celui  de  Novogorod  Wéliki.  Maty. 

MÉGUE.  Voyei  Maigue. 

M  E  H. 

MÉHADOU.  f.  m.  terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
faulle  divinité  des  Indiens.  Mehadous.  C'cll  le  nom 
que  les  Brachmanes  des  Indes  donnent  à  une  troi- 
lième  divinité  fubalterne  ,  que  Dieu  créa  avant  le 
monde  ,  &c  dont  il  fe  doit  fervir  pour  le  détruire. 
D'Herbelot. 

MÉHAIGNÉ  ,  ÉE.  adj.  Vieux  mot.  Meurtri ,  maltraité 
de  coups  j  incommodé.  On  dit  auili  Alahaignié  , 
Mahangné  Se  Makaux  ,  dans  le  même  fens. 

MÉHAIGNER.  Vieux  verbe  actif.  Eftropier,  772«ri/a«. 

Et  mourir  &  navrer  ;  &  battre  ôc  méhaigner. 
RoM.  DE  Bertr.  du  Guesclin. 

MÉHAIGNER.  V.  a.  Diminuer  de  force  ,  tuer  ,  blelfer. 

G/qlj:  des  Poe/:  du  Roi  de  Nav. 
MÉHAIGNEUR.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fe  trouve  dans 

l'ancienne  Coutume  de  Normandie.  Il  veut  dire,  qui 

méhaigne  ,  qui  mutile  ,  qui  eftropie. 
MÉHAIN.  Vieux  mot  ,    qui    lignifie  mutilation  ,  la- 
quelle rend  un  homme  impotent ,  &  incapable  de 

fervir  à  la  guerre.    Mutilatio  j  mahamium  _,  dans  la 

balle  Latinité. 
MÉHAINE.  Nom  d'une  rivière  des  Pays-Bas.   Mehét- 

nia.  La  Aléha'tne  ,  ou  Méhaigne  a  fi  fource  dans  le 

Comté  de  Nainur ,  &  fe  perd  dans  la  Meufe. 
MÈHÉDIE.  roye:(  Afrique  &  Elmadia. 
MÉHEN.  Foyci  Mein. 
MÉHEURDAR.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Nom  d'un 

grand  Officier  du  Royaume  de  Perfe.  C'eft  le  Garde 

des  Sceaux. 
MEHMONDAR  -  BACHI.  f  m.  Terme  de  Relation. 

Nom  d'un  OfKcier  de  la  Cour  de  Petfe  ;  c'eft  ITntro- 

dudeur  des  Amballadeurs. 
MEHNÉE.  f.  f.  Vieux  mot.   C'eft  la  même  chofe  que 

Mesnie.  yoye^  ce  mot. 
MÉON  ,  ou  MEU.  Foye^  Méon. 
MÉHUN.  Foyci  MËUN. 

M  E  I. 

MEIDAN.  Foye^  Meydan.  Samfon  écrit  Meidan. 
MEIDEBOURG  ,  ou   MADEBOURG.   Madehurgum. 

Fort  château  d'Allemagne  ,  à   une  demi  -  lieue  de 

Landau. 
MEIDIN  ,  ou  MAIDIN.  f.  m.  qu'on  nomme  auffi 


M  E  I 

Para ,  Parât  &  Parafi.  Petite  monnoie  d'argent  fort 
légère  ,  que  les  Bâchas  du  Caire  font  frapper  au  nom 
du  Grand-Seigneur  ,  qui  a  cours  dans  route  l'Egypte. 
Elle  y  vaut  depuis  i8  julqu'a  21  deniers  de  France  j 
fuivant  le  change. 

MEIGE.  I.  f.  TenT>e  de  Marine.  On  appelle  de  ce  nom , 
fur  une  Galère ,  la  chambre  du  Comité.  Elle  s'appelle 
autrement  Mé-^ance. 

MEIGLE.  f.  f.  Efpèce  de  pioche  dont  les  Vignerons  fe 
fervent  pour  labourer  la  vigne.  Ligo  j  Ligonisjpeaes. 
A  Chabli ,  les  vignerons  labourent  la  vigne  avec  la 
Meigle. 

MEIGNON.  Nom  d'un  village  dans  le  territoire  de 
Poilly  ,  en  l'île  de  France  ,  mais  du  Diocefe  de 
Chartres.  Magedo. 

MEILIE.  Foyei  Émille. 

MEILAND.  Petite  ville  de  France  ,  dans  le  Bourbon- 
nois ,  Éleélion  de    S.  Amand. 

MEILLER.  V.  a.  Vieux  mot.   Mouiller. 

MEILLEUR  J  EURE.  adj.  Terme  de  comparaifon  ,  com- 
paratif de  bon.  Ce  qui  a  des  qualités  qui  lui  don- 
nent de  l'avantage  lur  un  autre  à  qui  on  la  com- 
pare, qui  a  un  plus  haut  degré  de  bonté.  Melior  ,  po- 
tier. Ce  malade  eft  dans  un  OTt/Y/ci/r  état  qu'il  n'étoit. 
Il  faut  attendre  un  meilleur  temps  ,  une  meilleure 
occalîon  ;  c'eft  à-dire  ,  plus  favorable.  Ce  pain  eft 
bon  ;  l'autre  ell  meilleur. 

et?  Meilleur,  employé  avec  l'article  le ,  devient  fu- 
perlatif  J  &  fignifie  très  bon.  Optimus.  CtUla  meil- 
leur homme  que  je  connoille  ,  le  meilleur  homme  du 
monde  :  c'eft  la  meilleure  choie  qui  puilfe  vous  ar- 
river. 

Meilleur,  eft  aullî  fubftantif.  Quand  on  fait  des  em- 
plettes ,  il  faut  toujours  prendre  le  meilleur  Se  le  plus 
beau.  Le  meilleur  ei^  de  fe  taire ,  quand  on  n'a  rien  de 
bon  à  dire.  Le  meilleur  eft  de  n'imprimer  jamais. 
Ben  s.  Dans  ce  fens  il  eft  familier. 

IJCr  On  dit  familièrement  demander  da  meilleur  ;  tirer, 
boire  du  meilleur,  en  fous-entendant  vin ,  àa.  meilleur 
vin  qu'il  y  ait. 

MEIMAC.  Nom  d'une  Abbaye  du  Limoufin  ,  fituéeà 
fcpt  lieues  de  Tulle  ,  vers  le  nord. 

MEIN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Meianus  ,  Marennus  , 
Mcrennus  ,  Mainus. 

Mein.  Nom  d'une  grande  rivière  d'Allemagne,  Mœ-, 
nus.  Elle  p;end  fa  fource  vers  les  confins  de  la  Bo- 
hème J  traverfe  la  Franconie  Se  une  partie  de  la  Vé- 
téravie  ,  &  fe  décharge  dans  le  Rhin  ,  vis-à-vis 
de  Mayence.  Elle  baigne  Culembach  ,  Schweinfurt, 
Wurtzburg  ,  Wertheim,  Alchaftembourg,  Hanaw^ 
Francfort  ,  Sec.  Maty. 

Mein.  f.  m.  Poids  des  Indes,  /^qye^  Man. 

MEINGAUD.  f  m.  Nom  d'homme.  Mengoldus. 

MEINGOW.  Nom  qu'on  donne  à  une  contrée  de  îa 
Franconie.  Mœnogavia.  Elle  s'étend  le  long  du  Mein  , 
depuis  la  ville  de  Wurtzbourg  ,  jdqu'à  Afchaften- 
bourg.  Maty. 

MEINOW.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Suabe.  Mei- 
novia  ,  Augia  minor.  Elle  eft  dans  k  lac  de  Conf- 
tance ,  entre  la  ville  de  ce  nom ,  &  celle  d'Uberlingen. 

MEINRAD.  f  m.  Nom  d'homme.  Megindradus. 

MEINUNGEN  ,  MEININGEN.  Nom  d'une  petit© 
ville  de  Franconie ,  en  Allemagne.  Meininga. 

MEIRA,  autrement  CONTA.  Nom  d'une  rivière  de 
l'État  de  Gênes  ,  en  Italie. 

MEIRE ,  vieux  adj.  m.  Se  f.  Plus  grand.  Major.  LoBl- 

NEAU  ,    Clojf. 

MEIRIN.  f  m.  Maire.  Sous  prétexte  d'adminiftrer  la 
juftice  dans  les  terres  ,  il  y  met  des  Meirinsoii.  Maires, 
qui  font  fur  les  Églifes  des  exattions  telles  _qu  il  leur 
plaît...  FleuRY  ,  Hijî.  Eccl.  Meirin  ,  fignifie  Sergent 
dans  plufieurs  articles  de  la  Coutume  de  la  Bourt, 
dont  j'ai  vérifié  les  citations  qui  fe  trouvent  dans  l'In- 
dice de  Ragueau. 

MEISSEN  ,  ou  MISNIE.  Nom  d'une  ville  du  Cercle 
de  la  haute  Saxe  ,  en  Allemagne.  Mifna.  Elle  cil  dans 
la  Mifnie,  fur  l'Elbe,  à  quatre  lieues  aa-delLusdc 
Drefde. 

MEISSENHEM.  Nom  d'une  petite  ville  du  Cercle  Elec- 


M  E  L 

toral  du  Rhin  ,  en  Allemagne.  Mefenheimum. 

MEISTRAL.  /-^oyeçMAESTRAL. 

MEISTRii.  i'.  m.  Terme  de  la  Maiinc  des  Galères.  Ar- 
bre de  me'tftre.  C'cll  le  principal  &  le  plus  grand  des 
deux  mâts  d'une  Galère. 

MtisTRE.  f.  F.  Terme  de  la  Marine  des  Galères.  Voile  de 
l'arbre  meïfin.  Lier  la  meiftre. 

MEIX.  Terme  de  Coutumes.  /^oy<f:j  Mex. 

M  E  K. 

MEKIANG.  Rivière  de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de 
Quangtung.  Le  nom  de  Afe/tia^CT  veut  dire  Encrej& 
on  a  donné  ce  nom  à  cette  rivière  ,  parce  que  les 
eaux  font  noires  :  cependant  fes  poiffons  font  beaux 
&  exceliciis. 

§:?^  MEKKlEiVIES.  C'efl:  le  nom  que  les  Turcs  don- 
nent à  une  grande  Lille  où  les  caules  le  plaident  &c 
fe  décident. 

MEivLENBOURG.  Foye^  Meckelbourg. 

MEK FERLER,  f.  m.  Officier  de  la  Cour  du  Grand- 
Seigneur  :  celui  ci.ui  a  loin  de  fes  tentes.  Tentorium 
Pmfccius. 

M  E  L. 

MELA  ,  ou  MILÈVE.  Nom  d'une  ancienne  ville  d'A- 
frique j  au  pays  d'Alger.  Il  s'y  ell  tenu  deux  Conciles , 
l'un  en  .4.02  j  l'autre  en  416.  Mïhvum  ,  MUevis. 

MÊLA.  Nom  d'une  petite  rivière  de  l'Etat  de  Venife. 
Mêla.  Elle  baigne  la  ville  de  Brefcia,  &  fe  va  dé- 
chirger  dans  l'Oglio.  Maty. 

MÉLAIGNE  ,  ou  AIÉLAINE.  f  m.  Nom  d'homme. 
Melanius. 

go-  MELAMPIRUM.  f.  m.  Blé  de  vache.  Plante  ainlî 
nommée  j  parce  que  les  bœufs  &  les  vaches  en  font 
avides.  Elle  croît  ordinairement  dans  les  blés.  Foye^ 
BiÉ. 

MELAMPYGE.  adj.  Terme  de  Mythologie.  Surnom 
donné  à  Hercule  ,  parce  qu'on  prétend  qu'il  avoir 
les  felfes  noires  Se  velues  j  de  |«;A-;î  ^  noir ,  ôc  rao-/.',, 

ffif"- 
MÉLAN.  f  m.  Nom  d'homme.  7¥ê/iJ5.  S.  Me'/ an  ézoit 

Evêque  de  Rhinocollire. 
MÉLANAGOGUE.  Terme  de  Médecine,  adj.  &  f  Me- 
nalagogtts.  On  appelle  mélanagogues  ,  les  médica- 
mens  qu'on  croit  propres  à  purger  la  bile  noire  ou  mé- 
lancolie. Ce  mot  eft  Grec ,  fta«>«y«7os ,  compolé  de 
^-fA«î,  noir  j  ôc  de  «74; ,  je  conduis.  Col  de  Villars. 
■  ffT  AiÉLANCOLIE.  f  f.  On  donne  ce  nom  à  la  plus 
grollîère  &  la  moins  adive  des  quatre  humeurs  de 
notre  jorps.  MelanchoUa.  Dans  le  {yftcme  des  An- 
ciens ,  elle  étoit  froide  &  fèche,  &  formoit  le  tem- 
pérament froid  &  fec.  Ils  la  regardoient  comme  une 
humeur  naturelle  ,  filtrée  par  la  rate.  On  lait  aujour- 
d'hui que  cet  humeur  n'exifte  pas  dans  l'état  natu- 
rel ,  &  l'on  donne  ce  nom  à  la  bile  filtrée  par  le 
foie ,  qui  devient  quelquefois  épaiffe , 'noire  ,  acre  ,  ré- 
fineu(e,&  capable  de  produire  bien  des  maladies  , 
qu'on  appelle  maladies  hypocondriaques  ,  affections 
hypocondriaques. 
fÇJ"  Ce  mot  fignifie  proprement  atrabile  ,  bile  noire  j 

du  Grec  ^sAisir ,  noir,  ôc  yy^.  ^  bile. 
Mélancolie  ,  en  termes  de  Médecine  ,  eft  auffi  une 
maladie  qui  confifte  daiis  une  rêverie  fans  fièvre  ôc 
uns  turcur  ,  accompagnée  ordinairement  de  crainte 
&  de  triftelîe  ,  fins  occalion  apparente.  Cette  rê- 
verie eft  d'une  infinité  de  fortes,  (uivant  le  tempé- 
rament ôc  les  idées  de  ceux  qui  en  font  atteints. 
Il  y  en  a  qui  fe  croient  des  Rois ,  des  Princes ,  des 
dieux  -,  d'autres  ,  des  Infpirés  &  des  Prophètes  :  d'au 
très,  au  contraire  jfe  croient  des  animaux  ,  comme 
di-s  loups  ,  des  chiens ,  des  chats,  des  lapins,  ôc  ils 
tâchent  d'imiter  ces  animaux  autant  qu'ils  peuveiit; 
courent  dans  les  bois  ,  &:  le  battent  avec  les  autres 
animaux.  On  a  vu  des  gens  qui  ne  vouloient  point 
mander  ,  difant  qu'ils  étoient  morts  ;  d'autres  qui 
penloienf  être  du  blé ,  ou  de  la  cire  j  les  premiers 


M  E  L 


911 


craignoient  d'être  mangés  des  poules ,  ôc  les  féconds 
n'oloient  aller  au  fokil  ,  ni  s'approvhcr  du  feu  ,  de 
peur  de  le  fondre.  \J\\  homme  qui  s'imaginuit  avoir 
le  cul  de  verre ,  appréhendoit  de  fe  le  caller  toutes 
les  fois  qu'il  vouloit  s'allcoir.  On  a  vu  des  mélan- 
coliques qui  s'abftenoient  de  pilïcr  y  dans  la  crainte 
d'inonder  l'univers.  On  trouve  une  infinité  d'autres 
hiltoires  lemblables.  Les  Anciens  attribuoient  la  caufe 
de  cette  maladie  auxefprits  noiis&:  ténébreux  ,  ôc  aux 
vapeurs  de  la  ratte.  Quelques'  Modernes  l'attribuent 
au  mouvement  déréglé  de  ces  mêmes  cfprits ,  ôc  à  leur 
conftitution  acide.   La  mélancolie  eft  au  commence- 
ment aifée  à  guérir.  C'eft  une  maladie  plus  délagréa- 
blc  que  dangercufe  :   elle  eft  quelquefois  plaifantc  , 
lelon  l'elpècc  de  délire. 
|c3°  MÉLANCOLIE.  Se  dit  auifi  de  cette  efpcce  de  tril- 
teiïe  qui  vient ,  dit-on  ,  de  l'excès  de  l'humeur  mélan- 
colique ,  ou  de  quelque  caufe  extérieure.  C'eft  l'état 
de  l'ame  mécontente  d'elle-même  &:  de  tous  les  ob- 
jets qui  l'environnent  ,  qui  ne  lui    foutniifent  que 
des  idées  lombres  :  état  que  l'on  attribue  à  l'excès 
de  cette  humeur  noire  dont  nous  avons  parlé  ^  ôc 
qui   eft  le  plus    fouvent  l'etfet    de    la  foiblelTe    de 
l'ame  &  des  organes.  Une  mélancolie  fombre  ôc  ta- 
citurne ,  eft  ordinairement  la  luite  d'une  trop  grande 
contention  d'efprit.  S.  Evr.  Être  enfévcli  dans  une 
profonde  mélancolie.   Rac.   Dans   la  mélancolie  où 
je  fuis  ,  je  hais  le  monde  ôc  moi  même.  La  (ombre 
mélancolie  d'un  elprit    chagrin  ,  interprète  tout  en 
mal ,  ôc  prend  tout  de  travers.  Bell.  J'ai  befoin  d'un 
ami  pour  Hatter  ma  mélancolie ,  ôc  diftraire  mon  ef- 
prit  attentif  à  mes  malheurs.  S.  EvR. 
0^'  Il  y  a  une  mélancolie  douce  ,  qui  n'eft  autre  chofe 
qu'une  rêverie  agréable  ,  une  délicieufe  triftelfe  ,  s'il 
eft  permis   de  parler  ainfi.  C'eft  la  fituation  d'une 
ame  qui  ,  en  fe  refufmt  aux  fenfations  vives  qui  la 
fatigueroient  ,  fait  fe  prêter  aux  illufions  des  fens ,  ôc 
trouver  du  plaillr  dans  la  méditation  même  de  ce 
qui  caule  (es  peines.  Les  amans  entretiennent  leur  tné- 
lancolie  dans  la  (olitude. 
CG"  En  parlant  d'une  pcrfonne  qui  naturellement  n'eft 
pas  for.t  gaiCj  mais  qui  ne  laiile  pas  d'avoir  l'humeur 
douce  &  agréable  j  on  dit  qu'elle  a  une  mélancolii 
douce,  agréable. 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  vit  fans 
(ouci  ,  qu'il  n'engendre  point  mélancolie  ,  ou  de  mé- 
lancolie. On  dit  du  vin  J  des  contes  pour  rire  ,  qu'ils 
chalfent  la  mélancolie.  On  dit  aulii ,  que  la  mélanco- 
lie ne  paie  point  de  dettes. 
DCF" Mélancolie  ,  chagrin  j  tristesse  ,  fynonyines. 
Le  chagrin  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  j  vient  du  mécon- 
tentement ôc  des  tracalferies  de  la  vie.  La  triflelJé 
crt  ordinairement  caufée  par  les  grandes  afflitltioiis. 
Foye^  ces  mots.  La  mélancolie  eft  l'effet  du  tempéra- 
ment ;  les  idées  (ombres  y  dominent  ôc  en  éloignent 
celles  qui  font  réjouilfantes.  Le  fang  s'altère  dans  la 
mélancolie  ,  lorfqu'on  n'a  pas  foin  de  fe  procurer  des 
divertiftemens  &  des  dilîïpations. 
MÉLANCOLIE" jiypocondriaque.  Foye^  Hypocondria- 
que. 
MÉLANCOLIER.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom 
perfonnel  ^  prendre  de  la  mélancolie.  Mxrori  fe  tr'a- 
dere.  C'eft  être  fou  de  fe  mélancolier  pour  les  alîàires 
d'autrui.  Ce  mot  eft  de  peu  d'ulage  ,  ôc  ne  peut  être 
employé  ailleurs  que  dans  le  bas  ôc  le  burlefque. 
MÉLANCOLIER.  V.  acl.  Attrifter  ,  chagriner  ^  rendi-e  mé- 
lancolique. Gloff./ur  Maroc. 
MÉLANCOLIEUX,  EUSE.  adj.  'Vieux  mot.  Mélanco- 
lique. 
MÉLANCOLIQUE,  adj.  m.  ôc  f.  Qui  a  de  la  mélancolie, 
MelanchoUcus.  Il  y  a  des  animaux  mélancoliques , 
comme  le  lièvre  ,  en  qui  l'humeur  mélancolique  eft 
prédominante.  Le  tempérament  mélancolique  eft  le 
plus  propre  pour  l'étude.  Les  efprits  mélancoliques 
(ont  fujcts  à  penfer  des  chofesfuneftes.  S.  EvR.  Il  eft 
ridicule  de  combattre  (érieuiement  les  rafinemens  ôc 
les  illufions  d'une  dévotion  mélancolique.  Boss.  Un 
vifage  auftère  ôc  mélancolique  femble  condamner  l'air 
riant  ôc  ouvert  des  auues.  S.  EvR. 


^12 


M  E  L 


Que  je  hais  ces  Auteurs  froids  &  mélancoliques , 
Donc  les  Grâces  jamais  ne  dérident  le  front. 

BoiL. 

MÉLANCOLIQUE  ,  fignifie  encore  ,  Qui  eft  ,  ou  paroît 
trifte  ,  chagrin.   Je  vous  trouve    bien  mélancolique 
aujourd'hui. 
MÉLANCOLIQUE  ,  eft  aulli  quelquefois   fubftantif.    Je 
ne   puis  vivre  avec  ce  mélancolique.    Les  mélanco- 
liques font  quelquefois  allez  plailans.    La  B. . .  .  efl: 
un  mélancoliqne  qui  dit  les  chofes  fort  fpirituelle- 
inent.  Mén. 
MÉLANCOLIQUE,  fe  dit  fîgurément  des  chofes  qui  peu- 
vent apporter  ,  ou  caufer  de  la  mélancolie.  Melancho- 
licus ,  trijlis  ,  ingratus.  Cette  maifon  eft  fombre  & 
mélancolique.    Cette  folitude  eft  un  lieu  mélancoli- 
que. Quand  le  ciel  eft  couvert,  on  dit  :  ce  jour  eft 
bien  fombre  &  bien  mélancolique.    Cet  homme  eft 
froid  j  il  a  un  entretien  fort  mélancolique.  Qu'ai-je 
affaire  de  m'entretenir  des  penlées  mélancoliques  de 
la  mort  i  peut  être  mourrai-je  fans  y  penler  ,  Se  je 
n'aurai  pas  befoin  de  conftance.  Nie.  qui  fait  ainli 
parler  un  infcnfé.  La  bière  eft  un  féjour  par  trop  mé- 
lancolique. Mol. 
MÉLANCOLIQUEMENT,  adv.  D'une  manière  mélan- 
colique.  Triftem  in  modum.   Il   s'eft   retiré   dans  le 
delert ,  pour  palFer  fa  vie  mélancoliquement.  11  jouoit 
le  refte  de  fon  rôle  fort  mélancoliquement,  Abl. 
JtlÉLANGE.  f.  m.  Agrégation  de  pluficurs  chofes  di- 
verles,  ou  plutôt  ce  qui  rélulte  de  cette  agrégation. 
Mixtio ,  confujlo.  Le  vin  de  cabaret  eft  un  mélange 
pernicieux  à  la  fanré.  Le  mélange  des  liqueurs.  Alé- 
lange  de  toutes  fortes  de  gens.   Il  y  a  quelquefois  un 
mélange  de  vice  <Sc  de  vertu  dans  une  même  qualité. 
S.  EvR. 
AIÉlange,  fe  dit  aufîl  des  chofes  qui  font  variées  & 
artiftement  dilpofées.  Concrctio  ex  vards  ,permiJlio. 
La  peinture  n'eft  autre  choie  qu'un  mélange  agréa- 
ble des  couleurs  ,  fait  avec  art  &  deflein.   On  fiit 
d'agréables  liqueurs ,  de  bons  ragoûts  ,  par   le  mé- 
lange convenable  de  plufieurs  chofes  qui  fervent  à 
l'aflaifonnement. 
fC?- MÉLANGE  en  peinture  ,  fignifîe  proprement  l'u- 
nion de  plufieurs  couleurs  dont  fe  forment  les  tein- 
tes qui   font  néceffaires  au   Peintre.    Ce  mélange  fe 
fait  en  les  fondant  enfemble  fur  la  palette  avec  un 
couteau  ,  &  fur  la  toile  avec  le  pinceau.  Quoiqu'on 
dife  mélange  des  couleurs,  on  ne  dit  point  en  pein- 
ture couleurs  bien  mélangées  ,   mais  couleurs  bien 
fondues. 
MÉLANGE  ,  fe  dit  auflî  de  plufieurs  ouvrages  compofés 
lur  divers  fujets  ,  qu'on  a  ramaffés  &  joints  enfem- 
ble. Pcrmiftio  ,  mifcellanea.  Il  y  a  plufieurs  recueils 
qui  portent  le  titre  de  Mélanges.  Il  y  a  des  mélanges 
hiftoriques,  des  mélanges  critiques  de  littérature  (Se 
d'hifloire,  des  mélanges  (dxjn(\\ics  ,Ae.sjnélanges  de 
plufieurs  pièces  de  vers.  C'eft  ce  qu'on  appelle  en 
Latin  mifcellanea. 
MÉLANGE ,  le  dit  aulll  de  l'accouplement  des  animaux  de 
différentes  elpèces.  Imparium  animalium  copula.  Le 
mélange  des  animaux  produit  des  monflres. 
MÉLANGER,  v.a.  Faire  un  mélange.  Permifcere ^con- 
fundere.  Le  grand  lecret  d'un  Chimifte  ,  c'eft  de  bien 
mélanger  les  drogues  ,  de  les  affembler  dans  une  jufte 
dofe  ,  ou  proportion.  La  nature  a  bien  mélangé  les  1 
couleurs  de  l'iris ,  de  la  gorge  des  pigeons  j  a  bien 
mélangé  les  élémens.  Les  cabaretiers  mélangent  leur 
vin. 
MÉLANGÉ  ,  ÉE  ,  part. 

^3"  On  appelle  Dïa.p  mélangé ,  celui  dont  la  chaîne  & 
la  trame  font  filées  de  laines  de  différentes  couleurs , 
teintes  Se  mêlées  avant  le  filage.  Ces  draps  ne  vont 
point  à  la  teinture  comme  les  autres  draps  qu'on  fa- 
ïjrique  en  blanc. 
|3- MÉLANGISTES.  f.  m.  qui  mélange.  La  première 
fyllabe  eft  longue.  Notre  critique  à  raifon  de  s'éle 
ver  contre  ces  Mélangifles  à  la  mode  qui  voudroicnt  ' 


M  E  L 

ftancifer  le  Caftil]an_,  &  introduire  dans  cette  langue 
nos  mots  François.  Mém.  de  Trévoux. 
MÉLANIDE.  ad),  f.  Terme  de  Mythologie.  Surnom 
que  l'on  a  donné  à  Vénus  ,  parce  que ,  dit-on  ,  Vénus 
cherche  louvent  les  ténèbres  pour  fe  livrer  à  fes  pen- 
chans.  Mélanis. 

En  Grec  |K£A«t  ,  fignifie  noir  ,  obfcur  ,à'o\x  Mêla- 
nide  a  été  formé. 
MÉLANION.  f  m.  C'eft  le  nom  qu'ApoUodorc  donne 
à  l'Amant  d'Atalante  ,  que  les  autres  Mythologues 
nomment  Hippomcne. 
MÉLANIPPE.  f.   m.  Fils  de  Mars  Se  de  la  Nymphe 
Tritia  ,',Prètreftc  de  Minerve,  fonda  une  ville   en 
Achaïe ,  à  laquelle  il   donna  le  nom  de  fa  mère. 
MÉLANIPPE.  Jeune  homme  Amant  de  Cométho^Prc- 

treffe  de  Diane. 
MÉLANTA  GRANDE,  ou  MÉLONTA.  Nom  d'un 
bourg  de  la  Dalmatie  ,  fitué  fur  le  golfe  de  Ve- 
nife  ,  à  quelques  lieues  de  celui  de  Cattaro  ,  vers  le 
couchant.  Melanta  ,  ou  Melonta  Major.  Quelques 
Géographes  prennent  ce  lieu  pour  la  ville  appelée  an- 
ciennement .^rivio/Tz  yAfcrivion ,  &  Afcrovium  ,qac 
d'autres  mettent  à  Caff el-Nuovo ,  Se  Dominique  Ni- 
î^er  à  Cattaro.  Maty. 
MÉLANTÉRIA.  C.  m.  Terme  de  Minéralogie.  Melan- 
teria.  Eff  une  matière  minérale,  vitriolique ,  dont  il 
y  a  deux  efpèces.  La  première  le  forme  comme  un 
fel  à  l'entrée  des  mines  de  cuivre  ,  d'où  on  la  fé- 
pare.  La  féconde  fe  trouve  au  haut  des  mêmes  mi- 
nes en  une  pierre  unie  ,  polie ,  nette ,  de  couleur  de 
foufre.  Le  mélantéria  nous  eft  aujourd'hui  inconnu. 
Diofcoride  dit  qu'il  a  une  qualité  cauftique ,  &  qu'il 
fe  trouve  en  Cilicie  &  en  plulieurs  autres  pays. 
Plufieurs  croient  ,  avec  Pline  ,  que  ce  nefl  autre 
chofe  que  le  chalcitis ,  qui  a  pris  diverfes  figures  & 
couleurs  dans  la  mine.  On  lui  fubftitue  le  chalcitis 
naturel. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  il  vient  de  fcUas ,  noir,  parce 
que  cette  drogue  noircir  quand  on  jette  de  l'eau  def- 
fus.  C'eft  une  forte  de  vitriol. 
MÉLANTHIE.  f.  f.  Nom  d'une  fille  de  Deucalion  Se 

de  Pyrra.  Alelanthia. 
MÉLANTHO.  f.  f.  terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 

Nymphe ,  fille  de  Prothée.  Melantho. 
MÉLANTOIS.  Le  quartier  Mélantois.  Medenanten- 
fis ,  o\i  Medenentenjîs  pagus  y  Melanthifcus ,  ou  Me- 
lantifus  Ager ,  autrefois  Medenenfe  territonum.  C'eft 
une  contrée  de  la  Châtellenie  de  Lille  en   Flandre. 
MÉLAONS  ,  ou  MÊLONS,  f.  m.  Melaones  ,  ou  Me- 
lones.  Vers  noir  qu'on  trouve  dans  les  prés  au  mois 
de  Aiai ,  Se  qui  broyés  rendent  une  odeur  agréable. 
C'eft  ainfi  que  s'appelle  encore  une  certaine  efpèce 
d'efcarbot. 
MÊLAS,  f  m.  Mêlas  ,  nis.  Tache  de   la  peau  fuper- 
ficielle ,  noirâtre ,  de  couleur  de  terre  d'ombre.  Ce 
mot  eft  Grec ,  y-i^; ,  noir.  C'eft  une  efpèce  d'alphos , 
qui  n'en  difîére  que  par  fa  couleur.    Col  de  Vil- 
lars. 
MÉLASSE,  f.  f.  Terme  de  rafinerie  de  fucre  ,  qui  figni- 
fie du  fucre  en  firop.  §C?  C'eft  le  réfidu  graiffeux  des 
fucres  rafinés ,  auquel  on  n'a  pu  donner  par  la  cuiflbn 
aucune  confiftance  plus  lolide  que  celle  du  lirop. 
Les  pauvres  gens  s'en  fervent  au  lieu  de  fucre.  On 
en  emploie  beaucoup  en  Hollande  dans  la  prépata- 
tion  des  tabacs. 
MÉLASSO.  Nom  d'une  ville  de  la  Natolie ,  en  Afie. 

Melajfa. 
MÉLASSO  ,  MÉlazzo.   F'oye^  Milazzo. 
MELCARTUS.  f  m.  terme  de  Mythologie.  Nom  ,  ou 
furnom  que  les  Tyriens  donnoient  à  Hercule  j  leur 
dieu.  Melcartus.  Ils  célébroient  en  fon  honneur  les 
jeux  appelés  Quinquennoux. 
MELCHISEDECH.  f.  m.  Prêtre  du  Très-haut ,  Se  Roi 

de  Salem. 
MELCHISÉDÉCIENS.  f.  m.  pi.  Anciens  Sedaires^  qui 
furent  ainfi  appelés ,  parce  qu'ils  élevoient  Melchi- 
fédcch  au  deftus  de  toutes  les  Créatures,  &  même  au- 
deffus  de  JesusChrist.  Melchifedechiani.  Ils  ap- 
puyoient  leur  erreur,  fur  ce  qu'il  eft  dit  dans  l'Ecri- 
ture , 


M  E  L 

tute  ,  que  Jésus  Christ  aoic  Prêtre  fcloii  l'ordre  de 
Alelcliifcdech.  1,'Autcui  de  cette  Sede  ,  ccoïc  un  cer- 
tain Théodote,  Banquier  ,  difciple  d'un  autre  Théo- 
dote j  Corroyeur,  cnionc  <\\ic\c%  AUlch'ifédechicns 
ajoutèrent  feulement  à  l'Héréiie  des  Théodoticns,  ce 
qui  rcgardoit  en  particulier  Melcliitédecli ,  qui  ctoit , 
Iclon  eux  j  la  grande  &c  excellente  vertu,  t^'oyc'^ 
Ïhéodotiens. 
MELCHITES.  r.  m.  pi.  C'eftlenom  qu'on  donne  aux 
Seclaires  du  Levant ,  qui  ne  parlent  point  la  langue 
Grecque,  &  qui  ne  diflcrentpref  qu'en  rien  des  Grecs, 
tant  pour  la  croyance  ,  que  pour  les  cérémonies. 
MelchltA. 

Ce  mot  efi:  la  même  cliofe  dans  la  langue  Syria- 
que ,  que  Royaliftcs.  Autrefois  ce  nom  fut  donné  aux 
Catholiques  par  les  Hérétiques  ,  qui  ne  voulurent 
point  fe  ioumcttre  aux  décidons  du  Concile  de  Cal- 
cédoine :  ils  les  appelèrent  de  la  forte  ,  pour  marquer 
par-là  qu'ils  étoient  de  la  Religion  de  l'Empereur.  On 
nomme  cependant  aujourd'hui  Meknues  ,  parmi  les 
Syriens  ,  les  Cophtes ,  ou  Egyptiens ,  &c  les  autres  na- 
tions du  Levant  ,  ceux  qui  n'étant  point  de  vérita- 
bles Grecs  j  fuivent  néanmoins  leurs  opinions.   C'eft 
pourquoi  Gabriel  Sionite,  dans  fon  traité  de  la  Re- 
ligion ôc  des  mœurs  des  Orientaux  ,  leur  donne  in- 
dirtéremment  le  nom  de  Grecs  &  de  Melchkes.  Il 
y  obferve  qu'ils  (ont  répandus  dans  tout  le  Levant  j 
qu'ils  nient  le  Purgatoire  ,   qu'ils  lonr  ennemis  du 
pape ,  &  qu'il  n'y  en  a  point  dans  tout  l'Orient  qui 
foient  fi  fort  déclarés  contre  fa  primauté  -,  mais  ils 
n'ont  point  là-delfus  ,  ni  fur  les  articles  de  leur  croyan- 
ce ,  d'autres  f-ntiinens  que  ceux  des  Grecs  Schilma- 
tiques ,  à  la  réiervc  de  quelques  points  importans , 
qui  ne  regardent  que  les  cérémonies  &  la  dilcipline 
tccléfiaftique  j  les  Melchius  font  en  toutes  choies  de 
véritables  Grecs.  Ils  ont  traduit  en  langue  Arabe  l'Eu- 
chologe  des  Grecs ,  &  pluliears  autres  livres  de  l'Of- 
fice Eccléliaftique  ;  ils  ont  aulîî  dans  la  même  langue 
les  Canons  des  Conciles  ,  ils  en  ont  même  ajouté  de 
nouveaux  au  Concile  de  Nicée  ,  qu'on  nomme  or- 
dinairement les  Canons  Arabes  ,    que  plulieurs  Sa 
vans  traitent  de  fuppofés ,  ces  mêmes  Canons  Arabes 
font  aulîi  à  l'ulage  des  Jacobites  &  des  Maronites  ; 
mais  les  uns  &  les  autres  les  font  parler  en  leur  ma- 
nière ,  pour  établir  leurs  opinions.  Les  Jacobites  ac- 
cufent  les  MeUhites  d'avoir   corrompu  les  Canons 
Arabes.  Jean  -  Baptifte  Léopard  ,  Maronite,  Arche- 
vêque d'Efdron  ,  dans  un  livre  intitulé  ,  La  vendange 
■des  Sacremens ,  cité  par  Abraham  Ecchellenfis ,  accufe 
les  Melchues  d'avoir  ajouté  au  Canon  jj  Arabe  du 
Concile  de  Nicée^  quelques  mots  touchant  la  répudia- 
tion des  femmes  ,  &  d'avoir  pris  cet  ufage  des  Maho- 
métans  ;  mais  ce  reproche  n'eft  point  fondé ,  car  les 
Melchues  n'ont  inféré  dans  ce  prétendu  Canon  du 
Concile  de  Nicée ,  que  ce  qui  étoit  conforme  à  la  pra- 
tique des  Grecs.  V^oyei  le  mot  Grecs. 

Quelques  uns  écrivent  Melquite.  Dès-lors  f  6 19.^ 
on  nomma  en  Syrie  Melquhes  ,  les  Catholiques  qui 
recevoient  le  Concile  de  Calcédoine  :  comme  qui 
diroit  Royaux,  ou  Impériaux  ,  parce  qu'ils  fuivoient 
la  Religion  de  l'Empereur.  Fleury. 
MELCHOM.   Foye'^  Moloch. 

JvlELCK.  Nom  d'un  bourg  dominé  par  un  grand  châ- 
teau. Mehcum  ;  Medelïcum.  Il  eft  fur  une  colline, 
à  l'embouchure  de  la  Piéla  dans  le  Danube  ,  en  la 
Balfe  Autriche  j  à  dix-huit  lieues  au  delfus  de  Vienne. 
^lELDOLA.  Nom  d'un  bourg  ,  avec  titre  de  Prin 
cipauté.  Meldula.  Il  eft  en  l'Etat  de  l'Eglife ,  dans 
laRomagne,  aux  confins  de  la  Tofcane  ,  fur  la  rivière 
de  Bédèfe ,  à  fix  ou  fept  lieues  au  deflùs  de  Ravenne. 
Maty. 

MELDORP.  Nom  d'une  petite  ville  du  Holftein,  en 
baffe  Saxe.  Meldorpium. 

MÊLE.  f.  f.  Vieux  mot  ,  qui  fignifioit  autrefois  nefls, , 
&  qui  eft  encore  en  ufage  en  plulîeurs  provinces ,  &: 
fur  tout  en  Picardie.En  Latin  mefpUum  ,  d'où  le  Fran- 
çois eft  dérivé. 

Mèi.E,  Nom  d'un  bourg  du  Poitou ,  en  Fiance.  Metu- 
Tomî  V. 


M  E  L 


913 

lum.  Il  eft  à  la  fource  de  la  Boutonne  ,  à  huit  lieues 
au-dellus  de  S.  Jean  d'Angéli. 

MÉLÉAGRE.  f  m.  Fils  d'Œnée,  Roi  deCalydon  ,  fut 
un  des  Héros  de  la  Grèce.  Dans  fa  première  jeunellè  » 
il  eut  part  à  l'expédition  des  Argonautes.  Il  fut  le 
chef-  de  la  fameule  challe  de  Calydon. 

MELEAGRIS.  f.  m.  C'eft  un  oifeau  décrit  par  les 
Anciens ,  que  quelques-uns  croient  être  notre  coq- 
dlndc,  mais  qui  en  effet  eft  une  poule  de  B.arba- 
rie  ,  ou  pintade.  MéLcagrls.  On  l'a  nommé  ainfi, 
du  nom  de  MéUagrc  ,  parce  qu'on  dit  que  les  la;urs 
furent  changées  en  ces  oifeaux  ,  qui  palfoient  tous 
les  ans  d'Afrique  en  Béotie  y  pour  venir  fur  fon  tom- 
beau. 

MÉLÈCE.  f  m.  Nom  d'homme.  Meletus. 

i,(CF'  MÉLECHER.  1!  m.  terme  de  Mythologie.  Idole 
que  les  Juifs  adoroicnt.  C'étoit  le  Soleil,  félon  quel- 
ques-uns; félon  d'autres  la  Lune. 

MÉLEDA.  Nom  d'une  île  du  golfe  de  Venife.  Meiita. 

ifT  MELEE,  f  f.  Combat  opuiiâtre  ,  fouteini  avec  vi- 
gueur de  part  &  d'autre,  où  deux  partis  font  mêlés 
l'épée  à  la  main  l'un  contre  l'autre.  Acies  ,  confllc- 
tus.  Ce  brave  le  jetta  en  déléfpéré  au  plus  fort  de  la 
mêlée  ,  au  milieu  des  ennemis.  La  mêlée  fut  grande 
autour  de  fa  perfonne.  Ablanc.  Le  Prince  confer- 
voit  cette  tranquillité  iî  rare  au  milieu  du  combat , 
&  dans  l'horreur  de  la  mêlée.  Le  P.  Bourd. 

On  le  dit  aulIi  d'une  batterie  de  plufieurs  particu- 
liers ,  d'une  couteftation  ^  ou  d'une  affaire  particu- 
lière. Turba.  Cet  homme  eft  habile  ,  il  fe  tirera  bien 
de  la  mêlée. 

MELEMORT.  Nom  d'un  gros  bourg  de  France ,  fituc 
da'.is  la  Provence ,  fur  la  Durance ,  à  trois  lieues  au- 
delfus  de  Cavaillon.  Mdemomum.  Maty. 

MÊLER.  Le  lac  Mêler.  Melerus  Lacus.  C'eft  un  grand 
lac  de  la  Suède.  Il  eft  entre  l'Uplande  ,  la  Wefîmanie 
&  k  Sudermanie.  Ce  lac  a  vingt-cinq  lieues  du  cou- 
chant au  levant ,  &  environ  dix  lieues  de  largeur.  Il 
fe  décharge  dans  la  mer  Baltique ,  à  Stokholm  j  qui 
eft  fur  fes  bords  ,  de  même  que  Telge  ,  Stregnes, 
Torfilia  ,  Abroga  &:  Koping.  Maty, 

|CJ"  Mêler,  v.  a.  Faire  un  mélange ,  mettre  diverfes 
chofes  enfemble.  Mïfcere  ,  permifcere.  Mêler  des 
grains  ,  des  couleurs.  Mêler  le  vin  .avec  Peau,  La 
Marne  mêle  (es  eaux  avec  celles  de  la  Seine. 

^3"  MÊLER  ,  fynonyme  de  Brouiller.  Mêler  du  fîl  , 
des  écheveaux  ,  les  brouiller  enfemble  deforte  qu'on 
ne  puilTe  pas  aifément  les  féparer ,  les  dévider. 

gC?  MÊLER  ,  avec  le  Pronom  perfonnel.  L'eau  fe  mêle  , 
fe  confond  aifément  avec  l'e.au.  L'huile  ne  fe  mêle 
point  avec  les  liqueurs  aqueufes ,  &  furnâge  toujours. 
Les  cheveux  fe  mêlent ,  quand  on  n'a  pas  foin  de  les 
peigner. 

§3"  Se  MÊLER ,  s'engager.  Immifcere  fe.  Il  s'eft  mêlé 
dans  la  foule  ,  je  l'ai  perdu  de  vue.  Se  mêler  parmi 
les  ennemis ,  s'engager  au  milieu  des  troupes  enne- 
mies. Les  troupes  fe  font  mêlées  ,  font  entrées  les 
unes  dans  les  autres. 

|3°  En  parlant  des  animaux  de  diverfès  efpèces  qui  s'ac-- 
couplent  les  uns  avec  les  autres ,  on  dit  qu'ils  fe  mê- 
lent enfemble.  Coire.  On  dit  que  l'Afrique  produit 
des  monftres  ,  parce  que  les  animaux  de  diverfes  es- 
pèces s'y  mêlent  enfemble. 

Mêler  ,  fe  dit  fîgurément  en  chofes  morales  ,  pour 
allier  deux  chofes  enfemble  ,  les  unir  l'une  avec 
l'autre.  Mifccre  ,  confocïare  ,  adjungere.  Il  faut  qu'un 
Auteur  mêle  le  folide  avec  l'agréable.  Les  dévots 
mêlent  d'ordinaire  bien  des  foiblefîès  dans  leur  piété. 
Le  p.  Lamy.  Il  n'y  a  perfonne  dont  la  joie  ne  foie 
mêlée  de  quelque  inquiétude.  In.  Quoique  la  conf- 
trudtion  naturelle  de  ce  verbe  demande  la  prépofi- 
tion  avec  ,  il  y  a  des  occafions  où  il  fe  conftruit  fore 
bien  avec  à  &  au.  Il  y  a  des  femmes  qui  mêlent  ait 
détachement  du  monde  ,  leur  vanité  naturelle.  S. 
EvR.  Ce  Magiftrat  mêle  la  douceur  à.  la  févérité. 
L'AcAD.  Dieu  mêle  fagement  aux  douceurs  du  mon- 
de ,  des  amertumes  falutaites.  Fl.  Cette  conftruilion 
a  fur-tout  lieu  dans  la  Pocfie. 

Zzzzz 


914 


M  E  L 


//  mêle ,  enfe  vantant  fol- me  me  à  tout  propos , 
Les louanoes  d'un  fat  à  celles  d'un  Héros.  BoiL. 

Mêlons  aux  chants  de  victoire  , 

Les  douces  ckanfons  d'amour.  Quin. 

Corneille  a  dit  dans  les  Hoiaces ,  Mêle  tes  pleurs 
aux  miens  ,  pour  dire  ,  prcns  part  à  ma  douleur. 

MÊLER,  fignifie  aullî  avec  le  pronom  peri'onnel,  s'en- 
tremettre j  UCT  s'ingérer  mal-à-propos ,  s'occuper  de 
chofes  qui  ne  nous  regardent  pas  ,  qui  ne  (ont  pas  de 
notre  compétence  ,  de  la  profellion  qu'on  a  em- 
bralll'e  :  Se  quelquefois  il  lignifie  funplement  pren- 
dre loin.  Se  mêler  d'un  accommodement ,  des  aii-ai- 
res  de  quelqu'un.  Se  interponere  ,  curam  fufcipere. 
Il  ne  faut  point  fe  mêler  des  affaires  d'autrui.  Epi- 
cure  fuppofe  des  dieux  qui  ne  fe  mêlent  point  des 
chofes  humaines.  Le  P.  le  B.  Comment  la  tran- 
quillité de  la  retraite  appaifera-t-elle  les  troubles  de 
notre  cœur ,  fi  la  raifon  ne  s'en  mêle  ?  S.  EvR.  Il 
ne  faut  pas  que  la  raifon  (e  mêle  des  dogmes  de  la 
Religion.  Mal.  Quelques  Philofophes  ont  cru  que 
c'étoit  une  occupation  trop  vile  pour  les  dieux  ,  que 
celle  de  fe  mêler  de  toutes  les  affaires  des  hommes. 
S.  EvR.  Il  fe  mêle  de  plaider,  de  faire  la  Médecine. 
Il  faut  favoir  les  chofes  ,  avant  que  de  fe  mêler  d'en 
difcourir.  Cet  homme  fe  we/e  de  plulieurs  négoces  , 
de  plufieurs  intrigues.  Ce  père  a  abandonné  fon  bien 
à  fes  enfans  ^  il  ne  fe  mêle  plus  que  de  faire  bonne 
chère.  Nihil  aiiud  agit ,  curât.  On  l'a  mis  à  la  Baf- 
tille  ,  parce  qu'il  s'eff  mêlé  de  parler.  On  a  taxé  à 
la  Chambre  de  Juftice  tous  ceux  qui  fe  font  mêlés 
d'affiires.  On  dit  auffi  figurément  &  familièrement 
d^ufi  homme  qui  s'adonne  à  des  chofes  qui  peu- 
vent être  reprifes  de  Juftice  ,  qu'il  fe  mêle  d'un  mé- 
chant métier. 

MÊLER ,  fe  dit  auflfî ,  quand  il  s'agit  du  vin  ,  pour  Frela- 
ter. Permifcere  j  admifcere.  Ce  Cabaretier  mêle  tout 
fon  vin.  Il  ne  vend  point  de  vin  qu'il  ne  (oit  mêlé, 

MÊLER  ,  fe  dit  aullî  en  parlant  d'une  ferrure  ,  pour  en 
faulFer  quelque  pièce  ,  enlorte  que  la  clef  ne  la  puiire 
pliis  ouvrir.  Seram  intorquere.  J'ai  mêléX^.  ferrure  de 
mon  cabinet.  Ma  ferrure  eft  mêlée  ,  quelqu'un  en  a 
forcé  les  gardes. 

On  dit  ,  en  termes  de  Jeu  ,  Mêler  les  cartes  ,  &: 
fimplement  wJ/^r,  pour  dire  battre  les  cartes.  Méle-{^ 
les  cartes.  C'eft  à  vous  à  mêler.  Oji  dit  tigurément  aulîi 
&  familièrement  j  OT  J/er  les  cartes  j  pour  dire,  em- 
brouiller les  affaires.  Il  a  bien  mêlé  les  cartes. 

On  dit  qu'on  a  mêlé  un  homme  dans  une  accufr- 
tion  ,  pour  dire  ,  qu'on  l'y  a  compris  ,  &  qu'il  eli:  mêlé 
dans  une  méchante  affaire  ^  pour  dire  qu'il  y  eft  ef- 
feéfivement  compris  ;  &  lorfqu'un  homme  vent  té- 
moigner à  un  autre  qu'il  n'eft  pas  bien  aife  qu'il  parle 
de  lui  comme  il  fait ,  il  dit ,  Je  vous  prie  de  ne  me 
point  mêler  dans  vos  dilcours. 

MÊLER  j  MÉLANGE.  On  mêle  les  couleurs  :  on  frit  des 
mélanges  de  couleurs  ,  d'agréables  mélanges  ,  de  mau- 
vais mélanges.  Une  ieule  couleur  eft  louvent  le  com- 
pofé  de  plufieurs  mélanges  :  en  mêlant  les  couleurs  , 
il  faut  prendre  garde  de  les  trop  tourmenter.  Dicl.  de 
Peint.  &  d'Arch. 

MÊLER  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrales.  On  dit 
d'un  homme  qui  fait  plufieurs  métiers  ,  qui  a  ap- 
pris diverfes  fciences ,  que  c'eft  un  Marchand  mêlé. 
On  appelle  aullî  un  Faélotum  ,  un  Jean  qui  de 
tout  fe  mêle.  On  dit  aullî  aux  femmes  qui  veulent 
prendre  connoilïànce  des  affaires  des  hommes.  Mê- 
/f^-vous  de  filer  votre  quenouille.  On  dit  qu'un 
homme  a  les  dents  mêlées  ,  lorfqu'il  eft  fi  ivre  , 
qu'il  ne  peut  parler  ,  ni  dellerrer  les  dents.  On  dit 
'encore  d'une  chofe  qu'il  n'eft  pas  poflîble  de  faire  , 
Qu'elle  fe  fera  ,  \i  le  diable  s'en  mêle. 

MÊLÉ ,  ÉE.  part.  Mixtus.  On  dit  dans  le  ftyle  fami- 
lier ,  en  parlant  d'une  Compagnie  compolée  de  per- 
fbnnes  de  differens  caraârères  ,  Que  c'eft  marchan- 
dife  mêlée.  Ac.  Fr,  ^fT  On  le  dit  auffi  d'une  per- 
fonne  qui  raffemble  de  bonnes  &  de  mauvaifes  qua- 


M  E  L 

lités.  Ce  verbe  vient  du  Lzxm  mifc ère  ,  &  de  l'Ita- 
lien mefcolare.  MÉN. 

MÉLÈSE.  f.  f.  Arbre  réfineux  ,  fort  haut ,  de  la  nature 
des  pins  &  faplns.   Larix.   Il  a  l'écorce  tort  épaillè 
comme  celle  de  la  pelfe  ,  qui  eft  toute  crevallée  ,  &c 
rouge  au-dedans.   Il  produit  fes  branches  à  l'entour 
du  tronc  de  degré  en  degré  avec  plufieurs  petits  ra- 
meaux ,   fouples  comme  ceux  du  iaule  &  de  l'ofier , 
jaunes  &  odorans.    Il  jette  une  feuille  fort  épaiffe  , 
longue,  tendre  j  plus  étroite  que  celle  du  pin^  &c 
qui  n'eft  pas  piquante.  C'eft  le  feul  des  arbres  à  ré- 
fine ,  qui  fe  dépouille  en  hiver  de  fes  feuilles.    Il 
porte  un  fruit  femblable  à  celui  du  cyprès  ,  &  d  af- 
fez  bonne  odeur.    Ses  fleurs  lont   plus  odorantes, 
&  (ortent  du  bout  des  branches  au  printemps  ;  elles 
lont  de  couleur  d'écarlate  ardente ,  &  reflemblent  à 
des  Hocs  de  foie  ;  fon  bois  eft  dur  ôc  rouge  ,  &  fur- 
tout  au  cœur  ,  Se  eft  bon  à  bâtir  des  palais.  Pline 
dit  que  ce  bois  ne  brûle  point ,  mais  qu'il  fe  cal- 
cine. Cependant  il  fe  trompe  ,  car  il  n'y  a  rien  qui 
filfe  fitôt  fondre  la  mine,  que  le  charbon  Aemélefe. 
Au  rerte ,   la  mélèfe  produit  une  liqueur  excellente 
que  les  Apoticaires  appellent  Bijon  ,  &  qu'ils  fubfti- 
tuent  à  la  place  de  la  tércbentine.  Elle  lort  du  cœur 
de  l'arbre  ,  qu'il  faut  pour  cela  percer  bien  avant 
avec  une  tarière.  Le  meilleur  agaric  croît  fur  la  mé- 
lèfe. On  y  recueille  aullî  quelquefois  de  la  manne, 
^qyeç  Chorier  ,  Hift.  de  Dauphiné ,p.  S7  <&  ^"^ 
Voyez  auflî  le  mot  Larix. 

^3"  MELET.  f  m.  Poilfon  de  mer  ,  long  d'un  pied , 
&  de  la  grolFeur  du  petit  doigt.  Il  a  le  ventre  de  cou- 
leur argentée  ,  le  dos  brun  ,  la  tête  mêlée  de  jaune 
Se  de  rouge  ,  &  les  nageoires  blanches.  Sa  chair 
eft  ferme  ,  &  d'alfez  bon  goût. 

MÉLÈTE.  f.  f.  Une  des  trois  Mufes ,  dont  le  culte 
fut  inftitué  par  les  Aloïdes  à  Thêbes, 

MÉLÈTE.  f.  f.  Apua.  C'eft  le  nom  d'un  petit  poifîbn 
qu'on  mange  en  Languedoc,  &  qui  eft  une  elpèce 
d'anchois ,  mais  qui  n'eft  pas  fi  délicat. 

MÉLÉTIENS.  f.  m.  pi.  Anciens  Hérétiques ,  ou  plu- 
tôt Schifmatiques  d'Egypte ,  qui  ont  été  aiufi  appe- 
lés du  nom  de  Mélècc ,  Evcque  de  Lycopolis.  Mele- 
tiani.  Ce  Mélèce  ayant  été  dépofé  pour  divers  cri- 
mes ,  &  principalement  pour  avoir  facrifié  aux  ido- 
les ,  par  Pierre  ,  qui  étoit  alors  Evêque  d'Alexan- 
drie j  il  ht  Une  fadion  particulière  j  &  c'eft  de  cette 
fadion  qu'eft  fortie  l'héréfie  d'Arius.  S.  Epiphane 
s'eft  étendu  fort  au  long  fur  l'héréfie  des  Mélétiens  ^ 
mais  il  dit  bien  des  chofes  qui  ne  font  point  vraies, 
comme  le  P.  Pétau  l'a  remarqué  judicieufement, 
après  le  Cardinal  Baronius.  Ce  Saint  Evêque  étoit 
tombé  fur  de  faux  adles  qui  avoient  été  écrits  par 
quelque  Sectaire  Méletien.  Voyez  le  Cardinal  Baro- 
nius dans  les  Annales,  ann.  jotf.  Se  les  Remarques 
du  P.  Pétau  fur  S.   Epiphane  ,  kar.  6 S, 

MÉLEUS.  Toye?  Miller. 

MELFI,  ou  MELPHES.  Nom  d'une  ville  de  Royau- 
me de  Naples.  Melphis ,  Melphia.  Elle  eft  dans 
la  Bafilicate  ,  aux  confins  de  la  Capitanate  &  de  la 
Principauté  citérieure. 

MELGAÇO.  Ville  de  Portugal  aux  frontières  de  la  Ga- 
lice ,  Se  renfermée  entre  le  Minho ,  la  petite  rivière 
de  Folia,  Se  de  hautes  montagnes. 

MELGUEUL ,  ou  M ALGUEUIL.  Nom  d'un  ancien 
château  de  Languedoc  ,  fitué  prés  de  Montpellier. 
Melgorium.  Il  y  avoir  titre  deComté.  On  battoit  mon- 
noie  ,  &  il  eft  fouvent  fait  mention  dans  les  anciens 
titres  de  la  livre  de  Melgueul ,  du  fou  ,  du  denier  de 
Melgueul. 

IvlÉLIADE  ,  ou  MÉLIE.  f.  f.  Nom  que  l'on  donnoit 
dans  le  Paganifme  à  uneefpècede  Nymphe.  Melia, 
Melias. 

MÉLIANE.  Nom  d'une  petite  ville  du  Royaume  d'Al- 
ger ,  en  Barbarie.  Melliana  j  Manliana. 

MtLIANTHE.  f.  m.  C'eft  le  nom  d'une  plante  qui 
vient  d'Afrique ,  &  qu'on  cultive  aujourd'hui  dans 
quelques  jardins.  Paul  Hermans ,  Profelleur  en  Bo- 
tanique à  Leidcn  ,  eft  celui  qui  a  fait  connoître  le 
mélianthe  en  Europe.  lien  parle  dans  ion  Catalogue 


M  E  L 

des  pl.intes  du  Jardin  de  cctrc  Univci-Hté.  On  lui  a 
donné  le  nom  de  mciiaiulie  ,  à  caulc  que  le  calice 
de  (a  rieur  contient  d.ins  (on  fond  une  liqueur  miel- 
Icule  rouge  j  ik.  parmi  l.i  douceur  d'un  goût  vi- 
neux 6c  fort  agréable.  Cette  liqueur  efl  (i  abon- 
dante, qu'elle  découle  pendant  quelque  temps  goutte 
à  goutte  lur  la  feuille  qui  ell  (ousia  Heur.  Hllcii'ell: 
pas  feulement  agréable,  elle  cil  encore  utile  ,  car 
elle  ell  cordiale  ,  llomacale  &  nourrillànte  ,  prin- 
cipalement celle  qui  dilHllc  d'elle  même.  La  plante 
qui  donne  cette  liqueur  cft  de  la  hauteur  d'un  hom- 
me ,  toujours  verte  ,  &  dont  les  feuilles  font  fem- 
biablesà  celles  de  la  pimprenellc  ,  mais  cinq  ou  llx 
fois  plus  grandes.  Le  haut  en  cfè  couvert  de  Heurs 
rangées  l'une  lur  l'autre  ,  comme  les  grains  d'un 
épi  ,  d'un  noir  rougefitre.  Chacune  des  Heurs  ell 
compofée  de  quatre  feuilles  difpofécs  en  main  ou- 
verte. Sous  cette  fleur  efl:  une  cinquième  feuille 
grande  comme  l'ongle  ,  de  couleur  purpurine,  quel 
quefois  mêlée  de  vcrdâtre.  C'efl:  fur  cette  cinquième 
feuille  que  tombe  la  liqueur  emmiellée.  La  feuille 
de  cette  plante  ell  troide  au  toucher,  de  couleur  de  vert 
de  mer  ,  d'une  odeur  puante  ,  forte  de  narcotique  , 
&  d'un  goiitun  peu  allringent.  Dès  que  la  fleur  efl:  j 
paHée  ,  il  ne  diftillc  plus  de  miel ,  mais  fon  pillil  de-  i 
vient  un  fruit  en  velfie  ,  gros  comme  celui  du  Nigel- 
la  ,  membraneux  relevé  de  quatre  coins  ,  &  divilé 
en  quatre  loges  qui  renferment  des  femcnces  oblon- 
gues ,  noires  ,  luifantcs  comme  celles  de  la  (ivoine. 
Son  nom  vient  de  ^'Ai  ,  mie/  ,  Se  diB-cs ,  fleur ,  com- 
me qui  à'iron  fleur  de  miel. 

MELIAPOR  ,  ou  MELIAPOUR  autrement  S.  Thomé. 
Maliapora ,  Meliapora,  Fanum   S.    Thomx.    Ville 
de  la  prefqu'île  de  l'Inde  deçà  le  Gange.  Elle  eft  fur  , 
la  côte   de  Coromandel  au  Royaume  de  Carnatc  , 
au  midi  de  la  ville  de  Paliacate. 

MÉLIBÉE.  f.  f.  Une  des  filles  de  Niobé.  On  changea 
Ion  nom  de  Mélïbee  en  celui  de  Chloris  ,  à  caule 
de  fa  pâleur.  X/inçi   fignifie  pâle. 

MÉLICA.  f.  m.  Plante  qu'on  appelle  autrement  Blé 
barbu  C'efl;  une  ctpcce  de  millet  qui  poulFe  plufieurs 
tiges  à  la  hauteur  de  huit  ou  dix  pieds ,  &  quelque- 
fois de  treize  ,  femblahles  à  celles  des  rofeaux,  grolles 
comme  le  doigt,  noueufes ,  remplies  d'une  moelle 
blanche.  De  chaque  nœud  il  fort  des  feuilles  longues 
de  plus  d'une  coudée  ,  large  de  trois  ou  quatre  doigts , 
femblables  aulîî  à  celles  des  rofeaux.  Ses  Heurs  font 
petites ,  de  couleur  j  ■■.une ,  oblongues  ,  pendantes  : 
elles  naillent  par  bottes  ,  ou  bouquets ,  longues 
prefque  d'un  pied  ,  larges  de  quatre  ou  cinq  pouces. 
Lorlqu'ellcs  fontpallées^  il  leur  fucccde  des  femcn- 
ces prefque  rondes  ,  plus  grolfcs  du  double  que 
celle  du  millet  ordinaire  j  de  couleur  tantôt  jaune  , 
ou  roufsàtre  ,  tantôt  noire.  Se^  racines  font  fortes 
&  fîbrcul'es.  Cette  plante  aime  les  terres  gralfes  & 
humides  ;  on  la  cultive  en  Efpagne  ,  en  Italie  ,  & 
en  d'autres  pays  chauds.  Les  Payfans  nettoient  le 
grain  J  &  l'ayant  fait  moudre,  ils  en  font  du  pain  , 
qui  efl:  friable ,  peu  nourriflant ,  &  fort  rude.  En 
Tofcanc  ,  on  s'en  fert  plus  pour  engrailfer  les  pou- 
les Si  les  pigeons,  que  pour  la  nourriture  des  hom 
mes.  On  fait  un  remède  de  la  moelle  des  tuyaux  , 
qui  efl:  excellent  contre  les  écrouelles.  C.  Bauhin 
l'appelle  Milium  arundinaceum  ,  fubrotundo  femïne  y 
Sorgo  nomïnatum. 

MÉLICERIS.  f.  m.  Terme  de  Chirurgie.  Efpèce  de 
tumeur  formée  par  une  matière  femblable  à  du  miel , 
&  renfermée  dans  une  membrane  propre.  La  caufe 
ànmélicéris  eft  l'aliment  de  quelque  tendon  ,  ou  de 
quelque  partie  nervcule  ,  ou  membraneufe  ,  qui  y 
eft  retenue  en  trop  grande  quantité  ,  Se  qui  fe  change 
en  un  autre  fubftance  qu'en  celle  qui  doit  nourrir 
ces  parties.  Ce  qui  fait  que  cet  aliment  s'amaffe  & 
s'altère,  c'eft  que  les  membranes  &  les  parties  mem- 
braneufcs  font  dillendues  &:  déchirées,  ou  par  quel- 
que caufe  interne  qui  les  ronge  ,  ce  qui  e(l  rare,  ou 
par  quelque  caufe  externe  violente  :  d'où  vient  que 
les  Religieufes  &  les  Moines  font  fujcts  à  ces  fortes 
de  tumeurs  aux  genoux ,  par  les  fréquentes  génu- 
T«me  V. 


M  E  L  915- 

flexions  qui  dilatent  les  membranes  de  cette  partie. 
Ce  mot  vient  du  Grec  /^  m  ,  qui  lignifie  m:e/. 

MÉLICTUAGIAAR.  C  m.  Terme  de  Relation.  Prévôt 
des  Marchands  chez  les  ferf  s,  Juge  des  Marchandr. 
Mercacorum  Judex  apud  PerJ'as. 

MtLIUOR.  f.  m.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  dune 
tulipe  panachée  d'incarnat  lur  du  blanc.   Morin. 

MtLIUORE.  f.  f  Terme  de  Ficurille.  Anémone  de 
toute  couleur  de  feu,  brune  à  fond  blanc.  Morin. 

MELIE  ,  ou  MÉLIS.  Nom  qu'on  donne  à  une  forte 
de  toile.  La  toile  de  Mélie  luit  en  qualité  la  toile 
de  Noiale  ■■,  elle  fert  à  faire  les  menues  voiles. 

MÉLIENNE.  f.  f.  Efpèce  de  terre  dont  parle  Diofco- 
ride,  qui  efl:  rude  au  toucher  ,  Se  qui  a  une  cou- 
leur à  peu  près  comme  celle  de  l'érétrienne  cendrée. 
Etant  froillec  entre  les  doigts  ,  elle  pétille  comme 
la  pierre-ponce  raclée.  Elle  a  la  propriété  de  l'alun  j 
quoiqu'elle  ne  Ibit  pas  lï  cfKcacc.  Elle  fert  aux  Pein- 
tres pour  maintenir  long  temps  leurs  couleurs.  Cette 
terre  étoit  autrefois  fort  en  ulage  dans  la  Médecine, 
mais  à  préfcnt  on  ne  s'en  fert  plus. 

MÉLIGNANO.  Foyei  Marignan. 

MÉLILLA  ,  ou  MÉRILLI.  Nom  d'un  bourg  de  la  Si- 
cile. Meidlis.  Il  eft  près  de  la  côte  orientale  de  la 
vallée  de  Noto ,  entre  Syracufe  &  Léontini. 

MÉLILLE.  Nom  d'une  petite  ville  du  Royaume  de 
Fez  ,  en  Barbarie.  Meiilla  ,  anciennement  P^yjfadi- 
rum.  Elle  eft  fur  la  côte  de  la  province  de  Gareta  , 
où  elle  a  un  bon  port ,  à  huit  lieues  de  l'embouchure 
de  la  Mulvia ,  vers  le  couchant. 

Melille.  Nom  d'une  petite  ville  de  l'Amérique  ,  fi:uéc 
fur  la  côte  méridionale  de  la  Jamaïque.  Meiilla. 
Matv. 

MÉLILOT,  ou  MIRLIROT.  f.  m.  plante  qui  pouffe 
plulieurs  tiges  à  la  hauteur  de  deux  ou  trois  pieds, 
rondes,  foiblesj  rameutes.  Ses  feuilles  naiflent  trois 
lur  une  queue  ,  comme  celles  du  trèfle ,  crénelées 
en  leurs  bords  ,  oblongues,  lifles,  d'un  vert  obfcur. 
Ses  Heurs  font  petites ,  légumiueules ,  jaunes  ,  ra- 
mallées  en  épi.  Lorfqu'elles  font  palfées  ,  il  leur  fiic- 
cède  des  caplules  qui  deviennent  noires  en  murilfant, 
&  qui  renferment  de  petites  femences  jaunâtres.  Sa 
racine  eft  blanche ,  menue  ,  pliante  ,  garnie  de 
fibres.  Toute  cette  plante  eft  de  fort  bonne  odeur 
quand  elle  eft  sèche.  On  en  fait  une  tifanne  qui  eft 
excellente  dans  la  colique,  dans  la  rétention  d'u- 
rine ,  dans  le  rhumarilme.  On  s'en  fert  aulfi  dans 
les  lavemens  carminatifs  ,  &  dans  les  cataplafmes 
adouciflans  Se  réfolutifs.  ifT  Les  Rotiffeurs  en  font 
ufige  pour  donner  une  efpèce  de  fumet  aux  lapins  Se 
au>;  perdrix.  En  Latin  melilotus  officinarum  Germa- 
niA.  C.  Bauh.  Pin.  331.  Il  y  a  plufieurs  autres  es- 
pèces de  mélilot. 

Ce  mot  vient  de  ftÉAi  ,  miel  ,  Se  xciU  ,  lotus ,  com- 
me qui  diroit  melle  lotus  ,  qui  fent  le  miel  ,  ou  qui  ell 
doux  comme  le  miel.  Le  peuple  l'emploie  en  ce 
proverbe  :  J'en  dis  du  mélilot ,  ou  du  mirlirot ,  pour 
dire  ,  je  ne  m'en  foucie  guère. 

Mélilot.  Nom  d'un  bourg  de  la  Floride.  Melilotium. 
Il  eft  vers  les  montagnes  S.  Palaches,  Se  chef  du 
Royaume  qui  porte  fon  nom.  M.^tv, 

MÉLINDE.  Nom  d'une  ville  de  l'Ethiopie.  Mclinda, 
Elle  eft  fituée  fur  la  côte  du  Zanguébar  ,  à  l'emboh- 
chure  de  la  rivière  de  Quilimango,  environ  à  vingt- 
cinq  lieues  de  la  Montbaze  ,  du  côté  du  nord. 

MÉLINDE.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  qui  a 
pour  couleur  un  beau  pourpre  rouge  très-vif.  Se  un 
beau  blanc  de  lait.  Morin. 

MÉLINET.  f.  m.  Plante  qui  poufle  de  fa  racine  qua- 
tre ou  cinq  tiges  à  la  hauteur  d'un  pied  ou 
pied  Se  demi  ,  rondes  ,  remplies  de  fuc  ,  revê- 
tues d'un  grand  nombre  de  feuilles  oblongues,  plu< 
larges  vers  la  queue  qu'à  l'autre  bout,  un  peu  ve- 
lues ,  vertes  j  bleuâtres ,  marquetées  de  taches  blan- 
ches. Il  nait  de  leurs  aillelles  plufieurs  petits  ra- 
meaux contournés  comme  ceux  du  grand  héliotro- 
pe ,  garnis  tout  du  long  de  fleurs  longuettes  creu- 
fes ,  &  repréfentant  en  quelque  manière  un  petit 
gobelet ,  variées  de  plufieurs  couleurs.  Les  abeilles 

Zazzz  ij 


()i6  M  E  L 

en  font  fort  avides.  Cène  plante  eft  aflringentc  , 
rafraîchilTante  ,  vulnéiniie  ,  propre  pour  les  intlam- 
marions  des  yeux.  Elle  croît  dans  les  lieux  ombra- 
geux tk  montagneux.  Lemery  ,  après  Charles  Bau 
hin  &  Tourneiort.  On  l'appelle  autrement  Cerm 
thée. 
MÉLION.   Foyei  Emiuen. 

MÉLIORATIE,  ou  MÉLIORAT.  On  nomme  ainfi 
à  Amfterdam  une  des  trois  fortes  d'organlin  de  Bo 
logne   dont  on  y  fait  commerce.    Les  mellorats   le 
vendent  depuis  ji  jufqu'à   54  livres  le  gros. 
MÉLIORATION.  f.  f.   Adion  par  laquelle   on  rend 
une  chofe  meilleure.  Incremcntum.  perfeclio.  gCT  On 
entend  par-là  toutes  les  impenfes  laites  dans  un  hé- 
ritage ,  qui  en  augmentent  le  prix  &  la  valeur.  Quand 
on  retire  une  terre  ,  il  faut  rembourfer  les  impenfes 
&   mélloratïons  utiles  &:    nécellaires ,  faites  par  le 
polfelfèur   de  bonne  foi.  C'eft  un  terme  de  Jurif- 
prudence  ,  qu'on  trouve  dans  les  Auteurs  de  Droit. 
On  dit  ordin.iirement  amélïoTations  ,  &  on  ne  trouse 
que  ce  dernier  mot  dans  le  Dict.  de  l'Acad. 
MÉLIOKER.  V.  a.   Rendre   une  choie    meilleure.  In 
melïorem  ftatum  deducere  ,  adducere  ,  mclius  rcddere. 
^fFOn  doit  dire  améliorer.  Voyez  ce  mot. 
MÉLISSA.   Nom    d'un   ancien    bourg  de    la    grande 
Grèce.    Mélife  3   Mélefc.  Il  eft  peu   confidcrable  , 
&  ûtué  dans  la  Calabre  citérieure,   environ  à  une 
lieue  de  Strongoli  ,  &  à  deux  de  la  mer  Ionienne. 
Maty. 
MÉLISSE,  f.  f.  Plante  qui  poulTe  fes  tiges  à  la  hau- 
teur d'une  coudée  ,  ou  davantage  ,  carrées ,  dures  , 
aifées  à  rompre.  Ses  feuilles  font  noir.îrrcs,  fembla- 
bles  à  celles  ducalamenr,  dentelées  en  leurs  bords  , 
couvertes  de  petits  poils  courts ,  d'une  odeur  de  ci- 
tron fort   agréable  ,  &c   d'un  goût  un  peu  acre.  Ses 
fleurs  naillènt  dans  les  ailfelles  des  feuilles,  &  ne 
forment  point  d'anneaux  entiers;  elles  font  en  gueu- 
le ,  petites  ,   blanches  ,   ou  d'un  rouge-pâle  ;  cha- 
cune d'elles   eft  un    tuyau   découpé  par  le  haut  en 
deux  lèvres.  Quand  la  fleur  eft  padée  ,  il  lui  fuccède 
quatre   femcnces  prefque    rondes  ,   ou  oblongucs  , 
jointes    enfemble.    Sa  racine  eft    ligneufe,  longue, 
ronde  ,  fibreufe.  En  Latin  me/iffa  horunjïs.  C.  Bauh. 
229.  La  méiijfe  eft  cordiale  ,  propre  dans  les  affec- 
tions mélancoliques  ,  dans  la  palpitation  du  cœur  , 
dans    le  vertige ,  dans  la  paralyfie.  Il  y  a  quelques 
autres  efpèces  de  méliffe.  La  méiijffe  s'appelle  quel- 
quefois citragon,  quelquefois  piment ,  &c  en  quelque 
province  horeuil.  Cependant  il  y  a  une  autre  plante 
particulière  qui  s'appelle  Piment  &  qui  diftére  de  la 
mélijje.   IKT  On  en  fait  un  eau  fpiritueufe  compo- 
fée  ,  connue  fous  le  nom  d'eau  de  MeliJJe,  ou  des  Car- 
mes ,  qui   palIe   pour   fouverame    dans   l'apoplexie 
&  autres  maladies  de  cette  nature. 

Ce  mot  vient  du  Grec  fti^i ,  miel.  Les  abeilles 
aiment  beaucoup  la  méliffe  commune  ^  &  elles  y 
ramalfent,  à  ce  que  l'on  croit  ,  la  matière  du  miel. 
On  l'appelle  aulîi  herbe  de  citron ,  à  caufe  de  fon 
odeur. 
Mélisse  ,  ou  MÉlice.  f.  f.  Nom  que  quelques  Poè- 
tes donnent  à  leur  Maîtrefte.  Adorable  MéliJJe ,  or- 
nement de  la  Cour.  Racine. 

Cela  vient  du  Grec  fiîM j  Se  les  Latins  ont  dit, 
meum  mel. 
MÉLISSÉE.   f.  f.    Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  ,  cou- 
leur de  rofe  ,  incarnat  ik  blanc.   Morin. 
JVIÉLISSES.  f.  f.  pi.  C'étoient    les  filles  de  Mélilfus  , 
Roi  de  Crète  ,  qui  fe  chargèrent  de  l'éducation  de 
Jupiter.    Leur  nom  eft  Adaftréc  &  Ida.  On  a  aulîî 
donné  ce  nom  aux  abeilles ,  ou  mouches  à  miel  qui 
nourrirent  ce  même  dieu ,   d'où  il   eft  quelquefois 
appelé  Méliirus.  Dans  cette   même  île  de  Crète  la 
Prêtrelfe  de  la  grande  mère  fc  nommoit  Mélijfe. 
MÉLITELLO.    Nom    d'une  petite  ville  ou  bourg  de 
la  Sicile.  Melitellum.   Ce   lieu  eft  dans  la  vallée  de 
Noto ,  à  trois  lieues  de  Léontini  ,   du  côté  du  cou- 
chant. Maty. 
MÉLITIAS  ,   ou  MÉLANTRADA.    Nom  d'une  an- 
cienne petite  ville  de  la  Romanie.  Mclantius.  Elle 


MEL 

eft  fur  la  mer  de  Marmora ,  entre  Conftantinople  ic 
Sélivrée.  Maty. 

MELITITE.  f.  h  Pierre  grife  ,  qui  étant  pulvériféc, 
rend  une  liqueur  laiteutc ,  de  faveur  douce  comme 
le  miel.  Melitites.  On  la  trouve  dans  les  mines 
métalliques  :  elle  participe  du  plomb ,  qui  lui  donne 
cette  douceur  approchante  de  celle  du  feldeSatur 
ne,  mais  beaucoup  moins  forte.  En  un  mot  on  appelle 
Pierre  mélitite  une  certaine  pierre  toute  femblible 
en  figure  ,  qualités  &  propriétés  galactites  ,  excepte 
qu'elle  eft  plus  douce  au  goût ,  i^-  qu'elle  a  la  dou- 
ceur du  miel  d  où  elle  a  tiré  ion  nom ,  car  fct  ligni- 
fie miel.  Les  anciens  s'en  krvoient  pour  les  inflam- 
mations des  yeux  ,  &  pour  delfécher  les  ulcères. 

MÉLITO.  Foye^  Mileto. 

MÉLITS.  Ville  de  Pologne  ,  fur  la  frontière  de  la 
Grande  Pologne  ,  auprès  de  Frelban. 

MELLAT.  (.  m.  Mot  Breton  ,  qui  fignifie  le  jeu  de 
ballon,  appelé  la  loule  à  Vanne.  Lobineau  ,  G/o/ZT 

MELLE.  Nom  d'une  petite  ville  du  Cercle  de  Weit- 
phalie.  Mella.  Elle  eft  fur  la  rivière  d'Hafe  ,  dans 
l'Evêché  d'Ofnabrug  ,  à  trois  ou  quatre  lieues  au- 
deflus  de  la  ville  de  ce  nom.  Maty. 

MELEE.  Nom  d'un  ancien  château  de  France,  où  l'on 
battoit  autrefois  de  la  monnoie  ,  &:  dont  le  nom 
fe  trouve  fouvent  fur  celle  de  nos  Rois ,  Metullum , 
Metulum  :  on  trouve  aullî  Mella  dans  quelques 
Auteurs.  Ce  lieu  eft  en  Poitou  1  Valois.  Not.  Gai, 
p.  4S0. 

MELLEE.  f.  f.  On  écrivoit  ainfi  autrefois  le  mot  qui 
s'écrit  aujourd'hui  mêlée  :  il  fe  difoit  pour  querelle  , 
débat.  Rixuj  contentio. 

MELLETE.  f.  f.  Nom  dune  efpèce  de  figue.  Ficus  fpe- 
cies.  Il  y  a  une  petite  figue  grile  approchant  du  tané, 
fa  chair  eft  rouge  ;  on  l'appelle  Aîelete  en  Gafco- 
gnc.  Son  défaut  eft  ,  comme  des  autres,  de  rappor- 
ter peu ,  &  de  n'être  pas  douillette.  La  Quint.  T.  I. 
p.  41  s . 

MELLI.  Le  Royaume  de  Melli.  Mellum  Regnum. 
Ce  Royaume  eft  dans  la  Nigiitie  j  en  Ahique , 
entre  le  pays  de  Malaguette  ,  les  Royaumes  de  Man- 
dingue  éc  de  Cantor  ,  le  Niger  &  l'Océan  Atlanti- 
que. 

MELLIER  ,  ou  PSEAUTIER.  f.  m.  Eft  un  nom 
que  donnent  les  bouchers  au  troilième  ventricule 
du  bœuf  &  des  autres  animaux  qui  ruminent.  Ter- 
tius  bovis  ventriculus.  On  l'appelle  aullî  millet ,  ou 
myrcfcuillet ,  ou  livre.  Voyez  Millet. 

MellieRj  ou  plutôt  Melier,  eft  aufli  une  efpèce  de 
raifin  blanc  ,  agréable  au  goiît ,  &  dont  ont  fait  1» 
bon  vin.  Ce  plan  de  vigne  eft  tout  de  mellier.  On 
a  dit  AlicelU  vîtes  ,  des  vignes  où  il  y  avoit  beau- 
coup de  mellier. 

MELLIFONT.  C'eft  la  première  Abbaye  de  Cîteaux  , 
en  Irlande.  Elle  eft  dans  le  Diocèfe  d'Armach ,  Se 
fut  fondée  en  11 39.  par  des  Religieux  envoyés  par 
S.  Bernard. 

MELLINGEN.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Suiflè , 
fituée  à  une  lieue  de  Bade  ,  fur  la  rivière  de  BulF, 
qu'on  y  pafle  fur  un  pont  couvert.  Mellinga.  Cette 
ville  appartient  aux  huit  premiers  Cantons,  qui  s'en 
rendirent  les  maîtres  l'an  141 5.  Maty. 

MELLO  ,  ou  MERLOU.  Nom  d'un  lieu  ancien  ,  fi- 
tué  dans  le  Beauvoifis.  Mellotum.  Valois  ,  Not.  Gall. 
p.So. 
MELLONE.  Quelques-uns  difent  Mellonie^C  f.  Ter- 
me de  Mythologie.  Nom  d'une  déefle  des  Romains. 
Mellonia  j  Mellona.  C'étoit  la  déefle  dij  Miel ,  qui 
préfidoit  à  la  récolte  du  miel.  Comme  on  le  peut 
voir  dans  Arnobe,  I.  IV.  adv.  Cent.  Se  dansSainï 
Auguftin  j  de  Civit.  Dci ,  I.  /F.  c.  S4- 
MELLUSINE.  f.  f.  En  termes  de  Blafon  on  donne  le 
nom  de  Mellujîne  à  une  figure  nue  ,  échevelée , 
demi  femme  Se  demi  ferpent  qui  fc  baigne  dans  une 
cuve  ,  où  elle  fe  mire  &  fe  coîfe.  On  ne  s'en  leic 
que  pour  les  cimiers.  Les  mailons  de  Luzignan  Se 
de  S.  Gelais  portent  pour  cimier  une  Melluflr.e. 

MELNICK.  Nom  d'un  bourg  de  la  Bohême  ,  fitué 
fur  l'Elbe  ,  vis-à  vis  de  l'embouchure  de  Muldav, 


M  E   L 

i  fix  lieues  de   Prague ,   vers  le  nord.  Melnkum  , 
anciennement  B'f{enia.  Matv. 

MEL0150S1S.  r.  F.  Terme  de  Mytliolegie.  Nom  dune 
Nymphe.  Melcbojîs.  Hcllodc  dans  (a  Théogonie  , 
V.  3 s 4-  la  '"'^t  au  nombre  des  Nymphes ,  qui  ont  loin 
délever  les  hommes  dès  l'cnFancej  avec  Appollon 
&  les  Fleuves. 

*IEL()CARDUUS  ,  iMRLOCACTE  ,  ou  MELON- 
CHARDON,  f.  ni.  Chardon  des  Indes  occidenta- 
les ,  qui  croît  contre  terre  ,  qui  n'a  ni  branches  ,  ni 
feuilles.  Ceft  feulement  une  malle  ,  ou  elpèce  de 
tête  qui  paroit  être  un  allemblage  naturel  de  melon 
&  de  chardon  ,  d'où  vient  qu'elle  a  été  ainli  appe- 
lée. Cette  malle  cil  fort  grolle ,  de  figure  ovale  , 
garnie  d'épines  robuftcs  ,  les  unes  droites  ,  les  au- 
tres courbes,  de  forte  qu'on  ne  (ait  par  où  la  pren- 
dre. Son  écorcc  eft  verte,  divilée  par  côtes.  Sa  chair 
elt  blanche  ,  épailfe  ,  pliante  ,  difticile  à  rompre  , 
ayant  un  goût  de  courge.  Elle  poulie  en  haut  une 
efpèce  de  coton  gris  extérieurement  ,  très  blanc  en- 
dedans  ,  contcnmt  pku'ieurs  épines  menues  &:  pur- 
purines, qui  s'élèvent  pcu-à-peu  en  fa  fuperficic  , 
&  qui  devienr.tnr  duits  &:  piquantes.  On  trouve 
aulîi  au  bas  du  même  coton  certaines  follicules 
membraneufes  ,  de  couleur  de  fang ,  remplies  de 
femences  petites,  noires  &  luifantes,  comme  celles 
de  l'amarante. 

Le  Père  Plumier  ,  Minime  ,  qui  a  lait  plufieurs 
voyages  dans  les    îles  de  l'Amérique  ,  &  qui  s'eft 
attaché    à    y   remarquer    les    plantes  particulières  , 
prérend  que  celle  ci  doit  s'appeler  Malocallus  ;  & 
voici  la  deicription  qu'il  en  fait.  Ceft  une  des  plus 
merveilleufes  plantes  de  la  nature.  On  croiioit  voir 
un  gros  melon  tout  hérillé   de  piquans  j  &  planté 
immédiatement  fur  la  terre.  Elle  nait  ordinairement 
ou  fur  les  rochers ,  ou  dans  les  lieux  fecs  &:  arides , 
de  même  que  nos  grandes  joubarbes.  Sa  racine  ref- 
femble    quelquefois  à    la    corne  d'un   bœuf,  mais 
ordinairement    c  eft  un    corps   de  plufieurs  grolles 
fibres  blanches,  ligneufes  &  branchues,  d'où  il  fort 
immédiatement  une  malfe  ,  (ouvent  deux  fois  plus 
grolfes  que  la  tête  d'un  homme.  On  en  voit  de  plu- 
fieurs figures-,  les  unes  rondes  comme  des  boules, 
les  autres  ovales  ,  lC   d'autres  prelque  en  pain  de 
fucre.  La  furface  extciicuie  eft  toute  canioelée,  à  la 
façon  de  nos  melons,  mais  les  côtes  font  plus  fréquen- 
tes &  plus  relevées.  Elles  ne  font  point  arrondies  , 
mais  taillées  comme  en  dos  d'âne  ,  &  toutes  ondées 
par  divers  plis ,  entre  d;ux  delquels  il  y  a  toujours 
îur  le  -dos  un  éculîon  cotonneux ,  d'où  fortent  or- 
dinairement  deux  aiguillons  très  pointus  ,  roides  , 
prefque  olTeux,  blancs  ,  mais  rouges  par  la  pointe. 
Il  y  a  toujours  un  de  ces  aiguillons  planté perpendicu 
lairemcnt    au  cci.rrc    de    l'écullon.  Les  autres  font 
arrangés  en  rayons  tout  autour  de  la  bafe  de  celle 
ci.  Le  plus  bas  de  tous  eft  toujours  la  moitié  plus 
long  que  les  autres.  Leur  longueur  ordinaire  eft  de- 
puis demi  pouce    jufqu'à   un    pouce,  &  même  un 
pouce  &  demi.   La   peau  extérieure  de  cette  malfe 
eft  fort  unie ,  d'un  vert  foncé ,  &  toute  picotée  de 
petits  points  un  peu  plus  clairs  ,  en  façon  de  mi- 
niature. Son  intérieur  eft  maffif  &:  fans  vide  ,  mais 
tout  charnu  ,  d'uiie  fubftance  fort  blanche  ,  fuccu- 
lente  ,   un  peu   plus  ferme   que  celle  des  melons  , 
&  d'un  goût  tant  loit  peu  acide.  Du  fommct  de  cette 
mafle  ,  il  en   fort  une  manière  de  colonne  ,  ou  cy 
lindre,  haut  d'environ  un  pied,  &  épais  de  trois  a 
quatre  pouces.  Le  dedans  de  cette  colonne  eft  charnu 
de    même    que  la  malTe ,  l'efpace    d'environ  deux 
pouces.    Le    refte    n'eft  qu'un  compofé  d'un  coton 
très-blanc  &  très-fin  ,  mêlé  d'une  infinité  de  peti 
tes  épines  fubtiles ,  piquantes ,  rouges ,  dures ,  quoi- 
que pliables  ,  comme  les  foies  dont  on  fait  les  ver- 
gettes  à  nettoyer  les  habii^s.  En  eftet ,  on  ptendroit 
cetie  colonne  pour  une  vé'irable  vergerte  ronde.  Le 
fommet  de  cette  colonne  eft  arrondi  comme  la  coëffe 
d'un  chapeau  ,  &   tout  comparti  le  plus  agréable- 
ïnent  du  monde  en  façon  d'un  réfeau  formé  de  plu- 
fieurs rayons  courbés  ,  fe  croilant  de  droite  à  gau- 


M  E  L         917 

clie,  &  de  gauche  à  droite  du  centre  à  la  circon- 
férence. Danï    chaque    lolange  que  compolcnt  fcs 
rayons  ainli  croifés  ,  on  voit  fortir  une  Heur  d'un 
rouge  très- vif ,    hiite  en  tuyau   évafé  ,  lie  fendu  eu 
plulieurs  pointes  en  façon  de  couronne.  Dans  quel- 
ques elpèces  de  ces  plantes  ,  ces  Heurs  font  doubles  , 
c'eft-à  dire,  coinpolées  de  plulieurs  tuyaux  les  uns 
dans  les  autres.  Elles  ont  ordinairement  trois  à  qua- 
tre lignes  de  diamètre  ,  &  portent  toutes  fur  un  em- 
bryon, qui  devient  cnfuite  un  fruit  rouge  comme 
de  l'écarlatte,  très-poli ,  mou  ,  de  la  grolleur  &c  figu- 
re prefque  d'une  olive.  Sa  chair  eft  tort  tendre ,  fuc- 
culcnte ,  blanche  ,  d'un  goût  aigrelet  très- agréable. 
Elle    cil   aulli  toute  remplie  de  quantité  de  petites 
femences  noires  ,  chagrinées,  &:   prelque  aulli  grof- 
les  que    la  lemencc    du  pavot.  Quand  ce  fruit  eft 
mûr  ,  il  fort  de  loi-même  du  dedans  de  fa  niche  , 
où   il  étoit    entièrement  caché  ;  &  quand  il  com- 
mence à  fortir ,  vous  diriez  que  c'eft  un  beau  rubis 
cnchâflé   parmi  les  piquans  de  cette  colonne.    On 
voit  quantité  de  ces  plantes  dans  l'ile  Saint  Chrifto- 
phe  ,   du    côté   des  Salines.  Melocallus  Indi£  occ'i- 
dtntal'is.  C.  B.  Pin.  3S0.  Melocatus  Amencana. 
MÉLOCKIA.  f.  m.  Plante  qui  croît  en  Egypte,  & 
qui  poulie  une  tige  à  la  hauteur  d'une  coudée.  Ses 
feuilles  font  alternes  ,  femblablcs  à  celles  de  la  mer- 
curiale ,  mais  plus  grandes;  dentelées  en  leurs  bords  , 
ayant   à  leur  bafe   de  chaque  côté  une  manière  de 
languette  fort  étroite  ,  déliée.  Ses  Heurs  font  petites , 
ordinairement   à  cinq    feuilles ,    de   couleur  jaune. 
Lorfqu'elles  font  palfées ,  il  leur  luccède  des  fruits 
cylindriques  ,  divilcs  en  leur  longueur  en  cinq  lo- 
ges ,  qui    contiennent  chacune   plulieuts  femences 
menues  ,  anguleufes ,  de  couleur  cendrée ,  d'un  goût 
vifqueux.  Il  n'y  a  point  d'aliment  qui  loit  plus  com- 
mun &  plus  agréable  en  Egypte.  On  fe  fert  beau- 
coup de  ces  lemences  dans  toutes  les   maladies  où 
celles  de    la  guimauve  font  bonnes.  Elles  purgent 
copieufement  ,    fi  l'on    en  prend  le  poids  de  deux 
drachmes.   Le  fuc  des  feuilles  appaife  la  toux  ,  & 
foulage  les  maux  de  poitrine.  En  Latin  Corchorus  fivc 
Mdochia.  J.  Bauh. 
MÉLOCHITE ,  ou  ARMÉNIENNE,  f.  f.  Pierre  grolFe 
comme  une  noifette.  C'eft  ce  qu'on  appelle  la  Pierre 
d'azur  bleue  &  verte  à  l'ufage  des  Peintres.  Elle  dif- 
fère du  lapis  lazuli,  &  elle  n'a  aucune  veine  d'or. 
MÉLOCORCOPALI.    f.    m.   Fruit   des   Indes,  gros 
comme  un  coing  ,  ayant  la  figure  d'un  melon.  L'ar- 
bre qui  le  porte  relfemble  au  cognafller  par  fa  gran- 
deur &  par   fes  feuilles.  Ce  fruit  a  un  goût  de  cé- 
rife  fort  agréable.  Il  contient  trois  ou  quatre  grains 
femblables   aux   pépins  de  raifin.   Ce  fruit  tire  fon 
nom  de  fa  relfemblance  au  melon ,  &  de  la  Pro- 
vince de  Corpcopal  où  il  croît.  On  dit  qu'il  lâche 
un  peu  le  ventre. 
1^   MÉLODIE,  f.  f.  Agrément   dans  le  chant  ,  qui 
réfulte   d'une   heureufe  fuite  de  fons;  heureux  ar- 
rangement des  fons  que  l'on  entend  fuccclîïvement 
dans  un  même  air  chanté  par  une  même  perfonne , 
ou   joué  fur  un  même  inftrument.  Melos.    Douce 
mélodie.  Agréable  mélodie. 

On  confond  quelquefois  en  parlant  ,  mélodie  Sc 
harmonie  ;  il  y  a  cependant  de  la  différence  entre 
ces  deux  chofes ,  &  on  doit  en  mettre  dans  l'ufage 
des  mots  qui  les  expriment.  Mélodie  ne  fe  dit  propre- 
ment que  d'une  feule  voix  ,  ou  d'un  feul  inftrument. 
ÎCT  C'eft  une  fuite  de  fons  qui  le  luccèdent  agréa- 
blement :  mais  l'harmonie  fe  dit  de  plufieurs  voix 
ou  de  plufieurs  inftrumens  :  c'eft  l'accord  de  plu- 
fieurs parties  que  l'on  entend  en  même  temps;  le 
plaifir  qui  réfulte  du  mélange  de  plufieurs  fons  qu'on 
entend  à  la  fois.  Si  l'on  dit  quelquefois  une  voix 
harmonieufe,  cela  doit  s'entendre  d'une  voix  pro- 
pre à  entrer  dans  un  accord.  L'ufage  cependant  permet 
d'emplover  les  mots  d'harmonie  Sc  d'harmonieux  en 
parlant  d'une  leule  voix  ,  ou  d'un  feul  inftrument. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  il  vient  de  fcuj  ,  miel ,  &  de 
f<î' ,  chant.  Ce  mot  s'emploie  quelquefois  d'une 
manière  ironique ,  pour  djf  e  ,  tintamare ,  un  bruic 


S)i8  M  E  L 

importun.  Rumor  confufus.  Nous  ouïmes-là  une 
belle  nKloiie.  On  dit  aulli ,  une  terrible  ,  une  étran- 
ge mélodie,  La  Fontaine  a  dit  des  cris  d'un  ane  , 
Oh  j  oh  !  quelle  carelie  ,  &  quelle  mélodie  ? 

MÉLODIE,  f.  f.  Choie  agréable,  par  allulion  à  la  Mu- 
lique.    Glôff'aire  fur  Maroc. 

"^3"  MÉLODIE  dans  l'art  oratoire.  La  mélodie  dans  le 
chant  eft  un  accord  de  fons  qui  le  fuccèdent  agréa- 
blement. La  mélodie  dans  le  dilcours  eft  an  accord 
fuccellîf  de  Ions  ,  dont  une  partie  eft  liée  par  les 
rapports  avec  les  fons  qui  précédent  &c  qlii  luivent. 
Elle  confifte  dans  la  manière  dont  les  fons  (impies 
ou  compofés  font  aflbitis  tk.  liés  cntr'eux  pour  for- 
mer les  fyllabes ,  dont  les  (yllabes  font  liées  entr'cL 
les  pour  former  un  mot  ■■,  dont  les  mots  lont  liés 
entr'eux  pour  former  un  membre  de  période  j  &:  ainii 
de  fuite.  f^oye\  Harmonie. 

MÉLODIEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  mélodieu- 
fe.  Suavicer.  Les  Sirènes  chantoient  fort  mélodieufe- 
ment ,  à  ce  que  difent  les  Poètes. 

MÉLODIEUX  ,  EUSE.  adj.  Rempli  de  mélodie.  Sua- 
vis  ,  harmonicus.  Lé  chant  du  roftignol  eft  fort  mé- 
lodieux. Les  Pafteurs  entendirent  les  Anges  qui 
chantoient  un  cantique  mélodieux.  Un  concert  mé- 
lodieux. On  a  comparé  à  l'harmonie  ,  &  à  la  voix 
mélodieufe  des  Sirènes  ,  tout  ce  qui  ftatte  ,  &  qui 
entraine  inévitablement  les  cœurs.  Ab.  Nicaise. 

MELON,  f.  m.  Sorte  de  fruit  dont  la  tige  rampe  fur 
terre.  Pepon  ,  pepo ,  melo  ,  melo  pepo.  Sa  Hgure 
eft  ovale  S<  cannelée ,  (a  chair  rouge ,  fa  graine  pe- 
tite ,  qui  eft  une  des  quatre  grandes  (emences  froi- 
des. Son  écorce  ,  dure  ,  cannelée  &C  brodée.  La 
plante  jette  force  iarmens  longs ,  ainh  que  le  con- 
combre. Sa  feuille  eft  lemblable  à  celle  de  vigne  ; 
mais  moins  découpée  ,  velue  ,  &  rude  au  toucher. 
Sa  Heur  eft  jjune.  Melon  de  Langeais  ,  melon  de 
marais ,  melon  (ucré  ,  melon  brodé.  On  confit  des 
côtes  de  melon.  On  achette  les  melons  à  la  londe , 
à  la  coupe.  Au  Pérou  ,  dans  la  Vallée  d'Yca,  il  y  a 
des  melons  dont  la  racine  devient  proprement  un 
fep  ,  qui  dure  plufieurs  années  ,  &  qu'on  coupe  , 
comme  fi  c'étoit  un  arbre.  Il  produit  des  melons  j 
parmi  lefqucls  on  n'en  trouve  point  de  méchans.  On 
^n  a  trouvé  qui  pcloicnt  juiqu'à  103  livres.  Ligerdans 
fa  Culture  partaite  des  Jardins  huitiers ,  Liv.  I. 
parle  amplement  des  melons  ,  &  enicigne  à  difcer- 
11er  ceux  qui  font  les  meilleurs.  Pour  choilir,  dit- 
il,  un  melon  ,  il  faut  qu'en  le  prenant  avec  la 
main,  on  s'apperçoive  qu'il  pcfe  ,  puis  on  le  porre 
au  nez  pour  éprouver  s'il  a  l'odeur  du  goudron  , 
qui  eft  celle  qu'il  doit  avoir  pour  être  excellent. 
Enfuitc  on  le  frappe  du  doigt  ,  afin  de  juger  s'il  ne 
fonne  point  creux  _,  ce  qui  eft  la  marque  d'un  mau- 
vais melon  ,  car  il  faut  qu'un  melon  foit  plein  ;  Se 
enfin  on  le  regarde  à  la  queue  j  pour  voir  fi  elle 
commence  à  fe  détacher  ^  ce  qui  en  marque  la  ma- 
turité. 

Ce  mot  vient  du  Grec  i«;>.«> ,  qui  fignifie  une 
pomme ,  d'où  les  Italiens  ont  fait  mêle  ,  parce  que 
ce  fruit  a  la  figure  d'une  pomme. 

Melon  arrêté.  Melon  noué  ,  c'eft à-dire^  melon  qui 
au  fortir  de  la  feuille  commence  à  grolîir  ;  car  il 
en  périt  beaucoup  à  la  fleur  :  la  même  chofe  fe  dit 
des  citrouilles  ,  concombres  ,  potirons ,  &c.  Afe- 
/o/z  brodé  j  c'eft-à-dire  ,  qui  (ur  Ion  écorce  a  une 
manière  de  broderie.  Melon  lifté  ,  c'eft  celui  qui  n'a 
point  de  broderie.  Melon  frappé  ,  c'eft  celui  qui  a 
quelque  marque  de  maturité  qui  fe  foit  apperce- 
voir  ,  foit  aux  yeux  qui  voient  quelque  petit  endroit 
jauniftant ,  foit  à  l'odorat  quand  en  (ent  l'odeur  de 
rntlon  mûr  en  approchant  du  nez  celui  qui  eft  foup- 
çonné  d'être  frappé. 

^'  La  chair  du  melon  eft  humeiftantc  c?c  propre  à 
tempérer  les  ardeurs  du  fang ,  &  fournit  un  aliment 
agréable  &  aifé  à  digérer  ,  fur-tout  quand  on  le 
mange  avec  du  fucrc  ,  6c  qu'on  a  la  précaution  de 
boire  de  bon  vin  par-delfus.  L'excès  en  eft  dange- 
reux ,  donne  la  fièvre  ,  des  vents  &  des  coliques, 
fuivies  quelquefois  de  dyllentcries.  Les  vieillards,  & 


M   E  L 

ceux  qui  font  d'un  tempérament  mél.^ncolique  ,  doi- 
vent s'en  abftcnir. 

ffr  Les  meilleurs  melons  que  l'on  cultive  dai:s  nos 
climats  font  le  melon  François  ou  Marêché  dont  la 
peau  eft  plus  ou  moins  brodée  à  la  circonférence 
extérieure  ,  fans  cotes  marquées.  Le  fruit  eft  char- 
nu, agréable  au  goût  iSc  à  l'odorat ,  plus  ou  moins 
approchant  de  la  forme  ovale.  Sa  chair  rou^c  cil  . 
d'un  goût  vineux  tk  fucré.  Ses  femences  font  ap- 
platies  ,  longuettes  ,  ovales  ,   terminées  en  pointes. 

^fT  Les  melons  des  pays  chauds  ont  la  peau  fort  épaif- 
fe  ,  profondément  fillonnéc ,  peu  de  chair ,  mais  d'un 
goût  exquis. 

ffJ"  Les  melons  des  Carmes  ,  qui  viennent  originaire- 
ment de  Saumur  j  font  longs  ,  ronds  ou  blancs.  Le 
long  eft  ovale  j  médiocrement  brodé,  lans  filions, 
bien  plein  en-dedans;  la  chair  plus  ou  moins  rouge, 
lucrée  &  de  bon  goût. 

ce  Le  rond  ne  diffère  du  long  que  par  fa  figure  &:  fa 
pctitefle. 

{&"  Il  y  en  a  un  autte  dont  l'extérieur  eft  blanc.  Il 
eft-  ovale  ,  d'une  grofteur  médiocre  &  diftére  peu 
des  autres. 

tfT  Le  melon  de  Lengeais  un  peu  allongé,  régulière- 
ment brodé ,  jauniftant  à  melure  qu'il  mûrit ,  a  la 
chair  ferme  ,  rouge  ,  fucrée  ,  vineufe ,  très-fon- 
dante. 

^pr  Le  Cantalon  ,  Cantaleupi,  Cantaleupe  j  ou  melon 
de  Florence  ,  vient  originairement  d'Arménie.  N'eft 
cultivé  que  depuis  peu  dans  nos  jardins.  Son  nom 
lui  vient  de  Cantaleupe  ,  Mailon  de  plaiiance  du 
Pape  d'où  il  a  pafté  en  France.  Il  a  la  côte  lillonnée. 
Il  eft  très  plein  en-dedans  ,  &  des  plus  hâtifs. 

|}C?  Le  vert  eft  petit ,  un  peu  allongé  ,  peu  brodé  , 
chargé  de  verrues  ,  jauniftant  un  peu  du  coté  oppo- 
fé  au   foleil.  Sa  chair  eft  rouge  ik  lucrée. 

§3°  Le  noir  d'un  vert  plus  foncé  ^  rond  ,  petite  char- 
gé de  verrues,  a  la  chair  très  fucrée  &  tr;s  vineufe. 
Les  Italiens  l'appellent  melon  des  Saints. 

§C?"  L'orangé  ,  long  ,  peu  brodé  ,  lans  verrues  ,  eft 
d'un  goût  moins  relevé. 

ifT  Le  gros  fucrin  de  Tours ,  très  brodé  ,  peu  fillon- 
né  ,  a  la  chair  ferme  ,  rouge  ,  pleine  d'eau  ,  d'un 
goût  (ucré  &  relevé. 

tfJ"  Le  petit  fucrin  eft  rond  ,  applati ,  vert  même  dans 
fa  maturité  ,  bien  plein  &  d  un  goût  exquis. 

fiO"  Melon  d'eau.  Foye^  Pasteq,ue. 

§3"  Il  faut  choifir  un  melon  bien  nourri ,  la  queue 
courte  &  grolle ,  pelant  à  la  main  ,  ferme  lous  le 
doigt ,  vermeil  en  dedans. 

ifT  La  graine  de  melon  conicrvée  pendant  quelques 
années  en  devient  meilleure.  Il  huit  garder  par  pré- 
férence celle  qui  fe  trouve  dans  la  partie  du  melon 
cxpofée  au  foleil.  La  graine  des  melons  qui  ont 
été  rafraîchis  dans  l'eau  ou  dans  la  glace  donne  des 
fruits  qui  dégénèrent. 

%fT  La  graine  de  melon  eft  adoucilTante  ,  apéritive  , 
l'une  des  quatre  femences  froides.  On  l'emploie 
dans  les  émulfions  ,  ou  autrement  j  mondée  de  fon 
écorce. 

1^  On  donne  le  nom  de  melon  à  une  petite  boîte 
couverte  de  cuitj  où  l'on  met  une  perruque,  parce 
gue  cette  boîte  a  la  figure  d'un  melon. 

MÉLONGÈNE.  f.  f.  Plante  qu'on  appelle  autrement 
Mayenne.  Elle  poufte  une  tige  à  la  hauteur  d'un 
pied  ,  grolfe  comme  le  doigt ,  ronde  ,  rongeâtre.  Ses 
feuilles  font  de  la  grandeur  de  la  main ,  ou  plus 
grandes,  fituées  tout  autour  ,  vertes  ,  couvenes  fu- 
perficicUernent  d'une  certaine  poudre,  ou  laine  me- 
nue &  blanche.  Ses  fleurs  font  des  rofettes  à  plu-- 
fieurs  pointes,  blanches,  ou  purpurines,  foutenues 
par  des  calices  hérilfés  de  petites  épines  rouges,  & 
divifés  chacun  en  cinq  parties  pointues.  Il  leur  luc- 
cède  des  fruits  gros  comme  des  œuls  obloiigs  ,  fé- 
lidés ,  lilfes  ,  de  couleur  purpurine  ,  ou  verdàtre , 
remplis  d'une  chair  blanche,  pleine  de  fuc,  piquée 
de  plufieurs  femences  blanchâtres  ,  applaties,  fem- 
blables  pour  l'ordinaire  à  un  petit  rein.  M.  Tour- 
nefort  l'appelle  melongcna  fruclu  oblon^o ,  violaceo. 


I 


M  E  L 

Injl'u.  rei  hcrh.  r yr.  Il  y  a  une  autre  efpcce  de  mé- 
longène  ,  qui  ne  dificre  de  la  picccdcntc  qu'en  ce 
que  fon  fiuit  naît  bolîu  ,  courbé,  ayant  à  peu  près 
la  figure  d'un  concombre  ,  de  couleur  jaune,  cen- 
drée ,  ou  purpurine.  M.  Tournefort  l'appelle  mclon- 
fena  fructu  incurva.  Inji.  rei  herb.  if2.  Ces  fruits 
font  troids,  venteux  &  indigeiks.  Les  habitans  des 
Antilles  les  font  bouillir  ,  après  les  avoir  pelés ,  cn- 
luite  ils  les  coupent  par  quartiers ,  &:  les  mangent 
avec  de  l'huile  &  du  poivre.  C'efl  un  manger  in- 
fipide. 

MELONNIÈRE.  f.  f.  Lieu  où  l'on  élève  les  mêlons , 
fur  des  couches ,  fous  des  cloches  de  verre.  Locus 
in  quo  crefcunt  pepones  ,  peponecum.  Il  faut  qu'une 
melonière  loit  à  l'abri  des  mauvais  vents.  Liger. 

MELONTA.  Nom  d'un  cap  appelé  autrement  Cheli- 
donio   Chclidonium  ,  anciennement  Zephirium  pro 
montorium.  C'eft  la  pointe  de  l'ile  de  Cypre  qui  s'a 
vance  le  plus  vers  le  midi ,    &  qui  joint    la   côte 
occidentale  de  cette  île  avec  la  méridionale.  Maty. 

lîCF  MÉLOPÉE,  f.  f.  Terme  de  mufique  chez  les  an- 
ciens. La  mélodie  chez  eux  étoit  l'exécution  du  chant, 
&  {à  compoiition  s'appeloit  mélopée.  Aujourd'hui 
nous  comprenons  la  compofîtion  &  l'exécution  du 
chant  fous  le  nom  de  Mélodie.  F'oyei  au  mot  Pet- 
TEiA,  En  général  les  Tragédies  dans  lefquelles  la  mu- 
fique interrompt  la  déclamation  ,  font  rarement  un 

-  grand  effet ,  parce  que  l'une  étoufî'e  l'autre.  Si  la  pièce 
eft  intérelfcnte  ,  on  eff  fâche  de  voir  cet  intérêt  dé- 
truit par  desinfltumens  qui  détournent  toute  l'atten- 
tion. Si  la  mufique  efl  belle  ,  l'oreille  du  Spedtateur 
retombe  avec  peine  èc  avec  dégoût  de  cette  harmonie 
au  récit  fimple. 

tfT  II  n'en  étoit  pas  de  même  chez  les  anciens  dont 
la  déclamation  appelée  Mélopée  ,  étoit  une  efpèce  de 
chant.  Le  paflàge  de  cette  mélopée  à  la  fymphonic 
des  chœurs  n'étonnoit  point  l'oreille  &:  ne  la  rebutoit 
gas.  Volt. 

MÉLOPHORE.  f.  m.  Nom  d'une  ancienne  milice  des 
Perfes.  Melopkorus.  Les  Mélophores  étoient  les  an- 
ciens des  Perfes. 

MÉLOPORE.  adj.  Terme  de  Mythologie.  Surnom  de 
Cérès ,  qui  flgnifîe  celle  qui  donne  des  troupeaux. 
Cérès  Mélophores  avoir  à  Mégare  un  Temple  qui 
n'avoit  point  de  toît.  De  f^Ao» ,  brebis ,  &c  de  (fi(a , 
je  porte. 

MÉLOQUIN.  f.  m.  Nom  d'une  ancienne  monnoie 
d'Italie.  Méloquinus.  On  l'appeloit  auilî  MOLA- 
CHIN.  Voye-{  ce  mot. 

MÉLOTE.  f.  f.  Peau  de  brebis  avec  la  laine.  Huré,  Dicl. 
de  l' Ecriture- Sainte ^zn  mot  Melota.  Les  Dilciplesde 
faint  Pacôme  portoient  une  ceinture ,  &  deflus  la 
tunique  une  peau  de  chèvre  blanche ,  nommée  en 
Grec  Melotes  ,  qui  couvroit  les  épaules.  Ils  gardoient 
l'une  &  l'autre  en  mangeant  &  en  dormant:  mais 
venant  à  la  Communion ,  ils  ôtoient  la  mélote  Se 
la  ceinturcj  ne  gardant  que  la  tunique.  Fleury  ,  /fi/?. 
Eccl.  Ce  mot  vient  du  Grec  /f-^/o»  ,  brebis.  Ce  mot 
mélote  ,  chez  les  Grecs ,  fe  prend  pour  la  peau  de 
toutes  fortes  d'animaux  quadrupèdes ,  comme  re- 
marque Henri  Etienne  en  fon  Tréfor  de  la  langue 
Grecque,  néanmoins  à  proprement  parler ,  il  fîgnifîe 
une  peau  de  brebis  à  laquelle  efl  jointe  fa  laine  & 
toifon.  Par-deffus  fes  habits  j  le  Prophète  Elie  por- 
toit  une  mélote.  C'étoit  un  manteau ,  puifque  par-tout 
où  la  Vulgate  parle  du  manteau  d'Elie  ^  les  Septantes 

■    tournent  la  mélote  d'Elie. 

JMELOUÉ  ou  MÉLAVE.  Ville  de  la  Haute  Egypte  , 
fur  la  rive  occidentale  du  Nil ,  prefque  vis-à  vis 
d'Anfola. 

MELPOMÈNE  3  f.  f.  Nom  d'une  des  neuf  Mufes  ,  à  la- 
quelle on  attribue  l'invention  du  chant.  Mdpomène. 
Les  Po'étes  la  font  en  particuher  prcllder  à  la  Tra- 
gédie. 

XlELPOMÈNE.adj.  m.  Epithète  ,ou  furnomqueles  Achar- 
vanes  donnoient  à  Bacchus. 

Ce  mot  vient  de  fcî^n»^«< ,  Je  cliante  ,  je  célèbre 
en  vers ,  &  fignifie  celui  qui  efl  digne  d'être  loué  en 
vers ,  ou  qui  s'égaie  par  le  chant. 


M  E  M  919 

MELRICHSTATT,  ou  MELLERSTALT,  Ville  d'Al- 
lemagne ,  au  Cercle  de  Franconie  ,  dans  l'Evèché  de 
Vurtzbourg. 

MELTE.  f.  f.  Terme  de  Coutumes.  Territoire  d'un  Ju- 
ge t  étendue  de  fa  charge ,  de  fon  office.  On  le  dit  aufîî 
de  l'étendue  de  l'office  d'un  Sergent. 

MELUN.  Nom  d'une  ville  du  Gouvernement  de  l'île 
de  France.  Melodunum  ,  Meldunum  Scnonum  ,  Me- 
ledunum  ,  Mecledunum  ,  Miledunum  ,  Miglidunum  , 
Milidunum  ,  Malidunium ^  Maclito  ,  Miiido.  Elie  cft 
dans  la  Brie  ,  fur  la  Seine ,  à  dix  lieues  au-deflus  de 
Paris,  long.  io.  d.  i  iS'.  lat.  48.  d.  3  j' . 

MELUNOIS.  Territoire  de  Melun.  Melodunenjîs  aser. 

Melunois  ,  OISE.  Habitant  ,  ou  originaire  de  Melun. 
Melodunenfis. 

MELZO.  Nom  d'un  ancien  bourg  ,  mais  peu  confi- 
dérable.  Melpum.  Il  efl  dans  le  Milanois  ,  en  Ita- 
lie ,  environ  à  quatre  lieues  de  Milan  ,  vers  le  levant. 
Maty. 

M  E  M 

MEMAC.  Province  d'Afie ,  au  Capfchac  ,  aux  environs 
du  Volga. 

MEMACTE.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Surnom  de 
Jupiter.  Il  fignifîe  furieux  violent.  M<..f«««7.)f .  Ce  dieu 
étoit  regardé  comme  le  maître  des  faifons  ^  &  en 
cette  qualité  on  lui  faifoit  des  facrifîces  au  commen- 
cement de  l'hiver ,  afin  qu'il  en  modérât  la  rigueur. 
C'eft  delà  qu'a  pris  fon  nom  le  mois  Mémaclérion  y 
le  premier  mois  de  l'hiver  ,  qui  concouroit  avec  la 
fin  de  notre  mois  de  Septembre  ,  &  le  commence- 
ment d'Oétobre.  Ajoutez  auflî  que  c'étoit  un  mois 
cave  ,  c'cfl  à  dire  de  vingt  neuf  jours.  Harpocra- 

TION. 

MÉMACTÉRIES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Nom 
d'une  Fête  que  les  Grecs  faifbient  à  Jupiter  au  com- 
mencement de  l'hiver  j  pour  l'engager  à  être  plus 
doux  &  moins  turbulent  pendant  cette  faifon.  Ma- 
macleria. 

MÉMACTÉRION.  f  m.  Terme  de  Calendrier.  M<z- 
maclerion.  Nom  du  cinquième  mois  des  Athéniens, 
félon  Harpocration. 

lier  MÉMARCHURE.  f.  f.  Terme  de  Maréchallerie , 
par  lequel  on  déiigne  l'entorfe  que  fe  donne  un  che- 
val au  paturon  ,  en  faifant  un  faux  pas.  Pedis  dif- 
tortio.  Cheval  boiteux  d'une  mémarchure. 

MEMBOURG.  f  m.  M.  de  Courtin  écrit  ainfi  ce  nom, 
que  d'autres  écrivent  avec  un  a ,  Mambourg.  C'étoit 
autrefois  le  Gouverneur  en  chef  de  quelque  lieu  ,  qui 
a  droit  de  proteétion  ou  patronage  fur  quelque  Evè- 
ché  ,  quelque  Abbaye  ,  qui  ont  en  vertu  de  ce  patro- 
nage ,  leur  proteélion  affurée ,  8c  leurs  caufes  commi- 
ks  en  une  certaine  Juftice  -,  comme  aufîi  le  Membourg 
avoir  des  droits  &  des  avantages  particuliers  fur  ces 
bénéfices. 

MEMBOURGIE.  f.  f.  M.  de  Courtin  parle  ainfi ,  d'autres 
difent  Mambournic.  C'cfl  le  patronage  ,  la  proteélion 
du  Membourg.  Tutela  3 patrocinium  ,  defenjfîo.  Voyez 
encore  Mambourg  ,  Mambournie. 

MEMBRANE,  f.  f.  Terme  d' Anatomie  ,  Peau ,  enve- 
loppe des  chairs  &  autres  parties  du  corps  humain 
qui  les  lie  ,  qui  les  borne  &  les  enferme.  Membrane. 
Il  n'y  a  que  les  membranes  qui  puilfent  s'étendre  &  fe 
retirer  lans  danger.  Tous  les  mufcles  font  unis  en- 
femble  par  une  membrane  commune  ,  comme  rout  le 
corps  par  le  moyen  de  la  peau.  La  plèvre  &  le  ms- 
diaftin  font  des  membranes  du  thorax.  Le  péritoine  eft 
une  membrane  du  bas  ventre.  Le  périofte  eft  une  mem- 
brane qui  couvre  tous  les  os  ,  depuis  la  tête  jufqu'aux 
pieds.  Le  péricarde  eft  Vinzmembraneàwztswt.  Le  fétus 
eft  enveloppé  de  trois  membranes  ;  favoir ,  le  chorion  , 
l'amnios  &  l'allantoïde.  Tous  les  muf-lesôc  les  nerfs 
ont  leurs  tuniques  &  membranes.  Tou:e  membrane , 
quoiqu'elle  foit  fimple  ,  eft  toutefois  double;  car  il  y 
a  des  nerfs,  des  veines  ;,&  des  arrères  c;  i  pifFent  en- 
tre ces  deux  tuniques.  Elles  ont  un  fenriraent  très- 
exquis  ,  &  fervent  à  féparer  les  parties  les  unes  des  au- 
tres. Il  y  a  des  membranes  qu'on  nomme  vraies  ou  légi- 


M  E   M 


920 

cimes  i  comme  font  celles  qui  couvrent  le  cerveau ,  les 
côtes  ,  &c.  Il  y  en  a  d'autres  qui  (om  faujjes  ,  ou  bâtar 
des ,  qui  le  doivent  plutôt  nommer  corps  membraneux  , 
comme  (ont  plufieurs  ligamens  &  tendons ,  les  deux 
veilies,le  ventricule,  les  inteftins  6c  la  matrice.  Les 
Médecins  appellent  quelquefois  les  membranes  ,  hy 
men  ,  men'uiges ,  ch'uon  ,  Se  tunique.  On  les  appelle 
proprement  tuniques  ,  lorlqu'elles  font  déliées  ,  (!<c  for- 
ment un  canal ,  comme  celles  des  veines ,  des  artères  , 
de  l'œil ,  &c. 

ÇCT  On  appelle  auffi  membrane  ,  l'enveloppe  des  chairs 
&  des  autres  parties  des  fruits. 

Ce  mot  vient  du  Latin  membrana  j  qui  fîgnifie^ar 
chemin. 

Membrane  de  la  terre  ,  en  termes  du  grand  Art ,  /i- 
gnitie  la  matière  de  la  pierre  des  Sages. 

MEMBRANEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  participe  de  la 
membrane  ,  qui  efl  de  la  nature  de  la  membrane.  Ad 
membranam pertinens  ,  membranaceus.  Corps  menibra 
neux.  Dec.  Partie  membraneufe.  La  Chambre.  La 
veilîe  du  fiel,  celle  de  l'urine  ,  le  ventricule,  les  in- 
teftins  j  la  matrice  ,  (ont  des  parties  membraneufes. 

On  donne  en  particulier  ce  nom  à  un  muiclede 
la  jambe  ,  qu'on  appelle  le  membi aneux  ,  parce  que 
c'eft  une  large  extenlion  membraneufe  ,  qui  enferme 
tous  les  mufclesd  la  jambe  tk.  du  tarfe  ;  ce  qui  fait 
qu'on  l'appelle  aulîî  Fafcia  lata.  Voyez  ce  mot,  & 
M.  Hartis ,  au  mot  Membranosus  y  T.  I. 

MEMBRE,  f.  m.  On  appelle  ainfi  les  parties  extérieures 
qui  naillent  du  tronc  du  corps  d'un  animal  ,  com 

.  .me  les  branches  des  arbres,  de  leur  tronc,  ôc  dif- 
tinguées  des  autres  par  quelque  fondlion  particu- 
lière ,  comme  le  pied  j  la  main  ,  &c.  Membrum.  Le 
corps  efl:  divilé  par  les  Médecins  en  trois  régions,  ou 
ventres  ,  qui  (ont  la  tête  ,  la  poitrine  j  &  le  bas  ven- 
tre ;  &  en  izs  extrémités ,  qui  font  les  membres.  Ils 
font  appelés  en  Latin  arcus ,  de  arcîare ,  parce  que 
ce  font  des  parties  qui  font  attachées  au  tronc.  Il  y 
a  deux  fortes  de  membres  ;  les  fupérieurs ,  qui  font 
les  mains  &  les  bras  ;  &  les  inférieurs  ,  qui  font  les 
cuilles  &  les  pieds.  Ainlî  on  dit ,  cet  homme  efl:  fort 
droit  &  bien  polé  fur  fes  membres.  Il  n'a  pas  perdu 
un  de  fes  membres.  Les  membres  ne  (e  remuent  que 
par  le  moyen  des  mufcles  Se  des  nerfs.  On  dit  d'un 
paralytique  ,  qu'il  eft  entrepris  de  tous  fes  membres, 
qu'il  ne  fe  peut  aider  de  les  membres ,  qu'il  efl:  eftio- 
pié  d'un  membre  :  qu'il  faut  couper  ,  retrancher  un 
membre  gangrené  ,  pour  fauver  le  reflc  du  corps. 

Chaque  membre  étoit  autrefois  confacté  ,  dévoué 
à  quelque  divinité.  La  tête  à  Jupiter  ,  la  poitrine  à 
Neptune  ,  la  ceinture  à  Mars  ,  l'oreille  à  la  Mémoire, 
le  front  au  Génie  ,  la  main  droite  à  la  Foi,  ou  Fi- 
délité ,  les  genoux  à  la  Miléricorde,  les  fourcils  à 
Junon  ,  les  yeux  à  Cupidon  ,  ou  ,  félon  d'autres  ,  à 
Minetve  ,  le  derrière  de  l'oreille  droite  à  Nemèfe  , 
le  dos  à  Pluron  ,  le  reins  à  Vénus ,  les  pieds  à  Mer- 
cure ,  les  talons  &  la  plante  des  pieds  à  Thétys  ,  les 
doigts  à  Minerve. 

On  appelle  en  Anatomie  ,  membre  viril ,  la  partie 
de  l'homin'e  qui  fert  à  la  génération,   Penit. 

A  l'égard  des  animaux  ,  on  le  dit  de  leurs  quatre 
principales  parties ,  qui  font  les  épaules  Se  les  cuilfes. 
Armus  ,  coxa.  Un  membre  de  mouron  ,  c'eft  une  éclan 
che  ,  une  épaule.  On  appelle  les  quatre  membres  d'un 
coq  d'Inde ,  les  deux  ailes  &  les  deux  cuifles. 

§Cr  Ce  mot  eft  aufli  employé  au  figuté  ,  pour  défigner 
les  parties  d'un  tout  moral  ,  d  un  corps  pohtique  , 
d'un  état  ,  d'une  compagnie.  Les  Confeillers  font 
membres  An  Parlement.  Les  Chanoines  font  membres 
du  Chapitre. 

§Cr  On  appelle  membre  gangrené  ,  membre  gâté  ,  un 
homme  qui  fait  deshonneur  à  la  compagnie  dont  il 
eft  membre. 

|t/"  On  dit  dans  le  même  fens  ,  que  les  Fidelles  font 
les  membres  du  corps  myftique  de  l'Eglife  ,  que  les 
pauvres  font  les  membres  de  Jésus  Christ. 

|CrMEMBREj  fe  dit  aufli  d'une  Dartie  d'une  Terre,  d'une 
Seigneurie ,  d'un  Bénéfice ,  de  ce  qui  leur  eft  annexé  ^ 

.    de  ce  qui  en  dépend.  Msmbrum  ,pars.  Ce  fief  ccoit  au- 


ME  M 

trefois  un  membre  de  cette  terre  ;  il  en  a  été  démem- 
bré par  un  partage.  Le  Prieuré  de  la  Charité  cil:  un 
membre  dépendant  de  Cluni. 

^fT  Membre  ,  en  Grammaire  ,  fe  dit  des  parties  d'une 
période.  Membrum  ,  pars periodi.  Un  dilcours  com- 
polé  de  périodes  ,  dont  les  membres  (ont  bien  dilun- 
gués  Se  bien  mefuiés  ,  charme  les  oreilles  ,  &  ne 
manque  guère  de  ravir  les  auditeurs.  Dupin.  Rien 
n'afîoiblit  plus  le  dilcours  j  que  quand  les  membres 
en  font  trop  coutts  ,  étant  d  ailleurs  comme  joints  & 
attachés  entcmblc  avec  des  clous  aux  endroits  où  ils  ' 
fe  cftluniflent.  Boil. 

Membre  ,  fe  dit  en  Architefture ,  des  divcrfes  parties 
d'un  bâtiment ,  (oit  en  général  des  appattemens  ,  foit 
des  ornemens  particuliers,  comme  cijlra gales ^  dou- 
anes ,jufaroles  ,  cymaifes ,  frontons  ^Sec.  Pars  ,  por- 
tio  ,  regio.  Chaque  membre  d'Architecture  fe  toifepour 
un  pied  de  haut ,  étant  couronné  de  fon  filet.  On  dit 
qu'jl  faut  que  tous  les /we/Tz^rej  d'un  bâtiment  aient 
rapport  Se  ptoportion  avec  leur  tout ,  afin  que  la  fy- 
métrie  y  loit  oblervée,  Membre  le  dit  plus  particulière- 
ment Se  mieux  des  petites  parties,  comme  des  moulu- 
res d'une  baie  ,  d'un  chapiteau. 

Membre  d'un  vaifleau.  C'eft  toute  grofle  pièce  de  bois 
qui  eft  néceflaire  pour  le  conftruire  ,  comme  varan^ 
gués  ,  allonges ,  genoux  ,  Sec. 

^fT  En  Peinture,  on  dit  plutôt  les  parties d^ine  figure, 
que  les  membres.  Les  parties  de  cette  figure  fon:  bien 
proportionnées. 

^fj"  En  Algèbre,  les  membres  d'une  équation  ,  font  les 
deux  parties  ou  grandeurs  qui  lont  féparéespar  le  figne 
d'égalité  =  ;  dans  cette  équation  a-i-  b  =c ,  a-t-b  efl: 
un  membre  ,  c  eft  l'autre. 

Membre  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  d'une  jambe  ou 
patte  de  griffon  ,  d'aigle  ,  ou  d'autres  oifedux ,  féparée 
du  corps.  Pars ,  membrum.  Son  alliette  ordinaire  eft 
d'être  en  batre. 

Dans  l'ancien  Droit  de  Normandie  ,  le  membre  de 
fief  de  Haubert  j  Pars  feudi  iorici  ,  eft  ainli  défini  j 
Membre  de  ficu  de  Haubere  Se  l'uitifmt  partie  del  fieu 
de  Haubere. 

MEMBRE  j  ÉE.  adj.  Se  dit  en  Blafon  ,  d'un  oifeau  i 
loifqu'il  a  les  jambes  d'un  autre  émail  que  celui  du 
corps.  Membrls  variatis  ,  miniatis ,  Sec.  Il  portoit 
d'argent  à  trois  aigles  de  gueules  ,  membrées  ôc  bec- 
quées d'azur. 

MEMBRER.  V.  n.  Se  fouvenir  de  quelque  chofe.  Glof 
faire  des  Poef  du  Roi  de  Navarre. 

MEMBROLE,ouMON1BROLE.  C'eft  le  nom  d'une 
montagne  Se  d'une  toiterelfe  qui  y  fut  bâtie.  Mons 
Budelli.  Ce  lieu  eft  en  Touraine,  entre  le  ChoifiUeSC 
laLoiie.  Valois.  iV'br.  Gall.  p.  s^4- 

MEMBRON.  f.  m.  Terme  de  plomberie.  C'eft  la  troi- 
lîème  pièce  qui  compofe  les  cnfaitemens  de  plomb  , 
qu'on  met  au  faîte  des  bâtimens  couverts  dardoifes. 
Cette  pièce  eft  en  forme  de  quart  de  rond ,  Se  fe  place 
au  bas  de  la  bavette. 

MEMBRU  ,  UE.  adj.  Qui  a  les  membres  gros  &  vigou- 
reux. Grandibus  membris  prœditus  ,  memlrofus.  On 
peint  Hercule  Se  les  Géans  forts  Se  membrus.  Ce 
mot  ne  peut  trouver  place  que  dans  le  ftyle  familier. 

MEMBRURE,  ff.  Terme  de  Menuifier.   C'eft  la  partie 
la  plus  folide  de  la  menuilerie  ;  dans  laquelle  s'en- 
châflent  les  panneaux  qui  font  moins  épais ,  Se  qui  ea* 
fait  l'aflcmblige.  Affer,  tigillus  ,  trabecula. 

Membrure,  fe  dit  aulfi  des  mef ures dans  lefquclles on 
mefure  les  voies  de  bois  à  brûler.  Ligni  combuftibilis 
menfura.  Elle  eft  compofée  de  trois  pièces  de  char-, 
pente  ,  &  doit  avoir  quatre  pieds  en  tout  fens. 

Membrure  ,  fe  dit  aulIî  en  général  d'une  grofle  pièce  de 
bois  de  fciage ,  fervant  à  la  charpenterie  &  à  la  me- 
nuiferie.  Tigillus.  Il  y  en  a  de  deux  fortes  ■■,  l'une  de 
deux  pouces  d'épailfeur ,  Se  l'autre  de  trois ,  chacune 
de  fix  pouces  de  large.  Les  membrures  doivent  être 
de  bons  échantillons. 

On  les  appelle  ainlî ,  Quia  membratim  fecantur. 

MEMCÉDA.  f.  f.  Mefure  des  liquides  dont  on  fe  fert  à' 
Mocha  ,  en  Arabie  i  elle  contient  trois  chopines  de 

France  j 


M  E  M 

France ,  ou  trois  pintes  d'Ansletcrrc.  Quarante  mctn- 
cédas  font  un  téman. 

MÊME.  Pronom  Pcrfonncl  ,  qui  fc  dit  d'une  chofe  uni- 
que ,  qui  k-rcprcfentej  qui  lubliile  ,  &:  quon  recon- 
naît pour  ârc  celle  qu'on  a  vue  ,  ou  dont  on  a  enten- 
du parler.  Idem.  Ce  cheval  ell  le  même  que  j'ai  monté. 
IMiœbus  &  Apollon  ,  c'eit  la  mèw.e  perlonne  lous  des 
noms  diftércns.  Sparte  &  Lacédémonc  ,  lont  des  mots 
Ijnonymes  ,  qui  lignihent  une  feule  &:  même  ville.  Il 
ie  décline,  &c  tait  indifpen(ablement/«c772t'5  au  pluriel. 
Il  vient  de  Tltalien  medefimo. 

MÊME  ,  fignihc  aulH  ,  Pareil  j  femblable.  Similis  , par , 
aqualis.  Je  veux  avoir  du  même  drap  ;  pour  dire  ,  de 
la  même  nature  ,  couleur  &  fabrique.  J'ai  le  même 
droit ,  &  le  même  privilège  que  vous.  Il  a  les  mêmes 
traits  de  vifage;  mais  je  ne  fais  h  c'cll  le  même  hom^ 
nie.  Elifabethi,  Reine  d'Angleterre  j  avoic  choili  pour 
devife ,  Toujours  la  même. 

En  termes  de  Blalon  ,  on  dit  de  même  ,  pour  éviter 
la  répétition  du  nom  de  l'émail ,  qu'on  a  déjà  nommé 
une  fois.  Il  porte  d'or  à  trois  fafces  de  iable ,  furmon- 
tces  de  trois  mcrlettes  de  même  j  c'eft  à  dire  j  encore 
de  fable. 
MÊME  J  s'ajoute  quelquefois  pour  augmenter  la  force 
de  l'expreflîon.  Ipfe.  Le  Roi  cil  venu  lai-même  en 
perfonne  faire  vérifier  cet  Edit.  Cet  homme  ell  la 
home  même;  cette  femme  efl:  h  vertu  même.  C'eft 
la  bonté  même.  Dieu  eft  la  fagell'e  même. 
MÊME.  adv.  qui  fert  de  tranfition  j  Se  fignifie  ,  en  outre. 
Infuper,  etiam  ,  pr&terea.  On  doit  tout  iacrifier  ,  6c 
fa  vie  même  pour  Ion  lalut.  On  m'a  dit  que  cela  étoit, 
on  me  l'a  même  voulu  faire  voir  par  expérience.  Même 
j'ajoute  à  ce  que  j'ai  dit ,  &:c. 

Les  Poètes  ajoutent  ou  retranchent  \'s  de  l'adverbe 
même  ,  félon  le  befoin  qu'ils  ont  d'une  (yllabe  de  plus 
ou  de  moins.  M.  de  Vaugelas  &  M.  Ménage  leur 
accordent  la  liberté  d'en  nier  ainli  ,  &  citent  des 
exemples  pour  l'autoriier.  Il  ieroit  pourtant  plus  ré- 
gulier d'écrire  même  adverbe ,  fans  s.  §3°  Mais  ils 
font  fl  gênés  d'ailleurs  ,  qu'ils  doivent  avoir  la  liberté 
d'ôter  &  d'ajouter  une  j  à  ce  mot  :  &  Corneille  eft 
un  juge  trop  rigoureux  ,  quand  il  dit  que  la  licence 
que  les  Poètes  ont  prife  d'écrire  moi  même  ,  pour 
gagner  une  fyllabe  ,  eft  vicieufe  ,  aulll  -  bien  que 
celle  d'écrire  eux-mêmes  ,  au  pluriel ,  quand  il  eft 
pronom. 
MÊME  ,  eft  quelquefois  oppofé  à  non-feulement  ,  tant 
s' en  faut ,  Se  autres  termes  feniblables.  Verùm  etiam., 
fedy  &c.  En  ce  temps-ci  on  eft  non-leulemcnt  brave , 
mais  même  téméraire.  Tant  s'en  faut  qu'on  doive  efti- 
mer  le  vice  ,  que  même  il  le  faut  abhorrer. 
A  MÊME.  Façon  de  parler  adverbiale  _,  qui  ne  s'emploie 
qu'avec  les  verbes  être ,  mettre ,  laijfer ;  Se  jamais  hors 
du  dilcours  familier.  On  dit ,  être  à  même  ,  en  par- 
lant d'une  perlonne  qui  aime  extraordinairement  quel- 
que chofe  ,  &  qui  peut  le  fatisfaire  pleinement  là- 
delfus.  Vous  aimez  les  figues ,  les  raiîins  ,  les  melons  ; 
prenez  ,  mangez  en  tant  que  vous  voudrez  ,  vous  êtes 
à  même.  On  dit ,  lailfer  à  même  ,  mettre  à  même  ,  à- 
peu-prèsdans  le  même  Cens.  Il  aime  éperdument  les 
livres  j  je  l'ai  mené  dans  une  bibliothèque  ,  où  je  l'ai 
laifle  J  où  je  l'ai  mis  à  même. 

A  MÊME  ,  fe  dit  quelquefois  avec  un  régime  ,  &  alors  il 
eft  prépofltion.  Je  l'ai  mis  à  même  les  livres.  L'Acad. 
Je  veux  me  faire  un  gendre  Médecin  ,  afin  d'être  à 
même  des  confultations  &  des  ordonnances.  Mol. 
Tout  ce  qu'on  a  dit  fur  à  même  ,  eft  du  difcours  fa 
milier  &  populaire. 

^3»  De  MÊME  ,  TOUT  DE  MEME.  Façons  de  parler  com- 
paratives ,  qui  lignifient  (fj /a  même  forte.  Si  vous  en 
ufez  bien  avec  lui ,  il  en  ufera  de  même  ,  tout  de  même 
avec  vous.  J'ai  cru  de  même  que  vous.  Etlorfqu'on 
fait  deux  membres  d'une  comparaifon  ,  &  qu'on  met 
de  même  que  ,  au  commencement  du  premier  ,  on 
met  au  ni  de  même  ,  au  commencement  du  fécond. 
De  même  que  la  cire  molle  reçoit  aifément  toutes  for- 
tes d'empreintes  ,  de  même  un  jeune  homme  reçoit 
facilement  toutes  les  imprelllons  qu'on  veut  lui  don- 
Tome  V. 


M  E  M  921 

Iner.  En  Latin  :  Sicut ,  quemadmodum  ;  itù.  Sicutcera 
introduat  jilum  ,  ita  &  caritas  graciam. 
<$-/•  De  Même.  adv.  Cette  femme  eft  amoureufe  de  fit 
beauté  ;  toutes  les  autres  le  font  de  même ,  de  même 
manière. 
MEMLL ,  &  CLOUPEDE.  Nom  d'une  ville  delaPrulTo 
Ducale.    Memelia  ,  \MemeUum  j    Memmelburgum  , 
Cloupeda.  Elle  eft  dans  le  Cercle  de  Sclavonic  ,  aux 
confins  de   la  Samogitie  ,  &  fur  l'embouchure  du 
Curilch  Haft",  dans  la  mer  Baltique. 
MEMEL,  rivière.  Voye\  Niémen. 
MÉMEMENT.  adv.  Qui  s'emploie  aulTi  pour  même  ; 
mais  il  eft  moins  en  ufage  ,  ou  pour  mieux  dire  ,  il 
ii'cft  plus  ufité. 
MEMENTO.  Terme  ecclcfîaftique  Se  Latin ,  qui  fe  die 
de  la  partie  du  Canon  de  la  Meflè ,  où  l'on  fiit  com- 
mémoration des  vivans  &  des  morts.  Le  mémento  pour 
les  vivans  eft  avant  la  confécration  ,  le  mémento  pour 
les  morts  eft  après  la  confécration.  Priez  Dieu  pour 
moi  J  fouvenez  vous  de  moi  dans  votre  mémento. 
MEMERS  ,  ou  MESMERS.  Nom  d'une  petite  ville 
de    France ,   fltuée  dans  le    Maine  ,    fur  la  fource 
de  la  Dive,  à  huit  lieues  du  Mans  ,  vers  le  nord.  Ma- 
rnerai ,  Mamertia.  Maty. 
MEMIN.  f.  m.  Nom  d'homme.  Maximinus. 
Saint  MÉMiN  de  Micy.  Nom  d'un  village  avec  Abbaye.' 
Mitiacum.  Monafterium  S.  Maximini.  Il  eft  dans  l'Or- 
léanois ,  en  France  ,  fur  le  Loiret ,  à  une  lieue  ôc  demie 
au  dellous  de  la  ville  d'Orléans.  Maty. 
MEMMIE.  f^ove-(MENGE. 

MEMMINGUË  ,  ou   MEMMINGUEN.  Nom  d'une 

ville  Impériale  d'Allemagne.    Memminga.    Elle  efl 

dans  l'A Igouj  enSuabsj  près  derUler,  à  neuf  lieues 

de  la  ville  d'Ulm  ,  du  côté  du  midi. 

MEMMIUS ,  MEMMIA.  f  m.  Se  f.  Nom  d'une  famille 

Romaine.  Mcmmius  ,  a. 
MEMNON.  f  m.  Fils  de  Tithon  &  de  l'Aurore ,  qui 
vint  au  fecours  de  Troye  vers  le  milieu  de  la  dixième 
année  du  fiége  ,  avec  dix  mille  Perfans  &  dix  mille 
Ethiopiens  d'Afie.  Memnon  eut  une  ftatue  coloflale 
à  Thèbes ,  en  Egypte  j  au-delà  du  Nil.  On  difoit  que 
lorfque  les  rayons  du  foleil  venoient  à  la  frapper  , 
elle  rendait  un  fon  harmonieux.  On  croyoit  encore 
que  Memnon  rendoit  par  fa  ftatue  un  oracle  tous  les 
fept  ans. 
MÉMOIRE,  f.  f.  PuilTance  ,  faculté  par  laquelle  l'ame 
conlerve  l'image  &:  le  fouvenir  des  choies  qu'on  3 
vues ,  ou  entendues.  \fT  Ce  n'eft  autre  chofe  que 
l'entendement  lui-même  j  confidérc  comme  ayanc 
la  faculté  de  retenir  les  idées  qu'il  fe  forme  des  cho- 
fes  ,  &  comme  pouvant  fe  les  lepréfenter  au  befoin  : 
avantage  qui  dépend  principalement  du  foin  que  l'on 
prend  de  répéter   fouvent  ces  idées.  Memoria  ^  me- 
morix,   vis  ,    recordandi  facultas.   En  ce  fens ,  il  n'a 
point  de  pluriel.  Avoir  une    mémoire  lieureufe    &c 
fidelle  ,  ou  une  mémoire  infidelle  Se  malheureufe.  Le 
Pape  Clément  V  avoir  une  mémoire  fl  prodigieufe  , 
qu'il  n'oublia  jamais  rien  de  ce  qu'il  avoir  lu  ,  ou  en- 
tendu. S.  EvR.  Sénèque  dit  de  lui  même  ,  que  par  un 
eftort  de  mémoire  merveilleul'e  j'il  répétoit  deux  mille 
mots  détachés ,  dans  ie  même  ordre  qu'on  les  avoir 
prononcés.  Le  jugement  &  la  mémoire  fe  rencontreni: 
rarement  cnlemble.  S.  EvR.  Il  y  a  des  gens  qui  n'ont 
de  beaux  fentimens  que  par  mémoire.  Id.  Ce  qu'on 
apprend  dans  l'étude  des  Anciens  ,  n'eft  proprement 
qu'une  fcience  de  mémoire ,  Se  non  pas  une  fcience 
d'el'prit  &  deraifon.  Maleb.  Il  eft  avantageux  d'avoir 
la  mémoire  remplie  Se  ornée  des  plus  beaux  endroits 
des  Anciens  ,pour  les  placera  propos.  S.  Evr.  Il  ne 
faut  pas  charger  la  mémoire  des  enfansd'un  trop  grand 
nombre  de  préceptes  :  cela  les  rebute  &  les  fatigue. 
Le  Cl. 

De  toutes  les  facultés  de  l'ame ,  il  n'y  en  a  guère 
dont  on  puilîe  moins  rendre  raifon  ,  que  la  mémoire. 
Dcfcartes  prétend  que  les  efprits  animaux  ,  qui  ne 
font  autre  chofe  que  les  parties  les  plus  déliées  du 
fang  ,  excitent  un  mouvement  fur  les  fibres  les  plus 
délicates  du  cerveau ,  &  y  laillent  des  vertiges  ,  qui 
font  le  fouvenir.  De-ià  vient  que  quand  on  a  repMlc 

Aaaaaa 


^22         M  E  M 

diverfcs  fois  fur  les  mêmes  chofes ,  ces  cfprits  accou- 
tumés à  palier  fouvenc  par  les  mêmes  portes ,  les 
laillent  ouvertes  j  &  y  repallcnt  fans  effort  :  c'eft  ce 
qui  fait  la  facilite  de  rappeler  ces  idées-là.  Aiiiil 
le  vin  réveille  la  mémoire  ,  parce  que  les  elprits  du 
vin  mettent  en  mouvement  les  efpnts  animaux,  & 
agitent  plus  fortement  les  fibres  du  cerveau. Cependant 
on  a  de  la  peine  à  comprendre  quelles  traces  les  ef- 
prics  animaux  laillent  fur  les  fibres  du  cerveau  , 
pour  y  renouveller  à  point  nommé  les  idées  des  ob- 
jets, fins  les  confondre  &  les  brouiller.  On  ne  con- 
çoit pas  comment  le  nombre  infini  de  chofes  dont  on 
le  charge  la  tête  ,  fe  rangent  avec  tant  d'ordre  dans  la 
mémoire,  que  l'une  n'eftace  pas  l'autre,  ni  comment 
il  cil  polîible  que  dans  ce  prodigieux  all'emblage  de 
traces  imprimées  lur  le  cerveau  ,  les  elprits  animaux 
aillent  réveiller  précilément  ces  traces ,  félon  les  bc- 
foins  de  l'eiprir.  Le  Cl.  La  mémoire  conhfte  dans  les 
traces  que  les  efprits  animaux  ont  imprimées  dans  le 
cerveau  ,  lelquelles  font  caute  de  la  facilité  que  nous 
avons  à  nous  louvcnir  des  chofes. Maleb.  Ld.  mémoire, 
qui  eft  un  trélor  d'images  infinies  qu'elle  nous  garde  , 
&  nous  rend  quand  nous  en  avons  befoin  ,  eft  une  de 
ces  vérités  dont  la  caulc  eft  fort  cachée;  M.  Scud.  Ce 
qui  fait  que  les  vieillards  perdent  la  mémoire  des  cho- 
fes pallées,  c'eft  que  leurs  fibres  font  mêlées  de  beau- 
coup d'humeurs  qu'ils  ne  peuvent  dillîper  ,  parce 
qu'ils  manquent  de  feu.  Maleb.  Les  vieillards  man- 
quent de  mémoire,  lsc  ne  peuvent  rien  apprendre, 
parce  qu'ils  manquent  d'elprits  animaux  pour  tracer 
de  nouveaux  vertiges  ,  &  que  les  fibres  deviennent 
trop  dures  ,  ou  trop  humides  pour  conlerver  la  trace 
des  objets.  Pat  la  même  railon  ,  il  arrive  que  ceux 
qui  apprennent  avec  une  exttême  facilité  ,  oublient 
de  même,  parce  que  les  fibres  étant  molles  &  flexi- 
bles ,  les  objets  font  une  légère  imprelllon  que  le 
cours  continuel  des  efprits  animaux  emporte  aifément. 
Au  conttaire  ,  les  fibres  de  ceux  qui  apprennent  avec 
plus  de  lenteur  ,  étant  moins  flexibles  ,  &c  moins  fu- 
jettes  à  ébranlement ,  les  traces  y  font  plus  profon- 
dément gravées ,  &  par  conféquent  elles  font  plus 
durables.  Il  s'enfuit  de  toutes  ces  obfervations  j  que 
la  mémoire  eft  abfolument  dépendante  du  corps  :  elle 
fe  fortifie ,  ou  s'aftbiblit  ,  félon  les  changemens  qui 
arrivent  au  corps  ■■,  une  chute  ,  ou  les  tranfports  d'u- 
ne fièvre  ,  entraînant  ou  bouleverlant  toutes  les 
rtaces  ,  ou  toutes  les  idées ,  caufent  un  oubli  univer- 
fel.  Le  Cl.  On  dit  d'un  homme  qui  n'a  point  de 
mémoire  ,  qu'il  a  oublié  jufqu'à  fon  nom  ,  enforte 
que  ces  quatre  vers  de  la  Comédie  des  Ménechmes  , 
de  M.  Regnard  ,  aSe  j  ,fcène  1 0  ,  femblent  avoir  été 
faits  pour  lui. 

Sa  mémoire  eft  perdue  ,  il  ne  fe  fouvient  plus 
Ni  de  ce  qu'il  a  fait ,  ni  des  gens  qu'il  a  vus, 
Ainfi  de  lui  parler  dupaffé  c'eft  folie  : 
Son  nom,  même  fon  nom ,  bien  fouvent  il  l'oublie. 

Les  Anciens  avoienc  rais  la  Mémoire  au  nombre  des 
dieux  ,  &  la  nommoient  Mnémofyne  ,  d'un  mot  Grec 
qui  lignifie  mémoire.  Voyez  MnÉmosyne. 

MÉMOIRE  ,  fe  dit  du  fouvenir  aftuel.  Aftion  ,  effet  de  la 
mémoire.  Recordado  ,  reminifcenda.  Rappeler  fa  mé- 
moire ,  fe  rafraîchir  la  mémoire  de  quelque  chofe.  Re- 
vocare  in  mcnionam.  J'ai  une  mémoire  ,  une  idée  con- 
fule  de  cette  attion.  De  mémoire  d'homme  on  n'a 
point  entendu  parler  d'un  fi  étrange  accident.  J'ai  reçu 
de  lui  un  bienfait  qui  vivra  éternellement  dans  ma 
mémoire  ,  que  je  repalle  fans  cefl'e  dans  ma  mémoire. 
Nous  voyons  tous  les  jours  dilparoître  ceux  qui  ont 
paru  avec  le  plus  d'éclat  j  &  il  ne  nous  reftc  d'eux 
qu'une  mémoire  aftez  languilfante.  Nie.  La  mémoire 
des  riches  périra  avec  eux.  Port  R. 

^fT  On  dit  en  ce  fens  ,  Perdre  ,  conferver ,  garder  la 
mémoire  d'une  chofe.  Des  aéfions ,  des  chofes  ,  des 
événemens  dignes  de  mémoire  ,  d'une  mémoire  éter 
nelle.  Confacrer  la  mémoire  de  quelqu'un. 

|C?  MÉMOIRE,  SOUVENIR  ,  RESSOUVENIR  , REMINIS- 
CENCE. Ces  quatre  fynonymes  qui  expriment    tous 


M  E  M 

l'attention  renouvellée  de  l'efprit  à  d'anciennes  idées, 
font  diftingués  par  des  nuances  particulières.  Les  deux 
premiers  marquent  l'attention  libre  de  l'efprit  a  des 
idées  qui  ne  font  point  totalement  effacées ,  Se  dont 
l'elprit  a  été  feulement  diftrait.  On  fe  rappelle  qpand 
on  veut  ,  la  mémoire  ,  \e fouvenir  d'une  chofe  qu'on 
doit  faire  ,  Se  dont  on  a  celfé  de  s'occuper  ,  avec 
cette  diftérence  ,  que  la  mémoire  concerne  les  idées  de 
l'efprit ,  &  \e.  fouvenir  ,  celles  qui  intérelïcnt  le  cœur. 
La  mémoire  à'nn  fait ,  \z  fouvenir  A' nn  bienfait. 

§CF  Le  rejfouvenir  &  la  réminifcence  défignent  une  at- 
tention fortuite  à  des  idées  entièrement  oubliées  ou 
effacées  par  quelque  caufe  que  ce  foit.  On  a  le  rejfou- 
venir ou  la  réminifcence  des  chofes  quand  on  peut  , 
avec  cette  diftérence  que  le  reffouvenir  ramène  d'an- 
ciennes idées  que  l'efprit  reconnoît  ;  au  lieu  que  la 
réminifcence  réveille  des  idées  anciennes  que  l'on 
croit  voir  pour  la  première  fois.  Nous  avons  le  ref 
fouvanir  à' nnc  c\io(e ,  par  le  moyen  d'une  autre  qui 
tient  à  elle  par  des  liens  imperceptibles  auxquels 
l'efprit  ne  faifoit  pas  attention.  Les  Platoniciens 
croyoient  que  toutes  les  connoiftances  que  nous  ac- 
quérons j  ne  font  que  des  réminifcences  de  ce  que 
nous  avons  fu  avant  la  naillance  ,  pendant  notre 
première  vie.  Meminiffe  _,  recordari ,  memorem  effe  , 
reminifci. 

On  dit  en  termes  d'Eglife  ,  de  Martyrologe ,  de 
Rubriques ,  qu'on  fait  mémoire  d'un  Saint  ;  pout  dite , 
qu'on  en  fait  la  commémoration  ;  c'eft  à-dire  ,  qu'on 
en  fait  mention  dans  l'Office.  On  fait  aujourd'hui 
mémoire  de  ce  Saint  ,  dans  une  telle  Eglife  ,  dans 
un  tel  Diocèfe.  On  fait  mémoire  des  Apôtres  ,  &  de 
plufieurs  autres  Saints ,  dans  le  Canon  de  la  Meife  ■■, 
c'eft-à  dire  ,  qu'on  les  nomme  dans  les  prières  qu'on 
y  fait  à  Dieu.  Il  faut  incliner  la  tête  en  prononçant 
le  nom  du  Saint,  ou  des  Saintes,  dont  on  fait  mé- 
moire à  l'Office. 

1^  On  appelle  mémoire  locale ,  l'idée  qui  eft  réveil- 
lée dans  la  mémoire  par  certains  lieux  ,  par  certaines 
chofes.  J'en  ai  une  mémoire  locale. 

On  appelle  mémoire  artificielle  ,  certaine  méthode 
qu'on  fuit ,  en  attachant  ce  qu'on  a  à  dire  à  certain 
nombte  de  chofes  qu'on  a  difpofées  par  ordre  dans 
fon  clprit  ,  pour  fe  fouvenir  de  tous  les  points  que 
l'on  veut  traiter.  Quelques-uns  fe  font  fervis  de  ta- 
bleaux ,  de  peintures, d'emblèmes  &  d'autres  images. 
Muret ,  dans  un  chapitre  De  quorumdam  admirabili 
memoria  ,  qui  eft  dans  fes  Varm  lecliones  ,  rapporte 
qu'un  jeune  homme  de  Corfc  avoir  trouve  l'art  de 
fe  frire  une  mémoire  furprenante.  Muret  en  voulue 
faite  l'épreuve  lui-même  :  il  lui  didla  deux  ou  trois 
mille  mots  Grecs,  Latins,  Barbares ^  fans  aucun  rap- 
port entr'eux  J  Se  dont  la  plupart  ne  fignifioient  rien. 
Aulîî-tôt  cet  étudiant  les  répète  tous  fans  broncher  , 
&  dans  le  même  ordre  qu'ils  avoient  été  didés  , 
dcfcendant  du  premier  au  dernier  ,  &  remontant  en- 
fuite  du  dernier  au  premier  ;  ce  n'étoit-là  ,  à  ce  qu'il 
difoit ,  qu'un  léger  eftai  de  fa  mémoire  :  car  il  préten- 
doit  en  répéter  trente-fîx  mille  avec  la  même  rapi- 
dité. Il  fit  plus ,  car  il  apprit  fon  fecret  à  un  Sei- 
gneur Vénitien  5  &  le  mit  en  très -peu  de  temps  en 
état  de  faire  prefquc  les  mêmes  chofes  que  lui.  Il  y 
a  encore  une  autre  efpcce  de  mémoire  artificielle  , 
qui  confifte  en  de  certains  médicamens ,  qui  for- 
tifient la  mémoire  à  ceux  qui  l'ont  coutte  ,  labije  , 
infidelle. 

Mémoire  ,  fe  ditauflî  de  la  bonne  ou  mauvaife  répu- 
tation quk)n  laiile  aptes  (oi.  Memoria  ,  recordatio.  On 
fait  le  procès  à  la  mémoire  de  ceux  qui  ont  été  tués 
en  duel  ,  ou  qui  ont  été  homicides  d'eux  mêmes.  On 
purge  la  mémoire  de  ceux  qui  ont  été  condanmés  in- 
juftemem.  On  brûle  les  procès  des  grands  criminels, 
pour  abolir  ,  pour  effacer  la  mémoire  de  leur  crime. 
Les  Hiftoriens  épargnent ,  ou  noircilïent  la  mémoire 
àcs  grands  hommes  ,  fuivant  leurs  paflionSj  ou  leurs 
intérêts.  J'ai  trop  d'obligation  à  Euripide  ,  pour  ne 
pas  prendre  quelque  foin  de  fa  mémoire.  Rac.  La 
mémoire  des  bons  Princes ,  effcn  bénédiélion  chez  les 
peuples ,  celle  des  médians  eft  en  exécration.  Quand 


M  E.M 


923 


on  fait  ir.cadon  d'uii  Roi  moïc  depuis  peu,  011  dit  j 
d'hciucule  mcmoirc  ,  de  niompii.mtc  mcmoire.  On 
rend  toutes  fortes  d'honneuts  à  Ion  nom  (S:  à  \.Mné- 
woi«.  Vaug.  D  heuieufc  mémoire  ,  de  glorieuk  mé- 
moire ,  de  bénite  mémoire.  Exprellions  d'un  grand 
ufage  5  en  parlant  d  un  mort  illuilre  ,  qui  a  mené 
une  vie  digne  de  louange  ,  Se  dont  on  regrette  la 
perte.  Fclicis  manoris..  Bénite  mémoire  n'cft  guère 
en  ufigc. 
MÉMOIRE  ,  fe  dit  aullî  d'un  monument  qu'on  élève  pour 
conferver  le  touvtnir  de  quelque  perioiine  y  ou  de 
quelque  aélrion  lignalée.  Momimentum .  On  fait  des 
épitaphcs  ,  des  tombeaux ,  en  l'honneur,  en  mémoire 
de  quelqu'un.  0\\  a  tait  des  recueils  ,  des  épitaphes  , 
des  vers  &  des  éloges  faits  en  mémoire  des  gens.  Les 
arcs  de  triomphes  ,  les  médailles,  (ont  faits  pour  con- 
ferver la  mémoire  des  grandes  actions.  Des  pyramides 
ont  été  drcllées  en  vertu  d'arrêts  ,  de  traités ,  pour  un 
monument  perpétuel  de  quelque  inligne  réparation  , 
afin  qu'il  en  fût  mcmoire  à  jamais. 

On  appelle  poétiquement  les  Mufcs  ,  les  Filks  de 
Mémoire  ,  parce  qu'elles  font  filles  de  Jupiter  &  de 
Mnémofyne  ■,  finifii  en  Grec ,  lignifie  mémoire. 

On  ne  me  verra  plus  pour  d'indignes  fujecs  , 
Invoquer  le  fecours  des  Filles  de  Mémoire  : 
Je  dejline  ma  voix  à  de  plus  faints  concerts  ; 
Et  ce  n'ejl  plus ,  Seigneur  j  qu'à  votre  feule  gloire , 
Que  je  veux  confacrer  mes  vers.  L'Ab.  Té  ru. 

On  a  feint  qu'elles  ont  un  Temple  de  Mémoire ,  parce 
que  ce  lont  elles  qui  tranfmettcnt  à  la  polléritc  l'Hil- 
toire  des  adtions  dignes,  d'une  éternelle  mémoire  ,  &: 
leurs  ouvrages  font  ce  qu'on  appelle  Temple  de  Mé- 
moire,oà  les  noms  des  grands  hommes  font  confervés. 

AlÉMoiRE  ,  dans  l'Hiiloire  Eccléfialliquc  ,  ëc  dans  les 
Liturgies ,  le  dit  d'un  autel  érigé  à  Dieu  (ous  le  nom  de 
quelque  Saint.  La  mémoire  de  S.  Pierre.  Altare,  Sa- 
ccllum. 

On  dit  proverbialement ,  qu'un  homme  a  une  mé- 
moire de  lièvre  ,  qu'il  la  perd  en  courant;  pour  dire, 
qu'il  oublie  facilement  ce  qu'on  lui  dit ,  ce  qu'on  l'a 
envoyé  quérir. 

|CF"  Mémoire,  f.  m.  Ecrit  fommaire  qu'on  donne  à 
quelqu'un  pour  le  taire  rclîouvenir  de  quelque  chofe^ 
ou  pour  le  mettre  au  bit  de  quelque  aftaire.  Donnez 
moi  un  petit  mémoire  de  votre  aftaire,  fi  vous  voulez 
que  je  m'en  fouviemie.  Mémoire  exad:  j  inftrudtif. 
Summarium. 

IJC?  On  appelle  aulTi  Mémoire  ,  un  imprime  ,  un  Fadtum 
qui  contient  les  faits  ds:  les  circonftances  dune  aftaire 
qui  doit  être  jugée. 

§3°  Enfin  l'on  appelle  Mémoire  j  un  état  de  frais ,  de  dé- 
penfe.  Un  Procureur  donne  un  mémoire  des  frais  ,  des 
dépensa  fa  partie.  Vn  Maître  d'Hôtel  donne  à  ion 
Maître  le  mémoire  de  la  dépenfe  qu'il  a  faite.  Le  Bou- 
cher ,  le  Boulanger ,  (Sec.  donnent  les  mémoires  des 
fournitures  qu'ils  ont  faites. 

On  dit  auiH  dans  un  article  de  compte,  qui  eft  fim- 
plement  narratif,  où  il  n'y  a  point  de  fomme  à  tirer 
en  ligne  ,  Ci  pour  mémoire. 

MÉiVioiRES  ,  au  pluriel ,  (e  dit  des  livres  d'Hiftoriens  , 
écrits  par  ceux  qui  ont  eu  part  aux  affaires ,  ou  qui 
en  ont  été  témoins  oculaires  ,  ou  qui  contiennent 
leur  vie  ,  ou  leurs  principales  aétions  :  ce  qui  ré 
pond  à  ce  que  les  Latins  appellent  commentaires. 
Commcntarius.  Ainfi  on  dit  les  Mémoires  de  SuUi , 
de  ViUeroi  ,  du  Cardinal  de  Richelieu,  des  Mare 
chaux  de  Thémines  &  de  Ballompierre  ,  de  Bran- 
tôme ,  de  Montréfor  ,  de  la  Rochcfoucault,  de  Pon- 
tis,  &:c.  On  les  a  appelés  en  Latin  memoranda  ,  ad- 
verfaria  ,  commentarii.  Les  Mémoires  de  Comines 
font  écrits  avec  une  naïveté  incomparable  ;  le  bon 
fens  y  règne  par  tout ,  avec  la  fmcétité  fi  louhaitable 
dans  un  Hiftorien.  De  Vign.  Marv. 

fer  On  donne  le  même  nom  aux  aites  d'une  Société 
Littéraire  ;  c'eft-à-dire  ,  au  réfultat  par  écrit  des  ma 
tières  qui  y  font  éclaircies.  Tels  font  les  Mémoires 
Tome  V 


M  E  M_ 

de  l'Académie  des  Sciences  ,  de  l'Académie  des  Inf- 
criptions  &:  Belles  Lettres. 

MÉMOIRES ,  fe  ditaulii  des  inftrumens ,  des  recueils  de 
faits.  Cet  Hiftorien  avoir  de  bons  ,  de  méchans  mé- 
moires. On  ditaulii  qu'un  Avocat  doit  avoir  àcs  mé- 
moires hgnés  de  (a  Partie  ,  quand  il  avance  quelques 
faits  lîardis  ou  fujets  à  réparation.  On  dit  aulii  d'un 
homme  qui  ne  iait  pas  bien  un  tait ,  Qu'il  a  de  mé- 
chans mémoires.  On  dit  aulli  d'un  Prince  vigilant , 
qui  cft  averti  de  tout  ce  qui  fe  pailé  chez  lui ,  ou  chez 
fcs  voilins  J  Qu'il  a  de  bons  mémoires  ,de  bons  avis. 

MHMONDAR  f.  m.  Terme  de  Relation.  On  appelle  en 
Perle  Mémondar ,  celui  qui  a  (oui  de  recevoir  les 
étrangers.  Mémondar  Bachi  ,  eft  celui  qui  a  (oin  de 
recevoir  ceux  que  le  Roi  loge  ,  &:  (ur  tout  les  Am- 
balladeurs.  Il  leur  marque  un  logis ,  pourvoit  à  leur 
fubfiftance  ,  &  à  leur  entretien  ,  propofe  leurs  af- 
faires à  l'Attamat-Daulet  ,  Se  même  au  Roi.  Ce  Af/- 
mondar  a  plufieurs  autres  Mémondars  (oM'i  \\.\\.  Le 
Mémondar  Bachi  fait  à  la  Cour  de  Pcrfe  la  fondion 
de  M.utre  des  cérémonies  &  d'Iiurodudteur  des  Am- 
balfadeursi  il  les  avertit  du  jour  de  leur  audience, 
il  les  mène  à  l'audience  ,  <S'c. 

Menon  ,  ou  mehenon,  fignifie  hôte  ,  il  faut  pren- 
dre garde  à  bien  prononcer  ce  mot  en  Perfe  ,  &  ne' 
le   pas  confondre    avec  Maymon  ,  qui   fignifie   un 
linge  ,  un  marmot.  Maymandar  eft   le   maître  des 
fingcs. 

MÉ.\l;jNT.  Voyei  Maimont. 

AlEMORABLE.  adj.  m.  &  f.  Qui  mérite  qu'on  en  con- 
ferve  la  mémoire.  Memoria  dignus.  Apprenez  la  mé- 
morable avanture  de  ce  Prince  infortuné.  La  bataille 
que  gagna  Charles  Martel ,  eft  une  journée  mémo- 
rable. On  trouve  rarement  des  Xénophons,  &c  des 
Céfars  ,  qui  falfent  des  chofes  mémorables  ,  Se  qui 
les  écrivent.  Cail.  Les  choies  mémorables  de  So- 
crate.  Fait ,  événement  mémorable.  Paroles  mémo- 
rables. 

MÉMORATIF ,  IVE.  adj.  Qui  fe  fouvient  d'une  cho- 
fe.  Memor.  Il  n'eft  tout  au  plus  en  ufige  qu'au  Pa- 
lais. La  Cour  peut  être  mémorative  des  arrêts  qu'elle 
a  rendus  en  pareil  cas. 

MÉMORE  R.   y.  a.  Vieux  mot  ,  Raconter. 

MÉ.MORIAL  J  ALE.  adj.  Qui  regarde  la  mémoire.  Ad 
memoriam  pertinens.  L'Arithmétique  mémoriale.  Les 
deux  pierres  d'onyx  ,  fur  lefquelles  les  noms  des 
enftns  d'Ifraël  étoient  gravés  ,  Se  qui  étoient  fur  les 
épaulettes  de  l'éphod,  s'appeloient  des  pierres  mé~ 
moriales. 

Il  eft  aulîi  fubftantif.  Se  fignifie.  Signe,  figure 
qui  renouvelle  le  fouvenir  d'une  chofe.  Signum  , 
mémoriale.  Jesus-Christ  nous  a  lailîé  l'Euchariftie 
pour  un  mémorial  de  fa  Paftion.  Le  mémorial  chez 
les  Juifs ,  étoit  une  partie  de  la  viélime  confacrée  à 
Dieu. 

Mémorial,  f.  m.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  dans 
l'Ordre  de  Malte  à  l'extrait  des  Lettres  ou  preuves  de 
Noblefte  ■,  que  l'on  préfente  à  l'Ordre  ,  lorfqu'on 
demande  à  y  être  admis  Se  reçu  Chevalier.  Vertot, 

Mémorial  ,  fignifie  aullî  quelquefois  un  mémoire. 
Commentarius ,  memorialis  liber.  Des  Ambaftadeurs 
ont  donné  aux  Etats  de  Hollande  _,  au  Parlement 
d'Angleterre  ,  des  mémoriaux ,  contenant  telles  Se 
telles  propofitions ,  pour  y  délibérer.  $3'  On  le  dit 
particulièrement  en  ce  fens  en  parlant  des  mémoires  . 
préfentés  au  Pape  ou  à  la  Cour  d'Efpagne ,  qui  fer- 
vent à  inftruire  une  aftaire.  On  a  préfenté  plufieurs 
mémoriaux  au  Pape.  Un  mémorial  au  Confeil  des 
Indes.  A  la  Chambre  des  Comptes  ,  on  appelle 
Mémoriaux ,  les  Regiftres  où  les  Lettres  Patentes 
de  nos  Rois  font  tranfcrites.  Ac.  Fr. 

(fT  Les  Marchands ,  Banquiers  &  autres  qui  fe  mê- 
lent du  commerce  appellent  aullî  mémorial  ,  une 
cfpèce  de  journal  qui  n'eft  pas  au  net ,  qu'ils  appel- 
lent auftî  brouillard  ,  ou  brouillon  ,  fur  lequel  ils 
écrivent  journellement  toutes  leurs  affaires. 

|3°  Les  mémoires  que  les  Marchands  drelîent  des  mar- 
chandifes  qu'ils  envoient  à  d'autres  ,  (e  nomment 
Faclures ,  &c  ceux  dont  fgnt  chargés  les  Voituricrs 

Aa^aaaJ; 


M  E  N 


9-4 

qui  les  conduifeiu  ,  le  nomment  Lettres  de  voiture. 
Voy.  ces  mots. 

MÉMORIALISTE.  L  m.  Aiiteui  de  Mémoires.  Si  on 
en  croit  les  Mémorialijlts  de  Trévoux ,  Novemore 
ijzj.  l'Hiftoire  demande  des  figures  lumineufcs. 
C'cft  donc  bien  f.mUcment  qu'on  dit  qu'il  hut 
qu'elle  foit  écrite  avec  iimplicité.  Dicl.  Ne'olog. 
au  mot ,  Hijïoire.  On  peut  dire  Mémorialijle ,  com- 
me on  dit  Journalifte. 

MEMPHIS.  Nom  d'une  ancienne  ville  c.ipitalcde  l'E- 
gypte. Mcmphïs.  Elle  étoit  fur  le  bord  occidental 
du  Nil.  Amrus  la  ruina,  &  bâtit  le  Caire  de  les 
ruines,  au  côté  oriental  du  Heuve.  Maty. 

MEMPHITE.  r.  m.  &  f.  Quiertde  Memphis.  Mcra- 
ph'itj..  Ce  mot  s'eft  dit  plus  particulièrement  des  Rois 
d'Egypte  qui  ont  régné  à  Memphis ,  dont  Memphis 
a  été  le  lîégc  &c  la  réfidence. 

MEMPHITIQUE.  aj.  C'ell  le  nom  d'une  pierre  qui , 
iclon  Diofcoride ,  le  trouve  en  Egypte  auprès  du 
grand  Caire  ,  &  qui  ell  gralle ,  de  la  grollèur  d'un 
galet  ,  &  de  diverfes  couleurs.  On  dit  qu'étant  pul- 
vérifée  &  appliquée  fur  une  partie  qu'on  veut  cou- 
jsetj  elle  l'amortit  de  telle  forte,  que  le  Patient  ne 
iouffre  aucune  douleur  pendant  l'opération.  Lapis 
Mcmphites. 

M  E  N. 

MEN.  f.  m.  Nom  d'une  divinité  Payenne.  Mi:n , 
Menis.  Strabon  parle  fouvent  des  temples  du  dieu 
Min.  Quelques-uns  prennent  cette  clivinité  pour 
la  Lune. 

Mena.  Foye^  MÈNE. 

MENAC.  f.  m.  Arbrilfeau  de  la  grolfeur  de  deux  pou- 
ces qui  a  une  feuille  comme  la  vigne ,  ayant  cinq 
pointes  de  vert  gai ,  la  tige  pourprée ,  jettant  une 
coque  velue  &  piquante  comme  le  châtaignier , 
dans  laquelle  il  y  a  fix  grains  f.iirs  à  -  peu  -  près 
comme  nos  lévroles  ,  de  couleur  cendrée  ,  qui  étant 
féchés  &  prellés  ,  font  une  huile  de  même  nom. 
Cet  arbrill'eau  vient  dans  l'île  de  Madagafcar. 

MENAÇANT.  ANTE.  adj.  Qui  menace.  Muiax  , 
terrificus.  Il  le  regarda  avec  un  œil  menaçant ,  des 
gcftes  menacans  ,  des  paroles  menaçantes.  Lancer 
des  K'p.iàs menacans.  Il  lui  parla  d'un  ton  rude  & 
menaçant.   Ecrire  une  lettre  menaçante. 

gtTME'NACE.  f.  f.  Parole,  mouvement  j  gefte  dont 
on  fe  fert  pour  marquer  à  quelqu'un  fa  colère  ou 
fon  rellentiment  ;  pour  lui  annoncer  &  faire  crain- 
dre le  mal  qu'on  veut  lui  faire.  Mlns  ,  cowjnï- 
natïo  ,  minatio.  Les  menaces  lont  fouvent  des  tan- 
faronades ,  qui  demeurent  (ans  eftet.  Les  loix  ufent 
de  menaces  contre  les  infraAeurs.  Les  toudres,  les 
tempêtes  ,  font  des  menaces  du  Ciel  irrité  ;  ce  ne  font 
pas  de  vaines  menaces.  Difcours  pleins  de  menaces. 
Ses  lettres  iont  remplies  de  menaces. 

La  menace  à  grand  bruit  ne  porte  aucune  atteinte  j 
Elle  nejl  qu'un  effet  d'impuijjance  ,  ou  de  crainte. 

Corn. 

Ce  mot  vient  de  minacia  ,  qui  fe  trouve  dans 
Plante  en  cette  lignification.  Ménage. 

Les  Poètes  Payens  perlonifient  les  menaces ,  Se 
les  mettent  à  la  luite  de  Mars.  Voye^  Stace,  L. 
VI ,   V.  46 .  de  fa  Thébaïde. 

MENACER,  v.  a.  Faire  des  menaces;  §3"  rcmoi- 
gner  à  quelqu'un  par  quelque  figne  extérieur  (a  co- 
lère ou  fon  rellentiment.  Voye-[  Menace.  Minari, 
minitari  ,  minas  intentare.  Les  poltrons  menacent 
plutôt  que  les  braves.  Dieu  nous  menace  d'une 
damnation  éternelle ,  fi  nous  n'obfervons  fes  com- 
mandcmens.  Une  femme  a  coutume  de  tempêter  Se 
de  menacer  dans  fon  ménage.  Menacer  de  l'œil , 
de  la  main. 

Menacer  ,  s'emploie  quelquefois  abfolument.  Mi- 
nari. Il  jure  ,  il  menace ,  il  tempête.  Il  eft  forci  tout 
en   colèrç  ,  jurant  ,  menaçant  y  tempêtant,  ^3"  Ce 


M.E  N 


terme  eft:  employé   métaphoriquement  dans  des  ac- 
ceptions diftércntes. 
IJCT  Dans  le  difcours   familier ,  on  s'en  lert  quelque- 
fois dans   un  fcns  contraire  ,   pour   faire    clpérer. 
Il  y  a   long-temps   qu'on    menace   cette   fille  de  la 
marier.  Il  nous  menace  d'un  grand  repas.  PoUiceri. 
Menacer  ,  lignifie  aulîi  donner  des  lignes  de  quelque 
malheur   ou  accident  qui  eft  proche  ,  le  pronofti- 
quer.  Ominari j  mala  portendere.  Les  guerres  civiles. 
menacent  un    Etat  de   ruine.    C'eft   une  erreur  de 
croire  que   les   comètes    menacent  de    grands  mal- 
heurs. Ce  vent  du   nord  nous  menace  àt    la  gelée, 
les  lalîitudes  de  membres  nous  menacent  de  quelque 
grande    maladie.  Son    horofcope  le   menace   d'une 
fin  tragique.  ^^3"  Ce  Courtilan  eft  menacé  d'une  dif- 
grâce  prochaine  ,  il  y  a  apparence  qu'il  fera  bientôt 
difgracié  ,  tout  l'annonce.  On  dit  auftl ,  ce  bâtiment 
menace  ruine  ,  pour  dire  -,  eft  prêt  à  tomber. 

On  dit  figurcment  &  poétiquement  des  cbofes  éle- 
vées j  Qu'elles  menacent  les  cieux.  Ces  montagnes, 
ces   arbres  ,  ces  tours  menacent  les  cieux.  Cela  eft 
pris  du  Latin ,  gemmique  minantur  in  coelum  fcopuli. 
On  dit  proverbialement ,  Tel  menace  qui  trem- 
ble ,  pour  dire,  que  celui  qui  menace  a  fouvent  plus 
de  peur  que  celui  qu'il  menace. 
MENACEUR.   f.   m.  Qui  menace.  Minax.   Les  plus 
grands   menaceurs  ne   font  pas  les  plus  dangereux. 
Ce  mot  n'eft  pas  François. 
MÉNADE.  f.  f.   B.icchante,  femme   en  fureur,  qui 
chez  les   Payens   célcbroit  les  Orgies,  ou  fêtes  de 
Bacchus.  Mœna.  Voy.  Bacchante. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ^«t»£3-«<  j  être  en  fureur. 
MENADURE.    f  f.  Vieux  terme    de  Coutumes.  Les 
ménadures  de  Cour  font  des  ajournemens.  In  jus 
vocatio. 

On  croit  que  ce  mot  vient  de  mannire  ,  mot  Latin 
barbare  qui  fe  trouve  dans  la  loi  Salique,  &  qui 
veut  dire,  ajourner,  femondre,  femoncer. 
MENAGE,  f.  m.  Nom  colledif.  Les  pcrfonnes  qui 
compofent  une  famille.  Familia.  Il  y  a  deux  ou 
trois  ménages  logés  dans  cette  mailon.  Le  Curé  a 
tant  de  ménages  dans  la  Pareille. 

Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  maneo  ,  &C  pré- 
tendent qu'on  difoit  autrefois  manage.  D'autres 
croient  qu'il  vient  du  mot  mets  ,  qui  lignifioit  au- 
trefois jardin ,  5c  les  fruits  qu'on  y  moiironnoit  , 
comme  ayant  été  fait  du  verbe  meto  j  iSc  qu'ainfi  mé- 
nage hgnihoit  ordinairement  le  loin  qu'on  avoit  des 
fruits  &:  de  la  moilion.  Borcl  croit  qu'il  vient  du 
mot  Galcon  mainage  ,  qui  lignifie  des  enfans  ,  parce 
qu'une  famille  en  eft  compolée  ,  &  qu'on  a  appelé 
maifne\  ,  tous  les  puinés  &  cadets ,  comme  qui  di- 
roit  mains  ne:^.  Du  Cange  croit  qu'il  vient  de  mai- 
nagium  ,  qui  a  (îgnihé  la  même  choie  que  meinjîo. 
Q\\  a  dit  aulfi  dans  la  balle  Latinité  ,  menogium. 
U^  MÉNAGE  ,  fignifie  aullî  Gouvernement  domeftique  , 
ik  tout  ce  qui  concerne  la  dépenfe  d'une  lamille.  Te- 
nir ménage.  Être  dans  fon  ménage.  Conduire  ,  ré- 
gler fon  ménage.  C'eft  au  père  de  famille  à  faire 
rouler  le  ménage.  Il  donne  tant  à  fa  femme  pour  la 
dépenfe  du  ménage.  C'eft  à  elle  qu'appartient  1© 
menu  foin  du  ménage  ,  de  donner  ordre  au  ménage. 
Un  garçon  eft  fouvent  obligé  de  rompre  ménage  , 
parce  qu'il  lui  coûte  trop  à  tcnit  ménage.  Quel 
dégoût  de  fe  ravaler  julqu'au  plus  bas  détail  du 
ménage ,  &  à  la  vie  plate  qu'on  y  mène  î  Mol. 

Çlue  vous  joue\  au  monde  un  petit  perfonnage  ^ 
De  vous  claquemurer  aux  choj'es  du  ménage. 

IJCF  On  dit  en  ce  fens ,  Mettre  une  fille  en  ménage  ,  h 
marier.  Exprellion  du  ftyle  familier. 

MÉNAGE  ,  fe  dit  aullî  des  uftcnfiles  du  ménage  ,  &  des 
rneubles  nécelFaires  pour  le  lervice  du  ménage.  Sup- 
pellex  famdiaris.  On  a  toujours  beioin  de  quelque 
choie  de  nouveau  dans  le  ménage.  On  appelle  toile 
de  ménage  ,  tfT  celle  que  l'on  fait  faire  dans  les 
maifons  particulières ,  ordin.airement  avec  plus  foin 
que  celles  qu'on  vend  chez  les  Marchands ,  &  pain 


M  E  N 

de  ménage ,  le  pain  que   l'on  fait  Sc  que   l'on  cuir 
dans  les  maifoas  particulières. 
Ménage  de  Campagne  ,  contient  les  charrues  ,  liarnois  j 
&  autres  outils  du  labourage,  quiferventà  l'exploi 
ration  dune  terre  par  les  mains.  C'ell  ce  que  Vir- 
gile appelle  arma. 

Dicendum  &  qu£  Jînt  duris  agrcjlïbus  arma. 

IVlÉ.NTAGE  y  fe  dit  aullî  des  fcrviccs  qu'il  faut  faire  dans 
la  mai(on  pour  tenir  tout  en  bon  ordre  &  propre- 
ment, comme  nettoyer  les  meubles,  faire  la  cui- 
finc  j  la  lellive.  Domcfikum  minijlerium.  Cette  1er- 
vante  eil  habile  à  faire  fon  ménage  ,  elle  tient  fon 
ménage  bien  propre.  Exprelîîon  populaire. 

|iC7"  MÉNAGE  ,  fignitie  aulH  ,  Economie  domeftiquc  , 
conduire  qu'on  tient  dans  l'adminillration  de  Ion 
bien  relative  à  la  dépenle  ordinaire.  Admuiijîracio 
rei  fam'diaris.  On  dit  en  ce  lenSj  entendre  bien  le 
ménage.  Vivre  de  ménage.  On  peut  vivre  de  mena 
ge  y  lans  être  avare ,  en  dépcnlant  à  proportion  de 
£on  bien. 

§;? MÉNAGE  ,  MÉNAGEMENT,  EPARGNE  ,  fynonymcs. 
On  le  lert  du  mot  de  ménage  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard, 
en  fait  de  dcpcnie  ordinaire  j  de  celui  de  ménage- 
ment Aa.ns  la  conduite  des  atTaires  •,  Se  de  celui  à'  épar- 
gne ,  à  l'égard  des  revenus.  Le  ménage  eft  le  ta- 
lent des  femmes  ;  il  empêche  de  fe  trouver  court 
dans  le  befoin.  Le  ménagement  eft  du  relîort  des 
maris  ;  il  fait  qu'on  n'ell  jainais  dérangé.  \J épargne 
convient  aux  pères  ;  elle  iert  à  amalîer  pour  Féta- 
bliircment  des  cntans. 

Ménage  ,  le  dit  aulli  de  la  manière  de  vivre  des  gens 
mariés.  Ces  jeunes  gens  mariés  font  tort  bon  ménage  y 
vivent  en  bonne  intelligence.  Cette  femme  fait  mau- 
vais ménage  avec  fon  mari ,  c'eft-à-du'e  ,  qu'elle  vit 
en  trouble  &  en  querelle. 

On  le  dit  aulîl  des  perfonnes  aflôciées ,  &:  qui 
demeurent  enlemble.  Nous  tenons  notre  ménage 
enlemble.  Vorx.  Ces  jeunes  débauchés  font  un  bon 
ménage  enfemble. 

MÉNAGE  ,  fe  die  proverbialement  en  ces  phrafes.  On 
dit ,  quand  un  méchant  homme  eft  marié  à  une 
méchante  femme  y  que  ce  n'eft  qu'un  ménage  de 
gâté.  On  dit  d'un  homme  qui  vend  (es  meubles  pour 
vivre  ,  qu'il  vit  de  ménage .  On  dit  que  le  ménage. 
eft  un  goufre  de  biens  ,  qu'il  a  la  gueule  bien  gran- 
de ,  pour  dire,  qu'il  faut  beaucoup  de  chofes  pour 
le  faire  lublifter.  On  dit  aufti  de  celui  à  qui  on  vend 
les  meubles  par  Jufticc  ,  qu'on  lui  remue  fon  mé- 
nage. 

On  dit  baffemcnt  à  celui  qui  a  rompu ,  brifé ,  ou 
fait  quelques  dcfoidres  dans  la  maifon ,  qu'il  a  fait 
un  beau  ménage  ,  qu'on  a  joué  chez -lui  à  remue 
ménage.  On  difoic  autrefois  ,  un  trïboule-ménage , 
au  lieu  de  trouble-ménage  ;  &  quatre-ménage ,  au 
lieu  de  dire ,  gâte  ménage  ,  comme  a  remarqué 
Pafquier. 

Gâte  Ménage.  Les  Domeftiques  appellent  ainfi  celui 
qui  porte  leur  Maître  à  retrancher  mal-à  propos 
quelque  choie  de  la  dépenfe  ordinaire  de  la  maifon. 
C'eft  un  vtû  gâte -ménage.  Ac.  Fr. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  manfus  ,  aufli-bien  que 
celui  de  mefgnïe. 

Ménage,  dans  la  nouvelle  Coutume  de  Normandie, 
fîgniSc  manoir  &  malure  à  la  campagne.  Domus 
rujlïca. 

S:?  MÉNAGEMENT,  f.  m.  Terme  relatif  à  la  con- 
duite des  aftaires.  Le  ménagement  fait  qu'on  n'eft  ja- 
mais dérangé.  Voye-[  au  mot  Mé>!Age. 

^Cr  Mé^jagement  des  efprits.  Art  de  les  manier.  Le 
ménagement  des  efprits  eft  dilîicile  en  certaines  oc- 

•  cafions.  La  grai'.de  fcience  d'un  Politique  elt  le  mé- 
nagement des  efprits. 

§Cr  Ménagemens.  Attention  mefurce  &:  réfléchie  fur 
la  façon  de  fe  conduire  dans  le  commerce  du  monde 
par  rapport  aux  autres ,  &  pour  y  contribuer  à  leur 
fàtisfaàion  plutôt  qu'a  la  henné.  Sous  cette  idée  gé- 
nérale ce  mot  eft  fynonyme  des  mpts  Circonfpec- 


M  E  N  92y 

tic^ft  conndération  ,  égards.  Ratio  ,  obfervantla  , 
avec  cette  diriérence  pourtant  y  que  les  ménape- 
mens  regardent  proprement  l'humeur  Ik.  les  inclina- 
tions ,  pour  éviter  de  clioquer  Sic  de  hrire  de  la 
peine  ,  !i<.  pour  tirer  avantage  de  la  Société  j  loit  par 
le  prolît ,  (oit  par  le  plaiiir.  La  fagcilc  les  met  en 
œuvre^  Voyc\  les  Syn.  Fr. 

IJC?  On  a  des  ménagcmens  avec  les  perfonnes  qui  font 
d'un  commerce  dilHcile  ou  d'un  fyftcme  oppofé. 
Tout  ne  cadre  pas ,  &c  rien  ne  cadre  toujt)urs  dans 
les  fociétés  ,  fur  tout  avec  les  Grands  :  les  ménage- 
w««j font  donc  nécellaires  pour  les  maintenir;  ceux 
qui  loin  les  plus  capables  d'y  en  apporter  n'y  tien- 
nent pas  quclquelois  le  haut  tang  ;  mais  ils  en  font 
toujours  les  liens  les  plus  forts  quoique  fouvent  les 
moins  apperçus.  Les  jeunes  gens  n'ont  prelque  ja- 
mais cet  efpnt  de  ménagement  qui  conduit  les  fcns 
&  le  cœur  ,  &  qui  règne  lur  le  difcours  lie  fur  le 
filence.  S.  EvR.  f^oye-[  les  autres  (ynonymes. 

MÉNAGER ,  EUE.  f.  m.  6c  f  &  adj.  Bon  économe 
de  fon  bien  ;  qui  ne  fait  point  de  dépenfe  fuper- 
flue  ;  qui  fait  bien  valoir  ce  qu'on  lui  donne  à  ma- 
nier. Rei  œconomicA  peritus  ,  parcus  ,  diligens  ,  in 
re  augendajlrenuus.  Les  ma.uva\s  ménagers  iont  bien- 
tôt ruinés.  On  devient  fouvent  avare  y  pour  vouloir 
être  trop  bon  ménager.  Les  jeunes  -  gens  ne  font 
guèi'c  y  ne  font  pas  allez  ménagers.  C'eft  un  homme 
fort  ménager. 

MÉNAGER,  s'emploie  auftî  quelquefois  figurément.  Un 
homnre  marié  eft  meilleur  ménager  de  fa  vie.  H.  S. 
DE.  M.  Il  y  a  des  gens  qui  font  ménagers  de  louanges. 
Le  Ch.  d'H.  î^CF  Un  homme  ménager  du  temps  eft 
celui  qui  l'emploie  utilement.  Ménager  de  lafanté, 
qui  prend  foin  de  la  conferver. 

Lefage  eft  ménager  du  temps  6"  des  paroles. 

La  Fontaine. 

On  appelle  proverbialement  Ménager  de  bouts 
de  chandelles ,  un  homme  qui  épargne  fordidemenc 
dans  les  petites  chofes ,  &  qui  néglige  les  impor- 
tantes. 

On  dit  aufll  poétiquement ,  la  fourmi  ménagère. 

MENAGER,  f  m.  Ce  mot  dans  les  Coutumes  fignifîe 
qui  a  ménage ,  feu  &  maifon  dans  un  lieu.  La  Cou- 
tume de  Bretagne  dit,  chacun  ménager ,  paroiflîen  te- 
nant feu  &c  fumée,  &  labourant  terre  &:c. 

MÉNAGÈRE,  eft  la  femme  ou  la  fervante  qui  conduit 
le  ménage.  Rei  domeftic<z  curatnx ,  (^miniftra.  Nous 
avons  au  logis  une  habile  ménagère.  Parmi  le  petit 
peuple  ,  &C  les  payfans,  un  mari  appelle  fa  femme 
notre  ménagère. 

Il  ne  faut  pas  y  difoit-ll  en  trottant , 

Dans  tout  ceci  rien  faire  à  la  légère  : 

Il  faut  y  le  cas  eft  important , 

Enprendre  avis  de  notre  ménagère.  Perrault. 

IfT  MÉNAGER,  v.  a.  Dans  le  fens  propre  ,  c'eft  ufer 
d'économie  dans  l'adminiftration  de  fon  bien  ;  en 
faire  une  jufte  difpenfation  ;  apporter  beaucou^dc 
règle  dans  la  conduite  du  ménage  ,  dans  la  dépenfe 
de  fa  maifon.  Benè  adminiftrarc.  Cet  homme  ménage 
bien  fon  revenu  ;  ménage  tout  ce  qu'il  peut  dans  û, 
maifon. 

§Cr  Dans  le  figuré  ,  ce  verbe  reçoit  différentes  accep- 
tions ,  &:  lignifie  conduire  ,  manier  avec  adrefîe  , 
avoir  des  égards  ,  épargner  y  faire  un  bon  ufàge ,  &:c. 
Solerter   traclare  ,    confulere  ;  parcere  ,   uti  ut  decet. 

IJCF  MÉNAGER  quelqu'un ,  l'efprit  de  quelqu'un.  C'eft 
avoir  une  attention  réfléchie  &  mefurée  fur  la  façon 
d'agir  &  de  fe  conduire  dans  le  commerce  du  monde 
par  rapport  aux  autres ,  pour  éviter  de  choquer  & 
de  faire  de  la  peine ,  &  pour  tirer  avantage  de  la 
fociété ,  foit  par  le  profit  ,  foit  par  le  plaifir.  Voye% 
MÉNAGEMENS.  Il  faur  beaucoup  de  fagelfe  pour  mé- 
nager certains  efprits.  Les  perfonnes  polies  ont  une 
adrelle  merveilleufe  pour  ménager  tout  le  monde. 
Bell.  Les  loix  de  la  fociété  exigent  que  nous  mi~ 


. 


920  ivi  E  N 

lierions  les  autres ,  ii  nous  voulons  qr'on  nous  mé- 
r.fsc.  Id.  Ménager  les  aiuires,  c'eft  [cfpeder  leur 
humeur  <S:  leurs  inclinations. 

^  Ménager  une  aftaivc  ,  c'cll  la  m-inier,  la  con- 
duire avec  l'adrelle  nccellaire  pour  la  faire  réullu'. 
Cette  affaire  cil  délicate  ;  vous  échouerez  fi  vous  ne 
la  ménagei  pas  habilement.   S.  EvR. 

ftcr  On  dit  dans  le  même  léns ,  (e  ménager  bien  avec 
tout  le  monde.  Se  ménager  entre  deux  pertonnes  , 
entre  deux  partis  contraires ,  fe  conduire  de  taçon 
que  l'on  fou  toujours  bien  avec  l'un  &  avec  l'autre. 

|3"  N'avoir  rien  à  ménager  avec  quelqu'un ,  c'cft  n'a- 
voir plus  de  mcfures  à  garder  avec  lui. 

MÉNAGER  ,  faire  un  bon  emploi  d'une  chofc  ,  en  u(er 
a\-ec  prudence  Se  fagelle.  Ménager  fa  fanté  ,  c'elt 
avoir  attention  à  ne  rien  taire  qui  pullfe  la  déranger. 
Vaktudincm  curare  ,  valetudini  confulere.  On  dit  dans 
le  même  fens,  qu'un  homme  fe  ménage,  pour  dire 
qu'il  a  foin  de  fa  pcrfonne.  Curare pcUkuLvn  ^  cutem , 
corpus.  Un  conv.ilefcent  qui  ne  fe  ménage  point ,  re- 
tombe i)i!-ailliblcment. 

IP" Ménager  les  forces,  fon  crédit.  Un  habile  homme 
fait  menacer  {on  crédit  tk  fa  fortune.  S.  EvR. 

«3="  Ménager  des  troupes,  c'eil  ne  les  point- fatiguer 
par  des  marches ,  par  des  travaux  inutiles  ,  &  ne  les 
point  expofer  mal-à-propos. 

t&T'  Ménager  fes  chevaux  ,  c'eft  être  attentif  à  ne  les 
point  fatiguer  par  de  trop  longues  traites. 

^zp  MÉNAGER  bien  le  temps,  c'eft  en  faire  un  bon 
emploi ,  ou  prendre  fon  temps  bien  à  propos.  La 
vie  eft  allez  longue  ,  pourvu  qu'on  la  lâche  ménager. 
Nie.  Ce  Capitaine  fait  bien  ménager  les  occalions. 
S.  ÉvR.  Une  heure  de  vie  bien  ménagée  vaut  mieux 
qu'une  vaine  renommée. 

^3-  MÉNAGER  les  intérêts  de  quelqu'un  ,  c'cft  avoir 
foin  de  les  confcrver.  Commodis  aiicujus  confulere. 
Les  gens  de^  Cour  lavent  finement  ménager  leurs 
intérêts.  S.  EvR. 

'e^TT'  MÉNAGER  fes  paroles  ,  parler  peu.  Ménageries 
termes  ,  parler  avec  une  grande  circonfpeclion  ,  être 
attentif  à  ne  rien  dire  qui  pullFe  choquer  ,  ou  faire 
de  la  peine.  En  Peinture  ,  on  dit  qu'un  Peintre 
ménage  fes  couleurs,  quand  il  conlerve  les  plus 
claires  pour  les  parties  les  plus  proches.  On  dit  en 
parlant  d'une  belle  peinture  ,  Jamais  la  lumière  &c 
l'ombre  n'ont  été  plus  judicienlemeht  ménagées  ;  ou 
d'un  difcours ,  Les  figures  y  font  merveiUcufcment 
bien  ménar^ées.  Ce  Poëie  fait  bien  ménager  ion  feu. 
BouH.  On  "dit  d'un  bon  Muticien ,  qu'il  lait  mcnagcr 
■SCr»  la  voix  ,  qu'il  ménage  bien  la  voix  ,  pour  dire 
•qu'il  la  conduit  bien,  qu'il  en  tire  tout  ce  qu'il  en 
peut  tirer.  On  dit  de  même  qu'un  Poëte  a  bien  mé- 
nagé tous  les  incidens  d'une  pièce  de  théâtre.  Un 
des  plus  grands  ulages  de  la  vie  ,  c'eft  d'en  lavoir 
ménager  les  plaifirs  avec  adrelle.  S.  Evr.  Une  com- 
piaiiance  polie  doit  être  bien  ménagée  &  bien  en- 
tendue. Bell. 

ôo»  MÉNAGER  ,  fynonyme  de  procurer.  Ménager  une 
entrevue  j  une  penfion,  employer  les  moyens  con- 
'venables  pour  la  fiire  obtenir. 

«&*  MÉNAGER  un  terrein  ,  une  étoffe ,  c'eft  les  em- 
ployer fi  bien  qu'on  en  falTe  tout  ce  qu'on  en  vouloit 
faire  ,  &  qu'il  n'y  ait  rien  de  perdu.  Reciè  partirï. 
Un  Ingénieur  qui  fortifie  une  place  ,  doit  lavoir  me- 
iiager  fon  terrein.  Un  tailleur  qui  coupe  un  habit , 
doit  lavoir  ménager  l'étoffe. 

«:?•  On  dit  dans  le  même  fens  ménager  un  cabinet .j 
un  efcalier  dans  un  bâtiment ,  c'eft  en  faire  la  dil- 
cribution  de  fiçon  qu'il  s'y  trouve  une  place  poui' 
un  cabinet  J  pour  un  efcaher^  fans  gâter  le  dellein 
principal. 

MÉNAGÉE  J  ÉE.  part.  palT.  &  adj.  lia  les  fignifications 
de  fon  verbe. 

MÉNAGERIE,  f.  f.  Lieu  deftiné  à  nourrir  des  beftiaux , 
(Se  à  faire  le  ménage  de  la  campagne.  Villa  volup- 
tuarïa.  Il  ne  fe  dit  qu'à  l'égard  des  châteaux  des 
Princes  ou  des  grands  Seigneurs  j  qui  en  ont  plutôt 
par  curiofité  &  magnificence  j  que  pour  le  profit; 
&  qui  entretiennent  fouvciu  des  bêtes  étrangètes  & 


M  E  N 


extraordinaires:  comme  la  ménagerie  de  Verfaille:, 
de  Vincennes ,  de  Meudon.  Il  ne  fe  dit  point  des 
balles  cours  &  des  métairies.  Les  Romains  avoient 
des  ménageries  ,  où  ils  cnfermoient  les  animaux  qu'on 
gardoit  pour  les  fpeûacks  :  ils  les  nommoicnt  Fi- 
varia.  Dicl.  de  Peinture  &  d' Archlceciure. 

MÉNAGYRThES.  f.  m.  pi.  Surnom  des  Galles  ou 
Prêtres  de  Cybèle_,  ainfi  appelés  parce  qu'ils  alloienc 
tous  les  mois  ramaller  des  aumônes  pour  la  grande 
Mère  ,  Se  que  pour  attraper  de  l'argent ,  ils  failoient 
des  tours  de  loupklle ,  ce  que  lignifie  ce  nom. 
De  |K:«»  mois,  ik  u/ufT>,iun  Charlatan  ,Q\\3.\.\jXàn  de 
tous  les  mois. 

MÉNALE.  Nom  d'une  ancienne  montagne  d'Arca- 
dic  ,  dans  le  Péloponnèle.  M&nalus ,  ou  au  pluriel 
M&nala. 

MENALIPPE.  f.  f.  Sœur  d'Antiope  ,  Reine  des  Ama- 
zones ,  qui  fut  faite  prifonnicre  par  Hercule  ,  dans 
la  guerre  qu'il  leur  fit.  Elle  fe  racheta  en  donnant 
pour  la  ranijOn  la  ceinture  de  la  Reine  ,  avec  les 
armes  &  Ion  baudrier. 

MÉNAN.  Nom  d'une  grande  rivière  de  l'Inde  de- là 
le  Gange.  Ménanus.  Elle  prend  fa  lource  dans  le 
lac  de  Chiamay  ,  traverfe  toute  la  partie  feptentrio- 
nale  de  la  prefqu'ile  ,  baignant  Ava  ,  Tranliane  & 
Bréma.  Elle  traverfe  enfuite  le  Royaume  de  Pégu  , 
&  étant  entrée  dans  celui  de  Siani ,  elle  fe  divife  ' 
en  deux  branches  ,  dont  l'une  baigne  l'île  de  Siam  ; 
&  vingt  lieues  au-dellbus  ,  elle  le  décharge  dans  le 
golfe  de  Siam  par  deux  embouchures.   Maty. 

MENANCABO.  Nom  d'une  petite  ville  des  Indes. 
Menancabum.  Elle  eft  fur  la  côte  méridionale  de  l'ile 
de  Sumatra  ,  vis  à-vis  de  l'île  de  Nallaw ,  &  à  cer 
lieues  du  détroit  de  la  Sonde. 

MÉNANDRIENS.  f  m.  pi.  Nom  de  la  plus  ancienne 
fcde  des  Gnoftiques.  Menandriani.  Ménandre  leu^ 
chef  étoit  difciple  iîe  Simon  le  Magicien  ,  Magicier 
comme  lui  ,  &  ayant  les  mêmes  fentimens.  Il  difoic 
que  perfonne  ne  pouvoit  être  tauvc,  s'il  n'étoit  bap~ 
tilc  en  l'on  nom  ;  il  avoit  un  b.iptême  particulier  qui 
devoir  félon  lui ,  rendre  immortel  dès  cette  vie  , 
ceux  qui  le  recevoient.  Ménandre,  félon  S.  Irénée , 
publioit  qu'il  étoit  cette  première  vertu  inconnue  à 
tout  le  monde  ,  &  qu'il  avoit  été  envoyépar  les  An- 
ges pour  le  lalut  du  genre  humain.  Il  fe  vantoit  j 
dit  S.  EpiphanCj  hxr.  22.  d'être  plus  grand  que  fon 
nraitre;  ce  qui  eft  contraire  à  Théodoret ,  qui  fait 
Ménandre  une  vertu  inférieure  à  celle  de  Simon  le 
Magicien  ,  qui  prenoit  le  nom  de  la  grande  vertu. 
■Voyez  SiMONiENS.  Il  eft  dit  dans  les  adles  des  Apôtres, 
ch.  8.  que  Simon  avoit  fcduit  la  Nation  Samaritaine  , 
le  faifant  palier  pour  quelque  grand  perlonnage  ,  & 
que  tous  l'écoutoient  j  depuis  le  plus  petit  jufqu'au 
plus  grand.  C'eft  là  ,  dilpnt  ils  ,  la  vertu  de  Dieu  , 
qu'on  nomme  la  grande.  P.  Bouh. 

MENAT.  Nom  d'une  Abbaye  de  France.  Manata. 
Menata.  Elle  eft  dans  l'Auvergne,  aux  confins  du 
Bourbonnois ,  à  fept  lieues  de  Clermont.  Maty. 
Menât  eft  fur  la  Siole.  "Valois  ,  Not.  Gall.  p.  JI4, 

MENAY.  Le  détroit  de  Menay.  Menaium^  Fretum. 
C'eft  un  détroit  de  la  mer  d'Irlande.  Il  lépare  llle 
d'Angléfev  de  la  Principauté  de  Galles.  Ptoloméel'a 
pris  pour  une  rivière,  &  lui  a  donné  les  noms  de 
Tifis  Se  Toefobis.  ,  ,  ,    r 

MENBIGZ.  Nom  d'une  ancienne  ville  ,  qui  a  ete  epif- 
copale.  Memhigium  ,  anciennement  Menha  ,  Manba, 
Manbyce  ,  HierapoUs.  Elle  eft  dans  la  Syrie,  environ 
à  quinze  lieues  d'Alep  ,  vers  le  Nord-eft;  mais  elle 
eft  prefque  toute  ruinée.  Maty. 

MENCAUDÉE.  f.  f.  Vieux  mot.  Nom  d'une  mefure, 
d'une  certaine  quantité.  Une  mencaudée  de  bois. 

MENCAULT  ,  ou  MAUCAUD.  f.  m.  mefure  des 
grains  dont  on  fe  fert  en  quelques  endroits  de  Flan- 
dre ,  entr'autres  à  Landreci ,  au  Quefnoy  Se  à  Gâ- 
teau. 

MENCIO,  ou  MINCIO,  &  MENZO.  C'eft  le  nom 
d'une  rivière  de  la  Lombardic  ,  en  Italie.  Mmcius. 
Elle  a  fa  fource  au  lac  de  Garda  ,  qui  eft  dans  l'État 
de  V«nife.  Elle  y  baigne  Pcfchiéra  &  Mamzanibano  j 


M  E  N 

cnfuite  entrant  dans  le  Mantouati ,  elle  forme  le  lac 
de  Mantoue;  dans  lequel  la  ville  de  ce  nom  eft  bâ- 
tie j  ik  elle  va  fe  décharger  dans  le  Pô  ,  à  Sachetta. 
Maty. 
MENUE,  MANDE.  Nom  d'une  ville  de  France  ,  ca- 
pitale du  Gévaudan  ,  contrée  du  Languedoc  j  6c  lituée 
lut  h  Lot  ,  à  Icize  lieues  de  Rhodes  vers  le  levant. 
Munacum  ,  Mimate  ,  Mimmacc  ,  Mcmmace ,  Mima- 
us  J  um.  Mende  a  un  Evêché  lutiragant  d'AUiy,  & 
elle  a  été  bane  des  ruines  de  l'ancienne  Gahalum  , 
ou  Andcmum.  May.  Aoyeç  Valois  j  Not.   Gall.p. 
^/^.  Long.   II.  d.  9'.  50".  lat.  44.  d.  3'.  47". 
MENDÈS.  f.  m.  Ternie  de  Mythologie.  C'étoit  le  nom 
du  bouc  que  les  Egyptiens  admcttoient  parmi  leurs 
dieux  ,    &   qu  ils  regardoient  comme    un   des  huit 
principaux.  Il  éioit  coniacré  au  dieu  Pan  ,  ou  plutôt 
c'étoit  le  dieu  Pan  même  que  les  Egyptiens  hono 
roientj  ayant  toute  la  forme  du  bouc,  au  lieu  que 
chez  les  Grecs  tk  les  Romains  ,  on  le  peignoir  avec 
la  face  Hc  le  corps  d'homme  ,  ayant  feulement   les 
cornes  ,  les  oreilles  Se  les  jambes  de  bouc.  Dans  la 
table  Iliaque ,  le  dieu  Mcndes  a  les  cornes  du  bouc 
par-dell'us  celles  du  bélier  ,  de  forte  qu'il  a  quatre 
cornes.  Il  y  avoir  dans  la  balfe  Egypte  une  ville  où 
ce  dieu  étoit  paiticulièrement  honoré,  &c  qui  prit 
le  nom  de  Mendès.  Les  Mendcfiens  n'avoient  garde 
d'immoler   en   lacrifice  des  boucs  ni  des  chèvres , 
croyant  que  leur  dieu   fe   cachoit  fouvent   fous  la 
figure  de  ces  animaux. 
MENDEblEN ,  ENNE ,  f.  Qui  eft  de  la  ville  de  Men- 
dès. Les  Hiftoriens  Se   Chronologiftes  donnent  par- 
ticulièrement le  nom  de  Mendéjuns  aux  Kois  d'E- 
gypte qui  ont  régné  à  Mendès  ,  comme  on  donne 
celui  de  Memph'ues  ik  d'Héracléopolites  à  ceux  qui 
ont  régné  à  Mcmphis  &  à  Héracléopolis. 
MENDIANT,  ANTE.  adj.  Souvent  employé  fubftan- 
tivement.  Gueux  qui  demande  l'aumône.  Mendkus. 
On  a  hiit  un  Hôpital  général  pour  y  renfermer  tous 
les  gueux  qui  font  efledliveraent  mendians.  Les  gueux 
qui  font  elieétivement  mendians  ne  font  point  com- 
pris au  rôle  des  tailles.  On  voyoit  des  troupes  errantes 
de  mendians  demander  avec  plus  d'obftination  que 
d'humilité ,  &:  importuner  le  monde  du  récit  indifcret 
de  leurs   beloins.  El.  Que  de  peine  à  contenir  ces 
mendians  renfermés  ,  qui  regardent  leur  afylc  comme 
une  prifon  ,  &  qui  croient  n'avoir  rien  à  ménager  , 
parce  qu'ils  n'ont  rien  à  perdre.  Id. 
Mendiant,  fe  dit  aullî  des  Religieux  qui  vivent  d'au- 
mône ,  qui  vont  quêter  de  porte  en  porte.  Rdigiofi 
mendicantes.  Il  y  en  a  quatre  Ordres  anciens  ,  qu'on 
nomme  principalement   les   quatre  Mendians  ,    les 
Carmes,  Jacobins ,  Cordeliers  &  Augullins.  Les  Men- 
dians dès  leur  premier  érablilîement,  ne  pouvoient 
avoir  des  rentes.  Les  Capucins,  Récollets,  Minimes 
&  autres ,  font  auiîi  Religieux  Mcndtans  plus  mo- 
dernes.  On  furcharge   les  villes  en  multipliant  les 
Monaftères  àts  Mendians.  FÉvret.  On  appelle  abu- 
fivement  les  quatre  mendians  ,  quatre  fortes  de  fruits 
fecs   qu'on  mange  en   Carême  ,  &  qu'on  fert  en- 
lemble ,  qui  font  les  avelines  ,  les  amandes  ,  les  figues 
&  les  raifins.  C'eft  un  plat  de  mendians. 
MENDICINO.  Nom  d'un  ancien   bourg  fort  déchu. 
Menecina.  Il  eft  dans  la  Calabre  citérieure  ,  environ 
à  une  lieue  de  Cofenza  ,  vers  le  couchant.  Maty. 
MENDICITE,  f.  f  Etat  miférable  de  celui  qui  eft  ré- 
duit à  demander  l'aumône  pour  vivre     Mendicitas. 
C'eft  (on  bienfaiteur  qui  l'a   tiré   de  la    mendicité. 
Les  procès  ont   réduit  ce  Gentilhomme  à   la  men- 
dicité. 
MENDIER,  V.  a.  demander  l'aumône.  Mendicare.  On 
dit  qu'Homère  &  le  Taffe  ont  été  réduits  à  mendier 
leur  pain  ,  à   mendier  leur  vie.    Viclum  quitritare  , 
Jlipem  cogère,  mendicare. 

Crotc  jufqu'à  l'échiné 
Va  mendie):  fo>2 pam  de  cuifine  en  cuijlne.  Boil. 

Meî'dier.  ,  fignifie  aufti ,  avoir  recours  à  l'afllftance  d'au 
trui ,  la  rechercher  avec  emprelfement ,  &  avec  quel 


M  E  N         927 

que  forte  de  baiïcfle.  Alienam  opem  implorare  ,  de- 
precarï ,  demijjiùs  efflagttari.  Un  Punce  dépouillé ,  ou 
foible  ,  va  mendier  du  lecours  chez  (es  voilins.  Les 
Poètes  ,  les  Orateurs  vont  mendier  de  l'encens  ,  &■ 
des  louanges  dont  ils  (ont  d'ordinaire  fort  avides.  Le 
vrai  moyen  de  n'avoir  l'approbation  de  pcrfonne  , 
c'e(t  de  la  mendier  par  nus  paroles  ,  tk  par  nos  re- 
gards. Bell.  Il  11  a  été  reçu  dans  cette  compagnie 
qu'après  avoir  mendié  les  fuftVages  ,  &r  les  voix  de 
porte  en  porte.  Une  perfonne  niodefte  agit  uniment, 
ne  cherche  point  à  le  faire  valoir ,  Se  ne  mendie 
point  les  applaudilîèmens.  Bell. 

J'ai  mendié  la  mort  cke'^  des  peuples  cruels  , 
Qui  n'appaifent leurs  dieu.x  que  dufang  des  mortels. 

Rac. 

On  dit  en  termes  de  Pratique  ,  Mendier  une  faifie , 
rnendicryme  intervention  ,  pour  dire  ,  faire  faire  une 
(ailie  ,  (aire  faire  une  intervention  par  quelque  per- 
fonne qui  n'elt  pas  encore  partie  dans  le  Procès  ,  Se 
cela  dans  le  deftein  de  tirer  une  aiiaire  en  longueur. 
Ac.  Fr. 

MENDIÉ  ,  ÉE  part. 

MENDIPHILLS.  Nom  de  montagnes.  Minarii  Montes. 
Elles  (e  trouvent  dans  le  Comté  de  Sommerfet ,  en 
Angleterre,  Se  font  fort  hautes. 

MENDOCINO,  Capo  Mendocino.  Nom  d'un  cap. 
Mcndocinum  promontorium.  Ce  cap  eft  dans  la  pre(- 
qu'ïle  de  Californie ,  en  Amérique  ,  (ur  la  côte 
occidentale  ,  à  l'endroit  où  elle  fe  joint  à  la  terre- 
ferme. 

MENDOLE.  f  f.  Sorte  de  poilfon  ?J3-  de  la  méditerra- 
née.  Il  eft  large,  court j  &  a  la  tête  pointue  Se 
plate.  La  Mendole  change  de  couleur  félon  les  diffé- 
rentes faifons.  Elle  eft  blanche  en  hiver  Se  au  prin- 
temps. En  été  elle  a  des  caches  bleues  éparfes  fur  le 
corps ,  principalement  fur  le  dos  Se  fur  la  tête.  Elle 
a  une  grande  tache  noirâtre  fur  les  côtés  du  corps. 
Diofcoride  dit  que  la  cendre  de  la  tête  de  ce  poilîoii 
appliquée  en  liniment,  nettoie  &  ôte  toutes  les  (entes, 
crevalies  &  durillons  du  fondement,  &  que  fa  lau- 
mure  guérit  les  ulcères  pourris  de  la  bouche,  fi  on 
l'en  lave.  On  l'appelle  autrement  Ccrre ,  Cagarel 
3e  Jufcle,en  Grec  r-à'i  ou^kh?.  Euftathe  rapporte  qu'on 
avoir  acoutumé  de  facrifier  ce  poiilon  à  Diane  ,  qu'on 
croit  être  la  cau(e  de  cette  (orte  de  fureur  que  l'on 
appelle  Manie. 

MENDOLIA.  Nom  d'un  bourg  de  la  Calabre  ,  fituc 
environ  à  une  lieue  de  Bova  j  vers  le  couchant. 
Mendolia. 

MENDORE.  Foye^  Mandore. 

MENDRE.  f.  Se  adj.  Vieux  mot ,  qui  veut  dire  mi- 
neur Se  moindre.  Glojf.fur  Marot. 

MENDRI  ,  ou  Mendris.  Nom  d'une  ville  des  Suif- 
fes ,  (ituée  à  trois  lieues  de  Como  ,  du  côté  du  cou- 
chant, Se  capitale  du  Gouvernement  de  Mendris ,  qui 
eft  le  plus  avancé  vers  le  midi  ,  de  ceux  que  les 
Suidés  podèdent  dans  le  Milanois,  le  troifième  en 
ordre,  mais  des  moindres  en  étendue.  Mandrifium. 
Il  eft  entre  le  lac  de  Lugano  j  &  celui  de  Como. 
Maty. 

MENÉ ,  ou  MENA,  f  f.  Terme  de  Mythologie.  Déelïè 
de  l'Antiquité  qui  étoit  révérée  Se  réclamée  à  Rome 
par  les  femmes  &  les  filles  ,  comme  celle  qui  pré- 
fidoit  à  l'écoulement  de  leur  fang  menftruel.  Dans 
les  détangemens  ou  (upprelfions  de  leurs  rcglci  ou 
mois  lunaires  ,  elles  faifoient  des  oftrandcs  à  la 
déelfe  Mené.  Son  nom  vient  du  Grec  f  »  mois  , 
ou  i^i'i  Lune.  Quelques  uns  difent  que  c'étoit  la  Lu- 
ne même.  S.  Auguliin  parle  de  cette  déelIe  ,  dans 
la  Cité  de  Dieu  ,  Liv.  4. 

MENEAU,  f.  m.  Terme  d'Architeûure.  C'eft  la  fépa- 
ration  des  ouvertures  des  (enêtr^  j  ou  grandes  croi- 
fées.  Médius  feneflrs.  fcajpus.  Autrefois  on  laK'oit  de 
gros  meneaux  ,  Se  croihilons  de  pierre  au  milieu 
des  croif;es ,  qui  défiguroient  tout  un  bâtiment.  Les 
meneaux  ou  croifiUons  doivent  avoir  quatre  ou  cinq 
pouces  d'épailfeur.  On  appelle  faux  meneaux,  ceuî. 


928  M  E  N 

qui   ne    font  pas  alîembk's  avec  le  dormant  de  la 
cLoifée,  &  qui  s'ouvrent  avec  le  guichet. 

MENÉE,  f.  f.  Pratique  fecrcte  &  artificieufe  dont  on 
k  ferc  pour  faire  réulEr  une  aftaire.  Ciandefiinum 
confilium ,  moiitio.  On  a  découvert  toutes  les  pra- 
tiques &  menées  de  ce  Négociateur. 

|t3°  Menée  fecrcte.  Faire  des  menées.  Découvrir  les 
menées  de  quelqu'un.  Ce  terme  comprend  toutes 
les  pratiques  fourdes  qu'on  emploie  pour  taire  leullir 
une  afeire  dans  laquelle  on  n'otc  paroître  à  décou- 
vert. Ainfi  il  fc  prend  toujours  en  mauvaile  part. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  mina  ,  &:  de  mi- 
narc  ,  qui  iignilie   dueere  de  loco  ad  locum  ,   lelon 

Papias.  .    ,      ,     . 

Menée  ,  en  termes  de  Vénerie ,  fignihe  la  droite  route 
du  cerf  fuyant.  Cervi  aufugiencis  via  recîa.  Et  ainli 
ont  dit,  fujvre  la  menée  ^  être  toujours  à  la  menée  , 
prendre  la  route  d'un  cerf  qui  fuit.  Et  c'eft  de-la 
qu'on  dit  dans  le  fens  propre  qu'une  bcte  eft  mal 
menée  ,  quand  elle  eft  lalle  pour  avoir  été  long  temps 
pourfuivie  de  chailée  ,  c^'  qu'elle  lé  laille  approcher. 

Îvii-NÉE.  Terme  en  utage  dans  les  ManufaCtiires  de 
lainage.  Frifer  tout  d'une  menée  j  c'eft  frilcr  à  la 
machine  une  pièce  d'étofte  tout  d'une  tire  ou  tout 
de  fuite,  c'eft  à  dire  ,  fans  s'arrêter.  Ainli  l'on  dit  , 
Cette  pièce  de  ratine  a  été  frifée  tout  d'une  menée. 

§3"  Les  Horlogers,  en  parlant  d'engrenage,  appellent 
menée  ^  le  chemin  que  parcourt  la  dent  d'une  roue 
depuis  le  point  où  elle  rencontre  l'aile  du  pignon 
jufqu'à  celui  où  elle  la  quitte.  C'eft  encore  le  che- 
min que  fiit  la  dent  d'une  roue  de  rencontre  lorl 
qu'elle  poulie  la  palette.   Enc. 

Dans  les  Coutumes  ,  on  appelle  menée  de  Sergens , 
Se  menée  de  Fiefs  ,  des  exploits  &  des  lemonces 
qu'il  falloit  faire  au  Vallal  pour  l'obliger  à  (atisfaire 
à  fes  devoirs;  ce  qui  Ce  faifoit  par  des  Sergens  _, 
qu'on  appeloit  Amencurs  ^  pour  le  contraindre  de 
fàtisfaîre  à  fon  devoir. 

Henée.  f.  f.  Efpèce  de  corde  chaife  dont  on  fe  feryoit 
autrefois.  Cornu ,  menetum  dans  la  baftc  Latinité. 

A  fcpt  cens  grijles  font  fonner  la  menée. 

R.    DE    RONCEVAUX. 

Droit  de  Menée.  C'eft  dans  l'Hiftoirc  &  les  Ti- 
tres de  Bretagne ,  le  droit  qu'a  un  Seigneur  d'avoir 
un  jour  pour  fe  délivrer  aux  plaids  avec  tous  fes 
fujets.  Jus  uno  die  lues  cuni  fuhditis  omnibus  compo- 
nendi. 

MENÉES,  f.  f.  pi.  Menaia.  C'eft  le  nom  que  les 
Grecs  donnent  à  douze  volumes  de  leur  Oftice  Ec- 
cléfiaftique  qui  répondent  aux  douze  mois  de  l'an- 
née ,  enforte  que  chaque  mois  a  fon  volume,  où 
l'on  trouve  l'Oftice  des  Saints  de  chaque  jour.  C'eft 
des  Menées  qu'ils  ont  tiré  leur  Menologe  qui  en  eft 
un  abrégé  ,  ou  plutôt  qui  n'eft  qu'un  ilmple  Calen- 
drier qui  répond  à  notre  Martyrologe.  Il  ne  faut 
donc  pas  confondre  ce  Menologe  avec  les  Minées  , 
qui  contiennent  tout  l'Office  Ecclélîaftique.  Léo 
Allatius. 

ffT  Ce  mot  vient  du  Grec  ;«!)•  ,  menjîs  ,  mois  ;  d'où 
les  Latins  ont  fait  menmm  ,  &  les  Grecs  fti""». 

MÉNEHOU.  f.  f.  Nom  de  femme.  Manehildis ,  Ma- 
nechildis ,  Manegildis  ,  Maugenhildls.  Manéchilde  _, 
ou  Magenhilde  ,  que  nous  appelons  communément 
fiinte  Mén\hou,  fut  la  dernière  des  fœurs  de  laint 
Lindru. 

Sainte  Ménehou  ^  Manekou  ,  o\x  Ménehoult ,  en 
Latin,  Sancl.i  Manechildis  oppidum  ,  anciennemem 
Auxuenna.  Ancienne  ville  de  France  ,  en  Champa- 
gne ,  l'fT  h  principale  de  l'Argonne.  Ses  fortitîca- 
tions  ont  été  démolies. 

MENEJOUS.  f.  m.  Peuples  de  la  France  Equinoxiale 
vers  le  fud-eft  de  Cayenne. 

MENELAÎES.  f.  f.  pi.  Fête  qui  fe  célcbroit  à  Téra- 
phné  en  l'honneur  de  Ménélas,  qui  y  avoir  un 
Temple. 

MÉNÉLAS,  MENELAUS,  f.  m.  Nom  d'homme.  Me- 
nelaus. 


M  E  N 

MENELAUS.  Terme  d'Aftionomie.  C'eft  le  nom 
qu'il  a  piû  aux  Aftronomes  d'impoltr  a  l'une  des 
taches  de  la  Lune  ,  qui  eft  la  vingt-cinquième  du  Ca- 
talogue du  P.  Riccioli.  Ce  nom  eft  tiré  du  Mathé- 
maticien Ménélaiis  ,  qui  a  écrit  fur  la  Sphère. 

MENELÉ.  f.  m.  Nom  d'homme.  Menelaus  ,  Mene- 
leus. 

MENENIUS  ,  MENENIA.  f.  m.  &  f.  Nom  d'une 
famille  Romaine.  Meneius  ,  a. 

MENÉO  ,   MENO.    Nom   d'un  ancien  bourg  de  la 
Sicile  ,  Mem.   Il  eft  dans  la  vallée  de  Noto ,  près 
des  fources  de  la  rivière  de  S.  Paolo ,  à  llx  lieues  de  , 
Léontini ,  vers  le  couchant.  Maty. 

^  MENER.  V.  a.  dueere  ,  deducere.  C'eft  conduire 
du  lieu  où  l'on  eft  dans  le  lieu  où  l'on  n'eft  pas  -, 
c'eft  faire  aller  quelqu'un  qui  ne  peut  ou  ne  veut 
pas  aller  (eul.  On  mène  les  enfans  par  la  lihère.  On 
mène  une  femme  par  la  main.  Un  Précepteur  mène 
les  enfans  au  Collège. 

IfT  On  dit  qu'un  chemin  mène  en  quelqu'endroit  , 
pour  dire  qu'on  y  va  par  ce  chemin-là. 

If^'  AIener,  conduire,  guider.  Les  deux  derniers  de 
ces  mots, dit  M.  l'Abbé  Girard ,  fuppofent  dans  leur 
propre  valeur  une  fupériorité   de  lumières  qiie   le 
premier   n'exprime    pas  ;  mais   en  récompenle  ce- 
lui-ci  enferme  une   idée   de   crédit  &  d'alcendancj 
tout-à-fait  étrangère   aux  deux  autres.  On  conduicl 
Se  l'on  guide   ceux  qui  ne  favent  pas  les  chemins.! 
On  mène   ceux  qui  ne  peuvent  ou  ne  veulent  pas 
aller  fculs.  „  ' 

IP"  Dans  le  fens  littéral  c'eft  proprement  la  tête  qui 
£onduic  ,  l'œil  qui  guide  ,  &  la  main  qui  mène.  On 
conduit  un  procès.  On  guide  une  Voyageur.  On  mène 
un  enfant. 

Ce  mot  vient  du  Latin  minare ,  qu'on  a  employé 
en  ce  fens  ,  &  qui  fe  trouve  dans  Feftus ,  dans  le 
Scholiafte  de  Juvénal ,  dans  Arrien  Se  dans  Aufone. 
C'eft  le  fentiment  de  Ménage.  Borel  le  dérive  de 
manu  agere  ,  comme  fi  on  écrivoit  mainer. 

Mener,  fe  dit  aulli  à  l'égard  des  animaux.  Dueere  y 
agere.Xix^xà  menait  paître  les  brebis.  M«/2<;r  les  che- 
vaux boire  ,  les  mener  à  l'abreuvoir.  Mener  des  bel- 
tiaux  aux  marchés ,  aux  foires.  Entre  les  animaux 
qui  vont  en  troupe  ,  comme  les  oies ,  les  canards , 
les  moutons,  il  y  en  a  un  qui  mène  les  autres. 

Mener  ,  fe  dit  aulli  des  choies  inanimées  ,  Ip'  des 
voitures,  charettcs ,  chevaux,  barques.  Ce  cocher 
mène  bien.  Mener  une  charctte  ,  une  barque.  Les 
Didfatcurs  Romains  ont  mené  la  charrue. 

^  Mener  ,  voiturer.  Mener  à\x  blé  au  marche.  Me- 
ner  des  marchandifes  à  la  foire.  Voulez-vous  que 
je  vous  mène  quelque  part  dans  mon  carrolle  î 

^  On  dit  en  Géométrie  mener  une  ligne  d'un  point 
à  un  autre,  tirer  une  ligne. 

Mener  ,  fignifie  aulli ,  Accompagner  dans  la  marche, 
foit  par  honneur ,  foit  pour  aider  à  marcher.  De- 
ducere ,  comitari.  Mener  une  Dame  ,  lui  donner  la 
main  ,  lui  fervir  d'Eciiyer.  C'eft  un  tel  qui  a  mené 
l'époufée  à  l'Eglife.  Les  nourrices  mènent  les  cnhans 
par  la  lihère. 

go-  Mener  ,  fe  faire  accompagner.  Secum  dueere.  (..et 
homme  mène  tous  fes  gens  avec  lui  quand  il  voya- 
ge. Un  Religieux  mène  d'ordinaire  un  compagnon. 

Mener  ,  fignifie  aufll  ,  Donner  accès  ,  introduire  quel- 
qu'un chez  un  autre.  Introducere ,  adducere.  Pour 
rendre  vifite  à  une  Dame,  il  fmt  quelqu'un  qui 
vous  mène  ,  qui  vous  introduile.  Je  mènerai  dîner 
chez  vous  un  galant  homme  de  mes  amis.  Il  y  a  des 
gens  qui  prétendent  qu'oji  peut  dire  également  bien  , 
mener-y  moi ,  Se  menei-my.  Foyei  au  mot  Moi.^ 

Mener  ,  fignifie  aulîl  ,  Commander  ,  erre  a  la  tetc 
d'un  corps  qu'on  fait  marcher  Se  agit;  le  faire  lui- 
vre  avec  autorité;  contraindre  par  force  à  aller  dans 
quelque  lieu.  Dueere  ,  imperare ,  agere.  Les  Om- 
ciers  Généraux  doivent  favoir  l'art  de  mener  àts 
troupes.  Ce  br.rve  menait  à  l'allaut  les  enfans  per- 
dus. Mener  à  la  gu.erre  ,  au  combat.  Cet  Exempt 
mène  en  priibn  ,  au    dipplice  ce  criminel.  On  1  a 

mené 


M  E  N 


M  E  N 


mené  aux  galères.  Le  vidorieux  mine  en  triomphe 
les  vaincus  ,  les  eklaves. 

0\\  (.lit  en  termes  île  CiialTc  ,  Menzr  la  quête  j 
pour  dire ,  la  battre  ik.  rebattre  pour  trouver  les  per- 
drix. 

Mener.  Ce  mot ,  en  parlant  d'Armée  ,  veut  dire  ,  Bat- 
tre. AJperïhs ,  dunùs  tractare  ,  excipcre.  Les  l'eties 
mcnoicnt  rudemcni  la  Cavalerie  Thellalienne.  Vaug. 

Mener,  battant  ;  c'ell  ehaller  en  battant  j  obliger  les 
ennemis  a  (e  retirer  .avec  précipitation  ,  (ans  oier 
attendre  celui  qui  les  pourluit.  ExpclUre ,  pcrj'c- 
qui.  Il  menoïc  battant  lic  t.xillant  en  pièce  une  mul- 
titude d'ennemis.  Vaug. 

Mener  mal  quelqu'un  ,  ou  le  mal  mener  ;  c'efl:  le  mal- 
traiter j  le  pouller  de  fait ,  ou  de  parole.  Ferociter 
in  aliqucm  ïnfiarc.  Ils  ont  été  mal  menés  en  pludeurs 
rencontres.  On  dit  aulli  la  même  choie  en  la  di(- 
pute ,  au  jeu ,  aux  procès ,  quand  on  remporte 
l'avantage    lut  quelqu'un  en  peu  de  temps. 

Mener  quelqu'un  à  la  boucherie  ■■,  c'efl  l'expofer  à  un 
péril  évident.  In  perkulum  impeller^. 

Mener  quelqu'un  comme  il  faut;  c'eft  dans  le  ftyle 
familier  ,  le  traiter  rudement ,  lui  donner  beaucoup 
de  peine.  Malè  excipere ,  muttare  ,  hahere.  S'il  a 
affaire  à  moi ,  je  le  mènerai  comme  il  faut. 

fO"  Mener  la  danle  ,  mener  un  branle  ,  c'eft  être  à  la 
tête  de  ceux  qui  danlent.  Choreas  ducere.  Il  y  a  un 
branle  qu'on  appelle  branle  à  mener  ;  en  matière  de 
danfe ,  mener  une  Dame ,  c'eft  la  prendre  pour  dan- 
fer. 

On  dit  figurément  &  familièrement  qu'un  homme 
mène  le  branle ,  pour  dire  ,  qu'il  met  les  autres  en 
train,  qu'il  leur  donne  l'exemple.  C'eft  lui  qui  mène 
les  autres.  Dux  ,  capuc  mali. 

§C?  Mener  le  deuil ,  fe  dit  d'une  perfonne  qui  dans 
une  cérémonie  funèbre  ,  conduit  par  honneur ,  foit 
dans  le  convoi ,  foit  à  l'Eglile  ,  les  plus  proches  pa- 
rens  du  mort. 

MeneRj  fe  dit  en  chofes  morales,  &  fignifie  ,  Con- 
duire. Ducere  ,  perducere.  Une  vie  régulière  wèwe  en 
Paradis  :  la  débauche  mène  à  la  Grève  ,  au  Gibet. 
La  profufion  mène  à  l'hcjpital.  Une  conduite  ferrée 
&  circonlpeéfe  mène  fouvenr  à  une  haute  fortune. 
S.  REAL.  Le  vice  mène  la  honte  à  fa  fuite.  M.  Scud. 
Le  goût  peut  nous  mener  àins  les  plaifirs. 

Qu' aifément  l'amitié  jufqu'à  l'amour  nous  mène  ! 

Corn. 


929 


On  dit  mener  une  vie  fainte  ,  heureufe  ,  trifte 
agréable.  Vivre  faintement.  Vitam  agere  ,  ducere. 
Qu'on  mène  une  vie  trifte  pendant  l'abfence  de  ce 
qu'on  aime.  AL  Scud.  Ce  Philolophe  mène  une  vie 
tranquille  &  réglée.  Cet  Epicurien  mène  une  vie 
voluptueufe. 

|C/"  On  dit  aullî  figurément  roraer quelqu'un,  le  gou- 
verner ,  lui  faire  faire  tout  ce  qu'on  veut.  C'eft  un 
imbécille  qui  fe  laiffe  mener,  gouverner  par  fes 
domcftiques.  C'eft  un  pauvre  homme  qui  va  com- 
me on  le  mène.  Il  y  a  de  l'imbécillité  à  fe  lailfer 
mener  dans  toutes  fes  aétions  par  la  volonté  d'un 
autre.  Les  perfonnes  fenfées  fe  contentent  de  con- 
fulter  dans  le  doute  ,  Se  prennent  leur  réfolution 
par  elles  mêmes. 

|K?  Mener  doucement  quelqu'un ,  c'eft  éviter  de  le 
fâcher ,  de  le  choquer  j  de  lui  faire  de  la  peine.  C'eft 
un  homme  colère  ,  qu'il  faut  mener  doucement. 

§Cr  Mener  ,  avoir  la  conduite.  Adminiflrare.  Mener 
un  procès ,  une  affaire  ,  une  négociation. 

On  dit  en  ce  fens ,  qu'un  Intendant  mène  toutes 
les  aftaires  d'une  maifon  ,  qu'une  femme  mène  le 
ménage  ,  qu'un  fadteur  mène  le  négoce ,  la  boutique 
d'un  Marchand. 

|C  En  parlant  des  chofes  qui  fe  confument  tous  les 
jours  ,  on  dit  qu'elles  ne  peuvent  pas  nous  mener 
bien-loin  ,  qu'elles  ne  peuvent  pas  durer  long- 
temps. Cette  fomme  ne  peut  pas  me  mener  bien 
loin.  Cette  provifion  de  bois  ne  peut  pas  nous 
mener  jufqu'à  la  fin  de  l'hiver. 
Tome  y. 


tfT  Mener  ,  amufer  par  des  paroles ,  entretenir  d'ef- 
pérances.  Il  me  mène  de  jour  en  jour.  C'eft  un  hom- 
me qu'on  amufe  ,  qu'on  mène  depuis  trois  mois, 
fans  rien  conclure. 

gC?  On  dit  en  vieux  ftyie  ,  mener  grand  deuil  d'une 
chofe  ;  en  être  fort  atcrifté.  On  a  mené  grand  deuil 
de  la  mort  de  ce  l'rince. 

|icr  On  dit  de  même  mener  beau  bruit,  mener  grand 
bruit  ,  faire  grand  fracas. 

|tT  On  dit  proverbialement  en  menaçant  quelqu'un 
de  le  pourfuivre  ,  de  ne  lui  point  faire  de  quar- 
tier ,  qu'on  le  mènera  par  un  chemin  où  il  n'y  aura 
point  de  pierres.  Mener  quelqu'un  à  la  baguette  , 
le  traiter  avec  hauteur  ,  lui  faire  faire  par  autorité 
ce  qu'on  veut.  On  dit  mener  un  homme  par  le  nez 
comme  un  buHe  ,  ou  qu'il  fe  laillc  men(s-  par  le  nez  , 
pour  dire,  qu'on  en  fait  tout  ce  qu'on  veut,  &  qu'il 
cft  aifé  de  le  tromper. 

Qu'ejl-il  befoin  ici  du  foin  que  vous  prenei[  ? 
C'eji  un  homme  ,  entre  nous ,  à  mener  par  le  ne:[. 

Mol. 

On  dit  aulli ,  cela  ne  mène  à  rien  ;  pour  dire  ,  on 
ne  peut  tirer  aucun  avantage  de  cela.  On  dit  qu'une 
médecine  a   mené  quelqu'un  doucement ,  ou  rude- 
ment-, pour  dire,  qu'elle  l'a  peu  ou  beaucoup  tra- 
vaillé. 
Mener  Boire  ,  eft  un  terme  de  Couturière ,  qui  figni- 
fie ,  coudre  un  palfement  fur  une  étoffe  ,  &  le  laif- 
fer  lâche  fans  le  tirer ,    ni  le  contraindre.    Leylter 
adjltere. 
Mener  la  Table.  Terme  de  Cartier.  C'eft  atfortir  les 
cartes ,  les  jetter  &  les  plier  en  jeu  &c  en  fixain.  Fo- 
lia    luforia  coaptare. 
ipr  Mener  ,  en  termes  de  manège  ,  fe  dit  du  pied 
de  devant  du  cheval  qui  part  le  premier.  Lorfqu'un 
cheval  galope  fur  le  bon  pied  ,  c'eft  le  pied  droit 
de  devant  qui  mène. 
§0"  Mener  un  cheval  en  main,  c'eft  le  conduire  fans 

être  monté  deftus. 
MENÉj  ÉE.  part. 

MENERBE  ,  ou  MINERVE ,  félon  Valois.  Nom 
d'un  bourg  du  Languedoc  ,  fîtué  à  trois  lieues  de  la 
ville  de  S.  Pons,  vers  le  midi.  Minerva.  Maty.  Il 
eft  du  diocèfe  de  CarcalTone. 
0Cr  MENES,  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  La  coutu- 
me où  l'on  étoit  d'annoncer  les  divers  réglernens 
de  Police  &  les  opérations  de  chaque  faiion  ,  par 
les  diverfes  attitudes  du  fils  d'Ofiris ,  ou  Horus  ,  le 
faifoit  communément  appeler  y>/e/2i.'i- ,  c'eft-à-dire  , 
la  règle  du  peuple  ^  ou  le  Légiflateur.  Les  Egyp- 
tiens réalifant  ce  nouveau  titre,  lé  mirent  dans  l'ef- 
prit  que  Menés  avoit  été  leur  Légiflateur,  l'Auteur 
de  leur  police  ,  l'Inftituteur  de  leur  année  &  de 
leurs  lois.  En  conféquence  ils  mirent  ce  Fondateur 
imaginaire  à  la  tête  de  toutes  les  liftes  des  Rois  & 
de  leurs  diftérens  cantons.  Comme  ils  le  croyoienc 
provenu  du  mariage  d'Ofiris  ou  Ammonj  &  d'Ifis  , 
ils  le  nommèrent  tantôt  Chamenis  ou  le  fils  de 
Chams ,  tantôt  Ofuis  le  Jeune  ,  ou  tout  fimplemenc 
Ofiris.  Souvent  ils  réuniffoient  les  noms  du  fils  & 
du  père  en  un  (eul  ,  &:  le  nommoient  Ménofirjs. 
Plus  communément  on  l'appeloit  Ménon ,  Mennon , 
Menophis,  Mnevisj  félon  les  divers  accens  des  Pro- 
vinces. Pluche. 
MÉNESTAUDER.  v.  n.  Vieux  mot  qui  fignifie  faire 

le  Méneftriel. 
MÉNESTHO.  f  f.  Une  des  filles   de   l'Océan  &  de 

Thétis. 
MÉNESTRE.  Potage.  De  l'Italien  minejlra  ,  qui  figni- 
fie la  même  chofe.  Ménage  j  Did:.  Etym. 

Mon  Docteur  de  Méneftre  en  fa  mine  altérée. 
Avait  deux  fois  autant  de  mains  que  Briarée  , 
Et  n'était  quel  qu'il  fût  morceau  dedans  le  plat. 
Qui  des  yeux  &  des  mains  n'eût  un  échec  &  mat. 
Régnier,  Sat.  10.  y.  2gi. 

Bbbbbb 


930         M  E 

Un  Douleur  de  méncjlre  efl:  ce  qu'on  appelle 
autrement  un  Docbeur  en  loupe  falée.  Ce  mot  ne 
fe  die  plus. 

MENESTREL,  f.  m.  Vieux  mot,  qui  fignifie  la  même 
choie  que  Ménétrier.  Les  Méneflreux  étoient  des 
boutions  qui  (avoient  jouer  des  inftruniens,  &  qui 
alloient  divertir  ceux  qui  les  faifoient  venir  dans 
leurs  maifons.  Scurra;  joculaior ,  mimus  ,  Se  àa.\\s\3. 
balle  Latinité  minijlellus. 

IViENETRIER.  (.  m.  Vieux  mot ,  qui  lîgnifîoit  autre- 
fois Violon  ,  (Se  tout  autre  Joueur  d'inftrumens , 
ou  Maître  à  danfer.  Aulctes  jaulddus.  S.  Julien  efl: 
lé  Patron  des  Ménéaiers.  Ce  n'ell  qu'aux  noces 
de  village  où  on  appelle  les  Ménétriers.  C'ctoit  ori- 
ginairement celui  qui  alloit  chanter  ,  ou  donner  des 
férénades  à  la  Maitrelle  avec  des  inftrumens  de  mu- 
fique.  Depuis  ,  ce  nom  a  pallé  à  toutes  fortes  de 
Flùteurs  &  de  Joueurs  d'inftrumens.  Enfuite,  il  a  été 
dit  long  temps  des  Violons.  Enfin  ,  il  ell:  demeuré 
aux  Vielleurs ,  &  aux  Violons  de  campagne. 

Borel  dérive  ce  mot  bien  ou  mal  de  minijlere , 
ou^de  manus  &  h'iftrïo  ,  ou  de  minor  hïftrio  ,  com- 
me qui  diroit  petit  bouffon ,  ou  qui  divertit  avec  la 
main.  Du  Cange  le  dérive  de  Minijlellus ,  à  caule 
que  les  Ménétriers  étoient  autrefois  mis  au  rang  des 
bas-OfKciers,  Miniftres,  ou  Serviteurs. 

MENEUR,  f.  f.  Celui  qui  mène  une  Dame.  fKT  Qui 
la  conduit  par  la  main.  Ducîor.  Les  Qucteufcs  dans 
les  Egliies  ont  des  Meneurs. 

^3"  On  appelle  Ecuyer  celui  qui  donne  la  main  à  une 
Princcfle  pour  lui  aider  à  marcher. 

Meneur,  feditaullî  de  celui  qui  conduit  un  autre  en 
certaines  cérémonies.  Duclor ,  inducîor.  Les  Réci- 
piendaires dans  les  charges ,  ceux  qui  briguent  des 
furlrages  dans  les  Eleélions ,  ont  des  meneurs  qui  les 
inrroduilent  dans  les  mailons  où  ils  ont  aft'aire. 

On  donne  auiîî  le  nom  de  meneur  à  un  cocher. 
Voilà  un  beau  meneur  pour  entreprendre  de  mener 
!e  carrolfe. 

Le  trop  karil  meneur  ne  favoit pas 
De^Pkaéton  l'hijloire  &  piteux  cas.  Voit. 

Meneur  de  ciseaux.  Termes  de  Cartier.  C'eft  l'Ou- 
vrier qui  rogne  les  feuilles  de  cartes  peintes  &c  lif- 
fées  pour  en  faire  des  jeux.  Foliorum  luforiorum  ind- 
for ,  feclor.  Le  meneur  de  cifeaux  doit  être  le  plus 
habile  de  tous  les  ouvriers  Cartiers. 

Meneur  d'Ours,  ell  au  propre  un  homme  qui  mène 
des  ours  dans  les  rues  pour  donner  du  plaihr  au 
peuple.  Urforum  aclor ,  ducior.  Et  au  figuré,  il  fe 
dit  proprement  d'un  homme  toujours  habillé  de  mê- 
me couleur,  &  la  raifon  de  cela  eft  que  ceux  qui 
mènent  des  ours  ,  ont  la  f'age  coutume  de  ne  pas 
porter  d'habits  de  dirtérentes  couleurs ,  de  peur  que 
ces  animaux  venant  par  ce  changement  à  les  mé- 
connoitre  j  ne  fe  jettent  fur  eux,  comme  fur  des 
mconnus.  Cet  homme  cil;  riche,  &  cependant  il  eft 
toujours  fait  comme  un  meneur  d'ours.  Quelques- 
uns  appellent  aulli  en  badinant  ,  meneurs  d'ours,  un 
Précepteur  ,  qui  conduit  de  jeunes  gens ,  ou  pour 
les  faire  étudier  j  ou  pour  les  faire  voyager.  Ces  cx- 
prellions   figurées   ne  font  plus  de  mode. 

§3°  MENEUR.  Terme  udté  dans  les  Bureaux  des  Recom- 
mandarelles  à  Paris.  Ses  fondions  font  les  mêmes 
que  celles  des  meneufes.  Foye^  ce  mot. 

Meneur    de   billettes.    Terme  de  Verrerie.   Voyer 

BiLLETTE. 

Meneur,  adj.  Vieux  mot.  Plus  petit ,  moindre.  On 
3.  Alt  M.\([i  mennur ,  mendre  &  menor. 

MENEUSE  de  table,  f.  f.  Terme  de  Cartier.  C'cll 
une  femme  ,  ou  une  fille  qui  trie  les  cartes,  qui  les 
jette  ,  &  les  plie  en  jeu  &  en  fixain.  Foliorum  lufo- 
riorum  coaptdtrix. 

On  appelle  à  Paris  Meneufe  ,  une  femme  qui  mène 
les  eufans  en  nourrice,  qui  les  en  ramène,  &  qui 
vient  en  donner  des  nouvelles.  C'eft  à  la  Meneufe 
gue  l'on  paie  les  mois  ,  &  que  l'on  donne  ce  qu'il 
£i"ut  pour  les  eutaus.  Il  y  a  aulli  des  Meneurs. 


M  E  N 

0CF  MENG.   Ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 

Honaii ,  département  de  Hoaiking. 
MENGE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Memmius.   Grégoire 
de  Tours   nous  tait   connoltre   que  le  culte    de  S. 
Memmie  ,   vulgairement   appelé   S.  Menge ,    étoit 
fort  célèbre  à  Châlons  fur  Marne  en  fon  iiècle  ,  qui 
étoit    le    VF  de    l'Eglife.    Il    l'appelle    le    patron       ' 
particulier  de  cette  ville  ,  &  il  témoigne   avoir  oui 
dire  que  de  fon  vivant ,  il  avoit  relfufcité  une  femme 
morte.  Baillet  ,  5"^  d'Août. 
IP"  MENGEIN.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de    Honan  ,  département    de    Honan  ,    quatrième 
métropole  de  la  province. 
MENGEN.  Petite  ville  d'Allemagne  dans  la  Suabcj  à 

deux  lieues  de  Riedlingen. 
IP"  MENGESHAUSEN.  Petite  ville  d'Allemagne  ,  au 

Comté  de  Waldeck. 
MENGRELIE.  Voyci    Mingrelie. 
MENGRELIEN.   Voyc^  Mingrelien. 
MENGTING.    FortereUe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan  ,  au  département  de   Mopang. 
MÉNIANE.  f  f.  M.  Félibien  dit  que  les  Italiens  ap- 
pellent ménianes  ,  les  petites  terralles  &  lieux  décou- 
verts de  leurs  maifons  ,  où  les  femmes  du  commun 
vont  s'expofer  au  foleil  pour  fécher  leurs  cheveux, 
après  les  avoir   lavés  ,  afin  de  les  rendre  blonds.  Il 
ajoute  ,  lelon  le  témoignage  des  Auteurs  Latins  ,  que 
les  ménianes  ,  menianu  ,  étoient  autrefois  ce  que  nous 
appelons  galeries  &  balcons,  qui  ont  une  faille  hors  de 
l'édifice  ,   &    que  ce   mot  vient  de  Menius  ,  Cen- 
feur ,  qui  le  premier  fit  pofer  des  pièces  de  bois  fur 
des  colonnes.  Ces  pièces  de  bois  faifant  faillie  hors 
de  fa  maifon ,  lui  donnoient  moyen  de  voir  ce  qui 
fe  palloit  dans  les  lieux  voilins.  Il  la  vendit  à  CatQn 
&  a  Flaccus ,  Confulsj  pour  y  bâtir  une  balilique; 
&  en  la  vendant  ,  il  en  réferva  une  colonne,  avec 
droit  d'y  élever  un  petit  toîr  de  planches ,  d'où  lui 
&c  les  defcendans  pulfent  avoir  la  liberté  de  voir  les 
combats   des  Gladiateurs.  Cette  colonne  fut  appelée 
Méniane  ,  Se  enfuite  on  donna  ce  même  nom  à  toutes 
les  faillies  qui  turent  faites  à  l'imitation  de  celle-là. 
§S°  Il  ne  faut  pas  confondre  ces   colonnes  ménianes 
avec  celles  que  Vitruve  appelle  Médianes  j  column& 
miiianA.  Ces  colonnes  médianes  font  les  deux  co- 
lonnes du  milieu  d'un  porche  ,  qui  ont  leur  entre- 
colonnement  plus  large  que  les  autres. 
Ip-  MÉNIANTHE ,    ou    TRÈFLE    d'EAU.    Voye^ 

Menyan-the. 
MÉNIE.  f.  f.  Voye\  MÉgnie.  C'efl  la  même  chofe. 
MÉNIL."  1.  m.  vieux  mot  qui  fignifioit  autrefois  Mai- 
fon de  campagne ,  &  quelquefois  village.  Villa , 
qui  venoit  du  Latin  manile  ,  dérive  de  maneo ,  ou 
manfïonile  ,  ou  mafnile  ,  ou  mafniVium  ,  qu'on  a 
dit  dans  la  balle  Latinité.  On  appelle  le  Ménil-mon- 
tant ,  un  village  près  de  Paris.  Il  y  a  auili  divciics 
Terres  qui  fe  nomment  Blanc- Menil  ,  Grand-Mé- 
nil ,  Petit  -  Ménil  ,  Ménil  piquet  ,  Ménil-Simon  , 
Sec.  Ce  qui  fait  voir  que  ce  terme  a  été  fort  en 
ufage. 

N'i  u  mefon  ,  ne  borde  ,  ne  mefnil.  R.  De  Garin. 
Abatei  lor  &  viles  &  mefnil.  Id. 

MENILLE.  f.  f.  Efpèce  de  bracelet.  Voye-^  Majjille. 

MENIN.  f.  m.  Ce  mot  nous  eft  venu  depuis  peu  d'El- 
pagne  j  où  l'on  nomme  Meninos ,  c'eft- à-dire,  mi- 
gnons ,  ou  favoris  ,  de  jeunes  entans  de  qualité  qu'on 
met  auprès  des  Princes  pour  être  affidus  à  leur  taire 
la  cour  ,  &  être  élevés  avec  eux.  Puer  honorarius. 
Ip"  l'on  appelle  Menins  de  M.  le  Dauphin ,  de 
M.  le  Duc  de  Bourgogne  j  &c.  un  certain  nombre 
d'hommes  de  qualité  particulièrement  attachés  à  la 
perfoijne  de  ces  Princes.  Bufcon  appelle  le^  Pauvres 
qui  vont  aux  entertemens  pour  porter  les  torches  , 
&  en  augmenter  l.i  pompe  ,  Aleninos  de  la  muerte  , 
les  pauvres  Menins  de  la  mort. 
l  IvIenin  de  l'Hélicon.  l.i.  de  Voltaire  appelle  les  bons 


M  E  N 

Poctes;  les  MeninsdllcVicon  ,  comme  qui  diioit  les 
favoiis  d'Apollon  ,  des  Mules. 
Menin.  Nom  d'une  petite  ville  Fonifiéc.  Memna.EWc 
cil  dans  1.1  Chatellenie  d'Yprcs,  en  Flandre,  fur  ia 
Lis,  entre  Courtr.iy  &  Armcnticics.  {ÇT  Louis  XV 
s'en  empara  en  1744-  &    lit  râler  les  fortuications. 
Long.  20.  d.  44'.  lat.   ;o.  d.  49'. 
MENINGE,  f.  t.  Terme  d'Anatomie,  qui   fe  dit  des 
tuniques  ,  ou  membranes   qui  enveloppent  le  cer- 
veau. Méninges.  Les  Arabes  les  apellcnt  mères  :  d'où 
vient  que  nous  les  appelons  communément  hpie- 
mère  ,    ik   la   dure  mère  ;  car  il  y  en  .1  deux  ,  dont 
l'extérieure  ,  à  caule  qu'elle  cil  plus  épaillc  ,  s'ap- 
pelle dure-mère.  Elle  cil:  étendue  au  dedans  du  crâne 
par  toutes  les  cavités ,  &  elle  eft  double  par-tout, 
de  forte  que  quelques  uns  ont  dit  qu'il  y  avoit  deux 
dures-mères.  Elle  ert  jointe  à  la  pic-mère  par  l'en 
tremile  des  nerfs,  des  veines  ik  des  artères.^  Elle  (e 
redouble  aufommet  de  la  tête  ,  &  fép.ue  le  côté  droit 
du    cerveau   d'avec   le    gauche  ,    jufqu'à   la   moitié 
feulement.  Cette  rcdoublure  s'appelle /a//c///e,  à  caulc 
qu'elle  rellcnible  à  celle  dont  on  le  fert  pour  cou- 
per les  blés.  Par  derrière  elle  le  redouble  aulfi ,  àv" 
fépare  prefque  tout  le  cervc.au  du  cervelet.  Elle  cil 
parfcmée  de  plulK-urs  veines  &  artères.  La  pie  mère 
éft  ainli  nommée  ,  p.^rce  qu  elle   eft  fine  &  déliée. 
C'eft:  l'enveloppe  immédiate  du  cerve.au  ,  elle  entre 
même  dans  fes  plis  &:   replis  ,  &  defcend  dans  les 
anhaÛuolités  les  plus  proi-'ondes.  Il  n'y  a  propre- 
inent  dans  le  corps  que  ces  deux    membranes  qui 
foient  appelées  m-jninges.  Il  y  a  pourtant  plulicurs 
Anatomilles  qui  coiiîondent  ce  mot  avec  membrane 
&  tunique.  'Voyez  le  nouveau  livre  qui  nous  clt  venu 
d'Italie  ,  Pacciomi  Regienjîs   de   durs,  menïngis  fa- 
hricâ  &  ufu.  C'eft  un  in-i2.  de  139  pages,  impri- 
mé à  Rome. 
MENINGOPHYLAX.  f  m.  Inftrument  de  Chirurgie 
dont  on  fe  fert  au  panlemcntdu  trépan.  Foye-{-cn  la 
defcription  dans  le  Didionnaire  de  M.  Col  de  VU 
lars.  Ce   mot  eft  Grec  ,^  ,.:y,„y;„:^uXui ,    Gardiens  des 
méninges  ;  il  eft  compofé  de  u-^tyl  ,  membrane  ,  mé- 
nins,e°,  &c  de  *iA«:  y  gardien. 
MÉNIPPÉE,  f.  f.  Sorte  de  Satyre  melee  de  proie  & 
de  vers,  faite  en  i  (-94.  contre  les  Chefs  de  la  Li- 
gue   de  ce  temps-là.   Menippea.    Cette    Satyre  qui 
porte  aulli  le  nom  de  Catholicon  d' Efpagne  ,  eft  re- 
gardée comme   un    chefd'œuvre   par   rapport    aux 
manières  rudes  de  ce  liècle  là.  M.  de  Thou  dit  qu'elle 
eft  fort  ingénieufc  ,   &  qu'elle  fut  lue  avec  plailîr. 
Rapin,  le  Roi,  Puhou  ,  Pailer.at  &  Chrétien  ,- qui 
croient  les  beaux  clp;its  du  temps  de  la  Ligue ,  en 
font  les  Auteurs.  M.'DuPuy  a  fait  des  notes  fur  cette 
Satyre.  On  l'a  rcimprimé  en  1696.  avec  des  remar- 
ques plus  amples  fur    les    endroits  qui    devcnoient 
obfcurs  par  le  temps.   L'efprit  de  cette   Satyre  ne 
juftifie  pas  les  fautes  de  bon  fens  &   d'anacronifme 
dont  elle  eft  pleine.  Les  nouvelles  remarques  nous 
viennent  d'un  endroit  fort  fufpeft  ,  &  capable  d'en- 
venimer les  chofcs  les  plus  innocences.  Foyei  Ca- 
tholicon   d'Espagne.   'îfT  Elle  fut  .ainli  nommée 
de  Menippe  ,  Philofophe  Cynique,  qui  avoit  com- 
pofé un   ouvrage  en  vers  &  en   proie,  rempli  de 
traits   piquans.    Le   favant    Varron  en  fit    aulll  de 
femblables  dont  il  ne  nous  refte  que  des  fragmcns. 
It^"  MÉNISQUE,  f.  m.  Terme  d'Optique.   Meniftus. 
C'eft  ainfi  qu'on  appelle  un  verre  ,  ou  lentille  con- 
vexe d'un  côté  j  &  concave  de  l'autre. 
|Cr  On  donnoit  autrefois  le   nom  de  Mewfques  aux 
plaques  rudes  qu'on  mettoit  fur  les  têtes  des  ftatues 
pour  empêcher  les  oifeaux    de  s'y  repofer  ,   8>z  de 
les  gâter  par  leurs  ordures. 
êCrOn  a  aulfi  appelé  OTe/zz/tY  en  Larin,  les  ombelles 
ou  aréoles  qui  te  mettent  autour  de  k  tête  des  figu- 
res des  Saints. 
MÉNLASCO.  Foyc'^  Orio. 

MÉNNITH.  Ville  de  laPaleftine  au  delà  da  Jourdain  , 
à  quatre  milles  d'Efébon  ,  fur  le  chemin  de  Phila- 
delphie. Mennith.  Ce  pays  fut  donné  à  la  Tribu  de 
Gad.  L.  des  Juges  ,  XL    33. 
Tome  V. 


MENNONII'E.   f.  m.  U., 
les  Provinces  -  Unies  ,  c 
Anabaptiftes.  Mermontu.   lli  le 

Mcnnon  dansunv;li.igc  del-'iile.  L. ,.iria 

les  enthouliafmcs  des  premiers  Analupnltes  ,  Ik  leurs 
opinions   touchant    le    nouveau    lègne    de  Jésus- 
Christ  ,  qu'ils    prétcndoieiu    rétablir  fur    la  terre 
par  la   voie  des  armes.   Ces  Mennonices  ,  ou  Ana- 
baptiftes   réformés  ,   hérétiques    du   XVF    liècle  , 
croient  qu'il  n'y  a  que  le  Nouveau  Teftament  qui 
foit  la  règle  de  notre  foi,  qu'en  parlant  du  Père, 
du  Fils  &  du  S.rint-Efprit ,  il  ne  f.uit  point  fe  fervir 
du    terme   de  Perfonnes  ,   ni  de  celui  de    Trinité  ; 
que  les  premiers  hommes  n'ont  pas  été  créés  juftes 
ik  faints;  qu'il  n'y  a  point  de  péché  originel  ;  que 
Jésus-Christ  n'a  point  tiré  fa  chair  de  la  lubftance 
de  fa  Mère,  mais  de  1  clicnce  du  Père  ,  ou  que  la 
parole  a  été  changée  en  homme  ;   ou   qu'il  l'a  ap- 
portée   du  Ciel,  ou  qu'on    ne  lait  pas  d'où  il  l'a 
prifci  que  1  union  de  la  nature  divine  ik  de  la  na- 
ture  humaine  s'eft  faite  enforte  que  la    divine  s'eft: 
rendue  viliblc  ,  fujcttc  aux  fouftiances  &  à  la  mort. 
Les  Alennonues  cw'icmde  plus  qu'il  n'eft  point  per- 
mis aux  Chrétiens  de  jurer  ,  d'exercer  aucune  charge 
de  M.igiftrature  civile,  de  fe  fervir  de  l'épée,  non 
p.as  même  pour  punir  les  méchans;  qu'un  homme 
en  cette  vie  peut  arriver  à  un  tel  point  de  perfec- 
tion &  de   pureté  ,   qu  il  n'ait  aucune  louillure  de 
péché.    Ces   mêmes  Mennonites  croient  auûi ,  qu'il 
n'eft    point  permis  aux    Miniftres    de  la   parole  de 
Dieu  de  recevoir  de  leur    Egiife  aucun   lalaire  de 
leur  tr.avail  ;  qu'il  ne  faut  point  baptiler  les  petits 
encans  ;  que  les  âmes  des  hommes  après  leur  mort 
fe  repofent  jufqu'au  jour  du  jugement  dans  un  lieu 
inconnu.  Foyei  M.  Stoupp   dans    la    Religion  des 
Hollandais,  lett.  3.   M.   Spanheim  parle  auHi^  des 
Mennonites  dans  fon  abrégé  des  controverfes  de  la 
Religion.  lien  fait  diiïérentcs  claftès  dont  il  y  en  a 
de  plus    rigides  les  unes  que  les    autres.    Mennon 
même  leur  chef  a  varié  daui  fa  dotlrine  ,  lifez  Elen- 
ch.  contr.   cum  Anabapt.  p.  S 3.  dç  la  féconde   édi- 
tion. M.  Stoupp  a  aulll  remarqué   dans  la  lettre  5. 
que  les  Mennonites  fe    font    partagés   en    plufieurs 
fectes.    Il  y  en  a  deux    principales  ;  dont  l'une  eft 
celle    des  Mennonites  de  Frife.   Ceux    de    Flandre 
exercent  la  difciplinc  Ecclclîaftique  avec  beaucoup 
de  rigueur  ,  excommuniant  ceux  de  leur  lede  pour 
des  fiutes  très-légères.  Us  croient  qu'il  n'eft  point  per- 
mis de  manger  ,  ni  de  boire  ,  ni  d'avoir  aucune  com- 
munication avec   ceux  qui   font   excommuniés.    Ils 
fouticnnent  qu'il    faut    rompre  toute   lociété    avec 
ceux  contre  lefquels  l'Eglife  a  prononcé  an.ithêmf. 
Ceux  de  Frife  au  contraire  n'étant  pas  li  rigides , 
reçoivent    dans   leur  communion  ceux  qui   ont  été 
rej'ettés  par  les  autres  Mennonites.^    Us  ufcnt  d'un  fi 
grand  relâchement   dans  leur  difciplinc  ,  qu'ils  re- 
çoivent   toutes  fortes   de  perfonnes   impures    d.uas 
leur  fociété  ;    &  c'eft   pour  cette    railon  qu'on    les 
apppelle  Borborita  ,  ou  Stercorarii. 

La  plupart  des  Mennonites  ont  adopte  pluheurs 
fentimens  des  Sociniens,  ou  plutôt  de  l'Arianilme. 
Ils  recommandent  avec  beaucoup  d'emprellemcnt 
la  tolérance  de  tomes  les  feèles,  .aulh  bien  que  les 
Arminiens.  Us  reçoivent  dans  leurs  allemblécs  tou- 
tes fortes  de  perfonnes,  pouivu  qu'ils  (oient  de  bon-- 
ncs  moeurs,  &  qu'ils  reconnoiiknt  que  1  Ecri- 
ture eft  la  p.arole  de  Dieu  ,  bien  qu'ils  loient  tort 
diftcrens  d'eux  fur  les  principaux  articles  de  la 
croy.ance.  On  appelle  ces  Mennonites  ,  Galemtes  , 
prenant  leur  nom  d'un  Médecin  d'Amftcrdam  nom- 
mé Gilénus,  grand  fauteur  du  Socir.nilmc. 

Les  Mennonites  paflent  communément  pour  une 
Seèle  d'Anabapriftes.  Mais  Herman  Schin  ,  Miniftre 
des  Mennonites  en  Hollande  ,  qui  a  fait  une  hiftoire 
abrésée  &  apologétique  de  (i  Seéle  ,  prétend  qu'elle 
n'eftAnabaotifte  ni  d'oriiiine  ,ni  de  doctrine.  Quant 
à  l'origine  ,'  il  prétend  que  Mennon  Simonis  leur 
chef  n'a  été  difciple  d'aucun  des  Anabaptiftes.  Pour 
ladoûrine,  il  foutienc  qu'il  eft  injulle  de  leuT  st- 

Bbbbbb  ij 


93i         M  E  N 

tiibuci"  les  excès  de  cctre  Sedirc.  Il  .ivoue  que  les 
Mennonïtis  ne  conrereiic  le  baptême  qu'aux  adultes  , 
mais  ils  ne  le  réitèrent  point  à  ceux  qui  l'ont  reçu 
dans  leur  enfance.  Ils  parlent  avec  beaucoup  de  ré- 
lerve  des  opérations  extraordinaires  du  S.  Efpric  , 
&  font  très  éloignés  du  fanatKme  des  Anabaptillcs. 
Nulle  Secèe,  (elon  lui  ,  ne  porte  plus  loin  l'obéil- 
iance  p.iffive ,  &:  la  foumillion  aux  Magiltrats.  Loin 
d'infpircr  la  révolte  ,  ils  condamnent  ab(olument  la 
guerre  &  la  vengeance  qui  paroît  la  plus  légitime  ;  ils 
défendent  de  jurer  pour  quelque  caule  que  ce 
foit. 
MENOCH.  Rivière  d'Afrique  ,  dans  la  haute  Guinée  , 
qui  fe  jette  dans  la  mer  iur  la  côte  de  Malaguette. 

MÉNOISON.  f.  f.  Vieux  mot.  Deiréchement."  li  fe 
trouve  dans  Aldobrandui  ,  &  Borel  croit  qu'il  faut 
lire  mérolfon  ,  du  Latin  indiror ;  douleur  ,  aftiicfion  , 
dépiailir. 

MÉNOLE.  Petit  poilTon  que  quelques-uns  difent  naître 
de  l'écume  de  la  mer ,  &  d'autres  avec  plus  de  rai- 
fon  des  petits  œufs  d'autres  poillons  de  même  cfpèce  , 
qui  fe  trouvent  dans  cette  écume  ,  qui  viennent 
à  é:lore  par  la  chaleur.  En  Latin  Mcenis. 

MÉNOLIEN ,  ou  MÉNOLE.  adj.  m.  Surnom  de  Bac- 
chus.  Mœnolius ,  Mœnoles.  Ce  nom  lignifie  ,  Tout 
furieux,  m«i'»ii>i>i«  j  de  ftctlvcfcai ,  je  fuis  furieux  ,  ëc  de 
ô^toc ,  tour.  Clément  Alexandrin,  Protrept. />.  //. 
de  l'édition  d'Oxford  ,  dit  Mcnole  ,  Mœnoles  -,  &: 
non  pas  Ménolien ,  Mœnolius. 

MÉiNOLOGE.  f.  m.  C'cll  le  Martyrologe  ,  ou  le  Ca- 
lendrier des  Grecs,  divilé  par  chaque  mois  de  l'an- 
née. Manyrologium  Grs.corum  in  menfes  Jingulos 
diftributum  ,  Menologium.  Le  Ménologe  ne  contient 
autre  choie  que  les  vies  des  Saints  en  abrégé  pour 
chaque  jour  pendant  tout  le  cours  de  l'année  ,  ou  la 
fimple  commémoration  de  ceux  dont  on  n'a  point 
les  vies  écrites.  Il  y  a  différentes  fortes  de  Ménologcs 
chez  les  Grecs,  comme  on  le  peut  voir  dans  AHatiui, 
dijjcn.  I.  deib.  Ecclcf.  Grsc.où  il  elf  parlé  fort  au 
long  de  ces  divers  Mcnologes.  C'ell  à-peu  près  la 
même  choie  que  le  Martyrologe  dans  l'Eglife  d'Oc- 
cident. Il  faut  remarquer  que  les  Giecs  depuis  leur 
fchilme ,  ont  inféré  dans  leurs  Ménologes  les  noms 
de  plufieurs  hérétiques  qu'ils  honorent  comme  des 
Saints.  Baillet  parle  des  Ménologes  des  Grecs  dans 
fon  Dilcours  fur  l'hiftoiie  de  la  vie  des  Saints  N 
XXFI.&fuiv. 

Ce  mot  efl:  Grec ,  il  vient  de  ^càv ,  mois ,  Se  de 
y-ày^- ,  difcours. 

MÉNOLOGUE.  f.  m.  Terme  de  Médecine.  Traité 
des  purgations  des  femmes. 

MI^^ON.  1.  m.  Animal  terreifre  à  quatre  pieds,  fem~ 
blable  au  bouc  ou  à  la  chèvre  ,  qui  fe  trouve  parti- 
culièrement dans  le  Levant ,  de  la  peau  duquel  on 
fiit  le  maiToquin. 

MENOTTE,  f.  f.  Anneau  de  fer  ,  ou  lien  de  corde 
qu'on  met  au  poignet  des  malfaiteurs  pour  leur  en- 
chaîner les  mains ,  pour  leur  en  ôter  l'ufige.  Fer- 
res manica-  On  ne  l'emploie  qu'au  pluriel  dans  ce 
fens.  Mettre  les  menottes.  Oter  les  menottes.  En 
quelques  lieux  on  les  appelle  Menicles. 

Menotte  ,  eft  quelquefois  un  diminutif  de  main  ,  en 
parlant  de  celle  des  enfans  ,  ^  ne  s'emploie  que  dans  le 
ftyle  burlefque  ou  familier  ,  pour  dii'e  ,  petite  main  , 
main  mignone. 

MENOTYRAN.  C'eft  à-dire ,  Rois  des  mois.  Voyei 
Mois. 

MÉNOUFIA.  Nom  d'une  ville  de  la  baffe  Egypte.  Me- 
noujia.  Elle  efl:  dans  le  Delta  ,  fur  une  des  branches 
du  Nil ,  à  dix  ou  douze  lieues  du  Caire  ,  vers  le  nord. 
Elle  eft:  capitale  du  Callîlif 

MENS.  Terme  de  Mythologie.  Ce  mot  Latin  fignific 
efprit.  Les  Romains  en  avoient  fait  une  divinité,  qui 
inlpiroit  le^  bonnes  penfées  ,  &  détouinoit  les  inau- 
vailes.  Le  dieu  Mens  ,  ou  le  bon  Efprit ,  avoit  plu- 
fieurs Temples  à  Rome. 

A-IENSALA  ,  vil'e  d'Afrique ,  au  Royaume  de  Fèz ,  dans 
la  province  de  Tremecen. 

MENSALE.  adj,  f.  Terme  de  Chiromance.   C'eft  une 


M  E  N 

ligne  qui  travcrle  le  milieu  de  la  main  y  depuis  l'index 
jufqu'au  petit  doi.'.t ,  qui  eft  prclque  parallèle  au  poi- 
gnet j  ou  à  la  ligne  qu'on  appelle  hépatique ,  ou  du 
foie.  Menfalis ,  Imea  hepatica.  On  l'appelle  autre- 
ment Tliorale. 

MENSE.  f.  t.  Ce  mot  fignifie  proprement  une  table  où 
l'on  mange  j  du  Latm  Mcnfa  ;  mais  il  n'cll  point  en 
ufage  en  ce  fens.  Il  eft  devenu  un  terme  E^cléliafti- 
que  ,  qui  fignifie  le  revenu  ,  CfC/"  qui  eft  le  partage 
d'un  Abbé  j  ou  des  ReUgicux.  Ainti  l'on  dit  Menfe 
abbatiale ,  pour  déligner  le  revenu  qui  eff  dans  le  par- 
tage de  TAbbé  ;  Menfe  conventuelle  ,  qui  eit  dans  le 
partage  des  Religieux  ;  Menfe  commune  ,  celle  dont 
l'Abbé  &z  les  Rehgicux  jouilient  en  commun. 

IJC?  Dans  quelques  Monaftèrcs ,  il  y  a  des  Menfes  par- 
ticulières attachées  aux  Ofiices  claux.  Dans  d'autres, 
les  Offices  claufl:raux  font  éteints  &c  réunis  a  la  Menfe 
conventuelle. 

MENSOLE.  f  f.  Terme  d'Architedlure.  C'eft  la  pierre 
qui  eft  au  milieu  d'une  voûte  ,  qui  la  ferme  ,  qui  1  ar- 
rête ;  &  qui  eft  quelquefois  en  faillie  ,  on  1  appelle  au- 
trement A(  Clef,&c  ce  mor  nous  eit  venu  Jcs  italiens, 
qui  appellent  Menfola  ,  une  ciel  de  voiite.  Il  y  en  a  de 
plulicurs  fortes ,  félon  les  diiîérens  ordres  d  Architec- 
ture. Camerx  tholus. 

0Cr  MENSONGE,  f.  m.'Fau'.retéque  l'on  avance  j  avec 
deiîèin  détromper.  C'eft  une  propofition  par  laquelle 
on  veut  tromper  celui  à  qui  on  parle.  Mendacium. 
Il  y  a  des  menfonges  d'actions  ,  aulli-bien  que  de  pa- 
roles s  &  le  menfonge  conlifte  à  s'exprimer  par 
des  paroles  ,  ou  par  des  lignes  ,  d'une  manière  fauHe, 
dans  le  delfein  de  tromper.  Il  y  a  des  vertus  qui  ne 
font  qu'hypocrifîe  ,  &  un  menfonge  continuel.  On 
peut  faire  dire  un  menfonge  à  la  bouche  ,  mais  on  ne 
peut  pas  le  faire  dire  a  l'efprit.  Log. 

^fJ"  En  flylede  l'Ecriture,  on  appelle  le  diable,  l'elpric 
de  menfonge  i  le  pcre  du  menfonge. 

^fJ"  On  appelle /TZf/i/o.-z^e  officieux  ,  celui  que  l'on  fait 
uniquement  pour  faire  plaifir  à  quelqu'un  ,  pour  lui 
procurer  du  bien  ,  fans  aucun  deflein  de  nuire  ou  de 
caufer  du  dommage  à  un  .autre.  La  morale  de  la  plu- 
part des  gens  ,  en  tait  de  fincérité ,  n'eft  pas  rigide. 
On  ne  fe  fait  point  une  affaire  de  trahir  la  vérité  par 
intérêt ,  ou  pour  le  dilculper ,  ou  pour  excufet  un 
autre.  On  appelle  ces  menjonges  ,  officieux.  On  les 
fait  pour  avoir  la  paix  ,  pour  obliger  quelqu'un  ,  pour 
prévenir  quelque  accident.  Miférables  prétextes  qu'un 
feul  mot  va  pulvérifer.  Il  n'eft  jamais  permis  de  faire 
un  mal  pour  qu'il  en  arrive  un  bien.  La  bonne  in- 
tention Icrt  à  juftifier  les  acfions  indirlérentes  ,  mais 
n'autorile  pas  celles  qui  font  détet minément  iwauvaifes. 

itZr  On  palle  aufti  légèrement  fur  les  menfonres  ba- 
dins,  les  hiftoriettes  feintes  ,  les  nouvelles  controu- 
vées.  Ce  font  des  plaifanteries  qui  ne  nuifent  à  per- 
fonne.  Quelle_  biiarre  apologie  !  Une  attion  eft  elle 
donc  innocente  ,  pour  ne  pas  renfermer  deux  cri- 
mes ;  Tous. 

Mensonge  ,  fignifie  fîgurément  Erreur,  vanité,  illu- 
fîon.  Le  monde  n'ell  qu'il  lulion&  que  menfonge.  Ac. 
Franc. 

On  dit  proverbialement  que  tous  longes  font  men- 
fonges ;  pour  dire  ,  qu'il  ne  faut  aucunement  s'arrêter 
à  tout  ce  qu'ils  pronoftiquent. 

§CF  Mensonge.  Se  prend  quelquefois  dans  le  même  fens 
que  fable  ,  fiftion.  La  Poëiie  vit  de  menfonges  ;  mais 
elle  eft  morte,  fi  elle  ne  donne  au  menfonge  un  air  de 
vérité.  Rac.  F. 

Le  menfonge  &  les  vers  font  de  tout  temps  amis. 

La  Font. 

MENSONGER  ,  ÈRE.  adj.  Faux  ,  uompem.  Mendax , 
fallax ,  deccptor.  DïCcoms  menfonger.  Hiftoire  men- 
fongère.  Une  équivoque  eft  une  propofition  ambiguë 
&  menfon  ère.  Port  Royal.  La  civilité  du  mondeeft 
menfongere.  M.  ScuD.  On  ne  peut  pas  ôter  aux  Amans 
leurs  foupirs  &:  leurs  délefpoirs  trompeurs ,  ni  toutes 
leurs  fraudes  r72e/2/j;2j'frc;i-.  S.  Evr.  Les  gémillemens 
ne  font   bien  louvent  que  de  vaines  montres  d'une 


M  E  N 

douleur  menfonoère.  Pat.  Ce  mot  cfl:  en  ufige  dans 
1.1  Poclic  ,  ik.   ne  doit  guère  s'employer  en  proie.  Ké 
gnicr  a  dit  la  foi  mcnfongère  d'une  femme. 

Vous  ttcs  fans  arrct ,  foikle  ,  vainc  &  lé'^ère  , 
Inconjiantc  ,  bijarre  y  ingrau  i'  mer.longère. 

Voit. 

MENSTRUAL  ,  ALE.  adj.  Terme  de  Médecine  ,  qui 
iie  (c  dit  que  du  ixn^  qui  coule  tous  les  mois  d.ms 
les  purganons  ordinaires  des  femmes.  Mcnflruus.  Le 
fens  mcnjlruul  elt  le  relie  du  lang  iuperHu  qui  fura- 
bonde  en  la  femme.  On  peut  lederiiiir  un  cxcrér.ient 
deftinc  à  la  génération  (Sj  à  la  nourriture  de  l'animal  ^ 
quand  il  elt  dans  la  matrice  j  dont  en  un  autre  temps 
la  iiature  fait  1  évacuation  tous  les  mois.  De  tous  les 
animaux ,  il  n'y  a  que  la  femme  ,  &  peut  être  la 
guenon  ,  qui  aient  leurs  purgations/nt/î^raa/cj.  Hip- 
pocrate  dit  que  le  lang  menjlrual  ronge  ëc  mine  la 
terre  comme  le  vinaigre.  Plme  &  Columelle  ajoutent 
qu'il  brûle  les  herbes  ,  qu'il  gâte  les  plantes  &c  les 
fait  mourir  j  qu'il  ternit  les  miroirs  ,  &  on  tient  que 
les  chiens  qui  en  goûtent ,  deviennent  enragés  ;  mais 
tout  cela  ell:  fabuleux  j  puilqu'il  eft  certain  que  ce 
lang  eft  le  même  que  celui  qui  efl;  contenu  dans  les 
artères  &  dans  les  veines.  Par  la  Loi  des  Juifs  ,  tant 
que  le  fangOTt,v2/?r/^i2/ couloir  à  une  femme  ,  elle  étoit 
immonde  ;  tk.  l'homme  qui  lui  touchoit  ,  ou  aux 
meubles  qu'elle  avoit  touchés  ,  étoit  immonde.  Lé- 
vitique  ,  cliap.   i  j. 

fer  On  dit  plus  communément  menjlrucl ,  fang  menf- 
rruel ,  purgations  menJlruelUs  ,  pour  dciigner  le  (ang 
qui  coule  pendant  les  purgations  naturelles  des  fem- 
mes. 

MENSTRUE.  f.  m.  Terme  de  Chimie.  C'efl:  ai nfi  qu'on 
appelle  une  liqueur  propre  à  dilloudre  les  corps 
lolides  ;  un  dillolvant  humide  ,  qui  pénétrant  dans 
les  intimes  parties  d'un  corps  fcc  ,  ferr  à  en  tirer  les 
extraits  &  les  teintures  ,  ëc  ce  qu'il  y  a  de  plus  lub- 
til  &  ellentiel.  Menjlruum.  L'eau  régale  eft  le  menf- 
true  de  l'or. 

Ce  mot  vient  du  Latin  menjls ,  mois  ;  parce  que  les 
<Zhimiftes  prétendent  que  le  dillolvant  doit  achever 
Ci.  didolution  en  quarante  jours,  qui  eft  le  mois  phi- 
lofophique.  Col.  de  'Villars. 

En  termes  de  Philo(ophie  hermétique,  on  appelle 
le  mercure  hermétique  j  nienjlrue  blanclii ,  inenjlruc 
puant ,  menjlrue  ellentiel ,  menjîrue  des  Philo(ophes. 
QueLquetois  menjlrue  ,  ligni.*ie  Eau  ;  de  là  vient  cette 
exprelHon ,  Ne  mange  pas  dir  tîls  dont  la  mère  abonde 
en  menfirue  ;  c'eft  à  dire ,  où  l'eau  abonde ,  &:  eft  plus 
abondante  que  le  teu  de  la  nature.  Menjlrue  végétal  j 
c'eft  l'eau  ardente  fept  fois  redlifiée. 

«^  MENSTRUEL  ,  ELLE.  adj.  C'eft  ainfi  qu'on  doit 
dire.  Voye\  Menstrual  ,  qui  eft  beaucoup  moins 
en  ufage. 

MENSTRUES,  f.  f.  pi.  Les  purgations  ordinaires  des 
femmes,  qui  leur  viennent  tous  les  mois.  Aienjlrua  , 
menfes  ,  muliebria.  Quand  l'Ecriture  vent  parler  d'a- 
bomination &  d'impureté  ,  elle  fe  fert  de  cette  ex- 
^rellion.  C'eft  comme  le  linge  d'une  femme  qui  a  les 
menjirues.  EJiher ,  i^,  i6.  Ifaïe ,  64.  ,  6 .  E-^échiel , 
22^10.  On  leur  donne  aulli  les  noms  de  mois  , 
de  règles ,  de  mâles  Jemaines  ,  de  temps  ,  de  Jleurs 
rouges ,  &  d'autres  ,  félon  les  pays  ,  comme  en  Italie  , 
//  marchefe  ,  8cc. 

MENSTRUEUX  .cEUSE.  adj.  Terme  de  Chimie.  Ce 
mot  eft  rare  j  il  le  trouve  dans  quelques  Auteurs  de 
Chimie  &  du  grand  Art  :  il  lignifie  j  qui  abonde  en 
menfirue. 

§3"  MENTAL  ,  ALE.  adj.  qui  n  eft  guère  d'ufage  qu'au 
féminin ,  &  dans  très  peu  de  cas.  Ce  mot  fignifie  pro 
prement  ce  qui  fe  fait,  ce  qui  s'exécute  dans  l'elprit , 
dans  l'entendement.  Mentalis.  Ainh  l'on  dit  orailon 
mentale  ,  qui  fe  fait  dans  l'efprit ,  (ans  proférer  au 
cune  parole.  On  dit  de  même  reftriétion  mentale  , 
qu'on  fait  tacitement  au  dedans  de  foi-même.  Elle  eft 
contre  la  vérité.  Voye":;  Restriction. 
^3"  On  parle  dans  les  Ecoles  d'une  diftindion  mentale. 


M  E  N  933 

c'eft  l'oppofé  de  ce  qu'on  appelle  diftinclion  réelle, 
en  termes  de  l'ancienne  Ecole  ,  diftinclion  àparterei. 
Ladiftinèlion  mentale  n'cftqucdans  l'ciprit  ,  elle  ne 
porte  que  fur  une  hmplepréeilion  idéale  6c  mérapliy- 
iiquc.  L'incompréhcnlibiiité  des  attributs  de  l'Etre 
fuprêmc  ne  nuit  point  à  l'évidence  que  nous  avons 
de  leur  réalité  :  entre  (on  ellence  bc  (a  nature,  nulle 
diftini^tion  même  mentale.  Voyez  Distinction. 

MEN  lALEMENT.  adi'.  D'une  manière  mentale.  Les 
Loix  ne  punillent  point  ceux  qui  n'ont  commis  un 
crime  que  mentalement.  Acad.  Franc,  c'eft  à-dirc  , 
ceux  qui  n'ont  eu  que  le  dellein  de  le  comniettre. 

MENTE  ,  ou  MAN  lE.  Nom  d'un  Bourg  du  Viennois, 
en  France.  Mcntala  M  tnte  eft  entre  Vienne  &  Tour- 
iion  ,  à  égale  diftance  de  l'un  &  de'l'aurre.  Valois, 
Notlt.  Gall.  p.  31s- 

MENTES,  f.  f  pi.  On  nomme  ainfi  à  Reims  des  efpèces 
de  couvertures  de  laine  ,  qui  le  fabriquent  de  plus  & 
autres  laines  communes  du  pays. 

MENTES,  f.  m.  C'étoit,  dit  Madame  D.acier,  un  célè- 
bre Négociant  de  l'île  de  Leucade  ,  qui  prit  avec  lui 
Homère  à  Smyrne  ,  le  mena  avec  lui  ,  t<.  lui  hc  fiire 
tousfes  voyages.  Le  Poète  ^  pour  faire  honneur  à  (on 
ami ,  a  conlacré  fon  nom  dans  (on  Poëme. 

fCr  MENTERIE.  f.  f.  Difcours  par  lequel  on  afHrme 
pour  vraie  ,  une  choie  que  l'on  fait  être  faulîe.  Men- 
dacium.  Dire  une  menterie  ,h  foutenir,  la  méditer. 
La  conduite  des  hypocrites  eft  une  menterie  perpé- 
tuelle. Ce  terme  eft  (ynonymc  de  menfonge  ,  avec 
cette  diiiércnce  que  le  mot  de  menfonge  cîidn  ftyle 
noble,  &  celui  de  menterie  du  ftyle  très-  (àmilier. 
On  dit  bien  dans  le  ftyle  (outenu  ,  que  le  diable  eft 
le  père  du  menfonge  ;  mais  on  ne  diroit  pas  qu'il  eft 
le  père  de  la  menterie. 

MENTÉSE  ,  MEMDÈS.  Nom  d'une  ville  ancienne 
de  la  Natolie  ,  en  A(îe.  Myndus.  Elle  eft  fur  la 
côte  de  l'Archipel,  entre  le  cap  Crio  ,  &  la  ville  de 
Melazzo. 

MENTESELI.  Nom  d'une  contrée  de  la  Natolie ,  en 
A(îc.  Mcntefelia  ,  anciennement  Lycia.  Elle  eft  une 
partie  de  la  Caramanie,  &  renfermée  dans  les  mon- 
tagnes duTaur,  entre  la  Caramanie  propre,  l'Aidi- 
nelli ,  &z  la  mer  de  Rhodes. 

ffJ'  MENTEUR,  EUSE.  adj.  fouvent employé  (ubftan- 
tivemcnt.  Mendax.  C'eft  celui  qui  ,  de  deftein  prémé- 
dité ,  avance  une  faulleté  ,  dans  la  vue  de  tromper; 
celui  qui  affirme  pour  vraie  ,  une  chofe  dont  il  con- 
noît  la  fauUbté.  Cet  homme  eft  menteur  ,  un  grand 
menteur,  un  menteur  fiefté.  Ce  terme  s'applique  à 
ceux  qui  racontent  des  hiftoires  fabuleules.  Il  s'eft 
mêlé  tant  de  (àble  dans  l'hiftoire  des  Grecs ,  que  la 
Grèce  mcnteulc  eft  paftée  en  proverbe. 

Et  quidquid  Grdcia  mendax  j 
Audet  in  Hijloriâ.    Juvenal. 

0Cr  On  le  dit  aufti  de  ceux  qui  dilent  des  chofes  flat- 
teufes ,  qui  donnent  des  louanges  outrées.  Les  Poè- 
tes ("ont  les  (euls  menteurs  qui  méritent  d'être  loués. 
De-là  on  dir  en  proverbe  ,  menteur  commt  une  orai- 
fon  funèbre  ,  comme  une  épitre  dédicatoire  ,  comme 
un  panégyrique  ,  comme  une  épitaphe.  Le  Plalmifte 
dit  que  tout  homme  eft  menteur,  Omnis  ho mo  men- 
dax ;  c'eft  à-dire,  qu'il  eft  fujet  à  (è  tromper. 

lier  Le  terme  de  mêwrez^r  s'applique  aullî  aux  chofes  dont 
les  apparences  (ont  trompeufes.  Mendax  ,  fallax. 
Ainli  l'on  dit  un  vifige  menteur.  Une  mine  ,  une 
phylionomie  menteuje.  Un  Congé  menteur.  Vous  ne 
devriez  pas  avoir  la  mine  (î  m.enteufe  ,  en  recevant 
avec  tant  de  civilité  un  homme  qui  vous  importune. 
M.  ScuD.  Toutes  les  paillons  fonr  menteufes  ;  elles 
fe  déguifent  autant  qu'elles  peuvent  aux  yeux  des 
autres.  La  Bruy.  Il  y  a  des  regaids  rrompeurs ,  &C 
même  an  filence  menteur.  M.  Scud. 

On  dit  à  la  chalfe ,  qu'un  chien  eft  menteur,  quand 
il  cèle  la  voie  pour  gagner  le  devant.  Horace  a  dit 
en  Latin  ,  fundus  mendax  ,  un  fonds  menteur  ,  pour 
dire  ,  une  terre  qui  ne  rapporte  pas  autant  qu'elle 
devoit ,  autant  qu'on  en  attendoit. 


9U  M  E  N  M  E  N 

On  dit  piovcrbialemeiu  ,  qu'mi  homme  eft  men-  T  MENTIONNER,  v.  a.  Terme  de  Pratique.  Faire  mc.i- 
^  •  •      '  '"'    '■--     '       non.  Memiunewfacere , de  aliquocommemorizre.  Vous 

avez  tort  de  n'avoir  pas  rr.entïonné  dans  ce  contrat  la 
fomme  que  vous  avez  reçue  en  dot.  Un  Notaire  eft 


fcz^r  comme  un  arr.icheur  de  dents  ,  c'eft  à-dire  , 
comme  un  Charlatan;  parce  qu'un  arracheur  de 
<lents  promet  toujours  de  ne  point  faire  de  mal. 
On  dit  aulîi  ,  qu'il  Faut  qu'un  menteur  ait  bonne 
mémoire  ,  afin  qu'il  ne  ie  coupe  pas  ,  qu'on  ne  de 
couvre  pas  fa  menterie.  On  appelle  aulH  menteur 
d'hiver  ,  ceux  qui  difcnt  qu'ils  n'ont  pas  froid  quand 

il  gèle.  ,  ,    -  ^  , 

MENTHE,  f.  f.  Plante   dont  il  y  a  plulieurs  clpeces. 
Mentha.  Il  y  en  a  une  domtftiquc  qu'on  cultive  dans 
les  jardins,  dont  les  racines  font  longues  ,  rampantes , 
Jibreufes.  Elle  poulie  des  tiges  à  la  hauteur  de  d-ux 
coudées  ,rouge.itreSj  carrées.  Ses  feuilles  font  obi  jn- 
gues,  pointues,  de  couleur  verte  oblcure  ,  peu  ve- 
lues ,  dentelées  en  leurs    bords.  Ses  fleurs  (ont   en 
gueule  ,  petites  ,  blanches  ,  marquées  de  petits  points 
routes  j  rangées  en  forme  d'épis.    En  \.:\x\\\  mentha 
anguftifolia  f-picata.  C.  Bauh.  Cette  plante  rend  une 
odeur  force  &  très  agré.able-,  fon  goût  eft  aromatique  : 
on  s'en  fcrc  dans  la  foiblefte  ,  &  dans  la  crudité  de 
l'ellomac  ,  dans  le  vomillement  ,  dans  le  hoquet , 
dans  la  cohquc  :  on  l'applique  aulli  extérieurement 
fur  les  mamelles   des  femmes  ,  pour  dijioudre   le 
lait  qui  s'y  eft  caillé.  Il  y  a  une  menthe  fauvage  qui 
■croît  dans  des  lieux  humides  ,  &  qui  poulie  des  ti- 
ges à  la  hauteur  d'une  coudée  ,  carrées ,  velues.  Ses 
feuilles    font    prefque   rondes  ,    ridées  ,    couvertes 
d'une   laine    blanche.    Ses   fleurs    font    fembl.iblcs 
aux  rieurs  de  la  précédente  ,  de  couleur  blanche- 
rougeâtre.   Sa  femence  eft  menue  ,  noire.    Sa   ra- 
cine eft  rampante  ,   fibreufe.  En  Latin  mentha  fyl- 
vefîris  rotundwre  folio.  C.    Bauh.  ou  mcnthaflrum 
foins  orbiculatis.  Elle  a  une  odeur  forte  &  aromati- 
que ,mais  moins  agréable  que  celle  de  la  menthe  cul- 
tivée'; fon  goût  eft  amer  ,  acre,  aftringent.  Phne  dit 
que    ce  nom  lui  eft  venu  à  caufe  de  l'agrément  de 
fon  odeur  ,  &  qu'on  1  appelloit  auparavant  mïntha. 
Les  fables  difent  que  Minthes  ,  fut  une  fille  que  Pro- 
ferpinc  ayant  furprife  avec  1-luton  ,  métamorphola 
en  cette  plante.  Jésus  Christ  difoit  .nux  Phaiificns  : 
Malheur  à  vous  qui  payez  la  dîme  de  la  menthe  ,  de 
l'anet ,  du  cumin  ,  de  la  rue  ,  &  de  toutes  fortes  de 
légumes ,  &  qui  .wez  abandonné  ce  que  la  Loi  avoir 
de"'plus  important.  S. Matthieu ,  dup'mc  i^.S.  Luc, 

rF^MENTHE-COQ  ,ou  HERBE  DE  COQ  ,  ou  COQ 
DES  JARDINS.  Cojlus  honorum ,  tanacetum  hortenje  , 
folïts  &  odore  menthî.  Elle  poulie  des  tiges  à  la 
hauteur  d'environ  deux  pieds  ,  cannelées  ,  velues , 
rameufes ,  de  couleur  pâle.  Ses  feuilles  font  oblon- 
gues  ,  dentelées  dans  leurs  bords  ,  rarement  décou- 
pées,'d'une  odeur  forte  &  agréable  .d'un  goût  .amer 
&  aromatique.  Elle  a  à-peu-près  les  mêmes  proprié- 
tés que  la  tanélîe  &  l'abfynche ,  auxquels  on  la  fubfti- 
tuc  quelquefois.  •  ,      rt:     n-        ' 

MENTHEIT.  Nom  d'une  province  de  1  EcoUe  mé- 
ridionale. Menthaïa.  Elle  eft  entre  les  Comtés  de 
Fife ,  au  levant ,  &  celui  de  Lennox  au  couchant , 
avant  au  fud  celui  de  Sterling  ,  &  au  nord  ceux  de 
Stracerne  &  de  Broad  Albain.  La  longueur  de  ce 
pays  eft  de  treize  lieues,  &:  fa  largeur  moyenne  de 

quatre.  .   ^_^ 

MENTION,  f  f.  Témoignage  ,  rapport  qu'on  tait  \fT  de 
vive  voix  ou  par  écrit.  Mentïo  ,  fermo  ,  commemo- 
rddû.  Faire  mention  d'une  perfonne  ,  d'une  chofe , 
en  faire  une  légère  mention  ,  une  mention  honorable. 
Il  y  a  plufieurs  anciens  livres  perdus  ^  que  nous  ne 
connoillbns  que  parce  que  les  Contemporains  en  ont 
{mi  mention.  C'eft  un  grand  homme  dont  cet  Hif- 
torien  a  fait  une  honorable  mention  dans  les  écrits. 
MîNTio»  ,  fe  dit  auiTi  d'une  fimple  expreffion  d'une 
choie  dans  quelque  afte.  ^'^ntio  ,  exprejfto.  Il  n'eft 
point  fait  mention  ,  ni  exprellém^ent  ,  ni  tacitement , 
de  cette  claufe ,  dans  un  tel  .arrêt.  Quand  on  a  fait 
un  rach.at  ,  on  ftipule  qu'il  fera  fait  mention  fom- 
i-naii-e  de  la  quittance  fur  la  marge  du  contrat  de 
conftirution.  Il  eft  en  colère  coatre  fon  parent ,  qui 
n'a  fait  aucime  mention  de  lui  dans  fon  teftament. 


obligé  de  mentionner  les  efpèces  des  paiemens  qui  le 
font  devant  lui.  Il  n'eft  guère  en  ufage  qu'au  parti-- 
cipe  &  au  temps  formés  du  participe.  Ce  qui  a  ete 
mentionné  ci  dellus.  Cela  eft  vrai  par  les  railons  ci- 
delfus  mentionnées.  Ce  Prélîdenc  eft  venu  à  bouc  de 
tout  ce  qui  étoit  mentionné  dans  fesinftruêtions. 
MENTIR,  v.  n.  Mentiri  ,falfum  proloqui.  On  conju- 
gue ,  je  mens  ,  tu  mens  ,  il  ment  ;  a  l'impér.  mens. 
Dans  les  règles  ,  m.enté-je  ne  fe  dit  point  ,  &  mens- 
je  ,  choque  l'oreille  :  prenez  un  autre  tour  d'cxpref- 
lîon.  Corn.  ^'-^'  C'eft  duc  une  chofe  pour  vraie, que 
l'on  fut  bien  être  faulle.    Donner  lieu  volontaire- 
ment à  autrui   de   croire  vrai  ce  que  l'on  fait  être 
faux  ;  ou  de  croire  faux  ce  que  l'on  fait  être  vrai.  Men- 
tiri. Voyez  Menteur  &  Mensonge.  Il  eft  défendu 
par  la  loi  de  Dieu  de  mentir.  Ce  n'eft^  pas  un  grand 
crime  que  de  mentir  galamment  auprès  des  Dames. 
S.  EvR.  Il  eft  permis  de  mentir  en  vers^  mais  non 
pas  en  profe.    M.   Scud.  Ariftote  dit  qu'Homère  a 
appris  aux  Poëtes  à  mentir  comme  il  faut.    On  ne 
gagne  rien  à  mentir  ,  que  de  n'être  pas  cru   quand 
on  dit  la  vérité.  Abl.    Il  y   a  des  dévots  indilcrets 
qui  mentent  par  charité  ,  en  faveur  des  Saints  qu'ils 
aiment  tendrement.  Thiers.    S.  Auguftin  a  décidé 
que  s'il  falloir  mentir  pour  fauver  le  genre  humain  , 
il  vaudroit  mieux  le  laillbr  périr.  Mentir  ingénieu- 
fement ,  &  déguifer  les  fcntimens  avec  une  adrellè 
délicate  &  polie.  Bell.  On  dit ,  Mentir^  à  Dieu  Se 
au  S.iint  -Elprit  ,  quand  on  dit  contre  la  confcien- 
ce  une  choie  faulle  en  face  d'Eglifc.    Saint  Pierre 
reprit  Ananias  d'avoir  menti  au  Saint-Efpric.  Ananias 
en  fut  foudainement  puni.  Acles  ,  ch.  5.  v.  i. 

A  n'en  point  mentir,  Ik  fans  mentir,  fe  difent  pro- 
verbialement, quand  on  eft  forcé  de  reconnoître  la 
vérité. 
Ip-On  ne  doit  fe  fervir  de  ce  verbe  qu'avec  beaucoup 
de  précaution  dans  la  converfuion,  parce  qu'on  ne 
peut  pas  faire  un  plus  cruel  aftront  à  celui  qui  affirme 
férieulément  une  chofe,  que  de  lui  dire  qu'il  ment , 
qu'il  en  a  menti. 
Mentir,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phr.afes,  A  beau 
mentir  qui  vient  de  loin  ,  pour  dire ,  qu'on  ne  peut 
pas  le  convaincre  de  faullccé.  C'eft  un  homme  qui 
n'enrage  pas  pour  mentir  ,  pour  dire  qu'il  ment  or- 
dinairement. On  dit  auili ,  Peut-être  eng.ude  les  gens 
à<i  mentir.  On  dit  auili.  Vous -ivcz  f'.it  wtf/zfiV  le  pro- 
verbe ,    quand  on  fait  une  chofe  qui  eft  contre  les 
opinions  reçues  du  vulgaire.  On  die  que  bon  fang  ne 
peut  mentir ,  pour  dire  qu'on  fait  toujours  paroftre 
ce  qu'on  eft  dans  le  fond  de  l'ame.    Ou  dit  qu'un 
homme  en  a  menti  par  fa  gorge,  ou  cent  pieds  dans 
fi  gorge ,  pour  appuyer  plus  fortemeiu  un  démenti. 
Ces  dernières  exprellîons  lont  plus  balles  que  les  au- 
tres, &  tout-à  fait  populaires.  On  dit  encore  ,  il  ne 
faut  pas   mentir  devant   les   menteurs.   On  dit  d'un 
grand  menteur ,  qu'il  ne  ment  jamais ,  s'il  n'ouvreJa 
bouche.  * 

MENTON,  f.  m.  La  partie  inférieute  du  vifage  qui  eft 
au  dctlous  de  la  bouche ,  qui  le  termine  à  la  bouche. 
Mentum.  Menton  long ,  m.enton  court ,  menton  plat , 
m.cnton  qui  avance.  Ce  jeune  homme  commence  à 
avoir  de  la  barbe  au  menton.      ^ 

Son  mcmon  fur  fon  fein  defcend  à  double  étage. 

BOIL. 

Il  étcjit  à  table  jufqu'au  menton ,  pour  dire,  il  étoit 

allîs  trop  bas.  1,1 

On  dit  en  termes  bas  &:  comiques ,  branler  le 
menton,  pour  dire  ,  bien  manger  ,  fiire  débauche. 
On  dit,  fecouer  ou  lever  le  menton,  pour  dire,  le 
moquer  de  quelque  réprimande,  ou  de  quelque 
chofe  qu'on  exige  de  nous. 


M  E  N 

Pourqua,  l  faire  tant  de  menaces  , 
ht  lever  fi  haut  Le  menton.''  Sar. 

§C?On  dit  piovcibi.ilcmcntqu'oii  doit  ccic  (agc  quand 
on  a  de  la  t  laibe  au  menton. 

On  dit  au  lli ,  loutcnir  le  menton ,  pour  dite  ,  ap- 
puyet  la  fortune,  le  crédit  de  quelqu'un  On  dit 
aulli,  les  m.- uns  tous  le  menton,  les  coudes  fur  la  ta- 
ble, pour  dire  à  la  commodité. 

Menton,  fe  dit  aulli  de  quelques  animaux,  &  lignifie 
la  partie  éi  la  lèvre  de  dcU'ous.  Pars  labri  injenons. 
Le  menton  d'un  cheval ,  c'eft  la  partie  de  la  mâchoire 
inférieure  ,  qui  ell  immédiatement  fous  la  barbe. 
SoLEisEL,  Lorfque  le  buffle  cil  irrité,  une  toutfe  de 
poil  lui  pend  au  menton.  Vie  de  Commandon.  On 
dit  aulli  d  un  bouc,  ou  d'une  chèvre,  qu'ils  ont  de  la 
barbe  j  u  menton. 

Menton,  fe  dit  par  les  Heuiiftcs,  d'une  certaine  Heur 
qu'ork  appelle  Iris  bulbeule ,  &  lignifie  les  extrémités 
des  tr  ois  feuilles  qui  penchent  vers  la  terre.  Iris  qui 
a  Ic;  mentons  jaunes ,  mêlés  de  blanc.  Morin.  Les 
tro/.s  autres  feuilles  qui  s'élèvent ,  s'appellent  langues. 

Memton.  Petite  ville  d'Italie,  dans  la  Principauté  de 
Monaco  ,  entre  Monaco  &c  Vintimille. 

§3  MENrONNIER,  ERE.  adj.  Terme  d'Anatomie, 
'qui  s'applique  aux  parties  relatives  au  menton.  Ainli, 
l'on  dit  le  trou  mentonnïer ,  l'artère  mentonnière. 

Î.IE.NJTONNIÈRE.  f.  f  Petite  bande  de  toile  ou  d'étoffe 
que  les  Dames  s'appliquoient  lut  le  menton  quand 
elles  portoient  des  mafques  carrés.  Paropidis  injenor 
fafcia.    On  n'en  porte  plus  guère. 

MeiMtonn'iÈre  ,  fignifioit  auili  une  partie  du  cafque. 

MENTOR,  f.  m.  C'étoit  un  des  plus  fidèles  amis  d'U- 
lylFe,  &  celui  à  qui  en  s'embarquant  pour  Troye  ,  il 
avoir  conhé  le  loin  de  fa  maifon ,  pour  la  conduire 
fous  les  ordres  du  généreux  Lal'rte.  Ce  Mtv/forétoit 
un  des  amis  d'Homère  ,  qui  le  plaça  dans  (on  po'e'me 
par  reconnoilîànce  ,  parce  qu'étant  abordé  à  Ithaque 
à  ton  retour  d'Elpagne ,  Se  fe  trouvant  fort  incom- 
modé dune  Huxion  fur  les  yeux  qui  l'empêcha  de 
continuer  fon  voyage  ,  il  fut  reçu  chez  ce  Mentor , 
qui  eut  de  lui  tous  les  foins  imaginables.  IKTCc 
nom  propre  ell  devenu  appellatif,  &:  (e  dit  de  celui 
qui  krt  de  conlcil ,  de  guide ,  de  gouverneur  à  quel- 
qu'un. 

MENFULA  MARINA.  Efpèce  de  fangfuc  de  mer 
qu'on  trouve  ordinairement  lur  le  rivage.  Cet  infecte 
ell  long  d'un  pied  &  gros  comme  un  bras  médiocre  , 
rellemblant  à  la  racine  de  Nénuphar.  Il  s'étend  &  le 
retire  comme  une  langlue  ordinaire,  ce  qui  joint  à  (a 
configuration  qui  a  du  rapport  au  membre  viril,  lui 
a  bit  donner  le  nom  de  mentula,  qui  exprime  en  la- 
tin cette  partie  de  l'homme.  Il  eft  prefque  aulli  dur 
que  la  corne;  (a  couleur  ell  rougcàtre.  Il  poulie  du 
devant  de  Çà  tête  certains  crins  qui  lervent  de  trompe 
pour  attirer  ce  qu'il  veut  manger.  Il  ne  nage  point ,  «Se 
•  rampe  même  fort  lentement.  Il  vit  de  petits  poillons  à 
coquille  ,  &:  il  a  la  bouche  h  grande ,  qu'il  avale  quel- 
quefois la  coquille  avec  le  pollfon  :  il  n'a  point  d'au- 
tres os  que  les  dents. 

MENTULAGRE.  f  f.  Mentulagra.  Maladie  delà  verge  , 
caulée  par  une  contraélion  ou  convulhon  des  mulcles 
érefteurs,  qui  caufe  l'impuillance.  CASTELir. 

gCTMENU,  UE.  adj.  Terme  relatif  à  la  malle,  à  la 
grolFeur  feulemeSt  dont  une  choie  manque  ,  &  quel- 
quefois à  la  grandeur  en  tout  fens.  Exilis  ,  miimtus. 
|iC  Dans  la  première  acception ,  le  mot  de  menu  s'ap 
plique  à  ce  qui  a  peu  de  groll'eur.  Ainfi  ,  l'on  dit 
qu'une  jambe  eft  menue  ,  que  des  colonnes  font  trop 
;nenues  relativement  à  la  grandeur  d'un  bâtiment. 
Cette  femme  a  la  taille  menue.  Cette  corde  efi:  trop 
.menue  pour  l'ufage  auquel  on  la  deftine. 
IJCT  Dans  la  féconde  acception ,  le  mot  de  menu  fe  dit 
de  ce  qui  a  peu  de  vohime ,  peu  de  grandeur  en  tout 
fens.  Tenuis.  Ainli,  l'on  dit  menue  poulîicre.  Réduire 
un  corps  en  menue  poulfière.  Menu  plomb,  celui  dont 
on  (e  fert  pour  tirer  aux  oifeaux.  Menues  dragées. 
La  nompareillc  eft  U  plus  menue  des  dragées.  On  dit 


M  E   N 


935- 

aulh  nompareille,  du  plus  menu  des  caraftèrcs  d'Im- 
primerie. 
^fj'  Ce  terme  s'applique  dans  un  fens  métaphorique  ou 
figuré,  à  diiiérentes  choies  de  peu  de  valeur,  ou  de 
peu  de  conféquence. 

^Cy  Ainli ,  l'on  appelle  menue  monnoie  ,  la  petite  mon- 
noie  de  cuivre  ou  de  billun,  comme  les  fous,  les 
liards.  On  dit  de  même  menus  droits ,  menus  profits, 
menues  denrées,  menue  dépenle. 

IJS^On  appelle  menu  peuple,  bas  peuple,  le  petit  peu- 
ple. Plebecula.  Le  menu  peuple  eft  ordinairemeiiC 
inlolcnt. 

^/"Chez  le  Roi ,  on  appelle  menus  plaiiirs  ,  ou  limple- 
ment  menus ,  certaines  dépenles  qui  n'entrent  point 
dans  la  dépenfe  ordinaire  de  la  Maifon  du  Roi ,  connue 
l'entretien  de  la  muhquc  ,  les  Ipettaclcs  ,  comédies  & 
ballets  ,  les  têtes  de  la  Cour  ,  les  catafalques ,  &c. 
Il  y  a  un  Intendant,  un  Tréforier,  un  Contrôleur 
ik.  un  Caillierdes  menus  plaiiirs,  ou  des  menus. 

ifT  On  le  dit  aulli  en  parlant  des  particuliers.  Un  père 
donne  tant  à  Ion  fils ,  un  mari  donne  tant  à  fa  fem- 
me pour  fes  menus  plaiiirs. 

1^  En  termes  d'Agriculture,  on  appelle  menus  gïûns, 
l'orge  ,  l'avoine ,  &c.  qu'on  appelle  autrement  mars. 
Voyez  ce  mot. 

îfT  En  Jurifprudence,  on  appelle  menues  dîmes,  les 
dîmes  qui  le  prennent  lur  d'autres  truits  que  le  blé  , 
l'avoine,  &c.  Les  Vicaires  perpétuels  n'ont  que  les 
menues  dîmes,  ou  dîmes  vertes,  l-^oye^  Dixme. 

fCF  En  termes  de  Bréviaire  ,  on  appelle  menus  fuffrages, 
les  orailons  qui  le  difent  après  l'office  pour  la  com- 
mémoration des  Saints. 

CKrOn  le  dit  par  estcnhon,  mais  en  ftyle  de  plaifante- 
rie  leulement ,  des  prières  courtes  qui  le  dilent  par 
dévotion.  Cette  bonne  dévote  dit  les  menus  (uftrages. 

IJCF  On  appelle  encore  menus  luftragcs  ,  de  petits  profits 
attachés  à  une  charge.  Il  tire  tant  de  la  charge  avec 
les  menus  lutlrages.  ♦ 

Les  menus  droits ,  en  termes  de  ChalTe  ,  font  cer- 
taines petites  parties  d'un  cerf ,  comme  les  oreilles  , 
les  bouts  de  la  tête,  quand  elle  ell  molle,  le  muHe, 
les  dentiers,  le  trancboyau,  &  les  nœuds  qui  fe  lè- 
vent feulement  au  printeiris  &  dans  l'été  :  c'eft  le 
droit  du  Roi.  Sal.  V enaticorum  canum  efca pradaria ^ 
fent  extimjt  partes. 

CK? Menus  Droits,  en  termes  de  cuifine.  f^oyez 
Menu  ,  lubftantif. 

IÏCFMenu  Rot.  On  entend  par-là  les  cailles,  les  per- 
dreaux, les  ortolans  ,  les  beccailines  &  autre  menu 
gibier.  Un  fervice  de  menu  rôt. 

Menus-Marchés.  Terme  des  Eaux  &  Forêts  &  du 
commerce  des  bois.  Il  lignifie  la  vente  des  chablis, 
des  arbres  de  délit  &  autres  tels  bois  qui  peuvent  fe 
rencontrer  dans  les  forêts  du  Roi ,  &  qui  ne  font  pas 
des  ventes,  ni  des  coupes  réglées  ou  entières.  On  y 
comprend  les  glandées,  les  pacages  &  les  paillons. 

Menu-vair  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fe  dit  de  l'écu  char- 
gé de  vair ,  lorfqu'il  eft  compofé  de  lix  titres  ou  ran- 
gées ,  parce  que  le  vair  ordinaire  n'en  a  que  qu.itre  j 
lorlqu'il  n'y  en  a  que  cinq  ,  il  le  taut  fpéciher  en  bla- 
(onnant,  aulli-bien  que  l'émail,  quand  il  eft  autre 
que  d'argent  &  d'azur.  Anguftum  vellus  varium ,  pe- 
tafatum  tenue. 

Memu,  eft  aulli  fubftantif.  On  appelle  chez  les  Rotif- 

feurs,  du  menu,  les  foies,  bouts  d'ailes,  géliers,  & 

autres  chofes  dont  on  fiit  des  ragoûts  &:  des  fricallées. 

On  appelle  le  menu  d'un  repas ,  le  mémoire  que 

l'on  fait  de  ce  qui  doit  y  entrer. 

53' On  dit  qu'on  a  donné  tant  de  paquets  de  menu  à  la 
leflive  ,  c'eft-à  dire  ,  tant  de  paquets  de  petit  linge. 

Il  lignifie  aulli,  détail.  Ce  Marchand  trafique  tant 
en  gros  qu'en  menu.  Le  mot  de  détail  eft  beaucoup 
plus  ufité.  Singillatim,  figilldtim,  per  fingula.  Les 
papiers  ont  été  inventoriés  par  le  menu.  On  lui  a  fpé- 
cifié  par  le  menu  tout  ce  qu'il  avoit  à  faire.  Il  a 
compté  avec  fon  maître  en  détail  &  pat  le  menu.  Tu 
le  fiuras,  en  coniidéiant  par  le  menu,  pourquoi  on 
a  bcfoin  de  chaque  chofe.    Abl. 

En  matière  de  procédure,  on  appelle,  faire  du 


95é  M  E  N 

menu  ,  lorlque  dans  une  affaire  (Ims  difficulté ,  on 
alonge  la  procédure  &  l'on  multiplie  les  frais. 

|C?  Menu.  adv.  i'ar  parcelles  ,  par  petits  morceaux. 
Mïnutadm  ,  mïnutïm.  Hacher  menu  ;  fort  nieim ,  pro- 
verbialement,  menu  comme  chair  à  pâté. 

|Cr  Dans  le  ftyle  familier ,  il  eft  fouvent  joint  avec  dm. 
Crcbro  &  comise  ,  fn:quenur  &  minudm.  Il  pleut  ira 
ôc  v'.cnu. 

Ip-Maixher  dm  &  menu  ,  vue  &  à  petits  pas, 

l^rOnditaulli,  tcdonnerdu  menu,  pour  dire  fe  don- 
rcr  du  bon  tems,  le  divertir.  Tout  cela  eft  familier. 

On  dit  proverbialement ,  on  l'a  haché  menu  comme 
chair  à  pâté,  pour  dire,  on  l'a  cruellement  mallacré , 
on  lui  a  donné  mille  coups. 

On  a  appelé  autrefois  menu  chez  les  Romains  ,  une 
petite  pièce  de  monnoie,  une  petite  elpéct.  Mumtus , 
minutulus.  Il  y  en  avoit  d'argent  &  de  cuivre.  Avant 
I  Empereur  Alexandre  ,  la  viande  fe  vendoit  la  livre  , 
huit  de  ces  pièces-,  fous  lui  elle  vint  à  deux.  Sc.Uiger 
dit  que  c'ell  le  denier  qu'on  appeloit  ainfi,  comme 
on  appeloit  de  même  en  Grèce  la  drachme  y^i^fii. 

MENUAILLE.  f.  f.  Ce  mot  fe  dit  dans  le  ftyle  familier , 
d'une  quantité  de  petites  monnoies,  payer  en  me- 
nuaUles;  ou  d'une  quantité  de  petits  poillons ,  une 
matelotte  de  menuailles ,  ou  généralement  de  toutes 
fortes  de  petites  chofes  qu'on  met  au  rebut.  Empor- 
tez toute  cette  mcnuadlc. 

MENUE  SEIZAINE.  f.  f.  Petite  corde  propre  aux  em- 
balleurs ,  qu'en  termes  de  corderie  on  nomme  plus 
ordi  nairement  fil-agor. 

MENUEL.  f.  m.    "Vieux  mot.    Cornet. 

MENUET,  f.  m  JJTAir  àdanfer,  dont  la  mefure  fe 
bat  à  trois  tems ,  dans  lequel  il  y  a  un  repos  de  quatre 
en  quatre  mefures ,  &  qui  eft  compofé  de  deux  repri- 
fes.  A'kàz  menuet.  Chanter  ^  jouer  un  wc/zi/ef. 

|CrOn.le  dit  auili  de  la  danfe.  Danferun  menuet.  Pla- 
cida  &  demijja  JaltatLO.  Le  caraélère  du  menuet  eft 
une*  noble  èc  élégante  lîmplicité.  Le  mouvement  en 
eft  plias  modéré  que  vite.  Ce  n'eft  point  une  danle 
gaie ,  au  moins  dans  nos  bals. 

ffTLt  menuet  eft  compofé  de  quatre  pas.  Sa  figure  eft 
celle  du  Z. 

MRNUF.  f.  m.  Efpèce  de  lin  qui  croit  en  Egypte  &  qui 
fe  vend  au  Caire. 

r^MENUlSAILLE.  f.  f.  ou  MENUISE  d'ETANG. 
C'eft  le  goujon  ,  le  menu  ftetin  d'un  étang,  qu'on 
appelle  plus  communément  alevin. 

MENUISE.  f.  f.  Terme  de  ChalTe,  C'eft  une  des  plus 
petites  efpèces  du  plomb  à  tirer.  La  menuife  eft  au- 
delfous  de  la  dragée ,  &  ne  fert  que  pour  tirer  fur  les 
•petits  oifeaux.  On  appelle  autrement  cette  petite  ef- 
pèce de  plomb ,  de  la  cendrée. 

Menuise.  On  nomme  ainfi  dans  le  commerce  des  bois 
à  brûler,  le  bois  qui  eft  trop  menu  pour  être  mis  avec 
•les  bois  de  compte  ou  de  corde. 

MENUISER.  v.  a.  Travailler  de  l'art  de  Menuiferie. 
On  ne  le  dit  point. 

MENUISERIE,  f.  f.  Ouvrage  de  bois  taille  &  alkmble 
avec  propreté  S>C  délicatelle.  Fabrï  lignani  opus.  La 
/7itw///dne  de  ce  buffet  d'orgues ,  des  formes  de  cette 
•cglife  ,  d'une  t^Ue  œuvre  ,  eft  bien  travaillée  ,  bien 
/élicate.  Le  meuble  de  cette  chambre  eft  d'une  belle 
menuiferie. 

Menuiserie  d'affemblage ,  eft  celle  qui  confifte  en  bâ- 
tis &  panneaux  affemblés  à  tenons  &  mortoifes,  rai- 
nmes  &  languettes  collés  &C  chevillés  ;  &  cette  me- 
nuiferie eft  de  deux  fortes-,  dormante,  comme  toute 
forte  de  lambris,  ou  mobile ,  comme  toutes  les  ferme- 
turcs. 

IP^Memuiserie  de  placage.  C'eft  celle  qui  fe  fiit  de 
bois  dur  &  précieux  ,  débité  par  feuille,  &  qui  eft 
plaquée  pta'  compartimens  &:  faillies  fur  la  menuiferie 
d'aftemblage  ,  comme  le  pratiquent  les  Ebéniftes. 

Menuiserie,  fe  dit  aufli  colledivement ,  de  tout  le 
bois  taillé  &  raboté  qui  eft  nécellaire  dans  un  bâti- 
ment. Opus  e  ligno  poliùus.  On  a  fiit  un  devis  de 
menuiferie  des  portes,  fenêtres,  lambris,  plafonds 
qu'il  faut  faire  dans  cette  maifon.  La  m^nuijerie  re- 
vient à  tant. 


M  E  O 

Menuiserie  ,  eft  auffi  l'art  de  polir  &'  d'affembler  le 
bois.  Fabrica  materiaria.  Le  jubé  d'une  telle  Egliie 
eft  un  chef  d'œuvre  de  menuiferie. 

Les  Ort-évrcs  appellent  ouvrages  de  menuiferie  ,  les 
petits  ouvrages  d'or  &  d'argent  qu'Us  fabriquent , 
comme  anneaux,  boucles,  crochets,  &c.  ce  qu'ils 
oppofent  à  la  grojferie ,  qui  fe  dit  de  toute  forte  de 
vaiffelle  c't  de  grands  ouvrages.  C'eft  b.  même  chofe 
parmi  les  Potiers  d'étain. 

MENUISIER,  f.  m.  Ouvrier  qui  travaille  en  menuife- 
rie ,  qui  travaille  en  bois  avec  le  rabot  &  la  varlope. 
Lignariusfdber,  materiarius.  Un  Menuifiei  doit  lavoir 
dclliner.  Les  Menuifiers  en  ébène  ne  travaillent  guère 
qu'en  ouvrages  de  rapport ,  de  menuifetie  ,  de  pla- 
cage. Les  gros  Menuifiers  travaillent  fut  des  pièces 
d'aftemblage. 

Ce  mot  vient  du  Latin  minutarius  ,  ou  minutiarius , 
comme  travaillant  en  petit  à  l'égard  du  Charpentier. 
MÉN.  Comme  Menuiferie  vient  de  minutiaria ,  qui 
s'eft  dit  de  cet  art  par  comparaifon  aux  Charpentiers 
&  autres  ouvriers  en  bois  qui  font  des  ouvrages  plus 
grolliers  ,  &  par  rapport  auxquels  ceux  de  la  Menui- 
ferie font  menus  &  délicats.  , 

MENUISIERES  ou  Percebois.  Efpèce  d'abeilles,  ainfij 
appelées ,  à  caufe  qu'elles  font  leurs  nids  dans  le  bois. 
Jamais  elles  n'attaquent  des  arbres  vivans,  ni  du  bois 
vert.  "Voyez  l'Abrégé  de  l'Htft.  des  InfeBcs. 

MENUITÉ.  f.  f.  Petiteft'e.  On  ne  peut  rélifter  à  la  ten- 

'  ration  d'apporter  un  exemple  notable  &  des  menuités 

8c  des  malignités  dont  ce  livre  eft  plein.  Jurieu  , 

dans  le  Dicl.  de  Buyle    Exemple  qui  n'eft  pas  à  fui- 

vre. 

xMENYANTHE,  ou  TREFLE  d'eau,  f.  m.  Plufieurs 
écrivent  MENIANTE.  Menyanthes.  Plante  dont  les 
feuilles  font  attachées  trois  à  trois  fur  une  longue 
queue ,  reffemblantes  à  celles  des  fèves  en  figure  & 
en  grandeur  ,  unies  &  douces  au  toucher.  Il  s'élève 
d'entre  elles  une  tige  à  la  hauteur  d'un  pied  &  demi  , 
unie,  lillé,  menue,  verte,  revêtue  en  haut  de  Heurs 
faites  en  cloche ,  de  couleur  blanche ,  tirant  lur  le 
purpurin ,  découpées  ordinairement  en  cinq  parties  , 
foutenues  par  des  calices  formés  en  godet  &  dentelés. 
Il  leur  fuccède  des  fruits  ordinairement  oblongs ,  ren- 
fermant des  femences  ovales ,  rouges  ou  jaunâtres , 
d'un  goût  amer.  Sa  racine  eft  longue ,  blanche ,  gar- 
nie de  fibres.  Cette  plante  croit  dans  les  marais  & 
lieux  aquatiques  en  terre  maigre.  Elle  varie  luivant 
les  dirtérens  heux  où  elle  nait.  Ses  feuilles  font  quel- 
quefois arrondies  &  d'autres  fois  pointues.  Le  me- 
nyanthe  a  pluhcurs  propriétés.  On  s'en  lert  pour  la 
jaunille  ,  l'hydropifie ,  la  colique  ,  pour  la  pierre , 
pour  les  douleurs  néphrétiques  ,  pour  puriher  les 
humeurs  groilières.  C'eft  un  antilcorbutique -,  il 
poufte  auftf  pa"-'  les  urines.  On  le  prend  en  décoction 
ou  en  poudre  ,  au  poids  d'une  drachme  ,  trois  fois  par 
jour  pendant  la  maladie.  Sa  femence  eft  bonne  con- 
tre l.-i  toux  pour  les  maladies  de  poitrine.  Elle  eft  de- 
terfive  &  propre  à  incifer  &  détacher  les  humeurs 
groflières ,  &  pour  arrêter  le  crachement  de  fang. 

MÈNZO.   Voye\  Mençio. 

M  É  O. 

MÉON.  f.  m.  Roi  de  Phrygie,  étoit  père  de  Cybèle, 
félon  Diodore.  '     ,       ^         ^  ,'  . 

MÉON,  MÉUM,  ou  MEU.  f.  m.  Terme  de  Botani- 
que. Plante  qui  pouffe  une  tige  femblable  à  celle  du 
fenouil ,  mais  beaucoup  plus  petite  ,  cannelée  , 
creufe ,  ramcufe.  Ses  femlles  font  longues  rangées 
fbr  une  côte  ,  découpées  ties-menu  ,  prelquc  aulii 
menues  que  les  cheveux ,  Ik  plus  fines  que  celles  du 
fenouil,  ce  qui  lui  fait  donner  le  nom  de  méon  ,  car  . 
fu.c,  en  Grec,  fignifie  moins.  Ses  fleurs  naiftent  en 
ombelles ,  compofees  chacune  ordinairement  de  cinq 
feuilles  difpofees  en  rofe ,  de  couleur  blanche,  odo- 
rantes. Ses  femences  font  oblongues ,  arrondies  fur 
le  dos,  cannelées,  plus  groffes -S:  plus  larges  que  cel- 
les du  fenouil.  Sa  racine  eft  vivacc  ,  grolle,  longue 
comme  le  octit  doigt ,  de  couleur  obfcurc  en  deliors , 

blancoattc 


M  E  P 


blanchâtre  en  dedans  ,  de  fubftancc  me  8-:  légère , 
d'un  goût  acre  ik  piquant,  d'une  odeur  aromatique. 
Cette  racine  eft  employée  en  Médecine  ;  on  la  hii- 
iiomme  oïdinairement  Athamantiquc ,  parce  que  la 
meilleure  venoit  autrefois  du  Mont  Atliamas;  mais 
^  '  celle  dont  on  le  fert  préfentement ,  cil:  apportée  des 
montagnes  du  Languedoc  ,  de  la  Provence  ,  du  Dau- 
phiné.  Elle  eft  bonne  pour  les  indigeftionsj  pour 
provoquer  les  mois  des  femmes,  pour  l'aftlime.  Cette 
plante  croit  dans  quelques  endroits  du  nord  de 
l'Angleterre,  &  Heurit  au  mois  de  Juin.  Elle  ell 
chaude  &  sèche,  carminativc  &c  bonne  pour  la  coli- 
que tk.  les  tranchées  :  elle  e(l  encore  alexipharmaque  , 
propre  pour  les  maladies  peftiientiellcs;  on  l'emploie 
dans  la  thériaquc  &  le  mithndate.  On  s'en  (ert  dans 
le  calcul ,  la  rétention  d'urine ,  &  dans  les  maladies 
utérines.    Dïcl.  des  James. 

MÉOT  ,  MÉOUTEZ  ,  MAOUT.  Vieux  mot.  Nom 
d'un  ancien  droit.  Méot  eft;  le  pluriel  de  maouc  j 
mouton,  &  marque  un  droit  fur  les  moutons.  Lo- 
BiNEAU,  Gloj]'.  t^ccligal  ex  ovihus. 

MEOT.  f.  m.  Nom  d'un  pohlon  que  les  habitans  d'Elé- 
phantine,  en  Egypte,  adoroient  comme  un  driu. 
Mdotcs. 

MÉOTIDE,  PALU.  Voyei  Zabache.  Mer.  Nous  di- 
fons  cependant  louvent  la  Palu  Méocide ,  ou  les  Pa- 
lus Méotides  ,  &  il  faut  toujours  le  dire  en  parlant  de 
l'antiquité.  Mézerai  dit  leS  marécages  Méoddes  ,  mais 
mal;  il  faut  dire  Palus  Méoùdes ;  c'eft  l'ufage.  Cette 
mer  a  pris  ce  nom  du  mot  Latin  Palus,  qiii  lîgnirie  un 
marais,  parce  qu'elle  eft  très-baire,  defoite  qu'en  la 
plupart  des  endroits  ,  il  n'y  a  que  des  barques  qui 
puillcnt  y  être  à  Hot;  &  le  nom  de  Méotide  ,  des 
Méotes ,  peuples  qui  habitoient  fur  les  bords. 

M  E  P. 

MÉPHAATH.  Nom  d'une  ville  de  la  Terre-Sainte. 
Méphaath.  Elle  étoit  dans  la  Tribu  de  Ruben,  au- 
delà  du  Jourdain ,  &  ce  fut  une  ville  Lévitique.  Jo- 
fué,  Xlll.  iS. 

MÉPHITIS.  f.  m.  ou  f.  Nom  d'une  déelfe  des  Anciens. 
Mepk'ULS.  Ce  mot  fignihe  proprement  la  puanteur, 
la  corruption  de  la  terre,  caulée  par  des  eaux  (ulfu- 
reules.  Quelques  Anciens  en  ont  fait  urt  dieu  ;  d'autres 
une  déelle. 

MÉPLAT  ,  ATE.  Semîplanus.  Terme  d'Artifte  qui  fe 
dit  des  pièces  des  ouvrages  qui  ont  plus  d'épaillcur 
que  de  largeur,  &  particulièrement  des  pièces  de  bois 
de  fciage,  comme  une  lolive  qui  auroic  fix  pouces 
fur  trois.    On  dit  aullî  fer  méplat. 

It? MÉPLAT,  en  Peinture,  f.  m.  Ce  mot  fignifie  l'indi- 
cation des  plans  des  différens  objets.  Lorfqu'on  'fait 
une  tête  ,  il  faut  faire  fentir  lés  méplats  ,  c'eft  à  dire, 
il  faut  par  les  malles  de  clairs  &  d'ombres ,  faire  fentir 
les  plans  dans  lelquels  font  difpofés  les  os  qui  for- 
ment la  charpente  de  la  tête.  Acad.  Fr. 

MEPPEN.  Nom  d'une  petite  ville  fortifiée.  Aleppa. 
Elle  eft  dans  l'Evêché  de  Munfter  ,  en  Weftphalic , 
fur  la  rivière  d'Haffà,  un  peu  au  deflus  de  fon  em- 
bouchure dans  l'Embs,  à  dix-huit  lieues  de  la  ville  de 
Munfter,  vers  le  nord.  Maty. 
^  MEPRENDRE.  Qui  ne  fe  dit  qu'avec  le  pronom  per- 
fonnel.  Se  méprendre.  V.  récipr.  qui  le  conjugue 
comme  prendre.  Il  lignifie  le  tromper  ,  prendre 
une  choie  pour  une  autre.  Lahi,  errare.  Ce  Mi- 
niftre  a  un  efprit  fi  pénétrant  j  qu'il  ne  fe  méprend 

■  guère  au  jugement  qu'il  fait  des  gens.  Ces  jumeaux 
font  fi  Icmblables  ,  qu'il  n'y  a  perlonne  qui  ne  s'y 
méprenne.  Il  eft  dangereux  de  fe  méprendre  à  la  guerre. 

■  Cet  Auteur  s'eft  OTe/rii  j  &  a  fait  une  faulle  citation. 
Je  déclare  que  pour  avoir  apperçu  en  quoi  les  autres 
fe  font  mépris  ,  je  ne  m'en  tiens  pas  moins  lujet  à  me 
méprendre  fut  les  chofes  mêmes  où  j'aurai  apperçu 
leurs  fautes.  Font. 

,    ^3"  MEPRIS,  f.  m.  Sentiment  par  lequel  on  juge  une 

perfonne  ou  une  chofe  indigne  de  notre  eftime.  Con- 

temtus.  Avoir  du  mépris  pour  une  chofe ,  c'eft  la  juger 

indigne  de  notre  eftime;  témoigner  du  mépris  ,  c'eft 

Tome  V. 


PvlEP.         (^37 

annoncer  par  des  fignes  extérieurs  le  peu  de  cas  qu'on 
en  fait.  Le  /«f/jr/i- devient  plus  ou  moins  ofk-nl.int  , 
félon  le  rang  &  la  qualité  des  perlomics  qu  il  a  pour 
objet  ,  Ik.  prend  le  nom  d'infolence  ,  de  hauteur  , 
de  fierté  ,  &:c.  Voyei  ces  mots  &  les  articles  relatifs. 
Le  mépris  de  la  vie ,  le  mépris  de  la  mort ,  eft  un 
certain  fentiment  par  lequel  on  s'élève  au  delius  de 
l'amour  qu'on  a  ordinairement  pour  la  vie  ,  &c  de 
la  crainte  qu'on  a  de  la  mort.  On  dit  de  même  le 
mépris  des  richclles ,  des  honneurs ,  des  grandeurs. 
^3"  On  entend  encore  par  mépris  ,  au  pluriel  ,  des  pa- 
roles ,  des  aétions  de  mépris.  Je  ne  luis  pas  frit  pour 
foutfrir  vos  mépris. 

03"  Tomber  dans  le  mépris  ,  c'eft  tomber  dans  un  état 
oi\  l'on  eft  regardé  avec  des  fentimens  de  mépris.  Un 
Prince  fainéant  tombe  dans  le  mépris.  Un  avare  eft 
le  rebut  &c  le  mépris  du  monde.  Le  mépris  de  la 
grandeur  n'eft  d'ordinaire  qu'un  orgueil  deguilé  fous 
le  nom  de  Philolophie.  Nie.  Le  mépris  eft  peut-être 
un  des  plus  grands  malheurs  de  la  pauvreté.  S.  EvR. 
Le  mépris  de  la  mott  n'étoit  dans  les  Sto'i'cicns  qu'un 
orgueil  mal  entendu.  M.  Scud.  Le  mépris  des  lichef- 
fes  n'eft  pas  fcnfé.  Il  n'y  a  point  de  bon  fens  à  fe  pri- 
ver des  commodités  de  la  vie  pour  de  vaines  louan- 
ges. M.  Esp.  On  tâche  à  (e  venger  du  mépris  que  les 
autres  font  de  foi ,  par  le  mépris  qu'on  bit  femblanc 
d'avoir  pour  eux.  Fl.  Ce  n'eft  qu'en  amour  qiiele/Tze'- 
/rij  éternel  eft  jufte  ,  quand  on  a  rompu  avec  une  juftc 
caufe.  M.  Scud.  Ceux  qu'on  condamne  au  fupplice  , 
aifeclent  quelquefois  un  mépris  de  la  mort ,  qui  n'eft 
en  eftct  qu'une  crainte  de  l'envilager.  La  Roch.  Les 
Prêtres  qui  fe  deshonorent  par  leur  ignorance  ,  ou 
par  leur  dérèglement  ,  font  palier  du  mépris  de  leur 
perlonne  à  celui  de  leur  dignité.  Fl.  Le  mépris  de  la 
mort  n'eft  quelquefois  qu'une  laffitude  des  maux  pré- 
fens.  S.  EvR.  Il  n'y  a  point  d'animaux  fi  farouches  que 
certains  hommes  qui  font  profelfion  de  mépris  Sc 
d'avcrfion  pour  tout  le  genre  humain.  Ir.  De  toutes 
les  oftcnlés  qu'on  fait  à  l'homme  ,  le  mépris  eft  celle 
qu'il  fcnt  le  plus  vivement.  M.  Esp. 

Le  mépris ,  eft  une  figure  dont  on  fe  fert  lorfqu'au 
lieu  de  repondre  aux  mauvailes  railons  de  quelqu'un  » 
on  fe  contente  de  faire  connoître  le  peu  de  cas  qu'on 
en  fait.  Ainfi  un  Avocat  employeroit  cette  figure  , 
s'il  difoit  :  Quant  à  telles  railons  de  ma  Partie  ad- 
verfe  ,  elles  font  fi  frivoles  ,  qu'elles  tombent  d'elles- 
mêmes  ,  c'eft  pourquoi  je  ne  daigne  pas  y  répondre. 

Ceci  eft  emprunté  d'une  Rhétorique  manufcrite.,' 
Latine  &  Françoife,  de  M.  Brulon  de  Saint  Remy. 

On  dit  proverbialement  qu'il  n'y  a  point  de  dette 
fi  tôt  payée  que  le  mépris.  Vos  mépris  vous  lervent  de 
louanges ,  eft  un  des  complimens  que  l'on  nomme 
proverbialement  de  la  place  Maubert.  Familiarité  en- 
gendre mépris. 

MÉPRISABLE,  adj.  m.  &:  f.  Digne  de  mépris ,  qui  mé- 
rite peu  d'eftime.  Contemtu  dignus  ,  afpernandus  , 
contemuendus.  Tous  les  biens  qui  peuvent  périr  font 
méprifables.  L'Ariofte  n'eft  pas  un  Auteur  méprifahle. 
Il  n'y  a  que  ceux  qui  font  méprifables  ,  qui  craignent 
d'être  méprifés.  La  Roch. 

MÉPRISABLEMENT.  adv.  Avec  mépris  ,  d'une  ma- 
nière méprilante.  Danet,  Dicl.des  Racines  Latines , 
au  mot  CoNTEMPTioN  ,  fous  le  verbe  Temno.  L'Au- 
teur a  mis  depuis  méprifamment ,  dans  Ion  Diéfioji- 
naire  Latin  &  François ,  ce  qui  eft  plus  fupportable  , 
c^uoiquel'un  ne  vaille  guère  mieux  que  l'autre. 

MÉPRISAMMENT.  adv.  D'une  manière  méprifante. 
Contemtim.  C'eft  un  glorieux  qui  parle  méprifamment 
de  tous  les  confrères.  On  ne  doit  jamais  parler  mé- 
prifamment de  perfonne.  Muret  avoir  parlé  trop  mé- 
prifamment de  l'édition  de  Sénèquc  par  Erafme.  Le 
Clerc. 

03"  Ce  mot  ne  fe  trouve  point  dans  les  Auteurs  qui 
écrivent  correétement. 

MÉPRISANT  ,  ANTE.  adj.  Qui  marque  du  mépris. 
Contcmtor.  Les  beautés  font  ordinairement  glorieufes 
&  méprifantes.  Elle  a  l'humeur  fière  &  méprifante. 
Ablanc.  Ton  méprifant,  manières  méprifantes. 

MÉPRISE,  f.  f.  Faute ,  erreur  de  celui  qui  fe  méprend- 

Cccccc 


^38  MER 

Error,  lapfus  ^  ïmprudentïa.  Quand  la  preuve  d'une 
règle  d'Arithmétique  ne  rcullic  pas  ,  il  lauc  qu'il  y 
aie  eu  de  la  mépiife  dans  le  calcul.  Ce  Laquais  a  don- 
ht  un  billet  pour  un  autre  ,  c'eft:  une  mcprifc  qui  a 
cau(é  bien  du  trouble.  Reprenons  ce  que  vous  m'avez 
ditj  de  peur  de  méprife.  Pasc.  Comment  avez-vous 
laillé  gliller  une  méprife  li  grollièreî  Boil. 

MÉPRISER,  v.  a.  Avoir  du  mépris,  ne  point  Elire  de 
cas  d'une  perfonne ,  ou  d'une  chofe.  Contemnere  , 
fpernere.  On  méprife  le  bien  qu'on  poirède  ,  &  on 
louhaite  celui  qu'on  n'a  pas.  On  méprife  les  choies 
communes,  quoique  les  plus  nécefTiires  pour  la  vie. 
Il  vaut  mieux  fe  méprifr  fans  raifon ,  que  s'eftimer 
aveuglément.  M.  Esp.  On  ne  méprife  pas  tous  ceux 
qui  ont  des  vices  ;  mais  on  méprife  tous  ceux  qui 
n'ont  aucune  vertu.  LaRoch.  Lesnialheurcuxqu'on 
accable ,  ont  li  grande  peur  qu'on  ne  les  méprife , 
qu'ils  en  font  moins  modeftes.  B.  Rab.  C'eft  une  chofe 
dure  d'être  méprife.  Nie.  Les  plus  modeftes  mêmes  , 
qui  ne  veulent  point  être  loués,  ne  veulent  point  aulîî 
être  méprifs.  S.  E  VR.  On  ne  méprife  point  la  mort  de 
bonne-foi:  ceux  qui  feignent  de  la  wt^n/Jr,  tremblent 
dans  le  fond  de  l'amc.  M.  Esp.  Nous  ne  méprfons 
d'ordinaire  le  monde  ,  que  quand  le  monde  nous  mé- 
prife. S.  EvR.  On  dit  qu'un  avis  n'eft  ^asï  méprife r ; 
pour  dire  qu'il  eft  bon. 

MÉPRISÉ ,  ÉE.  part. 

MÉPRISON.  Vieux  mot.  Mépris,  mauvaife-foi.  i'oê/ftfi- 
du  Roi  de  Navarre. 

M  E  Q. 

MÈQUE.  Vojei  La  Mecque. 

MÉQUELLAS  CAYS.  Ville  d'Afrique  ,  bâtie  par  les 
fuccelkurs  de  Mahomet ,  fut  un  des  bords  du  Nil ,  du 
côté  du  couchant. 

MÉQUINE.  f  f.  Vieux  mot.  Fille  qui  fert, petite  fer- 
vante.  Borel  le  fait  venir  du  mot  Hébreu  OTecAi/ZiZtA, 
,  qui  llgnihe  Préparant.  On  a  dit  auffi  Mefhine.  Il  s'eft 
pris  en  général  pour  fille.  Nicod  explique  le  mot  de 
Mefchine  pat  Demoilelle,  &  il  fe  trouve  dans  Perce- 
val  pour  une  Dame  ,  ou  fille  de  nailTànce  relevée. 

MÉQUINENÇA.  Nom  d'un  bourg  d'Efpagne  ,  firué 
dans  l'Arragon ,  au  confluent  de  la  Sègre  &  de  l'Ebre  j 
à  quatre  lieues  de  Lérida. 

MER. 

MER.  f.  f.  Grand  réceptacle  ,  ou  amas  des  eaux  qui  en- 
vironnent la  terre,  &  qui  fe  répandent  fur  pludeurs 
parties  de  fon  globe.  Mare.  Dieu  fait  le  nombre  des 
grains  de  fable  de  la  mer.  L'Ecriture  dit  qu'il  amis  des 
bornes  à  la  mer  ,  qu'il  fait  brifer  fes  flots  contre  fon 
rivage.  La  mer  venoit  brifer  fur  le  fable  fes  flots  or- 
gueilleux. Fléch. 

^f  La  Mer  fe  prend  en  général ,  ou  en  particulier  ^  & 
en  la  divifant  en  fes  parties.  Quand  il  s'agit  de  la 
mer ,  prifedans  la  plus  grande  étendue  de  fon  lit  j  on 
dit  fimplement  la  Mer  ,  ou  l'Océan  ,  ou  la  Aîer 
Océane. 

tfT  On  dit  la  Mer  fimplement ,  pour  dire  la  Mer  en 
général  ,  &:  pour  fignifier  la  vafte  étendue  d'eaux 
qui  couvrent  une  grande  partie  du  globe.  VOtéan  a 
quelque  chofe  de  plus  particulier  ,  &  fe  dit  de  la 
Mer  en  général ,  par  oppofition  aux  Mers  qui  font 
enfermées  dans  les  terres. 

^3"  De  même  que  la  terre  efl;  partagée  en  pays ,  de 
mêflie  ['Océan  eft  partagé  en  Mers.  La  Mer  Atlan- 
tique ,  la  Mer  Baltique  ,  la  Mer  Glaciale  ,  la  Mer  des 
In4es ,  Sec.  font  également  des  parties  eircnticUes  d'un 
feul  &•  même  Océan. 

fC?"  Quoique  les  Mers  enfermées  dans  les  terres  com- 
muniquent à  V Océan  par  des  détroits  connus,  ou 
par  des  fouterrains  ignorés  ,  &  que  par  conféquent 
elles  aient  une  liaifon  plus  ou  moi  is  grande  avec 
lui  ,  on  ne  les  appelle  point  Océan  j  mais  fim- 
plement Mer,  en  y  ajoutant  leur  nom  propie  pour 
les  diftinguer.  Lz  Mer  Méditerranée' ,  la  Mer  Balti- 
que t  &C. 


M  E  R 

U^  L'Océan  lui  même  fe  partage  en  diverfes  Mers  , 
non  qu'il  foit  divifé  par  aucunes  bornes  ,  comme  les 
A/<;«  enfermées  entre  des  rivages,  &  où  l'on  entre 
par  quelque  détroit  ,  mais  parce  que  les  Navigateurs, 
pour  marquer  en  quel  lieu  ils  (e  lùnt  trouvés ,  ont 
imaginé  dans  cette  vafte  étendue  des  parties  qu'ils 
ont  diftinguées  par  des  noms  particuliers.  Ainfi  l'on  a 
dit  Mer  du  Sud  ,  Mer  du  Nord  ,  Mer  d'Ethiopie , 
Mer  des  Indes  j  &c,pour  marquer  les  diverfes  parties 
du  même  Océan. 

L  Ecriture  appelle  quelquefois  la  Méditerranée  , 
fimplement  la  Mer. 

Ce  mot  vient  du  Latin  mare  ,  qu'lfidore  dérive 
de  amarum  ,  à  caule  que  fes  eaux  font  amtres.  D'au- 
tres le  font  venir  de  marath  Hébreu  ,  qui  fignihe 
amertume  ,  ou  plutôt ,  comme  Voftius  ,  De  Idololat. 
L.  2  ,  c.  68.  de  la  ,  mar  ^  qui  fignilîe  amer ,  falé-. 
D'auttes  du  mot  Celtique  mor  ,  qui  femble  plus  na- 
turel. 

Les  Tyriens  ,  fi  l'on  en  cioit  la  plus  obfcure  an- 
tiquité ,  huent  les  premieis  qui  ofèrent  fe  mettre  fur 
un  fiêle  vaifle.iu  à  la  merci  des  vagues  ,  qui  domp- 
tèrent l'orgueil  de  la  Mer ,  &c  réunirent  tant  de  peu- 
ples que  la  Mer  x.'oiz  lépatés.  FÉn.  Xerxès  qui  fouetta 
la  Mer  ,8c  qui  y  fit  jetter  des  chaînes  f»ouc  la  réduire 
fous  Ion  obéiflance  ,  la  regardoit  apparemment  com- 
me une  de  ces  bêtes  féroces  que  l'on  châtie, &  que 
l'on  enchaîne  quand  on  veut  les  apprivoifer  &  les 
adoucir.  Bouh.  Il  y  a  des  côtes  où  la  Mer-viem  avec 
tant  de  précipitation  &  de  violence  ,  qu'elle  couvre 
en  un  inftant  tout  le  rivage.  Id.  La  Mer  eft  l'image 
du  monde  ,  &  de  la  vanité  des  choies  humaines  : 
ces  calmes  &  ces  tempêtes  qui  fe  fuccèdent  à  toute 
heure  _,  font  une  fidelle  peinture  de  ce  qui  fe  palle 
dans  la  vie.  Y  a-t-il  une  Mer  plas  inconftante  que 
la  Cour  des  Princes  ?  Y  en  a-t-il  même  une  plus  pé- 
rilleufe  ?  Id.  Jufqu'à  l'Empereur  Juftinien  ,  la  Aler 
etoit  commune  à  tous  les  hommes.  De-là  vient  que 
les  loix  Romaines  donnoient  a<5tion  contre  celui  qui 
empêchoit  qu'on  n'y  navigeât ,  ou  qu'on  n'y  péchât 
librement.  L'Empereur  Léon  ,  par  fa  Novelle  56  , 
permet  à  ceux  qui  font  en  pofteflion  de  pêcher  feuls 
devant  leur  territoire  ,  d'en  défendre  la  pêche  à  tous 
autres.  Il  permit  même  aux  particuliers  de  divifer  en- 
tr'eux  le  Bofphore  de  Thrace.  Depuis,  les  Souverains 
ont  voulu  s'approprier  la  Mer,  &  la  tirer  de  l'ufage 
commun.  Dans  ces  derniers  temps  les  Anglois  ont  pré- 
tendu s'attribuer  l'empire  de  la  Mer  dans  la  Manche. 
La  République  de  Venife  fe  prétend  tellement  mai- 
trelfe  de  fon  Golfe  ,  que  l'on  marie  tous  les  ans  la  Sei- 
gneurie avec  la  iV/er  Adriatique.  f-^-oyeiLE  Bret.  Les 
Rois  d'Angleterre  prétendent  à  l'empire  des  Mers  qui 
environnent  les  trois  Royaumes  d'Angleterre ,  d'E- 
colfe  &  d'Irlande  j  &  cela  jufqu'aux  rivages  des  pays 
voilins.  C'eft  en  conféquence  de  cette  prétention,  que 
les  enfansnés  fur  ces  mers  ,  font  déclarés  naturels  An- 
glois ,  comme  nés  fur  les  terres  des  Rois  d'Angleterre. 

MiSSON. 

La  Aler  a  difFérens  mouvemens.  On  en  diftinguc  de 
trois  fortes  ;  le  Diurne ,  le  Menftruel  &  l'Annuel.  Le 
Diurne  eft  celui  par  lequel  les  eaux  de  la  A/eriè  dé- 
bordent fur  nos  rivages,  &  s'en  retirent  deux  fois 
le  jour  :  enforte  toutefois  que  ces  inondations  arri- 
vent tous  les  jours  près  de  quarante-huit  minutes  plus 
tatd  que  le  jour  précédent.  Le  mouvement  Menftruel 
eft  ainfi  appelé ,  parce  que  les  marées  font  plus  for- 
tes aux  nouvelles  &  pleines  lunes  de  chaque  mois  , 
que  dans  les  quadratures.  Enfin  le  mouvement  An- 
nuel ,  eft  celui  par  lequel  les  eaux  de  la  Mer  fe  gon- 
flent plus  confidérablement  aux  nouvelles  &  pleines 
lunes  des  Equinoxes  ,  qu'aux  nouvelles  &  pleines  lu- 
nes desSolftices.  Foye:^  Flux  &  Reflux. 
§Cr  La  Mer  préfente  un  autre  phénomène  qui  n"eft 
pas  moins  intéieflant  ;  c'eft  celui  de  la  talure  de  fes 
eaux  ,  qui  vient  des  particules  de  fel  de  nitre  &  de 
bitume  qui  fe  trouvent  mêlées  avec  fes  eaux,  depuis 
le  commencement  du  monde.  On  a  cherché  long- 
temps les  moyens  de  delTaler  les  eaux  de  la  mer.  M. 
Gautier,  Médecin  de  Nantes ,  en  vint  à  bon;  $n 


MER 

1717 ,  par  la  voie  de  la  didiU.ition.  Il  mit  de  l'eau 
de  la  mer  dans  la  ciiciirbicc  de  fa  machine  pour 
être  échauricc  6c  élevée  eu  vapeurs  par  le  moyen 
d'un  tambour  ou  réchaud  placé  nu  dslius  de  l'eau  , 
qui  dans  Ion  fein  contenoit  un  ku  de  bois  &  de 
charbon,  di  vit  alors  couler  par  le  robinet  de  la 
citerne  de  la  machine  une  eau  très-bonne  ,  (i^c  fans 
aucun  goût  de  (el.  On  paitrit  du  p.iin  avec  cette  eau  , 
qui  tue  trouvé  aulli  bon  que  celui  que  l'on  fait  avec 
l'eau  ordinaire.  Les  viandes  qu'on  y  ht  cuire,  furent 
très-bien  cuites  ,  &:  en  peu  de  temps  ,  avec  un  feu 
médiocre.  F'oyt;^  les  Journaux  de  Trévoux  Se  le 
Regilhe  des  Procès-verbaux  tenus  au  Contrôle  de 
la  Marine  au  port  de  Breft. 

Les  P.iyens  nommoient  la  mer,  Thetis ,  Amphi- 
trlte  :  &  renoient  Neptune  pour  le  dieu  de  la  mer. 
Les  Juits  donnoieiu  le  nom  de  mer  aux  grands 
lacs.  G'eil  en  ce  lens  que  les  Thalmudiltes  difent 
dans  le  Traité  Baba  bathra  ,  c.  /.  fol.  7^.  qu'il  y 
a  lept  mers  dans  la  Terre-Sainte,  i".  La  merde  Ti- 
bériade.  i".  La  mer  de  Sodome.  5".  La  mer  d'Hélath. 
4°.  La  mer  d'Héhtha.  j°.  La  mer  de  Sobéhi.  6°.  La 
mer  d'Apamée.  Et  7°.  La  grande  mer. 

Nous  donnons  aullI  le  nom  de  mer  à  quelques 
lacs.  Ainh  nous  appelions  la  mer  Douce  ,  un  grand 
lac  de  la  Nouvelle  France  dans  l'Amérique  fepten- 
trionale.  On  l'appelle  autrement  Karegnondi.  Il 
ert  à  l'oueft  de  la  Nouvelle  France,  f^oyei  HuaoN. 
Kaïe  donne  aullI  au  Nil  le  nom  de  mer  XI.  tj. 
félon  quelques  Hébreux  ,  mais  il  eil  plus  probable 
que  le  Prophète  parle  de  la  mer  d'Egypte  ou  de 
la  mer  Rouge,  f^oyei  Bochart  dans  fon  Hiéroz.  P. 
II.  L.  F.  c.  7. 

La  Mer  a  ditîérens  noms ,  félon  les  différentes  régions, 
pays ,  ou  villes  qu'elle  baigne  ,  ou  pour  d'autres 
raifons.  Robb.  Voici  les  principaux  de  ces  noms. 

La  Mer  Adriatique.    Foyei  Adriatiq.ue  &  Venise. 

La  Mer  d'Afrique,  autrement  wêr  de  Tunis  &  de  Tri- 
poli ,  ou  mer  ai  Barbarie.  Africum  ,  Tunetanum  ,  Tri- 
policanum ,  Barbaricum  mare,  C'efl:  une  partie  de  la 
mer  Méditerranée ,  tenfcrmée  entre  les  cotes  des 
Royaumes  de  Tunis  Hc  de  Tripoli,  la  côte  auftrale 
de  Sicile  j  &  la  côte  orientale  de  Sardaigne. 

I-a  Mta  d'Allemagne.  Foye\  Allemagne. 

La  Mer  d'Anchidol.  Mare  Anchidolium.  C'eft  l'Océan 
oriental ,  qui  s'étend  depuis  l'île  de  Java  jufqu'à  la 
Terre  auftrale. 

La  Mer  Atlantique,  ou  l'Océan  Atlantique.  Atlanti- 
cum  mare.  Voye\  Atlantique. 

La  Mer  d'Aufbnie.  Aufonium  mare.  Les  Anciens  don- 
iioient  ce  nom  à  la  partie  occidentale  de  la  mer 
Ionienne  ;  elle  baigne  la  côte  orientale  de  Sicile  & 
des  deux  Calabres.  Quelques  uns  la  poullent  jufqu'au 
Péloponnèfe ,  &  la  confondent  ainli  avec  la  mer  Io- 
nienne toute  entière. 

La  Mer  d'Ayan,  A^anium  mare.  C'eft:  une  partie  de 
l'Océan  Echiopique  ,  qui  baigne  les  côtes  orientales 
de  l'Afrique  ;  c'eft  la  partie  feptencrionale  de  la  mer 
de  Zanguébar,  Elle  s'étend  depuis  le  cap  de  Guardafuy 
julqu'à  Magadoxo. 

La  Mer  Baltique.  Foye-^  Baltique. 

Meu  Baflcj  ou  d'enbas.  Voye^  plus  bas  Mer  Infé- 
rieure. 

La  Mer  de  Bifcaye.  Mare  Cantabricum.  Partie  de  l'O- 
céan qui  baigne  les  côtes  feptentrionales  d'Efpagne  , 
&c  s'étend  depuis  Fontarabie  jufqu'au  Cap  de  Fi- 
niftere. 

La  Mer  Blanche.  Mare  Album ,  Jlnus  Grandivkenjîs. 
On  appelle  ainii  la  meràt  Marmara,  par  oppofition 
au  Pont-Euxin  ,  qu'on  appelle  /Tzer  Noire,  &  parce 
qu'on  tient  qu'elle  eft  fort  lûre. 

La  Mer  Bofphoriquc  ,  ou  Cimméiienne.  C'eft  la  partie 
du  Pont-Euxin  ,  qui  eft  près  du  Bofphore  Cimmé- 
rien.  Mare  Bofphoricum  ,  ou  Cïmmerïum. 

La  Mer  du  Brehl.  Marc  Brafilïum.  C'eft  une  partie 
de  la  mer  du  Nord.  Quelques-uns  l'étendcnt  tout  le 
long  de  la  côte  du  Brciil ,  depuis  l'embouchure  de 
la  rivière  des  Amazones  jufqu'au  Paraguay.  D'autres 
la  refferrent  à  la  partie  de  la  mer  du  Nord  qui 
Tome  K. 


♦  MER  ^l9 

baigne  la  côte  orientale  du  Bréiil. 

La  Mer  Britannique,  c'eft  la  Manche.  Voyc-^  Manche. 

La  Mer  Calédonienne ,  ou  l'Océan  Calédonien.  V'oyeTf_ 
Calédonien. 

La  Mer  de  Candie.  C'eft  la  partie  de  la  mer  Egée, 
ou  de  l'Archipel  ,  qui  voit  la  côte  li'ptentrion.ile  de 
l'île  de  Candie.  Mare  Cretïcum.  Elle  s'étend  entre 
le  cap  Salomon  dans  l'Ile  de  Candie  ,  julqu'à  celui 
de  Mat.ipan  dans  le  Péloponnèfe  ,  ou  entre  la  mer 
de  Scarpanto  au  levant ,  .iSc  le  Péloponnèfe  au  cou- 
chant y  Candie  au  midi ,  &  les  îles  de  l'Archipel  au 
nord. 

La  Mer  de  Caramante  &  de  Rhodes ,  Mare  Afiad- 
cum.  Mer  d'Alîe  ,  partie  de  la  mer  Méditerranée  qui 
baigne  la  côte  méridionale  de  l'Allé  mineure ,  ou  de 
la  Natolie.  Anciennement  elle  coraprenoit  quatre 
autres  mers  ,  la  merde  Lycie  ,  la  mer  de  Pamphilie, 
la  mer  de  Ciiicie  ,  &  la  mer  Carpathicnne. 

La  Mer*  Carpathiennc.  Il  ne  faut  ufer  de  ce  mot  qu'en 
parlant  de  l'Antiquité.  Aujourd'hui  il  faut  dire  la 
mer  de  Scarpanto.  Foye:^  Scarpanto. 

La  Mer  Cafpienne  ,  ou  Cafpie.  Foye'^  Caspienne.  La 
mer  Cafpienne ,  s'appelle  aulll  mer  de  Bacu.  C'eft 
une  merdM\s  l'Ahe  ,  vers  l'Hyrcanie  ,  qui  reçoit  plu- 
fîeurs  grands  fleuves  ,  fans  avoir  aucune  communi- 
cation apparente  avec  les  autres  mers.  On  l'appelle 
aujourd'hui  merde  Bacu ,  ou  de  Sala.  La  mer  Caf- 
pie à  zoo  lieues  d'Allemagne  de  l'eft  à  l'oueft  j  félon 
Jean  Kinfon.  Mais  Oléarius  dit  qu'il  n'y  a  que  la 
moitié  de  cette  diftance.  D'autres  la  mettent  de  800 
milles  de  long ,  &  de  600  de  large.  C'eft  l'opinion 
de  Schérif  Aldérifi ,  cité  jufqu'à  préfent  fous  le  nom 
de  Géographe  de  Nubie. 

La  Mer  de  la  Chine,  c'eft  celle  qui  eft  aux  environs 
de  la  Chine  ,  à  l'oiient  &  au  midi.  Sinicum  mare. 

La  Mer  de  Chypre  ,  ou  mer  de  Levant.  C'eft  la  partie 
de  la  mer  Méditerranée  ,  qui  eft  aux  environs  de 
l'île  de  Chypre  entre  la  Cihcie  &:  la  Syrie.  Mare  Cy- 
prium. 

La  Mer  de  Ciiicie.  Mare  Cil'Lcium,  aujourd'hui  merd& 
Caramanie.  C'eft  la  partie  de  la  mer  Méditerranée  , 
qui  baigne  les  côtes  de  la  Caramanie  dans  l'Aile  mi- 
neure. 

La  Mer  Cimbrique,  ou  mer  dn  Jutland ,  communémenc 
WEST-ZÉE.  Foye^  ce  mot. 

La  Mer  de  Cyrène ,  ou  Cyrénaïque.  Mare  Cyrenàicum, 
C'étoit  chez  les  An^ens  la  mer  qui  étoit  entre  celle 
de  Lybie  &  la  grande  Syrie  ,  ou  le  détroit  de  Sidra, 
comme  on  parle  aujourd'hui,  fur  la  partie  occiden- 
tale des  côtes  feptentrionales  du  Royaume  de  Barca  , 
où  étoit  alors  la  Cyrénaïque  Penrapole. 

La  Mer  de  Dalmatie.  Mare  Dalmaticum.  Autrefois 
après  la  décadence  de  l'Empire  ,  on  donnoit  ce  nom 
à  toute  la  mer  Adriatique ,  ou  golfe  de  Venife.  Au- 
jourd'hui ce  n'en  eft  qu'une  partie,  fur  les  côtes  de 
Dalmatie. 

Mer  de  Danemarck.  Mare  Danicum.  Voyez  Dane- 

MARck. 

Mer  du  Defert ,  ou  de  la  Solitude.  Mare  défera ,  ou 
folitudinis.  C'eft  un  des  noms  que  l'Ecriture  donne 
au  lac  ASPHALTITE.  Foye^  ce  mot,  &  Mer 
Morte.  Elle  eft  environnée  d'un  Defert. 

La  Mer  d'Ecolfe.  On  donne  ce  nom  au  golfe  de  Forth, 
qui  fépare  la  Lothiane  de  la  province  de  Frife  ,  parce 
que  c'eft  le  plus  grand  golfe  d'Ecolfe.  Mare  Scotid , 
ou  Scoticum  ,  Sinus  Fortheanus.  , 

La  Mer  Egée.  Foyei  JEoiî.,  Se  Egée.  Foye^  encorz 
Archipel. 

La  Mer  d'Egypte.  C'eft  la  partie  de  la  wer Méditerranée 
qui  arrofe  la  côte  feptentrionale  d'Egypte  ,  &  qui  s'é- 
tend jufqu'aux  côtes  méridionales  de  l'île  de  Chypre 
&  de  Candie.  Mare  ^gyptium. 

La  Mer  d'Elcatif ,  c'eft  le  golfe  de  Perfe,  Sinus  Per~ 
feus. 

La  Mer  Eoliennc  ,  Mare  j^olium ,  ou  Myfîcum.  C'eft 
la  mer  de  Smyrne  ,  ou  le  golfe  de  Smyrne.  Foye^ 
Smyrne. 

La  Mer  d'Éphiopic  ,  autrement  l'Océan  Etliiopien; 
Foye\  Éthiopien. 

Cccccc  ij 


940         MER 

La  MeP.  d'Eubée.  Mare  Eubo'kunu  C'eft  aujourd'hui 
la  mer  ou    le  golfe  de  Neptune.    Foyei    Negre- 

FONT. 

Mer  Extérieure.  Mare  externum.  Quelques-uns  ont 
nommé  la /7;tT  Océane  ,  mer  Extérieure  ,  comaie  on 
nommoit  la  Méditerranée  ,  mer  Intérieure. 

La  Mer  de  Galilée  ,  c'eft  le  nom  que  l'Ecriture  donne 
au  lac  de  Tibériade  ,  formé  par  les  eaux  du  Jourdain. 
Koye^  ci  dellus. 

La  Mer  de  Galilée.  Mare  GalïUs..  Voyez  Galilée. 

La  Mer  de  Gafcogne ,  ou  de  Guyenne.  Mare  Aqui- 
tanïcum.  Voyez  Gascogne. 

La  Mer  Glaciale.  Voye^  Glaciale. 

La,  Grande  Mer,  c'eft ,  dans  l'Ecriture^  la  mer  Méditer 
ranée  ,  ainfi  appelée  par  comparailon  aux  lacs  de 
Galilée  &  Afphaltite  ,  qu'elle  appelle  aulli  Mers. 

La  Mer  de  Grèce.   Voyei  Grèce. 

La  Mer  Hircanienne  ,  ou  d'Hircanie.  Hircanum  mare. 
C  eft  un  nom  de  la  mer  Cafpicnrie. 

La  Mer  Hyperboréenne.  Les  Anciens  appeloient  ainfi 
une  grande  partie  de  la  mer  feptentrionale.  Mare 
Hyperboreum.  Elle  comprenoit  ce  que  nous  nom- 
mons merde  Mofcovie  ,  &  /TzerdeTartarie. 

La  Mer  du  Japon  ,  celle  qui  entoure  le  Japon.  Japo- 
nicum  mare. 

La  Mer  d'Ibérie ,  ou  mer  d'Efpagne.  Mare  Iberkum 
ou  Hifpamcum.  Elle  s'étend  depuis  le  détroit  do  Gi- 
braltar jufqu'au  cap  de  Gates. 

La  Mer  d'Icare  ,  ou  Icarieime.  Icarium  mare.  Aujour- 
d'hui de  NICARL    Foyeictmoi. 

La  Mer  de  l'Inde  ,  Océan  Indien,  mer  des  Indes.  In- 
dicum  mare.  On  l'appelle  encore  Océan  oriental. 
foye-^  Océan. 

La  Mer  Inférieure.  Mare  inferum ,  inferius.  Les  Anciens 
appeloient  ainfi  la  mer  de  "ftilcane ,  la  mer  qui  eft 
au  midi  de  l'Italie  ,  comme  ils  appeloient  Supé- 
rieure ,  le  golfe  de  Venife  qui  cft  au  nord.  Fôyeç 
Toscane. 

La  Mer  Intérieure,  ou  dedans  les  Terres.  Mare  ïnter- 
mim  ou  ïntérïus.  C'eft  chez  les  Anciens^  la  mer  Mé- 
diterranée. Qin.  auroit  pu  appeler  ainfi  en  général 
tous  les  détroits  qui  pénétrent  dans  les  terres  ;  mais 
ce  n'eft  point  l'ulage.  Les  Hébreux  i'appeloient  Mare 
magnum  ,  la  Grande  mer  ,  pour  la  diftinguer  des  lacs 
auxquels  ils  donnoient  le  nom  de  mer,  comme  on 
l'a  remarqué  ci  dellus. 

La  Mer  Ionienne  ,  ou  d'Ionic.»  Foyei  Ionie. 

La  Mer  d'Irlande.  Foye^  Irlande. 

Mer  du  Levant ,  Mare  Orientale ,  c'eft  un  nom  qu'on 
donne  à  la  mer  Méditerranée.  Delà  vient  que  nous 
appelons  Vice  Amiral  du  Levant ,  le  Vice  Amiral  de 
la  Méditerranée ,  &  des  ports  de  Toulon  ,  Marfeille , 
Sec. 

Mer  de  Levant  ,  c'eft  la  Méditerranée,  qui  touche  la 
France.  Mare  Gallicum.  Valois,  Not.  Gall.  p.  2/6. 

La  Mer  de  Libie.  Mare  Lïbycum.  C'eft  aujourd'hui 
la  partie  de  la  Méditerranée  qui  baigne  les  côtes 
feptentrionales  du  Royaume  de  Barca  ,  en  Afrique. 
C'étoit  autrefois  la  même  chofc  ,  &  elle  étoit  entre 
la  mer  d'Egypte  à  l'orient ,  &  la  mer  Cyrénaïque  à 
l'occident ,  quoiqu'en  dife  Hoftman  ,  qui  la  place 
entre  les  deux  Syrtes ,  ou  entre  la  mer  Cyrénaïque 
&  la  petite  Syrte  ,  le  long  des  côtes  du  Royaume  de 
Tripoli. 

La  Mer  de  Liguric.  Mare  Ligujîkum.  C'étoit  autrefois 
ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  mer  de  Gênes. 
Foye\  GÊNES. 

La  Mer  de  Lycie.  Voye^  Lycie. 

La  Mer  de  Macédoine.    Foye^  MacÉdoine. 

La  Mer  de  Magellan,  ou  Magellanique.  Foye^  Ma- 
gellanique. 

La  Mer  Majorque,  y'oye'^  Majorque. 

Mer  Mijour ,  ou  mer  Majeure  ,  Mare  ma/us.  C'eft  la 
mer  Noire,  ou  le  Pont  Euxin. 

La  Mer  de  Mm.lria.  C'eft  le  Myrtoum  mare  des  An- 
ciens,  ^tiye^  Mandria. 

La  Mer  de  Marmora.  Voyi:-{  Marmora. 

La  Mer  Méditerranée.  Voye^  Mediter.ranÉe. 

Les  Anciens  appeloient  ia  Midkerranée  ,  Notre  mxr , 


MER 


parce  que  c'étoit  celle  qui  environnoit  leurs  terres , 
àc  fur  laquelle  feule  ils  naviguoient.  Mare  nof- 
truw.. 

La  Mer  de  Mexique.   Foye\  Mexique. 

La  Mer  de  Mingrélie.  Voye\  Mikgrelie. 

La  Mer  Morte.  Marc  Monuum.  C'eft  dans  la  Vulgate  , 
Jof.  m.  i6.  le  lac  ASPHALTITE.  Voyeice  mot, 
&  ci  dellous  MORTE.  La  merMonc  ert  le  nom  que 
l'Ecriture  donne  au  grand  lac  que  forme  le  Jourdain 
en  finiftant  la  courte  ,  &  où  il  fe  rend.  Elle  a  cent 
milles  de  long  &  vingt-cinq  de  large  ,  ftlon  Pline. 
La  mer  Morte  ,  ou  le  lac  Afphaltite  ,  eft  le  lieu  où 
étoient  Sodome  &  Gomorrhe.  Les  corps  graves  n'y 
enfoncent  point.  On  n'y  peut  noyer  aucun  corps  vi- 
vant. Il  ne  produit  que  le  bitume.  L'eau  en  eft  fi  falée 
&c  amère  ,  que  h  l'on  y  jette  du  fel  ,  il  ne  fondra 
point  :  elle  elt  plus  blanche  &  plus  pefante  que  l'eau 
de  la  mer.  Il  n  y  a  aucun  poiflon  qui  puilfe  y  vivre  : 
^  quoiqu'il  y  ait  deux  rivières  qui  y  entrent,  dont 
l'une  eft  le  Jourdain ,  néanmoins  le  poiiFon  n'y  entre 
pas ,  &  remonte  contre  fa  lource. 

La  Mer  de  Nicari.  ^oye^  Nicaria  ,  ou  Nicari. 

La  Mer  Noire  ,  c'eft  le  Pont  Euxin.  Pontus  Euxinus  , 
Mare  Nigrum.  Autrement  mer  Majour  Voye-^  Noire. 

La  Mer  du  Nord.  Foye^  Nord. 

La  Mer  d'Occident.  Mare  Hefperium.  Les  Anciensap- 
peloient  ainh  une  grande  partie  de  l'Océan  Ethio- 
pique  entre  l'Océan  Ethiopique  proprement  dit ,  & 
l'Océan  Atlantique  ,  lur  les  côtes  de  Guinée.  C'eft 
ce  que  nous  nommons  aujourd'hui  mer  de  Guinée. 

La  Mer  Orientale.  Grande  partie  de  l'Océan  qui  s'é- 
tend le  long  de  la  Chine  ,  du  Japon  &  des  Philip- 
pines. Eoum  mare.  On  dit  plus  communément  Océan 
Oriental  ,  que  Mer  Orientale. 

La  Mer  Pacifique.  Voye^  Pacifique. 

La  Mer  de  Pamphyliè,  étoit  chez  les  Anciens  la  par- 
tie de  la  mer  Méditerranée  qui  baignoit  les  côtes  de 
Pamphyliè  ,  province  de  l'Afie  Mineure.  Mare  Pam- 
phylium.  Elle  avoir  la  /Tzsr  de  Cilicie  à  l'eft^  &  celle 
de  Lycie  à  l'oueft  ,  &  étoit  au  nord-oueft  de  l'île  de 
Chypre. 

La  Mer  du  Phafe.  Les  Anciens  ont  ainfi  appelé  la  par- 
tie du  Pont  Euxin  ,  qui  étoit  lur  les  côtes  de  la  Col- 
chije  ,  &  dans  laquelle  le  Phafe  fe  décharge.  Maie 
P  kajîanum. 

La  Mer  de  Phénicie.  Mare  Phmidum.  Voyez  Pheni- 

CIE. 

Mer  du  Ponant.  C'eft  l'Océan  qui  baigne  les  côtes  de 
France  ,  depuis  ks  Pays  Bas  julqu'en  Elpagne.  Ocea.- 
nus  GaUkus  ,  Occiduum  mare.  Valois ,  Nota.  Gall. 
p.  2lS. 

Mer  du  Ponant.  Mare  Occidentale ,  Occiduum.  C'eft 
l'Océan;  par  oppofition  à  la /wer Méditerranée, qu'on 
nomme  mer  du  Levant.  De  là  vient  qu'on  nomme 
Vice  Amiral  du  Ponant ,  celui  des  Vice-Amiraux  qui 
commande  fur  l'Océan  ,  &  dans  les  ports  de  France 
qui  lont  lur  l'Océan. 

Sanfon  dans  fa  carte  de  la  Méditerranée,  appelle 
aullî  mer  du  Ponant  la  partie  Occidentale  de  la  mer 
Méditerranée  ,  entre  les  côtes  d'Efpagne ,  celles  d'A- 
frique &  la  Sardaigne. 

La  Mer  de  Provence  ,  Mare  Gallicum  ,  autrement 
golfe  de  Lyon.   Voye^  Lyon. 

La  Mer  de  Rhodes.    Voye\  Rhodes. 

La  Mer  Rouge,  autrement  mcràc  la  Mecque j  ou  dé- 
troit Arabique.  Mare  Rubrum ,  ou  Erythrum  ,  ou 
Erythrœum  ,  Jinus  Arabicas  ,  Meccanum  mare.  C'eft 
un  grand  golfe  de  la  mer  qui  entre  dans  les  terres 
à  Ormus,  &  s'étend  entre  l'Afrique  3c  l'Arabie, 
jufqu'à  une  lieue  au  delfus  de  Suez,  failant  avec  la 
Méditerranée  un  ifthme  d'environ  cinquante  lieues, 
qui  joint  l'Afrique  à  l'Afie.  La  mer  Rouge  git  du 
fud  fud  oucft  .au  nord-nord  oueft.  Dans  fa  plus  grande 
largeur,  elle  n'a  qu'environ  56  lieues  ,  fa  longueur  eft 
d'environ  ^  yo  -,  à  Ion  entrée  dans  les  terres,  elle  n'en 
a  que  fix  d'une  côte  à  l'autre  le  long  de  la  côte  orien- 
tale ;  il  y  a  de  Bc^belmandel  à  Camaram  44  lieues, 
de  Camaram  à  Gézam  60,  de  Gézam  à  Imbo  150. 
Car  il  y  a  de  Gezam  à  Zidem  42  lieues ,  de  Zidem 


MER  . 

à  Juda  56 ,  de  Jud.i  à  Iiiibo  yi.  Ce  qui  fait  de  Gézixm 
à  Imbo  130  licuc'Sid'luibo  a  Toi' j  il  y  en  a  68  ,  de 
Tor  à  Suez  30135  lieues.  Car  Tor  ell  au  28'  degré 
10  minutes  de  latitude  nord,  ik.  Suez  au  29"^  degré 
4j-  minutes.  Cela  tait  }47  lieues  pour  la  côte  orien- 
tale. Sur  la  côte  occidentale  en  dtlcendant  du  nord- 
iiord-ouelt  au  fud-(ud  ouell,  il  y  a  de  Suez  à  Co- 
rondolo  1  j  lieues  ,  de  Corondolo  à  Alercer  le  Neuf 
4J  jd'Alercerà  Çuaqueni  130,  de  Çuaqucm  à  Ma(,ua 
70  ,  de  Maçua  aux  portes  de  Babchnandcl  8j.  Ce  qui 
l^iit  34;  lieues.  D'Alcocer  au  Nil  ,  il  y  a  16  lieues  ; 
c'eft  l'endroit  de  la  mer  Rouge  le  plus  proche  de 
ce  fleuve.  Alcocer  ell  à  2jdég.  ij  min.  de  latitude 
nord.  Çuaquera  eft  à  19  dég.  20  min.  de  latitude. 
De  Tor  au  mont  Sanai ,  il  y  a  18  lieues ,  &  de 
Zidem  à  la  Mecque  environ  i  5.  Alcocer  ell  un  grand 
pallage  d'Afrique  en  Arabie.  Je  parle  d^iouvel  Al- 
cocer ,  Alcocer  le  vieux  ell  à  2  lieues  ainud  du  nou- 
veau. Tout  ceci  e(l  tiré  de  De  Barros ,  Auteur  Por- 
tugais ,  Decada  Secundo,  de  Afin  ,  L.  f^IIl.  Capitula 
primeiro. 

Les  Anciens  ont  confondu  la  Mer  Rouge  .ivcc 
le  golte  Perhque  &  la  Mer  des  Indes,  comme  Pli- 
ne ,  Mêla  Hérodote  :  car  ils  difent  que  l'Indus ,  le 
Tigre  &  l'Euphrate  s'y  déchargem.  On  l'appelle  aulH 
Mer  de  la  Mecque.  Elle  fut  appelée  autrefois  Ery- 
thrée ,  à  caufe  d'un  ancien  Roi  d'Arabie  ,  dit  Ery- 
thras  y  Se  parce  que  i^u'i.vos  en  Grec ,  lignifie  rouge 
D'autres  ont  dit  que  c'eft  à  caufe  de  la  couleur 
rouge  de  ion  arène  ,  ou  des  marbres  rouges  qui  (ont 
aux  roches  voihnes  :  ce  qui  n'ell  pas  véritable.  D'au 
très  croient  que  c'eft  à  caufe  d'une  certaine  herbe 
rouge  fort  propre  pour  la  teinture  d'écarlate,  nommée 
/ufo  ,  qui  fe  trouve  dans  fon  lond  vers  les  côtes 
d'Ethiopie.  C'eft  ce  qui  l'a  hit  nommer  par  les 
Hébreux  Bahar  fuf  ;  bahar  i\e,nih3.ni  mer  Se  Juf  rou- 
ge, pat  rapport  à  la  couleur  c'v'  au  nom  de  cette  herbe. 
S.  Jérôme  appelle  dans  (a  tr.iduiilion  la  mer  Rouge  , 
la  mer  Sauf,  comme  h  fouf  8c  rouge  vouloient  dire 
Ja  même  chofe.  Cette  herbe  eft  une  elpcce  de  goé- 
mon, ou  algue  marine  ,  qui  fe  pourrit  dans  le  fond 
de  la  mer ,  dont  il  croît  beaucoup  en  Ethiopie  & 
aux  Indes.  Elle  relîemble  au  lafran  ,  aulli-bien  que 
fa  graine  &c  la  Heur.  Elle  lert  à  teindre  en  rouge. 
Les  voilîns  de  cette  mer  l'appellent  aulll  d'ElcoJfum 
ôc  d'Ayala.  Mais  la  vraie  raifon  de  cette  dénomi- 
nation eft  que  les  Iduméens  defcendans  d'Efaii  , 
habitoient  près  des  côtes  de  cette  mer.  A  caufe  de 
cela  elle  fut  appelée,  mer  d'Edom  ,  ou  d'Idumée  , 
d'où  les  Grecs  ont  fait  Erythrtzon ,  Se  les  Latins 
Rubrum  ,  Rouge ,  qui  eft  ce  que  fignifie  le  mot 
d'Edom  en  Hébreu.  Cela  fe  rapporte  à  ce  que  di- 
foient  quelques  Anciens  ,  comme  on  le  voit  dans 
SttaboUj  Liv.  XFI.  p.  ,fj(f.  de  l'édition  de  Vignon 
de  l'an  ijS/.  &  dans  Pline  j  L.  FI.  c.  24..  que 
cette  mer  avoir  pris  fon  nom  à'Erychras  ,  hls  de 
Perfée  ,  qui  avoir  régné  en  ces  lieux-là;  &:  à  ce 
que  d'autres  ,  félon  Strabon  ,  racontoient  encore 
que  c'étoit  d'un  Perlan  nommé  Erythras,  qui  avoir 
le  premier  conduit  des  habitans  fur  les  côtes  de 
cette  mer  Se  dans  fes  îles.  Car  Erythras  en  Grec  , 
eft  la  même  chofe  qu'Edom  en  Hébreu-  j  c'eft-à- 
dire ,  rouge  ;  Se  Efaii ,  comme  on  fait ,  fut  nommé 
Edom  ,  rouge  ;  d'où  vient  le  nom  de  l'Idumée  & 
des  Iduméens  qui  habitèrent  la  côte  d'Afiongaber 
fur  cette  mer  ,  Se  qui  probablement  pafsèrent  les 
premiers  dans  fes  îles.  Edom ,  ou  Efaii ,  a  pu  aaifi 
être  pris  pour  un  Perfan  ,  parce  qu'il  étoit  fils  d'A- 
braham ,  qui  étoit  originaire  d'un  pays  que  les 
Grecs  Se  les  Romains  appeloient  la  Perfe. 

Les  Arabes  appellent  la  mer  Rouge  ,  Bahar  Cor- 
\um  ,  c'eft-à-dire  ,  mer  fermée;  nom  qu'ils  donnent 
plus  proprement  encore  à  la  mer  Cafpienne.  La  raifon 
de  ce  nom  eft  à  mon  fens  ,  que  l'entrée  de  cette  mer, 
qui  eft  déjà  fort  étroite  ,  comme  nous  l'avons  dit ,  eft 
encore  fermée  par  une  île.  Il  la  nomment  auffi  mer 
de  la  Mecque  ,  parce  que  la  Mecque  n'en  eft  pas 
beaucoup  éloignée.  De  Barros  dit  qu'ils  font  tout 
étounés  d'entendre  que  nous  l'appelions  mer  Rouge. 


MER         941 

Peut  être  s'y  font  ils  fiits.  Mais  De  Barros  parle  des 
premières  navigations  d'Alfonfe  d'Albuquerque  , 
de  Dom  Jean  de  Caftro  ,  6c  des  Portugais  fur  cette 
mer. 

La  Mer  lalée  ,  mare  faits  ,  ou  falfijfimum  ,  falfum. 
C'eft  un  nom  que  lEcnrurc  donne  à  la  mer  Morte. 

La  Mer  de  Sardaignc,  Hardoum  mart.  Voyez  Sardai- 

ONH. 

La  Mer  SariTiatique,ou  de  Sarmatie.  Foyei  Sarmatie. 

La  Mer  de  Scythie.  ^oye^  Scythie. 

La  Mer  de  Sicile,  f^oyci  Sicile. 

La  Mer  de  Sodome.  Mer  Sodome ,  ou  Sodomium. 
C'eft  le  lac  Asphaltite.  Voye'{  ce  mot. 

Mer  de  la  Solitude.  C'eft  un  des  noms  que  l'Ecriture 
donne  au  lac  Afphaltite  ,  &  à  la  mer  Morte.  Mare 
foiitudïms.  Elle  étoit  ainfi  appellée  ,  parce  qu'elle 
s'étendoit  le  long  du  Dcfert  ,  ou  de  la  Solitude  de 
Juda,  c'eft  à  dire,  qu'elle  eft  environnée  de  (ables 
arides  ,  de  terres  ftériles ,  de  campagne  de  fel.      •  * 

La  Mer  du  Sud.   Foye\  Sud  Se   Pacifiq,ue. 

Hoftman  dit  que  nous  appelons  en  François  le 
Zuidcrzée,  mer  du  Sud;  il  fe  trompe.  Il  ell  vrai , 
que  Zuidcrzée  en  Hollandois ,  eft  la  même  chofe 
qu'en  François  mer  du  Sud  ;  mais  nous  ne  difons 
point  pour  cela  mer  du  Sud  pour  Zuidcrzée  ,  ni 
Zuiderzée  pour  mer  du  Sud.  Ce  font  deux  chofes 
fort  diftérentes. 

La  Mer  de  Suède,  c'eft  la  mer  Baltique  ,  Mare  Balti- 
cum  ,  Codanus  Sinus. 

La  Mer  lupérieure  ,  Mare  fuperum.  .  Les  Romains 
appeloient  ainlî  la  mer  Adriatique,  aujourd'hui  golfe 
de  Venile  ,  qui  tft  au  nord  de  llialie  j  comme  ils  ap- 
paloicnt  /nerinléricure,  la  meràt  Tolcane,qui  efïau 
midi. 

La  Mer  de  Syrie  ,  ou  de  Sourie.  Voye^  Syrie. 

La  Mer  de  Tibérîade ,  Mare  Tiberiadis.  Voyez  mer 
de  Galilée,  c'eft  la  même  chofe.  On  la  nomme  aulîi 
OTer  de  Galilée ,  ou  de  Cénéreth,  ou  de  Généfareth. 
t'oye:^  ces  mots. 

La  Mer  de  Tofcane.  f^oye^  Toscane. 

La  Mer  dcTrinacrie,  Trinacrium  mare.  Dans  les  An- 
ciens c'eft  la  même  chofe  que  mer  de  Sicile,  qu'on 
appeloit  Trinacrie. 

La  Mer  de  Tyr.  Partie  de  la  mer  de  Phénicie.  C'eft 
celle  qui  eft  fur  les  côtes  de  Tyr.  Mare  Tyrïum. 

La  Mer  Vermeille  ,  Marc  P urpurcum.  C'eft  la  partie 
de  la  wer  du  Sud,  qui  eft  entre  la  nouvelle  Efpa- 
gne  Se  la  PéninluledeCaiitornie  ,  le  golie  ouïe  bras 
de  mer  qui  cil  entre  la  nouvelle  Efpagne  &  la  Cali- 
fornie. 

La  Mer  de  Virginie.  Mare  Vlrginium.  C'eft  la  partie 
méridionale  de  la  mer  d'Irlande  ,  qu'on  a  autrefois 
appellée  ainfi.  Elle  s'étend  entre  l'Irlande  &  le  Cap 
de  Cornouaille  ,  en  Angleterre. 

Mer  de  Zabache  ,  ou  de  la  Tana,  c'eft  la  Palus-Mco- 
tide.  Palus  M&otïs.  Voyez  Zabache. 

La  Mer  de  Zanguébar.  Voye\  Zanguébar. 

Q\\  appelle  Ports  de  mer ,  les  villes  ou  endroits 
où  peuvent  aborder  les  Vailleaux  :  Rhades  de  mer , 
les  endroits  où  les  vaifleaux  peuvent  ancrer  ,  Se  fe 
tenir  à  l'abri  :  côtes  Se  rivages  de  la  mer,  toutes  les 
terres  qui  font  le  long  de  fes  bords.  En  ce  fens  on 
dit  Boulogne  fur  la  mer ,  Monftreuil  (ur  la  mer. 
Golfes  ou  Anfes  de  mer,  font  les  lieux  ou  les  riva- 
ges qui  fe  courbent  en  arc  ;  &  bras  de  mer,  les 
endroits  de  la  mer  qui  font  ferrés  entre  le  continent 
Se  les  îles. 

On  appelle  pleine  mer  Se  haute  mer ,  celle  qui 
eft  fort  éloignée  des  rivages.  On  dit ,  tirer  à  la  mer  ; 
pour  dire  ,  s'éloigner  des  côtes.  Quand  le  flux  arri- 
ve ,  on  dit  que  la  mer  iiLonte  ;  &  on  appelle  bafe 
mer ,  quand  il  s'en  retourne.  On  dit  que  la  mer  efï 
grolfc  ,  quand  elle  eft  courroucée  ,  Se  agitée  des 
vents  Se  de  la  tempête.  Et  quand  en  dit,  temps  de  mer, 
c'eft  à-dire  ,  un  orage.  On  dit  que  la  mer  eft  calme  , 
quand  il  ne  fiit  point  de  vent,  quand  les  vailfeaux 
ne  peuvent  avancer ,  Se  alors  on  dit  qu'il  n'y  a 
point  de  mer;  Se  que  la  mer  n'eft  pas  navigabls  , 
quand  il  y  a  des  vents  conuaires  qui  régnent,  com- 


5?4^        MER 

me  dans  l'Inde.  Il  y  a  fix  mois  qu'elle  n'eft  pas  na- 
vigable poui'  retourner  en  Europe  ,  il  f.iuc  atten- 
dre la  moulfon.  On  appelle  coups  de  mer ,\cs  vio 
lentes  agitations  des  HotSj  des  lames  ,  ou  des  houles. 
On  dit  encore  ,  qu'on  ne  peut  plus  tenir  la  mer , 
lorfque  le  va^feau  efl:  délagréé,  ôc  qu'il  ne  peut 
plus  réfifter  à  l'orage.  Une  mer  cÙ.  dite  fans  fond, 
lorfqu'clle  a  plus  de  deux  cens  bralibs  de  profon- 
deur. BoBBE. 

On  appelle  un  Homme  de  mer ,  un  Pilote ,  ou 
un  Capitaine  de  vailleau  ,  qui  entend  bien  la  Ma- 
rine ,  qui  fait  bien  conduire  un  vailleau.  Se  com- 
mander fur  mer;  un  Ecumeur  de  mer,  un  Pirate, 
ou  Corfaire  qui  court  les  mers  pour  voler  les  Mar- 
chands, fans  pouvoir  ,  ou  commillîon  d'aucun  Prin- 
ce. On  appelle  Maître  de  la  mer ,  un  Prince  qui 
couvre  la  mer  de  vailleaux ,  qui  eft  le  plus  fort  (ur 
Tner ;  îk  l'on  dit  qu'il  tient  la  mer  en  ce  fens.  On 
dit  que  Xerxès  a  autrefois  fouetté  la  mer.  Aujour- 
d'hui les  Vénitiens  époufcnt  la  mer  en  grande  cé- 
rémonie. On  appelle  monter  fur  mer,  quand  on 
s'embarque  ;  mettre  en  mer,  mettre  à  h  mer,  quand 
on  fait  partir  les  vailleaux  j  quand  on  les  poulie  de 
deifus  le  chantier  à  la  mer.  On  dit  aulîi ,  aller  à 
la  mer,  quand  on  va  en  courfc  ;  qu'il  faut  aller  à  la 
mer,  quand  on  a  été  mordu  de  quelque  bête  enragée. 
On  appelle  Chien  de  mer ,  tortue  de  mer ,  oijeau 
de  mer  y  des  efpèces  de  ces  animaux  qui  vivent  dans 
la  mer  y  ou  fur  les  bords.  Du  poilfonde  mer,  des 
châtaignes  de  mer ,  coquilles  &  raretés  de  Iz  mer. 
Vert  de  mer ,  efl:  un  vert  un  peu  foncé  ,  qui  imite 
la  couleur  de  la  mer  vue  de  loin.  On  appelle  de 
r outre-mer ,  de  l'azur  fait  de  lapis  broyé  qui  vient 
d'Orient.  Nous  difons  aulli  mer  par  hyperbole  ,  ou 
exagération  ,  pour  une  grande  étendue  d'eau.  Cette 
rivière  déborda  &  inonda  toute  4a  campagne  ;  c'étoit 
une  mer. 

Mer  d'Airin.  Dans  l'Ecriture  ,  c'efl:  un  grand  vafe 
d'airain  qui  fe  remplilloit  d'eau  ,  pour  les  purifica- 
tions des  Pièttes  &  des  Lévites.  Marc  <tneum,  lacus 
AKeus  j  labrum  xneum. 

Me^  ,  fe  dit  figuréinent  des  chofes  fpirituelles  S<  mo- 
rale?. Qui  voudroit  fonder  la  profondeur  des  myf- 
tères  de  la  Foi  ?  C'eft  une  mer  où  l'elprit  le  perd. 
La  focieté  cfi:  une  mer  plus  inlîdclle  ,  Se  plus  ora- 
geufe  ,  que  la  mer  même.  M.  Es  p.  Notre  vie  ell 
une  mer  orageufe ,  fins  celfe  agitée  par  les  pallions. 
La  prédication  de  l'Evangile  elf  comparée  à  un  filet, 
avec  lequel  on  pêche  dans  la  mer  de  ce  monde 
toutes  lottes  de  poillons. 

Pour  moi,  fur  cette  mer  qulcihas  nous  courons. 
Je  fonge  à  me  pourvoir  d'ejquif s  &  d'avirons. 

BoiL. 

Ces  fortes  de  figures  font  fi  fort  établies  j  que 
chaque  pallion  eft  confidérée  comme  une  mer  où 
l'on  court ,  afin  de  parvenir  à  fon  but. 

Courir  les  mers  d'Amour  de  rivage  en  rivage. 

Sar. 

La  Pe'éfie  eft  aulTI  la  mer  où  les  plus  beaux  ef- 
prits  couitent  fouvent  rifque  de  fe  perdre. 

Cette  mer  où  eu  cours  ejl  célèbre  en  naufrages. 

BoiL. 

Etoile  de  la  mer,  fe  dit  figurémcnt  de  la  Vierge 
Marie.  Au  propre  ,  c'efl:  l'étoile  de  Vénus ,  ou  celle 
de  Caftor  Se  Pollux,  ou  plutôt  l'étoile  du  Pôle. 
Mer  ,  (e  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  On  dit 
qu'on  porte  de  l'eau  à  la  mer ,  quand  on  porte  j 
quelque  ch(jfe  en  un  lieu  où  il  y  en  a  déjà  grande  abon- 
dance. On  dit  en  ce  fens  ,  c'efl:  une  goutte  d'eau 
dans  la  mer  ;  pour  dire ,  ce  que  vous  y  apportez  n'y 
patoîtra  rien.  On  dit  auflî ,  c'eft  la  mer  à  boire , 
c'eft  vouloir  épuifer  la  mer;  pour  dire ,  c'eft  une 
choie  impolCble  à  faire ,  dont  on  ne  peut  jamais 


MER 

voir  la  fin.  On  dit  aulli  j  qu'une  fauce  efl;  fâléc 
comme  la  mer  ;  pour  dire  ,  qu'elle  eit  trop  falée.  On 
dit  aulfi ,  qu'on  a  cherché  quelqu'un  par  mer  &  par 
terre  ;  remis  velifque  ,  velis  equifque  ;  pour  dire 
qu'on  l'a  cherché  en  divers  endroits.  On  dit  d'un 
homme  qui  mange  beaucoup  ,  qu'il  avaleroit  la 
mer  Se  les  poilVons.  On  dit  aulli  ,  labourer  le  ri- 
vage de  h  mer  ;  pour  dire,  prendre  une  peine  inu- 
tile. Jrare  litus.  On  dit  d'un  homme  dont  la  for- 
tune eft  bien  établie  ,  qu'il  vogue  en  pleine  mer;  ôc 
de  celui  qui  avance  un  grand  ouvrage  qu'il  a  entre- 
pris j  qu'il  eft  en  pleine  mef.  Qui  craint  le  danger, 
ne  doit  pas  aller  fur  mer.  On  du  encore  ,  Quand  la 
mer  eft  trouble,  tout  le  monde  pêche  ,  pour  dire, 
que  chacun  cherche  à  profiter  dans  les  défordies. 

JV^Hya  au  bal  qui  n'aimera  la  danfe  , 
Ni  fur  la  mer  qui  craindra  le  dangtr , 
Ni  au  fejlin  qui  ne  voudra  manger  , 
Ni  à  la   Cour  pour  dire  ce  qu'il  penfe. 

Pybrac. 

Mer  des  humeurs.  Mare  humorum.  Terme  d'Aftro- 
nomie  purement  Latin  ,  mais  francifé  par  l'ufage. 
Les  Aftronomes  ont  donné  ce  nom  à  l'une  des  taches 
de  la  Lune  qui  eft  la  41*.  dans  le  Catalogue  du  P. 
Riccioli ,  Se  qu'il  a  délignée  par  la  lettre  majulcule 
A.  Il  y  aulli  Mure  nuhium  ,  Mare  imbrïum  ,  Mare 
neclaris  ,  Mare  tranquillïtatis  j  Mare  ferenitatis  j 
Marefcecundit.itis  ,  Se  Mare  crifium ,  qui  font  les  42 , 
43  5  44  J  45  >  4^  >  47  >  «^  4^  du  même  Catalogue  , 
Se  qui  font  défignées  par  les  majufcules  B,CjD, 
E,F,  G, H. 

Mer.  Ville  de  France  dans  le  Blaifois,  entre  Blois  & 
Baugenci  ,  à  une  lieue  de  h  Loire. 

MERA.  f  m.  Sorte  d'arbre  qui  fe  trouve  dans  l'ile  de 
Madagafcar.  Ses  feuilles  rellemblent  à  celles  de  l'O- 
livier ,  Se  (on  bois  eft  jaune  dans  le  milieu,  fans 
odeur.  Se  aulli  dur  que  celui  du  buis. 

Mera.  1.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une  Nym- 
phe ,  compagne  de  Diane.  Mera.  Elle  étoit  fille  de 
Prothéc  &  d'Aulia.  Un  jour  qu'elle  étoit  à  la  chaf- 
fc ,  Jupiter  le  traveftit  en  Minerve  ,  Se  la  furprit  j 
mais  Diane  en  fut  11  outrée  ,  qu'elle  la  perça  de  flè- 
ches ,  &:  elle  fut  changée  en  chienne  ,  commeOvi' 
de  le  décrit  dans  fes  Métamorphofes  j  L.  Fil. 

Mera.    Fûye\  Larissa  ,  Rivière. 

MERALERESbE.  On  trouve  aulli  Merallereffe.  Vieux 
mot ,  qui  fignifie  Sage-femme.  Objletrix. 

MÉRANj  MÉRANIE.  Nom  d'une  petite^  ville  ou 
bourg  d'Allemagne.  Merania.  Ce  lieu  j  iitué  dans 
le  Tirol,  fur  l'Adigc  ,  à  douze  lieues  au-delîus  de 
Trente  ,  étoit  anciennement  le  chef  du  Duché  de 
Mérani ,  qui  contenoic  tout  le  Tirol  ,  Se  une  pe- 
tite partie  de  la  Haute-Bavière.  Ce  pays  eft  entré 
dans  la  Maifon  d'Autriche,  l'an  1366. 

Meranie.  Nom  ancien  de  la  province  que  nous  ap- 
lons  aujourd'hui  Tirol. 

MÉRAUT.  f  m.  Nom  d'homme.  Medraldus.  Le  corps 
de  S.  Méraut  Abbé  ,  eft  à  S.  Georges  de  Vendôme. 
Chast.  au  2j  Février. 

MERC ,  MERCQ  Se  MÈRE.  Vieux  mot ,  qui  yeui 
dire  ,  Marque  ,  ligne  ^our  reconnoître.  Clof]]  fur 
Maroc.  On  trouve  dans  les  Coutumes  merc  de  Chà- 
tel.  yoyei  Maire  de  Chastel.  iV/c;ri:  du  gibet, /^«rc 
^de  la  Juftice  ,  c  eft  le  lieu,  la  marque  delà  Juftice, 
des  fourches  patibulaires.  Battre  au  deiius  ,  ou  au- 
deJbus  des  mens  ,  c'eft-à-dire  ,  au-derîis  ou  au- 
dellous  des  lieux  marqués.  On  dit  auili  mères  dans 
le  même  fens.  Quelquefois  on  écrit  mère  au  lin- 
gulier. 

MERCADENT.  f.  m.  Terme  de  mépris  ,  qui  fignifie 
un  Marchand  de  légères  merceries  ,  ou  un  Marchand 
ruiné.  Minutus  propola.  Il  eft  pris  de  l'Italien  un 
povero  marcadente . 

(ÇJ-  MERCANTIL  ,  ILLE.adj.  m.  &  f.  Qui  conaerne 
le  Commerce.  Contrat  mercantil.  Pro!ellion  mercan- 
tille.    Arithmétique    mercantilU  ,   pour   diftinguer 


MER. 


MER 


celle  qui    n'cft   propre  qu'aux  Marchands ,  d|avec 
celle  des  Géomètres. 

Ç3'  Il  eft  aulli  fubftantif.  Faire  la  mercantille  ,  pour 
dire  ,  un  négoce  de  peu  de  valeur.  Mercacura. 

MEKCANTILLEMENT.  adv.  Dune  manière  mer- 
cantille. Il  fe  dit  en  ce  fens  :  Il  parle  ,  il  écrit ,  il 
s'exprime  mercanc'dlemenc  ;  pour  dire  qu'il  parle  , 
qu'il  écrie,  qu'il  s'explique  félon  les  maximes,  les 
ufages  &  les  termes  qui  (ont  atfedtés  aux  Marchands 
&  Négocians. 

MERCANTISTE.  f.  m.  On  fe  fert  quelquefois  de  ce 
terme  pour  lignifier  un  Marchand.  Dic.  de  Com- 
merce. 

MERCANTORISTE.  adj.  Il  fe  dit  de  la  manière  de 
parler  d  un  Marchand.  Ce  ftyle  cft  mercantor'ijle  , 
plein  d'expredions  aftecftées  aux  Marchands. 

MERCAVA.  f.  m.  Terme  de  Théologie  Rabbinique  , 
dont  les  Juifs  fe  fervent  pour  exprimer  les  fpécula- 
tions  fur  la  nature  de  Dieu  &  de  fes  ouvrages.  R. 
Moyfe  dit  dans  fon  livre  More  Mevochim ,  qu'il  a 
dellein  d'expofer  tout  ce  qui  regarde  l'ouvrage  du 
Berefchith  Se  du  Mercava.  Par  l'Ouvrage  du  Beref- 
th'uh,  il  entend  la  création  ,  qui  eft  expliquée  dans 
Ja  Genèfe  que  les  Juifs  appellent  Brefchih  ;  &  par 
le  Mercava ,  il  entend  les  myllères  de  cette  création  , 
qui  ne  font  entendus  que  des  Sages.  Le  R.Juda,qui 
parle  aulli  du  Mercava  ^  dit  que  les  fecrets  de  ces 
myftères  font  fi  fublimes ,  qu'il  n'eft  pas  permis  de 
les  enfeigner  en  parcicuUer.  Voyez  le  Diétion- 
naire  de  M.  Simon  de  Lyon. 

TIERCE.  Mot  corrompu  de  Merci.  Je  ne  manquerai 
pas ,  dit  le  Duc  de  Mayenne  ,  de  Bulles  &  d'Excom- 
munications merci  de  M.  le  Légat ,  (  c'ell-à-dire  , 
Merci ,  ou  grâces  à  M.  le  Légat  )  qui  en  fait  tout  le 
tu  aucem ,  pour  embabouiner  ceux  qui  y  voudront 
croire....  Sat.  Mén.  t.  i.  p.  jp. 

MERCELOT.  f.  m.  Petit  Mercier  §CF  qui  étale  aux 
Foires  ,  qui  porte  une  balle  à  la  campagne ,  ou  dans 
la  ville  j  une  manette  pendue  à  fon  cou  ,  &  remplie 
de  menue  mercerie.  Tenais  Mercator ,  minuta,  iner- 
cis  propola.  C'efl  la  même  chofe  que  Mercerot. 

MERCENAIRE,  f  m.  &  f.  Homme  de  journée  ,  qui 
travaille  pour  gagner  de  l'argent  j  pour  gagner  fa  vie. 
Mercenarius ,  operarius.  C'efl  un  péché  criant  j  de 
retenir  le  falaire  des  valets  &  des  mercenaires. 

Mercenaire  ,  s'emploie  encore  fubftantivement  dans 
la  fignification  d'un  homme  intérelfé  &  aifé  à  cor- 
rompre pour  de  l'argent.  Venalis.  C'efl  un  merce- 
naire. Ac.  Fr. 

Mercenaire.  Ordre  Religieux  dont  il  y  en  a  de  chauf. 
fés  &  de  déchaulles.  On  en  voit  principalement  en 
Efpagne  ,  où  ils  font  nommés  Religieux  de  Xa.  Mer- 
ced :  l'on  y  en  compte  95  Couvens  de  Mitigés  & 
1 3  de  Réformés.  On  dit  communément  les  Religieux 
de  la  Merci ,  mais  quelques-uns  les  nomment  Mer- 
cénaires.  L'Abbé  de  Vairac  fe  fert  toujours  de  ce 
mot. 

fi?  Mercenaire,  adj.de  t.  g.  Se  dit  rarement  au  pro- 
pre. Travail  ,  labeur  mercenaire ,  qui  fe  fait  feule- 
ment pour  le  gain ,  pour  le  falaire.  Il  eft  plus  fou- 
vent  employé  au  moral.  Un  homme  mercenaire 
infpiré  par  un  intérêt  fordidc  ,  qui  fe  lai  (Te  aifément 
corrompre  par  l'intérêt ,  qui  fait  tout  pour  de  l'ar- 
gent. Les  gens  de  balfe  nailfance  ont  d'ordinaire 
l'ame  mercenaire  Se  lâche.  Combien  d'Auteurs  tra- 
vaillent par  un  efprit  mercenaire  ;  font  des  dédica- 
ces ,  Se  donnent  des  éloges  mercenaires  ?  Les  Jurif- 
confultes  de  Cour ,  toujours  bien  alTorris  de  maxi- 
mes Hatteufes  ,  ne  manquent  pas  d'craler  leur  élo- 
quence mercenaire,  Toor.  Cette  laide  avec  fes  ri- 
chefTes  ne  peut  avoir  que  des  adorateurs  mercenaires. 
S,  EvR.  L'amour  intéreffé  des  ifraëlites  pour  Dieu  , 
étoit  un  amour  fervile  Se  mercenaire.  Fén.  Les  Mu- 
fes  n'étoient  pas  encore  mercenaires  ,  &  l'on  ne  ven- 
doit  pas  encore  les  douces  chanfons  de  Therpficore. 
Le  Ct.  Une  armée  eft  une  multitude  d'ames  pour 
la  plupart  viles  &  mercenaires.  Fl. 

Dans  les  âmes  vulgaires. 


943 


Les  feux  de  la  valeur  font  des  feux  mercenaires. 

Bréb. 

D'un  mercenaire  amour  voilà  les  dignes  fruitsi 

Rac. 

MERCÉNAIREMENT.  adv.  D'une  manière  merce- 
naire. Mercenarium  in  modum.  Il  ne  faut  point  agir 
mercénairement ,  quand  on  veut  acquérir  de  l'hon- 
neur. 
MERCERIE,  f.  f.  Marchandifes  dont  les  Merciers 
ont  droit  de  faire  trafic.  Foye\  Mercier.  Le  Corps 
de  la  Mercerie  de  Paris  eft  nombreux  Se  fort  étendu. 
C'eft  le  troifième  des  lix  Corps  des  Marchands ,  qui 
eft  divifé  en  lîx  états  diftércns  :  le  Marchand  grolficr  , 
ou  en  gros,  qui  peut  vendre  (ous  corde  tout  ce  que 
les  autres  cinq  Corps  peuvent  vendre  en  détail ,  & 
qui  détaille  aulli  quelquefois  ;  le  fécond  ,  celui  qui 
vend  des  étoftes  de  drap  d'or ,  d'argent  ,  de  foie  Se 
de  laine  :  le  troilième  ,  celui  d'oftades  :  le  quatriè- 
me ,  celui  qui  vend  des  tapilleries  :  le  cinquième, 
eft  celui  de  la  Joaillerie  ;  Se  le  fixième  ,  celui  de 
la  menue  mercerie.  Ce  Corps  a  été  inftitué  en  l'an- 
née 1407.  par  Charles  VI. 
Mercerie  ,  fe  dit  plus  particulièrement  des  menues 
marchandifes,  Se  de  celles  qu'on  vend  en  détail. 
Minuta  merx.  Les  rubans  ,  le  fil ,  la  foie ,  les  ai- 
guilles ,  coëfFes  ,  mafques ,  toilettes ,  font  de  la 
menue  mercerie. 

Ce  mot  vient  à  mercibus. 

On  dit  proverbialement ,  Qu'il  a  plu  fur  la  mer- 
cerie de  quelqu'un  ,  pour   dire  ,  que  fon  trafic  va 
mal ,  qu'il  eft  prêt  à  faire  banqueroute. 
MERCEROT  ,   fynonyme  de  MERCELOT.  f.  m.  Pe- 
tit Mercier  de  campagne  ,  ou  de  menue  marchandife. 
Minuti.  mercis  propola.  On  ne  le  dit  ordinairement 
que  par  mépris.  Ce  n'cft  qu'un  Mercerot. 
MERCEX.  Nom  d'une  ville  anciennement  épifcopale. 
Mercejta ,  autrefois   Germanica.  Elle  eft  dans  la  Si- 
rie  ,  près  du  Mont  Aman ,  au  feptentrion  d'Alep. 
Maty. 
MERCHE  ,    LA    MERCHE ,  011   LES   MERCHES. 
Nom  d'une  province  de  l'Ecolîe  méridionale  ,  bor- 
née au  nord  par  la  Lothiane  ,    au  couchant  par  la 
Laudercale ,  &  au  midi  par  la  Twédale  Se  le  Nor- 
thumberland,  dont  elle  eft  féparée  par  la  rivière  de 
Twèdei   la  mer  d'Allemagne  la  baigne  au  levant. 
Marchia  ,  Merchia  ,  Merfîa.  Cette  province  n'a  guère 
au  delà  de  huit  lieues  de  long  ,  Se  de  fix  de  large. 
Merche  ,  pour  Marqué.  Ct.  Marot  ,  Ballade  à  Ma- 
dame d'Alençon  ,  Marguerite  de  Valois ,  pour  être 
couché  en  fon  état. 
MERCHER.  v.  a.  Vieux  mot,  qui  fignifie  marquer i 
mettre   une  marque.    Notare ,  Jîgnare.   Mercher  la 
mefure  pour  être  sûr   qu'elle  a  les  proportions  ré- 
glées par  la  coutume ,  ou  autrement. 
IJCF  On  difoit  autrefois  merc  Se  mère  pour  marque, 
MERCHINGEN.  Ville  Se  Château  fort  d'Allemagne 

dans  le  Palatinat  du  Rhin 
MERCI,  f  f.  Ce  mot  n'a  point  de  pluriel ,  gCT  &  fi- 
gnifie Miféricorde.  Gratia  ,  venia.  Crier  merci ,  re- 
cevoir à  merci.  Il  y  a  des  gens  fans  merci  ,  qui  ne 
font  aucune  merci ,  dont  il  ne  faut  attendre  aucimc 
merci.  Implorer  la  merci  de  quelqu'un.  Au  refte  ,  il' 
faut  remarquer ,  après  l'Académie  ,  que  le  mot  de 
merci  vieillit  dans  la  plupart  des  phrafes  où  il  fe  mec 
fans  article  ,  &  qu'il  n'a  plus  d'ufage  que  dans  celle- 
ci  ,  Je  vous  crie  merci  ,  qui  fe  dit  familièrement 
pour.  Je  vous  demande  pardon. 

Ménage  dérive  ce  mot  de  miferefcere.  Il  y  a  plus 
d'apparence  qu'il  vient  de  mereri ,  parce  que  celui 
qui  s'humilie,  mérite  le  pardon.  On  l'a  appelé  en 
Latin  merces ,  mifericordia. 
Merci  ,  fe  dit  aufTi  en  parlant  de  ce  qui  eft  abandonné 
au  pouvoir ,  à  la  difcrétion  ,  à  la  vengeance  d'au- 
rrui.  Arhitrium,  pote/las.  Une  ville  prife  d'alfaut  efl: 
à  la  merci  des  foldats.  C'eft  un  grand  malheur  de 
tomber  entre  les  mains  de  fon  ennemi  mortel ,  d'êfte 


944         MER 

il  fa  nierci.  Remettre  quelqu'un  à  la  merci  de  fe5 
ennemis.  Voit.  Les  l^laideuis  font  à  la  merci  des 
Juges  ,  qui  difpofcnt  de  leurs  biens  &  de  leur  vie 
comme  il  leur  plaît.  Ce  logis  ne  ferme  point ,  tout 
y  eft  à  la  merci  des  voleurs. 

On  le  die  aulli  à  l'égard  des  bêtes  &C  des  chofes 
inanimées.  Ce  Berger  a  laillé  l'on  troupeau  à  la  merci 
des  loups.  Être  à  la  merci  des  bêtes  farouches.  Vaug. 
Ce  Pilote  a  abandonné  fon  vailléau  à  la  merci  des 
flots  j  des  vents  &  de  l'or.age.  Se  mettre  à  la  merci 
de  la  mer  &  des  Pirates ,  de  l'orage ,  des  pallions  ^ 
de  l'amour  ,  de  la  haine  ,  &c. 

Ils  verraient  leurs  écrits ,  honte  de  l'univers  , 
Pourrir  dans  la   poujjîère   â  la    merci  des  vers. 

BoiL. 

Merci  ,  fe  joint  auflî  à  quelques  mots  qui  font  des  .ad- 
verbes ou  des  fubftantifs  dans  des  façons  de  parler 
ordinaires.  Dieu  merci  j  nous  voilà  à  la  fin  de  nos 
maux.  Dieu  merci  ,  ôc  à.  vous  -,  c'eft  à-dire  ,  gr.îces 
à  Dicuj  &  à  vous,  j'en  fuis   quitte.    Dieu  merci. 

GON. 

Quelque  rare  que  fait  le  mérite  des  Belles  , 
Jepenfej  Dieu  merci,  qu'on  vautfonprix  comme  elles. 

Molière. 

^fT  Grand  Merci.  Façon  de  parler  du  ftyle   familier 

qui  fignifie  ,  Je  vous  remercie  ,  je  vous  rends  gr.îce. 

Grand  merci  fe  prend  quelquefois  fubftantivement. 

Cela  ne  m'a   coûté  qu'un  grand  merci.  Marotadit: 

Mes  bons  Pères  Religieux, 
Vous  dLnc\  pour  un  grand  merci. 
O  gens  heureux  !  ô  demi-dieux  ! 
Plût  à  Dieu  que  je  fujje  ainfi. 

Merci  Dieu  ,  merci  de  ma  vie  ,  eft  une  manicrc  de 
jurer  dont  le  fervent  les  femmes  de  la  lie  du  peuple. 

Merci.  C'eft  la  charité  d'amour,  qu'on  demande  plus 
d'une  fois  avant  que  de  l'obtenir.  Marot  le  tait  allez 
entendre.  Glo(f.  fur  ce  Poète. 

L'Ordre  de  la  Merci  ,  eft  un  Ordre  de  Religieux  qui 
vient  d'F.fpagne  ,  inftitué  pour  la  Rédemption  des 
Captifs.  Ordo  fancl&  Maria  de  Mercede.  Il  fut  inf- 
titué en  1225.  par  S.  Pierre  Nolafque.  S.  Raimond 
de  Pegnafort ,  nouvellement  entré  dans  l'Ordre  de 
S.  Dominique  ,  y  eut  beaucoup  de  part ,  &  il  lut 
confirmé  en  1250.  par  Grégoire  IX.  fous  la  Régie 
de  S.  Auguftin.  Il  eft  appelé  Ordre  de  la  Merci , 
qui  veut  dire  pitié  ,&  miféricordc.  Ou  du  mot  Latin 
merccs  ,  qui  lignifie  Rançon  ,  rachat ,  parce  qu'ils 
rachettcnt  des  InfiJcUes  les  Chrétiens  efcl.ives  ,  & 
qu'ils  en  paient  la  rançon.  Le  nom  de  cet  Ordre 
eft  proprement  Notre  Dame  de  la  Merci ,  pour  la 
Rédemption  des  Captifs  ;  mais  pour  l'ordinaire  nous 
difons  lîmplement  la  Merci. 

MEP.CIANT.  adv.  Volontiers  j  de  bon  cœur.  Pocf. 
du  Roi  de  Nav. 

MERCIE.  Nom  d'un  ancien  Royaume  en  Angleterre. 
Mercia.  La  Mercie  comprenoit  le  pays  des  Corna 
riens  ,  des  Coritains  ,  des  Dobunes ,  la  partie  tep- 
tentrionale  du  pays  des  Atréb.ueSj  &  la  partie  oc- 
cidentale de  celui  des  Catieuclaniens.  Le  Royaume 
de  Mercie  étoit  autrefois  le  principal  des  Royaumes 
que  les  Anglo-Saxons  avoicnt  fondé  dans  la  Grande- 
Bretagne.  Ses  bornes  étoient ,  au  nord  ,  le  Royaume 
de  Northumberland  ;  au  couchant,  la  Principauté  de 
Galles  ;  au  fud  ,  le  Royaume  de  W^eftlex  ,  ou  les  pro- 
vinces occidentales  ;  &C  au  levant ,  les  Royaumes 
d'ElFex,  d'Éaft-Angles,  avec  la  mer  d'Allemagne. 
Cette  grande  province  eft  divifée  en  dix  -  huit  moin- 
dres ,  qu'on  nomme  Shires  ou  Comtés;  leurs  noms 
font  Cheftcr  Shrop  ,  Héreford  ,  Monmouthj  Glo- 
cefter  ,  Oxford  ,  Buckingham  ,  Bedford  ,  Hunrin- 
gron  j  Northampton  ,  Rutland  ,  Lincolne  ,  Nottin- 
gham  ,  Darby  j  Staftord ,  W^orcefter ,  Waiwick  8c 
Leicefter, 


MER 

MERCIEN  ,  ENNE.  adj.  Habitant  du  Royaume  de 
Mercie.  Mercius  ,  a.  On  appeloit  autremenr  les  Mer- 
cïens  ,  Anglois  du  dedans  des  terres.  Angli  medi- 
terranei. 

MERCIER,  vieux  verbe.  Remercier. 

Mercier.  1.  L'action  de  marcher  ,  les  pas  par  où  une 
perionne  a  marché.  Poéf.  du  Roi  de  Nav. 

Mercier,  ère.  1.  m.  Se  f.  Marchand  qui  vend  tou- 
tes fortes  de  marchandites  dépendantes  du  Corps  de 
la  Mercerie.  Mercator.  Le  Corps  des  Marchands 
Merciers  de  Paris  eft  le  plus  nombreux  &  le  plus 
puillant  des  fix  Corps  des  Marchands.  Les  gros 
Marchands  Merciers  vendent  toutes  les  belles  étoffes 
de  loie,  d'or  &  d'argent,  &  quelque  marchandifc 
que  ce  foit ,  tant  du  Royaume  ,  que  des  pays  étran- 
gers, comme  étoffes,  cuirs  j  fourrures ,  tapilferies , 
palfemens  ,  foies  ,  joailleries,  drogueries,  métaux, 
armes  ,  quincaillerie,  dinanderie  ,  coutellerie,  & 
tous  ouvrages  de  forge  &  de  fonte.  Les  Marchands 
Merciers  ne  doivent  taire  aucun  ouvrage  de  la  main  , 
fi  ce  n'eft  pour  enjoliver  les  marchandites  qu'ils  ven- 
dent :  autli  ,  dit-on  j  MtTcier  marchand  de  tout ,  fai- 
feur  de  rien.  Les  Merciers  en  détail  ne  peuvent  pas 
vendre  celles  qui  concernent  les  autres  Corps.  Il 
y  aullî  de  menus  Merciers  qui  colportent  ,  qui  éga- 
lent de  petites  marchandites  dans  les  marchés  &"  les 
foires  ,  qui  ne  font  pas  du  Corps  des  Marchands 
Alerciers. 

On  dit  proverbialement  ,  A  petit  Mercier,  petit 
panier ,  pour  dire  ,  que  les  petites  gens  peuvent  vi- 
vre de  leur  trafic  en  réglant  leur  dépenfe  à  leur 
gain.  On  dit  aufti  d'un  homme  qui  s'emporte  faci- 
lement ,  qu'il  tueroit  un  Mercier  pour  un  peigne. 
On  dit  encore  ,  qu'au  jour  du  Jugement  chacun  lera 
Mercier,  qu'il  portera  fon  panier,  pour  dire,  qu'il 
répondra  de  fes  fautes. 

En  Latin  ,  on  a  appelé  un  Mercier,  Mercator  ^ 
Mercerius  &  Mercenarius.  Et  c'eft  de  là  qu'eft  venu 
le  nom  de  Mercier. 

MERCK.  Nom  d'un  lieu  fitué  fur  le  bord  de  la  mer  , 
entre  Calais  &  Gravelines.  Marci ,  Mercha,  Mer- 
cur'ifius.   Valois,  Not.  Gall.  p.  i/.C,  334^ 

MERCCEUR.  Nom  d'un  bourg  de  France  ,  fitué  dafis 
l'Auvergne,  entre  Clermont  &  Sainr-Flour  a  huit 
lieues  de  l'un  &  de  l'autre.  Mercorïum  ,  MarcoUum. 

MERCOGLIANO.  Nom  de  lieu.  Mercuriale.  C'étoir 
anciennement  une  petite  ville  de  la  Campanie.  Ce 
n'eft  maintenant  qu'un  village  de  la  terre  de  Labour  , 
litué  à  quatre  lieues  de  Naples  ,  vers  le  levant. 
Maty. 

MERCQS.   Foyei  Merc. 

Mercq.s  ,  ou  Merq.  Nom  d'un  village  du  Limou- 
fin.  Mercoria  ,  Mercorius.  Valois  croit  qu'il  a  pris 
fon  nom  de  Mercure ,   Not.  Gall.  p.  334. 

IfT  MERCREDI,  f.  m.  On  difoit  autrefois  Mécredi. 
Mercredi  eft  le  feul  en  ufage  ,  au  moins  parmi  les 
honnêtes  gens.  C'eft  le  quatrième  jour  de  la  lemai- 
ne ,  le  troilîème  ouvrable.  Chez  les  payen?  il  étoic 
coniacré  à  Mercure  ,  d'où  lui  vient  ton  nom  , 
Dies   Mercurii   :  dans    l'Eglife  ,     Feria    quarta. 

|p°  Mercredi  des  Cendres.  C'eft  le  premier  jour  du 
Carême,  jour  .auquel  le  Célébrant,  après  avoir  ré- 
cité quelques  prières  ,  bénit  des  cendres  ,  &  en  met 
fur  la  tête  du  Clergé  &  du  peuple  ,  qui  les  reçoit  à 
genoux,  en  difanr  à  chaque  perfonne.  Mémento ^ 
home  ,  quia  pulvis  es,  &  in  pulverem  revertehs. 

MERCURE,  f.  m.  En  Mythologie.  C'etoit  un  dieu  de 
l'Antiquiré  ,  ilis  de  Jupiter  &  de  Maia  ;  il  prélîdoit 
au  négoce.  Mercurius. 

On  tient  qu'il  ctoit  ainfi  nommé  à  mercihus  ,  qui 
fignifie  marchandijes.  On  a  feint  cju'il  étoit  le  Melfa- 
ger  des  dieux  -,  &  pour  cela  on  lui  a  dorné  des  ailes 
&  des  t.ilonnièiesi  un  caducée,  ou  une  verge  en- 
tortillée de  ferpens.  Voye:i^  Caducée. 

Mercure  ,  étoit  aulli  un  dieu  des  anciens  Gaulois, 
qu'ils  avoient  pris,  félon  Bochart  ,  des  Phéniciens. 
Ils  l'adoroient  fous  le  nom  de  Thcutates.  Platon 
a  appelé  Theut,  Mercure  ,  qui  étoit  un  nom  dérive 
de  »6»«  j  lignifiant  dieu.  Peut  être  aulli  que  le  ità?  des 

Grecs 


MER, 

Grecs  vcnoir  de  Tkeut ,  ou  Thot ,  Egyptien. 

JVl6<\cuRE ,  a  ieivi  figurément  en  ce  leiis  de  titre  à 
plulicHis  Livres  qui  annoncent  quelque  cholb  de 
nouveau.  Le  Mercure  François  elt  une  Hilloire  de 
France  qui  contient  XXV  Tomes  ,  commençant  de 
puis  l'année  i6oj.  jufqu'à  la  fin  de  l'année  1644. 
Vittorio  Siri  a  intitule  Ion  Hiltoirede  France  du  nom 
de  Mercure.  Le  Mercure  Armoriai  de  Ségoing  qui 
traite  du  Blafon.  Le  Mercure  Indien  de  Rofnel ,  Or- 
fèvre ,  qui  traite  des  pierres  précicules  j  des  perles 
&  de  l'or. 

§Cr  Le  Mercure  Galant  fuccéda  au  Mercure  François , 
Se  a  été  remplacé  par  celui  qu'on  nomme  Mercure 
de  France.  M.  de  Vi(é  commença  en  i672,&  don- 
na ,  jufqu'au  mois  de  Mai  1 7 1  o  ,  460  volumes ,  fous  le 
nom  de  Mercure  Galant.  EnfuiteM.  Dufrefny  donna 

44  volumes  ,  fous  le  même  nom ,  depuis  Juin  1 7 1  o  , 
jufqu'à  Avril  1714.  M.  Le  Févre  ,  depuis  Mai  171 4, 
jufqu'à  06lobre  1716  ,  donna  50  volumes  j  fous  le 
nom  de  Mercure  de  France.  En  Janvier  1717,  M. 
l'Abbé  Buchet  y  travailla,  lous  le  nom  de  Nouveau 
Mercure  ,]u((\u' Ml  mois  de  Mai  172.1  inclufivcment, 

45  volumes.  M.  de  La  Roque  y  a  travaillé  depuis 
le  mois  de  Juin  1721 ,  jufqu'en  174J  ,  fous  le  nom 
de  Mercure  de  France  ;  &:  il  a  rendu  cet  ouvrage 
intérellànt  par  le  grand  nombre  de  Pièces  choiiîes  de 
Littérature  en  profe  6c  en  vers,  dont  il  l'a  enrichi. 
M.  Fufelier  fut  enluite  chargé  du  Mercure.  M.  de  la 
Bucre  le  continua  feul ,  après  la  mort  de  M.  Fufelier. 
M.  de  Boilly  ,  de  l'Académie  Françoife  ,  le  remplaça 
depuis  le  mois  de  Janvier  1755.  A  la.  mort ,  le  Mer- 
cure palla  par  brevet  à  M.  Marmontel  II  commença 
par  le  volume  du  mois- d'Août  de  la  même  année. 
Son  règne  n'a  pas  été  long.  On  le  lui  ôta  au  commen- 
cement de  1760  ,  pour  le  donner  à  M.  de  la  Place, 
Auteur  de  quelques  ouvrages  allez  eftimés. 

^3°  On  appelle  figurément  Mercure  Galant  ,  les  per- 
fonnes  qui  vont  recueillir  des  nouvelles ^  &  qui  pren- 
nent plaii'ir  à  les  conter. 

Pour  un  époiix  enfin  rien  n'efi  plus  défolanti 
Que  d'avoir  en  fa  femme  un  Mercure  Galant , 
Qui  ne  tarit  jamais  fur  toutes  les  nouvelles. 

On  appelle  aufll  figurément  Mercure ,  l'entremet- 
teur d'un  mauvais  commerce.  Acad.  Fr. 
Mercure  ,  en  Aftronomie ,  eft  la  plus  petite  des  Planè- 
tes inférieures.  Mercurius.  ^^  Son  globe  fenfiblement 
fphérique ,  eft  vingt-fept  fois  moins  gros  que  celui  que 
nous  habitons.  Eloigné  du  foleil  d'environ  quinze  mil- 
lions de  lieues  dans  (a  plus  grande  Qifl:ance,&  d'environ 
dix  millions  dans  îi  plus  petite  diftancejil  doit  être 
beaucoup  plus  dénie  que  la  terre.  Son  mouvement 
périodique  fe  lait  en  quatre  vingt  huit  jours  d'occi- 
dent en  orient  autour  du  Soleil ,  dont  il  ne  s'éloigne 
jamais  plus  de  vingt  -  huit  degrés ,  &  jamais  moms 
de  dix-huit.  On  l'appelle  Mercure  brûlé ,  quand  il  eft 
dans  les  rayons  du  ioleil ,  où  il  (e  perd  à  nos  yeux. 
On  n'a  pu  jufqu'à  préfent  découvrir  en  combien  de 
temps  fc  fait  fon  mouvement  diurne  fur  fon  axe ,  ni 
fi  fon  axe  eft  oblique  à  l'égard  du  cercle  qu'il  tait  au- 
tour du  ioleil  j  parce  qu'il  eft  ordinairement  caché 
dans  les  rayons  du  foleil.  Il  fait   fa  révolution  fur 
des  pôles  diftans  d'environ  fepr  degrés  de  ceux  de 
l'Ecliptique.   Mercure  change  de  phales  ,  comme   la 
lune  j  félon  fes  diftéreiites  pointons  avec  le  foleil  iSc  la 
terre.  Il  paroît  plein  dans  fes  conjondtions  fupérieu- 
res  avec  le  foleil  ,  parce  qu'alors  nous  voyons  tout 
riiémifphère  illuminé.    Mais  dans   les  conionCl:ions 
inférieures  l'on  ne  voit  que  l'hémilphère  obtcur^fa 
lumière  va  en  croiflant  ,  comme  celle  de  la  lune , 
à  meture  qu'il  le  rapproche  du  foleil.    La  iîtuation 
de  cette  planète  démontre  évidemment  que  le  (yf- 
tcme  de  Ptolomée  eft  faux  \  car  l'on  apperçoit  bien 
quelquefois  Mercure  entre  la  terre  &  le  foleil ,  & 
quelqueluis   au  delà  du  foleil;  mais  jamais   on   ne 
voit  la  terre  entre  Mercure  &  le  foleil  _,  ce  qui  devroit 
arriver  ,  fi  les  cieux   de  toutes  les  Planètes  enfct- 
Tome  V. 


MER  945" 

moîent  \x  terre  qui  en  feroit  le  centre ,  comme  le 
fuppolc  Ptolomée.  Il  a  été  oblervé  dans  fon  difque 
par  Galièndi  (Se  Bouillaud  ,  qui  ont  mis  au  jour  leurs 
obfervations  :  on  a  de  la  peine  à  les  faire  ,  fuion  de 
30  ans  en  30  ans. 
Mercure  j  lignifie  aufti  le  vif- argent  ^  ou  hydrargyre. 
Hydrargyrum  ,  mercurius.  Il  eft  appelé  par  quelques- 
uns  demi-métal.  Il  eft  toujours  liquide.  LesChimiftes 
lui  donnent  le  furnom  de  Prothee  ,  à  caufe  des  difté- 
reiites couleurs  qu'il  prend  dans  fes  préparations.  Et 
Olaiis  Bornchius  Danois  dans  fa  Chimie  ,  dit  qu'ayant 
tourmenté  pendant  une  année  entière  du  mercure  pac 
plulieurs  feux  ,  &  l'ayant  réduit  en  eau  ,  en  turbit ,  &C 
en  cendre  ,  il  reprit  la  première  forme  au  milieu  de  la 
Hamme  par  l'attradfion,  du  fel  de  tartre.  Il  a  fouvenc 
fes  propres  mines ,  où  on  le  trouve  tout  purifié  &c  cou- 
lant j  &  alors  il  s'appelle  mercure  vierge.  On  le  trouve 
fouvcnt  dans  celles  des  autres  métaux  ,  ou  mêlé  parmi 
des  terres,  ou  des  pierres  ,  ou  corporifié  en  cinnabrc 
naturel ,  d'où  on  le  fépare  par  le  moyen  du  feu.  Il  ell 
de  nature  volatile  ,  compolé  de  terre  fulfurée  blan- 
che, &  de  fon  propre  OTtrcure  interne.  Les  Auteurs  ne 
font  pas  d'accord  fur  la  nature  du  vif  argent.  Les  uns 
tiennent  qu'il  eft  chaud,  comme  Galien  ,  Rhafis, 
Diofcoride  ,  Platéarius.  D'autres difent  qu'il  eft  froid, 
comme  Avicenne  ,  Matthiole.  Mais  Paracelle  dit  qu'il 
eft  chaud  au  dedans  ,  &  froid  au  dehors;  &  Pierre 
d'Appone  ,  dit  le  Conciliateur  ,  allure  qu'il  eft  froid, 
à  caufe  qu'il  eft  aqueux;  Se  chaud  j  à  caufe  qu'il  con- 
tient du  ibufre.  Le  pîed  cube  du  mercure  pèle  947  li- 
vres ,  Se  celui  d'eau  de  Seine  n'en  pèfe  que  70.  Ainfi  le* 
pouce  de /nercz/rd  pèfe  prefque  autant  que  14  pouces 
d'eau.  M.  Huygens  a  expérimenté  que  le  vif  argent 
purgé ,  demeure  fufpendu  dans  le  vide  jufqu'à  la  hau- 
teur de  ij  pouces. 

On  purifie  le  mercure  en  le  lavant  pluficurs  fois 
avec  du  rinaigre  ,  dans  leqtîel  on  dilfout  du  lel  com- 
mun ,  ou  bien  en  le  paflant  fimplement  au  travers 
d'une  peau  de' chamois.  Ambroile  Paré  dit  qu'il  en 
faut  faire  avaler  à  un  chien  une  livre  à  la  fois  , 
le  féparer  après  de  fes  excrémens  ,  Se  le  laver  avec 
du  vinaigre. 

On  fait  des  précipités  de  mercure  de  différentes 
couleurs.  Il  y  en  a  du  blanc,  du  rouge  ,  du  jaune, 
du  vert,  de  couleur  de  rôle.  Cette  diverfité  de  cou- 
leurs vient  de  la  différence  des  acides  dont  on  fe  fert 
pour  faire  dilfoudre  le  mercure  ,  &  de  celle  des  pré- 
cipitans  avec  lefquels  on  le  précipite  ;  ou  bien  du 
degré  de  feu  qu'on  emploie  pour  le  calciner  après 
avoir  été  dilfout.  Par  exemple  ,  fi  on  fait  dtlfoudre 
du  mercure  dans  de  l'efprit  de  nitre  ,  ou  dans  l'eau 
forte  ,  Se  qu'on  le  falle  précipiter  enfuite  avec  de  l'ef- 
prit de  fel,  on  a  un  précipice  blanc  :  fi  au  lieu  d'ef- 
prit  de  fel  on  verfe  de  l'urine  chaude  fur  la  dillo» 
lution  ,  on  fait  un  précipité  de  couleur  de  rôle.  Pour 
foire  le  précipité  rouge  j  on  fait  difloudre  à\i  mercure 
dans  l'efprit  de  nitre  ,  Se  après  avoir  fait  évaporer 
toute  l'humidité  ,  on  calcine  la  matière  qui  refte  ,  juf- 
qu'à ce  qu'elle  (oit  devenue  rouge  ,  pouffant  le  feu 
jufqu'au  troifième  degré. 
Le  Mercure  fe  coagule  avec  du  fuc  de  limon  ,  en  les  re- 
muant bien  enfemble.  On  ne  peut  faire  de  vermeil 
doré  qu'avec  un  amalgame  de  mercure. 

On  appelle  aullï  le  mercure  ,  argent  aqueux,  ferf  y 
fugitif  Se  efprit  minéral:  comme  l'ammoniac  ,  l'aigle 
volant ,  le  ibufre ,  l'efprit  puant,  &:  Tarfenic,  l'efprit 
conciliateur. 
%T  Fixer  le  rnercure  ,  c'eft  l'unir  de  telle  forte  avec 
quelqu'autre  corps  ,  qu'il  ne  puilfe  redevenir  cou- 
lant. On  n'a  pu  encore  trouver  le  moyen  de  fixer 
le  mercure. 

La  fixation  du  mercure  eft  ce  grand  ouvrage  que 
recherchent  les  Chimiftes  pour  la  Pierre  philofo- 
phale  ,  car  ils  travaillent  prefque  tous  fur  je  mercure  ; 
mais  quand  on  a  trouvé  la  manière  de  le  fixer  ,  Se  de 
le  teindre  ;  ce  n'eft  après  tout  que  de  l'or  apparent , 
qui  ne  peut  réfifter  aux  épreuves  de  la  coupelle  ^  ou  de 
l'incart. 
On  dit  figurément  &  familièrement  ,  fixer  le  mer- 

Dddddd 


94^ 


MER 


cure  ;  pour  dire  .guérir  l'inconllaace  ,  la  légèreté  d'un 
efpiir. 

Qiund   on  dit  que  les  principes  de  Chimie  font 
le  {t;l  ,  le  i'oufie  &  le  Mercure  ,  on   n'entend  pas 
que  ce  foit  du  vif  argent  adtuel ,  mais  la  partie  li- 
quide ,  ou  l'humide  radical ,  qui  cft  en  tous  les  corps 
n.ituiels. 
Le  Mercure  chez   les  Médecins  s'appelle  le  Furet , 
parce  que  par  fa  fubtilitc  il  va  chercher  les  mauvai- 
îes  humeurs  jufques  dans  les  parties  les  plus  folides. 
C'efl:  pourquoi  on  l'emploie  à  guérir  lemal  de  Na- 
ples  ;  &  il  a  une  propriété  merveilleufc  pour  faire 
mourir  toute  la  vermine  fubicement.  Ceux  qui  travail- 
lent aux  mines  de  mercure  font  lujets  à  la  paralyhe, 
&  tous  ceux  qui  fe  fervent  du  mercure ,  comme  les 
Fondeurs  de  caradlcrcs  ,   les  Doreurs  au  feu ,  font 
fujets  à  des  tremblemens  de  mains  &  de  tête  ;  c'efl: 
pourquoi  en  travaillant  ils  ont  la  précaution  de  te- 
nir de  l'or  entre  les  dents  ,  où  la  vapeur  du  mercure 
s'attache. 
Mercure  doux  ,  efl:  un  mercure  fublimé  plufieurs  fois  , 
lequel  par  le  moyen  de  ces  fublimations  réitérées  j  de 
dangereux  &  de  violent  qu'il  étoit ,  il  devient  capable 
d'être  pris  intéiieurement. 
*:?*  Mercure  j  dans  l'art  Héraldique,  marque  la  cou- 
leur pourpre  dans  les  armoiries  des  Priiïces  louverains. 
Mercure.  Terme  de  Fleurifle.  Tulipe  rouge  incarnat  & 

chamois.   Morin. 
MERCURIAL  ,  ALE.  Qui  efl  de  la  nature  du  Mercure , 
qui  tient  du  Mercure.  Ad  Mercurium  pertinens ,  mer- 
'  curïalis.  Les  Allrologues ,  les  Chimiftes  &  les  Pharma- 
ciens emploient  ce  mot ,  pour  lignifier  les  choies  qui 
font  de  leur  Icience  &  de  leur  art.  Le  Cigne  ell:  une 
conftcllation  de  nature  mercuriale.  Les  elprits  mercu- 
rldux  &z  arlenicauxdes  mines  en  rendent  le  travail  fort 
dangereux.  On  dit  aullî  ,  du  miel  mercurial ,  à  caule 
du  lac  de  la  mercuriale  qui  entre  en  fa  compolîtion. 
On  dit  mieux  mercuriel. 
Mercuriale,  f.  h  Alfemblée  qui  fe  fait  dans  les  Cours 
louveraines  les  premiers  Mercredis  après  l'ouverture 
•des  Audiences  de  la  Saint  Martin  &  de  Pâques  ,  où  le 
Prélkient  exhorte  les  Confcillers  à  rendre  exaélement 
la  juftice  ,  à  obferver  les  réglemens  ,  &  fait  quelque- 
fois des  remontrances  ,  ou  corrections  à  ceux  qui  ont 
manqué  à  leur  devoir  ;  elles  ont  été  établies  par  les 
Edits  des  Rois  Charles  VIII  ,  Louis  XIÎ  &  Henri  HI , 
afin  de  s'informer  h  les  Ordonnances  avoient  été  gar- 
dées &  obfervées. 
^3"  On  le  dit  aullî  des  difcours  que  le  Premier  Préli- 
dent ,  le  Procureur  Général ,  où  l'un  des  Avocats  Gé- 
néraux font  ce  jour  là  lur  les  abus  qui  fe  commettent 
dans  l'adminiftration  de  la  Juftice. 
Mercuriale  ,  fe  dit  figurémcnt  des  réprimandes  do- 
meftiques  que  font  les  fupérieurs  en  particulier  à  leurs 
inférieurs  qui  or.t  failli.    Objurgatio  ,  reprehenjio  , 
animadverfio.  L'Evêque  a  fait  à  ce  Curé  une  petite 
mercuriale. 
Mercuriale.  Ce  mot  s'emploie  aulîi  pour  fignifier  une 
aiïemblée  de  gens  de  Lettres  ,  qui   fe  fait  tous   les 
Mercredis  chez  quelque  pcrfonne  favante^  &  où  l'on 
parle  de  plufieurs  choies  ,  foit  de  Lettres  y  loit  de 
nouvelles.  ConJ'eJfus  liucratorum.    On  a  tenu  long- 
temps des  Mercuriales  chez  M.  Ménage.  C'eftde-là 
que  ce  nom  eft  venu  ,  parce  que  ce  lavant  homme 
tenoit  chez  lui  des  alfemblées  tous  les  Mercredis. 
Mercuriale  ,  efl:  aullî  une  forte  de  plante  dont  il  y  a 
plufieurs  efpèces.  Mercurialis.  Il  y  en  a  une  qu'on  ap- 
pelle mercuriale  mâle  ,  qui  poulfe  des  tiges  à  la  hau- 
teur d'environ  un  pied  ,  angulcufes  ,  noueules  ,  don 
ces  au  toucher.  Ses  feuilles  relîemblent  à  celles  de 
la  pariétaire  ,  mais    elles    font    lilfes  ,  dentelées  en 
leurs  bords  ,  vertes  ,   d'un  goût  nitreux.  Il  lort  dé 
leurs  ailfellcs  des  pédicules  courts  ,  à  chacun  def 
quels  eft  attaché  un  fruit  à  deux  capfules  ,  un  peu 
applati  Ôc  velu  ;   chaque  caplule  renferme  dans  ion 
creux  une  femence  le   plus  fouvent  ovale.   Ce  fruit 
naît  fur  des  pieds  qui  ne  fieurillcnr  pas.  Sa  racine  cft 
tendre  &  fibreufe.    C   Bauhin  l'appelle  mercurialis  j 
teJlUulacu  ,Jîve  mas  Diofcoridis  &  PHnii,  Il  y  a  une  i 


MER 

mercuriale  téraelle  qui  rellémble  à  la  précédente  en 
fes  tiges  &  en  tes  feuilles  ,  mais  elle  porte  des  rieurs 
à  plufieurs  écamines  loutenucs  par  un  calice  à  trois 
ou  quatre  feuilles  ,  !k  ramallces  en  épi.  Ces  Heurs  ne 
font  fuivies  d'aucun  huit.  C.  Bauhin  l'appelle  Mer- 
curialis fpicata  ,Jîve  femina  Diofcoridis  ô  Flinii.  Ces 
deux  efpèces  de  mercuriales  font  purgatives;  on  en 
tire  le  fuc ,  avec  lequel  on  fait  un  lirop  qui  eft  laxatif 
&  délopilatif  :  oia  en  fait  aulfi  le  miel  mercurial  qui 
eft  fort  en  ufage  dans  les  lavemens.  Elles  font  .aullî 
émollientes  ,  propres  pour  la  fupprelTîon  des  mois ,  & 
pour  les  pâles  couleurs. 
La  Mercuriale,  à  ce  que  l'on  prétend  ,  porte  le  nom 
du  dieu  Alercure  ,  qui ,  dit-on  ,  la  mit  le  premier  en 
ufage. 
MERCURIALES,  f  f.  pi.  Nom  d'une  fête  que  les 
Habitans  de  l'île  de  Crète  ,  aujourd'hui  Candie,  cé- 
lébroient  autrelois  en  l'honneur  de  Mercure.  Mercu- 
rialia.  Cette  fête  avoir  été  étabhe  à  caule  du  com- 
merce ,  dont  Mercure  étoit  le  dieu  ,  &  qui  florif- 
foit  dans  cette  ile.  Elle  fe  célébroic  à  Rome  le  14  de 
Juillet. 
^  MERCURIEL  ,  ELLE.  adj.  C'eft  ainfi  qu'il  faut 
dire  ,  &  non  pas  mercurial  ,  qui  tient  du  Mercure. 
Onguent  mercuriel.  Eau  mercurielle.  f^oye^  Mercu- 
rial. 
r?  MERCURIFICATION.  f  f.Terrae  d'Alchimie,  qui 
indique  l'opération  par  laquelle  on  tire  le  mercure 
des  métaux  ,  ou  plutôt  par  laquelle  on  produit ,  on 
prétend  produire  du  vrai  mercure  coulant  par  une 
tranfmutation'  quelconque  des  autres  fubftances  mé-  - 
talliques  en  celles-ci. 
MERDAILLE.  Terme  populaire  &  injurieux  ^  qu'on  dit 

à  une  troupe  importune  de  petits  enfans. 
MERDE,  f.  f.  Excrément,  matière  fécale  de  l'homme. 
Merda  ,ftercus  humanum.  On  le  dit  aullî  de  quelques 
animaux  domeftiques ,.  comme  du  chat,  du  chien, 
des  poules  ,  des  oies  ,  &c.  On  évite  Tufage  de  ce 
mot  J  aullî-  bien  que  des  termes  obfcènês  ,  parce 
qu'il  donne  des  idées  qui  blellent  les  imaginations 
délicates. 

Joleph  Scaliger  dit  que  ce  mot  vient  de  erda  ,  qui 
chez  les  vieux  Romains  fignifioit  en  général  excrément, 
comme  on  voit  dans  Sénèque ,  ai/ /iv.  6  ,  des  Bienfaits, 
chap.  16 .  d'où  vient  qu'on  a  appelé  homerda  ,  l'excré- 
ment de  VhomxxiC-ibucerda ,  l'excrémentdu  bœuf;  mu- 
cerda  ,  celui  d'une  louris ,  fuccerda  ,  celui  du  pour- 
ceau ,  &c. 
Merde  d'Oie  j  eft  une  efpèca  de  couleur ,  entE£  le  vert 
<?c  le  jaune  J  telle  que  celle  des  excrémens  de  ces  oi- 
leaux. 
Merde  de  fer  ,  eft  ce  que  plus  ordinairement  on 
appelle  Mâchefer.  La  merde  de  fer,  eft  l'écume  de 
fer  qui  ne  fe  peut  fondre ,  ni  redevenir  fer  ,  &  qui 
a  les  niêmes  propriétés  que  la  rouille  de  fer.  On 
l'appelle  en  L.atin  Stercus  ferri.  Il  y  en  a  aullî  de 
bronze  Se  d'argent.  La  merde  de  fer  &c  la  limure  de 
plomb  caufent  de  grandes  douleurs  à  ceux  qui  en 
ont  pris  intérieurement. 

On  dit  proverbialement.  Plus  on  remue  la. merde  , 
plus  elle  put  ;  pour  dire,  que  plus  on  .approfondit 
une  vilaine  affaire  ,  plus  on  deshonore  ceux  qui  y 
ont  participé.  On  dit  aullî  ,  qu'aux  cochons  la  merde 
ne  put  point.  On  dit  proverbialement  d'une  ailaire  où 
il  y  a  quelque  choie  de  honteux  j  qu'il  y  a  de  la  merde 
au  bâton.  Acad.  Fr.  Tout  cela  eft  bas. 
MERDEUX  ,  EUSE.  adj.  Souillé  ,  gâté  ,  rempli  de 
merde.  Merda  infeclus.  Lange  merdeux.  Chemife  mer- 
dchfe. 

On  dit  proverbialement  &  balfement  d'un  homme 
qui  fe  lent  coupable  de  quelque  choie  ,  qu'il  lent  fon 
cas  merdeux.  Acad.  Fr. 
MERDIN.  Nom  d'une  ville  de  la  Turquie ,  en  Afie. 
Merda.  Elle  eft  dans  le  Diarbékir  ,  près  du  Tigre  ,  en- 
viron à  quinze  lieues  de  Moful ,  vers  le  nord.  Il  y  a 
dans  Meidin  le  fiègc  d'un  Archevêché.  Maty. 
MÈP.E.  adj.  f.  Il  n'a  guère  d'ulage  que  joint  avec  goutte , 
&  laine  ,  &  quelques  autres.  On  a.'çi'g^We  mère  goutte , 
le  plus  pur  vin  qui  coule  par  lui-même  de  la  cuve , 


M  E  R 

G-.is  que  l'on  ait  foule  le  rnilin.  Finum  nonpre(fum. 
Le  vin  de  la  mère  goucre  cit  bien  plus  elliuic  que  ce- 
lui du  prelluiagc.  On  appelle  mère  laine  ,  la  l.iine 
la  plus  Hne  ëc  la  meilleure  qui  le  tire  d'une  toilliu. 
/■^oyeç  Lainf. 
^  MÈRE-PERLE.  C'eft  ainiî   que  l'on  nomme    une 
fuite  de  poillon  teftacée,  une  clpcce  d'huitre  Lx'au- 
coup  plus  grande  que  les  iuiitres  ordinaires  ,  où  s'en- 
gendrent les  perles.   On  l'appelle  aulli  limplemenc 
Perle.  Voyez  ce  mot. 
Ctr  Langue  MÈRE  ,  qui  n'cft  dérivée  d'aucune  autre  , 
&  dont  quelques  unes  font  dérivées.  Lini;uaalcenus ^, 
aharum  parais.   Lingua   matnx.    L'Hébreu  elt  une 
Langue  mère. 

On  hiiloit  autrefois  à  Dijon  ^  &  en  quelques  vil- 
les de  Flandre  des  fctcs  populaires  ,  Hc  de  Carnaval , 
qu'on  nommoit  la  Mère  jolie  ,  ou  la  Mère  folle. 
Mater ftultorum  ,  en  Latin  de  ce  temps-là. 
MÈRE.  1.  £  Femme  qui  a  porté  ,  qui  a  mis  un  enfant  au 
monde.  On  le  dit  aulii  des  temelles  des  annnaux. 
Mater ,  pareils ,  genuiix.  On  le  dit  par  excellence 
de  Marie,  qui  eft  la  Mère  de  Dieu  ,  qui  feule  a  été 
vierge  &  mère.  Eve  eft  appelée  notre  première  Mère. 
La  Reine  Mère  eft  la  Remc  Douairière.  Cette  femme 
eft  mère  de  fix  enfans  ;  elle  a  pour  tous  une  tendrellé 
de  mère. 

Mères  ayant  le  cœur  tendre  &  galant. 
Font  rarement  fevères  filles.    Vill. 

Les  petits  des  animaux  fuivent  leur  mère  ,  tettent 
leur  mère  ,  Ce  cachent  fous  l'aile  de  leur  mère.  La 
Loi  de  Moyfe  défendoit  de  tuer  la  mère  ik.  les  petits. 
On  a  appelé  auilî  mère  ,  celle  qui  ne  l'eft  que  par  ti- 
tre ou  adoption.  Le  Sauveur  dit  à  S.  Jean  ,  en  lui 
montrant  la  Vierge ,  Voilà  votre  mère  :  &  depuis  ce 
temps  là  ,  cet  Apôtre  la  prit  pour  fa  mère. 

Les  Poètes  &  les  Payens  ont  dit  que  Vénus  étoit  la 
Mère  des  Amours  &  des  Grâces  :  que  Cibèle  étoit  la 
Alère  des  dieux  .•  queDeucalion  jetta  derrière  lui  les 
os  de  fa  graud'^ère  pour  faire  les  hommes  ,  c'eft  à- 
dire  ,  des  pierres  ou  les  os  de  la  terre. 

Il  y  a  des  Impératrices  qui  portent  fur  les  médail- 
les &  dans  les  infcripjiions  le  titre  de  Mère  du  Camp, 
Mère  du  Sénat ,  Mère  de  la  Patrie.  Voyez  Mafciu'at, 
page  2JI.  fur  Julia  Pla. 
Mere  ,  (e  dit  auilî  d'une  plante  rare  qu'on  a  cultivée  , 
&  qui  en  a  produit   piul,curs  autres  du  même  jar- 
din. Origo  ,  parens.  Ainiî  un  Fleurifte  dira.  Voilà 
une  tulipe^  rare  ,  une  amido:  de   la  belle  efpèce  , 
c'eft  la  mère  de  toutes  les  autres  que  vous  voyez. 
Mi^RE  ,  en  terme  de  Jardinage  ,  fe  dit  encore  des  grof- 
les  branches    d'arbre.   C'eft  une  mère   branche  qui 
eft  éclatée.  Les  mères  branches  font  .appelées  à  bon 
droit  de  ce  nom  j  puifque  ce  font  celles  d'où  naif- 
fent  toutes  les  autres. 
ïfTLts  Vignerons  appellent  mère  le  fep  principal  qui 
a  tourni  des  larmens  pour   faire  les  marcottes.  Ils 
appellent  aufti  la  principale  racine  ,  comme  quand 
ils   difent  que  la    vigne  coule  ,  quand    la  mère  eft 
trop  humectée.    Entîn   on   appelle  mères  des  arbres 
qu'on  coupe  près  de  terre  ^  pour  faire  des  marcot- 
tes avec  les  branches  qu'il  produit ,  en  les  couvnant 
de  terre  pour  leur  faire  prendre  racines. 
MÈRE,  fe  dit  aulli  des  pierres  précieufes.  La /Tzère  d'un 
rubis  ;  la  mère  d'une  émeraude  ,  c'eft  à  dire  ,  les  ma- 
trices  ou  les  pierres  dans  lefquelles  elles  commen- 
cent à  fe  former. 
Mere  nourrice  ,  lîgnifie  celle  qui  dojon^r  à  téter ,  qui 
nourrit  un  enfant  au  lieu  de  la  vraie  mère.  Nutnx. 
En  ce  fens  on  dit  figurément ,  que  la  Bourgogne  & 
la  Beauce  font  les  mères  nourrices  de  Paris  ,  qui  lui 
fournirent  le  pain  &  le  vin.     On   difoit  la  même 
choie  de  la  Sicile  à  l'égard  de  l'Italie. 
MÈRE  ,  en  terme  de  Challe  ,  fe  dit  de  l'entrée  ou  du 
trou  de  la  tanièi  e  d'un  renard  ou  autre  béte.  La  re- 
nardière n'a  jamais  qu'une  mère. 
MÈRE ,  fe  dit  aufti  de  la  partie  de  la  femme  où  fe  for- 
me le  fétus  :  &  on  dit  en  ce  fens  ,  qu'une  femme 
Tome  V. 


MER 


947 

a  des  maux  4c  mère.  Matrix.  On  appelle  auilî  en 
Médecine  ,  Pie  mère,  ëc  Dure-mcre,  les  deux  mem- 
branes du  cerveau.  Voye^  Méninge. 
Mere,  fe  dit  hgurémcnr  en  chofes  fpi  rituelles  &:  mo- 
rales. On  dit  Notre  i1-/è«  Sainte  Egiife,  en  parlant 
de  1  hgiiie  Catholique.    Celili  la  n'aura   pas  DieU 
pour  père,  qui  ne  voudra  avoir  l'Egljfc  pour  wc-r.;. 
Mere  ,  le  dit  aufti  au  fpirituel  d'une   Supérieure  du 
Couvent ,  ou  des  anciennes  Religieufes  de  Chaur. 
C'eft  la  révérende  Mère  Abbellc  j  Notre  Mère  Prieu- 
re ,  la  Mère  Sacriftaine,  Céiéuère,  <<cc. 

On  donne  le  nom  de  mère  dans  le  ftyle  familier 
à  la  lemmc  d'un  artifm  ,  à  une  payfannc  ,  quand 
on  ne  (ait  pas  Ion  nom,  &  on  a  coutume  d  y  join- 
dre le  mot  de  bonne.  Vous  êtes  bien  obligeante  ,  ma 
bonne  mère,  de  quitter  toutes  vos  affaires,  pour  me 
venir  faire  plailir.  M.ademoifclle  l'Hér. 
MÈRE  ,  fe  dit  aufti  des  Eglifes  qui  en  ont  fondé,  ou 
établi  d'autres.  Quand  la  Procellion  de  Notre  Dame 
de  Paris  marche ,  on  y  voit  les  bannières  de  la  mè- 
re, &  de  les  quatre  filles. 

En   matière  de  Bénéfices ,  On  dit  qu'un  homme 
ne  peut  pas  poftéder  en  même-temps  la  mère  &  la 
fille  ;  pour  dire,  qu'il  n'eft  pas  permis  par  le  Droit 
Canon  ,  de  poftcder  un  Bénéfice  ,  &  quelau'un  ' àz% 
Bénéfices  qui  en  dépendent.  C'eft   une  efpèce  d  in- 
cefte  Ipiritucl. 
Mère  ,  fc  dit  auilî  des  caufes  morales,  des  vices &:  des 
vertus.  L'oifiveté  eft  la  mère  de  tous  les  vices.* Bussi. 
La  méfiance  eft  la  mère  de  sûreté.  La  Font.  La  né- 
ceftîté  eft  la   mère  des  inventions.    L'Univcrfité  de 
Pans  a   été  la  mère  de    plulîeurs    grands   Dofteurs 
qu'elle  a  produits ,  qu'elle  a  élevés.  La  Grèce  a  été 
la    mère  des  Arts   libéraux  &  des  fciences.    Cette 
nouvelle  Babylone ,  cette  mère  d'impureté.  Pat.  On 
du  qu'une  femme  eft  la  mère  des  pauvres,   quand    ' 
elle  leur  fait  beaucoup  de  charités  ,  quand  elle  les 
fait  vivre. 
MÈRE  DE  Dieu.  Nom  d'un  Ordre  de  Chevalerie  dont 
parle  Favyn  dans  fon  Théâtre  d'iionneur.  Cet  Or- 
dre inftitué  en  1233.  fut  confirmé  en   1262.  par  le 
Pape  Urbain  VI.  qui  le  mit  fous  la  Règle  de  S.  Do- 
minique. Les  fins  de  l'Inftitut   étoient  d'avoir  foin 
des  Veuves  &  des  Orphelins  ,  &  de  pacificer  les  Fa- 
milles défunies.  L'habillement  des  Chevaliers  étoic 
un  (outane  blanche  avec  une  croix  pâtée  de  rouge 
avec  deux  étoiles  en  chef  de  même  couleur  fur  l'efto- 
mac  ,  &  par  deflus  un  manteau  de  gris  cendré.  Ils 
obéiftoient  à  un  Grand-Maitre  ,  mais  ils  n'avoient 
point  de  maifon  commune ,  chacun  demeurant  dans 
la  henné:  ce  qui.  autorifa  le  libertinage,  &  fut  caa- 
fe  qu'on  les  nommoit  par  deriiion  les  Frères  de  la  joie. 
Clerc    Régulier  de  la  Mère  de  Dieu.    C'eft  le  nom 
d'une   Congrégation   dont    la   fin   eft  d'enfeigner  la 
Doélrine  Chrétienne.  Congregatio  Clericorum  Regu- 
lanum  Matris  Dei.  Son  Fondateur  eft  Jean  Léonar- 
di  ,   né  à  Décimo  ,  bourg  de  la  République  de  Luc- 
ques  Pan   1541.  Il   en  jetta  les  fondemens  à  Luc- 
ques    l'an  1J83.  avec  George   Arrighinij  &:  Jean- 
Baptifte  Cioni  ,  qui  s'étoient  joints  à  lui. 
Pauvre  de  la  Mère  de  Dieu.    Voye^  Pauvre. 
MerEj  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  C'eft  le 
ventre  de  ma  mère  ,  je  n'y  retourne  plus  ;  quand  on 
a  été  mal  fatisfait  d'un  lieu  où  l'on  ne  veut  plus  retour- 
ner ,  d'une  aftàire  qu'on  ne  veut  pas  recommencer. 
On  dit  auilî  d'une  choie  qui  eft  devenue  fort  rare 
on  ne   la   trouve   plus  ,  la  mère  en  eft  morte.  On 
dit  qu'une  fille  fuit  ordinairement  les  pas  de  fa  mè- 
re ;  pour  dire  ,  qu'elle  prend  fes  manières  de  vivre. 
On  dit  auftî  ,    Il    veut  apprendre  à  fa  mère  à  faire 
des  enfms ,   quand  quelqu'un   fe  mêle  ^enfeigner 
à  un  autre  une  chofe  qu'il  fait  mieux  que  lui.  On 
appelle  des  contes  de  ma  mère  l'oie ,  des  contes  de 
vieille. 
Belle-mère,  Grande-mère.  Voye\  à  leur  ordre. 
Mère  Grand.  Terme  populaire  qui  fe  dit  pom grand' 
mère,  &  lignifie  la  même  chofe;  quoique  l'adjecftif 
fe  trouve  après  le  nom  fubftantif  dans  ce  mot  com- 
pofé ,  on  ne  donne  pomt  à  cette  adjecfif  le  genre 

Ddddddij 


9A^ 


MER 


M  E  Pv 


féminin  ,  Se  on  dit  mère  grand ,  comme  grand' mère, 
&  non  pas  mère  grande. 

Mais  y  tant  que  dans  le  monde  on  verra  des  enfans  , 
Des  mères  ,  &  des  mère-grands. 
On  en  gardera  la  mémoire.  Mlle  l'Héritier. 

MÉre.  Vieux  terme  de  Coutumes,  f^oye^  Merc.  Ils 
lignifient  tous  deux  marque.  Le  mot  de  mère  pris  en 
ce  fens  fe  trouve  dans  l'ancienne  Coutume  de  Tou- 
raine. 

MÉREAU.  f.  m.  Petite  marque  faite  ordinairement  de 
plomb  ,  ou  de  carton,  qu'on  diftribue  aux  Eccléliaf 
tiques,  ou  Chanoines  pour  IpJ"  marque  de  leur  al 
filïance  à  l'Office  divin  ,  ou  à  quelque  fonction 
Eccléliallique  ,  &  pour  leur  lervir  à  recevoir  enluitc 
la  diftribution  qui  leur  appartient.  Symbolum ,  tef 
fera.  Les  méreaux  ne  font  plus  en  ufage  dans  l'hgliic 
de  Notre  Dame  de  Paris ,  néanmoins  on  y  appelle 
toujours  du  nom  de  méreau ,  un  gros  obit;  &  il  fuf 
fit  d'en  gagner  quarante  ,  pour  en  avoir  ciiiquan- 
te ,  c'eft-à-dire  ,  que  ceux  qui  alliftent  à  quarante  , 
fouit  autant  payés  que  s'ils  avoient  allifté  à  cinquante. 
On  appelle  encore  mereau  ,  en  certains  lieux  ,  le 
billet  qu'on  délivre  à  ceux  qui  veulent  s'en  aller  des 
Foires. 

MÉREAU ,  eft  aullî  en  ufage  dans  les  Eglifes  Préten- 
dues Réformées ,  pour  lignifier  une  petite  marque 
que  l'on  donne  à  tous  ceux  qui  veulent  être  admis 
à  la  Communion.  Tejjera.  Ces  méreaux  font ,  ou  de 
plomb,  ou  de  carton.  Ils  étoient  iur-touc  en  ufage 
en  France. 

Loifeau  appelle  aufll  méreaux  certaines  marques , 
ou  fymboles  ,  dont  il  eft:  parlé  dans  le  Code.  Il  y  en 
avoir  de  deux  lottes.  Les  uns  qu'on  dillribuoit  au 
Théâtre ,  ou  dans  les  réjouillances  publiques  ;  &  on 
les  appeloic  Tefferas  mijfdes.  Les  autres  qu'on  dif- 
tribuoit  au  peuple  en  particulier  pour  aller  recevoir 
du  blé  ,  ou  d'autres  proviiions  qui  le  donnoient  aux 
dépens  du  Public  :  on  les  appeloit  Tejferas  annona 
rias.  Pour  éviter  la  confulion  dans  ces  dillribir 
lions j  on  donnoit  des  méreaux  ,  (ur  lefquels  croit 
marqué  la  quantité  que  chacu:i  devoit  recevoir. 
Sous  les  Empereurs  ,  ils  étoient  infcrits  du  nom  des 
Empereurs.  On  voit  par  quelques  loix  du  Code  , 
qu'on  pouvoir  vendre  ou  léguer  en  méreaux.  On 
a  fait  autrefois  des  méreaux  d'argent  &  de  cuivre 
pour  les  fêtes  de  la  Cour  ^  parce  qu'il  n'efl:  pas  aifé  de 
les  contrefaire  comme  les  méreaux  de  plomb  ,  ou  de 
carton  ;  les  Curieux  en  confervent  parmi  les  jetons 
qui  font  du  règne  de  François  I.  &■  de  la  Reine  Ca- 
therine de  Médicis  ,  qui  Ht  aulîî  en  quelques  fêtes 
diftribuer  par  les  Dames  aux  Princes  &  grands  Sei- 
gneurs des  médailles  d'or ,  avec  des  devifes  ou  des 
emblèmes.  P.  Ménétrier,  Art.  des  emblèmes  &  des 
devifes, 

MÉRÈC.  Nom  d'une  petite  ville  du  Duché  de  Li- 
thuanie.  Merec^a  ,  Mereltium.  Elle  eft  dans  la  Polé- 
fîe,  à  l'embouchure  du  Mérecz  dans  le  Niémen, 
&  à  onze  lieues  au-delFous  de  Grodno. 

MEREIN.  f.  m.  Vieux  mot.  Dépit. 

MÉREL.  f.  m.  Vieux  mot ,  qui  lignifie  une  marque 
qu'on  donnoit  autrefois  pour  fervir  de  preuve  que 
la  marchandife  avoir  été  acquittée.  Nota  j  fignum 
foluti  pretd.  On  a  dit  depuis  méreau  ,  comme  man- 
teau ,  de  mantel ,  Se  château  de  chajlel ,  Sec. 

MÉRELLE.  f.  f.  (  Quelques-uns  difent  Marelle.  )  Le 
jeu  des  mérelles ,  eft  une  forte  de  jeu  de  petits  gar- 
çons ,  qui  confifte  en  une  manière  d'échelle  faite 
avec  de  la  craie  ^  &  où  les  enfans  qui  jouent  mar- 
chent à  clochepied ,  en  poullant  avec  le  pied  une 
efpccc  de  palet. 

MÉRELLE  ,  eft  aulîî  un  jeu  qu'on  joue  fur  un  tablier 
diftingué  par  plulieurs  lignes ,  avec  des  dames  ,  ou 
aunes  marques  ,  dont  il  s'en  doit  trouver  trois  en 
ligne  droite.  Le  jeu  de  la  mérelle  ne  fe  joue  que 
parmi  les  écoliers  ■■,  il  eft  fort  ancien,  Ovide  en  a  parlé. 
Sarazin  dit  Mérelles  au  pluriel.  M.  Guyet  explique 
du  jeu  des  mérelles ^  le  palfage  de  Liicain  qu'on  pré- 


tend entendre  du  jeu  des  échecs.  Il  eft  tire  du  pané- 
gyrique que  ce  Poète  adreik  à  Pilon. 

Ce  mot  vient  de  marcella ,  &  madrellum  ,  d'où 
l'on  a  fait  aulli  mareau  ,  comme  prouve  fort  bien 
Ménage.  Le  Père  Ménétrier  le  dérive  de  matricula  , 
comme  celui  qui  les  diftribuoit  le  nommoit  Ma- 
tricularïus  en  Latin;  &  prétend  que  c'eft  de- la  que 
le  nom  de  matricule  a  pailé  aux  regiiîrcs. 

En  termes  de  Blalon ,  on  dit  que  les  anciens  Rois 
de  Navarre,  depuis  Sanche  le  Fort ,  ont  porté  pour 
armes  des  chaînes  mérellées,t\\ii  repréfententdes  mé- 
relles ,  quoique  plulieurs  Hérauts  les  aient  prifcs 
pour  des  chaînes  Se  des  rais  d'cicarboucle. 

MEREND.  Ville  de  Ferfe  dans  l'Aferbyane  ,  à  80  deg, 
50  m.  de  long.  i&  à  37  d.  55  m.  de  latitude. 

MEKEVILlE  ,  ou  MERVILLE.  Gros  bourg  de  Fran- 
ce, cloigné  de  quatre  lieues  d'Etampes. 

MERGHEM.   Foyei  Mer  ville. 

îvicRGEN  IHEIM.  royer  Mari'endal. 

MERGO,  ou  AMERGO.   Nom  d'une  petite  ville  du 
Royaume  de  Fèz  en  Afrique.  Mergum  ,  Tocolo/ida. 
Elle  etoit  dans  la  province  de  Habat ,  à  trois  lieues 
de  Béni-Teudi  ,  fur  la  cime  d'une  haute  montagne.       , 
Elle  a  été  ruinée  par  le  Calite  Schilmatique  Caim. 

MiiRI.  Nom  de  lieu  ,  fitué  lur  le  bord  de  la  Seine  , 
en  Champagne  ,  dans  une  plaine  ,  entre  Troyes  Se 
Pont  lur-Seine.  Mauriacum  ,  Meriacum.  m 

Mep.i.  f.  m.  Nom  d  homme.  Voye^  Merrt.  il 

MtRIDA.  Nom  dune  petite  Ville  d'Elpagne,  fîtuée 
dans  l'Ertramadure,  fur  laGuadiane  ,  à  onze  lieues 
au  delliis  de  Badajos.  Emerita  ,  Augujla  Emerita.  Jj 

Merida.  Nom  d'une  ville  de  l'Ameiique  feptentrio-       * 
nale.   Emerita.   Elle   a  été  bâtie  par  les  Efpagnols 
dans  la  prefqu'île  de  Jucatan  ,  environ  à  vingt-cinq 
lieues  de  Valladolid  ,  vers  le  nord  occidental. 

McRIDIANO.    Foyei  Lambro, 

MnRIDIEN.  f.  m.  Terme  d'Aftronomie.  Grand  cer- 
cle qui  palle  par  les  pôles  du  monde  ,  Se  par  le 
zénith  ou  point  vertical  du  lieu  où  l'on  eft.  Merl- 
dianus. 

On  l'appelle  méridien  ,  de  meridies  ,  midi  ;  parce 
que  ffT  lorlque  le  loleil  fe  trouve  dans  ce  cercle  , 
il  eft  ou  midi  ,  ou  minuit  pour  tous  les  endroits 
fitués  fous  ce  même  cercle. 

Il  coupe  le  globe  verticalement  en  deux  parties 
égales ,  Se  l'horizon  à  angles  droits  ■,  enlorte  que  le 
méridien  Se  l'horizon  pris  enfemble  ,  divile  le  ciel 
en  quatre  parties  égales.  Le  méridien  divile  l'hé- 
mifphère  vilible  en  deux  parties  égales ,  orien- 
tale Se  occidentale.  Le  méridien  cif  mobile ,  parce 
qu'on  ne  peut  le  mouvoir  de  l'orient  à  l'occident 
fins  changer  de  méridien.  A  parler  proprement ,  les 
méridiens  ne  font  que  des  demi-cercles ,  &  chacun 
de  ces  demi  cercles  contient  iSo  degrés  j  que  l'on 
appelle  degré  de  latitude.  On  les  marque  toujoursfur  le 
preinier  méridien;  Se  on  commence  à  les  compter  de- 
puis l'équateut  jufqu'à  l'un  &  l'autre  pôle,  c'eft  à-dire  , 
90  de  ch.aque  côté:  ainli  l'on  appelle  les  méridiens 
terrejlres  des  cercles  de  latitude.  L'autre  demi-cercle 
qui  fait  un  cercle  entier  avec  le  premier,  eft  celui 
qui  palle  par  le  nadir:  ainfi  quand  le  loleil  eft  dans  la 
partie  fupérieure  de  ce  cercle ,  il  marque  le  milieu 
du  jour  ,  &  il  eft  alors  dans  fa  plus  haute  éléva- 
tion fur  l'horizon  ;  Se  quand  il  eft  dans  la  moitié 
inférieure ,  il  marque  le  milieu  de  la  nuit  ,  Se  le 
point  de  fon  plus  grand  abaillemenr  fous  l'horizon. 
On  peut  compter  un  nombre  infini  de  méridiens. 
Cependant  les  Géographes  n'en  comptent  que  360. 
mais  ils  n'en  marquent  que  56  fur  les  globes,  en 
les  éloignant  l'un  de  l'autre  de  dix  degrés,  comptés 
.  fur  l'équateur.  L'ulage  a  établi  qu'on  les  compte  de 
l'occident  à  l'orient.  Les  globes  ont  un  méridien  de 
cuivre  ,  avec  un  gnomon  vers  le  pôle  boréal.  La 
fphère  eft  toujours  attachée  au  méridien ,  qui  demeure 
immobile ,  &  elle  tourne  fur  les  pôles  du  méridien 
qui  repréfentent  ceux  du  monde. 

C'eft  dans  le  méridien  que  s'obferve  la  plus  grande 
élévation  des  étoiles.  Inftitut.  Aftron.  p.  £^4. 

MÉRIDIEN  uuiverfel.  Si  l'on  conçoit  un  eercle  irama- 


MER 

bile ,  qui  parte  par  le  foleil  ôc  par  les  pôles ,  ce  cer- 
cle ne  fera  pas  Iculcmcnt  le  méridien  à'xin  lieu  dc- 
tcrmiiié,  ce  kra  un  méridien  univeilcl,  cnioite  qu'on 
comptera  midi  dans  un  endroit  ,  lorfque  le  méridien 
particulier  à  ce  lieu,  en  tournant  autoiu  de  l'axe  ele 
la  terre  ,  ie  confondra  avec  le  plan  de  ce  mcridien 
univcrfel ,  p.  36 s- 

On  donne  encore  le  nom  abfolu  de  méridien  k  l.i 
ligne  qui  marque  midi. 

Le  premier  méridien  ed;  un  des  cercles  d'où  l'en 
commence  à  compter  les  dcgrcs  de  longitude  dis 
lieux.  Le  premier  méridien  cil  arbitraire,  l'tolomce 
l'avoir  établi  dans  les  Canaries,  en  la  partie  occiden- 
tale de  1  Ile  de  1er.  Les  Portugais  l'avoienr  tJanf- 
portc  aux  Açores ,  fous  prétexte  qu  ils  avoient  obfcr- 
vé  que  l'aiguille  aimantée  n'y  falloir  aucune  décli 
naiton.  Mais  on  a  trouvé  que  cela  n'étoit  pas  par- 
ticulier à  ces  îles  ,  &  les  Efpagnols  ont  cru  que  cela 
nuiloit  à  la  divilion  des  conquêtes  qu  ils  avoient 
faites  en  Orient ,  ou  en  Occident,  Les  l'ilotes,  pour 
compter  les  longitudes  ,  ont  eu  de  grands  difiérens, 
&  pour  placer  le  premier  méridien  ,  dont  on  voit 
les  particularités  dans  Herréra  :  maintenant  les  Fran- 
çois le  placent  dans  l'île  de  Fer  ,  la  plus  occidentale 
des  Canaries;  cette  pohtion  lut  établie  en  1634. 
par  ordre  du  Roij  fur  l'avis  des  plus  célèbres  Ma 
tliématiciens.  Les  HoUandois  le  font  palier  par  le 
pic  de  Ténérile  ,  qui  cil  la  plus  haute  montagne  du 
monde  dans  Tune  des  îles  Canaries.  Les  Agrono- 
mes pour  Icuis  calculs  ,  prennent  ordinairement  le 
premier  méridien  du  lieu  où  ils  font  leurs  obferva- 
tions  ,  &  compotent  leurs  Tables  Aftronomiques  : 
comme  Ptolomée  à  Alexandrie  ,  Ticiio  -  Brahé  à 
Uranisbourg ,  l'une  des  iles  de  Dannemarck.  Le  P. 
Riccioli  à  Boulogne  :  tk  les  François  à  l'Obferva- 
toire  Royal  de  Paris. 

Méridien,  f.  m.  Terme  d'Hiftoire  Ancienne.  Nom 
que  les  Anciens  Romains  donnoient  à  une  efpèce 
de  Gladiateurs.  Meridianus.  Les  Méridiens  étoient 
des  Gladiateurs  ,  qui  fe  donnoient  en  fpeClacle  ,  &■ 
entroient  dans  l'arene-lur  le  midi,  après  que  le  matin 
les  Belliaires  avoient  coiijsattu ,  non  contre  les  bètcs , 
mais  les  uns  contre  les  autres  ,  l'épée  à  la  main. 
Delà  vient  que  Sénèque  dit  que  les  combats  du 
matin  étoient  pleins  d'humanité  en  comparaifon  de 
ceux  qui  les  fuivoicnt. 

Les  Méridiens  ,  Meridiani ,  prenoient  leurs  noms  du 
temps  auquel  ils  donnnoient  leur  fpedlacle.  Lipfe  j 
Saturn.  L.  IL  chap.  i  S- 

MÉRIDIENNE ,  ou  LIGNE  MÉRIDIENNE,  f,  f. 
La  ligne  méridienne  ,  eft  une  ligne  qu'on  trace  du 
pôle  du  nord  à  celui  du  midi ,  qui  déiigne  fur  un 
plan  le  cercle  rqéridien.  Elle  eil  néceflaire  pour 
drelfer  les  cadrans  horizontaux ,  &  faire  les  obfer- 
vations  des  aflres ,  dans  les  cadrans  verticaux  ;  elle 
cft  toujours  perpendiculaire  à  l'horizon. 

On  appelle  aullî  méridienne  ,  une  ligne  qui  fait 
connoître  julle  quand  il  eft  m'idi ,  par  un  point  du 
foleil  qui  vient  lur  cette  ligne. 

ffj'  On  appelle  hauteur  méridienne  du  foleil  ou  des 
étoiles  ,  leur  hauteur  au  moment  où  elles  font  dans 
le  méridien  du  lieu  où  on  les  obferve. 

^CT  La  hauteur  méridienne  eft  un  arc  d'un  grand  cer- 
cle perpendiculaire  à  l'horizon  ,  &  compris  entre 
l'horizon  &  l'étoile ,  laquelle  eft  fuppofée  alors  dans 
le  méridien  du  lieu. 

On  dit  Faire  la  méridienne ,  lorfqu'on  dort  après 
le  dîner.  Quelques-uns  difent  la  méridiane  ;  &:  ce 
font  ceux  qui  veulent  conicrver  l'origine  de  ce  mot , 
qui  vient  de  l'Italien  meridiana ,  qui  (e  trouve  aullî 
en  Latin  ,  meridiana  ,  dans  Sidonius  Appoilinaris. 
Le  peuple  dit.  Faire  Mériane, 

MÉRIDIONAL  ,  ALE.  adj.  Qui  appartient  au  midi. 
Meridianus.  Le  pôle  méridional  eft  oppolé  au  boréal. 
Les  terres  méridionales.  La  latitude  méridionale  fe 
compte  dès  qu'on  a  pallé  la  ligne.  Un  vent  méri- 
dional ,  qui  vient  du  côté  de  l'Afrique.  Un  cadran 
méridional,   gCT  celui  qui  eft  dans  le  plan  qui  va 


MER 


949 

du  levant  au  couchantj  Ce  qui  cft  dircâ:cmc'nt  tour- 
né vers  le  midi. 
ffS'  Diftance  méridionale  en  navigation ,  c'cft  la  dilTc- 
rence  de  longitude  ,  entre  le  niérulicii  fous  lequel 
le  vaillcau  (c  trouve,  &  celui  dont  il  eft  parti. 
U3'  Démon  méridional.  Donner  Ion  amc  aux  démons 
méridionaux.  Cette  cxprcllion,  qui  fe  trouve  louvtnt 
dans  le  Cacholicon  d  Elpa£nc,cft  prilc  du  Ifcaume  90. 
v.  )■.  6.  Non  timehis  ab  incurfu  &  dtmonio meridiana ^  ëc 
Veut  duc  ,  li  nous  en  croyons  luretière  après  le  Père 
MabiUon,  une  tentation  diabolique,  &c  urie  inala- 
dic  foudaine  &  violente  ,  qui  piivc  de  l'ufagc  des 
Iciis  (jC  de  la  railon  ceux  qui  en  font  atteints.  On 
remarque,   lelon  Du  Cange  en  (on  Glollairc  ,  que 
même    les  vents   méridionaux    caufent   d'horribles 
tempêtes  ,  qui  durent  encore  long  temps  après  que 
ces  vents  ont  cefté.  Remarques  fur  la  Satyre  Mé- 
nippée. 
MEHIDIONELLE.   f.  f.    Terme  de  Fleurifte.  Tulipe 
pourpre  ,  couleur  d'Lvcque  6»;  blanc  ,  non  dci.trée, 
printanière.  Morin. 
MÉRIGAL.  f.  m.  Efpèce  de  monnoie  d'or  qui  a  cours 
à  Sofala  &L  dans  le  Roy.iume  de  Monomotapa.  Elle 
pèle  un  psu  plus  qu'une  piftole  d'Efpagnc. 
MLRIN.  f.  m.  Dans  quelques  Coutumes  ce  mot  figni- 
He   la  même  choie  que    Sergent.  Dans  la  Navarre 
Françoite  un  Mérin  eft  un  Ma'^illrat,  un  Ju. c. 
MÉRiN.  (.  m.  Nom  de  la  cinquième  Dynaftie  des  Rois 

de  Fèz.   Merinus. 
0:T  MERINDADE.  f  f.  On  donne  ce  nom  en  Efpagne 
au  dillricl  d'une  Jurildièlion  ,  comme  d'une  Châtel- 
lenie  ,  d'un  petit  Bailliage ,  ou  d'une  Prévôté ,  dont 
le  Juge  eft  appelé  Mérino.  Le  Mérino  mayor  c'eft  le 
Roi.  Le  Royaume  de  Navarre  elc  divilé  en  fix  iné- 
rindades,  La  Mart. 
MÉRINDOL.    '"/illage  de  France  dans  la  Provence, 
au  Bailliage  d'Apt ,  &:  dans  le  Diocèle  de  Cavaillon. 
03"  MERINGUE,  f.   f.    Sorte  de    pâtillerie  laite  de 
blancs  d'œufs   fouettés    julqu'a  ce    qu'ils  foient  en 
moulfe  ,  de  fucre  pulvérilé  j  un  peu  d'eau  de  fleurs 
_  d'orange. 

MÉRINITE.  f.  m.  &  f.  Nom  d'une  Dynaftie  Arabe  qui 
régna   en   Afrique   après  les  Almohades.  D'Herb. 
Mericin£. 
MÉRIONETH-SHIRE  ,  c'eft -à -dire,    le  Comté  de 
Mérioneth.  Nom  d'une  province  de  la  principauté 
de  Galles  en  Angleterre.  Mercinia,  Meriomethenfis 
comitatus.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  celle  de  Den- 
big.  Elle  a  au  fud  celles  de  Cardignan  &  de  Mont- 
gommeri  ;  &  au  couchant  la  mer  d'Irlande.  Ce  pays 
peut  avoir  quatorze  lieues  de  long  j  &  cinq  dans  fa 
moyenne  longueur. 
MERIR.  V.  a.  du  Latin  mcrere ,  Payer ,  récompenfer^ 
Ce  verbe  iîgnifioit  aulîi ,  Mériter ,  fe  rendre  digne. 
Gloff.  des  Poéf.  du  Roi  de  Navarre. 
MERISE,  f.  f.  Petite  cerile.  Cerafa  duracina.  Ce  fruit 
eft  prefque  rond ,  petit ,  charnu  îfT  doux  ,  avec  une 
légère    amertume  ,  agréable ,  rempli  d'un  fuc  noir 
qui  teint  les  mains.  C'eft  ce  que  nous  appelons  ce- 
rifes  noires. 
MERISIER,  f.  m.  Arbre  qui  porte  des  mérifes.  C'eft 
le  cerilier  fauvage,    Jean  Bauhin  l'appelle  cerafus 
Jîlvejîris  fruaus  nigro.   i.  pin.  220.  Cet  arbre  a  le 
bois  fort  dur,  &  fon  écorce  blanche,  fort  liftée  &  . 
unie.  Ses  feuilles  en  automne  avant  que  de  tomber, 
deviennent  rouges  comme  du  feu.  Ses  fleurs  &  fes 
fruits  reiremblenc  beaucoup  aux  fleurs  &  aux  fruits 
du   cerilîer ,  excepté  que  les  fleurs  (ont  un  peu  plus 
purpurines ,  &  que  les  Iruirs  deviennent  noirs.  Du 
refte  il  a  tout  le  caradlère  du  ceiiher. 
MÉRITE,  f.  m.   Alfemblage  de  plu/îeurs  vertus ,  ou 
bonnes  qualités  en  quelque  perlonne  ,  qui  lui  attire 
de  l'eftime  &  de  la  confidération.  Meritum  ,  dotes  , 
\irtus  excellens  &  pnjlans.  Cet  Officier  a   un  rare 
mérite  ;  il  a  de  la  bravoure,  du  (ervice  iS>:  de  la  ca- 
pacité. C'eft  une  Drlme  de  mérite  ,  qui  eft  belle  & 
vertueule.  La  fortune  nf  favorife    pas  toujours  les 
gens  de   mérite.  Il  ne   faut  guère  s'appuyer  fur  les 
chofes  qui  dépendent  de  la  fortune  ■,  il  n'y  a  que 


^so  MER 

Je  vrai  meriie  qui  donne  de  viais  avantages.  LeCii. 
DE  M.  A  la  Coiu-  ,  ou  n'ell  en  gaide  que  coniie 
celui  qui  a  du  mérue  &  de  la  venu  :  on  ne  s'avite 
pas  de  craindre  celui  qui  n'en  a  point.  Ab.  de  S.  R. 
Un  grand   ment<;  éloigné  de  nous  ne  découvre  pas 
notre   petitelle  ,  mais  celui  qui  eft  auprès  de  nous 
la  melure    Se  la   montre.    Bouh.    Le  mgrue  de  la 
guerre  attire  les  yeux  de  tout  le  monde  ;  auprès  de 
celui  là  toute  autre  mérite  elt  morne  tk  languillant. 
S.  ÉVR.  La  jaloulieie  (oulève  contre  an  mente  im- 
portun ,  qui  eftace  &  qui  éteint  celui  des  autres.  Bell. 
Celui  qui'n'a  point  de  menre  s'en  fait  un  imaginaire  , 
cette  imagination  ku  en  tient  lieu.  S.  EvR.  Le  mé- 
rite attire  d'ordinaire  moins  d'amis  que  d'envieux. 
Bouh.  Le  mérite  lans  bien  eft  un  mérite  lans  éclat. 
La  Chet.  Les  gens  n'ont  point  de  peine  à  conve- 
nir de  votre  me'rite  ,   quand  ils  croient  vous  avoir 
perfuadé  qu'ils  en  ont  eux-mêmes.  Id.  Nous  jugeons 
d'ordinaire   du    mérite    des    autres    par  la  manière 
dont  ils  vivent  avec  nous.  La  Roch.   Il  eft  rare  de 
voir  tous  les  genres  de  mentes  rallemblés  dans  un 
même  fujet.  Le  P.  Bourd.    On  voit  des  hommes 
d'un  mente  diftingué;  mais  d'un  mente  borné  ,   tk. 
rarement  univerfel.  Idem.    A  la  Cour,  rarement  on 
honore  le  mérite  qui  eft  feul ,  &  dénué  de  grands 
étâbiiiremens.  L.  Br.  Les  femmes  doivent  moins  à 
leur  mérite  qu'à  nos  adul irions,  les  louanges  qu'on 
leur  donne.  S.  ÉvR.  L'ironnéte-homiue  n'eft  point 
fujet  aux  préventions  ,  &  a  plus   d'éj,,ud  au  mérite 
qu'à    la  fortune.  Le  Ch.  de  M.   Un  homme  d'un 
mérite   exquis  eft  une   elpèce   d'ennemi  public ,  à 
qui  tout  le  monde  a  intérêt  de  nuire  ;  il  emporte 
toutes  les  admirations.  S.  RÉal. 
%fT  En  parlant  des  chofes  ,  mérite  fe  dit  de  ce  qu'elles 
ont  de  bon  &  d'elhmable.  Le  mérite  d'une  adion  , 
d'une  ouvrage  d'efptit.   Ce  qui  relève  le  mente  de 
cette  action  ,  de  cet  ouvrage  i  c'eft  que  ,  &c.  C'eft 
une   preuve   du   mérite  des   ouvrages  des  Anciens , 
qu'ils  fe  foient  confervés  julqu'à  nous.  Abl. 
fer  Pris  dans  ce  fens  coUedlif  ,  ce  mot  ne  s'emploie 
qu'au  iingulier  ,  comme  on  vient  de  le  voir  :  mais 
dans  un  fens  diftributif ,  il  a  un  pluriel.  Aiiill  l'on  dit 
que  Célàr  &  Pompée  avoient  chacun  leur  mérite , 
mais  que   c'étoient    des   mérites   dilférens.    Il  y  a , 
lans  mentir  certains  mérites  qui  ne  font  point  faits 
pour  aller  enlemble.  La  Bru  y. 

On  dit  fe  faire  un  mérite  de  quelque  chofe ,  pour 
dire ,  Tirer  gloire  ,  tirer  avantage  d'avoir  fait  quel- 
que chofe  ;  &  le  faire  un  mérite  de  quelque  choie 
auprès  de  queL]u'un  ,  pour  dite  ,  Faire  valoir  auprès 
de  quelqu'un  ce  qu'on  a  frit  pour  lui.  Ac.  Fr. 
Mérite  ,  (e  dit  auJî  du  prix  ,  de  la  valeur  des  aéfions  & 
des  chofes ,  en  bonne  &  en  mauvaife  part,  par  rapport 
à  ce  qu'elles  ont  de  bon  ,  ou  de  mauvais.  Meritum. 
Il  a  été  traité  félon  fcs  mérites.  Pro  meritis.  C'eft 
la  qualité  d'une  aétion  qui  la  rend  digne  de  récom- 
penleou  de  punition.  Le  Roiarécompenléles  fervices 
de  cet  OfKcier  lelon  leur  mérite. 
^3"  Mérite  ,  en  morale.  Il  faut  remarquer  ,  dit  Butla- 
maquij  que  dès  qu'on  fuppofe  que  l'homme  (e  trouve 
par  fa  nature  &  par  ion  érat ,  allujetti  à  fuivre  cer- 
taines règles  de  conduite  ;  l'obfervation  de  ces  règles 
fait  la  peifeftion  de  la  nature  humaine  &  de  ion 
état,    &  leur  violation  produit  au  contraire  la  dé- 
gradation de  l'un  &  de  l'autre  :  or  nous  fommes  faits 
de  telle  manière ,  que  la  peffeûion  &  l'otdie  nous 
plaifent  par  eux-mêmes ,  &  que  l'imperfeiftion  ,   le 
défordre ,  &  tout  ce  qui  y  a  rapport,  noiis  déplaît 
naturellement.  En  conféquence  nous  reconnoilîbns 
que  cpux  qui  répondent  à  leur  deftination  qui  font 
ce  qu'ils  doivent ,  &  contribuent  ainll  au   bien  &  à 
la  perfeélion  du  fyftême  de  l'hutnanité  ,  font  dignes 
de  notre  approbation  ,  de  notre  eftime  &  de  notre 
bienveillance;  qu'ils  peuvent  raifonnablement  exiger 
de  nous  ces  fentimens  ,  &  qu'ils  ont  quelque  droit 
aux  effets  avantageux  qui  en  font  les  fuites  naturelles. 
Nous  ne  faurionsau  contraire  nous  empêcher  de  con- 
damner ceux  qui  ,   par   un  mauvais  ufage  de  leurs 
acuités ,  dégradent  leur  propre  nature  &  leur  état;  j 


M  E  R 

nous  reconnoilfons  qu'ils  font  dignes  de  défapproba- 
tion  ,  de  blâme  ,  &  qu'il  eft  conforme  à  la  railon,  que 
les  mauvais  crtets  de  leur  conduite  retombent  fur 
eux.  Tels  font  les  fondemens  du  mérite  &c  du  démé- 
rite. 
§3°  Le  mérite  eft  donc  une  qualité  qui  nous  donne 
droit  de  prétendre  a  l'approbation  ,  a  l'cftime  &  à  la 
iJiienveillance  de  nos  fupéricurs  ou  de  nos  égaux,  & 
aux  avantages  qui  en  font  une  iuite.  Le  démérite  eft 
une  qualité  oppofée ,  qui  nous  rendant  dignes  de  la 
délapprobation  &  du  blâme  de  ceux  avec  lefqucls 
nous  vivons  ,  nous  force  ,  pour  ainli  dire  ,  de  recon- 
noitte  que  c'eft  avec  railon  qu'ils  ont  pour  nous  ces 
fentimens,  Se  que  nous  fommes  dans  la  trifte  obli- 
gation de  fouflrir  les  mauvais  eflets  qui  en  font  les 
conléquences. 
IJCT  Ces  notions  du  mérite  &  du  démérite  fondées  dans 
la  nature  même  des  chofes,  font  parfaitement  con- 
formes au  fentiment  commun  ,  Se  aux  idées  géné- 
ralement reçues.  La  louange  Se  le  blâme  ,  à  en  juger 
raifonnablement,  luivent  toujours  la  qualité  des  ac- 
tions ,  fuivant  qu'elles  (ont  moralement  bonnes  ou 
mauvaifes.  Cela  eft  clair  à  l'égard  du  Légillateur.  II 
fe  démentiroit  lui  même  ,  s'il  n'approuvoit  pas  ce  qui 
eft  conforme  à  fes  loix.  Se  s'il  ne  condamnoit  pas 
ce  qui  y  eft  contraire  :  Se  par  rapport  à  ceux  qui 
dépendent  de  lui ,  ils  font  par  cela  même  obligés  de 
régler  là  dellus  leuis  jugemens. 
f(0'  Comme  il  y  a  de  meilleures  actions  les  unes  que 
les  autres  ,  &  que  les  mauvaifes  peuvent  aulîi  l'etie 
plus  ou  moins  ,  (uivant  les  diverfes  circonftances  qui 
les  accompagnent,  &  les  dilpofitions  de  celui  qui  les 
fait  j  le  mérite  Se  le  démérite  ont  aulîi  leurs  dégrés. 
C'eft  pourquoi,  quand  il  s'agit  de  déterminer  préci-  '" 
fément  julqu'à  quel  point  on  doit  imputer  une  action 
à  quelqu'un  ,  il  faut  avoir  égard  à  ces  diiiérences,  & 
la  louange  ou  le  blâme,  la  récompenfe  ou  la  peine, 
doivent  aullî  avoir  leurs  degrés,  proportionnellement  Û 
au  mérite  ou  au  démérite.  s 

§3°  Ainli  fuivant  que  le  bien  ou  le  mal  qui  provient 
d'une  a(5tion ,  eft  plus  ou  moins  confidérable  ;  félon 
qu'il  y  avoit  plus  ou  moins  de  facilité  ou  de  diffi- 
culté à  faire  cette  aClion,  ou  à  s'enabftenir;  félon 
qu'elle  a  été  faite  avec  plus  ou  moins  de  réflexion 
(Se  de  liberté;  félon  que  les  raifons  qui  dévoient  nous  j* 
y  déterminer ,  ou  nous  en  détourner  ,  étoient  plus  * 
ou  moins  fortes.  Se  que  1  intention  Se  les  motifs  en 
font  plus  ou  moins  nobles  Se  généreux  ;  l'imputation 
s'en  fait  aulii  d'une  manière  plus  ou  moins  eilicace  , 
Se  les  efets  en  font  plus  avantageux  ou  plus  fâcheux. 
Mérite  ,  dans  le  même  fens  fe  dit  en  Théologie  de  la 
bonté  morale  des  aClions  des  hommes ,  &  de  la  ré- 
compenfe qui  leur  eft  due.  Méritum  ,  bonitas.  Les 
Scholaftiques  diftinguent  deux*fortes  de  mérite  des 
bonnes  œuvres  envers  Dieu.  L'un  de  congruité ,  ou 
de  bienféance  ,  Se  l'autre  de  condignité.  Le  mérite 
de  congruité  eft  lorfqu'il  n'y  a  pas  une  jufte  pro- 
portion entre  l'aâion  ,  &  la  récompenfe  ;  enforte 
que  celui  qui  donne  fupplée  par  fa  libéralité  ,  ou  par 
fa  bonté  à  ce  qui  manque  à  l'adtion.  Tel  eft  Je  mérite 
d'un  fils  à  l'égard  de  fon  père  :  &  ce  mérite  ne  porte 
le  nom  de  mérite  qu'improprement.  Le  mérite  de 
condignité  eft  lorfqu'il  fe  trouve  une  entière  égalité  , 
Se  une  jufte  eftimation  entre  l'aârion  Se  la  récom- 
penfe :  tel  eft  Je  falaire  d'un  Ouvrier. 

Tes  jeûnes  ,  tes  aufiérités , 
Ne  peuvent  devant  Dieu  te  faire  un  vrai  mérite. 

L'ab.  Têtu. 

De  peur  que  l'orgueil  humain  ne  foit  flatté  pat  l'opi- 
nion d'un  mérite  prélomptueux ,  le  Concile  de  Trente 
enleigne  que  tout  le  prix  Se  la  valeur  des  œuvres 
Chrétiennes  proviennent  de  la  grâce  findfifiante  qui 
nous  eft  donnée  gratuitement  au  nom  de  J.  C.  Se 
que  c'eft  un  eftét  de  l'influence  continuelle  de  ce 
divin  Chef  fur  fes  membres.  Expos,  de  M.  de  M. 
MÉRITES  ,  au  plur.  ne  fe  dit  guère  que  lorfqu'il  s'agit  des 
matières  de  Religion.  Les  mérites  de  J.  C.  font  les 


MER 

caufes  de  notre  (alut.  La  vie  éternelle ,  fcloa  la  doc- 
trine de  l'Églife,  expliquée  dans  le  Concile  de  Trente, 
feJJ.  6.  doit  ctte  piopofée  aux  enfans  de  Dieu ,  & 
comme  une  grâce  qui  leur  eft  miféricordieufemcnt 
promile  par  le  moyen  de  N.  S.  J.  C.  &:  comme  une 
rccompenfc  qui  ell  ride IJemenc  rendue  à  leurs  bonnes 
œuvres  ik  à  leurs  mentes ,  en  vertu  de  cette  pro- 
melîe.  Expos,  de  M.  de  M.  Pelage  rendoit  la  grâce 
dépendante  de  nos  mentes.  Fléch.  §Cr  On  appelle 
les  mérites  de  la  Padion  de  J.  C.  fcs  fouffrances  ôc 
fa  mort,  en  tant  qu'elles  ont  (atisfait  pour  nous  à  la 
Juftice  Divine ,  6c  qu'elles  nous  ont  mérité  la  rémif- 
(îon  des  péchés  &  la  gloire  éternelle. 

fCT  Les  mérites  des  Saints ,  pour  dire  les  bonnes  œu- 
vres. 

MÉRITE  ,  fe  dit  auiïï  de  la  qualité  des  affaires.  Momen- 
tum  ,  gravitas  ,  dignitas.  Ce  Préfident  a  été  obligé  de 
donner  à  cette  caufe  plulieurs  audiences  à  cauCe  du 
/nenre,  de  l'importance  de  l'affaire  ,  bc  des  difficultés 
qui  s'y  -Ibnt  rencontrées.  C'eft  un  bon  Avocat ,  qui 
fera  bien  connoître  ,  qui  fera  bien  valoir  le  mérite 
de  votre  caufe. 

MÉRITE  Militaire.  Établiirement  créé  par  Louis  XV  par 
Ordonnance  du  mois  de  Juillet  1759  en  faveur  des 
Officiers  Suillès  &c  étrangers  qui  fervent  dans  fes 
troupes  ,  &  qui  font  profellîon  de  la  Religion  Pro- 
teftante.  Cet  établillement  eft  à  l'inftar  de  l'Ordre 
Militaire  de  Saint  Louis,  qui  ne  peut  pas  être  conféré 
à  des  Proteftans.  La  marque  de  di  ftinélion  eft  une  croix 
d'or,  fur  un  des  côtés  de  laquelle  il  y  a  une  épée  en 
pal  avec  ces  mots ,  pro  virtute  bellicâ  ,  Se  fur  le  revers, 
une  couronne  de  laurier  avec  cette  légende:  Ludo- 
vicus  XV.  Inftituit.  lyjp.  Cette  croix  eft  attachée  à 
la  boutonnière  avec  un  petit  ruban  de  bleu  foncé, 
faas  être  onde.  Ceux  qui  montent  au  fécond  degré , 
portent  cette  croix  attachée  à  un  large  ruban  de  même 
couleur  mis  en  écharpe.  Ils  doivent _êrre  au  nombre 
de  quatre.  Ceux  qui  pall'eront  au  troillème  degré  , 
porteront'indépendamment  de  ce  grand  cordon,  une 
broderie  d'or  fur  l'habit  &  fur  le  manteau.  Ils  doivent 
être  au  nombre  de  deux  feulement. 

MÉRITER.  V.  a.  Faire  une  aétion  bonne  ou  mau 
vaife ,  digne  de  récompenfe  ,  ou  de  châtiment.  Me- 
reri ,  promereri ,  veL  merere.  Un  verre  d'eau  donné 
au  nom  de  Dieu ,  mérite  le  Ciel.  Une  li  noire  tr^ 
hifon  méritoit  un  fupplice  éternel.  Quand  on  a  tout 
mérité,  on  doit  tout  efpérer.  Corn.  Ta  lâcheté  n'ofe 
me  mériter.  Id. 

Rien  n'efi  comparable  à  ma  gloire  : 
Le  plus  fameux  Héros  qu'on  vante  dans  l'hijloire 
Ne  me  le  /aurait  difputer. 
Si  je  n'ai  pas  une  Couronne , 
C'ejl  la  Fortune  qui  la  donne  , 
//  fuffit  de  la  mériter. 

Fragin.  du  Port,  de  M.  le  Prince. 

MÉRITER  DE ,  eft  une  phrafe  Latine  qui  étoic  fort  en 
vogue  il  y  a  long-temps,  &  qui  s'eft  confervée.  Ron 
fard  s'en  eft  fervi.  Benè  mereri.  Les  Romains  défé- 
roient  les  honneurs  du  triomphe  à  ceux  qui  avoient 
bien  mérité  de  la  République.  Bien  mériter  de  notre 
langue  \yT  C'eft  faire  pour  la  République  ,  pour  la 
langue  ,  &c.  des  adions  dignes  de  récompenfe  j  des 
chofes  dignes  de  louange.  Cegpot  s'écrit  plus  fou- 
vent  qu'il  ne  fe  dit  dans  la  converfation. 
MÉRITER  ,  fignifie  aulîi  Valoir  ,  être  digne  ;  avoir  de 
bonnes  ou  de  mauvaifes  qualités  ,  qui  attirent  l'hon- 
neur ou  le  mé'pùs.  Dignum  effe.  Ce  livre  ne  méritoit 
pas  d'être  imprimé  ,  ni  d'être  confervé  à  la  pofté- 
rite. 

On  dit  qu'une  nouvelle  mérite  confirmation  _,  pour 
dire  ,  qu'elle  n'eft  pas  fùre  ,  qu'elle  a  befoin  d'être 
confimée. 
MÉRITER  ,  avec  le  datif  de  la  perfonne.  Rendre  digne 
de  . .  .  faire  obtenir.  Ce  font  les  fervices  de  fon  frère 
qui  lui  ont  mérité  cette  récompenfe.  Son  affîduitélui 
a  mérité  la  grâce  qu'on  lui  a  faite.  Eft  caufe  de  la 
grâce  qu'on  lui  a  accordée. 


M  E 


R        9yi 

Mériter  à  chef  de  terme.  Les  Banquiers  &  les  Arith- 
méticiens parlent  de  la  forte  quand  le  principal  gagne 
a  chef  de  terme,  &  puis  le  principal  &  le  gain  de 
terme  en  terme ,  jufqu'à  la  fin  du  payement. 

On  dit  provcibialenicnt  ,  qu'un  homme  /nérite  , 
ou  ne  mérite  pas  de  vivre  ,  quand  il  a  des  qualités 
fociables ,  ou  contraires  à  la  fociété,  qui  le  font  re- 
chercher ou  fuir.  * 
MÉRITÉ,  LE  part.  palf.  6c  adj.  Méritas. 
MÉRITOIRE,  adj.  m.  &  f.  Terme  de  Théologie  ,  qui 
fe  dit  des  bonnes  œuvres  que  Dieu  récompenfe  dans  le 
Ciel.  Mercede  dignus  ,   meritorius.    Les   adtions  de 
charité  font  méritoires.  Les  aumônes  que  l'on  fait 
par  vanité  ne  font  pas  méritoires.  Us  difputoient  fi 
la  vie  adive  étoit  moins  excellente,  ou  plus  méritohe 
que  la  vie  contemplative.  Pat.  Les  Proteftans  ne  re- 
connoilîcnt  rien   de  méritoire  à  l'égard  de  Dieu.  Ils 
nient  que  les  bonnes  œuvres  foient  méritoires.   La 
Pl.  Foyei  ci  deflus,  au  mot  Mérite  ,  les  fentimcns 
de  la  vraie  Églife. 
MÉRITOIREMENT  ,  adv.  D'une  manière  méritoire. 
Modo  mercede  digno^mcrith  ,  jujlè  ,  Jure.  Pour  faire 
^    une  aftion  méritoirement ,  il  faut  que  ce  foit  fans  in- 
térêt ëc  fans  ortentation  ,  &  pour  l'amour  de  Dieu. 
MERLAN  ,    C.    m.  Poillbn  de  mer  long    &  menu  , 
iCr  (  eu  égard  à  fa  grandeur  )  ,  fur-tout  vers  la  queue  , 
car  il  eft  plus  gros  vers  la  tête.  Ce  poiilon  eft  allez 
connu.  Chaifé  de  haute  mer  par  des  ennemis  qui  cher- 
chent à  le  dévorer  _,  il  vient  en  foule  vers  les  côtes , 
où  il  tombe  dans  les   filets  des   pêcheurs.     Afdlus 
minor ,  merlangius.  Il  y  a  des  merlans  qui  font  de 
vrais  hermaphrodites,  puifqu'on  trouve  dans    leur 
intérieur  les  œufs  d'un  côté  Se  h  laite  de   l'autre. 
La  chair  du  merlan  eft  blanche  ,  tendre  ,  légère,  de 
bon   fuc  ,   nourrilfante  fans  charger  l'eftomac.   Elle 
convient  à  tous  les  tempéramens ,  même  aux  con- 
valefcens_&  aux  malades. 

On  dit  proverbialement  ,  que  les  merlans  font 
viandes  de  laquais  ,  de  poftillons ,  parce  qu'ils  n'em- 
pêchent pas  de  courir,  &  ne  chargent  point  l'eftomac. 
MERLE,  f.  m.  Oifeau  médiocre  ,  de  la  taille  d'une 
§3°  pie,  il  a  le  bec  jaune,  convexe  cn-deifus.  Ses 
pieds  &  fes  ongles  font  noirs,  le  plumage  noirâtre. 
^ Celui  de  la  femelle  eft  plus  brun,  varié  de  gris  Se 

de  roulfeâtre.  Le  mâle  fiHe  &  chante. 
§3"  Merle  à  collier.  Mcrula  torquata.  Il  a  un  collier 
gris,  le  plumage  couleur  de  fuie.  Il  eft  commun  en 
lavoie  ,  où  il  habite  les  montagnes, 
fer  Le  Merle  blanc  n'eft  point  un  oifeau  imaginaire. 
On  en  trouve  en  Afrique,    en  Arcadie  ,  morne  en 
Savoie  &  en  Auvergne.  Il  eft  rare  ,  &  n'habite  que 
les  montagnes.  A  la  couleur  près ,  il  relïemble  par- 
faitement au  merle  noir.  Dans  quelques  montagnes 
comme  les  Alpes ,   on  trouve  aufti  des  merles  bi- 
garrés.       • 
%fTLt  Merle  de  rocher  ou  de  montagne ,  merulafaxa- 
ri/ii ,  fe  trouve  en  Laponie.  lia  la  queue  jaune  avec 
une  bande  noire  dans  le  milieu  ,  le  menton  blanc  , 
le  ventre  rougeâtre  ,  le  bec  noir.  Il  vit  de  noix.  Albin 
lui  donne  le  nom  de  calfe  noix. 
^  Le  Merle  doré ,  merula  aurea,ainfi  nommé  à  caufe 
de  la  couleur  de  fon  corps  ,  a  les  ailes  d'un  bleu  ti- 
rant fur  le  brun ,  les  pieds  bleus ,  les  ongles  rou- 
geâtres. 
IfT  Le  Merle  bleu,  merula  c^rulea,  fe  trouve  dans 
les  îles  de  l'Archipel.  Il  a  le  gofier  ,   le  cou  &  la 
tcce  d'un  bleu  d'azur,  le  deflus  delà  tête  noir,  les 
ailes  brunes  par  deflus  ;  le  dedans  ,  le  ventre  &  la 
queue  font  d'un  jaune  doré. 
IP"  Le   Merle  du   Brefil  eft  d'un   très  beau   rouge, 
excepté  les  ailes  &  la  queue   qui   font  d'un  beau 
noir. 
|p°  On  dit  qu'en  Italie  il  y  a  des  merles  de  couleur  de 
rofe. 

On  dit  proverbialement ,  il  fifle  comme  un  merle  , 
il  eft  fin  ;  il  eft  rufé  comme  un  merle.  A  d'autres , 
dénicheur  de  merles  ,  pour  dire  qu'on  fe  fie  pas  à  ce 
qu'on  dit  ou  promet. 

On  dit  à  celui  qu'on  veut  défier  de  iâire  une 


95-^^  MER. 

cliofe  que  l'on  regarde   comme  impoiîlble  >  qu'on  ' 
lui  donnera  un  merle  blanc,  s'il  en  vient  à  bour. 

Cet  oifeau  a  tiré  fon  nom  de  ce  qu'il  va  (cul  & 
fans  compagnie.  Merula  ,  quoi  mera. ,  id  ejl  ,folii 
volïtat,  comme  dit  Varron.  M.  Huet. 

IvIiRLE  ,  cft  aulîî  un  poillon  lemblablc  à  une  perche 
de  rivière ,  qui  a  la  bouche  garnie  de  dents  pointues 
&  crochues,  &  qui  eft  d'une  couleur  entre  bleu 
&  noir.  Onifcus.  Sa  chair  eft  tendre,  nourrit  peu, 
mais  d'un  bon  fuc  ,   &  facile  à  digérer. 

MERLERE.  Foye:^  Fanu. 

MERLESSE.  f.  f.  C'ell  ainfi  que  les  Oifeliers  de  Paris 
appellent  la  femelle  d'un  merle.  Merula  femina.  La 
merleffe  n'efi:  jamais  (1  noire  que  le  merle. 

JvIERLÈTTE.  f.  f.  Terme  de  blâlbn.  Ce  font  des  oi- 
ieaux  peints  fur  l'écu  ,  qui  n'ont  ni  pieds  ni  bec ,  non 
plus  que  les  alérions.  Merula  mutila.  Ceux-ci  lont 
iliftérensdes  merlettes  ,  parce  qu'ils  ont  toujours  les 
ailes  ouvertes  ,  étendues  ik  abaillces  ,  &  (ont  polés 
dans  l'Écu  debout,  &c  en  pal:  au  lieu  que  les  mer- 
lettes l'ont  pallantes  ,  avec  les  ailes  ferrées.  Les  mer- 
lettes lur  les  Écus  (ont  des  marques  de  voyages 
d'outre-mer  ,  parce  qu'on  dit  que  ces  oifeaux  palîent 
la  mer  tous  les  ans. 

JvlERLîN.  C.  m.  Merlinus.  On  donne  ce  nom  aux  Ma- 
giciens &  aux  Sorciers.  Et  l'on  s'en  fert  pour  ligni- 
fier un  grand  Magicien  ,  ou  un  grand  Sorcier.  Il 
vient  de  ce  Merlin  Enchanteur  ou  Magicien  (i  fa- 
meux dans  l'hiftoire  d'Angleterre  du  cinquième  (îè- 
de.  Il  étoit  illu  ,  dit  on,  du  commerce  d'une  Dame 
Angloife  avec  un  de  ces  Démons ,  à  qui  on  donne 
le   nom  d'Incubes. 

•Merlin,  f.  m.  Terme  de  Marine.  ^fJ" Funiculus  tri- 
plex. Petit  cordage ,  ou  ligne  goudronnée  y  qui  fert 
à  faire  des  rabans  ,  à  amarrer  de  petites  poulies ,  i^ 
à  lier  de  gros  cordages. 

MERLINER.  v.  a.  Terme  de  Marine.  Merliner  la 
voile,  c'eft  l'attachera  la  ralingue  avec  du  merlin. 
Vélum  funiculis  alligare. 

JvIERLON  ,  ou  TREMEAU.  f.  m.  Terme  de  Forti- 
fication. C'eft  le  plan  du  parapet  qui  eft  entre  deux 
embrafurcs  ;  (a  longueur  eft  de  huit  à  neuf  pieds 
du  côté  des  canons ,  &  de  fix  du  côté  de  la  cam- 
pagne ,  (a  hauteur  de  lix  pieds  ,  &  Ton  épaiilèur  de 
dix-huit.  Interjeclus  inter  tormentorum  fenejlras  pe- 
ribolus. 

Ce  mot  vient  de  merulum ,  ou  de  merla  ,  qu'on 
a  dit  dans  la  balFe  Latinité  ,  pour  (igniiicr  un  cré- 
neau ,  ou  le  haut  d'une  muraille  entrecoupé  par  des 
efpaces  égaux.  Les  Italiens  l'appellent  encore  merla. 

MERLOU.   f^oyei  Mellq. 

JvlERLUCHE.  l.  f.  Poifloij  de  mer  que  les  Latins  ap- 
pellent afellus  ,  âne  marin,  qu'on  nomme,  aulîi 
brochet  de  mer.  Onifcus.  Paul  Jove  dans  Ion  Livre 
de  pifcibus  ,  C.  I.  dit  Merluccia.  Les  Hollandois 
l'appellent  Stockvick  ,  c'eft  à  dire  ,  pjijffon  de  bâton  , 
parce  qu'outre  qu'on  le  fait  fécher,  on  le  frappe 
encore  avec  un  bâton ,  quand  on  le  prépare,  pour 
le  manger.  C'eft  en  effet  de  la  morue  sèche.  Il  eft 
de  la  longueur  d'un  pied  ou  deux  j  de  couleur  de 
gris-cendré ,  &  il  a  le  ventre  blanc, 
fer  On  appelle  poignée  de  Merluches  ,  deux  mer- 
luches jointes  enfemblc. 

Ce  mot  vient  de  maris  lucius  ,  qui  fignifie  brochet 
de  mer. 

IvIERI.USINE.  f.  f  Nom  de  femme.  Se  d'un  ancien 
Roman  fait  fur  Merlu/îne  ,  qui  la  fait  palfer  pour 
une  grande  Sorcière  Merlufine.  Cette  Merlujlne 
ctoit  une  Comtefte  de  Lufignan  ,  fort  abfolue,  Hc 
qui  commandoit  à  tous  fcs  fujets  avec  une  telle  au- 
torité ,  que  lorlqu'elle  leur  envoyoit  des  lettres  ou 
patentes  fcellées  de  fon  (ceau  ,  ou  cachet,  fur  le- 
quel étoit  gravé  une  Sirène ,  il  ne  falloit  plus  fon- 
ger  qu'à  obéir  abfolument  ,  &  c'eft  de  là  qu'on  a 
pris  fujet  de  dire  ,  qu'elle  étoit  Magicienne  ,  &: 
qu'elle  fe   changeoit   quelquefois    en  Sirène.   Mas- 

CURAT. 

JvIERLUT.  f.  m.  On  nomme  Peaux  en  meriut ,  le»; 
peaux  de  bouc ,  de  chèvre  &c  de  mouton  en  poii 


MER 

&:  en  laine  qu'on  a  fait  fécher  fur  la  corde ,  pour 
les  pouvoir  garder  (ans  fe  corrg^inpre ,  en  atten- 
dant qu'elles  puillênt  être  paftées  en  chamois  ,  en 
mégie  ou  en  maroquin. 

MERME.  adj.  Vitux  mot,  qui  fignifîe  mineur ,  plus 
petit.  Minar.  Dans  les  aftifcs  de  Jérulalem  on  trouve 
mcrme  d'âge. 

MERNIS.  Nom  d'une  petite  province  de  l'Ecoffe 
feptentrionale.  Marmia ,  Mermia.  Elle  eft  bornée 
par  les  provinces  de  Marr  &.  d'Angus  ,  &  par  la 
mer  d'Allemagne.  Elle  peut  avoir  neuf  lieues  de 
côtés ,  &  cinq  dans  fa  largeur  moyenne.  Cowye  , 
Dumnotir  iSc  Bervy  en  font  les  lieux  principaux. 
Maty. 

MÉROLE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Merulus.  S.  Mé- 
rôle  fut  Moine  d'un  Monaftère  bâti  pat  S.  Gré- 
goire. Chastelain  ,21  Janvier.  ' 

MÉRON.  Bourg  de  France  dans  l'Anjou  ,  Eledion 
de.Montreuil  Beilai. 

MÉROPE.  f.  f.  (ille  de  Caplelus,  Roi  d'Arcadie  ,  ma- 
riée à  Crefphonte  ,  un  des  Héraclides ,  J\oi  de  Mcf 
fenie. 

MÉROPE.  f.  m.  Fameux  Devin  du  côtés  des  Troyens. 

MÉROPÉ.  f.  f.  Nom  de  l'une  des  Pléiades.  Merope. 
L'étoile  de  Méropé  eft  la  plus  obfcure  des  Pléiades, 
parce  que  les  (ix  autres  ayant  époufé  des  dieux  ,  celle- 
ci  n'eut  qu'un  mortel  pour  époux  ,  c'eft-à-dire  ,  Si- 
(yphe.  La  honte  qu'elle  en  a ,  fait  qu'elle  fe  cache. 
Foye^  le  IV*  Livre  des  Faites  d'Ovide  ,  v.  /7/. 

MÉROPS.  f.  m.  Oifeau  dont  parle  Jonfton ,  qui  eft 
grand  conurie  un  étourneau ,  &  qui  rciremblc  au 
merle.  Ses  plumes  font  bleues  fur  le  dos  Se  pâles  vers 
le  ventre.  Son  bec  eft  long ,  dur  ,  courbé  en  forme 
de  faux  ,  fa  langue  eft  longue  Se  déliée.  Il  ouvre  fon 
bec  fort  grand.  Il  dévore  les  abeilles  Se  les  autres 
mouches  qu'il  peut  attraper ,  d'où  il  a  été  nommé 
par  quelques-uns  mufcipula.  Il  eft  fort  commun  en 
Candie  :  on  en  voit  aulîi  en  Italie.  Il  fait  fon  nid 
dans  les  cavernes  à  (ix  ou  fept  pieds  de  haut ,  Se 
quelquefois  aux  environs  des  ruches  à  miel.  Sa  voix 
approche  un  peu  de  celle  de  l'homme ,  Se  il  pro- 
nonce alfez  diftinftement  grul ,  grulu  urubul.  IJ  y 
tn  a  d'une  autre  efpèce  que  les  Allemans  appellent 
hirundo  marina.  Il  eft  un  peu  plus  grand  que  le 
^précédent.  La  chair  du  mérops  fricalfée  dans  l'huile 
.appaile  la  douleur  que  caufe  la  piqûre  de  l'abeille , 
en  l'appliquant  fur  lé  mal.  Son  fiel  mêlé  avec  de 
l'huile  Se  de  la  noix  de  galle  ,  donne  aux  cheveux 
une  teinture  fort  noire.  Le  nom  mérops  vient  de  ful^u  j 
divido ,  Se   •i4'  ot^ç,  vox  ,  quafl  quod  dividat  vocem. 

MEROS.  f  m.  Poiflon  qui  fe  trouve  lut  les  côtes  orien- 
tales de  l'Amérique  méridionale.  Il  a  quatre  ou  cinq 
pieds  de  long  ;  il  eft  fort  délicat ,  fait  à  peu  près 
comme  une  carpe  ;  fes  écailles  font  plus  grandes 
qu'un  écu.  Il  y  en  a  de  deux  efpèces.  Les  uns  ont 
les  écailles  rondes  ;  ceux  ci  s'appellent  Me'ros.  Les 
autres  les  ont  carrées ,  &  s'appellent  Salemina  en 
Portugais,  Firaguerra  en  Indien.  FrÉzier  ,  p.   2  ç. 

MÉROS  ,  ou  MÉRUS.  Montagne  de  l'Inde  ,  félon 
Strabon  ,  Théophrafte  ,  Élien  ,  Mêla  &  autres  :  elle 
étoit  confâcrée  à  Jupiter  ,  Se  on  prétendoit  que  Cac- 
chus  y  avoit  été  élevé.  Le  mot  de  méros  en  Grec 
lignifie  cuiff'e  ,  c'eft  ce  qui  a  donné  lieu  à  la  fable 
de  Bacohus  enfermé  dans  la  cuillc  de  Jupiter  ,  Se 
né  deux  fois.  Qé^  même  montagne  eft  appelée 
Ny(a  par  Pline. 

MÉROUÉE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Merov£us.  C'eft 
Je  nom  du  troilième  Roi  des  François.  Mérouée 
régnoit  vers  le  milieu  du  cinquième  liècle. 

MÉROVINGIEN ,  ENNE.  f  m.  Se  f.  cS:  adj.  Nom 
que  l'on  donne  en  général  à  tous  les  Princes  de  la 
première  race  de  nos  Rois.  Alerovingus  ,  Merovin- 
gius  ,  a.  parce  qu'ils  defcendoient  de  Mérouée.  Chil- 
déric  III  a  été  le  dernier  de  la  race  Mérovingienne, 
Alcrovingiî. 

Les  Mérovingiens  ont  régné  en  France  plus  de 
300  ans  depuis  Pharamondj  qui  commença  vers  l'an 
420.  jufqu'à  Chades  Martel  j  environ  l'an  715. 
Quelques  vieux  Auteurs  oik  dit  Mérovingcois ,  mais 

aujourd'hui 


MER 


MER 


aujourd'hui  on  dit  Mérovingien.  D'autres  ccrivctit 
même  aujourd'iiui  Merovéen  j  ou  Mérovingien  , 
mais  Mérovingien  eft  le  plus  en  ufage. 

MERI'IN.   En  Latin  Alclpinum.   Bourg  de  France  H 
tué  lur  la  Charente  dans  l'Anyouniois,  ÉlcdHon  de 
Cognac  y  avec  titre  de  Chàtcllcnic.    Valois,  Nut. 
Gall.  p.  jss- 

MERRAIN,  ouMERREIN.  f.  m.  Quelques-uns  ccri 
vent  mairain  ,  on  meirain.  L'Académie  écrit  merrain. 
Bois  fendu  en  menues  planches   propres  à  dirtérens 
ouvrages. 

Ce  mot  vient  de  materia ,  félon  Nicod  :  iSc  fclon 
Ménage,  de  maieriamen.  Ulpian  dans  la  Loi  cy.  ft. 
de  legac.  j.  appelle  materia,  le  bois  à  bâtir,  ou 
le  bois  d'ouvrage;  &  le  diftingue  du  bois  à  biiiler, 
qu'il  appelle  lignum.  On  l'a  appelé  dans  la  balle 
Latinité  ,  materiatura  ,  materiamcn  ,  maeremium  , 
maremium  ,  meremïum  ,  marrencum  ,  muremium  <ïv' 
merannum.  Du  Cange.  Dans  les  Coutumes  de  Pi- 
cardie on  trouve  aulli  marian  ,  méran ,  &  merrien. 
Les  Efpagnols  l'appellent  madera.  On  appelle  en- 
core matières  ,  les  poutres  ou  grolles  pièces  de 
bois  qui  fervent  de  travées  aux  bateaux  foncets. 

Les  ouvriers  appellent  particulièrement  merrain  , 
le  bois  fendu  en  menues  planches  propres  à  faire  des 
douves  de  tonneaux.  Il  ell  différent  Iclon  les  lieux. 
Le  merrain  de  pipe  eft  de  quatre  piedS  de  long.  Ce- 
lui des  muids  ,  ciu'on  appelle  autrement  huifferie  , 
de  trois  pieds;  celui  des  barriques  ôc  demi  queues j 
de  deux  pieds  &  demi  ;  &:  chaque  pièce  eft  ordi- 
nairement nommée  douve.  Il  a  depuis  quatre  julqu'à 
fept  pouces  de  large.  Les  pièces  qui  font  au-dellous 
font  réputées  rebuts  ,  ou  eftautages.  Le  merrain  des 
cnfonçures  a  deux  pieds  de  long  ,  &  lix  pouces  de 
large  :  Se  ceux  au-dellous  (ont  réputés  eftautages.  Ils 
doivent  tous  avoir  l'épaiffeur  de  trois  quarts  de  pou- 
ce. On  fait  aulli  du  merrain  pour  les  panneaux  de 
menuiferie.  D'où  vient  que  quelques-uns  le  veulent 
dériver  du  Grec  fc?!^'^>  ,  qui  iîgnifie  divifer ,  mais 
ils  fe  trompent.  L'Ordonnance  de  la  ville  parle  aulli 
du  merrain  à  treilles ,  oliers  &  ployons. 

Merrain  ,  ou  Marrein  j  en  termes  de  Vénerie ,  fe 
dit  de  la  tête  ou  ramure  de  cerf,  de  la  tige  ou  de 
la  perche  de  chaque  corne.  Cornua  cervina  digitata  , 
clavata  ,  fibulata. 

On  trouve  aulîi  dans  les   vieux  livres  marrien  8c 
■  marren.  Tous  ces  mots  viennent  de  materiamen. 

MERRE.  f.  m.  Nom  d'homme.  Metrius  ,  Metrias. 
S.  Merre  ,  que  l'on  appelle  aulli  S.  Mitry  ,  étoit  de 
condition  fervile. 

MERRIEN.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fedifoit  anciennement 
pour  bois ,  matière  de  bâtnnent.   Fbje^  Merrain. 

MERRY.  f.  m.  Nom  d'homme.  Medencus.  S.  Merry , 
que  l'on  croit  avoir  vécu  depuis  le  milieu  du  VIF 
fiecle  de  l'Eglife  ,  étoit  de  l'une  des  meilleures  fa- 
milles de  la  ville  d'Autun.  Baillet  ,  au  ip  d'Août. 

MERS  ,  LE  MERS  ,  ou  la  MARCHE.  Province  ma- 
ritime d'EcolTe  ,  à  l'Eft  de  la  province  de  Twedale. 

MERSBOURG.  Ville  de  la  Mifnie.  Merfoburgum , 
Martiopolis.  Elle  eft  capitale  du  Duché  de  Merl- 
bourg  ,  &■  fituée  fur  la  Sala  ,  entre  Naumbourg  & 
Hall  j  à  fix  lieues  de  la  première  j  &  à  quatre  de 
la  dernière. 

Le  Duché  de  Mersbourg,  Dominium  Merfoburgenfe , 
ou  Ducatus  Merfûhurgenjis.  Contrée  de  la  Milnie  , 
en  Haute-Saxe.  Elle  s'étend  aux  deux  côtés  de  la 
rivière  dcSala  j  ou  Sale ,  ayant  au-deftus  le  Duché  de 
Naumbourg ,  &  au  deifous  celui  de  Hall.  Ce  pays 
peut  avoir  fept  lieues  du  couchant  au  levant ,  &  cinq 
ou  fix  du  nord  au  (ud. 

MERSBURG  ,  ouMERSPURG.  Nom  d'une  petite  ville 
ou  bourg  de  la  Suabe.  Merfohurgum  Merfpurgum. 
Ce  lieu  fitué  fur  le  lac  de  ConftancCj  à  deux  lieues 
d'Uberlingen ,  vers  le  levant ,  appartient  à  l'Évêque 
de  Conftancc  ,  qui  y  fait  fouvent  fa  réfidence  ,  de 
même  qu'à   Péterlingen.   Maty. 

MERSEN.  Nom  d'un  lien  des  Pays  Bas  près  d'Utrechr. 
Marfna  ,  Marfana.  Valois  ,   Not.  Gall.  p.  31 8. 

MERTOLA.  Nom  d'un  bourg  fortifié.  Myrtilis  ,  Julia 
Tome  V. 


951 


Myrtilis.  Il  a  titre  de  Comté  j  &  il  eft  fitué  dans 
l'Alentejo,  en  Portugal  ,  fur  la  Guadiane,  à  huit 
lieues  de  Bcja  vers  le  midi.  Mat  y. 

MEKVANT.  Nom  d'un  lieu  voilrn  de  Partcnay  ,  en 
Poitou.  Mareventum.  Valois.  Not.  Gall.  p.  444.. 

MEKVECH.  Ville  de  France  dans  le  Bas  Languedoc  , 
au  bord  de  la  petite  rivière  de  Jante  ,  à  quatre  lieues 
au  dellus  de  Peyrcbeau. 

MERVEILLE,  f  f.  Chofe  rare,  extraordinaire,  &c  qui 
n'étant  point  dans  la  fphèrc  des  idées  communes, 
étonne  l'elprit.  Prodigium  ,  mirahite  ,  miraculum  , 
mirum.  Toutes  les  oeuvres  de  Dieu  lonz  des  merveilles 
inconcevables.  On  ne  fauroit  allez  admirer  toutes 
les  merveilles  de  la  nature.  S.  Paul  élevé  au  troilic- 
mc  ciel,  fut  ébloui  à  la  vue  de  tant  de  merveilles. 
C'eft  la  manière  des  voyageurs  d'entaller  merveilles 
lur  merveilles  ,  pour  fe  fiire  écouter.  S.  EvR.  t^  Une 
horloge  chez  les  Chinois  étoit  d'abord  regardé  com- 
me une  merveille.  Ils  y  mettoicnt  des  gardes  pour 
voir  Cl  elle  lonnoit  toute  leule. 

Une  merveille  ahfurde  eft  pour  moi  fans  appas  ; 
L'efprit  n' eft  point  ému  de  ce  qu'il  ne  croit  pas. 

BOILEAU. 

Ce  mot  vient  du  Latin  mirabilia ,  ou  de  l'Italien 
miraviglia.  Ménage. 

On  dit  aulîî  des  chef-d'œuvres  de  l'art.  Artis  mi- 
rabilia,  miranda.  Ainll  on  appelle  les  fept  merveilles 
du  monde,  les  murailles  &  les  jardins  de  Babylone 
faits  par  Sémiramis  ;  les  pyramides  d'Egypte  ;  le 
phare  d'Alexandrie  ;  le  maufolée  ,  ou  le  tQmbeau 
qu'Artémile  fit  élever  pour  Maulole  fon  mari  ;  le 
temple  de  Diane  d'Éphèfe  ;  celui  de  Jupiter  Olym- 
pien à  Pilé ,  &:  le  cololfe  de  Rhodes.  On  appelle 
un  homme  fort  illuftre ,  la  merveille  de  fon  fiècle. 
Une  beauté  extraordinaire  ,  une  merveille  d'amour. 
On  dit  poétiquement  une  jeune  merveille  ,  pour 
dire ,  une  jeune  pertonne  extrêmement  belle.  Une 
adorable  merveille. 

Par-tout  où  doit  pajjer  cette  jeune  merveille. 
Les  \éphirs  parjument  les  airs.  La  Suze. 

|fc7  Pafler  pour  Merveille  ,  Expreffion  autrefois  très- 
ufitée  en  Poëfie.  Corneille  s'en  eft  fervi  dans  le 
Cid. 

La  valeur  de  ft}n  père  en  fon  temps  fans  pareille. 
Tant  qu'a  duré  fa  force,  a  pajfe  pour  merveille. 

Elle  ne  pafleroit  point  aujourd'hui  ,  dit  Voltaire. 
Elle  eft  commune  ,  froide  &  lâche.  Les  premiers 
qui  écrivirent  purement  ,  Racine  &  Boileau ,  ont 
profcrit  tous  ces  termes  de  merveille  ,  de  fans  pa- 
reille ,  fans  féconde  ,  miracle  de  nos  jours  ,  foleil , 
&c.  Plus  la  Poëfie  eft  devenue  difficile  ^  plus  elle  eft 
belle. 

On  dit ,  c'eft  une  merveille  de  voir  l'adrefle ,  8c 
la  promptitude  avec  laquelle  fe  fait  la  manœuvre 
d'un  grand  vailfeau  ;  c'eft- à  dire  ,  c'eft  une  chofe 
furprenante.  C'eft  une  merveille  que  vous  foyez  li 
bien  fortie  d'embarras. 

On  dit  auflî  qu'un  homme  fait  des  merveilles , 
dit  des  merveilles  ,  eft  favant  en  merveilles ,  lorfqu'il  ' 
dit ,  qu'il  fait  ou  qu'il  ftit  des  chofes  extraordinai- 
res ,  au-delà  de  les  femblables.  Cet  écolier  fair 
merveilles  dans  fa  clalle  pour  fon  âge.  Un  igno- 
rant entêté  d'un  mérite  imadnaire  parle  avec  con- 
fiance J  parce  qu'il  croit  dire  des  merveilles.  Bell. 
Cet  Avocat  a  plaidé  ,  a  dit  des  merveilles  en  cette  cau- 
fe.  Cet  Officier  a  fait  merveilles  en  cette  occafion.  Ce 
Peintre  réullît  à  merveilles  en  payfages.  On  dit  auiïi 
au  fingulier,  à  merveille.  On  dit  dans  le  difcours 
ordinaire  &  familier  ,  pas  tant  que  de  merteilles, 
pour  dire  ,  pas  beaucoup.  Il  ne  m'aime  pas  tant  que 
de  merveilles.  Il  n'y  en  a  pas  tant  que  de  merveilles. 
A  t-il  beaucoup  d'efprit  ?  Pas  tant  que  de  merveilles. 

On  dit  proverbialement  ,   Promettre    monts  ôi 

Eeeeec 


9H        M  E  R 

merveilles  ,  pour  dire  ,  éblouir  à  force  de  belles 
promelles.  Tcrence  a  die,  Tantàm  non  montes  aurï 
pollïccns.  On  dit  aulTi ,  c'eft  une  des  lept  merveilles 
du  monde  ,  pour  dire  ,  c'elt  quelque  chofe  de  rare , 
d  excellent.  Pour  rabaill'er  une  choie ,  une  aclion 
que  quelqu'un  veut  faire  palier  pour  merveillcuie  , 
on  dit  que  ce  n'cll  pas  %,ï.d.ï\'X merveille.  Voilà  une 
belle  merveille.  On  dit  proverbialement  &  par  exa- 
gération d'un  lupeibe  édifice  ,  ou  de  quelque  autre 
chofe  femblable  «Se  excellente  dans  ion  genre,  que 
e'ctt  la  huitième  merveille  du  monde.  Ac.  Fr. 

Merveille  ,  fe  dit  encore  d'une  plante  qu'on  appelle 
autrement  pomme  de  merveille ,  en  Latin  momordka. 
Voye-^  Pomme  de  Mervelle. 

Merveille  d'Amsterdam.  Terme  de  Ficurifte.  Tu- 
lipe t;ris -de -lin  ,  couleur    forte    &c    vive,    blanc. 

MORIN. 

Merveille  de  Bretagne.  Terme   de  Fleurifte.  Ané- 
mone moitié  blanche  ,  &  moitié  cramoifie.  Morin. 
Merveille    de   Camp.     Autre   tulipe    piintannière  , 
qui    eft    colombin  ,    couleur    d'agriote    &    blanc. 
Morin. 
Merveille  de  Harlem.  Autre  tulipe  colombin  obf- 

cur  &  colombin  clair  temps.  Morin. 
Lp.  Merveille  d'Hiver.  Nom  d'une  efpèce  de  poire. 
C'cft  une  poire  de  Novembre.  Elle  eft  à  peu  près  de  la 
grolléur  &  de  la  figure  des  Ambrettes,  oudes  Lefchal- 
feries.  Son  coloris  eft  d'un  vert  clair  ,  qui  eft  un  peu 
tiqueté. 
Merveille  du  Pérou.  La  fleur  de  cette  plante  eft 
admirable ,  en  ce  qu'en  cinq  petites  clochettes  qu'elle 
porte  ,  vous  n'en  trouverez  pas  deux  femblables  ;  les 
variées  de  colombin  &:  de  blanc  font  les  plus  rares.  La 
fleur  ne  fert  que  pour  l'ornement  du  parterre,  dans 
lequel  il  fuffit  d'eu  mettre  trois  ou  quatre ,  une  en 
chaque  carreau.  La  graine  eft  noire ,  &  pour  la  re- 
cueillir il  la  faut  araailér  fous  la  plante  où  elle  tombe, 
ou  la  prendre  dans  fon  fourreau, 
MERVEILLER.  vieux  v.  a.  Etonner  ,  éblouir.  Poëf.  du 

Roi  de  Navarre. 
MERVEILLEUSEMENT,   adv.  Extrêmement  ,  d'une 
manière  merveilleafe,  furprenante.  Mlrahlllter ,  mi- 
rljicè ,  mlrum  In  rnodum.  Euripide  Liit  merveilleufement 
exciter  les  paftions.  Rac.  Cette  fc^nne  eft  merveilleu- 
fement belle.  Cet  homme  eft  merveilleufement  avare. 
On  ne  s'en  fert  guère  dans  les  choies  fâcheufes.  Au- 
trefois il  étoit  plus  en   ulage.  On  trouve  dans  Phi- 
lippe de  Commines ,  le  Roi  fe  courrouça  merveilleu- 
fement. 
tpr  MERVEILLEUX  ,  EUSE.  adj.  Mirabilis  ,  Mlrus , 
mlnficus  j  mirandus.  Ce  terme  s'applique  aux  chofcs 
rares ,  extraordinaires  ,  £.<.  qui  étant  ,  ou  paroilîant 
être  fupérieures  aux  forces  de  l'homme  ,  étonnent 
l'efprit  ,  &  caufent  de  l'admiration.    La  providence 
de  Dieu  eft  mervellleufe.   Le  Louvre  eft  un  édifice 
merveilleux.  On  voit  quelquefois  paroître  des  hom- 
mes merveilleux.   Invention  mervedleufc. 
Ctr  On  le  dit  quelquefois  des  choies  qui  font  excellentes 
dans  leur  genre.  Ce  vin  eft  merveilleux.  Lesdrapsde 
telle  manufaèture  lont  merveilleux. 
§3"  Il  fe  prend  quelquefois  comme  fubftantif  ,&  c'eft 
un  terme  confacré  à  la  Poëfie  épique  pour  défigner 
ces  fiftions  hardies  ,  mais  vrai -lembLables,  qui  frap- 
pent ,  qui  étonnent  &  qui  p'.ailent.  Le  Pocte  doit 
prudemment  ménager  le  merveilleux  ,  afin  que   la 
concurrence  du  dieu  n'affoiblille  point  la  gloire  du 
héros.  Le  P.  le  B.  Le  merveilleux  naît  plus  d'une  fic- 
tion ingénieufe  que  de  la  vérité.  Dac.  Il  devient  ri- 
dicule des  qu'il  n'ell  pas  vrai-lemblable. 
1^  S.  Evremont  dit  que  le  merveilleux  des  anciens  eft 
fort  peu  du  goût  de  notre  iîècle.  Il  pouvoit  ajouter 
que  leurs  ficfions  ne  feroient  pas  tolérables  aujour- 
d'hui. Le  merveilleux  varie  félon  les  temps,  félon  les 
mœurs  ,  félon  les  principes  dans  lelqucls  on  eft  élevé. 
Un  Poëte  pouroit  il   employer  chez  nous  l'interven- 
tion de  Jupiter,  de  Junon  ,  de  Mars,  de  Bellone, 
&  des  autres  dieux  de  la  Mythologie  ,  qui   jouent 
un  fi  grand  rôle  dans  les  poëlîes  d'Homère  &  de 
Virgile  i 


MES 

§3"  On  feferc  encore  de  ce  terme.,  pour  défigncr  ce 
qu'il  y  a  de  vif,  de  noble  tk  d'élevé  dans  les  expref- 
hons  &  dans  le  ftyle. 

^^  On  dit  ironiquement ,  vous  êtes  un  merveilleux 
homme  ;  pour  dire  ,  extraordinaire  en  vos  manières  : 
exprellion  familière. 

|CF  Merveilleux  ,  pour  étonnant ,  furprenant ,  eft  du 
ftyle  de  la  comédie.  Quand  Corneille  a  dit  dans  Pom- 
pée ,  Seigneur ,  cette  furprife  eft  pour  moi  mervell- 
leufe, il  n'a  pas  fait  attention  à  la  force  du  terme. 
Ce  n'eft  pas  la  lurprilc  qui  eft  mervellleufe  ,  c'eft  la 
chofe  qui  furprend.  Volt. 

MERVILLE  ,  en  Flamand  Merghem.  Nom  d'un  bon 
bourg  ,  mais  tout  ouvert.  Mlnarlacum  ,  Menarlacum  i 
Minor  villa  ,  Maurontl  villa.  Il  eft  dans  la  Flan- 
dre ,  aux  confins  de  l'Artois ,  fut  la  Lis  ,  au-delfus 
de  S.  Venant.  Maty.  Clavier ,  Valois ,  Not.  Gall. 
p.  33S.  Mlrxus. 

Mer  VILLE.  Autre  lieu  fitué  dans  le  Luxembourg  ,  fur 
la  petite  rivière  du  Vezin.  Marcl  villa.  Marvllla. 
Valois  ,  Not.  Gall.  p.  s^ç. 

MERW^E.  Voyei  Meuse. 

Ip-  MERXHAUSEN.  Petite  ville  d'Allemagne,  dans 
la  balfe  Hefte. 

MÉR Y- SUR-SEINE.  Ville  de  France,  dans  la  Cham- 
pagne ,  Elettion  de  Troyes ,  à  cinq  lieues  au-deilous 
de  cette  ville,  long.  11  d.  40'.  lat.  48  d.  15'. 

M  E  S. 

MES.  C'eft  le  pluriel  du  pronom  pofTelîîf ,  mon  ,  ma. 
Met.  Mes  biens,  mes  enfans  ,  mes  affaires. 

Mes  ,  eft  une  particule  indéclinable  ,  qui  entre  enlacom- 
pofition  de  plufieurs  noms  &  verbes,  qui  change  leur 
lignification  en  pis  ,  &:  fait  le  même  eflct  ,  que  fi  on  y 
avoit  mis  mal.  Les  principaux  exemples  s'en  verront 
dans  la  fuite  en  plufieurs  mots. 

Mes.  f.  m.  Vieux  mot ,  au  lieu  duquel  on  écrit  aujour- 
d'hui mets  ,  c'ell-à  dire,  ce  que  l'on  fert  à  table.  Fer- 
culum. 

Mes  de  Mariage.  Droits  que  quelques  Seigneurs  ont  en 
certains  endroits ,  de  le  faire  donner  un  plat  de  chaque 
mets  qu'on  fert  aux  fellins  de  noces. 

Mes  j  s'eft  dit  autrefois  pour  Meffager  ,i:t\m  qui  eft  en- 
voyé. Mlffus. 

MESA  DE  ASTA.  JJla ,  Afta  Régla.  C'étoic  ancienne- 
ment une  grande  ville  d'Efpagne.  Ce  n'eft  maintenant 
qu'un  grand  amas  de  ruines.  Elles  font  dans  l'Anda- 
louiie,  fur  la  Guadalète  ,  entre  Arcol  &  Xérès  de  la 
Frontera  ,  qui  a  profité  de  les  pertes. 

MESAGNA.  Ancien  bourg  du  Royaume  de  Naplcs, 
Mefapla  j  MeJJana  y^pulu.  Il  eft  dans  la  terre  d'O- 
trante,  entre  Oria  &  Brindcs,  environ  à  trois lieuesde 
l'une  &  de  l'autre.  Maty. 

MÉSAIR.  f.  m.  Terme  de  Manège  ,  qui  fe  dit  d'un  cer- 
tain air  qu'on  donne  au  cheval  en  le  maniant  entre  le 
terre  à  terre  ,  &  les  courbettes.  De  l'IraheniJfeijp, 
milieu.  Air  qui  tient  le  milieu  entre  deux. 

MESAISE.  f  m.  Synonyme  de  mal  alfe  ;  mais  moins 
ufité.  yoyei  ce  mot. 

MÉSAISE.  Peine  ,  travaux.  Poëf  es  du  Roi  de  Navarre. 
M.  de  Fénelon  fe  fert  de  ce  mot  pour  déligner  un 
état  incommode.  L'eftomac  a  un  diflolvant  qui  caufe 
la  fiim  ,  &  qui  avertit  l'homme  du  beloin  de  manger. 
Ce  dilîolvant  qui  picotte  l'eftomac  ,  lui  prépare  par  ce 
méfalfe  un  plaifir  très-vif  lorlqu'il  eft  appaifé  par  les 
alimens.  Fénel. 

MÉSALLIANCE,  f.  f.  Alliance ,  mariage  fait  avec  une 
perfonnede  condition  fort  inférieure.  Insqualls  co- 
gna tlo  ,  conjuncllo  ,  affinitas  ,  confangulnitas.  Lesme'- 
falUances  font  rares  en  Allemagne.  Il  yadesgensde 
qualité  qui  ne  peuvent  faire  leurs  enfans  Chevaliers  de 
Malte  ,  à  caufe  des  méfalllances. 

MÉSALLIER,  v.  ad.  |Cr  Marier  à  une  perfonne  d'un 
rang ,  d'une  naillance  inférieure.  Ce  Tuteur  n'a  point 
voulu  méfalller  fa  pupille.  On  le  dit  plus  ordinai- 
rement avec  le  pronom  perlonnel.  Inaquall  cogna- 
tione  fe  devlnclre  ,  cum  minus  honeJlâfamUlâ  cogna- 
tione  conjungi.  Les  Allemands  obfervent  iur-tout  de 


¥  M  E  S 

ne  fe  point  méfallier  ,z'ân  que  leur  r.ice  piiilTc  juli- 
ficr  une  ancienne  noblc/fir  des  deux  côtés.  Liv-U'u 
ciiellc  qui  n'époulequ'un  Gcntiliiommc,  ie  nuJhH'e  , 
ik  pciil  les  liouneurs  du  Louvre.  La  ncblcilc  Aile- 
nundc  ne  le  méfallk  poii:r. 
W  MÉSALLIER,  fe  dicriguicment  en  certaines  occaiions ,  &: 
*  dans  le  Ityle  badin ,  J'aime  mieux  être  fcul ,  <.";  dans 

l'juaition,  que  de /7Z(;yi//i£,'rmacoiiverfation.  BoURs. 
Je  ne  crois  pas  que  cet  exemple  aie  été  imiré. 
MESALLIe,  ,  ÉE.  paît.  &C  adj.  Ir^jc^uali   ajjhiitace  dc- 

v'tnclus. 
MÉSANGE^  ouMÉZANGE.  f.  f.  Petit  oifca-j  qui  cft 
une  efpèce  de  pinCon.  Il  y  en  a  de  plulieurs  fortes. 
Méfaiige  bleue  ,à  longue  queue.  Il  y  a  des  méfang's 
de  montagne  ,  de  marais  ,  de  loréts  ;  des  mcfan^jes  hup  - 
pees,  chaperonnées.  Il  y  en  a  de  noirâtres  ,  qu'on  ap- 
pelle charbonniers  ,  en  Latin  APÏthalus  ^pjrus  ,Jpi- 
\ctes  ,jingillago.  Budéc  l'appelle  atrïcapillu ,  tk  mc- 
hnonphos.  En  quelques  lieux  on  les  appelle  Non 
nettes.  Les  mifanges  font  plus  fujettes  à  la  goutte 
que  quelque  oileau  que  ce  foit.  Ce  mot  vient  de 
l'Allemand  AL/cke  ,   qui    figni.^ie  la  même  chofc. 

MÉNAGE. 

^  ^CP  Les  Méfangcs  vivent  de  vers  ,  Se  font  la  guerre  aux 
'  Abeilles  ,  qu'elles  attrapent  en  volant. 

MÉSANIO.  1.  m.  On  appelle  CotxÀ  Mefanio  ^,  une  des 
fortes  de  corail  que  les  Marchands  d'Europe  envoient 
dans  les  Echelles  du  Levant. 

MESARAIQUE.  P'oje^  MézaraÏque. 

MÉSARRIVER.  v.  n.  Tourner  mal -,  avoir  une  mau- 
vaife  ilfue.  On  l'emploie  ordinairement  avec  quelque 
terme  de  relation ,  parce  qu'il  déligne  un  accident 
qui  arrive  à  la  fuite  de  quelque  chofe.  Injelidter  ca- 
dirc  ,  fcchs  accidcre.  Il  a  cru  qu'il  en  pouvoir  méfar- 
river.  Pat.  Vous  pouvez  hardiment  entreprendre 
cette  aSaire  ,  il  ne  vous  en  peut  méfj.rrivcr.  On  ne 
s'en  fert  plus  guèie  ,  non  plus  que  de  mifavenir.  RÉfl. 
&  encore  moins  de  mefchoir. 

^IGSAVENIR.  V.  n.  qui  ne  s'emploie  qu'à  la  troifièmc 
perfonneduiuigulicr.  Réullirmal./^/zi^//.'if  advcrjlacc'i- 
i^L'rd. Quand  vous  entreprendrez  ce  procès,  il  ne  vous  en 
fauroit  méfavenir,  il  eft  trop  jufte.  Il  n'eft  plus  en  ulage. 

îvlÉSAULE.  f.  m.  Terme  d'Architecture.  Mifaulon. 
C'ell  amlî  que  les  Grecs  &  les  Romains  appeloient , 
félon  Vitruve  ,  une  petite  cour  qui  étoir  entre  deux 
corps  de  logis.  Se  qui  tail  )it  le  même  erlet  que  font 
aujourd'hui  dans  pluiieurs  Palais  de  petites  cours  pour 
éclairer  les  garderobes  ,  efcaliers  dérobés ,  &  autres 
pièces  des  doubles  corps  de  logis ,  qui  feroient  obfcurs 
fans  cette  commodité. 

MÉSAVENTURE,  f.  f.  Malheur  ,  mauv.ais  fuccès.  In- 
fortunium  ,  adverfus  cafus.  Vous  partez  en  unemau- 
vaife  iaifon  ,  Dieu  vous  garde  de  toute  méfaventure. 
Ce  mot  vieillit. 

En  cefaifant  y  méfaventure 
Leur  arriva.  M.  deThemiseul. 

IVIESCAL.  f.  m.  Petit  poids  de  Perfe  ,  qui  hit  envi- 
ron la  centième  partie  d'une  livre  de  France  de  feize 
onces.  C'efl:  le  demi  derhem  ,  ou  demi  drachme  des 
Ferfans. 

MESCHAMMENT.  Foye^  Méchamment. 

MESCHANCE.  f.  f.  Vieux  mot.  Méchanceté.  On  a  dit 
aulfi  Mefchcant ,  pour  Méchant ,  &  },Iefchcante  ,  pour 
Méchante. 

MESCHANCETÉ.  Foyei  Méchanceté. 

MESCHANT.  Foye^  Méchant. 

MESCHAOIR  ,  ou  MESCHEOIR.  v.  n.  En  Latin , 
Malè  cadere.  Venir  mal  ,  tournermal.  P.éjies  du  Roi 
de  Navarre. 

MESCHASIPI.  Foye^  Mississipi. 

MESCH'^..  Fovc^  MÈCHE. 

MESCHÉANCE.  f  f.  Malheur  ,  infortune.  Poêles  du 
^  Roi  de  Navarre. 

■       MESCHEDE.  Petite  ville  d'Allemagne  ^  au  Cercle  de 
Weftphalie  ,  fituée  fur  le  Ruhr. 

MESCHEF.  /Iiye-  Méchef. 

MESCHIEF.  f  m.  Vieux  mot.  Accident ,  malheur.  On 
Torne  F 


M  E  S  9jy 

a  dit  auilî  Mefchef:  on  le  d.    'ncitic  encore  dans  Je 
Itylc  Marotiquc.  Foyc:^^  .VIéchef. 

MESCHIN  ,  MESCHINL.  f.  m.  Ik  f.  C'eft-à  dire  ,  en 
vieux  langage  ,  j^une  Garçon  ,  t^c  jeune  Fille.  Du  mot 
Mefchine  j iios  anciens  l'rancois  ont  tué  MeJlJnnage  , 
qu'ils  prenoienc  pour  bordel.  D.ans  les  étaL)!ilIL-men> 
de  S.  Louis  ^  Liv.  I.  chap.  i  ji'.  après  qu'il  a  cté  dit 
que  le  lils  fol ,  tavernier  tk  joueur ,  qui  s'en  cil  allé  par 
le  piys,  revenant  après  la  mort  du  père  ,  peut  pré- 
tendre autant  de  part  en  les  biens  ,  que  celui  des  hè- 
res qui  a  aidé  à  les  acquérir  ;  il  elt  ajouté  :  i^  tout 
ainli  une  des  fœurs,  s'elle  en  étoit  allée  en  Mejhki- 
nage  ,  ou  en  autre  lien  ailleurs  ,  pour  foy  jouer  ,  il 
frarageroit  elle  par  droit  avec  les  autres  hères  comme 
11.  Fox.  Caleneuve  ,  Origines  Françoi/is.  En  Cham- 
pagne ,  le  petit  peuple  dit  Méckinc  pour  Servante. 
Ce  mot  avoit  la  même  lignilication  du  temps  de 
Louis  XI ,  comme  on  en  peut  juger  par  cet  exemple 
tiré  de  la  dix-feptième  des  cent  Nouvelles  Nouvelles. 
Encre  les  autres  Damoileiles  Chamberieres  &  Ser- 
vantes de  (on  Hôtel ,  celle  oii  nature  avoit  mis  fon 
entente  de  la  fiire  très  bjlle  ,  étoit  Mefchine  failantsi 
le  mefnaige  commu.ii ,  comme  les  lits ,  le  pain  ,  & 
'autres  telz  affiires.  Et  même  on  en  a  fait  un  dimi- 
nutif dans  la  dernière  de  ces  Nouvelles  ,  Tome  II , 
p.  3y6 .  Elle  fe  détermina  d'envoyer  fa  petite  Mef- 
chinette  devers  lui.  Les  Picards  prononcent  Méquim 
ou  Méquène. 

MESCHIT E.  f  f.  Vieux  mot  qui  s'cft  dit  pour  Mofquéî  , 
dont  on  fe  fert  aujourd'hui. 

Ce  mot  vient  de  mzfchita ,  qui  s'efl:  dit  dans  la  baffe 
Latinité. 

MESCINIUS,  MESCINIA.  f.  m.  &f.  Nom  dune  fa- 
mille Romaine.  Mefcinius  ,  a.  La  famille  Mefcini.i 
étoir  plébéienne;  carCicéron  dans  fon  Oraifon  poui 
Sextius,  &  dans  celle  qu'il  fit  au  Sénat  après  (on  re- 
tour ,  parle  d  un  Mt'/c<;«iùj  ,  Tiibun  du  peuple. 

MESCOMPTE.  royfî'MÉcoMPTE. 

MESCOMPTER.  Foyei  Mécompter. 

MESCONNOISSABLE.  Foyei  Méconnoissable. 

MESCONNOISSANCE.  Foye^  Méconnoissance. 

MESCONNOISSANT.  Foye^  Méconnoissant, 

MESCONNOISTRE.  Foyei  Méconnoitre, 

MESCONTENT.  Foyti  Mécontent. 

MESCONTENTEMENL.  Foyei^  Mécontentement. 

MESCONTENTER.  Fovei  Mécontenter. 

MESCRÉANCE.  /^oy^^' Mecréance. 

MESCRÉANT.  Voyei  Mécréant. 

MESCROIRE.  Foyei  Mécrgire. 

MESDIRE.   Foyei  Médire. 

MESDISANCE.  /-"orq  Médisance. 

MESDISANT.   Foyei  Médisant. 

MÈSE.  Nom  d'une  petite  ville  du  Languedoc ,  voifîne 
du  cap  de  Sette.  Mefua  ,  Mafua  ,  Alcjoa.  Voy .  Pomp. 
Mêla.  L.  II,  c.  4.  Valois ,  Not.  Gall.p.  33J. 

MÉSEAU.  Foye-{  Mézeau. 

MÉSEIME.  adj.  Vieux  mot.  Même.  Il  vient  de  l'Italien 
Medejîmo. 

MÉSEL.  f.  f.  Vieux  mot  qui  s'eft  dit  pour  lépreux.  Le- 
profus. 

Ce  mot  vient  du  Latin  MifelLus. 

MÉSEL  ,  elle  ,  ou  Méseau.  f.  m.  &  f.  Un  homme  at- 
taqué de  méfellerie  ,  ou  ladrerie  ;  maladie  autrefois 
alfez  commune.  C'eft:  un  terme  plutôt  d  injure  ,  que 
de  pitié.  Il  vient  du  Latin  Mifcllus ,  comme  on  le 
trouve  en  quelques  uns  de  nos  Poètes.  Notes  fur  CLern. 
Marot.  Ce  mot  ne  fe  dit  plus,  ^oyc-^  Mezeau. 

MÉSELLERIE.  f  f.  Vieux  mot ,  qui  s'eft  dit  pour  lé- 
proferie  &  lèpre.  Leproforum  domus  j  lepra ,  mifellaria. 
dans  la  bafle  Latinité. 

MÉSEMBRIA.  Ville  de  la  Turquie  en  Europe.  Me- 
fembria  ,  Mefamhria  ,  Menebria.  Elle  eft  dans  la  Bul- 
garie ,  ou  félon  Baudrand  ,  dans  la  Romanic  ,  fur  la 
mer  Noire  ,  entte  Stravico  &:  Varne.  Elle  eft  le  fiége 
d'un  Archevêc'  é.  Maty. 

MÉSENTÈRE,  f.  m.  Terme  d'Anatomie-  C'eft  un  corps 
membraneux  ,  d'une  figure  à-peu  près  circulaire  ,  à  la 
circonférence  duquel  les  boyaux  font  attachés  ;  il  eil 
compofé  de  deux  tuniques ,  d'une  infinité  de  veines, 

E  e  e  e  e  e  ij 


^y6  M  E  S       ^ 

-d'ai-tères  ,  de  ncd's ,  de  vaillcaux  Uûcs  ,  lîc  petites 
Slandcs ,  &  de  beaucoup  de  graille  j  il  ell  attache  à 
la  pL-emièi-c  &  a  la  tioilième  vencbre  des  lombes. 
Mcjhiwnum.  Son  ufage  eft  d'empêchet  le  mélange  des 
boyaux ,  &  de  les  coiifeivcf  dans  leur  lituation  con- 
venable. C'eft  cï  qu'on  appelle  la/ra//tf  ^  quand  on 
habille  un  veau.  Les  Grecs  l'on:  appelé  f^iti,lifov  ^ 
quafiy-icto,  T«v  s.isf». ,  c'eft  à-dire  ,  enm  les  boyaux. 

-MESENTÉRIQUE  ,  ou  MÉSAKAIQUE.  adj.  Terme 
d'Anatomie.  Epithète  qui  le  donne  à  deux  artères  qui 
viennent  de  l'aorte  delcendante  ,  &  qui  vont  au  me 
fentère.  Il  y  a  l'artère  méfenténque  fupéricure  ,  qui 
va  à  la  partie  lupérieure  du  mélentère ,  &c  la  méfen- 
ténque inférieure  ,  qui  le  diftnbue  dans  la  partie  mlc- 
xieure.  Il  y  a  une  veine  méfencérique  qui  eft  faite  d'une 
infinité  de  veines  qui  viennent  du  méfcntère  ,  &  qui 
avec  la  veine  fplénique  qui  vient  de  la  ratte ,  forme 
la  veine  porte.  Il  y  a  aulli  un  md mejenténquc  qui 
vient  de  l'intercoftal ,  &  qui  donne  plulkuis  rameaux 
au  mélentère. 

MÉSEREON.  royei  Mézep.eum. 

MÉSESTANCE.  f.  f.  Vieux  mot.  Déplaiûr, 

MÉSESTIMER,  v.  ad.  Méprifer ,  taire  peu  de  cas  de 
quelque  perConne.  Parvifacere,  négligera  pepnis 
cette  aâion  ,  je  l'ai  toujours  méfejîimé.  La  lâcheté , 
l'avarice  font  méfejlimer  les  gens. 

^3"  Ce  Verbe ,  en  parlant  des  chofes  ,  fignifîe  les  ap- 
précier au  -  dellous  de  leur  jufte  valeur.  Deprimere. 
Vous  méfejTimei  mon  diamant.  Il  y  a  des  temps  où 
l'on  méfefiïme  les  perles.  Lesignorans  ne  méfefiimcnt 
les  fciences,  que  parce  qu'ils  ne  les  connoillent  pas. 

MÉSESTIMÉ,  ÉE.  part.  &  adj.  Parvï  s.fiimatus. 

MESFAIRE  ,  v.  n.  Faire  ou  caufer  du  mal  ou  de  la 
peine.  Gloff.  fur  Marot.  Voyez  MÉf aire. 

MESFAIT.  Voyci  Méfait. 

MESGARDE.  Voyei  Mégarde. 

MESGNÉE.  Voyei  MégnÉe. 

MESGNIE.  f.  f.  Compagnie ,  famille.  Gloff.fur  Maroc. 
Voyez  MÉGNiE. 

MESHAING  ,  ou  MÉHAIN.  fubft.  Vieux  mot.  Mau- 
vais traitement ,  maladie  ,  indifpohtion.  Habitudo  , 
valetudo  mala. 

MESHAîGNER.  v.  a.  Vieux  mot ,  &  maintenant  bur- 
lefque  ,  qui  fignifie  ,  Fâcher  ,  battre  ,  eftropier.  Ma- 
te afficere,  percutera,  mucilare.  Il  le  difoit  propre- 
ment de  celui  qui  avoit  été  tué  &  déchiré  par  les 
dents ,  &c  griftes  des  bêtes  lauvages.  Foyei  Mehai- 

MESHAIGNÉ,  ÉE.  vieux  adj.  Mal  difpolej  cftropie. 
MaVe  affeHus.  ^gcr.  Voyez  Du  Cange  (ur  Ville - 
hardouin.  Voilà  un  homme  tout  meshaigné  ^  en 
mauvaife  humeur,  en  mauvais  état. 

On  l'a  dit  aufti  de  celui  qui  avoit  un  os  rompu , 
quelque  membre  coupé  ,  ou  quelque  autre  grande 
blellure  qui  le  rendoit  inhabile  au  fervice  de  la 
guerre.  Dans  la  balle  Latinité  on  a  dit  mahamium  ÔC 
mahemiare  ;  pour  dire ,  méhain  &  meshaigner. 

Du  Cange  dérive  ce  mot  de  malignare.  D'autres 
le  dérivent  de  mahim  odium  ,  car  on  a  dit  haing  , 
pour  dire  haine.  Ou  plutôt  il  vient  de  mahaigna., 
qui  en  langue  Celtique  ,  ou  Bas-Breton  ^  lignifie 
eftropié ,  écrafé. 

MESHUI.  adj.  Déformais ,  tantôt.  Deînceps  ,  jam.  Ce 
mot ,  quelque  doux  &  agréable  qu'il  foit  à  l'oreil- 
le ,  a  pourtant  été  banni  de  la  langue.  On  ne  le  dit 
Çlus. 

MÉSIERES.  Foye^  Maisieres. 

MÉSILA.  Foye-^  Micila. 

MÉSINTELLIGENCE,  f.  f.  Brouillerie,  dilTenfion  en- 
tre perfonjies  proches  ,  ou  allociées  ,  qui  font  par- 
tie du  même  corps  ,  qui  ont  des  intérêts  communs  j 
qui  ont  été  ou  qui  devroient  être  bien  enfemble. 
Diffidium  :  difcordia.  Il  y  a  fouvent  de  \d.  méfn- 
xellïgence  dans  le  ménage  ,  entre  le  mari  &  la 
femme ,  entre  le  Chef  &  les  membres  d'une  Com- 
pagnie ,  entre  des  peuples  voifins ,  entre  des  Prin- 
ces. 

Ce  mot  s'emploie  figurément  en  quelques  occa- 
fions.  Quelle  méfintclUgence  entre  l'elprit  &c  le  cœur? 


MES 

I^  PhilufopUc  vit  mal  avec  tous  fcs  préceptes  ,^ 
le  Politique  rempli  de  vues  &  de  réHcxions,  ne  fait 
pas  fe  gouverner.  La  Bruy. 
MESIRE.  f,  f.  Maladie  du  foie ,  qui ,  fuivant  Aviccn- 
ne  ,  eft  accompagnée  d'un  fcntiment  de  pcfantcur  , 
de  l'enrtûre  ,  de  Tintiainm-ation  ,  de  douleurs  poi- 
gnantes ,  &  de  la  noirceur  de  la  langue.  Dict.  ut 

James. 

MESKIRK.  Petite  Ville  d'.i  Comté  de  Furftenberg, 
en  Suabe.  Meshirckla.  Elle  eft  allez  jolie,  potte  le 
titre  de  Baronnie  ,  Hc  eft  luuéc  fur  une  petite  ri- 
vière ,  à  cinqKJU  fix  lieues  d'Ubeilingen  ,  du  côté 
du  nord.  Mat  y. 

MESLANGE.   Foyet^  Mélange. 

MESLANGER.  Foyei  Mélanger. 

MESLE.  Foyei  Mêle. 

MESLÉE.  Foye^  MélÉe. 

MESLER.   Foyei  Melir. 

MESMARCHURE.  J'oyei  MÉmarchure. 

MESME.  Fovei  Mïme. 

MESMEMENT.  Foyci  Mêmement. 

MESMîN.  Foyei  Mémin. 

MESNAGE.  Voyei  Ménage. 

MESNAGEMENT,  Voyci  Ménagement. 

MESNAGER.   Feyei  Ménager.  v 

MESNAGERIE.  Foyei  Ménagerie. 

MESNARDIER.  Foyei  Mainardier. 

MESNIE.  f.  f.    Vieux    mot  ,    qui    hgnihc  famdlt , 
matfon  ,    tous    ceux    qui  la    compoknt.   Dor,ius  , 
famlia.  Si  dans  la  balle  Latinité  maijnada  ,  m^JnoR- 
da  y  mainada  ,  mafnada. 

Li  granc  Sdgneur  £"  leurs  mefnie.  Gui  art. 

MESNIL.  Foyei  MÉnil.  ...         , 

MÉSOCHORE.  f.  m.  Nom- que  les  Anciens  don- 
noient  à  un  Chantre  qui  donnoit  le  fignal  aux  au- 
tres ,  &  régloit  le  chant.  Mefochorus. 

MÉSOCOLON,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  Mefocolon. 
C'eft  la  partie  du  méfentère  qui  fe  continue  avec 
les  gros  intcftins ,  &  qui  eft  couchée  fur  le  milieu 
du  boyau  appelé  Colon  ,  auquel  il  eft  joint  dans 
toute  fon  étendue  \  Se  par  fon  extrémité  la  plus  baf- 
fe, il  eft  attaché  à  une  partie  du  reclum.  Harris. 

MÉSOCURE  ,  ou  Méfocuros ,  Se  Méfocouros.  1.  f. 
Terme  d'Antiquaire.  Nom  que  les  Anciens  don- 
noient  à  une  Adrice  de  leurs  Tragédies  qui  avoit 
la  moitié  de  la  tête  rafée.  Méfocuros. 

MÉSOFFRIR.  v.  n.  Faire  des  off"res  derailonnables , 
bien  au-dcllbus  du  véritable  prix  que  vaut  une  cho- 
fe.  Insqualia  offerre.  Comme  il  y  a  des  niarchands 
qui  furfont ,  il  y  a  des  acheteurs  qui  mefojfrent.On. 
fliit  un  mariage  comme  une  emplette:  on  marchan- 
de j  on  furfait ,  on  méfoffre  ;  enfin  on  eft  pris  au 
mot.  Amus.  Shr.  et  Com. 

MÉSOLABE.  f  m.  Terme  de  Gcometne.  Inltrament 
de  Mathématique  inventé  par  les  Anciens  pour 
trouver  mécaniquement  deux  moyennes  propor- 
tionnelles,  lefquelleson  n'a  pu  faire  encore  géo- 
métriquement. Mefolabum.  Il  eft  compolc  de  trois 
parallélogrammes  qu'on  fait  mouvoir  dans  une  cou- 
liilb  jufqu  a  certaines  interledions.  Sa  figure  eft  dé- 
crite dans  Eutocius  en  fes  Commentaires  lur  Archi- 

mède.  ,     ,  ■         •       ,,  r 

MÉSONYCTIQUE.  f.  m.  Terme  de  Liturgie,  ^.ejo- 
nycïicum.  Le  Mcfonyclique  eft  chez  les  Grecs  une 
hymne  qui  fe  chante  au  milieu  de  la  nuit. 
MÉSOPENTECOSTE.  f.  f.  Terme  de  Rubrique  Se  de 
Liturgie.  Mefopentecofle.  C'eft  le  nom  que  les  Grecs 
donnent  à  la  quatrième  femaine  après  Pâques. 
MÉSOPOTAMIE.  Contrée  d'Ahe  que  l'Ecriture  ap- 
pelle quelquefois  Aram  ,  o\xl\\vium.  Mijopotamia. 
C'étoit  anciennement  une  partie  de  l'AlIyrie  pnlc 
en  général.  Elle  étoit  enfermée  entre  le  Tigre  &  l'Eu- 
phrate  ,  Se  de  cette  htuation  elle  prenoit  ion  nom  , 
qui  fignifie  un  pays  entre  les  fieiives.  Elle  avoit  l'Al- 
fyrie  propre  au  levant ,  la  grande  Arménie  au  nord  , 
la  Syrie  au  couchant ,  &  l'Arabie  ave*  la  Babylonie 


MES 


MES 


au  midi.  Ce  pays  poicc  aujourd'hui  le  noin  d-j  Diar- 
bckir.  Maty. 
MÉSOP.E.  i.  m.  Terme  de  Liturgie.  Inurvallum  ïnter 
horas  canonïcas  ,    paufa ,  meforiuni.    CcX  d.uis  la 
Liturgie  Grequc  l'intervalle  qu'il  y  a  entic  k-s  heu- 
res de  rOfhcc  divin. 
MESORL  f.  m.  Nom  d'un   moi?  fblairo  ^  de  l'année 
des  anciens  Egyptiens  ,    c'ell  le  douzième  mois  de 
leur  année  ;  il  répond  à  notre  mois  d'Août. 
MESPLAT.  Foyei  Méplat. 
MESPRENDRE.  Foye^  Méprendre. 
MESPRENTURE.  f.  f.  Erreur ,  mésurdc. 
MESPRIS.  Foyci  MÉPRIS, 
MESPRISABLE.  Voye:^  i*'"-"msable. 
MESPRI5AMMENT.  Fyer^  Méprisamment. 
MESPRISANT.  Voyei  Véprisanx. 
MESPRISE.    Foyei  Mhprise. 
MESPRISER.  Foyei  Mépriser. 
MESPRISON.   f.  f.  Adion  mcprifabic ,  ou  blâmable. 

Gloff.  fur  Maroc. 
§:?  MESQUIN,  INE.  adj.  (Prononcez,  Vs  )  Épithéte 
qui  s'applique  aux  pcrfonnes  &  aux  choies.  Pnt~ 
parcus  ,  P'ifcè  parcus  ,  fo^didus.  L'homme  mcfquïn 
eft  celui  qui  par  une  épargne  fordide  fait  une  dé- 
penfe  fort  au-dclFous  de  fon  bien  &  de  la  condi- 
tion. On  le  dit  dans  le  même  (cns  de  ce  qui  con- 
cerne la  dépenfe  qui  eft  trop  au  dcllous  du  bien  & 
de  la  qualité  de  celui  qui  la  fait.  Un  riche  mefquin. 
Une  dépenfe  mefquine.  Des  meubles  mefquïns.  'Vie 
inefquine.  Equipages  mefquïns. 

On  dit  qu'un  homme  a  l'air  mefquin  _,  la  mine 
mefquine  ,  pour  dire  qu'il  a  l'air  bas ,  la  mine  bafle. 
AcAD.  Fr. 

Ce  mot  vient  du  Latin  mifchinus ,  ôc  félon  M. 
Huetj  de  l'Hébreu  "300  miskeu ,  pauvre. 
Mesquin  ,  fe  dit  figurément  en  plulicurs  Arts ,  com- 
me en  Architecture  j  Sculpture  ,  Peinture,  &:c.  de 
tout    ce  qui  eft  maigre  ,  pauvre ,  de  mauvais  air , 
ou  de  mauvais  goût ,  où  il  fcmble  qu'on  a  voulu 
plaindre  la  dépenie ,  l'étofte  ,  ou  le  travail.  Sordi- 
dus i  ineptus -,    abjcclus.    On   dit  cela  eft   mefquin, 
ce  contour  eft   mefquin  ,  chétif  ,  §Cr   de  mauvais 
goûtj  il  y  règne  un  air  de  fécherellè  ,  fansagrémens. 
Figure  mefquine.   Compofition  mefquine.  Caraélcre 
mefquin. 
MESQUINEMENT,  adv.    D'une  manière  mefquine. 
Sordide  ,  atjeclè.  Les  âmes  balles  fe  plaifent  à  vivre 
mefquinement.    V  ttu    mefquinement.    En   peinture , 
mefquincment  deiîmé. 
MESQUINERIE,   f.  f.  Dépenfe    &  épargne  fordide. 
Sordida.  parcimonia ,  fœda  tenacitas.  La  mefquinerie 
d'un  avare  paroît  plus  lorfqu'il  donne ,  ou  lorfqu'il 
veut  faire  le  magnifique  ,  que  lorlqu'il  épargne.  Ils 
interpi'étoient  tontes  les  adrions  en  mauvaile  part  ; 
ils  appeloient  la  frugalité  de  fi  table  ,  une  mefqui- 
nerie honteufe.  D.  Bart. 

Ces  mots  viennent  de  \'\fx\itnmefchino  ,  &  origi- 
nairement de  l'Arabe  elmefchm  ,  qui  i\gvn?ie pauvre. 
D'autres  croient  que  mefquin  vient  du  mot  Ficard 
mefquaine  ,  oufervance,  qu'on  emploie  à  toutes  for- 
tes de  lervices   mécaniques.    Et  ainlî   le  mot  vient 
du  Latin  machina  ,  Si  de  mechanicus  ,  ou  du  Grec 
;«"?;;«'?.   Borel  dérive  le  mot  mefquine ,  fervente ,  de 
l'Hébreu  mechinach  ,  qui  fignifie  préparant.  Nicod 
croit  que  mefquine  z.  fignifîé  auticFois  ,  Demoifelle , 
8c  en  général  ,  une  fille  de   condition  j  &.  cnfuire 
une  mitérable,  ou  une  malheureufe. 
MESQUITE.   f.    m.    Arbre  de  l'Amérioue  ,  grand  & 
gros  comme  un  chêne  ;  mais  la  feuille  en  eft  beau- 
coup plus   petite  ,  &  fa  couleur  d'un  vert  moins 
chargé.  Il  produit  une  goufle  femblabie  à  celle  de 
nos  haricots ,  dans  laquelle  on  trouve  trois  ou  qua 
tre  grains  plus  petits  que  des  féveroles  ,  qu'on  ap- 
pelle huic^afe.   On   fait  fécher  ce  fruit  Si  l'on  s'en 
fert  pour  la  compofition  de  l'encre  ,  comme  nous 
nous   fervons  de  la  noix  de  galle  ,  &  pour  engraif 
fer  les  beftiaux.  Quelquefois  quand  les  Indiens  man- 
quent de  blé  ,  ils  font  du  pain  avec  cette  graine.  Le- 
u^KY  ,.  des  drogues. 


îL  :3  9J7 

MESRAÎM.  f.  m.  Nom  de  l'un  des  iils  de  Cham,  Hls  d« 

Noc.  G  en.  X.  6.  Mcfraim> 
MESRAl  A.  Voyei  Mesurata. 
MESSA.  Ville  d'A trique  au  Royaume  de  Maroc  ,  dans 

la  province  de  -Sus. 
MESSAC.  Nom  d'un  lieu ,  griJS  bourg  ,  fitué  fur  la 
Vilaine,  en  Bretagne.  Locus  Aleciacus ,  Mcciacunu 
■Valois.  Not.  Gall.  p.  ag^ 
MESSADGE.  1.  m.  Vieux  terme  de  Coutumes  ,  il  fi- 
gnifie Sergent  i  parce  que  les  Sergtns  exécutent  les 
mandemens  &  les  commillions  de  ia  Jullicc ,  on  les  a 
appelés  melfadgcs.  Apparitor. 
MESSADGERIE.  f.  f  lerme  de  Coutumes.  Fonction  , 
emploi  des    Mclfadgcs ,    qui  exécutent  les  mande- 
mens, les  commillions  d'une  Cour  de  Jullicc. 
MESSAGE,  f.   m.  ifT  Ce  mot  lignihe  également  la 
commillion  de   dire   ou  de  porter  quelque  chofe , 
&:  la  chofe  même  que  le  mellàger  eft  chargé  de  dire 
ou  de  porter.  Mandatum  ,  nuncius ,  nuncia.  L'Ange 
Gabriel  fut  celui  qui  lit  le  w^^ti^'dà  laVicrge,  pour 
lui  annoncer  le  myftère  de  l'Incarnation.  Les  mau- 
vaifcs   nouvelles  lont   des  mejfaf^ts  dont  il  eft  fâ- 
cheux d'être  chargé.  Voilà  un  petit  laquais  qui  fait 
fort  bien  un  mefj'age ,   qui    s'eft  fort- bien  acquitté 
de  fon  mejj'age.    Ils   lui  vinrent  conter  leurs  mef   ■ 
fage.  Ablanc.  S'ils  ne  font  pas  tous  les  meffages 
où  leurs  Maîtres  les  envoient ,  ils  perdent  leur  fortu- 
ne. Pasc. 
Message  ,  dans  quelques  Coutumes  ,  fignifie  la  rede- 
vance que  le  Mcllier  doit  au  Seigneur  pour  fon  oûicc. 
Dans  la  balle  Latinité ,  meffagium. 
MESSAGER  ,  ERE.  f.  m.  ^  f.  Celui  ou  celle  qui  fiit 
un  mellage  ,   qui  annonce  quelque  choie ,  de  Ion 
propre  mouvement,  ot:  envoyé  par  un  autre.  Nuncius, 
nuncia.   Cet    homme   emprunte  des  laquais  de  les 
amis  pour  avoir  des  mejjagers  qui  ne   lui  coûtent 
rien.   Cet  homme   étoit  le  mejfager  de  tous  mal- 
heurs. H.  S.  DE  M. 

On  appelle  poétiquement  Mercure  y  le  Meffagef 
des   dieux  ,    Interpres  Ueorum  ;  Iris   ia  Ménagère 
de  Junon,  Nuncia  Jitnonis  j  &.  l'Aurore  j  la  A'iefja- 
gère  du  jour.   Quelques-uns  ont    donné  aux  vents 
la  qualité  de  Mejjagers  de  Neptune  &  d'Lole.  On 
dit  auUi ,   une   MeJ/agère  d'amour ,  une  entremet- 
teufe. 
|Cr  Messager  ,  eft  auflî  celui  qui  eft  établi  pour  por- 
ter les  paquets ,  bardes ,  &  marchandifes  des  parti- 
culiers,   dune   ville  à  une  autre;  pour  fournir  des 
chevaux   ou   autres  lortes  de  voitures  à  ceux  qui 
dans  leurs  voyage-s  veulent  fe  fervir  de  leur  minif- 
tère ,  &  qui   a   pour  cet  effet  un  Bureau  établi  par 
autorité  publique. 
IJC?  Il  y  avoit  autrefois  plufieurs  fortes  de  Meffagers 
en  France ,  qui  partoient  de  Parjs  pour  les  provin- 
ces ,  &  voituroient  les  marchandifes  &  les  perfon- 
ncs  prefque  dans  loutes  les  villesdu  Royaume.  Le  Roi 
avoit  fesMelTageries,  &  l'Univerlîté  les  lîennes,  fans 
compter  celles  de  plufieurs  Seigneurs  qui  jouilîoicnt 
de  ce  droit.  Il  y   avoit  des  Meffagers  à  pied  pour 
porter  les  lettres ,  en  charrette  pour  porter  les  pa- 
quets &  marchandifes ,  &  à  cheval  pour  conduire  les 
hommes. 
ffT  Sur  la  fin  de  iGy^.  S.  M.  ayanr  ordonné  le  rem- 
bourfcment  de  la  Finance  aux  particuliers  propiié? 
taires  de  ces  Meifagerics  ,    &  la   lubrogation   aux 
baux  de  celles  qui  appartenoient  à  1  Univerfité  en 
faveur    du   Fermier-Général   des   Portes  auxquelles 
elles    furent    réunies  ,  toutes    les  Mellàgcries   font 
aujourd'hui  fur  le  pied  de  MelTageries  Royales. 
IJ3"  On  donne  encore  le  nom  de  Mejjagers  de  l'Uni - 
verliré  à  des  fuppôrs  de  l'Univerfité  qui  ont  fuccédé 
à  ceux  qui  exerçoient  autrefois  les  Mellageries.  Us 
jouiilent  encore  des  mêmes  privilèges;  &  il  y  a  de 
grands  Seigneurs  qui  polsèdent  de  ces  offices. 

Ce  mot  vient  de  mijjus ,  ou  de  miffuticus ,  qu'on 
a   dit  dans  la  bafle  Latinité  en  la  même  lignifica- 


tion. 


Messager  ,  fe  dit  figurément  des  (ignés,  des  avant-cou- 
reurs de  quelque  mal.  Prcenuncius.  Les  fignes,  les 


9)8 


MES 


prodiges ,  font  des  Alcjjagers  dz  la  colère  de  Dieu,  j 
Les  laffitudes  rpoiuaiiéts ,  les  peûnteuis  du  corps  j  | 
font  des   Mejjagers   qui    nous    annoncent  quelque 
maladie  prochaine.  Boilcou  a  dit  du  hibou  , 

Des  défajlrcs  fameux  -ce  Mcllager  fiddle  , 
Sait  toujours  des  malheurs  la  première  nouvelle. 

Vin  de  meffager.    Terme  de  Pratique.   C'cft  un 
droit  qui  appartient  à  la  partie  qui  demeure  hors 
de  la  Jurifdiclion  où  il  a  fallu  plaider  ,  lorlqu'elle  a 
obtenu   gain  de  caufe.    Ce    droit  ell:  ainll  appelé  , 
parce  qu'avant  rétabliirenient  des  poftes  ,  c'était  un 
droit  qui  fe  donnoit  pour  lembourkr  ce  qu'on  avoit 
'  payé  à  un  homme  qu'on  avoir  été  obligé  d'envoyer 
fur  les  lieux  ,  fort  pour  charger  un  Procureur,  loit 
pour  faire  quelque  autre  chofe  nécelîaire  pour  l'iiil- 
trudion  d'un  procès.  Aujourd'hui  il  fe  donne  pour 
tenir  lieu  de  rcnibourlement  des  ports  de  lettres  & 
autres  papiers  de  la  Partie  au  Procureur,  tz  du  Pro- 
cureur à  la  Partie. 
Messager.  ,  fe   dit  en  quelques  endroits  d'un  bateau 
qui  part  à  certains  jours  réglés  d'une  ville  pour  une 
autre.  De  Boulogne  je  partis  pour  Venife  dans  un  b,i 
reau  qu'on  ai:5pelle  le  Meffager.  Le  B.  de  Polinitz. 
On  dit  pioverbialement ,  qu'on  ne  trouve  jamais 
meilleur  Meffager  que  foi  même.  On  dit  auffi  ,  d'un 
homme  qui  put  ,  ou  du  fromage  trop  raffiné  ,  qu'il 
fenr  le  pied  de  Mejfager.  A  bon  Meffager  ne  faut 
rien  dire-,  pour  dire  ,  qu'il  n'eft  pas  befoin  d'int 
tru£fion  à  un  habile  Commiiïïonnaire. 
MESSAGERIE,  f.  f.  Bureau  du  Melîager ,  le  droit  de 
le  tenir.  Nuncia  ^  nuncï&,  à  ce  que  dit  Nicod.  Tou- 
tes  les  Meffagerïes   ont  été  réunies  aux  polfes.   La 
Meffagerïe  d'un  tel  lieu  eft  afiermée  tant. 
MESSALA.  Terme  d'Altronomic.  C'eft  le  nom  de  la 
trente-troifième  tache  de  la  lune,  iclon  !e  Catalogue 
du  P.  Riccioli. 
fC?  MESSALINE  f.  f.  Impératrice,  femme  de  l'Empe- 
reur Claudius.    Elle  eft  renommée  dans  l'Hilloire  par 
fes  infamies  &  fes  débauches.  Delà  vient  que  nous  don 
nous  ce  nom  à  une  femme  perdue.  C'eft  une  Mej- 
falïne. 
MESSALLMES.  f.  f.  pi.  Toiles  fabriquées  en  Egypte  ^ 

qui  fe  vendent   an  Caire  &  à  Alexandrie. 
MESSAMIME.  f.  h  I  lantc  qu"oii  trouve  dans  la  Vir- 
ginie ,  &  qui  porte  une  efpèce  de  railîn  auftï  gros 
qu'une  cerife.   Ce  railin  a  la  chair  gralFc  ,  &:  rend 
un  fuc  fort  épais  quand   on    le  prelfc.  C'eft  peut- 
être  la  nîcme  plante  qui  croît  dans  les  îles  Antil- 
les ,  &  que  Rochefort  &  du  Tertre  appellent  Raï- 
Jînler. 
MESSANA.    Petite  ville  ,  ou  bourg    d'Efpagne.  Mef- 
fana.  Ce  lieu  eft  dans  la  Bifcaye  ,  près  de  la  rivière 
d'Ibaycabcl ,  entre  la  ville  de  Vidoria  &  celle  d'Or- 
duna.  Maty. 
MESSE,  f.  f.  C'cft  le  facrjlîce  du  corps  &:  du  fang  de 
Notre  Seigneur  J.  C.  qui  le  fait  par  le  Prêtre  à  l'au 
tel  dans  l'Eglifc  Romaine.    Les  Théologiens  difcnt 
que  la  Meffe  eft  une  oblation  faite  à  Dieu  ,  où  par  le 
changement  d'une  chois  lenlible ,  on  reconnoît  le 
fouvcrrin  domaine  de  Dieu  lut  toutes  chofes ,  en  ver- 
tu de  l'mrtitution  divine.  C'cft  dans  le  langage  ordi- 
naire ,1a  plus  grande  &  la  plus  augufte  des  cérémonies 
de  X^'^Àz.  Mffa ,  facrum ^rcs  divïna.  C'eftle  faint  fa- 
crilîce  non  fanglant  de  la  nouvelle  Loi ,  où  l'on  pré 
fente  à  Dieu  le  c  jrps  &  le  fang  de  fon  fils  J.  C.  C'eft 
dans  le  canon  de  la  Meffe  que  le  fait  la  conlécration. 
L'Eglife  commande  d'entendre  une  MeQe  ,  d'aller  à  la 
Meffe    les  Fêtes    &  Dimanches.     C'eft    une    chofe 
pieufe  de  fiire  dire  des  MelJ^es,  de  fonder  des  Meffes. 
Saint  Léon,  Pape,  dans  la  lettre  XL  qui  eft  à  Diof- 
,  /core  ,   fucccffeur  de  faint  Cyrille,  Patriarche  d'A- 
lexandrie, veut  que  dans  le;  grandes  Fêtes,  on  célè- 
bre la  Meffe  auuint  de  fois  qu'il  y  aura  de  peuple  qui 
n'aura  pu  tenir  dans  l'églife  j  les  premières  fois  qu'on 
l'aura  dite.  Il  déclare  que  c'eft  la  coutume  Je  l'églife 
Romaine  ;  &  ce  qu'il  y  a  de  remarquable ,  c'eft  que 
les  inftruftions  que  ce  Pape  donne  à  Diolcore  dans  [ 


MES 

cette  lettre  ,  il  les  donne  pour  runifoiinité  de  cet   • 
dik'ipline,  ne  doutant  pas,  dit-il,  que  S.  Marc  n'eut 
cnleigné  à  Ion  églilc  les  mêmes  règles  que  S.  Pierre  , 
dont  il  étoit  luccelîeur.  Ce  qui  montre  que  S.  Léon 
rcgardoit  comme  une  tradition  apoftolique  ,  l'ulage 
de  dire  plufieurs  M<^IJès  le  même  jour,  dans  la  même 
églile.  Le  Concile  de  Londres,  tenu  1  an  iioo,  fait 
défenfc  à  un  Prêtre  de  dire  deux  fois  la  Meffe  en  un 
jour,  finon  en  cas  de  néceftité ,  &c  alcrs  il  ne  fera 
point  l'ablution  du  calice  ,   &  réfervcra  celle  des 
doigts  pour  la  prendre  après  la  féconde  Aleffe.   Le 
Concile  de  Paris,  tenu  en  iziz,  dé^end  aux  Prêtres 
de  le  charger  de  tanr  de  MeJJ'es  ^  qu'ils  foient  obligés 
de  s'en  décharger  lur  d'autres  pour  de  1  argent ,  ou  de 
dire  des  MeJJes  seclics  pour  les  morts.  On  voit  par-là 
que  les  rétributions  pour  les  Mejjcs  ,    croient  dcja 
bien  établies.    Les  toix  d'Edgard  ,  Roi  d'Angleterre  , 
défendent  à  tous  Prêtres  de  dire  ptulieurs  A/£//é.î  par 
jour ,  fmon  trois  tout  au  plus ,  ce  qui  le  Joit  entendre 
en  cas  de  nécefiitc.    Le  Concile  de  Sclingftat  ht  la 
même   déienfe  enitoiz.  Fulbert  de  Chartres,  con- 
feille  à  un  Prêtre,  dans  fa  ji*^  lettre,  de  ne  point  cé- 
lébrer la  Meffe  ,    qu'il  n'ait  deux  ou  trois  aùlftans. 
Dans  la  S  5^  ,  il  veut  qu'on  punilfe  un  Prêtre  qui  cé- 
lèbre la  Meffe  lans  communier.  C'cft  Gui  Paré,  Lé- 
gat du  Pape  Innocent  III ,  en  Allemagne  ,  l'an  i  zor  , 
qui  étant  à  Cologne  ,  ordonna  que  quand  on  lève 
rhc/îVie  à  la  Meffe  ,  tout  le  peuple  fe  profterneroit  à 
l'égiile  au  Ion  d'une  clochette,   &:  c'eft  delà  qu'eft 
venue  cette  coutume.   La  règle  de  fùiu  Chrodegang  , 
c.  j2,  dit  que  les  Prêtres  auront  la  dilpolition  des 
aumônes  qui  leur  feront  données  pour  leurs  Meffes  , 
pour  la  confciîion  ou  l'alliPtance  des  malades ,  fi  ce 
n'eft  que  l'aumône  foit  donnée  pour  la  communauté. 
C'eft  la  première  fois  que  je  trouve  des  aumônes  ou 
rétributions  particulières  pour  des  Mejfes  Se  d'autres 
fondions  eccléliaftiques.  Fleury.  Cetie  règle  eft  en- 
viron de  l'an  765. 

Nicod ,  après  Baronius ,  dit  que  ce  mot  de  Meffe 
vient  de  l'Hébreu    miffach  ,    qui    fignifiê   oblatum. 
^J"  Selon  d'autres  il  vient  de  l'ancien  langage   des 
peuples  Icptentrionaux ,  qui  le  répandirent  en  Occi- 
dent. D'autres  lui  donnent  une  autre  étymologie.  Il 
eft  plus  probable  de  dire  que  c'eft  un  mot  tiré  du  La- 
tin m'iQa  ou  niffio,  qui  veut  dire  renvoi,  parce  que 
anciennement  on  renvoyoit,  c'eft-à-dirc,  on  falloir 
fortir   publiquement  les  Cathécumcnes  &  les  Péni- 
tens  avant  que  de  commencer  l'adion  du  iacrince. 
Se  on  renvoyoit  les  fidelles  quand  le   lacrilîcc  étoit 
fini ,  comme  on  le  lait  encore  aujourd'hui.   Ce  dou- 
ble renvoi  rendit  ordinaire  cette   façon  de  parler, 
Meffe    (c'eft- à- dire   renvoi)    des   Cathécumènes  , 
Meffe  des  Fidelles.   On  fe  fervir  enfuite  du  mot  de 
Meffe  desCathécumèneSj  pour  llgnirîer  tout  le  corps 
des  prières  auxquelles  les  Cathécumènes  &  les  Péni- 
tens  avoient  pcrmiilîon  d'aflîfter.  Se  Meffe  àcs'Siàel- 
les ,    le  faint  facrifice  auquel  les  feuls  FiJtllcs  alîil- 
toient.  C'eft  anUÎ  que  le  mot  de  Meffe  a  été  conCicré 
par  l'ufage  pour  fignifier  le  faint  facrifice  de  l'autel. 
Le  mot  de  Meffe  étoit  inconnu  à  toute  l'Antiquité. 
Du  Pin.  Le  plus  ancien  monument  où  l'on  trouve  le 
nom  Àc' Meffe  ,  pour  lignifier  les  prières  publiques 
que  l'Eglife  fait  eii  olFraiit  l'Euchariftie  ,  c'eft  le  troi- 
lîème  canon  du  fécond  Concile  de  Cârthage  ,  tenu  en 
590.  Id.  Avitus ,  Evêque  de  'Vienne  dans  k  VF  liècle , 
obferve  que  le  ternie  de  Meffe  eft  en  ufage  dans  les 
Eglifes,  dans  les  palais  Se  dans  les  prétoires,  pour 
renvoyer  le  peuple  ;  mais  en  quelque  tems  qu'on  ait 
commencé  à  fe  fervir  du  mot  de  Meffe  ,  pour  fignil.er 
la  célébration  des  facrés  myftères,  il  eft  certain  que 
de  rotit  tems  on  a  célébré  dans  l'Eglile  le  facrifice  non 
fanglant  que  J.  C.  inftitua  la  veille  de  fa  pollîon.  Se 
qu'on  a  toujours  fait  ce  que  J.  C.  ordonna  à  les  Apô- 
tres de  faire  en  mémoire  de  lui. 

l!  y  a  aulli  intro'it  de  la  Meffe ,  canon  de  la  Meffe , 
les  dernières  orailons  de  la  Meffe.  La  Meffe  en  eft  à 
l'introir,  à  l'évangile,  au  canon,  aux  derniàcs  orai- 
lons. 
Messe  ,  («dit  aulB  en  parlant  du  Prêtre  qui  Ce  prépare 


t 


MES 

pour  cslébrcr  la  MeJJe.  Allez  voir  à  la  facridie  s'il 
n'y  a  point  de  McJJc.  Voilà  une  McJJe  qui  IbniiL. 
On  dit,  voilà  une  A/cffe  qui  Tort  de  la  LicrilliCj  peur 
dire,  voilà  un  Prêtre  qui  s  en  va  dire  h  M<:£c:.  Il  elt 
familier.  Acad.  Fr.  On  ledit  aullidc  la  rctribution 
qu'on  donne  au  Prêtre  qui  a  dit  la  McjJ'c.  C'ell:  Wi 
pauvre  Prêtre  qui  vit  de  les  Meljcs ,  qui  n'a  que  (ts 
MeJJcs.    Il  cherche  fcs  Meff'cs. 

On  donne  des  noms  diftcrcns  à  la  Mejj'e  ,  fclon  le 
ditiérenc  rit,  les  dirtércntes  intentions,  les  dilîcrLines 
manières  (elon  klquelles  on  la  dit,  (!v'  pour  piulicurs 
autres  railons ,  comme  on  le  va  voir. 
Messe  Ambroihenne,  MiJJ'a  Amhrofùina ,  Qc{i-3.-à\ïC , 
du  rit  Ambrolien ,  ou  de  l'Églile  de  Milan,  yoye-^ 
Ambrosien. 
Messe  Anglicane,  Miffa  Anglkana  ,  félon  le  rit  qui 

s'obfervoit  autrefois  dans  l'cglile  d'Angleterre. 
Messe  balle j  Mijfa  privaca  j  c'cft  celle  qui  fe  dit  fins 
chant,  mais  en  recitant  ieulement  les  prières  qui  (c 
difent,  &  avec  de  iimples  Miniftres,  fins  Diacre ,  ou 
Sousdiacre. 
La  Messe  de  beacâ ,  oa  Mejfe  de  la  Vierge,  cft:  celle 
que  l'on  offre  à  Dieu  par  l'cntremite  de  la  fiintc 
Vierge,  &  iousfon  invocation  ,  par  Ion  interce/Lon. 

On  appelle  abulivement  une  MejJe  de  chdjjeur, 
«ne  Mcjffe  courte  &  dite  à  la  h.îte. 

Dans  les  Chapi'res  &  chez  les  Religieux,  on  ap- 
pelle la  Mejffè  du  chœur,  la  grande  Mcffl-  où  le  Chapi- 
tre, où  la  Communauté  doit  allîftcr. 

On  a  nommé  Mcffe  commune  j  ou  de  la  Commu- 
nauté, celle  qui  le  dit  dans  les  Monaftères  à  certaine 
heure  pour  toute  la  Communauté.  MiJJa  convcntua- 
l'is.  Dans  lesLiturgics  &  les  livres  de  Paibriques,  on 
appelle  MeJfe  conventuelle  ,  conventualis  ,  celle  qu'on 
efl:  obligé  de  dire  tous  les  jours  en  certaines  égliles. 
C'eft  chez  les  Religieux  la  MeJJe  de  la  Communauté, 
où  la  Communauté  aflifte. 
Messe  des  Efpagnes,  Hifpaniamm  mijfa,  c'eft:  la  même 
que  la  MeJJè  Mofarabique. 

Onappelle  la  Mt;[fe  du  S.  Efpric,  celle  qu'on  cé- 
lèbre au  commencement  de  quelque  folennifé  j  ou 
d'une  alîennblée  eccléiîalUque  qu'on  commence  par 
l'invocation  du  S.  Efprit. 
IvIesse  de  la  férié,  MiJJa  ferlalis  ,   ou  àe  ferla  ;  c'eft 
celle  où  l'on  fait  des  prières  &  des  leécures  de  l'écri- 
rure ,  conformes  au  tems  de  l'année  eccléliaftique  où 
l'on  eft. 
Messe  de  fètc,  MiJfa  defejlo^  comme  de  Noël ,  de  Pâ- 
ques, de  la  Pentecôte,  &c.  c'eft  celle  qu'on  dit  ces 
jours-là,  &  dont  les  lectures  &:  les  prières  ont  rap- 
port aux  rayftères  que  l'on  y  célèbre. 
Messe  Gallicane ,    c'eft  la  Mejfe  du  rit  qui  s'obfervoit 

autrefois  dans  les  églifes  des  Gaules. 
Messe  Greque,  celle  qui  fe  dit  en  Grec,  félon  le  rit 

Grec,  par  les  Prêtres  Grecs.  MiJfa  Grs,ca. 
Messe  haute  ,  qu'on  appelle  aulli  grande  Mejèj  eft 
celle  qui  fe  cliante  par  les  Chorifles^  &  qui  fe  célè- 
bre avec  Diacre  Se  Sousdiacre, 

Autrefois  on  appeloit  Meffe  du  jugement ,  miffa  ju- 
dicLL  j  celle  où  l'on  fe  purgeoit  d'une  calomnie ,  par 
les  épreuves  établies. 
Messe  Latine,  MijJa  Latlna,  celle  qui  fe  dit  en  Latin 

dans  l'églife  Latine ,  &  félon  le  rit  de  cette  églife. 
La  Messe  pour  la  mort  des  ennemis,  Miffa  pro  morte 
inimicorum ,  a  été  long-tems  en  ufige  en  Efpagne , 
mais  on  l'a  abolie,  parce  que  cette  incention  eft  con- 
traire à  la  charité  chrétienne. 

On  dit  auffi  une  Mejfe  des  morts  ou  de  requiem , 
celle  qu'on  dit  à  l'intention  des  défunts,  dont  l'in- 
troït commence  par  requiem.  Au  XIIF  fiècle ,  avant 
que  de  mener  les  coupables  au  fupplice ,  on  leur  fai- 
foit  entendre  une  Mejfe  des  morts  pour  le  repos  de 
leurs  âmes.  Il  y  en  a  un  exemple  dans  l'hiftoire  de 
Charles  d'Anjou,  Roi  de  Sicile. 
Messe  Mofarabique,  félon  le  rit  des  Molarabes  en  Ef- 
pagne.   Voye\  Mosarabe. 

On  appelle  la  Mrff'e  mufquce ,  celle  qu'on  dit  la 
dernière,  où  vont  les  Dames  &  le  beau  monde. 
On  appelle  Meffe  de  Paroillcj  ou  grande  Mejfe , 


MES  9^9 

celle  que  le  Curé  eft  obligé  de  faire  chanter  tmitcs 
les  Fércs  &  Dimanciics  pour  les  Paroilliens,  Ik.  a  la- 
quelle fe  fait  le  Prône. 

On  appelle  jfd-^irc  Mejfe  ^  ou  Akffc  l'ijj'e  ^  celle  qui 
fe  dit  à  des  autels  particuliers  avec  moins  de  cérémo- 
nie. 

La  première  Mejfe  eft  celle  qu'on  dit  dès  le  point 
du  jour.  On  apiK-lle  aulli  première  Mejfe,  celle  qui 
le  dit  par  un  Prêtre  la  première  fui;  qu'il  chante 
MeJJe. 

Messe  privée,  Miffa  privata  ,  qui  fe  dit  (ans  chant, 
fins  cérémonie,  par  le  Prêtre,  fans  Diacre  ni  fous- 
diacre  ,  avec  un  limple  répondant  ou  deux ,  ôc  fans 
que  pcrlonnc  reçoive  rLucharillic. 

Messe  de  requiem.'  Voyez  Meffe  des  morts. 

Messe  Romaine  fclon  le  rit  6c  le  niillcl  Romain. 

La  Messe  d'un  Saint,  Mijfa  de  Sanclo ,  c'cft  celle  oii 
l'on  invoque  Dieu  par  1  intercellion  d'un  S.aint.  Ainli 
il  y  a  dans  le  mil'èl  des  Mcffes  des  Apôtres,  des  Mar- 
tyrs, des  Confclfeurs  Pontifes,  des  Conlelléurs  fim- 
ples ,  des  Vierges  ,  &c. 

La  Messe  du  fcrutin,  Miffa  fcrutinii , ^  étoit  une  Meffe 
qu'on  difoit  autrefois  pour  les  Cathécumènes  le  mer- 
credi &  le  famedi  de  la  quatrième  femaine  de  carê- 
me ,  lorfqu'on  examinoit  s'ils  étoient  dilpolés  comme 
il  faut  pour  recevoir  le  Baptême. 

On  appelle  sèche,  la  Mejfe  oh  il  ne  fe  fait  point 
de  confccration  ,  comme  ctUe  que  dit  un  Prêtre  qui 
ne  peut  pas  confacrer  ,  à  cauic  qu'il  a  déjà  dit  la 
Mejfe ,  comme  témoigne  Duiandus,  ou  celle  qu'on 
fnt  dire  en  particulier  aux  afpirans  à  la  Prêtrife,  pour 
en  apprendre  les  cérémonies ,  qui  dilcnt  des  Mejfes 
entières  ,  excepté  qu'ils  ne  font  point  de  confécra- 
rion.  C'cft  ainlî  que  l'appelle  Hckius.  Il  y  a  une 
forte  de  Mejjc  sèche  qui  eft  défendue  dans  les  Capi- 
tuLiites  de  Charlemagne.  Quelques-uns  l'appellent 
navalis  &  nautica ,  parce  que  les  Aumôniers  des  vaif- 
feaux  fc  contentoient  de  dire  publiquement  toutes  les 
prières  de  la  Mejfe  .,  fans  faire  de  conlécration,  lorf- 
que  l'agirarion  du  vailîeau  ne  penftcttoii  pas  de  con- 
facrer. Les  Prêires  qui  fc  chargeoicnt  de  trop  de 
Mcffes,  difoient.iutrefoisdesAf<;//èj  sèches,  croyant 
fiti'sfaire.  Cela  eft  défendu,    roy/x  ci-deftus. 

Mess E  votive ,  vociva,  eft  une  f-Icjje  autre  que  celle  de 
l'office  du  jour  ,  &  qui  fe  dit  pour  quelque  raifon,  ou 
quelque  dévotion  particulière.  Les  Meffes  votives 
fuivent  le  rit  des  fimples.  Il  y  a  dans  le  Sacramen- 
taire  de  S.  Gélafe ,  Pape,  des  Mejj'es  votives  pour 
plulieurs  intentions  ,  pour  les  voyageurs,  pour  les 
affligés  ,  pour  la  ftériliré,  &c. 

On  appelle  la  Mejfe  Rouge ,  la  Mejfe  que  les  Parle- 
mens  font  célébrer  après  les  vacances  pour  leur  ren- 
trée, &  à  laquelle  ils  alliftent  en  robes  rouges. 

Messe  ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes.  Il  a 
fait  courte  Meffe  ,  il  fera  long  diner,  ou  il  a  fait  lon- 
gue Meffe  ,  il  fera  couit  dincr.  On  dit  qu'il  ne  fe 
faut  pas  fier  à  un  homme  qui  entend,  deux  Meffes  ^ 
pour  dire  qu'il  fc  faut  défier  des  hypocrites.  On  dit 
d'un  homme  qui  déjeune  avant  que  d'aller  à  la  Mejfe  ^ 
qu'il  veut  tromper  le  diable ,  ou  qu'il  va  à  la  Meffe 
des  morts,  qu'il  y  porte  pain  &  vin.  On  appelle  des 
débauchés  ,  des  enfans  de  la  Meffe  de  minuit,  qui 
vont  au  cabaret  fous  prétexte  d'aller  à  la  Meffe  qui 
fe  célèbre  la  nuit  du  jour  de  Noël.  On  dit  aulfi  pour 
marquer  un  fcélérat  qui  r.'a  point  de  religion ,  qu'il 
ne  va  ni  à  Meffe ,  ni  à  Prêche. 

Je  ne  crois  pas  que  les  femmes  aient  jamais  fcrvi  ou 
répondu,  comme  on  dit ,  à  la  Mejfe  dans  l'églile  La- 
tine, depuis  faint  Paul.  Il  leur  détend  ablolument  de 
parler  dans  l'églife  J  &  leur  commande  le  filcnce.  Les 
plaifans  du  peuple  difent  que  la  raifon  pour  laquelle 
les  femmes  ne  répondent  point  à  la  Meffe  comme  les 
hommes ,  c'eft  parce  qu'étant  pour  la  plupart  opiniâ- 
tres ,  &  ne  voulant  pas  r.voir  le  dernier ,  le  Kyrie 
eleifon  ne  finiroit  jamais.  Vaiesiana.  Cette  plai- 
frnterie  n'eft  pas  nouvelle  ,  elle  a  au  moins  deux  fiè- 
cles  d'antiquité  ,  puifque  Nevizan  en  fait  mention 
dans  fa  Forêt  Nuptiale,  L.  4-  «■  l'^f-     . 

MESSÉANCE.  f.  f.    Le  contraire  de  la  bienleance  ; 


o6o  MES 

manque  de  bienféance.  Foye^  ce  mot.  Ratio  Inds' 
cora ,  indecorum  ,  turpe.  L'att'cctation  de  marcher 
toujours  le  premier  avec  fes  égaux  ,  de  prendre  le 
Jiautbout,  eftune  incivUké  Se  Mnt  mejféance.  11  y  a 
de  la  meljcancc  aux  vieillards  de  hure  les  jeunes. 
L'AcAD.  Il  y  auroic  quelque  meffiance  à  un  Magif- 
crat  de  dire  ou  de  faire  telle  ou  telle  chofe.  Id. 
MESSÉANT  ,  ANTE.  adj.  MALSÉANT  ,  ANTE  , 
qui  ell  contraire  à  la  bienléance.  Indecorus.  Les  Sia- 
mois croient  qu'il  eft  mcfjeant  à  un  homme  d'avoir 
les  dents  blanches ,  &  dans  cette  pcnlce ,  ils  les  noir- 
cillent  avec  du  vernis  fait  exprès.  Tachard,  ^oye~ 

AL-iL-SÉANT. 

Ce  mot  vient  de  maie  fedens. 

MESSEL.  f.  m.  Il  y  en  a  qui  appellent  ainfi  le  livre 
d'églife  qu'on  appelle  communément  Mijfcl.  C'eft: 
une  mauvaile  prononciation  qui  vient  de  ce  que  le 
livre  dont  ell  queftion,  contient  les  melFes  de  toute 
l'année,  ce  qui  a  donné  occallonà  quelques  gens  de 
l'appeler  Me[Jcl ,  du  nom  de  Meffe.  Mijfale. 

MESSENE.  Ville  du  Péloponnèfe ,  capitale  de  la  Mef- 
(énie. 

MESSÉNIE.  Contrée  du  Péloponnèfe ,  au  midi  de 
l'Elide  &  de  l'Arcadie ,  &  au  couchant  de  la  Laco- 
nie  ,  dont  anciennement  elle  faifoit  partie. 

MESSENT^    Voye\  Maixent. 

î>IESSEOIR.  V.  n.  &c  irrégulier ,  qui  fe  conjugue  comme 
fon  fimple  feo'tr.  N'être  pas  convenable  à  la  per- 
lonne,  au  tems,  à  l'âge,  &c.  Il  ne  s'emploie  qu'en 
certains  tems  &c  toujours  à  la  troilième  perlojme  du 
fmgulier  ou  du  pluriel.  Cette  couleur  mejfied  à  fon 
âge.  Cela  ne  vous  mcffléroic  pis.  Ces  ajuftemens  lui 
MeJJlcront.   Ac.  pR.  1740.  aux  additions. 

MESSER.  Mot  Italien  qui  lignifie  Meffire.  f.  m.  Le 
Mclfire,  que  les  gens  de  qualité  ajoutent  à  leurs  titres, 
eft  compolé  de  Mon  &  de  Sire.  Il  faut  oblerver  que 
fi  le  Meffire,  mis  devant  un  nom  de  baptême,  n'eft 
pas  fuivi  du  nom  propre  ,  il  délîgne  prefque  toujours 
un  roturier.  Les  perlonnes  de  qualité  le  font  imagi- 
nées que  le  Monfieur ,  (uivi  du  nom  de  famillcj  pro- 
duifoit  à  peu  ptès  le  même  etiet ,  &  quand  ils  parient 
à  un  bourgeois  titré  (comme  ils  l'appellent  très  im- 
proprement), ils  ne  manquent  pas  de  lui  tlire  :  Bon 
jour  ,  Monlîeur  un  tel.  Le  Mejfirc  ell  devenu  iî 
commun ,  que  des  gens  dont  les  pères  ont  pallé  les 
trois  quarts  de  leur  vie ,  &:  quelquefois  leur  vie  en- 
tière dans  la  roture  ,  croiroient  informes  les  aéles 
^  qu'ils  palfent,  il  Mejfire  ne  précédoit  pas  d'autres  ti- 
tres auHi  chimériques  que  leurs  Marquifats  ,  leurs 
Comtés.  Supplcm.  au  Glojf.  du  Roman  de  la  Rofe , 
au  mot  Sire. 
On  fe  ferc  quelquefois  avec  grâce  du  mot  Mejfer. 

A  la  voir  d'un  certain  côte',  [  la  Royauté  ] 
Meller  Gafier  en  cjl  l'image.  La  Fontaine. 

Si  jurerai  par  Meiïer  Apollon.  La  Visclede. 

MESSERE.  f.  m.  pour  Messel.  Livre  d'ufage  pour 
l'office  de  l'églife.   Glojf.  fur  Marot. 

MESSERIE.  f.  f.  Vieux  mot.  La  mejjerie  d'un  lieu  , 
d'un  château  _,  d'une  terre  j  eft  l'étendue  de  pays,  de 
terres  qui  en  dépendent.  Traclus  ,  &  dans  la  bafte 
Latinité,  meffana,  mejîeria. 

Ce  mot  a  la  même  origine  que  celui  de  MeJJler. 

MESSERVIR.  Vieux  mot.  On  dit  aujourd'hui  dellervir 
ou  rendre  de  mauvais  offices. 

MESSETERIE,  ou  MESSETÉNE.  f.  f.  Droit  d'entrée  qui 
le  paye  à  Conftantinople  pour  les  marchandifes  qui 
y  arrivent,  particulièrement  pour  les  pelleteries  &  le 
caffé.  Ce  droit  fut  établi  pour  l'entretien  de  la  Sul- 
tane Validé ,  ou  la  Reine  mère. 

MESEURE.  f.  m.  Terme  de  Coutumes.  Salaire  qu'on 
donne  en  quelques  endroits  à  ceux  qui  moilTonnent 
les  blés  du  grangeage.  Mefforum  merccs.  C'eft  ordi- 
nairement la  onzième  gerbe. 

MESSIE,  f.  m.  Ce  mot  lignifie  oint  de  facré.  MeJJîas. 
Il  s'attribue  aux  Sicrificateuts  es:  aux  Rois;  mais  il  fe 
dit  par  exellence  du  Chrift,  du  Sauveur  qui  a  été  pro- 


MES 

mis  par  tous  les  Prophètes  de  l'ancienne  Loi.  Les  ■ 
Chrétiens  ont  reconnu  J.  C.  pour  le  vrai  MeJJle.  Les 
Juifs  attendent  encore  inutilement  leur  Mejjie.  Ils 
font  infatués  d'un  MeJJle  temporel;  ils  fe  figurent  un 
conquérant  qui  fubjuguera  le  monde  par  la  force  des 
armes.  Cluvier.  Il  y  a  eu  plufieurs  impofteurs  qui 
ont  voulu  palfer  pour  le  Mejfie.  Joannes  Lent ,  Hol- 
landoisj  a  fait  un  Traité  de  l'Hiftoire  des  faux  Mef- 
jîes ,  de  pfeudo  meffiis.  La  dernière  édition  eft  un 
petit  in-quarto.  Le  premier  dont  il  parle ,  parut  fous 
l'empire  d'Adrien  ,  6c  a  été  nommé  Barcochab.  Le 
dernier  eft  le  Rabbin  Alardochaï ,  qui  fit  parler  de  lui 
en  1682  ,  Se  un  peu  auparavant ,  il  y  avoir  eu  Sabbe~ 
thai  Sebi,  qui  fut  célèbre  l'an  1666,  qui  fut  pris  des 
Turcs  &  fe  fit  Mahométan. 

On  dit  figurément  à  quelqu'un  qu'on  attend  de- 
puis longtemps  ,  &  avec  gtande  impatience  , 
qu'il  a  été  attendu  comme  le  Mejfie. 

Ronfird  étant  à  la  chafle  avec  plufieurs  Seigneurs, 
&  le  préparant  à  le  déchaulTer  pour  palier  un  ruif- 
feau ,  un  des  Seigneurs  lui  dit  en  raillant ,  qu'il 
l'alloit  palier  fur  les  épaules  ,  il  lui  répondit  fur  le 
champ  par  ces  quatre  vers  : 

Monfeigneur  ,  je  vous  remercie  ; 
Je  n'ai  de  vous  tant  mérite'  ; 
Carji  i'étois  de  vous  porté , 
On  me  prendroit  pour  le  Melîîe. 

C'eft  une  allufion  à  l'entrée  de  Notre  Seigneur  à 
Jérufalem  ,  monté  fur  un  âne. 

Ce  mot  eft  formé  de  l'Hébreu  Mafchuach  ,  unc- 
tus  y  oint ,  du  verbe  Majchach  ,  ungere  ,  omdre  ,  parce 
que  Jésus  Christ  le  Sauveur  du  monde,  a  été  oint 
comme  le  Roi  des  Rois,  de  tous  le  temps  &  de  tous 
les  liècles.  Secondement ,  comme  le  Chef  des  Pro- 
phètes. Troillèmement,  comme  le  Souverain  Pontife 
de  la  Loi  de  grâce,  &  le  Prêtre  éternel  félon  l'ordre 
de  Mekhiledech.  André  trouva  fon  frère  Simon  ,  Se 
lui  dit ,  Nous  avons  trouvé  le  Mcffïe  (  ce  qui  eft: 
interprété  le  Christ^  Si  il  l'amena  à  Jésus.  En  S. 
JcaUj  ch.  S-  V.  ^t.  La  Samaritaine  dit  à  Jésus- 
Christ  ,  Je  fais  que  le  MeJJle  vient  {  qui  s'appelle 
le  Christ  )  :  or  quand  celui  là  tera  venu  ,  il  nous 
déclarera  toute  chofes.  Jésus  lui  dit.  Je  le  fuis ,  moi 
qui  vous  parle.  En  S.  Jean ,  ch.  4.  v.  2s ,  Se  16. 
Le  Fils  de  Dieu  a  divers  noms  fuivant  fes  différentes 
qualités  &  propriétés.  Il  s'appelle  Verbe  ,  parce  qu'il 
eft  Fils  conl'ubftantiel  du  Père  Eternel ,  engendré  ds 
fa  fubflance  de  toute  éternité.  Il  s'appelle  Christ  , 
de  Kpi,-of,  qui  eft  un  mot  Grec,  qui  lignifie  Oint ,  Se 
qui  répond  au  mot  Hébreu  MeJJle  ;  Se  il  s'appelle 
Jésus  ,  c'eft-à-dire.  Sauveur.  Ce  mot  eft  tiré  de 
l'Hébreu  ,  Jehofua  ,  Jésus  ;  c'eft-à-dire  ,  Sauveur  , 
parce  qu'il  fauve  fon  peuple  de  leurs  péchés.  Mattk. 
I.  21.  Il  s'appelle  Verbe  ,  entant  qu'il  eft  fils  de 
Dieu  ,  Se  vrai  Dieu  Éternel;  Jésus,  entant  qu'il  efl 
homme  ;  Christ  ,  c'eft-à-dire  ,  Oint  Se  Mejffle  ,  ou 
Sauveur  ,  entant  qu'il  eft  vrai  Dieu  ,  Se  vrai  homme 
tout  enfemble. 

MESSIE  ,  ou  MESSIA.  f.  f.  Terme  de  Mythologie. 
Nom  d'une  déelle  des  anciens  Romains.  Meffla.  C'é- 
toit  la  déelfe  MeJJla  qui  préhdoit  à  la  Moillon.  Ter- 
tullien  en  parle  dans  fon  Livre  des  Spedlacles  ,  ch.  S. 
Paméliusdans  d  Note  fur  cet  eudroitjcroit  que  la  MeJ^ 
Jia  de  Tertullien  eft  la  même  que  la  Ségefte  dont 
Pline  parle ,  L.  XFIII  c.  2.  Se  la  Ségétie  de  Ma- 
crobe,  Saturn.  Z.  I.  c.  16.  Se  de  S.  AugulHn,  De 
Civit.  Dei  ,  Liv.  IV.  c.  S.  Voyez  encore  Turnèbe  , 
Adverf.  L.  XX.  c,  ^6.  Petrus  Critinus  ,  De  honejl. 
Difcipl.  L.  XXV.  c.  1 1,  Se  Saumaife  fur  Solin  ,  p. 
çi 2.  Les  Anciens  faifoienc  autant  de  déciles  Mejp.es 
qu'ils  connoiftoient  de  diftérentes  moilfons  en  difté- 
rens  climats  du  monde.  Et  ces  MeJJles  avoient  à 
Rome  des  ftatues  dans  le  Cirque  ,  pofées  fur  des 
colonnes,  comme  il  paroît  par  l'endroit  de  Tertullien 
que  j'ai  indiqué  ,  où  il  appelle  ces  colonnes  MeJJlas 
columnas. 

MESSIEN,  f.  m.  Nom  d'homme.  Maxianus.  S.  Mejfien 

fur 


MES 

fut  compagnon  du  m.iityic  de  S.  Lucien.  Foye'^ 
Bollandus  &:  M.  Châtcljin  ,  au  8'  de  Jiuivicr.  Quel- 
ques-uns on  An  Mefmkn,  conunc  s'il  le  hk  nommé 
en  Lacin  Maxiniianus. 

MESSIER.  f.  m.  Villageois  commis  à  la  garde  des  fiuits 
de  la  terre  au  temps  de  la  moiilon  ,  &  particulière 
ment  en  celui  des  vendanges.   AlcJJium  &  vïncarum 
cujlos.  L'emploi  des  Mellicrs  finit  chaque  année  après 
la  récolte. 

Autrefois  il  y  a  eu  une  dignité  dans  l'Églifc  de 
Cambrai  fous  le  nom  de  MeJ}icr:ce\vti  qui  en  étoit  re- 
vêtu avoit  fom  de  faire  garder  les  blés. 

Ce  mot  vient  de  me£ïs  ,  moijfon;  ou  de  Mejfu- 
rius.  Dans  l'Édit  du  Roi  Henri  IL  de  l'an  i  559.  le 
Mejfier  efl:  aufli  appelle  Gajlier.  On  a  appelle  eu 
Latm  McjJ'iinus  ,  un  Garde  des  moillbns  &  des  ven- 
danges. Quelques-uns  dérivent  ce  mot  de  AleJJder , 
qui  en  langage  Celtique  ou  Bas-Breton  /ignihc  Bercer, 
ou  Gardeur  de  bêles  ,  du  mot  mcas  ,  qui  lignifie  les 
champs ,  ovi pâturages. 

MESSIEURS.  (.  m.  pi.  Titre  d'honneur  &:  de  civihtc 
qu'on  donne  en  parlant,  ou  en  écrivant  à  plulieurs  per- 
sonnes cnlemble  qui  font  de  quelque  confidération,  ou 
par  leur  qualité,  ou  par  leur  nombre.  Viri  ornatiJfLmi. 
Les  plaidoyers  ,  les  harangues  ,  commencent  tou- 
jours par  MeJJîeurs  ,  S<.  ce  mot  elt  fouvent  répété 
dans  le  corps  du  difcours  pour  faire  plus  d'honneur. 
Quand  on  ne  parleroit  qu'à  des  Savetiers ,  ou  à  des 
Payfans  alFemblés  ,  on  les  appelle  MeJJicurs.  On  le 
dit  aulli  en  parlant  de  tierces  perlonnes.  Voilà  vos 
McJJieurs  qui  arrivent,  c'eft  un  de  vos  Meffieurs , 
c'cft-à-direj  de  votre  compagnie.  Place  a  MeJJîeurs. 
Le  Procureur  Général  préfentanc  une  Requête  à 
la  Cour,  met ,  à  MeJJieurs  du  Parlement.  On  dit  aulli, 
Mejfieurs  du  Confeil ,  MeJJieurs  des  Comptes,  MeJ- 
llcurs  de  Ville. 

^v?  Messieurs  les  Etats  des  Provinces  unies.  Cette 
façon  de  parler  efl:  tout  à-tait  étrange.  C'ell  comme 
qui  diroit  Monheur  le  Royaume  de  France  ,  Ma- 
dame la  République  de  Venife.  Cependant  c'eft  ainfi 
que  parlent  nos  Miniftres  dans  Ictirs  Traités  avec 
les  Hollandois.  Quelque  étrange  que  (oit  cette  façon 
de  parler  ,  elle  eft  établie  ,  il  n'y  a  plus  moyen  de 
s'en  dédire. 

Messieurs.  Terme  de  Verrerie.  C'cft  le  nom  qu'on 
donne  aux  Gentilshommes  de  race  verrière  ,  qui  ont 
(euls  le  privilège  de  travailler  aux  verres  lans  déroger. 
On  reconnoit  quatre  familles  vcrrièi es  en  Norman- 
die qui  font  Brojfurd ,  Caqueray ,  Vaillant  ik.  Bon- 
gard.  Ce  font  ces  familles  qui  produifent  les  Mejfieurs 
qui  vont  s'établir  &  travailler  dans  les  autres  Pro- 
vinces. Quand  on  a  voulu  établir  de  grolles  verreries 
en  Hainautj  en  Champagne,  en  Anjou  &  au  pays 
du  Maine  j  les  Entreprenetu's  de  ces  verreries  ont  été 
obligés  de  faire  venir  des  Mejjl:urs  de  Normandie. 
Benneton  de  Perrin. 

MESSILIER.  f.  m.  Ce  mot  s'efl:  dit  autrefois  pour  Mef- 
fier.  Dans  la  baifc  Latinité  Mefjarius. 

MESSIN,  INE.  f.  m.  &  f.  Qui  eit  de  Metz  ,  ou  du  pays 
Melîîn.  Mediovicus,  Mediotrix,  Metinfis.  Valois, /20^. 
Gai. 

Le  pays  Messin.  Medïotrlci ,  Médiatrices  ,  Metenjîs 
Traclus.  C'ell:  un  pays  enclavé  dans  la  Lorraine  ,  aLnfi 
nommé  de  Metz  la  capitale. 

MESSINE.  Nom  d'une  ville  de  la  Sicile.  Mejjana  , 
Mejfena  ,  Meffene  ,  Mamertina.  Elle  eft  capitale  de 
la  vallée  de  Démona,  &  lituée  (ur  le  Farre  de  Mcffîne, 
vis  à-vis  de  Rliége  j  en  Calibre. 

Le  Fare  ou  le  Canal  de  Messine.  Fretum  Siculum.  Ceft 
un  célèbre  détroit  de  la  mer  Méditerranée  -,  il  eft  entre 
les  côtes  de  la  Sicile,  &  de  la  Calàbre  ultéiicure  , 
ayant  la  mer  de  Tofcane  au  nmd  ,  &  l'Ionienne  au 
midi.  Ce  canal  eft  fameux  par  le  Hlix  &  reflux  qui  s'y 
fait  de  fix  en  fix  heures  ,  &  qui  eft  quelquefois  fi  ra 
pide, qu'il  emporte  les  vailfcaux,  malgré  la  réliftance 
des  ancres ,  &c  les  fait  périr.  Il  y  aulîi  à  l'entrée  fep- 
rentrionale  du  canal  j  les  deux  écueils  nommes  par 
les  Anciens  Scylla  &C  Carvbdi";;  le  premier,  qu'on 
appelle  aujourd'hui  capo  Svi^lio,  eft  un  rocher  de 
Tome  F". 


MES  961 

la  côte  de  la  Calibre ,  qui  s'avance  en  forme  de  pref- 
qu'ile  ,  vers  le  cap  de  Faro  en  Sicile.  Ce  rocher  eft 
très  dangereux  ,  tous  les  vailleaux  qui  y  loiit  em- 
portés par  la  violence  du  Hux  ,  ou  par  celle  des 
vents,  y  pétillent  fans  rcllburce.  La  Carybdc  clt 
près  du  cap  de  Faro  en  Sicile  ;  c'clt  un  tournant 
d'eau  ,  qui  a  environ  trente  pas  de  diamètre.  Les 
Matelots  le  craignoient  beaucoup  autrefois ,  aujour- 
d'hui ceux  de  Mcjfme  vont  s'y  promener  avec  des 
barques  plattes ,  lie  après  y  avoir  fait  plulieurs  tours 
au  gré  de  l'eau  ,  ils  s'en  retitcnt  à  force  de  rames. 
Maty. 

MESSINES.  Petite  ville  de  Flandre  dans  la  Chàtellenie 
d'Ypres. 

MESSIRE.  f.  m.  Titre,  ou  qualité  que  prennent  les 
Nobles  ,  &  les  perfonnes  de  qualité  dans  les  adtes 
qu'ils  pallènt ,  au  lieu  de  celle  de  Maure  qu'on 
donne  aux  Gradués.  Dominus.  Fut  préfent  haut  & 
puilTant  Seigneur  Mejfire  Pierre  Séguier ,  Chevalier , 
Chancelierde France,  MeJJîre  tel.  Abbé  d'un  tel  lieu. 
Ce  mot  vient  de  men ,  qui  fignifie  rr2on  j  ôc  de  Sire^ 
Seigneur. 

Messire  ,  fe  dit  quelquefois  en  riant ,  &  alors  il  figni- 
fie la  même  chofe,  ou  moins  que  Monfieur. 

Meftîre  Ambroife  ne  croit  rien , 
Et  fa  femme  croit  toutes  chofes, 

MESSIRE  JEAN  ,  eft  une  poire  roufle  fort  fucrée , 
qui  eft  mure  en  automne.  Pirum  facharatum.  Quand 
elle  vient  à  fe  gâter ,  elle  eft  d'une  amertume  in- 
fupportable. 

MESSO  Voy^i  Mezzovo. 

MESSOTIER ,  MESSOTIZANT.  Deux  mots  de  même 
valeur  ,  inventés  par  Henri  Etienne,  pour  lignifier 
un  Prêtre  qui  dit,  qui  célèbre  la  Meflè. 

Il  (emble  que  les  fimples  Prêtres ,  qui  de  leur 
métier  (ont  Mejfotiers  ,  aient  railon  de  ne  vouloir 
boire  que  du  meilleur.  Apologie  pour  Hérodote  ,  to. 
I.  part.  2.  c.  22.  pag.  s4-0.  de  l'édition  de  la  Haye 
iJiS-  Je  dirai  un  mot  en  faveur  des  povres  Preftres 
preftizans  ou  meffoti'^ans.  pag.  S43- 

On  lit  Meffati\ant  en  d'autres  endroits  du  même 
livre,  par  exemple  ,  zwchap.  jj,  to.  Ill.pag.  1 2()  , 
I çj.  Prêtre,  Prêtrot  Mejfati^ant.  Ce  font  des  termes 
de  mépris  ,  dignes  d'un  bon  Huguenot. 

MESSUA.  Ville  de  l'Afrique  propre ,  fur  le  golfe  de 
Carthage. 

MESTAYER.  Foyei  Métayer. 

MESTEIL.  royei  Meteil. 

MESTICE.  Foyei  Métice. 

MESTIER  ,  néceflaire.  Glojf.  fur  Marot.  V.  Métier. 

MESTIF.  F'oyei  Métif. 

MESTIVAGE.  Lm.  Droit  qui  fe  lève  fur  les  blés  qu'on 
moillonne ,  redevance  de  blés.  Mejlivagium  dans  la 
balle  Latinité. 

MESTIVE.  f.  m.  Voye^  Mestivage  ,  c'eft  la  même 
chofe.  Mefliva  dans  la  balTe  Latinité. 

MESTIVIER.  Voye-^  Métivier. 

MESTRATA.  Nom  d'une  ccite  qui  s'app)elle  autrement 
la  côte  de  Droca.  Meflrata ,  Ora  Drocea  ,  ancienne- 
ment Pentapolis.  C'étoit  anciennement  la  partie  fep- 
tentrionale  de  la  Cyrénaïque ,  en  Afrique  ,  aujour- 
d'hui c'eft  la  partie'  occidentale  du  Royaume  de  . 
Barca.  Elle  eft  baignée  par  la  rivière  de  Médel ,  &  par 
celle  de  Droca  ,  qui  lui  donne  le  nom  de  côte  de 
Droca. 

MESTRE.  Nom  d'un  ancien  bourg  de  l'État  de  Ve- 
nife. Mejlra  ,  anciennement  Ad  nonupi  Venetia.  Il 
eft  dans  le  Dogado ,  fur  le  Mufone  ,  à  deux  ou  trois 
lieues  de  Venife,  tirant  vers  Trévigni.  AIaty. 

Mestre.  Mot  Levantin  ,  pour  dire  ,  en  termes  de  Ma- 
rine ,  le  grand  mât ,  qu'on  appelle  Arbre  de  mejlre , 
Malus  maxionus  ,  decumanus  ;  Se  fa  voile ,  voile  de 
meflre. 

^CT  MESTRE  de  Camp  ('prononcezl'.y  fortement^  f.  m. 
On  appeloit  ainfi  autrefois  celui  qui  commandoit  en      ^' 
chef  un  Ré;:iment  d'Infinterie  ou  de  Cavalerie  ,  lor^ 
que  chacun  de  ces  corps  avoit  un  Colonel  générai  ^ 

F  ffftl 


)6z 


MES 


mais  aujourd'hui  qu'il  n'y  a  plus  Je  Colonel  gé'nénll 
que  dans  la  Cavalerie  &  dans  les  Dragons  ,  il  n'y  a  de 
Ivleltre  de  camp  que  dans  ces  deux  coips. 

^fT  Aiiifi  l'on  appelle  prélentemcnt  Mcjlre  de  camp  , 
.prajeclus  cquuum  ,  celui  qui  coinniandc  un  Réyiaiïut 
de  Cavalerie  ou  de  Dragons ,  comme  le  Colonel  com- 
mande un  Régiment  d  Infixnterie.  Prxjcctus  cohonis. 

^fT  On  appelle  Mtjîre  de  camp  général  de  la  Cavalerie, 
rOlKcier  qui  ell  après  le  Culonel  général  Je  la  Cava- 
lerie ,  qui  commande  en  Ion  ablcnce  tons  les  Kegi- 
incns  de  Cavalerie  j  Se  qui  a  un  Régiment  particu- 
lier qui  lui  eft  affeCté ,  lequel  marche  le  tecond  en 
rang. 

^3°  Il  y  a  aulll  un  Mejlre  de  camp  général  de  Dragons. 

ftCT  On  appeloit  autretois  La  Mejlre  de  camp  ,  la  pre- 
mière compagnie  d'un  Régiment  foit  de  Cavalerie  , 
io\t  d  Intancene.  Aujourd'hui  ce  nom  eft  aftedé  à  la 
première  compagnie  d'un  Régiment  de  Cavalerie. 
Centurïa  prima  equicam  ,  prima  equïtum  turma.  Dans 
llntanterie  on  dit  la  Colonelle  ,  ou  compagnie  Co- 
lonelle. 

Mestre  de  Camp.  Terme  de  Fleurifte.  Tulipe  colom 
bin  j  couleur  d'agriote  &c  blanc;  elle  cft  printanière. 

MoRIN. 

IMESTRE- ÉCOLE,  f.  m.  Nom  d'une  ancienne  dignité 
Ecclédaftique.  SckoU  Magijîer.  Jean  ,  Duc  de  Bre- 
tagne fit  exécuteurs  de  Ton  tertament  les  amés  &  féaux 
Confeillers  M.  Robert  de  S.  Pères  ,  &:  Maître  Éon 
de  Roger,  Meftre-École  de  Nantes.  HiJL  de  Brec.  T. 
II.  pag.  4J(). 

MESTRI.  Mefirïana.  C'éroit  anciennement  une  petite 
ville  ,  ou  un  bourg  de  la  balle  Pannonie  ;  maintenant 
ce  n'ell  qu'un  village  de  la  baile  Hongrie  j  lltué  dans 
le  Comte  de  Welprin  j  vers  le  lac  Balaton.  Matv. 

MESTS.  1.  m.  On  écrivoit  ainfi  autrefois.  Voyti^  Mets. 

Mests  de  mariage.  Cïhus  nuptïalis  convivii.  C'eft  un 
droit  qui  ell  dû  en  quelques  endroits  au  Seigneur  :  il 
conlifte  en  ce  que  de  toutes  les  viandes  qui  le  mangent 
aux  noces ,  il  en  eft  du  un  plat  au  Seigneur  j  portable 
en  fa  maifon. 

MESUAGE.  1.  m.  Terme  de  Coutumes.  Maifon  où  on 
loge  J  propre  à  être  habitée.  Domus  habuacioni  ido- 
«e^jdans  la  balfe  Latinité,  mefuagium. 

MESVE  ,  ou  MÉ'VE.  Nom  d'un  bourg  de  France.  Ma- 
fua  ,  AJaJJava.  Il  eft  dans  le  Nivernois  fur  le  bord  de 
la  Loire  j  entre  Briare  &  Nevers. 

MESVENDRE.  Foye^  Mévendre. 

MESVENTE.  Foyei  Mévente. 

MESVOYER.  'Vieux  v.  a.  Déranger,  dérouter.  Poëjîes 
du  Roi  de  Navarre. 

MESURABLE,  adv.  m.  Se  f.  Qui  fe  peut  mefurer.  Men- 
furabUis.  L'objet  de  la  Géométrie  eft  toute  forte  de 
quantité  ,  entant  qu'elle  eft  mefurable.  La  dillance 
du  Firmament  cft  h  grande ,  qu'elle  n'eft  pas  me- 
Jurahle. 

MESURACA,  Mefuraca  ,  autrefois  Reatium.  C'étoit 
anciennement  une  ville  de  la  grande  Grèce  ,  en  Ita- 
lie. Ce  n'eft  maintenant  qu'un  bourg  de  la  Calabre 
ultérieure  ,  environ  à  deux  lieues  de  Belcaftro  du 
côté  du  nord.   Matv. 

MESURAGE.  t.  m.  Action  par  laquelle  on  mefurc,  ou 
par  laquelle  on  examine  ii  la  mefurc  cft  jufte  èc 
bonne.  Aclio  meciendi ,  menjio.  J'ai  acheté  tant  de 
muids  de  blé;  j'en  veux  voir  le  mefurage  ;  je  fuis  con- 
tent du  mefurage. 

Mes UR AGE  ,  lignifie  aulîl  le  droit  Seigneurial  qu'on 
prend  fur  chaque  mefure  ,  &  la  peine  de  celui  qui 
mefurc.  Metiendi  jus  ,  pretlum.  Quand  on  a  achcic 
le  blé  au  marché  ,  il  faut  payer  le  droit  de  mefurage. 
Dans  les  greniers  on  épargne  le  mejurage ,  on  fait 
le  mefurage  foi  même. 

Mesurage  ,  parmi  les  Arpenteurs  ,  fignifie  le  procès 
verbal  de  l'Arpenteur  ,  auquel  eft  ordinairement  at- 
taché le  plan  figuré  de  l'arpentage.  Lorfque  le  mefu- 
rage étoit  défectueux ,  l'Arpenteur  étoit  tenu  des 
dépens  ,  dommages  <Si  intérêts  des  patries  qui  l'a- 
voient  employé.    Injujîa .  meriflonis  mulcla.    École 

DES    ArPFNTEURS. 

MESURE.  1.  f.  Ce 'qui  fert  de  règle  pour  connokie. 


MES 

&i  pour  déterminer  la  grandeur,  l'étjnJuc ,  la  quantité 
de  quelque  corps.  Menfura.  On  attribue  à  Ca'm  1  in- 
vention des  mefures  ,  lur  la  feule  opinion  qu'il  étoit 
avare  àc  avide  du  gain  ;  conjecture  toute  des  plus 
toibles  ,  comme  on  le  voit  ,  de  quelque  côté  qu'on 
la  prenne.  Car  comment  prouver  la  prétendue  avi- 
dité de  Ca'i'n  ;  Et  fecondemcnt  j  les  mefures  font  aullî 
contraires  à  l'avarice,  qu'elles  lui  pourroient  paroitre 
favorables  par  un  endroit;  en  eftet,  fi  elles  empê- 
chent que  le  vendeur  ne  donne  trop,  elles  em- 
pêchent aulli  que  1  acheteur  ne  reçoive  au-deft"ous 
de  ce  qu'il  doit ,  &  de  ce  que  l'.avidité  pourroit  tirer. 
On  dit  que  c'eft  Pythagore  qui  les  introduifit  dans 
la  Grèce. 

La  Mesure  des  longueurs  eft  la  ligne  ou  grain  d'or- 
ge,  le  pouce  contenant  douze  lignes,  le  pied  douze 
pouces  ,  le  pas  géométrique  cinq  pieds  j  la  toife  fix 
pieds,  la  perche  des  Géomètres  dix  pieds;  en  quel- 
c]ues  lieux  elle  va  julqu'à  vingt  deux  pieds  ;  le  ftade 
12;  pas;  le  mille  huit  ftades  ;  la  lieue  Françoife 
trois  nulle.  Et  pour  les  diftances  céleftes  ,  la  mefure 
eft  le  demi  diamètre  de  la  terre  de  ijoo  lieues  ou 
environ  J  en  donnant  25  lieues  à  chaque  degré  du 
grand  cercle.  Il  y  a  aufti  pour  les  étoftes  ,  l'aune  j  la 
canne,  la  verge,  la  brade  ,  qui  (ont  diftértntes,  fé- 
lonies lieux.  Pour  les  lurlaces  ,  l'arpent  de  cent  pcr 
ches  carrées,  l'acre,  le  journal  j  &c.  Pour  les  corps 
lolides ,  le  pied  cube  ,  la  toife  cube.  On  appelle 
mefures  rondes  ,  celles  qui  fervent  à  mefurer  les 
grains  Ik  les  fruits  ,  le  litron  ,  le  boifteau  ,  le  mi- 
not ,  ou  bichet ,  le  fetier  ,  le  muid.  Pour  les  liqueurs  , 
le  tonneau  J  la  pipe  ,  la  barrique;  &  en  détail,  le 
dcmi-letier  J  la  chopine  ,  la  pinte,  la  quarte  j  le 
pot,  la  feuillette.  La  we/ire  d'herbes  en  Médecine, 
le  fait  par  falcicules  ,  manipules  ik  pugilles.  Tous 
ces  mots  feront  expliqués  à  leur  ordre. 

La  Mesure  nouvellement  réglée  de  l'arpentage  des 
Eaux  &c  Forets  ,  eft  de  douze  lignes  par  pouce  , 
douze  pouces  pour  le  pied ,  vingt  deux  pieds  pour 
la  perche  ,  Se  cents  perches  par  arpent.  Cela  fe 
garde  dans  la  mefure  des  bois  qui  appartiennent  au 
Roi  ;  mais  on  n'empêche  pas  qu'on  ne  le  fetve  ailleurs 
dci  mefures  diftérentes  ulitées  dans   chaque  pays. 

L'Ordonnance  du  mois  d'Oclobre  1669.  règle 
l'étalonnage  des  mefures  des  grains ,  farine  ,  légu- 
mes ,  fruits  charbons  ,  &c.  Se  les  anciennes  mefures 
font  abrogées.  Il  eft  ordonné  qu'il  fera  fondu  de 
nouvelles  matrices  qui  feront  gardées  dans  la  cham- 
bre des  Mefurcurs  de  fel  qui  eft  à  l'Hôtel  de  Ville, 
lur  lefquelles  fera  fait  l'épalement  de  toutes  les  me- 
fures de  bois,  qui  doivent  être  marquées  à  la  lettre 
courante  de  l'année.  Les  mefures  de  bois  doivent 
avoir  un  cercle  de  fer  en  dehors  pour  les  cintrer  ,  qui 
fera  appliqué   bord  à  bord  du  fiit  du  minot. 

Les  étalons  des  mefures  doivent  être  en  dépôt 
entre  les  mains  de  l'autorité  publique.  Autrefois  à 
Rome  ils  fe  gardoient  au  Capitole ,  comme  l'inC- 
cription  du  Congius  de  Vefpafien  le  montre.  Fbye^ 
Gruter ,  p.  CCXXIII.  ^.  Enfuite  pour  une  plus 
grande  commodité  ,  'Valentin  ordonna  qu'il  y  en  au- 
roit  en  chaque  quartier  de  la  ville.  Après  Conftan- 
tin ,  les  Empereurs  donnèrent  les  étalons  des  mefu- 
res aux  Papes  ,  pour  en  être  les  dépofitaires ,  &  les 
garder  ;  ou  bien  au  Sénat. 

Les  Mesures  .Romaines  font  amplement  expliquées 
par  le  P.  Monct  au  mot  Mefure. 

Cafimir  ,  Poionois,  dans  fa  Pyrotechnie  ,  fait  un 
dénombrement  général  des  noms  des  mefures  de 
tous  les  peuples  de  l'Europe  ,  tant  anciennes  que 
modernes  ,  &  leur  réduction  à  une  certaine.  Le  Roi 
Philippe  V.  en  l'an  1 521.  avoir  rélolu  de  réduire  tou- 
tes les  mefures  à  une  feule,  aulli  bien  que  les  poids 
&  les  monnoies 

Thévenot  a  donné  un  avis  pour  faire  une  mefure 
générale  ,  en  prenant  pour  principe  les  cellules  des 
abeilles  ,  qui  font  égales  par  toute  la  terre.  Mouton , 
Chanoine  de  Lyon  ,  en  a  donné  un  fort  pl.iuiible  par 
le  moven  d'une  pendule.  Voyc\  fon  livre.  M.  Picard 
a  aUiïI  trouvé  une  meftre  univerielle  d'une  pendule , 


MES 

fur  le  pied  de  laquelle  il  a  mcfuré  11  circonférence 
de  la  terre,  f^oyt:^  ion  livre  fur  la  mefure  de  la  terre. 
Les    Mesures    les  plus   connues   des    Anciens    font 
celles-ci.  Le  doigt ,  digitus /A  en  faut  quatre  pour  faire 
le  palme  ,  palmus  ,  Se  feize  pour  fane  le  pied  ,  pes  ; 
le  (emiscfl:  le  demi  pied  ;le  Ipithanic  chez  les  Grecs, 
cil  de  l'étendue  qu'il  y  a  de  1  extrémité  du  petit  doigt 
à  l'extrémité  du  pouce  j  lortquc  ces  doigts  font  ou- 
verts &  aulll  éloignés  qu'ilspcuvent  l'être  :  les  Latins 
l'appellent  dodrans ,  &c  quelquefois  le  grand  p.alme  , 
palmus  major.  La  coudée ,  cubitus  ,  eft  d'un  pied  & 
demi  ;  le  grejjus  _,  ou  petit   pas ,  de  deux   pieds  ik 
demi  ;  le  pas ,  pajj'us  ,  de  cinq  pieds;  l'aune  ,  ulna , 
cft  de  lix  pieds  ;  la  perche  ,  pertica  ,  de  deux  pas, 
ou  de  dix  pieds  ;   le   pléthre ,  plechrum ,   de  cent 
pieds  ;  le  juger ,  ou  arpent ,  eft  de  deux  cens  qua- 
rante pieds  en  long,  &  de  cent  vingt  en  large;  le 
ftade  ,Jladium  ,  ert  de  cent  vingt  cinq  pas,  qui  font 
fix  cent  vingt-cinq   pieds.   Le  diaule  ,  diaulus ,  com- 
prend   deux  ftades  ;  le  mille  ,    milliarum  ,   eft    de 
mille  pas  ,  ou  de  huit  ftades  ;  le  dolique  ,  dolkhus  , 
,     eft  de  vingt  &  un  ftades.  Les  noms  àcsmefures  mo- 
dernes ,  &  les  noms  des  anciennes  ,  quand  ils  font 
reçus  par  l'ufage  ,  fe  trouvent  à  leur  place  dans  l'or- 
dre alphabétique. 

On  appelle  abfolument  mefure  ,  certaines  quantités 
dont  on  emplit  quelques  vailleaux  qui  n'ont  point 
de  nom  particulier.  Il  faut  donner  deux  mefures 
d'avome  à  votre  cheval.  Les  pauvres  gens  n'achet- 
tcnt  qu'une  mefure  de  fel  à  la  fois ,  qui  eft  un  quart 
de  litron.  Les  Bouchers  vendent  le  fuif  à  la  mefure. 
C'eft  une  jatte  qui  en  contient  environ  cinq  livres 
&  demie.  On  dit  en  ce  fens ,  la  grande  &  la  petite 
mefure  ,  en  parlant  d'un  même  nom  de  mefure  ,  qui 
eft  plus  grande  en  une  Seigneurie  qu'en  l'autre.  Le 
blé  fe  donne  au  moulin  en  mefure  rafe ,  &  on  le 
rend  en  firine  en  mefure  comble.  On  excommunie 
ceux  qui  vendent  à  faux  poids  &  à  faulle  mefure  ; 
ce  qu'on  donne  pour  le  par-delfus  ,  au-delà  de  la 
mefure  réglée,  on  l'appelle  bonne  mefure.  Échantillon- 
ner une  mefure  ,  c'eft  la  rendre  égale  à  la  mefure  qui 
eft  confervée  dans  les  dépôts  publics  j  &  la  faire  mar- 
quer pour  faire  connoître  qu'elle  eft  jufte. 
Mesure  de  Suif,  Pain  de  fuif  pefant  cinq  livres  Se 
demie.  Sebi  menfura  ;  febi  pondo  quinque  cumfcmijfe. 
Après  que  les  Bouchers  ont  fondu  leurs  fuifs ,  ils  en 
rempliiîent  des  terrines  ,  ou  des  febilles  de  bois ,  & 
l'y  laillent  refroidir  ,  ce  qui  forme  dans  chaque  ter- 
rine ,  ou  febille  ,  une  efpèce  de  pain  que  l'on  en 
retire  après  qu'il  eft  alfez  froid  &  endurci.  Chacun 
de  ces  pains  eft  toujours  du  poids  de  cinq  livres  & 
demie  jufte  ;  c'eft  ce  qu'on  appelle  une  mefure  de 
fuif.  De  la  Mare.  Traité  de  Police  ^  Liv.  V.  Tit 
XX.  c.  IX.  T.  II.  p.  12S6. 
Droit  de  Mesure  ,  eft  un  droit  que  différens  Seigneurs 
ont  de  régler  les  mefures  dans  leurs  Seigneuries.  Jus 
Jlatuenda,  ou  definïendis,  menfuri. 

Gréavesdans  Ion  Traité  Anglois  du  pied  Romain, 
imprimé  à  Londres  en  1747.^1.  ^0  ,  6"  ^i .  M.  Pi- 
card, M.  Auzout  &:  M.  Harris  ,  dans  fon  Diétion- 
naire  Anglois  des  Sciences  &  des  Arts  au  mot 
Mesures  ,  ont  donné  des  Tables  des  mefures  an- 
ciennes &  modernes ,  comparées  entr'elles ,  &  de 
leurs  proportions.  Voici  ce  que  l'on  a  trouvé  de  plus 
exad  &  de  plus  sûr. 

Table  des  MefuresVe  dïverfes  Nations  comparées  au  pied 
Romain  ,  tirée  de  Gréaves ,  p.  ^0, 

Suppofant  le  pied  Romain,  du  monument  de  Cof 
futius  àRomc  ,divifé  en  1000  parties  égales  ^  les  au- 
tres mefures  font  en  proportion  avec  ce  pied  en  la 
manière  qui  fuit. 

Le  pied  Romain  du  monu- 
ment   de    Colfutius.  .  .  . 

Le  pied  Romain  du  monu- 
ment de  Statilius  à  Rome. 

Le  pied  Romain  de  Villalpan- 
dus  pris  fur  le  Congius  de 
Tome  y. 


1000. 


looj.  17.  centièmes. 


E 

S         9^3 

1019. 

6;  centièmes. 

1041. 

67  centièmes. 

1104. 

4  y  centièmes. 

1034. 

1 3   centièmes. 

I  ZOl. 

6j  centièmes. 

I06S5. 

2  y  centK-mcs. 

1886. 

2  y  centièmes. 

3306. 

10  centièmes. 

217f- 

S  centièmes. 

198. 

1282. 

2041. 

2I7I. 
7114. 

28y4. 


2  8  centièmes. 
38  centièmes 

37  centièmes. 
GG  centièmes. 
79  centièmes. 

19  centièmes. 


7y9.  55  centièmes. 


M 

Vcfpa/îcn.    '.   \  , 

L'Ancien  pied  Grec  qui  étoit  au 

Romain  comme  2  y  eft  à  24. 

Le  pied  de  Roi  de  Paris.  .  .   . 

Le  pied  d'Angleterre 

Le  pied  de  Vcnife 

Le  pied  du  Rhin  de  Snellius. 
Le  dérath  ou  coudée  d'Egypte. 

L'aris  de  Pcrfe 

La  grande  pique  des  Turcs  à 

Conftantinopic 

La  petite  pique  des  Turcs  à 
Conftantinopic  eft  à  la  gran- 
de comme  31  eft  à  32. 
Le  braccio ,  ou  bras  de  Flo- 
rence  

Le  braccio  de  Siennepourtout. 
Le  braccio  de  Sienne  pour  la 

toile 

Le  braccio  de  Naplcs 

La  canne  de    Naples 

La  vare  d'Almetie  &  de  Cadis 

en  Efpagne 

Le  palme  des  Architeéfes  à 
Rome,  dont  dix  font  la  can- 
ne des  mêmes  Architeftes. 
Le  palme  du  Braccio  des  Mar- 
chands &  des  Tiiferands  à 
Rome.  On  voit  fa  mefure  &: 
la  forme  fur  un  marbre  au 
Capitule  ,  avec  cette  inf- 
criprioii ,  C  v  r  a  n  t  e  lv 

PoEro 

Le  palme  de  Gênes 

L'aune    d'Anvers 

L'aune   d'Amfterdam 

L'aune  de   Leyde 

Table  de  la  proportion  du  pied  de  Paris  ,  avec  les 
mefures  de  différentes  Nations  ;  tirée  de  l'Anglais 
de  Créavss.  pag.  ^i. 

Le  pied  de  Roi  de  Paris  divifé  en  1068  parties, 
dont  chacun  des  douze  pouces  dont  il  eft  compote  , 
en  contiendra  89,  les  autres  mefures  feront  en  pro- 
portion avec  le  pied  de  Paris  en  la  manière  qui  luit. 

Le  pied  de  Paris loCè. 

Le  pied  Romain  du  monu- 
ment de  Coftùtius 967. 

Le  pied  Romain  du  monu- 
ment de  Statilius 972. 

Le  pied  Rom.ain  de  Villalpan- 

dus 980. 

Le  pied  Grec.      .      .      ,     .  1007. 

Le  pied  d'Angleterre.    .    .    .  1000. 

Le  pied  de  Venife.    ,    .     .     .  iiGz. 

Le  pied  du  Rhin  de  Snelius.  1035. 

Le   dérach  ,    ou    la    coudée 

d'Egypte 1814. 


719. 

^4 

centièmes. 

842. 

31 

centièmes. 

2360. 

9' 

centièmes. 

^345- 

40 

centièmes. 

^357- 

13 

centièmes. 

29.  centièmes. 


3197- 


L'aris  de    Perfe. 

La  grande  pique  des  Turcs 
à  Conllantinople.     .     .    . 

La  petite  pique  des  Turcs  à 
Conftantinopic  eft  à  la 
grande  comme   31    332. 

Le  braccio  de  Florence. 

Le  braccio deSienne  pour  tout. 

Le  braccio  de  Sienne  pour  la 
toile 

Le  braccio  de  Naples. 

La  vare  d'Almérie  &  de  Gi- 
braltar ui  Efpagne. 

Le  palme  des   Architeéles  à 

Rome 732. 

Le  palme  du  braccio  des  Mar- 
chands &  des  TilFcrands  à 
Rome 695.   I  deux 

Le  palme  de  Gênes.        .        .     81  y. 

Ffffff  ij 


1913. 
1242. 

1974. 
6880. 

2760. 


9^4 


MES 


656. 


L'aune  d'Anvers.  .  .  .2285. 
L'aune  d'Amfterdam.  .  .  2268. 
L'aune  de  Leydc.      .      .      .  2260. 

Proportion  de  plujicurs  mefur»s  entr  elles 
par  M.  Picard. 

Le  pied  de  Paris  fuppofé    de.     720. 

Le  pied  du  Rhin  ,  ou  de  Ley- 

de  oblervc  par  M.  Picard.     6^6. 

La  perche  du  Rhin  contenant 

12  pieds. 
Le  pied  de  Londres.      .      .     675-.   i   deuxième. 
Le  pied  Danois    oblervé  par 

M.  Picard.         .         .        .     701.  8  dixièmes. 

L'aune  Danoife  contenant  2 
pieds.         .         ■         .       . 

Le  pied  de  Dantzick  pris  par 
proportion  fur  celui  de 
Leyde  du  L.  L  de  la  Sélé- 
nograpliie  d  Hcvchus.    .    , 

Le  pied  de  Lyon  fur  une  ob 

fervation  de  M.  Auzout.         7;7.  2  croifièmes. 

Le  pied  de  Boulogne  par  le 

même.  .  .  .845. 

Le  bracce  de  Florence  obfervc 
par  le  même  j  &  le  P. 
Merfenne.        .  .         .1 290. 

Le   pied  de  Suède.  .        .     658.   i   quatrième. 

Le  pied    de    Bruxelles.     .     .     609.   3.  cinquièmes. 

Le  pied  d'Anifterdam  pris  fur 
celui  de  Leyde,  félon  Snel- 
lius.         ....     629. 

Le  palme  des  Architedes  à 
Rome  obfervé  par  Mef- 
lîeurs  Picard  &:  Auzout.  .     494  i  quatrième. 

La  canne  des  Architedtes  con- 
tient dix  palmes. 

Le  pied  Romain  du  Capitole 
examiné  par  Meilleurs  Pi- 
card &  Auzout.        .        .     655.ou6;5.   I  deux. 

Le  même  prislur  le  piedGrec.     6j2. 

Car  ce  nombre  652.  pour  le  pied  Romain  du  Capi- 
tole convient  parfaitement  avec  le  pied  Grec  qui  cft 
679.  félon  la  proportion  de  24  à  25  ;  mais  parce 
que  félon  Gréaves ,  le  pied  d'Angleterre  ell  au  pied 
Romain  ,  comme  1000  à  967,  il  s'enfuit  que  le  pied 
Romain,  ell  dans  l'état  qu'il  ell,  de  6jj  parties 
plus  {. 

Le  pied  Romain  de  Villalpan- 
dus  pris  lur  le  Congius , 
félon  Riccioli.         .  .     66^.  2  quinzièmes. 

Le  pied    Romain  du    monu- 
ment   de  Satilius.  .         .     6jj.   i   deuxième. 

Le  pied  Romain  de  la  Vigne 

Mattei.  .  .  .     6;/.   i   deuxième. 

Le  pied  Romain  pris  du  Pal- 
me- ^       •         •         •         .     658.   5  quatrièmes. 

Ou    près    de        .  .  .     6^c). 

Le  pied  Romain  tiré  fur  les 
pavés  du  Panthéon  -,  en  les 
fuppolant  de  dix  pieds  Ro- 
mains. .  .  .655. 

Le  pied  Romain  tiré  d'une 
bande  de  marbre  du  même 
pavé ,  en  les  fuppofant  de 
trois  pieds  Romains.     .     .     6jo. 

Le  pied  Romain  pris  lur  les 
portes  du  même  temple  , 
en  les  fuppofant  de  10 
pieds  Romains  de  large.     .     661.   1  troifieme. 

Le  pied  Romain  pris  lur  la 
pyramide  de  Ccflius  ,  en 
la  (uppofant  de  95  pieds 
Romains.         .  .         .     653.   i  deuxième. 

Le  pied  Romain  pris  fur  le  dia- 
mètre des  colonnes  pris  de 
l'arc    de  Scptime    Sévère.     653.   i   troifiènie. 

Le  pied  Romain  pris  iur  la 


MES 

bande  de  porphire  du  pavé 

du  Panthéon.  .  .      6/3.   i   troifiètnc. 

Ceci  ell  pris  des  divers  ouvrages  de  Mathématique 
&  de  Phyfique  pat  Meilleurs  de  l'Académie  Royale 
des  Sciences  à  Paris  ,   1673.    iri-fol.  36 p  ,  Se  36 j. 

Mesures  prifes  fur  les  Originaux  ,  &  comparées  avec 
le  pied  du  Chàtelet  de  Pans  ,  par  M.  Au-^out. 

Le  pied  de  Paris  divilé  en  1440  parties  égales, 
c'cll-à  dire  ,  chaque  ligne  en  dix  parties,  c'ell  fur 
cette  mefure  que  les  fuivantes  lont  réduites. 

Le  palme  de  Rome  pris  au  Capitole ,  contient 
988  Y  ou  8  pouces   2  lignes  8  7  parties. 

Celui  des  paliers  cft  quelquefois  un  peu  plus  grand  , 
&:  fait  8  pouces  trois  lignes.  Le  pallet  ell  une  me- 
fure de  buis  qui  contient  ordinairement  5  palmes  ,  & 
qui  ell  laite  de  plufieurs  pièces  ;  qui  font  jointes  en- 
femble  par  des  clous  ,  pour  pouvoir  fe  plier  &  fe 
porter  commodément. 
Le  palme  ell  divilé  en  12  onces,  &  l'once  en  5  minu- 
tes, ce  qui  fait  60  minutes  au  palme  :  on  ne  le  fert 
point  d'une  plus  petite  divilion;  lo  palmes  font  la 
canne  qu'on  nomme  d'Architedte. 
Le  pied  Romain  ,  que  l'on  nomme  ancien  ,  qui  efl: 
celui  de  Lucas  Poëtus  ,  pris  au  même  lieu  ,  Contient 

I  306  ,  ou  1 507  parties.  Il  cft:  un  peu  trop  petit ,  puif- 
que  le  palme  devant  être  les  trois  quarts  du  pied  , 
ou  I  2  doigts  des  1 6  qui  compofent  tout  le  pied  ,  il 
devroit  contenir  y  luivant  la  première  melure  ,  1 3 1 8 
parties. 

Il  relie  à  Rome  deux  pieds  antiqufs  fur  des  fépulcres  de 
Mallon  ,  ou  d'Architeéles  ;  l'un  dans  le  jardin  de  Bel- 
védère ,  &  l'autre  dans  la  'Vigne  Mattei  j  &  quoique 
les  divilions  en  loient  mal  faites  &  inégales  ;  on  peut 
pourtant  luppofer  que  le  total  en  cil  bon.  Celui  de 
Belvédère  contient  i  5  1 1  parties  j  ou  bien  10  po.  1 1  I. 
S<.  1  partie  ou  ts.  Et  celui  de  la  Vigne  Mattei  en  con- 
tient 1 3 1  5  ,  ou  bien  i  j  po.  1 1  i.  j  parties  î  ligne  ;  &: 
comme  ils  peuvent  être  un  peu  diminués  lur  les  bords  , 
on  peut  les  ellimer  égaux  à  1 6  onces  du  palme  mo- 
derne. 

Par  toutes  ces  mefures  on  peut  prendre  l'aune  de  Paris 
pour  4  pieds  Romains  antiques. 

Le  pied  Grec  pris  au  Capitole  a  1 558  parties,  ou  bien 

I I  po.  3  1.  8  parties  ,  étant  au  Romain  comme  2/  à 
24  ,  comme  l'on  déduit  ordinairement  de  diîlérence 
de  leurs  ftadeSjdont  l'une  contenoit  600  pieds.  Se 
l'autre  Gi^.  Le  pied  Romain  étant  i  306  ou  1 307 ,  le 
pied  Grec  feroit  1565  ^  i  li  le  Romain  étoit  1 3 1  j  ,  le 
Grec  feroit  1369  H,  toujours  plus  grand  que  celui 
du  Capitole ,  marqué  par  Lucas  Poëtus. 

Nota.  Le  pied  qui  efl:  à  Belvédère  fur  le  tombeau  de  T. 
Statilius  Menfor  ,  efl  divifé  en  palmes  &c  en  doigts  ;  la 
divilîon  en  efl  mal  faite  &:  grollîère;  l'autre  qui  efl 
dans  la  vigne  Mattei  fur  un  autre  tombeau  de  Coflu- 
tius  ,  n'ell  point  divifé  en  doigts.  Il  efl  à  croire  que  M 
Lucas  Poëtus  avoit  marqué  le  pied  Romain  &:  le  pied  ^ 
Grec  de  jufle  proportion  ,  mais  qu'à  force  de  prendre 
le  pied  Romain  ,  on  l'a  augmenté.  Si  le  Romain  étoit 
6  j2  J  le  Grec  feroit  679  ^. 

Le  palme  des  Marchands ,  dont  8  font  la  canne^dont  on 
fe  fert  pour  mefurer  toutes  les  étoffes  ,  a  1102  4  ,  par- 
ties ,  ou  bien  9  po.  2  ;;  de  ligne.  La  canne  faifant  juf- 
temcnt  6  pieds,  i  po.  6  lig.  elle  revient  à-peu  près  à 
une  aune  2  tiers  de  celle  de  Paris. 

Le  palme  &  la  canne  de  Rome  pour  les  Marchands ,  efl 
précifément  le  pan  Se  la  canne  dont  on  fe  lert  à 
Montpellier. 

Le  palme  de  Naples  pris  fur  l'original  ,  a  i  i<ji  ou  1161 
parties ,  ou  bien  9  po.  8  1.  i  ou  2  parties. 

La  brade  de  Florence  prife  à  la  mefure  publique  contre  la 
prifon  ,  2580',  2f8i  parties,  c'efl-à-dire ,  i  pied  9 
po.  Se  6  1.  ou  une  partie  davantage  -,  mais  le  premier 
efl  plusjufl:e. 

Le  pied  de  Boulogne  ,  pris  dans  le  Palais  de  la  Vicairie , 
a  1 686  parties,  ou  bien  i  pied  2  po.  &  6  parties. 

Le  bras  pris  au  même  lieu,  a  2826  parties  ,  ou  bien  i 
pied  1 1  po.  6  1.  ce  qui  ne  fait  pas  juflement  j  pieds  de 


MES 

•5  bras ,  comme  le  riippofc  le  P.  Riccioli. 
Le  bras  de  Modcne  a  18 1  i  i  parties ,  ou  bien  i  pied  1 1 

po.  j  J.  I  quanième. 
Le  bras  de  Parme  pris  auprès  du  Dôme  ,  a  2J26  parties, 

ou  bien  1  pied  9  po.  6  parties. 
Le  bras  de  Lucqucs  a  z(5i  /  parties  ,  ou  bien  i  pied  9  po. 

9  1.  J  parties. 
Le  bras  de  Sienne ,  pris  fur  la  canne  publique  qui  eft  pofce 

liorizontalemcnt  {ous  l,i  loge  de  l'Hôtel-de-ville  ,  & 

qui  contient  4  bras  ,  a  2667  parties  ,  ou  bien  un  pied 

I  o  po.  2 1.  cV  7  parties. 

Le  pied  deMilanprisliirletrabocode  bois  oùoncprou 

ye  les  mclures ,  a  1 760  parties  ,  ou  bien  un  pied  2  po. 

8  1.  &  le  bras  .dont  le  pied  fait  les  deux  tiers ,  a  2640 

parties,  ou  bien  i  pied  10  pouces. 
Le  pied  de  Pavie,  pris  fur  la  canne  deferquieft  à  la  porte 

du  Dôme,  a  20S0  parties  ,  ou  bien  i  pied  f  po.  4I. 

Se  le  bras  ,  dont  il  ell  les  trois  quarts,  a  2780  parties, 

ou  I  pied  I  po.  2 1. 
Le  pied  de  Turin  pris  furie  même  de  cuivre  qui  eft  dans 

l'Hôtel  de-Ville,  a  2  274  parties,  ou  bien  un  pied  6po. 

I I  1.  4  parties. 

Le  pied  de  Lyon  contient  i  j  i  j  6c  f  de  parties ,  ou  bien 
I  pied  7  lignes  &  i|. 

La  toife  contient  7  pieds  7. 

L'aune  de  Lyon  contient  3  pieds ,  7  pouces  ,  S  lig.  &  5 
parties. 

Telles  font  les  mefures  données  par  M.  Auzout  dans  les 
divers  Ouvrages  de  Meilleurs  de  l'Académie  des  Scien- 
ces i6ç)^.p.  j6S  ,  ^<> p  ,  jjo. 

Table  de  différentes  Mesures  exactement  compare'es 
avec  le  pied  Anglais  ,  divifé  premièrement  en  1000 
parties  égales  ,  puis  en  pouces  &  en  dixièmes  parties 
de  pouces  ;  tirée  du  Dictionnaire  Anglais  des  Arts 
&  des  Sciences  de  Manfleur  Harris ,  T,  I.  au  mot 
Mefures. 

Le  pied  de  Londres. 

Le  pied  de  Paris.  .    . 

Le    pied    d'Amfter- 
dam.     .     .     .     , 

Le  pied  de  la  Brille. 

Le  pied  d'Anvers.    . 

Le  pied  de  Dort.     . 

Le  pied  du  Rhin  ,  ou 
de  Leyde.  .     .     . 

Le  pied  de  Lorraine. 

Le  pied  de  Malines. 

Le  pied  de  Middel- 
bourg 

Le    pied    de     Straf- 
bourg 

Le  pied  de  Brcmen. 

Le  pied  de  Cologne. 

Le  pied  de  Francfort 
(ur  le  Mein.    .     . 

Le  piedd'Efpagne,    . 

Le  pied  de  Tolède.   . 

Le  pied  Romain, 

L'an- 


MES 


1000 1 2  pouces. 

1 068. ou  I  pied,  opo.  8  dix.  depo. 


942. 
1 103. 

946. 
1184. 

1055. 
958. 
919. 

991. 

920. 
964. 

9)4- 
948. 

lOOI. 

899. 
967. 


ip. 


ip. 


ip. 


ip. 


1 1  po.  3  dixièmes. 

I  po.  2  dixièmes. 

1 1  po.  3  dixièmes. 

.  2  po.  2  dixièmes. 

.  opo. 4 dixièmes. 
,  1 1  po.  4  dixièmes. 
.  1 1  po. 

,  10  po.  9  dixièmes. 

.  1 1  po. 

.  1 1  po.  6  dixièmes. 

•  1 1  po.  4  dixièmes. 

,  1 1  po.  4  dixièmes. 

,  10  po.  7  dixièmes, 
,  1 1  po.  6  dixièmes. 


cien 
pied 
Ro- 


fCoflfutius. 
uStatius 
main 
de 
Le  pied  de  Boulogne 

en  Italie. 
Le  pied  de  Mantoue.   1569 
Le  pied  de  Venife.    .   1162. 
Le    pied    de    Dant- 

zick 

Le  pied  de   Copen- 
hague  

Le  pied  de  Prague. 
Le  pied  de  Riga. 
Le  pied  de  Turin.  . 
Le  pied  Grec.  .  . 
Le  pied  de  Paris  , 
félon  M.  Bernard. 
Le  pied  univerfel.    . 


972. 


1204. 


944. 


.  1 1  po.  7  dixièmes. 


ip. 
I  p. 
ip. 


.  2  po.  4  dixièmes. 
,  6  po.  8  dixièmes. 
.   I  po.  9  dixièmes. 

1 1  po.  3  dixièmes. 


9^5* 


96;. 

1026. 

.  I  p. 

.  1 1  po.  6  dixièmes. 
.    opo.  3  dixièmes. 

I85I. 

.  ip. 

.    9  po.  9  dixièmes. 

1062. 
1007. 

.  ip. 
.  ip. 

.  0  po.  7  dixièmes. 
.    0  po.  I  dixième. 

1066. 

1089. 

12.6c). 

2273. 

lldo. 


190;. 
2260. 
1908. 


2217. 

954- 
io|3. 
2147. 
1903. 

1913. 


7JI 


?P- 
2  p. 

2  p. 

2  p. 

3P- 
ip. 

ip. 
2  p. 

1  p. 

2  p. 

ip. 
2  p. 
ip. 


.  1 1  po.  7  dixièmes. 
,    o  po.  8  dixièmes. 

.    3  po.  2  dixièmes. 
.    o  po.  2  dixièmes. 

.    3  p.  I  dixième. 
.    9  po.  9  dixièmes. 

10  po.  8  dixièmes. 
.    3  po.  i  dixième. 

.    9  po.  8  dixièmes. 

.    3  po.  3  dixièmes. 

1 1  po.  4  dixièmes. 
.  o  po.  6  dixièmes. 
.   3  po.  7  dixièmes. 

I  o  p.  8  dixièmes. 


I   p.  II   pouces. 


9  pouces. 


3  pieds. 


L'ancien  pied  Ro- 
in.iin 970 

Le    pied   de    Boulo-' 
gne,  félon  M.  Au- 
zout  1140, 

L'aune  de  Lyon.      .   3976. 

L'aune  de  Boulogne.   2o;(5. 

L'aune  d'Amlter- 
dam 

L'aune  d'Anvers. 

L'aune  du  Rhin  ou 
de  Leyde.   . 

L'aune  de  Francfort.   1826 

L'aune  de  Ham- 
bourg  

L'aune  de    Leiping. 

L'aune  de    Lubeck. 

L'aune  de  Nurem- 
berg.    .... 

L'aune    de    Bavière. 

L'aune  de  Vienne.    . 

L'aune  de  Boulogne. 

L'aune  de  Dantzick. 

L'aune  ,  ou  braccio 
de  Florence.    . 

Le  palme  d'Efpa- 
gnc  ,oude  Caltil- 
ïe 

La  vare  ou  verge 
d'Elpagne  ,  con- 
tenant 4  palmes.   3001. 

La  vare  de  Lisbon- 
ne  

La  vare  de  Gibraltar 

La   vare  de  Tolède.   268  j 

Le  palme  de  Naples. 

Le  braccio  de  Na- 
ples.     .... 

La  canne  de  Naples. 

Le  palme  de  Gênes. 

Le  calamus  de  Mi- 
lan  

La  coudée  de  Parme. 

La  coudée  de  la  Chi- 


La  coudée  du  Carre. 

L'ancienne     coudée 
de  Babylone.    .    . 

L'ancienne     coudée 
Grecque.    .     .     . 

L'ancienne      coudée 

Romaine i  p.  .  j  p.  496milhèm. 

La    pique    de  Tur- 
quie  2200.     .  2  p.  .  2  po.  4dixièmes. 

L'arach  de  Perfe.     .3197.     .   3  p.  .  9  po.  3  dixièmes. 

C!3°  Mesure.  Se  prend  quelquefois  pour  la  chofe  mefu- 
rée  ,  pour  la  quantité  comprife  dans  le  vailleau  qui  ferc 
de  mefure  pour  vendre  en  détail.  C'eftainfi  qu'on  dit , 
une  mefure  de  fel ,  une  mefure  d'avoine  ,  pour  dire  un 
litron  &  unpicotin.  Faire  donner  une  mefure  d'avoine 
à  Ion  cheval. 

Mesure  ,  en  Géométrie  &  en  Arithmétiquej  fe  dit  d'u- 
ne certaine  quantité ,  qui  ,  étant  répétée  un  certain 
nombre  de  fois  ,  devient  égale  à  une  autre  grandeur  j 
à  laquelle  on  la  rapporte.  Pars  aliquata.  4.  eft  la,' 
mefure  de  20  ,  étant  répété  5  fois;  j  eftaulîi  la  mefure  de 
20  ,  étant  répété  4  fois.  7  ne  peut  être  la  mefure  de  20 , 
mais  bien  de  2 1  ou  de  28  ,  étant  répété  trois  ou  quatre 
fois. 

1)3°  Comme  cette  définition  répond  feulement  à  l'idée 
aliquotCjOn  pourroit  dire  d'une  façon  plus  générale 
que  la  mefure  eft  une  certaine  quantité  qu'on  prend 
pour  unité  ,  &  dont  on  exprime  les  rapports  avec  d'au- 
tres quantités  homogènes. 

On  dit  que  deux  nombres  ont  une  mefure  com- 
mune,  quand  le  même  nombre  les  peut  mcfurerj, 
comme  de  20  &  40.  la  mefure  commune  eft  j  ^ 
étant  répétée  quatre  fois  pour  le  premier  nombre  ,  &c 
huit  pour  le  fécond.  Ainfi  tous  les  nombres  entiers 


2750. 

.  2  p. 

,    9  pouces. 

2760. 

.  2  p. 

.    9  po.  I  dixième. 

268;. 

.   2p. 

.  S  po.  2  dixièmes. 

361. 

.    9  po.  6  dixièmes. 

2000, 

.   2  p. 

.     I  po.  2  dixièmes. 

6880. 

.  6p. 

10  po.  5  dixièmes. 

S30. 

.     . 

.    9  po.  6  dixièmes. 

6j44. 

.   6p. 

.   6  po.  J  dixièmes. 

i86<î. 

.   ip. 

;  0  po.  4  dixièmes. 

ioi6. 

.    ip. 

.  6po.  2  dixièmes. 

1824. 

.    ip. 

.  9  po.  9  dixièmes. 

•       • 

.   ip. 

.  6  p.  24ccntièm. 

. 

•   IP- 

.  6  p.  1 3  centièm. 

1^66  MES 

fonr  commenfiirables  ,  parce  que  leur  mefure  com- 
mune ell  l'unité  ;  mais  toutes  Jes  lignes  ne  le  (ont  pas. 
Le  côté  du  carré  &  fa  diagonale  ne  peuvent  jamais 
avoir  de  mefure  commune  :  iSc  c'eft  pourquoi  on 
appelle  ces  lignes  Incommenfurables.  Voyez  Euclyde, 
Livre  i  o. 

On  dit  en  Philofophie  ,  que  le  temps  eft  la  me- 
fure du  mouvement ,  Tempus  efl  menfura  motûs  ;  &  , 
au  contraire  ,  dans  la  Mécanique  j  on  (e  lert  du  mou 
vemcnt  pour  melurer  le  temps  ,  comme  on  voit  dans 
"les  machines  j  horloges  ,  pendules  ^  cleplydres  ^  &c. 
Mesure  ,  le  dit  chez  les  Artilaiis  ,  de  l'oblervatioii  & 
marque  qu'ils  font  d'une  certaine  étendue  ,  pour  y 
joindre  ou  y  appliquer  quelque  ouvrage  manuel  qui  y 
convienne.  Dans  ce  cas  ,  mefure  répond  à  dïmenfion. 
Menfura  ,  menfio.  Ainfi  un  Appareilleur  prend  la 
mefure  des  pierres  avec  fon  compas  &  la  règle.  Un 
Cordonnier  prend  la  mejure  des  louliers  avec  fon 
compas  j  &c. 

Les  Tailleurs  appellent  mefure ,  une  longue  bande 
de  parchemin  ou  de  papier  ^  tur  laquelle  ils  marquent 
toutes  les  longueurs  &  les  largeurs  de  l'habit  qu'ils 
veulent  faire.  Acad.  Fr. 
|CF  Mesure,  en  Poëfie  ,  fe  dit  de  l'arrangement  &  de 
la  cadence  d'un  certain  nombre  de  lyllabes  qui  com- 
pofent  un  vers.  C'eft  un  efpace  qui  contient  un  ou 
plufieurs  temps.  Si  un  temps  ell:  l'efpace  dans  lequel 
on  prononce  une  fyllabe  longue  ,  le  demi-temps  fera 
pour  une  lyllabe  brève.  Les  mefures  (ont  compofées 
de  ces  temps  &  demi  temps ,  Se  les  vers  fontcompolés 
des  mefures.  Menfura ,  tempus  ,  duratio.  Les  vers  hexa- 
mètres ,  pentamètres,  ïainbiques,  iaphiques,  font  de 
diftérentes  mefures.  Les  mefures  des  vers  François  lont 
les  pieds ,  ou  certain  nombre  de  lyllabes.  D'abord  il  n'y 
avoit  nulle  mefure  fixe  ;  fans  autre  règle  ,  l'on  parta- 
geoit  les  paroles  en  portions  égales.  L'oreille  feule 
en  faifoit  le  partage  pour  former  une  clpèce  de  ca- 
<lence.  Enluite  on  inventa  les  pieds,  qui  devinrent  la 
melure  des  vers.  ^fT  k'mh  mefure  &C  pied  font  ici  ly- 
nonymcs.  L'hexamètre  a  lix  mefures  ou  pieds.  Le 
Pentamètre  en  a  cinq.  Voye\  les  autres  mots  à  leur 
place. 

Chez  les  Maîtres  en  fait  d'armes  ^  on  appelle  Etre 
à  mefure  ,  quand  on  juge  que  la  diftance  qui  {épare 
de  l'ennemi  ell  telle  ,  qu'on  lui  puille  porter  un  coup 
de  p;cd  ferme,  ou  autrement  ;  ce  qui  arrive,  quand 
du  demi  fort  de  l'épée  on  peut  toucher  le  toible  de 
celle  de  l'ennemi  {ans  bouger  le  pied  droit ,  ni  avan 
cer  le  gauche  ,  &  la  mefure  pour  palier  lur  l'enne- 
jni  j  c'eft  quand  les  deux  foibles  des  deux  épées  fe 
touchent,  &  celui  qui  de  fon  fort  pourra  toucher  le 
foible  de  quelque  épée  que  ce  foit  ,  fera  toujours 
dans  h  mefure.  F.C?  En  un  mot ,  être  à  la  mefure  ^  c'elf 
être  en  diftance  pour  parer  ou  pour  porter  un  coup. 
Etre  hors  de  mefure  ,  c'eft  n'être  pas  à  la  diftance  qu'il 
faut  pour  le  porter  ,  ou  pour  le  recevoir. 

On  dit  aullî  ^  rompre  la  mefure  ;  pour  dire,  faire 
manquer  le  coup  de  (on  ennemi  en  fe  reculant.  Re- 
venir à  la  mefure.  Serrer  la  mefure ,  c'eft  avancer  fur 
(on  ennemi  ,  le  preller.  Lâcher  la  mefure  ,  c'eft  re- 
culer. 
Mesure  ,  en  termes  de  Mufique  ,  ^3"  eft  le  mouve- 
ment qui  fert  à  marquer  le  temps  &  les  intervalles 
qu'il  faut  garder  dans  le  chant  ;  c'eft  Pelpace  du 
temps  qu'on  met  à  haulfer  &  à  b.TJlFcr  la  main  pour 
conduire  les  mouvemens  du  chant  ,  (elon  le  genre 
de  mufiquc  ,  ou  le  (ujet  qu'on  chante  ou  qu'on  joue. 
Battre  la  mefure.  Obferver  la  mefure.  Chanter  ,  jouer, 
aller  de  mefure.  Hâter  ,  prelfer  ,  ralentir  la  mefure. 
Nuw.erus  ,  modulatio  ,  moderatio.  La  mefure  contient 
ordinairement  une  (econde  d'heure,  qui  eft  environ  le 
temp'.  du  battement  du  pouls  &  du  cœur  :  de  lortc  que 
lafyftole,  ou  contraèlion  du  cœur  répond  à  l'éléva- 
tion de  la  main  ;  &:  fa  diaftole  ou  dilatation  ,  à  l'abaif 
femcnt.  Elle  dure  environ  autant  de  temps  qu'un  pen 
dulededeux  pieds  &  demi  de  long  en  emploie  à  faire 
un  tour&:  un  retour. 
ia  Mesure  fe  règle  fuivant  laditFcrentc  qualité  ou  valeur 
des  notes  de  Mulique  ^  félon  kfquelles  on  marque  le 


MES 

temps  qu'il  faux  donner  à  chaque  note.  Par  exemple ,' 
la.femi-èrève  dure  un  lever  Se  un  bailler  ,  &  c'eft  la 
mefure  entière.  La  minime  j  qu'on  nomme  blanche  , 
dure  un  lever  ou  un  bailler ,  Se  la  noire  dure  la  moitié 
d'un  lever  ou  d'un  bailler ,  parce  qu'on  en  fait  tou- 
jours quatre  à  la  mefure. 

La  ^\.h3VK^  binaire  j  ou  t/o«We  ,  eft  celle  où  le  lever  &z  le 
bailler  de  la  main  font  égaux. 

La  Mesure  ternaire  ,  on  triple ,  eft  celle  où  le  frapper  eft 
double,  ou  deux  fois  plus  long  que  le  lever  ,  pendant 
laquelle  on  chante  deux  notes  blanches  en  frappant  , 
&  une  en  levant  :  Se  pour  ce  fujet  on  met  le  nombre 
de  trois  au  commencement  des  règles  ,  lorlqu'on 
chante  la  mefure  ternaire  ,  &  un  c  tranché  lorfqu'clle 
eft  binaire  ,  ou  égale. 

Ce  lever  ou  bailfer  de  la  main ,  s'appeloit  chez  les 
Grecs  ,  «ot?  Se  Swïî.  S.  Auguftin  l'appelle  Plaufus , 
Se  les  Elpagnols  compas. 

La  pleine  Mesure  ,  eft  celle  pendant  laquelle  on  chante 
quatre  notes  \  comme  aux  allemandes  ,  aux  gigues , 
&c.  Et  on  dit  qu'un  homme  joue  de  mefure  ,  quand  il 
obferve  ces  mefures  Se  ces  temps.  §3°  Dans  la  dan(e  , 
on  dit  de  même  dan("er  de  mefure  ,  ob(erver  exaéte- 
ment  tous  ces  temps  en  danfant. 

En  termes  de  Manège  ,  on  le  dit  auffi  des  temps  , 
des  mouvemens  ,  des  diftances  qu'il  faut  obferver  , 
comme  des  cadences  pour  taire  agréablement  cet 
exercice. 

§3"  Mesure  ,  fe  dit  figurénient  dans  le  fens  moral  , 
pour  précautions  qu'on  prend  ,  moyens  que  l'on 
combine  pourarriver  au  but  qu'on  fe  propofe.  C'eft 
un  plan  ,  un  arrangement  de  moyens  pour  l'exécu- 
tion d'un  delFein.  Il  avoit  pris  fes  mefures  pour  acqué- 
rir cette  charge  -,  il  avoit  mal  pris  fes  mefures  ,  il 
avoit  pris  de  fauifes  mefures.  Dans  les  atfaires  im- 
portantes ,  il  faut  bien  prendre  fes  mefures  pour 
n'être  point  embarrafté  pat  les  difficultés  qui  peu- 
vent naître  de  la  nature  Se  des  circonftanccs  de  l'af- 
faire ,  ni  arrêté  par  les  obftacles  qui  peuvent  venir 
d'une  caufe  étrangère. 

IfT  Rompre  les  mefures  de  quelqu'un ,  lui  faire  perdre  (es 
mefures  ;  c'eft  rompre  tous  fes  delleins  Se  empêcher 
qu'ils  ne  réullilfent.  La  perte  de  la  bataille  a  rompu 
toutes  les  mefures  du  Général.  On  rompt  les  mefures 
de  la  convoitife  ,  Se  l'on  (auve  la  fragilité  d'une  fem- 
me en  la  févrant  avec  prudence  des  compagnies  qui 
pourroient  coirompre  (es  mœurs. 

03°  Mesure  ,  fe  prend  encore  pour  modération, vertu, 
qui  nous  fait  garder  un  jufte  milieu  en  toutes  choies. 
Modus.  Il  y  a  en  toutes  chofes  ,  même  dans  la  ver- 
tu ,  une  certaine  mefure  qu'il  faut  remplir  ,  mais 
qu'il  ne  fiut  pas  combler.  Il  y  a  deux  extrémités 
contraires  à  éviter  ;  le  défaut  Se  l'excès.  Entre  ces 
deux  extrémités  ,  il  y  a  un  certain  point  marqué  par 
la  nature  ,  un  point  fixe.  Qubd  ultra  citraque  nequit 
confijlete  rectum.  Cum  fit  ubique  \irtutis  modus,  dit 
Sénèque  ,  ttquè  peccat  quod  excedit ,  quam  quod  dé- 
ficit. Nous  devons  donc  garder  de  julles  mefures  en 
tout  ;  avoir  toujours  la  règle  à  la  main  pour  mefurer 
la  carrière  que  nous  devons  remplir  dans  le  monde, 
&  le  compas  pour  la  circonfcire  dans  les  bornes  où 
la  railbn  nous  ordonne  de  nous  renfermer.  La  multi- 
tude ne  garde  d'ordinaire  aucunes  mefures  ni  pour  le 
mal,  ni  pour  le  bien  S.  Evr.  Voyez  Modus.  Un 
homme  fans  règle  Se  fans  mefure  ,  qui  n'a  ni  règle  ,  ni 
mefure  ,  eft  un  homme  qui  ne  fe  retient  fur  rien  ,  ex- 
cellîf,  déréglé  en  tout ,  panicuUèremcnt  au  fujet  de  la 
dépenle. 

0Cr  Ne  point  garder  de  mefure  avec  quelqu'un ,  c'eft 
n'avoir  aucun  ménagement,  aucun  égard  pour  lui. 

En  Théologie ,  on  dit  que  Dieu  a  créé  toutes  chofes 
avec  poids,  nombre  Se  mefure. 

"Pondère  ,  menfura ,  numéro  ,  Deus  omniafecit. 

Que  du  fini  à  l'infini ,  il  n'y  a  ni  mefure ,  ni  propor- 
tion ;  que  la  miféricorde  de  Dieu  eft  (ans  bornes  Se 
fans  mefure  ,  que  J.  C.  n'a  pasreçu  l'efprit  par  mefure; 
que  chacun  fe  doit  conduire  lelon  la  mefure  de  (a  foi. 


MES 

il  fout  que  cli.icuii  connoiire  l.i  mcfurc  des  Jons  qu'il 
a  reçus  de  Dica.  Nie.  Les  règles  ne  peuvent  rcilrtircr 
ceux  qui  n'ont  reçu  qu'une  médiocre  mefure,  de  Cens 
commun.  S.  Evr. 

On  dit  aulli  d'un  gtAnd  fcélcrat ,  que  l.i  inefure  croit 
pleine  ,  loilquc  les  crimes  ont  enfin  .urirc  fur  lui  la 
juftice  de  Dieu  ,  ou  des  hommes.   Qumd  Uicu  en 
voy.i  le  déluge  lur  la  terre  ,  la  inefure  étoit  pleine  ,  la 
mefure  étoit  comble. 

fl3'  Mesure.  Se  dit  encore  du  tour  ,  de  la  proportion 
&  de  li  juftellc  des  penlécs.  Modus  ,  proponio.  La 
védtable  grandeur  d'une  penfce  ,  doit  avoir  de  jullcs 
mefures.  Tout  ce  qui  excède  ,  cil  hors  des  règles  de 
la  perfeAion.  De  tous  les  Ecrivains  ingénieux  ,  ce- 
lui qui  fait  le  moins  réduire  fcs  pentces  à  la  mcfurc 
que  demande  le  bon  fens  ,  c'efi:  Sénèque.  Boun.     , 

ffT  Mesure.  Se  dit  encore  à  peu-près  dans  le  même 
fcns  de  ce  qui  eft  étudié  ,  compallé.  On  dit  d'un 
homme  circonfpeiil ,  qu'il  tait  tout  avec  poids  et 
mefurc.  J'ai  fort  mauvaife  opinion  de  ces  perlonnes 
Il  concertées  ,  qu'elles  ne  parlent  que  par  poids  & 
par  mefun.  Ici  ce  mot  défigne  quelque  chofe  de  trop 
compalFc ,  trop  étudié. 

Ses  gejles  compajfés  ,  fes  regards  de  mefure  , 
Ne  lai{]'ent  aucun  mot  aller  à  l'avanture. 

Corneille. 

A  Mesure  que.  Sorte  de  conjondion  ,  qui  veut  dire, 
félon  que  ,  fuivant  que  ,  à  proportion  tk.  en  même 
tcmpsque.  Quâ proporûone ,  Jimul  atque.  Le  tonneau 
des  Danaïdes  le  vidoit  à  mefure  qu'on  l'emplilloit. 
Adl.  On  vous  payera  à  mefure  que  vous  travaillerez. 
Dieu  vous  bénira  à  mefure  que  vous  deviendrez  hum- 
ble. Arn.  La  vie  nous  échappe  à  mefure  que  nous  en 
jouilfons.  M.  DE  P.  On  fe  défabufe  du  monde  à  mefure 
qu'on  le  connoît.  S.  Evr. 

Il  fe  met  aulfi  quelquefois  abfolumenr  fans  que  \ 
mais  alors  on  le  met  toujours  à  la  fin  de  la  période. 
ProporCLonefervatâ.  Vous  n'avez  qu'à  travailler  ,  tk  on 
vous  payera  à  mefure. 

Cutre  Mesure,  Sans  Mesure.  Façons  de  parler  ad- 
verbiales ,  qui  fignifient ,  avec  excès  ^  au-delà  de  toutes 
bornes.  Ultra  modum ,  prêter  rationcm  omnem  ù  jus  & 
modum  ,pr&ter  fas.  Il  a  été  battu  outre  mefure.  Il  pro 
digue  les  biens  fans  mefure. 

On  dit  aulli  ,  en  termes  de  Pratique  ,  au  fur  &  à 
mefure  ;  pour  dire  ,  à  mefure  que.  Un  Commis  doit 
rapporter  à  fon  Maître  fon  argent  au  fur  &  à  mefurc 
qu'il  le  reçoit.  Ce  Maître  ne  donne  de  l'argent  à  fon 
Maître  d'Hôtel  qu'au  fiir  &  à  mefure  qu'il  l'emploie. 
F'oye-^f^  l'origine  de  ce  mot  à  Fur. 

On  dit  proverbialement  que  les  petites  mefures  ne 
reviennent  pas  aux  grandes  ;  pour  dire  ,  qu'en  ven- 
dant en  détail  on  perd  fur  les  petites  mefures. 

MESURER.  V.  a.  Chercher  à  connoître  ,  &  connoître 
la  grandeur  j  l'étendue  d'une  quantité ,  en  y  appli 
quant  une  autre  mefure  ,  ou  quantité  réglée  j  certaine 
éc  connue.  Metiri ,  emetiri ,  demetiri.  |CF  Dans  la 
précifion  Mathématique  ,  c'eft  prendre  une  certaine 
quantité  ,  &:  exprimer  les  rapports  que  les  autres 
quantités  de  même  genre  ont  avec  elle.  La  Géomé- 
trie ,  eft  l'art  de  mefurer  toutes  fortes  de  quantités  , 
l'Altimétrie  mefure  les  hauteurs.  La  Planimétrie  ,  ou 
l'Arpentage ,  ou  Géodéde  j  mefurent  les  furfaccs ,  me- 
furent  la  terre.  La  Stéréméométrie  mefure  les  (olides. 
La  Trigonométrie /7?e/î^rt;  les  triangles ,  plans  &  (phé- 
liques.  L'Aftronomie  mefurc  la  grandeur  des  cieux 
&  des  aftres.  L'art  de  mefurer  toutes  fortes  de  gran- 
deurs s'appelle  par  les  Artilans  Toifé  ,  le  Toifé. 
Voye-[  ce  mot. 

Le  thermomètre  fert  à  mefurer  les  degrés  de  cha- 
leur de  l'air.  Le  Baromètre  OTi^irê  la  pefanteur.  L'hy- 
"gromètre  mefure  fa  fécherelle  ,  ou  humidité.  Les  gra- 
phomètres  ,  pantomètres  ,  holomètres,  font  des  inf- 
trumens  dont  on  fe  (ert  pour  OTç/i/rer  les  hauteurs  ou 
diftances  inaccelTibles ,  &  généralement  toute  forte 
de  chofes. 

ffT  On  dit  mefurer  des  yeux ,  avec  les  yefix.  Juger  par  le 


MES        5)67 

moyen  des  yeux  ,  de  la  diftancc  ou  de  la  grandcut 
d'un  objet.  Mefurer  des  yeux  la  hauteur  d'une  tour  , 
la  profondeur  d'un  précipice.  Il  mefure  des  yeux  le 
tour  que  fiit  le  lolcil.  Font.  Judkarc  oculis  ,  ocuh 
judice  metiri. 

Mesurer  ,  le  dit  figurément  en  Morale  pour  compaiïLr  , 
peler  ,  digérer.  Moderari  ^ponderjre.  C'eft  un  homme 
qui  n'entreprend  jamais  rien  ,  qu'il  n'ait  bien  mefuié 
toutes  choies.  Toutes  les  démarches  d  un  Ambalïa- 
deur  lont  wi^urcr'w  &  dirigées  par  la  Cour*  LaBruv. 

03"  Cet  homme  fait  mefurer  les  paroles  Se  les  adtions , 
parle  &  agit  avec  lagelle  ik.  citconfpedion. 

Mesurer  un  homme  des  yeux;  pour  dire  ,  Le  regarder 
avec  attention  depuis  la  tête  julqu'aux  pieds  ,  pour 
l'examiner,  pour  en  juger  ,&  cela  fuppole  ordinai- 
rement une  mauvaife  intention  de  la  part  de  celui  qui 
regarde.  Acad.  Fr. 

Mesurer  ,  le  dit  aufli  pour  comparer,  mettre  en  com- 
paraifon  ,  proportionner.  Metiri ,  conferre.  Il  ne  faut 
pas  qu'un  Bourgeois  fe  mefure  avec  un  grand  Sei- 
gneur ,  &  qu'il  fe  compare  avec  lui.  C'eft  une  choie 
dan;^;crcule  ,  que  d'ofer  fe  mefurer  avec  les  dieux. 
Bens.  Il  faut  mefurer  is.  dépcnfe  à  fon  bien  ;  la  pro- 
portionner à  fon  revenu.  Mithridate  mefuroit  fes 
delfeins  bien  plus  à  la  grandeur  de  fon  courage  j  qu'au 
mauvais  état  de  fes  affaires.  Rac.  Il  ne  fe  trouve  que 
trop  de  gens  à  la  Cour,  qui  n'ont  ni  amitié  ,  niaver- 
lion  ,  qui  ne  foit  mefurée  par  leur  intérêt.  S.  EvR. 
Quand  on  ne  fait  pas  OTf/i^r  fes  entreprifes  à  fes  forces, 
metiri  fe  fuo  modulo  ac  pede  ,  on  enut  fouventdans 
des  engagemens  téméraires.  Nie.  Les  hommes  mefu- 
rent la  durée  de  leur  paillon  à  celle  de  nos  attraits. 
Corn.  Il  ne  faut  pas  mefurer  l'étendue  de  la  puilFancé 
divine  à  notre  foiblelle.  Ablanc. 

Le  Ciel,  qui  mieux  que  nous  connoît  ce  que  nous  fonvncs  , 
Melure  fes  faveurs  au  mérite  des  hommes. 

Corneille. 

IJC?  On  dit  mefurer  fon  épée  avec  quelqu'un  ,  avec 
celle  de  quelqu'un  ,  fe  battre  contre  lui. 

On  dit  encore ,  mefurer  les  forces  contre  un  au- 
tre -,  pour  dire ,  faire  épreuve  de  fes  forces  contre  celles 
d'un  autre.  

^fJ"  Se  Mesurer  avec  quelqu'un  ,  fiire  compara^p>n 
avec  lui ,  vouloir  s'égaler  à  lui.  Il  ne  faut  pas  fe  me- 
furer avec  fon  Maître. 

On  dit  en  termes  deChalTe,  qu'un  cerf,  ou  une 
autre  bête  ,  mefure  la  forêt;  pour  dire  ,  qu'il  la  traverfe 
d'un  bout  à  l'autre.  Souvent  les  chevreuils  mefurent 
deux  ou  trois  lois  la  forêt. 

On  dit  proverbialement  ,  qu'un  homme  mefure 
tous  les  autres  à  fon  aune  ;  pour  dire  ,  qu'il  juge  des 
vertus  &  des  vices  ,  des  fcntimens  d'autrui  par  les 
fiens.  Le  Seigneur  a  dit  qu'on  fera  wf/i^t;' à  la  même 
mefure  qu'on  aura  mefure'  les  autres;  pour  dire,  que 
la  pareille  nous  fera  rendue.  On  dit  aulîi,  lorfqu'il  y 
a  quelque  conteftation  fur  quelque  quantité  douteule  ^ 
Voilà  le  boilTeau  où  on  les  mefure  ,  en  montrant  la 
règle  qui  décide  la  chofe.  On  dit  aulTi ,  A  brebis  ton- 
due ,  Dieu  mefure  le  vent  ;  pour  dire  ,  que  Dieu  nous 
envoie  les  afflictions  félon  la  force  que  nous  avons  de 
les  fupportet ,  qu'il  proportionne  fagement  toutes 
chofes  à  notre  foiblelfe. 

MESURÉ  ,  ÉE.  part.  On  dit  d'une  chofe  bien  réglée  , 
&  qui  a  une  jufte  proportion  ,  qu'elle  eft  bien  mefu- 
rée.  Admirons  le  cours  des  Aftres  fi  régulier  &  fi  me- 
fure. GoD.  Paroles  mefurées.  Termes  peu  mefures. 
Homme  /Tze/i/^e  dans  les  démarches.  C'eft  un  fanfa- 
ron de  dodtrine  &  d'éloquence ,  qui  a  fait  impri- 
mer un  volume  de  fottifes  mefurées.  La  Bru.  C'eft- 
à-dire  ,  de  méchans  vers.  Ce  fat  marche  à  pas  comp- 
tés &  mefures  :  tous  fes  geftes  (oni  mefures  SsC  com- 
palfés. 

fer  On  appelle  Vers  mefures  ^  des  vers  que  nos  Anciens 
ont  voulu  faire  à  la  manière  &  avec  les  mefures  des 
vers  Latins.  Ces  fortes  de  vers  n'ont  pas  rculîl.  f^ûye:[ 
Métrique. 

^CT  On  dit  que  les  périodes  d'un  difeours ,  d'une  ha- 


^68        MET 

raiiguc  ,  font  bien  mefurés  ,  pour  dire  que  le  ftyle  en 
ell  harmonieux  &  cadence. 

MESUREUR,  f.  in.  Celui  qui  mefure.  llcnfor.  A  P.iris 
il  y  .a  des  Mefureuis  établis  en  titre  :  des  Mejurcurs 
de  charbon  ,  qui  doivent  exercer  leur  charge  en  per- 
Ibnne;  &  des  Jurés  Mcfurcurs  de  kl,,  qui  ont  une 
chambre  à  l'Hôtel  de  Ville  ,  où  font  gardées  tou- 
tes les  Mcfures  de  bois  dont  ils  font  Icsétalonneurs. 
Les  Jaugt'urs  fontaulli  des  Mefureurs  de  tonneaux.  Les 
Mouleurs  de  bois  ,  font  des  Mefureurs  de  bois  à 
brûler  ,  qui  regardent  li  i.\  melure  eft  bonne.  Il  y  a 
à  .la  ville  des  OlKciers  Jurés-Viliteurs  &  Alefurcurs 
d'aux ,  d'oignons  ,  de  noix  ,  &  autres  fruits  :  des 
Mefureurs  de  plâtre  ,  qu'on  appelle  aullî  Toifeurs  ;  des 
Mefureurs  &:  Porteurs  de  chaux  :  des  Jurés-3Jt/?^- 
reurs  de  grains ,  qui  ont  droit  de  vifiter  les  grains  Se 
farines. 

MESUS.  f.  m.  Mruvais  ufagc  ,  abus.  Ahufus.  (K?  Ce 
mot  n'cll:  pas  de  l'ulàge ordinaire.  On  le  dit  particu- 
lièrement des  abus  &  dégradations  qui  le  font  dans 
les  bois ,  dans  les  pâturages  &c  dans  les  communes. 

MESUSAGE.  f  m.  Mauv.iis  ufagc  ,  abus.  Cotgrave. 
On  trouve  dans  les  Loix  civiles  de  Daume  ,  Peine  du 

'neftif'}g^- 
1^3"  MÉSUSER.   V.  n.  Faire  un  mauvais  uLige  d'une 

choie ,  en  abuler.  Abuti.  J'ai  eu  beaucoup  de  bonté 

pour  ce  domeftique  ,  il  en  a  méfufé.  Il  a  mefufe  de 

mes  bieni^aits  ,  du  fecrct  que  je  lui  ai  confié. 

%f3'  Ce  terme  ne  paroît  pas  propre  pour  le  ftyle  noble. 

AIESYMNIUM.  f.  m.  Terme  d'antiquité.  Nom  que 
les  Anciens  donnoient  à  une  partie  de  leur  tragédie, 
ou  à  des  vers  qu'ils  employoient  dans  leurs  tragédies. 
Mefymnium.  C'étoit  un  refrain  tel  que  lo.  Pœan ,  O 
duhyramlie  ,  hymen  ,  o  hymenxe  ,  ou  quelque  autre 
icmbiable  ,  qui ,  quand  il  le  mcttoit  à  la  fin  d  une  (tro- 
phe  ,  s'appeloit  Ephymnium  ;  8c  Mefymnium  ,  quand 
on  l'inféroit  au  milieu  de  la  ftrophe.  f'''cye\  la  Poéti- 
que de  Scaliger  j  Z.  / ,  c  /  / . 

M  E  T. 

MÉTABE.  f.  m.  Nom  d'un  homme  qui  fat  mis  au 
Jiçmbre  des  dieux.  Metabus.  Les  Métapontins  hono- 
i  j',T'  Mctabe  comme  leur  dieu ,  parce  qu'il  étoic  leur 
roii',^..  ^ur. 

|Cr MÉTABOLE.  f.  f.  Figure  de  Rhétorique,  qui  con- 
fifte  à  répéter  la  même  idée  lous  des  termes  difté- 
rens.  Iteratïo  unïus  rei ,  fub  varietate  verborum.  C'ell 
dire  précilément  la  même  chofede  pluficurs  manièic;. 
Ce  pléonalmc  n'eft  tolérable  que  dans  le  langage  des 
pallions. 

METACARPE,  f  m.  Terme  d'Anatomie,  C'cft  la  par- 
tic  de  la  main  qui  efl  entre  le  poignet'&:  les  doigts. 
Metacarpus.  Il  ell  compofé  de  quatre  os  longs  j  grê- 
les &  inégaux.  Sa  partie  interne  eft  appelée  la  paume 
de  la  main  ,  iSc  l'externe  le  dos.  On  nomme  aulll 
le  métacarpe  y  l'avant  poignet ,  Se  en  Latin  pojlbra- 
chiale. 

MÉTACARPIEN,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  C'cfl  un 
petit  mufcle  très-charnu,  placé  obliquement  entre  le 
gros  ligament  tranfverfal,  ou  annulaire  interne  du 
carpe ,  Se  toute  la  face  interne  du  quatrième  os  du  mé- 
tacarpe. Metacarpius. 

.^  MÉTACHRONISME.  f.m.  Terme  de  Chronolo 
gie.  Efpèce  d'anachronilme  qui  condfte  à  rapporter 
un  fait  à  un  temps  antérieur  à  celui  auquel  il  eft 
arrivé. 

MÉTACISME.  L  m.  Terme  de  Grammaire.  Mctacifmus. 
Défaut  dans  la  prononciation  de  la  lettre  m.  Ifidore  dit 
que  c'eft  une  m  finale  ,  fuivie  d'une  voyelle  ,  comme 
Bonum  aurum  ,  Bethléem  etoit. 

METAFUS.    Fo\ei  Temendfust. 

A-fÉTAGITNIES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Nom 
d'une  fcte  ou  cérémonie  qui  fefiifoiten  Grèce  à  l'hon- 
neur d'Apollon.  M:ta^eitnia  ,  Metaginta.  tfJ"  Les 
habirans  de  Mélitc  ,  bourg  de  l'Atriquc  ,  quirrcrent 
le  bourg  qu'ils  hibiroient  j  &  fous  les  aulpices  d'Apol- 
lon ,  i\j  allèrent  s'érr.blir  dms  un  bourg  voifin  ;  (Jj 
parce  que  cette  tranfmigiation  fut  heureufc  ,  ils  don- 


M  E  T 

lièrent  à  Apollon  l'épithète  de  Mérageitnios  ,  comme 
qui  diroit  proteéteur  de  ceux  qui  abandonnent  leur 
pays  ,  pour  fe  tranfporter  dans  un  pa)  s  voifin.  L'épi- 
thète du  dicuj  donna  le  nom  aux  fêtes  que  l'on  infti- 
tua  en  mémoire  de  cet  événement ,  &  de  ces  fctes  il 
pr.lla  au  mois  durant  lequel  on  les  célébroit.  Tour- 

REIL. 

MÉTAGITNION.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du 
feptième  mois  de  l'année  des  Athéniens  :  on  croit  qu'il 
répond  à  notre  mois  de  Juillet.  Plutarque  ,  dans  la  vie 
de  Camille  ,  dit  qu'il  répondoit  au  mois  de  Mai  des 
Romains. 

Ce  nom  ,  eft  celui  d'une  épithète  qu'on  donnoit  à 
Apollon  ,  auquel  on  faifoit  des  lacrihces  dans  ce  mois 

,  là.  P^'oye'^  l'article  précédent. 
MÉTAIL.  f.m.  Vieux  mot.  Méteil ,  blé  qiu  eft  moitié 

(cigle  j  &  moitié  froment. 
MÉTAIRIE,  f.  f.  Habitation  d'un  Métayer  avec  Icsloge- 
mens  convenables  pour  exploiter  les  terres  qu'on  lui 
donne  à  cultiver  ,  loit  pour  y  ferrer  les  grains  j  foit 
pour  y  faire  des  nourritures  de  bcftiaux.  Villa  j  rujii- 
cum  ,  pradium.  Il  y  a  tant  de  terres ,  de  prés ,  de  vignes 
dépendantes  de  cette  métairie.  La  chofe  change  de 
no  n  luivant  les  diverfes  provinces  :  en  plulîeurs 
lieux,  on  l'a.ppc\\e  ferme  , domaine  ;  en  d'autres  la 
grange  ;  en  d'autres  baflide  ;  en  d'autres  chefil  ,  clofe- 
rie ,  borde ,  bouriage.  Il  y  a  tant  de  métairies ,  de  fermes , 
de  domaines  dépendans  de  cette  Seigneurie  ,  ou  de 
cette  Abbaye. 

On  a  dit  autrefois  en  Latin  medietaria ,  d'où  le  mot 
François  a  été  formé,  /^o)  t^  MÉrAYER. 

METAL,  f.  m.  Corps  dur  &  folfile  ,  Se  d'une  fubf- 
tance  égale  en  toutes  fes  parties  ,  qui  fe  fond  au 
grand  feu  ,  qui  eft  duJile  &:  qui  s'étend  fous  le 
marteau.  Metallum.  Le  mc'w/diftère  des  pierres,  en 
ce  qu'elles  fe  calcinent  ,  au  lieu  de  fe  fondre  ;  & 
des  minéraux  ,  en  ce  que  ceux-ci  ne  font  point  duc- 
tiles j  &  fe  calfcnt  au  lieu  de  s'étendre. 

03"  Ceux  qui  s'en  tiennent  à  cette  définition  des  mé- 
taux,  n'en  reconnoillent  que  lix  ,  1  or  ,  l'argent,  le 
plomb  ,  l'ét.rin  ,  le  ter  &  le  cuivre.  Mais  les  Chimif- 
tes  J  pour  laire  quadrer  le  nombre  des  métaux  avec 
celui  des  planètes ,  ajoutent  le  vit-argent  pour  fep- 
tième métal ,  quoiqu  il  ne  loit  ni  dur  ,  ni  duétile. 
Dans  leur  langage  myftérieux  ,  l'or  répond  au  So- 
leil ,  l'argent  à  la  Lune  ,  le  plo.nb  à  Saturne  j  l'étain 
à  Jupiter  ,  le  fer  à  Mars  ,  le  cuivre  à  Vénus  j  Se  le 
vif-argent  à  Mercure.  Ce  dernier  eftprefque  toujours 
déhgné  par  le  nom  de  fa  planète.  Joachim  Beccher 
a  tait  un  livre  qu'il  a  intitulé  Métallurgie ,  où  il  eft 
traité  de  la  génération,  de  la  rédudrion  &  de  la  per- 
fection des  métaux.  Quelques-uns  prétendent  qu'il  y 
en  peut  avoir  plus  de  lept.  Alonfo  Barba  dit  qu'on 
a  trouvé  depuis  peu ,  en  Bohème  ,  du  bifmuth  qui 
eft  entre  le  plomb  Se  l'étain.  Quelques-uns  appel- 
lent le  régule  d'antimoine.  Se  le  iputer,  des  demi- 
métaux.  Borrichius  a  fait  un  traité  de  l'art  de  décou- 
vrir les  métaux  ,  intitulé  j  Docimaflice  metallica  ; 
Se  Kunllel  une  Diifertation  fur  les  felsdes  Métaux  , 
De  falihus  metallorum  _,  prjfertim  a:tri  &  mercurd  y 
à  Leipfick. 

IJCT  On  divife  les  métaux  en  parfaits ,  qui  font  l'or  & 
l'argent  ;  &  en  imparfaits  ,  qui  lont  le  fer  ,  le  cuivre, 
l'étain  ,  le  plomb  Se  le  vif  argent. 

?îCr  On  appelle  les  premiers  M:taux  parfaits  ,  parce 
qu'ils  n'éprouvent  aucune  altération  de  la  part  du  feu, 
qui  peut  bien  les  mettre  en  fulion  ,  mais  non  les  cal- 
ciner ,  ou  les  changer  en  chaux  ,  ou  en  dilîiper  quel- 
que partie,  à  la  diftércnce  des  autres  que  le  feu  dé- 
compofe  à  la  fin  j  détruit   &  dilhpe  en  parties. 

SfJ"  A  l'égard  de  'a  formation  des  Métaux ,  plulîeurs 
croient ,  avec  Stahl ,  qu'ils  ont  été  créés  dès  le  com- 
mencement du  monde  ,  ainlî  que  les  filons  métalli- 
ques. D'autres  penlent  qu'ils  fe  forment  tous  les 
l'ours  dans  le  (cin  de  la  terre  par  la  réunion  des  par- 
ues élémentaires,  ou  des  principes  qui  diivent  en- 
trer dans  leurs  différentes  combinailons.  Ils  aioucenc 
que  ces  molécules  élémentaires  ,  imparfaites  dsiis  leur 
origine  ,  le  mûiiilcnt  &  le  perfcifionnent  par  la  fer- 
mentation , 


MET 

mcntation,  &  deviemienc  propres  à  former  les  métaux. 
Pour  ctre  en  ct:U  de  décider  cette  queftion  ,  il  fau- 
droit  prendre  la  nature  jur  le  fait. 
Métal  ,  fc  dit  aullî  de  ce  qui  clt  mélangé  de  divers 
métaux ,  comn^e.  du  bronze,  de  la  fonte.  A  qui  les 
hommes  pouvoiert-ils  mieux  confier  l'immortalité  de 
leur  nom  ,  qu'à  ces  métaux  iur  lelquels  le  temps  ne 
peut  rien. 

//  vit  l'homme  hypocondre , 
Adorer  le  métal  que  lui-même  il  Jît  fondre. 

BoiLtAU. 

Et  l'on  appelle  un  miroir  de  métal ,  ce  que  le  Vul- 
gaire appelle  miroir  d'acier  ,  par  oppolîtion  à  ceux  de 
verre.  Il  fe  bit  d'un  mélange  de  cuivre  &  d'étain. 

Eh  particulier  ,  le  cuivre  rouge  fondu  avec  vingt- 
deux  à  vingt-trois  livres  d'étain  fin  par  quintal  ,  eft 
appelle  métal  ;  &  c'eft:  celui  dont  on  fait  taire  les 
cloches.  BoizARDj  Part.  I ,  c.  2j. 

Voici  la  différence  du  poids  des  métaux  ,  félon  MM.  de 
l'Académie  des  Sciences. 

Ze  Pouce  cube.  Onces.  Grains.         Gros. 

D'or,     .     ,     .  .  iz.  .     .     .  2.  .     .     .  ji. 

De  vif-argent,  .  8.  ...  6.  ...     8. 

De  riomb,      .  .  7.  ...  3.  ...   30. 

D'argent,    ...  6.  .     .     .  J.  .     •     •   iS. 

De  cuivre ,       .  .  j.  ...  (5.  ...   36. 

De  fer  ...  .  5.  ...  i.  ...  14. 

D'étain  ,     .     .  .  4.  ...  6.  ...   I7. 

MÉTAL  ,  en  termes  de  Blafon  ,  fc  dit  de  l'or  Se  de  l'ar- 
gent ,  repréfenté  par  le  jaune  Se  le  blanc.  Quand  on 
voit  métal  fur  métal  dans  un  écu,  on  dit  que  les  ar- 
mes font  faulfcs  ,  ou  plutôt  à  cnqucrre  ,   loit  parce 
qu'elles  font  contre  les  règles  ordinaires  ,   iSc  qu'el- 
les pourroient  bien  être  faulfes  ;  foit  parce  qu'elles 
ont  été  ainh  établies ,  en  mémoire  de  quelque  grande 
aftion,  dont  on  renouvelle  le  louvenir  toutes  les  fois 
qu'on  s'enquerre,  ou  on  s'informe  delaraifonde  ces 
armes.  L'écu  pondue  par  le  Graveur  repréfenté  l'or  ; 
&  quand  il  eft  tout  à-fait  blanc  Se  uni  ,  il  repréfenté 
l'argent. 
Prince  Métal  ,  ou  métal  de  Prince.  Compofition  de 
cuivre  &  d'étain ,   qui  relfemble  à  l'or  par  \?  cou- 
leur. Metallum  Prbicipis.  On  dit  qu'elle  efl:  de  l'in- 
vention du  Prince  Robert  (Palatin)  pendant  qu'il 
croit  en  Angleterre. 
MÉTAL,  f.  m.  Terme  d'Architefture.  On  nomme  ainfi 
l'alliage  du  plomb  avec  un  cinquième  d'étain  ,  dont 
on  fait  des  figures ,  des  chapiteaux ,  des  bas  reliefs  , 
&  qu'on  peint  en  or ,  en  bronze  ,  ou  autre  couleur. 
Ce    mot  vient  du  Grec   |Kîtkw«  ^  qui  fignifie  toute 
niatière  dure ,  &  pourtant  fufible.   Ainh   le  plomb 
eft  un  métal ,  parce  qu'il  eft  fuiîble ,  quoiqu'il  (oit 
dur  hors  du  feu;  &  le  marbre   n'eft  point  métal , 
parce  que  ce  corps  dur  ne  peut  fe  fondre  &  liqué- 
fier au  feu,  mais  y  refte  toujours  fec  &  en  repos. 
On  fait  venir  du  Grec  le  mot  métal ,  foit  de  f-^  «»>«, 
poji  alia  ;  parce  qu'on  a  trouvé  les  métaux  après  les 
autres  chofes,  foit  de  ^^irv.■>ia<l ,  qunrere  ,  parce  qu'il 
faut  chercher  &  creufer  bien  profondément  en  ter- 
re ,  pour  trouver  le?  métaux  les  plus  précieux  ,  com- 
me l'or  &  l'argent. 
MÉTALENT.  f.  m.  Défaut  de  talent,  manque  de  dif- 
pofition ,  inhabilité.  Un  Anglois  (ort  de  Ion  carac- 
tère quand  il  fe  montre  fur  le  ton  de  l'agréable  ou 
du  plaifant ,  &  fait  produite  des  contorlîons  à  fon 
génie.   Ses  agrémens    grnnacent  ,  Se  marquent   du 
métalent  dans    l'art   de  s'embeUir.  Ce  mot  n'a  pas 
fait  fortune. 
^  MÉTALEPSE.  f  f.  Terme  de  Grammaire  Meta- 
lepfis.  C'eft  une  figure  de  Rhétorique    par  laquelle 
on  explique  ce  qui  fuit ,  pour  faire  entendre  ce  qui 
précède  ;  ou  ce  qui  précède  ,  pour  faire  entendre  ce 
qui  fuit  :  ou  par  laquelle  on  prend  l'antécédent  pour 
le  conféquent ,  ou  Icconléquent  pour  l'antécédent. 
Tonii  y. 


MET 


c)G^ 


Fixit  j  il  a  vécu  y  pour  dire  ,  il  eft  mort.  Voilà 
l'antécédent  pour  le  conléqucnt.  Nous  le  pleurons , 
pour  dire  j  il  eft  mort  j  voila  le  conféquent  pour 
l'antécédent. 

CiS"  MÉTALLEITÉ.  f  f  Terme  de  Chimie  par  lequel 
on  délîgne  l'état  des  métaux  qui  ont  les  propriétés 
qui  les  caraftérifcnt  ,  la  duétilité  ;  la  pclantcur  , 
l'éclat  Se  par  oppofition  à  l'état  où  ils  font  quand  iU 
ne  paroillent  pas  fous  la  forme  métallique  ,  mais 
dans  l'état  de  chaux ,  de  mine ,  &:c. 

MÉTALLIQUE,  adj.  m.  &  f  Qui  concerne  le  métal. 
Metallicus.  On  tire  de  très  bons  remèdes  des  corps 
métalliques.  On  ne  peiu  peindre  en  émail  qu'avec 
des  couleurs  métalliques  qui  viennent  des  métaux  , 
ou  qui  fe  font  avec  des  métaux  ,  car  les  autres  n'en- 
durent pas  le  feu.  Il  y  a  un  beau  traité  de  l'Art 
Métallique  de  Don  Alonfo  Barba  ,  qui  a  été  long- 
temps au   Pérou. 

|p°  MÉTALLIQUE  eft  aulTi  fubftantif  féminin,  hdi  Métal- 
lique. Alors  ce  terme  eft  fynonyme  de  Métallurgie. 
Voye\  ce  mot  Traité  de  la  Métallique. 

MÉTALLIQUE ,  adj.  m.  Se  f.  Qui  regarde  les  médailles. 
Numifmaticus.  Le  P.  Romani  a  fait  l'Hiftoire  Mé- 
tallique des  Papes  ,  en  deux  volumes  in  fol.  en  1700. 
La  France  Métallique  eft  un  livre  de  médailles  U 
plupart  imaginaires  ,  inventées  par  Jacques  de  Rie  , 
Graveur  j  qui  fe  quahfioit  Calchographe  ,  Se  qui  les 
a  publiées  comme  tirées  de  divers  cabinets  curieux  , 
où  elles  ne  furent  jamais,  Mézeray  Se  plufieurs  au- 
tres y  ont  été  trompés.  M.  Bizot  a  fait  l'Hiftoire 
Métallique  de  Hollande.  On  appelle  Hiftoirc  Mé- 
tallique celle  où  l'on  prouve  les  grands  évènemens 
par  une  fuite  de  médailles  frappées  à  leur  occafion. 
Science  Métallique. 

|Kr  MÉTALLISATION.  f.  f.  Terme  d'Hiftoire  natu- 
relle. Corps  converti  en  métal ,  ou  l'aition  de  le 
convertir  en  métal.  La  phipart  des  metallifations  ne 
font  qu'apparentes. 

%fT  MÉTALLISER.  v.  a.  Terme  de  Chimie.  Doimer 
la  forme  ,  les  propriétés  métalliques  à  quelque  fubf- 
tance  ,  fe  métalUfer ,  fe  convertir  en  métal.  Les 
cabinets  des  Curieux  font  pleins  de  divers  corps 
étrangers  métallifis.  Nautilles  métalUfés ,  qui  pa- 
roillent fous  la  forme  métallique. 

Ip-  MÉTALLOGRAPHIE.  f.  f.  Ce  mot  fignifie  pro- 
premenr  la  defcription  des  métaux  ;  mais  on  le 
prend  pour  la  connoiUance,  la  kience  des  métaux. 
Traité  des  Métaux.  La  Metallographie  de  Webfter. 

MÉTALLURGIE,  f.  f.  Eft  une  partie  de  la  Chimie 
qui  traite  des  métaux  :  c'eft  la  fcience  ou  art  de 
ifT  les  tirer  de  la  mine  ,  de  les  féparer  des  fubftan- 
ces  avec  lefquelles  ils  font  mêlés  ,  de  les  préparer 
&  dépurer  ,  &  de  les  rendre  propres  aux  différens 
ufages  de  la  vie.  C'eft  la  même  chofe  que  l'art  mé- 
tallique, ou  la  maxWiqvit.Metallurgia.L'ïnvcnÙQn 
de  la  métallurgie  eft  due  à  Tubal  Caïn  ,  fils  de  La- 
mech.  C'eft  lui  qui  le  ^sremier  a  travaillé  fur  le  fer 
Se  fur  l'airain  ,  Se  qui  en  fit  des  armes  pour  la 
guerre  ,  Se  des  outils  pour  l'Agriculture.  Hermès  eft 
appelé  Trifmégifte  ou  triple  maître ,  pour  montrer 
qu'il  a  donné  la  connoillance  de  rrois  grandes  fcien- 
ces  ,  dont  la  métallurgie  qui  eft  la  première  ,  a 
fervi  de  fondement  aux  deux  autres.  Beneton  d£ 
Perrin.  Joachim  Beccher  a  fait  un  traité  de  la  gé- 
nération ,  de  la  réduftion  Se  de  la  perfedion  des 
métaux,  qu'il   a  intitulé  Métallurgie. 

Le  Télefcope ,  la  Machine  pneumatique ,  Se  le 
Microfcope  ,  font  dans  l'Aftronomie  ,  &  dans  la 
Phvfique  univerfelle ,  ce  qu'eft  le  fourneau  dans  la 
Métallurgie,  ce  qu'eft  le  levier  dans  les  Mécaniques  , 
ce  qu'eft  le  compas  dans  la  Géométrie.  Tous  les 
jours  ils  nous  font  apperccvoir  ,  foit  dans  l'ordre  des 
Cieux ,  foit  dans  le  tilïu  des  corps  ,  foit  dans  les 
rapports  des  différentes  parties  de  la  nature  à  nos 
befoins ,  une  foule  de  vérités  qu'on  ne  connoilloit 
pas,  ou  les  preuves  évidentes  de  ce  qu'on  entre - 
voyoit  avec  incertitude ,  p.  4S4-  4SS- 

Ce  mot  eft  compofé  de  ,^i/a»o'  j  métal ,  &  'tfr"  , 
ouvrage.  Col  ce  Villars. 

Gggggg 


970  MET 

MÉTALLURGISTE,  f.  m.  Qui  travaille  aux  métaux. 
Les  connoillances  ulucUes  étoicntpielque  toutes  ren- 
fermées parmi  les  Mécallurgijles,  qui  faute  de  guide  & 
de  bons  principes ,  donnoient  louveht  dans  de  grands 
travers.  Speclacle  delà  Nature  ,  corn.  IF.  p.  41 4. 

George  Agncola  efl:  le  premier  Métallurgifle  qui 
foit  en  ellimc  ,  &c  qu'on  puillè  dire  original.  Traité 
de  Lithologie  ,  par  M.  Dargenville  ;  p.  i  ::. 

METALOGIQUES.  f.  m.  pi.  C'ell  le  nom  que  Jean  de 
Sarisbcry  a  donné  à  un  de  fes  ouvrages  ^  comme 
Ariftote  a  donné  à  un  des  iîens  celui  de  Métaphy  liques 
au  pluriel.  Methalogic.  Les  Mctjlogiques  de  Jean 
de  Sarisbéry  font  une  apologie  de  la  bonne  dialedi- 
que ,  Se  de  la  véritable  éloquence.  Fleury  j  Hijl. 
Ecdéf.  T.  XF.  p.  71. 

MÉTAMORPHISTE.  Nom  de  Sefte.  Metamorphlfta. 
Les  Mctamorphifies  font  des  Hérétiques  du  XVF. 
liccle  ,  qui  diloient  que  le  corps  de  J.  C.  s'étoit 
changé  &  métamorpholé  en  Dieu  dans  le  Ciel.  On 
les  nomme  audi  Transformateurs.  Ce  font  les  mê- 
mes que  les  Ubiquitaires. 

MÉTAMORPHOSE,  f.  f.  Transformation  d'une  per- 
fonne  ;  changement  d'une  forme  en  une  autre.  Me- 
tamorpkofis  ^forrriit,  iriimutatio.  On  ne  le  dit  au  pro- 
pre que  des  changemens  que  les  Payens  attribuoient 
à  leurs  dieux.  Il  y  a  de  deux  fortes  de  métarnorpho- 
fes  ,  les  unes  apparentes  ,  &  les  autres  réelles.  La 
métamorphofe  de  Jupiter  en  taureau  ,  la  métamor- 
phofe  de  Minerve  en  vieille ,  font  du  nombre  des 
apparentes  ,  c'eft  à-dire  ,  que  ces  divinités  ne  con- 
fervèrent  pas  la  nouvelle  forme  qu'elles  prirent.  La 
métamorphofe  de  Lycaon  en  loup  ,  la  métamorphofe 
d'Arachné  en  araignée  ,  font  du  nombre  des  réel- 
les. La  plupart  des  métamorphofes  cachent  des  lens 
allégoriques ,  foit  pour  la  Phylique  ,  foit  pour  la 
Morale.  Quand  on  veut  parler  du  temps  fabuleux , 
on  dit   au  temps  des  Métamorphofes. 

Ce  mot  vient  du  Grec  feTO^nçï^B-? ,  qui  eft  formé 
de  la  prépofition  Ai^'à,  qui  marque  &  lignifie  cAa« 
gement ,  palTage  d'un  lieu  ,  d'un  état  à  un  autre,  & 
de  iKoç^i  ,  qui  veut  dire  forme  j  figure. 

Ce  mot  fc  dit  aulli  du  Po'cme  qu'Ovide  a  com- 
pofé  fur  le  (ujct  des  métamorphofes.  Ovidii  méta- 
morphofes. Ainii  on  dit  les  métamorphofes  d'Ovide. 
On  appelle  aulîî  métamorphofes ^  divers  petits  Poè- 
mes ,  qui  ont  été  compofés  à  l'imitation  d'Ovide 
fur  divers  changemens  ,  comme  la  métamorphofe 
des  yeux  de  Philis  changés  en  aftres.  Un  Jéfuite  a 
fait  autlî  des  métamorphofes  facrées  ;  comme  celle 
de  la  femme  de  Lot  en  ftatue  de  fel  ,  de  Nabucho- 
donofor  en  bœuf ,  &c. 

Métamorphose  ,  (e  dit  aullî  au  figuré  du  change- 
ment extraordinaire  dans  les  mœurs  ,  dans  la  for- 
tune de  quelqu'un.  Morum  ,  flatùs  ,  conditionis 
mutatio  ,  immutatïo.  Cet  homme  étoit  fort  libertin  , 
&  il  cil  devenu  tort  dévot  i  voilà  une  étrange  mé- 
tamorphofe. La  vanité  eft  capable  de  toutes  fortes  de 
métamorphofes.  La  Rochef.  Ce  Traitant  étoit  il  y 
a  vingt  ans  perché  derrière  un  carrolle  :  aujour- 
d'hui il  eft  traîné  dans  un  fuperbe  équipage.  Quelle 
métamorphofe.  Vous  verrez  avec  le  temps  bien  d'au- 
tres métamorphofes  ;  pour  dire,  des  changemens. 

MÉTAMORPHOSER,  v.  a.  Transformer  ,  changer 
d'une  forme  en  une  autre.  Novam  formam  ïnducere  , 
transformare.  Niobé  fut  métamorpkofée  en  rocher. 
Diane  métamorphofa  Aéléon  en  cerf. 

MÉTAMORPHOSER,  avcc  le  pronom  perfonnel  j  fe  dit 
figurémcnt  des  perlonnes  j  iS:  des  choies  qui  ne  font 
transformées  qu'en  apparence  -,  mais  qui  (ont  néan- 
moins dcguilées  en  telle  forte  ,  qu'elles  font  abfolu- 
ment  méconnoiirables ,  jufqu'à  ne  conferver  aucun 
des  traits  qu'elles  avoient  auparavant.  In  aliam  fi- 
guram  commutare.  C'eft  aiiih  qu'il  eft  dit  queJupi 
ter  fe  métamorphofa  en  taureau  ,  en  cygne  ,  en  pluie 
d'or,  pour  jouir  de  (es  maitrcftcs.  Prothée  (e  mcta- 
morphofoLt  en  toutes  lortes  de  figures.  Platon  a  (ou- 
teiw  que  l'Etre  infini  ne  fe  peut  jamais  métamorpho- 
Jer,  ni  prendre  une  autre  forme  que  la  (lenne  ,  parce 
que  s'il  paroIlFoiç  fous  une  autre  forme  que  la  ikn 


MET 

ne,  il  mentiroit  en  paroillànt  ce  qu'il  n'eft  pas.  Dac. 

MÉTAMORPHOSER  ,  Ic  dit  cncore  plus  figurémcnt  de 
ceux  qui  (e  déguifent  en  changeant  d'habits  ou  de 
manières ,  qui  font  toutes  lortes  de  perlonnages ,  & 
qui  jouent  toutes  (brtes  de  rôles.  L'amour  propre 
fe  métamorphofe  en  toutes  fortes  de  figures.  La  Roc. 
Formas  omnes  induit.  Cet  homme  impofe  au  public 
par  la  phyfionomie ,  &  métamorphofe  fon  extérieur 
comme  il  lui  plaît  Vill.  Cette  orgueillcutc  Secte 
qui  fe  paroit  d'infcnfibilité ,  a  été  acculée  par  toutes 
les  autres  de  vouloir  métamorphofer  les  hommes  en 
fèatues.  M.  Se. 

MÉTAMORPHOSÉ,  ÉE.  part. 

MÉTANGISMONITE.  f.  m.  &c  f.  Nom  de  Sede. 
Metangifmonita.  Ces  hérétiques  diloient  que  dans 
la  Très- Sainte  Trinité  le  Fils  étoit  dans  le  Père  ,  com- 
me un  va(e  eft  dans  un  autre  va(e  ;  ce  qui  s'appelle 
en  Grec  métangifme  ,  (uruyyiefi.ç  ^  d'où  leuc  étoit 
venu  le  nom  de  Métangijmonites. 

MÉTAPÉDE  ,  ou  METAPÉDIUM.  f.  m.  Terme  d'A- 
natomie.  C'eft  la  même  choie  au  pied  ,  que  le  mé- 
tacarpe à  la  main.  Harris. 

^  MÉTAPHORE,  f.  f.  Figure  de  Rhétorique  qui 
fuppofe  une  elpèce  de  comparaifon  j  &  par  la- 
quelle on  tranfporte  un  mot  de  fon  (ens  propre  & 
naturel  à  un  autre  qui  ne  lui  convient  qu'en 
vertu  de  la  comparaifon  qui  eft  dans  l'elprit.  Me- 
taphora  ,  tranflatio.  Quand  Homère  ,  par  une  Mé- 
taphore heurcufe  ,  appelle  les  Rois  Pafieurs  des 
peuples  ,  le  mot  de  Pajleur  pecd  (a  iîgnification  pro- 
pre &c  primitive  pour  en  prendre  une  nouvelle  qui 
ne  fe  préfente  à  l'elprit  que  par  la  comparaifon 
que  l'on  fait  entre  le  fens  propre  de  ce  mot ,  & 
ce  qu'on  lui  compare.  Quand  je  dis  la  lumière  de 
l'efprit,  c'eft  une  métaphore.  L'eftet  des  moyens  mo- 
raux eft  comparé  à  l'eftet  des  moyens  phyfiques. 
La  lumière  dans  le  fens  propre  nous  fait  voir  les 
objets  corporels.  L'entendement  ,  la  conception  , 
l'intelligence  éclaire  l'efprit  Se  le  met  en  état  de 
porter  des  jugemens  (ains. 

ifJ"  Pour  rendre  le  dilcours  plus  coulant  &z  plus  élé- 
gant y  dit  l'Auteur  de  l'Eftai  fur  les  Hiéroglyphes , 
la  fimilitude  a  produit  la  métaphore  qui  n'eft  autre 
chofe  qu'une  fimilitude  en  petit.  Car  les  hommes 
étant  aufll  habitués  qu'ils  le  (ont  aux  objets  maté- 
riels i  ont  toujours  eu  befoin  d'images  fenfibles  pour 
communiquer  leurs  idées  abftraites.  La  métaphore  , 
dit-il  encore  ,  eft  duc  évidemment  à  la  groilîèreté 
de  la  conception...  Les  premiers  hommes  fimples 
&  grofîîers  ,  plongés  dans  les  lens ,  ne  pouvoient 
exprimer  leurs  conceptions  imparfaites  des  idées 
abftraites ,  !k  les  opérations  réfléchies  de  l'enten- 
dement ,  qu'à  l'aide  des  images  fenfibles  qui ,  au 
moyen  de  cette  application  jdevenoient  métaphores. 
Telle  eft  l'origine  de  l'exprefllon  figurée. 

§3"  Il  faut  encore  remarquer  que  nous  avons  plus 
d'idées  que  de  mots.  Cette  dif  ette  de  mots  pour  cer- 
taines idées  que  nous  voulons  exprimer  donne  lieu 
à  plufieurs  métaphores.  Nous  difons  ,  un  cœur  ten- 
dre ,  un  cœur  dur  ,  un  rayon  de  miel ,  un  ravoii 
de  roue ,  un  rayon  de  fbleil ,  un  rayon  d'efpéran- 
ce  J  &c.  l'imagination  fupplée  par  les  images  Se 
les  idées  acceffoires  aux  mots  que  la  langue  lui 
fournit,  &  fouvent  ces  images  &  ces  idées  acceffoi- 
res  font  plus  agréables  à  l'efprit ,  «îi:  rendent  quel- 
quefois le  difcours  plus  énergique  que  ne  le  feroient 
les  mots  propres.  Comme  la  métaphore  eft  inventée 
pour  mettre  les  objets  devant  les  yeux  ,  elle  efl 
d'autant  plus  parfaite,  qu'elle  les  marque  plus  vive- 
ment ,  en  les  repréfentant  en  mouvement ,  &  en 
aftion.  Les  métaphores  ne  doivent  avoir  rien  de 
rude,  ni  d'écarté  ;  rien  qui  s'élève  au-defFus  de  la 
lîmplicité  du  naturel  ;  enforte  qu'elles  ne  paroiflent 
métaphores  qu'à  ceux  qui  les  regardent  de  près. 
BouH.  Les  métaphores  doivent  être  luivies  dans  le 
même  genre  :  elles  font  vicieufes  fl  on  les  prend  de 
deux  chofes  différentes.  Id.  C'eft  le  propre  des  mé- 
taphores de  relever  «Se  d'ennoblir  les  exprefjîons 
b.;lléi.   Le  P.  Bouhours  dit  dans  les  nouvelles  Re- 


< 


I 


V 


MET 

marques,  qu'un  des  artifices  de  Voiture  pour  atrii- 
lonner  les  proverbes  les  plus  hdcs,  étoit  de  les  rcii- 
verfcr  ,  &  de  les  détourner  de  leur  figniiication 
ordinaire ,  par  le  moyen  de  la  métaphore.  Il  n'y  a 
rien  de  plus  agréable  qu'une  inicaphore  bien  fui- 
vie,  &  rien  qui  le  l'oit  moins  qu'une  mctaphorc  trop 
poudée.  BouH.  Les  mctavhorcs  ne  doivent  pas  être 
poullees  trop  loin  :  autrement  elles  dégénèrent  en 
ce  qui  s'appelle  froid ,  dès  qu'on  n'y  garde  point  de 
mefures.  Cela  s'entend  h  l'on  parle  fériculement , 
&  fur  un  ton  grave.  Car  li  l'on  badincj  oui!  l'on 
plaifante  ,  il  eft  permis  de  s'émanciper  davantage. 
Les  penfées  les  plus  taullcs  ^  les  plus  outrées  ne 
lailfent  pas  quelquefois  d'avoir  un  fcns  vrai.  Bouh. 
Les  métaphores  ne  lont  pas  au  gré  de  notre  langue , 
fi  elles  ne  font  fort  modeftes.  Le  Cardinal  du  Per- 
ron prefcrit  cette  règle  pour  les  métaphores  ;  c'eft 
qu'elles  defcendent  du  genre  à  î'efpècej  &  qu'elles 
ne  doivent  point  remonter  de  l'elpèce  au  genre.  On 
dit  rigurément ,  les  liens  de  la  lociété  ;  mais  non  pas 
les  cordes  liumaines  qui  nous  attachent  les  uns  aux 
autres  ,  parce  que  lien  ell:  un  genre  ,  &  corde  e(l 
une  efpèce.  S.  Auguftin  ,  &  les  Théologiens  à  fon 
exemple,  ont  appelé  par  figure  &  par  métaphore  la 
manducacion  du  Sacrement  accompagnée  de  foi, 
manducation  Ipirituelle.  Pelisson. 

0Cr  La  métaphore  eft:  une  clpèce  de  comparaifon  qui 
fe  tait  dans  l'clprit.  Quand  on  dit  d'un  homme  en 
colère  ,  qu'il  eft  comme  un  lion  ,  c'eft  une  vraie 
comparaifon  y  parce  que  les  termes  annoncent  qu'on 
compare  une  chofe  à  une  autre  :  mais  h  l'on  dit 
lunplemenr  que  c'eft  un  lion  ,  c'eft  une  métaphore  ^ 
parce  que  la  comparailbn  eft  dans  l'efprit ,  &  non 
dans  les  termes.  Il  faut  qu'une  métaphore  fjit  natu- 
relle ,  vraie  ,  Uimineufe  ,  &  qu'elle  échappe  à  la 
paffion.  Pour  être  bonne  ;  elle  doit  être  une  image 
qu'on  puilfe  peindre. 

^JC?  Une  comparaifon  direfte  n'cft  point  convenable 
à  la  Tragédie.  Les  perlonnages  ne  doivent  point 
être  Poètes  ;  la  métaphore  eft  toujours  plus  vraie , 
plus  palllonnéc. 

Ce  mot  vient  du  Grec  /ismipaç-à  ,  qui  fignifie  dé- 
placement ,  ou  tranflation  ,  de  «"« ,  éc  Çi^a. 

MÉTAPHORIQUE,  adj.  m.  &  f  Qui  appartient  à  la 
métaphore.  Mjtaphoricus  ,  tranflatus ,  tranflatitius. 
Une  exprelfion  métaphorique ,  un  dilcours  métapho- 
rique ,  une  beauté  métaphorique  ,  telle  que  décrit 
Sorel  dans  fon  Berger  extravagant.  Les  Pères  expli- 
quent la  Bible  par  des  fens  métaphoriques  &  allé- 
goriques qui  font  infinis.  gCF  Le  fens  métaphorique 
eft  celui  qui  réfulte  des  termes  pris ,  non  dans  leur 
fignification  naturelle  &  grammaticale  ,  mais  félon 
ce  qu'ils  repréfentent  &  ce  qu'ils  figurent  dans  l'in- 
tention de  ceux  qui  s'en  fervent.  J.  C.  eft  nommé 
.Agneau  ,  pour  faire  entendre  qu'il  a  toute  la  dou- 
ceur d'un  agneau.  On  donne  à  Dieu  des  mains  & 
des  yeux ,  qui  font  les  emblèmes  de  la  Science  &  de 
la  Toute-puUlance. 

Il  doit  y  avoir  dans  les  locutions  métaphoriques 
une  efpèce  d'unité,  de  forte  que  les  mots  dilïcrens 
dont  elles  font  compofées  ,  aient  de  la  convenance 
entr'eux  :  car  rien  n'eft  plus  irrégulier  que  de  join- 
dre enfemble  des  idées  j  ou  diverfes,  ou  contraires, 
qui  diffipent  l'efprit  ,  &  qui  lui  font  prendre  le 
change.  Par  exemple  ,  l'Eglife  étoit  affiégéc  par  un 
déluge  d'hérélîes.  Voilà  deux  images,  àcjïé^e  ,  Se 
de  déluge  ,  qui  n'ont  nulle  proportion.  C'eft  palfer 
tout  d'un  coup  d'une  métaphore  à  une  aurre.  Bouh. 
Quand  on  traduit  un  livre  Latin  ,  il  faut  rendre  les 
façons  de  parler  métaphoriques ,  pur  d'autres  termes 
métaphoriques  ■  or ,  comme  il  arrive  très  fouvent 
que  les  mêmes  métaphores  n'ont  pas  lien  dans  les 
deux  langues ,  le  Traducteur  eft  obligé  de  chercher 
d'autres  métaphores  que  celles  qui  répondent  préci- 
fément  &  littéralement  aux  mots.  Dan. 

MÉTAPHORIQUEMENT,  adv.  D'une  manière  figu- 
rée tk  métaphorique.  Metaphoricè  ,  tranjîatè.  Il  y  a 
bien  des  endroits  de  l'Écriture  qu'il  ne  f:;ut  pas  pren- 
Tome  y. 


M  E  T 


97t 


dre  au  pied  de  la  lettre  ,  mais  expli(]uer  métaphori- 
quement. 

MhTAPHOKISTES.  f.  m.  pi.  Nom  qui  fut  dgnné  à 
des  Hérétiques  qui  (outenoient  les  opinions  de  Da- 
niel Chamier.  Cétoit   un  Miniftre  de  .Vlontauban. 

MI':TAPHRASE.  f  f.  Métaphrajis  Interprét.uion.  Voy. 
l'article  iuivant. 

ME  r APHRASTE.  i.  m.  Celui  qui  interprète  un  Auteur. 
Métaphrafies.  Ménage  ,  dan-,  l.i  Requête  des  Diction- 
naires ,  a  appelé  Bmdouin  le  Metaphnijle ,  à  caulc 
que  c'étoit  un  grand  Traduaeur.  Mctaphrafc  ligni^ 
,  de  quelque  chofe  de  plus  que  Paraphrafe  Ik.  1  ra- 
diiction.  Ainfi  Métaphrajlc  veut  dire  tout  à  la  fois 
Tradudeur  ,  Gloll.ucur  ,  <^  Interpolateur.  Baillet. 

Métaphraste,  le  dit  en  particulier  d'un  ancien  Au- 
teur Grec  qui  nous  a  donné  beaucoup  de  vies  des 
Saints ,  tk  fon  autorité  eft  un  peu  décriée  parmi  les 
Critiques  ,  parce  qu'on  prétend  qu'il  a  ramalfé  fans 
beaucoup  de  choix  ce  que  les  autres  avoient  écrit 
avant  lui.  Métaphiafle  ,  tout  Métaphrajlc  qu'il  eft, 
dit  M.  Baillet,  &c. 

MÉTAPHYSICIEN,  f  m.  Qui  s'attache  à  la  Méta- 
phyliquc  ,  qui  fait  la  Méraphylîque,  C'eft  un  bon 
Métaphyjlcien.  Le  Métaphyftclen  confidère  les  pre- 
miers principes  des  connoillànces,  les  idées  univer- 
fclles,  &c.  AcAD.  pp., 

MÉTAPHYSIQUE,  f.  f.  Science  qui  ?çr  traite  des 
premiers  principes  de  nos  connoillànces  ,  des 
idées  univerfelles ,  des  êtres  fpirituels;  dernière  par- 
tie delaPhilofophie,  dans  laquelle  l'efprit  s'élève  au - 
dcllus  des  êtres  créés  &  corporels  ,  s'attache  à  la 
contemplation  de  Dieu  ,  des  Anges  ,  &  chofes  fpi- 
rituelles,  &  juge  des  principes  des  Sciences  par  abf- 
tradion ,  &  en  les  détachant  des  chofes  matérielles, 
Metaphyfica.  Ariftote  a  écrit  plufieurs  Livres  de 
Métaphyfique.  Si  le  P.  Mallebranche ,  Ik.  M.  Locke 
ont  laillé  encore  bien  des  ténèbres  dans  une  ma- 
tière .luftî  abftraite  que  la  Métaphyfique  ,  ils  l'ont 
du  moins  traitée  autrement  que  les  Anciens,  &  en 
ont  parlé  avec  plus  de  clarté,  Ik.  avec  plus  d'intel- 
ligence. S.  ÉVR. 

On  l'appelle  aalîî  Théologie  naturelle  ,  ou  fcience 
générale;  ik  c'eft  comme  le  tronc  ou  la  racine  de 
toutes  les  Sciences.  Son  objet  eft  l'Être  en  général, 
entant  qu'il  eft  féparé  de  toute  matière  ,  foit  réel- 
lement ,  loit  par  la  penfée. 

M.  Du  Hamel  prétend  que  ce  nom  a  été  formé 
par  les  Sedateurs  d'Ariftote  ,  &  qu'il  lui  a  été  tout- 
à  fait  inconnu. 

Ce  mot  vient  de  f'-«  »«  (pwix.a  ^  ce  qui  eft  après 
les  livres  de  Phyfique.  Il  y  en  a  qui  expliquent  la 
propofition  A'«-«=  dans  un  autre  fens,  ik  qui  dilenc 
qu'elle  fignifie  d.ans  ce  mot  ,  au  delà  ,  au-dejjus , 
parce  que  les  matières  que  traite  la  Métaphyfique 
lont  au  de  (fus  de  celles  que  traite  la  Phyfique. 

MÉTAPHYSIQUE,  adj.  m.  &  f.  Qui  appartient  à  la 
Métaphyfique  ,  qui  eft  de  la  Metaphyficue.  Méta- 
phyficus.  Les  Degrés  métaphyfiques.  Delcartcs  a  fait 
des  Méditations  métaphyfiques  où  il  y  a  de  fort  bonnes 
chofes.  Connoillance  métaphyfique.  Certitude  méta- 
phyfique. Voyez  Certitude. 

MÉTATHYSiciOE  ,  fe  dit  aulîî  de  ce  qui  eft  abftrait , 
tropfubtil.  Subtilior  ,nimis  abfiracîus.  Ce  raifonne- 
ment-là  eft  bien  métaphyfique.  Des  preuves  abftraités 
&  métaphyfiques.  Nie.  \]n  cas  métaphyfique  eft  un 
cas  qui  n'eft  point  réel ,  qui  ne  peut  arriver  que  fort 
difficilement ,  Se  qui  ne  doit  point  fervir  de  règle 
pour  la  conduite  de  la  vie. 

MÉTAPHYSIQUEMENT.  adv.  D'une  manière  méta- 
phylique.  Cela  eft  écrit ,  traité  métaphyliquemenc 
Méthaphylicè. 

MÉTAPHYSIQUER.  v.  a.  Traiter  un  fujet  métaphy- 
fiquement,  d'une  manière  abftraite.  On  rend  odieufes 
les  paftîons  défendues  dans  les  écrits  même  qui  font 
faits  pour  elles,  à  force  de  les  métaphyfiquer.  Mém.  de 
Trev.  Juin.  17 3j.  C'eft  un  mot  nouveau,  dont  on 
n'a  trouvé  que  ce  leul  exemple. 

MÉTAPLASME.  f  m.  Terme  de  Grammaire.  Tranl- 
mutation ,  transformation.  Tranfmutatio  ^  mctaplaf- 

Gggggg  ij 


f7^  MET 

mus.  Ce  changement  fe  foie  en  ajoutant ,  ou  en  utaiit , 
ou  en  changeant  j  (bit  une  lettre  ,  ioit  une  Ivilabe. 
^CT  Lf  MÉTAPLASME  par  addition  fe  bit  aii  comnicn 
cernent ,  ou  au  milieu  ,  ou  à  la  iin  d'un  mot  j  ce  qui 
produit  trois  Hgures  diftérentes ,  la  pioftèfe  ,  l'éptn 
thèl'c  &  laparagoge.  F'oye^  ces  mots. 
fC?  Le  MÉTAPLASME  par  roulhadion  ie  fait  de  mcivc 
au  commencement,  ou  au  milieu,  ou  à  laHn  d'un 
mot  ,  d'où  rclukenr  l'aphércle ,   la  lyncope  j  &c  l'a- 
pocope. Fbye^  ces  mots. 
•Le  Metaplasme  par  immutation  donne  l'Antithèli  _, 
quand  une  lettre  eft  mife  pour  une  autre  ,   comme 
ûlà  pour  i/ii ,  ou  la  Métathèfe  ,  quand  l'ordre  des 
lettres   eft  tranfpofé  ,   comme  Hanovre    pour  Ha- 
nover.  Voye^  Antithèse  &  MétathÈse. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ^iraoAair^of ,  transformaûo. 
MÉTARO.  Voyci  Métro. 

-MÉTAPONTE.  Metapontum  ou  Metapontium.  Ville 
d'Italie  dans  la  grande  Grèce ,  fur  le  goltc  de  Luca- 
nie  ,  aujourd'hui  le  s;olfe  de  Tarente. 
METAPTOSE.  f.  f.  Metaptofis.  C'eA  la  mcme  chofe 

que  MÉTASTASE. 
MÉTARRY.  r.  f.  Terme  des  Salines  de  Salins  en  Fran- 
che-Comté. C  eil  le  nom  qu'on  donne ,  ou  qu'on 
donnoit  autrefois  à  une  femme  qui  tfS  cil  occupée 
à  détremper  le  fel  en  grain  avec  de  k  rauire  ,  à  en 
remplir  une  écuelle  ou  une  melure  de  bois,  pour 
le  préfcnter  à  la  Fallary.  Voyc\  ce  mot. 
MÉTASTASE,  f.  f.  Metaftafis_.  l'erme  de  Médecine. 
Changement  d'une  maladie  en  un  autre  qui  lui  (uc- 
cède  immédiatement.  Ce  changement  te  hiit  par  le 
tranfport  de  la  matière  morbifique  dans  un  autre 
endroit  que  celui  qui  étoit  le  foyer  de  la  maladie. 
La  métaflafe  ed:  une  efpèce  de  crife  qui  eft  bonne 
ou  mauvaife.  La  bonne  eft  celle  qui  fe  fait  du  de- 
dans au  dehors  fur  quelque  partie  éloignée  ,  dont 
l'indifpodtion  n'a  rien  de  dangereux  pour  la  vie. 
C'eft  ainfi  que  des  fièvres  aiguës  &:  malignes  fe  ter- 
minent quelquefois  par  des  dépôts  &:  des  abcès  lur 
quelque  partie  externe.  La  mauvaile  métaftafe  fe  fait 
du  dehors  au  dedans,  comme  il  arrive  dans  la  gale 
&  la  petite  vérole  rentrée  ,  dans  la  goutte  remontée  , 
dans  la  délitcfcence  des  tumeurs  j  où  elle  palle  d'im 
vifcère  à  l'autre  ,  Se  fait  naître  une  nouvelle  mala- 
die non  moins  tàcheule  que  la  première.  Quelques 
Médecins  prétendent  que  la  métajiafe  eft  toujours 
dangereufe  ,  mais  que  la  métaptofe  peut  être  (alutaire 
ou  dangereufe.  Ils  appellent  la  bonne  dïadoche. 
Cette  diftinéfion  ne  répond  point  à  l'étymologie  de 
ces  deux  mots  qui  (ont  Grecs ,  &  qui  viennent 
de  |H£nSi)^i  3  &:  l'autre  de  ftiram-sjlui  ,  qui  lignifient 
■muto  ,  vel  in  pqus  ,  vel  in  melius.  Je  change  en  pis 
ou  en  mieux  ,  je  palfe  d'une  efpèce  à  un  autre.  Col. 

DE  ViLLARS. 

MÉTATARSE,  f.  m.  Màatarfus.  Terme  fC?  d'Ana- 
tomic.  C'eft  la  partie  du  pied  qui  eft  entre  le  cou  du 
pied  Se  les  orteils.  Il  eft  compofé  de  cinq  os. 

MÉTATARSIEN,  f.  m.  Terme  d'Anatomie.  C'eft  une 
malle  charnue  (îtuée  fous  la  plante  du  pied.  Elle  eft 
attachée  d'une  part  à  la  partie  intérieure  de  la  grande 
tubérofité  du  calcaneum;  delà  elle  fe  porte  en  de- 
vant ,  &  fe  termine  par  une  efpèce  de  tendon 
court ,  qui  s'attache  à  la  tubérofité  &  à  la  partie  pol- 
térieure  de  la  face  inférieure  du  cinquième  os  du  mé- 
tartafe.  Metatarjius  ,  de  ,«"«  ,  après ,  &c  -m/m  tarfe. 
DicT.  de  James. 

MÉTATHÈSE.  f.  f.  Tranfpofition ,  figure  grammati- 
cale ,  qui  fe  fait  par  une  tranfpofition  de  lettres  dans 
un  mot  ,  ou  de  mots  dans  un  difcours.  Mctathefîs  , 
tranfpojido.  Profil  pour  potfil ,  Epervier  pour  Epre 
vier  ,  bcrlan  ,  pour  brelan. 

Ce  mot  vient  du  Grec  fftiHtric, 

MétathÈse.  Terme  de  Médecine.  Tranfport  ou  chan- 
gement de  place.  On  le  lett  de  ce  mot  en  parlant 
des  caufes  morbifiques ,  que  l'on  tranlporte  dans  les 
lieux  où  elles  ne  peuvent  pas  cauler  beaucoup  de 
dommage,  quand  on  ne  peut  point  les  évacuer.  La 
mécachè/c  d'une  citaratle  conùfte  dans  l'opération 


MET 

par  la.iLieilc  on  1  abat ,  pour  qu^'clie  ne  puilTe  plus 
intercepter  les  rayons  de  la  lumière. 
MtlAYLR.  f.  m.  Prononce/,  métcicr.  Qui  cultive  Se 
lait  valoir  des  terres ,  ou  une  métairie  ,  Ioit  à  prix 
d'argent  ,  Ioit  à  moifon  ,  ou  à  moitié  huits  ,  loir 
comme  domcftique  au  profit  du  maître.  En  quelques 
lieux  on  les  appelle  Métuys  ;  en  d'autres  Menviers. 
Villicus  i  colonus  aluni  prmdii. 
£Q"'  Le  Métayer  eft  proprement  un  Fermier  qui  re- 
tient la  moitié  de  la  récolte,  &  donne  I  autre  au 
propiiétaire  de  la  terre.  Les  anciens  Junkoniultes 
les  nwmmcnt  coloni partiarii.  Et  dans  quelques  vieux 
contrats  rcdijcs  en  latin  ils  font  nommés  medietaru  , 
à  caulc  du  partage  des  fruits  qui  fe  fait  entre  le  Fer- 
mier partiaux  <k  le  propriétaire  du  fonds ^  qui  les 
rend  comme  aflociés.  Palquier.  Kcch.  L.  7. 

Ces  mots  viennent  de  Mtiie.tanus  &c  de  Medietas, 
parce  que  le  FcrmicT  prend  la  moitié  des  truits.  En 
Droit  on  les  appelle  Fermiers  partiaires. 

On  a  dit  Se  écrit  autrefois.  Mîflayer  Se  Me/loyer. 
METE.  f.  f.  "Vieux  mot.  Borne ,  frontière.  Du   Latia 
meca  ,  qui  veut  dire  la  même  chofe.  tfJ'  Ce  terme 
eft  uhré  dans  quelques  coutumes  pour  fignifier  le 
territoire  d'un  Juge  j  d'un  Officier  de  Juftice ,  d'ua 
Sergent.  Un  fergent  ne  peut  exploiter  qu'es  meccs  de 
fa  Jurifdidion  ,  c'eft  a-dire   dans  l'étendue  de  fon 
territoire. 
fC?  Les  Encyclopédiftes  remarquent  qu'il  faut  dire  mecet 
&  non  pas  melti  ,  comme  l'écrit  le  Dictionnaire  de 
Trévoux.  Il  eft  très  vrai  qu'il  iaut  écrire  mete\  mais 
il  n'eftpas  ir.oinsvrai  que  le  Didionnaire  de  Trévoux 
écrit  mete  Se  non  pas  mette.  C'eft  au  moins  ainli  que 
ce  mot  eft  écrit  dans  la  dernière  Édition  que  je  cor- 
rige aujourd'hui. 
MÉ'TECAL.  1.  m.  Elpèce  de  ducat  d'or  qui  le  frappe 
à  Maroc  &  dans  quelques  autres  villes  de  ce  Royaume 
&  de  celui  de  Fèz. 
MÉTÉDORES.  f.  m.  pi.  Terme  Efpagnol  ,    particu- 
lièrement en  ufagc  à  Cadix  ,  où  il  lignifie  des  efpèces 
de  br.ives  qui  favoritent  la  fortie  de  cette  ville  aux 
barres  d'argent  que  les  Marchands  ont  été  obligés  d'y 
faire  débarquer  à  l'arrivée  des  gallions  ou  de  la  Hotte 
des  Indes.  ^fT  Moyennant  un  pour  cent  de  tous  les 
effets  qu'ils  peuvent  lauver  aux  marchands  ,  ils  s'ex- 
pofent  aux  rifques  qui  peuvent  naître  de  cette  contre- 
bande. 
MÉTEIL.  f.  m.  Dans  les  provinces  le  petit  peuple  dit 
metau.  C'eft  du  bléj  moitié  feigle  &  moitié  froment. 
Le  meilleur  froment  bile  toujours  d'année  en  année, 
&  devient  enfin  meteil.  Le  blé  de  dixme  eft  du  blé 
méteil.  On  n'eft  obligé  de  payer  les  fermes  de  dixmes 
Se  de  champarts  qu'en  hXc-méteil.  Le  gtos  méteil ,  ou 
bon  méteil  ^  eft  celui  qui  eft  plus  gras  ,  ou  plus  fort 
de  froment  que  de  feigle.  Le  petit  meteil ,  eft  celui  qui 
eft  plus  maigre ,   ou  plus  fort  de  feigle  que  de  fro- 
ment. On  appelle  pajfe- méteil ,  le  blé  dans  lequel  il 
y  a  deux  tiers  de  froment  contre  un  tiers  de  ieigle. 
Ac.  Fr.  En  Lzùn  medietaneum  hlandum  ,  niixtium  ^ 
mixtoriitm,  mixtura  ,  &  mi::tiolum  ,  Se  dans  la  balle 
Latinité  ,    majlilio. 
MÉTEL.  f.  m.  Nom  d'homme.  Metellus. 
MÉTEL,  ou  MÉTHEL.  f.  m.  C'eft  une  plante  que  M. 
Tourncfort  met  parmi  les  efpècess  de  Stramonium  , 
Se  qu'il  appelle  Stramonium  fruclu  fpinofo  rotundo  fc- 
mine  nigricantc.  Voyez  Stramonium. 
MÉTELEN.    Mcdiolanum.  C'étoir  anciennement  une 
ville  des  Chamaves,  en  Allemagne.  Maintenant  ce 
n'eft  qu'un  village  del'Evêchéde  Munfter,  lituéaufud- 
oueft  de  la  ville  de  ce  nom ,  que  quelques-uns  pren- 
nent pour  l'ancienne  Mcdiolanum. 
MÉTELIN.  Nom  de  la  ville  capitale  de  l'île  de  Mé- 
telin.  Mitilenc.  Elle  a  un  Archevêché  &  un  bon  port, 
fur  la  côte  orientale  de  l'île.  Matv. 
MÉTELIN ,  ou  LESBOS.  Nom  d'une  île  de  l'Archipel, 
Mytilene  Lcsbos.  Elle  eft  à  deux  lieues  de  la  côte  de 
la  Natolie,  entre  Smyrne  &  le  détroit  de  Gallipoli. 
Son  circuit  eft'  d'environ  quarante  cinq  lieues  ,  iow 
terroir  fettilc  ,  patticulièrcmcnt  en  vins  excellens. 
MÉTELINE.  f  m.  Terme  de  Flcurifte.  Noiiid'uue  Ané- 


MET 


i 

môiie  ,  qui  eft  d'un  gris  falc,  mclc  de  vcrd  é\:  d  in- 
carnat. MORIN. 

MÉTELLUS.  f.  lu.  Nom  d'homme.  Mctellus.  C'cft  le 
furnom  de  la  faniillc  Cxcilia.  yl/(;f:7///j  je  C'r. tique, 
Metelluslc  'hla.ccàomqae  j  Metellus  le  Niiiiudique. 

^lÉTEMPSYCHOSE.  Plus  communément  Mctcmp- 
fycofe.  f.  f.  Padàge,  ou  tranfmigration  de  l'amcd'un 
homme  dans  le  corps  d'un  autre  homme  ,  ou  dune 
bête  ,  lorsqu'il  vient  à  mourir.  Mctcmpfychojis.  Les 
Pythagoriciens  a\oicnt  cette  opinion  ,  qu'à  la  mort 
des  hommes  leurs  âmes  palloient  dans  d'autres  corps  ; 
&  que  11  elles  .avoient  été  vicieufes  ,  elles  étoient  en- 
fermées dans  des  corps  de  bétes  immondes  ,  ou  mal- 
heureufes ,  pour  y  faire  pénitence  ,  Se  qu'après  quel- 
ques hècles  elles  venoient  animer  d'autres  hommes. 
Comme  jIs  avoient  compris  que  lame  par  ft  nature 
ii'elt  point  périliàble,  ils  s'imaginèrent  qu'elle  alloit 
animer  un  .lutre  corps  au  lortir  de  celui  qu'elle  aban- 
donnoit.  Lucain  appelle  cette  erreur  un  officieux 
menfongc  ,  qui  épargne  les  frayeurs  de  la  mort  j  & 
qui  entretient  dans  la  douce  pcnfée  que  l'ame  ne 
feit  que  changer  de  demeure  ,  Hc  qu'on  ne  celle  de 
vivre  que  pour  recommencer  une  autre  vie.  Brebeuf 
dans  (a  traduclioa  de  la  Pharfile  de  Lucain  ,  a  ex- 
pliqué le  ientiment  des  Pythagoriciens  par  les  vers 
qui  (uivent. 

Ils pcnfenc  que  des  corps  les  ombes  divifecs  , 
Ne  vont  pas  s' enfermer  dans  les  Champs  Elyfées , 
Et  ne  connoij] cm  point  ces  lieux  infortunés 
Qu'à  d'éternelles  nuits  le  ciel  a  condamnés  ; 
De  font  corps  languiffant  une  ame  féparée 
En  reprend  un  nouveau  dans  une  autre  contrée , 
Elle  change  de  vie  au  lieu  de  la  laijfer. 
Et  ne  finit  fe s  jours  que  pour  les  commencer. 

Pythagore  avoit  pris  cette  opinion  des  anciens 
Brachmanes  ;  de  elle  duie  encore  parmi  les  Banians,  & 
\cs  autres  Idolâtres  de  l'Inde  ,  &  de  la  Chine.  Elle  fait 
le  principal  fondement  de  leur  Religion  ,  &  ils  en 
font  tellement  entêtés  ,  que  non  feulement  ils  ne 
mangent  aucun  animal  qui  ait  eu  vie ,  mais  même 
ils  ne  fe  défendent  pas  des  bêtes  farouches.  Ils  ne 
veulent  pas  non  plus  brûler  du  bois ,  de  peur  qu'il 
ne  s'y  trouvât  quelque  beftiole  vivante  ■■,  &c  ils  font 
fi  charitables  j  qu'ils  tachettent  des  mains  des  étran- 
gers ,  les  animaux ,  quand  ils  voient  qu'il  font  prêts 
de  les  tuer. 

La  doilrine  de  la  métempfycofe  eft  peut-être  au- 
jourd'hui en  plus  grand  honneur  dans  les  Indes , 
qu'elle  ne  l'a  jamais  été  en  aucun  lieu  du  monde.  Les 
Indiens  regardent  certains  animaux  comme  la  de- 
meure des  âmes  de  ceux  qui  ont  quitté  la  vie.  Ils  ont 
une  attention  excellive  pour  ces  animaux ,  &  en  ado- 
lent  quelques  uns  :  culte  qui  leur  eft  venu  d'Egypte. 
Effai  fur  les   Hiérog, 

Ce  mot  eft  Grec,  il  vient  des  deux  prépofitions 
fet7«,  t  ,  &  de  l-">^>i ,  anima  ,  ame. 
^  METEMSYCOSISTE.  f  m.  Partifan  de  la  Mé- 
tempfycofe, qui  croit  la  Métempfycole.  Les  Pytha- 
goriciens étoient  Métemplycofiftes.  Les  Indiens  font 
Métempficoffies. 
MÉTEMPSYQUE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  Seftc.  Metcmp- 
fycus  ,  iz.  Il  y  a  eu  des  Métempfyqucs  chez  les  Juifs  , 
où  ils  s'élevèrent  vers  le  temps  de  J.  C  &  parmi  les 
premiers  Chrétiens.  Ils  admettoient  la  métemplycole 
de  Pythagore.  S.  Chryfoiogue  en  parle  dans  Ion  Ser- 
mon. 

Ce  nom  eft  Grec  ,  &  dérivé  du  mot  i'-mf^l/ùx"'". 
MÉTEMPTOSE,  f.  f.  Terme  de  Chronologie.  Metemp- 
tofis  ,  aquatio  folaris.  On  s'en  fert  fur-tout  dans  les 
traités  du  Calendrier  pour  exprimer  l'équation  fo- 
laire  ,  qu'il  faut  faire  pour  empêcher  que  les  nou- 
velles lunes  n'arrivent  un  jour  trop  tat d  ;  comme  on 
nomme  proemptofe  ,  ou  équation  lunaire  ,  celle  dont 
on  le  fert  pour  empêcher  que  les  nouvelles  lunes 
n'arrivent  un  jour  trop  tôt.  Les  nouvelles  lunes  vien- 
nent d'un  jour  entier  plutêit  au  bout  de  312  ans  & 
demi  :  ainfi  par  cette  proemptofe  on  ajoute  un  jour 


M  E  T  973 

tous  les  5C0  ani ,  iS^'  de  pl'js  tous  les  Z400  ans. 
D'ailleurs,  à  caufc  de  la  mctcmprof: ,  il  faut  fupprimer 
un  Bille.Mih.  tous  les  i  ^4  ans  ,  c'eft  à  dire,  trois  fois 
en  400  ans.  (Jn  ne  fait  ces  chani^enieiis  (]ii'an  bout 
de  chaque  liècic,  parce  que  ce  terme  eft  j>lus  rcniar 
qiiable ,  &  rend  la  pratique  du  Calendrier  plus  aific. 
11  y  a  trois  règles  pour  taire  ce  changement  d'addi- 
tion ,  ou  de  luppreMion  du  jour  billextile ,  &  par 
conlequent  pour  changer  l'indice  des  épadles.  i. 
Quand  il  y  a  métemptoj'c  (ans  procmptoic,  il  faut 
prendre  l'indice  fuivaut,  ctu  intérieur,  i.  Quand  il 
y  a  proemptofe  (ans  métemptofe  ,  on  prend  l'indiœ 
précédent,  ou  fupérieur.  5.  Quand  il  y  a  proemptofe 
Ik  métemptofe  ,  ou  qu'il  n'y  a  ni  l'une  ni  l'autre ,  on 
garde  la  même  indice.  Ainfl  en  1600  ,  on  .ivoit  D. 
En  1700.  à  caufe  de  la  métemptofe  ,  on  prend  C.  En 
1 800 ,  il  y  aura  proemptofe  &  métemptofe  ,  &c  ainfi 
on  retiendra  l'indice  C.  En  ipoo,  il  y  aura  encore 
métemptofe  ,  Se  on  prendra  B.  qu'on  retiendra  en 
2000.  parce  qu  il  n'y  aura  ni  l'une  ni  l'autre.  En  voila 
plus  qu  il  ne  nous  en  faut.  Voyc:;;^  Clavius  ,  qui  a 
fait  fon  calcul  d'un  cycle  de  301800.  au  bout  du- 
quel temps  les  mjmes  indices  reviennent ,  &  dans 
le  même  ordre. 

Ce  mot  vient  de  ^'^li' ,  cado  ,   je   tombe  ,  &  de 
f" '■'■■,  pofi  ,apiès. 

§Cr  MÉTENSAMOTOSE.  C  f.  Terme  Grec  S:  dogma- 
tique ,  dont  on  trouvera  l'explication  dans  l'exemple 
qui  fuit.  Ladeftinée  de  l'ame  au  fortir  du  corps  ,  dans 
le  fyftême  des  Druides  j  n'ert  pas  une  choie  facile 
à  décider.  Admettoient  ils  une  métempfycofe  ,  ou 
bien  une  métenfamatofe  j  c'eft-à-dire  ,  admettoient- 
ils  le  retour  des  âmes  dans  de  nouveaux  corps  ('voilà 
la  métempfycofe^  ou  limplement  imaginoient-ils  un 
pays  inconnu  où  les  âmes  allalfent  après  la  mort  ? 
Croyoient-ils  à  ce  pays  des  âmes,  dont  plufieurs  nations 
fiuvages  fuppolent  aujourd  hui  la  réalité?  C'eft  ce 
qu'on  appelle  Métenfamatofe.   Fenelon. 

IJCT  METEORE,  i.  m.  Meteorum.  L2s  Phyficiens  don- 
nent le  nom  de  Météores  à  certains  phénomènes  qui 
paroilîent  dans  l'atmofphcre.  Ils  font  formés  des  va- 
peurs &  des  exhalaifons ,  c'cft-à  dire  ,  de  particules 
très  déliées  détachées  des  corps  terreftres ,  qui  de- 
venues plus  légères  qu'un  pareil  volume  d'air  ,  s'é- 
lèvent dans  l'atmofphère  par  les  loix  de  l'hydrofLa- 
tique ,  vont  fe  réunir  dans  une  rét^ion  où  elles  font 
en  équilibre  avec  un  air  moins  pelant  que  celui  que 
nous  refpirons,  &  forment  par  leur  réunion  les  dif- 
férens  phénomènes.  Voye^  Vapeur  ,  &Exalaisok. 
Il  y  en  a  de  trois  fortes:  les  Ignées ,  comme  le  ton- 
nerre ,  les  feux  follets ,  les  dragons  ardens ,  les  étoiles 
tombantes  ,  &c  tous  les  autres  phénomènes  de  feu 
qui  paroilfent  en  l'air.  Les  Aériens ,  comme  les  vents 
éc  les  tourbillons.  Les  Aqueux ,  comme  les  nuées , 
l'arc-en-ciel ,  la  grêle,  la  neige  j  la  gelée,  la  pluie, 
la  rofée  &  autres  femblables.  On  y  met  auffi  le  miel , 
la  manne  ,  &cc.  On  a  vu  des  météores  en  forme  de 
clochers  ardens,  de  lances  Hamboyantes ,  de  jave- 
lots btûlans  ,  de  traits  de  feu  volans  j  de  chevrons 
de  feu  ,  de  chèvres  fautelantes,  des  étoiles  volantes, 
&c.  La  formation  de  ces  météores  eft  expliquée  dans 
un  Traité  exprès  qu'en  a  fait  Dcfcartes.  Ariftote  & 
Galfendi  en  ont  auffi  écrit,  yoye^  les  articles  parti- 
culiers. 

Les  Grecs  les  ont   nommés  t^air-^i ,  c'eft  à  dire  , 
fiblimes  ,  ou  hauts  ,  élevés  ;  les  Latins  impreflones ; 
parce  qu'ils  font  plufieurs  fignes  &  imprelîions  ?ii 
l'air. 
03"  MÉTEORISME.  f  m.  Terme  de  médecine.  On  dé- 
figne  par   ce   mot  dans    la  médecine  moderne  une 
tenfion  &  élévation  douloureufe  du  bas  ventre  qu'on 
obferve  dans  les  fièvres  putrides ,  &  qui  manque  ra- 
rement dans  les  fièvres  malignes. 
ffJ-  MÉTÉOROLOGIE,  f  f.  Meteorologia.  Terme  de 
Phyfique.  C'eft  la  fcience   qui  traite  des  météores , 
qui  en  explique  l'origine  ,   la  formation  ,  les  dif- 
férentes efpèces  &c.  du  Grec  ,"s «»(>«',  &  du  mot  Mys , 
difcours  ,  traité. 

I  MÉTÉOROLOGIQUE,  adj.  Qui  concerne  les  météores. 


'^74         MET 

Obtcivations  météorologiques.  Tant  -que  les  hygro- 
mèacs  n'auront  pas  l'avantage  de  nous  montrer  com- 
bien l'humidité  ou  la  l'ccherefle  augmentent  ou 
diminuent ,  ils  ne  mériteront  guère  d'être  mis  parmi 
les  inihumens  météorologiques. 

|iC?  On  voit  par- là  qu'on  appelle  inftrumens  météoro- 
logiques ceux  qui  fervent  à  faire  connoître  les  ditlé- 
rcns  cliangemens  qui  arrivent  dans  l'atmofphère  par 
rapport  à  la  chaleur  ,  au  froid  ,  à  l'humidité  ,  à  la  pe- 
fanteur,  &c.  &  à  prédire  par  ce  moyen  leschangemcns 
de  temps ,  pluie ,  vent ,  neige  ,  &:c.  Foyei  Baromètre, 
Termomètre,  Hygromètre,  Mamomètre  ,  Anémo- 
mètre, «Sec. 

ifT  L'on  appelle  obfervatiens  meiteoro/o^i^ae^  ,  celles 
que  font  les  Phyficiens  fur  les  degrés  du  froid  ,  du 
chaud,  fur  les  vents,  fur  la  quantité  de  pluie  & 
de  neige  qui  eft  tombée  pendant  le  cours  d'une  an- 
née j  ou  autre  temps  plus  ou  moins  conlidérables. 
MÉTÉOROMANCIE.  f  f.  divination  par  les  mé- 
téores, principalement  par  le  tonnerre  &:  par  les 
éclairs. 

AlÉTÉOROSCOPE.  f.  m.  Les  anciens  Mathématiciens 
&  Aftronomes  donnoient  ce  nom  aux  inftrumens 
qui  leur  fervoient  à  obferver ,  S<.  à  prendre  les  dif 
■tances,  les  grandeurs  &  les  lieux  des  étoiles  &c  des 
aftres  ,  comnie  l'Aftrolabe.  Meteorofcopium.  zfT  Ce 
nom  conviei-idroit  mieux  aux  inftrumens  deftinés  à 
faire  les  obiervations  météorologiques. 

Ce  mot  eft  compolé  de  fn-nufn  ^  haut  élevé  y  Se 
exs^lcfioi ,  je  fpécule  ,  j 'objerve. 

MÉTHCA.  Methca.  G'eft  un  des  logemens  des  Ifraë- 
lites  dans  le  Défert.  Nomb.  XXXIIL    z8. 

-METHEUS.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  C'eft  le  nom 
du  fécond  cheval  du  char  de  Pluton  félon  Bocace. 

^lÉTHODE.  f.  f.  Ordre  qu'on  fuit  pour  trouver  la  venté 
ou  pour  l'enleigner.  Brevis  j  expeditaque  via  ,  ars  , 
methodus ,  aperta ,  certaque  ratio.  Il  y  a  deux  lortcs  de 
méthodes  :  l'une  ,  pour  chercher  la  vérité  ,  qu'on 
appelle  Analyfe  \  &  l'autre,  pour  la  faire  entendre 
aux  autres  ,  quand  on  l'a  trouvée  ,  qu'on  appelle 
Synthèfe.  Log.  On  peut  encore  diftinguer  deux  fortes 
de  méthodes.  L'une  fimple  &  feche ,  c'eft  celle  des 
GéomètreSj  qui  ne  cherchent  qu'à  propofer  des  vé- 
rités toutes  nues,  &  à  en  tirer  des  conclufions. L'autre 
compofée  &  Hcurie ,  qui  eft  celle  des  Orateurs.  Dac. 

*^'  La  MÉTHODE  dans  un  ouvrage,  dans  un  difcours, 
eft  la  manière  de  difpofer  les  penfées  dans  un  ordre 
propre  à  les  prouver  aux  autres,  ou  à  les  leur  faire 
comprendre  avec  facilité. 

^C?  Il  y  a  pluficurs  livres  qui  portent  le  nom  de  Alé- 
chode,  paiticulièrement  les  livres  élémentaires  deftinés 
à  l'étude  des  Langues.  Tout  le  monde  connoît  les 
méthodes  de  P.  R.  Les  méthodes  Grecque  &  Latine  , 
du  P.  Lancelot ,  ont  d'abord  été  fort  goûtées.  On 
en  eft  maintenant  revenu.  Elles  font  comme  toutes 
les  autres  ,  ou  à  peu  près.  Ce  qu'elle  ont  de  bon  ,  n'eft 
pas  nouveau;  ce  qu'elles  ont  de  nouveau  ,  n'eft  pas 
toujours  fort  bon.  Langage  partial. 

Ce  mot  vient  du  Grec  //.lânia ,  ordre  ,  règle  ,  ar- 
rangement. 

MÉTHODE  j  eft  auffi  la  coutume  j  l'habitude,  la  manière 
d'agir  particulière.  Voilà  ma  méthode.  Voilà  ma  fa- 
çon. Sic  fum  ,  fiplaceo,  utere.  Il  n'y  a  perfonne  qui 
n'ait  fa  méthode ,  Ion  caradèrc  particulier. 

Non  ,  je  ne  puis  fouffrir  cette  lâche  méthode  , 
Qu' affeclcnt  la  plus  part  de  vos  gens  à  la  mode. 

MoL. 

*^  MÉTHODE  J  ou  fyftême  de  Botanique.  C'eft  une 
façon  de  ranger  les  plantes  par  clafte  ,  feûions  & 
genres  ,  pour  foulager  la  mémoire  &  faciliter  la 
connoilTance  des  plantes. 

iScï»  MÉTHODE  ,  en  Mathématiques ,  fe  dit  non  feule- 
ment de  la  route  que  l'on  luit  pour  réfoudre  un  pro- 
blême ,  mais  bien  plus  particulièrement  de  la  route 
qu'on  a  trouvée  pour  réfoudre  plufieurs  queftions  du 
même  genre.  Plus  ces  méthodes  lont  générales ,  c'eft- 

.. . à-dire,  applicables  à  un  grand  nombre  de  queftion$. 


MET 

plus  elles  ant  d'avjutagc  fur  celles  qui  font  bornées 
à  des  queftions  ilolécs- 

IP"  MÉTHODIQUE,  adj.  de  t.  g.  Qui  a  de  la  métho- 
de ,  efprit  méthodique  ;  ou  bien  ce  qui' eft  fait  avec 
métliode ,  diicours  méthodique.  Certu  &  expedhâ 
ratione  conjians  ,  meij/iodicus.  On  apprend  ,  6:  on 
retient  mieux  les  Sciences  ,  quand  elles  font 
dilpolées  dans  un  ordre  méthodique.  Il  ne  faut  être 
toujours  ni  fi  régulier  ,  ni  fi  méthodique;  il  faut  erre 
Ii^udi  pour  être  heureux.  Bal.  S.  Thomas  étoittrès- 
folidc  &  ttès  -  méthodique  Le  P.  Rap.  Je  n'eftimc 
point  un  Savant  qui  n'a  point  un  efprit  clair  &  mé- 
thodique. BouH. 

§3"  MÉTHODIQUE.  Nom  d'une  ancienne  Secle  de  Mé- 
decine ,  fondée  par  Thémilon  qui  prit  l'épithL-te  de 
Méthodique  ,  paice  que  (on  but  étoit  de  tionvcr 
une  méthode  qui  rendît  l'étude  &  la  pratique  de  la 
Médecine  plus  ailées.  Les  Méthodiques  n'idmezwicnz 
que  deux  genres  de  maladies  j  celles  qui  provenoicnt 
du  red'errement ,  &  celles  qui  vcnoiC!;t  du  reiiche- 
ment.  Ainii  ils  n'avoient  beloin  que  de  deux  eipeccs 
de  remèdes  ,  les  uns  pour  relâcher  ,  les  autres  pour 
rellcrrer.  Us  ne  cherchoient  à  guérir  les  maladies 
que  par  les  remèdes  les  plus  fimples  ,  &  dont  on  ■ 
fait  ufage  dans  la  lahté  ,  l'air  &  les  alimens.  Ainli  " 
ils  banniiroient  tous  les  Ipécifiques  ,  avec  les  forts 
purgatifs. 

Quelques-uns  appellent  auflî  Médecins  méthodi- 
ques ,  ceux  qui  luivent  la  doétrine  de  Galien  Hz  des 
Écoles  ,  &  qui  guenllent  avec  des  laignées  &  purga- 
tions  faites  à  propos  ,  par  oppolition  aux  Empiri- 
ques &c  Chymijles  ;  qui  ulent  des  remèdes  violens, 
&  de  prétendus   f  crets. 

MÉTHODIQUEMENT,  adv.  D'une  manière  métho- 
dique. Certà  facUique  dtfcipiinâ  ,  methodicè.  Les 
Auteurs  qu'il  faut  le  plus  rechercher  ,  lont  ceux  qui 
traitent  &  enteignent  les  choies  méthodiquement. 
La  morale  eft  propre  à  former  méthodiquement  une 
bonne  conlcience.  S.  EvR. 

■83^  MÉTHODISTE,  f  m.  Partifan  des  méthodes ^qui  les 
croit  bonnes  pour  apprendre  les  Sciences.  Les  moins 
Méthodijles  des  profeftlons  avouent  que  les  m.'iho- 
des  procurent  des  commodités  &  des  facilités  pour 
étudier.  Mem.  de  Tr. 

U3"MÉTHODisTES.  Sedaircs.  Les  Méthodi/Ies  Com  une 
efpèce  de  Myftiques ,  qui  font  les  illuminés.  Oa 
leur  a  donné  ce  nom  parce  qu'ils  fe  vantent  d'avoir 
trouve  une  méthode  ,  ou  une  voie  particulière  pour 
arriver  au  lalut.  Cette  voie  conlilte  à  mener  une  vie 
fort  auftère  ,  à  fiire  profeftîon  d'un  partait  détache- 
ment des  choies  du  monde.  Ils  poulfcnr  le  Calvinif 
me  fur  les  matières  de  la  Prédeftination  (S^  de  la  | 
Grâce  jufqu'à  l'excès.  Cette  Seéte  ,  qui  eft  allez  ré-  ^ 
cente,a  pris  naiftance  dans  l'Univerlité  d'Oxford , 
&  n'eft  pas  encore  fortic  d'Angleterre. 

§CF  On  a  auftî  donné  le  nom  de  MethodiJJies  aux  Méde- 
cins de  la  Sefte  Méthodique.  Foye-^  ce  mot. 

METHODIUS.  f.  m.  Nom  d'homme,  qu'il  faut  tou- 
jours conferver  dans  fa  forme  Latine  en  notre  langue, 
fans  dire  ni  Méthode ,  ni  Méthodie  ,  pour  éviter 
les  ambiguïtés.  Methodius.  Cependant  M.  de  Tille- 
mont  dit  Méthode. 

Cl^  MÉTHON  ,  MÉTHONIQUE.  Voye^  MÉthon. 

MÉTHONE.  Nom  de  lix  villes  anciennes ,  dont  deux 
étoient  dans  le  Péloponnèle,  une  dans  la  Thrace, 
une  dans  la  Macédoine  ,  une  dans  l'Eubée  ,  &  la 
dernière  dans  la    Perfie. 

METHYMNE.  Nom  d'une  ville  de  l'île  de  Lesbos , 
aujourd'hui  Métclin.  Methymna.  C'eft  la  ville  prin- 
cipale de  l'île  après  Mételin.  Méthymne  eft  fur  la 
côte  orientale  de  l'Ile. 

MÉTI.  f  m.  Nom  que  les  Mexicains  donnent  à  uti 
arbre  qui  croît  parmi  eux  ,  &  qu'ils  cultivent  fore 
(bigneufement.  C'eft  une  efpèce  d'alocs ,  qu'on  ap- 
pelle autrement  Karata  ,  ou  Maguei.  Voyez  ces  deur 
mots  dans  leur  lieu. 

CCr  MÉTICE.  Foye^  Métis. 

MÉTIER,  f  m.  ProfeiTion  qu'on  choifit ,  à  laquelle  on 
s'applique.   /7«  genus  ,  ratio  ,  injlitutum.  Ce  mot. 


MET 


M  E 


T 


qui  fignifîe  um  emploi  bas  dans  le  propre,  fignifie 
quelque  cliofe  de  plus  noble  dans  le  figuré.  C'cll 
ainfi  que  la  métaphore  ennoblir  quelquefois  les 
mots,  en  les  détournant  de  leur  lignification  natu- 
relle. BouH.  La  profeilion  des  armes  cl\lc  /nc'ùer 
d'un  Gentilhomme  ,  c'eft  le  mécicr  des  honnêtes 
gens.  Ce  Capitaine  cft  bien  entendu  dans  fon  mctïer , 
ila  vieilli  dans  le  OTc'ritr.  Combien  voit  on  de  Prêtres 
qui  regardent  leur  vocation  non  comme  un  emploi 
qui  doit  les  fandlifier  ;  mais  comme  un  mener  qui 
doit  les  nourrir.  FlÉch.  Un  honnête  homme  n'efl: 
d'aucun  métier;  fa  converfation  ne  le  fait  point  remar- 
quer. Le  Ch.  de  m. 

Moi ,  je  ne  puis  fouffrir  ces  Auteurs  affamés  y 
Qui  fe  mette dt  fans  honte  aux  gaines  d'un  Libraire  , 
Et  font  d'un  art  divin  un  métier  mercenaire.  Boil. 

Mais  de  ipus  les  métiers  où  l'on  peut  s'attacher , 
Sais- tu  que  le  plus  rude.  Abbé  ,  c'cjl  de  prêcher? 

Boil. 

§Cr  Ainfi  ce  mot  ne  peut  être  admis  qu'avec  une  épi- 
thètc  qui  le  fortifie.  Le  métier  des  armes.  Il  eft  heu- 
reufement  employé  par  Racine  dans  le  fens  le  plus  bas. 

§C?  Athalie  dit  à  Joas  :  Laillezlà  cet  habit ,  quittez  ce 
vil  métier.  On  ne  peut  exprimer  plus  fortement  , 
dit  Voltaire  ,  le  mépris  de  cette  Reine  pour  le  faccr- 
doce  des  Juifs. 

On  appelle  gens  du  métier  ,  ceux  qui  exercent 
une  profeilion  ,  qui  font  verfés  dans  la  connoillance 
de  quelque  art  ,  de  quelque  icience;  ainil  quand  on 
doute  lur  quelque  point  de  fcience,  on  dit.  Il  faut 
conlulter  les  Maîtres  ,  ou  les  gens  du  métier;  ou  les 
plus  habiles  dans  le  métier.  Unicuique  in  fui  arte  cre- 
dendum  eft.  On  dit  aulîi  à  celui  qui  fe  mêle  de  juger 
de  ce  qu'il  ne  lait  pas,  Tailez  vous ,  ce  n'eft  pas  là 
votre  métier.  Il  faut  que  chacun  fe  mêle  de  Ion 
métier. 

Qtiamfcit  quifque  libens  cenfebo  exerceat  artem. 

Horace. 


Ce  mot  de  métier  vient  de   minifterium.  On  die 
aufli  en  Efpagne  ,  le  mot  de  menefter ,  pour  beloin. 
Pafquier  dérive  le  mot  de  métier ,  àt  Meneftrier  , 
&  le  prouve  par  des  lettres  de  Charles  V.  En  Latin 
on  appelle  les  gens  de  métier,  minifteriales.  du  Cange 
dit  qu'on  a  pris  ce  mot  des  Latins ,  où  Miniftre  fe 
difoit  des  grands  Officiers  de  l'Empire  ,  qu'on  a  ap- 
pliqué depuis  aux  moindres  Artifans.  On  a  dit  aulli 
dans  la  balfe  Latinité  myfterium  en  la  même  figniii- 
cation  ,  ou  il  vient  plutôt  du  mot  Celtique  me  cher  , 
métier  &  art. 
MÉTIER ,  fe  dit  plus  particulièrement  de  la  profejîîon 
des  arts  mécaniques.  Ars ,  ars  illiberalis  ,   ignobilis. 
On  appelle  abfolument  les  Artilans,  le«  gens  de  mé- 
tier. Tous  les  Artifans  font  divifés  par   la  Police  en 
pluheurs  Corps  de  métier.  Chaque  Corps  a  les  Ju- 
rés du  métier ,  qui  ont  infpedtion  fur  les  Maîtres  du 
métier ,  &  qui  tiennent  regiftre  des  apprentis  du  mé- 
tier y   de  ceux   qu'on    met  en  msticr  ;  &    on  dit , 
entreprendre  fur    le  métier,  quand  un  compagnon 
travaille  du  métier  hors  de  chez  les  Maîtres.  Paul 
Burghefe  ,  Poëte  Italien  ,  qui  avoit  fait  une  Jérufa- 
lem  délivrée  fur  le  deflein  du  Talle  iSc  furies  mêmes 
rimes ,  favoit  quatorze  métiers  ,  Se  n'avoir  pas  de 
quoi  vivre.  De  Vign.  Marv. 
4(3"  On  appelle  populairement ,  un  gâte-métier ,  celui 
qui  donne  fa  peine  ou  fa  marchandife  à  trop  bon 
marché.  On  dit  qu'un  homme  entend  bien  le  métier , 
quand  il  fait   bien  faire  les  chofes  dont  il  fe  mêle. 
MÉTIER  j  fe  dit  quelquefois  de  ce  qui  fe  fait  ordinai- 
rement ,  &  par  coutume.  Les  Coquettes  fe  font  un 
métier  de  tromper  leurs  Amans.  Le  métier  des  Alle- 
mansj  c'eft  de    boire.   Cet  homme    eft  accoutumé 
à  tromper  ,  il  en  fait  métier  Se  marchandife. 

Qu'un  honnête  homme  une  fois  en  fa  vie , 


97S 

Faffe  un  fonnet  ;  une  ode  ,  une  élégie  , 

}e  le  crois  bien. 
Mais  que  l'on  au  la  tête  bien  rajfife  , 
Quand  on  en  fait  métier  &  marchandife  , 

Je  n'en  crois  rien.  Ab.  Regn. 

MiiTiER  ,  dans  les  arts  mécaniques ,  fignifie  le  challis , 
ou  autre  pièce  de  bois  ou  de  fer  qui  ftrt  à  tendre  la 
belogae  ,  <Sc  à  la  difpoler  ,  enlortc  que  le  travail  en 
loit  facilité.   Jugum.  Les  Tapillicrs  ont  des  métiers 
pour  piquer  leurs  matelas  ,  pour  faire    les   hautes- 
lices  ;  les  Tillèrands  j  les  Ouvriers  en  foie  ,  les  Palfe- 
mentiers ,  ont  des  métiers  qu'ils  montent  ditfércm- 
ment ,  félon  qu'ils  veulent  varier  leur  befognc.  Les 
bas  qui  le   font  au  métier  ,   fe  travaillent   avec    la 
plus  ingénicule  machine  du  monde  ,    dont  la  mé- 
canique a  été  dérobée  aux  Anglois. 
"S^^MÉTiER  deTillcrand.  C'eft  la  machine  qui  lui  fcrt 
àtiller  pluheurs  brins  de  fil  pour  en  faire  une  pièce 
de  toile.  Ces  métiers  font  plus  ou  moins  compofés 
fuivant  les   différentes  efpèces  de  toile  qu'ils  fabri- 
quent. 
MÉTIER  BATTANT  ,  qu'ou  appelle  aulîl  métier  ouvrant. 
C'eft  un  métier  qui  travaille  aéfuellement.    Le  pre- 
mier (e  dit  à  cautc  de  la  châlle  ou  peigne  dont  l'ou- 
vrier lerre  (Se  bat  la  trame  qu'il  a  jettéc  avec  la  na- 
vette entre  les  fils  de  la  chaîne.  Le  fécond  vient  de 
l'ancien  mot  ouvrer  ,<\\xi  veut  dire  travailler. 

On  dit  figurément  en  ce  fens  d'un  Auteur  ,  qu'il 
a  un  ouvrage  fur  le  métier,  pour  dire  ,  qu'il  travaille 
à  quelque  compofition  de  longue    haleine.  On  dit 
aulli  ,  qu'un  emfant  eft  fur  le   métier ,   quand  une 
femme   eft  enceinte.    Ces    exprefiîons  figurées  font 
du  ilyle  familier.  On  appelle  métier  deviné ,  un  jeu 
d'enfant   où  il  faut  qu'on  devine  l'intention  de  ce- 
lui qui  fait  plufieurs  geftes  pour  contrefaire  un  Ar- 
tilan  de  quelque  métier. 
Métier  ,   eft  aulli  un   terme  de  Vinaigrier.  C'eft   le 
cuvier  où  les  Vinaigriers  prefturent  la  lie  du  vin  pour 
faire  du  vinaigre ,    Se    mettent   le    marc    dans   des 
moules.  Lacus. 
Métier  ,  eft  aulli  une  efpèce  d'oublié  ,  ou  de  pâtille- 
rie  mince  Se  roulée  j  qui  eft  cuite  entre  deux  fers 
comme  des  gauftres ,  compoiée  de  farine  Se  de  lu- 
cre ,  ou  de  miel.  On  l'appelle  aulTi  des   Cornets  de 
métiers,  ou  du  petit  métier.  Cruftula  mellita. 
^3'  Métier.  Terme  de  Brafterie.  C'eft  la  liqueur  qu'on 
tire  après  qu'on  a  fait  tremper  ou  bouillir  avec  la 
farine   ou    houblon.  Les    premières    opérations    fe 
nomment  premiers  métiers  ;  les  lecondes ,   (econds 
métiers.   On  ne  leur  donne  le  nom  de    bière   que 
lorlqu'ils  font  dans  les  pièces.  Jus  ex  hordeo  &  avenu 
cervfiariâ  maceratis. 
MÉTIER  ,  fignifie  populairement  ,   Néceflité  ,   befoin. 
Il  eft  bon    métier  qu'il   ait  du  bien  ,  car  il  a  bien  de 
lacliarge  (ur   les  bras.  Le  Juge  ordonne  qu'un  tel 
comparoillc ,  &  fi  métier  eft  ,  qu'on  y  emploie  la  ~ 
force  pour   l'amener.    Il   eft  vieux  en  ce  fens.  Les 
Efpagnols  difent  /7ze«e/?<;r  dans  la  même  fignification. 
MÉTIER ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrales.  Quand 
chacun  fait  fon  métier ,  les  vaches  font  bien  gardées. 
De  tous  métiers  il  en  eft  des  pauvres  &  des  riches. 
Il  n'y  a  point  de  fi  petit  métier  qui  ne  nourrillt  fon 
maître.   On  dit  aulli  ,  C'eft  un  méchant  métier  que' 
celui  qui  fait  pendre   fon  maître.  On  dit  aulli  d'un 
homme  intriguant ,  Il  eft  de  tous  métiers  j  &:  fi  il  ne 
peut  vivre.  Ac.  Fr,  On  dit  aulli  ,  qu'un  homme  a 
feivi  un  plat  de  fon  métier ,  a  joué  un  tour  de  {on 
métier ,  quand  il  a  fait  quelque  tour  d'adrelfe  ,  quel- 
que fourberie.  On  le  dit  aullî  en  bonne  part,  quand 
quelqu'un  a  fait  quelque  prélent  ,  ou  a  apporté  quel- 
que chofe  de  la  nature  du  métier  dont  il  le  mêle.  Les 
Courtifannes  difent  aulli, Le  métier  n'en  vaurplus  rien , 
tout  le  monde  s'en  mêle.  On  dit ,  qu'un  femme  cft 
du  métier ,  quand  elle    eft  de  mauvaife  vie.  On  dit 
ballement,  Chier  (ur  \t  métier  ,  pour  dire,  renon- 
cer à  une  profeilion  qu'on  avoitembrallée, 
MÉTIF  ,  IVE.  f  (Se  adj.  Quelques  uns  difent  métis  ,  ou 
meftice.  Voyez  ce  mot  qui  eft  venu  de  différentes  ef- 


^-j6         MET 

pcccs.  Hyhtis  ,  hybrida.  On  le  dit  des  cKiens  engen- 
drés d'un  chien  &  d'une  cliiciine  difiéiens  d  elpè- 
ce.  On  ne  fait  quelle  loue  de  chien  c'ell:  là  j  il 
n'eft  ni  mâtin  ,  ni  lévrier ,  il  eft  mcnf.  Le  mulet 
eft  un  animal  mttif ,  engendre  d'un  ane  S)C  d'une 
cavale. 

Ce  mot  vient  de  mixtum. 

AIÉTiF  ,  le  dit  aulli  des  hommes  qui  font  engendrés 
de  père  &:  mère  de  diftérente  qualité  ,  pays,  cou- 
leur ,  ou  Religion.  Hybridu.  Cet  enfant  cil  meafj 
engendré  d'un  père  cfciave  ,  Se  d'une  mère  libre , 
d'un  Maure  &  d'une  Efpagnole.  En  Elpagne  ,  on 
appelle  Mulato  ,  celui  qui  cfl;  engendré  de  père  ou 
<le  mère  de  ditfércnte  couleur  j  ou  de  Religion  ^  qui 
participe  de  l'un  &c  de  l'autre  ,  comme  un  mulet 
participe  de  deux  natures;  &  c'eft  une  fort  grande 
injure.  On  appelle  aulli  médf,  un  entant  né  d'un 
Indien  &  d'une  Eipagnole  ,  ou  au  contraire  j  dans 
le  pays  on  les  appelle  Créoles.  Au  Pérou  ,  on  ap- 
pelle proprement  Métis ,  ceux  qui  font  nés  d'un 
Elp.ignol  &  d'une  Sauvage. 

MÉTINE.  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'une 
décile  des  anciens  Romains.  Metifta.  Quelques-uns 
ditenc  qu'on  lui  faifoit  des  lacrifices  le  dernier  de 
Septembre  ,  qui  éioir  le  jour  auquel  on  commcn- 
çoit  à  boire  du  vin  nouveau  -,  mais  ne  faudroit-il 
point  plutôt  écrire  Mcthyn  ,  de  11«.%,  du  vin  ? 

MÉTIS,  ISSE.  C'ell:  un  nom  que  les  Elpagnols  don- 
nent aux  enfuis  qui  font  nés  d'un  Indien  &:  d'une 
Efpagnole,  ou  d'un  Elpagnol  i^-  d'une  Indienne. 
Hybr'is  j  Hybrida.  On  appelle  aulli  Chiens  mécis  , 
ceux  fCT  qui  font  engendrés  de  deux  efpèces  ,  com- 
me d'im  mâtin  &:  d'une  levrette ,  d'une  épagneule 
&  d'un  barbet.  On  dit  aulli  ménf  &  métice. 

MÉTIS,  f.  f.  Nom  d'une  Nymphe,  fille  de  l'Océ.-in 
6c  de  Thétys.  Métis. 

MÉTIS,  f.  f.  Terme  de  Mythologie.  Déelfe  dont  V i 
lumières  étoient  lupérieures  à  celles  de  tous  les  au- 
tres dieux  &  de  tous  les  hommes.  Apollodore  die 
que  Jupiter  s'alfocia  Métis  ,  dont  le  nom  lignifie 
prudence  ,  conleil ,  ce  qui  veut  dire  que  Jupiter  Ht 
paroître  beaucoup  de  piudencc  dans  toutes  les  ac- 
tions de  la  vie.  De  y.iliç  ,  prudence.  C'ell  le  nom  de 
la  déelîc  de  la  bonne  conduite ,  qui  étoit  mère  de 
Porus  j  dieu  de  l'abondance.  Voye-^  ce  qu'en  dit 
Platon  dans  fon  fellin  qu'il  attribue  à  Socrate. 

MÉTIVIER.  f  m.  Vieux  mot  François  qui  lîgnifioit 
moijfonneur.  Alejfor.  Il  fe  dit  encore  en  pluheurs  pro- 
vinces de  ceux  qui  font  la  récolte  du  loin  ,  &  autres , 
&  de  ceux  qui  battent  les  grains. 

Se  ay  trouvé  aucun  efpi. 

j4près  la  main  as  métiviers  , 

Je  l'ai  glané  moult  volontiers.  R.  De  Huon. 

■METKAL  ,  ou  MITKAL.  f  m.  petit  poids  dont  fe 
fe  lervent  les  Arabes.  Il  faut  douze  metkals  pour  faire 
une  once.  CCF  C'ell  ce  poids  que  les  Traducteurs 
des  livres  Ar.abes  qui  traitent  de  la  Médecine ,  appel- 

'    lent  médical.   D'herbelot.  Drach/na  arabica. 

METL.  i.  m.  Nom  que  les  Mexicains  donnent  à  un 
arbre  qui  croît  parmi  eux  ,  &  qu'ils  cultivent  foigneu- 
femcnt.  Il  a  les  feuilles  larges  &  épailfes,  prefque 
de  la  grandeur  d'une  tuile  j  avec  de  longues  &  for- 
tes épines  munies  d'une  pointe.  Ces  épines  fervent 
d'aiguilles ,  d'épingles  &  de  poinçons.  Son  tronc 
qui  eft  alfez  gros  ,  &  pointu  en  haut  en  forme  de 
pyramide,  étant  incifé,  il  en  fort  une  liqueur  com 
me  de  l'eau  en  fort  grande  quantité.  Elle  ell  très-claire 
&  fort  bonne  à  boire.  Si  on  la  fait  bouillir  légère- 
ment,  elle  fe  convertit  en  miel  ;  &  étant  dépurée, 
en  fucre  ■■,  &:  mêlée  avec  de  l'eau ,  elle  fe  change 
en  vinaigre.  François  Ximénès  écrit  qu'on  fait  du  vin 
de  fon  fucre ,  en  y  mêlant  de  l'eau ,  des  fcmences 
d'oranges ,  de  melons  &c  autres ,  &  que  les  Sauva 
ges  le  boivent  avec  grande  volupté ,  mais  qu'outre 
qu'il  eft  fort  mil  lain,  &  qu'il  olfcnfc  la  tète^  il 
fait  fentir   très  mauvais  ceux  qui  en  font  ufage. 

METLINO,  ou  MEDLING.  Nom  d'une  viUe  de  la 


MET 

BalTe-Carniole  ,  en  Allemagne.  Metelinga.  Elle  eft 
capitale  de  Wildifmark  ,  &  lituée  (ur  la  pente  dune 
montagne  ,  près  de  la  rivière  de  Kulp  ,  aux  confins  de 
la  Croatie.  Long.   3  5.d.  35'.  lat.  45  d.   58'. 

METLOCK.  Nom  d'un  bourg  avec  Abbaye.  Medio- 
lacus.  Il  ell  dans  la  Lorraine  ,  aux  contins  de  l'Arche- 
vêché de  Trêves  ,  dans  lequel  quelques  uns  le  met- 
tent ,  &C  fur  la  Sare,  à  deux  lieues  au-delfus  de  Sar- 
burg.  Maty. 

METOCHE.  (.  f.  Métoche.  Terme  qu'on  trouve  dans 
Vitruve ,  pour  lignifier  l'efpace  qui  eft  entré  deux 
denticules.  Baldc  rapporte  qu'il  a  trouvé  dans  un  vieux 
manulcrit  métalone  ,  au  heu  de  métoche ,  &  cela 
fait  croire  à  Daviler  que  le  texte  de  Vitruve  ell  cor- 
rompu ,  &  qu'il  fiut  lire  métatome ,  c'eft  à  dire, 
feclion ,  au  lieu  de  métoche. 

^fT  MÉTOCIE.  f.  m.  Terme  d'Hiftoire  ancienne.  Ef.; 
pèce  de  tribut  que  les  étrangers  qui  venoient  s'établir 
à  Athènes  ,  pnyoïent  à  la  République  pour  la  liberté 
d'y  demeurer.  Cet  impôt  étoit  de  douze  drachmes 
par  an  pour  les  hommes ,  &  de  lix  drachmes  pour 
les  femmes.  On  appeloit  Métoiciens  ceux  qui  payoienc 
le  métocie. 

MÉTON.  Le  nombre  d'or  ,  ou  le  cycle  de  Meton;  ainlî 
appelle  de  Méton  fon  inventeur  ,  eft  véritablement 
le  cycle  Lunaire  ou  période  de  dix-neuf  années.  On 
croyoit  anciennement  que  le  cycle  de  dix-neuf  ans 
compreneit  exaclement  deux  cens  trente-cinq  lun.ii- 
fons  ,  &  qu'après  une  révolution  des  années  du  cy- 
cle lunaire  ,  non-feulement  les  nouvelles  lunes  reve- 
noient  aux  mêmes  jours  de  chaque  mois  ,  mais  aulII 
aux  mêmes  heures  -,  mais  la  choie  bien  examinée  ne 
s'eft  pas  trouvé  véritable.  Injlitut.  Afironom.  p.  61^. 
Les  Anciens  ignoroicnt  qu'il  s'en  lalloit  une  heure  &z 
demie  que  trois  cens  trente  cinq  iunaifons  ne  repon- 
diftènt  à  dix-neuf  années  Juliennes.  Ibid. 

§3°  MÉTONIQUE  (  Cycle  ;  ,  ou  MÉTONIEN.  Voy. 
Meton. 

MÉTONOMASIE.  f.  f.  Changement  de  nom.  Les  Sa- 
vans  des  derniers  fiècles  le  lont  portés  .avec  tant  d'ar- 
deur à  changer  leur  nom  y  que  ce  changement  dans 
des  perfonnes  de  cette  capacité  ,  méritoit  bien  un 
nomparticiiJier.  Ce  nom  même  devoir  être  au  dellus 
des  termes  vulgaires  ,  aulli  l'.i-t  on  puifé  chez  les 
Grecs  ,  en  donnant  à  ce  changement  de  nom  celui 
de  Metowniafie.  M.  Bailler  dit  que  cette  fantaifie  fe 
répandit  en  peu  de  temps  dans  tomes  les  écoles  ,  &: 
a  pallé  julqu'à  notre  lièrle  avec  tant  de  licence  & 
d'impétuoiité  ,  que  la  Métonomajie  a  mérité  de  fe 
voir  comptée  parmi  les  chofes  les  plus  communes 
de  la  République  des  Lettres.  Jean  Viclor  de  Rolli 
abandonna  fon  nom  ,  pour  prendre  celui  de  Janus 
Nicius  Erythra.'us  ;  Mathias  Francowitz  prit  celui  de 
Flaccus  Illyricus  ;  Philippe  Scharzerd  prit  celui  dcMe- 
landlon  ;  Antoine  de  Âlouchy  prit  celui  de  Demo- 
charès  ;  Loos  prit  celui  de  Callidius;  André  Hozen 
prit  celui  d'Ohander  ;  Pierre  de  Calabre  prit  celui  de 
Julius  Pomponius  La:tus.  On  pourroit  citer  une  infi- 
nité de  pareils  exemples  de  Savans  qui  ont  mis  la 
Métonomajie  en  ulage. 

MÉTONYMIE,  f.  f  Figure  de  Rhétorique  qui  fe  fait 
quand  il  y  a  quelque  changeraenr  de  noms.  Metony- 
mia  ,  comme  on  y  met  l'Inventeur  pour  la  chofe  in- 
ventée ,  Bacchus  pour  le  vin  ,  Cérèspoui  le  pain  :  le 
contenant  pour  le  contenu  ,  comme  un  verre  pourlc 
vin  qid  ell  dedans  ,  ou  l'eAet  poiir  la  caufe  ,  ou  le 
Capitaine  pour  fes  foldats ,  la  Grèce  pour  les  Grecs, 
l'Auteur  pou.'  Ion  ouvrage.  Se  dans  les  phrafes  con-  ■ 
traires  en  mille  occalions. 

Ce  mot  eft  Grec ,  compofé  de  ^:>-Tà  ,  trans  ,  &  d'','»iK«, 
nomcn  ,  nom  ,  c'eft-à-dire  ,  changement  de-  r.om. 

MÉTOPE,  f.  m.  Terme  d  Aicliiteeture.  C'eft  1  inter- 
valle ,  ou  carré  qu'on  laille  entre  les  trygliphes  de  la 
frife  de  l'ordre  Dorique.  Metopa.  Ces  carrés  étoient 
autrefois  remplis  d'ornemcns  ,  comme  de  tctes  de 
bœuf,  &  autres  chofes  qui  fervoient  aux  laciioces 
des  Payens  ,  mais  parce  qu'il  y  a  beaucoup  de  dilli- 
culté  à  bien  dilnoler  les  OTc'Vc'ivj' ci:  les  trygliphes  dans 
la  JL»fte  fymétrie   que  danandc  l'ordre  Dorique,  il 

y 


MET 


M  E  T 


y  a  des  Aixhitedtes  qui  jiigein  à  proposée  ncfc-  (cr- 
vir  de  cet  oïdie  que  pour  des  l'cmplcs.  Dcmi-mctope 
eft  l'cip.icc  un  peu  moindre  que  ia  moitié  d'un  nic- 
tope  j  à  l'encoignure  de  la  frifc  Dorique  :  mecope 
barlong  eft  non  -  feulement  celui  qui  dans  la  di( 
tribudon  d'une  frife  Dorique  cil  plus  large  que  ta 
hauteur  ,  mais  aulîi  celui  qui  dans  l'entablement  tom 
pofé  dune  corniche  de  ded.ms  ,  eft  entre  les  con- 
iolcs  ,  &  orné  de  Iculpture  ,  ou  de  peinture.  Da- 

VILER. 

•MÉTOPE  ,  eft  un  mot  Grec,  qui  fignific  autre  chofe  que 
la  dirtancc  d'un  trou  à  un  autre  ,  ou  d'un  trygiiphe  à 
un  autre ,  parce  que  les  tryglipiies  font  TuppoCes  être 
des  folivesou  poutrelles  qui  rtmplillciu  des  trous  j 
fiiTtt  j  intcr  entre  ,  &c  i-am  ,  jorumen ,  trou. 
"MÉTOPIOM.  f.  m.  Arbre  qui  eft  une  cfpècc  de  férule  , 
d'où  diftiile  la  gomme  ammoniaque.  Il  croît  ;'.bon- 
damment  dans  les  labiés  de  la  Lybie  ,  principalement 
aux  environs  du  lieu  où  étoit  autrefois  le  tcmpledeJu- 
piter  Amnion.  En  Latin  Ferula  ammonïfera. 
METOPOSCOPE.  f.  m.  Nom  d  une  efpcce  de  Devins , 
chez  les  Anciens.  Metopofcopus.  C'ctoient  ceux  qui 
failoient  profellion  de  connoitre  les  inclinations  &c  les 
mœurs  des  hommes  par  la  mécopojlopie  ,  on  infpec- 
tion  du  vilage. 
MÉTQPOSCOPIE.  f.  f.  Art  qui  enfeigne  à  connoître 
le  tempérament  ôc  les  mœurs  des  perfonnes  ,  par  la 
ieule  inlpedion  des  traits  du  vilage.  Metopofcopia. 
Ce  n'eft  qu'une  partie  de  la  phylionomie  ,  parce  que 
celle  -  ci  tonde  les  conjectures  lur  toutes  les  parties 
du  corps.  L'une  (Se  1  autre  font  fort  incertaines.  Ciro 
Spontoni ,  qui  a  traité  de  la  métopofcopie  ,  dit  que  l'on 
conlidère  fept  lignes  au  Iront ,  &  que  chaque  ligne  a  fa 
planète  particulière.  La  première  eft  la  ligne  de  Satur- 
ne ,  la  féconde  de  Jupiter,  la  troilième  de  Mars  ,  &c. 
M.  de  la  Chambre  ,  dans  ion  traité  de  l'art  de  connoî- 
tre l'homme ,  dit  que  \<\ métofpocopie  eft  l'art  de  faire 
des  jugemens  téméraires  j  parce  qu'en  eftet  le  front , 
le  vifagc  &  les  yeux  trompent  fouvent.  Frons  ,  vultus. 
oculi ,  perj'itpe  menduntur.  'Voyez  fur  cela  M.  de  la 
Chambre. 

Ce  mot  eft  Grec  ,  &  fîgnifîc  infpeciion  du  vifage  , 
fi',Ta73(»   vultus  j  vifage  ,  6c  ix.iTftai^.cuf  infpiclo  ,  je  re- 
garde. 
IvlÉTOYERÏE,  MÉTOYEN.  Foye^  Mitoyen,  c^-  Mi 
TOYERIE.   M.  Errard  écrit  mitoyen  ,  mur  métoycn  ; 
&  M.  Gauret  mettoyen  ,  mur  mettoyen.  Ces  deux  or- 
thographes font  vicicufes;  on  écrit  mitoyen. 
MÉTRA,  f.  f.  Fille  d  Erélléthon  ,  ayant  été  aimée  de 
Neptune,  elle  obtint  de  ce  dieu  le  pouvoir  de  pren- 
dre diliérentes  figures.  Après  la  mort  de  fon  père  ,  elle 
époufa  Autolicus  ,  grand'père  d'Ulylfe. 
MÉTRAGYRTE.  f.  m.  Nom  de  certains  Officiers  de 
la  mère  Idéenne  ,  c'eft  à  dire  ,  de  Cibèle.  Metragyr- 
ta  ,  Metragynes.  Les  Me'tragyrtes  étoient  proprement 
les  Quêteurs  de  Cibèle ,  ceux  qui  mandioient  pour 
elle. 
MÉTRAME.  Nom  d'une  petite  rivière  de  la  Calabre 
ultérieure.  Medama.  Elle  prend  fa  fource  au  mont 
Apennin  ,  parte  près  de  Rollarno  ,  &  fe  décharge 
dans  la  mer  de  Tofcane  j  entre  Nicotéra  &  Groia. 
Maty. 
MÉTRAN.  f  m.  Nom  d'homme.  Métras  ;  a.  S.  Mé- 
tran  martyr ,  eft  le  premier  de  ceux  qui  font  nom- 
més en  l'Epitre  de  S.  Denis  d'Alexandrie  ,  à  ^abius 
Evêque  d'Antioche  ,  rapportée  par  Eulèbe.  Chast. 
au  2  r  Janvier. 
(^ÈTRE.  f.  m.  du  Latin  Metrum  ,  fignifie  proprement 
un  pied  j  une  mefure  qui  entre  dans  la  compofition 
des  vers.  On  le  dit  auilî  de  l'aftemblage  des  pieds 
qui  forment  un  vers.  Alors  il  fignihe  vers  en  général. 
C'eft  un  mot  très  ancien  ,  qui  ne  peut  trouver  place 
que  dans  les  vers  Marotiques.  Chapelle ,  dans  fes  Poe- 
Ces  ,  a  dit  : 

Mais  écrivons  fans  compliment , 
Puifque  nous  écrivons  en  mètre. 

Maître  Vincent ,  ce  grand faifeur  de  lettres  , 
Tom<  y. 


^77 

Si  bien  t]ue  vous  n'eut  fu  pmfaifcr: 
Maître  Clément ,  cegrandjaifcurde  mètres  j 
Si  doucement  n'eut  fu  poctfcr. 

Rousseau. 

MÉTRENCHYTE.  f.  f.  Terme  de  Médecine.  Mc^ 
trenchyta.  Iiiftrumcnt  par  le  moyen  duquel  fc  fait 
l'injection  de  quelque  liqueur  dans  la  matiice.  Har. 
Ce  mot  eft  Grec  ,  ft,)-,f^iyx,ujvif ,  compofé  de  ««r^xj 
utérus  ,  matrice  ,  &  du  verbe  i'/)Ju  ,  injundo ,  j'injcélc. 
MI::TKÈ  TE.  (.  f.  Nom  de  mefure.  Metrcta.  11  eft  parlé 
de  \3.  métrète  ZM  chapitre  11  ^v.  6  ,  de  l'Evangile  de 
S.  Jean.  La  métrite  tenoit  vingt  quatre  pintes ,  me- 
fure de  Paris.  Elle  étoit  une  mefure  Attiquc  ,  qui  con- 
tcnoit  environ  quarante  pintes  ,  c'cft-à  dire  ,  foixantc 
d:  douze  fetiers. 

Ce  mot  vient  du  Grec  y.C^yA- 
MHTRICOLI  ,  ou  MITRICOLI.  f.  m.  Petit  poids 
dont  on  fe  fert  à  Goa  pour  pefer  les  drogues  de  Méde- 
cine. Le  memco/i  pefe  la  huitième  partie  d'une  once. 
MÉTRIFIER.  v.  n.  Vieux  mot.  Faire  des  vers.  Ce 
mot  vient  du  Grec  fi^TÇû»  ,  qui  lignifie  proprement 
Mefure  ,  &  qui  eft  pris  quelquefois  pour  vers  ,  à 
caufe  qu'il  faut  oblcrver  de  la  mefure  en  foifant  des 
vers. 
0C?  METRIQUE,  adj.  qui  concerne  les  vers.  Art  mé- 
trique, Ars  metrica.  C'eft  la  même  chofe  que  profo- 
die.  /^oye|' ce  mot  j  &  Métrique  ,  f.  f.  On  appelle 
vers  métrique  ,  un  vers  compote  de  tyllabes  longues  , 
ou  brèves  ,  comme  les  vers  Grecs  &  Latins.  Métro 
conftans  ,  metricus.  On  prétend  que  le  génie  &c  la  na- 
ture de  la  langue  Hébraïque  ne  peut  s'accommoder 
avec  la  Poëfie  métrique.  Capel.  La  langue  Françoifc  ne 
peut  compatir  avec  la  conftruétion  des  vers  métriques. 
Le  Cl. 

Ce  mot  vient  du  Grec  ^îrco» ,  menfura  ,  mefure. 
Métrique.  L  f.    Nom  d'une  partie  de  la  mufique  an- 
cienne. Mctrice ,  Metrica.  C'étoit  celle  quis'occupoit 
de  la  quantité  des  tyllabes  ,  &  qui  les  confïdéroit  fé- 
lon qu'elles  étoient  brèves,  ou  longues. 
MÉTRO  ,  ou  MÉTARO.  Nom  d'une  rivière  de  l'EtaC 
de  l'Eglile  ,  en  Italie.  Mctaurus.    Elle  coule  dans  le 
Duché  d'Urbain  ,  baigne  Folîombrone  ,  &  fe  décharge 
dans  le  2,olfe  de  Fano.  Maty. 
MÉTROCOMIE.  L  f.  Terme  de  l'Hiftoire  de  l'Anti- 
quité Ecclélîartique  ,  qui  fignihe  un  Bourg  qui  en  a 
d'autres  fous  fa  Jurifdiètion.  Metrocomia.  Ce  que  les 
métropoles  étoient   parmi   les  villes  ,   les  métroco- 
mies  l'étoient  parmi  les  Bourgs  à  la  campagne.  Les 
anciennes  métrocomies  avoient  un  Chorévcque.   C'é- 
toit fon  liége  ,  fa  rélidence.  Aujourd'hui  les  Bourgs, 
dont  le  Curé  eft  Doyen  rural  j   font  des  efpeccs  de 
métrocomies. 

Ce  mot  vient  de  |K»'7>jç  ,  mère  ,  &  de  k^^i^  ,  bourg  , 
village. 
fp=-MÉTROMANE.  f.m.&f.  Qui  eft  pofTédé  de  la 

Métromanie  ,  qui  a  la  manie  de  faire  des  vers. 
MÉTROMANIE.  f  f.  Manie   des  vers  ,  demangeai- 
fon  de  rimer.   Mot  fattice  ,  fervant  de  titre  à  une 
Comédie  en  vers  &  en  cinq  adtes  ,  de  M.  Piron  ,  re- 
préfentée  pour  la  première  fois  fur  le  Théâtre  Fran- 
çois,  le  lo  de  Janvier  1758.  C'eft  à  cette  excellente 
Pièce  que  nous  devons  le  mot  de  Métromanie  ,  for- 
mé de  «!7Po. ,  vers  ,  Sc/^x^x  ,  jolie. 
MÉTROMÈTRE.  f.  m.    Machine  nouvellement   in- 
ventée pour  régler  la  mefure  d'un  air  de   Mufique. 
Voyez  Mercure  de  Mai  i  j ^2.  Cette  machine  fe  fait 
avec  un  pendule  d'horloge  ou  de  pendule  ,  que  l'on 
fait  aller  plus  vite  ou  plus  lentement ,  félon  la  mefure 
de  l'air. 
gCF  II  faut  avoir  un  Pendule ,  jouer  le  morceau  ,  Se 
accourcir  ou  alonger  le  Pendule  ,  jufqu'à   ce  qu'il 
fatle  exaétement  une  de  fes  ofcillations  ,  tandis  qu'on 
"  joue  ou  qu'on  chame  une  mefure  ,  &c  écrire  au  com- 
mencement de  l'air  la  longueur  du  Pendule.  Encyc. 
§Cr  MÉTRONOME,  f.    m.  Terme  d'Antiquités.    On 
donnoir  ce  nom   à  Athènes  ,  à    des    Officiers  qui 
avoient  l'infpedion  fur  toutes  les  mefures  ,  except4 
fur  celles  du  blé. 

Hhhhhh 


97^  MET 

MÉTROPOLE,  f.  f.  Il  nous  vienc  des  Grecs.  Ils  en- 
tendoiciic  par  Métropole  une  ville  mère  ,  c'cft  ix 
dire  ,  d  où  lorcoieiir  des  colonies  qui  ailoient  habiter 
d'autres  terres, &c.  Les  villes  de  ces  colonies  étoicnt 
comme  les  lîlles  de  la  ville  mère.  Dans  la  luite  les  Ro- 
mains appelèrent  Métropole  ,  la  ville  principale  ou 
capitale  d'une  Province.  Metropolis.  Et  comme  le 
Gouvernement  Ecclciiaftique  le  rctjlalur  le  Gouverne- 
ment civil  ,  les  Sièges  Epilcopaux  établis  dans  ces 
Métropoles  ,  furent  appelles  Métropolitains  ,  &:  les 
Egliles  Métropoles.  Eulebc  appelle  Lyon  &  Vien- 
ne les  Métropoles  des  Gaules,  f^oye^  lur  ce  mot  le 
P.  Monet ,  qui  a  hit  la  li!lc  des  Métropoles  ,  plus 
ample  que  celle  du  Pouillé  des  Bénélices.  f^oye^ 
Métropolitain. 

MÉTROPOLE,  Se  dit  audi  de  l'Eglife  principale  d'une 
ville.  LzMetropole  de  Paris, 

Ce  mot  vient  du  Grec  /^i-.nf  ,  mater ,  mère  j  &  de 
TtUii  ,  urbs ^  ville  ,  comme  qui  diroit  ville  mère,  ou 
capitale  principale  &:  première. 

^  METROPOLITAIN,  f.  m.  Synonyme  d'Archevê- 
que. Evêque  d'une  Métropole.  Métropoiuanus.  Appe- 
ler de  l'Evcque  au  Metropoiitaïn. 

L'Empire  Romain  ayant  été  divifé  en  treize  Dio- 
cèfes ,  &  en  I  20  Provinces  ,  chaque  Diocèie  ,  &  cha- 
que Province  avoir  une  métropole  ,  ou  ville  capitale  , 
où  réiidoit  le  Proconlul ,  ou  le  Vicaire  de  l'Empire. 
L'Eglile  (e  régla  lur  la  diviliow  de  l'Empire  j  &  l'Evc- 
que de  la  ville  capitale  ,  eut  la  direétion  des  aitaires, 
i*c  la  préféance  fur  les  Evêques  de  la  Province.  Leur 
rélidencedans  la  Métropole  leur  fit  donner  le  nom  de 
Métropolitains.  Cezze  éreûion  des  Métropolitains ,  ell: 
de  la  fin  du  troihème  hècle ,  &  elle  fut  confirmée  par 
le  Concile  de  Nicée. 

Ullérius  3c  de  Marca  fouriennent pourtant  que  c'eft 
un  établii'ement  des  Apôtres  :  mais  il  elt  certain  que 
l'on  rej-'la  le  Gouvernement  Eccléfiaftique  lur  la  torme 
du  gouvernement  politique  ,  &  qu'on  donna  le  nom 
&  l'autorité  de  Métropolitains  aux  Evêques  des  villes 
capitales  de  l'Empire  ,  ou  des  Provinces  qui  le  coni- 
poloicnt.  Cela  efl:  lî  vrai  ,  que  dans  la  contellation 
entre  1  Evêque  d'Ailes  îk  l'Hvêque  de  Vienne  ,  qui 
fe  prétendoient  l'un  év:  l'autre  Métropolitains  de  la 
Province  de  Vienne  ;  le  Concile  de  Turin  ordonna 
que  celui  qui  prouvcroit  que  la  ville  étoit  la  Métro- 
pole civile  j  jouiroit  du  dto'n  de  Métropolitain  Ecclé- 
iiallique.  Du  Pin.  Quoique  dans  les  Gaules  le  Gou- 
vernement eccléhaftique  ait  été  ainfi  formé  (ur  le 
gouvernement  civil  ,  on  n'y  remarque  pourtant  que 
fort  tard  les  dillinélions  de  Métropolitain  Se  de  Pri- 
mat. Comme  le  Préfet  des  Gaules  réiidoit  tour-ii- 
tour  ,  ou  à  Trêves ,  ou  à  Vienne,  ou  à  Lyon,  ou  à 
Arles  ,  il  leur  conimuniquoit  aulîî  tour  à-tour  le 
rang  &  la  dignité  de  Métropole.  Cependant  aucun 
des  Evêques  des  Gaules  ne  s'attribuoit  le  droit  de  la 
préléance  de  Métropolitain.  L'Epilcopat  les  égaloic 
tous  ,  &  pour  le  rang  l'on  n'obfervtjit  que  le  pri- 
vilège de  l'ancienneté.  Cette  égalité  dura  jufqii'au  V^ 
fiècle.  Alors  les  Evêques  de  Vienne  &  d'Arles  fc  dif- 
putèrent  le  droit  des  Ordinations  qui  appartient  aux 
Métropolitains  ,  &:c, 

M.  du  Pin  a  remarqué  que  dans  les  Provinces  d'A- 
frique ,  excepté  celles  dont  Carthage  étoit  la  Métro- 
pole ,  le  lieu  de  la  rélidence  de  l'Evcque  le  plus  âgé  , 
devenoit  la  Métropole  eccléfiaftique.  La  raifon  eft 
fans  doute  ,que  ni  le  Proconlul ,  ni  le  Préfet  ,  ne  ve- 
nait jamais  rélider  dans  ces  Provinces  écartées  ,  pour 
fixer  par  fa  réfidence  le  droit  de  Métropole.  M.  du 
Pin  a  encore  obfervé  qu'en  Ai'ie  il  y  avoir  des  Métro- 
poles de  nom  feulement  :  c'eft-à-dire  ,  qui  n'avoient 
aucun  iuffragant,  ni  aucun  droit  de  Métropolitain. 
Les  Evêques  de  Nicée  ,  de  Chalcédoine  3c  de  Bé- 
ryte  avoient  la  préféance  audeflus  des  autres  Evê- 
ques de  la  Province  ,  Se  le  nom  de  Métropolitains  , 
(ans  autres  droirs  que  cette  prérogative  d'honneur  : 
ils  étoient  eux  mêmes  loumis  à  leurs  Métropolitains. 
Le  Métropolitain  a  le  privilège  d'ordonner  fes  Suf- 
fragans.  Les  appellations  des  Sentences  rendues  par 
les  Suâi^gans,  fe  relèvent  devant  le  Métropolitain. 


M  E  T^ 

Voyez  les  fxvantes  Pièces  qui  ont  été  produites  au 
Coiifeil  par  Melleigneurs  les  Archevêques  de  Lyon 
ik  de  Rouen  fur  le  droit  de  Primatie.  Le  P.  Cani;cl , 
Jètuirc  ,  avoit  commencé  une  Hiftoire  des  Métropo- 
les. Il  11  a  imprimé  que  le  premier  Lomé  ,  qui  com- 
prend des  Dilfertations  préliminaires  j  ce  qui  regarde 
Rome,  &  les  Métropoles  du  Royaume  de  Naples, 
de  Sicile  &  de  Sardaigne  -,  la  mort  l'empêcha  de  con- 
tinuer. 

UCf  En  RulUe  ,  on  appelle  Métropolite ,  ce  que  nous 
appelions  Métropolitain,  he.  Métropolite àcMoicom 

Métropolitain  ,  aine  ,  eft  auftladj.  Métropoiuanus. 
On  dit  une  Eglife  Métropolitaine.  Un  Siège  Métropo- 
litain. 

MÉTROUS.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  troi- 
fiemc  mois  de  ceux  de  Bithynie  :  il  répond  à  peu  près 
à  notre  mois  de  Décembre. 

ffj-  METROVIZA.  Ville  de  Hongrie ,  fur  la  Hâve ,  au 
Comté  de  Sirmium. 

METS,  f  m.  Ce  qui  eft  bon  à  manger.  On  le  dit  géné- 
ralement de  tout  ce  qu'on  (ert  à  table  pour  manger, 
Dapes  J  mijfus  ,  ferculum.  Les  perdrix  ,  failans,  iont 
des  mets  fort  délicats.  La  diverlité  des  mets  excite  l'ap- 
pétit. Les  gelées ,  les  xagoùts ,  les  pâtilleries  fe  lervent 
dans  l'entre  OTêW.      ^^ 

Ce  mot  en  vieux  François  ,  fignifioit  jardin  Se  mé- 
langes d'herbes  ,  dont  on  a  fait  les  premiers  mets.  Il 
étoit  dérivé  du  Latin  meto  ;  comme  qui  diroit /rairs 
moijfonnés.  Du  Cange  le  dérive  de  mijj'us  Se  miniflra- 
tio  ,  fignifiant  plat  on  fervice.  On  a  dit  aulîi  mijjo- 
rium  Se  mijfurium  dans  le  même  fens.  On  a  dit  autre- 
fois Mes. 

METS  ,  ou  METZ.  Ancienne  &  forte  ville  de  Fran- 
ce ,  capirale  du  pays  Meilïn  ,  ou  de  l'Evêché  de 
Metz,  enclavé  dans  la  Lorraine.  Aletu ,  Mettis , 
anciennement.  Divodurum ,  Mediomatrices.  Elle  eft 
au  confluent  de  la  Mofelle  Se  de  la  Seille^  entre  le 
Pont  à  Moullbn  &  Thionville,  à  cinq  ou  fix  lieues 
de  l'une  &:  de  l'autre.  Long.  23.  deg.  42'.  45".  lat, 
49.  deg.  7'.  7". 

L'île  de  Mets  ,  c'eft  la  partie  du  pays  Meiîinj  qui  eft 
entre  la  Mofelle  Se  la  Seille.  Infula  Metenjis.  Le 
Val  de  Mets  eft  la  partie  qui  eft  au  delà  de  la  Mo- 
felle. Vallis  Metenjis.  Celle  qui  eft  entre  la  Seille 
&  le  Nied  s'appelle  le  Sonnoy  ,  ou  le  Saunois.  Sa~ 
linenfis  ager. 

Le  Royaume  de  Mets  ,  c'eft  le  Royaume  d  Auftrafie. 
Voye'^  ce  mot. 

METTABLE,  adj.  de  tout  genre.  Idoneus  qui  adhi- 
beatur  ,  admijjlbilis.  On  dit  qu'un  habit ,  que  du 
linge,  qu'un  manteau  n'cftpas  mettable  j  qu'il  n'cft 
plus  mettable  ,  pour  dire  ,  qu'on  ne  peut  plus  le 
mettre  ,  parce  qu'il  eft  trop  vieux,  parce  quileft  , 
mal  fait ,  ou  parce  qu'il  eft  hors  de  mode.  Ac.  Fr.  I 

Mettable.  Qui  eft  de  mile,  qui  peut  palTer.  Anfel- 
me  ,  dans  la  cinquième  Icène  du  premier  aéte  de 
l'Étourdi  J  Comédie  de  Molière  ,  demande  à  Mafca- 
rille  : 


Qu'en  dis  tu?  quoique  vieux , 


J'ai  de  la  mine  encore  ajfe:^  pour  plaire  aux  yeux. 

A  quoi  celui-ci  répond  : 

Oui  vraiment ,  ce  vifage  eft  encor  fort  mettable, . . 

^fT  Grelfet  l'a  dit  de  l'efprit ,  Se  on  peut  l'employer 
dans  la  Poëfie  badine. 

L'efprit  n'y  fera  point  pédant  , 
Le  favoir  n'y  fera  mettable  . 
Que  fous  les  traits  de  l'agrément. 

Gresset. 

METTEUR,  f.  m.  Ce  mot  ne  fe  dit  jamais  feu!.  Qui 
collocat.  Ainfi  on  dit  Metteur  en  œuvre  ;  &  alors 
il  fignihe  un  Orfèvre  dont  la  profcflîon  eft  de  mon- 
ter des  pierres  fines  ou  faulTes  lur  l'or  &  lur  l'ar- 
gent J  fur  des  bagues ,  des  colliers  ,  des  pcndans  j  Sec. 


MET 


Les  Bijoucicrs  font  &c  enjolivent  les  bijoux.  Faber 
encaujics. 

On  ■dit   aufîl   Metteur  à  porc,  pour  fignifier  un 

Ouvrier  ("ur  les  ports  de  Paris,  qui  décharge  le  vin  , 

le    foin  ,   &  autres    proviliojis  ,   &   les  met  lur  k 

port  pour  être  débitées. 

METTIUS.METTIA.  1".  m.  c^:  f.  Nom  dune  famille 

domaine.  Metcius ,  a. 
METTRE.  V.  a.  Ponerc  ,  locare  ,  collocare.  Je  mets  , 
tu  mets, ,  il   met ,    nous  mettons  ,  vous  mette^  ,  ils 
mettent.   Je  mettois.   Je  mis  j  tu  mis  ,  il  mit  ;  nous 
mimes  ,  vous  mites  ,  ils  mirent.  J'ai  mis.  Je  mettrai. 
Que  je  mette.  Que  /e  mlffc.  Je  mettrais.  Le  mot  cil: 
de  grande  étendue  dans  la  langue,  <Si  change  de  ligni- 
fication ,    félon  les  autres  mots  avec  lefquels  il  fe 
joint.   On  en  va  donner  beaucoup  d'exemples.  Ce 
mot  vient  du  Latin  mittere. 
§3"  Mettre  ,  fignilie  généralement  pofcrj  placer  une 
perlonne   ou  une  chofe  dans  un  certain  lieu.  Po- 
nere.  On  met  des  Livres  lur  une  tablette  ,  des  por- 
celaines iur  une  cheminée  ,  un  clou  à  une  tapille- 
rie  ,  de  la  viande  à  la  broche ,  au  pot.  On  met  la 
main  à  1  epce  ,  lepée  à  la  main ,  &:c.  On  trouvera 
toutes  ces  acceptions  (ous  les  articles  particuliers. 
Mettre  ,  (e  dit  aulli  en  parlant  des  perlonncs  &  des 
chofes  ,  iuivant  leurs  diftércns  mouvemens  &  difpo- 
lltions.  Ponere ,  collocare.  Il  ^  mis  ce  valet  en  ap- 
prentilHige.    Il    a    mis    fon    fils    à  l'Académie.  Cet 
homme  s'efl:   mis  en  bonne  pofture  à  la  Cour.   Se 
mettre  en  garde  ,  en  pofture  ,  en  détenle.    Il  a  mis 
ce  pion   en  prife.  Mettre   les   humeurs  en  mouve- 
tnent.  Il  s'eft  mis  à  couvert  ,  .à  l'abri  durant  l'ora- 
ge j   la  perlécution.  Il  s'eft  mis  à  l'écart.  Il  a  mis 
fa  confcience  ,   fon  bien  ,  Ion  honneur  en  sûreté. 
Mettre   une   chofe  en  branle.    C'eft    un  brave  qui 
mettra  plutôt  la  main  à  l'épée  qu'à  la  bourfe.  Il  a 
mis  cette  femme  à    mal ,   il  l'.a  débauchée.  On  dit 
auflî  j  qu'un    homme    s'eft  mis  dans  les  remèdes  , 
qu'on  l'a  mis  au  lait  ,  qu'il  s'eft  mis  entre  les  mains 
des  Médecins.    On  dit  aufti  ,  qu'un  valet  fe  met  à 
tout  -,  pour  dire  ,  qu'il  oftre  de  rendre  toutes  fortes 
de  fervicesj  &:  qu'un  homme  fe  met  à  tous  les  jours; 
pour  dire,  qu'il  ne  s'épargne  point,  qu'il  rend  tous 
les  fervices  qu'il  peut  à    les  amis ,  qu'il  fe  met  en 
quatre  pour  eux. 
Mettre  ,  fignifie  auflî ,  Enfermer ,  envelopper ,  ferrer. 
CùLiijiere ,    involvere.    Il    a   bien  mis   des  écus  en 
bourfe.  Mettre  un  lièvre  en  pâte.  Mettre  un  hom- 
me en  terre.  Mettre  de  l'eau  dans  un  canal ,  dans 
un  balîln. 

Il  iignihe  au  contraire  ,  Chalfer ,  faire  fortir  , 
quand  il  eft  jomt  à  certains  mots.  Il  a  mis  dehors 
fon  Maîtrc-d'Hotel.  On  croit  qu'on  mettra  en  cam- 
pagne de  bonne-heure.  Mettre  aux  champs.  Se  met- 
tre au  large.  Mettre  hors  de  com.bat. 

On  dit  qu'une  mère  met  fon  enfant  au  monde  , 
lorfqu'elle  en  accouche.  Lorfqu'elle  mit  au  monde 
Ion  hls  premier-né.  P.  Bouh.  Matth.  i.  2  f. 
Mettre  ,  lignifie  aufll  ,  Aftembler,  joindre  enfemble. 
Jungere.  Ce  Prince  eft  h  foiblej  qu'il  n'a  jamais  pu 
mettre  fur  pied  trois  mille  hommes.  Je  le  mets  au 
nombre  de  mes  amis.  C'eft  un  avare  qui  mec  fou  fur 
fou.  Il  a  mis  enfemble  ces  parties  pour  s'aboucher  & 
s'accorder.  On  a  mis  des  Archers  en  queue  à  ces 
voleurs.  Les  ennemis  paroiftent,  mais  on  leur  a  mis 
en  tête ,  on  leur  a  oppoié  une  armée. 
Mettre  fignifie  aulli ,  Dépenfer  ,  employer  à  quelque 
choie.  Adhihere  ,  infumere.  Dans  toutes  les  affaires , 
il  faut  y  mettre  ,  y  avancer  avant  que  de  recueil- 
lir. Quand  on  pourfuic  une  mauvaife  dette  ,  quand 
on  fait  des  avances  ou  des  dépenfes  fans  efpéran- 
ces  de  les  retirer  ,  on  dit  qu'on  mec  du  bon  argent 
avec  du  mauvais.  Il  faut  bien  iervir  fon  maître  , 
mais  il  ne  faut  pas  y  mettre  du  lien.  Je  veux  bien  y 
mettre  ,  y  employer  ,  y  donner  mon  temps  ,  mes 
foins  j  mes  peines.  Il  a  ot«  tout  en  ufage  pour  par- 
venir à  les  fins.  Ils  ont  mis  telle  fomme  en  com- 
mun pour  négocier.  Il  a  acquis  ce  fonds  fans  mettre 
la  main  à  la  bouife,  fans  main  mettre.  Onditauffi, 
Tome  y. 


MET         979 

qu'un  homme  fe  met  en  frais ,  quand  il  fait  quel- 
que légère  dépcnfe  de  mauvaite  grâce. 
Mettre  ,  fignihe  auflî  ,  S'appliquer  ,  s'employer  à 
quelque  chofe  ,  travailler.  Applicare  ,  adjun^ere  ; 
impoacre.  Se  mettre  à  l'étude ,  au  négoce.  Se  mettre 
en  tête  quelque  choie.  Mettre  la  main  à  l'icuvre  , 
à  la  pâte.  Mettre  au  net  un  ouvrage.  Mettre  fin  à 
une  artaire  ,  y  mettre  h.  dernière  main.  On  le  die 
même  des  ouvrages  de  l'efprit.  Mettre  la  main  ,  la 
dernière   main  a  un  pocme  ,  à  un  dilcours. 

On  dit   auflî,  qu'un  diamant  cil  h'icn  mis  en  au- 
vre;  qu'un  Orateur   à  bien  mis  ,  bien  enchâlle  une 
telle  pcnfic  dans  fon  livre,  dans  Ion  dilcours. 
Mf.ttre,  le  dit  aulli  chez  les  Artilans.  Mettre  en  cou- 
leur.   Colore  tingere.   Mettre   en  prelle.  Mettre  au 
billon.    Aletcre  à  la  fonte.  Mettre   à    la. coupelle. 
Mettre  en  grand ,  en  petit.  Meccre  dans  le  tan,  Mec- 
tre  à  la  teinture.  Aletcre  en  galle  ,  en  paftcl.  Mettre 
à  la  lellîve. 
Mettre,  lignifie  aullî ,  Commencer,  ou  finir  quelque 
chofe.  Adhihere  fe  ad.    Alettre  en  chemin.  Il  s  eft 
mis  en  devoir  de  faire  voir  une  telle  chofe.  Il  met 
les  autres  en  train.  Il  a  mis  des  bornes  à  (es  con- 
quêtes. Mettre  fin  à  fon  difcours.  Se  mettre  en  hu- 
meur.   Alettre    fur   les  voies.   Cet  Écuyer  a   mis  ce 
Prince  à  cheval ,  lui  a  mis  Içs  armes  à  la  main  ;  pour 
dire  ,  lui  a  donné  les  premières  leçons  du  manège, 
ou  de  l'efcrime.  Ce  Maître  lui  a  mis   la   m.iin  fur 
le  luth  ,  a  commencé   à  lui  apprendre  à  jouer  du 
luth.  Quand  ce  verbe  mettre  eft  luivi  d'un  infinitif 
qui  exprime  l'aftion  qu'on  commence  ,  cet  infini- 
tif eft  précédé  de  la  patticulc  a.  Il  fe  mit  à  rire ,  à 
crier ,  &c. 
Mettre,  Détruire,  anéantir.   Defiruere.  Alettre  quel- 
qu'un à  mort,  au  tombeau.  Alettre  tout  à  feu  &  à 
lang.  Alettre  en  pièces  une  armée.  Mettre  quelqu'un 
à  la  belace  ,  le  mettre  au  blanc.  Mettre  un  mur  j  un 
bâtiment  par    terre.    Mcctre    en    chemife.    Aletcre 
tout    en    corabuftion.     Alettre   en   fuite  ,    en    déf- 
ordre  ,     en    défarroi  ,    en    déroute.      Alettre     en 
poudre   ,    en    cendres    une    ville.     Aicttre   fur  le 
carreau.  Mettre  à  fac  ,  au  pillage.  Mettre  aux  abois. 
Metttre  à  bout ,  ou  poulTcr  à  bout.    Alettre  à  ran- 
çon. Mettre  aux  fers.  Mettre  en  quartiers.    Aletcre 
tout  à  l'abandon. 
Mettre  ,   fignifie  au  contraire ,  Faire  profiter, ace  roî- 
tre.  Augere  ,  crcfcere.  Alettre  de  l'argent  à  rente , 
à   intérêt  ,    à    ulure ,  à  fonds  perdu.    Il  l'a  mis  en 
fonds  de  terre.  On  a  de  la  peine  à  bien  mettre  fon 
argent  pour  le  faire  profiter.   C'eft  un  homme  qui 
met  tout  à  profit.  Se  mettre  en  poireflîon  d'une  Ter- 
re ,  d'une  Charge,  d'un  Bénéfice.  Se  mettre  en  hon- 
neur ,  en  crédit  ,  en  réputation.  Alettre  en  vogue. 
Meccre  en  règne.  Mettre  à  la  mode. 
Mettre  bas  ,  fe  dit  des  femelles  des  animaux,  quand 
elles  font    leurs  petits.  Deponere  ,  parère.   On   dit 
.lulfi ,  qu'on   a   mis   bas  dans  les  Imprimeries  ,   & 
dans  quelques  atteliers  ,  ou  manutadures  ,  quand  on 
a  congédié   les  Ouvriers  y  ou  abandonné  le  travail. 
On  dit  auflî,   que   les  cerfs  mettent  bas,  quand  ils 
quittent   leurs  têies  vers  le   mois  d'Avril.    On  ditj 
qu'une  maladie  a  mis  au  bas  une  perfonne ,  quand 
elle  l'a  mis  à  l'extrémité  ;  qu'on  a  mis  au  bas  quel- 
qu'un ;  pour  dircj  qu'on  l'a  humilié,  qu'on  l'a  ruiné, 
fer  Aicttre  bas  fi  haine  ,  deponere  ,  n'a  jamais  été 
un  terme  noble,  /-'ojyt;-  Bas. 
Mettre  ,  fe  dit  au  Palais  en  ces  phrafes.  Aletcre  l'ap- 
pellation au  néant ,  c'eft  ,  Débouter  d'un  appel.  A 
caufa   dejicere.  Mettre   l'appellation ,  &  ce  dont  a 
été  appelle  au  néant ,  c'eft  ,  Infirmer  la  lentence  : 
&  cette  prononciation  n'appartient    qu'aux   Cours 
Souveraines.  Mettre  hors  de  Cour.    Voye^  au  mot 
Hors.  On  dit.  Se  mettre  en  état;  pour  dire  ,  Com- 
paroître  en  Juftice  fur  un  Décret  ;  c'eft-à-dire  ,  Se 
meccre  en   prifon  j  quand  il  y  a  Un  Décret  de  prife- 
de-corps;  ou  faire  un  ade  de  comparution  perfon- 
nelle  au  Greffe ,  quand  il  n'y  a  qu'un  ajournement 
perfonnel  :   &  on  dit ,  Mettre  un  procès  en  état  ; 
pour  dire  ,  Achever  fjn  inftrudion.  Donner  un  ap- 

Hhhhhh  ij 


980  MET 

poiiTcement  à  mettre ,  011  amplement  ,  à  mettre  , 
c'ell  ,  Ordonnei-  que  les  picccs  des  parties  (cioiu 
m'tfcs  entre  les  mains  du  Rapporteur  >  pour  leur 
faire  droit  fommairenicnt  lur  des  matières  provi- 
foires.  On  dit,  Mettre  fur  une  requête;  pour  dire, 
la  répondre.  Mettre  un  fac  au  Grefte  ;  pour  dire , 
Produire.  Mettre  un  arrêt;  pour  dire,  le  donner  au 
CrelKer ,  pour  le  faire  expédier  aux  parties.  Un  Avo- 
cat dit  aulîî ,  Je  mets  en  fait.  Hoc  pono  j_  ajjero  , 
Jîc  affirma.  J'afsûre  un  tel  fait.  On  dit  aulli  ,  met- 
tre à  exécution  les  fentences ,  les  arrêts.  Mettre  un 
arrêt  en  peau.  Mettre  une  minute  en  grolfe  ;  mettre 
en  dépôt ,  en  fcqueftre.  Mettre  en  gage.  Mettre  z\\ 
polfeUion.  En  ce  fens  il  vient  de  mittere.  On  dit  y 
mettre  a  l'enciicre,  mettre  à  prix,  pour  dire ,  Faire 
une  eftimation.  Mettre  en  vente  ,  mettre  en  criées  , 
à  l'encanj  au  rabais.  Mettre  en  curatelle.  Mettre  tn 
interdit.  Mettre  une  tête  à  prix  ;  pour  dire  ,  Prof- 
crire   quelqu'un. 

On  dit  encore  :  Mettre  en  la  main  du  Roi  &z  de 
Juftice  ,  pour  dire  j  Saillr.  Apprehendere  ,  capere. 
Mettre  un  Fief  hors  de  fes  mains  ;  pour  dire,  s'en  dé- 
f.rire ,  loifqu'on  ne  le  peut  retenir  félon  les  loix. 
icr  Mettre  un  Fief  en  fi  table  ,  lorfqu'un  Seigneur 
unit  un  Fief  fcrvaiit  au  Fief  dominant ,  par  puillan- 
ce  &  retenue  du  Ficf  Foye^  Table.  On  dit  aulîî , 
mettre  en  un  contrat,  OTcr/re  en  fon  marché,  c'ell-à- 
dire,y  inférer  quelques  claufes particulières,  ilferrre  en 
ligne  de  compte  ;  pour  dire  ,  mettre  en  coniîdéra- 
tion  quclquec  hofe.  Mettre  une  queftion  iur  le  t.apis, 
mettre  papiers  fur  table  ;  pour  dire  ,  Examiner  une 
aftaire.  On  dit  aulîî ,  mettre  f  efpèce  d'une  loi ,  ex- 
poîer  le  cas. 

Mettre  ,  fe  dit  aulîî  en  parlant  des  punitions  8c  des 
crimes.  Mulclare  ,  pleclere.  Mettre  à  l'amende  ,  au 
■carcan  ,  au  pilori ,  aux  galères.  Mettre  quelqu'un  en 
Juflice  ,  le  déférer  pour  crime  ,  le  faire  alîîgner  pour 
quelque  action  civile  ,  le  mettre  en  caufe.  Mettre 
en  prifon  ,  ou  hors  de  piifon.  Mettre  en  liberté. 
ifT  Mettre  au  ban  de  l'Empire  ,  exprellion  qui  n'a 
lieu  qu'en  parlant  des  affaires  d'Allemagne.  C'eft: 
déclarer  qu'un  Prince  ou  une  Ville  a  encouru  les 
peines  portées  par  les  loix  de  l'Empire  en  certains 
casj   ce  qui  emporte  toujours  confiication. 

AIettre  la  main  ,  ou  LES  MAINS  ,  le  dit  en  parlant 
des  violences,  ou  des  entrepviles  qu'on  a  fait  à  l'é- 
gard de  la  perfonne  ,  ou  des  droits  de  quelqu'un. 
Violentas  mamis  imponcre.  C'eft  un  crime  de  met- 
tre les  mains  fur  un  Prêtre.  Les  Princes  léculiers 
ne  doivent  pas  mettre  la  main  à  l'encenfoir  ,  entre- 
prendre lur  Icï  droits  de  l'Eglife. 

Mettk.e  ,  (e  dit  en  termes  de  Manège,  en  parlant  des 
façons  de  manier  un  cheval.  Equum  pal&firïcà  dif- 
ciplinâ  injiuuere  j  informare.  Ce  cheval  eft  propre  à 
mettre  aux  courbettes  ,  aux  airs  relevés.  Ce  Barbe  a 
été  bien  mis  j  bien  drellé.  On  dit  mettre  un  cheval  au 
pas,  au  trot,  au  galop.  Ou. le  mettre  en  haleine, 
ou  hors  d'haleine.  On  dit  aulîî  ^  mettre  un  cheval 
dedans  ;  pour  dire  ,  le  dielfer  ,  le  mettre  dans  la 
main  ,  dans  les  talons.  Il  y  a  des  chevaux  difficiles  à 
mettre  dedans.  On  dit  aulîî ,  mettre  un  cheval  ious  le 
bouton;  pour  dire,  le  tenir  en  état  par  le  moyen  du 
bouton  des  rênes  qu'on  abaille,  comme  fî  le  Cava- 
lier étoit  delîus.  On  dit  aulîî  ,  mettre  un  cheval  à 
l'herbe ,  ou  lui  donner  le  vert  j  pour  le  rétablir  & 
l'engraiffer. 

§Cr  En  termes  de  Peinture  ,  on  dit  mettre  en  petit , 
lorfqu'un  Peintre  copiant  un  tableau ,  en  réduit  les 
figures  &  tout  le  delîein  à  une  grandeur  beaucoup 
au  delfous  de  celle  de  l'original.  Et  dans  un  fens 
contraire  ,  mettre  en  grand.  Mettre  en  œuvre,  c'eft 
monter  des  pierreries  fur  l'or  &  l'argent. 

§Cr  Mettre  en  cire  ,  fe  dit  du  Metteur  en-œuvrc 
qui  pôle  fur  un  bloc  de  cire  toutes  les  pièces  d'un 
ouvrage  dans  le  fens  &:  de  la  manière  qu'elles  doi- 
vent être  étant  montées ,  afin  de  les  fouder  plus  fa- 
cilement. 

En  termes  de  Marine,  on  dit,  mettre  à  la  voile, 
mettre  en  mer  ;  pour  da'c  ,  Partir  d'un  port.  ï'eU 


MET 


dare.  Mettre  à  Hot  j  mettre  à  bord ,  mettre  à  terre  , 
le  mettre  à  la  largue.  On  dit  aufti  ,  Se  mettre  à 
nage;  pour  dire  ,  fe  jettcr  a  l'eau.  Mettre  à  la  cape  , 
mettre  pavillon  bas ,  quand  on  falue  un  fupérieur  , 
ou  quand  on  fe  rend.  On  dit  aulîî  ,  mettre  ou  cou- 
ler à  fond  un  vailfeau.  Mettre  tout  au  vent  ;  c'eft 
lorfqu'on  eft  contraint  par  un  gros  temps  de  mettre 
vent  en  poupe  ou  autrement  ,  &  Mettre  vent  en 
poupe  ,  c'eft  tourner  le  derrière  du  vailleau  contre 
le  vent.  Mettre  en  ralingue  fe  dit  pour ,  Mettre  le 
vaifteau  de  telle  forte  que  le  vent  ne  donne  point 
dans  les  voiles  ,  &c  Mettre  en  panne  ,  pour  due  , 
Faire  pencher  le  navire  ,  afin  de  fermer  quelque 
voie  d'eau.  On  dit  encore ,  Mettre  les  voiles  de- 
dans ,  mettre  à  fec  ,  ou  mettre  à  mât  &:  à  cordes, 
pour  dire  ,  Ferler  les  voiles  &:  les  ferrer  fans  en 
garder  aucune.  Mettre  le  vent  fur  les  voiles  ,  pour 
dire ,  Les  mettre  parallèles  au  vent ,  afin  d'empê- 
cher qu'elles  n'en  prennent.  Mettre  les  balles  voi- 
les fur  les  cargues ,  pour  dire  ,  Se  fervir  des  cargues 
pour  les  troulîer  par  en-bas.  Mettre  côté  en  tra- 
vers ,  pour  dire  ,  Mettre  le  vent  lur  les  voiles  de 
l'avant  ,  ôc  laiffer  porter  le  grand  hunier  enforte 
que  le  v.iilleau  prête  le  côté  au  vent.  Mettre  Ion 
vailfeau  à  la  bande  ,  pour  dire ,  Le  faire  ranger  lur  un 
côté  pour  le  radouber  ,  ou  étancher  quelque  voie 
d'eau.  Mettre  un  vailleau  en  cran ,  pour  dire  ,  le 
mettre  fur  le  côté  pour  le  caréner  ou  le  luiver. 
Mettre  à  la  cape ,  pour  dire ,  n'.avancer  ni  ne  re- 
culer. Mettre  le  cap  ,  pour  dite  ,  Tourner  la  proue 
d'un  navire  du  côté  du  vent  qu'on  s'eft  propolé 
de  luivre.  Mettre  un  navire  en  funin  ,  pour  dire  , 
l'.agréer  de  tous  les  cordages  :  &  mettre  une  galère 
en  eftime ,  pour  dire ,  balancer  une  galère  de  telle 
forte  qu'elle  .-"ille  aulîî  vite  qu'il  fe  peut. 

Les  Charpentiers  difent ,  mettre  des  folives  de 
champ ,  pour  dire ,  les  poler  lur  la  partie  la  moins 
large.  On  dit  aulîî ,  mettre  les  poteaux  du  fond  au 
pan  de  bois  ,  pour  dire  ,  les  mettre  du  haut  enbas, 
ou  mettre  les  pièces  debout.  On  dit ,  mettre  les  piè- 
ces de  bois  en  leur  raifon  ,  pour  dire ,  difpofer  de 
telle  forte  des  pièces  de  bois  ,  qu'étant  mifes  en 
chantier  _,  chaque  morceau  fe  trouve  en  fa  place. 
On  dit  d'une  pièce  de  bois ,  qu'elle  eft  mife  fur  fon 
fort ,  quand  elle  bombe  un  peu,  &  que  le  bombe- 
ment eft  mis  en  haut. 

Mettre  fes  effets  à  couvert ,  (e  dit  ordinairement  en 
niauvaile  part  ,  d'un  Négociant  qui  détourne  ce  qu'il 
a  de  meilleur  dans  le  delîein  d'une  banqueroute  frau- 
duleule. 

On  dit  en  termes  de  J.irdinage_,  fe  mettre  à  fruit, 
en  parlant  d'un  arbre  qui  commence  à  porter  du 
fruit ,  après  avoir  été  long  temps  lans  en  donner. 
Il  y  a  des  arbres  qui  fe  mettent  difficilement  à 
fruir. 

Mettre  j  fe  dit  auffi  en  parlant  des  jeux  ,  de  gageures  , 
defuppohtions.  Deponere  ,pacijci.  Que  voulez  vous 
mettre  ?  pour  dire  ,  Que  voulez-vous  gager  ?  J'y 
mettrois  ma  tête  à  couper  ,  j'en  mettrais  ma  main  au 
feu.  Il  faut  mettre  au  jeu.  Mettre  3.  la  Banque  j  à  la 
Lotterie.  Mettre  en  bredouille.  Mettre  quelqu'un 
en  jeu  ,  le  citer. 

On  le  dit  aulîî  du  fervice  de  la  table.  Mettre  le 
couvert  ,  mettre  lur  table,  c'eft  Icrvir  à  manger. 
Menfamflernere.  Mettre  en  ragoût ,  mettre  en  capi- 
lotade. On  l'a  mis  à  toutes  (auces.  C'eft  un  tel  qui 
met  la  nappe  ,  pour  dire  ,  on  mange  chez  lui. 

Mettre,  ledit  auilî  en  parlant  des  habits;  &:  on  dit 
qu'un  homme  fait  bien  le  mettre  ,  quand  il  fut  s'ha- 
biller proprement  &  convenablement.  Comere  fe  , 
ornare ,  adornarefe.  On  dit  d'une  femme,  qu'elle  eft 
bien  mife ,  qu'elle  eft  bien  Ious  les  armes  ,  quand 
elle  lait  ce  qui  lui  lîed  bien.  Mettre  un  habit  neuf, 
du  linge  blanc.  On  dit  qu'un  homme  met  tout  iur 
foi,  quand  il  dépenfe  tant  à  s'habiller,  qu'il  ne  lui 
lefte  rien  pour  vivre.  On  dit  aulîî  ,  mette^  votre 
chapeau  ,  couvrez-vous.  On  dit  qu'un  homme  s'eft 
mis  tout  nu  ,  quand  il  s'eft  dépouillé.  Mettre  (es  fou- 
liers  en  pantouHe. 


MET 

Mettre  ,  fe  dk  figiirément    en  chofes   fpiritucUes  & 
morales.    Poncre  ,  deponcre.    Il   faut    meure   toutes 
clîofcs  en  la  main  de  13ieu.  Tout  cft  perdu  ,  li  Dieu 
n'y  met  la   main.   Il  faut  toujours  lui  meccrc  devant 
les  yeux  la  crainte  de  Dieu  ,  (on  devoir  ,  pour  dire  , 
lui  faire  faire  des  réHexions  lur  fes  adfions.  Mettre  dans 
la  mémoire  un  Liienhit.  Mettre  fous  fes  pieds  une 
injure,  lamépriler,  la/ntmc  en  oubli ,  \a.  mettre  a\ix 
pieds  du  Crucifix.  Mettre  ,   graver  dans  fon  efprit. 
Mettre  en  doute.  Mettre  en  courroux  ,  en  inimitié, 
en  inquiétude  ,  en    niauvaifc  humeur.   Mettre   une 
chofe    en   tête  ,  pour   dire  j  pcrfuader.   Mettre  en 
vers  Françoisj  en  Latin.  On  dit  .lulli ,  we«re  en  dé 
libération,   mettre  en  difpute,  en  queftion ,  en  ar- 
bitrage, en  compromis.  Mettre  en   avant  une  pro 
podtion.    Mettre  en  lumière  ou  au  jour  quelque  ou- 
vrage. Mettre  une  hilfoire  par  écrit.  Le  temps  ?77ct 
toutes  choies  en  évidence.  On  dit  aulll  qu'un -.hom- 
me   s'eft  mis  dans  les  bonnes  grâces ,  dans  l'efprit 
d'une  peiionne,  pour  dire  qu'il  s'eft  fait  aimer,  ou 
eftimer  d'elle  :  qu'on  l'a  mis  mal  avec  quelqu'un  , 
qu'on  l'a  brouillé  avec  lui.  Mettre  en  beau  chemin. 
Il   l'a  mis  en  ion   tort.  Il  s'eft  mis  à  la  raifon.  Il  a 
mis  la  main  à  la  confcience.  Mettre  en  colère  ,  en 
furie.  Mettre  en  rut.  Mettre  aux  champs.  Mettre  hors 
des  gonds. 

Mettre,  le  dit  aufll  abfolument  &  avec  des  adverbes 
en  quelques  phrales.  On  l'a  mis  à  même  ,  pour  dire  , 
on  a  tout  laillé  à  (a  dilcrétion  ,  il  en  peut  prendre 
tant  qu'il  voudra.  On  l'a  mis  au  pis,  pour  dire,  on 
l'a  délié  de  faire  tout  le  mal  qu'il  pourroit.  Il  y  a 
d'autres  exemples  ci-dclfus. 

^3"  Mettre,  Poser,  Placer  ,  lynonymes.  Mettre  3. 
un  fens  plus  général  j  pofer  &C  placer  en  ont  un  plus 
reftraint.  Mus  pofer  ,  c'eft  mettre  avec  juftelîe,  dans 
le  fens  &c  de  la  manière  dont  les  chofes  doivent  être 
mifes.  Placer ,  c'eft  les  mettre  avec  ordre  ,  dans  le 
rang  ôc  dans  le  lieu  qui  leur  conviennent.  Svn.  Fr. 
On  met  des  colonnes  pour  loutenir  un  édifice  ;  on 
les  pofe  fur  des  baies  -,  on  les  place  avec  fyinctrie. 

§3"  Mettre,  fe  conftruit  quelquefois  avec  l'infinitif 
d'un  autre  verbe  (ans  aucune  particule  précédente. 
On  met  chauffer  de  l'eau ,  on  met  lécher  du  Imge , 
6x.  On  met  de  l'eau  auprès  du  feu  afin  qu'elle  chauffé  , 
On  met  du  linge  en  quelque  endroit  afin  qu'il  sèche. 
Alors  mettre  équivaut  3i  faire.  Faire  chauffer  j  faire 
fécher.  Nous  ne  ferions  que  répéter  ce  qu'on  trouve 
aux  articles  particuliers,  li  nous  voulions  parcourir 
toutes  les  acceptions  du  verbe  Mettre. 

Mettre  ,  fe  dit  proverbialement  en  un  très-grand  nom- 
bre de  phrafes,  dont  voici  les  principales,  qui  (ont 
expliquées  ailleurs.  Mettre  de  l'eau  dans  fon  vin. 
Mettre  le  feu  aux  étoupes.  Mettre  de  la  paille  ,  du 
foin  dans  fes  fouliers  ,  dans  fes  bottes.  Mettre  la 
charrue  devant  les  bœufs.  Mettre  la  clef  (ur  la  tofle. 
Mettre  en  beaux  draps  blancs.  Mettre  tout  par  écuel- 
les.  Mettre  le  tout  pour  le  tout.  Mettre  le  nez  en 
quelque  choie.  Mettre  le  cœur  au  ventre  ,  ou  le  feu 
fous  le  ventre.  Mettre  tour  (ans  deflus  deflous.  Il  ref- 
femble  aux  Chaudronniers ,  il  met  la  pièce  auprès  du 
trou.  Mettre  du  côté  de  l'épée.  Se  mettre  en  rang 
d'oignons.  Szmeitreim  fon  quant  à  moi,  pour  dire, 
marquer  par  des  geftes  ou  par  desdifcours  de  vanité  , 
qu'on  croit  être  fort  au  deffus  des  autres.  Se  mettre 
fur  le  trotoir.  Se  mettre  en  quatre  pour  quelqu'un  , 
pour  le  fervice  de  quelqu'un  i  c'eft  faire  toutes  chofes 
imaginables  pour  lui.  Mettre  le  pied  dans  la  vigne 
du  Seigneur ,  c'eft  s'enivrer.  Mettre  les  fers  au  (eu 
pour  quelque  affaire  ;  c'eft  y  (onger  ,  y  travailler 
tout  de  bon.  Mettre  un  homme  à  quia  ;  c'eft  le  ré- 
duire à  ne  (avoir  plus  que  répondre.  Mettre  au  rang 
des  péchés  oubliés.  Mettre  fur  les  dents.  Mettre  pinte 
fur  chopine.  Mettre  toutes  pierres  en  œuvre.  Mettre 
le  pain  à  la  main.  Mettre  la  plume  au  vent ,  ha(ar- 
der  quelque  chofe.  On  dit  aufTî  ,  mettre  le  marché 
àlanuin,  pour  témoigner  l'indifférence  fur  quel 
que  chofe.  Mettre  à  la  pile ,  au  verjus.  Mettre  de 
bon  argent  contre  du  mauvais ,  pour  dire  ,  rifquer 
des  frais  pourfe  faire  payer  d'un  mauvais  débiteur. 


M  E  U 


981 


METTRIEUX.   f.  m.  Vieux  mot.  Fagots. 
03"  ME  rZ  ,  mieux  que  METS.  Voye-:{  Mets  ,  pour 
l'explication. 

M  E  U. 

r 

MEVAT.  Le  Royaume  de  Viiv xi.  Mevatum  Regiium. 
C'eli:  une  province  de  l'Empire  du  Grand  Mogol  en 
Afie.  Elle  elt  de  la  le  Gange  au  nord  du   Royaume 
de  Bengale  ,  Narvafic  en  eft  la  ville  capitale.  Maty. 
§3"  MEUBLE,  f.  m.  Ce  mot  ledit,  en  termes  de  Pra- 
tique ,  de  tous  les  biens  qui  ne  tiennent  point  lieu  de 
londs  ,  qui   peuvent   fe   tranfporter  d'un  lieu  à  un 
autre  fans  être  détériorés.  Les  meubles  ftiivent  la  ptr- 
lonne.  L'argent  ,  les  obligations  (ont  regardés  comme 
meubles.  On  ledit  aulli  adjectivement,  biens /«tv^Wc/^. 
Obliger  tous  (es  biens ,  meubles  Sic  immeubles.  Bona 
mobiiia  Ù  immobilia.  En  France  ,  on  ne  reconnoit 
que  deux  (ortes  de  biens  ,  meubles  &c  immeubles.  Les 
meubles  ,  c'eft  l'argent  comptant  ,  les  marchandifes  , 
les  dettes  par  cédules  ,  ou  obligations  ,  des  beftiaur, 
uftcnfiles  d'hôtel  ,  qui  ne  tiennent  ni  à   fer  ,   ni  à 
clou  ,  ni  ne  font  fcellés  en  pLître ,  mais  qui  fc  peu- 
vent tranfporter  (ans  fradtion  ,  ni  détérioriation.  Les 
meubles  n'ont  point  de  fuite  par  hypothèques,  mais 
font  lujets  à  revendication.  Les  créanciers  viennent 
par  contribution  fur  les  meubles.  Le  bois ,  le  blé , 
le  loin  coupé  ,  le  poiftbn  en  boutique  ,  (ont  réputés 
meubles.  ^Iais  quand  ils  font  pendanspar  les  racines  , 
(Si  le  poillon  dans  l'étang,  ou  le  vivier  ,  ils  font  ré- 
putés immeubles.    Les    pères  &  mères  fuccèdent  à 
leurs  enf-ans  à  l'égard  des  meubles.  On  dit  aulli ,  Une 
univerfalité  de  meubles  ,  d'une  fuccelTîon  mobdiaire. 
f/3°  Quelquefois  un  immeuble   prend  la  nature    de 
meuble  par  ffipulation.  f^oy.  Ameublissement. 

Dans  les  Coutumes  ,  il  efl  dit  que  Izs  meubles  Ç\À- 
vent  la  perfonne  &  (on  vrai  domicile  ,  que  les  meu- 
bles fuivent  le  corps.  Ces  exprellions  ont  diftércns 
icns  en  divers  pays.  Quelquefois  cela  veut  dire  que 
les  meubles  luivent  la  Coutume  du  lieu  où  eff  le  do- 
micile du  défunt,  encore  qu'il  Ibit  mort  ailleurs  : 
quelquefois  cela  flgnifie  que  les  meubles  fuivent  la 
Coutume  du  lieu  où  le  défunt  elf  décédé. 

M.  De  Courtin  appelle  meubles  animés  les  chofes 
qui  le  meuvent  d'elles  mêmes ,  comme  les  animaux  , 
chevaux ,  bœuls  ,  moutons ,  &c.  &  meubles  inani- 
més ,  ce  que  l'on  appelle  iimplement  meubles  dans 
l'ufage  ordinaire.  Res  moventes  ,  res  mobiles. 
Ce  mot  vient  du  Latin  mobiiis. 

Meuble  ,  lignifie  auill  tout  ce  qui  eft  deftiné  au  fcrvice 
d'une  maifon  ,  foit  delà  ville  ,  foit  de  la  campagne, 
tant  pour  la  garnir,  que  pour  l'exploiter  &  la  faire 
valoir.  Suppellex.  Les  meubles  àt  falle  ,  de  chambre  , 
de  cuifine.  Les  charrues  &  harnois  font  les  meubles 
de  la  ballecour.  On  appelle  meubles  meublans  ,  ceux 
qui  font  ablolument  nécelfaires  pour  le  ménage ,  les 
lits  ,  chaifes  ,  table,  vaifFelle.  Les  meubles  précieux  , 
lont  les  tableaux  ,  la  vaiffelle  d'argent ,  &  autres 
fupertluités  qui  ne  fervent  que  d'ornement.  Meubles 
d'été  ,  meubles  d'hiver.  Il  faut  ûidr  &  difcurer  les 
meubles  d'un  mineur ,  avant  que  de  décréter  les  im- 
meubles. 

§3°  On  dit,  Mettre  une  femme  dans  fes  meubles ,  l'en- 
tretenir dans  un  appartement  meublé.  Avouez , 
Monfieur  Gilblas  ,  que  vous  l'avez  mife  dans  fes 
meubles ,  &  que  vous  mangez  enfemble  les  pifto- 
les  que  vous  avez  emportées  du  louterrain  î  Le  Sage. 

Meuble,  fe  dit  en  une  fignification  plus  étroite,  d'un 
lit  &  des  chaifes  de  même  parure  ,  ou  même  de  leur 
garniture.  Cuhiculi  fupellex  ,  inflruclus.  Cette  femme 
travaille  depuis  quatre  ans  à  un  meuble  en  tapifferie, 
en  broderie.  Elle  a  acheté  un  meuble  magnifique  de 
damas  ;  elle,  a  fait  faire  un  petit  meuble  de  brocatelle 
pour  la  mailon  de  campagne. 

Meuble  ,  en  termes  de  Blalon  ,  fe  dit  de  tout  ce  qui 
charge ,  brif'e ,  ou  accompagne  les  pièces ,  &  les 
divifions  d'un  écu  ,  comme  animaux  ,  fruits ,  ar- 
bres, befans,  macles,  &c.  Inflruclus  ,   injlruclio. 

Meubie  ,  fe  dit  aulli  au  figuré  pour  tout  ce  qui  peu: 


982        M  E  U 

ctre  de  quelque  utilité  ,  pour  tout  ce  qui  peut  procu- 
rer quelque  avantage. 

La  venu  fans  argent  n'ejl  qu'un   meuble  inutile. 

BoiL. 

f:T  Meuble,  adj.  Terme  d'Agticulture  &  de  Jardina- 
ge. Liger  appelle  Terre  meuble,    une    terre   ii  bien 
labourée,  &  lî  à-propos,  qu'il  n'y   paroît    aucune 
motte  ,  une  terre  bien  remuée  ,  terra  mota  ,  comme 
dit  cet  Auteur  :  on  adopte  la  même  idée  dans  l'Ency- 
clopédie.   Quand    on  a  labouré  une  terre,   on  dit 
qu'elle  ell  meuble  :,  c'eft-à- due ,  propre  à  recevoir  la 
femence.  U  ell  très-vrai  qu'une  terre  devient  meuble 
par  les  labours,  parles  façons qu'on'lui  donne.  M.iis 
le  mot  de  meuble  ,  formé  du  Latin  mohilis  ,  mo- 
bile ,  délîgne  plutôt  la  qualité  d'une  terie  qui  le  re- 
mue aifément ,  que  l'état  de  celle  qui  a  été  bien  re- 
muée. On  entend  par  terre  meuble  ,  une  terre  légère, 
aifée  à  labourer.  Jlrari  facilis.  Voyez  Terre. 
MEUBLER,  v.  a.  Mettre  des  meubles  dans  une  mai- 
fon  pour  la  commodité  ,  ou  la  nécelllté.  In/irue.re  , 
ornare  ,   apparare.   Meubler  un  appartement.  Tous 
les  baux  font  faits  à  la  charge  de  meubler  h  mailon  ; 
de  la   garnir  de    meubles  exploitables  ;  à»  meubler 
une  métairie  de  harnois  ,  de  beftiaux. 
Meubler,  fe  dit  figurément  de  l'elprit,  ou  de  la  mé- 
moire, pour  dire,  l'orner,  l'enrichir.  Ornare   men- 
tem ,  memoriam.  Je  me  promets  bien  d'oublier  toutes 
ces  bagatelles  ,   dès  que  j'aurai  occalîon  de  meubler 
plus  richement  ma  mémoire.  Tour. 
MEUBLÉ ,  ÉE.  part.  pall.  &  adj.  Jnftruclus  ,  ornatus. 
§Cr  On  dit   qu'une   perlonne  ell  bien   meublée,  pour 
dire  ,  qu'elle  eft  bien    en  meubles.  On    dit    fami- 
lièrement en  parlant  d'une  perlonne  qui  a  les  dents 
belles  j  qu'elle  a  la  bouche  bien  meublée.  Ac.  Fr. 
MEUDAN.    f.  m.  Nom   d'homme.   Meldanus.   Saint 
Meudan  eft  honoré  à  Péronne.  Il  étoit  Irlandois.  Ses 
reliques  furent  apportées   en   France  par  S.  Furfy  , 
&  depuis  placées  à  Péronne.  C'efl  tout  ce  qu'on  en 
fait,  l'oye:^  BoUandus  Se  Chaftelain,  au  7^  Février. 
MEUDON.   Nom  d'un  bourg  &  d'un  château    Royal 
de  l'île  de  France  ,  à  deux  lieues  de  Paris ,  du  côté 
du  couchant.  ^  Metiofedum. 
MEUE ,  ou  MUE.  f.  f.  Vieux   terme  de  Palais ,  qui 

vient  du  verbe  mouvoir  ,  exciter,  fulciter. 
Meue  de  plaidz  ,  c*eft-à  dire  ,  chicane  ,  commence- 
ment de  procès ,  l'adion  d'en  intenter  ,   ou  ce  qui 
y  donne  occalîon. 
MÉVENDRE.  v.  a.  Terme  de  Commerce.  Vendre  une 
marchandife  moins  qu'elle  ne    vaut.  Viliorl  pretio 
venderc.  Quand  on  voit  qu'un  Marchand  commence 
à  m.evendre  ,  à    faire  bon  marché,  c'eft  ligne  qu'il 
va  bientôt  faire  banqueroute. 
MÉVENDU,UE.  part.  &  adj. 

AlÉVENTE.  f.  f.  Vente  à  vil  prix.   Venditiovili pretio. 
Il  y  a  toujours  de  la  mévente  aux  ventes  forcées  qu'on 
fait  à  l'encan. 
MEUGLEMENT.  Foyei  Beuglement. 
MEUGLER.  V.  n.  Faire  des  meuglemens.  Il  ne  fe  dit 
au  propre  que  du  cris  des  bœufs.  Alugire.  Au  figuré 
on  le  dit  des  hommes  qui  ont  une  voix  forte  ,§3"  qui 
font  un  cri  épouventable.  Il  ne  chante  pas,  il  meugle. 
F'oyei  Beugler. 
MEUHKE.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Nom  d'une  civi- 
lité qui  fe  fait  chez  les  Turcs,  quand  on  boit  à  la  fanté 
l'un  de  l'autre.  Après  qu'un  homme  a  bu  ,  il  eft  de  la 
civilité  de  celui  de  qui  on  boit  la  fanté,  de  lui  pré- 
senter un  petit  morceau  de  fruit  ou  de  fromage  ,  & 
quand  il  y  a  des  olives  lur  la  table ,  ils  les  emploient 
préférablement  à  toute  autre  chofe,  pour  cette  cé- 
rémonie ,  qu'ils  appellent  Meuhké.  Du  Loir. 
MEUILLON.  Nom  d'une  ville  &  cLîteau  de  France 
dans  le  Danphiné ,  &  l'ancien  pays  des  Caturiges , 
qui   font  ceux  de  Chorges.  MeduUio.  Valois ,  Not. 
Gall.  p.  32 ç. 
WEULAN  ,  ou  MEULANT  ,  &:    non   point   MEU- 
LANC.  Nom  d'une  petite  ville  du  Gouvernement  de 
l'île  de  France.  Mellencum  ,  Metlindum  ,  Medliatum  , 


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Mollentum  ,  Mallenum.  C'étoit  autrefois  un  lieu  for- 
tifié. Il  eft  lur  la  Seine  ,  qu'on  palfe  fur  un  pont  de 
pierres,  à  huit  lieues  au  dellbus  de  Paris.  Sur  cette 
Ville  ,  Voy.  la  Dej'erip.  Geogr.  &  Hift.  de  la  Haute- 
Normandie,  T.  II ,  p.  24J.  &  fuLV.  Long.  19.  d. 
3  2'  ,  lat.  49.  d.  1'. 

Ce  mot  a  été  formé  de  deux  mots  Teutoniques. 
Mol,  qui  fignifie  du  fable,  8c  Land  ,  qui  lignifie 
terre  ;  c'eft-à  dire  ,  Terre  dt  fable  ,  ou  Terre  fablo- 
neufe. 
MEULE,  f.  f.  Terme  d'Economie  ruftique.  Quelques- 
uns  difent  meulon.  Richelet  prétend  qu'il  faut  dire 
mule.  L'Académie  dit  meule  ;  &  c'eft  l'ufage  géné- 
ral. C'eft  un  monceau ,  une  pile  ,  un  tas  de  foia 
qu'on  laille  quelque  temps  dans  le  pré  pour  mieux 
fécher.  Moles  ,  meta ,  rnetula ,  flruts  ,  cumulus.  On 
fait  aulîi  des  meules  ,  des  palliers  dans  les  balfe- 
cours  ;  &  en  beaucoup  de  lieux  on  laille  les  grains 
en  gerbe  dans  les  champs  arrangés  de  façon,  que 
la  pluie  ne  peut  y  pénétrer.  On  fait  aulîl  des  meules 
de  fel  ,  que  dans  le  pays  on  appelle  l'haches.  On 
les  appelle  meulons  à  Guérande  &  au  Croific. 

Ce  mot  vient  du  Latin  moles.  AL  Huet  croit  qu'il 
pourroit  bien  venir  de /««//0  ,•  Odéricus  Vitalis  a  dit 
fceni  mulloncm ,  une  meule  de  loin. 
Meule  ,  fe  dit  aulîî  des  grolles  pierres  rondes  Se  plates, 
dures  &  raboteulcs ,  qui  fervent  à  broyer  les  grains 
dans  les  moulins  ,  &  à  faire  de  la  farine.  Mola  piflri- 
naria.  Le  grain  s'écrafe  entre  les  deux  meules.  C'eft 
la  roue  du  moulin  qui  par  le  moyen  du  ploquier  fait 
tourner  la  meule  de  dellus.  L'œil  de  la  meule  eft  le 
trou  par  où  palle  le  fer  du  ploquier.  Il  y  a  des  meules 
d'une  feule  pierre  ,  d'autres  qui  ont  des  chameaux. 
La  meule  d'enbas  s'appelle  le  gite ,  ou  la  meule  gi- 
fante.  Celle  d'enhaut  s'.appelle  meule  courante  ,  qui 
ccrafe  le  grain.  fpT  II  faut  de  temps  en  temps  piquer, 
battre  &  empâter  la  meule.  L'ufage  des  meules  de 
mouhn  pour  moudre  le  blé  ,  fut  inventé  à  Lacédé- 
mone  par  le  Prince  Miléta,fiis  du  Roi  Lélex.  Mola 
alata.  Moulin  à  vent.  Mola  trufatilis.  Moulin  à  bras. 
Mola  olearia ,  Moulin  à  huile.  Mola  jrumentaria  , 
Moulin  à  blé. 

Meule  ,  ou  Meulon.  Tas  de  chanvre  brut. 

Meule,  le  dit  aulîi  des  pierres  de  grès  très  dur  &  d'un 
grain  lort  ferré  qui  fervent  aux  Couteliers  &  Tail- 
landiers pour  aiguiler  les  fers  deftinés  à  trancher  Se 
à  couper.  Mola  acuminaria ,  mola  acutorum  trufatilis. 
Elle  le  tourne  avec  une  grande  roue  à  bras.  Il  lauc 
faire  palfer  les  couteaux  fur  la  meule.Les  Gagne-petits 
promènent  pat  les  rues  une  petite  meule. 

Meule,  le  dit  aulIi  d'une  petite  roue  d'acier ,  fCF d'é- 
tain,  ou  même  de  bois  dont  fe  lervent  les  Lapidai- 
res ,  fuivant  les  pierres  qu'ils  veulent  tailler.  Alola 
chalybea. 

f3"  Les  Miroitiers-Lunetiers  ont  aullî  des  meules  fur 
lefquelles  ils  arrondilTcnt  la  circonférence  des  verres, 
des  lunettes  ,  &c. 

§3°  Les  Couteliers  (Se  les  Taillandiers  ont  leur  meules  y 
leurs  meuUeaux ,  enfuice  leurs  meullardeaux  ,  & 
enfin  leurs  meullardes  ,  qui  font  les  plus  grandes. 

Meule  ,  en  termes  d'Anatomie ,  le  dit  quelquefois  de 
l'os  du  genou  ,  rotula,  qu'on  appelle  aulli  rotule  ,  ou 
palette.  Voy.  Rotule. 

Meule  ,  en  termes  de  Vénerie  ,  eft  une  efpèce  de  bolfe 
fur  le  haut  de  la  tête  du  cerf,  d'où  fort  fa  ramure  , 
ou  bois  ,  ou  marrein.  Matrix  cervini  cornu.  On  l'ap- 
pelle aulli  rocher,  caillou  ,  bafe. 

"S^ Meule,  en  termes  de  Verrerie.  On  donne  ce  nom 
à  des  morceaux  de  verre  qui  s'attachent  aux  cannes 
pendant  qu'on  s'en  lert,  &c  qui  s'en  détachent  quand 
elles  fe  refroidilfent. 

Meule,  en  termes  de  Jardinier  Maréchais ,  fe  dit  du 
fumier ,  Se  lignifie  un  amas  ,  un  tas  de  fumier  chanci , 
qu'ils  ont  trouvé  en  défailant  leurs  couches ,  &  qu'ils 
ont  mis  enfemble  pour  avoir  des  champignons. 
Fumi  agoer. 

MEULES  ou  PAINS.  On  nomme  ainfi  certains  fro- 
mages ronds  &:  plats  qui  viennent  de  Suilfe  ,  d'Italie 
Se  d'Angleterie,  apparemment  p.arce  qu'ils  rellém- 


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blent  pour  leur  épaillcur  &■  leur  diamèrre  aux  meules 
des  Couteliers. 
MEULEVI.  f.  m.  Nom  que  l'on  donne  en  Turquie  aux 
Dervichs,du  nom  de  leur  fondateur  Hazretti  Meiila 
na  ,  qui  quitta  (on  Royaume  de  Cogna  pour  en  uil'i- 
tuer  l'Ordre.  Du  Loir  ,p.  14p. 

§3"  MEULIÈRE.  1.  L  Carrière  d'où  l'on  tire  les  meules 
de  moulin.  Lapidlcina  moLina.  On  appelle  pierre  de 
meulière  ,  une  pierre  dont  on  fait  les  meules  de  mou- 
lin. C'eft  une  pierre  dure,  remplie  de  trous  tk.  d'iné- 
galités. Il  hiut  qu'elle  foit  ainli  pour  mordre  fur  les 
grains.  Lapis  molarïs. 

^3"  On  appelle  aulli  pierre  de  meulière  ,  une  forte  de 
moellon  de  roche  ,  dur  ,  plein  de  trous,  &  comme 
longé  ,  qu'on  trouve  en  morceaux  détaciiés  dans  les 
environs  de  Paris.  Cette  pierre  ell:  bonne  pour  baiir, 
parce  qu'elle  prend  très-bien  le  mortier  à  caufcdc  fes 
inégalités. 

MEULLARDEAUX,  ou  MOLARDEAUX.  f.  m.  On 
nomme  ainfi  une  elpèce  de  meules  dont  (e  fervent 
les  Taillandiers,  pour  aiguifer  les  outils  de  fer  qu'ils 
forgent,    v  '* 

MEULLARDfcS.  f.  f.  Ce  font  les  plus  grandes  meules  à 
Taillandiers,  &  qui  ont  audellus  de  quatre  pieds  de 
diamètre. 

MEULLEAUX.  f.  m.  Qu'on  nomme  autrement  (Eil- 
lards.  Moyennes  meules  à  aiguifer  j  propres  au.\  Cou- 
teliers Se  Taillandiers. 

MEULTRE.  i.  m.  Vieux  mot.  Meurtre.  Cœdes. 

MEUM.  F'oyei  Méon. 

MEUN.  Qui  s'écrit  aulîi  Méhun  ,  mais  fe  prononce  en 
une  feule  lyllabe.  Nom  d'une  petite  ville  avec  Bail- 
liage. Magdunum.  Elle  eft  dans  l'Orléanois ,  province 
de  France ,  lur  la  Loire  ,  environ  à  trois  lieues  au-def 
tous  d'Orléans.  Maty. 

AIeun.  Nom  d'une  petite  ville  de  Berri  ,  en  France. 
Magdunum  ad  Averam.  Elle  eft  fur  l'Yerre  ,  à  quatre 
lieues  au  delîous  de  Bourges. 

Il  y  a  encore  dans  cette  province  un  village  qui 
porte  aulli  le  nom  de  Meun.  Il  eft  lur  l'Indre  ,  entre 
Châteauroux  &c  Buzançois.  Maty.  On  écrit  quelque- 
fois Mehun. 

MEUNIER  ,  1ERE.  f.  m.  &  f.  (  Le  petit  peuple  dit 
Munier  ou  Alonnier.  )  Pijirinarius  ,  molicor.  Celui 
qui  tient  &  fait  valoir  un  moulin  à  moudre  des 
grains.  Les  Meuniers  prennent  une  certaine  melure 
pour  leur  peine,  qu'ils  appellent  mouture.  On  dit 
ironiquement  de  ceux  qui  mettent  beaucoup  de  pou- 
dre fur  leurs  cheveux  ,  qu'ils  (ont  enhuiiies  comme 
les  Meuniers  ;  qu'ils  font  blancs  comme  des  Meu- 
niers. 

Ce  mot  vient  par  corruption  de  monnier ,  &  de 
molinarius ,  ou  de  molitor. 

Meunier  ,  ère  ,  fe  dit  auiîî  _,  quoique  rarement  ,  de 
celui  qui  fait  aller  ,  qui  gouverne  d'autres  moulins 
que  des  moulins  à  grain.  Molitor.  Le  Meunier  d'un 
moulin  à  tan  :  le  Meunier  d'un  moulin  à  foulon , 
eft  celui  qui  a  foin  d'un  moulm  à  foulon  j  c'eft  à- 
dire ,  du  moulin  où  l'on  rcvique  les  étofîcs  pour  les 
dégorger. 

On  appelle  un  drap  de  Meunier  y  un  drap  de  la  fa- 
brique d'un  Marchand  d'Elbeuf ,  nommé  Meunier. 

On  dit  proverbialement ,  qu'il  n'y  a  rien  de  plus 
hardi  que  la  chemile  d'un  Meunier  ,  parce  qu'elle 
prend  tous  les  matins  un  larron  au  collet.  On  dit 
qu'on  eft  devenu  d'Évcque  Meunier  ,  quand  on  a 
quitté  une  condition  pour  en  choifir  une  moins  ho- 
■  norable.  On  demande  pourquoi  les  Meuniers  portent 
des  chapeaux  blancs.''  &on  répond,  c'eft  pour  cou- 
vrir leur  tête. 

Meunier  ,  eft  aulTi  un  poKfon  de  rivière ,  ainfi  nommé 
à  caufe  qu'on  en  trouve  quantité  autour  des  mou- 
lins ,  &  qu'il  fe  nourrit  de  bourbe  &c  d'eau.  Sa  chair 
eft  blanche  &  molle  ,  ce  qui  la  rend  peu  eftima- 
ble  ,  à  moins  qu'ils  ne  foient  un  peu  vieux  Ik  nour- 
ris dans  une  eau  vive.  C'eft  une  efpèce  de  barbeau  qui 
a  quatre  ouïes  ,  mais  fans  barbillons.  On  l'appelle 
aurtl  muge  J  te/lu.  En  Latin  cephalus  ,  muM  ,  ou  ca- 
pito  fiuviatdis. 


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^CT  MEt;NiER.  Petit  Scarabée  qui  fe  trouve  dans  la  fa- 
rine humide  vers  la  meule  des  moulins.  Il  eft  lor.g , 
armé  de  cornes  trcs  fines  ,  noir  par-tout ,  excepté  fous 
le  ventte  qui  eft  d'un  rouge  ob(cur.  Scaraieolus  pif- 
trinarius ,  on  (impieiaent ,  Pijirinarius  ,  (ubftantii-. 

ffT  Meunier.  Terme  de  Jardinage.  Efpèce  de  lèpre 
qui  attaque  les  arbres,  principalement  les  pêchers, 
les  Heurs  ,  &  quelques  herbes  potagères  ,  les  melons  , 
les  concombres,  t^oye:^  Blanc,  Maladie  des  ar- 
bres :  c'eft  la  même  choie. 

LeMEUNOIS^ou  MEHUNOIS.  Pagus  Magdunenfis. 
Valois  ,Not.  Gall.p.  sr  J. 

M  EUR.  Voye^\i}\x. 

MEURE.  l^oyè^Mhnh. 

MEUREMENT.  Foyci  Mûrement, 

MEURIEH.   royeiUvKihK. 

MEURIR.   ;^oyq  MÛRIR. 

MÉVOUILLON.  Medullio.  Baronnie  de  France  ,  dans 
le  Dauphiné  ,  Éledion  de  Montlimar. 

MEURS.  Nom  d'une  petite  ville  du  Duché  de  Clèves. 
Mcufia  y  Murfia,  Muroaneta.  Elle  eft  forte  ,  défen- 
due par  une  bonne  citadelle  ,  (Ituée  à  deux  lieues  de 
Rhinberg  &  d'Orioi ,  du  côté  du  midi. 

MEURTE.  Nom  d  une  rivière  de  Lorr.rine.  Murta  , 
Morta.  Elle  prend  fa  fource  aux  montagnes  de  Vauge  , 
palfe  à  S-aint-Dey  ,  à  Eftiv.al ,  à  Nancy  ,  &  à  quelques 
lieues  au-deft'ous  j  elle  fe  décharge  dans  la  Mofejle. 
Maty. 

^  MEURTRE,  f.  m.  Homicide  commis  de  delllin 
prémédité  c'îc  avec  violence;  crime  de  celui  qui  en 
tue  un  ou  plulieurs  autres  de  guet-à-pens.  Ainli  le 
meurtre  eft  diftingué  du  (impie  homicide  qui  arrive 
p.ar  accident  3  &  de  celui  qui  arrive  dans  une  rixe  , 
dans  un  duel.  Cizdes.  Il  eft  arrivé  un  meurtre  dans  une 
telle  rue.  Il  fe  commet  dans  cette  foret  bien  des  meur- 
tres. On  roue  ceux  qui  (ont  convaincus  de  vol  & 
de  meurtres.  On  cric  tous  les  jours  au  meurtre  ea 
cette  maiion. 

La  force  tenant  lieu  de  droit  &  d'équité , 
Le  mcuate  s' e.vercoit  avec  impunité.  Bouh. 

Corneille  a  dit  dans  le  Cinna, 

le  fils  tout  dégouttant  du  meurtre  de /on  père. 

•Str«  Expreflion  très-impropre.  On  dégoutte  du  fang  ,  & 
non  du  meurtre  de  quelqu'un.  Ces  idées  font  inco- 
hérentes. 

Ce  mot  vient  de  mordrum  ,  ou  murdrum ,  qui  s'eft 
dit  dans  la  balle  Latinité  ;  ou  du  Saxon  ,  mord;  ou 
du  Flamand  ,  moord.  Mén.  D'autres  le  dérivent  de 
martyrium. 

Il  y  a  plus  d'apparence  que  ce  mot  vient  de  rnuntr, 
qui  ,  en  langage  Celtique  ou  Bas  Breton  ,  lignifie 
meurtre  ,  &  muntra ,  tuer  ,  &  muntrer  ,  meurtrier. 
M.  Huet  dérive  ce  mot  de  mortuarium. 

Meurtre  ,  fe  dit  aulFi  pour  des  repréfentations  de 
meurtres  ,  ou  pour  des  meurtres  apparcns.  Les  An- 
glois  avides  de  la  cruauté  du  fpedacle  ,  veulent  voir 
des  meurtres  &  des  corps  fanglans.  S.  EvR.  La  Tra- 
gédie ne  fouftre  point  de  meurtres  fur  la  fcène  :  ils 
ont  été  introduits  par  des  Poètes,  qui  n'ayant  pas  la 
force  de  toucher  par  de  (impies  récits  ,  ont  eu  recours 
à  CCS  triftes  fpedacles.  Dac. 

Meurtres;  fe  dit  encore  en  chofes  morales  ,&  figni- 
fie  Dommage.  Damnum.  Cet  enfant  a  bien  de  l'ef- 
prit ,  c'eft  un  m.eurtre  de  ne  le  pas  fùre  étudier.  C'eft 
un  meurtre  de  faire  abattre  cet  arbre  ,  il  porte  encore 
de  bon  fruit.  C'eft  un  meurtre  de  rafer  cette  tête  ,  qui 
a  de  (i  beaux  cheveux.  Exprellion  familière. 

On  dit  figurément  ,  Crier  au  meurtre  ;  pour  dire  , 
Se  plaindre  hautement  de  quelque  injuftice  ,  de  quel- 
que dommage  qu'on  prétend  avoir  reçu.  Il  crie  au 
meurtre  contre  les  Juges  qui  lui  ont  fait  perdre  fon 
procès.  Ac.  Fr. 

MEURTRIER  ,  1ÈRE.    Celui  ou  cçUe  qui  a  commis 

.  un  meurtre.  Lntcrfeclor ,  percuffor ,  homicida.  Caïn  a 

été  le  meurtrier  de  fon  frère.  Chez  prcique  tous  les 


c!84  M  E  U 

peuples  on  punit  les  mcuruiers.  Une  erreur  populaire 
a  fait  croiie  qu'un  corps  mort  l.Dgnoit  en  prcfcnce  de 
ton  menrtriir.  Les  Anciens  croyoicnt  que  les  meur- 
triers croient  tourmentés  par  les  ombres  de  ceux  qu'ils 
avoient  tués.  Dac. 

Ce  mot  vient  de  l'Allemand  mordcr  ,  ou  bien  de 
muntrcr ,  Bas  Breton  j  qui  hgnihe  Li  même  choie. 
Meurtrier,  ière,  eft  aulH  quelquefois  adjectif.  Il  fc 
dit  de  ce  qui  lert  à  donner  la  mort  ,  de  ce  qui  tue. 
Morcifer ,  Uthijtr.  Les  armes  à  ku.iont  fort  meurtriè- 
res. Les  places  bien  lortihées  (ont  fort  meurtrières. 
On  a  voulu  faire  crou'e  que  le  balilic  avoir  des  regards 
meurtriers.  Les  careffes  dune  jeune  femme  (ont  meur- 
trières j  &  autant  de  moyens  d'homicide  pour  un  vieil- 
lard. Le  Ch.  d'H.  Sa  mine  meurtrière  tembloit  mor- 
guer  le  Ciel.  G.  G.  Vos  décidons  meurtrières  (ont  en 
averfîon  à  tout  le  monde.  Pasc.  Des  loix  meurtrières. 
Rac.  Épée  meurtrière.  Dent  meurtrière  du  (anglier  : 
exprellîons  propres  à  la  PocTie. 


Je  vais  pleurer  des  dieux  les  faveurs  meurtrières. 
Ceux  qui  verfentlefang  d'une  main  meurtrière  , 
N'ont  point  encore  vu  qu'une  longue  carrière 
Alt  mefuré  leurs  jours,    God. 

Minljlrc  du  Dieu  des  tempêtes , 

Foudre  meurtrière  ,c'ell;  toi 

Q^ue  i'entens  &  que  j' apperçoi , 

Prête  d' éclater /ur  nos  tètes.  N.  ch.  de  vers. 

Vos  yeux  ,  belle  Philis ,  fe  mettent  (ur  leur  garde 
meurtrière.  Mol.  Ceci  eft  burlefque.  Les  Poëtes  appel- 
lent Ja  mort ,  meurtrière  ;  (a  faux  ,  meurtrière.  Ils  di- 
fcnt  aullî  J  la  Parque  meurtrière. 

On  dit  proverbialement ,  AlTuré  comme  un  meur- 
trier ofli  vient  de  la  Gargouille  de  Pvouen  ,  à  caule 
que  S.  Romain  ,  pour  délivrer  cette  ville  d'un  dra- 
gon qui  étoit  d.rns  la  forêt  de  Rouvraif,  obtint  des 
Juges  pour  l'accompagner  ,  deux  prilonniers  dignes 
de   mort.    Le  larron  s'enfuit  j  is.  le   meurtrier  de- 
meura ferme  &  allure  avec  le  Saint  ,  qui  vainquit 
le  ferpent. 
CJS"  Meurtrière  J  1.  f.  Terme  de  Fortifications.  Ou- 
verture pratiquée  dans  les  murs  d'une  fortification  , 
par  laquelle  on  peut  tirer  à  couvert  fur  les  allîégeans. 
Spécula  jaculatoria  ,  crena. 
MEURTRIR,  v.  a.  Tuer, fiire  mourir.  Trucidare  ,  U- 
dere.  Le  criminel  échappe ,  &c  l'on  /72t;:/rmf  l'innocent. 
Ablanc.  Il  n'elt  plus  en  u(age  en  ce  (ens. 
Meurtrir  ,  (e  du  maintenant  CCFpour  lignifier  ,  fiire 
une  contulion.   f^oye^  Meurtrissure.  Contundere. 
Il  eft  tombé  fur  l'elcalier  ,  il   s'eft  meurtri  en  trois 
endroits.  On  l'a  bien  battu  ,  on   lui  a  tout  meurtri 
le  corps. 
Ce  mot  vient  du  Latin  mutilare. 
Meurtrir  ,  fe  dit  aullî  des  fruits.  C'eft  les  froiiïcr  en 
\<is  prellant  trop  ,  en  les  maniant  rudement.    Con- 
tundere. Les  fruits  meurtris  ne  lont  point  de  garde , 
fe  pourrillcnt. 
Î.IEURTR1R.  Terme  de  Sculpture.  Les  Sculpteurs  difent, 
meurtrir  le  marbre;  pour  dire  ,  le  frappera  plomb 
avec  le  bout  de  quelque  outil ,  comme  lotfqu'on  tra- 
vaille avec  la  boucharde.  Tundere  malleo. 
03"  Meurtrir.  Terme  de  Peinture.  C'eft  adoucir  la 
grande  vivacité  des  couleurs  par  le  moyen  d'un  vernis 
qui  femble  jetter  une  v.ipcur  éparle  lur  le  tableau. 
Encyc. 
MEURTRISSURE,  f.  f.  Amas  de  fang  qui  le  fait  en  une 
partie  du  corps  offenléc  par  quelque  chute  ,  ou  par 
quelque  coup  contondant ,  Se  qui  rend  la  peau  livide. 
Livida  coniujïo.  Le  lani;  extravalé  fe  corrompt ,  noir- 
cit ,   &  donne  cette  couleur  à   la  partie  meurtrie. 
Cette  balle  n'a  pas  percé  ,  elle  n'a  tait  qu'une  (im- 
pie meurtrijfure.   On  le  dit  aulB  des  fruits  tombés, 
ou  trop  prellés  ,  dont  la  meurtrijjure  caufe  la  cor- 
ruption. 
MEUSE.  Nom  d'une  grande  rivière  de   la  Gaule  Bel- 
gique. M)/à  ,  anciennement  Mas ,  Mafa ,  Mafe.  Elle 
a  fa  foutce  dans  la  Champagne  ,  vers  la  ville  de 


M  E  X 

Langres  ,  &  à  la  fource  de  la  Marne  ,  d'où  elle  paffc 
dans  le  Duché  de  Bar  ,  dans  la  partie  feptentrionale 
de  la  Champagne  ,  dans  le  Comte  de  Namur  ,  dans 
l'Évêché  de  Liège  ,  dans  le  Brabant  Hollandois  ,  &c 
dans  la  Hollande.  Elle  (e  divife  à  Dort  en  deux  bran- 
ches ,  dont  la  plus  (eptentrion;de  prend  le  nom  de 
Merwe  ,  baigne  Roterdam  ,  &  le  joignant  peu  après 
à  la  méridionale  ,  elle  (e  décharge  dans  la  mer  par 
une  fort  large  embouchure. 

Meuse.  Bourg  du  Bailîgni  ,  à  la  fource  de  la  Meufe ,  de 
laquelle  il  a  pris  (on  nom.  Mo/a  ,  Mofe.  Il  eft  entre 
Langues  &  Toul.  V.\\oh,  Not.  Call.p.  j6i. 

MEUSNIER.   Foyei  Meunier. 

MEUTANG.  f.  m.  Nom  d'une  fleur  de  h  Chine.  Meu- 
tangus.  Les  Chinois  eftiment  fort  le  meutang ,  l'ap- 
pellent le  Roi  des  fleurs.  C'eft  une  efpèce  de  rofe , 
femblable  aux  nôtres ,  plus  grande  néanmoins  ,  ôc  dont 
les  pétales  (ont  plus  étendus. 

MEUTE,  f.  f.  Terme  collectif.  AlTemblage  de  plufieurs 
chiens  drelfés  à  courir  le  lièvre  ,  le  cerf,  le  loup  ,  ou 
autres  bêtes  (auvages  ou  carnalîières.  Canum  indaga- 
torum  J  caterva  ,  turba  ,  agmen.  Une  meute  de  chiens 
courans.  Il  faut  au  moins  une  douzaine  de  chiens  cou- 
rans ,  pour  mériter  le  nom  de  meute. 

Dieu  préferve  en  chajfant  toute  fageperfonne  , 
De  ces  gens  ,  qui  fuivis  de  dix  hourets  galeux  , 
Difent  ma  meute.  Mot. 

On  faifoit  autrefois  les  meutes  de  chiens  ,  d'une 
robe  ,  c'eft  à  dire  ,  tout  d'un  poil.  On  appelle  le  chien 
le  mieux  dreifé ,  une  clef  de  meute  ,  celui  qui  mène 
les  autres.  |C?  Et  en  parlant  d'un  homme  qui  a  beau- 
coup de  crédit  dans  fa  compagnie ,  dans  le  parri  dont 
il  eft  J  ont  dit  figurément  que  c'eft  une  clef  de  meute. 
Expreflion  qui  n'eft  que  du  ftyle  familier. 

On  appelle  chiens  de  meute,  les  premiers  chiens 
qu'on  donne  au  laifler  courre  ;  &  vieille  meute,  les 
(econds  chiens  qu'on  donne  après  les  premiers.  On 
diloit  autrefois  émeute  ,  parce  que  ce  font  des  chiens 
qui  émeuvent  3c  détournent  le  cerf. 

Ce  mot  vient  du  Latin  movere  ,  Se  de  mota  ,  qui  a 
lignifié  quelquefois  une  expédition  de  guerre. 

AIeute  ,  fe  dit  quelquefois  d'une  troupe  de  cerfs.  Cer- 
vorum  gre.x ,  caterva.  On  a  couru  un  cerf  qui  étoit 
en  Ja  plus  belle  meute.  On  le  dit  aulîi  quelquefois  da 
gîte. 

Meute.  C'eft  un  oifeau  attaché  à  quelque  bâton  ou 
corde,  lequel  lert  pour  frite  approcher  les  autres  des 
filets,  aulli  l'appelle-t  on  quelquefois  Moquette.  Ter- 
me ulité  dans  la  chalfe  des  oifeaux. 

MEWARI.  Ville  du  Japon  ,  dans  l'ile  deNiphon  ,  avec 
un  palais  où  l'empereur  Séculier  fait  quelquefois  fon 
fejour. 

M  E  X. 

MEX.  f.  m.  Termes  de  Coutumes.  C'eft  le  ténement  Se 
héritage  main-mortable  des  perlbnnes  de  lervile  con- 
dition &  de  main-morte. 
MÉXAT  ,  MESCHED.  Nom  d'une  ville  de  Perfe,  ca- 
pitale du  Choralan  ,  Si  (ituée  environ  à  quinze  lieues 
d'f^crat  ,  vers    le  feptentrion  occidental.  Mexatum. 
On  dit  que  cette  ville  a  (ix  lieues  de  circuit ,  &  cent 
mille  habitans.On  y  voit  le  tombeau  d'Ali- Riza, gen- 
dre ,  &  quatrième  fuccelleur  de  Mahomer.  Maty. 
Cette  ville  s'appelle  Méxat-Ali. 
ÇfJ'  Il  y  en  a  une  autre  fur  l'Euphrate ,  nommée  Méxat- 
Ocem  ,  à  cau(e  d'une  Molquée  dédiée  à  Ocem  ,  fils 
d'Ali. 
MEXICAINS.  Nom  des  peuples  du  Mexique.  Voye\ 

Mexique. 
MEXIMIEUX.  Bourg  de  France  ,  dans  la  Bourgogne , 

avec  titre  de  Baronie. 
MEXIQUE  ,  ou  MEXICO.  Nom  d'une  ville  qu'on  a 
appelée  aullî  Thémiftiran.  Mexicum  ,  Tkemijluanum. 
C'eft  une  ville  de  l'Amérique  feptentrionale,  capitale 
de  la  nouvelle  Elpagne  ,  Se  lituée  dans  le  Mexique 
propre,  à  quatre-vingt  lieues  de  faim  Jean  d'Ulva, 

VW 


M  E  Y 

vers  le  couchant  j  &  à  foixaute  ik  dix  d'AcnpuIo  ,  du 
coté  du  nord  oueft. 
Mhxique  ,  ou  l.i  nouvelle  Efpagnc.  Mcxkcina  Rcgio  , 
Mifpania  nova.  C'clt  un  grand  pays  qui  rentcnne  tout 
ce  que  les  Efpagnols  polledcnt  dans  l'Amérique  l'cp- 
tentrionale  ,  à  la  réicrvc  du  nouveau  Mexique  qu'ils 
on  découvert,  &c  dont  ils  ont  conquis  une  partie  , 
long-temps  après  le  reltc.  Le  Mexique  pris  en  ce  feus  , 
cli  rcnternié,  félon  nos  cartes  ,  entre  le  7' &  le  i9'^  de- 
gré de  latitude  feptentuonale  ,  &  entre  le  iJ4&  le 
293'  de  longitude.  Il  cil  borne  au  couchant  par  la 
mer  Pacifique  ,  ou  du  Sud,  &  par  la  mer  vermeille; 
il  a  au-devant  l'ifèhme  de  Panama  ,  ou  le  golfe  du  Me 
xique  jXM  nord  le  nouveau  Mexique  ,&:  la  Floride  ,  (?c 
en  quelques  endroits  le  golfe  du  Mexique  ;  au  midi  la 
mer  du  Sud. 

La  Province  de  Mexique  ,  culeTHEMisTixAN.  Themif 
tuunïa  ,  Alexicana  provincia.  C'eft  une  grande  pro- 
vince de  l'Audience  du  Mexique.  Elle  eft  bornée  au 
levant  par  le  Tlalcalan  ,  au  Nord  par  le  Panuco  ,  ils: 
au  couchant  par  le  Méchoacan ,  la  mer  du  Sud  le  bai 
gne  au  midi.  Ce  pays  étoit  autrefois  plein  de  grandes 
villes,  &  très  peuplé;  mais  les  Efpagnols  l'ont  ptefquc 
cpuifé  d'habitans.  Ses  villes  principales  font  Mexique 
&  Acapulo. 

L'Audience  de  Mexique.  Prefeclura  Mexicana.  C'eft 
une  grande  région  de  la  nouvelle  Efpagne ,  en  l'Amé- 
rique feptentrionale.  Elle  a  au  couchant  l'Audience 
de  Guadalajara,  &  au  levant  celle  de  Guatimala  ,  le 
golfe  &  la  mer  de  Mexique  la  baigne  au  nord  ,  &  la 
mer  du  Sud  au  midi. 

.Le  lac  de  M.fx.iQxsE.  Me.xicanus  lacus.  Ce  lac  en  renfer- 
me proprement  deux ,  qui  font  dune  égale  grandeur  , 
leparés  l'un  de  l'autre  par  une  grande  digue  ,  qui  va 
du  couchant  au  levant  j  le  circuit  des  deuxenfémble 
peut  être  de  cinquante  lieues  ;  la  partie  feptentrionale 
cft  d'eau  falée  ,  &  on  y  fait  quantité  de  fel  :  la  ville 
de  Mexique  y  eft  bâtie.  La  méridionale  qui  eft  d'eau 
douce,  &  qui  abonde  en  poillons  ,  fe  décharge  dans 
l'autre. 

Le  golfe  de  Mexique.  Mcxicanus  fmus .  C'eft  une  par- 
tie de  la  mer  de  Mexique.  Ce  golfe  eft  entre  la  côte 
méridionale  de  la  Floride ,  la  feptentrionale  de  l'Au- 
dience de  Mexique  &  l'île  de  Cuba. 

La  Mer  de  Mexique  ,  ou  la  nouvelle  Efpagne.  Mexi- 
canum  maire.  Cette  mer  renferme  le  golfe  de  Mexi- 
que ,  &  toute  la  partie  de  la  mer  du  nordj  qui  cil 
ju  levant  de  la  Floride  ,  ayant  la  mer  de  Canada 
au  feptentrion ,  &  les  Antilles  au  midi.  Maty. 

Le  Royaume  de  Mtxiciyi. ,  Mexicanum  Regnum.  C'é- 
roit  autrefois  un  puillant  État  de  l'Amérique  fepten- 
trionale. 

Le  nouveau  Mexique  ,  le  nouveau  Marata_,  ou  le  nou- 
veau Royaume  de  Grenade.  Novum  Regnum  Alexi- 
canum ,  ou  Granatenfe  ,  Marata  nova.  C'eft  une 
grande  région  de  l'Amérique  leptentrionale.  Ce  pays 
découvert  par  les  Efpagnols  l'an  1598.  eft  entre  le 
240  &  le  272^  degré  de  longitude  ,  &  il  s'étend  de 
puis  le  27  de  latitude,  jufqu'.au  delà  de  4J.  Il  eft  borné 
au  couchant  par  la  mer  Vermeille  ,  au  midi  par  la 
nouvelle  Efpagne,  au  levant  par  la  Louifiane  ,  &  par 
la  nouvelle  France,  &  au  nord  par  des  terres  incon- 
nues. La  rivière  del  Norte  eft  la  principale  de  ce 
pays. 

M  E  Y, 

* 

MEYDAN.  f.  m.  Terme  de  Relation.  On  appelle  Mey- 
dans  enPerfej  les  marchés  ^  les  places  où  l'on  vend 
les  denrées.  Forum  j  placea.  Tavernier  écrit  aulli 
meidan  avec  un  i. 

Î4EYEN,  ou  MÉGEN.  Nom  d'une  petite  ville,  ou 
bourg  du  Cercle. Eleéloral  du  Fhin,  Meginum,  Mege- 
num  j  Magniacum.  Ce  lieu  eft  dans  l'Archevêché  de 
Trêves,  fur  la  Nette  ,  à  fîx  de  Coblents  ,  du  côté  du 
couchant.  Il  eft  chef  du  Meyen  Fcld  ,  qui  eft  un 
Pays  renfermé  entre  la  Mofelle ,  le  Rhin,  l'Arche- 
vêché de  Cologne,  &  le  Comté  de  Mandcrfcheid. 

MEYENBERG.  Village  avec  un  château.  Meyenberga, 
Tome  V. 


M  E  Z 


Il  eft  dans  le  quartier  de  la  Siiillc,  qu'on  nomme 
les  Irovinccs  libres,  fur  le  Ruif,  entre  Lucernc  &■ 
Brtmga»tcn. 

MHYENi-hLD.  Petite  ville  avec  une  citadelle.  Maju- 
villa.  Magna  villa,  anciennement  Lupinum.  Elle 
cft  capitale  des  Dix  droitures,  une  des  trois  ligues 
des  Giifons  ,  cft  lituée  près  du  Rhin,  à  llx  lieues  au- 
dellous  de  Coire.  Matv. 

MEYENLAND.  Territoire  de  Mcycn.  Contrée  du 
pays  de  Trêves  j  qui  s'étend  entre  le  Rhin  ik  la 
Meufc  ,  &  qui  prend  Ion  nom  de  Meyen.  Pagus 
Mcginenjls  ,  ou  Magniaccnfis  ,  Megencnjlurr:. 

MEYLR.  {.  m.  Nom  d'une  elpècc  de  Nobles  chez  les 
Allemans.  Major.  C'étoit  des  gens  du  peuple  ,  de 
gros  Fermiers  ,  ou  Laboureurs  ,  qui  ayant  reçu  leur 
ferme  à  fict  de  leurs  maîtres  ,  commencèrent  à  pren- 
dre la  qualité  de  Nobles.  Enfuite  on  appela  Meyers 
tous  les  Laboureurs  qui  n'étoicnt  pas  ferfs  ,  mais  qui 
tenoicnt  du  bien  à  ferme;  c'ell-à-dire  ,  à  condition 
d'en  payer  par  an  une  certaine  fomme  au  maître  , 
ou  propriétaire. 

MEYERIE.  f.  f.  C'eft  un  titre  de  Dignité  comme  Du- 
ché ,  Comtéj  Marquilat  ,  Baronie.  Il  ne  fe  dit  guère 
que  de  la  Meyerie  ou  Mairie  de  Bolduc  ou  Bois  le- 
duc  j  qui  comprend  environ  cent  villages  dont  Bol- 
duc  eft  la  capitale. 

M  E  Z. 

MEZ.  f.  m.  Vieux  mot.   Milieu. 

MEZAIL.  f.  m.  En  termes  de  Blafon,  fe  dit  du  de- 
vant, ou  plutôt  du  milieu  du  heaume  ,  qui  s'avance 
droit  j  &  qui  comprend  le  nazal  &  le  ventail;  delà 
vient  qu'on  dit  que  les  Princes  Se  grands  Seigneurs 
portent  leurs  timbres  ayant  le  mé\ail  tarré,  ou  tourné 
de  front;  c'eft  à-dire  ,  le  mé-^ail  paroiftant  également 
éloigné  des  oreilles.  Galee  frontale. 
Ce  mot  vient  du  Grec  ^îtr,..  Borel. 

§3"  MEZAIR.  {.  m.  Terme  de  manège.  L'Académie 
écrit  ainfi.  Pour  l'explication.  f^oye\  Mésair. 

MtZANCE.  f.  f.  C'eft  fur  une  galère  la  chambre  oà 
fe  met  le  Comité.  On  l'appelle  autrement  Meige. 

MiiZANGE.  Voye-!^  Mésange.  Parus  major. 

MEZARAIQUE.  (  On  écrit  ordinairement  niéfaraïque^ 
adj.  Terme  d'Anatomie,  qui  fe  dit  des  veines  du 
raéfcntère  y  lefquelles  on  appelle  auftl  méfcntériques. 
Cependant  Méfaraique  fe  dit  plus  fouvent  des  veines, 
&  mefcntérique  des  artères.  Mefentericus.  I^'ufage  des 
veines  mé^araïques  n'eft  point  dittérent  de  celui  des 
autres  veines.  Les  Anciens  leur  en  attribuoient  un 
autre  ,  qui  eft  de  fucer  le  chyle  des  inteftins  pour  le 
porter  au  foie.  Quelques  Modernes  croient  qu'elles 
en  reçoivent  une  partie  :  mais  ce  fentiment  eft  con- 
traire à  l'expérience.  Ce  font  les  veines  lattéês  qui 
reçoivent  le  chyle  des  intellins ,  de  qui  le  portent 
au  réfervoir  de  Pecquet  ,  d'où  il  palTe  par  le  canal 
thorachique  à  la  veine  foîiclavière  gauche ,  &c  de-là  , 
dans  le  ventricule  droit  du  cœur. 

MEZDAGA.  Ville  d'Afrique  dans  la  province  de  Cuzt  j 
au  Royaume  de  Fez. 

MÉZEAU  ,  ou  MÉZ,EL.  Vieux  mot ,  qui  fîgnifîoit  au- 
trefois ladre  ,  leprâ  infeclus ,  d'où  l'on  a  fait  me:ie- 
lerie ,  qui  a  fîgnifié  ladrerie.  Il  vient  de  l'Italien  me^:io, 
qui  veut  dire  pourri  ,  gâté ,  corrompu.  Mén.  D'autres 
le  dérivent  de  mifer  de  miferia ,  ik  de  m:fellus.  On 
a  appelé  auftî  mifelleria  ,  ou  mé\ellerie  ,  la  maifon 
des  lépreux.  Du  Cange. 

MÉZEAU  &:  MÉZELLERIE  ,  fc  ptenoit  aulTi  dans  un  fens 
figuré.  Joinville  rapporte  prefque  au  commencen^i.nt 
de  fon  Hiftoire  cet  entretien  qu'il  eut  avec  S.  Louis. 
Autre  demande  vous  foi  je  ,  favoir  lequel  vous  ai- 
meriez mieulx,  èxxe  mé\eau  8c  ladre  ,  ou  avoir  com- 
mis &  commettre  un  péchié  mortel  ?  &  moi  qui 
onques  ne  lui  voulu  mentir  ,  lui  répondi  ,  que  jaime- 
roye  mieulx  ,  avf  a'  fait  trente  péchiez  mortels ,  que 
être  meneau.  Et  quand  les  frères  furent  dcpnrtis  de- 
là ,  il  me  rappelle  tout  feulet ,  &■  me  fît  fcir  à  (es 
pieds  ,  &  me  dit  :  Comment  avez -vous  ozé  dire 
ce  que  avez  dit?  Et  je  lui  répons  que  je  le  difoye.^ 

liiiii 


9^^        M  E  Z 

Et  )1  me  va  dire:  Ha  ,  foui  murirt ,  iTm(;ut  ,  %'ous  y 
elles  dcccu.  Cir  vous  lavez  que  liulle  li  l.ude  méicLLenc 
n'eft  ,  comme  d'clhc  en  pcchié  moitcl  ;  &  lame  qui 
y  ert,  ell  lemblable  au  Diable  d'enfer.  Parquoi  nulle 
li  laide  me\ellcne  ne  peut  eftre.  Et  bien  eft  vrai,  rit  il  , 
car  quand  Tomme  elt  mort  ,  il  elt  lane  &c  gueri 
de  fa  mé\dUne  corporelle  :  mais  quand  l'homn.c 
qui  a  lait  péehic"  moittl  meurt,  il  ne  tket  pas,  ni 
n'ell:  certain  qu  il  ait  en  fa  vie  eu  telle  repentance  , 
que  Dieu  mi  veuille  pardonner.  Parquoi  grand  paour 
doit  il  avoir  que  celle  nu\ellerïe  de  péchié  lui  duie 
longuement  &  tant  que  Dieu  fera  en  Paradis.  Pour- 
tant vous  prie  ,  ht-il  ,  que  pour  l'amour  de  Dieu 
premier,  puis  pour  l'amour  de  moi ,  vous  rctiengnez 
te  dit  en  votre  cucur  ,  &  que  vous  aimez  beaucoup 
miculx  que  mé-{tllene  &c  autres  maulx&  meichicls 
vous  vicniilfent  au  corps,  que  commettre  en  voftre 
ameun  kul  péchié  mortel ,  qui  ell  fi  infâme  mé^cllcrie. 

MEZELINE.  f  f.  Analïcum  textile  ex  lana  &  lino.  Ell 
une  forte  dérobe ,  mêlée  de  foie  &  de  laine.  C'ell 
uneelpécedebrocatelle,  qu'on  appelle  dans  le  monde, 
étoffe  de  l'apport  de  Paris ,  vulgairement  la  Porte 
de  Paris. 

MÉZENCE.  f  m.  Roi  des  Eutriens ,  que  Virgile  appelle 
le  cruel  Méience  ,   le  contempteur  des  dieux. 

WÉZbHEUM.  f  m.  Terme  de  Botanique.  Plante  qu'on 
appelle  autrement  j  laureole  femelle  ,  Se  quieilune 
tfpèce  de  thyméliEta.  ChameUa.  Le  me\ercum  porte 
des  baies  j  que  les  Apothicaires  nomment  cocciqni- 
dium ,  ou  grana  Cnydia ,  &  les  payfans  ,  poivre  de 
montagne  ,  à  caufe  qu'étant  fèches ,  elles  rellèmblcnt 
au  poivre  j  &  qu'elles  font  extrêmement  piquantes 
au  goûc.   f^oyei  LaurÉole  Femelle. 

MEZIERES.  Nom  d'une  ville  de  France.  Maceria  , 
Maceriacum.  Elle  ell  dans  la  Champagne  ,  fur  la 
.Meufe  ,  entre  Sedan  ê!c  Charleville.  Mé^iéres  ell 
prefque  toute  environnée  par  la  Meufe  ;  elle  ell  forti- 
fiée j  Se  commandée  par  une  bonne  citadelle.  Maty. 
Long.  12.  d.  23'.  ij".  lat.   ^<).  d.  44'.  47". 

MEZIERES  EN  BRENNE.  Foy.  S.  Michel  en  Brenne. 

JVlEZO.  Nom  d'une  ville  anciennement  Epifcopale. 
Amy^on  ,  Amuion.  Elle  ell  dans  la  Natolie  propre  j 
à  dix  lieues  de  Mélaffo,  vers  le  levant. 

MEZRATA.    /^oyefMrzuRATA. 

MEZRAU.  Major- Augia.  Ce  lieu  ell  près  de  Brégens 
fur  le  lac  de  Conllancc. 

MEZTITLAN.  Province  de  l'Amwique  méridionale, 
au  Mexique  ,  avec  une  ville  du  même  nom. 

MEZUME.  Nom  d'une  ancienne  ville  de  la  Mauritanie 
Célarienne.  Me^uma  ,  Oppidum  novum.  Elle  ell  en- 
core de  quelque  conlîdération  ,  Se  fituée  dans  la  pro- 
vince de  Tenez  ,  entre  la  ville  de  ce  nom ,  &  celle 
de  Monllagan.  Maty. 

MEZURADA._  Capo  de  Mézurada.  Mefuradicaput. 
Ce  cap  ell  lur  la  côte  de  la  Guinée ,  près  du  petit 
Dieppe  ,  entre  le  cap  des  Palmes  ,  &  celui  de  Sierra 
Liona.  Maty. 

MEZUR  ATA,  MEZRATA ,  MESUR  ATA.  Nom  dun 
Cap  du  Royaume  de  'Tripoli ,  en  Barbarie.  Menfurads. 
caput.  Il  ell  a  l'entrée  du  golfe  de  Sidra ,  du  coté  du 
couchan^t  près  de  la  petite  ville  de  Colbéne.  On  voit 
fur  la  côte  de  ce  cap  une  petite  île  qui  porte  aullî 
le  nom  de  Mifurata. 

MEZUZOTH.   f  ^  f.    pi.  C'eft  le    nSm   que  les  Juifs 

donnent  à  un  écrit  qu'ils  mettent  dans  un  rofeau  , 

&  qu'ils  attachent  aux  jambages  de  la  porte  de  leurs 

mailons.   Cet  écrit  cû:Kicnt  les  4 ,   5  ,  6 ,  7  ,  8  & 

ç)'^  verfets  du  chapitre  VI.  du  Deuteronome  ,  &  les 

Mî   14  j  iJ>  "^j  17  j  18,  19  &  10^  du  chapitre 

XI.  Les  Doiteurs  Juifs  ont  pris  fcrupuleufement  le 

9^  verfet  du  6^  chapitre,  &  le  20=  du  11"=  chapitre, 

où  il  efl  dit  d'écrire  fur  les  portes  de  la  maifon  les 

préccpres  prccéiens  :    Se  afin  que  ces  précepte^  ne 

loient  pas  en  vue   Se  expofés  à  la  profanation  ,   ils 

les  écrivent  fur  du  parchemin  qu'ils  enferment  dans 

un  ralcxu  ou  autre  tuyau  ,  &  voilà  ce  qu'ils  appellent 

•    le   M'-iu^oth  ,  terme  dérivé  de  l'Hébreu  me^u-^a  ,  qui 

figniHî  Jimbiges  de  li  porte.   Foy-.i  les  Cérémonies 

dis  Juifs  de  Léon  de  Moiènc,  Se  le  P.   Labac. 


M   I 

Ç3"  Toutes  les  fois  qu'on  entre  dans  la  maifon  ou  qu'on 
en  lortj  on  touche  cet  endroit  du  bout  du  doigt. 
Se  on  baile  le  doigt  par  dévotion. 

'!fJ'  Les  Encyclopédiltes  remarquent  qu'il  faut  écrire 
Mezuzoth  ,  Se  que  le  Didionnaire  de  Trévoux  ne 
devoit  pas  faire  la  faute  grol.ière  d  écrire  Mazuze. 
Je  ne  fai  pas  de  quelle  édition  s'eft  ftrvi  l'Auteur  de 
la  remarque.  Mais  dans  la  dernière  ,  que  j'ai  adluellc- 
ment  fous  les  yeux ,  je  lis  Mezuzoth  ,  &  non  pas 
Mazuze. 

MEZZAB.  Ville  du  Biledulgérid,  en  Afrique.  Menaba. 
Elle  eft  capitale  d'une  contrée  qui  porte  fon  nom, 
&  qui  eft  entre  celles  de  Techort,  de  Xeb,  de  Té- 
goravin  Se  le  Saara.  Maty. 

MEZZABOUT.  f.  m.  Voile  de  galère  qu'on  n'appa- 
reille que  pendant  la  tempête.  Tnremis  vélum  minus. 

MEZZANIN.  f  m.  Terme  de  Marine.  C'eft  un  arbre, 
ou  troilième  mât  qu'on  met  quelquefois  fur  la  Mé- 
diterranée dans  les  galères  ,  entre  l'arbre  de  meftre 
Se  la  poupe  ,  qui  eft  garni  de  fa  voile.  Tertium  ve- 
lum  tnremis.  Ce  mot  vient  de  l'Italien  /7;<;^{o  ,  aulli 
bien  que  le  fuivant. 

MEZZANINE,  f  f.  Eft  un  terme  qui  fe  trouve  em- 
ployé par  quelques  Architeêtes  pour  lignifier  un  en- 
trejbl. 

^fT  On  appelle  fenêtres  Me^^anines  ,  celles  qui  éclai- 
rent ces  petits  étages  qu'on  pratique  quelquefois  lur 
un  premier. 

Ce  mot  vient  des  Italiens ,  qui  appellent  me-^^a- 
TÛni  les  petites  fenêtres  moins  hautes  que  larges  ,  qiu 
fervent  à  éclairer  un  attique  ,  ou  un  enttefol.  Ils 
pratiquent  aulli  de  ces  fenêtres  me^:;anines  ,  dans  le» 
Iriles  d'entablement  de  couronnement ,  comme  on 
en  voit  au  château  des  Tuileries  à  Paris ,  Se  au  Palais 
Altieri  à  Rome. 

MEZZANO.  Lago  di  Mezzano.  Me^^^anus  lacus.  An- 
ciennement Stationenfîs  lacus.  C'ell  un  petit  lac  du 
Duché  de  Caftro  ,  province  de  l'Etat  de  l'Eglife.  Il 
eft  près  de  Pétiliano  j  &  il  eft  la  fource  de  la  rivière 
d'Olpita  ,  qui  baigne  les  ruines  de  Caftro,  Se  fe  dé- 
charge dans  le  Fiore.  MaTy. 

MEZZOS.  Ifol  di  Mena  ,  île  de  Mezzo.  Me^d  InfuU, 
anciennement ,  Elapites  infuU.  Ce  font  trois  petites 
Iles  de  la  République  ;de  Uagufe.  Elles  font  entre  la 
ville  de  ce  nom  ,  Se  l'ile  de  Méléda  ,  dans  le  golfe 
de  Venife.  Elles  poi  tent  les  noms  de  Cafamota,  Gui- 
pana  Se  Mezzo.  Maty. 

MEZZO-TINTO.  Ternie  de  gravure  ,  emprunté  de 
l'Italien,  f.  m.  On  appelle  une  eftampe  imprimée  en 
me^lû-tinto  ,  celle  que  nous  appelons  en  France 
pièce  noire.  On  attrappe  mieux  la  rellemblance  dans 
les  portraits  en  mena  tinto  ,  qu'avec  le  trait  iS:  la 
hachure.  Les  eftampes  en  me\-[o-tinto  font  fort  tiu 
goût  des  Anglois.  Le  meiio-tinto  n'exige  pas  tant  de  1 
travail  que  la  gravure  ordinaire  ,  mais  il  n'a  pas  tant 
de  relief. 

MEZZOVO ,  ou  PINDE.  Nom  d'ime  chaîne  de  mon- 
tagnes de  la  Grèce.  Menovus ,  anciennement  Pm- 
dus  mons.  Elle  fépare  la  Thellàlie  de  l'tpire  Se  de 
la  Lividie.  C'eft  l'ancien  Pinde  ,  dont  le  Parnalîe  Se 
l'Héhcon  ,  qui  font  en  Livadie,  font  des  branches. 
Maty. 

M  I. 

MI  j  en  Latin  mei  ,  Mes.  Poëjles  du  Roi  de  Navarre, 

Ml ,  «moitié ,  par  /;;/ ,  par  moitié.  Poïjles  du  Roi  de 
Navarre. 

Ml.  f.  m.  Troiiîème  note  deMufiquc,  Ut ,  rc,  mi,  fa. 

Ml.  Particule  indéclinable,  qui  ne  fîgnifie  rien  toute 
feule  j  unis  qui  entre  dans  la  compohtion  de  plu- 
fieurs  mots  ,  pour  marquer  une  iTwitié  feulement  , 
qui  le  met  avec  un  tiret,  eu  maccaph.  Médius  ,femi. 
Cette  particule  mi  a  quelque  chofe  de  fort  bizarre  j 
car  quoiqu'elle  n'ait  aucun  genre  par  elle-même,  elle 
ne  lailFe  pas  de  rendre  féminins  un  certain  nombre 
de  noms  mafculins  ,  aulquels  elle'  fe  joint  dans  la 
compolîtion.  Tels  font  le  mot  de  Carême ,  Se  tous 
les  noms  des  mois  ;  car  alors  il  faut  dite  la  mï-Ci- 


M  I  A 

rcme,  en  parlant  du  Jeiicit  qui  (e  trouve  au  milieu 
du  Caiènie.  Il  Faut  dire  aulli  \i  mi-Janvier ,  la  mi 
Fcvrier,  la  mi-Muts  ,  la  mi- Avril  ,  la  mi-Mai  ,  Sec. 
Il  faut  encore  remarquer  avec  l'AcadciTiie,  que 
quand  cette  particule  mi  le  joint  avec  les  mots  de 
corps  ,  de  jambe  ,  àe  fucre  ,  de  chemin  ,  de  mur,  de 
terme,  décote,  elle  s'emploie  fans  article;  c'cll-à- 
dirc  ,  adverbialement ,  en  y  ajoutant  pourtant  la  pré- 
polition  à.  Vanmol  excelloit  à  hiire  des  figures  à 
mi  corpst  II  n'avoit  de  l'eau  qu'iî  mi  ■jambe  ,  ou  que 
jufqu'ii  mi- jambe.  Des  confitures  à  mi  J'ucrc.  Je  n'i- 
rai avec  vous  que  jufqu'à  mi-chemin.  Cette  poutre 
ne  porte  qu"ù  mi-mur.  Cette  femme  efl  accouchée 
à  mi- terme.  J'aimerois  à  avoir  une  xnûion  à  mi-côte. 
La  Quint. 

Il  cil:  encore  bon  d'obferver  ,  qu'il  y  a  quelques 
mots  où  cette  particule  mi  n'ell  point  k'parée  dans 
l'écriture  par  un  petit  tiret ,  &  tels  (ont  ceux  de 
midi,  de  minuit,  de  milieu.  Pour  mi  parti  ,  les 
uns  écrivent  mi  parti ,  &  les  sxxues  miparti.  Bipar- 
tit.-:s. 

M  I  A. 


C13-  MIA ,  ou  MIJAH.  Ville  du  Japon  ,  dans  la  pro- 
vince d'Owarij  fur  la  côte  méridionale  dcNiphon. 

MIALDRES.  Vieux  adj.  Meilleur.  Mclior.  Du  Gange, 
Glo£.  fur  Villehardouin. 

MIAMIS.  1".  m.  Peuples  de  l'Amérique  Septentrionale 
dans  la  Nouvelle  France. 

MIAN A.  Nom  d'une  ville  de  l'ancienne  Médie.  Miana, 
anciennement  Apamea.  Elle  eft  dans  TYérak  Agémi, 
province  de  Perle,  environ  à  cinq  lieues  de  Sultanie, 
vers  le  teptcntrioii  oriental.  Maty. 

MIANI.  {.  m.  Nom  «.l'homme.  jSLquiliamis.  Le  véné 
rable  Jérôme  Miani  ell  inftituteur  des  Somafques.  Sa 
vie  a  été  écrite  par  Augullin  Tourtre,  Général  de  cet 
Ordre. 

MIARY.  Nom  d'une  grande  rivière  du  Brefil.  Miarius. 
Elle  prend  la  Iburce  vers  le  milieu  des  terres  ,  tra- 
verfe  la  Capitanie  de  Maragnan  ,  &■  fe  décharge 
vis-à-vis  de  l'île  de  ce  nom,  dans  la  mer  du  Nord. 
Maty. 

MIALBIR.  Petite  ville  d'Afrique  dans  la  province  de 
Hea  ,  au  Royaume  de  Maroc. 

|CF  MIASME,  f.  m.  Terme  de  Médecine ,  par  lequel  on 
déiîgne  des  particules  extrêmement  déhées  ,  qui  le 
détachent  d'un  corps  atîeété  de  quelque  maladie  con- 
cagieufe  ,  &:  communiquent  la  contagion  à  des  corps 
fains ,  dans  lelquels  elles  s'infinuent  par  les  pores 
ou  autrement.  La  manière  dont  les  maladies  con- 
tagieufes  fe  communiqutnt,  paroît  démontrer  l'exif- 
tence  des  miafmes.  Il  ne  faut  qu'un  (eul  pcftiféré 
pour  infcéler  tout  un  pays.  Les  particules  infiniment 
petites  qui  s'échappent  de  fon  corps,  voltigent  dans 
l'air  ,  fe  répandent  de  toutes  parts ,  &  portent  avec 
elles  la  contagion  dans  tous  les  corps  où  elles  pénè- 
trent par  les  pores  ou  par  quelqu'autre  voie. 

0CJ"  Ce  mot  vient  du  Grec  t^iMfta  ^  da  verbe  i^-f.MKi  ^ 
fouiller ,  corrompre. 

MIAULANT,  ANTE.  adj.  Qui  miaule,  qui  fait  des 
miaulemens.  Il  ne  fe  dit  au  propre  que  des  chats  ; 
mais  Voiture  l'a  employé  au  figuré  dans  cette  phrafe 
burlefque , 

Mon  ame  dolente  , 
Toutes  les  nuits  efi  pour  vous  miaulante. 

MIAULÉE.  f.  f.  Terme  populaire.  C'efl  du  pain  trem- 
pé ou  émié  dans  du  vin  doux  ,  du  cidre ,  ou  autre 
liqueur  agréable.  Les  enfirns  des  payfans  trouvent  un 
grand  ragoût  à  faire  des  miaulées. 

MIAULEMENT,  f.  m.  Le  cri  du  chat.  Felinus  cla- 
mor. 

MIAULER,  v.  n.  Faire  des  miaulemens.  Felinum  cla- 
morem  edere  ,  f  élire.  Il  ne  fe  dit  que  du  cri  du  chat 
qui  le  diflingue  des  autres  bêtes. 

Miauler  ,  fe  dit  fîgurément  dans  le  ftyle  burlefque. 
Tome  V. 


M  I  G 


987 


Tout  brûlant  pour  vous  d'amour , 
Je  miaule  nuif  &  jour. 

M  I  B. 

MIBI.  f.  ni.  C'eft  une  des  efpèces  de  liannes  que  l'on 
trouve  dajis  les  îles.  Le  mibi  poulie  de  très  longs 
larnions  qui  s'élèvent  julqu  au  haut  des  plus  grands 
arbres,  par  le  moyen  des  hlamens  qu'if  jette  en 
quantité  j  &:  qui  s'attachent  faciiemtnt  aux  écor- 
ccs  &  aux  branches  qu'ils  rencontrent.  L'écorcedu 
mibi  cil  de  couleiu"  de  cendre:  clic  ell  mince,  unie, 
&  ie  lève  aifément.  Le  bois  qu'elle  couvre  cfl  fou- 
pie  ,  liant  &  flexible.  Ses  fibres  font  longues  ôc  droi- 
tes ,  &  il  a  le  grain  fin  ;  l'a.  feuille  a  prefque  la  figu- 
re d'un  cœur  ;  elle  cil  molatîc  ,  lice,  unie  j  d'un 
vert  cale  par  dellus  &  damafquinéc  par  d'jrous.  La 
ticuï  avant  que  d'être  épanouie  ,  efl  comme  un  bou- 
ton pentagone,  qui  eft  d'abord  de  couleur  rouge  qui 
en  s'épanouilîant  produit  une  efpèce  de  rofe  à  cinq 
feuilles  de  trc»is  grandeurs  &  couleurs  différentes. 
La  plus  petite  elf  rouge  ,  les  deux  moyennes  ibnr 
orangées,  les  deux  plus  grandes  lont  de  même  cou- 
leur ,  avec  des  filets  couleur  de  pourpre.  Les  bords 
de  ces  feuilles  qui  font  couplées  ,  font  dentelés , 
rudes  &  frifés;  le  milieu  de  la  fieur  renferme  trois 
filets  à  tête  ronde,  (jle  couleur  verdâtre  ,  accompa- 
gnés de  pluiieurs  étamines  jaunes.  Cette  diverfité  de 
couleur  fait  un  très-bel  etîet  :  c'elf  dommage  qu'elle 
n'ait  point  d'odeur.  On  (e  fert  du  mibi  pour  faire 
de  petits  ouvrages  ^  &  pour  attacher  les  choies  qui 
ont  peu  de  force.  Il  n'elt  pas  plus  gros  qu'une 
plume  à  écrire.  Il  fjccède  à  fes  Heurs  une  filique 
de  la  longueur  de  deux  pouces ,  où  il  y  a  de  peti- 
tes graines  noires ,  plates  &  dures.  Voyez  le  Tome 
II.  des  J^oyages  de  l'Am.  du  P.  La.bat. 

MIBIPI.    f.  m.   Efpèce  de  lianne  qui  a  quelque  con- 
formité avec  le  mibi  dont  je  viens  de  parler  j  mais 
qui  eft  plus  grande  ,  plus  grolfe  &  plus  forte  ,  ce  qui 
lui  a  fait  donner  le  nom  de  Mibipi.  Celle-ci  porte 
des  pois  dans  une  gouflé  à  quatre  pans  ,  qui  fervent 
de    nourriture  aux  oifeaux  ,   quand  ils  peuvent  les 
avoir  avant  que  de  certains  vers  qui  s'en  nourrif- 
fent,  les  aient  dévorés ,  après  avoir  percé  la  filique 
qui    les   renfermoit.    La  feuille  du  mibipi  eft  d'un 
allez  beau  vert  par  deflus  j  mais    prefque  blanche 
par-delfous.   Elle    eft   comme    veloutée  ,  ovale  6c 
trois  à  trois  à  chaque  pédicule.  La  queue  de  la  fleur 
a  quatre  à  cinq  pouces  de  long;  elle  eft  allez  fer- 
me, quoiqu'elle  foit  grêle  &  velue.  Le  bouton  eft 
ovale  ,  couvert  d'un   duvet  aflez  long.  Il  le  divite 
en  cinq    parties  ,  quand   il   s'ouvre  ,  qui  font  une 
manière  de  cloche  qui  renferme  un  pillil  environné 
de  quelques  étamines.  Ou  voit  dans  cette  fleur   le 
blanc ,  le  jaune  Se  le  violet  agréablement  mélangés. 
Son  odeur  approche  beaucoup  de  celle  de  l'œillet. 
P'oyc^  le  P.  Labat. 
MI-BIS.  adj.  A  moitié  bis.    Il  s'eft  formé  à  Paris  une 
Compagnie  qui  oflroic  de  fournir  cette  grande  ville 
pendant  trois  ans  ,  de  pain  fur  le  pied  de  deux  fons 
lix  deniers  la  livre  de  pain  blanc ,  deux  lous  le  mi- 
bis ,  ôc  un  fou  fix  deniers  le  bis.,.   Journ.  Hist, . 
Nor.  ijog, 

M  I  C. 

§CT  MICA.  f.  m.  Terme  de  Minéralogie.  Efpèce  de 
pierre  que  l'aéfion  du  feu  ne  peut  ni  fondre,  ci  con- 
vertir en  chaux.  C'eft  un  vrai  talc. 

MICALEO.  Détroit  de  Micaleo.  Micalcum  Fretum. 
C'eft  un  détroit  de  l'Archipel.  Il  eft  entre  l'île  de 
Samo  &  la  Natolie  ,  vers  la  ville  d'Ephcic  Maty. 

^  MICATION.  f  f.  Jeu  où  l'un  des  joueurs  lève 
les  mains  en  ouvrant  un  certain  nombre  de  doigts , 
Se  l'autre  devine  le  nombre  des  doigts  levés,  pairs 
ou  impairs.  C'eft  la  notion  qu'on  nous  donne  de 
ce  jeu  dans  l'Encyclopédie.  Voilà  précifément  ce 
que  nous  appelons  la  Moure  ou  !a  ALourre.  Ou  die 

liiiii  ij 


988  MIC 

en  Latin  micare  dig'uis ,  ]ontt  à  b  moure.  Mais  je 
ne  crdis  pas  que  le  ternie  de  mication  loi:  ullté  pour 
fignifier  ce  jeu. 

MICAVA.  Nom  d'une  ville  de  la  contres  de  Quan- 
to  ,  en  l'île  de  Niphon.  Micava.  Elle  ell  capitale 
d'un  petit  Royaume  qui  porte  (on  nom.  Mat  v. 

MICCAICHUICINTLI.  f.  m.  Terme  de  Calendrier. 
Nom  du  huitième  mois  de  l'année  des  Mexicains: 
elle  en  a  dix-huit  qui  font  tous  de  vingt  jours  cha- 
cun. 

MICE.  f.  f.  Terme  de  Coutumes.  Media  pars.  Droit 
de  mice,  c'eft  en  quelques  lieux  le  droit  de  perce- 
voir la  moitié  des  fruits. 

MICHA.  La  pointe  de  Micha.  Mkulus  mons.  C'efl: 
un  petit  cap  de  la  Dalmatie  ,  qui  s'avance  dans  le 
golfe  de  'Venifej  près  de  la  ville  de  Zara.  Mat  y. 

tP"  MICHABOU.  f.  m.  C'ell  le  nom  que  les  Algon- 
quins &  autres  Sauvages  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  donnent  à  l'Étre-fuprcmc  ,  que  quelques-uns 
appellent  le  Grand  Lièvre ,  &  d'autres  Atahocan. 

MICHAELICE.  f.  m.  Nom  d'homme  ,  qui  s'elf  dit 
pour  Michel.  Mkkaelicus  _,  AJickael  ,  Mkhael 
Angélus.  Le  Grec  Mkhaélke  qui  fe  révolta  con- 
tre l'Empereur  Henri  en  1210.  fe  nommoit  pro- 
prement Michel-Ange  Comnène  ,  &  étoit  bâtard 
de  Jean  l'Ange  Sébaftocrator.  Fleury  ,  hijl.  Eccl. 
l.  76. 

SAINT  MICHAELSTOWN.  C'eft- à- dire  ,  la  ville 
de  Saint- Michel.  Fanum  S.  Mkhaëlis ,  Mkhaëlo- 
poUs.  Ville  avec  une  citadelle,  &c  un  grand  &  bon 
port.  Elle  eft  fur  la  côte  occidentale  de  la  Barba- 
de  ,  une  des  Antilles ,  èc  elle  appartient  aux  Anglois. 
Maty. 

MICHAILLES.  Petit  pays  de  France ,  appelé  com- 
munément le  Mandement  j  ou  le  Territoire  de  Mi- 
chailles.   Châtillon  en  eft  le  principal  lieu. 

MICHAUT.  f.  m.  Terme  d'Imprimerie,  qui  fe  dit 
ironiquement  aux  compagnons  ^  lorfqu'ils  (ont  acca- 
blés de  fommeil.  Somnolentus. 

MICHE,  f.  f.  Petit  pain  de  grolleur  fuffifinte  pour 
nourrir  un  homme  à  un  repas.  Panis  Jtmïlagineus. 
Les  tnkkcs  pefent  au  moins  une  livre  ,  quelquefois 
deux. 

Ce  mot  vient  de  mka  ,  mkha  ou  mkkla ,  qu'on 
a  dit  dans  la  balle  Latinité  pour  fignifier  la  même 
chofe. 

On  dit  figurément  &  balTement  d'un  homme  qui 
eft  en  pouvoir  de  diftribuer  les  grâces , . . .  que  c'eft 
lui  qui  donne  les  mkkes. 

On  appelle  populairement  les  pierres ,  des  mkhes 
de  S.  Etienne  ,  parce  qu'elles  fervirent  à  le  marty- 
rifer.  On  dit  auflî ,  que  les  gueux  vont  aux  portes 
où  l'on  donne  les  mkhes  ;  pour  dire ,  qu'on  va 
faire  la  cour  à  ceux  qui  diftribuent  les  grâces.  On 
appeloit  aulTî  autrefois  les  grands  mangeurs,  des pi/e- 
mkhes. 

§3"  Miche.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Xinfi ,  département  de  lengan. 

MICHE,  f.  m.  Se  dit  d'un  fot  qui  s'eft  lailfé  duper. 
On  le  montre  au  doigt ,  en  difant  :  Voilà  le  Mkhé. 
Afinus  albus.  C'eft  un  terme  bas,  &  qui  n'eft  con- 
nu que  du  peuple.  Dans  Cotgrave  il  eft  défigiué 
fous  les  noms  de   Mkhon  &  de  Mïnchon. 

MICHEE.  f  m.  Nom  d'un  Prophète.  Mkh&as.  C'eft 
un  des  XII.  petits  Prophètes.  Mkhée  étoit  Morafti- 
te  ,  c'eft  à  dire  ,  de  Maréla  ,  dans  la  Tribu  de  Juda , 
ou  de  Morefcheth  ,  ou  Morafthi  dans  la  même  Tri- 
bu. Ainfi  on  a  tort  de  dire  qu'il  étoit  de  Li  Tribu 
d'Ephraïm.  Il  a  prophétifé  fous  Joathan  ,  Achas  éc 
Ezéchias. 

MICHEL,  f  m.  Nom  d'un  Archange ,  qui  fe  donne 
aulll  aux  hommes  au  baptême.  Michaél. 

Saint-Michel.  Nom  d'une  efpèce  de  poire.  Voye\^  au 
mot  Doyenné. 

Saint-Michel.  Ville  du  Duché  de  Bar,  capitale  de 
l'une  des  quatre  communautés  du  Barrois.  Sancîi 
Mkhaëlis  oppidum.  Ad fandium  Michaëlem.  Valois 
Not.  Gall.  p.  3iS.  S.  Michel  eft  fur  la  Mcufe. 
Cette   ville  a  commencé  par  une  Abbaye  qui  fut 


M  I  C 


fondée  là  par  Vulfoad ,  Préfet  du  Palais  fous  Chil- 
deric ,  &:  elle   en  a  pris  le  nom. 

Saint  Michel  l'Archange  ,  ou  Iimplement  Archan- 
gel.  Archange lopoUs ,  Fanum  Michaëlis  Archangeli. 
Ville  de  la  Mofcovie.  Elle  eft  dans  la  Province  de 
Dwina,  iur  la  rivière  du  même  nom  ,  environ  a 
huit  lieues  de  ion  embouchure  dans  la  mer  Blanche. 
Cette  ville  eft  célèbre  par  ton  commerce  ;  on  voit 
quelquetois  dans  Ion  port  trois  à  quatre  cens  navi- 
res de  charge  de  diverfcs  nations,  mais  principale- 
ment d'Anglois  &  de  Hollandois.  On  allure  que  le 
Czar  de  Mofcovie  en  tire  tous  les  ans  au-delà  de 
fix  cens  mille  écus  pour  les  droits  d'entrée  &  de 
fortie.  Maty.  f^oye^  Archange. 

Saint  Michel  en  Brenne.  Brennacum.  Bourg  de 
France  ,  fîtué  dans  la  Touraine  ,  fur  la  Claife  ,  aux 
contins  du  Bcrri  ,  &:  à  fix  lieues  de  Châteauioux 
vers  le  couchant.  Mézières  en  Brenne  n'étant  pas 
éloigné  d'un  quart  de  lieue  de  'iijS.wx.- Michel ,  on  en 
confond  ordinairement  les  noms.  Maty. 

Saint-Michel  de  l'Écluse.  Nom  d'une  ancienne  Ab- 
baye de  Piémont.  Abbada  fancîi  Mkhaëlis. 

Saint  Michel  en  l'Er.  Nom  d'une  Abbaye  de  Poi- 
tou ,  en  France.  C'eft  une  corruption  ou  abrévia- 
tion pour  S.  Michel  en  l'Ermitage.  Abbada  fancli 
Michaëlis  in  Eremo. 

Le  golfe  de  Saint-Michel.  Golfe  fur  la  côte  occiden- 
tale de  la  province  de  Terre-Ferme  j  dans  la  nou- 
velle Cartille  ,  en  l'Amérique  méridionale.  Sinus 
fand:i  Michaëlis. 

Saint-Michel.  île.  C'eft  une  des  Açores.  Infula  S. 
Michaëlis ,  Michaëlia.  Elle  eft  la  plus  orientale  de 
toutes.  Son  circuit  eft  de  trenre-  deux  lieues.  Les 
Portugais  qui  en  font  les  maîtres  j  y  ont  la  Punta- 
Dalgada  j  Milla-Franca  ^  &  Sant-Antonio.  Maty. 

Saint  Michel  -,  l'île  de  Saint-Michel  ,  ou  d'Uglan. 
Infula  fancli  Michaëlis  ,  Michaëlia  ,  Uglania.  Ile  du 
golfe  de  Venife.  Elle  eft  près  de  la  côte  tle  la  Dalma- 
tie j  vis  à  vis  de  la  ville  de  Zara.  Elle  appartient  aux 
Vénitiens  ,  &  elie  a  environ  cinq  lieues  de  long ,  & 
deux  de  large.  Maty. 

Saint-Michel.  Cap.  f^oyc\  Lézard  ,  point. 

Saint  Michei  ,  ou  Mont  S.  Michel  ,  ou  S.  Michel 
DU  Mont.  Nom  d'un  bourg  litué  tur  un  rocher  , 
que  la  mer  entoure  deux  fois  le  jour.  Mons  S.  Mi- 
chaëlis  ,  S.  Michaël  ad  duas  tumbas.  On  l'appelle  M 
aulîi  Mont  de  la  tombe.  Il  eft  tiir  la  côte  fepten-  ■ 
trionale  de  la  Bretagne  j  du  côté  de  la  Normandie. 
On  l'appelloit  au  IX^.  tiède  S.  Michel  du  premier 
marais.  Monajierium  S.  Michaëlis  marcfci  primi. 
On  l'appelle  aulli  Mons  Sancli  Michaëlis  in  penculo 
maris.  Il  eft  à  fix  ou  tept  lieues  de  la  grande  mer 
Océane  j  à  trois  lieues  d'Avranches  Sf  autant  de 
Pontorton.  Les  jeunes  garçons  du  peuple  vont  en 
pèlerinage  à  S.  Michel.  Voyez  fur  ce  lieu  Du  Chê- 
ne,  Valois,  Corneille  ,  &  ci  dellous  Tombelaine. 

Saint-Michel.   Nom   d'une  montagne.    Mons  Sancli 
Michaëlis.  Elle  eft  dans  la  Cornouaille  ,   en  Angle- 
terre ,  près  du  Cap  de  Land.  Ens ,  &  du  bourg  de         „ 
Penfance.  Maty.  fl 

Ordre  de  l'Ermire  de  S.  Michel.  C'eft  le  nom  ' 
d'un  Ordre  militaire  du  Royaume  de  Naples,  infti- 
tué  l'an  1465.  par  Ferdinand  d'Arragon  L  du  nom. 
Roi  de  Naples  ,  en  mémoire  de  ce  qu'il  dorna  la 
grâce  au  Duc  Sella  ton  parent  ,  après  qu'il  eut 
conjuré  deux  fois  contre  lui  en  faveur  de  Jean 
d'Anjou. 

Saint  Michel.  Ordre  militaire  de  France.  Ilfutinfti- 
tué  en  1469.  par  Louis  XI.  à  Amboife.  Le  collier 
de  cet  Ordre  eft  fait  de  coquilles  lacées  l'une  avec 
l'autre  fur  une  chainettc  d'or  ,  d'où  pend  une  mé- 
daille de  l'Archange  S.  Michel ,  r;.ncien  proredeur 
de  la  France.  Par  le  premier  chapitre  des  ftatuts 
de  cet  Ordre ,  il  eft  porte  que  les  Chevaliers  feront 
au  nombre  de  trente-hx ,  dont  le  Roi  fera  le  chef 
&  Grand  -  Maître  ,  &  qu'ils  quitteront  tout  autre 
Ordre,  s'ils  ne  lont  Empereurs  ^  Roiîou  Ducs.  Ils 
avoient  pour  devile  ces  paroles  :  Immenjl  tremor 
Oceani,  La  Reine  Catherine  de  Médicis  1  avilit  tel- 


i  MIC 

"  Icment  ,  en    l'accorJant  indiffcremment  à  tout  le 

monde,  que  les  Seiyncuis  ne  voulurent  plus  lac 
ccpter.  Son  plus  giand  honneur  aujourd'hui  cil 
qu'on  ne  peut  recevoir  celui  du  S.  Efprir ,  fans  en  être 
revêtu  auparavant;  enforte  que  ceux  qui  font  nom- 
rnés  pour  recevoir  cet  Ordre  illulhc  ^  prennent  la 
veille  celui  de  S.  Michel.  C'eft  pourquoi  on  les  dit 
Chevaliers  des  Ordres  du  Koi ,  (it  leurs  armes  (ont 
entourées  des  deux  colliers  de  ces  Ordres.  En  i66;. 
Louis  XIV.  réduiiit  les  Chevaliers  de  S.  Michel  au 
nombre  de  cent.  Les  fervices  6c  prières  de  cet  Or- 
dre fe  faifoient  ordinairement  dans  l'Eglile  du  Mont 
S.  Michel ,  Tuivant  l'Ordonnance  du  Koi.  En  i  (-47. 
Henri  IL  en  transféra  les  cérémonies  à  la  Saintc- 
Chapellii  de  Vincennes  ,  6i:  Louis  XIV.  les  tranf- 
porta  aux  grands  Cordeliers  de  Paris  en  1643.  Le 
Koi  Louis  XV.  a  tait  un  règlement  concernant  cet 
Ordre.  En  1728.  M.  de  Barniont,  Secrétaire  du 
Roi,  fit  une  fondation  pour  les  prières  de  cet  Ordre, 
que  le  Roi  accepta.  ifT  On  confère  cet  Ordre  à  des 
gens  de  Robe  ,  de  Finance,  de  Lettres ,  &  même  à 
des  Artiftes  célèbres. 
IJCJ"  MICHELA.  Terme  de  relation.  La  plupart  de  ces 
Indiens  vivent  de  Bananes  ,  qu'ils  font  rôtir  étant 
mûres  :  &  ils  les  éctatent  dans  l'eau  juiqu'à  ce  qu'el- 
les foient  réduites  en  bouillie.  Ils  nomment  cette 
nourriture  Michela.  Elle  eft  bonne  &  fort  nourrif- 
fante.  CExmelin. 
MICHELAT.  f  m.  Nom  d'une  monnoie  dans  l'Empire 

Grec.  Michelatus  à.ins\3.  bafle  Latinité. 
MICHELLE.   f.  f.   Nom  de  femme.  Michaëlis.  Mi- 

chelle  a  la  taille   belle. 
MICHELOVIE  ,  ou  MICHOVIE.   Nom  d'une  con- 
trée de  la   Prulfe  Royale.    Micholevia ,  Michovia. 
C'eft   une    partie    du   Cercle  de   Culni  ,    féparée 
du  refte  de  ce  Cercle  par  la  rivière  de  Dribcntz. 
Le  château  de  Michélow  lui   a   donné  le   nom  , 
&  Lobaw  avec  Lauterbourg  en  font  les  principaux 
bourgs. 
MICHELSTATT,  ou  MICHLENSTATT.  Petite  ville 
d'Allemagne  ,  au  Cercle  de  Franconie  ,  fur  la  rivière 
de   Mulbing ,  dans  le  Comté  d'Erpache. 
MICHIBICHI.  f.  m.   Animal  quadrupède  dont  parle 
le  Chevalier    Tonti.   On   le  trouve  en  l'Amérique 
feptentrionale.  Il  tient  beaucoup  du  lion.  Sa  taille  &c 
fa  tête  font  comme  celles  d'un  gros  loup ,  Se  fes 
griffes  comme  celles  d'un  lion.  Il  a  cela  de  particu- 
lier, qu'il  dévore  toutes  les  bêtes  qu'il  peut  attraper, 
&  qu'il   n'attaque   jamais  les  hommes.   Il  emporte 
quelquefois    fa   proie  fur  fon  dos ,   dont  il  mange 
ce  qu'il  peut,  &  cache  le  refte  fous  des  feuilles.  Il 
retrouve  toujours  ce  qu'il  a   lailfé  ,  car    les  autres 
animaux  l'ont  en  telle  horreur  ,  qu'ils  ne  touchent 
jamais  à  fes  reftes. 
MICHON.  f.  m.  Terme  ;x)pulaire  qui  fe  dit  en  cette 
phrafe   proverbiale.  Il  a  bien  du  michon ,  comme 
qui  diroit  j  il  a  bien  de  l'argent  pour  avoir  des  miches. 
Hubet  nummos. 
Michon.  f.  f.   MichcUe. 

MICHOT.  f.  m.  Nom  d'homme  ,  qui  ne  fe  dit  que 
dans  le  bas  peuple.  C'eft   la  même  chofe  que  Mi- 
chel ,  ou  plutc)t  c'en  eft  un  diminutif.  On  a  dit  Mi- 
chelot,  puis  Michot ,  Michael. 
MICI  ,  ou  MICY  ,  autrement  S,  Mefmin  de  Micy. 

Voyez  Mesmin. 
MICMAC,  f  m.    Quelques  uns  ont  écrit  micquemac. 
Terme  populaire.  Intrigue  ,  pratique  fecrète  &  em- 
brouillée ,  qui  fert  d'ordinaire  à  tromper  quelqu'un. 
Molitio  j  ars.  Ce  Tuteur  a  promis  fa  pupille  à  trois 
ou  quatre  prétendans  ,  il  tire  des  uns  &  des  autres  -, 
on   ne  connoît   rien  à  tout  ce  micmac.  Au  lieu  des 
négociations,  des  micmacs,  8cc.  De  Bussi. 
I/CT   MICO.  f.  m.   Les  Sauvages  de  la  Géorgie ,  dans 
l'Amérique  feptentrionale  ,  appellent  ainfi  les  Chefs 
ou  Rois  de  chacune  de  leurs  nations. 
MICOCOULIER,  f.  m.  Arbre  grand  ,  gros,  rameux  , 
couvert  d'une  écorcc  unie  &  blanchâtre.  Ses  feuil- 
les font  femblables  à  celles  de  l'orme  j  mais  plus 
longues  S:  plus  pointues,  vertes delfus,  blanchâtres 


M  I  C  989 

cn-dcll()us  ,   rudes  ,  dentelées  en  leurs   bords.  Ses 
Heurs    à   cinq  feuilles  ,  font  difpofées  en  rofe  ,  au 
milieu  defquellcs  font  attachées  plulicurs  étamines 
fort  courtes.  Il  leur  fuceède  des   baies  fphériques , 
noirâtres  ,   femblables  à  des  ccrifes ,  mais  plus  pe- 
tites, attachées  à  des  queues  longues j  un  peu  char- 
nues ,  d'un  goût  douxj   allez  agréable,  fous  la  peau 
defquelles  le  trouve  une  Icmence  ollcufe.  Son.  fruit 
&C  les  feuilles  font   propres  à  arrêter  les  cours  de 
ventre   &   les  hémorrhagies.     C.   Bauhin   l'appelle 
Lotus  fruclu  cerafi i  &  AL  Tournefort ,  Celùsfruclu 
niqricame,  Inft.  rei  herb.  612.  Voyez  Alizier. 
MICOLE ,  MICONE.  Nom  d'une  des  iles  de  l'Archi- 
pel ,  qu'on  appcloit  autrefois  Cyclades.  Myconos  , 
Micone.  Elle  eft  entre  celle  de  Teno  Se  de  Nicaria. 
Ml  COTE.  f.  m.  Le  terrain  qui  eft  mitoyen  entre  le 
haut  d'une  côte ,  ou  d'une  montagne  ,  ou  élévation  , 
&  le  pied  de  cette  côte  ,  élévation  ou  montagne. 
Mcdius   clyvus.  §CF  On  appelle  ainli  l'endroit   qui 
marque  à  peu  près  le  milieu  d'une    colline   aifée  , 
peu  difficile  foit  à  monter ,  foit  à  defcendre. 
MICROCOSME,  f  m.  Petit  monde.  Microcofmus.  Il 
ne  (e  dit  que  de  l'homme  ,  qu'on  appelle  ainfi  par  ex- 
cellence, comme  étant  un  abrégé  des  merveilles  du 
monde.  Robert  Flud,  Anglois ,  a  fait  huit  volumes 
in  folio  intitulés  ,  Du  Macrocofme  &  du  Microcofme  ; 
c'eft-à-dire,   du   grand  Se     petit    monde,    niaftcs , 
lignifie  monde  ,  en  Grec  ,  ^ux^^-z  ^  petit  ,  &  fcine^os , 
grand. 
MICROCOUSTIQUE.  f.  m.  8c  adj.  m.  &  f.  C'eft  la 
même  chofe  que  MICROPHONE,  yoye^  ce  mot. 
Microcoujlique   vient  de   ^ik^^;  ,  petit ,  &   «««v»  , 
j'entends. 
^  MICROGRAPHE,  f.  m.  Foyei.  Micrographie. 
MICROGRAPHIE,  f.  f.  Terme  de  Phylique.  Defcri- 
prion  des  parties ,  &  des  propriétés  des  objets  qui  font 
fi  petits,  qu'on  ne  les  peut  voir  fans  le  fecours  d'un 
microfcope.   Micrographia. 
^  MICROLOGIE    &  MICROLOGUE.  Foye:^  Mi- 
crographie. Guy  Arétin  donna  le  titre  de  Microlo~ 
gue  au  livre  qu'il  publia  pour  expliquer  fon  inven- 
tion fur  le  Chant.  Les  Grecs  donnoient  le  titre  de 
Micrologue  à  un  homme  qui  faifoit  cas   des  chofes 
de    peu  de  valeur  ,    qui    s'appliquoit  à  des  chofes 
inutiles  ou  peu  utiles. 
|t3"  MICROPHILE.    f  m.  Foyei  l'article  précédent. 

C'eft  la  même  chofe. 
MICROMÈTRE,  f.  m.  Terme   d'Aftronomie.    C'efl 
une  petite  machine  ,  qui  fait  avancer  par  le  moyen 
d'une  vis  très-égale  un  ou  pi  ufieurs  cheveux  ou  lames 
parallèlement  à  d'autres  ,  qui  font  arrêrces  de  telle 
forte  que  l'on  peut  toujours  comprendre  exactement 
l'image  de  l'objet  entre  deux  cheveux  ,  quelque  pe- 
tit qu'il  foit ,  à  caufe  que  la  vis  les  fait  avancer  pref- 
qu'infenfiblement  :  &  pour  mefurer  la  diftance  en- 
tre les  filets  jufqu'à  des  divifions  très-petites  ,  cette 
vis  faifanr  ,  par  exemple  ,    trois  tours   pour  faire 
avancer  une  ligne ,  on  voit  par  le  moyen  d'une  ai- 
guille qui  tient  à  l'écroue ,  la  partie  du  tour  dont 
elle  a  avancé  par-delà  les  tours  entiers  fur  un  cercle 
divifé  en  60  ou  80  parties ,  tellement  qu'une  ligne 
fe  trouve  ainfi  divifée  en  180  parties,  ou  en  240 
parties,  &  un  pied  en  2J910,  ou  34/60.  Auzour. 
C'eft  M.  Auzout  qui  a  inventé  cet  inftrument ,  Se  qui 
l'a  expliqué  dans  un  écrit  que  l'on  trouvera  dans  les 
divers  Ouvrages  de  Mathématique  &  de  Phyfique  par 
MM.  de  l'Académie  des  Sciences ,  p.  41^,  &  fuiv. 
Quelquesuns    en  attribuent   la    gloire   à  M.  Huy- 
ghens ,  Se  d'autres  à  M.  Gafcoigne.    Cet  inftrument 
adapté  à  une  lunette ,  fert  dans  l'Aftronomie  à  trou- 
ver les  diamètres  des  aftres  que  l'on  obferve. 
MICROPHONE,  f  m.  Se  adj.  m.  &  f.  Qui  augmente 
la  voix  ,  ou  les  fons.  Microphonum  ,  fubft.  &  Mi- 
crophonus  ,  a.  adj.  Ce  mot  fe  dit  des  inftrumens  qui 
contiibuent  à  augmenter    les  petits  fons  j    comme 
Microfcope  fignifie    un  inftrument   qui  groffit    les 
petits  objets  de  la  vue ,  Se  les  fait  appercevoir  &  dif^ 
tinguer.    Les  Microphones    s'appellent  auffi  Micro- 
couftiques.   Les  trompettes,  les  porte  voijf  font  des 


çpô  M  I  D 

microphones.  Ce  mot  eft  peu  ufité  :  il  vient  de  ^(jtj»« , 
petit ,  ëc  tfi»»)  ,  voix, 
MICROSCOPE.  C  m.  Terme  d'Optique.  Mkrofco- 
^ium.  C'cft  une  lunette  qui  lert  à  découvrir  &C  à 
lepiéfenter  diliindement  les  moindres  parties  des 
<;orps. 

Il  fe  fait  des  micwfcopes  de  plufîeurs  façons  ;  les 
fins  avec  quatre  verres  qui  ont  un  tuyau  long  d'un 
pied  ;  d'autres  avec  un  fcul  verre  _,  ou  une  petite 
lentille  qui  tait  un  fort  bel  etfet.  1]  fc  fait  des  mtcrof- 
copes  avec  des  globules  de  verre  fi  petits  ,  qu'à  peine 
4es  peut-on  voir  ;  ce  font  ceux  qui  grorullént  davan- 
tage. Il  y  a  des  microftopes  à  deiix  verres  ,  qui  doi- 
vent être  plus  ou  moins  éloignés  y  félon  leur  con- 
vexités ,  ou  la  grandeur  de  leur  diamètre.  L'Inven- 
teur du  microfcope  eft  le  même  que  celui  qui  a  in- 
venté le  télefcope  ,  appelé  Zacharias  Jan(en.  ou  Jo- 
liannrdcs  de  Middelbourg  en  Zélande.  Dalencé  en 
attribue  l'invention  à  Drebbcl ,  paylan  de  Nord  Hol- 
lande, quia  aulîl  trouvé  le  thermomètre.  On  attri- 
Ijue  à  M.  Huyghens  l'invention  de  celui  qui  ell:  fait 
avec  une  petite  lentille,  néanmoins  on  trouve  que  le 
P.  Maignan  ,  Mmime  ,  en  a  parlé  long  temps  aupara- 
vant dans  le  quatrième  tome  de  fon  Cours  Philofo- 
phique  ,  &c.  Voyez  l'Éloge  de  M.  Harrlacker  par 
M.  de  Fontenelle. 

Quoique  le  terme  de  microfcope  paroifle  Grec  , 
on  ne  trouve  pourtant  point  microfcopion  dans  les 
Auteurs  Grecs.  Il  a  été  fait  pat  les  Savans  des  der- 
niers ficelés,  de  même  que  pliilicurs  autres  termes, 
à  l'imitation  de  quelques  termes  anciens  formés  de 
la  même  façon  &  fur  les  mêmes  règles. 
MICROSCOPIQUE,  adj.  Qui  appartient  au_  microf 
cope.  La  Science  microfcopique  ,  les  oblervations 
microfcùpiqucs.  On  trouve  dans  l'extrak  que  M.  Hart- 
foëkera  fait  dçs  lettres  de  M.  Leuwenhoek,  un  précis 
de  tout  ce  que  ce  grand  faifeur  d'expériences  microf- 
coplques  a  avancé  de  meilleur.  Biblioth.  raifonnce , 
T.  IV.  p.  2  S  s-  "*^  Leuwenhoeck  étoit  en  polfellion 
des  oblervations  microfcopiqucs  ,  &  tous  les  objets 
invifibles  lui  appartenoient.  Font. 

M  I  D. 

MIDDELBOURG  j  ou  MIDELBOURG.  Ville  desPro- 
vince  Unies  ,  capitale  de  la  Zéélande  ,  fituée  dans 
l'île  de  Walchéren^  à  une  lieue  &c  demie  de  Flellin- 
gue,  &c  à  demi  lieue  de  la  mer  ,  avec  laquelle  elle 
a  communication  par  un  beau  canal  qui  porte  les 
plus  grands  vailfeaux.  Midelburgum  ,  Metellobur- 
gum  ,  Meielli  Cajlrum.  Long.  ii.  d.  18'.  lat.  /i. 
d.   50'. 

Middelbourg.  Nom  d'un  bourg  fortifié.  Middelbur- 
gum.  Il  eftdans  la  Flandre  Hollandoife  ,  à  une  lieue 
d'Arderabourg  ,  &  un  peu  davaJitage  de  l'Éclufe. 
Maty. 

Middelbourg.  Nom  d'un  bourg  ou  petite  ville  des 
Hollandois.  Midelburgum  .  Il  elf  dans  les  Indes  ,  fur 
la  petite  île  de  Middelbourg  ,  lituée  près  de  celle 
de  Ceylan,  entre  celle  de  Manar  Se  la  prefqu'île 
de  Jartanapatan.  Maty. 

MIDELFART.  Nom  d'une  petite  ville  du  Danemarck. 
Middelfartum  ,  Middelfurtum.  Elle  eit  dans  l'île  de 
Fyonie  ,  fur  le  détroit  de  Middelfart ,  qui  efl:  l'en- 
droit le  plus  reilerré  du  détroit ,  nommé  le  petit  Beldt. 
Maty. 

MIDDELSEX.  Voyei  Midiesex. 

MiDELLI.  Nom  d'une  ville  anciennement  épifcopale, 
Midaium.  Elle  efi:  dans  la  Natolie  propre  ,  liir  le  San 
,     garij  entre  Peflîn  &c  Chioutaye.  Maty. 

MI-DENIER,  f.  m.  Ce  root,  envieux  langage^  figni 
fie  la  moitié  d'une  fomme.  Dans  l'ufige  ordinaire  , 
c'efl:  la  moitié  des  deniers  employés  pour  impenies  ou 
améliorations  de  l'héritage  de  l'un  des  conjoints, 
Jefquelles  inipenfes ayant  été  faites  des  deniers  delà 
communauté  ,  il  eft  dii  récompcnfe  par  moitié  au 
liirvivant  des  conjoints  ,  ou  aux  héritiers  du  prédécé- 
dé. Mari  ou  femme  ayant  amélioré  leur  propre,  ou 
réuni  quelque  choie  à  leur  fief  ou  domaine  ,  ou  fait 


M  I  D 


quelque  ménage  qui  regarde  le  feul  profit  de  \'u\\ 
d'eux  ,  font  tenus  de  rendre  le  mi-denier.  Le  mot 
denier  en  Jurifprudence  ,  lignifie  fort  (ouvent  au  plu- 
riel ,  lonime.  Ainli  mi-denier  ,  lignifie  (  parte  fumprd 
pro  tûto  )  la  moitié  d'une  lomme  ,  la  moitié  d'une 
dépenle.  Loisel  en  fes  Injîitutes  coutumières ,  Liv. 
III i  Tit.  j  ,  Règle  I ^.  Payer  le  mi- denier  ;  rendre 
le  mi-denier. 

MIDI.  f.  m.  Le  milieu  du  jour  ,  nry  le  moment  oti  le 
foleil  eft  au  méridien  -,  le  point  qui  partage  le  jour  éga- 
lement,  ou  à  peu  prcSj  en  deux  parties  égales.  Car 
il  faut  remarquer  que  le  midi  ne  partage  exail: emenc 
le  jour  entre  le  foleil  levant  &  le  loleil  couchant , 
que  dans  le  temps  où  le  moment  du  midi  efl;  le  même 
que  celui  du  foKtice.  Mendies  ,  meridianum.  Il  eft 
près  de  midi  ;  midi  approche ,  meridies  appétit  ^ 
inclinât.  Enue  onze  heures  ôc  midi  ;  entre  midi  Se 
une  heure.  L'aiguille  eft  fur  le  point  àamidi;  le 
cadran  marque  midi.  Midi  cÙ.  paflé  &  fonné  ,  il  eil 
midi  Ik  demi.  Les  Notaires  font  obligés  j  en  datant  M 
leurs  contrats ,  de  marquer  ï'zY3.ni-midi ,  ou  l'après-  ■  " 
midi. 

Ce  mot  vient  de  médius  dies.  NicoT, 

En  plein  Midi  ,  fe  dit  par  exagération ,  pour  dire  ,  en 
plein  jour  ,  publiquement.  Media  in  lucc.  Il  fut  alîal- 
liné  au  milieu  de  la  ville  en  plein  midi.  Quand  on 
doute  ti'ane  choie  fort  claire  ,  ou  qu'on  la  nie,  011 
dit  que  c'cft  ne  pas  voir  clair  en  plein  midi ,  que  c'cft 
nier  qu'il  ioit  jour  en  plein  midi.  ■ 

Midi  ,  fignifie  aulTI  l'élévation  même  ,  tant  du  foleil  ' 
que  des  autres  aftrcs  ,  quand  ils  paffent  dans  le  mé- 
ridien ,  ou  le  cercle  du  midi,  Afccnfio  ,  elevado  ma- 
jor. C'eft  le  point  de  leur  plus  grand  éclat  ,  &  de 
leur  plus  grande  force.  Le  foleil  eft  brûlant ,  quand 
il  eft  dans  Ion  midi.  Saturne  &  Mars  font  dangereux 
dans  leur  midi. 

Midi  ,  fignifie  aulïî  le  pôle  auftral,  &  les  parties  du 
monde  qui  font  de  cecôté  là,c'eft-à  dire  par  rapporta 
nous,  au-delà  de  l'équateur.  Le  midi  en  ce  fens  s'ap- 
pelle aulîi  ,  en  termes  de  Marine  ,  la  bande  de  lud. 
On  le  dit  aulli  de  tous  les  pays  qui  font  plus  ptès 
que  nous  du  pôle  auftral  j  loir  qu  ils  loient  en  delà  , 
ou  en-deçà  de  l'équateur.  L'Airique  eft  au  miii  de 
la  France.  Les  vents  du  midi  amènent  la  pluie.  De- 
puis le  nord  juiqu'au  midi.  La  ligne  du  midi  va  d  un 
pôle  à  l'autre  ,  elle  eft  pofee  (ous  le  cercle  méridien. 
Dans  les  cadrans  verticaux  la  ligne  de  midi  eft  per- 
pendiculaire. 

Le  Midi  ,  en  termes  de  Jardinier  ,  c'eft  le  côté  da 
nord  d'un  jardin  ,  parce  que  c'eft  celui  que  le  foleil 
échaurte  ,  &  où  il  jette  fes  rayons  quand  il  eft  aii 
midi.  Voyez  Exposition,  &  La  quint.  P.  II ^ 
c.  â. 

Midi  ,  fc  dit  proverbialement  en  ces  phrafes  ,  Cherchée 
midi  à  quatorze  heures ,  §3"  c'eft  chercher  des  dif- 
ficultés où  il  ne  peut  y  en  avoir  j  ou  traîner  en  lon- 
gueur une  chofe  qui  peut  fe  faire  tout  de  fuite.  Les 
écornifleurs  cherchent  midi  où  il  n'eft  qu'onze  heu- 
res. On  les  appelle  aufti  démons  du  midi,  par  une 
fade  allufion  à  cet  endroit  des  Pleaumes  ,  ab  Incurfu 
&  d&monio  meridiano. 

MIDLESEX  ,  ou  MIDDELSEX.  Nom  d'une  province 
de  l'ancien  Royaume  d'ElFcx  ,  eu  Angleterre.  Mil- 
lefcxia  ,  Midelfexia.  "Elle  eft  bornée  au  levant  par 
le  Comté  d'Elfex  ,  au  nord  par  celui  d'Hortford ,  au 
couchant  par  celui  de  Buckingham  ,  Se  sn  midi  par 
celui  de  Surrey.  Le  Comté  de  Middelfex  eft  baigné 
par  la  Tamife  :  il  eft  de  petite  étendue  ;  mais  pour- 
tant le  plus  confidérable  de  l'Angleterre  ,  parce  que  -  J 
Londres ,  capitale  de  tout  le  Royaume,  y  eft  fituée.  * 
Maty. 

MIDNICK.  î-^oyei  Mednik. 

MIDOUAIRE.  t.  m.  Terme  de  Jurifprudence.  C'eft 
une  penfionqui  eft  adjugée  à  la  iemme  dans  certains 
cas,  pour  lui  tenir  lieu  de  douaire.  Le  douaire  n'eft 
jamais  ouvert  que  par  la  mort  naturelle  du  mari. 
C'eft  pour  cela  que  l'on  dit  en  commun  proverbe, 
que  jamais  mari  ne  paya  douaire.  Mais  dans  les  cas 
de  fépaiation  de  biens  6c  d'habitation ,  de   longue 


MIE 

ali(cnce  ,  ou  He  mor: civile  du  mari ,  on  adjuge  quel- 
quefois fur  les  biens  une  penlion  à  i:i  Femme  ,  pnui 
in  jouir  jufqua  ce  que  dou.ure  ait  lieu.  Cerce  penlion 
dépend  de  la  prudence  des  Juges.  On  l'appelle  mi- 
douaire,  parce  qu'elle  va  louventà  la  moitié  du  douai- 
re. I/iJlic.  du  Droit  Fr.  iiv.  III.  th.  i  o.  to.  II.  p. 
1 2S .  de  la  féconde  édition. 
MiDOUX.  Nom  dune  petite  rivière  de  laGafcognc. 
Midorlus  Flavius.  F.lle  baigne  Nangarot ,  dans  1  Ar- 
magnac ,  Ville-Neuve  de  Marlan  ,  dans  le  Condo- 
mois  ,  &  fe  décharge  dans  la  Dou-iC  au  mont  de 
Marlan.  Maty. 

MI  E. 

«  ■ 

MIE.  f.  f.  Le  dedans  du  pain  ,  ce  qui  eft  enfermé  fous 
la  croiice.  Mica.  On  met  de  \a.  mie  de  pain  &  du  fel 
fur  les  grillades.  Pludcurs  aiment  le  pain  qui  n'a 
guère  de  mie  :  d'autres  i^.c  lauroient  manger  que 
\3.mie. 

Ce  mot  vient  du  Latin  mica. 

On  dit  ironiquement  &  proverbialement,  Qu'iii 

homme  jeûne  entre  la  mie  ik.  la  croùré  ,  pour  due, 

que  le  jeiîne  ne  l'empêche  point  de  manger. 

Mie  ,  s'employoit  autrefois  pour  une  particule  négative. 

■Non ,  neutiquam.  Il  a  demandé  cette  fille  en  maria 

■  ge  ,  mais  il  ne  l'aura  mie. 

Mie,  eft  aulli  un  vieux  mot,  qui  lîgnifioit autrefois jfl/a/- 
trejje  ,  bien  aimée.  Amicct ,  amafia  :  ^CF  J'aime  mieux 
ma  wif  ,  ô  gai.  Refrain  d'une  ancienne  chanfon. 

îi-J"  Dans  le  rtyle  Bourgeois ,  les  maris  s'en  (ervent 
quelquefois  en  parlant  à  leurs  femmes  :  Je  voudrois  , 

•   ma  mie  ,  que  vous  eulHez  été  ici.  Mol. 

fCr  C'eft  encore  un  nom  que  les  enfans  donnent  à  leur 
Gouvernante.  Cet  enbnt  ert  fort  attache  à  ia  mie. 

Ce  mot  s'eft  fait  d'amie  ,  amiea.  Car  de  m' amie , 
c'cft-à-dire  j  ma  amie  ,  ou  comme  l'on  dit  aujour- 
d'hui j  mon  amie,  de  m' amie  ,  dis-je  ,  Ton  a  fait 
ma  mie. 

$3"  Mie.  'Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Fîo- 
nan  ,  département  de  Caifung. 

|?:yMIECHAU,  ou  MIESZAVA.  Ville  de  Pologne, 
dans  la  Cujavie ,  (ur  la  rive  gauche  de  la  Vift ule. 

MIÉGE.  f.  f.:  Terme  de  Coutumes.  Droit  de  mie^e  , 
c'elf  le  droit  de  la  moitié  d'une  choie.  Aledia pars ,  me- 
diecas. 

MiÉge.  Terme  de  Marine.  On  appelle  ainll  dans  une 
galère  ,  la  chambre  oià  fe  met  le  Comité.  On  dit  au- 

■  trement  Mé\ance. 

MIÉGEMONT.  Nom  d'un  lieu  en  Auvergne.  Media 
nus  mons.  Il  eft  ainlî  nommé,  parce  qu'il  eft  iitué 
fur  une  montagne,  à  mi-côte;  &  ce  mot  s'ell  for 
iTié  de  deux  noms  Latins  par  corruption.  Valois , 
Not.  G  ail.  p.  3S0- 

MIEKIÉKI.  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  fep 
tième  mois  des  Arméniens  :  il  répond  à-peu-près  au 
mois  d'Avril.   On  l'appelle  aullî  Mahich. 

MIEL.  f.  m.  Ouvrage  des  abeilles ,  qu'elles  font  dans 
leurs  ruches  avec  la  cire,  ou  fucdoux  que  les  abeil- 
les font  de  ce  qu'elles  recueillent  lut  les  Heurs,  ou 
fur  les  feuilles  des  plantes,  ou  des  arbres.  Mel. 

Comme  on  voit  au  printemps  la  diligente  abeille  , 
Qi/i  du  butin  des  fleurs  va  compofer  fin  miel , 
Des  fittifes  du  temps  je  compofi  mon  fiel.  Boil. 

On  dit  un  panier  j  une  ruche  de  mouches  à  miel. 
une  jetée  ou  jet  de  mouches  à  miel.  Les  Anciens  ne 
faifoient  leurs  confitures  qu'avec  du  miel ,  un  rayon 
de  miel ,  qu'on  appeloit  autrefois  Bornai. 

Strabon  dit  qu'il  y  a  un  miel  qu'on  trouve  en 
quelques  arbres.,  qui  eft  un  poiton.  Or  ,  ce  miel  le 
fait  par  des  abeilles  du  Pont ,  &  d^i-iéraclée ,  qui 
■  mangent  de  l'ftçonit  Si.  de  l'abfynthe.  Melaconiticum. 
Car  le  miel  eft  bon  ,  ou  mauvais  ,  félon  la  qualité 
desHeurs  dont  elles  fe  nourrilfent.  Mais  le  Père  Lam- 
berti-,  dans  fa  Relation  de  la  Mingréhe  ,  aifure  le 
contraire  ,  &  dit  que  c'eft  le  meilleur  miel  du 
monde  ,  à  caufe  de  la  grande  quantité  de  mélilfe  qui 


MIE  99î 

croît  dans  ce  pays-là.  Il  dit  aulTi  qu'il  y  a  un  miel  ïo\z 
blanc  &c  dur  connne  du  luere  ,  qui  ne  s'attache  point 
aux  mains  quand  on  le  manie;  &  que  c'eft  ce  qui  x 
donné  lieu  à  l'erreur  de  Phne,qiii  a  dit  que  vers  le 
Pont  Euxin  ,  il  y  avoit  des  abeilles  blanches;  car 
celles-là  lont  jaunes  comme  les  autres.  Les  Anciens 
ont  mis  le  lucre  6c  la  manne  au  rang  des  miels. 

Avant  que  le  lucre  eût  été  apporte  des  Indes  ,  on 
ne  connoilloit  rien  de  plus  agréable  au  goût  que  le 
miel.  On  y  confiloitles  fruits,  &  on  en  méloit  aux 
pâtillcries  les  plus  friandes.  Mœurs  des  Ifiraél. Lchon 
wid/ doit  être  épais  ,  grenu,  clair,  tranfparent  ,  nou- 
veau, d'un  agréable  odeur  ,  un  peu  aromatique,  &z 
d'un  goûr  doux  Se  piquant.  M.  de  la  Marue,^. 
20 jS.  du  mois  de  Nov.   IJ2^.  des  MJm.  de  Tre'v. 

On  appelle  Aîiel  vierge ,  le  miel  blanc  qui  a  été 
tiré  des  ruches  lans  feu.  On  donne  aullI  ce  nom  au 
miel  qu'on  recueille  des  jeunes  abeilles  ;  il  eft  de 
couleur  jaune  tirant  fur  le  bLauc  ,  Se  on  l'eftimc  le 
meilleur  de  tous. 

Les  Apothicaires  compolent  le  miel ,  S:  en  font  de 
rofit  ,  de  violât ,  de  mercurial  ,  &c.  avec  des  rofes  , 
des  violettes  ;  de  la  mercuriale  ,  &  de  nénuphar.  Il 
y  a  aulli  du  miel  Icillitique  qu'on  prépare  avec  de  l.i 
icille  ;  du  miel  palfulat ,  fait  avec  des  raifins  de  Da- 
mas cuits  dans  l'eau  chaude;  du  /;zze/ anthofat ,  qui 
cil  fait  avec  des  fteurs  de  romarin  fraîches  ,  car  1« 
mot  d'anthos  ,  qui  lignifie  en  2,itné.i:a\fieur  ,  fe  prend 
ici  par  excellence   pour  la  Heur  du  romarin. 

S.  Ad.iuman ,  Abbé  de  Hii  ,  dit  dans  fa  defcription 
des  Lieux  laints,  qu'au  lieu  où  S.  Jean  vivoit  dans  le 
detert ,  il  y  avoit  des  fauterelles  ,  dont  les  pauvres  vi- 
voicnt  ,  les  faifant  cuire  avec  de  Ihuile  tk  des  herbes , 
dont  les  feuilles  larges  &c  longues  avoient  la  couleur 
du  lait ,  &  le  goût  du  miel  :  il  prétend  que  c'eft  ce  que 
l'Evangile  appelle  miel  fauvage. 
Miel,  fe  dit  figurément  des  chofes  douces  ,  agréables 
&  dclicieufes.  Mel  ,  fiuavitas.  L'Écriture  nous  décrit 
la  terre  de  Promiftion  ,  découlante  de  lait  &  de  miel. 
Cet  Orateur  a  toujours  le  miel  fur  fes  lèvres  ,  il  ne 
dit  que  des  paroles  douces  &  Hatteufcs  ,  tous  (ss  dif- 
cours  lont  confits  au  miel  ik  au  lucre.  Melliti  ver- 
borum  globuU.  Mon  ame  étoit  alors  fur  mes  lèvres 
pour  lavourer  le  miel  qui  étoit  lur  les  vôtres.  Voit. 
On  s'en  lert  aullî  en  termes  de  dévotion ,  pour  ex- 
.  primer  par  une  comparaifon  fenlîble ,  la  douceur  in- 
térieure &:  Ipirituelle  dont  Dieu  comble  les  fervi- 
teurs  dans  l'orailon  ,  dans  la  ledure  des  laints  livres  y 
dans  la  pratique  des  bonnes  œuvres  ,  8c  dans  les  maux 
qu'on  louftre  pour  la  gloire  de  Ion  nom.  LeP.  Bou- 
hours  finit  ainfi  la  Prétàce  de  la  Tradudion  du  Nou- 
veau Teftament  :  Tout  ce  que  l'on  peut  dire  à  l'avan- 
tage de  la  parole  divine ,  ne  la  fait  pas  lî  bien  fen- 
tir ,  qu'elle  le  fait  fentir  elle  même  quand  on  la  lit 
avec  un  efprit  docile  ,  avec  un  cœur  humble.  Il  en  eft 
d'elle  comme  du  miel ,  auquçj  le  Saint-Efprit  la  com- 
pare ,  &  dont  une  goutte  qu'on  met  fur  la  langue 
Fait  mieux  goûter  la  douceur  ,  que  ne  pourroient  ja- 
mais faire  les  difcours  les  plus  amples  ëc  les  expref- 
llons  les  plus  vives. 

Cefl ,  fians  doute  ,  Madame  ,  une  douceur  extrême , 
Que  d' entendre  ces  mots  d'une  bouche  qu'on  aime  , 
Leur  miel  dans  tous  mes  fins  fait  couler  à  longs  traits,' 
Une fiuavité  qu'on  ne  goûta  jamais.    Mol. 

Miel  ,  eft  aulîi  une  rofée  qui  fe  trouve  à  la  pointe  du 
jour  lur  les  feuilles  de  plulieurs  lortes  d'arbres  ,  qui 
rellemble  au  miel.  Mel  ftillaticium.  Gaifcrdi  croit  que 
c'eft  une  humeur  vilqueulequi  tranipire  des  feuilles 
des  arbres ,  comme  une  lueur  ,  qui  fert  deprélure  à  la 
matière ,  qui  eft  la  rofée  pour  en  lormer  un  corps  qui 
reflemble  au  miel ,  &  qui  n'en  eft  pas  pourtant;  car  on 
ne  voit  point  que  les  abeilles  aient  de  l'emprelîèmen: 
pour  l'aller  chercher  fur  ces  feuilles ,  qu'elles  vont 
prendre  au  contraire  dans  le  cœur  &  dans  le  centre 
des  rtcurs ,  où  l'on  trouve  en  eftct  quelque  chofe  qui 
fent  le  miel. 

Il  y  aune  troifième  forte  de  miel ,  dont  parle  Thé^- 


M  I  E 


99^ 

phiafte  ,  que  le  mcme  Gadendi  croit  être  la  mcme 
cliofe  que  le  lucre,  que  les  Anciens  ont  appelé  3'e/ 
Indien.  Mel  Indicum  -j/accharum. 

On  dit  proverbialcnicnc  :  Bouche  de  miel ,  cœur  de 
fiel  :  pour  dire  que  ces  grands  adorateurs  font  iouvtnt 
les  premiers  à  vous  trahu'. 
Miel,  li  m.  Nom  d'homme.  Michael.  Le  nom  de  Miel 
en  ancien  langage  Lorrain  ,  n'ell  autre  choie  que  le 
nom  deS.  Michel  Archange;  &  l'Abbaye  àeS.Miel , 
.-3,u  Diocèle  de  Verdun  ,  efl;  la  même  chofe  que  l'Ab- 
baye de  S.  Michel. 
MIÉLAT.  f.  m.  'Sorte  d'exhalaiion  qui  femble  être  la 
mcme  choie  que  le  miel  que  Pline  t<c  Gallendiont  dit 
qui  tombe  a  la  pointe  du  jour  lur  les  feuilles  des  ar- 
bres. Rohault  explique  dans  fa  Phylique  ,  la  manière 
dont  fe  forme  le  miéLat  ,  qu'on  appelle  en  certains 
lieux  Afd/itf.  Dïcl.  des  Ans.  Les  mêmes  exhalailons 
qui  conipolent  le  lerein  ,  compolent  aullî  le  mlélat , 
qui  eft  fi  nuihble  à  la  plupart  des  biens  de  la  terre  , 
lorfqu'il  furvient  du  chaud  après  que  de  lembiables 
exhalailons  lont  tombées  :  car  comme  elles  lont  à 
demi  corrompues  lorfqu'elles  tombent  ,  la  chaleur 
qui  furvient  les  convertit  facilement  en  une  humeur 
gluante  &  tenace  ;  &  li  la  chaleur  s'augmente ,  elle 
delféchera  cette  humeur  ,  laquelle  delléche  en  même- 
temps  le  fruit  qu'elle  couvre.  Le  P.  de  la  Grange  j 
Prctre  de  l'Oratoire  ,  Traité  des  Elémens.  03"  D'au- 
tres prétendent  que  cette  matière  fluide  ,  qu'on  trouve 
ordinairement  le  loir  &  le  matin ,  en  été  ,  attachée 
aux  feuilles  des  plantes ,  fous  la  forme  de  gouttelet- 
tes ,  luinte  des  plantes  mêmes  ,  &  qu'ainfi  il  ne  faut 
pas  confondre  le  miclai  avec  la  roléc. 
MIELDRE.  adj.  Vieux  mot.   Meilleur.  On  a  dit  aufll 

Miendre  ,  dans  le  même  lens. 
MIELLEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  tient  du  miel  ,  qui  a 
quelque  chofe  du  miel.  Melleus,  Thaïes  étoit  en 
peine  pourquoi  fes  figues  avoient  un  goût  mielleux  : 
fafervante  lui  en  apprit  la  caufe  ,  en  dilant  qu'elle 
les  avoit  miles  dans  un  pot  à  miel.  Il  fe  dit  ordinai- 
rement en  mauvaile  part  ,  pour  fade  ,  doucereux.  Ce 
vin  ,  cette  liqueur  a  un  goût  mielleux.  On  dit  de 
même  au  figuré  ,  un  ion  mielleux.  Meliuus. 
MIELNICK.  Nom  d'une  petite  ville  de  Mazovie,  en 
Pologne.  Mielnicum.  Elle  eft  dans  la  Polaquie  ,  lur  le 
Bug  ,  à  trois  lieues  de  Drogiezin  j  &  à  vingt  de  Biels- 
ko  ,  du  côté  du  midi.  Maty. 
MIEN  ,  ENNE.  Pronom  pollèlfif  relatif  j  qui  s'appli- 
que à  la  première  pertonnc  ,  &  qui  fe  dit  au  lieu  de 
mon  (Se  itma.  Meus.  On  ne  dit  plus,  comme  autre- 
fois ,  un  mien  frère.  Ce  pronom  n'eft  plus  en  ulagc 
que  quand  il  eft  relatif.  Son  étoile  eft  plus  heureule 
que  la  mienne.  Vaug.  Corn.  Je  ne  voudrois  pas  avoir 
échangé  fa  terre  contre  la  mienne.  Pour  ne  pas  donner 
d'ordre  dans  un  Gouvernement  qui  n'eft  pas  le  mïci. 
De  Bussi  Rabutin. 

On  s'en  lert  encore  avec  le  fubftantif ,  fins  qu'il 
foit  accompagné  d'article  ^  ni  du  mot  un  y  &  alors  il 
■  fe  met  toujours  après  le  fubftantif  avec  lequel  il  fe 
conftruit.  Ainlî  on  dit  en  termes  de  Pratique  :  Ces 
fruits-là  font  miens.  J'ai  droit ,  comme  Seigneur  de 
fief,  de  faire  les  i\.mis  miens .  En  ce  lens  ,  il  n'a  guère 
d'ulage  que  dans  le  ftyle  de  Pratique.  Acad.  Fr. 

On  dit  proverbialement  j  J'ai  bien  fait  des  miennes 
en  majeunefté,  pour  dire,  j'ai  bien  fait  des  folies  qui 
n'appartiennent  qu'à  moi.  A  la  mienne  volonté  :  pour 
dire  ,  Plût-à  Dieu. 

Ce  pronom  mien  ,  finit  défrgréablement  un  vers , 
fur  tout  lorfqu'il  finit  aullî  le  lens.  Il  eft  plus  fuppor- 
table  au  féminin  (  mienne  ) ,  parce  que  la  rime  fémi- 
nine eft  plus  douce  ,  &  de  deux  fyllabes.  Alien  eft 
d'une  feule  fyllabe.  Mén. 

Amour  ,  à  qui  je  dois  &  mon  mal ,  &  mon  bien , 
Ak  !  que  ne  faijîe'^-vousfon  cœur  comme  le  mien  , 
Ou  que  nefaiJie:^-vous  le  mien  comme  les  autres. 

Saint-Evremont. 

Mien  ,  eft  aulTi  fubftantif  mafculin  ,  éc  fignifie  ,  le  bien 
qui  m'appartient  ,  à  quelque  titre  que  ce  foit.  Meum ,  I 


M  I  E 

bona  mea.  C'cfl  le  mien  &c  le  tien  qui  font  caiife  de 
toutes  les  guerres  Se  des  procès.  Platon ,  pour  abolir  la 
diltinc'iion  du  tien  &  du  mien  ,  qui  caufe  tant  dedéfor- 
dres  dans  la  lociété^  voulut  réunir  tous  les  hommes 
dans  les  mêmes  intérêts  ,  en  mettant  tout  en  commun. 
Dac.  Entre  les  vrais  amis ,  il  n'y  doit  point  avoir  de 
mien  ,  ni  de  tien.  Je  fais  hardiment  cette  aftaire,  car  je 
n'y  mets  rien  du  mien. 

Miens  ,  au  pluriel ,  fe  dit  des  gens  qui  nous  appartien- 
nent j  foit  par  nature  ,  foit  pat  fujétion  ,  loit  par  ami- 
tié. AJei.  Jesus-Christ  a  dit ,  Je  n'abandonnerai  ja- 
mais les  miens.  Je  ne  ferai  jamais  deshonneur  aux 
miens  j  à  ma  famille.  Je  voudrois  bien  faire  la  fortune 
des  miens ,  de  mes  amis  ,  de  nies  domeftiques. 

CCr  Mien.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de Xenfi, 
département  de  Hanchung. 

lier  MIENCHI.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Provincede 
Honan  ,  département  de  Honan  ,  quatrième  Métro- 
pole de  la  Province. 

1^  MIENCHO.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine  ,  dans 
la  Province  de  Suchuen  ,  département  de  Chingtu. 

MIER.  Lieu  de  France ,  dans  le  Querci ,  Élection  de  Pi- 
geac ,  où  Ion  trouve  des  eaux  minérales ,  dont  l'ulagc 
eft  recommandé  pour  la  gravelle. 

MIES.  Nom  d'un  bourg  ,  fur  une  petite  rivière  qui 
porte  Ion  nom.  Mi/a.  Il  eft  en  Bohème ,  dans  le  Cer- 
cle de  Pifen  ,  à  quatre  ou  cinq  lieues  de  la  ville  de 
ce  nom,  vers  le  couchant.  Maty. 

MlESTETS.  Petite  ville  de  Bohême,  que  Ziska  j  Gêné» 
rai  des  Huftites,  brtila  en  142.}- 

§:?  MmSZAVA.  roye^  MiECHAU. 

MIETlE.  f  f.  Diminutif  de  mie ,  particule  de  pain  e'miiS, 
Mica.  La  Cananéenne  demandoit  Iculcmcnt  au  ScL» 
gneur ,  les  miettes  qui  tomboient  de  la  table. 

Miette  ,  fe  dit  aulli  d'un  très  petit  morceau  de  tout  ce 
qui  fe  mange.  Frujlum  ,  frujlulum  ,  pars  ,  panicula. 
Ainfi  on  dit,  une  miette  de  viande.  Voilà  mie  belle 
m.iette.  Vous  ne  m'en  avez  donné  qu'une  miette.  On 
a  bi.n  fervi  des  mets  fur  cette  table,  mais  il  n'en  eft 
pas  refté  une  miette.  Dans  ce  fcns  il  elT:  familier  5c 
populaire. 

MIEUDRE.  adj.  m.  &  f.  Vieux  mot.  Meilleur.  Melior. 

Challes   li   Quens  d'Anjo  fes  frères 
Li  preux  ,  li  plains  de  kardemens  ^ 
Li  mieudres  tn  tournoyemens. 

GuiLL.  GuiART. 

MIEVRE,  adj.  m.  &:  f.  Alacer ,  malignus.  Terme  po- 
pulaire ,  qui  le  dit  des  enfans  éveillés  ,  remuans  Se 
malins  ,  qui  font  toujours  quelque  malice  aux  autres. 
Cet  enfant  eft  mièvre. 

En  Normandie  on  dit  nièvre  ;  d'où  Ménage  a 
conclu  que  mièyre  vient  de  nehulo  ,  qui  fignifie  ^ar- 
nement. 

MIÈVRERIE,  ou  MIÉVRETÉ  Li.Fraus ,puenlisala- 
cntas.  Petite  niche,  ou  malice  qu'un  enfant  mièvre  a 
coutume  de  faire.  Il  eft  populaire. 

MIEUX,  adv.  Terme  comparatif  de  l'adverbe  ^ie«.  Me- 
liùs  ,magis.  Plus  panaitementj  d'unemanière  plus  ac- 
complie ,  d'une  façon  plus  avantagcule  ,  de  meilleure 
grâce  ,  avec  plus  d'adrelîe.  C'eft  bien  fait  de  prier  i 
mais  c'eft  mieux  fait  d'aftifter  les  pauvres.  Un  Saine 
îiimc  mieux  mourir  que  de  pécher  mortellement.  lia 
. mieux  fai:  que  ion  compagnon.  Ce  mot  cxpi  ime  mieux 
la  penfée.  On  écrit /;2iea.v  maintenant ,  qu'on  ne  fài- 
foit  autrefois.  Vous  ferez  mieux àa.v\s  ce  fauteuil,  plus 
commod^mcnr. 

|t?  Il  fe  dit  quelquefois  pour  plus.  Laquelle  aimez  vous 
mieux  de  ces  deux  étoffes  ?  l'une  vaut  mieux  que 
l'autre. 

%fT  II  y  en  a  qui  difent ,  c'eft  l'homme  du  monde  que 
j'aime  le  mieux  ;  au  lieu  de  dire  ,  pour  qui  j'ai  le 
plus  d'amitié,  que  j'aime  le  plus.  A  mon  avis,  die 
le  P.  Bùuhours,  c'eft  ainfi  qu'il  faut  parler  ;  y^i/TZdr 
mieux  ,  fe  dit  en  un  autre  lens  ;  c'eft  le  malo  des  La- 
tins. J'aime  mieux  me  taire  ,  que  de  parler  mal  à- 
propos.  J'aime  mieux  une  fortune  balFe  &  tranquille, 
qu'une  fortune  élevée  (Se  tumultueuk.  Aimer  mieux, 

fe 


M  I  F 

fe  joint  avec  un  veibe  ,  ou  avec  une  chofc  que  l'on 
préfèie  à  une  .lutrc  ;  mais  non  pas  avec  une  peilonne  , 
quand  il  s'agit  d'amitié  :  car  s'il  s'agit  d'une  pivFé- 
rence,dont  l'amitié  n'cll  point  la  cauIe,onle  joint 
bien  avec  une  pciTonne.  Par  e'^empic  ,  )'aime  mieux 
un  valet  mal  i-air  tk  ûge  ,  qu'un  valet  bien  tait  <!*<: 
fripon.  De  ces  deux  livres  ,  lequel  aime^  -  vous  le 
mieux  !  De  tous  nos  Écrivains  ,  c'ell  celui  que  j'aime 
le  mieux.  Car  ce  n'clt:  pas  dire  ,  j'ai  plus  d'amitié 
pour  l'un  que  pour  l'autre  ;  mais  je  préfère  l'un  à 
l'autre  ;  l'un  m'accommode  mieux  que  l'autre  :  c'cfl; 
celui  qui  me  plaît  davantage.  On  dit,  à  la  vérité  ,  je 
l'aime  bien  ;  mais  Men  en  cet  endroit  hgnihc  beau- 
coup :  &  quand  Men  [ignitic  beaucoup  ,  plus  ell  le 
comparatif  qui  y  répond,  (Se  non  pas  mieux. 
§Cr  Mieux  s'emploie  quelquefois  (ubftanrivemcnt.  Il  fe- 
ra de  Ion  mieux  ■■,  c'elt  le  mieux  que  vous  puillîez  faire. 

A  l'aimable  Phylis  ,  un  grand  mal  fait  la  guerre , 
yous  lefave::^,  ô  Dieu  !  rien  n'échappe  à  vos  yeux  ■ 

Mais  faites  le  tout  pour  le  mieux, 

LaiJJe'^  un  Ange  fur  la  terre  _, 

J^ous  en  ave^  a£'e\aux  deux.    Boursault. 

On  dit  proverbialement  que  le  mieux  ,  efl:  l'ennemi 
du  bien  ,  pour  dire  ,  que  le  bon  paroit  moins  bon, 
mis  auprès  de  l'excellent ,  en  même  genre.  Il  lignifie 
aullî  qu'on  gâte  (ouvent  une  bonne  choie  ,  en  voulant 
la  rendre  meilleure.  Acad.  Fr. 
^CT  II  s'emploie  aullî  adjeélivement  ,  pour  meilleur, 
plus  convenable.  Il  n'y  a  rien  de  mieux  que  ce  que 
vous  dites. 
^fT  On  dit  qu'un  homme  chante  des  mieux  j  pour 
dire  qu'il  chante  aulli-bien  que  ceux  qui  chantent 
le  mieux.  Optimè.  Vaug.  &c  Corn,  diknt  que  cette 
façon  de  parler  eft  balle  ,  &  nullement  du  langage 
de  la  Cour.  Elle  n'ell  que  bourgeoife,  &  reçue  dans 
le  diicours  familier. 
§Sr  On  dit  ablolunicnt  qu'un  homme  eft  mieux  ,  que 
fa  fanté  eft  en  meilleur  état.  Il  eft  mieux  ,  un  peu 
mieux.  Aller  de  mieux  en  mieux  ,  faire  toujours  à'^s 
progrès  vers  le  bien.  Ses  aitaires  vont  de  mieux  en 
mieux. 

On  dit  adverbialement,  A  qui  mieux  mieux  ;  pour 
dire  ,  A  l'envi  l'un  de  l'autre.  Certacim.  Cette  locution 
eft  balle,  il  faut  toujours  dire  à  X'envi.  Vaug.  Chap. 
Elle  n'eft  que  familière. 
tfT  II  a  fait  du  mieux  ,  le  mieux  qu'il  a  pu  ,  le  mieux 
du  monde  ,  tout  au  mieux  ,  façons  de  parler  adver- 
biales du  ftyle  familier. 

Il  y  a  des  occaiions  où  l'on  met  ,  que  non  pas , 
après  mieux.  La  nature  de  l'efprit  humain  eft  d'ai- 
mer witf'^.v  qu'on  lui  laille  quelque  chofe  à  fuppléer, 
que  non  pas  qu'on  s'imagine  qu'il  ait  befoin  d'être 
inftruit  de  tout.  Log.  de  Porc-R.  Il  vaut  beaucoup 
mieux  ,que  les  preuves  fuivent  immédiatement  les 
propofitions  douteules ,  que  non  pas  qu'elles  en  loient 
réparées.  Ibid. 
§Cr  Cette  façon  de  parler ,  que  non  pas  que  ,  quoiqu'elle 
fe  trouve  dans  un  bon  livre  j  n'en  eft  pas  meilleure. 
Elle  rend  la  phrafe  traînante  ;  elle  eft  raboteufe^dure 
&  défagréable  à  l'oreille. 

On  dit  proverbialement  :  Il  a  fait  comme  Robin  fit 
à  la  danfe  ;  tout  du  mieux  qu'il  a  pu.  Il  aime  mieux 
deux  œufs  qu'une  prune.  Cela  vaut  mieux  denier  qu'il 
ne  valoir  maille.  Il  vaut  mieux  en  terre  qu'en  pré. 
Un  tiens  vaut  mieux  que  deux  tu  l'auras  :  &  plu- 
lîeurs  autres  (emblablcs.  Le  /wieir.v  auquel  on  afpire  , 
fait  qu'on    gâte  le  bien  ,  dit    un  proverbe   Italien. 

FÉNELON. 

MIEX  ,  MIELS  &  MIELX.  Du  Latin  Melius.  Vieux 

mots  employés  pour  mieux, 
tp  MIEYUN.  Ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de 

Péking  ,  département  de  Xuntien. 
M  I  F. 

MI  FORT.  En  fait  d'armes  ,  on  appelle  wi-/orf  de  l'é- 
pée  ,  la  partie  du  milieu  qui  eft  entre  la  garde  ôc  la 
pointe,  qu'on  nomme  ïcfort&lefocble. 
Tome  y. 


M  I  G 


991 


M  I  G. 


MIGANA.  Nom  d'un  lieu  du  Royaume  de  Tunis,  en 
Barbarie.  Migana.  Il  eft  vers  les  confins  de  la  Conf- 
taïuine  ,  à  dix  lieues  de  Mufti. 

MIGEAU.  f.  m.  On  nomme  ainli  en  RouQîllon  la  laine 

•  de  la  troiliéme  lorte  ,  que  les  Elpagnols  appellent 
Tierce.  Elle  ell  la  moindre  de  toutes. 

MI-GLAIVE.  (.  m.  Nom  dune  ancienne  arme  oflenfive, 
Elpèce  de  hallebarde.  Ila/U  fpecies. 

MIGNARD  ,  ARDE.  adj.  Qui  a  les  traits  fins  &  déli- 
cats. Fenuflus  ,  delicatulus.  Une  femme  mignarde , 
qui  eft  d'une  raille  fine  Si.  jolie  ;  qui  a  un  teint  délicat  , 
une  petite  bouche.  Ce  mot  a  été  banni  de  l'ulage  , 
peut  être  parce  qu'il  a  paru  trop  mou  ,  &  qu'il  fent 
un  peu  le  diminutif.  Il  plaifoit  extrêmement  aux  Poè- 
tes de  la  Cour  des  Valois,  ik  il  entroit  dans  tous  les 
vers  qui  avoient  un  caraétère  tendre  &  délicat.  (3ii 
dit  encore  ,  un  air  mignard  ,  un  vilage  mignard ,  mais 
dans  le  ftyle  familier  jiulement. 

fjCF  On  dit  d'un  petit  ouvrage  travaillé  avec  une  extrême 
délicateilc  ,  cela  n'A.  mignard  ,  cet  ouvrage  vdynignard. 

§3'  Il  femble  qu'en  général  ,  ce  mot  déligne  une  afteéfa- 
tion  puérile ,  une  faufte  déhcatellé  qui  s'exerce  lur  des 
chofes  qui  n'en  méritent  point.  Faire  le  mignard  ,  c'eft 
faire  le  beau.  Un  langage  mignard,  h  on  le  dit ,  eft  un 
jargon  plein  d'afteétation.  Terfus  ferma. 

Je  fuis  une  jeune  Bergère , 
Qui  ne  fais  ce  que  c'eft  qu'artifice  &  que  fard  ; 
Qui  plaisjans  Jbnger  même  à  plaire  , 
Et  qui  n'ai  rien  de  trop  mignard. 

MIGNARDEMENT.  adv.  D'une  manière  mignarde  * 
avec  finelle  ou  avec  délicatelle.  Blandè  ,  e  le  ganter , 
venuftè.  Cet  Orfèvre  travaille  fort  mignardement  en 
petits  ouvrages.  Cet  enfant  a  été  élevé  fort  mignar- 
dement ,  délicatement  :  il  joue  du  luth  fort  mignar- 
dement. 

Sur  un  front  blanc  comme  l'ivoire  , 
Deux  petits  arcs  de  couleurnoire  y 
Etaient  mignardement  voûtés.  Voit. 

MIGNARDER.  v.  a.  Flatter,  traiter  avec  délicatelTc, 
dorloter,  bire  des  amitiés  enfantines.  Glof.fur  Ma- 
rot.  Blandiri.  C'eft  le  défaut  des  mères  de  trop  mi- 
gnarder\ems  en(àns.  Ce  terme  n'eft  pas  du  bel  uiage, 
c'v  ne  peut  palier  que  dans  le  difcours  tamilier. 

MIGNARDE  ,  ÉE.  part.  &  adj.  Il  a  les  fignifications  de 
Ion  verbe. 

MIGNARDISE,  f.  f.  Délicatelle  de  quelque  chofe  ,  foit 
qu'elle  vienne  de  la  nature,  ou  de  l'art.  Mollitia  deli- 
catior  ,  blanditia  ,  elegantia  ,  vcnuftas.  Il  eft  plus  en 
ufage  que  mignard.  On  s'en  fert  même  dans  les  ou- 
vrages férieux.  Ces  fortes  de  pieds  &  de  melures  n'ont 
qu'une  certaine  mignardife ,  qui  a  toujours  le  même 
tour  ,  &  qui  n'émeut  point  l'ame.  BoiL.  Les  cœurs 
les  plus  fermes  s'amollillent  &  fe  fondent ,  pour  peu 
que  la  volupté  les  touche  :  elle  vient  avec  toutes 
les  mignardifes  Se  toutes  les  parures  des  grâces.  M. 
DE  LA  Ch.  Je  foutiens  qu'il  faut  de  h  mignardife  dans 
notre  fexe.  P.  Com.  La  mignardife  de  cette  bouche,- 
de  ce  vilage  ,  de  cette  taille  ,  charme  tout  le  monde. 
Ce  portrait  de  minfiture  eft  fait  avec  beaucoup  de 
mignardife.  Il  y  a  des  langues  plus  capables  de  certai- 
nes mignardif  s  ks  unes  que  les  autres. 

0Cr  Mignardise,  fe  dit  aulli  en  parlant  du  ftyle,  pour 
défigner  les  petites  aftcétations.  Sénèque ,  plus  que 
tout  autre ,  avoit  contribué  à  gâter  &  à  corrompre 
le  jugement  des  jeunes  Romains,  &  à  fubftituer  à 
l'éloquence  mâle  &  robufte  qui  avoit  régné  jutqu'à 
lui ,  les  mignardifes  d'un  ftyle  chargé  d'ornemens ,  de 
penfées  brillantes  ,  d'antith Mes  &  de  pointes.  Roll. 

Mignardise,  fe  dit  aulll  de  certaines  délicateires  d'é- 
ducation ,  des  fiatreries.  Blandimentorum  mollius 
lenocimum.  Quand  ce  feroit  un  Prince,  on  ne  l'au- 
roit  pas  élevé  avec  plus  de  mignardife  ,  plus  de  foin. 

Kkkkkk 


994         M  I  G 

Il  obtient  tout  ce  qu'il  veut  de  ('x  mère  par  Tes  m'ignar- 
difcs.    Il  s'ert:  laillc  prendre  par  les  iingnardijcs  de 
cjttc  femme  ,  par  les  àatteries ,  tes  cr.rellcs. 
Mignardise.  Efpèce  de  petit  œillet  gris,  rouge  ,  blanc  , 
qui  Ileurit  en  Avril  &   en  M.u.  h'ios  canopliylkus 
Uucauhcsus.  Ces  mignardijes  font  allez  jolies.^ 
gCrOii'  lappdle  au!li  etîile,  ou  œillet  frangé,  parce 
que  fes  t-euilles  font  découpées  en  manière  de  frange. 
MIGisTATURE.   Foyei  Miniature. 
MIGNÉ.   Bourg  de  France ,  en  Poitou  ,   Eledion  de 

Poitiers ,  au  nord  occidental  de  cette  ville. 

(t:J=  MIGNON,  MIGNONNE,  adj.    Qui  a  de  p-etits 

agrémens  ,  joli  ,  délicat  ,  gentil.  Satus ,   venujius  , 

elegans.   Une  taille  mignonne.  Vifage  mignon,  ^oa- 

c\\l  mignonne.  ^eMK  mignonne.  Elle  paroit  conhiher 

dans  l'air  &  dans  la  tournure  gr.acieule  du  vilage  , 

dans  la  finelle  &  dans  la  délicatelle  des  traits,  plus  que 

dans  la  proportion  &  la  régularité. 

|p° Mignon  ,  fe  dit  aulli^dcs  ouvrages  de  l'art ,  travaillés 

délicatement.  Scicus ,   eximius.  Voilà  un  bijou  fort 

mignon  ,  une  montre  mignonne,  des  louliers  mignons. 

§a"Ôn  le  dit  aulli  des  ouvrages  d'efprit  où  il  y  a  de  la 

finelfe.  Il  a  tait  un  fonnet  fort  mignon. 
|KF  On  le  dit  encore  des  langues  qui  ont  de_  la  douceur 
ôc  de  l'agrément.  La  langue  Italienne  eft  fort  mignon- 
ne.   Tout  cela  eft  du  ifyle  familier. 
§CFOn  appelle  familièrement   argent  mignon  ,   celui 
qu'on  a  mis  en  réferve  pour  quelque  dépenlc  luper- 
Hue.    Pour  faire   cela  ,    il    me   fuidroit  de  l'argent 
mignon.    Et  l'on  appelle  péché  mignon,  celui  pour 
lequel  on  a  plus  de  penchant,  auquel  on  eif  le  plus 
attaché.  La  médifance  eft  fon  péché  mignon. 
IC?  Mignon,  eft  aulfi  fubftantif,  &  défigne  une  per- 
fonne  chérie  ,    préférée  aux  autres,  un  ami  ou  un 
amant  frvorifé.   On  dit  familièrement  qu'un  enfant 
eft  le  mignon  de  fa  mère.  Du  tems  de  Henri  lîl ,  les 
Favoris  s'appeloient  les  mignons  du  Roi.   Aujourd'hui 
on   ne  donne  prefque  plus  ce  nom  qu'aux  enhns 
qu'on  carelfe.    Mon  mignon  ,  mon  petit  mignon.    Si 
on  le  donne  à  d'autres ,  c'eft  en  fouriant  i.\-  par  déri- 
fion ,  comme  quand  on  dit  en  colère  à  quelqu'un , 
vous  êtes  un  joli  mignon,  pour  dire  vous  êtes  fort 
impertineiat ,  fort  ridicule. 
|K?  Les  petits  enfans  appellent  auflî  leur  père  &  leur 
mère,    papa  mignon,    maman  mignonne. 

Ce  mot  vient  de  mignon  ,  Bas  Breton  ,  qui  fignific 
ami,  \fy  ou  de  mùnus ,  petit.  Minus,  minius  (d'où 
vient  minimus)  minio  ,  minionis  ,  mignon  ;_ou  de 
ninnus  ,  qui  lîgnitie  enfant.  D'où  vient  l'Elpagnol 
nino  ,  ninnus ,  ninni  ,  ninnius  :  ninnio  ,  mnnionis , 
ninnione  ,minnione  mignons.  Ninnus  ,  ninnius,  nin- 
niardus ,  minniardus  ,  mignard.  Voyez  combien  M. 
Ménage  eft  heureux  à  trouver  des  généalogies. 
|3°D  'autres  le  font  venir  fans  tant  de  détours  de  l'Alle- 
■■    mand  minuen  ,   aimer  ,  &  font  venir  de  la  même 

fource  mignard,  mignarder  ,  menin. 
JvlIGNONNE.  f.  f.  Nom  d'une  efpèce  de  pêche.  On 
pourroit  l'appeler  en  Latin  bellula  ,  ou  malum  Perji- 
cum  bellulum.  La  mignonne  eft  coiiftamment  pour 
les  yeux,  la  plus  belle  pêc'.ic  qu'on  puifte  voir;  elle 
eft  très-grolle ,  très  rouge  ,  fatinée  &  ronde  ;  elle 
mûrit  des  premières  de  la  faiion  ,  &"  a  la  chair  fine  c^' 
bien  fondante  &  le  noyau  très-petit  :  véritablement 
fon  goût  n'eft  pas  toujours  des  plus  relevés,  il  a  fou- 
vent  quelque  choie  de  fade.  La  Quint.  T.  I.  p.  4^  i. 
^IiGNONNE,  eft  aulli  le  nom  d'une  efpèce  de  prunes.  La 
mignonne  eft  longuette.  La  Quint,  Les  mignonnes 
font  blanches-jaunâtres.  Id. 
Mignonne,  en  terme  d'Imprimerie,  f.  f .  Eft  une  forte 
de  caraftère  hétéroclite  ,  qui  eft  un  des  plus  petits , 
entre  le  petit  Texte  &  l'a  Nompareille. 

Mignonne,  f.  f.  Nom  d'une  rivière  de  l'État  de 
l'ilglile  en  Italie.  Minio.  Elle  coule  dans  la  province 
ou  patrimoine  de  S.  Pierre  ,  &  fe  décharge  dans  la 
mer  Tyrienne ,  un  peu  au  couchant  de  Civita  Vec- 
chia.    Maty. 

MIGNONNEMENT.  adv.  D'une  manièie  délicate, 
avec  délicatetîé.  Délicate  ,fcuè.  Cela  eft  tait  mignon -_ 


M  I  G 


nement.  Cette  pierre  eli:  tort  mignonnement  enchâllec 
dans  cette  bague. 
MIGNONNETlE.  f.  f.  Efpèce  d'œillet  qui  n'a  qucla 
Heur  difiérente  des  autres  œillets  :  cette  diftércncc 
conlifte  en  ce  que  les  teuilles  de  la  Heur  font  décou- 
pées en  petits  hlets  qui  torment  une  elpèce  de  pelu- 
che. Alignonnette  (impie ,  mignonnetle  double. 
MiGNONNETTE.  Etpèce  de  dentelle  qui  n'eft  qu'un  ré- 
zeau  fin ,  dans  lequel  on  conduit  un  ou  plulicurs  gros 
fils  qui  compofent  des  branchages  &  des  Heurs  ,  & 
font  qu'on  croit  de  loin  que  c'ell  la  plus  belle  &  la 
plus  fine  dentelle. 
MiGNONNETTE.   C  cft  auftî ,  en  termes  d'Imprimerie, 

un  cara,,tère  très-menu.   Ac.  Fr. 
MiGNONNETTE.  Se  dit  auiîî  de  la  plus  belle  efpèce  de 
poivre  blanc  ,  concaHc  en  morceaux  plus  petits  qu'à 
l'ordinaire. 
MIGNOT  ,  OTE.  adj.  m.  &  f.   Celui  ou  celle  qui  fe 
fâche  aifément ,  avec  qui  on  a  peine  à  vivre  ,  qu'on 
n'a  pas  eu  allez  ds  loin  de  corriger  de  bonne  heure. 
Un  enfant  mignot  eft  un  entant  gâté.    Une  femme 
mignote  eft  celle  qui  boude  pour  peu  de  choie,  & 
qui  exige  de  ion  mari  beaucoup  de  complailance.   Il 
y  a  cette  différence  entie  mignard  Se  mignot,  que  le 
premier  doit  s'entendre  en  bien,  au  lieu  que  1  autre 
le  prend  toujours  en  mauvaiie  part.  Autrefois  mignot 
&  mignote  ne  lignihoit   que  joli  ,  jolie,    mignon, 
mignonne,  comme  on  en  peut  juger  par  les  vers  ci- 
tés dans  le  Gloftaire  du  Roman  de  la  Rofe,  Ces  mots 
ne  font  plus  en  ulage. 
MIGNOTER.  V.  a.  Flatter,  traiter  délicatement,  ^d- 
blandiri.    Il  ne  iaut  pas  tant  mignoter  les  enfans,  il 
faut  les  accoutumer  de  bonne    heure  à  la  fatigue. 
Cette  femme  mignote  ce  vieillard  pour  avoir  fa  fuc- 
cedion.  Il  eft  populaire. 
MIGNOTÉ  ,  ÉE.  part.  &  adj. 

MIGNOTIE.  f.  f.  En  Latin  Oculus  Chrifli.  Pour  avoir 
cette  fleur  belle  &  double,  il  ne  faut  pas  manquer  de 
la  replanter  tous  les  ans,  comme  les  œillets,  prenanc 
de  bonne  heure  les  plus  beaux  bouquets  ou  brins  de 
la  plante  ,  les  replantant  ailleurs  en  lieu  frais,  pour 
les  retirer  quand  ils  auront  racine ,  &  en  faire  un 
carreau ,  ou  bien  (ce  qui  eft  plus  allure)  les  marcotter 
comme  les  œillets. 
MiGNOTiE.  Vieux   mot.   Gentillelle  ,   ajuftement.    Ce 
mot  eft  venu  de  mignot  qui  a  été  dit  pour  joli ,  mi- 
gnon ,  agréable. 
MIGNOTliE.  f.  f.  Flatterie,  carelFe  qu'on  fait  à  quel- 
qu'un. BlanditiA.   Un  amant  gagne  la  maîtrelle  par 
mille  petites  mignotifes   ik  flatteries.    Les  vieillards 
aulfi  bien  que  les  entans,  .aiment  fort  les  mignotifes, 
les  careftes.  Ce  mot  eft  vieux. 
0C7°MIGOT.  Terme  employé  en  Languedoc,  pour  dc- 
figner  le  rebut  des  laines ,  une  lame  qui  eft  encore 
au  delfous  du  migeau. 
MIGRAINE.  1.  f.   Mal  aigu  qui  afïlige  la  moitié  de  la 
tcte  ,  qui  le  dit  proprement  quand  on  n'en  lent  la 
douleur  que  d'un  côté,  toit  à  droite  foit  à  gauche. 
Hemicrania.  Quelquefois  elle  ne  monte  pas  plus  haut 
que  les  muh  les  temporaux.  D'autres  fois  elle  monte 
julqu'au  haut  du  crâne.  Ce  mil  eft  prelque  toujours 
accompagné  de  foiblelle  d'eftomac ,  louvent  d'envie 
de  vomit  ,  &  de  puU.uions  très  vives  dans  la  tête. 
La  migraine  eft  caulee  par  une  lérohté  acre  qui  pique 
le  péricrane  ou  les  méninges  du  cerveau.    On  l'ap- 
pelle hemicrana ,  ou  hemicrania ,  comme  qui  diroic 
qui  occupe  la  moitié  du  crâne. 

Ce  mot  vient  du  Grec   |M/>tç«>i«.  On  dit  auifi  en 
Latin   micranea. 

On  dit  figurément  de  toute  chofe  ennuyeufe  & 
choquante ,  qu'elle  donne  la  migraine  ,  pour  dite 
qu'elle  fait  mal  à  la  tête.  Cela  ne  le  dit  que  dans  le 
dilcours  familier  &  comique. 
Migraine,  f.  f.  C'eft  le  nom  du  fruit  du  grenadier, 
qui  s'appelle  plus  communément  Grenade  ;  mais 
quelques  uns  lui  donnent  le  nom  de  Migraine  ,  Se 
ce  nom  approche  plus  de  la  manière  dont  les  Langue- 
dociens appellent  ce  fruit,  car  ils  le  nomment  Mio^ 
grane. 


M  I  J 

MIGRATION,  f.  f.  PalHige  ou  tranfpoit  d'un  lieu  dans 
un  autre  pour  s'y  cr.iblir.  La  ville  de'Marfcillc  doit 
(oi)  origine  aux  l'Iioccens  ,  qui  fortiventcn  dirtcrcns 
tatis  de  leur  pays ,  &  rirent  des  ct.ibliiremens  en  di- 
verics  contrées  ;  mais  auxquelles  de  ces  migrations 
faut-il  rapporter  la  fondation  de  cette  ville?  Mém. 
de  Trév.      * 

§3"  On  doit  oWerver  que  ce  mot  ne  fe  dit  jamais  qu'en 
parlant  d'un  nombre  conlidérablc  de  pcrfonncs. 

MIGUEL.  ['.  m.  Nom  d'homme.  Micha'il.  C'cfl;  la 
même  cliolc  que  Miclicl.  Miguel  eft  le  nom  Ef- 
pagnol ,  qui  (e  dit  de  ceux  de  cette  nation ,  &:  des 
Portugais  dont  S.  Michel  ed:  le  patron.  Dom  Miguel 
Cervantes  ell  l'Auteur  du  Roman  de  Dom  Gui- 
chote. 

San-Miguel.  Nom  d'une  petite  ville  de  l'Audience  de 
Mexique,  en  Amérique.  Fanuni  S.  Michaélis  Elle 
ell  dans  la  province  de  Machoacan ,  &  au  nord  de  la 
ville  de  ce  nom.    Maty. 

San-Miguel.  Nom  d'un  bourg  de  l'Audience  de  Guati- 
mala,  en  Amérique.  Fanum.  S.  Michaclis ,  Michaè- 
lopolis.  Il  ell  lur  la  côte  de  la  province  de  Guatima- 
la_,  entre  les  villes  de  S.  Jago  &:  Léon. 

San  Miguel.  Nom  d'un  bourg  de  l'Amérique  méridio- 
nale. Fanum  S.  Muhaëlis.  Il  efl:  dans  le  nouveau 
Royaume  de  Grenade,  environ  à  quinze  lieues  de 
Santa  Fé  de  Bogota,  vers  le  nord.  Maty. 

San  Miguel  del  Eftéro,  ou  de  Técuman.  Nom  d'une 
petite  ville  de  l'Améiique  méridionale.  Fanum  S. 
Michaëlis  de  Storea  ou  de  Matca.  Elle  eft  dans  le  Té- 
cuman ,  fur  la  rivière  d'Eftéro ,  environ  à  trente-une 
lieues  de  S.  Jago  del  Elléro. 

San-Miguel  de  Piura.  Nom  d'une  petite  ville  du  Pé- 
rou. Fanum  S.  Michaëlis.  Elle  eft  dans  la  province  de 
Quito,  vers  les  confins  du  Pérou  propre.  Se  à  douze 
lieues  de  la  mer  Pacifique. 

Balles  de  San  Micufi.  Synis  S.  Michaëlis.  Ce  font 
dcj  écurils  que  l'on  trouve  dans  l'Océan  Ethiopien , 
entre  l'île  de  Madagalcar  Se  les  Maldives.  Maty. 

Golfe  de  SanMiguel.  Sinus  S.  Michaëlis.  Ce  golfe  eft 
une  petite  branche  delà  mer  Pacifique.  Il  s'avance  du 
couchant  au  levant  dans  les  côtes  de  la  Terre  ferme 
propre ,  au  midi  de  la  ville  Se  du  golfe  de  Panama. 
Maty. 

L'île  de  San-Miguel.  Nom  d'une  petite  ile  de  l'Océan 
oriental.  Infula  S.  Michaëlis.  Elle  eft  environ  à  vingt 
lieues  de  celle  de  Paragoja ,  vers  le  midi ,  ce  un  peu 
moins  de  celle  de  Bornéo,  vers  le  levant.  Maty. 

San-Miguel.  C'eft  une  des  Açores.  Voye-:^  Saint  Mi- 
chel. 

San  Miguel.  Nom  d'une  rivière.  Fluvius  S.  Michaëlis. 
C'eft  une  petite  rivière  du  Brefil  ;  elle  coule  dans  la 
Capitanie  duP  ernambuco  ,  &  fe  décharge  dans  la 
mer  du  Nord.    Maty. 

M  I  H, 

MIHIR,  ouMIHR.  f.  m.  Terme  de  Calendrier  &  de 
Relation.  Nom  du  mois  de  l'équinoxe  d'Automne j 
chezi  les  Perfes,  qui  répond  à  notre  mois  de  Septem- 
bre.  Mihicus  ^  September  Perfarum. 

MIHIR GIAN.  f.  m.  C'eft  ainfi  que  les  Perfans  appel- 
lent l'équinoxe  automnal  ,  dont  ils  font  un  jour  de 
Fête  ,  aulli  bien  que  de  l'équinoxe  du  printems ,  qu'ils 
nomment  Nevroux  ,  &  auquel  ils  ont  fixé  le  com- 
mencement de  leur  année. 

MIHR-MAH.  f  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du 
feptième  mois  des  Perfans  :  il  répond  à-peu^près  à 
notre  mois  de  Mars. 

M  I  J. 

fCT-MIJAH.  FoyeiUiA. 

MIJAURÉE,  f  f.  Terme  populaire  &  injurieux,  DCTqui 
fe  dit  d'une  femme  dont  les  manières  font  affeélées  & 
ridicules.  Ce  n'eft  qu'une  mijaurée.  'Voilà  une  plai- 
fante  mijaurée. 

MIJAZIA  f.  m.  Terme  de  Calendrier.  Nom  du  huitiè- 
me mois  des  Ethiopiens ,  qui  répond  à-peu  près  à  no- 
Tome  K. 


M  I  L 


99T 


tre  mois  d'Avril.  On  l'appelle  aulii  mia\ia  Se  ma^ia. 

MUR  AAB.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Officier  de  la 
Cour  du  Sopiii  de  Perle.  Le  Mar-aab  eft  le  Grand- 
Maître  des  taux. 

MIIR  ACH(3UU  BASCHI.  f.  m.  Terme  de  Relation. 
Grand  Ofticicr  de  la  Cour  du  Roi  de  Perfc.  Le  MUr- 
achour  bafchi  eft  le  Grand  Ecuyer  du  Roi  de  l^crlc. 

MHHI-SCHIKAAK  BASC;in.  f.  m.  Terme  de  Rela- 
tion. Nom  d'office  à  la  Cour  du  Soplii.  Le  Aîiiri' 
Schikaar-BaJ'chi ,  eft  Ion  Grand  'Veneur. 

M  I  K. 

MIKEL,    yoyei  Michel. 

M  î  L. 

MIL.   Nom  de  nombre,    yoye^  Mille. 

MIL.  (mouillez  11)  ou  MILLET,  f.  m.  Plante  qui 
poulfe  des  tiges  à  la  hauteur  d'une  coudée  Se  demie, 

t  allez  grolles,  noueufes.  Milium.  Ses  feuilles  (ont 
iemblables  à  celles  du  roleau  ,  large  de  plus  d'un 
pouce ,  velues.  Ses  fleurs  nailfent  en  bottes  ou  en 
bouquets  aux  lommités  des  tiges  :  elles  font  compofées 
chacune  de  plulîeurs  étamincs  qui  iortent  du  milieu 
du  calice,  le  plus  fouvent  à  deux  feuilles.  Il  leur  (uc- 
cède  des  graines  preique  rondes  ou  ovales ,  dures , 
luilantes ,  de  couleur  jaune  ou  blanche.  En  Latin 
milium  femine  luteo  vel  albo.  C.  Bauh.  Pin  zô .  La 
graine  de  millet  eft  employée  en  quelques  endroits  à 
taire  du  pain  ,  qui  eft  lec,  friable  c^'  de  petite  nourri- 
ture ,  mais  qui  étant  chaud,  a  allez  bon  goût  On 
nourrit  des  oifeaux  de  cette  graine  ^  &  les  ortolans  en 
font  fort  hiands.  On  le  fert  en  Médecine  de  la  larine 
delà  femence  de  millet,  pour  faire  des  cataplalmes 
anodins  Se  rétolutifs. 

Cette  graine  eft  ,  dit-on,  appelée  milium:,  parce 
qu'elle  porte  fes  graines  en  grand  nombre  Se  comme 
par  milliers. 

On  dit  populairement  d'un  gourmand  à  qui  on  pré- 
fente peu  de  chofe  à  manger,  que  c'eft.  un  grain  de  mil 
dans  la  gueule  d'un  ânei-Sc  pour  marquer  qu  un  homme 
a  extrêmement  peur ^  on  dit  de  même  qu'on  lui  bou- 
cheroit  le  derrière  avec  un  grain  de  millet.   Ac.  Fr. 

MILA.  Ville  d'Afrique,  au  Royaume  de  Tunis,  dans 
la  province  Conftantinc. 

MILAN,  f.  m.  Oifeau  qui  vit  de  proie.  On  l'appelle 
aulîl  Ecoufle  Se  Huan.  Milvus.  Il  eft  de  divers  gran- 
deurs Se  plumages.  Milan  zow^,  milan  xoy A,  milan 
noirâtre,  blanchâtre,  milan  de  marais,  &c.  Il  eft 
l'ennemi  du  duc  Se  du  (acre. 

1^  Milan.  Poilfon  de  mer  qui  n'a  point  d'écaillés  Se 
dont  tout  le  corps  eft  couvert  d'une  peau  rude.  Il 
s'élève  un  peu  au  deflus  de  l'eau  ,  par  le  moyen  de  fes 
nageoires  qui  lui  fervent  d'ailes.  Pendant  la  nuit  il 
eft  lumineux.  Sa  chair  eft  dure  &  fèche.  Milvus pif-^ 
cis. 

Milan.  Ville  d'Italie,  capitale  du  Duché  de  Milan, 
Se  lituée  dans  une  belle  plaine  ,  à  fix  lieues  de  Pavie  , 
entre  la  rivière  du  Telîîn  Se  celle  d'Adda,  avec  lef- 
quelles  elle  a  communication  par  le  moyen  de  deux 
grands  canaux.  Mediolanum.  Milan  eft  une  ville 
très -ancienne  -,  on  prétend  qu'elle  a  été  fondée  par  les 
Gaulois ,  l'an  170  de  Rome,  Se  elle  a  été  entuite  la 
principale  de  l'Empire  Romain  après  Rome.  Elle  eft 
encore  aujourd'hui  très  confidérable.  On  la  nomme 
avec  raifon  i'Vf/Za/z  la' Grande,  car  elle  a  dix  milles  de 
circuit,  vingt-deux  portes,  quatre-vingt  feize  Paroif- 
fes ,  deux  cens  trente  Églifes ,  quarante  Couvens  de 
Religieux  &  cinquante  de  Religieufcs  ;  dix  Hôpitaux 
qui  entretiennent  jufqu'à  neuf  mille  pauvres  Se  cent 
confréries  ,  qui  renferment  un  très-grand  nombre 
d'ouvriers.  Milan  a  17  d.  19  m.  de  longitude ^  Se  36 
d.  io  m.  de  latitude.  Acad.  des  Se. 
Milan.  Sorte  de  fromage  qui  a  des  yeux  ,  qui  a  la 
croûte  rouge  Se  qui  vient  de  Milan.  Cafeus  Mediola- 
ncnfis.  Ainfi  on  dit  du  mdan  ou  du  fromage  de  Mi- 
lan. 
Milan  d'été,  f.  m.  Sorte  de  poire  précoce  qui  vient  au 

Kkkkkk  ij 


Ç96  MIL 

-mois  de  JuiUcc,  qu'on  nomme  autrement  Hativeau 
bLinc  &  bcui-rc  dctc.  Voye^  La  Quintinie. 
MILANEZ,  ou  MILANOIS.  Duché  de  Mibn-  Mc- 
dwlmcnfis  Ducatus.  C'elt  un  des  Etus  de  la  Lom- 
bai-die ,  en  Iulic.  Il  cft  borné  au  couchant  par  le  1  le- 
mont  &  par  le  Montfertati  au  midi,  par  1  ttat  de 
Gènes;  au  levant ,  par  ceux  de  Parme,  de  Mantoue 
c^-  de  Vemfe;  &  au  nord,  par  le  Valais  les  Bailliages 
des  SuilTes  &  le  pays  des  Grifons.  On  donne  au  Du- 
ché de  Milan  quarante-huit  lieues  du  nord  au  lud, 
&  trente-cinq  en  û  plus  grande  largeur  du  couchant 

au  levant.  ,    ^      .     .      ,    -..t         m. 

Le  MiLANEZ  PROPRE,  OU  le  Territoire  de  Milan.  Me- 
dwlancnfe  Terruonum.  C'eft  une  des  plus  grandes 
&  meilleures  provinces  du  Duché  de  Milan  Elle 
s'étend  depuis  le  Pavéfan  qu'elle  a  au  midi ,  julquau 
territoire  de  Côme  ,  &  aux  Bailliages  des  SuiUes. 

MILANOIS,  OISE.  f.  m.  &  f.  Qui  ell:  de  Milan,  ou  du 
Milanois.  Mediolanenfis. 

MiLANOisE.  f.  f.  Terme  de  Fleurifte.  Nom  d  une  ane-, 
mone  qui  eft  une  perfiquine  qui  fait  de  groiles  Heurs. 

MoRiN.  -,  ,  ,  r      '        ^ 

MILAUS.  Nom  d'un  bourg  de  la  Bohême,  "tue  près 
du  Muldaw,  à  quatre  lieues  de  la  ville  de  Thabor , 
vers  le  couchant.  Meliodunum.  Maty. 
MILAZZO,  ou  MÉLAZZO.  Nom  d'une  ancienne 
ville  de  la  vallée  de  Démona,  en  Sicile.  MyU.  Elle 
eft  furie  cap  de  MUano  &  fur  un  petit  goUe,  qui 
porte  le  même  nom  ,  environ  à  huit  lieues  de  Mel- 
line ,  du  côté  du  couchant.  Milctuo  ell  partagée  en 
deux',  une  partie,  lîtuce  fur  la  montagne,  eft  forti- 
fiée-, &  l'autre,  qui  eft  le  long  du  golfe  .  a  un  bon 
port ,  dont  l'entrée  eft  défendue  par  un  château. 
Maty. 

MILDEN,  ou  MOULDEN.  Nom  de  lieu.  Minnodu- 
num ,  Mmnidunum.  Le  Géographe  Athicus  le  place 
dans  le  chemin  de  Milan  à  Mayence,  par  les  Alpes 
Pennines.  "Valois,  Not.  G  ail.  p.  339- 

MILERINE.  f.  f.  On  appelle  ainfi  dans  quelques  pays 
une  terre  où  l'on  feme  du  mil.  Agtr  mïlïo  confitus. 

MILÉSIEN ,  ENNE.  f  m.  &  f.  Nom  d'un  ancien 
peuple  Grec  de  l'Afie  Mineure  ,  habitant  de  Mikte. 

MILET."  i  m.  Roi  de  Carie  ,  étoit  fils  d'Apollon  & 

d'une  fille  de  Minos.    Il  fit  bâtir  dans  la  Cane  une 

ville  à  laquelle  il  donna  fonnom,  &  qui  devint  la 

cauitale  du  Royaume.  ,    •     j 

MilÈt.  f.  m.  Nom  dune  efpèce  de  poire.  La  chair  du 

^      milet  eft  pleine  de  marc  &  de  pierre.   La  Quint. 

T.  I.  p.  2 s 4-  ...       ,  rj'    u    j 

Milet.  Nom  d'une  ancienne  ville  très  conhderable  de 

l'Ionie,  dans  l'Afie  Mineure.  Miktus. 
MILÉTO.  Nom  d'une  ancienne  ville  des  Brutiens  en 
Italie.  MiUcus ,  MiUta.  Elle  eft  maintenant  dans  la 
Calabrc  ultérieure ,  à  deux  lieues  de  l'embouchure  du 
Métramno  &  de  la  ville  de  Nicotéra  :  elle  a  un 
Évéché,  fondé  l'an  1075  ,  &  fuftiagant  de  Rhege. 
Maty. 
MILÉVE.  Foyei  Mêla. 

MILFORD  HAVEN.  C'eft-à  dire ,  le  Havre  de  Mil- 
FORD.    Milfordienfis  Jinus.  C'eft  une  baie  de^la  mer 
d'Irlande  ;  elle  entre  fort  avant  dans   les  côtes  du 
Comté  de  Pembrock. 
MILGUIE.  f.  f.   Nom  de  femme.  Milvida. 
MILHAN.    f.  m.    Nom  d'homme.  jEmUtanus.  Pro- 
.      nonccz  Milhan  à  la  manière  Portugaife  ,  c'eft-à-  dire  , 
en  mouillant  l'A,  comme  nous  faifons  en  François  la 
double  //  dans  millet ,  maillet ,  &c.  Émilien,  que  les 
Efpagnols ,  &  nous  à  leur  exemple  ,  appelions   S. 
Milhan,  cft  un  des  principaux  maîtres  que  l'Efpagnc 
ait  eus  pour  la  vie  folitaire.  Baillet  ,  au  i  J  de  New. 
MILHAUD  ,  MILLAUD  ,  ou  MILHAU.  Nom  dune 
ville  de  France.  AmUhanum ,  MilUaldum ,  Amdia- 
num  ,    J^milianum.  Elle  eft  fur  le  Tarn  ,  dans   le 
Roaergue,  aux  confins  du  bas  Languedoc,  &  à  huit 
lieues  de  Rhodes,  vers  le  levant.  Long.  20.  d.  ;o'. 
lac.  44.  d.  10'. 
MiLIA.  Milyas.    C'ctoit  anciennement  une  ville  de 
Pamphilie,  en  l'Afie  Mineure  :  elle  eft  prefque  en- 


M  I  L 


tlèrement  ruinée.  On  la  met  dans  la  Caramanie,  en 
Natolie,  environ  à  quinze  lieues  de  Satalie,  vers  le 
nord.   Maty. 
MILIAIRE.  adj.  Terme  d'Anatomie  ,    qui  fe  dit  des 
petites  glandes  de  la  peau.  Miliaris  glandula.  11  y  a 
une  infinité  de  glandes  minaires  ;  kur  ulage  eft  de 
filtrer  la  matière  de  la  fueur  &  de  la  tranipiration. 
V.  ces  mots.  §CF  Ces  glandes  font  lourniesdune  ar- 
tère ,  d'une  veine  &  d'un  nerf,  &c  d'un  conduit  excré- 
toire' par  où  s'échappe  la  liqueur  qui  a  été  féparée  du 
fang  dans  le  corps  de  la  glande.   C'eft  cette  matière 
liquide  qui  fou  enfuite  par  les  pores  de  1  épiderme.    ^ 
MiLiAlRE  eft  encore  le  nom  d'une  he\'re  que  les  Mé- 
decins ont  ainfi  appelée  ,  parce  que  les  puftules  qui 
poullént  dans  cette  maladie ,  relfemblent  en  quelque 
forte  à  des  grains  de  millet ,  dont  le  nom  Latin  eft 
Milium.  Purpura,  vari  peplentis  febris.   C'eft  une 
efpèce  de  fièvre  pourprée ,  &  qui  n'en  diftere  qu'en 
ce  eue  les  ébullhions  de  ccUe-ci  ,  fonr  plus  groftes 
&  moins  nombrcufes.  ^^On  dit  raremeiit  la  mi- 
liaire,   fubftantif;  on  dit  plutôt  fièvre  rriiliaire.     Il 
y  a  des  fièvres  miiiaires  qui  lont  contagieutes.  On  les 
appelle  fimples,  quand  il  ne  paroît  (ur  le  corps  que 
des  puftules  miiiaires  ;  &  compokes  ,    lorlquc    ces 
boutons  blancs  font  entremêks  de  puftules  papillaires 

rouges.  ,        ,.     ,  „    ~ 

MiLiAiRE.    f.    m.    Milianium.     Grand    vale   long    & 
étroit  ,    dont  les  Romains  fc  fervoient   pour   laire 
chauffer  de  l'eau. 
MILIANE.   Grande  ville  d'Afrique ,  dans  la  province 

de  Tenes ,  au  Royaume  de  Tremeccn. 
MILICE  f  f.  Terme  -colledif ,  qui  fe  dit  des  gens  dé 
guerre ,  de  ceux  qui  font  profelîîon  des  armes.  Exer- 
citus ,  copi.t.  La  milice  des  Romains  &  des  Grecs 
étoit  brave,  courageufe  &c  bien  difciplinée.  Les  mili- 
ces des  Afiatiques  ont  été  toujours  lort  peu  eftimees. 

Ce  mot  &  les  dérivés  viennent  de  militia  ;  ik  mili- 
fij  vient  de  Ml/es,  foldat;  ëc  miles  vient  de  mille, 
qui  s'écrivoit  autrefois  mile.  Dans  les  levées  qui  (c 
taifoient  à  Rome  ,  comme  chaque  tribu  fournilloïc 
mille  hommes,  quiconque  étoit  de  ce  nombre  s'ap- 
pcloit  Mlles. 
Milice  ,  fe  dit  plus  particulièrement  des  habitans  d'un 
pays  qui  s'arment  foudainement  pour  le  défendre-,  & 
en  ce  fens  les  milices  lont  oppofées  aux  troupes  ré- 
glées. Confcripta  ex  indigents  copis.  Les  ennemis 
ont  tenté  une  defcente  fur  nos  côtes;  mais  ils  ont  été 
repoulfés  par  les  milices  du  pays.  Toute  la  milice 
bourgeoife  s'eft  mife  en  armes  pour  aller  au-devant 
du  Roi.  , 

ip"  Milice.  Terme  moderne  de  guerre.  On  a  donne  ce 
nom  aux  foldats  que  fournllfent  les  différentes  com- 
munautés, ou  qui  font  levés  en  conféqueiace  des  or- 
dres du  Roi ,  dans  les  différentes  Généralités.  La  pre- 
mière levée  des  milices  ,  telle  qu'elle  fe  fait  aujour- 
d'hui ,  fe  fit  par  ordonnance  du  io  Novembre  ié88  i 
elle  fut  de  25050  hommes,  partagés  en  50  Régimens 
qui  furent  congédiés  à  la  paix  de  Rihvick.  On  leva 
encore  des  milices  fous  le  même  règne ,  pendant  la 
guerre  qu'occafionna  la  luccellton  d'Elpagne  ;  mais 
on  ne  les  enrégimenta  point,  elles  ne  fervirent  qu'à 
recruter  les  régimens  des  troupes  réglées. 
Ip-Les  milices  commencèrent  à    avoir  heu    fous   le 
règne  de  Louis  XV ,  après  la  mort  de  M.  le  Régent, 
fous  le  miniftère  de  M.  le  Duc  de  Bourbon,  &  des- 
lorsil  fut  projette  &  décidé  d'en  faire  un  corps  tou- 
jours fubfiftant-,  de  forte  que,  par  ordonnance  du  25 
Février  1726  ,  il  fut  levé  93  bataillons  de  milice  :  par 
cclkdu  12  Novembre  175  5  .  on  augmenta  de  30  le 
nombre  des  bataillons  ,  c\-  ils  furent  tous  mis  a   li 
compagnies  de  57  hommes.  Officiers  non  compris. 
Ç3"Cet  arrangement  ne  dura  pas,  &  il  v  a  eu  des  chan- 

eemens  confidérables ,  relativement  à  la  mdice.^ 
ïfJ-  L'engagement  des  foldats  de  milice  eft  pour  lix  ans , 
après  kfquels  ils  doivent  être  renvoyés,  &  ils  lont 
remplacés  par  d'autres  que  les  Paroiffes  fournillent. 
L'intention  de  S.  M.  eft  que  tous  les  garçons  d  une 
ParoilTe  ,  en  âge  de  porter  ks  armes,  tirent  aulort. 


M  I  L 


M  I  L 


Se  au  défaut  de  gaii,-ons,  les  hommes  nouvellement 
niaiics. 
CG'Ct:  mot  fe  dit  au  hnguiiei-  3c  au  pluriel.  La  mUke 
aura  lieu  cette  année.  Il  n'y  aura  qu'un  lemplacc- 
ment  de  milices, 
03"  Milice  Garde  Cote.  /"Iiy^y  Garde-Cote. 
Milice,  le  dit  quelquefois  de  l'art  militaire,  de  la  difei- 
plinc  des  troupes.  Iles  mUicans.  L'ordre  de  la  milice 
Uoniaine  étoit  merveilleux.  Ce  Capitaine  entend 
bien  la  milice  ,  l'art  de  conduire  des  troupes.  Llian 
Se  Végécc  nous  ont  donné  des  idées  de  la  milice  des 
Anciens.  Julie  Liple  &c  Saumaife  ont  Fait  des  Traités 
de  la  milice  des  Romains,  f^'oye'^  Loileau  fur  les  di- 
vers genres  de  milice  parmi  les  Komains.  Le  IV"-' 
Tome  du  Tréfor  des  Antiquités  Françoifes  &c  Saxo- 
nes ,  traite  de  l'ancienne  milice  Françoife  &c  Saxone. 
On  ne  le  dit  guère  qu'en  parlant  de  l'ancien  tcms. 

On    du  hgutément    &    en    termes   de  1  Écriture 
Sainte,  que  la  vie  de  l'hcHnnic  ell  une  wi/ice  conti- 
nuelle. Ac.  Fr.  ôc  l'on  appelle  Églife  miiuance ,  l'af- 
femblée  des  Fidelles  qui  ell  lur  la  terre. 
Milice  Chrétienne  de  Sainte  Marie  de  la  Conception. 

Nom  d'un  Ordre  Militaire,  l^oye^  Conception. 
Milice  de  Jesus-Christ.    C'ell  un  des   noms  qu'on 
donne  au  Tiers-Ordre  de  S.  Dominique  ,  ou  des  Frè- 
res Prêcheurs.  On  l'a  aullî  nommé  dans  la  fuite  l'Or- 
dre de  la  Pénitence  de  S.  Dominique  :  S.  Dominique 
l'établit  ious  le  nom  de  Milice  de  J.  C.  pour  combat- 
tre les  ennemis  de  la  loi.  V^oye:^  Dominicain. 
MILICHIEN.  adj.  m.  Terme  de  Mythologie.    Mili- 
chius.   Surnom  que  l'antiquité  donnoit  en  quelques 
endroits  à  Jupiter  &  à  Bacchus,  &  peut-être  encore 
à  d'autrei  dieux.    L'origine  de  ce  nom  eft  inconnue. 
«B3"  MILICIEN,  f.  m.  C'efl:  ainiî  qu'on  appelle  les  Sol- 
dats de  milice.    Voye\  Milice. 
MILIEU,  i.  m.  Ce  qui  ell  également  diftant  des  extré- 
mités.   Médium  ,    centrum.    Le  centre  ell  le  milieu 
d'un  cercle.  La  Terre-Sainte  eft  au  milieu  de  la  terre  , 
ce  qui  te  dit  populairement ,  car  le  milieu  de  la  terre 
€ll  par-tour ,  puifque  la  terre  cil  de  figure  fenfible- 
ment    fphérique.     Les    Anciens    qui    connoilîoicnt 
beaucoup  plus  de  terres  d'occident  en  orient ,  que  du 
midi  au  leptentrion,  donnoient  à  la  terre  une  figure 
beaucoup  plus  longue  que  large  ;  c'eft  en  fuivant  ce 
Sentiment ,  que  les  Rabins  ont  dit  que  la  Terre-Sainte 
étoit  au  milieu  de  la  terre. 

Ce  mot  vient  de  médius  locus. 
On  appelle  en  Aftronomie  le  milieu  du  ciel,  le 
point  de  l'écliptique  qui  fe  rencontre  dans  le  méri- 
dien. On  appelle  aullî  cœur  du  ciel ,  la  Maifon  Royale 
qui  eft  la  dixième. 
^CF  On  dit  dans  le  même  feus  le  point  milieu,  pour  dire 

le  point  du  milieu.    Alors  ce  mot  eft  adjeClih 
§Cr  Ce  terme  eft  fouvent  employé  dans  une  lignification 
moins  exaéle,  &  fe  dit  de  tout  endroit  éloigné  de  la 
circonférence  des  extrémités.    Ainli  l'on  dit  qu'un 
Soldat  s'eft  jette  au  milieu  des  ennemis.  Medios  in 
hojles  j  inter  kofles.  J'ai  perdu  mon  compagnon  au 
milieu  de  la  foule.   Il  s'eft  levé  du  milieu  de  l'alïem- 
blée,  pour  faire  une  remontrance.    Ce  Prince  a  été 
alÏLïftiné  au  milieu  de  fa  Cour.  Cette  ville  eft  au  mi- 
lieu des  terres,  éloignée  de  la  mer  &  des  rivières. 
L'aigle  s'élève  au  milieu  des  airs. 
^fitOn  dit  qu'une  langue  de  terre  s'avance  au  milieu  de 
la  mer  ,  qu'un  bras  de  mer  s'avance  au  milieu  des  ter- 
res ,  c'eft  à  dire,  entre  bien  avant.  On  le  dit  encore 
d'une  moitié  indéfinie  de  quelque  cho(e.  En  parlant 
des  chofes  qui  regardent  le  tems ,  on  dit  au  milieu  de 
la  vie,  au  milieu  de  Tété  ,  de  l'hiver,  c'eft-à-dirCj 
dans  un  tems  à  peu  près  éloigne  du  commencement 
&C  de  la  fin.  Media  âjiate ,  hyeme. 
IJCT  C'eft  la  même  chofe  quand  on  parle  des  ouvrages 
qu'on  prononce  ou  qu'on  écrit.  Ainfi ,  l'on  dit  qu'un 
Prédicateur  eft  demeuré  court  au  milieu  de  fon  fer- 
mon.  J'en  fuis  au  milieu  du  livre. 
|}3°En  parlant  des  chofes  morales,  il  s'emploie  avec 
l'article  au,  &c  fignifie  la  même  chofe  que  dans  , par- 
mi. Il  arrive  des  difgraces  au  milieu  des  plus  grandes 
profpérités.  Au  milieu  des  plaifirs ,  au  milieu  des  plus 


997 

grandes  affaires  j   il  trouve    des   momens  à  donner 
à  fes  amis.  Inter. 

On  dit  familièrement,  Au  beau  milieu,  pour  dire , 
tout  au  milieu. 

Au  Milieu  de  tout  cela.  Fa^on  de  parler  adverfa- 
tivcj  pour  dire  ,  Parmi  tout  cela,  avec  tout  cela, 
nonobllaiit  tout  cela.  Au  mdieu  de  tout  cela  ,  je  vou- 
drois  le  pouvoir  itrvir.    Il  eft  du  ilylc  familier. 

En  termes  de  Phyliquc ,  on  appelle  milieux ,  les 
corps  diaphanes,  à  travers  Iclquels  palleiu  les  raytiis 
de  la  lumière.  Ac.  Fr.  gC?  ou  pour  parler  plus  exac- 
tement, les  milieux  font  les  Huides  dans  kli-|uels  fe 
trouvent  les  corps.  L'air  eft  le  milieu  dans  lequel  fe 
meuvent  les  hommes  ik  les  animaux  :  l'eau  eft  le 
milieu  dans  lequel  vivent  les  poilîons.  Plus  un  milieu 
eft  denlc  ,  plus  la  rélillance  qu  il  oppofe  aux  corpsT* 
lolidcs  qui  le  travcrient,  eft  confidérable,  parce  qu'il 
y  a  plus  de  matière  à  déplacer  dans  un  tenii  donné. 
C'eft  cette  denhté  du  milieu  qu'on  appelle  réliftance 
du  milieu.  Aledium. 
U^En  morale,  milieu  fignifie  le  point  qui  eft  égale- 
ment éloigné  dss  deux  extrémités  vicieuies.  La  verta 
fe  trouve  toujours  dans  le  milieu. 


Virtus  tji  médium  vitiorum ,  &  utrinque  reduclum.  HoR. 

Les  gens  fages  tiennent  le  milieu  en  toutes  chofes. 
Il  y  a  une  eipècc  d'amitié  tendre  qui  tient  le  milieu 
entre  l'amour  ëc  l'amitié.  M.  Scud.  Les  coquettes 
tiennent  le  milieu  entre  les  femmes  vertueules  &  les 
vicieuies.  Id.  Entre  les  vices  opolés,  il  y  aie  milieu 
de  la  vertu,  comme  la  piété  entre  l'impiété  &  la  fu- 
perftition.  Quelquefois  ce  milieu  ell  double  ,  comme 
entre  la  timidité  qui  craint  tout ,  &c  la  témérité  qui  ne 
craint  rien;  il  y  a  la  générolité  qui  ne  s  étonne  point 
des  périls  J  &  une  précaution  railonnabie  qui  tait  évi- 
ter ceux  auxquels  il  n'eft  pas  à  propos  de  s  expoler. 
LoG.  Le  grand  art  de  plaire  condfte  à  trouver  le  jufte 
milieu  entre  trop  &  rrop  peu.  Bell.  Le  lagc  tient  un 
iu&e  milieu;  les  ambitieux  le  mépritent  &  le  portent 
aux  extrémités.  S.  EvR.  Le  jufte  milieu  entre  deux 
extrémités  fe  melure  par  raport  aux  perfonnes  ;  ce 
qui  (eroit  excelïïf  pour  l'un ,  ne  l'cft  pas  pour  l'autre. 
Dacier. 

Ne   hafardei  jamais  votre  eflime  trop  tôt,   . 
Et  foyei^pour  cela  dans  le  milieu  qu'il  faut. 

Mol. 

Milieu,  fe  dit  ^CT aullî  figurément  des  tempéramens 
que  l'on  prend  pour  accommoder  les  aftaires,  .accor- 
der les  différends  ,  concilier  les  elprits.  Chercher , 
trouver  quelque /Tzi/ie:/ pour  réulhr  dans  une  négocia- 
tion. Eftayez  de  trouver  quelque  milieu  pour  les  con- 
tenter tous  deux ,  pour  les  porter  à  tranlîger. 
§3^  C'eft  dans  ce  Lens  qu'on  dit ,  il  n'y  a  point  de  mi- 
lieu à  cekj  c'eft- à-dire,  il  n'y  a  point  d'autre  parti  à 
prendre  que  celui  qu'on  vous  propofe. 
MILION.  f.  m.  Vieux  mot,  qui  s'eft  dit  pour  Milan, 

Oifeau  de  proie.   Milvus. 
MILIORATl.  f.  m.  Sorte  de  foie  qui  fe  tire  d  Italie.  Il 
y  a  des  miliorati  de  Bologne  &  des  miliorati  de  Mi- 
lan.   Les  Négocians  d'Amfterdam  en  font  un  affez 
grand  commerce. 
MILITAIRE,  adj.  m.  &  f.  Qui  concerne  les  chofes  de  la 
%ntïïs.  Militaris  cajlrenjis.  L'an  militaire  e(ï  lafcience 
de  la  guerre.  De  tous  tcms  les  hommes  font  convenus 
de  fe  dépouiller  &  de  s'égorger  les  uns  les  autres,  & 
pour  le  faire  plus  ingénieufemenr,  &c  avec  plus  de 
fureté ,  ils  ont  inventé  des  règles  qu'on  appelle  l'arc 
militaire.  La  Br.  On  a  attaché  de  la  gloire  à  la  pra- 
tique des  loix  militaires.  Si  de  iiècle  en  iièclc  on  a 
enchéri  fur  la  manière  de  fe  détruire  réciproquement. 
Id.  m.  de  Turenne  s'étoit  fait  une  efpèce  de  morale 
militaire.  Fl.  Les  exercices,  ou  les  évolutions  mili- 
taires ,  font  les  différentes  manières  de  ranger ,  de  dif- 
pofer  Se  de  faire  agir  les  foldats.  L'Architedlure  mili- 
taire, c'eft  l'art  de  fortifier  les  places.  |J3'La  juftice 


99^  MIL 

militaire  c^  celle  qui  s'eseice  parmi  les  troupes  ,  Tui- 
vaiu  l'ul'ige  &  les  ordonnances  de  la  guerre. 
■gO' Exécution  miluatre,  c'clt  le  dégât ,  le  ravage  qu'on 
1-aic  en  pays  ennemi,  pour  conttanidre  les  habitans  à 
faire  ce  qu'on  demande  d'eux.  On  demande  des  con- 
tributions fous  peine  d'exécution  militaire, 
ffj"  Au  Hguré,  c'ett  une  exécution  faite  brulquement  &i 

fans  obfervcr  les  formalités  requifes. 
fCrUn  tellament  m///Mirc  ,  chez  les  Romains,  ctoit  ce- 
lui qu'un  foldat  faifoit  à  larméc  ,  &  dans  lequel  il 
ctoit  difpenfé  d'ohfciver  les  formalités  ordinaires.    Il 
fuftifoit  que  h  volonté  du  mourant  fût  certaine  &• 
conilante.  S'il  n'étoit  point  écrit ,  il  falloir  qu'il  h'it 
tait  en  prélénce  de  deux  témoins  feulement;  mais  il 
ctoit  valable  loifqu'il  étoit  écrit ,  quoiqu'il  n'y   eût 
aucuns  témoins.    C'étoient  des  privilèges  particuliers 
accordés  aux  gens  de  guerre ,  mais  qui  n'avoicnt  lieu 
que  lorfqu'ilsétoient  en  campagne;  car  d'.ailleurs  ils 
étoient  fujets  au  droit  commun.  Les  Romains  appe 
loient  colonne  militaire  ,  une  colonne  fur  laquelle 
étoit  gravé  le  dénombrement  des  troupes  d'une  arntée 
Romaine  par  Légion  ,  félon  leur  rang  ,  pour  confer- 
ver  la  mémoire  du  nombre  des  foldats  qu'on  avoit 
employés  à  quelque  expédition.  Un  Ordre  militaire. 
Voyez  Ordre.  'Théologie  militaire  ,  Jurifprudence 
militaire.    Voyez   Théologie   &    Jurisprudence. 
Naudé  a  fait  un  ouvrage  intitulé,  Syntagma  de  Jiudio 
militari. 
IJO'Monnoie  militaire.  Voyez  Obsidionale. 
§3° Ce  moK.  militaire  ti\  technique,  c'ell-à  dire,  terme 
d'art.  Le  p.\s  militaire ,  la  dilcipline /7zi/;ri2ir«j  l'ordre 
militaire  de  S.  Louis,  &c.  L'on  diroit  mal  en  Poëfie, 
ardeur  militaire  ,  comme  a  fait  Corneille  dans  Rodo- 
gune.  Il  faut  alors  employer  les  mots  guerrière ,  belli- 
queufe  ou  autres  femblables. 
Militaire  ,    s'emploie   quelquefois   fubftantivement , 
pour  dire,  un  homme  de  guerre.   Miles.  C'ell  un 
bon  Militaire.   On  a  donné  des  récompenles  à  tous 
les  vieux  Militaires.  Ac.  Fr.   1740.   il  y  avoit  d'a- 
bord chez  nous  des  terres  Saliques  diftinguées  des  au- 
tres &  deftinées  aux  Militaires  de  la  Nation.  Fén. 
lïCFCe  terme défigne  non  feulement  les  Officiers,  mais 
encore  tous  ceux  dont  le  fervice  concerne  la  guerre , 
Ingénieurs,  Auilleurs,  &c. 
■fjZ?  On  s'en  (ert  aulll ,  pour  délîgner  le  corps  entier  des 
Oificiers.  C'eftainlî  qu'on  dit  qu'un  livre  elt  utile  pour 
1  inlhudion  du  Militaire. 
Militaire,  fe  dit  aulli  d'une  efpèce  de  fièvre  maligne 
qui  règne  dans  les  armées,  &  qui  eft  accompagnée 
dune  extrême  douleur  de  tête ,  de  maux  d'eftomac  & 
de  plufieurs  autres  fâcheux  accidens.  Febris  caflrcnjîs. 
Elle  efl:  familière  aux  foldats  à  caufe  des  mauvais  ali- 
mens  dont  ils  fe  nourriiTent ,  &  des  grandes  fatigues 
qu'ils  fouftrent.    On  nomme  Voies  militaires  ,    les 
grands  chemins  de  l'Empire  qu'Agrippa  fit  faire  fous 
l'Empire  d'Augufle,  pour  la  marche  des  armées  & 
des  voitures.  Nicolas  Bergier  de  Rheims  a  compofé 
un  excellent  traité  de  l'Hiftoire  de  ces  grands  che- 
mins ,  contenant  l'origine ,  progrès  S<  étendue  quafi 
incroyable,  des  chemins  militaires,  pavés  depuis  la 
ville  de  Rome  jufqu'aux  extrémités  de  l'Empire. 
MILITAIREMENT,    adv.   D'une    manière  militaire. 
Bcllicum   in   modiim.    Les  procès  qu'on   fiit    mili- 
tairement ,   qu'on  juge  au  Confeil  de  guerre ,  font 
bientôt  expédiés. 
MILITANTE,  adj.  f.  qui  fe  dit  feulement  de  l'Alîem- 
blée  des  Chrétiens ,  tandis  qu'ils  font  fur  la  terre. 
ÇCT  ainlî  nommée  parce  que   la  vie  des  fidèles  ed 
un  combat  continuel  qu'il  faut  livrer  au  monde,  au 
démon  &  à  fes  pallions.  Militans.  L'Eglife  elt  divifée 
en  militante  ,  louftrante  &  triomphante.  Patiens  , 
triumphans.  La  militante  eft  fur  la  terre  ,    la  fouf- 
firante  dans  le  purgatoire  ,  la  triomphante  dans  le 
Ciel. 
MILITER.  V.  n.  Terme  d'École  &  de  Palais ,  qui  fe 
dit  en  ces  phra(es.  Cette   raifon  milite   pour  moi  , 
fert  à  ma  caufe.  Cette  autorité  milite  contre  vous  , 
détruit  ce  que  vous  alléguez.   Miiitare  ,  pugnare  , 
facere.  Patience  qui  milite  fans  celfc  contre  la  dif- 


M  I  L 

ficulté  de  fon  objet.  Hift.  de  V Ac.  des  Se.  IJ42. 
p.  10.  M.  de  Courtin  prend  le  mot  de  militer  pour 
un  fynonyme  de  faire   la  guerre  ,  mais  l'ufage  eft 
contraire.  Faire  pour  ou  contre  quelqu'un. 
MILLANCEY.    Petite  ville  de  France  ,    dans  l'Orléa- 

nois,  à  deux  lieues  de  Romorentin. 
MILLAS.  Nom  d'un  bourg  du  RoulfiUon  ,  fituc  fur  le 
Tet ,  environ  à  trois  lieues  au  dellus  de  Perpignan. 
MilU.  On  le  prend  pour  le  lieu  nommé  ancienne- 
ment Stabulum.  Maty. 
|Kr  MILLAU.  Foyei  Millhaud.  u¥.milianum. 
MILLE,  adj.  Numéral  de  t.  g.   Terme  d'Arithmétique 
indéclinable.  Mille.  Ce  mot  ne  prend  point  d'j  au 
pluriel  ,  quatte  mille  ans  ,   &c.   C'eft  le  chiffre  qui 
fe  met  au  quatrième  rang  ou  colonnes  des  nombres  , 
qui  ert  au-dellus  des  cens  ,  qui  lignifie  dix  centaines. 
Nombre,  dixaine,  centaine ,  mille  :  enfuite  on  compte 
dix  mille  ôc  cent  mille.  Mille  ans  devant  le  Seigneur 
ne  font  comptés  que  pour  un  jour.  On  a  commandé 
mille  chevaux  pour  un  tel  parti. 
IJCF  II  faut  toujours  écrire  &  prononcer  mille.  Il  n'y 
a  plus  que  les  Notaires  &  les  Praticiens  qui  écrivent 
mil. 
tfT  II  faut  pourtant  remarquer  qu'on  écrit  mil,  &  non 
pas  mille ,  en  datant  les  années  du  jour  de  la  Nati- 
vité de  Notre-Seigneur.  Ainlî  l'on  dit  l'an  mil  fept 
cent    loixante-fept. 

Ce  mil  eft  comme  adjeélif ,  &  vient  de  millefimus  , 
qui  lignifie  millième.  Mémage. 
Mille  ,  lignifie  quelquefois  en  général  ,  beaucoup ,  au 
lieu  d'un  nombre  précis.  Sexcenti.  Je  vous  fais  mille 
artions  de  grâces.  Il  nous  a  fait  mille  contes  plaifans. 
J'ai  encore  mille  chofes  à  faire  avant  que  de  partir. 
C'eft  un  homme  qui  a  mille  curiofités.  Nous  tenons 
au  monde  par  mille  chaînes.  Nie.  Après  mille  peines 
Se  mille  fatigues  ,  je  fuis  enfin  venu  à  bout  de  mes 
deHèins.  Voit.  Nous  avons  dit  mille  folies.  Je  vous 
ai  dit  cela  mille  fois.  Il  défigne  partout  un  nombres 
incertain  ,  mais  fort  grand. 

Mille  &  mille  lauriers  dqnt  fa  tête  efl  couverte. 

Corn. 

Mille  dc'ia  l'ont  fait ,  mille  pourraient  le  faire. 

^^  Mille  ,en  Géographie,  f.  m.  On  met  unjau  pluriel. 
C'eft  une  mefure  dont  quelques  nations  fe  fervent 
pour  exprimer  la  diftance  entre  deux  lieux ,  de  même 
que  nous  nous  lervons  de  lieues  en  France.  Milliare. 
Mille  pajfus.  Il  contient  environ  mille  pas  géomé- 
triques, c'eft- à-dire  un  peu  plus  du  tiers  de  la  lieue 
commune.  Mais  le /Tzi/Zt  eft  plus  long  ou  plus  court, 
félon  les  diftérens  pays. 

*^  Le  Mille  d'Italie  contient  mille  pas  géométriques. 
Le  mille  Anglois  contient  huit  ftades  ;  la  ftade  qua- 
rante perches  ;  la  perche  feize  pieds  &  demi. 

Voici  une  réduélion  curieufe  qu'a  fiiit  Cafimir  Po- 
lonois,  des  milles  ,  ou  lieues  des  provinces  de  l'Eu, 
rope  ,  conformément  aux  pieds  Romains  ,  qui  font 
égaux  aux  pieds  Rhénans  dont  on  le  fert  pour  le 
feptentrion. 

pieds. 

Le  mille  d'Italie.     . k     •     jooo. 

De  France I/7J0- 

D'Angleterre /4J4' 

De  Bourgogne 18000. 

D'Egypte 2/000. 

De  Flandre 20000. 

D'Allemagne. 

le  petit .2OO0O. 

le  moyen.  . 22/00. 

le  plus  grand  ........-•    2/000. 

De  Hollande 24000. 

De  Suilfe 16666. 

D'Efpagne 21270. 

De  Lithuanie 18/00. 

On  l'appelle  mila. 

De  Pologne 158/0. 

appellée  auffi  mila. 


t 


M  I  L 

De  PerfL-.   ■ iSjjo. 

qu'on  nomme  aulîî  parafangue. 

De  Mofcovie 37JO' 

DEcolle 6000. 

De  Sucdc 30000. 

On  dit  builefqiicmenr ,  Il  s'en  eu.  enfui  comme 
tous  les  mille.  Il  ell  impiudent  6c  menteur  tumnfc 
tous  les  mille.  Il  s'ell  donne  à  tous  les  mille  y  c'elt- 
à  dire ,  à  tous  les  mille  diaules. 

Mille  ,  ell:  aulli  une  forte  d'.ubrc  fort  grand  ,  qui  fe 
trouve  au  Royaume  de  QuDJa  ,  pays  des  iN'oirs.  Ses 
racines  croillent  cinq  ou  iix  pieds  au  -  deiliis  de 
terre. 

MILLE-CANTON,  f.  m.  Nom  qu'on  donne  à  un  Hux 
de  petit  poillon  qui  paroit  de  temps  en  temps  en 
aiombre  innombrable  ,  &  qui  n'eit  pas  plus  long 
qu'une  épingle.  Tantôt  c'eit  une  armée  de  petites 
percbes,  tantôt  c'efl:  une  nuée  de  tanches,  &  ainii 
des  autres.  De  temps  en  temps  le  Magillrat  fait  pu- 
blier des  défenies  de  pé-clicr  le  mille  -  canton  , 
pour  empêcher  qu'on  ne  mange  fon  blé  en  ver  ; 
mais  on  n'a  guère  d'égard  à  ces  défcnfes  princi- 
palement le  peuple  ,  qui  regarde  cela  comme  une 
manne  que  Dieu  lui  envoie.  11  paroît  tous  les  ans  à 
Caen  ,  pendant  un  certain  temps  de  l'été,  une  af- 
Hucnce  infinie  d  un  certain  petit  poillon  que  l'on 
appelle  de  la  Montée  j  Se  qu'on  pourroit  nommer 
du  Mille  canton.  Il  en  paroit  aulli  à  Rouen  d'une 
autre  lorte  qu  on  appelle  de  laSeteuille,  qui  ell  peut- 
être  aulli   du  Mille-canton. 

MILLE  DIABLES,  f.  m.  pi.  Troupe  de  Voleurs  qui 
prirent  ce  nom  en  1523-  Dupleix  en  paile  dans  Ion 
Hilloire  de  Fiance. 

MILLEFEUILLE.  f.  f.  Sorte  déplante  qui  a  été  ainfi  ap- 
pellée  à  caufe  de  la  quantité  de  fes  feuilles,  ou  pour 
mieux  dire  ,  à  caufe  de  la  quantité  des  lubdivilions 
dans  lelquelles  chacune  de  l'es  feuilles  ell  partagée. 
Millefolium.  Il  y  en  a  de  plulleurs  elpèces.  La  Mille- 
feuille  commune  blanche  poulie  des  tiges  à  la  hnurcur 
d  un  piedj  oif  d'un  pied  6c  demi ,  roides  ,  ror.dcs  , 
velues  _,  rameufes.  Ses  feuilles  font  rangées  fur  une 
côte ,  découpées  menus  ,  femblabks  cà  celles  de  la  ca- 
momille, d'une  odeur  agréable  ,  &  d'un  goût. un  peu 
acre.  Ses  Heurs  nailîent  a  la  cime  des  branches  en 
bouquets  fort  ferrés  :  chaque  Heur  ell  radiée ,  blanchcj 
foutenue  par  un  calice  cylindrique ,  compofé  de  plu 
fîeurs  feuilles  en  écailles.  Lorlque  la  Heur  efl:  paliée  ^ 
il  paroît  des  femences  menues.  En  Latin  millefolium 
yulgare  alhum.  C.  B.  Pin.  140.  Cette  plante  ell  vul- 
néraireji'éfolutive  &  allringente,  on  s'en  lert  pour  ar- 
rêter toutes  fortes  d'hémorrhagies,&  lur-tout  le  cours 
déréglé  des  hémorrhoVdes  &  des  Heurs  blanches.  La 
mille-feuille  eîl  commune  .lu  Chili,  f  rézier  ,p.  j2, 

MILLEFLEUR.  Nom  d'une  Maifon  de  Plailancc  des 
Ducs  de  Savoye.  Milleflorum.  Elle  ell  éloignée  de 
Turin  d'environ  trois  milles ,  dans  une  lituation  très- 
agréable.  Le  Palais  &  les  jardins  en  lont  beaux  ,  & 
il  y  a  une  abondance  &  une  diverlité  h  grande  de 
fleurs ,  que  c'ell  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
Millefteur.  C'eft  Amédée  I.  qui  bâtit  cette  mailon  , 
que  la  mort  l'empêcha  d'achever.  Elle  ell  au  nord 
de  Turin,  f'^oye-^  le  Théâtre  de  Piémont ,  T.  I.p.  jS. 

MILLEFLEURS.  On  appelle  Eau  de  millefleurs  ,  le 
pillât  de  vache  reçu  dans  un  vale,  pour  le  prendre 
enfuite  en  remède.  On  appelle  aulli  Eau  de  mille- 
fleurs ,  huile  de  millefleurs  ,  de  l'eau  &  de  l'huile 
dillillée  de  la  bouze  de  vache;  &  roiroli  de  mille- 
fleurs ,  une  forte  de  roHoli ,  dans  la  compoliton  du- 
•  quel  il  entre  quantité  de  H.  uvs  dillillées.  Acad.  Fr. 

MILLE   FOIS.  adv.  Souvent  II  marque  auilî  une  quan 
tité  indéterminée.  Sexcenties  ,  f^pè.    J'ai  été  mille 
fois  chez  vous.  Je  l'ai  Aven'i  mille  fois  de   fon  ialut. 

Mille  fois  ,  lignifie  aulIî  ^  Beaucoup  ,  extrêmement. 

Que  vous  êtes  heweux  ,  mais  heureux  mille  fois  , 
Sauvages  habitant  des  bois , 
Où  vous  erre^  à  l'aventure  ! 

Trad.  du  Past.  Fido. 


Kl  î  L 


999 


MILLEGRAINE.  f.  f.  Plante  qu'on  appelle  auilî  Pi- 
ment. M.  Tournefort  la  met  parmi  les  cfpèccs  de 
pacte-d'oie,  ou  de  chénopodunn.  Il  la  nommt  C^e- 
nopoduan  amhrojioides  folio  flnuato.  'Voyez  Piment» 

MILLENAIRE,  adj.  6z  i.  numéral.  Milknarius.  Qui 
contient  mille.  Le  nombre  millénaire.  On  compte 
communément  quatre  millénaires  depuis  la  création 
du  monde  jufqu'a  Jésus  Christ.  Dans  le  premier  , 
dans  le  (econd  millénaire. 

Millénaire,  f.  m.  tk.  f.  Nom  de  SeAc.  Hérétiques 
qui  croyoient  que  Jésus  Chris  r  .ievoit  venir  régner 
fur  la  terre  ,  (S^c  qu'il  combleroit  les  Fidèles  pendant 
mille  ans  de  toutes  fortes  de  biens  temporels  au  bouc 
duquel  temps  arrivcroit  le  jugement  univcrfel.  On 
les  appelle  Chilialles  ,  qui  ell  le  nom  Grec  ,  tiré 
de  Kà'n.,  mille.  Cette  erreur  des  Millénaires  ^  qui 
n'a  été  d'abord  qu'une  fimple  opinion,  cil  fort  an- 
cienne ,  &•  prelque  dès  le  temps  des  Apôtres.  Elle 
tire  fon  origine  des  paroles  de  l'Apocalypfe  prifes 
trop  à  la  lettre  j  où  il  ell  parlé  du  règne  de  JÉsus- 
Crist  fur  la  terre  avec  les  Saints ,  qui  doit  durer 
l'elpace  de  mille  ans.  L'opinion  de  S.  Papias,  dit  M. 
de  Launoy  ,  touchant  le  nouveau  règne  de  J.  C.  fur 
la  terre  après  la  rélurreélion  ,  a  duré  près  de  trois 
(lècles  avant  que  d'être  reconnue  pour  erronée , 
comme  l'Hifloire  Eccléhallique  en  fliit  foi  :  elle  a 
été  fuivie  &  approuvée  par  les  plus  laints  &  les 
plus  lâvans  hommes  de  la  Chrétienté  ;  f ivoir ,  par 
Saint  Irenée  ,  par  Saint  Jullin  ,  Tertullicn.  écc. 
Denis,  tvêque  d'Alexandrie  ,  écrivit  deux  livres  in- 
titulés des  Promejj'es  contre  ce  règne  chimérique  de 
mille  ans  ;  il  y  combat  tortement  un  Evêque  d'Egypte, 
appelé  Népos.  S.  Jérôme  a  auHi  combattu  dans  fes 
Commentaires  lur  les  Prophètes  les  erreurs  des  Mil- 
lénaires. 

MILLENBACH  ,  ZABES ,  ZASZEBES.  Nom  d'une 
ville  de  la  Tranlilvanie.  Zahefus.hWe  eft  (ur  le  Ma- 
ros ,  à  deux  lieues  au  -  dellous  de  Welîembourg. 
Maty. 

MILLEPERTUIS,  f.  m.  Plante  qui  pouHe  des  tiges  i 
la  hauteur  d'une  coudée  &  demie,  lôides  ,  rondes  , 
ligneufes ,  rougeâtres ,  rameufes.  Hypericum.  Ses 
feuilles  lont  oppolées  le  long  des  tiges  lans  queues  , 
lemblables  à  celles  de  la  marjolaine  ,  ou  de  la  pe- 
tite centaurée ,  lilles ,  nerveufes.  Il  paroît  fur  ces 
feuilles  ,  lorfqu'on  les  regarde  au  folcil  ,  de  petits 
points  traniparens  qui  paroiilent  être  autant  de  trous, 
d'où  vient  que  quelques-uns  appellent  cette  plante 
Herha  perforata.  Ses  Heurs  naiHent  aux  fommités  des 
branches  tn  grand  nombre,  jaunes  ,  compofces  cha- 
cune de  cinq  feuilles  dilpofées  en  rôle  ,  &  accompa- 
gnées de  plufveurs  étamines  de  la  même  couleur. 
Ses  femences  font  menues  ,  un  peu  longues,  de 
couleur  obl.ure,  d'une  odeur  6c  d'un  goût  réfi- 
neux.  Sa  racine  ell  dure  _,  ligneufe  ,  couverte  d'une 
écorce  de  couleur  de  buis.  En  Latin  Hypericum  vul~ 
gare.  C.  B.  Pin.  179.  Le  millepertuis  eil  vulnéraire  , 
déterfif ,  diurétique ,  fébrifuge.  On  en  fait  une  huile 
qui  efl  excellente  pour  toutes  fortes  de  blelîures. 
Cette  huile  efl  fimple  ou  compofée.  La  fimple  fe  fait 
en  faifant  intufer  les  fommités  de  millepertuis  entre 
fleur  &  graine  dans  une  fuffifrnte  quantité  d'huile 
d'olive.  On  l'expofe  pendant  quelques  jours  au  fb- 
leil,  on  l'exprime,  on  réitère  l'infulion  juf'ques  .à  ce- 
qu'elle  fut  d'un  rouge  foncé.  Pour  l'huile  compofée  , 
il  faut  faii  e  infufer  une  livre  des  fommités  de  la  même 
plinte  dans  deux  livres  d'huile  &:  une  livre  de  vin 
rofé.  Après  trois  jours  de  macération  ,  on  les  f.ûc 
bouillir  au  bain  marie  jufqu'à  la  confomption  du  vin. 
On  réitère  cette  infulion  jufqu'à  trois  foi:; ,  &  on 
dLlaie  dans  la  dernière  une  livre  de  téiéhentine  de 
■Venife  &:  quatre  fcrupules  de  fafran.  Ces  huile  font 
excellenres  pour  toutes  fortes  de  blelFuies.  Dans  le 
crachement  de  lang  &  dans  la  dyllen:erie  on  en  fait 
boire  une  demi  once  ,  ou  une  once:  pour  la  fcia- 
tique ,  le  rhumatifme  ,  <?;  femblables  maladies  ,  on 
frotte  la  partie  incommodée  avec  deux  onces  d'huile 
de  millepertuis  ,  Se  une  once  de  bon  efprit  de  vin. 
Pour  faire  l'extrait  de  cette  plante  ,  il  Kxut  prendre 


looo         MIL 

les  rieurs  en  bouton  ,  les  mettre  digérer  pcnd.int  deux 
jours  d.ms  de  bon  eiprit  de  vin  ,  exprimer  l'inrulion  , 
te  la  faire  évaporer  en  conlillence  d'extrait.  Un  en 
donne  depuis  un  Icrupule  julqu  à  un  gros.  On  s'en 
fert  dans  la  manie  ,  dans  la  mélancolie  ,  &  dans  les 
égarenicns  d  clprit  qui  arrivent  (ans  hcvre  ,  ni  aucune 
aucie  cauL  tuntltc.  /^oyci  M.  Tourneibit ,  Hiji. 
plane.  Hcrb  il.  /  y  /.  La  dicoction  de  mïlLepeituis  , 
l'iiuulîon  de  la  graine,  tuent  les  vers,  &  tont  palier 
les  urines.  Il  y  a  pluaeurs  autres  elpèces  de  milleper- 
tuis. 

MIlLEPIEDS.  f.  m.  Sorte  d'infede  qu'on  trouve  dans 
les  lies  AnriUes.  Millepes  ,  afellus  ,  ciicio  ,  porcelito. 
Il  eil  ainli  appelé  à  caufe  de  la  multitude  de  tes  pieds 
qui  hériliéiit  tout  le  dcllous  de  Ion  corps.  Il  s'en  (ert 
pour  ramper  fur  la  terre  ,  ce  qu'il  fait  avec  une  vitelle 
incroyable  ,  lorlqu'il  le  (ent  pourluivi.  Il  a  environ 
lîx  pouces  de  longueur.  Le  deilus  de  Ion  corps  eft 
tout  couvert  d'écaillés  tannées,  extrêmement  dures, 
&  emboitéesies  unes  dans  lesautres  comme  les  tuiles 
d'un  toit.  Cet  inlede  eft  dangereux.  ifT  II  a  tous 
la  tête  deux  déknlcs  dures  j  tort  aigucs  &  mobiles 
avec  ktquellcs  il  pique.  Sa  queue  te  termine  en 
fourche  par  deux  elpèces  de  longues  pattes  qui  lui 
lervent  comme  de  ferres.  Sa  piquiire  caulc  une  dou- 
leur aiguë ,  luivie  dune  enflure  confidérable ,  avec 
inriammation. 

MILLE- PIEDS  à  dard.  f.  m.  Infede  dont  les  polypes 
font  le  plus  volontiers  leur  nourriture.  Le  mdlc- 
pieds  à  dard  eft  ainfi  appelé  ,  parce  qu'il  porte  à 
ia  partie  poftéricure  une  pointe  aftez  longue  &  fort 
fine.  Son  fcjour  ordinaire  eft  fur  les  plantes  aqua- 
tiques j  où  on  le  trouve  fouvent  en  grande  abon- 
dance. Il  nage  à  la  façon  des  terpens. 

MILLE-PORE.  f.  m.  Terme  de  conchyliologie.  C'eft 
une  pioduclion  pierreule  ,  percée  de  quantité  de 
trous  i  une  elpèce  de  Ifs"  Madrépore  ou  de  Coral- 
lo'rde,  communément  de  figure  d'arbre  ou  de  buillon, 
dont  la  tuperficie  ou  les  extrémités  font  marquées 
de  petits  points  llmples  qui  vont  jufqu'au  centre  de 
la  tige  ,  en  traverftnt  tout  le  corps  pierreux.  Les 
millepores  diftéient  peu  des  Madrépores ,  tinon  que 
les  étoiles  te  prétentent  d'une  manière  très  -  diftincte 
dans  les  Madrépores,  au  lieu  que  les  mille -porcs 
n'ont  que  des  trous  timples  non  étoiles.  On  dit  aulli 
Milleporites. 

MILLERET  ,  ou  MILLERAY.  f.  m.  Nom  d'une  mon- 
naie d'or  de  Portugal.  Mdleretus  ,  MUliatenJîs. 

MILLE  ROLE.  f.  f.  Meture  dont  on  le  fert  en  Pro- 
vence pour  la  vente  des  vins  &  des  huiles  d'olive. 

IJCT  La  Millerole  revient  à  66  pintes  de  Paris. 

MILLÉSIME,  f.  m.  ("Faites  fentir  les  deux  11.  )  On  en- 
tend par  ce  tetme  le  chiitrequi  marque  le  mille  des  an- 
nées courantes  depuis  une  date  déterminée,  dans  les 
aéles,  fur  les  monnoies  Millejimus.  Les  dates  des  Aéfes 
faits  du  temps  de  Charlemagne  n'avoient  point  en- 
core de  milléfime.  On  le  dit  particulièrement  du 
chiffre  qui  eft  dans  la  légende  des  monnoies.  Le 
TTrilUJIme  marque  le  temps  où  elles  ont  été  fibri- 
quées.  Il  s'exprimoit  auriefois  par  le  nom  des  Ma- 
giftrats  ,  ou  des  Princes.  On  le  prend  quelquefois 
pour  la  marque  du  lieu  delà  fabrication,  qui  fe  taifoit 
autrefois  par  le  nom  des  Villes  ,  ou  des  Monétaires  , 
&  qui  fe  fait  en  France  par  une  lettre  de  l'alph.i- 
bet ,  qui  répond  à  la  marque  de  quelque  ville  où 
il  s'en  fabrique.  Depuis  l'Ordonnance  d'Henri  II. 
de  l'année  i  549.  on  a  toujours  marqué  tur  les  mon- 
noies l'année  de  la  fabrication.  Boizard  ,  P.  I.  c. 
12. 

MILLESOUDIER.  f.  m.  Qui  a  mille  fous  à  dépenfer 
par  jour.  Cui  mille funt  ajfesjîngulis  diehus  infumendi. 
C'eft  yo  livres;  ou  par  an  iSzjo  liv.  Les  petites  gens 
appellent  un  homine  riche  ,  un  gros  millefoudlcr.  Ce 
mot  ledit  particulièrement  à  Paris,  parmi  le  peuple. 

Millet,  f.  m.  Plante.  Vùye-^   Mil. 

Millet  ,  fe  dit  aulTî  du  troifième  ventricule  des  ani- 
maux qui  ruminent.  Omafon.  Il  eft  rempli  de  plulîeurs 
feuillets  entre  lefqueh  la  nourriture  eft  ferrée,  prelléc  , 
couchée  par  beaucoup  plus  de  lurface  ,  que  II  ce  n'é- 


quer  une  diftance  cfe  trois,   de  quatre,  &c.  milles 


MIL 

K)ît  qu'une  fimple  cavité.  Il  reçoit  cette  nourtitute 
du  réteau  qui  eft  le  tecond  ventricule.  Il  en  reçoit 
même  quelquefois  immédiatement  de  l'œlophage  , 
d'où  elle  pafte  au  quatrième  ventricule.  On  l'appelle 
le  millet,  parce  qu'il  eft  plein  comme  de  feuillets 
difpotes  lelon  la  longu;.ur,  qui  lont  bordés  de  pe- 
tites éminences  tcmblablcs   a   des   grains  de  millet. 

•  On  l'appeluit  autrefois  le  AlyrejeuUlet ,  d'où  lui  eft 
venu  peut  être  le  nom  de  mdlet.  On  l'appelle  aulli 
le  Livre  ,  fans  doute  à  caufe  de  ces  mêmes  feuillets. 
Par  la  même  raiton  les  Hollandois  l'appellent  Hec 
boek. 

IfJ-  MILLIAIRE.  f.  m.  Terme  d  hiftoire  Romaine. 
Milliarc  ou  millianum.  Etpace  de  mille  pas  géo- 
métriques j  diftance  par  Liquelle  les  Romains  mar- 
quoient  la  longueur  des  chemins  ,  comme  nous 
la  marquons  par  lieues.  Ces  mille  pas  étoient  mar- 
qués par  des  pierres  ,  ou  colonnes ,  lur  tous  les 
grands  chemins  ,  aboutilîans  à  une  colonne  placée 
au  milieu  de  la  ville  d'où  l'on  commençoit  à  comp- 
ter ces  diftanccs.  Mais  il  faut  remarquer  que  le 
mot  milliare  ou  milliarium  ne  doit  pas  te  rendre 
par  milUaire  ,  mais  par  un  mille.  Milliare  ad  quin- 
' tum  Laodicedt,  ,  c'eft-à  dire,  à  cinq  milles  de  Laodi- 
cée  ,  &  non  pas  à  cinq  milliaires, 

^fT  Le  mot  de  milliaire  n'eft  qu'adjeélif ,  &  s'appli- 
que aux  colonnes  qui  marquoient  les  milles  ,  millia- 
n'a.  Ainli  l'on  appeloit  Colonne  milliaire ,  [2.  coXonne 
de  marbre  qu'Augufte  fit  élever  au  milieu  du  mar- 
ché de  Rome  ,  &  d'où  l'on  comptoit  par  d'autres 
colonnes  milliaires,  efpacées  de  mille  en  mille  lur 
les  grands  chemins  ,  la  diftance  de  chaque  ville  de 
l'Empire  à  l'égard  de  Rome.  De-là  les  exprellîons 
qu'on  trouve  fi  fouvent  dans  les  Auteurs,  tertio 
ab  urhe  lapide  •  ad  quartum  lapidem  ,  6c,  pour  mar- 
quer une 
de  Rome. 

{fC?  Pendant  qu'Augufte  avoit  l'Intendance  &:  l'admi- 
niftration  des  chemins  ,  il  fit  élever  au  milieu  de 
Rome  la  colonne  dont  on  vient  de  parler ,  qu'on 
appeloit  milliare  aureum  ,  le  miUi'aire  doré ,  patcc 
qu'elle  étoit  eniichie  d'or,  &  y  fit  marquer  les 
grands  chemins  d'Italie  ,  Se  leurs  diftances  de  Ro- 
me. 

IJO"  Mais  il  ne  faut  pas  imaginer  que  tous  les  chemins 
de  l'Empire  aient  abouti  au  milliaire  doré ,  par  une 
fuite  de  colonnes  milliaires  non  interrompue.  Les 
grandes  villes  interrompoient  cette  fuite  ,  &:  comp- 
toient  leurs  diftances  des  unes  aux  autres  par  des 
colonnes  milliaires  particulières.  C'eft  pourquoi  l'on 
trouve  plulîeurs  villes  où  le  nombre  gravé  n'eft 
que  d'un  petit  nombre  de  milles ,  quoiqu'elles  foient 
à  une  très-grande  diftance  de  Rome. 

MILLIARENSES.  f.  m.  Nom  d'une  ancienne  monnoie, 
Milliarenjls  ,  Miliarenfis  ,  MiUareJïum.  Cette  mon- 
noie  commença  à  fe  battre  fous  Conftantin  ,  qui  la 
fubftitua  aux  anciens  deniers. 

Le  denier  fut  nommé  d'abord  MilUarenfe ,  parce 
qu'il  étoit  à  la  taille  de  mille  à  la  livre  d'or  ,  ou  parce 
que  mille  deniers  d'argent  valoient  une  livre  d'or. 
Le  millicrenje  étoit  de  même  poids  que  le  denier. 
Son  poids  augmenta  dans  la  fuite  ,  cnforte  qu'il 
n'étoit  plus  qu'à  la  taille  de  68  à  la  livre.  Lç<i  mil- 
liarenfes  d'argent  étoient  à  la  taille  de  60  à  la  livre, 
30  au  marc  ,  j   à  l'once. 

MILLIAR.    f.    m.    Terme   d'Arithmécique.  Quelques 
Arithmériciens  le  terver.t  de  ce  terme  fimple  pour  • 
exprimer  dix  fois  cent  millions.  Decies  centum  mii-_ 
liones  ,  milliare  ,  mille  milliones. 

MILLIASSE.  f.  f.  La  mdiiaffe  eft  un  nombre  certain 
compofé  de  dix  cens  milliars  ,  ou  mille  milliars. 
Numerus  ingens.  Pour  donner  à'quaraïue  Peilonnes 
un  denier  à  la  première  ,  deux  deniers  à  la  fécon- 
de ,  quatre  deniers  à  la  troifième  3  &  ainti  en  dou- 
blant toujours  jufqu'à  la  quarantième ,  il  faudroit 
plus  d'une  mdliajj'e  S<.  demie  de  deniers  ,  Se  une  libé- 
ralité de  cette  nature  te  monreroit  à  plus  de  Ciy.  mil- 
liars de  livres.  IJCF  On  fe  i'ett  de  ce  mot  dans  le 
ftyle  familier   comme    d'un  terme  de  mépris  peur 

exprimer 


M  I  L 


exprimer  un  fort  grand  nombre.  Il  y  a  dans  cette 
foire  une, mma£c  de  petites  gens.  Une  milluijjc  de 
rats,  de  fourmis,  de  moucherons.  Innunuri 

^  MILLIÈME,  adj.  de  t.  g.  Nombre  oïdmal  qui 
achevé  le  nombre  de  mille;  qui  en  a  909  devant 
Jm.  Il  cit  le  millumc.  La  millicmc  ^nnée  après  le 
déluge,  mïllejirnus. 

tR'  Millième  ,  le-  dit  encore  d'une  des  parties  d'un 
tout  compolé  de  mille  parties.  Si  j'avois  la  miUVcme 
partie  de  votre  bien.  On  le  dit  quelquefois  par  exi- 
geratioii.  De  tout  ce  que  vous  dites ,  il  „>  a  pas 
la  nulheme  partie  de  vrai. 

Millième.   Eli  auUi  quelquefois  fubftantif  mafculin 
&c.  alors  il  (ignifie  la  miliùme  partie.  Il  n'y  elt  pas 
pour  un  millième.   Ac.   Fr.   J'ai  un  mimèmc  d.ans 
cette  aftaire.  Mïllefima  pars. 

CK?  MILLIER,  f.  m.  Nombre  qui  contient  mille , 
OH  dix  fois  cent  chofcs  d'une  mcine  efpèce.  Milie- 
narius,  mille.  Les  épingles,  les  clous,  les  ardoifcs 
è-c.  le  vendent  au  millier.  On  dit  aulli  un  millier  àz 
foin  ,  de  paille  ,  &CZ.  pour  dire  mille  bottes. 

|3-  Millier  ,  le  dit  aulii  d'un  poids  de  mille  livres 
ou  de   dix  quintaux.   Cela    pàfe  dix  milliers.   Une 
charette  qui  porte  deux  milliers.  Onle  dit  aullîde 
la  chofe  pelée.   Un  millier  Ac  fer,  de  poivre,  &c. 

A  MILLIERS,  adv.  En  grande  quantité.  Turmatim.  Les 
ennemis  venoient  à  milliers  à  ce  pillage.  Les  cu- 
rieux venoient  à  milliers  voir  ce  prodige. 

Millier  ,  ou  milier.  Nom  d'une  petite  ville  du 
Royaume  de  Barca  ,  en  Barbarie.  Melela.  Elle  eft 
fur  le  golfe  de  Sidra ,  au  midi  de  Tolometa  ,  &  à 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Millier  ,  ou  Mêles , 
en  Latin  Melelus,&c  anciennement  Lethon.  Mat  y.  ' 

MILLION,  f.  m.  Chiffre  qu'on  place  au  fepticme  rang , 
ou  colonne  des  nombres  en  Arithmétique  ,  en  cet 
ordre:  nombre,  dixaine,  centaine,  mille,  dixaine 
de  millej  centaine  de  mille,  million.  Decies  cen- 
nes  mille ,  decies  centena  millia.  ifT  Ce  nombre 
vaut  dix  fois  cent  mille.  On  compte  près  d'un 
million  de  perfonnes  dans  Paris.  Un  million  d'ccus 
vaut  trois  millions  de  livres. 

^  En  matière  de  finance  ,  quand  on  dit  abfolument 
un  million ,  on  entend  toujours  un  million  de  li- 
vres. On  lui  a  compté  un  million.  Il  a  deux  mil- 
lions de  bien.  Un  Financier  compte  fon  bien  par 
millions. 

Les  Arithméticiens  forment  ceux  de  billion^  cri- 
lion  ,  &c.  fur  la  forme  de  celui  de  million. 

On  dit  hyperboliquement ,  Je  vous  ai  un  million 
d'obligations.  Je  lui  ai  dit  un  million  de  fois  ;  pour 
dire,  beaucoup,  ou  un  grand  nombre  de  fois.  Il  elt 
riche  à  millions ,  extrêmement  riche. 

Je   t'envoie  un  grand  million 
De  faluts ,  m.on  ami  Lyon, 
S'ils  étaient  d'or ,  ils  vaudraient  mieux. 

Cl.  Marot. 

MILLIONAIRE,  f,  m.  Celui  qui  a  plufieurs  millions 
de  bien.  On  a  donné  dans  ces  derniers  temps  le  nom 
de  Millionaires  à  ceux  qui  ont  gagné  des  millions 
à  la  rue  Quinquampoix^  en  agiotant  des  billets  de 
banque  &  des  aftions.  On  le  dit  généralement  des 
gens  extrêmement  riches. 

MILLIONIÈME,  adj.  Nombre  numéral  ordinal  qui 
achève  le  nombre  d'un  million.  Decies  centeflmus 
millefimus.  L'ufage  de  ce  mot  efl:  rare,  parce  qu'on 
ne  hit  pas  beaucoup  de  comptes  dans  les  chofes 
ordinaires  de  la  vie,  lefquels  aillent  jufques  là  :  du 
rellic  ,  ce  mot  eft  formé  félon  l'analogie  de  notre 
langue,  comme  ceux  de  deuxième,  centième  ,  mil- 
lième ,  &-C.  On  trouve  cent  millionième  dans  le  Jour- 
nal de  Paris  de  1695.  Le  P.  Cartel  a  dit  :  La  fuiface 
n'en  croît  pas  de  rcpaifîèur  d'un  niilUonùme  de  mil- 
lionième de  ligne.  Voilà  un  calcfl  mené  bien  loin. 

MILLOUR.  vieux  adj.  comparatif.  ù\x  Latin  Meliar ^ 
Meilleur.  Poef.  du  Roi  de  Navarre. 

MILLY.  Mouillez  les  deux  //.  Nom  d'un  gros  bourg  , 
avec  un  vieux  château.  Mauriliacum ,  Miliacum. 
Tome  y. 


Aî  I  L 


■ÏOOI 

Il  e'I  clans  le  Gàtinois ,  contrée  du  Gouvernement 
de  rile  de  France,  lur  la  petite  rivière  d'Ècolc  j  à 
cinq  heuesau  couchant  dcMeluii.  Mat  y.  Nvt.  Cuil. 
/'•  j?-'.r. 

MILMILS.  f.in.  Sorte  de  toile  de  coton  qui  vient  des 
Indes  (orientales. 

MILC).  Nom  d'une  île  de  rArchipci.  Mclos.  Elle  cfl 
à  l'orient  du  golfe  de  Napoli  ,  de  à  vingt  lieues 
de  I  île  de  Cetiyo.  On  lui  donne  vingt  limes  de 
circuit. 

MI-LODS.  f.  m.  pi.  Terme  de  Jurifprudencc  féodale. 
Les  Mi  lads  lont  une  redev.ancc  de  moitié  de  lods 
dus  tn  quelques  pays,  à  toutes  mutations ,  excepté 
en  celles  qui  le  font  par  vente  ,  c'eft  à  dire  ,  que 
pour  quelque  changement  de  pollèireur  que  ce  foit , 
qui  arrive  dans  un  héritage  cenlîcr  ,  il  eft  dû  ua 
droit  qui  s^ppeWc  Mi^lods  ;  d'autant  qu'il  cil  moin- 
dre de  moitié  que  celui  qui  fe  paye  pour  l'acquili- 
tion  à  titre  de  vente ,  auquel  cas  le  droit  de  lods 
&  vente  cil  dû  en  entier  au  Seigneur.  Clientelaris 
fundi  trihutum  minus  dimidiata  laudimia.  On  écrit 
auih  Milods,  Se  on  prononce  milos  fans  faire  fen- 
tir  le  d  ,  Se  en  alongeant  la  dernière  fyllabe. 

MILOHYOIDIEN.  f  m.  Terme  d'Anatomie.  Nom 
d'un  des  dix  mulcles  auxquels  l'os  hyoïde  ell  atta- 
ché. Milohyoidius.  Le  milohyoïdien  prend  fon  ori- 
gine à  la  partie  interne  de  la  côte  de  la  mâchoire 
intérieure  ,  environ  les  dents  molaires  ,  va  s'inférer 
à  la  partie  latérale  de  la  bafc  de  l'os  hyoVde  qu'il 
tire  en  haut  &  à   coté.  Dionis. 

MILON  CROTONIATE.  f  m.  Fils  de  Diotimc,  un 
des  plus  célèbres  Athlètes  de  la  Grèce. 

MILONIENNE.  f.  i.  Oraifon  de  Cicéron  pourMilon. 
De  tous  les  Orateurs  Latins  Cicéron  en  ell  le  chef 
&  le  maître.  La  pureté  du  ftyle ,  l'abondance  des 
penlees  ,^  l'élévation,  la  force j  la  ju;>elîe  de  fcs  dif- 
couts  ,  l'admirable  variété  qui  règne  dans  tous  les 
ouvrages  ,  le  font  retarder  avec  juftice  ,  comme  Is 
plus  beau&  le  plus  grand  génie  de  l'antiquité.  Il  pré- 
fère la  Milonienne  à  fes  autres  Ofaifor.s  :  la  féconde 
Philippique  n'tll  peut-être  pas  moins  eftimable. 
Mem.  de  Trév.  Avr.  17:  j.  La  Milonienne,  ce  chef- 
d'œuvre  des  Orailons  de  Cicéron  ,  eil  un  Epicherè- 
me  perpéruel.  M.  l'Abbé  Colin.  Pnf.  de  fa  Trad. 
de   l'Orateur  de  Cicéron. 

MILOPOTAMO.  Nom  d'un  village  avec  un  bon 
port ,  un  château  fort ,  &  un  Évêché  fuffragant  de 
Candie.  Milopotamos.  Il  e(l  fur  la  côte  Icptentrio- 
nale  de  l'île  de  Candie^  à  cinq  lieues  de  Rettimo  ,  du 
coté  du  couchant.  Quelques  Géographes  prennent 
ce  heu  pour  le  Pantomacrium  de  Ptolomée  ,  que 
d'autres  mettent  à  Porto  di  Attah  ,  village  voifui 
de  Milapotamo.  Maty. 

MILORD.  f  m.  Mot  Anglois,  qui  fignifie  Monfeigneur, 
&  qu'on  n'attribue  quaux  perfonnes  de  qualité;  mais 
qui  n'emporte  pas  abfolument  h  même  choie  que 
Monfeioneur  en  France  ;  car  Monfeigneur  ell  un  nom 
de  fuperioiité  ,  &  qui  ne  le  donne  que  par  des  in- 
férieurs ;  mais  le  Rwi  d  Angleterre  même  appelle  un 
Seigneur  Milard ,  parce  que  c'eft  fmplement  un 
nom  de  dignité.  Dynafta,  Satrapa ,  Dominus.  Il  eft 
en  ufige  dans  notre  langue  en  ces  phrafes.  C'eft  un 
gros  Milord  ,  il  fait  le  !\niord ,  en  parlant  d'un- 
Bourgeois  fort  riche  &  fort  glnieux.  Il  vient  de 
mi  &c  lord,  qui  a  été  abrégé  de  l'ancien  mot  laford, 
qiù  lignifioit  libéral ,  qui  donnait  du  pain.  Ménage'. 
Foyc\  Lord. 

QO"  Nous  difons  ordinairement   dans  notre  langue 
un  Milard  ,  manière  de  parler  peu  coneéke.  M^ilord 
répond  à    Monfeigneur.    Il  faudroit  dite  un  Lord , 
comme  nous  difons  un  Seigneur  ,  &    non  pas  un 
Monfeigneur. 

MILORT.  ^  f.  m.  Sorte  de  feipent  que  Matthiole  dit 
avoir  été  appelé  ainfi  par  les  Milanois  l\:  les  Lom- 
bards. Il  le  fiit  foit  différent  de  la  vipère,  n'étant 
nullement  venimeux  ,  &  envrant  fouvent  dan^  "les 
mailbns  :  en  quoi  il  blâme  Cardan  ,  qui  veut  qu'il 
y  ait  une  vipère  rouge  ,  grolîë  t\:  courte  ,  que  les 
Italicnsapp  client  Milan. 

LlllU 


I002  M    I    M 

MII^TAT.  Nom  de  lieu.  Mllkjlailum.  Ce  lieu  cfl 
dans  l'Évcché  de  Snlsbourg  ^  en  Allemagne. 

MILSUNGEN  ,  ou  MELbINGEN.  Petite  ville  &  chi 
tcau  d'Allemagne,  d.i.ns  la  Balle  Hcllé  ,  fur  la  Tukii. 

MILTENBERG.  Petite  ville  de  l'Archevêché  de 
Mayence,  en  Allemagne.  Alttlenherga.  Elle  ell  Cur 
le  Meiiij  à  lix  lieues  au  dellus  de  la  ville  d'AfchaF- 
fenbourg.   Maty. 

MILTRAIN.  1.  m.  C'eft  la  mi-mol'da  ou  demi-piftole 
de  Portugal. 

M  I  M. 

MI-MAI,  fe  dit  fans  article  en  cette  feule  phrafe  pro 

verbiale  :  mi-Mai  ,  queue  d'hiver,  /'oycj  Mi. 
MIMALLON  ,  ou  MIMALLONIDE.  t.  h  Nom  que 
l'on  donnoit  aux  femmes  qui  célébroient  les  Orgies. 
Mimai  Ion ,  Mïmallonis.  On  les  appeloit  autrement 
Thyades  ,  Ménalcs  &:  Bacchantes,  l^oye'^  ces  mots. 
Ovide  &  d'autres  difent  Mimallonide. 
tp-  MIMAR- AGA.  f.  m.  C'eft  chez  les  Turcs ,  l'Infpcc- 

teur  des  b'itimens  publics. 
MIMAS.  1.  m.  Un  des  Géans  qui  firent  la  guerre  aux 

dieux.  Il  fut  tué  par  le  dieu  Mars. 
MIMBOUHE.  f.  m.  Arbre  qui  croît  dans  l'Ile  de  Ma- 
dagafcar,  dont  les  feuilles  font  odoriférantes  ce  cor- 
diales. 
MIME.  f.  m.  Mimus  ,  ^V«.  Terme  de  l'ancienne  Co 
médie.  Nom  commun  à  une  certaine  efpjce  de 
Poëlie  dramatique  ,aux  Auteurs  qui  la  compofoient, 
&  aux  Adeurs  qui  la  jouoient.  Il  vient  du  verbe 
Grec  f^ifi^irB-^  j  imiter.  Ce  n'eft  pas  à  dire  que  les 
Mimes  foient  les  feules  pièces  qui  rcpréfentenr  les 
aélions  des  hommes,  mais  parce  qu'ils  les  imitent 
d'une  manière  plus  dét.aillée  ,  &  plus  exprellc.  Plu- 
rarque  (  Sympa/,  l.  7.  Probl.  S.  )  diilinguc  deux 
forte  de  Mimes.  Les  u!is  étoicnt  appelés  i=oi£«nf  :  le 
fujet  en  étoit  honnête  ,  aulïî-bien  que  la  ir.anière 
alfez  étendue  dont  il  étoit  traité  ,  &  ils  approchoieiit 
alFez  de  la  Comédie.  On  appeloit  les  autres  ^^■'■t'"'  : 
les  boufonneries  &  les  obfcénités  en  faifoient  le  ca- 
raélère  ;  mais  à  parler  en  général ,  les  Mimes  étoient 
fort  décriés  par  la  honteufe  licence  qui  y  régnoit. 
Les  danfes  lafcives ,  les  geftes  indéccns  &:  les  chau- 
fons  impudentes  du  jWiOTC_,  répondoient  à  l'obfcé- 
nité  du  lujet.  La  Guil.  Le  Lecteur  peut  en  juger 
par  ces  deux  vers  du  fécond  livre  des  Trilles 
d'Ovide  : 

Quid Ji  fcrip/Jfem  mimos  ohfc&na  jocantes?  ('V.45J-.J 

Scribere  fi  fas  ejî  imitantes  turpia  mimes.  ('  v.  j  i .  y  ) 

D'où  l'on  doit  conclure  que  ces  pièces  repréfcrtoicnt 
le  vice  à  découvert ,  en  employant  les  paroles  les 
plus  laies  ,  &  que  ceux  qui  les  jouoient  imitoicnt 
les  aélions  les  plus  infâmes.  Nous  apprenons  dans 
un  fragment  de  Suétone,,  cité  par  Dioméde ,  (De 
Poëm.  dram.  generib.  l.  j.  c.  4.)  que  les  Mimes 
avoient  quelquefois  fait  partie  de  la  Comédie  ;  niais 
que  les  Auteurs  de  ces  pièces  s'étant  feparés  desCo- 
médies ,  firent  une  troupe  à  part  :  &  que  les  Mi- 
mes devinrent  ainli  une  quatrième  pièce ,  qui  ajou- 
tée à  la  Tragédie  ,  à  la  Comédie  &  à  la  Satyre  ,  fit 
partie  de  ce  qu'on  appelloit  Tétralogie.  I^T  Les 
Mimes  n'étoient  autre  chofe  que  des  Hiftrions  qui 
furent  d'abord  introduits  dans  les  entre -aéles  des 
Comédies  ,  pour  amuler  le  peuple  par  diriérens 
gelles.  On  rendit  ces  entre  aftes  plus  agréables,  en 
les  dilpolant  de  manière  qu'ils  eullènt  quelque 
rapport  au  lujet  de  la  pièce  qu'on  jouoit.  Les  Mi- 
mes reprélentoient  fi  bien  par  la  fituation  du  corps  , 
par  les  geftes  des  mains  cn:  par  les  fignes  duvifage, 
les  pallions  &  les  actions  différentes  de  chaque  per- 
lonnage  qui  avoir  paru  dans  l'ade ,  que  ce  langage 
muet  parut  bientôt  plus  éloquent  que  la  déclamation 
même.  On  fépara  des  Comédies  ces  cr.tre-actes  des 
Mimes  ,  &  on  en  compola  une  efpècc  particulière 
de  fpeftacle.    Les  pièces  qu'on  y  jouoit  furent  aulîl 


M  I 

appelées  Mimes.   Ainli  ce  nom  flgnifioit  également 
àc  l'adtcur  &  l'ouvrage. 

L'Inventeur  des  Mimes  n'a  pas  été  ,  comme  l'a 
cru  *Calliodore  ,  Philiftion  de  Magnélie  ,  qui  félon 
la  Chronique  d'Eufèbe ,  n'a  vécu  que  fous  l'Empire 
d'Augufte  :  mais  plutôt  Sophroii  de  Syracule  ,  hls 
d'Agatocle  Se  de  DamaliUis ,  qui  vivoit  du  temps  de 
Xerxès.  Le  Philofophe  Platon  prenoit  un  tel  plaidr 
à  lire  les  pièces  ,  qu'il  les  avoit  nuit  &C  jour  entre 
les  mains. 

On  appeloit  aulTi  ces  Comédies  Pantomimes  y 
parce  qu'ils  contrefiiloient  toutes  lortes  de  gelles  & 
de  poftures. 

ifT  Mime,  eft  aulil  ad;.  Les  Romains  non  contens 
d'applaudir  aux  Acteurs  Mimes  dans  les  fpeâacles 
publics  ,  les  mirent  de  leurs  parties  de  plaifir ,  de 
leurs  feftins,  de  leurs  cérémonies  domeftiques.  Re- 
cherche Hiji.  &  Critiq.  fur  les  Mimes  &  Pantomi- 
mes. 

MIMIAMBE.  f.  m.  Terme  de  Poëfie.  Mïmïamhus, 
S-nte  de  vers  libres  &  obfcèncs  que  les  Mimes  em- 
ployoient  pour  leurs  farces. 

Ce  mot  vient  de  mimus  &  à'iambus. 

MIMIQUE,  MIMOGRAPHE.  Auteur  de  Comédies 
appelées  Mimes ,  qui  étoicnt  cn  vogue  du  temps  de 
Jules  Céfar.  Baillet ,  dans  fes  Jugemens  des  Savans  , 
in- 12.  vol.  6 .  art.  1 142.  p.  m.  parle  de  Publius 
Syrus  ,  OH  de  Syrie  j  auquel  il  donne  la  qualité  de 
PoL'te  Mimique  ,  ou  Mimographe  ,  c'elt-à-dire , 
boufTon  &  baladin  ,  contretailant  les  aétions  ou  les 
paroles  des  autres,  poiir  les  rendre  ridicules  au  pu- 
blic. Il  ne  nous  eft  refté  de  Syrus  que  des  Senten- 
ces très-eftimées  anciennement  ,  &  qui  font  encore 
fort  goûtées  aujourd'hui.  Elles  font  fi  graves  &  ii 
judicicufes,  qu'on  nuroit  peine  à  croire  qu'elleseulfent 
été  extraites  de  pièces  comiques  ,  li  les  Anciens 
ne  l'avoient  pas  attefté. 

MIMOLOGIE.  f.  f.  Imitation  du  dilcours  d'une  au^ 
tre  perfonne  ,  &  de  la  manière  de  parler  ,  Dilcours, 
ou  manière  de  parler  mimique.  Mimologia. 

Ce  mot  &  le  fuivant  viennent  -de  i^if^Ufinf ,  j'imite  j 
&  de   ^  yȔ  ,  difcours. 

MîMOLOGUE.  "f.  m.  (Se  f.  Imitateur  de  la  manière 
de  parler  d'un  autre,  de  la  voix  ,  de  la  prono.icia- 
tion ,  &  de  fon  gefte.  Mimologus ,  a. 

M  I  N. 

MINA.  Nom  d'une  rivière  du  Telenfin  ,  province  da 
Royaume  d'Alger.  Mina^  anciennement  Chylemath. 
Elle  prend  fa  lource  aux  montagnes  de  Tegdent, 
baigne  la  ville  de  ce  nom  &  celle  de  B.itha  ,  i!^-  le 
décharge  dans  la  mer  Méditerranée  à  Arler  ,  à  huit 
lieues  d'Oran  ,  du  côté  du  levant.  Les  Lfpagnols  .ap- 
pellent cette  rivière  Rio  de  Céna. 

Mina,  yoye^  S.  George  de  la  Mine.  Maty. 

MINAGE,  f.  m.  Droit  Seigneurial  que  le  Roi  &  les 
Seigneurs  prennent  pour  le  mefurage  des  grains  fur 
chaque  mine  de  blé,  d'avoine,  &c.  Jus  menfuriz  , 
minagium  dans  la  balîe  Latinité.  Tenir  .à  minage  j 
lignine  dans  les  coutumes  tenir  une  terre  à  feime, 
à  condition  de  rendre  tant  de  mines  de  blé  par  an. 
Dans  ce  cas ,  minage  fignifie  une  redevance  en  grain. 

MINAKUTS.  Ville  du  Japon  ,  d.ms  l'île  de  Niphon, 
dans  la  partie  méridionale  de  la  province  d'Oomi. 

MINALTOUN.  f  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  u:ie 
monnoie  ou  manière  de  compter  la  monnoie  en 
Perfe.  Min  en  Turquie  lignifie  mille  ,  &  altoun , 
denier.  Minaltoun  eft  mille  deniers  ,  ou  cent  lous 
de  notre  monnoie.  Le  yons  altoun  eft  la  dixiè- 
me partie  du  minaltoun  ,  car  yons  fignifie  cent. 
L'abaili  de  Perle  vaut  deux  yons  altoun  ,  &c  cinq 
abalfis  valent  un  minaltoun.  Les  yons  alton  s'ap- 
pellent auili  le  Mahomédi  lacizé.  On  prérend  que 
cette  manière  de  compter  eft  très  -  ancienne  dans 
la  Perle  ,  &  que  les  anciens  Perfans  n'en  .ivoienc 
pas  d'autre.  Ainli ,  lorfque  Quinte-Curce  dit ,  L.  j-. 
Ex  pecuniâ  Babyloni£  Macedonibus  equitibus  fex- 
ccni  denarii  tributi ,  peregrinus  cques  quingenos  aces- 


M  I  N 

pit ,  Cela  fignilic  qu'Alcxaiidi"c  fit  donner  à  chaque 
cavalier  Macédonien  trois  abajjh  de  l'eiie  ,  ou  un 
ccu  de  notre  moinioie  ,  &C  à  chaque  Cavalier  étrau 
gcr  cinq  yons  altouii  ,  ou  cinqu.intc  fous  de  notre 
monnoic.  Fout  de  même  ce  qui  fuit ,  Ducenï  pcdcf 
trium  Jîipaidium  mcnfum  ,  lignihc  que  chaque  fan 
tallin  tut  anaktiJL,  ou  vinijt  fous  de  France.  Entin 
dans  le  nièaie  hvrc  ,  il  e(l  dit  qu'Alexandre  ayant 
pitié  de  quatre  mille  Grecs  que  les  Periiens  avoient 
Il  maltraités  pendant  leur  prifon,  terna  mlliia  dma 
rïorum  fingulis  dan  jujjlc,  c'eil-à  dire  ,  qu'il  leur  fit 
donner  à  chacun  trois  mlnaltoun  ,  ou  quinze  francs. 
On  a  d'autres  preuves  incontelïablcs  que  les  Ferfins 
ont  retenu  très-hdcllement  la  plupart  des  coutumes 
de  leurs  Ancêtres. 
MINARET,  f.  m.  Tourelle  ronde  ,  &  à  pans  ,  menue 
comme  une  colonne.  Elle  s'élève  par  et  ges  ,  avec  bal- 
cons en  iaillie.  C'eft  chez  les  Mahoinétans  une  cfpèce 
de  clocher  placé  proche  des  Mofquées  ,  d'où  l'on  ap- 
pelle le  peuple  à  la  prière.  Les  minarets  ont  quelque- 
fois les  jours  de  fête  par  étage  des  couronnes  de  lam- 
pes ardentes ,  dont  les  diverles  couleurs  rendent  la  vue 
fort  agréable.  Duloir,/?.  140, 

Le  Père  Jérôme  Dandini  dit  ,  au  ch.  7  de  (on  voyage 
du  Mont  Liban  ,  que  les  Turcs  n'ont  point  l'ufigc  des 
cloclies  pour  marquer  les  heures  du  jour  ;  mais  qu'au 
lieu  du  Ion  inanimé  des  cloches  ,  ils  fe  fervent  de  la 
voix  dirtinCte  oc  animée  des  hommes  ,  qui  montent 
à  de  certaines  heures  au,  haut  des  clochers  Se  des 
tours  pour  le  hire  entendre  des  habitans.  C'eft- à-di- 
re ,  que  les  Turcs  au  lieu  de  cloches  ,  (e  fervent  de  la 
voix  d'un  homme  qui  annonce  du  haut  des  minarets  , 
ou  clochers  ,  1  heure  de  la  prière.  Cet  Oflicier  crie 
par  trois  fois  de  toute  La  force  du  haut  du  minaret, 
alla  eéher  ,  c'eft  à  dire  ,  Dieu  efl  grand  ;  puis  il  con- 
tinue de  dire  par  trois  auties  fois  de  la  même  ma- 
nière en  langue  Arabe  :  ]e  témoigne  quiln'y  a  point 
d'autre  Dieu  que  Dieu.  Il  dit  encore  trois  tois  dans  la 
même  langue  :  Je  témoigne  que  Mahomet  efi  le  Pro- 
phète de  Dieu.  Il  ajoute  quelques  autres  paroles ,  com- 
me ,  l'^ij  à  la  prière  ,  vif  au  falut.  Il  dit  de  plus  à  mi- 
di, au  loir  ,  èc  environ  cinq  quarts  d'heures  après  le 
coucher  du  loleil  :  Que  Dieu  &  fes  Anges  benij]'ent 
le  Prophète.  'Voyez  aulli  Duloir  ,  'Voyage  du  Levant; 

L.r. 

MINATIUS ,  MINATIA.  f.  m.  c^  f.  Nom  d'une  fa- 
mille Romaine.  Aîinatius  _,  a.  Les Minatius  étoientde 
la  Tribu  Sabarine. 

MINA TZIN.  f.  m.  Terme  dé  Relation.  C'eft  le  nom  de 
l'Aftronome  du  Roi  de  Perfe.  Regius  in  Perjîde  Aftro- 
no  mus. 

MINAUDER.  V.  n.  Elegantiam  affeclare ,  fordidè  imi- 
tari.  Atfeéfet  de  petites  façons  ,  des  mines  ,  des  ma- 
nières pour  plaire  &c  pour  paroître  plus  agréable.  Il 
fe  dit  principalement  des  femmes.  Les  précieutes  gri- 
macenr  &  minaudent. 

Phénice  Comédienne  ,  faifoit  la  toute  aimable- , 
£.<.  écoutoit  en  minaudant  le  doux  ramage  d'un  jeune 
oifeau,  quis'étoit  apparemment  Liilîé  prendre  à  la  glu 
de  fa  déclamation.  Hifi.  de  Gd-Blas  de  Santillane. 

Contrefaire  la  langoureufe , 
Et  minauder  à  tout  moment , 
Pour  paroître  plus  gracieufe  y 
Efi  un  métier  ajjurément 
Indigne  d'une  parejfeufe.  N. 

MINAUDERIE,  f.  f.  Grimaces  ,  mines ,  petites  façons , 
•    manières  z'&Ccccs.  ÂffeHata  clegantia.W  y  a  des  fem- 
mes qui  fe    rendent  ridicules  Se  infupportables  par 
leurs  minauderies.  Cette  fille  n'a  pour  tous  agrémens , 
qu'un  peu  de  jcunelfe  &  de  minauderie  ;  mais  ce  font 
ces  minauderies  qui  rendent  une  femme  la  paffion  des 
j',ens  du  meilleur  goût.  P.  Com.  Les  petites  façons 
&  les  minauderies  fervent  de  relief  au  mérite  d'une 
jolie  perfonne.  S.  Evr.   Les  grimaces  étudiées  ,  &  les 
minauderies  de  Précieufes  ,  font  tire  les  perlonnes  rai- 
ionnables.  Bell. 
MINAUDIER  ,  1ÈRE.  adj.  m.  &  f.  Qui  a  des  manières 
Tome  V. 


M  I  N  1003 

affcdécs  pour  paroître  agréable ,  Se  qui  n'eft  que  ri- 
dicule. Avec  ks  airs  pallionnés  ,  fon  ton  radouci  ,  ia 
face  minaudiere  ,  je  le  coaiiois  un  grand  Comédien. 
Le  Sage.  |iCr  Ce  mot  cft  adj.  &  fubft.  On  dit  d'une 
femme  ,  qu'elle  eft  trop  minaudiere  ,  &quc  c'eft  une 
minaudiere. 
iiO-  MIN-BACHL  f.  m.  Terme  de  Relation.  C'eft  en 

Perle  un  Ofticier  qui  commande  à  mille  hommes^ 
gcr  MINCE,  adj.  m.  &:f.  C  eft  l'oppolé  d'épais.  Quia 
peu  d'ép.iillcur.  Le  mince  exclut  feulement  1  épaillcur, 
&  peut  beaucoup  .avoir  des  autres  dimenlions.  Exi- 
lis  ,  tenuis.  Le  taffetas  eft  une  étofte  fort  mince.  Une 
lame  d'argent  très  mince.  Couper  des  tranches  de 
pain  uop  mince.  Voyez  Menu  &  Délié  ,  pour  les 
difiérenccs. 
£CF  Au  figuré  j  ce  mot  a  dilfércntcs  acceptions  ,  don: 
pluhcurs  font  du  ftylc  familitr.  Il  fait  naître  l'idée 
d'une  chofe  foiblc  ,  peu  conlidcrable,  médiocre.  Un 
revenu  mince ,  efl  un  revenu  modique.  Une  raifoa 
mince  ,  eft  une  raifon  foiblc.  Un  dîner  fort  mince. 
Rien  n'eft  plus  mince  que  toute  fi  perfonne.  Cet  hom- 
me a  un  mérite  j  un  efprit  bien  mince  ;  peu  d'cfprit , 
peu  de  mérite.  Il  n'y  a  rien  de  plus  mince  &:  de  plus 
borné  jquel'eiprit  des  femmes.  Elles  brillent  un  peu 
dans  la  converfation  ;  mais  hors  de-là  elles  ne  font 
pas  trop  raifonnables.  Bouh. 
CCJ"  On  dit  proverbialement  ,  mince  comme  la  langue 

d'un  chat ,  extrêmement  mince. 
jïCF  On  dit  qu'un  homme  a  la  mine  bien  mince  ,  qu'il 
a  l'air  d'un  homme  peu  confîdérable. 

Ce  mot  vient  de  minutius  ,  diminutif  de  minutus  , 
ou  du  Grec/tr  wJo<.  Mén. 
MINCIN.  f.  m.  Marchandife  dont  il  eft  parlé  dans  le 
tarif  des  entrées  de  Smyme.  Il  y  en  a  d'Angleterre,  de 
Hollande  &  de  Venite. 
MINCING.  Nom  d'une  ville  de   la  Chine.    Elle  eft 
fîtuée  dans  la  Province  de  Fokienjau  département  de 
Focheu. 
MINCIO.    Voye:^  Mencio. 

MINDANAO.  Nom  dîles.  Mindanaum.  Ce  font  trois 
îles  ,  qui  pall'ent  pour  une  ,  parce  qu'elles  font  fé- 
parées  par  deux  petits  détroits.  On  nomme  la  prin- 
cipale Mindanao  ,  &  les  deux  autres  ,  Canola  & 
S.  Juan.  Ce  font  les  plus  méridionales  des  Philip- 
pines :  elles  s'étendent  depuis  le  lôijufqu'au  170"= 
degré  de  longitude  ,  &  depuis  le  5  juf'qu'au  9*^  de 
latitude. 
MINDANAO  ,  ou  TABOUC.  Nom  de  la  principale 
ville  de  l'île  propre  de  Mindanao  Mindanum.  Elle 
eft  grande  ,  fortifiée  ,  &  elle  a  un  bon  poi  t  fur  l'en- 
trée du  détroit  qui  fépare  cette  ile  de  celle  de  Canola. 
*  Maty. 

MINDELHEÎM.  Nom.  d'une  petite  ville  ,  avec  une  ci- 
tadelle. Mindelheimum.  Elle  eft  fur  le  Mindel  ,  en 
Suabe  ,  à  cinq  ou  fix  lieues  de  Mémingen  ,  du  côté  de 
l'orient.  Quelques-uns  croient  que  cette  ville  eft  le 
Roflrum  Nemavi(£  des  Anciens.  Quoiqu'il  en  foit  , 
elle  eft  capitale  d'une  Baronie  qui  porte  ton  nom  ,  & 
qui  peut  avoir  cinq  lieues  de  long  ,  &  trois  de  large. 
Les  Ducs  de  Bavière  la  pofïedent  en  fief  de  l'Empire 
depuis  l'an  ij86.  Maty. 
MINDEN.  Nom  d'une  ville  du  cercle  de  Weftphalie  , 
en  Allemagne.  Minda.  Elle  eft  capitale  de  la  prin- 
cipauté de  Minden  ,  &  fituée  fur  le  'Wéfer  ,  à  douze 
lieues  au  levant  d'Ofnabrug.  Minden  eft  une  ville 
allez  forte,  elle  eft  Anféatique  ,  &  elle  a  été  Impé- 
riale ;  mais  elle  fut  foumile  à  fes  Evcques  fous  des 
conditions  fort  avantageufes.  Elle  dépend  de  l'EleCfeur 
de  Brandebourg  fous  les  mêmes  conditions.  Maty. 
^C?  Cette  'Ville  fe  rendit  aux  François  le  5  Août  17^7. 
Elle  fut  reptile  par  les  Alliés  vers  la  fin  de  la  cam- 
pagne. Le  Duc  de  Broglie  s'en  empara  de  nouveau 
le  9  Juillet  17J9.  Le  i  Août  fuivant  ,  le  Maréchal 
de  Contades  attaqua  le  Prince  Ferdinand  de  Brunf- 
wic  ,  Général  de  l'armée  des  Alliés  ,  dans  les  environs 
de  cette  place  ,  Se  ayant  perdu  la  bataille  ,  les  en- 
nemis rentrèrent  dans  Minden.  long.  16  d.  40'.  lat. 
51  d.  2?'. 
La  Principauté  de  Minden.  Mindenfls  principatus, 
LllUl  "ij 


Ï004         M    I  N 

Ceft  un  petic  Etat  du  Cctcle  de  Weftph.ilie.  Il  eft 
au  nord  du  Comté  de  Ravcnsberg  ,  le  long  des  deux 
bords  du  Véfcr ,  ayant  environ  neuf  lieues  en  carré. 

MINDORA.  Nom  d'une  île  de  l'Océan  Indien.  Min- 
dora.  C'ell  une  des  principales  des  Philippines.  On 
la  trouve  au  midi  de  Manille  ,  dont  elle  cft  iéparée 
par  le  détroit  de  Mindora  ,  qui  peut  avoir  dix  lieues 
de  large  ,  ôc  vingt-cinq  à  trente  de  long.  Cette  ilc  , 
qui  a  une  centaine  de  lieues  de  circuit ,  appartient  aux 
Elpagnols  :  elle  a  une  ville  de  même  nom  ,  avec  un 
bon  port  lur  le  détroit. 

1^  MINE.  f.  t.  Extérieur  ,  air  qui  réfulre  de  la  conforma- 
tion du  corps  ,  <!><:  particulièrement  du  vilage.  Oris 
Jpcci.es  j  nativa  vultùs  compofido.  Bonne  OTi/ze,  mau- 
vaile  TOi/ze.  Grande,  petite  wi/zt;.  Mine  hère  j  haute, 
noble.  Les  gens  de  mauvaife  mine  doivent  dire  les 
choies  fort  modeftement  ,  parce  que  leurs  défauts 
frappent  les  (eus  ,  &  entraînent  l'imagination.  Nie. 
La  mine  d'Alexandre  ne  lépondoit  point  à  fa  renom- 
mée. Vau.  Tel  a  la  mine  d'un  brave  ,  &  d'un  hon- 
nête homme  ,  la  mine  hante  &  fîère.  Tel  a  la  mine 
patibulaire ,  la  m'me  d'un  fcélérat ,  d'un  pendart.  Il  a  la 
■tnïiic  balle  &  méprifable. 

Ma  foi  les  beaux  habits  firvent  bien  à  la  mine. 

Cet  homme  paie  de  mine.  Il  ne  faut  pas  toujours  ju- 
ger des  gens  par  la  mine.  Philopœmen  ,  après  avoir 
été  pris  pour  un  valet ,  dit  qu'il  portoit  la  peine  de  fa 
mauvaile  mine. 

|ÏCr  On  dit  dans  le  difcours  familier,  avoir  la  mine  , 
pour  avoir  l'air.  Cet  homme  a  la  mine  d'être  foUj 
d'ctr  j  riche  -,  c'eft  à  dire  ,  paroît  fou  ,  riche. 

^3"  On  dit  aulli  familièrement  ,  qu'un  homme  a  la 
mine  d'avoir  fait  quelque  choie  ,  c'eft  à  dire  ,  qu'on 
juge  cela  à  fon  air.  Vous  avez  ,  vous  m'avez  bien  la 
la  mine  d'avoir  fait  la  débauche. 

On  dit  porter  la  mine  ,  dans  le  fens  d'avoir  la 
mine;  mais  cela  ne  fe  dit  guère  qu'en  mauvaile  part. 
Vous  portez  bien  la  mine  d'être  un  efpion. 

Mine  ,  fe  dit  des  geftes  ,  des  marques  extérieures  qui 
font  connoitre  ce  qui  cft  caché  ou  fecret  ,  &:  de  la 
contenance  que  l'on  tient  pour  quelque  delTein.  Cef 
tus  ,  habitufquc  corporis.  Un  habile  Lieutenant  Cri- 
minel connoît  à  la  mine  ,  à  la  contenance  d'un  ac- 
culé ,  s'il  dit  vrai  ou  faux.  Ce  Marchand  a  fait  tou- 
jours bonne  mine  jufqu'à  la  banqueroute.  Il  faut  ga- 
gner le  vulgaire  parla  mine  &  par  l'apparence.  S.  Evr. 
Dans  toutes  les  piofellîons  ,  chacun  afteifte  une  mine 
&  un  extérieur  ,  pour  paroître  ce  qu'il  veut  qu'on 
le  croie.  La  Rochef.  Les  mines,  ni  les  grimaces 
ne  font  rien  pour  la  folide  vertu.  Bell.  Contentons- 
nous  de  faire  bonne  mine  à  la  vue  de  la  mort,  Gns 
nous  vanter  d'en  approcher  avec  indifférence.  La 
RocH.  Il  y  a  une  faulîe  humilité  qui  ne  confifte  qu'en 
mines,  &z  une  contenance  modefte.  M.  Esp.  Quand 
on  refufe  ,  il  faut  du  moins  contenter  de  mines  ik.  de 
paroles.  Bell. 

A  quoi  bon  cette  mine  modefte  , 
Et  ce  fa%e  dehors  ,  que  dément  tout  le  refte  ? 

Mol. 

Mines  ,  au  pluriel ,  fignific  les  petites  façons  ,  les  mi 
nauderies  d'une  femme  ou  coquette  ,  ou  précieufe. 
Geftus  aQeclatus  ycompofitus.  Elle  fit  x.owiz'iXzi  mines 
qu'elle  avoit  accoutumé  de  faire  quand  elle  vouloir 
pjaire  à  quelqu'un.  B.  Rab.  Les  faullés  Précieufes  dé 
plaifent  aux  gens  de  bon  goût  avec  toutes  leurs  façons 
&  toutes  leurs  mânes.  Bouh. 

Mine,  fe  dit  aulli  de  la  bonne  ou  mauvaife  apparence 
des  chofes.  Species  ,  afpeclus.  Ce  cheval  a  la  mine  de 
vendre  bon  lervicei  il  a  la  mine  d'être  ombragea:;. 
Voilà  un  melon  qui  a  la  m.ine  d'être  bon.  Voilà  un  plat 
de  rôt  qui  a  bonne  mine.  Ce  louis  d'or  a  la  mine  d'être 
faux  :  il  a  bien  mauvaile  mine. 

Mine  ,  le  dit  aufll  familièrement  du  bon  ou  mauvais 
accueil  qu'on  f  lit  à  quelqu'un.  Faire  la  mine  ;  c'eft 
marquer  que  quelque  chofe  nous  déplaît.  Je  ne  Gis 


MIN 

ce  que  j'ai  fait  à  cet  homme-là  j  il  me  fait  toujours 
mauvaife  mine  ;  il  m'a  fait  une  froide  mine  ,  une 
grife  mine  ,  c'eft  à-dire  une  mauvaile  réception.  Je 
ne  luis  point  content  de  (a  mine.  Faire  ime  laide 
mine  ;  c'eft  faire  une  vilaine  grimace. 

Mine  ,  fe  dit  encore  des  diverfes  manières  d'agir  qui  té- 
moignent des  déguilemens  ,  desirrclolutions.  Ne  lai- 
tes point  tant  de  mines  &  de  façons ,  dites  franchement 
votre  volonté.  Toutes  ces  mines  ,  ces  grimaces  ,  font 
inutiles ,  je  vois  bien  ce  qui  vous  tient. 

Mine  ,  fe  dit  aulîi  des  déguilemens  ,  des  femblans  , 
des  fauftes  apparences.  Simulatio.  Il  a  fait  mi;^e  d'al- 
ler en  Italie  ,  tk  il  eft  allé  en  Flandre  ;  il  a  trompé 
les  ennemis.  S'il  n'eft  pas  amoureux,  il  en  fait  toutes 
les  mines. 

On  dit  proverbialement ,  Faire  bonne  mine  à  mau- 
vais jeu  :  pour  dire ,  Cacher  le  délordre  de  les  af- 
faires par  une  démonftracion  de  giieté  Se  de  repos 
d'elprit  ;  cacher  le  mécontentement  qu'on  a  ,  le 
mauvais  état  où   l'on  eft. 

CCT  Mine.  Terme  d'Hiftoire  naturelle.  C'eft  cette  partie 
de  la  terte  où  le  forment  le  métaux  &  les  miné- 
raux,  &  même  les  pieires  précieufes.  AmÇ\  il  y  a 
des  mines  d'or ,  d'argent ,  de  fer ,  de  cuivre  ,  de  plomb 
&C  autres.  Minera  gleba  metallica.  Des  mines  d'anti- 
moine ,  de  loufre ,  de  vitriol ,  de  cinnabre  ,  d'arfc- 
nic  j  &  autres  ;  Se  des  mines  de  diamans,  d'émerau- 
des  j  de  rubis ,  de  cornalines ,  Se  autres.  Le  travail  àis 
mines  a  été  de  tout  temps  le  partage  des  milérables. 
Aulli  voyons-nous  fouvent  dans  l'Fiiftoire  Eccléliafti- 
que  les  Chrétiens  condamnés  ad  metalla  ,  à  travailler 
aux  mines. 

On  appelle  mines  égarées  ,  ou  mines  en  marrons  , 
celles  où  l'on  trouve  quelque  morceau  de  métal  tout 
feul  &c  fans  fuite.  Et  on  appelle  mines  fixes ,  celles  qui 
font  étendues  en  longueur  ,  largeur  Se  profondeur  , 
dont  les  veines  le  trouvent  divilées  comme  en  bran- 
ches, dans  un  même  continent. 

§3"  On  a.ppe:\\z  filons  ,  les  veines  de  la  terre  d'où  fe  rire 
la  matière  propre  pour  être  fondue.  Cette  matière  fe 
nomme  proprement  m.ine.  Ces  filons  fe  trouvent  à 
différentes  profondeurs.  Ordinairement  on  n'y  trouve 
du  métal  dans  fa  maturité  ,  du  moins  pour  l'or  & 
pour  l'argent  ,  qu'après  qu'on  a  fouillé  environ  à 
quarante  pieds  :  &  l'on  regarde  comme  une  elpèce  de 
merveille  que  les  filons  des  minss  du  Potoii ,  paroif- 
lent  au-dehors,& s'élèvent  comme  des  roches  fur  la 
furlace  de  la  montagne. 

On  a  donné  le  nom  de  rube  à  une  mine  du  Potofi, 
dont  le  métal  étoit  hors  de  terre  de  la  hauteur  d'une 
lance  ,  en  façon  de  rocher,  qui  demeura  découvert 
par  un  déluge.  Sa  veine  continua  firichelîe  jufqu'à  jo 
ou  6o  ftades  de  profondeur.  Ces  ftades  ne  font  que  de 
la  hauteur  d'un  homme.  On  appelle  généralement 
Mines  rubes  ,  celles  dont  le  minerai  fe  trouve  fur  la 
fuperficie  j  fans  qu'il  foit  befoiii  de  creufer  pour  tra- 
vailler. 

L'art  de  connoître  &  de  préparer  les  mines ,  &  de 
fe  fervir  utilement  du  mercure  pour  la  préparation  de 
l'argent ,  eft  cnlcigné  dans  un  traité  d'Alonzo  Barba  , 
Auteur  Elpagnol. 

Les  Mines  de  cuivre  font  abondantes  en  Danne- 
marck.  La  France  eft  riche  en  nimes  de  fer.  Le  vif- 
argent  a  fcs  propres  mir.es  ,  Se  le  trouve  quelquefois 
mêlé  avec  les  autres  métaux  dans  leurs  mines. 

§CT  Suivant  l'ancien  Droit  Romain,  \cs mines  d'or, d'ar- 
gent ,  Se  autres  appartiennent  au  propriétait e  du  fonds 
où  elles  le  trouvent.  Dans  la  fuite ,  les  Empereurs 
s'attribuèrent  un  dixième  du  produit  àzs  mines. 

^0°  En  France,  les  mines  d'or  &  d'argent  appattiennent 
au  Roi ,  en  payant  le  fonds  au  Propriétaire.  C'eft  un 
bénéfice  appelle  communément  Fortune  d'or,  qui  fait 
partie  du  droit  de  fouveraineté.  Les  autres  mines  ap- 
pattiennent aux  Propriétaires  du  fonds ,  qui  ne  peu- 
vent pourtant  les  fouiller  fans  la  permifFion  du  Roi  , 
qui ,  pour  les  beloins  de  l'Etat ,  lève  le  dixième  du 
revenu  des  mines  ,  qui  ne  lont  ni  d'or,  ni  d'argent. 

Mine  ,  fe  dit  aulîî  de  la  gicbe  ou  pierre  qu'on  cieulè , 
qu'on  détache  de  la  mine  pour  la  porter  dans  les  four- 


M  I  N 


M  I  N 


neaux  ,  où  on  la  fond  ,  on  l'épine  ,  &  où  l'on  tire  le 
luccul  qui  cit  cnk-inic  dedans.  Ainii  l'on  du  ,  mine 
d'or  j  d  argent ,  de  cuivre.  Pierre  de  mine. 

La  couleur  de  Mine.  l^oye\  Lis. 

On  appelle  le  crayon  non ,  pierre  de  mine  j  parce 
que  c'clt  en  eti'ec  de  la  mine  de  plomb  donc  il  elt  fait. 

Les  Anciens  condamnoicnt  les  criminels  aux  mi- 
nes ,  comme  on  les  condamne  aujourd'hui  aux  galères. 

Ce  mot  vient  de  A/(«i,' j  Allemand.  Vossius. 
Mine  ,  en  teimes  de  Guerre  ,  c(t  un  canal  ou  chemin 
fouterrain  qu'on  conduit  jufques  lous  la  muraille  ou 
rempart  d'un  ouvrage  qu'on  veut  taire  fauter  par  le 
moyen  de  la  poudre  qu'on  enferme  dans  un  tfpace 
pratiqué  pour  cck.  Cuniculus  ^  cafirenjis  opers,  cuni- 
culus.  Le  puits  de  la  mine  cil  l'ouverture  qu'on  fait  en 
terre  .a  la  profondeur  de  la  mine  qu'on  veut  faire  ,  &z 
avant  que  de  travailler  à  la  mine. 

La  chambre  ou  fourneau  de  la  mine ,  cft  un  creux 
de  quatre  à  cinq  pieds  de  largeur  ik  de  longueur  , 
&  d'environ  lix  de  haïueur ,  où  l'on  met  la  poudre. 
^3*  Le  fauciffbn  de  la  Mine  ,  cft  un  long  fac  de  cuir 
ciui  va  depuis  l'intérieur  de  la  chambre  de  la  mine  , 
julqu'à  l'ouverture  de  la  galerie,  &  même  au-delà  ; 
&C  atin  que  la  poudre  n'y  contradc  point  d'humi- 
dité j  on  le  met  dans  un  petit  canal  de  bois  appelé 
auget.  On  pratique  des  m/^ej- pour  faire  fauter  ce  qui 
cft  au-dellus  de  la  chambre.  Il  faut  pour  cela  qu'il  y 
ait  une  quantité  iulHfinte  de  poudre  ,  6c  que  cette 
poudre  j  en  s'enHammant  ,  falle  ion  effort  vers  la 

fiartie  fupérieure  du  fourneau  ,  plus  que  vers  la  ga- 
eric.  Pour  déterminer  Ion  adlioii  de  ce  côcé-là  ,  on 
remplit  une  partie  de  la  galerie  de  maçonnerie  ,  de 
fafcines  ,  de  pi;;rres  ,  tk.  ancres  matières.  Par  ce  moyen 
Li  poudre  enriammée,  faifmceiforc  de  tous  côtés  pour 
iï  dilater  ,  &c  trouvant  plus  de  réiiftance  du  côté  de 
la  y.ilerie  que  vers  le  haut  de  la  mine  ,  fait  effort  de 
ce  côté  là  ,  &  fait  fauter  tout  ce  qui  etl  au-defîus. 
On  dit  qu'on  fait  jouer  la /;zi-«<;jquandonymetlefeu. 
On  y  met  le  reu  par  le  moyen  du  Guciflon  qui  le  corn- 
irainiqueà  la  chambre  de  la  mine.  On  tait  quelquefois 
la  mme  dans  le  mur  ,  où  on  attache  le  Mineur.  Les 
Anciens  hifnient  des  mines  ou  des  conduits  fouter- 
rains  pour  pénétrer  jufques  dans  le  corps  de  la  place  , 
ôc  la  furprendre.  On  dit  qu'on  a  éventé  la  mine,  lorf- 
qu'on  a  découvert  le  lieu  de  la  mine  ,8c  qu'on  en  a 
empêché  l'effet.  Il  y  a  plufieurs  fortes  de  mines.  La 
mine  iunplc  .  qui  n'a  qu'une  chambre  ,  &  qui  fe  ter- 
mine ordinairement  à  la  racine  des  contreforts.  La 
TOi/ze  double  ou  en  T  ,qm  ,  après  avoir  percé  l'épaif- 
feur  du  revêtement ,  (e  fépare  en  deux  rameaux  qui 
s'étendent  derrière  les  revêiemens.  La  mine  triple  ou 
tréflée  ,  qui  a  trois  chambres  ,  ou  non  content  de 
deux  fourneaux  féparés,  on  en  poufle  un  tioidème 
dans  les  teires,  qui  va  chercher  le  derrière  des  contre- 
forts. La  mine  quadruple  a  quatre  chambres. 

§CT  Au  figuré  ,  éventer  h  mine  j  c'eft  découvrir  une  in- 
trigue, une  pratique  fourdc  &.  fecrète,&  empêcher 
par  là  qu'elle  ne  réullllle. 

Chevalier  delà  Mine.  Favyn  en  fon  Théâtre  d'honneur, 
L.  III.p.  pi 3.  appelle  Chevaliers  de  Mine ,  des  Cheva- 
liers qui  reç  ment  cet  honneur  pour  avoir  combattu  dans 
les  mines  que  l'on  faifoit  aux  fiéges  de  villes.  Renaud 
de  Montfcrrand  ,  Ecuyer  ou  Gouverneur  du  château 
de  'Vertueil  en  Poitou  ,  fut  fait  Chevalier  par  le  Duc 
de  Bourbon  ,  dans  une  mine  qu'il  avoit  fait  faire  pour 
prendre  ce  château, &  où  il  fît  armer  le  premier  contre 
Montferrand.  Il  y  en  eut  de  même  au  flégedeMelun. 
Koyei  Favyn  ,  à  l'endroit  cité. 

Mine  j  dans  le  Commerce ,  efl  une  mefure  de  grains  j 
de  charbons ,  de  chaux ,  ou  autres  choies  fembla- 
bles ,  qui  contient  deux  minots  ,  ou  la  moitié  d'un 
fetier  de  Paris,  ou  fîx  boifleaux.  Medimnus  &  qua^ 
drans.  Delà  vient  qu'on  dit  populairement  ,  Il  en  a 
pour  fr  mine  de  fèves  ,  lorfqu'on  parle  de  quelqu'un 
qui  a  fouitett  quelque  dommage.  On  dit  en  Lacin 
mina  ,  Sc  minellus  fon  diminutif. 

ÇfJ'  La  mine  de  Charbon  ,  n'eft  pas  une  mefure  parti- 
culière ,  mais  un  compofé  de  plufieurs  mefures.  On 
la  nomme  quelquefois  fac  ou  charge ,  parce  que  le 


1005' 

fac  de  charbon  qui  contient  un  muid^  efl  la  charge 
d'un  homme.  Elle  contient  deux  minocs  ou  feize 
boifleaux.  Dicx.  de  Com. 

îJC?  Mine  ,  fc  dit  aullî  de  ce  qui  efl  contenu  dans  la 
mine,  mine  de  froment  ,  de  blé  ,  d'avoine. 

MiN£  ,  cil  auill  une  mefure  de  terre  j  dont  l'étendue 
a  beloin  de  deux  minots  de  grains  pour  cire  eiifc- 
mencée.  Semi-jugerum.  Elle  revient  environ  à  um 
demi-arpent  de  Pans.  Elle  a  plus  d'étendue  dans  quel- 
ques pays. 

Mine _,  efl  aufH  une  pièce  de  monnoie  des  Anciens, 
qui  pefoir  chez  les  Grecs  cent  drachmes  ou  une 
livre.  Mtna ,  Anica  Ubrd.  Il  y  en  avoir  une  petite 
qui  n'étoit  que  de  toixance  quinze  drachmes  ;  en  Sy- 
rie &  en  Judée  de  dix  huit  onces.  La  mine  chez  les 
Hébreux  étoit  de  foixante-dix  licles,  ou  cent  vingt 
drachmes  ,  &  chaque  drachme  étoit  divifee  en  fix 
oboles.  On  l'appcloic  mna ,  ou  maneh  :  mais  il  y  en 
avoit  un  autre  qu'on  appelait  mine  antique  ,  qui  pe- 
foie  cinquante  licles  facrés. 

MINEEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  i.  Nom  de  Se6le.  Mi- 
n<s.us  j  a.  M.  l'Abbé  Fleuri  dans  fon  Hifloire  Ecclé- 
fiallique ,  L.  II  ,  p.  2^4.  fait  entendre  que  ce  nom 
fut  donné  j  après  la  ruine  de  Jérufalem  ,  aux  Juifs 
Nazaréens  de  profeflîon  ■,  ou  plutôt ,  dit  il ,  à  des 
Chrétiens  qui  gardoient  la  circoncifion  &  les  obfer- 
vances  légales  y  &  qui  vouloient  être  Juifs  èc  Chré- 
tiens tout  eniemble ,  &  qui  fe  joignirent  aux 
Ebionites. 

fp^  MENEIDES.  f.  f.  pi.  Terme  de  Mythologie.  Le» 
filles  de  Mynias  qui  furent  changées  en  chauve  fou- 
ris  ,  pour  avoir  refufé  de  fe  trouver  à  la  célébration 
des  Orgies ,  foutenant  que  Bacchus  n'étoit  pas  fils  de 
Jupiter. 

MINER,  v.  a.  Faire  une  mine  ,  conduire  une  mine. 
Voy.  ce  mot.  Cuniculum  agere.  Les  ennemis  ont 
miné  et  bailion,  cette  demi-lune,  mais  on  a  éventé 
la  mine  ,  on  en  a  empêché  l'edet.  Miner  une  place, 
un  ouvrage. 

Miner  ,  fignifie  aulîî  Caver  petit  à  petit;  &  fc  dit  par- 
ticulièrement de  l'eau.  Atterere  ,  cavare.  La  gouttière 
qui  tombe  auprès  de  ce  mur  ,  en  a  miné  ]:eu-a-pcu 
le  fondement.  La  rivière  mine  les  piles  des  poi.ts , 
les  quais  &  fes  bords.  Guua  cmat  lapidem  non  vi  , 
fed  f^pè  cadcndo. 

Miner  ,  fe  dit  auili  figurément  en  morale  ,  &:  fignifie, 
contumcrj  détruire  peu  a  peu.  Confumere  ,  decer- 
rere  ,  perdere.  Les  arrérages  de  rente  mènent  '^^euà.- 
peii  un  débiteur.  Cet  homme  efl  chargé  de  fa  j.arenté 
qui  le  mine.  Les  ennuis  ,  les  afFliélions  l'ont  telle- 
ment miné ,  qu'il  le  meurt.  N'enferme  point  dans 
ton  cœur  ces  ennuis  protonds  qui  le  minent  fccrè- 
tement ,  &  qui  le  confument.  M.  Esp.  Balzac ,  par 
fon  afiédlation ,  minoic  la  beauté  naturelle  des  pen- 
(ézs.  S.  ÉvR.  L'étude  mine  peu  à-peu  la  fanté.  Le 
temps  mine  tout.  Tempus  edax  rcrum. 

MINÉ,  LE.  part. 

MINÉRAL  f.  f.  Pierre  de  mine  ,  pierre  qui  contient 
le  métal ,  &  que  l'on  tire  des  mines  ,  pour  l'en  fepa- 
rer.  Lapis  metallicus  ,  terra gtebametallica.  [CT  AinCi 
minerai  &  mine  ,  dans  le  fens  où  ce  dernier  mot  figni- 
fie une  fubllance  métallique  combinée  avec  des  ma- 
tières étrangères,  fonc  cermes  fynonymes.  Cependant 
l'ufage  veut  qu'on  dife  une  mine  d'or  ,  une  mine  de 
cuivre  j  &  non  pas  un  minerai  d'or  ,  un  minerai 
de  cuivre. 

03"  Il  femble  que  ce  mot  s'eft  introduit  pour  éviter 
l'équivoque  du  mot  mine  qui ,  en  métallurgie  ,  a  deux 
acceptions  différentes  ,  Ôc  lignifie  le  lieu  où  fe  for- 
ment les  métaux  ,  &  les  métaux  qu'on  tire  mêlés 
avec  la  terre  ,  avec  la  pierre  de  mine. 

MiKÉRAL,  ALE.  adj.  Qui  tient  quelque  choLè  des  mi- 
néraux ,  qui  croît  dans  les  mines ,  qui  pafle  par  les 
mines.  Mineratis.  Matières  minérales. 
■  Les  eaux  minérales  lontdes  eaux  chargées  de  prin- 
cir^cs  minéraux  ,  qui  patient  par  des  mines  de  vitiiol , 
d'alun  ,  ou  autres  femblables.  Sel  minéral ,  k  dix  du 
i'el  foiîîle  qu'on  trouve  dans  des  roches  ,  ou  des  mi- 
nes. Le  criilal  minéral  efl  une  préparation  de  nitre 


ÏOO^ 


M  I  N 


M  I  N 


taire  avec  h  Heur  de  loufie.  J'oye-^  Cristal. 

Les  Cbimiftcs  appellent  l.i  teinture  minérale ,  celle 
qui  leur  Icrviroit  a  laire  la  Pierre  Philofophale  ,  s'ils 
lavoicnt  trouvée  j  pour  teindre  le  mercure  qu'ils  s'i 
maginent  pouvoir  rixer  ailcment. 

CiCrRcgiie  Minéral.  Terme  d'Hiftoirc  naturelle  , 
par  lequel  on  délîgne  l'enfemblc  ,  la  totalité  des 
êtres  qui  le  forment  dans  le  fein  de  la  terre.  C'ell 
l'objet  de  la  Minéralogie  :  l'Hilloire  naturelle  com- 
prend le  règne  minéral ,  le  règne  végétal ,  ik  le  règne 
animal. 

Mi.NKRAL.  f".  m.  On  comprend  fou<;  le  nom  général  de 
minéraux  j  tous  les  corps  qui  le  tu-ent  des  minières  : 
les  Anciens  au  contraire  appeloient  métaux  tout  ce 
qui .  fe  tire  de  la  terre.  Mctallicus  j  fojjilia  metal- 

■  licisconcretionis.  On  diftingue  deux  lortes  de  miné- 

■  raiix,  à  prendre  ce  mot  dans  L\  fignitication  génc- 
inlc  ;  l'une  de  ceux  qiri  le  peuvent  fondre  au  ku  ,  & 
être  forgés  fur  renclume  ,  ce  (ont  les  métaux  :  l'au- 
tre de  ceux  qui  n'ont  que  l'une  ou  l'autre  de  ces  pro- 
priétés; lie  ce  tont  les  minéraux.  Roh.  Dans  ce  (ens 
un  minéral  cft  un  corps  folîile  qu'on  trouve  dans  la 

.  xerre ,  qui  s'engendre  par  une  coagulation  ,  &  s'au- 
gmente par  une  addition  extérieure  de  parties  ien- 
libks  ,  ik  qui  fort  fouvent  eft  la  matière  dpnt  fe 
forme  le  métal  avec  le  temps.  Les  minéraux  font 
des  Corps  fixes  &  (olides,  engendrés  des  exhalailons 
&  des  vapeurs  cncloks  dans  les  entrailles  de  la  terre  , 
de  même  que  les  météores  dans  les  régions  de  lair. 
Lescaillous,  les  pierres  j&:  les  lues  condenfés,  font 
des  minéraux.  Le  vitriol  efl  un  minéral  dont  fe  for- 
me Je  cuivre.  L'alun  j  le  criftal  de  roche,  le  foufre, 
&c.  font  mis  au  rang  des  minéraux.  L'antimoine 
c'a  le  minéralqiû  approche  le  plus  du  métal  ,  &  dont 

.  le  régule  n'en  e(l  différent  que  parce  qu'il  elf  cal- 
lant ,  &  n'crt  point  ductile.  Les  Chimiftes  &  les  Em- 
piriques tirent  prefque  tous  leurs  remèdes  des  mi- 
néraux qu'ils  préparent  :  mais  comme  la  plupart  de 
ces  remèdes  lont  violens  ,  ils  tont  d'ordinaire  fort 
dangereux  ,  parce  que  ces  lortes  de  gens  ne  lavent 
point  s'en  lervir  à  propos. 

Quelques-uns  admettent  quatre  minéraux  fimplcs  , 
les  pierres,  les  lels,  comme  l'alun  ^  le  vitriol  j  le 
nitre  ,  les  minéraux  inilammables  ,  connue  le  iuu- 
fre  &  le  bitume  :  &  enfin  les  métaux  comme  l'or  & 
l'argent.  Les  minéraux  compofés  lont  ceux  où  on 
trouve  plufieurs  minéraux  limples ,  comme  le  cina- 
bre compolé  de  loufre  &  de  mercure  ,  l'antimoine 
&  les  marcaflites. 

Ip-  ivilNÉRALlSATION.  f.  f.  Terme  de  Métallurgie. 
C'ell:  .ainli  qu'on  appelle  la  combinaifon  de  la  mine 
avec  du  toulre  ou  de  l'arlenic  ;  l'opération  par  laquelle 
la  nature  combine  un  métal  ou  demi-iuétal  avec  du 
•  foufre  ou  avec  de  l'arfenic  ,  ou  avec  l'un  <?c  l'.autre 
tout  à  la- fois.  Par  cette  combinaifon  le  métal  prend 
une  forme  étrangère  ,  &  n'eft  plus  reconnoillable. 
On  dit  alors  ,  qu'il  eft  miuéralifé  ,  c'eft  à-dire  ,  qu'il 
eft  dans  l'état  de  mine  ou  minerai. 

MINÉRALOGIE,  f.  f.  Terme  Didaftique  &  d'Hif- 
toirc naturelle.   Mineralogia.  Partie  de   la  Chimie 

•  qui  traite  des  minéraux  j  ifT  &  de  la  manière  de 
les  tirer  du  Icin  de  !a"terre.  Ce  mot  dans  ia  (ignifi- 
carioii  la  plus  générale  ,  eft  la  partie  de  l'Hiftoire  na- 
turelle qui  a  pGi'.r  objet  les  lubftanccs  du  règne  mi- 
néral, des  terres  ,  des  pierres,  des  iels ,  des  pétrifi- 
cations ,  &c   en  un  n'iot  ,   la  totalité  des  êtres  inani- 

■  "jués  qui  le  trouvent  dans  le  lein  de  la  terre  &  à  fa 
iari-ace. 

^iCT  Dans  une  acception  particulière  on  entend  par  ce 

--  motj  les  travaux  que  l'on  fait  pour  l'exploitation 
des  miues  -,  &  dans  ce  fens  il  comprend  auill  la 
Métallurgie. 

Ue?. MINER ALOGIQUE.  adj.  Qui  concerne  la  Mi- 
néralogie. M.  Buache  a  drelFé  une  Carte  minéralo- 
gique  lur  les  idées  de  M.  Guettard. 

MiNÉRALOGUE.  f.  m.  C'eft  le  nom  que  l'on 
donne  à.  ceux  qui  fe  mêlent  d'expliquer    la  nature 

'  des  minér.iu'x  ,  leur  formation  ,  leurs  progrès ,  leur 
fi.^iire ,  Si  générilemeut  tout  ce  qui  les  concerne.  On 


donne  aufll  ce  nom  aux  Curieux  qui  amaffent  dans 
leurs  cabinets  toutes  fortes  de  minéraux  ôc  métaux.  M. 
Mercati  s'étend  beaucoup  iur  le  fe;l ,  le  nitre  ,  l'alun 
&  le  vitriol,  &  fur  les  autres  felsj  que  les  Miné- 
ralogues  appellent  Sucres  acres  &c  mordans.  Journ. 
DE  Genève. 

MlNERBINO.  Foyei  Minorbino. 

MINÉROLOGIE.  f.  f.  Science  ,  connoilïance  des 
minéraux.  Minerologia ,  en  Latin  barbare.  On  doic 
dire  ,   &  l'on  dit  Minéralogie. 

1^'  MINERVAL.  f.  m.  Pendant  les  fêtes  que 
l'on  célébroit  à  Rome  en  l'honneur  de  Minerve  le 
3  Janvier  6c  le  i  9  de  Mars  ,  les  Ecoliers  qui  avoient 
vacances  ,  portoient  à  leurs  Maîtres  un  préfent  ou 
honoraire  que  l'on  appeloit  Minerval  ,  ou  Miner- 
vale  ,  du  nom  de  la  déefte  des  beaux  Atts. 

UCFMîNERVALES.  f.  f.  pi.  Terme  d'Hiftoire  ancien- 
ne. Fêtes  qui  fe  célébroient  à  Rome  en  l'honneur 
de  Minerve.  Voye\  Minerval. 

MINERVE,  f.  f.  Nom  d'une  déefte  de  l'Antiquité 
payenne.  Mimrva.  On  la  nommoit  aufti  Pallas  &  en 
Grèce  Athénée.  Minerve  étoit  fille  de  Jupiter  ;  elle 
étoit  fortie  de  fon  cerveau.  Héfiode  dit  pourtant  que 
Métis ,  première  femme  de  Jupiter  ,  l'avoit  conçue  ■, 
mais  Jupiter  enferma  Métis  dans  fon  fein  lorfqu'elle 
étoit  Iur  le  point  de  mettre  Minerve  au  monde  ,  qui 
lortit  enluitc  de  Ion  cerveau.  Minerve  étoit  la  déellè 
des  beaux  Arts  &  de  la  fagelfe. 

Minerve.  Voye\  Menerbe. 

MINERVEZ  ,  ou  MINERBOIS.  Nom  de  pays,  con- 
trée de  Ménerbe.  Pagus  Minervenjis.  'Valois ,  Noc. 
Gall.  p.  SSP-  a. 

MINET,  f.  m.  MINETTE,  f.  f.  ou  MINON.  f.  m. 
C  eft  le  nom  que  les  enfans  donnent  aux  chats  &: 
aux  chattes  quand  ils  les  appellent.  Felis ,  felicula. 
Terme  familier. 

§3" MINEUR,  f.  m.  Celui  qui  mine.  C'eft  un  terme 
de  l'Art  militaire  &   de  Métallurgie. 

ifT  En  termes  de  Fortification  on  appelle  Mineur^ 
celui  qui  travaille  à  une  mine  pour  faire  lauter  quel- 
que ouvrage ,  quelque  foitification.  Cunicularius, 
Voyei  Mine.  On  dit  ,  Attacher  le  Mineur  à  un 
bartion ,  à  une  muraille.  Compagnie  de  Mineurs 
commandée  par  un  Capitaine. 

Mineur  J  En  termes  de  Métallurgie  ,  Eft  l'ouvrier  qui 
fouille  la  mine  pour  en  tirer  le  minerai  j  la  matière 
Métallique.  MetalUcus. 
03"  Mineur  ,  eure.  Terme  de  Jurifprudence.  adj.  & 
fubft.    Enfant    mineur  ,   fille   mineure.    Un  mineur , 
Celui ,  celle  qui  n'a  pas  atteint  l'âge  prelcrit  parla  Loi 
pour  difpofer  de  U  perfonne  ou  de  Ion  bien.  On  dit 
au  Palais,  Mineur  d'.\ns ,  annis  rninor.  Comme  il  y 
a  diverfes  fortes  de  majorité  ,  l'état  de  minorité  dure 
plus  ou  moins  de   temps  félon  la  maj.orité  dont  il 
s'agit.  Nos  Roisceftent  d'être  mineurs  !l  14  ans.  On 
celle  d'être  mineur  pour  les  fiefs ,  quand  on  a  atteint 
l'âge auquelon  peut  porter  la  foi.  La  minorité  coutu- 
mièrc  finit  à  l'âge  où  la  Coutume  donne  l'adminiftra- 
tien  des  biens.  En  Droit ,  on  eft/ni/zfarjufqu'à  vingt- 
cinq  ans  :  en  Normandie  feulement  jufqu'à  vingt. 
Par  le  Droit  canonique,  un  Bénéficier  âgé  de  qua- 
torze ans  peut  de  fon  chef,  ou  fins  autorité  de  fon 
père  ,  ou  de  fon  tuteur  ,  intenter  tout  procès  en  ma- 
tière bénéficiale.  Le  bénéfice  d'un  mineur  eft  fon  pc- 
cukj  dont  il  peut  dilpokr.  De-là  vient  que  dans  le 
Droit  canonique  il  n'y  a  point  de  titre  de  minoribus. 
C'eft   que    les   divers  âges  où    le  Droit  canon  dé- 
clare que  l'on  eft  capable  des  Bénéfices  ou  des  Or- 
dres facrés  ,   font  autant  d'efpèces  de  majorité  Ca- 
nonique.    L'Ordonnance  de  1667.  déclare   les  mi- 
neurs de   vingt-cinq  ans  pourvus  de  bénéficeSj  ca- 
pables d'agir  en  Juftice  j  fms  autorité  ni  aftîftance 
d'un   tuteur  J  ou  curateur  ,  tant  pour  le  poireiîoire, 
que  pour  les  droits  j  fruits  Se  revenus  de  leur  Béné- 
fice. Le  Concile  de  Trente  permet  de  faire  profef 
lion  de  la  vie  monaftique  à  feizeans.  La  Loi  relève 
les  mineurs  C[\XAnà  ils  font  trompés  ,  6c  non  pas  quand 
ils  ont  trompé.  Le  m.ineur  eft  fous  la  puillance  d'un 
tuteur.  Un  mineu' qui  fe  marie  j  ou  qui  a  obtenu  des 


M  1 


N 


lettres  de  bcnéhcc  d'âge,  peut  dirpofer  de  Tes  mcn 
blés  &  eflcts  mobiliaires  à  l'âge  de  vingt  ans.  On 
a  fixé  à  vingr-cinq  ans  l'eiiticie  liberté  de  contrac- 
ter, pour  mettre  les  meneurs  à  couvert  des  liirpriles 
où  les  cxpolé  la  foiblclle  &  le  peu  d'expérience  île 
leur  âge.  C.  B.  Par  l'Ordonnanee  de  1Û67.  celiu 
qui  a  contracfbc  étant  encore  mine-jr,  peut  le  faire 
reftituer  dans  l'an  5J  de  (on  âge.  Les  tuteurs  peu- 
vent tout  pour  leurs  pupilles ,  &  rien  contre  eux; 
<!<c  les  mêmes  loix  qui  les  ont  mis  dans  la  néccliité 
de  conferver  les  intérêts  des  mineurs,  les  ont  mis 
dans  l'impuilTance  de  les  bleller.  Fomt.  Un  mineur 
s'appelle  pupille  ,  quand  il  n'a  pas  atteint  l'âge  de 
puberté. 

On  dit  figurémcnt ,  Ce  n'efl  pas  le  profit  des  rrii- 
neurs,  detous  les  partis  qu'on  propofe  à  quelqu'un 
qui  ne  lui  font  pas  avantageux. 
IJC? Mineur,  eure.  adj.  comparatif.  Plirs  petit.  Mi- 
nor.  Ce  terme  n'a  guère  d'ulage  que  dans  les  phrafes 
fuivantes  :  Saint  Jacques  le  Mineur.  L'Afie  mineure  , 
la  Bithynie  &  les  provinces  voilmes.  On  dit  ,  une 
excommunication  majeure  ,  &  une  excommunica- 
tion mineure.  fCf  L'excommunication  mineure  prive 
de  la  participation  des  Sacremens  ,  &:  du  droit  de 
pouvoir  être  prélente  à  quelque  bénéfice.  J^^oye^ 
Excommunication.  On-. appelle  les  quatrcs  Ordres 
mineurs  i  ou  les  qnMvc  AJineurs ,  les  quatre  petits 
Ordres  qu'on  reçoit  entre  la  Tonfure  (Se  le  Soudia- 
conat ,  qui  font  ceux  de  Portier  ,  de  Lcfteur ,  d'Exor- 
cifte  Se  d'Acolythe.  On  ne  demande  point  de  titre 
pour  les  quatre  Ordres  mineurs,  parce  que  ce  n'elt 
point  un  engagement  irrévocable.   F^oye^  Ordres. 

Dans  le  Droïc  eccléfiaftique  ^   on  appelle  caufes 
mineures  ,  celles  où  il  s'agit  du  jugement  des  lunplcs 
Prêtres ,  ou  de  quelque  point  de  dilcipline  peu  im- 
portant :  &  cela  par  oppofition  aux  caufes  majeu- 
res. Caufis.  minores.  'Voyez  Majeures. 
îiIiNEUR ,  eft  auiîî  un  nom  que  prennent  les  Corde- 
liers  par  humilité  ^   qui    fe    difent  Frères  Mineurs. 
Minor  ,  Minorita.    Ce  nom  de  Frères  Mineurs  le 
donne  en   général  a  tous  les  Picligieux  mendians  , 
dont  Saint  François  d'Afllle  eft  le  Fondateur.  Et  on 
dit   proverbialement  ,    Ils  vont  deux  à  deux  com- 
me Frères  Mineurs ,  en    parlant  de    plufieurs   per- 
lonnes  qui  vont  comme  eux  côte  à   côte. 
Clerc  Régulier  Mineur.  Nom  de  Religieux.  Clericus 
Regularis  Minor.  L'Ordre  des  Clercs  Mineurs  a  été 
ctaUi  par  un  Gentilhomme  Génois ,  nommé  Jean- 
Auguftin  Adorne  ,  aidé  de   deux    Caraccioli ,   Au- 
guftin  &  François.  Ordo  Clericorim  Minorum.  Ce 
font  des  Clercs  Réguliers  ,    inllitués  l'an   1588.  à 
Naples.   Sixte  V.   leur    accorda    le   premier  Juillet 
ij8S.  un  Bref,  par  lequel  il    leur   permettoit  d'é- 
riger  une    Congrégation   de   Clercs  Réguliers  ,  de 
faire  des  vœux  lolemncls  ,  d'élire  un  Supérieur  ,  & 
de  fe  faire  des  Règles,  ou  Conftitutions;  où  ,  com- 
me il  avoit  été  Frère  Mineur  ,  il  leur  donna  le  nom 
de  Mineurs. 
Mineure,  f.  f.  Dans  l'Ecole  ,  eft  la  féconde  propofi- 
tion  d'un  fyllogilme.  Minor  propofnio.  J'accorde  la 
majeure  ,  éc  je  nie  la  mineure.    1/3°  La  mineure  d'un 
fyllogifme  eft  la  propolition  où   le  petit  terme  fe 
trouve  comparé  avec  le  moyen  terme,  yoy.  Terme  , 
Proposition,  Attribut  ,  Sujet. 

On  appelle  aullî  en  Théologie  une  Mineure ,  une 
thèfe  qu'on  foutient   pendant  fa  Licence.  îfJ  II  ne 
s'agit  dans   cette  thèfe   que  de  Théologie  polnive. 
§CF  On  l'appelle  mineure  ,  parce  que  c'ell  l'afte  le 
plus  court  de  la  Licence.  Faire  la  mineure.  Soutenir 
une  mineure.  Onditaulfi,  mineure  otààvAViz.  Minor 
ordïnaria.   Pro  minore  ordinariâ. 
Mineur,  en  Mufique.  adj.  Nom  qu'on  donne  à  cer- 
tains intervalles  qui  font  aaffi  petits  qu'ils  peuvent 
l'être  fans  devenir  faux. 
ifJ"  Le  ton  mineur  ,   eft  celui   dont  la  tierce  eft  mi- 
neure ",  &c  la  tierce  mineure  eft  celle  qui  eft  compo- 
fée  d'un  ton  &  d'un  femi-ton,  Re  ,  fa,  eft  une  tierce 
mineure.  Voy.  Tierce. 
Mineure,  f.  f.  Religieufe  de  S.  François.   Minor.  Mo- 


MIN  1CC7 

nialis  Franclfcana.  Les  Religieufe^.  de  Long-Champ 
près  de  Paris ,  dans  leur  première  inftirution  n'étoienc 
d'aucun    Ordre    particulier,   n'ayant   point    d'autre 
règle  que  celle  que  le  Pape  Aiex.îlulrc  IV.  mort  en 
1261.  avoit  drellec  pour  elles.   Ce  lut  S.  Louis  qui 
dans  la  hiite  louhaita  que  le  nom  de  Mineures  leur 
l'Ut  donné,   afin  qu'elles  fullcnt  cenlécs  de  l'Ordre 
de    S.   François.  Chastelain  ,  au  22    de  Février ^ 
p.  716. 
MINGAN.  Ile    de   l'Amérique    feptentrionalc  ,  dans 
la   Nouvelle  France  ,  à  l'embouchure  du  ileuvc  de 
S.  Laurent,  près  de  la  terre  des  Eiquimaux. 
MINGLE.  f  f.  i^om  d'une  melure  de  Hollande  pour 
les  choies  liquides.   La  mingle  contient  deux  pintes. 
On  l'appelle  Mingel  dans  le  pays  ,  d'où   le  nom  de 
mingle  a  été  formé. 
MINGRÉLIE  ,   ou   MENGRÉLIE   (la).   Nom  d'un 
pays  appelé  Odifci  par  (es   habitans  ;  c'eft  l'anciennp 
Colciivde.    Mingrelia ,  Odijcia  ,  Colchis.   La  Min- 
grélie  eft  bornée  au  nord  par  rAba(cie,ou  Avoga- 
lie  ,  au  levant  par  la  Géorgie  propre  ,  au   midi  par 
la   Turcomanie  ;    la  mer   Noire  la  baigne  au   cou- 
chant. 
La  merde  Mingrélie  ,  Mengrelianum  ,  ou  Phjfi.mum 
mare.  C'eft  la  partie  orientale  de  la  mer  Noire.  Elle 
prend  maintenant  (on  nom  de  la  Mingrélie  ,   dont 
elle  baigne  les  terres,  &  anciennement  elle  le  pre- 
noit  de  la  rivière  de  Fallb,  qui  s'y  décirarge.  Matv. 
MINGRÉLIEN  ,  ENNE.  f.  m.  &  f.  Nom  de  peuple. 
Mingrelius ,  a.  Les  Mingre'liens  [nnt  divilés  en  trois 
ordres  ;  les  Seigneurs  ,  ou    Gentilshommes  ,  qu'ils 
appellent  Ginafca  ,  on'Ginaudi  ;  les  bourgeois  qu'ils 
nomment   Sizccurs  ;  de  le  peuple   qu'on   y  appelle 
Moinali. 
§3"M1NGXAN.  Nom  d'une  ville  de  la  Chine,  dans 
la  province  de  Suchucn  ,  au  département  de  Yacheu. 
MINHO.  Moullés  \'nh ,  comme  le  gn  dans  non-e  lan- 
gue.  Rivière  d'Efpagne.  Minius.  Elle  coule  dans  la 
Galice  ,  prenant  (a  fource  à  Caftro  del  Rey  ,  d'où 
elle  paiîé  à   Lugo  ,  à   Orenfe  ,  à  Tuy  ,  6«:  (e    dé-' 
charge  dans   l'Océan    Atlantique  j  aux   confins   du 
Portugal  ,  qu'elle  arrol'c. 
MINI,  f  m.  Marchandile  dont  il  fe  fait  commerce  à 

Amfterdam. 
MINI  A.  f  m.  Sorte  de  ferpcnt  venimeux  ,  qui  fe  trouva 
au  pays  des  Noirs.  Il  eft  fi  grand  &  h  gros  ,  qu'il  avale, 
dit-on,  des  moutons,  des  pourceaux,  ik.  même  des 
cerfs  entiers.    On    rapporte  une  choie  fort  particu- 
lière de  ce  ferpentj  c'eft  qu'avant  que  d'engloutir  ce 
qu'il  a  pris  ,  il  regarde  tout  autour  ,  s'il  n'y  a  point 
quelque    fourmi    qui  fe    pourroit   glillèt  dans  fon 
corps  avec  fi  proie  ,  &  lui  ronger   les  entrailles. 
La  peur  qu'il  en  a  ,  vient  de  ce  qu'après  avoir  avalé 
un  animal   de  cette  grolieur  ,  il  le  (enc   incapable 
de  fe  défendre ,  jufqu'à  ce  qu'il  ait  digéré  ce  grand 
frrdeau. 
MINIATEUR.  f  m.  Peintre  en  miniature.  Un  r.ableau 
de  M.  Roux  ,  Peintre  ,  Sculpteur ,  Architefte.  Mi- 
niattur  &  Graveur  en  cuivre  &  en  cryftaux...  Merc. 
de  Février  Jj22.  On  die  quelquefois  A/i/2ii2f/^ri/?e. 
San  MINIATO.  f  m.  Nom  d'une  petite  ville  du  Flo- 
rentin j  en  Tofcane.  FanumS.  Miniaû  Teuconis.  Mi- 
niatum.  Elle  eft  fur  l'Arno  ,  entre  Florence  &  Pife  j  à 
huit  ou  neuf  lieues  de  l'une  &  de  l'autre ,  &:  elle  a  un  ' 
Evêché  fuftragant  de  Florence.  Maty. 
MINIATURE,  f  f.  (  On  prononce  ordinairement  mi- 
gnature.)  L'Acad.  Et  même  quelques-uns  l'écrivent 
de  cette  dernière  façon.  Sorte  de  peinture  délicate  qui 
(c  fait  à  petits  points.  Piclurj.  moUiculis  colorum  punc- 
tis- dijlincla  ,  piclura  miniata.   La  miniature  (e  (ait  de 
fimples  couleurs  très-fines  ,  détrempées  avec  de  l'eau, 
&  de  la  gomme  fans  huile.  Elle  eft  diftinguée  des  au- 
tres peintures ,  en  ce  qu'elle  eft  plus  délicate  ,  qu'elle 
veut  être  regardée  de  près  ,  qu'on  ue  la  peut  faire  ailé- 
ment  qu'en  petit ,  qu'on  ne  la  travaille  que  fiir  du  vé- 
lin j  ou  des  tablettes.  Voici  les  principales  couleurs 
qu'on  V  emploie  ,  le  carmin  ,  l'outremer  ,  la  laque  ,  le 
vermillon ,  la  mine  de  plomb  ,  le  brun-rouge  ,  la  pierre 
de  fiel ,  l'ocre  de  rue  ,  le  ftil  de  grun ,  la  gomme  gurce  , 


oo8 


M  I  N 


le  jaune  de  NaplcSj  le  maiVicot  j  l'indc  ,  le  noir  d'ivoire 
&  de  fumée  ,  L;  terre  d'ombre  ,  le  verd  de  mer ,  de  vcl- 
lie  j  d'iris  de  montagne  ,  du  blanc  de  céruic  ,  du  bi(- 
tre ,  &c. 
§Çr  Le  mot  de  miniature  eft  fouvent  pris  pour  les  ta- 
bleaux même  peints  en  ce  geiue.  Amli  l'on  dit  une 
miniature  ,  pour  dire  un  portrait  en  miniature.  Ce  mot 
peut  être  applique  aux  ouvrages  detprit.  Dans  Ovide, 
l'âge  d'or  cli:  une  miniature  ;  dans  Virgile  ,  c'ell  un 
tableau  dans  le  goût  de  Raphaci; 

Ce  mot  vient  de  minium  ,  à  caufe  que  c'ed:  une 
couleur  qu'on  y  emploie  ordinairement. 
^  D'autres  prétendent  qu'il  vient  àemignard,  délicat , 
parce  que  les  miniatures  font  d'ordinaire  plus  petites 
&  plus  délicates  ;  &  c'ell  pour  cela  que  quelques-uns 
écrivent  mignature. 
MINIÈRE,  r.  h  Lieu  d'où  l'on  tire  les  métaux  &:  les 
minéraux.  Fodina ,  metallum.  Tous  les  corps  qui  le 
tirent  des  minières  ,  s'appellent  généralement  des  mi- 
néraux. RoH.  Il  y  a  un  Intendant  des  mines  &  minières 
de  tout  le  Royaume. 
1^  Quelques-uns  ne  veulent  pas  qu'on  confonde    la 
minière  d'un  métal  avec  le  métal  même  ,  ou  avec  fa 
mine.  La  minière,  difent- ils  ,  n'eft  autre chpfe  qu'une 
retraite  dans  laquelle  le  métal  ou  la  mine  font  reçus , 
qui  fert  à  les  conferver  &  à  recueillir  les  iTLUiètes 
métalliques  Se  minéralifantes  qui  leur  font  portées  par 
les  vapeurs  fouterraines.  C'eftainfi  qu'on  djt  que  le 
{Me  eà  h  minière  de  l'or  ,  parce  qu'on  trouve  _(ou- 
vcnt  ce  métal  en  paillettes  répandues  dans  le  lablc. 
Des  métaux  &  des  mines  déjà  formées ,  peuvent  fer- 
vir  de  minière  à  d'autres  métaux  &  à  d'autres  mines. 
Une  même  pierre  peut  fcrvir  de  minières  pludeurs 
métaux  &  à  plufieurs  mines  àla  fois.  C'cfi:  ainiî  que 
l'on,  trouve  des  filons  qui  contiennent  à  la  fois  de  la 
mine  de  cuivre  j  de  la  mine  d'argent ,  de  fer  ,  &c. 
Minière  j  en  terme  de  Médecine  &  d'Anatomie  ,  fe  dit 
des  parties  du  corps  où  il  s'amalfe  ,  «Si  s'épaillit  des 
matières  qui  forment  des  obllrudlions.  Collcclio  ,  coa- 
t'     cervatio ,  cumulus  ,  accrvus.  L'eau  de  Bourbon  parcou- 
rant avec  aéfivité  les  premières  voies  j  entraîne  &  dil  ■ 
fout  les  minières  virrioliques  ,  qui  formoient  les  obf- 
trucl-ions.  Mém.  de  Tr. 
MIN'IHI.  f.  m.  Vieux  terme  de  Coutume  &  de  Titres 
en  Bretagne.  Canton  de  terre  affranchi  Icrvant  d'alyle. 
Terra  libéra  ,  Afylus. 
tfJ"  MINIMA(  A^çe\  ).  Fùye^  au  mot  Appel. 
MINIME,  f.  m.Eft  un  Ordre  Religieux  inftitué  par  Saint 
François  de  Paulc  ,  environ  l'an  1 440  ,  qui  voulut  en- 
chérir lur  l'humilité  des  Frères  mineurs,  en  s'appellant 
Minime  ,  Minimus.   Les  Minimes  de  Nigcon  près  de 
Chailiot  :  on  les  appelle  autrement  Bons  hommes  ,  à 
caule  que  le  Roi  Louis  XI  avoit  coutume  d'appeler  ce 
Saint  le  Bonhomme. 
Minime  J  cftaullî  le  nom  d'une  couleur  tiès-fombrc, 
telle  que  celle  que  porteiit  ces  Religieux.  Ferrugineus 
color.  C'elf  un  gris  fort  obfcur  ,  en  tirant  tur  le  noir , 
ou  tanné.  Habit  minime  ,  de  couleur  minime.  Drap 
minime. 
MiMiME.  Ancien  terme  de  Muilque  ,  une  note  faite  en 
loiange  ,  qui  a  une  queue  ,  qui  vaut  la  moitié  d'une 
mcfure.   On  l'appelle  aujourd'hui   Blanche.    JVota. 
minima. 
MINIMUM,  f.  m.  Terme  de  Mathématique.  F'oye^ 
Maximum.   C'eft  le  plus  petit  degré  auquel  une 
grandeur  puilfe  être  réduite. 
MiNIO.  Nom  d'une  ville  de  la  haute  Égvpte.  Minium. 
Elle  eft  fur  le  bord  oriental  du  Nil ,  entre  Girgio  & 
Said  J  &:  elle  eft  capitale  du  Caffilif ,  ou  Gtiuverne 
ment  de  Minio  ,  qui  occupe  la  partie  orientale  de  la 
vallée  du  NiL,  depuis  le  CaOîlif  de  Cherkeffi  ,  juf 
qu'à  la  Nubie.  On  y  remarque  outre  Minio  ,  Alluana 
&  Ichmina.  Maty. 
MINISTERE,  f.  m.  Profelîlon ,  charge  ou  emploi  que 
l'on  exerce.  Officium  ,  munus  j  opéra.    Ces  Prélats 
rendront  compte  à  Dieu  de  leur  minijlère.  Il  faut  ho- 
norer les  Miniftres  fâcrés  ,  pour  donner  p'iis  de  poids 
&  de  crédit  à  leur  minijlère.  Fl.  La  néc^lilié  de  leur 
piinijière  les  difpenfe  des  chuges  de  ville.  Pat.  On 


M  I  N 

ne  fauroit  trop  louer  un  Ofiicier  ,  un  Avocat  ,  Sic. 
qui  rcmplillent  bien  tous  les  devoirs  de  leur  minijière. 
IfT  On  le  dit  aulll  de  l'entremile  de  quelqu'un  dans 
une  artaire ,  du  fervice  qu'il  tend.    Opéra.   Si  vous 
avez  bcfoin  de  mon  minijlère  ,  vous  u'avez  qu'à  par- 
ler. Il  n'a  pas  fait  cette  propohtion  lui-même  j  il  s'tft 
icrvi  du  minijlère  de  fon  ami.  Il  lui  a  prêté  ion  mi- 
nijlère pour  taire  cet  enlèvement. 
MiNisTLRE  ,  fc  dit  aulîî   du  gouvernement  de   l'Etat 
fous  l'autorité  fouveraine.  Mmijlerium  ,  adminjlratio. 
L'hiftoire  du  Mmijlcre  du  Cardinal  de  Richelieu, eft 
l'hiftoire  du  Gouvernement  de  (on  temps.  Il  le  fait 
bien  des  biigues  &  des  cabales  dans  les-minorités , 
^  pour  entrer  dans  le  Minijlère  ,  peur  chalfer  un  favori 
du  Minijlère. 
Ministère  ,ell:  aulîî  quelquefois  un  nom  colledif^dont 
on  le  lert  pour  figniner  les  Miiiiftres  d'Etat.  Regni 
adminiftrorum  collegium.  Le  Minijlère  éroit  entière- 
ment oppofé  à  cela  ;  pour  dire ,  les  Miniftres  y  étoienc 
entièrement  oppofés.  L'Acad. 
^3"  Ministère  puelic  ,  proprement  fervice  public, 
fonêfion  publique.  On  déhgne  par  ce  terme  j  ceux  qui 
remplillènt  la  fonction  de  Paitie  publique.  Les  Avo- 
cats &  Procureurs  Généraux  dans  les  Cours  Supé- 
rieures ,  &  leurs  Subftituts  ;  les  Avocats  &  Procureurs 
du  Roi  dans  les  Jurifdic^ions  Royales  ;  le  Procureur- 
Fikal  dans  les  Jufticcs  Seigneuriales  i'ie  Promoteur 
dans  les  Officialités. 
§3"  Le  Minijlère  public  ,  cft  le  vengeur  des  Loix  ;  c'eft 
à  lui  feul  qu'il  appartient  de  les  faire  rclpeCter  ,  & 
de  punir  ceux    qui  les   meprilent.    I^'oye^  Avocat 
GÉNÉRAL  ,  Procureur  Général  j  &c. 
MINISTÉRIAT.  f.  m.  Miniltère  ^  Charge  ^  OfBce, 
Place  d'un  Miniftre  d'État.    On  dit  plus  ordii.aiie- 
■    ment  &  plus  élégamment  Miniftère.  Adminijlraùo^ 
L'éleétion    du    Cardinal    Mazarin    au    Minijlénat. 
Mascur. 
MiNisTÉRiAT.  f.  m.  Nom  d'Office  en  quelques  Orcjres 
Religieux  j  où  l'un  des  Supérieurs   eft  appelé   Mi- 
niftre. Charge  de  Miniftre  dans  ces  Ordres.   Minijlri 
oj^cium.  Le  Minijlériat  d'un  tel  Père  a  duré  quatre 
ans.  Il  a  quitté  le  Minijlériat.  Il  a  renoncé  au  Mi- 
niflériat. 
MINISTÉRIEL  ,   ELLE.    adj.  m.  &  f.  Terme   dont 
quelques  Théologiens  fe  fervent  pour  diftinguer  l'at- 
tribut du  Pape  de  celui  de  J.  C.  en  tant  qu'ils  font 
tous  deux  chefs  de  l'Eglile.  Us  difent  que  J.  C.  en  eft 
le  Chef  elîentiel;  &  le  Pape  ,1e  Chef /?2i/îi/?eVie/'.  M. 
Arnaud  j  dans  la  Réponle  aux  pofitions  ultérieures 
de  M.  Steyaert  ,  fur  la  prééminence  des  Conciles  , 
dit  que  le  Pape  n''eft  pas  le  chef  elfentiel  de  l'Eglife, 
qu'il  en  eft  tculement  le  chef  minijléricl.  Philippe  le 
Bel  foutenoit  avec  fermeté  que   les  Papes  n'avoient 
qu'une  autorité  fpirituelle ,  même  que  cette  autorité 
n'étoit  que  mimjlcrielle  ,  &  qu'ils  devoient'gouver- 
ner  l'Eglile  de  J.  C.  luivant  les  Canons  des  Conciles 
généraux.    Ainlî  c'eft  une  impiété  &  un  blafphême 
de  dire  que  quand  l'Églifc  eft  ians  Pape  ,  elle  eft  fans 
tète,  le  Pape  n'étant  qu'un  c\\ei  minijlériel.  EsPRir 
DE  Gerson.  Il  (uppléera  par  fa  miléricorde  au  défaut 
de  ceux  qui  n'oublient  rien  pour  mettre  obftacle  aux 
fentimens  de  bonté   du  chet  minijleriel  de  l'Eglife. 

SOANEN. 

MINISTRE,  f.  i-û.  Qui  fert  Dieu  ,  le  public  ,  ou  ua 
particulier.  Minijler.  Celui  dont  on  fe  icrt  pour  l'exé- 
cution d'une  choie;  &:  dans  cette  acception  ce  mot 
n'eft  guère  d'ulage  qu'en  morale.  Les  Minijlres  de 
l'autel  ,  font  ceux  qui  Icrvent  le  Prélat ,  ou  le  Curé, 
quand  il  officie.  Le  Diacre  &  le  Soudiacre,  font  des 
titres  qui  lignifient  Miniflres.  àtÛK-.ta,  minif.er.  Les 
Rois  font  les  Minijlres  de  Dieu  fur  la  terre.  Les  Offi- 
ciers ,  font  les  Minijlres  des  Rois  ,  qui  rendent  la 
juftice  pour  eux.  Il  ne  faut  point  être  le  minijlre  des 
pallions  d'autrui.  On  appelle  aulli  les  Sergens  cSc  au- 
tres menus  officiers ,  -4/i/z//?/ei  de  Juftice,  qui  fervent 
à  exécuter  les  jugemcns. 

On  ditfigurément ,  que  les  foudres  ,  les  pertes,  les 
défolations  ,  font  les  minijlres  de  la  vengeance  de 
Dieu.  La  colère  eft  comme  le  minijlre  de  la  railon  , 

dont 


MIN 

dont  elle  exécute  ardemment  les  ordres.  M.  Esp.  On 
ctoit  bien  aife  que  G  colère  retombât  fur  ceux  qui  en 
avoicnt  été  les  inlniflrts,  Vaug. 

Ministre  d'État,  clt  celui  fur  qui  un  Prince  fc  rcpofe 
de  radmiiufhation  de  fon  État  ,  à  qui.  il  commet  le 
loin  de  les  principales  affaires.  Regni  adininijier ,  mï- 
nijler.  Boëcc  ert:  propofé  pour  modèle  .aux  Mln'ijlus 
d'État. 

U^  Le  Secrétaire  d'Etat ,  qui  a  le  Département  des  Af- 
faires étrani;èrei  ,  elt  Minijlrc  né  ,  attendu  que  fa 
fonâion  l'appelle  néceilairement  au  Confcil  des 
Affiircs  étrangères.  On  l'appelle  ordinairement  Mi- 
nïjlrc  des  AHaircs  étrangères. 

03°  Les  autres  Secrétaires  d'État  ,  n'ont  la  qualité  de 
Minijlre  ,  que  quand  ils  (ont  appelés  au  Confeil 
d'État.  Alors  le  Secrétaire  d'État  de  la  Guerre  prend 
le  titre  de  Mmifirc  de  la  Guerre  ;  le  Secrétaire  d'État 
de  la  Marine  ,  celui  de  Mlnijln  de  la  Marine. 

§3"  La  qualité  de  Mïnïjlrc  d'État,  s'acquiert  par  le  feul 
fait ,  ïans  Commilîîon  ,  ni  Patentes.  Le  Roi  fait  fim- 
plemcnt  avertir  celui  à  qui  il  veut  faire  cet  hon- 
neur ,  de  le  trouver  au  Conleil  j  &  ce  titre  ne  fe  perd 
point  j  quand  même  on  celleroit  d'être  appelé  au 
Confeil. 

tfT  Le  Contrôleur  Général  eft  quelquefois  appelé  Mï- 

'  nifire  des  Finances  ;  il  n'a  le  titre  de  Minijlre  d'État , 
que  quand  il  efl;  appelé  au  Confeil  d'État. 

IJCT  Les  Minijlres  d'État   s'appellent  aulli  abfolument 

,  Minijlres.  Le.^  Mi/iijlres  ont  été  d'avis  ,  ont  arrêté 
telle  chofe.  Chez  nous  les  Minijlres  entrent  dans  tous 
les  Conleils.  Le  Roi  clioilît  quelquefois  un  premier  ^ 
un  principal  Minijlre  d'Etat. 

On  appelle  Minijlres  des  Princes ,  leurs  AmbafTa- 
deurs  J  Agens ,  &  Rélîdens  dans  les  Cours  des  autres 
Princes.  Il  y  a  deux  fortes  de  Minijlres  ;  des  Minif- 
tres  du  premier  ordre  ,  qui  lont  les  Ambaifadeurs 
ordinaires  &  extraordinaires  ;  &  des  Minijlres  du 
fécond  ordre  ,  qui  font  les  Envoyés  &  Rélîdens.  Les 
Miniflres  du  premier  ordre  ont  un  caradtcre  repré- 
fentatif  que  n'ont  pas  les  Miniftres  du  lecond  ordre , 
lefquels  ont  quelquefois  des  pouvoirs  plus  amples 
que  ceux  du  premier.  L'Ambafladeur  ne  peut  ,  fans 
effacer  le  caractère  d'honnête-homme  ,  faire  paroître 
continuellement  celui  de  Minijlre  public.  Wicq.  Il 
faut  qu'un  Miniftre  fâche  aufli  bien  vivre  que  négo- 
cier, Id. 

Ministre.  Les  Mathutins,  ou  TrinitaireSj  donnent  ce 
nom  à  leurs  Supérieurs ,  comme  on  leur  donne  dans 
les  autres  Commuiiflutés  celui  de  Prieurs,  Gardiens, 
Recteurs,  &c.  Minifier.  Sur  la  iin  de  l'an  1 198  ,  le 
Pape  Innocent  lll  confirma  la  règle  de  l'Ordre  de  la 
Sainte  Trinité  pour  la  Rédemption  des  captifs ,  comme 
il  paroîr  par  la  bulle  adreffée  à  Jean  de  Mata ,  qui  tut 
le  premier  de  leurs  Minijlres  ;  car  c'efl  ainfi  qu'ils 
nomment  leurs  Supérieurs.  FtEURY  ,  Hifl.  Ecdéfiaf- 
tique  ,  L.  7 S-  Cependant  on  donne  par  honneur  le 
nom  de  Prieur  m  Minijlrt  de  la  Maifon  de  Cerfroi , 
laquelle  eft  Chef  de  tout  l'Ordre.  Hijl.  de  l'EgliJe  de 
Meau.Xj  T.  I.  p.  jy6. 

Ministre  ,  chez  les  Jéfuites ,  eft  le  fécond  Supérieur 
de  chaque  Maifon  ,  qui  eft  le  Minijlre  ,  l'aide  du  pre- 
mier Supérieur  ,  qu'on  nomme  ou  fimplement  Su- 
périeur ,  ou  Redeur.  Le  Minijlre  gouverne  auflî  à  la 
place  de  celui-ci ,  quand  il  eft  abfent. 

Ministre  Général  ,  c'eft  le  titre  que  prend  le  Général 
des  Cordeliers.  Minijler  Gêner alis.  Celui  de  l'Ordre 
de  la  Trinité  &  de  la  Rédemption  des  Captifs ,  porte 
le  nom  de  Grand-Minijlre. 

Ministre  DES  Infirmes.  Les  Clercs  Réguliers,  Minif- 
tres des  Infirmes  ,  eft  une  Congrégation  inftituée  par 
Camille  de  Lellis  ,  né  à  Bucchianier,  petit  bourg  de 
l'Abruzze  ,  au  Royaume  de  Naples ,  &  du  diocèfe  de 
Théate  ,  le  zy^  Mai  1550.  Aptes  avoir  porté  les  ar- 
mes ,  il  ét;udia  à  l'âge  de  51  ans  ,  prit  les  Ordres  iacrés 
enfuite;  &  au  mois  de  Septembre  1584,  il  jetta  les 
tbndemens  de  fi  Congrégation  _,  à  laquelle  il  donna 
le  nom  de  Minijlres  des  Infirmes.  Elle  fut  appelée 
d'abord  Congrégation  du  P.  Camille.  Sixte  "V  l'ap- 
■  prouva  par  un  Bref  du  8^  Mats  1 586 ,  &  leur  permit 
Tome  V. 


M  I  N  1009 

de  vivre  tn  communauté,  défaire  des  vœux  (impies 
de  pauvreté  ,  chafteté  &  obéillance ,  tk.  un  quatrième  , 
d'alliftcr  les  malades  à  la  mort,  même  en  temps  de 
pelle.  Il  leur  permit  aulli  d'élire  un  Prêtre  d'entr'cux 
pour  Supérieur  ,  dont  la  charge  ne  durcroit  que  ;trois 
ans.  Un  Bref-  du  xG  Juin  de  la  mêmeaniiéc  leur  per- 
mit de  mettre  fur  leurs  habits  une  croix  tannée  ,  pour 
les  dilhnguer  des  autres  Clercs  Réguliers.  Grégoire 
XIII  les  érigea  en  Ordre  Religieux  par  un  Bref  de  l'an 

I  )'9i  J  qu'il  ligna  quelques  heures  avant  que  de  mou- 
rir. Leur  habit  n'eft  diftérent  de  celui  des  Ecclé- 
lialliques  ,  que  par  la  croix  tannée  qu'ils  portent  au 
côté  gauche. 

Ministre  ,  eft  aulIl  le  titre  de  ceux  qui  fervent  les 
Égliles  Proteftantes,qui  feuls  ont  l'autorité  de  prê- 
cher, de  hiire  les  tonttions  EcclélialHqueSj  &  qui 
prennent  la  qualité  de  Minijlres  de  la  parole  de  Dieu  , 
ou  du  Saint  Evangile.  Errorum  adminijler ,  hdrefeos 
minijler  ,  dijfcminator.  Du  Moulin  ,  Aubertin,Mo- 
rus ,  Claude  ,  ont  été  de  fameux  Minijlres  de  Charen- 
ton  ,  qui  ont  beaucoup  écrit.  M.  Arnauld  a  répondu 
au  livre  du  Minijlre  Claude  fur  l'Euchariftie.  Ces  MA- 
nijlres  prennent  aufli  le  titre  de  Pajleurs. 

MINISTRERIE.  f  f  Bénéfice  ,  ou  charge  de  Supé- 
rieur dans  un  Couvent  des  Mathurins.,  Mmifleriatus, 
Le  Générai  de  l'Ordre  a  plulieurs  bonnes  Mmijlreries 
à  conférer. 

MINIUM,  f.  m.  Couleur  minérale  qui  fe  fait  de  plomb  , 
poulie  au  feu.  La  cérufe  ,  ou  blan;;  d'EfpagnCj  fe  fait 
de  plomb  ■■,  ëc  quand  on  le  poulie  au  feu  ,  il  s'en  fait 
premièrement  du  mallicot  ;  &  fi  on  le  poulFe  davan- 
tage ,  il  s'en  fait  du  minium  j  qui  eft  un  rouge  orangé. 

II  fert  aux  Peintres  ôc  aux  Enlumineurs. 
MINODER.  royei  Minauder.  C'eft  ainfi  qu'il  faut 

écrire. 
MINOIS,  f  m.  Vieux  terme  qui  fignifie  la  même  chofe 
que  vitage.  Cet  ivrogne  a  un  rouge  minois  ,  un  rouge 
muleau.  Vultus  ,  os. 

Les  Banquiers  étonnés  admiraient  fa  grimace  ^ 
Et  montroient ,  en  riant ,  qu'ils  ne  lui  eujfent  pas 
Prêté  fur  fon  minois  quatre  doubles  ducats. 

Régnier. 

ifT  Aujourd'hui  ce  terme  eft  encore  ufité  dans  le  ftyle 
familier  ,  en  parlant  d'une  jeune  perlonne  dont  la 
tournure  grâcieufe  du  viftge  plaît  ,  quoique  peu  ré- 
gulière. Un  joli  minois.  Un  joli  petit  minois. 
AdlNOLO.  Nomd'un  village  de  l'ilede  Candie.  Mino- 
luni.  Il  eft  fur  la  côte  fcptentrionale  ,  au  couchant  de 
la  Canée.  Quelques  Géographes  prennent  Minolo,- 
pour  l'ancienne  Mïnoa  ,  qui:  étoit  fur  la  côte  fepten- 
tnonale  de  cette  île  _,  Se  diftinguée  d'un  autre  Minoa  , 
qui  étoit  (ur  l'orientale.  Maty. 
MINON ,  f.  m.  ou  MINETTE  ,  f.  f.  Nom  que  les  enfans 
donnent  aux  chats  ,  quand  il  les  appellent.  Felis , 
Catus  ,  Fclicula. 

On  dit  proverbialement ,  qu'une  perfonne  entend 
bien  chat ,  (ans  qu'on  dile  minon  ;  pour  dire ,  qu'elle 
entend  à  demi-mot ,  cS:  fans  qu'on  explique  nettement* 
la  choie. 
^  MINORATIF.  f.  m.  Terme  de  Médecine  qui  s'ap- 
plique aux  remèdes  qui  purgent  doucement  j  aux  pur-, 
gatifs  légers.  La  calfe  ,  la  rhubarbe  ,  la  manne  ,  &c. 
font  les  minoratifs  les  plus  ordinaires. 

Cotgrave  fait  minoratif ,  adjeélif  :  médecine  mi~ 
norative. 
ffT  MINORATION,  f  f.   Terme  de  Médecine  par  le- 
quel on  défigne  l'évacuation  légère  que  produifenc 
les  minor.atifs. 
MINORBINO  ;,  MINERBINO.  Nom  d'une  petite  ville 
du  Royaume  de  Naples.  Minervinum.  Elle  eft  dans  la 
terre  de  Barri ,  fur  les  confins  de  la  Balilicate ,  à  trois 
lieues  de  Canofaj  vers  le  midi.  Minorbino  ed  peu  de 
chofe ,  quoiqu'il  ait  un  Évêché/uffragant  de  Barri. 
Maty. 
MINORETTE.   Nom    d'un  lieu  dans   le  Beaujolois. 
Minoretta.  Ce  lieu  a  pris  ce  nom  des  Frères  Mineurs, 

Mmmm  ni  m 


•**. 


loio  M  1  N 

à  qui  Guichard  de  Beaujeu  ,  IIF  du  nom ,  y  fonda 
le  premiei-  Couvent  qu'Usaient  eu  en  France.  F'oye:[ 
Mineur. 
MINORI.  Nom  d'une  petite  ville  du  Royaume  de  Na- 
ples  j  lîtuce  dans  la  piincipauté  citéiieure ,  lur  le  goUe 
de  Salerne  ,  entre  balerne  &  Amalh.  Minora, 
ifr  MINORITÉ,  r.  f.  État  de  celui  qiu  n'a  pas  encore 
atteint  l'âge  de  majorité ,  ou  le  temps  pendant  lequel 
on  eft  Mineur.  Foye^  Mineur.  Minons _  etas.  La 
minorité  des  Rois  finit  à  quatorze  ans  ,  tuivant  un 
Édit  de  Charles  V  ,  de  l'an  1574.  On  Ce  h'\t  rele- 
ver des  contrats  palfés  en  minorité.  On  imprima,  en 
1 7 1 4  ,  à  Paris  ,  un  Traite  des  Minorités  ,  des  Tu- 
telles &:  des  Curatelles  i  &c  des  droits  des  enfans  ma- 
jeurs &  mineurs. 
Minorité  ,  ell  aulFi  le  nom  d'une  forte  de  ruban  qu'on  a 

inventé  durant  la  minomtéàe  Louis  XV. 
MINORQUE.  Nom  de  l'une  des  îles  Baléares.    Mi- 
norica  ,  anciennement  Balearis  minor.  Elle  eft  dans 
la   mer  Méditerranée  ,    vers   les    côtes  de  la  Cata- 
logne ,  à  dix  lieues  de  l'île  Majorque,  du  côté  du 
levant. 
MINORQUIN,  INE.  f.  m.  &:  f.  Qui  eft  de  l'île  de  Mi- 
norque.  Minoricanus.  Les  Alinorquins  font  bons  ma- 
telots &  grands  pirates  ,  au(li-bien  que  les  M.ijor- 
quins.  Maty. 
MLMOS.  f.  m.  Nom  d'homme.  Minos.  Il  étoit  fils  de 
Jupiter  &  d'Europe  ,  félon  les  Poètes  -,  Se  félon  d'au- 
tres ,  d'AIlérius  Xanthus ,  Roi  de  Crète  ,  qui  épou- 
fa  Europe  ,  fille  d'Agénor ,  Roi  de  Phéniçie  ,  qui  la 
lui  fit  conduire  fur  un  vaifTeau  ,  qui  avoir  une  figure 
de  taureau  j  &  s'appeloit  le  Taureau.  Il  fucceda  à 
Ion  père  ,  &  donna  des  loix  aux  habitans  de  l'île  de 
Crète.  C'eft  un  des  plus  lages  légillateurs  de  l'anti- 
quité ;    Jt?  c'eft  pourquoi  la  fable  en  fait  un  Juge 
fouverain  des  Enfers  ,  &  d'un  rang  fupérieur  à  celui 
d'Eaque  &  de  Rhadamante. 
M[N0T.  f.  m.  Mcfure  de  grains  qui  fait  le  quart  d'un 
letier  de   Paris.   Quadrjns  fextarii.  Trois  boilleaux 
font  un  minot.  Ce  mot  fe  dit  tant  de  la  melurc ,  que 
de  la  choie  meiurée.  Prêtez  moi  vout  minot.  Il  m'a 
livré  dix  minots  de  blé.  Un  minot  de.  charbon  ,  un 
minot  de   chaux.  Le  minot  de  fel  çft  de  cent  livres 
pefanr.  Par  l'Ordonnance  de    1669.  le  minot  à  blé 
doit  avoir  onze  pouces  9  lignes  de  hauteur ,  fur  un 
pied  2    pouces  8   lignes  de  diamètre  entre  les  deux 
hits.    Le  minot  de  bois  eft  compote  du  fût  ,  de  la 
potence  de  fetj  la  Héche  ,  la  pl.aque  qui  la  foutient , 
&  fcs  quatre  goullets  qui  tiennent  le  fond  en  état. 
Le  minot  d'.avoine  eft  de  quatre  boilleaux. 
Minot  ,  eft  auftî  une  melure  de  terre ,  qui  eft  environ 
■    un  quartier  d'arpent  de  Paris ,  qui  fe  doit  femeravec 
un  minot  de  grain.  Voilà  une  pièce  de  terre  de  dix 
minots  ,  ou  de  deux  arpens  &:  demi. 
Minot  ,  en  termes  de  Marine ,  eft  une  longue  pièce  de 
bois  ayant  au   bout  un  crampon j  dont  on  le  fert 
dans    les   grands  vailleaux   pour   manier  ,  &  lever 
l'ancre  ,    Se    la    tenir   éloignée  du  bordage  ,  en  la 
guindant.  On  l'appelle  auuemtnt  boute-kors.  Pertica 
armata  arcenda  anchorit. 
MINOTAURE.  Terme  de  Mythologie.  Eft  un  monf- 
trc   hbuleux    que    les  Poètes   ont  feint  être  demi- 
homme  (S:    demi-taureau  ,    engendré  de  Pafiphaé , 
femme  de  Minos  ,  Roi  de    Crète.    Il  fut  enferme 
dans  le  Labyrinte,  &  tué  par  Thèfée.  Minotaurus. 
Scrvius   explique  cette  fable ,  &  dit  que  c'étoit  un 
Seciétaire  de  Minos ,  nommi  Taurus  j  qui  abula  de 
la  Reine  dans  la  chambre   de   Dédale,  <Sc  qui  eut 
deux  Jumeaux  ,  dtfnt  l'un  relfembloit  au  Roi  ,  Se 
J'.uitre  au  Secrétaire  :  ce  qui  donna  occaiion  de  trai- 
ter cet  enfantement  de  monftrueux.  ifT  Ou  plutôt 
Pafiphaé  étant  accouchée  d'un  fils ,  que  les  AuLCurs 
nomment  Aftérius ,  dont  le  père  étoit  incertain  ,  & 
qui  pouvoiî  être  fils  de  ce  Taurus  aulÏÏ  bien  que  de 
Minos ,  on  lui  donna  le  nom  de  Minotaure. 
MINSINGEN,   ou.  MUNSIGEN.  Nom  d'une  petite 
ville  avec  une  citadelle.  Minfinga.  Elle  eft  dans  le 
Duché  de  Wurtenberg ,  en  Suabc ,  ciéWC  Tubinge  Se 
Ulm.  Maty. 


M  I  N 


et?  MÎNSKI.  Ville  du  Grand  Duché  de  Lithuanie , 
capitale  d'un  Palatinat  auquel  elle  donne  fon  nom. 
Elle  eft  dans  la  partie  occidentale  de  ce  Palatinat 
fur  la  Swillock ,  à  26  lieues  de  Novogrod  ,  du  côté 
du  levant.  Mmfcum. 
§CJ'  Palatinat  de  Minski.  Il  eft  borné  au  nord  par  ce- 
lui de  Witepsk  ,  à  l'orient  par  celui  de  Mkiftaw, 
au  midi,  par  le  territoire  de  Rohaczow,  Se  à  l'oc- 
cident par  le  Palatinat  de  Wilna.  Mmfcenjis  Pala- 
tinatus. 
MINSTEMBERG.  Petite  ville  d'Allemagne ,   dans  la 

Hefte ,  près  de  Busbach ,  en  Wétéravie. 
MINTHÉ.  f.   f.  Nom  de  femme.  Minthe.  Elle  étoit 

fille  du  Cocytc  ,  fleuve  d'Enfer. 
MINTURNE.    Minturna,    C'étoit  anciennement  une 
ville  Épifcopalc   du   nouveau  Latium.   Elle  eft  en- 
tièrement   ruinée.    On  voit  quelques    reftes  de  ks 
Aqueducs ,  Se  de  ion  Amphithéâtre  dans  la  Terre  de 
Labour  ,    province   du  Royaume  de  Nnpl.s,.  fur  le 
Gariglan  ,  près  du  bourg  de  Trajctto,  qui  a  été  bâti 
de  fes  ruines.  Maty. 
MINU.    f.  m.    Dans  l'ancienne   Se  dans  la  nouvelle 
Coutume  de  Bretagne ,  c'eft  la  déclaration ,  l'aveu  Se 
le  dénombrement  qu'un  nouvel  acquéreur  doit  don- 
ner par  le  menu  Se  en  détail  des  héritages,  terres, 
rentes  Se  devoirs  qu'il  a  acquis. 
MINUCIANO.  Nom  d'un  bourg  fortifié.  Mlnudanum. 
Il  appartient  3.  la  République  ds  Lucques ,  en  Tof- 
cane ,  Se  il  eft  enclavé  entre  la  vallée  de  Magra ,  Se 
celle  de  Carfagnana.  Maty. 
MINUCIE.  Foyei  Minutie. 

MINUCIUS  ,  MINUCIA.  C  f.  Nom  d'une  famille 
Romaine.  Minucius  ,  Minuda.  Plufieurs  écrivent 
Afmutius  par  un  t ,  les  médailles  toujours  Minudus 
par  un  c. 
MINUIT,  f.  m.  Le  milieu  de  la  nuit.  Media  nox. 
^fT  II  eft  minuit  par  rapport  à  nous  lorfque  le  fo- 
leil  paroît  dans  la  partie  de  notre  méridien  qui  paffe 
par  notre  Nadir.  Minuit  étoit  autrefois  des  deux  gen- 
res -,  préfentement  il  n'y  a  plus  à  délibérer  ;  il  eft 
toujours  mafculin.  Il  devroit  être  féminin  ,  parce 
que  nuit  étant  féminin  ,  l'article  qui  va  devant  doit 
être  aullî  féminin  ,  fans  que  l'addition  de  mi  diic 
changer  le  genre.  On  allègue  au  contraire  que  le 
mot  qui  fuit  mi ,  doit  fi  peu  régler  le  genre  du  mot 
compofé  ,  qu'on  dit  la  mi-Mai ,  la  mi-Juin  :  quoi- 
que Mai  foit  mafculin.  Vaug.  On  marche  main- 
tenant à  Paris  sûrement  en  plein  minuit.  Les  Reli- 
gieux fe  lèvent  à  minuit  pour  dire  Matines.  Il  eft 
minuit  fonné,  c'eft  à-dire  ,  douze  heures  ont  fonné. 
On  dit  le  jour  de  Noël  la  Melle  de  minuit  en  mé- 
moire de  la  Nativité  du  Sauveur  qui  arriva  à  pareille 
heure. 

On  appelle  proverbialement  ,    les  enfans  de  la 
Méfie  de  minuit  ,  les  libertins  qui  cherchent  Dieu  à 
tâtons. 
ipr  MINURI.  Ville  du  Royaume  de  Naples ,  dans  la 

principauté  Citérieure. 
MINUSCULAIRE,  f,  m.  Nom  d'un  Office  ancien  des 
finances  chez  les  Romains.  Commis  des  Fermiers  Se 
des  gens  d'aftàires  ,  ou  petit  foufermier,  Minufcula- 
rius ,  Minufcularius  vecligalium. 
tfT  MINUSCULE.S  f.  f.  Petites  lettres  dont  fe  fervent 
les  Imprimeurs  ,  ainfi  appelées  pour  les  diftinguer 
des  majufcules  ou  capitales.  Littera  minufcula. 
fCt  Les  Imprimeurs  ne  fe  fervent  guère  de  ce  mot.  Ils 
difent  plutôt  lettres  du  bas  de  la  callè  ,  ou  fimpie- 
ment  lettres    du   bas  ,    parce  que    les  minuscules  fe 
trouvent  dans  la  partie  inférieure  de  la  callè. 
MINUTE,  f.  f.  Écriture  fort  menue ,  femblable  à  la 
nomparçille  de  l'Imprimerie ,  dont  on  fe  fert  quand 
on  veut  écrire  un  grand  difcours  en  petit  volume. 
Minufcula  fcriptura. 

Ce  mot  Se  (es  dérivés  viennent  de  minuta  Se  mi- 
nutus. 
Minute  ,  fignifie  aullî  un  brouillon ,  un  original  de 
ce  qu'on  écrit  d'abord  pour  en  faire  enfuite  une 
copie  ,  &  le  mettre  au  net.  Scripium  primarium. 
Cet  Avocat  a  donné  fa  minute  de  grief  à  groftoyer  , 


M  I  N  _ 

à  mettre  en  grotîe,  au  net.  Ce  n'efl-là  qu'une  mi- 
nute  ,  qu'un  projet  de  notre  tranladiou  qu'on  pourra 
réformer. 
Minute  ,  fe  dit  particulièrement  de  l'original  des  adlcs 
qui  fe  paffent  chez  les  Notaires ,  des  jugemens  qui 
s'expédient  dans  les  Greffes,  &c.  qui  font  fignés des 
parties ,  ou  des  Juges  ^  Se  fur  quoi  on  délivre  des 
grollcs  ,  &  des  expéditions  authentiques  Se  exécu- 
toires. Primores  tabula,  Prototypum  fcriptum ,  pro- 
totypon.  Les  Notaires  fontGardcnotcs  du  Roi ,  c'ell 
à-dire ,  des  minutes  des  aéles.  Quand  on  s'inlcrit  en 
faux    contre   un  aéle ,   il   faut  apporter  la  minute 
originale  au  Greffe.  Il  eft  défendu  d'envoyer  à  Rome 
des  minutes  des  procurations  ad  rejlgnanduin. 

Minute  ,  en  termes  de  Géométrie  Se  d'Allronomie  , 
cft  la  foixantièmc  partie  d'un  degré  ou  d'une  heure. 
Minutum  primum.  Le  diamètre  du  foleil  fe  voit  fous 
un  angle  de  3 1  minutes  en  hiver  :  &  5 1  en  été. 
L'élévation  du  pôle  à  Paris  eft  de  48  degrés  50  mi- 
nutes. Les  minutes  dans  les  Tables  aftronomiques 
font  marquées  par  un  accent  aigu' ,  les  fécondes  par 
deux",  les  tierces  par  trois'".  §CF  Dans  le  fbyle 
familier  &  de  converfation  ,  on  le  dit  d'un  très- 
petit  efpace  de  temps  qui  n'cft  pas  précifémcnt  dé 
terminé.  Temporis  punclum.  Attendez  moi  j  je  re- 
viendrai dans  la  minute  ,  dans  le  moment. 
Ce  mot  vient  de  minus  Se  de  minutus. 

Minute,  en  termes  d'Architedbure,  eft  une  partie  du 
module.  Moiuli  pars.  Le  module  fert  à  mefurer 
toutes  les  parties  d'un  ordre.   Voye^  Module. 

Minute  ,  quand  il  s'agit  de  poids ,  eft  la  i.\^  partie 
d'une  prime  ,  qui  eft  la  24*  partie  d'un  grain.  Oza- 
NAM.  Momentum. 

MINUTER.  V.  a.  Drelfcr  une  minute.  Perfcribere  ,  in 
commcntarios  referre.  Ce  contrat  eft  minuté ^  tout 
drelfé  chez  le  Notaire  ,  il  ne  refte  qu'à  le  figner. 

Minuter  ,  figniSe  fîgurémcnt  ,  Projetter  quelque  cho- 
fe  ,  arranger  les  moyens  pour  l'exécution  d'un  def 
fein.  Moliri ,  Jiruere  ,  excogitare.  Minuter  Cecvctc- 
ment  quelque  entreprife.  Vaug.  Ce  Marchand  mi- 
nute fa  fuite  ,  s'apprête  à  faire  banqueroute.  Il  y  a 
long  temps  qu'un  tel  minute  fa  retraite. 

MINUTIE.  (  on  prononce  Minucie  )  f.  f.  Bagatelle  ; 
petite  chofe ,  &  de  peu  de  conféquence.  Minutie  , 
res  frivola  ,  futilis  ,  inanis.  Il  ne  faut  pas  s'arrêter 
à  ces  minuties.  On  a  épluché  cette  affaire  jufqu'aux 
moindres  minuties ,  jufqu'aux  plus  petites  circonf 
tances.  Le  Juge  ne  s'arrête  pas  aux  minuties  :  c'eft 
îln  proverbe  Latin  j  De  minimis  non  curât  Prcetor. 
Le  mot  de  minuties  a  enfin  franchi  les  bornes  de 
la  langue  Latine.  Il  ne  paroiffoit  d'abord  qu'en 
lettres  Italiques  dans  nos  livres  imprimés  ,  comme 
un  peu  honteux  de  l'honneur  qu'on  lui  faifoit  ;  au- 
jourd'hui il  va  la  tête  levée ,  habillé  à  la  Françoife. 
S.  ÉVR. 

Minuties  ,  fe  dit  aullî  des  bagatelles,  &  des  plus  pe- 
tits défauts  dans  le  ftyie.  Tricéi  ,  nugtt ,  apinit.  Un 
bon  Ecrivain  ne  doit  point  s'attacher  aux  minuties  : 
c'eft  le  caraélère  d'un  petit  efprit  de  vétiller.  S. 
EvR. 

^  MINUTIEUX  ,  EUSE.  adj.  Qui  s'attache  aux  mi- 
nuties ,  qui  s'occupe  des  petites  chofes  ,  qui  y  don- 
ne trop  d'artention.  Homme  minutieux.  Femme 
minutieufe.  Efprit  minutieux.  L'amour  eft  une  pal- 
fion  minutieufe.  Les  caraétères  minutieux  fe  tour- 
mentent eux  mêmes.  Se  ,  qui  pis  eft,  ils  tourmen- 
tent les  autres  à  propos  de  rien.  Ce  mot  a  beau- 
coup de  rapport  avec  frivole  Se  futile.  La  différen- 
ce ne  conhfteroit  elle  pas  en  ce  que  l'homme  mi- 
nutieux prend  ,  &  veut  qu'on  prenne  les  minuties 
dont  il  s'occupe  pour  des  chofes  importantes  ; 
L'homme  frivole  s'occupe  de  petites  chofes ,  com- 
me le  minutieux  j  mais  fans  y  attacher  une  idée 
d'importance. 

AIINUTIUS.  f  m.    Terme  de  Mythologie.  Dieu  du 
Paganifme  j  que  les  Gentils  imploroient  pour  toute 
les  petites  chofes  ,  comme  pour  les  petits  ouvrages 
pour  les  petites  affaires ,  pour  les  petits  difcours  , 
Tome  y. 


M  i  Q         loi  T. 

pour  les  petits  voyages  ;  en  un  mot ,  pour  le:  mi- 
nuties. Il  avoit  un  Temple  à  Rome  auprès  de  \x 
porte  Minuria  ,  qui  tiroit  fon  nom  de  lui,  Feftus  » 
Lampnde  ,  Se  d  autres  patient  de  ce  dieu. 

M  I  O. 

MIOLANS.  Nom  d'un  château  du  Duché  de  Savoics 
Mwianum.  Il  efl  à  deux  lieues  de  Montméiian  , 
vers  le  nord  ,  vis-à  vis  de  l'embouchure  de  l'ArO 
dans  1  Isère.  Ce  château  eft  fort  par  fa  fituatioii 
fur  un  Rocher  fort  haut  &  cfcarpé  de  tous  côtés. 
Matv. 

MION.  f.  m.  Mot  qui  vient  du  Grec  («tio» ,  &  qui 
lignifie  ,  Plus  petit.  Minor.  On  ne  l'emploie  qu'en 
riant  ;  pour  fignifier  un  petit  garçon.  Quel  petit 
mion  eft-ce  là> 

C'eft  en  quelques  pays  le  nom  d'une  petite  me- 
fine  de  vin. 

Mion.  Nom  d'un  bourg  de  France.  Sancli  Medulfi 
aqu£.  Il  eft  en  Auvergne  ,  fur  la  petite  rivière  de 
Mvrge  à  deux  lieues  de  Riom.  Il  y  a  à  Mion  des 
eau:^  minérales  Se  chaudes  qui  font  excellenres  con- 
tre les  vertiges  Se  la  fièvre  quarte. 

De  Médulfe  ,  on  a  fait  Méoulf  ,  Mioulf,  Mioul ,' 
Mion. 

MIOSSAN  ,  ou  MIOXAN.  Nom  d'une  rivière  du 
Poitou.  Medioximus.  Le  Mioxan  fe  joint  à  Novaillé 
au  Clin,  qui  fe  rend  lui-même  dans  la  Vienne.  Va- 
lois ,  Not.  Gall.  pag.  37 J.    après  Maffon. 

MIOSTADE.  f  f.  Efpèce  de  petite  ferge  qui  efl 
moins  forte  que  les  oftadcs.  Il  s'en  fait  beaucoup  à 
Amiens. 

M  I  P. 

MIPARTIR.  V.  a.  Partager  par  le  milieu.  Per  médium. 
dividere.  Il  n'eft  pas  en  utage. 

MIPARTIj  lE.  adj.  (' Quelques  uns  écnvem  mi  parti 
en  féparant  le  mi  de  parti  avec  un  machaph ,  ou 
petit  tiret.  )  Qui  eft  divifé  en  deux  parties  égales  , 
mais  différentes  :  qui  eft  de  deux  couleurs ,  moitié 
par  moitié  ,  ou  de  deux  matières.  Robe  mi  partie 
d'écailate  Se  de  velours  noir.  Bipartitus  ,  difperti- 
tus.  Les  Echevins  ont  des  robes  mi-parties  de  rouge 
Se  de  noir.  Les  Bedeaux  des  Églifes  ,  &:  ceux  qui 
accompagnent  les  Maîtres  Se  Gardes  de  la  marchan- 
dife  dans  leurs  vifites ,  ont  des  ïobes  mi  parties. 

MiPARTi ,  en  terme  de  blafon ,  fe  dit  de  deux  Ecus  cou- 
pés par  la  moitié ,  qui  font  joints  enfemble  en  un 
feul  écu  ,  en  forte  qu'il  n'en  paroît  que  la  moi- 
tié de  chacun  ,  comme  il  arrive  louvent  à  ceux  qui 
veulent  joindre  aux  Armoiries  de  leurs  maitons, 
celles  de  leurs  femmes.  Bipartitus ,  difpertitus.  On 
appelle  auifi  mi  parti ,  l'Ecu  qui  étant  coupé  ,  eft 
parti  feulement  en  une  de  fes  parties. 

On  appelloit  Chambres  mi  parties  ,  les  Chambres 
de  l'Edit ,  parce  qu'elles étoient  compofées  de  Juges, 
moitié  Catholiques  ,  Se  moitié  de  la  ReliL;ion  pré- 
tendue Réformée.   Decuria  bipartitorum  judicum. 

On  dit  auiîl ,  que  les  avis  font  mi-partis  ,  que  les 
opinions  font  mi  parties  ,  lorlqu'il  y  a  un  nombre 
égal  de  voix  des  deux  côtés.  Les  Sénateurs  étoient 
mi-partis, 

M  I  Q. 

MIQUELET.  f  m.  §Cr  Les  Miquelets  font  des  pay- 
fans  Efpagnols  qui  habitent  les  Monts  Pyrénées, 
principalement  fur  les  frontières  de  la  Catalogne  Se 
de  l'Arragon.  Ce  font  des  gens  féroces ,  pillards 
Se  meurtriers.  Malheur  aux  Voyageurs  qui  patient 
dans  leurs  montagnes  ,  s'ils  n'ont  pas  eu  la  précau- 
tion de  prendre  quelqu'un  d'eux  pour  guide.  Dans 
les  guerres  contre  l'Efpagne  ,  qui  fc  font  dans  ces 
quartiers,  les  Miquelets  font  à  craindie.  Les  mon- 
tagnes du  pays  qui  ne  font  acceiîîbles  qu'à  eux  feuls, 
les  favorifent. 

^  L'Efpagne  a  un  corps  de  Miquelets  dans  fes  Trou- 

Mmmmmm  ij 


loiz         ivi  I   Fv 

pes  :  Se  ils  font  d'une  grande  utilité  dans  les  guci-  ' 
rcs  qui  le  font  dans  le  pays  de  monugncs  ,  parce 
qu'ils  font  accoutumés  dès  l'enfance  à  gtimper  fur 
les  rochers.  Ils  font  armes  de  pillokcs  de  ceinture , 
d'une  carabine  à  rouet  ,  &  d  une  dague  au  côté. 
Mlles  Pyrerijius. 

MIQUELO  r.  f.  m.  Petit  garçon  qui  va  en  pèlerinage 
à  S.  Michel  fur  la  met ,  Se  qui  fe  fert  de  ce  prétexte 
pour  gueuler.  Percgrinusfancli  Michaelis.  On  a  cent 
autrefois  Michelot  ,  comme  on  le  trouve  dans 
quelques  Dictionnaires. 

On  le  dit  par  extenlion  de  ceux  qui  affeftent  une 
mine  hypocrite.  Cet  homme  croit  faire  pitié  en  fai- 
fant  le  Miquelot.  C'eft  un  terme  populaire. 

MIQUEMAC.  Foyci  Micmac. 

MIQUENEZ.  Nom  d'une  ville  du  Royaume  de  Fez  , 
en  Barbarie.  Miquenefa.  Elle  cft  dans  la  province  de 
Fez,  à  douze  lieues  de  la  ville  de  ce  nom ,  à  qua- 
rante de  Salé,  &c  à  foixante  de  Tétouan. 

M  I  R.  I 

MIRA.  f.  f  Ceft  une  étoile  fixe  qui  eft  au  cou  du 

cygne. 

Mira.   Voye:^  Limira. 

MIRABEAU.  Petite  ville  de  France  fituéedans  le  Poi- 
tou j  à  quatre  lieues  de  Poitieis  ,  vers  le  nord-eft . 
Mirahellum.  Elle  eft  capitale  d'un  petit  pays  qui 
porte  le  nom  de  Mirebelais ,  ou  Mircbalais.  Maty. 

MIRABELLE,  f.  f.  Nom  d'une  efpèce  de  03"  petites 
prunes  jaunâtres,  dont  la  chair  eft  allez  ferme j  te- 
nant un  peu  de  la  nature  de  l'abricot.  La  mirabelle 
cft  bonne  &  faine.  Elle  cft  excellente  à  confire. 

MIRABELLO.  Cajîd  Mïrabdlo.  Village  avec  un  bon 
port,  &  un  ch.ateau  fort,  environné  de  tous  côtés 
des  eaux  de  la  mer.  Caftrum  Mirahellum  ,  ancienne- 
ment Heraclea.  Il  eft  fur  la  côte  feptentrionale  de 
Candie  ,  à  trois  ou  quatre  lieues  de  Spixialonga  ,  vers 
le  midi. 

MiRABELio.    Capo  di  Caflel.  'Voyez  Zuane  ,  Cap. 

MIRACH.  f.  m.  C'eft  le  nom  d'une  étoile  fixe  de  la 
féconde  grandeur ,  qui  eft  dans  la  ceinture  d'Andro- 
mède. 

fCr  MIRACLE,  f.  m.  Miraculum.  Ce  mot  figuine 
quelquefois  ,  dans  un  fens  populaire  ,  un  prodige 
qui  nous  furprend  par  fa  nouveauté.  Miraculum 
voco  ,  dit  S.  Auguftin  ,  quidquid  arduum  aut  infoli- 
tum  fuprà  fpem  vel  facultatem  mirantis  apparec  : 
mais  dans  un  fens  plus  exaét  Se  philofophique ,  il 
fignifie  un  effet  qui  n'eft  point  une  fuite  des  lois 
naturelles.  Maleb.  Miiaculum  propriè  dicitur ,quod 
fit  pnter  ordinem  totius  nature ,  jub  quo  concinctur 
oinn'is  virtus  crcata.  Un  miracle  cft  donc  un  eftet 
extraordinaire  &  merveilleux  ,  qui  eft  au  dellus  des 
forces  de  la  hature  ;  que  Dieu  fait  pour  manifefter 
Ton  amour,  ou  fa  puilïance.  Jésus  Christ  a  prouvé 
la  vérité  de  fon  Évangile  par  le  grand  nombre  de 
miracles  qu'il  a  faits  tandis  qu'il  étoit  fur  la  terre. 
Ce  font  des  miracles  que  de  relluiciter  des  morts  , 
guérir  les  muets ,  les  aveugles ,  les  paralytiques ,  & 
délivrer  des  pollédés.  Jofué  fit  un  grand  miracle  , 
en  arrêtant  le  cours  du  foleil.  On  ne  canoniie  un 
Saint ,  qu'après  avoir  bien  vérifié  les  miracles  qu'il  a 
fiiits.  Les  Payens  ont  attribué  des  miracles  à  Velpa- 
fien  ,  â  Adiien,  &:  au  fameux  Magicien  Appollone 
de  Thyane  ,  dont  Philoftr.ite  a  écrit  la  vie  fur  le 
modèle  de  celle  de  J.  C.  Spinofa  nie  qu'il  puifte 
rien  arriver  au-delïïis  des  forces  de  la  naturcjrien 
qui  trouble  l'ordre  des  choies  ;  QCT  parce  que  ,  dit- 
il  ,  les  lois  de  la  nature  ne  font  autre  que  les  décrets 
de  Dieu.  Or  les  décrets  de  Dieu  font  immuables. 
Les  lois  de  la  nature  ne  peuvent  donc  changer. 
Donc  un  vrai  miracle  eft  impoftlblc  ,  puilqu'on  le 
dit  contraire  aux  lois  ordinaires  de  la  nature.  C'eft 
pourquoi  il  définit  le  miracle  un  événement  rare 
qui  arrive  en  conléquence  de  quelques  lois  de  la 
nature  qui  nous  font  inconnues  ;  mais  il  faut  être 
fou  pour  prétendre  que  h.  guérifon  fubire  d'une 
m?.ladie  invétérée  ,  ou  qu'on  a  apporté  en  naiftànt. 


M  I   R 

&  faite  d'un  feul   mot ,    comme  celle  de  l'aveugle 
né  ,  la  réfurredtion  d'un  mort ,  la   prédiction  d'un 
fait ,  qui  dépend  des  volontés  libres  de  pluhcurs  per- 
lonnes  ,  Se  qui  eft  prédit  long-temps  avant ,  &  dans 
toutes   fes  circonftances  J  Sec.    (oient  des  fuites  des 
lois  de  la  nature.  $3"  Le  raifonncment  de  Spinofa 
ne    prouve    rien   contre  la    pollibilité  des  miracles 
dans  le  fyftème  de  M.  l'Abbé  Houteville,  qui  fup- 
pofe  que  les  miracles    font  le  rélultat  des   lois  gé- 
nérales de  la  nature  ,  une    luite  de  l'harmonie  des 
lois  que  Dieu  a  établies  pour  la  conduite  Se  la  con- 
fervation  de  Ion  ouvrage  :    mais  c'eft  un  effet  rare 
&   furprenant ,  qui  ne  dépend  point  des  lois  géné- 
rales ,  ordinaires  &  connues ,  qui  turpafte   l'intelli- 
gence des  hommes  ,  dont  ils  ignorent  la  caufe  ,  Se 
qu'ils  ne  peuvent  produire  par  leur  induftrie. 
IJCr  Dans  I^ç'jfyftème  des  autres  Théologiens   le   rai- 
fonncment 'de  Spinola  porte  iur  une  tauiîe  (uppo- 
fition.  La  volonté  de  Dieu  cft  immuable  ,  mais  elle 
cft  en  mcme-temps  libre.   Les  miracles  entrent  dans' 
l'économie  de  fes  deflcins  ;  il  les  a  arrêtés  de  toute 
éternité  pour    le  moment  où  ils    doivent    arriver. 
Opéra  mutât ,  conjilia  non  mutât  ^  dit  S.  Auguftin. 
Les  lois   de  la  nature  ne   lont   autre  chofe  que  la 
volonté   de  Dieu  même.  De  toute  étenùté  Dieu  a 
voulu  J  d'une  volonté  libre  Se  particulière  ,  produire 
un  effet  diftérent  de  celui  qu'il  produit  par  le  ccurs 
ordinaire  Se  connu  de  la  nature.  Cette  interruption  , 
cette  luipenlion  des   lois   générales  ,  de  la  volonté 
générale  de  Dieu  ,  ne  marque  dans  Dieu  ,  ni  légè- 
reté,  ni  inconftance  ;  mais  elle  eft  au  contraire  une 
preuve  de  fa  toute  puiilance.  Il  y  a  deux  extrémités 
dangereufesj  de  crédulité  ou  d'incrédulité  à  l'égard 
des  miracles.  Les  uns  fous  prétexte  de  la  toute  puif^ 
lance  de  Dieu  adoptent  tous  les  miracles  indiftinc- 
tement.  Se  apportent  pour  preuve  de  ceux  dont  on 
doute  J  ceux  dont  il  n'eft  pas  permis  de  douter.  Les 
autres  s'imaginent  qu'il  y  a    de   la  force  d'efprit  à 
douter  des  miracles ,  alléguant  les  faux  miracles  pour 
preuve    contre   les   véritables  ;    Se  loutiennent  que 
Dieu  ne  fait  pas  tout  ce  qu'il  peut  faire  ;  Se  qu'au 
fond  tout  ce  qu'on   dit  des  vrais  miracles  en  géné- 
ral ,  ell  trè5  foible  pour  perfuader  d'un  miracle  en 
particulier.   Log.    J'aime  une  dévotion  éloignée  de 
l'imbécillité   qui  fe  forge   des  miracles  fur  tout ,  Sc 
qui  fe  perluade  qu'il  arrive  à  toUt  moment  descho- 
fes    extraordinaires.   Touz*miracle    qui   conduit  au 
menfonge  &  au  crime,  eft  faux.  S.  EvR.  La  crédulité 
populaire  établit  de  faux  miracles  ,  comme  la  vainc 
lubtilité  des  Savans  refufe  d'en  reconnoître  de  véri- 
tables. Fl.  Il  n'y  a  rien  de  moins  railonnable  que 
de  fe  conduire  par  des  lieux  commun"; ,  foit  pour 
embraller  tous  les  miracles  ,  ioit  pour  les  rejetter 
tous  ;  mais  il  les  faut  examiner  pir  leurs  circonf- 
tances  particulières,  &  par  la  fidélité  Se  la  lumière 
des  témoins  qui  les  rapportent.  Log.  Tout  homme 
de   bon  fens  j  quand  il  n'auroit  point  de  piété,  doit 
reconnoître  pour  véritables  les  miracles  que  S.  Au- 
guftin raconte  dans  fes  Confeifious  ,  ou  dans  Li  Cité 
de  Dieu  ,  être  arrivés  devant  fes  yeux ,  ou  dont  il 
témoigne    avoir    été   très  parriculièrement   informé 
par  les  perfonnes  mêmes  à   qui   les  chofcs  étoient 
arrivées.  Id.  C'eft  ôter  à  la  Religion  un  de  fes  plus 
folides  fondemens  ,  que   d'ôter  aux   vrais  miracles 
l'autorité  qu'ils  doivent  avoir  pour  la  confirmation 
de  la  vérité.  Et  c'eft  détruii  e  entièrement  cette  au- 
torité des  miracles ,  que  de  dire  que  Dieu  en  fallc 
pour  récompenfer   un    culte  fuperftitieux  Se  idolâ- 
tre. Or  ,    c'eft    proprement   ce   que  les  Hérétiques 
font,  en  traitant,  d'une  part,  le  culte  que  les  Ca- 
tholiques   rendent  aux  Siints   Se  à  leurs    reliques 
d'une  fupcrftition    criminelle  ;  &   ne  pouvant  nier 
de  l'autre  ,  que  les  plus  grands  amis  de  Dieu ,  tel 
qu'a  été  S.  Auguftin  ,  par  leur  propre  coiff'ellîon  , 
ne  nous  aient  affuré  que  Dieu  a  guéri  des  maux  in- 
curables ,     illuminé    des    aveugles  ,    reflufcité  des 
morts  ,  pour  récompenfer  la  dévotion  de  ceux  qui 
invoquoient  les  Saints,  Se  révéroient  leurs  reliques. 
lo.  Un  homme  lâge  doit  regarder  les  vrais  miracles 


I 


M  I  R 


■  comme  le  bngage  de  Dieu ,  ce  font  les  figncs  dont 
il  n'y  a  que  Dieu  qui  puille  fe  fervir  pour  autouki' 
les  véiités  qu'il  nous  veut  apprendre ,  &  ce  l.ing.igc 
cfl:  intelligible  à  tous  ceux  qui  cherchent  liiicérc 
me  t  la  vérité. 

M.  de  la  Motte  dans  fon  Pocme  des  Apôtres , 
parle  dignement  des  Miracles  que  Dieu  opcra  par 
leur  miniftère. 

Déjà  fa  voix  féconde  enfante  les  Miracles; 
La  nature  foumife  attcjle  fes  Oracles  ; 
V  Aveugle  fent  f es  yeux  s' éclaircir  fous  fa  main  ^ 
Le  Boiteux  à  fon  gré  marche  d'un  pas  certain. 

Sur  tous  les  malheureux  fes  dons  vont  fc  répandre  : 
Le  Muet  parle  au  Sourd  étonné  de  l'entendre. .  . . 

Voilà  deux  Miracles  bien  exprimés  dans  un  fcul 
vers. 

On  appelle  figurément  Miracle  ,  un  événement 
dont  on  ne  connoît  pas  la  caufe. 
Miracle  j  fe  dit  auffi  dcschofes  extraordinaires  «Se  fur- 
prenantes  que  font  les  hommes  ;  de  ce  qui  eH  ex 
trémement  beau  &  eftimable ,  digne  d'admiration. 
Mirum ,  Jîupendum  ,  mirandum.  Ce  Prédicateur  a 
bien  prêché,  il  a  fait  des  miracles.  Il  fit  des  mira- 
cles de  fa  perfonne  dans  le  combat. 

Achile  à  qui  le  Ciel  promet  tant  <f?  miracles.  Rac. 

Cette  beauté  cft  un  miracle  de  la  nature  ,  une 
merveille.  Cette  machine  eft  un  chef-d'œuvre ,  un 
miracle  de  l'art.  La  conjuration  de  Portugal  fut  l'ou- 
vrage &  le  miracle  du  fecret.  Bouh. 

Ce  n'était  plus  ce  miracle   d'amour  , 

Qui  devait  charmer  tout  le  monde.  La  Font. 

Miracle  ,  fe  dit  auflî  par  hyperbole  dans  des  chofes 
moins  rares.  Mirum  ,  rarum.  C'cll  un  miracle  de 
vous  voir ,  un  miracle  de  vous  trouver  chez  vous. 
A  Miracle.  Sorte  d'adverbe.  Parfaitement  bien.  Ad 
miraculum  ,  optimè.  Cela  efl:  fait  à  miracle.  Il  s'eft: 
acquitté  à  miracle  de  fa  commiflîon.  Exprelîîon  fa 
milière. 

On  dit  proverbialement  &  ironiquement  ,  qu'un 
homme  a  fait  miracle  ,  quand  pat   maladrelfe   il  a 
brifé  j  ou  cafTé  quelque  chofe.  A  Paris ,  il  y  avoir 
vin  lieu  où  s'alfembloient  les  gueux  après  leurs  quêtes 
de  la  journée  pour  faire  bonne  chère  enfcmble ,  & 
on  nommoit  ce  lieu-là  ,    Cour  des  miracles ,  parce 
qu'après  avoir  contrefait  les  eftropiés  ,  les  aveugles , 
les  blelfés ,  &c.  ils  quittoient  leurs  emplâtres  j  leurs 
béquilles ,   &  toutes    les  autres  marques  de  leurs 
infirmités  qui  n'étoient  qu'apparentes.  Au  ballet  de 
la  nuit,  danfé  par  Sa  Majefté  en  16J3.  la  quator- 
zième entrée  de  la  première  partie  ,  étoit  la  Cour 
des  miracles ,  où  fe  rendent  le  foir  toutes  fortes  de 
gueux  &  d'eftropiés,  qui  en  fortent  fains  &   gail- 
lards. Ce  proverbe  :    Il  n'efl:  miracle  que  de  vieux 
Saints ,   ne  peut  être  venu  que  de  ceux  qui  étoient 
d'opinion  qu'on  s'adrefsât  plutôt  aux  Anciens  Saints 
qu'aux   modernes.    Apol.  pour    Hérodote  ,  ch.   jp. 
art.  12.  ta.  3. p.  30c.  Ce  proverbe  fe  trouve  dans 
Cot£;rave. 
MIRACOR-BACHI.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Nom 
d'un  grand  Officier  de  la  Cour  de  Perfe  ,  c'eft  le 
Grand  Écuver. 
MIRACULEUSEMENT,  adv.  D'une  manière  miracu- 
leufe.  Divinitus  ,  prêter  naturel,  vim.  Saint  Pierre  fut 
délivré  de  fes  liens  miraculeufement  par  un  Ange.  Il 
échappa  miraculeufement  du  naufrage. 
MIRACULEUX  ,   EUSE.  adj.  Qui  appartient  au  mi- 
racle. Miraculi  plenus.    On  ne  peut    attribuer   une 
telle  guérifon  qu'à  une  effet  miraculeux.  Un  fecours 
miraculeux  deh  part  de  Dieu  fuppofe  de  la  foiblelfe 
Se  de   l'impuiflànce  dans  le  Héros.  Le  P.  le  B.  Si 


M  I  Pv         îoî^ 

Dieu  agiffoit  toujours  d'une  manière  mircculeufe , 
on  fcroit  comme  torcé  à  le  reconno'itre ,  &  alors  il 
n'y  auroit  plus  de  toi.  Nie. 

Miraculeux  _,  lignifie  aullî ,  Merveilleux,  admirable. 
Muandus  ,  mirabdis.  Voilà  un  ouvrage  miraculeux  , 
qui  cit  excellent.  Virgile  a  hiic  un  Pocnic  inuacukux. 
Action  miracultujc. 

MIHADOUX.  Petite  ville  de  France ,  dans  le  Bas- 
Armagnac,  élection  de  Lomagne. 

MIRAFLORES.  Petite  Ville  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Pérou  ,  dans  1  Audience  de  Lima. 

MIHAIlLÉ  ,  EE.  adj.  Ferme  de  Blafon ,  qui  fe  dit 
des  marques  ou  taches  que  les  paons  ont  fur  kurg 
queues,  ou  les  papillons  (ur  leurs  ailes,  quand  ils  (ont 
repréfentés  fur  des  Ecus  ,  parce  qu'ils  ont  quelque 
relfemblance  aux  miroirs.  Variatus  ,  dtfcolor ,  diver- 
fuolor.  Il  portoit  d'argent  au  paon  rouant  d'azur, 
miraillé  d  or, 

MiKAMAK.  Nom  d'un  ancien  bourg  de  la  Catalogne. 
Miramarum  ,  Olcajlrum.  Il  eft  près  de  la  côte  à 
cinq  lieues  de  Tarraconc ,  du  côté  du  couchant. 
Maty. 

MIRAMOLIN.  f.  m.  Ce  mot  fignifie ,  Chef,  ou  Prince 
fidelle.  C'étoit  chez  les  Maures  un  nom  commun  à 
tous  leurs  Princes.  MiramoUnus  ,  MiramomoUnus  , 
Miramomelinus  ,  Miramummelinus  ,  Almamunus , 
Amoramomominus  ,  Amormominus  ,  HemirmomeU~ 
nus  ,  Mmnimmus,  Armral-mumaminus. 

MIRAMONTS.  Mirabilis  mons.  Ce  lieu  eft  dans  la 
haute  Auvergne.  C'eft  une  petite  ville  ,  ou  château 
ancien ,  fitué  fur  une  montagne.  Valois  ,  Not.  Gall. 
p.  3j-o(). 

MIRANDA,  ou  MIRANDEd'Efpagne.  Foyei  Eu. 

MiRANDA  DE  DouRO.  Nom  d'uuc  ville  de  la  province 
de  Tra-los  Montes ,  en  Portugal.  Miranda  Duriana. 
Elle  eft  fur  le  Douro  ,  aux  confins  du  Royaume  de 
Léon  ,  à  fcpt  lieues  de  Bragance.  Miranda  eft  bien 
fortifiée  ,  &  a  un  Évêché  tlitfragant  de  Braga.  Maty. 

Miranda  de  ébro.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Cal- 
tille  vieille  ,  en  Efpagne.  Miranda  ,  Iberica.  Elle 
eft  fur  l'Ebre ,  aux  confins  de  la  Bifcaye  ,  &  à 
douze  lieues  de  Burgos. 

MIRANDE.  Nom  d'un  bourg  de  la  Gafcogne ,  en 
France.  Miranda.  Il  eft  dansl'Efterac  fur  la  Baife  , 
entre  Auch  &  Tarbe  ,  à  quatre  lieues  de  la  pre- 
mière ,  &:  fix  de  la  dernière.  Maty. 

Mirande  ,  ou  MiRANDOLE.  Nom  de  la  ville  capitale 
du  Duché  de  la  Mirandolc.  Mirandula.  Elle  eft  à 
dix  lieues  au  couchant  de  Ferrare.  Cette  ville  efl 
forte ,  &  défendue  par  une  bonne  citadelle  ,  réfi- 
dence  ordinaire  du  Prince  delà  Mirandole.  Ce  nom 
ne  fe  dit  point  fins  l'article.  La  Mirandole  ,  de  la 
Mirandole ,  &c.  Jean  Pic  de  la  Mirande ,  ou  de 
la  Mirandole ,  quoique  mort  jeune  ,  palla  pour  un 
prodige  de  fcience  vers  la  fin  du  XV=  fiècle  ,  juf- 
qu'à  être  foupçonné  de  Magic  ,  &  de  commerce  avec 
le  démon. 

L'État  ,  ou  la  Principauté  de  la  Mirandole.  Mirandu- 
lanus  Ager.  C'efî  une  Souveraineté  de  la  Loinbar- 
die  ,  en  Iralie.  Elle  eft  entre  le  Ferrarois ,  le  Modé- 
nois  &  le  Mantouan.  Elle  n'a  pas  au  delà  de  dix- 
huit  lieues  de  circuit  ,  mais  le  terroir  eft  fort 
fertile. 

§3"  MIRANDELA.  Petite  ville  de  Portugal ,  dans  la 
province  de  Tra  los  montes  ,  lur  le  Tuelo. 

MIRAUDER.  v.  a.  Regarder  avec  attention.  La  Brin- 
villiers  monta  feule  &  nuds  pieds  ("ur  l'échelle  &  fur 
l'échafaud,  &  fut  un  quart  d'li£ure  miraudee  ,  rafce  , 
drelfée  &  redreftée  par  le  Bourreau.  Ce  fut  un  grand 
murmure  &  une  grande  cruauté. . .  Lett.  de  Madame 
de  Sévigné.  On  ne  le  trouve  point  ailleurs. 

MIRAVEL.  Ville  d'Efpagne  ,  dans  lanouvelle  Caftille, 
à  quatre  lieues  de  Plazencia. 

MIRAVET.  Nom  d'un  bourg  autrefois  fortifié  ,  &  dé- 
fendu par  un  château.  Mïravetum.  Il  eft  dans  la  Ca- 
talogne ,  fur  l'Ébre  ,  à  quatre  lieues  au-deft"us  de  Tor- 
tofe.  Maty. 

MIRAUMONT.  Nomd'un  lieu  du  Périgord.  Il  eft  fur 


JOI4      M  I  R 

la    Véscre.    Mirabilis    nions.    Valois  ,    2\Vf.    Gall. 

MIRAUr.  Nom  de  chien.  Le  Jardinier  fe  plaignant 
à  Ton  Seigneur  d'un  lièvre  qui  faifoic  beaucoup  de  dé- 
gât dans  le  jardni  : 

Ce  maudit  animal  vient  prendre  fa  goulée 
Soir  &  matin,  dit  il ^  &  des piepesfe  rit: 
Les  pierres  ,  les  bâtons,  y  perdent  leur  crédit. 
Il  ejlforcier,  je  crois.    Sorcier?  je  l'en  défie. 
Répartit  le  Seigneur.  Fut-il  diable  ,  Miraut , 
En  dépit  defes  tours  j  l'attrapera  bientôt.  La  Font. 

MIR-CHEKAR-BACHÏ.  f.  m.  Nom  d'un  grand  Otfi- 
cier  de  la  Cour  de  Perfe.  C'eft  le  Grand-Veneur. 
Summus  Regiorum  in  Pe;fide  Venatorum  Pr^feclus. 

MIRCOLION.  f.  m.  Petit  annnal  qui  vit  dans  le  labié  , 
qui  ne  voit  jamais  la  lumière,  qui  dort  tout  1  hiver  j 
qui  ert  tacheté  de  blanc  6c  de  roux  ,  qui  a  deux  cor 
nés  y  qui  eft  gros  comme  une  abeille  ,  &  qui  vit  de 
mouches,  qui  pallent  fur  le  (able  où  il  eft  caché. 

MiRDA.  Ville  des  Indes,  lur  la  route  d'Amadabat  à 
Agra. 

Ip-  MIHE  ,  ou  MYRE.  f.  m.  Vieux  mot  qui  fignifioit^ 
celui  qui  exerce  l'art  de  guérir  les  maladies,  Julqu'au 
règne  de  Louis  VIL  qui  mourut  en  1 18  ,  il  n'y  avoit 
aucune  diftindion  entre  le  Médecin  &  le  Chirurgien. 
Ces  deux  termes  n'étoicnt  pas  encore.en  uflige.  "Tous 
ceux  qui  exerçoient  l'art  de  guérir  les  maladies ,  foit  in- 
ternes ,  foit  externes,  s'appeloient  Mires  ,  Myres, 
Myeres  ,  puis  Maures.  Ainii  le  mot  Alire  répond 
exadement  à  Medicus  ,  qui  dans  fa  vraie  lignifica- 
tion _,  Se  jtifqu'au  commencement  du  XIII.  lîècle  , 
délîgnoit  tout  homme  qui  exerçoit  la  Médecine  &  la 
Chirurgie. 

Ménage  dit  que  ce  mot  vient  de  l'Arabe  Emir, 
•qui  fignifie  Seigneur,  Prêtre.  Borel  le  dérive  du  Grec 
fiipsy,  qui  Ci^nifiC  onguent  ;  parce  que  les  Apothicai- 
res ,  les  Chirurgiens  &  les  Médecins  ,  étoient  autre- 
fois confondus  ,  &  s'appeloient  tous  «o;«eoj»<  ,  comme 
qui  diroit ,  Faifeurs  d'onguent.  On  dilbit  en  prover- 
be ,  Après  la  mort  le  Mire ,  comme  on  dit  aujour- 
joùrd'hui  ,  après  la   mort  ,  le  Médecin. 

Qui  veut  la  guérifon  du  Mire  , 
//  lui  convient  tout  fon  mal  dire, 

|C?  Mire  f.  f.  L'endroit  d'un  canon  ,  d'un  fufil ,  qui 
fert  à  mirer.  C'eft  une  marque  fur  la  longueur  d'iuie 
arme  à  feu  ,  qui  fert  de  guide  à  l'œil  de  celui  qui 
veut  s'en  (ervir.  Specularis  pinnula.  La  broche  eft 
le  point  de  mire  de  ceux  qui  tirent  au  blanc.  Les 
Canonniers  ont  des  coins  de  mire  pour  hauller  & 
bailler  le  canon  vers  le  point  où  ils  veulent  tirer.  Ils 
ont  aullî  des  fronteaux  de  mire  ,  qui  font  des  mor- 
ceaux de  bois  de  quatre  pouces  d'épailleur  ,  d'un 
pied  de  haut ,  &  de  deux  &c  demi  de  long ,  que 
l'on  met  lur  la  pièce  de  canon  pour  la  pointer  jufte. 
Les  Géomètres  &  Arpenteurs  ont  des  points  de  mire  , 
où  s'arrêtent  les  rayons  vilueis  Se  les  points  à  oblcr- 
ver  ,  quand  ils  veulent  lever  un  plan.  Puncla  colli- 
nfûtionis. 

§3" M; RÉ.  adj.  Terme  de  Chaffe  ,  qui  fe  dit  feulement 
du    langlier.  On    appelle   Sanglier  miré ,  un  vieux 
langlier   dont  les   défenfes   font  recourbées   en  de 
dans. 

MIREBALAIS.  Nom  d'une  petite  contrée  de  France. 
Mirahellenfis  ager.  Le  Mïrchalais  eft  une  partie  du 
Poitou  ,  lituée  entre  le  Loudunois ,  &  le  territoire 
de  Poitiers.  Il  prend  fon  nom  de  Mirebeau  la  capi- 
tale. Le  Mircbalais  eft  ferré  de  la  rivière  de  Clain 
du  côté  de  l'orient  i  il  a  au  feptentrion  la  Verdc  , 
qui  traverfe  le  pays,  l'arrofe  de  fes  eaux  ,  &;  le  rend 
fertile  en  toutes  fortes  de  grains  Se  d'herbages. 

MiREBAïAis  ,   AISE.   f.  iTi.  Sc   f.    Qui   eft  de   Mire 
beau  ,  ou  du  Mirehalais.  Mirahellenfis.  Baudrand. 

^  MIREBEAU.  Ville  de  France  dans  le  Poitou,  ca 
•pitale  du  petit  pays  de  Mi  rebalais. 


M  I  B 

MIRECOURT.  Nom  d'une  petite  ville  de  la  Lorraine» 
JMirecunium.  Elle  eft  capitale  du  pays  de  Vaugc , 
&  lituee  lur  la  rivière  de  Maidon  ,  à  fept  ou  huit 
lieues  de  Nanci  &  de  Toul ,  du  côté  du  midi.  Maty. 
Long.  i}.  d.  ji'.  lat.  48.  d.  1;'. 

MIREMONT,  ou  MIRAUMONT.  Nom  d'une  ville 
de  France ,  fituée  dans  le  Périgord  ,  près  de  la  Vé- 
zère  ,  environ  à  fix  lieues  au  levant  de  Bergerac.  Mi- 
rernontiam.  Long.    18.  d.  26'.  lat.  45.  d.    l  z'. 

MIREORS.  f.  m.  Miroirs.  Hélinand.  Thibault  ,  Roi 
de   Nav. 

MIREPOIX.  Nom  d'une  ville  du  haut  Languedoc  , 
iituée  (ur  le  Lers  ,  à  quatre  lieues  de  Foix  &  de 
Pamiers  ,  vers  le  levant.  Caftrum  Mirapicis ,  ou  de 
Miiapice.  Mirapicum  ,  Mirapicium  ,  Mirapincum , 
Mirapi/ia.  Mirepoix  eft  un  Évêché  fuftragant  de 
Touloufe.  Maty.  Valois ,  Not.  Gall.  p.  26.  Long. 
19.  d.  32'.  lat.  45.  d.  7' 

MIRER.  V.  a.  Vifer  à  un  certain  point  éloigné-  ^3"  Re- 
garder avec  attention  le  point  où  l'on  veut  que  porte 
le  coup  ;  diriger  à  l'œil  une  .arme  vers  le  point  qu'on 
veut  frapper.  Collineare  j  coUimare.  Ce  Canonnier 
a  miré  à  cette  gueritte  &  l'a  abattue.  Pour  faire  une 
carte  topographique  ,  on  mire  plulieurs  clochers 
qu'on  découvre  fous  divers  angles  ,  dont  on  fait  l'ob- 
fervation.  Mirer  Ion  gibier. 

Ce  mot  vient  de  l'Elpagnol  mirar,  qui  fignifie  r«- 
garder  ;  ou  de  mirari ,  qu'on  a  dit  dans  la  balfe  La- 
tinité en  la  même  lignification. 

Mirer  ,  avec  le  pronom  perfonnel ,  fignifie,  §3"  Se 
regarder  dans  un  miroir  ou  dans  quelqu'autre  chofc 
qui  rend  l'image  des  objets  qu'on  lui  préfente.  In 
fpeculo  fe  intucri  ,  confpicere  ,  infpicere.  Les  lem- 
mes  ne  celTent  de  fe  mirer  ,  pour  voir  fi  elles  font 
bien  miles. 

Dans  le  crijial  des  eaux  fouvent  Philis  fe  mire , 
Et  là   contre  mon  cœur  elle  apprête  fes  traits. 

Font. 

^fcTOn  dit  ,  quon  fe  mire  dans  un  parquet ,  pour  dire  , 
qu'il  eft  fort  uni  Se  luilant  :  qu'on  le  mire  dans  la 
vailTelle  ,  pour  dire  j  qu'elle  eft  très-claire  &  très- 
nette. 

On  dit  en  termes  de  Mer  ,  que  la  terre  fe  mïrei 
pour  diiCj  que  les  vapeurs  font  paroître  les  terres 
de  telle  manière,  qu'il femble  qu'elles  foienc  élevées 
fur  de  bas  nuages. 

Mirer.  Terme  de  Manufafture.  Il  fignifie ,  dans  la 
fabrique  des  draps ,  Examiner ,  regarder  à  contre- 
jour  une  pièce  de  drap  déployée  Se  étendue  fur  la 
perche ,  pour  connoîtie  s'il  n'y  a  point  de  défauts 
de  tares. 

Mirer.  Terme  de  Joaillier.  On  taille  fouvent  au  qua- 
dran  le  diamant  &  les  autres  pierres  fines  ;  moins 
on  leur  donne  de  facettes  &  d'angles ,  plus  elles  font 
veloutées ,  &  mirent  en  forme  de  glace  de  miroir. 
On  dit  proverbialement ,  qu'un  paon  fe  mire  dans 
fa  queue  ,  ce  qui  fe  dit  figurément  d'un  fot glorieux, 
qui  fiit  vanité  de  fi  bonne  mine  _,  ou  des  autres 
bonnes  qualités  qu'il  croit  avoir.  Il  fe  mire  dans  Ion 
ouvrage.  Main. 

MIREVÀUX.  Mira  vallis.  Petite  ville  de  France  ,  dans 
le  Bas  Languedoc. 

MIRIOFIDL  f.  m.  Nom  d'un  bourg  de  la  Romanie, 
lltué  fur  la  mer  de  Marmara  j  entre  Gallipoli  Sc 
Rudifto.  Merio/zi/iJiOT.  Quelques-uns  le  prennent  pour 
l'ancienne  Myreophitos^  Ville  épilcopale  de  la  Thrace. 
Maty. 

MIRLICOTON  ,  ONE.  f.  m.  &  f.  C'eft  une  forte  de 
grolle  pêche  jaune  ,  &  de  pavie  jaune  ,  qui  mûrit 
fur  la  fin  de  l'automne.  Ce  terme  eft  un  mot  de  Gaf- 
cogne.  La  Quint. 

MIRLIPOT.  f  m.  Sauge  infufée  dans  de  l'eau  chaude, 
qu'on  prend  quelquefois  en  guile  de  thé. 

'■^  MIRLIRO.  f.  m.  Terme  du  jeu  d'hombre.  Ce  font 
les  deux  as  noirs  fans  matadors.  Celui  qui  les  a , 
reçoit  une  fiche  de  chaque  joueur,  s'il  gagne j  Si  la 
paye,  s'il  perd. 


M  I  R 

MIRLIROT.  f.  m.  Sorte  d'herbe  champêtre  qui  fleurit 
jaune  ,  qui  poulFe  une  tige  haute  ,  ôz  qui  a  une  odeur 
adez  lorte.  Le  inidiroc  vient  dans  les  avoines  ik.  dans 
les  terres  fortes. 

On  dit  proverbialement.  J'en  dis  ànmidlroc;  c'cft- 
à  dire  ,  je  ne  m'en  fbucie  point;  je  m'en  moque. 
F/otci  ,  ou  nih'di  fado  non  euro.  Mais  cette  (orte  de 
façon  de  parler  n'cll:  que  du  petit  peuple  de  Paris. 
C'ed  pourquoi  Bourfauit  dans  fon  Élopc  fait  ainli 
palier  Pierrot. 

Mais  tenc\franchcmcnt ,  j'en  dis  du  mnlirot. 
Tejledié  !  je  fuis  las  d'être  appelé  Pierrot. 

BOURSAULT. 

MIRLITON,  f.  m.  On  a  d'abord  appelé  Mirlitons  les 
Louis  d'or  de  trente-lcpt  &  demi  au  marc.  Ce  mot 
a  été  à  la  mode  pendant  quelques  années  ■,  ^3"  on 
en  tait  un  terme  équivoque  auquel  on  a  atttaché 
dirtércntes  idées,  dont  quelques  uns  n'étoient  pas 
honnêtes.  Il  a  lignifié  particulièrement  une  Flûte  à 
oignon. 
MIRMIDON.  Foyei  Myrmidon. 
MIRMILLON.  f.  m.  Mirmillon,  &  félon  quelques- 
uns  ,  Myrmillo.  Sorte  de  Gladiateur  qui  étoit  armé 
d'un  bouclier  &  d'une  faux  :  il  y  avoir  une  figure 
de  poilfon  (ur  ion  calque,  yoye^  Juste-Lipse,  Satura. 
Serni.  L.  II.  c.  to.  •■ 

j^  MIROIR.  (.  m.  C'eft  en  général  tout  corps  dont 
la  lurbce  polie  rend  par  réflexion  la  rellemblance 
des  objets  qu'on  lui   préfente.  Tout  corps  poli  qui 
ne  donne  point  pallage  aux  rayons  de  lumière.  Si. 
par  coriléquent  les  réfléchit.    L'eau  d'un  ruilîeau  un 
peu  protond ,  les  métaux  bien  polis  &:c.  font  autant 
de  miroirs. 
liCrDans  une  acception  particuliète  ,   c'eft  une  glace 
de  verre  fort  unie,  étamée  par  derrière  ,  c'eft  à  dire  , 
enduire  avec  une  feuille  d'ét.ain  tk  du  vif-argent  qui 
repréfente  les  objets  qui  lui  lont  prélentés.  Spéculum. 
^Zr  On  tait  des  miroirs  de  verre  ou  de  criftal ,  d'acier  & 
d'autres  matières  fort  polies.  Le  miroir  plat  ou  plan 
eft  c^iui  dont  toute  la  turtace  eft  parfaitement  plane, 
ou  de  niveau  ,  ce  qui  fait  qu'il  repréfente  les  objets 
tels  qu'ils  font.  Planum.  Miroir  convexe  ;  celui  qui 
les  repréfente  plus  petits.  Convexum.  Miroir  concave, 
qui  les  repréfente  plus  gros ,   &  qui  fait  fortir  l'i- 
mage au  dehors  jufqu'à  ion  foyer.  Concavum.  Miroir 
ardent ,  eft  une  elpèce  de' miroir ,  lequel  étant  expoté 
au  foleil  en  raflemble  tellement  les  rayons  dans  le. 
centre ,  qu'il  brûle  prefqu'en  un  moment  ce  qui  lui 
eft  préienté.  Spéculum  igniarium  ,  cauflicum.  Il  y  a 
des  miroirs  ardens  de  verre;  il  y  en  a  aulîl  d'acier ^ 
ou  de  métal.  Les  miroirs  ardens  de  verre  j  ont  le; 
deux  fuperficies  convexes;  les  autres  concaves,  Se 
brûlent  par  la   réflexion  des   rayons  du  foleil,   la- 
quelle les    rend   convergens.   Les  miroirs   de  verre 
brûlent ,  parce  que  les  deux  fuperficies  convexes  %c 
polies  qui  le  compoient  ramaflent  pludeurs  rayons 
de  lumière  en  un  ,   de  forte  que  route   la  prellion 
diipcrféc  tendant  fur  un  même  endroit ,  il  s'y  forme 
une  grande  agitation ,  qui  donne  moyen  à  la  matière 
fubtile  de  s'échapper  copieufement  d'entre  les  glo- 
bules:  ainfi  fes  forces  devenant  plus  grandes ,  elle 
peut  détacher  les  particules  des  corps  folides  qui  fe 
rencontrent  dans  fon  chemin.  Un  des  plus  grands 
miroir  ardens   qui  aient    été  faits,  eft  celui  du  fieur 
Vilette  de  Lyon ,  qui  eft  à  la  Bibliothèque  Royale. 
Il  a  trente  pouces  de  diamètre  ,  le  point  brûlant  eft 
diftant   d'environ  trois  pieds ,   fon  foyer    eft  large 
comme  un  demi-louis  d'or.  Il  fait  prendre  feu  au 
bois  vert  dans  un  inftant.  Il  a  percé  une  pièce  de 
quinze  fous  en  24  fécondes ,  &  un  morceau  de  fer 
blanc  en  iîx  fécondes  j  un  refl'ort  d'acier  d'horloge 
en  neuf  fécondes  ;  un   carreau  de  chambre  s'eft  vi- 
trifié Se  mis  en  bouteilles  en  45  fécondes.  Depuis  j 
le  même  Vilette  en  a  fait  un  de  45   pouces  de  dia 
mètre.  Sa  concavité  eft  de  trois  pouces.  Son  foyer  eft 
éloigné  de  la  glase  de  trois  pieds  fept  pouces ,  6c 


M  1  R  icij 

il  r«nvoie  les  cfpèces  ik  les  images  à  plus  de  quinze 
pieds  de  diftance  ;  &  3.  la  lumière  d  un  flambeau, 
il  tait  lire  de  cinq  cens  pas.  Il  y  en  a  encore  un  qui 
le  lurpafle  en  grandeur  ;  c'eft  celui  du  licur  de  la 
Garoullc,  Gentilhomme  du  Qucrcy.  Il  a  cinq  pieds 
un  pouce  de  diamètre.  M.  Tlchirnhaus  de  l'Acadé- 
mie   Royale  des  Sciences ,  en  a  conftruit  un  plus 
grand  que  tous  ceux-là.  Il  eft  de  cuivre.  Il  brûle  avec 
tant  de  violejice  ,  que  les  Chimiftcs  qui  favent  bien 
ménager    toute  la   force  du   feu  j   n'en  connoiflent 
point  d'eftet  il  rapide   Se  lî  violent.  En  plaçant  du 
plomb  ,  ou  de  l'étain  dans  le   loyer ,  il   tombe  en 
gouttes  par  terre  ,  Se  cil  liquélié  en  un   moment  : 
il  convertit  auifi  en  un  inltant  les  tuiles  en  verre. 
On   le  garde  dans  le  cabinet  de  M.   l'Élccicur  de 
Saxe.  Le  même  M.   Tlchirnhaus  en  a  fabriqué  un 
autre  de  verre  ,  lequel  brûle  par  rétraction  comme  le 
preniitr  par  réflexion.  M.  le  Uuc  d'Orléans  en  a  un 
de  la   taçon  du   même   Tfchirnhaus  ,  lequel  a  des 
efléts  merveilleux   Se    f'urprenans.   Le    ij    de   No- 
vembre 1701.  M.  Homberg  fit  un  difcouri  dans  le- 
quel il  rapporta  quelques  expériences  fort  iingulières, 
qui  tont  voir  que  l'or  (Se  l'argent  font  volatiles  au  fsii 
du  iolcil ,  comme  les  autres  métaux,  le  iont  au  feu 
des  fourneaux.  Ce  grand   miroir  ardent  ,    ou  verre 
brûlant ,  que  M.  le  Duc  d'Orléans  garde  au  Palais 
Royal,  eft  une  lentille  de  trois  pieds  de  diamètre, 
dont  le  foyer  eit  à  douze  pieds ,  mais  rapproché  à  neuf 
par  un  autre  lentille  d'un  pied  de  diamètre,  diftante  de 
huit  pieds  de  la  gtande.  Ces  deux  lentilles  ie  répondent 
exactement,  &ibnt  montées  iur  deux  mêmes  bras  de 
■  levier  ,  qui  fe  meuvent  fut  des  roues  ,  Se  qu'on  peut 
hauflèr  Se  bailler ,  fclon  la  hauteur  du  foleil.  C'eft 
en  1701.  que  M.  le  Duc  d'Orléans  fit  venir  ce  mi- 
roir d'Allemagne.  J^oye^  les  Mémoires  de  Trévoux 
du  mois  de  Janvier  1705.  Il  a  vingt-deux  pouces  de 
diamètre.  Un  miroir  cylindrique  ,  un  miroir  conique , 
font  des  miroirs  en  forme  de  cylindres  j  ou  de  cônes, 
qui  défigurent  extrêmement  les  objets  ,   Se  qui  fer- 
vent   à   faire    des   pertpectives    iurprenantes  ,     en 
rétabliilant  leurs    parties  défigurées   dans    leur  jufte 
fituation.  Les  Jéiuites  de  Prague  ont  découvert  une 
manière  fort  iingulière  de  porter  le   feu  ,   fpécula- 
tivemcnt  ,   auflî  loin  qu'on  veut ,  Se  pratiquement 
à  cent,  deux  cens  pasj  Se  même  davantage,  par  le 
moyen  de  miroirs  paraboliques  :  ce  qui  donne  quel- 
que lieu  ck  croire  que  ce  que  l'on  dit  d'Archimèdc  j 
qu'il  brûla  la  flotte  des  Romains  de  delfus  les  murs 
de  Syracufe  avec  les  rayons  du  foleil ,  quelque  in-. 
concevable  que  cela  toit ,  n'eft  pas  incroyable. 
§3°  M.  de  Buflon  a  inventé  un  miroir  qui ,  a  i  jo  pieds, 
par   un  toible  foleil  de  printemps  ,  a  très-prompte- 
ment  enflammé   des  planches  de  lapin  Se  de  hêtre 
goudronnées.  On  peut    juger  delà ,    de  l'eftet  qu'il 
pourroit  faire  par  un  beau  foleil  d'été  j  fur-tout  s'il 
étoit  réuni  avec  quelques   autres.  Trois   miroirs  de 
cette  eipèce  pourroient  porter  le  feu  à  plus  de  400 
pas.  On  conçoit  bien  que   ce  ne  peut   être  ici  un 
miroir  concave  &  d'une  feule  pièce  :  c'eft  un  affem- 
blage  de  petits  miroirs  plans,  un  compofé   de  j68 
glaces  étamées ,    chacune  de  6  pouces  fur  8  ,  éloi- 
gnées les  unes  des  autres  d'environ  4  lignes ,  fi  bien 
que  chacune  peut  fe  mouvoir  en  tout  fens ,   indé- 
pendamment de  toutes  les  autres ,   Se  laille  voir  à 
celui    qui  opère  j    l'endroit  où   il  faut  conduire  & 
réunir  fes  rayons,  cela  nous  approche  du  célèbre 
miroir  ardent  d'Archimède. 

Les  Dames  ont  aulîl  des  miroirs  de  poche ,  des 
miroirs  de  toilette.  Son  miroir  lui  diloit ,  Prenez 
vite  un  mari.  La  Font.  L'eau  tranquille  eft  un  mi- 
roir naturel  où  fe  mira  Narciflc. 

On  dit  des  meubles ,  des  planchers  bien  frottés, 
bien  luifans  ,  qu'ils  lont  clairs  comme  un  miroir. 
§CF  L'ufige  des  miroirs  eft  très  ancien.  Il  eft  parlé  de 
certains  miroirs  d'airain,  au  ch.  58.  de  l'Exode,  v. 
8.  où  il  eft  dit  que  Moyfe  jfr  un  hafftn  d'airain  des 
miroirs  des  femmes  qui  fe  tenaient  affiduement  à  la 
porte  du  tabernacle.  Il  eft  vrai  que  quelques  Com- 
mentateurs modernes    prétendent    quî    ces  miroirs 


ioi6  M  I  R 

n'étoient  pont  d'anain  ,  nuis  qu'ils  étoient  de  vei-fc 
&  enchîHes  leuitmcnt  dans  de  l'airam.  Mais  il  e(t 
certain  qu'on  a  Fait  autrefois  des  miroirs  d'airain  ,  tk 
les  plus  lavans  Rabbins  mcmc  conviennent  que  dans 
ces  temps  là  chez  les  Hébreux  ,  les  Femmes  le  1er- 
voient  de  miroirs  d'airain  pour  le  coefter^  &  qiie 
les  dévotes  ,  dont  il  eft  parlé  en  cet  endroit  de 
l'Exode  ,  donnèrent  à  Moyfc  leur  miroirs  pour  en 
faire  le  ballui  d'airain,  roye^  fur  ce  pallage  le 
Commentaire  de  BonFrerius  Jétuice.  Les  Grecs  01«  eu 
aulli  autrefois  des  miroirs  d'airain,  comme  il  leroit 
ailé  de  le  prouver  par  beaucoup  de  paliages  d'anciens 
Poètes.  On  voit  même  dans  Aiiltophanc  qu'ils  avoient 
des  miroirs  atdcns  de  verre.  Les  Chinois  Se  autres 
peuples  le  fervent  encore  de  miroirs  d'airain ,  ou  de 
métal. 

Miroir,  en  termes  de  Marine  ,  eft  un  cadre  ou  car- 
touche de  menuifeiie  placé  à  l'arrière  du  vailkau , 
chargé  des  armes  du  Prince  à  qui  il  appartient  ,  ou 
de  1  image  de  celui  qui  donne  le  nom  au  vailléau. 
Imago  corcumatka.  On  l'appelle  auffi  la  Tutelle  , 
h  Dieu  conduit,  le  Fronton. 

Miroir  ,  en  termes  d'Architeéture  ,  c'eft  dans  le  pa- 
rement d'une  pierre  ,  une  cavité  caufée  par  un  gros 
éclat  quand  on  la  taille.  Ce  font  auffi  des  ornemens 
en  ovale  qui  fe  taillent  dans  les  moulures  creufes  , 
&  font  quelquefois  remplis  de  fleurons. 

§C?  Miroir.  Terme  de  Mettcur-en-œuvre.  C'eft  un 
efpace  uni  réfervé  au  fond  d'une  pièce  ,  d'où  partent 
les  gaudrons  comme  de  leur  centre. 

§^  En  termes  de  manège  on  appelle  un  cheval  bai 
à  miroir  ,  quand  il  a  des  taches  d'un  bai  plus  obfcur. 
Et  Cheval  miroité  ou  à  miroir  ,  un  noir  pommelé  , 
qui  a  des  taches  plus  noues  &  plus  luifantes  que  le 
relie  de  fon  poil,  f-^iriegatus. 

^  (Eufs  au  miroir,  terme  de  cuilînc.  Ce  font  des 
œufs  cuits  fur  un  plat  enduit  de  beurre  ,  fans  être 
brouillés. 

§Cr  Miroir  ,  en  termes  de  chalîe.  C'eft  un  petit  ini- 
trument  garni  d'un  miroir  ou  morceau  de  verre 
monté  fur  un  pivot  fiché  en  terre ,  dont  on  fe  fcrt 
pour  attirer  les  alloucttes  &  autres  petits  oifeaux 
dans  les  filets. 

Miroir  ,  en  termes  d'Eaux  &  Forêts  ,  fe  dit  des  places 
entaillées  ,  &  marquées  avec  le  marteau  fur  les  arbres 
pieds-cornieis,  tournées  en  forte  qu'on  puilFe  mirer 
en  droite  ligne  d'un  pied  cornier  à  l'autre;  &:  le  côté 
où  fe  fait  cette  marque  ,  eft  appelé  Face.  Ces  mi- 
roirs font  aulli  appelés  Plaques. 

Miroir  de  l'œil.  Spéculum  oculi.  Terme  de  Cliirurgie. 
C'eft  un  inftrument  qui  tient  l'œil  ouvert  &  ailu- 
jetti  ,  pour  y  faire  les  opérations  convenables. 

Les  ouvriers  en  peaux  de  chagrin  donnent  le  nom 
de  Miroir  à  de  certaines  places  luifantes  que  l'on 
voit  dans  les  peaux.  Ce  font  des  places  qui  ne  font 
point  grenelées  comme  le  refte.  Le  plus  beau  cha- 
grin eft  celui  qui  eft  d'un  périt  grain  rond  j  égal  & 
le  moins  rempli  de  miroirs.  On  peut  croire  que  les 
miroirs  qui  le  trouvent  au  chagrin  ,  font  des  endroits 
où  la  graine  de  moutarde  n'a  pas  été  bien  appli- 
quée. 

On  appelle  à  Amftcrdam  ,  Guédalïe  de  miroir,  la 
gravclée  que  l'on  tire  de  Riga.  Il  y  en  a  de  trois 
îortes  ,  la  meilleure,  la  moyenne  &  la  fimple;  les 
prix  en  font  ditlérens ,  fuivant  leur  bonté  :  elles 
fe  vendent  au  laft  ,  &  fe  payent  en  livres  de 
gros. 

Miroir  ,  fe  dit  figurément  en  Morale  ,  de  ce  qui  nous 
reprélente  quelque  choie ,  ou  qui  la  met  comme  de- 
vant nos  yeux.  Exanplar ,  fpeculum.  C'eft  un  mi- 
roir de  vertu,  un  miroir  de  patience;  c'eft-à  dire, 
un  modèle  d'une  parfaite  vertu  ou  d'une  patience  à 
toute  épreuve.  Il  faut  faire  voir  aux  hommes  dans 
l'hiftoire  ,  comme  dans  un  miroir,  les  images  de 
leurs  Fautes.  S.  Real.  Je  me  fuis  vu  en  autrui,  comme 
on  le  voit  dans  un  miroir ,  &c  beaucoup  mieux  que 
je  ne  me  voyois  en  moi-même.  M.  Scud.  Les  pein- 
ture^, ridicules  qu'on  expofe  fur  le  théâtre  ,  doivent 
être   regardées  fans  chagrin  de  tout   le  monde  ;  ce 


M  I  R 

font  des  miroirs  publics  où  il  ne  faut  jamais  témoi 
gner  qu'on  fe  voie.  Mol.  Je  vois  de  tous  côtés  des 
gens  qui  parlent  fans  ceffe  d'eux-mêmes.  Leurs  con- 
verfations  font  un  miroir  qui  préfente  toujours  leur 
impertinente  ligure.  Montesq. 

Lucile  le  premier  , 
Aux  vices  des  Romains  préfcnta  le  miroir. 

BOIL. 

Un  difcours  trop  Jtncert  aifément  nous  outrage  , 
Chacun  dans  ce  miroir  penfc  voir  fon  vifage.  Id. 

Quelques  Hiftoriens  de  la  ville  de  Lyon  ont  écrit 
qu'il  y  avoit  en  cette  ville  au  dellus  de  ï\  montagne 
de  Fourvière  un  grand  miroir  ,  dans  lequel  jii  voyoic 
ce  qui  fe  f.iifoit  dans  les  pleines  de  Dauphiné  ,  tk. 
jufqu'aux  mont<ignes  de  Savoie.  Le  P.  Ménétrier  en 
fon  Hiftoire  de  Lyon  ,  a  fait  voir  que  c'étoit  une 
ignorance  grollière  de  ceux  qui  ayant  lu  qu'il  y  avoit 
là  une  tour  de  guet  pour  voir  ce  qui  fe  paftoit  au- 
delà  du  Rhône  ,  &  ayant  trouvé  que  cette  tour  étoic 
nommée  en  Latin  Spécula  ,  l'avoient  pxife  -pour  un 
miroir,  qui  fe  dit  en  hmn  fpeculum. 

Un  miroir  qui  réfléchit  de  tous  côtés  les  rayons 
qu'il  reçoit  du  (o\eû  ,  accepta  remittit ,  eft  la  de- 
vife  d'un  Prélat  qui  répand  fur  fon  peuple  les  lu- 
mières qu'il  a  reçues  du  Ciel. 

Il  y  a  un  Ordre  appelé  l'Ordre  du  Miroir  de  la 
Vierge  Marie.  11  fut  établi  en  1410.  par  Ferdinand 
de  Caftille ,  après  une  mémorable  viétoire  qu'il 
remporta  fur  les  Mores.  La  chaîne  de  cet  Ordre 
étoit  faite  de  fleurs  de  lis ,  avec  des  griffons  entre 
deux. 

^3"  MIROITÉ ,  ÉE.  adj.  Terme  de  manège.  Variegatus.. 
Voyez  pour  l'explication  au  mot  miroir  en  manège. 

MIROITERIE,  i.  f.  Commerce  de  miroirs.  Speculo- 
rum  commercium.  Il  entend  bien  la  miroiterie. 

MIROITIER,  f  m.  Ouvrier  qui  fait  &  vend  des  mi- 
roirs &c  des  lunettes.  Qui  fpecula  aut  vendit ,  aut 
fabricat. 

MIROM.  Nom  d'une  rivière  du  Royaume  d'Alger,  en 
Barbarie.  Miromus.  Elle  coule  fur  les  contins  des 
provinces  de  Gazaïra  tk.  de  Tenez ,  ëc  fe  décharge 
dans  la  mer  Méditerranée ,  au  bourg  de  Mirom. 
Maty. 

MIROTON,  f.  m.  Terme- de  Cuifine.  tfT  mets  com- 
pofé  de  tranches  de  viandes  déjà  cuites  avec  diffé- 
reiis  aflàifonnemens.  Minutai.  Pour  faire  un  mi- 
roton ,  garnilTez  de  bardes  de  lard  le  Fond  d'une 
callerole  qui  ne  foit  pas  trop  grande;  mettez  par- 
dellus  des  tranches  de  veau  minces,  battues  fur  une 
table  avec  le  couperet  ;  étendez  fur  ces  tranches  une 
farce  faite  de  rouelle  de  veau  hachée  avec  du  lard  , 
de  la  moelle  de  bœuf, des  champignons,  morilles  , 
-moullerons  ,  quelques  truffes,  fines  herbes  &  bon 
alfaiionnement,  &c.  Voye^  le  reftc  dans  le  Supplé- 
ment au  Didtionnaire  (Économique  ,  où  vous  trou- 
verez aulli  la  manière  de  faire  un  miroton  en  maigre. 

MIROU.  f".  m.  Sorte  de  ballon  ou  vaifteau  à  rames, 
en  ufage  chez  les  Siamois.  Ils  fe  mirent  dans  un 
mirou  avec  leurs  hardes.  Journal  du  Voyage  de  Siam, 
par  l' Abbé  de  Choify.  Ils  étoient  fur  un  grand  mirou, 
&  venoient  à  notre  bord  avec  le  vent  &c  la  marée. 

MIROUER.  f.  m.  Vieu.x  mot  ,  qu'on  écrivoit  ainfi 
au  lieu  de  Miroir.  Dans  les  Coutumes,  mirouer de 
fieffignifie  la  branche  aînée  d'une  famille',  qui  faifoic 
foi  pour  les  autres  branches ,  pour  un  fief  tenu  en 
parage.  Cette  règle  eft  fondée  fCF  fur  ce  que  les 
Seigneurs  ,  pour  régler  leurs  droits  &  devoirs,  féo- 
daux ,  ne  confidèrent  que  la  branche  aînée  ,  ne 
mirent  qu'elle  ,  c'eft  pourquoi  elle  a  été  nommée 
mirouer  de  fief. 

MIRRHE.  Foyex  Myrrhe. 

MIRSIE.  Ville  des  Indes,  fur  le  chemin  de  Vifapour 
à  Dabul ,  à  trois  lieues  de  la  Ville  de  Berce ,  à  lix 
de  celle  d'Arec. 

MIRTE.  Foyei  Myrte. 

MIRTILLE. 


M  I  S 

aa-  MIRTILLE.  roye^  MYRTfiLE. 

MIRZA.  f.  m.  Terme  de  Relation.  Nom  qu'on  donne 
d.uis  le  iMoijol  aux  Riinccs  du  iang  Royal  ,  0CP  ou 
pluiôc  aux  peilonnes  d'une  race  noble  &  tics  an 
cienne.  Les  tilles  du  Miria  ne  peuvent  époufer  que 

,  des  Alir^as  ,  mais  les  Princes  peuvent  épouler  des 
Efclaves ,  ik  leurs  fils  ont  le  titre  de  Mir^a. 

M  I  S. 


MIS.  f.  m.  Terme  de  Palais.  C'eft  la  date  du  jour  qu'on 
a  mis  un  procès  au  Greffe  :  ce  qu'on  marque  aulli 
fur  l'étiquette  du  premier  {ac.  Diei  indicatio,  notatio. 
Pour  trouver  un  procès  au  Greffe ,  il  hiut  favoir  le 
jour  du  mis. 
Mis.  f.  m.    C'eft  le   nom  que  l'on  donnoit  autrefois 
aux  Commiflâires  que  les  Rois  délcguoient  dans  les 
Généralités  ,  &   que  nous  appelons  Intendans.  On 
voir  dans   les  vieux  Capitulaires  ,    que  Charles  le 
Chauve  noiVima  douze  Mis  dans  les  douze  Millîes 
de  fon  Royaume.  On  les  nommoit  en  L.atin  Alijfi 
Dontinici.  Sur  quoi  le  P.  d'Argone  .  (ous  le  nom  de 
Vigncul-Marville  ,  dit  qu'un  Bibliothécaire  ignorant 
rangea  au  nombre  des  Milfels  un  Traité  de  Mijjis 
Dom'inicis  ,  croyant  que  c'étoit  un  recueil  des  Melles 
du  Dimanche.  Ces  Commiffiires  informoient  de  la 
conduite  des  Comtes  &  des  Juges ,  &c  jugeoient  les 
caules  d'appel  dévolues  au  Roi.  Ce  qui  n'a  eu  lieu 
que  fous  la  deuxième   race.  Sous  la  troifième ,  le 
pouvoir  de  ces  Commillaires  a  été  transféré  en   la 
perlonne  des  Baillis  &  Sénéchaux  ,  qui  depuis  ont  eu 
droit  de  juger  en  dernier  reflort ,  jufqu'au  tems  que 
le  Parlement  a  été  rendu  fédentaire  par  Philippe  le 
Bel. 
Mis  ,  Mise.  adj.  Pofé  ,  placé.  Mis  au  rang.  Pqfltus  ,Jlii- 
tutus  ,  conjiifutus.  Mis  fur  un  butret.  Mis  de  long  ,  de 
travers.  Il  a  les  autres  ligniacations  du  verbe  meure. 
On  dit  auiîi  qu'un  homme  eftbien  mis ,  ou  mal  mis  ; 
pour  dire,  qu'il  ert  bien  vêtu  ,  mal  vêtu.  Ondic  aulîi , 
Ufer  de  main-;72zyd  ;  pour  dire  ,  Frapper.  On  le  dit 
aulll  d'une  faihe-réelle. 
§3"  En  termes  de  Manège  ,  un  cheval  bien  ou  mal  mis , 
eft  la  même  choie  qu'un  cheval  bien  ou  mal  drelfé. 
KlISAGNO.  Petite  ville  d'Italie ,  au  Royaume  de  Na- 

ples ,  dans  la  terre  d'Otrante. 
MISAI LLE.  f  m.  Vieux  mot.  C'eft  ,  dit  Nicotj  la  ga- 
geure faite  entre  deux  contendans  de  parole  lurceque 
l'un  affirme ,  l'autre  nie  ;  &  vient  de  meure  ,  qui  ligni- 
fie ici ,  Dépofer  en  une  main  tierce ,  ou  fur  le  champ , 
au  milieu  d'entre  ceux  qui  font  gageure, 
MISAINE,  f.  i.  Terme  de  Marine.  C'ell  le  fécond  mât 
d'un  vaiifeau  ,  qui  eft  vers  la  proue  du  navire ,  entre 
le  beaupré  &  le  grand  màtj  quon  nomme  le  mât  d'a- 
vant,de  bourcet  ,  ou  de  tringuet,  macère/  &  mâtereau. 
Medianus  malus.  ^T  II  porte  une  voile  qu'on  nomme 
voile  de  mifainc  ,  &c  qui  a  un  peu  moins  d'envergure 
que  la  grande  voile. 
MISANTHROPE,  f  m.  &  f  Ce  mot  vient  du  Grec ,  ôc 
iîgnifîe  ,  Qui  hait  les  hommes  ,  8c  tout  le  genre- 
humain.  Mifanthropos  hominum  ofor  ,  /n'inç  ,  odium, 
haine  ,  &  Hiâfiizi»! ,  homo  ,  homme.   Ces  amitiés  li 
violentes  qu'on  vante  fi  fort ,  font  formées  par  une 
mélancolie  noire  qui  fait  les  mifanthropes.  S.  EvR. 
^^  On  le  dit  particulièrement  d'un  homme  chagrin  , 
bourru ,  ennemi  de  la  fociété  &  du  commerce  avec 
les  autres  hommes.  C'eft  un  mifanthrope  ,  un  vrai 
mifanthrope  ,   qui  ne  vent  voir  pcrfonne.    Lucien  a 
écrit  un  Dialogue  de  Timon  le  Mifanthrope.  Le  Mi- 
fanthrope de  Molière. 
Misanthrope  ,  eft  aulli  un  nom  que  quelques  uns  ont 
donné  à  ces  petites  chaifes  roulantes  qui  font  11  étroi- 
tes ,  qu'il  n'y  tauroit  tenir  qu'une  perfonne;  pour  dire, 
«jue  le  maître  eft  un  bourru  ,  qui  ne  veut  mener  pcr- 
fonne avec  lui.  Cifîtim  arclius. 

On  a  donné  auflî  ce  nom  à  une  efpèce  de  jeu  ,  dans 
lequel  un  homme  peut  jouer  feul.  On  l'appelle  aufti 
le  Solitaire.  Solitarii  ludus. 
^  MISANTHROPIE,  f.  f.  Averfion  pour  le  genre 
humain.  Symptôme  de  mélancolie ,  qui  fait  qu'on  ne 
Tome  y. 


MIS  Î0Î7 

peut  fouffrir  les  autres  hommes ,  dont  on  regarde  la 
fociété  comme  quelque  choie  de  fatigant ,  tic  t[a'on 
aime  le  filencc  (!<i  la  folitudc  ,  pour  s'y  livrer  à  des 
idées  fombres,  qui  altèrent  le  iang.  C'eft  une  mala- 
die dont  on  ne  peut  guérir  qu'en  fc  procurant  des  di- 
vertillcniens  &  des  diliipations. 
^^3"  On  ledit  particulièrement  du  caradère  d'un  hom- 
me bourru  ,  chagrin  j  ennemi  de  la  fociété.   Din- 
tas  j  rujlicuas.  On  n'a  jamais  vu  une  mijanthropie 
pareille  à  la   fienne.  La  mfanthropie  de  cet  cfprit 
chagrin   trouve  toujours  quelque  choie  à   réformer 
à  la  conduite  publique  ,  &i  fi  mauvaife  humeur  ne 
peut  rien  approuver.  Bell.  Il  triompha  de  l'infenfl- 
bilité  &:  de  la  mifanchropie  de  la  Rancune.  Scar. 
MISANTHROPIQUE.  adj.  de  t.  g.  Ou  il  entre  de  la 
mifauthropie.  Humeur   mifanchropique.    Hyperbole 
mifaiithropique. 
IP  MISCELLANEA.  f  m.  pi.  Qui  s'eft  introduit  dans 
notre   langue  parmi  les  Gens  de  Letttes.  Il  fîgnifie 
proprement  mélanges  de  chofes  difparates.  J'cllime 
plus  un  feul  chapitre  dAulugellej  que  tous  les  mf- 
cellanea  de  S.  Évremoin.  Boiœana.  Ce  jugement  pa- 
roit   outré.   Les  catalogues  de  Bibliothèques  portent 
tous  une  clalle  de  mifcellanea.  L'on  range  dans  cette 
clafle  les  livres  fur  différentes  matières  qui  ne  peuvent 
pas  taire  corps  à  part.  M.  Burette  ne  diftinguoit  que 
quatre  clalfesdans  fa  Bibliothèque  ,  les  Belles  Lettres, 
les  Sciences  &  les  Arts,  les  Hiftoriens  &:  les  Mifcel- 
lanea. Ce  terme  eft  plus  ulité  que  Mifcellanée.  Le 
Dicr.    DE  l'Acad.  Fr.    met  pourtant  Mifcellanée.. 
f.  m.  Voyei^  Diatribe. 
MISCHIO.  f  m.  Efpèce  de  marbre  ,  qui  eft  une  pierre 
qu'on  trouve  dans  les  montagnes  de  Vérone  &c  de 
CararrCj  &  en  pluiîeurs  endroits  des  États  du  Giand- 
Duc.  Les  Italiens  lui  ont  donné  le  nom  de  Mifchio  , 
à  caufe  du    mélange  de  diverfes  pierres  ,  qui  font 
comme  congelées  enfemble  ,  &  dont  le  temps  &C 
les  eaux   extrêmement   crues  &    froides  n'ont  faic 
qu'une  feule  pierre.  Elle  prend  un  fort  beau  luftre, 
éc  on  en  voit  d'alfez  grandes  pièces.  Sa  couleur  tire 
un  peu  fur  le  pourpre  ,  avec  des  veines  bleues  8c 
jaunâtres ,  &  il  s'en  trouve  même  d'une  infinité  de 
couleurs. 
MISCHNA  (  la  )  ,  ou  MISNA.    Ceux  qui  écrivent 
Mifchne  ,  ou  Mifne  ,  altèrent  un  nom  propre.  Mifch- 
na  ,  Mifna.   La  Mifchna  eft  une  partie  du  Talmud 
des  Juifs.  Elle  contient  le  Texte  -,  &  laGémare.qui 
eft  la  féconde  partie  du  Talmud ,  contient  les  Com- 
mentaires :  enforte  que  la  Gémare  eft  comme  la  glofe 
&  le  commentaire  de  la  Mifchna.  La  Mifchna  ren- 
ferme diverfes  traditions  des  Juifs  ^  &c  l'explication  de 
divers  pafïages  de  l'Écriture.    Les  Juifs  prétendent 
qu'elle  fut  compilée  Se  rédigée  en  un  corps    par  le 
Rabbin  Juda  ,  dans  le  deuxième  fiècle  ,  pour  ne  point 
laillbr  périr  la  mémoire  de  leurs  traditions.  Beaucoup 
de  Savans  ne  conviennent  pas  de  cette  antiquité  de  la 
Mifchna ,  Se  la  reculent  de  plufieurs  ficelés  ;  elle  efl 
écrite  d'un  ftyle  beaucoup  plus  pur  ,  Se  n'cft  pas  rem- 
plie de  tant  de  vifions  que  la  Gémare. 
MISCIAGN  A.  Nom  d'un  bourg  du  Royaume  de  Naples. 
Mifciagna.  Il  eft  dans  la  terre  d'Otrante  ,  entre  Brinde 
Se  Oria.  Quelques  Géographes  le  prennent  pour  Ru- 
didi, ,  Roddi  j  ou  Roda  ,  ancienne  ville  des  Salentins, 
Se  patrie  du  Poëte  Ennius ,  que  d'autres  croient  être 
entièrement  ruinée.  Maty. 
^  MISCIBILITÉ,  f.  f  Terme  didaûique  ,  qualité  de 
ce  qui  peur  fe  mêler  ,  s'allier.   La  mifcihilité  des  mé- 
taux. On  dit  de  même  Mifcible.  adj.  ce  qui  peut  fe 
mêler ,  s'allier  avec  un  autre  corps.  L'huile  n'eft  point 
mifcible  avec  l'eau. 
MISCOU.  Nom  d'une  île  de  la  nouvelle  France.  Mif- 
covia.  Elle  eft  dans  le  golfe  de  S.  Laurent ,  entre  l'île 
de  S.   Jean  ,  Se  le  Canada  propre.  Mifcou  eft  petite  , 
mais  extrêmement  fertile.  Maty. 
MISE,  f  f.  En  matière  de  compte ,  fynonyme  de  dé- 
penfc.  Etat  qu'on  drefle  de  l'argent  qu'on  a  dépenfé. 
Les  deux  parties  d'un  compte  ,  font  la  mife  Se  la  re- 
cette.  Sumtus  ,  expenfum.    Quand  la  recette  excède 
la  mife  ,  le  comptable  eft  redevable.  On  dit  des  as 

Nnnnun 


ioi8  MIS 

ticles  légers  j  qu'on  n'en  fait  recette  ni  mifc  :  ce  qui 
Ce  dit  aulliau  higuié  de  toutes  les  ciiofes  qu  on  veut 
mépriler. 
Mise,  ligniSe  encore  ,  ce  qui  a  coms  d.ins  le  com- 
merce. On  le  dit  particulièrement  du  cours  de  la 
moanoie.  Ujus.  Les  monnoies  décriéesj  ne  (ont  plus 
de  m-fe.  On  dit  au  figuré  ,  qu  un  homme  eft  de  miji  ; 
pour  direj  qu'il  a  de  la  mme  ,  de  la  capacité  ;  qu'ii 
peut  faire  quelque  hgure  dans  le  monde.  Exprelîlon 
familière. 

^■4/kr  en  l'autre  monde  ejl  très  grande  fotnfe  : 
Tant  que  dans  celui-ci  on  peut  être  de  mile.  Mol. 

ffT  Corneille  a  dit  dans  le  Menteur  ,  fe  faire  de  mife. 
Peut  êrie  cette  exprelîlon  pouvoir  palier  autretois. 

CK?  On  dit  familièrement  qu'une  railon  n'eil  pas  de 
mife  y  pour  dire  qu'elle  n'ell  pas  recevable. 

îklisEjiignii'ieauliî,  Enchère.  Licitatio.  Ladernicre  mife 
ou  enchère  de  cette  terre  eft  à  tant.  Il  faut  taire  une 
«nouvelle  mife  pour  l'emporter.  On  dit  aulli  mife  à 
prix. 

ItJ"  Mise.  Terme  de  Jeu  &  de  Commerce.  C'eft  ce 
qu'on  met  au  Jeu  ,  ou  dans  une  Société  de  Commerce. 
Ma  mife  eft  de  cinquante  louis.  Retirer  il  mife. 

Mise  ,  dans  les  Coutumes  ,  lignifie  arbitrage.  Conciliatio 
per  arbitras.  Soi  mettre  en  mife.  Bea'um. 

Ijô"  MisE-DEHORSj  ou  Mise  hors.  Terme  de  Mirine. 
C'efl:  proprement  l'aélion  de  lancer  en  mer  un  bâ- 
timent ,  de  le  mettre  à  Hot ,  en  état  de  naviger.  L'ar- 
mement de  la  Frégate  avec  la  mife-dehors  ,  pourra 
monter  à  telle  fomme.  La  conllruftion  du  navire  , 
jufque  &  compris  la  mife  dehors  ,  reviendront  envi- 
ron à  loixante  mille  livres.  Annonc.  17  Jj). 

MISENO.  Nom  d'un  cap  du  Royaume  de  Naples.  Mi- 

fenum  promontorium.  Il  efl:  dans  la  terre  de  Labour , 

entre  Phazzo  &  Cume.  On  y  voit  les  ruines  de  lan- 

cienne  Mifenum  ,   qui   ctoic   une    ville  Épifcopale. 

Maty. 

§C?  MISÉRABLE,  adj.  de  t.  g.  fouvent  employé  fubf 
tantivement.  Ce  mot  fignifie  proprement  celui  qui 
eft  dans  la  misère.  iV/z/èr,  calamitojiis  ,  Arumaofus  ^ 
infelix.  Voyez  MisÈre.  Il  a  pluiieurs  acceptions 
différentes.  On  a  dit  à-peu-près  dans  le  même  fens, 
une  vie  malhcureuje  ,  &  une  vie  miferahle.  Cependant 
ces  deux  mots  ont  leurs  nuances  propres  ,  qui  ne 
permettent  pas  de  les  employer  indifféremment  l'un 
pour  l'autre  dans  tous  les  cas.  On  dit  bien  qu'un 
homme  eft  malhettreux  au  jeu  ;  mais  on  ne  diroit 
pas  de  même, qu'il  y  eft  miférable.  Il  devient  mife- 
rable  p.ir  les  pertes  conlîdérablcs  qu'il  y  fait.  On  verra 
dans  les  articles  fuivans  d'autres  cas  où  ces  deux  mots 
ne  peuvent  pas  figurer  l'un  pour  l'autre. 

^C?  L'homme  malheureux  ,  infortunatus  ,  eft  celui  dont 
la  fortune  naillante  ou  établie  ,  eft  ruinée  tout-  à  coup 
par  un  événement  fâcheux.  L'homme  miferahle  , 
mifer ,  miferandus  ,  eft  celui  qui  eft  dans  uri  état  f.i- 
cheux  y  dans  la  douleur  ,  dans  la  pauvreté  ,  dans 
l'affliftion  ,  dans  l'opprefllon  ,  foit  qu'il  y  (oit  né  , 
foit  qu'il  y  foit  tombé.  On  plaint  les  malheureux , 
on  allîfte  les  mife  râbles.  Les  gens  heureux  fuient 
les  m  f érables  ;  ils  craignent  de  le  devenir  par  conta- 
gion. S.  EvR.  La  mort  eft  le  port  &:  l'afyle  des  mi- 
ferables  :  elle  fait  cefter  tous  leurs  maux.  M.  Esp. 
Caton  ,1'ame  pleine  de  dépit ,  fe  jetta  entre  les  bras 
de  la  mort  ,  pour  finir  une  vie  nufrable.  Augufte 
hailfoit  ces  âmes  fières ,  qui  mettent  la  grandeur  de 
leur  pouvoir  a  faire  ,  quand  il  leur  plaît ,  des  mi- 
férables. 

^  Voyez  l'ufige  que  fait  l'élégant  Racine  de  ces  deux 
mots  dans  les  vers  fuivans  : 

Hài  y  craint  y  envié ,  fouvent  plus  miférable 

Que  tous  les  malheureux  que  mon  pouvoir  accable. 

#3"  Faire  une  fin  miferahle  ;  c'cP-  mourir  dans,  la  mi- 
sère ,  après  avoir  vécu  dans  l'abondance;  ou  bien^, 


M  1  S 


faire  une  fin  indigne  d'un  chrétien  &  d'un  honnête- 
homme. 
Misérable  ,  fignifie  auffi  ,  méchant.  Nequam  ,  perdi- 
tus.  11  faut   cae  hitn  miferahle  ,  pour  aftallîner' Ion 
père  ,  Ion  Prince.  Un  pécheur  eft  bien  miférable  ,  de 
s'attaquer  à  (on  Créateur, 
Misérable  j  (îgnifie  auili  ce  qui  eft  très-mauvais  dans 
Ion  genre  ,  vil  ,  mépriiablc.  Mtfer  ,  infimus  y  vilis  y 
nuliius  pretii ,  ou  momenti.  Un  mférable  Auteur ,  un 
miferahle  Grammairien.  Un  miferahle  faifeurde  verSj 
une  miferahle  pièce.  Une  excule  miférable.   Les  rai- 
fons  que  vous  alléguez  font  miferables. 
IfT  Dans  cette  acception  ,  ce  terme  fert  à  exagérer  le 
mépris.  Il  n'a  qu'un  miférable  cheval  dans  ion  écu- 
rie. Quoi  !  s'égorger  pour  un  miférable  point-d'hon- 
neur î  S.  EvR.  Ne  m  enviez  point  les  mferables  ref- 
tes  de  ma  fortune.  Pourquoi  vous  trouver  en  concur- 
rence avec  un  miferahle  bourgeois  î  On  le  dit  même 
des  faifons.  Un  miférable  temps. 

On  dit  ,  vous  me  traitez  comme  un  miférable  ; 
pour  dire  j  vous  n'avez  nulle  conlidération  y  nul  égard 
pour  moi.  On  dit  encore  ;  c'eit  un  miferahle  y  en  par- 
lant d'un  homme  qui  al 'ame  bafte  ,  ëc  qui  n'a  aucun 
mérite.  Bouh. 

Ariftote  dit  que  le  vrai  fujet  de  la  Tragédie,  c'elt 
l'horrible  ,  &:  le  miférable  ,  ipùioir^  Vas»!  ,  c'cft  à-dire, 
ce  qui  donne  de  l'horreur  Se  qui  attire  de  la  compal- 
fîon.  C'eft  tout  ce  qu'on  peut  faire  que  de  fouftrir  le 
terme  de  miferahle  en  cette  phrale  ,  oii  il  elt  comme 
con(acré.  Hors  de-là  ,  miferahle  ne  doit  pas  fe  pren- 
dre indiftéremment  pour  le  miferabilis  disLmns.  Mi- 
ferahle y  en  François  y  marque  plutôt  ce  qui  eft  digne 
de  mépiis  y  que  ce  qui  attire  lacompalîion. 
MISÉRABLEMENT,  adv.  D'une  manière  miférable. 
Miferè  y  calamitosè  ,  arumnosè.  Le  Fils  de  Dieu  a 
voulu  naître  mifeiahlement  dans  une  étable  ,  pour 
nous  apprendre  l'humilité.  Ce  pauvre  Auteur  pafte 
miférablement  (es  jours  dans  le  travail  y  &  dans  la  di- 
(^tte;  hnn  miférablement.  Ecrire  miférablement.  Mi~ 
ferè.  Miferum  in  modum. 
MISÉRABLETÉ.  Vieux  mot.  Misère. 
§CF  MISÈRE  ,  ('.  f.  État  de  l'homme  miférable.  Voyer 
ce  mot.  Ce  terme  déligne  ordinairement  un  état  d'in- 
digence y  une  (îtuation  de  fortune  dans  laquelle  on 
manque  des  choies  nécellàires.  Dans  le  ftyle  noble  ^ 
(jurcnu  y  il  fignifie  calamité  ,  foiblelFe  &  imperfec- 
tion de  l'homme.  Miferia  y  calamitas  y  maeror.  C'eft 
un  artifice  pour  conibler  un  aftligé  ,  que  de  com- 
parer (a  misère  à  une  plus  grande.  L.  b'Éloïse  a  Ab. 
Nequc  fe  majori pauperiorum  turb&  comparer.  Horat. 
La  misère  étouffe  1  efprit.  S.  Évr.  Celui  qui  tombe 
dans  la  misère  par  une  vaine  diftîpation .,  s'attire  plus 
de  mépris  qu^  de  pitié  :  c'eft  une  fottife.  S.  Evr. 
A  la  Cour  ,  on  eft  moins  (enfible  aux  misères  d'au- 
trui  ,  parce  qu'on  n'en  relfent  aucune.  Fl.  Les  dou- 
leurs &  ïi  misère  fuivent  ordinairement  le  luxe  Se  la 
débauche.  S.  Évr.  La  vie  de  l'homme  n'eft  qu'une 
luire  de  misères.  Ceux  qui  font  à  couvert  des  mi- 
sères humaines  ,  ont  moins  de  pitié  que  ceux  qui  les 
fouffrent.  Fiech.  Le  plus  malheureux  préfère  encore 
fa  misère  à  la  mort.  M.  Esp.  Il  vint  à  la  Cour  char- 
gé de  la  leule  misère.  Boil.  La  misère  ne  donne  ja- 
mais que  de  mauvais  conleils.  S.  Évr.  La  misère  s'ex- 
prime tans  aftéétation  8c  (ans  étude  :  les  grands  mots 
ne  partent  point  d'un  cœu;  que  la  misère  touche. 
BoiL.  ^CT  Tout  ce  qui  paroit  dans  le  monde  de  plus 
brillant,  n'eft  que  misère.  C'eft  une  étrange  misère, 
que  de  fe  laiikr  emporter  à  fes  pallions. 
ifT  Misère  ,  en  Poëlle,  eft  un  terme  noble  qui  fignifie 
calamiré ,  &  non  pas  indigence.  On  Temploie  égale- 
ment au  (ingulier  Se  aupluriel. 

Hé  cube  près  d'UUffe  achève  fa  misère. 

Peut  être  je  devrais  plus  hamble  en  ma  misère. 

Rac. 

Et  favoir  d'eux  encor  la  fin  de  nos  misères. 

Corn. 


M  I  S 

MisiRE,  fe  dirdansle  flryle  familier  ;  en  parlantdes  cho- 
ies qu'on  a  quelque  peine  a  obtenir.  Di(fic{iUas  ,  & 
les  Latins  ont  du  uiifena  ejl  ,  dans  le   ineme  lens. 
C'cll  une  misère  d'avoir  attaire  à  cet  Avocat.  C'eft 
«ne  misère  de  Iblliciter  une  audience  ,  un  procès. 
C'efl:  une  misère  d'aller  chercher  une   Mcllc  lors- 
qu'on tlt  il  loin  de  l'Églife. 
20"  On  ajipeile  provicrbiaiemcnt  ôc  figurément  collier 
de  miscrc  ,  un  travail  alîidu  auquel  on  s'engage  ,  ou 
qu'on  recommence  après  l'avoir  dilcontinué  quelque 
temps.  Après  les  vacances,  les  Écoliers  reprennent  le 
collier  de  misère.  Les  ouvriers  ,  après  s'être  divertis 
le  Dimanche  ,  ditent  le  Lundi  qu'Us  vont  reprendre 
le  collier  de  misère.   Cela  cl):  du  llyle  très-hmiher. 
On  appelle  le  monde  j  une  vallée  de  misères.  C'eit 
ainli  que  l'Egliie  parle  dans  les  prières  ,  i«  kae  mife- 
riuium  valle. 
MISERERE,  i.  m.  Terme  de  Médecine.  C'eftune  ma 
ladie  des  intellins ,  dan^  laquelle  les  excrémens  ,  au 
lieu  de  palier  par  les  voies  ordinaires  ,  font  rendus 
par  la  bouche,  lleus  ,  cruciatus  implexi  ilei.  On  lui  a 
donné  le  nom  de /Tz/yè/vrc;',  ^^^qui  en  Latin  ,  fignilîe 
ûycj  pitié  t  à  canfe  de  la  douleur  infupportable  que 
foulhe  le  malade  ,  qui  lui  hiir  implorer  du  leeours.  Qo 
\\<\\xz  àzmiferéré.}s,\çi\M\\.  à'ww  miféréré.  Il  y  en  a  qui 
ont  été  guéris  en  avallant  une  balle  de  moulquec ,  qui 
par  fpn  poids  remet  le  boyau  en  état.  On  l'appelle  au- 
trement pj/ZZi;/;  iliaque  ,  ou  volvulus.  Voyez  Iliaque. 
Miséréré  j  le  dir  aulli  pour  une  courte  melure  de 
temps.  L'efpace  de  temps  qu'il  faut  pour  réciter  le 
P(caume  Miferere.  Dans  un  mijcréré  ,  dans  deux  mi- 
Jeréré  au  plus  je  luis  à  vous,  façon  de  parler  fami- 
lière. 

Oii  dit  proverbialement  d'un  homme  qui  a  été  bien 
battu  ,  qu'il  en  a  eu  depuis  Miferere  jufqu'à  Vitulos ^ 
par  allulion  à  la  coutume  àzs  Moines  ,  qui  difent  le 
Miferere  tandis  qu'ils  le  donnent  ladifcipline.  Vitulos 
eit  le  dcrniir  mot  du  Pfeaume  MifUreremei,  Deus. 
On  dit  aulli  d'une  perfonne  qui  a  raconté  une  choie 
dans  le  détail ,  depuis  le  commencement  jufqu'à  la  fin  j 
il  a  tout  dit  depuis  miferere  jufqu'à  vitulos. 
Ip- MISÉRICORDE.  1.  f.  Vertu,  qui  porte  à  avoir 
compallion  des  misères  d'autrui  ,  (?<:  à  les  foulager. 
C'ell  un  atrendrilfementde  l'ame  furies  misères  d'au- 
trui ,  iS^n  delir  d'y  remédier.  La  mifericorde  de 
Dieu  eft  la  bonté  par  laquelle  Dieu  lait  grâce  aux 
hommes  ,  aux  pécheurs.  Mifericordia  ,  miferatio  , 
commiJ'eratio.Lz  mifericorde  de  Dieu  ell: infinie.  Dans 
l'oppolition  que  l'on  luppofe  quelquefois  entre  les 
vertus  de  Dieu  ,  il  femble  que  la  mifericorde  reproche 
à  la  julHce  la  dureté ,  &c  que  la  jullice  reproche  à  la 
mifericorde  fon  indulgence.  Le  P.  le  B.  C'eft  une  des 
miféricordes  de  Dieu  de  femer  des  amertumes  &  des 
dégoûts  parmi  les  douceurs  trompeufcs  du  monde. 
Nie.  Les  dévots  préloniptueux  s'établilï'cnt  dans  une 
faulfe  paix ,  &  le  repaill'ent  des  idées  d'une  miferi- 
corde imaginaire.  Fl.  L'opinion  trop  étendue  de  la 
mifericorde  de  Dieu  encourage  le  pécheur  ,  en  lui 
faifanr  efpérer  l'impunité.  Le  P.  le  B.  \i\\  Juge  doit 
être  Cans  mifericorde  pour  punir  Icsfcélérats.  C'elf  un 
homme  fans  mifericorde.  Œuvres  de  mifericorde. 
IJC?  L'Eglife  divile  les  Œuvres  as  mifericorde  en  fpiri- 
tuelles  &  en  corporelles.  Il  y  en  a  fept  fpirituellcs , 
£!c  lept  corporelles.  Donner  à  manger  à  ceux  qui  ont 
faim  j  &:c. 

Quelques  Prélats  difent ,  dans  leurs  qualités ,  Evcque 
par  la  mifericorde  de  Dieu  ,  miferatione  divina  ;  pour 
dire  ,  par  la  bonté. 
Miséricorde,  fignifieaulîl.  Grâce  ,  pardon  ^3" qu'on 
accorde  à  ceux  qui  pourroient  être  punis.  Venia.  De- 
mander mifericorde.  Faire  mifericorde.  Crier  miferi- 
corde. Implorer  la  mifericorde  du  Prince. 

Préférant  mifericorde  à  jullice  ^  c'eft  une  formule 
dont  on  fe  fert  dans  les  lettres  de  rémilîlon  ,  ou  d'a- 
bolition. 

Il  y  a  plufieurs  Hôpitaux  bâtis  fous  le  titre  de  la 
Mifericorde.  On  l'a  mifc  à  la  Mifericorde. 

On  dit ,  être  à  la  mifericorde  d'autrui ,  fe  remettre  , 
s'abandonner  à  la  mifericorde  d'autrui  ,  pour  dire , 
TorT:e  K 


MIS  1019 

Etre ,  fe  remettre  ,  s  abandonner  à  la  merci ,  à  la  dif- 
crétion  d'autrui. 
Miséricorde  ,  lignifie  aulîl  y  Iccours  &  vengeance  que 
demande  le  foibie  opprimé  par  un  plus  tort.  Auxilium, 
fulfidiurn  ,  vindicix.  Un  crime  énorme  crie  Mifericor- 
de ,  demande  vengeance  à  Dieu.  Ce  pauvre  homme 
cnoit  mifericorde ,  imploroitdu  Iccours. 
Miséricorde  ,  eft  quelquelois  une  forte  d'interjec- 
tion ou  d'exclamation  ,  qui  f^rt  a  marquer  quel- 
que malheur  ,  ou  quelque  iurpiife.  Heu  ,  ehern.  Ha! 
mon  Dieu  ,  mifericorde  !  qu'elt  -ce  donc  que  cela  î 
Mol.  Mifericorde  !  où  fuis-jc  ,  &  qu'eft-cc  que  je 
vois  ? 
Miséricorde  ,■  eft  auflî  un  terme  de  Chartreux  ,  qui 
fignihe  le  lieu  où  l'on  met  les  habits.  Vefliarium. 
Il  lignifie  aulli  le  rep.is  que  le  Chartreux  fait  une  fois 
la  Icmaine  ,au  pain  tic  a  1  huile.  On  dit  aulli  parmi  les 
Chartreux  j  qu'un  Prieur  demande  mifericorde  ,  lorf- 
qu'il  demande  à  être  déchargé  de  la  iupériorité.  Tous 
les  Prieurs  de  l'Ordre  lont  obligés  de  demander  mife- 
ricorde tous  les  ans  ■■,  ik.  on  dit  qu'on  a  lait  mifericorde 
à  ceux  qu'on  n«  continue  pas  dans  leurs  charges  , 
lîv'  qu'on  n'a  pas  fait  mifericorde  à  ceux  qu'on  con- 
tinue. 

Dans  quelques  conftitutions  monaftiques ,  on  ap- 
pelle mifericorde  ,  quelque  récréation  j  quelque  relâche 
qu'on  accorde  en  certains  temps ,  6c  à  certains  jours 
aux  Moines.  Mifericorde  ,  hgnihe  aulli  quelquelois 
mefure  devin  plus  grande  que  la  melure  ordinaire, 
qui  s'appeloit  jufle  ,  ou  jujîice.  On  donnoit  la  mi- 
fericorde aux  Moines  les  jours  de  récréation  ,  ou  de 
mifericorde. 
Miséricorde.  On  nomme  ainfi  en  diverfes  Eglifes  , 
une  petite  laillie  de  bois ,  attachée  lous  le  liège  de 
chaque  ftalle,  fur  laquelle  ,  lorfque  le  ftalle  eft  levé, 
les  Èccléllaftiques  peuvent  fe  repoler  lans  paroître 
être  alTIs.  De  mifericordia ,  parce  que  ceft  un  petit 
loulagement  ,  lans  lequel  on  feroi:  prefque  conti- 
nuellement debout  ,  l'ulage  dauî  les  lieux  où  l'on 
n'a  pas  innové ,  étant  de  ne  s'alleoir  à  ftalles  baillés 
qu'aux  Leçons  avec  leurs  Répons ,  &  à  l'Épitre  avec 
fon  Graduel....  Note  donnée  par  M.  l'Abbé  Chafte- 
lain.  Ménage  ,  additions  à  l'Etymologique. 
Miséricorde.  Nom  d'une  elpèce  de  poignard  qu'on 
portoit  autrefois  à  la  ceinture  du  cc)té  droit.  Mifericor- 
dia ,  pugio. 

On  appelloit  autrefois  mifericorde  ,  une  dague  i 
deux  rouelles  ,  ou  platines  pour  couvrir  .la  main  : 
on  y  a  mis  depuis  des  coquilles  pour  fervir  de  garde. 
C'étoit  un  petit  poignard  que  portoient  les  anciens 
Chevaliers  :  on  l'appeloit  ainlî  ,  parce  qu'ils  en 
tuoient  leurs  ennemis  abattus ,  s'ils  ne  leur  crioienc 
mifericorde. 

Pitié ,  qui  a  tout  bien  s'accorde  , 
Tenoit  une  mifericorde  , 
En  lieu  d'épée.  .  .       Rom.  de  la  Rose. 
f 
Suppl.au  Glojf.de  ce  Roman.  Ménage  Etym. 

Faucher  fait  mention  de  petits  poignards  que  por- 
toient les  Chevaliers,  qu'ijls  appeloient  Miféricordes  , 
parce  qu'ils  en  tuoient  ceux  qui  ne  vouloienr  pas  crier 
mifericorde.  Dans  un  inventaire  des  armes  du  Roi  de 
l'an  1 3  16 ,  qui  eft  à  la  Chambre  des  Comptes  ,  il  eft 
fait  mention  dehuitépees  deTouloule,&  de  deux 
miféricordes, 
Notre-Dame  de  Miséricorde.  Voyei  Notre-Dame 

de  Mifericorde  ,  Ordre  de  Filles. 
Miséricorde.  Terme  de  Mythologie.  Déelfe  du  Paga- 
nifme  qui  avoit  un  "Temple  à  Athènes  Se  a  Rome,  qui 
fervoit  d'alyle  aux  criminels  &  aux  malheureux  qui 
étoientpourfuivis  par  leurs  ennemis;  railon  pourquoi 
celui  de  Rome  ,  qui  avoit  été  bâti  fur  le  modèle  de 
celui  d'Athènes ,  le  nommoit  Alyle  par  excellence. 
Les  pctits-fils  d'Hercule  fe  réfugièrent  dans  celui  d'A- 
thènes ,  pour  éviter  la  lureur  des  iéditieux  qui  les 
pourfuivoient  ,  pour  venger  lureux  les  maux  que  ce 
l      Héros  leur  avoit  fait  louftrir. 

N  H  n  n  n  n  ij 


Î020  MIS 

MISERICORDIA.  Terme  de  Biéviaire  qui  eft  Latin  ^ 
&  par  lequel  on  défigne  le  deuxième  Dimanche  d'a- 
près Pâques  ,  à  caufe  que  l'Introït  de  la  Mcll'e  de  ce 
jour  commence  par  ce  mot  ,  &  qu'il  eft  ainli  marqué 
d,uis  les  almanachs.  La  foire  franche  ouvre,  àCaën, 
le  lendemain  du  Uim:mc\\zMifcncordia. 
MISÉRICORDIEUSEMENT.  adv.  Avec  miféricorde. 
Mijcrlcorditer ,  commifirands  animo.  Dieu  traite  les 
pécheurs  forr  miferkordleufemenc  ,  en  leur  pardon- 
nant tant  de  fois. 
MISÉRICORDIEUX,  EUSE.   adj.  Qui    eft  enclin  à 
faire  miféricorde.    Mifcncors  ,  mifeiator  ,  cLcmms. 
Dieu  eft  clément  &  mifencordi.tux  ,  c'eft  le  commen- 
cement de  tous  les  chapitres   de  l'Alcoran.    Jésus- 
Christ  recommande  a  fes  Difciplcs  d'être  mifcncor- 
dieux  ,  comme  l'eft  le  Père  célefte  ,  en  S.  Luc.  FI. 
V.  36.  Soyez  mijerkordieux  &c  charitable,  autant 
que  vous  le  pouvez  être.  Port-R. 
MISEUR.  f.  m.  Vieux  mot^  qui  hgnifîc  arbitre.  On  le 

trouve  dans  les  Coutumes. 
§3-  MISI.  Foyei  Misy.  , 

MISIMA.  Ville  du  Japon,  dansl'île  de  Niphon  ^  aux 

frontières  des  provinces  Id(u  Se  Sangami. 
:MISINI.  Nom  d'un   petit  lieu  de  la  Remanie  ^  fitué 
entre  Bergas  Se  Périntho.  MiJJina.  On  le  prend  pour 
l'ancienne  Drufipara  ,  Drijlparu ,  ville  Épilcopale 
fuffragante  d'Andrinople.  Maty. 
MISIR.  V.  a.  Vieux  mot.  Envoyer ,  Mettre. 
MISISTRA,  &  MISITHRA.  Foyei  Lacédémone. 
MISNE,  ouMISCHNE.  f.  f.  Foyei  Mischna. 
MiSNE.  Foye'^  Meissen. 

MISNIE.  Nom  dune  province  de  la  Haute  Saxe.  Afi/^ 
nia.  Sa  figure  approche  d'un  triangle,  qui  peut  avoir 
trente-huit  lieues  du  couchant  au  levant,  ôc  trente- 
deux  du  nord  au  fud.  Elle  eft  bornée  au  nord  par 
le  Duché  de  Saxe,  &par  la  Luface  ,  au  midi  par  la 
Bohême  j  &  au  couchant  par  la  Franconie  ,  Se  par 
la  Thuringe. 
MISOMESSE.  f.  m.  Hugenot ,  ennemi  déclaré  de  la 
Melle,  &:  qui  ne  croit  point  la  rranlTubftantiation. 
C'eft  un  mot  invente  par  Henri  Etienne,  à  qui  il 
convenoit  fort  ,  Se  qui  s'en  eft  lervi  en  plulieurs 
endroits  de  fon  Apologie  d'Hérodote,  entr'autres, 
au  chap.  57  ,  arc.  i.to.  III.  pag.  2jS. 
îilISOR.  Ville  de  la  Palcftinc  ,  dans  la  Tribu  de  Ru- 
beii  :  elle  fut  donnée  aux  Lévites  de  la  famille  de 
Mérari. 
MISSEIT.  f.  m.  Drogue  propre  à  la  teinture  ,  qui  croît 

Se  qui  fe  cultive  en  Arabie. 
MISSEL,  f.  m.  Le  livre  qui  fert  à  dire  la  MclTe ,  qui 
contient  les  Melles  diftérentes  félon  les  jours  «S:  les 
Fêtes.  MiJJale.  Le  M(//tf/ Romain.  Chaque  Diocèle, 
chaque  Ordre  de  Religieux  a  un  MiJJ'el  particulier 
pour  les  Fêtes  de  la  province  ,  ou  de  l'Ordre.  Le 
MijJ'el  X  été  premièrement  fait  par  le  Pape  Zacharie, 
&  enluite  réduit  en  un  meilleur  ordre  par  le  Pape 
Grégoire  le  Grand ,  qui  l'appela  le  lùvre  des  Sacre- 
mens.  Il  y  en  a  qui  écrivent  Se  prononcent  meffel, 
Se  Mejjel  paroît  plus  François  que  miffel  ;  cepen- 
dant l'ufage  le  plus  ordinaire  «If  encore  pour  mijfel. 
SfT  AUSSI  DOMINICI.Ccit  ainii  qu'on  appeloit  les 
Commiiraires  que  le  Roi  envoyoit  dans  les  provin 
ces ,  avec  un  pouvoir  très  étendu,  pour  informer 
de  la  conduite  des  Comtes  S:  des  Juges  ,  &  pour 
juger  les  caufesd'appel  dévolues  au  Roi.  Foye^  Maî- 
tres DES  Requêtes.  Foye^  auftl  Mis  ,  qii'on  a  dit 
autrefois. 
MISSIE.  (.  f.  Terme  ancien  qui  répondoit  à  ce  que 
nous  appelons  aujourd'hui  Généralité.  C'étoit  une 
portion  du  Royaume  ,  où  le  Roi  envoyoit  un  Intcn 
dant,  qui  s'appcloit  Mis  dans  ce  temps  là,  pour  la 
réformation  de  la  juftice  ,  police  Se  finance.  Les 
Alijfies  contcnoient  environ  une  province.  Foyer 
Mis. 
JCF  MISSION,  f.  f.  du  Latin  mittere.  Ce  mot  pris  à 
la  lettre  fignifie  ,  l'ordre  qu'on  reçoit  d'un  Supé- 
rieur d'aller  en  quelque  endroit.  On  le  dit  quelque- 
fois du  pouvoir  qu'on  donne  à  quelqu'un  de  faire 


MIS 

une  chofe.  Où  eft  votre  miffion?  Qui  vous  a  donné 
mijjion  ?    Vous  parlez  (ans  mijjion. 
■fT  On  le  dit   plus  ordinairement  du  pouvoir  ou  de  la 
commillion  donnée  de   prêcher  l'Évangile.   MiJJio  , 
prxdicandi  verbi  Dei  aucloritas ,   potejias  ,  facuUas. 
J.  C.  a  donné  la  mijjion  à  fes  Apôtres  en  ces  termes. 
Allez  Se  prêchez  l'Evangile  à  tout  l'Univers.   Il  leur 
dit ,  Comme  mon  Père  m'a  envoyé  ,  m'a  donné  mif-- 
fion  ,  je  vous  la  donne  aulîl  :  Sicut  mijit  me  Pater  ^ 
&  ego  mitto   vos.  Joan.  20.  Après  la  mort  de  Ja- 
cob ,  le  peuple  de  Dieu  demeura  en  Egypte  jufques 
au  temps  de  la  mijjion  de  Moïle  ,  c'eft-a-dire  ,  en- 
viron iOD   ans.  BossuET.  Il  faut  avoir  une  mijjion 
légitime  pour  prêcher  la  parole  de  Dieu ,  &  admi- 
niftrerles  Sacremens.  Comment  prêcheront  ils ,  s'ils 
ne  font  envoyés  ?  Rom.  X.  i y.    Dieu  défapprouve, 
blâme    &    rejette  les  Prophètes  qui  n'ont  point  de 
mijfion  légitime  :  Je  n'envoyois  pas  des  Prophètes  , 
&  ils  couroienr.  Jer.  XXIII.  v.  21.  C'eft  une  des 
marques  que  l'Evangile  nous  donne  pour  connoitre 
les  taux  dodf eurs ,  les  auteurs  Se  fauteurs  des  héré- 
fles  ,  que  le  défaut  de  mijjion  Lgitime.  Ils  viennent 
à  vous,  dit  J.  C.  couverts  de  peaux  dr  biebis.  Se 
ils  font  au  dedans  des  loups  ravilïans.  Aldtth.  Fil. 
V.  //.  Ils  viennent,  c'eft  de  leur  chef,  fans  auto- 
rité ,  la  miJJion  leur  manque  -,  ils  viennent  ,  ils  ne  loat 
point  envoyés  ,  ni  de  la    part  de  Dieu  immédiate- 
ment ,  ni  de  la  part  de  fon  Églife  :  ce  font  des  loups 
ravilfans.  On  reproche  aux  Proteftans  que  leurs  Mi- 
niftres  n'ont  point  de  mijfion  ,  n'étant  autorifés,  dans 
l'exercice  de   leur  miniftère,   ni  par  une  fucceirion 
non  interrompue  Se  inconteftable  ,  ni  par   des  mi- 
racles J  ou  autres  preuves   fenhbles  d'une  vocation 
extraordinaire.  Les  Proteftans  ont  voulu  répondre  à 
ce  reproche  -,  mais  tout  ce  qu'ils  difent ,  ne  fert  qu'à 
faire  fentir  davantage  la  foiblelle  de  leur  caufe,  & 
l'ulurpation  profane  qu'ils   ont  voulu  faire  du  faint 
miniftère.  Selon  les  Anabaptiftes,  il  ne  faut  d'autre 
m.JJion    pour  le  miniftère  Évangélique  ,  que  d'avoir 
les  talens  pour  s'en  bien  acquitter.   Nie.  Il  lui  de- 
mande fa  miffion  Apoftolique  pour  travailler  à  l'hé- 
ritagedeJ.  C.  Pat.  Nul  ne  peut  prendre  la  qualité, 
ni  faire  les  fondions    de  Pafteur  fans  une  mijjion 
émanée  de  Dieu.  Fén.  La  mijjion  divine  eft  attachée 
à  l'impofition  des  mains ,  &  à  l'ordination  des  Paf- 
tcurs,  qui  l'ont  reçue  eux-mêmes  de  J.  C.  par  une 
ordination  fuccelUve.  Id.  La  mij/ion  donnét  par  J.  C. 
à  fes  Apôtres ,  a  paflé  aux  Éveques   qui  font  leurs 
fuccelTeurs ,  Se  le  droit  de  la  conférer  réfide  imique- 
mcnt  en  leur  perfonne.  Id. 
IJ^"  On  dit  en  ce  fens  qu'un  Envoyé  ,  un   Agent ,  un 
Ambalfadeur ,  doivent  faire  voir  leur  mijjion  ,.  leurs 
pouvoirs. 
Mission  J  dans  la  Théologie  ,  fe  dit  d'une   perfonne 
de  la  fainte  Trinité  à  l'égard  d'une  autre.  La  miffion 
eft  une  preuve  de  la  procelîlon.    Le  Père  envoie  le 
Fils ,  &  le  Père  Se  le  Fils  envoient  le  Saint  Efprir. 
fCr Comme  le  Père  efl  fans  principe,  il  n'eft  point 
envoyé.    Mais  comme  il  eft  le  principe  du  Fils ,  il 
envoie  le  Fils  :  Se  le  Père  Se  le  Fils ,  entant  que  prin- 
cipe du  Saint-Efprit  ,  envoient  le  Saint  Ef'prit.  Mais 
le  Saint  Efprir  n'étanr  point  le  principe  d'une  autre 
perfonne  ,  ne  donne  'point  de  mijjion. 

Ce  mor  a  encore  des  lignifications  différentes  fui- 
vant  les  diveifes  applications  qu'on  en  fait ,  dont 
non:;  allons  rapporter  les  principales. 
Mission,  eft  Auill  une  fuite  de  prédications  ,  catéchif- 
mcs  &  conférences  extraordinaires  que  fonr  pluûeurs 
Prêtres  ,  ou  Religieux  dans  les  villes  &:  villages  pour 
inftruire  les  peuples  ,  les  exciter  à  la  pénitence  ,  inf- 
iruire  la  jeuncllé  ,  accommoder  les  dilTérens  ,  éta- 
blir des  confréries  de  Dames  charitables  pour  alîïf- 
ter  les  pauvres  malades  Se  honteux  ,  Se  faire  tous  les 
biens  pollîbles  pour  établir  &:  maintenir  le  bon  ordre 
Se  la  piété,  le  tout  par  l'ordre  des  Évêques,&  avec  l'aide 
Se  agrément  des  Curés  des  lieux.  Mifflo,  excurjlo  Evan- 
gelica,  pndicandi  Evangelii  eau  fa.  On  a  envoyé  une 
mijjîonx  un  tel  village.  La /n{/7?o/2  eft  en  un  tel  quar- 
tier de  la  ville;  c'eft  à  dire  ,  que  les  exercices  de  la 


MIS 

mijjîon  s'y  font.  La  mijfion  a  duic  fix  fcmaincs. 
Mission,  fc  dit  aiilii  des  ccabliiremcns ,  ou  des  excr 
ciccs  de  ces  gens  zélés  pour  la  gloiic  de  Dieu  &  le 
ûlut  des  âmes  ,  qui  vonc  prêcher  l'Évangile  chez  les 
Intidelles ,  &c  chez  des  peuples  fort  éloignés.  MiJJio. 
Les  Ordres  Religieux  de  S.  Dominique,  de  S.  Iran- 
çois,  de  S    Auguftin  ,  <Sc  les  Jéfuites,  ont  des  mif- 
Jions  dans  le  Levant  ,  dans  l'Oncnt ,   &    dans  l'A- 
mérique. Lçs  Jéluites  ont  des  rnijjîons  à  la  Chine  (ïc 
en  tout  l'Orient ,  &;    même  dans  toutes  les   parties 
d»  monde  où  on  a  pu  pénétrer  ;  les  autres  Religieux 
&   Congrégations  en  ont  aullî,&:  (ur-toiit  les  Men- 
dians  ,  &  Mrs  des  Miffions  Etrangères. 
Mission,  eft  une  Congrégation  de  plulîeurs  Prêtres, 
&    Laïques  j   inllitnée   par    le    vénérable    ferviteur 
de  Dieu  j  Vincent  de  Paul  ,  approuvée  i^'  confirmée 
par  N.  S.  P.  le   Pape  Urbain   VIIL  qui  érigea  cet 
inflitut  en  Congrégation  Tan  1616.  fous  le  titre  de 
Prêtres    de  la  Congrégation   de  la  MiJJlon.  Par   la 
bulle  de  l'éredion  ,  ce  nom  eft  tellement  attribué  à 
ceux  qui  font  de  cette  Congrégation  ,  que  c'efl:  par- 
là  qu'ils  font   diftingués  des    autres    Connnunautés 
Ecclédaftiques  particulières  ^  qui  s'appliquent  aulli 
à  hiire  des  miffions.   Cette  Congrégation  s'applique 
entièrement  au  loin  du  pauvre  peuple  de  la  campa- 
gne ,  &:  à  cet  eftet  les  Prêtres  qui  en  font ,  s'obligent 
deneprêcher  ni  adminiftrer  aucun  Sacrement  dans  les 
villes  où  il  y  a  Archevêché ,  Evêché  ,  ou  Prélidial ,  li- 
non en  cas  de  notable  néceiîîté.  On  les  appelle  à  Lyon 
les  Prêtres  de  la  mijpon  de  S.  Lazare^  parce  que  leur 
maifon  principale  en  France  ert:  celle  de  S.  Lazare  j 
à  Paris,  où  réiide  d'ordinaire  leur  Supérieur  général. 
A  Paris  ,  on  les  appelle  firaplement  les  Pères  de  S. 
Lazare.  Ils  font  établis  dans  la  plupart  des  provinces 
du  Royaume,  dans  plulîeurs  lieux  d'Italie,  en  Alle- 
magne ,  &   en  Pologne ,  6c  outre  les  mijfions  au- 
dedans  &  au  dehors  du  Royaume  ,  ils  s'appliquent 
auflî  à  cultiver  de  eutretenir  diverfes  œuvres  de  piété 
établies  par  leur  fxint  Inftituteur;  favoir ,  à  la  con- 
duite des  Séminaires  des  ordinans  ,  à  celle  des  exer- 
cices J  des  retraites  pour  l'ordination ,  à   faire  des 
retraites  fpirituelles  aux  Eccléliaftiques  &  aux  Sécu- 
liers, à  établir  &  maintenir  des  confréries  de  Da- 
mes de  la  Charité  dans  les  Paroilfes  poux  l'allilLince 
des   pauvres  honteux  ,  &  des  malades  ,  &  à  la  di- 
reûion  de  la   compagnie  des  Filles  de  Li   Charité  , 
fervantes  des  pauvres  malades  ,  fondées  p«ir  feu  Mlle, 
le  Gras,  quia  été  leur  première   Supérieure.  Ils  ont 
aulli  plulicurs  Pareilles  au-dcdans  &  au  dehors  du 
Royaume  dont  ils  font  Curés,  /^oyc^  leur  inftitut , 
leur  établillement  ,   &  leurs  emplois  dans  la  vie  du 
vénérable  Serviteur  de  Dieu,  Vincent  de  Paul  ,  Inl- 
tituteur  &:  premier  Supérieur  général  de  la  Congréga- 
tion de  la  Miffion,  par  M.  Abély  Evêquc  de  Rodez. 
Mission,  fedit  encore  d'une  fociété  de  Prêtres  établis 
par  le  R.  P.'  Eudes,  Prêtre  ,  ious  le  nom  de  Million- 
naires du  S.  Sacrement  ,  qui  ont  aulli  loin  de  faire 
des  mijfions  ,   &  de  conduire  des  Séminaires  d'Ordi- 
nans  en  quelques  Diocèfes.  On  les  appelle  Eudillcs  , 
du  nom  de  leur  Inftituteur. 
Mission  Étrangère,  ou  Séminaires  des  Miffions  Éit3.\\- 
gères.  C'ert:  un   Inftitut ,  &:  une  fociété  de  Prêtres 
établis  à  Paris ,   dont  plufieurs  font  fort  diftingués 
parleur  nailfancc  ,  par  leur  zèle  &  par  leur  icience, 
qui  font  profelllon  d'aller   prêcher  l'Évangile  dans 
les  pays  étrangers  ,  tant  dans  l'Orient  qu'en  Occi- 
dent, cù  ils  ont  déjà  beaucoup  d'établillèmens;  ils 
difpolent  aulli  &  forment  de  bons  Prêtres ,  favans 
en  Théologie  ,  &    dans  les  langues  ,  pour  fournir 
des  curés  &  des  pafteurs  ,  tant  pour  la  direftion  des 
colonies  des  Catholiques  établis  aux  pays  étrangers , 
que  pour  travailler  à  la  converlion  des  Infidelles;  à 
quoi  cette  fociété  s'emploie  avec  beaucoup  de  piété  , 
de  charité  J  &  un  zèle  infatigable.  Nos  SS.  Pères  les 
Papes  ont  tiré  de  ce  corps  en  divers  tEmps  plufieurs 
cliarirables  &  favans  Prélats ,  qu'ils  ont  fait  ordon- 
ner Évêques  in  partihus  ,  pour  les  envoyer  aux  Indes 
orientales  &  occidentales,  pour -conduire  ces  nou- 
velles Églifas.  Ces  Meilleurs  font  aufll  des  mijjions 


M  I  S  1021 

en  France  ,  pour  s'exercer ,  &  fc  difpofer  aux  tra- 
vaux Apofloliqucs  des  Miffions  Etrangères. 

MISSIONNAIRE,  l.  m.  Eccleliaftique  fcLulier  ,  ou 
régulier  ,  qui  s'adonne  au  loin  des  millions  j  ou 
dans  le  Royaume  ,  ou  dans  les  pays  étrangers.  MiJ- 
Jlonarius.  Ce  nom  cil  général  ;  on  le  donne  à  ceux 
qui  lont  profellion  de  s  employer  aux  millions  j  ou 
pour  l'inliruclion  des  anciens  Catholiques  ,  des  Hé- 
rétiques, des  Infidelles  ,  6i  même  de  conduire  des 
Séminaires  Eccléliaftiques  ;  à  ceux  qui  font  prolelîîoii 
de  travailler  à  la  propagation  de  la  foi ,  particulière- 
ment à  la  controverte  contre  les  Proteftans.  Ces 
Mïffionnaires  appelés  Controvcrhftes  j  fc  lont  ap- 
pliqués à  ce  charitable  emploi  julqu'à  la  révocation 
de  l'Édit  de  Nantes  en  1685.  à  quoi  ils  ont  beau- 
coup contribué  ,  ayant  par  leurs  dodles  prédications, 
leurs  conférences  réglées,  &  leurs  lavans  écrits, 
dclabuié  beaucoup  de  Miniftrcs  &  d'autres  Protef- 
tans ,  en  tailant  voir  les  abus  que  les  prétendus  Ré- 
formateurs .avoient  lait  de  l'Écriture  Sainte ,  les  chaii- 
gemens,  les  variations  j  les  corruptions  &C  filfifica- 
tions  qu'ils  avoient  faites,  ou  par  ignorance,  ou  par 
malice  ,  dans  les  textes  de  l'ancien  &  du  nouveau 
Teftament  qu'ils  avoient  tronqués,  mutilés,  détour- 
nés (Se  altérés  ;  que  par-là  ils  s'étgient  trompés  & 
avoient  enluite  trompé  plulicurs  autres  par  dïs  illu- 
fions  &  des  chicanes  ,  ce  qu'ils  ont  fait  toucher  , 
pour.ainli  dire,  au  doigt  (Se  à  l'œil.  Par  ces  moyens 
fincères  ,  pruJens  &  charitables,  ils  firent  rentrer 
dans  le  fein  de  l'Églifc  Catholique  un  très -grand 
nombre  de  dévoyés.  Ils  ont  lait  voir  les  contradic- 
tions des  doE;mes  des  prétendus  Retormatcurs ,  les  va- 
riations de  leurs  confellions  de  toi  (Se  leurs  oppofî- 
tions,  tant  entr'elles  qu'à  l'Écriture  Sainte;  &z  enluite 
ils  leur  ont  expolé  avec  fidélité  6c  fmcérité  ,  quels 
étoient  les  articles  de  foi  de  l'Èglife  Catholique  que 
les  prétendus  Réformateurs  avoient  déguifés  &c  noir- 
cis en  plufieurs  manières  trèsinjuftes  &C  indignes, 
pour  les  rendre  odieules  6c  méconnoiilables.  Ce  qui 
.  a  étonné ,  avec  raiton  ,  un  grand  nombre  de  Protef- 
tans de  voir  lamauvaife  foi  de  leurs  Do(fteurs ,  6c  \zs 
a  aidés  ,  avec  la  grâce  de  Dieu ,  à  (e  détabufer  de  leurs 
préventions ,  à  examiner  la  Religion  &  à  quitter  le 
parti  de  l'erreur,  pour  embraller  la  Religion  Catho- 
lique. 

Missionnaire  de  S.  Jofeph.  Nom  que  l'on  donne  à 
des  Eccléliaftiques  que  M.  Crércnet  érigea  en  com- 
munauté au  milieu  du  dernier  liècle  ,  avec  permillion 
de  M.  le  Cardinal  de  Richelieu  ,  Archevêque  de 
Lyon  ;  ce  qui  fut  caute  qu'on  les  appela  Créréniftes. 
Ils  ont  été  fondés  par  feu  M.  le  Prince  de  Conri  j  6c 
feu  M.  le  Marquis  de  Coligny.  Ils  font  des  millions 
6c  tiennent  des  Séminariftes  dans  leur  mailon  de 
Lyon  ,  où  réiide  leur  Supérieur.  On  voit  fort  au 
long  leur  origine  j  dans  la  vie  de  M.  Crétenet ,  im- 
primée à  Lyon  en  i6Sc. 

MISSISSIPI.  Nom  d'un  des  grands  fleuves  de  l'Améri- 
que leptentrionale.  Mefchafipius  tluvius.  Il  a  là 
fource  au  cinquante  troilîèmc  ou  cinquante-qua- 
trième degré  de  latitude  du  nord ,  ou  félon  la  nou- 
velle carte  de  M.  de  Fer  ,  environ  le  jo*  degré  de  la- 
titude, &  au  27;  degré  de  longitude,  dans  un  pays 
très- marécageux. 

MississiPi ,  eft  aulli  un  grand  &  vafte  pays  de  l'AmériT 
que  feptentrionale ,  aux  environs  du  fleuve  dont  on 
vient  de  parler  6c  dont  il  prend  le  nom.  Le  feu  Roi 
lui  a  donné  le  nom  de  la  Louiliane  &c  on  le  lui  donne 
encore  dans  les  acles  publics.  De  Fer  l'appelle  ainû 
dans  la  carte-,  mais  dans  l'ulagc  ordinaire  on  dit  tou- 
jours yV////?//ZjPi.  MiJJiJipiana.  Ludoviàana  j  oa  Ludo- 
vicœa  Regio.  Les  limites  du  iMiJfiJfipi  ne  lont  pas 
encore  bien  réglées.  Il  a  au  levant  la  Caroline  6c  la 
Virginie;  au  couchant,  le  nouveau  Mexique,  les 
Ilinois  6c  les  vaftes  pays  occidentaux  de  la  nouvelle 
France  au  nord  ;  le  golfe  de  Mexique  le  baigne  au  midi. 

MISSîSSIPIEN,  ENNE.  f  6c  adj.  m.  &  f.  Pendant  le 
fyrtême  de  Jean  Law  on* donna  ce  nom  aux  Agio- 
teurs &  à  ceux  qui  avoient  des  aiftions  lur  la  Com- 
pagnie du  Millillîpi.  Ces  fortunés  MiJJiffipiens  n'ont 


•roi  2  M  I  S 

pas  laillé  J'avoii' leurs  revers.  M.  le  B.iron  de  Poll- 
Niz.    Une  contagion   MiJJiJJiincnns  s'ctoit    emparée 
alors  de  tous  les  clprics.  Les  rortunes  qui  te  ioiit  faites 
à  i'aris  pendant  cette  contagion  MiJJijJipienm ,  font 
il  cxtraordmaircs  ,  qu'à  moins  que  de  les  avoir  vues  , 
il  eli  impollible  de  les  croire.   Id. 
AIISSITAVIE.   f.  I-.    Droit  de  Douane  qui  fe  paye  à 
Conftantinople.   Les  marchandiles  qui  viennen:  de 
Chrétienté  a  Conftantuiople  ,  tk  que  l'on  envoie  à 
1,1  mer  Noire  ,  ne  payent  point  de  douane  pour  la 
l'ortie,  mais  feulement  le  droit  qu'on  nomme  MiJJl- 
tavis. 
IvIISbîVE.  r.  f.  Lettre  qu'on  envoie  pour  menues  affai- 
res domestiques  a  des  Procureurs  ,  Fermiers  ou  autres 
gcns.Epi/lo/a.  I!  cil:  oppofé  .aux  lettres  degalanterie,  de 
doflrine,  de  dépêches  èk  autres  qui  méritent  d'être 
imprimées  ou  confervées.    Il  ell  prelque  hors  d'ufagc 
&  ne  fe  dit  guère  qu'en  riant.  J'ai  reçu  de  notre  ami 
une  longue  mijfive. 
AhssiVE  ,    efl:  aulli  adj.  mais  il  ne  fe  dit  qu'en  cette 
phrafe.  Lettre  mijjlve ,  Se  cela  bien  rarement.  Epijîo- 
lium.  Lettre  écrite  pour  envoyer  à  quelqu'un. 
MlSSOURL  Grande  rivière  de  l'Amérique  Septentrio- 
nale ,  dans  la  Louilîane. 
MISTACHE.  f.  f.  Mefure  des  huiles  &:  des  vins  dont 
on  fe  lert  dans  quelques  Échelles  Ju  Levant ,  particu- 
lièrement dans  l'île  de  Candie.  Les  cinq  m'ijlaches  un 
tiers  de  la  Cannée  j  font  la  millerolc  de  Marleille. 
MISTE.  Sorte  de  pierre  dans  l'hippodrome  de  Conftan- 
tinople, qu'on  nomme  .aujourd'hui  Atmeydan  ,  c'eft- 
à-dire ,  place  des  chevaux.    Il  ne  fe  voit  plus  pour 
toute  antiquité  qu'un  bel  obélifquc  d'une  leule  pierre 
m'ijlc  àc  la  hauteur  de  plus  de  50  coudées,  enrichie 
de  lettres  hiéroglyphiques  ,  &  élevée  lut  quatre  bou- 
iesde  marbre  très-fin.  Du  Loir,  p.  SP"- 
MiSTE.  vieux,  adj.  f.  Jolie ,  propre  ,  bien  nufe.  Glojf  .fur 

Maroc. 
WISTECA.    Nom  d'un  petit  pays  de  la  Province  de 
Guax.-ica,  en  l'Audience  de  Mexique.  M'ijleca.  Ce 
pays  ,  qui  eft  aux  confins  du  Tlalcalan  ,  ell:  fort  mon- 
tagneux; mais  il  eft  renommé  par  la  quantité  de  foie 
qu'on  en  tire,  qui  eft  la  meilleure  du  Mexique. 
MISTÈRE.   /-^ry-ej  Mystère. 
MISTOL'FLET.  f.  m.    Mot    Touloulàin    qui   lignifie 

Poupin  ,  délicat ,  mignon.  Ménage  ,  Dià.  Etym. 
AUSTRAL,  f  m.  Nom  d'un  OfHcier  dans  le  Dauphiné  , 
qui  rendoit  la  juftice  aux  habitans  d'une  terre.  Mif- 
trulis ,  Miniftirialis  negodorum  gejlor.    Il  ne  paroît 
pas  que  le  Mijlnjl  rendit  la  juftice  en  Dauphiné,  li 
on  en  excepte  ceux  que  les  Archevêques  &c  les  Com- 
tes avoicnt  établis  dans  Vienne.  'Valbonn.  Mémoire 
pour  l' Hiftotre  de  Dauphiné ,  c.  6 .   Le  MiJlralA'ovA'i- 
naiie  failoit  la  recette  des  droits  leigneuriaux,  tant 
fixes  que  caluels.  Id.  Quelquclois  aulli  il  étoit  chargé 
de  la  culture  des  fonds.    Id. 
MISTRALIE.  f.  f.  Charge,  jurifdidion ,  office,  digni- 
té de  Miftral.   MiJbaHa  ,   Minifierialis  negotiorum 
gejloris  officium ,  munus ,  dignitas.  Minifierialis  di- 
gnitas. 
MISTRANCE.  f.  f.   Terme  de  Marine.  Nom  colledif 
qui  lignifie  tous  les  bas  Officiers  d'une  galère ,  ou  tous 
ceux  qui  ont  quelque  emploi  qui  leur  donne  rang 
au-dclhis  de  l'équipage,  comme  font  le  Corne,  le 
Pilote ,  l'Argoufin,  le  Remolat ,  le  BarrilLat ,  le  Char- 
pentier, ac. 
MISTRETTA.  Nom  d'un  ancien  bourg  ou  petite  ville 
de  la   vallée    de  Démona  ,    en  Sicile.    Amcllraca , 
Ameflratos ,  Amaflra  ,  Muliijlratum  ,   Meruflratum. 
Ce  lieu  eft  lur  la  rivière  d'Alila  ,  vers  les  montagnes 
de  Madonia ,  à  dix  lieues  de  Termini ,  vers  le  levant. 
Maty. 
MISTURE.  f.  m.  Terme  de  Médecine.   C'eft  une  ef- 
pèce  de  potion  dont  on  boit  peu  à  la  fois ,  &c  qu'on 
ne  prend  que  par  cuillerées.  Miflura.  Elle  eft  com- 
pofée  de  remèdes  qui  opèrent  en  petite  quantité.  On 
la  frit  ordinairement  d'eau  diftillée,  d'élixirs,  d'hui- 
les, de  ("els  volatils  (S:  lix'es  ,  d'cfptiis,  de  teintures, 
d'cfiLnces,  d'extraits  &  de.luops. 
MTSYj.ou  MISI.  f  m.  C'eft,  félon  Diofcoride,  une  ef- 


M  I  S 

pèce  de  chalcitis ,  ou  une  matière  vitriolique ,  dure , 
luilante  &  brillante  ,  de  couleur  d'or ,  laquelle  fe 
îrouvoit  autrefois  dans  les  mines  de  cuivre  en  Chy- 
pre ;  mais  on  ne  lait  prélentement  ce  que  c'eft ,  «S.' 
l'on  lubftitue  en  (a  place  le  vitriol  rouge  naturel 
qu'on  appelle  chalcitis ,  Se  qui  a  les  mè'mes  qualités 
qu'on  attribuoit  au  rjiijy. 

M  I  T. 

MITAINE,  f.  f  Ip-Efpèce  de  gant  à  l'ufage  des  fem- 
mes, où  la  main  entre  toute  entière ,  lans  qu'il  y  ait 
de  léparation  pour  les  doigts  ,  excepté  pour  le  pouce. 
A  la  place  des  autres  doigts^  il  n'y  a  qu'un  morceau 
taillé  en  rond,  qui  s'appelle  la  chape  ou  la  coquille 
de  la  mitaine  qui  couvre  le  dellus  de  la  main ,  Se  il 
n'y  a  rien  au  delîous.  Il  y  a  des  mitaines  à  jour  trico- 
tées. 

§^  On  appelle  aullî  mitaine  j  manica  ,  chiroteca  hiberna^ 
de  gros  gants  ordinairement  de  peau,  fourrés  ou  dou- 
blés d'une  étoffe  de  laine  chaude,  -^r-  .  les  doigts  ne 
font  point  divilés  ,  à  la  rélerve  du  pO'.:-c.  Ces  mitai- 
nes Cevvent  aux  vieillards,  aux  goutteux  i<:  aux  enfans 
pour  leur  tenir  les  mains  chaudement.  C'elt  prelque 
la  même  choie  que  les  moulles. 

Ménage  le  dérive  de  l'Anglois  mittens  ,  fignifiant 
la  même  chofe.  Il  vient  plutôt  du  mot  Celtique  ou 
Bas  Breton  mittain,  en  y  ajoutant  un  e  doux  ou  femi- 
rin ,  comme  on  le  fait  dans  la  langue  Françoife  à  plus 
de  dix  mille  aunes  mots  Celtiques  ou  Bas  Bretons 
iembLables,  comme,  facile  àcjacil ,  difficile,  de  dij- 
ficil ,  Sec.  Et  il  eft  probable  que  le  mittens  Aiiglois 
vient  du  mitaine  François  ,  ou  du  Celtique  mittain. 
On  a  dit  mitana  Se  mitanna  dans  la  balle  Latinité  en 
la  même  lignification. 

On  dit  proverbialement,  cela  ne  fe  prend  pas  fins 
mitaine ,  pour  dire,  qu'il  n'eft  pas  ailé  d'en  venir  à 
bout ,  Se  qu'il  faut  apporter  beaucoup  de  loin  Se  de 
précaution. 

^3"  On  appelle  aulîi  mitaines  ,  dans  le  commerce  de 
pelleteries  ,  certaines  peaux  de  caftots  de  mauvaife 
qualité ,  apparemment  parce  qu'elles  ne  font  propres 
qu'à  fourrer  des /Tiiffli/zcj.  Dic.  deCom. 

MI  LAN.  f  m.  Vieux  mot  qui  lignifie  le  milieu  d'une 
choie.    Médium ,  centrum. 

On  trouve  dans  nos  vieux  Auteurs  mitan.  Se  en 
1636  ,  Monet  dans  les  Diébionnaires  a  donné  milieu, 
meiiieu  Se  mitan  ,  comme  trois  lynonymes  également 
bons.  Glojfaire ,  Bourguignon.  Ils  ne  font  plus  d'u- 

Ù"Z. 

MITCHIGAMI.  f.  m.  Peuple  de  l'Amérique  Septen- 
trionale, dans  la  Louifiane. 

MITE,  f  f.  C'eft  le  plus  petit  des  infeétes  qui  s'engen- 
dre ordinairement  dans  le  fromage.  Midas.  Quand 
on  voit  une  mite  avec  un  microfcope ,  on  lui  apper- 
coit  huit  grands  pieds,  pareils  à  ceux  des  faucheux. 
Les  mites  fortent  toutes  parfaites  de  leurs  œufs ,  & 
croiflent  enfuite  pcu-à-peu. 

tfT  Les  mites  l'ont  des  animaux  très-voraces;  elles  man- 
gent non-feulement  le  fromage,  mais  encore  toutes 
fortes  de  poiffbns  ,  de  chairs  crues ,  de  h  uits  fecs ,  des 
grains  de  toute  efpèce_.  Se  prefque  tout  ce  qui  a  un 
certain  degré  de  moiliffure ,  ians  être  mouillé  au- 
delfus. 

Le  Latin  midas  fe  dit  aulli  en  Grec  ,  d'où  le  Fran- 
çois eft  dérivé.    On  a  dit  aulli  miton. 

MiTÉ.  adj.  m.   Rongé  des  mites. 

Si  Ferré  n'eût  point  été 
D'une  exacte  probité. 
D'une  aufière  prud'hommie. 
Mes  vers  auroient-ils  chanté 
Son  fameux  Manteau  mité , 
Dont  en  dépit  de  l'envie , 
Le  mérite  illimité , 
Vole  à  la  poflérité  ? 

Poéfies  de  Mlle  de  Malcrais  de  la  Vigne,  c'efl-à- 
dire  j  de  M.  Des  Forges  Maillart. 


MIT 

MITELLA.  f.  f.  Plante  dont  la  racine  eft  vivacc.  Ses 
feuilles  lefTemblent  à  celles  «Je  la  cortufa ,  &  l'cxtré 
mité  du  pédicule  eft  terminée  par  un  calice  ouvert, 
d'une  leule  pièce,  découpé  en  cinq  parties.  S'a  Heur 
eft  en  rofe,  à  cmq  pétales,  pointue,  &  fcs  pétales 
«aillent  entre  les  intervalles  des  fegmens  du  calice. 
Son  fruit  eft  arrondi ,  pointu,  ouvert  comme  la  mi- 
tre d'un  Evêque,  &  contient  un  nombre  infini  de  (c- 
inences.  On  donne  à  cette  plante  le  nom  de  Mitdla  , 
parce  que  fon  fruit  a  la  tiguie  d'une  mitre.  On  ne  lui 
attribue  aucune  vertu  médicinale. 

MI  TERME.  Moitié  de  terme.  Il  nous  a  fallu  déloger 
à  mi-terme.  Regnard. 

MITGANNIR.  'Ville  d'Egypte,  entre  Damiette  &  le 
Caire. 

MiTHRA.  f.  m.  Terme  de  Mythologie.  Nom  d'un 
dieu  des  anciens  Perfes.  Muhra.  Le  dieu  Muhra 
ctoit  le  foleil. 

On  prétend  que  Mithra  étoit  auftî  adoré  de  nos 
anciens  Gaulois,  que  c'étoit  leur  Mercure,  &  qu'il 
avoit  un  temple  à  Paris  lur  le  mont  Locotitius,  qui 
eft  aujourd'hui  Notre  Dune  des  Champs  ,  au  fau 
bourg  S.  Jacques.  Quelques  uns  difent  encore  qu'il 
y  en  avoit  un  à  Montm  acre.  Tout  cela  eft  faux. 

Mithra.  f.  f.   Terme    de  Mythologie.    Nom  d'une 


M  I  T         1023 

ancienne  déclTe  des  Perfes.  Mithra.  Hérodote ,  L.  I. 
c.  2^1  ,  dit  que  c'cft  la  Vénus  des  Perfes ,  &  B.irthius, 
dans  (es  Notes  fur  St.ice  ,  P.  III.  p.  z^j  ,  montre 
qu'Mérodotc  ne  s'eft  point  trompé,  que  S.  Ambroife 
fut  aulii  mention  d'une  déelle  Mithra,  dans  fa  Let- 
tre XVIII,  qui  eft  contre  Symmaque ,  N:  jo.  &  il 
dit  aulH  que  c'eft  la  Vénus  des  Perfes. 

Mithra.  Ce  nom  fe  donnoit  aulli  à  un  Grand-Prêtre, 
au  chef  des  autres  Prêtres.  Il  (e  trouve  en  ce  fens 
dans  Apulée. 

MITHRES.  f  m.  Terme  de  Myt4iologie.  Nom  d'un 
dieu  des  anciens  Perles.  Mithres.  Saumaile  confond 
Mithres  avec  Mithra ,  ou  le  Soleil ,  dans  fes  Notes  fur 
Vopifcus,  p.  36  j.  I.  col.  F.  mais  Héfychius  les  dif- 
tingue.  Mithra,  dit-il,  »ft  le  Soleil  chez  les  Perfes, 
tV  Mithres ,  le  premier  de  leurs  dieux.  Quinte-Curce 
le  diftingue  aullî  ,  L.  IT.  c.  t 3. 

MITHRIAQUES.  f  m.  ou  f.  Sacrifices  du  dieu  Mi- 
thra; fêtes  du  dieu  Mithra.  Mithriaca.  On  ne  faifoic 
point  les  Mithriaques  fans  facrifier  quelque  homme. 
Adrien  le  défendit  par  une  loi.  Commode  renouvclla 
ces  cruautés  inhumaines  ,  comme  nous  l'apprend 
•  Lampridius  au  IX"^  Chapitre  de  la  vie  de  cet  Empe- 
reur.   Après  lui  on  les  abolit  de  rechef. 


Fin  du  cinquième  Volume. 


De  l'Imprimerie  de  P.    AL.  LE  PRIEUR,   Imprimeur  du   Roi,   rue  S.    Jacques. 


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